Presented to the LIBRARY of the UNIVERSITY OF TORONTO by Norman Robertson [NM vu AT 14 FE ehalle eAS ŒUVRES DE. LE MONDE DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN PASSIONS DE L'AME ANATOMICA VARIA _ M. Darsoux, de l'Académie des Sciences, la Faculté des Sciences de l'Université de | de l'Académie des Sciences Morales et Po d'histoire de la philosophie moderne à la or l'Institut Thiers, ont suivi l'impression e « qualité de commissaires responsables. 1 | ŒUVRES n° DE | DESCARTES CuarLes ADAM & Paur TANNERY | SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE VE CPE MMONDE DESCRIPTION DÙÜ CORPS HUMAIN PASSIONS DE L'AME ANATOMICA VARIA = À NON UNIUS %|=LIBRI El N “ ES L LA ; : Ÿ , . : PARIS | LÉOPOLD CERF, IMPRIMEUR-ÉDITEUR : 12, RUE SAINTE-ANNE, 12 ‘+ NE | + ‘ “ L e EX Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa | : 4 http://www.archive.org/details/oeuvresdedescariidesc AVE RPISSEME NT En 1662, parut à Leyde, apud Francifcum Moyardum € Petrum Leffen, un petit in-quarto de 121 pages (plus 34 pages d’une Préface non paginée), sous le titre suivant : RENATUS Des CarrTes DE HoMine, figuris 6 latinitate donatus à Florentio Schuyl, Inclytæ Urbis Sylvæ Ducis Senatore, € ibidem Philo- Jophiæ Profeflore. L'éditeur, Florent Schuyl, expliquait, à la fin de sa Préface, qu'il avait fait cette traduction latine sur deux copies de l'original français, conservées l’une et l’autre en Hollande, et mises à sa disposition par deux anciens amis de Descartes : Alphonse Pollot (qu'il appelle A/phonfus Palotti), et Antoine Studler van Surck, seigneur de Bergen. En outre, Clerselier, avisé de ce projet, aurait beaucoup poussé l’auteur à le mettre à exécution. En 1664, un libraire de Paris, Jacques Le Gras, publiait un petit in-8, dont voici le titre : Le Monpe pE M' DESCARTES, ou LE TRAITTÉ DE LA LUMIERE, 6 des autres principaux objets des Sens. Âuec un Difcours du Mouuement Local, & un autre des Fiévres, compofez fJelon les principes du même Auteur, -(260 pages pour le premier Traité, et 31 seulement pour les deux Discours, lesquels d’ailleurs, ni l’un ni l’autre, ne sont de Descartes). Le privilège pour ce petit volume est du 18 octobre 1663, « regiftré sur le Liure de la Communauté » des Libraires le 27 octobre suivant. Une Préface, signée D. R., nous apprend que le don de cet ouvrage au public est une libéralité de « Mon- » fieur D. À. » (sans doute d’ALIBERT), qui a envoyé chercher le texte de ce traité Du Monde, « prefqu’à l’extremité des Terres Œuvres. VI. A Il AVERTISSEMENT. » Septentrionales », c'est-à-dire jusqu'en Suède apparemment (à moins que ve ne soit tout simplement en Hollande). Peu après, Clerselier fit paraître à son tour un volume, qu’il avait annoncé dès la Préface du t. II des Lettres de Descartes, en 1659. (Voir t. V de la présente édition, p.635-636.) L’achevé d'imprimer est du 12 avril 1664, et le titre : L'Homme de RENÉ DESCARTES, € yn TRAITÉ DE LA FORMATION DU FæœrTus du mefme Autheur. Auec les Remarques de Louys de la Forge, Dodleur en Medecine, demeurant à la Fleche, fur le Traitié de l'Homme de René Defcartes, € fur les Figures par luy inuentées. (A Paris, chez Theodore Girard, M.DC.LXIV. Gd. in-4, pp. 448, plus 68 p. pour une Epiftre et une Preface non paginées.) L'Homme, p. 1-107. Formation du Fœætus, p. 109-170. Remarques de Louis de la Forge, p. 171-408. Tra- duction française de la Preface de Schuyl à son édition latine de 1662, p. 409-448. Clerselier, dont le nom ne figure pas dans le titre, mais seu- lement au bas de l'Epitre dédicatoire « à Monfeigneur de » Colbert », revient, au commencement de sa Préface, sur les deux éditions antérieures, de 1662 et de 1664. Il regrette qu’on se soit trop hâté et pour l’une et pour l'autre. En ce qui con- cerne le Traité de l'Homme, Schuyl ne s'était procuré que des copies, tandis que Clerselier possédait l'original, qu'il eût mieux valu, certes, imprimer d’abord : on y aurait vu, dès les premières lignes, que ce n'était pas un Traité à part, mais une suite de l'ouvrage dont Descartes parle dans son Difcours de la Methode et qu'il appelle ailleurs son Monde. Les chapitres sur l'Homme doivent donc venir après ceux du Traité de la Lumiere, qui forment la première partie de cet ouvrage. Cler- selier regrette aussi qu’on ait donné trop vite, en 1664, le Traité de la Lumiere, dont il avait, dit-il, « un texte plus fidele, » avec des figures mieux faites », et qu’il se proposait de joindre au Traité de l'Homme, dans le même volume, puisqu’aussi bien c'étaient comme les deux parties d’un même tout. Il ne l’a pas fait cependant, nous l’avons vu, dans sa publication de 1664, . 1 0 \ OLA SE, ré RÉ es nn nine, Dé, D NES SE 2 nn) LE MONDE. II et la raison en est facile à deviner : le petit volume du Monde, qui venait à peine d’être publié, mentionne que Jacques Le Gras, l'imprimeur, a fait part de son privilège à Michel Bobin, Nicolas Le Gras, et Théodore Girard, « pour en joüir fuivant » l’accord fait entre-eux ». Mais Théodore Girard est précisé- ment le nom de l'imprimeur que nous avons vu en tête du volume de l'Homme : imprimer aussi dans le même volume le Traité de la Lumiere, en 1664, c'eût été arrêter net le débit des exemplaires petit in-8, qui donnaient ce Traité à part, et qui, ” tout nouvellement parus, étaient loin encore d'être épuisés. Mais treize ans plus tard, dans une seconde édition, en 1677, on n'eut plus les mêmes raisons de s’abstenir, et le volume porte ce nouveau titre : L'HOMME de RENÉ DESCARTES, e/ la FormarTion pu Fæœrus, avec les Remarques de Louis de la Forge. À quoy l’on a ajouté LE MonpE, Ou TRAITÉ DE LA LumiErE, du mefme Autheur. (A Paris, chez Michel Bobin & Nicolas Le Gras, M.DC.LXXVII. In-4, pp. 511. Soit 66 p., Epiftre et Preface, non paginées.) L'Homme, p. 1-08. La DeJ- cription du Corps humain (ou Formation du fœtus), p. 99-154. Remarques de Louis de la Forge, p. 155-368. Verfion de la Preface de Monjfieur Schuyl, p. 369-404. Le Monde, p. 405- 511. Plus 8 p. de Table des Matieres. Clerselier ne reproduit pas, pour le Monde, le texte publié en 1664, qui n’était qu'une copie, mais, bien entendu, celui qu'il avait en sa possession, c'est-à-dire l'original. k Tels sont les quatre documents, tous imprimés, que nous utiliserons pour publier et le Traité de la Lumiere et le Traité de l'Homme. D'abord nous les publierons à la suite l'un de l’autre, en commençant par le Traité de la Lumiere. Non seulement les déclarations de Clerselier nous y autorisent, mais elles ne nous permettent pas de faire autrement. Le Manuscrit original du Traité de l'Homme, qu'il offrait de montrer à qui voudrait, avait, en effet, pour titre, dit-il : Chapitre 18. A vrai dire, le Traité de la Lumiere, tel qu'il nous le donne, ne compte que IV AVERTISSEMENT. 15 chapitres; il y aurait donc une lacune de deux chapitres, 16 et 17. Mais cela ne doit pas nous arrêter : d'autant plus que la première phrase du Traité de l'Homme (sur le sens de laquelle Schuyl, faute de comprendre cet enchainement, s’est mépris dans sa traduction) montre bien qu’il s’agit toujours de ce Monde artificiel, que Descartes construit de toutes pièces dans les espaces imaginaires, et non pas du Monde réel où nous vivons; enfin, et ceci n'est pas moins décisif, en un certain endroit du même Traité de l'Homme, à propos des parties du second élément, il rappelle « ce qui a efté dit cy- » deffus », précisément dans le Traité de la Lumiere. En outre, la première édition du Traïté de la Lumiere, en 1664, nous apprend que la copie MS., dont on s'était servi, donnait bien une division en chapitres (de 1 à 15 inclus sans doute), mais que ces chapitres n'avaient point de titres. Ceux que l’on trouve tout au long dans le petit volume de 1664, ont été ajoutés par l'éditeur, ainsi que la seconde partie du titre général : 7Jraité de la Lumiere & DES AUTRES PRINCIPAUX OBJETS DES SENS, comme il l'avoue lui-même. Nous donnerons donc, après cet Avertissement, tous ces titres avec la Preface signée D. R. de 1664, nous contentant de reproduire ensuite dans le texte les numéros des chapitres. Cependant Clerselier, dans son édition de 1677, a mis aussi des titres, et qui ne sont pas ceux de 1664, bien qu'ils en soient l'équivalent. Les avait-il trouvés dans le MS. original ? Il ne le dit pas, et cela n’est guère vraisemblable : la copie les aurait reproduits également. Le mieux serait donc, afin de conserver le texte de Descartes dans toute sa pureté, de ne donner ces titres qu'en marge, et entre parenthèses : d’autant plus que, insérés avant chacun des chapitres, ils rompent la continuité du discours. Et c’est là une chose fort importante, dont nous avons eu tort de ne pas tenir compte en imprimant le texte des Principes en français, au t. IX de la présente édition : l’édition princeps donnait, comme il convient, ce texte tout d’une venue, les titres étant rejetés en marge. A plus forte raison, le LE MonpeE, V Traité de la Lumiere, qui date d’une période antérieure, où Descartes préférait encore la forme du Discours, comme on le voit dans la publication de 1637. Pour le Traité de l'Homme, qui vient ensuite, nous ferons de même ; et nous aurons d'autant plus raison de le faire, que là toute division en chapitres manquait, et dans les copies et dans l'original : c'est ce que déclarent les éditeurs, et il suffit, pour s’en convaincre, de comparer le numérotage que Schuyl a ajouté quand même (sans d’ailleurs mettre de titres aux 33 cha- pitres qu’il distingue ainsi), et celui de Clerselier, en 93 cha- pitres, qui se justifient bien davantage, et que nous repro- duisons, avec les titres conjecturés, mais en les renvoyant à la fin (p. 203-209), comme n'étant pas de Descartes. La disposition générale étant ainsi arrêtée, quel texte allons- nous choisir ? Pour le Traité de la Lumiere, nous ne pouvons pas, après ce qu'a déclaré Clerselier, ne pas préférer l'édition de 1677, qui reproduit l'original, à celle de 1664, qui ne repro- duit qu’une copie. Toutefois la différence entre les deux n’est pas si grande, que Clerselier l’annonçait dans sa Preface du Traité de l'Homme en 1664. Et même, à dire vrai, ni l’une ni l’autre ne nous paraissent la reproduction fidèle du texte même de Descartes, au moins en ce qui concerne l'orthographe et certaines locutions familières au philosophe. À cet égard, toutes deux substituent à des façons de parler et d'écrire, un peu surannées déjà en 1664 et plus encore en 1677, les formes plus à la mode qui les avaient remplacées; et ce qu'il y a de curieux, cependant, c'est que sur certains points le texte de 1677 retarde plutôt, et sur d’autres celui de 1664 est en avance. En voici des exemples. Descartes écrivait d'ordinaire pour ce que et d'autant que : cette forme d'autant que est conservée génce- ralement dans l'édition de 1677; mais celle de 1664 la rem- place partout, non pas même par la locution pource que, qui lui parut sans doute avoir également besoin d’être rajeunie, mais par la forme toute récente de parce que : une seule fois, le typographe avait laissé pource (p. 102); mais parce est soigneu- . VI AVERTISSEMENT. sement rétabli à l’errata. D'autre part, le volume de 1664 imprime presque toujours la lettre z pour j dans le mot £e, (comme écrivait Descartes); celui de 1677 donne uniformément je. Enfin une fois, par mégarde sans doute, le typographe de 1664 avait imprimé cefuy-cy (p. 19); mais on trouve, rétabli à l’errata, celuy-cy, qui est la forme adoptée aussi en 1677, bien que Descartes fort probablement ait plutôt écrit cetuy. Il suflit maintenant que le lecteur soit averti. Nous ne pouvons pas prendre sur nous de faire des retouches aux textes dans un sens ni dans l’autre. Nous publierons donc, sous ces réserves, le texte donné en 1677 par Clerselier d’après l’origi- nal, puis, au bas des pages, toutes les variantes que peut offrir le texte imprimé en 1664 d'après une simple copie. Quant aux figures, nous reproduirons celles qui vont avec le texte de Clerselier ; celui-ci les déclare d’ailleurs « mieux faites », et nous l’en croyons sans peine. Pour le Traité de l'Homme, nous n'avons pas ainsi l'em- barras du choix : un seul texte nous a été conservé, celui que Clerselier a publié en 1664 ; nous le donnerons donc tel qu'il est. Tout au plus, la comparaison de ce texte français, qui est l'original, avec la traduction latine de Schuyl, faite sur deux copies, nous révélera-t-elle dans ces deux copies quelques différences : nous ne manquerons pas de les signaler. Mais la question la plus intéressante pour ce Traité de l'Homme est celle des figures. Descartes n’en a point laissé, sauf deux, qui seront indiquées chacune en son lieu. Toutes les autres, dans l’édition de 1662, sont de Florent Schuyl. Et il ne s'est pas contenté de les accommoder autant que possible au texte; il les a voulues aussi belles que possible, et on y sent la main d'un véritable artiste. Mais justement Clerselier a pensé, avec raison, que, bien que ces figures « l’emportent de beau- » coup, fi l’on a fimplement égard à la graveure & à l’im- » preflion », elles sont, pour la plupart, « moins intelligibles » que celles qu'il propose, et « moins propres à l'intelligence du » texte ». Deux savants lui avaient fourni, chacun de son côté, le LE LD ©. | de ds Éd ds ss sd én PAT né ont où RÉ ES Éd den hi, St LE Monpe. VII et sans avoir eu connaissance du volume de Schuyl, de nou- velles figures : Louis de la Forge, docteur en médecine à La Flèche, et Gérard van Gutschoven, professeur à Louvain. Leurs figures sont plus simples, en effet, et plus claires que celles de Schuyl; elles sont assurément moins artistiques, et présentent plutôt un caractère de schema, comme il convient. Nous les reproduirons donc, faisant d’ailleurs comme Clerselier, qui embarrassé plus d’une fois pour certaines figures entre le modèle de l’un et celui de l’autre, a retenu les deux, en les dési- gnant par les lettres Fr et G (de la Forge et Gutschoven): Nous y ajouterons la lettre p pour les deux figures de Descartes, que nous donnerons à cause de leur authenticité. PRBPACERDE;SCAUYL FRAGMENT « ... Cæterüm temeritatis meæ excufandæ ratio tandem red- » denda. Ad hanc igitur me primüm movit Nobilifimus D. » Alphonfus Palotti, Martis, Aulæ atque Mufarum delicium, faétà » mihi copià Manufcripti, quod ipfe Sophiæ ftudiofiffimus quàm » nitidiflimè defcripferat : additis duabus figuris à Des Cartes rudi » Minervà exaratis, quæ pag. 25 & 43 referuntur. Pudori meo » deinde fuccurrit, & ad Opufculum abfolvendum atque in lucem » edendum impulit Authoritas Viri, Inclyti Generis & exquifitifimæ » Doë&trinæ Nobilitate nulli fecundus, Anthonius Stutler van » Surck, Eques, Dominus de Bergen, qui nativà fuà benevolentià » Ectypum à fefe ex Authoris noftri Autographo quàm accuratiffimè » delineatum in hunc finem mihi lubens conceflit. Promovit » denique & urfit negotium Nobiliffimus D. Claudius Clerfelier, » Literarum Decus & Columen, ævique noftri Phofphorus. Vtpote » qui, pofthumorum Operum Cartefii Tutor & Curator opti- » mus, diligenti fidelitate in lucem edit reli@a Authoris noftri » P. M. Opera, cedro digniora. Quibus fanè Heroibus opellam VITAE AVERTISSEMENT. » meam per Manes Cartelii aliquoties flagitantibus reluétari, inex- » piabile videbatur ingratitudinis in tantos Viros & ipfum Carte- » fium crimen. Quandoquidem ver ipfe hujus Libelli Tutor literis » fuis teftatum facere dignatus eft, fibi, & aliis in Gallià ftudiofis » Cartefii, meos conatus, quorum copiam ipfi feceram, non difpli- » cere, eoque nomine publici juris fieri efle è re : confido meam » audaciam, tantorum Virorum authoritate extortam, quâ non » metui innocuum & utilifimum Libellum cum Philofophis com- » municare, veniam confecuturam, faltem apud probos, quibus » folis probari geftio. » Renarus DES Cartes De Homine... à FLo- RENTIO SCHUYL 1662. Ad Leélorem. L'ÉMONDE OU LE TRAÏTÉ.DE LA LUMIERE PREFACE 1664 « Ce Monde d’un des < plus > grands Philofophes qui ait écrit, » ne feroit pas encore en vôtre pofleflion, fi Monfieur D. A. n’en » avoit voulu faire une liberalité publique; & que la pañlion qu'il a » pour tous les fentimens veritables & utiles, jointe aux demandes » des Savans, ne l’eut obligé de tirer de fon Cabinet cét ouvrage, »"qu'’il avoit envoyé | chercher prefqu'à l’extremité des Terres Sep- » tentrionales. Celuy qui en eft Auteur, ne l’a pas feulement laiffé » entre fes autres minutes moins correétes fans doute & moins » importantes; il l'a eftimé affez, pour le donner luy-méme à fes » plus confiderables amis. Et quoy qu'en divers endroits, il le » nomme fon Monde, icy neantmoins, où il ne parle que du Monde » vifible, je n’ay vü dans l’Original que ces môs, Traité de la » Lumiere; à quoy la verité des chofes m'a fait encore ajoûter, Et LE MoNDE. IX ». des autres principaux objets des fens. Mais fi avec cela vous _ » | exceptez les titres des Chapitres, la verfion des mots Latins, & » quelques fautes qui ont pû fe gliffer dedans ou dehors les Figures, » le refte appartient à Monfieur Defcartes. Et les particularitez que » j'en rapporte font voir que, comme je croy que ceux qui cachent » fes fentimens, font en quelque forte receleurs, ceux qui luy en » fubftituënt d’autres font fauffaires. Pour les Chapitres que je » difois, quoy que je les aye trouvez dans le Manufcrit, neantmoins _» à voir de quelle façon l’Auteur quelquefois les commence, je juge » que fon deffein étoit de | faire fans interruption un Difcours, ou » une Hiftoire, & mémes, depuis le Chapitre fixiéme, une Hiftoire » de Roman. Il favoit que, fi quelque part on defendoit de parler du » Syfteme de Copernic comme d'une verité, ou encore comme d'une » hypothefe, on ne deffendoit pas d’en parler comme d’une Fable. » Mais c’eft une Fable qui, non plus que les autres Apologues ou » Profanes ou Sacrés, ne repugne pas aux chofes, qui font par » effet, ** » DEAR TABLE. DES' CHAPITRES. Chapitre I. De la difference qui eft entre nos Rs € les chofes qui les produifent, dans la pag. . . : I Chap. II. Ce que c'eft, dans le feu, que brüler, échanger E éclairer net. 10 Chap. III. Où l'on on la He la duree & la caufe du mou- vement, avec l'explication de la dureté € de la tie des corps dans léquels il fe trouve . . 10 Chap. IV. Quel jugement il faut faire du Fe E Ce ef à la raifon pourquoy nos fens n’appercoivent pas certains CONPSE EE r 32 Ghap:V.La ion Fe Dr e DE a ex arène Br explication € leur établifflement. . . 48 Chap. VI. Defcr iplion d'un nouveau Monde, tr es de à con- noîlre, mais femblable pourtant à celuy dans lequel unes ou mémes au Cahos que les Poëtes ont feint l'avoir precedé . . . 66 Chap. VII. Par quelles 2. Éloar. bte moyens, les nn Fe de ce Monde fe tireront, d'elles mémes, hors du Cahos & de Diconfuioniqueelles "etaient. 0... . .: , . .4UNtSS Œuvres. VI, B X AVERTISSEMENT. Chap. VIIL. Comment dans le Monde, auparavant décri!, il fe formera des Cieux, un Soleil € des Etoiles . . . 104 Chap. IX. L'origine, le cours € les autres proprietés Le Comeles € des Planetes en general, € des Cometes en par- HEUTIErN AT 121 Chap. X. L Rte her 7e Planete E r ner abe de de Terre € de la Lune . . 10h AYDTE De 24e LRO Chap. XI. Ce que c'efl que la ir EST IL EIRE ROME Chap: XII: Du: flux: refluxtdella Mere ES RPC Chap. XIII. Ce en quoy la Lumiere confifle . . .. . . : : 184 Chap. XIV. Les proprietez de la Lumiere . . LASIT EE SRI Chap. XV et dernier. La façon dont le Soleil 1€ les Aflres agiflent contre nos: yen re EML ES TIENNE TROIE à REMARQUEZ « Qu'encore que ceux qui ont déja lù ce Livre écrit à la main, » ayent jugé que vous y apprendriez une Philofophie facile, veri- » table & débarraffée des paroles & des imaginations Scholaftiques, » ou autres femblables : ils ont cru neantmoiïns qu'il ne feroit pas » inutile de vous avertir d’abord : » 1. Que, quand Monfieur DESscarTESs enfeigne qu’en fon nouveau » Monde les parties de la matiere fe tirent, d’elles-mémes, hors de » la confufion où l’on | peut fuppofer qu’elles étoient, il entend » qu'elles s’en tirent fans le fecours des Creatures : comme lors qu'il » dit ailleurs, que la fubftance eft par foy, ou qu'elle fubfifte d’elle- » méme. » 2. Que s’il appelle Doétes ceux qui reçoivent aujourd’huy un » premier Mobile, des étres de raifon, ou des étres déraifonnables, » & pareilles chofes, c'eft qu'il ne veut pas leur ôter le nom que » plufeurs leur donnent, ou qu'il parle dans le fens que les Logi- » ciens appellent divifé. » 3. Que les exemplaires de ce Livre qu'on a vüs avant l’im- » prefion man/quoient en plufieurs chofes, principalement vers la » page 246; mais que, pour les corriger, on fe pouvoit fervir du » difcours & des figures qui font dans les Principes de la Philo- » fophie, compofez par le méme Auteur: Part. 3, Art. 132, 137, » 149; &c. » Le More. XI PREFACE DE CLERSELIER 10064 « Si je n’avois point efté obligé de faire vne Preface, pour faire connoiftre à tout le monde le peu de part que j'ay à tout cet Ouvrage, & pour rendre l'honneur qui eft deu à ceux qui fe font donnez la peine de travailler aux Figures, & aux Remarques qui l’accomipagnent, Je me ferois contenté de celle que Monfieur Schuyl a déja mife au devant de la verfion Latine qu'il a faite du Traité de l'Homme de M. Defcartes ; car elle eft fi ample & fi belle, qu'outre qu'il ne m'a prefque rien laiffé à dire, il m'a tout à fait ofté l’efperance de faire mieux... S'il avoit aufli bien rencontré dans les figures des mufcles & du cerveau qu’il a inventées, comme il a fait dans fa Preface, & qu'il euft travaillé fur vne copie plus fidele pour faire fa verfion, je n’aurois rien voulu faire autre chofe, que de remettre ce Traité en fa langue Naturelle, & me ferois fervy de fes propres figures, qui l’emportent fans doute de beaucoup fur celles que j'ay fait mettre icy, fi l’on a fimple- ment égard à la graveure & à l’impreflion, mais que je croy pour la plufpart eftre moins intelligibles que celles-là, & moins propres à l'intelligence du texte. » - « Comme ces Figures ne font point de moy, j'en puis dire plus librement mon fentiment, & cela n’empefchera pas le jugement que les autres en pourront faire. C’eft pourquoy je le prie de m'excufer, fi aprés l'avoir remercié des loüanges trop obligeantes dont il m'a comblé & honoré dans fa Preface, Je ne laiffe pas de dire icy qu'il s’eft vn peu trop hafté dans l’impreflion de ce Traité, & que s’il m'avoit fait la faveur de m'en avertir, je l’aurois prié de la furfeoir (comme il efloit, ce me femble, affez raifonnable jufques à ce que je l’euffe fait imprimer icy en François, moy qui en avois l'original; & aurois en mefme temps empelché qu'il ne fuft tombé, comme il a fait, en plufieurs fautes, qui luy efltoient inévitables par le defaut de fa copie, ce qui fans doute auroit rendu fon Livre meilleur. » « Je ne veux pas icy les cotter toutes : ceux qui prendront la peine de confronter fon Latin avec le Francois, les pourront aifément remarquer. Je diray feulement que, pour avoir voulu corriger le PT es, XII AVERTISSEMENT. premier mot de la premiere periode, il luy a donné vn tour qui en défigure vn peu le commencement. En effet, à confiderer ce Traité comme vn Livre à part & détaché de tout autre, ce qu'a mis Monfieur Defcartes à l'entrée femble n'avoir point de fens; & c'eft ce qui a trompé Monfieur Schuyl, & qui l’a porté à en changer le Frontifpice. Mais s'il euft fceu que ce Traité n’eft qu'vne fuitte du Livre dont il parle dans fa Methode, & que l’ori- ginal que j'ay, & que je feray voir quand on voudra, a pour titre Chapitre 18, il fe feroit bien gardé de le corriger. » « Ce Livre-là mefme a aufli depuis peu efté mis en lumiere à mon infceu, avec ce titre : Le Monpe pE Monsieur DESCARTES, ou TRAITÉ DE LA LuMIERE. On s’eft aufli trop precipité à l'impri- mer; & fi celuy qui l’a mis entre les mains du Libraire euft voulu avoir vn peu de patience, & retenir le zele qu'il a témoi- gné avoir pour le bien du public, je l’aurois contenté dans cette impreflion mefme, où mon deflein avoit efté de le joindre, & luy aurois donné vne plus belle forme, des Figures mieux faites, & vn texte plus fidele ; ce que je pourray faire quelque jour. [ Addi- tion à la seconde édition, 1677 : Et c’eft ce que l’on verra executé dans cette feconde Edition; où fi l'on avoit voulu mettre les chofes dans leur ordre naturel, l’on auroit dû commencer par ce Livre, & aprés cela mettre le traité de l'Homme, qui n’en eft qu'vne fuitte. Maïs cela auroit apporté trop de changement. C'eft pourquoy on ne s’eft pas arrefté à garder cet ordre naturel dans cette impreflion, ayant jugé qu'il feroit facile à vn chacun de le fupléer en le lifant]. » « Cependant je loüe le zele de l’vn & de l’autre, & quoy qu'ils foient tombez tous deux en quelques fautes, elles font fans doute. bien pardonnables, puis qu'elles ont vn fi beau motif. Je fuis moy-mefme aufli en partie caufe de celles de Monfieur Schuyl, & comme il dit fort bien dans fa Preface, j'ay efté vn de ceux qui l'ont follicité de travailler à cet Ouvrage : car ayant appris qu'il avoit quelques Figures de Monfieur Defcartes, que Monfieur Pol- lot luy avoit mifes entre les mains, Je luy envoyay la Lettre que Monfieur Pollot fon amy m'’avoit luy-mefme écrite fur cela, afin qu'il ne puft douter de l’avis que j’avois receu, & le priay de me communiquer ces Figures, avec les autres que l’on m'avoit auffi dit qu'il avoit inventées, afin que je m'en pufñle fervir (fi je les trouvois juftes) pour l’impreflion que je meditois, dont je ne man- querois pas de luy faire part. Il receut la priere que je luy fis avec toute la civilité poflible, & m'accorda mefme plus que je ne luy LE More. XIII avois demandé; car avec toutes ces Figures, il m'envoya vne copie du traité dont il s’eftoit férvy pour les inventer. Je ne voulus pas paroiftre incivil dans la réponfe que je luy fis; & quoy que j'eufle remarqué quelques défauts dans ces Figures, & dans cet exem- plaire qu’il m'avoit envoyé, comme je ne penfois pas qu'il fe duft tant hafter, mais que je croyois, au contraire, qu'il me laifferoit pañfer le premier, & qu'’ainf il pourroit corriger les fautes de fa copie fur l’imprimé que j’aurois fait faire, je ne fongeay plus qu'à m'eftendre fur fes loüanges, qui fans doute luy eftoient bien deües, & vfay de tous les termes que l’humeur & la civilité Fran- coife nous permettent dans ces rencontres ; en quoy il s’eft vn peu trompé, ayant aufli-tofi pris cela pour vne approbation entiere de fon ouvrage. Si j'euffe crû que cette premiere lettre, ou ce premier mot de compliment, euft dû entrer dans le confeil de ce qu'il avoit à faire, je luy aurois dit fincerement mes fentimens, comme c'eft ma coutume, & luy aurois épargné quelques petits déplai- firs ; mais je n’ay rien fceu de tout ce qu'il faifoit, que quand la chofe eftoit fans remede, & que fon Livre eftoit déja imprimé. » « Aprés tout neantmoins, je ne puis m'empefcher de le loüer, & de luy fcavoir gré de fon entreprife, qui eft grande, & pour la meilleure partie, fort bien executée, dont les fautes mefmes font faites avec jugement, lefquelles ne luy doivent pas eftre imputées, puis qu’elles ne viennent point de luy, mais de l’infi- delité de la copie fur laquelle il a travaillé; laquelle doit avoir d'autant plus exercé fon efprit, pour la bien tourner en Latin, qu'il a eu plus de peine à bien entendre les lieux où elle eftoit défeétueufe. » « Maintenant, afin qu’on ne penfe pas que Meflieurs de Gutfcho- ven & de la Forge, qui ont tracé les Figures qui font dans ce Livre, fe foient fervis de celles de M. Schuyl pour inventer les leurs en corrigeant les fiennes, & pour conferver à chacun l’hon- neur qui luy appartient, Monfieur Chapelain me fera témoin, s’il n’eft pas vray que, lors que je fus chez luy, pour recevoir de fa main le préfent que Monfieur Schuyl m'avoit fait de fon Livre, je luy portay en mefme temps toutes les Figures de ce Traité, que chacun de ces Meflieurs avoit faites, & que je voulus expref- fement luy faire voir, pour avoir vn jour, en la foy d’vne per- fonne d’vne probité aufli reconnuë que la fienne, vn garend de cette verité. » « Pour continuer ce recit, ou fi vous voulez cette hiftoire, & la prendre maintenant dés fon commencement : comme j'avois XIV AVERTISSEMENT. toujours dans l’efprit de publier vn jour ce Traité, & que j'eftois en peine de trouver quelqu’vn qui vouluft fe donner la peine de travailler aux Figures qui y manquoient, ne me fentant pas affez fort pour les inventer de moy-mefme ; Meflieurs Louys & Daniel Elzevirs, en l’année 1657, incontinent aprés l’impreflion du pre- mier volume des Lettres de Monfieur Defcartes, me donnerent la connoiffance d’vn appellé Monfieur Huyberts, qu’ils me difoient avoir travaillé à ces Figures, & les avoir mefme déja toutes tra- cées. Et pour s’affurer mieux fi ce qu'il avoit fait eftoit bien ou mal, & pour s’éclaircir de quelques difficultez qui luy reftoient, à caufe que fon manufcrit luy fembloit peu correét en quelques endroits, ils me prierent de luy envoyer vne fidele copie de l'ori- ginal qu'ils avoient ouy dire que j'avois entre les mains. J’em- braffé promptement cette occafion comme vne faveur du Ciel ; & aprés avoir tiré de Monfieur Huyberts vne affurance par lettres qu'il me feroit part de fes Figures, quand il leur auroit donné la meilleure forme qu'il auroit pü, je luy envoyay vne copie de ce Traité, qu'il me fit fcavoir avoir receüe ; mais aepuis, je n’ay eu aucunes nouvelles, ny < de > luy, ny de fes Figures, ny de cette copie, quelque foin & diligence que j'y aye apportée; dont j'ay eu beaucoup de déplaifir, car il m'avoit parû honnefte & habile homme, par le peu de commerce que j'avois eu avec luy; c’eft pourquoy je ne puis accufer de cela que fes maladies, ayant fceu qu'il eftoit fort infirme. » « Cette occafion m'ayant manqué, j'en cherchay vne autre. Et parce que je ne connoïflois alors perfonne, que je cruffe plus capable d’executer ce deffein, que Monfieur le Roy ; & que j'eftois bien aife de trouver vne occafion, où je pufle luy témoigner l'eftime particuliere que j'ay toujours faite, & que je fais encore de fa perfonne & de fon merite, je luy écrivis vne lettre, au mois d'Avril 1650, par laquelle, aprés m'eftre plaint doucement à luy des paroles outrageufes dont vn de fes amis s’eft emporté contre moy, comme fi j'avois commis vn crime d’avoir publié quelques lettres que Monfieur Defcartes luy a autrefois écrites, & de luy avoir amiablement reprefenté, qu’il n’avoit pas bien fait, d'avoir aprés la mort de Monfieur Defcartes fuprimé dans la feconde edi- tion de fon Livre de Phyfique les loüanges qu'il luy avoit données dans la premiere; par laquelle, dis-je, je le priois de fe vouloir donner la peine de travailler aux Figures qui manquoient à fon Traité de l'Homme : tant parce que l'examen qu’il feroit obligé de faire des deux Traitez que je luy envoyerois, pourroit luy Le Monpe. XV _ ouvrir l’efprit pour découvrir la verité qu’il recherche avec tant de foin, & luy donner de belles lumieres pour avancer dans le grand ouvrage de l'Homme, auquel on ne fcauroit trop travailler: que parce que c’eftoit vn moyen de faire revivre & rendre publique l'ancienne amitié qui avoit autrefois efté entre M. Defcartes & luy, & qui depuis fa mort devoit s’eftre continuée entre luy & fes Seateurs, & ainfi de fe remettre bien avec eux, & de regagner leurs bonnes graces. Mais il s’en excufa, de peur que, s'il y met- toit la main, on ne puit foupconner que quelqu'vn de ces Traitez, qu'il dit n'avoir jamais veus, luy euffent déja autrefois pañflé par les mains; quoy qu'à dire le vray, ce foit vne chofe affez difficile à croire, que deux perfonnes ayent pü fi bien rencontrer dans leurs penfées, que d’avoir des pages entieres, totalement conformes les vnes < aux > autres, fans que l'vn ait eu communication des penfées de l'autre. Neantmoins, comme cela n’eft pas impoñlible, & que l'on a veu de plus grandes merveilles, je n'en veux point juger, les Lecteurs en croiront ce qu'il leur plaira, & il leur importe fort peu de fcavoir qui eft le maiftre ou le difciple, de Monfieur Defcartes ou de Monfieur le Roy, & lequel des deux ef le premier inventeur des chofes où ils font conformes, ou s'ils les ont tous deux inventées. Toutesfois, pour dire les chofes comme elles font, je croy que Monfieur le Roy ne me defavoüera pas. quand je diray de luy, qu'il a fait autrefois l'honneur à Mon- fieur Defcartes de le confulter fouvent fur des queftions de Phy- fique & de Medecine, & en general de Philofophie, & qu'ainfiil l'a autrefois confideré comme vne perfonne de qui il pouvoit apprendre. Et quand il ne le voudroit pas avoüer, cela fe juftifie affez par les lettres de M. Defcartes, & par celles que luy-mefme luy a autrefois écrites, dont j’ay de fideles copies, tirées fur l’ori- ginal, lefquelles font pleines de ces queftions. J’avois eu la penfée de les faire imprimer dans la feconde Edition qui s'eft faite l'année derniere (1663) du premier volume des Lettres de Mon- fieur Defcartes, afin de juftifier par les miflives de Monfieur le Roy, que les lettres de Monfieur Defcartes, qui leur fervent de réponfe, ne font point des chofes controuvées & faites à plailir, comme cet amy de Monfieur le Roy, dont j'ay déja parlé, femble vouloir infinuer; mais en ayant écrit à Monfieur le Roy, pour ne rien faire que de concert avec luy, il ne l’a pas voulu permettre; Quoy que toutes ces lettres foient fi pleines de civilité, d’eftime & de refpeét pour luy & pour fa doétrine, & font voir tant d'amitié & de correfpondance entre l’vn & l’autre, que je ne puis XVI AVERTISSEMENT. deviner ce qui peut empefcher Monfieur le Roy d'en permettre la publication. Peut-eftre le fera-t'il vn jour, puifque déjà il a bien permis qu'on imprimaft la lettre qu'il m'a écrite en réponfe à la mienne du mois d'Avril; il m'auroit fort obligé s’il avoit en mefme temps fait imprimer la mienne, cela m'auroit exempté d'en parler icy, puis qu’il n’y a que cela feul qui ait donné lieu à cet article. » « Aprés ce refus de Monfieur le Roy, je cherchay d’autres moyens, & tournay mes penfées ailleurs. Et croyant toujours (comme il y a grande apparence) que Monfieur Defcartes n’avoit point écrit ce Traité, en defignant comme il a fait fes Figures par des Lettres, fans qu'il les euft luy-mefme au moins groflierement tracées, je priay vn de mes amis, appellé Monfieur Guifony, fcavant jeune homme, que le defir de s’inftruire portoit lors à voyager, de s'informer, en pañlant par les Pays-bas, s’il ne pour- roit point découvrir que quelqu’'vn euft ces figures, ou du moins de folliciter par tout les plus habiles, & les plus affectionnez à cette Philofophie, d'y vouloir travailler. Il eut le bonheur de rencontrer à Louvain Monfieur de Gutfchoven, avec lequel il eut plufieurs conferences, & apprit de luy que Monfieur Sluze l'y vouloit engager. Aufli-toft il m'en donna avis, & comme je n’avois pas l'honneur de le connoiïftre, il me le dépegnit fi bien, & avec des qualitez fi avantageufes, que je crû ne pouvoir mieux ren- contrer, qu'vne perfonne qui comme luy eft tout enfemble grand Anatomifte & fcavant Mathematicien, qui entend parfaitement tous les Ouvrages de Monfieur Defcartes, avec lequel il a mefme converfé plufieurs fois, & qui avec cela a cette forte d’efprit mechanique que cette Philofophie demande. Nous convinfmes bien-toft enfemble, moy de luy envoyer vne copie du Traité, & luy de travailler aux Figures, & de me les envoyer fi-toft & à mefure qu'il les auroit faites. Cependant, comme fi l’affurance que je luy avois donnée de luy envoyer ce Traité euft amorty fon defir, je fus prés d'vn an fans avoir de fes nouvelles, ny fcavoir comment je pourrois le luy envoyer. Et comme je com- mençcois à ne plus quafñ rien efperer de ce cofté-là, vn Gentil- homme Flamand, appellé Monfieur de Nonancourt, que la paix nouvellement faite entre les deux Couronnes, & l'entrée de la Reine, avoit attiré icy, me vint voir de fa part, avec des lettres de recommandation, qui portoient entr'autres chofes, que fi j'eftois encore dans le deflein de luy confier la copie du Fraité de l'Homme de Monfieur Defcartes, que je luy avois autrefois LT ï LE Monpr. XVII offerte, il eftoit plus que jamais en pouvoir & en volonté de tra- vailler aux Figures. » « Je me trouvay en ce temps-là dans vne affez plaifante con- jonéture ; car quand Monfieur de Nonancourt vint au logis, j'avois encore fur ma table la lettre de Monfieur de la Forge (que je ne connoiflois point alors, mais qui depuis s’eft fait connoiftre par de fort bonnes marques, comme on le verra par la fuitte), laquelle je ne venois que de recevoir, & dont à peine avois-je finy la leture, par laquelle il fe venoit offrir de luy-mefme à travailler aux Figures que j'avois dit dans la Preface du fecond volume des Lettres de noftre Autheur (voir t. V, p. 636) manquer à ce Traité-cy, pourveu que j’eufle encore befoin d’vn homme, & qu'il n’y en euft point d’autre plus habile que luy qui s’y fuft déja offert, & avec qui je fuffe engagé. Je fus bien aife de faire voir à ce Gentil-homme la bizarrerie de cette rencontre, pour prendre avis de luy fur ce que j'avois à faire dans vne occafion où il y alloit en quelque façon de l'honneur de Monfieur de Gutfchoven, & pour me décharger fur luy de la refolution que je prendrois, & l'en rendre refponfable envers fon amy, à qui je ne voulois pas manquer de parole, & que je craignois de defobliger fi j'acceptois les nouvelles offres que l’on me faifoit. Mais d’vn autre cofté j'aurois efté fafché de ne les pas accepter, m'eftant faites de fi bonne grace, par vne perfonne de noftre Nation, dont la profef- fion répondoit à la connoiffance que demandoit dans vn homme le travail auquel il s’offroit, & que je jugeoïs déjà par fa maniere d'écrire, qui témoignoit beaucoup de fufhfance, capable de l’exe- cuter. Nous ne fufmes pas long-temps à nous réfoudre ; & nous trouvafmes à propos de les laiffer travailler tous deux à l'infceu l’vn de l’autre : tant parce que fi nous leur faifions fçavoir, cela les pourroit rendre pareffeux & negligens, chacun ne voulant pas fe donner la peine de travailler à vne chofe, dont il n’auroit pas feul la gloire; que parce qu'il pourroit arriver, que l’on feroit privé de quelque lumiere, que celuy-là auroit pù nous donner, de qui l’on auroit refufé le fecours. » « Cela ainfi arrefté entre nous, je mis à l'heure mefme entre les mains de Monfieur de Nonancourt vne copie du Traité de l'Homme de Monfieur Defcartes, que je tenois toute prefte il y avoit long-temps, qu'il euft le foin de faire tenir à Monfieur de Gutfchoven, & qui nous a valu à la fin les belles & ingenieufes Figures qui font de luy dans le corps de cet Ouvrage: & j'en fis faire vne autre copie que j’envoyay à M. de la Forge. Il n’eft pas Œuvres, VI, c XVIII AVERTISSEMENT. : befoin que je m'eftende icy fur fes loüanges, puifque la plus grande partie de ce Livre parle à fon avantage, & que les Figures & les fcavantes Remarques qu'il a adjoutées à ce Traité, feront mieux connoiftre fon efprit & fon merite, que tout ce que j'en pourrois dire. Je n’ay jamais veu tant de diligence en vne per- fonne qu’en luy; en moins d’vn an il m’envoya & fes Figures, & fes Remarques... De forte que, fi les grandes occupations de M. de Gutfchoven ne l’euflent point empefché de donner tout le foin qu’il faloit pour achever en peu de temps ce qu’il m'avoit promis, on auroit pü avoir ce Traité-cy il y a prés de deux ans; mais il faloit bien attendre qu'il euft entierement éclaircy, ce que fans luy l’on auroit eu de la peine à entendre, & il n’y avoit pas d'apparence de rien faire, avant qu'il euft achevé ce qu’il avoit fi bien commencé. » « Je fuis maintenant obligé de dire icy, avant que de pañfer outre & d’entrer dans le détail, que ces Meflieurs ont eu pour moy cette déference, que de s’en remettre entierement à mes foins, pour ordonner & difpofer à ma volonté des figures qu'ils m'ont mifes entre les mains, & mefme ils n’ont pas defaprouvé quelques petits avis que je leur ay donnez, lors qu'ils me les ont envoyées la premiere fois, fuivant lefquels ils ont quelquefois trouvé à propos de les reformer. Ce qui me fait‘dire & aflurer de leur part, qu'ils ne trouveront point mauvais, mais qu’au contraire ils fe tiendront fort obligez à ceux qui les voudront advertir des défauts qu’on a pû y avoir laïffez, & leur apprendre en mefme temps le moyen de les corriger, ce qui fe pourroit faire dans vne feconde Edition. Ou mefme fi quelqu'vn plus ingenieux vouloit fe donner la peine d’en inventer quelques-vnes qui fuffent mieux faites, & qui puffent fervir à faire mieux entendre le texte, je luy promets de les employer dans vne nouvelle impreflion, s’il veut avoir la bonté de me les communiquer. Et qu'il ne craigne point que ces Meflieurs en prennent jaloufie ; car ce n’eft pas tant l’am- bition de paroiftre, que le defir d'apprendre qui les a portez à travailler à cet Ouvrage : fi bien qu’on ne fcauroit leur faire plus de plaifir, que de leur faire voir leurs fautes, en leur apprenant à faire mieux. » « Pour venir maintenant aux Figures, voicy l’ordre que j'y ay gardé. Comme la plufpart des Figures que ces deux Meffieurs avoient tracées chacun à part, eftoient femblables, ou que la dif- ference qu'il y avoit entr'elles n’eftoit pas effentielle, & ne regar- doit que la difpofition exterieure du corps de la figure, j'ay penfé » ». LE More. XIX qu'il eftoit inutile de faire voir deux fois vne mefme chofe, & me fuis contenté de me fervir pour la plufpart des figures de M. de Gutfchoven, qui eftoient mieux deflinées que les autres; mais pour celles où la difference eftoit notable, & qui pouvoient fervir à des vfages particuliers, comme font celles des mufcles & du cer- veau, je les ay mifes des deux facons; & afin qu'on les puifle reconnoiftre, j'ay fait mettre vn G à celles de M. de Gutfchoven, & vne F à celles de M. de la Forge, & quant aux autres où ces lettres ne fe rencontrent point, elles font communes à l’vn & à l’autre. » « Je remarqueray feulement icy que j'ay vn peu changé la difpo- fition qu'ils avoient donnée à la premiere figure, & qu'au lieu qu'ils l’avoient reprefentée fur le plat, je l’ay fait mettre fur le cofté, afin de faire mieux voir ce que dit M. Defcartes : qu'aprés les parties qui vont au cerveau, il n’y en a point de plus fortes ny de plus vives, que celles qui fe vont rendre aux vaiffeaux deftinez à la generation, à caufe que le chemin qui y conduit eft . le plus droit : ce qui fe voit mieux, ce me femble, par cette difpo- fition de la figure que par vne autre. » « Comme le mouvement des membres efl la plus importante aétion que l’Autheur ait eu à décrire & à expliquer, j'ay crû que je ne devois rien obmettre de ce qui pouvoit fervir à en rendre l'intelligence facile; & parce que chacun de ces Meflieurs a eu fur cela de differentes idées, & mefme que dans vn broüillon, que tout autre que moy auroit jetté au feu, tant il eft petit, déchiré, & défiguré, j'ay trouvé vn efflay qu'avoit autrefois griffonné M. Defcartes, lors qu'il tentoit les moyens de s’imaginer vne figure qui puft répondre & fatisfaire à ce qu'il avoit dans l'efprit, j'ay jugé neceffaire de mettre celle que chacun a inventée : à caufe qu'eftant toutes trois differentes, ce qu’on ne pourra comprendre par l’vne, fera peut-eftre fupleé par l’autre. Je n’ay pourtant point mis de figure pour reprefenter le mouvement Tonique, parce que c’eft vne chofe fi facile à s’imaginer, quand on a bien compris les autres, que cela auroit efté fuperflu, & qu'il auroit femblé qu’on auroit voulu groflir le Livre, & le faire valoir par le nombre des Figures... » « La figure de la p. 16, au bas de laquelle il y a vn D, eit vne copie de ce broüillon de Monfieur Defcartes, dont j'ay parlé cy- deflus, que j’ay tirée le mieux que j’ay pü. Je le garde pour le faire voir à ceux qu en auront curiofité, & pour les faire juges, fi j'ay bien rencontré dans l'extrait que j'en ay fait : car il a falu XX AVERTISSEMENT. en quelque facon deviner fa penfée, en confrontant ce broüillon avec le texte, tant 1l eft mal deffiné. Et ce qui m'a donné le plus de peine, eft que Monfieur Defcartes ne parlant dans fon Traité que de deux replis pour chaque valvule, il femble en avoir repre- fenté trois dans ce projet de figure. Mais enfin confiderant la chofe de plus prés, & penetrant dans la penfée qu’il pouvoit avoir lors qu'il traçoit ce broüillon, j'ay jugé que ce que je prenoiïs au com- mencement pour vn troifiéme reply, n’eft rien autre chofe qu’vn petit crochet, qui fert feulement d’appuy aux Efprits qui def- cendent du cerveau, pour faire baïffer le reply auquel il eft attaché, & ouvrir ainfi vn plus libre paflage aux Efprits pour aller d’vn mufcle dans l’autre ; fans quoy les Efprits qui defcendent du cerveau, difficilement auroient-ils pù avoir affez de prife fur luy, dans la fituation qu'il luy a donnée, pour le pouvoir faire baiïffer ou courber, & faciliter par ce moyen cette communication d’vn mufcle à l’autre. En quoy je trouve que Meflieurs de Gutfchoven & de la Forge ont mieux rencontré que Monfieur Defcartes mefme, & que la difpofition qu'ils ont donnée à la valvule & à fes deux replis, eft plus conforme au texte, & le jeu de leur valvule plus aifé à comprendre. » « Monfieur de la Forge a efté le plus hardy... Ce qu'il a changé dans fa figure (que l’on verra en la p. 17) eft, premierement, qu’il place les canaux de communication, & en fuitte les valvules, entre les deux tendons des mufcles Antagoniftes, au lieu que M. Defcartes difpofe autrement les canaux, & met les valvules dans les nerfs aux entrées de chaque mufcle. Et 2., qu'il veut que les nerfs fe déchargent dans les mufcles, & qu’en y verfant les Efprits, 1ls fe répandent entre les fibres des mufcles, qu'ils enflent ou defenflent à mefure & à proportion qu'ils y entrent ou qu'ils en fortent : Là où Monfieur Defcartes dit, au con- traire, que les nerfs répandent leurs fibres ou leurs rameaux dans les mufcles mefmes, & que felon la diverfe difpofition de ces fibres ou de ces rameaux, quand ils font enflez ou defenflez, ils enflent ou defenflent les mufcles, & produifent differens effets... » « Cependant comme il eft tres-important de bien comprendre quelle eft la penfée de l’Autheur, touchant l’infertion des fibres des nerfs dans les mufcles, & touchant leur mouvement, à caufe que c’eft en cela que confifte la principale action de la machine du Corps humain, il ne fera pas inutile que je le faffe icy concevoir clairement, par l'explication de quelque figure en particulier. » LE Monpe. XXI « Or entre toutes les figures qui font dans ce livre, je n’en trouve point de plus propre pour faire comprendre quelle eft en cela la penfée de Monfieur Defcartes, que celle qui fert à expliquer le mouvement des paupieres; & d’autant que ce qu'il en dit en l'art. 23 eft fort concis, & aflez difficile à entendre fans figure, comme chacun le peut éprouver s’il fe veut donner la peine de lire le texte fans jetter les yeux deffus, je diray icy en peu de mots comment on s’eft pris pour accommoder la figure au texte, & luy donner la forme & la difpofition qu’elle a main- tenant. » « Puifque le mufcle T (voyez la figure de la p. 21) ne fert qu’à ouvrir la paupiere de deflus, & que le mufcle V fert alterna- tivement à les ouvrir & à les fermer toutes deux; & puifque Monfieur Defcartes dit que le nerf ou tuyau PR envoye fes branches dans les deux mufcles T & V, & que le nerf ou tuyau gs ne les envoye que dans le mufcle V feulement, & que leurs branches R & s eftant quafi inferées en mefme facon dans le mufcle V, y ont toutesfois deux effets contraires, à caufe de la diverfe difpofition de leurs rameaux ou de leurs fibres : de là je conclus que, puifque le nerf PR envoye des branches dans le mufcle T & dans le mufcle V, & que le mufcle T ne fert qu’à ouvrir la pau- piere de deffus : je conclus, dis-je, que les rameaux ou les fibres des branches du nerf pr, qui s’inferent dans le mufcle V, doivent eftre tellement difpofées dans ce mufcle, qu’elles puiffent fervir à ouvrir les deux paupieres, afin que leur action dans le mufcle V, s'accorde avec celles de fes autres fibres qui s’inferent dans le mufcle T, lefquelles ne fervent qu’à ouvrir la paupiere de deffus ; & par confequent les fibres des branches du nerf gs, doivent eftre difpofées dans le mufcle V de telle forte, qu'elles les puiflent fermer toutes deux quand elles feront en aétion. Pour cela je fuppofe que les branches du nerf PR, qui fe vont inferer dans le mufcle V, répandent leurs fibres dans la paupiere d’enhaut, & dans celle d’embas, & qu'elles finifflent & font attachées de part & d’autre au bord des paupieres, comme vous les voyez repre- fentées dans cette figure; au lieu que les branches du nerf gs les croifent, & font couchées le long de ce mufcle des deux coftez, & vont s'attacher de part & d'autre au coin de l'œil. De là vient que quand les rameaux r fe rempliffent d’Efprits, ils s’enflent, & en s’enflant ils tirent & ouvrent les deux paupieres où ils font attachez ; & en mefme temps les Efprits allant aufli dans le mufcle T par les autres branches de ce mefme nerf PR, qui y {ont répan- XXII ÂVERTISSEMENT. duës, le mufcle T s’enfle aufi, & aide par meilme moyen à ouvrir la paupiere de deflus. Tout au contraire, quand les rameaux s fe rempliffent d'Efprits, comme ils ne peuvent pas tirer à foy le coin de l'œil où ils font attachez, parce qu'il eft immobile, leur ventre s'enfle, & en s’'enflant des deux coftez en mefme temps, ils font que les paupieres s’approchent & fe ferment. Et afin que cela s'entende & s’execute aufli mieux, il faut concevoir qu'entre les branches du nerf pr & celles du nerf gs, il y a des canaux de communication avec des valvules, qui font l'effet ordinaire qu’elles ont dans les mufcles Antagoniftes, afin que ces branches fe puiffent fournir mutuellement les vnes aux autres des Efprits en affez grande quantité pour eftre fufffamment enflées, & que les vnes n’empefchent point l'effet des autres. Et outre cela, il faut concevoir qu'entre les branches du nerf Pr, dont les vnes vont dans le mufcle T & les autres dans le mufcle V, il y a communi- cation; mais que cette communication eft toujours libre, afin que les branches qui vont dans le mufcle ‘F, par la communication qu'elles ont avec les autres qui font répanduës dans le mufcle V, puiffent aufli fournir des Efprits aux branches du nerf gs qui font répanduës dans le mufcle V, & en recevoir aufli d'elles, quand il eft befoin; & afin aufli que par ce moyen le mufcle T s’enfle & fe defenfle avec les branches & rameaux R qui font répandus dans le mufcle V, & qu'il ne nuife point, mais plutoft qu'il favorife l'effet des branches du nerf gs. Cela ainfi expliqué, il me femble (comme j'ay dit) qu’il eft aifé à entendre quelle eft la penfée de Monfieur Defcartes touchant le mouvement des mufcles, & tou- chant l’infertion des fibres ou rameaux des nerfs dans le corps de chaque mufcle, & que cela fait affez bien comprendre comment fe fait cette action ou ce mouvement, qui eft la principale fonétion de toute cette machine. » | « La mefme raifon qui m'a obligé de mettre icy les differentes figures des mufcles que chacun de ces Meflieurs avoit tracées, a fait aufli que j'ay mis celles qu'ils ont faites du cerveau : d'autant qu'aprés les figures qui fervent à expliquer le mouvement des mufcles, il n'y en a point de plus importantes que celles-là. Et iefme l’on peut dire que ce font les plus neceffaires, à caufe que le cerveau eft la principale piece de noftre Machine, & comme la fource & le principe de tous fes mouvemens, qui ne fe font que par fes ordres, & felon la diftribution qui s’y fait des Efprits.… » « Quoy que Monfieur de la Forge euft tracé vne figure pour Le MONDE. : XXII reprefenter comment la Machine que décrit Monfieur Delcartes avale les viandes qui fe trouvent dans le. fond de fa bouche, je n'ay pas jugé à propos de m'en fervir, mais j'ay penfé qu pl fufifoit de celle qu'il employe pour expliquer la refpiration : à caufe que la figure qu'il avoit inventée pour cet effet, ne laifloit pas moins fr chofes à l'imagination à fupléer, aher fait celle-là... » « Les petits tuyaux de la figure marquée N, de la p.63, qui (Ga vis à vis les rayons qui viennent de la glande, devroient avoir efté difpofez tout droits, pour recevoir comme il faut l’aétion des Efprits, reprefentée par ces rayons; c'eft pourquoy chacun pren- dra la peine de le corriger fur fa figure. » « Dans la figure de la p. 65, la glande ne devroit pas eftre fi droite qu’elle eft, mais vn peu inclinée en avant, à peu prés comme eft celle de la figure de la p. 80... » « Je n’ay plus que deux chofes à dire pour l’entiere inftruétion du Leëteur : la premiere, que fi l’on voit en quelques figures des chifres, & en d’autres des lettres, qui fembleroient n'y devoir pas eftre, veu que cela ne quadre point avec leur nombre, ny avec la maniere dont on les a defignées, on ne l’a fait que pour conferver au texte toute la fidelité qu'on luy devoit, & pour ne pas alterer la penfée de l’Autheur, en accommodant le texte aux figures, eftant plus raifonnable d’accommoder les figures au texte. Mais cela mefme fait voir, que puifque l’Autheur defigne luy-mefme les figures par des lettres & par des chifres, il faloit qu'il les euft prefentes devant luy, quand il en a parlé de la forte; & il eft à croire qu’elles font entre les mains de quelqu'vn qui l'ignore, ou qui peut-eftre s’en veut prévaloir. » « La feconde chofe dont je dois avertir le Leéteur eft, que le texte de l’Autheur eftoit tout continu, fans aucune diftinction de Cha- pitres ny d’Articles ; mais neantmoins je n'aÿ pas crû rien faire contre fon intention, que de le diftinguer comme j'ay fait, puifque luy-mefme avoit déja commencé à diftinguer ainfi par parties & par articles le fecond Traité, qui eft intitulé de la formation du Fœtus; & cela m'a donné la penfée d'achever ce qu'il avoit commencé; & aprés l’avoir fait, j'ay crû que cela ne nuiroit point, de diftinguer aufli de mefme le premier Traité, & qu'on ne pour- roit me blafmer fi j'en vfois de la forte, puifque ceux qui Y pour- roient trouver à redire, pourront le lire tout d’vne fuitte fans s’arrefter, & que les autres pourront eftre foulagez par ce repos que donne à l’efprit cette forte de diftinétion, & par la facilité XXIV AVERTISSEMENT. » que cela donne à fe remettre en memoire, & à trouver, les chofes dont on peut avoir befoin. » « Il ne m'a pas efté difficile, comme je penfe, de fatisfaire le Lecteur fur tous les chefs qui pouvoient concerner cette impref- fion ; comme on n’a pü avoir de prejugé qui ait pù empefcher 2: 70 qu'on n'ait ajoûté foy à tout ce que j'ay dit, je veux croire qu’on | “ui m'aura fait l'honneur de s’en raporter à ma parole... » Ta (Pages 1-28, non numérotées, de la 1re édition, 1664 ; ; F p. 1-26, de la 2e édition, 1677.) Le LE RENÉ DESCARTES MONDE DE OÙ ” BÉRPRLOND'E DE RENÉ DESCARTES OU BC DRÉADE LA LUMIERE: Me propofant de traiter icy de la Lumiere, la pre- miere chofe dont je veux vous avertir, eft, qu'il peut y avoir de la difference entre le fentiment que nous en avons, c'eft à dire l’idée qui s'en forme en noftre imagination par l'entremife de nos yeux, & ce qui eft dans les objets qui produit en nous ce fentiment, c'eft à dire ce qui eft dans la flâme ou dans le Soleil, qui s'appelle du nom de Lumiere. Car encore que chacun fe perfuade communément, que les idées que nous avons en noîftre penfée font entierement femblalbles aux objets dont elles procedent, je ne vois point tou- tesfois de raifon, qui nous affure que cela foit; mais 2 je] ie. — 5 l’entremife] le moyen. — 8 s'appelle] eft appelé. — 12 après foit| uray ajouté. a. On suit le texte de l'édition de 1677, avec les variantes de l'édition de 1664 au bas des pages. En haut des pages, on reproduit la pagination de 1677. CHAPITRE PREMIER. [De la difference qui eft entre nos fentimens € les chofes qui les pro- duifent.] 4 Le MOoNpeE. 406. je remarque, au contraire, plufieurs experiences qui nous en doivent faire douter. Vous fçavez bien que les paroles, n'ayant aucune refflemblance avec les chofes qu'elles fignifient, ne laiffent pas de nous les faire concevoir, & fouvent mefme fans que nous prenions garde au fon des mots, ny à leurs fyllabes; en forte qu'il peut arriver qu'aprés avoir ouy vn difcours, dont nous aurons fort bien compris le fens, nous ne pourrons pas dire en quelle langue il aura efté prononcé. Or, fi des mots, qui ne fignifient rien que par l'inftitution des hommes, fufi- fent pour nous faire concevoir des chofes, avec lef- quelles ils n'ont aucune reflemblance : pourquoy la Nature ne pourra-telle pas aufli avoir eftably certain figne, qui nous faffe avoir le fentiment de la Lumiere, bien que ce figne n'ait rien en foy, qui foit femblable à ce fentiment ? Et n'eft-ce pas ainfi qu'elle a eftably les ris & les larmes, pour nous faire lire la joye & la trifteffe fur le vifage des hommes ? Mais vous direz, peut-eftré, que nos oreilles ne nous font veritablement fentir que le fon des paroles, ny nos yeux que la contenance de celuy qui rit ou qui pleure, & que c’eft noftre efprit, qui ayant retenu ce que fignifient ces paroles & cette contenance, nous le reprefente en mefme temps. À cela je pourrois ré- pondre que c’eft noftre efprit tout de mefme, qui nous reprefente l'idée de la Lumiere, toutes les fois que l'action qui la fignifie touche noftre œil. Mais fans 5-6 fouvent mefme] c’eft fou- t'elle] peut-elle. — après aufli] vent mefmes.—6après prenions] bien ajouté. — 16 que ce figne] nullement ajouté. — 14 pourra- qu'il. — qui foit] de. — 25 jelie. 20 23 hate stntet: co sosie De ne) ER 20 25 406-407. TRAITÉ DE LA LUMIERE. s CE] perdre le temps à difputer, j'auray plutoft fait d'ap- porter vn autre exemple. Penfez-vous, lors mefme que nous ne prenons pas garde à la fignification des paroles, & que nous oyons feulement leur fon, que l'idée de ce fon, qui fe forme en noftre penfée, foit quelque chofe de fem- blable à l'objet qui en eft la caufe ? Vn homme ouvre la bouche, remuë la langue, poufle fon haleine : je ne vois rien, en toutes ces aétions, qui ne foit fort different de l'idée du fon, qu'elles nous font imaginer. Et la plüpart des Philofophes aflurent, que le fon n'eft autre chofe qu'vn certain tremblement d'air, qui vient frapper nos oreilles ; en forte que, fi le fens de l’oüie rapportoit à noftre penfée la vraye image de fon objet, il faudroit, au lieu de nous faire concevoir le fon, qu'il nous fift concevoir le mouvement des parties de l'air qui tremble pour lors contre nos oreilles. Mais, parce que tout le monde ne voudra peut-eftre pas croire ce que difent les Philofophes, j'apporteray encore vn autre exemple. L'attouchement eft celuy de tous nos fens que l'on eftime le moins trompeur & le plus afluré; de forte que, fi je vous montre que l’attouchement mefme nous fait concevoir plufieurs idées, qui ne reflemblent en aucune façon aux objets qui les produifent, je ne penfe pas que vous deviez trouver eftrange, fi je dis que la veuë peut faire le femblable. Or il ny a per- fonne qui ne fçache, que les idées du chatoüillement & de la douleur, qui fe forment en noftre penfée à l'oc- 8 je] ie. — 25 je] ie. — 26 trouver] treuver. — 27 le femblable] femblable chofe. 6 LE Mon. 407-408. cafion des corps de dehors qui nous touchent, n'ont aucune refflemblance avec eux. On pañle doucement vne plume fur les lévres d'vn enfant qui s'endort, &il fent qu'on le chatoüille : penfez-vous que l'idée du chatoüillement, qu'il conçoit, reflemble à quelque chofe de ce qui eft en cette plume ? Vn Gendarme re- vient d'vne mélée : pendant la chaleur du combat, il auroit pü eftre bleflé fans s’en appercevoir ; mais main- tenant qu'il commence à fe refroidir, il fent de la dou- leur, il | croit eftre bleffé : on appelle vn Chirurgien, on ofte fes armes, on le vifite, & on trouve enfin que ce qu'il fentoit, n'eftoit autre chofe qu'vne boucle ou vne courroye qui, s'eftant engagée fous fes armes, le preffoit & l'incommodoit. Si fon attouchement, en luy faifant fentir cette courroye, en eût imprimé l'image en fa penfée, il n'auroit pas eu befoin d'vn Chirur- gien pour l'avertir de ce qu'il fentoit. Or je ne vois point de raifon qui nous oblige à croire, que ce qui eft dans les objets d'où nous vient le fentiment de la Lumiere, foit plus femblable à ce fentiment, que les actions d'vne plume & d'vne cour- roye le font au chatoüillement & à la douleur. Et toutesfois je n'ay point apporté ces exemples, pour vous faire croire abfolument, que cette Lumiere eft autre dans les objets que dans nos veux; mais feu- lement afin que vous en doutiez, & que, vous gardant d'eftre préoccupé du contraire, vous puifiez mainte- nant mieux examiner avec moy ce qui en ef. 3 la levre. — 8 auroit] eût. — 11 & omis. — trouve] treuve. — 24 abfolument] affurément. 25 4 + it eu | 1 4 | ù 3 | | | 20 2 408-409. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 7 Je ne connoïis au monde que deux fortes de corps dans lefquels la Lumiere fe trouve, à fçavoir les Aftres, & la Flâme ou le Feu. Et parce que les Aftres font fans doute plus éloignez de la connoiffance des hommes, que n'eft le feu ou la flâme, je tâcheray, premierement, d'expliquer ce que je remarque tou- chant la Flâme. Lors qu'elle brüle du bois, ou quelqu'autre fem- blable matiere, nous pouvons voir à l'œil, qu'elle remuë les petites parties de ce bois, & les fepare l'vne de l’autre, transformant ainfi les plus fubtiles en feu, en air, & en fumée, & laiffant les plus groflieres pour les cendres. Qu'vn autre donc imagine, s'il veut, en ce bois, la Forme du feu, la Qualité de la chaleur, & l'A@ion qui le brüle, comme des chofes toutes di- verfes ; pour moy, qui crains de me tromper fi j'y fup- pofe quelque chofe de plus que ce que je vois neceffai- rement y devoir eftre, je me contente d'y concevoir le mouvement de fes parties. Car mettez-y du feu, met- tez-y de la chaleur, & faites qu'il brüle, tant qu'il vous plaira : fi vous ne fuppofez point avec cela, qu'il y ait aucune de fes parties qui fe remuë, ny qui fe détache de fes voifines, je ne me fçaurois imaginer qu'il re- çoive aucune alteration ny changement. Et au con- traire, oftez-en le feu, oftez-en la chaleur, empefchez qu'il ne brüle : pourveu feulement que vous m'accor- diez qu'il y a quelque puiffance, quiremuë violemment les plus fubtiles de fes parties, & quiles fepare des plus 1 Je] Le. — 2 trouve treuve. — flâme omis. — 19 fes] ces. — à omis. — 4 font] femblent. — 24 après ny] aucun ayouté. — plus] un peu plus. — 5 que. 28 qui omis. CHariTRE Il. [En quoy confifte la Chaleur € la Lu- miere du feu. 8 LE MONDE. 409-410. groflieres, je trouve que cela feul pourra faire en luy tous les mefmes changemens qu'on experimente quand il brule. Or, d'autant qu'il ne me femble pas pofñble de concevoir qu'vn corps en puifle remuër vn autre, fi ce n'eft en fe remuant aufli foy-mefme, je conclus de cecy, que le corps de la flâme qui agit contre le bois, eft compofé de petites parties qui fe remuent feparé- ment l'vne de l’autre, d'vn mouvement tres-prompt & tres-violent, & qui, fe remuant en cette forte, pouffent & remuent avec foy les parties des corps qu'elles tou- chent, & qui ne leur font point trop de refiftance. Je dis que fes parties fe remuent feparément l'vne de l'autre : car encore que fouvent elles s'accordent & confpirent plufieurs enfemble pour faire vn mefme effet, nous voyons toutesfois que chacune d'elles agit en fon particulier contre les corps qu'elles touchent. Je dis aufli que leur mouvement eft tres-prompt & tres- violent : car eftant fi petites que la veuë ne nous les fçauroit faire diftinguer, elles n'auroient pas tant de force qu'elles ont pour agir contre les autres corps, fi la promptitude de leur mouvement ne recompenfoit le défaut de leur grandeur. Je n'adjoute point de quel cofté chacune fe remuë : car fi vous confiderez que la puiflance de fe mouvoir, & celle qui détermine de quel cofté le mouvement fe doit faire, font deux chofes toutes diverfes, & qui 1 trouve] treuve. — 4 d'au- mêmes diftinguer par la veuë. tant] parce. — me omis. — 6, —-25 après que] comme j'ay 12 el 24 Je] ie. — 19-20 que... affez expliqué en la Dioptrique. diflinguer] qu’on ne les peut pas 20 25 20 23 41o-4rr. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 9 “, peuvent eftre l'vne fans l’autre (ainfi que j'ay expliqué en la Dioptrique)*, vous jugerez aifément que chacune fe remuë en la façon qui luy eft renduë moins difficile par la difpofition des corps qui l'environnent; & que, dans la mefme flâme, il peut y avoir des parties qui aillent en haut, & d’autres en bas, tout droit, & en rond, & de tous coftez, fans que cela change rien de fa nature. En forte que, fi vous les voyez tendre en haut prefque toutes, il ne faut pas penfer que ce foit pour autre raifon, finon parce que les autres corps qui les touchent fe trouvent prefque toüjours difpo- fez à leur faire plus de refiftance de tous les autres coftez. Mais aprés avoir reconnu que les parties de la flâme fe remuent en cette forte, & qu'il fuffit de concevoir fes mouvemens, pour comprendre comment elle a la puiflance de confumer le bois, & de brüler : exami- nons, je vous prie, fi le mefme ne fufhroit point auffi, pour nous faire comprendre, comment elle nous échaufle, & comment elle nous éclaire. Car, fi cela fe trouve, il ne fera pas neceffaire qu'il y ait en elle aucune autre Qualité, & nous pourrons dire que c'eft ce mouvement feul qui, felon les diflerens effets qu'il produit, s'appelle tantoft Chaleur, & tantoft Lumiere. |Or, pour ce qui eft de la Chaleur, le fentiment que nous en avons, peut, ce me femble, eftre pris pour vne efpece de douleur, quand il eft violent, & quel- 1-2 parenthèse omise. — 9 et eft. — les] fes. — 23-24 qu'il 21 pas] point. — 10 parce] pour produit omis. — 24 s'appelle] ce. — 22 c'eft omis. — 23 qui] appelé. _ a. Voir t. VI de cette édition, p. 94 et p. a7. Œuvres. VI. 2 Chapitre Ill. {De la Dureté, & de la Liquidité.] 10 LE Monpe. 4tI-412. quefois pour vne efpece de chatoüillement, quand il eft moderé. Et comme nous avons déja dit qu'il n'y a rien, hors de noftre penfée, qui foit femblable aux idées que nous concevons du chatoüillement & de la douleur : nous pouvons bien croire aufli, quiln'y a rien qui foit femblable à celle que nous concevons de la Chaleur; mais que tout ce qui peut remuer diver- fement les petites parties de nos mains, ou de quel- qu'autre endroit de noftre corps, peut exciter en nous ce fentiment. Mefmes plufieurs experiences favori- fent cette opinion : car, en fe frottant feulement les mains, on les échaufle ; & tout autre corps peut auffi eftre échauflé fans eftre mis auprés du feu, pourveu feulement qu'il foit agité & ébranlé, en telle forte que plufieurs de fes petites parties fe remuent, & puiflent remuer avec foy celles de nos mains. Pour ce qui eft de la Lumiere, on peut bien aufii concevoir que le mefme mouvement qui eft dans la flâme, fufhit pour nous la faire fentir. Mais, parce que c'eft en cecy que confifte la principale partie de mon deffein, je veux tâcher de l'expliquer bien au long, & reprendre mon difcours de plus haut. Je confidere qu'il y a vne infinité de divers mou- vemens, qui durent perpetuellement dans le Monde. Et aprés avoir remarqué les plus grands, qui font les jours, les | mois & les années, je prens garde que les vapeurs de la Terre ne ceflent point de monter vers les nuées & d'en defcendre, que l'air eft toujours agité 8-9 ou... corps omis. — 21 bien] plus. — 23 Je] Ie. — qu'il y a omis. — 28 toujours omis. 20 25 LE CT Ds 7 em Va ee 20 25 42. TRAITÉ DE LA LUMIERE. II par les vents, que la mer n'eft jamais en repos, que les fontaines & les rivieres coulent fans ceffe, que les plus fermes bâtimens tombent enfin en decadence, que les plantes & les animaux ne font que croitre ou fe corrompre, bref qu'il n y a rien, en aucun lieu, qui ne fe change. D'où je connoïis evidemment, que ce n'eft pas dans la flâme feule, qu'il y a quantité de pe- tites parties qui ne ceflent point de fe mouvoir ; mais qu'il y en a auffi dans tous les autres corps, encore que leurs aétions ne foient pas fi violentes, & qu'à caufe de leur petiteffe elles ne puiflent eftre apper- çeuës:par aucun de nos fens. Je ne m'arrefte pas à chercher la caufe de leurs mouvemens : car il me fuflit de penfer, qu'elles ont commencé à fe mouvoir, aufli-toft que le Monde a commencé d'eftre. Et cela eftant, je trouve, par mes raifons, qu'il eft impoffible que leurs mouvemens cef- fent jamais, ny mefme qu'ils changent autrement que de fujet. C'eft à dire que la vertu ou la puiflance de fe mouvoir foy-mefme, qui fe rencontre dans vn corps, peut bien pañler toute ou partie dans vn autre, & ainfi n'eftre plus dans le premier, mais qu'elle ne peut pas n'eftre plus du tout dans le Monde. Mes raifons, dis-je, me fatisfont aflez là deflus; mais je n ay pas encore occafion de vous les dire. Et cependant vous pouvez imaginer, fi bon vous femble, ainfi que font la pluf- 2 ni les rivieres, ni les fon- — 15 à fe mouvoir] d'eftre. — taines. — 3 enfin en decadence 15-16 a. eftre omis. — 17 leurs omis. — 6 evidemment] affez. — mouvemens] ils. — 18 jamais 8 mouvoir] remuer. — 9 dans] omis. — 10 la vertu ou omis. — en. — 13 Je] le. — 14 elles|ils. 20 fe rencontre] eit. 12 Le Monpe. 412-413. part des Doétes, qu'il y a quelque Premier Mobile, qui, roulant autour du Monde avec vne vitefle incompre- henfible, eft l'origine & la fource de tous les autres mouvemens qui s y rencontrent. Or, en fuite de cette confideration, il y a moyen d'expliquer la caufe de tous les changemens qui arri- vent dans le Monde, & de toutes les varietez qui pa- roiflent fur la Terre; mais je me contenteray icy de parler de celles qui fervent à mon fujet. La difference qui ef entre les corps durs & ceux qui font liquides, eft la premiere que je defire que vous remarquiez; & pour cét effet, penfez que chaque corps peut eftre divifé en des parties extrémement petites. Je ne veux point déterminer fi leur nombre eft infiny ou non; mais du moins il eft certain, qu'à l'égard de : noftre connoiflance il eft indéfiny, & que nous pou- vons fuppofer, qu'il y en a plufieurs millions dans le moindre petit grain de fable qui puifle eftre apperceu de nos yeux. Et remarquez que, fi deux de ces petites parties s'entretouchent, fans eftre en action pour s'éloigner l'vne de l’autre, il eft befoin de quelque force pour les feparer, fi peu que ce puifie eftre : car eftant vne fois ainfi pofées, elles ne s’aviferoient jamais d'elles- mefmes de fe mettre autrement. Remarquez auffi qu'il faut deux fois autant de force pour en feparer deux, que pour en feparer vne; & mille fois autant, pour en feparer mille. De forte que, s'il en faut feparer plu- 4 rencontrent] treuvent. — —18 petit omis. —20 petites td. 6-7 de tous. & omis. — 12re- — 27 en feparer id. marquiez] fachiez. — 14 Je] Ie. 20 29 20 25 413-414. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 13 fieurs millions tout à la fois, comme il faut peut-eftre faire pour rompre vn feul cheveu, ce n'eft pas mer- veille s'il y faut vne force affez fenfible. Au contraire, fi deux ou plufieurs de ces petites par- ties fe touchent feulement en paffant, & lors qu'elles font en action pour fe mouvoir l’vne d'vn cofté, l’autre de l’autre : il eft certain qu'il faudra moins de force pour les feparer, que fi elles eftoient tout à fait fans mouvement; & mefme, qu'il n'y en faudra point du tout, fi le mouvement avec lequel elles fe peuvent fe- parer d'elles-mefmes, eft égal ou plus grand que celuy avec lequel on les veut feparer. Or | je ne trouve point d'autre difference entre les corps durs & les corps liquides, finon que les parties des vns peuvent eftre feparées d'enfemble beaucoup plus aifément que celles des autres. De forte que, pour compofer le corps le plus dur qui puiffe eftre imaginé, je penfe qu'il fufit, fi toutes fes parties fe touchent, fans qu'il refte d’ ne entre deux, ny qu'au- cunes d'elles foient en aétion pour fe mouvoir. Car quelle colle ou quel ciment y pourroit-on imaginer, outre cela, pour les mieux faire tenir l'vne à l'autre ? Je penfe auffi que c'eftaflez, pour compofer le corps le plus liquide qui fe puifle trouver, fi toutes fes plus petites parties fe remuent le plus diverfement l’vne de l'autre & le plus vifte qu'il eft poffible ; encore qu'avec cela elles ne laiflent pas de fe pouvoir toucher l'vne l'autre de tous coftez, & fe ranger en aufli peu d'ef- 3 s’il y faut| fi l’on y employe. 13 trouve] treuve.— 14 les corps — 4 de ces petites] telles. — 6 & omis. — 15 d’enfemble id. — l'autre. — 9 faudra] faudroit. — 23 Je] Ie. — 24 trouver] treuver. 14 Ë LE Monpe. 414-415. pace, que fi elles eftoient fans mouvement. Enfin je croy que chaque corps approche plus ou moins de ces deux extremitez, felon que fes parties font plus ou moins en action pour s'éloigner l'vne de l’autre. Et toutes les experiences fur lefquelles je jette les yeux, me confirment en cette opinion. La flâme, dont j'ay déja dit que toutes les parties font perpetuellement agitées, eft non feulement li- quide, mais aufli elle rend liquide la plufpart des autres corps. Et remarquez que, quand elle fond les métaux, elle n'agit pas avec vne autre puiffance que quand elle brüle du bois. Mais, parce que les parties des métaux font à peu prés toutes égales, elle ne les peut remuer l’vne fans l’autre, & ainfi elle en compofe des corps tout liquides : au lieu que les parties du bois font tellement inégales, qu'elle en peut feparer les plus petites & les rendre liquides, c’eft à dire les faire voler en fumée, fans agiter ainfi les plus groffes. | Aprés la flâme, il n'y a rien de plus liquide que l'air, & l’on peut voir à l'œil, que fes parties fe re- muent feparément l'vne de l’autre. Car fi vous daignez regarder ces petits corps qu'on nomme communé- ment des atomes, & qui paroiflent aux rayons du So- leil, vous les verrez, lors mefme qu'il n'y aura point de vent qui les agite, voltiger inceffamment çà & là, en mille façons differentes. On peut auffi éprouver le femblable en toutes les liqueurs les plus grofieres, fi l'on en mefle de diverfes couleurs l'vne parmy l’autre, 2 ces] fes. — 7 toutes omis. — 22 regarder] remarquer. — 22- 9 elle :d. — 10 Et... que] Voiez. 23 qu’on... des] qui font commu- — les] des. — 15 tout] tous. — nément nommez. 15 20 25 bite re PT NE LD L'un à DLL d 20 23 415-416. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 16 afin de mieux diftinguer leurs mouvemens. Et enfin cela paroift tres-clairement dans les eaux fortes, lors qu'elles remuent & feparent les parties de quelque métal. Mais vous me pourriez demander en cet endroit-cy, pourquoy, fi c'eft le feul mouvement des parties de la flâme qui fait qu'elle brûle & qu'elle eft liquide, le mouvement des parties de l'air, qui le rend auffi ex- trémement liquide, ne luy donne-t'il pas tout de mefme la puiffance de brûler, mais qu'au contraire, 1l fait que nos mains ne le peuvent prefque fentir ? A quoy je répons : qu'il ne faut pas feulement prendre garde à la vitefle du mouvement, mais aufi à la groffeur des par- ties; & que ce font les plus petites, qui font les corps les plus liquides, mais que ce font les plus grofles, qui ont le plus de force pour brûler, & generalement pour agir contre les autres corps. Remarquez en paflant, que je prens icy, & que je prendray toùjours cy-aprés, pour vne feule partie, tout ce qui eft joint enfemble, & qui n'eft point en ation pour fe feparer ; encore que celles qui ont tant foit peu de grofleur, puiffent aifément eftre divifées en beaucoup d’autres plus petites : ainfi, vn grain de fable, vne pierre, vn rocher, & toute la Terre mefme, pourra cy-aprés eftre | prife pour vne feule partie, entant que nous n y confidererons qu'vn mouvement tout fimple & tout égal. 5 cy omis. — 7 qu'elle eft] la — 19 cy id. — 20 qui (second) rend. — Oo t'il omis. — 10 qu’ id. — 21 feparer] déjoindre. — id. — il id.— 16 le id. — 18 en celles] les corps. — 23 plus paffant id. — que je (second) id. petites] corps. — 25 cy omis. CHariTRE IV. | Du vuide; € d'ou vient que nos fens n'apper- çoivent pas certains corps.] 10 LE MONDE. 416-417. Or, entre les parties de l’air, s'il y en a de fort groffes en comparaifon des autres, comme font ces atomes qui s'y voyent, elles fe remuent aufli fort len- tement; & s'il y en a qui fe remuent plus vifte, elles font aufli plus petites. Mais, entre les parties de la flâme, s'il y en a de plus petites que dans l'air, il y en a auffi de plus groffes, ou du moins il y en a vn plus grand nombre d’égales aux plus grofles de celles de l'air, qui avec cela fe remuent beaucoup plus vifte ; & ce ne font que ces dernieres, qui ont la puiffance de brüler. Qu'il y en ait de plus petites, on le peut conjeéturer de ce qu’elles penetrent au travers de plufieurs corps dont les pores font fi étroits, que l'air mefme n'y peut entrer. Qu'il y en ait, ou de plus groffes, ou d'auffi groffes en plus grand nombre, on le voit clairement en ce que l'air feul ne fuffit pas pour la nourrir. Qu'elles fe remuent plus vifte, la violence de leur action nous le fait aflez éprouver. Et enfin, que ce foient les plus groffes de ces parties, qui ont la puif- fance de brûler, & non point les autres, 1l paroift en ce que la flâme qui fort de l'eau de vie, ou des autres corps fort fubtils, ne brüle prefque point, & qu'au contraire, celle qui s'engendre dans les corps durs & pefans, eft fort ardente. |Mais il faut examiner plus particulierement pour- quoy l'Air, eftant vn corps auffi bien que les autres, ne peut pas aufli bien qu'eux eftre fenty; & par mefme 2 en] à. — ces] les. — 7 vn omis. — 15 d’aufli] de. — 28 qu'eux omis. — &] & il faut. 10: 20 ar. _ ne dhérdahe 2à | 7 417-418. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 17 moyen, nous délivrer d'vne erreur dont nous avons tous efté préoccupez dés noftre enfance, lors que nous avons crû qu'il n y avoit point d’autres corps autour de nous, que ceux qui pouvoient eftre fentis; & ainfi que, fi l'Air en eftoit vn, parce que nous le fentions quelque peu, il ne devoit pas au moins eftre fi materiel ny fi folide, que ceux que nous fentions davantage. Touchant quoy je defire, premierement, que vous remarquiez que tous les corps, tant durs que liquides, font faits d'vne mefme matiere, & qu'il eft impoflible de concevoir que les parties de cette matiere compo- fent jamais vn corps plus folide, ny qui occupe moins d'efpace, qu'elles font, lors que chacune d'elles eft touchée de tous coftez par les autres qui l'environ- nent. D'où 1l fuit, ce me femble, que, s'il peut y avoir du vuide quelque part, ce doit plütoft eftre dans les corps durs que dans les liquides : car il eft évident que les parties de ceux-cy fe peuvent bien plus aifément preffer & agencer l'vne contre l’autre, à caufe qu'elles fe remuent, que ne font pas celles des autres, qui font fans mouvement. Si vous mettez, par exemple, de la poudre en quelque vale, vous le fecoüez, & frapez contre, pour faire qu'il y en entre davantage; mais fi vous y verfez quelque liqueur, | elle fe range incontinent d'elle- mefme en aufli peu de lieu qu'on la peut mettre. Et mefme, fi vous confiderez fur ce fujet quelques-vnes des experiences dont les Philofophes ont accoûtumé de fe fervir, pour montrer qu'il n y a point de vuide en 2 dés] depuis.— 5 parce] pour 23 contre id.— 25 quelque] vne ce. — 22 par exemple omis, — :— 27 mefme omis. Œuvres. VL 3 18 Le Mon. 418. la Nature, vous connoiftrez aifément que tous ces efpaces, que le peuple eftime vuides, & où nous ne fentons que de l'air, font du moins aufli remplis, & remplis de la mefme matiere, que ceux où nous fen- tons les autres corps. Car dites-moy, je vous prie, quelle apparence y auroit-il que la Nature fift monter les corps les plus pefans, & rompre les plus durs, ainfi qu'on experi- mente qu'elle fait en certaines machines, plütoft que de fouffrir qu'aucunes de leurs parties ceffent de s'entre- toucher, ou de toucher à quelques autres corps; & quelle permift cependant que les parties de l'Air, qui font fi faciles à plier & à s'agencer de toutes manieres, demeuraffent les vnes auprés des autres fans s'entre- toucher de tous coftez, ou bien fans qu'il y eût quel- qu'autre corps parmy elles auquel elles touchaffent ? Pourroit-on bien croire que l'eau qui eft dans vn puys duft monter en haut contre fon inclination naturelle, afin feulement que le tuyau d'vne pompe foit remply, & penfer que l'eau qui eft dans les nuës ne duft point defcendre, pour achever de remplir les efpaces qui font icy bas, s'il y avoit tant foit peu de vuide entre les parties des corps qu'ils contiennent ? Mais vous me pourriez propofer icy vne difficulté, qui ef aflez confiderable: c’eft à fçavoir, que les par- ties qui compofent les corps liquides, ne peuvent pas, ce femble, fe remuer inceflamment, comme j'ay dit 11 à omis. — 13 s'agencer de — 20 l’eau] celle. — 21 après def- toutes manieres]agencer comme cendre] icy bas ajouté. — 22 font l’on veut, — 14 aupres l’une de icy bas] y font. — 24 pourriez] l’autre, — 1$8 duft monter] vint. pourrez. — 25 c’eft à omis. 20 23 on mdehe D: échec Cents dde cit nt EU de dd SE SSS d 20 25 418-410. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 19 qu'elles font, fi ce n’eft qu'il fe trouve de l'efpace vuide parmy elles, au moins dans les lieux d'où elles fortent à mefure qu'elles | fe remuent. A quoy j'aurois de la peine à répondre, fi je navois reconnu, par diverfes experiences, que tous les mouvemens qui fe font au Monde font en quelque façon circulaires : c'eft à dire que, quand vn corps quitte fa place, il entre toujours en celle d vn autre, & celuy-cy en celle d'vn autre, & ainfi de fuitte jufques au dernier, qui occupe au mefme inftant le lieu délaiflé par le premier; en forte qu'il ne fe trouve pas davantage de vuide parmy eux, lors qu'ils fe remuent, que lors qu'ils font arreftez. Et re- marquez icy, quil n'eft point pour cela neceffaire, que toutes les parties des corps qui fe remuent enfemble, foient exactement difpofées en rond comme vn vray cercle, ny mefme qu'elles foient de pareille groffeur & figure ; car ces inégalitez peuvent aifément eftre com- penfées par d’autres inégalitez, qui fe trouvent en leur vitefle. Or nous ne remarquons pas communément ces mouvemens circulaires, quand les corps fe remuent en l'air, parce que nous fommes accoûtumez de ne concevoir l'air que comme vn efpace vuide. Mais voyez nager des poiflons dans le baflin d'vne fontaine : s1ls ne s'approchent point trop prés de la furface de l'eau, ils ne la feront point du tout branler, encore qu'ils paflent deflous avec vne tres-grande vitefle. D'où il parotft manifeftement que l’eau qu'ils pouflent 1 1l fe trouve] elles treuvent.— 16-17 & figure omis. — 18 trou- 8 celuy] cetuy corrigé à l'errata : vent] treuvent. — 25 prés omis. celuy. — 11 trouve] treuve. — — 26 point du tout] nullement. 20 LE MonpE. 419-420. devant eux, ne poufle pas indifferemment toute l'eau du baffin ; mais feulement celle qui peut mieux fervir à parfaire le cercle de leur mouvement, & rentrer en la place qu'ils abandonnent. Et cette experience fuffit pour montrer, combien ces mouvemens circulaires font aifez & familiers à la Nature. Mais j en veux maintenant apporter vne autre, pour montrer quil ne fe fait jamais aucun mouvement, qui ne foit circulaire. Lors que le vin qui eft dans vn ton- neau, ne coule point par l'ouverture qui eft au bas, à caufe que le deffus eft tout fermé, c’eft parler impro- prement que de dire, ainfi que l’on fait d'ordinaire, que cela fe fait, crainte du vuide. On fçait bien que ce vin na point d'efprit pour craindre quelque chofe; & quand il en auroit, je ne fçay pour quelle occafon il pourroit apprehender ce vuide, qui n’eft en effetqu'vne chimere. Mais il faut dire plütoft, qu'il ne peut fortir de ce tonneau, à caufe que dehors tout eft aufli plein qu'il peut eftre, & que la partie de l'air dont il occu- peroit la place s'il defcendoit, n’en peut trouver d'autre où fe mettre en tout le refte de l'Vnivers, fi on ne fait vne ouverture au deflus du tonneau, par laquelle cét air puifle remonter circulairement en fa place. Au refte, je ne veux pas aflurer pour cela qu'il n'y a point du tout de vuide en la Nature: j'aurois peur que mon Difcours ne devinit trop long, fi j'entreprenois d'expliquer ce qui en eft; & les experiences dont j'ay 1-2 l'eau du bañflin] l’autre. vement... circulaire omis. — — 4 abandonnent} laiffent. — 10 au) en. — 12 que l’on] qu'on. 7 apporter maintenant. — autre —2otrouver]treuver.—25 ayant ", omis. — $ fe] s'en. — 8-9 mou- j'aurois]car ajouté.— 26 ne omis. 20 25 f 20 25 420-421. TRAITÉ DE LA LUMIERE. à: parlé, ne font point fufhfantes pour le prouver, quoy qu'elles le foient aflez, pour perfuader que les efpaces où nous ne fentons rien, font remplis de la mefme matiere, & contiennent autant pour le moins de cette matiere, que ceux qui font occupez par les corps que nous fentons. En forte que, lors qu'vn vafe, par exem- ple, eft plein d'or ou de plomb, il ne contient pas pour cela plus de matiere, que lors que nous penfons qu'il foit vuide : ce qui peut fembler bien eftrange à plu- fieurs, dont la raifon ne s'eftend pas plus loin que les doigts, & qui penfent qu'il n'y ait rien au Monde, que ce qu'ils touchent. Mais quand vous aurez vn peu con- fideré ce qui fait que nous fentons vn corps, ou que nous ne le fentons pas, je m'aflure que vous ne trou- verez en cela rien d'incroyable. Car vous connoiftrez évidemment que, tant s'en faut que toutes les chofes qui | font autour de nous puiffent eftre fenties, qu'au contraire ce font celles qui y font le plus ordinaire- ment, qui le peuvent eftre le moins, & que celles qui y font toujours, ne le peuvent eftre jamais. La chaleur de noftre cœur eft bien grande, mais nous ne la fentons pas, à caufe qu'elle eft ordinaire. La pefanteur de noftre corps n'eft pas petite, mais elle ne nous incommode point. Nous ne fentons pas mefme celle de nos habits, parce que nous fommes accoû- tumez à les porter. Et la raifon de cecy eft affez claire : car il eft certain que nous ne fçaurions fentir aucun corps, s'il neft caufe de quelque changement dans les organes de nos fens, c'eft à dire s'il ne remuë en 2 affez omis. — 4 après cette] verez en cela] n'y treuverez. — mefme ajouté. — 14-15 netrou- 24 point] nullement. * 22 LE MoNbE. 421-422. quelque façonles petites parties de la matiere dont ces organes font compofez. Ce que peuvent bien faire les objets qui ne fe prefentent pas toujours, pourveu feule- ment qu'ils ayent aflez de force : car s'ils y corrompent quelque chofe, pendant qu'ils agiflent, cela fe peut reparer aprés par la Nature, lors qu'ils n'agiflent plus. Mais pour ceux qui nous touchent continuellement, s'ils ont jamais eu la puiffance de produire quelque changement en nos fens, & de remuer quelques parties de leur matiere, ils ont dû, à force de les remuer, les feparer entierement des autres dés le commencement de noftre vie; & ainfi ils n'y peuvent avoir laiffé que celles qui refiftent tout à fait à leur ation, & par le moyen defquelles ils ne peuvent en aucune façon eftre fentis. D'où vous voyez que ce n'eft pas merveille, qu'il y ait plufieurs efpaces autour de nous, où nous ne fentons aucun corps, encore qu'ils n'en contiennent pas moins, que ceux où nous en fentons le plus. Mais il ne faut pas penfer pour cela, que cét air groflier que nous attirons dans nos poumons en refpi- rant, qui | fe convertit en vent quand il eft agité, qui nous femble dur quand il eft enfermé dans vn balon, & qui n'eft compofé que d'exhalaifons & de fumées, foit aufli folide que l'eau ny que la Terre. Il faut fuivre en cecy l'opinion commune des Philofophes, lefquels affurent tous qu'il eft plus rare. Et cecy fe connoift facilement par experience : car les parties d'vne goutte d'eau, eftant feparées l'vne de l’autre par l'agitation de la chaleur, peuvent compofer beaucoup plus de cét 4 y omis. — 7 pour id.— 11 dés] depuis. — 25 commune omis, — 28 eftant 74, 20 29 TT PT ES | Li. L ; PT PE, PO ï = ù * 422-423. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 23 air, que l’efpace où eftoit l'eau n'en fçauroit contenir. D où il fuit infailliblement, qu'il y a grande quantité de petits intervales entre les parties dont il eft com- pofé; car il n'y a pas moyen de concevoir autrement vn corps rare. Mais parce que cesintervales ne peuvent eftre vuides, ainfi que j'ay dit cy-deflus, je conclus de tout cecy, qu'il y a neceffairement quelques autres corps, vn ou plufieurs, mélez parmy cét air, lefquels remplifent, aufli juftement qu'il eft poffible, les petits intervales qu'il laiffe entre fes parties. Il ne refte plus maintenant qu à confiderer, quels peuvent eftre ces autres corps; & aprés cela, j efpere qu'il ne fera pas mal-aifé de comprendre, quelle peut eftre la nature de la Lumiere. Les Philofophes afurent qu'il y a, au deflus des nuées, vn certain Air beaucoup plus fubtil que le noftre, & qui neft pas compofé des vapeurs de la Terre comme luy, mais qui fait vn Element à part. Ils difent aufli qu'au deffus de cét air il y a encore vnautre corps, beaucoup plus fubtil, qu'ils appellent l'Element du Feu. Ils ajoûtent de | plus, que ces deux Elemens font mélez avec l'Eau & la Terre en la compofition de tous les corps inferieurs. Si bien que je ne feray que fuivre leur opinion, fi je dis que cét Air plus fubtil & cét Element du Feu rempliffent les intervales qui font entre les parties de l’air groffier que nous refpi- rons; en forte que ces corps, entre-lacez l'vn dans Gcylicy. —6-7 je... cecv omis. — r3 peut eftrel eft. — 10 il y — 8 lefquels] qui. — 12 aprés a au-deflus de cét air. — 21 de rejelé après pas. — cela omis. plus omis. CHAPITRE V. Du nombre des Ele- mens, € de leurs qua- lite. 24 Le Monpe. 423. l'autre, compofent vne mafle qui eft aufli folide qu au- cun corps le fçauroit eftre. Mais afin que je puifle mieux vous faire entendre ma penfée fur ce fujet, & que vous ne penfiez pas que je veüille vous obliger à croire tout ce que les Philo- fophes nous difent des Elemens, il faut que je vous les décrive à ma mode. Je conçoyle premier, qu'on peut nommer l'Element du Feu, comme vne liqueur, la plus fubtile & la plus penetrante qui foit au Monde. Et en fuite de ce qui a efté ditey-deflus, touchant la nature des corps liquides, je m imagine que fes parties font beaucoup plus petites, & fe remuent beaucoup plus vifte, qu'aucune de celles des autres corps. Ou plütoft, afin de n’eftre pas con- traint d'admettre aucun vuide en la Nature, je ne luy attribuë point de parties qui ayent aucune grofleur ny figure déterminée; mais je me perfuade que l'impe- tuofité de fon mouvement eft fufiifante pour faire qu'il foit divifé, en toutes façons & en tous fens, par la ren- contre des autres corps, & que fes parties changent de figure à tous momens, pour s'accommoder à celle des lieux où elles entrent; en forte qu'il n'y a jamais de paflage fi étroit ny d'angle fi petit, entre les parties des autres corps, où celles de cét Element ne penetrent fans aucune difliculté, & qu'elles ne rempliffent exac- tement. Pour le fecond, qu'on peut prendre pour l'Element 1-2 après aucun] autre ajouté. 7 mode] facon. — 11 cy| icy. — — 2 le... eftre omis. — 3 vous 15 d'admettre] de recevoir, — id. — 4 penfée] conception, — 21 celle] celles. G nous difent] racontent. = 29 20 425-424. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 2$ de | l'Air, je le conçois bien aufli comme vne liqueur tres-fubtile, en le comparant avec le troifiéme; mais pour le comparer avec le premier, il eft befoin d'attri- buer quelque groffeur & quelque figure àchacune de fes parties, & de les imaginer à peu prés toutes rondes, & jointes enfemble, ainfi que des grains de fable & de poufliere. En forte qu'elles ne fe peuvent fi bien agen- cer, ny tellement preffer l'vne contre l’autre, quil ne demeure toujours autour d'elles plufieurs petits inter- vales, dans lefquels il eft bien plus aifé au premier Element de fe glifler, que non pas à elles de changer de figure tout exprés pour les remplir. Et ainfi je me perfuade que ce fecond Element ne peut eftre fi pur en aucun endroit du Monde, qu'il n y ait toujours avec luy quelque peu de la matiere du premier. Aprés ces deux Elemens, je n'en reçois plus qu'vn troifiéme, à fçavoir celuy de la Terre, duquel je juge que les parties font d'autant plus grofles & fe remuent d'autant moins vifte, à comparaifon de celles du fecond, que font celles-cy à comparaifon de celles du premier. Et mefme je croy que c’eft aflez de le concevoir comme vne ou plufieurs groffes maffes, dont les parties n'ont que fort peu ou point du tout de mouvement, qui leur fafle changer de fituation à l'égard l'vne de l’autre. Que fi vous trouvez eftrange que, pour expliquer ces Elemens, je ne me ferve point des Qualitez qu'on nomme Chaleur, Froideur, Humidité, & Sécherefle, ainfi que font les Philofophes : je vous diray que ces 6 & (second)] ou. — 11 que 21 le] les. — 24 l'vne à l'égard. non pas à|qu’à.—12toutexprés] —25 trouvez] treuvez. — 28 je] expreffément., — 17 à omis. — ie. Œuvres, VI, 4 26 LE Mon. 424-425. Qualitez me femblent avoir elles-mefmes befoin d’ex- plication ; & que, fi je ne me trompe, non feulement ces quatre Qualitez, mais aufli toutes les autres, & mefme toutes les Formes des corps inanimez, peuvent eftre expliquées, fans qu'il foit befoin de fuppofer pour cét effet aucune autre chofe | en leur matiere, que le mouvement, la grofleur, la figure, & l'arrangement de fes parties. En fuite dequoy je vous pourray facilement faire entendre, pourquoy je ne reçoy point d'autres Elemens que les trois que j'ay décris ; car la difference qui doit eftre entre-eux & les autres corps, que les Philofophes appellent mixtes, ou mélez & compofez, confifte en ce que les Formes de ces corps mélez contiennent toujours en foy quelques Qualitez qui fe contrarient & qui fe nuifent, ou du moins qui ne tendent point à la confervation l'vne de l’autre; au lieu que les formes des Elemens doivent eftre fimples, & n'avoir aucunes qualitez qui ne s'accordent en- femble fi parfaitement, que chacune tende à la confer- vation de toutes les autres. Or je ne fçaurois trouver aucunes formes au monde qui foient telles, excepté les trois que j'ay décrites. Car celle que j'ay attribuée au premier Element, con- fifte, en ce que fes parties fe remuent fi extremement vifte, & font fi petites, qu'il n'y a point d’autres corps capables de les arrefter ; & qu'outre cela, elles ne requierent aucune grofleur, ny figure, ny fituation déterminées. Celle du fecond confifte, en ce que fes 2 non feulement] tant, — 21 treuver. — 23 j'ay] 1'ay. — 3 mais aufli) que. — 10 j'ay] 27 requierent] demandent. — °, j'ay. — 15 qui (premier) omis. — ni... ni. — 28 confifte omis. 25 ae D Qu A 0e 0 hd de Dr en AS RÉ OPAIRRERX sa cn d SET. He | … Sr tdias nv; 20 425-426. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 27! / parties ont vn mouvement & vne groffeur fi mediocre, que, s’il fe trouve plufieurs caufes au Monde qui puif- fent augmenter leur mouvement & diminuer leur grof- feur, il s'en trouve juftement autant d'autres qui peu- vent faire tout le contraire : en forte qu'elles demeurent toujours comme en balance en cette mefme medio- crité. Et celle du troifiéme confifte, en ce que fes par- ties font fi grofles, ou tellement jointes enfemble, qu'elles ont la force de refifter toujours aux mouve- mens des autres corps. Examinez, tant qu'il vous plaira, toutes les formes que | les divers mouvemens, les diverfes figures & groffeurs, & le different arrangement des parties de la matiere peuvent donner aux corps mélez; & je m'af- fure que vous n’en trouverez aucune, qui n'ait en foy des qualitez qui tendent à faire qu'elle fe change, & en fe changeant, qu'elle fe reduife à quelqu'vne de celles des Elemens. Comme, par exemple, la flâme, dont la forme de- mande d’avoir des parties qui fe remuent tres-vifte, & qui avec cela ayent quelque groffeur, ainfi qu'il a efté dit cy-deflus, ne peut pas eftre long-temps fans fe corrompre : car, ou la grofleur de fes parties, leur donnant la force d'agir contre les autres corps, fera caufe de la diminution de leur mouvement; ou la vio- lence de leur agitation, les faifant rompre en fe heur- tant contre les corps qu'elles rencontrent, fera caufe 2 et 4 treuve. — 7 Etcelle] La — 21 ayent avec cela. — 22 cy- forme. — 12-13 les. groffeurs] deffus omis. — 27 corps) ma- la groffeur, la figure. — 13 dif- tieres. ferent omis. — 19 Comme 4. 28 LE MONLE. 426-427. de la perte de leur grofleur; & ainf elles pourront peu à peu fe reduire à la forme du troifiéme Element, ou à celle du fecond, & mefme auffi quelques-vnes à celle du premier. Et par là vous pouvez connoiftre la difference qui eft entre cette flâme, ou le feu commun qui eft parmy nous, & l'Element du Feu que j'ay décrit. Et vous devez fçavoir aufi que les Elemens de l'Air & de la Terre, c'eft à dire le fecond & troifiéme Element, ne font point femblables non plus à cét air groffier que nous refpirons, ny à cette terre fur laquelle nous marchons ; mais que, generalement, tousles corps qui paroiflent autour de nous, font mélez ou compolez, & fujets à corruption. Et toutesfois il ne faut pas pour cela penfer que les Elemens n'ayent aucuns lieux dans le monde, qui leur foient particulierement deftinez, & où ils puiffent per- petuellement fe conferver en leur pureté naturelle. Mais au contraire, puifque chaque partie de la matiere tend toujours | à fe reduire à quelques-vnes de leurs formes, & qu'y eftant vne fois reduite elle ne tend jamais à la quitter : quand bien mefme Dieu nauroit creé au commencement que des corps mélez, nean- moins, depuis le temps que le monde eft, tous ces corps auroient eu le loifir de quitter leurs formes, & de prendre celle des Elemens. De forte que mainte- nant il y a grande apparence, que tous les corps qui 4 Et par là] En quoy.—7 aufli omis. — penfer pour cela. — omis. — 8 c'eft.… Element id. — 16 ils fe puiflent. — 17 ie omis. 10-11 fur... marchons]que nous — 21 quand... mefme] encore voyons contre nos pieds. — mefmes que. — auroit} eut. — 11 generalement que. — 14 Et 24 le omis. 20 23 10 20 427-428. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 29 font affez grands pour eftre contez entre les plus no- tables parties de l'Vnivers, n'ont chacun la forme que de l'vn des Elemens toute fimple; & qu'il ne peut v avoir de corps mélez ailleurs, que fur les fuperficies de ces grands corps. Mais là il faut de neceflité, qu'il yenait,; car, les Elemens eftant de nature fort con- traire, il ne fe peut faire que deux d’entr'eux s'entre- touchent, fans qu'ils agiflent contre les fuperficies l'vn de l’autre, & donnent ainfi à la matiere qui y ef, les diverfes formes de ces corps mélez. À propos dequoy, fi nous confiderons generale- ment tous les corps dont l'Vnivers eft compofé, nous n'en trouverons que de trois fortes, qui puiffent eftre appellez grands, & contez entre fes principales par- ties : c'eft à fçavoir, le Soleil & les Etoiles fixes pour la premiere, les Cieux pour la feconde, & la Terre avecque les Planetes & les Cometes pour la troifiéme. C'eft pourquoy nous avons grande raifon de penfer que le Soleil & les Etoilles fixes n’ont point d'autre forme que celle du premier Element toute pure; les Cieux, celle du fecond ; & la Terre, avec les Planetes & les Cometes, celle du troifiéme. Je joints les Planetes & les Cometes avec la Terre : car, voyant quelles refiftent comme elle à la Lumiere, & qu'elles font refléchir fes rayons, je n y trouve point de difference. Je joints auffi le Soleil avec les Etoilles fixes, & | leur attribuë vne nature toute contraire à celle de la Terre : car la feule action de leur lumiere 4 de] des. — 15 c'eft à omis. 26 Je] Ie. — 25 qu'elles omis. — 19 point d'autre] autre. — —treuve. 22 troiliéme] dernier. — 23 el 30 Le MoN. 228. me fait aflez connoiftre que leurs corps font d'vne matiere fort fubtile & fort agitée. Pour les Cieux, d'autant qu'ils ne peuvent eftre apperceus par nos fens, je penfe avoir raifon de leur attribuer vne nature moyenne, entre celle des corps lumineux dont nous fentons l’aétion, & celle des corps durs & pefans dont nous fentons la refiflance. Enfin nous n’appercevons point de corps mélez en aucun autre lieu que fur la fuperficie de la Terre; &fi nous confiderons que tout l’efpace qui les contient, fçavoir tout celuy qui eft depuis les nuées les plus hautes, jufques aux foffes les plus profondes que l'ava- rice des hommes ait jamais creufées pour en tirer les métaux, eft extremément petit à comparaifon de la Terre & des immenfes étenduës du Ciel : nous pour- rons facilement nous imaginer, que ces corps mélez ne font tous enfemble que comme vne écorce qui s'eft engendrée au deflus de la Terre, par l'agitation & le mélange de la matiere du Ciel qui l’environne. Et ainfi nous aurons occafion de penfer, que ce n'eft pas feulement dans l'Air que nous refpirons, mais auffi dans tous les autres corps compofez, jufques aux pierres les plus dures & aux métaux les plus pefans, qu'il y a des parties de l'Element de l'Air mélées avec celles de la Terre, & par confequent aufli des parties de l'Element du Feu, parce qu'il s'en trouve toujours dans les pores de celuy de l'Air. Mais il faut remarquer, qu'encore qu'il y ait des par- ties de ces trois Flemens mélées l’vne avec l’autre en 1 fait affez connoiftre] declare 15 nous] nous nous. — 16 nous affez. — 3 d'autant) puis — omis.— 17 s’eft] eft. — 26 treuve. 20 25 20 25 428-420. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 31 tous ces corps, il n y a toutefois, à proprement parler, que celles | qui, à caufe de leur groffeur ou de la diffi- culté qu'elles ont à fe mouvoir, peuvent eftre rap- portées au troifiéme, qui compofent tous ceux que nous voyons autour de nous: car les parties des deux autres Elemens font fi fubtiles, qu'elles ne peuventeftre apperceuës par nos fens. Et l'on peut fe reprefenter tous ces corps ainfi que des éponges, dans lefquelles, encore quil y ait quantité de pores ou petits trous, qui font toujours pleins d'air ou d’eau, ou de quel- qu'autre femblable liqueur, on ne juge pas toutefois que ces liqueurs entrent en la compofition de l'éponge. Il me refte icy encore beaucoup d'autres chofes à expliquer, & je ferois mefme bien aife d'y adjouter quelques raifons pour rendre mes opinions plus vravy- femblables. Mais afin que la longueur de ce difcours vous foit moins ennuyeufe, j'en veux envelopper vne partie dans l'invention d'vne Fable, au travers de la- quelle j efpere que la verité ne laiffera pas de paroiftre fuffifamment, & qu'elle ne fera pas moins agreable à voir, que fi je l'expofois toute nuë. Permettez donc pour vn peu de‘temps à voftre penfée de fortir hors de ce Monde, pour en venir voir vnautre tout nouveau, que je feray naïftre en fa prefence dans les efpaces imaginaires. Les Philofophes nous difent que ces efpaces font infinis ; & ils doivent bien en eftre 5 les parties] celles: — 7 par] d’vne] vne, — 26 ils] ils en. — de. — l'on) on. — 13 encore en omis. omis. — 18 l'invention id. — CHaPiTrEe VI. {Defcription d’yn nou- veau Monde; € des qualite; de la matiere dont il eft compofe.] 32 Le MoNLE. 429-430. crûs, puifque ce font eux-mefmes qui les ont faits. Mais afin que cette infinité ne nous empefche & ne nous embarafle point, ne tàchons pas d'aller jufques au bout : entrons-y feulement fi avant, que nous puif- fions perdre de veué toutes les creatures que Dieu fift il y a cinq ou fix mille ans; & aprés nous eftre arreftez là en quelque lieu déterminé, fuppofons que Dieu crée de nouveau tout autour de nous tant de matiere, que, de quelque cofté que noftre imagination fe puifle eftendre, elle n'v apperçoive plus aucun lieu qui foit vuide. Bien que la mer ne foit pas infinie, ceux qui font au milieu fur quelque vaifleau, peuvent eftendre leur veuë, ce femble, à l'infiny; & toutesfois il y a encore de l'eau au dela de ce qu'ils voyent. Ainfi, encore que noftre imagination femble fe pouvoir eftendre à l'infiny, & que cette nouvelle matiere ne foit pas fuppofée eftre infinie : nous pouvons bien toutesfois fuppofer, qu elle remplit des efpaces beaucoup plus grands que tous ceux que nous aurons imaginé. Et mefme, afin quil n'y ait rien en tout cecy, où vous puifhiez trouver à redire, ne permettons pas à noftre imagination de s'eftendre fi loin qu'elle pourroit; mais retenons-la tout à deflein dans vn efpace déterminé, qui ne foit pas plus grand, par exemple, que la diftance qui eft depuis la Terre jufques aux principales étoiles du Fir- mament; & fuppofons que la matiere que Dieu aura creée, s'eftend bien loin au delà de tous coftez, jufques à vne diftance indéfinie. Car il y a bien plus d'appa- 1 puifque] car. — 2-3 &... au] jufqu'au. — 15 au] par. — embarafle omis. — 3-4 jufques 21 treuver. 20 20 25 30 430-f3r. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 33 rence, & nous avons bien mieux le pouvoir, de pref- crire des bornes à l’aétion de noftre penfée, que non pas aux œuvres de Dieu. Or puifque nous prenons la liberté de feindre cette matiere à noftre fantaifie, attribuons luy, s'il vous plaift, vne nature en laquelle il n'y ait rien du tout que chacun | ne puifle connoifire aufli parfaitement qu'il eft poffible. Et pour cét effet, fuppofons expref- fément qu'elle n’a point la forme de la Terre, ny du Feu, ny de l'Air, ny aucune autre plus particuliere, comme du bois, d'vne pierre, ou d'vn métal, non plus que les qualitez d’eftre chaude ou froide, féche ou hu- mide, legere ou pefante, ou d'avoir quelque goût, ou odeur, ou fon, ou couleur, ou lumiere, ou autre fem- blable, en la nature de laquelle on puiffe dire qu'il y ait quelque chofe qui ne foit pas évidemment connu de tout le monde. Et ne penfons pas aufli d'autre cofté qu'elle foit cette Matiere premiere des Philofophes, qu'on a fi bien dé- poüillée de toutes fes Formes & Qualitez, qu'il n y ef rien demeuré de refte, qui puifle eftre clairement en- tendu. Mais concevons-la comme vn vray corps, par- faitement folide, qui remplit également toutes les lon- gueurs, largeurs, & profondeurs, de ce grand efpace au milieu duquel nous avons arrefté noftre penfée; en forte que chacune de fes parties occupe toujours vne partie de cet efpace, tellement proportionnée à fa gran- deur, qu'elle n’en fçauroit remplir vne plus grande, ny fe refferrer en vne moindre, ny fouffrir que, pendant qu'elle y demeure, quelqu'autre y trouve place. 16 connue.— 23-24 largeurs, longueurs. — 29 en]à. — 30 treuve. Œuvres. VI. 5 34 LE Mon. 431-432. Adjoûtons à cela, que cette matiere peut eftre di- vifée en toutes les parties & felon toutes les figures que nous pouvons imaginer; & que chacune de fes parties eft capable de recevoir en foy tous les mouve- mens que nous pouvons aufli concevoir. Et fuppofons de plus, que Dieu la divife veritablement en plufieurs telles parties, les vnes plus grofles, les autres plus pe- utes; les vnes d'vne figure, les autres d'vne autre, telles qu'ilnous plaira de les feindre. Non pas qu'il les fepare pour cela l'vne de l’autre, en| forte qu'il y ait quelque vuide entre deux : mais penfons que toute la diftinétion qu'il y met, confifte dans la diverfité des mouvemens qu'il leur donne, faifant que, dés le premier inftant qu'elles font creées, les vnes commencent à fe mou- voir d'vn cofté, les autres d'vn autre; les vnes plus vifte, les autres plus lentement (ou mefme, fi vous voulez, point du tout), & qu'elles continüent par aprés leur mouvement fuivant les loix ordinaires de la Nature. Car Dieu a fi merveilleufement eftably ces Loix, qu'en- core que nous fuppofions qu'il ne crée rien de plus que ce que j ay dit, & mefme qu'il ne mette en cecy aucun ordre ny proportion, mais qu'ilen compofe vn Cahos, le plus confus & le plus embroüillé que les Poëtes puiflent décrire : elles font fufifantes pour faire que les parties de ce Cahos fe démélent d'elles-mefmes, & fe difpofent en fi bon ordre, qu'elles auront la forme 1 à cela omis. — 5 concevoir] —12 dans] en. — 13 dés] depuis. imaginer. — Et id. — G la di- — 16 mefme omis. — 17 par id. vife] l’a divifée. — 7 les (second)] — 18 ordinaires id. — 22 ny & les. — 10 l’vne de l’autre omis. proportion] proportionné. — il... quelque] elles ayent du. 20 25 20 25 232-433. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 3 $ d'vn Monde tres-parfait, & dans lequel on pourra voir non feulement de la Lumiere, mais aufli toutes les autres chofes, tant generales que particulieres, qui paroiflent dans ce vray Monde. Mais avant que jexplique cecy plus au long, ar- reftez-vous encore vn peu à confiderer ce Cahos, & remarquez quil ne contient aucune chofe, qui ne vous foit fi parfaitement connuë, que vous ne fçauriez pas mefme feindre de l’ignorer. Car, pour les qualitez que j y ay mifes, fi vous y avez pris garde, je les ay feule- ment Frot telles que vous les pouviez imaginer. Et pour la matiere dont je l’ay compofé, il n'y a rien de plus fimple, ny de plus facile à connoiftre dans les creatures inanimées ; & fon idée ef tellement comprife en toutes celles que noftre imagination peut former, qu'il faut neceffairement que vous la conceviez, ou que vous n'imaginiez jamais aucune chofe. Toutesfois, parce que les Philofophes font fi fub- üls, | qu'ils fçavent trouver des diflicultez dans les chofes qui femblent extremement claires aux autres hommes ; & que le fouvenir de leur Matiere premiere, qu'ils fçavent eftre aflez mal-aifée à concevoir, les pourroit divertir de la connoiffance de celle dont je parle : il faut que je leur dife en cét endroit, que, fi je ne me trompe, toute la difficulté qu'ils éprouvent en la leur, ne vient que de ce qu'ils la veulent diftinguer de fa propre quantité & de fon eftenduë exterieure, c'eft à dire de la proprieté qu'elle a d'occuper de l'ef- pace. En quoy toutesfois je veux bien qu'ils croyent avoir raifon, car je n'ay pas deflein de m'arrefter à y À omis, — 10 je] ie. — 19 treuver. Cuarirre VII [Des loix de la Na- turedece nouveau Monde.]| 30 LE Monpe. 233.434. les contredire. Mais ils ne doivent pas auñli trouver eftrange, fi je fupofe que la quantité de la matiere que j'ay décrite, ne diflere non plus de fa fubftance, que le nombre fait des chofes nombrées ; & fi je con- çois fon eftenduë, ou la proprieté qu'elle a d'occuper de l'efpace, non point comme vn accident, mais comme fa vraye Forme & fon Effence: carils ne fçauroient nier qu'elle ne foit tres-facile à concevoir en cette forte. Et mon deffein n’eft pas d'expliquer, comme eux, les chofes qui font en effet dans le vray monde; mais feu- lement d'en feindre vn à plaifir, dans lequel il n'y ait rien que les plus grofliers efprits ne foient capables de concevoir, & qui puifle toutefois eftre creé tout de mefme que je l’auray feint. Si j y mettois la moindre chofe qui fût obfcure, il fe pourroit faire que, parmy cette obfcurité, 1l y auroit quelque repugnance cachée, dont je ne me ferois pas apperceu, & ainfi que, fans y penfer, je fuppoferois vne chofe impoffible ; au lieu que, pouvant diftintte- ment imaginer tout ce que j y mets, il eft certain qu'en- core qu'il n'y euft rien de tel dans l’ancien monde, Dieu le peut toutesfois | créer dans vn nouveau: car il eft certain qu'il peut créer toutes les chofes que nous pouvons imaginer. Mais je ne veux pas differer plus long-temps à vous dire, par quel moyen la Nature feule pourra déméler la confufion du Cahos dont j'ay parlé, & quelles font les Loix que Dieu luy a impofées. Sçachez donc, premierement, que par la Nature je 12 le plus groflier efprit ne foit capable. — 20 certain] indubitable. 15 20 23 434-435. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 37 n'entens point icy quelque Déefle, ou quelque autre forte de puiflance imaginaire ; mais que je me fers de ce mot, pour fignifier la Matiere mefme, entant que je la confidere avec toutes les qualitez que je luy ay attribuées, comprifes toutes enfemble, & fous cette condition que Dieu continuë de la conferver en la mefme façon qu'il l’a creée. Car de cela feul, qu'il con- tinuë ainfi de la conferver, il fuit, de neceflité, qu'il doit y avoir plufieurs changemens en fes parties, lef- quels ne pouvant, ce me femble, eftre proprement attribuez à l'aétion de Dieu, parce qu'elle ne change point, je les attribuë à la Nature; & les regles fuivant lefquelles fe font ces changemens, je les nomme les Loix de la Nature. Pour mieux entendre cecy, fouvenez-vous qu'entre les qualitez de la matiere, nous avons fuppofé que fes parties avoient eu divers mouvemens dés le commen- cement qu'elles ont efté creées; & outre cela, qu'elles s'entretouchoient toutes de tous coftez, fans qu'il y eût aucun vuide entre-deux. D'où il fuit, de necelflité, que dés-lors, en commençant à fe mouvoir, elles ont commencé auffi | à changer & diverfifier leurs mouve- mens par la rencontre l'vne de l’autre; & ainfi que, fi Dieu les conferve par aprés en la mefme façon qu'il les a creées, il ne les conferve pas au mefme eflat : c'eft à dire que, Dieu agiffant toujours de mefme, & par confequent produifant toujours le mefme eflet en fubftance, il fe trouve, comme par accident, plufieurs 2 je] ie. — 9-10 lefquels] qui —26 de mefme]en mefme forte. — 12 ef 13 jelie.— 24 paromis. — 28 treuve. — en... facon] au mefme eftat. 36 LE Monpe. 235 430 diverfitez en cét eflet. Et il ef facile à croire que Dieu, qui, comme chacun doit fçavoir, eft immuable, agit toujours de mefme façon. Mais, fans m'engager plus avant dans ces confiderations Metaphyfiques, je met- tray icy deux ou trois des principales regles, fuivant lefquelles il faut penfer que Dieu fait agir la Nature de ce nouveau Monde, & qui fuffiront, comme je croy, pour vous faire connoiftre toutes les autres. La premiere eft : Que chaque partie de la matiere, en particulier, continuë toujours d'eftre en vn mefme eftat, pendant que la rencontre des autres ne la con- traint point de le changer. C'’eft à dire que : fi elle a quelque groffeur, elle ne deviendra jamais plus petite, finon que les autres la divifent; fi elle eft ronde ou quarrée, elle ne changera jamais cette figure, fans que les autres l'y contraignent; fi elle eft arreftée en quelque lieu, elle n'en partira jamais, que les autres ne l'en chaflent : & fi elle a vne fois commencé à fe mouvoir, elle continuëra toujours avec vne égale force, jufques à ce que les autres l'arreftent ou la retardent. Il ny a perfonne qui ne croye que cette mefme Regle s'obferve dans l’ancien Monde, touchant la grof- feur, la figure, le repos, & mille autres chofes fem- blables ; mais les Philofophes en ont excepté le Mou- vement, qui eft pourtant la chofe que je defire le plus expreflément y comprendre. Etne penfez pas pour cela que j'aye deflein | de les contredire : le mouvement 3 de] en. — facon] forte. — toutesfois. — la chofe] ce, — 4 ces] des. — 4 et 7 je] ie. — 28 les] leur. 19 vne omis, — 20 pourtant] 20 25 29 436. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 39 dont ils parlent, eft fi fort different de celuy que jy conçoy, qu'il fe peut aifément faire, que ce qui eft vray de l’vn, ne le foit pas de l’autre. Ils avoüent eux-mefmes que la nature du leur ef fort peu connuë ; & pour la rendre en quelque façon intelligible, ils ne l'ont encore fceu expliquer plus clai- rement qu en ces termes : Motus efl aélus entis in poten- la, prout in potentia efl, lefquels font pour moy fi obfcurs, que je fuis contraint de les laiffer icy en leur langue, parce que je ne les fçaurois interpreter. (Et en effet ces mots : le mouvement eft l'acte d'vn Eftre en puiflance, entant quil eft en puiflance, ne font pas plus clairs, pour eftre François.) Mais, au contraire, la nature du mouvement duquel j'entens icy parler, eft fi facile à connoiftre, que les Geometres mefmes, qui entre tous les hommes fe font le plus eftudié à conce- voir bien diftinétement les chofes qu'ils ont confide- rées, l'ont jugée plus fimple & plus intelligible que celle de leurs fuperficies, & de leurs lignes : ainfiqu'il paroift, en ce qu'ils ont expliqué la ligne par le mou- vement dvn point, & la fuperficie par celuy d'vne ligne. Les Philofophes fuppofent auffi plufieurs mouve- mens, qu'ils penfent pouvoir eftre faits fans qu'aucun corps change de place, comme ceux qu'ils appellent, Motus ad formam, motus ad calorem, motus ad quantita- tem (mouvement à la forme, mouvement à la chaleur, mouvement à la quantité), & mille autres. Et moy, je 8 eft omis. — 10 je]ie. — 10- omis. — 19 &] ni. — 23 auf 13 Parenthèse en note au bas de omis. — 25-28 Parenthèse comme la page. — 10-11 Et en effet 70-13. 40 LE Monpe. 436-437. nen connois aucun, que celuy qui eft plus aifé à concevoir que les lignes des Geometres : qui fait que les corps paflent d'vn lieu en vn autre, & occu- pent fucceflivement tous les efpaces qui font entre- deux. Outre cela, ils attribüent au moindre de ces mou- vemens vn eftre beaucoup plus folide & plus veritable qu'ils ne font au repos, lequel ils difent n’en eftre que la privation. Et moy, je conçois que le repos eft auñi bien vne qualité, qui doit eftre attribuée à la matiere, pendant qu'elle demeure en vne place, comme le mou- vement en eft vne qui luy eft attribuée, pendant qu'elle en change. Enfin le mouvement dontils parlent, eft d'vne nature fi eftrange, qu'au lieu que toutes les autres chofes ont pour fin leur perfection, & ne tâchent qu'à fe con- ferver, il n'a point d'autre fin ny d'autre but que le repos; &, contre toutes les Loix de la Nature, il tâche foy-mefme à fe détruire. Mais, au contraire, celuy que je fuppofe, fuit les mefmes Loix de la Nature, que font generalement toutes les difpofitions & toutes les qua- litez qui fe trouvent en la matiere : aufi bien celles que les Doétes appellent, Modos € entia rations cum Jundamento in re (des modes & des eftres de raifon avec fondement dans la chofe), comme Qualitates reales (leurs qualitez réelles), dans lefquelles je confeffe ingenüment ne trouver pas plus de realité que dans les autres. 1 qui eft} que les Geometres — 3 en] à. — 24-25 Parenthèse ont jugé. — 2 les] leurs. — des en note au bas de la page. — Geometres omis. — qui] & qui. 25 qualitates reales omis. Or 20 25 20 25 437-438. TRAITÉ DE LA LUMIERE. AI Je fuppofe pour feconde Regle : Que, quand vn corps en poufle vn autre, il ne fçauroit luy donner aucun mouvement, qu'il n'en perde en mefme temps autant du fien; ny luy en ofter, que le fien ne s'augmente d'autant. Cette Regle, jointe avec la precedente, fe rapporte fort bien à toutes les experiences, dans lef- quelles nous voyons qu'vn corps commence ou cefle de fe mouvoir, parce qu'il eft pouffé ou arrefté par quelque autre. Car, ayant fuppofé la precedente, nous fommes exempts de la peine où fe trouvent les Doéles, quand ils veulent rendre raifon de ce qu'vne pierre continuë de fe mouvoir quelque temps aprés eftre hors de la main de celuy qui l'a jettée : car on | nous doit plutoft demander, pourquoy elle ne continuë pas toujours de fe mouvoir ? Mais la raifon eft facile à rendre. Car qui eft-ce qui peut nier que l'air, dans lequel elle fe remuë, ne luy fafle quelque refiftance ? On l'entend fiffler, lors qu'elle le divife; & fi l'on remuë dedans vn évantail, ou quelque autre corps fort leger & fort eftendu, on pourra mefme fentir, au pois de la main, qu'il en empefche le mouvement, bien loin de le continüer, ainfi que quelques-vns ont voulu dire. Mais fi l'on manque d'expliquer l'effet de fa refiftance fuivant noftre feconde Regle, & que l'on penfe que, plus vn corps peut refifter, plus il foit capable d'ar- refter le mouvement des autres, ainfi que peut-eftre d'abord on fe pourroit perfuader : on aura derechef bien de la peine à rendre raifon, pourquoy le mouve- t Je] Ie. — après pour] la — 14demander plütoit.— 15 de ajouté. — 2 {çcauroitluy]luy peut. fe mouvoir omis. — Mais] dont. — $ parce] pour ce.— 13car|k&. — 18 après l’on] y ajoute. Œuvres. VI. 6 42 LE Monpe. 438-450. ment de cette pierre s'amortit plutoft en rencontrant vn corps mol, & dont la refiftance eft mediocre, qu'il ne fait, lors qu'elle en rencontre vn plus dur, & qui luy refifte davantage ? comme aufli pourquoy, fi-toft qu'elle a fait vn peu d'effort contre ce dernier, elle retourne incontinent comme fur fes pas, plutoft que de s'arrefter ny d'interrompre fon mouvement pour fon fujet? Au lieu que, fuppofant cette Regle, il n'y a point du tout en cecy de difficulté : car elle nous ap- prend que le mouvement d'vn corps n’eft pas retardé par la rencontre d'vn autre à proportion de ce que celuy-cy luy refifte, mais feulement à proportion de ce que fa refiftance en eft furmontée, & qu'en luy obeïflant, il reçoit en foy la force de fe mouvoir que l'autre quitte. Or, encore qu'en la plufpart des mouvemens que nous voyons dans le vray Monde, nous ne puiflions pas appercevoir que les corps qui commencent ou ceffent de fe mouvoir, foient pouflez ou arreftez par quelques autres : nous n'avons pas pour cela occafion de juger, que ces deux Regles n'y foient pas exacte- ment obfervées. Car il eft certain que ces corps peu- vent fouvent recevoir leur agitation des deux Elemens de l'Air & du Feu, qui fe trouvent toujours parmy eux, fans y pouvoir eftre fentis, ainfi qu'il a tantoft efté dit, ou mefme de l'Air plus groflier, qui ne peut non plus eftre fenty; & qu'ils peuvent la transferer, tantoft à cét Air plus groflier, & tantoft à toute la maffe de la Terre, en laquelle eftant difperfée, elle ne peut auñfi eftre apperceuë. 4 comme aufli} Et. — 20 pour cela reporté après juger 21. 29 30 Fr 10 20 25 439-440. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 43 Mais encore que tout ce que nos fens ont jamais ex- perimenté dans le vray Monde, femblät manifeftement eftre contraire à ce qui eft contenu dans ces deux Regles, la raifon qui me les a enfeignées, me femble fi forte, que je ne laiflerois pas de croire eftre obligé de les fuppofer dans le nouveau que je vous décris. Car quel fondement plus ferme & plus folide pourroit-on trouver, pour eftablir vne verité, encore qu'on le vou- lût choifir à fouhait, que de prendre la fermeté mefme & l'immutabilité qui eft en Dieu ? Or eft-il que ces deux Regles fuivent manifeftement de cela feul, que Dieu eft immuable, & qu'agiflant tou- jours en mefme forte, il produit toujours le mefme effet. Car, fuppofant qu'il a mis certaine quantité de mouvemens dans toute la matiere en general, dés le premier inftant quil l'a creée, 1l faut avoüer qu'il y en conferve toujours autant, ou ne pas croire qu'il agifle toujours en mefme forte. Et fuppofant avec cela que dés ce premier inftant les diverfes parties de la ma- tiere, en qui ces mouvemens fe font trouvez inéga- lement difperfez, ont commencé à les retenir, ou à les transferer de l'vne à l'autre, felon qu'elles en ont pû avoir la force, il faut neceflairement penfer, qu'il leur fait toujours continuer la mefme chofe. Et c'eft ce que contiennent ces deux Regles. J'ajouteray pour la troifiéme : Que, lors qu vn corps fe meut, encore que fon mouvement fe faffe le plus 5croire]|penfer.—eftre]d'eftre. le contenu de. — 26 J°] [”. — — 6 je] ie. — 12 agiflant| en 27 meut] remuë. — le plus agiffant. — 20 en qui] dans lef- omis. quels. — 25 ce que contiennent 44 Le Mon. 440. fouvent en ligne courbe, & qu'il ne s'en puifle jamais faire aucun, quine foit en quelque façon circulaire, ainfi qu'il a efté dit cy-deflus, toutesfois chacune de fes parties en particulier tend toujours à continuer le fien en ligne droite. Et ainfi leur aétion, c’eft à dire l'inclination qu'elles ont à fe mouvoir, eft differente de leur mouvement. Par exemple, fi l’on fait tourner vne rouë fur fon eflieu, encore que toutes fes parties aillent en rond, parce qu'eftant jointes l’vne à l'autre elles ne fçau- roient aller autrement : toutesfois leur inclination eft d'aller droit, ainfi qu'il paroift clairement, fi par ha- zard quelqu'vne fe détache des autres; car auffi-toft quelle eft en liberté, fon mouvement ceffe d’eftre cir- culaire, & fe continuë en ligne droite. | De mefme, quand on fait tourner vne pierre dans vne fronde, non feulement elle va tout droit aufli-toft quelle en eft fortie; mais de plus, pendant tout le temps qu elle y ef, elle prefle le milieu de la fronde, & fait tendre la corde : montrant évidemment par là, qu'elle a toujours inclination d'aller en droite ligne, & qu'elle ne va en rond que par contrainte. Cette Regle eft appuyée fur le mefme fondement que les deux autres, & ne dépend que de ce que Dieu conferve chaque chofe par vne aion continué, & par confequent, qu'il ne la conferve point telle qu'elle peut avoir efté quelque temps auparavant, mais précifé- ment telle qu'elle eft au mefme inftant qu'il la con- ferve. Or eft-1l que, de tous les mouvemens, il n’y a que 3 cy] icy. — 12-13 quelqu'une par hazard. — 25 continuë] conti- nuelle. — 29 a] en a. 20 25 RP TT UT Le DE el mn On en unir Suit 20 29 440-442. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 45 le droit, qui foit | entierement fimple, & dont toute la nature foit comprife en vn inftant. Car, pour le concevoir, il fuflit de penfer qu'vn corps eft en action pour fe mouvoir vers vn certain cofté, ce qui fe trouve en chacun des inftans qui peuvent eftre déterminez pendant le temps qu'il fe meut. Au lieu que, pour concevoir le mouvement circulaire, ou quelqu'autre que ce puifle eftre, il faut au moins confiderer deux de fes inftans, ou plutoft deux de fes parties, & le rapport qui eft entrelles. Mais afin que les Philofophes, ou plutoft les Sophiftes, ne prennent pas icy occafion d'exercer leurs fubtilitez fuperfluës, remarquez que je ne dis pas, pour cela, que le mouvement droit fe puifle faire en vn inftant; mais feulement, que tout ce qui ef requis pour le produire, fe trouve dans les corps en chaque inftant qui puifle eftre déterminé pendant qu'ils fe meuvent, & non pas tout ce qui eft requis pour produire Île circulaire. Comme, par exemple, fivne pierre fe meut dans vne fronde, fuivant le cercle marqué AB, & que vous la confideriez précifément telle qu'elle eft à l'inftant qu'elle arrive au point À, vous trouvez bien qu'elle eft en action pour fe | mouvoir, carelle ne s'y arrefte pas, & pour fe mouvoir vers vn certain cofté, à fçavoir vers C, car c'eft vers là que fon action eft déterminée en 4 Vn omis. — 6 meut] remuë. exemple omis. — meut] remuë. — 7 mouvement omis. — 11- — 22 à] en. — 23 treuvez. — 12 ou... Sophiftes id, — 16 ef 25 vn omis. — certains côtez. — iSrequis|neceffaire.—16treuve. à omis. —1iSmeuvent|remuent.— 20 par 46 Le Monpr. 442. cét inflant; mais vous n'y fçauriez rien trouver, qui fafle que fon mouvement foit circulaire. Si bien que, fuppofant qu'elle commence pour lors à fortir de la fronde, & que Dieu continuë de la conferver telle D ne LUEUR qu'elle eft en ce moment, il eft certain qu'ilne lacon- 5 fervera point avec l'inclination d'aller circulairement fuivant la ligne AB, mais avec celle d'aller tout droit vers le point C. Donc fuivant cette Regle, il faut dire que Dieu feul eft l'Autheur de tous les mouvemens qui font au 10 monde, entant qu'ils font, & entant qu'ils font droits; mais que ce font les diverfes difpofitions de la matiere, qui les rendent irreguliers & courbez. Ainfi que les Theologiens nous apprennent, que Dieu eft aufi l'Autheur de toutes nos actions, entant qu'elles font, :5 1 treuver. — 5 eft... moment] donc.—ro-11qui...mondeomis. yeft.—7AB|A&B,—9Suivant —10et15 l'Autheur] Auteur, - 20 25 442-443. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 47 & entant qu'elles ont quelque bonté; mais que ce font les diverfes difpofitions de nos volontez, qui les peuvent rendre vicieufes. Je pourrois mettre encore icy plufieurs regles, pour déterminer, en particulier, quand, & comment, & de combien, le mouvement de chaque corps peut eftre détourné, & augmenté ou diminué, par la rencontre des autres; ce qui comprend fommairement tous les effets de la Nature. Mais je me contenteray de vous avertir, qu'outre les trois loix que j'ay expliquées, je nen veux point fuppoier d'autres, que celles qui fuivent infailliblement de ces veritez eternelles, fur qui les Mathematiciens ont accoûtumé d'appuyer leurs plus certaines & plus évidentes demonftrations : ces veritez, dis-je, fuivant lefquelles Dieu mefme nous a enfeigné qu'il avoit difpofé toutes chofes en nombre, en pois, & en mefure; & dont la con noiflance ef fi naturelle à nos ames, que nous ne fçaurions ne les pas juger infaillibles, lors que nous les concevons diftinctement; ny douter que, fi Dieu avoit creé plu- fieurs Mondes, elles ne fuflent en tous aufi veri- tables qu'en celuy-cy. De forte que ceux qui fçau- ront fufifamment examiner les confequences de ces veritez & de nos regles, pourront connoiftre les effets par leurs caufes; &, pour m'expliquer en termes de l'Ecole, pourront avoir des demonftrations à Priori, de tout ce qui peut eftre produit en ce nouveau Monde. 4,9 et 10 Je] Ie. — 7 &] ou. 12 qui] lefquelles. — 26 pour- — $8 fommairement| fouverai- ront omis. — 27 à priori. En nement, — 10 trois omis. — note: par la caufe. CHaPriTRE VIII, [De la formation du So- leil £ des Etoiles de ce nouveau Monde.] 48 LE MONDE. 443-444. Et afin qu'il n y ait point d'exception qui en em- pefche, nous adjouterons, s'il vous plaift, à nos fup- pofitions, que Dieu n'y fera jamais aucun miracle, & que les Intelligences, ou les Ames raifonnables, que nous y pourrons fuppofer cy-aprés, n y troubleront en aucune façon le cours ordinaire de la Nature. Enfuite de quoy, neantmoins, jene vous promets pas de mettre icy des demonftrations exactes de toutes les chofes que je diray ; ce fera aflez que je vous ouvre le chemin, par lequel vous les pourrez trouver de vous- mefme, quand vous prendrez la peine de les chercher. La plufpart des efprits fe dégoutent, lors qu'on leur rend les chofes trop faciles. Et pour faire icy vn Tableau qui vous agrée, ik eft befoin que j y employe de l'ombre auffi bien que des couleurs claires. Si bien que je me contenteray de pourfuivre la defcription que j ay com- mencée, comme n'ayant autre defflein que de vous raconter vne Fable. Quelque inégalité & confufion que nous puifions fuppofer que Dieu ait mife au commencement entre les parties de la Matiere, il faut, fuivant les loix qu'il a impofées à la Nature, que par aprés elles fe foient reduites prefque toutes à vne groffeur & à vn mouve- ment mediocre, & ainfi, qu'elles ayent pris la forme du fecond Element, telle que je l'ay cy-deflus expliquée. 1-2 en empelche] l'empêche. — 10 treuver. — 15 je] ie. — — 5 après pourrons]après ajouté. 19 Quelques inegalitez & quel- — cy-aprés omis. — 5-6 en ques confufions. — 20 mifes. — aucune facon) nullement. — 22 que... elles] qu’elles — après 7 neantmoins] toutesfois. — je] foient] aprés ajouté. — 25 cy] ie. — 9 je vous ouvre] j'ouvre. icy. 20 25 20 25 30 AAA. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 49 Car pour confiderer cette Matiere en l'eftat quelle auroit pù eftre avant que Dieu eût commencé de la mouvoir, on la doit imaginer comme le corps le plus dur & le plus folide qui foit au monde. Et comme on ne fçauroit pouffer aucune partie d'vn tel corps, fans pouffer aufli ou tirer, par mefme moyen, toutes les autres : ainfi faut-il penfer, que l’aétion ou la force de fe mouvoir & de fe divifer, qui aura efté mife d'abord en quelques-vnes de fes parties, s'eft épanduë & diftri- buée en toutes les autres au mefme inflant, aufli éga- lement qu'il fe pouvoit. Il eft vray que cette égalité n’a pù totalement eftre parfaite. Car, premierement, à caufe qu'il n'y a point du tout de vuide en ce nouveau Monde, il a efté impof- fible que toutes les parties de la Matiere fe foient muës en ligne droite; mais eftant égales à peu prés, & pou- vant prefque aufli facilement eftre détournées les vnes que les autres, elles ont dû s'accorder toutes enfemble à quelques mouvemens circulaires. Et toutesfois, à caufe que nous fuppofons que Dieu les a muës d'abord diverfement, nous | ne devons pas penfer qu'elles fe foient toutes accordées à tourner autour d'vn feul centre, mais autour de plufieurs differens, & que nous pouvons imaginer diverfement fituez les vns à l'égard des autres. Enfuite dequoy, l'on peut conclure qu'elles ont dû naturellement eftre moins agitées, ou plus petites, ou l'vn & l’autre enfemble, vers les lieux les plus proches de ces centres, que vers les plus éloignez. Car, ayant toutes inclination à continuer leur mouvement en 17 les vnes] l’une. — 18 les autres] l’autre. — 28 l’vn] l'une. Œuvres. VI, 7 ‘ 0 LE MonLeE. 445-446. ligne droite, il eft certain que ce font les plus fortes, c'eft à dire les plus groffes entre celles qui eftoient également agitées, & les plus agitées entre celles qui eftoient également grofles, qui ont dû décrire les plus grands cercles, comme eftant les plus approchans de la ligne droite. Et pour la matiere contenuë entre trois ou plufieurs de ces cercles, elle a pü d'abord fe trou- ver beaucoup moins divifée & moins agitée que toute l'autre. Et qui plus eft, d'autant que nous fuppofons que Dieu a mis au commencement toute forte d'iné- galité entre les parties de cette Matiere, nous devons penfer, qu'il y en a eu pour lors de toutes fortes de groffeurs & figures, & de difpofées à fe mouvoir, ou ne fe mouvoir pas, en toutes façons & en tous fens. Mais cela n'empefche pas que, par aprés, elles ne fe foient renduës prefque toutes affez égales, principa- lement celles qui font demeurées à pareille diftance des centres autour defquels elles tournoyoient. Car, ne fe pouvant mouvoir les vnes fans les autres, il a falu que les plus agitées communicañlent de leur mouvement à celles qui l’'efloient moins, & que les plus groffes fe rompiflent & divifaflent, afin de pouvoir pañler par les mefmes lieux que celles qui les prece- doient, ou bien qu'elles montaflent plus haut; & ainfi elles fe font arrangées en peu de | temps toutes par ordre : en telle forte que chacune s’eft trouvée plus ou moins éloignée du centre autour duquel elle a pris fon cours, felon qu'elle a efté plus ou moins grofle & 7-8 treuver. — 9 d'autant] ou à. — 15 que. elles] qu’elles. parce. — 12 toute forte. — — 16 après foient]| après ajouté. 13 groffeur. — de figure. — ou] — 26 treuvée. 20 25 20 25 446. TRAITÉ DE LA LUMIERE. SI agitée, à comparaifon des autres. Et mefmes, d'autant que la groffeur repugne toujours à la viteffe du mou- vement, on doit penfer que les plus éloignées de chaque centre ont efté celles qui, eftant vn peu plus petites que les plus proches, ont efté avec cela de beaucoup plus agitées. | Tout de mefme, pour leurs figures, encore que nous fuppofions qu'il y en ait eu, au commencement, de toutes fortes, & qu'elles ayent eu pour la plufpart plu- fieurs angles & plufieurs coftez, ainfi que les pieces qui s'éclatent d'vne pierre quand on la rompt : il eft certain que, par aprés, en fe remuant & fe heurtantles vnes contre les autres, elles ont dû rompre peu à peu les petites pointes de leurs angles, & émoufler les quarrés de leurs coftez, jufques à ce qu'elles fe foient renduës à peu prés toutes rondes : ainfi que font les grains de fable & les cailloux, lors qu'ils roulent avec l'eau d'vne riviere. Si bien qu'il ne peut y avoir main- tenant aucune notable difference entre celles qui font affez voifines, ny mefme aufi entre celles qui font fort éloignées, finon en ce qu'elles peuvent fe mouvoir vn peu plus vite, & eftre vn peu plus petites ou plus groffes l'vne que l’autre ; & cecy n'empefche pas qu'on ne leur puifle attribuer à toutes la mefme forme. Seulement en faut-il excepter quelques-vnes, qui ayant efté, dés le commencement, beaucoup plus grofles que les autres, n'ont pù fi facilement fe divifer, ou qui, ayant eu des figures fort irregulieres & empef- 1 d'autant] parce. — 8 qu'il. aprés] qu’aprés. — 12-13 les en] qu'elles ayent été. — 11 s'é- vnes…. les autres] l’une... l’au- clatent] s’écartent. — 12 que... tre. — 18 il... y] il n'y peut. $ 2 Le Monpe. 446-447. chantes, fe font plutoft jointes plufieurs enfemble, que de fe rompre pour s'arrondir; & ainfi elles ont retenu la forme du troifiéme | Element, & ont fervy à com- pofer les Planetes & les Cometes, comme je vous diray cy-aprés. De plus, il eft befoin de remarquer, que la matiere qui ef fortie d’autour des parties du fecond Element, à mefure qu'elles ont rompu & émouflé les petites pointes de leurs angles pour s'arrondir, a dû neceffai- rement acquerir vn mouvement beaucoup plus vite que le leur, & enfemble vne facilité à fe divifer & à changer à tous momens de figure, pour s'accommoder à celle des lieux où elle fe trouvoit; & ainfi, qu'elle a pris la forme du premier Element. Je dis qu’elle a dû acquerir vn mouvement beaucoup plus vite que le leur ; & la raifon en eft évidente. Car, devant fortir de cofté, & par des paffages fort étroits, hors des petits efpaces qui efloient entr'elles, à mefure qu'elles s’alloient rencontrer de front l'vne l'autre, elle avoit beaucoup plus de chemin qu'elles à faire en mefme temps. Il ef auffi befoin de remarquer, que ce quife trouve, de ce premier Element, de plus qu'il n'en faut pour remplir les petits intervalles que les parties du fecond, qui font rondes, laiffent neceflairement autour d'elles, fe doit retirer vers les centres autour defquels elles tournent, à caufe qu'elles occupent tous les autres lieux 5 cy omis. — 11 à... à] de... 15 Je] Ie. — 18 eftoient] font. de. — 14 du... Element] de — 22 treuve. — de plus après l’Element que j'ay icy-deflus fe trouve. — 25 qui font] étant. expliqué tout le premier. — 20 125 A % > 20 25 447-448. TRAITÉ DE LA LUMIERE, ‘3 plus éloignez; & que là il doit compofer des corps ronds, parfaitement liquides & fubtils, lefquels, tour- nant fans cefle beaucoup plus vite, & en mefme fens que les parties du fecond Element qui les environne, ont la force d'augmenter l'agitation de celle dont ils font les plus proches ; & mefmes de les poufler toutes de tous coftez, en tirant du centre vers la circonfe- rence, ainfi qu'elles fe pouflent aufli les vnes les autres ; & ce, par vne action qu'il | faudra tantoft que j'explique le plus exaétement que je pourray. Car je vous advertis icy par avance, que c'eft cette action que nous prendrons pour la Lumiere; comme aufli, que nous prendrons ces corps ronds, compofez de la matiere du premier Element toute pure, l'vn pour le Soleil, & les autres pour les Eftoiles fixes du nouveau Monde que je vous décris; & la matiere du fecond Element qui tourne autour d'eux, pour les Cieux. Imaginez-vous, par exemple, que les points, S. E. :. À. font les centres dont je vous parle; & que toute la matiere comprife en l'efpace F. G. G. F. eft vn Ciel, qui tourne autour du Soleil marqué S ; & que toute celle de l’efpace H. G. G. H. en ef vn autre, qui tourne autour de l'Etoille marquée :, & ainfi des autres : en forte qu'il y a autant de divers Cieux, commeil y a d'Etoiles, & comme leur nombre eft indéfiny, celuy des Cieux l'eft de mefme; & que le Firmament neft go & ce omis. — 11 icy par ces corps] s’il vous plaift ajouté. avance omis. — cette action] —16 ef 19 je] te. — 10 <] e. — elle. — 12 après prendrons] icy 21 que omis. — 22 en eft id. — ajouté. — aufli reporté après 24 il y a (second) id. — 25 &... prendrons 13.— 12 que omis. — leur] déquelles le. — 25-26 ce- 13 après nous|y ajouté. — avant luy... mefme omis. ÿ4 LE Monpr. 448-450. autre chofe que la fuperficie fans épaifleur, qui fepare tous ces Cieux les vns des autres. Penfez aufli que les parties du fecond Element qui font vers F, ou vers G, font plus agitées que celles qui font vers K, ou vers L; en forte que leur viteffe dimi- nuë peu à peu, depuis la circonference exterieure de chaque Ciel, jufques à vn certain endroit, comme par exemple jufques à la Sphere K, K, autour du Soleil, & jufques à la Sphere L, L, autour de l'Etoile <; puis, qu'elle augmente de là peu à peu jufques aux centres de ces Cieux, à caufe de l'agitation des Aftres qui s y trouvent. Enforte que, pendant que les parties du fecond Element qui font vers K, ont le loifir d'y décrire vn cercle entier autour du Soleil, celles qui font vers T, que je fuppofe en eftre dix fois plus proches, n'ont pas feulement le loifir d'y en décrire dix, ainfi qu'elles feroient fi elles ne fe mouvoient qu'éjgalement vite, mais peut-eftre plus de trente. Et derechef, celles qui font vers F, ou vers G, que je fuppofe en|eftre deux ou trois mille fois plus éloignées, en peuvent peut- eftre décrire plus de foixante. D'où vous pourrez entendre tantoft, que les Planetes qui font les plus hautes, fe doivent mouvoir plus lentement que celles qui font plus baffes, ou plus proches du Soleil; & tout enfemble plus lentement que les Cometes, qui en font toutesfois plus éloignées. Pour la grofleur de chacune des parties du fecond 2 ces] les. — 5 ou] ni. — L] vent. — 13 le omis. — 15 je] ie. L. L.— 7 vn omis. — comme — 16 le] eu. — 17 mouvoient] id. —8 K, K;] K. — 9 L, L.] remüoient. — 23 mouvoir] re- L. — 9-10 puis, qu'elle] d’où muer. — 25-24 celles "font elle. — 10 de là omis. — 12 treu- les. — 25 tout omis. 20 25 ÿ Element, on peut penfer qu'elle eft égale en toutes ÿ ure du cerexterie MIERE. rconferen a CI DEM LAS celles qui font depuis 1 450. Q LITE LEZ LL Dent . n 8 D Ed: | e = Ç 2 2 Gr _ D] (= ee (D) & =) © 54 V2 (] — O Sn O O =; [os] an d = _— =) e…. Cu mare © ee Ou Eu M NA — HR Eu onu ene A à estoss aa -nasannssshahedan © CHAPITRE IX. [De l'Origine, € du cours des Planetes € des Cometes en general; € en par- ticulier des Co- metes. ;0 LE MoNLE. 450-451. plus hautes d'entr'elles font quelque peu plus petites que les plus baffes, pourveu qu'on ne fuppofe point la difference de leur groffleur, plus grande à proportion, que celle de leur vitefle. Mais il faut penfer, au con- traire, que, depuis le cercle K jufques au Soleil, ce font les plus baffes qui font les plus petites, & mefmes que la difference de leur grofleur eft plus grande, ou du moins aufi grande à proportion, que celle de leur vitefle. Car, autrement, ces plus baffes eftant les plus fortes, à caufe de leur agitation, elles iroient occuper la place des plus hautes. Enfin remarquez que, vü la façon dont j'ay dit que le Soleil & les autres Etoiles fixes fe formoient, leurs corps peuvent eftre fi petits à l'égard des Cieux, qui les contiennent, que mefme tous les cercles KK, LL, & femblables, qui marquent jufques où leur agitation fait avancer le cours de la matiere du fecond Element, ne feront confiderables, à comparaifon de ces Cieux, que comme des points qui marquent leur centre. Ainfi que les nouveaux Aftronomes ne confiderent quafi que comme vn point toute la Sphere de Saturne, à comparaifon du Firmament. [Or afin que je commence à vous parler des Planetes & des Cometes, confiderez que, vü la diverfité des parties de la Matiere que j'ay fuppofée, bien que la plufpart d'entr'elles, en fe froiffant & divifant par la rencontre l'vne de l’autre, ayent pris la forme du pre- mier ou du fecond Element, il ne laiffe pas neantmoins 2 plus omis. — 15 KK, LL] Element}.—2$fecond Element] K. L.— 27-28 premier] fecond premier. — neantmoins o71s. 25 25 451-452. TRAITÉ DE LA LUMIERE. $7 de s’en eftre encore trouvé de deux fortes, qui ont dû retenir la forme du troifiéme : fçavoir celles dont les figures ont efté fi étenduës & fi empefchantes, que, lors qu'elles fe font rencontrées l’vne l’autre, il leur a efté plus aifé de fe joindre plufieurs enfemble, & par ce moyen de devenir grofles, que de fe rompre & s'a- moindrir; & celles qui, ayant efté dés le commence- ment les plus grofles & les plus maflives de toutes, . ont bien pü rompre & froifler les autres en les heur- tant, mais non pas reciproquement en eftre brifées & froiflées. Or, foit que vous vous imaginiez que ces deux fortes de parties ayent efté d'abord fort agitées, ou mefme fort peu, ou point du tout, ileft certain que, par aprés, elles ont dû fe mouvoir de mefme branfle que la Matiere du Ciel quiles contenoit. Car fi d'abord elles fe font muës plus vite que cette Matiere, n'ayant pü manquer de la pouffer en la rencontrant en leur chemin, elles ont dû en peu de temps luy transferer vne partie de leur | agitation; & fi, au contraire, elles n'ont eu en elles-mefmes aucune inclination à fe mouvoir, neantmoins, eftant environnées de toutes parts de cette matiere du Ciel, elles ont dù neceflaire- ment fuivre fon cours : ainfi que nous voyons tous les jours que les batteaux, & les autres divers corps qui flotent dans l'eau, aufli bien les plus grands & les plus maflifs que ceux qui le font moins, fuivent 1 treuvé. — 2 la forme] celle. doivent aprés. — 16 contenoit — 10-11 brifées & omis. — contient. — d'abord omis. — 13 mefme 1d. — 14-15 que... 17 que... Matiere] auparavant. elles] qu’elles. — 15 ont dû fe] fe — 24-25 que... jours omis. Œuvres. VI. ( 58 LE Monpe. 453-454. le cours de l’eau dans laquelle ils font, quand il n'y a rien d’ailleurs qui les en empefche. Et remarquez qu'entre les divers corps qui flotent ainfi dans l’eau, ceux qui font affez durs & affez maf- fifs, comme font ordinairement les batteaux, prinei- palement les plus grands & les plus chargez, ont tou- jours beaucoup plus de force qu'elle à continuer leur mouvement, encore mefme que ce foit d'elle feule qu'ils l'ayent receuë; & qu'au contraire ceux qui font fort legers, tels que peuvent eftre ces amas d’écume blanche qu'on voit floter le long des rivages en temps de tempefte, en ont moins. En forte que, fi vous ima- ginez deux Rivieres qui fe joignent en quelque endroit l’vne à l’autre, & qui fe feparent derechef vn peu aprés, avant que leurs eaux, qu'il faut fuppofer fort calmes & d'vne force affez égale, mais avec cela fort rapides, ayent le loifir de fe méler, les batteaux ou autres corps aflez maflifs & pefans, qui feront emportez par le cours de l'vne, pourront facilement pañler en l'autre ; au lieu que les plus legers s’en éloigneront, & feront rejettez par la force de cette eau vers les lieux où elle eft le moins rapide. | Par exemple, fi ces deux Rivieres font ABF & CDG, qui, venant de deux coftez differens, fe ren- contrent vers E, puis de là fe détournent, AB vers F, & CD vers G : il eft certain que le bateau H, fuivant le cours de la Riviere AB, doit pañler par E vers G, & reciproquement le bateau I, vers F, fi ce n'eft qu'ils fe 1 le cours] celuy. — 4 dans] — 17 le omis. — 18 autres] les en. — 5 les batteaux ordinaire- autres. — 23 deux omis. ment. — 13 quelques endroits. 20 453-454 TRAITÉ DE LA LUMIERE. 9 rencontrent tous deux au paflage en mefme temps, au- quel cas le plus grand & le plus fort brifera l'autre ; & qu'au contraire l'écume, les feuilles d'arbres & les plumes, les fêtus & autres tels corps fort legers, qui 1} up; D) y NAN ; X ANS de \\ Ni DIN nil te D À RUN js AL AK VU K ÈS peuvent floter vers A, doivent eftre pouffez par le cours de l'eau qui les contient, non pas vers E & vers G, mais vers B, où il faut penfer que l’eau eft moins forte & moins rapide que vers E, puifqu'elle y prend fon cours fuivant vne ligne qui eft moins approchante de la droite. Et deplus, il faut confiderer que non feulement| ces corps legers, mais aufli que d’autres, plus pefans & plus mafñlifs, fe peuvent joindre en fe rencontrant, & que, tournoyant alors avec l'eau qui les entraîne, 6 vers (second) omis.— 7 que omis. — 13 plus id. — en fe l’eau] qu’elle. — 11 non feule- rencontrant le peuvent joindre. ment] tant. — 12 mais aufi — 14 que omis. — alors id. 60 Le Monpe. A ils peuvent plufeurs enfemble compofer de grofles boules, telles que vous voyez K, & L, dont les vnes, comme L, vont vers E, & les autres, comme K, vont vers B, felon que chacune eft plus ou moins folide, & compofée de parties plus ou moins groffes & maf- fives. A l'exemple dequoy, il eft aifé de comprendre, qu'en quelque endroit que fe foient trouvées, au com- mencement, les parties de la Matiere qui ne pouvoient prendre la forme du fecond Element ny du premier, toutes les plus grofles & plus mañlives d'entrelles ont dû, en peu de temps, prendre leur cours vers la eir- conference exterieure des Cieux qui les contenoient, & pafler aprés continuellement des vns de ces Cieux dans les autres, fans s’arrefter jamais beaucoup de temps de fuite dans le mefme Ciel; & qu’au contraire, toutes les moins maflives ont dü eftre pouflées, cha- cunes vers le centre du Ciel qui les contenoit, par le cours de la matiere de ce Ciel. Et que, vü les figures que je leur ay attribuées, elles ont dû, en fe rencontrant l'vne l’autre, fe joindre plufieurs enfemble, & com- pofer de groffles boules, qui, tournoyant dans les Cieux, y ont vn mouvement temperé de tous ceux que pourroient avoir leurs parties eftant feparées : en forte que les vnes fe vont rendre vers les circonferences de ces Cieux, & les autres vers leurs centres. Et fçachez que ce font celles qui fe vont ainfi ranger vers le centre de quelque Ciel, que nous devons prendre icy pour les Planettes, & celles qui pañlent 1 ils peuvent omis. — compofer plufeurs enfemble. — 3 vont (second) omis. — 20 je] ie. 20 20 29 454-455. TRAITÉ DE LA LUMIERE. Gt au travers de | divers Cieux, que nous devons prendre pour des Cometes. Or, premierement, touchant ces Cometes, il faut remarquer qu'il y en doit avoir peu en ce nouveau Monde, à comparaifon du nombre des Cieux. Car quand bien mefme il y en auroit eu beaucoup au com- mencement, elles auroient dû par fucceffion de temps, en paflant au travers de divers Cieux, fe heurter & fe brifer prefque toutes les vnes les autres, ainfi que j'ay dit que font deux bateaux quand ils fe rencontrent ; en forte qu'il n'y pourroit maintenant refter que les plus groffes. Il faut aufli remarquer que, lors qu'elles pañlent ainfi d'vn Ciel dans vn autre, elles pouffent toujours devant foy quelque peu de la matiere de celuy d'où elles fortent, & en demeurent quelque temps enve- loppées, jufques à ce qu'elles foient entrées affez avant dans les limites de l’autre Ciel; où eftant, elles sen dégagent enfin comme tout d'vn coup, & fans y employer peut-eftre plus de temps que fait le Soleil à fe lever le matin fur noftre horifon : en forte qu’elles fe meuvent beaucoup plus lentement, lors quelles ten- dent ainfi à fortir de quelque Ciel, qu'elles ne font vn peu aprés y eftre entrées. Comme vous voyez 1cy* que la Comete qui prend fon cours fuivant la ligne CDQR, eflant déja entrée 6 quand... il} encore qu'il. — — 16 quelque temps omis. — auroit}| eût. — 14 ainfi omis. — 21 en forte] de facon. — 22 meu- dans... autre] en l’autre. — tou- vent] remüent. jours omis. — 15 peu] quantité. a. Figure de la p. 55. G2 LE More. 455-456. aflez avant dans les limites du Ciel FG, lors qu'elle eft au point C, demeure neantmoins encore envelopée de la matiere du Ciel FI, d'où elle vient, & n'en peut eftre entierement délivrée, avant qu'elle foit environ le point D. Mais fi-toft qu'elle y eft parvenuë, elle commence à fuivre le cours du Ciel FG, & ainfi à fe mouvoir | beaucoup plus vite qu'elle ne faifoit aupar- avant. Puis, continuant fon cours de là vers R, fon mouvement doit fe retarder derechef peu à peu, à mefure qu'elle approche du point Q ; tant à caufe de la refiftance du Ciel FGH, dans les limites duquel elle commence à entrer, qu'à caufe qu'y ayant moins de diftance entre S & D, qu'entre S & Q, toute la ma- tiere du Ciel qui eft entre S & D, où la diftance eft moindre, s'y meut plus vite : ainfi que nous voyons que les rivieres coulent toujours plus promptement, aux lieux où leur liét eft plus eftroit & refferré, qu'en ceux où il eft plus large & eftendu. Deplus, il faut remarquer que cette Comete ne doit paroiftre à ceux qui habitent vers le centre du Ciel FG, que pendant le temps qu'elle employe à pañfer depuis D jufques à Q, ainfi que vous entendrez tantoft plus clairement, lors que je vous auray dit ce que c'eft que la Lumiere. Et par mefme moyen vous con- noiftrez que fon mouvement leur doit paroiftre beau- coup plus vifte, & fon corps beaucoup plus grand, & fa lumiere beaucoup plus claire, au commen- 1 affez] bien. — FG] FGF. doit. — 14 après qui] y ajouté. elle ajoutée avant demeure. — entre... D omis. —1\15 sy FI] FII. —4 entierement meut] fe remuë. — 21 FGl eftre. — 6 FG)] FGGF.— 9 fe FGF.— 27 beaucoup] mefme. 2 © 20 25 20 450-458. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 63 cement du temps qu'ils la voyent, que vers la fin. Et outre cela, fi vous confiderez vn peu curieufe- ment en quelle forte la lumiere qui peut venir d'elle fe doit répandre & difiribuer de tous coftez dans le Ciel, vous pourrez bien aufli entendre, qu'eftant fort grofle, comme nous la devons fuppofer, il peut pa- roiftre certains rayons autour d'elle, qui s'y eftendent quelquesfois en forme de chevelure de tous coftez, & quelquesfois fe ramaffent en forme de queuë d'vn feul cofté, felon les divers endroits où fe trouvent les yeux qui la regardent. En forte qu'il ne manque à cette Comete pas vne de|toutes les particularitez qui ont efté obfervées jufques icy en celles qu'on a veuës dans le vray monde, du moins | de celles qui doivent eftre tenuës pour veritables. Car fi quelques Hifto- riens, pour faire vn prodige qui menace le Croiffant des Turcs, nous racontent qu'en l'an 1450 la Lune a efté éclipfée par vne Comete qui pañloit au deflous, ou chofe femblable ; & fi les Aftronomes, calculant mal la quantité des refraétions des Cieux, laquelle ils ignorent, & la vitefle du mouvement des Cometes, qui eft incertaine, leur attribuent affez de paralaxe pour eftre placées auprés des Planetes, ou mefme au def- fous, où quelques-vns les veulent tirer comme par force : nous ne fommes pas obligez de les croire. Il y a tout de mefme, touchant les Planetes, plu- fieurs chofes à remarquer : dont la premiere eft, qu'en- 4 répandre & omis.— 1otreu- 19 calculant] calculent.— 22 at- vent. — 11 après ne] luy ajouté. tribuent| attribuant. — 11-12 à... Comete omis. — CHAPITRE X. Des Planetes en gene- ral; £ en particulier de la Terre, € de la Lune. 64 LE Monpe. 458-460. core qu'elles tendent toutes vers les centres des Cieux qui les contiennent, ce n'eft pas à dire pour cela qu'elles puiflent jamais parvenir jufques au dedans de ces centres : car, comme j'ay déja dit cy-devant, c'eft le Soleil & les autres Eftoilles fixes qui les occu- pent. Mais afin que je vous faffe entendre diftincte- ment en quels endroits elles doivent s’arrefter, voyez, par exemple*, celle qui eft marquée 5, que je fuppofe fuivre le cours de la matiere du Ciel qui eft vers le cercle K; & confiderez que, fi cette Planete avoit tant foit peu plus de force à continuer fon mouvement en ligne droite, que n'ont les parties du fecond Element qui l’environnent, au lieu de fuivre toujours ce cercle K, elle iroit vers Y, & ainfi elle s'éloigneroit plus qu'elle n’eft du | centre S. Puis, d'autant que les parties du fecond Element, qui l'environneroient vers Y, fe meuvent plus vite, & | mefme font vn peu plus petites, ou du moins ne font point plus groffes, que celles qui font vers K, elles luy donneroient encore plus de force pour paffer outre vers F : en forte qu'elle iroit jufques à la circonference de ce Ciel, fans fe pouvoir arrefter en aucune place qui foit entre-deux ; puis de là, elle pañleroit facilement dans vn autre Ciel; & ainfi, au lieu d’eftre vne Planette, elle deviendroit vne Comete. ; D'où vous voyez, qu'il ne fe peut arrefter aucun 4 cy-devant} icy-deflus. — (second) omis. — 135 d'autant] 7 doivent omis. — s'arrefter] parce. — 17 meuvent] remuënt. s'arreftent. — 8 jelie. — 13 tou- — 20 en forte] de façon. jours omis. — ce| le. — 14 elle a. Figure de la p. 55. 20 29 15 25 460-461. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 6; Aftre, en tout ce vafte efpace qui eft depuis le cercleK, jufques à la circonference du Ciel FGGF, par où les Cometes prennent leur cours; & outre cela, qu'il faut, de neceflité, que les Planetes n'ayent point plus de force à continuer leur mouvement en ligne droite, que les parties du fecond Element qui font vers K, lors qu'elles fe meuvent de mefme branle ave elles ; & que tous les corps qui en ont plus, font de Cometes. Penfons donc maintenant, que cette Planete 5 a moins de force que les parties du fecond Element qui l'environnent; en forte que celles qui la fuivent, & qui font placées vn peu plus bas qu'elle, puiflent la dé- tourner, & faire qu'au lieu de fuivre le cercle K, elle defcende vers la Planete marquée #, où eflant, il fe peut faire qu'elle fe trouvera juftement aufi forte que les parties du fecond Element qui pour lors l'environ- neront. Dont la raifon efl, que, ces parties du fecond Element eftant plus agitées que celles qui font vers K, elles l'agiteront auffi davantage, & qu'eftant avec cela plus petites, elles ne luy pourront pas tant refifter : auquel cas elle demeurera juftement balancée au milieu d'elles, & y prendra fon cours en mefme fens qu'elles font autour du Soleil, fans s'éloigner de luy plus ou moins vne fois que l'autre, qu'autant qu'elles |pourront auffi s'en éloigner. Mais fi cette Planete, eftant vers x, a encore moins de force à continuer fon mouvement en ligne droite, que la matiere du Ciel qu'elle y trouvera, elle fera C S 2 FGGF] FGF.— 3 meuvent| remuënt. — 12 qui (second) omis. — 15 la. marquée id. Œuvres. VI. û 66 LE Mob. 461. pouffée par elle encore plus bas, vers la Planete mar- quée 57; & ainfi de fuite, jufques à ce qu'enfin elle fe trouve environnée d'vne matiere, qui n'ait ny plus ny moins de force qu'elle. Et ainfi vous voyez qu'il peut y avoir diverfes Pla- netes, les vnes plus & les autres moins éloignées du Soleil, telles que font icy 3.%. 4.T.9. 5 ; dont les plus baffes & moins maflives peuvent atteindre jufques à fa fuperficie, mais dont les plus hautes ne pañfent jamais au delà du cercle K; qui, bien que tres-grand, à comparaifon de chaque Planete en particulier, eft neantmoins fi extremement petit, à comparaifon de tout le Ciel FGGF, que, comme j'ay déja dit ey-devant, il peut eftre confideré comme fon centre. Que fi je ne vous ay pas encore affez fait entendre la caufe, qui peut faire que les parties du Ciel qui font au delà du cercle K, eftant incomparablement plus petites que les Planetes, ne laiflent pas d'avoir plus de force qu'elles à continuer leur mouvement en ligne droite: confiderez que cette force ne dépend pas feu- lement de la quantité de la matiere qui eft en chaque corps, mais auf de l'étenduë de fa fuperficie. Car, encore que, lors que deux corps fe meuvent également vite, il foit vray de dire que, fi l'vn contient deux fois autant de matiere que l'autre, il a aufli deux fois autant d'agitation : ce n'eft pas à dire pour cela, qu'il ait deux fois autant de force à continuer de fe mouvoir en ligne 1-2 la... marquée omis. — —241l... que omis. — 25 a] ait. 3 treuve. — 4 qu’elle omis. — — 26 pour cela reporté après 13 FGGF]) FGF.— cy-devant ait. omis. — 23 Mmeuvent| remuënt. 20 23 20 25 461-462. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 67 droite ; mais 1l en aura juftement deux fois autant, fi avec cela fa fuperficie eft juftement deux fois aufii étenduë, à caufe qu'il rencontrera toujours deux | fois autant d'autres corps, qui luy feront refiflance; & 1l en aura beaucoup moins, fi fa fuperficie eft eftenduë beaucoup plus de deux fois. Or vous fçavez que les parties du Ciel font, à peu prés toutes rondes, &ainfi, qu'elles ont celle de toutes les figures qui comprend le plus de matiere fous vne moindre fuperficie; & qu'au contraire les Planetes, eftant compofées de petites parties qui ont des figures fort irregulieres & eftenduës, ont beaucoup de fuper- ficie à raifon de la quantité de leur matiere : en forte qu'elles peuvent en avoir plus, que la plufpart de ces parties du Ciel; & toutesfois aufli en avoir moins, que quelques-vnes des plus petites, & qui font les plus proches des centres. Car il faut fçavoir qu'entre deux boules toutes maflives, telles que font ces parties du Ciel, la plus petite a toujours plus de fuperficie, à raifon de fa quantité, que la plus groffe. Et l’on peut aifément confirmer tout cecy par l'ex- perience. Car, pouflant vne grofle boule compofée de plufieurs branches d'arbres, confufément jointes & entaffées l'vne fur l’autre, ainfi qu'il faut imaginer que font les parties de la Matiere, dont les Planetes font compofées : il eft certain qu'elle ne pourra pas conti- nuer fi loin fon mouvement, quand bien mefme elle feroit pouflée par vne force entierement propor- — 1 en] n'en. — après aura] omis.— 21-22 l'experience] expe- qu'autant ajouté. — deux... au- rience.— 27 quand... elle|encore tant omis. — 21 l’on] on.—tout même qu'elle. — 28 feroit] fût. 68 LE MONDE. 162-463. tionnée à fa grofleur, comme feroit vne autre boule beaucoup plus petite & compofée du mefme bois, mais qui feroit toute maflive; il eft certain auffi tout au contraire qu'on pourroit faire vne autre boule du mefme bois & toute maflive, mais qui feroit fi extreme- ment petite, quelle auroit beaucoup moins de force à continuer fon mouvement que la premiere ; enfin il eft certain que cette premiere peut avoir plus ou moins de force à continuer fon mouvement, felon que les branches qui la compofent, font plus ou moins groffes & preflées. D'où vous voyez comment diverfes Planetes peuvent eftre fufpenduës au dedans du cercle K, à diverfes diftances du Soleil; & comment ce ne font pas fim- plement celles qui paroiffent à l'exterieur les plus groffes, mais celles qui en leur interieur font les plus folides & les plus maflives, qui en doivent eftre les plus éloignées. Il faut remarquer aprés cela, que, comme nous experimentons que les batteaux qui fwivent le cours d'vne riviere, ne fe meuvent jamais fi vite que l’eau qui les entraine, ny mefme les plus grands d’entre- eux fi vite que les moindres : ainfi, encore que les Planetes fuivent le cours de la matiere du Ciel fans refiftance, & fe meuvent de mefme branle avec elle, ce n'eft pas à dire pour cela, qu'elles fe meuvent jamais 2 du} d'un. — 3 il} & il. — 8 en ajoulé avant peut. —9 de. 3-4 tout... contraire omis. — mouvement omis. — 15 après 4après faire] derechef ajouté, — celles} aufliajouté.— 17 folides…. 6 beaucoup encore.— enfin, & maflives| maflives & folides. — enfin. — 7-8 il... certain omis. — 21,25, 26, meuvent] remuent. 20 25 20 29 463-464. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 69 du tout fi vite; & mefme l'inégalité de leur mouve- ment doit avoir quelque raport à celle qui fe trouve entre la groffeur de leur mañle & la petitefle des parties du Ciel qui les environnent. Dont la raifon eft que, generalement parlant, plus vn corps eft gros, plus il luy eft facile de communiquer vne partie de fon mouvement aux autres corps, & plus il eft difficile aux autres de luy communiquer quelque chofe du leur. Car encore que plufieurs petits corps, en s'accordant tous enfemble pour agir contre vn plus gros, puiflent avoir autant de force que luy : toutesfois ils ne le peuvent jamais faire mouvoir fi vite en tous fens, comme ils fe meuvent; à caufe que, s'ils s'accordent en quelques- vns de leurs mouvemens, lefquels ils luy commu- niquent, ils different infailliblement en d'autres en mefme temps, lefquels ils ne luy peuvent commu- niquer. Or il fuit de cecy deux chofes, qui me femblent fort jconfiderables. La premiere eft, que la matiere du Ciel ne doit pas feulement faire tourner les Planetes autour du Soleil, mais aufli autour de leur propre centre (ex- cepté lors qu'il y a quelque caufe particuliere qui les enempefche); &enfuite, qu'elle doit compofer de petits Cieux autour d'elles, qui fe meuvent en mefme fens que le plus grand. Et la feconde eft que, s'il fe ren- contre deux Planetes inégales en groffeur, mais dif- pofées à prendre leur cours dans le Ciel à vne mefme diftance du Soleil, en forte que l'vne foit juftement d'autant plus maflive, que l’autre fera plus groffe : la 2 treuve. — 5 parlant omis. — omis.— 23 en 1d.—24meuvent] 18 deux chofes de cecy.— 21aufli remuënt. 70 LE Mon. 464-465. plus petite de ces deux, ayant un mouvement plus vite que la plus groffe, devra fe joindre au petit Ciel qui fera autour de cette plus grofle, & tournoyer con- tinuellement avec luy. Car puifque les parties du Ciel, qui font par exemple vers À, fe meuvent plus vite que la Planete marquée T, qu'elles pouflent vers Z, il eft évident quelles doivent eftre détournées par elle, & contraintes de prendre leur cours vers B. Je dis vers B, plutoft que vers D. Car, ayant inclination à continuer leur mouve- ment en ligne droite, elles doivent plutoft aller vers le dehors du cercle ACZN qu'elles décrivent, que vers le centre S. Or, pañlant ainfi d'A vers B, elles obligent la Planete T de tourner avec elles autour de fon centre; & reciproquement cette Planete, en tournant 6 meuvent] remuënt. — 9 Je] le. — 13 S le centre. — 15 après en] fe aoulé. 20 25 465. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 71 ainfi, leur donne occafion de prendre leur cours de B vers ‘C, puis vers D, & vers A; & ainfi, de former vn Ciel particulier autour d'elle, avec lequel elle doit toujours aprés continuer à fe mouvoir, de la partie quon nomme l’Occident, vers celle quon nomme l'Orient, non feulement autour du Soleil, mais aufli autour de fon propre centre. De plus, fçachant que la Planete marquée € eft dif- pofée à prendre fon cours fuivant le cercle N AC 7, aufli bien que celle qui eft marquée T, & qu'elle doit fe mouvoir plus vite, à caufe qu'elle eft plus petite, 1l eft aifé à entendre, qu'en quelque endroit du Ciel qu'elle puifle s'eftre trouvée au commencement, elle a dû en peu de temps s'aller rendre contre la fuperficie exte- rieure du petit Ciel ABCD, & que, s'y eftant vne fois jointe, elle doit toujours aprés fuivre fon cours autour de T, avec les parties du fecond Element qui font vers cette fuperficie. Car puifque nous fuppofons qu'elle auroit juftement autant de force que la matiere de ce Ciel, à tourner fuivant le cercle N A CZ, fi l’autre Planete n'y eftoit point : il faut penfer qu'elle en a quelque peu plus à tourner fuivant le cercle À BCD, à caufe qu'il eft plus petit, & par confequent, qu'elle s'éloigne toujours le plus qu'il eft poflible du centre T : ainfi qu'vne pierre, eftant agitée dans vne fronde, tend toujours à s'éloi- gner du centre du cercle qu'elle décrit. Et toutesfois cette Planete, eftant vers À, n'ira pas pour cela s'écar- 1 ainfi omis. — 10 fe doit. — — 15 que omis. — 24 petit] 11 après vite) qu'elle ajouté. — étroit. 13 fe puifle eftre. — treuvée. CHarrrrt KI. De la Pefanteur. 72 LE Mon. A6SIBE ter vers L, d'autant qu'elle entreroit en vn endroit du Ciel, dont la matiere auroit la force de la repouffer vers le cercle N ACZ. Et tout de mefme, eftant vers C, elle n'ira pas defcendre vers K, d'autant qu'elle s'y trouve- roit environnée d'vne matiere, qui luy | donneroit la force de remonter vers ce mefme cercle N A CZ. Elle n'ira pas non plus de B vers Z, ny beaucoup moins de D vers N, d'autant qu'elle n'y pourroit aller fi facile- ment ny fi vite, que vers C & vers A. Sibien qu'elle doit demeurer comme attachée à la fuperficie du petit Ciel ABCD, & tourner continuellement avec elle autour de T; ce qui empefche qu'il ne fe forme vn autre petit Ciel autour d'elle, qui la faffe tourner derechef autour de fon centre. Je n'adjoute point iey, comment il fe peut rencon- trer vn plus grand nombre de Planetes jointes enfem- ble, & qui prennent leur cours l'vne autour de l'autre, comme celles que les nouveaux Aftronomes ont ob- fervées autour de Jupiter & de Saturne. Car je nay pas entrepris de dire tout; & je n'ay parlé en parti- culier de ces deux, qu'afin de vous reprefenter la Terre que nous habitons, par celle qui eft marquée T, & la Lune qui tourne autour d'elle, par celle qui eft marquée (€ . Mais je defire maintenant, que vous confideriez quelle eft la pefanteur de cette Terre, c'eft à dire la force qui vnit toutes fes parties, & qui fait qu'elles 1, 4, 8 d'autant] parce. — veaux ?d. — 19 de (second) id. 15, 19, 20, 25 Je] le. — 15icy — 27 qui (second) id. omis. — 16 Vn id. — 18 nou- 20 23 10 20 25 466-467. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 73 tendent toutes vers fon centre, chacunes plus ou moins, felon qu'elles font plus ou moins grofles & folides ; laquelle n'eft autre, & ne confifte qu'en ce que les parties du petit Ciel qui l'environne, tournant beaucoup plus vite que les fiennes autour de fon cen- tre, tendent aufli avec plus de force à s'en éloigner, & par confequent les y repouffent. En quoy fi vous trou- vez quelque difficulté, fur ce que j'ay tantoft dit que les corps les plus mañifs & les plus folides, tels que j ay fuppofé ceux des Cometes, s’alloient rendre vers les circonferences des Cieux, & qu'il n y avoit que ceux qui l’eftoient moins, qui fuflent repouflez vers leurs centres ; comme s'il devoit fuivre de là, que ce fuffent feulement les parties de la Terre les moins folides qui püffent eftre pouflées vers fon centre, & que les autres düffent s'en éloigner : remarquez que, lors que jay dit que les corps les plus folides & les plus mafñlifs ten- doient à s'éloigner du centre de quelque Ciel, j'ay fup- pofé qu'ils fe mouvoient déja auparavant de mefme branle que la matiere de ce Ciel. Car il eft certain que, s'ils n'ont point encore commencé à fe mouvoir, ou s'ils fe meuvent, pourveu que ce foit moins vite qu'il n'eft requis pour fuivre le cours de cette matiere, ils doivent d'abord eftre chañflez par elle vers le centre autour duquel elle tourne, & mefme il eft certain que, d'autant qu'ils feront plus gros & plus folides, ils y feront pouflez avec plus de force & de viteffe. Et tou- tesfois cela n'empefche pas que, s'ils le font aflez pour 1 toutes omis. — 3 &... ce] cela. — 22 pourveu omis. — finon. — 7-8 treuvez. = 9 et 23 requis] neceflaire. — 25 il. 17 les (second) omis. — 13 là] certain omis. Œuvres. VI, 10 74 LE Monpe. 467-468. compofer des Cometes, ils ne s'aillent rendre peu aprés vers les circonferences exterieures des Cieux : d'autant que l'agitation qu'ils auront acquife, en def- cendant vers quelqu'vn de leurs centres, leur donnera infailliblement la force de pañler outre, & de remonter vers fa circonference. | Mais afin que vous entendiez cecy plus clairement, D confiderez la Terre EFGH, avec l'eau 1.2-4 lat 5-0.7.8, qui, comme je vous diray cy-aprés, ne font compofez que de quelques-vnes des moins folides de fes parties, & font vne mefme maffe avec elle. Puis confiderez aufli la matiere du Ciel, qui remplit non feu- lement tout l’efpace qui eft entre les cercles ABCD 3 d'autant] parce, — 5 de 12, confiderez] voyez. = 9 jelie. (second) omis. — 6 fa] la. — 8, — cÿ omis. 20 25 468-460. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 7 & $.6.7.8, mais encore tous les petits intervalles qui font au deflous entre les parties de l'Air, de l'Eau, & de la Terre. Et penfez que, ce Ciel & cette Terre tour- nant enfemble autour du centre T, toutes leurs parties tendent à s'en éloigner, mais beaucoup plus fort celles du Ciel que celles de la Terre, à caufe qu'elles font beaucoup plus agitées ; & mefme aufh, entre celles de la Terre, les plus agitées vers le mefme cofté que celles du Ciel, tendent plus à s'en éloigner que les autres. En forte que, fi tout l'efpace qui | eft au delà du cercle A BCD eftoit vuide, c'eft à dire, n'efloit remply que d'vne matiere qui ne püt refifter aux actions des autres corps, ny produire aucun effet confiderable (car c'eft ainfi qu'il faut prendre le nom de vuide), toutes les parties du Ciel qui font dans le cercle ABCD en fortiroient les premieres, puis celles de l'Air & de l'Eau les fuivroient, & enfin aufli celles de la Terre, chacune d'autant plus promptement qu'elle fe trou- veroit moins attachée au refte de fa maffe : en mefme façon qu'vne pierre fort hors de la fronde, en laquelle elle eft agitée, fi-toft qu'on luy lafche la corde ; & que la pouffiere, que l'on jette fur vne piroüete pendant qu'elle tourne, s'en écarte tout aufli-toft de tous coftez. Puis confiderez que, n'y ayant point ainfi aucun efpace au delà du cercle ABCD, qui foit vuide, ny où les parties du Ciel contenuës au dedans de ce cercle puiflent aller, fi ce n'eft qu'au mefme inftant il en rentre d’autres en leur place, qui leur foient toutes femblables, les parties de la Terre ne peuvent auf 20 qu'vne]quefortvne.—fort qu'on peut. — jette] jetter. — omis, — de id. — 22 que l’on] 28 en] y en. — rentre) entre. 76 £ Le More. 469-470. s'éloigner plus qu'elles ne font du centre T, fi ce n'eft qu'il en defcende en leur place de celles du Ciel, ou d'autres terreftres, tout autant qu'il en faut pour la remplir ; ny reciproquement s'en approcher, qu'il n'en monte tout autant d'autres en leur place. En forte qu'elles font toutes oppofées les vnes aux autres, cha- cunes à celles qui doivent entrer en leur place, en cas qu'elles montent; & de mefme, à celles qui doivent y entrer, en cas qu'elles defcendent : ainfi que les deux coftez d'vne balance le font l'vn à l’autre. C'eft à dire que, comme l'vn des coftez de la balance ne peut fe haufler ny fe baiffer, que l'autre ne fafle au mefme inflant tout le contraire, & que toujours le plus pefant emporte l'autre : ainfi la pierre R, par exemple, eft tellement oppofée à la quantité d'air (juftement égale à fa grofleur), qui eft au deflus d'elle, & dont elle devroit occuper la place, en cas qu'elle s'éloignât davantage du centre T, qu'il faudroit neceffairement que cet air defcendit, à mefure qu'elle monteroit. Et de mefme auffi elle eft tellement oppofée à vne autre pareille quantité d'air, qui eft au deffous d'elle, & dont elle doit occuper la place en cas qu'elle s'approche de ce centre, qu'il eft befoin qu'elle defcende lors que cet air monte. Or il eft évident que, cette pierre contenant en foy beaucoup plus de la matiere de la Terre, & en recom- penfe en contenant d'autant moins de celle du Ciel, Gles… autres omis.— 6-7 cha- — 16 qui... dont] duquel. — cunes| chacune. — 7 leur] fa. 18 neceffairement omis. — 20 de — $ elle monte. — de mefme] mefme] derechef. — 23-24 que derechef. — 9 elle defcend. cet air] qu'il. 20: . 25 a dan ( D a 20 25 470-471. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 77 qu'vne quantité d'air d'égale eftenduë, & mefme fes parties terreftres eftant moins agitées par la matiere du Ciel que celle de cét'air : elle ne doit pas avoir la force de monter au deflus de Iuy, mais bien luy, au contraire, doit avoir | la force de la faire defcendre au deflous : en forte qu'il fe trouve leger, eftant comparé avec elle, au lieu qu'eflant comparé avec la matiere du Ciel toute pure, il eft pefant. Et ainfi vous voyez que chaque partie des corps terreftres ef preflée vers T : non pas indifferemment par toute la matiere qui l'environne, mais feulement par vne quantité de cette matiere, juftement égale à fa grofleur, qui, eftant au deffous, peut prendre fa place en cas qu'elle defcende. Ce qui eft caufe qu'entre les parties d'yn mefme corps, qu'on nomme Homogene, comme entre celles de l'air ou de l'eau, les plus bañles ne font point notablement plus preffées que les plus hautes ; & qu'vn homme, eftant au deflous d'vne eau fort profonde, ne la fent point davantage pefer fur fon dos, que s’il nageoit tout au deffus. Mais s'il vous femble que la matiere du Ciel, faifant ainfi defcendre la pierre R vers T, au deffous de l'air qui l'environne, la doive aufli faire aller vers 6, ou vers 7, ceft à dire vers l'Occident ou vers l'Orient, plus vite que cét air, en forte qu'elle ne defcende pas tout droit & à plomb, ainfi que font les corps pefans fur la vraye Terre : confiderez, premierement, que toutes les parties terreftres comprifes dans le cercle s, 6, 7, 8, eftant preflées vers T par la matiere du 5 doit... force omis. — G treuve. — 10 pas] point. — 23 doive doit. 78 LE MonpE. APT 47e) Ciel, en la façon que je viens d'expliquer, & ayant avec cela des figures fort irregulieres & diverfes, fe doivent joindre & accrocher les vnes aux autres, & ainfi ne compofer qu'vne mafle, qui eft emportée toute entiere par le cours du Ciel ABCD ; en telle forte que, pen- dant qu'elle tourne, celles de fes parties qui font, par exemple, vers 6, demeurent toujours vis à vis de celles qui font vers 2, & vers F, fans s'en écarter notable- ment ny çà ny là, qu'autant que les vents ou les autres caufes particulieres les y contraignent. |Et de plus remarquez, que ce petit Ciel ABCD tourne beaucoup plus vite que cette Terre; mais que celles de fes parties, qui font engagées dans Îles pores des corps terreftres, ne peuvent pas tourner notablement plus vite que ces corps autour du centre T, encore qu'elles fe meuvent beaucoup plus vite en divers autres fens, felon la difpofition de ces pores. Puis, afin que vous fçachiez, qu'encore que la ma- tiere du Ciel fafle approcher la pierre R de ce centre, à caufe qu'elle tend avec plus de force qu'elle à s'en éloigner, elle ne doit pas tout de mefme la contraindre de reculer vers l'Occident, bien qu'elle tende auñi avec plus de force qu'elle à aller vers l'Orient : con- fiderez que cette matiere du Ciel tend à s'éloigner du centre T, parce qu'elle tend à continuer fon mou- vement en ligne droite, mais qu'elle ne tend de l'Oc- cident vers l'Orient, que fimplement parce quelle tend à le continuer de mefme vitefle, & qu'il luy eft 1 en] à. — je] ie. — 8 après vent] remuënt. — 26 ef 28 parce] font] toujours ajouté. — 16 meu- pource. — 29 de mefme] en fa, 20 29 Sn À 472-473. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 79 d'ailleurs indifferent de fe trouver vers 6, ou vers 7. Or il eft évident qu'elle fe meut quelque peu plusen ligne droite, pendant qu'elle fait defcendre la pierre R vers T, qu'elle ne feroit en la laïffant vers R; mais elle ne pourroit pas fe mouvoir fi vite vers l'Orient, fi elle la faifoit reculer vers l'Occident, que fi elle la laiffe en fa place, ou mefme que fi elle la pouffe devant foy. Et toutesfois, afin que vous fçachiez auffi, qu'encore que cette matiere du Ciel ait plus de force à faire def- cendre cette pierre R vers T, qu'à y faire defcendre l'air qui l'environne, elle ne doit pas tout de mefme en avoir plus à la pouffer devant foy de l'Occident vers l'Orient, ny par confequent la faire mouvoir plus vite que l'air en ce fens là : confiderez qu'il y a juftement autant de cette matiere | du Ciel, qui agit contre elle pour la faire defcendre vers T, & qui y employe toute {a force, qu'il en entre de celle de la Terre en la compofition de fon corps; & que, d'autant qu'il y en entre beaucoup davantage, qu'en vne quantité d'air de pareille eftenduëé, elle doit eftre preffée beau- coup plus fort vers T, que n'eft cét air; mais que, pour la faire tourner vers l'Orient, c’eft toute la matiere du Ciel, contenué dans le cercle R, qui agit contre elle, & conjointement contre toutes les parties terreftres de l'air contenu en ce mefme cercle : en forte que, n'y en ayant point davantage qui agifle contre elle que contre cét air, elle ne doit point tourner plus vifte que luy en ce fens là. 1 treuver. — 2 meut|] remuë. tant] parce. — 23 R|] RK. — — 5 et 13 mouvoir) remuer. — 24 & omis. 14 que l'air omis. — 18 d’au- CHariTRe XII. Du flux € du reflux de la Mer.| 80 LE Monpe. 473-474. Et vous pouvez entendre de cecy, que les raifons dont fe fervent plufeurs Philofophes pour refuter le mouvement de la vraye Terre, n'ont point de force contre celuy de la Terre que je vous décris. Comme lors qu'ils difent que, fi la Terre fe mouvoit, les corps pefans ne devroient pas defcendre à plomb vers fon centre, mais plutoft s'en écarter çà & là vers le Ciel; & que les canons, pointez vers l'Occident, devroient porter beaucoup plus loin, qu'eftant pointez vers l'Orient; & que l’on devroit toujours fentir en l'air de grands vents, & oùir de grands bruits; & chofes fem- blables, qui n'ont lieu qu'en cas qu'on fuppofe qu'elle n'eft pas emportée par le cours du Ciel qui l'environne, mais qu'elle eft muë par quelqu'autre force, & en quel- qu'autre fens que ce Ciel. \Or, après vous avoir ainfi expliqué la pefanteur des parties de cette Terre, qui eft caufée par l'aétion de la matiere du Ciel qui eft en fes pores, il faut maintenant que je vous parle d'vn certain mouvement de toute fa mafle, qui eft caufé par la prefence de la Lune, comme auffi de quelques particularitez qui en dépendent. Pour cét effet, confiderez la Lune*, par exemple vers B, où vous pouvez la fuppofer comme immobile, à comparaifon de la vitefle dont fe meut la matiere du Ciel qui eft fous elle; & confiderez que cette matiere i7eftcaufée|arrive.—1S8main- — 22 Pour] à. — confiderez] tenant] aufli. — 20 caufé] pro- Voyez avant à cet eflet. — 23 la duit, — 20-21 comme aufli] &. pouvez. — 24 meut] remuë. a. Figure de la p. 74 ci-avant. Cette mème figure servira jusqu'à la p. 83 ci-après. 20 25 474-475. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 81 du Ciel, ayant moins d’efpace entre o & 6 pour y pafler, qu'elle n’en | auroit entre B & 6 (fi la Lune n'occupoit point l'efpace qui eft entre o & B), & par confequent s'y devant mouvoir vn peu plus vifte, elle ne peut manquer d'avoir la force de poufler quelque peu toute la Terre vers D, en forte que fon centre T s'éloigne, comme vous voyez, quelque peu du point M, qui eft le centre du petit Ciel ABCD : carilnya rien que le feul cours de la matiere de ce Ciel, qui la fouftienne au lieu où elle eft. Et parce que l'air $, 6,7, 8, & l'eau 1, 2, 3, 4, qui environnent cette Terre, font des corps liquides, il eft évident que la mefme force qui la preffe en cette façon, les doit aufñli faire baïfler vers T, non feulement du cofté 6,2, mais aufli de fon oppofé 8,4, & en recompenfe les faire haufler aux en- droits $,1, & 7,3 ; en forte que, la fuperficie de la Terre EFGH demeurant ronde, à caufe qu'elle eft dure, celle de l’eau 1,2,3,4, & celle de l'air $,6,7,8, qui font liquides, fe doivent former en ovale. Puis confiderez que la Terre, tournant cependant autour de fon centre, & par ce moyen faifant les jours, qu'on peut divifer en 24 heures, comme les nofîres, celuy de fes coftez F, qui eft maintenant vis à vis de la Lune, & fur lequel pour cette raifon l’eau 2 eft moins haute, fe doit trouver dans fix heures vis-à-vis du Ciel marqué C, où cette eau fera plus haute, & dans 2-3 signes de parenthèse omis. 8, 4] 8 &4. —16:5, 1, & 7,3] — 4 s'y] fe. — mouvoir/remuer. 5 & 1, & 7 & 3. — 19 doivent — 7 quelque peu omis. — 8 petit omis. — former] forment. — id. — 13 aufli id. — 14 : 6, 2] 6 25 treuver. & 2, — 15 oppofé| contraire. — : Œuvres. VI. Il trot. 82 LE Mon. 475-476. 12 heures vis-à-vis de l'endroit du Ciel marqué D, où l'eau derechef fera plus bafle. En forte que la Mer, qui eft reprefentée par cette eau 1,2,3,4, doit avoir fon flux & fon reflux autour de cette Terre, de fix heures en fix heures, comme elle a autour de celle que nous habitons. Confiderez aufli que, pendant que cette Terre tourne d'E par F vers G, c'’eft à dire de l'Occident par le Midy vers l'Orient, l'enflure de l’eau & de l'air qui demeure [vers 1 & $, & vers 3 et 7, pale de fa partie Orientale vers l'Occidentale, y faifant vn flux fans reflux, tout femblable à celuy qui, felon le rapport de nos Pilotes, rend la navigation beaucoup plus facile, dans nos mers, de l'Orient vers l'Occident, que de l'Occident vers l'Orient. Et pour ne rien oublier en cét endroit, adjoutons que la Lune fait en chaque mois le mefme tour que la Terre fait en chaque jour; & ainfi, quelle fait avancer peu à peu vers l'Orient les points 1, 2, 3, 4, qui mar- quent les plus hautes & les plus bafles marées : en forte que ces marées ne changent pas precifément de fix heures en fix heures, mais qu'elles retardent d'environ la cinquiéme partie d'vne heure à chaque fois, ainfi que font auffi celles de nos mers. Confiderez, outre cela, que le petit Ciel A BCDn'eft pas exactement rond, mais qu'il s'eftend avec vn peu plus de liberté vers À & vers C, & s y meut à propor- tion plus lentement que vers B, & vers D, où il ne peut pas fi aifément rompre le cours de la matiere de l’autre 1 marqué Domis.—4fonid.— (premier) 1d. — 26 vn peu omis. 10 vers(second)omis.—22heures — 27 meut]| remuë. — 28 &] ni. 20 25 > Pi nd tnt tt Chr RL A EE np o NRER gn ns Be ré ins héuiqnc des 20 25 476-477. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 83 Ciel qui le contient : en forte que la Lune, qui de- meure toujours comme attachée à fa fuperficie exte- rieure, fe doit mouvoir vn peu plus vifte, & s'écarter moins de fa route, & enfuite eftre caufe que les flux & les reflux de la Mer foient beaucoup plus grands, lors qu'elle eft vers B, où elle eft pleine, & vers D, où elle eft nouvelle, que lors qu'elle eft vers À, & vers C, où elle n'eft qu'à demy pleine. Qui font des particularitez que les Aftronomes obfervent aufli toutes femblables en la vraye Lune, bien qu'ils n'en puiffent peut-eftre pas fi facilement rendre raifon par les hypothefes dont ils fe fervent. | Pour les autres effets de cette Lune, qui different, quand elle eft pleine, de quand elle eft nouvelle, ils dépendent manifeftement de fa lumiere. Et pour les autres particularitez du flux & du reflux, elles dépen- dent en partie de la diverfe fituation des coftes de la Mer, & en partie des vents qui regnent aux temps & aux lieux qu'on les obferve. Enfin, pour les autres mouvemens generaux, tant de la Terre & de la Lune, que des autres Aftres & des Cieux, ou vous les pou- vez aflez entendre de ce que j'ay dit, ou bien ils ne fervent pas à mon fujet; & ne fe faifant pas en mefme plan que ceux dont j'ay parlé, je ferois trop long à les décrire. Si bien qu'il ne me refte plus icy qu'à expliquer cette aétion des Cieux & des Aftres, que j'ay tantoft dit devoir eftre prife pour leur Lumiere. 1en]de.—3mouvoir|remuer. 11 les hypothefes] l’hypotheze. — 4 eftre. que] faire. — 5 foient — 14 de] &. — 16 du (second) omis. — 10 peut-eftre omis. — omis.— 23-25 &... décrire omis. 2 CHaPiTRE XIII. [De la Lumiere.] 84 LE MONDE. 478. |J'ay déja dit plufieurs fois, que les corps qui tour- nenten rond, tendent toujours à s'éloigner des centres des cercles qu'ils décrivent; mais il faut icy que je détermine plus particulierement, vers quels coftez tendent les parties de la matiere, dont les Cieux & les Aftres font compofez. Et pour cela il faut fçavoir que, lors que je dis qu'vn corps tend vers quelque cofté, je ne veux pas pour cela qu'on s'imagine qu'il ait en foy vne penfée ou vne volonté qui l'y porte, mais feulement qu'il eft difpofé à fe mouvoir vers là : foit que veritablement il s'y meuve, foit plutoft que quelqu'autre corps l'en em- pefche ; & c’eft principalement en ce dernier fens que je me fers du mot de tendre, à caufe qu'il femble figni- fier quelque effort, & que tout effort préfupofe de la refiftance. Or, d'autant qu'il fe trouve fouvent diverfes caufes qui, agiffant enfemble contre vn mefme corps, empefchent l'eflet l'vne de l’autre, on peut, felon di- verfes confiderations, dire qu'vn mefme corps tend vers divers coftez en mefme temps : ainfi qu'il a tan- toft efté dit, que les parties de la Terre tendent à s’éloi- gner de fon centre, entant qu'elles font confiderées toutes feules ; & qu'elles tendent, au contraire, à s'en approcher, entant que l'on confidere la force des parties du Ciel qui les y poufle; & derechef, qu'elles 3 après icy] plus particuliè- 14 je] ie. — 13 &] car. — rement ajoulé (et omis ensuite 16 d'autant] parce. — trouve] 1. 4). —'5 de... les] des. — treuve. — 17 agiffant] agiffent. G les] des. — font compofez — 18 avant empefchent] & omis. — 7 pour. fcavoir] ajouté. — 19 qu'vn mefme] que fachez tncér effet. 6 reromice: 20 25 PET TE Ne CTI RS PIC PONT PP ET | | | k 20 23 478-480. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 8$ tendent à s'en éloigner, fi on les confidere comme oppofées à d'autres parties terreftres, qui compofent des corps plus mañlifs qu'elles ne font. Ainfi, par exemple*, la pierre qui tourne dans vne fronde | fuivant le cercle AB, tend vers C, lors quelle eft au point À, fi on ne confidere autre chofe que fon agitation toute feule; & elle tend circulairement d'A vers B, fi on confidere fon mouvement comme reglé & déterminé par la longueur de la corde qui la re- tient; & enfin la mefme pierre tend vers E, fi fans confiderer la partie de fon agitation dont l'eflet n'eft point empefché, on en oppofe l’autre partie à la refi- flance que luy fait continuellement cette fronde. Mais pour entendre diftinétement ce dernier point, imaginez-vous l'inclination qu'a cette pierre à fe mouvoir d'A vers C, comme fi elle eftoit compofée de deux autres, qui fuflent, l'vne de tourner fuivant le cercle AB, & l’autre de monter tout droit fuivant la ligne VXY; & ce en telle proportion, que, fe trou- vant à l'endroit de la fronde marqué V, lors que la fronde eft à l'endroit du cercle marqué A, elle fe deuft trouver par aprés à l'endroit marqué X, lors que la fronde feroit vers B, & à l'endroit marqué Y, lors qu'elle feroit vers F, & ainfi demeurer toujours en la ligne droite ACG. Puis, fçachant que l'vne des par- ties de fon inclination, à fçavoir celle qui la porte fui- vant le cercle AB, n'eft nullement empefchée par cette 4 Ainfi] Et ainfi. — par exem- 1S tout droit omis. — 20-21 que ple omis. — 8 confidere] ne con- la fronde] qu'elle. — 22 treuver. fidere que. — 10 pierre omis. — —paromis.—à|en.— 26 à omis. F a. Figure de la p. 46 ci-avant, 86 LE Monpe. 480: fronde, vous verrez bien qu’elle ne trouve de ref- flance que pour l’autre partie, à fçavoir pour celle qui la feroit mouvoir fuivant la ligne DVXY, fi elle n'eftoit point empefchée; & par confequent, qu'elle ne tend, c'eft à dire qu'elle ne fait effort, que pour s'éloigner directement du centre D. Et remarquez que, felon cette confideration, eftant au point A, elle tend fi veritablement vers E, qu'elle n'eft point du tout plus difpofée à fe mouvoir vers H que vers I, bien qu'on pourroit aifément fe perfuader le con- traire, fi on manquoit à confiderer la difference qui eft entre le mouvement qu'elle a déja, & l'inclination à fe mouvoir qui luy refte. Or vous devez penfer, de chacune des parties du fecond Element qui compofent les Cieux, tout le mefme que de cette pierre : c'eft à fçavoir, que celles qui font par exemple vers E, ne tendent de leur propre inclination que vers P; mais que la refiftance des autres parties du Ciel, qui font au deflus d'elles, les fait tendre, c’eft à dire les difpofe à fe mouvoir fui- vant le cercle ER. Et derechef, quecerte reñftanee: oppofée à l'inclination qu'elles ont de continuer leur mouvement en ligne droite, les fait tendre, c’eft à dire, eft caufe qu'elles font eflort pour fe mouvoir vers M. Et ainfi, jugeant de toutes les autres en mefme forte, vous voyez en quel fens on peut dire qu'elles tendent vers les lieux, qui font direétement oppofez au centre du Ciel qu'elles compofent. itreuve.—2à omis. —3-4fi... ment] facilement. — fe omis. empefchée id. — 5 qu'elle id. — 16 c’eft à id. — 171E] C. — — 10 pourroit| fe laiflàt, — aifé- 18 P] G. — 21 ERJVEF. 15 20 25 480-481. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 07 Mais ce qu'il y a encore en elles à confiderer de plus qu'en vne pierre qui tourne dans vne fronde, c'eft qu'elles | font continuellement pouffées, tant par toutes celles de leurs femblables qui font entre elles & l’Aftre qui occupe le centre de leur Ciel, que mefme par la matiere de cét Aftre, & qu'elles ne le font aucu- nement par les autres. Par exemple, que celles qui D ÉEPA GE à e ÉCCPECECECEPELECE ECC EE > rs FO ra + Po font vers E, ne font point pouflées par celles qui font vers M, ou vers T, ou vers R, ou vers K, ou vers H, mais feulement par toutes celles qui font entre les 1 ce qu'il] il. — 3 c'eft omis. — 6-7 aucunement] en aucune façon. —9TG—RI F. _ R voies Tv: 88 Le Monpe. 481-482. deux lignes AF, DG, & enfemble par la matiere du Soleil ; ce qui eft caufe qu'elles tendent, non feulement vers M, mais aufli vers L, & vers N, & generalement vers tous les points où peuvent parvenir les rayons, ou lignes droites, qui, venant de quelque partie du Soleil, paffent par le lieu où elles font. Mais, afin que l'explication de tout cecy foit plus facile, je defire que vous confideriez les parties du fecond Element toutes feules, & comme fi tous les efpaces qui font occupez par la matiere du premier, tant celuy où eft le Soleil que les autres, eftoient vuides. Mefmes, à caufe | qu'il n'y a point de meilleur moyen pour fçavoir fi vn corps eft pouffé par quelques autres, que de voir fi ces autres s'avanceroient actuel- lement vers le lieu où il eft, pour le remplir en cas qu'il fuft vuide, je defire aufli que vous imaginiez que. les parties du fecond Element qui font versE, en foient oftées; & cela pofé, que vous regardiez, en premier lieu, qu'aucunes de celles qui font au deflus du cercle TER, comme vers M, ne font point difpofées à remplir leur place, d'autant qu'elles tendent tout au contraire à s'en éloigner; puis aufli, que celles qui font en ce cercle, à fçavoir vers T, n'y font point non plus difpo- fées: car, encore bien qu'elles fe meuventveritablement de T vers G, fuivant le cours de tout le Ciel, toutes- fois, pource que celles qui font vers F, fe meuvent aufli avec pareille vitefle vers R, l'efpace E, qu'il faut imaginer mobile comme elles, ne laifferoit pas de 7 tout omis. — 17 en 1d. — — 24 bien qu'elles] que verita- 20 TER]F.E.G.— 21 d'autant) blemeént elles. — veritablement parce. — 23 à omis. — T] F. omis. —25 de T|\ d'F.—26F]G. 20 25 20 nn. … di 25 482-483. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 89 demeurer vuide entre G & F, s'il n'en venoit d'autres d'ailleurs pour le remplir. Et en troifiéme lieu, que celles qui font au deffous de ce cercle, mais qui ne font pas comprifes entre les lignes AF, DG, comme celles qui font vers H & vers K, ne tendent aufli aucu- nement à s'avancer vers cét efpace E pour le remplir, encore que l'inclination qu'elles ont à s'éloigner du point S les y difpofe en quelque forte : ainfi que la pe- fanteur d'vne pierre la difpofe, non feulement à def- cendre tout droit en l'air libre, mais aufli à rouler de travers fur le penchant d'vne montagne, en cas qu'elle ne puifle defcendre d'autre façon. Or la raifon qui les empefche de tendre vers cet efpace, eft que tous les mouvemens fe continuënt, autant qu'il eft poflible, en ligne droite; & par confe- quent, que, lors que la Nature a plufieurs voyes pour parvenir à vn mefme effect, elle fuit toujours infailli- blement la plus courte. Car | fi les parties du fecond Element qui font par exemple“ vers K, s'avançoient vers E, toutes celles qui font plus proches qu'elles du So- leil, s'avanceroient aufli au mefme inftant vers le lieu qu'elles quiteroient; & ainfi l'effet de leur mouvement ne feroit autre, finon que l'efpace E fe rempliroit, & qu'il y en auroit vn autre d'égale grandeur, en la cir- conference ABCD, qui deviendroit vuide en mefme temps. Mais il eft manifefte que ce mefme eflet peut fuivre beaucoup mieux, fi celles qui font entre les 2 d’ailleurs omis. — 5-6 aucu- les] en ajouté. — 13-14 de... nement] nullement. — 13 après efpace omis. — 17 vn omis. a. Figure de la p. 87 ci-avant. Œuvres. VI. 13 90 Le MONDE. 483-484. lignes AF, DG, s'avancent tout droit vers E; & par confequent, que, lors qu'il n'y a rien qui en empefche celles-cy, les autres n'y tendent point du tout : non plus qu'vne pierre ne tend jamais à defcendre obli- quement vers le centre de la terre, lors qu'elle y peut defcendre en ligne droite. Enfin confiderez que toutes les parties du fecond Element, qui font entre les lignes AF, DG, doivent s'avancer enfemble vers cét efpace E, pour le remplir au mefme inftant qu'il eft vuide. Car, encore quiln y ait que l'inclination qu'elles ont à s'éloigner du point S qui les y porte, & que cette inclination fafle que celles qui font entre les lignes BF, CG, tendent plus direttement vers la, que celles qui reftent entre les lignes AF, BF, & DG, CG : vous verrez neantmoins que ces dernieres ne laiffent pas d’eftre aufli difpofées que les autres à y aller, fi vous prenez garde à l'effet qui doit fuivre de leur mouvement, qui n'eft autre finon, comme j'ay dit tout maintenant, que l'efpace E fe rempliffe, & qu'il yenait vn autre d'égale grandeur, en la circonference ABCD, qui devienne vuide en mefme temps. Car, pour le changement de fituation qui leur arrive dans les autres lieux qu'elles remplif- foient auparavant, & qui en demeurent aprés encore pleins, il n'eft aucunement confiderable, d'autant quelles doivent eftre fuppofées fi égales & fi pareilles en tout les vnes aux autres, qu'il n importe de quelles parties chacun de ces lieux foit remply. Remarquez 7 confiderez| regardez. — $- 25 d'autant] parce. — 28 parties ofedoiventavancer.—15 neant- omis. moins|toutesfois.— 21 en] à. — 20 25 RUN RETENU AS EE) VOOR ST EE oT. à nie, ë È i È 20 25 484-485. TRAITÉ DE LA LUMIERE. OI neantmoins qu'on ne doit pas conclure de cecy qu'elles foient toutes égales, mais feulement que les mouve- mens dont leur inégalité peut eftre caufe, n'appar- tiennent point à l'action dont nous parlons. Orilnya point de plus court moyen pour faire qu vne partie de l'efpace E fe rempliffant, celuy par exemple qui eft vers D devienne vuide, que fi toutes les parties de la matiere, qui fe trouvent en la ligne droite DG, ou DE, s'avancent enfemble vers E; car s1l n'y avoit que celles qui font entre les lignes BF, CG, qui s avançaflent les premieres vers cét efpace E, elles en laifleroient vn autre au deffous d'elles vers V, dans lequel devroient venir celles qui font vers D':en forte que le mefme effet, qui peut eftre produit par le mouvement de la matiere qui eft en la ligne droite DG, ou DE, le feroit par le mouvement de | celle qui eft en la ligne courbe DVE; ce qui eft contraire aux loix de la Nature. Mais, fi vous trouvez icy quelque difficulté à com- prendre, comment les parties du fecond Element, qui font entre les lignes AF, DG, peuvent s'avancer toutes enfemble vers E, fur ce qu'y ayant plus de diftance entre À & D, qu'entre F & G, l'efpace où elles doivent entrer pour s avancer ainfi, eft plus eftroit que celuy d'où elles doivent fortir : confiderez que lation par laquelle elles tendent à s'éloigner du centre de leur Ciel, ne les oblige point à toucher celles de leurs voi- fines, qui font à pareille diftance qu'elles de ce centre, 8 treuvent. — 19 treuvez. — auancer. — 24 pour... ainfi] à 19-20 à... comment] touchant cét effet. — 28 qu'elles omis. la facon que. — 21 fe peuvent PE 92 LE More. 485-486. mais feulement à toucher celles qui en font d'vn de- gré plus éloignées. Ainfi que la pefanteur des petites boules 1, 2, 3,4, $, n'oblige point celles qui font mar- quées d'vn mefme chiffre à s'entretoucher, mais feu- lement oblige celles qui font marquées 1 ou 10, à s'appuyer fur celles qui font marquées 2 ou 20, & celles-cy fur celles qui font marquées 3 ou 30, & ainfi de fuite : en forte que ces petites boules peuvent bien n'eftre pas feulement arrangées comme vous les voyez en cette feptiéme figure*, mais aufli comme elles font en la huit | & neufiéme?, & en mille autres diverfes façons. Puis confiderez que ces parties du fecond Element, fe remuant feparément les vnes des autres, ainfi qu'il a efté dit cy-deffus qu'elles doivent faire, ne peuvent 8 que... boules] qu’elles. — 11 neufiéme. Æn note : qui font S-9 peuvent... feulement] ne les deux qui fuiuent. — diverfes peuvent pas feulement étre. — omis. — 15 cy| icy. 10 cette] la. — elles font omis. — a. La figure ci-dessus est numérotée « 7 F. », dans l'édition de 1677. b. Même remarque pour les trois figures suivantes, p. 93 et p. 94: «8.F, —9F.— 10F, » 10 486-487. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 03 jamais eftre arrangées comme les boules de la fep- tiéme figure ; & toutesfois, qu'il n'y a que cette feule façon, en laquelle la difficulté propofée puifle avoir quelque lieu. Car on ne fçauroit fuppofer fi peu d'in- 5 tervalle entre celles de fes parties qui font à pareille diftance du centre de leur Ciel, que cela ne fuffe pour concevoir que l'inclination qu'elles ont à s'éloi- gner de ce centre, doit faire avancer celles qui font entre les lignes AF, DG, toutes enfemble vers l'efpace 10 E, lors quil eft vuide : ainfi que vous voyez en la neu- fiéme figure, rapportée à la dixiéme, que la pefanteur |des petites boules 40, 30 &c., les doit faire defcendre 04 LE Monpe. 487. toutes en1emble vers l'efpace qu'occupe celle qui eft marquée 0, fi-toft que celle-cy en peut fortir. Et l'on peut icy clairement appercevoir, comment celles de ces boules qui font marquées d'vn mefme chiffre, fe rangent en vn efpace plus eftroit que neft celuy d'où elles fortent, à fçavoir en s'approchant l'vne de l'autre. On peut aufli appercevoir que les deux boules marquées 40 doivent defcendre vn peu plus vite, & s'approcher à proportion vn peu plus l'vne de l’autre, que les trois marquées 30, & cestrois, que, les quatre marquées 20, & ainfi des autres. En fuite dequoy, vous me direz peut-eftre, que, comme il paroift, en la dixiéme figure", que les deux boules 40, 40, aprés eftre tant foit peu defcenduës, viennent à s'entretoucher (ce qui eft caufe qu'elles s’ar- reftent fans pouvoir defcendre plus bas) : tout de mefme les parties du fecond Element qui doivent s'avancer 3 l'on] on. — 6 à omis. — 15-16 signes de parenthèse omis. — 17 fe doivent avancer. a. Figure ci-dessus de cette p. 94. “le - RES us. 20 25 30 487-488. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 9$ vers Es'arrefteront, avant que d'avoir achevé de remplir tout l'efpace que nous y avons fuppofé. Mais je répons à cela, qu'elles ne peuvent fi peu s'avanicer vers là, que ce ne foit aflez pour prouver parfaitement ce que j'ay dit : c'eft à fçavoir, que tout l'efpace qui y ef, eftant déja plein de quelque corps, quel qu'il puifie eftre, elles preflent continuellement ce corps, & font effort contre luy, comme pour le chaffer hors de fa place. Puis, outre cela, je répons que leurs autres mouve- mens, qui continuent en elles pendant qu'elles s’avan- cent ainfi vers E, ne leur permettant pas de demeurer vn feul moment arrangées en mefme forte, les empef- chent de s'entretoucher, ou bien font qu'aprés s'eftre touchées elles fe feparent incontinent derechef, & ainfi ne laiffent pas pour cela de s'avancer fans inter- ruption vers l'efpace E, jufques à ce qu'il foit tout remply. De forte qu'on ne peut conclure de cecy autre chofe, finon que la force dont elles tendent vers E, eft peut-eftre comme tremblante, & fe redouble & fe reläche à diverfes petites fecouffes, felon qu'elles changent de fituation : ce qui femble eftre vne proprieté fort convenable à la Lumiere. Or fi vous avez entendu tout cecy fuffifamment, en fuppofant les efpaces E &S, & tous les petits angles qui font entre les parties du Ciel, comme vuides, vous l'entendrez encore mieux, en les fuppofant eftre rem- plis de la matiere du premier Element. Car les parties de ce premier Element, qui fe trouvent en l’efpace E, ne peuvent empefcher que celles du fecond, qui font 3 à cela omis. — 5 c'eft à id. — 11 entelles 14. d'anatesa L'eRRe C'OPPENT 96 | Le Mon. 488-480. entre les lignes AF, DG, ne s avancent pour le rem- plir, tout de mefme que s'il eftoit vuide : à caufe qu'eftant extremement fubtiles, & extremement agi- tées, elles font toujours aufli preftes à fortir des lieux où elles fe trouvent, que puifle eftre aucun autre corps à y entrer. Et pour cette mefme raifon, celles qui oc- cupent les petits angles qui font entre les parties du Ciel, cedent leur place fans refiftance à | celles qui viennent de cét efpace E, & qui fe vont rendre vers le point S. Je dis plutoft vers S, que vers aucun autre lieu, à caufe que les autres corps, qui eftant plus vnis & plus gros ont plus de force, tendent tous à s'en éloigner. Mefmes il faut remarquer qu'elles paffent d'E vers S entre les parties du fecond Element qui vont d'S vers E, fans s'empefcher aucunement les vnes les autres. Ainfi que l'air, qui eft enfermé dans l'horloge XYZ, monte de Z vers X au travers du fable Y, qui ne laiffe pas pour cela de defcendre cependant vers Z. Enfin les parties de ce premier Element, qui fe trouvent* en l’efpace ABCD, où elles compofent le corps du Soleil, y tour- nant en rond fort promptement autour du point S, tendent à s'en éloigner de tous coftez en ligne droite, fuivant ce que je viens d'expliquer ; & par ce moyen toutes celles qui font en la ligne SD, pouflentenfemble 5 treuvent. — 0 qui omis. — 10 Je] Île. — 16 aucunement omis. — 22 treuvent. a. Figure de la p. 87 ci-avant. 20 25 né. 5 À É sn le à te id sms. dd bout DNS CS D dits. de à 20 DE 489-490. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 97 la | partie du fecond Element qui eft au point D; & toutes celles qui font en la ligne SA, pouflent celle qui eft au point A, & ainfi des autres. En telle forte que cela feul fuffiroit pour faire que toutes celles de ces parties du fecond Element qui font entre les lignes A F, DG, s'avançaflent vers l'efpace E, encore qu'elles n’y euflent aucune inclination d'elles-mefmes. Au refte, puis qu'elles doivent ainfi s'avancer vers cét efpace E, lors qu'il n'eft occupé que par la matiere du premier Element, il eft certain qu'elles tendent auffi à y aller, encore mefme qu'il foit remply de quel- qu'autre corps; & par confequent, qu'elles pouffent, & font effort contre ce corps, comme pour le chaffer hors de fa place. En forte que, fi c'eftoit l'œil d'vn homme qui fuft au point E, il feroit pouflé actuelle- ment, tant par le Soleil, que par toute la matiere du Ciel, qui eft entre les lignes AF, DG. Or il faut fçavoir que les hommes de ce nouveau Monde feront de telle nature, que, lors que leurs yeux feront pouflez en cette façon, ils en auront vn fenti- ment tout femblable à celuy que nous avons de la Lumiere, ainfi que je diray cy-aprés plus amplement. Mais je me veux arrefter encore vn peu en cét en- droit, à expliquer les proprietez de l'action dont leurs yeux peuvent ainfi eftre pouflez. Car elles fe rappor- tent toutes fi parfaitement à celles que nous remar- quons en la Lumiere, que, lors que vous les aurez 3 forte] facon. — 12 qu’elles — 18 Or] Et. — 20 en (second) pouffent omis.— 14c'eftoit] c'eft. omis. — 22 je) ie. — cy omis. — — 15 fuf] foit. — feroit| fera. 24 leurs] les. Œuvres. VI. 13 CuarPiTRE XIV. Des Proprietez de la Lumiere.| 98 Le Monpe. ; 490-401. confiderées, je m'aflure que vous avoüerez, comme moy, qu'il n'eft pas befoin d'imaginer, dans les Aftres ny dans les Cieux, d'autre Qualité que cette action, qui s'appelle du nom de Lumiere. Les principales proprietez de la Lumiere font : 1. qu'elle s'eftend en rond de tous coftez autour des corps qu'on nomme Lumineux. 2. Et à toute forte de diftance. 3. Et en vn inftant. 4. Et pour l'ordinaire en lignes droites, qui doivent eftre prifes pour les rayons de la Lumiere. $. Et que plufieurs de ces rayons, ve- nant de divers points, peuvent s’affembler en vn mefme point. 6. Ou, venant d'vn mefme point, peuvent s’aller rendre en divers points. 7. Ou, venant de divers points, & allant vers divers points, peuvent pañfler par vn mefme point, fans s'empefcher les vns les autres. 8. Et qu'ils peuvent aufi quelquefois s'empefcher Îles vns les autres, à fçavoir quand leur force eft fort iné- gale, & que celle des vns eft beaucoup plus grande que celle des autres. 0. Et enfin, qu'ils peuvent eftre détournez par reflexion. 10. Ou par refraction. 11.Et que leur force peut eftre augmentée, 12. ou diminuée, par les diverfes difpofitions ou qualitez de la matiere qui les reçoit. Voila les principales qualitez quon obferve en la Lumiere, qui conviennent toutes à cette action, ainfi que vous allez voir. 1. Que cette ation fe doive eftendre de tous coftez 2 pas] point.—3 d’autres qua- id. — 15les... autres 1d. — 17 à litez. — 5 après principales] de id. — 18-19 &... autres id. — ces ajouté. —de la Lumiere omis. 19 qu'enfin ils. — 21 que omis. — 8 Et(second)omis. — 12 point —peuteftreid.— 23-25 Voila. (2 fois) id.— 13-14 points (3 fois) voir 14, id. — 14 peuvent id. — 15 point 20 25 A LT LL LS ci 20 25 491-492. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 99 autour des corps lumineux, la raifon en eft évidente. à caufe que c'eft du mouvement circulaire de leurs parties qu'elle procede. 2. Il eft évident aufli, qu'elle peut s'eftendre à toute forte de diftance. Car, par exemple, fuppofant que les parties du Ciel, qui fe trouvent entre AF & DG, font déja d'elles-mefmes difpofées à s'avancer vers E, comme | nous avons dit qu'elles font, on ne peut pas douter non plus, que la force dont le Soleil pouffe celles qui font vers A BCD, ne fe doive auffi eftendre jufques à E, encore mefme qu'il y euft plus de diftance des vnes aux autres, qu'il n'y en a depuis les plus hautes Etoiles du Firmament jufques à nous. 3. Et fçachant que les parties du fecond Element, qui font entre A F & DG, fe touchent & preffent toutes l'vne l’autre autant qu'il eft pofible, on ne peut pas aufli douter que l'aétion, dont les premieres font pouflées, ne doive pañler en vn inftant jufques aux dernieres : tout de mefme que celle dont on pouffe l’vn des bouts d'vn bâton, pañle jufques à l’autre bout au mefme inftant. Ou plutof, afin que vous ne fafliez point de difficulté fur ce que ces parties ne font point attachées l'vne à l’autre, ainfi que le font celles d'vn bâton : tout de mefme qu'en la neufiéme figure*, la petite boule marquée $o defcendant vers 6, les autres marquées 10 defcendent aufli vers là au mefme inftant. 4. Quant à ce qui eft des lignes fuivant lefquelles fe 6 treuvent. — 9 non plus — 14 Et omis. — 16 pas 14. — omis. — 12 de l’une à l’autre. 23 le-1d. a. Seconde figure de la p. 93 ci-avant. 100 Le Mon. 492-403. communique cette action, & qui font proprement les rayons de la Lumiere, il faut remarquer qu'elles diffe- rent | des parties du fecond Element par l'entremife defquelles cette mefme action fe communique; & qu'elles ne font rien de materiel dans le milieu par où elles pañlent, mais qu elles defignent feulement en quel fens, & fuivant quelle détermination le corps Lu- mineux agit contre celuy qu'il illumine ; & ainfi, qu'on ne doit pas laiffer de les concevoir exaétement droites, encore que les parties du fecond Ele- ment, qui fervent à tranfmettre cette action, ou la Lumiere, ne puiffent pref- que jamais eftre fi directement pofées l'vne fur l’autre, qu'elles compofent des lignes toutes droites. Tout de mefme que vous pouvez aifément con- cevoir que la main A poufle le corps E fuivant la ligne droite AE, encore qu'elle ne le poufle que par eue du bâton BCD, qui eft tortu. Et tout de mefme auffi que la bore marquée 1, poufle celle qui eft marquée 7, par l'entremife des deux marquées s, s, aufli directement que par l’entremife des autres 2, 3, 4, 6. ÿ- 6. Vous pouvez aufli aifément concevoir comment plufieurs de ces rayons, venant de divers points, s'aflemblent en vn mefme point; ou, venant d'vn mefme point, fe vont rendre en divers points, fans s’'empefcher, ny dépendre les vns des 7 &.. détermination omis. — 25:5.6. après concevoir.— aifé- 11-12 cette... ouid.—2oaufli.— ment aufli. — 27, 28 point omis. 20 25 Th y ” Tr 10 20 492-493. TRAITÉ DE LA LUMIERE. IOI autres. Comme vous voyez en la fixiéme figure*, qu'il en vient plufieurs des points A BCD, qui s'affemblent au point E; & qu'il en vient plufieurs du feul point D, qui s'eftendent l'vn vers E, l’autre vers K, & ainfi vers vne infinité d'autres lieux. Tout de mefme que les diverfes forces dont on tire les cordes 1,2,3,4,5$,s'af- femblent toutes en|la poulie, &que la refiftance de cette poulie s'eftend à toutes les diverfes mains qui ti- rent ces cordes. 7. Mais pour concevoir comment plufeurs de ces rayons, venant de divers points, & allant vers divers points, peuvent pafler par vn mefme point, fans s'em- pefcher les vns les autres, comme, en cette fixiéme figure?, les deux rayons A N &DL pañfent parlepointE: il faut confiderer que chacune des parties du fecond Element eft capable de recevoir plufieurs divers mou- vemens en mefme temps; en forte que celle qui ef, par exemple, au point E, peut tout enfemble eftre pouflée vers L, par l'action qui vient de l'endroit du Soleil marqué D, & en mefme temps vers N, par celle qui vient de l'endroit marqué A. Ce que vous en- tendrez encore mieux, fi vous confiderez qu'on peut 1 VOUS voyezomis.—1-2qu'il.. lie] 15 ajouté. — 10 à] jufques à. plufieurs] les rayons qui vien- — 14 points, point omis. — nent. — 2 el 4 qui omis. — 15 les... autres td. — 18 divers 3 qu’il. vient id. — après plu- id. — 20 par exemple id. — fieurs| qui viennent ajouté. — 22 en... temps id. — 24 confi- 6 diverfes omis. — 8 après pou- a. Figure de la p. 87 ci-avant. b. 1bidem. derez] regardez. 102 LE MonpE. 494-495. pouffer l'air en mefme temps d'F vers G, d'H vers I, & de K | vers L, par les trois tuyaux FG, HI, KE, es que ces tuyaux R re ment vnis au point N,que tout L G l'air qui paffe par le milieu de chacun d'eux, doit neceffaire- N ment pañler aufli par le milieu des deux autres. F 'K 8. Et cette mefme compa- raifon peut fervir à expliquer, © comment vne forte Lumiere empefche l'effet de celles qui font plus foibles. Car, fi l'on poufle l'air beaucoup plus fort par F, que par H ny par K, il ne tendra point du tout vers I, ny vers L, mais feulement vers G. 9. 10. Pour la reflexion & la refraction, je les ay déja ailleurs * fuffifamment expliquées. Toutesfois, parce que je me fuis fervy pour lors de l'exemple du mou- vement d'vne bale, au lieu de parler des rayons de la Lumiere, afin de rendre par ce moyen mon difcours plus intelligible : il me refte encore icy à vous faire confiderer, que l’aétion ou l'inclination à fe mouvoir, qui eft tranfmife d'vn lieu en vnautre, par le moyen de plufieurs corps qui s'entretouchent, & qui fe trouvent fans interruption en tout l'efpace qui eft entre deux, fuit exatement la mefme voye, par où cette mefme ation pourroit faire mouvoir le premier de ces corps, 1 15 vers G feulement. — 16 la à l'errata: parce. — 18 je]ie. — (second) omis. — je] ie. — déja 24 qui (second) omis.—treuvent. omis.—17parce] pour ce corrigé — 26-27 cette... action] elle. a, Diorprrique, Disc. II. Tome VI de cette édition, p. 93-105 et p. 89-03. 20 25 20 25 495-406. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 103 ? fi les autres n'eftoient point en fon chemin; fans quil y ait aucune autre difference, finon qu'il fau- droit du temps à ce corps pour fe mouvoir, au lieu que l’action qui eft en luy peut, par l'entremife de ceux qui le touchent, s’eftendre jufques à toutes fortes de diftances en vn inftant. D'où il fuit que, comme vne bale fe refléchit, quand elle donne contre la muraille d'vn jeu de paume, & qu'elle fouffre refraction, quand elle entre obliquement dans de l'eau, ou qu'elle en fort : de mefme aufi, quand les rayons de la Lumiere rencontrent vn corps qui ne leur permet pas de pafñfer outre, ils doivent fe refléchir ; & quand ils entrent obli- quement en quelque lieu par où ils peuvent s'eftendre plus ou moins aifément, que par celuy d'où ils fortent, ils doivent aufli, au point de ce changement, fe dé- tourner & fouffrir refraétion. 11. 12. Enfin la force de la Lumiere eft non feule- ment plus ou moins grande en chaque lieu, felon la quantité des rayons qui s'y aflemblent, mais elle peut aufli eftre augmentée ou diminuée par les diverfes difpofitions des corps qui fe trouvent aux lieux par où elle pale. Ainfi que la viteffe d'vne bale ou d'vne pierre qu'on poufle dans l'air, peut eftre augmentée par les vents qui fouflent vers le mefme cofté qu'elle fe meut, & diminuée par leurs contraires. 2 autre omis. — 6 D'où... fuit] auffi] ainfi. — 13 fe peuvent & par confequent. —7 muraille! eftendre. — 15 au... del en. — / . paroy. — 10 de mefme omis. — 21 treuvent. — 25 meut| remuë. CHAPITRE XV. Que la face du Ciel de ce nouveau Monde doit paroifire à [es Habitans toute fem- blable à celle du Nofire.] 104 LE MonpeE. 496-490. Ayant ainfi expliqué la nature & les proprietez de l'aétion que j'ay prife pour la Lumiere, il faut aufi que j explique comment, par fon moyen, les Habitans de la Planete que j'ay fupofée pour la Terre, peuvent voir la face de leur Ciel toute femblable à celle du noftre. Premierement, il n'y a point de doute qu'ils ne doivent voir le corps marqué S tout plein de Lu- miere*, & femblable à noftre Soleil : veu que ce corps envoye des rayons de tous les points de fa fuperficie vers leurs yeux. Et parce qu'il eft beaucoup plus proche d'eux, que les Etoiles, il leur doit paroiftre beaucoup plus grand. Il eft vray que les parties du petit Ciel A BCD, qui tourne autour de la Terre, font quelque refiftance à ces rayons ; mais parce que toutes celles du grand Ciel, qui font depuis S jufques à D, les fortifient, celles qui font depuis D jufques à T, neftant à comparaifon qu'en petit nombre, ne leur peuvent ofter que peu de leur force. Et mefme toute l'action des parties du grand Ciel FGGF, ne fuffit pas pour empefcher que les rayons de plufieurs Etoiles fixes ne parviennent jufques à la Terre, du cofté qu'elle n eft point éclairée par le Soleil. | Car il faut fçavoir que les grands Cieux, c’eft à dire ceux qui ont vne Etoile fixe ou le Soleil pour leur centre, |quoy que peut-eftre aflez inégaux en grandeur, doivent eftre toujours exaétement d'égale force : en 1 Chapitre XV] Chap. XV 3 comment] comme.— 15 parce] & dernier. — la proprieté. — pour ce. a. Figure de la p. 70 ci-avant. 20 23 Étape 1 : È ! à $ 20 25 499. TRAITÉ DE LA LUMIERE. IO$ forte que toute la matiere qui eft, par exemple", en la ligne SB, doit tendre auf fort vers :, que celle qui eft en la ligne « B, tend vers S. Car, s'ils n'avoient entr eux cette égalité, ils fe détruiroientinfailliblement dans peu de temps, ou du moins fe changeroient juf- ques à ce qu'ils l’euffent acquife. Or puis que toute la force du rayon SB, parexemple, n'eft que juftement égale à celle du rayon & B, il eft manifefte que celle du rayon TB, qui eft moindre, ne peut empefcher la force du rayon :B de s'eftendre juf- -ques à T. Et tout de mefme il eft évident que l'Etoile A peut eftendre fes rayons jufques à la terre T ; d'autant que la matiere du Ciel, qui eft depuis A jufques à 2, leur ayde plus, que celle qui eft depuis 4 jufques à T ne leur refifte; & avec cela, que celle qui eft depuis 3 jufques à 4, ne leur ayde pas moins, que leur refifte celle qui eft depuis 3 jufques à 2. Et ainfi, jugeant des autres à proportion, vous pouvez entendre que ces Etoiles ne doivent pas paroiftre moins confufément arrangées, ny moindres en nombre, ny moins inégales entr'elles, que font celles que nous voyons dans le vray Monde. Mais il faut encore que vous confideriez, touchant leur arrangement, qu'elles ne peuvent quafi jamais paroiftre dans le vray lieu où elles font. Car, par exemple, celle qui eft marquée :, paroïft comme fi elle eftoitenlalignedroiteT B, & l'autre marquée A, comme 2, 3,8 et 10 €] e. — 10 la... évident omis. — 12 d'autant] rayon] cette autre. — 11 il... parce. — 26 <| e. a. Figure de la p. 55 ci-avant. Cette même figure servira jusqu'à la p. 108, ci-après. Œuvres. VI, 14 100 LE Monpe. 499-500. fi elle eftoit en la ligne droite T4: dont la raifon eftque, les Cieux eftant inégaux en grandeur, les fuperficies qui les feparent, ne fe trouvent quafi jamais tellement difpofées, que les rayons qui paflent au travers, pour aller de | ces Etoiles vers la Terre, les rencontrent à angles droits. Et lors qu'ils les rencontrent oblique- ment, il eft certain, fuivant ce qui a efté demontré en la Dioptrique, qu'ils doivent s'y courber, & fouffrir beaucoup de refraétion : d'autant qu'ils paffent beau- coup plus aifément par l'vn des coftez de cette fuper- ficie, que par l’autre. Et il faut fuppofer ces lignes TB, T 4, & femblables, fi extremement longues, à compa- raifon du diametre du cercle que la Terre décrit au- tour du Soleil, qu'en quelque endroit de ce cercle qu'elle fe trouve, les hommes qu’elle fouftient voyent toujours les Etoiles comme fixes, & attachées aux mefmes endroits du Firmament : c'eft à dire, pour vfer des termes des Aftronomes, qu'ils ne peuvent remar- quer en elles de paralaxes. Confiderez auffi, touchant le nombre de ces Etoiles, que fouvent vne mefme peut paroiftre en divers lieux, à caufe des diverfes fuperficies, qui détournent fes rayons vers la Terre. Comme icy, celle qui eft mar- quée A, paroift en la ligne T 4, par le moyen du rayon À 2 4T, & enfemble en la ligne Tf, par le moyen du rayon À 6 fT : ainfi que fe multiplient les objets qu on regarde au travers des verres, ou autres 1 fi... étoit omis. — droite /d. aucunes. — 20 de ces] des. — — 3 treuvent. — 9 d'autant] 23 celle] l'Etoile. — 25 f] 5. — parce. — 15 treuve. — 18 des . 27 verres] vitres corrigé à l’er- termes] du terme. — 19 de] rala : verres. 20 25 NT TR A AL oo LL a Late ' D : der dde, vi ” “Hé d 20 23 500-502. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 107 corps tranfparens, qui font taillez à plufeurs faces. De plus, confiderez, touchant leur grandeur, qu'en- core quelles doivent paroiftre beaucoup plus petites qu elles ne font, à caufe de leur extréme éloignement ; & mefme qu'il y en ait la plus grande partie, qui pour cette raifon ne doivent point paroiftre du tout; & d'autres, qui ne paroiffent qu entant que les rayons de plufieurs joints enfemble rendent les parties du Firma- ment par où ils paflent vn peu plus blanches, & fem- blables à certaines Etoiles que les Aftronomes appel- lent Nubileufes, ou à | cette grande ceinture de noftre Ciel, que les Poëtes feignent eftre blanchie du lait de Junon : toutesfois, pour | celles qui font les moins éloignées, il fuffit de les fuppofer environ égales à noftre Soleil, pour juger qu'elles peuvent paroiftre aufli grandes, que font les plus grandes de noftre Monde. | Car outre que, generalement, tous les corps qui envoyent de plus forts rayons contre les yeux des re- gardans, que ne font ceux qui les environnent, paroif- fent aufli plus grands qu'eux à proportion; & par con- fequent, que ces Etoiles doivent toujours fembler plus grandes que les parties de leurs Cieux égales à elles, & qui les avoifinent, ainfi que j'expliqueray cy-aprés : les fuperficies FG, GG, GF, & femblables, où fe font les refraétions de leurs rayons, peuvent eftre courbées de telle façon, qu'elles augmentent beaucoup leur 3 plus petites] moindres. — foin. — environ] qu'environ. 5 partie] part. — 6 point omis. — 24 &... avoifinent omis. — — du tout] en aucune façon. — 25 GG, GF] H II. — 23 de] 13 les] le. — 14 fuflit] n'eft be en. 108 LE Monpe. 502-503. grandeur; & mefme eftant feulement toutes plates, elles l'augmentent. Outre cela, il eft fort vray-femblable que ces fuper- ficies, eftant en vne matiere tres fluide, & qui ne ceffe jamais de fe mouvoir, doivent branler & ondoyer tou- jours quelque peu ; & par confequent, que les Etoiles qu'on voit au travers, doivent paroiftre étincelantes & comme tremblantes, ainfi que font les noîftres, & mefme, à caufe de leur tremblement, vn peu plus groffes : ainfi que fait l'image de la Lune, au fond d'vn la furface n'eft pas fort troubléeny agitée, mais lac dont feulement vn peu crefpée par le fouffle de quelque vent. Et enfin, il fe peut faire que, par fucceflion de temps, ces fuperficies fe changent vn peu, ou mefme aufli que quelques-vnes fe courbent aflez notablement en peu de temps, quand ce ne feroit qu'à l'occafion d'vne Co- mete quis’en approche; & par ce moyen, que plufeurs Etoiles femblent aprés vn long-temps eftre vn peu changées de place fans l’eftre de grandeur, ou vn peu changées de grandeur fans l'eftre de place ; & mefme, que quelques-vnes commencent aflez fubitement à paroiftre ou à difparoiftre, ainfi qu'on l'a vû arriver dans le vray Monde. Pour les Planetes & les Cometes qui font dans le mefme Ciel que le Soleil, fçachant que les parties du troifiéme Element dont elles font compofées, font 1 feulement eftant. — 3 fort] troublée ny omis. — 12 vn peu bien. — 4 tres] fort. — 7 après id. — après crefpée] tant foit paroïftre] aufli bien que les nô- peu ajouté. — 13 Et omis. — tres ajouté. — 8 ainfi.. noftres 14 après changent] aufli ajouté. omis. — 10 fond] bord. — 111a — 16 quand... feroit] ne fût-ce. furface] l'eau. — pas] point. — — 19-20 vn.. changées] l’eftre, 20 25 20 25 30 503-504. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 109 fi groffes, ou tellement jointes plufieurs enfemble, qu'elles peuvent refifter à l’action de la Lumiere : il eft aifé à entendre qu'elles doivent paroiftre par le moyen des rayons que le Soleil envoye vers elles, & qui fe refléchiflent de là vers la Terre. Ainfi que les objets opaques ou obfcurs qui font dans vne chambre, y peu- vent eftre vûs par le moyen des rayons que le flam- beau qui y éclaire, envoye vers eux, & qui retournent de là vers les yeux des regardans. Et avec cela, les rayons du Soleil ont vn avantage fort remarquable par- deflus ceux d'vn flambeau : qui confifte en ce que leur force fe conferve, ou mefme s'augmente de plus en plus, à mefure qu'ils s’éloignent du Soleil, jufques à ce qu'ils foient parvenus à la fuperficie exterieure de fon Ciel, à caufe que toute la matiere de ce Ciel tend vers là : au lieu que les rayons d'vn flambeau s’affoi- bliffent en s’éloignant, à raifon de la grandeur des fu- perficies fpheriques qu'ils illuminent, & mefme encore quelque peu plus, à caufe de la refiftance de l'air par où ils paffent. D'où vient que les objets qui font pro- ches de ce flambeau, en font notablement plus éclairez que ceux qui en font loin; & que les plus baffes Pla- netes ne font pas, à mefme proportion, plus éclairées par le Soleil, que les plus hautes, ny mefme que les Cometes, qui en font fans comparaifon plus éloignées. Or l'experience nous montre que le femblable arrive auffi dans le vray Monde; & toutesfois je ne croy pas [qu'il foit poflible d'en rendre raifon, fi on fuppofe que la Lumiere y foit autre chofe dans les objets, qu vne ation ou difpofition telle que je l’ay expliquée. Je dis 30 Je] Ie. [10 Le MoNpeE. 504. vne action ou difpofition. Car, fi vous avez bien pris garde à ce que j'ay tantoft demontré, que, fi l'efpace où eft le Soleil eftoit tout vuide, les parties de fon Ciel ne laifferoient pas de tendre vers les yeux des regardans en mefme façon que lors qu'elles font pouffées par fa matiere, & mefme avec prefque autant de force : vous pouvez bien juger qu'il n'a quafi pas befoin d’avoir en {oy aucune aétion, ny quafi mefme d'’eftre autre chofe qu'vn pur efpace, pour paroiftre tel que nous le voyons ; ce que vous eufliez peut-eftre pris auparavant pour vne propofition fort paradoxe. Au refte, le mou- vement qu'ont ces Planetes autour de leur centre eft caufe qu'elles étincellent, mais beaucoup moins fort & d'vne autre façon que ne fontles Etoiles fixes ; & parce que la Lune eft privée de ce mouvement, elle n'étin- celle point du tout. Pour les Cometes qui ne font pas dans le mefme Ciel que le Soleil, elles ne peuvent pas à beaucoup prés envoyer tant de rayons vers la Terre, que fi elles y eftoient, non pas mefme lors qu’elles font toutes preftes à y entrer ; & par confequent, elles ne peuvent pas eftre veuës par les hommes, fi ce n'eft peut-eftre quelque peu, lors que leur grandeur eft extraordinaire. Dont la raifon eft que, la plufpart des rayons que le Soleil envoye vers elles, font écartez çà &là, & comme diflipez par la refraction qu'ils fouffrent en la partie du Firmament par où ils pañlent. Car, par exemple, au lieu que la Comete C D, reçoit du Soleil, marqué S, 1 bien omis. — 6 mefme zd.— le ciel ajouté. — 21-22 elles. 7 et 8 quañi id. — 18 pas id. — pas omis. 20 y id. — après eftoient] dans 20 le hit bit Ke ur ET | 4 | ; £ Ê : 7, SLI S 504-505. TRAITÉ DE LA LUMIERE. Ft tous les rayons qui font entre les lignes SC, SD, & renvoye vers la Terre tous ceux qui font entre les lignes CT, DT : il faut penfer que | la Comete EF ne reçoit du mefme Soleil que les rayons qui font entre 5 les lignes SGE, SHF, à caufe que, paffant beaucoup 15 plus aifément depuis S jufques à la fuperficie GH que je prens pour vne partie du Firmament, qu'ils ne peu- vent pañler au delà, leur refraction y doit eftre fort grande, & fort en dehors. Ce qui en détourne plufieurs d'aller vers la Comete EF : veu principalement que cette fuperficie eft courbée en dedans vers le Soleil, ainfi que vous fçavez quelle doit fe courber, lors qu vne Comete s en approche. Mais encore qu'elle fuft toute plate, ou mefme courbée de l'autre cofté, la pluf- part des rayons que le Soleil luy envoyeroit, ne laifle- 3 EF]C.—5 SF] SG. CS. EC. — 6 H] E. — 9-10 Ce... aller omis. — 10 EF id. 112 Le Mon. 505-506. roient pas d'eftre empefchez par la refraétion, finon d'aller jufques à elle, au moins de retourner de là jufques à la Terre. Comme, par exemple, fuppofant la partie du Firmament IK eftre vne portion de Sphere dont le centre foit au point S, les rayons SIL, SKM, ne s'y doivent point du tout courber, en allant vers la Comete | LM; mais, en revanche, ils fe doivent beau- coup courber, en retournant de là vers la Terre : en forte qu'ils n'y peuvent parvenir que fort foibles, & en fort petite quantité. Outre que, cecy ne pouvant arriver que lors que la Comete eft encore affez loin du Ciel qui contient le Soleil (car autrement, fi elle en efltoit proche, elle feroit courber en dedans fa fuperficie), fon éloignement empefche aufli qu'elle n'en reçoive tant de rayons que lors qu'elle eft prefte à y entrer. Et pour les rayons qu'elle reçoit de l'Etoile fixe qui eft au centre du Ciel qui la contient, elle ne peut pas les renvoyer vers la Terre, non plus que la Lune, eftant nouvelle, n'y renvoye pas ceux du Soleil. Mais ce qu'il y a de plus remarquable touchant ces Cometes, c'eft vne certaine refraétion de leurs rayons, qui eft ordinairement caufe, qu'il en paroift quelques- vas en forme de queuë ou de chevelure autour d'elles. Ainfi que vous entendrez facilement, fi vous jettez les yeux fur cette figure : où S eft le Soleil, C vne Comete, EBG la Sphere qui, fuivant ce qui a efté dit cy-deflus, 3 Commeomis—4l1KiGE.— fhèseomis.—14aufliid.—18 après de) dela. —5S... MIN L.MK. ne]les ajouté. — pas] point. — —6enomis.—7LMIC.—Sen les omis. — 25-26 jettez... yeux] omis. — 12-14 signes de paren- regardez. — 27 cy] 1cy. 20 23 506. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 113 eft compofée des parties du fecond Element qui font les plus grofles & les moins agitées de toutes, & D A H L le cercle qui eft décrit par le mouvement annuel de la Terre ; & que vous penfiez, que le rayon qui vient de C 2 DA] D. A.F. Œuvres. VI. - Se [14 LE Mone. 506-508. vers B, paffe bien tout droit jufques au point À, mais qu'outre cela il commence au point B à s’élargir, & à fe divifer en plufieurs autres rayons, qui s'eftendent çà & là de tous coftez : en telle forte que chacun d'eux fe trouve d'autant plus foible, qu'il s'écarte davantage de celuy du milieu BA, qui eft le principal de tous, & le plus fort. Puis aufli, que le rayon CE commence eftant au point E à s'élargir, & à fe divifer auf en plu- fieurs autres, comme EH, EY, ES, mais que le prin- cipal & le plus fort de ceux-cy | eft EH, & le plus foible ES ; & tout de mefme, que CG pañle principale- ment de G vers 1, mais qu'outre cela il s'écarte auf vers S, & vers tous les efpaces qui font entre GI & GS; & enfin, que tous les autres rayons qui peuvent eftre imaginez entre ces trois CE, CB, CG, tiennent plus ou moins de la nature de chacun d'eux, felon |qu'ils en font plus ou moins proches. À quoy je pour- rois adjouter, qu'ils doivent eftre vn peu courbez vers le Soleil; mais cela n’eft pas tout à fait neceffaire à mon fujet, & j'obmets fouvent beaucoup de chofes, afin de rendre celles que j'explique d'autant plus fimples & plus aifées. Or, cette refrattion eftant fupofée, 1l eft manifefte que, lors que la Terre eft vers A, non feulement le rayon BA doit faire voir aux hommes qu'elle fouftient le corps de la Comete C; mais auf, que les rayons LA, KA, & femblables, qui font plus foibles que BA, venant vers leurs yeux, leur doivent faire paroiftre vne couronne ou chevelure de lumiere, éparfe également 2 et S à (second) omis. — 35 treuve. — 8 aufli omis. — 9 autres id. 20 25 MS LOS is de of net : A ARCS D LR ds 2 2 LS » 25 508-509. TRAITÉ DE LA LUMIERE. ve de tous coftez autour d'elle (comme vous voyez à l'en- droit marqué 11), au moins s'ils font aflez forts pour eftre fentis : ainfi qu'ils le peuvent eftre fouvent, ve- nant des Cometes, que nous fupofons eftre fort groffes, mais non pas venant des Planetes, ny mefme des Etoiles fixes, qu'il faut imaginer plus petites. Il eft manifefte aufi que, lors que la Terre eft vers M, & que la Comete paroift par le moyen du rayon CKHM, fa chevelure doit paroiftre par le moyen de Q M, & de tous les autres qui tendent vers M : en forte qu'elle s'eftend plus loin qu'auparavant vers la partie oppofée au Soleil, & moins, ou point du tout, vers celle qui le regarde, comme vous voyez icy 22. Et ainfi paroiflant toujours de plus en plus longue vers le cofté qui eft oppofé au Soleil, à mefure que la Terre eft plus éloi- gnée du point À, elle perd peu à peu la figure d'vne chevelure, & fe transforme en vne longue queuë, que la Comete traifne aprés elle. Comme, par exemple, la Terre eftant vers D, les rayons Q D, VD, la font paroiftre femblable à 33. Et la Terre eftant vers o, les rayons Vo, Eo, & femblables, la font | paroiftre encore plus longue; & enfin la Terre eftant vers Y, on ne peut plus voir la Comete, à caufe de l'interpofi- tion du Soleil, mais les rayons VY,E Y, & femblables, ne laiffent pas de faire encore paroiftre fa queuë, en forme d'vn chevron ou d'vne lance de feu, telle qu'eft icy 44. Et il eft à remarquer que la fphere EBG, neftant point toujours exattement ronde, ny aufli toutes les 1el2 signes de parenthèse omis. 18 par exemple omis. — 21 & — à... marqué id. — 13 icy femblables omis. — 27 icy omis. id. — 15 oppofé] contraire. — — eft à! faut. 116 Le Monpe. 56 Dre! autres qu'elle contient, ainfi qu'il eft aifé à juger de ce que nous avons expliqué, ces queuës ou lances de feu ne doivent point toujours paroiftre exattement droites, ny tout à fait en mefme plan que le Soleil. Pour la refraétion qui eft caufe de tout cecy,jecon- 5 fefle qu'elle eft d'vne nature fort particuliere & fort differente de toutes celles qui fe remarquent commu- nement ailleurs. Mais vous ne laifferez pas de voir clairement qu'elle fe doit faire en la façon que je viens de vous décrire, fi vous confiderez que la boule 10 n HE es D Jet M a ni R ee | À Lee | #5 à ; L j M H, eftant pouflée vers I, | poufle auffi vers là toutes celles quifontau deflous jufquesà K ; mais que celle-cy, | eftant environnée de plufieurs autres plus petites, comme 4, $, 6, ne poufle que j vers I; & cependant, 2 lances] chevrons corrigé à derez] regardez. — 11 vers là : l’errata : lances. — 10 confi- auf. 20 25 30 510-511. TRAITÉ DE LA LUMIERE. 117 qu'elle poufle 4 vers L, & 6 vers M, & ainfi des autres : en forte pourtant qu'elle pouffe celle du milieu $ beau- coup plus fort que les autres 4, 6, & femblables, qui font vers les coftez. Et tout de mefme, que labouleN, eftant pouffée vers L, pouffe les petites boules 1, 2,3, l'vne vers L, l'autre vers I, & l’autre vers M, mais avec cette difference, que c'eft 1 qu'elle pouffe le plus fort de toutes, & non pas celle du milieu 2. Et de plus, que les petites boules 1, 2, 3, 4, &e., eftant ainfien mefme temps toutes pouflées par les autres boules N,P,H,P, s'empefchent les vnes les autres de pouvoir aller vers les coftez L & M fi facilement que vers le milieu [. En forte que, fi tout l'efpace LIM eftoit plein de pareilles petites boules, les rayons de leur ation s y diftribue- roient en mefme façon, que j'ay dit que font ceux des Cometes au dedans de la Sphere EBG. |A quoy fi vous m'objeétez que l'inégalité qui eftentre (EPoulés NB FE P; 1,2, 7, 4, &c:, eft beaucoup plus grande, que celle que j'ay fuppofée entre les par- ties du fecond Element qui compofent la Sphere EBG, & celles qui font immediatement au deflous vers le Soleil : jerépons qu'on ne peut tirer de cecy autre confe- quence, finon qu'il ne fe doit pas tant faire derefraétion en cette Sphere E B G, qu'en celle que compofent les boules 1, 2, 3,4, &c.; mais, qu y ayant derechef de l'inégalité entre les parties du fecond Element qui font immediatement au deflous de cette Sphere EBG, & celles qui font encore plus bas vers le Soleil, cette re- fraction s'augmente de plus en plus, à mefure que les rayons penetrent plus avant : en forte qu elle peut bien io et 18 P (premier) omis. — 22 jelie. L18 LE MONDE. Sub eftre aufli grande, ou mefme plus grande, lors qu'ils parviennent à la Sphere de la Terre DAF, que celle de l'aion dont les petites boules 1, 2, 3, 4, &ce. font pouflées. Car il eft bien vrayfemblable, queles parties du fecond Element qui {ont vers cette Sphere de la Terre DAF, ne font pas moins petites, à comparaifon de celles qui font vers la Sphere E BG, que le font ces boules 1,2, 3,4, &e., à comparaifon des autres boules N, P,H,P. 9 P (premier) omis. — Après lignes de points que nous avons P et au-dessous : FIN. (Edit. ajoutées. 1064 et 1677.) Sans les deux EALOMNRE DE RENÉ DESCARTES: Ces hommes? feront compofez, comme nous, d'vne Ame & d'vn Corps. Etil faut que ie vous décriue, pre- mierement, le corps à part, puis apres, l'ame aufli à a. Nous donnons ici le titre de Clerselier, et en haut des pages la pagi- nation du volume de 1664, où se trouve imprimé pour la première fois ce Traité. C’est bien la suite du Traité précédent, comme le prouvait cette indication du MS. : Chapitre XVIII, que Clerselier mentionne dans sa Préface, et que nous rétablissons ici, sur sa déclaration, bien que lui- même l'ait supprimée, Les figures n'étant pas de Descartes, nous ne les avons pas insérées dans le texte, à l’exception d’une, cependant, la seule qui ait été trouvée dans les papiers du philosophe; toutes les autres ont été rejetées ensemble à la suite de ce Traité, qu'elles soient de Gérard van Gutschoven G, ou de Louis de la Forge F, ou mème de Florent Schuyl S. De même, la divi- sion en articles et les titres de ces articles ne se trouvant pas non plus dans le MS., et Clerselier déclarant que cette addition est de lui, nous les supprimerons aussi du texte même, et ne les donnerons qu'à titre de ren- seignements, après les figures. Enfin la traduction latine, publiée d'abord par Florent Schuyl, a été faite sur une copie qui parait avoir différé quelque peu de l'original; ces différences ne sont pas, à proprement parler, des variantes : aussi ne doivent-elles pas figurer au bas de chaque page, ni accompagner le texte. Toutefois, comme elles peuvent être utiles à connaitre, nous les indiquerons en appendice. b. Voir ci-avant, p. 97, l. 18-22; et aussi t. VI, p. 45, 1. 23,ett. V, p. 112, 1. 14, etc. Voir aussi t. I, p. 254-255 et p. 263. CHAPITRE XVIII. 120 Le Monpe. TR part; & enfin, que ie vous monftre comment ces deux Natures doiuent eftre iointes & vnies, pour compofer des hommes qui nous reffemblent. le fuppofe que le Corps n'eft autre chofe qu'vne fta- tuë ou machine de terre, que Dieu forme tout exprés, pour la rendre la plus femblable à nous qu'il eft pof- fible : en forte que, non feulement il luy donne au de- hors la couleur & la figure de tous nos membres, mais aufli qu'il met au dedans toutes les pieces qui font requifes pour faire qu'elle marche, qu'elle mange, qu'elle refpire, & enfin qu'elle imite toutes celles de nos fonétions qui peuuent eftre imaginées proceder de la matiere, & ne dependre que de la difpofition des organes. Nous voyons des horloges, des fontaines artifi- cielles, des moulins, & autres femblables machines, qui n'eftant faites que par des hommes, ne laiffent pas d’auoir la force de fe mouuoir d’elles-mefmes en plufieurs diuerfes façons ; & il me femble que ie ne fçaurois imaginer tant de fortes de mouuemens en celle-cy, que ie fuppofe eftre faite des mains de Dieu, ny luy attribuer tant d'artifice, que vous n'ayez fujet de penfer, qu'il y en peut auoir encore dauantage. Or ie ne m'arrefteray pas à vous décrire les os, les nerfs, les mufcles, les venes, les arteres, l'eftomac, le foye, la rate, le cœur, le cerueau, ny toutes les autres diuerfes pieces dont elle doit eftre compofée; car ie les fuppofe du tout femblables aux parties de noftre Corps qui ont les mefmes noms, & que vous pouuez vous faire monftrer par quelque fçauant Anatomifte, 20 25 30 PR ren dé dent ad ddr de nn cdd à Mec de nd ce ce à ne de 23 _ 30 3 TRAITÉ DE L'HOMME. 21 au moins celles qui font aflez groffes pour eftre veües, fi vous ne les connoiffez defia aflez fuffifamment de vous mefme. Et pour celles qui à caufe de leur petiteffe font inuifibles, ie vous les pourray plus facilement & plus clairement faire connoiftre, en vous parlant des mouuemens qui en dependent; fi bien qu'il eft feule- ment icy befoin que 1'explique par ordre ces mouue- mens, & que ie vous die par mefme moyen quelles font celles de nos fonctions qu'ils reprefentent. Premierement, les viandes fe digerent dans l'efto- mac | de cette machine, par la force de certaines li- queurs, qui, fe gliffant entre leurs parties, les feparent, les agitent, & les échauffent : ainfi que l'eau commune fait celles de la chaux viue, ou l’eau forte celles des metaux. Outre que ces liqueurs, eftant apportées du cœur fort promptement par les arteres, ainfi que ie vous diray cy-apres, ne peuuent manquer d'eftre fort chaudes. Et mefme les viandes font telles, pour l'or- dinaire, qu'elles fe pouroient corrompre & échauffer toutes feules : ainfi que fait le foin nouueau dans la grange, quand on l'y ferre auant qu'il foit fec. Et fçachez que l'agitation que reçoiuent les petites parties de ces viandes en s'échauffant, iointe à celle de l'eftomac & des boyaux qui les contiennent, & à la difpofition des petits filets dont ces boyaux font compofez, fait qu'à mefure qu'elles fe digerent, elles defcendent peu à peu vers le conduit par où les plus groflieres d'entr'elles doiuent fortir ; & que cependant les plus fubtiles & les plus agitées rencontrent çà & la vne infinité de petits trous, par où elles s'écoulent dans les rameaux d'vne grande vene qui les porte vers le Œuvres. VI. 10 [22 Le MonLeE. 3-4. foye*, & en d'autres qui les portent ailleurs, fans qu'il y ait rien que la petitefle de ces trous, qui les fepare des plus grofleres : ainfi que, quand on agite de la fa- rine dans vn fas, toute la plus pure s'écoule, &iln'ya rien que la petitefle des trous par où elle pañfe, qui empefche que le fon ne la fuiue. Ces plus fubtiles parties des viandes eftant inégales, & encore imparfaitement meflées enfemble, compo- fent vne liqueur qui demeureroit toute trouble & toute |blanchaftre, n’eftoit qu vne partie fe méle incontinent auec la mafle du fang, qui eft contenuë dans tous les rameaux de la vene nommée Porte (qui reçoit cette li- queur des inteftins), dans tous ceux de la vene nommée a. Remarque de Louis de la Forge (1664): « Dans les rameaux d’vne » grande vene qui les porte vers le foye, p. 3, 1. 21. Il femble, par ce » paffage, que Monfieur Defcartes ait voulu que le chyle fuft porté au » foye par les anciennes venes Meferaïques; car les venes blanches » d’Afellius ne s’affemblent pas dans le tronc d'aucune grande vene, mais » fe vont rendre dans le receptacle du chyle de Monfieur Pecquet, lequel » ne va pas au foye. C’eft pourquoy ce feul paffage eft fuffifant pour faire » voir qu'il y a long-temps que ce Traitté eft fait : car il est indubitable » que, s’il euft écrit icy fuiuant les dernieres connoïffances qu'il a eües, il » auroit fuiuy les experiences d'Afellius & de Monfieur Pecquet, qui ne » luy ont pas efté inconnües (puis qu’il en parle dans le fecond Traitté, & » quelque part dans fes Lettres), & qui ne permettent plus de douter que » le chyle ne foit porté tout entier au cœur, ou du moins la plus grande » partie... » (Page r80-1.) Descartes cite, en effet, Asellius dans son Traité de la Formation du Fœtus (édit. Clerselier, p. 152), que Louis de la Forge appelle ici « le » fecond Traitté ». Mais il ne cite point Pecquet, et s’il connut la décou- verte de celui-ci sur le chyle, ce ne fut que par des conversations ou par des lettres, l’opuscule de Pecquet n'ayant été imprimé qu'après la mort du philosophe : Johannis Pecquet Dieppæi ExPErIMENrA Nova ANa- TOMICA, Quibus Incognitum hadenus Chyli Receptaculum, & ab eo per Thoracem in ramos ufque Subclavios Vafa Ladlea deteguntur. Ejufdem Differtatio Anatomica, De Circulatione Sanguinis, € Chy li Motu. (Har- dervici, apud Joannem Tollium. Juxta exemplar Parifiis impreffum Anno MDCLI.) Pet. in-12, pp. 204. 20 23 30 TRAITÉ DE L'HOMME. 123 Caue (qui la conduit vers le cœur), & dans le foye, ainfi que dans vn feul vaiffeau. Mefmes il eft icy à remarquer que les pores du foye font tellement difpofez, que lors que cette liqueur entre dedans, elle s'y fubtilife, s'y elabore, y prend la couleur, & y acquiert la forme du fang : tout ainfi que le fuc des raifins noirs, qui eft blanc, fe conuertit en vin clairet, lors qu'on le laifle cuuer fur la rafpe. Or ce fang, ainfi contenu dans les venes, n'a qu'vn feul paffage manifefte par où il en puiffe fortir, fçauoir celuy qui le conduit dans la concauité droite du cœur. Et fçachez que la chair du cœur contient dans fes pores vn de ces feux fans lumiere, dont ie vous ay parlé cy-deflus, qui la rend fi chaude & fi ardente, qu'à mefure qu'il entre du fang dans quelqu'vne des deux chambres ou concauitez qui font en elle, il s'y enfle promptement, & s'y dilate : ainfi que vous pourez ex- perimenter que fera le fang ou le laiét de quelque ani- mal que ce puifle eftre, fi vous le verfez goutte à goutte dans vn vafe qui foit fort chaud. Et le feu qui eft dans le cœur de la machine que ie vous décris, n'y fert à autre chofe qu'à dilater, échauffer, & fubtilifer ainfi le fang, qui tombe continuellement goutte à goutte, par vn tuyau de la vene caue, dans la concauité de fon cofté droit, d’où il s’exhale dans le poulmon; & de la vene du poulmon, que les Anatomiftes ont nommé l’Artere Veneufe, dans fon | autre concauité, d'où il fe diftribuë par tout le corps. La chair du poulmon eft fi rare & fi molle, & tou- fours tellement rafraifchie par l'air de la refpiration, qu'à mefure que les vapeurs du fang, qui fortent de la 124 LE MONDE. 5-6. concauité droite du cœur, entrent dedans par l'artere que les Anatomiftes ont nommé la Vene arterieufe, elles s'y épaififfent & conuertiflent en fang derechef; puis de là tombent goutte à goutte dans la concauité gauche du cœur ; où fi elles entroient fans eftre ainf derechef épaiflies, elles ne feroient pas fuffifantes pour feruir de nourriture au feu qui y ef. Et ainfi vous voyez que la refpiration, qui fert feu- lement en cette machine à y épaiflir ces vapeurs, n'eft pas moins neceflaire à l'entretenement de ce feu, que l'eft celle qui eft en nous, à la conferuation de noftre vie, au moins en ceux de nous qui font hommes for- mez ; car pour les enfans, qui eftans encore au ventre de leurs meres ne peuuent attirer aucun air frais en refpirant, ils ont deux conduits qui fupléent à ce defaut : l'vn par où le fang de la vene caue pañfe dans la vene nommée artere, & l’autre par où les vapeurs, ou le fang rarefié de l'artere nommée vene, s exhalent & vont dans la grande artere. Et pour les animaux qui n’ont point du tout de poulmon, ils n'ont qu'vne feule concauité dans le cœur; ou bien, s'ils y en ont plu- fieurs, elles font toutes confecutiues l'vne à l’autre. Le pouls, ou battement des arteres, depend des onze petites peaux, qui, comme autant de petites portes, ferment & ouurent les entrées des quatre vaifleaux qui regardent dans les deux concauitez du cœur; car au moment qu'vn de ces battemens ceffe, & qu vn autre eft preft de commencer, celles de ces petites portes qui font aux entrées des deux arteres, fe trouuent exacte- ment fermées, & celles qui font aux entrées des deux venes, fe trouuent ouuertes : fi bien qu'il ne peut man- 25 30 UE SR RTE 20 25 30 6-7. TRAITÉ DE L'HOMME. 125 quer de tomber auffi-toft deux gouttes de fang par ces deux venes, vne dans chaque concauité du cœur. Puis ces gouttes de fang fe rarefiant, & s'étendant tout d'vn coup dans vn efpace plus grand fans comparaifon que celuy qu'elles occupoient auparauant, pouflent & fer- ment ces petites portes qui font aux entrées des deux venes, empefchant par ce moyen qu'il ne defcende da- uantage de fang dans le cœur, & pouflent & ouurent celles des deux arteres, par où elles entrent promp- tement & auec effort, faifant ainfi enfler le cœur & toutes les arteres du corps en mefme temps. Mais in- continent apres, ce fang rarefié fe condenfe derechef, ou penetre dans les autres parties ; & ainfi le cœur & les arteres fe defenflent, les petites portes qui font aux deux entrées des arteres fe referment, & celles qui font aux entrées des deux venes fe rouurent, & donnent paflage à deux autres gouttes de fang, qui font derechef enfler le cœur & les arteres, tout de mefme que les precedentes. Sçachant ainfi la caufe du pouls, il ef ayfé à enten- dre que, ce n'eft pas tantle fang contenu dans les venes de cette machine, & qui vient nouuellement de fon foye, comme celuy qui eft dans fes arteres, & qui a defia efté diftillé dans fon cœur, qui fe peut attacher à fes autres parties, & feruir à reparer ce que leur agitation continuelle, & les diuerfes actions des autres corps qui les | enuironnent, en détachent & font fortir : car le fang qui eft dans fes venes s'écoule toufiours peu à peu de leurs extremitez vers le cœur (& la difpofition de certaines petites portes, ou valvules, que les Ana- tomiftes ont remarquées en plufieurs endroits le long 120 Le More. 758. de nos venes, vous doit affez perfuader qu'il arriue en nous tout le femblable); mais, au contraire, celuy qui eft dans fes arteres eft pouflé hors du cœur auec effort, & à diuerfes petites fecoufles, vers leurs extremitez : en forte qu'il peut facilement s’aller ioindre & vnir à tous fes membres, & ainfi les entretenir, ou mefme les faire croiftre, fi elle reprefente le corps d'vn homme qui y foit difpofé. Car, au moment que les arteres s'enflent, les petites parties du fang qu’elles contiennent vont choquer çà & là les racines de certains petits filets, qui, fortans des extremitez des petites branches de ces arteres, compofent les os, les chairs, les peaux, les nerfs, le cerueau, & tout le refte des membres folides, felon les diuerfes façons qu'ils fe ioignent ou s'entrelacent : & ainfi elles ont la force de les pouffer quelque peu de- uant foy, & de fe mettre en leur place; puis, au mo- ment que les arteres fe defenflent, chacune de ces par- ties s'arrefte où elle fe trouue, & par cela feul y eft jointe & vnie à celles qu'elle touche, fuiuant ce qui a efté dit cy-deflus. Or, fi c'eft le corps d'vn enfant que noftre machine reprefente, fa matiere fera fi tendre, & fes pores fi ay- fés à élargir, que les parties du fang qui entreront ainfi en la compofition des membres folides, feront communement vn peu plus grofles, que celles en la place de | qui elles fe mettront; ou mefme il arriuera que deux ou trois fuccederont enfemble à vne feule, ce qui fera caufe de fa croiffance. Mais cependant la matiere de fes membres fe durcira peu à peu, en forte qu'apres quelques années fes pores ne fe pouront plus 20 25 30 : A LE Lu LS d Lan ed dt in ici at lt ar A eèe LES 2 Dé ‘CR VISE - Lt ni 20 23 30 8-0. TRAITÉ DE L'HOMME. 127 tant élargir ; & ainfi, ceffant de croiftre, elle reprefen- tera le corps d'vn homme plus aagé. Au refte 1l n'y a que fort peu de parties du fang, qui fe puiflent vnir à chaque fois aux membres folides en la façon que ie viens d'expliquer; mais la pluf-part retournent dans les venes par les extremitez des ar- teres, qui fe trouuent en plufieurs endroits iointes à celles des venes. Et des venes il en pañle peut-eftre aufli quelques parties en la nourriture de quelques membres ; mais la pluf-part retournent dans le cœur, puis de là vont derechef dans les arteres: en forte que le mouuement du fang dans le corps n'eft qu'vne cir- culation perpetuelle. De plus il y a quelques-vnes des parties du fang qui fe vont rendre dans la rate, & d’autres dans la veficule du fiel; & tant de la rate & du fiel, comme immediate- ment des arteres, il y en a qui retournent dans l'efto- mac & dans les boyaux, où elles feruent comme d'eau forte pour ayder à la digeftion des viandes ; & pource qu'elles y font apportées du cœur quafi en vn moment par les arteres, elles ne manquent iamais d’eftre fort chaudes ; ce qui fait que leurs vapeurs peuuent mon- ter facilement par le gofier vers la bouche, & y com- pofer la faliue. Il y en a auffi qui s'écoulent en vrine au trauers de la chair des rognons, ou en fueur & autres excremens au trauers de toute la peau. Et en tous ces lieux, | c'eft feulement, ou la fituation, ou la figure, ou la petiteffe des pores par où elles pañlent, qui fait que les vnes y pañfent plutoft que les autres, & que le refte du fang ne les peut fuiure : ainfi que vous pou- uez auoir veu diuers cribles, qui, eflant diuerfement 128 Le More. 9-10. percez, feruent à feparer diuers grains les vns des autres. Mais ce quil faut icy principalement remarquer, c'eft que toutes les plus viues, les plus fortes, & les plus fubtiles parties de ce fang, fe vont rendre dans les concauitez du cerueau; d'autant que les arteres qui. les y portent, font celles qui viennent du cœur le plus en ligne droite de toutes, & que, comme vous fçauez, tous les corps qui fe meuuent tendent chacun, autant qu'il eft pofible, à continuer leur mouuement en ligne droite. Voyez, par exemple, le cœur A (Fig. r), & penfez que, lors que le fang en fort auec effort par l'ouuer- ture B, il n'y a aucune de fes parties qui ne tende vers C, où font les concauitez du cerueau; mais que, le paf- |fage n'eftant pas aflez grand pour les y porter toutes, les plus foibles en font détournées par les plus fortes, qui par ce moyen s y vont rendre feules. Vous pouuez aufli remarquer en pañlant, qu'aprés celles qui entrent dans le cerueau, il n'y en a point de plus fortes ny de plus viues, que celles qui fe vont rendre aux vaifleaux deftinez à la generation. Car, par exemple, fi celles qui ont la force de paruenir iufques à D, ne peuuent aller plus auant vers C, à caufe quil n'y a pas aflez de place pour toutes, elles retournent plutoft vers E, que vers F ny vers G, d'autant que le pañlage y eft plus droit. En fuite de quoy ie pourrois peut-eftre vous faire voir, comment, de l'humeur qui s'affemble vers E, il fe peut former vne autre machine, toute femblable à celle-cy ; mais ie ne veux pas entrer plus auant en cette matiere. 10 20 25 30 LA Là = 12: CONTOUR 2 + ‘an 20 25 30 Nasri TRAITÉ DE L'HOMME. 129 Pour ce qui eft des parties du fang qui penetrent iufqu'au cerueau, elles n'y feruent pas feulement à nourir | & entretenir fa fubftance, mais principalement aufli à y produire vn certain vent tres fubtil, ou plu- toft vne flame tres viue & tres pure, qu'on nomme les Efprits animaux. Car il faut fçauoir, que les arteres qui les apportent du cœur, apres s’'eflre diuifées en vne infinité de petites branches, & auoir compofé ces pe- tits tiflus, qui font eftendus comme des tapifferies au fond des concauitez du cerueau, fe raflemblent autour d'vne certaine petite glande, fituée enuiron le milieu de la fubftance de ce cerueau, tout à l'entrée de fes concauitez; & ont en cet endroit vn grand nombre de petits trous, par où les plus fubtiles parties du fang qu'elles contiennent, fe peuuent écouler dans cette glande, mais qui font fi étroits, qu'ils ne donnent aucun paflage aux plus groflieres. Il faut auffi fçauoir, que ces arteres ne s'arreftent pas là, mais que, s'y eftant affemblées plufieurs en vne, elles montent tout droit, & fe vont rendre dans ce grand vaiffeau qui eft comme vn Euripe, dont toute la fuperficie exterieure de ce cerueau ef arrofée. Et de plus il faut remarquer, que les plus groffes parties du fang peuuent perdre beaucoup de leur agitation, dans les detours des petits tiflus par où elles paffent : d'au- tant qu'elles ont la force de poufler les plus petites qui font parmy elles, & ainfi de la leur transferer ; mais que ces plus petites ne peuuent pas en mefme façon perdre la leur, d'autant qu'elle ef mefme augmentée par celle que leur transferent les plus groffles, & qu'il n'y a point d’autres corps autour Œuvres. VI, 1% 130 LE Monpe. 11e d'elles, aufquels elles puiffent fi aifement la transferer. | D'où il ef facile à conceuoir que, lors que les plus grofles montent tout droit vers la fuperficie exterieure du cerueau, où elles feruent de nourriture à fa fub- flance, elles font caufe que les plus petites & les plus agitées fe détournent, & entrent toutes en cette glande : qui doit eftre imaginée comme vne fource fort abondante, d'où elles coulent en mefme temps de tous coftez dans les concauitez du cerueau. Et ainfi, fans autre preparation, ny changement, finon qu elles font feparées des plus groflieres, & qu'elles retiennent encore l'extreme vitefle que la chaleur du cœur leur a donnée, elles ceflent d’auoir la forme du fang, & fe nomment les Efprits animaux. Or, à mefure que ces efprits entrent ainfi dans les concauitez du cerueau, ils paffent de là dans les pores de fa fubftance, & de ces pores dans les nerfs; où felon qu'ils entrent, ou mefme feulement qu'ils ten- dent à entrer, plus ou moins dans les vns que dans les autres, ils ont la force de changer la figure des mufcles en qui ces nerfs font inferez, & par ce moyen de faire mouuoir tous les membres. Ainfi que vous pouuez auoir veu, dans les grottes & les fontaines qui font aux jardins de nos Roys, que la feule force dont l'eau fe meut en fortant de fa fource, eft fuffifante pour y mouuoir diuerfes | machines, & mefme pour les y faire ioüer de quelques inftrumens, ou pro- noncer quelques paroles, felon la diuerfe difpofition des tuyaux qui la conduifent. Et veritablement l'on peut fort bien comparer les 20 25 30 44 PT Em US Ne dt 20 25 30 13-14. TRAITÉ DE L'HOMME. 131 nerfs de la machine que ie vous décrits, aux tuyaux des machines de ces fontaines ; fes mufcles & fes ten- dons, aux autres diuers engins & reflorts qui feruent à les mouuoir; fes efprits animaux, à l'eau qui les remuë, dont le cœur eft la fource, & les concauitez du cerueau font les regars. De plus, la refpiration, & autres telles actions qui luy font naturelles & ordi- naires, & qui dependent du cours des efprits, font comme les mouuemens d'vne horloge, ou d'vn mou- lin, que le cours ordinaire de l’eau peut rendre con- tinus. Les objets exterieurs, qui par leur feule prefence agiflent contre les organes de fes fens, & qui par ce moyen la determinent à fe mouuoir en plufieurs di- uerfes façons, felon que les parties de fon cerueau font difpofées, font comme des Eftrangers qui, entrans dans quelques-vnes des grottes de ces fontaines, cau- fent eux-mefmes fans y penfer les mouuemens qui s'y font en leur prefence : car ils n'y peuuent entrer qu'en marchant fur certains quarreaux tellement difpofez, que, par exemple, s'ils approchent d'vne Diane qui fe baigne, ils la feront cacher dans des rozeaux; & s'ils paffent plus outre pour la pourfuiure, ils feront venir vers eux vn Neptune qui les menacera de fon trident; ou s'ils vont de quelqu'autre cofé, ils en feront fortir vn monftre marin qui leur vomira de l’eau contre la face; ou chofes femblables, felon le caprice des Ingenieurs qui les ont faites. Et enfin [quand l'ame raifonnable fera en cette machine, elle y aura fon fiege principal dans le cerueau, & fera là comme le fontenier, qui doit eftre dans les regars où fe vont rendre tous les tuyaux de ces machines, quand il veut exciter, ou empef- I 32 Le Mon. 14-15. cher, ou changer en quelque façon leurs mouuemens. Mais, afin que ie vous fafle entendre tout cecy di- flinétement, ie veux, premierement, vous parler de la fabrique des nerfs & des mufcles, & vous monftrer comment, de cela feul que les efprits qui font dans le cerueau fe prefentent pour entrer dans quelques nerfs, ils ont la force de mouuoir au mefme inftant quelque membre. Puis, ayant touché vn mot de la refpiration, & de tels autres mouuemens fimples & ordinaires, ie diray comment les objets exterieurs agiffent contre les organes des fens. Et apres cela, i'expliqueray par le menu tout ce qui fe fait dans les concauitez & dans les pores du cerueau; comment les efprits animaux y prennent leur cours; & quelles font celles de nos fonctions que cette machine peut imiter par leur moyen. Car, fi ie commençois par le cerueau, & que ie ne fifle que fuiure par ordre le cours des efprits, ainfi que r'ay fait celuy du fang, il me femble que mon difcours ne pourroit pas eftre du tout fi clair. | Voyez donc icy, par exemple, le nerf A (Fig. 2)°, a. Remarque de Louis de la Forge, au sujet de ces figures 2 et 3 : « Le paffe à l'explication des figures des nerfs que Monfieur de Gutfchoven & moy auons tracées. La mienne (Voyez ma fig., p. 15.) reprefente le cerueau tel qu'il paroïftroit, fi on le couppoit depuis les apophyfes mammilaires, iufques dans la propre fubftance du cerueau, & fuppofant mefme que l’on auroit caflé les vertebres du col pour faire voir la moëlle de l’efpine couuerte de la dure mere ; & le nerf A qui en fort, en eft aufli couuert en partie. Par les peaux K & L, l’Autheur entend la dure & la pie mere, pretendant que c’eft de cette derniere que font cou- uerts les petits tuyaux des nerfs, comme il y a bien de l'apparence, veu que l’Anatomie découure que cette membrane accompagne la fubftance du cerueau dans les plis qu’elle fait dans fa fuperficie. La lettre N de- figne cette cauité qui eft au milieu du cerueau, laquelle les Anatomiftes » diftinguent en quatre ventricules, fans beaucoup de fondement, veu qu'ils conviennent tous qu'ils n’ont que le mefme vfage, & qu'ils ont L2 20 20 15-16. TRAITÉ DE L'HOMME. 133 dont la peau exterieure eft comme vn grand tuyau, qui contient plufieurs autres petits tuyaux b, c, k, L, &e.; compofez d'vne peau interieure plus déliée; & ces deux peaux font continuës auec les deux K, EL, qui enuelopent le cerueau M, N, O. Voyez aufli qu'en chacun de ces petits tuyaux, il y a comme vne moëlle, compofée de plufieurs filets fort déliez, qui viennent de la propre fubftance du cerueau N, & dont les extremitez finiflent d'vn cofté à fa fuper- ficie interieure qui regarde fes concauitez, & de l'autre aux peaux & aux chairs contre lefquelles le tuyau qui les contient fe termine. Mais, pource que cette moëlle ne fert point au mouuement des membres, il me fufht, pour maintenant, que vous fçachiez qu'elle ne remplit pas tellement les petits tuyaux qui la contiennent, que les efprits animaux n'y trouuent encore aflez de place, pour couler facilement du cerueau dans les mufcles, où ces petits tuyaux, qui doiuent icy eftre comptez pour autant de petits nerfs, fe vont rendre. | Voyez, apres cela, comment (Fig. 5) le tuyau, ou petit nerf bf, fe va rendre dans le mufcle D, que 1e fuppofe eftre l'vn de ceux qui meuuent l'œil; & com- E efté formés de la mefme façon. La premiere partie de la figure de Mon- fieur de Gutfchoven, page 16, eft plus exacte que la mienne, en ce que, premierement, il a pris pour le nerf A celuy qui va au mufcle des yeux, afin de ne fe feruir que de la mefme figure pour montrer quelle eft la conformation des nerfs & des mufcles. Secondement, parce que, n'ayant pris qu'vne portion du cerueau, & ayant coupé le nerf A felon fa lon- gueur, il fait mieux voir que moy, comment la pie mere forme ces canaux en fe redoublant, & comment la moëlle dont ils font compofez vient immediatement des ventricules du cerueau, & fe termine dans les mufcles : ce que j'ay laifé à conceuoir à l'imagination du Leéteur. Quant au refte, nos deux figures font toutes femblables, & ne difent que la mefme chofe. » (Page 224-225.) C4 >= L2 C2 > È2 134 LE MoNbE. 16-17. ment y eftant |il fe diuife en plufieurs branches, com- polfées d'vne peau lafche, qui fe peut étendre, ou élargir & retrecir, felon la quantité des efprits ani- maux qui y entrent ou qui en fortent, & dont les ra- meaux ou les fibres font tel- lement difpofées, que, lors que les efprits animaux en- trent dedans, ils font que tout le corps du mufcle s'enfle & s'accourcit, & ainfi qu'il tire l'œil auquel il eft attaché; comme, au con- traire, lors qu'ils en reflor- tent, ce mufcle fe defenfle & fe rallonge. De plus, voyez* qu'outre le tuyau bf, il y en a encore vn autre, à fçauoir ef, par où les efprits animaux peu- uent entrer dans le mufcle D, & vn autre, à fçauoir dg, par où ils en peuuentfortir. Et que, tout de mefme le mufcle E, que ie fuppofe feruir à mouuoir l'œil tout au contraire du precedent, reçoit les efprits animaux 1 a. Ces deux figures sont l’une et l’autre de Descartes : la première, qui est celle de l'édition de 1664, est annoncée comme telle par Clerselier dans sa Préface; la seconde, qui se trouve dans l'édition latine de 1662, est accompagnée de cette mention de Schuyl : « Figura Mufculi fecun- dum autographum Des Cartes delineata. » (Page 25.) — Voir, à ce sujet, t. IV de cette édition, p. 566 et 626. 25 20 2) 30 17-10. TRAITÉ DE L HOMME. 134 du cerueau par le tuyau cg, & du mufcle D par dg, & les renuoye vers D par ef. Et penfez qu'encore qu'il n y ait aucun pañlage euident, par où les efprits contenus dans les deux mufcles D & E, en puiflent (fortir, fi ce n'eft pour entrer de l'vn dans l'autre : toutesfois, pource que leurs parties font fort petites, & mefme qu'elles fe fubtilifent fans cefle de plus en plus par la force de leur agitation, 1l s'en échappe toufiours quelques-vnes au trauers des peaux & des chairs de ces muf- cles, mais qu'en reuanche, il y en reuient toufiours auffi quelques autres par les deux tuyaux bf, cg. Enfin voyez (Fig. 4) qu'entre les deux tuyaux bf, ef, il y a vne certaine petite peau n/7, qui fepare ces deux tuyaux, & qui leur fert comme de porte, laquelle a deux | replis x & 7, tellement difpofez, que, lors que les efprits animaux qui tendent à defcendre de b vogs x, ont plus de force que ceux qui tendent à monter d’e vers 1, ils abbaïflent & ouurent cette peau, donnans ainfi moyen à ceux qui font dans le mufcle E, de cou- ler tres promptement auec eux vers D. Mais, lors que ceux qui tendent à monter d'e vers ? font plus forts, ou feulement lors qu'ils font auffi forts que les autres, ils hauffent & ferment cette peau nf7, & ainfi s'empel- chent eux-mefmes de fortir hors du mufcle E; au lieu que, s'ils n'ont pas de part & d'autre affez de force pour la pouffer, elle demeure naturellement entr ou- uerte. Et enfin que, fi quelquefois les efprits contenus I 30 LE MONDE. 19-21. dans le mufcle D tendent à en fortir par dfe, ou dfb, le reply x fe peut étendre, & leur en boucher le paf- fage. Et que tout de mefme, entre les deux tuyaux cg, de, il y a vne petite peau ou valvule £, femblable à la precedente, qui demeure naturellement entr'ouuerte, & qui peut eftre fermée par les efprits qui viennent du tuyau dg, & ouuerte par ceux qui viennent de cg. En fuite de quovy, il eft aifé à entendre que, fi les efprits animaux qui font dans le cerueau (Fig. 3) ne tendent point, ou prefque point, à couler par les tuyaux bf, cg, les deux petites peaux ou valvules f & g demeurent entr'ouuertes, & ainfi, que les deux muf- cles D & E, font lafches & fans aétion; d'autant que les efprits animaux qu'ils contiennent, paffent libre- ment de l'vn dans l’autre, prenans leur cours d'e par f vers d, & reciproquement de d par g vers e. Mais fi: les efprits qui font dans le cerueau tendent à entrer auec quelque force dans | les deux tuyaux bf, cg, & que cette force foit égale des deux coftez, ils ferment auffi-toft les deux paflages g & f, & enflent les deux mufcles D & E autant qu'ils | peuuent, leur faifant par ce moyen tenir & arrefter l'œil ferme en la fituation qu ils le trouuent. Puis, fi ces efprits qui viennent du cerueau tendent à couler auec plus de force par bf que par cg, ils fer- ment la petite peau g, & ouurent f; & ce plus ou moins, felon qu'ils agiflent plus ou moins fort. Au moyen dequoy, les efprits contenus dans le mufcle E fe vont rendre dans le mufcle D, par le canal ef; & ce plus ou moins vifte, felon que la peau f eft plus ou moins ouuerte. Si bien que le mufcle D, d'où ces 20 25 30 20 25 30 21-22. TRAITÉ DE L'HOMME. 137 efprits ne peuuent fortir, s'accourcit, & E fe rallonge ; & ainfi l'œil eft tourné vers D. Comme, au contraire, fi les efprits qui font dans le cerueau tendent à couler auec plus de force par cg que par b f, ils ferment la petite peau f, & ouurent g'; en forte que les efprits du mufcle D retournent aufli-toft par le canal dg dans le mufcle E, qui par ce moyen s'accourcit, & retire l'œil de fon cofté. Car vous fçauez bien que ces etprits, eflans comme vn vent ou vne flame tres fubtile, ne peuuent manquer de couler tres promptement d'vn mufcle dans l’autre, fi toft qu'ils y trouuent quelque pañlage ; encore qu'il n y ait aucune autre puiflance qui les y porte, que la feule inclination qu'ils ont à continuer leur mouue- ment, fuiuant les loix de la nature. Et vous fçauez, outre cela, qu'encore qu'ils foient fort mobiles & fub- tils, ils ne laiffent pas d’auoir la force d'enfler & de roidir les mufcles où ils font enfermez : ainfi que l'air qui eft dans vn balon le durcit, & fait tendre les peaux qui le contiennent. | Or il vous eft aifé d'appliquer ce que ie viens de dire du nerf A, & des deux mufcles D & E, à tous les autres mufcles & nerfs ; & ainfi, d'entendre comment la machine dont ie vous parle, peut eftre meüe en toutes les mefmes façons que nos corps, par la 1eule force des efprits animaux qui coulent du cerueau dans les nerfs. Car, pour chaque mouuement, & pour fon contraire, vous pouuez imaginer deux petits nerfs, ou tuyaux, tels que font b f, cg, & deux autres, tels que font dg, ef, & deux petites portes ou valvules, telles que font x fr, & g. Œuvres. VI. 15 138 LE Monpe. 22-23. Et pour les façons dont ces tuyaux font inferez dans les mufcles, encore qu'elles varient en mille fortes, il n'eft pas neantmoins mal-aifé à iuger quelles elles font, en fçachant ce que l'anatomie vous peut apprendre de la figure exterieure, & de l'vfage de chaque mufcle. Car fçachant, par exemple, que les paupieres (Fig. 5) font meües par deux mufcles, dont l'vn, à fçauoir T, ne fert qu'à ouurir celle de deflus, & l’autre, à fçauoir V, fert alternatiuement à les ouurir & à les fermer toutes deux : il eft|aifé à penfer qu'ils reçoiuent les efprits par deux tuyaux tels que font pr, & gs; & que l'vn de ces deux tuyaux pr fe va rendre dans ces deux mufcles, & l’autre gs dans l'vn d'eux feulement. Et enfin, que les branches r & s, eftant quafi inferées en mefme façon dans le mufcle V, y ont toutesfois deux effets tout contraires, à caufe de la diuerfe difpofition de leurs rameaux ou de leurs fibres ; ce qui fuffit pour vous faire entendre les autres. Et mefme il n'eft pas mal-aifé à iuger de cecy, que les efprits animaux peuuent caufer quelques mouue- mens en tous les membres où quelques nerfs fe termi- nent, encore quil y en ait plufieurs où les Anatomiftes n'en remarquent aucuns de vifibles : comme dans la prunelle de l'œil, dans le cœur, dans le foye, dans la veficule du fiel, dans la rate, & autres femblables. Maintenant, pour entendre en particulier comment cette machine refpire*, penfez (Fig. 6) que le mufcle d a. Remarque de Louis de la Forge (1664) : « Maintenant pour entendre » en particulier comment cette machine refpire, p. 23, 1. 16. Ie ne me fuis » pas feruy de la precedente figure pour expliquer la maniere dont fe fait » la refpiration, encore que ie l’euffe pû faire, aufli bien que Monfieur de » Gutfchoven, parce que i'ay veu qu'il eftoit bon de faire voir que ce n'eft e 20 25 è . 4 + | 4 Mi ne EURE bee net ae re vd 4 on | 20 25 23-25. TRAITÉ DE L'HOMME. 139 eft l'vn de ceux qui feruent à hauffer fa poitrine, ou à abbaifler fon diaphragme, & que le mufcle E eft fon contraire ; & que les efprits animaux qui font dans la concauité de fon cerueau marquée », coulans par le pore ou petit canal marqué n, qui demeure naturelle- ment toufiours ouuert, fe vont rendre d'abord dans le tuyau BF, où abbaïflant la petite peau F, ils font que ceux du mulcle E viennent enfler le mufcle d. | Penfez apres cela, qu'il y a certaines peaux autour de ce mufcle d, qui le preffent de plus en plus à mefure qu'il s'enfle, & qui font tellement difpofées, qu'auant que tous les efprits du mufcle E foient pañlez vers luy, elles arreftent leur cours, & les font comme regorger par le tuyau BF, en forte que ceux du canal » s’en dé- tournent ; au moyen dequoy, s'allans rendre dans le tuyau cg, qu ils ouurent en mefme temps, ils font | en- fler le mufcle E, & defenfler le mufele d'; ce qu'ils con- tinuent de faire auf long-temps que dure l'impetuo- fité dont les efprits contenus dans le mufcle d, preffez par les peaux qui l'enuironnent, tendent à en fortir. Puis, quand cette impetuofité n'a plus de force, ils re- prennent d'eux-mefmes leur cours par le tuyau BF, & ainfi ne ceflent de faire enfler & defenfler alternatiue- ment ces deux mufcles. Ce que vous deuez iuger auffi des autres mufcles qui feruent à mefme effet; & pen- fer qu'ils font tous tellement difpofez, que, quand ce » pas feulement entre les mufcles des yeux, qu’il y a apparence que fe fait » cette communication dont parle l’Autheur. C’eft pourquoy i’ay mieux » aimé prendre deux mufcles de la poitrine (voyez la figure de la » page 24): c'eft à fçauoir, le ferratus poflicus inferior, & le ferratus » maior, dont les tendons, eftans manifeftement oppofez, font plus propres » à pertuader la mefme chofe des autres mufcles que l’on ne voit pas. » (Page 259-260.) 140 Le Move. 25-26. font les femblables à 4 qui s'enflent, l'efpace qui con- tient les poulmons s'élargit, ce qui eft caufe que l'air entre dedans, tout de mefme que dans vn foufflet que l'on ouure ; & que, quand ce font leurs contraires, cet efpace fe retrecit, ce qui eft caute que l'air en reffort. Pour entendre aufli comment cette machine aualle les viandes qui te trouuent au fond de fa bouche, pen- fez que le mufele d eft l'vn de ceux qui hauffent la ra- cine de fa langue*, & tiennent ouuert le pañflage par où l'air qu'elle refpire doit entrer dans fon poulmon; & que le mufcle E eft {on contraire, qui fert à fermer ce paflage, & par mefme moyen à ouurir celuy par où les viandes qui font dans fa bouche doiuent defcendre dans fon eftomac, ou bien à hauffer la pointe de fa langue qui les y pouffe ; & que les efprits animaux qui viennent de la concauité de fon cerueau "1, par le pore ou petit canal 7, qui demeure naturellement toufiours ouuert, fe vont rendre tout droit dans le tuyau BF, au moyen dequoy ils font enfler le mufcle d; & enfin, que ce mufcle demeure toufiours ainfi enflé, pendant qu'il ne fe | trouue aucunes viandes au fond de la bouche, qui le puiflent prefler ; mais qu'il eft tellement difpofé, que, lors qu'ils’ y en trouue quelques-vnes, les efprits qu'il contient regorgent aufli-toft par le tuyau BF, & font que ceux qui viennent par le canal n, entrent par le tuyau cz dans le mufcle E, où fe vont auffi rendre ceux du mufcle d':& ainfi la gorge s'ouure, & les vian- des defcendent dans l'eftomac; puis incontinent apres, a. « Seruez vous de la figure precedente, £ que vofire imagination fup- » plée à ce qui manque.» Note de Clerselier. La figure qu’il indique est notre Fig. 6. 20 25 A. 4% 20 25 30 26-27. TRAITÉ DE L'HOMME. 141 les efprits du canal » reprennent leur cours par BF comme deuant. À l'exemple de quoy, vous pouuez aufli entendre comment cette machine peut éternüer, baailler, touf- fer, & faire les mouuemens neceffaires à rejetter diuers autres excremens. Pour entendre, apres cela, comment elle peut eftre incitée, par les objets exterieurs qui frapent les orga- nes de fes fens, à mouuoir en mille autres façons tous fes membres : penfez que les petits filets, que 1e vous ay defia tantof dit venir du plus interieur de fon cer- ueau, & compofer la moëlle de fes nerfs, font tellement difpofez en toutes celles de fes parties qui feruent d'or- gane à quelques fens, qu'ils y peuuent tres facilement eftre müûs par les objets de ces* fens ; &que, lors qu'ils y font müs tant foit peu fort, ils tirent au mefme 1n- ftant les parties du cerueau d'où ils viennent, & ou- urent par mefme moyen les entrées de certains pores, qui font en la fuperficie interieure de ce cerueau, par où les efprits animaux qui font dans fes concauitez commentent aufli-toft à prendre leur cours, & fe vont rendre par eux dans les nerfs, & dans les mufcles, qui feruent à| faire, en cette machine, des mouuemens tout femblables à ceux aufquels nous fommes naturelle- ment incitez, lors que nos fens font touchez en mefme forte. Comme, par exemple (Fig. 7), fi le feu A fe trouue proche du pié B, les petites parties de ce feu, qui fe meuuent comme vous fçauez tres-promptement, ont la force de mouuoir auec foy l'endroit de la peau de ce anEdit.://es: 142 Le Mono. 27-29. pié qu'elles touchent; & par ce moyen tirant le petit filet c, c, que vous voyez y eftre attaché, elles ouurent au mefme inftant l'entrée du pore d, e, contre lequel ce petit filet fe termine : ainfi que, tirant l’vn des bouts d'vne corde, | on fait fonner en mefme temps la cloche qui pend à l’autre bout. Or l'entrée du pore ou petit conduit d, e, eftant ainfi ouuerte, les efprits animaux de la concauité F entrent dedans, & font portez par luy, partie dans les mufcles qui feruent à retirer ce pié de ce feu, partie dans ceux qui feruent à tourner les yeux & la tefte pour le regar- der, & partie en ceux qui feruent à auancer les mains & à plier tout le corps pour le deffendre. Mais ils peuuent aufli eftre portez par ce mefme con- duit d,e, en plufeurs autres mufcles. Et auant que ie m'arrefte à vous expliquer plus exactement, en quelle forte les efprits animaux fuiuent leur cours par les pores du cerueau, & comment ces pores font difpofez, ie veux vous parler icy en particulier de tous les fens, tels qu'ils fe trouuent en cette machine, & vous dire comment ils fe rapportent aux noftres. Sçachez donc, premierement, qu'il y a vn grand nombre de petits filets femblables à c, c, qui commen- cent tous à fe feparer les vns des autres, dés la fuper- ficie interieure de fon cerueau, d'où ils prennent leur origine, & qui, s'allans de là épandre par tout le refte de fon corps, y feruent d'organe pour le fens de | l'at- touchement. Car encore que, pour l'ordinaire, ce ne foit pas eux qui foient immediatement touchez par les objets exterieurs, mais les peaux qui les enuironnent, 20 25 30 ec 10 20 25 30 29-30. TRAITÉ DE L'HOMME. 143 il ny a pas toutesfois plus d'apparence de penfer que ce font ces peaux qui font les organes du fens, que de penfer, lors qu'on manie quelque corps, eftant ganté, que ce font les gans qui feruent pour le fentir. Et remarquez qu encore que les filets dont ie vous parle foient fort déliez, ils ne laiflent pas de pañler feurement depuis le cerueau iufques aux membres qui en font les plus éloignez, fans qu'il fe trouue rien entre deux qui les rompe, ou qui empefche leur action en les preffant, quoy que ces membres fe plient cepen- dant en mille diuerfes façons : d'autant qu'ils font enfermez dans les mefmes petits tuyaux qui portent les efprits animaux dans les mufcles, & que ces ef- prits, enflant toufiours quelque peu ces tuyaux, les empefchent d'y eftre preffez ; & mefme, qu'ils les font toufiours tendre autant qu'ils peuuent, en tirant du cerueau d'où ils viennent, vers les lieux où ils fe terminent. Or ie vous diray que, quand Dieu vnira vne Ame Raifonnable à cette machine, ainfi que ie pretens vous dire cy-apres, il luy donnera fon fiege principal dans le cerueau, & la fera de telle nature, que, felon les diuerfes façons que les entrées des pores qui font en la fuperficie interieure de ce cerueau feront ouuertes par l'entremife des nerfs, elle aura diuers fentimens. Comme, premierement, fi les petits filets qui com- pofent la moëlle de ces nerfs, font tirez auec tant de force, qu'ils fe rompent, & fe feparent de la partie à lalquelle ils eftoient ioints, en forte que la ftrudture 144 Le Monpe. 30-31. de toute la machine en foit en quelque façon moins accomplie : le mouuement qu'ils cauferont dans le cerueau donnera occafion à l'ame, à qui il importe que le lieu de fa demeure fe conferue, d’auoir le fentiment de la douleur. Et s'ils font tirez par vne force prefque aufi grande que la precedente, fans que toutesfois ils fe rompent, ny fe feparent aucunement des parties aufquelles ils font attachez : ils cauferont vnmouuement dans le cer- ueau, qui, rendant témoignage de la bonne conftitu- tion des autres membres, donnera occafion à l'ame de fentir vne certaine volupté corporelle, qu'on nomme chatoürllement, & qui, comme vous voyez, eftant fort proche de la douleur en fa caufe, luy eft toute contraire en fon effet. Que fi plufieurs de ces petits filets font tirez enfemble également, ils feront fentir à l'ame que la fuperficie du corps qui touche le membre où ils fe terminent, eft polie; &ils la luy feront fentir inegale, & qu'elle eft rude, s'ils font tirez inegalement. Que s'ils ne font qu'ébranlez quelque peu fepare- ment l'vn de l'autre, ainfi qu'ils font continuellement par la chaleur que le cœur communique aux autres membres, l'ame n'en aura aucun fentiment, non plus que de toutes les autres ations qui font ordinaires; mais fi ce mouuement eft augmenté ou diminué en eux par quelque caufe extraordinaire, fon augmentation fera auoir à l'ame le fentiment dela chaleur, & fa dimi- nution celuy de la froideur. Et enfin, felon les autres diuerfes façons | qu'ils feront mûs, ils luy feront fentir toutes les autres qualitez qui appartiennent à l'attou- 20 29. 30 LÀ si diontihutd:i + sésisdhé ds, Dei cdot sitile dx "000: dant led 2 tt db le: 20 31. TRAITÉ DE L'HOMME. 14$ chement en general, comme l'humidité, la fecherefle, la pefanteur, & femblables. Seulement faut-il remarquer qu'encore qu'ils foient fort déliez, & fort aifez à mouuoir, ils ne le font pas toutesfois tellement, qu'ils puiffent rapporter au cer- ueau toutes les plus petites actions qui foient en la nature ; mais que les moindres qu'ils luy rapportent, font celles des plus groflieres parties des corps terre- ftres. Et mefme, qu'il peut y auoir quelques-vns de ces corps, dont les parties, quoy qu'affez groffes, ne laiffe- ront pas de fe gliffer contre ces petits filets fi douce- ment, qu'elles les prefleront ou couperont tout à fait, fans que leur aétion pañfe iufqu'au cerueau : tout de mefme qu'il y a certaines drogues, qui ont la force d'afloupir, ou mefme de corrompre, ceux de nos mem- bres contre qui elles font appliquées, fans nous en faire auoir aucun fentiment. Mais les petits filets qui compofent la moëlle des nerfs de la langue, & qui feruent d'organe pour le gouft en cette machine, peuuent eftre müûs par de moindres aétions, que ceux qui ne feruent que pour l'attouchement en general: tant à caufe qu'ils font vn peu plus déliez, comme aufli parce que les peaux qui les couurent font plus tendres. Penfez, par exemple, qu'ils peuuent eftre müs en quatre diuerfes façons, par les parties des fels, des eaux aigres, des eaux communes, & des eaux de vie, dont ie vous ay cy-deflus expliqué les groffeurs & les figures®, a. Voir Météores, t. NI, p. 233, 1. 19-24, p. 237, L. 25, et p. 238, I. 3. Et encore, t. I, p. 422-424, art. 11.— Peut-être aussi Descartes renvoyait-il à l'un des deux chapitres xvI et xvi1, qui manquent ci-avant, p. 118. Œuvres. VI. 10 140 Le Monpe. 31-12, &|ainfi qu'ils peuuent faire fentir à l'ame quatre fortes de goufts differens : d'autant que les parties des fels, eflant feparées l’vne de l’autre & agitées par l'action de la faliue, entrent de pointe, & fans fe plier, dans les pores qui font en la peau de la langue; celles des eaux aigres sy coulent de biais, en tranchant ou incifant les plus tendres de fes parties, & obeïffant aux plus groflieres ; celles de l’eau douce ne font que fe glifler par deffus, fans incifer aucunes de fes parties, ny entrer fort auant dans fes pores; & enfin celles de l'eau de vie, eftant fort petites, y penetrent le plus auant de toutes, & s'y meuuent auec vne tres grande vitefle. D'où il vous ef aifé de iuger, comment l'ame pourra fentir toutes les autres fortes de goufts, fi vous confiderez en combien d’autres façons les petites parties des corps terreftres peuuent agir contre la langue. Mais ce qu'il faut icy principalement remarquer, c'eft que ce font les mefmes petites parties des viandes, qui eftant dans la bouche peuuent entrer dans les pores de la langue, & y émouuoir le fentiment du gouft, lefquelles eftant dans l'eftomac peuuent pañler dans le fang, & de là s'aller ioindre & vnir à tous les membres ; & mefme, qu'il ny a que celles qui chatoüillent la langue moderement, & qui pourront par ce moyen faire fentir à l'ame vn gouft agreable, qui foient entie- rement propres à cet eftet. Car, pour celles qui agiflent trop ou trop peu, comme elles ne fçauroient faire fentir qu vn gouft trop piquant, ou trop fade, auffi font-elles trop penetrantes, ou trop molles, pour entrer en la compofition du fang, 30 20 25 30 32-33. TRAITÉ DE L'HOMME. 147 & feruir | à l’entretenement de quelques membres. Et pour celles qui font fi groffes, ou iointes fi fort l'vne à l'autre, qu'elles ne peuuent eftre feparées par l'aétion de la faliue, ny aucunement penetrer dans les pores de la langue, pour agir contre les petits filets des nerfs qui y feruent pour le gouft, autrement que contre ceux des autres membres qui feruent pour l'attouche- ment en general, & qui n'ont point aufli de pores en elles-mefmes, où les petites parties de la langue, ou bien pour le moins celles de la faliue dont elle eft hu- mectée, puiflent entrer : comme elles ne pourront faire fentir à l'ame aucun gouft, ny faueur, auffi ne font- elles pas propres pour l'ordinaire à eftre mifes dans l'eftomac. Et cecyeft fi generalement vray, que fouuent, à me- fure que le temperament de l'eftomac fe change, la force du gouft fe change aufli ; en forte qu'vne viande qui aura coutume de fembler à l'ame agreable au gouft, luy pourra mefme quelquefois fembler fade, ou amere : dont la raifon eft que la faliue, qui vient de l'eftomac, & qui retient toufiours les qualitez de l'hu- meur qui y abonde, fe méle auec les petites parties des viandes qui font dans la bouche, & contribuë beaucoup à leur aétion. Le fens de l'odorat depend aufi de plufieurs petits filets, qui s'auancent de la baze du cerueau vers lenez, au deffous de ces deux petites parties toutes creufes, que les Anatomiftes ont comparées aux bouts des mammelles d'vne femme, & qui ne different en rien des nerfs qui feruent à l’attouchement & au gouft, finon qu'ils ne fortent point hors de la concauité de la 148 LE Monpe. 33-34. tefte | qui contient tout le cerueau, & qu'ils peuuent eftre mûs par des parties terreftres encore plus petites que les nerfs de la langue, tant à caufe qu'ils font vn peu plus déliez, comme aufli à caufe qu'ils font plus immediatement touchez par les objets qui les meuuent. Car vous deuez fçauoir que, lors que cette machine refpire, les plus fubtiles parties de l'air qui luy entrent par le nez, penetrent par les pores de l'os quon nomme fpongieux, finon iufqu'au dedans des conca- uitez du cerueau, pour le moins iufqu'à l'efpace qui eft entre les deux peaux qui l'enuelopent, d'où elles peu- uent reflortir en mefme temps par le palais: comme reciproquement, quand l'air fort de la poitrine, elles peuuent entrer dans cet efpace par le palais, & en ref- fortir par le nez ; & qu'à l'entrée de cet efpace elles rencontrent les extremitez de ces petits filets toutes nuës, ou feulement couuertes d'vne peau qui eft extre- mement déliée, ce qui fait qu'elles n’ont pas befoin de beaucoup de force pour les mouuoir. Vous deuez aufli fçauoir, que ces pores font telle- ment difpofez, & fi étroits, qu'ils ne laiffent pañler iufqu'à ces petits filets, aucunes parties terreftres qui foient plus groffes que celles que 1'ay cy-deffus nom- mées Odeurs pour ce fujet*; fi ce n'eft peut-eftre auffi a. Remarque de Louis de la Forge : « Qui foient plus groffes que celles que i’ay cy-deffus nommé odeurs, pour ce fujet, p. 34. 1. 23. Ie ne fçache point d’écrit imprimé, dans lequel noftre Autheur aït donné le nom d’odeurs à aucunes particules de la matiere. C’eft pourquoy il me femble encore manifefte, par ce paflage, que ce traitté eft vne piece déta- chée de l’ouurage dontil parle dans la Methode. » (Page 273.) Voir aussi Principia Philofophiæ, pars IV, art. exeur (t. VIT, p. 318-0.) 20 25 d dl émtnmitilié PT À | À hate tin ddl lé D à ed à mé) RSS S 20 25 30 34-35. TRAITÉ DE L'HOMME. 149 quelques-vnes de celles qui compofent les eaux de vie, à caufe que leur figure les rend fort penetrantes. Enfin vous deuez fçauoir, qu'entre ces parties ter- reftres extremement petites, qui fe trouuent toufiours en plus grande abondance dans l'air, qu'en aucun des autres corps compofez, il n'y a que celles qui font vn peu plus | ou moins groffes que les autres, ou qui à raifon de leur figure font plus ou moins aifées à mou- uoir, qui pourront donner occafion à l'ame d'auoir les diuers fentimens des odeurs. Et mefme il n'y aura que celles en qui ces excez font fort moderez, & temperez l'vn par l'autre, qui luy en feront auoir d'agreables. Car, pour celles qui n agiflent qu'à l'ordinaire, ellesne pourront aucunement eftre fenties ; & celles qui agif- fent auec trop ou trop peu de force, ne luy pourront eftre que déplaifantes. Pour les petits filets qui feruent d'organe au fens de l'ouye, ils n'ont pas befoin d'eftre fi déliez que les pre- cedens ; mais il fuffit de penfer qu'ils font tellement difpofez au fond des concauitez des oreilles, qu'ils peuuent facilement eftre müs tous enfemble, & d'vne mefme façon, par les petites fecouffes dont l'air de dehors poufle vne certaine peau fort déliée, qui eft tenduë à l'entrée de ces concauitez, & qu'ils ne peu- uent eftre touchez par aucun autre objet que par l'air qui eft au deffous de cette peau; car ce feront ces petites fecoufles, qui paflans iufqu'au cerueau par l'entremife de ces nerfs, donneront occafion à l'ame de conceuoir l'idée des fons. Et notez qu vne feule d'entr'elles ne luy pourra faire ouir autre chofe qu'vn bruit fourd, qui paffe en vn * 1$0 Le More. 35-37. moment, & dans lequelil n'y aura point d'autre varieté, finon qu'il fe trouuera plus ou moins grand, felon que l'oreille fera frappée plus ou moins fort; mais que, lors que plufeurs s'entrefuiuront, ainfi qu'on void à l'œil que font les tremblemens des cordes, & des clo- 5 ches quand elles fonnent, alors ces petites fecoufles compoferont|vn fon, que l'ame iugera plus doux ou plus rude, felon qu'elles feront plus égales ou plus inegales entr'elles ; & qu'elle iugera plus aigu ou plus graue, felon qu'elles feront plus promptes à s'entre- 10 fuiure, ou plus tardiues : en forte que, fi elles font de la moitié, ou du tiers, ou du quart, ou d'vne cinquiéme partie &e., plus promptes à s'entrefuiure vne fois que l'autre, elles compoferont vn fon que l'ame iugera plus aigu d'vne oclaue, ou d'vne quinte, ou d'vne quarte, :15 ou d'vne tierce majeure &c. Et enfin plufeurs fons mélez enfemble feront accordans ou difcordans, felon qu'il y aura plus ou moins de raport, & qu'il fe trou- uera des interualles plus égaux ou plus inegaux, entre les petites fecoufles qui les compofent. 20 Comme, par exemple (Fig. 8), fi les diuifions des lignes, A, B, C, D, E, F, G, H, reprefentent les petites fecouffes qui compofent autant de diuers fons, il eft aifé à iuger que ceux qui font reprefentez par les lignes G & H, ne doiuent pas eftre fi doux à l'oreille 25 que les autres : ainfijque les parties raboteufes d'vne pierre ne le font pas tant à l'attouchement, que celles d'vn miroir bien poly. Etil faut penfer que B reprefente van fon plus aigu que A, d'vne oétaue, C d'vne quinte, D vnequarte, E d'vnetierce majeure, &Fd'vnton 30 aufli majeur; & remarquer qu'A &B joints enfemble, ET FE ” ré x Pr TR CES Er x? «+ me Ge 20 37-58. TRAITÉ DE L'HOMME. ISI ou ABC, ou ABD, ou mefme A BCE font beaucoup plus accordans que ne font À & F, ou ACD, ou ADE, &ce. Ce qui me femble fuffire pour monftrer com- ment l'ame, qui fera en la machine que ie vous dé- cris, pourra fe plaire à vne Mufique qui fuiura toutes les mefmes regles que la nôtre; & comment mefme elle pourra la rendre beaucoup plus parfaite ; au moins fi l'on confidere, que ce ne font pas abfolument les chofes les plus douces, qui font les plus agreables aux fens, mais celles qui les chatoüillent d'vne façon mieux temperée : ainfi que le fel & le vinaigre font fouuent plus agreables à la langue que l’eau douce. Et c'eft ce qui fait que la Mufique reçoit les tierces & les fextes, & mefme quelquefois les diffonances, auñli bien que les vniflons, les octaues, & les quintes. Il refteencorele fens de la veñe, que ray befoin d'ex- pliquer vn peu plus exactement que les autres, à caufe qu'il fert dauantage à mon fuiet*. Ce fens depend auf en cette machine de deux nerfs, qui doiuent fans doute eftre compofez de plufieurs petits filets, les plus déliez, & les plus aifez à mouuoir qui puiflent eftre ; d'autant qu'ils font deftinez à rapporter au cerueau ces diuerfes actions des parties du fecond element, qui, fuiuant ce qui a efté dit cy-deffus, donneront occafion à l'ame, quand elle fera vnie à cette machine, de conceuoir les | diuerfes idées des couleurs & de la lumiere”. Mais pource que la ftruture de l'œil aide aufli à cet a. C'est-à-dire à l'explication de la lumière. Nouvelle preuve que ce traité n’est que la suite du précédent. b. Voir ci-avant, chapitres xur et xiv, p. 84-103, et surtout p. 97, 1. 18-22, pour la lumière seulement. Pour les couleurs, voir les Metéores, t. VI de cette édition, p. 329-337. 12 Le Mon. 38-30. effet, il eft icy befoin que ie la décriue; & pour plus grande facilité, ie tafcheray de le faire en peu de mots, en laiflant tout à deflein plufieurs particularitez fuper- fluës, que la curiofité des Anatomiftes y remarque. ABC (Fig. 9) eft vne peau affez dure & épaiñle, qui compofe comme vn vaze rond, dans lequel toutes les autres parties de l'œil font contenües. DEF en eft vne autre plus déliée, qui efttendüe, ainfi qu'vne tapifferie, au dedans de la precedente. GHI ef le nerf, dont les petits filets HG, HI, eflant épars tout autour depuis H iufques à G & I, couurent entierement le fond de l'œil. K, L, M, font trois fortes de glaires, ou humeurs, ex- tremement | claires & tranfparentes, qui rempliffent tout l’efpace contenu au dedans de ces peaux, & qui ont chacune la figure que vous voyez icy reprefentée*. En la premiere peau, la partie BCB eft tranfparente, & vn peu plus voütée que le refte; & la refra@tion des rayons qui entrent dedans, s'y fait vers la perpendicu- laire. En la deuxiéme peau, la fuperficie interieure de la partie EF, qui regarde le fond de l'œil, eft toute noire & obfcure, & elle a au milieu vn petit trou rond, qui eft ce qu'on nomme la prunelle, & qui paroift fi noir au milieu de l'œil, quand on le regarde par dehors. Ce trou n'eft pas toufiours de mefme grandeur, car la par- tie EF de la peau dans laquelle il eft, nageant libre- ment dans l'humeur K, qui eft fort liquide, femble eftre comme vn petit mufcle, qui s’élargit ou s'étrecit par la direétion du cerueau, felon que l'vfage le re- quiert. La figure de l'humeur marquée L, qu'on nomme l’Au- a. Voir Dioptrique, t. VI, p. 106, L. 3-22. 10 20 25 30 15 20 29 30 39-41. TRAITÉ DE L HOMME. 153 meur cryflalline, eft femblable à celle de ces verres, que j'ay décrits au traitté de la Dioptrique*, par le moyen defquels tous les rayons qui viennent d'vn certain point fe raflemblent à vn autre certain point; & fa matiere eft moins molle, ou plus ferme, & caufe par confequent vne plus grande refraction, que celle des deux autres humeurs qui l'enuironnent. E, N, font de petits filets noirs, qui viennent du de- dans de la peau D, E, F, & qui embraflent tout autour cette humeur cryftalline; qui font comme autant de petits tendons, par le moyen defquels fa figure fe peut changer, & fe rendre vn peu plus platte, ou plus voü- tée, | felon qu'il eft de befoin. Enfin o, o, font fix ou fept mufcles attachez à l'œil par dehors, & qui le peu- uent mouuoir tres facilement & tres promptement de tous coftez. Or la peau BCB (Fig. 9), & les trois humeurs K,E, M, eftant fort claires & tranfparentes, n'empefchent point que les rayons de la lumiere, qui entrent par le trou de la prunelle, ne penetrent iufqu'au fond de l'œil, où ef le nerf, & qu'ils n'agiffent aufli facilement contre luy, comme s'il eftoit tout à fait à découuert ; & elles feruent à le preferuer desiniures de l'air, & des autres corps exterieurs, qui le pourroient facilement offenfer, s'ils le touchoient ; & de plus, à faire qu'il de- meure fi tendre & fi delicat, que ce n'eft pas merueille qu'il puiffe eftre | meu par des aétions fi peu fenfibles, comme font celles que ie prens icy pour les couleurs. La courbure qui eft en la partie de la premiere peau, marquée BCB, & la refraction qui s'y fait, eft caufe a. Difcours feptiefme, et suiv., t. VI, p. 147, etc. Œuvres. VI. 20 I ;4 Le Monroe. 41-42. que les rayons qui viennent des objets qui font vers les coftez de l'œil, peuuent entrer par la prunelle; & ainfi que, fans que l'œil fe remüe, l'ame pourra voir plus grand nombre d'objets, qu'elle ne pourroit faire fans cela : car, par exemple, fi le rayon PBKg ne fe courboit pas au point B, il ne pourroit pañfer entre les points F, F, pour paruenir iufques au nerf. La refrattion qui fe fait en l'humeur cryftalline fert à rendre la vifion plus forte, & enfemble plus di- finéte. Car vous deuez fçauoir, que la figure de cette humeur eft tellement compafñlée*, eu égard aux refra- ions qui fe font dans les autres parties de l'œil, & à la diftance des objets, que lors que la veüe ef dreffée vers quelque point determiné d'vn objet, elle fait que tous les rayons qui viennent de ce point, & qui en- trent dans l'œil par le trou de la prunelle, fe raffem- blent en vn autre point au fond de l'œil, iuftement contre l'vne des parties du nerf qui y eft, & empefche par mefme moyen, qu'aucun des autres rayons qui entrent dans l'œil, ne touche la mefme partie de ce nerf. |Par exemple (Fig. 10), l'œil eftant difpofé à re- garder le point R, la difpofition de l'humeur cryftal- line fait que tous les rayons RNS, RES &c., s'affem- blent iuftement au point S, & empefche, par mefme moyen, qu'aucun de ceux qui viennent des points T & X &c., n'y paruiennent; car elle afflemble aufi tous ceux du point T enuiron le point V, ceux du point X enuiron le point Ÿ, & ainfi des autres. Au lieu que, a. Sic. Lire plutôt : compofée. La traduction latine de 1662 donne compofita. 20 25 20 47-43. TRAITÉ DE L'HOMME. I$$ s'il ne fe faifoit aucune refraction dans cet œil, l'objet R n'enuoyeroit qu vn feul de fes rayons au pointS, & les autres s'épandroient çà & là en tout l'efpace V, Y; & de mefme les points T & X, & tous ceux qui font entre deux, enuoyeroient chacun vn de leurs rayons vers ce mefme points. Or il eft bien euident que l'objet R doit agir plus fort contre la partie du nerf qui eft à ce point S, lors qu'il y enuoye grand nombre de rayons, que s'il n'y en enuoyoit qu vn feul; & que cette partie du nerf S doit rapporter plus diftinétement & plus fidelement au cerueau l'action de cet objet R, lors qu'elle ne re- çoit des rayons que de luy feul, que fi elle en receuoit de diuers autres. La couleur noire, tant de la fuperficie interieure de la | peau EF, que des petits filets EN, fert aufi à rendre la vifion plus diftinéte : car, fuiuant ce qui a efté dit cy-deflus de la nature de cette couleur, elle amortit la force des rayons qui fe reflechiflent du fond de l'œil vers le deuant, & empefche que de là ils ne retournent derechef vers le fond de l'œil, où ils pour- roient apporter de la confufion. Par exemple, lesrayons de l'objet X, donnant au point Y contre le nerf qui eft blanc, fe reflechiffent de là de tous coftez vers N & vers F, d'où ils pourroient derechef fe reflechir vers S & vers V, & y troubler l’aétion des points R &T, fi les corps N & Fn'eftoient pas noirs. Le changement de figure, qui fe fait en l'humeur cryftalline, fert à ce que les objets qui font à diuerfes a. Rien de pareil ne se trouve dans ce qui précède. Voir toutefois les notes g et b, p. 151 ci-avant. 150 LE Mon. 4445. diftances puiflent peindre diftinétement leurs images au fond de l'œil : car, fuiuant ce qui a efté dit au traitté de la Dioptrique", fi par exemple (Fig. 11) l'humeur LN eft de telle figure, qu'elle faffe que tous les rayons qui partent du point R aillent iuftement | toucher le nerf au point S, la mefme humeur fans eftre changée, ne pourra faire que ceux du point T, qui eft plus proche, ou du point X, qui eft plus éloigné, y aillent auf; mais elle fera que le rayon TLira vers H, & TN vers G; & au contraire, que XL ira vers G, & XN vers H, & ainfi des autres. Si bien que, pour reprefenter diftinétement le point X, il eft befoin que toute la figure de cette humeur NL fe change, & qu'elle deuienne vn peu plus platte, comme celle qui eft marquée 1; & pour reprefenter le point T, il eft befoin qu'elle deuienne vn peu plus voûtée, comme celle qui eft marquée F. Le changement de grandeur qui arriue à la prunelle fert à moderer la force de la vifion; car il eft befoin qu'elle foit plus petite, quand la lumiere eft trop viue, afin qu'il n'entre pas tant de rayons dans l'œil, que le nerf en puifle eftre offenfé ; & qu’elle foit plus grande, quand la lumiere eft trop foible, afin qu'il y en entre jaffez pour eftre fentis. Et de plus, pofant que la lu- miere demeure égale, il eft befoin que la prunelle foit plus grande, quand l'objet que l'œil regarde eft éloi- gné, que quandileft proche: car, par exemple(F1g. 12), s1l n'entre qu'autant de rayons du point R, par la pru- nelle de l'œil 7, qu'il en faut pour pouuoir eftre fentis, il eft befoin qu'il en entre tout autant dans l'œil 8, & par confequent que fa prunelle foit plus grande. a. Voir t. VI, p. 106 et p. 108. 15 20 25 30 20 25 30 45-46. TRAITÉ DE L'HOMME. 147 La petitefle de la prunelle fert aufli à rendre la vifion plus diftinéte; car vous deuez fçauoir que, quelque figure que puifle auoir l'humeur cryftalline, il eft impoffible qu'elle faffe que les rayons qui viennent de diuers points de l'objets'affemblent tous exaétement en autant d'autres diuers points : mais que, fi ceux du point R, par exemple (Fig. 10), s'aflemblent iuftement au point S, 1l n y aura, du point T, que ceux qui paf- fent par la circonference & par le centre de l'vn des cercles qu'on peut décrire fur la fuperficie de cette hu- meur cryftalline, qui fe puiflent aflembler exatement au point V; & par confequent, que les autres, qui feront d'autant moindres en nombre que la prunelle fera plus petite, allans toucher le nerf en d'autres points, ne pourront manquer d'y apporter de la confufion. D'où vient que, fi la vifion d'vn mefme œil eft moins forte vne fois que l’autre, elle fera auffi moins diftinéte, foit que cela vienne de l'éloignement de l'objet, foit de la debilité de la lumiere ; parce que, la prunelle eftant plus grande, quand elle eft moins forte, cela rend auf la vifion plus confufe. De là vient aufli, que l'ame ne pourra iamais voir tres diftinétement qu'vn feul point de l'objet à chaque fois, fçauoir, celuy vers lequel toutes les parties de l'œil feront dreffées pour lors, & que les autres luy paroiftront d'autant plus confus, qu'ils feront plus éloi- gnez de celuy-cy. Car, par exemple, fi les rayons du point R s'affemblent tous exattement au point S, ceux du point X s'affembleront encore moins exactement vers Ÿ, que ceux du point T ne s’affembleront vers V; & il faut iuger ainfi des autres, à mefure qu'ils font 1,8 LE MoNbeE. 46-47. plus éloignez du point R. Mais les mufcles 0, o*, tour- nant l'œil tres promptement de tous coftez, feruent à fuppléer à ce defaut : car ils peuuent en moins de rien l'appliquer fuccefliuement à tous les points de l'objet, & ainfi faire que l'ame les puiffe voir tous diftinéte- ment l'vn apres l'autre. le n'adjoute pas icy, particulierement, ce que c'eft qui pourra donner occafion à cette ame de conceuoir toutes les differences des couleurs, car ren ay defia affez parlé ey-deflus?. Et ie ne dis pas aufli quels objets de la veüe luy doiuent eftre agreables ou defagreables; car, | de ce que j'ay expliqué des autres fens, il vous eft facile à entendre que la lumiere trop forte doit offenfer les yeux, & que la moderée les doit recréer; &qu'entre les couleurs, la verte, qui confifte en l’action la plus moderée (qu'on peut nommer par analogie la proportion d'vn à deux), eft comme l'oétaue entre les confonances de la Mufique, ou le pain entre les viandes que l’on mange, c'eft à dire celle qui eft la plus vni- uerfellement agreable; & enfin, que toutes ces di- uerfes couleurs de la mode, qui recréent fouuent beaucoup plus que le vert, font comme les accords & les paflages d'vn air nouueau, touché par quelque excellent ioüeur de luth, ou les ragoufts d'vn bon cui- finier, qui chatoüillent bien dauantage le fens, & luy font fentir d'abord plus de plaifir, mais auffi qui le laf- fent beaucoup plutoft, que ne font les objets fimples & ordinaires. a. Parenthèse : (cy-deuant reprefentez dans la premiere figure de l’œil p. 40.) Voir figure 9. b. Voir les notes a et b, p. 151 ci-avant. 20 25 20 25 30 47-49. TRAITÉ DE L'HOMME. ‘0 Seulement faut-il encore que ie vous die ce que c'eft qui donnera moyen à l'ame de fentir la fitua- ton, la figure, la diftance, la grandeur, & autres fem- blables qualitez : qui ne fe rapportent pas à vn feul fens en particulier, ainfi que font celles dont r'ay parlé iufques icy; mais qui font communes à l'attouche- ment & à la veüe, & mefme en quelque façon aux autres fens. |Remarquez donc, premierement, que (Fig. 15), fila main À, par exemple, touche le corps C, les parties du cerueau B, d'où viennent les petits filets de fes nerfs, feront autrement difpofées, que fi elle en tou- choit vn qui fuft d'autre figure, ou d'autre grandeur, ou fitué en vne autre place; &ainfi, que l'ame pourra connoiftre, par leur moyen, la fituation de ce corps, & fa figure, & fa grandeur, & toutes les autres fem- blables qualitez. Et que tout de mefme (Fig. 14), fi l'œil D eft tourné vers l'objet E, l'ame pourra con- noiftre la fituation de cet objet, d'autant que les nerfs de cet œil feront difpofez en vne | autre forte, que s'il eftoit tourné vers ailleurs. Et qu'elle pourra con- noiftre fa figure, d'autant que les rayons du point 1, s'affemblans au point 2, contre le nerf nommé op- tique, & ceux du point 3 au point 4, & ainfi des autres, y en traceront vne, qui fe rapportera exactement à la fienne. Et qu'elle pourra connoître la diftance du point 1, par exemple, d'autant que la difpofition de l'hu- meur cryftalline fera d'autre figure, pour faire que tous les rayons qui viennent de ce point s'affemblent au fond de l'œil iuftement au point 2, que ie fuppofe en eftre le milieu, que s'il en eftoit plus proche ou 160 Le Monpe. 40-51. plus éloigné, ainfi qu'il a tantoft efté dit. Et de plus, qu'elle connoiftra celle du point 3, & de tous les autres dont les rayons entreront dans l'œil en mefme temps: pour ce que, l'humeur cryftalline eftant ainfi difpofée, les rayons de ce point ; ne s'aflembleront pas fi iuftement au point 4, que ceux du point 1 au point 2, & ainfi des autres; & que leur aétion ne fera pas du tout fi forte à proportion, ainfi qu'il a auf tantoft efté dit. Et enfin, que l'ame pourra connoiftre la grandeur des objets de la veüe, & toutes leurs autres femblables quallitez, par la feule connoiffance qu'elle aura de la diftance & de la fituation de tous leurs points ; comme aufli, reciproquement, elle iugera quelquefois de leur diftance, par l'opinion qu'elle aura de leur grandeur. | Remarqués aufli (Fig. 15), que fi les deux mains, f& £, tiennent chacune vn bafton, ? & h, dont elles tou- chent l'objet K : encore que l'ame ignore d'ailleurs la longueur de ces baftons, toutesfois, pource qu'elle fçaura la diftance qui eft entre les deux points f & g, & la grandeur des angles /gh, & g fr, elle pourra con- noiftre, comme par vne Geometrie naturelle, où eft l'objet K. Et tout de mefme (Fig. 16), fi les deux yeux L & M font tournez vers l'objet N, la grandeur de la ligne LM, & celle des deux angles LMN, MEN, luy feront connoiftre où ef le point N. Mais elle pourra aufli | aflez fouuent fe tromper en tout cecy; car, premierement, fi la fituation de la main, ou de l'œil, ou du doigt, eft contrainte par quelque caufe exterieure, elle ne s'accordera pas fi exactement auec celle des petites parties du cerueau 20 30 I 25 30 Fe TRAITÉ DE L'HOMME. 161 d'où viennent les nerfs, comme fi elle ne dependoit que des mufcles ; & ainfi l'ame, qui ne la fentira que par l’entremife des parties du cerueau, ne manquera pas pour lors de 1e tromper. Comme, par exemple (Fig. 17), fi la main , eftant de foy difpofée à fe tourner vers o, fe trouue con- trainte par quelque force exterieure à demeurer tour- née vers K : les parties du cerueau d'où viennent fes nerfs, ne feront pas tout à fait difpofées en mefme forte, que fi c'eftoit par la force de fes mufcles que la main fuft ainfi tournée vers K ; ny aufli en mefme forte, que fi elle eftoit veritablement tournée vers o ; mais d'vne façon moyenne entre ces deux, fçauoir en mefme forte que fi elle eftoit tournée vers P. Et ainfi la difpofition que cette contrainte donnera aux par- ties du cerueau, fera iuger à l'ame que l’objet K eft au point P, & qu'il eft autre que celuy qui eft touché par la main g. |Tout de mefme (F1g. 16), fi l'œil M eft détourné par force de l'objet N, & difpofé comme s'il deuoit regarder vers q, l'ame jugera que l'œil eft tourné vers R. Et pource qu'en cette fituation les rayons de l'objet N entreront dans l'œil, tout de mefme que feroient ceux du point S, fi l'œil eftoit veritablement tourné vers R : elle croira que cet objet Neft au point S,& qu'il eft autre que celuy qui eft regardé par l’autre œil. Tout de mefme aufli (Fig. 19), les deux doigts 1 & », touchans la petite boule X, feront iuger à l'ame qu'ils en touchent deux differentes, à caufe qu'ils font croi- fez & retenus par contrainte hors de leur fituation naturelle. Œuvres. VI. 21 162 LE Monre. 5250 De plus, fi les rayons, ou autres lignes, par l'entre- mife defquelles les a@tions des objets éloignez paf- fent vers les fens, font courbées, l'ame, qui les fup- pofera communement eftre droites, en tirera occafion de fe tromper. Comme, par exemple (Fig. 20), fi le bafton HY eft courbé vers K, il femblera à l'ame que l'objet K, que ce bafton touche, efl vers Y. Et fi l'œil L (Fig. 21) reçoit les rayons de l'objet N au trauers du verre Z, qui les courbe, il femblera à l'ame que cet objet eft vers A. Et tout de mefme (Fig. 22), fi l'œil B reçoit les rayons du point D, au trauers du verre c, que ie fuppofe les plier tous en mefme façon que s'ils venoient du point E, & ceux du point F, comme s'ils venoient du point G, & ainfi des autres, il femblera à l'ame que l'objet DFH, eft auffi éloigné & auffi grand que paroift EGI. | Et pour conclufion, il faut remarquer, que tous les moyens que l'ame aura pour connoiftre la diftance des objets de la veüe, font incertains. Car (Fig. 16) pour les angles LMN, MLN, & leurs femblables, ils ne changent quafi plus fenfiblement, quand l'objet eft à quinze ou vingt piez de diftance. Et pour la difpofition de l'humeur cryftalline, elle change encore moins fen- fiblement, fi toft que l'objet eft plus de trois ou quatre piez loin de l'œil. Et enfin, pour ce qui eft de iuger des éloignemens, par l'opinion qu'on a de la grandeur des obljets, ou pour ce que les rayons qui viennent de leurs diuers points, ne s’affemblent pas fi exactement au fond de l'œil les vns que les autres, l'exemple des tableaux de perfpetiue nous monftre affez combien il eft facile de s'y tromper. Car, lors que leurs figures 20 23 30 ? 4 & CES. 7 LS D 2 reg ah di je ATTAT POPE N T T C E ET N MB Er + 20 23 55-56. TRAITÉ DE L'HOMME. 103 font plus petites que nous ne nous imaginons qu'elles doiuent eftre, & que leurs couleurs font vn peu obfeures, & leurs lineamens vn peu confus, cela fait qu'elles nous paroiflent de beaucoup plus éloignées & plus grandes qu'elles ne font. Or, apres vous auoir ainfi expliqué les cinq fens exterieurs, tels qu'ils font en cette machine, il faut aufli que ie vous die quelque chofe de certains fen- timens interieurs qui s y trouuent.. Lors que les liqueurs, que 1'ay dit cy-deffus feruir comme, d'eau forte dans fon eftomac*, & y entrer fans ceffe de toute la mañfle du fang par les extremitez des arteres, n'y trouuent pas aflez de viandes à diffoudre pour occuper toute leur force, elles la tournent contre l'eftomac mefme, & agitant les petits filets de fes nerfs plus fort que de coutume, font mouuoir les parties du cerueau d'où ils viennent. Ce qui fera caufe que l'ame eftant vnie à cette machine conceura l'idée generale de | la faim. Et fices liqueurs font difpofées à employer plutoft leur aétion contre certaines viandes particu- lieres que contre d’autres, ainfi que l’eau forte com- mune diffout plus aifement les metaux que la cire, elles agiront aufi d'vne façon particuliere contre les nerfs de l’eftomac, laquelle fera caufe que l'ame conceura pour lors l’appetit de manger de certaines viandes, plutoft que d’autres. (ic notart pote/fl mira huius machinæ conformatio, quod fames oriatur ex teru- nio: fanguis enim circulatione acrior fit, & 1la liquor ex eo in flomachum veniens neruos magis vellicat, idque modo a. Voir ci-avant, p. 121, 1. 10-21. 104 LE Mono. 56-57 peculiari, fi peculiaris fit confhtutio fanguinis : vnde pica mulierum*.) Or ces liqueurs s’aflemblent principale- ment au fond de l'eftomac, & c'eft là qu'elles caufent le fentiment de la faim. Mais il monte aufli continuellement plufieurs de leurs parties vers le gofier, & lors qu'elles n'y viennent pas en aflez grande abondance pour l'humeëter, & remplir fes pores en forme d’eau, elles y montent feule- ment en forme d'air, ou de fumée, & agiffant pour lors contre | fes nerfs d'autre façon que de coutume, elles caufent vn mouuement dans le cerueau, qui donnera occafion à l'ame de conceuoir l'idée de la of, Ainfi, lors que le fang qui va dans le cœur eft plus pur & plus fubtil, & s'y embrafe plus facilement qu'à l'ordinaire, il difpofe le petit nerf qui y ef, en la façon a. Remarque de Louis de la Forge, p. 386 : « Hic notari potefl. Le croy » que ce paffage n’apartient pas au texte, mais que c’eft la remarque de » quelqu'vn à qui cét écrit eft tombé entre les mains; laquelle il auoit mife » à la marge, mais le copifte, peu intelligent ou trop fidele, l’a inferée dans » le texte, qui ne laiffe pas d’eftre entier fans cela ; outre qu’il n’y a point » de raifon pourquoy l’Autheur auroit changé de langage. » Vient ensuite, en italiques, la phrase suivante, qui est sans doute de Clerselier: « L'ob- » feruation eft iudicieufe, & veritable, finon que la remarque mefme efi de » Monfieur Defcartes ; c'efl pourquoy on ne l’a pas voulu obmettre. » L'édition de F. Schuyl donnait déjà cette mème phrase : Hic notari…. mulierum, en italiques, comme détachée du texte. Clerselier l’a fait suivre. d'une traduction française, qui vraisemblablement est de lui, et non de Descartes. C’est pourquoi nous la donnons en note : « L'on peut icy remarquer la ftructure admirable de cette machine, qui eft telle que la faim luy vient d'avoir efté trop long-temps fans manger; dont la raifon eft, que le fang fe fubtilife & deuient plus acre par la cir- culation ; d’où il arriue que la liqueur, qui va des arteres dans fon efto- mac, agite & picote plus fort que de coutume les nerfs qui y font, & mefme qu'elle les agite d'vne certaine façon particuliere, fi la conftitu- tion du fang fe trouue aufli auoir quelque chofe de particulier : & c’eft de là que viennent ces appetits defordonnez, ou ces enuies, des femmes groffes. » (Page 56.) LR Lt be 15 20 25 30 57-58. TRAITÉ DE L'HOMME. 10$ qui eft requife pour caufer le fentiment de la 1oye; & en celle qui eft requife pour caufer le fentiment de la trifleffe, quand ce fang a des qualiteztoutes contraires. Et de cecy vous pouuez aflez entendre ce qu'il y a, en cette machine, qui fe rapporte à tous les autres fen- timens interieurs qui font en nous; fi bien qu'il eft temps que ie commence à vous expliquer, comment les Efprits Animaux fuiuent leur cours dans les conca- uitez & dans les pores de fon cerueau, & quelles font les fonctions qui en dependent. Si vous auez iamais eu la curiofité de voir de prés les Orgues de nos Eglifes, vous fçauez comment les foufflets y pouflent l'air en certains receptacles, qui, ce me femble, font nommez à cette occafion les porte-vents ; & comment cet air entre de là dans les tuyaux, tantoft dans les vns, tantoft dans les autres, felon les diuerfes façons que l'organifte remüe fes doigts fur le clauier. Or vous pouuez icy conceuoir que le cœur & les arteres, qui pouffent les efprits ani- maux dans les concauitez du cerueau de noftre ma- chine, font comme les foufflets de ces orgues, qui pouffent l'air dans les porte-vents; & que les objets exterieurs, qui, felon les nerfs qu'ils remüent, font que les efprits contenus dans ces concauitez entrent de là dans quelques-vns de ces potres, font comme les doigts de l'organifte, qui, felon les touches qu'ils preffent, font que l'air entre des porte-vents dans quelques tuyaux. Et comme l'harmonie des orgues ne dépend point de cet arrangement de leurs tuyaux que l'on voit par dehors, ny de la figure de leurs porte- vents, ou autres parties, mais feulement de trois . 166 Le Monpe. 58-59. chofes, fçauoir, de l'air qui vient des foufflets, des tuyaux qui rendent le fon, & de la difiribution de cet air dans les tuyaux : ainfi ie veux vous aduertir, que les fonélions dont il eft icy queftion, ne dependent aucunement de la figure exterieure de toutes ces parties vifibles que les Anatomiftes diftinguent en la fubftance du cerueau, ny de celle de fes concauitez ; mais feulement des efprits qui viennent du cœur, des pores du cerueau par où ils paflent, & de la façon que ces efprits fe diftribuent dans ces pores. Si bien qu'il eft feulement icy befoin, que ie vous explique par ordre tout ce qu'il y a de plus confiderable en ces trois chofes. Premierement, pour ce qui eft des Efprits Animaux, ils peuuent eftre plus ou moins abondans, & leurs parties plus ou moins groffes, & plus ou moins agitées, & plus ou moins égales entr'elles vne fois que l’autre; & c'eft par le moyen de ces quatre differences, que toutes les diuerfes humeurs ou inclinations naturelles qui font en nous (au moins entant qu'elles ne depen- dent point de la conftitution du cerueau, ny des affec- tions particulieres de l'ame) font reprefentées en cette machine. Car, fi ces efprits font plus abondans que de coutume, ils font propres à exciter en elle des mouue- mens tout femblables à ceux qui témoignent en nous de la bonté, | de la liberalité & de l'amour; & de fem- blables à ceux qui témoignent en nous de la confiance ou de la hardieffe, fi leurs parties font plus fortes & plus grofles ; & de la con/lance, fi auec cela elles font plus égales en figure, en force, & en grofleur ; & de la promptitude, de la diligence, & du dejir, fi elles font 20 25 30 al se s Pi 2r«h + # 20 25 30 59-60. TRAITÉ DE L'HOMME. 107 plus agitées ; & de la tranquillité d'efprit, fi elles font plus égales en leur agitation. Comme, au contraire, ces mefmes efprits font propres à exciter en elle des mouuemens tout femblables à ceux qui témoignent en nous de la malignité, de la timidité, de l'inconflance, de la tardiueté, & de l'inquietude, fi ces mefmes qualitez leur defaillent. Et fçachez que toutes les autres humeurs ou incli- nations naturelles font dependantes de celles-cy. Comme, l'humeur joyeufe eft compofée de la promp- titude & de la tranquillité d'efprit; & la bonté & la confiance feruent à la rendre plus parfaite. L'humeur trifle eft compofée de la tardiueté & de l'inquietude, & peut eftre augmentée par la malignité & la timidité. L'humeur colerique eft compofée de la promptitude & de l'inquietude, & la malignité & la confiance la for- üfient. Enfin, comme ie viens de dire, la liberalité, la bonté, & l'amour dependent del'abondance des efprits, & forment en nous cette humeur qui nous rend com- plaifans & bienfaifans à tout le monde. La curiofité & les autres defirs dependent de l'agitation de leurs parties; & ainfi des autres. Mais parce que ces mefmes humeurs, ou du moins les paflions aufquelles elles difpofent, des aufli beaucoup des impreflions qui fe font dans la fubftance du cerueau, vous les pourrez cy-aprés mieux entendre ; I& ie me contenteray icy de vous dire les caufes d'où viennent les differences des efprits. Le fuc des viandes, qui pañfe de l'eflomac dans les venes, fe mélant auec le fang, luy communique tou- fiours quelques-vnes de fes qualitez, & entr'autres il 168 LE MonpE. 6e le rend ordinairement plus groflier, quand il fe méle tout fraifchement auec luy: en forte que pour lors les: petites parties de ce fang, que le cœur enuoye vers le cerueau, pour y compofer les efprits animaux, ont coutume de n'eftre pas fi agitées, ny fi fortes, ny fi abondantes ; & par confequent, de ne rendre pas le corps de cette machine fi leger, ny fi alaigre, comme il eft quelque temps apres que la digeflion eft acheuée, & que le mefme fang, ayant pañlé & repañlé plufieurs fois dans le cœur, eft deuenu plus fubtil. L'air de la refpiration, fe mélant aufli en quelque façon auec le fang, auant qu'itentre dans la concauité gauche du cœur, fait qu'il s'y embrafe plus fort, & y produit des efprits plus vifs & plus agitez en temps fec qu'en temps humide : ainfi qu'on experimente que, pour lors, toute forte de flame eft plus ardente. Lors que le foye eft bien difpofé*, & qu'il elabore parfaitement le fang qui doit aller dans le cœur, les a. Remarque de Louis de la Forge : « II (Monfieur Defcartes) parle icy » conformement à l’ancienne opinion, parce qu'il eft vray-femblable qu'il » n’auoit pas alors, comme il a eu depuis, connoïffance des nouuelles » obferuations que Monfieur Pequet & quelques-autres ont mifes au iour. » Mais à préfent qu'il n'y a plus lieu de douter que ce ne foit princi- » palement dans le cœur, que le chyle fe change en fang, & que l'on ne » peut nier qu'il ne foit capable de l’engendrer, puifque la generation » d'vn poulet nous fait voir le fang, & le cœur, longtemps auant que » l’on voye la moindre marque du foye : ce paflage fe doit entendre » fimplement du fang que le foye contient de referue, lequel, coulant » toufiours vers le cœur égallement (quoy que plus lentement que l’autre » fang de la vene caue), contribuë merueilleufement à faire que la gene- » ration des efprits foit égalle, & plus abondante qu’elle ne feroit, s’il ny » auoit que celuy qui a defia plufieurs fois pañfé dans le cœur qui con- » tinuaft à y entrer; parce que quantité de fes plus fubtiles parties, qui font » les plus capables d’engendrer les efprits, s'écoulent au trauers des » arteres, en la maniere que nous auons dit. » (P. 292-293.) — Voir ci- avant, p. 122, note a. LS + à dd RS RS Dé dt ns des ons St née... dd dd ion de di 4 ! 20 DS 30 60-61. TRAITÉ DE L'HOMME. 169 efprits qui fortent de ce fang, en font d'autant plus abondans, & plus également agitez; & s'il arriue que le foye foit preflé par fes nerfs, les plus fubtiles parties du fang qu'il contient, montans incontinent vers le cœur, produiront aufi des efprits plus abondans & plus vifs que de coutume, mais non pas fi également agitez. Si le fiel, qui eft defliné à purger le fang de celles de | fes parties qui font les plus propres de toutes à eftre embrafées dans le cœur, manque à faire fon deuoir, ou queftant reflerré par fon nerf, la matiere quil contient regorge dans les venes, les efprits en feront d'autant plus vifs, & auec cela plus inegalement agitez. Si la rate, qui, au contraire, eft deftinée à purger le fang de celles de fes parties qui font les moins propres à eftre embrafées dans le cœur, eft mal dif- pofée, ou qu'eftant preflée par fes nerfs, ou par quel- qu'autre corps que ce foit, la matiere qu'elle contient regorge dans les venes, les efprits en feront d'autant moins abondans, & moins agitez, & auec cela plus inegalement agitez. Enfin tout ce qui peut caufer quelque changement dans le fang, en peut aufli caufer dans les efprits. Mais par deffus tout, le petit nerf qui fe termine dans le cœur, pouuant dilater & reflerrer, tant les deux en- trées par où le fang des venes & l'air du poulmon y defcend, que les deux forties par où ce fang s'exhale & s'elance dans les arteres, peut caufer mille difte- rences en la nature des efprits : ainfi que la chaleur de certaines lampes fermées, dont fe feruent les Alchy- miftes, peut eftre moderée en plufieurs façons, felon qu'on ouure plus ou moins, tantoft le conduit par où Œuvres. VI. 22 170 LE Monpe. 61-63. l'huile ou autre aliment de la flame y doit entrer, & tantoft celuy par où la fumée en doit sortir. ISecondement, pour ce qui eft des pores du cerueau, ils ne doiuent pas eftre imaginez autrement que comme les interualles qui fe trouuent entre les filets de quelque tiflu : car, en effet, tout le cerueau n'eft autre chofe qu'vn tiflu compofé d'vne certaine façon particuliere, que ie tafcheray icy de vous expliquer. IConceuez (Fig. 23 et Fig. 24) fa fuperficie A A*, qui regarde les concauitez EE, comme vn rezeüil ou laflis aflez épais & preflé, dont toutes les mailles font autant de petits tuyaux par où les efprits animaux peuuent entrer, & qui, regardans toufiours vers la glande H°, d'où fortent ces efprits, fe peuuent facile- a. Remarque de Louis de la Forge : « Conceuez fa fuperficieA, À, p. 63. » 1. 1. (En marge, note de Clerselier: Voyez la figure de la page 62, car » elle eft de M. de la Forge.) Les figures quei’ay faites du cerueau le repre- » fententcomme fi on l’auoit coupé de telle forte que l’on pâft voir toutd’vn » temps le troifiéme & quatriéme ventricule. Mais parce que l'on fuppofe » que cela fe fait, l’animal eftant en vie, & que les chofes que décrit l’Au- » theur ne peuuent eftre apperceües par nos fens, ie les ay reprefentées, » non pas de la mefme façon qu'elles paroiflent effeétiuement, maïs de la » mefme maniere que nous les verrions, fi nos fens eftoient affez fubtils » pour les découvrir. A A eft la fuperficie des ventricules; & bien qu’on » l’ait reprefentée comme vn rets, il ne la faut neantmoins conceuoir que » comme l’aboutiffement de tous les filamens du cerueau, & fes mailles » comme les efpaces vuides qui font autour d’eux. Il faut icy remarquer, » vne fois pour toutes, que ie ne me fuis pas tant attaché à reprefenter les » chofes felon le naturel, qu'à faire en forte que par elles on peuft aife- » ment comprendre ce que dit M. Defcartes ; car, apres cela, il ne fera pas difficile de les y raporter. » (P. 325-326.) Cette figure de la page 62 est notre Fig. 23. b. Remarque de Louis de la Forge: « ...comme l’Auteur dira quantité » de chofes de la glande, laquelle j’ay reprefentée notablement plus groffe » que le naturel, & que n’ont accoutumé de faire les Anatomiftes dans » leurs figures... » (P. 311.) 2 20 25 30 B56b, TRAITÉ DE L'HOMME. 171 ment tourner çà & là vers les diuers points de cette glande : comme vous voyez (Fig. 25) qu'ils | font tour- nez autrement en la 48° qu'en la 40° figure. Et penfez que, de chaque partie de ce rezeüil, il fort plufieurs filets fort déliez, dont les vns font ordinairement plus longs que les autres; & qu'aprés que ces filets fe font diuerfement entrelacez en tout l'efpace marqué B, les plus longs defcendent vers D, puis de là, compo- fans la moëlle des nerfs, fe vont épandre par tous les membres. Penfez auffi que les principales qualitez de ces petits filets font de pouuoir affez facilement eftre pliez en toutes fortes de façons, par la feule force des efprits qui les touchent, &, quafi comme s'ils eftoient faits de plomb ou de cire, de retenir toufiours les derniers plis qu'ils ont receus, iufqu'à ce qu'on leur en imprime de contraires. Enfin penfez que les pores, dont il eft icy queftion, ne font autre chofe que les interualles qui fe trouuent entre ces filets, & qui peuuent eftre diuerfement élar- gis & retrecis, par la force des efprits qui entrent dedans, felon qu'elle .eft plus ou moins grande, & qu'ils font plus ou moins abondans; & que les plus courts de ces filets fe vont rendre en l’efpace c, c, où chacun fe termine contre l'extremité de quelqu'vn des petits vaifleaux | qui y font, & en reçoit fa nourriture. Troifiémement. Mais afin que ie puiffe plus com- modement expliquer toutes les particularitez de ce tiflu, il faut icy que ie commence à vous parler de la diftribution de ces efprits. Jamais ils ne s'arreftent vn feul moment en vne 172 Le Monne. : 65-66. place; mais, à mefure qu'ils entrent dans les concauitez du cerueau EE (Fig. 23 et Fig. 24), par les trous de la petite glande marquée H, | ils tendent d'abord vers ceux des petits tuyaux a, a, qui leur font le plus direétement oppofez ; &, fi ces tuyaux a, a, ne font pas aflez ouuerts pour les receuoir tous, ils reçoiuent au moins les plus fortes & les plus viues de leurs parties, pendant que les plus foibles & fuperflües font repouflées vers les conduits I, K, L, qui regardent les narines, & le palais : à fçavoir, les plus agitées vers I, par où, quand elles ont encore beaucoup de force, & qu'elles n'y trouuent pas le paflage aflez libre, elles fortent quelquefois auec tant de violence, quelles chatoüillent les parties interieures du nez, ce qui caufe l'Eternüement; puis les autres vers K & vers L, par où elles peuuent facilement fortir, pource que les pañlages y font fort larges; ou fi elles y manquent, eftant contraintes de retourner vers les petits tuyaux a, a, qui font en la fuperficie interieure du cerueau, elles caufent aufli-toft vn ébloürffement, ou vertige, qui trouble les fonétions de l'imagination. Et notez, en pañlant, que ces plus foibles parties des efprits, ne viennent pas tant des arteres qui s'in- ferent dans la glande H, comme de celles qui, fe diui- fans en mille branches fort déliées, tapiflent le fond des concauitez du cerueau. Notez aufli quelles fe peuuent aifement épaiflir en pituite, non pas iamais eftant dans le cerueau, fi ce n'eft par quelque grande maladie, mais en ces larges efpaces qui font au deffous de fa baze, entre les narines & le gofier : tout de mefme que la fumée fe conuertit facilement en fuye, 20 25 30 . né 06. Cités hé don ni ARS do …. nié t 1 banal A 2 4 Sd b 20 25 30 66-69. TRAITÉ DE L'HOMME. 173 dans les tuyaux des cheminées, mais non pas iamais dans le foyer où ef le feu. [Notez aufli que, lors que ie dis que les efprits, en fortant de la glande H, tendent vers les endroits de la fuperficie interieure du cerueau, qui leur font le plus direétement oppolez : ie n'entens pas qu'ils tendent toüjours vers ceux qui font vis à vis d'eux en ligne droite, mais feulement vers ceux, où la difpofition qui eft pour lors dans le cerueau, les fait tendre. Or, la fubftance du cerueau eftant molle & pliante, fes concauitez feroient fort étroites, & prefque toutes fermées, ainsi qu'elles paroiflent dans le cerueau d'vn homme mort, sil n'entroit dedans aucuns efprits; mais la fource qui produit ces efprits eft ordinairement fi abondante, qu'à mefure qu'ils entrent dans ces con- cauitez, ils ont la force de pouffer tout autour la ma- tiere qui les enuironne, & de l'enfler, & par ce moyen de faire tendre tous les petits filets des nerfs qui en viennent : ainfi que le vent, eftant un peu fort, peut enfler les voiles d'vn nauire, & faire tendre toutes les cordes aufquelles ils font attachez. D'où vient que pour lors cette machine, eftant difpofée à obeïr àtoutes les actions des efprits, reprefente le corps d'vn homme qui verlle. Ou du moins ils ont la force d'en poufer ainfi & | faire tendre quelques parties, pendant que les autres demeurent libres & lafches : ainfi que font celles d'vn voile, quand le vent eft vn peu trop foible pour le remplir. Et pour lors cette machine reprefente le corps d'vn homme qui dort, & qui a diuers fonges en dormant. Imaginez-vous, par exemple, que la difference qui eft entre les deux figures M & N (F1. 26, 174 LE Monpe. 69-71. 27 et 28), eft la mefme qui eft entre le cerueau d'vn homme qui veille, & celuy d'vn homme qui dort, & qui réue en dormant. Mais, auant que ie vous parle plus particuliere- ment du | /ommeil & des fonges, il faut que ie vous faffe icy confiderer tout ce qui fe fait de plus remar- quable dans le cerueau, pendant le temps de la veille: à fçauoir, comment s'y forment les idées des objets, dans le lieu deftiné pour l'imagination, & pour le fens commun, comment elles fe referuent dans la memoire, & comment elles caufent le mouuement de tous les membres. Vous pouuez voir, en la figure marquée M (Fig. 27), que les efprits qui fortent de la glande H, ayant dilaté la partie du cerueau marquée A, &entr ouuerttous fes pores, coulent de là vers B, puis vers C, &enfin vers D, d'où ils fe répandent dans tous fes nerfs, & tiennent par ce moyen tous les petits filets, dont ces nerfs & le cerueau font compofez, tellement tendus, que les actions qui ont tant foit peu la force de les mouuoir, fe communiquent facilement de l’vne de leurs extre- mitez iufques à l’autre, fans que les detours des che- mins par où ils paflent, les en empefchent.. Mais afin que ces détours ne vous empefchent pas laufli de voir clairement, comment cela fert à former les idées des objets qui frapent les fens, regardez en la figure cy-iointe® (Fig. 29) les petits filets 12, 34, a. Remarque de Louis de la Forge : « Regardez en la figure cy-iointe. » Cette figure, non plus que les fuiuantes, ne contient rien de plus que » les premieres, excepté la figure des yeux, & l’infertion des filets des » nerfs optiques dans les ventricules. Que s’il femble à quelqu'vn que » cette infertion n’eft pas bien mife, & qu'elle deuroit eftre plus ou moins 20 25 ” iù LÀ * RICE, Lula f DE TT rt 10 20 25 71-72. TRAITÉ DE L'HOMME. 176 56, & femblables, qui compofent le nerf optique, & - font étendus depuis le fond de l'œil 1, 3, $, iufques à la fuperficie interieure du cerueau 2, 4, 6. Et penfez que ces filets font tellement difpofez, que, fi les rayons qui viennent, par exemple, du point A del'objet, vont prefler le fond de l'œil au point 1, ils tirent par ce moyen tout le filet 12, & augmentent l'ouuerture du petittuyau marqué 2. Ettout de mefme, que les rayons qui viennent du point B, augmentent l'ouuerture du petit tuyau 4, & ainfi des autres. En forte que, comme les diuerfes façons dont les points 1, 3, $, font preflez par cesrayons, tracent dans le fond de l'œil vne figure quirfe rapporte à celle de l'objet ABC, ainfi qu'il a efté dit cy-deffus : il eft euident que les diuerfes façons, dont les petits tuyaux 2, 4, 6, font ouuerts par les filets 12, 34, $6 &c., la doiuent auffi | tracer en la fuperficie interieure du cerueau. Penfez, apres cela, que les efprits qui tendent à entrer dans chacun des petits tuyaux 2, 4, 6, & fem- blables, ne viennent pas indifferemment de tous les points qui font en la fuperficie de la glande H, mais feulement de quelqu'vn en particulier; & que ce font ceux qui viennent, par exemple, du point a de cette fuperficie, qui tendent à entrer dans le tuyau 2, & ceux des points b & c, qui tendent à entrer dans les tuyaux 4 & 6, & ainfi des autres. En forte qu'au mefme inftant que l'ouuerture de ces tuyaux deuient plus » auancée, il en peut croire ce qu'il luy plaira ; car cela eftant indiflerent, » & ne pouuant nuire ny feruir au raifonnement de Monfieur Defcartes, » ay creu qu'il valloit autant les mettre là comme ailleurs, puifque l'on » ne fçait point ençore precifement le lieu où ils aboutiffent. » (P. 332. 176 | LE Monpe. 72-73. grande, les efprits commencent à fortir plus libre- ment & plus vifte qu'ils ne faifoient auparauant, par les endroits de cette glande qui les regardent. Et que, comme les diuerfes façons dont les tuyaux 2, 4, 6, font ouuerts, tracent vne figure qui fe rapporte à celle de l'objet A B C, fur la fuperficie interieure du cer- ueau : ainfi celle dont les efprits fortent des points a, b, c, la tracent fur la fuperficie de cette glande. Et notez que, par ces figures, ie n'entens pas feule- ment icy les chofes qui reprefentent en quelque forte la pofition des lignes & des fuperficies des objets, mais aufli toutes celles qui, fuiuant ce que r'ay dit ey-def- fus, pourront donner occafion à l'ame de fentir le mouuement, la grandeur, la diftance, les couleurs, les fons, les odeurs, & autres telles qualitez; & mefmes celles qui luy pourront faire fentir le chatoüillement, la douleur, la faim, la foif, la joye, la triftefle, & autres telles paflions: Car il eft facile à entendre, que le tuyau 2, par exemple, fera ouuert autrement par l’action que i'ay dit | caufer le fentiment de la couleur rouge, ou celuy du chatoüillement, que par celle que l'ay dit caufer le fentiment de la couleur blanche, ou bien celuy de la douleur; & que les efprits qui fortent du point a, tendront diuerfement vers ce tuyau, felon qu'il fera ouuert diuerfement, & ainfi des autres. Or, entre ces figures, ce ne font pas celles qui s’im- priment dans les organes des fens exterieurs, ou dans la fuperficie interieure du cerueau, mais feulement celles qui fe tracent dans les efprits fur la fuperficie de la glande H, où eff le fiege de l'imagination, & du Jens commun, qui doiuent eftre prifes pour les idées, 20 25 30 POS ES FN TES Lt. de hd) ai rodtl Mid dd -t ire 73-74 TRAITÉ DE L'HOMME. . 177 c'eft à dire pour les formes ou images que l'ame rai- fonnable confiderera immediatement, lors qu'eftant vnie à cette machine elle imaginera ou fentira quelque objet. Et notez que ie dis, imaginera, ou fentira; d'autant que ie veux comprendre generalement, fous le nom d'Idée, toutes les impreflions que peuuent receuoir les efprits en fortant de la glande H, lefquelles s’attri- büent toutes au fens commun, lors qu'elles dépen- dent de la prefence des objets ; mais elles peuuent aufli proceder de plufieurs autres caufes, ainfi que ie vous diray cy-aprés, & alors c'eft à l'imagination qu'elles doiuent eftre attribuées. Et ie pourrois adiouter icy, comment les traces de ces idées pañlent par les arteres vers le cœur, & ainfi rayonnent en tout le fang; & comment mefme elles peuuent quelquefois eftre determinées, par certaines actions de la mere, à s'imprimer fur les membres de l'enfant qui fe forme dans fes entrailles. Mais ie me |contenteray de vous dire encore, comment elles s'im- priment en la partie interieure du cerueau, marquée B, où eft le fiege de la Memoire. Penfés donc, à cet effet, qu'aprés que les efprits qui fortent de la glande H (Fig. 29), y ont receu l'impret- fion de quelque idée, ils paflent de là par les tuyaux 2, 4, 6, & femblables, dans les pores ou interualles qui font entre les petits filets dont cette partie du cer- veau, B, eft compolée; & qu'ils ont la force d'élargir quelque peu ces interualles, & de plier & difpofer diuerfement les petits filets qu'ils rencontrent en leurs chemins, felon les diuerfes façons dont ils fe meu- Œuvres. VI. 23 178 LE MonpeE. re uent, & les diuerfes ouuertures des tuyaux par où ils paffent : en forte qu'ils y tracent aufli des figures, qui fe raportent à celles des objets ; non pas toutesfois fi aifement ny fi parfaitement du premier coup, que fur la glande H, mais peu à peu de mieux en mieux, felon que leur aétion eft plus forte, & qu'elle dure plus long-temps, ou qu'elle eft | plus de fois reïterée. Ce qui eft caufe que ces figures ne s’effacent pas non plus fi aifement, mais qu’elles s'y conferuent en telle forte, que par leur moyen les idées qui ont efté autrefois fur cette glande, s'y peuuent former derechef long-temps apres, fans que la prefence des objets aufquels elles fe rapportent y foit requife. Et c'eft en quoy confifte la Memoire. Par exemple, quand l'aétion de l'objet A B C, aug- mentant l’ouuerture des tuyaux 2, 4, 6, eft caufe que les efprits entrent dedans en plus grande quantité qu'ils ne feroient pas fans cela, elle eft auffi caufe que, paflans plus outre vers N, ils ont la force de s'y former certains paflages qui demeurent ouuerts, encore aprés que l’action de l'objet A BC a ceflé; ou qui du moins, s'ils fe referment, laiffent vne certaine difpofition dans les petits filets dont cette partie du cerueau N eft compofée, par le moyen de laquelle ils peuuent beaucoup plus aifement eftre ouuerts dere- chef, que s'ils ne l’auoient point encore efté : ainfi que, fi on pañloit plufieurs aiguilles, ou poinçons, au trauers d'vne toile, comme vous voyez (Fig. 30) en celle qui eft marquée A, les petits trous qu'on y feroit demeureroient encore ouuerts, comme vers a & vers b, aprés que ces aiguilles en feroient oftées ; ou s'ils 20 25 30 NT Vs ir jf 7 PT A NT 20 25 30 75-77: TRAITÉ DE L'HOMME. 179 fe refermoient, ils laiffleroient des traces en cette toile, comme vers c & vers d, qui feroient caufe qu'on les pourroit rouurir fort aifement. | Et mefme il faut remarquer que, fi on en rouuroit feulement quelques-vns, comme a & b, cela feul pour- roit eftre caufe que les autres, comme c & d, fe rou- uriroient aufli en mefme temps ; principalement s'ils auoient efté ouuerts plufieurs fois tous enfemble, & n'euflent pas couftume de l'eftre les vns fans les autres. Ce qui monftre comment la fouuenance d'vne chofe peut eftre excitée par celle d'vne autre, qui a efté autrefois imprimée en mefme tems qu'elle en la Memoire. Comme, fi ie vois deux yeux auec vn nez, ie m imagine aufli-toft vn front & vne bouche, & toutes les autres parties d'vn vifage, pour ce que ie n’ay pas accoutumé de les voir l'vne fans l’autre; & voyant du feu, ie | me reffouuiens de fa chaleur, pour ce que ie l'ay fentie autrefois en le voyant. Confiderez, outre cela, que la glande H eft com- pofée d'vne matiere qui eft fort molle, & qu'elle n'eft pas toute iointe & vnie à la fubftance du cerueau, mais feulement attachée à de petites arteres (dont les peaux font aflez lafches & pliantes) & fouftenüe comme en balance par la force du fang que la cha- leur du cœur poufle vers elle ; en forte qu'il faut fort peu de chofe pour la determiner à s'incliner & fe pancher plus ou moins, tantoft d'vn cofté tantoft d'vn autre, & faire qu'en fe panchant, elle difpofe les efprits qui fortent d'elle, à prendre leur cours vers certains endroits du cerueau, plutoft que vers les autres. 180 LE Mon. 77-78 Or il y a deux caufes principales, fans conter la force de l'ame, que ie mettray cy-apres, qui la peu- uent ainfi faire mouuoir, & qu'il faut icy que ie vous explique. La premiere eft la difference qui fe rencontre entre les petites parties des efprits qui fortent d’elle. Car fi tous ces efprits eftoient exaétement d'égale force, & qu'il n’y euft aucune autre caufe qui la determinaft à fe pancher ny çà ny là, ils couleroient également dans tous fes pores, & la foutiendroient toute droite & immobile au centre de la tefte, ainfi qu'elle eft repre- fentée en la figure 40 (Fig. 31). Mais comme vn corps attaché feulement à quelques filets, qui feroit foutenu en l’air par la force de la fumée qui fortiroit d'vn fourneau, flotteroit inceflamment çà & là, felon que les diuerfes parties de cette fumée agiroient contre luy diuerfement : ainfi les petites parties de ces efprits, qui fouleuent & foutiennent cette glande, eftans prefque toufiours differentes en quelque chofe, ne manquent pas de l’agiter & faire pancher tantoft d'vn cofté tantofl d'vn autre, comme vous la voyez en cette figure 41 (Fig. 32), où non feulement fon centre H eft vn peu éloigné du centre du cerueau, marqué 0, mais aufli les extremitez des arteres qui la foutien- nent, font courbées en telle forte, que prefque tous les efprits qu'elles luy apportent, prennent leur cours par l'endroit de fa fuperficie a, b, c, vers les petits tuyaux 2, 4, 6, ouurans par ce moyen ceux de fes pores qui regardent vers là, beaucoup dauantage que les autres. Or le principal effet qui fuit de cecy, confifte en 15 20 D) 30 5 Ë , | + C £ : i _- ke e . N'hn re nl in + isa he ln hill LL SRE LES DS 20 25 30 78-80. TRAITÉ DE L'HOMME. 181 ce que les efprits, fortans ainfi plus particulierement de quelques endroits de la fuperficie de cette glande, que des autres, peuuent auoir la force de tourner les petits tuyaux de la fuperficie interieure du cerueau dans lefquels ils fe vont rendre, vers les endroits d'où ils fortent, s'ils ne les y trouuent defia tout tournez; & par ce moyen, | de faire mouuoir les membres auf- quels fe raportent ces tuyaux, vers les lieux aufquels fe raportent ces endroits de la fuperficie de la glande H. Et notez que l’idée de ce mouuement des membres ne confifte qu'en la façon dont ces efprits fortent pour lors de cette glande, & ainfi que c'eft fon idée qui le caufe. Comme icy (Fig. 33), par exemple, on peut fup- pofer, que ce qui fait que le tuyau 8 fe tourne plutoft vers le point b, que | vers quelqu'autre, c'eft feule- ment que les efprits qui fortent de ce point, tendent auec plus de force vers luy qu'aucuns autres; & que cela mefme donneroit occafion à l'ame, de fentir que le bras fe tourne vers l'objet B, fielle eftoit defia dans cette Machine, ainfi que ie l'y fuppoferay cy-aprés. Car il faut penfer que tous les points de la glande vers lefquels ce tuyau 8 peut eftre tourné, répondent tellement à tous les lieux vers lefquels le bras mar- qué 7 le peut eftre, que ce qui fait maintenant que ce bras eft tourné vers l'objet B, c'eft que ce tuyau regarde de point b de la glande. Que fi les efprits changeans leur cours tournoient ce tuyau vers quel- qu'autre point de la glande, comme vers c, les petits filets 8, 7, qui fortans d'autour de luy fe vont rendre dans les mufcles de ce bras, changeans par mefme Li 182 Le Monpe. 80-82. moyen de fituation, retreciroient quelques-vns des pores du cerueau qui font vers D, & en élargiroient quelques autres : ce qui feroit que les efprits, paffans de là dans ces mufeles d'autre façon qu'ils ne font à prefent, tourneroient incontinent ce bras vers l'objet C. Comme, reciproquement, fi quelqu'autre tion que celle des efprits qui entrent par le tuyau 8, tour- noit ce mefme bras vers B ou vers C, elle feroit que ce tuyau 8 fe tourneroit vers les points de la glande b ou c; en forte que l'idée de ce mouuement fe for- meroit aufli en mefme temps, au moins fi l'attention n'en eftoit point diuertie, c'eft à dire, fi la glande H n'eftoit point empefchée de fe pancher vers 8, par quelqu'autre aétion qui fuft plus forte. Et ainfi gene- ralement il faut penfer, que chacun des autres petits tuyaux qui font en la fubperficie interieure du cer- ueau, fe raporte à chacun des autres membres; & chacun des autres points de la fuperficie de la glande H, à chacun des coftez vers lefquels ces membres peuuent eftre tournez : en forte que les mouuemens de ces membres, & leurs idées, peuuent eftre caufez reciproquement l'vn par l'autre. Et de plus, pour entendre icy par occafion, com- ment, lors que les deux yeux de cette Machine, & les organes | de plufieurs autres de fes fens, font tour- nez vers vn mefme objet, il ne s'en forme pas pour cela plufieurs idées dans fon cerueau, mais vne feule, il faut penfer que c'eft toufiours des mefmes points de cette fuperficie de la glande H que fortent les efprits, qui tendans vers diuers tuyaux peuuent tour- ner diuers membres vers les mefmes objets : comme 20 25 30 | & :, S : - E VAN L'I :5 228 # De "ES 20 25 30 82-83. TRAITÉ DE L'HOMME. 163 icy (Fig. 33), que c'eft du feul point b que fortent les efprits qui tendans vers les tuyaux 4, 4, & 8, tour- nent en mefme temps les deux yeux & le bras droit vers l'objet B. Ce qui vous fera facile à croire, fi pour entendre auffi en quoy confifte l'idée de la diftance des objets, vous penfez que, felon que cette fuperficie change de fituation, les mefmes de fes points fe raportent à des lieux d'autant plus éloignez du centre du cer- ueau marqué 0, que ces points en font plus proches, & d'autant plus proches qu'ils en font plus éloignez. Comme icy, il faut penfer que, fi le point b eftoit vn -peu plus retiré en arriere qu'il n'eft pas, il fe rapor- teroit à vn lieu plus éloigné que n'eft B; & s’il eftoit vn peu plus panché en auant, il fe raporteroit à vn plus proche. Et cecy fera caufe que, lors qu'il y aura vne ame dans cette machine, elle pourra quelquefois fentir diuers objets par l'entremife des mefmes organes, difpofez en mefme forte, & fans qu'il y ait rien du tout qui fe change, que la fituation de la glande H. Comme icy (Fig. 34), par exemple, l'ame pourra fentir ce qui eft au point L, par l'entremife des deux mains, qui tiennent les deux baftons NL & OL, pour ce que c'eft du point EL, de la glande H, que fortent les efprits qui entrent dans les tuyaux 7 & 8, | aufquels répon- dent fes deux mains; au lieu que, fi cette glande H eftoit vn peu plus en auant qu'elle n’eft, en forte que les points de fa fuperficie 7 & o fuffent aux lieux mar- quez 1 & k, & par confequent que ce fuft d'eux, que fortiffent les efprits qui vont vers 7 & vers 8, l'ame 184 Le Monpe. 83-84. deuroit fentir ce qui eft vers N, & vers O, par l'entre- mife des mefmes mains, & fans qu'elles fuffent en rien changées. | Au refte, il faut remarquer que, lors que la glande H eft panchée vers quelque cofté, par la feule force des efprits, & fans que l'ame raifonnable, ny les fens exterieurs y contribuent, les idées qui fe forment fur fa fuperficie ne procedent pas feulement des inega- litez, qui fe rencontrent entre les petites parties de ces efprits, & qui caufent la difference des humeurs, ainfi qu'il a eflé dit cy-deflus, mais elles procedent aufli des impreflions de la Memoire. Car fi la figure de quelque objet particulier eft imprimée beaucoup plus diftinétement qu'aucune autre, à l'endroit du cer- ueau vers lequel eft iuftement panchée cette glande, les efprits qui tendent vers là ne peuuent manquer d'en receuoir aufli l'impreflion. Et c’eft ainfi que les chofes paflées reuiennent quelquefois en la penfée, comme par hazard, & fans que la Memoire en foit fort excitée par aucun objet qui touche les fens. Mais fi plufieurs diuerfes figures fe trouuent tracées en ce mefme endroit du cerueau, prefqu'aufli parfai- tement l'vne que l’autre, ainfi qu'il arriue le plus fou- uent, les efprits receuront quelque chofe de l'impref- fion de chacune, & ce, plus ou moins, felon la diuerfe rencontre de leurs parties. Et c’ef ainfi que fe compo- fent les chymeres, & les hypogrifes, en l'imagination de ceux qui réuent eftant éueillez, c'eft à dire qui laiffent errer nonchalamment çà & là leur fantaifie, fans que les objets exterieurs la diuertiffent, ny qu'elle foit conduite par leur raifon. 10 20 25 30 10 20 25 30 84-86. TRAITÉ DE L'HOMME. 18$ Mais l'effet de la Memoire qui me femble icy le plus digne d’eftre confideré, confifte en ce que, fans qu'il y | ait aucune ame dans cette machine, elle peut natu- rellement eftre difpofée à imiter tous les mouuemens que de vrais hommes, ou bien d’autres femblables machines, feront en fa prefence. La feconde caufe qui peut determiner les mouue- mens de la glande H, eft l’action des objets qui tou- chent les fens. Car il eft aifé à entendre (Fig. 55), que l'ouuerture des petits tuyaux 2, 4, 6, par exemple, eftant élargie par l’action de l'objet ABC, les efprits qui commencent auflitoft à couler vers eux, plus libre- ment & plus vifte qu'ils ne faifoient, attirent apres foy quelque peu cette glande, & font qu'elle fe panche, fi elle n’en eft d’ailleurs empefchée; & changeans la difpofition de fes pores, elle | commence à conduire beaucoup plus grande quantité d'efprits par a, b, c, vers 2, 4, 6, qu'elle ne faifoit auparauant : ce qui rend l'idée que forment ces efprits d'autant plus parfaite. Et c'eft en quoy confifte le premier effet, que 1e defire que vous remarquiez. Le fecond confifte en ce que, pendant que cette glande eft retenüe ainfi panchée vers quelque cofté, . cela l'empefche de pouuoir fi aifement receuoir les idées des objets qui agifflent contre les organes des autres fens. Comme icy, par exemple, pendant que prefque tous les efprits que produit la glande H, for- tent des points a, b, c,iln'en fort pas aflez du point d, pour y former l'idée de l'objet D, dont ie fuppofe que lation n'eft ny fi viue, ny fi forte, que celle d'ABC. D'où vous voyez comment les idées s'empefchent l'vne Œuvres. VI. 24 1806 Le Monpe. 86-87. l'autre, & d'où vient qu'on ne peut eftre fort attentif à plufieurs chofes en mefme temps. Il faut aufi remarquer, que les organes des fens, lors qu'ils commencent à eftre touchez par quelque objet plus fort que par les autres, n'eflans pas encore autant difpofez à en receuoir l'aétion qu'ils pour- roient eftre, la prefence de cet objet eft fuffifante pour acheuer de les y difpofer entierement. Comme, fi l'œil, par exemple, eft difpofé à regarder vers vn lieu fort éloigné, lors que l'objet ABC, qui eft fort proche, commence à fe prefenter deuant luy, 1e dis que l’action de cet objet pourra faire qu'il fe difpo- fera tout aufli-toft à le regarder fixement. Et afin que cecy vous foit plus aifé à entendre, con- fiderez, premierement, la difference qui eft entre l'œil, idifpofé à regarder vn objet éloigné, comme il eft en la so° figure (Fig. 29), & le mefme œil, difpofé à en regarder vn plus proche, comme il eft en cette $1 : qui confifte, non feulement en ce que l'humeur cryftal- line eft vn peu plus voütée, & les autres parties de l'œil à proportion autrement difpofées en cette der- niere figure qu'en la precedente, mais aufli en ce que les petits tuyaux 2, 4, 6, y font inclinez vers vn point plus proche, & que la glande H y eft vn peu plus auancée vers eux, & que l'endroit de fa fuperficie a, b, c, y eft à proportion vn peu plus voûté ou courbé : en forte qu’en l'vne & en l’autre figure, c’eft toufiours du point a, que fortent les efprits qui tendent vers le tuyau 2; du point b, que fortent ceux qui tendent vers le tuyau 4; & du point c, que fortent ceux qui tendent vers le tuyau 6. 20 25 30 is 20 25 30 87-88. TRAITÉ DE L'HOMME. 187 Confiderez aufli que les feuls mouuemens de la glande H, font fuflifans pour changer la fituation de ces | tuyaux, & en fuitte toute la difpofition du corps de l'œil; ainfi qu'il a tantoft efté dit, en general, qu'ils peuuent:faire mouuoir tous les membres. Confiderez, apres cela, que ces tuyaux 2, 4, 6, (Fig. 36) peuuent eftre d'autant plus ouuerts par l'action de l'objet A BC, que l'œil eft plus difpofé à le regarder. Car fi les rayons qui tombent fur le point 3 par exemple, viennent tous du point B, comme ils font lors que l'œil regarde fixement vers là, 1l eft eui- dent que leurs aétions doiuent tirer plus fort le petit filet 3, 4, que s'ils venoient, partie du point À, partie de B, & partie de C, comme ils font fi toft que l'œil eft vn peu autrement difpofé; à caufe que pour lors leurs actions, n'eftant pas fi femblables, ny fi vnies, ne peu- uent eftre du tout fi fortes, & s’empefchent mefme fouuent l'vne l’autre. Ce qui n'a lieu neantmoins que touchant les objets dont les lineamens ne font ny trop femblables ny trop confus ; comme auffi n'y a-t-il que ceux-là, dont l'œil puifle bien diftinguer la diftance, & difcerner les parties, ainfi que j'ay remarqué en la Dioptrique. De plus, confiderez que la glande H peut beaucoup plus facilement eftre meüe, vers le cofté vers lequel en fe panchant elle difpofera l'œil à receuoir plus diftin- tement qu'il ne fait l’aétion de l’objet qui agit le plus fort de tous contre luy, que vers ceux où elle pourroit faire le contraire. Comme, par exemple, en cette so figure (F1g. 29), où l'œil eft difpofé à regarder vn objet éloigné, il'faut bien moins de force pour l'in- 188 LE Monpe. 88-90. citer à fe pancher vn peu plus en auant qu'elle n'eft, que pour faire qu’elle fe retire plus en arriere : pource qu’en fe retirant elle | rendroit l'œil encore moins dif- pofé qu'il n'eft pas, à receuoir l'aétion de l'objet A BC, que l’on fuppofe eftre proche, & agir le plus fort de tous contre luy. Et ainfi elle feroit caufe que les petits tuyaux 2, 4, 6, feroient aufli moins ouuerts par cette action, & que les efprits qui fortent des points a, b, c, couleroient aufli moins librement vers ces tuyaux; au lieu qu'en s'auançant, elle feroit, tout au contraire, que l'œil fe difpofant mieux à receuoir cette aétion, les petits tuyaux 2, 4, 6, s’ouuriroient dauantage, & en fuite, que les efprits qui fortent des points a, b, c, couleroient vers eux plus librement : en forte mefme que, fi-toft que la glande auroit le moins du monde commencé ainfi à fe mouuoir, le cours de ces efprits l'emporteroit tout aufli-toft, & ne luy permettroit pas de s’arrefter, iufqu’à ce qu’elle fuft tout à fait difpofée en la façon que vous la voyez en la ç1 figure, & que l'œil regardaft fixement vers cet objet proche ABC. | Si bien qu'il ne refte plus qu’à vous dire la caufe qui peut commencer ainfi à la mouuoir : laquelle n’eft autre, ordinairement, que la force de l’objet mefme, qui, agiflant contre l'organe de quelque fens, aug- mente l’ouuerture de quelques-vns des petits tuyaux qui font en la fuperficie interieure du cerueau, vers lefquels les efprits commençans aufli-toft à prendre leur cours, attirent auec foy cette glande, & la font incliner vers ce cofté là. Mais en cas que ces tuyaux fuffent defia d’ailleurs autant ou plus ouuerts que cet objet ne les ouure, il faut penfer que les petites 20 25 30 TRAITÉ DE L'HOMME. 189 parties des efprits qui coulent au trauers de fes pores, eftant inegales, la pouflent tantoft deçà tantoft de là, fort promptement, & en moins d'vn clin d'œil, de tous coftez, fans la laifler iamais en repos vn feul moment’; & que, s'il fe rencontre d'abord qu'elles la pouffent vers vn cofté, vers lequel il ne luy foit pas aifé de s’in- cliner, leur a@ion, qui n'eft | pas de foy grandement forte, ne peut prefque auoir aucun effet; mais, au con- traire, fi toft qu'elles la pouflent le moins du monde vers le cofté vers lequel elle eft defia toute portée, elle ne manquera pas de s'incliner vers là aufli-toft, & en fuite, de difpofer l'organe du fens à receuoir l'action de fon objet, le plus parfaitement qu'il eft poffible, ainfi que ie viens d'expliquer. Acheuons maintenant de conduire les efprits iufques aux nerfs, & voyons les mouuemens qui en dependent. Si les petits tuyaux de la fuperficie interieure du cer- ueau ne font point du tout plus ouuerts, ny d'autre façon, les vns que les autres, & par confequent que ces efprits n'ayent en eux l'impreflion d'aucune idée particuliere : ils fe répandent indifferemment de tous coftez, & pañlent des pores qui font vers B (Fig. 27), en ceux qui font vers C, d'où les plus fubtiles de leurs parties s'écouleront tout à fait hors du cerueau, par les pores de la petite peau qui l'enuelope ; puis le furplus, prenant fon cours vers D, s'ira | rendre dans les nerfs & dans les mufcles, fans y caufer aucun eftet particulier, pource qu'il fe difiribuera en tous éga- lement. Mais s'il y a quelques-vns des tuyaux qui foient plus ou moins ouuerts, ou feulement ouuerts de quel- 1 90 LE Monpe. 92-93. qu'autre façon que leurs voifins, par l’aétion des objets qui meuuent les fens : les petits filets qui compofent la fubflance du cerueau, eftans en fuite vn peu plus tendus ou plus lafches les vns que les autres, con- duiront les efprits vers certains endroits de fa bafe, & de là vers certains nerfs, auec plus ou moins dè force que vers les autres. Ce qui fuflira pour caufer diuers mouuemens dans les mufcles, fuiuant ce qui a efté cy- deffus amplement expliqué*. Or, d'autant que ie veux vous faire conceuoir ces mouuemens femblables à ceux aufquels nous fommes naturellement incitez par les diuerfes aélions des objets qui meuuent nos fens, ie defire icy que vous confideriez fix diuerfes fortes de circonftances dont ils peuuent dependre. La premiere eft le lieu d’où pro- cede l’aétion qui ouure quelques-vns des petits tuyaux par où entrent premierement les efprits. La feconde confifte en la force & en toutes les autres qualitez de cette action. La troifiéme, en la difpofition des petits filets qui compofent la fubftance du cerueau. La qua- triéme, en l'inegale force que peuuent auoir les petites parties des efprits. La cinquiéme, en la diuerfe fitua- tion des membres exterieurs. Et la fixiéme, en la ren- contre de plufieurs aélions qui meuuent les fens en mefme temps. Pour le lieu d'où procede l’action, vous fçauez defia | que, fi l'objet ABC (Fig. 36), par exemple, agifloit contre vn autre fens, que contre celui de la veüe, il ouuriroit d'autres tuyaux, en la fuperficie interieure du cerueau, que ceux qui font marquez 2, 4, 6. Etque, a. Voir p. 132-138. 20 25 30 93-94. TRAITÉ DE L'HOMME. 191 s'il eftoit plus prés ou plus loin, ou autrement fitué au refpeét de l'œil qu'il n’eft pas, il pourroit bien à la verité ouurir ces mefmes tuyaux, mais qu'il faudroit qu'ils fuflent autrement fituez qu'ils ne font, & par confequent qu'ils puffent receuoir des efprits d’autres points de la glande que de ceux qui font marquez a, b, c, & les conduire vers d'autres endroits que vers ABC, où ils les conduifent maintenant, & ainfi des autres. Pour les diuerfes qualitez de l'aétion qui ouure ces tuyaux, vous fçauez aufli que, felon qu'elles font diffe- rentes, elle les ouure diuerfement; & il faut penfer que cela feul eft fuflifant, pour changer le cours des efprits dans le cerueau. Comme, par exemple, fi l'objet A BC | eft rouge, c’eft à dire, s'il agit contre l'œil 1, 3, $, en la façon que r'ay dit cy-deflus eftre requife pour faire fentir la couleur rouge, & qu’auec cela il ait la figure d'vne pomme, ou autre fruit : il faut penfer qu'il ouurira les tuyaux 2, 4, 6, d'vne cer- taine façon particuliere, qui fera caufe que les parties du cerueau qui font vers \, fe prefleront l'vne contre l'autre, vn peu plus que de coutume ; en forte que les efprits qui entreront par ces tuyaux 2, 4, 6, prendront leur cours d'\ par o vers p. Et que, fi cet objet A BC eftoit d'vne autre couleur, ou d'vne autre figure, ce ne feroit pas iuftement les petits filets qui font vers x & vers 0, qui detourneroient les efprits qui entrent par 2, 4, 6, mais quelques autres de leurs voifins. Et fi la chaleur du feu A (Fig. 57), qui eft proche de la main B, n'eftoit que miediocre, il faudroit penfer que la façon dont elle ouuriroit les tuyaux 7, feroit 102 LE Monpe. 94-96. caufe que les parties du cerueau qui font vers Nw, fe prefleroient, & que celles qui font vers o, s’élar- giroient vn peu plus que de coutume; & ainfi, que les efprits qui viennent du tuyau 7, iroient d'N par o vers p. Mais fuppofant que ce feu brûle la main, il faut penfer que fon action ouure tant ces tuyaux 7, que les efprits qui entrent dedans, ont la force de pañfer plus loin en ligne droite, que iufques à » : à fçauoir iufques à o & à R, où pouflant deuant eux les parties du cerueau qui fe trouuent en leur chemin, ils les preflent en telle forte, qu'ils font repouflez & detournez par elles vers S, & ainfi des autres. Pour la difpofition des petits filets qui compofent la fubftance du cerueau, elle eft ou acquife, ou natu- relle ; | & pource que l'acquife eft dependante de toutes les autres circonftances qui changent le cours des efprits, ie la pourray tantoft mieux expliquer. Mais afin que ie vous die en quoy confifte la naturelle, fçachez que Dieu a tellement difpofé ces petits filets en les formant, que les paflages qu'il a laiflez parmy eux, peuuent conduire les efprits, qui font meus par quelque action par|ticuliere, vers tous les nerfs où ils doiuent aller, pour caufer les mefmes mouuemens en cette machine, aufquels vne pareille ation nous pourroit inciter, fuiuant les inftinéts de noftre nature. En forte qu'icy (Fig. 37), par exemple, où le-feu.A brûle la main B, & ef caufe que les efprits qui entrent dans le tuyau 7 tendent vers 0, ces efprits trouuent là deux pores ou pafflages principaux oR, os. L'vn def- quels, à fçauoir 0 R, les conduit en tous les nerfs qui feruent à mouuoir les membres exterieurs, en la façon 15 20 25 30 RENTE. res si LADA Nr ST 20 25 30 96-08. TRAITÉ DE L'Homme. 193 qui eft requife pour euiter la force de cette aétion : comme en ceux qui retirent la main, ou le bras, ou tout le corps, & en ceux qui tournent la tefte & les yeux vers ce feu, afin de voir plus particulierement ce qu'il faut faire pour s'en garder. Et par l'autre os, ils vont en tous ceux qui feruent à caufer des émotions interieures, femblables à celles qui fuiuent en nous de la douleur : comme en ceux qui refferrent le cœur, qui agitent le foye, & tels autres. Et mefme auffi en ceux qui peuuent caufer les mouuemens exterieurs qui la témoignent : comme en ceux qui excitent les larmes, qui rident le front & les ioües, & qui difpofent la voix a crier. Au lieu que, fi la main B, eftant fort froide, le feu A la réchauffoit moderement & fans la bruler, il feroit caufe que les mefmes efprits, qui entrent par le tuyau 7, iroient fe rendre non plus vers O & vers R, mais vers o & vers p, où ils trouueroient derechef des pores, difpofez à les conduire en tous les nerfs qui peuuent feruir aux mouuemens conuenables à cette action. |Et remarquez que ray particulierement diftingué les deux pores oR & os, pour vous aduertir qu'il y a prefque toufiours deux fortes de mouuemens qui pro- cedent de chaque aétion : fçauoir les exterieurs, qui feruent à pourfuiure les chofes defirables, ou à euiter les nuifibles; & les interieurs, qu'on nomme commu- nement les paffons, qui feruent à difpofer le cœur & le | foye, & tous les autres organes defquels le tem- perament du fang & en fuite celuy des efprits peut dependre, en telle forte que les efprits qui naïflent pour lors, fe trouuent propres à caufer les mouue- Œuvres. VI. 25 104 LE Monpe. 98-99. mens exterieurs qui doiuent fuiure. Car, fuppofant que les diuerfes qualitez de ces efprits font l'vne des circonftances qui feruent à changer leur cours, ainfi que iexpliqueray tout maintenant, on peut bien penfer que fi, par exemple, il eft queftion d’éuiter quelque mal par la force, & en le furmontant ou le chaffant, à quoy incline la pafñlion de la colere, les efprits doiuent eftre plus inégalement agitez & plus forts que de coutume; & au contraire que, s'il faut l'euiter, en fe cachant, ou le fupporter auec patience, à quoy incline la pañlion de la peur, ils doiuent eftre moins abondans & moins forts. Et pour cet effet le cœur fe doit refferrer pour lors, comme pour les épargner & referuer pour le befoin. Et vous pouuez iuger des autres pañlions à proportion. Quant aux autres mouuemens exterieurs, qui ne feruent point à éuiter le mal ou à fuiure le bien, mais feulement à témoigner les paflions, comme ceux en quoy confifte le rire ou le pleurer, ils ne fe font que par occafion, & pource que les nerfs par où doiuent entrer les efprits pour les caufer, ont leur origine tout proche de ceux par où ils entrent pour caufer les paflions, ainfi que l'Anatomie vous peut apprendre. Mais ie ne vous ay pas encore fait voir, comment les diuerfes qualitez des efprits peuuent auoir la force de changer la determination de leur cours; ce qui arriue principalement lors que d’ailleurs ils ne font que fort | peu ou point du tout determinez. Comme, fi les nerfs de l’eftomac font agitez en la façon que l'ay dit cy-deflus* qu'ils doiuent eftre, pour caufer le a. Voir p. 163, 1. 10. 20 30 9ÿ-100. TRAITÉ DE L'HOMME. 19$ fentiment de la faim, & que cependant il ne fe pre- fente rien à aucun fens, ny à la memoire, qui paroifle propre à eftre mangé : les efprits que cette aétion fera entrer par les tuyaux 8 dans le cerueau, s'iront rendre en vn endroit, où ils trouueront plufieurs pores difpofez à les conduire indifferemment en tous les nerfs qui peuuent feruir à la recherche ou à la pourfuitte de quelqu'objet ; en forte qu'il n'y aura que la feule inegalité de leurs parties, qui puifle eftre caufe qu'ils prennent leur cours plutoft par les vns que par les autres. Et sil arriue que les plus fortes de ces parties foient maintenant celles qui tendent à couler vers certains nerfs, puis inçontinent apres, que ce foient celles qui tendent vers leurs contraires, cela fera imiter à cette Machine les mouuemens qui fe voyent en nous, lors que nous hefitons, & fommes en doute de quelque chofe. Tout de mefme, fi l'action du feu A eft moyenne entre celles qui peuuent conduire les efprits vers R, & vers p, c'eft à dire entre celles qui caufent la dou- leur & le plaifir, il eft aifé à entendre que les feules inegalitez qui {ont en eux, doiuent fuflire pour les determiner à l'vn ou à l’autre : ainfi que fouuent vne mefme aëtion, qui nous eft agreable lors que nous fommes en bonne humeur, nous peut déplaire lors que nous fommes triftes & chagrins. Et vous pouuez tirer de cecy la raifon de tout ce que i'ay dit cy-deflus*, tou- chant les humeurs ou | inclinations tant naturelles qu'acquifes, qui dependent de la difference des efprits. a. Voir p. 166, 1. 14, 196 Le Mone. | 100. Pour la diuerfe fituation des membres exterieurs, il faut feulement penfer qu'elle change les pores qui portent immediatement ces efprits dans les nerfs : en forte que, par exemple, fi lors que le feu A brûle la main B, la tefte eftoit tournée vers le cofté gauche, au lieu qu’elle left maintenant vers le droit, les efprits iroient tout de mefme qu'ils font de 7 vers N, puis vers 0, & de là vers R & vers s; mais que de KR, au lieu d'aller vers x, par où ie fuppofe qu'ils doiuent pafler pour redrefler la tefte qui eft tournée vers la main droite, ils iroient vers 7, par où ie fuppofe qu'ils deuroient entrer pour la redreffer, fi elle eftoit tournée vers la gauche; d'autant que la fituation de cette tefle, qui eft maintenant caufe que les petits filets de la fubftance du cerueau qui font vers x, font beaucoup plus lafches & aifez à écarter l'vn de l’autre que ceux qui font vers 7, eftant changée, feroit, tout au contraire, que ceux qui font vers 7 feroient fort lafches, & ceux qui font vers x, fort tendus & ref- lerrez: Ainfi, pour entendre comment vne feule ation", fans fe changer, peut mouuoir maintenant vn pié de cette Machine, maintenant l'autre, felon qu'il eft requis pour faire qu'elle marche : il fuffit de penfer a. Remarque de Louis de la Forge (1664) : «Pour entendre comment vne feule aélion, p. 100, 1. 22. C’eft à dire, vn mefme cours d’efprits, fans qu'il y arriue d'autre changement, finon que, par exemple, dés l'entrée du pore 7, il tend tantoft vers le pié droit, & tantoft vers le gauche, felon que la diuerfe fituation des membres difpofe les fibres qui l’enuironnent, maintenant d’vne façon, & puis d'vne autre : tout de mefme qu’en tournant tant foit peu d’vne autre maniere le col du dragon de Ruel, l’on fait que l'eau qui en fort va à droite ou à gauche, fans » qu'il arriue aucun autre changement au cours de l’eau. » (Page 305.) 20 + À he dt à Le gp 0 ANRT NS Sr à dc AN ES rides + y 2 À = 20 25 100-102. TRAITÉ DE L'HOMME. 197 que les efprits pañlent par vn feul pore, dont l'extre- mité eft autrement difpofée & les conduit en d’autres nerfs, quand c’eft le pié gauche qui eft le plus auancé, que quand c'eft le droit. Et on peut rapporter icy tout ce que 1'ay dit cy-deflus* de la refpiration, & de tels autres mouuemens, | qui ne dependent ordinai- rement d'aucune idée; ie dis ordinairement, car ils en peuuent quelquefois aufli dependre. Maintenant que ie penfe auoir fuffifamment expli- qué toutes les fonctions de la veille, il ne me refte que fort peu de chofes à vous dire touchant le /ommeil; car, premierement, il ne faut que ietter les yeux fur cette so figure (Fig. 38), & voir comment les petits filets D, D, qui fe vont rendre dans les nerfs, y font lafches & preflez, pour entendre comment, lors que cette Machine reprefente le corps d'vn homme qui dort, les aétions des objets ex|terieurs font pour la plus-part empefchées de pañler iufqu'à fon cerueau, pour y eftre fenties; & les efprits qui font dans le cerueau, empefchez de pañler iufques aux membres exterieurs, pour les mouuoir : qui font les deux prin- cipaux effets du fommeil. Pour ce qui eft des /onges”, ils dependent en partie de l'inegale force que peuuent auoir les efprits qui fortent de la glande H, & en partie des impreflions qui a. Voir p. 138, L. 26. b. Remarque de Louis de la Forge (1664) : « Pour ce qui ef? des fonges, » p. 102, 1. 6. Quand ils ne font point furnaturels, & qu'ils ne font ny » Diuins ny Diaboliques, ils ne peuuent auoir que les deux caufes qu'ap- » porte noftre Autheur... » (Page 399.) Cette remarque est intéressante, en ce qu’elle révèle quel pouvait être encore l'état d'esprit d'un philosophe, à cette date de 1664, et nous aide à comprendre un singulier passage de Descartes lui-même, sur un songe qu'il eut en 1610, t. X, p. 185-180. LA 198 Le Mon. ec {e rencontrent dans la Memoire : en forte qu'ils ne different en rien de ces idées que ray dit cy-deffus* fe former quelquefois dans l'imagination de ceux qui réuent étant éueillez, fi ce n’eft en ce que les images qui fe forment pendant le fommeil, peuuent eftre beaucoup plus diftinétes & plus viues, que celles qui fe forment pendant la veille. Dont la raifon ef, qu'vne mefme force peut ouurir dauantage les petits tuyaux, comme 2, 4, 6, & les pores, comme a, b, c, qui feruent à former ces images, lors que les parties du cerueau qui les enuironnent font lafches & detendües, ainfi que vous le voyez en cette so figure (Fig. 39), que lors qu'elles font toutes tendües, ainfi que vous le pouuez voir en celles qui la precedent. Et cette mefme raifon monftre aufli que, s’il arriue que l'action de quelque objet qui touche les fens, puiffe paffer iufqu'au cer- ueau pendant le fommeil, elle n'y formera pas la mefme idée qu'elle feroit pendant la veille, mais quel- qu'autre plus remarquable & plus fenfible : comme quelquefois, quand nous dormons, fi nous fommes piquez par vne mouche, nous fongeons qu'on nous donne vn coup d'efpée; fi nous ne fommes pas du tout affez couuers, nous nous imaginons eftre tout |nudbs ; & fi nous le fommes quelque peu trop, nous penfons eftre accablez d'vne montagne. Au refte, pendant le fommeil, la fubftance du cer- ueau qui eft en repos, a le loifir de fe nourir & de fe refaire, eftant humectée par le fang que contiennent les petites venes ou arteres qui paroiïflent en fa fuper- ficie exterieure. En forte qu'aprés quelque temps, fes a. Voir p. 174, 1. 4, et p. 184, L. 21-317. 20 25 30 103-104. TRAITÉE DE L HOMME. 109 pores eftant deuenus plus eftroits, les efprits n'ont pas befoin d’auoir tant de force qu'auparauant, pour la pouuoir foutenir toute tenduë : non plus que Île vent n'a pas befoin d'eftre fi fort, pour enfler les voiles d'vn nauire, quand ils font moüillez, que quand ils font fecs. Et cependant ces efprits fe trouuent eftre plus forts, d'autant que le fang qui les pro- duit, s'eft purifié, en paffant & repañlant plufieurs fois dans le cœur, ainfi qu'il a efté | cy-deflus remarqué*. D'où il fuit que cette Machine fe doit naturellement réueiller de foy-mefme, aprés qu ‘elle a dormy aflez long-temps. Comme, reciproquement, elle doit auffi fe rendormir, aprés auoir aflez long-temps veillé; à caufe que, pendant la veille, la fubftance de fon cer- ueaueft deffechée, & fes pores font élargis peu à peu, par la continuelle action des efprits; & que cepen- dant, venant à manger (ainfi quelle fait infaillible- ment de temps en temps, fi elle peut trouuer dequoy, pource que la faim l'y excite) le fuc des viandes qui fe méle auec fon fang le rend plus groffier, & fait par confequent qu'il produit moins d'efprits. le ne m'arrefteray pas à vous dire, comment le bruit & la douleur, & les autres os qui meuuent auec beaucoup de force les parties interieures de fon cerueau, par l’entremife des organes de fes fens; & comment la joye & la colere, & les autres pañlions qui agitent beaucoup fes efprits; & comment la feche- refle de l'air, qui rend fon fang plus fubtil, & chofes femblables, la peuuent empefcher de dormir. Ny com- ment, au contraire, le filence, la triftefle, l'humidité a. Voir p. 168, I. 9-10. 200 Le MoNpE. 104-105. de l'air, & chofes femblables, l'y inuitent. Ny com- ment vne grande perte de fang, le trop ieufner, le trop boire, & autres tels excés, qui ont en foy quelque chofe qui augmente, & quelque chofe qui diminüe la force de fes efprits, peuuent, felon fes diuers tempe- ramens, la faire ou trop veiller, ou trop dormir. Ny comment par l'excés de la veille fon cerueau fe peut affoiblir, & par l'excés du fommeil s'appefantir, & ainfi deuenir femblable à celuy d'vn homme infenfé, ou d'vn ftupide; ny vne infinité d’autres telles|chofes : d'autant qu'elles me femblent pouuoir toutes aflez facilement eftre deduites de celles que ray icy expli- quées. Or auant que ie pañle à la defcription de l'ame rai- fonnable, ie defire encore que vous fafliez vn peu de reflexion, fur tout ce que 1e viens de dire de cette Machine ; & que vous confideriez, premierement, que ie n'ay fuppofé en elle aucuns organes, ny aucuns reflorts, qui ne foient tels, qu'on fe peut tres aifement perfuader qu'il y en a de tout femblables, tant en nous, que mefme aufli en plufieurs animaux fans raifon. Car pour ceux qui peuuent eftre clairement apperceus de la veüe, les Anatomiftes les y ont defia tous remarquez; & quant à ce que 1'ay dit de la façon que les arteres apportent les efprits au dedans de la tefte, & de la difference qui eft entre la fuperficie inte- rieure du cerueau & le milieu de fa fubftance, ils en pourront aufli voir à l'œil aflez d'indices pour n'en pouuoir douter, s'ils y regardent vn peu de prés. Ils ne pourront non plus douter de ces petites portes, ou valvules, que ray mifes dans les nerfs aux entrées de 20 25 30 AR rm EL Le 20 25 30 105-106, TRAITÉ DE L'HOMME. 201 chaque mufcle, s'ils prennent garde que la nature en a formé generalement en tous les endroits de nos corps, par où 1l entre d'ordinaire quelque matiere qui peut tendre à en reflortir : comme aux entrées du cœur, du fiel, de la gorge, des plus larges boyaux, & aux principales diuifions de toutes les venes. Ils ne fçauroient aufli rien imaginer de plus vray-femblable, touchant le cerueau, que de dire qu'il eft compofé de plufieurs petits filets diuerfement entrelacez, veu que toutes les peaux & toutes les chairs paroiflent ainfi comlpofées de plufieurs fibres ou filets, & qu'on remarque le mefme en toutes les plantes : en forte que c'eft vne proprieté, qui femble commune à tous les corps qui peuuent croiftre & fe nourrir par l'vnion & la ionction des petites parties des autres corps. Enfin, pour le refte des chofes que r'ai fuppofées, & qui ne peuuent eftre apperceües par aucun fens, elles font toutes fi fimples & fi communes, & mefme en fi petit nombre, que fi vous les comparez auec la diuerfe com- pofition, & le merueilleux artifice, qui paroift en la ftruéture des organes qui font vifibles, vous aurez bien plus de fuiet de penfer, que ren ay obmis plufieurs qui {ont en nous, que non pas que ien aye fuppolé aucune qui n'y foit point. Et fçachant que la Nature agit toufiours par les moyens qui font les plus faciles de tous & les plus fimples, vous ne iugerez peut-eftre pas qu'il foit poffible d'en trouuer de plus femblables à ceux dont elle fe fert, que ceux qui font icy propolez. le defire que vous confideriez, aprés cela, que toutes les fonctions que 1’ay attribuées à cette Ma- chine, comme la digeftion des viandes, le battement Œuvres. VI. 26 202 LE MONDE. 106-107. du cœur & des arteres, la nourriture & la croiflance des membres, la refpiration, la veille & le fommeil ; la reception de la lumiere, des fons, des odeurs, des goufts, de la chaleur, & de telles autres qualitez, dans les organes des fens exterieurs ; l'impreflion de leurs idées dans l'organe du fens commun & de l'imagi- nation, la retention ou l'emprainte de ces idées dans la Memoire ; les mouuemens interieurs des Appetits & des Paflions ; & enfin les mouuemens exterieurs de tous les membres, qui fuiuent fi à | propos, tant des actions des objets qui fe prefentent aux fens, que des pafions, & des impreflions qui fe rencontrent dans la Memoire, qu'ils imitent le plus parfaitement qu'il eft poflible ceux d'vn vray homme : le defire, dis-ie, que vous confideriez que ces fonctions fuiuent toutes natu- rellement, en cette Machine, de la feule difpofition de fes organes, ne plus ne moins que font les mou- uemens d'vne horloge, ou autre automate, de celle de fes contrepoids & de fes roües ; en forte qu'il ne faut point à leur occafion conceuoir en elle aucune autre Ame vegetatiue, ny fenfitiue, ny aucun autre principe de mouuement & de vie, que fon fang & fes efprits, agitez par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans fon cœur, & qui n’eft point d'autre nature que tous les feux qui font dans les corps inanimez*. VOIE p.45, 1-30, à1p-406-11e072 FIN. 20 2DE ET PR es ER RE PRE os EU ae ct = : APPENDICE 14 Table donnée par Clerselier, et répondant aux articles qu'il a découpés lui-même, de son aveu, et sans les avoir trouvés dans le texte de Descartes. (Voir ci-avant, p. 1109, note a.) Les chiffres en italiques indiquent, pour chaque article, telle page et telle ligne du présent volume. | FABEE TRAITTÉ PREMIER. L'Homme de René Defcartes. PREMIERE PARTIE. De la Machine de fon Corps. Article 1. De quelles parties doit eftre compofé l'homme qu'il décrit. (Page 119, l. 1.) | Art. 2. Que fon Corps eft vne machine entierement femblable aux noftres. (Page 120, l. 4.) Art. 3. Comment les viandes fe digerent dans fon eftomac. (Page r21,l.10:) Art. 4. Comment le chyle fe conuertit en fang. (Page 122, 1. 7.) Art. 5. Comment le fang s’échaufe & fe dilate dans le cœur. (Paré-r23,01" 9) Art. 6. Quel eft l’vfage de la refpiration en cette machine, | (Page 123, l. 29.) 204 LE Monpe. Art. 7. Comment fe fait le pouls. (Page 124, I. 23.) Art. 8. Que c’eft le fang des arteres qui fert à la nutrition. (Page 125, |. 20.) Art. 9. Comment la nutrition fe fait en cette Machine; & comment elle croift. (Page 126, l. 9.) Art. 10. Que le fang y circule perpetuellement. (Page 127, l. 3.) Art. 11. Qu'en circulant ainfi, il fe fepare & fe crible. (Page 127, I) Art. 12. Que fes plus viues & plus fubtiles parties vont au cerueau. (Page?r26:025;) - Art. 13. Que celles qui n’y peuuent aller, vont aux vaiffeaux deftinez à la generation. (Page 126, l. 19.) Art. 14. Des Efprits Animaux; ce que c’eft, & comment ils s’en- gendrent. (Page 129, 1. 1.) . SECONDE PARTIE. Comment fe meut la Machine de fon Corps. Art. 15. Que les Efprits Animaux font le grand reffort qui fait mouuoir cette Machine. (Page 130, l. 16.) Art. 16. Belle comparaifon prife des Machines Artificielles. (Page 130, L. 31.) Art. 17. Sommaire du refte du traitté. (Page 132, l. 2.) Art. 18. Quelle eft la fabrique de fes nerfs. (Page 132, L. 20.) Art. 19. Comment ils feruent à faire enfler ou defenfler les mufcles. (Pagerr33,1%20;) Art. 20. Qu'il y a des canaux par où les Efprits d’vn mufcle peuuent pafler dans celuy qui luy eft cppolé. (Page 134, L. 17.) Art. 21. Des valvules qui font dans les nerfs aux entrées des muf- cles; & de leur vfage. (Page 135, 1. 16.) Art. 22. Comment cette Machine peut eftre meüe en toutes les mefmes facons que nos Corps.' (Page 137, L. 21.) Art. 23. Comment fes paupieres s’ouurent & fe ferment. (Page 138, 16:) ; Art. 24. Comment cette Machine refpire. (Page 1348, 1. 26.) Art. 25. Comment elle auale les viandes qui font dans fa bouche. (Page 140, l. 6.) j Art. 26. Comment elle eft incitée par les objets exterieurs à fe mouuoir en plufieurs manieres. (Page 141, 1. 7.) Art. Art. Art. JS Art. Art. TRAITÉ DE L'HOMME. 20$ TROISIESME PARTIE. Des fens exterieurs de cette Machine; € comment ils fe raportent aux nofires. . De l’attouchement. (Page 142, l. 22.) . De la Nature de l’Ame, qui doit eftre vnie à cette Machine, en ce qui regarde les fens. (Page 143, l. 20.) . De la douleur & du chatoüillement. (Page 143, l. 28.) . Des fentimens de rude & de poly; de chaleur & de froi- deur, & autres. (Page 144, |. 16.) . De ce qui peut afloupir le fentiment. (Page 145, l. 3.) . Du Gouft, & de fes quatre principales efpeces. (Page 145, l. 18.) . Qu'il n’y a que les viandes qui ont du gouft, qui foient propres à la nourriture. (Page 146, 1. 16.) . De l'Odorat, & en quoy confiftent les bonnes & mauuaifes odeurs. (Page 147, l. 25.) . De lOuyÿe; & de ce qui fait le fon. (Page 149, l. 17.) . En quoy confifle le fon doux ou rude, & tous les tons de la Mufique. (Page 149, 1. 30.) mDélaVeuc (Page rStr, 1 16). . De la ftruéture de l'œil; & en quoy elle fert à la vifion. (Page rsr, 127.) . Ce que fait la tranfparence des trois humeurs. (Page 153, 07.) . Ce que fait la courbure de la premiere peau. (Page 153, P20;) . La refraction de l'humeur cryftalline rend la vifion plus forte, & plus diftinéte. (Page 154, I. 8.) . La couleur noire qui eft au dedans de l'œil, fert aufli à rendre la vifion plus diftinéte. (Page 155, 1. 15.) . Le changement de figure de l'humeur cryftalline fert auffñ à la diftinétion des images. (Page 155, l. 24.) . Le changement de grandeur en la prunelle fert à moderer la force de la vifion. (Page 156, L. 17.) . Que la petiteffe de la prunelle fert aufli à rendre la vifion plus diftinéte. (Page 157, l. 1.) 206 LE Mono. Art. 46. Que l’Ame ne pourra voir diftinétement qu’vn feul point de l’objet. (Page 157, l. 22.) Art. 47. Quels objets font agreables ou detagreables à la veüe. (Page 156,172) Art. 48. Comment on voit la fituation, la figure, la diftance, & la grandeur des objets. (Page 159, L. 1.) Art. 49. Qu'on s'y peut fouuent tromper; & pourquoy l'on voit quelquefois les objets doubles. (Page 160, 1. 27.) Art. 50. Pourquoy ils paroiffent autrement fituez qu'ils ne font, & pourquoy plus éloignez ou plus grands. (Page 162, L. 1.) Art. 51. Que tous les moyens de connoiïftre la diftance des objets font incertains. (Page 162, 1. 17.) QUATRIESME PARTIE. Des Jens interieurs qui fe trouuent en cette Machine. Art. 52. De la faim; & d’où vient l’appetit de manger de certaines viandes. (Page 163, I. 10.) Art. 53. De la foif; & comment elle eft excitée. (Page 164, l. 5.) Art. 54. De la ioye & de la trifteffe, & des autres fentimens inte- rieurs. (Page 164, L. 13.) Art. 55. Belle comparaifon qui explique d’où dépendent toutes les fonctions de cette Machine. (Page 165, L. 11.) Art. 56. Que les diuerfes inclinations naturelles dependent de la diuerfité des Efprits. (Page 166, L. 14.) Art. 57. Que le fuc des viandes rend le fang ordinairement plus groflier. (Page 167, l. 29.) Art. 58. Que l’air de la refpiration rend les Efprits plus vifs & plus agitez. (Page 166, L. 11.) Art. 59. Que le foye bien difpofé les rend plus abondans & plus également agitez. (Page 166, l. 17.) Art. 6o. Que le fiel les rend plus vifs & plus inégalement agitez. (Page 169, L. 7.) Art. 61. Que la rate les rend moins abondans, & moins agitez. (Page 169, l. 13.) Art. 62. Que le petit nerf du cœur caufe le plus de diuerfité dans les Efprits. (Page 169, l. 21.) TRAITÉ DE L'HOMME. 207 CINQVIESME PARTIE. De la ftruéture du cerueau de cette Machine, comment les Efprits s'y difiribuent, pour caufer fes mouuemens € fes fentimens. Art. 169 RER . 64. 1165: . 66. . 68. 09: 70. 7e Me SI A ATOS 2170: 77e De la ftruéture du cerueau de cette machine. (Page 170, 151) Comment fe fait la diftribution des Efprits; & d’où vient l’éternuëment, & l’ébloüiffement ou vertige. (Page 171, LESTE) Quelle difference il y a entre le cerueau d’vn homme qui veille, & celuy d’vn homme qui dort. (Page 173, l. 10.) Comment fe forment les idées des objets dans le lieu deftiné à l'imagination, & au fens commun. (Page 174, l'Er3:) Que les figures des obiets fe tracent aufñli en la fuperficie interieure du cerueau. {Page 174, l. 23.) Qu'il s’en trace aufñli fur la glande, qui fe raportent à celle des objets. (Page 175, 1. 18.) Que ces figures ne font que les diuerfes impreflions que reçoiuent les Efprits en fortant de la glande. (Page 176, l. 9.) Que ces impreflions font les feules idées'que l’Ame con- templera pour fentir ou imaginer. (Page 176, L. 26.) Quelle difference il y a entre fentir &imaginer. (Page 177, 15) Comment les traces ou les idées des objets fe referuent en la Memoire. (Page 177, l. 23.) Comment le fouuenir d'vne chofe peut eftre excité par vne autre. (Page 179, L. 4.) Qu'il faut fort peu de chofe pour determiner la glande à s'incliner d'vn cofté ou d’autre. (Page 179, L. 19.) Que la difference qui eft entre les Efprits eft l’vne des caufes qui la determinent. (Page 180, L. 1.) Quel eft le principal effet des Efprits qui fortent de la glande. (Page 180, l. 31.) En quoy confifte l'idée du mouuement des membres: & que fa feule idée le peut caufer. (Page 1@1, [. 14.) LE More. . Comment vne idée peut eflre compofée de plufieurs; & d'où wient qu'alors il ne paroïft qu'vn feul objet. (Page 182, l. 23.) 79. En quoy confifte l'idée dela diftance des objets. (Page 183, IS) . Que la diuerfe fituation de la glande peut faire fentir diuers objets fans aucun changement dans l'organe. (Page 183, L. 17.) . Que les veftiges de la Memoire font aufli vne des caufes qui font pancher la glande. (Page 184, L. 4.) . Comment fe forment les fantofmes en l'imagination de ceux qui réuent eftant éueillez. (Page 184, L. 21.) . Que cette Machine peut imiter les mouuemens qui fe font en fa prefence. (Page 195, L. 1.) . Que l’action des objets exterieurs eft la plus ordinaire caufe qui determine le mouuement de la glande. (Page 187, 172) . Que les diuerfes idées qui s’impriment fur la glande s’em- pefchent l’vne l’autre. (Page 185, I. 22.) . Que la prefence d’vn objet fuffit pour difpofer l’œil à en bien receuoir l’aétion. (Page 186, 1. 3.) . Quelle difference il y a entre l'œil difpofé à regarder vn objet proche ou vn éloigné. (Page 186, L. 14.) . Que les pores du cerueau peuuent eftre d'autant plus ouuerts, que l'œil eft mieux difpofé à receuoir l’aétion de fon objet. (Page 187, I. 6.) . Que la glande fe panche plus aifement du cofté qui fert à mieux difpofer l'œil. (Page 187, l. 24.) . Qu'eft-ce qui commence ordinairement à faire mouuoir & incliner la glande quelque part. (Page 186, L. 21.) . Comment les Efprits font conduits dans les nerfs pour mouuoir cette Machine. (Page 189, L. 15.) . De fix diuerfes circonftances d’où peuuent dependre fes mouuemens. (Page 190, L. 10.) . La premiere eft le lieu d’où procede l’aétion qui ouure le paffage aux Efprits. (Page 190, l. 26.) . La feconde, les diuerfes qualitez de cette action. (Page 191, 1700) . La troifiéme eft la difpoftion naturelle ou acquife des petits filets qui compofent la fubftance du cerueau. (Page 102NENrS.) TRAITÉ DE L'HOMME. 209 Art. 96. Qu'il y a prefque toufiours deux fortes de mouuemens qui procedent de chaque action. (Page 193, l. 21.) Art. 97. La 4. eft l’inégale force des Efprits ; & comment elle peut changer la determination deleur cours. (Page 194, l.24.) Art. 98. Comment cette Machine peut fembler hefiter dans fes actions. (Page 195, L. 12.) Art. 99. La 5. eft la diuerfe fituation des membres exterieurs. (Pasero0,.111.) Art. 100. Comment cette Machine marche. (Page 196, l. 21.) Art. 101. Du fommeil; & en quoy il differe de la veille. (Page 197, 1%9:) Art. 102. Des fonges; & en quoy ils different des réueries de la veille. (Page 197, l. 23.) Art. 103. Comment cette machine peut s’éueiller eftant endormie; & au contraire. (Page 198, L. 26.) Art. 104. De ce qui la peut exciter à trop dormir, ou à trop veiller; & des fuittes que cela peut auoir. (Page 199, l. 22.). Art. 105. Reflexion fur tout ce qui a efté dit de cette Machine. (Page 200, l. 14.) Art. 106. Que toutes les fonctions qui luy ont efté attribuées font des fuittes de la difpofition de fes organes. (Page 201, l. 29.) 131 Différences entre le texte donné ci-avant et divers passages de la traduction latine imprimée par Schuyl en 1662. Page 120 : 10 qu'elle marche omis (p. 2). — qu’elle mange] edat, bibat (1bid.). — 27 la rate omis (ibid.). Page 122 : 1 & en... ailleurs omis (p. 3). — 13 des inteftins] ex inteftinis in hepar (p. 4). Page 123 : 1 & dans le foye omis (ibid.). Page 126 : 16-17 de les. deuant foy] nutrienda illa membra ali- quantulum diftendendi (p. 11). Page 129 : 8-9 ces. tiffus] admiranda illa reticula (p. 15). — 25 elles paflent] luétando tranfeunt (ibid.). Page 134: 15-16 fe defenfle & fe rallonge] detumefcat, laxetur & extendatur (p. 21). Œuvres. VI. 27 210 LE Monpe. Page 135 : 18 & qui... porte omis (p. 22). Page 136 : 5 qui... entr'ouuerte omis (p. 23). — 26-29 & ce. canal «ef » omis (p. 24). Page 140 : 9 le paflage] afperæ arteriæ orificium (p. 29). — 10 dans fon poumon omis (ibid.). — 12 celuy] œfophagi orificium (1bid.). Page 142 : 2 & partie... les mains omis (p. 32). Page 145 : 1 après la fecherefle] duritiem ajouté (p. 36). — 20 en cette machine omis (p. 37). Page 146 : 7-8 &... groflieres] quæ tamen in crafliores impin- gentes inflectuntur (p. 38). Page 147 : 3 eftre feparées] feparari atque dilui (p. 39). — 9-11 où... entrer omis (ibid.). — 16 de l’eftomac omis (ibid.). — 27-209 au deffous... femme omis (1bid.). Page 148 : 2 terreftres omis (p. 40). — 7 et 21 vous... que omis (tbid.). — 25 pour ce fujet id. Page 149 : 1 après celles] quæ ejus funt naturæ, cujus illæ funt ajouté (ibid.). — 3 vous... qu'omis (p. 41). Page 149 : 19 de penfer omis (p. 41). — 26 qui... peau] qui huic pelliculæ incumbit (p. 41). Page 151: 2 ACD] AGE (p. 43). — 20 plufieurs] ingenti... numero (p. 44). — les plus déliez omis (ibid.). Page 153 : 2 au... Dioptrique] fecundo (Dioptrices) libro (p. 45). — 13 felon.. befoin] quatenus vifus nofter in res propinquas, aut longè diflitas fertur (p. 46). — 15 & tres promptement omis (ibid.). Page 154 : 11 compaflée] compofita (p. 47). — 18 du... eft] tunicæ retinæ five nervi optici (p. 48). Page 155 : 18-19 elle amortit] obtundit, obtenebratque (p. 49). Page 156 : 2-3 au... Dioptrique] libro (Dioptrices) fecundo (p. 50). — 9 et 10 H] K. — 14 plus plate] planiorem obtufioremve. — 14-15 comme. T] Ut verd figura notata littera ? repræfentet punétum T (p. 51). Page 157: 19-21 parce... confufe omis (p. 56). Page 158 : 17 et 18 entre] ad (p. 57). — 21 de la mode] quibus novitas gratiam conciliat (1bid.). — 22-235 les accords... nouueau] egregiæ atque infolitæ modulationes (ibid.). — 24 ioüeur de luth] Mufici (ibid.).— 26-27 le laflent] tædium naufeamque pariunt (tbid.). Page 159 : 7 & à la veüe] guftui (ibid.). Page 160 : 28-29 de la main omis (p. 6o). Page 162 : 6 H Y] H (p.63). — 7 Y] R (ibid.). — 9 Z] 3 (ibid.). — 30 après perfpettiue] utriufque argumenti vim elidunt (p. 62). « TRAITÉ DE L'HOMME. ZT Page 163 : 29 in] ad (p. 66). Page 164 : 13 qui... cœur omis (p. 67). — 14-15 qu'à l'ordi- naire id. Page 165 : 17-18 remüe... clauier.] digitis fuis pulfat organi claues, five manubria epiftomiorum (p.67). Page 166 : 11-12 par ordre omis (p. 68). — 15 après eftre] diverfis temporibus ajouté (p. 69). — 18 quatre omis (ibid.). — 29-30 & de la conftance… groffeur omis (p. 69). Page 167 : 9 après naturelles] ex his jam recenfitis componi, five ajoulé (ibid.). — 17-22 Enfin... parties omis (p. 70). Page 169 : 12 plus vifs] vividiores feu agiliores (p. 71). — 27 & s’élance omis (p. 72). — 29 fermées (ibid.). Page 170 : 3 Secondement omis (p. 72). Page 171:2-23 & qu'ils font plus ou moins abondans omis (p. 74). — 27 Troifiémement omis (p. 74). — 31 Avant Iamais]. Primo igitur ajouté. (Ibid.). Page 172 : 23-26 ne viennent... qu’elles omis (p. 75). Page 173 : 5 interieure] concavæ five interioris (p. 76). — 7 ceux] illa duo (ibid.). — 8-9 mais... tendre omis (ibid.). Page 174 : 10 referuent] conferuentur (p. 78). Page 175 : 8-10 que... 4.] radii incidentes in punétum 3, aperiunt tubulum 4 (p. So). — 24-25 le tuyau... dans omis (p. So). Page 176: 17 la foif omis (p. 81). Page 177 : 28 B] BB (p. 83). Page 178 : 20 vers a & omis (p. 85). Page 179 : 2 vers c & vers d] circa O (ibid.). — 18 autrefois] haud rar (p. 87). Page 180 : 28 : 2, 4, 6] 2,4, 6, 8 (p. 89). — 29-30 beaucoup... autres omis (1bid.). Page 181 : 30 : 8, 7] 7 (p. 90). — 31 les mufcles] membra (ibid.). Page 182 : 1 retreciroient omis (1bid.). — 9 : 8] 8 aut d (p. 02). Page 185 : 10 et 18 : 6] 6, 8 (p. 97). Page 187 : 22-23 : & difcerner.. Dioptrique omis (p. 101). — 27-28 le plus fort] efficaciffimè & diftinétiflimè (ibid.). — 30-31 où. éloigné omis (ibid.). E Page 188 : 5-6 que. luy omis (p. 101). — 20 cet... proche id. — 28-29 & la... cofté là omis (p. 102). Page 189 : 14 ainfi.. expliquer omis (p. 103). — 21 indifferem- ment} temerè atque indifferenter (p. 104). Page 190 : 21 force] virtutis & efficaciæ (p. 105). 212 LE Monpe. Page 191 : 5-7 receuoir.…. c, & omis (p. 105). — 22 après coutume] & quæ funt circa O, difcedant à fe mutud ajouté (p. 107). Page 192 : 4 d'N omis (ibid.). — 9 à O & id. Page 103 : 16-17 & vers R, omis (p. 110). — 17 vers O & id. Page 195 : 2-3 qui... mangé] quicquam efculenti, aut poculenti (p. 112). — 20 vers R] ad O (p. 113). Page 197 : 7-8 ie... dependre omis (p. 113). — 15 lafches & omis P. 114). — 21-22 qui... fommeil omis (p. 115). Page 198 : 14 celles. precedent.] ex antecedenti figura. (p. 115). — 19 après remarquable] magis admirandam ajouté (ibid.). Page 199 : 19 le fuc des viandes] cibi fuccus, five chilus (p. 116). Page 200 : 18-19 aucuns refforts] nullas valvas, fpiras (p. 117). Page 201 : 6 diuifions] divifionibus, five ramis (p. 118). Page 202 : 6-7 & de l'imagination omis (p. 120). — 7 la retention ou l’emprainte] conferuationem (ib1d.). III. AUTOMATES. Pages 130-132. Descartes fait sans doute allusion à des machines qu'il avait pu voir, par exemple, à Fontainebleau. Mais il y avait aussi de telles machines, citées dans les ouvrages du temps, et qu'il avait peut-être vues au cours de ses voyages. Montaigne, qui avait voyagé en 1580- 1581, dans la Haute-Allemagne et en Italie, décrit les merveilles en ce genre qu'il avait admirées notamment à Augsbourg, à Pratel- lino ou Pratolino près de Florence, et à Tivoli près de Rome. (Journal de voyage de Montaigne, publié par Louis Lautrey, 1906, pp. 125, 187-9 et 195-6, 269-271.) Voici encore quelques autres textes intéressants à ce sujet : LocHEr (Ioannes GEorGius), Difquifitiones Mathematicæ (Ingol- stadt, 1614), Ad Eeëlorem, p. 8 : « Neque ver ij tantüm ex hac re percepti funt fruétus, qudd » Architas ligneæ columbæ volatum indiderit; vel qudd Archimedes » & Poflidonius fphæras eas fabricauerint, in quas, vt Cicero TRAITÉ DE L'HOMME. 213 inquit, cum Solis & Lunæ ac quinque errantium motus alli- gaffent, effecerunt idem, quod ille, qui in Timæo Mundum ædifi- cauit Deus; vel quod Mufcam & Aquilam Geometricis pennis illatam Norimberga exhibuerit; vel quæ Claudius Gallus hifce proximis annis Tibure in Ateftini Cardinalis hortis vifus fit pæne noua naturæ miracula edidiffle, cum effeciffet, vt aquarum leni ac placido illapfu æneæ auiculæ motu, voce, cantu, ad noétuæ aduentum opportunè intermiflo, ad eius difcefflum repetito opportuniüs ; ita imitarentur veras, vt potius qui fiétas affereret, temerarij, quam qui veras æftimaret, nimis creduli nomen mere- retur &C... » Ouivier DE Serres; Theatre d'Agriculture (Paris, 1620), Septiefme lieu, Avant-propos : « Quel plaifir eft-ce de contempler les belles » » » » » » & claires eaux coulantes à l’entour de voftre maifon, femblans vous tenir compaignie? Qui rejailliffent en haut par un million d'inventions, qui parlent, qui chantent en mufique, qui contrefont le chant des oifeaux, l’efcoupeterie des arquebufades, le fon de l'artillerie, comme tels miracles fe voyent en plufieurs lieux, mefme à Tivoli, à Pratoli, & autres de l'Italie ? » J. GarrareL, Curiofitez inouyes, €c., p. 364 (Paris, chez Hervé du Mefnil, M.DC.XXIX) : «Ie pafle encore. la mouche & l'aigle qu'on a veu de noftre fiecle voler par artifice dans Norimberg, dont l'ouurier auoit faiét aufli des hidrauliques merueilleufes, & vn arc-en-ciel perpetuel, au rapport d’Antonius Poffeuinus. » Ibid., p. 367 : « Le pañe enfin l’inuention de diuerfes hydrauliques de noftre temps, dont la merueille eft pareillement fi grande, qu'il n'y a rien au monde qu'elles n'imittent : comme ces ftatuës d'hommes & de femmes qui parlent, quoy que fans articulation, qui fe meuuent, & qui fonnent de diuers inftruments : des oyfeaux qui volent & chantent; des lions qui hurlent, des chiens qui abayent ; d’autres qui s’entrebattent auec des chats en pareilles poftures que les vivans; & mille autres merueilles de l'inuention des hommes, qui eftonnent nos gens. » Lirsrorpius, Specimina Philofophiæ Cartefianæ (1653), p. 134: Uti inter alia Lubecæ videre eft, in templo D. Mariæ confecrato, ubi in magnifici illius operis horari fummitate cum cymbalorum jucundiffimo concentu par Angelorum oftentatur, tubas inflan- # 214 Le Monpe. » tium, eifque convenientem fonum edentium. Et multoties Amfte- lodami in utrifque ædibus erraticis (linguà Belgica vocant Voolhoff) audiuntur tubarum, fiftularum, & hujus generis alii foni, ab aere in tubulos irruente excitati, tique diftinéti fatis & concinni : uti eos repræfentant aétus V, VII, VIII hujus ludicræ fcenæ ab Artifice Davide Lingelbachio exhibitæ. Et in antiquio- ribus hifce ædibus (oude Voolhoff) mirà auditorum voluptate tibias inflat inanimatus quifpiam Joachimus (uti eum vocant) & concentus valdè fonoros reddit. Imprimis tamen nobis præter- mittenda non funt artificiofiffima & toto terrarum orbe celebrata hydragogia : alterum in Italià Magni Etruriæ Ducis (Brefelinum Florentinum vocant), alterum Bruxellis in hortis Sereniffimorum Belgii Gubernatorum : in quibus oftentatur inter innumeras aquas falientes organum Muficum, jucundiflimam aere perflante harmoniam efficiens. » Ibid, p. 157-158 : « ….Merulæ autem, notante Philandro ad Vitruvium, & engibata funt de genere hydraularum : quorum illis quidem reddebantur voces humanarum imitatrices, & cantus avium effiétrices : his autem movebantur icunculæ (ut utar verbis Suetonii) tanquam viverent. Noftro autem tempore non fpiritu, vi aquæ concepto, ut 1lla, fed fidiculis nervis occultis figilla videntur ambulare, & humana omnia præter fermonem repræfentare. » Sexta. « Denique in hanc Machinarum claffem referimus omnia ifta hydragogia, ubicunque locorum vifantur, five in Aulis Prin- cipum, five civium hortis, quæ ab alio quodam fonte derivantur. Hæc inter licet diverfa artificia notare. Heic enim inftar venu- larum fiftulæ per horti delitias funt ita difperfæ, ut ubicunque locorum pedem figas, nullibi tamen aquarum injurias effugere polis. Sive enim inter rofas verferis, aquæ ex Pyramidulis & avibus eis infidentibus exfilientes latus undique cingunt : Sive ad ædes aufugere tentes, novus alveus tibi occurrit, ex animalis cujufdam patenti ore ebulliens : Sive ad phiolas, & ipfas hor- torum delitias confugias, undique ranæ in terræ extimà fuperficie ordine difpofitæ, & buxo coopertæ, te ingratà voluptate perfun- dunt. » Tbid., p. 158 : « Huc quoque pertinent globuli, pilæ, & coronæ in aere volantes, aquæ ex pendulis candelabris, ipfifque cereis _ TRAITÉ DE L'HOMME. 21$ falientes, parabolicæ, hyperbolicæ, ovales, ellipticæ, rotundæ vitrorum formæ, rotulæ molarum gyrantes, concentus mufici ab avibus organifve editi, & hujus generis infinita alia, quæ in magnificis hortis Hamburgi, Amftelodami, Antwerpiæ, Mech- liniæ in cænobio Capucinorum, Gandavi in veteri, & pene ruinas minitante Caftello, Caroli V nativitate celebrato, vifuntur. Omnium tamen compendium & fummam perfeétionem videbis Bruxellis, in horto Sereniff. Vice-Regis ; & Florentiæ, in Magni Etruriæ Ducis Brefelino (sic). Quibus accenfe Fontem Æolicum perennem, cum Mufico concentu, & motu cœælefti, ambobus quoque perennibus, qualefcunque applicare libuerit, ab inge- niofo Jac. Beflono exhibitum in T'heatro Infirumentorum fol. 11. » ARE LA DESCRIPTION DV CORPS HVMAIN DE LA FORMATION DE L'ANIMAL TO À D, wug+ AVERMISSEMENTE L'inventaire des papiers de Descartes indique, à la lettre G, un Traité MS. intitulé : La Descriprion pu Corps HUMAIN. (Voir t. X, p. 9, 1. 17.) Une lettre MS. de Clerselier, que nous avons aussi imprimée (1bid., p. 13-14), en donne le commencement. Or ce commencement est identique aux premières pages d’un Traité que Clerselier a publié, dans son volume de 1664, à la suite du Z'raité de l'Homme, sous le même titre initial de La Defcription du Corps humain, bien qu’il imprime en haut des pages ce titre différent : De la Formation du Fœtus. L’authenticité de cette publication est donc assurée incontes- tablement. A vrai dire, ce double titre de Clerselier demande explica- tion. Mais c'est que le Traité, d’ailleurs inachevé, comprend aussi deux parties distinctes : la première, en effet, entreprend une description du corps humain, ou plutôt de ses fonctions, avec un programme complet que s'était tracé Descartes {p. 112- 113, édit. Clerselier), et qu'il n’a fait qu'entamer; la seconde apparaît comme une digression, et c'est bien ainsi que Cler- selier la présente (ibid., p. 137); elle explique la formation de l'animal. Mais entre les deux la soudure existe, et non pas une soudure artificielle : Descartes l’a faite lui-même de sa main. Toutefois le second titre de Clerselier: De la Formation du Fœætus, semble bien être de l'éditeur ; outre qu’il ne convient pas à l’ensemble du traité, et ne désigne réellement que la seconde partie, la « digression », Descartes aurait intitulé celle-ci De la Formation de l'animal ; et c'est aussi le titre 220 La DESCRIPTION que nous mettrons en haut des pages, pour cette seconde partie, réservant pour la première : Defcription du Corps humain. Dans quel état se trouvait le MS. de ce Traité? Descartes « luy-mefme auoit defia commencé à le diftinguer par parties » & par articles », dit Clerselier dans sa Préface de 1664 (p. 28 non paginée). « Et cela », continue l'éditeur, « m'a donné » la penfée d’acheuer ce qu’il auoit commencé. » Ces articles sont au nombre de 74, dans l'édition de Clerselier. On vient de voir que Descartes ne les avait pas ainsi numérotés jusqu'au bout; mais où s’était-il arrêté, et à partir de quel numéro avons-nous les divisions de Clerselier, et non plus de Descartes ? c’est ce qu’il est impossible de déterminer. Aussi donnerons-nous l’indication de ces 74 articles, en faisant toutes nos réserves. — De plus, le commencement du Traité, dont nous avons retrouvé une copie MS. (t. X, p. 13-14), donne bien les mots : «Pr Art.» et « 2 Artic. », mais sans donner de titre ni à l’un ni à l’autre. On peut en conclure que les titres, qui se trouvent tout au long dans l'édition de 1664, ne sont pas de Descartes : c'est Clerselier qui les aura ajoutés, comme il dit qu'il l’a fait aussi pour le Traité de l’ Homme. Nous rejetterons donc encore tous ces titres à la suite du présent Traité, ne nous croyant pas en droit de les insérer dans le texte du phi- losophe, ni même de les juxtaposer au fur et à mesure des articles. Toutefois, comme Descartes avait divisé ce Traité « par parties », assure Clerselier, nous conserverons au moins cette division : soit cinq parties, dont la 1° n’est qu’une Preé- Jace, la 2°et la 3° traitent Du mouvement du Cœur € du fang, puis De la nutrition, et les deux dernières, 4° et 5°, De la for- mation de l'animal. Quelle est maintenant la date de ce Traité? On peut la déterminer avec une certaine approximation. : D'abord Descartes, à plusieurs reprises (pp. 133, 140, 150, édit. Clerselier), renvoie à ses Principes ; et il dit bien Prin- cipes en français, et non pas Principia Philofophiæ, ce qui pu Corps HUMAIN. 221 donne à penser que la traduction a paru déjà, et que le Traité est postérieur à 1647, et non pas seulement à 1644. De plus, dans une lettre à la princesse Elisabeth, du 25 jan- vier 1648, Descartes déclare « qu’il a maintenant vn écrit entre » les mains », dont il donne même l’objet, sinon le titre : « c’eft la defcription des fonétions de l'animal & de l’homme ». (Tome V, p. 112,1. 12-15.) Cela répond exactement aux trois premières parties que nous avons vues. Mais Descartes ajoute cette phrase significative : « Et mefme ie me fuis auanturé » (mais depuis huit ou dix iours feulement) d'y vouloir expliquer » la façon dont fe forme l'animal dés le commencement de fon » origine. » (Ibid, 1. 19-22.) Et voilà qui désigne clairement la « digression » de notre Traité, sur la « formation de l'Ani- » mal », et nous en donne même la date à quelques jours près. Enfin Descartes termine par une phrase que nous retrouvons presque mot pour mot dans le Traité (p.161, édit. Clerselier) : « Je dis l'animal en general ; car, pour l’homme en particulier, » ie ne l’oferois entreprendre, faute d’auoir aflez d'experiences » pour cet effet. » (Tome V, p. 112, 1. 22-25.) Ce texte décisif se trouve confirmé par deux autres, de la même année 1648. Le premier est tiré de l'entretien si intéres- sant de Descartes et de Burman, à la date du 16 avril 1648. Il y est question d’un Zraïté de l'Animal, auquel Descartes a travaillé « cet hiver ». Suivent quelques détails caractéris- tiques : le philosophe voulait d’abord expliquer seulement les fonctions de l'animal ; mais il vit qu’il ne pouvait absolument pas le faire, sans expliquer la formation de l'animal à partir de l'œuf, ab ovo. (Tome V, p. 170-171.) En effet, Descartes, dans son Traité, après avoir parlé du mouvement du cœur € du fanz, puis de la nutrition, traite de la formation de l'animal. Enfin, dans une lettre postérieure, de la fin de 1648, ou du commen- cement de 1649, il expose, à peu près dans les mêmes termes, son double dessein : defcription de l'animal, premier dessein, d’ailleurs abandonné « parce qu'il en a maintenant vn meil- leur », qui est, au lieu de traiter « des fonctions de l’animal », 222 LA DEscriPrion de trouver « les caufes de fa formation ». Et il ne désespère pas d'en venir à bout, « pourueu qu’il ait du loifir & la com- » modité de faire quelques experiences ». (Tome V, p. 260-261.) Nous pouvons donc fixer, en toute certitude, la date du pré- sent Traité à l’année 1648. (Peut-être était-il commencé déjà en 1647.) Et nous ne l’appellerons pas, « Second Traité », comme fait Clerselier, qui appelait aussi le Traité de l'Homme « Premier Traité ». Les deux sont indépendants l’un de l’autre, et se trouvent séparés, on le voit, par un assez long intervalle. GA Nancy, 17 Juillet 1907. PAR ES CRIE O N DV CORPS HV MATN EASDEOMTES'SES FONCTIONS Tant de celles qui ne dependent point de l'Ame, Que de celles qui en dependent. Et auffi la principale caufe de la formation de fes membres*. [PREMIERE PARTIE. PREFACE.] _ I n'ya rien à quoy l'on fe puifle occuper auec plus de fruit, qu'à tafcher de fe connoiftre foy-mefme. Et l'vtilité qu'on doit efperer de cette connoiïffance, ne regarde pas feulement la Morale, ainfi qu'il femble d'abord à plufieurs, mais particulierement aufli la Medecine ; en laquelle ie croy qu'on auroit pù trouuer beaucoup de preceptes tres-aflurez, tant pour guerir les maladies que pour les preuenir, & mefme auf a. En haut des pages se trouve reproduite la pagination de l’édition de Clerselier, 1664. III. 224 La DESCRIPTION tog1 10. pour retarder le cours de la vieilleffe, fi on s'eftoit aflez étudié à connoiftre la nature de noftre corps, & qu'on | n'euft point attribué à l'ame les fonctions qui ne dependent que de luy, & de la difpofition de fes organes. Mais pource que nous auons tous éprouué, dés noftre enfance, que plufieurs de fes mouuemens obeïfloient à la volonté, qui eft vne des puiffances de l'ame, cela nous a difpofez à croire que l'ame eft Le principe de tous. À quoy aufii a beaucoup contribué l'ignorance de l’Anatomie & des Mechaniques : car ne confiderans rien que l'exterieur du corps humain, nous n'auons point imaginé qu'il euft en foy affez d'organes, ou de reflors, pour fe mouuoir de foy-mefme, en ‘autant de diuerfes façons que nous voyons qu'il fe meut. Et cette erreur aeflé confirmée*, de ce que nous auons iugé que les corps morts auoient les mefmes organes que les viuans, fans qu'il leur manquaft autre chofe que l'ame, & que toutesfois 1l n'y auoit en eux aucun mouuement. Au lieu que, lors que nous tafchons à connoiftre plus diftinétement noftre nature, nous pouuons voir que noftre ame, en tant qu'elle eft vne fubftance diftinéte du corps, ne nous eft connüe que par cela feul qu’elle penfe, c’eft à dire, qu'elle entend, qu'elle veut, qu’elle imagine, qu'elle fe reffouuient, & qu'elle fent, pource que toutes ces fonctions font des efpeces de penfées. Et que, puifque les autres fonctions que quelques-vns luy attribüent, comme de mouuoir le cœur & les arteres, de digerer les viandes dans a. Voir, pour tout ce début, t. X, p. 13, L. 1, à p. 14, I. ro. RAA Ge le 7". 10 20 23 30 3 1 il l 1 4 3 Û 1 20 25 30 tr fro-1rt. pu CorPs Humain. 224 l'eftomac, & femblables, quine contiennentenelles au- cune penfée, ne font que des mouuemens corporels, & qu'ileft plus ordinaire qu'vn corps foit meu par vnautre corps, que non pas | qu'il foit meu par vne ame, nous auons moins de raifon de les attribuer à elle qu'à luy. Nous pouuons voir aufli que, lors que quelques parties de noftre corps font offenfées, par exemple, quand vn nerf eft piqué, cela fait qu'elles n’obeïflent plus à noftre volonté, ainfi qu'elles auoient de cou- tume, & mefme que fouuent elles ont des mouuemens de conuulfion, qui luy font contraires. Ce qui monftre que l’ame ne peut exciter aucun mouuement dans le corps, fi ce n'eft que tous les organes corporels, qui font requis à ce mouuement, foient bien difpofez; mais que, tout au contraire, lors que le corps a tous fes organes difpofez à quelque mouuement, il n'a pas befoin de l'ame pour le produire; & que, par confe- quent, tous les mouuemens que nous n'experimentons point dépendre de noftre penfée, ne doiuent pas eftre attribuez à l'ame, mais à la feule difpofition des organes; & que mefme les mouuemens, qu'on nomme volontatres, procedent principalement de cette difpo- fition des organes, puis qu'ils ne peuuent eftre excitez fans elle, quelque volonté que nous en ayons, bien que ce foit l'ame qui les determine. Et encore que tous ces mouuemens ceflent dans le corps, lors qu'il meurt, & que l'ame le quitte, on ne doit pas inferer de là, que c'eft elle qui les produit; mais feulement, que c'eft vne mefme caufe, qui fait que le corps n'eft plus propre à les produire, & qui fait aufli que l'ame s’abfente de luy. Œuvres. VI. 20 VI, VII. 226 EA DESCRIPTION RE TR Il eft vray qu'on peut auoir de la difficulté à croire, que la feule difpofition des organes foit fuffifante pour | produire en nous tous les mouuemens qui ne fe determinent point par noftre penfée ; c’eft pourquoy 1e tafcheray icy de le prouuer, & d'expliquer tellement toute la machine de noftre corps, que nous n'aurons pas plus de fujet de penfer que c’eft noftre ame qui excite en luy les mouuemens que nous n’experimen- tons point eftre conduits par noftre volonté, que nous en auons de iuger qu'il y a vne ame dans vne horloge, qui fait qu'elle monftre les heures. Il n'y a perfonne qui n'ait defia quelque connoif- fance des diuerfes parties du corps humain, c'eft à dire, qui ne fçache qu'il eft compofé d'vn tres grand nombre d'os, de mufcles, de nerfs, de venes, d’arteres, & auec cela d'vn cœur, d'vn cerueau, d'vn foye, d'vn poumon, d'vn eftomac; & mefme, qui n'ait veu quel- quefois ouurir diuerfes beftes, où il a pü confiderer la figure & la fituation de leurs parties interieures, qui font à peu prés en elles comme en nous. Il ne fera pas befoin qu'on ait rien apris de plus de l'Anatomie, afin d'entendre cet écrit, à caufe que i'auray foin d'y expliquer tout ce qu'il en faut fçauoir de plus parti- culier, à mefure que 1'auray occafion d’en parler. Et afin qu'on ait d'abord vne generale notion de toute la machine que 1'ay à décrire : le diray icy que c’eft la chaleur qu'elle a dans le cœur, qui eft comme le grand reffort, & le principe de tous les mouuemens qui font en elle; & que les venes font des tuyaux; qui conduifent le fang de toutes les parties du corps vers ce cœur, où il fert de nourriture à la chaleur qui y ef, 15 20 30 Re 7 20 25 r12-113. pu Corps HUMAIN. 22 comme aufli l'eftomac & les boyaux font vn autre plus grand | tuyau, parfemé de plufieurs petits trous, par où le fuc des viandes coule dans les venes, qui le portent droit au cœur. Et les arteres font encore d'autres tuyaux, par où le fang, échauffé & rarefié dans le cœur, paffe de là dans toutes les autres parties du corps, aufquelles il porte la chaleur, & de la ma- tiere pour les nourrir. Et enfin les parties de ce fang les plus agitées & les plus viues, eftant portées au cerueau par les arteres qui viennent du cœur le plus en ligne droite de toutes, compofent comme vn air, ou va vent tres fubtil, qu'on nomme les £/prits animaux ; lefquels, dilatans Îe cerueau, le rendent propre à receuoir les impreflions des objets exterieurs, & auffi celles de l'ame, c'eft à dire, à eftre l'organe, ou le fiege, du Sens commun, de l'Imagination, & de la Me- moire. Puis ce mefme air, ou ces mefmes efprits cou- lent du cerueau par les nerfs dans tous les mufcles, au moyen de quoy ils difpofent ces nerfs à feruir d'or- ganes aux fens exterieurs ; & enflans diuerfement les mufcles, donnent le mouuement à tous les membres. Voila, fommairement, toutes les chofes que r'ay icy à décrire, afin que, connoiffant diftinétement ce qu'il y a en chacune de nos actions qui ne dépend que du corps, & ce quil y a qui dépend de l'ame, nous puif- fions mieux nous feruir, tant de luy que d'elle, & guerir ou preuenir leurs maladies. VIII. 228 LA DESCRIPTION 114. ISÉECONDESPARTIE: Du mouuement du Cœur & du Jang. | | On ne peut douter qu'il n'y ait de la chaleur dans le cœur, car on la peut fentir mefme de la main, quand on ouure le corps de quelque animal viuant. Etiln’eft pas befoin d'imaginer que cette chaleur foit d'autre nature, qu'eft generalement toute celle qui eft caufée par le mélange de quelque liqueur, ou de quelque leuain, qui fait que le corps où elle ef fe dilate. Mais, pource que la dilatation du fang que caufe cette chaleur, eft le premier & le principal reflort de toute noftre machine, le voudrois que ceux qui n’ont iamais étudié l'Anatomie, priffent la peine de voir le cœur de quelque animal terreftre, aflez gros (car ils font tous à peu prés femblables à celuy de l'homme), & qu'ayant premierement coupé la pointe de ce cœur, ils priflent garde qu'il y a au dedans comme deux cauernes, ou concauitez, qui peuuent contenir beau- coup de fang. Aprés cela, s'ils mettent les doigts dans ces concauitez, pour y chercher, vers la baze du cœur, les ouuertures par où elles peuuent receuoir du fang, ou bien fe décharger de celuy qu'elles contiennent, ils en trouueront deux fort grandes en chacune : à fçauoir, dans la cauité droite, il y a vne ouuerture qui conduira le doigt dans la vene caue, & vne autre qui le conduira dans la vene arterieufe. Puis, s'ils cou- pent la chair du cœur le long de cette cauité, iufques 10 20 25 20 25 30 114-115. pu Corps HUMAIN. 22 à ces deux ouuertures, ils | trouueront trois petites peaux (nommées communement les valyules) à l'entrée de la vene caue, qui font tellement difpofées, que lors que le cœur eft allongé, & defenflé (comme il eft tou- fiours dans les animaux qui font morts), elles n'em- pefchent aucunement que le fang de cette vene ne defcende dans cette cauité; mais que, fi le cœur vient à s'enfler, & à fe racourcir, eftant contraint à cela par l'abondance & la dilatation du fang qu'il contient, ces trois peaux fe doiuent rehaufler, & fermer tellement l'entrée de la vene caue, qu'il ne puiffe plus defcendre de fang par elle dans le cœur. On trouuera aufli trois petites peaux, ou valvules, à l'entrée de la vene arterieufe, qui font tout autre- ment difpofées que celles de la vene caue, en forte qu'elles empefchent que le fang que contient cette vene arterieufe ne puifle defcendre dans le cœur ; mais que, s'il y en a dans la cauité droite du cœur, qui tende à en fortir, elles ne l'en empefchent aucu- nement. En mefme façon, fi on met le doigt dans la cauité gauche, on y trouuera deux ouuertures vers fa baze, qui conduifent, l'vne dans l’artere veneufe, & l’autre dans la grande artere. Et en ouurant toute cette cauité, on verra deux valvules à l'entrée de l’artere veneufe, qui font entierement femblables à celles de la vene caue, & font difpofées en mefme façon; fans qu'il y ait autre difference, finon que l’artere veneufe, eftant preflée d'vn cofté par la grande artere, & de l’autre par la vene arterieufe, a fon ouuerture oblongue : ce qui fait que deux telles petites peaux fuflifent pour la * 230 LA DESCRIPTION Ro, fermer, au lieu qu'il en faut trois, pour fermer l'entrée de la vene caue. | On verra aufli trois autres valvules à l'entrée de la grande artere, qui ne different en rien de celles qui font à l'entrée de la vene arterieufe ; en forte qu'elles n'empefchent point que le fang, qui eft dans la cauité gauche du cœur, ne monte dans cette grande artere, mais elles l’'empefchent de redefcendre de cette artere dans le cœur. Et on pourra remarquer que ces deux vaiffeaux, à fçauoir, la vene arterieufe & la grande artere, font compofez de peaux beaucoup plus dures, & plus épaifles, que ne font la vene caue & l'artere veneufe. Ce qui monftre que ces deux-cy ont tout vn autre vfage que les deux autres; & que celle qu'on nomme l’artere veneufe, eft veritablement vne vene, comme au contraire celle qu'on nomme la vene arterieufe, eft vne artere*. Mais ce qui eft caufe que les anciens ont nommé artere, celle qu'ils deuoient nommer vne a. Descartes avait fait la même remarque déjà dans son Di/cours de la Methode (t. VI, p. 47, 1. 13 et 21), et cette remarque n'était point passée inaperçue. Témoin Jean Pecquet, Differtatio Anatomica de Circulatione Sanguinis € Chyli Motu, cap. III, fin. : « ... Quandoquidem ad gemi- » nas Pulmonum Venas fermo devolutus eft, ineptis (meo quidem judi- » cio) Anatomici vocabulis utramque diftinxerunt. Nam quidni cum » fubtiliffimo Cartefio, Arteriam plane vocitavero, quà fe dexter in Pul- » monem Cordis Ventriculus exonerat, dum eam & tunicæ denfitas, & » Valvularum figura, & excipientis à Corde Sanguinem officium infundi- » buli, cæteris omnino per Corpus Arteriis aflimilant? Et cur ei, per » quam purpuram in Cor revomit Pulmo, Venofæ conferant Arteriæ » titulum, dum & tunicæ & Valvularum & officii teftimonia eandem afle- » runt Venam efle? Utcunque tamen audiant, fcito mihi perinde fore, » dum nofcantur ; fed evidens hac in re Veritas Harpocrati litare non » debuit. » (Page 62-63, pet. in-12, Hardervici, apud Joannem Tollium. Juxta exemplar Parifiis impreflum Anno M DC LI.) 20 29 30 116-117. pu Corps HUMAIN. 231 vene, & qu'ils ont nommé vene, celle qui eft vne artere, c'eft qu'ils ont crû que toutes les venes venoient de la cauité droite du cœur, & toutes les arteres de la gauche. Enfin on pourra remarquer que ces deux parties du cœur, qu'on nomme fes oreilles, ne font autre chofe que les extremitez de la vene caue & de l’ar- tere veneufe, qui {e font élargies & repliées en cet endroit-là, pour la raifon que ie diray cy-aprés. Lors qu'on aura ainfi veu l'anatomie du cœur, fi l’on confidere qu'il a toufiours en foy plus de chaleur, pendant que l'animal vit, que n’en a aucune autre partie du corps, & que le fang ef de telle nature, que lors qu'il eft vn peu plus échauffé que de coutume, il fe dilate fort promptement, on ne pourra douter que le mouuement du cœur, & en fuitte le poulx, ou le battement des arteres, ne fe faffe en la façon que ie va décrire. Au moment que le cœur eft allongé & defenflé, il n'y a point de fang en fes deux concauitez, excepté feulement quelque petit refle de celuy qui s'y eft rarefié auparauant ; c'eft pourquoy il y en entre deux grofles gouttes, vne qui tombe de la vene caue dans fa cauité droite, & l’autre qui tombe de la vene, nom- mée l’artere veneufe, dans la gauche; & le peu de fang rarefié qui reftoit dans fes concauitez, fe mélant incontinent auec celuy qui entre de nouueau, eft comme vne efpece de leuain, qui fait qu'il fe réchauffe & fe dilate tout à coup; au moyen dequoy le cœur s’'enfle, & fe durcit, & fe racourcit quelque peu; & les petites peaux qui font aux entrées de la vene caue 232 LA DESCRIPTION 117-118. & de l’artere veneufe fe fouleuent, & les ferment en telle forte, qu'il ne peut defcendre dauantage de fang de ces deux venes dans le cœur, & que le fang qui fe dilate dans le cœur ne peut remonter vers ces deux venes; mais il monte facilement de la cauité droite dans l’artere, nommée la vene arterieufe, & de la gauche dans la grande artere, fans que les petites peaux qui font à leurs entrées l'en empefchent. Et pource que ce fang rarefié requiert beaucoup plus de place qu'il ny en a dans les concauitez du cœur, il entre auec effort dans ces deux arteres, fai- fant par ce moyen qu'elles s'enflent & fe fouleuent au mefme temps que le cœur; & c'eft ce mouue- ment, tant du cœur que des arteres, qu'on nomme le poulx. |Incontinent aprés que le fang ainfi rarefié a pris fon cours dans les arteres, le cœur fe defenfle, & deuient mol, & fe ralonge, à caufe qu'il ne demeure que peu de fang dans fes concauitez ; & les arteres fe defenflent aufi, partie à caufe que l'air de dehors, qui approche bien plus de leurs branches que du cœur, fait que le fang qu'elles contiennent fe refroidit, & fe condenfe; partie aufli, à caufe qu'il fort continuelle- ment autant de fang à peu prés hors d'elles, qu'il y en entre. Et bien que, lors qu'il ne monte plus de fang du cœur vers les arteres, il femble que celuy qu'elles contiennent doiue redefcendre vers le cœur : toutes- fois il ne peut aucunement entrer dans fes concauitez, pource que les petites peaux qui font aux entrées de ces arteres l'en empefchent. Mais il y en entre d'autre de la vene caue & de l’artere veneufe, qui, s'y dilatant 15 20 25 30 20 25 30 118-119. pu Corps HUMAIN. 233 en mefme façon que le precedent, fait mouuoir dere- chef le cœur & les arteres ; & ainfi leur battement dure toufiours, pendant que l'animal eft en vie. Pour ce qui eft des parties qu'on nomme les oreilles du Cœur, elles ont vn mouuement different du fien, mais qui le fuit de fort prés; car, fi toft que le cœur eft defenflé, il tombe deux grofles gouttes de fang dans fes concauitez, l'vne de fon oreille droitte, qui ef l'extremité de la vene caue, l’autre de fon oreille gauche, qui eft l’extremité de l’artere veneufe : au moyen dequoy les oreilles fe defenflent. Et le cœur & les arteres qui s'enflent incontinent aprés, empef- chent vn peu, par leur mouuement, que le fang, qui eft dans les branches de la vene caue & de l’artere veneufe, ne vienne remplir | ces oreilles ; de façon qu'elles ne commencent à s'enfler, que lors que le cœur commence à fe defenfler ; & au lieu que le cœur s'enfle tout à coup, & aprés fe defenfle peu à peu, les oreilles fe defenflent plus promptement qu'elles ne s'enflent. Au refte, d'autant que le mouuement par lequel elles s’enflent ainfi, & fe defenflent, leur ef particulier, & ne s'étend point au refte de la vene caue & de l’artere veneufe, dont elles font les extremitez, cela eft caufe qu'elles font plus larges, & autrement repliées, & compofées de peaux plus épaifles & plus charnües, que le refte de ces deux venes. Mais afin que tout cecy s'entende mieux, il faut icy plus particulierement confiderer la fabrique des quatres vaifleaux qui répondent au cœur. Et premie- rement, touchant la vene caue, 1l faut remarquer qu'elle s'étend dans toutes les parties du corps, Œuvres. VI. 30 XII, 234 LA DESCRIPTION 119-120. excepté dans le poumon, en forte que toutes les autres venes ne font que fes branches; car mefme la vene Porte, qui fe répand par tout dans la rate & dans les inteftins, fe ioint à elle par des tuyaux fi mani- feftes dans le foye, qu'on la peut mettre de ce nombre. Ainfi l’on doit confiderer toutes ces venes comme vn feul vaifleau, qui fe nomme la vene caue à l'endroit où il eft le plus large, & qui contient toufiours la plus grande partie du fang qui eft dans le corps, lequel fang il conduit naturellement dans le cœur; en forte que, s’il n’en contenoit que trois gouttes, elles quit- teroient les autres parties, & iroient fe rendre vers l'oreille droite du cœur. Dont la raifon eft, que la vene caue eft plus large en cet endroit-là qu'en tous les autres, & qu’elle va de là en s’étreciffant peu à |peu iufques aux extremitez de fes branches; & que la peau dont fes branches font compofées, fe pou- uant étendre plus ou moins felon la quantité du fang qu'elles contiennent, fe reflerre toufiours quelque peu de foy-mefme, au moyen de quoy elle chañfle ce fang vers le cœur; & enfin, qu'il y a des valvuiles en plu- fieurs endroits de fes branches, qui font tellement difpofées, qu'elles ferment entierement leur canal, pour empefcher que le fang ne coule vers leurs extre- mitez, & ainfi ne s'éloigne du cœur, lors qu'il arriue que fa pefanteur ou quelqu'autre caufe le pouffe vers là; mais qu’elles ne l’empefchent aucunement de couler de leurs extremitez vers le cœur. En fuitte de quoy, l’on doit iuger que toutes leurs fibres font auffi tellement difpofées, qu'elles laiffent couler le fang plus aifement en ce fens-là, qu'au fens contraire. 20 23 30 r — ” # 20 25 30 120-127. pu Corps Human. 23 Touchant la vene arterieufe & l’artere veneufe, il faut remarquer que ce font aufli deux vaifleaux qui font fort larges, à l'endroit où ils fe ioignent au cœur; mais qu'ils fe diuifent fort proche de là en diuerfes branches, lefquelles derechef fe diuifent aprés en d'autres plus petites; & qu'elles vont toutes en étre- ciffant, à mefure qu'elles s'éloignent du cœur; & que chaque branche de l’vn de ces deux vaifleaux accom- pagne toufiours quelqu'vne des branches de l’autre, & auffi quelqu'vne d'vn troifiéme vaifleau, dont l'en- trée eft ce qu'on nomme le go/ier ou le /ifflet ; & que les branches de ces trois vaifleaux ne vont point ail- leurs que dans le poumon, lequel n’eft compofé que d'elles feules, qui font tellement mélées enfemble, qu'on ne fçauroit defigner aucune partie de fa chair, affez groffe pour eftre veüe, en lajquelle chacun de ces trois vaifleaux n’ait quelqu'vne de fes branches. Il faut aufli remarquer, que ces trois vaifleaux ont entr'eux de la difference, en ce que celuy dont l'en- trée eft le fifflet, ne contient iamais autre chofe que l'air de la refpiration, & qu'il eft compofé de petits cartilages, & de peaux beaucoup plus dures que celles qui compofent les deux autres; comme auf celuy qu'on nomme la vene arterieufe, eft compofé de peaux notablement plus dures & plus épaifles, que celles de l’artere veneufe, lefquelles font molles & déliées, tout de mefme que celles de la vene caue. Ce qui monftre que, bien que ces deux vaiffeaux ne reçoiuent en eux que du fang, il y a toutesfois de la difierence, en ce que le fang qui eft dans l’artere veneufe, n'y eft pas tant agité, ny pouflé auec tant de force, que celuy XIII. XIV. 230 La DESCRIPTION 121-122. qui eft dans la vene arterieufe. Car, comme on voit que les mains des artifans deuiennent dures, à force de manier leurs outils, ainfi la caufe de la dureté des peaux & des cartilages qui compofent le gofier, ef la force & l'agitation de l'air qui pafle par dedans, lors qu'on refpire. Et fi le fang n'eftoit point plus agité, quand il entre dans la vene arterieufe, que quand il entre dans l'artere veneufe, celle-là n'au- roit point fes peaux plus épaifles ny plus dures, que celle-cy. Mais j'ay defia expliqué comment le fang entre auec effort dans la vene arterieufe, à mefure qu'il eft échauffé & rarefié dans la cauité droite du cœur. Il refte feulement icy à dire que, lors que ce fang eft difperfé dans toutes les petites branches de cette vene arterieufe, il y eft refroidy & condenfé par l’air de la refpiration; à | caufe que les petites branches du vaifleau qui contient cet air, font mélées parmy elles en tous les endroits du poulmon; & le nouueau fang qui vient de la cauité droite du cœur dans cette mefme vene arterieufe, y entrant auec quelque force, chaffe celuy qui commence à fe condenfer, & le fait paîler des extremitez de fes branches dans les bran- ches de l’artere veneufe, d'où il coule tres facilement vers la cauité gauche du cœur. Et le principal vfage du poulmon confifte en cela feul que, par le moyen de l'air de la refpiration, il épaiffit & tempere le fang qui vient de la cauité droite du cœur, auant qu'il entre dans la gauche ; fans quoy il feroit trop rare & trop fubtil, pour feruir d’aliment au feu qu'il y entretient. Son autre vfage eft de con- 20 29 30 20 25 30 122-123. pu Corps Humain. 237 tenir l'air qui fert à produire la voix. Aufli voyons- nous que les poiflons, & quelques autres animaux qui n'ont qu'vne feule cauité dans le cœur, font tous fans poulmon, & en fuitte de cela qu'ils font muets,en forte qu'il n y en a aucun qui puifle crier. Mais ils font auffi tous d'vn temperament beaucoup plus froid, que les animaux qui ont deux concauitez dans le cœur : pource que le fang de ceux-cy, ayant defia efté vne fois efchaufé & rarefié dans la cauité droite, retombe peu aprés dans la gauche, où il excite vn feu plus vif & plus ardent, que s'il y venoit immediate- ment de la vene caue. Et encore que ce fang fe refroi- difle & fe condenfe dans le poulmon, toutesfois à caufe qu'il y demeure peu de temps, & qu'il ne s’y méle auec aucune matiere plus grofliere, il retient plus de facilité à fe dilater & fe rechaufer, qu'il n’en auoit auant que d'’eftre entré dans le cœur. Comme on voit, par experience, que les huiles qu'on fait pafler plufieurs fois par l’alembic, font plus aifées à diftiler la feconde fois, que la premiere. Et la figure du cœur fert à prouuer que le fang s'échauffe dauantage, & fe dilate auec plus de force, dans fa cauité gauche que dans fa droite; car on voit qu'elle eft beaucoup plus grande & plus ronde, & que la chair qui l'enuironne eft plus épaifle, & que tou- tesfois il ne pañle, par cette cauité, que le mefme fang qui pañle par l’autre, & qui s’eft diminué par la nour- riture qu'il a fournie au poulmon. Les ouuertures des vaifleaux du cœur feruent auñi à prouuer, que la refpiration eft neceflaire pour con- denfer le fang qui eft dans le poulmon ; car on voit que XV. XVI. 23 8 LA DESCRIPTION 123-124. les enfans, qui ne peuuent refpirer pendant qu'ils font au ventre de leurs meres, ont deux ouuertures dans le cœur, qui ne fe trouuent point en ceux qui font plus âgez; & que, par l'vne de ces ouuertures, le fang de la vene caue coule auec celuy de l’artere veneufe dans la cauité gauche du cœur; & par l’autre (qui ef faite comme vn petit tuyau) vne partie du fang qui vient de fa cauité droite, pale de la vene arterieufe dans la grande artere, fans entrer dans le poulmon. On voit aufli que ces deux ouuertures fe ferment peu à peu d’elles-mefmes, lors que les enfans font nez & qu'ils ont l'vfage de la refpiration ; au lieu qu'aux oyes, aux canars, & aux autres femblables animaux, qui peuuent demeurer long-temps fous l’eau fans refpirer, elles ne fe ferment iamais. Il refte icy à remarquer, touchant la grande artere, | qui eft le quatriéme vaifleau du cœur, que toutes les autres arteres du corps font moins larges qu'elle, & ne font que fes branches, par lefquelles le fang qu'elle reçoit du cœur eft porté fort promptement en tous les membres. Et que toutes ces branches de la grande artere font iointes à celles de la vene caue, en mefme façon que celles de la vene arterieufe font iointes aux branches de l’artere veneufe; en forte qu'après auoir diftribué à toutes les parties du corps ce quelles doiuent receuoir de fang, foit pour leur nourriture, foit pour d’autres vfages, elles portent tout le furplus dans les extremitez de la vene caue, d’où il coule derechef vers le cœur. Et ainfi le mefme fang pañle & repafñfe plufeurs fois, de la vene caue dans la cauité droite du cœur, puis de 20 25 30 | 1 | | 20 23 30 124-125. pu Corrs Human. 239 là par la vene arterieufe en l’artere veneufe, & de l'ar- tere veneufe en la cauité gauche, & de là par la grande artere en la vene caue : ce qui fait vn mouuement cir- culaire perpetuel, lequel fufliroit pour entretenir la vie des animaux, fans qu'ils euffent befoin de boire ny de manger, fi aucune des parties du fang ne fortoit hors des arteres ou des venes, pendant qu'il coule en cette façon ; mais il en fort continuellement plufieurs par- ties, au defaut defquelles fupplée le fuc des viandes, qui vient de l'eftomac & des inteftins, ainfi que ie diray cy-aprés. Or ce mouuement circulaire du fang a efté premie- rement obferué par vn Medecin Anglois, nommé Her- uæus, auquel on ne fçauroit donner trop de loüanges, pour une inuention fi vtile. Et bien que les extremités [des venes & des arteres foient fi deliées, qu'on ne puifle voir à l'œil les ouuertures par où le fang pañle des arteres dans les venes, on le voit neantmoins en quelques endroits : comme principalement en ce grand vaifleau, qui eft compofé des replis de la plus groffe des deux peaux qui enuelopent le cerueau, dans lequel plufieurs venes & plufeurs arteres fe vont rendre; en forte que le fang y eft apporté par celles-cy, puis retourne par celles-là vers le cœur. On le peut voir auffi en quelque façon aux venes & aux arteres fper- matiques. Et il y a des raifons fi euidentes, pour prouuer que le fang pafñle ainfi des arteres dans les venes, quelles ne laiffent aucun fujet d'en douter. Car fi, ayant ouuert la poitrine d'vn animal vif, on lie la grande artere aflez proche du cœur, en forte qu'il ne puifle defcendre aucun fang de fes branches, XVII. 240 LA DESCRIPTION 125-126. & qu'on la coupe entre.le cœur & le lien, tout le fang de cet animal, ou du moins la plus grande partie, for- tira en peu de temps par cette ouuerture. Ce qui feroit impofñlible, fi celuy qui eft dans les branches de la grande artere, n’auoit des paflages pour entrer dans les branches de la vene caue, d'où il pañfle dans la cauité droite du cœur, & de là dans la vene arterieufe ; aux extremitez de laquelle il y doit aufli trouuer des paflages pour entrer dans l'artere veneufe, qui le conduit dans la cauité gauche, & de là dans la grande artere, par où il fort. | Que fi on ne veut pas prendre la peine d'ouurir ainfi vn animal vif, il faut feulement confiderer la façon dont les Chirurgiens ont coutume de lier le bras pour faigner : car s'ils le lient mediocrement fort, vn peu | plus haut, c'eft à dire vn peu plus proche du cœur, que l'endroit où ils ouurent la vene, le fang fortira en plus grande abondance, que fi le bras n'eftoit point lié; mais s'ils le lient trop fort, le fang s'arreftera; comme auf il s'arreflera, s'ils le lient vn peu plus loin du cœur, que n'eft l'endroit où ils ouurent la vene, encore qu'ils ne ferrent pas beaucoup le lien. Ce qui fait voir manifeftement, que le cours ordi- naire du fang eft d’eftre porté vers les mains & les autres extremitez du corps par les arteres, & de retourner de là par les venes vers le cœur. Et cela a defia efté fi clairement prouué par Heruœus, qu'il ne peut plus eftre mis en doute, que par ceux qui font fi attachez à leurs préjugez, ou fi accoutumez à mettre tout en difpute, qu'ils ne fçauent pas diftinguer les 20 25 30 126427 pu Corps HUMAIN. 241 raifons vrayes & certaines, d'auec celles qui font faufles & probables. Mais Heruœus n'a pas, ce me femble, fi bien reüffi en ce qui regarde le mouuement du cœur; car il a ima- giné, contre l'opinion commune des autres Medecins, & contre le jugement ordinaire de la veüe, que lors que le cœur s’allonge, fes concauitez s'élargiffent, & qu'au contraire lors qu'il s'accourcit, elles deuiennent plus étroittes; au lieu que ie prétens demonftrer, qu'elles deuiennent alors plus larges. Les raifons qui l'ont porté à cette opinion font, qu'il a obferué que le cœur, en fe racourciffant, deuient plus dur; & mefme, qu'aux grenoüilles, & autres animaux qui ont peu de fang, il deuient plus blanc, ou moins rouge, que lors qu'il s'allonge ; & que, fi on y fait vne incifion qui penetre iufqu'à fes concauitez, c'eft aux molmens qu'il eft ainfi racourcy que le fang fort par l'incifion, & non pas aux momens quil eft allongé. D'où il a crü fort bien conclure que, puifque le cœur deuient dur, il fe reflerre; & puifqu'il deuient moins rouge en quelques animaux, cela témoigne que le fang en fort ; & enfin, puifqu'on voit fortir ce fang par l'in- cifion, il faut croire que cela vient, de ce que l'efpace qui le contient eft rendu plus eftroit. Ce qu'il auroit encore pü confirmer par vne expe- rience fort apparente, qui eft que, fi on coupe la pointe du cœur d'vn chien vif*, & que par l'incifion on mette le doigt dans l'vne de fes concauitez, on fentira mani- feftement qu'à toutes les fois que le cœur S'accourcira, il preflera le doigt, & qu'il ceffera de le prefler, à a. Voir t. III, p. 60, 1. 14, et p. 139, 1. 20-21. Œuvres. VI. 31 XVIII. 242 LA DESCRIPTION 127-128. toutes les fois qu'il s'allongera ; ce qui femble aflurer entierement, que fes concauitez font plus eftroites, lors que le doigt y eft plus preflé, que lors qu'il l'eft moins. Et toutesfois cela ne prouue autre chofe, finon que les experiences mefme nous donnent fouuent occafion de nous tromper, lors que nous n'examinons pas aflez toutes les caufes qu'elles peuuent auoir. Car encore que, fi le cœur fe reflerroit en dedans, ainf qu'Heruœus imagine, cela pourroit faire qu'il deuien- droit plus dur, & moins rouge dans les animaux qui ont peu de fang, & que le fang qui feroit dans fes con- cauitez en fortiroit par l’incifion qu'on y auroit faite, & enfin que le doigt mis en cette incifion y feroit preflé : cela n’empefche pas que tous ces mefmes effets ne puiflent aufli proceder d'vne autre caufe, à {çauoir de la dilatation du fang que ray décrite. | Mais afin de pouuoir remarquer laquelle de ces deux caufes eft la vraye, il faut confiderer d'autres experiences qui ne puiflent conuenir à l'vne & à l'autre. Et la premiere que ie puis donner eft, que fi le cœur deuient dur, à caufe que fes fibres fe reflerrent en dedans, cela doit diminuer fa grofleur ; au lieu que, fi c'eft à caufe que le fang qu'il contient fe dilate, cela la doit plutoft augmenter. Or on voit par experience qu'il ne perd rien de fa groffeur, mais qu'il l'augmente plutoft; ce qui a fait iuger aux autres Medecins qu'il s'enfle pour lors. Il eft vray pourtant qu'il ne l'aug- mente pas de beaucoup, mais la raifon en eft euidente; car il a plufieurs fibres tendües ainfi que des cordes d'vn cofté à l’autre de fes concauitez, qui les empef- chent de s'ouurir beaucoup. 20 23 30 20 25 30 128-120. pu Corrs Humain. 243 Vne autre experience qui monftre que, lors que le cœur s'accourcit, & fe durcit, fes concauitez ne deuiennent point pour cela plus étroites, mais au con- traire plus larges : c’eft que, fi on coupe la pointe du cœur d'vn ieune lapin encore viuant*, on pourra voir à l'œil fes concauitez deuenir vn peu plus larges, aux momens qu'il fe durcit, & ietter du fang; & mefme que, lors qu'elles n’en iettent que de fort petites goutes, à caufe qu'il n'en refte que fort peu dans le cors de l'animal, elles ne laiffent pas de retenir leur mefme largeur. Et ce qui empefche qu'elles ne s'ouurent pas dauantage, ce font les fibres tendües de part & d'autre qui les retiennent. Comme aufli, ce qui fait que le mefme ne paroift pas fi bien dans le cœur d’vn chien ou d'vn autre animal plus vigoureux, qu'en celuy d'vn ieune lapin, c'eft que ces fibres y occupent vne grande partie des concauitez ; & que, fe roidiflant lors que le cœur deuient dur, elles peuuent preffer le doigt qui eft mis en fes concauitez; bien que ces cauitez ne deuiennent point pour cela plus étroittes, mais au contraire plus larges. l'adjouteray encore vne troifiéme experience, qui eft que le fang ne fort pas du cœur auec les mefmes qualitez qu'il auoit en y entrant, mais qu'il en fort beaucoup plus chaud, plus rarefié, & plus agité. Or en fuppofant que le cœur fe meut en la façon qu'Aeruœus le décrit, non feulement il faut imaginer quelque faculté qui caufe ce mouuement, la nature de laquelle eft beaucoup plus difficile à conceuoir, que tout ce qu'il pretend expliquer par elle; mais il faudroit fup- a. Voir aussit. I, p. 526, 1. 21. 244 LA DESCRIPTION 129-130. pofer, outre cela, d'autres facultez qui changeañfent les qualitez du fang, pendant qu'il eft dans le cœur. Au lieu qu’en confiderant la feule dilatation de ce fang, qui doit fuiure neceffairement de la chaleur, que tout le monde reconnoift eftre dans le cœur plus grande qu'en toutes les autres parties du corps : on voit clairement que cette feule dilatation eft fuflifante pour mouuoir le cœur en la façon que j'ay décrite, & enfemble pour changer la nature du fang, autant que l'experience fait voir qu'elle fe change; & mefme auf, autant qu’on puifle imaginer qu'elle doiue eftre changée, afin que ce fang foit preparé, & rendu plus propre à feruir de nourriture à tous les membres, & à eftre employé à tous les autres vfages aufquels il fert dans le corps; en forte qu'il ne faut point fuppofer pour cela aucunes facultez inconnües, ou étrangeres. | Car quelle préparation fçauroit-on imaginer plus grande, & plus prompte, que celle qui eft faite par le feu, ou par la chaleur, qui eft l'agent le plus fort que nous connoiflions en la nature, lors que, rarefant le fang dans le cœur, il fepare fes petites parties les vnes des autres, & mefme les diuife, & change leurs figures en toutes les façons imaginables. C'eft pourquoy i'admire extremement que, bien qu'on ait fceu, de tout temps, qu'il y a plus de chaleur dans le cœur qu'en tout le refte du corps, & que le fang peut eftre rarefié par la chaleur, il ne fe foit tou- tesfois cy-deuant trouué perfonne, qui ait remarqué, que c’eft cette feule rarefaétion du fang, qui eft caufe du mouuement du cœur. Car, encore qu'il femble qu'Ariftote y ait penfé, lors qu'il a dit au Chapitre 20 20 25 30 130-131. pu Corrs HUMAIN. 24$ du liure de la Refpiration : Que ce mouuement efl [em- blable à l’action d'vne liqueur, que la chaleur fait boürllir*®; & aufli que ce qui fait le poulx, c'e/f que le fuc des viandes qu'on a mangées, entrant continuellement dans le cœur, fouleue fa derniere peau? : toutesfois à caufe qu'il ne fait en ce lieu-là aucune mention du fang, ny de la fabrique du cœur, on voit que ce n’eft que par hazard, qu'il a rencontré à dire quelque chofe d'approchant de la verité, & qu'il n'en a point eu de connoiflance certaine. Aufi fon opinion n’a-t'elle efté fuiuie en cela de perfonne, nonobflant qu'il ait eu le bonheur d'’eftre fuiuy de plufieurs, en beaucoup d’autres moins vray-femblables. Et neantmoins il importe fi fort de connoifire la vraye caufe du mouuement du cœur, que fans cela il eft impofible de rien fçauoir touchant la Theorie de la Meldecine, pource que toutes les autres fonctions de l'animal en dépendent, ainfi qu'on verra clairement de ce qui fuit. [TROISIESME PARTIE. De la Nutrition] Lors qu'on fçait que le fangeft ainfi continuellement dilaté dans le cœur, & de là pouflé auec effort par les arteres en toutes les autres parties du corps, d'où il a. "Eott à émorov Lécet roùro td mafoc: n yao Céois yiverart rveuuarouuévou rod dyooù dno Toù beouov. b. Ev è +7 xapdia n Toù aet mpostovroc Ex ts roogñs dysoù Dià The Decudrntos dyxwatç mouet cœuyUÈV, aipomevn Tods Tov Écyætov yuTrüva This xxpdias. XIX. 240 La DESCRIPTION 131-132. retourne aprés par les venes vers le cœur, il eft aifé à iuger que c'eft plutoft lors qu'il eft dans les arteres, que non pas lors qu'il eft dans les venes, qu'il fert à nourrir tous les membres. Car encore que ie ne veuille pas nier que, pendant qu'il coule des extremitez des venes vers le cœur, il n'y ait quelques-vnes de fes par- ties qui paflent par les pores de leurs peaux, & s'y attachent, comme il arriue particulierement dans le foye, lequel eft fans doute nourry du fang des venes, à caufe qu'il ne reçoit prefque point d’arteres : tou- tesfois par tout ailleurs où il y a des arteres qui accompagnent les venes, il eft euident que, le fang que contiennent ces arteres eftant plus fubtil, & pouffé auec plus de force que celuy des venes, il en fort plus facilement pour s'attacher aux autres parties, fans que l'épaiffeur de leurs peaux en empefche; à caufe qu'à leurs extremitez leurs peaux ne font gueres plus épaifles que celles des venes, & aufli à caufe qu'au moment que le fang qui vient du cœur les fait enfler, il fait par mefme moyen que les pores de ces | peaux s'élargiffent. Et alors les petites parties de ce fang, que la rarefaétion qu'il a receüe dans le cœur a fepa- rées les vnes des autres, pouflant ces peaux de tous coftez auec effort, entrent facilement en ceux de leurs pores qui font proportionnez à leur grofleur, & vont aufli choquer les racines des petits filets qui compofent les parties folides; puis, au moment que Îles arteres 1e defenflent, ces pores fe rétreciffent, & par ce moyen plufieurs des parties du fang demeurent engagées contre les racines des petits filets des parties folides qu'elles nourriflent (& plufieurs autres s'écoulent par 20 25 30 20 29 30 132-133. pu Corrs Humain. 247 les pores qui les enuironnent), au moyen dequoy elles entrent aufli en la compofition du corps. Mais pour entendre cecy diftinétement, il faut con- fiderer que les parties de tous les corps qui ont vie, & qui s’entretiennent par la nourriture, c'eft à dire des animaux & des plantes, font en continuel changement; en forte qu'il n'y a autre difference entre celles qu'on nomme /luides, comme le fang, les humeurs, les efprits, & celles qu'on nomme /olides, comme les os, la chair, les nerfs & les peaux; finon que chaque par- ticule de celles-cy fe meut beaucoup plus lentement que celles des autres. Et pour conceuoir comment ces particules fe meu- uent, il faut penfer que toutes les parties folides ne font compofées que de petits filets diuerfement étendus & repliez, & quelquefois aufli entrelacez, qui fortent chacun de quelque endroit de l'vne des branches d'vne artere; & que les parties fluides, c'eft à dire les humeurs & les efprits, coulent le long de ces petits filets par les | efpaces qui fe trouuent autour d'eux, & y font vne infinité de petits ruiffeaux, qui ont tous leur fource dans les arteres, & ordinai- rement fortent des pores de ces arteres qui font les plus proches de la racine des petits filets qu'ils accom- pagnent ; & qu'aprés diuers tours & retours qu'ils font auec ces filets dans le corps, ils viennent enfin à la fuperficie de la peau, par les pores de laquelle ces humeurs & ces efprits s'euaporent en l'air. Or outre ces pores par où coulent les humeurs & les efprits, il y en a encore quantité d'autres beau- coup plus étroits, par où 1l pafle continuellement XX. XXI. 248 LA DESCRIPTION 133-134. de la matiere des deux premiers Elemens que ray décrits en mes Principes*. Et comme l'agitation de la matiere des deux premiers Elemens entretient celle des humeurs & des efprits, ainfi les humeurs & les efprits, en coulant le long des petits filets qui com- pofent les parties folides, font que ces petits filets s'auancent continuellement quelque peu, bien que ce foit fort lentement ; en forte que chacune de leurs parties a fon cours, depuis l'endroit où ils ont leurs racines, iufques à la fuperficie des membres où ils fe terminent; à laquelle eftant paruenüe, la rencontre de l'air, ou des corps qui touchent cette fuperficie, l'en fepare ; & à mefure qu'il fe détache ainfi quelque partie de l’extremité de chaque filet, quelqu'autre s'attache à fa racine, en la façon que 1'ay defia dite. Mais celle qui s’en détache s’euapore en l'air, fi c'eft de la peau exterieure qu'elle fort; & fi c'eft de la fuper- ficie de quelque mufcle, ou de quelqu'autre partie interieure, elle fe méle auec les parties fluides, & coule auec elles où elles vont: c’eft à dire quelque- fois hors du | corps, & quelquefois par les venes vers le cœur, où il arriue fouuent qu'elles rentrent. Ainfi l’on peut voir que toutes les parties des petits filets qui compofent les membres folides, ont vn mou- uement, qui ne differe point de celuy des humeurs & des efprits, finon qu'il eft beaucoup plus lent; comme auffi celuy des humeurs & des efprits eft plus lent que celuy des matieres plus fubtiles. Et ces differentes vitefles font caufe que ces a. Voir t. VIII, pp. 103=5, 119-125, 137-142; et t. IX (2° partie), PP. 126-0, 139-141, 148-152. 20 25 20 25 30 134-135. pu Corps HuMaIx. 249 diuerfes parties folides ou fluides, en fe frottant les vnes contre les autres, fe diminüent ou s'augmen- tent, & s'agencent diuerfement, felon le diuers tem- perament de chaque corps. En forte, par exemple, que lors qu'on eft ieune, à caufe que les petits filets qui compofent les parties folides, ne font pas encore fort étroitement 1oints les vns aux autres, & que les ruif- feaux par où coulent les parties fluides font aflez larges, le mouuement de ces petits filets eft moins lent que lors qu'on eft vieil, & il s'attache plus de matiere à leurs racines, qu'il ne s’en détache de leurs extremitez; ce qui fait qu'ils s’allongent dauantage, & fe fortifient, & fe grofliflent, au moyen de quoy le corps croift. Et lors que les humeurs qui coulent entre ces petits filets ne font pas en grande quantité, elles pañlent toutes aflez vifte par les ruifleaux qui les contien- nent; au moyen de quoy le corps s’'allonge, & les parties folides croiffent, fans s'engraiffer. Mais lors que ces humeurs font fort abondantes, elles ne peu- uent couler fi aifement entre les petits filets des membres folides; ce qui fait que celles de leurs par- ties qui ont des figures fort | irregulieres, en forme de branches, & qui par confequent pañlent le plus difficilement de toutes entre ces filets, s’arreftent parmy eux peu à peu, & y font de la graiffe ; laquelle ne croift pas dans le corps, ainfi que la chair, par vne nourriture proprement dite, mais feulement parce que plufieurs de fes parties fe ioignent enfemble, en s’ar- reftant les vnes aux autres, ainfi que font celles des chofes mortes. Œuvres. VI. 32 XXII. "XXII. XXIV. 250 LA DESCRIPTION 135-136. Et lors que les humeurs deuiennent derechef moins abondantes, elles coulent plus aifement & plus vifte; pource que la matiere fubtile & les efprits qui les accompagnent, ont plus de force pour les agiter ; ce qui fait qu'elles reprennent peu à peu les parties de la graifle, & les entraifnent auec elles; au moyen dequoy on deuient magre. Et pource qu'à mefure qu'on vieillit, les petits filets qui compofent les parties folides, fe ferrent & s'atta- chent de plus en plus les vns aux autres, ils paruien- nent enfin à tel degré de dureté, que le corps cefle entierement de croiftre, & mefme aufi qu'il ne peut plus fe nourrir ; en forte qu'il arriue tant de difpropor- tion entre les parties folides & les fluides, que la vieil- leffe feule ofte la vie. Mais pour fçauoir particulierement en quelle forte chaque portion de l'aliment fe va rendre à l'endroit du corps à la nourriture duquel elle eft propre, il faut confiderer que le fang n'eft autre chofe qu'vn amas de plufieurs petites parcelles des viandes qu'on a prifes pour fe nourrir; de façon qu’on ne peut douter qu'il ne foit compofé de parties qui font fort differentes entre elles, | tant en figure qu’en folidité & en grof- feur. Et ie ne fçache que deux raifons, qui puiffent faire que chacune de ces parties s’aille rendre en cer- tains endroits du corps, plutoft qu'en d'autres. La premiere eft la fituation du lieu au regard du cours qu'elles fuiuent; l'autre, la grandeur & la figure des pores où elles entrent, ou bien des corps aufquels elles s’attachent. Car de fuppofer en chaque partie du corps des facultez qui choififlent, & qui attirent les 20 25 30 20 29 30 136-137. pu Corrs HUMAIN. 21 particules de l’aliment qui luy font propres, c'eft feindre des chymeres incomprehenfibles, & attribuer plus d'intelligence à ces chymeres, que noftre ame mefme nen a; veu qu'elle ne connoiïft en aucune façon, ce qu'il faudroit qu'elles connuflent. Or pour la grandeur & figure des pores, il eft eui- dent qu'elle fuffit, pour faire que les parties du fang qui ont certaine groffeur & figure, entrent en quelques endroits du corps plutoft que les autres. Car comme on voit des cribles diuerfement percez, qui peuuent feparer les grains qui font ronds d’auec les longs, & les plus menus d'auec les plus gros : ainfi fans doute le fang, pouflé par le cœur dans les arteres, y trouue diuers pores, par où quelques-vnes de fes parties peu- uent pañler, & non pas les autres. Mais la fituation du lieu, au regard du cours qu'a le fang dans les arteres, eft aufi requife, pour faire qu'entre celles de fes parties qui ont mefme figure & grofleur, mais non pas mefme folidité, les plus folides aillent en certains endroits, plutoft que les autres. Et c'eft principalement de cette fituation, que dépend la production des efprits animaux. Car 1l faut remarquer, que tout le fang qui vient du cœur dans la grande artere, eft pouflé en ligne droite vers le cerueau ; où ne pouuant aller tout (à caufe que les branches de cette grande artere qui vont iufques-là, fçauoir celles qu'on nomme les Caro- tides, font fort étroittes à comparaifon de l'ouuerture du cœur par où 1l vient), il n'y va que celles de fes parties qui, eftant les plus folides, font auf les plus viues, & les plus agitées par la chaleur du cœur ; au XVX. XXVI. XXVII. 22 LA DESCRIPTION 137-138. moyen de quoy elles ont plus de force que les autres, pour fuiure leur cours iufqu'au cerueau; à l'entrée duquel fe criblant dans les petites branches des caro- tides, & principalement aufli dans la glande que les Medecins ont imaginé ne feruir quà receuoir la pituite, celles qui font affez petites pour pañler par les pores de cette glande, compofent les E/prits Ani- maux; & celles qui font quelque peu plus groffes, s’at- tachent aux racines des petits filets qui compofent le cerueau; mais, pour les plus groffes de toutes, elles pañlent des arteres dans les venes qui leur font iointes, & fans perdre la forme de fang, elles retournent vers le cœur. [Digreffion, dans laquelle il ef traïtté de la formation de l'Animal*?. QUVATRIESME PAR RIES Des parties qui fe forment dans la femence.] On pourra encore acquerir vne plus parfaite con- noiffance de la façon dont toutes les parties du corps font nourries, fi on confidere en quelle forte | elles ont premierement efté produites de la femence. Et bien que ie n'aye pas voulu iufques icy entreprendre d'écrire mon fentiment touchant cette matiere, à caufe que ie n'ay pû encore faire affez d'experiences, a. Cette phrase, tout au moins, sinon les deux titres qui suivent, paraît bien être de l’éditeur Clerselier, plutôt que de Descartes. 1 20 138-130. pu Corps HUMAIN. 253 pour verifier par leur moyen toutes les penfées que l'en ay eu : ie ne puis neantmoins refufer d'en mettre icy en paflant quelque chofe de ce qui eft le plus general, & dont 1'efpere que ie feray le moins en hazard cy-aprés de me dédire, lors que de nouuelles experiences me donneront dauantage de lumiere®*. le ne determine rien touchant la figure & l’arrange- ment des particules de la femence : il me fuffit de dire que celle des plantes, eftant dure & folide, peut auoir fes parties arrangées & fituées d’vne certaine façon, qui ne fçauroit eftre changée que cela ne les rende inutiles ; mais qu'il n’en eft pas de mefme de celle des animaux, laquelle eftant fort fluide, & pro- duite ordinairement par la conjonction des deux fexes, femble n'eftre qu'vn mélange confus de deux liqueurs, qui feruant de leuain l’vne à l'autre, fe rechaufent en forte que quelques-vnes de leurs par- ticules, acquerans la mefme agitation qu'a le feu, fe dilatent, & preflent les autres, & par ce moyen les difpofent peu à peu en la façon qui eft requife pour former les membres. Et ces deux liqueurs n'ont point befoin pour cela d'étre fort diuerfes. Car, comme on voit que la vieille pafte peut faire enfler la nouuelle, & que l'écume que iette la bierre fuffit pour feruir de leuain à d'autre bierre : ainfi 1l eft aifé à croire que les femences des deux fexes, fe mélans enfemble, feruent de leuain l'vne à l’autre. [Or ie croy que la premiere chofe qui arriue en ce a. Voirt. V,p. 112, p. 170-171, et p. 260-261. Voir aussi notre Ayver-- tissement, en tête de ce Traité, p. 219-220. XXVIII. XXIX. XXX. 24 LA DESCRIPTION 139-140. mélange de la femence, & qui fait que toutes les goutes ceffent d'eftre femblables, c'eft que la chaleur s'y excite, & qu'y agiflant en mefme façon que dans les vins nouueaux lors qu'ils boüillent, ou dans le foin qu'on a renfermé auant qu'il fuft fec, elle fait que quelques-vnes de fes particules s’affemblent vers quelque endroit de l'efpace qui les contient, & que là fe dilatant, elles preflent les autres qui les enuiron- nent; ce qui commence à former le cœur. Puis, à caufe que ces petites parties ainfi dilatées tendent à continuer leur mouuement en ligne droite, & que le cœur commencé à former leur refifte, elles s'en éloignent quelque peu, & prennent leur cours vers l'endroit où fe forme aprés la baze du cerueau, & par ce moyen entrent en la place de quelques autres, qui viennent circulairement en la leur dans le cœur; où, aprés quelque peu de temps qu'il leur faut pour s'y aflembler, elles fe dilatent, & s’en éloignant, fui- uent le mefme chemin que les precedantes; ce qui fait que quelques-vnes de ces precedantes, qui fe trou- uent encore en ce lieu, & aufli quelques autres qui y font venües d’ailleurs, en la place de celles qui en font forties pendant ce temps-là, vont dans le cœur, où eftant derechef dilatées, elles en fortent. Et c’eft en cette dilatation, qui fe fait ainfi à diuerfes reprifes, que confifte le battement du cœur, ou le poulx. Mais il eft à remarquer, touchant la matiere qui paffe dans le cœur, que la violente agitation de la chaleur qui la dilate, ne fait pas feulement que quel- ques-vnes | de fes particules s’éloignent & fe fepa- rent, mais aufli que quelques autres s’aflemblent & 20 25 30 140. pu Corps HUMAIN. 26 fe preffent, en fe froiffant & diuifant en plufieurs branches extremement petites, & qui demeurent fi proches les vnes des autres, qu'il n'y a que la matiere tres-fubtile (que i’ay nommée le premier Element dans mes Principes)*, qui occupe les interualles qu'elles laiffent autour d'elles. Et que les particules qui fe 1oi- gnent ainfi les vnes aux autres en fortant du cœur, ne s'écartent point du chemin par où elles y peuuent retourner, comme font plufieurs des autres qui pene- trent plus aifement de tous coftez dans la mañfle de la femence, de laquelle il vient aufli de nouuelles particules vers le cœur, iufqu'à ce qu'elle foit toute épuifée. En fuitte dequoy, ceux qui fçauent ce que r’ay expli- qué de la nature de la Lumiere, tant en ma Diop- trique qu'en mes Principes, & de la nature des cou- leurs en mes Meteores?, pourront aifement entendre pourquoy le fang de tous les animaux eft rouge. Car ay demonftré, en ces lieux-là, que ce qui fait que nous voyons de la lumiere, n'eft autre chofe, finon que la matiere du fecond Element, que r'ay dit eftre compofé de plufieurs petites boules qui s'entretou- chent, eft pouflée ; & que nous pouuons fentir deux mouuemens de ces boules, l'vn par lequel elles vien- nent en ligne droite vers nos yeux, ce qui ne nous donne que le fentiment de la lumiere; l’autre, par - lequel elles tournent cependant autour de leurs a. Voir ci-avant, p. 246, note 4. b. Voir Dioptrique, Disc. 1: t. VI, p. 81-03 ou p. 584-580. — Principes, IIIe partie, art. 55-64, et IVe partie, art. 28 : t. VIII, p. 108-116 etp. 217-218, ou t. IX (2e partie), p. 130-136 et p. 215. — Météores, Disc. vin : t. VI, p. 331-335 ou p. 702-704. XXXI. XXXII. XXXIII. 24,6 La DESCRIPTION one centres. En forte que, fi elles tournent beaucoup moins vifte qu'elles ne vont en ligne droite, le cors d'où elles viennent nous paroift bleu, & fi elles | tournent beau- coup plus vifte, il nous paroïft rouge. Mais aucun corps ne peut eftre difpofé à les faire tourner plus vifte, que celuy dont les petites parties ont des bran- ches fi déliées & fi proches les vnes des autres, qu'il n'y a que la matiere du premier Element qui tourne autour d'elles, ainfi que ’ay dit eftre celles du fang. Car les petites boules du fecond Element, rencontrant en la fuperficie de ce fang la matiere du premier, laquelle y pafle continuellement de biais extreme- ment vifte d'vn de fes pores vers l’autre, & par confe- quent fe meut en autre fens qu'elles ne font, elles font contraintes par cette matiere du premier Element à tourner autour de leurs centres, & mefme à tourner plus promptement qu'aucune autre caufe ne les y {çauroit contraindre, d'autant que le premier Element furpañle tous les autres corps en viteffe. C'eft quafi la mefme raifon qui fait que le fer, quand it eft chaud, & les charbons, quand ils font embrafez, paroiflent rouges : car alors plufieurs de leurs pores ne font pleins que du premier Element. Mais pource que ces pores ne font pas fi ferrez que ceux du fang, & que le premier Element y eft en affez grande quan- tité pour caufer de la lumiere, cela fait que leur rou- geur eft diflerente de celle du fang. Si toft que le cœur commence ainfi à fe former, le fang rarefié qui en fort prend fon cours en ligne droite vers l'endroit où il luy eft le plus libre d'aller, & c'efl l'endroit où fe forme aprés le cerueau ; comme auñli T41-142. pu Corrs Human. 297 le chemin qu'il prend, commence à former la partie fuperieure de la grande artere. Puis, à caufe de la refi- ftance | que luy font les parties de la femence qu'il rencontre, il ne va pas fort loin ainfi en ligne droite, fans eftre repouflé vers le cœur par le mefme chemin qu'il en eft venu ; par lequel toutesfois il ne peut defcendre, à caufe que ce chemin fe trouue remply du nouueau fang que le cœur produit. Mais cela fait qu’en defcendant il fe détourne quelque peu vers le cofté oppofé à celuy par lequel il entre de nou- uelle matiere dans le cœur; & c’eft le cofté où fera par aprés l’e/pine du dos, par lequel 1l prend fon cours vers l'endroit où fe doiuent former les parties qui fer- uent à la generation ; & le chemin qu'il tient en def- cendant eft la partie inferieure de la grande artere. Mais à caufe que, preffant aufi de ce cofté-là les par- ties de la femence, elles luy refiftent, & que le cœur enuoye continuellement de nouueau fang vers le haut & vers le bas de cette artere, ce fang eft contraint de prendre fon cours circulairement vers le cœur, par le cofté le plus éloigné de l’efpine du dos, où fe forme par aprés la portrine ; & le chemin que prend ainfi le fang en retournant de part & d'autre vers le cœur, ef ce qu on nomme par aprés la vene caue. le n’adjouterois icy rien dauantage touchant la for- XxxIv. mation du cœur, s'il n'auoit qu'vne feule cauité, ainfi que celuy des poiffons ; mais pource qu'il y en a deux en tous les animaux qui refpirent, il faut que ie tafche encore de dire comment la feconde fe forme. l’ay defia diftingué deux fortes de parties en la por- tion de la femence qui fe dilate dans le cœur, auant Œuvres. VI. 33 2 58 LA DESCRIPTION 142-143. qu'il tire aucune nourriture d’ailleurs : fçauoir celles qui s’'éloignent & fe feparent facilement, & celles qui fe | joignent & qui s'attachent les vnes aux autres. Or encore que ces deux fortes de parties fe trou- uent dans le fang de tous les animaux, il eft toutesfois à remarquer, qu'il y en a beaucoup moins de celles qui s’éloignent & fe feparent, dans le fang des ani- maux qui n'oft qu'vne feule cauité dans le cœur, que dans celuy des animaux qui en ont deux; en fuitte dequoy l’on peut iuger que ce font quelques-vnes de ces petites parties qui fe dilatent facilement, fçauoir celles que ie nommeray icy les particules aériennes, qui font caufe de la feconde concauité du cœur; laquelle, aprés que l'animal eft formé, fe trouue pan- chée vers fon cofté droit. Mais au commencement de fa formation, ie croy que la premiere concauité, qui fe panche aprés vers le cofté gauche, occupe iuftement le milieu de fon corps, & que le fang qui fort de cette cauité gauche, prend fon cours premierement vers l'endroit où fe forme le cerueau, puis de là vers l'endroit oppofé, où fe forment les parties de la generation ; & qu’en defcen- dant du cerueau vers là, il paffe principalement. entre le cœur & l'endroit où fe forme l’efpine du dos; & - aprés cela, que tant du haut que du bas il reuient vers le cœur. | Etie croy aufli que, fi toft que ce fang approche du cœur, il fe dilate en partie, auant que de rentrer en fa cauité gauche, en forte que par cette dilatation preffant la matiere qui l'enuironne, il forme fa feconde concauité. Le dis qu'il fe dilate, à caufe qu’il a en foy 20 _25 30 143-144. pu Corps HUMAIN. 2$9 plufieurs particules aëriennes, qui facilitent cette dilatation, & qui n'ont pù fe dégager fi toft d’auec les autres ; mais ie dis qu'il ne fe dilate qu'en partie, à caufe | que la portion de la femence qui s’eft iointe à luy, depuis qu'il eft forty de la cauité gauche, n'eft pas fi difpofée à fe dilater, que celles de fes parties qui y ont déja efté rarefiées : c'eft pourquoy cette portion de la femence differe à fe dilater iufqu'à ce qu'elle foit entrée en la cauité gauche, en laquelle il reuient aufli vne partie du fang defia rarefié dans la droite, qui facilite fa dilatation. Et lors que ce fang fort de la cauité droite, celles de fes particules qui font les plus agitées & les plus viues, entrent dans la grande artere; mais les autres, qui font en partie les plus groflieres & les plus pefantes, & en partie auffi les plus aëriennes & les plus molles, commencent en fe feparant à compofer le poulmon. Car quelques-vnes des plus aëriennes y demeurent, & fe forment de petits conduits, qui font par aprés les branches de l’artere dont l'extremité eft la gorge, ou le fifflet, par où entre l'air de la refpi- ration; & les plus groflieres fe vont rendre dans la cauité gauche du cœur. Et c’eft le chemin par où elles fortent de la cauité droite, qu'on nomme par aprés la vene arterieufe; comme aufli c'eft celuy par où elles vont de là dans la gauche, quon nomme l'artere veneufe. l'adjouteray icy encore vn mot touchant les parti- cules que 1 ay nommées aériennes ; car ie ne comprens pas, fous ce nom, toutes celles qui font feparées les vnes des autres, mais feulement celles de ce nombre, XXXV. XXXVI. XXXVII. 260 La DESCRIPTION NAS: qui fans eftre fort agitées ny fort folides, ne laiffent pas d’auoir leur mouuement chacune à part; ce qui fait que le corps où elles font, demeure rare, & ne peut facilement eftre | condenfé. Et pource que celles qui compofent l'air font, pour la plus-part, de tellenature, ie les ay nommées aériennes. Mais il y en a d’autres, plus viues & plus fubtiles, qui font comme celles des eaux de vie, & des eaux fortes, ou des fels volatiles, & aufli de plufieurs autres façons, lefquelles font que le fang fe dilate, & n'em- pefchent point qu'il ne fe condenfe promptement aprés. Plufieurs defquelles fe trouuent fans doute dans le fang des poiffons, auffli bien qu'en celuy des animaux terreftres, & mefme peut-eftre en’plus grande quantité; ce qui fait qu'vne moindre chaleur le peut rarefier. Et ces petites parties plus viues & plus fubtiles, c'eft à dire celles qui font fort fubtiles, & enfemble fort folides & fort agitées, lefquelles ie nommeray toufiours cy-aprés les e/prits, ne s'arreftent pas au commencement de la formation dans le poulmon, ainfi que font la plufpart des aëriennes; mais pource qu'elles ont plus de force, elles vont plus loin, & pañlent de la cauité droite du cœur, par vn conduit de la vene arterieufe, iufques à la grande artere. Au refte, comme ce font les particules aëriennes de la femence, qui font caufe qu'il fe forme vne feconde cauité dans le cœur : ainfi, ce qui empefche qu'il ne s'en forme vne troifiéme, c'eft quen fuitte de la feconde il fe forme vn poulmon, dans lequel s’ar- reftent la plufpart de ces particules aëriennes. 20 25 30 20 25 30 = \ PES pu Corps Human. 261 Au mefme temps que le fang qui vient de la cauité droite commence à former le poulmon, celuy qui fort de la gauche commence aufli à former les autres par- [ties ; & la premiere de toutes, aprés le cœur, eft le cerueau. Car il faut penfer que, pendant que les plus groflieres parties du fang qui fort du cœur, vont d'abord en ligne droite iufques à l'endroit de la femence où fe forment aprés les parties inferieures de la tefte : les plus fubtiles, qui compofent les efprits, s'auancent vn peu dauantage, & fe mettent en la place où doit eftre aprés le cerueau. Puis de là, comme le fang fe reflechit, & prend fon cours vers en bas par la grande artere : ainfi les efprits prennent le leur vn peu au deffus, & du mefme cofté, vers le lieu où eft aprés la moëlle de l’efpine du dos; à caufe que le mouue- ment du fang, dans la partie de la grande artere qui defcend du cœur, de laquelle ils font proches pour lors, agitant la femence voifine, facilite leur cours vers ce cofté là. Toutesfois il ne le facilite pas tant, qu'ils n'y trou- uent encore quelque refiftance ; laquelle eft caufe qu'ils font aufli effort pour fe mouuoir vers d'autres coftez. Et par ce moyen, pendant que ces efprits s'auancent vers l'efpine du dos, le long de laquelle ils coulent peu à peu, & de là fe répandent en tous les autres endroits de la femence, celles de leurs parti- cules qui excedent en quelque qualité par deflus les autres, fe feparent de leur corps, & fe détournent à droite & à gauche vers la baze du cerueau, & vers le deuant, où elles commencent à former les organes des fens. XXXVIII. XXXIX. XL. XLIT. XLII. 262 La DESCRIPTION ED -4E A7 le dis qu'elles fe détournent vers la baze du cer- ueau, à caufe qu'elles font refléchies de fa partie fuperieure. Et ie dis qu'elles fe détournent à droite & à gauche, à caufe que l’efpace du milieu eft occupé par celles qui cepenfdant viennent du cœur, & de là prennent leur cours vers l'efpine du dos; ce qui fait entendre pourquoy tous les organes des fens fe font doubles. Mais pour fçauoir aufli la caufe de leur diuerfité, & de tout ce qu'il y a de particulier en chacun d'eux, il eft à remarquer, qu'il n y a point d'autre raifon qui puifle faire que quelques particules des efprits fe fepa- rent, & prennent leur cours à droite & à gauche vers le deuant de la tefte, pendant que tout le refle va vers l'efpine du dos, finon qu'elles excedent en petitefle ou en grofleur, ou bien qu'elles ont des figures qui retar- dent ou qui facilitent leur mouuement. Et ie ne voy qu'vne notable difference entre celles qui excedent en petitefle, laquelle confifte en ce que quelques-vnes, fçauoir celles que ray cy-deffus nommées aëriennes, ont des figures fort irregulieres & empefchantes, & que les autres ont des figures plus vnies & plus glif- fantes, en forte qu'elles font plus propres à compofer des eaux que de l'air. Et en examinant les proprietez des aëriennes, il eft aifé à connoiftre que ce font elles qui doiuent prendre leur cours le moins bas de toutes, & le plus vers le deuant de la tefte, où elles commencent à former les organes de l'odorat ; comme aufli ce font celles qui ont des figures plus vnies & plus gliffantes, qui cou- lans au deflous des aëriennes, vont en tournant vers Ê 20 25 30 PRES pu Corps HUMAIN: 203 le deuant de la tefte, où elles commencent à former les yeux*. le ne remarque aufli qu'vne notable difference entre les particules des efprits qui excedent en groffeur, qui eft que quelques-vnes ont des figures, non pas veri- tablement fi empefchantes que celles des aëriennes (car | elles n'auroient peu à caufe de leur grofleur fe méler auec les efprits), mais neantmoins irregulieres & inegales, ce qui fait qu'elles ne peuuent fe mouuoir en fuite les vnes des autres, mais qu'eftant enui- ronnées de la matiere fubtile, elles fuiuent fon agita- tion ; & ainfi ayant plus de force que toutes les autres, à caufe qu'elles font plus mafliues, elles fortent du milieu du cerueau par le chemin le plus court, & fe vont rendre vers les oreilles, où emmenant auec foy quelques particules aëriennes, elles commencent à former les organes de l'oûye. Et les autres, au con- traire, ont des figures vnies & gliflantes, qui font caufe qu'elles s'accordent facilement à fe mouuoir en fuitte les vnes des autres, ainfi que les particules des eaux, & par confequent, d'vn mouuement plus tardif que le refte des efprits ; ce qui fait qu’elles defcendent par la baze du cerueau vers la langue, la gorge, & le palais, où elles preparent le chemin aux nerfs qui doi- uent eftre les organes du gou/. Outre ces quatre notables differences, qui font que certaines particules des efprits s'écartent de leur corps, & par ce moyen commencent à former les organes de l'odorat, de la veüe, de l'oüye, & du gouft: le remarque que les autres fe feparent aufli peu à peu, a. Voir l'écrit du 16 avril 1648, t, V, p. 170-171. XLIIT. XLIV: 264 La DESCRIPTION 148-149. à mefure qu'elles trouuent des pores en la femence par où elles peuuent pañfer ; & fans qu'il foit befoin pour cela qu'il y ait entr'elles aucune diuerfité, finon feulement que celles qui fe rencontrent les plus proches de ces pores, entrent dedans, pendant que les autres fuiuent enfemble leur cours le long de l'efpine du dos, iufqu'à ce qu'elles rencontrent aufli d'autres pores par où elles coulent en | toutes les parties inte- rieures de la femence, & y tracent les pañfages des nerfs qui feruent au fens de l'attouchement. Au refte, afin que la connoiffance qu'on a de la figure des animaux defia formez, n'empefche pas qu'on ne conçoiue celle qu'ils ont au commencement qu'ils fe forment, il faut confiderer la femence comme vne mafle, de laquelle s'eft premierement formé le cœur ; & autour de luy, d'vn cofté la vene caue, & de l'autre la grande artere, qui eftoient iointes par les deux bouts; en forte que celuy de leurs bouts, vers lequel les ouuertures du cœur efltoient tournées, marquoit le cofté où deuoit eftre la tefte, & l'autre marquoit celuy des parties inferieures. Aprés cela les efprits ont monté vn peu plus haut que le fang vers la tefte, où s’eftant afflemblez en quelque quantité, ils ont pris leur cours peu à peu le long de l’artere, & le plus proche de la fuperficie de la femence que leur force les a pù porter ; & pendant qu'ils ont fuiuy ce cours, leurs petites parties fe font prefentées pour paffer par tous les autres chemins qui leur feroient plus faciles que celuy où elles efloient; mais elles n'ont point trouué de tels chemins au deflus de l'efpine du dos, à caufe que tout le corps des efprits s'éloi- 20 25 30 PESTE pu Corps HUMAIN. 26 gnoit vers là, autant que fa force le pouuoit permettre ; elles n'en ont point aufli trouué direétement au deflous, à caufe que la grande artere y eftoit; ainfi elles n'ont pris leur cours qu à droite & à gauche, vers toutes les parties interieures de la femence. Excepté feulement qu'à la fortie de la tefte, elles ont pü s'éloigner quelque peu en dehors & en dedans, à | caufe que la moëlle de l'efpine du dos, eftant moins grofle que le cerueau, elles ont trouué quelque efpace en cet endroit là. Et c'eft la raifon pourquoy les nerfs qui fortent des deux premieres iointures de l'efpine du dos, ont leur origine differente des autres. Or ie dis que les efprits, qui préparent le chemin de ces nerfs en la femence, y ont pris leur cours vers les parties interieures feulement, à caufe que les exte- rieures eftant preflées par la fuperficie de la Matrice, n'ont pas eu des pañlages fi libres pour les receuoir ; mais ils en ont trouué d’aflez libres vers le deuant de la tefte. C'eft pourquoy auant que d'en eftre fortis, quelques-vns fe font feparez des autres, fans eftre pour cela de diuerfe nature, & ont tracé le chemin des nerfs qui fe rendent aux mufcles des yeux, des tempes, & des autres endroits voifins; puis aufli les chemins des nerfs qui vont aux genciues, à l'eflomac, aux inteftins, au cœur, & aux peaux des autres plus inte- rieures parties qui fe forment aprés. Tout de mefme, les efprits qui ont coulé hors de la tefte, ont trouué des pores de part & d'autre le long de l’efpine du dos ; au moyen dequoy ils ont diftingué fes iointures, & fe font répandus de là tout autour en la maffe de la femence, non plus ronde mais oblongue, Œuvres. VI. 34 XIV XLVI XLVII. XLVIIT. 266 LA DESCRIPTION DC DES à caufe que la force dont le fang & les efprits ont paflé du cœur vers la tefte, a dû l’eftendre dauantage vers là, que vers les autres coftez. Et il refte feulement icy à remarquer, que le dernier endroit de la femence auquel puiflent paruenir les efprits, en fuiuant leur cours en cette façon, eft celuy où doit eftre le Nombril, dont ie parleray en fon lieu. | Mais l'ordre veut qu'aprés auoir décrit le cours des efprits, l'explique auffi comment les arteres & les venes eftendent enfemble leurs branches, en toutes les parties de la femence. A mefure qu'il fe fait plus de fang dans le cœur, il s'y dilate auec plus de force; au moyen de quoy il s'auance plus loin. Et il ne fe peut ainfi auancer que vers les endroits où il y a quelques parties de la femence qui font difpofées à luy ceder leur place, & par confequent à couler vers le cœur par la vene jointe à l’artere par où ce fang vient, à caufe qu’elles ne peuuent auoir d'autre chemin que celuy-là. Ce qui forme deux nouuelles petites branches, l’vne en cette vene, l’autre en cette artere, dont les extremitez font coniointes, & qui vont enfemble occuper la place de ces petites parties de la femence. Ou bien cela fait que les branches qui font defia formées s’alongent iufques- la, fans que leurs extremitez fe feparent. Et d'autant que toutes les petites parties de la femence font propres à couler ainfi vers le cœur, ou bien que, s’il y en a quelques-vnes qui n'y foient pas propres, elles font aifement repouflées vers fa fuperficie, il n'y en a aucunes au deffous de cette fuperficie en l'efpace où fe répandent les efprits, qui n'aillent à leur tour fe 15 20 25 30 151-152. pu Corps Humain. | 267 rendre vers le cœur. Et c’eft la raifon pourquoy les venes & les arteres y eftendent leurs branches de tous coftez, aufli loin les vnes que les autres. Et on ne doit point douter de cette verité, encore qu on ne voye pas communement tant d’arteres que de venes dans le corps des animaux. Car la raifon veut que celles-cy paroïffent beaucoup plus que celles-là, pource | que le fang a coutume de s’arrefter dans les petites venes, auffi bien que dans les plus grandes, mefme aprés que l'animal eft mort, à caufe que la peau de toutes fe reflerre à peu prés également. Au lieu que le fang des arteres ne s’arrefte iamais en leurs petites branches ; car y eftant pouflé par la Diaflole, il pafle promptement dans les venes, ou bien il retombe dans les plus grandes arteres au moment de la Sy/lole, à caufe que leurs tuyaux demeurent ouuerts ; & ainfi leurs plus petites branches ne peuuent eftre veües, non plus que les venes blanches, dites laclées, qu A/ellius® a découuertes depuis peu dans le Mezen- taire, où iamais on ne les apperçoit, fi ce n’eft qu'on ouure des animaux encore viuans, quelques heures aprés qu'ils ont mangé. a. Descartes avait eu sans doute connaissance du livre suivant, imprimé à Leyde, chez Jean Maire, l'éditeur du Discours de la Méthode : DE LacrTimus, sive Lacreis VENIS, quarto vaforum mefaraicorum ge- nere, Novo invento Gasparis Asellii Cremonenfis, Anatomici Ticinenfis, Differtatio. Qua fententiæ Anatomicæ multæ, vel perperam receptæ con- velluntur, vel parum perceptæ illuftrantur. (Lugduni Batavorum, Ex Officinà Iohannis Maire, clo Io ex.) In-4, p. 104. Cet ouvrage se trouve relié dans le même volume avec les deux ou- vrages d'Æmizius Parisanus et de Iacopus Primmosius édités aussi par Jean Maire, l’année précédente, 1639, contre le livre de Harvey, De motu cordis € circulatione fanguinis. Voir, à ce sujet, notre t. II, p. 500 et 6r6. Voir aussi, sur les veines lactées et sur le chyle, une lettre de Descartes, du 30 juillet 1640, t. III, p. 130-147. XLIX. 268 LA DESCRIPTION 152-153, Nous pouuons encore icy confiderer plus particu- lierement la diftribution des principales venes & arteres, pource qu'elle depend de ce qui a defia efté dit du mouuement du fang & des efprits. Ainfi la pre- miere agitation du cœur, qui n'eftoit encore que com- mencé à former, a eflé caufe que les petites parties de la femence qui eftoient les plus proches de luy, font coulées vers les ouuertures de fes concauitez ; au moyen dequoy elles ont formé les arteres & les venes qu'on nomme Coronaires, pource quelles l'enuiron- nent tout autour, ainfi qu vne couronne. Et on n'a pas fuiet de trouuer étrange qu'on ne remarque fouuent qu'vne vene coronaire, bien qu'il y ait deux arteres : car cette feule vene peut auoir affez de branches pour fe ioindre auec toutes les extremitez des branches de ces deux arteres. Et ce n'eft pas merueille que les petites parties de la femence, qui | venoient de tous les enuirons du cœur, ayent pris leur cours vers vn feul endroit, pour entrer en fa cauité droite, au mefme temps que le fang qui fortoit de fa cauité gauche, a pris fon cours par deux diuers endroits pour aller occuper leur place. Lors que le fang dilaté dans le cœur en eft forty tout à coup, & a pris fon cours en ligne droite, il a pouffé d'abord vne aflez grande portion de la femence vn peu plus loin qu'elle n'eftoit, vers le haut de la matrice; au moyen de quoy les autres parties de la femence, qui eftoient au deflus de cette portion, ont efté contraintes de defcendre vers les coftez; ce qui a fait que celles qui eftoient vers les coftez ont coulé de là vers le cœur. Et ainfi ces grandes venes & arteres, 20 25 30 "OL 20 25 30 ent pu Corrs HuMain. 269 qui nourriflent les bras des hommes, ou les piez de deuant des beftes brutes, ou enfin les aifles des oyfeaux, ont commencé à fe former. De plus, la portion de la femence, de laquelle la tefte fe deuoit former, ainfi pouflée par le fang qui venoit du cœur, s'eft rendüe vn peu plus folide en fa fuperficie qu'en fon milieu, à caufe qu'elle a efté preflée d'vn cofté par le fang qui la pouffoit, & de tous les autres par le refte de la femence qu'elle pouñloit : ce qui eft caufe que ce fang n'a pù penetrer d'abord vers fon milieu; & les efprits feuls y eftant entrez, ils y ont formé la place du cerueau en la façon defia expliquée. Touchant quoy il faut remarquer, que ces efprits ayant pris leur cours du milieu de la tefte vers trois coftez differens, à fçauoir vers le derriere, où ils ont tracé l’efpine du dos, & aufli par embas vers le cofté | droit & le gauche de deuant, la matiere dont ils ont pris la place a dû fe retirer vers le haut du crane, dans les trois interualles qui feparoient ces trois coftez ; & de là prenant fon cours par les deux coftez de l'efpine du dos vers le cœur, elle a fait place aux trois princi- pales branches du grand varfJeau triangulaire, qui eft entre les replis de la peau qui enuelope le cerueau, & qui a cela de particulier, qu'il fait enfemble l'office d'artere & de vene. Car la matiere qui eftoit en la place où il ef, eftant pouflée par les efprits, en eft fortie fi abondamment & fi promptement, que les branches des arteres qui étoient iointes aux branches des venes par où elle a coulé vers le cœur, fe font confonduës auec elles en formant ce vaiffleau, lequel eftend par 270 LA DESCRIPTION 154-155. aprés fes ruiffeaux de tous coftez au dedans du crane, en forte que c'eft prefque luy feul qui nourrit tout le cerueau. LIT. Toutesfois le fang du principal tuyau de la grande artere, qui venoit en ligne droite du cœur, ne pouuant. penetrer d'abord la baze de la tefte, à caufe que les petites parties de la femence y efloient trop preffées, & fe trouuant iuftement au deffous de l'endroit où fe forme aprés vne glande, que les Medecins ont imaginé ne feruir qu'à receuoir la pituite du cerueau : il a fait effort tout autour, contre ces petites parties de la femence qui luy refiftoient, & en a chaffé peu à peu quelques-vnes, qui font coulées de cofté vers des venes aflez éloignées de là. Au moyen de quoy fe font formées ces petites branches d’arteres, plus remar- quables dans les beftes que dans l’homme, qu'on a nommées le Rets admirable, & qui femblent n'eftre point iointes aux venes. LIV. | Puis il a auffi monté plus haut vers le fommet de la tefte, par les enuirons de la place par où entroient les efprits dans le cerueau, autour de laquelle il a fait vne infinité de petits ruifleaux, qui efloient autant de petites arteres, dont a commencé à fe former la petite peau qu'on nomme l'Entonnoir, & en fuitte celle qui couure le conduit de la cauité qui eft au derriere du cerueau, & aufli les petits tiffus nommés Choroïdes, qui font dans les deux cauitez du deuant; & aprés s’eftre raffemblez autour de l'endroit où fe forme par aprés la petite glande, nommée Conarium, ils font entrés tous enfemble dans le milieu du vaiffeau triangulaire qui nourrit le cerueau. 155-156: pu Corps Human. A7 le n'ay pas befoin d'expliquer plus au long la for- mation des autres venes & arteres, pource que ie n'y voy rien de particulier à remarquer ; & elles font toutes produittes par cette raifon generale, que, lors que quelque petite partie de la femence va vers le cœur, le ruiffeau qu'elle fait en y allant eft vne vene, & celuy que fait le fang qui vient du cœur pour entrer en fa place eft vne artere; en forte que, lors que ces ruiffeaux font vn peu éloignez l’vn de l’autre, la vene & l’artere femblent feparées, à caufe que les extremités de l’artere ne fe voyent point. Et plufieurs diuerfes caufes peuuent faire, en ce commencement, que ces ruifleaux fe detournent, ou qu'vn fe diuife en deux, ou que deux s'affemblent en vn, ce qui fait la difference qu'on voit entre la diftri- bution des venes, & celle des arteres. Mais cela n'em- pefche pas qu'elles ne retiennent toufiours la mefme communicaltion par les extremitez de leurs branches, à caufe que le cours du fang, qui paffe continuel- lement par ces branches, l’entretient. Et d'autant que les branches par où fe fait cette com- munication, fe trouuent en tous les endroits du corps, & non point feulement en fes extremitez, encore que l'on coupe le pié, ou la main, on ne l'empefche pas pour cela dans la jambe, ny Le le bras. l'adjouteray feulement icy trois exemples de la diui- fion, de l'éloignement, & de la conjonétion de ces ruifleaux. Il n'y a eu fans doute au commencement qu'vn feul tuyau, qui a porté les efprits en ligne droitte du cœur au cerueau; mais l’Artere Trachée, par où pañle l'air de la refpiration, fe formant aprés (ainfi que EVE LVI. LVII. LVIIT. LIX. 272 La DESCRIPTION 156-157. ie diray encore en fon lieu), & l'air qu'elle contenoit ayant plus de force pour monter fuiuant cette ligne droitte, que le fang qui venoit du cœur, il a efté caufe que ce tuyau s’eft diuifé en deux branches, qui font les arteres qu'on nomme Carotides. Les deux venes qu'on nomme /permatiques, ont efté inferées en la vene caue, auffi bas l’vne que l’autre, au temps de leur premiere formation ; mais l'agitation de la grande artere, lors que le foye & la vene caue fe font détournez vers le cofté droit, a efté caufe que le lieu, où eftoit inferée la vene fpermatique gauche, s'eft hauffé peu à peu iufques à l'emulgente, pendant que celuy de la droitte eft demeuré fans changement : comme, au contraire, la mefme caufe a fait que la vene, nommée adypo/e, du rognon gauche s’eft hauflée, de l'emulgente où elle eftoit, iufques au tronc de la vene caue, pendant que l'augmentation du foye a fait que la droitte s'eft abaiflée. Ile ne feindray point de dire que c’eft celle que 1'ay le plus long-temps cher- chée, & à la verité de laquelle 1'ay eu le moins d'efpe- rance de pouuoir paruenir, bien qu'elle n’arrefte point les autres. Les arteres & les venes qui defcendent dans les mam- melles ont vne origine bien differente de celles qu'on nomme Épiga/lriques, qui viennent de bas en haut vers le ventre. Et toutesfois plufieurs de leurs branches fe ioignent les venes aux venes, & les arteres aux arteres, vers le nombril. Ce qui arriue à caufe que cet endroit- là eft le dernier, duquel les parties de la femence coulent vers le cœur, pource qu'elles ont plus de chemin à faire pour y arriuer; & qu'en ayant iuftement 20 30 15 20 25 ns * Del Hé 157-158. pu Corps Humain. 2510 autant, en montant par les venes des mammelles, qu'en defcendant par les epigaftriques, le fang qui vient de part & d'autre par les arteres qui les accom- pagnent, chafle les parties de la femence qui font entre deux, iufques à ce qu'il les ait toutes pouflées peu à peu par de fort petits conduits dans les venes, au moyen dequoy les principales branches des arteres fe trouuent jointes aux arteres oppofées, & celles des venes aux venes. [CINQVIESME PARTIE. De la formation des parties Jolides. | Ces venes & ces arteres des mammelles, & les epi- gaftriques, femblent eftre les dernieres qui fe forment des parties interieures de la femence, auant que | les exterieures, & en fuitte le fang de la matrice vienne par le nombril vers le cœur. Car l'agitation des efprits eft caufe que les parties de la femence, qui font aux lieux par où ils paffent, vont plutoft que les autres vers le cœur. Et pource qu'ils pañlent du cerueau par l’efpine du dos vers plufieurs coftez en mefme temps, ils viennent enfin à fe rencontrer en vn mefme endroit, qui eft celuy où fe fait le nombril. Mais auant que ie m arrefte à le décrire, l'expliqueray icy comment le cœur, le cerueau, les chairs des mufcles, & la pluf-part des peaux, ou membranes, acheuent de fe former, à caufe que cela ne depend point de la nourriture que l'animal qui fe forme reçoit de la matrice. Œuvres. VI. 35 EX. LXI. LXII, 22 274 LA DESCRIPTION 158-150. Lors que les arteres & les venes commencent à fe former, elles n’ont encore aucunes peaux, & ne font autre chofe que de petits ruifleaux de fang qui s’eften- dent par cy par là dans la femence. Mais pour entendre comment fe forment leurs peaux, & en fuitte les autres parties folides, il faut remarquer que ray defia diftingué cy-deflus, entre les particules du fang que la rarefaétion dans le cœur fepare les vnes des autres, & celles que cette mefme action ioint enfemble, en les preffant & froiflant en telle forte, qu'il fe fait ou fe trouue autour d'elles plufieurs petites branches, qui s’attachent facilement l'vne à l’autre. Or les premieres font fi fluides, qu'elles ne femblent pas pouuoir entrer en la compofition des parties du corps qui fe durciflent ; mais outre les efprits qui vont au cerueau, & qui fe forment & compofent des plus fubtiles, toutes les autres ne doiuent eftre confiderées | que comme les vapeurs ou les ferofitez du fang, duquel elles fortent continuellement par tous les pores qu'elles trouuent le long des arteres & des venes par où il pañfe. Ainfi il ne refte que les autres particules du fang (à l'occafion defquelles il paroïft rouge), qui feruent proprement à compofer & à nourrir les parties folides; neantmoins elles n'y feruent pas pendant qu’elles font iointes plufieurs enfemble, mais feule- ment alors qu'elles fe déjoignent : car en pañlant et repañlant plufieurs fois par le cœur, leurs branches fe rompent peu à peu, & enfin elles font feparées par la mefme action qui les auoit iointes. Puis, à caufe qu'elles fe trouuent moins propres à fe mouuoir que les autres particules du fang, & quil 20 25 30 15 20 25 30 159-160, pu Corps HUMAIN. 277$ leur refte encore ordinairement quelques branches, elles vont s’arrefter contre la fuperficie des conduits par où il pañle, & ainfi elles commencent à compofer leurs peaux. Puis, celles qui viennent aprés que ces peaux ont commencé à fe former, fe ioignent aux premieres, non pas indiffleremment en tous fens, mais feulement du cofté où elles peuuent eftre, fans empefcher le cours des ferofitez, des vapeurs, & aufli des autres matieres plus fubtiles, fçauoir des deux premiers Elemens que l'ay décrits en mes Principes, qui coulent inceffam- ment par les pores de ces peaux; & fe ioignans peu à peu les vnes aux autres, elles forment les petits filets dont 1'ay dit cy-deflus que toutes les parties folides fe compofent. Et il eft à remarquer que tous les filets ont leurs racines le long des arteres, & non point le long des venes. | En forte que mefme ie doute fi les peaux des venes fe forment immediatement du fang qu’elles con- tiennent, ou plutoft des petits filets qui viennent des arteres voifines ; car ce qui contribuë le plus à la for- mation de ces petits filets, c'eft, premierement, l’aétion dont le fang vient du cœur vers les arteres, laquelle enfle leurs peaux, & dilate ou refferre leurs pores par interualles, ce qui n'arriue point dans les venes. Puis auffi, c'eft le cours des matieres fluides, qui fortent des arteres par les pores de leurs peaux, pour entrer en tous les autres endroits du corps, où elles font auancer peu à peu ces petits filets; & coulans de tous coftez autour d'eux, elles font auffi que leurs petites parties S'agencent, fe joignent, & fe poliffent. Mais LXIIT. LXIV. LXV. LXVI. 27 LA DESCRIPTION 160-167. bien qu'il puifle fortir en mefme façon quelques parties fluides des venes, ie croy neantmoins que fouuent, tout au contraire, il y en entre de celles qui, eftant forties des arteres, ne prennent pas leur cours vers la fuperficie du corps, mais vers les venes, où elles fe mélent derechef auec le fang. Et vne feule raifon me fait croire que le fang des venes contribuë quelque chofe à la produétion de leurs peaux, qui eft que ces peaux font plus brunes, ou moins blanches, que celles des arteres. Car ce qui caufe la blancheur de celles-cy, c’eft que la force dont les matieres fluides coulent autour de leurs petits filets, rompt toutes les petites branches des particules dont ils font compofez, lefquelles ray dit cy-deflus eftre la caufe pourquoy le fang paroift rouge. Et pource que cette force n'eft pas fi grande dans les venes, où le fang ne vient point auec tant d'impetuo- fité, qu'il les faffe enfler par | fecouffes, ainfi que les arteres : les petites parties de ce fang qui s’attachent à leurs peaux, retiennent encore quelques-vnes des petites branches qui les rendoient rouges. Mais elles rendent ces peaux noiraftres, & non pas rouges, à caufe que l’action du feu qui les agitoit a ceflé : comme on voit que la fuye eft toufiours noire, & que les char- bons, qui font rouges eftant enflammez, deuiennent noirs lors qu'ils font éteints. Or d'autant que les petits filets dont les parties folides font compofées, fe détournent, fe plient, & s'entrelacent en diuerfes façons, fuiuant les diuers cours des matieres fluides & fubtiles qui les enui- ronnent, & fuiuant la figure des lieux où ils fe ren- 20 0) 30 20 25 30 161-162, pu Corps HUMAIN. 277 contrent : fi on connoifloit bien quelles font toutes les parties de la femence de quelque efpece d'animal en particulier, par exemple de l’homme, on pourroit deduire de cela feul, par des raifons entierement mathematiques & certaines, toute la figure & confor- mation de chacun de fes membres; comme auf reci- proquement, en connoiflant plufieurs particularitez de cette conformation, on en peut deduire quelle eft la femence. Mais à caufe que ie ne confidere icy que la produétion de l'animal en general”, & autant qu'il eft befoin pour faire entendre comment toutes fes parties fe forment, croiffent, & fe nourriflent, ie continueray feulement à expliquer la formation de fes principaux membres. lay dit cy-deflus que le cœur commençoit à fe former, de ce que quelques-vnes des petites parties de la femence eftoient preffées par quelques autres que la chaleur dilatoit. Mais pour connoiftre comment il s'augmente & fe perfectionne, il faut confiderer que le fang qu a produit cette premiere dilatation, retour- nant derechef fe dilater en la mefme place, & ayant en foy quelques particules, qui font compofées de plu- fieurs de celles de la femence iointes enfemble, & plus grofles par confequent, mais en ayant auf plufieurs qui font plus fubtiles, ainfi que i'ay dit, quelques-vnes -de ces plus fubtiles penetrent dans les pores de la femence preffée qui a commencé à former le cœur, & quelques autres des plus groffes s'arreftent contreelle, & la chaflant peu à peu hors de fa place, commencent à y former de petits filets, femblables à ceux que ray a. Lettre du 25 janvier 1648, t. V, p.112, 1. 19-25. LXVII, LXVIII. LXIX. 2g8 LA DESCRIPTION 162-163. dit fe former le long de toutes les arteres : excepté feulement qu'ils y font plus durs, & plus forts qu'ail- leurs, à caufe que la plus grande force de la dilatation du fang eft dans le cœur. Toutesfois elle n y eft pas fenfiblement plus grande, que dans les premieres branches de l’artere, lefquelles on nomme Coronaires, à caufe qu'elles enuironnent le cœur tout autour ; c’eft pourquoy les petits filets, qui fe forment le long de ces coronaires, fe mélent ayfement auec ceux qui ont leurs racines dans les concauitez du cœur; & comme ceux-cy compofent fes parties interieures, ceux qui tirent leur nourriture des coronaires compofent les exterieures, pendant que les branches des venes qui les accompagnent, reportent au cœur les particules du fang qui ne fe rencontrent pas propres à le nourrir. Il y a encore icy diuerfes chofes à confiderer, dont la premiere eft la façon dont fe compofent certaines fibres fort groffes, en forme de cordes, & qui font de mefme | fubftance que le refte de fa chair. A cet effet il faut penfer que fes concauitez ont eu au commen- cement des figures fort irregulieres, à caufe que, les parties du fang qu'elles contenoient eftant inegales, elles ont pris diuers chemins en fe dilatant ; au moyen de quoy elles ont fait diuers trous dans les parties de la femence qu'elles prefloient, tous lefquels trous s'augmentans peu à peu, n'ont fait enfin qu'vne feule: concauité ; & les parties de la femence qui les fepa- roient, ayant efté peu à peu chaffées de leurs places par les petits filets qui compofent la chair du cœur, ils ont aufli compofé ces fibres en forme de colomnes. La mefme raifon a efté caufe de la produétion des 20 30 20 25 30 163-164. pu CorPrs Human. 270 valyules, ou petites peaux, qui ferment les entrées de la vene caue, & de l'artere veneufe. Car le fang eftant defcendu dans le cœur par ces deux entrées, & ten- dant à en reflortir, à caufe qu'il fe dilate, l’autre fang qui le fuit par ces mefmes entrées, empefche qu'il ne reflorte par elles ; c'eft pourquoy fes parties s'écartent tout autour de la femence qui compofe le cœur, & y font diuers petits trous; puis les petits filets de la chair du cœur chaffent les parties de la femence qui font autour de ces trous, & fe mettans en leur place, s'y agencent en telle façon qu'ils compofent ces val- vules, & les fibres où elles font attachées. Car en con- fiderant l’action du fang qui defcend dans le cœur par le milieu de ces entrées, & de celuy qui tend à en reflortir par leurs enuirons, on voit que, fuiuant les regles des Mechaniques, les fibres du cœur, qui fe font trouuées entre ces deux actions, ont dû s'étendre en forme de peaux, & ainfi prendre la figure qu'ont ces valvules. | Mais celles qui font aux entrées de la vene arte- rieufe & de la grande artere, ne fe produifent pas en mefme façon; car elles font hors du cœur, & ne fe compofent que des peaux de ces arteres, lefquelles peaux font repliées & auancées en dedans, d'vn cofté par l’attion du fang qui fort du cœur, & de l’autre par la refiftance du fang qui eft defia contenu en ces arteres, & qui fe retire vers leur circonference, afin de luy faire paflage. Et cette raifon eft generale pour la produ@ion des valvules qui fe trouuent au refte du corps. En forte qu'il s'en forme neceflairement en tous les conduits, LXX. LXXI. LXXII. 280 LA DESCRIPTION : 164-168! par où il coule quelque matiere qui en rencontre d'autre en quelques endroits qui luy refifte, mais qui ne peut pour cela rompre fon cours; car cette refi- flance fait que la peau du conduit fe feplie, & par ce moyen forme vne valvule. Cela fe voit dans les inteflins, à l'endroit où les excremens defia affemblez ont coutume de refifter au cours de ceux qui defcen- dent; cela fe voit aufli dans les conduits du fiel, & encore plus euidemment dans les venes, aux endroits où la pefanteur du fang qui le porte vers les extre- mitez des jambes, des bras, ou des autres parties, refifte fouuent à fon cours ordinaire qui le porte de ces extremitez vers le cœur. En fuitte de quoy, on ne pourra cy-aprés trouuer eftrange, fi ie dis que les efprits forment aufli des valvules dans les nerfs, aux entrées & forties des mufcles, encore que leur peti- teffe les empefche d’eftre apperceües de nos fens. Vne autre chofe qui me femble deuoir eftre icy con- fiderée, c’eft en quoy confifte la chaleur du cœur, & | comment fe fait fon mouuement ; car d'autant qu'il ne cefle point de battre pendant qu'il a vie, il femble que toutes fes fibres fe deuroient rendre fi pliables à ce mouuement, qu'il leur pourroit facilement eftre redonné par vne force exterieure, lors qu'il eft mort & refroidy. Toutesfois nous voyons, au contraire, qu'alors il demeure roide, en la figure qu'il a eüe auparauant en fa fyftole, c'eft à dire entre deux de fes battemens, fans qu'il foit aifé de luy redonner celle qu'il a eüe en fa diaftole, c’eft à dire aux momens qu'il battoit la poitrine. Dont la raifon eft, que ce mouue- ment de la diaftole a dés le commencement efté caufé 20 25 30 20 30 165-166. pu Corps HuMAN. 281 par la chaleur, ou par l’aétion du feu, laquelle, fuiuant ce que i'ay expliqué en mes Principes, n'a pü confifter en autre chofe, qu'en ce que la matiere du premier Element, chaflant celle du fecond des enuirons de quelques parties de la femence, leur a communiqué fon agitation; au moyen de quoy ces parties de la femence, en fe dilatant, ont preflé les autres qui ont commencé à former le Cœur. Et en mefme temps auff quelques-vnes font entrées auec force dans les pores qui eftoient entre ces autres qui formoient le cœur, au moyen dequoy elles ont changé quelque peu leur fituation, & commencé le mouuement de la diaftole, qui a efté fuiuy de la fyftole, lors que cette fituation s'eft reftituée, & que ces parties de la femence, qui auoient l'agitation du feu, font reflorties des pores qui eftoient entre ces autres, c’eft à dire font reflorties des pores de la chair du cœur, & font retournées dans fes concauités. Où rencontrans d'autres particules de la femence, & en fuitte du fang qui y defcendoit, elles fe font mélées | parmy ce fang, & ont chafé le fecond Element d'autour de plufieurs de fes particules; au moyen dequoy leur communiquant leur agitation, tout ce fang s'eft dilaté, & en fe dilatant il a enuoyé derechef quelques-vnes de fes particules, enuironnées de la feule matiere du premier Element, dans les pores de la chair du cœur, c'eft à dire entre fes fibres, ce qui a fait derechef le mouuement de la diaftole. Et ie ne connois point d'autre feu ny d'autre chaleur dans le cœur, que cette feule agitation des particules du fang; ny d'autre caufe qui puifle feruir à entretenir ce feu, finon feulement que, lors que la plus-part du Œuvres. VI. 36 LXXIII. 282 LA DESCRIPTION 166-167. fang fort du cœur au temps de la diaftole, celles de fes particules qui y demeurent, entrent au dedans de fa chair, où elles trouuent des pores tellement difpofez, & des fibres fi fort agitées, qu'il n'y a que la matiere du premier Element, quiles enuironne ; & qu'au temps de la fyftole ces pores changent de figure, à caufe que le cœur fe rallonge, ce qui fait que les particules du fang, qui y font demeurées comme pour fervir de leuain, en fortent auec grande vitefle, & par ce moyen penetrant facilement dans le nouueau fang qui entre dans le cœur, elles font que fes particules s'écartent les vnes des autres, & qu’en s'écartant elles acquierent la forme du feu. Or pendant que les fibres du cœur font agitées par la chaleur de ce feu, elles font tellement difpofées à ouurir & fermer alternatiuement leurs pores, pour faire les mouuemens de la diaftole & de la fyftole, que mefme aprés que le cœur eft tiré hors du corps de l'animal, & coupé en pieces, pourueu qu'il foit encore chaud, il ne | faut que fort peu de vapeurs du fang, qui fe prefentent à entrer dans fes pores, pour l'obliger au mouuement de la diaftole ; mais lors qu'il eft tout à fait refroidy, la figure de fes pores, qui dependoit de l'agitation du premier Element, eft changée, en forte que les vapeurs du fang n’y entrent plus; & pource que fes fibres font roides & dures, elles ne font plus fi faciles à plier. Nous pouuons encore 1cy confiderer les caufes de la figure du cœur; car elles font toutes aifées à déduire de la façon dont il eft formé. Et la premiere particularité que 1 y remarque, confifte en la diffe- 20 25 30 167-168. pu CorPrs Human. 283 rence qui eft entre fes deux cauitez, laquelle fait voir manifeftement, qu'elles ont efté formées l’vne aprés l'autre; & que c’eft cela qui eft caufe que la gauche eft beaucoup plus longue & plus pointuë que la a 5 droitte. La feconde confifte en ce que la chair qui enuironne cette cauité gauche, eft beaucoup plus épaifle vers les coftez du cœur que vers fa pointe; dont la raifon eft, que l'action du fang qui fe dilate en cette ; concauité, s'étendant en rond, frappe les coftez auec 10 plus de force que la pointe, à caufe qu'ils font plus. _ proches de fon centre, & qu'ils font oppofez les vns aux autres, au lieu que la pointe n’eft oppofée qu’à l'ouuerture de la grande artere, laquelle receuant faci- lement le fang, empefche qu'il ne fafle tant d'effort contre cette pointe; & la mefme raifon fait aufi que le cœur s'accourcit & deuient plus rond en fa diaftole, qu'en fa syftole. le ne voy rien de plus icy à remarquer, finon la peau LxxIv. qu'on nomme le Pericarde, qui enuelope le cœur. Mais Le 20 pource que la caufe qui produit ce Pericarde n'eft pas * | differente de celle qui forme toutes les autres peaux, 4 ou membranes, & generalement toutes les fuperficies qui diftinguent les diuerfes parties des animaux, il me % fera plus aifé de parler de toutes en mefme temps. ; 25 Il y a des fuperficies qui fe forment d'abord auec le % corps quelles terminent, & d'autres qui fe forment aprés, à caufe que ce corps eft feparé de quelqu'autre, dontil eftoit auparauant vne partie. Du premier genre, eft la fuperficie exterieure de la peau qu'on nomme 30 l'arriere-faix, qui enuelope les enfans auant qu'ils foient nez; comme aufli les fuperficies du poulmon, F°- wi Hg 7.4 LA PERS A à ea : 284 LA DESCRIPTION 168-169. du foye, de la rate, des rognons, & de toutes les glandes. Mais celles du cœur, du pericarde, de tous les mufcles, & mefme de toute la peau de nos corps, font du fecond. Ce qui fait que les premieres fe forment, eft que, lors qu'vn corps, qui n'eft pas liquide, eft produit de ce que les petites parties de quelque liqueur fe joignent enfemble, ainfi que font tous ceux que ray nommez, il faut neceflairement que quelques-vnes de fes parties foient exterieures aux autres; & ces exte- rieures ne peuuent manquer de s'arranger d'autre façon que les interieures, à caufe quelles touchent vn corps qui eft d'autre nature (c'eft à dire dont les petites parties font d'autre figure, ou sarrangent, ou fe meuuent d'autre façon), que celuy qu'elles compo- fent; car fi cela n'eftoit, elles fe méleroient les vnes auec les autres, & il ne fe feroit point de fuperficie qui diftinguaft ces deux corps. Ainfi au commencement que la femence s’affemble, celles de fes parties qui touchent la matrice, & auffi quelques autres qui en font fort proches, font con- | traintes par cet attouchement de fe tourner, de s’ar- ranger, & de fe ioindre d’autre façon, que ne fe tour- nent, ou s'arrangent, ou fe joignent celles qui font plus éloignées. Au moyen de quoy ces parties de la femence, plus voifines de la matrice, commencent à former la peau qui doit enueloper tout le fruit ; mais elle ne s'acheue que quelque temps aprés, lors que, toutes les parties interieures de la femence ayant defia efté chaflées vers le cœur par les arteres & par les venes qui fe mettent en leur place, enfin ces arteres & 20 25 30 169-170. pu Corps Human. 28 ces venes vont aufli vers les exterieures, qui s'écoulent par les venes vers le cœur, à mefure que les arteres s'auancent, & produifent plufieurs petits filets, dont le tiffu compofe cette peau. Pour les fuperficies qui fe forment de ce qu'vn corps eft diuifé en deux autres, elles ne peuuent auoir d'autre caufe que celle de cette diuifion. Et generalement toutes les diuifions font caufées par cela feul, qu'vne partie du corps qui fe diuife eft portée à fe mouuoir vers quelque cofté, pendant que l’autre partie qui luy eft iointe eft retenüe, ou portée à fe mouuoir vers vn autre ; car il n'y a que cela qui puiffe les feparer. Ainfi les parties de la femence qui compofoient au commencement le cœur, eftoient iointes à celles qui compofoient le pericarde & les coftes, en forte que le toût ne faifoit qu'vn feul corps; mais la dilatation du fang dans les concauitez du cœur, a mû la matiere qui enuironnoit ces concauitez, d'autre façon que celle qui en eftoit vn peu éloignée; & au mefme temps les efprits animaux qui defcendoient du cerueau par l'effpine du dos vers les coftes, ont mû aufli d'autre façon la matiere qui eftoit vers les coftes : au moyen de quoy celle qui eftoit entre deux, ne pouuant en- femble obeïr à ces deux diuers mouuemens, a com- mencé peu à peu à fe déjoindre des coftes & du cœur, & ainfi a commencé à former le pericarde. Puis, à mefure que les parties de la femence qui le compo- foient fe font écoulées vers le cœur, les arteres des diuers lieux par où elles pafloient, ont enuoyé de petits filets en leur place, lefquels fe ioignant les vns aux autres ont formé la peau dont il eft fait. Puis ce 286 La DESCRIPTION 169-170. qui a rendu cette peau aflez dure, c'eft que d'vn cofté plufieurs des parties du fang qui fe dilatoit dans le cœur, ont penetré tout au trauers de fa chair, & fe font aflemblées entre luy & le pericarde, fans pouuoir pañler plus outre, à caufe que de l’autre cofté il eft forty aufli plufieurs vapeurs du fang contenu dans les poulmons, à mefure qu'ils ont commencé à croiftre, lefquelles fe font aflemblées entre le mefme pericarde & les coftes ; & ainfi ces vapeurs le preffant de part & d'autre, ont rendu fes fibres aflez dures, & font caufe qu'il y a toufiours quelque efpace, entre luy & le cœur, qui n'eft remply que de ces vapeurs; vne partie def- quelles y eft condenfée en forme d’eau, & l’autre y demeure en forme d'air. Icy finit le Manufcrit de Monfieur Defcartes. 10 APPENDICE Comme nous l’avons annoncé dans notre Avertissement (p. 220), nous donnerons ici les titres des articles, que Clerselier a ajoutés en marge dans son édition de 1664. SECOND TRAITÉ. De la formation du Fœtus. PREMIERE PARTIE. PREFACE. Article 1. Qu'il eft tres-vtile, pour la Medecine, de bien connoiftre les fonctions de noftre corps. (Page 223.) Art. 2. D'où vient qu’on a coutume d'attribuer ces fonctions à l'ame. (Page 224.) Art. 3. Pourquoy elles ne luy doivent pas eftre attribuées. (/d.) Art. 4. Autre raifon qui prouve la mefme chofe. (Page 225.) Art. 5. Que bien que la mort faffe ceffer ces fonctions, il ne s'enfuit pas pour cela qu'elles dépendent de l'ame. (/d.) Art. 6. Qu'il ne fera pas befoin d’avoir beaucoup eftudié l’Anato- mie, pour entendre ce traité. (Page 226.) Art. 7. Sommaire des chofes qu'il doit contenir. (/d.) SECONDE PARTIE. Du mouvement du Cœur € du Sang. Art. 8. Qu'il y a de la chaleur dans le cœur; & de quelle nature elle eft. (Page 224.) Art. 9. Defcription des parties du cœur. (Zd.) D nie "ÉA Lo * À 4 CRT PS SP E EE FE Ms ne ui à. * ñ LS 288 La DESCRIPTION « Art. 10. Comment le cœur & les arteres fe meuvent. (Page 231.) Ke Art. 11. Quel eft le mouvement des oreilles du cœur, & ele eft la caufe de leur fabrique. (Page 233.) Art. 12. De la defcription de la vene cave. (/d.) ; | Art. 13. De la vene arterieufe, de l’artere veneufe, & du poulmon. . L | (Page 235.) É'i Art. 14. De l’vfage du Poulmon. (Page 236.) « ; à Art. 15. Des ouvertures qui fe trouvent au cœur des enfans. . à (Page 237.) TE 2 Art. 16. De la grande artere; & de lacirculation du fang. (Page 238.) LUE - F Art. 17. Les raifons qui prouvent cette circulation. (Page 239.) pa , Art. 18. Refutation d'Hervæus touchant le mouvement du cœur, ne - avec les preuves de la vraye opinion. (Page 241.) “ : : Los "A FR TROISIESME PARTIE. Le ; De la Nutrition. + le | F Art. 19. Que quelques parties du fang fortent des arteres, lors à qu’elles s’enflent. (Page 245.) à # Art. 20. Que les corps qui ont ne ne font compofez que de petits ; filets, ou ruiffeaux qui coulent toujours. (Page 247.) Art. 21. Comment on croift eftant jeune. (Page 248.) D. Ba | Art. 22. Comment on engraiffe, & commenton maigrit. (Page n fa .,1 Art. 23. Comment on vieillit, & on meurt de vieilleffe. (Page 250.) | . Art. 24. Des deux caufes qui déterminent chaque partie de la 2 7, liqueur à s’aller rendre à l'endroit du corps qu'elle eft . . propre à nourir. (/d.) Art. 25. Comment agit l’vne de ces caufes. (Page 251.) K:-à Art. 26. Comment agit l’autre. (/d.) Digrefion, dans laquelle il eft traité de la formation de l’Animal. QUATRIESME PARTIE. Des parties qui fe forment dans la femence. p Art. 27. Quelle eft la nature de la femence. (Page 252.) S Art. 28. Comment le cœur commence à fe former. (Page 253.) Art. 29. Comment il commence à fe mouvoir. (Page 254.) Art, 30, Comment fe fait le fang. (Zd.) AN ee Art: AT 22: Art. 34. Art. -35. Art. 36. Art. 97 Art: 39: At. 39: Art. 40. Art. 41. Art. 42. Art. 43. . Art. 4. Art. 47. Arbn57. Œuvres. VI. 37 pu Corps Human. 289 Pourquoy il eft rouge. (Page 255.) Pourquoy il eft plus rouge que les charbons, ou le fer em- brafé. (Page 256.) Comment fe commencent la grande artere & la vene cave. (Page 256.) Comment fe forme la cavité droite du cœur. (Page 257.) Comment fe commence le poulmon avec fes trois vaif- feaux. (Page 250.) Quelle ef la nature des particules aëriennes. (/d.) D'où vient qu'il ne fe forme pas vne troifiéme cavité dans le cœur. (Page 260.) Comment le cerveau commence à fe former. (Page 261.) Comment fe commencent les organes des fens. (Zd.) Pourquoy ils font doubles. (Page 262.) D'où vient leur difference. (/d.) De l’odorat, de la veüe, de l’oüye, & du gout. (/d.) De l’attouchement. (Page 263.) Pourquoy la plufpart des parties du corps font doubles. (Page 264.) . Pourquoy les nerfs fortent autrement des deux premieres jointures de l’efpine du dos que des autres. (Page 265.) . Pourquoy il vient des nerfs immediatement de la tefte. (Page 265.) Comment il en vient plufieurs de l’efpine du dos. (Page 265.) . Comment les arteres & les venes eftendent enfemble leurs branches par tout le corps. (Page 266.) . Pourquoy l’on voit moins d’arteres que de venes. (Page 267.) . Comment fe font formées les arteres & les venes coro- naires. (Page 268.) . Comment fe font formées les venes & les arteres qui vont aux bras. (/d.) . Comment s’eft formé le vaiffeau triangulaire. (Page 269.) . Comment s’eft formé le rets admirable. (Page 270.) . Comment l’entonnoir, & les tiffus choroïdes. (7d.) . Pourquoy les venes & les arteres ne fe diftribuent pas tout à fait en mefme façon. (Page 271.) . Pourquoy vn membre coupé n’empefche point la cireu- lation. (Page 271.) Pourquoy les arteres carotides font doubles. (/d.) 290 Art. Art. Art. Art. Art. Art. Art. Art. Art. LA DESCRIPTION 58. Pourquoy la vene fpermatique gauche vient de l’emul- gente. (Page 272.) 59. Pourquoy les mammaires & les epigaftriques fe joignent, les .venes aux venes, & les arteres aux arteres. (Page 272.) CINQUIESME PARTIE. De la formation des parties folides. . 6o. Que le nombril eft la derniere partie qui fe forme de la femence. (Page 273.) . 61. Quelle eft la matiere des parties folides. (Page 274.) . 62. Comment cette matiere commence àscompofer les peaux des arteres. (Zd.) . 63. Comment fe commencent les filets dont les membres folides font compofez. (Page 275.) à tt. 64. Que les filets ont leurs racines le long des arteres. (Page 275.) . 65. Quelle eft la raifon qui peut faire croire que les peaux des venes fe forment du fang qu'elles contiennent. (Page 276.) . 66. Que de la connoïflance des parties de la femence on pour- roit déduire la figure & la conformation de tous les membres. (/d.) . 67. Comment le cœur s’augmente & fe perfettionne. (Page 277.) 68. Comment fe font formées les fibres du cœur. (Page 276.) 69. Quelle eft la caufe des valvules qui font aux entrées de la vene cave, & de l’artere veneufe. (/d.) 70. De celles qui font aux forties de la grande artere & de la RS > 3 vene arterieufe. (Page 279.) 71. Quelle ef la caufe generale de la produétion des valvules. (Page 279.) 72. En quoy confifte la chaleur du cœur, & comment le fait fon mouvement. (Page 280.) À | 73. D'où vient la figure & la confiftence qu'a le cœur. (Page 282.) 74. Comment s’eft formé le pericarde, & toutes les autres peaux, membranes, & fuperficies du corps. (Page 283.) AVERTISSEMENT Les Passions DE L'AME. Par René Des Cartes. (A Paris, Chez Henry Le Gras, au troifiéme Pilier de la grand” Salle du Palais, à L couronnée. MDCXLIX. Avec Privilege du Roy.) Tel est le titre du petit in-8, de 286 pages, plus 44 pages liminaires, non numérotées, qui est le dernier ouvrage de Des- cartes, imprimé de son vivant. Malgré ce nom d’un libraire de Paris, il venait de Hollande, comme en témoigne cette indica- tion de bon nombre d’exemplaires : À Amflerdam, chez Louys Elzevier, etc. Marque : la Minerve. Seulement, par suite d’un accord entre les deux libraires, des exemplaires furent envoyés en France, et portent l'indication que nous avons mentionnée d’abord. Descartes était déjà en Suède, lorsque parut cet ouvrage. Il en reçut quelques exemplaires avant sa mort ; et Chanut, exé- cuteur de ses dernières volontés, en remit un au chancelier Oxenstiern, (lettre du 22 février 1650)*. D'autre part, la distri- bution en France se fit par les soins de l’abbé Picot, à qui Des- cartes envoya ses instructions à deux reprises, de Stockholm, le 4 décembre 1649 et le 15 janvier 1650?. Le livre avait été déjà distribué en Hollande, et Brasset en reçut deux exemplaires à La Haye, le 26 novembre 1649, un pour lui, l’autre pour sa fille ©. Descartes avait-il eu le temps de revoir lui-même les a. Voirt. V, p. 472. b. Ibid., p. 453-4 et p. 460. c. Ibid., p. 449-451. K 204 AVERTISSEMENT épreuves, avant son départ pour la Suède ? Il s’embarqua le 1° ou le 2 septembre *, et jusque vers le milieu de novembre, deux mois et demi environ auraient sufli pour l'impression ; mais les voyages entre Amsterdam et Stockholm demandaient du temps, et il est à peu près certain que les épreuves ne furent pas envoyées par l’imprimeur à l’auteur. Sans doute, d’ailleurs, celui-ci les avait vues déjà avant de partir. Il avait annoncé son Traité des Passions pour cet été de 1649, dans une lettre du 15 avril, à Morus qui attendait en Angleterre (voir sa réponse du 23 juillet)”. Il l’avait annoncé de même à un corres- pondant de France, Carcavi, qui l’attendait à Paris, dès le 9 juillet‘. Et si l’on s’en rapporte à la dernière des quatre lettres imprimées en guise de Préface au commencement du Traité, celui-ci aurait été envoyé à Paris le 14 août. Sous quelle forme Descartes l’envoyait-il ainsi? En manuscrit, ou bien déjà imprimé? Cette seconde hypothèse paraît la vraie, puisque l'ouvrage sort des presses elzéviriennes. Et s'il se passa ensuite plus de trois mois, entre cet envoi du 14 août, et les instructions données à Picot le 4 décembre pour la dis- tribution des exemplaires, c’est sans doute le temps qu’il fallut pour mettre d’accord les deux libraires de Paris et d’Amster- dam, Henry Le Gras et Louys Elzevier. Descartes non plus ne voulut pas sans doute qu’on distribuât son livre en France, avant d'être bien sûr qu'on le distribuait aussi en Hollande ; et nous avons dit que les exemplaires distribués à La Haye, le furent le 26 novembre. Mais qui donc était cet ami de Paris, à qui Descartes envoya son Traité, et qui d’ailleurs l’en avait instamment prié plus de dix mois auparavant ? Son nom ne se trouve dans aucune des quatre lettres qui servent de Préface, 6 nov. et 4 déc. 1648, 23 juillet et 14 août 1649. Baillet nomme bien, il est vrai, Clerselier, mais sans dire où il a pris ce renseignement, que a. VOira te Vpn b. Zbidep. 344; l°10-20/1tp 379,1: 28-30; p.381 222; C. Tbid ep Bruel DEs Passions. 29 nous avons reproduit nous-mêmes tout d’abord de confiance *. Mais maintenant la chose ne nous paraît plus aussi sûre. Des- cartes annonce bien à Carcavi, dans une lettre du 17 août 1649, qu'il doit envoyer son Traité à un ami, qui se chargera de l'im- primer, et l’on trouve, en ouvrant le volume, un Avertiffement d'un des amis de l’Autheur, lequel déclare qu’il ne fera point d'autre préface, que de mettre ici «les mefmes lettres, qu’il luy » a cy-devant efcrites, affin d'obtenir cela de luy». Cela veut « dire la permiflion de faire imprimer » le livre; et déjà ici nous relevons une inexactitude : l'impression avait été faite en Hol- lande ; mais sans doute Le Gras ne tenait pas à ce qu’on le sût à Paris. Or il n’est pas invraisemblable, certes, que cet ami de Descartes soit Clerselier, qui avait donné au public en 1647 le volume des Meditations avec les Obje“tions & Réponfes en français. Mais ce pourrait tout aussi bien être, par exemple, l'abbé Picot, autre ami de Descartes également, et qui avait aussi publié en 1647 la version française des Principes de la Philofophie. La difficulté, en ce qui concerne Clerselier, est la suivante. Nous avons une lettre que Descartes lui écrit, et cette lettre, non datée, nous a paru être de la fin d'avril 1649°. Descartes y annonce, expressément, l'impression et la publication pro- chaine de son Traité. Clerselier ne lui aurait donc pas écrit là-dessus la lettre du 23 juillet, imprimée avec le Traité et où a. Voirt. V, p. 353-4, note b, p. 363, note a, et p. 392, note c. Baillet s'exprime ainsi: «Il l’avoit fait voir (son Traité des Passions) à M. Cler- » felier, qui le trouva d’abord trop au-deffus de la portée du commun, & » qui obligea l’Auteur à y ajoûter dequoy le rendre intelligible à toutes » fortes de perfonnes. Il crud entendre la voix du Public dans celle de » M. Clerfelier: les additions qu’il y fit pour luy plaire, augmentérent » l'ouvrage d’un tiers...» (La Vie de Monfieur Des-Cartes, 1601, t. IL, p- 394.) Pour toute référence, Baïllet indique en marge: pag. 537, 538, du I. vol. (des Lettres), soit p. 353-4 de notre t. V. Ce passage, adressé en effet à Clerselier, va précisément nous servir à démontrer, qu'il ne peut pas être l’auteur des lettres du 6 nov. 1648 et du 23 juillet 1649, publiées en guise de préface. ÉPMRomeV p.253; 10107; dpi 254, 1.17. 296 AVERTISSEMENT il déclare qu’il commence «à ne plus efperer » celui-ci, qu'on venait, au contraire, de lui faire espérer prochainement. Et la réponse de Descartes, du 14 août, ne se comprend pas non plus, après sa lettre antérieure de la fin d'avril, (à moins tou- tefois que ces lettres, qui servent de préface, n'aient été, comme il arrive, un peu arrangées pour ‘le public). Mais il reste encore une difficulté, de beaucoup la plus grave. Dans la première lettre en tête du volume, datée de Paris, 6 nov. 1648, l'ami de Descartes se plaint que celui-ci n’ait pas voulu, avant de retourner en Hollande, lui laisser voir le Traité des Pas- sions, «qu'on m'a dit, ajoute-t-il, que vous avez compofé». Et, de fait, entre cette lettre et l'envoi du 14 août 1649, il ne paraît pas avoir eu autrement connaissance du Traité*. Or, dans la lettre à Clerselier de fin d'avril 1649, où il est question de la prochaine impression de ce Traité, Descartes annonce qu’il sera augmenté d’un tiers; et il semble bien que ce tiers soit précisément la troisième partie, ajoutée aux deux autres, dont le philosophe parle comme si son ami les connaissait déjà. Mais cela ne concorde plus du tout avec les Lettres-Préface du Traité : dans la seconde, du 4 déc. 1648, Descartes promet bien de revoir l’écrit qu’on lui demande, et d’y ajouter, dit-il, ce qui sera nécessaire pour le rendre plus intelligible; mais il déclarera, le 14 août 1649, qu'il n’y a ajouté que peu de choses, et sans rien changer au discours. Comment accorder cette déclaration avec celle de la fin d'avril, qui précède? Tout au moins doit-on reconnaître qu’elles ne peuvent guère avoir été faites au même correspondant; et si l’une, celle de la fin d'avril, s'adresse bien à Clerselier, il faut chercher pour la seconde un autre destinataire. L'abbé Picot, je le répète, semble tout désigné : d'autant plus que l’ami de Descartes, auteur de la première lettre, du 6 nov. i648, cite, pour y répondre, tout a. Clerselier devait connaître un peu mieux, ce semble, le Traité des Passions, ne fût-ce que par son beau-frère Chanut, à qui Descartes l'avait envoyé en Suède pour la reine Christine, et qui n'avait pas été sans en mander, avec quelques détails, la nouvelle à Paris. DEs Da 207 un passage de la Préface, « jointe, dit-il, il y a deux ans à la » verfion françoife de vos Principes », Préface adressée, on s’en souvient, à l’auteur de cette version, qui est précisément l’abbé Picot. Et quel autre encore avait plus d'intérêt à demander, ce qui est le principal objet de cette première lettre, la continua- tion des Principes, que le traducteur lui-même, toujours l’abbé Picot? Enfin on s'explique que Descartes ait pensé, pour distri- buer en France son ouvrage, à l’auteur de la Préface, à qui, en somme, le public était redevable de cette publication. On vient de voir qu'avant d’être publié, l'ouvrage avait recu quelques modifications, et aussi une importante addition : ce que Descartes a ajouté, se réduit à « peu de chofes », dit-il dans sa lettre du 14 août 1649 ; pourtant, ce ne serait rien moins que le tiers de l'ouvrage, déclare-t-il à la fin d'avril 1649. Or on y compte, outre la Préface, 78 pages pour la première partie, 126 pour la seconde, et 82 pour la troisième, qui est sans doute le tiers ajouté. Mais auparavant Descartes avait déjà dû copier son écrit, et lui-même s’en plaint un peu, pour l'envoyer à la reine Christine de Suède [lettres du 20 nov. 1647)"; laquelle, entre parenthèses, attendit plus d’un an pour le remercier (lettre du 12 déc. 1648)?; malgré cela, Descartes pensa un moment à le lui dédier, et en tout cas, ne voulut pas le publier sans sa permission (lettre à Freinshemius, de juin 1649) :; ce qui explique peut-être le refus opposé à son ami de Paris, le 4 déc. 1648 : l'ouvrage, étant entre les mains d’une reine, ne lui appartenait plus, et il hésitait à en disposer. Mais avant de l'envoyer ainsi à Christine de Suède, il en avait déjà remis une copie, laquelle constitue encore une rédaction anté- rieure, à la princesse Elisabeth. Cette rédaction, la première a. Tome V, p.87, l. 20-1, et p. 91, L. 3-6. Voir aussi t. X, p. 10, 1. 10-20, b. Zbid., p. 251, 1. 6-8, et p. 283, IL. 6-8 également. C1bId p.563 1x6 ap 364 1.7. d. Tome IV, p. 442, 1. 12-14, et p. 473-474; p. 309-313. Voir aussi, pour ce dernier passage, le t. X, p. 602, I. 26, à p. 603,1. 8. Œuvres. VI. 38 208 AVERTISSEMENT. en date, serait de l'hiver 1645-46. En septembre et octobre 1645, Descartes y pensait déjà: il en parla à Chanut et en écrivit même à la princesse Elisabeth ; en avril 1646, il put remettre à celle-ci son Traité. La princesse Elisabeth® voulut même l'emporter avec elle en Allemagne {lettre de juillet 1646), et auparavant (lettre du 25 avril 1646) elle en avait fait une légère critique, à laquelle Descartes répondit par deux fois, en mai 1646?. Les remarques de la princesse et les explications du philosophe ne visent que les deux premières parties du Traité, ce qui ferait croire que manquait encore la troisième. En effet, Elisabeth s'en prend d’abord à la définition générale des pas- sions, et ce que Descartes répond là-dessus est un résumé de la première partie; Elisabeth fait ensuite quelques observations de détail, d’après son expérience personnelle, sur certains pas- sages de la seconde partie. Cependant il est question aussi d'un endroit que nous avons rapporté à la froisième partie, art. 170, avons-nous cru. Mais nous nous sommes trompés en cela: l’art. 170 ne parle que «de l’Irrefolution », et la remarque d'Elisabeth porte sur « une certaine langueur ». La « langeur » (sic) est bien, en effet, le titre d’un article et même de plusieurs articles du Traité ; maïs ce sont les articles 119, 120 et 121 de la seconde partie. Et il semble même que Descartes ait donné satisfaction là-dessus à la princesse : on ne retrouve plus dans le texte imprimé la phrase que celle-ci incriminait; le philo- sophe l'aurait supprimée. Mais, et c’est là pour nous ce qui importe, le Traité, à cette date, n'avait encore que deux par- _ties, et non pas trois. Et d’ailleurs, d’autres traces subsistent de ces rédactions successives : l'inventaire des papiers de Des- cartes, fait à Stockholm, le 14 février 1650, en fait mention deux fois : K La Minute de la feconde partie du traité des paffions. — N De la nature des pafjions de l'ame. Une minute fort raturée de la main dudit S' Defcartess. a. Tome IV, p. 449, 1. 2-3, et p. 404-405. b. Lettres CDXXXII et CDXXXIV, t. IV, p. 407 et p. 414. c. Voir t. X,p. 10, 1. 11 et 1. 19-20. DEs Passions. 299 Quoi qu'il en soit, nous ne possédons maintenant que le texte imprimé en 1649. Et c’est aussi celui-là que nous repro- duirons, en suivant, avec la plus scrupuleuse fidélité, l'édition originale, tant pour la disposition typographique (division par articles, avec les titres de ceux-ci, non pas en marge, mais au- dessus du texte), que pour l'orthographe. Celle-ci n’est pas tout à fait celle de Descartes; c’est plutôt celle de l’imprime- rie de Louis Elzevier. Mais Descartes l’a acceptée, puisqu'il a sans doute revu lui-même les épreuves avant son départ pour la Suède, 1° ou 2 sept. 1649, le texte ayant été envoyé par lui à Paris, le 14 août, déjà tout imprimé. Et en fait, sauf la ques- tion de l’iet du j, que les Elzevier distinguent {encore impri- ment-ils en majuscule Ze et non pas Je), et celle de l’u et du » qu’ils distinguent également, le reste est assez conforme aux règles que s'était imposées le philosophe, et dont la principale est la suppression des consonnes doubles, notamment la con- sonne #7 (viene, comprene, etc.). Somme toute, en l'absence de tout autographe, et réserve faite de quelques petits détails, nous avons une approximation suffisante de la façon d'écrire les mots, adoptée par le philosophe. Ajoutons enfin que l'édition originale, de Louis Elzevier, publiée en 1649 sous son nom à Amsterdam, et à Paris sous le nom d'Henry Le Gras, se retrouve encore avec d’autres indi- cations. Certains exemplaires de la même édition, petit in-8, portent en effet ceci: À Amflerdam, par Lovis Elzevier, € Je vendent à Paris chez Henry Le Gras, 1650. Ou bien: Am/fler- dam, par Lovis Elzevier, 1650. Ou bien : Amflerdam, € Je vendent à Paris chez Thomas Joly, 1650. Ou enfin, sans date: À Paris, chez Guillaume Angot. Mais, ajoute Alphonse Wil- lems, à qui nous devons tous ces renseignements (Les Elzevier, Bruxelles, 1880, p. 270), « tandis que les titres de 1649, au » nom de L. Elzevier et de H. Le Gras, sont d'impression » elzevirienne, les autres titres que nous venons de citer, ont » été exécutés à Paris ». Sans doute Le Gras avait cédé une partie de l’édition à deux de ses confrères parisiens. Quant à 300 AVERTISSEMENT. la partie demeurée en Hollande, elle ne tarda pas à être épui- sée, car dès l’année suivante, Louis Elzevier en donna une nou- velle édition, non plus in-8, mais petit in-12: Am/ferdam, 1650 (24. limin., 272 pp., 7 ff. de table, 1 f. blanc). Comme la pré- cédente, elle reproduit le privilège publié en tête des Principia de 1644, et qui, lui-même, n'était qu'un abrégé du privilège obtenu pour le volume de 1637*. Nous donnerons, à la suite du texte, le fac-simile du frontispice de l’édition de 1650. < GRAS Nancy, 30 septembre 1907. a. Voirt. VI, p. 515etp. 520; t. VIII, p. 1, note a. Le prénom de Des- cartes, laissé en blanc dans le privilège publié en 1644, a été rétabli dans le texte de 1649 : René Des Cartes. AVERTISSEMENT DVNFDES AMIS. DE L'AVTHEVR: Ce livre m'ayant eflé envoyé par Monfieur Des Cartes, avec la permiffion de le faire imprimer, & d'y adjoufler 5 telle preface que je voudrois, le me fuis propofé de n'en faire point d'autre, finon que je metray icy les mefmes lettres que je luy ay cydevant efcrites affin d'obtenir cela de luy, d'autant qu'elles contienent plufieurs chofes dont 1'efime que le public a intereft d'eflre averti*. © BEMPRRENPREMIERE®. A MONSIEVR DESCARTES. Monfieur, L'avois eflé bien aife de vous voir à Paris cet eflé der- 15 nier‘, pource que Je pen/ois que vous y efliez venu à deffein a. Nous donnerons, en haut des pages, la pagination de l'édition prin- ceps, avec cette remarque toutefois que, pour les quatre lettres qui suivent, les pages ne sont pas numérotées dans cette édition. C’est pourquoi nous mettrons les numéros entre parenthèses. b. L'auteur de cette lettre paraît être l’abbé Picot. Voir l'Avertissement, P: 296-297. c. Voyage de 1648. Voir t. V, p. 182-220. 302 DEs Passions. (1-3). de vous y arrefler, & qu'y ayant plus de commodité qu'en aucun autre lieu pour faire les expertences, dont vous avez tefmoigné avoir befoin affin d'achever les traiélez que vous avez promis au public, vous ne manqueriés pas de tenir voftre promeffe, & que nous les verrions bien to/fl imprimez. Maïs vous m'avez entierement oflé cette joye, lors que vous efles retourné en Hollande ; & je ne puis m'abflenir icy de vous dire, que je fuis encore fafché contre vous de ce que vous n'avez pas voulu, avant vôtre depart, me laiffer voir le traité des | Paffions, qu'on m'a dit que vous avez com- pojé : outre que, faifant reflexion fur les paroles que j'ay leües en une preface qui füt jointe 11 y a deux ans à la ver- fion françoife de vos Principes, où, apres avoir parlé fuc- cinélement des parties de la Philo/ophie qui doivent encore eflre trouvées, avant qu'on puiffe recueillir fes principaux fruits, & avoir dit que vous ne vous defiez pas tant de vos forces, que vous n'ofafliez entreprendre de les expliquer toutes, fi vous aviez la commodité de faire les experiences qui font requifes pour appuyer & juftifier vos raifonnemens*, vous adjouflez qu'il fau- droit à cela de grandes defpenfes, auxquelles un par- ticulier comme vous ne fçauroit fuffire, s'il n’eftoit aydé par le public; mais que, ne voyant pas que vous deviez attendre cette ayde, vous penfez vous devoir contenter d'efludier dorenavant pour voftre inftruction particuliere; & que la pofterité vous excufera, fi vous manquez à travailler deformais pour elle? : je crains que ce ne foit maïntenant tout de bon que vous voulez envier a. Voirt. IX, 2e partie, p. 17, L. 10-16. b. {bid.,1. 16-22. — Voir aussit. VIII, p. 315, et t. IX (seconde partie), p. 309. : / 10 20 25 PREFACE. 303 au public le refle de vos inventions, € que nous n'aurons jamais plus rien de vous, fi nous vous laiffons fuivre voflre inclination. Ce qui efl caufe que je me fuis propofé de vous tourmenter un peu par celte lettre, & de me vanger de ce que vous m'avez refufé voftre Traité des Paflions, en vous reprochant librement la negligence & les autres defauts, que je juge empefcher que vous ne factez valoir vofire talent, autant que vous pouvez & que vofire devoir vous y oblige. En effeé, je ne puis croire que ce foit autre chofe que vofire negligence, € le peu de foin que vous avez d’eftre utile au refle des hommes, qui fait que vous ne continuez pas voftre Phyfique. Car encore que je comprene fort bien qu'il eft impoffible que vous l’achevie7, fi vous n'avez plu- fieurs experiences, & que ces experiences doivent efire faites aux frais du public, à caufe que l'utilité luy en reviendra, & que les biens d'un particulier n'y peuvent fuffire : Le ne croy pas toutefois que ce fort cela qui vous arrefle, pource que vous ne pourriez manquer d'obtenir de ceux qui difpofent des biens du public, tout ce que vous Jeauriez fouhaïter pour ce fujet, fi vous daigniez leur faire entendre la chofe comme elle eff, comme vous la pourriez facilement reprefenter, fi vous en aviez la volonté. Mais vous avez tousjours vefcu d’une façon fi é contraire à cela, qu'on a fujet de Je perfuader que vous ne voudriez pas mefme recevoir aucune ayde d'autruy, encore qu'on vous l'offriroit; & neantmoins vous pretendez que la poflertté vous excufera, de ce que vous ne voulez plus travailler pour elle, fur ce que vous fuppofez que cette ayde vous Yÿ ef neceffaire, & que vous ne la pouvez obtenir. Ce qui me donne fujet de penfer, non feulement que vous efles trop negligent, mais peut eflre auffi que vous n'avez pas affez 304 Des Passions. (4-6). de courage pour efperer de parachever ce que ceux qui ont leu vos efcrits attendent de vous; & que neantmoins vous efles affez vain pour vouloir perfuader à ceux qui vien- dront apres nous, que vous n'y avez point manqué par voflre faute, mais pource qu'on n'a pas reconnu vofire vertu comme on devoit, & qu'on a refufé de vous affifler en vos deffeins. En quoy je voy que vofire ambition trouve Jon compte, à caufe que ceux qui verront vos efcrits à l'avenir, jugeront, par ce que vous avez publié 1l y a plus de dou7e ans, que vous aviey trouvé des ce temps la tout ce qui a rm e à prefent eflé vi de vous, € que ce qui vous refle à inventer, touchant la Phyfique, eft moins difficile que ce que vous en avez desja expliqué : en forte que vous auriez pi depuis nous donner tout ce qu'on peut attendre du raifonnement humain pour la Medecine, & les auires ufages de la vie, fi vous aviez eu la commodité de fatre les experiences requifes à cela; & mefme que vous n'avez pas fans doute laiffé d'en trouver une grande partie, mais qu'une jufle indignation contre l'ingratitude | des hommes vous a empefché de leur faire part de vos inventions. Arnfi vous penfez que deformais, en vous repofant, vous pourrez acquerir autant de reputation que fi vous travailliez beau- coup; @ mefme peut eflre un peu davaniage, à caufe qu'ordinairement le bien qu'on pojlede efl moins eflimé que celuy qu'on defire, ou bien qu ‘on regrete. Mais Je VOUS Veux ofler le moyen d’ acquerir ainfi de la reputation fans la meriter : € bien que Je ne doute pas que vous ne Jeachiez ce qu'il faudroit que vous eufhez fait, fi vous aviez voulu eflre aydé par le publie, je le veux neantmoins icy efcrire; & mefme je feray imprimer cette lettre, afin que vous ne puiffiez pretendre de l'ignorer, 6 que, fi vous 10 15 20 29 30 L' À * È 5 N. . 20 25 30 (6-8). PREFACE. 30$ manquez cy apres à nous fatisfaire, vous ne puiffiez plus vous excufer fur le fiecle. Sçachez donc que ce n’efl pas affez, pour obtenir quelque chofe du public, que d'en avoir touché un mot en pafjant, en la preface d'un livre, fans dire exprefflement que vous la defirez € l’attendez, ny expliquer les | raifons qui peuvent prouver, non feulement que vous la merite7, mais auffi qu'on a tres grand interefl de vous l’accorder, & qu’on en doit attendre beaucoup de profit. On eft accouflumé de voir, que tous ceux qui s'ima- ginent qu'ils valent quelque chofe, en font tant de bruit, & demandent avec tant d'importunité ce qu'ils pretendent, & promettent tant au dela de ce qu'ils peuvent, que lors que quelcun ne parle de [oy qu'avec modefhe, & qu'il ne requert rien de perfonne, nÿ ne promet rien avec affu- rance, quelque preuve qu'il donne d'ailleurs de ce qu'il peut, on n'y fait pas de reflexion, & on ne penfe aucune- ment à luy. Vous direz peut eftre que voftre humeur ne vous porte pas à rien demander, ny à parler avantageufement de vous mefme, pource que l’un femble eflre une marque de baf- Jefle, & l’autre d'orgueril. Mais je pretens que cette humeur fe doit corriger, & qu’elle vient d'erreur & de foibleffe, plufloft que d'une honefle pudeur & modeflie. Car | pour ce qui efl des demandes, 1! n'y a que celles qu'on fait pour fon propre befoin, à ceux de qui on n'a aucun droit de rien exiger, defquelles on ait fujet d'avoir quelque honte. Et tant s'en faut qu'on en doive avoir de celles qui tendent à l'utilité & au profit de ceux à qui on les fait, qu'au contraire on en peut tirer de la gloire, principale- ment lors qu'on leur a desja donné des chofes qui valent plus que celles qu'on veut obtenir d'eux. Et pour ce qui ef Œuvres. VI. 39 306 Des Passions. (8-10). de parler avantageufement de foy mefme, il efl vray que c’efl un orgueil tres ridicule € tres bla/mable, lors qu'on dit de foy des chofes qui font fauffes; & mefme que c'eft une vanité me/prifable, encore qu'on n’en die que de vrayes, lors qu'on le fait par oflentation, & fans qu'il en revienne aucun bien à perfonne. Maïs lors que ces chofes font telles qu'il importe aux autres de les fçavoir, 1l eff certain qu'on ne les peut taire que par une humilité vicieufe, qui eft une efpece de lafcheié & de foibleffe. Or 1l importe beaucoup au public d'eflre averti de ce que vous | avez trouvé dans les fciences, affin que, jugeant par la de ce que vous ÿ pouvez encore trouver, 1l foit incité à contribuer tout ce qu'il peut pour vous ÿ ayder, comme à un travail qui a pour but le bien general de tous les hommes. Et les chofes que vous avez desja données, à fçavoir les verités importantes que vous avez expliquées dans vos efcrits, valent incompara- blement davantage que tout ce que vous fçauriez demander pour ce fujet. : Vous pouvez dire auffi que vos œuvres parlent affez, fans qu'il foit befoin que vous y adjoufliez les promeffes & les vanteries, lefquelles, eflant ordinatres aux Charlatans qui veulent tromper, femblent ne pouvoir eflre bienfeantes à un homme d'honneur qui cherche feulement la verité. Mais ce qui fait que les Charlatans font blafmabtes, n’efl pas que les chofes qu'ils difent d'eux mefmes font grandes & bonnes, c’efl feulement qu'elles font fauffes, & qu'ils ne les peuvent prouver : au lieu que celles que je pretens que vous devez dire de vous, font | fi vrayes, 6 fi evidemment prouvées par vos efcrits, que toutes les regles de la bien- feance vous permettent de les affurer; € celles de la cha- rité vous y obligent, à caufe qu'il importe aux autres de 20: 2902 30: (10-71). PREFACE. 307 les fçavoir. Car encore que vos efcrits parlent affez, au regard de ceux qui les examinent avec foin, & qui font capables de les entendre : toutefois cela ne fuffit pas pour le deffein que je veux que vous aye7, à caufe qu'un chacun ne les peut pas lire, & que ceux qui manient les affaires publiques n'en peuvent gueres avoir le loifir. Il arrive peut effre bien que quelcun de ceux qui les ont leus leur en parle ; mais, quoy qu'on leur en puiffe dire, le peu de bruit qu'ils fçavent que vous faites, & la trop grande modeflie que vous avez tousjours obfervée en parlant de vous, ne permet pas qu'ils y facent beaucoup de reflexion. Mefme, à caufe qu'on ufe fouvent aupres d'eux de tous les termes les plus avantageux qu'on puiffe imaginer, pour louer des perfonnes qui ne font que fort mediocres, ils n'ont pas Jujet de prenldre les louanges immenfes, qui vous font données par ceux qui vous connoiffent, pour des verités bien exaéles. Au lieu que, lors que quelcun parle de [oy- mefme, & qu'il dit des chofes tres extraordinaires, on l’efcoute avec plus d'attention, principalement lors que c'efl un homme de bonne naiffance, € qu'on fçait n'efire point d'humeur ny de condition à vouloir faire le Charla- tan. Et pource qu'il Je rendroit ridicule s'il ufoit d'hyper- boles en telle occafion, fes paroles font prifes en leur vray Jens; & ceux qui ne les veulent pas croire, [ont au moins invités par leur curiofité, ou par leur jaloufie, à examiner . fi elles font vrayes. C'efl pourquoy eflant tres-certain, & le public ayant grand intereft de fçavoir, qu'il n'y a jamais eu au monde que vous feul (au moins dont nous ayons les efcrits), qui ait defcouvert les vrais principes, Ë reconnu les premieres caufes de tout ce qui eff produit en la nature, & qu'ayant desja rendu raïfon, par ces principes, de toutes 308 DES PAssrons. (11-13). les chofes qui paroiflent & s'obfervent le plus commune- ment dans le monde, il vous faut feulement avoir des obfer- vations plus particulieres, pour trouver en mefme façon les raifons de tout ce qui peut eflre utile aux hommes en cette vie, € ainfi nous donner une tres parfaite connotf- Jfance de la nature de tous les mineraux, des vertus de toutes les plantes, des proprietés des animaux, 6 genera- lement de tout ce qui peut fervir pour la Medecine & les autres arts. Et enfin que, ces obfervations particuliers ne pouvant æflre toutes faites en peu de temps fans grande defpenfe, tous les peuples de la terre y devrotent à l'envi contribuer, comme à la chofe du monde la plus impor- tante, & à laquelle ils ont tous egal interefl. Cela, dis-7e, eflant tres certain, & pouvant affez eflre prouvé par les efcrits que vous avez desja fait imprimer, vous devriez le dire fi haut, le publier avec tant de foin, & le mettre fi expreffement dans tous les titres de vos livres, qu'il ne pufl dorenavant y avoir perfonne qui l'ignorafl. Ainfi vous feriez au moins d'abord naïfire | l'envie à plufieurs d'examiner ce qui en efl; & d'autant qu'ils s'en enquere- roient davantage, & liroient vos efcrits avec plus de foin, d'autant connotftroient ils plus clairement, que vous ne vous feriez point vanté à faux. Etil y a principalement trois points, que je voudroiïs que vous fiffiez bien concevoir à tout le monde. Le premier ef, qu'il y a une infinité de chofes à trouver en la Phyfique, qui peuvent eflre extremement utiles à la vie; le fecond, qu'on a grand fujet d'attendre de vous l'invention de ces chofes ; & le troifieme, que vous en pourrez d'autant plus trouver, que vous aurez plus de commoditez pour faire quantité d'experiences. Il efl à propos qu'on foit averti du 20 : 25 30 15 20 25 30 (13-15). PREFACE. 309 premier point, à caufe que la plus part des hommes ne penfent pas qu'on puiffe rien trouver dans les fciences qui vaille mieux que ce qui a eflé trouvé par les anciens, € mefme que plufieurs ne conçoivent point ce que c'eft que la Phyfique, ny à quoy elle peut fervir. Or il efl aifé de prouver que le trop grand re|fpect qu'on porte à l'anti- quité, efl une erreur qui prejudicie extremement à l'avan- cement des fciences. Car on voit que les peuples fauvages de l’Amerique, & auffi plufieurs autres qui habitent des lieux moins eloignés, ont beaucoup moins de commoditez pour la vie que nous n'en avons, € toutefois qu'ils font d’une origine auffi ancienne que la noffre : en forte qu'ils ont autant de raifon que nous de dire qu'ils fe contentent de la fageffe de leurs peres, € qu'ils ne croyent point que perfonne leur puifle rien enfeigner de meilleur, que ce qui a eflé fceu € pratiqué de toute antiquité parmy eux. Et cette opinion eft fi prejudiciable que, pendant qu'on ne la quitte point, il efl certain qu'on ne peut acquerir aucune nouvelle capacité. Auffi voit on par experience, que les peuples en l’efprit defquels elle ef? le plus enracinée, font ceux qui font demeurez les plus ignorans & les plus rudes. Et pource qu'elle eff encore affez frequente parmy nous, cela peut fervir de raifon pour prouver, qu'il s'en faut beaucoup | que nous ne fcachions tout ce que nous fommes capables de fçavoir: Ce qui peut aufh fort clai- rement efire prouvé par plufieurs inventions tres utiles, comme font l'ufage de la boufjole, l'art d'imprimer, les lunettes d'approche, & femblables, qui n'ont eflé trouvées qu'aux derniers fiecles, bien qu'elles femblent maintenant affez faciles à ceux qui les fçavent. Maïs il n'y a rien enquoy le befoin que nous avons d’acquerir de nouvelles connotf- * ll 310 | Des Passiows. OS Jances, paroifle mieux qu'en ce qui regarde la Medecine. Car bien qu'on ne doute point que Dieu n'ait pourvu cette Terre de toutes les chofes qui font neceffaires aux hommes pour s'y conferver en parfaite fanté jufques à une extreme vieilleffe; & bien qu'il n'y ait rien au monde fi defirable que la connoiffance de ces chofes, en forte qu'elle a eflé autrefois la principale eflude des Rois 6 des Sages : toute- fois l'experience montre qu'on eff encore fi eloigné de l'avoir toute, que fouvent on eff arreflé au lit par de petits maux, que tous les plus fçavans Medecins ne peuvent con- morfire, & qu'ils ne font qu'aigrir par leurs remedes lors- qu'ils entreprenent de les chaffer. En quoy le defaut de leur art, & le befoin qu'on a de le perfectionner, font fi evidens, que, pour ceux qui ne conçoivent pas ce que c'eft que la Phyfique, il [uffit de leur dire qu'elle eff la fcience qui doit enfeigner à connoiftre fi parfaitement la nature de l’homme, & de toutes les chofes qui luy peuvent fervir d'alr- mens ou de remedes, qu'il luy foit ayfé de s'exempter par Jon moyen de toutes fortes de maladies. Car, fans parler de Jes autres ufages, celuy-la feul eff affez important, pour obliger les plus infenfibles à favorifer les deffeins d'un homme, qui a desja prouvé, par les chofes qu'il a inventées, qu'on a grand fujet d'attendre de luy tout ce qui refle encore à trouver en cette fcience. Mais il eft principalement befoin que le monde fçache que vous avez prouvé cela de vous. Et à cet effect il ef necef- faire que vous faciez un peu de violence à voflre humeur, & que vous|chaffez cette trop grande modefhe, qui vous a empefché jufques 1cy de dire de vous € des autres tout ce que vous efles obligé de dire. Te ne veux point pour cela vous commettre avec les Doéles de ce fiecle : la plus part de 20 25 30 = (79). PREFACE. 311 ceux aufquels on donne ce nom, à fçavoir tous ceux qui cul- tivent ce qu'on appelle communement les belles lettres, & tous les lurifconfultes, n'ont aucun interefl à ce que Je pretens que vous devez dire. Les T'heologiens auffi & les Medecins n'y en ont point, fi ce n'efl en tant que Phi- lofophes. Car la Theologie ne depend aucunement de la Phyfique, ny mefme la Medecine, en la facon qu'elle efl aujourd'huy pratiquée par les plus docles € les plus pru- dens en cet art: ils fe contentent de fuivre les maximes ou les regles qu'une longue experience a enfeignées, 6 1ls ne mefprifent pas tant la vie des hommes, que d'appuyer leurs Jugemens, defquels fouvent elle depend, fur les raifonne- mens incertains de la Philofophie de l'Efcole. Il ne refle donc | que les Philofophes, entre lefquels tous ceux qui ont de l’efprit [ont desja pour vous, € feront tres-ayfes de voir que vous produifiez la verité en telle forte, que la mali- gnité des Pedans ne la puiffe opprimer. De facon que ce ne font que les feuls Pedans, qui fe puiffent offencer de ce que vous aurez à dire; & pource qu'ils font la rifée & le mefpris de tous les plus honnefles gens, vous ne devez pas fort vous Joucier de leur plaire. Outre que vofire reputation vous les a desja rendus autant ennemis qu'ils fçauroient eftre ; & au lieu que voftre mode fie efl caufe que maintenant quelques uns d'eux ne craignent pas de vous attaquer, je m'affure que, fi vous vous à autant valoir que vous pouvez € que vous dever, ils Je verrotent fi bas au deffous de vous, qu'il n'y enauroitaucun quin eufl honte de l’entre- prendre. le ne voy donc point qu'il y aït rien qui vous doive empefcher de publier hardiment tout ce que vous jugerez pouvoir Jervir à vofire deffein ; & rien ne me femble y eftre plus utile, que | ce que vous avez desja mis en une lettre 312 Des Passions. (19-20). adreffée au R. Pere Dinet, laquelle vous filles imprimer il y a Jept ans, pendant qu'il efloit Provinctal des lefuites de France. Non ibi, difiez vous en parlant des Effais que vous aviez publiez cinq ou fix ans auparavant, unam aut alteram, fed plus fexcentis quæftionibus explicui, quæ fic à nullo ante me fuerant explicatæ ; ac quamvis multi haétenus mea feripta tranfverfis oculis infpexerint, modifque omnibus refutare conati fint, nemo tamen, quod fciam, quicquam non verum potuit in 1is repe- rire. Fiat enumeratio quæftionum omnium, quæ in tot fæculis, quibus aliæ Philofophiæ viguerunt, ipfarum ope folutæ funt : & forte nec tam multæ, nec tamillu- ftres invenientur. Quinimo profiteor ne unius quidem quæftionis folutionem, ope principiorum Peripate- ticæ Philofophiæ peculiarium, datam unquam fuiffe, quam non poflim demonfftrare efle illegitimam & fal- fam. Fiat periculum : proponantur, non quidem omnes (neque enim operæ pretium puto multum temporis eà in re impendere), fed paucæ aliquæ felectiores, flabo promiflis, &e.* Ainfi, malgré toute vofire modeflie, la force de la verité vous a contraint d'efcrire en cet endroit la, que vous aviez desja expliqué dans vos premiers Effais, qui ne contienent quafi que la Dioptrique & les Meteores, plus de fix cens queflions de Philofophie, que perfonne avant vous n’avoit Jceu fi bien expliquer; & qu'encore que plufieurs euffent regardé vos efcrits de travers, & cherché toutes fortes de moyens pour les refuter, vous ne fçaviez point toutefois que perfonne y eufl encore pü rien remarquer qui ne fuft pas a Voir t VII p 570 21 ape 58017 20 25 30 DAT on à si (20-22). PREFACE. 313 vray. À quoy vous adjoufle7, que fi on veut conter une par une les queftions qui ont pü efire refoluës par toutes les autres façons de philofopher, qui ont eu cours depuis que le monde efl, on ne trouvera peut eflre pas qu'elles fotent en fi grand nombre, ny | fi notables. Outre cela vous affurez que, par les principes qui font particuliers à la Phi- lofophie qu'on attribué à Ariflote, 6 qui ef? la feule qu'on enfeigne maintenant dans les Efcoles, on n'a jamais fçeu trouver la vraye folution d'aucune queflion ; & vous defiez expreffement tous ceux gmen/eignent, d'en nommer quel- cune qui ait eflé fi bien refolué par eux, que vous ne puif- Jiez monfrer aucun erreur en leur folution. Or ces chofes ayant eflé efcrites à un Provincial des lefuites, & publiées il y a desja plus de fept ans, il n'y a point de doute que quelques uns des plus capables de ce grand corps, aurotent tafché de les refuter, fi elles n'eflotent pas entierement vrayes, ou feulement fi elles pouvotent eflre difputées avec quelque apparence de raifon. Car, nonob/flant le peu de bruit que vous faites, chacun fçait que voftre reputation eft desja fi grande, & qu'ils ont tant d'intereft à maintenir que ce qu'ils enfeignent n'ef} point mauvais, qu'ils ne peu- vent dire qu'ils l'ont negligé. Maïs tous les docles fçavent affez, qu'il | n'y a rien en la Phyfique de l'Efcole qui ne Joit douteux; & ils fçavent auff qu'en telle matiere eflre douteux, n’effgueres meilleur qu'eflre faux, à caufe qu'une Jcience doit eftre certaine & demonftrative : de façon qu'ils ne peuvent trouver eftrange que vous ayeT afluré que leur Phyfique ne contient la vraye folution d'aucune queflion ; car cela ne fignifie autre chofe, finon qu'elle ne contient la demonfiration d'aucune verité que les autres ignorent. Et fi quelcun d'eux examine vos efcrits pour les refuter, 1l Œuvres. VI. 40 314 Des Passions. (22-24). trouve, tout au contraire, qu'ils ne contienent que des demonffrations, touchant des matieres qui efloient aupa- ravant ignorées de tout le monde. C'eft pourquoy, eflant fages & avifés comme ils font, je ne m'eflonne pas qu'ils fe taifent ; mais je m'eflonne que vous n'ayez encore daigné iirer aucun avantage de leur filence, à caufe que vous ne feauriez rien fouhaiter qui face mieux voir combien votre Phyfique differe de celle des autres. Et il importe qu'on remarque leur difference, affin que la | mauvaife opinion que ceux qui font employez dans les affaires, qui y reuf- Jfifent le mieux, ont couflume d’avoir de la Philofophie, n'empefche pas qu'ils ne connoiffent le prix de la vofire. Car ils ne jugent ordinairement de ce qui arrivera, que par ce qu'ils ont desja vu arriver; & pource qu'ils n'ont jamais aperceu que le public ait recueilli aucun autre fruit de la Philofophie de l'Efcole, finon qu'elle a rendu quantité d'hommes Pedans, ils ne fçaurotent pas imaginer qu'on en doive attendre de meilleurs de la vojtre, fi ce n'eft qu'on leur face confiderer que celle cy eflant toute vraye, & l'autre toute faufle, leurs fruits doivent eftre entierement differens. En effect, c'eft un grand argument, pour prouver qu'il n'y a point de verité en la Phyfique de l'Efcole, que de dire qu'elle efl inflituée pour enfeigner toutes les inventions utiles à la vie, & que neantmoins, bien qu'il en ait eflé trouvé plufieurs de temps en temps, ce n'a jamais eflé par le moyen de cette Phyfique, mais feule- ment par hafard & par ufage, ou | bien, fi quelque fcrence y a contribué, ce n'a eflé que la Mathematique : & elle eft auff la feule de toutes les fciences humaines, en laquelle on ait cy-devant pu trouver quelques veritez qui ne peuvent eftre mifes en doute. le fçay bien que les Philofophes la veu- 20 25 30 Dinan à PREFACE. 31 lent recevoir pour une partie de leur Phyfique; mais pource qu'ils l'ignorent prefque tous, & qu'iln'eflpas vray qu'elle en foit une partie, mais au contraire que la vraye Phy- Jique eft une partie de la Mathematique, cela ne peut rien faire pour eux. Maïs la certitude qu'on a desja reconnuë dans la Mathematique, fait beaucoup pour vous. Car c'efl une fcrence en laquelle 1l eff fi conflant que vous excellez, & vous avez tellement en cela furmonté l'envie, que ceux mefme qui font jaloux de l'eflime qu'on fait de vous pour les autres fciences, ont couflume de dire que vous furpalez tous les autres en celle cy, affin qu'en vous accordant une louange qu'ils fçavent ne vous pouvoir efire difputée, ils Joient moins foupçonnez de calomnie lors qu'ils |tafchent de vous en offer quelques autres. Et on voit, en ce que vous avez publié de Geometrie, que vous y determinez tellement Jufques où Helpe humain peut aller, & quelles font les Jolutions qu'on peut donner à chaque forte de difjicultez, qu'il femble que vous avez recuerlly toute la motfjon, dont les autres qui ont efcrit avant vous ont feulement pris quelques efpis, qui n'efloient pas encore meurs, 6 tous ceux . qui viendront apres ne peuvent eflre que comme des gla- neurs, qui ramafferont ceux que vous leur avez voulu laiffer. Outre que vous avez monfiré, par la folution prompte & facile de toutes les queflions que ceux qui vous ont voulu tenter ont propofées, que la Methode dont vous ufez à cet effect eft tellement infallible, que vous ne man- quez jamais de trouver par fon moyen, touchant les cho/es que vous examinez, tout ce que l'efprit humain peut trouver. De façon que, pour faire qu'on ne puifje douter, que vous foyez capable de mettre la Phyfique en fa der- niere perfecuon, | 1l faut feulement que vous prouviez, 22 3 16 DEs Passions. Chan qu'elle n’efl autre chofe qu'une partie de la Mathematique. Et vous l'avez desja tres-clairement prouvé dans vos Prin- cipes, lors qu'en y expliquant toutes les qualitez fenfibles, fans rien confiderer que les grandeurs, les figures & les mouvemens, vous avez monfiré que ce monde vifible, qui ef tout l'objet de la Phyfique, ne contient qu'une petite partie des corps infinis, dont on peut imaginer que toutes les pro- prietez ou qualitey ne confiflent qu'en ces mefmes chofes, au lieu que l'objet de la Mathematique les contient tous. Le mefme peut auffi eflre prouvé par l'experience de tous les fiecles. Car encore qu'il y ait eu de tout temps plu- Jieurs des meilleurs efprits, qui fe font employez à la recherche de la Phyfique, on ne fçauroit dire que Jamais perfonne y ait rien trouvé (c'efl à dire foit parvenu à aucune vraye connoiffance touchant la nature des chofes corporelles) par quelque principe qui n'appartiene pas à la Mathematique. Au lieu que, par ceux qui lut appartienent, on a | desja trouvé une infinité de chofes tres-utiles, à fea- voir prefque tout ce qui ef? connu en l’Affronomie, en la Chirurgie, & en tous les arts Mechaniques ; dans lefquels s'il y a quelque chofe de plus que ce qui appartient à cette fcience, il n'efl pas tiré d'aucune autre, mais feulement de certaines obfervations dont on ne conno1ff point les vrayes caufes. Ce qu'on ne feauroit confiderer avec attention, fans efire contraint d'avoüer que, c'efl par la Mathematique Jeule qu'on peut parpentr à la connoifjance de la We Phyfique. Et d'autant qu'on ne doute point que vous n'ex- celliez en celle-là, il n'y a rien qu'on ne doive attendre de vous en celle-cy. Toutefois 1l refle encore un peu de fcru- pule, en ce qu'on voit que tous ceux qui ont acquis quelque reputation par la Mathematique, ne font pas pour cela 20 29 30 10 15 20 2 30 27-29. PREFACE. 317 capables de rien trouver en la Phyfique, & mefme que quelques uns d'eux comprenent moins les chofes que vous en avez efcrites, que plufieurs qui n'ont jamais cy devant appris aucune fcience. Mars on peut refpondre à cela, que bien | que fans doute ce fotent ceux qui ont l'efprit le plus propre à concevoir les verités de la Mathematique, qui entendent le plus facilement voftre Phyfique, à caufe que tous les raifonnemens de celle-cy font tirez de l'autre : il n'arrive pas tousjours que ces mefmes ayent la reputation d'efire les plus Jçavans en Mathematique. A caufe que, pour acquerir cette reputation, il eff befoin d'efludier les livres de ceux qui ont desja efcrit de cette fcience, ce que la plufpart ne font pas; € fouvent ceux qui les efludient, tafchent d'obtenir par travail ce que la force de leur efprit ne leur peut donner, fatiguent trop leur imagination, € mefme la bleffent, Ë acquerent avec cela plufieurs pre- jugés. Ce qui les empefche bien plus de concevoir les verités que vous efcrive7, que de paffer pour grands Mathematr- ciens : à caufe qu'il y a fi peu de perfonnes qui s'appliquent à cette fcience, que fouvent 1l n'y a qu'eux en tout un pays ; 6 encore que quelquefois 1l y en ait d'autres, ils ne laif- Jent pas de faire beaucoup de bruit, | d'autant que le peu qu'ils fcavent leur a couflé beaucoup de peine. Au refle, 1l n'efl pas malayfé de concevoir les verités qu'un autre a trouvées ; 11 fuffit à cela d'avoir l'efprit degagé de toutes Jortes de faux prejugés, & d'y vouloir appliquer affez fon attention. Îl n'eft pas auff. fort difficile d'en rencontrer quelques unes detachées des autres, ainfi qu'ont fait autre- fois Thales, Pythagore, Archimede, & en nofire fiecle Gilbert, Kepler, Galilée, Harvejus, € quelques autres. Enfin on peut, fans beaucoup de peine, imaginer un corps 318 Des Passions. 29-31, de Philofophie, moins monfirueux, & appuyé fur des con- jeélures plus vrayfemblables, que n'ef? celuy qu'on tire des efcrits d'Ariflote ; ce qui a eflé fait auffi par quelques uns en ce fiecle. Mais d'en former un qui ne contiene que des veritez prouvées par demonfirations aufh claires & auffi certaines que celles des Mathematiques, c'efl chofe fi dif- ficile & fi rare, que, depuis plus de cinquante fiecles que le monde a desja duré, il ne s'efl trouvé que vous Jeul qui avez fait voir par vos | efcrits que vous en pouve7 venir à bout. Mais comme lors qu'un Architecte a pofé tous les fondemens, & elevé les principales murailles de quelque grand bafliment, on ne doute point qu'il ne puiffe conduire fon deffein jufques à la fin, à caufe qu'on voit qu'il a desya fait ce qui efloit le plus difficile : ainfi ceux qui ont leu avec attention le livre de vos Principes, confiderans comment vous y avez pojé les fondemens de toute la Philofophie natu- relle, & combien font grandes les fuites de veritez que vous en avez deduites, ne peuvent douter que la Methode dont vous ufez ne foit fuffifante, pour faire que vous acheviez de trouver tout ce qui peut efre trouvé en la Phyfique : à caufe que les chofes que vous avez desja expliquées, à fcavoir la nature de l'aymant, du feu, de l'air, de l'eau, de la terre, & de tout ce qui paroïfl dans les cieux, ne femblent point efre moins difficiles, que celles qui peuvent encore eftre defirées. Toutefois il faut icy adjoufler que, tant expert qu'un Architeéle fort en fon |art, il efl impoffible qu'il acheve le bafliment qu'il a commencé, fi les materiaux qui doivent y eflre employez luÿ manquent. Et en mefme façon : que tant parfaite que puiffe eflre voflre Methode, elle ne peut faire que vous pourfuiviez en l'explication des caufes natu- 20 25 30 31-33. PREFACE. 319 relles, fi vous n'avez point les experiences qui font requifes pour determiner leurs effets. Ce qui efl le dernier des troïs points que je croy devoir eftre principalement expliquez, à caufe que la plus part des hommes ne conçoit pas com- bien ces experiences font neceffaires, ny quelle dépenfe y eft requife. Ceux qui, fans fortir de leur cabinet, ny jetter les yeux aïlleurs que fur leurs livres, entreprenent de dif- courir de la nature, peuvent bien dire en quelle façon ils auroient voulu creer le monde, fi Dieu leur en avoit donné la charge & le pouvoir, c'efl à dire ils peuvent'efcrire des Chimeres, qui ont autant de rapport avec la forbleffe de leur efprit, que l'admirable beauté de cet Univers avec la puif- Jance infinie de [on auteur ; mais, à moins | que d'avoir un efprit vraiment divin, 1ls ne peuvent ainfi former d'eux mefmes une idée des chofes, qui foit femblable à celle que Dieu a eué pour les creer. Et quoy que voflre Methode pro- mette tout ce qui peut eftre efperé de l'efprit humain, tou- chant la recherche de la verité dans les fcrences, elle ne pro- _metpas neantmoins d'enfeigner à deviner, mais feulement à deduire de certaines chofes données toutes les verités qui peuvent en eftre deduites; € ces chofes données, en la Phy- fique, ne peuvent eftre que des experiences. Mefme à caufe que ces experiences font de deux fortes : les unes faciles, & qui ne dependent que de la reflexion qu'on fait [ur les chofes qui fe prefentent au fens d'elles mefmes ; les autres plus rares & difficiles, auxquelles on ne parvient point fans quelque eflude & quelque defpenfe : on peut remarquer que vous avez desja mis dans vos efcrits tout ce qui femble pouvoir eflre deduit des experiences faciles, & mefme auff de celles des plus rares que vous avez pà apprendre des livres. Car | outre que vous y avez expliqué la nature de 320 Des Passions. 33-34. toutes les qualités qui meuvent les fens, & de tous les corps qui font les plus communs fur cette terre, comme du feu, de l'air, de l’eau, & de quelques autres, vous y avez auffi rendu raifon de tout ce qui a eflé obfervé jufques à prefent dans les cieux, de toutes les proprietés de l’aymant, 6 de plufieurs obfervations de la Chymie. De façon qu'on n'a La de raifon d'attendre rien davantage de vous, touchant la Phyfique, jufques à ce que vous ayez davantage d'expe- riences, defquelles vous puiffiez rechercher les caufes. Et je ne m'eflonne pas que vous n'entrepreniez point de faire ces experiences à vos defpens. Car je Jçay que la recherche des moindres chofes coufle beaucoup; 6, fans mettre en conte les Alchemifles, ny tous les autres chercheurs de Jecrets, qui ont couflume de fe ruiner à ce mefher, j'ay ouy dire que la feule pierre d'aymant a fait defpendre plus de cinquante mil efcus à Gilbert, quoy qu'il fuft homme de tres-bon efprit, comme 1l a monflré, en ce qu'il a eflé le {premier qui a decouvert les principales proprietez de cette pierre. l'ay vi auff l'Inftaurio magna & le Novus Atlas du Chancelier Bacon, qui me femble eftre, de tous ceux qui ont efcrit avant vous, celuy qui a eu les meilleures penfées touchant la Methode qu'on doit tenir pour conduire la Phyfique à fa perfection ; mais tout le revenu de deux ou trois Roys, des plus puiffans de la terre, ne fuffiroit pas pour mettre en execution toutes les chofes qu'il requert à cet effect. Et bien que je ne penfe point que vous ci befoin de tant de fortes d'experiences qu'il en imagine, à caufe que vous pouve7 fuppléer à plufieurs, tant par te adreffe que par la connoiffance des verités que vous avez desja trou- vées : toutefois, confiderant que le nombre des corps par- liculiers qui vous reflent encore à examiner efl prefque 15 20 30 ne Dan 2 0 ie EN ANA LE DE DE CIR (34-36). PREFACE. 321 infin: ; qu'iln' y en a aucun qui n'ait affez de diverfes pro- prietés, 6 dont on ne puiffe faire afjez grand nombre d'efpreuves, pour y employer tout le loifir € tout le travail de plufieurs | hommes; que, furvant les regles de voftre Methode, 1l eft befoin que vous examiniez en mefme temps toutes les chofes qui ont entre elles quelque affinité, afin de remarquer mieux leurs differences, & de faire des denombremens qui vous affurent, que vous pouvez ainfi utilement vous fervir en un mefme temps de plus de di- verfes experiences, que le travail d’un tres-grand nombre d'hommes addroits n'en feauroit fournir; € enfin, que vous ne fçauriez avoir ces hommes addroïts qu'à force d'argent, à caufe que, fi quelques uns s'y vouloient gratur- tement employer, 1ls ne s'affujettiroient pas affez à fuivre vos ordres, & ne feroient que vous donner occafion de perdre du temps : confiderant, dis je, toutes ces chofes, je comprens ayfement que vous ne pouvez achever dignement le deffein que vous avez commencé dans vos Principes, c'efl à dire, expliquer en particulier tous les mineraux, les plantes, les animaux, € l'homme, en la mefme façon que vous y avez desja expliqué tous les elemens de la terre, & | tout ce qui s'obferve dans les cieux, fi ce n'efl que le public fourniffe les frais qui font requis à cet effet, & que, d'au- tant qu'ils vous feront plus liberalement fournis, d'autant pourrez vous mieux executer vofire deffein. Or à caufe que ces mefmes chofes peuvent auffi fort ayfe= ment eftre comprifes par un chafcun, & font toutes fi vrayes qu'elles ne peuvent efire mifes en doute, je m'affure que, fi vous les reprefentiez en telle forte, qu'elles vinffent à la connotffance de ceux à qui Dieu ayant donné le pouvoir de commander aux peuples de la terre, a auffi donné la charge Œuvres. VI. " 322 DEs Passions. (36-37). & Le Join de faire tous leurs efforts pour avancer le bien du public, 1l n'y auroit aucun d'eux qui ne vouluff contri- buer à un deffein fi manifeflement utile à tout le monde. Et bien que noflre France, qui efl voftre Patrie, foit un Eflat fi puiffant qu'il femble que vous pourriez obtenir 5 d'elle feule tout ce qui eff requis à cet effect : toutefois, à caufe que les autres nations n'y ont pas moins d'interefl qu'elle, je m'affure que plufieurs feroient affez gelnereufes pour ne luy pas ceder en cet office, & qu'il n’y en auroit aucune qui fuft fi barbare que de ne vouloir point y avoir 10 part. Mais fi tout ce que 7 ay efcrit 1 Icy ne fuffit pas, pour faire que vous changiez d'humeur, je vous prie au moins de m'obliger tant, que de m'envoyer vofire traiélé des Paf- Jions, & de trouver bon que j'y adjoufle une preface avec 15 laquelle 11 foit imprimé. le tafcheray de la faire en telle forte, qu'il n'y aura rien que vous puiffiez defapprouver, & qui ne fort fi conforme au fentiment de tous ceux qui ont de l'efprit & de la vertu, qu'il n'y en aura aucun qui, apres l'avoir leuë, ne participe au 7ele que j'aÿ pour l'ac- 20 croiffement des fciences, & pour eftre, Ec. De Paris, le O0 Novembre, 1048. 15 20 25 (38-30). PREFACE. 323 | RESPONSE AMPASEEMIRE PRÉGEDENTE Monfieur, Parmi les injures & les reproches que je trouve en la grande lettre que vous avez pris la peine de m'ef- crire, j y remarque tant de chofes à mon avantage, que fi vous la faifiez imprimer, ainfi que vous declarez vouloir faire, j'aurois peur qu'on ne s'imaginaft qu'il y a plus d'intelligence entre nous qu'il n y en a, & que je vous ay prié d'y mettre plufieurs chofes que la bienfeance ne permettoit pas que je fifle moy mefme fçavoir au public. C'eft pourquoy je ne m'arrefteray pas icy à y refpondre de point en point : je vous diray feulement deux raifons, qui me femblent vous devoir empefcher de la publier. La premiere eft, que je n'ay aucune opinion que le deffein que je juge que vous avez eu en l'efcrivant, puifle reüflir. La feconde, que je ne fuis nullement de l'humeur que vous imaginez ; que je n’ay aucune indignation, ny aucun degouft, qui m'ofte le defir de faire tout ce qui fera en mon pou- voir pour rendre fervice au public, auquel je m'eftime tres-obligé, de ce que les efcrits que j'ay desja publiez Lont efté favorablement receus de plufieurs; & que je ne vous ay cy-devant refufé ce que j'avois eferit des Paflions, qu'affin de n'eftre point obligé de le faire voir à quelques autres qui n'en euffent pas fait leur profit. 324 Des Passions. (39-40). Car, d'autant que je ne l'avois compofé que pour eftre leu par une Princefle, dont l'efprit eft tellement au deflus du commun, qu'elle conçoit fans aucune peine ce qui femble eftre le plus difficile à nos docteurs, je ne m'eflois arrefté à y expliquer que ce que je penfois eftre nouveau. Et, affin que vous ne doutiez pas de mon dire, je vous promets de revoir cet efcrit des Pafions, & d'y adjoufter ce que je jugeray eftre necef- faire pour le rendre plus intelligible, & qu'apres cela je vous l’envoyeray pour en faire ce qu'il vous plaira. Car je fuis, &c. D'Egmont, le 4 Decembre, 1648. [LETTRE SECONDE, A MONSIEUR DÉS ACARIES Monfieur, Il y a ji long temps que vous m'avez fait attendre vofire traité des Paffions, que je commence à ne le plus DRE 6 à m'imaginer que vous ne me l° aviez promis que pour m ‘em- pefcher de publier la lettre que Je vous avois cy-devant efcrite. Car j'ay Jujet de croire que vous feriez fafché, qu'on vous oflaft l'excufe que vous prenez pour ne point achever vofire Phyfique : Ë mon deffein efloit de vous l'ofler par cette lettre : d'autant que les raifons que JY 10 20 25 (40-42). PREFACE. 32 $ avois deduites font telles, qu'il ne me femble pas qu'elles puiffent eflre leuës d'aucune perfonne, qui ait tant foit peu l'honneur & la vertu en recommandation, qu'elles ne l'in- citent à defirer, comme moy, que vous obtentez du public ce qui efl requis pour | les experiences que vous dites vous eftre neceffaires : Ë j'efperors qu'elle tomberoit ayfement entre les mains de quelques uns qui aurotent le pouvoir de rendre ce defir efficace, foit à caufe qu'ils ont de l’acces aupres de ceux qui difpofent des biens du public, fort à caufe qu'ils en difpofent eux mefmes. Ainfi je me prometlois de faire en forte que vous auriez, malgré vous, de l'exercice. Car je fçay que vous avez tant de cœur, que vous ne vou- driez pas manquer de rendre avec ufure ce qui vous feroit donné en cette façon, & que cela vous feroit entierement quiter la negligence, dont je ne puis à prefent m'abflenir de vous accufer, bien que je fois, &c. Le 23 luillet, 1649. HRESPONSE A LA SECONDE LETTRE. Monfieur, le fuis fort innocent de l’artifice, dont vous voulez croyre que j'ay ufé, pour empefcher quelagrande lettre que vous m'aviez efcrite l'an pañlé, ne foit publiée. le n'ay eu aucun befoin d'en ufer. Car, outre que je ne croy nullement qu'elle pûft produire l'efleét que vous * 3 26 DEs Passions. (2-43) pretendez, je ne fuis pas fi enclin à l'oyfiveté, que la crainte du travail auquel je ferois obligé pour exami- ner plufieurs experiences, fi j'avois receu du public la commodité de les faire, puiffe prevaloir au defir que jay de minftruire, & de mettre par efcrit quelque chofe qui foit utile aux autres hommes. le ne puis pas fi bien m'excufer de la negligence dont vous me blafmez. Car j'avoüe que j'ay efté plus long temps à revoir le petit traité que je vous envoye, que je n'avois efté cy-devant à le compofer, & que neantmoins je n'y ay adjoufté que peu de chofes, & n'ay rien changé au difcours, lequel eft fi fimple & fi bref, qu'il fera connoiftre que mon deffein n’a pas efté d'expliquer les Paflions en Orateur, ny mefme en Phiflofophe moral, mais feulement en Phyficien. Ainfi je prevoy que ce traité n'aura pas meilleure fortune que mes autres efcrits ; & bien que fon titre convie peut eftre davan- tage de perfonnes à le lire, il n'y aura neantmoins que ceux qui prendront la peine de l'examiner avec foin, aufquels il puifle fatisfaire. Tel qu'il eft, je le mets entre vos mains, &c. D'Egmont, le 14 d'Aouft, 1640. 10 20 RE 0 TM Pa 0 Ne Er CR -j.6 1 PSN SENS CS PES AP AS SION S DIESL AMIE PREMIERE PARTIE. DES PASSIONS EN GENERAL : Et par occafion, de toute la nature de l'homme. ARTICLE I. QE ce qui eft Paffion au regard d’un fujet, ef toufiours Achon à quelque autre égard. Il n'y a rien en quoy paroifle mieux combien les fciences que nous avons des Anciens font defe@ueufes, qu'en ce qu'ils ont efcrit des Paflions. Car bien que [ce foit une matiere dont la connoiffance a toufiours efté fort recherchée ; & qu’elle ne femble pas eftre des plus difliciles, à ee que, chacun les fentant en foy mefme, on n'a point befoin d'emprunter d'ailleurs aucune obfervation pour en decouvrir la nature : tou- tesfois ce que les Anciens en ont enfeigné ef fi peu de chofe, & pour la plus part fi peu croyable, que je ne PT = 328 Des Passions. 2-4. puis avoir aucune efperance d'approcher de la verité, qu'en m'éloignant des chemins qu'ils ont fuivis. C’eft pourquoy je feray obligé d'efcrire icy en mefme façon, que fi je traitois d'une matiere que jamais perfonne avant moy n'euft touchée. Et pour commencer, je con- fidere que tout ce qui fe fait ou qui arrive de nouveau, eft generalement appellé par les Philofophes une Paf- fion au regard du fujet auquel il arrive, & une Aétion au regard de celuy qui fait qu'il arrive. En forte que, bien que l'agent & le patient foient fouvent fort diffe- rens, l'Aétion & la Pafion ne laiffent pas d’eftre tous- jours une mefme chofe, qui a ces deux noms, à raifon des deux divers fujets aufquels on la peut raporter. ARTICLE IT. Que pour connoifire les Paffions de l'ame, il faut difhinguer Jes fonctions d'avec celles du corps. Puis auffi je confidere que nous ne remarquons point qu'il y ait aucun fujet qui agifle plus immedia- tement contre noftre ame, que le corps auquel elle ef jointe ; & que par confequent nous devons penfer que ce qui eft en elle une Pafñlion, eft communement en luy une Aion : en forte qu'il n'y a point de meilleur chemin pour venir à la connoiffance de nos Paffions, que d'examiner la difiference qui eft entre l'ame & le corps, afin de connoiftre auquel des deux on doit attri- buer chacune des fonétions qui font en nous, 15 20 25 20 25 tn PREMIERE PARTIE. 3 9 ARTICLE IL. Quelle regle on doit fuivre pour cet effect. À quoy on ne trouvera pas grande difculté, fi on prend garde que tout ce que nous experimentons eftre en nous, & que nous voyons aufli pouvoir eftre en des corps tout à fait inanimés, ne doit eftre attribué qu'à noftre corps; & au contraire, que tout ce qui eft en nous, & que nous ne concevons en aucune façon pouvoir appartenir à un corps, doit eftre attribué à noftre ame. l'ARTICLE IV. Que la chaleur & le mouvement des membres procedent du corps; les penfées, de l'ame. Ainfi, à caufe que nous ne concevons point que le corps penfe en aucune façon, nous avons raifon de croire que toutes les fortes de penfées qui font en nous appartienent à l'ame. Et à caufe que nous ne doutons point qu'il n'y ait des corps inanimez, qui fe peuvent mouvoir en autant ou plus de diverfes façons que les noftres, & qui ont autant ou plus de chaleur (ce que l'experience fait voir en la flame, qui feule a beaucoup plus de chaleur & de mouvemens qu'aucun de nos membres), nous devons croire que toute la chaleur & tous les mouvemens qui font en nous, en tant qu'ils ne dépendent point | de la penfée, n'appar- tienent qu'au corps. Œuvres. VI. : 42 330 DEs Passions. 6-7. ARTICLE V. Que c'efl erreur de croire que l'ame donne le mouvement & la chaleur au corps. Au moyen de quoy nous eviterons une erreur tres- confiderable, en laquelle plufieurs font tombez, en forte que j'eftime qu'elle eft la premiere caufe qui a empefché qu'on n'ait pû bien expliquer jufques icy les Paffions, & les autres chofes qui appartienent à l'ame. Elle confifte en ce que, voyant que tous les corps morts font privez de chaleur, & enfuite de mouvement, on s'eft imaginé que c’eftoit l'abfence de l'ame qui faifoit ceffer ces mouvemens & cette cha- leur. Et ainfy on a creu, fans raifon, que noftre cha- leur naturelle & tous les mouvemens de nos corps idépendent de l'ame : au lieu qu'on devoit penfer, au contraire, que l'ame ne s’abfente lors qu'on meurt, qu à caufe que cette chaleur cefle, & que les organes qui fervent à mouvoir le corps fe corrompent. ARTICLE VI. Quelle difference il ya entre un corps vivant € un corps mort. Affin donc que nous evitions cefte erreur, confide- rons que la mort n'arrive jamais par la faute de l'ame, mais feulement parce que quelcune des principales parties du corps fe corrompt ; & jugeons que le corps d'un homme vivant differe autant de celuy d'un homme PREMIERE PARTIE. 3% mort, que fait une montre, ou autre automate (c'eft à dire, autre machine qui fe meut de foy-mefme), lorf- qu'elle eft montée, & qu'elle a en foy le principe cor- porel des mouvemens pour lefquels | elle eft inflituée, avec tout ce qui eft requis pour fon action, & la mefme montre, ou autre machine, lors qu'elle eft rompuë & que le principe de fon mouvement cefle d'agir. ARTICLE VII. Breve explication des parties du corps, & de quelques unes de fes fonéions. Pour rendre cela plus intelligible, j'expliqueray icy en peu de mots toute la façon dont la machine de noftre corps eft compofée. Il n'y a perfonne qui ne fçache deja, qu'il y a en nous un cœur, un cerveau, un eftomac, des mufcles, des nerfs, des arteres, des venes, & chofes femblables. On fçait aufli que les viandes quon mange defcendent dans l'eflomac & dans les boyaux, d'où leur fuc, coulant dans le foye & dans toutes les velnes, fe mefle avec le fang qu'elles contienent, & par ce moyen en augmente la quantité. Ceux qui ont tant foit peu ouy parler de la Medecine, fçavent, outre cela, comment le cœur eft compofé, & comment tout le fang des venes peut facilement couler de la vene cave en fon cofté droit, & de là pañfer dans le poumon, par le vaifleau qu'on nomme la vene arte- rieufe, puis retourner du poumon dans le cofté gau- che du cœur, par le vaiffeau nommé l'artere veneufe, & en fin pañler de là dans la grande artere, dont les 332 DEs Passions. 9-11. branches fe refpandent par tout le corps. Mefme tous ceux que l’authorité des Anciens n'a point entiere- ment aveuglez, & qui ont voulu ouvrir les yeux pour examiner l'opinion d'Herveus touchant la circulation du fang, ne doutent point que toutes les venes & Îles arteres du corps ne foient comme des ruifleaux par où le fang coule fans ceffe fort promptement en pre- nant fon cours de la cavité droite du cœur par la vene arterieufe, dont les branches font efparfes en tout le poumon, & jointes à celle de l'artere veneufe, par laquelle il paffe du poumon dans le cofté gauche du cœur ; puis de là il va dans la grande artere, dont les branches, efparfes par tout le refte du corps, font jointes aux branches de la vene, qui portent derechef le mefme fang en la cavité droite du cœur : en forte que ces deux cavitez font comme des efclufes par cha- cune defquelles pañle tout le fang à chaque tour quil fait dans le corps. De plus on fçait que tous les mou- vemens des membres dependent des mufcles ; & que ces mufcles font oppofez les uns aux autres en telle forte, que lors que l’un d'eux s'accourcit, iltire vers foy la partie du corps à laquelle il | eft attaché, ce qui fait allonger au mefme temps le mufcle qui lui eft oppofé. Puis s'il arrive en un autre temps que ce dernier s'ac- courcifle, il fait que le premier fe rallonge, & 1l retire vers foy la partie à laquelle ils font attachez. Enfin on fçait que tous ces mouvemens des mufcles, comme aufli tous les fens, dépendent des nerfs, qui font comme de petits filets, ou comme de petits tuyaux qui vienent tous du cerveau, & contienent, ainfy que luy, un certain airouventtres-fubtil,qu'onnommelesefprits animaux. 20 25 30 20 11-13. PREMIERE PARTIE. 333 ARTICLE VII. Quel eff le principe de toutes ces fonélions. Mais on ne fçait pas communement, en quelle façon ces efprits animaux & ces nerfs contribuent aux mou- vemens & aux | fens, ny quel eft le Principe corporel qui les fait agir. C’eft pourquoy, encore que j'en aye deja touché quelque chofe en d'autres efcrits*, je ne lairray pas de dire icy fuccinétement que, pendant que nous vivons, il y a une chaleur continuelle en noftre cœur, qui eft une efpece de feu que le fang des venes y entretient, & que ce feu ef le principe corpo- rel de tous les mouvemens de nos membres. ARTICLE IX. Comment fe fait le mouvement du cœur. Son premier eflet eft qu'il dilate le fang dont les cavitez du cœur font remplies : ce qui eft caufe que ce fang, ayant befoin d'occuper un plus grand lieu, pañle avec impetuofité de la cavité droite dans la vene arte- rieufe, & de la gauche dans la grande artere. Puis, | cette dilatation ceffant, il entre incontinant de nou- veau fang de la vene cave en la cavité droite du cœur, & de l’artere veneufe en la gauche. Car il y a de petites peaux aux entrées de ces quatre vaifleaux, tellement difpofées qu'elles font que le fang ne peut entrer dans a. Discours de la Méthode, 1. VI, p. 49-55 et p. 55-56: Dioptrique, ibid., p.111. 334 Des Passions. 13-15. le cœur que par les deux derniers, ny en fortir que par les deux autres. Le nouveau fang, entré dans le cœur, y eft incontinant apres rarefié en mefme façon que le precedent. Et c'eft en cela feul que confifte le pouls ou battement du cœur & des arteres; en forte que ce battement fe reitere autant de fois qu'il entre de nouveau fang dans le cœur. C'eft aufly cela feul qui donne au fang fon mouvement, & fait qu'il coule fans ceffe tres-vifte en toutes les arteres & les venes; au moyen de quoy il porte la chaleur qu'il acquiert dans le cœur, à toutes les autres parties du corps, & il leur fert de nourriture. ARTICLE X Comment les efprits animaux font produits dans le cerveau. Mais ce quil y a icy de plus confiderable, c'eft que toutes les plus vives & plus fubtiles parties du fang, que la chaleur a rarefiées dans le cœur, entrent fans ceffe en grande quantité dans les cavitez du cer- veau. Etla raifon qui fait qu'elles y vont pluftoft qu'en aucun autre lieu, eft que tout le fang qui fort du cœur par la grande artere, prend fon cours en ligne droite vers ce lieu là, & que, n y pouvant pas tout entrer, à caufe qu'il n'y a que des pañlages fort eftroits, celles de fes parties qui font les plus agitées & les plus fub- tiles, y paffent feules, pendant que le refte fe refpand en tous les autres endroits | du corps. Or ces parties du fang tres-fubtiles compofent les efprits animaux. 20 25 A : pe , 4 20 15-16. PREMIERE PARTIE. 335$ Et elles n'ont befoin à cet effect de recevoir aucun autre changement dans le cerveau, finon qu'elles y font feparées des autres parties du fang moins fub- tiles. Car ce que je nomme icy des efprits, ne font que des corps, & ils n'ont point d'autre proprieté, finon que ce font des corps tres-petits, & qui fe meu- vent tres-vifte, ainfi que les parties de la flame qui fort d'un flambeau. En forte qu'ils ne s’areftent en aucun lieu, & qu à mefure qu'il en entre quelques uns dans les cavitez du cerveau, il en fort aufli quelques autres par les pores qui font en fa fubftance, lefquels pores les conduifent dans les nerfs, & de la dans les mufcles, au moyen de quoy ils meuvent le corps en toutes les diverfes façons qu'il peut eftre meu. IARTICLE XI. Comment Je font les mouvemens des mufcles. Car la feule caufe de tous les mouvemens des mem- bres eft, que quelques mufcles s'acourciffent, & que leurs oppofez s'alongent, ainfi qu'il a deja efté dit. Et la feule caufe qui fait qu'un mufcle s’acourcit pluftoft que fon oppofé, eft qu'il vient tant foit peu plus d’ef- prits du cerveau vers luy que vers l’autre. Non pas que les efprits qui vienent immediatement du cer- veau, fuflifent feuls pour mouvoir ces mufcles, mais ils determinent les autres efprits, qui font defia dans ces deux mufcles, à fortir tous fort promptement de l'un d'eux, & pañfer dans l’autre : au moyen de quoy celuy d'où ils fortent, devient plus long & plus lafche; 330 DEs Passions. 16-18. & celuy dans lequel ils enltrent, eftant promptement enflé par eux, s'accourcit, & tire le membre auquel il eft attaché. Ce qui eft facile à concevoir, pourvû que l'on fçache qu'il n'y a que fort peu d’efprits animaux qui vienent continuellement du cerveau vers chaque mufcle, mais qu'il y en a tousjours quantité d'autres enfermez dans le mefme mufcle, qui s'y meuventtres- vifte, quelquefois en tournoyant feulement dans le lieu où ils font, à fçavoir lors qu'ils ne trouvent point de paffages ouverts pour en fortir, & quelquefois en coulant dans le mufcle oppofé. D'autant qu'il y a de petites ouvertures en chacun de ces mufcles, par où ces efprits peuvent couler de l’un dans l’autre, & qui font tellement difpofées, que lors que les efprits qui vienent du cerveau vers l'un d'eux, ont tant foit peu plus de force que ceux qui vont vers l’autre, ils ouvrent toutes les enltrées par où les efprits de l’autre mufcle peuvent pafler en cettuy-cy, & ferment en mefme temps toutes celles par où les efprits de cettuy-cy peuvent pañler en l’autre : au moyen de quoy tous les efprits contenus auparavant en ces deux mufcles, s'aflemblent en l'un d'eux fort promptement, & ainfi l'enflent & l'accour- ciflent, pendant que l’autre s'allonge & fe relafche. ARTICLE XII. Comment les objets de dehors agiffent contre les organes des fens. Il refte encore icy à fçavoir les caufes qui font que les efprits ne coulent pas tousjours du cerveau dans 10 20 18-20. PREMIERE PARTIE. 337 les mufcles en mefme façon, & qu'il en vient quel- quefois plus vers les uns que vers les autres. Car, outre l’action de l'ame, qui veritablement eft en nous l'une de ces caufes, ainfi que je diray cy|apres, il y en a encore deux autres, qui ne dépendent que du corps, lefquelles il eft befoin de remarquer. La premiere con- fifte en la diverfité des mouvemens qui font excitez dans les organes des fens par leurs objets, laquelle jai deja expliquée affez amplement en la Dioptrique"; mais, affin que ceux qui verront cet efcrit, n'ayent pas befoin d'en avoir leu d'autres, je repeteray icy qu'il y a trois chofes à confiderer dans les nerfs, à fçavoir : leur moëlle, ou fubftance interieure, qui s'eftend en forme de petits filets depuis le cerveau, d'où elle prend fon origine, jufques aux extremitez des autres membres, aufquelles ces filets font atta- chez; puis les peaux qui les environnent, & qui, eftant continuës avec celles qui envelopent le cerveau, com- pofent de petits tuyaux dans lefquels ces petits filets font enfermez ; puis en fin les efprits animaux, qui, eftant portez par ces mefmes tuyaux depuis le cer- veau jufques aux mufcles, font caufe que ces filets y demeurent entierement libres, & eftendus en telle forte que la moindre chofe qui meut la partie du corps où l'extremité de quelcun d'eux eft attachée, fait mouvoir par mefme moyen la partie du cerveau d’où il vient : en mefme façon que, lors qu'on tire l'un des bouts d'une corde, on fait mouvoir l’autre. a, Dioptrique, Disc. IV, t. VI, p. 110. Œuvres. VI, 43 338 DEs Passions. re ARTICLE XIII. Que cette aélion des objets de dehors peut condurre diverfement les efprits dans les mufcles. Et j'ay expliqué, en la Dioptrique*, comment tous les objets de Ja veuë ne fe communiquent à nous que par cela feul, qu'ils meuvent localement, par l'entre- mile | des corps tranfparens qui font entre eux & nous, les petits filets des nerfs optiques, qui font au fonds de nos yeux, & en fuite les endroits du cerveau d'où vienent ces nerfs; qu'ils les meuvent, dis-je, en autant de diverfes façons, qu'ils nous font voir de diverfitez dans les chofes ; & que ce ne font pas imme- diatement les mouvemens qui fe font en l'œil, mais ceux qui fe font dans le cerveau, qui reprefentent à l'ame ces objets. A l'exemple de quoy, il eft ayfé de concevoir que les fons, les odeurs, les faveurs, la chaleur, la douleur, la faim, la foif, & generalement tous les objets, tant de nos autres fens exterieurs que de nos appetits interieurs, excitent aufñli quelque mou- vement en nos nerfs, qui pale par leur moyen jufques au cerveau. Et outre que ces divers mouvemens du cerveau font avoir à noftre ame divers fentimens, ils peuvent aufli | faire fans elle, que les efprits prenent leur cours vers certains mufcles pluftoft que vers d'autres, & ainfi qu'ils meuvent nos membres. Ce que je prouveray feulement icy par un exemple. Si quelcun avance promptement fa main contre nos a. Doptrique, Disc. VI, t. VI, p. 130. 25 PREMIERE PARTIE. 339 yeux, comme pour nous fraper, quoy que nous fçachions qu'il eft noftre ami, qu'il ne fait cela que par jeu, & qu'il fe gardera bien de nous faire aucun mal, nous avons toutefois de la peine à nous empefcher de les fermer : ce qui monftre que ce n'eft point par l'en- tremife de noftre ame qu'ils fe ferment, puifque c'eft contre noftre volonté, laquelle eft fa feule ou du moins fa principale adion ; mais que c’eft à caufe que la machine de noftre corps eft tellement compofée, que le mouvement de cette main vers nos yeux, excite un autre mouvement en noftre cerveau, qui conduit les efprits animaux dans | les mufcles qui font abaiffer les paupieres. ARTICLE XIV. Que la diverfité qui eft entre les efprits peut auffi diver fifier leur cours. L'autre caufe qui fert à conduire diverfement les efprits animaux dans les mufcles, eft l'inégale agita- tion de ces efprits, & la diverfité de leurs parties. Car lors que quelques unes de leurs parties font plus groffes & plus agitées que les autres, elles paffent plus avant en ligne droite dans les cavitez & dans les pores du cerveau, & par ce moyen font conduites en d'autres mufcles qu'elles ne le feroient, fi elles avoient moins de force. 340 DEs Passions. 24-25. [ARTICLE XV. Quelles font les caufes de leur diverfité. Et cette inegalité peut proceder des diverfes ma- tieres dont ils font compofez, comme on voit en ceux qui ont beu beaucoup de vin, que les vapeurs de ce vin, entrant promptement dans le fang, montent du cœur au cerveau où elles fe convertiflent en efprits, qui, eftant plus forts & plus abondans que ceux qui y font d'ordinaire, font capables de mouvoir le corps en plufieurs eftranges façons. Cette inegalité des efprits peut aufli proceder des diverfes difpofitions du cœur, du foye, de l'eftomac, de la rate, & de toutes les autres parties qui contribuent à leur production. Car il faut principalement icy remarquer certains petits nerfs inferez dans la baze du | cœur, qui fervent à eflargir & eftrecir les entrées de fes conca- vitez : au moyen de quoy le fang, s’y dilatant plus ou moins fort, produit des efprits diverfement difpofez. Il faut aufli remarquer que, bien que le fang qui entre dans le cœur, y viene de tous les autres endroits du corps, 1l arrive fouvent neantmoins qu'il y eft davan- tage pouflé de quelques parties que des autres, à caufe que les nerfs & les mufcles qui refpondent à ces parties là, le preflent ou l'agitent davantage; & que, felon la diverfité des parties defquelles il vient le plus, il fe dilate diverfement dans le cœur, & en fuite pro- duit des efprits qui ont des qualitez differentes. Ainfi, par exemple, celuy qui vient de la partie inferieure du No5 PREMIERE PARTIE. 341 foye, où eft le fiel, fe dilate d'autre façon dans le cœur, que celuy qui vient de la rate; & cetuy-cy autre- ment que celuy qui vient des venes | des bras ou des jambes ; -& enfin cettuy-cy tout autrement que le fuc des viandes, lors qu'eftant nouvellement forti de l'eftomac & des boyaux, il pañle promptement par le foye jufques au cœur*. ARTICLE XVI. Comment tous les membres peuvent eflre meus par lesobjets des fens, & par les efprits, fans l'ayde de l'ame. En fin il faut remarquer que la machine de noftre corps eft tellement compofée, que tous les chan- gemens qui arrivent au mouvement des efprits, peu- vent faire qu'ils ouvrent quelques pores du cerveau plus que les autres; & reciproquement que, lors que quelcun de ces pores eft tant foit peu plus ou moins ouvert que de couftume, par l'aétion des nerfs qui fervent au fens, cela change quelque | chofe au mou- vement des efprits, & fait qu'ils font conduits dans les mufeles qui fervent à mouvoir le corps, en la façon qu'il éft ordinairement meu à l'occafion d'une telle action. En forte que tous les mouvemens que nous faifons fans que noftre volonté y contribuë {comme il arrive fouvent que nous refpirons, que nous marchons, que nous mangeons, & enfin que nous faifons toutes les a@tions qui nous font communesavec les beftes), ne dépendent que de la conformation de nos membres, a. Voirt. IV, p.407, 1. 22, à p. 408, L. 1. 342 DEs Passions. 27-20. & du cours que les efprits excitez par la chaleur du cœur fuivent naturellement dans le cerveau, dans les nerfs & dans les mufcles : en mefme façon que le mouvement d'une montre eft produit par la feule force de fon reflort & la figure de fes rouës. | ARTICLE XVII. Quelles font les fonétions de l'ame. Apres avoir ainfi confideré toutes les fonctions qui appartienent au corps feul, il eft ayfé de connoiftre qu'il ne refte rien en nous que nous devions attribuer à noftre ame, finon nos penfées, lefquelles font prin- cipalement de deux genres : à fçavoir, les unes font les actions de l'ame, les autres font fes pañfions. Celles que je nomme fes actions, font toutes nos volontez, à caufe que nous experimentons quelles vienent direétement de noftre ame, & femblent ne dependre que d'elle. Comme, au contraire, on peut genera- lement nommer fes pañlions, toutes les fortes de per- ceptions ou connoiflances qui fe trouvent en nous, à caufe que fouvent ce n’eft pas noftre ame qui les fait telles qu’elles font, | & que tousjours elle les reçoit des chofes qui font reprefentées par elles*. ARTICLE" XVIII: De la Volonté. Derechef nos volontez font de deux fortes. Car les a, Moirit IV; -p. 310-5100 15 20 25 20 25 20-31. PREMIERE PARTIE. 343 unes font des aétions de l'ame, qui fe terminent en l'ame mefme, comme lors que nous voulons aymer Dieu, ou generalement appliquer noftre penfée à quelque objet qui n'eft point materiel. Les autres font des attions qui fe terminent en noftre corps, comme lors que de cela feul que nous avons la volonté de nous promener, il fuit que nos jambes fe remuent & que nous marchons. | ARTICLE XIX. De la Perception. Nos perceptions font aufli de deux fortes, & les unes ont l'ame pour caufe, les autres le corps. Celles qui ont l'ame pour caufe, font les perceptions de nos volontez, & de toutes les imaginations ou autres pen- fées qui en dépendent. Car il eft certain que nous ne fçaurionsvouloir aucune chofe,que nous n'apercevions par mefme moyen que nous la voulons. Et bien qu'au regard de noftre ame, ce foit une action de vouloir quelque chofe, on peut dire que c’eft auñi en elle une paflion d'apercevoir qu'elle veut. Toutefois, à caufe que cette perception & cette volonté ne font en effect qu'une mefme chofe, la denomination fe fait tousjours par ce qui eft le plus noble; & ainfi on n'a | point couftume de la nommer une pañlion, mais feulement une action. 344 DEs Passions. 31-32 ARTICLE: XX. Des imaginations & autres penfées qui Jont formées par l'ame. Lors que noftre ame s'applique à imaginer quelque chofe qui n'eft point, comme à fe reprefenter un palais enchanté ou une chimere ; & aufli lors qu'elle s'ap- plique à confiderer quelque chofe qui eft feulement intelligible, & non point imaginable, par exemple, à confiderer fa propre nature : les perceptions qu'elle a de ces chofes dépendent principalement de la volonté qui fait qu'elle les aperçoit. C'eft pourquoy on a couftume de les confiderer comme des actions, pluftoft que comme des pañlions. ARTICLE XXI. Des imaginations qui n'ont pour caufe que le corps. Entre les perceptions qui font caufées par le corps, la plus part dependent des nerfs; mais il y en a auffi quelques unes qui nen dependent point, & quon nomme des imaginations, ainfi que celles dont je viens de parler, defquelles neantmoins elles different en ce que noftre volonté ne s'employe point à les former : ce qui fait qu'elles ne peuvent eftre mifes au nombre des aétions de l'ame. Et elles ne procedent que de ce que, les efprits eftant diverfement agitez, & ren- contrant les traces de diverfes impreflions qui ont precedé dans le cerveau, ils y prenent leur cours PREMIERE PARTIE. 345 fortuitement par certains pores, pluftoft que par d’autres. Telles font les illufions de | nos fonges & auffi les refveries que nous avons fouvent eftant éveillez, lors que noftre penfée erre, nonchalamment, fans s'appliquer à rien de foy-mefme*. Or encore que quelques unes de ces imaginations foient des pañlions de l'ame, en prenant ce mot en fa plus propre & plus particuliere fignification ; & qu'elles puiffent eftre toutes ainfi nommées, fi on le prend en une fignifi- cation plus generale : toutefois, pource qu'elles n'ont pas une caufe fi notable & fi determinée, que les per- ceptions que l'ame reçoit par l'entremife des nerfs, & qu'elles femblent n’en eftre que l'ombre & la pein- ture, avant que nous les puiflions bien diftinguer, 1l faut confiderer la difference qui eft entre ces autres. (} £ JARTICLE XXII. De la difference qui efl entre les autres perceptions. Toutes les perceptions que je n'ay pas encore expli- quées, vienent à l'ame par l'entremife des nerfs, & il y a entre elles cette difference, que nous les rap- portons, les unes aux objets de dehors qui frapent nos fens, les autres à noftre corps ou à quelques unes de fes parties, & enfin les autres à noftre ame. a, Voir t. IV, p. 311, 1. 4-8. Œuvres. Vi, di 340 Des Passions. 34-36. ARTICLE XXIII. Des perceptions que nous rapportons aux objets qui font hors de nous. Celles que nous rapportons à des chofes qui font hors de nous, à fçavoir aux objets de nos fens, font caufées (au moins lors que noftre opinion n'eft point fauflfe) par ces objets, qui, excitant quelques mouve- mens dans les organes des fens exterieurs, en excitent auffi par l'entremife des nerfs dans le cerveau, lefquels font que l'ame les fent. Ainfi lors que nous voyons la lumiere d'un flambeau, & que nous oyons le fon d'une cloche, ce fon & cette lumiere font deux diverfes actions, qui, par cela feul qu'elles excitent deux divers mouvemens en quelques uns de nos nerfs, & parleur moyen dans le cerveau, donnent à l'ame deux fenti- mens diflerens, lefquels nous raportons tellement aux fujets que nous fuppofons eftre leurs caufes, que nous penfons voir le flambeau mefme, & ouïr la cloche, non pas fentir feulement des mouvemens qui vienent d'eux. | ARTICLE XXIV. Des perceptions que nous raportons a noftre corps. Les perceptions que nous raportons à noftre corps, ou à quelques unes de fes parties, font celles que nous avons de la faim, de la foif, & de nos autres appetits naturels ; à quoy on peut joindre la douleur, la 15 20 25 36-38. PREMIERE PARTIE. 347 chaleur, & les autres affections que nous fentons comme dans nos membres, & non pas comme dans les objets qui font hors de nous. Ainfi nous pouvons fentir en mefme temps, & par l'entremife des mefmes nerfs, la froideur de noftre main, & la chaleur de la flamme dont elle s'approche; ou bien, au contraire, la chaleur de la main, & le froid de l'air auquel elle eft expofée: fans qu'il y ait aucune difference entre les actions qui nous font fentir le chaud ou le | froid qui eft en noftre main, & celles qui nous font fentir celuy qui eft hors de nous; finon que, l'une de ces aétions furvenant à l’autre, nous jugeons que la premiere eft deja en nous, & que celle qui furvient n'y eft pas encore, mais en l'objet qui la caufe. ARTICLE XXV. Des perceptions que nous raporions a nofîre ane. Les perceptions qu'on raporte feulement à l'ame, font celles dont on fent les effets comme en l'ame mefme, & defquelles on ne connoiïft communement aucune caufe prochaine, à laquelle on les puifle raporter. Tels font les fentimens de joye, de colere, & autres femblables, qui font quelquefois excitez en nous par les objets qui meuvent nos nerfs, & quel- quefois aufli par d'autres caufes. | Or encore que toutes nos perceptions, tant celles qu'on rapporte aux objets qui font hors de nous, que celles qu'on rapporte aux diverfes affections de noftre corps, foient verita- blement des paflions au regard de noftre ame, lors 348 Des Passions 38-40. qu'on prend ce mot en fa plus generale fignification : toutefois on a couftume de le reftreindre à fignifier feulement celles qui fe rapportent à l'ame mefme. Etce ne font que ces dernieres, que j'ai entrepnis icy d'ex- pliquer fous le nom de pañfions de l'ame. ARTICLE XXVI. Que les imaginations, qui ne dependent que du mouvement fortuit des efprits, peuvent eflre d'aufh veritables paf- Jions, que les perceptions qui dépendent des nerfs. Il refle icy à remarquer, que toutes les mefmes chofes que l'ame | aperçoit par l'entremife des nerfs, luy peuvent auffi eftre reprefentées par le cours fortuit des efprits, fans qu'il y ait autre difference, finon que les impreflions qui vienent dans le cerveau par les nerfs, ont couftume d'eftre plus vives & plus expreffes, que celles que les efprits y excitent. Ce qui ma fait dire, en l’art. 21, que celles-cy font comme l'ombre ou la peinture des autres. Il faut aufli remarquer qu'il arrive quelquefois, que cette peinture ef fi femblable à la chofe qu'elle reprefente, qu'on peut y eftre trompé touchant les perceptions qui fe rapportent aux objets qui font hors de nous, ou bien celles qui fe rapportent à quelques parties de noftre corps; mais qu'on ne peut pas l'eftre en mefme façon touchant les pañlions, d'autant quelles font fi proches & fi interieures à noftre ame, qu'il eft impoflible qu'elle les fente fans qu'elles foient veritablement telles qu'elle les fent.- Ainfi fouvent lorfque l'on dort, & mefme quelquefois 20 25 40-41. - PREMIERE PARTIE. 349 eftant éveillé, on imagine fi fortement certaines chofes, qu'on penfe les voir devant foy, ou les fentir en fon corps, bien quelles n'y foient aucunement; mais, encore qu'on foit endormi & qu'on refve, on ne fçauroit fe fentir trifte, ou emeu de quelque autre pañlion, qu'il ne foit tres-vray que l'ame a en foy cette pañlion. ARTICLE XXVII. La Definition des Paffions de l’ame*. Apres avoir confideré en quoy les paffions de l'ame different de toutes fes autres penfées, il me femble qu'on peut generalement les definir : Des perceptions, ou des fentimens, ou des émotions de l'ame, qu'on raporte particulierement à elle, & qui font | caufées, entretenuës & fortifiées par quelque mouvement des efprits. | ARTICLE XXVIII. Explication de la premiere partie de cette definition. On les peut nommer des perceptions, lors qu'on fe fert generalement de ce mot, pour fignifier toutes les penfées qui ne font point des actions de l'ame, ou des volontez; mais non point lors qu'on ne s'en fert que pour fignifier des connoiflances evidentes. Car l'ex- perience fait voir que ceux qui font les plus agitez par leurs pañlions, ne font pas ceux qui les connoiffent le a. Voir t. IV, p. 309-313, lettre à Elisabeth, du 6 octobre 1645. DR TIT 0 350 Des Passions. 41-43. mieux, & qu'elles font du nombre des perceptions que l'eftroite alliance qui eft entre l’ame & le corps rend confufes & obfcures. On les peut aufli nommer des fentimens, à caufe qu'elles | font receuës en l'ame en mefme façon que les objets des fens exterieurs, & ne font pas autrement connuës par elle. Mais on peut encore mieux les nommer des émotions de l'ame, non feulement à caufe que ce nom peut eftre attribué à tous les changemens qui arrivent en elle, c’eft à dire à toutes les diverfes penfées qui luy vienent, mais particulierement pource que, de toutes les fortes de penfées qu'elle peut avoir, il n'y en a point d'autres qui l’agitent & l’efbranlent fi fort que font ces pañlions. ARTICLE XXIX. Explication de fon autre partie. l'adjoufte qu'elles fe rapportent particulierement à l'ame, pour les difinguer des autres fentimens, qu'on rapporte, les uns aux objets exterieurs, comme les odeurs, les | fons, les couleurs; les autres à noîfître corps, comme la faim, la foif, la douleur. l’adjoufte auffi qu'elles font caufées, entretenuës & fortifiées par quelque mouvement des efprits, afin de les diftinguer de nos volontez, qu'on peut nommer des émotions de l'ame qui fe raportent à elle, mais qui font caufées par elle mefme; & aufi afin d'expliquer leur derniere & plus prochaine caufe, qui les diftingue derechef des autres fentimens. 20 25 PREMIERE PARTIE. 351 ARTICLE XXX. Que l'ame efl unie à toutes les parties du corps conJointement. Mais, pour entendre plus parfaitement toutes ces chofes, il eft befoin de fçavoir, que l'ame eft veritable- ment jointe à tout le corps, & qu'on ne peut pas pro- prement dire qu'elle foit en quelcune de fes parties, à l'exclufion | des autres, à caufe qu'il eft un, & en quelque façon indivifible, à raifon de la difpofition de fes organes, qui fe raportent tellement tous l’un à l’autre, que lors que quelcun d'eux eft ofté, cela rend tout le corps defectueux,; & à caufe qu'elle eft d'une nature qui n'a aucun raport à l’eftendue, ny aux dimen- fions, ou autres proprietez de la matiere dont le corps eft compolé, mais feulement à tout l'aflemblage de fes organes. Comme il paroift, de ce qu'on ne fçauroit aucunement concevoir la moitié ou le tiers d’une ame, ny quelle eftendue elle occupe, & qu'elle ne devient point plus petite de ce qu'on retranche quel- que partie du corps, mais qu'elle s'en fepare entiere- ment, lors qu'on diffout l'affemblage de fes organes. | ARTICLE XXXI. Qu'ily a une petite glande dans le cerveau, en laquelle l'ame exerce fes fonctions, plus particulierement que dans les autres parties. Il eft befoin aufli de fçavoir que, bien que l'ame foit jointe à tout le corps, il y a neantmoins en luy quelque 352 Des Passions. 45-47: partie, en laquelle elle exerce fes fon@ions plus par- ticulierement qu'en toutes les autres. Et on croit com- munement que cette partie eft le cerveau, ou peut eftre le cœur : le cerveau, à caufe que c’eft à luy que fe raportent les organes des fens; & le cœur, à caufe que c'eft comme en luy qu'on fent les pañlions. Mais, en examinant la chofe avec foin, il me femble avoir evidemment reconnu, que la partie du corps en laquelle l'ame exerce immediatement fes fonétions, n'eft nullement le cœur; | ny auffi tout le cerveau, mais feulement la plus interieure de fes parties, qui eft une certaine glande fort petite, fituée dans le milieu de fa fubftance, & tellement fufpenduë au def- fus du conduit par lequel les efprits de fes cavitez anterieures ont communication avec ceux de la pofte- rieure, que les moindres mouvemens qui font en elle, peuvent beaucoup pour changer le cours de ces efprits; & reciproquement, que les moindres chan- gemens qui arrivent au cours des efprits, peuvent beaucoup pour changer les mouvemens de cette glande. ARTICLE XXXII. Comment on connotifl que cette glande ef? le principal fiege de l'ame. La raifon qui me perfuade que l'ame ne peut avoir en tout le corps aucun autre lieu que cette | glande, où elle exerce immediatement fes fonétions, eft que je confidere que les autres parties de noftre cerveau 20 25 47-48. PREMIERE PARTIE. 353 font toutes doubles, comme aufli nous avons deux yeux, deux mains, deux oreilles, & enfin tous les organes de nos fens exterieurs font doubles ; & que, d'autant que nous n'avons qu'une feule & fimple penfée d'une mefme chofe en mefme temps, il faut neceflairement qu'il y ait quelque lieu où les deux images qui vienent par les deux yeux, ou les deux autres impreflions qui vienent d’un feul objet par les doubles organes des autres fens, fe puiffent aflembler en une avant qu'elles parvienent à l'ame, afin qu'elles ne luy reprefentent pas deux objets au lieu d'un. Et on peut ayfement concevoir que ces images ou autres impreflions fe reüuniffent en cette glande, par l'entre- mife des efprits qui rempliffent les cavitez | du cer- veau; mais il n y a aucun autre endroit dans le corps, où elles puiffent ainfi eftre unies, finon en fuite de ce qu'elles le font en cette glande. ARTICLE XXXIIL. Que le fiege des paffions n'efl pas dans le cœur. Pour l'opinion de ceux qui penfent que l'ame reçoit fes paflions dans le cœur, elle n’eft aucunement con- fiderable ; car elle n’eft fondée que fur ce que les paf- fions y font fentir quelque alteration; & il eft ayfé à remarquer que cette alteration n'eft fentie comme dans le cœur, que par l'entremife d'un petit nerf qui defcend du cerveau vers luy : ainfi que la douleur eft fentie comme dans le pied, par l'entremife des nerfs du pied; & les aftres font aperceus comme dans le Œuvres. VI. 45 354 Des Passions. 4850. ciel, par l’entremife de leur | lumiere & des nerfs opti- ques : en forte qu'il n'eft pas plus neceflaire que noftre ame exerce immediatement fes fonétions dans le cœur, pour y fentir fes paflions, qu'il eft neceffaire qu'elle foit dans le ciel pour y voir les aftres. ARTICLE XXXIV. Comment l'ame € le corps agiffent l’un contre l’autre. Concevons donc icy que l’ame a fon fiege principal dans la petite glande qui eft au milieu du cerveau, d'où elle rayonne en tout le refte du corps par l’entre- mife des efprits, des nerfs, & mefme du fang, qui, participant aux impreflions des efprits, les peut porter par les arteres en tous les membres. Et nous fouve- nant de ce qui a efté dit cy-deffus* de la machine de noftre corps, à fçavoir que les petits filets de nos nerfs font tellement diftribuez en toutes fes parties, qu'à l'occafion des divers mouvemens qui y font excitez par les objets fenfibles, ils ouvrent diverfement les pores du cerveau, ce qui fait que les efprits animaux contenus en fes cavitez entrent diverfement dans les mufcles, au moyen de quoy ils peuvent mouvoir les membres en toutes les diverfes façons qu'ils font capables d’eftre meus; & aufli que toutes les autres caufes, qui peuvent diverfement mouvoir les efprits, fuffifent pour les conduire en divers mufcles : Adjou- ftons icy que la petite glande qui ef le principal fiege de l'ame, eft tellement fufpenduë entre les cavitez qui a. ART. XVI, p, 341 ci-avant. 25 50-52. PREMIERE PARTIE, 355 contienent ces efprits, qu'elle peut eftre meuë par eux en autant de diverfes façons, qu'il y a de diverfitez fenfibles dans les objets; mais qu'elle peut auffi eftre diverfement meuë par l'ame, laquelle ef de tellle nature qu'elle reçoit autant de diverfes impreflions en elle, c'eft à dire, qu'elle a autant de diverfes perceptions, qu'il arrive de divers mouvemens en cette glande. Comme aufli reciproquement la machine du corps eft tellement compofée, que de cela feul que cette glande eft diverfement meuë par l'ame, ou par telle autre caufe que ce puiffe eftre, elle pouffe les efprits qui l'environnent vers les pores du cerveau, qui les condui- fent par les nerfs dans les mufcles, au moyen de quoy elle leur fait mouvoir les membres. ARTICLE XXXV. Exemple de la façon que les impreffions des objets s'uniffent en la glande qui efl au milieu du cerveau. Ainfi, par exemple, fi nous voyons quelque animal venir vers | nous, la lumiere reflefchie de fon corps en peint deux images, une en chacun de nos yeux; & ces deux images en forment deux autres, par l’entre- mife des nerfs optiques, dans la fuperficie interieure du cerveau, qui regarde fes concavitez; puis de là, par l'entremife des efprits dont ces cavitez font remplies, ces images rayonnent en telle forte vers la petite glande que ces efprits environnient, que le mouve- ment qui compofe chaque point de l’une des images, tend vers le mefme point de la glande, vers lequel 356 Des Passions. 52-54. tend le mouvement qui forme le point de l'autre image, lequel reprefente la mefme partie de cet ani- mal : au moyen de quoy les deux images qui font dans le cerveau n'en compofent qu'une feule fur la glande, qui, agiflant immediatement contre l'ame, luy fait voir la figure de cet animal. [ARTICLE XXXVI. Exemple de la façon que les Paffions font excitées en l'ame. Et outre cela, fi cette figure ef fort eftrange & fort effroyable, c'eft à dire, fi elle a beaucoup de raport avec les chofes qui ont efté auparavant nuifibles au corps, cela excite en l'ame la pañlion de la crainte, & en fuite celle de la hardiefle, ou bien celle de la peur & de l’efpouvante, felon le divers temperament du corps, ou la force de l'ame, & felon qu'on s’eft aupa- ravant garenti, par la defenfe ou par la fuite, contre les chofes nuifibles aufquelles l'impreflion prefente a du raport. Car cela rend le cerveau tellement difpofé en quelques hommes, que les efprits reflefchis de l'image ainfi formée fur la glande, vont de là fe rendre, partie dans les nerfs qui fervent à | tourner le dos & remuer les jambes pour s’en fuir, & partie en ceux qui eflargiflent ou eftreciflent tellement les orifices du cœur, ou bien qui agitent tellement les autres parties d'où le fang luy eft envoyé, que, ce fang y eftant rarefié d'autre façon que de couftume, il envoye des efprits au cerveau qui font propres à 20 25 20 25 54-55. PREMIERE PARTIE. 347 entretenir & fortifier la paflion de la peur, c'eft à dire qui font propres à tenir ouverts, ou bien à ouvrir derechef, les pores du cerveau qui les conduifent dans les mefmes nerfs. Car de cela feul que ces efprits entrent en ces pores, ils excitent un mouvement parti- culier en cette glande, lequel eft inftitué de la nature, pour faire fentir à l'ame cette pañlion. Et pource que ces porés fe raportent principalement aux petits nerfs, qui fervent à referrer ou eflargir les orifices du cœur, cela fait que l’ame la | fent principalement comme dans le cœur. ARTICLE XXXVII. Comment 1l paroift qu'elles font toutes caufées par quelque mouvement des efprits. Et pource que le femblable arrive en toutes les autres palions, à fçavoir qu'elles font principalement caufées par les efprits contenus dans les cavitez du cerveau, entant quils prenent leur cours vers les nerfs, qui fervent à eflargir ou eftrecir les orifices du cœur, ou à poufler diverfement vers luy le fang qui eft dans les autres parties, ou, en quelque autre façon que ce foit, à entretenir la mefme pañlion : on peut clairement entendre de cecy, pourquoy j'ay mis cy deffus en leur definition, qu'elles font caufées par quelque mouvement particulier des efprits. 358 Des Passions. 56-57. [ARTICLE XXXVIII. Exemple des mouvemens du corps qui accompagnent les paffions, € ne dependent point de l'ame. Au refte, en mefme façon que le cours que prenent ces efprits vers les nerfs du cœur, fuffit pour donner le mouvement à la glande, par lequel la peur eft mife dans l'ame : ainfi auffi, par cela feul que quelques efprits vont en mefme temps vers les nerfs, qui fer- vent à remuër les jambes pour fuir, ils caufent un autre mouvement en la mefme glande, par le moyen duquel l'ame fent & aperçoit cette fuite, laquelle peut en cette façon eftre excitée dans le corps, par la feule difpofition des organes, & fans que l'ame y con- tribuë. | ARTICLE XXXIX. Comment une mefme caufe peut exciter diverfes pafñons en divers hommes. L La mefme impreflion que la prefence d'un objet effroyable fait fur la glande, & qui caufe la peur en quelques hommes, peut exciter en d'autres le cou- rage & la hardiefle : dont la raifon eft que tous les cerveaux ne font pas difpofez en mefme façon; & que le mefme mouvement de la glande, qui en quelques uns excite la peur, fait dans les autres que les efprits entrent dans les pores du cerveau, qui les conduifent, partie dans les nerfs qui fervent à remuër les mains M LE 2 20 25 15 EE 57-59. PREMIERE PARTIE. 350 pour fe defendre, & partie en ceux qui agitent & pouffent le fang vers le cœur, en la façon qui eft requife pour produire des efprits propres à continuër cette defence, & en retenir la volonté. | ARTICLE XL. Quel eff le principal effect des paffions. Car il eft befoin de remarquer que le principal effet de toutes les paflions dans les hommes, eft qu'elles incitent & difpofent leur ame à vouloir les chofes auf- quelles elles preparent leur corps : en forte que le fentiment de la peur l'incite à vouloir fuir, celuy de la hardiefle à vouloir combatre, & ainfi des autres. ARTICLE XLI. Quel eff le pouvoir de l'ame au regard du corps. Mais la volonté eft tellement libre de fa nature, qu'elle ne peut jamais eftre contrainte : & des deux fortes de penfees que j'ay diftinguées en l'ame, dont les unes | font fes attions, à fçavoir fes volontez, les autres fes pañlions, en prenant ce mot en fa plus generale fignification, qui comprend toutes fortes de perceptions : les premieres font abfolument en fon pouvoir, & ne peuvent qu'indireétement eftre chan- gées par le corps : comme, au contraire, les dernieres dependent abfolument des actions qui les produifent, & elles ne peuvent qu'indireétement eftre changées L'RSRERRR-L ele sé sien. * 360 DEs Passons. 50 60 par l'ame, excepté lors qu'elle eft elle mefme leur caufe. Et toute l’action de l'ame confifle en ce que, par cela feul qu'elle veut quelque chofe, elle fait que la petite glande, à qui elle eft eftroitement jointe, fe meut en la façon qui eft requife pour produire l'effeét qui fe raporte à cette volonté. | ARTICLE XLII. Comment on trouve en Ja memoire les chofes dont on veut Je fouvenir. Ainfi lors que l'ame veut fe fouvenir de quelque chofe, cette volonté fait que la glande, fe penchant fucceflivement vers divers coftez, poule les efprits vers divers endroits du cerveau, jufques à ce qu'ils rencontrent celuy où font les traces que l'objet dont on veut fe fouvenir y a laiflées. Car ces traces ne font autre chofe, finon que les pores du cerveau, par où les efprits ont auparavant pris leur cours à caufe de la prefence de cet objet, ont acquis par cela une plus grande facilité que les autres, à eftre ouverts dere- . chef en mefme façon par les efprits qui vienent vers eux. En forte que ces efprits, rencontrant ces pores, entrent dedans plus facilement que dans | les autres : au moyen de quoy ils excitent un mouvement par- ticulier en la glande, lequel reprefente à l'ame le mefme objet, & luy fait connoiftre qu'il eft celuy duquel elle vouloit fe fouvenir. dot, À ci Lis AE NL PREMIERE PARTIE. 361 ARTICLE XLIII. Comment l'ame peut imaginer, effre attentive, & mouvoir le corps. Ainfi quand on veut imaginer quelque chofe qu on ÿ na jamais veuë, cette volonté a la force de faire que la glande fe meut en la façon qui eft requife, pour pouffer les efprits vers les pores du cerveau, par l'ou- verture defquels cette chofe peut eftre reprefentée. Ainfi quand on veut arefter fon attention à confiderer 10 quelque temps un mefme objet, cette volonté retient la glande pendant ce temps là, penchée vers un mefme cofté. Ainfi enfin, quand on veut | marcher, ou mou- voir fon corps en quelque autre façon, cette volonté fait que la glande poufle les efprits vers les mufcles 15 qui fervent à cet effect. ARTICLE XLIV. Que chaque volonté eft naturellement jointe à quelque mouvement de la glande; mais que, par induflrie ou par habitude, on la peut joindre à d’autres. 2o Toutefois ce n’eft pas tousjours la volonté d'exciter en nous quelque mouvement, ou quelque autre effect, qui peut faire que nous l'excitons : mais cela change felon que la nature ou l'habitude ont diverfement joint chaque mouvement de la glande à chaque penfée. 25 Ainfi, par exemple, fi on veut difpofer fes yeux à regarder un objet fort eloigné, cette volonté fait que Œuvres. VI. 46 302 Des Passions. és 6 leur prunelle s'eflargit; | & fi on les veut difpofer à regarder un objet fort proche, cette volonté fait qu'elle s’eftrecit. Mais fi on penfe feulement à eflar- gir la prunelle, on a beau en avoir la volonté, on ne l'eflargit point pour cela : d'autant que la nature n’a pas joint le mouvement de la glande, qui fert à pouñler les efprits vers le nerf optique, en la façon qui eft requife pour eflargir ou eftrecir la prunelle, avec la volonté de l'eflargir ou eftrecir, mais bien avec celle de regarder des objets efloignez ou proches. Et lors qu'en parlant nous ne penfons qu'au fens de ce que nous voulons dire, cela fait que nous remüons la langue & les levres beaucoup plus promptement & beaucoup mieux, que fi nous penfions à les remüer en toutes les façons qui font requifes pour proferer les mefmes paroles. D'autant que l'habitude que nous avons acquife en apprelnant à parler, a fait que nous avons joint l'aétion de l'ame, qui, par l'entremife de la glande, peut mouvoir la langue & les levres, avec la fignification des paroles qui fuivent de ces mouvemens, pluftoft qu'avec les mouvemens mefmes. ARTICLE XLV. Quel eff le pouvoir de l'ame au regard de [es paffons. Nos pañlions ne peuvent pas aufli direétement eftre excitées ny oftées par l’aétion de noftre volonté, mais elles peuvent l’eftre indireétement par la reprefenta- tion des chofes qui ont couftume d’eftre jointes avec les paflions que nous voulons avoir, & qui font con- 20 25 PREMIERE PARTIE. 363 traires à celles que nous voulons rejetter. Ainfi, pour exciter en foy la hardieffe & ofter la peur, il ne fufit pas d'en avoir | la volonté, mais il faut s'appliquer à confiderer les raifons, les objets, ou les exemples, qui perfuadent que le peril n’eft pas grand; qu'il y a tous- jours plus de feureté en la defenfe qu'en la fuite: qu'on aura de la gloire & de la joye d’avoir vaincu, au lieu qu'on ne peut attendre que du regret & de la honte d’avoir fui, & chofes femblables. ARTICLE XLVI. Quelle ef? la raifon qui empefche que l'ame ne puiffe entierement difpoer de fes paffions. Et 1l y a une raifon particuliere qui empefche l'ame de pouvoir promptement changer ou arrefter fes paf- fions, laquelle m'a donné fujet de mettre cy deflus en leur definition‘, qu'elles font non feulement caufées, mais aufli entretenuës & fortifiées, par quelque mouve- ment particulier des | efprits. Cette raifon eft, qu'elles font prefque toutes accompagnées de quelque émo- tion qui fe fait dans le cœur, & par confequent auf en tout le fang & les efprits, en forte que, jufques à ce que cette émotion ait ceflé, elles demeurent pre- fentes à noftre penfée en mefme façon que les objets fenfibles y font prefens, pendant qu'ils agiflent contre les organes de nos fens. Et comme l'ame, en fe ren- dant fort-attentive à quelque autre chofe, peut s'em- pefcher d'ouir un petit bruit, ou de fentir une petite a, ART. XXVII, P. 340, |. 14-15. 304 DEs Passions. 66-68. douleur, mais ne peut s'empefcher en mefme façon d'ouir le tonnerre, ou de fentir le feu qui brufle la main : ainfi elle peut ayfement furmonter les moindres paflions, mais non pas les plus violentes & les plus fortes, finon apres que l'émotion du fang & des efprits eft appaifée. Le plus que la volonté puifle faire, pen- dant que cette émotion eft en fa vigeur, c'eftde ne pas confentir à fes effects, & de retenir plufieurs des mou- vemens aufquels elle difpofe le corps. Par exemple, fi la colere fait lever la main pour fraper, la volonté peut ordinairement la retenir; fi la peur incite les jambes. à fuir, la volonté les peut arefter, & ainfi des autres. ARTICLE XLVII. En quoy confiflent les combats qu'on a couflume d'imaginer entre la partie imferieure G la Juperieure de l’ame. Et ce n'eft qu'en la repugnance, qui eft entre les mouvemens que le corps par fes efprits, & l’amé par fa volonté, tendent à exciter en mefme temps dans la glande, que confiftent tous les combats qu'on a cou- fume d'imaginer entre la partie inferieure de l'ame, [qu'on nomme fenfitive, & la fuperieure qui eft rai- fonnable, ou bien entre les appetits naturels & la volonté. Car il n y a en nous qu'une feule ame, & cette ame n'a en foy aucune diverfité de parties : la mefme qui eft fenfitive, eft raifonnable, & tous fes appetits font des volontez. L'erreur qu'on a commife en luy faifant jouër divers perfonages, qui font ordinaire- ment contraires les uns aux autres, ne vient que de 10 20 25 68-70. PREMIERE PARTIE. 365 ce qu'on n'a pas bien diftingué fes fon@ions d'avec celles du corps, auquel feul on doit attribuër tout ce qui peut eftre remarqué en nous qui repugne à noftre raifon. En forte qu'il n y a point en cecy d'autre com- bat, finon que la petite glande qui eft au milieu du cerveau, pouvant eftre pouflée d'un cofté par l'ame, & de l’autre par les efprits animaux, qui ne font que des corps ainfi que j ay dit cy deflus*, il arrive fou vent que ces deux impulfions font contraires, & que la plus forte empefche l’effeét de l’autre. Or on peut diftin- guer deux fortes de mouvemens, excitez par les efprits dans la glande : les uns reprefentent à l'ame les objets qui meuvent les fens, ou les impreflions qui fe ren- contrent dans le cerveau, & ne font aucun effort fur fa volonté ; les autres y font quelque effort, à fçavoir ceux qui caufent les pañflions ou les mouvemens du corps qui les accompagnent. Et pour les premiers, encore qu ils empefchent fouvent les actions de l'ame, ou bien qu'ils foyent empefchés par elles : toutefois, à caufe qu'ils ne font pas directement contraires, on n y remarque point de combat. On en remarque feu- lement entre les derniers & les volontez qui leur repu- gnent : par exemple, entre l'effort dont les efprits pouffent la glande pour cauler en l'ame le defir de quelque chofe, & celuy dont l'ame la repouñle par la volonté qu'elle a de fuir la mefme chofe. Et ce qui fait principalement paroiftre ce combat, c’eft que la volonté n'ayant pas le pouvoir d’exciter direétement les pafions, ainfi qu'il a deja efté dit”, elle eft con- a. ART. x, p. 335, |. 4-5. b. ART. xLV, p. 362-363. 366 DEs Passrons. ns trainte d'ufer d'induftrie, & de s'appliquer à confi- derer fucceflivement diverfes chofes, dont s'il arrive que l'une ait la force de changer pour un moment le cours des efprits, il peut arriver que celle qui fuit ne l'a pas, & qu'ils le reprenent auflitoft apres, à caufe que la difpofition qui a precedé dans les nerfs, dans le cœur & dans le fang, n'eft pas changée : ce qui fait que l'ame fe fent pouflée prefque en mefme temps à defirer & ne defirer pas une mefme chofe. Et c'eft de la qu'on a pris occafion d'imaginer en elle deux puif- fances qui fe combaltent. Toutefois on peut encore concevoir quelque combat, en ce que fouvent la mefme caufe, qui excite en l’ame quelque pañlon, excite aufi certains mouvemens dans le corps, aufquels l'ame ne contribuë point, & lefquels elle arefte ou taf- che d’arefter fitoft qu'elle les aperçoit : comme on efprouve, lors que ce qui excite la peur, fait aufii que les efprits entrent dans les mufcles qui fervent à remüer les jambes pour fuir, & que la volonté qu'on a d’eftre hardy les arreîte. ARTICLE XLVIII. En quoy on connoifl la force ou la foiblef]e des ames, & quel efl le mal des plus forbles. Or c'eft par le fucces de ces combats que chacun peut connoiftre la force ou la foibleffe de fon ame. Car ceux en qui nalturellement la volonté peut le plus ayfement vaincre les paflions & arrefter les mouve- mens du corps qui les accompagnent, ont fans doute 20 25 20 25 72-73. PREMIERE PARTIE. 307 les ames les plus fortes. Mais il y en a qui ne peuvent efprouver leur force, pource qu'ils ne font jamais combattre leur volonté avec fes propres armes, mais feulement avec celles que luy fourniflent quelques pañlions pour refifter à quelques autres. Ce que je nomme fes propres armes, font des jugemens fermes & determinez touchant la connoiflance du bien & du mal, fuivant lefquels elle a refolu de conduire les actions de fa vie. Et les ames les plus foibles de toutes font celles dont la volonté ne fe determine point ainfi à fuivre certains jugemens, mais fe laifle continuel- lement emporter aux pañions prefentes, lefquelles eftant fouvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à | leur parti, & l'employant à combatre contre elle mefme, mettent l'ame au plus deplorable eftat qu'elle puiffe eftre. Ainfi lors que la peur repre- fente la mort comme un mal extreme, & qui ne peut eftre evité que par la fuite, fi l'ambition, d'autre cofté, reprefente l'infamie de cette fuite, comme un mal pire que la mort: ces deux pafñfions agitent diverfement la volonté, laquelle obeïffant tantoft à l’une, tantoft à l'autre, s'oppofe continuellement à foy mefme, & ainfi rend l'ame efclave & malheureufe. ARTICLE XLIX. Que la force de l'ame ne fuffit pas fans la connoiffance de la verité. Il eft vray qu'il y a fort peu d'hommes fi foibles & irrefolus, qu'ils ne vueillent rien que ce que leur pal- 3068 DEs Passions. 73-75. fion leur dite. La | plus part ont des jugemens deter- minez, fuivant lefquels ils reglent une partie de leurs actions. Et bien que fouvent ces jugemens foient faux, & mefme fondez fur quelques paflions, par lefquelles la volonté s’eft auparavant laiffé vaincre ou feduire : toutefois, à caufe qu'elle continué de les fuivre, lors que la pañlion qui les a caufez eft abfente, on les peut confiderer comme fes propres armes, & penfer que les ames font plus fortes ou plus foibles, à raifon de ce qu'elles peuvent plus ou moins fuivre ces juge- mens, & refifter aux paflions prefentes qui leur font contraires. Maisil y a pourtant grande difference entre les refolutions qui procedent de quelque fauffe opi- nion, & celles qui ne font appuïées que fur la con- noiflance de la verité : d'autant que, fi on fuit ces dernieres, on eft affeuré de n’en avoir jamais de regret, ni de repentir; au | lieu qu'on en a tousjours d'avoir fuivi les premieres, lors qu'on en decouvre l'erreur. ARTICLE L. Qu'il n'y a point d’ame fi foible, qu'elle ne puiffe, eflant ‘ bien conduite, acquerir un pouvoir ab/olu fur fes pa/- Jions. Et il eft utile icy de fçavoir que, comme il a deja efté dit cy deflus*, encore que chaque mouvement de la glande femble avoir efté joint par la nature à cha- cune de nos penfées, dés le commencement de noftre vie, on les peut toutefois joindre à d’autres par habi- a. ART. XLIV, P. 361. 20 25 75-77: PREMIERE PARTIE. | 369 tude : ainfi que l'experience fait voir aux paroles, qui excitent des mouvemens en la glande, lefquels, felon l'inftitution de la nature, ne reprefentent à l'ame que leur fon, lors qu'elles font proferées de la voix, ou la figure de leurs lettres, | lors qu'elles font efcrites, & qui, neantmoins, par l'habitude qu'on a acquife en _ penfant à ce qu'elles fignifient, lors qu'on a ouy leur fon ou bien qu'on a vü leurs lettres, ont couftume de faire concevoir cette fignification, pluftoft que la figure de leurs lettres ou bien le fon de leurs fyl- labes. Il eft utile aufli de fçavoir, qu'encore que les mouvemens, tant de la glande que des efprits & du cerveau, qui reprefentent à l'ame certains objets, foient naturellement joints avec ceux qui excitent en elle certaines pañions, ils peuvent toutefois par habi- tude en eftre feparez, & joints à d'autres fort diffe- rens; & mefme, que cette habitude peut eftre acquife par une feule a@ion, & ne requiert point un long ufage. Ainfi lors qu'on rencontre inopinement quelque chofe de fort fale, en une viande qu'on mange avec appetit, la furprife de cette rencontre peut | telle- ment changer la difpofition du cerveau, quon ne pourra plus voir par apres de telle viande qu'avec horreur, au lieu qu'on la mangeoit auparavant avec plaifir. Et on peut remarquer la mefme chofe dans les beftes ; car encore qu'elles n'ayent point de raifon, ny peut eftre aufli aucune penfée, tous les mouvemens des efprits & de la glande, qui excitent en nous les pafions, ne laiffent pas d’eftre en elles, & d'y fervir à entretenir & fortifier, non pas comme en nous les paf- fions, mais les mouvemens des nerfs & des mufcles, Œuvres. VI. 47 370 Des Passions. 77-78. qui ont couftume de les accompagner. Ainfi lors qu'un chien voit une perdrix, il eft naturellement porté à courir vers elle, & lors qu'il oit tirer un fuzil, ce bruit l'incite naturellement à s’en fuïr ; mais neant- moins on drefle ordinairement les chiens couchans en telle forte, que la veuë d’une perdrix fait qu'ils|s’ar- reftent, & que le bruit qu'ils oyent apres, lors qu'on ure fur elle, fait qu'ils y accourent. Or ces chofes font utiles à fçavoir, pour donner le courage à un chacun d'eftudier à regler fes paflions. Car puifqu'on peut, avec un peu d'induftrie, changer les mouvemens du cerveau dans les animaux depourveus de raifon, il eft evident qu'on le peut encore mieux dans les hommes; & que ceux mefme qui ont les plus foibles ames, pour- roient acquerir un empire tres-abfolu fur toutes leurs paflions, fi on employoit aflez d'induftrie à les drefer, & à les conduire. 15 hp | MEN: 22 4 L'or Del Par. à Les cf? 1 Me Ce 1e ve PE DASCIONS DE L'AME. SECONDE PARTIE. Du nombre & de l'ordre des Paflions, & l'explication des fix primitives. ARTICLE LI. Quelles font les premieres caufes des paffions. . _ On connoift, de ce qui a efté dit cy deffus*, que la _ 10 derniere & plus prochaine caufe des pañlions de l'ame n'eft autre que l'agitation, dont les efprits meuvent la _ petite glande qui eft au milieu du cerveau. Mais cela ne fuffit pas pour les pouvoir diftinguer les unes des [autres : 1l eft befoin de rechercher leurs fources, & _15 d'examiner leurs premieres caufes. Or encore qu'elles _ puiflent quelquefois eftre caufées par l'action de l'ame, qui fe determine à concevoir tels ou tels objets; & auffi par le feul temperament du corps, ou par les . à. ART. xxxIv, p. 354-355, 372 Des Passrows. 80-82. impreffions qui fe rencontrent fortuitement dans le cerveau, comme il arrive lors qu'on fe fent trifte ou joyeux ne en pouvoir dire aucun fujet : il paroift neantmoins, par ce qui a eflé dit, que toutes les mefmes peuvent auffi eftre excitées par les objets qui meuvent les fens, & que ces objets font leurs caufes plus ordinaires & principales : d'où il fuit que, pour les trouver toutes, il fuffit de confiderer tous les effets de ces objets. |ARTICLE LI. Quel eff leur ufage, & comment on les peut denombrer. le remarque, outre cela, que les objets qui meuvent les fens, n’excitent pas en nous diverfes paflions à raifon de toutes les diverfitez qui font en eux, mais feulement à raifon des diverfes façons qu'ils nous peuvent nuire ou profiter, ou bien en general eftre importans ; & que l'ufage de toutes les pañlions con- fifte en cela feul, qu'elles difpofent l'ame à vouloir les chofes que la nature dicte nous eftre utiles, & à per- fifter en cette volonté : comme aufli la mefme agita- tion des efprits, qui a couftume de les caufer, difpofe le corps aux mouvemens qui fervent à l'execution de ces chofes. C’eft pourquoy, affin de les denombrer, il faut feulement examiner par orldre, en combien de diverfes façons qui nous importent nos fens peuvent eftre meus par leurs objets. Et je feray icy le denom- brement de toutes les principales pañlions, felon l'ordre qu'elles peuvent ainfi eftre trouvées. 20 25 5 15 20 82-83. SECONDE PARTIE. 373 . L'ORDRE 6 LE DENOMBREMENT DES PASSIONS. ARTICLE LIII. L'Admiration. Lors que la premiere rencontre de quelque objet nous furprent, & que nous le jugeons eftre nouveau, ou fort different de ce que nous connoiflions aupara- vant, ou bien de ce que nous fuppoñons qu'il devoit eftre, cela fait que nous l’admirons & en fommes eftonnez. Et pour ce que cela peut arriver avant que nous connoiflions aucunement fi cet objet nous eft convenable, ou s’il ne l'eft pas, il me femble que l’Ad- miration eft la premiere de toutes les paflions. Et elle n'a point de contraire, à caufe que, fi l'objet qui fe prefente n'a rien en foy qui nous furprene, nous n'en fommes aucunement émeus, & nous le confiderons fans pañlion. ARTICLE LIV. L'Efhime & le Mefpris, la Generofité ou l'Orgueil, & l’Humilité ou la Baffeffe. À l'Admiration eft jointe l'Eftime ou le Mefpris, felon que c’eft la grandeur d'un objet ou fa petitefle que nous admirons. Et nous pouvons ainfi nous eftimer ou nous mefprifer nous mefmes : d'où vienent a Noir. IV, p313; 1. 14-22, etip. 332, 1. 6-17. D mr Dr + TT 374 Des Passrons. 83-85. les paflions, & en fuite les habitudes de Magnanimité ou d'Orgueil, & d'Humilité ou de Bafñfeffe. |ARTICLE LV. La Veneration & le Dedain. Mais quand nous eftimons ou mefprifons d'autres objets, que nous confiderons comme des caufes libres, capables de faire du bien ou du mal, de l'Eftime vient la Veneration, & du fimple Mefpris le Dedain. ARTICLE LVI. L'Amour & la Haine. Or toutes les paflions precedentes peuvent eftre excitées en nous fans que nous apercevions en aucune façon fi l'objet qui les caufe eft bon ou mauvais. Mais lors qu'une chofe nous eft reprefentée comme bonne à noftre égard, c'eft à dire, comme nous eftant conve- nable, cela nous fait avoir pour elle de l'Amour; & lors | qu'elle nous eft reprefentée comme mauvaife ou nuifible, cela nous excite à la Haine. ARTICLE LVII. Le Defir. 2 De la mefme confideration du bien & du mal naif- fent toutes les autres paflions. Mais, affin de les metre par ordre, je diftingue les temps, & confiderant 5 20 20 25 85-87. SECONDE PARTIE. 375 qu'elles nous portent bien plus à regarder l'avenir que le prefent ou le pañlé, je commence par le Defir. Car non feulement lors qu'on defire acquerir un bien qu'on na pas encore, ou bien eviter un mal qu'on juge pouvoir arriver, mais aufli lors qu'on ne fouhaite que la confervation d’un bien, ou l'abfence d'un mal : qui eft tout ce à quoy fe peut eftendre cette pañion : il ef evident qu'elle regarde tousjours l'avenir. | ARTICLE LVIII. L'Efperance, la Crainte, la Taloufie, la Securité, & le Defefpoir. Il fuffit de penfer que l’acquifition d'un bien ou la fuite d'un mal eft poflible, pour eftre incité à la defirer. Mais quand on confidere, outre cela, s’il y a beaucoup ou peu d'apparence qu'on obtiene ce qu'on defire, ce qui nous reprefente qu'il y en a beaucoup, excite en nous l'Efperance, & ce qui nous reprefente qu'ilyena peu, excite la Crainte, dont la laloufie eft une efpece. Lorsque l'Efperance eft extreme, elle change de nature, & fe nomme Securité ou Affeurance. Comme, au con- traire, l'extreme Crainte devient Defefpoir. | ARTICLE LIX. L'Irrefolution, le Courage, la Hardieffe, l'Emulation, la Lafcheté, & l'Efpouvante. Et nous pouvons ainfi efperer & craindre, encore _que l’evenement de ce que nous attendons ne depende ire DEs Passions. 87-89. aucunement de nous. Mais quand il nous eft repre- fenté comme en dependant, il peut y avoir de la diff- culté en l'eleétion des moyens ou en l'execution. De la premiere vient l'Irrefolution, qui nous difpofe à deliberer & prendre confeil. A la derniere s'oppofe le Courage, ou la Hardieffe, dont l'Emulation eft une efpece. Et la Lafcheté eft contraire au Courage, comme la Peur ou l'Efpouvante à la Hardiefle. IARTICLE LX. Le Remors. Et fi on s'eft determiné à quelque action, avant que l'Irrefolution fuft oftée, cela fait naïftre le Remors de confcience : lequel ne regarde pas le temps à venir, comme les paflions precedentes, mais le prefent ou le pañlé. ARTICLE LXI. La loye & la Triflefe. Et la confideration du bien prefent excite en nous de la Ioye, celle du mal de la Trifteffe, lors que c’eft un bien ou un mal qui nous eft reprefenté comme nous apartenant. ; ARTICLE LXII. La Moquerie, l'Envie, la Pitié. Mais lors qu'il nous eft reprefenté comme apparte- nant à d’autres hommes, nous pouvons les en eftimer 20 25 20 35 89-91. SECONDE PARTIE. 377 dignes ou indignes. Et lors que nous les en eftimons dignes, cela n’excite point en nous d'autre pañlion que la loye, entant que c'eft pour nous quelque bien de voir que les chofes arrivent comme elles doivent. Il y a feulement cette difference, que la loye qui vient du bien eft ferieufe ; au lieu que celle qui vient du mal, eft accompagnée de Ris & de Moquerie. Mais fi nous les en eftimons indignes, le bien excite l'Envie, & le mal la Pitié, qui font des efpeces de Trifteffe. Et il eft à remarquer que les mefmes pañlions qui fe rappor- tent aux biens ou aux maux prefens, peuvent fouvent | auffi eftre rapportées à ceux qui font à venir, en tant que l'opinion qu'on a qu'ils aviendront, les reprefente comme prefens. | ARTICLE LXII. La Satisfaction de foy-mefme, € le Repentir. Nous pouvons aufli confiderer la caufe du bien ou du mal, tant prefent que pañfé. Et le bien qui a efé fait par nous-mefmes nous donne une Satisfaction inte- rieure, qui eft la plus douce de toutes les pañïions ; au lieu que le mal excite le Repentir, qui eft la plus amere. ARTICLE LXIV. La Faveur & la Reconnoiffance. Mais le bien qui a efté fait par d'autres, eft caufe que nous avons pour eux de la Faveur, encore que ce Œuvres. VI. 48 378 Des Passions. 91-92. ne foit point à nous qu'il ait efté fait; & fi c'eft à nous, à la Faveur nous joignons la Reconnoïflance. ARTICLE LXV. L'Indignation & la Colere*! Tout de mefme le mal fait par d'autres, n'eftant point rapporté à nous, fait feulement que nous avons pour eux de l'Indignation ; & lors qu'il y eft rapporté, il emeut aufli la Colere. ARTICLE LXVI. La Gloire & la Honte. De plus, le bien qui eft, ou qui a efté en nous, eflant rapporté à l'opinion que les autres en peuvent avoir, excite en nous de la Gloire’; & le mal, de la Honte. ARTICLE LXVIL. Le Degouf, le Regret & l’Allegreffe. Et quelquefois la durée du bien caufe l'Ennuy, ou le Degouft ; au lieu que celle du mal, diminüe la Tri- flefle. Enfin du bien pañlé vient le Regret, qui eft une efpece de Trifteffe ; & du mal pañlé vient l’Allegreffe, qui eft une efpece de loye. a. Tome IV, p. 538, 1. 11-28. b. Zbid., p. 407, 1. 2-6. 20 15 SECONDE PARTIE. 379 ARTICLE LXVII. Pourqüoy ce denombrement des Paffons eft different de celuy qui eflcommunement receu. Voyla l’ordre qui me femble eftre le meilleur pour denombrer les Paflions. En quoy je fçay bien que je m'éloigne de l'opinion de tous ceux qui en ont cy devant efcrit. Mais ce n'eft pas fans grande raifon. Car ils tirent leur delnombrement de ce qu'ils diftin- guent en la partie fenfitive de l'ame deux appetits, qu'ils nomment, l'un Concupifcible, l'autre Jrafcible. Et pour ce que je ne connois en l'ame aucune diflin- ction de parties, ainfi que j'ai dit cy deflus*, cela me femble ne fignifier autre chofe, finon qu'elle a deux facultez, l’une de defirer, l’autre de fe fafcher; & à caufe qu'elle a en mefme façon les facultez d'admirer, d'aymer, d'efperer, de craindre, & ainfi de recevoir en foy chacune des autres paflions, ou de faire les aëtions aufquelles ces paflions la pouflent, je ne voy pas pourquoy ils ont voulu les rapporter toutes à la Con- cupifcence ou à la Colere. Outre que leur denombre- ment ne comprent point toutes les principales paf- fions, comme je croy que fait cetuy-cy. le parle feulement des principales, à caufe qu’on en pourroit encore diftinguer plufieurs autres | plus particulieres, & leur nombre eft indefini. a. ART. XLVII, p. 364, l. 23-24. N 380 Des Passions. 94-95. ARTICLE LXIX. Qu'il n'y a que Jix Paffions primitives. Mais le nombre de celles qui font fimples & primi- tives n'eft pas fort grand. Car, en faifant une reveuë fur toutes celles que j'ay denombrées, on peut ayfe- ment remarquer qu'il n'y en a que fix qui foient telles, à fçavoir, l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Defir, la loye, & la Trifteffe; & que toutes les autres font compofées de quelques unes de ces fix, ou bien en font des efpeces. C’efl pourquoy, affin que leur mul- titude n'embaraffe point les lecteurs, je traiteray icy feparement des fix primitives ; & par apres je feray voir en quelle façon toutes les autres en tirent leur origine. lARTICLE LXX. De l’Admiration. Sa definition & fa caufe. L'Admiration eft une fubite furprife de l'ame, qui fait qu'elle fe porte à confiderer avec attention les objets qui luy femblent rares & extraordinaires. Ainfi elle eft caufée, premierement, par l'impreflion qu'on a dans le cerveau, qui reprefente l'objet comme rare, & par confequent digne d'eftre fort confideré ; puis en fuite, par le mouvement des efprits, qui font dif- pofez par cette impreflion à tendre avec grande force vers l'endroit du cerveau où elle ef, pour l'y fortifier 15 20 25 20 25 95-07 = SECONDE PARTIE. 381 & conferver : comme auf ils font difpofez par elle à pañler de la dans les mufcles, qui fervent à retenir les organes des fens en la mefme fituation qu'ils font, [afin qu’elle foit encore entretenuë par eux, fi c'eft par eux qu'elle a efté formée. ARTICLE LXXI. Qu'il n'arrive aucun changement dans le cœur ny dans le fang en cette paffion. Et cette pañlion a cela de particulier, qu'on ne remarque point qu'elle foit accompagnée d'aucun changement qui arrive dans le cœur & dans le fang, ainfi que les autres pañions. Dont la raifon eft que, n'ayant pas le bien ny le mal pour objet, mais feule- ment la connoiflance de la chofe qu'on admire, elle n'a point de rapport avec le cœur & le fang, defquels depend tout le bien du corps, mais feulement avec le cerveau, où font les organes des fens qui fervent à cette connoiflance. | ARTICLE LXXII. En quoy confifle la force de l'Admiration. Ce qui nempefche pas qu'elle n'ait beaucoup de force, à caufe de la furprife, c'eft à dire, de l'arrive- ment fubit & inopiné de l’impreflion qui change le mouvement des efprits ; laquelle furprife eft propre & particuliere à cette pañlion : en forte que lors qu’elle 382 Des Passions. , 97-99. fe rencontre en d’autres, comme elle a couflume de fe rencontrer prefque en toutes & de les augmenter, c'eft que l'admiration eft jointe avec elles. Et fa force depend de deux chofes, à fçavoir, de la nouveauté, & de ce que le mouvement qu'elle caufe a des fon com- mencement toute fa force. Car il eft certain qu'un tel mouvement a plus d’effeét que ceux qui, eftant foibles d'abord, & ne croiflant | que peu à peu, peuvent ayfe- ment eftre detournez. Il eft certain auffi que les objets des fens qui font nouveaux, touchent le cerveau en certaines parties aufquelles il n'a point couftume d'eftre touché, & que ces parties efltant plus tendres ou moins fermes que celles qu’une agitation frequente a endurcies, cela augmente l'effet des mouvemens qu'ils y excitent. Ce qu'on ne trouvera pas incroya- ble, fi on confidere que c'eft une pareille raifon qui fait que les plantes de nos pieds, eftant accouftumées à un attouchement affez rude par la pefanteur du corps qu'elles portent, nous ne fentons que fort peu cet attouchement quand nous marchons; au lieu quun autre beaucoup moindre & plus doux, dont on les chatoüille, nous eft prefque Melle à canle quil ne nous eft pas ordinaire. lARTICLE LXXII. Ce que c'efl que l'Eflonnement. Et cette furprife a’tant de pouvoir pour faire que les efprits, qui font dans les cavitez du cerveau, y prenent leur cours vers le lieu où eft l'imprefflion de 20 25 99-100. SECONDE PARTIE. 383 l'objet qu on admire, qu'elle les y pouffe quelquefois tous, & fait qu'ils font tellement occupez à conferver cette impreflion, qu'il n'y en a aucuns qui pañfent de la dans les mufcles, ny mefme qui fe detournent en aucune façon des premieres traces qu'ils ont fuivies dans le cerveau : ce qui fait que tout le corps demeure immobile comme une flatuë, & qu'on ne peut aperce- voir de l'objet que la premiere face qui s’eft prefentée, ny par confequent en acquerir une plus particuliere connoiffance. C'eft cela qu'on nomme communement eftre eftonné ; & l'eftonnement eft un exces d'admira- tion, qui ne peut jamais eftre que mauvais. lARTICLE LXXIV. À quoy fervent toutes les paffions, & à quoy elles nuifent. Or il eft ayfé à connoiftre, de ce qui a efté dit cy deflus, que l'utilité de toutes les pañlions ne confifte qu'en ce qu'elles fortifient & font durer en l'ame des penfées, lefquelles il eft bon qu'elle conferve, & qui pourroient facilement fans cela en eftre effacées. Comme aufli tout le mal qu'elles peuvent caufer, con- fifte en ce qu'elles fortifient & confervent ces penfées plus qu'il n’eft befoin ; ou bien qu'elles en fortifient & confervent d'autres, aufquelles il n'eft pas bon de s'arrefter. nn" TU Dan. 384 DEs Passions. 101-102. [ARTICLE LXXV. À quoy fert particulierement l’Admiration. Et on peut dire en particulier de l’Admiration, qu'elle eft utile en ce qu'elle fait que nous apprenons & retenons en noftre memoire les chofes que nous avons auparavant 1gnorées. Car nous n'admirons que ce qui nous paroift rare & extraordinaire : & rien ne nous peut paroiftre tel que pour ce que nous l'avons ignoré, ou mefme aufli pour ce qu'il ef different des chofes que nous avons fceuës; car c'eft cette diffe- rence qui fait qu'on le nomme extraordinaire. Or encore qu'une chofe qui nous efloit inconnuë fe pre- fente de nouveau à noftre entendement ou à nos fens, nous ne la retenons point pour cela en noftre memoire, fi ce n'eft que l’idée que nous en | avons foit fortifiée en noftre cerveau par quelque pañlion ; ou bien auffi par l'application de noftre entendement, que noftre volonté determine à une attention & reflexion particuliere. Et les autres pañlions peuvent fervir pour faire qu'on remarque les chofes qui paroiffent bonnes ou mauvaifes; mais nous n'avons que l'admi- ration pour celles qui paroiflent feulement rares. Aufli voyons nous que ceux qui n'ont aucune incli- nation naturelle à cette paflion, font ordinairement fort ignorans. 25 102-104 SECONDE PARTIE. 368$ ARTICLE LXXVI. En quoy elle peut nuire : & comment on peut fuppleer à fon defaut & corriger fon exces. Mais il arrive bien plus fouvent qu'on admire trop, & qu'on s'eftonne, en apercevant des chofes qui ne meritent que peu ou | point d'eftre confiderées, que non pas qu'on admire trop peu. Et cela peut entiere- ment ofter ou pervertir l’ufage de la raifon. C'eft pour- quoy, encore qu'il foit bon d'eftre né avec quelque inclination à cette pañlion, pource que cela nous dif- pofe à l’acquifition des fciences, nous devons toute- fois tafcher par apres de nous en delivrer le plus qu'il eft poflible. Car il eft ayfé de fuppleer à fon defaut par une reflexion & attention particuliere, à laquelle noftre volonté peut tousjours obliger noftre entende- ment, lors que nous jugeons que la chofe qui fe pre- fente en vaut la peine; mais il ny a point d'autre remede pour s'empefcher d'admirer avec exces, que d'acquerir la connoifflance de plufieurs chofes, & de s'exercer en la confideration de toutes celles qui peu- vent fembler les plus rares & les plus eftranges. |ARTICLE LXXVII. Que ce ne font ni les plus flupides, ni les plus habiles, qui font le plus portez à l’Admiration. Au refte, encore qu'il n'y ait que ceux qui font hebetez & flupides, qui ne font point portez de leur Œuvres. VI. 40 mont ant MR OS de A. 380 Des Passions. ro re: naturel à l'Admiration, ce n'eft pas à dire que ceux qui ont le plus d’efprit, y foient tousjours le plus enclins; mais ce font principalement ceux qui, bien qu'ils ayent un fens commun äffez bon, n'ont pas tou- tefois grande opinion de leur fufifance. ARTICLE LXXVIII. Que fon exces peut paffer en habitude, lors qu'on manque de le corriger. Et bien que cette paflion femble fe diminuer par l'ufage, à | caufe que, plus on rencontre de chofes rares qu'on admire, plus on s'accouftume à ceffer de les admirer, & à penfer que toutes celles qui fe peu- vent prefenter par apres font vulgaires : toutefois ‘ lorfqu'elle ef exceflive & qu'elle fait qu'on arrefte feu- lement fon attention fur la premiere image des objets qui fe font prefentez, fans en acquerir d'autre con- noiflance, elle laifle apres foy une habitude qui dif- pofe l’ame à s'arrefter en mefme façon fur tous les autres objets qui fe prefentent, pourveu qu'ils luy paroiflent tant foit peu nouveaux. Et c'eft ce qui fait durer la maladie de ceux qui font aveuglement curieux, c'eft à dire, qui recherchent les raretez feulement pour les admirer, & non point pour les connoiftre : car ils devienent peu à peu fi admiratifs, que des chofes de nulle importance ne font pas moins capables de les arrefter, que | celles dont la recherche eft plus utile. 25 20 25 106-107. SECONDE PARTIE. 307 ARTICLE LXXIX. Les définitions de l'Amour € de la Haine. L'Amour eft une emotion de l'ame, caufée par le mouvement des efprits, qui l'incite à fe joindre de volonté aux objets qui paroiflent luy eftre conve- nables. Et la Haine eft une emotion, caufée par les efprits, qui incite l'ame à vouloir eftre feparée des objets qui fe prefentent à elle comme nuifibles. Ie dis que ces emotions font caufées par les efprits, aflin de diftinguer l'Amour & la Haine, qui font des pañlions & dependent du corps, tant des jugemens qui portent auffi l'ame à fe joindre de volonté avec les chofes qu'elle eftime bonnes, & à fe feparer de celles qu'elle eftime mauvaifes, que des emoltions que ces feuls jugemens excitent en l'ame. ARTICLE LXXX. Ce que c'efl que Je Joindre ou feparer de volonté. Au refte, par le mot de volonté, je n'entens pas icy parler du defr, qui eft une pañlion à part & fe rap- porte à l'avenir, mais du confentement par lequel on fe confidere des à prefent comme joint avec ce qu'on aime : en forte qu'on imagine un tout, duquel on penfe eftre feulement une partie, & que la chofe aimée en eft yne autre. Comme, au contraire, en la Haine on fe confidere feul comme un tout, entierement feparé de la chofe pour laquelle on a de l'averfion. 3 88 Des Passions. 108-109. [ARTICLE LXXXI. De la diflinétion qu'on a cou/lume de faire entre l'Amour de concupifcence & de bienvuerllance*. Or on diftingue communement deux fortes d'Amour, l'une defquelles eft nommée Amour de bien- vucillance, c’eft à dire, qui incite à vouloir du bien à ce qu'on aime; l’autre eft nommée Amour de concu- pifcence, c’eft à dire, qui fait defirer la chofe qu'on aime. Mais il me femble que cette diftinétion regarde feulement les effets de l'Amour, & non point fon effence. Car fitoft qu'on s'eft joint de volonté à quelque objet, de quelle nature qu'il foit, on a pour luy de la bienvueillance, c’eft à dire on jointaufi à luy de volonté les chofes qu'on croit luy eftre convenables : ce qui eft un des principaux effeûs de l'Amour. Et|fi on juge que ce foit un bien de le pofleder, ou d’eftre affocié avec luy d'autre façon que de volonté, on le defire : ce qui eft auffi l'un des plus ordinaires effets de l'amour. ARTICLE LXXXII. Comment des paffons fort differentes convienent en ce quelles participent de l'Amour. Il n'eft pas befoin aufñli de diftinguer autant d'ef- peces d'Amour, qu'il y a de divers objets qu'on peut aymer. Car, par exemple, encore queles paflions qu'un ambitieux a pour la gloire, un avaricieux pour l’ar- a. Tome IV, p. 606, 1. 20-27. er 20 25 1og-r11, SECONDE PARTIE. 389 gent, un yvrongne pour le vin, un brutal pour une femme qu'il veut violer, un homme d'honneur pour fon ami ou pour fa maiftreffe, & un bon pere pour fes enfans, foient bien differentes entre elles : toutefois, en ce qu'elles participent de l'Amour, ellles font fem- blables. Mais les quatre premiers n'ont de l'Amour que pour la poffeflion des objets aufquels fe rapporte leur paflion, & n'en ont point pour les objets mefmes, pour lefquels ils ont feulement du defir, meflé avec d'autres pañlions particulieres. Au lieu que l'Amour qu'un bon pere a pour fes enfans, eff fi pure, qu'il ne defire rien avoir d'eux, & ne veut point les poffeder autrement qu'il fait, ny eftre joint à eux plus eftroi- tement qu'il eft deja; mais, les confiderant comme d’autres foy-mefme, il recherche leur bien comme le fien propre, ou mefme avec plus de foin, pource que, fe reprefentant que luy & eux font un tout, dont il n'eft pas la meilleure partie, il prefere fouvent leurs interefts aux fiens, & ne craint pas de fe perdre pour les fauver. L'affeétion que les gens d'honneur ont pour leurs amis eft de cette nature, bien qu'ellle foit rare- ment fi parfaite; & celle qu'ils ont pour leur maiftreffe, en participe beaucoup, mais elle participe aufli un peu de l’autre*. ARTICLE LXXXIH. De la difference qui eft entre la fimple Affeélion, l’Anutié & la Devotion. On peut, ce me femble, avec meilleure raifon diflin- a. Voir, pour cet article et le suivant, t. IV, p.611, 1. 20, à p.612, 1. 20. * 390 Des Passions. TETE guer l'Amour par l'eflime qu'on fait de ce qu'on aime à comparaifon de foy-mefme. Car lors qu'on eftime l'objet de fon Amour moins que foy, on n'a pour luy qu'une fimple Affeétion; lors qu'on l’eftime à l'efgal de foy, cela fe nomme Amitié; & lors quon l'eftime davantage, la paflion qu'on a peut eftre nommée Devo- tion. Ainfi on peut avoir de l'affection pour une fleur, pour un oifeau, pour un cheval; mais, à moins que d'avoir l'efprit|fort dereglé, on ne peut avoir de l'Ami- tié que pour des hommes. Etils font tellement l’objet de cette paflion, qu'il n'y a point d'homme fi imparfait, qu'on ne puifle avoir pour luy une amitié tres-par- faite, lors qu'on penfe qu'on en eft aymé, & qu'on a l'ame veritablement noble & genereufe: fuivant ce qui fera expliqué ey apres, en l’Art.1$4& 156. Pource qui eft de la Devotion, fon principal objet eft fans doute la fouveraine Divinité, à laquelle on ne fçauroit man- quer d’eftre devot, lors qu'on la connoïft comme il faut; mais on peut aufli avoir de la Devotion pour fon Prince, pour fon païs, pour fa ville, & mefme pour un homme particulier, lors qu'on l’eftime beaucoup plus que foy. Or la difference qui eft entre ces trois fortes d'Amour, paroift principalement par leurs effets : car, d'autant qu'en toutes on fe confidere | comme joint & uni à la chofe aimée, on eft tousjours preft d'aban- donner la moindre partie du tout qu'on compofe avec elle, pour conferver l’autre. Ce qui fait qu'en la fimple Affetion, l'on fe prefere tousjours à ce qu'on ayme; & qu'au contraire en la Devotion, l’on prefere telle- ment la chofe aimée à foy-mefme, qu'on ne craint pas de mourir pour la conferver. De quoy on a vü fouvant 15 20 23 30 20 25 113-115. SECONDE PARTIE. 391 des exemples en ceux qui fe font expofez à une mort certaine pour la defenfe de leur Prince, ou de leur ville, & mefme aufli quelques fois pour des perfonnes particulieres aufquelles ils s'eftoient devouëz. ARTICLE LXXXIV. Qu'il ny a pas tant d’efpeces de Haine que d'Amour. Au refte, encore que la Haine foit direétement oppofée à | l'Amour, on ne la diftingue pas toutefois en autant d'efpeces, à caufe qu'on ne remarque pas tant la difference qui eft entre les maux defquels on eft feparé de volonté, qu'on fait celle qui eft entre les biens aufquels on eft joint. ARTICLE LXXXV. De l'Agréement & de l’Horreur. Et je ne trouve qu'une feule diftinétion confiderable, qui foit pareille en l'une & en l’autre. Elle confifte en ce que les objets, tant de l'Amour que de la Haine, peuvent eftre reprefentez à l'ame par les fens exte- rieurs, ou bien par les interieurs & par fa propre rai- fon. Car nous appellons communement bien ou mal, ce que nos fens interieurs ou noftre raifon nous font juger convenable ou contraire à noftre nature; mais nous appelons beau ou laid, ce qui nous eft | ainfi reprefenté par nos fens exterieurs, principalement par celuy de la veuë, lequel feul eft plus confideré que 302 DEs Passions. 118116! tous les autres. D'où naiffent deux efpeces d'Amour, à fçavoir, celle qu'on a pour les chofes bonnes, & celle qu'on a pour les belles, à laquelle on peut donner le nom d'Agréement, aflin de ne la pas confondre avec l'autre, ny aufli avec le Defir, auquel on attribue fou- vant le nom d'Amour. Et de là naïflent en mefme façon deux efpeces de Haine, l’une defquelles fe rap- porte aux chofes mauvaifes, l’autre à celles qui font laides ; & cete derniere peut eftre appellée Horreur, ou Averfion, afin de la diftinguer. Mais ce qu'il y a icy de plus remarquable, c'eft que ces pañlions d'Agrée- ment & d'Horreur ont couftume d’eftre plus violentes que les autres efpeces d'Amour ou de Haine, à caufe que ce qui vient à l'ame par les |fens, la touche plus fort que ce qui luy eft reprefenté par fa raifon; & que toutefois elles ont ordinairement moins de verité : en forte que de toutes les pañlions, ce font celles-cy qui trompent le plus, & dont on doit le plus foigneufe- ment fe garder. ARTICLE LXXXVI. La Definition du Defir. La pañlion du Defir eftune agitation de l’ame, caufée par les efprits, qui la difpofe à vouloir pour l'avenir les chofes qu'elle fe reprefente eftre convenables. Ainfi on ne defire pas feulement la prefence du bien abfent, mais aufi la confervation du prefent ; & de plus l’ab- fence du mal, tant de celuy qu'on a deja, que de celuy qu'on croit pouvoir recevoir au temps à venir. 10 15 20 23 15 20 25 178, SECONDE PARTIE. 393 [ARTICLE LXXXVII. Que c'efl une paffion qui n'a point de contraire. le fçay bien que communement dans l'Efcole on oppofe la paflion qui tend à la recherche du bien, laquelle feule on nomme Defir, à celle qui tend à la fuite du mal, laquelle on nomme Averfion. Mais d'au- tant qu'il n'y a aucun bien, dont la privation ne foit un mal, ny aucun mal, confideré comme une chofe pofitive, dont la privation ne foit un bien; & qu'en recherchant, par exemple, les richeffes on fuit necef- fairement la pauvreté, en fuyant les maladies on recherche la fanté, & ainfi des autres : il me femble que c'eft tousjours un mefme mouvement qui porte à la recherche du bien, & enfemble à la fuite du mal qui luy eft contraire. l'y remarque feulement cette difference, que le Defir qu'on a, lors qu'on tend vers quelque bien, eft accompagné d'Amour, & en fuite d'Efperance & de loye; au lieu que le mefme Defir, lors qu'on tend à s'éloigner du mal contraire à ce bien, eft accompagné de Haine, de Crainte & de Tri- fleffe : ce qui eft caufe qu'on le juge contraire à foy mefme. Mais fi on veut le confiderer lors quile raporte également en mefme temps à quelque bien pour le rechercher, & au mal oppofé pour l'eviter, on peut voir tres-evidemment, que ce n'eft qu'une feule - pañlion qui fait l'un & l’autre. Œuvres. VI, 50 304 Des Passions. 118-120. ARTICLE LXXXVII. Quelles font fes diverfes efpeces. Il y auroit plus de raifon de diftinguer le Defir en autant de diverfes efpeces, qu'il y a de divers objets qu'on recherche. Car, par l'exemple, la Curiofité, quin'eft autre chofe qu'un defir de connoiftre, differe beaucoup du defir de gloire, & cetuy-cy du defir de vengeance, & ainfi des autres. Mais il fuffit icy de {çavoir qu'il y en a autant que d’efpeces d'Amour ou de Haine, & que les plus confiderables & les plus forts font ceux qui naïffent de l’Agréement & de l'Horreur. ARTICLE LXXXIX. Quel efl le Defir qui naift de l’'Horreur. Or encore que ce ne foit qu'un mefme Defir qui tend à la recherche d’un bien, & à la fuite du mal qui luy eft contraire, ainfi qu'il a efté dit : le Defir qui naïf de l'Agréement ne laiffe pas d’eftre fort different de celuy qui naift de l'Horreur, Car cet Agréement & cete Horreur, qui veritalblement font contraires, ne font pas le bien & le mal, qui fervent d'objets à ces Defirs, mais feulement deux emotions de l'ame, qui la difpo- fent à rechercher deux chofes fort differentes. A {çavoir : l'Horreur eft inftituée de la Nature pour reprefenter à l'ame une mort fubite & inopinée : en forte que, bien que ce ne foit quelquefois que l'attou- chement d'un vermifleau, ou le bruit d'une feüille 20. 25 20 25 120-122. SECONDE PARTIE. 39$ tremblante, ou fon ombre, qui fait avoir de l'Horreur, on fent d’abord autant d'emotion, que fi un peril de mort tres-evident s'offroit aux fens. Ce qui fait fubite- ment naïftre l'agitation qui porte l'ame à employer toutes fes forces pour eviter un mal fi prefent. Et c'eft cete efpece de Defir, qu'on appelle communement la Fuite ou l’Averfion. [ARTICLE XC. Quel efl celuy qui nait de l'Agréement. Au contraire, l'Agréement eft particulierement inftitué de la Nature pour reprefenter la jouïffance de ce qui agrée, comme le plus grand de tous les biens qui apartienent à l’homme : ce qui fait qu'on defire tres-ardemment cette jouiffance. Il eft vray qu'il y a diverfes fortes d Agréemens, & que les Defirs qui en naiflent ne font pas tous egalement puiffans. Car, par exemple, la beauté des fleurs nous incite feulement à les regarder, & celle des fruits à les manger. Mais le principal eft celuy qui vient des perfeétions qu'on ima- gine en une perfonne, qu'on penfe pouvoir devenir un autre foy-mefme : car avec la difference du fexe, que la Nature a mife dans | les hommes, ainfi que dans les animaux fans raifon, elle a mis auñli certaines impreflions dans le cerveau, qui font qu'en certain âge & en certain temps on fe confidere comme defettueux, & comme fi on n'eftoit que la moitié d'un tout, dont une perfonne de l'autre fexe doit eftre l'autre moitié : en forte que l'acquifition de cete 390 Des Passions. 122-124, moitié eft confufement reprefentée par la Nature, comme le plus grand de tous les biens imaginables. Et encore qu'on voye plufieurs perfonnes de cet autre fexe, on n'en fouhaite pas pour cela plufieurs en mefme temps, d'autant que la Nature ne fait point imaginer qu'on ait befoin de plus d'une moitié. Mais lors qu'on remarque quelque chofe en une, qui agrée davantage que.ce qu'on remarque au mefme temps dans les autres, cela determine l'ame à fentir pour celle là feule toute l'inclination que la | Nature luy donne à rechercher le bien, qu'elle luy reprefente comme le plus grand qu'on puifle pofieder. Et cette inclination ou ce Defir qui naïft ainfi de l'Agréement, eft appellé du nom d'Amour, plus ordinairement que la pañlion d'Amour qui a cy deflus efté defcrite. Auf a-t'il de plus eftranges eflects, & c'eft luy qui fert de principale matiere aux faifeurs de Romans & aux Poëtes. ARTICLE XCI. La definition de la Ioye. La loye eft une agreable emotion de l'ame, en laquelle confifte la jouiflance qu'elle a du bien, que les impreflions du cerveau luy reprefentent comme fien. le dis que c’eft en cete emotion que confifte la jouiflance du bien: car en effet l'ame ne reçoit aucun autre fruit de tous les biens qu'elle poflede; & pendant qu'elle n'en a aucune loye, on peut dire qu'elle n'en jouit pas plus, que fi elle ne les poffedoit 20 25 SECONDE PARTIE. 397 point. l’ajoufte aufii, que c'eft du bien que les impref- fions du cerveau luy reprefentent comme fien, afin de ne pas confondre cette joye, qui eft une pañlion, avec la joye purement intelleétuelle, qui vient en l'ame par la feule action de l'ame, & qu'on peut dire eftre une agreable emotion excitée en elle mefme, en laquelle confifte la jouiffance qu’elle a du bien que fon enten- dement luy reprefente comme fien. Il eft vray que, pendant que l'ame eft jointe au corps, cette joye intel- lectuelle ne peut gueres manquer d’eftre accompagnée de celle qui eft une pañion. Car fi toft que noître entendement s'aperçoit que nous pofledons quelque bien : encore que ce bien puiffe eftre fi different de tout ce qui apartient au | corps, qu'il ne foit point du tout imaginable, l'imagination ne laifle pas de faire incontinent quelque impreflion dans le cerveau, de laquelle fuit le mouvement des efprits, qui excite _ la pañfion de la joye. ARTICLE XCII. La definition de la Trifleffe. La Triftefle eft une langueur defagreable, en laquelle confifte l'incommodité que l'ame reçoit du mal, ou du defaut, que les impreflions du cerveau luy reprefentent comme luy apartenant. Et il y a aufi une Triftefle intelleétuelle, qui n'eft pas la pañion, mais qui ne manque gueres d'en eftre accompagnée. 308 Des Passions. 126-127. | ARTICLE XCII. Quelles font les caufes de ces deux Paffions. Or, lors que la loye ou la Trifteffe intellectuelle excite ainfi celle qui eft une pañlion, leur caufe eft affez evidente; & on voit de leurs definitions, que la loye vient de l'opinion qu'on a de poffeder quelque bien, & la Triftefle de l'opinion qu'on a d'avoir quelque mal ou quelque defaut. Mais il arrive fouvent qu'on fe fent trifte ou joyeux, fans qu'on puifle ainfi diftinéte- ment remarquer le bien ou le mal qui en font les caufes : à fçavoir, lors que ce bien ou ce mal font leurs impreflions dans le cerveau fans l'entremife de l'ame, quelquefois à caufe qu'ils n'apartienent qu'au corps; & quelquefois aufli, encore qu'ils apartienent à l'ame, à caufe qu'elle ne les confidere pas comme bien & mal, mais fous quelque autre forme, dont l'impref- fion eft jointe avec celle du bien & du mal dans le cerveau. ARTICLE XCIV. Comment ces paffions font excitées par des biens & des maux qui ne regardent que le corps : Ë en quoy con- Jifle le chatoürllement & la douleur. Ainfi lors qu'on eft en pleine fanté, & que le temps eft plus ferain que de couftume, on fent en foy une gayeté qui ne vient d'aucune fonétion de l'entende- ment, mais feulement des impreflions que le mouve- 20 25 25 30 127-129 SECONDE PARTIE. 309 ment des efprits fait dans le cerveau. Et on fe fent trifte en mefme façon, lors que le corps eft indifpofé, encore qu'on ne fçache point qu'il le foit. Ainfi le cha- toüillement des fens eft fuivy de fi pres par la loye, & la douleur par la Triftefle, que la pluspart des hommes ne les diflinguent point. Toutefois ils diffe- rent fi fort, qu'on peut quelquefois fouffrir des dou- leurs avec loye, & recevoir des chatoüillemens qui déplaifent. Mais la caufe qui fait que, pour l'ordi- naire, la loye fuit du chatoüillement, eft que tout ce qu'on nomme chatoüillement ou fentiment agreable, confifte en ce que les objets des fens excitent quelque mouvement dans les nerfs, qui feroit capable de leur nuire s'ils n'avoient pas affez de force pour luy refifter, ou que le corps ne fuft pas bien difpofé. Ce qui fait une impreflion dans le cerveau, laquelle eftant infti- tuée de la Nature pour témoigner cette bonne difpo- fition & cette force, la reprefente à l'ame comme un bien qui luy apartient, entant qu'elle eft unie avec le corps, & ainfi excite en elle la Iloye. C'eft prefque la mefme raifon qui fait qu'on | prend naturellement plaifir à fe fentir émouvoir à toutes fortes de Paflions, mefme à la Triftefle & à la Haine, lors que ces paflions ne font caufées que par les avantures eftranges qu'on voit reprefenter fur un theatre, ou par d'autres pareils fujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune facon, femblent chatouüiller noftre ame eñ la touchant. Et la caufe qui fait que la douleur produit ordinairement la Trifteffe, eft que le fentiment qu on nomme douleur vient tousjours de quelque aétion fi violente qu'elle offenfe les nerfs : en forte qu'eftant 400 Des Passions. 129-131. inftitué de la nature pour fignifier à l'ame le dommage que reçoit le corps par cette action, & fa foibleffe en ce qu'il ne luy a pù refifter, il luy reprefente l'un & l'autre comme des maux qui luy font tousjours defa- greables, excepté lors qu'ils caufent quelques biens qu'elle eftime plus qu'eux. | ARTICLE XCV. Comment elles peuvent auf efire excitées par des biens & des maux que l'ame ne remarque point, encore qu'ils luy appartienent. Comme font le plaifir qu'on prend à Je hafarder, ou à fe fouvenir du mal palfé. Ainfi le plaifir que prenent fouvent les jeunes gens à entreprendre des chofes difficiles & à s’expofer à de grands perils, encore mefme qu'ils n'en efperent aucun profit ny aucune gloire, vient en eux de ce que la penfée qu ils ont que ce qu'ils entreprenent eft diffi- cile, fait une impreflion dans leur cerveau qui, eftant jointe avec celle qu'ils pourroient former, s'ils pen- foient que c'eft un bien de fe fentir aflez courageux, aflez heureux, affez adroit, ou aflez fort, pour ofer fe hafarder à tel point, eft caufe qu'ils y prenent plaifir. | Et le contentement qu'ont les vieillards, lors qu'ils fe fouvienent des maux qu'ils ont foufferts, vient de ce qu'ils fe reprefentent que c'eft un bien, d'avoir pû nonobftant cela fubfifter. | 20 25 131-132. SECONDE PARTIE. 401 ARTICLE XCVI. Quels font les mouvemens du fang & des efprits qui caufent les cinq pafñons precedentes*. Les cinq pañlions que j'ay icy commencé a expliquer, font tellement jointes ou oppofées les unes aux autres, qu'il eft plus ayfé de les confiderer toutes enfemble, que de traiter feparement de chacune, ainfi qu'il a efté traité de l’Admiration. Et leur caufe n'eft pas, comme la fiene, dans le cerveau feul, mais auffi dans le cœur, dans la rate, dans le foye, & dans toutes les autres parties. du corps, entant qu'elles fervent à la pro- dulétion du fang, & en fuite des efprits. Car, encore que toutes les venes conduifent le fang qu'elles con- tienent vers le cœur, il arrive neantmoins quelquefois que celuy de quelques unes y eft pouffé avec plus de force que celuy des autres; & il arrive aufli que les ouvertures par où il entre dans le cœur, ou bien celles par où il en fort, font plus élargies ou plus referrées une fois que l’autre. ARTICLE XCVII. Les principales experiences qui fervent à connotfire ces mouvemens en l'Amour. Or, en confiderant les diverfes alterations que l'experience fait voir dans noftre corps, pendant que a. Voir t. IV, p. 404, l. 17-23, et p. 407-408 : lettre de la princesse Elisabeth, 25 avril 1646, et réponse de Descartes, mai 1646. Œuvres. VI. St ON le 1o2te Des Passions. 132-134. noftre ame eft agitée de diverfes paflions, je remarque en l'Amour, quand elle ef feule, c'eft à dire, quand elle n'eft accompalgnée d'aucune forte loye, ou Defir, ou Triftefle, que le battement du poulx eft égal, & beaucoup plus grand & plus fort que de couftume ; qu'on fent une douce chaleur dans la poitrine, & que la digeftion des viandes fe fait fort promptement dans l'eftomac : en forte que cette pañlion eft utile pour la fanté®*. ARTICLE XCVIII. En la Haine. le remarque, au contraire, en la Haine, que le poulx eft inégal, & plus petit, & fouvent plus vifte; qu'on fent des froideurs entremelées de je ne fçay quelle chaleur afpre & picquante dans la poitrine; que l’efto- mac cefle de faire fon office, & eft enclin à vomir & rejeter les viandes qu'on a mangées, ou du moins à les corrompre & convertir en mauvaifes humeurs. ‘ [ARTICLE XCIX. En la loye. En la loye, que le poulx eft égal & plus vifte qu'à l'ordinaire, mais qu'il n'eft pas fi fort ou fi grand qu'en l'Amour; & qu'on fent une chaleur agreable, qui n'eft pas feulement en la poitrine, mais qui fe repand aufli en toutes les parties exterieures du corps, : a. Tome IV, p. 404, 1. 23-27, et p. 408-400. 134136 0 2 SECONDE PARTIE. 403 avec le fang qu'on voit y venir en abondance ; & que cependant on perd quelquefois l'appetit, à caufe que la digeftion fe fait moins < bien — que de couftume. ARTICLE C. En la Trifleffe. En la Triftefle, que le poulx eft foible & lent, & qu'on fent comme des liens autour du cœur, qui le ferrent, & des glaçons qui | le gelent, & communi- quent leur froideur au refte du corps ; & que cepen- dant on ne laifle pas d’avoir quelquefois bon appetit, & de fentir que l’eflomac ne manque point à faire fon devoir, pourvû qu'il n'y ait point de Haine meflée avec la Triftefle. ARTICLE CI. Au Defir. En fin je remarque cela de particulier dans le Defir, qu'il agite le cœur plus violemment qu'aucune des autres Paflions, & fournit au cerveau plus d’efprits; lefquels, paffans de là dans les mufcles, rendent tous les fens plus aigus, & toutes les parties du corps plus mobiles. IARTICLE CII. Le mouvement du fang & des efprits en l'Amour. Ces obfervations, & plufieurs autres qui feroient trop longues à efcrire, m'ont donné fujet de juger id Re | à 404 Des PAssrons. 136-138. que, lors que l’entendement fe reprefente quelque objet d'Amour, l'impreflion que cette penfée fait dans le cerveau, conduit les efprits animaux, par les nerfs de la fixiefme paire, vers les mufcles qui font autour des inteftins & de l’eftomac, en la façon qui eft requife pour faire que le fuc des viandes, qui fe convertit en nouveau fang, pañle promptement vers le cœur, fans s'arrefter dans le foye, & qu'y eftant pouffé avec plus de force que celuy qui eft dans les autres parties du corps, il y entre en plus grande abondance, & y excite une chaleur plus forlte, à caufe qu'il eft plus groffier, que celuy qui a deja efté rarefié plufieurs fois en paf- fant & repaflant par le cœur. Ce qui fait qu'il envoye aufii des efprits vers le cerveau, dont les parties font plus groffes & plus agitées qu'à l'ordinaire; & ces efprits, fortifiant l'impreflion que la premiere penfée de l'objet aymable y a faite, obligent l'ame à s'arrefter fur cette penfée. Et c'eft en cela que confifte la paf- fion d'Amour. ARTICLE CII. En la Haine. Au contraire, en la Haine, la premiere penfée de l'objet qui donne de l'averfion, conduit tellement les efprits qui font dans le cerveau vers les mufcles de l'eftomac & des inteflins, qu'ils empefchent que le fuc des viandes ne fe mefle avec le fang, en referrant [toutes les ouvertures par où 1l a couftume d'y couler; & elle les conduit aufli tellement vers les petits nerfs Lea 20 25 20 25 138-139. SECONDE PARTIE. 40$ de la rate & de la partie inferieure du foye, où ef le receptacle de la bile, que les parties du fang qui ont couftume d'eftre rejetées vers ces endroits là, en for- tent & coulent, avec celuy qui eft dans les rameaux de la vene cave, vers le cœur. Ce qui caufe beaucoup d'inégalitez en fa chaleur : d'autant que le fang qui vient de la rate ne s'échaufle & fe rarefie qu’à peine, & qu'au contraire, celuy qui vient de la partie infe- rieure du foye, où eft tousjours le fiel, s'embrafe & fe dilate fort promptement. En fuite de quoy les efprits qui vont au cerveau, ont aufli des parties fort inégales, & des mouvemens fort extraordinaires. D'où vient qu'ils y fortifient les idées de Haine qui s'y trouvent deja imprimées, & difpofent l'ame | à des penfées qui font pleines d’aigreur & d'amertume. ARTICLE CIV. En la loye. En la loye, ce ne font pas tant les nerfs de la rate, du foye, de l'eftomac, ou des inteftins, qui agiffent, que ceux qui font en tout le refte du corps ; & parti- culierement celuy qui eft autour des orifices du cœur, lequel ouvrant & élargiflant ces orifices, donne moyen au fang, que les autres nerfs chaffent des venes vers le cœur, d'y entrer & d’en fortir en plus grande quan- tité que de couftume. Et pource que le fang qui entre alors dans le cœur, y a deja pañlé & repañlé plufieurs fois, eftant venu des arteres dans les venes, il fe dilate fort ayfement, & produit des efprits dont les parties * 406 Des Passions. 139-141. eftant fort égales & fubtiles, elles font propres à former & fortifier les impreflions du cerveau qui don- nent à l'ame des penfées gayes & tranquilles. ARTICLE CV. En la Trifleffe. Au contraire, en la Trifteffe, les ouvertures du cœur font fort retrecies par le petit nerf qui les environne, & le fang des venes n'eft aucunement agité : ce qui fait qu'il en va fort peu vers le cœur. Et cependant les paflages par où le fuc des viandes coule de l’eftomac & des inteftins vers le foye, demeurent ouverts : ce qui fait que l’appetit ne diminuë point, excepté lors que la Haine, laquelle eft fouvent jointe à la triftefle, les fermer [ARTICLE CVI. Au Defir. En fin la pañlion du Defir a cela de propre, que la volonté qu'on a d'obtenir quelque bien, ou de fuir quelque mal, envoye promptement les efprits du cer- veau vers toutes les parties du corps qui peuvent fer- vir aux actions requifes pour cet effect; & particulie- rement vers le cœur, & les parties qui luy fourniffent le plus de fang, affin qu'en recevant plus grande abon- dance que de couftume, il envoye plus grande quan- a. Tome IV, p. 405, 1. 2-4, et p. 400, 1. 6-10. 20 myi-r43. SECONDE PARTIE. 407 tité d'efprits vers le cerveau, tant pour y entretenir & fortifier l'idée de cette volonté, que pour pañfer de là dans tous les organes des fens & tous les mufcles qui peuvent eftre employez pour obtenir ce qu'on defire. |ARTICLE CVIL. Quelle efl la caufe de ces mouvemens en l'Amour. Et je deduis les raifons de tout cecy, de ce qui a efté dit cy deflus, qu'il y a telle liaifon entre noftre ame & noftre corps, que lors que nous avons une fois joint quelque aétion corporelle avec quelque penfée, l'une des deux ne fe prefente point à nous par apres, que l’autre ne s’y prefente aufli*. Comme on voit en ceux qui ont pris avec grande averfion quelque breu- vage eflans malades, qu'ils ne peuvent rien boire ou manger par apres, qui en approche du gouft, fans avoir derechef la mefme averfion. Et pareillement, qu'ils ne peuvent penfer à l'averfion qu'on a des mede- cines, que le mefme gouft ne leur reviene en la penfée. Car 1l me femble que les premieres | pañions que noftre ame a euës, lors qu'elle a commencé d'eftre jointe à noftre corps, ont deu eftre, que quelquefois le fang, ou autre fuc qui entroit dans le cœur, eftoit un aliment plus convenable que l'ordinaire, pour y entre- tenir la chaleur, qui ef le principe de la vie : ce qui eftoit caufe que l'ame joignoit à foy de volonté cet aliment, c'eft à dire, l'aymoit; & en mefme temps les a. Voir t. IV, p. 408, L. 1-10. 408 Des PassIons. 143-145. efprits couloient du cerveau vers les mufeles qui pou- voient prefler ou agiter les parties d'où il eftoit venu vers le cœur, pour faire qu'elles luy en envoyaflent d'avantage ; & ces parties étoient l'eflomac & les inte- flins, dont l'agitation augmente l’appetit, ou bien aufli le foye & le poulmon, que les mufcles du diaphragme peuvent prefler. C'eft pourquoy ce mefme mouvement des efprits a tousjours accompagné depuis la pañlion d'Amour. IARTICLE CVIII. En la Haine. Quelquefois, au contraire, il venoit quelque fuc eftranger vers le cœur, qui n'eftoit pas propre à entre- tenir la chaleur, ou mefme qui la pouvoit efteindre : ce qui eftoit caufe que les efprits, qui montoient du cœur au cerveau, excitoient en l'ame la pañlion de la Haine. Et en mefme temps aufli ces efprits alloient du cerveau vers les nerfs, qui pouvoient pouñler du fang de la rate & des petites venes du foye vers le cœur, pour empefcher ce fuc nuifible d'y entrer ; & de plus vers ceux qui pouvoient repoufler ce mefme fue vers les inteftins & vers l'eflomac, ou auffi quelquefois obliger l'eftomac à le vomir. D'où vient que ces mefmes mouvemens ont couftume d'accompalgner la pañlion de la Haine. Et on peut voir à l'œil, qu'il y a dans le foye quantité de venes, ou conduits, affez larges, par où le fuc des viandes peut pañer de la veine porte en la veine cave, & de là au cœur, fans s'arrefter aucunement au foye; mais qu'il y en a aufii 10 15 20 29 145-146. SECONDE PARTIE. 409 une infinité d’autres plus petites, où 1l peut s'arrefter, & qui contienent tousjours du fang de referve, ainfi que fait aufli la rate*; lequel fang eftant plus groflier que celuy qui eft dans les autres parties du corps, peut mieux fervir d'aliment au feu qui eft dans le cœur, quand l'eftomac & les inteflins manquent de luy en fournir. ARTICLE CIX. En la loye. Il eft aufli quelquefois arrivé, au commencement de noftre vie, que le fang contenu dans les veines | efloit un aliment affez convenable pour entretenir la cha- leur du cœur, & qu’elles en contenoient en telle quan- tité, qu'il n'avoit point befoin de tirer aucune nourri- ture d'ailleurs. Ce qui a excité en l'ame la pafñlion de la loye, & a fait en mefme temps que les orifices du cœur fe font plus ouverts que de couftume, & que les efprits, coulans abondamment du cerveau, non feu- lement dans les nerfs qui fervent à ouvrir ces orifices, mais aufli generalement en tous les autres qui pouf- fent le fang des veines vers le cœur, empefchent qu'il _n'yen viene de nouveau du foye, de la rate, des inte- fins & de l’eftomac. C’eft pourquoy ces mefmes mou- vemens accompagnent la loye. a. Voir t. IV, p. 407, I. 23, à p. 408, I. 1. Œuvres. VI, 52 AIO Des Passions. 147-148. ]ARTICLE CX. En la Triflef}e. Quelquelois, au contraire, il eft arrivé que le corps a eu faute de nourriture, & c’eft ce qui doit avoir fait fentir à l'ame fa premiere Triftefle, au moins celle qui n'a point efté jointe à la Haine. Cela mefme a fait auf que les orifices du cœur fe font eftrecis, à caufe qu'ils ne reçoivent que peu de fang ; & qu'une affez notable partie de ce fang eft venuë de la rate, à caufe qu'elle eft comme le dernier refervoir qui fert à en fournir au cœur, lors qu'il ne luy en vient pas affez d'ailleurs. C'eft pourquoy les mouvemens des efprits & des nerfs, qui fervent à eftrecir ainfi les orifices du cœur, & à y conduire du fang de la rate, accompagnent tous- jours la Trifteffe*. | ARTICLE CXI. Au Defir. En fin tous les premiers Defirs que l'ame peut avoir eus, lors qu'elle eftoit nouvellement jointe au corps, ont efté, de recevoir les chofes qui luy eftoient conve- nables, & de repouffer celles qui luy eftoient nuifibles. Et ç'a efté pour ces mefmes effets, que les efprits ont commencé des lors à mouvoir tous les mufcles & tous a. Pour ces quatre passions, amour et joie, haine et tristesse, voir t. IV, p. 604-605. 10 20 148-150. SECONDE PARTIE. AIT les organes des fens, en toutes les façons qu'ils les peuvent mouvoir. Ce qui eft caufe que maintenant, lors que l'ame defire quelque chofe, tout le corps devient plus agile & plus difpofé à fe mouvoir, qu'il n'a couftume d'eftre fans cela. Et lors qu'il arrive d'ailleurs que le corps eft ainfi difpofé, cela rend les detirs de l'ame plus forts & plus ardens. | ARTICLE CXII. Quels font les fignes exterieurs de ces Paffions. Ce que j'ay mis icy, fait aflez entendre la caufe des differences du poulx, & de toutes les autres proprietez que j'ay cy deflus attribuées à ces pañlions, fans qu'il foit befoin que je m'arefte à les expliquer davantage. Mais pource que j'ay feulement remarqué en chacune ce qui s y peut obferver lors qu'elle ef feule, & qui fert à connoiftre les mouvemens du fang & des efprits qui les produifent, il me refte encore à traiter de plufieurs fignes exterieurs, qui ont couftume de les accom- pagner, & qui fe remarquent bien mieux lors qu'elles font meflées plufieurs enfemble, ainfi qu'elles ont couftume d'eftre, que lorfquelles font feparées. Les principaux de ces | fignes font les actions des yeux & du vifage, les changemens de couleur, les trem- blemens, la langeur, la pafmoifon, les ris, les larmes, les gemifflemens, & les foupirs. AI2 Des Passrons. 150-152. ARTICLE CXIIL. Des aélions des yeux & du vifage. Il n'y a aucune Paflion que quelque particuliere aétion des yeux ne declare : & cela eft fi manifefte en quelques unes, que mefme les valets les plus ftupides peuvent remarquer à l'œil de leur maiftre, s'il ef : fafché contre eux, ou s'il ne l'eft pas. Mais encore qu'on aperçoive ayfement ces actions des yeux, & qu'on fçache ce qu'elles fignifient, iln'eft pas ayfé pour cela de les defcrire, à caufe que chacune eft compofée de plufieurs changemens, qui arrivent au mouvement & en la figure de l'œil, lefquels font fi particuliers & fi peltits, que chacun d'eux ne peut eftre aperceu fepa- rement, bien que ce qui refulte de leur conjonction foit fort ayfé à remarquer. On peut dire quañ le mefme des attions du vifage, qui accompagnent auffi les paffions : car bien qu'elles foient plus grandes que celles des yeux, il eft toutefois malayfé de les diftin- guer ; & elles font fi peu differentes, quil y a des hommes qui font prefque la mefme mine, lors qu'ils pleurent, que les autres lors qu'ils rient. Il eft vray qu'il y en a quelques unes qui font aflez remarquables, comme font les rides du front en la colere, & certains mouvemens du nez & des levres en l'indignation, & en la moquerie; mais elles ne femblent pas tant eftre naturelles que volontaires. Et generalement toutes les aétions, tant du vifage que des yeux, peuvent eftre changées par l'ame, lors que, voulant cacher | fa 20 "25 152-153. SECONDE PARTIE. 413 pañlion, elle en imagine fortement une contraire : en forte qu'on s'en peut aufli bien fervir à diflimuler fes pañlions, qu'à les declarer. ARTICLE CXIV. Des changemens de couleur. On ne peut pas fi facilement s'empefcher de rougir ou de palir, lors que quelque pañion y difpofe : pour- ce que ces changemens ne dependent pas des nerfs & des mufcles, ainfi que les precedens; & qu'ils vienent plus immediatement du cœur, lequel on peut nommer la fource des pañlions, entant qu'il prepare le fang & les efprits à les produire. Or il eft certain que la cou- leur du vifage ne vient que du fang, lequel, coulant continuellement du cœur par les arteres en toutes les veines, & de toutes les veines dans le cœur, collore plus ou moins le vifage, felon qu'il remplit plus ou moins les petites veines qui font vers fa fuperficie. ARTICLE CXV. Comment la loye fait rougir. Ainfi la loye rend la couleur plus vive & plus ver- meille, pource qu’en ouvrant les efclufes du cœur, elle fait que le fang coule plus vifte en toutes les veines ; & que, devenant plus chaud & plus fubtil, il enfle mediocrement toutes les parties du vifage : ce qui en rend l'air plus riant & plus gay. AI4 Des Passions. 153-155. ARTICLE CXVI. Comment la Trifleffe fait palir. La Trifteffe, au contraire, en étreciffant les orifices du cœur, fait que le fang coule plus lentement dans les veines, & que, devenant plus froid & plus efpais, il a befoin d'y occuper moins de place : en forte que, fe retirant dans les plus larges, qui font les plus proches du cœur, il quitte les plus éloignées; dont les plus apparentes eftant celles du vifage, cela le fait paroiftre pale & décharné, principalement lors que la Trifteffe eft grande, ou qu'elle furvient promptement : comme on voit en l'Efpouvante, dont la furprife aug- mente l'aétion qui ferre lecœur. ARTICLE CXVIL. Comment on rougit fouvant eflant trifle. Mais il arrive fouvant qu'on ne palit point eftant trifte, & qu'au contraire on devient rouge. Ce qui doit eftre attribué aux autres pañlions qui fe ioignent à la Triftefle, à fçavoir, à l'Amour, ou | au Defir, & quel- quefois aufli à la Haine. Car ces pañlions, efchauffant ou agitant le fang qui vient du foye, des inteftins & des autres parties interieures, le pouflent vers le cœur & de là par la grande artere vers les veines du vifage; fans que la Triftefle, qui ferre de part & d'autre les orifices du cœur, le puiffle empefcher, excepté lors qu'elle eft fort exceffive. Mais, encore SECONDE PARTIE. AT qu'elle ne foit que mediocre, elle empefche ayfement que le fang ainfi venu dans les venes du vifage ne defcende vers le cœur, pendant que l'Amour, le Defir, ou la Haine y en pouffent d'autre des parties interieures. C'eft pourquoy, ce fang eftant arrefté autour de la face, il la rend rouge; & mefme plus rouge que pendant la loye, à caufe que la couleur du fang paroift d'autant mieux qu'il coule moins vifte, & aufli à caufe qu'il s'en peut ainfi affembler davantage dans les veines de la face, que lors que les orifices du cœur font plus ouverts. Cecy paroïft principalement en la Honte, laquelle eft compofée de l'Amour de foy- mefme & d'un Defir preffant d'éviter l'infamie prefente: ce qui fait venir le fang des parties interieures vers le cœur, puis de là par les arteres vers la face; & avec cela, d'une mediocre Trifteffe, qui empefche ce fang de retourner vers le cœur. Le mefme paroift aufli ordi- nairement, lors qu'on pleure : car, comme je diray cy apres, c'eft l'Amour jointe à la Triftefle, qui caufe la plus part des larmes. Et le mefme paroift en la Colere, où fouvant un prompt Defir de vengeance eft meflé avec l'Amour, la Haine, & la Triftefle. |ARTICLE CXVIII. Des Tremblemens. Les tremblemens ont deux diverfes caufes : l'une eft qu'il vient quelquefois trop peu d'efprits du cerveau dans les nerfs, & l’autre qu'il y en vient quelquefois trop, pour pouvoir fermer bien juftement les petits \ 416 Des Passions. 157-150. paffages des mufcles, qui, fuivant ce qui a efté dit en l'article x1, doivent eftre fermez pour determiner les mouvemens des membres. La premiere caufe paroift en la Triftefle & en la Peur, comme aufli lors quon tremble de froid; car ces Pafñlions peuvent, aufli bien que la froideur de l'air, tellement épaiffir le fang, qu'il ne fournit pas aflez d'efprits au cerveau, pour en envoyer dans les nerfs. L'autre caufe paroiïft fouvant en ceux qui defirent ardemment quelque chofe, & en ceux | qui font fort emeus de colere, comme aufli en ceux qui font yvres : car ces deux pañlions, aufli bien que le vin, font aller quelquefois tant d'efprits dans le cerveau, qu'ils ne peuvent pas eftre reglément conduits de là dans les mufcles. ARTICLE CXIX. De la Langeur *. La Langeur eft une difpofition à fe relafcher & eftre fans mouvement, qui eft fentie en tous les membres. Elle vient, ainfi que le tremblement, de ce qu'il ne va pas aflez d'efprits dans les nerfs, mais d'une façon differente : car la caufe du tremblement eft qu'il n'y en a pas aflez dans le cerveau, pour obeïr aux deter- minations de la glande, lors qu'elle les poufle vers quelque mufcle, au lieu que la langueur vient de ce que la glan]de ne les determine point à aller vers aucuns mufcles, pluftoft que vers d’autres. a. Sic. — Voir t. IV, p, 411, 1. 22-24, et p. 414-415. F4 SECONDE PARTIE. 417 ARTICLE CXX. Comment elle efl caufée par l'Amour & par le Défir. Et la Paflion qui caufe le plus ordinairement cet effect eft l'Amour, jointe au Defir d'une chofe dont l'acquifition n’eft pas imaginée comme poflible pour le temps prefent. Car l'Amour occupe tellement l'ame à confiderer l'objet aymé, qu'elle employe tous les efprits qui font dans le cerveau à luy en reprefenter l'image, & arrefte tous les mouvemens de la glande, qui ne fervent point à cet effect. Et il faut remarquer, touchant le Defir, que la proprieté que je luy ay attri- buée de rendre le corps plus mobile, ne luy convient que lors qu'on imagine | l'objet defiré eftre tel, qu'on peut des ce temps là faire quelque chofe qui ferve à l'acquerir. Car fi, au contraire, on imagine qu'il eft impoffible pour lors de rien faire qui y foit utile, toute l'agitation du Defir demeure dans le cerveau, fans pafler aucunement dans les nerfs; & eftant entie- rement employée à y fortifier l'idée de l’objet defiré, elle laiffe le refte du corps languiffant. ARTICLE CXXI. Qu'elle peut auffi eflre caufée par d'autres Paffons. Il eft vray que la Haine, la Triftefle, & mefme la loye, peuvent caufer aufli quelque langueur, lors qu'elles font fort violentes, à caufe qu'elles occupent entierement l'ame à confiderer leur objet, principa- Œuvres. VI, 53 418 Des Passions. 160-162. ‘lement lors que le Defir d'une chofe à l'acquifition de la| quelle on ne peut rien contribuer au temps prefent, eft joint avec elle. Mais pource qu'on s'arrefte bien plus à confiderer les objets qu'on. joint à foy de volonté, que ceux qu'on en fepare, & qu'aucuns autres ; & que la langueur ne depend point d'une fur- prife, mais a befoin de quelque temps pour eftre formée, elle fe rencontre bien plus en l'Amour qu'en toutes les autres pañlions. ARTICLE CXXII. De la Pafmoifon. EN La Pafmoifon n'ef pas fort éloignée de la mort. Car on meurt lors que le feu qui eft dans le cœur s’efteint tout à fait; & on tombe feulement en pafmoifon, lors qu'il eft étouffé en telle forte qu'il demeure encore quelques reftes de chaleur, qui peuvent par apres le rallumer. Or il y a plulfieurs indifpofitions du corps, qui peuvent faire qu'on tombe ainfi en defaillance ; mais entre les paflions il n'y a que l'extreme loye, qu'on remarque en avoir le pouvoir. Et la façon dont je croy qu'elle caufe cet effe@, eft qu'ouvrant extra- ordinairement les orifices du cœur, le fang des venes y entre fi à coup & en fi grande quantité, qu'il n'y peut eftre rarefié par la chaleur affez promptement, pour lever les petites peaux qui ferment les entrées de ces venes : au moyen de quoy il étouffe le feu, lequel il a couftume d'entretenir, lors ue il n'entre ns lécœtre que par mefure. 10 15 20 25 SECONDE PARTIE. 419 ARTICLE CXXIII. Pourquoy on ne pafme point de Trifleffe. 11 femble qu'une grande Triftefle, qui furvient ino- pinement, doit | tellement ferrer les orifices du cœur, qu'elle en peut aufli efteindre le feu ; mais neantmoins on n'obferve point que cela arrive, ou s'il arrive, c'eft tres-rarement : dont je eroy que la raifon eft, qu'il ne peut gueres y avoir fi peu de fang dans le cœur, qu'il ne fuffife pour entretenir la chaleur, lors que fes ori- fices font prefque fermez. : ARTICLE CXXIV. Du Ris:. Le Ris confifte en ce que le fang qui vient de la cavité droite du cœur par la vene arterieufe, enflant les poumons fubitement & à diverfes reprifes, fait que l'air qu'ils contienent, eft contraint d'en fortir avec impetuofité par le fifflet, où il forme une voix inarti- culée & efclatante ; & tant les poumons en s’enflant, que cet air en fortant, pouflent tous les mufcles du diaphragme, de la poitrine, & de la gorge : au moyen de quoy ils font mouvoir ceux du vifage qui ont quelque connexion avec eux. Et ce n'eft que cette action du vifage, avec cette voix inarticulée & efcla- tante, qu on nomme le Ris. a, Tome V, p. 450. 420 Des Passions. 164-165, ARTICLE CXXV. Pourquoy 1l n accompagne point les plus grandes loyes. Or encore qu'il femble que le Ris foit un des prin- cipaux fignes de la loye, elle ne peut toutefois le caufer que lors qu'elle eft feulement mediocre, & qu'il y a quelque admiration ou quelque haine meflée avec elle. Car on trouve par experience, que lors qu'on eft extraordinairement joyeux, jamais le fujet de cette joye ne fait qu'on efclate de rire; & mefme on ne _ peut pas fi ayfement y eftre invité par quelque autre |caufe, que lors qu'on eft trifte. Dont la raifon eft que, dans les grandes loyes, le poulmon eft tousjours fi plein de fang, qu'il ne peut eftre davantage enflé par reprifes. ARTICLE CXXVI. Quelles font fes principales cau/es. Et je ne puis remarquer que deux caufes, qui facent ainfi fubitement enfler le poumon. La premiere eft la furprife de l'Admiration, laquelle eftant jointe à la joye*, peut ouvrir fi promptement les orifices du cœur, qu'une grande abondance de fang, entrant tout à coup en fon cofté droit par la vene cave, s'y rarefie, & pañlant de là par la vene arterieufe, enfle le pou- mon. L'autre eft le meflange de quelque liqueur qui augmente la rarefaction du fang. Et je n'en trouve point de propre à cela, que la plus coulante partie de a. Tome IV, p. 405, 1. 5-11, et p. 409, I. 20, à p. 410, 1. 12. 20 25 165-167. SECONDE PARTIE. 421 celuy | qui vient de la rate, laquelle partie du fang eftant pouflée vers le cœur par quelque legere émo- tion de Haine, aydée par la furprife de l'Admiration, & s'y meflant avec le fang qui vient des autres endroits du corps, lequel la joye y fait entrer en abondance, peut faire que ce fang s'y dilate beaucoup plus qu'à l'ordinaire : en mefme façon qu'on voit quantité d'autres liqueurs s'enfler tout à coup eftant fur le feu, lors qu'on jette un peu de vinaigre dans le vaifleau où elles font ; car la plus coulante partie du fang qui vient de la rate, eft de nature femblable au vinaigre. L'experience auffi nous fait voir, qu'en toutes les ren- contres qui peuvent produire ce Ris efclatant, qui vient du poumon, 1l y a tousjours quelque petit fujet de Haine, ou du moins d'Admiration. Et ceux dont la rate n'eft pas bien faine, font fujets à | eftre non feule- ment plus triftes, mais auffi, par intervalles, plus gays & plus difpofez à rire que les autres, d'autant que la rate envoye deux fortes de fang vers le cœur, l’un fort épais & groflier, qui caufe la Trifteffe, l’autre fort fluide & fubtil, qui caufe la loye. Et fouvent, apres avoir beaucoup ri, on fe fent naturellement enclin à la Trifteffe, pource que la plus fluide partie du fang de la rate eftant efpuifée, l’autre plus groffiere la fuit vers le cœur. ARTICLE CXXVII. Quelle efl fa caufe en l’Indignation. Pour le Ris qui accompagne quelquefois l'Indigna- tion, il eft ordinairement artificiel & feint. Mais, lors * ù #4 422 DEs Passions.” 167-169. qu'il eft naturel, il femble venir de la Ioye qu'on a de ce qu'on voit ne pouvoir eftre offencé par le mal dont on eft indigné, | & avec cela, de ce qu'on fe trouve furpris par la nouveauté ou par la rencontre inopinée de ce mal : de façon que la loye, la Haine & l'Admi- ration y contribuent. Toutefois je veux croire quil peut aufi eftre produit, fans aucune loye, par le feul mouvement de l'Averfion, qui envoye du fang de la rate vers le cœur, où il eft rarefié & pouflé de là dans le poumon, lequel il enfle facilement, lors qu'il le ren- contre prefque vuide. Et generalement tout ce qui peut enfler fubitement le poumon en cette façon, caufe l'action exterieure du Ris, excepté lors que la Trifteffe la change en celle des gemiflemens & des cris qui accompagnent les larmes. A propos de quoy Vives® efcrit de foy-mefme, que lors qu'il avoit efté long temps fans manger, les premiers morceaux qu'il met- toit en fa bouche, l'obligeoient à rire : ce qui pouvoit venir de ce | que fon poumon, vuide de fang par faute de nourriture, eftoit promptement enflé par le premier fuc qui pafloit de fon eftomac vers le cœur, & que la feule imagination de manger y pouvoit conduire, avant mefme que celuy des viandes quil mangeoit y fuft parvenu. ARTICLE CXXVIII. De l’origine des Larmes. Comme le Ris n'eft jamais caufé par les plus grandes a. En marge de l'édition princeps : « I. L. Vives, 3. de Animä. cap. de » Rifu. » 20 25 169-171. SECONDE PARTIE. 423 loyes, ainfi les larmes ne vienent point d'une extréme Triftefle, mais feulement de celle qui eft mediocre & accompagnée ou fuivie de quelque fentiment d'Amour, ou aufli de loye. Et pour bien entendre leur origine, 5 1l faut remarquer que, bien qu'il forte continuelle- ment quantité de vapeurs de toutes les parties de noftre corps, il n'y en a toutefois aucune dont il en forte | tant que des yeux, à caufe de la grandeur des nerfs optiques & de la multitude des petites arteres 10 par où elles y vienent; & que, comme la fueur n'eft compofée que des vapeurs qui, fortant des autres par- tes, fe convertiffent en eau fur leur fuperficie, ainfi les larmes fe font des vapeurs qui fortent des yeux. ARTICLE CXXIX. 15 De la façon que les vapeurs fe changent en eau. Or comme jai efcrit dans les Meteores*, en expli- quant en quelle façon les vapeurs de l'air fe conver- tüiflent en pluye, que cela vient de ce qu'elles font moins agitées ou plus abondantes qu'à l'ordinaire : 20 ainfi je croy que, lors que celles qui fortent du corps font beaucoup moins agitées que de couftume, encore qu'elles ne | foient pas fi abondantes, elles ne laiffent pas de fe convertir en eau : ce qui caufe les fueurs froides qui vienent quelquefois de foibleffe, quand on 25 eft malade. Et je croy que, lors qu'elles font beau- coup plus abondantes, pourvü qu'elles ne foient pas avec cela plus agitées, elles fe convertiflent aufli en a, Voir t. VI, p. 239-247. EE 424 Des Passions. 171-173. eau : ce qui eft caufe de la fueur qui vient quand on fait quelque exercice. Mais alors les yeux ne fuent point, pource que, pendant les exercices du corps, la plus part des efprits allant dans les mufcles qui fer- vent à le mouvoir, il en va moins par le nerf optique vers les yeux. Et ce n'eft qu'une mefme matiere, qui compofe le fang, pendant qu'elle eft dans les venes ou dans les arteres ; & les efprits, lors qu'elle eft dans le cerveau, dans les nerfs, ou dans les mufcles ; & les vapeurs, lors qu'elle en fort en forme d'air; & enfin, la fueur ou | les larmes, lors qu'elle s’efpaiflit en eau fur la fuperficie du corps ou des yeux. ARTICLE CXXX. Comment ce qui fait de la douleur à l'œil l’excite à pleurer. Et je ne puis remarquer que deux caufes, qui facent que les vapeurs qui fortent des yeux fe changent en larmes. La premiere eft quand la figure des pores par où elles pañfent efl changée, par quelque accident que ce puiffe eftre : car cela retardant le mouvement de ces vapeurs, & changeant leur ordre, peut faire qu'elles fe convertiffent en eau. Ainfi il ne faut qu'un feftu qui tombe dans l'œil, pour en tirer quelques larmes : à caufe qu’en y excitant de la douleur, 1l change la dif- pofition de fes pores : en forte que, quelques uns devenant plus eftroits, les petites parlties des vapeurs y paffent moins vifle; & qu'au lieu qu'elles en for- toient auparavant efgalement diftantes les unes des 15 20 25 20 173-174. SECONDE PARTIE. 42$ autres, & ainfi demeuroient feparées, elles vienent à fe rencontrer, à caufe que l'ordre de ces pores eft troublé, au moyen de quoy elles fe joignent, & ainfi fe convertiffent en larmes. ARTICLE CXXXI. Comment on pleure de Trifleffe. L'autre caufe eft la Trifteffe, fuivie d'Amour, ou de loye, ou generalement de quelque caufe qui fait que le cœur poufle beaucoup de fang par les arteres. La Trifteffe y eft requife, à caufe que, refroidiffant tout le fang, elle étrecit les pores des yeux. Mais pource qu à mefure qu'elle les étrecit, elle diminué auffi la quantité des vapeurs, aufquelles ils doivent | donner pañlage, cela ne fuffit pas pour produire des larmes, fi la quantité de ces vapeurs n’eft à mefme temps aug- mentée par quelque autre caufe. Et il n'y a rien qui l'augmente davantage, que le fang qui eft envoyé vers le cœur en la paflion de l'Amour. Aufli voyons nous que ceux qui font triftes, ne jettent pas continuelle- ment des larmes, mais feulement par intervalles, lors qu'ils font quelque nouvelle reflexion fur les objets qu'ils affeétionent. f ARTICLE CXXXII. Des gemiffemens qui accompagnent les larmes. Et alors les poulmons font aufi quelquefois enflez tout à coup par l'abondance du fang qui entre dedans, Œuvres. VI. 54 420 Des Passions. 174-176. & qui en chaffe l'air qu'ils contenoient, lequel for- tant par le fifflet engendre les gemiflemens & | les cris, qui ont couftume d'accompagner les larmes. Et ces cris font ordinairement plus aigus, que ceux qui accompagnent le ris, bien qu'ils foient produits quafi en mefme façon : dont la raifon eft que les nerfs qui fervent à eflargir ou eftrecir les organes de la voix, pour la rendre plus groffe ou plus aiguë, eflans joins avec ceux qui ouvrent les orifices du cœur pendant la joye, & les étreciffent pendant la Triftefle, ils font que ces organes s’élargiflent ou s'étreciflent au mefme temps. ARTICLE CXXXIIL. Pourquoy les enfans € les vieillards pleurent ayfement. Les enfans & les vieillards font plus enclins à pleurer, que ceux du moyen aage, mais c'eft pour diverfes raifons. Les vieillards pleurent fouvent d’af- fetion & de joye : | car ces deux pañlions jointes enfemble, envoyent beaucoup de fang à leur cœur, & de là beaucoup de vapeurs à leurs yeux; & l’agitation de ces vapeurs eft tellement retardée par la froideur de leur naturel, qu'elles fe convertiffent ayfement en larmes, encore qu'aucune Triftefle n'ait precedé. Que fi quelques vieillards pleurent aufli fort ayfement de fafcherie, ce n’eft pas tant le temperament de leur corps, que celuy de leur efprit qui les y difpofe. Et cela n'arrive qu'à ceux qui font fi foibles, qu'ils fe laiflent entierement furmonter par de petits fujets de douleur, de crainte ou de pitié. Le mefme arrive aux 25 176-178. SECONDE PARTIE. 427 enfans, lefquels ne pleurent gueres de Ioye, mais bien plus de Triftefle, mefme quand elle n'eft point accom- pagnée d'Amour; car ils ont tousjours affez de fang pour produire beaucoup de vapeurs, le | mouvement defquelles eftant retardé par la Triftefle, elles fe con- vertiflent en larmes. ARTICLE CXXXIV. Pourquoy quelques enfans paliffent, au lieu de pleurer. Toutefois il y en a quelques uns qui paliffent, au lieu de pleurer, quand ils font fafchez; ce qui peut tefmoigner en eux un jugement, & un courage extra- ordinaire : à fçavoir, lors que cela vient de ce qu'ils confiderent la grandeur du mal, & fe preparent à une forte refiftance, en mefme façon que ceux qui font plus âgez. Mais c'eft plus ordinairement une marque de mauvais naturel : à fçavoir, lors que cela vient de ce qu'ils font enclins à la Haine, ou à la Peur; car ce font des pañlions qui diminuent la matiere des larmes. Et on voit, au contraire, que ceux qui | pleurent fort ayfement, font enclins à l'Amour & à la Pitié. ARTICLE CXXXV. Des Soupirs*. La caufe des Soupirs eft fort differente de celle des larmes, encore qu'ils prefuppofent comme elles la a. Tome IV, p. 405, 1. 12-14, et p. 410, L. 13, à p. 411, L. 4. site un dé finie En SE 428 Des Passions 178-180. Triftefle. Car au lieu qu'on ef incité à pleurer, quand les poumons font pleins de fang, on eft incité à fou- pirer, quand ils en font prefque vuides, & que quelque imagination d'efperance ou de joye ouvre l'orifice de l'artere veneufe que la Trifteffe avoit étrect : pource qu'alors le peu de fang qui refte dans les poumons, tombant tout à coup dans le cofté gauche du cœur par cette artere veneufe, & y eftant pouffé par le Defir de parvenir à cette loye, lequel agite en mefme temps tous les mufcles du diaphragme & de la poitrine, l'air * left pouffé promptement par la bouche dans les pou- mons, pour y remplir la place que laiffe ce fang. Et c’eft cela qu'on nomme foupirer. ARTICLE CXXXVI. D'où vienent les effets des Paffions qui font particuliers à certains hommes. Au refte, afin de fuppleer icy en peu de mots à tout ce qui pourroit y eftre adjoufté touchant les divers effets ou les diverfes caufes des Paflions, je me con- tenteray de repeter le principe fur lequel tout ce que j'enayefcrit eft appuyé*: à fçavoir, qu'il y atelle liaifon entre noftre ame & noftre corps, que lors que nous avons une fois joint quelque action corporelle avec quelque penfée, l’une des deux ne fe prefente point à nous par apres, que l’autre ne s'y | prefente auf, & que ce ne font pas tousjours les mefmes actions qu'on joint aux mefmes penfées. Car cela fufiit pour rendre a. Voir ci-avant, p. 368, ART. L. 20 25 20 25 180-18r. SECONDE PARTIE. 429 raifon de tout ce qu'un chacun peut remarquer de par- ticulier, en foy ou en d’autres, touchant cette matiere, qui n'a point efté icy expliqué. Et pour exemple, il eft ayfé de penfer que les eftranges .averfions de quelques uns, qui les empefchent de fouffrir l'odeur des rofes, ou la prefence d'un chat, ou chofes fem- blables, ne vienent que de ce qu'au commencement de leur vie ils ont eflé fort oflenfez par quelques pareils objets, ou bien qu'ils ont compati au fentiment de leur mere qui en a efté offenfée eftant groffe. Car il eft certain qu'il y a du rapport entre tous les mouve- mens de la mere, & ceux de l'enfant qui eft en fon ventre, en forte que ce qui eft contraire à l'un nuit à l'autre. Et l'odeur des | rofes peut avoir caufé un grand mal de tefte à un enfant, lors qu'il eftoit encore au berceau ; ou bien un chat le peut avoir fort efpou- vanté, fans que perfonne y ait pris garde, ny qu'il en ait eu apres aucune memoire; bien que l'idée de l'Averfion qu'il avoit alors pour ces rofes, ou pour ce chat, demeure imprimée en fon cerveau jufques à la fin de fa vie. ARTICLE CXXXVII. De l’ufage des cinq Paffions 1CY expliquées en tant qu'elles fe rapportent au corps. Apres avoir donné les definitions de l'Amour, de la Haine, du Defir, de la loye, de la Triftefle ; & traité de tous les mouvemens corporels qui les caufent ou les accompagnent, nous n'avons plus icy à confiderer 430 DEs PASsIoNs. 181-183. que leur ufage. Touchant quoy il eft à remarfquer que, felon l'inftitution de la Nature, elles fe rapportent toutes au corps, & ne font données à l'ame qu'entant qu'elle eft jointe avec luy : en forte que leur ufage naturel eft d'inciter l'ame à confentir & contribuer aux actions qui peuvent fervir à conferver le corps, ou à le rendre en quelque façon plus parfait. Et en ce fens, la Trifteffe & la loye font les deux premieres qui font employées. Car l'ame n'eft immediatement avertie des chofes qui nuifent au corps, que par le fentiment qu'elle a de la douleur, lequel produit en elle premierement la pañlion de la Trifteffe, puis en fuite la Haine de ce qui caufe cette douleur, & en troifiefme lieu le Defir de s’en delivrer. Comme auf l'ame n'eft immediatement avertie des chofes utiles au corps, que par quelque forte de chatoüillement, qui excitant en elle de la loye, fait enfuite|naïftre l'amour de ce qu'on croit en eftre la caufe, & en fin le defir d'acquerir ce qui peut faire qu'on continuë en cette loye, ou bien qu'on joüifle encore apres d'une fem- blable. Ce qui fait voir qu'elles font toutes cinq tres-utiles au regard du corps; & mefme, que la Trifteffe eft en quelque façon premiere & plus necef- faire que la loye, & la Haine que l'Amour : à caufe qu'il importe davantage de repoufler les chofes qui nuifent & peuvent deftruire, que d’acquerir celles qui adjouftent quelque perfection fans laquelle on peut fubfifter. 20 25 183-185. SECONDE PARTIE. 431 ARTICLE CXXXVII. De leurs defauts, & des moyens de les corriger. Mais encore que cet ufage des pañlions foit le plus naturel qu'elles puiffent avoir, & que tous | les ani- maux fans raifon ne conduifent leur vie que par des _mouvemens corporels, femblables à ceux qui ont couftume en nous de les fuivre, & aufquels elles inci- tent notre ame à confentir : il n'eft pas neantmoins tousjours bon, d'autant qu'il y a plufieurs chofes nui- fibles au corps, qui ne caufent au commencement aucune Triftefle, ou mefme qui donnent de la loye ; & d'autres qui luy font utiles, bien que d’abord elles foient incommodes. Et outre cela elles font paroiftre prefque tousjours, tant les biens que les maux qu'elles reprefentent, beaucoup plus grands & plus importans quils ne font; en forte qu'elles nous incitent à rechercher les uns & fuir les autres, avec plus d’ar- . deur & plus de foin qu'il n’eft convenable : comme nous voyons aufli que les beftes font fouvent trom- pées par des apas, & que pour éviter de petits maux, elles | fe precipitent en de plus grands. C'eft pour- quoy nous devons nous fervir de l'experience & de la raifon, pour diftinguer le bien d'avec le mal, & connoiftre leur jufte valeur, aflin de ne prendre pas l’un pour l’autre, & de ne.nous porter à rien avec ExCes: 432 Des Passions. 185-187. ARTICLE CXXXIX. De l'ufage des mefmes Paffions, entant qu'ellesappartienent à l'ame; Ë premierement de l'Amour. Ce qui fufliroit, fi nous n'avions en nous que le corps, ou qu'il fût noftre meilleure partie ; mais d’au- tant qu'il n'eft que la moindre, nous devons principa- lement confiderer les Paflions, entant qu'elles appar- tienent à l'ame, au regard de laquelle l'Amour & la Haine vienent de la connoiffance, & precedent la loye & la Trifteffe : excepté lors que ces deux dernieres tienent le lieu de la connoiffance, dont elles font des efpeces. Et lors que cette connoiffance eft vraye, c'eft à dire que les chofes qu’elle nous porte à aymer font veritablement bonnes, & celles qu'elle nous porte à haïr font veritablement mauvaifes, l Amour eft incom- parablement meilleure que la Haine; elle ne fçauroit eftre trop grande, & elle ne manque jamais de pro- duire la Ioye. le dis que cette Amour eft extremement bonne, pource que, joignant à nous de vrays biens, elle nous perfectionne d'autant. le dis aufli qu'elle ne fçauroit eflre trop grande; car tout ce que la plus exceflive peut faire, c'eft de nous joindre fi parfai- tement à ces biens, que l'Amour que nous avons par- ticulierement pour nous mefmes, n'y mette aucune diftinétion ; ce que je croy ne pouvoir jamais eftre | mauvais. Et elle eft neceffairement fuivie de la loye, à caufe qu'elle nous reprefente ce que nous aymons, comme un bien qui nous appartient. 25 …— petit et Len 187-188. SECONDE PARTIE. 433 ARTICLE CXL. De la Haine. La Haine, au contraire, ne fçauroit eftre fi petite qu'elle ne nuife; & elle n’eft jamais fans Trifteffe. le dis qu'elle ne fçauroit eftre trop petite, à caufe que nous ne fommes incitez à aucune aétion par la Haine du mal, que nous ne le puiflions eftre encore mieux par l'Amour du bien auquel il eft contraire : au moins lors que ce bien & ce mal font aflez connus. Car j'avouë que la Haine du mal qui n'eft manifefté que par la douleur, eft neceflaire au regard du corps; mais je ne parle icy que de celle qui vient d'une con- noiffance plus | claire, & je ne la rapporte qu'à l'ame. le dis aufli qu'elle n'eft jamais fans Triftefle, à caufe que, le mal n'eftant qu'une privation, il ne peut eftre conceu fans quelque fujet reel dans lequel il foit; &il nya rien de reel qui n'ait en foy quelque bonté, de façon que la Haine qui nous éloigne de quelque mal, nous éloigne par mefme moyen du bien auquel il eft joint, & la privation de ce bien, eftant reprefentée à noftre ame comme un defaut qui luy appartient, excite en elle la Triftefle. Par exemple, la Haine qui nous éloigne des mauvaifes mœurs de quelqu'un, nous éloigne par mefme moyen de fa converfation, en laquelle nous pourrions fans cela trouver quelque bien, duquel nous fommes fafchez d’eftre privez. Et ainfi en toutes les autres Haines, on peut remarquer quelque fujet de Trifteffe. Œuvres. VI, 55 434 DEs Passions. 189-190. | ARTICLE CXLI. Du Defir, de la loye, & de la Trifleffe. Pour le Defir, 1l eft evident que, lors qu'il procede d'une vraye connoiffance, il ne peut eftre mauvais, pourvü qu'il ne foit point exceflif, & que cette con- noiffance le regle. Il eft evident aufli que la Ioye ne peut manquer d'eftre bonne, ny la Trifteffe d'eftre mauvaife, au regard de l’ame : pource que c’eft en la derniere que confifte toute l'incommodité que l'ame reçoit du mal, & en la premiere que confifte toute la joüiflance du bien qui luy appartient. De façon que fi nous n'avions point de corps, j'oferois dire que nous ne pourrions trop nous abandonner à l Amour & à la : Joye, ny trop eviter la Haine & la Trifteffe. Mais les mouvemens corporels qui les accom/pagnent, peuvent tous eftre nuifibles à la fanté, lors qu'ils font fort vio- lens; & au contraire luy eftre utiles, lors qu'ils ne font que moderez. ARTICLE CXLII. De la loye & de l'Amour, comparées avec la Trifleffe & la Haine. Au refte, puifque la Haine & la Triftefle doivent eftre rejetées par l'ame, lors mefme qu'elles procedent d'une vraye connoiffance, elles doivent l’eftre à plus forte raifon, lors qu’elles vienent de quelque fauffe opinion. Mais on peut douter fi l'Amour & la loye font 25 20 25 190-192. SECONDE PARTIE. 435 bonnes ou non, lors qu'elles font ainfi mal fondées; & 11 me femble que, fi on ne les confidere precifement que ce qu'elles font en elles mefmes, au regard de l'ame, on peut dire que, bien que la loye foit moins folide, & l'Amour | moins avantageufe, que lors qu'elles ont un meilleur fondement, elles ne laiffent pas d’eftre preferables à la Triftefle & à la Haine auñi mal fondées. En forte que dans les rencontres de la vie, où nous ne pouvons eviter le hafard d’eftre trompez, nous faifons tousjours beaucoup mieux de pancher vers les paflions qui tendent au bien, que vers celles qui regardent le mal, encore que ce ne foit que pour l'eviter. Et mefme fouvent une fauffe Iloye vaut mieux qu'une Trifteffe dont la caufe eft vraye. Mais je n'ofe pas dire le mefme de l'Amour, au regard de la Haine. Car lors que la Haine ef jufte, elle ne nous éloigne que du fujet qui contient le mal dont il eft bon d'eftre feparé; au lieu que l'Amour qui eft injufte, nous joint à des chofes qui peuvent nuire, ou du moins qui ne meritent pas d'eftre tant confiderées par nous | quelles font : ce qui nous avilit, & nous abaifle. ARTICLE CXLIII. Des mefmes Paffions, entant qu'elles Je rapportent au Defir. Et il faut exaétement remarquer, que ce que je vien de dire de ces quatre Pafñlions, n'a lieu que lors qu elles font confiderées precifement en elles mefmes, & quelles ne nous portent à aucune action. Car 430 Des Passions. 102-198 entant qu'elles excitent en nous le Defir, par l'entre- mife duquel elles reglent nos mœurs, il eft certain que toutes celles dont la caufe eft faufle, peuvent nuire, & qu'au contraire toutes celles dont la caufe eft jufte, peuvent fervir; & mefme que, lors quelles 5 font également mal fondées, la Ioye eft ordinaire- ment plus nuifible que la Triftefle, pource que celle cy donnant de la reltenuë & de la crainte, difpofe en quelque façon à la Prudence, au lieu que l’autre rend inconfiderez & temeraires ceux qui s'abandonnent à 10 elle. ARTICLE CXLIV. Des Defirs dont l’evenement ne depend que de nous. g Mais pource que ces Paflions ne nous peuvent porter à aucune action, que par l'entremife du Defir :5 qu'elles excitent, c'eft particulierement ce Defir que nous devons avoir foin de regler; & c'eft en cela que confifte la principale utilité de la Morale. Or comme j ay tantoft dit, qu'il eft tousjours bon, lors qu'il fuit une vraye connoiflance : ainfi il ne peut manquer 20 d'eftre mauvais, lors qu'il eft fondé fur quelque erreur. Et il me femble que l'erreur qu'on commet le plus ordinairement, touchant | les Defirs, eft qu'on ne diftingue pas affez les chofes qui dependent entiere- ment de nous, de celles qui n'en dependent point. 25 Car pour celles qui ne dependent que de nous, c’eft à dire de noftre libre arbitre, 1l fuffit de fçavoir qu’elles font bonnes, pour ne les pouvoir defirer avec trop 194-196. SECONDE PARTIE. 437 d'ardeur : à caufe que c’eft fuivre la vertu, que de faire les chofes bonnes qui dependent de nous, & il eft certain qu'on ne fçauroit avoir un Defir trop ardent pour la vertu. Outre que ce que nous defirons en cette façon ne pouvant manquer de nous reüflir, puis que c'eft de nous feuls qu'il depend, nous en recevons tousjours toute la fatisfaction que nous en avons attenduë. Mais la faute qu'on a couftume de com- mettre en cecy, n'eft jamais qu'on defire trop, c'eft feu- lement qu'on defire trop peu. Et le fouverain remede contre cela, eft de fe delivrer l’effprit, autant qu'il fe peut, de toutes fortes d’autres Defirs moins utiles, puis de tafcher de connoiftre bien clairement, & de confiderer avec attention, la bonté de ce qui eft à defirer. ARTICLE CXLV. De ceux qui ne dependent que des autres caufes ; 6 ce que c'eft que la Fortune. Pour les chofes qui ne dependent aucunement de nous, tant bonnes qu'elles puiffent eftre, on ne les doit jamais defirer avec pañlion* : non feulement à caufe qu'elles peuvent n'arriver pas, & par ce moyen nous affliger d'autant plus que nous les aurons plus fou- haitées ; mais principalement à caufe qu'en occupant noftre penfée, elles nous detournent de porter noftre affeétion à d'autres chofes, dont l’acquifition depend de | nous. Et 1l y a deux remedes generaux contre ces a. Tome IV, p. 405, L. 15-30, et p. 411, 1. 5-28. 438 DEs Passions. 196-197. vains Defirs : le premier eft la Generofité, de laquelle je parleray cy apres* ; le fecond eft que nous devons fouvent faire reflexion fur la Providence divine, & nous reprefenter quil eft impoffible, qu'aucune chofe arrive d'autre façon, qu'elle a efté determinée de toute eternité par cette Providence ; en forte quelle eft comme une Fatalité ou une Neceflité immuable, qu'il faut oppofer à la Fortune, pour la deftruire, comme une chimere qui ne vient que de l'erreur de noftre entendement. Car nous ne pouvons defirer que ce que nous eftimons en quelque façon eftre poflible, & nous ne pouvons eftimer poflibles les chofes qui ne depen- dent point de nous, qu'entant que nous penfons qu'elles dependent de la Fortune, c'eft à dire que nous jugeons qu'elles peuvent |arriver, & qu'il en eft arrivé autrefois de femblables. Or cette opinion n'eft fondée que fur ce que nous ne connoiffons pas toutes les caufes qui contribuent à chaque effet. Car lors qu'une chofe que nous avons eftimée dependre de la Fortune n'arrive pas, cela tefmoigne que quelqu'une des caufes qui eftoient neceffaires pour la produire a manqué, & par confequent qu'elle eftoit abfolument impoñfble, &qu'il n'en eft jamais arrivé de femblable, c’eft à dire à la production de laquelle une pareille caufe ait auffi manqué : en forte que, fi nous n'euflions point ignoré cela auparavant, nous ne l’euffions jamais eftimée pof- fible, ny par confequent ne l’euflions defirée. a, Troisième Partie, ART. CLIII et CLIV. 10 20 25 y 198-190. . SECONDE PARTIE. 439 ARTICLE CXLVI. De ceux qui dependent de nous & d'autruy. Il faut donc entierement rejetter l'opinion vulgaire, qu'il y a hors de nous une Fortune, qui fait que les chofes arrivent ou n'arrivent pas, felon fon plaifir; & fçavoir que tout eft conduit par la Providence divine, dont le decret eternel eft tellement infallible & immüable, qu'excepté les chofes que ce mefme decret a voulu dependre de noftre libre arbitre, nous devons penfer qu'à noftre égard il n'arrive rien qui ne foit neceflaire & comme fatal, en forte que nous ne pouvons fans erreur defirer qu'il arrive d'autre façon. Mais pource que la plus part de nos Defirs s’eftendent à des chofes qui ne dependent pas toutes de nous, ny toutes d'autruy, nous devons | exaétement diftin- guer en elles ce qui ne depend que de nous, afin de n’eftendre noftre Defir qu'à cela feul. Et pour le fur- plus, encore que nous en devions eftimer le fucces entierement fatal & immuable, afin que noftre Defir ne s'y occupe point, nous ne devons pas laiffer de confiderer les raifons qui le font plus ou moins efpe- rer, aflin qu'elles fervent à regler nos aétions. Car, par exemple, fi nous avons affaire en quelque lieu où nous puiflions aller par deux divers chemins, l'un defquels ait couftume d'eftre beaucoup plus feur que l’autre : bien que peut eftre le decret de la Providence foit tel, que fi nous allons par le chemin qu'on eftime le plus feur, nous ne manquerons pas d'y eftre volez, 440 Des Passions. 199-201. & qu'au contraire nous pourrons pafler par l’autre fans aucun danger : nous ne devons pas pour cela eftre indifferens à choifir l’un | ou l’autre, ny nous repofer fur la fatalité immuable de ce decret. Mais la raifon veut que nous choififlions le chemin qui a couftume d'eftre le plus feur, & noftre Defir doit eftre accompli touchant cela, lors que nous l'avons fuivi, quelque mal qui nous en foit arrivé : à caufe que, ce mal ayant efté à noftre egard inevitable, nous n'avons eu aucun fujet de fouhaiter d'en eftre exems, mais feulement de faire tout le mieux que noftre entendement a pû con- noiftre, ainfi que je fuppofe que nous avons fait. Et il eft certain que, lors qu'on s'exerce à diftinguer ainfi la Fatalité, de la Fortune, on s'accouflume ayfement à regler fes Defirs en telle forte que, d'autant que leur accompliflement ne depend que de nous, ils peuvent tousjours nous donner une entiere fatisfaétion. [ARTICLE CXLVII. Des Emotions interieures de l’ame. l'adjoufteray feulement encore icy une confidera- tion, qui me femble beaucoup fervir pour nous empef- cher de recevoir aucune incommodité des Pafons : c'eft que noftre bien & noftre mal depend principale- ment des emotions interieures, qui ne font excitées en l’ame que par l'ame mefme ; en quoy elles different de ces Paffions, qui dependent tousjours de quelque mouvement des efprits. Et bien que ces emotions de l'ame foient fouvent jointes avec les paflions qui leur 20 29 201-203. SECONDE PARTIE. AAT font femblables, elles peuvent fouvent aufli fe ren- contrer avec d'autres, & mefme naïftre de celles qui leur font contraires. Par exemple, lors qu'un mary pleure fa femme morte, laquelle (ainfi qu'il arrive quelquefois) 1l feroit fafché de voir refufcitée : il fe peut faire que fon cœur eft ferré par la Triftefle, que l'appareil des funerailles, & l’abfence d'une perfonne à la converfation de laquelle il eftoit accouftumé, excitent en luy; & il fe peut faire que quelques reftes d'amour ou de pitié, qui fe prefentent à fon imagination, tirent de veritables larmes de fes yeux, nonobftant qu'il fente cependant une Ioye fecrete dans le plus interieur de fon ame; l'emotion de laquelle a tant de pouvoir, que la Triftefle & les larmes qui l'ac- compagnent ne peuvent rien diminuër de fa force. Et lors que nous lifons des avantures eftranges dans un livre, ou que nous les voyons reprefenter fur un thea- tre, cela excite quelquefois en nous la Triftefle, quel- quefois la loye, ou l'Amour, ou la Haine, & generale- ment toutes les Paflions, felon la diverfité des objets qui | s'offrent à noftre imagination ; mais avec cela nous avons du plaifir, de les fentir exciter en nous, & ce plaifir eft une loye intellectuelle, qui peut auffi bien naiftre de la Triftefle, que de toutes les autres Pañlions. ARTICLE CXLVIII. Que l'exercice de la vertu efl un fouverain remede contre les Paffions. Or, d'autant que ces emotions interieures nous touchent de plus pres, & ont par confequent beau- Œuvres. VI. 56 Er Pr 57 ps 2 442 Des Passons. 203-204. coup plus de pouvoir fur nous que les Paffions dont elles different, qui fe rencontrent avec elles, il eft cer- tain que, pourvû que noftre ame ait tousjours de quoy fe contenter en fon interieur, tous les troubles qui vie- nent d’ailleurs n'ont aucun pouvoir de luy nuire ; mais plutoft ils fervent à augmenter fa joye, en ce que, voyant qu'elle ne peut eftre offenfée par eux, cela luy fait connoiftre fa perfection. Et affin que noftre ame ait ainfi de quoy eftre contente, elle n’a befoin que de fuivre exaétement la vertu. Car quiconque a vefeu en telle forte, que fa confcience ne luy peut reprocher qu'il ait jamais manqué à faire toutes les chofes qu'il a jugées eftre les meilleures (qui eft ce que je nomme icy fuivre la vertu), il en reçoit une fatisfaétion, qui eft fi puiffante pour le rendre heureux, que les plus violens eflors des Paflions n'ont jamais aflez de pou- voir pour troubler la tranquillité de fon ame. | _— DES PR SSIONS- DE°TAME: TROISIESME PARTIE. Des Paflions particulieres. ARTICLE CXLIX. De l'Eflime € du Mefpris. Apres avoir expliqué les fix Paffions primitives, qui font comme les genres dont toutes les autres font des efpeces, je remarqueray icy fuccinétement ce qu'ilya de particulier en chacune de ces autres, & je tiendray le mefme ordre fuivant lequel je les ay cy-deflus denombrées. Les deux premieres font l'Eftime & le Mefpris. Car bien que ces noms ne fignifient | ordi- . nairement que les opinions qu'on a, fans pañlion, de la _ valeur de chaque chofe : toutefois, à caufe que de ces opinions il naift fouvent des Pafñions, aufquelles on n’a point donné de noms particuliers, il me femble que ceux-cy leur peuvent eftre attribuez. Et l'Eftime, en- tant qu'elle eft une Paflion, ef une inclination qu'a ue bé “à 444 DEs Passions. 206-708. l'ame à fe reprefenter la valeur de la chofe eftimée, laquelle inclination eft caufée par un mouvement par- ticulier des efprits, tellement conduits dans le cerveau, qu'ils y fortifient les impreflions qui fervent à ce fujet. Comme, au contraire, la Pafñlion du Mefpris eft une inclination qu'a l'ame à confiderer la baffefle ou peti- tefle de ce qu'elle mefprife, caufée par le mouvement des efprits, qui fortifie Fidée de cette petiteffe. [ARTICLE CL. Que ces deux Paffions ne font que des efpeces d'Admiration. Ainfi ces deux Paflions ne font que des efpeces d'Admiration. Car lors que nous n'admirons point la grandeur ny la petiteffe d'un objet, nous n'en faifons ny plus ny moins d’eftat que la raifon nous diéte que nous en devons faire ; de façon que nous l’eftimons ou le mefprifons alors fans pañlion. Et bien que fouvent l'Eftime foit excitée en nous par l'Amour, & le Mefpris par la Haine, cela n'eft pas univerfel, & ne vient que de ce qu'on eft plus ou moins enclin à confiderer la grandeur ou la petiteffe d'un objet, à raifon de ce qu'on a plus ou moins d'affection pour luy. | ARTICLE CLI. u‘on peut s'eflimer ou mefpriler [oy mefme. A JP as Or ces deux Paffions fe peuvent generalement rap- porter à toutes fortes d'objets ; mais elles font princi- 20 25 20 25 - 208-210. TROISIESME PARTIE. 44$ palement remarquables, quand nous les rapportons à nous mefmes, c'eft à dire, quand c'eft noftre propre merite que nous eftimons ou mefprifons. Et le mouve- ment des efprits qui les caufe, eft alors fi manifefte, qu'il change mefme la mine, les geftes, la demarche, & generalement toutes les actions de ceux qui con- çoivent une meilleure ou plus mauvaife opinion d'eux mefmes qu’à l'ordinaire. J'ARTICLE CLII. Pour quelle caufe on peut s'eflimer. Et pource que l’une des principales parties de la fageffe eft de fçavoir en quelle façon & pour quelle caufe chacun fe doit eftimer ou mefprifer, je tafcheray icy d'en dire mon opinion. le ne remarque en nous qu'une feule chofe, qui nous puifle donner jufte raifon de nous eftimer, à fçavoir l'ufage de noftre libre arbitre, & l'empire que nous avons fur nos volontez. Car il n'y a que les feules aétions qui dependent de ce libre arbitre, pour lefquelles nous puiflions avec raifon eftre louëz ou blafmez; & il nous rend en quelque façon femblables à Dieu, en nous faifant maiftres de nous mefmes, pourvû que nous ne perdions point par lacheté les droits qu'il nous donne. | ARTICLE CLIIL. En quoy confifle la Generofité. Ainfi je croy que la vraye Generofité, qui fait qu'un homme s’eftime au plus haut point qu'il fe peut legi- 446 DEs Passions. 210-212. timement eftimer, confifte feulement, partie en ce qu'il connoift qu'il ny a rien qui veritablement luy appartiene que cette libre difpofition de fes volontez, ny pourquoy il doive eftre loüé ou blafmé, finon pour- ce qu'il en ufe bien ou mal; & partie en ce qu'il fent en foy mefme une ferme & conftante refolution d’en bien ufer, c'eft à dire de ne manquer jamais de volonté, pour entreprendre & executer toutes les chofes qu'il jugera eftre les meilleures. Ce qui eft fuivre parfaitement la vertu. | ARTICLE CLIV. Qu'elle empefche qu'on ne me/prife les autres. Ceux qui ont cette connoiflance & ce fentiment d'eux mefmes, fe perfuadent facilement que chacun des autres hommes les peut aufli avoir de foy, pource qu'il n'y a rien en cela qui depende d’autruy. C'eft pourquoy ils ne mefprifent jamais perfonne; & bien qu'ils voyent fouvent que les autres commettent des. fautes, qui font paroiftre leur foibleffe, ils font tou- tefois plus enclins à les excufer qu'à les blafmer, & à croire que c'eft pluftoft par manque de connoifflance, que par manque de bonne volonté, qu'ils les com- mettent. Et comme ils ne penfent point eftre de beau- coup inferieurs à ceux qui ont plus de biens, ou d'honneurs, ou mefme qui ont | plus d'efprit, plus de fçavoir, plus de beauté, ou generalement qui les fur- paffent en quelques autres perfeétions : auffi ne s'efti- ment ils point beaucoup au deflus de ceux qu'ils fur- 25 212-213. TROISIESME PARTIE. 447 paflent, à caufe que toutes ces chofes leur femblent eftre fort peu confiderables, à comparaifon de la bonne volonté pour laquelle feule ils s'eftiment, & laquelle ils fuppofent aufli eftre, ou du moins pouvoir 5 _eftre, en chacun des autres hommes. ARTICLE CLV. En quoy con/ifle l’'Humilité vertueufe. Ainfi les plus genereux ont couftume d'eftre les plus humbles ; & l'humilité vertueufe ne confifte qu'en 10 ce que la reflexion que nous faifons fur l'infirmité de noftre nature, & fur les fautes que nous pouvons autrefois avoir commifes, ou fommes capables de | commetre, qui ne font pas moindres que celles qui peuvent eftre commifes par d'autres, eft caufe que 15 nous ne nous preferons à perfonne, & que nous penfons que, les autres ayant leur libre arbitre auffi bien que nous, ils en peuvent aufli bien ufer. ARTICLE CLVI. Quelles font les proprietez de la Generofité ; Ë comment 20 elle fert de remede contre tous les dereglemens des Paffions. Ceux qui font Genereux en cette façon, font natu- rellement portez à faire de grandes chofes, & tou- tefois à ne rien entreprendre dont ils ne fe fentent 25 capables. Et pource qu'ils n'eftiment rien de plus grand 448 Des Passions. 213-215. que de faire du bien aux autres hommes, & de mef- prifer fon propre intereft pour ce fujet, ils font tous- jours parfaitement courtois, affables & offcieux envers un chacun. Et avec cela ils font entierement maiftres de leurs Paffions : particulierement des Delfirs, de la laloufie, & de l'Envie, à caufe qu'il n y a aucune chofe dont l'acquifition ne depende pas d'eux, qu'ils penfent valoir aflez pour meriter d’eftre beaucoup fouhaitée ; & de la Haine envers les hommes, à caufe qu'ils les eftiment tous; & de la Peur, à caufe que la confiance qu'ils ont en leur vertu, les affure ; & en fin de la Colere, à caufe que, n'eftimant que fort peu toutes les chofes qui dependent d’autruy, jamais ils ne donnent tant d'avantage à leurs ennemis, que de reconnoiftre qu'ils en font offencez. | ARTICLE CLVII. De l'Orgueil. Tous ceux qui conçoivent bonne opinion d'eux mefmes pour quelque autre caufe, telle qu'elle puiffe eftre, n'ont pas une vraye Generofité, mais feulement un Orgueil, qui eft tousjours fort vitieux, encore qu'il le foit d'autant plus, que la caufe pour laquelle on s'eftime eft plus injufte. Et la plus injufte de toutes ef, lors qu'on eft orgueilleux fans aucun fujet, c'eft à dire fans qu'on penfe pour cela qu'il y ait en foy aucun merite, pour lequel on doive eftre prifé; mais feu- lement pource qu'on ne fait point d'eftat du merite, & que, s'imaginant que la gloire n'eft autre chofe qu'une 20 23 20 29 215-217. TROISIESME PARTIE. 449 ufurpation, l'on croit que ceux qui s'en attribuent le plus, en ont le plus. Ce vice eft fi deraifonnable & fi abfurde, que | j'aurois de la peine à croire qu'il y eufl des hommes qui s’y laiffaffent aller, fi jamais perfonne n'eftoit loüé injuftement; mais la flatterie eft fi com- mune par tout, qu'il n'y a point d'homme fi defectueux, qu'il ne fe voye fouvent eftimer pour des chofes qui ne meritent aucune louange, ou mefme qui meritent du blafme ; ce qui donne occafion aux plus ignorans & aux plus ftupides, de tomber en cette efpece d'Orgueil. ARTICLE CLVIII. Que fes effets font contraires à ceux de la Generofité. Mais quelle que puifle eftre la caufe pour laquelle on s'eftime, fi elle eft autre que la volonté qu'on fent en foy mefme, d'ufer tousjours bien de fon libre arbitre, de laquelle j'ay dit que vient la Generofité, elle produit tousjours un | Orgueil tres blafmable, & qui eft fi different de cette vraye Generofité, qu'il a des effets entierement contraires. Car tous les autres biens, comme l'efprit, la beauté, les richefles, les honneurs, &c., ayant couftume d'eftre d'autant plus eftimez, qu'ils fe trouvent en moins de perfonnes, & mefme eftant pour la plus part de telle nature, qu'ils ne peuvent eftre communiquez à plufeurs : cela fait -que les orgueilleux tafchent d’abaifler tous les autres hommes, & qu'eftant efclaves de leurs Defirs, 1ls ont l'ame inceffamment agitée de Haine, d'Envie, de laloufie, ou de Colere. Œuvres. VI. 5 450 DEs Passions. 217-219. ARTICLE CLIX. De l'Humilité vitieufe. Pour la Bafleffe, ou Humilité vitieufe, elle confifte principalement, en ce qu'on fe fent foible ou | peu refolu, & que, comme fi on n'avoit pas l'ufage entier de fon libre arbitre, on ne fe peut empefcher de faire des chofes, dont on fçait qu'on fe repentira par apres; puis aufli, en ce qu'on croit ne pouvoir fubfifter par foy mefme, ny fe pafler de plufieurs chofes, dont l’ac- quifition depend d'autruy. Ainfi elle eft directement oppofée à la Generofité ; & 1l arrive fouvent que ceux qui ont l'efprit le plus bas, font les plus arrogans & fuperbes, en mefme façon que les plus genereux font les plus modeftes & les plus humbles. Mais au lieu que ceux qui ont l’efprit fort & genereux, ne changent point d'humeur pour les profperitez ou adverfitez qui leur arrivent, ceux qui l'ont foible & abjet, ne font conduits que par la fortune; & la profperité ne les enfle pas moins, que l’adverfité les rend humbles. Mefme on void fouvent qu'ils s’albaiflent honteufement, aupres de ceux dont ils attendent quelque profit ou craignent quelque mal; & qu'au mefme temps ils s'elevent infolemment, au deflus de ceux defquels ils n'efperent ny ne craignent aucune chofe. 219-221. TROISIESME PARTIE. AS ARTICLE CLX. Quel eft le mouvement des efprits en ces Paffions. Au refte, il eft ayfé à connoiftre que l’'Orgueil & la Baffefle ne font pas feulement des vices, mais aufli des Paflions, à caufe que leur emotion paroift fort à l'ex- terieur, en ceux qui font fubitement enflez ou abatus par quelque nouvelle occafion. Mais on peut douter fi la Generofité & l'Humilité, qui font des vertus, peuvent aufli eftre des Paflions, pource que leurs mou- vemens paroiflent moins, & qu'il femble que la vertu ne fymlbolife* pas tant avec la Pañlion, que fait le vice. Toutefois je ne voy point de raifon, qui empefche que le mefme mouvement des efprits, qui fert à fortifier une penfée, lors qu'elle a un fondement qui eft mauvais, ne la puifle auffi fortifier, lors qu'elle en a un qui eft jufte. Et pource que l'Orgueil & la Gene- rofité ne confiftent qu'en la bonne opinion qu'on a de foy mefme, & ne different qu'en ce que cette opinion eft injufte en l'un & jufle en l’autre, il me femble qu'on les peut rapporter à une mefme Pafñlion, laquelle ef excitée par un mouvement compolé de ceux de l'Ad- miration, de la loie, & de l'Amour, tant de celle qu'on a pour foy, que de celle qu'on a pour la chofe qui fait qu'on s’eftime. Comme, au contraire, le mouvement qui excite l'Humilité, foit vertueufe, foit vitieufe, ef compofé de ceux de l'Admiration, | de la Trifteffe, & de l'Amour quon a pour foy-mefme, meflée avec la a. Traduction latine : nec videtur ita virtuti cum Paffionibus convenire ac vitio, A2 DEs Passions. 221-223. Haine qu'on a pour les defauts qui font qu'on fe mef- prife. Et toute la difference que je remarque en ces mouvemens, eft que celuy de l'Admiration a deux pro- prietez : la premiere, que la furprife le rend fort des fon commencement ; & l’autre, qu'il eft egal en fa con- tinuation, c'eft à dire que les efprits continuent à fe mouvoir d'une mefme teneur dans le cerveau. Def- quelles proprietez la premiere fe rencontre bien plus en l'Orgueil & en la Baffeffe, qu'en la Generofité & en l'Humilité vertueufe; & au contraire, la derniere fe remarque mieux en celles cy qu'aux deux autres. Dont la raifon eft que le vice vient ordinairement de l'igno- rance, & que ce font ceux qui fe connoiffent le moins, qui font les plus fujets à s'enorgueillir & à s’humilier plus | qu'ils ne doivent ; à caufe que tout ce qui leur arrive de nouveau les furprend, & fait que, fe l’attri- buant à eux mefmes, ils s'admirent, & qu'ils s’efti- ment ou fe mefprifent, felon qu'ils jugent que ce qui leur arrive eft à leur avantage ou n'y eft pas. Mais pource que fouvent, apres une chofe qui les a enor- gueillis, il en furvient une autre qui les humilie, le mouvement de leur Paflion eft variable. Au contraire, il n'y a rien en la Generofité, qui ne foit compatible avec l'Humilité vertueufe, ny rien ailleurs qui les puifle changer: ce qui fait que leurs mouvemens font fermes, conftans, & tousjours fort femblables à eux mefmes. Mais ils ne vienent pas tant de furprife, pource que ceux qui s’eftiment en cette façon, con- noiflent aflez quelles font les caufes qui font qu'ils s'eftiment. Toutefois on peut dire que ces caufes font fi merveilleufes (à fçalvoir la puiflance d’ufer de fon 20 25 30 223-224. TROISIESME PARTIE. 453 libre arbitre, qui fait qu'on fe prife foy mefme, & les infirmitez du fujet en qui ef cette puiflance, qui font qu on ne s'eftime pas trop), qu'à toutes les fois qu'on fe les reprefente de nouveau, elles donnent tousjours une nouvelle Admiration. ARTICLE CLXI. Comment la Generofité peut eflre acquife. Et 1l faut remarquer que ce qu'on nomme commu- nement des vertus, font des habitudes en l'ame qui la difpofent à certaines penfées, en forte qu'elles font differentes de ces penfées, mais qu'elles les peuvent produire, & reciproquement eftre produites par elles. Il faut remarquer aufli que ces penfées peuvent eftre produites par l'ame feule, mais qu'il arrive fouvent que quelque mouvement des efprits les fortifie, & que pour lors elles font des aions de vertu, & enfemble des Pafñfions de l'ame. Ainfi encore qu'il n'y ait point de vertu, à laquelle il femble que la bonne naiffance contribuë tant, qu'à celle qui fait qu'on ne s’eftime que felon fa jufte valeur ; & qu'il foit ayfé à crovyre, que toutes les ames que Dieu met en nos corps, ne font pas egalement nobles & fortes {ce qui eft caufe que j ay nommé cette vertu Generofité, fuivant l'ufage de noftre langue, plutoft que Magnanimité, fuivant l'ufage de l'Efcole, où elle n’eft pas fort connuë) :il eft certain neantmoins que la bonne inftitution fert beaucoup, pour corriger les defauts de la naiflance; & que, fi on s'occupe fouvent à confiderer ce que c'eft * 454 DEs Passions. 224-226. que le libre arbitre, & combien font grands les avan- tages qui vienent de ce qu'on a une | ferme refolution d'en bien ufer, comme aufli, d'autre cofté, combien font vains & inutiles tous les foins qui travaillent les ambitieux : on peut exciter en foy la Paflion, & enfuite acquerir la vertu de Generofité, laquelle eftant comme la clef de toutes les autres vertus, & un remede general contre tous les dereglemens des Paffions, il me femble que cette confideration merite bien d’eftre remarquée. ARTICLE CLXII. De la Veneration. La Veneration ou le Refpect eft une inclination de l'ame, non feulement à eftimer l'object qu'elle revere, mais aufli à fe foumetre à luy avec quelque crainte, pour tafcher de fe le rendre favorable. De façon que nous n'avons de la Veneration que pour les caufes libres, que nous jugeons capables de nous faire du bien ou du mal, fans que nous fçachions lequel des deux elles feront. Car nous avons de l'Amour & de la Devotion, plutoft qu'une fimple Veneration, pour celles de qui nous n’attendons que du bien, & nous avons de la Haine pour celles de qui nous n'attendons que du mal ; & fi nous ne jugeons point que la caufe de ce bien ou de ce mal foit libre, nous ne nous fou- metons point à elle pour tafcher de l'avoir favorable Ainfi quand les Payens avoient de la Veneration pour des bois, des fontaines, ou des montagnes, ce n’eftoit 20 25 20 226-228. TROISIESME PARTIE. 45 pas proprement ces chofes mortes qu'ils reveroient, mais les Divinitez qu'ils penfoient y prefider. Et le mouvement des efprits qui excite cette Paffion, eft compofé de celuy qui excite l’'Admiration, & de celuy qui excite la Crainte, de laquelle je parleray cy- apres. IARTICLE CLXIII. Du Dedain. Tout de mefme, ce que je nomme le Dedain, ef l'in- clination qu'a l'ame à mefprifer une caufe libre; en jugeant que, bien que de fa nature elle foit capable de faire du bien & du mal, elle eft neantmoins fi fort au deffous de nous, qu'elle ne nous peut faire ny l'un ny l’autre. Et le mouvement des efprits qui l'excite, eft compofé de ceux qui excitent l'Admiration, & la Secu- rité, ou la Hardiefe. ARTICLE CLXIV. De l’ufage de ces deux Paffons. Et c'eft la Generofité, & la Foiblefle de l'efprit ou la Baflefle, qui determinent le bon & le mauvais ufage de ces deux Paffions. Car d'autant qu'on a l'ame plus [noble & plus genereufe, d'autant a t'on plus d'inclina- tion à rendre à chacun ce qui luy appartient; & ainfi on n'a pas feulement une tres-profonde Humilité au regard de Dieu, mais aufli on rend fans repugnance 456 Des Passions. 228-220. tout l'Honneur & le Refpeét qui eft deu aux hommes, à chacun felon le rang & l'autorité qu'il a dans le monde, & on ne mefprife rien que les vices. Au con- traire, ceux qui ont l'efprit bas & foible font fujets à pecher par exces, quelquefois en ce qu'ils reverent & craignent des chofes qui ne font dignes que de mefpris, & quelquefois en ce qu'ils dedaignent info- lemment celles qui meritent le plus d’eftre reverées. Et1ls pañlent fouvent fort promptement de l'extreme impieté à la fuperftition, puis de la fuperfition à l'im- pieté, en forte qu'il n'y a aucun vice ny aucun dere- glement d'efprit dont ils ne foient capables. |ARTICLE CLXV. De l'Efperance & de la Crainte. L'Efperance eft une difpofition de l'ame à fe per- fuader que ce qu'elle defire aviendra, laquelle eft caufée par un mouvement particulier des efprits, à fçavoir par celuy de la loye & du Defir meflez enfemble. Et la Crainte eft une autre difpofition de l'ame, qui luy perfuade qu'il n'aviendra pas. Et il eft à remarquer que, bien que ces deux Paflions foient contraires, on les peut neantmoins avoir toutes deux enfemble, à fçavoir lors qu'on fe reprefente en mefme temps diverfes raifons, dont les unes font juger que l'accompliflement du Defir eft facile, les autres le font paroiftre difficile. 25 20 TROISIESME PARTIE. 45 ù |ARTICLE CLXVI. De la Securité & du Defefpoir. Et jamais l’une de ces Paflions n'accompagne le Defir, qu'elle ne laifle quelque place à l'autre. Car lors que l'Efperance eft fi forte, qu'elle chañfle entiere- ment la Crainte, elle change de nature & fe nomme Securité ou Affurance. Et quand on eft afluré que ce qu'on defire aviendra, bien qu'on continuë à vouloir qu'il aviene, on cefle neantmoins d'eftre agité de la pañlion du Defir, qui en faifoit rechercher l'evenement avec inquietude. Tout de mefme, lors que la Crainte ef fi extreme, qu'elle ofte tout lieu à l'Efperance, elle fe convertit en Defefpoir ; & ce Defefpoir, reprefen- tant la chofe comme impoflible, efteint entierement le Defir, lequel ne fe porte qu'aux chofes poflibles. [ARTICLE CLXVII. De la Taloufie. La laloufie eft une efpece de Crainte, qui fe rap- porte au Defir qu'on a de fe conferver la poffeflion de quelque bien ; & elle ne vient pas tant de la force des raifons, qui font juger qu'on le peut perdre, que de la grande eftime qu'on en fait, laquelle eft caufe qu'on examine jufques aux moindres fujets de foupçon, & qu'on les prend pour des raifons fort confiderables. Œuvres. VI. 58 458 Des Passions. 231-233. ARTICLE CLXVIII. En quoy cette Paffion peut eflre honnefle. Et pource qu'on doit avoir plus de foin de con- ferver les biens qui font fort grands, que ceux qui font moindres, cette Paflion peut | eftre jufte & hon- nefte en quelques occafions. Ainfi, par exemple, un capitaine qui garde une place de grande importance, a droit d'en eftre jaloux, c’eft à dire de fe defier de tous les moyens par lefquels elle pourroit eftre fur- prife ; & une honnefte femme n'eft pas blafmée d'eftre jaloufe de fon honneur, c’eft à dire de ne fe garder pas feulement de mal faire, mais aufli d'eviter jufques aux moindres fujets de medifance. ARTICLE CLXIX. En quoy elle eft blafmable. Mais on fe mocque d'un avaricieux, lors qu'il eft jaloux de fon trefor, c'eft à dire lors qu'il le couve des yeux, & ne s’en veut jamais éloigner, de peur qu'il luy foit derobé; car l’argent ne vaut pas la peine d'eftre gardé avec tant de foin. Et on mefprife un homme| qui eft jaloux de fa femme, pource que c'eft un tefmoi- gnage qu'il ne l'ayme pas de la bonne forte, & qu'il a mauvaife opinion de foy ou d'elle. Ie dis qu'il ne l’'ayme pas de la bonne forte ; car, s'il avoit une yraye Amour pour elle, il n’auroit aucune inclination à s'en defier. Mais ce n'eft pas proprement elle qu'il ayme, 20 23 233-235. TROISIESME PARTIE. 459 c'eft feulement le bien qu'il imagine confifter à en avoir feul la pofleffion ; & il ne craindroit pas de perdre ce bien, s'il ne jugeoit pas qu'il en eft indigne, ou bien que fa femme eft infidelle. Au refte, cette Paflion ne fe rapporte qu'aux foupçons & aux defiances; car ce neft pas proprement eftre jaloux, que de tafcher d'eviter quelque mal, lors qu'on a jufte fujet de le craindre. [ARTICLE CLXX. De l'Irrefolution. L'Irrefolution eft aufli une efpece de Crainte, qui retenant l'ame comme en balance, entre plufieurs actions qu’elle peut faire, eft caufe qu'elle n'en exe- cute aucune, & ainfi qu'elle a du temps pour choifir avant que de fe determiner. En quoy veritablement elle a quelque ufage qui eft bon. Mais lors qu'elle dure plus qu'il ne faut, & qu'elle fait employer à deli- berer le temps qui eft requis pour agir, elle eft fort mauvaife. Or je dis qu'elle eft une efpece de Crainte, nonobftant qu'il puifle arriver, lors qu'on a le choix de plufieurs chofes dont la bonté paroift fort égale, qu'on demeure incertain & irrefolu, fans qu'on ait pour cela aucune Crainte. Car cette forte d'Irrefolu- tion vient feulement du | fujet qui fe prefente, & non point d'aucune emotion des efprits : c'eft pourquoy elle n'eft pas une Pafion, fi ce n'eft que la Crainte qu'on a de manquer en fon choix, en augmente l'incer- titude. Mais cette Crainte eft fi ordinaire & fi forte en 460 Des Passions. 235-237. quelques uns, que fouvent, encore qu'ils n'ayent point àchoifir, &qu'ilsne voyent qu'une feule chofe à prendre ou à laifler, elle les retient, & fait qu'ils s'arreftent inutilement à en chercher d'autres. Et alors c’eft un exces d’Irrefolution, qui vient d'un trop grand defir de bien faire, & d'une foibleffle de l’entendement, lequel n'ayant point de notions claires & diftinétes, en a feulement beaucoup de confufes. C’eft pourquoy le remede contre cet exces, eft de s'accouftumer à former des jugemens certains & determinez, touchant toutes les chofes qui fe prefentent, & à croire qu'on s'acquite tousjours de fon devoir, lors qu'on fait ce qu'on juge eftre le meilleur, encore que peut eftre on juge tres-mal. ARTICLE CLXXI. Du Courage € de la Hardieffe. Le Courage, lors que c’eft une Paffion, & non point une habitude ou inclination naturelle, eft une cer- taine chaleur ou agitation, qui difpofe l'ame à fe porter puiflamment à l'execution des chofes qu'elle veut faire, de quelle nature qu'elles foient. Et la Hardiefle eft une efpece de Courage, qui difpofe l'ame à l’exe- cution des chofes qui font les plus dangereufes. ARTICLE CLXXII. De l’Emulation. Et l'Emulation en eft aufli une efpece, mais en un autre fens. | Car on peut confiderer le Courage comme 15 20 25- 257-238 TROISIESME PARTIE. 461 un genre, qui fe divife en autant d'efpeces qu'il y a d'objets differens, & en autant d'autres qu'il a de caufes : en la premiere façon la Hardieffe en eft une efpece, en l'autre l'Emulation. Et cette derniere n’eft autre chofe qu'une chaleur, qui difpofe l'ame à entre- prendre des chofes, qu'elle efpere luy pouvoir reüflir, pource qu'elle les voit reüflir à d'autres; & ainfi c’eft une efpece de Courage, duquel la caufe externe eft l'exemple. le dis la caufe externe, pource qu'il doit outre cela y en avoir tousjours une interne, qui con- fifte en ce qu'on a le corps tellement difpofé, que le Defir & l'Efperance ont plus de force à faire aller quantité de fang vers le cœur, que la Crainte ou le Defefpoir à l'empefcher. | ARTICLE CLXXIII. Comment la Hardieffe depend de l'Efperance. Car il eft à remarquer que, bien que l'objet de la Hardiefle foit la difficulté, de laquelle fuit ordinaire- ment la Crainte, ou mefme le Defefpoir, en forte que c'eft dans les affaires les plus dangereufes & les plus defefperées, qu'on employe le plus de Hardiefle & de Courage : il eft befoin neantmoins qu'on efpere, ou mefme qu'on foit afluré, que la fin qu'on fe propofe reüflira, pour s'oppofer avec vigueur aux difhicultez qu'on rencontre. Mais cette fin eft differente de cet objeét. Car on ne fçauroit eftre afluré & defefperé d'une mefme chofe, en mefme temps. Ainfi quand les Decies fe jettoient au travers des ennemis, & cou- 462 DEs PAssrons. 238-240. roient à une mort certaine, l'objet de leur | Hardiefle eftoit la difficulté de conferver leur vie pendant cette ation, pour laquelle difficulté ils n'avoient que du Defefpoir, car ils eftoient certains de mourir; maisleur fin eftoit d'animer leurs foldats par leur exemple, & de 5 leur faire gaigner la viétoire, pour laquelle ils avoient de l'Efperance ; ou bien aufñi leur fin efloit d'avoir de la gloire apres leur mort, de laquelle ils eftoient aflurez. ARTICLE CLXXIV. 10 De la Lafcheté & dela Peur. La Lafcheté eft direétement oppofée au Courage, & c'eft une langueur ou froideur, qui empefche l'ame de fe porter à l’execution des chofes qu'elle feroit, fi elle efloit exempte de cette Paflion. Et la Peur ou l'Efpou- :5 vante, qui eft contraire à la Hardieffe, n'eft pas feule- ment une froideur, | mais auffi un trouble & un efton- nement de l'ame, qui luy ofte le pouvoir de refifter aux maux qu'elle penfe eftre proches. ARTICLE CLXXV. 20 De l’ufage de la Lafcheté. Or encore que je ne me puifle perfuader que la nature ait donné aux hommes quelque Paffion qui foit tousjours vitieufe & n'ait aucun ufage bon & loüable, jay toutefois bien de la peine à deviner à quoy ces > deux peuvent fervir. 11 me femble feulement que la QT STE TROISIESME PARTIE. 403 Lafcheté a quelque ufage, lors qu'elle fait qu'on eft exempt des peines qu'on pourroit eftre incité à prendre par des railons vrayfemblables, fi d'autres raifons plus certaines, qui les ont fait juger inutiles, n’avoient excité cette Paflion. Car outre qu'elle exempte l'ame de ces peines, elle fert aufli | alors pour le corps, en ce que, retardant le mouvement des efprits, elle empefche qu'on ne diflipe fes forces. Mais ordinairement elle eft tres-nuifible, à caufe qu’elle detourne la volonté des actions utiles. Et pource qu'elle ne vient que de ce quon na pas aflez d'Efperance ou de Defir, il ne faut qu'augmenter en foy ces deux Paflions pour la corriger. ARTICLE CLXXVI. De l’ufage de la Peur. Pour ce qui eft de la Peur ou de l'Efpouvante, je ne voy point qu élle puifle jamais eftre loüable ny utile. Aufi neft ce pas une Paffion particuliere, c’eft feu- lement un exces de Lafcheté, d'Eflonnement, & de Crainte, lequel eft tousjours vitieux; ainfi que la Har- dieffe eft un exces de Courage, qui eft tousjours bon, pourvû que la fin qu'on | fe propofe foit bonne. Et pource que la principale caufe de la Peur eft la fur- prife, il n y a rien de meilleur pour s’en exempter, que d'ufer de premeditation, & de fe preparer à tous les evenemens, la crainte defquels la peut caufer. 464 Des Passions. 242-244. ARTICLE CLXXVIL. Du Remors. Le Remors de confcience eft une efpece de Triftefle, qui vient du doute qu'on a qu'une chofe qu'on fait, ou qu'on a faite, n'eft pas bonne. Et il prefuppofe necef- fairement le doute. Car fi on efloit entierement afluré que ce qu'on fait fuft mauvais, on s'abfliendroit de le faire ; d'autant que la volonté ne fe porte qu'aux chofes qui ont quelque apparence de bonté. Et fi on eftoit afluré que ce qu'on a desja fait fût mauvais, on en auroit du repentir, non | pas feulement du Remors. Or l'ufage de cette Paflion eft de faire qu'on examine fi la chofe dont on doute eft bonne ou non, & d’empefcher qu'on ne la face une autre fois, pendant qu'on n'eft pas afluré qu'elle foit bonne. Mais pource qu’elle pre- fuppofe le mal, le meilleur feroit qu'on n’euft jamais fujet de la fentir ; & on la peut prevenir par les mefmes moyens, par lefquels on fe peut exempter de l'Irre- folution. ARTICLE CLXXVIII. De la Moquerie. La Derifion ou Moquerie efl une efpece de loye meflée de Haine, qui vient de ce qu’on aperçoitquelque petit mal en une perfonne qu'on penfe en eftre digne. On a de la Haine pour ce mal, & on a de la loye de le voir en celuy qui en eft digne. Et lors que cela | fur- 20 25 344-245. TROISIESME PARTIE. 40 vient inopinement, la furprife de l'Admiration eft caufe qu'on s'efclate de rire, fuivant ce qui a efté dit cy deflus de la nature du ris*. Mais ce mal doit eftre petit; car s'il eft grand, on ne peut croire que celuy qui l’a en foit digne, fi ce n'eft qu'on foit de fort mauvais naturel, ou qu'on luy porte beaucoup de Haine. ARTICLE CLXXIX. Pourquoy les plus imparfaits ont couflume d'eftre les plus moqueurs. Et on voit que ceux qui ont des defauts fort appa- rens, par exemple qui font boiteux, borgnes, boflus, ou qui ont receu quelque affront en public, font par- ticulierement enclins à la moquerie. Car defirant voir tous les autres aufli difgraciez qu'eux, ils font bien ayfes des maux qui leur arrivent, & ils les en eftiment dignes. | ARTICLE CLXXX. De l'ufage de la Raillerie. Pour ce qui eft de la Raïllerie modefte, qui reprent utilement les vices en les faifant paroiftre ridicules, fans toutefois qu'on en rie foy mefme, ny qu'on tef- moigne aucune haine contre les perfonnes : elle n'eft pas une Pañlion, mais une qualité d'honnefte homme, laquelle fait paroiftre la gayeté de fon humeur, & la a, Page 430. Œuvres. VI. 59 466 Des Passions. 245-247. tranquillité de fon ame, qui font des marques de vertu; & fouvent aufli l’adreffe de fon efprit, en ce qu'il fçait donner une apparence agreable aux chofes dont il fe moque. ARTCLEMNCIEXXXI De l'ufage du Ris en la raillerie. Et il n'eft pas deshonnefte de rire lors qu'on entend les railleries d'un autre; mefme elles peuvent eftre telles, que ce feroit eftre chagrin de n’en rire pas. Mais lors qu'on raille foy-mefme, il eft plus feant de s’en abftenir, affin de ne fembler pas eftre furpris par les chofes qu'on dit, ny admirer l'adreffe qu'on a de les inventer. Et cela fait qu'elles furprenent d'autant plus ceux qui les oyent. ARTICLE CLXXXII. ; De l’Envie. Ce qu'on nomme communement Envie, eft un vice qui confifte en une perverfité de nature, qui fait que certaines gens fe fafchent du bien qu'ils voyent arri- ver aux autres hommes. Mais je me fers icy de ce mot, pour fignifier une Paflion qui n’eft pas tousjours vicieufe. L'Envie donc, entant qu'elle eft une Paffion, eft une efpece de Triftefle meflée de Hailne, qui vient de ce qu'on voit arriver du bien à ceux qu'on penfe en eftre indignes. Ce qu'on ne peut penfer avec raifon, 10 15 20 25 247-248. TROISIESME PARTIE. 467 que des biens de fortune. Car pour ceux de l'ame, ou mefme du corps, entant qu'on les a de naïffance, c’eft aflez en eftre digne, que de les avoir receus de Dieu avant qu'on füt capable de commetre aucun mal. ARTICLE CLXXXIII. Comment elle peut eflre jufle ou injufle. Mais lors que la fortune envoye des biens à quel- qu'un, dont il eft veritablement indigne, & que l'Envie n'eft excitée en nous, que pource qu'aymant naturel- lement la juftice, nous fommes fafchez qu'elle ne foit pas obfervée en la diftribution de ces biens, c’eft un zele qui peut eftre excufable ; principalement lors que le bien qu'on envie à d'autres, eft de | telle nature qu'il fe peut convertir en mal entre leurs mains : comme fi c'eft quelque charge ou office, en l'exercice duquel ils fe puiflent mal comporter. Mefme lors qu'on defire pour foy le mefme bien, & qu'on eft empefché de l'avoir, parce que d’autres qui en font moins dignes le poffedent, cela rend cette pañlion plus violente ; & elle ne laiffe pas d’eftre excufable, pourvü que la haine qu'elle contient, fe rapporte feulement à la mauvaife diftribution du bien qu'on envie, & non point aux perfonnes qui le poffedent, ou le diftribuent. Mais il y en a peu qui foient fi juftes & fi genereux, que de n'avoir point de Haine pour ceux qui les previenent en l'acquifition d'un bien qui n’eft pas communicable à plufieurs, & qu'ils avoient defiré pour eux mefmes, bien que ceux qui l'ont acquis en foient autant ou 408 Des Passions. 248-250. plus dignes. Et ce qui eft ordinairement le plus envié, c'eft la gloire. Car encore que celle des autres n'em- pefche pas que nous n'y puiflions afpirer, elle en rend toutefois l'acces plus difficile, & en rencherit 16 prix: “ ARTICLE CLXXXIV. D'où vient que les Envieux font fujets à avoir le teint plombé. | Au refte, il n'y a aucun vice qui nuife tant à la felicité des hommes, que celuy de l'Envie. Car outre que ceux qui en font entachez s’afiligent eux mefmes, ils troublent aufli de tout leur pouvoir le plaifir des autres. Et ils ont ordinairement le teint plombé, c’eft à dire pale, meflé de jaune & de noir, & comme de fang meurtri : d'où vient que l'Envie eft nommée vor en latin. Ce qui s'accorde fort bien avec ce qui a efté dit cy deflus des mouvemens du fang | en la Trifteffe & en la Haine. Car celle cy fait que la bile jaune, qui vient de la partie inferieure du foye, & la noire, qui: vient de la rate, fe refpandent du cœur par les arteres en toutes les venes; & celle la fait que le fang des venes a moins de chaleur, & coule plus lentement qu'à l'ordinaire, ce qui fuffit pour rendre la couleur livide. Mais pource que la bile, tant jaune que noire, peut aufli eftre envoyée dans les venes par plufieurs autres caufes, & que l'Envie ne les y poufle pas en affez grande quantité pour changer la couleur du teint, fi ce n’eft qu’elle foit fort grande & de longue durée, on 20 25 T2 250-252. TROISIESME PARTIE. 469 ne doit pas penfer que tous ceux en qui on voit cette couléur, y foient enclins. lARTICLE CLXXXV. De la Pitié. 5, La Pitié eft-une efpece de Triftefle, meflée d'Amour 20 ou de bonne volonté envers ceux à qui nous voyons fouffrir quelque mal, duquel nous les eflimons indi- gnes. Ainfi elle eft contraire à l'Envie, à raifon de fon objet, & à la Moquerie, à caufe qu'elle le confidere d'autre façon. ARTICLE CLXXXVI. Qui Jont les plus pitoyables. Ceux qui fe fentent fort foibles, & fort fujets aux adverfitez de la fortune, femblent eftre plus enclins à cette Paflion que les autres, à caufe qu'ils fe repre- fentent le mal d'autruy comme leur pouvant arriver ; & ainfi ils font emeus à la Piué, pluftoft par l'Amour qu'ils | fe portent à eux mefmes, que par celle qu'ils ont pour les autres. ARTICLE CLXXXVII. Comment les plus genereux font touchez de cette Pafhon. Mais neantmoins ceux qui font les plus genereux, & qui ont l'efprit le plus fort, en forte qu'ils ne crai- LA 470 DEs Passions. 252-254. gnent aucun mal pour eux, & fe tienent au dela du pouvoir de la fortune, ne font pas exemts de Compaf- fion, lors qu'ils voyent l'infirmité des autres hommes, & qu'ils entendent leurs plaintes. Car c'eft une partie de la Generofité, que d’avoir de la bonne volonté pour un chacun. Mais la Triftefle de cette Pitié n'eft pas amere ; & comme celle que caufent les actions funeftes qu'on voit reprefenter fur un theatre, elle eft plus dans l'exterieur & dans le fens, que dans l'interieur de l'ame, laquelle a cependant la fatisfalion de penfer, qu'elle fait ce qui eft de fon devoir, en ce qu'elle compatit avec des affligez. Et il y a en cela de la difference, qu'au lieu que le vulgaire a compaflion de ceux qui fe plaignent, à caufe qu'il penfe que les maux qu'ils fouffrent font fort fafcheux, le principal objet de la Pitié des plus grands hommes eît la foi- blefle de ceux qu'ils voyent fe plaindre : à caufe qu'ils n'efliment point qu'aucun accident qui puifle arriver, foit un fi grand mal, qu'eft la Lafcheté de ceux qui ne le peuvent fouffrir avec conflance. Et bien qu'ils haïf- fent les vices, ils ne haïflent point pour cela ceux qu'ils y voyent fujets : ils ont feulement pour eux de la Pitié. | ARTICLE CLXXXVIIT. Qui font ceux qui n'en Jont point touchez. Mais il n'y a que les efprits malins & envieux, qui haïflent naturellement tous les hommes, où bien ceux qui font fi brutaux, & tellement aveuglez par la bonne 20 254-255. TROISIESME PARTIE. 471 fortune, ou defefperez par la mauvaife, qu'ils ne pen- fent point qu'aucun mal leur puifle plus arriver, qui foient infenfibles à la Pitié. ARTICLE CLXXXIX. 5 Pourquoy cette Paffion excite à pleurer. Au refte, on pleure fort ayfement en cette Paflion, à caufe que l'Amour, envoyant beaucoup de fang vers le cœur, fait qu'il fort beaucoup de vapeurs par les yeux; & que la froideur de la Trifteffe, retardant l'agi- 10 tation de ces valpeurs, fait qu'elles fe changent en larmes, fuivant ce qui a efté dit cy deflus*. ARTICLE CXC. De la Satisfaélion de Joy mefme. La Satisfaction, qu'ont tousjours ceux qui fuivent 15 conftamment la vertu, eft une habitude en leur ame, qui fe nomme tranquillité & repos de confcience. Mais celle qu'on acquiert de nouveau, lors qu'on a fraifche- ment fait quelque aétion qu'on penfe bonne, eft une Pañlion, à fçavoir une efpece de Toye, laquelle je eroy 20 eftre la plus douce de toutes, pource que fa caufe ne depend que de nous mefmes. Toutefois lors que cette caufe neft pas jufte, c'eft à dire lors que les aions dont on tire beaucoup de fatisfaction, ne font pas de grande importance ou mefme qu'elles font vicieufes, a. Page 423. 472 Des Passions. 256-257. _elle eft ridicule & ne fert qu'à produire un orgueil & une arrogance impertinente. Ce qu'on peut particu- lierement remarquer en ceux qui, croyant eftre Devots, font feulement bigots & fuperftitieux, c’eft à dire qui fous ombre qu'ils vont fouvent à l'Eglife, qu'ils recitent force prieres, qu'ils portent les cheveux courts, qu'ils jeufnent, qu'ils donnent l'aumofne, penfent eftre entierement parfaits, & s'imaginent qu'ils font fi grans amis de Dieu, qu'ils ne fçauroient rien faire qui luy deplaife, & que tout ce que leur diéte leur Paffion eft . un bon zele : bien qu'elle leur diéte quelquefois les plus grans crimes qui puiflent eftre commis par des hommes, comme de trahir des villes, de tuër des Princes, d'exterminer des peuples entiers, pour cela feul qu ‘le ne fuivent pas leurs opinions. lARIMCLENCEXCI Du Repentir. Le Repentir eft direétement contraire à la Satis- fa&ion de foy mefme; & c’eft une efpece de Trifteffe, qui vient de ce qu'on croit avoir fait quelque mauvaife ation; & elle eft tres amere, pource que fa caufe ne vient que de nous. Ce qui n empefche pas neantmoins qu'elle ne foit fort utile, lors qu'il eft vray que l'aétion dont nous nous repentons eft mauvaife, & que nous. en avons une connoiffance certaine, pource quelle nous incite à mieux faire une autre fois. Mais il arrive fouvent que les efprits foibles fe repentent des chofes qu'ils ont faites, fans fçavoir affurement qu'elles foient 257-259. TROISIESME PARTIE. 473 mauvaifes ; ils fe le perfuadent feulement, à caufe qu'ils le craignent, & s'ils avoient fait le | contraire, ils s'en repentiroient en mefme façon : ce qui eft en eux une imperfection digne de Pitié. Et les remedes contre ce defaut, font les mefmes qui fervent à ofter l'Irrefolution. NRTICLE DCXCIL De la Faveur. La Faveur eft proprement un Defir de voir arriver du bien à quelqu'un, pour qui on a de la bonne volonté ; mais je me fers icy de ce mot, pour fignifier cette volonté, entant qu'elle eft excitée en nous par quelque bonne action de celuy pour qui nous l'avons. Car nous fommes naturellement portez à aymer ceux qui font des chofes que nous eftimons bonnes, encore qu'il ne nous en reviene aucun bien. La Faveur, en cette fignification, eft une efpece d'Amour, non point de Defir, encore | que le Defir de voir du bien à celuy qu'on favorife, l'accompagne tousjours. Et elle eft ordinairement jointe à la Pitié, à caufe que les dif- graces que nous voyons arriver aux malheureux, font caufe que nous faifons plus de reflexion fur leurs merites. ARTICLE CXCII. De la Reconnoifjance. La Reconnoiflance eft aufli une efpece d Amour, excitée en nous par quelque aétion de celuy pour qui Œuvres. VI. 60 474 DEs PAssioNs. 259-261. nous l'avons, & par laquelle nous croyons qu'il nous a fait quelque bien, ou du moins qu'il en a eu inten- tion. Ainfi elle contient tout le mefme que la Faveur, & cela de plus, qu'elle eft fondée fur une action qui nous touche, & dont nous avons Defir de nous revancher. C'eft pourquoy elle a beaucoup plus de force, | principalement dans les ames tant foit peu. nobles & genereufes. ARTICLE CXCIV. De l’'Ingratitude. Pour l'Ingratitude, elle n'eft pas une Paffion : car la nature n'a mis en nous aucun mouvement des efprits qui l’excite ; mais elle eft feulement un vice direéte- ment oppofé à la Reconnoiffance, en tant que celle cy eft tousjours vertueufe & l’un des principaux liens de la focieté humaine. C'eft pourquoy ce vice n'appar- tient qu'aux hommes brutaux, & fottement arrogans, qui penfent que toutes chofes leur font deuës ; ou aux ftupides, qui ne font aucune reflexion fur les bienfaits qu'ils reçoivent ; ou aux foibles & abjets, qui, fentant leur infirmité & leur befoin, recherchent baffement le fecours des autres, & apres qu'ils | l'ont receu, ils les haïffent : pource que, n'ayant pas la volonté de leur rendre la pareille, ou defefperant de le pouvoir, & s'imaginant que tout le monde eft mercenaire comme eux, & qu'on ne fait aucun bien qu'avec efperance d'en eftre recompenfé, ils penfent les avoir trompez. 20 25 261-262. TROISIESME PARTIE. 47$ ARTICLE CXCV. De l'Indignation*. L'Indignation eft une efpece de Haine ou d'averfion, qu'on a naturellement contre ceux qui font quelque mal, de quelle nature qu'il foit. Et elle eft fouvent meflée avec l'Envie, ou avec la Pitié; mais elle a neant- moins un objet tout different. Car on n'eft indigné que contre ceux qui font du bien, ou du mal, aux per- fonnes qui n'en font pas dignes; mais on porte Envie à ceux qui reçoivent | ce bien, & on a Pitié de ceux qui reçoivent ce mal. Il eft vray que c'eft en quelque façon faire du mal, que de poffeder un bien dont on n'eft pas digne. Ce qui peut eftre la caufe pourquoy Ariftote, & fes fuivans, fuppofant que l'Envie eft tous- jours un vice, ont appelé du nom d’Indignation celle qui n'eft pas vitieufe. ; ARTICLE CXCVI. Pourquoy elle eft quelquefois jointe à la Pitié, & quelquefois à la Moquerte. C'eft aufli en quelque façon recevoir du mal, que d'en faire : d'où vient que quelques uns joignent à leur Indignation la Pitié, & quelques autres la Moquerie, felon qu'ils font portez de bonne ou de mauvaife volonté, envers ceux aufquels ils voyent a, Tome IV, p. 538, |. 17-20. Ds = D 470 Des Passions. 262-264. commetre des fautes. Et c’eft ainfi que le | ris de Democrite, & les pleurs d'Heraclite, ont pû proceder de mefme caufe. ARTICLE CXCVII. Qu'elle efl fouvent accompagnée d'Admiration, & n'efl pas incompatible avec la loye. L'Indignation eft fouvent aufli accompagnée d'Ad- miration. Car nous avons couftume de fuppofer que toutes chofes feront faites, en la façon que nous jugeons qu’elles doivent eftre, c’eft à dire en la façon que nous eftimons bonne. C’eft pourquoy lors qu'il en arrive autrement, cela nous furprent, & nous l'admi- rons. Elle n'eft pas incompatible aufli avec la loye, bien qu'elle foit plus ordinairement jointe à la Triftefle. Car lors que le mal dont nous fommes indignez ne nous peut nuire, & que nous confiderons que nous | n'en voudrions pas faire de femblable, cela nous donne quelque plaifir; & c'eft peut eftre l'une des caufes du ris, qui accompagne quelquefois cette Paffon. ARTICLE CXCVII. De fon ufage. Au refte, l'Indignation fe remarque bien plus en ceux qui veulent paroiftre vertueux, qu'en ceux qui le font veritablement. Car bien que ceux qui ayment la vertu, ne puiflent voir fans quelque averfion les vices 20 23 264-266. TROISIESME PARTIE. 477 des autres, ils ne fe pañlionent que contre les plus grands & extrordinaires. C'eft eftre difficile & cha- grin, que d'avoir beaucoup d'indignation pour des chofes de peu d'importance ; c'eft eftre injufte, que d'en avoir pour celles qui ne font point blafmables ; & c'eft eftre impertinent & abfurde*, de ne reftreindre pas | cette Paffion aux aétions des hommes, & de l’eftendre jufques aux œuvres de Dieu, ou de la Nature : ainfi que font ceux qui, n'eftant jamais contans de leur con- dition ny de leur fortune, ofent trouver à redire en la conduite du monde & aux fecrets de la Providence. ARTICLE CXCIX. De la Colere. La Colere eft aufli une efpece de Haine ou d’aver- fion, que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tafché de nuire, non pas indiffe- remment à qui que ce foit, mais particulierement à nous. Ainfi elle contient tout le mefme que l’Indi- gnation, & cela de plus, quelle eft fondée fur une action qui nous touche, & dont nous avons Defir de nous vanger. Car ce Defir l'accompagne prefque tous- jours, & elle ef | direétement oppofée à la Reconnoif- fance, comme l'Indignation à la Faveur. Mais elle eft incomparablement plus violente que ces trois autres Paffions, à caufe que le Defir de repoufler les chofes nuifibles & de fe vanger, ef le plus preflant de tous. C’eft le Defir joint à l'Amour qu'on a pour foy a, Edition princeps : « abfurd » (sic). De mème ci-avant, p. 440, I. 3. ur, PRE, JTE PR RE 478 Des Passions. 266-268. mefme, qui fournit à la Colere toute l'agitation du fang que le Courage & la Hardieffe peuvent caufer; & la Haine fait que c'eft principalement le fang bilieux qui vient de la rate & des petites venes du foye, qui reçoit cette agitation, & entre dans le cœur; où, à caufe de fon abondance, & de la nature de la bile dont il eft meflé, il excite une chaleur plus afpre & plus ardente, que n'eft celle qui peut y eftre excitée par l'Amour ou par la loye. É | ARTICLE CC. Pourquoy ceux qu'elle fait rougir, font moins à craindre, que ceux qu'elle fait pallir. Et les fignes exterieurs de cette Paffion font diffe- rens, felon les divers temperamens des perfonnes & la diverfité des autres Paffions, qui la compofent ou fe joignent à elle. Ainfi on en voit qui paliffent, ou qui tremblent, lors qu'ils fe mettent en colere; & on en voit d’autres qui rougiflent, ou mefme qui pleurent. Et on juge ordinairement que la Colere de ceux qui paliffent, eft plus à craindre, que n'eft la Colere de ceux qui rougiffent. Dont la raifon eft que, lors qu'on ne veut, ou qu'on ne peut, fe vanger autrement que de mine & de paroles, on employe toute fa chaleur & toute fa force des le commencement qu'on eft | emeu, ce qui eft caufe qu'on devient rouge; outre que quel- quefois le regret & la pitié qu'on a de foy mefme, pource qu'on ne peut fe venger d'autre façon, eft caufe qu'on pleure. Et au contraire, ceux qui fe refervent & 20 25 268-270. TROISIESME PARTIE. 479 fe determinent à une plus grande vengeance, devienent triftes, de ce qu'ils penfent y eftre obligez par l'aétion qui les met en colere ; & ils ont aufli quelquefois de la crainte, des maux qui peuvent fuivre de la refolution qu'ils ont prife, ce qui les rend d’abord pales, froids, & tremblans. Mais quand ils vienent apres à executer leur vengeance, ils fe rechauffent d'autant plus, qu'ils ont efté plus froids au commencement : ainfi qu'on voit que les fievres qui commencent par froid, ont couftume d’eftre les plus fortes. | ARTICLE CCI. Qu'il y a deux fortes de Colere; € que ceux qui ont le plus de bonté, font les plus fujets à la premiere: Cecy nous avertit qu'on peut diftinguer deux efpeces de Colere : l’une qui eft fort prompte, & fe manifefte fort à l'exterieur, mais neantmoins qui a peu d'effet & peut facilement eftre appaifée ; l’autre qui ne paroift pas tant à l'abord, mais qui ronge davantage le cœur & qui a des effets plus dangereux. Ceux qui ont beaucoup de bonté & beaucoup d'Amour, font les plus fujets à la premiere. Car elle ne vient pas d'une profonde Haine, mais d'une prompte averfion qui les furprent, à caufe qu’eftant portez à imaginer, que toutes chofes doivent aller en la façon qu'ils jugent eftre la meilleure, fitoft qu'il en arrive autrement, ils l'admirent, & s’en offencent, fouvent mefme fans que la chofe les touche en leur particulier : à caufe qu'ayant beaucoup d'affection, ils s'intereflent pour | | 480 Des Passions. avons. ceux qu'ils ayment, en mefme façon que pour eux mefmes. Ainfi ce qui ne feroit qu'un fujet d'Indi- gnation pour un autre, eft pour eux un fujet de Colere: Et pource que l’inclination qu'ils ont à aymer, fait qu'ils ont beaucoup de chaleur & beaucoup de fang dans le cœur, l’averfion qui les furprend ne peut y pouffer fi peu de bile, que cela ne caufe d’abord une grande emotion dans ce fang. Mais cette emotion ne dure gueres, à caufe que la force de la furprife ne con- tinuë pas; & que fi toft qu'ils s'aperçoivent que le fujet qui les a fafchez, ne les devoit pas tant emouvoir, ils s'en repentent*. lPARTICÉEMECIEÉ Que ce font les ames foibles € baffes, qui fe laiffent le plus emporter à l’autre. L'autre efpece de Colere, en laquelle predomine la Haine & la Trifteffe, n'eft pas fi apparente d’abord, finon peut eftre en ce qu’elle fait palir le vifage. Mais fa force eft augmentée peu à peu par l'agitation qu'un ardent defir de fe vanger excite dans le fang, lequel, eftant meflé avec la bile qui eft pouflée vers le cœur, de la partie inferieure du foye & de la rate, y excite une chaleur fort afpre & fort piquante. Et comme ce font les ames les plus genereufes qui ont le plus de reconnoiflance, ainfi ce font celles qui ont le plus d'orgueil, & qui font les plus baffes & les plus infirmes, qui fe laiffent le plus emporter à cette efpece a. Tome IV, p. 538, 1. 11-16. 23 271-273. TROISIESME PARTIE. 481 de | Colere; car les injures paroiffent d'autant plus grandes, que l’orgueil fait qu'on s'eftime davantage ; & aufli d'autant qu'on eftime davantage les biens qu'elles oftent, lefquels on eftime d'autant plus qu'on a l'ame plus foible & plus baffe, à caufe qu'ils depen- dent d'autruy. ARTICLE CCI. Que la Generofité fert de remede contre fes exces. Au refte, encore que cette Pafñlion foit utile, pour nous donner de la vigueur à repoufñler les injures, il n y en a toutefois aucune, dont on doive eviter les exces avec plus de foin: pource que, troublant le juge- ment, ils font fouvent commettre des fautes, dont on a par apres du repentir; & mefme que quelquefois ils empefchent quon ne repoufle fi bien ces injures, |qu'on pourroit faire, fi on avoit moins d'emotion. Mais comme il n'y a rien qui la rende plus excefive que l'Orgueil, ainfi je croy que la Generofité eft le meilleur remede qu'on puiffe trouver contre fes exges : pource que, faifant qu'on eftime fort peu tous les biens qui peuvent eftre oftez, & qu’au contraire on eftime beaucoup la liberté, & l'empire abfolu fur foy mefme, qu'on cefle d'avoir lors qu'on peut eftre offenfé par quelcun, elle fait qu'on n'a que du mefpris, ou tout au plus de l'indignation, pour les injures dont les autres ont couftume de s'offenfer. Œuvres. VI. 61 482 Des Passions. 278-275. ARTICLE CCIV. De la Gloire. Ce que j'appele icy du nom de Gloire, eft une efpece de loye, fondée fur l'Amour qu'on a pour foy mefme, & qui vient de l'opinion ou de l'efperance qu'on a d'eftre loüé par quelques autres. Ainfi elle eft diffe- rente de la Satisfaétion interieure, qui vient de l'opi- nion qu'on a d’avoir fait quelque bonne action. Car on eft quelquefois loüé pour des chofes qu'on ne croit point eftre bonnes, & blafmé pour celles qu'on croit eftre meilleures. Mais elles font l'une & l'autre des efpeces de l’eftime qu'on fait de foy mefme, auffi bien que des efpeces de loye. Car c'eft un fujet pour s'efti- mer, que de voir quon eft eftimé par les autres. ARTICLE CCV. De la Honte. La Honte, au contraire, eft une efpece de Trifteffe, fondée auffi fur l'Amour de foy mefme, & qui vient de l'opinion ou de la crainte qu'on a d'’eftre blafmé. Elle ef, outre cela, une efpece de modeflie ou d'humilité, & defiance de foy mefme. Car lors qu'on s'eftime fi fort, qu'on ne fe peut imaginer d’eftre mefprifé par per- fonne, on ne peut pas ayfement eftre honteux. ARTICLE CCVI. De l'ufage de ces deux Paffions. Or la Gloire & la Honte ont mefme ufage en ce 275-277. TROISIESME PARTIE. - 483 qu'elles nous incitent à la vertu, l'une par l'efperance, l'autre par la crainte. Il eft feulement befoin d'inftruire fon jugement, touchant ce qui eft veritablement digne de blafme ou de louange, afin de n'eftre pas honteux de bien faire, & ne tirer point de vanité de fes vices, ainfi qu'il arrive à plufieurs. Mais il n'eft pas bon de fe depouiller entierement de ces Pafñlions, ainfi que fai- foient autrefois les Cyniques. Car encore que le peuple juge tres-mal, toutefois, à caufe que nous ne pouvons vivre fans luy, & qu'il nous importe d'en eftre eftimez, nous devons fouvent fuivre fes opinions, pluftoft que les noftres, touchant l'exterieur de nos aétions. ARTICLE CCVII. De l'Impudence. L'Impudence ou l'Effronterie, qui eft un mefpris de ” Honte, & fouvent aufñli de Gloire, n’eft pas une Paflion, pource qu'il n y a en nous aucun mouvement particu- lier des efprits qui l'excite ; mais c'eft un vice oppofé à la Honte, & aufli à la Gloire, entant que l'une & l'autre font bonnes, ainfi que l'Ingratitude eft oppoñée à la Reconnoiffance, & la Cruauté à la Pitié. Et la prin- cipale caufe de l'Effronterie vient de ce qu'on a receu plufieurs fois de grans aflfrons. Car il n'y a perfonne qui ne s'imagine, eftant jeune, que la louange eft un bien, & l'infamie un mal, beaucoup plus important à la vie qu'on ne trouve par experience qu'ils font, lors qu'ayant receu quelques affrons fignalez, on fe voit entierement privé d'honneur, & mefprifé par un cha- 484 Des Passions. 277-270. cun. C'eft pourquoy ceux là devienent effrontez, qui, ne mefurant le bien & le mal que par les commoditez du corps, voyent qu'ils en jouiflent apres ces affrons, tout aufli bien qu'auparavant, ou mefme quelquefois beau- coup mieux : à caufe qu'ils font dechargez de plufieurs 5 contraintes, aufquelles l'honneur les obligeoit, & que fi la perte des biens eft jointe à leur difgrace, il fe trouve des perfonnes charitables qui leur en donnent. |ARTICLE CCVII. Du Degouft. 10 Le Degouft eft une efpece de Trifteffe, qui vient de la mefme caufe dont la loye eft venuë auparavant. Car nous fommes tellement compofez, que la plus part des chofes dont nous jouïflons, ne font bonnes à noftre egard que pour un temps, & devienent par apres 15 incommodes. Ce qui paroift principalement au boire * & au manger, qui ne font utiles que pendant qu'on a de l'appetit, & qui font nuifibles lors qu'on n’en a plus; & pource qu'elles ceffent alors d'’eftre agreables au gouft, on a nommé cette Paffion le Degouft. 20 [ARTICLE CCIX. Du Regret. Le Regret eft aufli une efpece de Triftefle, laquelle a une particulière amertume, en ce qu'elle eft tous- jours jointe à quelque Defefpoir, & à la memoire du 25 279-280. TROISIESME PARTIE. 48$ plaifir que nous a donné la loüiffance. Car nous ne regretons jamais que les biens dont nous avons joüy, & qui font tellement perdus, que nous n'avons aucune efperance de les recouvrer au temps & en la façon que nous les regretons. ARTICLE CCX. De l’Allegrefe. Enfin ce que je nomme Allegreffe, eft une efpece de loye, en laquelle il y a cela de particulier, que fa douceur eft augmentée par la fouvenance des maux qu on | a foufferts, & defquels on fe fent allegé, en mefme façon que fi on fe fentoit déchargé de quelque pefant fardeau, qu'on eufl long temps porté fur fes efpaules. Et je ne voy rien de fort remarquable en ces trois Paflions; aufli ne les ay-je mifes icy, que pour fuivre l’ordre du denombrement que j'ay fait cy deflus. Mais 1l me femble que ce denombrement a efté utile, pour faire voir que nous n'en ometions aucune qui fuft digne de quelque particuliere confideration. ARTICLE CCXI. Un remede general contre les Paffions. Et maintenant que nous les connoiffons toutes, nous avons beaucoup moins de fujet de les craindre, que nous n'avions auparavant. Car nous voyons quelles font toutes bonnes de leur nature, & que * 480 Des Passions. 280-282. nous n'avons rien à | eviter que leurs mauvais ufages ou leurs exces; contre lefquels les remedes que j'ay expliquez pourroient fuffire, fi chacun avoit aflez de foin de les pratiquer. Mais pource que j'ay mis entre ces remedes la premeditation, & l'induftrie par laquelle on peut corriger les defauts de fon naturel, en sexer- çant à feparer en foy les mouvemens du fang & des efprits, d'avec les penfées aufquelles ils ont couftume d'eftre joins : j'avouë qu'il y a peu de perfonnes qui fe foient affez preparez en cette façon contre toutes fortes de rencontres*, & que ces mouvemens excitez dans le fang par les objets des Paffions, fuivent d'abord fi promptement des feules impreflions qui fe font dans le cerveau, & de la difpofition des organes, encore que l’ame n'y contribuë en aucune façon, qu'il n’y a point de fageffe humaine qui foit capable | de leur refifter, lors qu'on n'y eft pas affez preparé. Ainfi plu- fieurs ne fçauroient s'abftenir de rire eftant chatouillez, encore qu'ils n'y prenent point de plaifir. Car l'impref- fion de la loye & de la furprife, qui les a fait rire autrefois pour le mefme fujet, eftant reveillée en leur fantaifie, fait que leur poumon eft fubitement enflé malgré eux, par le fang que le cœur luy envoye. Ainfi ceux qui font fort portez de leur naturel aux emo- tions de la loye, ou de la Pitié, ou de la Peur, ou de la Colere, ne peuvent s'empefcher de pafmer, ou de pleurer, ou de trembler, ou d’avoir le fang tout emeu, en mefme façon que s'ils avoient la fievre, lors que leur fantaifie eft fortement touchée par l’objet de quel- cune de ces Pañlions. Mais ce qu’on peut tousjours a. Tome IV, p. 405, 1. 17-19, etp. 411, L. 10-14. 15 20 2 39 282-284. TROISIESME PARTIE. 487 faire en telle occafion, & que je penfe pouvoir mettre icy comme le remede le| plus general, & le plus ayfé à pratiquer, contre tous les exces des Paffons, c’ef que, lors qu'on fe fent le fang ainfi emeu, on doit eftre averti, & fe fouvenir que tout ce qui fe prefente à l'imagination, tend à tromper l'ame, & à luy faire paroïftre les raifons, qui fervent à perfuader l’objet de fa Pañion, beaucoup plus fortes qu'elles ne font, & celles qui fervent à la diffuader, beaucoup plus foi- bles. Et lors que la Paffion ne perfuade que des chofes dont l'execution fouffre quelque delay, il faut s'ab- ftenir d'en porter fur l'heure aucun jugement, & fe divertir par d’autres penfées, jufques à ce que le temps & le repos aient entierement appaifé l'emotion qui eft dans le fang. Et en fin lors qu'elle incite à des actions touchant lefquelles il eft neceffaire qu'on prene refolution fur le champ, il faut que la volonté fe porte principalement à confilderer & à fuivre les raifons qui font contraires à celles que la Pafion reprefente, encore qu'elles paroiffent moins fortes. Comme lors qu'on eft inopinement attaqué par quelque ennemi, l’occafion ne permet pas qu'on employe aucun temps à deliberer. Mais ce qu'il me femble que ceux qui font accouftumez à faire reflexion fur leurs a@ions peu- vent tousjours, c'eft que, lors qu'ils fe fentiront faifis de la Peur, ils tafcheront à detourner leur penfée de la confideration du danger, en fe reprefentant les rai- fons pour lefquelles il y a beaucoup plus de feureté & plus d'honneur, en la refiftance qu'en la fuite. Et au contraire, lors qu'ils fentiront que le Defir de ven- geance & la Colere les incite à courir inconfiderement a, 488 Des Passons. 284-286. vers ceux qui les attaquent, ils fe fouviendront de penfer, que c’eft imprudence de fe perdre, quand on peut fans def|honneur fe fauver: & que fi la partie ef fort inegale, il vaut mieux faire une honnefte retraite ou prendre quartier, que s’expofer brutalement à une mort certaine. ARTICLE CCXII. Que c'eft d'elles feules que depend tout le bien & le mal de cette vie. Au refte, l'ame peut avoir fes plaifirs à part; mais pour ceux qui luy font communs avec le corps, ils dependent entierement des Paffions, en forte que les hommes qu'elles peuvent le plus emouvoir, font capables de goufter le plus de douceur en cette vie. Il eft vray qu'ils y peuvent aufli trouver le plus d'amer- tume, lors qu'ils ne les fçavent pas bien employer, & que la fortune leur eft contraire. Mais la Sagefle eft principalement utile en ce point, qu’elle enfeigne à [s’en rendre tellement maiftre, & à les mefnager avec tant d'adrefle, que les maux qu'elles caufent font fort fupportables, & mefme qu'on tire de la loye de tous. FIN. 5 15 20 APPENDICE Les Passions de l’ame furent aussitôt traduites en latin. La tra- duction parut d’abord en un volume séparé : PassionEs ANIM#Æ, per RENATUM DESscaRTESs : Gallicè ab ip/o con/- criplæ, nunc autem in exterorum gratiam Latinä civitate donatæ. Ab H. D. M.:1. v. L. (Amftelodami, apud Ludovicum Elzevirium, 1650, petit in-12. Marque : la Minerve. 28 ff. lim., 242 pp., 13 pp. n. ch. d’index.) La même année 1650, Louis Elzevier publiait encore cette tra- duction comme la troisième partie d’un volume in-4, dont les deux premières parties étaient les Principia Philofophiæ de Descartes et les Specimina Philofophiæ. _ Cette traduction a été faite en dehors de Descartes, qui n’en a point eu connaissance. Nous nous contenterons donc de donner la Préface du traducteur. C'était un Français, lui-même le déclare, peut-être Habert de Montmort ? INTERPRETIS PRÆFATIUNCULA AD LECTOREM Vino vendibili, quod aiunt, Amice Leélor, hederà fufpenfà non eft opus : quare non debes expeétare ut multa dicam, vel in hujus Traétatüs Pathologici commendationem, vel in laudem Authoris. Iftum lege, & hunc luge, quem mors præmatura orbi litterato pau- cos ante menfes in Suecià eripuit. Sereniflima Suecorum Regina, fummi Parentis non minor Filia, quæ tribus Coronis fui ftemmatis quartam jamdiu adjecit longe auguftiorem, ftupendæ eruditionis, profundæ fapientiæ, & liberalitatis magnificæ in eruditos cujufvis Œuvres. VI. \ 62 PS, 490 DEs Passions. conditionis, Nobiliffimum Cartefium humaniflimè ad fe invitaverat, vifis ipfus fcriptis Philofophicis cedro dignis, & illeéta, ut aiunt, hujus ipfus Tractatüs de Affeétibus leétione & admiratione. Sed vix in Sueciam pedem intulerat, cùm repentino morbo correptus ex hac ftatione emigravit. Quanti eum vivum feciflet fapientiflima Regina, armata Pallas Gotthicæ gentis, etiam fuis lachrymis, audito mortis ejus nuntio, teftata dicitur. Tantæ Reginæ de hoc viro judi- cium fufficit eluendo quicquid olim æmulorum quorundam zelus ac fervor illi voluerat adfpergere : eorum nemo eft cui tam pretiofe unquam parentabitur ; nec potuit non placere fummis Principibus, qui talibus adverfariis difplicuerat. Ea fors eft Virtutis & Eruditionis, ut illas non minüs invidia comitetur, quàm fumus ignem. Quicunque femotis affectibus ejus opera legerit, fatebitur, illum magnam lucem Philofophicis Difci- plinis intuliffe, etfi ejus placita non admiferint, quibus poft fruges repertas glande adhuc véfci volupe eft. Hic ipfe Traétatus Patho- logicus fatis oftendit, non minüs illum in Microcofmi cognitione, quàm in Macrocofmi contemplatione profeciffe. In nullius manus veniet, etfi diverfa fentiat, ut femper licuit inter bonos, quin ejus acumen, folertiam, perfpicuitatem, ac fubtilitatem miretur, & quôd tam commodè ad folam rationis facem in iftius naturalis automati motus omnes inquirere potuerit. Confiderat enim homi- nem Philofophico more, nec penetrat in nativam illius corruptio- nem, horum motuum anomalorum & eccentricorum in nobis fœcun- diffimam matrem, quæ Theologicæ eft difquifitionis. Ne mireris verd, Benevole Leclor, quod ftyli, quo noftrà linguâ ufus eft, nitorem Latino fermone affequi non potuerim. Debuiffet ipfe interpres fuiffe fuorum conceptuum. Satis mihi fuit, eos quam potui fideliflimè exprimere ; quod dum facio, elegantiæ oblivifcor. Et aufim fanè dicere, illos non potuifle ab alio quàm ab homine Gallo fatis feliciter exprimi. Id me movit ut, cùm nomen À fecluum Latinius fortè poflet ufurpari, maluerim tamen Pafionum vocem retinere, quo Authoris ipfus principiis magis inhærerem. Nec initio aliis quàm mihi foli hanc Metaphrafim adornabam; fed poftea viri magni, quorum authoritatem refugere religio mihi fuiflet, authores fuerunt uteam Typothetæ permitterem. Ei adjeci Epiftolas Editioni Gallicæ præfixas à Viro illo Doétiffimo qui eam procura- verat. Fruere igitur noftrâ hac qualicunque opellâ, Amice Leéor, & ex illà difce Affeétibus tuis moderari. Vale. PREMIERE PARTIE. 1. Que ce qui eft Pañion au regard d’un fujet, eft toufiours A&tion MolqueAaDtre card MR D TU ei 2. ce 327 2. Que pour connoïftre les Paffions de l’ame, il faut diftinguer fes foncHonsid'avec Celles AHACORPRSEME UNE 328 rouelleréesle on doitinvrepoureetetetts 01, |. 329 4. Que la chaleur & le mouvement des membres procedent du ICOSPSFSAIESIPENIEES CE AMEN. : à . .. . : , » 5. Que c’eft erreur de croire que l’ame donne le mouvement & la GHAICUAUICODS RE EME ME AE 0 2 à à à de 330 6. Quelle difference il y a entre un corps vivant & un corps mort, » 7. Breve explication des parties du corps, & de quelques unes de DÉPASSE 2 à …. à à 331 2 Ouel'eftle principe detoutes ces fonétions … ., . . . : , . : 1335 gACGommentie fatle mOuvementiAU Cœur...) . . .. : . . …, » 10. Comment les efprits animaux font produits dans le cerveau . . 334 11. Comment fe font les mouvemens des mufcles. . , . . . . . . 335 12. Comment les objets de dehors agiflent contre les organes des ENS ME nc Se DATE bo puT0 MOT ER ME RÉSEAU 336 13. Que cette action des objets de dehors peut conduire diverfement ipastdansiles-mifcies ne. Co... 2 | 338 14. Que la diverfité qui eft entre les efprits, peut aufli diverfifier leur ÊGUTS 4 0 à 2 2 OR MARIO A REE 339 AOnelEStontlesCautes de lenridiverfités... .. «4.1. : . . . , 340 16. Comment tous les membres peuvent eftre meus par les objets des fens, & par les efprits, fans l'ayde de l'ame, . ., . . .. 341 HA Oueles fonties fonélionside Pame.Wl. . … . . . . . . . … . 342 Ru... . » DE EEE On de. : . ... . . . .. 343 20. Des imaginations & autres penfées qui font formées par l'ame , 344 21. Des imaginations qui n’ont pour caufe que le corps. . . . . . » _ 22. De la difference qui eft entre les autres perceptions . . . . . . 345 23. Des perceptions que nous rapportons aux objets qui font hors Re = no à eg à à + + + 0e à 346 492 TRAITÉ DES PASSIONS. 24. 257 26. . Quel eft le pouvoir de l’ame au regard de fes Pañfions. . Quelle eft la raifon qui empefche que l’ame ne puifle entie- Des perceptions que nous raportons à noftre corps . . . . . . Des perceptions que nous raportons à noftre ame . . . . . . . Que les imaginations, qui ne dependent que du mouvement fortuit des efprits, peuvent eftre d’auffi veritables pañlions, que les perceptions qui dépendent des nerfs. . . . . . . . . La definition des \Paffions de l'aime RSR . Explication de la premiere partie de cette definition . . . . . . MExplicationtdeMonaUtrePANtE EN CN CC CNT CCE . Que l’ame eft unie à toutes les parties du corps conjointement . . Qu'il y a une petite glande dans le cerveau, en laquelle lame exerce fes fonctions, plus particulierement que dans les autres PALtIES Er OC RE CRC . Comment on connoift que cette BE eft le principal fiege de ÉTOM T L0 Lolo add) E 0 die 0 à A Rome VE . Que le fiege des Paflions n’eft pas dans le cœur. . . . . . . . . Comment l’ame & le corps agiffent l’un contre l’autre . . . . . . Exemple de la façon que les impreflions des ES s’uniffent en la glande qui eft au milieu du cerveau CRICOMPONICT OT MERE OL IC, © . Exemple de la façon que les Paflions font excitées en l'ame. . . Comment il paroïft qu’elles font toutes caufées par quelque mouvementides eprits Ne CR RE . Exemple des mouvemens du corps qui accompagnent les Paflions, & ne dependent point de l’ame . Comment une mefme caufe peut exciter diverfes Paflions en divers hommes ne er Ver Len ne. eg et els l'oeil Re . Ouelreft leiprincipalieffeétides Pafions PS . Quel eft le pouvoir de l’ame au regard du corps. . . . . . . . . Comment on trouve en fa memoire les chofes dont on veut fe AINENF EP PM EX Le D COFPS Le. CRT NRC TRE . Que chaque volonté eft naturellement jointe à quelque mouve- ment de la glande; maïs que, par induftrie où par habitude, on la peut joindre à d’autres rement difpofer de fes Paflions s, ahke ter eat oi Re . En quoy confiftent les combats qu’on a couftume d’imaginer entre la partie inferieure & la fuperieure de l'ame . En quoy on connoift la force ou la foibleffe des ames, & quel eft le mal des plus foibles je + ee + lee PL RE . Que la force de l’ame ne fuffit pas fans la connoiïffance de la verité . Qu'il n’y a point d’ame fi foible, qu’elle ne puiffe, eftant bien conduite, acquerir un pouvoir abfolu fur fes Paflions . . . # dE NS Es or , jy (ie rise TABLE. SECONDE PARTIE. 51. Quelles font les premieres caufes des Päffions. . . . . . . . . 52. Quel eft leur ufage, & comment on les peut denombrer . RSA ONE M en Ve 20 Man un haie MARS à ne 54. L'Eftime & le Mefpris, la Generofité ou l’Orgueil, & l'Humilité te EPA ee NES TER EPA PPT MENÉS EE Hs aVeneration éleDedains.... =. CARE ER. RP mou ianane.S. 2.0.0. RMENEN LR EN nr. EE CN M EE En eu 58. L'Efperance, la Crainte, la Ialoufie, la Securité, & le Defefpoir. 59. L’Irrefolution, le Courage, la Hardieffe, l’'Emulation, la Laf- CHEF ROUE POUVANT RE RE Ue lie eledene COMIPERR EM OS PR PE tt ne 6 Patloye latte eu EN. Dur. GS EaMoquerte, Envie lARPItIÉ. RAA MMS... . . 0. . 63. La Satisfaétion de foy-mefme, & le Repentir . . . . . . . . . GAP EANEURONIaIRECONROUANCE EEE... | PAR RAI CORTE RENE. DES IR ECRIRE 5 67. Le Degouft, le Regret & PAlepre te à NO RD TE CPR RL 68. Pourquoy ce denombrement des Paffions eft different de celuy QUIL COMMEANMEMENNEEEELLE SL. .-. . !. ©: Le. ot 69. Qu'il n’y a que fix Paflions primitives . . . . . © 19 de LRO A 70. Del'Admiration. Sa definition & facaufe. . . . . . . . . . . 71. Qu'il n'arrive aucun changement dans le cœur ny dans le fang En ECS PÉMÉON RR RRN E 72. Eniquoy-confifte la force de l’Admiration. . . . . . . . . . . AGquecEetquetEltonneMEnt. 2... . LU. 1. à 74. À quoy fervent toutes les Paflions, & à quoy elles nuifent . 75. À quoy fert particulierement FAdMTAUOnE Eole 76. En quoy elle peut nuire; & comment on 1 peut fuppleer à fon defaut & corriger JONICXCE SRE RE ET den. delle 77. Que ce ne font ni les plus ftupides, ni les plus habiles, qui font IRIS portez 4 L'AGMITAÉONE-. 0. . . . . . . . . 78. Que fon exces peut pañler en habitude, lors qu’on manque de le CONTEST + 10° 5 ar 508 Mo. 300 1 D USSR ENRRERIEE 79. Les definitions de l'Amour & de la Haine. . . . . . . . . . . 80. Ce que c’eft que fe joindre ou feparer de volonté. . . . . . . . 81. De la diftinétion qu’on a couftume de faire entre l'Amour de concupicence @delbienvuelllancé. . . .. . ..,. .:. . Comment des Pañlions fort differentes convienent en ce qu'elles DARICIPERPCOMNENMONREER PE. .1.1,0,2. 0 2e 493 494 TRAITÉ DES PASSIONS. 83. De la difference qui eft entre la fimple Affe&tion, l’Amitié & la DOI ee EM PE MONET ha, Da gieo à NON à 389 84. Qu'il n'y a pas tant d’efpeces de Haine que d'Amour. . . . . 391 85 ADel/APréement code REOrreur PE PRE TR ER Re RTE » 80-1badefiniuon du Dee PNR EN CR RE CE 392 87. Que c’eft une Paffion qui n’a point de contraire . . . . . . . 393 88. 1Quellestontiestdiveries(efpeces ne CPR EE « L 394 89. Quel'eMleDefrquinantdelAonreurEpEM REP EE » 90. Quel ef celuyquinaiftde Aeréement MEME PRET 395 or Ba definition dela lo EE ON EEE 4396 02. Lardefinition dela Rte EEE RIRE 307 93. Quelles. font les caufes de ces deux Pafions … : : . : 398 94. Comment ces Paflions font excitées par des biens & des maux qui ne regardent que le corps : & en quoy confifte le cha- maux que l'ame ne remarque point, encore qu'ils luy appartienent : comme font le plaifir qu'on prend à fe hafarder, ou à fe fouvenir du mal pañlé. : : . . : 400 96. Quels font les mouvemens du fang & des efprits, qui caufent les cinq Pailions precedentes NN PP RENE 401 97. Les principales experiences qui fervent à connoiftre ces mou- vemens en /AMOUr- EE PNR TR ee OUEN 98. .Entla Haine LENS SAMU 2e RP ER 402 09: En: la Toyé ne re RER PEER EE » 100. En:la Triftefleur. STONE AE I EE 403 101. Au Defir :.». & 46 LOTERIE ER EE » 102. Le mouvement du fang & des efprits en l'Amour. . . . . Mt 102. 1Enla aie EN RME ie DE OMR 404 104: En la T0ÿe + 41:27 74 ONE ORNE TR RENE 405 105. En la Trifteffe. SUR EN CO RE RE PE 406 106: Au Defir "Et RSA EE EC 107. Quelle eft la caufe de ces mouvemens en l'Amour . . . . . . 407 108 MENAlAS Haine NC NPA RL AU OL DO APE O à 4e 1682408 100. Entla 10e... :, 4 4000 UP PIC RP 409 110: 1Entla#Driltelle. 46 M PEUR ENCORE SES AATO LIMSCAUADENTE MASSE, 7r Le 12 ENT 7, FRA INRP Je 112. Quels font les fignes exterieurs de ces Pañflions. . . . . . . . 4ti 113-1Desattions des veux lUVHAse MEN NE EE EE 412 114-"Des changemensdecouleur CPR ER V4 115. Comment. la loyefaitrougir: . 1% L1EMOPPATERRRE SR 116. Commentla lrifte Ne faitpalir ee PER RERE ES 414 117. Comment on rougit fouvanteftant trifte M. M » 118. DestEremblemens LEP REN UT UN NE PARENT 119. Dela Eangeur M TS". CORP NN TABLE. : 495 120. Comment elle eft caufée par l'Amour & par le Defir : , . . . 417 121. Qu'elle peut auffi eftre caufée par d’autres Pañlions. . . . . . » 0 DEAR PA ÎMOLONE RME NE lee 2 00e Dieter à 418 123. Pourquoy on ne pafme point de Triftefle . . . . . . . MES C0) PA DU RIS-S. Le TIUD RP IEC IDC ONCE » 125. Pourquoy il n'accompagne point les plus grandes Ioyes . . . 420 PbAQuellestontiesipanepalesicau sem MERE IC he » 127 QOuelle/etthfatcaufe en dlndignationt-#.M NE Lee ce 421 HP ADENOESINEUESTÉATMES ER TC. NP ce CD ne 422 129. De la façon que les vapeurs fe changent en eau. . . . . . . . 423 130. Comment ce qui fait de la douleur à l’œil l’excite à pleurer . . 424 HAGommentnonnpleure deMriite((e MN MER IE CNP UR UN Le 425 132. Des gemiffemens qui accompagnent les larmes. . . . . . . . » 133. Pourquoy les enfans & les vieillards pleurent ayfement. . . 426 134. Pourquoy quelques enfans paliffent, au lieu de pleurer . . . . 427 135 DS SONORE Ce. D not NT EIRE » 136. D'où vienent les effets des Paflions qui font particuliers à cer- ÉUN SAONE ES ER ES DT LR de nUR soda le 428 137. De l’ufage des cinq Pañflions icy expliquées en tant qu'elles fe HSOOCTPOMEONEECT à 10 EC CNP OI 429 138. De leurs defauts, & des moyens de les corriger. . . . . . . . 431 139. De l’ufage des mefmes Paflions, entant qu’elles appartienent à Pame=téeprenierementiden/AMmOourt,: Var e, ol 432 PROD) R ARE AIN CR EE EE Lo immense) et 433 MesDHDefr de laloyeadelannitete "nant el 434 142. De la loye & de l'Amour, comparées avec la Triftefle & la RIRES SR ER ON ne » 143. Des mefmes Paflions, entant qu'elles fe rapportent au Defir. . 435 144. Des Defirs dont l’evenement ne depend que de nous . . . . . 436 145. De ceux qui ne dependent que des autres caufes ; & ce que c’eft (MENARORUNER CM NNR NC Eee Deer E errors 437 146. De ceux qui dependent de nous & d’autruy . . . . . . . . . 439 MASDeSEmononsinteneures de l'ame... Men. Cl. | 440 148. Que l'exercice de la vertu eft un fouverain remede contre les Palaos LS RSR EN TS EM TR ME EE 441 TROISIESME PARTIE. PAUSE; du, MEfPrIS EME RE. Le 1. 443 150. Que ces deux Pañfions ne font que des efpeces d’Admiration. . 444 151. Qu'on peut s’eftimer ou mefprifer foy mefme. . . . . . . . . » HA Abouraquelercaute On MpeNt SCIE... .. 1.14, . . 0 445 mer Pnquoyicontite IA1GENCrONTEMEN. PMU IL 1, . 1.0 » 154. Qu'elle empefche qu'on ne mefprife les autres , . . . . 512-440 T4 496 105 156. 1574 158. 159. 160. 161. 162, 163. 164. 165. 166. 167. 168. 169. 170. I7Ie 172. 173. 174. 175 176. 177. 178. 179. 180. 181. 182. 183. 184. 185. 186. 187. 188. 189. 190. 191. 192. 193. 194. 195. 196. TRAITÉ DES PASssIoNs. Enquomconitte lAumnitéevEntUIeUtC "MERE RER Quelles font les proprietez de la Generofité; & comment elle fert de remede contre tous les dereglemens des Paffions . . De Orgue EN PRE RE RP EEE Que fes effets font contraires à ceux de la Generofité . . . . . DOTE MEME GE PUS à Bleu à sise à Quel eft le mouvement des efprits en ces Pañlions. . . . . . . Commentla Generofité peutieftre acquife Ne De la VenErAHON ER ENT EN OC CE Du’Dedain' 2 CREER RP ONE NE CP Pr 0 Dell'ufagerderces deu Pañions PSC PAS oc DeltEfperance ee de la Grain ee RER CR ET TE Della Securité éaduiDefciPoir PRE PR EE De;la Taloufte PRE CE En quoy cette Paflion peut eftre honnefte . . . . . . . . . . Enquoyielle/eMblafmable RER RE Deilirrelolution ee PP CR TR CCE RENE DuiCourase érde fatHardiene ARE REP EEE DelEMUlIATONL EE. PNA ENTRER Comment la Hardieffe depend de JIEfperance EEE Del La lchetÉ AdENaPE UT NP NE De l\ufage deMatÆalcheté LC MM ERP RE EEE Delufage dela Peur AMEN REA DuRemors:..1 27 PMU CON TONER De la Moquerie Le "MOMIE TPE EN RRr , Pourquoy les plus imparfaits ont couftume d’eftre les Dine MOQUEUFS NUE MN NN EE EEE De Vufagedelatraillerie SRE SENS De l'ufage durris entla raillente EME EP De P'Eñvie..". 405104 SUP SONO RES EE Commenvelle/peutveftre JuftelouAnJUte EEE D'où vient que les envieux font fujets à avoir le teint plombé . Dela Pitié. 4000 CUT CR RERO EE Quifont les plus pitoyable PER Comment les plus genereux font touchez de cette Paffion. . . Quifontceux quin'en font POINT OUChEZ PER E Pourquoyicette Pañionexcite a)pleurer PER RER DelatSansfaction delfoyimelme AE NERRERRE TE DuSRepentins eme : ue RC EEE Della Faveur tete Lou 7 SRE PRES DelnNerAtEUTE PRE IPN A ES Rnt LED e. Le SE à De lPindignation. MUC. 210702, MAN CORRE Pourquoy elle eft quelquefois jointe à la Pitié & quelquefois à laMoquerie . 200, 1, 47 ACC NES R PRES hs TABLE. 497 197. Qu'elle eft fouvent accompagnée d'Admiration, & n’eft pas À incompatible avecia loye. ee. 4... . . . . . 47 TORRDERONE ASC AE Bou lo D DCE NO MATOS » 160! D'AREUCHEREMRRR S R EE O OCE 477 200. Pourquoy ceux qu'elle fait rougir font moins à craindre que CLR Qui NeR EPA A ce Douche ee 478 2o1. Qu'il y a deux fortes de Colere, & que ceux qui ont le plus de bonté, font les plus fujets à la premiere . . . . . . . . . 479 202. Que ce font les ames foibles & baffes qui fe laiffent le plus CRPOREMA MAUTEMMR I ANS ee eric eo Pie 480 203. Que la Generofité fert de remede contre fes exces. . . . . . . 481 DO D EAN GIONTE SEE RU 0-0. - 0. 482 DO SD ERA FEIONT EEE LR Eee ee à Le + » » 2oraDeltiaperdteces deux PaÎlOns RC 0. 2 - » DE DE nAdENce RNA. à . . . . 483 DOS DORDESDN IEEE ee neue eue + + + + 484 RE OU Ce , , . . . . . . » PHOD ON PAUETTEN AN EE EP ER EE nn 2. + 0... 485 pheatiniremedezsentralcontre les Pañions, . " - .. . . : . . » 212. Que c’eft d’elles feules que depend tout le bien & le mal de CRTICNAC PRE PR EEE Re De à : — + os + + 0 488 Œuvres. VI. … 63 F - à WE TOR OU POLLTROANAS 4 HO MUR LME je MAP « " £ j tie DE TU . 0 L : FOR F L = f 0 0 a L ou i TE Ÿ L : # Î- \ : Lo e = NE - F “ b AE" ». es >: i ie à COR ua PRIMÆ COGITATIONES CIRCA 4 _ GENERATIONEM D ANIMALIUM N ET rs NONNULLA DE SAPRORTIBUS. — AVERTISSEMENT L'Édition d'Amsterdam : R. Des-Cartes Opufcula Poflhuma, 1701, donne, avec une pagination à part, p. 1-23, un fragment intitulé : Primæ Cogitationes circa Generationem Animalium ; il est même suivi d’un autre fragment, beaucoup plus court, p. 24-26 : De Saporibus. Une note, placée au verso du faux- titre*, en indique assez vaguement la provenance : ces quelques pages ont été remises à l'éditeur, avec l'affirmation qu’elles sont bien de Descartes; elles se trouvent d’ailleurs conformes à une traduction en langue flamande, qui en avait été déjà donnée. L'éditeur n’en garantit pas autrement l'authenticité; et même, dans la Préface en tête du volume, lorsqu'il men- tionne ces Primæ Cogitationes, il n'ose pas affirmer qu'elles sont authentiques?. Plus tard, Victor Cousin, au t. XI de son a. An Lecrorem. Primæ hæ Cogitationes circa Generationem Anima- lium cum Annexis de Saporibus cm ad nos tranfmiflæ forent, Carte- fiique fœtum eas effe fuiffet adfirmatum, è re duximus ipfas reliquis pofthumis iffius differtationibus inferere, idque eum præ primis in finem, ut nihil eorum, quæ in operibus Cartefii Belgico editis idiomate repe- riuntur, in hac nofira editione defideraretur. Latinum noftrum exemplar cum Belgico omnind convenit, fifimufque illud integrum, nulla immuta- tione factà, licèt multa in eo, quæ mendis laborant, fortè pofjint inveniri. Cæterüum num hæc verè Cartefium Auéorem habeant, num fint f[uppofiti- tia, aliorum eflo judicium. Fieri potuit, ut ab eo, qui illa defcripfit, hinc inde nonnulla interpolata fint, quod poflhumis operibus, præfertim qui- bus ultimam limam non adhibuerunt Au“ores, non rarû accidere nôrunt eruditi. Interim Tu, B. L., hifce fruere, € vale. b. A la suite du passage de la Préface, reproduit t. X, p. 492, on lit: « Hæc omnia excipiunt Primæ Cogitationes circa Generationem Ani- » malium, & Nonnulla de Saporibus, quæ, ficut erant, Latina, integra » damus. » « De hifce ne hilum quidem, Baïlletus, quamvis inter alia plurima È 02 GENERATIO édition des Œuvres de Descartes, 1826, n'hésita pas à les rejeter. (Avant-propos, p. vi.) Mais un fait nouveau s’est produit depuis lors, qui permet, ce semble, de régler la question. Les notes de Descartes, copiées à Paris en 1675 et 1676 chez Clerselier par Leibniz et Tschirnhaus (voir notre t. X, p. 208-209), et dont la copie MS., retrouvée à Hanovre, a été publiée par Foucher de Careil, en 1859 et 1860 : ces notes, dis-je, contiennent plu- sieurs passages identiques aux trois dernières pages, p. 21-23, des Primæ Cogitationes imprimées en 1701. Sauf de légères variantes, et en très petit nombre, c'est mot pour mot le même texte exactement. On peut inférer de là plusieurs con-: séquences. D'abord, cette identité est une preuve que deux pages au moins de la publication de 1701 sont authentiques, et sans doute aussi toutes celles qui précèdent, p. 3-21. Une copie était demeurée en Hollande, que quelque cartésien aura communi- quée à l'éditeur d'Amsterdam. Pendant ce temps, l'original avait voyagé d'Egmond à Stockholm, puis était venu à Paris : une copie, prise là, en avait été rapportée à Hanovre. La con- formité des deux textes, dont l’un avait pour lui l'écriture de Descartes et le témoignage de Clerselier, et l’autre le témoi- gnage d'un Hollandais fidèle à la mémoire du philosophe, doit nous ôter le moindre doute : nous avons bien là un frag- » Cartefii fcripta Pofthuma, quæ recenfet, etiam referat diverfa frag- » menta de naturà & hiftorià Metallorum, Plantarum, & ANIMALIUM. » « Quapropter, cùm in Admonitione ad Le@torem, hifce Primis Cogita- » tionibus præfixà, jam de iis egerimus, nec adhuc ecquid re verà Carteñi » fint necne, certiores fimus, totaque noftra fides illius, qui eas ad nos » tranfmifit, adfertioni innitatur : non eft cur aliquid addamus, præter- » quam hoc unicum, fcilicet ipfummet Cartefium Epift. 53 Part. 3* » innuere, fe Tradatuim de Animalibus meditari, nec eum tum temporis » potuiffe adhucdum perficere. Hunc autem eumdem cum hifce Primis » Cogitationibus circa Generationem Animalium efle nulli adfirmamus, » quin potiùs Non LiQuERE pronuntiamus. » (Præfatio, pag. 3-4.) Le passage des Lettres, ici mentionné (lire r* et non 3* partis), se trouve au t. IV, p. 326, 1. 4-10, lettre au marquis de Newcastle, oct. 1645. ANIMALIUM. 503 ment (ou une série de fragments) de Descartes lui-même. De plus, la copie MS. de Hanovre donne, pour un des pas- sages ainsi identifiés, la date précise : Feb. 1648. Sans doute cette date ne vaut même pas pour toutes nos trois pages, mais seulement pour l'alinéa qu’elle précède ; à plus forte raison, ne saurait-elle valoir pour l’ensemble du fragment, p. 3-23. Mais on peut déjà en conclure que le titre donné par l'éditeur : Primæ Cogitationes, ne s'applique pas non plus au fragment tout entier. Les premières pensées de Descartes sur la généra- tion ne datent certes pas de 1648. Si l’on parcourt la corres- pondance du philosophe, on voit que cette question le pré- occupait dès la fin de 1629, et aussi en 1630, à Amsterdam, puis en 1632 et 1633, puis à Santporte, près de Harlem, en 1637-38, puis à Endegeest, de 1642 à 1643 (t. III, p. 352-3, et t. IV, p. 247-8), enfin à Egmond, en 1647 et 1648, et sans doute jusqu'à la fin en 1649, comme nous l’avons dit dans notre Avertissement du traité qui précède. Donc le mot Primæ au moins est de trop; et il suffisait de dire : Cogitationes circa Generationem : à moins que l'éditeur de 1701 n'ait pas pris ce mot dans le sens chronologique, mais seulement pour indiquer que c'était la des notes jetées sur le papier, premières ébau- ches de traités qui s’achèveraient plus tard. Une dernière remarque confirme cette manière de voir : les alinéas des trois pages, 21, 22 et 23, de l'édition d’Amster- dam, bien qu’ils se succèdent d’une façon continue dans le texte imprimé, se rapportent à des passages séparés dans la copie MS. de Hanovre; et même un assez long intervalle, a. Le Journal des Savants, du lundi 2 avril 1703, rendant compte des Opufcula Pofthuma de Descartes, traduit ce que dit en latin l’éditeur au sujet des Primæ Cogitationes circa Generationem Animalium, et ajoute cette remarque : « Si cet écrit eft de M. Defcartes, ce Philofophe n'a pas » toujours eu le mefme fentiment : car, dans fon 7raîté de la formation » du fœtus, c'eft le cœur qui eft le premier formé, enfuite le cerveau ; le » poumon & le foie ne viennent qu'après ; au lieu qu'ici le poumon & le » foie fe forment d’abord, & font le principe du cœur, du cerveau & de » tout le refte. » {P. 220.) 04 GENERATIO rempli par d’autres textes, sépare chacun d’eux des deux autres ; aussi traitent-ils de matières différentes. Or ce qui est vrai de ces trois dernières pages, paraît bien l'être également de toutes celles qui précèdent : nous aurions là, rapprochées les unes des autres et mises bout à bout, plusieurs pages de notes, qui ne forment pas, tant s’en faut, une suite continue. La conti- nuité du texte imprimé dans l'édition de 1701 ne doit pas nous faire illusion : ce sont des notes, écrites à des dates différentes, et sur des questions différentes, bien que relatives toutes à la génération. Faute des renseignements nécessaires, nous n’en- treprendrons point, sauf pour les trois dernières pages, d'intro- duire dans ce texte toutes les séparations qu’il faudrait. Nous en conservons la continuité, mais en avertissant le lecteur qu'elle est tout artificielle, afin qu’il sache sous quelles réserves il peut raisonnablement s’y fier. CA Nancy, 20 juillet 1907. PRIMÆ COGITATIONES CIRCA GENERATIONEM ÉRSNT AS RAR M . Duplex confideranda eft Generatio, una fine femine vel matrice, alia ex femine. Sunt vero quædam omnibus animantibus commu- nia, ut fponte moveri, nutriri, &C.; quæ omnium prima* venire debent in D onem, Sunt deinde alia, quæ fere omnibus, ut videre, audire, &c.; quæ fecundo loco examinanda funt, & cur non omnibus infint. Sunt quædam totius generis fubalterna, ut bipedes efle omnium avium, quadrupedes ferarum, pinnas habere pifcium, multipedes infectorum, &c. ; quæ tertio ordine erunt expendenda. Quarto denique ad fingulas fpecies infimas deveniemus. Omne animal, quod fine matrice oritur, hoc tan- tummodo principium requirit : nempe ut duo fub- jeta, ab invicem non valde remota, ab eâdem vi caloris diverfimode concitentur, ita ut ex uno fubtiles partes (quas fpiritus vitales en appellabo), ex a. Texte imprimé : primo. — La pagination reproduite en haut des pages est celle de l'édition d'Amsterdam, 1701. Œuvres. VI. 64 06 GENERATIO 3-4. alio crafliores (quas fanguinem five humorem vitalem dicam), cogat erumpere; quæ partes fimul concur- rentes efficiunt vitam primo in corde, ubi eft fangui- nis cum {piritu animali pugna perpetua; deinde poft- quam fanguis & fpiritus ita fuerunt unus ab altero domiti, ut in eandem naturam poflint convenire, generant cerebrum*. Cüm igitur tam pauca requirantur ad animal facien- dum, profettù non mirum eff, fi tot animalia, tot vermes, tot infecta in. omni putrefcente materià fponte for- mari videamus. Hicque notandum ef, pulmonem & hepar effe illa duo fub- jecta prærequifita, quæ hoc pervenam cavam, illud? per arteriam venofam, materiam emittunt, ex cujus con- curfu fit agitatio in corde; ipfiufque cordis fubftantia ex illorum materiis fimul permixtis generatur, tuncque animal efle incipit; nondum enim eft animal, antequam cor factum fit. In matricibus animalia fie forman- tur ‘ : primo, dum femen ingreditur vulvam, illud quod puriflimum eft, & D quäm optimè permixtum, pris ingre- ditur, & profundiflimum locum occupat : quia fcilicet, a. Voir ci-avant, p. 503, note a. Mais lire aussi ce qui suit, 1. 13-14. Voir aussi p: 516 ci-après, L. 17-18. b. Texte imprimé : #llud. Lire plutôt : ile (pulmo). c. Les deux figures, ici reproduites, sont exactement celles de l'édition d'Amsterdam. Assez grossièrement faites, elles ne servent guère à élucider le texte. 20 25 30 AA L ANIMALIUM. 507 quod fubtilius eft, celeriùs movetur, & facilius ex parentum corporibus excernitur. Sequitur poftea reli- quum femen paul craflius, quod magis vergit ad os vulvæ. Nempe fit os vulvæ D, purius femen occupat fundum À, craflius eft verfüs orificium B. Jam verd, fi illud femen fit tantüm ex uno parente, facilè relabitur eàädem vià, quà ingreflum ef : nihil enim eft, quod illud 1ibi retinet. Ideoque non fuffcit unius femen ad generationem. Si verd parentis utriufque femina fimul mixta funt, tunc quoniam illa fine rarefactione permifceri non poflunt, prout magis ac magis incalefcunt in vulvä, eù magis inflantur. Eft autem vulvæ compofitio talis & firuétura, ut qud magis dilatatur, tantd magis ipfius orificium claudatur; cum verd conftringitur, ejus os aperiatur. Hinc fit, ut in coïtu aperiatur; cùm verd concepit, & femen in eà inflatur, arctè claudatur. Nunc femen ita in vulvà conclufum temporis morà quodammodo fermentatur, & matris calore conco- quitur, id ef, ejus partes fubtilius inter fe permifcen- tur. Et quidem tunc partes accuratiflimè permixtæ & temperatæ ad medium loci, in quo funt, confluunt . nempe maxima pars, quæ reperitur, confluit in C, & facit cerebrum; toto verd tratu ab A & B confluit in fpinæ medullam, ut hæc fit quafi rivus ex crafño- ribus fanguinis partibus, quæ funt verfus os vulvæ, per quem fubtiliores partes, quæ fortè inter illas exiftunt, ad cerebrum defelrantur. Reliquæ verd partes feminis, quæ non tam fubtiliter mifcentur, fed tamen fatis commodè & fine magnà repugnantià, cedunt in cutem; quarum ideo pars major verfus B 508 GENERATIO 5. reperitur. Ex quà materià fient poftea abdomen, crura & pedes; manentibus autem À & B quafñ centris, A quidem præcipuè partium fubtiliorum, fed etiam B craffiorum. Interim verd, dum fiunt ifta omnia, fi alterutrius ex parentibus femen fit ita imbecillum, ut facilè & abfque magnà controverfià cum altero mifceatur & illi cedat, tunc non generatur animal, fed mola. Si ver femén utriufque fit validum, non omnes ejus particulæ poflunt eodem tempore mifceri, fed quæ- dam funt magis contumaces, quæ proinde à reliquis feparantur. Sunt autem 1illarum duo genera, nempe aliæ ex parte À fubtiliores, aliæ ex parte B excer- nuntur. Quæ duo nifi diftinguantur, fed fimul con- fluant & facilè conveniant, rurfus fit mola; fignum enim eft À cerebrum ex B carnibus non rectè effe fecretum; atque talis mola fortaflis diu nutriri atque umbilicum habere poteft. Si verd ab inuicem fepa- rentur, fubtiliores quidem verfus A faciunt pulmo- nem, quatenus eft radix arteriæ venofæ, crafliores faciunt hepar, quatenus eft radix venæ cavæ : five unæ funt fpiritus animales, aliæ funt fanguis. Unde vides, quare pulmo & hepar femper occupent illa loca, in quibus ea efle videmus. Fieri enim non poteft, ut in alium confluant; fed pulmo debet infra collum ad fpinam dorfi, & hepar fupra nates juxta eandem fpi- nam, atque in iifdem partibus collocari. His autem omnibus fais, nondum eft animal. Sed poftquam fpirituum copia ex variis cerebri partibus in pulmonem confluxit, ibi conglobatur & per uni- cum duétum arteriæ venofæ verfus hepar fertur; non 20 25 30 HE ANIMALIUM. $09 poteft enim in alias partes, quia veniens ex cerebro debet in partes oppofitas ferri. Contra fanguis ex pofteriorum partium maflà in hepate conglobatus, per communem duétum venæ cavæ fertur verfus pul- monem ; atque ita fimul concurrunt vena cava & arte- ria venofa, primümque illarum fibræ fimul mifcentur, & quodammodo in fe ipfas revolvuntur, efficiuntque fubftantiam cordis. Deinde fpiritus & fanguis fimul in corde permifcentur : cùmque aétio fpiritüs fit cele- rior & fubtilior, idcirco defcendit magis verfüs hepar, fitque figura cordis verfüs illam partem acuminata ; cüm vero actio fanguinis fit lentior, & in corpore molis amplioris confiftens, manet in fuperiore cordis parte, facitque illam ampliorem. Mifcentur autem lin corde fanguis & fpiritus, incipiuntque ibi conti- nuum illud certamen, in quo vita conftat animalis, non aliter quàäm vita ignis in lucernà. Poftea difperfi per totum cor fanguis & fpiritus, dum inde exitum quærunt, ut novo fuccedenti faciant locum, nullà in parte faciliùs fibi viam facere poffunt, quam juxta ea ipfa loca, per quæ dilapfi funt, quia tota reliqua caro, quæ dum generaretur à fanguine vel à fpiritu ferie- batur, magis compaéta eft. Hinc igitur effodiunt fibi venam arteriofam unà ex parte, & arteriam magnam ex alià, quæ rurfus propter vicinitatem fimul jungun- tur, fed pauld poît rurfus feparantur : quippe partes magis craflæ & fanguineæ in pulmonis jam aëris eflu- fione exhaufi alimeutum reflettuntur, fpiritus autem puri per aortam in totum corpus fparguntur. Hicque incipit animal efle, quoniam ignis vitæ accenfus eft in corde. Fiunt autem hæc omnia ex folo 10 GENERATIO 6-3. femine caloris vi turgefcente (quemadmodum cafta- neæ turgent in igne); fed non poteft femper turgef- cere, fiuntque hæc breui tempore, forfan uno aut altero die, forfan unà horà : eft enim quæfio fact, nec ratione poteft definiri. Cum igitur ceffat femen inflari, pergunt nihilominus fanguis & fpiritus verfüs cor confluere, utpote impetu jam fato, & duétibus ed præparatis. Unde hepar exhauritur, ideoque necefla- rid aliunde trahit alimentum; hepar autem perforat fibi umbilicum, qui locus hepatis parti inferiori, & per quam maximè trahit, eft proximus. Contrà pulmo non poteft lapfu temporis exhauriri, quia fanguine nutritur, & ex folo fanguine vi caloris, qui eft in ma- trice, poteft fieri fpiritus tenuiflimus; ideoque potiüs redundat initio, quàm defit embryoni. Unde perforat fibi afperam arteriam*, quæ ided fortè eft annulata, quia fingulis vicibus, puta fingulis diebus, vel tem- pore cuiufque diaftoles, augetur uno annulo ab aëre, qui ex pulmone redundat, quo impletur, donec ad palatum ufque pervenerit. Quod non poteft perforare propter cerebrum, fed per os & aures, & fortè etiam per nares exitum quærit : ut patet ex eo, quod pala- tum etiam talium annulorum fpeciem retineat. Et figura oris oblonga palato fubjeéta id confirmat; non tamen illam poteft ftatim perforare. Accenfà autem vità in corde, ftatim arteria magna & vena cava ramos incipiunt difflundere per totum corpus; cumque progediun|tur tantüm per vias, quas a. Hæc infrà fcripta'erant : Crediderim magis illam fieri totam fimul, fed in annulos dividi propter motum aëris intus contenti, qui dum fit, affiduè movetur, prout ferunt rudimenta refpirationis. (Edit. 1701.) 20 25 15 20 BE RE . 7: ANIMALIUM. II maximè apertas inveniunt, inde fit ut ambæ fimiles faciant ramos. Nec tamen ided permifcentur, quia continent res naturà nimis diverfas, nempe fangui- nem & fpiritum; fed ubi una divifit materiam ad iter fibi faciendum, facilius altera eandem tranfit. Inter cæteros autem ramos, quidam adfcendunt ad cere- brum, ibique in torculari Herophili* uniuntur, quia materia longo tra@tu magis excoéta incipit facilius mifceri, atque ita mixta cerebrum alit atque auget. Dum cerebrum augetur, emittit ex fe neruorum con- jugationes, incipiuntque omnia membra formari tum ex excrementis. Quæ prima fiunt! ab hepate, fplen & fel & vena porta. Hepar trahit ad fe fanguinem matris per umbi- licum. Simul venit aqua & fpiritus, quæ funt excre- menta umbilici; nec hepar attrahit purum fanguinem. Itaque aqua per urachum defcendit & format veficam, tandem penem fibi perforat, per quem puer mingit in utero, quicquid Medici in contrarium dicant. Spi- ritus autem tranfit per arterias umbilicales®, facitque, ni fallor, fubftantiam penis; funt enim veræ arteriæ iliacis implantatæ, quæ augent arteriam magnam, corde adhuc nimis exiguo, & parum vivaci exiftente. Tertid, excrementa venæ cavæ abeunt in renes, & ex renibus per ureteres in veficam, fed partu jam a. Bauuin, dans ses Zn/ffitutiones Anatomicæ, (que Descartes citera plus loin) : « Meninges cerebri. Eodem loco, ad finuum duorum concurfum, » quartus.apparet, qui inter Cerebrum & Cerebellum ad glandulam » pinealem abit, cujus principium Torcular dicitur. » (4° édit., Basileæ, 1619, p. 149.) - .b. Fiuntconjecture. Texte imprimé: facit. Voir ci-après, p. 516, 1. 22-24. c. Videtur hîc aliquid deeffe ufque ad litteram A (c'est-à-dire jusqu’à exiflente, 1. 23). (Edit. 1701.) $12 GENERATIO 7-8. grandiufculo, ideoque veficam non perforant; quippe dum fœtus eft minor, id quod per emulgentes attra- hitur eft urinà craflius, & ided renum corpora com- ponit. Quarto, pulmonum excrementa inflant afperam arteriam, ut dictum eft*, cordifque excrementum abit in venam arteriofam. ? Quintd, cerebri excrementa varia funt. PrimÔ, ex totà ejus fubflantià flatus quidam valde humidus per palatum erumpit, qui primo inflat buccam!, fed non- dum perforat eam ; deinde per œfophagum elapfus, in- flat etiam ventriculum; fimulque cum ipfo nervi fextæ & feptimæ conjugationis delabuntur. Notandumque, totam fubftantiam, ex quà œfophagus componitur, & ventriculus, effe materiam ex palato vel potius excre- mento cerebri delapfam : unde fit, ut quamvis ventri- culus fit amplus, membranas tamen habeat craflas. Poftquam humor ifte ex cerebro ad locum infra hepar pofitum pervenit, ibi ftagnat & ita intumefcit : impe- dit enim materia partium inferiorum, ne poffit ulte- riùs defcendere. Sed quia flatus intus conclufus afi- duè conatur erumpere, paulatim fibi per pylorum exitum facit : unde generatur duodenum & reliqua inteftina per crebras revolutiones, | donec per podi- cem, quem perforat, flatus ifte poflit egredi. Perfo- ratur autem pylorus, non alia pars ventriculi, quia fibræ ejus ita funt difpofitæ, ut nulla pars facilius poflit extendi, quam ea quæ ultimo facta eft; pylorus a. Voir ci-avant, p. 510, 1. 11-16. ; : b. Buccam... perforat eam, conjectures, Texte imprimé : buccas... per- foratas. ANIMALIUM. 13 autem totius ventriculi pars eft ultimd generata. Omnia autem hæc fiunt ab excrementis medii ventri- culi cerebri. Secundo, ex pofteriori five cerebello fla- tus utrimque exiens aures perforat; cumque is non fit copiofus, fed tantüm in folidà & craffà materià confi- ftens, hinc fibi anfractuofum iter facit. Tertid, ex medio & interiore cerebri ventriculo duplex genus materiæ utrimque redundat, vifcofæ tamen & pellu- cidæ tanquam gummi ex arboribus; utrimque deftillat & oculos componit. Nec mirum 1llos poftea oflium cavitatibus contineri : generantur enim antequam ulla offa durefcant. Aliud excrementum, quod ex anterio- ribus cerebri partibus exit, ficcius eft : quia quod humidius erat, in oculos tranfivit, nihilque aliud ef, quàm flatus utrimque fibi nares perforans. Fiunt autem 1fta omnia ftatim & ab initio, & priuf- quam cutis à carne, caro ab oflibus, hæc à membra- nis & cerebro & medullà diftinéta funt, vel certè fimul tempore. Sed nulla offa durantur, nifi multo pôft, priufquam minxit puer per penem, flatumque emifit per anum, cüm palpebras & labia habet divifa; quia ver non mingit, nifi per vices, propter velicæ capacitatem, hinc fponte fit mufculus ejus os con- ftringens. Divifio autem palpebrarum fit paulatim humore fubtilifimo per angulos oculorum utrimque dela- bente, & per medium palpebrarum fenfim exfpirante : aded ut, dum illarum cutis formatur, ifta rima pau- latim tota operta fit. Idem fit in labris & hymene. Facit autem præcipuè ad oris fiffuram, quod mandi- bulæ inferiores alios habeant motus, quam fuperiores. Œuvres, VI. 65 a re UN dé 4 ee pee nt jt th RÉ So nn D: : 14 GENERATIO 8-0. Quod ad hymenem attinet, in aliis citius, in aliis tar- diüs ; necunquam planè in quibufdam, nifi per coïtum, _ vel etiam interdum Chirurgi manu, poteft aperiri. Valvulæ* vaforum cordis confirmant ea quæ dixi:in arterià enim venofà & venà cavà non impediunt def- cenfum, fed reditum humorum; contra in arterià magnà & venà arteriofà, non impediunt egreflum ex corde, fed regreflum. Quippe primd genitæ funt ex eo, quod humor in corde exiftens egredi voluerit, & intercepta membrana inter humorem ingredi & egredi volentem, replicata eft in valvulam : utfi duos digitos ex contrariis partibus contrà cutem ipfam | teneas, ipfa cutis duplicata intra utriufque concurfum pone- tur. Sic aliæ pañlim valvulæ in aliis vafis generantur. Præcipua totius corporis valvula eft epiglottis, cujus origo manifefta eft. Cüm enim aër, ut dictum eft*, afcendat tantummodo per afperam arteriam, non verd defcendat, fed contra mollis materies & flatus defcendat ex cerebro in œfophagum per eandem viam : fieri non potuit, quin membrana inter utrumque in- tercepta abiret in valvulam epiglottidem. Cartilago verù fcutiformis fit, quia decidens materia in œfo- phagum movet aërem in afperà arterià contentum : aded ut non ampliüus diflinguatur in bullis fingulis arteriæ annulos facientibus, fed plures bullæ fimul mifceantur, fenfimque per rimam infra epiglottidem delabantur; & eo tempore tremula epiglottis prima difcit canendi rudimenta. Concurfus autem venæ cavæ & arteriæ venofæ non a. Voir ci-avant, p. 278, 1. 31, et p. 270, 1. 19. b. Zbid., p. 510, 1. 15-20. 20 255 9. ANIMALIUM. ST fit infra diaphragma, fed fupra, quia cùm plus effet crafli in hepate quäm fluidi, tota ipfus materia in fubftantiam confiftentem ftatim abit, tantumque par- tes ejus mobiliores egreffæ funt, nempe per venam cavam, quæ idcirco diaphragma permeavit. Contrà ver in pulmone cum plus effet fluidi quàm folidi, non ftatim exiverunt fpiritus per arteriam venofam, fed potius ipfius pulmonis fubftantiam fufflaverunt, nec unquam fortafle ex 1is arteria venofa emerfiffet, nifi pris fuiflet à venà cavà laceflita; hâc autem im- petu fuo membranam tegentem pulmones quafi divi- dente, inde fpiritus egredi cœperunt, fimulque ex toto pulmone eo confluxerunt, unde vita* fa@a ef. Crediderim etiam auriculas cordis’ non aliunde procedere, quàäm quia, dum ifta duo vafa fimul con- currunt, quodammodo corrugantur, priufquam in cordis fubftantiam poffint convenire; eftque illa cor- rugatio, quam vocant auriculas cordis. Sed ifla funt oculis intuenda, ut fciam reétène conjecerim. Mefenterium fit, quia inteftina excavant fibi locum infra ventriculum, quod jam carnes pofteriorum attin- gebat ; itaque nonnihil carnium ipfis admixtum fuit, nempe mefenterium. Notandum, offa componi ex fubtiliori, magifque ad naturam cerebri accedente fubftantià, quàm carnem ; ideoque plus offium effe in thorace, nempe coftas, quàm in abdomine. Fœtus°, propter fympathiam motûs cum matre, a. Lire sans doute via. b. Voir p. 231, 1. 5-0. c. Hic paragraphus iterum deletus erat. (Edit. 1701.) s16 GENERATIO 9-10. emittit penem tanquam ex dorfo matris : id eft, radice ejus exiflente verfus matris dorfum, terminatur ver- fus ejufdem umbilicum. Hine fit, ut fi caput embryo- nis fit verfüs umbilicum fœminæ, nates verd verfüs fpinam dorfi, fiat mafculus, & penis foras exeat. Si contrà calput embryonis fit verfus fpinam, & nates verfus abdomen, fit fœmina; recurvatur enim penis verfüs umbilicum matris ad interiores partes embryo- nis. Hinc conjicere licet, cur mares fint magis inge- niofi : quia etiam pars feminis purior altiùs ferri otuit. ac proinde plus habebat virium. Item, eur fint P » AC P P ) robuftiores : quia fœtûs fpina alitur prope fpinam mulieris. Item, cur fæminæ habeant pofteriores partes ampliores : tum quia juxta abdomen matris, quod mollius eft quàm fpina, facilius poffint extendi. Tria tempora fpe@anda funt in generatione fœtüs. Primum eft, quamdiu femen inflatur : quo tempore fit pulmo, hepar & cor. Alterum, quo feminis mafñfa ceffat rarefieri, tuncque...* umbilicus, incipiuntque diftingui materiæ cerebri, offium, membranarum, car- nium & cutis. Tertium tempus eft, quo incipit nutriri per umbilicum, tuncque fiunt partes excrementitiæ, quia nimis abundanter nutritur : primd vena porta generatur, dein fplen & fel?. Hepar non habet arterias nec nervos, paucis excep- tis per ejus fuperficiem fparfis, quia faétum erat, antequam arteriæ & nervi per corpus fpargerentur. Splen verd, quod poftea fattus eft, quamvis fit vif a. Hic deeffe aliquid videtur. (Edit. 1701.) b. Voir ci-avant p. 511, |. 13-14. 20 10-11. ANIMALIUM. $17 cus ignobile, ut vocant, plures tamen habet arterias, quäm hepar. Item etiam folliculus fellis. Quippe tunc formata funt, cùm arteria magna ramos ed produ- ceret priüs, antequam nervi ex cerebro utpote remo- tiori eù ufque pervenirent; ac proinde non habent nervos, nifi exteriüus fpar{os. Inteftina verd & ventriculus, quæ tardius & ex ip- _fius cerebri excremento produéta funt*, nervos habent infignes & fere tota funt nervea. Pulmones etiam nervos non habent : funt enim primo tempore product. Sed neque ullos ramos acci- piunt à venà cavà, vel arterià magnà, quia etiam priùs quam illæ facti, & in perpetuo motu. Certum enim eft, illos moveri in fœtu, quicquid Medici hario- lentur. ; Notandum eft, cùm rami venarum & arteriarum per corpus fpargerentur, arteriam occupâfle locum qui liberior effet ad motum : hinc infra renes arteria fupra venam afcendit, quia durities dorfi impediret ejus motum ; hinc per totum corpus venæ fubcutaneæ funt fupra arterias, quia in fœtu cutis eft admodum tenfa propterea quôd afliduè augetur, arteria autem faciliùs movetur in cavis offium, & inter carnes & mufculos. = |Notandum etiam, motu arteriæ confcendentis, venam expellere à fe ramos ex eo loco venæ pro- ductos, ut vel altiüs vel inferiüs fucceflu temporis exiftant. Hinc puta in fœtu emulgentes venas fuifle ab eâdem trunci parte produétas ; effecit tamen pau- latim motus arteriæ ex parte finiftrà confcendentis a. Voir ci-avant, p. 512,1. 11-12 et 1. 23-24. $ 18 GENERATIO 16 venam cavam, ut ipfa ex emulgente, non à trunco cavæ ut finiftra, duceretur*. Certum eft motum cordis efficere Sympathiam in toto corpore : ita ut, fi quid in unum pedem, aliud proportione in crus adverfum immittat; fi quid in caput, aliud in genitalia, quippe teftes cerebro, penis aut vulva meningibus, cauda in animalibus cauda- tis….? & cornibus, ac denique ferotum cuti refponde- bit. Sed nunquam etiam motus cor- temperat motum cordis in fœtu ; & eft tamen formatrix omnium membro- rum exteriorum : unde ex læfà matris imaginatione fœtus monftrofa mem- bra fortitur. Ad motus animalium oportet no- tare, fpiritus animales femper æquè celeriter moveri, quamvis nullos ex- citent motus in corpore; fed omnes motus corporis ex eo tantüum fieri, quod ifti fpiritus animales moveantur in unam partem potiùs, quàm in alte- ram : quàm minima autem vis ad hoc fufficit, ut illos ad hunc illumve mo- tum determinet. Ut fi fuper centro A pondus E flet in æquilibro, fufficit vis quàm minima poteft fingi, ut pondus iftud determinet a. Dicunt tamen renem dextrum altiorem effe. Voir p. 272, 1. 6-18. b. Omifflum quid. (Edit. 1701.) — Cornibus, conjecture au lieu de car- nibus (texte imprimé). dis in matre per arterias umbilicales 20 25 ds. 20 25 THÈSE ANIMALIUM. s19 ad cadendum vel in B vel in C. Puta autem ifti ponderi affixum effe mufculum D : ergo minima vis fufficiet ad fortiflimè pellendum mufculum D, mox in unam, mox in contrariam partem. Nec comparatio eft tam remota.: vis enim gravitatis eft etiam commotio partium mate- riæ corporeæ, ut funt fpiritus animales. Nec mirandum ef, in bruti* cerebro effe fatis mul- tas diverfas difpofitiones, cum videmus 1lla tot modis moveri. Oriuntur enim omnes 1llorum motus à duo- bus tantüm elementis, commodis naturæ vel incom- modis, idque vel fingulis partibus, vel toti. Adeo ut, cm fenfus exhibent aliquid commodum toti, proti- nus ifta motio, quæ efficit fenfum, efficiat etiam motus omnes in aliis membris ad fruendum iftis commodita- tibus ; fi exhibent aliquid commodum uni parti tan- tüm, & alteri incommodum, motio illa quæ fentitur, determinet fpiritus animales ad efficiendos omnes motus poflibiles in unà parte, per quos fruatur ifto commodo, & in alià, per quos fugiat iftud incom- modum. Hinc dicimus, bruta nunquam peccare ; hinc etiam multa nobis perfectiüs efficiunt, ut apes° & aves nidos. In multis verd, quæ nobis facilia funt, illorum impe- tus deficit, quia nempe ad id quod agendum ef, vel nullà fenfuum, vel à naturà indità motione, quæ nempe erit etiam fenfuum loco, impelluntur. Memoriam habent, uti nos, rerum materialium ; fed non habent cogitationem, nec mentem, motus in a. Lire brutorum, à cause de illa (bruta), 1.8. b. Peut-être un mot passé, comme apiaria ? … oi te dut ss mie his à 1] 20 GENERATIO 12-13. corpore à fenfuum impetu diffentientes eflicientem. In zoophytis, ut oftreis, fpongiis &c., faxum hepa- tis, & aqua vel aër pulmonis loco eft ad accendendam vitam ; itaque nihil aliud habent nifi cor & carnes, vel fortè etiam cerebrum, nempe nervum iftum in oftreis, cujus ope clauduntur. Nec verd poffunt habere motum progreflivum, relinquerent enim fuum hepar & pul- monem, atque ita interirent; fed poflunt à fluctu transferri, ut oftreæ cum cochleä, quæ eft faxum cui annexa funt : ubique enim fluëtus illis aquæ in locis adeft, ad quæ transferuntur. Bruta nullam habent notitiam commodi vel incom- modi, fed quædam ipfis in utero exiftentibus obvia fuerunt, quorum ope creverunt, & à quibus ad certos motus impulfa funt : unde, quoties illis poftea fimile quid occurrit, femper eofdem motus edunt. Certum ef, motum arteriarum in contrarias partes eodem modo pellere, ideoque ad caput & pudenda eodem modo. Quæ ratio eft cur mulieres longè magis afficiantur ab ifto motu quam viri, habentque ideirco menftrua, quo mammillarum longè viciniores* funt principio iflius motüs : præcipuè fundus vulvæ, ad quem pertinent venæ breves à trunco cavæ defumptæ vel potiüs ab hypogaftricis. Crediderim plus feminis habere homines mares, quäm fœminas, quia cüm via fit longior, meliüs ibi femen præparatur; contrà mulieres habere plus fanguinis menftrui, quia via bre- vior eft. Datà ratione, cur cor fit in finiftrà, facilè fequitur, cur lien etiam fit in finiftrà, & fel in dextrà : nempe in a. Deficere hic nonnulla videntur. (Edit. 1701.) 13. ANIMALIUM. 21 parte calidiori magis acefcit fanguis, ut acetum ad folem ; in frigidiori autem, quæ eft à corde remotior, magis exafperatur in bilem. Eamdem ob caufam fel ex inferiore jecoris parte emergit. Venam portæ patet genitam efle poft carnes, quia ad illas folidas non pervadit; ut cava genita eft eodem tempore, quo fel, fplen, mefenterium & inteftina. Aorta primulum crefcere incipiens pergit infra jecur, ad locum per quem jecur trahit umbilicum ; _ibique exiftens, cüm jecur non trahat nifi fanguinem, fpiritus in aortam ingreditur ; neque enim tune craflà tunicà obducta eft, fed tenuiffimà, ut bullæ quæ fupra aquam funt. Unde oriuntur umbilicales arteriæ, primd una; fed crefcente aortà, locus cui umbilicalis eft implantata, deorfum fertur, & umbilicalem pertrahit fecum ad ilia ufque ; ubi quia tota aorta bifariam divi- ditur, finditur etiam neceflarid umbilicalis arteria in duas. Sequitur autem aorta jecur, quia tunc crefcit aorta, locumque ided, quem maximè opportunum in- venit, flatim occupat; contra flaccefcit jecur, ideoque locum & aortæ relinquit & tunicis quibus involvitur, quæ intus aliquantulüm recurvantur, donec fiat umbi- licus. | Credendum etiam efl, humorem quendam ferofum ab inferiore totius maffæ parte à jecore attrahi; qui perforato umbilico attrahit ad fe ferum fanguini & fpiritui per umbilicum venienti immiftum : unde fit ut per eum accumulata aqua formet veficam. Renes autem generantur, antequam tractus fit umbi- licus, eo tempore, quo fanguine pergente per cavam & fpiritu per aortam, incipiunt tamen jecore flaccef- Œuvres. VI. 66 22 GENERATIO 13-14. cente deferbere; nec ided ad illam partem cavæ fan- guis tam vivus pervenit, fed ferum; colligiturque ibi infra jecur, & utrimque fe extendit, ideoque efhicit duos renes utrimque, illifque implantatur arteria, intufque mifcentur ; unde renum caro eft minüs rubra quàäm jecoris, & folida, hincque ferum tantum illam perlabitur, non fanguis. Poftquam verd cava & aorta ibi utrimque extenfæ aliquamdiu ftagnaverunt, renef- que ita conflaverunt, quod in iis maximè vivum ef, per medium pergit verfus anteriorem partem ; ibique arteria, quia maximè viva, adfcendit fupra venam ; tracto pauld pôft umbilico & pergente aquà per ura- chum, inflatur vefica, quæ renes contingens, propter humoris fimilitudinem, illis adjungitur per vafa uri- naria. Sarcomata & carnium excrefcentiæ non naturales, quæ tamen fibi venas arteriafque producunt, demon- ftrant non aliam effe vim formatricem corporis, quaäm illam, quæ à nobis affertur. Latus à corde magis remotum naturaliter eft fortius & robuftius, quia 1bi minüs pulfant arteriæ, ubi plus fanguinis & nervorum poteft congregari ; ideoque uti- mur dextrà manu commodiüs quàam finiftrà. Certum eft fæœtum & edere, & urinam & ftercus red- dere, & his ipfis cum fudore miftis rurfüs ad os venientibus ali, quamdiu eft in utero. Qui enim fieri poflet, ut folo matris fanguine craflo fœtus trium dierum aleretur, & nihil excerneret? Qui fieri pofñet, ut oétomeftris eflet 1b1 ore aperto, & nihil in illud flillaret ? Qui poffet aliquid in ore habere, & non de- glutire ? cùm recens natus inveniatur cum mufculis in 14-15, ANIMALIUM. 23 ore ita difpofitis, ut non pofit non intus admittere, quod in os injicitur. Cur denique haberet podicem & penem perforatum ? Dicamus ergo fœtum primo ex folo femine fingi, deinde (im etiam ab initio vorat, quicquid ei ad os accedit; gula enim genita eft ante omnia) trahere umbilicum aliquid ex matris fanguine fimul cum fpiritu & fero ; tum cm indiget paulo for- tiori alimento, fejungi urachum & arterias ab umbi- lico; ac denique, cüùm indiget adhuc fortiori, illum quicquid 1b1 prope os occurrit, deglutire. Hinc autem optimè HT cur fit rima ab ano ad inguina, & crura bifariam feta ; item, cur cutis fit laxior in feroto, & fit futura inter podicem & penem &c. Nempe cüm primd urina multa & fæces verfüs os pubis confluerent, ibi & ingens foramen in offe pubis fecerunt, & cutem illà in parte inflârunt, priufquam poffent illam perforare ; cum verd perforarent cutem cüm in ano, tum in pudendis iftis, fæces iftæ omnes evacuatæ funt, & cutis manfit flacida & corrugata; fecitque ided den futuram & ferotum, cruraque man- ferunt Perte, atque os pubis perforatum. Notandum®* : fæces iftæ funt flatus & urina, non ftercus, (flatus autem efficit æquè vel magis robuftum quam aliæ fæces). Iam verd fi valentior fit fœtus ex naturà robuftiori, plus urinæ ex eo purgatum eft, quàm ftercoris craffi (tunc fola glans emerfit ex | corpore, a. Ici l'édition d'Amsterdam intercale un passage, avec, au commen- cement et à la fin, deux indications a et b, que voici: (a) Nota : hæc verba in Autographia ab a ufque ad b deleta erant, € appofita fequentia. (b) Jam rurfus audor pergit per fequentia. (Page 524 ci-après, l. 16.) D'autres vues se trouvent exposées sur le même sujer, p. 516 ci-avant, |. 3-0. L : L | E s24 GENERATIO 15. quæ deinde præputio tecta eft flaccefcente cute); ideo- que penis prior perforatur & prominet, fœtufque eft mafculus. Si ver fœtus excernat plus folidi excre- menti, retineatque intra fe aquofos humores, fitnaturæ mollioris, priufquam perforatur podex, per quem exiens lotide excrementum premit inguina, impe- ditque ne pudenda foras promineant, fed ea intus protrudit, & fit fœmina. Si denique fit tam æqualis temperies, ut utrumque eodem momento perforetur, quod rar contingit, fit Hermaphroditus. Contrarium dicendum, priùs evacuatà veficà laxari cutem inguinum, ut poftea flatus adveniensillam foras protrudat; contrà flatu laxato ante veficam, & fcro- tum & teftes à veficà foras protrudi, laxà cute, quæ in ano erat, ad ferotum veniente; atque hæc evidenter ita fe abene Exfpeéto cur aliquis caperatà fronte diéat effe ridi- culum, rem tanti momenti, quanta eft hominis pro- creatio, fieri ex tam levibus caufis. Sed verd quas velint graviores, quam Naturæ leges æternas ? Fortè ut ab aliquà Mente fiant? A quà autem? An imme- diatè à Deo? Cur ergo aliquando fiunt monftra ? An à fapientiffimà iftà Naturà, quæ non nifi ex humanæ cogitationis defipientià habet originem ? Motus cordis* apertè fit ex eo, quod ftatim atque fanguis & fpiritüs aliquid infillatum eft per cavam & arteriam venofam, utrumque fimul in illo incalefcens rarefit, fimulque & cor dilatatur & omnes arteriæ & vena arteriofa ; quamdiu autem ita dilatatur per dia- a. Voir p.231, 1 10; etip 2580003; #'ae à 1 2e 15-16. ANIMALIUM. 525 ftolem, nihil amplius in illud excidit propter valvulas; fed ftatim atque deferbuit, clauduntur arteriarum val- vulæ, & rurfüs aperiuntur cava & arteria venofa ; atque ita guttatim & per vices influunt fanguis & fpi- ritus in ventriculos cordis, ut fi aquam in laterem calidum injicerem, ille ebulliret, &e.*. Auriculæ autem cordis implentur, cum valvulæ cavæ & arteriæ venofæ claufæ funt, & vacuantur, lis apertis. Quare illarum motus eft cordis motui contra- rius. Dum autem fervet, eft diaftole eodem momento in corde & arteriis ; poftea verd, dum refidet & novus humor illabitur, eft fyftole. Ut fciamus quid teftes conferant ad barbam gene- randam, & cur | caftrati barbam non habeant, & fint imbecilliores, & vocem habeant acutiorem : notandum ef, ali teftes à venis & arteriis correfpondentibus üis, quibus alitur cerebrum, aded ut in 1llis ingens copia fpirituum aflidue fiat, quæ per ferotum in auras tranf- pirat; teftes autem mulierum, quia in corpore inclufi funt nec poteft ex iis quicquam expirare, non tanto indigere alimento humido. IIla autem, quæ ex teftibus expirant, reddunt corporis temperamentum multà ficcius, funt enim fluida. Multo validiùs augetur enim? calor ficcitate, atque hoc eft temperamentum, quod ad barbam fubmittendam requiritur, & quale nec in mulieribus nec in caftratis exiflit : nam fi forte in illis tale reperiretur, barbam quoque haberent. Ut vidi mulierem non minüs bene barbatam, quäm ipfi viri a. Page 123, 1. 17-20, et p. 233, |. 4-26. b. Lire peut-être autem ? nn ES. Dies pur < 26 GENERATIO 16. fint; & virginibus plerumque, cum ficciores evadunt fenectute, barba etiam illis advenit. Alvus eft femper adverfüs fpinam, & vefica adverfüus abdomen; flatus enim ficcior eft quàäm urina, faci- liufque ide verfüs partem magis offleam penetrat. Initio conceptionis, hepar occupat totam cavitatem inferiorem fœtüs. Poftquam verd cor generatum ef, & vena cava ex medio hepatis emergens per dextrum latus afcendit, incipit hepar magis in dextrum latus recedere. Tum deinde pofiquam traxit umbilicum, & fanguine matris affatim repletur, erumpit ex ipfo ramus fplenicus in cavitatem vacuam finiftri lateris, penetratque lienem, quafi hepatis appendicem. Eft tamen longè alterius fubftantiæ quàm hepar : fit enim tantüm à matris fanguine, hepar ex femine ; præterea arterias admittit, quia poît illas generatur*; cùmque ab illarum ie vis fanguinis in eo exiftentis edu- catur, & quodammodo enervetur, quia non ut hepar afliduà chyli contrarietate irritatur, ided humor in eo contentus acefcit?. Dum recedit‘ hepar ex medio corporis in latus dextrum, & 1bi recenter traéto umbilico, magnà cele- ritate augetur, nihil mirum, fi in tam celeri con- coctione bilis generatur, nec fi illa in cyftim fellis colligatur*. Lien eft planus & oblongus, quia poftquam factus a Voimp.. 516,128 "ap 50717. b'APAagÉ 2 1er c. Recedit correction au lieu de recidit. Voir 1. 10 : recedere. d, Lire peut-être colligitur ? Ou bien, |. 24 : generetur, 20 25 16 17. ANIMALIUM. $27 eft fquamvis alià figurà, ut faltem impleat locum ab hepate relictum|, ftatim à ventriculo fuperveniente premitur juxta coftas, & in 1ftam figuram extenditur ; vel fortafle etiam poft ventriculum generatur. |Nifi hepar factum effet, antequam aleretur ab umbilico, non redundaret ejus caro in fœtu fupra um- bilicum, fed eädem cum illo proportione crefceret; imÔ etiam ifta redundantia teftatur, illud traxifle ad fe umbilicum, extendendo faltem extremitates fuas contrà cutem umbilici, à quà poftea feparatæ iftam redundantiam fecerunt. Hocque adhuc magis mani- feftum eft ex fufpenforio ligamento, venæ umbilicali, ut medio hepati, adhærenti. Uterque aliunde non habet duas cavitates, quam quia interdum ab inteftino recto & à veficà prorfus in embryone illam figuram induerit. Item eadem caufa eft, cur rima, quæ os uteri appellatur, fit contrario fenfu ei, quæ eft ad pudenda: hæc quippe à femoribus prefla ducitur à podice verfüs umbilicum, 1lla verd à recto & veficà preffa ducitur ab uno latere in aliud. Perforantur autem hæ rimæ ab humore, qui poftea in menftrua craflefcit, & qui in viris per infenfibilem tranfpirationem tum ex teftibus, tum ex pene elabitur, quia foris extant, atque rimæ iftæ funt oppolitæ. Ex craflitie colli matricis emergunt per ejus complicationem illæ carunculæ, quas fpon- dylos vocant; clitoris autem eft illud ex pene quod jam emerferat, cm primüm minxit fœtus; nymphæ funt fortafle ex cute viri præputio refpondenti; labia autem funt fcroto refpondentia. In viris autem præpu- tium & glans fiunt, quia ante primam fœtüs miétionem 528 GENERATIO 17-18. tota glans emergit ex cute, five potiüs generatur, & multüm penis ipfe extenditur; poftquam autem femel vefica evacuata eft, penis contrahitur, & ideo cutis conduplicata glandem tegit, contrahiturque in præpu- tium, quia non ampliüs in fœtu glans exeritur extra iftam cutem ; neque enim ampliüs vefica ita impletur. ImÔ fæpiüs mingit puer in utero, ut patet ex eo, quod infantes recens nati vix contineant urinam, nec habeant fphinéterem veficæ tam firmum proportione aliorum membrorum, quam adulti; confirmatur ex eo, quod erigatur penis etiam abfque ullo veneris ftimulo, cum vefica urinà plena ef. Quæ de arterià venofà fuprà dia funt?, de afperà arterià funt intelligenda, quæ procul dubio ante cor, vel faltem fimul eft genita. Sed hæc omnia fic fata fuifle fufpicor. Initio materies pulmonum erat in medio thorace, globi inftar, & hepar erat inftar alterius globi in medio abdomine ; hi globi rarefacti à calore matris {fe mutud contigerunt, ignemque exci- tarunt, id cor‘ in mutuo illorum contaétu ; ftatim verd ignis ille caloris fuum excrementum, | five fpiritum, .non in hepar, fed per pulmones in venam arteriofam immifit; hepar verd & pulmo fe mutud contingentia fibi invicem adhæferunt, tanquam duæ materiæ vif- cofæ; cumque poftea removerentur propter motum cordis, remanferunt tamen conjunéta ex unà parte per venam cavam, & ex alterà parte per venam arteriofam, quæ ambæ procul dubio non aliam habuerunt origi- a. Voir p. 5r1, l. 18-19. b. Voir p. 514-515. c. Id cor. Lire peut-être in cor ? ANIMALIUM. 29 nem. Hicque ex hepate fanguis fubtiliffimus etiam ad pulmones per arteriam venofam afcendebat, unde continud refluebat in cor. Pulmones autem agitati motibus tum fpiritüs ex corde adventitiis, tum fan- guinis ex cavà, excreverunt ex fe partes fubtiliores, nempe multüm flatüs, qui in medio manfit, imple- vitque afperam arteriam. Quicquid deinde erat foli- dioris materiæ, circumquaque convolutum eftin ipfam afperam arteriam : quæ afpera arteria medium thora- cis occupans, illum divifit in duos finus, & diffepiens* membrana ex eo facta eft, quod afperam arteriam incluferit, five quod membrana pleuræ, & verfus fpinam & verfus fternum adhærens, glutini inftar illam produxerit. Hinc fa@ti funt duo lobi pulmonum. Collum anguftius eft quam thorax, propter inflexio- nem capitis, quæ fit, dum producitur totum corpus magis in longum quam in latum. Producitur autem ita, & quidem collum præcipuè, dum crefcit afpera arteria, & œfophagus demittitur ; qui difficilius col- lum pertranfit, utpote magis carneum & offeum, quam thoracem ; quare magis producit. Fellis cyftis debet formari poft ventriculum, alioqui enim aliqua in illum vafa demitteret ; fed cum ftagnat ventriculus fupra omentum, & inflatur, fel quoque formatur ; ideoque in inferius orificium ventriculi vas demittit, nempe ad duodenum, hocque ipfum juvat, ut ventriculus fe in aliqua inteftina prorfus exoneret. Vena portæ & ramus aortæ cœliacus fimul cum ventri- culo defcendunt, ided ab illis vafa habet ; fed fortafle etiam defcenfus ex parte eft illarum caufa, nempe a. On disait aussi inter/fepiens. Œuvres. VI. 6> _ : s Fe PT DT TS ST TE ET __ Dem HEC AT 7. 30 GENERATIO 18-19. defcendendo ibi aortam aperit, unde cæliaca mole fuà bepar premendo fanguinem ex eo exprimit. Unde vena ad partes, fed & nervi fexti paris fimul cum ventriculo defcendunt è capite. Lien poft ventriculum formatur, nec obftat vas breve tale ; in hoc enim ex ramo fplenico ad ventriculum pervenit, priufquam ipfe ramus fplenicus ad lienem formandum confluxerit; quod nifi velrum foret, certè plura vafa ex liene, utpote maximè vicino, ad ventri- culum deveniffent. Ex recurrentibus nervis clarè patet, afperam arte- riam ex pulmonibus eduétam effe ad fauces poft...… ï ventriculi ; nervi enim fexti paris cum ventriculo priüs defcenderunt, ex quibus rami afperæ arteriæ adhæ- ferunt, fimulque cum illà adfcenderunt. Quanquam res fit oculis intuenda : fieri enim fortafle potuit, ut jam genità afperà arterià nervi ifti juxta pulmones reflexi fponte crefcendo ad laryngem ufque perve- nerint. Videndum etiam, numquid ifti nervi recur- rentes juvent adfcenfum vaporum à ventriculo ad os & caput. (NB. Sed non eft opus : certum enim eff, per nervos fpiritus non minüs adfcendere, quäm defcen- dere.) Afpera arteria infra claves fit ex integris orbibus; fuprà deficiunt orbes in pofteriore parte, quà œfo- phago jungitur & cohæret : unde patet adhuc, illam poft hunc fuiffe formatam. Patet, diaphragma, five feptum tranfverfum, non formatum fuifle, nifi poit œfophagum &c., cùm ore perforato pecltus feparatim à reliquo corpore cæpit a. Fortè hic deefl vox formationem. (Edit. 1701.) ANIMALIUM. "U motitari; tunc quippe, quicquid craflius erat, à cla- vibus ad abdomen per illum motum infrà dejetum eft, & inde diaphragma. Quod patet ex eo, quod habet nervos tantüm à colli vertebris*, quod illi peculiare ex omnibus iis quæ funt infra claves : tum quia duas habet membranas, unam à pleurà, aliam à peritonæo"; tum quia carnofum eft in ambitu, quæ caro non nifi ex materià coftis adhærente potuit oriri; tum quia nullum planè nervum habet à fexto pari, ex quo ad pulmones, cor & hepar faltem, fibræ dimittuntur ; tum denique, quia habet foramina tam aptè difpofita ad œfophagi & cavæ tranfitum: : quæ non ita fuiflent, fi priùs genitum fuiflet, fed ejus membranæ eflent multd tenuiores inter ifta foramina, quàm in alis locis. Item ex produttionibus utrimque ad aortam prope fpinam dorfi, quæ funt quañi ex copiofiori ftillicidio eù con- fluente genitæ, quia ed utrimque defluebat, quod ab aortà impediebatur ne in medio decideret; manfe- runtque iftæ productiones oblongæ, quia 1bi minor erat motus prope fpinam, quam in coftis, graciliores tamen propter aortæ pulfum. Monftrofæ fanè funt opiniones, quas video in libris, ut puto, à Galeno “ortas : nempe fœtum fudare urinam per urachum, emitltere nihil per podicem, ceffare a. Caspart Baunini Znflitutiones Anatomicæ : « Nerui duo ab infimis » ceruicis vertebris (quod ei peculiare, cm aliarum partium quæ fub cla- » uiculis, nullum à fpinali medullà colli recipiat). » Édit. 1609, p. 107-108. b. « Membranà dubplici, alterà inferiore, à Peritonæo, alterà fuperiore » à Pleurà exortà, ad robur fuccingitur. » Zbidem. c. « Foramina duo habet, alterum à dextris, ad venæ cavæ afcenfum, » alterum à finiftris, vt Oefophagus & duo Nerui ad Ventriculum » abeant. » /bidem. L d. Texte imprimé : € puto à Balano. 532 GENERATIO 20. omnem motum pueri, illum ore aperto nihil intrd admittere, fingulas ejus partes fibi tantüm intentas effe, nec fungi publico munere* (tanquam fi unum fine alio fieri poflet; non funt hic Politici, qui iftud dicunt), cor non pulfare, fed ex umbilico fpiritum affumere &c. : quæ experimentis certis & diffettioni repugnant. Contrà quæ quoniam Hippocrates aliquid bene dixit in libris de carnibus, malunt negare, hoc ex Hippocrate efle, quam fateri, illum tale quid fenfifle. Crediderim tamen, ea quæ femel per os pueri ingrefla funt, & in es fœtüs concoëta, cüm ad fphinéterem podicis pervenere, ibi ut craie immo- rari, tuncque primüum fphincterem claudi ad horam parts, nihilque amplius elabi per ejus podicem (de urinà ver idem dici non poteft). Interim vero efitauit infans excrementa primà vice rejecla intra ammion, ut pullus ex albumine ad partum ufque°. Hæc autem excrementa ex cerebri pituità erant, qualis etiam à pueris tota hauritur : neque enim fpuunt. Venæ, arteriæ, & nervi toto corpore fparguntur, ut rami in arboribus ; nec ideo mirandum, eur nunquam plures rami fimul in eandem partem corporis con- fluant, in aliam verd planè nulli, quia fe mutud quo- dammodo impediunt; ideù plures fimul non confluunt, & propagantur, ubicunque locum liberum inveniunt ; ideo nullus fine his reperitur, ut vides in arbore ramos, a. FABRICIUS AB AQUAPENDENTE, De formato fœtu : « ...maximè licet » colligere (quod aliàs demonftravimus) nzu/lam effe quantumvis præ- » cipuam corporis partem, quæ in fœtu publico fungatur munere, fed » omnes privatam fuam refpiciunt vitam. » (Opera omnia, édition ver p. 95.) — Voir aussi p. 522-523, ci-avant. b, Le même, De formatione ovi € pulli, (Ibid., p. 16-17.) 10 15. 20 25 20-21. ANIMALIUM. 33 et fi temere fparfos, tamen omnia in ambitu loca fatis æqualiter replere. Primarii autem rami in omnibus corporibus planè fimiles reperiuntur, quia hi correfpondent præcipuis membris, & oflibus, quæ in omnibus eadem gene- rantur propter certas rationes. Pauciores verd funt arteriæ quam venæ, quia illæ, cùm pulfant, fibi invicem magis obftant, quàam venæ ; ideo rariüs diffleminantur. Fiunt ex pulfüs reciprocatione fimiles rami in fummis & infimis. Unde partes generationi fervientes habent originem, quia nempe capiti refpondent, & | carotidibus vafa fpermatica; quæ non, ut illæ, in | aortæ bifurcatione, fed altiùs ortum habent, quia | antea genitæ funt, quàm aorta inferioribus partibus : divideretur ad crura. Hypogaftrica cervicali, pudenda | maxillæ, & epigaftrica mammariæ ex adverlo corref- | pondent. Item teftes oculis (ut patet in ferpentum s: fœtu), fed & fortè proceflus mammillares, dein & } vulva, unde odoribus etiam hæc mouetur; glandi cere- brum & uterus, unde conceptio pueri & appetitus venereus. | Valvulæ generantur in locis, in quibus ex unà parte humor fluit, ex alià renititur quidem, fed non refluit ; in quibus valvularum cavitas neceflarid fit in illis partibus, in quibus humor non refluit. Tales funt omnes valvulæ cordis. Tunica in venis & arteris intus fibras habet rectas, quia humor intus fluens ita fertur ; foris tranfverfas, quia locus, in quo funt, motui direéto in totum repu- gnabat, alioquin enim hic ipfe fuifflet in venam vel arteriam converfus ; neque enim illarum latitudo fuit * Sd 34 GENERATIO 21. terminata, nifi ubi materia cireumjacens magis obftitit in tranfverfum, quamillæ potueruntin direttum. Deni- que in medio “alène fibræ, ut ex utrifque extremis participantes, exiftunt. LEE de inteftinis dicendum. Mulieres habent ureteres breviores & latiores, quam viri; quod manifeftè confirmat id quod fuprà dixi*, illas in matris utero priùs urinam emittere, quam mares, Sunt quippe latiores, quia abundantior eft illarum urina; in maribus verd funt longiores, quia flatus pris emiflus fpatium illis relinquit in abdo- minis capacitate, in quo poflunt finuari ,atqueita lon- giores fieri quàm fit necefle. Int eo convenit formatio plantarum & anima- lium, quod fiant à partibus materiæ vi caloris in orbem convolutæ ; fed in hoc difcrepant, quod partes materiæ, ex quibus plantæ generantur, volvantur tan- tüm in orbem circulariter, eæ vero, ex quibus ani- M F ç malia, volvanturfphæricè & in omnes partes. Nam F LE H fi, verbi gratià, partes ma- teriæ ex a volvantur ver- G D füs b & a, per illas tranf- eunt aliæ partes ex cf verlus dec, ghf, quarum 13 avant formatio] prima 23 cf] CF. — dec) DEC. — ajouté. — 17 eæ] illæ. — 21ex ghf] GHF. a] A. — 22 b] B. — &a] &. — a. Voir ci-avant, p. 523-524. b. Les trois alinéas qui suivent (Zn eo... deduci poffunt. — Frigemus…. frigeamus. — In fanguine.… intermiffis) se retrouvent dans la copie MS. de Hanovre. Nous suivons ici le texte du MS., en donnant les variantes de l'édition de 1701. Les deux figures ci-dessus sont celles de l'édition; voir celles du MS, à la suite des Excerpta, figure XV, 20 21-22. ANIMALIUM. 535 cf faciunt radices, dg ramos & folia, ab verd truncum plantæ. Si verd partes materiæ 1: volvantur fphæ- ricè, tunicam rotundam efficiunt, quæ totum fœtum involvit, ac proinde hic fœtus non poteft adhærere terræ, ut plantæ, fed ita formatur : primd materia in hac tunicà fphericà contenta dm, in orbem ibi cireula- tur, tranfcendendo ex / verfüs #, & inde cireulariter in omnes partes, ut kpl, kql, efficit tubum /k, qui repræfentat œfophagum; præterea partes fubtiliores materiæ iftius, cùm non poflint femper ita | facilè per iftum canalem /k tranfire, fecedunt verfüs », ubi cerebrum repræfentant; crafliores verd, utpote vio- lentiüs agitatæ, verfus x, ubi hepar & lien efficiunt. Deinde redundantes fpiritus ex cerebro efficiunt afpe- ram arteriam, eique fimul continuam venam arte- riofam; & & contrà fpiritus ex hepate redundantes effi- ciunt cavam, atque ex concurfu cavæ & venæ arteriofæ generatur cor verfus o in medio corporis animalis. Hinc tres ventres in omnibus animalium, & cæte- rorum omnium membrorum conformatio facilè poteft deduci. Frigemus flatim à cibo, cum rectè valemus, quod tunc ciborum fuccus reclà per venas ingrediens maflam fanguinis illam totam refrigerat; & tune minus 1 Cf] CF. — dg] GD. — lien] lienem. — 15 eique fimul] ab] AB. — 2 ii omis. — 3 effi- illique tunc. — 16 & omis. — ciunt] efficient. — 6 dmomis.— 18 0] O. — 19 animalium] ani- 7 tranfcendendo] tranfeundo. — malibus. — 19-20 cæteroruml] 1]C. — k] K. — 8 kpl, kql] K, exterorum. — 20 poteit omis. — L, €, F. — avant efficit] fe revol- 21 après deduci] poffunt ajouté. vendo ajouté. — 1k] CK.—11/ — 22 quôd]) quia. k] CK. — m] M — 13 n] N. — 530 GENERATIO 5 loci occupans, confluit verfüus cor, & deferit extremi- : tates membrorum, quæ ide magis frigent. Eodem modo fit in febre, quod humor febrem caufans fan- guini fe immifcet, & ingrediens cor, ejus ignem immi- nuit; poftea tamen auget, & fic omnia membra ca- lefacit* : ut aqua carbonibus injeéta initio quidem extinguit, fed ftatim rurfus inflammati magis ardent. Non femper autem frigemus ftatim à cibo, quod non femper ita confeftim fucci ciborum venas ingrediun- tur, vel etiam illi fucci non refrigerant fanguinem; quinimo etiam aliqui efficiunt ut fudemus, præfertim in fronte, ut acetum, quod fcilicet cor ingredientes, ibi magis inflammantur, & ftatim evolant verfüs caput; fierique poteft, ut eodem tempore cibus efficiat, ut fronte fudemus, & extremitatibus frigeamus. In fanguine quatuor funt præcipua genera partium : tenues & læves, ut fpiritus vini; tenues & ramofæ, ut olea; craflæ &læves,ut aquæ & falia; craflæ &ramofeæ, ut terra vel cineres. Tenues & læves faciunt ephe- meram febrim, retentæ & putrefcentes in extremita- tibus vaforum ob defeétum infenfibilis tranfpirationis. Craffæ & læves faciunt febrem quotidianam, putref- centes in flomacho & inteftinis. Tenues & ramofæ faciunt tertianam, putrefcentes in cyfti fellis. Craffæ 3, 8 et 12, quod] quia. — ditur. — 13 inflammantur] in- 6 après quidem}] eos ajouté. — flammatur. — evolant] evolat. 10 etiam omis. — 12 fcilicet| — 16 funt quatuor. — 18 aquæ] chm. — 12 ingredientes] ingre- aqua. — 19 terra] terræ. a. Note de Leibniz : Neceffe eft hunc fuccum effe quodammodo inflam- mabilem, fed cum difficultate (MS.). Manque dans l'édition de 1701. 20 A Ed lee CP VER I TEL SR Ie EE ER a RUES? Er PA + { de PE : ri : Et 52 ANR MES $ Mes ANIMALIUM. 537 & ramofæ faciunt quartanam, in liene putrefcentes. Putrefaétio autem humoris & adhæfio & reaétio par- tium ejus ad partes parüm diftantes ; quæ putrefactio cordis igne difeutitur, & ita cùm humor pervenit ad venas, fit acceflio*, paulatimque difcutitur. Exonerat autem fe cyflis fellis in ventriculum & inteflina, atque inde in venas alternis diebus; lien verd duobus die- bus intermiflis. | Febr. 1648. Certumeft?, membra fœtus inchoari ex folo femine, antequam fanguis fluat perumbilicum ; alioquin omnes partes folidæ fierent | intortæ, cùm cor magis vergat in finiftram partem, quam in dextram. _ Arteriæ ubique eo feruntur, quo leges motüs eas dirigunt, non habità venarum ratione. Venæ verd ed feruntur, quo ipfis per arterias licet. Unde fit, ut arte- riæ fint infra venas in cute, quod minüs à partibus internis impediebantur ab initio, quam ab occurfu externorum. Vena adipofa dextra eft ab emulgente, & finiftra à 2 humoris omis. — 3 ejusjeft. quia. — à omis. — 18 : 1‘ abid. _— 4 cordis. difcutitur] ignem — 2° ab} ob. — occurfu| occur- in corde difcutit. — cüm omis. {um quorumdam. — 19 externo- — 9 Feb. 1648 omis. — 12 cor rum] exteriorum. id. — 16 ipfis] is. — 17 quod] a. Note de Leibniz : Acces (MS. de Han.). b. Les quatre alinéas qui suivent : Certum efl.… partes tendit (p.538, l. 10), se trouvent aussi dans la Copie MS. de Hanovre, imprimée par Foucher de Careil au t. I, p. 122 et 124 de ses /nédits. Le MS., que nous suivons ici, donne une date, Febr. 164$, qui vaut au moins pour la pre- mière partie de ces quatre alinéas. Œuvres. VI. 68 n # À Hall : 538 GENERATIO ANIMALIUM. es trunco cavæ, propter inclinationem hepatis verfus finiftram. Ad ratiocinationem intelligendam, quæ exprimit in fœtu ea, quæ à matre attentius cogitantur : fupponen- dus eft fœtus in utero ita fitus, ut caput habeat verfüs caput, dorfum verfus dorfum, & latus dextrum verfüus dextrum matris; & fanguinem à capite matris verfüs omnem uteri ambitum æqualiter difpergi, ac deinde colligi in umbilico velut in centro, unde rurfus eädem ratione ad omnes fœtüs partes tendit. Tres* foci accenduntur in homine : primus in corde ex aëre & fanguine; alius in cerebro ex iifdem, fed magis attenuatis; tertius in ventriculo, ex cibis & ipfius ventriculi fubftantià. In corde eft quafi ignis ex ficcà materià & denfà ; in cerebro eft, ut ignis ex fpi- ritu vini; in ventriculo, ut ignis ex lignis viridibus. In hoc cibi etiam fine ipfius adjumento poflunt fponte putrefcere & incalefcere, ut fœnum humidum, &c. 3 ratiocinationem]| ratiatio- tüùs omis. — 13 attenuatis] atte- nem. — 9 velut] tanquam — in nuatus. — ventriculo] ftomacho. omis. — unde] ex quo. — 10 fœ- — 17 etiam cibi. — ipfus] ejus. a. Ce dernier alinéa du fragment imprimé dans les Opu/fcula d’Amster- dam (1701) se retrouve encore dans la Copie MS. de Hanovre, feuillet VI, feuille 9 verso, au bas. Il fait partie d’un ensemble intitulé : Partes fimi- lares, € excrementa, & morbi, qui porte, dans le MS., la date de 1631, sans qu'on puisse assurer si cette date vaut pour tout l'ensemble. Foucher de Careil l’imprima au t. II], p. 70, de ses Znédits. Nous donnons le texte du MS., avec les variantes des Opufcula. 15 + ÎDE SAPORIBUS Tot funt Saporum differentiæ, quot funt particula- rum, quæ nervos linguæ afficiunt diverfimodè. Suntque novem potiflimum : nempe 2n/ipidus five mollis, pingurs, dulcis, amarus, urens, acidus, falfus, acris, & auflerus five acerbus. Per in/fipidum non intelligo fapore carens fimpli- _ citer : nec enim inter fapores effet numerandum ; fed quod idcircù guftui eft ingratum, quod nimis debiliter _ five molliter linguæ nervos moveat. Quippe corpora _ omnia integra, & tam dura vel compaéta, ut eorum particulæ in ore non folvantur, carent fapore. Talia funt metalla, marmora, &e. Item etiam multa in par- ticulas ad vifum fatis minutas divifa, ut farina, & fimi- lia; atque fub hoc genere infipidi & venena, & pur- gantia, & omne genus qualitatum latere pofflunt. Nam in farinà funt partes acidæ, & fpiritus ardentes, vt varià fermentatione, deftillatione, & coétione detegi - poteft. In arfenico latent partes dulces, acres, & amaræ ; itemque in fcammoneà, & guttà gambà, fed non ejufdem modi. Sunt etiam infipidæ particule quæ- $40 DE SAporiBus. 2425. dam non ultrà divifæ, &° cinerum quorundam, quæ nempe ob craffitiem non magis, quam ifta corpora integra, guftum afficiunt : quæ verd fenfum quidem guftûs attingunt, fed fatis non feriunt, & ideù funt ingrata, infipida. Conftant is partibus, quas tribuo aquæ dulci, & funi vel anguillæ comparo?; fed cum funis pofñlit efle vel volans & fleéti magis contumax, vel attritus & mollis, aquam dulcem boni faporis ex motis ejufmodi particulis conftare dico, aquam verd infipidam ex valde attritis; & tales funt pleræque aquæ deftillatæ, idemque id, quod inter deftillandum Chy- mici vocant phlegma. Nec vero necefle eff, ut particulæ iftæ infipidæ fint figuræ oblongæ funis ad inflar; fed fufficit fi confiften- tiæ fint mollis inftar funis attriti five tomenti aut ftupæ ex quà funis conflat, modû tamen non fint in ramos extenfæ ; ita enim eflicerent faporem pinguem, quia ejufmodi rami fibi invicem adhærentes planè alio modo aflicerent fenfum guftüs. Nec pinguis fapor in alio conflat, quäm in ejufmodi particulis molliffimis & ramofis. Dulcis fapor interdum fumitur pro moderato & fuavi, ut in aquà dulci; & tune non conftituit faporis fpeciem diverfam, fed fæpius fumitur pro titillanti illo fapore, qui in melle, faccharo, & fimilibus deprehen- ditur ; & tunc non confiftit in particulis truncum fimul & ramos habentibus, five, ut aves, plumas fimul & corpus, & quæ ratione trunci vel medii corporis fatis fortiter agunt in poros linguæ, ratione verd ramufcu- a mIire tr? beMoiririNT p235152re 20 25 | | | 20 25 30 25. DE SaporiBus. 41 lorum five plumarum, quibus folis nervorum extre- mitates attingunt, non 1llas lædunt, fed fuaviter tan- tüm titillant. Amarus fapor confiftit in particulis crafliufculis, & inftar lapidum vel faxorum figuratis ; quæ ided fatis altè poros linguæ ingrediuntur, & trifti fenfu ejus nervos pungunt, & aliter tamen quàm uwrentia, qualia funt fpiritus vini. Item acida & falfa, quæ alibi fatis explicui. Ita facilè intelligitur, eur dulcia ferè omnia amarefcant facilè, & in bilem vertantur : abfciffis fcilicet ramulis tempore vel cotturà, remanet & truncus. Cüm particulæ nec funt molles, ut pinguium, nec tam tenues, quäm fpiritus, aut ramuli dulcium, nec etiam tam craflæ, quam fapore omni carentium, figu- ramque aliam habent, quàäm amarorum, aut falium, faciunt faporem acrem; & quoniam tales poflunt efle figurarum valde diverfarum, ided acrimonia multi- plex effe poteft. Voco autem hic acrimoniam hoc quod radit linguam, & quod pro auflero interdum fumitur, ut in vino rubro (quod eft rude) cùm diu cum racemis bulliit. Notandum eft acribus iftis particulis fpiritus efle admixtos, qui poros linguæ fimul ingredientes, illas ibi celerrimè exagitant, atque ita gu/lus acerri- mos atque urentiffimos, ut pyrethri, euphorbii, &c. effi- ciunt. Quippe cm plerumque figuras ramofas corali inftar habent, facilè ab iflis fpiritibus agitantur. Acerbus five auflerus & adftringens fapor, qualis eft fructuum immaturorum, fit ex eo, quôd fint pori in iftis fructibus, & fimilibus, non nifi materià difpofità ad celerrimè ex iis egrediendum repleti, & tam 542 DE SaPoriBus. ‘25-260 000 patentes, ut linguæ particulæ ipfos ingredi poffint; quæ proinde revera eos ingrediuntur & locum occu- pant materiæ iplos egreldientis. Et quia h1 pori valde diverfi efle poflunt, ideù etiam acerbus fapor eft varius. Sapores autem tantüm fimplices hîc recenfentur, fed alii compofiti in infinitum ex his exfurgunt. FINIS. MS. DE LEIBNIZ. (Énrr. FoucHEer DE Careir. AVERTISSEMENT En 1859-1860, Foucher de Careil publia deux volumes in-8 d'Œuvres inédites de Descartes, d'après les MS. de Leïbniz à la Bibliothèque Royale de Hanovre. Nous en avons déjà parlé au t. X de cette édition, p. 207-212 et p. 257. Nous avons même publié, dans cet. X, sous le titre de Cogitationes privatæ, p. 213-248, et De folidorum elementis, p. 265-276, quelques-uns de ces inédits. Il en reste un assez bon nombre encore : les uns relatifs à des observations anatomiques, les autres intitulés Remedia et vires medicamentorum. Ajoutons-y une série d’annotations que Descartes parait avoir écrites lui- même à ses Principes de Philosophie : Ad Principia Philo- Jophiæ annotationes quas videtur Des Cartes in fua Principia Philofophiæ fcripfifle. Ces annotations sont elles-mêmes pré- cédées d’autres remarques, sous le titre Cartefius, que Foucher de Careil n’a point publiées, bien qu’elles fissent partie du même MS. Le MS. de la main de Leibniz, où se trouvent les obser- vations anatomiques, comprend aujourd’hui 15 feuilles {il a dû en comprendre autrefois 17, suivant une indication d'Eduard Bodemann, page 52 de son catalogue imprimé en 1895, Die Leibniz-Handschriften, etc. : « IV. Vol. I, 4, b, excerpta ex Cartefio. 17 BI. Fol. ») Voici l'indication de ces 15 feuilles. (Feuille [.) Pliée en deux, elle forme deux feuillets, numé- rotés 1 et 15; car ces deux feuillets, qui cependant doivent être lus l’un à la suite de l’autre, servent de couverture ou de chemise à tous les autres, qui se trouvent renfermés dedans. C’est le fragment mathématique, intitulé De folidorum ele- Œuvres. VI. 69 * : « PTE ET ERP OR EN _ dy “mél | 540 EXCERPTA mentis, et qui commence ainsi : Angulus folidus reclus eft qui. Foucher de Careil l’a publié, dans ses Œuvres inédites de Descartes, t. II, p. 214-227. Voir notre t. X, p. 257-276. (Feuille IT.) Ce n'est pas une feuille entière, ni même un feuillet, ni même une page; mais seulement un fragment de page avec quelques notes écrites. Il porte au crayon le numéro 2. (Feuille III.) Deux feuillets, 3 et 4, où on lit ce que Foucher de Careil a publié, t. II, p. 86-134 : Anatomica quædam ex M'° Cartefii, observations de Descartes sur des cœurs de veau, qu'il disséquait lui-même. A la fin du feuillet 4, on trouve ceci : PARS II. Secla pofthac &c. | (Feuille IV.) Deux feuillets, 5 et 6, et au commencement du premier, la mention : (Z7), répétée. Ce feuillet 5 est donc bien la continuation du précédent, et Foucher de Careil l’a aussi publié à la suite, t. II, p. 134-170. Ce sont toujours des obser- vations anatomiques, qui commencent ainsi : Secla po/thac gula &c. — A la fin du feuillet 6, on lit : (PARS III). In ovis cerebro… (Feuille V.) Deux feuillets, 7 et 8, dont le premier répète la mention PARS IIT excerptorum Anatomicorum ex MS. Car- tefii, et commence ensuite : Zn ovis cerebro, au-dessous d'une grande figure que Foucher de Careil n’a pas donnée. C’est le texte imprimé par lui, t. Il, p. 170-210. A la fin du feuillet 8, on lit encore : PARS IV. (Feuille VI.) Deux feuillets, 9 et 10, avec la mention répétée : PARS IV excerpt. Anatom. ex MS. Cartefii. Foucher de Careil les a imprimés, t. 1, p. 100-108 : Zn eo convenit formatio plantarum & animalium, et p. 108-132 : 1637 nov. Accretio duplex eft...; sauf la seconde moitié du revers du feuillet 9 et le quart environ du feuillet 10, qui forment, en effet, comme une parenthèse dans le manuscrit, et qu’il a donnés, t. II, p. 66- 80 : 1631. Præter fpiritum animalem.… A la fin du feuillet 10, on lit : PARS V, (Feuille VII.) Deux feuillets, 11.et 12, qui reprennent la ANATOMICA. s47 mention précédente : PARS V excerptorum anatomicorum ex MS°. Cartefii. Foucher de Careil les a imprimés aussi en suivant, t. 1, p. 132-140 : Vena arteriofa…..; et p. 140-156 : Codtis [ex ovis. (Feuille VIIL.) Deux feuillets 13 et 14. Après 18 lignes, que Foucher de Careil n’a pas reproduites, sans doute parce qu’on lit en marge : Hæc deleta in Ms°, mais que Leibniz avait copiées quand même, on trouve toute une série d'observations ou de questions, que Foucher de Careil a publiées, t. I, p. 72- 100, non sans quelques omissions çà et là cependant. Elles commencent ainsi : Grando — vidi hodie menfe decembri. — Et après la grêle, Descartes parle un peu de tout : de l’eau qui entre dans les caves en temps d'inondation, de la forme que des vibrations donnent à une corde tendue, de la bouche qui souffle le chaud et le froid, etc., etc. On trouve ensuite sur une autre feuille, de la main de Leibniz, quelques notes prises par lui sur les Méditations; mais ce ne sont plus des extraits de manuscrits, comme tout ce qui précède. Quelques remarques maintenant sur l’édition de Foucher de Careil. Il a commencé par cette dernière série d'observations et de questions, comme plus curieuses sans doute, celles des feuillets 13 et 14, et les a publiées, t. 1, p. 72-100. D'autre part il a renvoyé tout à la fin ce qui était purement mathématique, le trouvant un peu abstrait sans doute pour ses lecteurs : les feuillets 1 et 15 se retrouvent au t. Il, p. 214-227. Dans l'inter- valle, Foucher de Careil a intercalé, en suivant à peu près l’ordre du MS., les observations anatomiques et les théories physiologiques. Cependant il a encore interverti cet ordre. Il imprime tout d’une suite les feuillets 3 et 4, 5 et 6, 7 et 8, au t. Il, p. 86-210 (dans le manuscrit : PARS I, PARS IT, PARS III). Mais il imprime aut. I, p. 100-156, les feuillets 9 et 10, 11 et 12, qui portent les indications : PARS IV et PARS V. En outre une sorte de parenthèse, qui se trouve aux feuillets 9 et 10, est renvoyée par lui au t. II, p. 66-So. Mais ce ne serait là que le moindre inconvénient de l'édition Re OT V1 TP ATEN CR RL CT. sit Ru 5 FT. - LE. 2 ORNE LEN men rés ml ji half 548 EXCERPTA de Foucher de Careil, remplie de fautes presque à chaque page. Donnons cependant en sa faveur ici deux excuses : 1° l’écri- ture de Leibniz, dans cette copie prise à la hâte, est fort malaisée à déchiffrer, et Foucher de Careil a eu le mérite de la découvrir d’abord, puis de la déchiffrer le premier, ce qui a singulièrement facilité une seconde lecture à ceux qui sont venus après lui; 2° souvent le texte qu’il a donné à imprimer était bon, comme en témoigne la traduction française qui est mise en regard : celle-ci rend exactement, en plus d’un endroit, la copie manuscrite de Hanovre, et ne rend pas le latin qu’elle accompagne; bien des lacunes et des fautes de l'édition de 1859-1860 seraient donc le fait, non de l'éditeur, mais de l’im- primeur. Ajoutons enfin qu'après la scrupuleuse collation des textes qui a été faite à la Bibliothèque Royale de Hanovre, on peut être assuré que, dans l'édition nouvelle de Descartes, autant que possible, le mal est réparé. ANATOMICA QUÆDAM Be 2 CARTESII (PARS 1)°. | In corde vitulino à me difledo hæc obfervavi. 5 Primû paries medius, inter utrumque ventriculum politus, erat omnium denfiflimus, pariefque dextri . lateris erat denfior quam finiftri : aded ut h1 tres fe proportione quàädam fequerentur. Ex inferiore parte uniufcujufque finûs erat unum _ 10 vas, cujus tunicæ fubflantia non multüm ab ipfius cordis fubftantià difflerre videbatur; nec multüm ab invicem. Tunicæ aderant fatis tenues. Hæc vafa cre- didi effe in finiftro arteriam venofam, in dextro venam cavam,; neque unum altero majus videbatur. Nec fatis 15 diftinctè illorum valvulas agnofcebam ; tamen erant illarum veftigia : membrana enim finus cordis obdu- a. Die Leibniz-Handschriften der Kôniglichen ôffentlichen Bibliothek EU Hannover, von Dr. Eduard Bodemann (Hannover und Leipzig, 1805), p. 52, n° 4, b. Feuille IIT (feuillets 3 et 4). — Les numéros, en haut des pages, donnent la pagination de Foucher de Careil, Œuvres inédites de Descartes. (Paris, Aug. Durand, t. I et II, 1859 et 1860.) * 50 EXCERPTA Il, 86-00. cens in vafñium ingreflu definebat in fibras, verfus cufpidem parietibus adhærentes; hæque fibræ tena- ciüs adhærebant in finiftri finûs duobus locis | & dex- tri tribus, ut quod per illa vafa ingrederetur in cor, tam facilè regredi non poflet. Notavi præterea hæc duo vafa in cordis ingreflu fibi invicem effe commu- nia, nec feparari nifi membranà tenuiflimà & laxif- fimä, quæ utrinque flei poterat. Erat autem in infimà parte adhuc aperta (vel fortè à me imprudenter rupta); & videbatur ex illà parte quæ aperta erat, è venà cavâ in arteriam venofam humor delabi poffe, non contrà. Si autem fuperior pars iftius membranæ rupta fuiffet, tunc potuiffet humor ex arterià in venam effluere, non contra. Utrinque autem fuper ifla duo vafa erant pro- ductiones laxæ & cavernofæ furfum flexæ, quas auri- culas vocant, non diflimilis fubftantiæ ac ipfa vafa, ut ibi eflent tantüm quafi finus, in quibus humor, qui in cor ingredi non poterat, congerebatur. (Notant etiam Anatomici1llas contrarium habere motum motui cor- dis.) Nec inter utramque aliam differentiam notavi, nifi quod eflent plures anfractus in finiftræ cavita- tibus quàäm | in dextræ, finiftræque membrana® inte- rior magis alba erat & denfa quäm dextræ. Illarum anfractus eos qui funt in finubus cordis referebant (aded ut videatur initio produci duos finus ab arterià venofà, & duos à cavà : ex quibus duo, five finiftri five inferiores, fimul uniuntur & faciunt cor; alii duo ab invicem feparati, auriculas). Jam finus finifter longior erat dextro & anguftior, definebatque in aortam : a a. Membrana alba (MS.) Alba écrit par anticipation. (Voir 1. 24.) PT NT Ta Il, 90-92. ANATOMICA. si! arteria venofa, b cufpis cordis, c aorta & dexter in venam arteriofam ; d cava, e cufpis cordis, f vena arte- riofa*. Paries finiftri ad finum ufque cordis pertinge- bat, ubi non erat admodum craflus. Paries dextri priüs definebat, fed majorem bafis partem ampleéte- batur (nempe df eft major quàm ac). Ideoque c tan- quam ex medio bafs furgebat, & f illam ampleéte- batur. Membrana finûs finiftri erat, magifque alba & denfa quäm dextri. Fulciebantur verd ifti finus aliqui- bus quafñi columnis, à medio pariete verfus bafin, in externos parietes verfus cufpidem tendentibus, & quæ |licet paucæ eflent & promifcue fitæ, erant tamen valdè rotundæ; & ex fimilibus totus cor conflatus videbatur, ut apparebat ex multis rimis utrinque in parietibus. k Jam furfum aorta & vena arteriofa fe mutud tange- bant, ut infra aliæ duæ; fed nullam habebant inter fe communicationem. Valvulas diftinétè in illis vidi quales defcribuntur, & intervallum inter duas valvu- las aortæ è regione refpondebat intervallo inter duas valvulas venæ arteriofæ. Et immediatè fupra duas valvulas aortæ, quæ viciniores erant venæ arteriofæ, vel potiüs intra ipfas valvulas, duo erant exigua fora- mina, quæ oflendebant quafi duos ramos aortæ, qui- bus utrinque venam arteriofam amplectebatur; 1ique rami rurfus in cor abfumebantur. Non autem appa- rebat ulla communis via inter aortam & venam arte- riofam, fed una ab alterà poterat tota divelli. Neutra etiam videbatur alterà multo major, vel fubftantiæ diverfæ; fed utraque erat denfiffima. Alba autem & a. Voir fignre I, à la fin de ces Excerpta. d 52 EXCERPTA Il, 94-06. quafi cordi implantata, non | ejus fubftantiam confti- tuens, ut vafa inferiora. Erat etiam adeps exteriori fuperficiei cordis verfus bafin multis in locis adnata, ut & tunicæ aortæ & venæ arteriofæ videbantur magis exteriori parti cordis quàm interiori adnatæ ; quod contrarium erat in venà cavà & arterià venofà. Quæ omnia rationibus meis tam accuratè conveniunt, ut mihil magis. Valvularum interftitia ad venam cavam : unum erat in medio parietis externi ventris dextri, per fibras ex crafliufculo quodam tuberculo exeuntes; alia duo erant in lateribus medii parietis. Fibræ diftinguentes valvulas arteriæ venofæ erant in utroque latere parie- tis externi ventris finiftri, nullæ in medio pariete. Valvulæ autem aortæ & venæ arteriofæ non erant in ipfo corde, fed membranulæ ex corde ad vafa emer- gebant, hærebantque utrinque unointerftitio fuper pa- rietis medii dimidium, fibi invicem è regione correfpon- dentes; aliæ quatuor, utrinque duæ, erant in lateribus fimul æquali ab invicem diftantià. Foris apparebat notabilis futura, ventrem unum ab alio diftinguens, jinflar venæ cujufdam, quæ etiam per medium parie- tem penetrare videbatur, ita ut ejus craflitiem quo- dammodo divideret. Sed præterea notavi, ex arterià venofà, non unam tantüm, fed quafi duas auriculas emergere : unam fecavi quæ vulgù notatur ab omni- bus, aliam verd, quæ in laxà 1llà valvulà quæ arteriam venofam à cavà dividit abforbetur, & à trunco cavæ afcendente contegitur. Duæ autem veræ auriculæ habent extremitates fuas, non una in aliam, alia in al- teram partem, fed utraque in finiftrum latus deflexas. Il, 96-08. ANATOMICA. s 53 In* vituli junioris corde notavi manifeftè parietem medium componi ex duobus ventriculorum parieti- bus. Item’! dextri ventriculi cavitas erat inflexa, ut cd, & finiftri a erat triangularis e. Item nullæ adhuc erant valvulæ arteriæ venofæ nec venæ cavæ, imd erant earum rudimenta‘. Sed in dextro finu illud [tuberculum rotundum, quod duas valvulas conjun- gebat in priori corde, in hoc erat inftar columnæ conjungens medium parietem cum pariete externo dextri lateris : ita tamen ut adhæreret medio parieti verfüus bafin, & externo verfüs mucronem. Item val- vulæ aortæ & venæ arteriofæ erant perfe@tè faétæ, ut in priori. Mucro finiftri lateris multo longius produ- cebatur quam dextri, & erat longè magis cavum in fine : apertum erat, 1llud finiftrum latus à dextro amplexum fuifle fic complicatum, & poterat adhuc explicari. Caro erat mollior multo quam præcedentis. Latus dextrum erat fuperius,& omnind verfus fternum pofitum ; atque auricula dextra etiam fuperior. Gula magis verfüs finiflrum latus afperæ arteriæ defcendebat, quam verfus dextrum ab origine; & afpera arteria habebat in pofteriore parte quafi criftam quamdam, cui gula incumbebat à finiftris. Vena‘ arteriofa fic initio à cavà procedit per fpi- nam abc, & dividitur in tres ramos, quorum duo d & e ad utrumque pulmonem, tertius f cum aortà a. Feuillet 3, verso. Voir ci-avant, p. 540, note a. b. Voir figure II. c. Voir ci-avant, p. 549, l. 14-16. d. Foucher de Careil ne reproduit pas cet alinéa en latin; maisil en donne une traduction française, II, 99 et 101, avec cette note : « Quæ Jequuntur in Gallico Sermone, deleta erant in manufcripto.» Voir fig. III. Œuvres. VI. 70 Er 2 ee. À nn ve TU VO PEU JR NO D PE RS 54 EXCERPTA I, 98-102. confunditur*; eftque canalis ille medius, de quo libri, qui paulüm in adultis obliteratur. Notavi hic venam umbilici efle ejufdem ferè com- pofitionis atque tunicæ arteriæ. Hiîc videtur initio |cava fuiffe in anteriore parte, atque inde afcendendo per finiftram partem fupra cor tranfiiffe verfus fpinam, atque 1bi in arteriam magnam defcendiffe, fimulque in pulmones, ut vena arteriofa exiftens”, ramos emi- file. Tuncque arteria venofa etiam in anteriore parte; fed magis verfus latus dextrum defcendendo cor fuifle ingreflam, atque inde verfüs finiftram afcendiffe rur- fum in aortæ partem afcendentem, fimulque ramum in venam arteriofam demififle, qui fenfim faétus eft ramus aortæ defcendentis. Venæ cavæ truncus afcendens dirigebatur in finum inferiorem auriculæ finiftræ per laxam valvulam ibi pofitam, atque inde in finiftrum ventriculum cum arterià venofà, quæ multis ramis in finum finiftrum ex pulmone defcendebat; qui rami faciebant fuperiores anfractus auriculæ finiftræ. Solus igitur ramus cavæ defcendens à capite in dex- trum finum ingrediebatur. Imô etiam afcendens prius eo ibat quäm ad finiftrum. Sed erat vas infigne (fim- plici tunicà præditum) in fummo medii parietis inter lingreffum cavæ & arteriam venofam, à dextro ventri- culo fupra finiftram auriculam, ad truncum aortæ def- cendentis fe applicans, nempe erat alius ramus cavæ afcendentis. Circa primum hepar juvenis vituli hæc notavi. Primd vena umbilicalis ita in hepar immergebatur, ut a. Voir figure III. b. Le MS. donne entre parenthèses :.(/imul.…. exiftens). 10 Il, 102-104, ANATOMICA. 555 hepar fupra revolveretur, & quafñ foffam faceret duo- rum digitorum quañi profunditate, in quam venam umbilicalem admittebat. Ligamentum & peritoneo, fufpenforium di@um, venæ quoque umbilicali adhæ- rebat, videbaturque diftinguere mediam partem ejus hepatis qui fuerat antequam traxiffet umbilicum. Nempe forma hepatis erat maximè irregularis : in dextro enim latere, quadruplo vel quintuplo major erat, quäm in finiftro : nempe quod ventriculus ex finiftrà parte illum repulerat. Eratque ejus quidam lobus d in dextro latere, cui apparebant etiam liga- menti fufpenforii veftigia, quæ reétà per ac fuper hepar tranfibant ; infra verd fufpicor ea | ab accedente ven- triculo rupta fuifle, & videbantur ita deflexiffe, ut ex c ad 1 vafa fellis, & ab z ad d lobum dextro afcititium procederent* : unde patet fellis veficam e genitam fuifle, cùm hepar magnà vi crefceret : tumque illam non tam in dextro latere, ut eft in adultis, fed in eà parte, quæ tum erat hepatis media, genitam fuifle, & in loco à cavà maximèë remoto. Manifeftum erat, etiam Yénam portam totam à venà umbilicali procedere ; duétus enim ab umbilico ad portas hepatis erat præci- puus, aliufque erat inde ad lobum dextro afcititium, etiam infignis. Ex quo confirmatur mea conjectura : nempe iftum lobum quafñi fraum & difjun@um fuifle ab eà parte hepatis in quà erat umbilicus, fuperve- niente ventriculo. Venæ autem portæ exitus ad mefen- terium erat præcife inter iftum lobum & umbilicum, ut fel, fed fuprà, inter fel & truncum cavæ, aded ut præcifè ex loco medio partis inferioris hepatis emer- a, Aucune figure ne répond à ce texte. (MS.) FT SE PASS Tr pe—— de ee De a ET a pu ee LT, job oh il Sr + Jui ose 550 EXCERPTA Il: 104-108: geret. Nihil* circa fel notare potui, nifi quod videretur ex humore in cavæ ramis concocto conflari,| quoniam ramus infignis è cavà fupra illum abforbebatur; præ- terea exonerabatur in magnum quoddam vas, quod puto fuifle duodeni inteftini partem, juxta portas hepatis pofitam, quanquam ejus duétus in fubftantiam hepatis magis pateret. Pulmones erant in duas partes ita divifi, ut finiftra pauld minor quäm dextra videretur. Vafa omnia finiftræ partis egrediebantur ex eodem loco ferè in. anteriore parte; vafa autem dextræ partis egredie- bantur quidem fimul etiam ex eodem loco, fed non tam ex anteriore parte, im potius ex medio : nifi forte unus aut alter ramus, qui jam excifi erant, magis ex anteriore parte procederent. Videbatur ergo dexter lobus in duos rurfus divifus, fed & hi in plures, ut etiam finifter erat in plures diffeétus : ita tamen ut, cum in dextro tum in finiftro, effet una pars præcipua & magis continua quæ deorfum tenderet. Reliqua tantummodo, ex fequaci carne conflata, videbantur excrevifle ad thoracis cavitatem replendam. | Notavi in tertio vitulo recens nato, & in cujus ven- triculo nondum lac cernebatur, fed materies quædam ex viridi nigrefcens, ejus inteftinum rectum fuprà modum fuifle inflatum & folo flatu impletum; fuprà verd aliud inteftinum fuiffle quädam materià nigrà plenum, & multo anguftius. Vefica etiam erat ingens, & multüm aquæ continebat. Hepar verd minus erat quàm præcedentis, & ejus caro fuper umbilicum a. En marge : [N. B]. Il, 108-110. ANATOMICA. 57 minüs extuberabat; & fel minus ab eo removebatur, lien verd dorfum* verfus in finiftrà parte vergebat. Afpera arteria non erat tam dura quam præcedens, criftamque etiam habebat, ut præcedens?. Cui àfiniftris gula incumbébat; gulæ autem, truncus aortæ def- cendentis ampliffimus ; eratque adhuc magis à finiftris quàam gula : a b afpera arteria, be f truncus aortæ defcendentis, c d gula, g h vena cava ab hepate À ad cordis partem g afcendens®, Pulmo dexter in duobus afperæ arteriæ locis ejus vafa admittebat; finifter verd tantüm in uno loco, qui refpondebat parti inferiori dextri lateris, infra | trun- cum aortæ defcendentis : aded ut videretur initio aortam ex anteriore thoracis parte verfüs finiftram partem, ac deinde in dorfum fupra pulmonem fini- ftrum afcendifie, priufquam ex dorfo viam fibi rurfus feciflet, adeoque finiftrum pulmonem ample&tendo, ejus vafa ex afperà arterià venientia deprefliffe, Appa- rebant autem, excifis fcilicet pulmonibus, inter ora vaforum in illos ingredientium, duo infignia, utrinque unum, è regione pofita, quæ videbantur effe venæ arte- riofæ partes, eratque finiftrum immediatè infra trun- cum aortæ defcendentis; infra hæc utrinque etiam unum infigne erat, quod videbatur efle ex arterià venofà; fed in finiftro latere videbantur efle plures ali, nec præcipuum erat tam infigne quàm in dex- tro. Quæ unde reverà prodierint, ablato pericardio, cognofcam. a. « An deorfum ? » (Note de Leibniz.) b. Voir ci-avant, p. 553, 1. 20-23, c. Voir figure IV. = PRE - “._. CN UT œ res eg ee LE ie de dt $ 8 EXCERPTA IT, 110-114. Antequam pericardium tollerem, manifeftè obfer- vavi nervum qui à collo fupra dextram partem peri- cardij anterius ad diaphragma defcendebat, fed & | alium quoque < qui = fupra finiftram partem peri- cardij eodem ferè modo ad diaphragma ibat, nifi quod priufquam ejus carnem ingrederetur, in duas partes fcindebatur ; in ipfam enim diaphragmatis carnem utrinque penetrabant, & 1bi abfumebantur. Circa lienem obfervavi ejus partem, quæ erat verfus fpinam, efle incurvam & intus velut exulceratam (ut etiam erat in præcedenti), & in poftremà ejus parte paul craffiorem; in medio ejus curvitatis erant fimul ingreflus omnium vaforum, id eft venæ infignis, arteriæ item infignis, & nervi; unde videtur apertè oftendi lien in medio pofterioris partis initio fuifle genitum, & poftea 1b1 fuifle protrufum, jecore in dextram partem recedente. | Pericardium tribus membranis tenuiflimis alliga- batur, quarum una furfum videbatur effe interfepiens, at alia infra interfepientem adnata, nec notavi efletne fimplex vel duplex : duæ autem aliæ inferiores à dia- phragmate, una fimul cum venà cavà, alia finiftra cum œfophago & aortà (quæ 1bi oblongà quàdam glandulà interjettà feparabantur, & aorta magis ver- | fus fpinam dorfi erat), afcendebant. Erant autem hæ duæ membranæ in pericardio parvi digiti latitudine ab invicem fejunétæ, unaquæque duplex, & ex his omnibus fimul membranis alia circa totum pericar- dium produéta erat, multis quafi glandulis vel adipe confperfa, quam totam à pericardio feparavi. Sepa- ravi deinde cavam à diaphragmate, & notavi ramum LI, cig-r18. ANATOMICA. 59 exiguum ab illà in diaphragma permeantem, moxque in duos & plures ramos difperfum. Separavi œfopha- gum ab eodem, notavique duo vafa infignia (quos puto nervos fexti paris) fimul cum œfophago defcen- dentia. Separavi deinde aprtam. quam vidi per aliud foramen tranfire quaäm œfophagum, nempe juxta fpinam, nec ullum aliud vas cum illà animadverti. Separavi deinde nervos œfophagi, quos omnes agnovi ab eâdem origine efle ; unus tamen fuperior in duos verfüs cerebrum dividebatur, qui duo utrinque per pulmones & pericardium fibras mittebant, fed & recurrentes ad afpe|ram arteriam: & alter inferior vel ab ifis duobus vel ab uno faltem pro certo venie- bat. Separavi deinde œfophagum, quem vidi diftinéèe, per latus finiftrum afperæ arteriæ defcendentem, accu- ratè in medio inter utrumque pulmonem defcendere, adeù ut ejus defcenfu pulmones viderentur efle divifi. Difcidi poftea pericardium, conftans membranà tenui quidem fed tenfà & quafi corne, utrinque lævi & polità (detraétà nempe fupra eam membranà ex pleurà). In eo humor adhuc aliquis erat. Nulli parti cordis verfus mucronem adhærebat ; fed circum- quaque bafñ & ejus vafis & afperæ arteriæ five pulmo- nibus tam firmiter adhærebat, ut fuerit abfcindenda : frangebantur enim vafa, cùm illam volebam avellere. Notavi autem primo illam trunco cavæ verfus hepar ita firmè anneéti, huncque truncum. qui totam aurem dextram amplectens trunco aortæ afcendenti & ramo venæ arteriofæ adhuc intra pericardium exiftens jun- gebatur, confcendere & illà | in parte ex pulmonibus egredi, adeù ut non adhæreret trunco cavæ nifi in ejus EN DL à LE 0 Es Se "— 08 né AE nm —< LÉ 2x 00 EXCERPTA I, 118-120. ingreflu & egreflu. Adhærebat eodem modo aortæ & venæ arteriofæ in illarum egreflu, fed ita firmiter ut furfum adduéta appareret illam ex corde egredi, deorfüum verd è regione quidem vaforum ex ipfis vafis, alibi ex pulmonibus. Separavi deinde afperam arte- riam, notavique illam cordi non adhærere, nifi mediante pulmonum corpore ; item in illà tres efle infigniter diftinttas partes, per quas pulmonibus jun- gebatur, duas fcilicet a & b in dextro, tertia{(m) in finiftro*. Caro autem pulmonum adhærens pericardio admittebat vafa è corde ex quatuor locis, quorum duo d &e jungebantur vafis ex c, f verd jungebatur cum b, & g cum_a, & truncus aortæ defcendentis erat in medio h, verfus anteriorem partem, defcendebatque verfus 7 deprimendo d & e. Item vafa afperæ arteriæ egrediebantur quidem paulo magis ex pofteriori parte ejus quäm ex anteriori, fed poftea paulo magis in anteriorem fleétebantur, quamquam hoc non ita videatur effatu dignum. | Confideravi poftea figuram cordis, illudque furfum finifirà per aortam & cavam afcendentes attrahens, & per cavam infra tanquam ex hepate paululum dextrà trahens, verum ejus fitum fum contemplatus ; veniebatque cava paululum à dextrà & pofteriore parte, vergebatque in finiftram & anteriorem, afcen- debatque fupra aortam, ita ut vicinior eflet pectori. Jam vidi ambarum auricularum origines. Dextra enim, <à > cavà deorfum incipiens, ei afcendenti adnafce- batur, ejufque extremitas erat in finu inter aortam retà afcendentem & tubum aortæ defcendenti, & a. Voir figure V. Il, 126-124. ANATOMICA. ;61 venæ arteriofæ communem ; ideoque furfum erat magis inflexa. Contrà verd finiftra veniebat à ramo fatis infigni, qui à cavà veniens per medium cordis parietem tubum aortæ defcendentis amplectebatur; & nefcio an rurfus cavæ jungeretur* verfus caput, vel feorfum afcenderet, vel potius inter pulmones ab{ol- veretur ; fed auricula finiftra, ei adnata, non tam altè cum illo fequebatur, depreffa fcilicet à trunco cavæ defcendentis fub quem laltebat; ideoque ejus extre- mitas deorfum flectebatur, quanquam etiam in medio fui etiam aliquantulum magis deorfum defcenderet. Non erat verd minor dextrà, & utraque habebat extre- mitatem inftar criftæ galli, totæque erant corrugatæ ; fed finiftra duobus in locis magis rugofa, quod nempe primÔ afcendebat cum ramo cui adnafcebatur, poftea verd defcendebat à trunco cavæ preffa; quare etiam duobus in locis deorfum fleétebatur. Jam circa bafin cordis undequaque adeps erat, nulla verù verfüs mucronem nifi quædam vefligia; quæ per quafi venas fuper cor apparentes defcendebat : cujuf- modi erant quatuor ex triplici tantüm origine. Prima erat infra cavam hepar verfus tanquam ex origine auri- culæ dextræ, quæ definebat verfüs mucronem magis, ut puto, quäm cavitas dextri ventriculi cujus tantüm lineamenta referebat. Secunda ex origine auriculæ finiftræ veniebat, defcendens quoque verfus mucronem tanquam veftigium ventriculi finiftri, fed jungebatur tamen tertiæ | longè altius quäm in fine cavitatis finiftræ; nec oftendebant nifi per exiguum finiftrum a. Le MS. donne conjungeretur. Mais les trois premières lettres semblent barrées, Œuvres. VI. 71 aps Po 02 ExCERPTA Il, 124-126. finum, fimul tamen jun@æ ufque ad finem mucronis fere defcendebant. Jam tertia & quarta fimul orie- bantur ab extremitate auriculæ finiftræ, nempe in finu à defcenfu aortæ faéto ; quarum tertia, ut dixit, fecundæ jungebatur, ita ut ex protuberantià foris 5 apparente poflet tamen judicari cavitatem dextram non aded efle profundam. Jam fecunda & quarta aliæque innumeræ quafi venæ à baf cordis verfüs mucronem non ad perpendiculum defcendebant, fed tanquam à fpinà verfus finiftram, deinde ad dex- 10 tram flectebantur ; fola prima videbatur effe perpen- dicularis ; quæ verd in finiftro latere erant, minus fleétebantur quam quæ in dextro; fola tertia denique in contrarias partes fleétebatur, ut fcilicet primæ jun- geretur. Apparebant verd etiam tales venulæ tranf- 15 verfæ in ipfà bafi : una inter origines utriufque auri- culæ, alia fub auriculà finiftrà ; fed erat etiam alius exiguus ramus ex dextræ auriculæ extremitate verfus extremitatem finiftræ | reflexus, tanquam ut cum ter- tià venà concurreret. Notandum verd, ex his quas 20 voco quafi venas, alias reverà venas videri, alias tantüm arterias vel nervos. Avulfis deinde, quàm potui accuratiffimè, fibris te- naciflimis ex pericardio, quæ vafa è corde egredientia circumplicabant, ipfa vafa confideravi. Quæ erant 25 duo ab origine : maximè unum ex medià bafi, nempe aorta, quæ reclà quidem furfum tota afcendebat, fed flatim in duos ramos dividebatur, è quibus finifter deorfum in aliud majus vas ferebatur; aliud foris planè ex anteriore cordis parte egrediebatur, nempe 3% vena arteriofa, quæ ftatim verfus finiftrum deorfum il, 126-130. ANATOMICA. 503 verfus tendebat ; fed ftatim etiam hæc in duos ramos fecabatur, è quibus fuperior & dexterior in aortam defcendentem confluebat. Quod vas aortæ defcenden- tis erat omnium longè maximum : & decuplo major‘ trunco cavæ, minor tantüm erat venæ arteriofæ initio; in quo notanda erat infignis ruga in egreflu è corde, quæ ibi cavitatem | faciebat, eratque indicium, illud fuiffe longè majus, fed jam decrefcere. Alter verd venæ arteriofæ ramus inferior flatim in duos alios infignes ramos dividebatur, qui in duobus pulmonum lobis ibant; horumque dexter rurfus ex fe tertium ramum infignem emittebat, pro fuperiori parte dextri pul- monis, adeù ut omnin tribus ramis afperæ arteriæ refponderent. Notandum verd hos duos ramos præci- puos fupra duo foramina arteriæ venofæ exiftere & effe latiores, imd tertium fupra tria foramina venæ arteriofæ ; item hos tres ramos non diu confervare duri- tiem membranarum fuarum, fed abfque ullà fetione à carne pulmonum avelli potuiffe, ita ut vix tranfverfi digiti latitudinem retinerent. Notavi præterea nervum exiguum (procul dubio ex fexto pari)inter initia venæ arteriofæ & aortæ ex medio cordis furfum cum aortà afcendentem. Vafa ad cor ingredientia erant° truncus cavæ ae, | qui fere folus proprie cor ingredi videbatur; alia ver vel ex ipfà vel à corde efle exorta : nempe ramus ede per medium parietem de furfum de afcendebat in parte finiftrà; deinde tria orificia 101 arteriæ venofæ, tribus afperæ ramis correfpondentia. Erat tantüm dfe carnea moles a. Major... minor. Lire majus... minus. b. Aucune figure en regard dans le MS. ne 04 EXCERPTA II, 130-134. utramque auriculam conjungens, & planè ejufdem cum 1llis fubftantiæ & eum venà cavà. Erat autem finus in punéto e inter illam & dextram aurem ; quare aliàs dixeram finiftram auriculam effe quafi duplicem*. Infra autem iftud pun@um e, ubi prima quafi vena cordis cutanea bafi conneitur, eft exiguum foramen aded anguftum, ut nondum fciam an penetret in cor longius. Denique inter vafa omnia ubicunque erat aliquid fpatii : illud adipe quädam molliori & in glan- dulas degeneranti replebatur; nec iftarum glandula- rum fubftantia aliter à cordis adipe differebat, quam auricularum caro à cordis carne, qudd nempe una |motu firmiore fuerat ficcata quam altera. Idem etiam dicendum de differentià inter venæ & arteriæ tunicas?. PARS II. |Sedà pofthac gulà in direétum, reperi adhuc her- barum fruftula intus indigefta ; unde mihi innotuit, hunc vitulum fuifle grandiorem natu quàm mihi erat relatum [imd erat maximè juvenis|*, jamque herbas comediffe quæ ibi in palearibus hærebant. a. Voir ci-avant, p. 552, 1. 24-26. b. On lit ensuite : Sea pofthac Ec., qui sont les premiers mots de la page suivante, et au bas, PARS IT, numérotage qui se trouve aussi repro- duit en tête de la même page suivante dans le MS. c. MS. de Hanovre : Feuille [V (feuillets 5 et 6). Cette feuille donne, en tête, l'indication : (11), que ne reproduit pas Foucher de Careil. Elle donne en outre le titre: Obfervationum Anatomicarum ex Mfo. Cartefii. Le numérotage (II) marque bien que cette feuille IV fait suite à la feuille III, qui se termine par l'indication : PARS II. d. Ces quatre mots se trouvent en marge dans le MS., avec la note suivante de Leibniz : A/criptum in margine. I 3426, ANATOMICA. 565 Notavi etiam, in afperà arterià, duos inferiores ramos ex eodem annulo infimo & latiori emergere, tertium vero dextrum, feptem altius; & in reliquà denique arterià, quamvis totam non haberem, 40 ta- men annulos numeravi; quot fuerint amplius, ignoro. Dixi quidem fupra*, quo pado venulæ & arteriolæ in cordis fuperficie apparerent. Fibræ autem, ex qui- bus ipfa cordis caro conftat, in alias partes fle&untur, nempe vel omnes perpendiculariter vel certe potius à dextrà ad peëtus. Nec fanè ventriculorum diftinétio in illis eft cujufdam momenti; fed reétè | confideranti videtur tota cordis caro ab impulfu cavæ fada effe, quæ mittebat fanguinem verfus mucronem, & inde major ejus pars in partem finiftram fleétebatur. Qui vero fpiritus erant fubtiliores, magis verfus medium cordis five ipfam motüs originem refleétebantur in aortam ; qui crafliores fupra erant, in venam arterio- fam; qui verd fubtilifimi per cordis carnem evade- bant, reflectebantur deorfum in exiguum iftud fora- men quod notavi” effe infra cavam, ibique fequebantur vefligia primæ venulæ (quo folo in loco vafa cordis cutacea & ejus fibræ eamdem viam fervant), ac deinde in {patio intra pericardium contento difpergebantur ; ibique condenfati ipfum cor vel alebant, vel certè con- fervabant. In vià autem 1ftà primæ venulæ carnis fibræ utrinque latiores in bafi cordis verfus mucronem in illam confluebant, pari modo utrinque non tam accu- ratè, fed finiftræ magis verfus mucronem in dextrum fleétebantur. a. Voir ci-avant, p. 561, 1. 18, à p.562, 1. 22. b. Ci-avant, p. 564, L. 5-7, 66 EXCERPTA M3 Jam fumendo finum, duos ramos aortæ & venam arteriofam, videbantur facere unicum vas ex anteriore cordis bafi egrediens. Contrà auriculæ utrinque cum carne intermedià partem inftar valli cingebant; per quam partem tum cava, tum arteria venofa & cavæ propago finiftra in cor penetrabant. Hæc cavæ pro- pago eft haud dubiè coronaria diéta, & ub1 habet ortum à cavà, diffleminat omnes venulas quas fupra notavi efle in fuperficie cordis, quæ ided vergunt in alias partes quàam fibræ cordis ; bafñ* cordis cref- cente magis quäm mucro, harum fibrarum extrema locis quibus adhærebant manferunt affixa. Apertis poflea venà cavà in direétum & duabus auriculis & coronarià, vidi iflam coronariam, ab ori- gine mucronem verfus defcendentem, ibi paulatim ex corde fe fubtrahere, cùm interim meatus effent tranf- verfi in fibris cordis, per quos in cor rurfus penetra- bat quicquid per illam egredi conabatur. Eodem modo ramus ejus præcipuus, per medium parietem tranfiens, excipiebatur à quatuor aut quinque exiguis forami- nibus in bafi cordis, fi quid craflius per illam effluebat; ex quibus unum directè refpondebat 1lli fupra notato, infra cayæ ingreflum in cordis cute. Vidi quoque diftintè partem cavæ, inclufam in pericardio, planè ejufdem fuiffe fubftantiæ atque auriculas; cavamque ab initio furfum afcendentem, occurrente illi obfta- culo, flagnafle in pectore, ibique° in molem fbc ex duabus auriculis & carne medià concrevifle; poñftea vero exitum fibi fecifle, tum furfum verfus peétus per a. Bafi. Le MS. donne quæ bafi (quæ répétition du quæ, |. 0). b. Voir figure VI. Il y manque toutefois la lettre ÿ. 20 25 TER ANATOMICA. 507 e, tum verfus fpinam in pulmones per a arteriam venofam. Ac præterea in medio iftius molis carneæ cor formafle, tandemque in illud & per b & per val- vulam inter b & d fuos ventriculos excavafle. Valvula enim ifta adhærebat moli carneæ in parte 1 per quaf- dam fibras, ita ut pateret fanguinem quidem femper decidiffe per illam ex cavà in finiftrum ventriculum, nunquam ver quicquam ex finiftro ventriculo in|dex- trum vel cavam; fed quod ex finiftro ventriculo redun- dabat, in pulmones ibat per arteriam venofam, ex quà rurfus in cor regurgitabat, ex quà regurgitatione for- mata eft valvula br. Erat os dextrum cavæ in cor, triangulare quodam- modo : unde tres 1b1 valvulæ. Os verd tum cavæ tum arteriæ venofæ in finiftrum, quafi ovale : unde tantüm duæ, idque ex conjunétione finuum, neceflarid feque- bantur. Apertis poftea aortà & venà arteriofà, præter vul- garia omnia animadverti, tres venæ valvulas vix totas poife aperiri; claudi autem quäm maximè, carne fci- licet intra ipfas protuberante. Item, valvulam aortæ, quæ pectus refpiciebat, eodem modo aperiri vix pofle propter eandem rationem ; fed alias duas è contrà vix claudi poffe : quod juvat ad cognofcendum cur major vis in finiftro latere confluxerit. | Denique ibi obfer- vavi nervum (fexti paris, ut puto) in cor abfumi inter aortam & venam verfüus anteriorem partem ; junge- bantur autem aorta & vena in communi valvularum interftitio indiflolubiliter. Excufli deinde venas & arterias cutaneas : venæ erant, prima ex quatuor venulis perpendicularis 508 ExXCERPTA Î r4prae ad mucronem ex cavä, & fecunda ex propagine cavæ cutaneà, & alia dues utramque in bafi, cujus originem non vidi apparentem, nec item ect quæ deorfum ex eà defcendebant, quamvis cæteræ magis fanguineæ apparerent, puta propter fitum. Tertia & quarta ex fupra nominatis fimul veniebant à ramo ex aortà in medio valvulæ pofterioris exeunte. Ramus autem ex medio valvulæ anterioris (de quibus fupra) exibat quidem in cutem ex medio cordis verfus finem auriculæ dextræ, fed majori ex parte in ipfum . cor rurfus abfumebatur. Cæterum venæ iftæ cutaneæ & arteriæ non poterant ab invicem vifu diftingui, nec alio modo nifi ratione originum; earumque tunicæ erant verfus extrema tenuiflimæ, & facilè à cordis carne | feparabantur, & perforabantur in extremis. Poftea refectis arteriis, & auriculis planè utrinque difciflis, clarè cognovi quomodo valvula ex cavà ad arteriam venofam effet difpofita : nempe tali modo, ut rectà ex cavà fanguis in extremitatem auriculæ fini- ftræ ingrederetur, atque inde poftea tum ad pulmones tum in finum finiftrum regurgitaret; ita tamen ut nihil omnino per illam ex finiftrà parte in dextrum finum regredi pofiet. Infpexi deinde in bafi, vafis refeêtis, qualia effent eorum orificia. Erantque ut ibi appinxi* : a eft cava, b arteria venofa, c vena arteriofa. In medio eft aorta, cujus valvula inter c & a vix poterat aperiri ; aliæ duæ femper patebant. Ideoque arteria venofa ibi erat inflexa, nec nifi duas valvulas habitura : ex quibus unica erat formata, quà folà ab aortà feparabatur, a. Voir figure VIT. 20 25 30 ll, 146-150. ANATOMICA. 509 alià autem vafa omnia fatis craflo interftitio ab invicem fejungebantur : d, b, c eft finus finifter; d, a, c dexter ; circuitus cavæ in a erat intus rugofus, caro cordis in c ad venam arteriofam magis prominebat quam in cæteris locis. Margini afcripta : [Imd iftæ rugæ erant pars auri- culæ, quam eù intus depreflerat, ut appareret totum cor à cavä effe facltum ex eàdem materià ex quà auri- culæ; cüm tamen paulatim ejus tunica durior eva- deret, non autem cordfs caro, quod non ita alluebatur humore intus tranfeunte, & ided cavæ & valvulæ ex eà videbantur diverfæ naturæ quam cor.] Secui deinde mucronem cordis, illumque reperi tantüm in aortà & venà arteriofà perforatum. Erat autem foramen planè corrugatum intus, tanquam vefica manu preffa; & poterat everti tanquam auri- cula, planèque ejufdem fabricæ intus videbatur. Nec caro in fummo mucrone magis craffa erat : eminebant vero ex eo fibræ quædam albæ, quæ retis inftar inter- textæ & prominentiis in finüs cavitate exiftentibus adhærebant furfum verfus : erant verd tantüm iftæ fibræ verfus aortam. Secui deinde eumdem mucronem pauld altius, ubi perfpicuè vidi foramen ab aortà & arterià venofà efle rotundum, à venis ver oblongum, & illum amplettens ut a, b, c. Incipiebant vero etiam fibræ effe in finiftro finu verfüs arteriam venofam. Secui deinde cavam* in a à bafi ad mucronem per exterius apparentia finuum interftitia, & eodem modo venam arteriofam in b; manfitque totus ventriculus a. Voir figures VIII. Les deux lettres, o et g, manquent. Œuvres. VI. 72 70 EXCERPTA I, 150-152: a,e, b expanfus, ita ut tamen appareret intermedia fe & columna intra fe fita, de quà fupra, cuius bafis erat ce. Margini ad/fcripta : (exterius inferiort parti 1ftius columnæ quañi bafis alterius adjunéta erat, ex quo fibræ dividentes valvulas cavæ in o veniebant) aut circiter. Carnis autem denfitas circumquaque ferè æqualis, & quamvis obliquè ce non tamen erat latior quam g, À. Aperui denique arteriam venofam in fui medio, nempe cd, & fcidi membranam / inter arterias pofi- tam; potuitque totus finus repræfentari ut pi&um eft. Et manifeflum erat, hunc finum ita anguftum effe, quia fuerat à dextro compreffum ; ejus autem caro, æqualiter denfa, dupld aut circiter denfior quam alterius, non tamen multo latior, fed com- pactior ; nec verd erat magis lata vel denfa in medio pariete quam in reliquis, adeo ut videretur finus qui- dem hic finifter fuiffe quidem* inflatus & rotundus, eique poflea fuperaccreviffle finus dexter tanquam operculum. Notandum etiam, aperto finu finiftro per medium arteriæ venofæ dc, tantüm potuifle explicari priufquam valvula f fcinderetur atque poft; adeo ut ora venarum effent multo laxiora quam arteriarum : nempe cavæ orificium erat omnium latiffimum, mini- mum erat aortæ, reliqua duo ferè æqualia. In bove animadverti cavum, cui implantatus fuerat umbilicus, non amplius crafliufculà carne circum- a. Au lieu de quidem répété deux fois, mieux vaudrait, la seconde fois, primüm, par ex., opposé à po/lea (1. 19). 20 25 I, 152-156. ANATOMICA. 71 vallatum, fed planè acuminatà ; recedebatque à felle quatuor digitorum diftantià. Erat hepatis caro magis colorata quam vitulorum; pulmonum verd minüs, fed planè albicans. | Duæ tum apparebant infignes & nigricantes venæ cutaneæ cordis; utraque ab eâdem origine ortum ducebat, nempe à ramo infigni cavæ, qui per medium parietem cordis ab ingreflu cavæ ad auriculam finiftram pervadens, ibi primd bifariam dividebatur interjeétà valvulà, ejufque ramus inferior rurfüs bifariam divifus, unam fui partem perpendiculariter ad mu- cronem cordis defcendentem fupra medium finiftri finüs emittebat; altera obliquè infra finiftram auri- culam ferpens, poflquam ad ejus finem pervenerat, verfüs mucronem cordis in feparatione utriufque finûs anterius fleétebatur. Alius verd ramus iftius venæ omnium maximus, fupra finiftram- auriculam fer- pens, furfum afcendebat & juxta illam feu ner- vulus defcendebat verfus cor, qui tum in pericardio videbatur abfumi, ut & alii nervi quotcumque mihi occurrerunt. Notavi præterea valvulis claudi orificia venæ azygos & axillaris, quæ à cavæ afcendentis trunco veniebat, ita ut fanguis per illas facilius verfüs cor laberetuï, quam inde poñflet regredi. In arteriis autem nulla prorfus ejufmodi valvularum veftigia apparebant. Ipfæ autem cordis|valvulæ erant ut in vitulis : nempe cavæ & arteriæ venofæ, minüs perfeétæ ; venæ autem, perfeétiflimæ; aortæ, per- fectæ quidem, fed quæ tamen non tam planè claude- bantur quäm vena arteriofa* : hujufque orificium pro- a, Lire peut-être : venæ arteriofæ (valvulæ) ? $72 EXCERPTA II, 156-158. portione minus erat quam in vitulis; aortæ, majus. Ex duobus ramulis aortæ, immediatè fupra valvulas egredientibus, finifter deorfum ad mucronem cordis anterius inter utrumque finum fimul cum venà flecte- batur ; dexter obliquè ferpens infra dextram auriculam paulatim in cor abfumebatur, quatuor exiguis ramulis ftatim ab initio in cor demiflis; fed & finifter ramus, cujus tamen unam partem jamjam defcripfi, unicum præterea ramulum in ipfo initio in cor demittens, maximà fui parte infra finiftram auriculam ad prin- cipium cavæ ufque ferpebat, atque ibi verfus cordis mucronem deflexa, finum dextrum à finiftro in pofte- riore cordis fuperficie diftinguebat. Dexter finus multd brevior erat quam finifter, etiam proportione magis quam in | vitulis, ejufque caro mollior ; paries exterior fere triplo minor. Intus reperi fanguinem rubicundum ; in finiftro verd, nigrum & aduftum. Vena arteriofa aliquanto etiam mollior videbatur quàm aorta; fed quod mirum, ejus cum aortà conjunétio tam plane evanuerat, ut nulla ejus veftigia apparerent, nifi tantüm exigua ruga in venà arterio{à. [fa autem materia, ex quà intermedius canalis fattus fuerat, in durum adipem videbatur efle . converfa. Meatus verd ex cavà in arteriam venofam planè erat etiam claufus; fed foramen adhuc inftar foffæ cujufdam ex parte cavæ cernebatur, & rugæ multæ in medio tranfverfim protuberantes, fupra verd & infra excavatæ ex parte arteriæ venofæ. Jam notavi os cordis fatis durum, & quo fecto medium habebat tanquam ex medullà fpongiofo offe conclufà. Erat autem hoc os, vel potius hæc duo offa, 20 IT, 158-162. ANATOMICA. 573 in radicibus aortæ, & plus quam mediam ejus orificii partem cingebant. Unum quidem magis ab anteriore parte cordis inter orificium cavæ & aortæ habebat exordium, & ubi cava arteriæ | proxima eft, quemdam proceflum deorfum mittebat, pergebatque poñtea ufque ad medium intervalli inter aortam & venam arteriofam ; ibique nefcio an alteri offi jungeretur, vel potius ipfam cartilaginem faétum ulterius progredie- batur ad ufque finem illius interftitii, quod eft inter aortam & venam arteriofam. Valvula autem 1bi in ifto intervallo pro venà arteriofà exiftens, planè carti- laginea erat, & fibræ longè duriores quam in finiftro ventriculo : aded ut longè major inter cordis finus appareret diverfitas quàm in vitulis. Non accuratè diftinttæ erant valvulæ arteriæ venofæ ; & licet duæ cæteris majores apparerent in angulis, tamen etiam aliæ duæ efle videbantur, adeù ut quatuor poflent numerari. Cæterum pericardium adhærebat ipfi cordi, non tantüm in bafi, fed etiam in parte pofteriori, à bafi ad mucronem, ufque ad latitudinem trium aut quatuor digitorum. Innumeris fibris ei erat confutum; quæ fibræ in extremitatibus duriores erant quäm in medio, atque in finiftrà parte quàm in dextrà. In medio autem cordis inter | iflas fibras erat, inflar cujufdam glan- dulæ, pifi romani magnitudine & figurà, prominens album tuberculum, quod ibi intra ipfam cordis tuni- cam erat adnatum. Circumquaque verd pericardium erat adipofà quàädam veluti fpumà confperfum & con- teétum. 74 EXCERPTA 11, 162-164. at In vitulo bimeftri vel trimeftri, ex matrice excifo, hæc obfervavi?. Orificium valvulæ erat aréifime clau- fum in b; vafa utrinque erant in f & g. Ex cornibus e & c, e dextrum erat longè majus altero & in id corium fœtüs extendebatur, non autem in finiftrum. Caput fœtüs erat verfüs illum, fed amnios non tam longe extendebatur, fed magis in ovalem figuram in medio, ut a. Dorfum fœtüs erat in À. Umbilicus in 1, contor-. tus ut #1, ubi cutis inter cornua c & e erat corrugata, quoniam uterus creverat verfus d, non autem verfüs b, & tantd arétiüs ejus os claudebatur. Natabat autem fœtus in magnà aquæ copià, quæ cum 1llo include- batur; pedibufque erat ereétis, apparebatque illos nunquam adhuc fuifle incurvatos, fed crefcente paula- tim fœtu, fieri jun@uras & articulos. Cartilago autem erat in genibus & aliis tam longa, quam effet ipfum os femoris vel tibiæ; pedes autem erant perfeëtè for- mati. Cauda etiam longior quäm in adultis; item etiam penis, qui omnino ufque ad umbilicum pro- tendebatur, ibique erat in concavum quodammodo reflexus, ut videretur ipfius nervum initio ed ufque perrexifle, jam autem imminui præputiumque 1bi crefcere. Penis nullum habebat foramen fenfbile. a. Trait transversal dans le MS. — Foucher de Careil ajoute un titre : Vituli bimeflris embryogenia. — Voir, pour tout ce passage, une lettre de Descartes, du 2 novembre 1646, t. IV, p. 555, 1. 13-24, de cette édition. b. Voir figures IX. c. Lire peut-être uteri? Voir ci-après, 1. 10-11. Ou plutôt vulvæ. Bauhin, INsT. ANATOM. : « Vterus (ab vtre) propriè mulieris eft, cùm in cæteris » animalibus vuluam potius appellemus. » (Edit. 1619, p. 83, in margine.) Voir encore ci-après, p. 575, 1. 28, et ci-avant, p. 507, 1. 13-16. 20 Il, 164-166. ANATOMICA. 7 Scrotum etiam erat pro menfurà corporis magnum, & humore tantüm glutinofo plenum; teftes autem erant adhuc in corpore. Mammæ autem quatuor fupra fero- tum, tanquam aflicularum capita, maximè confpicuæ eminebant. Reliquum corpus erat perfeétè formatum : aures, os, nares, ut in adultis. Solæ oculorum palpe- bræ nondum erant divifæ; foris tamen jam apparebant futuræ rimæ veftigia, & tenfa ibi cutis paulatim erodi videbatur. Tunicæ omnes fæœtum involventes erant pellu- cidæ, fola corion erat cotyledonibus diftinéta; per quos cotyledones apparebat fœtum umbilicum ad fe traxifle : mammulæ enim uteri in illis erant inclufæ ; quæ mammulæ erant paulo magis albæ, | cotyledo- nes paulo magis ex rubro nigricantes. Intima autem tunica quibufdam maculis, inftar lentis quæ in aquà corruptà gignitur, erat intus affecta ; itemque um- bilici pars exterior intra illam & fœtum exiftens. Erant hæ maculæ albæ & quafi ex adipe, ut omnino viderentur effe vitium ex aquà intus commotà* con- tratum. Nulla adhuc ibi erat offa, qualis ab aliis defcribi- tur ; ut inde omnino appareret, affam iftam efle craf- fius excrementum alvi, quod nondum fœtus egeflerat, quia nimis juvenis. Apparebat etiam, quàm fit ridicu- lum fingere aquam, cui fœtus innatat, efle ejus fudo- rem°, cùm eflet tam copiofa, & procul dubio, cref- cente fœtu, diminuatur. Cornu finiftrum uteri vacuum a. Lire plutôt corrupta. Voir 1. 16-17. b. Voir Fabricius ab Aquapendente, DE FoRrMaro FœTU : c. VII, De Excrementorum Fœtüs utilitatibus. (Page 94, édit. 1737. 576 ExcERPrA 11, 166-170. erat, tætrum odorem exhalabat, & quafi afcarides exi- guæ in ejus initio apparebant. Jam foramina, duo ad nares & unum ad palatum, ex cerebro maximè confpicua & aperta erant ; & pala- tum, ab ifto foramine ad dentes, erat quibufdam rimis quafi ferratum, quæ fa@æ videbantur flatu ex cerebro in palatum allifo. Os autem, | maximè apertum, aquam cui innatabat non poterat non admittere; habe- batque item duo foramina in gutture, gulam fcilicet & arteriam afperam, quæ femper aperta videbantur. Nec epiglottidem notavi; fed immiflo per os ftylo, rectà in gulam ivit, cum nihilominus adhuc pateret arteria. Jam liquore glutinofo, & multo crafliore quäm ille cui innatabat fœtus, ftomachus implebatur ; unde jejuna inteftina alba erant; alia non magis craffa, fed nigriora erant. Podex denique, ni fallor, femper patens, fphinttere nondum facto; & inteftinum reétum album erat, ut appareret nihildum per iftud, quam flatum & aquam limpidam, exiifle. Cerebrum* amplum erat, & in tres partes a, b, c, ita divifum, ut earum unionem videre nequiverim; me- dulla fpinæ d exigua. Cor nucis avellanæ cum puta- mine magnitudinem æquabat, nec cum pericardio majus erat uno ex ventriculis cerebri. Pericardium durum erat, imd duriflimum; nullum difflepimentum notavi, fed diaphragma erat planè formatum. Pul- mones erant maximè rubri, nec folidi, fed inftar fan- guinis concrefcentis; item hepar, fed magis nilgricans, A dextro cordis finu cavæ truncus defcendens, à fini- ftro afcendens oriebatur. Renes erant maximi & nigri- a. Figure X. Manque la lettre c. # 23 30 \ ANATOMICA. 577 cantes ; aorta defcendens etiam maxima, rami ex illà ad renes maximi ; ureteres à renibus ad imam partem urachi infignes. Vefica autem nulla, fed urachus latif- fimus, inftar cuculli vel infundibuli. Arteriæ umbili- cales maximæ; & aortæ defcendentis ramis quibuf- dam inferebantur grandiores, quanquam & hi effent infignes ftylumque admitterent. Renes non erant æqualiter fiti; fed uter altior, non notavi. Teftes albi, fatis confpicui, etiam intra corpus natabant. Lien maximè vegetum, & ex rubro fplendidiffimo quafi cæruleum, ftomacho adhærebat. In * vitulo ad me allato eàdem die quà natus ef, cumque certus efflem eum mihil unquam ediffe, mirum diétu, fænum in ore, in gutture & ventriculo habebat, etiam tantæ longitudinis quantæ eft manus”°; in alijs vero inteftinis ftercus erat viride, in podice & recto inteftino erat flavefcens. Aded ut non modo certum effet, illum antequam nafceretur comediffe, fed etiam ex matris œfophago five ventriculo per venas ad ute- rum ufque paleas & indigeftum alimentum defluxifle, ibique à vitulo exceptum, fraélis fcilicet omnibus membranis ipfum involventibus ; neque enim per um- bilicum paleæ tranfire potuiffent ad gulam, cum præ- fertim in venà umbilicali nihil appareret; in arteriis autem umbilicalibus erat fansuis concretus. Ren fini- fter nulli loco fixus hærebat, fed quafi natabat in cor- a. En marge : « Hæc omnia in Manufcripto erant deleta rurfus », avec un trait en regard de l'alinéa : Zn vilulo .….incipiebat tamen. (Page 578, 1. 7-8.) Aussi Foucher de Careil ne l’a pas reproduit dans son édition. (Voir Cp 170:) b. Mot qui surprend. Sic dans le MS. Œuvres. VI. «1 > 578 EXCERPTA pore. Uterus (erat enim fœmina) habebat cornua utrinque reflexa, ni fallor, fupra arterias umbilicales utrinque, hancque puto rationem effe eur cornua flexa* fint ; eique proximè teftes adhærebant. Stabatque intra veficam & rectum inteftinum hepar; ferè totum erat in latere dextro, magis etiam quam in pauld grandiori- bus. Lien verd non erat aded incurvum; incipiebat tamen. | Uteri cornua furfum verfüs umbilicum refleétuntur, &in prægnantibus fœtus eft in ventris capacitate infra cornua; unde facile eft nofcere, quodnam fit dextrum cornu, quod(nam) finiftrum, etiam in vulvà excifà. Uterus af non erat plane perforatus, nifi ufque ad b; inde in duos ramos dividebatur, ita ut bf effet paries utrique ramo communis, fc cornu, & d teflis. Intus tota vulva erat exiguis glandulis albis, exigui pif magnitudine, difleminata ufque ad extremitatem cor- nuum. In veficà vix patebant ureterum meatus; patebant tamen, & ftylum vitreum admittebant?. a. Flexa, conjecture. MS. : fac}a. | b. Au bas de la page, dans le MS.: Nihil deeft (note de Leibniz), pour expliquer sans doute l’absence d'une figure attendue, et qui ne se trouvait point dans l'original. — Puis cette annonce de la feuille suivante : Zn ovis cerebro. (Pars III.) tt CT à L'ONSIRRRSE SE | Feet « ; û Il, 170-172. ANATOMICA $79 PARS 111 excerptorum Analomicorum ex M ÿE Cartefij*. In ovis cerebro, primo animadverti”, ejus figuram inferiorem, partibus parum laxatis ut melius diftin- |gueretur, circiter talem effe : ab fpinalis medulla, c proceflus quem pontem cerebelli nominant, d cere- bellum, e nervus quinti paris, f nervus quarti paris, ex g ad À cavitas exigua, fupra quam eminet quafi colliculus 4. Quem fequitur vallis verfus 7; ibique eft foramen quod vulvam vocant, & ad / eft concurfus nervorum opticorum, vulvæ rimam terminans; ibique exterius fpinalis medulla terminatur; 4 eft protube- -rantia alba, quæ feparatis aliquantulum cerebri dua- bus partibus apparet, eafque unit; #1 eft proceflus mamillaris, 7 punélum ef nigricans ; color intra pro- ceflus mamillares in cerebri fuperficie confpicuus ; in cavitate ad À nullum vidi foramen. Poftquam cerebrum in aquà pernoctaffet, notavi nervorum opticorum fubftantiam efle molliflimam, contrà aliorum omnium, duriflimam, quatenus extra medullam fpinalem egrediebantur; in ipfà autem me- dullà radices nullas habere duriores. Pia mater erat etiam longè durior quàm prius. Inverfo cerebro, notavi fuperius torcular Lambda a. Cette indication manque dans Foucher de Careil, qui, par contre, ajoute le titre suivant : C. Cerebr'i anatomia. — Ici commence la Feuille V du MS. (feuillets 7 et 8). b. Figure XI. 80 EXCERPTA I 1722176. efficere intra duas partes cerebri & cerebellum, & emittere vas infigne è medio verfus pelvim, ejufque partem reflecti fupra fornicem. Qui fornix incipit fupra tertiam plicam medullæ fpinalis ; ac cerebelli fibræ in medio erant tranfverfæ, & ferè etiam ad latera cerebri erant potius oblongæ. Medulla cerebelli unà cum ejus ponte, qui totus etiam eft ex medullà, videtur craffum annulum eflicere, totam medullam fpinalem ambien- tem; fed ill adhæret infeparabiliter hic annulus ubique, præterquam furfum, ubi fpinalis medulla eft excavata, & proceflus vermiformis deorfum reflecti- tur, ut illam cavitatem impleat; eftque hæc cavitas cerebelli ventriculus. Hanc cavitatem fequitur fora- men infra quartam plicam, five protuberantiam fpi- nalis medullæ, quæ omnium minima eft ; nec ejus duo latera rimà diftinguuntur ut aliæ, fed lineà rectà, quæ eft unum ex vinculis duorum laterum fpinalis me- dullæ* : a podex, bb vinculum hoc, ubi b eft quarta plica interior fpinalis medullæ ; atque hæc quarta plica direétè occurrit intra cerebrum & cerebellum. Ideoque nulla rima fecundas ejus partes feparat, qudd nulla excrementa illac debent tranfire ; | fed tertia plica, quæ propriè natibus poteft affimilari, rimam habet intermediam ; fubjacet enim pofteriori parti cerebri, ex quà nonnulla excrementa in pelvem delabi poflunt. Hac autem tertià plicà videntur duo tuber- culi fubrubri fuperftantes fupra tabulatum album, cujus una pars eft bb, dd altera; cc funt duo tubercula, e eft penis obturans foramen per quod ex ventriculis cerebri delabuntur excrementa in pelvim. Huic ad a. Figure XIT. 20 25 30 IT, 176-178. ANATOMICA. 81 foramen, quod podicem vocavi, continuus eft canalis rectus ab a ad pelvime, cui fuperftat planum ae album : denique infra e, inter e & /, duæ partes fecundæ plicæ inter fe uniuntur, ita ut excrementa partium ante- riorum per f poflint labi in pelvim, & illa pofleriorum per e. ‘In aure ovis oflicula tria funt, fed paulo minora* quäm in vitulis; excepto malleo, qui proportione major eft. Stapes autem utriufque eft planè ejufdem figuræ*, incumbitque fupra membranulam clauden- tem unam ex feneftellis cochleæ & labyrintho commu- nibus. Nervi auditorii notavi tres ramos | præter par- tem duram, quæ per proprium canalem ferebatur : præcipuus ramus directè ferebatur ad medium orbium cochleæ ; fecundus multo minor directè infra ftape- dem, ubi incipiebat canalis ter revolutus labyrinthi: tertius rurfus in labyrintho inter primam & fecundam revolutionem canalis, cujus prima revolutio tantæ erat magnitudinis® vel* & figuræ°. Cochlea eft' cana- lis fpiralis fenfim in anguftam definens, vel potius duo canales conjunéti; videturque patere tantüm® ingreflum ex feneftellà ovali in initium unius ex iflis canalibus, fed ex ejus fine rurfum patere ingreflum in finem five anguftiorem extremitatem alterius cana- lis; & denique ex alterà latiore extremitate hujus a. Minora] correction du MS. sur majora écrit d'abord. b. Figure XIII. cet d. Figures XIV. Dimensions doubles de celles du MS. e. Figure XV. f. Figure XVI. g. Lire peut-être : non tantüm, le non ayant été omis dans le MS. PER ERE" PSS 582 ExCERPTA I, 178-182. fecundi canalis via quædam patet extra os petrofum, ut videtur, verfus cerebrum : an vacua fit 1fta via, vel nervus, vel aliud quid illam impleat, nondum fcio. Manifeftè obfervavi plexus choroides non adhærere ventriculis, fed inftar tapetiorum" efle ibi appenfos, & quidem cirea glandulam pinealem, ex quà conope inftar pendent & tegunt foramen cerebri, quod infun- dibulum excipit : aded ut fpiritus afcendentes per hoc infundibulum ex glandulà quam pituitariam vocant, ad pinealem inde perveniant, modà fint fatis fortes. Sin minus, refleétuntur primo verfus ventrieulum quartum per canalem qui eft infra nates?, deinde ver- fus foramen quod eft poft nervorum opticorum oc- curfum, unde elabuntur ex cerebro. Eafdem etiam vias fequuntur partes eorum fuperfluæ, cùm funt fatuis fortes ; & præterea ex ventriculis verfüus nates purgan- tur : quippe notavi accuratè unam glandulam alteri fuperponi, infundibulum planè effe ejufdem fubftan- tiæ atque arterias carotides quæ 1ipfi infident. Cüm venæ omnes |1n margine : in vitulo cujus caput ita percufferant maétando, ut offa ab invicem in futurà lambdoides eflent difjunéta|, & nares, & fpatium inter piam matrem & cerebrum, & plexus choroides multo fanguine concreto implerentur : nullus fuit in caro- tidibus nec in ifto infundibulo, nullufque in ventri- culis, præterquam circa glandulam pinealem, ubi plexus choroides.| Poft concurfum nervorum optico- rum adhuc patebat via per quam fpiritus ex ventri- a. Sic dans le MS. Lire tapetium, ou tapetorum. b. Nates avec” un t très-distinct; comme ci-après, 1. 16 et 22, nares, avec un r non moins distinct. Lire peut-être partout rates, OT ANATOMICA. 583 culis egredi poflent, licet ib1 etiam circumeirea miftus effet fanguis. Canalis etiam fub natibus patebat, & membranula quà tegitur furfum erat evecta. a Novemb. 1637. Vitulus è matrice excifus quinque vel fex hebdo- madis poft conceptionem, ut fufpicor, erat indicis mei longitudine, à fummo capite ad podicem, planè formatus. Uteri cornua erant verfüs anteriorem par- tem reflexa. Vituli caput erat verfus dextrum cornu, dorfum verfus fundum matricis, & umbilicus verfus orificium. In quo umbilico quatuor vafa facilè diftinxi, quorum duo fcilicet rubebant & alia duo magis nigref- cebant, ita ut duas venas & duas arterias efle appare- ret; reliqua autem erant diaphana. Hujus longitudo mediam ipfus vituli longitudinem fuperabat. Non autem erat ullo modo intortus, mifi fortè aliquantulum videretur cœpifle torqueri, tanquam fi caput fœtüs fuiflet initio verfus umbilicum venæ, & inde verfus dextrum latus fe convertiflet. Poflquam autem umbi- lici inteftinum à fœtu ad membranasillum inveftientes pervenerat, in duas infignes partes dividebatur, in quarum unàquâque erat una vena, & una arteria, quæ in plures ramos dividebantur, & unæ verfüs dextram, aliæ verfus finifiram uteri partem fe fpargebant. Immiflo deinde ftylo fatis craflo {nempe magnæ a. Trait transversal, du MS., non reproduit par Foucher de Careïl, qui ajoute, par contre, un titre : D. Vituli embryogenia. — La date : Novemb. 1637 se trouve en marge. a re ; 64 EXCERPTA LI, 184-186. aciculæ caput) in foramen, nempe quod inter iftas duas inteftinuli partes apparebat : inveni ibi efle patentifimum meatum (urachum videlicet), qui tamen verfus fœtüs umbilicum anguftior evadebat. Humor in uracho inteftinuli contentus, magis lentus ac glu- tinofus videbatur, quäm inter membranas erat. Podex vituli nondum videbatur perforatus, fed* apparebat tamen, punéti inftar, foraminis locus; ut in oculis, palpebrarum fiffuræ rudimenta. Sed infra podicem apparebat tuberculum, quodinitio pro feroto fumebamus; admotà! autem aciculà, vidi effe carun- culam, verfus caudam | reflexam, ut abc, & intra iftam flexuram efle rimam parvam quæ caput minutæ aciculæ admittebat, & quam pro vulvà fæœmellæ accepi. Erant etiam quatuor mamillæ formatæ, ut in mare, quem aliàs vidi‘. Et fufpicor in embryone ferotumi femper humore aliquo diftendi: qui humor fi foris ver- füs umbilicum refleétatur, format membra mafeuli; fi verfus caudam, format femellam ; fi utrinque, her- maphroditum®. Totus fœtus nigricanti fanguine ple- nus erat ; unde judico magnum efle calorem fanguinis à quo formatur, nempe qui eft tantüm puriffimus qui per arterias matris accedat. Oris anterior pars erat aperta, nondum autem poflerior. Item etiam nares nondum manifeftè pate- bant, fed carunculæ ex illis videbantur protuberare : aded ut à materià intus contentà & egredi volente, a. Après /ed] erat écrit d’abord, puis barré MS. b. Avant admota, fed écrit d’abord, puis barré. — Aucune figure ne répond à ce passage dans le MS. c. Voir ci-avant, p. 575, 1. 3. d. Voir ci-avant, p. 523-524. 20 SU 100. ANATOMICA. 58; debere aperiri appareret. Humeri, collum & caput paulo magis albebant quàam crura; venter autem omnium maximè nigrefcebat. Caput clunibus craflius erat; ventris autem regio erat craffif|fima. Aures vide- bantur efle aliquantulum perforatæ, fed ab humore etiam egrediente; ifla autem foramina tegebantur extremitate auris, triangularis figuræ, quæ à reliquà cute erat excifa. In hoc vitulo inteftinum reétum ad finem ufque videbatur effe perforatum; nam erat multo craflius jejuno, ut neque colon nec cæcum etiam craflius notavi. Ventriculi autem tumebant, erantque aliquo humore glutinofo repleti. Caro hepatis nonerat firma, fed inftar fanguinis concreti. Lienem non inveni, fed notavi aliquid ipfi fimile valde exiguum à tergo ven- triculi, quod prius pro hepatis parte fumebam : non enim erat alius coloris. Renes firmiter adhærebant fpinæ, erantque valde crafli & vicini veficæ, nec ullos ureteres notavi : unde conjicio illos poftea ut à fæci- bus in recto inteftino & colo colle@is furfum propelli. Vefica & urachus intra corpus ; unus erat canalis. Teftes erant albi, fatis magni, fed vix 1/20 renum æquantes; cornibus matricis appendebant. Cor erat coloris fatis albi, pericardio involutum:; fed pars finiftra pulmonum erat valde rubens, pars autem dextra fuperior erat albicans, & inferior paulo magis rubea, non autem tantüm quantum pars finiftra, [quæ minor erat dextrà : erant autem hæ duæ partes planè diftin@æ & potius infra cor à tergo quam fu- pra. Sed pericardium, fi affuit, tam fuit tenue, ut vix notari potuerit. Cor autem oris cum nafo craflitiem Œuvres. VI. 74 80 EXCERPTA Ïl, 190-192. æquabat : ejus ventriculi dextri fupra finiftrum in- flexio videbatur à bafis latere finiftro (unde* erat trun- cus aortæ verfus inferiora reflexus) per anteriora ver-. fus mucronem dextræ partis revolvi, ubi erat ingreffus cavæ. Nempe erat contrarium: à cavà deorfum per anteriora furfum in truncum aortæ defcendentem afcendebat. Erat autem hujus dextri ventriculi caro notabiliter magis rubens, quàm caro finiftri. Mani- feftus & patentiffimus erat meatus à dextro ventrieulo in truncum aortæ defcendentem; afcendens autem vix notari poterat. Afpera arteria erat à fummo gut- ture ad cor ufque valde longa, & ubique ejufdem era- fitiei; in fummo autem, ubi eft cartilago feutiformis, erat multo craflior, nodi inftar rotundi; & adhærebant ei carunculæ valde rubentes, quas pro tonfillis fumfi. Epiglottis jam fatis formata erat, & ftylus in os immif- fus defcendit per | œfophagum, inter fpinam dorfi & afperam arteriam fitum, ufque ad inteftina. Cerebri fubftantia planè alba erat & fubpallida; fed intus in duobus anterioribus erat fanguis concretus, nullo modo cerebro permiftus. Oculi pupilla rotunda erat & fatis magna, licet in adultis fit oblonga; an verd pupilla fuerit vel potius corneæ pars tranfparens, quæ ita rotunda apparuit, adhuc dubito : non enim uveam à corne dividere potui. Humor cryftallinus valde magnus & ferè rotun- dus erat ; notavi etiam humorem vitreum, fed nullum aqueum. Omnia autem oculi interiora valde tranfpa- rebant. Sola tunica exterior in parte anteriore, circa illud foramen rotundum, quod pro pupillà fumeba- a. Unde récrit, dans le MS., au-dessus de wbi (non barré). Il, 192-194. ANATOMICA. 587 mus, nigrefcebat; paulatimque minüs nigrefcebat, & diaphana evadebat verfus pofteriora. Necdum ulli erant proceflus ciliares; ovis alicujus oculus effe videbatur*. Membranæ fœtum involventes mult ulterius in finiftrum cornu quam in dextrum pertingebant : aded ut probem, quod inquiunt°, mares in dextro, fæmellas in finiftro latere geftari. Hujus vituli crura | & pedes non tam extenfa erant, quäm illa paulo majoris, quem olim videram‘. Unde conjicio illa fuifle inflexa initio, & omnium motuum & articulorum rudimenta tune cœpifle ; poftea autem, aquà crefcente in utero, illa omnia fe extendifle, & denud fœtu crefcente, 1lla fe contraxiffe. OBSERVATIONUM ANATOMICARUM COMPENDIUM DE PARTIBUS INFERIORI À VENTRE CONTENTIS*. 1637. 4 Has omnes peritonæum involvit, quod conftat ne 20 membranà fatis validà duplici, don & exte- a. Ovis.. oculus, conjectures. Le MS. donne : avis... oculis. b. Voir, par se Bauhin, /nstit. Anatom., p. 80. (Edit. 1610.) c. Voir ci-avant, p. 574, 1. 15-15. d. Voir t. I, p. 196 (lettre du 23 déc. 1630), ett. X, p. 9 (Inventaire E). Voir surtout une lettre du 25 janvier 1638 : « Le on maintenant à » compofer vn abregé de Medecine, que ie tire en partie des liures, & en » partie de mes raifonnemens. » (Tome I, p. 507, 1. 16.) Ces quelques notes de Descartes sont à rapprocher des INSTITUTIONES ANaTomMICÆ Corporis virilis € muliebris hifloriam exhibentes : Gasparo 588 EXCERPTA IF, 194. riore *, inter quas renes & arteria magna & vena cava collocantur ; item produétiones fecundas? habet, quibus vafa fpermatica, præparantia ac deferentia, involvuntur®; cùmque renes natent in fœtüs corpore, Bavhino D. Anatom. Botanic. Acad. Bajil. Profeffure ordinar. auéore, que d'ailleurs Descartes cite lui-même deux fois. Nous avons sous les yeux la 4e édition : petit in-8, 260 pages, plus 52 à la fin, et 14 au commen- cement, non numérotées. (Basileæ, Apud Joann. Schroeter. CID 19 CIX.) La division du livre est intéressante : « Diuiduntur partes (humani corpe- » ris) in Simplices feu fimilares, & Compofitas feu Diffimilares. » (Page 2.) « De Parrigus SimiLariBus. Similaris eft, quæ in fimiles fibi partes diui- » ditur : vt Caro in Carnes : decemque funt numero : Os. Ligamentum. » Fibra. Arteria. Caro. Cartilago. Membrana. Neruus. Vena. Cutis. »' (Page 2.) « De ParriBus DissimiLariBus. Diffimilares funt, quæ aptæ funt in partes » diflimiles, non in fimiles, fecari : vt Manus non in Manus fecatur... » (Page 13.) Mais cela n’est qu'une introduction. Vient ensuite le corpsde l’ouvrage: « Corpus humanum diuiditur in Ventres, feu Principia quæ animal » ipfum adminiftrant, & Artus. » « Venter alius inferior, Naturalium; alius medius, Vitalium; alius » fupremus, partium Animalium domicilium. Artus verd in Manus & » Pedes diuiduntur. » (Page 16.) L'ouvrage n'est que le développement de ces quatre parties : Partes in inferiore ventre contentæ, p. 27-94. Secundus Venier feu Thorax, p. 95-140. Tertius Venter Caput, p. 141-212. De Artubus & de Manu, p. 213-242; de Pede, p. 242-260. Descartes, dans ces quelques pages, suit en partie, le même ordre que Bauhin : Peritonœum, p. 25. Vafa Vmbilicalia, p. 29. Omentum, p. 31. Vena Portæ (sic), p. 32. Arteria Cæliaca € Mefenterica vtraque, p. 35. Inteflina, p. 38. Mefenterium, p. 44. Pancreas, p. 46. Venæ Cauæ Rami, p. 46. Arteriæ Magnæ Rami, p. 50. Renes, p. 53. Va/fa Sper- matica, p. 55. Vafa Eïiaculatoria, p. 58. Vefica Vrinaria, p. 60. Anus feu Podex, p. 66. Lien, p. 66. Hepar, p. 68. Vefica Bilaria, p. 72. Ven- triculus, p. 74-76, etc. É a. Sic dans le MS., et non exteriori, comme interiori. b. Fecundas, conjecture. Le MS. donne fecundas. c. Bauhinus, loc. cit. : « PerrroNæuM. — ... Eft autem vbique duplex, » cuius inferior & exterior tunica, Venæ cauæ, Arteriæ magnæ, & Renibus : » fubfternitur; altera fuperior feu interior, hbæc contegens... Tum produ- » étiones binas in virili corpore, quo vafa feminaria defcendant & recur- » rant, tunica exterior, quæ renibus fubieëta, conftituit... » (Page 26.) EN a IT, 194-196. ANATOMICA. 89 hinc patet iftam membranam nonnifi poftea produci. Arteriæ* umbilicales ab iliacis ad umbilicum venientes, & vena ab umbilico ad hepar, oftendunt | fanguinem à corde per aortam ad ilia primüum def- cendifle, & inde ad umbilicum placentæ uteri con- junctum rediffe; ubi fanguini matris fe permifcens, reverfus eft ad hepar fœtüs per venam umbilicalem. Urachus”, cum in homine non fit pervius, ut in bru- tis, oftendit hominem minüs ferofi humoris habere, & magis ad avium naturam accedere, quæ non mingunt:; fætufque ide tunicà allantoide etiam caret. Connettuntur hæ arteriæ lateribus velicæ, quæ ided videntur ex eo tantüm orta, quôd fanguis fœtüs, attin- gendo in placentà matris fanguinem, aliquid ibi de humiditate fuà depofuerit. Renefque ibi ex eàdem caufà produéti funt : quippe, nondum produdis vel faltem auétis inteftinis, ilia, renes & hepar fimul ad umbilicum, & cum 1llo ad placentam matris, pertin- gebant. Omentum:® femper conneétitur ventriculo, lieni, & colo, interdum etiam diaphragmati & hepati; cætera propendet veli inftar fupra inteftinum anterius : nec videtur aliunde factum, quam ex vafis quæ recipit & a. Jbid. : « Vasa VmBicicazta. — ... Sunt duplicia, Vena vna, Arteriæ duæ... Vena vmbilicalis... vmbilico egreffa... Arteriæ verd ab iliacis elatæ... » (Page 29-30.) LE EX b. Zbid. : « Vrachus... In homine, verd à vefñicæ fundo funiculus » Vrachi effigie, fed nullo modo peruius, exoritur... » (Page 30. c. Ibid. : «*OmENTUM. — ... Membranis duabus... conitat : fuperiore > quidem, quæ ventriculi exteriori membranæ ad fundum ; inferiore, quæ ad dextram colo, & à finiftris lieni femper alligatur, rariüs verd iocinoris fibræ adnafcitur...» (Page 31.) «... Membranarum verd vius, Venæ portæ & Arteriæ cæliacæ ramos, in ventriculum, lienem, duodenum, & colon exporreétos, fulcire... » (Page 32.) 2 4 Y 2 90 EXCERPTA Il, 196-200. fulcit, ut illa in ventriculum, lienem, | duodenum & colon deferat; cùm enim inteftina nunc vacuentur, nunc inflentur, vafa ifla non potuerunt ipfis adhærere; cümque libera ftarent, circa ipfa fecundæ membranæ, ex quibus omentum componitur, ie modo quo peritonæum, factæ funt. Vena portæ radices educit varias ex inteftinis, ven- triculo, mefenterio, omento, pancreate, liene & felle; itemque exiguam ex hepate; unam* etiam, nempe vas breve, educit è ventriculo per lienem°. Dico autem ipfam ex omnibus illis locis radices emittere, quia in illis arterias comites habet, nempe cœliacam, vel mefentericam, fuperiorem vel inferiorem, quæ in ejus extremitates fanguinem mittant® : nempe vas breve arteriale fanguinem acidum ex fplene ad ventriculum defert, & vas breve venale fuccum ex ventriculo in fplenem, ubi acefcit. Ramos autem omnes fuos per hepar fpargit, præcipuè verfus ejus concavam partem, & eù defert omnem fanguinem & fuccum à radicibus acceptum ; ibique idcirco nullis arteriis eft comitata. Emulgentes® funt vafa latiflima, quæ ex aortà & cavà prodeant. Videnturque‘ initio 1llarum finem fuifle, | ibique ideo fanguinem reftagnaffe, atque renes a. Unam, correction. — MS. : unum. b. Phrase qui résume tout le chapitre de Bauhin, loc. cit., p. 32-35 : VENA Portz. c. Ibid. : « ARTERIA CœLiaca Er MESENTERICA VTRAQUE. — Arteria » magna... truncum maiorem ad fpinam deorfum per diaphragmatis » fifuram mittit : à quo per ventrem infimum rami diffeminantur, alij qui » Venæ portæ ramos, alij qui Venæ cauæ comitantur. Qui portæ ramis » attenduntur, funt Cœliaca, Mefenterica fuperior & inferior. » (Page 36.) d. JZbid., aux deux chapitres : VENæ Cavæ Rai, p. 47, et ARTERIÆ Macvæ Rai, p. 51. e. Sic dans le MS. Lire plutôt : videturque. I, 200-207. ANATOMICA. so & veficam produxifle eodem tempore quo arteria ulterius pergens cœpit venam confcendere & ad ilia indeque ad umbilicum per veficæ latera & in duas divifa tendere* : hinc fit ut renum fitus & vaforum ad illos valde varient, & in fœtüs corpore tanquam natantes, præfertim finifter, reperiantur. Exftatque apud Bauhinum® infignis hifloria cujufdam qui ha- bebat renem finiftrum juxta veficam locatum & alia vafa miro modo difpofita. Quæ omnia ex hoc uno videntur contigifle, quod arteria, ut venam confcen- deret, per medium venæ emulgentis finiftræ tranfi- verit, venit enim femper à parte fimftrà; unde puto omnem rationem petendam, cur hepar in dextro latere, lien in fimiftro, &e. Item lumbares‘ tum venæ, tum arteriæ, quæ infra emulgentes producuntur, poftquam ad fpinæ medullam interius penetrarunt, ramos habent qui furfum verfus cerelbrum refle- tuntur. Quod indicat arteriam ulterius pergere cona- tam, in omnes partes 1bi viam quæfiufle; tunc autem umbilicus totam ventris capacitatem à nothis coflis ad a. Ibid. : « Arrerræ Macnæ Raw per infimum ventrem diffeminati. — » ... Arteria magna venam cauam confcendit... Iliaca dicitur, & vt » Caua, in duos Truncos diuiditur... Arteriæ vmbilicales... ad veficæ » latera, tutelæ gratià, membranis fortibus colligantur... » (Page 50-53.) b. Zbid. : « RENES. — (/n margine) Obferuauimus Renem finiftrum in » concauitate inferiore ad Veficam fupra diuifionem Arteriæ magnæ & » Venæ cauæ, quà de re in Obferuat. noftris. » (Page 53.) c. Ibid. : « Lumbares (venæ) duæ aut tres, quarum tamen vna infi- » gnior, per lumborum & ventris mufculos & peritonæum diftribuuntur, » à quibus Venæ duæ, ad Spinalis medullæ latus, vtrinque vna in Cere- » brum afcendit... » (Page 48.) Ceci, au chapitre Venx Cavæ Ram. Et » de même, au chapitre ArTERIÆ MaGnæ Ram: : ... Lumbares... non » folüm in Peritonæum ac Mufculos vicinos diftribuuntur ; fed & Arterias duas ad Spinalis medullæ latus in Cerebrum cum Venis mittunt...» (Page 51.) C4 592 EXCERPTA Il, 202-204. inguina occupabat. Valvulas in venis emulgentibus dicit effe Bauhinus*, quæ feri refluxum impediant. De. quà re dubito : contrà enim potius fanguinis in renes à venis illapfum deberent impedire. Ureteres® autem ita ex renibus prodeunt, ut in quoque rene fint octo vel novem infundibula carne renum inftar glandularum occlufa, quorum deinde duo vel tres in unum coëunt, & denique tres in unum canalem, qui eft ureter, quique nervulum à fexto pari recipit, & veficæ ita implantatur, ut ab eà fine fraélione feparari non poñlit. | Mihi videtur, in embryone, lienem verfus fpinam in medio corporis, & hepar verfus umbilicum fuifle fita, venamque umbilicalem medio hepatis fuifle im- plantatam ; fed poftea, dum inflaretur ventriculus, & aorta à finiftris cavæ truncum in lumbis confcende- ret, feceflit hepar in dextrum latus, & lien in fini- ftrum °. Ex venis & arteriis per lienem tranfeuntibus, | unæ funt vas breve diétæ, quæ ad fundum ventriculi tran- | feunt,& aliæ ad reétum inteftinum,ubi hæmorrhoïdales | internas conftituunt{. Eft autem canalis patentiffimus | | a. Ibid. : « Emulgentem, communiter vtrinque vnam fatis magnam, » quæ ad renes fertur, in quibus Valuulæ feri refluxuin in cauam impe- » dientes... » (Page 54.) Et déjà précédemment : « Quod (ferum fanguinis) Fa ne in cauam remeet, natura, Valuulis in emulgentibus locatis, quas & in Venis Splenicis obferuauimus, profpexit. » (Page 45. | b. Zbid. : « Vreteres... renes veficæ committentes duo funt,... qui, » vbi... fiftulas oéto vel plures, quibus fingulis carnofum operculum | » impofitum,... conftituerunt,... Veficæ oblique implantantur. » (Page 59-60.) c. Cf. ci-avant, p. 5ot, L. 13-14. | d. Zbid. : « LIEN. — ... Ad cuius medium Linea alba, ad quam Venæ » & Arteriæ immittuntur. Venæ à venà Portæ... Cuius rami alij in Lienis Il, 204-206. ANATOMICA. 593 à venis lienis per truncum portæ ad hepar, & in ipfo hepate à portà in cavam, & deinde à cavà in cor, à corde in cerebrum. Unde fit ut nocte, liene comprefo vel manu vel ob decubitum in finiftrum latus, gravia occurrant infomnia : tetri enim vapores à liene ex- prefli in cerebrum ftatim afcendunt. Flava bilis, in embryone, videtur medium hepatis infimà ejus parte occupañle : nempe partes fanguinis amarefcentes ed fuifle fponte delapfas. Poftea vero, crefcente hepate & recedente verfüs dextrum latus ejus, flavæ bilis receptaculum in duas partes fuifle divifum : nempe in porum bilarium, qui recipit fel* à finiftrà hepatis parte, & veficam bilariam, quæ recipit à parte dextrà, quæque ided major eft poro bilario*. In hepate notandum, quafdam venæ portæ extre- mitates® (ut ajunt libri) medias venæ cavæ radices fubire, & contrà quafdam cavæ medias portæ radices fubire. Patet autem cavam ex hepate omnino prodire ; non tantum enim ejus pars afcendens ex fummà ejus parte egreditur, fed etiam defcendens, quæ ftatim refleétitur, & fecundüm ejus pofteriorem partem def- » fubftantiam abfumuntur, alij ex eo prodeunt, funtque duplices. Aliud » eft Vas breue,... furfum ad gibbum Ventriculi... Aliud verd vas » aliquando ab hoc ramo prodiens, deorfum ad re@ti inteftini extremum, » Hæmorrhoidales internas conftituens, abit. » {Page 66-67. a. Fel, correction. Le MS. donne vel. b. Zbid. : « Vesica Bicarra. (Page 72-73.) L'hypothèse embryogénique est de Descartes, et ne se trouve pas dans Baubin. . —c. Ibid. : « VENA Portæ. — Ex Trunco prodeunt rami duo... Rami » alij fuperiores, alij inferiores. Superiores (quos venæ portæ vocant » radices) per cauam Hepatis partem diffleminati, truncum conftituunt, » cuius rami feu radices in medias venæ cauæ radices in hepate coëunt... » In plures ramos (velut radicum arboris cuiufdam extremitates) diuifa.… » - (Page 33.) — Voir ci-avant; p. 500. Œuvres. VI. 35 594 EXCERPTA I s06ea0n cendit, atque it comitatum aortam defcendentem. In ventriculo, obfervo intus illum habere fibras rectas, quæ ab ore per œfophagum ed pertingunt, inteftina autem tranfverfas*®. Item, illum habere mul- tos nervos, & duos etiam effe recurrentes; item, noto hiftoriam illius qui hepate carebat, fed omnia inteftina magis carnofa; item, in pueris multa excrementa à cerebro in ventriculum delabi. Ex quibus conjicio, totum duétum ab ore ad podicem? ortum habere ab excrementis è cerebro delabentibus ; ipfamque oris aperturam, ab iifdem excrementis | ed regurgitanti- bus. Reftagnafle autem ifta excrementa infra hepar, ibique ided capacitatem ventriculi excavafle, dum fanguis in emulgentibus etiam reftagnabat‘. Ex hoc autem quod ex ore in jugulum laberentur :ifta excre- menta, viamque aëri ex afperà arterià egredi tentanti clauderent, fit, ut nares fint geminæ, quia per gulæ latera ifte aër furfum afcendit*. a. Zbid. : « VeNrricuzus. — ... Membranis tribus donatur : prima, quæ » intima & communis..., fibris rectis donata.., ; tertia interior, & ner- » uofa, œfophagi & oris tunicæ continua, triplici fibrarum genere inter- » texta, quo attrahat retineat, & expellat... » (Page 75.) Et au chapitre antérieur : « INTESTINA. — ... Fibras omnis generis habent (in margine : » non tantüm tranfuerfas, vt opinatæ funt) : interior obliquas, vt retineat; » media tranfuerfas, vt expellat : quibus rectæ pauciores, ad tranfuerfarum » tutelam additæ, vt iis veluti circulo colligentur... » (Page 43.) b. Jbid. : « INrESrINA. — ... Et licet ab ore ad anum vîque, vnus folùm » fit duétus,.. » {Page 38.) c. Voir ci-avant, p. 512-513. - d. Note de Leibniz : (/ngeniofe.) — La Feuille V (feuillets 7 et 8) se ter- mine ici, avec ces mots ajoutés : Pars IV, ce qui la rattache à la Feuille VI, qui vient après. + 2 | |: ANATOMICA. 95 PARS IV. EXCERPT. ANATOM. Ex MS. Cartefur*?. [In eo convenit vie M2. ro potelt deduci?: |Lætitia & triftitia poflunt effici ex folo fenfu cordis, nullo habito refpeétu ad res externas. Amor verd eft ad bonum externum, & odium ad malum præfens vel elapfum; & metus ad malum impendens, & defiderium ad bonum acquifibile, & ira ad injuftitiam ab alio faétam &c. Frigemus ATEN de MED: frigeamus*. In fanguine. ES DR 0. 'intermiilis ‘. a. Titre non reproduit par Foucher de Careil, qui met seulement à la place : Physiologica. — Ici commence la Feuille VI du MS., feuillets get 10. b. Alinéa imprimé dans les Opufcula d'Amsterdam (1701). Voir ci-avant DRAM Na Tps 3501 e2T. c. Même remarque. Voir p. 535, 1. 22, à p. 536,1. 15. d: Voir-encore p. 536, 1. 16, à p. 537, L. 8. 90 EXCERPTA RC, | DE ACCRETIONE & NUTRITIONE. 1637. Nov. Accretio duplex eft : alia mortuorum & quæ non nutriuntur, fitque per fimplicem partium appoñitio- nem, fine ullà earum immutatione, vel faltem fine magnà. Ita crefcunt metalla in fodinis, ita mel in apiariis, &c., abfque ullà partium mutatione; ita. crefcunt etiam lapides & fimilia, fine magnà partium mutatione*. | Et fit etiam tranfmutatio ligni vel alte- rius corporis in lapidem per modum talis accretionis, dum partes lapidis poros ligni ingrediuntur, & præ- cedentes vel fibi afimilant, vel extrudunt, vel partim hoc partim illud. Alia accretio eft viventium, five eorum quæ nu- triuntur, & fit femper cum aliquà partium immuta- tione. Nempe partes variæ variarum figurarum fibi mutuo occurrentes mifcentur, & ita permixtæ in fe mutud agunt, donec quafdam determinatas figuras acquirant. Interdumque fluidiores ex his elabuntur, minüs fluidis manentibus : quæ unæ aliis impaétæ durum corpus componunt, per quod rivuli /omnibus fimul mixtis repleti varii ubique excurrunt, & craf- fiores partes 1llis rivulis contentæ in locum cireum- jacentium paulatim fuccedunt, pulfæ à tenuioribus, atque ita fit nutritio; vel rivulum unum in duos aut a. Le MS. ajoute: (ve/ etiam cum magna, nihil vetat), sans qu'on sache si cette parenthèse est une addition de Leibniz, ou si elle se trouvait déjà dans le texte de Descartes. Ï, 110-114. 2 ANATOMICA. $07 plures dividunt, atque ita fit accretio. Nempe corpus ita crefcens innumeris ejufmodi rivulis eft refertum; & cùm ob feneétutem partes duriores ita impattæ funt, ut rivuli illis circumfepti non dilatari amplius poflint, ut ex uno duo fiant, ceffat accretio, manetque tantüm nutritio. Quod fi deindè fucceffu temporis iftæ partes crafliores adhuc magis compingantur, < ita > ut ab aliis advenientibus loco pelli non pof- fint, ceffat etiam nutritio & vita*. | Eft autem hæc accretio five nutritio vel imperfeéta vel perfeéta. Imperfeéta eft, cum materia illos rivulos replens, aliunde advenit jam ita permixta vel proximè difpofita, ut ita mifceatur & formetur. Et ita nutriun- tur pili, ungues, cornua, fungi, tuberes, partefque omnes tum animalium, tum plantarum ; itemque plan- tæ quodam femine carentes, & fortè etiam animalia imperfectiflima, ut oftreæ, quæ fimile non generant. | Perfeéta nutritio five accretio fimul generationem five feminis produétionem continet; & fit quando materia rivos replens eft talis, ut aliam advenientem (non quidem abfolutè quamlibet, hoc enim vix un- quam poflet contingere, fed quamlibet non nimis contumacem & diverfæ naturæ) fibi poflit omnino afli- milare. Ita fcilicet ut, fi conftet, exempli caufà, parti- culis trium generum tantüm : nempe perexiguis prif- matibus, pauld majoribus conoidibus, & aliis certo modo ad has duas fimul jungendas apto concavis : ex omni materià quæ his mifcebitur, fiant rurfus quæ- dam prifmata, conoidea, & partes concavæ his fimul jungendis aptæ. Nec tamen repugnat quin fimul ex a. Voir ci-avant, p. 249-250. * ê à M € 598 EXcERPTA , 1r4-118e eàdem materià varia alia partium genera emergant, ut femper vel ferè femper accidit; fed hæ tres folæ exiftentes femen componunt. Aliis vero diverfimodè conjunétæ, vel etiam aliæ novæ* fine ipfis, componunt lignum, corticem, radices, folia, flores, frudtus, &ec. in plantis ; itemque in animalibus carnes, ofla, cere- brum, membranas, fanguinem, &c. |Poteft verd etiam contingere, ut partes feminis non immediatè fibi fimiles producant, fed alias quaf- dam quæ pofteà alias, & tandem hæ alias omnind fimiles iis feminis producant; quod in animalibus videtur potius contingere, quam in plantis. Atque ex his facile intelligitur, cur maxima pars animalium & plantarum femen à reliquo corpore diverfum excer- nant; itemque, cur nonnulla fint fterilia, & alio modo quam ex femine propagentur. Septem funt præcipua genera particularum, ex qui- bus corpus humanum conflatur : nempè funt acres, amaræ, dulces, acidæ, falfæ, ferofæ, aqueæ? & pingues. Inter acres numero fpiritus omnes qui per infenfilem tranfpirationem egrediuntur, humorefque illos fub- tiles ex quibus puftulæ & fimilia quæ ex flavà bili oriri dicuntur. Amaræ autem ad fel & indè ad|inteftina ferè omnes delabuntur. Dulces carnem componunt. Acidæ vehiculum funt aliarum, itemque falfæ : hæ punétim, a. Novæ, mot ajouté dans l’interligne, au-dessus de aliæ, et d’une lecture douteuse. b. Aqueæ est peut-être une addition. Le texte n’annonce que sept genres de particules; et plus loin, en les reprenant l’une après l’autre, acres, amaræ, dulces, acidæ, falfæ, ferofæ et pingues, il omet aqueæ. J, 118-120. ANATOMICA. 99 illæ cæfim poros omnes aperientes. Salfæ*® etiam acri- bus permixtæ, ut cera, exafperant. Serofæ, pinguibus accuratè permiftæ, humores? frigidafque fluxiones & pituitam lentam componunt. Pingues autem, ab acri- bus compaétæ, humorem melancholicum compo- nunt; & ferofas, illarum meatus pertranfeuntes, in acidas mutant. Déc,576. Non dubium mihi videtur, quin animalia generen- tur primo ex eo quod femina maris & fœminæ per- mifta & calore rarefcentia excernant ex unà parte materiam afperæ arteriæ & pulmonum, ex alterà ma- teriam hepatis; deindè ex harum duarum concurfu accenditur ignis in corde*. Notandumque partes ae- reas (ex quibus pulmo), terreas & aqueas ex quibus [hepar five‘ ramum cavæ in duas partes divififfe : qua- rum una verfus fpinam auriculas cordis compofuit, alia anterior ventriculum cordis dextrum produxit, fe fcilicet furfum reflectendo in truncum aortæ defcen- dentem. Calor’ autem cordis effecit ut ex pulmone excerneretur flatus in afperam arteriam, qui tandem ad os pervenit, quo etiam alius flatus ex cerebro à naribus & auribus pervenit. Excrementum autem cerebri præcipuum® fuit humor inftar pituitæ in ejus . Le MS. donne une virgule entre /al/æ et etiam. . On lit plutôt tumores. MSc ire 087: . Voir ci-avant, p. 506. . Texte altéré. Un mot au moins manque. . Ci-avant, p. 509-510. Tbid.;.p: 512-513, et p. 532, 1: 17-19. 9 © ® © À gp 6oo EXCERPTA 1, 120-122. ventriculis coacervatus ex fpiritibus per carotides arterias ed ex corde afcendentibus; qui humor per palatum & gulam delapfus in ventriculum reftagna- vit, & ex eo etiam itemque in mefenterium. Arteriæ ex cœliacà quicquid craflius continebant expulerunt : unde faëta funt inteftina, in quæ patentiffimi funt meatus ab arteriis, per quas totum corpus eù expur- gatur. Anguftifimi autem funt meatus ab inteftinis in venas. Lien etiam faétum ef ex fanguine ab arteriis e expulfo. Videmus enim* craflo fanguine expurgato lien minus ; & aqua fabrorum lienem minuit : agi- tatio enim partium ferri in eà exftincti ficcat quo- dammodo & indurat ejus partes, quæ pofteà melius ramofas partes illius fanguinis in liene coacervati in- cidunt. Nec verd forfitan aquæ acidæ illas incidunt, quia meatus lienis ad illas tranfmittendas magis apti [une a. Enim. Le MS. donne seulement la lettre n suivie d’un point. b. Foucher de Careil ajoute ici une phrase : Alitur... exprimuntur, qui dans le MS. se trouve à un autre en droit. Voir ci-après, p. 606, 1. 5-8. — En outre Foucher de Careil continue par le texte : Certum ef? membra fætüs... (ci-après p. 608, 1. 2), et imprime ailleurs, au t. IT de ses Inédits, p. 66-84, la suite du MS., que nous laissons ici, à la place où nous l'avons trouvée. 11, 66. ANATOMICA. Got . | PARTES SIMILARES ET EXCREMENTA ET Mori. 103 TE Præter fpiritum animalem, conftat homo®* fpiritu 5 animali noftro aeri homogeneo, humore aquæ homo- geneo, & folidis partibus quæ cum terrà poffunt com- parari. Ex fpiritüs animalis mixturà cum humore fit fpiritus vitalis, igni comparabilis. Ex imperfe@à mix- turà humoris cum partibus terrenis fit fanguis. Imper- 10 feétior ver contumaciorumque partium mixtura eft flava bilis°. Perfe@ior quidem, fed in quà fubtili- fimum humoris evanuit, eft atra bilis acida. Satis perfecta etiam, fed in quà humor redundat, eft urina. a. En marge on trouve cette note : (hæc à juvene fcripta) Spiritus animalis, Spiritus vitalis, Sanguis dulcis, Flava bilis amara, Atra bilis acida, Urina Jfalfa, Pituita infipida. Viennent ensuite cinq mots : Caro, Cutis, ù- Membranæ, Nervi, Ofa. Ce sont les Partes fimilares, que nous avons vues ci-avant, p. 588, note d de la p. 587. La note marginale s'achève ainsi : [Subfcriptum erat alio atramento] Atra bilis non ef? acida; [ed quod ef? atrum, ef durum € infipidum. Liquor verd pellucidus fimul mixtus eft acidus. b. Flava bilis correction. — MS. : flammabilis (sic). Œuvres. VI. < 76 6o2 EXCERPTA 11, 66-70. Satis perfeéta etiam, fed in quà | defunt extrema tenui- tatis & foliditatis, eft pituita lenta & mucus. Perfeéta denique efficit carnes, nervos & offa, prout in eà plus vel minus eft folidarum partium. Ungues & pili funt ejufdem materiæ cum offibus, nec tamen ita durefcunt, quia nimis cito fluidæ partes exhalant. Dentes autem ejufdem profe@&d materiæ atque cornua, durefcunt tamen inftar aliorum offium, quoniam ore teci plus humoris habent lentiufque coalefcunt. Per aures exhalat fpiritus excrementitius : unde | fibili & tinnitus, cum fcilicet fpiritus ille à fordibus aurium impeditur ne exeat, illifque allifus tunc foni- tum edit. Per oculos etiam fpiritus exhalat, ut patet in men- ftruatis, quarum oculi vaporem emittere dicuntur : quippe totum corpus mulieris turget humoribus, cùm emittit menftrua, & quidem crafliore humore per vul- vam purgatur, fubtiliore verd per altiora, nempe per oculos. Horror omnis & frigus in corpore fit, quod partes fluidæ confluunt in unum quemdam focum, in quo tunc fummus eft calor. Sic poft cibum frigent ex- |trema, quod partes calidæ confluunt ad ftomachum. Sic in 1llis febribus quæ à frigore incipiunt, eft affir- mandum illas habere aliquem focum, in quo vitiofus humor primüm accenditur, five hoc fit in corde", quod puto, five alibi. Sed ifte vitiofus humor primo inficit fanguinem; qui fanguis dum ingreditur cor, a. Corde conjecture. Le MS, donne corpore. 20 25 7074 ANATOMICA. 603 efficit febrim : hinc acceflus febrium nofci* poflunt. resocie DR PR Et fœnum humidum, &ec.?. Jam in hepate, ex confequentià ventrilculi accen- ditur calor per mixturam chyli & fanguinis-prius in eo exiftentis; hepar autem dicitur calidum, quando in eo multüm eft fanguinis jam fadi; illud autem cito ad fe trahit chylum, five partes maximè cale- factas quæ continentur in cibis, ideoque reliquiæ dif- ficiliès corrumpuntur : unde putatur efle frigidus ventriculus. Jam accenduntur alii ignes non naturales in toto corpore : nempe phlegmones, eryfipelates, abfcef- fus, pleuritides, &c., his modis. Vel fit anaftomofis venæ & arteriæ, unde phlegmo, nempe cüm fan- guis calidior & acrior pervadit venæ tunicam. Vel idem fanguis acrior non poteft quidem penetrare per venæ tunicam, fed extremitates, fimul cum fpiritibus fparfis : facit erefipelatem‘. Vel materia præter natu- ram aliquem in locum confluxit; quæ 1bi ex fe ipfà putrefcit, ut in fimplici abfceflu. Vel ifla putredo communicatur cum venis & arteriis propter loci vici- nitatem, ut in pleuritide. In vulneribus etiam ignis accenditur, quod 1bi aperiuntur fibræ venarum & arteriarum, | fanguinifque fæx ibi corrumpitur. Convulfo fit, cùm intra nervos flatus continetur, a. Sic dans le MS. : nofci. Lire plutôt na/ci. b. Ici se trouve, tout au long dans le MS., un alinéa imprimé dans l'édition d'Amsterdam (1701), et que nous avons reproduit ci-avant, p. 538, 1. 11-18. Remarquons qu'il était parfaitement à sa place ici, étant donné le contexte qui précède et qui suit. c. Eryfipelatem écrit d’abord; puis un e récrit sur l'y. { | l if ue, 604 EXCERPTA | I, 74-76. non ver purus fpiritus animalis. Ibi ver flatus gene- ratur, vel fi pungatur nervus, vel fi fortè ed penetret lentus vapor. Convellit autem nervos ille flatus, qudd quodammodo connectit partes fpirituum, efficitque ut plures fimul confpirent, atque ita evincant vim nervi, feque ipfas difponant ac determinent ad certos motus, cüm aliàs à nervis difponi ac determinari confueve- rint, quia fingulæ nervi particulæ funt potentiores fingulis fpiritüs particulis. Flatus non à folo calore & frigore fieri folent, fed tantüm à frigore calori fuperveniente. Nam calor quidem attenuat fpiritus, fed non ideo flatum facit : quia, dum illos attenuat, fimul & illis meatus aperit, per quos elabantur ; & nifi calor tollatur, femper ifti meatus in corpore proportione refpondent quantitati fpirituum qui rarefiunt. Si verd fuperveniat frigus meatus iftos intercludens, & fpiritus qui rareferi cœperit, pergit adhuc, tum quia cœpit, tum magis |etiam ex aliis partibus juvante calore : tunc ifle fpi- ritus, qui exhalare non poteft, vertitur in flatum. Idem patet in caftaneis igni fuperpofitis in ferro perforato : quippe fi non moveantur, ignis attenuat quidem fpiritus intus conclufos, fed tamen attenuat etiam illarum cutem igni proximam, per quam fpi- ritus ille in fudorem expirat. Si ver moveantur, tune cutis quæ erat igni proxima, in aliam partem aeri frigido opponitur*,ejufque meatus ideù anguftantur; fpiritus verd intus nihilominus attenuatur, tum quôd cœæpit, tum quôd ignis ex alterà parte eum urget. Nec a. Opponitur. Dans le MS., ex est récrit au-dessus de la première syl- labe, sans que op ait été barré. Il, 76-78. ANATOMICA. 60; vero poteft per cutem igni tunc obverfam expirare : tum quôd nondum fatis rarefa@la eft, tum quod vias fuas jam direxit in aliam partem. Et ita caftanea cum impetu frangitur. Quædam tamen efculenta funt flatulenta, quod cum facilè à calore naturali folvantur in craffum fpiritum, non tamen 1llis poflunt ab eodem calore meatus ape- riri tam facile, per quos ex inteftinis egrediantur. |Brachium alligatur ad venæ feionem, ut copio- fior fanguis remaneat in brachio. Quod ideo fit, quo- niam fanguis cum impetu in diaftole pellitur ad extremitates corporis; quod quia fit cum impetu, ide fanguis impedit*, quominus ad brachium etiam perveniat. Contra in fyftole refluit ab extremis cor- poris fine impetu, quoniam vinculum poteft impe- dire ne refluat. à Si ex morbo cholico fiat paralyfis, perit tantum motus, non fenfus, quod fcilicet afficiuntur tantüm nervorum membranæ, non medulla?. el: (nervis) medullà*, perit interdum femoris motus, illæfo motu brachii. Nec mirum, cùm nervus ad femur inde perveniens, fit à nervo brachii diftin- étus & præterea 1llo in loco tenuior. Mucus defluens per nares & palatum in ipfis gene- \ a. {mpedit dans le MS.; lire peut-être impeditur. Ou mieux encore, avec quelques transpositions : ideù vinculum #mpedit, quominus fanguis ad brachium etiam perveniat. Contra in fyflole quoniam refluit ab extre- mis corporis fine impetu, vinculum poteft impedire ne refluat. Ajoutons que, dans le MS., une déchirure du papier ne permet de lire que guo (L. 15), et non pas quoniam. Lire peut-être : quocirca. b. Voirt. VI, p. 110-111. c. Sic dans le MS. : plusieurs points après læ/a.. et nervis entre paren- thèses. 606 EXCERPTA Il, 78-80. ratur, non in cerebro : quippe quandiu materia ex quà gignitur eft in cerebro, nihil aliud eft quàm fpiritus, non mucus. Ut fuligo caminis adhærens, non eft caligo, dum ex igne egreditur, fed fumus. |Alitur® fœtus in utero fanguine ex omnibus mem- bris matris defluente; poteftque fanguis ille imbui formis vel ideis quæ funt in ejus phantafià : unde figna in fœtüs corpore exprimuntur?. |Tempore fomni plures egrediuntur fpiritus per nares & palatum, quàm tempore vigiliæ : unde fiftitur tunc corpus. Fit pandiculatio poft fomnum ad replen- dos mufculos fpiritibus, qui tempore fomni erant eva- cuati. Crocus afthmaticis prodeft : datur ad ferup.* cum 1/2 mufci grano & vino optimo. Fabæ abftergunt, earumque efu quidam purgatus & à tufi iberatus. Phthificus fanatur utendo duobus vitellis ovorum parüm coëlis & afperfis pulvere fulphuris & vino ad: fabæ majufculæ quantitatem*® cum hauftu vini dulcis; optimum horà unà ante alios cibos. Antidotum contra peftem & venena Regis Mithri- datis. Recipe duas nuces ficcas, duas ficus, & rutæ’ a. Voir ci-avant, p. 600, note b. b. Page 538, 1. 3-10. Voir aussi p. 518, 1. 9-15. . Mot d’une lecture douteuse. . Après /crup.le MS. donne un signe qu'on peut interpréter 14m (unum). On trouve, en effet, dans un livre du temps, Henricr Reçu Praxis Medica à l’article Medicatio Afthmatici, une indication semblable : croci fcru- pulus unus cum vino malvatico (3e édit., Utrecht, 1668, p. 159). e. On trouve, dans le même ouvrage de Regius, par ex. : ad caftaneæ quantitatem. (Page 160.) f. On n'est sûr que des dernières lettres de ce mot : ...utæ. Q 2. IT, 80-82. ANATOMICA. 607 folia totidem fimul teras, addito falis grano, & quo- libet mane jejunè fumas. |Si adfit compunctio tædiofa in plantis pedum & volis manuum, dum egrediantur morfelli®, conti- neantur tandiu in aquà calidä. Pulfus increbefcunt ftatim à fomno, quod fanguis per quietem torpens in quibufdam venis & in carnibus mufculorum ftatim confluit verfüs cor, propter motum totius corporis & repentinum ingreffum fpirituum in mufculos. Unde tunc ofcitatio & pandiculatio fimul interdum fiunt. Sternutatio eft expurgatio ventriculorum cerebri per nares. Ofcitatio eft expurgatio vaporum inter utrumque menyngem exiftentium per palatum. Va- pores autem 1bi1 colliguntur ex defeétu agitationis in fubftantià cerebri, vel cùm, fpatio illo inter duas me- nynges pleno exiftente, ut eft femper, repente contra- hitur, quoniam inflatur cerebrum. Ut cùm excitamur à fomno, olfacimus emittendo fpiritum ex pectore per nares, fi odor in ore claufo contineatur & etiam fi auri imponatur. Mulier fingulis feptem diebus hæmorrhagiàä? labo- rans. Hift. univ. f. 804. In fcorbuto, quibufdam quarto aut quinto die, aliis tertio, alis fingulis diebus, motus aggravativus fine manifeftà febri vel cum leviffimà obfervatur:. a. Morfelli, conjecture. Le MS. donne morbilli, très lisible. b. Conjecture. Le MS. donne quelque chose comme hemocrania (?) c. Ici s'arrête le morceau que Foucher de Careil a détaché du reste pour l'imprimer au t. Il, p. 66-84. La suite du MS. reprend au t. I, p.122. — Toutefois, au bas de cette même page (feuillet ro recto), se | 608 EXCERPTA ct. | Feb. 1648. Certum eft membra fœtus : ab occurfu externorum*. Vena adipofa partes tendit?. Certum eft cavitates oris & narium humoribus im- pleri initio; quibus cutis diftenditur, donec os & nares perforentur. Vidi enim, in pullis $ vel 6 dierum, locum roftri efle valde craffum & tumidum; & deinde, in pullis 7 vel 8 dierum, effe plane acutum roftri die ore iciliese perforato® elapfis humoribus quibus cavi- tates 1llæ complebantur. | In vitulis recens natis, clarè patet œfophagum adhæ- rere finiftro lateri ee arteriæ verfus fpinam, & truncum defcendentem aortæ ire adhuc magis verfus finiftrum, & tamen non videri recedere à medio cor- poris. OEfophagus autem juxta cor tranfit intra 1llum truncum aortæ defcendentem & venam cavam verfus finiftrum latus, ficque cava manet verfus pectus & latus dextrum. Hic apparet à dextro cordis ventriculo arteriam verfüus inferiora defcendiffe, quæ ftatim in duos ramos divifa eft ex eo quod inter utrumque aer trouvent, séparées du texte par un tiret, quelques notes prises d'un cie du P. Kircher, que nous donnerons ci-après. a. Cet alinéa se trouvait déjà imprimé dans les Opufcula d Ame (1701). Voir ci-avant, p. 537, 1. 10-19. b. Même remarque. Voir p. 537, 1. 20, à p. 538, 1. 10. c. Le MS. donne ici os, avant elapfis, sans qu'on puisse s'expliquer l'intrusion de ce mot. OT M Se OP I, 126-128. ANATOMICA. 609 colleétus fit, qui afperam arteriam formare cœpit inter duas arterias : quarum una verfus fpinam vergens abiit in pulmones, & diéta fuit vena arteriofa; alia verfus pectus afcendens, occurrit fanguini ex trunco aortæ afcendentis verfüs inferiora reflexo*, atque ided verfüs inferiora reflexa eft, & diéta truncus aortæ defcendentis. Quare verd hæc aorta defcendens verfus finiftram partem afperæ arteriæ potius quam verfus dextram, & verfus fpinam potius quam verfüus peétus, eft quærendum. | Cor? ‘afcendens direëtè fuit in medio corporis verfüs fpinam. Truncus cavæ ab hepate‘ ad caput afcendens, inflexus fuit verfus partem dextram & verfus pectus, ficque conjunétus trunco aortæ afcen- dentis, ejus dextrum latus contingens. Auricula dextra ferè tota verfus peétus, finifira verfus fpinam vergebat. Erat ver in parte anteriore, inter duas auri- culas, intervallum venæ arteriofæ ex dextro ventriculo egredientis; in pofteriore nullum*, nifi valvulæ per quam fanguis ex cavà in arteriam venofam fluebat. Vitulus in aquà fuffocatus habebat utrumque cordis ventriculum concreto fanguine pleniflimum, ut & venas, non autem arterias; & extrahendo fanguinem _ex dextro ventriculo, qui erat in finiftro, per valvulam a. Reflexo, correction. Le MS. donne reflexi. b, Sic dans le MS. : cor. On a conjecturé : Cur (aorta) afcendens…., comme Quare... defcendens |]. 7.). c. Ces quatre mots ont été récrits au-dessus de cinq ou six autres qui sont barrés, sauf cependant deux : & corde, laissés sans doute par mégarde. d. Le MS. donne nullam, maïs en ajoutant au-dessus : [puto nullum|, qui est, sans doute, une correction de Leibniz : nullum intervallum (cf. 1. 17-18). Œuvres, VI. 77 11 Go EXCERPTA Lars 20 arteriæ venofæ fequebatur, & craflities grumi fan- guinis per illam venam egredientis æquabat minimum meum digitum. Dexter ventriculus | anteriorem partem omnem occupabat, fed magis in dextram vergebat; finifter verd ita occupabat partem pofteriorem, ut planè in medio corporis fitus videretur. Fibræ in fuperficie cordis* re@à defcendere vide- bantur à bafi ad mucronem; venæ verd, fequi fan- guinis defcenfum in cor; & arteriæ, ejus è corde egref- fum. Atque ided fe invicem decuflabant. Arteriæ venofæ duæ valvulæ erant omnium cordis maxime vicinæ fpinæ, eique parallelæ ; apertaque illa quæ erat fpinæ proxima. Vidi alteram folam diftin- guere meatum aortæ ab arterià venofà, fanguinemque per hane in cor labi premendo dextrà® parte, tum ex pulmonibus, tum præcipuè ex cavà per valvulam, atque inde tranfverfim verfus auriculæ finiftræ extre- mitatem, ut poftea tam ex dextrà quàam ex finiftrà deorfum reflexus finiftrum hune ventriculum egre- diatur. Sanguis in dextrum latus incidebat à tribus par- tibus manifeftè diftinétis, nempe finiftrà, medià & dextrà : finiftra erat truncus cavæ inferior, media erat ‘+ truncus cavæ fuperior, dextra erat extremitas auri- d a. Le MS. donne corporis, le mème mot qui venait d'être écrit une ligne : plus haut. Lire plutôt cordis. 1 b. Avant cordis, le MS. donne un signe : « . Remplacerait-il valvu- | larum ? | c. Avant dexträ quelque chose était écrit (une lettre ou deux), raturé: ' ensuite ou corrigé ? on ne saurait dire. Lire peut-être : ex (ou à) dextra parte, comme ci-après, |. 19. F Mu ou ANATOMICA. Gr1 culæ ex quà reflectebatur. In eodem etiam ordine erat vena coronaria, quæ videbatur effe quartus meatus, |ex quo fanguis in dextrum latus fluebat, & omnium maximè à finiftrà parte veniebat; fed aliis-erat minor. Hicque apparuit fanguinem qui ex cavà in finiftrum ventriculum fluit per valvulam, non venire nifi à cavæ*® parte inferiori, quæ à fuperiori apparet efle diftin@a, ut & coronaria videtur ab utroque trunco diftinéta, quanquam earum tria orificia in dextrum ventriculum fimul incidant?. PARSEPE, Vena.arteriofa direétè per medium pectoris & corde egrediebatur, atque 1b1 erat interftitium duarum ejus valvularum, cm tertia effet duabus arteriæ venofæ _parallela; hæcque eft à parte anteriore, velut alia à pofteriore. Interjacet autem pars aortæ afcendens, & arteria venofa flatim verfüus finiftram, & fpinam reflectitur *. Sanguis ex finiftro ventriculo afcendit per unicum orificium, quod®* ftatim in alia | duo dividitur, anterius a. Cavæ, correction. Le MS. donne cava. b. La Feuille VI du MS. (feuillets 9 et ro) se termine ici, avec cette note ajoutée : PARS V, qui la rattache à la feuille suivante. — Au bas de cette page (feuillet 10 ver:s0), se trouve la suite des notes prises de l'ouvrage du P. Kircher. Voir ci-avant, p. 607, note c. c. Le MS. ajoute : Excerplorum Anatomicorum ex Mfo. Cartefii. Cest la Feuille VIT (feuillets 1 1 et 12), qui fait suite à la précédente. (Voir p. 546-547.) d. Figure XVIT. e. Quod, correction. Le MS. donne gui. LT “mel se pdoen non ÉS CSS SS eS dS os tu ont in { Gr2 EXCERPTA 1134236. & pofterius; anterius eft aorta afcendens, pofterius deorfüm à finiftris reflexum eft defcendens, eique jungitur ramus ex venà arteriofà. Orificium venæ arteriofæ, per quod fanguis ex dex- tro ventriculo egreditur, eft in ipfo corde magis ver- fus finiftrum latus, quàm orificium aortæ. His infpectis, reétè videor conjicere folum primum cordis ventriculum formatum fuiffle ante umbilicum, ac tunc inchoata omnia folida membra, & excrementa in ore, in veficà, & circa totum corpus colleéta. Notavi arterias umbilicales nato fœtu fpontè con- trahi, nec manere nifi pelliculam eas integentem, quæ in ligamentum abit, earumque extremitatem ex con- tractione claudi. Videtur defcendiffe œfophagus unà cum nervis fexti paris ufque ad cordis viciniam, priufquam fœtus ale- retur per umbilicum, ac deindè fanguine adveniente ex umbilico exfpumañfle ; undè pulmones, qui pofteà crefcentes nervos recurrentes verfus caput reduxerunt, redundafle, undè lien reétà verfus fpinam, & hepar verfüs peëtus ; ac viam excremento cerebri abundaffe, undè ventriculus, & ex morà œfophagi in vicinià cordis, antequam ventriculus fieret, hujus orificium fuperius. Tunc autem etiam vel formatus vel audus ef dexter cordis ventriculus ; quod eflecit, ut œfophagus inter cavam & | truncum aortæ defcendentem tranfierit verfüs latus finiftrum ; & dum inflatus eft ventriculus, protrufit hepar verfus latus dextrum. Quod demon- ftratur ex eo quoôd in gallinis, ubi dexter cordis ventri- culus tenuiflimà tantüm pelle tegitur, & ventriculus l, 136-138. ANATOMICA. 613 & hepar manent in medio corporis. Adhæret autem ventriculus in parte fuperiore & pofteriore, lieni, in anteriore, hepati, cui communicando aliquas arterias ejus fanguis vicinus exfpumavit in bilem, unde vefica biliaria; quæ adjuna illi parti ventriculi, effecit ut ibi perforaretur, & producta funt inteftina innumeris _modis inflexa, prout bilis, exitum quærens, volve- batur. | Cordis dexter ventriculus videtur eodem fere tem- | pore faétus, quo finifter. Originem enim habet ex eo quod, cùm materia fubtilior five mobilior in me- dium cor-laberetur, & indè per lineam rectam verfüus caput afcenderet, fpumofior & magis aërea circà illam fe vertebat. Quarè verd verteretur à fpinà verfus dextrum latus (ut apparet ex fluxu* venæ coronariæ), potiüs quam verfüs finiftrum, eft difficultas quam hactenüs enodare non potui. Huic dextri cordis ventriculi produdlioni non obef, quod poftea umbilicus faus fit accuratè in medio ventris, non in parte dextrà : nondum enim formato ventriculo, truncus aortæ, à quo pendebat locus umbi- lici, nihilominüs manfit in medio corporis, faltem ad fenfum; nam quod pauld magis vergeret in finiftrum latus quäm in dextrum, patet ex eo quod venam conf- cendat ex parte finiftrà inter emulgentes & ilia; hincque etiam fortafle eft, quôd pars corporis dextra foleat efle robuftior quam finiftra, quia feilicet eft ali- quanto carnofior. Formatur autem neceflarid fecundus ventriculus, ex eo quod multæ fint aëreæ particulæ in fanguine, a. Sic dans le MS. : fluxu. Lire peut-être ffexu ? D 2 0 de me cine er ve O14 EXCERPTA J, 140-142. quæ cùm non tam cito poflent relabi in cor quam terreæ & aqueæ, faciliüs autem inflammarentur, ad latus ipfarum five in ambitu debuerunt dilatari. - In avibus major eft inæqualitas inter dextrum & finiftrum cordis finum, quàm in quadrupedibus, quod fero eorum fanguis minüs abundat, adeoque eft multd calidior, aereis particulis deftitutus; iis ver invo- lutus, minüs habet virium. Codis fex ovis*, quibus gallina per quindecim dies & amplis incubuerat, inveni, cùm dura coéta eflent, in omnibus majorem extremitatem folo aëre plenam effe; ac fractà deindè pelliculà, per quam totam multæ venæ fpargebantur, aliquid aquæ elapfum eft, ficque inter corticem & fuperiorem ovi partem aliquid fpatii interceflit. In omnibus autem fœtus erat in fuperiori parte finiftro lateri incumbens, ita fcilicet ut finiftrum latus verfus acutiorem ovi partem refpi- ceret, pullufque effet incurvatus. Tegebaturque pelle quàädam ex albumine faélà, ex quà etiam plumullæ crefcere videbantur. Infra pullum erat vitellus, infra vitellum denique erat albumen, quod in quinque ovis corticis exteriori parti firmiter adhærebat ; ibique erat durius quam paulo altiùs, & lineà five cavitate quàdam orbiculari à fuperiori albuminis parte diflinguebatur. In fexto tamen ovo nulla talis diftinäio erat, an forte a. Foucher de Careil ajoute un titre : Experimenta et variæ observa- tiones, que ne donne pas le MS. Leibniz avait commencé à séparer ce nouveau développement de ce qui précède, par un trait qu'il n'a pas achevé, et qu’il a même annulé ensuite à la plume. — Voir, pour tout ce passage, au t. IV, p. 555, l. 9-13, de notre édition, lettre du 2 novembre 1646. ACER PP ANATOMICA. GI quia in quinque illis ovis duæ chalazæ fuerunt, in 1llo una tantüm. Supra albumen erat vitellus, ab eo etiam lineà quàädam inter utrumque excavatà diftin- us; fed in eà ovi parte in quà erat dorfum pulli albu- 5 men fupra vitellum afcendebat, quod videbatur effe ad alendum ejus integumentum. In parte autem pulli anteriore, inter ejus caput & podicem, pars vitelli fatis crafla furfum afcendebat, ex quà pendebat umbi- licus. Et extra corpus pulli, loco umbilici videbantur efle inteftina ; intus autem non apparuerunt inteftina, fed tantüm cor valdè album, cujus dextra cavitas major quàm finiftra, & non ita in orbem curvata ut in adultis videbatur; & hepar valdè magnum, & forfan pulmo, &corpus quoddam valdè album, quod pro ven- triculo accepi. Denique roftri pars r. albidior erat, & incipiebat durefcere. In pullo ex ovo fponte egreflo, fed* qui nondum comederat, notavi pulmones cofüis' utrinque firmiter adhærere; & infra diaphragma etiam aliquid utrinque coftis firmiter adhærere, quod putavi pro liene efle fumendum, hujufque finiftra pars paulo magis ex rubro nigrefcens videbatur quam dextra; pulmones adhuc magis rubebant & nigrefcebant. Itemque cordis auriculæ ambæ. Pauld minüs | rubebat hepar, æqua- liter in utrumque latus pofitum; hujufque pars dextra, eui veficula fellis innafcebatur, aliquo modo flavefce- bat. Cor erat multd magis album, hujus dextra cavitas a. Sed récrit au-dessus de et écrit d’abord."(MS.) b. Co/fis, correction (voir 1. 20 ci-après). Le MS. donne ro/fris. np + “0. GPS ET SUENITE TORCMOMRE TE CMOS SIES ÆMe TÉL FT A EE D er RE de a. NN ° =— 7 ee ep re 616 EXCERPTA 144. multo magis curvata, quam in pullo*, fed cujus paries exterior vix tenuior videbatur quàm parietes finiftræ cavitatis ; qui tamen in adultis funt decuplo crafliores. Infra hepar apparebat ventriculus planè albus, in quo aliquid materiæ ex flavo virefcens confpiciebatur, poftquam eflet? apertus; ei appendebant inteftina‘ um- bilicus, & à podice erat fatis remotus, & juxta illum in ventris capacitate continebatur ovi vitellus vix tertià parte imminutus; eoque cocto inveni efle ejufdem faporis, fed multo durioris fubftantiæ quàäm ovorum recentium. Pendebat autemille vitellus ex vafe quodam inter inteflina mifto, & nondum notare potui an in 5 10 hepate vel alibi terminaretur. Albumen etiam nullum - vidi, fed totum erat confumtum. Ita judico, per albumen fpiritus animales fpargi ; atque in eo, tanquam in femine quadrupedum, membra prius formari, faltem in ejus chalazà initio, ac deindè paulatim in reliquo, adeo ut ejus ultimis partibus &* omnium ultima cutis cirea umbilicum formetur. Venæ & arteriæ non fiunt, nifi juxta tunicas vitelli & albuminis, quæ videntur efle inftar duarum tunicarum fœtum quadrupedum involventium. Cor non formatur in medio feminis, fed potius in aliquà extremitate, utvidemus in plantarum feminibus partem quæ germinat femper effe in extremitate aliquà. a. Suppléer peut-être : adulto ? Voir ci-après, 1. 3. Ou bien encore : præcedenti ? Voir ci-avant, p. 615, 1. 11-13. b. Effet et erat sont écrits l’un sur l’autre dans le MS., sans qu'on sache lequel des deux doit être retenu. c. Suppléer feu ? Voir ci-dessus, p. 615, |. 9-10, d. Ajouté entre parenthèses dans le MS. : (er). 15 20 25 [, 146. ANATOMICA. 61 7 | Curfus fanguinis in venà coronarià & dextro ventriculo volvitur in orbem, ut cochleæ omnes; illinçque ut gerania & fafeoli, fed contrario modo quam convolvulus. In* pifce cabeliau fauces erant multo ampliores quam gula, gula quam ventriculus. Inteftina etiam” erant fatis angufta & in tres tantüm plicas intorta : ut in hàc figurà, a ventriculus, b podex. Conftabat autem ventriculus fibris permultis tanquam in palato bovis .ex dentibus‘, & multo longioribus. Fel adhærebat partim 1ifts fibris, partim inteftino; lien erat infra fel, & inteftino etiam adhærebat ; hepar erat valdè album, & non notavi an alibi quam cordi adhæreret ; hærebat autem cordi ope venæ cavæ valdè brevis, quæ verfus cor admodum protuberabat, ita ut ifte tumor auriculæ vicem fubiret. À corde egrediebatur aorta etiam valde protuberans*, non longior neque craflior, quam hic pingitur* (pifcis autem erat circiter trium palmarum longitudinis)', & affxa erat anteriori & infimæ oris parti, ubi in carnes difpergebatur, aded ut facilè cre- diderim fanguinem in iftis animalibus non circulari. Fel erat cæruleum, lien valdè rubens & vividum, hepar verù album : quo confirmor in eà opinione, quod ex liene fanguis veniens ad hepar chylo mifceatur ; qui a. Foucher de Careil fait précéder ceci d'un titre : Experimenta in pif- cibus, qui manque dans le MS. b. Figure XVIII. c. Dentibus, leçon douteuse. On ne distingue bien que les lettres ztibus. — Voir toutefois ci-avant, p. 576, 1. 4-5. Peut-être exiflentibus ? d. Figure XIX. e. Figure XX. f. Signes de parenthèses ajoutés. Le MS. ne les donne pas. Œuvres. VI. 78 pers 5 US Pa ROUT 2 PAR LE | r + 1 ! Ÿ 4 ‘ & ; f 618 EXCERPTA PEU chylus non fit ruber, nifi in corde. Nec multo hepate ifli pifces opus habent. ; |In pifce Scfocfisñ*, ex maximis fuæ fpeciei, notavi manifeftè cor in parte anteriore accuratè in medio hærere branchiarum conjunétioni, aded ut ab eû tantüm diflaret fpatio veficulæ albæ pifi magnitu- dinem æquantis, quæ erat principium five truncus aortæ. Ex quo truncei videbantur 8 rami, ex unâquâque parte quatuor, in branchias ire. Cor tegebatur peri- cardio pellucido, in quo aqua continebatur. Ab infe- riore ejus parte verfus tergum pendebat auricula fatis magna, im major quam veficula fuperior, & ex eà per feptum tranfverfum cava defcendebat in hepar, quod erat valdè album. Lien & fel adhærebant inte- füinis & ventriculo : lien valde rubrum, & rubicans° fel inftar aquæ pellucidæ (hoc erat in menfe Martio). Duo habekat foramina loco narium, valdè manifefta & aperta. Profunda‘ erant aliquantulum oblonga*, fed in quæ aciculæ caput immittendo, non admodum altè penetrabat. Vefica intus erat, quæ œfophagum à fpinà dorfi feparabat, eratque accuratè in medio cor- poris, & anfractuofa ad omnes cavitates replendas: erant & aliæ membranæ, omnes interiores partes involventes & fimul jungentes; erat & diaphragma quod nihil fupra fe continebat, præter cor, oris cavi- tatem & caput. Nec dubitavi quin curfus fanguinis in ejufmodi pifcibus fit à corde per branchias ad caput, a. Nom flamand de la morue : Stokvisch. b. Après rubicans, comme après rubrum, le MS. met une virgule. c. Mot suspect. ; d. Figure XXI. , 148-150. ANATOMICA. 619 atque inde per anteriorem fpinæ partem verfus caudam, itemque ad lienem, atque ex liene ad hepar & inte- fina ; ex inteftinis etiam fuccum abaëtum‘ ad hepar, & indè fimul cum fanguine ad cor. In branchiis vero etiam auditus organum efle poteft : funt enim ex parte offeæ. Nervi veniunt ex cerebro per pofteriorem fpinæ partem, non per ejus medium. |Cüm vafa urinæ vafis fpermaticis in omnibus ani- malibus fint conjunéta, non videtur alia effe caufa diftinctionis inter marem & fæœminam, quam quôd hæc pris urinam emiferit, quam fpiritüs prolifici rudi- mentum; hic contra". Nec mirum, quod omnia fere animalia generent : quæ enim generare non poilunt, non etiam generantur, nec proindè reperiuntur in mundo. . . . . sine " . Bis‘ repetito experimento, inveni in OvVo, cui tan- tüm per feptem integros dies gallina incubuerat, non roftrum pulli effe formatum, fed in partem capitis pofteriorem valdè tumidum efle; poft oétavum autem diem, planè roftrum efle formatum & fiffum, ita ut immittendo aciculæ caput in foramen, fine ullà difi- cultate ufque ad pofteriorem capitis partem, ubi tumor fuerat, perveniret; 1llum autem tumorem efle valdè imminutum. Notavi etiam, nono die, nulla adhuc effe inteflina, fed ventriculum occupare infimam ventris capaci- a. Lecture douteuse. b. Voir ci-avant, p. 534, |. 5-12. c. Autre titre ajouté par Foucher de Careil : Nova Experimenta in ovis & pullis. £ 620 EXCERPTA Dose tatem ; fupra hunc effe hepar & cor, nihilque amplius. Caput craflius erat reliquo corpore, & collum erat longius reliquo corpore. Pterygium five cauda etiam longa erat, imd longior quäm pedes. Mufculi in peétore nulli adhuc apparebant, fed fpina dorfi omnium prima poft caput formatur. Quantüm notare potui ex diffeétione pullorum plus quam triginta omnis ætatis, quos ex ovis eduxi : Die 2%, incipit aliquid apparere, hoc eft cor : eft for- matum, & fanguinem verfus fuperficiem tam albu- minis quàäm vitelli mittit. 3° die, caput & fpina dorfi ad extremitatem pte- rygii ufque formata funt. __ $“ die, cor optimè videtur pultare, & infra ipfum apparet ventriculus albus; pedes & alæ etiam appa- rent, fed pterygium longius eft quam pedes. Cere- bellum verd valdè tumet, nec non partes cerebri anteriores. Oculi ver etiam tertià die formati funt. Pauld poft feptimum diem roftrum formari incipit & cerebellum, itemque &cerebrum & fpina dorfi detu- mefcunt. : Decimo die apparet etiam hepar, & fel partim hepati adhærens, partim etiam ventriculo; ex quo illud puntum viride, quod pro felle fumendum puto, videtur effe vehiculum, quo inteftina ex ventriculo egrediuntur. Cor eft tunc infigne, nondum Den valdè magnum, ventriculus juxta caudam. Die 12 etiam lien à finiftrà parte fupra fel ven- - triculo & hepati conjunétum notari poteft. Die 14, 16, 17 & 19, notavi eadem omnia, nec DE ss ANATOMICA. G21 multo plura. Im in pullo 19 dierum, qui bidud poft debuiflet excludi, nondum ullam partem vitelli nota- bam; fed ejus inteftina magnam partem extra ejus _ventrem erant ovi vitello adjuncéta, adeù ut exiftimem duobus ultimis diebus totum vitellum una cum refi- duis inteftinis ingredi ventrem pulli. | In ovis in quibus pulli erant 16 vel 19 dierum, apparebat placenta quædam oblonga, quæ ex materià putaminibus ovorum fimili facta videbatur. Umbilicos quidem duos five vafa ad umbilicum duo infignia notavi, unum ex albumine, aliud ex vitello: fed non vidi vafa ex albumine aliud accedere quam pellem pulli, nec vitelli vafa aliud quam unum ex inteftinis extra pullum exiftentibus adire. Ex MS° Cartefij in-4°?. PROBLEMATA. Quare fal vi caloris cum aquà non extrahitur ? Numquid ratio eft, quia, cum fit diaphanus, à radiis _ non movetur ? Sudor enim corporum eft falfus; non enim excutitur à folo calore, & eft potiüs fedimentum ejus ex quo fubtilior vapor in fubftantiam corporis converfus eft. Et videmus fcilicet aquam quæ diu bul- a. MS. de Hanovre : Feuille VIII (feuillets 13 et 14). Voir ci-avant, p. 547. Foucher de Careil n’a pas publié le commencement de cette feuille dans ses Znédits. Le MS. donne d’ailleurs, en marge, cette note de Leibniz : Hæc deleta in MS, et le passage en regard est barré. 622 EXCERPTA lit magis falfam, quia fcilicet ex eà plus vaporis dul- cis exhalavit in fumum. Falfum videtur quod jamjam dixi de fale. Aqua enim eft æquè pellucida atque fal. Sed loco diaphani, dicen- dum eft effe pervium motui caloris propter fuam fic- citatem ; aqua ver, licet motuiluminis fit pervia, non eft tamen motui caloris (qui eft in partibus paulo foli- dioribus aut majoribus) propter fuam humiditatem. Hinc fortè reddi potelt ratio, eur aqua maris noëtu lucéat®. Nulli quod fciam fruêtus falfi proveniunt : que fatis indicant fal efle valde fixum, nec à fole in plantas ele- vari. Sed nec ullæ carnes falfæ funt, ne quidem pifeium marinorum : quod indicat fal efle valde ficcum ; neque vero mifi glutinofa in carnes poflunt tranfire. Amari® funt plerique fruêtus, ii præcipuè qui in calidiufeulis regionibus nafcuntur, ut nucum putami- na, malorum aureorum, &c. Abflergunt autem amara omnia vehementiffimè & exficcant ; imd etiam exul- cerant, & venarum extremitates refecant. Ided con- cludo efle partes in fumum quidem ab initio à calore excitatas, ideoque opacas & nigras (ut in nucis cor- tice), poflea verd in arbore à partibus fluidis celeriter motis paulatim fecretas & fimul conftipatas (unde oli- væ, quo maturiores, eù magis amaræ), ac proinde quæ faciunt corpus humidum crafliffimum, quod fe toto refpectu carnis noftræ eft ficcum, ideque abftergit; a. Voirt. VI, p. 255-256; t. VIII, re partie, p.255, eut. JX,°partie, P. 249-250. b. En marge : Eodem modo aurium purgamenta fiunt. (Note MS. de Leibniz.) ner ANATOMICA. 623 illi enim quod craffiflimum ef, in humoribus adhæret, & fic omnia fecum vehit, fluidiflimis exceptis, quæ reliéta calefaciunt & ficeant*. | Grando?. — Vidi hodie, menfe Decembri, grandi- nem in modum turbinis acuminatam, ita ut o€lava pars globi effe videretur. Pluvia heri præcefferat, fol _jam hodie apparuerat, Boreas flabat, aer erat tepidus, ventus gelidus. Non multum decidit. Ex quibus con- jicere licet, nivis formamenta fimul cum vento à Boreà in guttas aquæ reliquæ ex pluvià hefternà & à fole in guttas coactæ, incidifle, iflafque guttas circumquaque congelafle, fed ita tamen ut partes calidiores ad earum centra confluerent. Cumque iflæ guttæ, fimul dum congelabantur, | dejiciebantur verfüs terram, agita- tione dividebantur; non poterant autem ullo modo facihiüs dividi quam in duas partes ; media autem illa- rum pars adhuc facilius in duas dividebatur, & quarta adhuc in duas; otava autem, cum proximè accederet ad globum, non poterat ulteriüus dividi. Confirmatur, guttis ita congelatis, partes aquæ tepidiores ad cen- trum confluxifle (quo pofito reliqua aperta funt), ex a. Ici s'arrête le passage non reproduit par Foucher de Careil. £ b. En marge de ce paragraphe, on lit dans la copie de Leibniz, qui semble reproduire exactement en cela le MS. de Descartes : In margine afcriptum erat : Rurfus hodie talem grandinem vidi, flabatque Aufter fimul cum Boreà: & cum partibus turbinatis quæ erant majufculæ, cadebant aliæ rotundæ minores, & aliæ pulveris inflar minutæ informes, nifi viderentur efle ex filis fimul convolutis. PR 624 EXCERPTA 1, 74-76. co quôd alias, fi bene memini, viderim talem grandinem planè rotundam, fed cujus centrum magis albicans erat, extremitates vero magis pellucidæ, id eft magis denfæ : quod tunc contigifle puto, quod guttæ aquæ mi- noreserant, & ventus frigidior. Nec ide frangebantur. Grando autem quæ æftate decidit, planè pellucida fit, quod ventus eft fubtilior. Fit autem fæpe con- creta*, non aliam ob caufam, ni fallor, quam quoôd ventus illam dejiciendo congelat, & valde fubito : unde fit ut partes quæ primæ 1lli occurruntur, citiùs durentur, nec ulla fervetur æqualitas. Notandum etiam eftiftius grandinis turbinatæ grana non ita inter fe fuifle æqualia, ut funt nivis ftellæ. Cujus ratio clara eft: quod ftellæ nivis fiunt in con- tinuo, ideoque omnes æquales effe debent ; grana verd hujus grandinis oéto tantüum fiunt ex unà guttà, quæ |debent inter fe æqualia effe; fed ex alià majore guttà fient oéto majora. Quare cum aqua fluminis crefcit vel alta manet, non ita ingreditur vicinas cellas ac dum defcendit ? Nec ita, dum celeriter crefcit ae minuitur, quam cùm lentè ? Nempe propter eandem rationem, propter quam, fi vas vacuum angufli orificii in aquam demer- gas, non ita implebitur aquà fi celeriter demergas, quam fi lentè; nec quicquam aquæ ipfum ingredietur, quamdiu totus° erit demerfus ; cm autem rurfus ex aquà extrahes, fi nondum eà fit plenum, nova aqua a. Après concreta, le MS. donne une parenthèse, qui parait être une conjecture de Leibniz : an cornuta, an confufa (ce dernier mot barré). b. Sic : totus... demerfus (MS.), au lieu de totum... demerfum. Pos. ANATOMICA. 624 illud ingredietur : quippe pori & concavitates in terrà vafi ifti fimiles funt. Quare nervus, digito pulfatus, duplex apparet ? |Nempe quod, düm circulariter movetur, diutiùs ma- net cum eodem refpectu ad oculum cùm eft furfum vel deorfum, quàm cm afcendit vel defcendit : ut pla- netæ, cüm funt ftationarii. Quare halitus, ore claufo emiflus, eft frigidus ? Qudd tunc omnes partes corporis quas tangit, verfus eandem* partem detinet immotas ; contrà autem, cùm minüs fortis eft, 1llas movet, adeoque ef calidus. Ut videmus aliquando, cùm magnus ventus eft & in ean- dem partem æqualiter flat, non moveri {ylvarum ar- bores nec vela navium ; fed tunc moveri, cùm ejus impetus remittitur vel primüm incipit; & magis, cùm tantüm levis aura flat. Et hoc de halitu demonftratur ex eo quod, fi ore claufo flemus verfus? propriam manum, idem halitus, qui in reliquà manu frigidus fentietur, in interftitiis digitorum, non admodum exaétè junétorum, ita ut illa fubingrediatur, calidus fentietur, quia non tam validus ibi erit£. Et hinc patet cur pannus rimis januarum & feneftrarum appofitus optimè frigus impediat, etiamfi ventum non planè excludat. a. MS. : eafd écrit d’abord, puis barré, et eandem récrit au-dessus. Mais on a laissé partes, que nous corrigeons partem, comme ci-après, .12=13. | b. : phrase s'arrête ici, feuillet 13 (recto), mais avec l'indication : verte. Et en tournant le feuillet, on trouve au verso toute la suite jusque exclu- dat (1, 24). c. Voirt. VI, p. 245 et p. 658. Œuvres. VI. 79 626 EXCERPTA. J, 80-82: | Arbores infra terram inventæ in Hollandià omnes ita inverfæ funt, ut rami feptentrionem refpiciant. Si arbores proceras habere vis, ne refeca furculos, plures enim renafcerentur ; fed everfos trunco alliga, ita enim emorientur. Dum plantantur novæ arbores, rami & radices abfcindi debent; radices autem ita ut fibræ quam maximè terræ infiftant ; ita enim firmius inhærentes, novas radices agunt. s" Feb. 1635*. Cæcià flante, cm præcedenti die etiam ninxiflet, & id quod vocamus verglas cecidiffet, erant autem granula hujus magnitudinis (4), humo- rem criftallinum figurà referentia, & pellucida; & uni & alteri ex quibus notavi fex radios breviffimos & ex albo pallidos, etiam craflitiem granuli fuperantes : s', inquam, Feb. notavi valdè varias nivis ftellulas : primd,quædam folida hexagona talia (X), valide pel- lucida, polita & tenuia, inæqualium magnitudinum ; deinde rotulas tales (Q), pulchriores quàm arte fingi poflint, etiam cum punéto albido minutiflimo in centro, | & ferè totas pellucidas; Fe etiam alias fine punéto in centro, & paulo majores, cum radis inftar liliorum ; ac deinde columnulas, lien minutæ aciculæ ? æquantes, pellucidas, & ad utramque extremitatem a. Le MS. répète en marge : 1635, — Voir Metéores, Disc. VI, p. 208, 1. 8, à p. 308, 1. 15, t. VI de cette édition. Les figures du MS. sont si grossièrement faites, qu'il n’est presque pas possible d’en rien tirer. Nous renvoyons donc aux figures des Météores (t. VI, p. 302), auxquelles elles correspondent, en les désignant par les mêmes lettres : 4, K, Q, F, E. b. Aciculæ, récrit au-dessus de aficulæ écrit d’abord. (MS.) 1, 82-84. ANATOMICA. 627 habentes ftellulam hoc modo (F); quafdam etiam ha- bentes aliquid in medio fic(F). Non potui autem notare an quod in medio erat, eflet hexagonum. Erant autem tam affabrè factæ, ut nihil magis. Paulatim verd ceci- derant his breviores, in quarum unà extremitate ftella erat major, quàm in alterà; & poftea duplices, cum 12 radiis interdum æqualibus, interdum non. Et unam vidi, cujus uni radio columna cum alià minore ftel- lulà infidebat*. Et quatuor aut $ ex oéto radiis faétas, ita ut quatuor eflent aliis breviores, & appareret ex duabus fa@as effe fic (£). Erant autem omnes totà die fatis fpiflæ ; fed fub vefperem, cùm ningere defineret, erant multo tenuiores. Et fequenti die, mane, cm ventus mutaretur, & aura fieret ferenior, etiam ftellulæ primo tenuifimæ, & in craflos floccos conglobatæ, paucæ ceciderant; deinde etiam aliæ fatis latæ, fed non pellucidæ; ac poftea grandinis triangularis parüm, & aura ferenior fecuta eft cum aëris tranquillitate. Baculus æqualiter fortis, utrâque manu, arcûs in- ftar curvatus, in medio inter manus intervallo fran- getur; & quo manus ab invicem erunt remotiores, eù faciliüs frangetur, quod utrinque fint quafñi veétes hypomochlium habentes in loco ubi fit fraétio?. |Poma ex arboribus ita formantur : emergunt par- a. MS. : (verte). La suite est, en effet, au verso, jusque tranquillitate (1. 19). Le bas de la page, au recto, est rempli par : Baculus…. (1. 20-24), et Poma.… (1. 25, et p. 628, I. 8). b. Tout cet alinéa : Baculus ...fraëio, manque dans Foucher de Careil. 628 EXCERPTA 1, 84-86. ticulæ ex trunco recto motu, quæ deinde in orbem refleétuntur ; & fit alius motus circularis decuffatim, cujus cum priori miftione particulæ franguntur ma- gis & magis, & ita fructus maturefcit. Paulatim verd ifte motus circularis ipfam pomi caudam in orbem rodit, donec maturo fruétu tota feparetur & fruétus cadat. Infitio verd vel etiam folius terræ cultura fa- ciunt ut fructus* fint mitiores : quia nempe particulæ per duarum diverfi generis arborum meatus evectæ magis interpolantur. Item ex terrà fæpius verfà fubti- liores partes attrahuntur : quia, fi terra diu refederit in eodem loco, paulatim ejus minutiæ in eafdem par- tes confpirabunt, adeo ut radices arborum fimiles fint ituræ ; glebis autem fæpè verfis, contra una arborem ingredietur uno modo, alia alio, meliufque ibi mif- cebuntur; diffimilia enim, ut mifceantur, debent in plures partes frangi. Hinc fruétus omnes fylveftres fiunt acerbi. Summatim verd fic plantæ omnes prodeunt ex terrà: |copiofus vapor vi folis per unam terræ partem afcen- dit, atque circumjacente aëre ejus motui refftente, partim ficcatur, partim ejus fibræ, quæ in reétum fur- gebant, in tranfverfum volvuntur, undè fit cortex habens folùm fibras tranfverfas, cum è contrà partes interiores habeant reétas. Si qui deinde meatus oc- currant in cortice, vapor inter hunc & lignum afcen- dens per iftos meatus oblongos folùm in tranfverfum eorum figuram fumit, & formatur in folia. Qui ver ex ipfà ligni medullà per lignum corticemque pervadit, a. MS. : verte. La suite se trouve, en effet, au verso de la feuille jusqu’au mot acerbi (1. 18). 10 1, 86-88. ANATOMICA. 629 quoniam inter fibras partim rotundas partim tranf- verfas egreditur, fit rotundus ; atque ex eo concrefcit primo oculus arboris, deindè flos, denique pomum, ut fupra*. Fit autem cavitas in medio omnium plan- tarum, vel aëre vel medullà plena; quoniam partes vaporis non planè reétà furfum, fed obliquè hinc & indè, ut patet ex fibris lignorum : quæ ex iis funt foli- diores verfus corticem feruntur, manetque in medio quod levius eft, ut fol inter planetas. Plantæ < quæ = fub aquis nafcuntur, cæteris funt magis fungofæ & aëreæ : quod vapor vi caloris per radices in plantam furgens, eft totus ferè aëreus. In plantis autem quæ crefcunt in aëre, facile illius vapo- ris tenuiores partes expirant, manentque tantüm fic- ciores ad conftituendam plantam (quæ etiam ided folidior erit in monte quäam in valle). Sub aquis verd iftæ partes aëreæ continuitate aquæ & lentore quodam ejus naturæ | proprio retinentur, efficiuntque idcircd plantam magis porofam. Si quod corpus ageretur five impelleretur ad mo- tum femper æquali vi, nempe à mente fibi indità (nulla enim alia vis talis elle poteft), & moveretur in vacuo, femper à principio motüs fui ad medium fpatii per- currendi tripld plus temporis poneret, quàm à medio ad finem, & fic confequenter. Quia verd nullum tale vacuum dari poteft, fed quodcumque fpatium exiftat, femper aliquo modo refiftit : ita femper refi- fentia crefcit in proportione geometricà ad cele- ritatem motüs, adeù ut eù tandem deveniatur, ut a. Voir ci-avant, p. 627-628. 630 EXCERPTA 1, 88-90. non amplius fenfibiliter augeatur celeritas, poflitque determinari quædam alia celeritas finita, cui nun- quam erit æqualis. Quæ à vi gravitatis impelluntur, cùm ifta gravitas non agat femper æqualiter tanquam | anima, fed fit quoddam aliud corpus quod jam eft in motu, nun- quam poteft rem gravem tam celeriter impellere quam ipfum movetur, fed etiam in vacuo minueretur femper impulfus in proportione* geometricà. Quæ ver minuuntur à duabus caufis vel pluribus in pro- portione geometricà, minuuntur ab illis omnibus tan- quam ab unà caufà quæ 1lla minueret in proportione geometricà, femperque redit eadem fupputatio. Item etiam, fi quæ alia caufa retineat vi arithmeticà, con- furget femper diminutio in proportione geometricà. Si vero aliqua alia vis impellat femper in proportione geometricà fimul agens cum eà quæ geometricè mi- nuitur, ed tandem pervenietur, ut Geometrica ceffet, folaque Arithmetica remaneat, augeatque motum, ut didum eft faéturam animam in vacuo?. Quôd denique fi crefcat impulfus geometricè & minuatur vel cref- cat etiam arithmeticè, crefcet celeritas in infini- tum proportione compolità, quæ poteft explicari per fpatia ope trianguli & uncæ lineæ proportionalium comprehenfa hoc modo (fig. 1) addendo, vel hoc (fig. Il) detrahendo, ita ut celeritas primi temporis a. Foucher de Careil s'arrête au mot proportione. Toute la suite manque, y compris les figures, jusqu'à : .../patium «aced ». Elle se trouve au verso, et il fallait tourner la page. On y voit d’abord reproduit : (mais barré ensuite) tout le texte précédent (p. 629, 1. 20), avec la variante perveniatur (1. 29). b. Note de Leibniz : Ergo (NB.) vis animæ in vacuo arithmetica. ANATOMICA. 63 I fit ad celeritatem fecundi, ut fpatium abc ad fpatium aced. fe Te d e Notavi pyxidem optimè claufam, in quà fuerat aqua odorata per totum hyemem, cum vere illam aperui, aquam cum quodam impetu exiliffe : nempè hyeme partes denfæ frigore fuerant in eam introduttæ, quas veris calor non tam facilè expellebat; ideoque aqua ifta erat intus quafi compreffa. Idem in omnibus ferè fieri puto, ut veris calor, cùm non facilè rarefiat ea quæ hyeme denfata funt, id efficere cum quodam. impetu, cm eoufque crevit, ut prævaleat; & hunc impetum ad eorum quæ verno tempore* generantur, ortum conferre exiftimo. Dum vina nova aut cerevifiæ bulliunt, hoc fit ex contrarietate motuum qui funt inter eorum partes?, quæ proindèe | locum ampliorem requirunt, & fluidas particulas inter fe, velut in angulis contingentiæ, admittunt ; inde oritur calor. Ita quoque fit concoétio alimenti in ventriculo animalium. Ut calx & aqua neutrum eft calidum feparatim, ita etiam vinum ex uvis flatim eduétum non bulliret, fed tantüm quôd per aliquod tempus cum racemis maceratur; ex quorum a. Verno tempore au-dessus de vere écrit d'abord. b. « Contraria fimul complicata fe invicem etiam etiam comburere, dicit Hippocrates. » (Margini adfcriptum) : ces deux mots à la fin feraient croire que la note se trouvait déjà dans le MS. de Descartes, 632 EXCERPTA 1, 92-94. contrarià naturà hunc calorem accipit, cujus agita- tione poftea perfectius mifcetur atque ided mins facilè corrumpi poteft; mutuatur enim quafi quofdam nervos à racemorum duritie, quibus materia fluida firmatur, & contrà aëris circumjacentis motus ad cor- ruptionem tendentes defenditur. Dicimus aërem multa mixta corrumpere potiüs quàm generare; contra folem dicimus ea generare potiüs quaäm corrumpere. Quod vel ideù fit, quia motus aëris eft imbecillus & in diverfas partes five inordinatus ; & proindè quæ ab eo funt alterata, non habent facultatem confervandi fui in eodem ftatu, ideèque non dicimus ea habere formas perfeétas, fed efle tantum res corruptas. Contrà verd folis motus eft uniformis five ordinatus & fortior; & proindè quæ ab illo formam acceperunt, plerümque illam | habent magis durabilem, quanquam hoc variet frequenter propter difpofitiones fubjeéti. Senes habent capillos albos, & animalia in frigidis regionibus nata albos pilos; contrà, Æthiopes niger- rimos. Idem etiam de cute. Quod fit quoniam, calore intus & extra majore exiftente, excrementa ifta ex cor- pore exeuntia fæpiüs interrumpunt fluxum fuum: quæ interruptio nigrum colorem efficit. Facit etiam ut Mauri intortos & molliffimos habeant capillos. Contra in aliis regionibus minor calor crafliores particulas emit- tit; quæ fingulæ, cum fint pellucidæ, fatis duntaxat interrumpuntur ad efficiendum album colorem, non nigrum, & craffos capillos, non tenues, ut Maurorum. I, 94-06. ANATOMICA. 633 Pilos criflos fieri certum eft, quod cuticula propor- tione denfior eft quam cutis : cùmque radices agunt in cute, per cuticulam tranfeuntes oblique infletuntur. Patet Æthiopes iftam cuticulam habere denfiorem, quôd calido aëre ficcatur. Ætate autem cuticulæ meatus augentur, & fæpe qui in juventute crifli erant, non funt ampliüs in feneétute ; contra fieri poteft ut, morbo lapfis erinibus, ifla cuticula denfetur, crif- fiique renafcantur, cùm prius fuiffent plane reéti; quod in quodam obfervavi*. — Pili in ciliis nafcuntur in utero, quod 1bi materiam habent aptam, nempè cartilaginem nondüm duratam; non verd crefcunt poflea, quod durata ifta cartilago® non ampliüs apta eft emittendis pilis, nifi fortè feneétute laxata. Pilorum materia eft quod excernitur lentum vel ficcum ex cerebro vel glandulis, & fimilibus fub- jeis; cujus naturæ cartilagines initio efle cilia teftantur:. Lacrymæ funt fudor oculorum : quod patet ex eo qudd omnis res oculos calefaciens, elicit lacrymas. Sudor non differt ab eà materià quæ exhalat è corpore per infenfibiles tranfpirationes, nifi copià, cruditate, & falfedine : quia, cum magis laxentur meatus cutis, fit aqua quod alioqui effet aër; fed cera in oculis eft lentor fudoris, ut pili & furfures /a crafle fudant, quippe multüm glandulæ & cerebrum, quodque exfudat, lentius & craflius eft. a. MS. : verte. La suite est au verso, jusqu'au mot te/antur (1. 18). b. Cartilago, corrigé dans le MS. sur cartilagine écrit d'abord. c. Ici, de la main de Leibniz, comme tout le reste : (Per diéla). Œuvres. VI, So t F Ur HT . # mir - 634 ExCERPTA 1, 96-08. Urina eft eadem pars fanguinis per renem inter- polata, qualis eft fudor per cutem, nifi quod paulè craflior fit. [Ex la@e tria excernuntur : ferum, pingue feu buty- rum, & ficcum caillé?. Saccarum eft fat glutinofum; atque fi quod glu- tinofum eft ex faccaro tolleretur, falfum remaneret. Sanguis eodem modo dulcis eft, & quicquid eft in eo glutinofum, abit in carnes; ided refiduus fudor eft falfus. Nimirüm fudor ided falfus eft, quia cùm fit ea fanguinis pars quæ non faceflit in carnes, nihil : autem falis agglutinetur carnibus propter fuam ficci- tatem, quà potiüs eas corroderet : ideù totus fal in fanguine exiftens, redundat in fudorem & in urinas. Problemata promifcua. — Quare glacies non liquef- cit gradatim mollefcendo ut cera*. a. Caillé écrit au-dessus de cutem (?), ce semble. C'est le troisième mot français, qu’on trouve intercalé dans le texte : verglas (p. 626, 1. 11), la craffe (p. 633, 1. 25-6), caillé. Voir encore ci-après, p. 642, 1. 11 : Ver de PISTE b. Leibniz ajoute ici : (Néhil afcriptum ultra erat, nec alia problemata- Jequuntur. EXCERPIA EX PERERCHER DE MAGNETE: Ce titre est suivi de quelques notes qui se trouvent au bas du feuillet 10 du MS. précédent, 12 lignes au recto et 4 au verso. (Voir ci-avant, p. 607, note c, et p. 611, note b.) Elles se rapportent à la lecture que fit Descartes de l'ouvrage du P. Athanase Kircher, et dont il parle dans une lettre à Huygens, du 31 janvier 1642. (Tome III, p. 521-522.) Les pages auxquelles il renvoie, sont celles de la 1'° édition, 1641. Descartes n’y avait trouvé, disait-il, qu’une expérience nouvelle, et il la rappelle, en effet, dans ses Principia Philofophiæ, Pars IV, art. czxx. (Tome VIII, p. 301-302.) Pour tout le reste, il juge sévèrement l’auteur : «Il n’y a, dit-il, aucune de fes » raifons qui vaille. » Pourtant (ne serait-ce qu'une simple coïnci- dence ?) il énumère jusqu’à trente-quatre propriétés de l'aimant (Ibid., p. 284-287), et Kircher avant lui en énumérait trente-trois. Mais ce ne sont pas, chez l’un et chez l’autre, les mêmes propriétés; et si pour quelques-unes Descartes est d'accord avec Kircher, pour une au moins, qu'il avait notée en le lisant, il le combat (p. 636 ci-après, note c). Vraisemblablement, en 1642, il avait déjà son opinion faite sur l’aimant, et cela d’après les ouvrages de Gilbert, de Cabeiï, ou ses propres observations, ou encore d’après des com- munications comme celle de Mersenne au commencement de 1640 (t. III, p. 46, et p. 51-52), et qu'on retrouve dans les Principes -(t. VIII, 20° propriété de l’aimant, p. 286 et p. 300-301). Ut quod is ait, pag. 7, criftallum combuftam tantüm ponderis cinerum dare, quantüm erat prius*. a. « Si cryftallus comburatur, nihil humidi refudare videbis, tantûmque » cineris, quanta prius erat cryftalli quantitas, generari comperies. » (4. Kircheri Magnes five De Arte Magneticä, editio 22, lib. I, pars 1, p. 6.) mn. ÉLIRE 636 | EXCERPTA Pag. 14. Quænam chalybem durent*. Devemsterræ?: Pas 40. Quôd polus borealis hic plus ferri trahat, quia juvatur à terrà, alio magnete‘. Vitrarij liquorem vitri à terreftreitate purgant injecto magnete, qui eam attrahit & poft cum eû igne abfumitur*. Ferrum vel magnes debilior à potentiore ferrum fubducit. Cuius rationem malè reddit P. Kircher. Ea autem eft, quod &c.°. (Plura non afcripta.) Magnes cuius anguli detrahuntur. Si detrahantur, ei vis augetur'. a. « Quidam ferrum duriflimum reddunt, & in perfeétum chalybem » redigunt hac ratione... » (Zbid., p. 13.) b. « Venæ ferri... Magneticis venis ferrum produci. » (Zbid., p.12 et 14, ou plutôt, p. 43-40.) c. « Quantüm plus trahat polus Magnetis Borealis, quam Aufiralis, » flaticè explorare. ...E quo experimento concludo : fub Ædquatore vim » attractiuam vtriufque poli magnetis alicuius, effe omnind æqualem ; in » Auftrali ver Hemifphærio, Auftralem magnetis polum tantà in attra- » hendo effe robuftiorem, quantd fphæra Auftrina, fub quà experimentum » fit, fuerit obliquior ; quantüm autem fub latitudine Boreali plus pon- » deret Boreus polus magnetis, Auftrino, id facillimè quoque methodo » jam tradità inueftigari poterit. » (Zbid., lib. II, pars 1, prop. 7, p. 160.) — Descartes dira cependant tout le contraire, et s’efforcera de le prouver, Principia Philofophiæ, pars IV, art. ccxxvu. (Tome VIII, p. 306-307.) d. « In vitro conficiendo infignis (Magnetis) vfus eft : vt enim liquorem vitri ab omni terreftreitate perfeétè purgent vitriarij, ei Magnetis fruftum adijciunt; quod ftatim omnem illam materiam terreftrem ferrugineam in liquore ex combuftione vnitam ad fe attrahit, attraétam autem purgat, & ita vitrum ex viridi & luteo candidum facit & cryftallinum. Magnes verd poftea ab igne confumitur. » (/bid., lib. I, pars 11, prop. 14, p. 110.) e. « Theorema XX VII : Paruum & debile ferrum, aliud ferrum è tenaci Magnetis & maioris & efficacioris complexu furripit. » (Zbid., p. 133.) f. « De. figura Magnetis.… Sphæricus cubico, oualis fphærico, ouali denique fphæroidis longioris Magnes, pofità pari bonitate, robuftior > ÿ L2 1. 12-18. eft. » (bid., lib. 1, pars nr, prop. 21, p. 121.) Noir EMI VaRIA. 637 Ferrum candens attrahitur à magnete*. 177. Magnes ingens, vix trahens aciculam fibi con- junétam, movet verforia ad unum pedem : quod minores longè fortiores non faciunt?. 617. Modum excitandi venti defcribit, lapfu aquæ per longum canalem, fuprà latiorem quäm infrà, in aliquod vas claufum, in quo ait aërem fic agitari & reproduci : aquà fcilicet per foramen in inferiore vais parte elabente, aëre verd ex vaporibus aquæ generato & flante per foramen in parte vais fuperiore. Ut viderit malleatores, ferrum in virgas ducentes, ad ignem continuo fufflandum eà machinà uti. Hinc rationem reddit, cur ventus ex quibufdam cavernis perpetuod exeat, & rectè:. a. « Theorema XXXI : Magnes ferrum ignitum æquè ac frigidum trahit. » (Zbid., p. 140.) b. « Nota hoc loco quoque prægrandem Magnetem, non obftante debi- » liore quà in trahendo pollet virtute, maiorem tamen aétiuitatis fuæ » Sphæram, Magnete fortiore, fed minore illo, fundare. Eft enim mihi » Magnes ingens, qui cum fibi coniunétam vix trahat aciculam, ad pedem » tamen geometricum diftantià commoveat verforia; funt & alij minores » quidem mole, fed in trahendo & retinendo efficaciflimi, etfi grandiori » in aétiuitatis Sphærâ cedant. » (/bid., lib. I, pars 1, p. 160.) c. « Alius modus arti- » ficialiter excitandiven- »tos fit compreflione » aëris, hac quà fequitur » ratione. Sit aqua viua » loco A. Hanc fluere » permittes in canalem » A B, quem ïita con- » ftrues : fiat ex 4 afle- » ribus longis quotlibet » pedum canalis (nota » tamen quûd, quantô » canalis fuerit longior, tantù ventum futurum » vehementiorem), figurà pyramidali, vt monftrat figura A BC. Inferius Y Y Semen tonnes i et ur neue _— me D em pt 6; 8 EXCERPTA Eleétrica friétu calefaéta trahunt, igni admota non trahunt : quippe ut trahant, debet aliquid egredi quod redeat*. Ut in magno cœnaculo rotundo ait? alibi fe obfer- » habeat vas, fiue receptaculum E D, cui inferitur ; habebifque inftru- » mentum præparatum. Si itaque ventos vehementes excitare velis, » aquam À in canalem A B influere permittes ; quæ vehementi impetu in » receptaculum E D præcipitata, aërem in vafe E D violentià fammäâ per » os V canalis V X protrudet; cùm enim aqua E præcipitata magnam » fecum aëris portionem deuehat, atque aqua ipfa ex vehementi com- » motione illifioneque attrita diminutaque in aërem mutetur, nunquam » in receptaculo DE deerit aëris ingens agitatio, & confequenter flatûs » perpetui per V eruptio. Vidi ego in multis locis Malleatores. Vulcanijs » in officinis ad ferrum in virgas diducendum, ad ignes perpetud fufflan- » dos, loco follium huiufmodi canalium artificiofà conftruétione vti. » Eft autem ventus huiufmodi aded vehemens, vt nihil ferè orificio » apponi poflit, quod non veluti fagitta quædam per aërem in longum » fpacium folà flatûs vehementià conijciatur. » (/bid., lib. IT, pars u, » cap. 3, p. 543-544.) « Hinc quoque patet cur... ex certis montium cauernis ingens continuù » ventus proflet? Memini in Liparis feu Vulcanijs Infulis in rupe quâ- » dam foramen mihi oftenfum efle, è quo ventus continuus ita frigidus » erumbpit, vt aqua ibidem expofita breui tempore in glaciem congelafcat. » (Ibid., p. 544-545.) a. « Sed obijciet aliquis hoc loco, fi ex attritu calefaétæ eleétricæ res, » effluuia emittunt, cur fole, igne, aut calidis alijs id non præftent; certum » enim eft eleétrica igni, carbonibus, aut vehementi foli expofita, tantüm » abeft, vt attrahant, vt potiùs omnem aétionem fuam ipfis præfentibus » veluti iuratis virtutis hoftibus fufpendant. Ad hoc refpondeo eleétrum » igne admoto non attrahere, quia... Vnde calorem habere non debet, nifi » motu tantüm & leui affriétione produétum, & quafi fuum, non ab alijs » corporibus immiffum... » (Jbid., lib. I1T, pars n1, cap. 3, p. 568.) b. Ait conjecture, au lieu de et (MS.). A moins.que ait ne soit sous- entendu, et qu'on ne doive lire : aît et alibi. Texte de Kircher : « Ex hac » caufà quoque colligitur, eur in fornicibus & rotundis cœnaculis, in » oppofitis locis, verba quæuis, vel fubmifliflimà voce prolata, perci- » piantur. Cuiufmodi olim Heidelbergæ in Palatio Principis Palatini, in » cœnaculo quodam grandi rotundo, cuius diameter centum ferè pedes » æquabat, comperifle me memini : eft id eà arte ædificatum, vt ex vnâ » parte voces quantumuis fubmiflè prolatæ in è diametro oppofità parte, » aure muro applicatà, non obftante muficà & omni inftrumentorum » genere ibidem perfonante, ita clarè reddantur, ac fi loquens auribus ipfis fi VARIA : 63 9 vafle voces ab unà parte ad aliam transferri, etiam muficà obftrepente : ita ut quod ex unà parte fummiffè dicatur, aure appofità muro diametraliter oppoñito poflit audiri, non autem in aliis locis. Cuius rationem 5 ait, quod aër utrinque motus in femicirculo ibi con- currat. Reétè. | » affiftens illas fuggereret. Huius rei experimentum quoque Romæ, in » coronide cupulæ S. Petri, cum infigni fanè fucceffu verum comperi. » Mirum tamen cuiquam videri poffet, eur in oppofità folùm parte, non » item in quâuis alià viciniore voces prolatæ percipiantur : cuius caufam > » vt aflignemus...» Suit une assez longue explication, dont voici la phrase essentielle : «... Cüm verd foni vtrinque propagati intenfione fint » æquales, & æquales arcus eodem tempore videlicet femicirculos defcri- » bant, fit, vt in oppofito loco, vbi fecundum femicirculos propagatorum » fonorum concurfus fit, fonus admodum intendatur. » (Zbid., lib. III, pars vin, De Magnetifmo Muficæ, cap. 1, p. 754.) Figure I. c Fa , [ a y; Yf pY Figure VITE. L 9 Ÿ ne Û re —* Figure XIT. Figure XII. 2 De Figure XVIIL. Figure XIX. Figure XX. fe SE AS er Pa A « Figure VI. Figure VII. Figure XI. Figure XVI. Figures XVII. Va & AE DE + ri Figure XXII. Figure XXII bis. è : . Ie À | : CRC 1 . 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REMEDIA, ET viRES MEDICAMEN- ToruM. Elle remplit seulement le recto d’une simple feuille; encore ne le remplit-elle pas entièrement, et on trouve, à la suite, et séparé de ce qui précède par un trait, un autre fragment intitulé : DE REFRACTIONE. Ce dernier ne comprend que dix lignes au recto, continuées au verso par une table de Vitellion avec quelques lignes encore. La seconde copie, moins complète, mais plus correcte, porte cette même mention en haut de la page : Excerptum ex Autographo Cartefij, sans autre titre, sinon celui-ci, écrit verticalement en marge sur une sorte d'onglet de la feuille : Excerptum ex Cartefij Autographo ne PurGan- TIBUS, et aliis. Nous donnons ici le texte de la première copie, et nous signalons seule- ment, comme variantes, les lacunes et les différences de la seconde. A noter que cette dernière donne le nom des remèdes : Mercurius, Antimo- nium, Cremor tartari, que l'autre n’'indiquait que par les caractères de l’ancienne chimie : à savoir, pour le mercure, un cercle surmonté d’un demi-cercle, avec une croix au-dessous; pour l’antimoine, un cercle sur- monté d’une croix; pour le tartre, un rectangle avec une croix au-dessous, Œuvess. VI. St EXCERPTA Il, 210-211. GA2 rantur. Unde patet, facilè etiam maximè communia alimenta in noxiam vim tranfire. Crediderim ventriculi cutem effe laxam & porofam, & per quam ferofus humor & toto corpore in eum 1lla- bitur. Hoc patet ex eo, quôd famelicis cibum videnti- bus humor ifte ufque in palatum redundet, iftis nempe meatibus imaginationis vi laxatis. Quia fcilicet humor ifte ad digerendos cibos eft utilis, ut fœnum, fi aquà afperfum recondatur, incalefcet & putrefiet. Hinc & facilè reddi ratio poterit multorum aftrin- gentium, ut ver de gris, acerbi omnes fruétus, forba, mefpili, &e. Certum eft meatus iflos occludere, con- tra vero ©. #., quæ frigida atque humida, ut pruna, caflia, poma, &c. illos laxare ; ideoque effe pur- gantia. Poflunt verà alia efle purgantia vel aftringentia, alias ob caufas ; fed hanc puto | præcipuam. Quæ enim cit corrumpuntur in ventriculo, ut cibi delica- tiores folitis &e., fructus horarii, &e., fæces quidem molles reddunt, fed non ideù purgant ex reliquo cor- pore; item quæ aftringunt, fed tantum ex accidenti. Notandum aftringentia ferè omnia juvare con- cotionem. Qu minus enim eft humoris ferofi in flomacho, ed magis calor accenditur. Unde fit, ut 9 incalefcet.… putrefiet,] inca- poma]) poma, cafliam. — 17 præ- lefcit... putrefit. — 11 ver de cipuam] efle præcipuam. — gris] viride æris. — acerbi] item 18 ventriculo) ftomacho. — acerbi... — forba] ut forba. — 18-19 folitis delicatiores. — 19 &c. omis. — horarii sic. — 21 item. accidenti. Omis. — 12 Certum eft| quos certum eft. — 139.6.] Mercurium et Anti- monium. — quæ| item quæ. — atque] fimul et. — après humi- da! funt ajouté. — 14 caflia, 23-24 eft reporté après ftoma- cho. — 24 ftomacho] ventri- culo, I, 211-272. VARIA. 64; quædam aftringentia, poft cibum fumta, laxent ven- triculum ex accidenti, quoniam accelerant concoétio- nem, ut cydoniacum. Ventriculus premit cibos intus conclufos, & fe ad eorum quantitatem accommodat. Hinc famelici videntes cibum vi imaginationis ftomachum compri- munt, antequam cibus eù ingreflus : unde aquæ ad os afcendunt. Purgantia verd fortaffe quædam funt, quæ obftant ne comprimatur, ut ©, qui fortè refolvit ejus nervos; quod effet periculofffimum. Virgæ aureæ totius plantæ pulvis, drachmæ pondere potus; item femen geniftæ, calculum in veficis reni- bufque comminuit. Purgant quædam molliendo fæces, ut malva; alia |lubricando inteftina, ut butyrum ; alia comprimendo fæces, ut cydonia poft paftum; alia abftergendo inteftina, ut aqua falfa vel etiam dulcis; alia inci- dendo & aperiendo poros, ut cremor Cri; alia ner- vos retentrici infervientes refolvendo, ut ©. Sed & mille aliis modis alia poflunt purgare, ut vena- rum orificia obturando, co@ionem impediendo, &ec. Quin etiam fum expertus aliquando vini Hifpa- nici potum me purgafle, calefaciendo fcilicet fan- guinis maflam, ita ut ex eo multi vapores in ventri- culum He atque inftar aquæ dulcis copiofe fæcibus mifceantur. Quod mihi manifeftum fuit, quo- niam alià vice, eodem vino manè fumto, multas urinas inftar mellis pellucidas & infipidas promoverit, tune 9 $} Mercurius. — fortè] for- —alia] alii 7° copie ; alia corrigé tafle. — 11-13 Virgæ... commi- sur alii 2° copie. — 10 5] Mercu- nuit. Omis. — 18 Jri] tartari. rius. — 26-27 quoniam] quia. PE 644 EXCERPTA Il, 212-213. fcilicet magis apertis meatibus in veficam quam in alvum. Albi egeflio difficillima po/fl menfes* fic provocata. 728. Fellis taurini recentis, butyri infulfi, hellebori nigri, extrai diacolocynthidis, diagridii & croci partes æquales, in unam maflam redaétæ, & igni ad mellis confiftentiam decoûæ, italicæ nucis teftæ inditæ, um- bilico impofitæ funt. Ligataque* fuit mox ne caderet, & binæ teftæ, diebus fingulis, potionibus intus affum- tis, | fic repletæ impoñitæ funt°. Primis diebus, nihil præter flutuationes & murmura à patiente fentie- bantur; tertià die, cum immenfis doloribus fuper- venit egerendi defiderium ; at induratis excrementis non fucceflit excretio, donec vituli abdomen recens, cum oleo antiquo ad ignem cribratum & calens, ven- triculo induceretur, digitifque felle & butyro inunctis anus follicitaretur. * 3-17 Alvi... follicitaretur. Omis. a. Après menfes, parenthèse de Leibniz : [credo po/ menfes aliquot]. b. Ligataque. Lire peut-être : Ligaturaque ? c. Le MS. donne : et binæ (credo teflæ), diebus fingulis, potionibus intus abfumtis (puto affumtis) fic repleta (corrigé sur repleti) impofitæ funt (binæ credo teflæ fic repletæ impofitæ funt). VARIA. 64 DE REFRACTIONE. Vitri cujus refraétio eft ut 7 ad 113, fi diameter fit C, craffitudo erit -— C vel circiter, nempe —7C “ = CC + CC; & altitudo machinæ ad eam po- liendam eft 4 C, & longitudo ad focum eft o C ferè. Refra@tio in vitro, ex experimentis D. Beaune, eft ut 1181 ad 768 ferè. Refraétio ex aëre ad aquam minor eft, quàm ex aëre ad °° ©; hæc minor quam ad °,° rofmarini, hæc quàm falviæ, hæc quàm thymi, hæc quàam caryophyl- lorum. Refraétio autem quæ fit in °° caryophyllo- rum, circiter æquat illam quæ fit in vitro folido. In W ferè eadem eft quæ in aquà communi, item- que in V falfà (miror). In calidà vero minor (fæpe expertum) quam in frigidà*. In fpiritu vini multo major occurrit quam in aqua communi; fed repetenda experientia. a. Noter l'emploi des caractères de l’ancienne chimie : le triangle ren- versé V, pour désigner l’eau, aqua ; le même signe avec un F accolé, l’eau forte, aqua fortis; les trois petits cercles disposés en triangle ®°, pour désigner une huile ou essence, oleum : essence de romarin (ro/marini, indice de réfraction : 1,475), de sauge (/falviæ : 1,475), de thym (thym : 1,483), de girofle (cary-ophyllorum : 1,495). La première huile ou essence indiquée, avec le signe ©, est l’huile de sel, oleum falis, dont Descartes parle, t. VI, p. 263, 1. 31, et p. 668. Voir Commentariorum Alchymiæ AnDreæ Ligavir Pars I, €. vi, p. 86-7. (Francfurti, CID.19.VI.) nn CAE, LG 646 EXCERPTA Vitellio fic numerat angulos refraétos : Refracti Refraéti Refracti Refraëti ab aëre ad | ab aquà ad | ab aquà ad | ab aëre ad aquam vitrum aërem vitrum Anguli incidentiæ 745 9:29 2) 1208 15,30 18,30 13 22,30 27 7 19,30 29 35 24 30 30 3439 38,30 42 Cüm facit refraétum ab aquà ad aërem ex comple- mento ejus quod eft ab aëre ad aquam, neceffarid errat. Nam cüm refractio in ingreflu & egreflu fit æqualis, fi angulo incidentiæ exiftente 30 graduum fit refractus 22,30, erit contra ab aquà ad aërem angulo incidentiæ exiftente 22,30, refraétus 30 graduum, ac per confequens angulo incidentiæ exiftente 30 grad. refraétus erit amplius quàm 37,30. Sed totæ hæ tabulæ funt falfæ. CARPE STUS: * Sapiens gaudet bonis quamdiu adfunt, nec triflatur ex eo quôd poflint abiffe. Intelleétio eft ad mentem ut motus ad corpus, & voluntas ut figura : defleétimus ex unà intelleétione ad aliam, ut ex uno motu in aliumP. ; a. Bibliothèque Royale de Hanovre. MS. de Leibniz. Catalogué par Eduard Bodemann, p. 54 de son ouvrage cité p. 549 ci-avant, note a, avec l’indication : « Bl. 19-22, ohne Uebersch., fehlerhafte, x. Th. von L. corrig. Abschr. » Cette copie MS. remplit deux grandes feuilles, dont chacune est pliée en deux : soit en tout quatre feuillets, ou huit pages d'écriture. Elle comprend deux parties bien distinctes, dont la seconde seule porte un titre : Annotationes quas videtur D. des Cartes in [ua principia Philo- Jophiæ fcripfifle. Cette seconde partie commence au tiers environ de la 6e page, et continue jusqu'à la fin de la 8e. Tout ce qui précède, pp. 1, 2, 3, 4, 5 et 6 (premier tiers de celle-ci), se éompose de pensées ou réflexions détachées, dont chacune est séparée de la suivante par un signe : deux petits traits horizontaux, barrés de deux petits traits verticaux. (Le même signe sépare encore la seconde partie de la première.) Cette première partie porte seulement en tête le nom, écrit après coup et au crayon, de Carresius. Les huit pages sont de la même écriture, qui n’est plus celle de Leibniz; mais celui-ci a fait, de sa main, quelques corrections à des endroits fautifs. Le fait qu'il ait corrigé lui-même ce texte, montre qu'il y attachait une certaine importance, et qu'il le croyait sans doute de Des- cartes. Est-ce bien cependant un texte authentique de notre philosophe ? Nous n’oserions l’assurer. Toutefois, dans la première partie, la date d’une observation astronomique, 20 fept. 1642 (p. 650), serait un argu- ment favorable, et de même quelques renvois aux Principes, dans la seconde partie. (Voir ci-avant, p. 545.) b. En marge, de la main de Leibniz : Vide infra. Voir en effet ci-après, p. 650, note b. mem pe Cr vers er 2 as 648 EXCERPTA Si mens perfectè effet unita toti corpori, ut eft ei parti in qu for- mat imagines rerum, poflet illud reddere penetrativum aliorum corporum, invifibile, five diaphanum, impañlibile, & capax fimi- lium* omnium quæ gloriofis corporibus tribuuntur. Fieri poteft ut aliquid videam verum effe, & tamen non affir- mem; fed fieri non poteft ut aliquid affirmem fequendum effe five optandum, & tamen contrarium optem. Affirmare aliquidP effe optandum, eft aétio voluntatis, non minüs quàm optatio ipfa. Quid eft libertas mentis ? Nempe eft ita velle, ut non fentiamus quicquam effe quod nos° impediat quo minus planè contrarium velimus, fi nobis ita vifum fit : hàc pofità definitione, nemo poteft negare nos effe liberos. Si verd libertatem fic definimus, ut non fit in voluntate me, fi qua potentia fit, à quâ me etiam non advertente poflit voluntas mea ad hoc vel ad illud ita fleéti, ut pro certo illud velit & non aliud : libertas fic definita repugnat in creaturà, pofità omnipotentià Creatoris. Ut oculis univerfitas corporum, fic Deus intelleétioni proprium objectum ef. Somniorum interpretatio maximè originem habuifle videtur ex eo, quôd fi quid fortè interdiu contingat fimile ts quæ nobis vifa funt in fomnis, ftatim cerebri partes in talem imaginem flexæ per quietem, facilè revocant fpeciem illius fomni, et mentibus exhibent, cuius alioqui nunquam fuiffemus recordati. Sic ergo cùm ferè alio- rum omnium fomniorum oblivifcamur, præterquam illorum quo- rum cafus aliquo paéto fimilis nos° cogit meminiffe (non mirum eft fi putemus omnia continere aliquid fimile ïis quæ poftea fiunt) vel præcedentium memoriæ eodem modo unde cognofcimus fæpe alia fequi & reétè quia cerebri partes facilius effinguntur in eam fpeciem quam jam antea induerunt, fuperfunt fomnia ex corporis'... unde fortiora quædam interdiu, fortiffime feriunt imaginationem; quæ ex hoc ipfo quèdf raro contingant, ftatim illa fuperftitiofi aliquid divini habere arbitrantur. a. Capax fimilium, de la main de Leibniz, au lieu de /fimilia écrit d’abord, puis corrigé en /imile, enfin barré. b. Aliquid. Même remarque (au lieu de cum barré). c. Nos, correction. MS. : non. d. Ut, correction. MS. : Sit. e. Similis nos conjecture. MS. : fimiles nobis. f. Lacune dans le MS. Tout ce passage d’ailleurs est corrompu. VaRIA. 649 Somnum à vigilià diftinguimus, quia in fomno mens patitur ima- gines quafcunque, in vigilià non patitur tantüm, fed agit : inde fit, ut fi quid trifte mihi occurret in fomnis, me facile excitem; tum enim mens, quæ * vult agere, fe excitat. Ars vera memoriæ eft res per fuas caufas noffe; qui enim intelli- git caufas rerum, etiamfi res ipfæ elapfæ fint five illarum phantaf- mata, facilè denuù ab intelleétu in cerebro noftro per caufæ impref- fionem formabuntur. Magnum argumentum ut non triftemur propter venturas mife- rias eft, quia non magis ad nos pertinent, quàm elapfæ, quarum nos fæpe recordatio potiùs juvat quàm affigit. Demonftratur animam'P non effe harmoniam corporis : nam fi < per > hoc eflet fufa anima, & ubicunque effet aliqua partium correfpondentia, ibi quoque aliquid animæ eflet; refponderet:® illa fingulis partibus corporis, ita ut, unà parte corporis fublatà, illa quoque pars animæ, quæ ex eà fieret, tolleretur : ficut in cytharà, quibufdam nervis fublatis, quædam voces etiam tolluntur. At con- trà videmus in homine, brachiis, pedibus, auriculis, fimilibufque amputatis, totam tamen animam ita remanere, ut poflit quis bra- chium habere abfciffum & tamen hoc ipfum nefcire. Adeù ut necef- farid fatendum fit, totam animam, ut omnes plane eafdem habeat cogitationes quas habet, dico etiam eofdem fenfus fingularum par- tium corporis, non requirere totum corpus; ideoque non per illud totum effe fufam, ut harmonia in nervis diffunditur. Præterea verd non efle unius partis, nempe folius cerebri, harmoniam patet : quia, fi hoc effet, correfponderent ejus aétiones vel folius cerebri vel præ- cipuè faltem cerebri affeétibus ; contrà autem videmus vix unquam nos ullum dolorem vel voluptatem fentire tanquam in cerebro, fed in aliis omnibus membris. Si dicas cerebri affeétus non elle dolo- rem vel voluptatem, fed reliqua omnia quæ fub cogitationem cadunt, contra erit quod hæc nihil ad corpus pertineant, vel certè non ad cerebrum magis quàm ad reliqua corpora. Proinde vel anima per totum corpus eflet fufa, vel certè plures haberem animas in fingulis mei partibus. a. Quæ, addition de Leibniz. b. Animam, correction. MS. : animum. c. Refponderet. MS. : re/ponderetur. d. Voirt. VIII, p. 320. Œuvres. VI. c [2 ai dodmal à dut one pos oi NE 6 (ro) EXCERPTA Virtus eft firmitudo animi ad ea perficienda quæ ab intelleétu reétè indicanti ut meliora oftenduntur. Hæc fi verfetur circà pericula & mala corporis, vocatur fortitudo; fi circa voluptates corporis, eft temperantia; fi circa opes & bona externa, juftitia; fi denique circa res alias quafcunque, eft prudentia. Dialectica, Rhetorica, Poetica & fimiles artes, ficut gladiatoria, dum addifcuntur, nocent potiùs quàm profunt; monent enim nos ea nefcire, quæ vi naturæ, fi non dubitaremus, optimè faceremus. Ponendumque difcrimen inter illa quæ nos nefcire non poffumus diffimulare, ut modum® natandi : de quo quidem beftiæ non dubi- tant, nos verû dubitantes debemus artem ratandi difcere ut nate- mus ; fed ipfa animalia, fi femel experta eflent fe non poffe ex ali- quà aquà emergere, poftea malè natarent. Alia verd funt quæ. naturà duce facimus, ut ratiocinari, perfuadere, nos tueri, &ec.; ad quæ nullæ artes funt adhibendæ, nifi quæ per longiffimum ufum tanquam in naturam denud convertantur. Alia denique funt, quæ non omnino fine arte fieri poflunt, ut ars pulfandi citharam. Si comparemus modos animi cum modis corporis?, dicemus per- ceptionem nihili effe veluti quietem in corpore; perceptionem rei, tanquam motum ; perceptionem rei intelligendo, effe ut motus cir- cularis; dubitando, ut motus tremulus ; cupiendo, ut reétus motus; odio habendo, ut reétus adverfus, &c.; extenfionem, ut magnitu- dinem rei cogitatæ; durationem utrobique efle relationem utro- bique. Ad obfervandum an parallaxis aliqua appareret in fixis ob motum annuum terræ, nulla occurrit ftella magis apta, quaäm penultima caudæ Urfæ majoris : fuper quam vidi ftellulam aliquam ftantem, quæ ab illà vix minutis 12, hoc eft + parte diametri lunæ, diftare videbatur, & fita erat in lineà reétà cum penultimà caudæ Urfæ majoris ac eà quæ eft in flexurà caudæ Draconis, ut eam notavi in meo globo. Stella autem quadrati caudæ proxima, quæ notatur fecundæ magnitudinis, multo minor aliis apparuit; & eam multis minutis potui advertere inferioris fequentiæ ejufdem quadrati vicinam, ut notatur in globis; idque jam per aliquot dies continuos obfervo, menfe fept., die 20, anno 1642. a. Lire peut-être motum ? b. Voir ci-avant, p. 647, note b. VARIA. 6s1 Quare fpica inverfa, intra manicam & brachium pofita, afcendit motu brachij, facile eft. Videmus poma & pira, avenà vel ftuppis vel cerà aliove corpore 1 PERS PP € P folido obduéta, item liquores, oleo fuperfufo, à putredine confervari, 2 ? 1 quæ ex aëre oriretur : quippe hæc, quia folida, quiefcunt; aër verd fecundum minimas partes eft in motu. Humana corpora, in locis ficcis pofita, tandem in cineres mutan- tur fine putredine : quia fcilicet partes quæ erant in motu, tandem difcedunt; nihilque fupereft nifi partes inter fe quiefcentes, aëri ficco permiftæ, five cineres. Notandum offa & nervos animalium, fpinas pifcium, fibras her- barum, intima ferè lignorum omnium, item carnes verdt omnes, & generaliter quæcunque crefcunt ex motu caloris ita ut fint ab eo fufficienter interpolata & exacta, alba efle. Omnem verd fanguinem efle rubrum, tanquam partibus adhuc ignitis & multà fuligine per- miftis conftaret. Lac vero & femen, ut quæ majorem hanc interpo- lationem habeant, alba efle. Virides verd effe omnes herbas, & folia, humore in illis exiftente; item’! diaphano lucem refraétam admittente flavefcentes eafdem effe dum nafcuntur® & radices inter- dum À fore albefcentes. Nihil verd mutabilius in coloribus quàm externa, ut flores, cortices fruétuum, plumæ avium, pili, crines aliorum animalium; quæ omnia, non ex lentà concoétione ordi- natam maturitatem & à feminibus ortam, fed adventitiam tan- tüm naturam & quodammodo accidentalem inftar excrementorum naturæ © funt adepta. Lapides etiam ex terrà orti, at! mixtà temerè, non à feminibus certis orti, maximè variant colores. Metalla funt opaciflima. Si refpiciam aliquod objeétum ambobus oculis, fed ita ut axis unius oculi tranfeat per vitrum aliquod coloratum ut rubrum, a. Verû. Lire plutôt : ferè ? b. Item, le t de la main de Leibniz. MS. : idem. c. Nafcuntur, lettre a écrite sur nofcuntur. d. Znterdum. Le MS. donne : inter... Au-dessus des points, Leibniz a écrit dum. e. Naturæ. Lettre æ écrite par Leibniz au-dessus de am. MS. : naturam. Ou bien supprimer naturam à la ligne précédente et le maintenir ici. f. At, conjecture. MS. ut. 652 EXCERPTA ficque illo oculo objeétum fentiatur ut rubrum, alio ver fentiatur ut album, à fenfu communi* percipietur ut rubrum magis dilutum five ut mixtum ex albo & rubro : ex quo demonftratur animadver- fionem coloris tantüm in fenfu communi vel imaginatione, non autem in oculo; ideque in illo nihil aliud effe poffle, quam con- tactum quendam. Si enim fenfatio fieret in oculo, tunc duplex vide- rem objeétum in eodem loco fitum, nempe unum album, aliüd rubrum, non autem unicum. Oportet verd vitrum illud fit valde diaphanum, velatio? etiam oculo opponatur vitrum alterius coloris, fed nullius‘ obfcuritatis : alioqui enim objeétum fic videretur ab oculo libero, ut radii alterius oculi in vitro fifterentur, nec ad obje- €tum tranfirent. Senfuum diverfitas non tantüm ex tactuum diverfitate petenda : eft, fed maximè ex eo quodä diverfis vijs deferant ad mentem. Succinum liquefcit fuà fponte, fi folum ponatur in ollà teétà ad ignem fatis violentum, fpatio mediæ horæ vel circiter ; fi deindè el ab igne remoto oleum therebinthi paulatim infundatur, donec clarefcat, fiet vernix aptiflimum metallis inaurandis. Notandum, nos nihil fcire pole (i. e. de eo certam fcientiam habere) nifi quidquid: clariffimum & evidentiffimum eft; quare nos accingere debemus ad difcurrendum circa res omnes, ita ut illa tan- tüm deducamus quæ abfque difficultate, obfcuritate, labore aut incertitudine, poffunt concludi; talia enim folummodo funt, quæ verè fcientiam generant. Quàam longe ille ditior eft, qui, cùm placuerit, quicquid aliorum eft, fibi poflit vindicare, quàm qui habent quidem, fed perpetuo amittendi metu comitantur : quales funt ii qui fcientias in memorià retinent. Qui verd earum fundamenta habent, omnia quæ inde derivantur, cùm ipfis placuerit, per fe poffunt invenire. Et quidem cujuflibet fcientiæ generalia quædam & parvo numero funt funda- a. Mot écrit d’abord en abrégé côi, puis écrit tout au long. b. Velatio, mot suspect. Lire peut-être ve/ alio (faute, pour ali). c. Nullius, de la main de Leibniz, pour suppléer à de simples points dans le MS. d. Quèd, conjecture. MS. : quid. e. MS. : quid... Leibniz a suppléé quidquid clariffimum. VARIA. 653 menta, in quibus cætera prorfus omnia continentur; quare non adeù difficile eft fapienti, fcientias omnes poflidere, quam videtur. Morbi corporis facilius agnofcuntur, quam morbi mentis : quia fæpius reétam corporis valetudinem fumus experti; mentis, nun- quam. Semen, tum in plantis tum in animalibus, eft extremum opus facultatis nutritiæ vel accretionis. Quippe dum vis prioris feminis ab afcititio calore (id eft à partibus adventitiis quæ funt in eo debito motu) primüm excitatur, tum non fibi fimile, fed aliud quid pro- ducunt, in quo tamen fibi fimile totum manet, fed aliis diffimili- bus immixtum : ut ex pifo herba oritur, in quà tota pifi fimilitudo continetur, fed infuper alia multa adventitia. Jam verd cm adven- titia illa non tantam habeant vim confervandi fui, quäm femen ipfum, quippe quæ non ita inter fe unita & conjunéta, hinc fit ut paulatim deficiant; & hinc illud quod producitur, cùm illa def- ciunt, eft femen fimile priori P. Cryftalli ex tartaro magis albi fiunt cum aquà puteali, quàm cum aquà pluviali. Motus in igne partium eft diverfus ; ideù diverfi ignes fæpe diver- fos habent effectus‘, & fortè ignis calefaciens materiam quæ erit in vafe vitreo, aliter affciet illam, quam fi vas fit ex auro, &c. : quia particulæ ignis poflunt mutare naturam motüs pro conformatione pororum vafis per quos tranfeunt. Hinc ad auri generationem vafa viderentur debere effe aureaf. a. Non, conjecture. MS. : eo. b. Priori, ajouté pour suppléer des points après /imile. c. Effettus, conjecture. MS. : affeéus. Par contre, à la ligne suivante : efficiet, corrigé par Leibniz : afficiet. d. En marge, et de la main de Leibniz : Ita et Borrus ratiocinabatur in Daniä commodo fuo. Sur ce nom de Borrus, voir l’appendice, p. 657 ci-après. 6$4 EXCERPTA I, 58-60. ANNOTATIONES QUAS VIDETUR D. DEs CARTES IN SUA PRiINCIPIA PHILOSOPHIÆ SCRIPSISSE *. Magnum argumentum veritatis, quidquid non poflit non concipi; & falfitatis, quod non poflit concipi : ut vacuum, indivifbile, mundus finitus, &c. Hæc enim implicant effe, alia non elfe. Fortis eft conjectura ad aliquid affirmandum, quôd, illo pofito, Deus major aut Mundus perfectior intelligatur : ut qudd voluntatis noftræ determinatio ad motum localem femper coincidat cum caufà corporeà motum determinante ; quod miracula cum caufis natu- . ralibus conveniant, &c. De ïis quæ contradiétionem involvunt, abfolute | poteft dici, illa fieri non poffe; quamwvis interim non fit negandum quin à Deo fieri poflint, nempè fi leges naturæ mutarit. Quod illum feciffe nunquam fufpicari debemus, nifi fit ab ipfo revelatum : ut de Mundo infinito, æterno, de atomis, vacuo, etc. Cüm habetur pofitiva ratio quæ aliquid perfuadet, non efle meta- phyficas illas dubitationes in contrarium admittendas, quæ nullà prorfüs ratione fultæ ponuntur : ut an fortè Deus voluerit mentem annihilare, quoties deftruitur ejus corpus. Nec de iis effe cogitandum, de quibus nullam planè, an fint vel non fint, habere poflumus cognitionem. Ex experientià etiam evidenti, fed ad examen rationis non fatis expenfà, falfum fæpe concludi. In effectibus naturalibus examinandis, fi partem eorum caufæ a. Voir ci-avant, p. 647, note a. Le mot de Leibniz videtur laisse douter si ce texte est bien de Descartes. Pourtant certains passages, au moins, où l’on trouve la première personne, puto, dixi, intellexi, &c., avec ren- vois aux Principes, semblent authentiques. Faisant suite immédiatement aux textes qui précèdent, son authenticité serait une présomption de plus en faveur de ceux-ci. Foucher de Careil, qui n’a point publié la première partie de ce MS. (p. 647-653), publie la seconde, t. I, p. 58-71, de ses Inédits. 1, 60-64. Ne 6; $ tantüm confideremus, fæpè nos contrarium colligere ejus quod col- ligimus, cùm totam caufam expendimus : ut in arithmeticä, fi quid omittamus, numerus qui erat par, fit impar, & planè alius quam debeat evadit. | Ex arbitrii libertate fequitur nobis competere præmia & laudes vel pœnas ; hinc religio.etiam fequitur. Ad aliquid comprehendendum non requiritur ut omnes & fingulas rei alicujus perfectiones videamus; fed tantüm ut id quod cognof- cimus, cogitationem adæquet, five ut cogitatio tam latè pateat ac res cognita. Sic comprehendo extenfionem unius pedis, quamvis fortè non omnes & fingulas ejus proprietates videam, quia mea cogitatio illam poteft adæquare. Atque ita nihil cognofcimus quod non com- prehendamus, excepto infinito & omnibus iis quæ ob id ipfum qudd non comprehenduntur, indefinita appello : ut funt extenfio univerfi, divifibilitas partium materiæ, &c. Non aliter intelligo ideam Dei effe in nobis, quam ideas omnium per fe notarum veritatum : nempe non intelligo eas effe femper actu in aliquà mentis noftræ parte depiétas, ut multi verfus in libro Virgilii continentur, fed potentià duntaxat, ut variæ figuræ in cerà : ita fcilicet ut, quemadmodum cera ex eo qudd hoc vel illo modo als corporibus occurrat, hanc vel illam in fe ipfa invenit figuram, | fic ex eo quèd mens ad hoc aut illud confiderandum vel à fe ipfà vel ab aliis caufis applicetur, hanc aut illam ejus quod confiderat ideam in fe effe animadvertit. Differunt nihilominüs ideæ innatæ ab adventitiis & faétis five fictitiis, quod ad fiétitias voluntatis adtio concurrat, ad adventitias fenfus, ad innatas fola intelleétüs per- ceptio. Multa intelligi poffunt à mente finitâ, tum de Deo, tum etiam de quovis infinito, de quibus licet differere. Sed multa alia funt, quæ experimur non nifi cum quädam infiniti comprehenfione five fini- tione poffe intelligi, quale eft hoc : an filum infinitæ longitudinis in orbem conglobatum repleret fpatium infinitum, & fimilia. De quibus non mihi videtur effe differendum, nifi ab iis qui mentem fuam putant efle infinitam. Puto de eflentià mentis efle, atu cogitare, ut corporis, aétu extenfum efle. 6:6 EXCERPTA 1, 64-68. Nihil eft abfolutum in motu, præter feparationem | duorum cor- porum motorum ab invicem. Quèd autem unum ex iftis corporibus dicatur moveri, aliud quiefcere, hoc eft relativum, pendetque à noftro conceptu, ut etiam quôd ille motus vocatur localis. Sic cùm ambulo fupra ‘terram, quicquid eft abfolutum five reale & pof- tivum in ifto motu, confiftit in feparatione fuperficiei pedum meorum à fuperficie terræ, quod non minüs eft in terrà quäm in me; atque hoc fenfu dixi, nihil efle reale & poftivum in motu quod non fit in quiete‘. Cüm autem dixi motum & quietem efle contraria, id intellexi refpeétu ejufdem corporis, nempe quôd con- trario modo fe habeat, cùm ejus fuperficies ab alio corpore feparetur, quàm fi non feparetur. Nullam inveniemus difficultatem in extenfione Mundi indefinità, fi tantüm confideremus, dicendo eum effe indefinitum, nos non negare quin fortè in rei veritate fit finitus, fed tantüm negare ullos aliquos ejus fines five extremitates ab intelleétu noftro pofle com- prehendi. Quæ fententia multd mollior? & tutior mihi videtur, quàm eorum qui, Mundum finitum effe affirmando, limites operibus Dei præfcribere audent. Atque ita nobis affirmantibus® infinitum, onus non incumbit folvendarum contradiétionum quæ circa illud proponi folent ; fed omnibus difiicultatibus liberamur hàc ingenuà & veri- ffimäd confeflione, qudd agnofcamus intelleétum noftrum® non efle infinitum, atque ideù talium quæ ad infinitum fpeétant comprehen- dendorum incapacem. Non etiam verebimur ne, philofophando de extenfione Mundi indefinità, videamur ejus durationem infinitam adftruere, quia Mundum non dicimus infinitum, & durationem ejus refpeétu noftri effe indefinitam : hoc ef, à nobis ratione naturali definiri non poffe, quandonam creari debuerit, eft certiflimum. Deindè quia etfi fortè aliquæ rationes naturales probaverint illum ab æterno creatum fuiffe, cùm tamen aliud fides doceat, nullo modo illas audiendas effe probè fcimus, ut patet ex art. 76 primæ partis'. Motus & quies differunt verè & modaliter, fi per motum intelli- a” PrinctPhrlof; xxx, CNVITE p 57 10528 b. Mollior, écrit au-dessus de mobilior barré. (MS.) c. Après affirmantibus, nec negantibus, écrit d’abord, puis barré (MS. d. Verifjimä, écrit pour suppléer à plusieurs points. (Zb.) De même vere- bimur, trois lignes plus bas, et encore doceat, aVant-dernière ligne. e. Noftrum, ajouté de la main de Leibniz. f. Voir Princ. Philof., t. VIII, p. 39. es : VaARIA. 6s7 gatur feparatio duorum corporum ab invicem, per quietem autem negatio iftius feparationis. Cùm autem ex duobus corporibus, quæ ab invicem feparantur, unum dicitur moveri, aliud quiefcere, hoc fenfu motus & quies non differunt nifi ratione2. Terram juxta Copernicum non moveri, | fed potiüs juxta Tychonem. Sic excufatur Scriptura, vel fi dicent eamt ex vulgi ufu locutam, & ita nihil in Copernicum ; vel ex agnitione veritatis vulgd tunc ignotà, atque ita flat pro Copernico. APPENDICE Page 653, note d. Voir un article du Dictionnaire de Bayle : « Borrt (Joseph Fran- » çois), en latin Burrhus, fameux Chymifte, Charlatan, & Hérétique, du » xvir fiécle... » Le nom latinisé s’écrivait aussi Burrus, et Leibniz l'avait d’abord écrit de la sorte dans sa note marginale, puis il récrivit la lettre o par-dessus l’4 (resté très lisible). Borri naquit à Milan, en 1627, acheva ses études au Séminaire des Jésuites à Rome, fut poursuivi pour ses doc- trines par l’Inquisition, en 1659 et 1660, et même brûlé en efligie, à Rome, au Champ de Flore, le 3 janvier 1661. Mais il avait pris la fuite, et on le retrouve à Strasbourg et à Amsterdam, 1661, à La Haye, 1663, à Ham- bourg, et en Danemark, jusqu’à la mort du roi Frédéric III, en 1670. Il partit alors pour la Turquie, mais fut arrêté sur les terres de l'Empire, et livré par l’empereur au pape, à condition qu'on ne le ferait point mourir; il fut condamné à faire amende honorable et à passer le reste de sa vie dans les prisons de l’Inquisition, 1672. On lui laissa d’ailleurs une cer- taine liberté pour exercer la médecine au dehors. Il mourut au château Saint-Ange, en 1695. En 1681, on avait imprimé de lui deux écrits à Genève. « Le premier eft intitulé : La Chiave del Gabinetto del Cava- » gliere Giofeppe Francefco Borri Milanefe. I] contient dix Lettres, dont » les deux prémieres, datées de Coppenhagen, l'an 1666, ne font autre » chofe en fubftance que le Comte de Gabalis, que Mr. l'Abbé de Villars » publia en 1670. Je donne à examiner aux curieux, lequel de ces deux » Ouvrages doit pañler pour l’original. Les autres Lettres roulent fur des a. Voir Princ. Philof., t. VIII, p. 55-56. b. Eam.…. locutam, corrections. MS. : eum... locutum. Œuvres. VI, 83 . 6,8 EXCERPTA » Queftions de Chymie, excepté la derniere ; car on foutient dans celle-ci » l’opinion de Mr. Des-Cartes fur l’ame des bêtes. L'autre Traité a pour » titre : Jffruzioni Politiche del Cavagliere Francefco Borri Milanefe, » date al Re di Danimarca. Ce font quelques Aforifmes de Politique, » accompagnez d'un aflez long Commentaire. » Bayle cite encore cette appréciation de Sorbière sur Borri : « Le Sieur Borri eft un fin mattois. » Comme il ne manque pas d’efprit, avec un peu d'’eftude il a fceu gaigner » celui de quelques Princes, qui ont fourni à l’appointement fur l’efpé- » rance qu'il leur a donnée de leur communiquer la Pierre Philofophale, » qu'il eftoit fur le point de trouver. Il a fans doute quelque habileté, ou » quelque routine aux préparations chymiques, quelque adrefle pour la » métallique, quelque imitation des perles et des pierreries, & peut-eftre » quelques remedes purgatifs ou ftomachiques.:. » Bayle cite enfin ce passage traduit de Borri lui-même : « ...J’acheverai bientôt mes travaux » chymiques, par l’heureufe production de la Pierre Philofophale : & par » ce moien, j'aurai autant d’or qu'il en faudra. Je fuis aflûré du fecours » des Anges... » La principale dupe de Borri paraît avoir été le roi de Danemark Frédéric III, « auquel il fit faire inutilement des dépenfes » infinies ». Leibniz, qui y fait allusion ne l’a-t-il su que par les publi- cations de 1681 ? En ce cas, nous aurions quelque indice sur la date, sinon de la copie MS., au moins de la note marginale que nous reproduisons ici : elle ne serait pas antérieure à 1681. Bayle, dans son Article, men- tionne, en outre, que Borri fit à la cour de Saxe un voyage rappelé, dit-il, « dans le Journal de Leipfic de 1688, pag. 387 ». — L'ouvrage intitulé le Comte de Gabalis, nous a fourni déjà un curieux extrait pour la présente édition, t. V, p. 462-463. RPROTETED'UNE ECOLE DESPÆARTISSET METIERS.] 1048. « Monfieur d’Alibert, Tréforier général de France, avoit été luy- même un des amis particuliers de M. Defcartes ; & le croyant le plus propre des hommes à rendre utile au Public une partie des grandes richeffes que la Providence luy avoit confiées, il avoit ofé le tenter plus d’une fois de la même maniére dont Alexandre tenta autrefois un Philofophe. M. Defcartes s’en étoit toùjours défendu avec autant de force, quoy qu'avec moins de fafte que Diogéne. Mais pour accorder quelque chofe aux généreux deffeins que M. d’Alibert avoit, de faire quelques facrifices de fes biens propres pour l'utilité publique du genre humain, il luy avoit per- fuadé de faire de loüables établiffemens dans Paris pour per- feétionner les Arts. Ses confeils alloient à faire bâtir, dans le collége Royal & dans d’autres lieux qu’on auroit confacrez au Public, diverfes grandes falles pour les artifans; à deftiner chaque falle pour chaque corps de métier ; à joindre à chaque falle un cabinet, rempli de tous les inftrumens méchaniques néceffaires ou utiles aux Arts qu’on y devoit enfeigner ; à faire des fonds fuf- fifans, non feulement pour fournir aux dépenfes que demande- roient les expériences, mais encore pour entretenir des Maîtres ou Profeffeurs, dont le nombre auroit été égal à celuy des Arts qu’on y auroit enfeignez. Ces Profeffeurs devoient être habiles en Mathématiques & en Phyfque, afin de pouvoir répondre à toutes les queftions des Artifans, leur rendre raifon de toutes chofes, & leur donner du jour pour faire de nouvelles découvertes dans les Arts. Ils ne devoient faire leurs lecons publiques que les Fêtes & les Dimanches aprés vêpres, pour donner lieu à tous les gens de 660 PROJETS » t. restes du philosophe, fut réalisé en 1666-1667. Voir notre vol. XII : Vie de Descartes. : | metier de s’y trouver fans faire tort aux heures de leur travail : & Monfieur Descartes qui avoit propofé cét expédient, fuppofant l'agrément de la Cour & de M. l’Archevèque, l’avoit regardé comme un moyen trés-propre à les retirer de la débauche, qui leur ef fi ordinaire aux jours de fêtes. La réfolution de ces grands deffeins avoit été prife par M. d’Alibert au dernier voyage de M. Defcartes à Paris; & l'exécution en avoit été remife à fon retour de Suéde, d'où il avoit fait efpérer qu'il reviendroit s’éta- blir à Paris, dés que la ville feroit pacifiée. Mais fa mort ayant. renverfé tous ces beaux projets, M. d’Alibert s’étoit prefque toù- jours trouvé diftrait par les affaires, qui l’occupérent jufqu'’à ce que les regrets des autres amis de M. Defcartes réveillérent en luy le fouvenir de fes généreux defleins, & luy firent naître la penfée de faire quelque chofe d’éclatant pour la mémoire de cét illuftre Défunt4. » (A. Bauer, La Vie de Monfieur Des-Cartes, 1691, II, p. 433-434.) a. Cet autre projet, qui consistait à ramener de Stockholm à Paris les PROJET DE COMÉDIE: Stockholm, Déc. 1649. « Nous avons pareillement une efpéce de Comédie francçoife, à » qu'il fit en profe mêlée de quelques vers, pendant fon féjour à la » Cour de Suéde. Ce fut l’un des fruits de l’oifiveté où la Reine le » retint durant l’abfence de l’Ambaffadeur de France, dont elle » attendoit le retour. La piéce eft imparfaite, & le quatriéme Aëte » ne paroît pas même achevé. Elle a tout l’air d’une Pañftorale ou » Fable bocagére. Mais quoy | qu’il femble avoir voulu envelopper » l'amour de la Sageffe, la recherche de la Vérité, & l'étude de la » Philofophie, fous les difcours figurez de fes perfonnages : on » peut dire que tous ces myftéres feront affez peu importans au » Public, tant qu'il jouira des autres écrits, où M. Defcartes s'eft » expliqué fans myftéres. » (A. Barcrer, La Vie de Monfieur Des- Cartes, 1691, t. II, p. 407-408.) Dans la note de Leibniz sur les papiers de Descartes, dont Cler- selier lui donna communication en 1676, note publiée au t. X de cette édition, p. 208, on lit : « tem, une comedie, en françois, pouffée jufque au quatriéme » acte. Les perfonnes font Alixan & Parthenie, qui s’'ayment : tous » deux fils de princes, & tous deux fe croyent l’un & l'autre ber- » gers. Mais je m'étonne d’une chofe, que je remarquay en feuil- » letant. C’efl qu’il decouvre d’abord ce qui devroit eftre gardé a. Voir notre t. V, p. 459. Voir aussi, ibid, p. 457, bien que cette Comédie paraisse différente d’un Ballet : «la Naissance de la Paix », que Descartes aurait aussi composé pendant son séjour à Stockholm. dos PROJETS » de Hanovre. MS. de Leibniz. Tschirnhaus. N° 150.) jufque denouement : fcavoir, Parthenie ayant appris qu’elle eft princefle, en parle à foy même, & delibere fi elle doit aimer encore Alixan, & conclut en fa faveur. Alixan eft caché & entend cela; & va declarer fur le champ, qu'il l’a entendu. Elle eftoit princeffe de l'ifle heureufe d’Ifland, qui luy eftoit oftée par le Tyran de Stockholm; la fcene eft en Iflande. » (Bibliothèque Royale PROJET D'UNE ACADÉMIE A STOCKHOLM 1 Février 1650. « La Reine, qui ne fongeoit à rien moins qu'à l’incommoder, » l'obligea, dans le fort de la maladie de M. l’Ambaffadeur, de » retourner encore au Palais aprés midy pendant quelques jours, » pour prendre avec elle la communication d’un deffein de Confé- » rence ou d'Affemblée de Scavans, qu’elle vouloit établir en forme » d’Académie, dont elle devoit être le chef & la protectrice. Elle » regarda M. Defcartes comme l’homme du meïlleur confeil qu'on » püt écouter fur cét établiffement, & elle le choifit pour en drefler » le plan & pour en faire les réglemens. Il luy porta le mémoire » qu’il en avoit fait, le prémier jour de Février, qui fut le dernier » qu'il eut l'honneur de voir la Reine. Voicy les articles qu’il y » avoit couchez, contenant les réglemens ou flatuts de cette Acadé- » mie en Francois : » [. Chacun de ceux qui feront reçüs dans cette Affem- blée, aura fon tour, tant pour propofer la queftion, que pour l'expliquer. Et tous retiendront toüjours le même ordre entre eux, afin d'éviter la confufion. IL. Mais il n'y aura que les Sujets naturels de cette Couronne, qui puiflent y avoir leur rang, parce que c'eft pour eux feuls qu'elle eff inftituée. II. S'il plait à fa Majefté de permettre à quelque Etranger d'y affifter, ce ne fera que pour être auditeur, ou tout au plus pour y dire fon opinion aprés tous les autres, & lors qu elle luy fera précifément demandée. LL Si DR, ii 664 PROJETS IV. Celuy qui parlera le prémier de chaque cercle, fera le même qui aura auparavant propofé la queftion qui doit être examinée ; & il expliquera toutes les raifons qu'il jugera pouvoir fervir à prouver la vérité de ce qu'il aura entrepris de foûtenir. 5 V. Les autres tâcheront enfuite, chacun à leur rang, de réfoudre la même difficulté, y ajoûtant toutes les raifons qu'ils auront pour prouver ce qu'ils auront avancé; mais ils prendront garde qu'aucun d'eux ne commence à parler qu'aprés que celuy qui le précéde 1° aura entiérement achevé. VI. L'on s'écoutera parler les uns les autres avec douceur & refpeét, fans faire paroître jamais de mépris pour ce qui fera dit dans l'Affemblée. VII. L'on ne s’étudiera point à fe contredire, mais 15 feulement à rechercher la Vérité. VIII. Toutefois, à caufe que la converfation feroit trop froide, fi chacun ne difoit autre chofe que ce qu'il auroit auparavant prémédité : aprés qu'ils auront achevé tous de parler, il fera permis à celuy qui aura 2° le prémier donné fon avis, de dire ce qu'il jugera être à propos pour le défendre contre les raifons de ceux qui en auront propofé un autre’; & il fera permis auffi à ceux-cy de luy répondre, chacun à leur rang, pourvû que cela fe faffe avec beaucoup de civilité & de rete- 25 nuë, fans pañler au delà de trois ou quatre répliques. Il fera permis de la même maniére au fecond & à tous les fuivans, chacun en leur rang, de défendre modefte- ment leur opinion contre ceux qui auront parlé aprés eux, jufqu'à ce que le têms de da conférence foitexpiré. 30 IX. Lors qu'il plaira à fa Majefté de finir le cercle, Divers. elle fera la faveur aux Affiflans de réfoudre entiére- ment la queftion, en loüant les raifons de ceux qui auront le plus approché de la Vérité, & y changeant ou ajoûtant ce qui fera néceffaire pour la faire voir à découvert. X. Enfin celuy qui ce jour-là aura parlé le fecond, propofera une nouvelle queftion pour être examinée au cercle fuivant; & il en expliquera briévement le fens, afin qu'il n'y ait point d'ambiguité n'y d'équivoque, & qu'elle foit clairement entenduë de tout le monde. « M. Defcartes fit entendre à la Reine, en luy préfentant ce » mémoire, qu’il feroit bôn de ne pas charger les membres de » l’Académie d’affujettiflements qui fuffent trop onéreux; mais » d'y faire régner une liberté qui füt honnête, & capable d’exciter » ou d'entretenir l’ardeur des efprits. Il avoit dreffé le projet des » réglemens de la maniére qu’il avoit jugée la plus fimple, afin que » l’on y püt faire des changemens & des additions, felon que l’ufage » & l'expérience y feroient remarquer quelque defaut; ou pour ne » point empêcher ceux qui voudroient propofer quelque autre » fyftéme de conférence, d’où l’on püt retirer plus de fruit. La » Reine ne fut furprife que du fecond & du troifiéme article, qui » donnoïient l’exclufion aux Etrangers : & elle fe douta que c'étoit » un trait de la modeftie de M. Defcartes, qui fe fermoit à luy- » même la porte de cette Académie, dont elle avoit eu deffein de » l’établir le Direéteur. L'intention de M. Defcartes n'étoit pas de » nuire aux autres Etrangers, aufquels il n’ôtoit pas la liberté d'y » aflifter comme auditeurs. Mais il croyoit que c'étoit le moyen de » prévenir les défordres que le mêlange des Etrangers avoit caufés » dans les Académies des autres païs, & de ne donner aucun » ombrage aux Naturels du païs, aufquels feuls il laifloit la voix » de confultation & le droit de fuffrage*. » (A. Baïzrer, La Vie de Monfieur Des-Cartes, 1691, t. IT, p. 411-413.) a. Sur cette Académie, qui fut réellement constituée après la mort de Descartes, voir notre t. V, p. 476-477. Œuvres. VI. 3 84 + ln. be rs ee ptit) | his ben Ain ab trier atomes «déduit: tt A ts 10% > = ADDITIONS 1E AUTOMATES. Page 2712. La citation d'Olivier de Serres, au bas de cette page, se termine ainsi dans l'édition princeps : « ...comme de tels miracles fe voient en plufieurs lieux, mefmes » à Tiuoli? Et tref-naïfuement à faint Germain en Laïe, où le Roi a » de nouueau fait conftruire telles & autres magnificences, » admirees de tous ceux qui les contemplent. » (Theatre d'Agricul- ture & Mefnage des Champs, d'Orivier DE SERRES. A Paris, MDC. Par Iamet Metayer, Imprimeur ordinaire du Roy. Septiefme lieu : De l'Eau € du Bois. Ghap. I, p. 751.) _ Lors donc que Descartes parle des machines qu'on peut voir «aux jardins de nos Roys » (p. 130, 1. 25), il faut entendre Saint-Germain-en-Laye plutôt que Fontainebleau. Un italien de Florence, que Henri IV demanda au grand-duc de Toscane, Thomas Francini, vint en France à la fin du xvr° siècle. Dès 1602, il est qualifié « d'ingénieur du Roy et intendant de fes » fontaynes, demeurant ordinairement à Sainct-Germain-en-Laye », ou bien encore « intendant des fontaines et grottes du Roy », ou _enfin « intendant des eaux et fontaines des maifons, chafteaux et » jardins de Paris, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau et » autres generallement quelconques », lettres patentes du 28 février 1623, enregistrées le 24 juillet. (Thomas Francini, intendant général des eaux et fontaines de France, 1572-1651, par E. Coùüard, Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1894, p. 1459-1492.) de. << 2 670 ADDITIONS. IS Descartes ET Dicsy. Des Maizeaux, dans sa Vie de Saint-Evremond, (sous forme de Lettre à Mr. Bayle, datée de Londres, 15 nov. 1706), donne les curieux renseignements qui suivent : « Mr. de St. Evremond rechercha aufli le commerce des gens de Lettres les plus diftingués en Angleterre. Il s’entretenoit fouvent avec le Chevalier Digby, & avec le fameux Hobbes... Un jour que M. Digby & lui parloient de Philofophie, ce Chevalier lui . dit qu'ayant lù les Ecrits de Mr. Des Cartes, il refolut de paffer en Hollande pour le voir. Il l’alla trouver dans fa folitude d'Eg- mond*, & après avoir raifonné longtems avec lui fans fe faire connoître, Mr. Des Cartes, qui avoit vû quelques-uns de fes Ouvrages, lui dit qu’?! ne doutoit point qu'il ne fût le célébre Mr. Digby ?. Et vous, Monfieur, repliqua Digby, f vous n'étiez pas l'illufire Mr. Des Cartes, vous ne me verriez pas venir exprès d'Angleterre, pour avoir le plaifir de vous voir. Mr. Digby dit enfuite à ce Philofophe : que nos connoiffJances fpeculatives étoient à la verité belles € agréables, mais qu'après tout elles étoient trop incerlaines € trop inutiles, pour faire l'occupation de l'homme ; que la vie étoit fi courte, qu'à peine avoit-on le tems de bien connoître les chofes neceffaires ; € qu'il feroit beaucoup plus digne de lui, qui connoiffoit fi bien la conftrudion du corps humain, de s'apliquer à rechercher les moyens d'en prolonger la durée, que de s’attacher aux fimples fpeculations de la Philofophie. » a. Descartes n’habita Egmond (du Hoef) qu'à partir de mai 1643. Or Digby paraît s'être intéressé à sa philosophie dès 1638 (voir t. Il, p. 192, 271, 336 et 308). °» b. « Mr. Digby, zelé Catholique Romain, a écrit quelques Ouvrages de Controverfe et de Philofophie. Son Difcours fur la Poudre [y mpathique a fait beaucoup de bruit. Mr. Baillet s’eft trompé, dans la Vie de Mr. Des Cartes, lorsqu'il a dit (t. II, p. 244) que Mr. Digby étoit Comte & Chevalier de la Jarretiere. Il l’a confondu avec le Lord Digby, Comte de Briftol, mort en 1677. Il a aufli ignoré que le Chevalier Digby alla en Hollande pour voir Mr. Des Cartes. » — Voir t. III, p. 89-90, de cette édition. » DESCARTES ET DicBy. 67 I « Mr. Des Cartes l’affüra qu'il avoit déja médité fur cette matiere, € que de rendre l’homme immortel, c'eft ce qu’il n'ofoit fe pro- mettre ; mais qu'il étoit bien für de pouvoir rendre fa vie égale à celle des Patriarches. » « Lors que Mr, de St. Evremont m'aprit cette particularité, il ajoûta qu'on n’ignoroit pas en Hollande que Des Cartes fe flatoit d’avoir fait cette découverte, & qu'il en avoit ouï parler à plu- fieurs perfonnes, qui avoient connu ce Philofophe ; que les amis que Des Cartes avoit en France, le favoient auffi; & que l'Abbé Picot, fon difciple & fon martyr, perfuadé qu'il avoit trouvé ce grand fecret, ne vouloit point croire la nouvelle de fa mort, & que, lorfqu'il ne lui fut plus permis d’en douter, il s’écria : C’en eft fait, la fin du Genre humain va venir! » « Il eft certain que Des Cartes croyoit avoir trouvé le moyen de prolonger la vie de l’homme. Je n'ai jamais eu tant de foin, difoit-il à Mr. de Zuytlichem, qui lui avoit demandé à quoi il s'occupoit...?. M. Baillet nous apprend, dans la Vie be MR. DEs Cartes, que l’Abbé Picot, l'ayant accompagné en Hollande en 1647, fe conforma à fon régime de vivre pendant trois mois qu'il demeura avec lui à Egmond, & qu'il en fut fi content, qu'à fon retour en France, il renonca ferieufement à la grande chére, dont il n'avoil pas été ennemi jufques alors, € voulut fe reduire à l'inftitut de Mr. Des Cartes, croyant que ce feroit l'unique moyen de faire réuffir le fecret qu'il prétendoit avoir été trouvé par nôtre Philo- Jophe, pour faire vivre les hommes QUATRE ou cINQ cENs ans ?. Cet Abbé, dit encore Mr. Baillet, étoit fi perfuadé de la certitude des connoiffances de Mr. Des Cartes fur ce point, qu'il auroit juré qu’il lui auroit été impoflible de mourir comme il fit à cinquante-quatre ans; € que fans une caufe étrangere € violente (comme celle qui dérégla fa machine en Suede) il auroit vécu cINQ cENS ANS, après avoir trouvé l’art de vivre plufieurs fiécles®. » « Il étoit pourtant bien éloigné de ce rare fecret, s’il eft vrai, comme le prétend Mr. Goris, qu'il fe foit tué en voulant fe traiter lui-même felon les Principes de fa Medecine. Ce Philofophe, a. « Des Cartes écrivoit cela d'Egmond, en 1638, à l'age de 42 ans. Il mou’ut 12 ans après. — Lettres de Mr. Des Cartes, t. II, p. 374. » Des Maizeaux reproduit tout un passage de la lettre du 25 janvier 1638, t. I, p. 507, L. 3-20. : b. « Vie de Mr. Des Cartes, t. II, p. 448. » c. « Baillet, wbi fupra, p. 452 & 453.» 672 ADDITIONS. » dit-ila, s’étoit mis fi fort en tête que les femblables Je gueriffoient » par les femblables, qu'étant malade de la fievre dont il eft mort, il fe » fit aporter de l'eau de vie qu'il but avec impatience, dans le deffein » de guerir le femblable par le femblable. Le Medecin voulant l'empé- » cher de boire cette eau de vie, le malade répondit : Monfieur, les » femblables fe gueriffent par les femblables; ainfi laiflez-moi, je » vous prie, gouverner ma petite machine. En même tems il büt ce » prélendu remede, qui aufjitôt lui caufa des hoquets furieux, € le » déroba à tous les fecours. » « Mais c’eft-là un conte fait à plaifir. Ce qu’il y a de vrai, c’eft » que Des Cartes, dans le fort de la fievre qui le confumoit, ne vou- » lut jamais fouffrir qu'on le faignàt, & qu'il n’y confentit que lorf- » qu'il étoit trop tardP. » (La Vie de Monfieur de Saint-Evremond. Par Mr. Des Maizeaux. — Œuvres de Mr. de Saint-Evremond, . 4° édit., Amsterdam, 1726, t. 1, p. 80-86.) Saint-Evremond, forcé de quitter la France, s’était retiré d’abord en Hollande, sur la fin de 1661, puis dès l’année suivante en Angleterre, où il avait déjà passé six mois à Londres, en 1661, fai- sant partie de l'ambassade envoyée par Louis XIV à Charles II pour le féliciter de son rétablissement sur le trône. C’est sous l’année 1662 que Des Maizeaux place son récit, et il donne au lec- teur cet avertifflement sur la Vie de Mr. de St. Evremont : « Elle » contient toutes les particularitez de fa Vie, qu'il m'a dites lui- » même, ou que j'ai appriles de fes Amis. » (Zbid., p. xvu.) DESCARTES Er REGIUS. Regius (Henri de Roy), professeur de médecine à l’Université d'Utrecht depuis 1637, s'était inspiré des idées de Descartes, non sans péril pour lui-même, on l’a vu, dans son enseignement. En 1646, il voulut en donner un exposé complet au public dans un a. « Voyez le Journal des Savans du 10 Décembre 1703, p. 1094 de » l'Edition de Hollande. » b. « Voyez la Vie de Mr. Des Cartes, tom. IT, p. 417 & fuiv. Confultez » aufli la Lettre de Mr. Weulles, Medecin de la Reine de Suede, que » Mr. Crenius a publiée dans le I tome de fon Recueil, intitulé Animad- » verfiones philologicæ € hifloricæ, &c., page 136 & fuiv. » Voir t. V, 477-479, de cette édition. s DEscaRTES ET REGIus. 673 livre, dont il avait apporté le manuscrit au philosophe dès le mois de juin 1645. Celui-ci avait vivement déconseillé la publication 2. Mais Regius passa outre, et le livre parut en 1646 (dédicace du 10/20 août), sous le titre de Fundamenta Phyfices. Les raisons de se méfier ne manquaient päs à Descartes. Lui- même n'avait encore publié, dans ses Principia de 1644, qu'une partie de sa philosophie (ou de sa physique, car c'était tout un) : il lui restait à traiter des plantes, des animaux et de l’homme. Regius n’allait-il point le prévenir, et donner, avant son maître, le corps entier de doctrine, que celui-ci promettait P? En effet, sur les douze chapitres que contiennent les Fundamenta Phyfices, les six premiers correspondent à peu près aux Principia de Descartes, et les six derniers ont pour titres, notamment, De Stirpibus, De Animalibus, De Homine, c'est-à-dire justement les matières que le philosophe n'avait pas encore livrées à la publicité, et auxquelles il continuait de travailler. Le lecteur était donc en danger de prendre le change sur ces der- nières questions, et de recevoir comme la pure doctrine de Descartes ce qui n'était pas du tout cela. Regius a donné bien des choses de son cru; où même il a fait pis : Descartes prétend qu'au sujet de l'animal, en particulier, Regius utilisa des notes manuscrites que lui- même avait rédigées pour son usage, et communiquées seulement à quelques amis. Et Regius les utilisa maladroitement : il donne, en effet, et à deux reprises, une explication des mouvements des muscles, que le philosophe revendique comme sienne ; mais, comme il n'avait point eu communication des figures, il en ima- gina qui ne cadraient plus avec le texte, et rendaient l'explication fautive ©. Or celle-ci était des plus importantes : elle ne concernait qu'un cas particulier, le mouvement de l'œil; mais elle pouvait s'étendre à tous les mouvements de notre machine, et c'était l’action de l’âme sur le corps, qui se trouvait traitée dans la question ainsi généralisée. Descartes ne prononce pas le mot de plagiat. C’en était un cepen- dant, au moins sur ce point, et de même peut-être encore pour le reste de la physique. Il suffit, en effet, de feuilleter ce volume des Fundamenta Phyfices. Les figures y sont nombreuses : or il en a. Voirt. IV, p. 258, 230, 241, 248, 254 et 256. b. Huygens en jugea ainsi, lettre à Mersenne du 21 août 1646. Voir LV pa514: comen 517, 23 pm r8; 2 5p, 566,1. 17, à .p, 567, IS 14: p. 626, 1. 11-23. Œuvres. VI, 85 ET 674 ADDITIONS. est bien peu, qui ne soient pas empruntées, ou pour mieux dire transportées telles quelles, du volume des Principia, publié en 1644, ou bien de la Dioptrique et des Méléores, qui datent de 1637. Ce serait à croire que les mêmes clichés, ou plutôt les mêmes bois, ont resservi; et de fait les deux ouvrages de 1646 et de 1644 ont été imprimés chez le mème libraire, Louis Elzevier, à Amsterdam, lequel a bien pu se procurer aussi les bois de 1637, chez son confrère, Jean Maire, à Leyde. Regius n’a imaginé de lui-même aucune figure nouvelle, si ce n’est celle que nous venons de dire, du mouvement de l’œil : en quoi il n’a pas été fort heureux. Et si. les figures sont de Descartes, le texte qu'elles accompagnent ne reproduit pas sans doute mot pour mot célui du philosophe, mais il ne fait que redire en d’autres termes et abréger à peu près la mème doctrine, plus ou moins exactement. ; Il est une partie cependant, où Regius diffère; et cette diffé rence devait être plus sensible encore à Descartes, que les ressem- blances, somme toute, flatteuses pour lui, puisqu'il était nommé comme l'inspirateur du livre, dans la dédicace. La physique de Regius est toute cartésienne; mais il n’en est plus de même de sa métaphysique. Regius ne croit pas qu'on puisse démontrer que Dieu existe, bien qu'une telle démonstration soit, pour Descartes, le - fondement même de la certitude. Aussi Regius n’ambitionne-t-il plus la certitude démonstrative ou mathématique : il se contente de la vraisemblance, fondée seulement sur le témoignage des sens. C'était juste le contraire de ce que soutenait Descartes. Et Regius renvoie à la fin de son ouvrage, après la physique proprement dite, au douzième et dernier chapitre, De Homine, le peu de métaphy- sique qui doit la compléter. Mais cette seule interversion des matières est un renversement complet du système de Descartes". Celui-ci n’a cessé de répéter que sa physique était fondée unique- ment sur sa métaphysique, et que, faute de celle-ci, celle-là croulait toute. Et voici que son disciple déclaré, celui que lui-même avait proclamé tel, expose une physique entière, toute semblable, sinon mème identique à la sienne, et qui se soutient toute seule et se suffit à elle-mème. A la fin seulement, il y superpose un peu de métaphysique ; et encore quelle métaphysique! La plus opposée qu'on puisse imaginer, à celle que le maître considérait comme a. Lettre à Elisabeth, mars 1647 : « ...mes aflertions, mifes en mauvais » ordre & fans leurs vrayes preuues, en forte qu’elles paroïffent paradoxes, & que ce qui ef} mis au commencement ne peut efire prouué que par ce » qui eft vers la fin. » (Fome IV, p. 125, 1. 25-20.) DescarTEs ET REGIUS. 67 nécessaire absolument. A la distance où nous sommes aujourd’hui, nous pouvons ne point penser que Regius ait eu tellement tort, théoriquement : la partie solide, celle qui subsiste, de l'œuvre de Descartes, est bien la physique telle qu'il l'entendait, c'est-à-dire l'application de la mathématique à la physique: et sans doute il n'était pas besoin pour cela de tant de métaphysique, ni surtout d'une métaphysique comme celle de Descartes. Mais pour lui, c'était là son œuvre propre, et la réforme qu’il apportait au monde scientifique ; cette nouvelle métaphysique, fondement d'une phy- sique nouvelle, c'était à la fois sa révolution et sa rénovation de la philosophie et de la science. Que le disciple là-dessus précisément ait renié son maître, ce dut être pour celui-ci la plus vive déception. La correspondance de Descartes ne laisse aucun doute à ce sujet. Soit qu'il écrive à la princesse Élisabeth, ou bien au P. Mer- senne, ou à Constantin Huygens, le lendemain de la publication du livre de Regius, on retrouve partout les mêmes plaintes, et elles sont plutôt amères : la partie physique est acceptable, mais c'est de lui, Descartes, qu’elle vient ; la métaphysique ne vaut rien, aussi est-elle toute de Regius*. Le philosophe ne s’en tint pas à des lettres privées : l’année suivante, en 1647, dans une Préface qu'il mit à la traduction francaise de ses Principes, il déclara publi- quement ce qu’il pensait des Fundamenta Phyfices?. Regius fut sans doute blessé de ce désaveu public, et surtout du reproche de ne rien entendre à la métaphysique. Aussi, avant la fin de cette même année 1647, il publia, sous forme de placard, un Programma, que nous avons vu, t. VIII (2° partie), p. 542-346, et où il expose une série de thèses, toutes en contradiction avec la doctrine de Descartes. Celui-ci riposta aussitôt par un petit livret, intitulé Notæ in Programma, que nous avons vu égälement, sbid., p. 346-369; et les choses en restèrent là pour quelque temps. Le biographe de Descartes, Adrien Baïillet, assure que, après cette dernière passe d'armes entre le maître et le disciple, « Mon- » fieur Defcartes prit réfolution de ne plus parler de M. Regius » qu'en termes de civilité & d’eftime, pour marquer qu'il vouloit » oublier l’ingratitude de ce Philofophe. Aufli fit-il connoitre, » depuis qu'il fut en Suéde, qu'il ne fe fouvenoit plus d'autre chofe » en M. Regius que de fon mérite‘. » Il faut en croire Baillet, D'SRONERIN Ip 6 T0, 1 op STI 6; p.566, 1. 13; "p, 590, l. 19; pPAOTO lp 1625 1.76: D'RoOmENX 2e/partie pe 10,12, à p. 20,.1.15. c. La Vie de Monfieur Des-Cartes, seconde partie, 1691, p. 335. 3 £ È à 676 | ADDITIONS. puisqu'il invoque en marge le témoignage de « Creigton, let. MS. » à Regius ». Mais on ne trouve pas, chez ce dernier, tant s’en faut, des sentiments semblables. Quatre ans après la mort de Descartes, il donna, en 1654, une seconde édition de son livre de 1646; seule- ment il changea le titre de Fundamenta Phyfices. Peut-être voulait-il dérouter le lecteur, trop bien averti par la préface de Descartes en 1647; il choisit donc le nouveau titre de Philofophia Naturalis. Les bibliographes y ont même été trompés : cette Philofophia Naturalis de 1654 étant présentée comme une seconde édition, ils ont ima- giné sous le même titre, en 1651, une première édition qui n'a jamais existé*. La seule et véritable première édition est celle des Fundamenta Phyfices, en 1646. Mais, outre le titre, bien d’autres choses encore ont subi des changements. D'abord, si la dédicace au prince d'Orange, Frédéric-Henri, se trouve reproduite, en 1654, avec la même date du 10/20 août 1646, Regius en a vilainement ôté le nom de Descartes, comme Clerselier le lui reprochera, avec justice, deux ans après, dans la préface du tome I des Lettres, en 1657°. Puis dans un Avis au Lecteur, du 5 avril 1654, Regius insinue qu'il est le premier qui ait exposé cette philosophie au public, /eculo noflro primus exhibueram : entendons le premier, même avant Descartes, puisqu'il l’enseignait, lui Regius, depuis dix-sept ans (1637), abhinc annos præter propter feptendecim, et la publication du philosophe — publication par- tielle — n'est que de 1644; Regius l’a d’ailleurs complétée, il y a huit ans, ante oclennium, dans son ouvrage de 1646, où se trouve compris tout l'univers, {ota rerum Vuiverfitas. Enfin, dans une pièce de vers à sa louange, selon l'usage du temps, par un jeu de mots sur son nom de Regius, il est proclamé roi des philosophes, anciens et modernes. Et peut-être, en effet, Henri de Roy s’ima- ginait-il naïvement qu'il n'était pas indigne de ce titre d'honneur. Il reprend alors, et dans le même ordre, les matières exposées en ; 1646, avec bien des enrichissements d’ailleurs, /ecunda editio priore multo locupletior. Il les répartit, non plus en douze chapitres, mais en cinq livres, dont chacun est subdivisé à son tour. Au dernier livre, De Homine, il ajoute en son lieu un assez long développement sur les passions, De Affedlibus (c. XI, p. 413-432). Le petit livre de Descartes, qui traite de cette matière, n’avait été publié qu’à la fin a. Voir, par exemple, Alphonse Willems, Les Elzevier, Bruxelles, 1880, p: 208, n° 1178. b. Tome V, p. 625-626. DESCARTES ET REGIUs. 677 de 1649 : Regius n’en avait sans doute pas eu connaissance aupara- vant, car il n’en disait mot en 1646 ; mais dans sa seconde édition de 1654, il complète sur ce point son ouvrage. Toutefois la princi- pale addition de ce livre V, est au chapitre 1, p. 334-360, corres- pondant à p. 245-252 de la première édition, soit 26 pages et demie contre 7 et demie seulement. Ce chapitre 1 est intitulé : De Mente humana, five Anima rationali, ce qui est précisément le titre du Programma de 1647. Aussi Regius insère-t-il en entier les thèses de ce programme, avec quelques développements : c'est là sa réponse aux Votes de Descartes en 1647. Le nom du philosophe n’est pas prononcé; mais les critiques ne manquent pas contre lui, avec des expressions blessantes, qui le visent personnellement : Varæ € inanes eorum funt gloriationes… Ut quidam perperäm exiflimant… Ainsi non seulement Regius accentue son opposition, ce qui est son droit; mais il y ajoute des procédés déplaisants, qu’on retrouve encore un peu plus tard, lorsque Clerselier lui demandera en vain communication des lettres qu’il avait dû conserver de Descartes, et rappellera ironiquement à ce disciple, qu'il n’en use pas tout à fait, pour la mémoire de son maître, comme semblait le pro- mettre la devise de son portrait dans l'édition de 1654: Candidè € Generofè *. C'est que Regius en était venu peut-être à se croire, de bonne foi, le principal auteur de la philosophie nouvelle. Descartes avait bien, sans doute, dans des entretiens particuliers, indiqué les principes. Il avait même donné au public quelques échantillons de ce qu'on pouvait en tirer, dans ses Essais de 1637. Mais qui donc avait, le premier, déduit en entier le corps même de la doctrine ? Qui l'avait exposé publiquement ? si ce n’est Regius, dans ses lecons à l'Uni- "versité d’Utrecht depuis 1637, bien avant, par conséquent, que Descartes en ait publié une partie dans son ouvrage de 1644. Et cela, Descartes l'avait reconnu lui-même, en 1642, dans sa Lettre au P. Dinet : une page entière y est consacrée à Regius, qui avait réussi, en lisant la Dioptrique et les Météores, et en méditant sur les principes de la vraie philosophie, à composer lui-même en quelques mois une Physique entière (il disait une Physiologie, Phy- fiologiam), telle que Descartes pouvait par avance l’avouer comme sienne?. Regius prit pour argent comptant cette politesse exces- sive. En 1668, il découpe cette page, et l’imprime bien en vue, a. Tome V, p.626; ett. III, p. 457, note a. bsRomeNMIIp 582; 1 17 4p#583, l' 7. 678 ADDITIONS. comme une pièce justificative, après une préface où il expose ses revendications. Cela se trouve dans un autre ouvrage de cet auteur, intitulé Medicina*. Un peu plus, et Regius irait jusqu’à dire que Descartes, dans ses Principia de 1644, n’a fait que le plagier : le maitre, plagiaire du disciple! le livre imprimé, simple plagiat de l'enseignement oral donné par celui-ci d'abord ! Et peut-être Regius en était-il persuadé dans son for intérieur : bel exemple d'infatua- tion de soi-même chez cet enfant d’Utrecht, Regius Ultrajecinus, in Academia patria profef[or, grisé, sans doute, par l'admiration de ses collègues et de ses concitoyens, et pour qui sa ville natale était tout l'univers. Je ne sais quelle fut la fortune des livres de Regius, mème au xvie siècle, comparés à ceux de Descartes : un exem- plaire des Fundamenta Phyfices de 1646 m'a été envoyé de la Biblio- thèque de l’Université de Leyde, où n'ont manqué, depuis plus de deux cent cinquante ans, ni les professeurs ni les étudiants pour le lire : le livre avait été si peu lu, qu’en plusieurs endroits, cons- a. Henricr Rec Uzrrasecrint Medicina € Praxis Medica. Editio tertia. (Trajecti ad Rhenum, Theodorus ab Ackersdijck, clo 19 c zxvurr.) La dédicace de la première édition, est ainsi datée : « 31 Maïij 1647. Styl. » Jul. » Dans un Avis au Lecteur, « 20 Januarij, Anno clo Ioc zxvin, » Stylo Jul. », on trouve ceci : « ...Teftatus jam tm fuerat in Differta- » tione de Methodo Cartefius, hoc à fe jam fa&tum, & infignia fuorum » conàtuum fpecimina, in addità Dioptricä & Meteorologià ediderat. » Verüm Virille ingeniofiflimus in eodem opere tum publicè fignificavit, » fibi nullo modo permittendum, ut quicquam eorum, fe vivo, in lucem » prodiret; addens tamen, ea fola, quæ in Methodo, quafñ per judicem, » commemoraverat, ingeniofioribus, ad fimilia imû vel majora præftanda, » fuficere. Neceflitate itaque coaëtus, & fpe ab ipfo datà animatus, ed rem » deduxi, ut ipfe Cartefius, vifis meis Phyfcis cogitatis, quibus Homi- » nem, Magnetem, Æftum maris, totamque reliquam rerum Univerfi- » tatem, per principia vera, clara, intelligibilia, ubivis obfervabilia & » unica, jam tum defcripferam, publicè in Epiftolà ad P. Dinetum tefta- » tus fuerit, me vifa [ua Dioptrica & Meteorologiä, quo tempore illæ » circa annum 1637 folæ cum Diflertatione de Methodo in lucem primüm » prodierant, ed fuifle fagacitate, ut intra paucos menfes integram Phy- » fiologiam concinnarim. Jacto itaque hoc fundamento, eoque à me, hoc. » noftro feculo, omnium primo, propalato & publicato, folidum totius » Artis Medicæ ædificium ipfi etiam primus inædificare.. aggreflus fui... » Et Regius reproduit ensuite tout au long, et à part, la page de Descartes, dont il vient de citer seulement quelques lignes : « Doëtor quidam Medi- cinæ (il ajoute ici, entre parenthèses, H. ReGius)... concinnarit. » (Voir notre tMIl/ p.582; 1877, à p582/ 1er.) DESCARTES ET REGIUs. 679 tatation fâcheuse pour la mémoire de Regius, les pages n'étaient même pas coupées. Suit une série de documents, A, B, C, D; pièces justificatives de la présente étude. A. Voici les deux éditions successives de l'ouvrage de Regius : I. Henrici Regii Ultrajeélini FuNbAMENTA Puysices. (Amstelo- dami, apud Ludovicum Elzevirium. Anno clo Isc xzvi.) In-4, pp. 3506, plus 14 p. non numérotées : Dédicace et Index. La dédi- cace : Jlluftrifimo € Celfifimo Principi, Frederico Henrico, D. G. Principi Auriaco, etc., est ainsi datée : Ultrajedli, 10 Augufti, Auno 1646. Stylo Jul. Carur I. — De Principriis rerum naturalium, earumque commu- nibus affectiontbus, € differentiis. Pag. 1. » II. — De afpeGabilis Mundi fabrica. Pag. 47. » III. — De Aqua, Terra, Aère, € Igne. Pag. 76. » IV. — De œflu maris, € motu aëris € aquæ ab oriente verfus occafum. Pag. 90. » V. — De generatione, corruptione, mixtione, temperamen- tis, € qualitatibus. Pag. 94. » VI. — De Meteoris. Pag. 100. » VII — De Fofjilibus. Pag. 126. » VIII. — De Corporibus vivis. Pag. 145. » IX. — De Stirpibus. Pag. 148. » X. — De Animalibus. Pag. 153. » XI. — De Befliä. Pag. 242. » XII. — De Homine. Pag. 245-306. II. — Henrici Regii Ultraje@ini Paiosornia Narurauis. Edi- tio fecunda, priore mullù locupletior, € emendatior. Marque : la Minerve. Amstelodami, apud Ludovicum Elzevirium. cl Ioc Liv. Même dédicace, au Prince d'Orange, Frédéric-Henri, que dans la 1° édition, avec la même date : Vltrapecli, 10 Augufli, Anno 1645. Stylo Iul. En outre, un « Salut au Lecteur » : Henricus Recrus Leëori °a5 680 ADDITIONS. Benevolo S., avec cette nouvelle date : Vlirajedi, V Aprilis Anno clo Ioc Liv. Voici le commencement : Tota rerum Vniverfitas, quam ex claris, fuficientibus, € unicis Naturæ principiis, abhinc annos præter propter feptendecim, clarè deduxeram, feculoque noftro primus exhibueram : ante otlennium, ab eruditis quibufdam viris, in publicam lucem typis fuit produta. Cüm autem ea quamplurimis ita placuerit, ut, divenditis omnibus exempla- ribus, à multis ad novam editionem fuerim invitatus, opus, ad incu- dem revocatum, auxi, limavi, defcobinari… Vient ensuite un beau portrait, avec cette inscription au-dessous : Henricus Regius Ultrajeclinus, Medicus, & Philofophus, € in patria Academia Medicinæ Profeflor. « H. Bloemaert pinxit. T. Natham fculpfit. » Devise au-dessus : Candidè € Genero/fe. Vers d’A. CæsELLIus sur ce portrait. On y lit: … Vivida forma viri eft, cæca ad penetralia rerum, Ante alios, clarâ qui face pandit iter… Ergo Sophos inter veteres, interque recentes, Rex eft, & meritù nomina Regis habet. L'ouvrage n'est plus divisé en douze chapitres, comme la 1° édi- tion, mais en cinq livres. Liper Primus. — De rerum naturalium Principiis, € communibus affeclionibus ac differentiis. (XV Cap., pag. 1-70.) Laser Secunpus. — De Afpeclabilis Mundi Fabrica. (XIV Cap., pag. 71-141.) Liper Terrius. — De iis, quæ in Tellure continentur, vite exper- tia. (X Cap., pag. 142-221.) Liger Quarrus. — De iis, quæ in Tellure continentur viva, ratione carentia. (XVI Cap., pag. 222-333.) Liger Quinrus. — De Homine. (XII Cap., pag. 334-441.) EpriLoGus. — (Pag. 441-442.) In-4, pp. 442, plus 38, non numérotées. B. Le texte de la Dédicace de 1646, reproduit en 1654, présente, d'une édition à l’autre, les différences suivantes, qui justifient le reproche de Clerselier dans sa Préface de 1657 (t. V, p. 625-6). A gauche, le texte de la 2° édit.; celui de la 1'°, à droite. DESCARTES ET REGIUs. 681 « ...Atque hæc, præler reve- » lationem divinam nobis in Sa- » cris falam, meo judicio, unica » eftadutilem veritatisinveftiga- » tionem via, cui mens humana, » veri cupida, tutô, quantum in » hac mortalium licet caligine, » acquiefcat. Si itaque hanc infi- » ftens,à vulgaribus quorundam » opinionibus, eam folam ob » caufam, quèd principiis, quæ » occulta & à fe non intelleéta » fatentur, ac proinde nil nifi » cimmerias tenebras, loco quæ- » fitæ lucis, exhibere poffunt, » tanquam ruinofis tibicinibus » innitantur, hic pro libertate » philofophicà, quæ jubet, ut .…Atque hæc, meo judicio, unica eft ad utilem veritatis inveftigationem via, cui mens humana, vericupida, tuto, quan- tum in hac mortalium licet cali- gine, acquiefcat. Si verd vefligiis Viri Nobiliffimi, € verè Incom- parabilis Philofophi, Renati des Cartes, infiftens, vel propria Jeétans, vel aliä viä procedens, à vulgaribus quorundam opinio- nibus, eam folam ob caufam, quôd principiis, quæ occulta & à fe non intelleéta fatentur, ac proinde nil nifi cimmerias tene- bras, loco quæfitæ lucis,exhibere poffunt, tanquam ruinofis tibi- cinibusinnitantur, hic pro liber- tate Philofophicà, quæ jubet, ut Nullius addidus jurare in verba magiftri, Quid verum atque decens curem, € rogem, € omnis in hoc fim, » nonnihil receffero... » | nonnihil receffero.. » D'autre part, la dédicace de la seconde édition supprime, dans la litanie des louanges en l’honneur du prince Frédéric-Henri, cette phrase qui était de circonstance en 1646, l’année de la création de l'Académie de Bréda (voir t. IV, p. 438) : « Tu fummo in literas & literatos amore, inter medios armo- » rum ftrepitus, Bredæ, in æternæ tuæ Gloriæ complementum, » literatis, novum Illuftre Gymnañium & Collegium Auriacum, » ingentibus fumtibus aperis. » (Page 3-4, non numérotée.) G: Un des grands reproches que fait Descartes à Regius, est de lui avoir pris son explication du mouvement des muscles, en parti- culier des muscles de l’œil. Et ce reproche revient à trois reprises dans sa correspondance (t. IV, p. 517, 1. 23, à p. 518, 1. 2; p. 566, (74 p.626; 1. 11-23). Œuvres. VI. 86 682 ADDITIONS. Regius, dit-il, a répété cette explication « deux fois, de mot à » mot, en fon liure, tant cela luy a plü ». La chose est exacte ; seu- lement, la première fois, Regius parle du mouvement spontané, et la seconde fois, du mouvement volontaire; et s’il reproduit textuel- lement la même explication, c'est pour bien montrer que, dans les deux cas, le mécanisme est le même. Voici d’ailleurs les deux pas- sages, en regard l’un de l’autre : « Molûs fpontanei alternatio. » — (ÜOmnis membrorum motus » ferè eft in contrarias partes » alternatus : ita ut pars quæ- » libet dextrorfum, furfum, vel » antrorfum mota, poflea vicif- » fim finiftrorfum, deorfum, vel » retrorfum fpontaneo motu » moveatur. Quod ut commodè » intelligatur, duorum mufcu- » lorum, in oculo vel alià parte » oppofitorum, fabrica eft def- » cribenda; inde enim omnium » aliorum mufculorum conftitu- » tio & alternatus motus facilè » innotefcent. » « Mufculorum oppofitorum fa- » brica. — Mufculi igitur ocu- » lum A, mod ad dextram, » mod ad finiftram moventes. » duo funt B, C... « Oculi quies. — … « Oculi lenfio in reclum. — … « Oculi ad dextram flexio. Die « Inflexio oculi ad finifiram. D) — « …Unde reliquæ aliæ, non » tantüm oculorum, fed etiam omnium aliarum partium Quomodo motus arbitrarius in contrarias parles allernetur. — Omnis autem arbitrarius mem- brorum motus eft in contrarias partes alternatus : ita ut pars quælibet pro arbitrio dextror- fum, furfum, vel antrorfum mota, poftea viciffim motu arbi- trario finiftrorfum, deorfum, vel retrorfum moveatur. Id in motu duorum oppofto- rum oculi mufculorum oftendi- tur. — Quod ut commodè intel- ligatur, duorum mufculorum, in oculo vel alià parte fibi mutud oppofitorum, fabrica & alternata agitatio, antehac in motu fpon- taneo defcripta, hîc eft repe- tenda; inde enim omnium alio- rum mufculorum conftitutio, & eorum motus, pro arbitrio alter- natus, facilè innotefcent. Eorunique fabrica defcribitur. — Mufculi itaque oculum A. modà ad dextram.… Arbitraria oculi quies. — ..… Oculi tenfio. — … Arbitraria oculi flexio ad dextram. — … Flexio oculi ad finifiram.— … Hincomnium aliarum partium motus arbilrarii innotefcunt. — .….Unde reliquæ aliæ, non tan- DEscarTES ET REGIUs. 683 » inflexiones & tenfiones fpon- | tm oculorum, fed etiam om- » taneæ intelligi poflunt. » | nium aliarum partium inflexio- (Page 232-235.) nes & tenfiones arbitrariæ intel- ligi poffunt. (Page 295-298.) Descartes reproche aussi surtout à Regius d’avoir omis le prin- cipal de son explication, « qui eft que les efprits animaux qui cou- » lent du cerveau dans les mufcles, ne peuuent retourner par les » mefmes conduits par où ils viennent » (t. IV, p. 626, |. 17-20). Regius eut-il lui-même le sentiment de cette omission? Toujours est-il qu’à la fin du volume de 1646, aux errala, on trouve cette note significative : Page 235, 1. 14, poft verbum convertant, addatur hic articulus : « Caufa autem, cur, apertä aliquâ mediaflini nervorum parietis val- » vulà, fpiritus per eam ab un& tantüm parte in alterum mufculum, € » non ab utrâque parte indifcriminatim, vel per vices, nunc in hunc, » nuncin illum mufculum fluere poffint, hæc eft : quod parietis 1ftius » mediaflint pori, quibus valvulæ 1fiæ præfunt, ita funt format, ut » ea pororum pars, quæ à valvulis claudi poteft, fit lalior, € in arclio- » rem ac tandem in arGiffimam angufliam, in allerum nervum deji- » nentem, paulatim ardletur. Atque hinc datur fpiritibus à latiore » pororum parte in nervum oppofitum tranfitus facilis; ab alterä » verd parte, quæ eft anguftior,, difficilis aut nullus. » Le passage correspondant de Descartes, Trailé de l'Homme, se trouve ci-avant, p. 133, |. 20, à p. 137, 1. 20. D: Dans la 2° édition, le chapitre premier du Livre V, est intitulé : De Mente humana, five Anima rationali. Ce qui est précisément le titre du placard de Regius, imprimé en 1647, et sur lequel Des- cartes publia aussitôt des notes : Notæ in Programma quoddam. (Tome VIII, 2° partie, p. 341-369.) Le placard (Programma) com- prend vingt et une THÈsEs. Presque toutes se retrouvent, mot pour mot, dans le volume de 1654, sauf quelques variantes ou additions que nous donnerons ici en ifaliques. L'ordre n’est pas toujours le même. THëse I (t. VIII, p. 342), déjà, ou peu s’en faut, dans la 1r° édit. (1646) : « Cogitatio eft, quà aétiones cogitativæ ab homine primô » peraguntur. » (Page 245.) 684 ADDITIONS. THëse IT (t. VIII, p. 342-3), dans la 2° édit. seulement (1654) : « Quantum ad naturam rerum attinet, ea videtur pati, ut mens » poflit efle vel fubftantia ; vel quidam fubftantiæ corporeæ modus; » vel, fi nonnullos alios philofophantes fequamur, qui ftatuunt » extenfionem & cogitationem effe attributa, quæ certis fubftantiis » tanquam fubjeétis infunt : cum ea attributa non fint oppofita, fed » diverfa, nihil obftat, quo minus mens etiam poñlit effe attributum » quoddam, eidem fubjeéto cum extenfione i7 homine conveniens, » quamvis unum in alterius conceptu non comprehendatur. » Quicquid enim reéle, five clarè € diflinclè, poflumus concipere, » id, fallem per dirinam potentiam, poteft effe : atqui, ut mens » aliquid horum fit, recè concipi poteft; nam nullum horum » implicat contradictionem. Ergo ea aliquid horum efle poteft. » (Page 335-336.) Là-dessus Regius renvoie à Descartes le reproche de paralogisme que celui-ci lui avait adressé (t. VIII, p. 349, |. 10, etc.) : « Malè verd hic ita inferat aliquis : Cogitatio & extenfio hic dicun- » tur diverfa, ergo funt oppofita, quia unum non eft alterum; & » quidem contraria, quia includunt effe & non effe : nam cogitatio » eft, fed non eft extenfio. Hic enim effet magnus, ex terminorum » logicorum ignoratione ortus, paralogifmus... » (Page 336.) Et » plus loin : « Atque hinc patet abfurdam eorum effe imaginationem, » qui motum & figuram imaginantur in fuo conceptu includere » extenfionem, atque ideo illa tanquam modos ineffe poffe extenfioni » corporis.. » (Page 337.) Tuaèse V (t. VIII, p. 343), un peu plus loin : « Nec obftat, quo » minus mens pofjit ele modus corporis, quod de corpore dubitare, » de mente ver dubitare nequaquam poflimus : hoc enim illud » tantüm probat, quod, quamdiu de corpore dubitamus, illam certà » ejus effe modum dicere non poflimus... » (Page 338.) Taëse IT (t. VIII, p. 343), sans un mot de changé : « Errant.. » concipere.. » (Page 339.) Si néanmoins quelqu'un l’affirmait, continue Regius : « hoc tantam fidem mereretur, ac fi quis diceret, » fe clarè & diftinétè concipere animal neceffarid effe hominem; cùm » illud, utpote genus, oppofitæ fpeciei quoque competens, poflit » etiam effe beftia. » (Zbid.) THëse IV (t. VIII, p. 343), aussitôt après, au moins la première phrase : « Quod autem mens humana... revelatum », sans aucun changement; la seconde ainsi modifiée : « Atque ita, quod per » naturam, fi accuratam ac indubitabilem, & non moralem, five » verifimilem, rerum veritatem & cognitionem quæramus, erat » » Descartes ET REGIus. 684 dubium, jam, per divinam in Sacris revelationem, eft indubita- tum. » (Page 341-342.) THëse VI (t. VIII, p. 343-344), ainsi reproduite : « Mens humana, quamvis fit fubftantia à corpore realiter diftinéta, in omnibus tamen /uis actionibus peragendis, quamdiu eft in corpore, ea, meo € multorum philofophorum, tritiffimam hanc quæftionem ven- tilantium, judicio, eft organica, five corporeorum organorum indi- gens : ita ut planè nullas aëiones fine corporeis organis perficere poffit… » (Page 342.) Toutefois Regius, comme se ravisant, ajoute plus loin ceci : « Neque tamen ex organicà illà mentis conftitutione fequitur, mentem non effle fubftantiam, fed efle tantüm modum corporis ; corpufque mente uti, tanquam fuo modo. Nam non quicquid inftrumentis utitur, id eft modus. Nec aétiones præcipuë inftrumentis, fed ipfis, ut appellant, fuppofitis, vel caufis princi- palioribus, inftrumentis utentibus, quæ hic eft anima rationalis, adfcribuntur. » (Page 344.) TuHèse VII (ibid., p. 344), ainsi développée : « ...ejus tamen effen- lia, utcumque corpus fuerit difpofitum, femper manel immutata € incorruptibilis : cùm hæc fit naturæ à formä corporis humani, five ab ejus temperie € conformatione, ex conventente partium mou, quiete, fitu, figurâ, € magnitudine ortä, planè diverfæ, utpote quæ in folà facultate cogitandi confiflat, nec ex 1llà partium difpofi- tione oriri queat... » (Page 345.) THëse VIII (ibid., p. 344) : « Eumque mens, quam ex revelatione divin fubftantiam à corpore diftintam effe novimus, nullas partes, nec ullam extenfionem in conceptu fuo habeat : fruftrà quæritur, an fit tota in toto, & in fingulis partibus tota... » (Page 346.) THëse IX (1bid., p. 344) : « ...Hinc videtur manifeflum, quod mens noftra æquè evidenter ab imaginariis, atque à veris, in per- ceptione affici poflit ; quodque ideo, non moralem fire probabilem verifimilemque, fed exquifitam, accuratam, € indubitabilem veri- tatis cognitionem quærenti, per naturam ”entis jam propofitam, dubium € incertum fit, an ulla vera corpora, an verd imaginarta tan- tüm phantafmata à nobis percipiantur... » (Page 347.) Et presque aussitôt ce trait, qui vise droit Descartes : « Fanæ itague € inanes » » eorum funt gloriationes, qui ex natur& apodicticam € indubitabilem rerum fcientiam fe habere, vel habere poffe, jaélant : cm ex eû » fuprà verifimilitudinem nihil quicquam, ut ex diclis patet, haberi » queat. » (Page 347.) Et Regius fait la même déclaration que dans la Thèse IX : « Verüm, qui intelleélum habent, nec funt ad fidem, ut » mulus € equus, tis totum hoc dubium tollit divina in, cum & de 686 ADDITIONS. » Sacris Lileris nobis facla revelatio, quà indubitabile eft, Deum » cœlum, & terram, & omnia, quæ iis continentur, creafle, & etiam- » num confervare.…. » (Page 348.) Suit une critique de Descartes, en particulier, de son argument de la véracité divine, condition néces- saire et suffisante d’une parfaite certitude pour notre esprit : « Nec obflat, fi quis dicat per naluram conflare, Deum efle, eumque non pole fallere.…. » (Page 349.) Tuëse X (ibid., p. 344), reproduite mot pour mot. (Page 351-352.) THÈse XI (1bid., p. 344-345), un peu développée en ces termes : « Sed, cüm ea fit fubftantia, w{ jam per revelationem diviriam pro- » barimus, & nova in generatione producatur : reétiflimè fentire » videntur li, qui animam rationalem per immediatam creationem » à Deo in generatione produci, eique fubftantialiter eàâ ratione, ut » jam dixi, uniri volunt... » (Page 353.) | Tuaëse XII (ibid., p. 345), reprise avec plus de force : « Mens, » Jive facullas cogitandi humana, non indiget ad cogitandum ullis » ideis, notionibus, vel axiomatis innatis...; fed-ip/a fola, ad omnes » cogitationes, tum priores, tum pofteriores, peragendas, fine ullo » tali innato auxilio, fibi ipli fufhcit... » (Page 353. Tuaèse XIII (tbid., p. 345), en deux lignes, qui deviennent ceci : « Nec eft quod ullas notiones nobis inculptas, quæ rvulgo communes » dicunlur, quales funt... fimilefque ullas alias, menti nofiræ, ad » acliones fuas recle peragendas, innatas efle dicamus. Illas autem » omnes, fimilefque alias quaflibet, ex obfervationibus rerum, primo » per fingularem individuorum perceplionem, € deinde per multorum » fingularium collettionem, € inde fatlam indu“tionem, univerfales » notiones inferentem, tpfi formavimus, vel ex alienä traditione illas » ab aliis accepimus... » (Page 354-355.) Tuaèse XIV (1bid., p. 345) : « Imo ipfa idea Dei, mentibus noftris » infita, quæ fc. non eft ex revelatione divinä, ea non eft innata, fed » ex rerum obfervatione, per fenfus, reminifcentiam, imaginationem » € judicium nofirum facla, in nobis eft orta... » (Page 356-357.) Enfin la Taèse XV (ibid., p. 345), si importante, se retrouve ainsi présentée : « Hic autem conceptus de Deo, five idea Dei, in mente » noftrà ita produéta, in eîque exiflens, non eft fatis validum argu- » mentum, #{ quidam perperàäm exiftimant, ad exiftentiam Dei pro- » bandam. Cüm non omnia exiftant, quorum ideæ five conceptus in » nobis obfervantur, atque hæc idea, utpote à nobis concepta, » idque imperfeétè, non magis quàm cujufvis alius rei conceptus, » vires noftras cogitandi proprias fuperet.… » (Page 357.) Puis Regius critique, pendant trois pages de suite, les preuves que Descartes DESCARTES ET ROBERVAI. 687 donne de l'existence de Dieu, et termine ainsi : « Cûmque hinc jam »_ pateat, quam imperfeéta fit illa noftra mentis facultas, quà ideam » Dei in animis noftris formamus, fruftrà quidam ab illà facultate, » quam malè, ad errores fuos incruftandos, & nova effugia inve- » nienda, ideam Dei appellant, argumentum, ad Dei exiftentiam » probandum, omnium validiflimum proferri poffe fimulant. Cüm » enim hæc mentis facultas tantam habeat imperfeétionem, ut de » ente illo infinito nihil infiniti pofitivè, fed tantüm negativè, com- » prehendere poflit, atque illud, quod etiam pofitivè de eo compre- » hendit, fit exiguum & imperfeétum : idcircd ad perfeétiffimi iftius » entis exiftentiam probandam hinc argumentum fatis validum » defumi planè nequit; nam ea, ut aliæ noftræ imperfeétæ facul- » tates, nobis per nos ipfos competere, aut ab alià imperfeétà naturà » data effe, poteit. » (Page 360.) Ainsi se termine le premier chapitre du Livre V, dans la seconde édition de Regius, chapitre qui correspond aux quinze premières thèses de son programme de 1647. Les six thèses qui restent, et qui d’ailleurs n’ont pas la même importance métaphysique que les précédentes, se trouvent développées dans les chapitres suivants. DESCARTES Er ROBERVAL. 1648. _ Sur les discussions de Descartes et de Roberval, qui eurent lieu pendant le séjour du philosophe à Paris, l'été de 1648, nous n'avions jusqu’à présent que le récit de Baillet, Vie de Monf. Des-Cartes, t. II, p. 344-346, d’après le témoignage d’Auzout, une quarantaine d'années plus tard. Nous avons reproduit ce récit, au t.V, p. 201-202, de cette édition. Voici maintenant un document de premier ordre, un récit contemporain, fait par Roberval lui-même. Il se trouve dans une lettre latine du géomètre à Des Noyers : Æ. P. de Rober- val de Vacuo Narratio ad Nobilem Virum Dominum Des Noyers Sereniffimæ Reginæ Poloniæ à Confiliis € Secretis. Idibus Mari 1648. Cette lettre, commencée le 15 mai 1648, puis continuée sous forme de Journal, ne fut terminée, au plus tôt, que sur la fin de septembre 1648 : elle donne, en effet, dans la conclusion, un résumé de la grande expérience du Puy-de-Dôme, effectuée le 19 septembre, 688 ADDITIONS. et qu'on ne put connaître à Paris que par la lettre de Florin Périer, écrite le 22. Cette longue lettre de Roberval (qu'il ne faut pas con- fondre avec une première lettre du même à Des Noyers, laquelle avait été imprimée l’année précédente, 1647), vient seulement d’être découverte et publiée par MM. Léon Brunschvicg et Pierre Bou- troux, au t. II, p. 283-340 et p. 359-361, de leur nouvelle édition des Œuvres de Blaise Pascal (Paris, Hachette, 1908). Nous ne don- nerons ici que l'extrait qui se rapporte à Descartes, p. 336-339. « ..Atqui tale fpatium extenderetur fecundüum longitudinem, » latitudinem & profunditatem : ergo corpus effet. Hæc Jane fuit inftantia cujufdam qui præ cæteris fibi fapere videbatur, € Phy- » ficam novam putrido ejufmodi fundamento fuperextruclam vulga- » verai. » ; « — Ego verd inane hominis fophifma primüm rifi. Deinde ref- » pondi : in hoc eum decipi, quôd effentiam corporis in extenfione » conftitui putaret ; id autem longè abeffe à formali corporis con- » ceptu. » « — Enimverà, quidquid per fe extenfum ef, illud corpus voco; » nec quippiam extenfum agnofco, nifi quod eft corpus, inguit » tlle. » d « — Annon vides, irquam, te nominibus abuti, dum illud cor- » pus vocas, quod alii fpatium, five folidum mathematicum, five » fimpliciter extenfionem, nominare folent. » « — Quid autem aliud reale in rerum naturà effe putas, ait, » præter tale fpatium, aut talem extenfionem ? » « — Præter Deum & fpiritus creatos, dixi, agnofco quidquid in » tali fpatio, five in tali extenfione movetur. Dum interim tale fpa- » tium, ex fuà naturà, prorfus manet immobile, ac me & te & reli- » qua corpora in fe (adde : fe) liberè moventia recipit, ita ut nunc » eam illius partem occupemus in quà exiftimus, dum colloquimur, » mox aliam occupaturi, poftquam ab invicem abierimus, ac tan- » dem eandem recuperaturi, fi alias aliquando hunc eundem in » locum, in quo nunc ftamus, reducamur : dum interim per innu- » meras ejufdem fpatii partes tranfierimus : hoc ergo extenfum » quod fic movetur, & materiale eft, non Deus aut fpiritus creatus, » ego cum omni Scholà corpus voco : illud autem aliud extenfum » immobile in quo fit motus, nomine ab omnibus recepto, voco » fpatium, five extenfionem, five, ut geometræ, folidum. Et in hoc fane utrunque convenit, quôd fit reale extenfum, divifibile, & » menfurabile ; differt autem maximè, quôd fpatium fit immobile, DESCARTES ET ROBERVAI. 689 idemque mobilia fe penetrantia recipiat ac per fuas partes moveri patiatur, corpus autem fit mobile, nec fe ab alio corpore pene- trari intimè ac fecundüm fuas dimenfiones finat. Non quidem me latet, tale fpatium, five folidum mathematicum, vocari à qui- bufdam corpus; verüm ill ipfñi nomine corporis abutuntur, faciuntque illud æquivocum, eo quèd, uno eodemque corporis nomine, illi duo entia naturà plane diverfa, nempe fpatium & corpus phyficum feu materiale, fignificent. Quanquam autem utrunque & à mathematico & à phyfico confideretur, longè tamen diverfa eft utriufque confiderationis ratio. Mathematicus enim fpatium primô ac per fe confiderat, prout extenfum eft, menfura- bile ac divifibile : fic ut partes illius, pro diverfis terminorum pofitionibus, diverfas figuras induant, diverfafque patiantur ad invicem rationes ac proportiones; idem autem Mathematicus corpus phyficum confiderat fecundarid tantüm atque ex accidenti, prout failicet 1llud extenditur in tali fpatio, fecundüm quafvis dimenfiones & figuras, non autem fecundüm diverfitatem materiæ & formæ : unde vulgare illud, #7athematicus abflrahit à materia. Phyficus, & contrario, corpus phyficum primè ac per fe confide- rat, prout materiale eft ac mobile, mutabile aut immutabile, cor- ruptibile aut incorruptibile, &c.; idem autem Phyficus fpatium mathematicum confiderat fecundarid tantüm atque ex accidenti, fcilicet prout in illo & per illud extenditur ac movetur corpus phyficum, in eodemque tale corpus, agendo & patiendo, fuas exercet operationes. Vide ergo, fubjunxi, quam diverfa fint ea quæ tu confundis, quorum fcilicet & conceptus formales funt diverfi, & diverfæ proprietates. » « — Im, iquit, habeo fanè quod glorier, dum video me Meni- TATIONIBUS Meis, ultra fcientiæ vulgaris terminos eoufque eretum, ut clarè & diftinétè videam & cognofcam id unum idemque pror- fus efle, nempe corpus & fpatium, quod vos, nefcio quà cœcitate intelle&tüs, duo diftinéta exiftimatis. » « — Hic ego (fenfi enim nimium amabili morbo delineri homi- nem) : Laudo, inguam, nec tantæ felicitati invideo; quin potius, ut illa tibi perpetua exiftat, votis quäm poffum maximis opto. Porrd ignofce, quæfo, cœcitati noftræ quà faétum eft ut, per- letis attentè non femel fublimibus illis tuis Mevirarionigus, neque id à nobis tantüm, fed infuper à multis ex noftris amicis fummi ingenii viris, ac fententiis in unum collatis, tamen exi- mium illud minimè animadverterimus; fed præter mera cogitata ac vana fophifmata nihil quidquam nobis, fummo noftro infor- Œuvres. VI. ; 8- 690 ADDITIONS. » tunio, falfà aliquà fpecie delufis, apparuerit.. » (Paris, Biblio thèque Nationale, MS. f. lat. 11197, f° 26 sqq.) La dernière phrase rappelle une phrase toute semblable, à la fin des 6"% Obje“ions (t. VII, p. 421, 1. 6-19), faites d’ailleurs par « des philosophes et des géomètres » : Philo/ophi € Geomelræ ad Dominum Cartefium. 1 semble donc bien que ce sont les mèmes, qui se réunissaient chez Montmort, ou chez Mersenne, et devant qui Roberval entreprit Descartes sur sa philosophie, l'été de 1648. NSS. pe LA BigciorHèque RoyaALE DE Hanovre. (Papiers de Leibniz : IV, Vol. I, 4. b. Excerpta ex Cartesio.) Les MSS. de Hanovre, relatifs à Descartes, nous ont été envoyés en communication à Nancy, grâce à l° obligeance du Bibliothécaire, le Professeur Karl Kunze, successeur d'Eduard Bodemann (décédé le 23 septembre 1006). Nous en avons fait une dernière et scrupu- leuse recension, qui nous a permis de rectifier sur bien des fautes encore les lectures antérieures. Voici ce qui n’a pu trouver place dans la partie déjà imprimée de notre texte. É A. Le MS. publié au t. X. p. 265-276, commence ainsi : Progymnafmata de folitorum Elementis ex Mfo Cartejij. (Page 1, 1.) Il convient donc de corriger le titre imprimé, t. X, p. 265, et … de se reporter à l'inventaire publié ibid., p. 10, 1. 15-17. Dans le MS. les lettres initiales : U et ”, sont bien écrites ainsi, et nontpas : Pret 7. es Page 266, |. 5-7: En marge, trois mots, écrits l’un au- -dessous de l'autre : tetraedrum — cubus — ofaedrum. ù l. 14: continentur. : MSS. DE Hanovre. 691 Eéee207 See GENS 12/20. 4.18. 1.6 | 20: | 12. 1, 5 : Rhomboeïides. Page 268, 1. 16 et 18 : quæ (à tort, pour qui). l. 19-20. Après énclinalionis, un signe ’ : (qui remplace peut- ètre æquales efJe). Page 269, 1. 1 : ile (au lieu de hac, mauvaise lecture). 1. 8 : Numerus, à la ligne. 1. 10 : Nunc fi... mème remarque. 1. 18 : Rhomboeides (et non pas : € rhomboides). 1. 19 : æquilatera. La première page du MS. s'achève sur ce mot; et la seconde, au verso, commence par : Omnium... etc., si bien qu'il y a séparation effective entre les deux textes. Page 270, |. 1 : Ut: (les deux points bien marqués). — T'etrago- nalis (ou Tetragonali), le T majuscule. — fit (et non pas Jit) sans virgule ensuite. 1. 2 : fublala (et non /ublato). 1. 9 (3° colonne), et 1. 15 (1'° et 2° colonnes) : les signes —, +, ne sont pas reproduits, par abréviation, étant les mêmes qu'aux colonnes 1 et 2,1. 11. 1. 11 (col. 2) : chiffre 1 seulement (au lieu de 12, le second chiffre ayant été oublié). 1. 14 (col. 2): Dodecadron. (sic, y compris le point, signe abré- viatif). Page 272, |. 7 : differentias. definiemus. 1. 7 : prioris doit être placé devant 7-7, à quoi il correspond en effet. Les cinq autres inégalités : 11-20, 32-21, 64-32, 107-43, 1061-54, se trouvent rangées toutes au-dessous les unes des autres, et forment une même série. Note b inexacte : les lignes 1 et 2, Qui. erant, font partie d'une note suivante, dans le MS. mème: et la première note, Harum.…., répond à un renvoi placé après 2 angulis (DL, 24): |. 10 : et 6 quadralis (au lieu de 76). l 11: Efhujus. (pro Hujus). Page 273, l. 7 : au-dessous de 720, entre parenthèses (245). 1. 20-23 : les signes + et — manquent, aussi bien que dans le .gnomon suivant, p. 274, l. 5-8, étant les mêmes que dans ceux qui précèdent. ! : t De - 092 ADDITIONS. Page 274, note a inexacte; le passage visé se trouve non pas placé ici, mais seulement indiqué par un appel de note, et trans- crit en marge. Page 275, 1. 1-3 : en regard de ce gnomon se trouve un N B., auquel répond la note suivante en marge du MS. : « Qui ad fini- » Jtrum lalus lineæ, charaéleres in M0. elifi € dubii erant. » (Neque hic gnomon cum numeris convenit, ul in priori- » bus.) » La fin de la note est donc inexacte. L,3%/270 etnonmy0o): 1. 4 : algebraici. 1. 9 : Éc. n'existe pas. |. 19 : au lieu de 2, on lit $ ou 6 ? Page 276, 1. 4: algebraicus. TagcEau, 1° colonne : à partir de la ligne 6, les mots {riangulis : et guadralis sont remplacés par de petits triangles et de petits carrés : V et[1. 2° col. : à partir de la ligne 7. jusqu’à la fin, les caractères cos- siques ne sont plus reproduits, étant les mêmes que ceux qui se trouvent au-dessus d'eux. De mème les signes — et +, à partir de la ligne 0. 3° col., 1. 11: 9245 (pro 2975). : 4° col. le ne pro) MEME V= (pro =) = Move (pro 8 V8). — I. 13: V5 (pro 20). 5° col., 1. 2 : Fit ex telraedro cujus latus eft 298, écrit tout au long. — 1. 6: le 28 final manque. — 1.8 : 7 + 6 V2 (ajouté avec une ligne de raccord, et ces deux mots au-dessous : nefcio cur); et ceci: V= {ou plutôt V=: le premier 1 de 11 paraissant barré) + £ W2 99. — 1. 13: + (pro = Avant la dernière ligne : Superfunt…, cette note entre paren- thèses : Alio atramento afcriplum erat. B. Voici maintenant les MSS. imprimés au présent t. XI, à partir de la p. 549. Page 549, 1. 10 : nonnihil, écrit d'abord; puis mihil barré, et mul- tum écrit à la suite. 1. 16 : illorum, écrit d'abord, puis corrigé en #/larum. Page 551,1. 6 : bf pro (df, correction). MSS. pe HANOVRE. 693 Page 551, 1. 30 : autem. Signe abréviatif seulement : w. Page 552, |. 19 : ...correfpondentes; aliæ quatuor, utrinque duæ, erant… (lecon du MS.). 6 : fecui ou fecari ? 3,1. 5-6 : imd.… rudimenta, ajouté en marge avec un renvoi après cavæ. ; TS : Juperior (pro /üperius, correction). Page 553, 1. 24, à p. 554, 1. 2 : alinéa barré de deux traits en croix, à gauche, et d'une barre transversale à droite, avec cette note en marge : Ææc deleta erant. — . Page 5 Page 5354, 1. 28 : primum, c'est-à-dire le foie du premier veau, p. 549, |. 4, et non pas du second, p. 553, 1. 1: vient ensuite un troisième, p. 556, |. 22. Page 557, 1. 7 : caræ (pro aorlæ, conjecture; voir ci-après, |. 12-13 et 22-23). Page 558, |. 20 : ut {et non:at). Page 559, 1. 19 : tenfa écrit d’abord, puis { changé en d : den/fa. Page 560, 1. 21 : attrahens. Une tache d'encre cache le milieu du mot, et ne laisse lire que les dernières lettres eus et la pre- mière a. Page 561,1. 1 : art. (pro arteriofæ). 1. 29 : perexiguum (et non per exiguum). Page 562, 1. 2-3 : videbantur (et non oriebantur.. 1. 15 : jungerentur. Apparebat (pro jungeretur. Apparebant correction). 1. 22 : vel arterias nervos (pro arterias vel nerros). 1. 30 : pectoris (pro cordis, correction; voir |. 24-25). Pise 565 5 et4:teriium... feptem. Le MS. donne: 344"... 7em, et (1. 4) Zo très lisiblement. 1. 16 et 17 : refleclebantur ; in aorta qui crafjiores (pro reflecle- banlur in aortam; qui crafjiores, conjecture). Page 567, 1. 8-9 : in dextram. L. 28 : autem. Abréviatif, comme ci-avant, p. 551, |. 30. Page 569, L. 6-12 : cette parenthèse répond à un signe d'appel, après fejungebantur (1. 2). Mais les mots if{æ rugæ répon- dent à rugofus (1. 3). Page 571, 1. 5 : éum. Tamen écrit d'abord, puis barré, et {u récrit au-dessus. De même I. 19. ADDITIONS. un Page 572, 1.5 : infra dextram auriculæ parlem, écrit d'abord; puis es barré, sans qu'on ait corrigé auriculæ, comme il fallait : auriculam. 1. 30 : medium deux fois. 1. 31 : hic os, écrit d'abord; puis hoc, récrit au-dessus, sans que hic ait été barré. Page 575, 1. 2 : autem. Signe abréviatif, comme p. 567, 1. 28. 20 : ex aquæ intus commolæ (pro ex aquà inlus commolä, Cor- rection ; ou bien un mot a été omis). 2 Page 632, 1. 4, le MS. donne : ramorum. Nous avons corrigé : racemorum, par analogie avec racemis (p. 631, |. 22). Page 642. 1. 19: les deux copies MS. donnent bien l’une et l’autre, et très lisiblement : horarij. Ficures. — 1° La seconde des deux figures IX, celle qui est marquée m, est accompagnée, dans le MS., de la note suivante en français : comme le fil Jimple au contraire du fil relors. 20 Les deux figures XXII correspondent au texte indiqué, p. 594, L. 4-5, et imprimé p. 534-535. Elles doivent donc rem- placer les figures de la page 534, qui sont celles de l'édition d'Ams- terdam (1701). DE REFRACTIONE,. [ERP] En calculant la formule : — { € + Vecerce ec + À = cc, on trouve en effet : — 3,5c ce 3,527 c, ou bien 0,027 c. Si l'on compare à + €, on obtient le même résultat, au moins en ce qui concerne les premiers chiffres. Quant au sens général de la phrase, et à l’origine de la formule, voici ce qu’on peut supposer. Il s'agirait d’une lentille formée de la partie commune à deux sphères de même diamètre. Ce diamètre d’ailleurs n’est pas celui qui est désigné par la lettre c, et cette lettre ne désigne pas non plus la largeur A A de la lentille. La lettre c désignerait probablement le diamètre du tube à l’intérieur duquel serait placée la lentille, comme dans une lunette d'approche. Par- DE REFRACTIONE. 69; tant de cette supposition, et prenant en outre AA°— Z c, BB' (diamètre de la sphère) égal à Z c [auquel cas, AA'—; de BB'}, on À ! ù - \ \ { \ \ \ / \ B 2 Le ja A: ei LA x ! 4 1D \ LA | 2 ; à A A 1 [ l : O 0 j_ : i NUM LPO RTS ? = | ! (C \ I / Ne | ee a re ( #7 DS I PE SES B' voit par le calcul que l'épaisseur e — BD de la lentille est donnée par l'équation : e° Ho 5 IN) Te — ce C0: D'où E—— 49 49 »> + Ve cc + 256 CC (RES: Le (Note due à l’obligeance de M. Henri Vogt, professeur de méca- nique appliquée à l’Université de Nancy.) A la ligne suivante, |. 6-7, au sujet des expériences envoyées par F. de Beaune à Descartes, sur la réfraction, voir deux lettres, du 20 février et du 30 avril 1639 (t., II, p. 512, L. 14, et p. 542, 1. 3-4). Enfin la comparaison qui suit des diverses réfractions, |. 8-12, rappelle un passage d’une lettre à Mersenne, du 1° mars 1638 (t. IT, p. 32, l. 1-4), où il est précisément question aussi de l'huile de sel, désignée dans le MS. par les anciens caractères des chimistes : trois petits cercles disposés en triangle, et un cercle plus grand coupé d’un diamètre horizontal. 606 = ADDITIONS. PARALLAXE. Page 650. Ad observandum an parallaxis... Voici une interprétation de ce passage, due à M. Gaston Floquet, professeur d'analyse à l'Université de Nancy. Parmi les modes de détermination de la parallaxe, 1l en est un qui requiert deux conditions : une première étoile, assez grande c'est-à-dire assez brillante; et une seconde, plus petite ou plus faible, mais assez proche de la première. Considérons la Grande Ourse, composée, comme chacun sait, de su quatre étoiles en carré : a, B, y et à. avec trois autres à la suite“ oO ME MER be) Fe À PL % RE Æ e i à \ g ZI + S XY FE SEEN x e N *X J Ë (e] se PER L £ _@ ‘ à Z a * * Vas MONEY 3 "RS l \ 7 | 1 Y- es TS #7 L Rue . Se * 1% #-- Ji 08 . €, n. figurant une queue. Examinons deux de ces sept étoiles : et à. ; L'avant-dernière de la queue, penultima caudæ, c'est-à-dire £, qu’on appelle aussi Mirzar, réunit précisément les deux conditions: d’abord elle est assez brillante; de plus elle a dans son voisinage une étoile plus faible, stellula, et assez proche, puisqu'elle n’est fi PARALLAXE. 607 distante que de 12° (exactement 11”.48"), soit un peu plus du tiers du diamètre apparent de la Lune. Cette petite étoile, g, appelée aussi «le postillon », ou bien Alcor, est située sur la ligne droite qui joint Mirzar et l'étoile + de la queue du Dragon. Par contre, ni l’une ni l’autre des deux conditions ne se trouve réalisée pour une autre étoile de la Grande Ourse (à laquelle on avait, sans doute, aussi songé) : l'étoile du carré, qui est la plus voisine de la queue, stella quadrati caudæ proxima, c'est-à-dire l'étoile 3. D'abord elle n’est pas assez brillante : bien que notée de seconde grandeur, secundæ magnitudinis, elle apparait beaucoup plus petite que les autres, null minor als apparuit. De plus, l'étoile qui vient ensuite, sur le côté inférieur du carré, c’est-à-dire l'étoile +, n’est pas assez proche; elle est distante, en effet, de « beaucoup de minutes ». Nous corrigeons ici mullam minutam, lecon du MS., en wultis minulis. En outre le MS. donne : et et multam minutam ; le second ef peut n'être que la répétition du premier, par la faute du copiste, ou bien une mauvaise lecture de ce copiste, et le mot mal lu pourrait être eam, écrit en abrégé, et remplaçant stella quadrati… de la phrase précédente. On aurait un sens satisfaisant, en lisant : ef eam multis minutis advertere potui inferioris sequentiæ ejusdem quadrali vicinam, «et j'ai pu remarquer » qu’elle était voisine de beaucoup de minutes (ef par conséquent » trop éloignée) de la suivante (lire seguentis, plutôt que sequentiæ) » inférieure du même carré ». Le MS. n'étant qu’une copie remplie de fautes, de pareilles corrections ont en elles-mêmes leur excuse et leur justification. L'étoile 3 doit donc être écartée, comme ne satisfaisant pas aux . conditions requises. Reste l'étoile £, Mirzar, qui y satisfait. Elle semble propre à mettre en évidence un effet de parallaxe, à cause de son voisinage avec Alcor. Cette dernière, en effet, étant très faible, se trouve probablement beaucoup plus loin dans le ciel, et par suite sans parallaxe sensible, de sorte qu'elle peut être regardée comme un repère fixe. Dès lors, en raison du voisinage, tout dépla- cement parallactique de Mirzar pourra être facilement constaté. Voir toutefois l’article 40 de la troisième partie des Principes, PAIE parsrett. IX (2°partie) ip: 121. Œuvres. VI. 88 608 ADDITIONS. LE MONDE DE DESCARTES. FRAITÉ DE LA LUMIÈRE. Pages 3-r18 ci-avant. Le Monde qui est ici publié, p. 3-118, n’est pas l'ouvrage entier que Descartes avait composé sous ce titre : ce n’en est qu’une partie, peut-être une ébauche incomplète, tout au plus une première rédac- tion, laissée inachevée, ou dont la suite est perdue. Mais le texte est authentique, à n’en pas douter; et pour nous en convaincre, en même temps que pour en déterminer l'importance et la valeur, nous avons jusqu'à trois moyens de contrôle, dont il convient de le rapprocher. Ce sont, d'abord, les indications que la Correspon- dance donne à ce sujet, de 1629 à 1634; puis un sommaire com- plet que Descartes a publié de son ouvrage, dans le Discours de la Méthode, en 1637; enfin les Principia Philosophiæ de 1644, du moins certaines parties des Principia, où les mêmes matières se retrouvent développées. Sitôt installé en Hollande, et les neuf premiers mois de son séjour, Descartes s'occupa d’un petit Traité de Métaphysique. Mais il fut interrompu par des recherches de Dioptrique, et surtout par l'étude d'un phénomène signalé à son attention l'été de 1629, les : Parhélies observés à Rome le 20 mars précédent. Pour s’en bien rendre compte, le philosophe pensa qu'il devait examiner par ordre tous les Météores (8 oct. 1629, t. I, p. 23, 1. 6-7), et ceci le ramena à l'étude de toute la Physique (t. I, p. 70, 1. 8-11). Il prit alors le parti de publier sa Physique avant sa Métaphysique, et de garder celle-ci par devers lui. En moins d’un mois, semble-t-il, il concut le projet d’un ouvrage entier et complet; il trouva même le biais le plus commode, ou le jour le plus favorable, sous lequel il le pré- senterait au public. Sa Physique prendra la forme d'un Traité de la Lumière, sans y rien perdre pour cela : tous les phénomènes de la nature, les Étoiles fixes et le Soleil, les Comètes, les Planètes et la Terre, l'Homme même, y trouveront place, et ce sera véritablement un Traité du Monde. La rédaction qui nous en est restée, comprend d’abord quinze chapitres, dont le xv° inachevé. Les cinq premiers servent d'intro- duction, et l'ouvrage ne commence véritablement qu’au sixième, Le Monne ve Descarres. 609 où Descartes expose ce qu'il appelle « la Fable de son Monde » : expression qui apparait pour la première fois dans une lettre du 25 nov. 1650 (t. I, p. 179, 1. 16), mais qui devait être bien anté- rieure, à en juger par la correspondance. Le chapitre 1 insiste sur la différence entre les objets eux-mêmes que nous voyons, touchons, en un mot que nous sentons, et les sentiments que nous en avons : deux choses qui n’ont rien de sem- blable, en dépit du préjugé commun. Descartes donne comme exemple le langage et la pensée (t. XI, p: 4, 1. 3, à p. 5, L. 2); ct dans une lettre du 20 nov. 1629 il traite, en effet, du langage, pour un projet de langue universelle (t. I, p. 76-82). Il donne ensuite l'exemple des sons et de ce qui les cause en dehors de nous (t. XI, p. 5, l. 3-20); nombre de ses lettres de 1629 et 1630 contiennent aussi des remarques sur les sons, en réponse à des questions de Mersenne ou à des passages de lettres de Beeckman. Le chapitre n traite du Feu, qui brüle, qui échauffe, qui éclaire, trois faits que Descartes explique, non par des « qualités » plus ou moins occultes, à la facon des scolastiques, mais selon ses prin- cipes, par des mouvements de particules de la matière (t. XI, p. 7-10). Le chapitre n1 explique de même comment certains corps sont durs, et d’autres corps liquides (entendez par là fluides égale- ment), et n’a point recours davantage à des « qualités » de dureté ni de liquidité {t. X[, p. 10-16). Or en janvier 1630 et le 25 février suivant, il écrit à Mersenne qu’il a dressé une liste de qualités, en s’aidant de Bacon, et que c'est une des premières choses qu'il tàchera d'expliquer : ce qui sera facile, ajoute-t-il, une fois les fondements posés (t. Ï, p. 109, |. 21-27). Ces fondements ou principes ne sont autres que la Matière subtile, dont il parle aussi à Mersenne pour la première fois, vers cette date, en lui recommandant à demi le secret (t. [, p. 119, |. 20-21). Et cette question est liée pour lui à celle du Vide, qu'il résout, comme on sait, en le supprimant : la lettre du 2 juin 1631 est assez explicite à ce sujet (t. I, p. 205-208); mais bien avant cette date, Descartes avait son opinion faite, et il la laisse entrevoir dès le 8 oct. 1629 (t. I, p. 25, L. 9-12). Aussi le chapitre 1v, sur le Vide (t. XI, p. 16-23), suit-il immédiatement les chapitres in et 1, sur la Dureté et la Liquidité, et sur les qualités du Feu. Enfin le chapitre v termine naturellement cette introduction par une théorie des trois Éléments (t. XI, p. 23-31). Ils ne sont-que trois, en effet, et non pas quatre : Descartes le démontre, ou s'ima- gine le démontrer. Il pense savoir ces choses, écrit-il à Mersenne, par démonstration (t. I, p. 120, 1. 1-2). Et dans la même lettre du 25 février 1630, on trouve la comparaison d'une éponge pleine Les RL 700 ADDITIONS. d'eau, pour expliquer le passage de la matière subtile dans les pores (t. I, p. 119,1. 9-10); voir de même à la fin du chapitre v (t. XI, p.31, 1. 7-12). Mais surtout plus tard, dans une lettre du 9 janvier 1639, Descartes ne veut pas cacher plus longtemps à Mersenne sa théorie des trois Éléments, et il la résume en une note toute semblable au passage essentiel du chapitre v (t. XI, p. 24-25, et t. II, P 483-484, et p. 564, 1. 11-16). Avec les chapitres vi et vi commence véritablement l’ouvrage. L'un traite de la Matière, que Descartes explique par l'étendue indéfinie des géomètres, sans avoir besoin des « formes » ni des « qualités » de l’École (t. XI, p. 31-36); l’autre traite du Mou- vement et des Lois du Mouvement, qu'il appelle les Lois de la Nature (p. 36-48). Il les appelle aussi des Vérités Éternelles (p. 47. l. 12): or dans une lettre du 15 avril 1630, il annonce qu'il parlera de celles-ci dans sa Physique avant qu'il soit quinze jours (t. I, p. 146, |. 10-11), et il y revient dans deux lettres suivantes de mai 1630 (p. 149 et p. 151). Quant à la Matière, comme il déclare aussi, le 27 mai 1630, qu'il est en train d'expliquer dans son Traité ce que deviendront les « formes et qualités » des Scolastiques (t. I, p. 154, |. 9- 13), on peut croire qu'il écrivait alors le CPE vi aussi bien que le vu. Les chapitres vin, 1x et x, qui viennent ensuite, traitent succes- sivement des Étoiles fixes dont le Soleil (t. XI, p. 48-56), puis des Comètes (p. 56-63), enfin des Planètes dont F5 Terre avec la Lune (p. 63-72). Descartes explique leur formation dans ce Monde, dont il raconte l’histoire comme une fable ou un roman. Et comme il a laissé loin derrière lui le monde réel, il se meut à l'aise dans les espaces imaginaires, et suit librement le système de Copernic. Le 23 déc. 1630, il écrit à Mersenne qu'il est en train de démèler le Chaos, pour en faire sortir la Lumière (t. I, p. 194, 1. 15-24), c'est-à-dire, sans doute, les corps qui produisent celle-ci à nos yeux, les Étoiles fixes et le Soleil : il ajoute que toute la Phy- sique est presque comprise en cette matière (1. 15-17). Plus tard, le 10 mai 1632, après qu'il a expliqué déjà, ce semble, théori- quement les Comètes et l’ensemble du monde imaginé par lui, il songe à reprendre pied dans la réalité, et demande un recueil des observations qui ont été faites sur les Comètes réellement apparues (t. 1, p. 250-251). Et il ne désespère pas d'expliquer la cause de la situation des Étoiles, bien qu’elles paraissent fort irrégulièrement éparses çà et là dans notre Ciel (t. I, p. 250, 1. 20-23) : n’a-t-il point tenté de le faire déjà dans ses Cieux imaginaires, et ne pense-t-il pas y avoir réussi (t. XI, p. 105, 1. 23;"étc.)? Le MonDE DE DESCARTES. 7OI Après le chapitre x, sur la Terre et la Lune, on trouve, comme il est naturel, un chapitre xr1, sur la Pesanteur (t. XI, p. 72-80). et un chapitre xu, sur le Flux et le Reflux (p. 80-83). Or, en octobre 1631, Descartes écrivait à Mersenne qu'il lui faudrait, sous peu de jours, expliquer dans son Traité la cause de la pesanteur (t. I, p. 222, 1. 13-16). Et il en reparle dans une lettre suivante, d’oc- tobre ou novembre 1631 : il tâchera d’expliquer quid sit gravilas, levitas, durities, dans les deux chapitres qu'il a promis d'envoyer à la fin de cette année (p. 228, 1. 10-14). Plus tard, il s’en ouvrit à Debeaune, dans une lettre du 30 avril 1639 (t. IT, p. 544). Quant à la question du flux et du reflux, Descartes n’en fait mention qu’un peu après, dans deux lettres de nov. ou déc. 1632 et du 14 août 1634, mais pour dire qu'il l'avait expliquée dans son Monde, comme Galilée, par le mouvement de la terre, et cela avant d’avoir lu Galilée, et d’une facon toute différente de la sienne (t. Ï, p. 261, 1. 21-26, et p. 304, 1. 7-11). Beaucoup plus tard encore, il fit mieux : le 6 août 1640, il communiqua à Mersenne, en confidence, son explication du flux et du reflux, telle qu'il la donnait dans son Monde, c’est-à-dire avant Îles retouches qu'il lui fit subir ensuite pour l’accommoder, dans les Principia de 1644, à une hypothèse différente de celle de Copernic; et cette explication communiquée en 1640 est la même, à quelques phrases près, que celle du cha- pitre xu (t. XI, p. 80-83, et t. III, p. 144-146). Les deux chapitres suivants, xu1 et xiv, sont les chapitres essen- tiels, sur la Lumière (t. XI, p. 84-97) et sur les Propriétés de la Lumière (1b., p. 97-103). Si Descartes n’en parle expressément nulle part dans ses lettres, on peut dire aussi bien qu'il y pense chaque fois qu'il parle de son Monde, puisque celui-ci n’est autre qu’un Traité de la Lumière. Enfin, après les chapitres vi et vr, qui posaient les fondements, et les chapitres vis à xiv, qui construisaient l'édifice, Descartes aurait montré, chapitres xv, xvi et xvir, que cet édifice n’a rien d’imagi- naire, et qu'il est tout semblable au monde réel que nous habitons. Mais il n’a fait que commencer cette dernière tâche : du moins nous n'en avons que le commencement, une partie du chapitre xv. où il ne parle guère que des Comètes, et de leurs chevelures, et de leurs queues... (t. XI, p. 104-118); il nous manque les chapitres xvi et xvu. Descartes les a-t-il rédigés, et comment? On ne saurait dire. Il rencontrait désormais bien des obstacles. C’était d'abord l'explication des « formes » et des « qualités », non plus en général (comme le chaud et le froid, le sec et l’humide, le dur et le liquide, le pesant et le léger), mais dans les différents corps qui se présentent 702 ADDITIONS. à nous : huiles, eaux-de-vie ou esprits, eaux fortes et eaux com- munes, sels, etc. Il lui fallait pour cela des expériences, et nous le voyons, dans une lettre du 5 avril 1632, fort occupé à en faire (t. I. P. 243, |. 19-22); depuis deux ans d’ailleurs il étudiait la chimie (lettre du 15 avril 1630, t. I, p. 137, 1. 5-6). Mais qu'était-ce que deux années, surtout si l’on songe au projet ambitieux que Des- cartes nous révèle presque à cette même date, 10 mai 1632 : non plus seulement deviner à posteriori, et par leurs effets, les diverses formes et essences des corps terrestres ; mais les connaître à priori, en les déduisant de l’ordre des Étoiles fixes dans le Ciel (t. I, p. 250, I. 21, à p.251, 1. 2). C'était le rêve des astrologues, et il est curieux de le retrouver un moment chez notre philosophe. Il s'en excuse :. cette science, reconnaît-il, dépasse la portée de l'esprit humain: et toutefois 1l est si peu sage, qu'il ne saurait s'empêcher d’y rêver (t. T, p. 252, 1. 12-15). En 1637, il y avait franchement renoncé (t. VI, p.64). Et peut-être ne s’y était-il pas attardé trop longtemps, pressé de se remettre à l'anatomie, pour l'étude de l’homme. En effet, au mois de juin 1632, afin de terminer son Monde, il parle d'y ajouter quelque chose touchant la nature de l'Homme (t. I, p. 254,1. 11-12) : non pas qu'il veuille décrire, ainsi qu'il y avait pensé d’abord, comment se fait la génération des animaux, ce qui serait trop long (p. 254, |. 5-0) et sans doute trop difficile; mais il expliquera au moins, dira-t-il en novembre ou décembre 1632, toutes les principales fonctions de l’homme (t. I, p. 263, 1. 1-8). Ce sera là une seconde partie du Traité du Monde : la première, tou- chant les corps inanimés, est achevée, Descartes le dit à plusieurs reprises, 5 mai 1632 (t. I, p. 248, 1. 6-9), et en juin suivant (p. 254, l. 9-10). Entendons par là qu'une première rédaction est sur le papier : il resterait à la mettre au net, ce qui amènerait peut-être bien des modifications. Cette rédaction est sans doute celle qui nous à été conservée, et que nous donnons en tête du présent volume. Descartes ne publia point son Monde : la condamnation de Galilée, en 1633, l'en empècha. Mais, en 1637, dans le Discours de la Méthode, il donna, au commencement de la V® partie, un som- maire complet de son grand ouvrage. Il ne saurait mieux faire, déclare-t-1l, qu'en disant ici « sommairement » ce que cet ouvrage contient (t. VI, p. 41, 1. 24-25). Il en indique d’abord le dessein : expliquer « la Nature des choses Matérielles » (1. 26-27). Mais pour cela il prit le biais de traiter de la Lumière (p. 42, 1. 4-5). Cela com- prend tout, en effet : le Soleil et les Étoiles, qui la produisent; les LE MoNDE DE DESCARTES. 703 Cieux, qui la transmettent; la Terre et les Planètes, qui la réflé- chissent; tous les corps, qui sont ou colorés, ou transparents, ou lumineux ; enfin l'Homme même, qui en est le spectateur (1. 5-13. Il prit encore un autre biais, afin de ne point indisposer les doctes (c'est-à-dire les Théologiens aussi bien que les Philosophes) : et c'était d'abandonner ce monde réel à leurs disputes ou contro- verses, et de créer, par la pensée, un nouveau monde tout exprès dans les espaces imaginaires (1b., 1. 13-27). Et nous voilà justement ramenés au chapitre vi du Monde, tel qu'il nous a été conservé (EXT, ips,.35). A partir de ce moment, si l’on suit, phrase par phrase, le texte du Discours de la Méthode, et si l'on reprend, chapitre par chapitre, le texte du Monde, on s'aperçoit que chaqué phrase correspond à un chapitre exactement, et que l’ordre est le même (ou peu s’en faut) des deux côtés. La première phrase, en effet : « Je décrivis cette matière... » (ts VE, p. 42, 1. 27, à p. 43, 1. 5), pourrait servir de titre au cha- pitre vi, intitulé lui-même : « De la Matière » (t. XI, p. 31-36); et d'un côté comme de l’autre, on insiste sur l'essentiel, à savoir combien on se passe aisément des « formes » et des « qualités » en usage dans l’École. La phrase suivante parle des Lois de la Nature (t. VI, p. 43, 1. 5-12), et c'est précisément aussi le titre du chapitre vu (t. XI, p. 36-48), où il est question du Mouvement d'abord, puis des Lois du Mouvement, avec leur caractère d’universalité. La troisième phrase (t. VI, p. 43, l. 12-19) rappelle comment du Chaos primitif ou de la Matière se sont formés, en suite de ces lois, les Cieux, la Terre et les Planètes, les Comètes, le Soleil et les Étoiles fixes. Et c’est, dans l'ordre inverse, ce qu'exposent les cha- pitres vaux, ix et x du Monde {t. XI, p. 48-56-63-72). La quatrième phrase (t. VI, p. 43, |. 19-25) nous apprend que Descartes s’est étendu ensuite sur la Lumière et ses Propriétés. Tel est bien aussi (en sautant par-dessus x1 et xu) le sujet que dévelop- pent les chapitres x et xiv (t. XI, p. 84-07-103). La cinquième phrase insiste sur la parfaite ressemblance entre le nouveau monde ainsi expliqué et le monde réel où nous vivons (te. VI, p. 43, L. 25, à p. 44, I. 1). Même insistance, et pour le même objet, d'autre part, dans le chapitre xv d’ailleurs inachevé (t. XI, P+ 104-118). Mais ce qui vient ensuite, dans le Discours de la Méthode, permet peut-être de suppléer à la fin de ce chapitre xv, comme aux deux chapitres suivants xv1 et xvir, qui manquent totalement. D'abord 704 . ADDITIONS. Descartes mentionne son explication de la Pesanteur (t. VI, p. 44, 1. 2-6), puis celle du Flux et du Reflux (1. 6-10); et ce sont là les deux chapitres x1 et x de notre Monde (t. XI, p. 72-80-83), bien qu’un peu changés de place. Descartes traitait ensuite divers sujets : les Vents sous les tropiques; formation des Montagnes et des Mers, des Fontaines et des Rivières, des Métaux dans les mines, et des Plantes dans les campagnes (t. VI, p. 44, |. 10-20). Enfin il termi- nait par une explication du Feu, et d'un de ses plus curieux effets, la production du Verre (p. 44, 1. 29, à p. 45, 1. 3). Rien de toutes ces choses n’a subsisté dans notre Monde; mais on les retrouve, en latin, à la IV® partie des Principia Philosophiæ. L'ordre n'est plus tout à fait le mème, il est vrai; encore y a-t-il des séries d'articles qui correspondent bien à telle ou telle question du Discours de la Méthode. Ainsi la Pesanteur est traitée de l’ar- ticle 20 à 27 inclus (t. VIII, p. 212-217), et le Flux et le Reflux un peu plus loin, de 49 à 56 (p. 232-238). Ces deux questions acquièrent même ici une importance particulière : on y voit com- ment Descartes les traitait dans sa nouvelle hypothèse, voisine de celle de Tycho-Brahé; et on peut comparer avec ce qu'il avait dit d’abord en suivant celle de Copernic (t. XI, p. 72-80-83, et t. LIT, p. 144-146). Entre ces deux questions, dans les Principia, il avait parlé des Montagnes et des Mers, art. 44 (t. VIII, p. 230); et un peu après, des Fontaines et des Rivières, art. 64 à 70 (p. 242-246); et des Métaux et des Mines, art. 71 à 76 (p. 246-248. Mais où la concordance apparait le mieux, c’est lorsqu'il s’agit du Feu : la phrase du Discours de la Méthode (t. VI, p. 44, |. 19-29) énumère, point par point, ce qu’on retrouve, sur le même sujet, dans les articles des Principia. Je m'étudiay, dit Descartes, àsfaire entendre bien clairement tout ce qui appartient à la nature du Feu, et c’est le titre de l’art. 80 (t. VIII, p. 249-250) ; comment il se fait, voir les art. 81 à 89 (p. 250-254); comment il se nourrit, art. 83 (p. 250); comment il n'a parfois que de la chaleur sans lumière, art. 92 et 93 (p- 256-258) ; et quelquefois de la lumière sans chaleur, art. 90 et 91 (p.254-256);... comment il fond quelques corps, art. 118 (p. 267- 268), et en durcit d’autres, art. 119 (p. 268); enfin comment il forme du verre. Descartes déclare qu’il avait pris particulièrement plaisir à décrire la transmutation de cendres en Verre; en effet dans les Principia, ceci ne remplit pas moins de huit articles, 124- 132 (t. VIII, p. 270-275). Un seul sujet peut-être lui plut davan- tage encore, et c'est l'aimant: il le développe à partir de l’article 133 jusqu'à l’article 183 inclus (t., p. 275-311). Pourtant il n’en avait dit mot dans le Discours de la Méthode, et nous n’en trouvons point ' LE MonpE DE DESCARTES. 70$ trace dans les quinze chapitres de notre Monde : Descartes paraît avoir eu un moment l'intention d’en parler, lettre du 4 nov. 1630 (t. I, p. 196, 1. 25-19); mais il y renonça vite, ce semble, lettre du 25 nov. (p. 180, |. 15-17). A part cette nouveauté, bien des articles, dans les Principia, ne faisaient que reprendre des sujets déjà traités dans les derniers chapitres du Monde. Cela est vrai pour la quatrième partie des Principia, et cela ne l’est pas moins pour la troisième et pour la seconde. Nous y retrou- vons les mêmes questions générales, qui sont l’objet des autres chapitres du Monde, et que le Discours de 1637 énumérait. Ainsi la seconde partie des Principia traite du Vide, art. 5, 6 et 7, art. 16 à 20 (t. VIII, p. 42-44, et p. 49-52), et c'est tout le chapitre 1v (t. XI, p. 16-23); de l'Étendue infinie ou indéfinie du Monde, et de sa Nature ou de son Essence, art. 21,22 et 23 (t. VIII, p. 52-53), et c’est l’objet du chapitre vi (t. XI, p. 31-36); du Mou- vement, art. 24-33 (t. VIII, p. 53-59), et des Lois et des Règles du Mouvement, art. 36-53 (p. 61-70), et c'est le chapitre vu (t. XI, p. 36-48); enfin des Corps durs et liquides, art. 54-63 (t. VIIT, p. 70-78), et c’est, en revenant un peu en arrière, le chapitre 1 (t. XI, p. 10-16). A part cette transposition, et une autre encore pour le chapitre v, que nous retrouverons plus bas, l’ordre suivi est le même ; ce sont aussi, avec quelques développements en plus, à peu près les mêmes idées, et parfois les mêmes expressions. Aux trois grandes lois du mouvement, Descartes a ajouté, il est vrai, sept règles, art. 46-52 (t. VIII, p. 68-70); mais il les indiquait déjà, en quelques mots au chapitre vi de son Monde (t. XI, p. 47, 1. 4-9). Remarquons aussi que les trois grandes lois ne sont pas présentées de la même facon dans les deux ouvrages : dans les Principia, la seconde loi du Monde devient la troisième, et par suite la troisième de celui-ci devient la seconde. La troisième partie des Principia comprend d’abord une intro- duction : aperçu des phénomènes célestes, art. 4-14 (t. VIII, p. 81-84), et exposé des différentes hypothèses astronomiques qui prétendent les expliquer; Descartes développe la sienne propre, après avoir rappelé Ptolémée, Copernic et Tycho, art. 15-41 (t. VIII, p. 84-08). Puis il marque bien le point de départ de ses déduc- tions, art. 43-47 (p. 99-103), et commence aussitôt la série. Nous retrouvons alors la théorie des trois Éléments, art. 48-52 (p. 103- 105), c’est-à-dire le chapitre v (t. XI, p. 23-31), laissé de côté tout à l'heure. Nous retrouvons l'explication du Soleil et des Œuvres. VI. re) 706 ADDITIONS. Étoiles fixes, art. 53-118 (t. VIII, p. 106-168), qui correspond au chapitre vu (t. XI, p. 48-56). Mais ici les changements sont consi- dérables : Descartes intercale dans ces articles sa théorie de la Lumière, art. 55-64 (t. VIII, p. 108-116), où l’on retrouve les cha- pitres x et xiv (t. XI, p. 84-97-103) ; mais surtout il expose une théorie des parties cannelées, art. 87-93 (t. VIT, p. 142-147), et s'étend sur les taches du soleil, leurs causes et leurs effets, art. 94- 118 (t. VIII, p. 147-168). Nous retrouvons une correspondance plus exacte dans ce qui suit : art. 119 et art. 126-139 sur les Comètes (t. VIII, p. 168, et p. 174-192), avec le chapitre 1x (t. XI, p. 56-63); art. 140-148 sur les Planètes, en particulier art. 149-153 sur la Terre et la Lune (t. VIII, p. 192-197 et p. 197-200) avec le cha- pitre x (t. XI, p. 63-72). Si donc on examine les Principia, les chapitres 1, 1V, VI et Vu, du Monde qui nous a été conservé, se retrouvent dans la seconde partie « De Principiis rerum naturalium » ; les chapitres v, vit, 1X, x, et aussi XIII et XIV, et Même XV, se retrouvent dans la troisième, « De Mundo adspectabili » ; enfin les chapitres x1 et xmr, et aussi XIII et xiv (au moins comme indication), et sans doute les deux, xvi et xvi, qui manquent, se retrouvent dans la quatrième partie, « De Terrà ». Bien entendu, une différence fondamentale subsiste entre les Principia et le Monde. Le système de Copernic, sur le mouvement de la terre, se déploie dans celui-ci en toute liberté, et s'étale, si l'on peut dire, ingénument. Dans l'ouvrage postérieur, il cède la place à une hypothèse qui le dissimule, sorte de compromis auquel s’est arrèté Descartes, et de biais qu’il a cru devoir prendre : tout le reste dé la doctrine en est çà et là modifié. Cependant, cette réserve faite, l'essentiel se retrouve sans trop de changements, et toute la Physique cartésienne reçoit une triple et quadruple confirmation, de la Correspondance (1629-1634), du Discours de la Méthode, 5° partie, en 1637, et des textes comparés du Monde (1629-1632) et des Principia (1644). On peut donc être assuré que les Principia ne sont qu’un remaniement du Monde, comme Descartes lui-même en prévient Huygens, dans une lettre du 31 janvier 1642 : « Mon Monde » fe fera bientoft voir au monde, & ie croy que ce feroit dès à pre- » fent, finon que ie veux auparauant luy faire aprendre à parler » latin; & ie le feray nommer Summa Philofophiæ. » (Tome HI, pi1523;, 11419) AQUAPENDENTE (Fabricius ap) : 532, 575, 614. ARCHIMÈDE : 8177. ARISTOTE : 244-245, 318. ASELLIUS : 122, 267. AUZOUT : 687. Bacon : 3820. « BAILLET : 294-295, 501-502, 559-560, 661-662, 663-665, 670, 671, 672, 675-676. Baunnus : 511, 531, 574, 587-504, 591, 592. BEECKMAN : 699. BERGEN. Voir SurcKk (van). Borrus : 653, 657. BRrAHÉ. Voir TycHo. BRASSET : 203, BURMAN : 221. CARCAVI : 294, 295. CHANUT : 293, 206, 298, 661. CHAPELAIN : XIII. CHRISTINE (Reine) : 296, 297, 480, 490, 661, 663-665. CLERSELIER : I-VII, XIII, 119, 134, 140, 164, 170, 203, 219-222, 252, 287, 204-206, 502, 661, 676, 677. COLBERT : 1. CopERrNic : 1x, 657, 700, 701, 704, 705, 706. TABLE DES NOMS PROPRES" DALIBERT : 1, vint, 659-660. DEBEAUNE : 645, 695, 7o1. Dicey : 670-672. DiNET : 312, 677, 678. ELizaBeTx (Princesse) : 221, 297, 298, 324, 401, 674, 675. Eczevier (Daniel et Louis) : xiv, 290. Fagricius. Voir AQUAPENDENTE. ForGE (Louis DE LA) : 11, ut, vu, XIN, 1109, 122, 132-133, 138-130,8 148, 164, 168, 170, 174-175, 106, 107. FREINSHEMIUS : 2097. FRANCINI : 669. . GAFFAREL : 213. GALIEN : 531. GALILÉE : 317, 701, 702. GizBERT : 317, 820, 635. GuisoNY : xvi. GUTSCHOVEN : VII, XIII, XVI, 119, 132- 133. HABErT. Voir MonNTMort. Harvey : 248, 267, 317, 332. HiIPPOCRATE : 532. Hogees : 670. HUYBERTS : XVI. Huycens : 635, 671, 673, 675, 706. a. Les chiffres gras indiquent les pages où les noms propres se trouvent dans le texte même de Descartes; les autres chiffres renvoient seulement aux notes, avertissements et éclaircissements. NE UE ge he CTP A M TES SN ETT ” à * ” DE « En No ‘ de [ À “ # re é Mar: - 708 Tage DES NoOMS PROPRES. KEPLER : 317. PECQUET : 122, 168, 230. KIRCHER : 606, 635-639. Picor : 293-297, 301, 671. POLLOT: I NII, XIT= LerBniz : 502-503, 534-538, 545-548, PRIMIROSIUS : 267. 549-634, 635-639, 641-646, 647-657, | Prorémée : 705. 661-662, 690-694. PYTHAGORE : 8117. Libraires de France : 1, 11, 293, 294, 299: RecGius : xiv-xvi, 606, 672-687. Libraires de Hollande : 1, 122, 267, RogervaL : 687-690. 293, 294, 209, 300, 489, 501, 674. Lipstorp : 213-215. SamnT-EVREMOND : 670-672. LOCHER : 212-213. ScauyL (Florent) : 1-Vitt, xXI-XII, 119, 134, 164, 200. Serres (Olivier pe) : 213, 669. SLUZE : XVI. SURCK (VAN) : I, VII. MONTAIGNE : 212. MonrmorT (Habert DE) : 489, 600. Morus : 294. NONANCOURT : XVI. Noyers (Des) : 687. Te TycHo-BRAHÉ : 657, 704, 705. OXENSTIERN : 203. } VITELLIO : 646. PARISANUS : 267. | Vivès (Louis) : 422. Fe a ERRATA PAGE 119, NOTE 4. Les figures qui se rapportent au Traité de l'Homme, ont été rejetées, non pas comme il est dit dans cette note, à la suite du Traité, mais à la fin du volume, dans les vingt planches que l’on trouve ci-après. Ces figures, au nombre de 39, correspondent aüx PP. 119-202, suivant le tableau ci-dessous. FIGURES PAGES FIGURES PAGES FIGURES PAGES 174, 189 160 174 133, 136 160, 162 174-187 135 I6I 178 138 180 » » 141 181, 183 150 183, 184 152199 185 154, 157 E 187, 190 156 191, 192 “ 197 159 3 198 1 ca à 4 5 6 7 8 9 10 C1 — = D D Œuvres. VI. e Il ERRATA. PAGE 534, NOTE b. — Pace 694, fig. N° 2. Les deux figures, indiquées dans la note b de la p. 534 sous le numéro XV, sont en réalité les figures XXII et XXII bis de la planche intercalée entre les pp. 639 et 641, comme il est dit déjà, p. 694, rectification. (A ce dernier endroit, lire : p. 595, et non pas 594.) PAGE 642, L. 19, ET PAGE 694. Fructus horarii. C'est bien horarii, en effet, qu'il faut lire. Foucher de Careil avait conjecturé à tort : hortorum. Le sens est celui-ci : « fruits qui viennent d’être cueillis sur l'heure, fruits . » frais ». Encore aujourd’hui, à Athènes, on entend les marchands de poisson crier dans les rues : "Eyw Yépr rc Gpas. « J'ai du poisson » frais.» (Note envoyée de Grèce par M. Gaston Colin, professeur à l'Université de Caen.) PAGE 687-690. Au sujet du procès entre Descartes et Fermat, Roberval ayant pris parti pour ce dernier, voici une pièce importante, dont on con- naissait l’existence, mais qui n'avait pu être retrouvée jusqu’à pré- sent. C’est une lettre de Desargues à Mersenne, en date du 4 avril 1638. Nous l’avions signalée au t. II de cette édition, p. 114- 115. L’autographe (signé DesarGues, avec un G entrelacé très lisiblement dans le D initial : Girarp DESARGUES) appartient main- tenant à la Bibliothèque de la Ville de Lyon : MS., D, 16, pp. 252-255. La découverte en a été faite par le lieutenant-colonel H. Brocard, de Bar-le-Duc, qui très obligeamment nous en a aus- sitôt fait part. Et le MS. nous a été envoyé en communication, non moins obligeamment, par le Bibliothécaire de Lyon, M. Richard Cantinelli. « Mon KR. Pere, » Eftant au point d’aller faire vn tour à la campaigne pour quelques » jours, ie me fuis auifé de vous renuoyer les derniers papiers que vous » auez reçu de Mr des Cartes, au moins ceux que vous m'’auiez fait l’hon- » neur de me confier. Sur quoy ie vous diray tout au long ce qui en eft » peu venir à ma conoiffance iufques à prefent. + ERRATA. III » C'eft que ie n'ay peu defpuis ioïindre M' Roberual pour aprendre par fa propre bouche encore fon opinion, qu'il m'a defia dit, mais il ne m'en fouuien pas affeurement. Pour M' Pafcal, ie ne l’ay peu gouuerner que fort peu, veu le defordre que vous fçauez eftre aduenu defpuis quinze iours, où il eft enuelopé. » l'ay veu Monfieur Mydorge, lequel m'a dit que M° Roberual l'en a entretenu & auquel il s’eft prefque relafché en certaines chofes, dont ie m'’eftonne bien. Et ieluy en ay dit mes fentimentz, aufquelz, fi ce que m’a dit Mr Mydorge eft vray, ie me fay fort de faire reuenir Mr Roberual & Pafcal, lefquelz i'ay toufiours cogneuz gens qui traiétent cette matiere purement d'honneur & fans aucune pañlion que pour la verité, de quelle part qu’elle reluife, & fans affeétation de perfonne. Vous en pouuez affeurer Mr des Cartes fur ma parolle. A ce que i’en ay peu comprendre, il n'y a que du malentendu en la plufpart de cette affaire. En l’autre partie, il y a quelque chofe à dire, que ie vous expliqueray tout au long, comme on me l’a donné à entendre. Car iufques icy ie ne fçay que par ouy dire, & n’ay point veu, le difcours de M' Fermat contenant fa methode du plus petit & du plus grand, finon ce que i’en ay veu dans la refponfe fufdidte de Monfr des Cartes [en marge : où il n’y a que le feul exemple d’vne touchante à vne parabole, dans lequel il y a vn endroit qui dit foit fait egalité felon la methode fuperieure, & methode n'y eft pas; c’eft pourquoy ie n’ay peu tout fuiure]; qui eft la caufe que ie n’en fçaurois pas opiner plainement, comme apres que ie l’auray veüe & confiderée. » Mais en attendant vous fçaurez que, premierement, Meflieurs Pafcal & Roberual m'ont chacun dit cy deuant, que M" des Cartes s’eftoit atta- ché par trop aux termes [formels & ajouté] ferrez de la façon de parler de M" de Fermat en cette occafion; & qu’il falloit penfer que, fi en ces exemples où M" de Fermat donne le moyen de trouuer la touchante d’vn point à vne parabole, il auoit pris au lieu de la parabole vne hyper- bole ou vne elipfe pour fon exemple : car comme dans l'exemple qu’il donne de la parabole il raifonne par des proprietez cogneües [ajouté dans l’interligne particulieres] de la parabole, affauoir par la compa- raifon [des quarrez des ordonnees entre eux barré, des raifons d’entre les récrit au-dessus, puis barré encore] de la raifon d’entre les deux pieces du diamettre de la parabole, contenues defpuis le point de fon fommet iufque à chacune de deux ordonnees à ce mefme diametre, auec la raifon d’entre les deux quarrez de ces deux ordonnees : au cas d’vne hyperbole ou d’vne elipfe, il n’auroit pas raifonné fur la mefme proprieté, mais il auroit raifonné par des proprietez cogneües [ajouté dans l’interligne particulieres] de l’'hyperbole & de l’elipfe : comme, par exemple, par la comparaifon de la raifon d’entre les deux reétangles des deux pieces du diametre de l’hyperbole ou d'vn(e) elipfe, contenües defpuis chacun des deux pointz qui donnent deux ordonnees iufque à po ie nn ee tit hé IV ERRATA. chacune de fes rencontrez auec les bords de la figure, [ajouté auec la raifon d'entre] les quarrez conuenablement pris des mefmes deux ordonnees; ou par autres femblables chofes ainfi cogneues particulieres à ces figures. » Selon ma maniere de proceder vniuerfelle, ’auray raifonné felon cette derniere façon, tant au fuiet de la parabole que des autres coupes de cone, comme eftant vne chofe commune à toutes les coupes [Renvoi à la marge : et dont ie fçay bien que ils n’ont pas accouftumé d’en faire mention comme d’vne proprieté generalement commune à toutes les coupes, mais ils en font deux efpeces de proprietez, vne particuliere à la parabole, & l'autre particuliere aux autres coupes, vne que ie voy cinq à six mots illisibles]. Et m'ont affeuré lefdiétz fieurs Pafcal & Rober- ual, que vous fçauez eftre gens d'honneur & fans paflion pour perfonne du monde en cette matiere, que ilz ont employé de cette façon la methode des plus petites & plus grandes au faiét des touchantes à l’hy- perbole & à l’elipfe, en raifonnant fur chacune fuiuant les proprietez qui leur en font [cogneües barré, récrit au-dessus particulieres], & qu’elle leur a egalement bien reuffi, aufi bien en cela comme en la parabole en raifonnant par des proprietez [cogneues barré, récrit au-dessus particu- lieres] de la parabole. De façon que ce que dit Monfr des Cartes [que fi on pouuoit fubftituer barré], qu’en fubftituant hyperbole ou elipfe, au lieu du mot de parabole, cette methode alors fe trouue fauffe, eft tout veritable. [Car le raifonnement fera veritable de barré] Car fi la methode eft generale, les mefmes motz exprimantz vne mefme proprieté doiuent conuenir & feruir à chacune efpece de coupe. Or les mefmes motz de ce raifonnement [feront veritables barré] fignifient vne chofe veritable aufli bien aux hyperbole & elipfe qu’en la parabole. Mais le raifonnement ne fera pas [de barré, récrit au-dessus alors fondé fur vne] proprieté particuliere à la nature de l’hyperbole ou de l'elipfe, comme le raifonnement de ceft exemple eft [de barré, récrit au-dessus fondé fur vne] proprieté particuliere [ajouté à la nature] de la parabole. Et i’eftime que c’eft là vne partie du malentendu [ajouté où l'erreur eft au choix de la proprieté pour raifonner deffus]. Par ainf, Monfieur des Cartes a raifon, & Monfieur de Fermat n’a pas tort. [Ajouté en marge : Sans attendre plus de temps, mon fens eft que, encore que M' de Fermat ait quelque raifon, fi tant eft que fa methode foit bonne pour chaque coupe de cone, en y raifonnant d’vne proprieté qui foit particuliere à la nature de l’exemple qu’on donne : fi eft ce que ie fuis du fentiment de Mr des Cartes, qu’elle n’eft pas generale & affeuree, iufques à ce qu'elle foit aiuftee de façon que, le raifonnement eftant pris d’vne proprieté communement naturelle ou effentielle à la nature de chacune des efpeces de coupe, le fens des mefmes paroles employees en ce raifonnement pour vne feule efpece de coupe conuienne & ferue generalement à chacune des autres efpeces de coupe. Autre- » 4 ERRATA. V ment, quant à moy, ie ne la nommeray pas vne methode generale, ny ne la receuray pas pour vraye iufques alors. En regard de cette addi- tion : En relifant le tout, i'ay voulu mettre hardiment cecy, à quoy ie puis faire voir à Mrs Pafcal & Roberual qui y ont acquiefcé, que rac- cord à ce qui précède fans attendre. ..] » Mais il y a plus. C’eft que Mr Mydorge me dit que M' Roberual luy# auoit fouftenu, que l'intention de Mr de Fermat n'’eftoit point de donner cette propofition de la parabole pour vn exemple de fa maniere [gene- rale ajouté] de trouuer le plus grand & le plus petit, & qu'aufli cette matiere-la ne tombe pas fous cette loy generale du plus grand & du plus petit, & que en cette matiere Mr des Cartes s’abufoit de conter pour vne plus grande cette touchante ainfi menee d’vn point de la para- bole comme la ligne EB, & que cette plus grande eft impoflible [en cela ajouté]. À quoy Monfieur Mydorge me dit qu'il auoit refifté quelque temps. Mais ie trouuay qu'il s’eftoit laiffé perfuader en quelque façon aux difcours de Mr Roberual, qui [ne refiftera fans barré] n’in- fiftera fans doute point auec moy fur cette penfée. Etie m'affeure de fa bonne foy que ie luy feray demeurer d’accord que M' des Cartes a raifon de comprendre dans la loy generale du plus grand & du plus petit ces touchantes menees d’vn point à vne coupe de cone; & ie dy à M Mydorge vne chofe vraye, qui eft que ie m'efmerueille qu'eux, qui font fi habilles hommes en toutes les parties des Mathematiques, tranf- cendantz en la Geometrie, ayent encore la thoile deuant les yeux, qui leur face conftituer vn genre particulier de lignez des feules touchantes [aux coupes de cone ajouté], different en toutes chofes d’auec celles qui trauerfent la mefme coupe de cone, quand ces lignez (que i’enten dretes) viennent d’vn mefme point. » Et [ie m'enhardy barré] moy que vous fçauez qui n’ay de conoif- fance de ces matieres que par mes propres & particulieres contempla- tions, ie m’enhardy lors de dire à Mr Mydorge, contre fon attente & fes opinions, que par mes contemplations capricieufes du cone ren- contré par diuers plans en toutes façens, & des lignes & des figures qui s’engendrent en cette rencontre, j’ay trouué que [A la marge, en regard de ce qui suit : En chaque efpece de coupe de cone par vn plan, il y a deux efpeces de lignes dretes de la nature qu’on nomme ordonnees. Et deux efpeces de lignes dretes qui chacune reçoiuent vne de ces efpeces d'ordonnees. Et ces deux efpeces-la de lignes s’enoncent en mefmes paroles en vn feul difcours. Ie ne veux pas dire que toutes les mefmes proprietez d'vne des efpeces foient communes à l’autre; mais elles en ont d’effentielles à la nature de leur reciproque generation, qui font communes aux deux efpeces], par vne feule & mefme enonciation, conftruétion & preparation, ou pour dire mieux par vn feul & mefme difcours & fous de mefmes paroles, on declare vn moyen de conftruire, ou bien on declare les moyens de faire vne conftruétion [& d’vn autre VI ERRATA. ordre ajouté], par laquelle on voit egalement vne pareille generation en toutes efpeces de plate coupe de cone, de toutes [les ajouté] efpeces de lignes droites qui ont [& reçoiuent ajouté] des ordonnees, [comme dia- metres & autres. Et l'on voit ajouté] femblablement vne pareille gene- ration en chaque efpece de plate coupe de cone, de toutes les efpeces d’ordonnees qu’il y a pour chaque efpece de lignes qui reçoi- uent desdiétes ordonneez. Et [l’on voit ajouté] vne pareille generation, à mefme temps, de toutes leurs touchantes, chacune de ces touchantes eftant membre d’vn des corps de ces diuerfes efpeces d’ordonnees. Et femblablement, par vn autre feul & mefme difcours de conftruétion, on voit vne pareille generation, en chaque efpece de coupe de cone, des pointz qu’on nomme foyers; & en fuitte leur fcituation & quelques pro- prietez communes entre eux en chaque efpece de coupe de cone. Le tout fans faire bande à part pour la parabole, & fans en exclure le cer- cle, non plus pour les foyers que pour les diuerfes efpeces de dretes qui reçoiuent des ordonnees, ny pour les diuerfes efpeces d’ordonneez. Et auffi fans employer pour cela aucun des triangles par l’aiflieu, ny faire diftiné&tion d'vn principal diametre d’auec les autres entre lefquelz on diftingue nettement les eflieux en chaque figure. Ie fçay bien que ilz n’ont fait mention que d’vne feule efpece de lignes qui reçoiuent des ordonnees, affauoir des diametres feulement en chaque figure; & d’vne feule efpece auffi d’ordonnees en chaque figure. De quoy ie m'eftonne ; car ie trouue que dans vn mefme genre il y a deux efpeces de chaqune de ces fortes de lignes. » Le luy dis encore cecy qui fait au fai [ou facit] de queftion, affauoir que ie trouue que toute ligne drete eftant menee à l'infini au plan d'vne coupe de cone, fi elle rencontre comme que foit cette coupe de cone, elle a deux concours auec fes bordz, autant la touchante fimplement que la diametrale infinie de la parabole. Et qu’en cette conftruétion il y a trois efpeces de plus grand & de plus petit. Affauoir le plus grand & le plus petit de chacune de ces deux efpeces de concours defpuis ce point de la drete auec les bordz de la coupe de cone. Voila deux efpeces de plus grand & de plus petit, dont Monfieur des Cartes nomme l’vne efpece la plus grande & la plus petite des dretes menees du point E iufques à la figure : en quoy il a raifon, & fault que chacun des entenduz en cette matiere l'accorde. L'autre efpece eft la plus grande & la plus petite des lignes que Monff des Cartes nomme les menees outre la figure, c'eft à dire qui la trauerfent, auquel cas cette ligne [quoyqu'in- finie ajouté] a vn autre concours encore auec le bord de la mefme figure. Et ces deux concours d’vne drete auec les bordz d'vne coupe de cone y font touiours, en quelle part que foit le point duquel on entend qu’elle foit menee, dedans, dehors & au bord de la coupe. La troifiefme efpece de plus grand & de plus petit que ie trouue à chercher en pareille conftruétion, eft la drete menee par vn tel point, de laquelle la piece » » MON CNY ERRATA. VII contenue dans la figure & entre fes deux concours auec les bords ef la plus grande ou la plus petite. » Quand on y aura bien penfé, l’on trouuera que il en va aïinfi, quoy que vueille dire Mrs [Mydorge barré], &c.; & que la methode generale pour trouuer le plus grand & le plus petit doit contenir les moyens de trouuer chacune de ces trois efpeces, & fous vn mefme difcours ou à peu prez. Que fi la methode de M' de Fermat les contient, j’eftime qu’elle foit receuable; finon, elle n’eft pas generale, mais particuliere. Et ainfi Monfieur des Cartes aura bien raifon, en difant qu’elle ne l’eft pas. Le n’en fçay point encore la teneur pour l’effayer à ma mode, mais Mon- fieur Mydorge m'a diét que feule elle ne l’a peu conduire à vne equation [pour vn femblable exemple d'vne touchante à la parabole ajouté]. le n’en concluiray rien que ie ne l’aye entendue, & auparauant il la fault auoir. [Et poflible il faut peu de chofe pour la rendre vniuerfelle, & ainf elle n’eft pas à mefprifer ajouté.] » Touchant les autres obiettions de M' de Fermat contre M' des Cartes, vous fçauez que ie vous dy au commencement, fur le peu que ï’en veis entre vos mains, que ie ne trouvoy pas que M' de Fermat entreprit cette obieétion de bonne forte, à mon fentiment, qui s’accommode mieux aux meditations de Mr des Cartes que d’aucun autre, veu mefmes la confor- mité que ie trouue de plufieurs obferuations que j'ay faiétes auec ce qu'il efcrit & dont j’enten, ce me femble, à peu prez tout ce que j'ay veu de luy, hors fa Geometrie. Et jen fuis iufques icy paflablement fatis- faiét, & furtout de fa façon de conduire fes raifonnementz. Quand 'auray dauantage medité fur chaque chofe, s’il me demeure quelque efpece de fcrupule, ie le vous declareray. Mais vous fçauez mon humeur & mon opinion, qui eft de croire que toute obietion qui peut eftre fauuee & refolüe, me paroïft vn indice ou de l'ignorance ou de la chi- quane, en ce point, de celuy qui l’a faiéte. [En marge : Car s’il ne voit pas la folution, il ne poffede pas la chofe plainement; & s’il en voit la folution, il chicane.] Et ie ne me plais point, comme vous fçauez, d’en faire que l’on puiffe refoudre ; & partant i’y veuz bien penfer, auant que feulement dire qu’on peut y en faire. » Quand à fa Geometrie, i’en enten quelque chofe; mais fi i'ofoy l’en importuner ou vous, ie feroy bien aife d’en auoir vn peu de plus fami- liere explication pour mon efprit groflier, & puifque l’auteur eft viuant, eftre deliuré du trauail neceffaire, à fon deffaut, pour m'’aiufter affeure- ment à fa penfee, notamment des l’entree de la matiere. Et quoy que dient ces Meffs de Beaugrand & autrez, ï’ay fuiet de foupçonner qu'ilz ne l'entendent pas à fondz, ie veux dire qu’ils ne poffedent pas bien plainement toutes les intentions de Monfieur des Cartes au fuiet de fa Geometrie. Le drefferoy bien au befoin vn memoyre des difficultez que y rencontre, & où ie m'arrefte crainte d’enfourner mal d’abord dans l'intelligence de fes commencementz, où ie remarque & voy reluire VIII ERRATA. » quelque chofe hors de la penfee ordinaire en la Geometrie, & qui a » de la conformité auec des penfees que ie n'ay fait qu’efleurer de moy » mefme. Le papier me va manquer, mais non pas la volonté d'eftre » touiours » Mon RK. P. » Voftre tres affectionné feruiteur, » G. DESARGUES. » « Au R. P. M. Mercenne, Religieux Minime à la place Royale, à Paris. » À Paris, ce 4 Apuril 1638. » Le même lieutenant-colonel H. Brocard, à qui l’on est redevable de cet autographe de Desargues, nous donne la clé des quatre initiales D. A. L. G., que l’on trouve dans l’Examen du livre des Recreations Mathematiques (publié par Mydorge en 1630), et qui demeuraient pour nous inexplicables. (Tome X, p. 546-551.) Déjà un érudit A. Aubry, de Beaugency, avait proposé de lire les trois premières lettres D. A. L., Des Argues Lyonnois. Restait la quatrième lettre G. Il n’y avait guère d'apparence que ce fût l'initiale du prénom Girard : pourquoi, en effet, le rejeter ainsi à la fin? M. Brocard propose avec raison Geometre. Les mêmes lettres se retrouvent sous le titre d’un autre ouvrage de Mydorge, en 1631, D. A. L. G. (Tome I, p. 257.) Et ailleurs encore Desargues s'était désigné sous des initiales analogues, S. G. D. L., Sieur Girard Desarques Lyonnois. (Tome I, p. 360, note b.) TABLE DES MATIÈRES LE MONDE Avertissement . ; J. TRAITÉ DE LA LUMIÈRE. II. L'Homme. Appendice 1. Table de Clerselier . | _2. Traduction latine de Schuyl A À 3. Automates. Be ù LA DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN Avertissement . TEXxTE. se Table de Clerselier. LES PASSIONS DE L'AME _ Avertissement . PRÉFace (quatre lettres) PREMIÈRE PARTIE SECONDE PARTIE. TROISIÈME PARTIE . Appendice 2: = 1. Præfatiuncula. LE 2. Table des matières te GENERATIO ANIMALIUM _ Avertissement APEXTE DE SaroriBus — ll t dd: = 710 TABLE DES MATIÈRES. ANATOMICA Avertissement TeExTE. VARIA < PROBLEMATA . DE :MacNETE: 2 2 RS RO RE RE T Remepta, ET Vires MEDICAMENTORUM. DE: REFRACTIONE: LEE RAR ER RER CaRTESIUS. ANNOTATIONES IN « PRINCIPIA » PROJETS DIVERS Ecoce pes ARTS ET MÉTIERS . COMÉDIE . AN RD ANAL UNE ACADÉMIE A STOCKHOLM . ADDITIONS AUTOMATES. 5 0e et Cent ete ec RER RE DESCARTES ET DIGBY : 1 SAIS EE Descartes ET REGIUs . DESCARTES ET RORERVALOS NE PE ECRIRE MSS. de Hanovre . « De Refractione ». PARALLAXE « LE Mono » TABLE DES NOMS PROPRES. 545 550 635 F | dt er de St dd an ce LL, dit de té bi 0 Le ds ile 4 : À dé til UPS L'CTIN or be ML. 2 à. 5.4 7 [4 oh E habns. dé pren + er F æ + ji mésliérisiéig Cut $ PT nés TE de Re Ê tt is: do sl 56 nalart taste AU cn les LA dé, Feat. ei Li it nf der. 26 ie TR LE ” É = SE | \ RE sine Li he LH “2h NS PPT EN mL dan hd de dés #2 feat : | Dot hf dé des dncm…. Ècu- = ol S AS SNS S A RE À ANS aus (] ar ET \ DATE (M RO d à ni Le OR À ut tit | LE LIT 1} I] ATEN 7 7 M Ia di \ B En ee. ht. Le 4] au JAN LE. GATE A « TAN RE \ Al RU D 2— LS, CG; EL, ————_—_—, DE CORRE X 7 A ES A RTE EEE EAN sm, .. Ed on ms LE É 5 L not Le, Pi F À Le TR Le: D gen à, pan RRNET ETAE 7 IP ke 2 X i PORT CT LP AIN POUR ENT TETE COUPE CITE ESP SEE RENTEESCT ERP ie CNE Li éprasen ne « Qu AE MER { 4 Fe 4 x ( À N | 5 # $ f { \ A . l / k k [ , Ci an \ ñ » = (l Li ne, Î ‘ : ” . > / + ji | « " Ce V SN 1 ee CE nd D de TT hi qe ne ai c- ne gene on le - rer ——: . Re ES nt) LEE LES 5 e x : à à Ml és il ms { ul LE k 077 lu Qi (7 sue 2 sesèr (72008 Ë De = T7 / ET. \| l Eee Ye (] 7 D 7 y f ID EE 4 es A UV Or d / 5 __ 7 7 = f | ŒUVRES DE F.! À SUPPLÉMENT INDEX GÉNÉRAL M. Darsoux, de l’Académie des Sciences, doyen de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris, et M. Bourroux, dé l'Académie Française, de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, professeur d'histoire de la philosophie moderne à la Sorbonne, ont suivi l'impression de cette publication en qualité de commis- saires responsables. ŒUVRES DE DESCARTES PUBLIÉES CHarzes ADAM & Paur TANNERY SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE SUPPLÉMENT INDEX GÉNÉRAL PARIS LÉOPOLD CERF, IMPRIMEUR-ÉDITEUR 12, RUE SAINTE-ANNE, 12 1913 A LA MÉMOIRE , DE MON FRÈRE HENRI ADAM Qui a commencé avec mot celle édition en 1694, en a suivi tout le cours avec un vif intérêt = x PRO | | re . 2 en m'aidant de ses précieux conseils, et n’en aura pas vu l'achèvement. “ CRE as 12 Octobre 1913 CORRESPONDANCE DE DESCARTES SUPPLÉMENT I CLXXXIV bis. DESCARTES A HOGELANDE. 8 février 1640. Imprimé dans les Philosophical Collections de Robert Hooke, 1670 : N° 5, p. 144. Nobiliffime & Amiciffime Domine, Ideam Mathematicam*, de quà fcrib(eb)as, fimul cum libro Comenii® nuper remifi, quia cum illo fuerat a. Petit écrit de quelques pages, que son auteur, John Pell, fera impri- mer, en anglais, l’année 1650. Voir l'indication du texte, p. 5 ci-après, No I. Descartes ignorait à cette date, semble-t-il, le nom du mathéma- ticien anglais Pell. Voir, à ce sujet, t. III, P- 45, 46 et 51. Il Le connaîtra plus tard, en 1645 et 1646, t. IV, p. 342-343 et 435-436. b. Il s'agissait, non pas d’un livre imprimé de Comenius, mais de manuscrits, comme l'indique une note ci-après, p. 5-6, N° V. Or, à cette date de 1639-1640, Jean Amos Comenius (né en Moravie, 28 mars 1592, mort à Amsterdam, 15 nov. 1671), était surtout connu par le livre inti- tulé : Janua Linguarum referata, publié en 1631, traduit en douze langues européennes, et de plus en arabe, en turc, en persan et en mogol, (la tra- duction française est d'Étienne de Courcelles, en 1643). Mais il avait déjà en manuscrit son grand ouvrage : Pan/fophia, dont l'introduction venait CORRESPO NDANCE. 1 2rME CORRESPONDANCE DE DESCARTES. mifla ; & quamvis non ab ipfo Comenio factam judi- carem, putabam tamen pro ipfo 1bi proponi tanquam in fpecimen eorum quæ fpeciatim de Mathefi pollice- retur. Ideoque non nifi obiter 1llam infpexi, jamque tantüm memini nihil me in eà reperiffe à quo multüm diflentirem, & valde probaffe quod primo loco omnis fupellex Mathematica ibi enumeretur, & poftea ipfe Mathematicus tanquam adrapxns & fe ipfo contentus defcribatur. In eumdem enim fere fenfum duo foleo in Matheñ diftinguere : hiftoriam fcilicet & fcientiam. Per Hifto- riam intelligo illud omne quod jam inventum ef, atque in libris continetur. Per Scientiam verd, peri- tiam quæftiones omnes refolvendi, atque adeo inve- niendi proprià induftrià illud omne quod ab humano ingenio in eà fcientià poteft inveniri; quam qui habet, d'être publiée à Londres, en 1639 : Pan/fophiæ Prodromus, c’est-à-dire « Avant-coureur de la Science universelle », et dont une esquisse paraîtra à Amsterdam chez Louis Elzevier, en 1645 : Panfophiæ Diatypofis. Appelé en Angleterre pour la réformation des méthodes d'enseignement, Comenius se rendit à Londres au mois de sept. 1641; mais d’autres affaires occupaient alors le Parlement. Comenius partit done pour la Suède, où il arriva au mois d’août 1642. Il y était appelé par Louis de Geer, qui devint son Mécène : ce qui lui permit de travailler, libre de tout souci, à Elbing pendant six années. Il voyagea encore en divers pays, jusqu’à ce qu'il vint se fixer en 1656 à Amsterdam, où la libéralité d'un nouveau Mécène, Laurent de Geer, fils du précédent, le mit à même de publier son ouvrage in-folio, en 1657. Il ne quitta plus Amsterdam jusqu’à sa mort, en 1671. Samuel Sorbière, qui le vit à son passage en Hollande en 1642 (Come- nius avait cinquante ans), le juge en ces termes : « Johannes Amos Come- » nius, Januæ Linguarum author, Panfophiæ futurus, oftendit mihi » codicem fuum manufcriptum ad Panfophiam cudendam annotatorum. » Quæ farrago! Quæ lituræ! Quæ tranfpofitiones! Jehu, vevohu, inferibi » merito potuiffent. Homo quinquagenarius, ex Angliâ in Prufliam ten- » dens. Nefcio autem an talis à quo expectari debeant circa Philofophiam » faniora, cm in Prodromo & in Phyfica multa dicat jejuna, fuddana, SUPPLÉMENT. 3 non fane multum aliena defiderat, atque adeo valde proprie adréoznc appellatur. Et quamvis eorum quæ in libris continentur plane ignarus efle non debeat, fufficit tamen illi generalis quædam notitia, quam præcipuos authores percurrendo non poteft non acquirere, ut nempe locos faciat ex quibus jam inventa, fi quando ei ufui fint, petere poflit. Multa enim funt quæ longe melius in libris quam in memorià affervantur, ut obfervationes Aftronomicæ, Tabulæ, Regulæ, Theoremata, & denique quicquid non fponte inhæret memoriæ poftquam femel eft cognitum : nam quo paucioribus 1llam implemus, eo aptius ingenium ad fcientiam augendam reti- nemus. Valde autem optandum foret, ut illa hiftoria Mathe- matica, quæ in multis voluminibus fparfa, nondum » chimærica. Quæ tamen opera extorta fibi fuiffe vi quädam fatebatur, » improbabatque, nunc majora habens in animo & defæcatiora. [In hunc » autem modum coràäm me philofophabatur; aut potius philofophari » videbatur; nam cùm nefcire vellem an fatis viri mentem effem afle- » cutus, nefcio quas tenebras Comenius explicationis gratià effudit clarè » & apertè narratis nec ftolide quidem excogitatis. Templum enim » Sophiæ ædificaturum fe dixit; aperturum portas, atria, fanétuarium, » adyta; pofiturum columnas, altare, candelabra; addidiique Idæas, » fuffitus; holocaufta, intelligentias, Cherubinos, chimærafque in vacuo » bombinantes, aliafque ridiculas metaphoras fincipite fano parvè » dignas. » (Sorberiana, Tolofæ, moe xci. Pag. 74-75.) Sorbière, remarquons-le, juge ici le philosophe, non le pédagogue. Descartes aurait-il été aussi sévère pour Comenius? Non, sans doute, d'après quelques passages de la présente lettre. Eut-il, comme Sorbière, l’occasion de voir le novateur, lorsque celui-ci passa en Hollande, l'année 1642? On ne sait. Bayle, dans l’article Comenius de son Diction- naire, analysant un ouvrage de Des-Marets, Antirrheticus, contre ce dernier, remarque ceci : « On n’oublia pas de lui dire (à Comenius) que, » pendant que fes deux Mecenes (Louis et Laurent de Geer) avoient » vêcu, il n’avoit parlé de Des Cartes qu'honnêtement, au lieu qu'après » leur mort, il publia une Inveétive contre ce grand Philofophe. » 4 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. integra & perfecta eft, in unum librum tota collige- retur. Neque ad hoc ulli fumptus in perquirendis aut coemendis libris effent faciendi. Cüm enim Authores ali ex aliis multa exfcripferint, nihil ullibi extat, quod non in quavis mediocriter inftruétà Biblio- thecà alicubi reperiatur; nec tam diligentià opus effet ad omnia colligenda, quàm judicio ad fuperflua rejicienda, & fcientià ad ea quæ nondum inventa funt fupplenda : quod nullus, nifi 1lle vefter arapxnc Mathematicus, reéte præftabit. Atqui fi talis Liber extaret, facile ex eo unufquifque omnem hiftoriam Mathematicam, atque etiam aliquam partem fcientiæ addifceret ; at nemo vere aÿréoxne Mathematicus unquam evadet, nifi qui præterea ingenium ad id valde aptum naturà fortitus fit, illudque longà exer- citatione poliverit. Atque hæc quidem de theorià Mathefews diéta fint. Si quis autem omnia quæ ad ejus praxin perti- nent, habere vellet, ut Inftrumenta, Machinas, Auto- mata, &c., næ ille fi Rex eflet, orbis terrarum impen- fis omnibus ad hoc neceflariis fufficere nunquam poffet. Neque vere etiam illis opus habet; fed fatis ef fi omnium norit defcriptionem, adeo ut ea, cùm ufus exiget, vel ipfe facere vel per arufices fieri curare poflit. Vale. Tuus ad omne obfequium paratiflimus famulus DES CARTES. Febr. 8 1040. PO . \ OR LANTERNE CES a SUPPLÉMENT. ç Cette pièce, siintéressante, vient la cinquième dans le recueil de Robert Hooke, après quatre autres que voici : L. Îdea Mathefews Joannis’ Pellii S. Th. D. perfcripta ad S. H. (NS:5; p.127.) Les deux initiales S. H. désignent Samuel Hartlib. oi HE NE. Menfe Odlobr. An. 1639. Ad exploranda varia eruditorum judicia de Pellianä illâ Mathe- malices non ita pridem editä Ideä, Dominus Theodorus Haak, Regalis Socielatis Socius, eam inter alios P. Merfenno tran/finiferat, qui Literis datis primo infequentis Novembris ila ad illud fubjelum De UN°5;\p: 22 La Société Royale de Londres ne fut fondée qu'en 1662. Theo- & dore Haak ne pouvait donc en être membre l’année 1639 ; ; mais comme il le devint plus tard, Robert Hooke pouvait bien lui .. à donner en 1679 ce titre. III. His Literis receplis, € ipfo Aulori Ideæ legendum exhibilis, ipfe _fatim inde occafionem arripuit ad D. Merfennum /cribendi, ejufque __ objeéliones omnes AE hac fubfequente Epiflolä. (N° 5, p. 135.) Î | ; IV. { Ad has Literas D. M. Merfennus, /equente 10 Decembris 1639, ita refpondit Domino Autori. (N° 5, p. 143.) A L Tranfmifit at Leyden quogue idem D. Theodorus Haak eandem _Domini Pellii Ideam, unà cum Jchedis quibufdam Comenianis ad 6 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. Dominum Elichman, M. D., cujus ope € procuratione Domini Hogheland naëlus eft fubfequens fingulare Domini Carteñi Judi- clum, ipJas nempe ad Dominum Hogheland Domini Cartefii refpon- Jorias, fibi à Domino Elichmanno, menfe Febr. Ann. 1640, huc (Londini) tranfimiflas. (N° 5, p. 144.) Elichman, docteur en médecine (M. D.), était mort le 10 août 1039. Mais Haak pouvait l’ignorer, et un ami commun Hogelande se trouvait là pour recevoir ses lettres et les communiquer à Des- cartes, qui habitait Leyde cet hiver de 1639-1640. IT EXC Tome III, p. 65-60.) THÈSES DU 10 JUIN 1640. Henri de Roy (Regius), professeur à Utrecht, se faisait un devoir jusqu’à sa rupture avec Descartes, de lui envoyer en manuscrit, avant de les publier, ses propres écrits ainsi que les thèses de ses disciples. Descartes les lisait avec soin, et ne manquait pas d'y apporter les corrections qu’il jugeait nécessaires. Le plus important des opuscules auxquels il collabora de la sorte, est un Appendice aux thèses du 23 et 24 déc. 1641, qui parut au com- mencement de 1642; par malheur, nous n'avons pu, malgré nos recherches, en retrouver aucun imprimé. (Voir t. III, p. 491-520.) Mais il avait aussi recu auparavant, au mois de mai 1640, d’autres thèses, qui devaient être soutenues le 10 juin ; nous ne le savions que par une lettre de lui du 24 mai, où il propose de remanier certains passages. (Tome IT, p. 65-69.)°Or un exemplaire de ces thèses, telles qu’elles ont été publiées, vient d’être retrouvé par Cornelis de Waard, à qui nous sommes déjà tant redevables pour cette édition. Elles remplissent sept pages d'impression, ou plutôt douze avec la couverture (titre et dédicace) et la pièce de vers qui accompagnait d'habitude ces sortes d’essais. Nous donnerons ici ces thèses en entier, comme un curieux exemple de l'influence de Descartes, dès 1640, sur l’enseignement à l’Université d'Utrecht. L1 t ; 4 Pre L744 { TES À D RE es F3. Fu ÿ U el ù Re : «1 = | Re 1e rs RE al + : SUPPLÉMENT. : 7 Difputatio Medico-Phyfiologica pro Sanguinis Circulatione, quam farente Deo Opt. Maximo, Jub præfidio Clariflimi, Dodiffimi, Expertiffimique Viri, D. HENRICI DE ROY, Medicinæ Dodoris, ejufdemque facultatis ut € Botanices in almä Ultraj. Acad. Profefforis ordinarii : ( Exercitii gratià Publicè defendere conabitur _ IOANNES HAYMANNUS, Zirizæä-Zeländus : 4 | Ad diem 10. lunii horä 9. Matutina. . L'opuscule est dédié par l’auteur à un oncle qui lui tint lieu de père, Jacob Haymann», à un médecin de Middelbourg, Hermann Clyngbyl, qu'il appelle son 1 Mécène, à Meinardus Schotanus, pro- fesseur de théologie et prédicateur à Utrecht, à Henri de Roy, son président de thèse, « Med. & Phil. Dot. præfdi fuo plurimüm _» honorando, necnon de ftudiis fuis quà publicè quà privatim plu- » rimüm merenti », enfin à son ancien maître, D. Abraham Beeck- man, « Juris Licentiato, ac Fliffingani Gymnafñi moderatori » indefeflo, præceptori quondam optimè de fe merito », (frère d’Isaac Beeckman, comme nous avons vu, t. 1, p. 105 et 167). LA DISPUTATIO MEDICO-PHYSIOLOGICA PRO SANGUINIS CIRCULATIONE Thefis I. Quamvis perpetua fubftantiæ noftræ corporeæ diflipatio peren- nem ex alimentis reftaurationem defiderat, ipfa tamen alimenta, nifi juftà præparatione alituræ fuerint aptata & in partes alendas propulfa, continuam iftam diflipationem reparare nequeunt. Con- . fiftit autem illa præparatio (quæ vulgd Coétio dicitur), non in gene- ratione aut corruptione alicujus formæ fubitantialis, fed tantüm in adaptatione particularum infenfibilium, ex quibus Me à æ 8 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. alimenta conflant, ut ea conformationem humano corpori idoneam acquirant*. IL. Ea duplex ef : alla communis, quæ fit in omnibus viis, per quas hæ particulæ tranfeunt; alia eft pro- pria, eaque præcipua, quæ rurfum triplex : prima, uæ fitin ventriculo & inteftinis ; fecunda. quæ in : q ; » q hepate ; tertia, quæ in corde. In ventriculo & intefti- nis fit, cùm cibus ore mafticatus & deglutitus, uti & potus, vi caloris à corde communicati & humoris ab arteriis ed impulfi, diflolvitur & in chylum conver- titur. In hepate, cum chylus in 1llud non per aliquam vim attractricem, fed folà fuà fluiditate & preffione vicinarum partium delatus, fanguinique reliquo mix- tus, ibi fermentatur, & (ut chymicorum more loquar) digeritur, atque in chymum abit. In corde, cum chy- mus, fanguini à reliquo corpore ad cor redeunti per- mixtus, & fimul cum eo in hepate præparatus, in verum & perfectum fanguinem, per ebullitionem pul- fificam, permutatur”. IT. Atque hæc tertia peculiaris præparatio, quæ eft vera fanguifica- tio, duplex eft : prior & pofterior. Prior fanguificatio fit in dextro a. Voirt. III, p. 66, 1. 31, à p. 67, 1. 3. Au lieu de adaptatione, Des- cartes proposait præparatione. — Rien ne distingue, dans le texte imprimé, ces trois lignes de tout ce qui précède ou qui suit. Nous les imprimons ici en gros caractères, parce que c’est une addition ou correction proposée par Descartes. b. Ibid., p. 67, 1. 3-18. La parenthèse : ut chymicorum more loquar, pour expliquer le mot digeritur, est aussi de Descartes, p. 68, 1. 5-6. 4 si PORN RENE RES VRP SERRE EE ET ct SUPPLÉMENT. o) cordis ventriculo, ex fanguine è venà cavà in illum incidente. Pofte- rior fit in finiftro cordis thalamo, & fanguine qui ex dextro ventri- culo per venam arteriofam in arteriam venofam antea propulfus, in finiftrum cordis ventriculum inflillatur. Utriufque hæc eft hifto- ria. Vena cava, dextero cordis lateri adhærens, tres habet valvulas foris intro fpeétantes ; finiftro verd cordis lateri inferitur arteria venofa, duabus valvulis foris apertis inftruéta ; cumque hæc vafa valde fint lata, & magnà fanguinis copià perpetud abundent, hinc necéffarid, ubi cordis ventriculi fanguine non funt diftenti, duæ fatis magnæ guttæ, una è venà cavà in dextrum finum, atque altera ex arterià venofà in finiftrum ventriculum incidunt : quæ, propter fuam ad dilatandum aptitudinem, cordifque calorem, & reliquias fanguinis ibi ardentes, mox accenduntur, & dilatantur; quo val- vulæ, per quas guttæ funt ingreflæ, clauduntur, & cor diftenditur. Sed quoniam ob anguftiam finuum fanguis magis magifque raref- cens illic hærere non poteft, idcirc, eodem penè momento, in dextro ventriculo tres valvulas venæ arteriofæ, intus foras fpectantes, aperit, & porro à calore agitatus per venam arteriofam erumpit, eamque cum omnibus fuis ramis diftendendo, fanguinemque con- tentum propellendo, pulfare facit. In finiftro verà finu, tres val- vulas arteriæ magnæ, intus foras fpeétantes, pandit, per eafque in arteriam magnam erumpit, eamdemque dilatat, & proximum fan- guinem,. prioribus pulfibus calefaétum & expulfum, in reliquas totius corporis arterias propellit, eafque eo diftendit & vibrat. Quoniam autem, expulfo è cordis ventriculis fanguine, cor ex parte evacuatur, ipfeque fanguis in arteriis refrigeratur, hinc poftea cor & arteriæ detumefcunt & fubfidunt : quo contingit, ut denud dua- bus aliis guttis detur in cor ingreflus; quibus rurfus dilatatis & propulfis, nova fit cordis & arteriarum dilatatio & fubfidentia. Cumque hic fanguinis motus fit perpetuus, hinc fequitur illos alternatos cordis pulfus, quamdiu animal vivit, etiam efle perennes. Quoniam autem fanguini, è venâ cavä & arterià venofà cordis ven- triculos ingreffuro, tranfeundum eft per auriculas quæ cordi ad fines dictorum vaforum funt adnexæ, idcirco cordis & auricularum contrarius eft motus : dum enim cor impletur, hæ deplentur; dumque illud depletur, hæ replentur *. a. C’est exactement le mécanisme de la circulation du sang dans le cœur, tel que Descartes l'avait expliqué : Discours de la Méthode, t. VI, p.49-50, et presque dans les mêmes termes. CORRESPONDANCE. 2 10 CoRRESPONDANCE DE DESCARTES. IV. Admirandus igitur ille cordis arteriarumque motus à quatuor perficitur caufis : primo, à fanguinis cor ingredientis ad dilatatio- nem aptitudine; fecundo, à cordis calore; tertio, à parte fanguinis quæ, poit fingulos pulfus ardens, aut tanquam fermentum, in eue remanet; quarto, à cordis vaforumque ipfius conformatione : non autem à peculiari facultate pulfificà cordi infità & arteriarum tuni- cis ab ipfo communicatà. Ad hanc fententiam accedit ARISTOTELES lib. de Refpir. Cap. 20 his verbis : Pulfatio cordis ebullitiont fimi- lis ef ; ebullitio enim fit cùm humor inflatur à calido, propterea quod amplior tunc ejus fiat moles. In corde autem, humoris perpetud ab: alimentis accedentis € extimam cordis tunicam altoilentis per calo- rem dilatatio facit pulfum ; € hoc fit femper € continue : affluit enim Jemper humor, ex quo fit Janguinis natura. Refilitio igilur five fub- Jidentia eft repulfio à condenfatione vi frigoris fat. Pulfatio autem efl humidi calefacli inflatio*. Ve Utrique cordis fanguificationi comes eft pulfus, miniftra verd fanguinis circulatio. Pulfus eft motus, quo cor & arteriæ ab ebul- liente & protrufo per vices fanguine, alternatim dilatantur & con- trahuntur. Ejus partes duæ funt : Diaftole & Siflole. Diaftole ;eft pars pulfüs, quâ cor à. fanguine ex venà cavà in dextrum ventri- culum & ex arterià venofà in finiftrum incidente, ibidemque raref- cente & ebulliente; arteriæ ver à rarefaéto in corde fanguine atque in iles, erumpente, reliquumque arteriarum fanguinem propel- lente, & illum ac tunicas earum concutiente, eodem momento dilatantur. Syftole eft pars pulfüs, quà cor, propter expulfam ebul- lientis fanguinis partem, detumefcit; & fimul arteriæ, ob refrigera- tionem fanguinis impulf, fubfidunt. Itaque fanguinis è corde in arterias protrufño fit in utrorumque Diaftole, quæ eodem tempore in utrifque contingit, non in cordis Syftole : quod evidentiflime probatur vulneribus quæ cordi & arteriis infliguntur, in quibus, a. Ce texte d’Aristote avait été rappelé par Plempius dès la fin de 1637 (t. I, p.497, 1. 5-15), et Descartes s’en souviendra plus tard, dans sa Des- cription du corps humain, en 1648 (t. XI, p. 245, 1. 1-6). NOR PT CO CN ER A LUE CUT EE DT PRE A M) ee PAU . CPS hi ñ AL r SUPPLÉMENT. I! in utrorumque Diaftole, ad oculum videre eft, fimul cor & arterias intumefcere, vulnera & ventriculos dilatari, fanguinemque fubful- tim effluere. : NT: Sanguinis circulatio eft motus quo fanguis è corde per arterias perpetud expellitur in venas, quæ arteriis funt continuæ, & è venis porro repellitur in ipfum cor. Cüm enim cor ab unà parte habeat arteriam magnam, ab alterà venam cavam, quarum rami in capil- laria vafa attenuati fine ullà interruptione inter fe continuantur : fanguinis itaque aliquantà parte vi fervoris è cordis thalamis in arterias propulfä, neceffarid tantundem in venas & confequenter rurfus ad cordis ventriculos propellitur. Nullà itaque opus eft cordi facultate attraétrice : præfertim cùm nulla attraétio in rerum naturà detur, nifi cùm attrahens rei attrahendæ eft affixum. VII. Hæc ita diéta eft, quod tota fanguinis moles hoc itu & reditu cir- culum quendam fpatio viginti quatuor horarum compluries faciat, qui fanguificationi quammaximè eft neceffarius. Sanguis enim non uno per cor tranfitu, fed quamplurimis coquitur reciprocationibus, in quibus modo hæ, modo illæ fanguinis particulæ corpori alendo evadunt aptæ. Et nifi fanguis circulum illum percurreret, quoniam identidem major fanguinis quantitas in cor infunditur, quàam ab alimentis fuppeditatur, copiofñorque fanguis in venam arteriofam & arteriam magnam è corde expellitur, quàm ad partes alendas eft _neceffarius, aut in alituram, ob plerarumque fanguinis arteriofi par- tium craflitiem, abire poflit : hinc omnibus venis exhauftis, arte- riifque à nimià fanguinis copià vel difruptis vel adeo repletis, ut venienti fanguini locus dari nequiret, neceffarid cordis fanguificatio fifteretur, homoque mox interiret. Hanc fanguinis circulationem quoque confirmat ocularis fangui- nis in manu vel brachio &c. afcendentis infpectio. Atque etiam quotidiana Chirurgorum experientia, qui vinculo in partem aliquam injeéto, eoque moderatè aftricto, animadvertunt, non citra, fed ultra vinculum, venas intumefcere ; atque, illis ibi- dem incifis, fanguinem maximo cum impetu eflluere *. a. Voir t. VI, p. 51, 1. 1-21. 12 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. Idem probant Anatomici, qui ligatà arterià magnà prope cor, eâque intra ligamentum & cordis parenchyma amputatà, totum ferè animalis fanguinem per cor breviflimo temporis fpatio exhau- riunt *. Eadem ef manifeita ex modo quo cor extremos corporis artus calore fuo perfundit, qui frigore neceffarid enecarentur, etiamf cor inftar ferri candentis effet ignitum, nifi circulatione hac inca- lefcerent ?. Uti etiam ex valvulis, quæ in venis inveniuntur : hæ enim impe- diunt, quo minus fanguis in pedes defcendere vel in caput afcen- dere queat‘. Hanc veriflimam Viri Nobiliffimi & Incomparabilis D. Renari DES CARTES fententiam nuper litteris familiaribus labefaétare cona- tus eft PLempius in Lovanienfi Academiä Medicinæ Profeffor. Quamvis autem folidiffimè ad argumenta, quæ propofuit, ipfi fit refponfum, & plus quàm fatisfactum : placuit tamen ipfi rem pri- vatim actam, infcio ReENaTo, publicam facere Dotorumque circulo arbitrandam fubjicere. Ut itaque Difputationis hujus Moderator etiam fuum hic interponat arbitrium, videtur non tantüm per compendium (uti ipfe ait), fed cum veritatis difpendio, nec fatis bonà fide, res ab ipfo, in libro quem Medicinæ Fundamenta appel- lat, fuifle enarrata : Refponfiones enim ad objeétiones & inftan- tias, partim mutilavit & pervertit, partim artificio quodam præ- teriit; quod jam diu iis conftat, in quorum manibus litteræ iftæ, biennio ante editum PLemren librum à compluribus defcriptæ, ver- fantur, & porrd cuivis (ut equidem exiftimo) fiet manifeftum, ubi in publico hoc examine argumenta ejus ventilabuntur $. VIII. Pofteriori fanguificationi, quam in finiftro cordis ventriculo per- fici antea diximus, infervit Re/piratio. Quæ eft thoracis alterna dila- a. NOTVIE ID ST le api HE b'Wbide ip s2 20 ap 053; 1272 CENTb1 de, pol 27e d. Voir comment, pour tout cet alinéa, Regius et son disciple Haymann ont tenu compte de l'observation de Descartes, t. III, p. 68, 1. 15-20. Les lettres échangées entre Plempius et le philosophe se trouvent aux t. I et II de cette édition, de sept. 1637 à mars 1638. Le livre de Plempius, Fundamenta Medicinæ, paruten 1638 (t. I, p. 521 et 534-536). SUPPLÉMENT. 13 tatio & contraétio, quà aër modû in pulmones impellitur ad fangui- nem qui in vafis pulmonum exiftit, refrigerandum, mod ex iifdem rurfüm cum vaporibus & fuliginibus expellitur. Nifi enim fanguis, per venam arteriofam è dextro cordis finu egreflus, ab aëre infpi- rato refrigeretur, & antequam finiftrum cordis thalamum ingre- diatur, rurfus è vapore in verum fanguinem condenfetur, non poterit ignem, qui in finiftro ventriculo ardet, novo fomite confer- vare & nutrire: quemadmodum oleum in vaporem attenuatum elychnii flammam alere nequit*. Hic verus ejus ufus primüm ex eo patet, quod animalia, quibus tantüm unus eft cordis finus, etiam pulmonibus careant?; & deinde quod fœtus in utero exiftens, ubi ifto refpira- tionis ufu privatur, duos meatus habeat, qui fpontè clauduntur in lucem editis : unum (qui canaliculi inftar eft), per quem pars fanguinis in dextro cordis finu rarefacti in aortam tranfmittitur, parte alterà in pulmones abeunte; & alium, per quem pars fangui- nis, in finiftro cordis finu rarefaciendi, è venà cavà defluit, & parti alteri ex pulmonibus venienti mif- cetur‘. IX. Refpirationis partes duæ funt : Znfpiratio & Exfpiralio. Infpi- ratio eft pars refpirationis, quà thorax vi mufculorum infpirato- riorum dilatatus, aërem per os & nares in pulmones impellit, & fanguinem in pulmonibus exiftentem refrigerat. Exfpiratio eft pars refpirationis, quà thorax vi mufculorum exfpiratoriorum contractus, aërem calidiorem & fuliginofos vapores per os & nares expellit. Aër itaque in infpiratione peétus ingreditur, non propter fugam a. Tome VI, p. 53,1. 8-15: b. Jbid., 1. 15-17. c. Ceci est le propre texte que Descartes proposait dans sa lettre du 24 mai 1640, t. III, p. 68, 1. 21-28. Quelques mots à peine sont changés : deinde (pro fecundù, 1. 1), in lucem editis (pro adultis, 1. 3), mifcetur (pro permifcetur, 1. 8-9). La même raison se trouvait indiquée déjà dans le Discours de la Méthode, t. VI, p. 53, 1. 17-23. On retrouve encore les mêmes idées, quelque peu modifiées, dans la Description du Corps humain, t, XI, p. 237-238. 14 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. vacui attraétus, cùm attractio ob illius fugam nulla detur nec dari poflit, fed quia thoracis dilatatione vicinus aër, cujus particulæ tam craflæ funt, ut poros pectoris penetrare non poflint, de loco detur- batur ; qui porrù alium loco movet; & cùm omnia corporibus plena fint, nec vel minimum fit vacuum in totà rerum univerfitate, necef- farid aër, à pectore & alio aëre fic pulfus, in thoracem dilatatum per afperam arteriam adigitur, ubi fpatium eodem tempore fit, ad aërem qui loco deturbatur recipiendum : eodem modo, ut, in follis ventilatione, aëris impulfum quotidiè fieri videmus *. X. Refpiralio alia voluntaria efl, alia naturalis. Voluntaria eft, quà anima, nobis volentibus & cogitantibus, principia nervorum, inf- piratoriis mufculis infertorum, alternatim aperit; quo fpiritus ami- males in mufculos influentes eos fecundüm latitudinem diftendunt, peétufque viciflim dilatant & contrahunt. Refpiratio naturalis eft illa, quæ fit, nobis animum non advertentibus (ut e. g. in fommo), à certà conformatione meatuum qui funt in partibus cerebri, à quibus thoracis nervi oriuntur; quà, nobis non cogitantibus, fpi- ritus animales copiofius influunt, mod in mufculos infpiratorios, mod in exfpiratorios. Nec mira fit illa reciprocatio fpiritus per vices ab uno movente contingens, cùm mille modis videamus alter- nas reciprocationes fieri pofle in automatis, ab unà aliquà vi perpe- tuù & eodem modo operante. Quemadmodum fpiritus à corde in cerebri ventriculos continu & ferè eodem modo influunt: fic in horologio particula illa, quæ vulgù inquies? dicitur, ob folam par- tium ipfus Machinæ conformationem, reciprocam patitur agita- tionem, etfi fpira ferrea, vel appenfum pondus, femper eodem tenore rotulas moveat. XI. Atque hæc jam tradita doétrina dogmaticam Medicinam non (ut quidam perperam credunt) evertit; fed plurimüm firmat atque illuftrat, necnon innumera Naturæ arcana detegit. FINIS. a. Voir cette même comparaison du soufflet, pour expliquer le jeu du poumon, t. XI, p. 140, 1. 3-5. è b. On dit encore, avec ce sens particulier, le « mouvement » d’une hor- loge ou d’une pendule. F2 SUPPLÉMENT. 1$ III GCCXNIT "hrs: DESCARTES A CoLvius. Egmond du Hoef, 5 septembre 1643. Autographe de la collection particulière du baron de Vos van Steenwijk, à Windesheim près de Zwolle, signalé et communiqué par le D' P.-C. Mol- huysen, conservateur des MSS. de la Bibliothèque de l’Université de Leyde. Monfieur, Vous verrez icy vn infigne effect de ma negligenfe, en ce que, depuis trois femaines que i'ay receu celle que vous m'auez fait la faueur de mefcrire, ie n'ay fceu obtenir de moy le loylir de relire les papiers que lauois promis à Monfieur Beuerovicius*. Enfin vous les trouuerez auec cete letre, & m'obligerez, s'il vous plaift, de les luy donner, & l'affurer de mon tres humble feruice. l'ay effacé le nom du medecin de Louuain ; car ayant efté defobligé par luy, r'euffe deu luy donner quelque trait de plume en pañlant, & jayme mieux le mefprifer. l'ay adioufté quelques mots à la marge en vn endroit”, lefquels doiuent eftre diftinguez du refte, afin qu'on ne puifle dire que j'aye changé aucun mot en ma refponfe, ainfi qu'a fait a. Voir l’éclaircissement qui suit cette lettre : notices sur Colvius et sur Beverovicius, p. 17-18. b. Tome I, p. 527-528, variantes : Nota, ut hoc experimentum... in frhole fentitur. On n’a pas tenu compte de la recommandation de Des- cartes : l'imprimé de 1644 a inséré cette addition, sans que rien ne la distingue du texte qui précède et qui suit. 16 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. le medecin de Louuain, qui l’a fait imprimer entiere- ment falfifiée. Il y a long temps que ‘ay parcouru Kirkerus*; mais ie n'y ay rien trouué de folide. Il n’a que des forfanteries® à l'italiene, quoy qu'il foit Allemand de nation. l'auois auffi defia vu la lampe de Vendelinus'; mais elle ne m'a point efclairé. le fuis, Monfieur, Voftre tres humble & tres fidelle feruiteur, : Des CARTES. Du Hoeff, le $ Sept. 1643. | Adresse : A Monfieur, Monfieur Colvius, &c. a. Il s’agit du livre: Magnes five de Arte Magnetica, du P. Kircher, jésuite. Voir une lettre de Descartes à Huygens, du 31 janvier 1642 (t. III, p. 520). Voir aussi les notes prises par Descartes sur ce livre (t. XI, p. 635-630). | b. « Forfanteries » : c'est le même mot, dont Descartes se sert à l'adresse de Kircher, dans une autre lettre, t. V, p. 548, 1. 6. (Clerselier avait imprimé à tort : farfanteries.) Il ajoute ici : « à l’italiene ». Voir ce qu’il dit ailleurs, à deux reprises, des Italiens (t. Il, p. 493-494 et p. 533-534). Kircher (Athanase) était né à Fulda (exactement à Ghysen, près de Fulda), le 2 mai 1601, comme l’indique.le titre de son livre: Athanañ Kircheri Furvensis Buchonii... (t III, p. 524); mais il demeura longtemps à Rome, où il mourut, le 27 nov. 1680. Colvius, d’autre part, avait aussi séjourné, comme pasteur protestant, à Venise, de 1620 à 1627, Descartes et lui s'étaient sans doute entretenus plus d’une fois de leurs voyages en Italie et s'entendaient à demi-mot. c. Voir, sur cet ouvrage de Wendelin, l’éclaircissement, p. 18-19. SUPPLÉMENT. 17 Colvius (Andreas Kolff) naquit à Dordrecht, en 1594, et il y mourut, le 1° juillet 1676. « Ministre de la parole de Dieu » à Venise de 1620 à 1627, puis dans sa ville natale, de 1629 à 1666, il était grand amateur de curiosités scientifiques, et s’intéressait même aux principes de la science (t. VIIT, 2° partie, p. 197-198, et t. X, p. 348). A ce titre, il devint l'ami d’Isaac Beeckman, prin- cipal du collège de Dordrecht à partir de 1627, et celui-ci le mit en relations avec Descartes. Ce fut même Colvius qui fit part au philosophe ‘de la mort de Beeckman; et nous avons la lettre de condoléances que Descartes lui écrivit en réponse, le 14 juin 1637 (t. I, p. 379). Plus tard Colvius fut informé par le philosophe de l'achèvement des Méditations ; une copie du manuscrit devait même lui être envoyée : lettre du 14 novembre 1640 (t. IIT, p. 247, et t. X, p. 578). Plus tard encore, Colvius reçut un exemplaire du livret, Epiftola ad Voetium, comme si Descartes voulait le faire juge de sa querelle avec le ministre d'Utrecht. Colvius essaya de s’interposer entre les deux adversaires, et leur prècha en vain la paix : lettre du 9 juin 1643 (t. IIT, p. 680). La princesse Élisabeth le loua au moins de cette intervention chari- table : lettre du 21 juin (t. VIII, 2° partie, p. 197). Descartes répondit à Colvius le 5 juillet (t. IV, p. 6). Celui-ci sans doute, en récrivant, lui rappela le désir de Beverovicius d’avoir le texte des deux lettres à Plempius, pour les imprimer dans ses Quæftiones Epiftolicæ : de là cette réponse, que nous donnons ci-dessus. Plus tard enfin, après la mort du philosophe, Colvius rappellera fidèle- ment sa mémoire, comme on le voit dans des lettres échangées entre Élisabeth et lui, le 25 nov. 1656 et le 12 janv. 1657 (t. XII, p. 485-486, note). Johannes Beverovicius (Jan van Beverwick), médecin de Dor- drecht, naquit en cette ville, le 17 nov. 1594, et y mourut, le 19 janvier 1647. Auteur de nombreux ouvrages de médecine, il préparait en 1643 un recueil intitulé Quæ/liones Epiflolicæ, et demanda à Descartes son avis sur une question d'actualité, la cir- culation du sang et le mouvement du cœur : lettre du 10 juin 1643 (t. III, p. 682). Descartes envoya quelques explications; mais il ajouta qu’il avait déjà répondu sur cette même question dans deux lettres à un professeur en médecine de l'Université de Louvain, Plempius, qui d’ailleurs les avait publiées, en les détournant de leur sens et en les mutilant : lettres du 15 février et du 23 mars 1638 (t. I, p. 521,et t. II, p. 62). Descartes offrit d'envoyer le texte exact et complet de ces deux lettres pour le nouveau recueil : lettre CORRESPONDANCE. 3 18 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. du 5 juillet 1643 (t. IV, p. 3). Beverovicius accepta; il en fit aviser notre philosophe par un ami commun, Colvius, dont la lettre (aujourd’hui perdue) parvint à Egmond du Hoef vers le 15 août. Descartes y répondit trois semaines après par la présente, du 5 sep- tembre 1643 ; il envoyait en même temps le texte demandé. L'année suivante, se rendant en France, il passa par Dordrecht, et ne manqua pas d'y rendre visite à Beverovicius, en juin 1644, dit Baillet (t. IV, p. 124). Préoccupé des moyens de prolonger la vie humaine, notre philosophe devait s'intéresser au moins à l’un des ouvrages de ce savant : De Yermino vitæ fatali an mobili (quatre éditions, en 1634, 1636, 1639 et 1654); et peut-être encore à un autre, De calculo renum et veficæ, en 1638 (question traitée jadis par un médecin de sa famille, t. XII, p. 8); et qui sait ? peut-être à un livre du même auteur, De excellentiä mulierum, en réponse à la thèse paradoxale d’un écolier, Mulieres non effe homines. D'autre part, Saumaise envoyait en France, à Peiresc, les publications du médecin de Dordrecht. Guy Patin correspondait avec lui de Paris, tout heureux que sa thèse ait eu l'honneur de figurer dans les Quæftiones epiflolicæ; plus tard, sur la fin de 1649, Sorbière lui rappellera les œuvres de Beverovicius défunt. A titre de curiosité, signalons quelques pages d'un autre ouvrage de Beverovicius, publié l’année suivante : Jon. BEvERo- vicu Medicinæ Encomium (Rotterdami, Sumptibus Arnoldi Leers, CID 19C XLIV). L'auteur, p. 65-80, répond aux critiques que Montaigne avait adressées aux médecins, et nous révèle ainsi la vogue qu'avaient toujours les Essais même en Hollande. Pages 65-66 : « Michael Montanus, celebris apud Gallos nominis, » & magnæ, dum viveret, dignitatis... » (Page 65.) « Et opellæ huius pretium mihi faéturus videor, quod liber eius » in omnium manibus verfetur, fi provideam ne Gallico hoc tumultu » Refp. Medica quid detrimenti capiat. Quare præcipua argumenta, » quibus in Mifcellaneis fuis (Gallice Les Effais infcripfit, Gu/lus » vertere conatur Lipfus, Conaituum nomine laudant Thuanus & » Sammarthanus) Medicinæ ufum ac neceflitatem impugnat, veluti » ad incudem revocabo, & quàm invalido tibicine nitantur often- » dam. » (Page 66.) | Quant aux deux dernières lignes de la lettre, p. 16, |. 7-8, Descartes joue ici sur le titre d’un ouvrage récent : GODbEFRIDI WENDELINI LumiNarcant Arcanorum cœleflium Lampas (Bruxellæ, Joan. Momertij, 1643, in-12). L'auteur lui donnait l'exemple de SUPPLÉMENT. 19 jouer ainsi sur les mots : « Se LumiNARcANUM vocavit, quod natus « esset in territorio Lummensi, in paræcia Hercana » (explique Ghesquière, Acta Sanctorum Belgii, 1783, t. I, p. 299). Cet ouvrage de Wendelin parut sur la fin de mai; et Descartes n'attendit pas, chose curieuse, pour en prendre connaissance, qu'il lui fût signalé par Colvius. Mention en est faite aussi dans la correspondance de Wendelin et de Gassend (Opera omnia de celui-ci, édit. 1658, t. VI, p. 166 et p. 455). En octobre de la même année 1643, Wendelin annonçait encore à Gassend un autre ouvrage : Arcanorum terres- trium Lampas, mais qui ne fut point publié (#bid., p. 460). Godefroi Wendelin était né à Herck, dans le Limbourg belge, le 6 juin 1580. Il vint à Rome en 1600, puis à Digne en Provence, où il enseigna comme professeur au collège, de 1601 à 1604, puis à Forcalquier, comme précepteur dans une famille. Ce fut ainsi qu'il connut Gassend et Peiresc. Il se fit recevoir docteur #7 utroque jure, à l'Université d'Orange, le 23 mars 1611. En 16712, il devint curé de sa ville natale, puis official et chanoine de Tournay, en 1648 et 1650 ; à partir de 1659, on le trouve à Gand, où il mourut en 1667. Savant astronome, il publia, en 1626, à Anvers un in-4: Loxia, feu de obliquitate Solis diatriba, dédié à Monsignor Bagni, nonce en Flandre, et bientôt nonce à Paris. (Voir notre t. I, p. 290.) Huy- gens, quoique huguenot, traitait en ami ce curé catholique. Pen- dant le siège de Maestricht (du 10 juin au 23 août 1632), il lui envoya un badinage en vers comme sauf-conduit pour venir le voir à l’armée assiégeante (Herck n’était qu'à une petite distance) : In adrentum Godefr. Wendelini Summi Mathematici in Cafira Trajeclina. Qui Wendelino miles occurris meo, Occurre mitis ; arma, vim, noxam, dolos Averte, fi Batavus es, fi nofter es; ? Ayverte charo vertice & chariffimo Nuper Batavis. Non Iberi (fpondeo) Candor ruboris ifte contraxit luem. Innoxium, paci, Deo, Mufis facrum, Puteani amicum & Hugenl, Belgam vides. Per facra Mufarum, Dei, pacis rogo, Parce innocenti, parce. Quid multis moror ? Ab Archimede tempera fævas manus, Qui Wendelino miles occurris meo. (Huceni Momenta Defulloria, p. 30, édit. 1644.) 20 CoRRESPONDANCE DE DESCARTES. IV DXVII brs. DESCARTES A DEBEAUNE. Paris, 5 juin 1648. Autographe de la collection du baron de Vos van Steenwijk, à Windesheim, près de Zwolle, signalé et communiqué par le Dr P.-C. Molhuysen, conser- vateur des MSS. de la Bibliothèque de l’Université de Leyde. Monfieur, Eftant arriué en cete ville auec intention d'y faire quelque feiour, l'vne des premieres chofes dont ie me fuis enquis, a efté fi vous y efliez, pource que vous m'auiez fait efperer d'y venir, lorfque r'eu l'honneur de vous voir l’année pañlée ; & ne vous y trouuant pas, ie trace ces lignes pour vous offrir mon tres humble feruice, & vous adreffer l'enclofe que 1ay receuë d'vn ieune mathematicien qui vous a vu autrefois chez vous & eft maintenant profefleur à Leyde. Il y a ioint vn liure que ie n’envoye pas, pource que ie croy qu'il ne contient rien que vous ayez impatience de voir, & que vous aymerez mieux que ie le garde iufques à ce que vous foyez icy, où l’on m'a fait efperer que vous viendrez; & vous y eftes particulierement attendu, Monfieur, par voftre tres humble & tres zelé feruiteur, Des CARTES. De Paris, le $ luin 1648. [2 Lun À SUPPLÉMENT. Adresse : A Monfieur Monfieur de Beaune, Confeiller du Roy au fiege prefidial à Blois. Nous savions, par Baillet, que Descartes, lors de son premier voyage en France, l’année 1644, s'était arrêté à Blois, en passant, pour s’entretenir avec Florimond Debeaune*. Cette lettre nous apprend (ce que nous ne savions pas), qu'il vit encore Debeaune à Blois, lors de son second voyage, en 1647. Et même les deux amis convinrent de se retrouver ensemble l’année suivante à Paris. Ce souhait fut-il réalisé, de juin jusqu’à la fin d’août 1648? Nous l’ignorons. A la date du 5 juin, Descartes ne paraît pas disposé à faire, comme aux voyages précédents, un tour en province pour revoir sa famille. Cependant, à la fin d'août, il était attendu de quelques amis à Azay-le-Rideau?, non loin de Blois; mais il repartit pour la Hollande sans y être allé. Le jeune professeur de Leyde dont il envoie une lettre à Debeaune, est Frans Schooten, qui avait remplacé à l’âge de vingt- six ans, pour l’enseignement des mathématiques à l'Université, son père, mort le 11 décembre 1645. Le jeune Schooten avait fait un séjour en France l’année 1641. Dans une lettre de septembre 1641, Descartes rappelle qu'il l'avait recommandé à Mersenne ; dans une autre lettre, du 17 novembre 1641, il conseille au même Mersenne d'utiliser Schooten, dessinateur habile, pour tirer le plan des jar- dins du Luxembourg. Schooten recherchait à Paris l'entretien des mathématiciens, entre autres Mylon; et dès son retour en Hol- lande, il ne manqua pas de se rendre à Endegeest (donc l’année 1642) et de raconter à Descartes ce qu'on disait en France des inventions de Fermat; c'est devant Schooten que Descartes traita celui-ci de Gascon‘. La présente lettre nous apprend, en outre, que Schooten connut personnellement Debeaune « chez lui », c'est-à- dire à Blois. Le livre qu’il chargea, en 1648, notre philosophe de a. Voir t. IV, p. 129. b. Lettre d’Auzout, 21 août 1648 (t. V, p. 229). c. Pour tous ces détails, voir t. IV, p. 339-340 (nomination du profes- seur); t. III, p. 437, 1. 18-19 (recommandation à Mersenne); p. 450, 1. 4-15 (le Luxembourg) ; t. IV, p. 232 (Mylon); t. III, p. 333 (Fermat). 22 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. lui remettre, était sans doute le suivant : De organicä conicarum Jeclionum in plano defcriptione, Traclatus, Geometris, Opticis, præ- Jertim verd Gnomonicis € Mechanicis utilis. Cui fubnexa ef Appen- dix, de cubicarum æquationum refolutione. (Lugd. Batav., ex officinà Elzeviriorum, 1646, in-4.) Il est intéressant de savoir que Debeaune et Schooten se connais- saient et qu'ils correspondaient ensemble, lorsque celui-ci était à la veille de publier une traduction latine de la Géométrie de Descartes, avec des notes de ces deux mathématiciens, en 1649*. Schooten publia aussi, après la mort du philosophe, un livret intitulé : Principia Mathefeos Vniuerfalis, feu Introduélio ad Geometriæ methodum Renati des Carles (Elsevier, 1651), réimprimé dans la seconde édition de la Géométrie en latin, l’année 1659. Quant à Debeaune, il mourut sur la fin de 1652?. Tome V, p. 339-340. DESCARTES A SCHOOTEN. Egmond, 9 avril 1649. k \ \ La dernière partie de cette lettre de Descartes est imprimée diffé- remment dans une réponse de Christian Huygens à l'ouvrage d’Ainscom, cité t. V, p. 321. Cette réponse est datée de La Haye, le 2 octobre 1656. Elle fut publiée beaucoup plus tard, CHRrISTIANI Hucenu Cowsr. F.ad C. V. Fran. Xaverium Ainfcom S. I. Epiftola, (dans les Opera Varia de Huygens, Lugd. Bat., apud Janfflonios Vander Aa, 1724,t. I, p. 341-350). a. Lettres du ro mars et du 9 avril 1649 (t. V, p. 318 et p. 336). b. Voir Lipsrorpir Specimina Philof. Cartef. (Elsevier, 1653.) Dans la dédicace, datée de Leyde, re" avril 1653, l’auteur parle dé la traduction latine de la Géométrie de Descartes en 1649, et des notes ajoutées par Schooten et Debeaune : « ...tum ab Ampliflimo... Florimondo de » Beaune, Confiliario quondam Blæfenf, intra femefire fatis fundo. » (Page 11.) SUPPLÉMENT. 23 « ...Ecce verd... eadem plane quæ nobis, circa has propofi- » tiones & fignificationem verbi continere, opinio fuit Incomparabili » Cartefo ; quem fi minüs infignem Geometram quam A/gebriftam » fuiffe arbitraris, parüm ex vero judicas. Ejus ad amicum epiftolæ » copia mihi faéta eft, cum jam diu Exefafis noftra prodiiilet ; quà » quoniam non tantüm id quod dixi comprobatur, fed & tota » infuper ad opus Geometricum P. à S'° Vincentio pertinet, inte- » gram hic adfcribere vifum eft. Gallicè fic habet. » Monfieur, J'ay gardé vos livres un peu long temps, pour ce que je defirois, en vous les renvoyant, vous rendre compte de la Quadrature du Cercle pretendue, & j'avois bien de la peine à me refoudre de feuilleter tout le gros volume qui en traite. En fin j'en ay veu quelque chofe, & aflez ce me femble pour pouvoir dire, qu'il ne contient rien de bon qui ne foit facile & qu'on ne puft efcrire tout en une ou deux pages. Le refte n'eft qu'un paralogifme touchant la Quadra- ture du Cercle, enveloppé en quantité de propofitions qui ne fervent qu'à embroüiller la matiere, & font tres fimples & facilles pour la plufpart, bien que la façon dont il les traite, les face paroiftre un peu obfeures. Pour trouver fon paralogifme, j'ai com- mencé par la 1134° page, où 1l dit: Nota autem efl pro- + portio fegmenti LMNK ad fegmentum EGHF, ce qui eft faux; & la preuve qu'il en donne eft fondée fur la 39° propofition, en la page 1121 du mefme livre, où il y a une erreur tres manifefte, qui confifte en ce qu'il veut appliquer à plufieurs quantitez conjointes ce qu'il a prouvé auparavant des mefmes quantitez divifées. Car, par exemple, ayant les 4 ordres de pro- portionnelles 24 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. DRAC, 251 ROTANES LS 18, 22: ; ON TES! bien qu'il foit vray que 8 eft à 32 en raifon doublée de ce que 4 eft à 8; & que 18 eft aufli à so en raifon doublée de ce que 6 eft à 10 : il n'eft pas vray pour cela que 8 + 18, c'eft à dire 26, foit à 32 + so, c'eft à dire 82, en raifon double de celle qui eft entre 4 + 6, c'eft à dire 10, & 8 + 10, c'eft à dire 18. Tous fes rai- fonnements ne font fondez que fur cette faute, & ce qu'il efcrit de Proportionalitatibus & de Duclibus, ne fert qu'à l'embaraffer, & ne me femble d'aucun ufage, pour ce que fru/ira fit per plura quod potefl fieri per pauciora. (Pag. 347-348.) Huygens termine ainsi sa lettre (avant-dernière ligne, p. 350): « Vides autem quam hac in parte longè diverfum fonent Cartefii » literæ atque Elogia veftra : quorum utris potiüs fubfcribendum » fit, aliorum judicio decerni malim quàäm meum interponere.… » On lit, au début de ce même volume, Hugenii Vila, p. 1-2 : « Anno 1644, ftudium Mathefeos aggreflus eft, Mathematicumque » Belgam Stampioen præceptorem habuit. Sequenti anno, Acade- » miam petiit quæ Leidæ eft apud Batavos. Ibi Vinnium jus civile » explicantem audivit, & magiftro Schotenio ftudium Mathefeos continuavit, ingeniique ad hæc ftudia nati varia tunc temporis dedit fpecimina... » A la mort de Descartes, Grégoire de Saint-Vincent voulut dire son mot sur le philosophe. Il le fit en quelques vers à peu près intraduisibles (c’est un jeu de mots sur le nom de René); ces vers nous ont été conservés. Erasme Bartholin les envoya à Olaüs Wor- mius, à Copenhague, dans une lettre datée de Leyde, 2 juin 1650 : « ...Antequam finem imponam hilce litteris, apponam carmen » non inconcinnum, quod P. Gregorius à S. Vincentio Jefuita, SUPPLÉMENT. 2j » auétor iftius Quadraturæ Circuli, nuper editæ, fed minime » inventæ, mihi Gandavo mifit, in obitum Renati des Cartes : Gallia te genuit, fed Suecia fuftulit orbi. (Mercedem hanc Gallis, Suecia, retribuis ?) Sed tua te virtus faciet chartæque renatum : Sic duplici, Mundo, forte Renatus eris. Vive igitur felix, nunquam moriture Renate, Qui natus morti, morte renatus eris. (OLaï Wormn € ad eum virorum do@torum Epiftolæ, t. Il, Hafniæ, 1751, p. 980.) VI THOMAS ET ERASME BARTHOLIN Le nom de Bartholin ne se rencontre qu’une seule fois (et sans prénom) dans toute la correspondance de Descartes (t. V, p. 319, 1. 27). Par contre, le nom de Descartes revient assez souvent dans les écrits et dans les lettres de Thomas Bartholin d’abord, qui fut professeur en médecine à l'Université de Copenhague, et de son frère Erasme Bartholin, médecin aussi et surtout mathé- maticien. Thomas et Erasme Bartholin étaient Danois. Leur père, Gaspard Bartholin, né à Malmoë en Scandinavie, le 12 février 1585, alla prendre ses grades en médecine à l’Université de Bâle : il reçut le bonnet de docteur des mains de Bauhin, en 1610. Puis il devint professeur à Copenhague, de médecine d’abord, de 1613 à 1624, et de théologie ensuite, à partir du 12 mars 1624, jusqu’à sa mort, le 13 juillet 1629. Il eut six fils, dont deux seulement intéressent la biographie de Descartes, Thomas et Erasme. THomas BARTHOLIN était le second de la famille; son frère aîné Barthole, né en 1614, fut professeur d’éloquence à Copenhague. Thomas naquit le 20 octobre 1616. A vingt et un ans, il vint étu- dier, à l'Université de Leyde, la philosophie, la philologie, la théo- logie et surtout la médecine, de 1637 à 1640. Il était encore à Leyde vers le milieu de cette année 1640 ; mais deux lettres que CORRESPONDANCE 4 26 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. lui écrivit un de ses maîtres de Leyde, Johannes Walæus, sur le mouvement du sang et celui du chyle, le 22 sept. et le 1°" déc. 1640, lui sont adressées à Paris. Au printemps de 1641, Thomas Bartholin se trouvait à Montpellier ; il se rendit de là à Padoue, où il demeura jusqu'en 1645, en se déplaçant d’ailleurs plus d’une fois : voyage jusqu’à Malte en 1644, avec retour par la Sicile, séjour à Naples, puis à Rome; au carnaval de 1645, il était à Venise. Enfin il alla, comme son père, chercher à Bâle le doctorat en médecine, qui lui fut conféré le 14 octobre 1645. Avant de revenir en Danemark, il fit encore un détour par la France et Paris. En 1646, il se retrouva à Copenhague, où’ il fut d’abord profes- seur de mathématique, 1647, puis d'anatomie, 1648; en 1654, il devint doyen perpétuel du collège des médecins ; en 1661, nommé professeur extraordinaire, 1l se retira dans sa campagne de Hage- stadt, où il mourut, le 4 déc. 1680. La médecine lui doit d'impor- tantes découvertes : le canal thoracique dans le corps humain (Pecquet ne l'avait observé que dans les animaux); les vaisseaux lymphatiques ; ; la préparation du sang, non dans le foie, comme on croyait, mais dans le cœur. Ces découvertes d’ailleurs datent de 1651 et des années suivantes, et Descartes mourut en 1650. Ce fut pendant les trois ou quatre années de son séjour à Leyde, que Thomas Bartholin entendit parler de notre philosophe, et sans doute le connut personnellement. Le Discours de la Méthode venait de paraître, dont une partie considérable, la plus impor- tante pour un médecin, était consacrée précisément à la circula- tion du sang et au mouvement du cœur. Plus tard, dans l'éloge funèbre que Thomas Bartholin fera de son ancien maître Waiæus, le 12 déc. 1649, à Copenhague, il le louera d’avoir été le premier à professer en chaire la doctrine de Harvey *; et dans ses ouvrages, il légale presque à Harvey lui-même, les nommant volon- tiers tous les deux ensemble. Chose curieuse, le médecin Elich- man, que connut aussi Descartes, ayant succombé à une rupture a. « Walæi, Leidenfium Æfculapij, ingenium fummum... Æterna » illius laus eft, quod fpretam haétenus vel negletam Æarvei de circulari » fanguinis motu fententiam, monitore & ad experimenta facienda infti- » gatore Fr. Sylvio, primus publicè cathedris afferuerit, & contra Primi- » rofii doétos infultus vindicaverit... » (Tnomæ Barraozint Orationes. Hafniæ, fumptibus Danielis Paulli, in-8°, pp. 384. S. D.) Oratio X : De Morte Veflingi € Walæi, habita in Audit. Maj. Hafn. x Dec. 1649, page 76. Voir sur Primerose, notre t. IT, p. 616, et t. III, p. 202; sur Walæus, t. IIT, p. 70 et 374. SUPPLÉMENT. 27 d’anévrisme, le 10 août 1639, Walæus ne manqua pas de tirer argument de ce genre de mort, et des phénomènes qui l’accom- pagnent, en faveur de la circulation du sang, et ceci dans une des deux lettres qu’il adressa sur ce sujet à son élève Thomas Bar- tholin*. Dans les publications de ce dernier on trouve cà et là de petits détails, qui font quelquefois penser à Descartes : par exemple, le philosophe, parmi les raisons de douter qu'il énu- mère au début de ses Méditations, mentionne le dérangement d'esprit de ces malheureux qui s’imaginent être métamorphosés en cruche ou en pot de terre, ou bien qui croient que leur corps est de verre; or Thomas Bartholin cite un cas de ce genre, un pauvre fou d'Amsterdam, un poète, qui se croyait en verre, au moins dans la partie postérieure de son corps, et n’osait plus s'asseoir, crainte de se casser. Descartes en avait sans doute entendu parlerP. Thomas Bartholin, parti de Leyde en 1640, n'oublia pas Îles amitiés ni les relations qu'il y avait nouées. Une lettre de Walæus, datée de Leyde, 11 février 1644, lui est adressée à Naples; et il est intéressant d'apprendre qu’à cette date, au sud de l'Italie, un Danois se faisait envoyer du fond de la Hollande des nouvelles de notre philosophe. Walæus l’entretient, en effet, des démêlés de Descartes et de Gassend, et lui annonce la publication prochaine des Principia Philofophiæ, dont lui-même, Walæus, a déjà lu a. « Leidæ aneurifma, difruptà arterià, quartam thoracis partem occu- » paratin D. Johanne Elemanno, Medico Experientiflimo, unde miferè- » perijt. Quod & annotavit C/. V. Joannes Walœus, Præceptor olim » meus & Amicus fufpiciendus, in Epift. I. de Mot. fang. ad me fcriptä, » ut fanguinem in arterias pelli aperto indicio demonftraret. » (THowx BarTHOLINI Hifioriarum Anatomicarum rariorum Centuriæ. Amftelo- dami, apud Ioannem Henrici, 1654.) Cent. IV, hift. xcr, p. 322. b. « ...Ces infenfés... qui s’imaginent eftre des cruches ou avoir un » corps de verre. » (Tome IX, p. 14.) Descartes avait dit en latin : « ...nefcio quibus infanis... ut conftanter affeverent vel fe... caput » habere fiétile, vel fe totos efle cucurbitas, vel ex vitro conflatos... » » (Tome VII, p. 18-19.) Comparer les deux hiftoires suivantes : « Melan- » cholicorum figmenta.…. Infignis Amftelodamenfium Poeta nates credidit » fibi efle vitreas, imuitque rupturam fi confideret... Medicus quidam » Venetus eruditus quotannis fub caniculà fub teéto fedens toto menfe » commorabatur. Metuebat nempe fibi ne frangeretur fi in parte ædium » inferiore confiteret, quum vas teflaceum fe crederet... » (THomx BarTHOLINI Hifloriarum ...Centuriæ, Centuria I & Il.) Page 118. 28 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. quelques passages sans doute en manuscrit ou sur des épreuves d'imprimerie. Voici les propres termes de cette lettre : « ...Cartefius fibi adverfarium paravit Petrum Gaffendum, qui » magno volumine fatis meo judicio probavit, haëétenus nihil Car- » tefium demonftravifle; & ut à Cartefi amicis intelligo, fatis ad » refpondendum follicitus eft. Phificam fuam generalem perficit, » particularem aliis reliturus. Illius duos jam traétatus legi, de » loco € motu, egregios fane; verüm haud arbitror eos pares » expeétationi futuros... » (THomx BartHoriNi Epiflolæ medicina- lium.… Centuria I € IT, Hafniæ, 1663, p. 197.) Plus tard, après la mort de Descartes, Thomas Bartholin, qui se piquait de faire aussi des vers, ne manqua pas de célébrer en quelques quatrains ou distiques le philosophe. On les trouve imprimés dans un recueil: THomx Barraozini Carmina, Hafniæ, apud Danielem Paulli, MDCLxIX, Pp. 209, 214, 217: Ad Manes Renati des Cartes in Suecia denati. Effet vita tibi calido cum Sole renata ; Debebat tandem frigidiore mori. Sat calidi æternis chartis natura patebat, Sed nondum fuerat frigida nota tibi. De glandula pineali Cartefiana. Parva quidem plures animæ tamen exprimo fenfus, Et viget in minimo maxima cura loco. De Renati Cartefii Homine. Cartefii chartis natura recluditur ipfa, Cujus ab ingenio nafcitur omnis homo. Namque animal quod fponte prius, nunc arte movetur, Prodit & artificem machina plena Deum. Ajoutons ici ces deux vers, p. 6, où Descartes n’est pas nommé, mais qui rappellent sa philosophie : Ad Atheum. A te nefciri Dominum terræque polique, Non miror, cum fis nefcius ipfe tui. SUPPLÉMENT. 20 Mais surtout, dans son ouvrage principal, un traité d’Anatomie, qui n’était autre que celui de son père, Gaspard Bartholin, révisé d'ailleurs et mis au point par le fils, conformément aux nouvelles découvertes, Descartes est souvent mentionné, ainsi que ses dis- ciples Regius d’Utrecht et Hogelandius de Leyde : notamment à propos du mouvement du cœur, et aussi de cette prétendue circu- lation des esprits animaux dans les nerfs, que Descartes avait ima- ginée par analogie avec la circulation du sang dans les artères et les veines. Deux passages en particulier sont intéressants à ce sujet. La première édition est de 1640; la seconde, de 1645, et la troisième, de 1651; nous ne savons s'ils se trouvent dans toutes. Les voici d’après une édition malheureusement postérieure : Tome BarrHo- LiNt Ca/p. Fil. AnaTomiA, ex Ca/pari Bartholini Parentis Inftitutio- nibus, Omniumgue recentiorum € propriis Obfervationibus tertiüm ad fanguinis circulationem reformata.. (Hagæ-Comitis, ex typo- graphià Adriani Vlacq, clo 19 crxvi). « Subtilifimus Renatus des Cartes eumque fequuti pari laude » Corn. Hogelandius & Henr. Regius, motum cordis à rarefcente » fanguinis una vel altera gutta perfici, alio modo demonftrant... » (Page 253.) Suit tout un développement, qui rappelle la thèse de 1640, reproduite ci-avant, p. 8-0. « Cartefius in nervis valvulas efle arbitratur, quæ fpiritum fiftant » ne refluat; aliàs partium motum fieri non polle. Sed videntur » fpiritus in partibus retineri pofle, fi anima quæ fpiritus ufque ad » valvulam direxit, in ipfas ufque partes dirigat. Nemo enim Ana- » tomicorum valvulas haétenus obfervavit. Nec fpiritus fubtiles » valvulis impediuntur. Neque denique faciles forent Apoplexiæ » aut Paralyfes, fi fpiritus poffent in partibus à valvulis detineri. » « Præter valvulas Circulationem quoque fpirituum animalium » in nervis introducit A. Regius... Sed dubia quædam me retra- » hunt, ab hac ingeniofà conjeéturä... » (Page 453.) Voir notre t. XII, p. 159-160. Une étude sur Descartes médecin reste encore à faire, et les ouvrages de Thomas Bartholin fourniront plus d’un renseigne- ment utile à ce sujet. Voir aussi l'ouvrage moderne : Isragzs € DanieLs, De verdiensten der hollandsche geleerden ten opzichte van Harvey's leer van den bloedsanloop. (Utrecht, 1883.) ERASME BaRTHOLIN, de neuf ans plus jeune que Thomas, naquit le 13 août 1625 à Roeskilde, non loin de Copenhague. Lorsqu'il eut ses vingt et un ans, il voyagea aussi, de 1646 à 16357. Il étudia 30 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. d’abord à Leyde, pendant quatre ou cinq années environ, puis à Padoue où il prit le grade de docteur en médecine, en 1654. Il devint professeur en géométrie et en médecine à Copenhague, et mourut en 1694. Mais il était plus géomètre que médecin, et se fit connaître surtout par une Introduction à la Géométrie de Descartes, Principia Mathefeos Univerfalis, publiée avec les commentaires de Frans Schooten, à la suite de la traduction latine que celui-ci donna de la Géométrie en 1649. C’est donc bien lui, Erasme Bar- tholin, et non pas son frère Thomas, qui fit aussi des vers pour le portrait du philosophe, qui devait figurer en tête de cette traduc- tion. Mais en outre Erasme Bartholin entretenait de Leyde une correspondance avec un vieil ami de son père, Olaüs Wormius, professeur à Copenhague, et dans cette correspondance il est plu- sieurs fois question de Descartes. Wormius, né le 13 mai 1588 à Aarhus dans le Jude avait étudié la médecine successivement à Strasbourg, Bâle, Padoue, Montpellier et Paris (c'était en ce temps-là le curriculum de tout bon étudiant, en y ajoutant toutefois aussi Leyde). Il était revenu à Copenhague en 1613. On lui offrit d’abord la chaire de grec (il avait connu Casaubon, à Paris), puis celle de physique ; en 1624, il succéda à Gaspard Bartholin qui échangea, nous l'avons vu, sa chaire de médecine pour celle de théologie. Wormius mourut le 7 sept. 1654, recteur de l’Université de Copenhague. Thomas Bar- tholin fit à deux reprises l'éloge funèbre de celui qu’il considérait moins comme un de ses collègues, que comme un de ses maîtres et son second père. Parmi les lettres que lui avait écrites Erasme Bartholin, et qui ont été publiées (OLaï Wormu € ad eum doëlorum virorum Epiftolæ, t. 1 et II, Hafniæ, 1751), trois au moins donnent des renseignements précieux sur Descartes. Telle était alors, grâce à ces correspondances des savants entre eux, la rapidité d’informa- tion: un professeur danois, à Copenhague, pouvait se tenir au courant de la philosophie nouvelle, et il se montre curieux de détails sur le philosophe autant que pouvaient l'être les compa- triotes de celui-ci en France et à Paris. Une première lettre, datée de Leyde, le 10 avril 1648, annonce la rupture de Descartes et de Regius. Erasme Bartholin envoie même à Wormius un exemplaire des Notæ in programma, etc. (t. VIII, 2° partie, p. 335-370), qui furent la dernière réplique du philosophe à son disciple infidèle. En outre, il est question du SUPPLÉMENT. 31 prochain départ de Descartes pour la France, à la demande de son Roi lui-même, et de l'ouvrage qu’il méditait sur la génération ou procréation de l’homme. « Dominus Regius, qui credebatur Cartefianus effe, vel audiri » volebat, de Animä difputans, in thefibus fuis tam graviter in -» Philofophiam & principia ejus impegit, ut coaétus fuerit Carte- » fius, eas libello in publicum emiflo refutare, & Regium è caftris » fuæ Philofophiæ excludere, uti ipfe ex Motis ejus, quas tibi » mitto, perfpicies luculentius.. » « ..Renatus Des Cartes, inftante Majo, molitur reditum in » patriam, ut tandem petitionibus Regis fui fubfcribat. Meditatus » eft egregia de Hominis procreatione ; fed quoniam unum ipf » reftet, in quo fibi non poflit fatisfacere, non vult ut opus hoc » lucem videat : quod mihi præfenti narravit... » (OLaï Wormi € ad » eum doûtorum virorum Epiftolæ, t. I, Hafniæ, 1751, p. 975-976.) Li ” Dans une seconde lettre, datée encore de Leyde, 12 nov. 1649, Erasme Bartholin annonce à Wormius la publication récente de la Géométrie de Descartes, traduite en latin par Schooten, avec les commentaires de celui-ci et les siens propres, qui lui ont été demandés. Il parle aussi du voÿage en Suède, avec l'espérance d'un retour au prochain hiver. Il raconte enfin qu’on achève d'imprimer le petit traité des Passions : « .….Nuper in lucem prodiit ex officinà Marianà Geometria à » Renato Des Cartes olim Gallcè confcripta & Methodo editæ » anno 1637 fubjunéta, in Latinam verfa & Commentariis Pro- » fefforis à Scooten illuftrata. Cüm autem rogatus effet per litteras » à Mathematicis in Gallià, ut quæftionem quandam difficillimam, » hic à Stampioenio ante annos aliquot propofitam (qui 600 Flore- » nos, fponfione cum alio quodam faétà de quæftionis illius folu- » tione, perdidit, quippe problema propoftum folvere ipfe non » potuit) & Belgicè editam, fubjungeret operi huic Des-Cartes, » additis Commentariis, quibus via pateret unicuique perveniendi » ad obfcuriflimam & fubtilifimam propofitæ quæftionis folutio- .» nem, noluit petitionibus eorum refragari; & cüm audiviflet » me jam paratos habere in eam Commentarios, quos memoriæ » caufà confcripferam, petiit à me, ut paucis eos fubneli conce- » derem : cujus me petitioni morigerum gefli. Renatus Des Cartes » precibus Reginæ Sueciæ tandem vocatus eft-in Sueciam, finità » tamen hyeme reverfurus. Traétatus ejus de Affectibus, Gallicè » confcriptus, fub prælo fervet... » (Jbid., t. II, p. 981.) 32 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. Le problème de Stampioen, dont il est ici question, remontait à l’année 1638. (Voir t. XII, p. 272-280.) Ajoutons que ce mathé- maticien ne fut pas seulement, comme nous l’avons dit, le maître pour les mathématiques, de la princesse Élisabeth et des fils de Conftantin Huygens, mais aufli du fils de Frédéric-Henri, celui qui devint stathouder sous le nom de Willem II et qui mourut en 1652. Enfin ce même Stampioen semble être revenu à la charge avec des questions nouvelles, en 1648, comme en fait foi la lettre suivante d'Antoine Vivien à Jean de Witt, le futur grand-pen- sionnaire : « Sie dat Stampioen weder nieuwe mathematische questien de » liefhebbers voorstellt, byaldien d’exemplaren daervan publice » vercopt worden. Ick twyflele niet of Mons. Descartes sal der al » een hebben; desniettemin heb een van twee, die UE my syt » sendende, aan Mons. Calume laten behandigen an te bestellen » aan voorn. Descartes. » (La Haye, Archives de l'Etat. Publié en partie par Geddes, Leven en bestuur van Joh. de Wüitt, trad. de l'anglais, Harlem, 1880, t. I, p. 46.) Une troisième lettre, datée du 12 avril 1650, deux mois après la mort de Descartes, est plus importante encore. Erasme Bar- tholin fait à Wormius un récit des derniers moments du philo- sophe, d’après les relations envoyées aussitôt à Hogelande et au sieur de Bergen par Chanut lui-même et par le fidèle serviteur de Descartes, Henri Schluter. Cette lettre de Bartholin s'ajoute ainsi à la série des lettres semblables, que nous avons données, t. V, p. 470-500. « Salmafius itineri fe committet quamprimüm cœlum ætati ejus » faverit, nec patietur fe detineri tamdiu ut à frigore fibi peri- » culum afferri pofit, exemplo deterritus Renati Des Cartes, cujus » immaturum obitum doétorum plerique valde deplorant. Nam, » certà relatione literarum ipfius Legati Galliarum Regis in Sue- » cià commorantis, cujufque fruebatur hofpitio Des Cartes, uti & » famuli ipfius defunéti, ad Dominum Hoghelandum & Topar- » cham (Van Bergen) miflarum, accepimus ipfum (ut precibus » Reginæ etiam hoc daret) quotidie horà quartà matutinà Reginam » docuiffe fuam Philofophiam, cujus difcendæ avidiflima erat. » Contigit autem aliquando, ipfàä medietate fævientis hyemis, ut & » Bibliothecà Reginæ, ubi docebatur, domum reverfus, tanto per- » celleretur frigore, ut fpiritum vini in remedia pofceret. Verüm » vis frigoris non alià ratione magis leniri videbatur, quam fi dés el D SUPPLÉMENT. 33 » le&um repeteret. Regina, nuntio de infirmà ejus valetudine » accepto, mifit ftatim unum è medicis fuis, quem, cm venam » fecare vellet, admittere noluit initio ; poftea ver, accedente poft » pleuritidem febri ardente, paflus eft fibi venam ter aperiri, licet » irrito fucceffu, adeo ut Calendis Februarii diem obierit fuam, » maximo cum dolore omnium ipfufque Reginæ, quam in cerà » eum exprimi curaffe inaudivimus. Quamquam autem rogaret » Regina ut magnificè illi jufta perfolverent, atque in templo pri- » mario fepelirent, tamen fuperftitione nefcio quà, humo mandatus » eft extra urbem in cœmiterio, ubi pueruli humari folent. Con- » jecturà fane ducor ad fufpicandum fuafu Jefuitæ, qui apud » Legatum ibi forte moratur, id faétum effe; quippe conftat, eos » tali fuperftitioni deditos, etiam templa Reformatarum urbium, » ab iis occupatarum, prius virgis cœdere folere, quäm facra fua iis » concredere. » « Pleraque fcripta Des Cartes funt in Suecià, quædam tamen » hîc; & fi Legatus, ficuti promifit, candidè egerit, non patietur » Hogheland, apud quem ciftæ ejus fervantur, multis utilibus » inventis commodum publicum privari. Scio quidem ipfum » Traétatum de Homine ingenio fuo concepiffe ; coràm enim faffus » eft, fe totam naturam & conftruétionem hominis tam clarè & » diftinétè cognoviffe, atque demonftrare potuifle, atque demonftra- » tiones Euclidis; fed vereor ne cum eo perierit, cùm vix quicquam » folidi fcriptis conceptum reliquerit. Nec enim folitus eft aliquid » libris mandare, antequam totum fimul ingenio eruiflet atque » bene meditatus effet... » (Zbid., t. II, p. 085.) Erasme Bartholin ne fait que reproduire, dit-il, dans ce récit les lettres de Chanut et d’un serviteur du défunt, à Hogeland et à Bergen. Nous n'avons point celles que Chanut écrivit alors en Hollande; mais celle du serviteur, Henri Schluter, et une autre encore, qui était comme celle-ci en flamand, ont été imprimées plus tard dans un livre, où notre heureux chercheur Cornelis de Waard les a retrouvées : Mathemalische Liefhebberije, met het Nieuvvs der Fransche en Duytsche Schoolen in Nederland, van July tot December 1755 ingesloten. Deerde deel. Te Purmerende, by P. Jordaan, Pbelerkove Met Privilegie. Page 155 : François van Schooten répond de Leyde, le 27 nov. 1653, à Dirk Rembrandtz, qui lui avait demandé des détails sur la mort de Descartes, et il lui envoie une copie de la lettre de Schluter. Rien ‘étonnant que Rembrandtz, ce cordonnier devenu astronome, grâce à notre philosophe (t. XII, p. 480-481), ait gardé la mémoire CORRESPONDANCE. 5 34 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. de celui-ci, et s’enquière pieusement de sa mort. On pourrait cependant être surpris qu'il ait attendu pour cela plus de trois années. Mais il ne publia son Astronomie qu’en 1653, et cela sans doute le mit en relations avec Schooten, auquel, trop petit per- sonnage, 1l n'aurait pas osé s'adresser auparavant. « Dirk Rembrantsz, zeer goede Vriend, . « Ik zal, alzoo UE verzoekt te weten eenige omstandigheden » van het overlyden van Mynheer Des Cartes, dewelke door » verscheyde zeer beleefde brieven van de Koninginne van Zweeden » aldaar verzogt was, gelyk ik zelfs wel heb konnen léven als doen- » maals tot Egmont-binnen zynde, wanneer hy van haar, als ook » van de Heer Ambassadeur Ch(a)nut, doenmaals Ambassadeur » aldaar vanwegen zyn Coninglyke Majesteyt van Vrankryk, » dezelve quam te ontfangen : zo 1s ’t, dat hy eyndelyk door zoo- » veele nodingen en beleeftheden zynde overwonnen, eyndelyk » daar na toe (hoewel ongaarn) getrokken is, zynde anno 1649. » « Vorders, aangaande zyn afsterven, hebbe dit volgende uyt » zekere brief uyt Stokholm anno 1650, korts na zyn overlyden geschreven, geëxtraheert : « Copye uyt Stokholm den 2 February 1650. » s « Gisterenmorgen vroeg omtrent 4 uure is hier ten huyse van zyn » Excellentie de Heer Ch(ajnut, Franse ambassadeur, overleden de » Heer Des Cartes, die weynig dagen iek gelegen heeft, zo tk » verstaan hebbe. Heeft mede het pl(e)uris gehat ; maar niet willende » nemen nog gebruyken, zoude een heete koortse daartoe geslagen » zijn. Daarna heeft hy zig wel driemaal op een dag doen laaten, » maar zonder operatie van zonderling bloet te laten. Haar Majes- » teyt beklaagde zyn afsterven xeer, wegens hy 700 een geleerde » man was. Men heeft hem in n'as afzegoten. Hy heeft niet gemeent » hier te sterven, hebbende onlangs voor zyn doot geresolveert gehat » met de eerste goede gelegentheid zig wederom naar Nederland te » begeren, Ec. « Copye uyt den brief van Monsr. ScHLUTER, gedateert _.» Stokholm den 12 February 1650. « Het is wel 4 of 5 dagen geleden, dat Mynheer Des Cartes xeyde, dat hy heden aan UE xoude moeten schryven en door my, » overmits hy ziek was, hadde gehoopt met my den brief van woord C4 SUPPLÉMENT. 35 tot woord te dicteren, UE te verblyden van zyne goede gesont- heyd. Maar hy heeft desen dag, 0 die tyd myns levens beklagen xal, niet overleven mogen : 1s gisterenmorgen tussen 3 en 4 uren gestorrven. » « Hy is den 3* February des morgens ten 4 uure, als hy soude gaan na de biblioteque,.gelyk hy gewoon was alle morgens om die tyd daar te gaan en de Koninginne aldaar te vinden, ja ook in de aldergrootste koude, dewelke 700 groot was, dat de Swyeede xelven xeyde, dat het in lange tyd hier z00 koud niet geweest en hadde — ‘+ welk mogelyk oorzaak is om zyn doodt — in eene sterke koortse gevallen, welke ontstaan is, gelyk hy xeyde, ex sua pituita, ende hem xo sterk toevloot, dat de mage daardoor beswaart en hem dogte, dat dat natuurlyk vuur in hem bykans was uyigeblust. _Hadde grote koude en pyn in ‘t hooft, nam anders niet des daags als 3 of 4 lepels brandewyn ende deede tee gantsche dagen anders niet als slapen. Des Vrydags hebben hem een wynsoppe moeten geven ; begonste ook te klagen, dat hy zeer grooten pyn hadde in zyn 3yde, zoodat hy qualyk aassem konde haalen en ;eyde, dat hy nu een heel ander temperament in hem merkte en zeer groote hitte hadde, welke hitte en pyn in de zyde dagelyks xeer toege- nomen heeft, alzoo ‘t anders niet en was als een heete koortse ende pleuresie, dat hy doen niet geloven en wilde. Des Maandags daarna heeft de Koninginne aan hem gezonde haaren medicyn en een hofjonker, en hem doen bidden, dat hy zig met denselven soude consuleeren, maar zy kosle niet accorderen. Den doctor riet hem, dat hy zig zoude doen laaten ende gebruyken goede remedien ; heeft geantwoort, dat hy geen bloet te veel hadde ende anders gene remedien en meynde te gebruyken als die uyt de keucken quamen; ende heeft geensins willen lyden, dat den doctor meer by hem quam. Op ‘t leste heeft hy zig geresolveert te doen laaten. Ende men heeft hem gelaaten 3 maal, verleden Dingsdag, ‘t welk anders niet en was als verrot bloet ende heel geel. Dat dog niet heeft mogen baten. Zal heden ten 4 uure naermiddag begraven worden. Hebbe alles gegeven in handen van den Heer Ambassadeur, £c. » « Nota. Hier dient op gelet op den datum, also het schynt den eenen de oude ende den >= ander den nieuwen styl gevolgt te hebben ende geschreven ten huyse van den voorschreven Ambas- sadeur, ten wiens huyse hy doorgaans is gelogeert geweest, zynde een man van groote geleertheyd, wysheid ende voorzig- tigheyd, die, als ook zelfs zyn huysvrou, in de philosophie van 36 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. » de voorsz. Des Cartes grotelyks is ervaren. Onder dewelke dan » alle zyne byzonderste schriften en overblyfselen berusten, die hy » zorgvuldelyk is bewarende ende zelfs by de eerste gelegenheyd, » en zynen ledigen tyt, verhoopt in ‘t ligt te geven; waartoe ons » vavorable occasie schynen te geven, dat hy in Den Haag als » Ambassadeur van Vrankryk zal kome resideeren. Heeft op » zyne kosten een voortreffelyke tombe of graf tot Stokholm ter » eere van sal. Des Cartes en zijne eeuwige gedagtenis, als op een » der Franschen natie, opregten laten, waarvan wy de teykening » alhier gezien hebben, en daar rontsom in ’t kort zyn leven en » afsterven in ’t latyn inhouwen laten, gelykerwys datzelve hier tot » Leyden gedrükt is. Ende is alzo dat groote ligt uyt de werelt » weggenomen, dat ons in velen, zoo ‘t God ons had gunne » wille, nog zoude konne verligten, hetwelk wy dan ons zoude » toeschryven mogen. » , « Hem biddende, dat hy ons wyders hier tydelyk wil gelieven te » Zegenen en hiernamaals gunne de eeuwige zaligheyd, « UE dienstwillige vriend « FRANÇOIS VAN SCHOOTEN. » « Uyt Leyden, » den 27 November 1653. » « Des Cartes geboren anno 1596 den laatste dag van Maart tot » La Haye in Touraine in Vrankryk. » Remarquons ces dernières lignes, qui confirment ce que nous avons dit de la date exacte de la naissance de Descartes (t. XII, p. 1-2). Remarquons aussi, au début de la lettre, que Schooten s'était trouvé plusieurs fois, au recu des lettres de Suède, chez Descartes à Egmond-binnen. Il y avait trois Egmond, voisins l’un de l’autre d’ailleurs. Descartes habita d’abord Egmond op den Hoef, l’année 1643-1644 ; il date ensuite ses lettres d'Egmond tout court, sauf une, du 17 avril 1646 : Egmond-Binnen précisément. Ne peut-on conclure de l'indication de Schooten, que ce fut là, en effet, sa résidence, de la fin de 1644 jusqu’en août 1649? (Voir t. XII, p- 127, note b.) - Pour revenir aux lettres d'Erasme Bartholin à Olaüs Wormius, il en est une quatrième encore, du 2 juin 1650, qui accompagne l’envoi d’une gravure du portrait de Descartes par Frans Hals. Nous la retrouverons plus loin, dans une note sur ce portrait. (P. 46.) SUPPLÉMENT. 37 Enfin, dans cette même correspondance entre Bartholin et Wor- mius, se trouve le titre complet d’un ouvrage, Pentalogos, dont il est question dans les lettres de Descartes, t. III, p. 201 et 249 : Cofmopolita Mercurius, Pentalogus in libri Gallici pariem de Melcoris. Hagæ, 1640, in-4. VII ENDEGEEST Une publication annuelle, Leidsch Jaarboekje, a donné, dans le volume de 1909, p. 1-44, une histoire du château d'Endegeest, Geschiedenis van het Kasteel Endegeest, par W. Bijleveld. Nous y empruntons quelques détails, qui intéressent la biographie de Descartes. Endegeest, situé à une petite distance de Leyde, avait beaucoup souffert du siège de cette ville, en 1574. Le corps principal du logis fut incendié : les deux tours subsistèrent seules à droite et à gauche, laissant entre elles un espace entièrement vide ; une gra- vure du temps le montre en cet état. Le propriétaire, Maerten van Schouwen, mis en possession le 7 nov. 1574, ne se pressa pas de réparer ces ruines. En 1609, il habitait encore la ville de Leyde avec sa famille; il ne fit sans doute rebâtir Endegeest qu'après cette date. Mais en 1622, un registre de la population dans les villages du pays le mentionne comme résidant à Endegeest, lui, sa femme, trois enfants, dont deux fils et une fille, et quatre domestiques, en tout neuf personnes : ce qui indique le nombre d'habitants qui suffisait pour occuper entièrement le château. Ce propriétaire mourut en 1626. Son fils aîné, Nicolas van Schouwen, fut mis en possession du domaine le 13 mai 1627; il y demeura jusqu’à sa mort en 1638. Il ne s’était point marié; il - eut pour héritier un frère qui lui survivait, Jan van Schouwen, nommé aussi Jan van Foreest van Schouwen. Celui-ci n'eut même pas le temps d’entrer en possession : il mourut cette même année 1638. Lui non plus ne s'était pas marié, et le domaine revint à un neveu, fils d’un autre frère prédécédé, Gérard van Schouwen. Ce neveu, Pieter, s’appela comme son oncle, van Foreest van Schouwen. Comme il était mineur, il ne fut investi du domaine que provisoirement, le 3 mars 1639, en attendant sa majorité, à * 3 8 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. l’âge de vingt-cinq ans. Mais il ne vécut pas jusque-là, et mourut à Rome, le 11 janvier 1644. Sans doute il voyageait, selon la cou- tume des jeunes gentilshommes en ce temps-là, qui complétaient ainsi leurs études. En son absence, personne n’habitait Ende- geest ; le castel fut à louer, et Descartes en profita. Sa location dura deux années, de la fin de mars 16.41 jusqu’à la fin d’avril 1643. Il l’occupait sans doute en entier, ayant plusieurs domestiques de l’un et de l’autre sexe, dit Sorbière qui le visita en cette demeure (t. III, p. 351-352); il y recut plusieurs fois des hôtes, et même deux ou trois en même temps : or il suffisait, nous l'avons vu, de neuf personnes pour remplir tout le château. La famille van Schouwen était catholique : Martin van Schou- wen, le propriétaire d'Endegeest, de 1574 à 1626, et tous ses fils, dont deux, Nicolas et Jan, lui succédèrent en 1627 et en 1638, et encore son petit-fils Pieter. Ce fut seulement après la mort de ce dernier qu'Endegeest devint la propriété d’une famille protestante : l'héritière, Élisabeth van Schouwen, nièce de Martin van Schou- wen, et cousine-germaine des deux frères, Nicolas et Jan, avait épousé, le 25 mai 1621, Jacob van Berchem, « hofmeester » du prince d'Orange Maurice, et plus tard membre du Conseil d'État de Hollande : pour remplir ces deux offices, Jacob van Berchem appartenait certainement à la religion réformée. Sa femme fut investie du domaine d'Endegeest, d’abord le 5 déc. 1644, puis défi- nitivement le 11 juillet 1646. Descartes habitait donc, les deux années 1641-1643, la propriété d’une famille catholique. De plus, le château d'Endegeest est tout proche du village d'Oegstgeest, où se trouve encore aujourd’hui une petite église dont la jouissance a toujours été aux catholiques. Les fidèles qui la fréquentaient en ce temps-là, ont certainement vu pendant les deux années 1641-1643 le philosophe français, locataire d'Endegeest, assister parmi eux à la messe et aux cérémonies de leur culte. W. Bijleveld étudie ensuite la série des propriétaires d'Ende- geest, jusqu’au dernier, Léonard-Adrien-Charles Gevers, qui le vendit en 1896 à la ville de Leyde, pour en faire un asile d’aliénés. Deux vues anciennes du château, la facade de devant (en 1700) et celle de derrière (en 1780), reproduites d’après des originaux de la collection de dessins du Musée de Leyde illustrent cette intéres- sante publication. CN er em M, . c.. \ 18 mA LUE » SUPPLÉMENT. 39 VIII PORTRAIT DE DESCARTES A STOCKHOLM. En 1907, un membre de l’Académie royale de Stockholm, Gustav Retzius, correspondant de notre Institut de France, infor- mait par lettre M. Gaston Darboux, secrétaire perpétuel de l’Aca- démie des Sciences, qu’on venait de retrouver à Stockholm un portrait de Descartes. Des photographies de ce portrait étaient jointes à la lettre, en attendant qu’une copie à l'huile fût prête pour être offerte à l’Académie des Sciences de Paris. L'Académie recut cette copie, dans sa séance du 4 mai 1908 ; elle figure depuis lors dans la Bibliothèque de l’Institut. L'original ne porte point de signature ni de date. Mais il pré- sente tous les caractères d’une peinture du temps, et les érudits de Suède assurent qu’en 1650 à Stockholm il ne se trouvait qu’un seul peintre capable d’un tel ouvrage, un Hollandais, élève de Van Dyck, David Beck, de Delft. La reine Christine aurait commandé à David Beck le portrait de Descartes. Avant d'étudier les quelques textes qui peuvent confirmer et préciser cette attribution, examinons le portrait lui-même, ou du moins les photographies qui nous en ont été envoyées. Si on com- pare avec la physionomie traditionnelle et pour ainsi dire classique du philosophe, telle que nous l’a transmise le portrait du Louvre attribué à Frans Hals, la peinture de Stockholm étonne et inquiète, autant d’ailleurs par les ressemblances qu'elle offre que par les différences. Voici d’abord les différences : une figure plus pleine et qui paraît par conséquent plus jeune, bien que ce portrait fût des derniers mois de la vie de Descartes; des yeux ternes et mornes, ou tout au moins insignifiants; un nez assez fort sans doute, un peu moins cependant que le nez si caractéristique du philosophe ; d'assez grosses lèvres, tandis que celles du Louvre sont plutôt minces et allongées ; enfin sous le menton un pli de chair qui retombe, et c’est la seule particularité qui indiquerait un âge plus avancé. L'ensemble toutefois est conforme au Descartes que l’on connaît. Voici maintenant les ressemblances : le visage regarde de même, et se présente aussi de trois quarts; tout le costume, y 40 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. compris le rabat, est presque identique; le bras est semblablement placé, et la main paraît tenir aussi un chapeau. C'est donc tout à fait le buste, tel que l’a peint Frans Hals; on en aurait seulement modifié quelque peu la tête. Le portrait de Stockholm devient ainsi . pour nous un problème, sinon une énigme; trois ou quatre textes de Baillet, dans sa Vie de Descartes, nous permettront peut-être de le résoudre. D'abord l’auteur du portrait peut fort bien être David Beck. Baillet nomme, en effet, ce peintre pour dire, d’après une relation de Chanut, que David Beck fut si édifié de la philosophie de Des- cartes, qu’il se convertit au catholicisme. (Voir t. XII, p. 546, note) Le bon Baillet, qui était, ne l’oublions pas, l’abbé Baillet, et qui dédiait, en pleine réaction catholique, sa Vie de Descartes au chan- celier Boucherat, l’exécuteur de la révocation de l’édit de Nantes, ne manque aucune occasion de montrer l’action religieuse de son philosophe, et de garantir ainsi l’orthodoxie de la doctrine nou- velle. Toujours est-il (et cela seul est à retenir ici), que David Beck se trouvait à Stockholm en même temps que Descartes. Il eut sans doute avec lui plusieurs entretiens. Descartes était un per- sonnage célèbre, dont il pouvait avoir à faire un jour le portrait; son œil de peintre dut étudier, tout en conversant, la physionomie de ce futur modèle. Dans un autre endroit, {sans nommer David Beck, il est vrai), Baillet parle incidemment d’un portrait de Descartes que, dit-il, la reine Christine aurait fait tirer de lui « après sa mort ». Etil cite, en marge, les lettres du chevalier de Terlon à Pierre d’Alibert, datées de 1665. D’Alibert, avant de faire revenir à Paris les restes du philosophe, avait d’abord pensé seulement à lui ériger à Stockholm un tombeau digne de lui, et s'était adressé pour cela au nouvel ambassadeur de France en Suède, le chevalier de Terlon. Celui-ci entra dans ses vues, et lui envoya un projet, qui d’ailleurs ne fut pas exécuté : outre un monument de marbre, disait-il, qui serait superbe, il ferait faire un buste de bronze et un autre de pierre de taille, sur le tableau que la reine Christine avait fait tirer de Descartes après sa mort. (Tome XII, p. 595.) La reine était partie de Suède après son abdication, en 1654; mais, bien qu’elle eût emporté avec elle ses collections de tableaux et d'objets d’art, elle avait dû laisser à Stockholm le portrait de Descartes, puisque Terlon en parle, comme s’il l'avait sous les yeux en 1665. D'où cette conclusion, il est vrai, conditionnelle : si le portrait dont Retzius nous a envoyé la copie est bien celui- SUPPLÉMENT. A1 là, ce serait un portrait de Descartes firé de lui après sa mort. Pouvons-nous prendre à la lettre ces trois derniers mots, comme voulant dire aussitôt après la mort? Le fait, d'abord, est-il vrai- semblable? Sur l'ordre de la reine, David Beck (ou un autre, mais plutôt lui qu'un autre) se serait rendu sans retard au logis de Chanut, où Descartes venait d’expirer, et aurait tiré à la hâte, non pas un tableau certes, mais au moins un crayon du visage du défunt encore étendu sur son lit et exposé à la piété des visiteurs. Or Descartes expira le mardi 11 février 1650, à quatre heures du matin, et fut enterré le lendemain, mercredi 12, à quatre heures après-midi. L'artiste aurait donc eu, à la rigueur, le temps d’exé- cuter un rapide dessin. Et encore est-ce bien sûr? Chanut, à peine remis lui-même d’un mal semblable à celui qui venait d'emporter le philosophe, et ne voulant pas non plus se présenter trop tôt devant la reine, attendit apparemment la fin de la matinée pour lui faire part du décès : restait-il encore assez de temps, par cette journée d'hiver, si courte et si sombre à cette date en Suède, pour que l'artiste, à supposer qu'on le prévint aussitôt, püt accomplir son travail ? Aussi ne trouvons-nous trace de rien de semblable dans le récit de Baillet. Par contre, l’honnèête biographe nous donne un autre rensei- gnement, qui peut tenir lieu de tout le reste. Ce que la reine, informée un peu tard, n’aurait sans doute pas eu le temps de faire, Chanut y avait pensé déjà. Baillet cite en marge une lettre de lui, qu'il écrivit ou plutôt dicta (il était encore trop faible pour écrire) le jour même du décès, 11 février 1650, et qu'il envoya à l'abbé Picot, grand ami de Descartes. Cette lettre nous apprend ce que fit Chanut aussitôt après la mort du philosophe. « Il envoya quérir » le sieur Valari peintre de Mets. [Baillet ajoute en marge : Il » était fils de peintre, et il a vécu trente ans en Suède.] Il lui fit » mouler le visage du défunt, premièrement en cire, puis en » plâtre. » (Tome XII, p. 5862.) Chanut s’adressait naturellement à un Français comme lui, et qu'il connaissait bien (comme plus tard Christine s’adressera sans doute à son peintre attitré David Beck). Chanut voulait avoir, non pas un crayon, chose plus difi- cile, mais au moins un moulage du défunt. Qu'est devenu ce mou- lage ? Il appartenait à Chanut, notons-le, et non à la reine; cepen- a. Le fait du moulage se trouve attesté encore dans les documents envoyés de Stockholm à Schooten, dès le 12 février 1650, et que nous avons reproduits ci-avant, p. 33, 1. 6-7, et p. 34, 1. 20. CORRESPONDANCE. 6 42 CoRRESPONDANCE DE DESCARTES. dant, comme il y eut deux exemplaires, l’un en cire et l’autre en plâtre, il se peut que Chanut ait donné l’un des deux à Christine. Mais les voyages de celle-ci, après son abdication, en Allemagne et aux Pays-Bas, en France et en Italie, aussi bien que les déplace- ments de Chanut à Lubeck, à La Haye, avant son retour à Paris, expliquent que des objets aussi fragiles et d'aussi petit volume aient pu s’égarer ou se briser, faute de précautions suffisantes ou même quels que fussent les soins de l'emballage. Toutefois pendant les quelques jours qui suivirent les obsèques à Stockholm, les deux mou- lages de Valari ont fort bien pu servir au peintre David Beck pour faire un tableau de Descartes après sa mort. Et ce dernier ren- seignement sur les moulages, joint aux deux précédents que nous avait déjà fournis Baillet, donne peut-être la solution du problème et le mot de l'énigme. Le portrait dont nous avons une copie à la Bibliothèque de l’Ins- titut, serait un portrait de Descartes mort, mais que le peintre a tout de même voulu représenter vivant. Ainsi s'expliqueraient les différences entre ce tableau et celui du Louvre. Nous avons signalé la plénitude du visage : n'est-elle pas due à la légère enflure, pour ne pas dire la bouffissure, qui se produit sur le visage d'un homme mort à la suite d’une maladie de quelques jours seulement et où il n’a pas trop souffert? Les rides se remplissent, ce qui lui donne un air plus jeune. D'autre part le nez est, non pas aminci, mais il se tient moins ferme, avec des sinuosités molles dans la ligne; les lèvres sont un peu enflées, surtout la lèvre inférieure, ce qui est encoreun signe; enfin la mâchoire paraît un peu déformée, peut-être à cause du bandeau que l’on avait appliqué dessous selon l’usage, pour main- tenir la bouche close. Seulement, pour donner les apparences de la vie à ce visage, il fallait lui rendre le regard : de là les yeux quelconques que l'artiste a peints, n’ayant plus devant lui le modèle vivant; il n’a même pas pris garde qu'il les faisait loucher un peu, comme s’il avait expédié hâtivement cette partie de sa tâche. Peut- être, après tout, n'était-ce qu'une ébauche, comme le ferait croire l’inscription, en caractères assez négligés, ajoutée dans le tableau au-dessus de la tête : CARTESIUS. Que faire maintenant de cette tête, ainsi reproduite avec la res- semblance que comportaient les conditions dans lesquelles l’artiste avait opéré? Il fallait d'abord la coiffer d’une perruque, et un petit détail donne lieu de croire que c’est bien la perruque de Descartes : en 1649, se voyant grisonner, il s'était fait commander à Paris des perruques noires encore, certes, mais déjà mêlées de cheveux gris; SUPPLÉMENT. 43 une mèche grise apparaît précisément dans notre tableau. Il fallait ensuite ajuster cette tête sur un corps qui rappelât le défunt. Sans se mettre en frais d'invention, l'artiste aura reproduit l’ensemble et le détail du costume, tels qu'ils se trouvent dans le tableau de Hals, comme s'il avait vu celui-ci ou comme s’il en avait eu une gravure ou un dessin sous les yeux. Ce n’est qu'une conjecture, mais qui expliquerait les ressemblances entre les deux tableaux, comme nous expliquions tout à l'heure les différences. L'artiste aurait même assez maladroitement ajusté la tête : elle ne pose pas bièn sur les épaules, et se renverse trop en arrière, comme s’il l'avait peinte d’abord renversée en effet sur l’oreiller. Mais ces défauts si sensibles, ainsi que tous ceux que nous avons signalés, deviennent autant d'arguments à l’appui de la thèse que nous soutenons. Cette thèse n’est pas tellement extraordinaire, et ne constitue pas un cas exceptionnel et unique. D’illustres exemples, tout à fait analogues, viennent plutôt la confirmer. Pascal mourut uns douzaine d’années après Descartes, le 19 août 1662, à une heure du matin. Sa sœur Gilberte, autrement dit Mad° Périer, ne manqua pas de faire mouler aussitôt en plâtre le visage du défunt; et plus heu- reux que pour Descartes, nous avons encore le masque de Pascal. Il n’a pas eu à subir, comme l’autre, les risques inévitables du transport dans de longs voyages en pays étrangers. Il est au musée de Port-Royal, et on l’a reproduit bien souvent par la gravure. Mais auparavant il avait servi de modèle à un peintre du temps, Quesnel, pour son tableau : le portrait de Pascal a été fait aussi après sa mort. Autre exemple. Bourdaloue mourut à Paris, le 13 mai 1704, à cinq heures du matin, et fut enterré le lendemain 14. Le peintre Jean Jouvenet eut le temps de prendre un dessin du religieux sur son lit de mort. Et même ce dessin existe toujours : 1l fit partie de la collection du marquis de Chennevières jusqu’à la vente de celle-ci en avril 1900 ; un autre collectionneur l’acheta alors, l'abbé Léon Le Monnier, le même qui possédait aussi un portrait peint de Descartes jeune, que nous avons fait graver pour notre édition. (Voir t. XII, p. xv-xvi, et p. 74.) Jouvenet utilisa lui-même le dessin qu’il avait esquissé, et dès le 17 mai il se mit à peindre le beau portrait de Bourdaloue, qu’on admire maintenant à Munich, dans l’Alte Pinacotek. L'artiste, mieux inspiré que ne l'avait été David Beck pour Descartes, n’a pas essayé de rendre le regard à son per- sonnage ; il lui a laissé les yeux clos d’un mort; cela convenait fort 44 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. bien d’ailleurs au visage d'un religieux qu’il représentait en médi- tation : dans le tableau, les mains sont jointes, dans le dessin elles tiennent un crucifix. (On a cru à tort qu’il prêchait, d'où la légende de Bourdaloue prêchant toujours les yeux fermés.) On trouverait sans doute bien d’autres exemples de portraits exécutés dans des conditions semblables. Citons, pour terminer, le por- trait tiré après la mort de M° J.-B. de la Salle, Docteur en Théo- logie, Instituteur des frères des Écoles chrétiennes, en 1719. Le portrait en question de Descartes ne serait donc pas un cas isolé; il serait conforme à un usage assez fréquent au xvuf et au xvine siècle *. L'intérêt qui s’y attache, ne s’en trouve pas pour cela diminué ; au contraire, il en est plutôt accru. Ce portrait prendrait presque pour un dévot de Descartes la valeur d’une relique, si notre hypo- thèse, suffisamment étayée déjà, ce semble, devenait tout-à-fait solide. Nous ne la donnons toutefois que comme une hypothèse, souhaitant que d’autres preuves viennent un jour y ajouter la certi- tude parfaite. Elle ne repose jusqu’à présent que sur trois textes de Baillet, ou plutôt sur le rapprochement, toutefois assez naturel, de ces trois textes. Mais chacun d’eux au moins, pris à part, est parfaitement certain. David Beck se trouvait certainement à Stockholm pendant le séjour de Descartes, et il a connu celui-ci les derniers mois de sa vie. Le visage du philosophe défunt a certainement été moulé, en cire et en plâtre, par un peintre du nom de Valari. Enfin un portrait du philosophe a certainement été . peint après sa mort : il est vraisemblable que ce fut à l'aide de ce moulage, et par le peintre David Beck. Ce portrait serait celui dont nous avons maintenant la copie à la Bibliothèque de l’Institut. a. Le portrait de Bourdaloue, d'après de récentes découvertes, par Henri Cuéror (Paris, Poussielgue, 1902, br. in-8, pp. 19). Extrait de la Bibliothèque franco-italienne du Monde Catholique et du Cosmos Catho- licus. Vol. I. Cet intéressant opuscule nous fut indiqué par M. Fortunat Strowski, pour confirmer notre hypothèse sur le portrait de Descartes. La première idée de cette hypothèse nous fut d’ailleurs suggérée par un jeune professeur de philosophie au lycée de Bar-le-Duc, M. Henri Micault. DRE 2 ed br ain D el PE SUPPLÉMENT. 4$ IX PORTRAIT DE DESCARTES PAR Frans HALS. Gravure de Suy derhoef. On ignore à quelle date exactement Frans Hals, le maître de Harlem, a peint le portrait de Descartes, dont un exemplaire se trouve à notre Musée du Louvre. Voici quelques indications qui permettront peut-être de le conjecturer. Clauberg, dans un petit livre publié en 1652, Defenfio Carte- Jiana, et dont la préface est datée de février 1652, cite quatre vers qui accompagnaient, dit-il, un portrait de Descartes : Talis erat vultu Narurx Fiius : unus Qui Menti in Matris vifcera pandit iter. Affignanfque fuis quævis miracula caufis, Miraclum reliquum folus in orbe fuit. Ce qui signifie à peu près : Tel était son visage. Vrai Fils de la Nature, Le seul dont le génie A pénétré les secrets de sa Mère. Il n’est point de miracle Dont il ne dit la cause, N'en laissant subsister Qu'un seul au monde : Lui. (Voir t. XII, p. 577 et 580.) Or nous avons entre les mains une gravure représentant Des- cartes avec les inscriptions suivantes. Au-dessus de l’image : Natus Hagæ Turonum, Pridie Cal. April. 1596. Denatus Holmiæ, Cal. Feb. 1650. Notons cette dernière date : Cal. Febr., qui veut dire le 1 février 1650. C’est bien, en effet, la date de la mort de Descartes, mais suivant le calendrier ancien; elle correspond au 11 février du calendrier nouveau qui est la date communément 46 CORRESPONDANCE DE DESCARTES. adoptée. L'inscription continue au-dessous de l’image : Renatus Descartes, Nobilis Gallus, Perroni Dominus, Sumimus Mathema- ticus € Philofophus, « René Descartes, Gentilhomme Français, » Seigneur du Perron, Excellent Mathematicien et Philosophe ». Viennent ensuite les quatre vers, que citera Clauberg : Talis erat vultu Naruræ Firius... Enfin, sur la même ligne, comme inscrip- tion : F, Hals pinxit. I. Suyderhoef fculpfit. P. Goos excudit. C’est- à-dire les trois noms du peintre, du graveur et de l’imprimeur. Il s’agit donc bien du portrait mentionné par Clauberg en 1652 ; cette gravure existait déjà à cette date, et comme le graveur Suyderhoeff l’a exécutée d’après Frans Hals, F. Hals pinxit, le tableau de ce maître est encore antériéur. L’exemplaire que nous avons de la gravure a été retrouvé dans un manuscrit du temps, qui porte la date de 1653 : traduction italienne du traité des Passions de Descartes, signée Martino Ardinois, 1653, traduction inédite, semble-t-il. Cette gravure est fort belle : c’est peut-être celle qui reproduit le mieux les traits du philosophe, et jusqu'aux moindres particula- rités du visage (par exemple, « une petite bube à la joue, qui » s’écorchoit de tèms en têms, & qui renaifloit toujours », dit Baillet, cité par nous, t. XII, p. 620, note a). Elle paraît dater de 1650. Il est vraisemblable, en effet, qu'au lendemain de la mort du philosophe, ses amis aient demandé qu’on reproduisit aussitôt ses traits par la gravure. Nous avons précisément une lettre, qui porte la date de Leyde, 2 juin 1650, et qu'Erasme Bartholin écrivit à son vieil ami Olaüs Wor- mius à Copenhague. Traduisons : « Je vous envoie, dit-il, un » portrait de M. des Cartes, qui le représente au naturel assez » exactement, autant que tous Ceux et moi qui l’avons vu, pouvons » en juger. Jusqu'à présent, je n'ai pas pu en avoir beaucoup » d'exemplaires, car l’auteur lui-même n’en a fait tirer que cent » et ne m'en a cédé que deux. Si plus tard j'en puis obtenir, » d’autres, je me ferai un plaisir de vous en envoyer. On a fait » encore ici deux gravures de lui sur cuivre, en grand format, et » avec un art remarquable; mais comme ce n’est pas tout à fait » l'expression du visage de Descartes, il ne m'a pas paru valoir » la peine, de vous les envoyer®. » a. « Mitto effigiem Dn. Des Cartes, quæ ipfum ad vivum refert fatis » exaéte, quantum ego & reliqui, qui ipfum viderunt, judicare poffunt. » Ha@enus non potui plura ejus exemplaria habere, nam auétor ipfe tan- » tüm centum imprimi curavit, ex quibus mihi duo cefferunt; fi pofthac » alia obtinere poflim, haud gravate mittam. Eft adhuc bis æri éxcuflus SUPPLÉMENT. 47 Quelle autre gfavure, en effet, à cette date du 2 juin 1650, Erasme Bartholin pouvait-il envoyer en Danemark, que celle de Suyderhoeff d’après le tableau de Frans Hals? Mais on peut se demander comment il se fait qu'il ait été un des premiers à en avoir un exemplaire, et même deux? Ici nous hasarderons une conjecture. Erasme Bartholin est peut-être l’au- teur des inscriptions qui accompagnent la gravure. Cette date inu- sitée de Cal. Febr. 1650, 1° février 1650, selon l’ancien calendrier, est précisément celle qu’il donne aussi dans une lettre précédente à Wormius, comme la date de la mort de Descartes, plutôt que le 11 février, stylo novo. (Voir ci-avant, p. 33, 1. 5). La coïncidence au moins est singulière. De plus, Erasme Bartholin avait déjà fait des vers pour un portrait de Descartes que Schooten se proposait de mettre en tête de sa traduction latine de la Géométrie. Nous le savons par une lettre de Schooten lui-même à Descartes, du 1o mars 1649, (Voirt. V, p. 310, 1. 23-29, et p. 321-322 ; p. 338, l. 6-21, et p. 339-340; t. XII, p. 357-358.) A vrai dire, d’autres vers de Constantin Huygens le fils furent préférés, peut-être parce qu'ils avaient été envoyés plus tôt, dès novembre 1648 (t. X, p.628) ; ils ne furent d’ailleurs publiés, avec le portrait qu'avait dessiné Schooten, que dans la seconde édition, en 1659. Mais les vers de Bartholin, ou plutôt d’autres qu’il fit après la mort du philosophe, purent servir pour la gravure de Suyderhoeff; et nous aurions ainsi l’auteur du quatrain : Talis erat vultu Naruræ Fins, etc. Proposons une conjecture encore, qui va nous ramener à Frans Hals. A la date du 10 mars 16490, il n’est encore question que du portrait de Descartes, dessiné par Schooten, pour illustrer le livre qui s’imprimait alors. Quel que fût l’amour-propre d'auteur de Schooten, il eût sans doute préféré à son propre dessin, assez médiocre, il faut bien l'avouer, une belle gravure d’après Frans Hals, si le chef-d'œuvre de celui-ci eût existé déjà (comme plus tard, en 1691, Edelinck gravera ce même chef-d'œuvre pour la Vie de Descartes d'Adrien Baillet). Faut-il en conclure qu’au printemps de 1649 Frans Hals n'avait pas encore fait le portrait de Descartes, et ne pensait même pas à le faire? S'il en est ainsi, un texte de Baïllet, que nous avons cité (t. V,p. 411, et t. XIX, p. 546) prend » hic, & formä magnificà, artificio quoque infigni ; fed quia plane non » exprimit vultum Cartefi, non vifum fuit operæ pretium, ea mittere.. » (Ocaï Woruir & ad eum virorum doë@orum Epifiolæ. Hafniæ, 1751, t. II, p- 989.) Pour cette correspondance d’Erasme Bartholin et d'Olaüs Wor- mius, voir ci-avant, P. 29-37. 48 CoORRESPONDANCE DE DESCARTES. une signification précise : un ami de Descartes, Augustin Bloe- maert, prêtre catholique de Harlem, ne voulut point le laisser partir pour la Suède, « qu'il (Descartes) ne luy eût donné aupa- » ravant la liberté de le faire tirer par un peintre, afin qu'il » (Bloemaert) pût au moins trouver quelque légère consolation » dans la copie d’un original dont il risquoit la perte ». A qui Bloemaert pouvait-il mieux s'adresser pour cela qu’au portraitiste en renom de la ville qué lui-même habitait, Frans Hals, le maître de Harlem? Le portrait de Descartes aurait ainsi été exécuté en juin, ou juillet, ou même août 1649, lorsque le départ du philo- sophe fut décidé irrévocablement. Dès lors, bien des choses peuvent s'expliquer. Au lendemain de la mort du philosophe, on s’adressa, pour reproduire par la gra- vure l’œuvre du maître, au graveur en renom, Jonas Suyderhoeff. Il excellait surtout dans les portraits, et on en compte jusqu’à 108, dans les 137 pièces connues de lui; neuf de ces portraits sont gravés d’après Frans Hals, auquel il était un peu allié, son propre frère ayant épousé une nièce du maître. Suyderhoëff grava, entre autres, les portraits de trois Français, Saumaise, André Rivet et Louis de Dieu, outre Descartes. Plusieurs amis du philosophe ont été gravés aussi par lui, Huygens en tête et Marc Zuerius Boxhorn, Heydanus et Heereboord, Waessenaer ; de même son grand ennemi, Gisbert Voet. Ajoutons le portrait de Bloemaert lui- même, avec l'inscription hollantsche Augustyn, allusion un peu flatteuse au prénom de ce bon prêtre qui était aussi théologien. Et sans doute ce fut Bloemaert, qui choisit Suyderhoeff pour la gravure, comme il avait choisi déjà pour le tableau Frans Hals. Enfin on a aussi le portrait de Thomas Bartholin, frère d'Erasme, gravé par le même artiste, avec cette inscription : Thomas Bar- tholinus, Cafp. Fil., D. Med. et Anatom. in Academ. Hafnienfi Profeff. Regius. Ætatis 35. A° 1651.— Carl. Van Mander pinxit. lonas Suiderhoef fculpfit. Notons cette date de 1651. Erasme Bartholin qui se trouvait sur les lieux surveilla sans doute le tra- vail, et les relations qu'il avait ainsi avec le graveur Suyderhoeff sont une présomption qu'il s'était occupé déjà du portrait de Descartes, un peu auparavant, au point d’en fournir lui-même peut-être, comme nous avons dit, les inscriptions. Nous proposons donc, avec une grande vraisemblance, les deux dates suivantes pour le portrait de Descartes : gravure de Suyderhoeff, printemps de 1650; tableau de Frans Hals, l’année précédente, été de 1649. ANDEX DES NOMS PROPRES AINSCOM : 22. ELICHMAN : 6, 27. ALIBERT (Pierre D’) : 40. EusABETH (Princesse) : 17, 22. _ ARCHIMÈDE : 10. 1 ARISTOTE : 10. 1 FERMAT : 21. AUZOUT : 21.. . GASSEND : 10, 27-28. BaGxr : 10. Û GEer (Laurent et Louis DE) : 2, 3. BAILLET : 18, 21, 40, 41, 42, 44, 45, 47. Goos (P.) : 46. BarTHoLIN (Barthole) : 25. » (Erasme): 24, 25, 20, 36-37, | Haax (Théodore) : 5, 6. 46-48. HaLs (Frans): 36, 39-40, 43, 45-48. » (Gaspard) : 25, 20, 30. HARTLIB (Samuel) : 5. » (Thomas) : 25-20, 48. HaARvEY : 26. BauHIn : 25. HAYMANNUS : 7, 12. BAYLE : 3. _- | HEEREBoORD : 48. Becx (David) : 39-40, 41, 42, 43, 44. HeypaNus : 48. BEECKMAN : 7, 17. HoGELANDE : 1,6, 20, 32, 33. BERGEN (Van) : 32, 33. Hooke (Robert) : 1, 5. BEvERoOvicIUs : 15, 17-18, Huycens (Christian) : 22, 24. BLOEMAERT : 48. é a (Constantin) : 16, 19, 32, 48. BOUCHERAT : 40. ° BOURDALOUE : 43-44. JoUvENET : 43. BoxHoRN : 48. KIRCHER (Ath.) : 16. CasauBon : 30. CHANUT : 32-36, 40-42. LrPsTORP : 22. CHRisTiNE (Reine) : 31, 33-35, 30, 41- Louis XII : 31. 42. CLAUBERG : 45. È MareTs (Samuel pes) : 3. CLERSELIER : 16. MERSENNE : 5. CLYNGBYL : 7. MONTAIGNE : 18. Cozvius : #6, 16, 17-18, 10. : MyLon : 21. Comenius : 1, 2, 1-3, 5. CourceLces (Etienne DE) : 1. PASCAL : 43. PaTiN (Guy) : 18. DEBEAUNE : 20, 21, 21-22. PECQUET : 26. Drœu (Louis DE) : 48. PEIRESC : 18, 10. Dycx (Van) : 30. PeLL (John): 1, 5. CORRESPONDANCE. 7 - do) CoRRESPONDANCE DE DESCARTES. PÉrier (Made) : 43. PIcoT : 41. PLEMPIUS : 10, 12, 45-16, 17-18. PRIMEROSE : 26. QUESNEL : 43. REGrus : 6, 7, 12, 29, 30-31. RemBranpsz (Dirck) : 33-34. RIvET : 48. SamT-VincenT (Grégoire DE): 23,24-25. SALLE (J.-B. DE LA) : 44. SAUMAISE : 18, 48. ScLuTER : 32, 33, 34-35. SCHOOTEN : 21, 22, 24, 30, 31, 33, 34, 36, 47- SCHOTANUS : 7. \ ScHouwen (Famille SORBIÈRE : 2-3, 18, 38. STAMPIOEN : 24, 31-32. SUYDERHOEFF : 45-48. SyLvius : 26. TERLoN (Chevalier DE) : 40. VALART : 41, 42, 44. VINNIUS : 24. VoET : 17, 48. WAESSENAER : 48. WALZÆUS : 26-27. WENDELIN : 16, 18-1 Wirr (Jean pe) : 32. Wormius (Olaüs) : 46-47. Van) : 37-38. 9. 24-25, 30, 36-37, î / * ANSE à Debeaune, 5 juin 1648 . VAE à Schooten, 9 avril 1649 . | VI. Thomas et Erasme Bartholin. . . . " Es vIL. Endegeest. D'UN VS ES NA EEE YS VIII. Portrait de Descartes à Stockholm és 1 IX. Portrait de Descartes par Frans Hals III. Descartes à Colvius, 5 septembre 1643 I. Descartes à Hogelande, 8 février 1640 Mt II. Thèses du 10 juin 1640, à l'Université d’Utrecht. LA : " , . ; . à Li: + 1 b | | | | | O | : Les à Fe o È z , É à \\ e st ni PATES | Pr —— \ < F I one : - A & a 7 @OEBMNRESYDE. DESCARTES TOME I. Préface. — Introduction à la Correspondance. Notes sur l'orthographe. Lettres d'avril 1622 à février 1638. TOME II. Introduction à la Correspondance (suite). Lettres de mars 1638 à décembre 1639. TOME III. Lettres de janvier 1640 à juin 1643. TOME IV. Lettres de juillet 1643 à avril 1647. TOME Vv. Lettres de mai 1647 à février 1650. Tables de concordance avec les éditions * Clerselier, Cousin, Garnier. Table des Correspondances particulières. Index des Noms propres. Préfaces de Clerselier (Tomes I, II et III, des Lettres). 6 OEUVRES DE DESCARTES. TOME:MT: Discours de la Méthode. Dioptrique. — Météores. — Géométrie. Traduction latine. TOME VII. Meditationes de Primä Philosophia. Objectiones cum Responsionibus Authorts. Epistola ad P. Dinet. TOME VIII. PREMIÈRE PARTIE. — Principia Philosophiæ. SECONDE PARTIE. — ÆEpistola ad G. Voetium. — Lettre Apologétique. — Notæ in Programma. TOME IX. PREMIÈRE PARTIE. — Méditations. SECONDE PARTIE. — Principes de la Philosophie. TOME X. Physico-Mathematica. — Compendium Musicæ. Regulæ ad Directionem Ingenii. Recherche de la Vérité. — Supplément à la Correspondance. TOME XI. Le Monde. — Description du Corps humain. Passions de l'ame. Anatomica. — Varia. INDEX GÉNÉRAL. 7 OuvRAGES DE DESCARTES. Académie (Projet d’une) : V, 476-477, 483-484 ; XI, 663-665. Algèbre (Vieille) : I, 159, 168, 5o1-502 ; X, 333-335. | Anatomica (Excerpta) : XI, 534-535, 543-548, 540-587, 505, 608-621, 692-694. Voir Varia. Anatomicarum Observationum Compendium : XI, 587-594. Animaux (Traité des) : IV, 247, 310, 326, 320. Ballet : V, 457-459; XI, 661. Bonæ Mentis (Studium). Voir Studium. Calcul de M. Descartes : II, 23, 89, 146, 152, 246, 276, 332, 392-393, 421, 427, 467 ; IV, 212; X, 659-680. Cogitationes privatæ (?) : X, 213-248. Comédie : XI, 661-662. Compendium Musicæ : 1, 100, 110-111, 133, 155, 150, 162 et 169, 177-178, 229, 396; IT, 389 ; X, 54, 56, 62, 79-150, 152, 635-636, 644-646. Description du corps humain : IV, 266-567 MVP Ar 12, 260-2615 X, 413-140 XI, 218-286, 287-200. Dialogue. Voir Recherche de la Vérité. a. Nous ne reproduisons pas ici les Tables des Noms propres, qui se trouvent au t. V, p. 595-612, pour les cinq volumes de la Correspondance de Descartes, et à la fin de chacun des six volumes des Œuvres. Ces tables d’ailleurs sont les seules que l’on puisse dresser avec une exacti- tude parfaite, et ce sont aussi les plus instructives. Celles que nous donnons ici,pour les Ouvrages de Descartes, pour les Livres cités, pour les Noms de lieux, peuvent aussi être à peu près exactes. Mais la Table des Matières est forcément imparfaite, ne pouvant pas répondre aux besoins de tous les lecteurs, dont chacun a ses exigences propres, et devra, pour peu qu'il veuille faire une étude approfondie, rédiger lui- même une table à son usage. Ajoutons que cette dernière table est surtout nécessaire pour les cinq volumes de la correspondance, attendu qu'il existe déjà un sommaire détaillé pour les Essais de 1637 (t. VI, p. 487- 539), pour les Principes en latin et en français (t. VIII, p. 331-348, et t. IXB, p. 331-352), pour les Passions dé l'âme (t. XI, p. 491-497), enfin pour Le Monde, le Traité de l'Homme, et La description du corps humain (t. XI, p. 1x-x, 203-209 et 287-290). INDEX GÉNÉKAL. 8 58 Œuvres DE DESCARTES. Diopirique : I, 170, 180, 182, 235, 236-240, 315, 322, 325, 329, 329-330, 336, 330-340, 342-343, 344, 357-350, 367-368, 370, 378, 400, 404-406, 416-420, 450-453, 455, 464-474, 478, 480, 483, 484, 485-486, 5or, 505-506, 515, 541-546, 547-556, 562, 563; II, 11, 12-13, 17-21, 30, 42, 58, 71-81, 85-88, 96, 97, 144-145, 200-220, 263-264, 289-304, 325, 362-372, 374-375, 383, 391-302, 408-418, 443, 445, 446, 452-455, 464, 488, 505, 512-513, 533, 590-592, 637-638; III, 37, 48, 75, 97-00, 106-117, 130, 163, 179, 208, 224-227, 250, 288-291, 303-312, 314-318, 323-326, 342-348, 355-357, 589- 590 ; IV, 70, 326, 395, 507-508, 511, 623; V, 203-208, 532; VI, 79-227 (texte), 228, 487-497, 519-528, 584-651 (traduction); VIII, 248; IX, 192; XI5 00, 110-118, 192,193, 156,255, 333,1328: Directionem Ingenii (Regulæ ad). Voir Regulæ. Discours de la Méthode: 1, 325, 320, 330, 338, 330, 345-347,349, 350-351, 353-355, 369, 370, 377, 381, 385, 387, 390, 309, 403, 411-412, 413-416, 454, 457, 476, 478, 485-486, 512-514, 539-540, 547, 550; IT, 13, 25, 33-42, 48-50, 113, 197-200, 270, 500; III, 09, 12r, 166-167, 169, 223, 261, 276, 297, 402; IV, 4, 163, 191, 265, 689: V, 175-179, 237, 505; VI, 1-78 (texte), 519, 540-583 (traduction); VII, 568, 569; VIII B, 138; X, 371-392; XI, 321, 333: École des arts et métiers (Projet d’une) : XI, 659-660. Engins (Explication des). Voir : Mechaniques (Traité des). Epistola ad P. Dinet : III, 564, 565, 568-569; IV, 34-35; VIT, 563-603; VIII B, 15, 20, 21, 30, 38, 55, 59, 109, 209 (287), 227 (295); XI, 311-313, 312. Epistola ad G. Voetium : III, 599, 607, 643, 647, 674, 675, 677-678, 679, 680; IV, 9, 90-91, 153; VIII B, 1-194, 212-214 (288-289), 223, 238 (308), 239 (309); IX B, 10. + Erudition (Traité de l’): V, 97, 111-112, 196; IX B, 1-20. Escrime (Art d’) : 1, 196; X, 533-538. Essais de la Methode : I, 339-340, 340, 478, 558-561 ; II, 113, 191-192 ; III, 181- 182; XI, 312; XII, 311-312. Voir Dioptrique, Météores, Géométrie. Experimenta : X, 189-190. Flamandes (Lettres) : II, 21-28 ; IV, 0-12 (646-648), 17 (649); V, 125; NIII B, 274-275. Fœtus (Formation du). Voir Description du corps humain. Generationem Animalium (Primæ Cogitationes circa) : XI, 499-504, 505-534, 599-600. Géométrie : 1, 232-235, 340, 400, 411, 457-458, 460, 478-480, 485-486, 489- 493, 502, 518, 537; Il, 22, 23, 30 et 89, 56 et 70-71, 98, 99, 101-102, 113- 114 et 156-158, 178, 191, 1093, 265-266, 275-276, 313, 317, 322, 332, 334- 335, 495, 505, 510-512, 576-581, 605 ; III, 86, 583-584; IV, 68, 7o, 303, 304, 397-398, 540, 550-551, 675; V, 142, 320, 504-512; VI, 367-485 (texte), 511-514 (table); X, 157, 162. » (Version latine) : IV, 635; V, 142-143, 371, 392, 413; XI bis, 31. » (Notes sur la) : IT, 499, 510-512, 523-524, 561-562, 575, 577-578, 580-581,1638; 111, 33%, IV, 122, 1295 V,.515,:525,.520=927, 529,532, 535-536; X, 637-644; XI bis, 22, 30, 31. Géostatique (Examen de la question). Voir Statique. # INDEX GÉNÉRAL. s9 Histoire de mon esprit : I, 198, 380, 570; VI, 3-4 (541); VII, 238-243 (439-447). Homme (Traité de l’): IV, 566; VIII B, 196; XI, 1-xxiv, 119-215; XI bis, 31 133: Introduction à la Géométrie. Voir Calcul de Mr Descartes. Lettre Apologétique au « Magistrat » d’Utrecht : IV, 226, 235, 244-245, 261; V, 123-124, 125, 132, 652; VIII B, 201-273. Voir Querela Apologetica. Lettres de Descartes (Publication des) : Clerselier, I, x1x, xxv, xxxvi; Victor Cousin, Lxvi; Foucher de Careil, Lxvn; E. de Budé, idem; D.-J. Korteweg, LxvI-Lxvin; L. Stein, Lxvur ; Paul Tannery, idem. : Lumière (Traite de la): 1, 70, 179, 194, 204, 308, 561, 562; II, 71, 201; II, 102; VI, 41-42 (563-564); XI, 1-xx1v, 1-118, 698-706. Voir Le Monde. Mathematica (Excerpta) : X, 244-248, 285-324, 333-348, 651-650. Méchaniques (Traité des) : 1, 306, 398, 431-432, 434, 485-447, 461-462, 506, 507, 508-509, 518-519; Il, 50, 51; III, 564; IV, 2 Medicamenta : XI, 606-607, 641-644. Meditationes de prim& philosophià : 1, voir Métaphysique ; I, 622, 620 ; II, 35- 36, 61, 63-65, 102-103, 126-127, 151-152, 175, 183-184, 185, 216, 230, 233, 234-235, 237, 230, 241-242, 243, 247-248, 260, 265-268, 271-275, 282-283, 284-285, 205-296, 296-298, 328-331, 334-338, 340, 350, 350, 359-361,363, 364-365, 375-377, 382-383, 384-380, 412-413, 415-417, 422, 445, 448, 493, 503, 543, 566, 596-597, 602-604, 639, 666, 685 ; IV, 2, 86, 110, 120, 122,.162-103, 345, 51150 NV, 3-4, 5, 8, 24, 69, 165; VI, 31-40 (557-563); VII, 1-90, 160-170 (IX, 4-72, 124-132). » Objectiones cum Responsionibus : III, 64-65, 72. Primæ (Caterus) : III, 265, 267, 272-273, 320-330, 335-337, 360, 417-418, 549 ; IV, 112-113; NII, 91-121 (IX, 73-95). Secundæ (Mersenne, etc.) : III, 265-266, 266, 272, 282-283, 286, 203, 328, 425-426, 430, 602-603; VII, 121-159 (IX, 96-123); VIII B, 208 (286). Tertiæ (Hobbes) : III, 293, 360, 361; IV, 67; V, 97; VII, 171-196 (IX, 133-152). Quartæ (Arnauld) : III, 328-329, 330-331, 334-338, 340, 340, 350, 358-350, 416, 418, 440, 473; IV, 119-120, 165, 192-193 ; V, 184-194, 211-215, 219-224; VII, 196-256 (IX, 153-197). Quintæ (Gassend) : III, 363-365, 384, 385, 388-380, 398, 416, 427, 439; IV, rio, 338-339; V, 97; VII, 256-391; voir Disquisitio (Index Il). Sextæ : III, 282-283, 359-361, 384-385, 300, 415, 419-421, 426, 430, 472- 473, 602-603, 666; VII, 412-447 (IX, 218-244). Septimæ (Bourdin) : III, 465-467, 523, 543, 546, 564, 565, 568, 590, 595; V, 640; VII, 451- 561. » Objectiones.variæ : IN, 375-377, 382-383, 301-307, 413, 438-430, 547-549 ; IV, 120, 238, 320, 348, 585. Burman: V, 146-165. Hyperas- pistes : III, 398-412, 417, 422-435, 436, 440. Barlæus : III, 414; XI, 311-312. » (Editio 23): III, 265-266, 445, 448-450 ; IV, 58. » (Version française) : IV, 138-139, 144, 176-177, 103, 193-104, 105, 358, 535, 563-564, 583, 628 ; V, 48, 64, 79, 06-07; IX, 4-244; X, 613. Métaphysique (Petit traite de) : 1, 17, 23, 144, 182, 350. Voir Meditationes. Meétéores (Les) : I, 23, 127, 320, 329-330, 339-340, 344, 370, 400, 406-408, 420- 6o OEuvREs DE DESCARTES. 430, 455, 458, 478, 486, 5o2, 515-516, 528, 529, 542, 544-545, 546-547, 550, 562-563 ; II, 31, 42-46, 56, 61, 71-81, 97, 113, 200, 206, 210, 216, 267- 268, 268-260, 292, 293, 384, 385, 418-410, 425, 430, 441, 444, 464-465, 496, 525, 530, 550, 560 ; III, 83, 166, 167, 210, 256, 363, 492, 504, 506, 510, 588, 610, 687, 689 ; IV, 223, 224, 377; V, 69, ee 300, 441-443, 510, 553, 571, 689; VI, 229-366 (texte), 498-510 (table), 528-539 (index), 650- 20 (trad. lat.); VII, 573, 602; VIII, 248 (IX, 194); XI, 145, 151, 255, 423. Méthode (Discours de la). Voir Discours. Méthode (Essais de cette). Voir Dioptrique, Météores, Géométrie. » Objections et Réponses : projet de publication, IT, 13, 25, 49-50, 85, 114, 147-148, 152-153, 221, 247, 267, 304, 344-345, 302, 547, 050; III, 152: Voir : Burman, Ciermans, Digby, Fermat, Fromondus, Gibieuf, Hobbes, Maurier (Du) Morin, Petit, Plempius, Roberval, S. P., Vatier. Monde (Le) : 1, 70, 85-86, 88, 109, 119-120, 121, 136-137, 138, 139-141, 144-146, 154, 176, 170, 194, 105, 198, 204, 222, 228: 242-243, 248, 250-251, 252, 254-255, 261, 263, 268, 270-272, 281, 285-286, 286-287, 288, 292, 295, 305, 322, 324, 348-349, 370, 392, 510-511, 518, 537, 530, 557, 561, 562,563, 564-565 ; II, 33, 42, 50, 71, 200-201, 289-200, 393, 399, 408-409, 410, Lies 424-425, 430, 437, 440-441, 443-444, 483, 5071, 510, 525-526, 542, 544, 547, 549-551, 552-553, 564, 565, 571, 626, 635; IIT, 8, 39, 121, 144, 180,523, 590 ; IV, 698 ; V, 525, 5293; VI, 40-60 (563-573), 269 (670), 323 (699); VII, 577; X, 557; XI, 1-xx1v, 1-215 (texte), 698-706. Musicæ (Compendium). Voir Compendium. Notæ in Programma : V, 109-110, 114, 625 ; VIII B, 335-370; XI bis, 30-31. Olympica : X, 174-175, 179-188, 216-218. Opuscules de jeunesse. Voir Experimenta, Olympica, Studium bonæ Mentis, Parnassus, de Solidorum elementis. Ovales opticæ (quatuor) : VI, 424-440 ; X, 310-328. .Papiers de Descartes : V, 246, 249, 409-410, 471, 616; X, 1-14, 207-278, 279- 324, 491-514, 528-529, 659-680; XI, 219-220, 543-548; XI bis, 33, 35-36. Parnassus : X, 213. : Passions de l'âme : IV, 202-203, 285-287, 280-290, 294-295, 309-313, 322, 331- .. 332, 404-406, 407-411, 414-415, 442, 474, 538, 601-606 ; V, 65, 86, 87, ot, 135, 251, 283, 332, 353-354, 363-364, 371, 450, 453-454, 460, 472; X, 215, 217, 602-603; XI, 143-144, 164-165, 193-194, 291-300 (avertisse- ment), 301-488 (texte), 489-400 (trad. lat.), 491-497 (table); XI, 505; XI bis, 31, 46. Physico-Mathematica (Excerpta) : X, 67-7 Plantarum et Animalium (Formatio) : XI, 534-535, 505. Plantæ (Quomodo crescunt) : XI, 628-629. Poly gonorum inscriptio : X, 285-280; usus trigonomicus, X, 289-297. Principia Philosophiæ : III, 233, 234, 251, 252, 258-250, 259-260, 270, 276, 286, 296, 413, 418, 465, 523, 520, 541, 598, 603, 6o9, 615, 616, 630, 646-647, 670, 678, 681; IV, 35, 60-61, 67, 69, 72-73, 109, 113, 114, 122-123, 124, Des 130, 131, 132-133, 136-138, 138, 140-141, 142, 143, 157, 216, 216-217, 217, 229, 260, 292, 302-303, ,328-329, 536, 659, 660, 675; V, 18, 69- 70, 165-175, 193, 104, 237, 238, 259-260, 283, 291-292, 309, 310, 344, \ \ INDEX GÉNÉRAL. Gt 379, 472; VII, 252, 254, 574-582 ; VIII, 1-348 (IX B, 1-352); XI, 248, 255, 318, 319-320, 321, 654-657; XI bis, 27, 28. » Objectiones cum Responsiontbus. Burman : V, 165-175. Cavendish : IV, 562. Chanut : IV, 377, 441. Gassend : IV, 146-147. Le Conte: IV, 305- 306, 445, 454-471, 471-472, 475-485, 5or. Maignan : V, 371, 412-413. Mes- land : IV, 216, 346. Morus : V, 236-246, 312-316, 384-390. Thibaut : V, 69-70, 70-71. » Annotationes : XI, 654-657. » (Traduction française) : IV, 147, 175, 176-177, 180-181, 194-195, 222, 250, 396, 570, 588, 602, 620, 641 ; V, 48, 60, 63-64, 112, 114, 108, 196, 253-254; IX B, 21-352; XI, 302. Querela Apologetica : VIIT B, 283-317. Voir Lettre Apologétique. Recherche de la Vérité : X, 489-404, 495-514, 514-527, 528-532. Refractione (De) : XI, 645-646, 694-695. Regulæ ad Directionem ingenii: X, 351-357, 859-469, 484-486, 456-458. Remedia : XI, 606-607, 641-644. Responsio Regii : III, 65-69, 371-375, 494-510, 525-527, 527-528, 528-520, 534, 546, 560; VII, 588; XI bis, 7-8, 13. Saporibus (De) : XI, 539-542. Socratis (De Deo) : IV, 532-533. Solidorum elementis (Progy mnasmata De): X,257-263, 265-276; XI, 690-692. Statique: II, 222-245, 247, 271-272, 287-288, 352-361, 389-300, 301, 302, 431-432, 432-433, 467, 408; III, 374, 613-614; IV, 212; V, 516; X, 561-566, 572-574, 595-597. Studium Bonæ Mentis : III, 473; X, 191-204. Traités (commencés à Paris) : 1, 137-138, 144, 198, 339, 351, 570-571 ; X, 486- 488. Varia (Excerpta): XI, 596-607, 621-634, 647-053, 696-697. IDE LIVRES CITÉS. Académie de l'Espée, GirarD THiBAUT : 1, 195; X, 537. Admiranda Methodus seu Philosophia Cartesiana, [Scnoocx et GisBerr VorrT|: III, 598, 606, 608, 642, 647; IV, 10, 30, 52, 89, 177, 197, 647; V, 69; VIII B, 5, 14-27, 35-30, 55-64, 107-108, 136-186, 190, 211, 215, 228, 248- 265, 288, 289, 308-315. Aengevangen Procedueren [Paur Vort]: IV, 23, 178; VIII B, 213, 221, 230, 293, 301. Aenmerckingen op den Nieuwen Stel-Regel van lohan Stampioen d'Jonge, WAaESs- SENAER :! 1, 573, Got, G12 ; AI, 62 ; V, 504-512. 62 OEuvres DE DESCARTES. Æquationum (De emendatione), F. VieraA : Î, 479. Ærarium, M. Berrinus : V, 371. Algebra, Cur. Cravius: X, 156. Algèbre, P. HERIGONE : V, 532. Amadis : I, 307, 308. Analyse, JEAN DE BEAUGRAND : I, 245, 248. Animä (De), ArisroTeLes: I, 404; VII, 251 ; IX, 194. Animä (De), L. Vivës: XI, 422. Anatomicæ (Institutiones), G. Bauanus: XI, 511, 531, 574, 587-594. Antoniana-Margarita, G. Pereira: III, 386, 390. Aphorismi Physici, ErienNe Noez : IV, 498, 584-585. Analyt. Post., ARisToTELES: VII, 242; IX, 187. Apiarium, M. Berrinus : V, 371-372. è Apollonius Batavus, W. SxELLIUS : I, 478. » Gallus, F. Vigra: 1, 491. » redivivus, MariNus GHETALDUS : I, 478. Architecture (Traité d’): II, 554, 555. Aristarchus, RoBERVAL : IV, 363, 392, 393, 397-403, 498-499, 507, 509-511. Aristotelem (Commentaria in), À. Rugius : IV, 185, 195-196. N » » F. Tocerus : III, 185, 194-195. Arithmetica Philosophica, P. ROTEN : X, 242. Armoiries (Traité des): II, 555. Ars brevis et Ars magna, R. Lucrius : VI, 5 et 17 (trad., 542 et 549); X, 63-65, 156-157, 104-165, 167. Art de penser. Voir Logique de Port-Royal. Artis Analyticæ Praxis, TH Harrior: II, 456, 457-461. : Astronomicum Problema, N.: II, 578, 582; III, 30-31 ; IV, 228-220, 232; X,229, 646-647. Atlas (Novus), F. Bacon: XI, 320. AUGUSTIN (SainT). Œuvres : VII, 216-218 (IX, 168-169). Augustinus, C. Jansenius : III, 386-387. Bibliothecæ Universalis (Idea), P. BLancHor : I, 221. Bible : II, 630. Bonæ fidei Sacrum, [S. Maresius] : V, 11; VIII B, 227, 220, 248-250 (306-307), 250-261 (312). Brouillons projects..., G. DesarGUESs : Il, 554, 556; III, 47, 54-56, 244, 246, 294, 298-299. CAMPANELLA. Œuvres : 1, 510-511; IV, 47, 48, 436. Catechisatie, G. Voer: VIII B, 171. Cercles qui se décrivent dans l’eau, N.: III, 124-125, 207, 216-217. Cunorez (/mprimé de) : IL, 8, 42. Circuli (Controversiæ de ver® mensurä), J. Pell: IV, 342-343. Circuli (De quadraturä), GreGorius À S. VincenTio: IV, 227, 231; V, 318, 321, 338-339, 372, 392, 413. Circulis (De duobus), N.: IV, 358-361. ; Cive (De), Tu. Hosses : IV, 67. Civitate Dei (De), etc., D. Auçusrinus: III, 247, 261, 358-350. INDEX GÉNÉRAL. 63 Cogitata Physico-Mathematica, M. MERSENNUS : V, 519; X, 563, 582-500. Cogitationes de Dei exiftentiä, C. AB HOGELANDE : IV, 245, 627-628, 630; V, 18, 48, 413. Comexius (Liber MS.) : XI bis, 1-2, 5-6. Commanninus (Ouvrages de) : II, 247, 252. Commentaria, H.-C. AcrtppA : X, 63-64, 165, 167-168. Cometä (De), Tycno: I, 252. Compendium Observationum Anatomicarum : XI, 587-504. Confraternitas Mariana : II, 599, 606; IV, 26, 30, 89; VIII B, 6, 64-107, 126- 127, 186. Î Conicarum sectionum (De organicä descriptione), F. À ScHooTEN : XI bis, 20 et 22. Conicorum Prodromi, Cr. MyvorGe: 1, 257; II, 530-540; III, 714-717 ; IV,68; V, 67-68. Conimbricensis Collegii Commentarii : WT, 185, 194, 251. Coniques (Essay pour les), B. PascaL : Il, 628 ; JII, 40, 47, 53-56, 715. Coniques, G. DesarGuESs : II, 490, 530, 554-555, 556-557, 503 ; III, 708, 714, 715. Consideratio Theologica, J. Revius : VIII B, 337-338. Contemplationes Metaphysicæ, RirTscnEL ; V, 261. Continui (De Compositione), L. FromonDus: I, 422. Corpus Poetarum, P. Brossæus : X, 182-183. Cursus Philosophicus, MaïGnan : V, 375. Cymbalum Mundi, BONAVENTURE Des PERIERS : VIII B, 42. Curiositez inouyes, J. GarFAREL : 1, 25, 31; XI, 213. Dialogo di Garireo GauiLer: I, 263, 270. Diophante, Bacuer : Il, 194, 256, 277. Defensio pietatis etc., S. + VIII B;173, 74, 75-76, 76-77. Dictionnaire : X, 182-184, 2 Deo (De), J.-B. Morin : II, à 27 “ee 283, 293-2094. Dioptrica, R. Bacon : II, 447. Dioptrice, KepLer: I, ue Discorsi e Men di GariLeo GauiLer : I, 104, 271, 336, 380-388; III, 0, 518; V, 537, 538-539; X, 568-572. Discorsi sopra Tito Livio, MacnraveL : IV, 531. Disputationes Selectæ, G. Voer : VIII B, 204, 212, 220, 228-229, 318-310. Disquisitio Metaphysica, P. Gassennr: IV, 58-62, 109-110, 140-150, 150, 152, 154, 339, 358, 362, 373, 585, 668; V, 97; VII, 391-394, 304-409 (index), « 409-412; IX, 198-217. ÆEclaircissement etc. (sur la Geostatique), G. ne La Brosse: I, 360, 376-377 391-392 ; Il, 183. Epistolæ, P. Gassenpi: III, 633. Epistolicæ Quæstiones, J. Beverovicius : Il, 52; III, 682; IV, 3-6; V, 624: XI bis, 17-18. ÆEuclidis Elementa (Commentaria in), Car. CLavius: I, 71. Equilibre des liqueurs (Traîté de l'), B. PascaL : V, 448-440. Euclidis (Data), Harpy : I1,539. Traduction, N.: III, 296, 200-300. . Eufrasia, Consr. HuyGens : V. 27. k 64 OŒEuvrEes DE DESCARTES. Fœtu (De formato), FaBricrus AB AQUAPENDENTE : XI, 532, 575. Fundamentum Opticum, CHR. SCHEINER : X, 541, 543. Fundamenta Physices, H. ReGrus : IV, 242, 248-250, 254-256, 256-258, 497, 510- 511, 513-515, 517, 517-518, 566-567, 500, 610, 625-627, 650, 691; V, 18, 48, 79, 170, 625-627; VIII B, 208; IX B, 19; X, 44, 45-46, 75, 85; XI, 672-687. Geometria indivisibilibus etc., B. CavaLiERt1: IV, 394-305. Geostatice, J. be BeauGrAND: I, 361, 391, 448-440, 478, 480 ; II, 182-189, 190- 191, 271-272, 302, 305-306, 645-647. » FERMAT: II, 190, 270. Grandine acuminatä (De), J. KePLER : I, 127. Graver (Manière de), A. Bosse : IV, 655. Harmonicorum Libri XIII, M. Mersennus: Il, 150; X, 652, 658-650. Harmonie universelle, M. MERSENNE: Il, 150; V, 428, 464; X, 564-565, 579, 652-658. j Huycens (CHr.). Premier écrit : IV, 436; V, 552. Hydrographie, G. Fournier : IV, 484 (et 469). Idea Mathematica, J. Per : XII bis, 1-2, 5. Incommensurables (Traïite des), Le TENNEUR : III, 300; V, 656. Insidentibus humido (De), ARCHIMEDES : I, 407, 426-428 ; II, 185; III, 166. Instauratio Magna, F. Bacon: XI, 320. Institution du Dauphin, M. Cureau DE LA CHamBre : III, 207. Isagoge ad locos ad superficiem, FerMAT : III, 614-615. Istituzioni Harmoniche, G. ZarLino: X, 134. Lacteis venis (De), G. Asezrius: XI, 267. Lampas Arcanorum Cœlestium, G. WENDELINUS : XI bis, 16, 18-10. Lettres de Bazzac: I, 5-13, 203, 381, 570. Libero Arbitrio (De), D. AuGusrnus: VII, 197-108 (IX, 154). Libero arbitrio (De), D. Perau: IV, 115./ Libertate (De), G. Gimieur: I, 151, 153, 174, 219-220 ; III, 360. Libra Astronomica, O. Grassr: IV, 151; 1,251; VIII, 178 (IX B, 179). Logique de Port-Royal, [Arnaurp et Nicore]: X, 351-352, 470-475. Longitudinum terrestrium Scientia, J.-B. Mori: I, 313, 530; Il, 530, 530. Lucis (De Naturä), 1. BouLLraub: I, 540 ; IT, 51-52, 306, 464; X, 556-557. Lunettes (Imprimé sur les), J. Bourgeois: IV, 511, 518-519. Lumière (Causes de la), M. Cureau De La CHamBre : I, 480, 540; V, 645-646. Lumine et Umbrä (De), F. Maurozycus: I, 356. Magia Naturalis, J.-B. Porta: III, 17; X, 347. Magie artificielle. Voir Perspective curieuse. | Magnete (De), A. Kircmer : III, 430, 522; IV, 341,415; V, 548, 549; XI, 635- 639; XI bis, 16. Magneticä Philosophiä (De), N. Carer: I, 180 et 182. Magneticæ acüs Declinatio (ouvrages anglais): III, 7, 44-47, 51-53 Mathematica Opera, F. Vieta: III, 167-168 ; IV, 228 et 231, 554, 594-505. Mathématiques (Œuvres), S. Srevin : Il, 247, 252; IV, 696; V, 119. INDEX GÉNÉRAL. 6$ Mathématiques (Propositions), Laceu : Il, 530, 540, 564. Mathematico-Physicarum Observationum... Centuria, À. BEECKMAN : 1, 105, 167, 168-160, Mecanicorum Liber, GuintugaLot: I, 396; IV, 696. Mécanique (Traité de), G. ve RorervaL : Il, 333-334, 390-391 ; X, 572-574. Mechaniques de Galilée, M. MERSENNE : 1, 303, 306-307 ; Il, 433, 443; X, 573. Mechaniques Archimède : IT, 142, 185. Medicinæ Fundamentum, V.-F. PLemrius : 1, 534-536; III, 3, 68; XIT bis, 12,15-16. Medicinæ (Idea), J. Beverovicus : X, 554, 555. | Memoriæ (Ars), LAMBERT ScuenckeL : X, 230, 251. Memoriæ (Ars), N.: XI, 640. Ménon (Dialogue du), PLaroN : VIII B, 167. Metaphysicæ Disputationes, F. Suarez: VII, 235 (IX, 182). Meteorologica, ArisTOTE : V, 550; VIII 192, 327 ; IX B, 191, 323: Meteorologicorum Libri VI, Fromonous : I, 402, 449. Methodi Cartesianæ Consideratio Theologica, J. Revius: V, 126-128; VIIT B, 338, 365, 370. Methodo (De), AconTio : III, 430. Meyssonnier (Ouvrages): III, 15; 17. Momenta Desultoria, Consr. HuyGews: III, 414, 642; IV, 134, 658-659, 661- 604: VA 22; Motu (De), GariLeo GaiLer: I, 340, 361, Motu cordis et Sanguinis (De), W. Harvey : I, 263; IV, 699-700; VI, 5o et 568; XI, 240-241. » Refutationes, Æ. Parisanr: Il, 500, 616. Motu gravium (De), G.-B. Bazranr: V, 536, 541. Motum Terræ (Commentationes in), Pa. LansserGius: IT, 180: Mundo (De), Ware : II, 485, 578-579, 582 ; IV, 210, 323. Musicæ Natura (De), J.-A. Bannius : I], 150. Narratio historica, [P. Vorr]. Voir Testimonium. Nieuwe Stel-Regel, STAmP10EN : Il, 578, 582, 604. Nive Sexangulà (De), KePLeR: I, 127. Novum Testamentum (In), D. Hesius : Il, 150-151, III, 257. Nuove Scienze, GALiLEo GaLiLer: V, 74, 553. Observationum et Curationum Libri XLI, P. Foresrus : III, 121, 136; X, G17. Occulta Philosophia, H.-C. Acrippa: X, 232-233, 347. Oculus Enoch, À. De RaetrA : III, 646; VIII B, 107-108. Odes au Roi, le P. SOuFFRANT : I, 220. On-wissen Wis-konstenaer…, Jacopus À WAEssENAER : II, 613; III, 30, 44, 104, 149-150, 156, 200. Opticum (Fundamentum), Car. ScneineRr : I, 331; X, 541-542, 543. Orgues (Traité de l'usage des), en flamand, Consr. Huycens : III, 153-154, 157, 521; X, 577-578. Ovi et pulli (De formatione), Fapricius AB AQUAPENDENTE : IV, 5 un SISNTSISS 2 , Pansophiæ Prodromus, J.-A. Comenius : II, 346-348; XI bis, 1-2, et in fine. Pappi Alexandrini Mathematicæ Collectiones, F. Commanpnus: VI, 377-378, | 721-725. INDEX GÉNÉRAL. 9 66 Œuvres DE DESCARTES. Parhelia, P. Gassenp: Il, 465; III, 362-363. Passions (Caractères des), M. Cureau DE La CHAMBRE: III, 87, 176, 207, 296, 209. Pathologia, FerneLius : I, 533. Peinture (Traité de), N.: II, 554. Pensées (Nouvelles) de Galilée, M. MERSENNE : X, 561-568, 568-572. Pentalogos, N.: II, 2071, 249, 560, 598, 608, 643; XI bis, 37. Perspective etc., G. DesarGues: I, 360-361, 376. Perspective curieuse, J.-F. Nicéron: Il, 376, 530, 540, 564; V, 372. Philolaüs, I. Boucrraup: I, 200; Il, 306, 464, 566, 571, 622; X, 557. È Philosophia Universa, H. FaBri: IV, 498, 409, 554. 636-637. Philosophiæ (Tractatio totius), ABRA DE RAconis: III, 234, 236, 251. Physica AristoTeLis : IV, 607. Physico-Mathematicæ Reflectiones, M. MersenNus : IV, 388-389, 597-599; V, 372, 413, 421,428; X, 625-628. Physico-Mathematiques (Questions), M. MERSENNE : I, 303; X, 5109, 563. Pietas in Parentem, P. Voer: VIII B, 213, 230-240 (296-290), 265, 267; IX B, 295-301. : Plein (Le) du Vuide, E. NozL: V, 119, 120. Plenum experimentis confirmatum, E. NoëL: V, 119, 120. Pluvia purpurea, NWENDELIN : IV, 516. PonrTanus. Opera : IV, 151, 665. Préfaces (aux trois volumes de Lettres de Descartes), CL. CLERSELIER : V, 615- 618, 619-627, 628-636. Préface (de la traduction des Principes), Abbé Prcor: IX B, 2-20. Préludes de l'Harmonie Universelle, M. MERSENNE : I, 303; X, 563-564. Prince (Le), MacnraAveL : IV, 486-492, 520-522, 531, 580, 675. ’ Questie aen de Batavische Ingenieurs, 1.-B. AnT.: Il, 607, 611. Quæstiones celeberrimæ in Genesim, M. MERSENNUS : X, 00. Questions inouyes ou Recreations des Sçavans, M. MERsENNE : ]J, 240, 303, 324. Quod nihil scitur, SANcnez: III, 430. Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (expérience du Puy-de- Dôme), B. Pascaz: V, 101-106, 366, 367, 370, 391, 412. , Récréations Mathématiques, J. Levrecon : I, 287, 289, 203 ; X, 546-554. » (Examen des), Cr. MYDoRGE : /dem. Respiratione (De), ARISTOTELES : I, 497, 522; XI, 244-245; XI bis, 10. Remarques sur la Méthode de Descartes, N. Poisson: X, 2, 231-232, 255-256, 352, 476. & Rosa Ursina, Car. ScHeINER : I, 283; VIII, 95 (IX B, 118). ScHickHARDT (Livret de): I, 318; III, 362; IV, 151, VI, 361 et 718. Sensu rerum (De), CamPANELLA: II, 48, 436. Sententiarum lib. IIII, Perrus LomBarpus: VII, 428, 607 (IX, 230). Sidereus Nuntius, GauiLEo Gare: I, 331. Sol Flamma, E. NoëL: IV, 498, 567, 584-585. Soliloques, SaiT-AuGusrTIN : VII, 205 (IX, 160). Specimen assertionum, [G. Vorr]. Voir Confraternitas Mariana. Specimina Philosophiæ Cartesianæ, D. Lipsrorpius: X, 47-48 252-253; XI, 213-215. 7 INDEX GÉNÉRAL. 67 / Statique, S. Srevin : II, 247. Summa philosophica, Eusracxius A Sancro-PauLo : III, 185, 196, 232, 251, 250- 260, 470; VIII B, 196. Summa, Saint-Taomas: Il, 630; VII, 96-99, 114-115 ; IX, 77, 78-70. Synopsis mathematica, M. MerseNNus : III, 714-715. Telluris motu (De), J.-B. Mori: I, 260, 324. Testimonium Academiæ Ultrajectinæ, [Pau Voet]: III, 203-204, 368-369, 446- 447, 462-464, 487-490, 511-519, 529-533, 551-553, 560, 574; IV, 34-35, 52, 54; VII B, 158, 190, 211 (288), 219-221 (292-293), 248-265 (305-313), 251, 325-327. | Theologia naturalis reformata, Pauz Voer: VIII B, 213, 217, 241, 270. Theologica Commentaria, GreGorius DE VALENTIA: VIIT B, 176. Thersite, [G. Voët]: VIII B, 63, 149, 166-167. Thesaurus Mathematicus, Poryeius CosmopoLiTANUS : X, 214. _ Thresor infiny, B. Pauissr: III, 7, 37. . Tribunal iniquum, [Pauz Voer] : IV, 246; VIII B, 213, 234, 240-247 (301-305), 259 (311). Ultima Patientia, S. Maresius : IV, 230, 232; VIII B, 212, 210, 240, 252-253, 254, 319-324; VIII B, 6, 73, 74, 76-77, 70, 80, 81, 05, 106, 171, 219, 229, 230, 249, 253, 254, 319-324. Usuris (De), CL. Saumaise: III, 257; X, 555, 557-567. Veritate (De), Hergerr pe Cuersury : Il, 566, 570, 574, 506-599, 629, 647-648 ; III, 430. Vesaurus (Écrits de) : II, 525. Vide (Experiences nouvelles touchant le), B. Pascaz: V, 98, 100-1071, 143-144. Vie de M. Des- Cartes (La), A. BaizerT: I, 2, 2-3, 3-4, 4-5, 5, 52, 176, 209-211, 212, 212-217, 361-362, 519 ; II, 286-288, 305-306, 306-307, 457-458, 525- 527, 528-520, 548-540, 568-569, 582-583, 616-617, 624-625 ; III, 1-4, 60- 61, 71-72, 06, 118, 202-203, 228-229, 252, 365-368, 441-442, 471-472, 487, 490-491, 521, 525-527, 527-528, 534-535, 557-558, 561-562, 570-574, 615- 616 ; IV, 36-37, 56-58, 96-97, 103-106, 108, 123, 123-126, 127-128, 129-130, 134-135, 138-130, 144-147, 147, 148-140, 155, 175-177, 102-105, 105-106, 214-215, 222, 235, 241-242, 245-247, 254-256, 318-320, 338-330, 341-342, 357-358, 362, 412-413, 449-450, 473-474, 532-533, 538-542, 563, 563-564, 576-577, 581-583, 583, 640-641, 660-661, 666-667 ; V, 19-22, 24-27, 45, 66-68, So-8r, 132-133, 139-140, 200-202, 227-228, 229-230, 234-235, 252- 254, 265-267, 279-280, 205, 317-318, 322-323, 335, 357-358, 409-411, 432, 433, 447, 453-455, 459-460, 461-462, 460, 486-494; VIII B, 105-196, 337- 339; X, 1, 2, 48-50, 88, 171-204, 476-484, 528-529, 537-538; XI, 671; XIL bis, 40, 41, 46. . Vie de Ste Elisabeth, N.: I, 221. Vit@ Beatà (De), SÉnèque : IV, 252-253, 263-268, 271-274, 278-270. Vitis Philosophorum (De), Diocenes Laerrius: V, 318, 338. 68 Œuvres DE DESCARTES. Noms DE Lieux. Alkmaer : 1, 305; II, 546; III, 265 IV, 508 ; V, 165, 279, 351, 486. Allemagne (voyage en) : VI, 11 (545); X, 158, 162, 252-253, 332, 646. Amérique : IV, 345, 585. Amersfort : III, 71 ; IV, 660. Amsterdam (séjours à) : I, 22, 32, 53, (69), 76, 82, 104, (105), 147, (151, 154, 0150; 170, I 77 T0 MALO, 102, 106) 202-204 (205) ET, (219, 226, 232), 240, (242, 244; 249), 253, 268-269, 274, (275, 280, 284), 200, (300), 306, 312, (313), 505, 520; UT; 457; 021: 1; 28, 6795 MI, 14, 17, 318, 660; V, 144-145, 179, 229; X, 150, 166. Angers : [V, 139. Angleterre (projet de voyage en) : I, 125, 191 ; III, 50, 87-88. Autriche, X, 150. Azay-le-Rideau : V, 229, 555; XI bis, 21. Berlin : V, 96. Blaye (Religieux de). Voir Lacombe. Blois : III, 286; IV, 129; XI bis, 20, 21. Bohème : X, 150. Bologne (pierre de) : III, 405, 409; IV YS 17: Boulogne : V, 227. Bourgogne (cercle de) : 665-666. Bréda (séjour à) : I, 307, 434; IV, 436, 497; X, 47-50, 153, 160, 161, 646. » (Siège de) : I, 397-398, 518; AVE M3 6: 2x0 135: Bretagne : I, 1-2, 5, 6, 570-571, 571; NE 360 4153/0010 UMA O2S IV; 4120, 564: 4V;166, 22951587; (543); X, 503. IV, 519, (577; 617), 1631; IV/228,292; D" Calais : I, 14-15; IV, 147. Cambridge :V,246, 317,(376,434,443). Canada (Nouvelle-France) : IV, 345, 467, 585. Canadiens : VII, 124 et 154 (IX, 98, 120). Chine AVES V'AUREÉE Constantinople (projet de voyage à) : I, 173-174. Copenhague : X, 165, 167, 160. Crevis (Ce) :MV/ 130,154 185 Crossen (en Silésie) : IV, 629-630; V, 46, 106, 209, 227. (553), 26 (554); Danemark (voyages en): I, 209-210; II, 636; X, 159, 162, 105-166, 169. Dantzig : X, 150. Deventer : I, 228-220, (254, 257, 260), 265, (266, 270), 292-293 ; IV, 660. Dordrecht: I, 14; III, 680, 682; X, 104, 167. Egmond : IV, 152, (155, 156, 158, 160, 161, 172, 175), 170, 183, (183, 192, 195), 207, (214, 215, 218, 222, 227, 236), 238, (230, 245, 248), 251, 253, (256), 259, 262, 268, 278; 287, 296, 298, 300, 317, 318, (325), 334, (338, 341), 343, (344, 348, 351, 357, 358, 362, 366), 371, (376), 388, (391), 403, (412, 413), 419, 429, 438, (440, 442, 485, 495), 5or, 513, (515), 527, 543, 556, 558, (563, 568, (568, 583, 584, 587, 58S, 592, 593), 617, (620, 621),632, 639, 640, (661); V, 12,(15, 22, 24), 34, 39, (40, 41), 50, 86, 88, (89), 100, (107, 109, 111), 117, 119, 124, 125, 132, (132, 130), 143, 146, 231, 234, (254) 270, (279, 280), 293, (203, 323, 335, 336), 348, (349), 351, 352, 357, 358, 350, 361, (401), 405, 406, 409, 411, 657. Ê [4 Egmond-binnen : IV, 390; XI bis, 34, 36. Egmond op den Hoef: III, (663, 669, 686), 696; IV, 6,8, 12, 18, 19, 25, 27, 30,34, (36, 37, 43, 49, 51),152; 56, (56, 70), 75, 78, 81, 84, (85), 99, (103), 107, 108. Elven (Kerleau en) : I, 6; IV, 134, Embden : I, 210, 215. Endegeest : III, 333, 350-351, 351- 352, (353, 358, 369, 370, 382, 383, 301, 414, 419, 421, 440, 443, 447, 454, 456, 457, 459, 464, 469, 471, 472, 480, 485, 491), 524, (535, 542, 549), 556, (558), 565, (575), 578, (578, 581), 590, (591, 594), 602, (607, 611, 615, 617, 637, 645, 647, 653, (655); XI bis, 37-38. France et Hollande : V, 25-26; XI, 301-302, 322. Franeker : I, 13, 14-15, 16, 129, 130- 131, 228-220. Gascogne (Gascon) : III, 333. Grenoble (homme de). Voir Valois (Jacques de). Groningue : IV, 73-74, 80-81, 82-83, 89, 90, 106 107, 123, 126-127, 155, 177-180, 105-199,200-207, 214, 229- 230, 232, 238, 242-243, 245-246, 261, 207, 300, 437, 657; V, 10; VIITB, 224. Harderwijk : Il, 624-625. Harlem : I, 4or, 519; Il, 150, 153, 191, 338, 361, 437-438, 583-586, 6or III, 127; V, 4115 XII bis, 47- 48. Hollande : I, 201, 204; Il, 152, 108- 190, 203-204, 385, 585-586; III, 153, 158, 192, 229, 543, 616, 672, 682; IV, 147. 148-149, 159-160, 161; V, 15-16, 17, 46-47, 66, 80; 203, 296-207, 349, 621; VI, 278 (674- + 675), 692 ; VII, 355. Hongrie : X, 159, 162. Hornhausen : IV, 523-524, 525, 531- 532, 580; X, 604-606. _ INDEX GÉNÉRAL. 69 Italie et Italiens : I, 201, 204; Il, 447, 464, 493-494, 533-534, 623-624; II, 15, 5843 IV, 262; XI bis, 16. La Flèche : 1, 353, 565; II, 50, 267, 378; III, 270, 296; IV, 122, 156- 157, 160-161, 585, 659; X, 646. La Haye: II, 192, 336-337, 620; III, 57, 199; 668; IV, 71, 100, 102, 106, (x21), 200,258, 300, 624 ; V, 15, 27, 33,150; 58, 59,1023192% 1210 123, 179, 216, 296, 332, 391, 444, 449. La Haye (en Touraine) : XI bis, 36. Leyde 1111538) 341,343, (347, 352, 363, 365, 368), 380, (380, 382, 384, 386), 401; I, 271, 282-283, 335, 349, 379, 526-610, 620, 642; IN, 35-36, 50, 59, 62, (63), 88, (ao), 93, (94, 97; 101), 118, (119, 138), 149, 156, (157,160, 168, 175), 193, 201, 205, 228, (220), 236, (238,241, 243), 247, (2488252259, 1202,1271,270; 201; 287, 202, 313), 332, 340, 350, 388; IV, 32, 108, (110, 121, 123), 508; VERT 6-18: 24-25 0930 032, 1310); XI bis, 5-6. Lille : II, 50. Loire (rivière) : IV, 165. Londres : IV, 690. Lorette : X, 186-187, 188, 217-218. Louvain : I, 400; II, 50, 192; XI bis, 15-16. Middelbourg : X, 153, 150, 160, 161, 164, 166. Mont-Cenis : II, 636. Nantes : IV, 130, 134, 135, 130. Naples : Il, 445; 457, 403, 513; V,93, 1225 XINbIS 27: Nîmes (homme de). (David). Nogent-sur-Seine : II, 505. Voir Guiraud Orléans : III, 596 ; IV, 129, 216. Palatinat : V, 2S0, 285, 3 Paris : I, 3-4, .5, 38, 20 IT, 151-152, 524; III, I 7 Le) 13, 348, 3 »“ ni 70 Œuvres DE DESCARTES. IV, 124, 127, 128, 139, 142, 143, Stockholm : IV, 440-441, 473, 581 ; 144, 150, 161, 363, 378, 443, 452; ‘ V, 64. 74, 134, 140, 183, 192, 194, 198, 209-210, 219, 224, 279-280, 369, 412. Jardin du Luxembourg : III, 450, 523, 632, 642. Jardin Royal: Il, 619; III, 50, 73, 632, 642. Perse : III, 452; VI, 23 (553). Poitiers : I, 4. Poitou : I, 2-3, 3-5, 249-250, 267; II, 642; IV, 144; V, 66; X, 555. N°10; 79/1801 251, 1202, 26451207; 205,297, 317, 322, 324,1329, (330, 331), 332, 349, 353, 359-360, 361- 363, 402, 407, 411, 429, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 445, 447, 453, 457, 461, 462, 464, 466, 467, 469, 470, 486, 496; X, 630; XI bis, 30- 44. Sucé (Chavagne en) : IV, 138-139. Suède. Voir Stockholm. Pologne : X, 159, 162. Puy-de-Dôme : V, 101-102, 106, 366, 367, 370, 391, 413. Touraine : III, 616; V, 349. Tours : IV, 129-130. Tubingue (Mathématicien de). Voir Schickhardt. Rennes #1, 1-2; III, 282; 453; IV, Turcs : 129-130, 585; V, 67. Rhenen : IV, 281. Rome : I, 204 ; III, 258-259; IV, 205, 216 ; V, 121, 544, 546-547; VI, 361- 366 (718-720); X, 37. Rotterdam : I, 14; V, 63. Ruel : III, 641-642; V, 585 ; X, 106. Santport : I, (371 et 374, 393, 305, 4o1, 481-482, 519); II, 33, 47-48, 152, 191, 361, 437-438, 456, 546. Sens (médecin de). Voir Villiers. Spa : I, 176; IV, 251. Saint-Germain : V, 332. Strasbourg : I, 25, 95. V, 150; VII, 126, 148,154; (IX, 100, 116, 120). Ulm : X, 252-253. Upsal : V, 80. ‘ Utrecht : I, 316, 317, 320, (321), 332; IT, 305-307, 329, 330-331, 370, 527, 528-5209, 548-549, 568-569, 5832- 583, 616-617; III, 1-4, 28, 60-617, 71-72, 127, 202-204, 231, 365, 487, 525, 527, 534,557, 561, 570; IV, 06, 123, 148, 235, 241, 254; XI bis, 7. Veeren : III, 14-15. Jesse : 1, 274; NV, 23r, 283-285. INDEx DES MATIÈRES. Admiration : IV, 409, 410; VI, 231 (651), 366 (720), 312-313 (693); XI, 373, 380-386, 444, 452-453, 470. Adresses de Descartes en Hollande : I, 210, 215, 261, 268-269; Il, 191; 111, 36, %127, 2350-3510 072; 074; IV, 281, 290, 590; X, 160. Aiguilles flottantes : II, 45, 496; II, 167; VI, 257-258 (664-665); X, 226. Aimant : I, 172, 176, 180, 191; Il, arr ; III, 8, 42, 46, 50, 51-53, 636; III, 7, 16, 51-53, 85, 130, 146, 163, 177, 285, 430, 456, 522, 524-525, 669-672, 673, 678; IN, 72, 72-73, 132,137, 402, 470-471, 483-484, 484, 562; V, 375, 548-540; NIII, 275, 311, 314 et 318, (IXB, 271-305, 309 et 323); X, 231, 430-431, 439, 500- 591; XI, 320. ! INDEX GÉNÉRAL. 71 Air (élément): X,424;X1,23-20,48-40. Air (nature de l’) : VIII (IX B) 231-232, (225-227); XI, 14-16. Air (pesanteur de l’) : I, 205-207; IT, 385, 465, 481-482; X, 37. Voir Colonne d’air. Vide. _ Air (moyens de peser l') : II, 481; IUT, 162-163, 483-484, 6o1, 600, 634, 639, 655-656; X, 571-572, 586-587. Air (résistance de |’) I, 99-100, 200, 202; III, 644; IV, 389, 391- 392, 417, 500-501, 547; V, 527, 538; VIII (IX B), 75 (98). Air (tremblement de l’): I, 224, 227, 247-248, 206, 323, 392. Voir Son. Alchimie : VI, 6 (542-543), 9 (544); XI, 653 et 657-658. Algèbre : I, 265, 479, 483, 490, 5or- 502; II, 499, 609-611 ; III, 22, 27- 31, 58, 82-83, 187, 190, 196-107, 554, 629-630, 640 ; IV, 42, 44,46-47, 69-70, 228, 229; V, 176-177, 505; VI, 17-18 (550),20(551); X, 373, 378, 483. Voir Calcul. Cossiques (carac- tères). Equations. Géométrie. Nota- tions (algébriques). Aliquotes (parties) des nombres : I, 229-230 ; II, 03-94, 99-100, 148-149, 149, 167 et 169, 250-251, 337, 427- 429, 472 et 477-478, 503-504, 607; III, 21-30, 187-190; IV, 229; V, 541; VI, 454-455; X, 300-302, 549-550, 561, 563-566. Alphabet (comparaison de l’) : IV, 690 ; X, 204. Voir Chiffre. Amari fructus : XI, 622-623. Ambassade de France. Voir Brasset, Charnacé, Servien, Thuillerie (La). Index : T.I-V, et T. XII. Ame (essence de l’): I, 339, 349-350, 353, 513, 513-514, 514; Il, 38, 41-42, 144-149 VUILI0237, 273,0376-377, 306; IV, 2, 444; V, 625; VI, 32-33 (558-559), 37 (561); VII (IX), 2-3 (5), 7-8 (9), 12-14 (10), 23-34 (18-26), 121 (95), 122-123 (06-97), 120-133 (102-105), 172-179 (134-130), 197-205 (154-160),219-231 (170-179), 258-277 et 350-361, 334-343 et 356-380, 413 (218), 42 2-425 (226-228), 485-403 ; VIII (IX B \ 8-9, (29-30), 30-32 (53- 342, 345-346, 347, 355, ) 55}; VIII B, 363-364. Ame (immortalité de l’) : III, 102-103, 158, 265-266, 272, 580; IV, 202, 211 2125254, 1202. 202, 302, 314, 323, 333; V, 178, 244-245; VII (IX), 13-14 (10), 127-128 (101), 153-154 (119-120), 204 (159) et 229 (177). Ame (siège de l’). Voir Conarion. Ame de l’enfant (in utero) : II, 400, 409, 423-424; V, 149-150, 212, 213, 219, 311; VII (IX), 214 (167) et 246 (190), 264 et 356-357; VIII B, 566. Voir Marques d’envie. Ame des bêtes : I, 154, 413-414, 514; II, 39-41; III, 86, 121, 370, 470, 566; IV,64-65, 573-576; V, 243-245, 309-310; VI, 55-59 (571-573); VII (IX), 204-205 (159-160) et 229-231 (177-179), 269-271, 355, 358, 413-414 (218-219) et 425-427 (228-220), 490 ; XH, 519-520. Voir Automata, Bruta. Ame végétative et sensitive : LI, 369- 372; VI, 46 (566). Amiables (nombres) : II, 03-04, 99- 100. Voir Aliquotes (parties). Amitié : IV, 473. Amour : IV, 408-409, 582-583, 6oo- 617; V, 19-21, 56-58, 473; (X, 14, 610-613, 619-620, 622-624; XI, 374, 387-392, 395-396, 401-402, 403-405, 407-409, 417, 432-434, 458-459. Anabaptistes : II, 620. Anaclastique : II, 86; X, 393-305, 488. Voir Réfraction. Anagramme: X, 301. Analyse de Descartes : I, 236-237, 250207397301, 22; 30,082, 1337, 438, 622, 637; III, 09; IV, 69-70 ; NIL (IX), 444 (242), 446 (243). Voir Géométrie. Méthode. Analyse des anciens : VI, 17-18 (550), 20 (551); X, 373. Analyse et synthèse : VII (IX), X, 370- 380. Anatomie : I, 102, 137, 263, 377- 378, 420, 526-527, 528; II, 72 | Œuvres DE DESCARTES. 621; III, 49, 60, 139, 445 ; IV, 247- 248, 326; XI, 120-121, 170-171, 224, 226, 240, 241-243, 261, 549- 552, 553-556, 556-570. Anciens : VI, 7-8 (543-544), 70 (579); VIII (IX B), 323-325 (318-320); IX B, 5-8; X, 204, 363-364, 366-368, 373-378 et 482-484 ; XI, 327-328, Anges: I, 415; Il, 469, 483, 487; III, 21453 IV, 533, 502, 623; V, 56, 157, 102, 238, 269-270, 301, 304, 341, 342, 343; VII (IX), 179-180 (140). Anglaise (langue) : IV, 221, 572-573. ngle (trisection de 1’) : I, 70-71, 256; VI, 470-471, 484; X; 154-155, 240-241, 519, 591-502, 637-638, 658. Anguilles (comparaison): 1, 344, 406, 422, 515-516: MI, 0233/ (652); 237 (654);, VIII (IX B), 222 (220). Voir Dissection. ; Anima et Mens : 11,362; VII,355-356. Anima Mundi : III, 403, 503. Animaux (description et formation des): I, 254, 263; II, 525-526; III, 68-69, 120-121, 479; IV, 320, 555, 626;1IX B, 19 ; XI, 252-286, 522-524, 537-538, 606, 608. Anonyme (Descartes) : I, 23, 85, 146, 248, 340, 351, 369, 376, 381,385; 387, 1558500 564; To7, drxo) 170-171 ; VI, 3-4 (541); X, 213. Anonymes (Auteurs) : III, 147, 201, 247 2705 Nos 1255: EX DIS 97e Antipodes : I, 288, 291; IV, 345 ; VII (IX), 424 (227), 426 (229); IX, 210. Apostèmes : IV, 579, 589-590, 618, 625, 630-6531. Apparences célestes. Voir Phéno- mènes. Arbre (comparaison): I, 152; IX B, 14. Arc (réflexion d'un) : I, 287, 294, 205, 341, 580-581 ; II, 626-627 ; III, 12- 13, 146-147, 209, 327, 342, 613, 630, 650-651, 652-653, 656, 656-657; IV, 6875 NV 0556 MIT EE 74275; net IX B, 270-271 ; X, 564-566. Arc-en-ciel : I, 23, 84, 97-98, 559; II, 56-59, 192, 206-207, 355; III, 87, 166; IV, 69, 223; VI, 132 (607), 325-343 (700-709); X, 542, 543, 548-549 ; XII, 199-200. Voir Cou- ronnes, Parhélies, Réfraction. Architecte et macon (canevas de comédie) : VII, 536-541, 551-556, 557-561; X, 509-510. : : Arithmétique et Géométrie: X, 365- 366, 429-430. Ardants (sic). Voir Feux-follets. Armes (métier des): I, 434, 460; II, 480, 546; V, 557; X, 86, 87, 88, 141, 151-152, 162-163; XI, 488. Voir Sol- dat (Descartes). Armes (art de tirer des) : I, 1743 IV, 319. Voir Escrime. Arminiens : IV, 316, 340; V, 166, 475. Assemblées de savants: I, 15,28, 31et 33, 556; IT, 28, 30, 541 ; V, 630-631, 647-648 ; X, 626, 627; XI, 687-6090. Astres d'Hélène : VI, 315 (604). Astrologie : I, 250-251, 252, 258, 289; IT, 289, 411; II, 15; V, 65-66, 327; VI, 6 (542-543). Voir Horoscope. Astronomie :, 1, 112-113, 250, 252, 309, 310, 538-530; II, 142, 198-199; IV, 0333 VMS OMAN E VIENS (585); VII (IX), 349-350, 368, 440 (239), 446 (243); XI, 56, 63, 72, 650, . 696-607 ; XI bis, 16, 18-19, 33-34. Asymmetria : V, 255-258, 366-367, 367-369, 372-373, 392-3093, 420 ; X, 308-310. [| Athée (science d'un): VII (IX), 69-71 (55-56), 125 (99) et 141-142 (111), 326- 328 et 384, 414-415 (219-220) et 428 (2350); IX, 2tr. Athéisme : I, 144-145, 148-1499 181- 182,, 220, 4146, 21486 2 576; IV, 86, 89, 94, 05, 178, 536; V, 9, 16,477, 641-642 ; VIE (IX), 125 et 141-142 (09 et 111), 196 (152), 328 et 384, 414-415 et 428 (219-220 et 230); VIII B, 5, 22-23, 52-54, 140, 152, 159, 106-167, 173, 173-182, 184, 187, 254 et 308-309, 270 et 316. Voir Vanini, VIII B ({ndex).. Atomes : III, 477; V, 241-242, 273- INDEX GÉNÉRAL. 73 274, 303; VI, 238-239 (655); VIII (IX B), 51-52(74), 324-325 (319-320); XI, 14-15, 308, 310-3y8. Autographes de Descartes : I, 1, 16, 69, 82, 135, 219, 236, 253,264, 273, 202, 303, 314, 317, 328, 342, 370, 393, 431; Il, 81, 122, 154, 174, 222, 253, 307, 352, 379, 455, 470, 493, 557, 560, 587; III, 4, 21, 56, 72, 90, O2 105013820142, 154, 175, 0103, 198, 221, 229, 241, 315, 334, 349, : 383, 447, 464, 480, 575, 581, 587, 607, 631, 637, 647, 655, 677 et 679 (perdu); "IV; 6; 16 117,123;125; 32), 97: 120, 150, 258, 260, 297, 298, 370, 389, 415, 435, 496, 508, 525, 543 (à retrouver), 551, 564, 631, G365V/, 32,74, 114, (T8, 1254147, 202, 455, 466; VIII B, 274-275: X, 580-581, 613; X], 134; XI bis, 15, 20. Automates: I, 25, 377, 403; II, 30-41, 121,163-164; III, 163-164, 504, 505, 547-548, 566 ; IV, 810 ; V, 277-278 ; VI, 55:56 (571); VIII (IX B), 326 (321); VIIIB, 196; X, 231-232, 505; XI, 120, 130, 132, 202, 212-214, 660 ; XI bis, 14. | Avalanches : VI, 316-317 (604-605), 320-321 (697). : Aveugle : II, 329-330; III, 409 et 432. Aveugle (comparaison) : I, 404; VI, 71 (579), 83-86 (585-586), 114 (600), 136-137 (608); IX B, 3-4; X, 402, 567,, 599. Baguette divinatoire : III, 163. Balance : I, 97, 184, 187, 191, 238, 353-354, 433; Il, 460 ; III, 42, 614; X, 403; XI, 76. Balle (de mousquet, etc.): 1, 113, 259- 260, 297, 208, 341; II, 110, 130; III, 14, 180-181, 209, 234, 245-246; V, 537 ; X, 567, 571, 583. Voir Canon. Balle ou boulet au zénith : I, 287, 203, 341, 580; X, 547. Barbe : I, 434-435; XI, 525-526. Voir Cheveux. Bas-breton: VI, 7 (543); X, 503. Bâton (rompre un) : II, 385-386, 430; INDEX GÉNÉRAL, ‘ V, 74; X, 548; XI, 627. Voir Cy- lindre. Bâton brisé (exemple): VII (IX), 437- 438 (236-237). Bâton (comparaison): X, 402; XI, 00. Voir Aveugle. Bâtons (problème des trois) : II, 582 ; III, 30-31; IV, 228-220, 232; X, 646- 647. Béatitude. Voir Bien (Souverain). Beau (Théorie du) : I, 132-133; X, o1- 92. Bêtes. Voir Ame des bêtes. . Bœuf (œil d'un): 1, 378; II, 86-88; VI, 114-124 (600-604). Beurre : I, 571; VI, 248 (659), 314 (694); XI, 634, 644. Bien (Souverain) : IV, 252-253, 263- 264, 1272, 273-274, 275, 277, 3o1- 302,305, 300, 335; V, 79, 81-85, 87, 89, 113 131, 159, 182-183, 251, 294, 331, 473, 475, 619-620; IX B, 4, 17-18. Biens de famille : I, 2, 3 ; III, 471-472. Brière A, 537% 4455 XI 2536312 Voir Cerevisiæ. Levain. Blasphème : IV, 631-632; V, 5, 6,8, 11, 16-17, 23, 24-25. Briques : I, 594-595; IV, 571; VI, 264 (668). Broderie : X, 404. Brouillards : 1, 344; III, 451-452; VI, 270 (675), 284-285 (678). Buveur d’eau (charlatan): III, 42; X, 474. Cabala Germanorum : X, 207. Voir Cossiques (caractères). Cabeliau. Voir Poisson. Calvinistes : I, 564 ; II, 619-620, 623- 624; VII, 190, et IX, 148. Voir Mi- nistres. Campagne (amour de la) : II, 151- 226 T, 351, 603 ; IV, "135, 220% V, 124, 558: X, 498-490, ot, 510, 511; XI bis, 37-38. Campagne (comparaisons): XII, 17-18. Canelées (parties) : IV, 182-183, 458- 460, 469-470, 479, 484-485; VIII 10 74 Œuvres DE DESCARTES. 153-156 Voir Ai- (IX B), 144-147 (154-156), (162-165), 161-162 (168). mant, Soleil (taches du). Canon (boulet de) : I, 287, 293-2 305, 580; II, 139, 226, 387-3 466; LIT, 11, 209-210, 234, 245-2: 592-503, Fhne NV, 527-528 ; NI, do (592-503); X, 547. Voir Balle. Capitan. Voir Gomedie, Capucins : II, 266; X, 628. Cardinaux : I, 281, 288 ; Il, 464-465; 565; III, 35, 234, 258-259; V, 544. Voir Bagni, Barberini. Carillon : II, 329-330. j Caro (6): III, 548-549; VII, 352, 353, 354, 358, 359, 361, 385, 390, 410; XII, 298-299. Castor et Pollux (constellation) : VI, 315 (694). Catégories: X, 381, 515-516. Voir Universaux. Catholicisme en Hollande : I, 129; II, 584-585 ; III, 50, 157-158, 158, 258-259, 277, 543, 643. Catholique (Descartes) : I, 129, 271, 281, 285; II, 642 sell, 542-543 ; IV 67, 319, 497 ; V, 332, 470, 474, 475, 482, 486-487, 493 ; VI, 23 (552), 45 (565); VII (IX), 1-6 (4-8); VIT (IX B), 39 (62), 100 (124), 201 (201), 329 (325); X, 555, 557; XI bis, 37-38. Causes et effets : I, 538-539; Il, 107-8, 199-200, 294-53; III, 129, 212, 220, 2745 IV, r11, 112, 314, 328-9 ; V, 156: VI, 64 (576), 76 (582); VIII (IX B), 99 (123), 325-329 (321-324); XI, 654-655. Voir Dieu (preuves de). Cave (comparaison) : VI, 71 (579). Caves inondées : XI, 624-5. Centre d’agitation : IV, 364, 366-376, 380-4, 391, 418, 427, 427-8, 430-3, 503-6, 544-7, 676-7, 678. Centre de gravité : [, 446-447; II, 120, 122, 142, 180-181, 186-189, 244, 247-248, 270, 275, 360-361, 431-432, 448-449, 489-491, 498, 555- 556, 649-650; IV, 364, 380,384, 418- 426, 428, 430-433, 505-506, 545-547, 561, 676-677 ; X, 561-563, 592-595. Centre de la terre : II, 184, 191, 222- 245, 270, 402 ; III, 10. Voir Pesan- teur. Tourbillons. Cercle vicieux : I, 538-0, 197-8; II, 439; IT, 37750 NI; 76 (582); VII (IX), 2 (4-5), 124-125 (08-09) et 140- 142 (110-111), 214 (166-7) et 245-6 (189-190), 323 et 383; IX, 211. Cercles (problème des trois): IV, 26, 38-42,43,44-45,45-50. Voir Sphères. Cercles dans l’eau : I, 104, 503-504; III, 124-126, 216-217; IV, 688. Cerebellum : II, 124. Cerise (noyau de) : III, 635. Cerises : III, 568; X, 637. Cerevisia : XI, 631. Voir Bière. Certitude : VI, 33 (550); VII (IX), 144- 146 (113-115). Voir Vérité. Cerveau (traces ou vestiges du): III, 400, 410. Voir Marques d’envie, Mémoire. Chaînes de vérités : 455, 562, 564. Chaïînette (problème de la) : X, 223. Chaleur : I, 140, 323, 406-7, 423; II, 485; VI, 245 (658); VIII (IX B}, 218 (215-6) ; XI, 9-10, 144-145, 625. Chaleur animale : L, 403, 413-4, 416; I, 140-141, 271, III, 66; IV, 189-190; VI, 235-6 (654). Voir Cœur. Chambre obscure : VI, 114-5 (600), 124-8 (604-5); X, 548. È Chandelle (flamme d’une): Il, 487-8 ; III, 232-3, 259. Voir Couronne. Chansons du Pont-Neuf: II, 503. Chaos: I, 194; VI, 42-43 (564), 45 (565); VIITI (IX B), 102 (125-126); XI, 34-5- Charité chrétienne : III, 681; IV, 7; VIII B, 111-7 Charlatan : III, 5-6; IV, 518; X, 169; XI, 306-0. Chaux (comparaison): XI, 121. Cheminées (qui fument) : III, 587-8. Chevalerie (lettre de); I, 376. Chevaliers errants : II, 70, 280o-1. Voir Romans. Cheveux et poils : 633. Voir Barbe. III, 459; XI, 632- INDEX GÉNÉRAL. 7 Chevron (dans un mur): V, 75-78; X, 569-570. Chiens : III, 139-141; IV, 576 ;. V, 133, 244, 311, 344; VII, 270, 272- 273, 359; XI, 243, 370. Chiffre (pour correspondre) : IV, 493, 524; VI, 18 (549-550), 20 (551); VIN, 327-328 (IX B, 323-324). Chimie (étude de la): I, 137, 530;.I1, 415,417; IV, 243-244, 260, 580, 590. Chimiques (anciens caractères) : XI, 641-643, 645. Chimistes (principes des) : III, 124, 130-131, 180 ; IV, 569-570, 585; NII, 359; (235-236), VIII (IX B), 242 (235-236), 245 (239). » (secrets des) : I, 351; II, 284-5, 3507 41210073: ll; 01370070; V°827: Chiromancie : III, 15. Chirurgie et chirurgiens : I, 420, 533; * DOSSIER NON ES I EN (IX B}), 320 (315). Voir Médecin (Descartes). Chou : II, 385. Voir Gouttes d’eau. Chute des corps : I, 71-2, 88-9, 90-35, 221-2, 228, 230, 231, 232, 261, 287, 304; II, 384-5, 385, 386, 399, 441, 442-3, 446-7, 489, 534, 618-0, 632-5; III, 9, 11, 79; 164-5, 643-4; NV, 527, 537-8; X, 58, 58-61, 74-8, 219-220, 545-6 ; XI, 629-631. Voir Pesanteur. Chyle: III, 140-1; XI, 122-123; XI bis, 8. Ciel : I, 250; III, 46-47; VIII (IX B), 89 (rr2), 1o1 (125), 106-107 (129- 130), 116-125 (136-141), 137-142 (148- 152; XI, 29, 53-54, 104. Cieux (fluides ou liquides, et non solides) : II, 225; VIII (IX B), 89 (112), 329 (325). Circulaire (mouvement) : I, 3o1-2; 111, 75-6, 77, 632-3, 644-5 ; V, 170, 273, 303; VIII (IX B, 58 (8r-82); XI, 19-20, 44, 49. Circulation du sang : I, 409, 531-4; Il, 306, 344, 616; III, 3, 84, 202, 203-4, 440-1, 442, 443-5, 458, 682 ; IV, 4, 124, 167, 180, 191, 619, 645, 699-700 ; V, 624; VI, 50-2 (568-9) ; XI, 127, 239-241, 332; XI bis, 7, 11-12, 120. Cire (exemple de la): II, 598; IV, 113-4 3 V, 151, 230, 268-0; VII (IX), 30-32 (23-26), 132 (105), 173 (135), 175 (136), 177-178 (138-130), 271-275 (359-360); IX, 216. Cissoïde : III, 82. Cloches: I, 107, 111, 121; II, 329, 307. Clou de fer (rompre un) : VIII, 77-8. Coctio triplex : III. 66, 67; XI bis, 7-8. Cœur : I, 263, 377-8, 400, 403, 411, 416, 477, 497-9 et 522-531, 561-562; IT, 40, 52-3, 54, 62-8, 192, 329, 500-1; IT, 2}; 61, 374, 440-1; 444; 445, 455, 506; IV, 4-6, 180, 210, 699-700; V, 624; VI, 46-55 (566-570); VII, 309; XI, 123, 124-125, 228-245, 253-259, 277-280, 282-283, 333-334, 611-614 ; XI bis, 8-10, 29. Cogito, ergo sum » : 1, 513; 11, 37- 38; III, 247, 261, 507, 604; IV, 664; V, 138, 147; VI, 32 (558-559) ; VII (IX), 25 (19), 27 (21), 413 (218) et 422 (225-6); VIII (IX B), 6-8 (27- 29) ; IX, 205-206 ; X, 421-422, 523. Cognoscendi (facultates quatuor): X, 398-399, 411-417. _ Goin : I, 440; Il, 237. Colombe (artificielle) d’Archytas : X, 232. Colonnes ou cylindres (force des) : II, 385-386, 430, 465, 484; V, 747; X, 569-570. Colonne ou cylindre d’air : Il, 439- M0, 482: III, 1655 V, 73, 103. 116; X, 625-626, 627-628. Comédie ancienne (personnages) IV, 545; VII, 492-403. Comédie italienne : I, 479; II, 307, 608-9 ; IV, 545, 549, 551; VII, 492- 493, 541; X, 511. Comédie (canevas de) : XI, 661-2. Voir Architecte et maçon. Comètes : I, 250, 251, 252, 287; IV, 150-2, 456, 461, 463-4, 476, 480, 665; VI, 323 (698-9); VIIL (IX B), 98 (121-122), 168-192 (172-191) ; XI, 56, 61-3, 110-6. 76 Compas (invention de) : VI, 391-2, 442-4:0X 54 0157103; M232-9), 234-5, 238-0, 240-1, 241-2. Conarion (glande) : III, 19-21, 47-0, 123, 137, 203-5, 319, 361-2; V, 313; VI, 129 (605) ; XI, 170-171, 179-180, 188-189, 252, 351-356, 358, 360, 361- 362, 364-365, 368-360. Conchoïde : III, 82, 86, 89; V, 417- 420; VI, 395, 423-4. Conciles : I, 285, 288; III, 340, 349, 545; IV, 165; VII (IX), 251 (194), 413 (218-219) et 425 (228). : Condamnation de Galilée :1,258,270, 272, 281, 285, 288, 290, 291, 208, 306, 322, 367, 415, 431, 518, 578- 580, 552, 565; III, 258, 349-350; IV, 3025/8544 550; AMI GOT (573-4). Condensation : I, 119; Il, 384, 441; III, 162-3, 612-3. Voir Raréfac- tion. ; Coniques: I, 195, 245, 256; IT, 554-5, 556-7, 503, 627-628; VI, 393-394, 397-406 ; X, 232-3, 585-586; XI bis, 21-22. Conoïde parabolique (centre de gra- vité du) : I, 493; IT, 120, 139-140, 180-1, 247-250, 252-3; X, 561-3, 592-5. Conservation et création : III, 273; VI, 45(565); VII (IX), 49-50 (30-40), 211-212 (165), 3o1-302 et 370; VIII (IX B), 13 (34), 66 (87-88). Consolation (lettres de) : I, 371-8, 370; II, 283, 349; III, 56-7, 278, 283, 579; IV, 299; V, 281. Consultation (juridique) : IV, 13-14. Contingentes. Voir Tangentes. Contigu et Continu: IT, 382, 439-440 ; V, 164, 174-5. Conversion philosophique : III, 340. » religieuse : IV, 319-320, 335-6, 337-8, 345-6, 351-2, 667-8; XI bis, 40; XII, 546. Convulsion : III, 42, 459; XI, 603-4. Coquilles : 1, 196; IV, 132-3, 137; VIIL (IX B), 145 (154) ; "XI, 617. Cordes (oscillations, tours et retours, Œuvres DE DESCARTES. vibrations) : I, 27-8, 28-9, 31-2, 71-2, 73-4, 88-0, 94-6, 103-4, 116-117, 162, 172, 180-1, 267, 272, 296-7, 305, 323, 392; Il, r17-0, 138-0, 386, 504, 534, 558; III, 45, 214; IV, 686-7, 691-2; V, 534-5, 538; X, 570-1. Voir Air (résistance de l’). Corporis humani (Particulæ septem) : XI, 598-0. Corps glorieux : IV, 594; V, 137; XI, 648. Cossiques (caractères): X, 154, 155, 211, 234, 236-7, 238-0, 240, 244-5, 247, 249-251, 250, 260-1, 261-3, 266-7, 270, 271, 275-6, 294-7, 344. Couleurs : I, 378-9, 405, 419-420; II, 57, 59-62, 71-81, 468-9, 590-591, 618, 632; III, 12, 97-0, 318, 372-3; IV, 69; V, 105; VI, 84-5 (586), o1- 92 (589), 118 (601-2), 331-5 (702-4), 345-8 (7r0-2); X, 38; XI, 255-256, 413-415, 408-469, 478-479, 651. Courbes (lignes) : I, 233-234, 402; II, 105, 113, 123-5, 128-0, 281-2, 531-2; IT, 88-9; V, 515, 517; VI, 388-306, 407-413, 440-442. Couronnement (de l’empereur) : VI, 11 (545) ; X, 186, 252. Couronnes (d’une chandelle): I, 83-41 97-09, 106, 123, 148, 318-0, 502; II, 20, 276; VI, 351-4 (713-4). » (des astres) : VI, 348-351(712- 713), 364-5 (719-720). Création : I, 514, 561; IL, 117, 138; II1, 297 ; V, 155, 168-9; VI, 42 (564), 45 (565), 45-6 (566), 59 (573); VII (IX), 180 et 181 (140 et 141), 187 et 188 (146 et 147); VIII, 99-100 (IXB, 123-124). Voir Conservation. Crible (comparaison): III, 141-142; XI, 127-128. Cube (duplication du) : I, 175, 252, 256; X, 519. Voir Moyennes pro- portionnelles. 7 Cuisiniers (exemple) : III, 34, 74-5; IV, 637-638; X, 548. Cycloiïde. Voir Roulette. Cylindre. Voir Colonne. Dames :- I, 376; IV, 31. INDEX Danse : I, 133-134. Danseur de corde (mécanique) : X, 231-2. Déduction ou Démonstration : I, 228, 350-1; Il, 142-3, 200-1 ; III, 102-3; IV,224; X, 368, 369-370, 403-406, 425. Dénombrement. II, 599; VI, 19 (550); VIII À (IXB), 22-3 (45), 323 (317- 318). Voir Enumeratio. Désert. Voir Vie cachée. : Dessin des figures : I, 330, 344, 347; II, 269, 276 ; III, 450, 583-584, 580- 590 ; XI, 134-135. Dialectique : I, 423-4; V, 175; X, 365, 372-3, 405-6, 430; XI, 650. Diamant : I, 195. Diaphane. Voir Transparence. Dieu : I, 350, 353, 390, 514, 558, 560; 1128, 3907, 144,267, 435, 622, 629-630 ; II, 566-567 ; IV, 112-113. Dieu (rre preuve) : III, 297; V, 354; VI,.33-4 (559); VII (IX), 34-52 (27- 42), 65-71 (52-56), 91-94 (73-75) et 101-5 (81-4), 123-4 (97-8) et 133-140 (105-110), 160-170 (124-132), 167 (129), 179-181 (139-141), 183-184 (142-143), 184-185 (144), 186-189 (145-147), 206-214 (160-166) et 231- 247 (179-190), 284-300 et 364-369 ; VIII B, 345 et 362-3, VIII, 11-2 (IX B, 32-33); IX, 209-211; X, 421- 422. » (2° preuve) : IT, 435, 628; III, Cas 237, 2072 IV ur2 IV 357; VI, 34-5 (559-560) ; VII (IX), 94-05 (75-7) et 106-114 (84-01), 168 (130-1), 189(147), 300-307 et 369-374; VIIIB, 368-9 ; VIII (IX B), 12-13 (34). » (3e preuve) : III, 376-7, 395-6; V,188-9; VI, 36 (560-1); VII (IX), 95-100 (78-80) et 114-120 (91-94), 127 (100-101) et 149-152 (117-119), 166-167 (129), 212-3 (165) et 243-244 (188), 322-326 et 382-384; VIII B, 345 et 361-2; VIII (IX B), 10-11 D1532. Dieu trompeur (4ypothèse) : III, 359- 360, 411, 433-434, 478; IV, 63-4; GÉNÉRAL. Ta V;,5,,6, 8, 16, 36, 38, 147-8, 150- 151, 357; VII (IX), 21-3 (16-8), 26 (21), 83-5 (66-8), 125-6 (99-100) et 142-144 (112-113), 194-6 (151-152), 197-108 (154), 258 et 349,279, 308 et 374, 415-416 (220-221) et 428-431 230-232), 455-6, 528 ; IX, 211. Dieu (garant de certitude) : III, 410 ; V, 178; VI, 37-9 (561-2); VII (IX), 35 (28), 51-2 (41), 53 (42-3), 69-71 (55-6), 77 (61), 88-9 (7o-1), 124-5 (98-9) et 140-2 (r110-1), 326-8 et 384; VIII (IX B), 9-ro (30-31), 16-18 (37-40), 99 (123). Voir Athée (science d’un). Dieu (Attributs de) : I, 145-146, 149- 150, 330, 415, 514; IL, 28, 97, 144- 145, 102, 267, 622; III, 102-3, 360, 372, 405, 429; IV, 291-2, 302, 313- 314, 322-3, 445, 601, 607-613; V, 54, 152-3, 157, 161, 238, 269-270, 200. 356, 445-446 ; VI, 35-36 (560) ; VIL (IX), 1-2 (4-5), 8, 14-15 (11), 34- 52 (27-42), 65-68 (52-54). 137-138 (108); VIII (IXB), 13-14 (34-35). Différences essentielles, génériques, spécifiques : I, 243, 250; II, 490. Dissection : I, 497, 522-523; II, 54, 66-68, 525-526, 621. Voir Bœuf, Chien, Lapin, Mouton, Poisson, Veau. Distinctio formalis, modalis, realis: IV, 348-350 ; VII (IX), 100 et 120- 121 (8o et94-95), 200 (156), 218(169), 220-221 (171-172); VIII (IX B), 28-30 51-59); IX 276: Doute : I, 350, 353-354; II, 37, 38-0 ; III, 359, 360-1, 399 ; IV, 62-3; VI, 31-2 (557-8), 37-40 (561-3); VII (IX), 134) 12 (9), 17-23 (13-18), 171-172 (133-134) et 573-4, 214-215 (167) et 247 (191), 257-258 et 348-350, 282-4 et 363-364, 454-0 et 459-462, 462-466 475, 546; NIII, 5-6 (IX B,-25-27); NIII B, 366-8 ; IX, 203-5; X, 421, 432, 510-514, 523-526 ; XI, 6, 654. Droit (études de) : VI, 6 (542), 9 (544); XII, 40, 273-274. Voir Juridiques (expressions). 78 OŒEUVRES DE DESCARTES. Duel: II, 149, 350 ; IV, 353-4 ; X, 538. Voir Escrime. Durée (du monde) : III, 407; V, 52-3, TÉS=0 TO 210 229,024 VIEIL (IX B), 13 (34), 26 (50). Dureté et fluidité des corps : II, 97, 383, 466, 560; III, 75-8, 256; V, 385; VI, 236-7 (654); VIIT A (IX B), 70-78 (94-101); XI, 12-16. Eau (nature del’) :1,407,426-428, 485; VI, 233 (652), 237 (654), 249 (660), 279 (670); VIIT(IXB), 222 (219- 220), 232 (227). Voir Glace. Eau (écoulement de l’) : II, 422-4, 439, 489, 494, 504-5, 509, 558-9, 571-2, 623, 633, 634-5, 635-6; III, 75, 132-5, 164, 176, 190-1, 453, 590, 617-630, 636-637, 639, 640, 641, 642, 644; X, 584-586. Eau (machines pour faire monter l’) : II, 573, 574, 617-618, 631-632; III, 13-14,,5063-564. Eaux de Spa: 1, 9, 176; IV, 205-6, 208-1220 123442901200, 25 24 ENS 620 ; XII, 593. Eau de vie: V, 485, 486, 488; VIII (IX B), 261-262 (256). Échecs (jeu d?) : I, 475. Écho : I, 503-4; Il, 329, 330, 306- 397, 421, 421-2; IV, 688; XI, 638- 639. Éclairs: VI, 317-318 (695-606) ;. VIII _ (IX B), 254 (248). Eclipses : I, 309, 310, 311, 562-3; II, 384, 562 ; XII, 250-251. École. Voir Scolastique. Éducation (remarques sur l’) : II, 346- 348. 377-379. Effets. Voir Causes. Electrica : XI, 638. Éléments : I, 216-217; Il, 483-484 ; NT TS 2106702270 Ve NT7o VI, 233; VIII (IX B), 103-105 (126- 129), 119-125 (139-141), 137-144 (148-154), 275-271); XI, 23-31. Voir Air, Eau, Feu, Terre. Ellipse TMS 6,410 2285-60 MT05- 113, 130-1, 155, 531,637; 41V,60!; V, 259-260, 537; VI, 412, 424: X, 338-9, 340, 585-6. Elliptiques (verres) : II, 455, 472-3, 506-7, 509, 536-0. 541, 561 ; IV, 69; VI, 165-196 (622-624). Voir El- lipse, Ovales. Eminenter. Voir Formaliter. Encre (sympathique) : X, 244. Enfer: III, 359-360; VII (IX), 415 (220), . 429 (230). Enigmes : X, 433, 435-6. Ens per accidens (Homo) : III, 460-1, 492-3, 508-9 ; IV, 249-250, 254; VII, : 585-6; VIII B, 16-7, 31-2, 208. Enseignement (de la philosophie) : I, 455; II, 267-8, 305-7, 334-5, 378, 527, 528-9, 548-0; III, 1-4, 60-1, 95-6, 231, 276, 366, 4099, 510, 529, 538-0, 545-6, 551 ; IV, 77-8, 78-80, 157-8, 159; V, 42, 43, 49, 50, 228, VI, 6 (542), 8 (544), 17 (549) ; VIT, 573, 582-4, 601-3; VIIIB, 15-6, 27-8, 138-0. Entendement et Imagination : I, 366; 111,303; 3955 IV 210 MN 45462 163 ; VIT (IX), 71-73 (57-58), 177-179 (138-139), 205 (160), 265-267, 272, 275, 357 et 364, 366, 329-332 et 384-. 385; VII, 328-332 et 384-5; X, 217, 398. » Wet Volonté MI M205 88372; 408-9, 432; IV, 115-6, 118-0,/277, 280; V, 159-160, 412-3; VII (IX), 56-8 (45-6), 314-7 et 376-7, 3 et 4 (22 et 23), 17-8 (39-49); VIII A (IX B), 17-21 (30-44); VIII B, 345- 346 er 363-364; XI, 647, 648. Voir Erreur, Volonté. Enterrement (de Descartes) : V,476-7, 484; XIbis, 33, 35; XII, 585-588, 594-605. Enthousiasme (Descartes accusé d?) : NII B, 171-2; X, 170, 181, 186-187, 217. Enumeratio : VI, 147-8 (614) ; X, 387, 388-301, 407-8, 411, 425. Voir Dé- nombrement. Envie (marques d’). Voir Marques. Éolipyles : I, 118-119 et 124, 408, 430, PAL ORNE 70 , « : INDEX GÉNÉRAL. 79 SAIT 612 IV 224 M 2657 Étendue : IT, 411, 421, 567; IV, 109 ; (668-0) ; X, 473 ; XI, 637-638. V, 190, 238-239, 268, 209-301, 342; Épée (force d’une) : III, 180, 658. VII (IX), 63-65, (50-52), VIII (IX B), Épilepsie MTVES Gb 6-10 (27-30), 25 (48) ; IX, 211-5, 214; Éponge (exemple) : I, 119; Il, 384; X, 442-445 ; XI, 654, 656, 688-690. VI, 216; XI, 31. Voir Raréfaction. Voir Philosophie et Géométrie et Équations : I, 234, 460, 479, 400 ; II, Mécanique et Physique. 83-4, 114, 328, 606-8; III, 554-5, Étoiles fixes : I, 250-1, 251-2; II, 505-6, 556,658, 659; V, 310, 320, 336, 366, SRI RECOE NS 551; AVI; 42 et 43 417; X, 155-6, 234-240, 244-5, 440, (564); VIII, 82-84, 107-108, 152, 459-460, 468-0. 158-162 (IX B, 105-108, 130, 162, Équations (théorie des) : VI, 444- 166-169) ; XI, 105-108. Voir Hypo- 464,.476-485. thèse astronomique. Équilibre : II, 587-8, 628-9; X, 67- Êtres de raison: VII (IX), 124 (08) et 74, 228. 134-135 (106). Équitation : III, 452-453. Études de (Desc.) : I, 137, 101, 275; Érésipèle : I, 105-6, 137. ; 279, 282, 335-6, 383, 454, 458, 558-0, Ermitage (Balzac), I, 203. Voir Vie 565 ; II, 95, 115, 268, 361-2, 378-0, cachée. 2 493 ; IL, 8, 50, 100, 270, 206, 468, Erreur : II, 65, 666; IV, 2, 113, 114, 483, 692-3 ; IV, 122, 140, 156, 157-8, SVT 2 VIT (EX) TA (nr), 0357 159, 160-1, 306-7, 326, 378, 527, 537, (29), 52-62 (42-50), 76-90 (61-72), 555, 566-7, 588; V, 460; VI, 4-9 126-127 (100), 147-149 (115-117), (541-4); VII (IX), 429 (230) ; X, 152, 190-192 (147-150), 215-216 et 247- 191-2, 364, 202-3, 359-361, 374-6, 248 (167-168 et 191), 232-233 (180- 378-0. 182), 308, 312-317 et 376-378; VIII Eucharistie : I, 170, 387, 564; III, (IX B), 16-21 (37-44), 35-38 (58-61); 295-206, 349, 449, 543, 545, 59, X, 435-437. 599 ; IV, 119-120, 128, 163-172, Errores Ulyssei : VII,-529 et 544. 216, 346-8, 372-3, 374-5, 375; V, Go, Escrime: I, 174-5, 195, 258; IV, 319; 190, 194, 215-6; VII (IX), 217-8 X, 535-538. Voir Armes et Épée. (169) et 248-256 (191-7), 411-2, 417 Espace. Voir Etendue. (221-2) et 433-5 (234-5). & Espaces imaginaires : VI, 42 (564) ; Exhalaisons : VI, 240-1 (656-657), X10 31-33; 247-248 (659); VIII (IX B), 245- Espèces intentionnelles : I, 405, 406, 246, (230), 247-248 (241-242). Voir 418; VI, 85 (586); VII, 437. Voir Vapeurs. ; . Scolastique. Expériences (en général): I, 99-100, Esprits animaux : III, 20, 78, 263-5, 195-196, 243, 251, 287; II, 20, 484; 425, 686-9; IV, 191; VI, 54-5 (570); III, 38, 256-257, 350-352, 500, XI, 129-130, 130, 166-170, 171-173, 610, 617; IV, 224-5, 377-8, 380, 227, 251-2, 332-3, 334-5, 6or. Voir 3845. 385-7, 388-0, 501, 507, 511- Muscles (mouvements des). 2, 516-7, 547-8, 561, 595, 596-7; Esprit fixe: III, 124; VIII, (IX B), V, 261, 344; VI, 63-5 (575-6), 72-4 245-246 (239). (580-1); VIII A (IX B), 217 (214), Essence et existence : III, 400-r, 410, 242 (236), 304 (309-310); IXB, 17, 412, 416-7, 425, 433, 434; IV, 348- 205; X, 502-503 ; XI, 252-253, 302, 350; M, 164-5; VII (IX), 115-120 318-321, 325. (or-94), 193-195 (150-152), 213 (165- 166), 318-322 et 379-382 ; X, 36. Fable (sa philosophie sous forme de 80 Œuvres DE DESCARTES. fable) : IV, 216-7; VI, 4 (541); XI, 31, 48. Facultés : I, 535 536; III, 142; XI, 250-251; XI bis, 10, 11, 14. Voir Scolastique. Faim : IV, 326-8; XI, 163-164. Famille (affaires de): I, 1, 2, 3, 240- 250, 267; II, 530, 567; III, 103-4, 252, 282, 319, 453, 471-2, 584, 638, 6;2- 6735 MIN MIS0)"134-5 0130, 8721IN, 67-8, 227, 234-5. Famille de Descartes. — Frères: I, 500; II, 436-7, 530, 563, 567; III, 252, 310, 471- 2, NV MIS0S Ne 470; 552. — Fille : I, 303, 395, 582; III, 278 ; IV, 660-1. — Filleul : IV, 130; X, 614. Hélène : I, 394, 582. — H6- tesse : I, 3093. — Mère : IV, 220-1.— Nièce : I, 393, 395; IV, 564; V, 494- 500.— Nourrice : V, 470, 485. — Neveu: 1, 458; 11/5965 IV 528 — Oncle : V, 227. — Parents : IV, 66, 225.— Parrain: V, 227.— Père :III, 228-9, 251, 252,,278-0; IV, 156 et 158. — Proches : II, 495. — Ser- vante ; I, 303. — Sœur: III, 278; IV, 372. — Serviteurs : I, 264-265; IT, 96, 144-146, 149-150, 190, 288, 447-448; IV, 98, 640-641; V, 132- 133, 358, 14116 XX, 150; MOT, 180) XIbis, 33-35. Fer (et acier\: Il, 486-487; IV, 484- 485; VIIT (IX B), 280-283 (276-270); XI, 637. Fer (et aimant) : IV, 470-471, 484-485 ; VIII (IX B), 277-283 (273-279), 296- 209 (294-296). Fermentum : 1, 523, 530-531, 531; Il, 54, 69; XI bis, 10. Voir Levain. Feu AI 44 MIN 260, 3205 0Vro0, 115-6; VI, 44-5 (565), 255 (663); VIII (IX B), 249-275 (243-271), 314 et 328 (309 et 328); X, 7-10 ; XI, 24, 26, 28, 29. Voir Soleil et Étoiles. Feux-follets : VI, 275 (673), 322 (698); ROIS Feux Saint-Helme : VI, 315 (694). Fiat lux : III, 245. Fièvre (febris) : I, 499, 532-3 ; II, 361; III, 457, 457-458, 458, 526; IV, 190-1, 201, 208; XI, 535-537, 595, 602-603. Figures (emploi des) : V, 174; VI, 20 (551) ; X, 413, 447, 450-1, 453-4, 404-5. Finales (causes) : III, 408 et 431-432, 506 ; IV, 292, 324; V, 22, 53-4, 158, 168; VII (IX), 55 (44), 30-310 et. 374-375; VIII (IXB), 15-6 (37), 8o- 81 (104). Flamand (emploi du) : II, 550; III, 16, 21-3, 27-8, 31, 32, 44, 62, 104, 149- 150,151 1530107 IV IST 172 0S 99-100; V, 125; VIII B,,274-55 X, 48, 49, 152. Fleurs citées : VI, 264 (668). Voir Jar- din. Fleurs (sucées des abeilles et des araignées) : VIII B, 44 et 330. Flux et reflux: 1,261, 304: 11, "430% III, 87, 144-6, 192, 197-8, 211, 234, 257, 445, 657-8, 659, 674, 678 ; IV, 67, 466, 469, 483; V, 260; NII (IXB, 227-231), 232-8; XI, 8o-3. Voir Mascaret. Foci tres (in corpore): XI, 537-8, 608. Foi: 1, 3675 111, 216544 5806 #IV7 333; V,137; VIT (IX), 1-2 (4-5), 147- 149 (115-117), 429 (230); IX, 208. Foin (exemple): I, 403; VI, 41 (566); VIII (IX B),256-257 (250-251); XI, 121, 254, 538, 642. Folium. Voir Galand. Fontaine miraculeuse. hausen. Index III, Fontaines artificielles. Voir Machines hydrauliques. Fontaines (origine et nature des): II, 530; VIII, 242-5 (IX B, 236-238). Fontaines pétrifiantes : II, 636; IV, DATE Formaliter : III, 545, 566-567; VII (IX), 46 (37), 102 (82). Formes substantielles : I, 154, 243, 250; Il, 59, 199-200, 223, 367; III, 137, 461, 492, 494, 500, 5o1-2, 503, 505-6, 507, 528, 599; IV, 78, 180, 655-657; V, 128, 375; VI, 2-3 (541), Voir Horn- INDEX GÉNÉRAL. 81 64(576), 232, 239 (655); VII (IX), 442-414 (241), 587; VIII (IX B), 322 (319-320); XI, 7, 26. Fourmi (comparaison): III, 628-630, 640-641; VIIT (IX B), 109-111 (132). Français (caractère) : IV, 514-515. » (de cœur) : V, 93, 2a7, 445. France (troubles de) : V, 296-2097, 332, 333-334, 350, 445. Friponnerie (de Beaugrand) : I, 364, 365, 390-301 ; Il, 84-85, 175, 269- 270, 271-272. Froid (idée du) : I, 406-407, 423; VII (IX), 206-207(161-162), 232-235 (180- 182); XI, 535-536, 595, 602-603. Fronde: I, 113; III, 76; VIIL (IXB), 63-65 (86), 109-112 (131-133); XI, 44, 45-406, 71. Fruits (piqués des oiseaux): II, 220- 22IE Funependule : Il, 275, 386-387; III, 674, 675-676, 678-679; IV, 364, 385, 387-388, 417, 509, 512, 560, 596, 597-600, 676-677 ; IX, 570-571, 597-599. Gageure : Il, 600-611, 611-615, 616- 617,636-637, 639-641, 642; II, 4-7, 16-17, 21-28, 28-33, 40-41, 56-50, 62-63, 69-70, 71, 88, 104, 148-140, 149-150, 151, 152-153, 154-156, 159, 187-190, 196-197. 190-200. Galand (ou Folium): I, 490-491, 493, 409); 11, 177-178, 250, 253, 272, 274, 279, 313-316, 316-317, 336, 341-342, 425-426, 462-403, 561-562 ; V, 532, 539-540; XII, 266-267. Gale : IV, 579. Gangrène : III, 458. Geai (et plumes du padn): 1, 94. Generatio et Corruptio : XI, 632. Generatio spontanea : VII (IX), 123 (97), 133-134 (105-106), 1 54 (120). Générosité : IV, 316-317, 331; XI, 373, 445-448, 453-454, 469-470, 487. Génie (malin). Voir Dieu trompeur. Génie (de Socrate) : IV, 530, 578-570. Genre et espèce: VII (IX), 201 (256- 257) et 223 (173). INDEX GÉNÉRAL. ’ Géomètres (méthode des): VII (IX), 128 (1o1), 155-159 (121-123). Géométriques (exemples) : VII (IX), 203-204(158- 150), 278. Voir Triangle. Glace : Il, 29, 530-531, 560; VI, 236- 238 (654-655), 252-253 (662), 282-283 (677-678) ; X, 225-226 ; XI, 634. Glace artificielle : II, 530-531; VI, 252-253 (662). Glande pinéale. Voir Conarion. Gloire céleste : III, 544; IV, 69; V, 618; XII, 512. Gnomonique et gnomons : X, 220, 269-276. Goût (sens du): I, 108, 126, 227; VIII (IXB), 318 (313); XI, 145-147. Grâce (théologique) : I, 347, 366, 544; 11, 347-348 ; II], 544 ; IV, 116, 117, 314, 608; VI, 8 (544), 23 (552); VII (IX), 429 (430). Grammairiens. Voir Philologues. Grando: XI, 623-624. Voir Grêle. Grec (étude du): I, 77-78; V, 430, 431, 460,401, 462-463, 468; X, 503. Grecs (caractères) : II, 260-262, 515- 517. Grecs (mots) : 1, 77-78 ; III, 564; VII (IX), 237, 242 (187), 251 (194), 334, 336, 488, 490, 491; XI bis, 2, 3. Grêle : VI, 293-295 (683), 295-296 (684), 298-308 (685-690). Voir Neige, Pluie. Grenouilles : IV, 686, 695. Grues : IV, 575. Gymnosophistes : VI, 164 (622). Haleine : VI, 245 (658); XI, 625. Harmonia corporis (an anima sit): IX, 649 Hébreux (mots) : V, 169-150. Hélice:l\ 0-71; III, 642 ; X, 586. Hexagones (pierres) : I], 404. Hexagonale (forme). Voir Neige. Hirondelles :1V,575; VI,312(602-603). Homme (définition del): VII (IX), 25-29 (20-23), 479, 480, 482; X, 515-523. Horloge (comparaison): IV, 555; 59 (573); VIT (IX), 84-85 (67) ; VIII Il Un < Re! 82 OEuvRES DE DESCARTES. 326 /(1X/B, 322); X 220 XI 0120) 202. Voir Automate. Horloge (réparation d’):111,17-18,649. » (sans soleil) : I, 268. Horoscope : III, 15; V, 338 Huiles: II, 389, 506; VIII, 242 (IX B, 235); XI, 643. 652. Huile de sel. Voir Sel. Hyperbole : 1, 163, 326, 328, 459-460, 489; II, 85-86, 105-113, 130-131, 190 424, 495, 403, 511, 513, 37909708 580, 637; III, 642; IV, 60, 70; VI, 211-227, 303-394; X, 340, 341-342. Voir Lunettes. Hypothèse (physique) : IV, 216-217, 456; V, 170-171; VII (IXB). 99- 103 (123-126), 202 (200), 328-329 (324-325). Voir Suppositions. Hypothèses (astronomiques): Il, 559; VI, 83 (585); VIII (IXB), 84-08 (108-122). Idée : III, 382-383, 392-306; VI, 559; VIT (IX), 37-47 (29-38), 102-105 (8r- 84), 179-181 (130-141), 232-235 (180- 182). Idées (trois sortes d'): 1, 145: III, 382-583, 404-405, 418, 428-429; V, 161, 165, 354; VII(IX), 37-38 (29- 30), 183-184 (142-143), 187-188 et 189 (146 et 147), 279-282 et 362; VIIL (IX), 37-38 (29-30); VIII B, 345 et 357-358, 345 et 358-359, 366. Identité (numérique) : IV, 166-169, 546, 372. Imaginativus (Desc.): V, 163. Immutabilité divine : III, 649, 653; V, 135-156, 165-166; VIII (IX B), 62-67 (84-88); XI, 37, 43, 44-45,654. Voir Vérités éternelles. Incarnation : IV, 323. Voir Mystères. Indéfini. Voir Infini. Induction. Voir Énumération. Inertie (ou Tardiveté naturelle) : II, 466-467, 543, 627 ; V, 136, 524, 526. Infini et indéfini: 1, 146-147; Il, 138, 383; III, 64, 233, 234, 273-274, 293- 204, 403, 406-407, 426-427, 430, 473- 4745 Ni, 21, 51, 155, 167, 242-243, 274-275, 343-347, 356; VII (IX), 96 (77), 112-114 (89-91), 127 (1o1) et 152 (119), 286-287 et 367-368, 205- 207 et 364-365); VIII (IX B), 14- 15 (36-37), 51-52 (74-75), 59-61(82- 83); IX, 210; X, 620-622; XI, 12, 31-33, 655, 656. Informer : III, 685; IV, VII, 340, 362, 363. Inquisition: I, 281, 285, 288 ; 11,266; V, 18-19, 25, 25-26. Instinct: Il, 590. Intuition: 1,353, 598-509; X. 368- 369, 387-391, 400-403, 407-425. Italienne (langue) : IV, 403. 168, 3795 Jansénisme : IV, 103-104, 104. Jardins: 1. i33; 11, 330, 306-307, 568 ; IN 176,357, 450, 529 582081 632; IV, 234, 238, 442; X, 215-216: Jardiniers (pratique des) : VI, 166-167 (623),176-177 (626-627); X, 585-586. Jésuites. Voir Bourdin, Charlet, Dinet, Fabri, Fournier, Hayneuve, Noël, Véron. {Index : t. I-V, VII, etc. Jésuites (Desc. élève des): I, 383-384: II, 377-378); IT. 122, 140, 156-157, 160-161; V,45; VIIIB, 206 (285),220- 221(292),221-223(203-294), 319; XI, 313-314. Voir La Flèche./ndex : 111. Jets d’eau. Voir Eau (écoulement de l’). Jeu : I, 21, 475; Il, 49: IV; 529-530: Jeu de paume : I, 117, 405, 451; MI, 309 ; XI, 102-103. Journal de Beeckman: X,17-30,41-45, 46-65,,67-78, 220-223, 223, 224-226, 331-348, 552, 553-554. Jugement: 1, 366; 11, 35-36; IT, 65, 372; IV, 115-116, 288-289, 291, 295, 301, 307, 321-322; V, 158-150 ; VII (IX), 56-62 (49-50):, VII, x7=21 (IXB, 39-44); IX, 204. Voir Erreur. Jupiter (planète) et ses Satellites : I, 102-103 ; III, 74, 180, 646 ; VI, 205, (609); VIIT (IX B), 197 (196), 201- 202 (198); XI, 72. } Juridiques: (expressions) : III, 156, 159; :NIL =107 (IX 153) EF aVITINB; 117. Voir Droit (études de). INDEX GÉNÉRAL. 83 Lac (droit de propriété sur un): IV, 71-72, 83-84, 09-102, 657-658. Lactée (voie): X, 550; XI, 107. Laine (exemple): I, 205-208; II, 351. Lampes des tombeaux : IV, 97; VIII (IXB), 266-267 (262-263). Langage des bêtes: I, 514; IV, 574- 575 ; V, 278; NI, 57-5a (572-573); NII, 231. Langage (invention du) : I, 103, 125-126. Langue universelle : 1, 76-82, 572-573. lapin: 1, 526; II, 54; XI, 243. Latin (usage du): I, 24; Il, 267, 554- 555,638; IV, 72-73; VI, 57-8; VIII B; 197; X,1503. Latines (lettres) : I, 5, 88, 91, 93, 139, 154, 156, 220, 233, 307, 400, 412, 479, 2210311, 02; 69,343: UT, 63, 97, 105, 168, 221, 287, 313, 321, 369, 370, 421, 440. 443, 454, 456, 457, 450, 465, 491, 528, 536, 558, 565, 575, 686, :707 ; IV. 3, 6, 62, 68, 84, 172,177, 230.248, 256, 348, 358, 306, 474, 630, 6b1, 684, 694; V, 1, 22, 35, 40, 192, 210, 207, 340, 401, 543. Latinisé (nom de Desc.): III, 68, 71, 277; X, 637-642. Lettres de change : I, 253. Lettres perdues : I, 266, 285, 292; II, AZOMLIES5 222,223 0258 0310" IV, 8-12, 14, 16, 36, 56, 96, 103, 108, 123, 120, 134, 138, 147, 148, 15H IS UTIO2, T0; 214, 222.295, 241,249, 1319, 325, 303, 364,513, 528, 568, 585, 587; V, 18, 27, 115, 117, 110, 196; VIIIB, 323. Levain : XI, 228, 231, 253, 282. Voir Fermentum. X, 595-596; XI, 627. Leyde (affaire de) : IV, 77-80, 98, 176, 631-635, 655-657; V,1-10, 23- 27, 29-32, 35-30. Liberté: I, 146, 152, 153, 174-175, 2 III, 65, 248-240, 250,360, 578-3 20 è 82 , 85-386, 704-706 ; IV, 115-116, 117- 72-175, 316, 322-323, 332-333, 352-354, 632; V, 4, 84-85, 166, ; VIL (IX), 57-58 (46), 59 (47), 190 (148), 316 et 377,416-417 (221) et 431-433 (232-234) ; VIII, 6, 18-20 (IX B, 27, 40-41) ; X, 218; XI, 648, 655. Voir Entendement et Volonté, Erreur, Jugement. Liberté de conscience (en Hollande) : 11, 586; V, 26, 47; VIITB, 188-189, 193-194, 318-319. Lierre (comparaison): VI, 70 (570). Lieux plans, solides, etc. : I, 377, 492, 503; II, 82-83, 246, 463 ; IV, 507-508; V, 142, 414; VI, 406-407. Lignes courbes de Debeaune : Il, 420, 424, 435, 438-430, 444-445, 513-518, 520-523, 532, 541-542, 563- 564; IV, 229-230, 550; V, 513-514, 515-516, 517-518, 519-524, 528, 532, 5352537 Livre du monde : (545). Livre universel : 11, 346-348. Livres (usage des) : I, 221, 251, 322, 331017350185, 200 3225 1V, 5275; NV, 176-177, 548; NI, 5°(542); VIII B, 58, 39-55; X, 214, 407-498, 499. Locus (définition scolastique): III, 387 ; VII (IX), 250 (251); X, 426, 433. Lois de la nature : [,230; II, 50; III, 208, 210-211; IV, 184. Voir Mouve- ment, Vérités éternelles. Longitudes : I, 289, 291, 313; Il, 95-06, 100-101 ; III, 43, 44, 74; X, 150-160, 163, 227. Louches yeux) : V, 57. Lumière(nature et propriétés dela): I, 323-324, 404, 407, 418,476, 542-556; II, 42, 51-52,57-58, 59, 197, 200-201, 202-220, 288-305, 362-373, 408-410, 468-460, 531, 572-573; III,81-2,07-00, 135, 180, 103. 198, 214-215,220-221, 245, 341-348, 354 ; IV, 326-327, 504 : V, 537; VI, 83 (585), 83-03 (585-0); VIII (IX B), 108-116 (130-136) 217. 218 (215); X, 242-243; XI, 7-10- 53,83, 84-07, 07-103, 104-118. VI, 9 (544), 10 84 OŒuvres DE DESCARTES. Lumière (vitesse de la) : 1, 307-312, 404, 416-417, 515 ; Il, 143, 384; X, 402, 551-552; XI, 90. Lumière naturelle. Voir Intuition. Lune:1,300-312 ; III, 74, 144-146, 257, 583; IV, 464-465, 466-467, 481; V, 259-260, 313, 346 ; VIII, 107-200 (IX B, 196-198); XI, So-83. Voir Fluxet Reflux. Lune (animaux dans la): 1, 69. » (inscriptions sur la): X, 35, 163, 227, 347, 403. Lunettes : I, 13,21, 24-5, 33-37, 30-52, 53-69, 109, 129, 138-130, 262, 314, 322, 326, 327, 328, 330-337,350-360, 395-306, 433,434, 500-501, 506, 520- 521,540, 572;11,25-26,31,85,097,115, 151,374-376,380, 307-399, 420, 447, 452-455,403, 505, 512-513, 542, 559- 560, 589-590, 592, 630; IE, 9, 45, 45, 177, 285-286, 331-332, 333, 570, 585-586, 590 ; IV, 70, 129, 206, 511, 518, 678; V, 375; VI, 81-83 (584- 585), 155 (617-618), 159 (619), 196- 211(6034 642), 206 et 225-227. Lunettes de Bourgeois : IV, 511. » Debeaune : II, 542, 633; II, 0, 494280 23 1 NV 650,525 /2520 533, 538-539, 540-541. » Cavendish: V, 554. » Galilée "II 1634 6465UX, 550-551. » MDueMaurienNEnlT 505-506, 633; IL, 0. » Fontana {à Naples) : et 450, 457, 493, 513, 534. 464, 470, IL, 445 Machine (Corps humain comparé à une) : XI, 120-121, 130-132, 200- 202, 226, 312. Voir Automate, Horloge, Orgues. Machines hydrauliques: IV, 573-576 ; V, 174, 244, 546; MINT, 326 (IX B, 321-322) XCD DS) TON ENT 120, 130-132, 212-215, 660. Voir Pompes. Magie naturelle: III, 120; VI, 6 (5342- 543). 9 (544); X, 504, 505. Voir Mi- racles (science des). Magie (accusation de): VIIIB, 151-152. Mail (jeu de) : III, o, 37, 208, 200, 450-451, 481-482, 504, 634-635. Voir Paume (jeu de). Manne : VI, 310 (691). Maladie et mort de Descartes : V, 470-500; XI bis, 32-36. Marais [machine à dessécher les): III, 42-43. Marques d'envie : I, 153; III, 20-21, 49, 120-121; VI, 1209 (605-606); XI, 163-164, 518, 538, 606. Mars (planète) : V, 171. Mascaret : III, 192. Mathématique et Philosophie ou Phy- sique: I, 144, 145,331-332, 410-411, 420-421; Î, 141-142; II, 193, 215, 6495 Nr 77 NI MoN (50 EI VIIT A(IXB),78-70(101-102); IXA, 212-213; XI, 314-318. Mathesis universalis : V, 160; VI, 19-20 (550-551); X, 376-370, 384- 385; XI bis, 1-3, 20. Matière (selon les philosophes) : III, 211-212, 565; V, 316; VNIL (IX), 175 (136); XI, 33, 35-36. Matière subtile : 1, 119-120, 139-140, 294-295, 341, 417. 418, 515, 542- 556; II, 42-3, 143, 202-220, 288, 305, 362-373, 384, 408-419, 437,440, 441, 444, 465, 466, 467, 468, 481- 482, 483, 483-485, 485, 487, 496-407, 504, 544, 559, 560, 564, 565-566, 572-573, 592-574, 618, 623, 627, 632, 635; III, S-0, 10, 36, 37-38, 39-40, 41, 70, 81-82, 83-84, 86-87, 97, 00, 131-132, 134 135,152, 177, 210, 256- 257,250, 285, 287-288, 301-302, 315, 321, 341,354, 374, 482-483, 510, 612- 613,670-672, 686-687 ; IV, 136-137, 454-455, 560, 562, 572, 623, 637, 687, 689; V, 48, 98, 105-106, 366, 551; VI, 87 (587), 103 (594), 118 (Got), 197 (635), 233-238 (655); VIT (IX B), 52 (75), 59-60 (82-83), 103-105, (126-128); X, 584; XI, 33-35, 48-50. Maure (blanchir un) : III, 62. Mécanique : 1, 420-421, 430, 524; VI, 7 (543), 61-62 (574); IX B, 14, 17+ ne MIE Dé TS INDEX Mécaniques (lignes) et lignes géomé- triques: Il, 313, 517; III, 82; VI, 388-390; X, 229-230. Médecine : 1, 105-106, 137, 180, 304, 507; II, 480, 525-526; III, 559, 611, 686; IV, 191, 329, 441-442; NI, 6 (542), 9 (544), 62-63 (575), 78 (83) AB LE ST O8 XI, 223-224. 245, 308, 310. Médecin (comparaison) : VIL (IX), 172 (134). Médecin (Descartes) : III, 42, or et 92-93, 662; IV, r33, 201, 207-208, 218-220, 220-221, 329-330, 565-566, - 589 590, 698-690 ; V, 65-66, 73, 94, 107-109, 179, 233; XII, 486-488. Médecins (Desc. et les) : IV, 579 580; NV, 476, 477, 488-490; XI bis, 25- 37. Voir Beeckman, Elichman, Hogelande, Vorstius. . Médecins(serment des) : III, 662, 668. Médicales (opérations): III, 611. Voir Chirurgie. Medicamenta : 11, 93; XI, 641-644. Medico-physiologica : III, 05, XI bis, 6-14, 15-16, 29. Voir Cœur. Mélancoliques (illusions des) : VII (IX), 18-19 (14); X, 511; XI bis, 27. Melon : VII, 277-278 ; X, 185. Mémoire corporelle : III, 19-20, 47-8, 136, 143; IV, 114-115; V, 150, 186- 187; 192-103, 213, 219-220; XI, 177- 179, 184-185, 227. . » intellectuelle : III, 48, 84-85, 425, 580; V, 186-187, 192-193, 213, 219-220; X, 200 201, 398-390, 408- 409, 410-411, 454-455, 458. » dans le raisonnement : Ill, 64-65; IV, 116; VII (IX), 146 (114- 115); VIII A (IX B), 9-10 (30-31), 21 (43-44). Mens (6) : VII, 260, 263-264, 265, 266, 2H ST 2L, 220; 330, 392-359 300. Voir Caro. Mensura : X, 371-370, 430-460. Voir Ordo. Mer (comparaison) : VII (IX), 113 (90); NES 2 Mer (eau de) lumineuse: 1, 318; VI, GÉNÉRAL. 8$ 255-256 (633-664) ; VIII (IX B), 255-256 (249-250); XI, 622. Mer (eau de) salée : 1, 408, 429-430; 11, 45-46, 531; VIII (IX B), 244-245 (237-238). Mers (formation des) : VIII, 230-231 (IXB, 225); XI, 704. Mercure. Voir Vif-argent. Merveilleux (effets) : I, 211-212, V, 462-463; VI, 44 (565), 232; VIII (IX B), 314-315, (308-309) ; X, 216, 542. Voir Magie, Prodiges. Messe (assistance à la) : 1, 129; IV, 145 ; V, 140 : XI bis, 58. Voir Ca- tholique (Descartes). Métaphysique et Mathématique : I, 144 0000, 1021011;-570, 200 III, 692; IV, 46; V, 177; NII (IX), 156- 157 (122-123), 326-328 et 383-384. Métaux et leur pesanteur : I, 07, 113, 122-123, 141, 216, 322; VI, 44 (565); VIIT (IX B), 246-247 (246-248); X, 8, 9; XII, 279. Métempsychose : 1, 315 ; VII (IX), 420 (228). Météorologiques (observations) : II, 43, 332, 483; IV, 376-377 ; V, 02-03, 115, 110, 447-449, 475-476; XI, 623- 624, 626-627. Méthode : I, 213, 349, 370, 559-560 ; I, 141; VII, 468-556, 526-527, 527 5351et 541-553 ; VIII B, 35-37, 57, 183-186. Méthode de travail (de Desc.): 1, 22-23, 140-141,198-199 ;l1, 20 ; I[I,692-693, 695 ; IV,-640; X, 331-332 ; XII, 550. Méthode (nobilissimum exemplum) : X, 395-400. Méthode (règles de la): I, 213: VI, 11-22 (545-552); X, 370-302. Méthodique (Desc. le) : V, 503, 506, 507, 510, 512. Microscope : 1, 109; Il, 102; VI, 226. Mines et Mineurs: II, 271 ; III, 46, 163; IV, 260; VIII (IX B), 246-247 (240-241). Ministres protestants. Voir Courcelles, De Dieu, Desmarets, Mori, Rivet (ministres français). Colvius, Re- * 86 vius, Triglandius, Voët (ministres de Holiande). Miracle (point de) : Il, 557-558 ; 214 ; XI, 48, 654. Miracles (science des): 1, 21; VI, 343-544 (709-710); VII (IXB), 254- 255 (196). Miroirs (brûlants): 1, 109-110, 120-121, 211,212; 11, 383, 446, 467-468, 488- 489; IV, 623; VI, 82 (584), 144 (612), 160 (620); 193-194(633), X, 216, 338. Missiles (mouvement des) : I, 208 et 299 ; 11, 387-388, 505, 592-503 ; III, 38, 41, 176-177, 192-193, 650-651, 654-655; X, 571. Voir Balle ou Boulet, Projectorum (motus). Mithridatis (Antidotum) : XI, 606-607. Mobile (premier) : XI, 11-12. Modes : VIILA (IX B), 26-27 (49-50), 31-32 (54-55); XI, 650. Voir Attri- buts, Substances. Modus corporis (anima): VIII B, 342- 343, 347; XI, 683-687: IV, 250. Monde extérieur (existence du) : VI, 37-39 (561-562). Mondes (infinité des): VIF, 295-206, 299-300 et 369. Voir Tourbillons. Monstres: XI, 524. Montagne (comparaison) : IX, 210. Voir Arbre. Montagnes (formation des) : VI, 44 (565); VIIT (IX B), 230-231 (225). Montagne et vallée (comparaison) : I, 152 ; VII (IX), 97 (78), 118 (93), 322, 324, 518-519; VIII 3, 347. Morale: 1,110, 172, 366, 512-513, 513; II, 34-37, 145; IV, 265-6, 291-292, 302, 313-315, 357, 405-406, 441, 442, 536-537; V, 80, 290-291, 620-621 ; VI, 7-8 (543-4), 22-28 (552-557) ; EXO IBM 014, 17-1228: Voir Passions (traité des), passim : XI, 491-497. Morbi : XI, 602-604, 605-606, 653. Mort (mépris de la) :IV, 292, 293-2094, 302, 314-5, 323, 333,442; V, 557-558. Mort de Descartes. Voir Maladie. Moulin : 11, 574. Voir Machine (pour élever l’eau). OEUVRES DE DESCARTES. Mouton (cerveau d'un): 1, 378; VI, 128. Mouvement: |, 246-247, 286, 304; II, 17-21,183, 482-483, 484-485,543, 507, 627; II, 37, 39, 75-78, 210-211, 213, 450-1.634-636,650-653 ; IV, 144, 183- 18-,306, 450, 607 ; V, 135-136, 168, 203-204, 207, 291 ; VIII, 52-7o(IXB, 75-89), 77; X, 230-231, 348, 426; XI, 10-12, 34, 36, 47, 654, 656-657. » perpétuel:Il, 183; X, 46-437. » relatif (bateau et matelot): V, 345-6, 348; VIIT (IX B), 48-49 (70), 53 (;6), 57 (80). Mouvement (définition scolastique) : 11, 597 ; IV, 697-698 ; X, 426; X1, 39. Mouvements des membres {causes des) : XI, 170-182, 189-103, 194- 196. Moyennes proportionnelles : X, 462- 404. » (problèmededeux): ll, 504; VI, 469-470, 483-484; X, 342-346, 384- 387, 501-592, 637-638, 651-659; XII, 487-488. Voir Cube (Duplication du). Muscles: 111,78, 140-141, 141-142; IV, 566-567, 626. » (mouvements des) : IV, 517- 518, 566, 626, 686; XI, 132-142, 332, 335-336, 681-683. Musique : 1, 19-20, 26-27, 30, 31, 86, 87, 88, 100, 101-102, 108, 100, 111, 118, 126, 127, 133-134, 142-143,195, 156, 162-164, 171-172, 177-178, 226, 227,220, 255, 228-250, 202, 267, 286, 288, 295-207, 331, 396, 398 ; II, 150, 153, 385, 389, 399-400, 465, 504, 534-536, 543, 558, 583-584; LIT, 255, 261-262 ; IV, 148, 568, 678-683 ; X, 52, 53, 54, 6-58. 61-62, 62, 63, 096- 08. 108, 110, 224, 227.397) 348, 579-580; XI, 149-151, 151-153. Musique (instruments de): I, 258- 250 ; IV, 678-680; X, 53, 227, 544- Mystères (de la religion catholique) : 1. 456; III, 295-206, 340, 340, 350, 387-388, 401-402, 449 ; IV, 333, 6073; NV, 22, 54-55; X, 218. Voir Eucharistie, Incarnation, Trinité. INDEX GÉNÉRAL. 87 Naissance de Descartes : V,338; XI bis, 36; XII, r-2. Nature (ou forme ou essence): VII (IX), 104 (83), 115-116 (95), 120 (94). Nature (enseignements de la): VII (IX), 80-00 (64-72). Nature (personnifiée): III, 37; XI, 524. Natures (simples, composées): X, 309, 417-428. Neige : 1, 127; Il, 506, 525; II, 166, 332. 483@ IV, 377; VI, 286-289 (679- 680), 296-298 (684-685), 298-308 (685-690) ; XI, 626-627. Nom de Descartes : IV, 68; V, 338; X, 51, 52, 54, 56, 60, 62, 63, 67, 75, 82, 83, 89, 555, 556, 558. Noms et choses: I, 76-82, 103, 112; VIE (IX), 31-32 (25), 178-179 (138- 139), 355-356. Nombres : I, 229-230, 276, 278; Il, 91-04, 150, 168, 254-5, 429-430, 448, 471, 472-4. 474-5, 475-7, 478-905 V, 37-8; VIII À (IX B), 26 (49), 27 (50), 445 (67-8); X, 229,241, 297-9, 549. Voir Aliquotes (parties). Notations algébriques : Il, 83, 474, 475, 503, 614-615; III, 188 et 196- 197, 205, 347, 658; IV, 47; V, 418, 504,514, 559; X, 286, 454-450, 462-464; XII, 278-279. Voir Cos- siques (caractères). Notions primitives (trois sortes): I, 665-668, 691-692; IV, 2; X, 419- 420 ; XI, 119-120. Nourrice: Il, 37. Voir Famille. Numériques (questions) de Sainte- Croix: Il, 158-165, 105-166, 166-167, 168, 169, 181-182, 193-194, 251-252, 253,254-255, 255, 256, 273-274, 337- 338. Objectif (artifice) d'une machine : VII (IX), 14-15 (11), 103-105 (83); VII (IXB)}), 11 (32). Objective : VII (IX), 102 (81-82). Odeurs et odorat: IN, 193; VIII (IX B), 318-319 (313); XI, 147-140. Œïül : VI, 105-108 (595-507), 115-124 (600-604) ; X, 541-543 ; XI, 151-157. Œuf (rompre un) : II, 8r. Oiseaux (vol des) : II, 226, 629 ; II, 130. Vol artificiel: X, 232; XI, 213. Or (nature de l’): 11, 497; 111,256-257. Or (faire de l’): XI, 652, 653. Oratoriens : 1, 16-7; 11, 25; III, r84, 237, 240; 276-7, 360, 385,. 385-6, 419-420, 472-480, 485. Voir Bérulle, Condren, Gibieuf, La Barde. Ordo : X, 379-430, 432. Voir Mensura. Orgues (comparaison) : XI, 165-166. Orion (constellation) : Il, 50, 74, 77. Orthographe : I, Lxxix-cv, 339, 516- 517; Il, 46-47, 443, 496 ; VI, vui-xur, 5i4. Ouiïe : VIII (IX B), 319 (314); XI, 4-5, 149-151. Ourson (comparaison) : X, 86, 87, 88, 140-141. Ovis (auris) : XI, 581-582. » (cerebrum) : XI, 579-581, 582. Papes : I, 281, 288. Papistes : Il, 585, 593. Parabole: 1, 487-8, 489; II, 04-95, 99, 105-113, 123-125, 128-129, 130-131, 140 110511701249, 380, 513 00 III, 642; X, 300, 342-346, 585-586. Parallaxe : V, 516, 518; VIII, 98 et IX B, 122; XI, 63, 106, 650, 606- 697. , Paralogismes : II, 11, 18, 19, 20, 49, 142,143, 382, 383, 384, 309; "III, 301, 305, 324, 437 ; IX, 215-216. Parhélies : I, 23, 29, 30, 70, 84, 245, 248-0, 250; Il, 464-5; III, 362-3 ; VI, 354-366 (715-720); X, 37-38. Passions. Voir Index: I, et XII, 492- 493, 498-499, 505. Paysan (apologue): VII, 496-407 et 510-511. Paysans (de Hollande), V,262-267, 486. Peau de loup, de mouton, etc.X, 00. Voir Antipathie. Pédantisme et Pédants : I, 172; I, SO VESTE 452 VI 77-578; IX B,-58; XI, 311. Pélagianisme : 1, 366; III, 544; V, 4, 519, 23, 49, 472 88 OŒEuvrEs DE DESCARTES. Pélerinage. Voir Lorette. Index : III (p. 69). Penser: 1, 366; 11, 36; III, 361. Voir Idée. Pensée : VI, 32-33 (558-550); VII (IX), 23-34 (18-26); VIII (IX B), 42-52 (65- 75). Voir Cogito. Pension (de Desc.) en France: V, 68, 78, 80, 113, 118, 134, 139-140, 292- 293, 328; XII, 458-466. Percussion : Il, 288, 393, 630-1, 632; IN Aro rI-2, 33-5/5697, 40470 42, 80, 81, 212, 207-0, 232: 32750, 420-428, 430-433, 503, 504-506, 509-510, 595-596, 676678 ; V, 526, 541 ; X, 548, 584, 507. Pesanteur : I, 176, 222, 228. 392; II, 222-228, 352-361, 530, 534, 544, 550, 565-566, 571-572, 587, 587-588, 593- 594. 633 ; [II, 9-10, 36, 37-38, 40, 79-80, 134-135, 135-136, 165, 191, 212, 245-246, 374, 445-440, 591-592, 609-610, 612, 619-630 ; IV, 136- 137, 560, 700; M, 2050537538; MI; 44 (565), 251 (661); VIII A (IX B), 212-217 (210-214) ; X, 67-74; XI, 72-80, 701, 704. Pesanteur (qualité occulte) : I, 324; 11,223; 111, 667-668, 684, Gor, 694; V. 222-223, 375 ; VII (IX), 441-444) (240-242). Petun. Voir Tabac. Phénomènes célestes (description des) : 11, 197; VIII (IX B), 81-84 (105-108). Philologues : IT, 641-642; V, 450-401, 462-463; X, 558. Philosophie et Théologie: 1, 144, 150, 181-182, 366-367, 455-450, 564; IT, 347-348, 570-571; III, 296, 350 ; IV, 698 ; V, 544 ; VIT (IX), 428-4209 (230). Physiologie: Il, 548-540 ; IT, 95; IV, 109. 240; V, 261. Physique et mécanique (ou géomé- trie) : Il, 31, 141-142, 268, 361-362, 542; III, 39, 173, 686. Physique et métaphysique : Î, 145; IL, 141-142; III, 207-298; VII, 602. Pie (oiseau): V, 244. Pierres (changées en bois): 11, 595, 619; XI, 506. » précieuses : VIII, 246 (IX B, 239-240). » (veines des): II, 557-558, 595. Pilote et navire (comparaison) : VII (IX), Sr (64), 343. Pirouette : Il, 404, 42850, 1731; VIII (IX B), 194 (193), 212 (211); XX, 275. Plaies (guérison de) : 11, 4g8. Plan incliné: I, 247, 439 ; II, 232-234, 275, 358-360, 402; III, 40; X, 596; XI, 89. Planètes : 1,252 ;11,225-226; III, 180; IV,181,456, 461, 461-463, 477, 480, 685-6; V, 259-260; VIIT(IXB), 82-85 (105-108), 168-170 (172-173), 192-197, (191-196) ; XI,60-61,63-72, 108-110. Plantes (catalogue de) : II, 610, 633, Il, 40,250, 75" IN; 42 Plantes (formation des) : IV, 238, 442; VI 44 (565); XI, 534-535, 62%- 629. Pleurésie: V, 485, 492; XI bis, 34-36. Plis (du cerveau): III, 20, 84-5, 136, 143; IV, 114-5; V, 57. Voir. Me- moire. Plongeur : I, 405; II, 587-588, 628; re Poële : IV, 377; VI, 11 (545): Poisson: Il, 404-405; III, 166; X, 230; XI, 617-610. Politique (maximes de) : IV, 405-406, 411-412, 486-402, 520-522, 531, 580; VI, 12-15 (547-548). Politiques (nouvelles) : IV, 352, 528 ; V, 122, 283-285, 286-280, 296-208, 332, 333-334, 457- Pores. Voir Matière subtile. Pommes (exemple) : II, 67, 137, 372, 419; VII, 377, 48» et 512. Portrait (de Desc.) : I, 434435; IV, 563, 620 ; V, 319, 335, 338, 411 ;X, 628-629; XI bis, 30-44, 45-48. » : (de Christine) : IV, 538-542; X, 606-600. : Poudre à canon: VIII (IX B), 263- 268 (259-262). Ç _7 : L | | INDEX GÉNÉRAL. 89 Poule (hypnotisée) : IV, 555. Poulet (dans l’œuf):1V, 555; XI, 608, 614-617, 619-621. Poulie:1, 437-8; II, 229-231, 355-357, 358; III, 13-14, 185-187 ; X, 596; XI, ror. Pouls. Voir Cœur (mouvement du). Prédestination. Préordination : V, 475; VII (IX), 190-191 (148); VIII (IX B), 20 (42). Préjugés : II, 212-213, 353,558; III, 424; IV, 114: V, 275-276 ; VII, 258, 527; VIII (IX B1 5 (25), 24 (46), 35-37 (58-60) ; IX, 204-205 ; X, 405- 496, 507-509. Presse 8r, 212 et 217-219,.232; X,584. Voir Pesanteur, Percussion. Prières : V, 166. Prince d'Orange (recours au): IV, 19, 27, 20, 32, 54, 55-56, 71-72, 653- 654; V, 19, 25, 28, 216, 262, 264. Privilège (de1637):1, 363-365, 368, 360, 373, 575-376, 385, 387, 388, 389; MT 2775010V, 58973) 2X 0554555: Problèmes : I, 125, 139, 278-280; II, 246-247, 303; IV, 26-27, 38-42, 43, 45-50, 228 ; X, 220. Problème de Pappus:1,232-234,244, 245, 256, 278, 288, 478, 491 ; II, 83, 495, 502, 510-511; IV, 363, 364-366, 506-7, 526; V, 142 et 144; VI, 377- 387, 396-7, 397-406, 407-411. Problèmes plans : VI, 374-376, 454- 457,461-463. Voir Equations de 3eet 4e dégré. » solides: I, 459-460, 492, 403; V,399-400 ; VI, 464-469, 469-470, 470-471, 471-475; X, 344, 637-638, 658. Voir Moyennes proportion- nelles, Angle (trisection de |’). Prodiges (histoire de trois) : III, 85; X, 574-577. » (dans le ciel): VI, 321 (697), 323-324 (699), 366 (720). Prodigieuses (excroissances) : III, 122. Progressus (in infinitum): III, 406; IV, 112-1133; V,355 ; VII (IX), 50 (40), 106-107 (85), 111 (88), 302-303 et 370. INDEX GÉNÉRAL. Projectorum (motus) : I, 113-114, 143» 248, 286; III, 12, 38, 50-51; IV, 687-688 ; X, 224, 597, 599. Voir Missiles. Pronic (nombre) : II, 165-166. Prophètes : II, 620, 624. Voir Calvi- nistes. Proportions: VI, 19-20 (550-551), 442- 444, 469-470, 483-484; X, 584-387, 408-409,400-410, 440, 451, 456-458, 463-464, 468-460. Providence : IV, 302-303, 315-516, 323-324, 336, 415. Punctum æqualitatis : I, 00, 03-4, 105 IL 571; IV/0687-688:;"X, 37, 44, 45, 221-223. Quadrature du cercle : 11, 183, 636; III, 38 ; IV, 227, 231, 318, 342-344; X, 304-305, 519; XI bis, 22-25. Quadrilatère : II, 317-320, 394-305, A2TAIN 532,542. Qualités réelles : I, 109, 154, 243, 324, 406, 408, 430 ; II, 55-56, 100- 200, 440 ; III, 212, 420, 492, 500, 507, 648-650, 667-668, 684 ; V, 239- 240, 291-292; VI, 239-340 (655); VIT (IX), 440-445 (238-243); X, 403; XI, 7, 9, 25-26, 40. Voir Formes substantielles, Pesanteur. Racines carrées, cubiques, etc. : III, 658 ; V, 46, 416-417, 424-425, 504, 506; X, 302-304. Voir Calcul de Descartes, Equations (théorie des). Rage et enragé : III, 20, 49, 680. Raréfaction: I, 25, 140, 323-324, 407- 408, 424-425, 428-420, 528-530; II, 54, 384, 441 ; III, 75, 125, 482-483 ; IV, 216,224-225; V, 104, 2415 VIII, 42-44, 50-51, (IX B, 65-67, 73-74). Voir Condensation. Recommandation (lettres de): 1, 16 20-21, 32-33 ; II, 583-586; IV, 330- 340; V, 262-265; X, 613-617. Réflexion et Réfraction : I, 113, 237- 240, 255, 256, 258, 262, 356, 360, 396 ; II, 31-33, 141-144, 269, 5otr, 542, 595, 619; III, 129, 193, 234, 12 90 OEUVRES DE DESCARTES. 260, 276, 284, 338-340, 483; IV, 60, 209-210; V, 374-375; X, 243, 333- 337, 550-551. Voir Dioptrique (/n- dex 1). Religieux (sentiments) de Descartes : 1, 367, 408; II, 509, 642; III, 50, 157-158, 158, 259, 277, 542-543; IV, ST0 350959330007 10141: NV 474, 475,482-483,485, 486-487, 402-494, 544. Voir Catholique (Descartes). Remèdes (en médecine) : III, 456; IV, 201-203, 218-220, 220-221, 233- 234, 236-237, 237-238, 251-252, 625 ; V, 478, 485, 486, 488, 402 ; XI, 607. Voir Médecin (Desc.). Renard : V, 244. : Repentir: IV, 269-270, 288, 322, 331; VI, 25 (554); XI, 376-377, 464, 472- 473. Révélation :11, 347; VII, 154, (IX, 120); VIII, 14, 39, (IXB, 36, 62); VITIB, 343 et 353-356; XI, 654, 656. Rêveries: I, 199,204 ; 11,552; LIT, 241- 24202495 DV, DIV, 123, N340: Romans : I, 307; IV, 615-616 ; VI, 7 (543). Rose-Croix : V, 93 ; VIILB, 27, 142 ; X, 193-200. Roue!:"1," 440-4415; IT, 0237-2385 0V, 168; XI, 44. Roulette (questionde la): IT, 116-117, 135-137, 257-263, 308-313, 332, 333, 338-341, 304, 305, 400, 406-407, 434. 532-533, 540-541; III, 8, 50, 207, 482:; IV, 392, 395, 553; V, 400, 420-422, 425-428; VIII A (IX B), 57-58 (8o-1); X, 305-307, 568. Sablier (comparaison) : XI, 85. Sacellum (comparaison): VII, 542. Saignée : IV, 565, 590, 631; V, 195, 471, 474, 477-478, 490, 491-492 ; VI, 51-52 (569); XI,240, 605; XI bis, 12. Saignementde nez :1V,698-609 ; V, 03. Saint-Sacrement. Voir Eucharistie. Santé (de Descartes) : 1, 231-232; II, 361, 480 : IV, 204-205, 220-221. Sas : XI, 122. Voir Crible. Saturne ‘(planète) et ses Satellites : I, 102-3 ; III, 180, 634; IV, 455, 456, AO AO 2 XIe 0 72e Saut : II, 420, 629. Sceptiques: 1, 353-354, 410-411, 433; II, 410-411 et 433-434; IV, 2-3, 536; V9, 16,146, 147: 165,017 ile 29 (556); VII(IX), 130 (103), 277-279 et 361, 350-351, 384, 512, 548-549. Scepticisme (accusation de): VII, 451- 561; VIII B, 169-171. Science 1330541, 347:111l 65 108: . Scientia : HI, 64-65; X, 359-361, 362- 363. Voir Certitude, Mensura, Ordo. Scolastique : I, 117, 344, 357, 366, 367, 403, 404, 406, 408, 418, 421, 430, 451, 476, 407, 541; EL, 48, 5r- 52, 55-56, 59, 74, 200, 201-202, 205, 206, 207, 287, 290, 206-207, 364, 366- 368,372, 380, 383, 384, 306, 400; LIT, 75,08,124,128-129,129,137,211-212, 231-232, 274, 354-355, 368, 370, 420,424 430,492, 500-501, 508, 545, 551, 566; 1V;2, 141, 157, 1225-2096; 348-350, 374-375, 445, 697 ; V, 260, 301, 343-344, 642-645 ; VI, 2-3(54r), 34 (559). 335 (704); VI (IX), 92 (75), 95-100 (76-80), 106 (84-85), 114-116 (90-91), 120-121 (94-95), 125 (99), 172-173 (134), 266 et 364, 371 ; VIII B, 366; X, 363-364, 367-368, 426, 433-434, 442-445, 515-516; XI, 313- 314. Voir Eléments, Formes’ subs- ‘tantielles, Matière première, Mobile (Premier), Mouvement, Qualités réelles. Sections coniques. Voir Coniques. Sel-11 476, 510% 411004066525 "TI 166, 211-212, 217,256, 506, 638; VI, 232,249-264 (660-668) ; VIII (IX B), 232 (227), 244-245 (237-230). * Sel (esprit ou huile de): II, 32; VI, 263-264 (667-668); XI, 645. Sel (des Chimistes). Voir Chimie. Sens ou sentiments: 1, 263, 35r, 353, 406, 420; V, 146, 278; 209, 341, 413; VI, 109-114 (597-600); : VIN, 32-35, 41-42, 3152329, (IX B, 55-58, 64, 65, 310, 317); X, 396, 410-411, 412-414; XI, 3-6, 142-170, 652. : INDEX GÉNÉRAL. OI Sens (bon) : VI, 1-2 (540). Sens (erreurs des): II, 598-589; V, 163- 164; VII, 18-09, 76-77, 89, 171-172, (IX, 14, 61,71, 133-134); MI, 332: 334 et 385-386, 418 (222) et 436-439 (236-238). Voir Vue (erreurs de la). Sensitive (herbe) : II, 320, 595, 619, 633 ; III, 40, 47, 78, 176. Sensus communis : III, 263, 361-362 ; N, 313; VIII B, 344 et 356-357; X, 4143 XI, 174-177, 227. Sexuum distinctionis causa: XI, 515- 516, 520, 523-528, 534, 619. Siège d’une ville : IT, 64-65 ; X, 458. Voir Bréda. Index : III. Singes : IV, 535, 575 ; VI. 56 (571). Siphon : Ill, 644-645; X, 435-436, 473-474, 587. Voir Vide. Soldat (Descartes): III, 660, 676 ; IV, 436. Voir Armes (métier &es). Soleil (idée du) : VII (IX), 39 (31), 1! o2 (82), 184 (143-144), 266, 283- 284 et 363-364, 440 (239),446 (243). Soleil (nature et mouvement du): I, 282, 309-312, 407, 425-426; II, 209- 211, 205-206, 208,300, 364-365, 408, 415,417; III, 180 ;1V, 181-182, 320, 400-403, 454,455,456 ; VIT, 39, 184, 283-284, 363-364, (IX, 31, 143); VIII (IX B), 82-85 {105-108), 107- 108 (130), 125-137 (141-148) ; XI, 29-31,48-56, 104-108. Soleil (taches du) : I, 102, 113, 114- 110,125, 248-240; 282-283; IV, 456-458, 477-478, 478 ; VIII, 93, . 147-168, (IX B, 116, 156-172). Sommeil : I, 198-109; IV, 192; XI, 173-174, 197, 200, 606, 640. Son: I, 106-107, 109, 116, 116-117, 141, 223-225, 227-228, 246, 259-260, 267-268, 272, 323, 341, 503-504; II, 365, 500, 534, 558; III, 125-126, 354, 688, 695-696, 699; IV, 686- 687, 688; X, 5, 89, go, 92-96; XI, 5. Voir Musique. Ouie. Songes et veille : III, 404, 409-410 et 432-433; IV, 282; V, 462-463 ; VI, 32 (558), 39-40 (562-3); VII (IX), 19 (415), 70-71 (56), 77 (61), 89-90 (7i-72), 171-172 (133-134), 195-196 (152), 258 et 349, 358-359, 456-457; X,;511-512; XI, 173-174, 197-1098, 648, 649. Songes (trois) de Descartes: X, 181-186. Sophisme (apparent) : VII (IX), 120 (94) ; XI, 688-680. Sophismes. Voir Paralogismes. Sorbonne (examen et approbation de la): 11, 599 ; III, 126-127, 184, 185, 233, 237-238, 239-240, 296, 328-329, 350, 388, 414, 416, 418-410, 436, 473- 474,543, ; N;126; 544: Souffiet: III, 6135, X,587; XI, 140. Voir Vide. Sphère (centre de gravité de la) : II, 245, 431. Voir Centre de gravité. Sphères (problème des quatre) :1,125, 130, 278, 279-280: II, 246-247, 393 ; [11,228 ; IV, 26-27, 37, 38-42, 43, 45-50, 228; X, 220, 660. Spirale : IT, 94-05, 90, 149, 360, 390, 434 ; VI, 411-412 ; X, 586. Spiritus (animales, etc.): IIT, 686-689. Voir Esprits. Stoique (philosophie) : I, 200; VI, 7-8(543-544),26 (555). Voir Cléanthe, Chrysippe. Striatæ particulæ: V, 313, 346-347. Voir Aimant. Substance : IV, 119, 250, 348-340, 375 :;V, 154-155, 156, 163, 355-356 ; VIT (IX), 175-176 (136-137), 184-185 (144), 222-223 (172-173); VIIL B, 342-343 et 348-350, 342-352, 354- 355; VIII A{IX B), 24-26 (46-48), 30 (53-54) ; IX À, 213, 216. Voir Acci- dents, Attribut, Mode. Suicide : IV, 302, 314-315. Superficie : III, 387-388; IV, 163- 165; V, 165, 551-552; VII (IX), 249- 251 (192-194), 254 (106), 255 (196- 197), 417 (221-222), 433-435 (234- 235) ; VIII, 48-49, (IX B, 71). Superstition : III, 142, 163, 612; IV, 490; 529-530; V, 226; VIII (IX B), 2 (22); VIII B, 346 et 364; XI, 456, 472 Superstitions populaires : III, 163; 92 VII, 537-538, 539, 543, 545; X, 513; XI, 648. Suppositions des Astronomes : I, 538- 539; VIII (IX B), 84-86 (108-109), 86-06 (110-119), 96-99 (119-122); XI, 657. Suppositions ou hypothèses : I, 563; II, 198-200 ; IV, 690; VI, 76-77 (582), 83-93 (585-589), 233-238 (653- 655), 269 (670); VIII, 100-103, (IX B, 124-126, 324-325). Syllogismes (ex: de): 1, 411, 422-424 ; VII (IX), 115-116 (91-92), 127-128 (100-101) et 149-152 (117-119), VII, 507-508 et 522-526, 528-529 et 543- 544; IX, 205-206; X, 363-364, 406, 430, 439-440. Syllogisme (apparent): VII (IX), 140- 141 (110-111); IX, 205-206. Sympathie et Antipathie : VIII, 314- 315 (IX B,308-309) ; X, 90; XI, 429: Sympathiques (anguents) : IT, 498. Système du monde. Voir Copernic, Roberval (Aristarchus Samius), Ty- cho-Brahé. Tabac : IV, 505 ; V, 478, 486, 402 Table rase : [II. 409; X, 507-508, 500. Taille-douce : VI, 113 (599). Tangentes (problème des): Surtout : VI, 413-424. Voir Conchoïde, Coniques, Courbes du second genre, Roulette, Spirale Tantale (vase de) : X, 435-438, 473. Tapisserie: X, 404; III, 14-15. Voir Broderie. Tardiveté naturelle: Voir Inertie. Tartari (Cremor) : XI, 643, 652. Tempèêtes : II, 14-15; VI, 312-324 (602- 697). Temps (nature du) : VIT (IX), 49 (39), 108-109 (86), 110 (87), 209-210 (162- 163) et 211 (164), 300-301 et 360- 370; VIII (IX B), 13 (34). Terre (formation de la) : VIII (IX B), 201-208 (199-206), 238-248 (232- 242). Troisième élément : XI, 25, 27, 28, 29,52, 56 6o. Voir Planètes et Comètes. Œuvres DE DESCARTES. Terre (mouvement de la) : I, 258, 271, 281, 282, 285, 287, 288, 200, 298-9, 305, 309-312, 324; Il, 197, 396, 565, 566, 503; III, 177, 180, 207, 258-250, 294, 504; IV, 465- 466, 466-467; VIII (IX B), 84-86 (108-109), 86-06 (110-110), 96-99 (119-122); X, 436-437; XI, 77-70, 80, 436, 657. Voir Condamnation de Galilée, Hypothèses astronomi- ques. . Terre (tremblements de) : II, 14-15; VI, 323 (699); VIII (IX B), 248-249 (242-243). Théologie et Théologiens : 1,85,.143- 144, 153, 366; II, 102, 126-127, 593, 599, 622; III, 184, 265, 267, 340- 350, 433, 461, 677-678; IV, 104, 110, 117,110, 303, 315-316, 323-324, 375, 614; V, 16, 42, 6o, 159, 169, 175, 178, 308, 475; VI, 6 (542), 8 (544); VII (IX), 214-218 (167-170), 247- 256 (190-197), 418-419 (222-223), 428-431 (230-232); XI, 46-47. Théologien (portrait d’un): VII, 584- 585; VIII B, 146, 171. Voir Voët (Gisbert). Tonnerre: VI,315-317 (694-695). Voir Eclairs, Foudre, Tourbillon. Tombeaux de Descartes : XII, 588- 594, 605-616. Tortue (Achille et la) : IV, 445-447, 499-500. , Touchantes : Il, 106, 107. Voir Tan- gentes. Toupie (turbo puerorum). Voir Pi- rouette. Tour. Voir Roue. Tourbillons : Il, 484-485 ; III, 134- 135, 445-446; IV, 455, 461, 685- 686; V, 172; VI, 280 (676); VIII (IX B), 92-94 (115-117), 107 (125), 116-119 (136-139), 162-168 (160- 172); IX B, 125 ; XI, 40-56. Tourneur: I, 315, 326-327, 332-333, 334, 433, 505, 520; II, 85, 374-376, 452-455, 457; III, 101-102, 331-332. Tragédie : IV, 202-203, 219, 309, 322, 331; V, 282, 285-286. INDEX GÉNÉRAL. 93 Transparence : II, 443-444, 531; II, 81-82; VIII, 209-210, (IX, 207- 208). Transsubstantiation. Voir Eucha- ristie. Travades : VI, 313 (693). Voir Tem- pêtes. Transcendental : II, 507; VII (IX), Triangle (idée du) : VII (IX), 65-70 (51-55), 104 (83), 114-115 (91), 117- 118 (93), 193 (150), 201-203 (157- 158) et 224-225 (174-175), 212-213 (165), 227 (176), 318-319; 321, 322- 326. Trinité (mystère de la): ITT, 216, 274; V, 165; VII, 419 (223), 443 (241). Voir Mystères. Trochlea. V. Poulie. Trompette marine: 1,258-250 ; X,544. Union de l’âme et du corps : II, 264-265,424, 460-461, 493, 508, 661, 664-668, 684-685, 691-695 ; IV, 2; NV, 48, 163, 215, 222, 313-315, 347; NII (IX), 71-90 (57-72), 222 (173), 227-220 (177), 339-342, 343-345 et 389-300 ; VIII (IX B), 316-317 (311- 312); IX, 213; XI, 327-370, 648, 640. Univers (étendue de l’): IV, 292, 302- 303, 315, 323-324, 333-334; V, 50o- 56, 242, 312, 345 ; VIII (IX B), 52 (74-75), 8o (103-104) ; XI, 35-36, 655, 656. Voir Infini. Univers (trois parties de l’): VI, 42- 43 (564); VIII, 105, (IX B, 129); XI, 29-31. Voir Soleil et Etoiles, Cieux, Terre avec Planètes et Co- mètes. Univers (perfection de l’) : VIT, 308 et 374, 310-312 et 375-376. Universaux:[11,66, 342-343 ; VII (IX), 124 (98) et 140 (110); VIII A (IX B), 27-28 (50-51). Urine "III 142, 611 ;11V; 3285 "XI, 634. Voir Rage. Utrecht (affaire d’) : II, 568-569; III, 61, 65-72, 95-06, 202, 266- 269, 371-375, 440-447, 454-402, 464, 486, 523-524, 525-527, 527- 528, 529-533, 534-535, 536-542, 550- 551, 551-553, 557-560, 561-562, 570-574, 590, 606, 677-678, 695, 696-697 ; IV, 1-2, 7-8, 9-13, 13-15, 16-17, 19, 20-23, 23-25, 26-27, 28- 30, 31-32, 33-35, 36-37, 51-53, 53- 56, 73, 76, 81, 85, 97, 105, 106, 214, 226, 230, 232, 235, 238, 244-245, 245-247, 250, 261-262, 297, 299-300, 389-390, 436-438, 645-652, 653, 654- 655; V, 10-11, 17, 123-124, 125-128, 132; VII, 582-599; VIII B, 27, 35, 156-157, 176, 182, 185, 204 (284), 210 (287), 324-333. Vapeurs : VI, 239-247 (656-659), 279 (675); VIII, 245-246 (IX B, 239). Voir Exhalaisons. Veaux (dissection de) : IV, 555; XI, 549-570, 574-578, 582-587, 608- 614. Ventre inferiore (Partes contentæ) : I, 196; X, 9; XI, 587-5094. Vents : I, 118-119; II, 216; III, 14; VI, 265-278 (668-675); VIII (IX B), 2320227); XE,1037- Vérité (règle de): II, 596-597; III, 64- 65, 398-309 et 422-423, 474-478 ; V, 355, 356; VI, 18 (550), 33 (559), 37- 39 (561-562); VII (IX), 126 (99- 100), 277-279 et 362-363, 281, 317- 318 et 378-370, 456, 506 et 519-520; IX, 207-209, 212; X, 503-505. Vérités éternelles : I, 145-146, 149- 150, 151-153; Il, 138; III, 406; IV, 118-1193 V, 167; VII (IX), 93 (75), 417-418 (222) et 435-436 (235-236); VIT(IX B), 22-24 (45-46); XI, 47. » mathématiques et métaphy- siques (démonstration des) : I, 144; VI, 36(560-561); VII (IX), 3-5 (5-7), 68-69 (54-55), 417-418 (222) et 435- 436 (235-236). Verre (nature et propriétés du): VI, 44-45 (565); VIII (IX B), 270-275 (266-271) ; XI, 636. Verres de lunette (figures) : VI, 166- 106 (623-634). Voir Lunettes. 94 Vers (de Descartes) : IV, 102. Comédie. Vers (en l’honneur de Desc.) : III, 642; IV, 102, 658-659; V, 281, 310, 321-322, 332, 338, 339-340, -470- 480; VIII B, 340; X, 628 629 ; XI bis, 24-25, 28, 45. Verte (couleur) : XI, 158; XII, 72 et 74. Voir Couleurs. Vibrations : IV, 385, 391, 416, 417, 500-501,503, 511-512, 543-544, 547- 548, 559, 560-561, 583, 593, 595, 597-600, 621-623, 638-639, 676-677, 678; V, 420. Vide (point de) : 1, 205-208, 228, 301, 417; II, 138, 382, 309, 440, 442, 465, 481, 482, 483, 496, 573, 574, 588, 618-610, 622-623, 631-632 ; II, 75, 132, 165.613,632-623, 644-645, 686; IV, 108-109, 329, 700; V, 104-105, 115-110, 116, 117-118, 143-144, 100- 191, 194, 215, 223-224, 240-241, 271- 273, 302-303, 342; VI, 86-87 (587); VIII (IX B), 42 (66), 49-50 (71-73), 105 (128); X, 37, 473, 545-546, 587; XI, 16-23, 624-625; XI bis, 13-14. Vie (conservation et prolongation de la): 1, 307, 434-435, 463, 507, 509; II, 284, 285, 480; IV, 320, 441-442 ; V,178-170, 461; VI, 62 (575); XI, 670-672. Vie cachée (de Desc.) : I, 14-15, 16, 26, 125, 135, 136, 191, 258, 282, 286, 331,365, 402; Il, 151-152; IV, 378, 411-2, 448, 537; V, 92, 95-06, 280, 556-559; VIII B, 20-27, 137-138, 140-142, 1406. Vie future : III, 279, 580; IV, 282, +302 et 314-315. Voir Ame (immor- talité de l’). Vif-argent : I, 206-207 ; IV, 132, 136- 137,571-572; VIII A(IXB), 239(233), 246-247 (240). Voir Sucs et Huiles. Vif-argent (expériences du) : V, 71- 73, 98-106, 115, 119, 141-142, 447- 449, 475-476; X, 624-628. Vin (exemple) : I, 417; Il, 71-72, 211, 217. 207, 367-368, 411 ; VII, 276-277 et 359; XI, 123, 254, 538, 631-632. Voir OEuvREs DE DESCARTES. Vin clairet : III, 592 ; XI, 123. Vinaigre (pierre dans du): III, So-81. Vis : I, 441-442. Vis (d’Archimède) : 232; X, 586. Vision:1,126, 405-406, 5ot; III, 128- 129 ; V, 644; VI, 125 (603), 130-147 (606-614). Qualités des objets visibles, 130 (606) Lumière et couleur (sen- timent de), 130-134 (606-608) Situa- tion, 134-137 (608-609). Distance, 137-140 (609-610). Grandeur et fi- gure, 140-+41 (610-611) ; XI, 151- 160, 182-183, 186-188, 625. » (perfectionner la): VI, 147- 165 (614-622); XI, 651-652. Voir L.u- nettes, Vitesse : II, 436, 543, 544, 503; II, 592-593, 601; V, 203, 207; X,58, 58-61, 74-78, 219-220. Vivisection. Voir Chien, Lapin. Vituli (Cerebrum) : XI, 582-583. » (Embryo): XI, 574-577, 583-587. Vitulus recens natus : XI, 577-578, 608- 609. Vitulus aqu& suffocatus : XI, 6og-611. Vœux (des religieux) : III, 166-167, 244-245 ; VI, 24 (553). Volcans: VIII A (IX B), 248-249 (242- 243). Voler (machine pour) : III, 1350, 138, 163-164. Voir Oiseaux. Volontaires (mouvements) : XI, 225. Volonté : 1, 366; 11,628; III, 705-706 ; IV, 173-175 ; V, 158. Voir Entende- ment, Jugement, Liberté. Vortices. Voir Tourbillons. Voyage en France (premier) : III, 103-104, 127,152, 159,178, 185, 228- 229, 251-252, 282, 286,332, 542,616; IV, 97, 103, 107, 108, 109, 120, 122, 124, 127-128, 128-130, 134, 134-135, 138, 130, 145, 147, 150, 204-205 ; MO 553 » en France (second): IV, 624, 629, 639; V,15, 50, 58, 59, 63, 64, 66, 71, 74, 198, 199-202, 209-210, 216, 227, 229, 232, 202-293, 353. » en France{troisième):V, 113, II, 237, 632; III, INDEX GÉNÉRAL. T0, (RTS, MIO, 123,124 TI DZ; 139-140, 182,184, 105, 202-293, 328- 329 ; XI, 3o1-2. Voyages en Hollande: I, 14-15; X, 22- 23, 35-36, 46, 141, 331. » en Iralie : I, 3-4, 204; II, 389, 623, 633-634, 636; III, 15, 584, 702; IV, 147,262 ; X, 186-187, 332. Voyages (années de) : VI, 6 (543), 9 (544-5), 28 (556), 30 (557); X, 158- 159, 162, 165-166, 189-190. Voir Allemagne, Angleterre, Danemark, France, Hollande, Italie, Perse, 9$ Suède, Turquie./ndex:111(p.68-70) Voyageur (comparaison): VI, 14(547), 24-25 (553-554); X, 497. Vrai et faux (règle) : VII (IX), 126- . 127(100)et147-149(115-117), 277-279 et 361-362; IX, 207-209; XI, 654. Voir Vérité. Vue (sens de la): VI, 8r (584); VIII (IX B), 319 (314). Voir Œiül, Vision. Vue (erreurs de la): VI, 141-147 (6r1- 614); XI, 160-163. Zététiques: II, 599. Une toute récente publication complète utilement. sur bien des points, cet Zndex : ETIENNE GiLson. Index Scolastico-Cartésien. (Paris, F. Alcan, 1912. In-8, pp. 354). ADDITIONS (Suite et Fin). CLXXIX bis. DESCARTES A MERSENNE. 1639. DESCARTES ET COMENIUS. Le nom de Comenius dans une lettre de Descartes, ci-avant, p. 1, 1. 3, et p. 2, |. 1, était une indication. Nous eûmes donc la curiosité de parcourir un volume publié à Prague en 1897, sur la correspon- dance de ce rénovateur de la pédagogie au xvu siècle : Spisy Jana Amosa Komenského, Korrespondence, avec une préface de J. Kva- Éala. On y trouve, page 83, la pièce suivante adressée à Mersenne, sous la date de 1639 : c’est un jugement de Descartes sur un livre récent de Comenius, Pansophiæ Prodromus. Judicium de Opere Panfophico. Quemadmodum Deus eft unus & creavit Naturam unam, fimplicem, continuam, ubique fibi cohærentem &refpondentem, pauciflimis conftantem principiis ele- mentifque, ex quibus infinitas propemodum res, fed in tria regna, Min(erale), Veg(etale) & Animale, certo inter fe ordine gradibufque diflinéta perduxit : ita ADDITIONS, 13 08 Œuvres DE DESCARTES. &harum rerum cognitionem efle oportet, ad fimilitudi- nem unius Creatoris & unius Naturæ, unicam, fimpli- cem, continuam, non interruptam, paucis conftantem principiis (imo unico Principio principali), unde cætera omnia ad fpecialiffima ufque individuo nexu & fapientiflimo ordine deduéta permanent, ut ita noftra de rebus univerfis & fingulis contemplatio fimilis fit piduræ vel fpeculo, Univerfi & Singularum ejufdem partium imaginem exaéliflime repræfentanti. De modo autem fpeculum ejufmodi conficiendi, naturæ maxime confentaneus ille videtur(quem &Comenium, hac de re libros mundi utriufque Majoris nimirum & Minoris cum libro Scripturæ, ut audio, potiffimum confulen- tem, fibi eligere conjicio), qui veftigia Creatoris in producendis rebus accuratifime obfervet : ita ut ex rationis lumine, primo, probetur neceffario conceden- dum efle rerum conditorem & Deum; deinde Crea- turæ eo pertractentur modo, quo Mofes eas in Genef fuà procreatas luculenter defcripfit, quarum guber- nationem libri profani, præcipue vero facri ad finem ufque fæculorum continuandam explicant; denique ad Deum, tanquam ad punétum vel centrum unde progrefla, omnia reducamus. Sicuti ex uno, per & ad unum funt omnia, ita & horum ex