UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY The _ Jason A.Hannah Collection in the History of Medical and Related Sciences Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/oeuvresdevicadazO4vicq RE” FE) \ 17 OEUVRES DE VICQ-D'AZYR, RECUEILLIES ET PUBLIÉES AVEC DES NOTES ET UN DISCOURS SUR SA VIE ET SES OUVRAGES, rar Jaco. L. MOREAU (de la Sarthe), Docteur médecin , Sous - bibliothécaire de l'École de médecine, Membre adjoint de la Société de cette École, membre de la Société philo- mathique, des Sociétés de médecine de Paris, de Montpellier , etc. ORNÉES D'UN VOLUME DE PLANCHES, GRAND IN-4.°, ET D'UN FRONTISPICE ALLÉGORIQUE. TOME QUATRIÈME. TN on Lo on DE L’'IMPRIMERIE DE BAUDOUIN. A PARIS, Chez L, DUPRAT-DUVERGER, rue des Grands- 1 Augustins y N.° 24. AN XITI, — 100%, OEUVRES VICQ-D'AZYR. SECONDE PARTIE. SCIENCES PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES. le “= % © en 7 AVERTISSEMENT. Le “se Te a e S. © Nous désignons sous le utre de Scr1ENCES Puysiozociques et M£picaLes , toute cette partie de la Philosophie naturelle qui a pour objet la connoissance de la structure et des lois des corps vivans, ainsi que l'application de cette connoissance à l'entretien ou au rétablissement des forces vitales et de la santé. Ces sciences offrent plusieurs divi- sions que nous avons indiquées ailleurs, (1) et qui (1) J’oyez l'Avertissement placé à la tête de la qua- trième section des Æloges historiques. T. 4 1 Le 2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. présentent un ensemble que lon pourroit regarder comme une Encyclopédie particulière , r'Encycros PÉDIE ZOONOMIQUE , (1) dont toutes les parties s'enchaînent, se correspondent , s’éclairent réci- proquement , et doivent conduire quelque jour à des résultats qui formeront une véritable philo- sophie de la nature vivante : c’est-à-dire une réu- nion des vérités fondamentales de la Physiologie moderne. (2) Vrce-p’Azyer sut embrasser dans ses études toutes les parties de ce vaste ensemble. L’Anatomie et la Physiologie , proprement dites , lui inspirerent ( x ) Encyclopédie signifiant exposition et disposition de connoissances en cercles, il est évident que ce mot con- vient particulierement aux sciences physiologiques et médi- cales, qui forment véritablement un ensemble circulaire. (2) Un semblable travail doit être exécuté sur le plan de la philosophie chimique de M. Fourcroy. Je n'en occupe depuis plusieurs années. Mais plus je lui applique mes mé- ditations, plus j’en aperçois les difficultés et les lacunes qu’il faut remplir, pour en rendre l’exécution possible. Trois ouvrages que le monde savant attend avec la plus vive impatience, favoriseront sans doute cette entreprise, Ce sont la suite de l’Anatomie comparée, par M. Cuvier ; le Cours de Physiologie de M. Chaussier; et le Z'raité d’Anaiomie Pathologique de M. Dupuytren. SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. 58 cependant plus d'intérêt, et furent plus particuliè- rement l'objet de ses recherches. Ne se bornant pas à contribuer à leurs progrès, par des travaux sans gloire, que lanatomiste philosophe fait souvent exécuter , il ne craiguit pas d'offrir, dans le plus beau point de vue, les résultats de ces travaux et en tira des conséquences pleines d'intérêt , et des généralités qu'il sut embellir de cette éloquence majestueuse et en quelque sorte scientifique, dont Buffon avoit fait usage avec tant de succès, pour l'Histoire Naturelle. ® Nous avons placé à la tête de ce Recueil les Discours sur l Anatomie , où l'on remarque plus particulièrement cette manière de présenter la science avec tant d'intérêt, et de la mettre à la portée de tous les lecteurs qui ont cultivé leur esprit. Les autres articles qui peuvent et qui doivent également appeler leur attention, sont placés à la suite de ces beaux discours. Les travaux et les mémoires purement techniques et relaufs aux progrès de la science, sont rejetés à la fin et compris dans une section particulière. La réunion de ces différens objets est d’ailleurs 4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. divisée par sections , et ordonnée de manière à former , autant qu'il étoit possible , un ensemble, et non une collection des travaux de Vice-n’Azyr , sur les Sciences Physiologiques et Médicales. Ecole de Médecine de Paris , ce 28 prairial an xax. SCIENCES PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES. PREMIERE SECTION. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i = % “ “% à %: 93 PREMIER DISCOURS. se “= “= “ à “à Dr l’Anatomie en général , de ses moyens , de ses obstacles. des êtres qui sont l’objet de cette science, de leurs carac- tères ; des avantages de l’Anatomie et de la nécessité d’en étendre l’étude à tous les corps organisés. L'axaronis est peut-être, parmi toutes lessciences, celle dont on a le plus célébré les avantages, et dont on a le moins favorisé les progrès; c’est peut - être aussi celle dont l'étude offre le plus de difficultés : ses recherches sont non-seulement dépourvues de cet agrément qui attire; elles sont encore accompagnées de circonstances qui repoussent : des membres déchi- rés et sanglans, des émanations infectes et malsaines, l'appareil affreux de la mort, sont les objets qu’elle présente à ceux qui la cultivent. Tout-à-fait étrangère aux gens du monde, concentrée dans lesamphithéâtres et dans les hôpitaux, elle n’a jamais reçu l'hommage 6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. de ces amateurs qu’il fant captiver par l'élégance et Ja mobilité du spectacle. Ce n'a élé qu’en descendant dans les tombeaux et en bravant les lois des hommes pour découvrir celles de la nature, que l’anatomiste a jeté d’une manière pénible et dangereuse, les fonde- mens de ces connoissances ubles; et il n”’ÿ a point de siècle où des préjugés de divers genres n’aient mis les plus grands obstacles à ses travaux. Abusé par les prestiges de la métempsycose, l’ha- bitant de l'Inde est peint dans l’histoire, comme res- pectant les corps des animaux même les plus vils, et ne pouvant, sans paroitre criminel , y porter le couteau. Esclave de ses coutumes, l'Egyptien n’a donné tous ses soins à l’embaumement des cadavres que dans l’intention de conserver une demeure à la- quelle l'âme devoit, suivant lui, rester long- temps unie : tant d’eflorts n’ont transmis à la postérité que des restes hideux, tristes débris d’un peuple qui fut le père des arts, mais parmi lequel l'anatomie étoit une science impralicable. Le culte que les Grecs ren- doient à leurs morts n’étoit pas M contraire à ses progrès. Ne les a-t-on pas vus condamner des gé- néranx vainqueurs à perdre la vie, parce qu'äls avoient laissé sans sépulture des soldats tués dans une action ? quel supplice auroient-ils donc réservé à ceux qui aurotent violé leurs tombeaux?! Les Romains furent moins sévères à cet égard; mais l'anatomie me leur dut aucun encouragement, puisqu'au rapport de Galien , on faisoit le voyage d'Alexandrie pour y voir des os humains, qu’il auroit sans doute té plus DISCOURS SUR L’ANATOMIE # facile de préparer à Rome, s'il n'y avoit pas eu d'obstacles. Plus de mille ans se passèrent, depuis cette époque, dans ce même aveuglement. La religion de Maho- met , toute guerrière, adopta les préjugés de Inde et de l'Egypte. Des barbares démolirent les villes de la Grèce, mutilèrent les chefs- d'œuvres de ses arts, et ne laissèrent subsister que ses erreurs. On continua de regarder comme impurs ceux quiavoient approché des cadavres; et ce ne fut qu'au commen- cement du quatorzième siècle, qu'au grand étonne- ment du monde entier, trois corps humains furent disséqués dans l’amphithéâtre (1) de Milan. Cet exemple, donné par l'Italie, ne fut suivi que long- temps après en France, (2) et eut point avant le seizième siècle, d’imitateurs dans le reste de l'Europe. Mais alors on cessa presque de disséquer des ani- maux : toute l’activité des anatomistes se concentra dans l'examen du corps humain, et ce n'a été qu’a- près y avoir pour ainsi dire épuisé leurs efforts, qu'ils sont revenus, par choix, à l’objet de leurs premières études, cultivé si long-temps par nécessité. Déjà plusieurs savans se sont illustrés dans cette carrière. L’académie royale des sciences s’en est oc- (1) En 1306 et 1315, par Mundinus. (2)En:1376, 1377, 1584, 1406, à Montpellier ;en 1494, à Paris, T'ovez la Bibliothèque Anatomique de Haïler , l'Histoire de l'Ana- tomie , par M. Portal et le Discours Historique et critique sur les découvertes faites en Anatomie , etc., par M. de Lassus, 1785, pages 70 et 72. 8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. cupée dès son origine; (1) celle des Curieux de la Nature y a contribué par des fragmens nombreux. Blasius et Valentini ont publié des recueils où la plupart de ces observalions sont consignées. Déjà les insectes (2) et les polypes (3) ont eu leurs historiens; (4) enfin réunissant ce que le coup d'œil le plus vaste et en même temps le plus juste, le génie le plus fécond et le tact le plus délié peuvent rassembler de qualités précieuses et rares, deux grands naturalistes ont élevé un de ces monumens qui honorent les nations dans le souvenir de la postérité : l’histoire des quadrupèdes a vu le jour, et l’on a eu un modèle dans ce genre. J'ai parlé des obstacles que plusieurs siècles de préjugés ont mis à l'avancement des connoissances anatomiques ; j'indiquerai ceux qui naissent de la nature mème de ces recherches. Les moyens propres à faire connoître la structure et le jeu des organes peuvent être réduits aux suivans: la dissection anatomique , les expériences que l’on tente sur les animaux vivans, l’observation exacle "de leurs phénomènes, soit dans l’état de santé, soit dans celui de maladie, et l’histoire des changemens que ce dernier état apporte dans leur tissu. À entendre quelques auteurs , il semble que la physique soit riche en procédés capables de dévoiler (1 ) Voyez le Recueil rédigé par Perrault, dans les anciens Mémoires de l’Académie. (2) Malpighi , Swammerdam , Réaumur et M. Geoffroi. (3)Trembley , etc. (4 ) MM. le comte de Buffon et d’Aubenton. —— DISCOURS SUR L’ANATOMIE + le mécanisme de nos fonctions. Quelques réflexions feront connoître les difficultés dont cette carrière est remplie. Un corps froid, inanimé, privé de la vie, n'offre que des fibres sans ressort, des vaisseaux relâchés et vides. L'art est, à la vérité, parvenu à les remplir; mais un fluide étranger et grossier distend outre me- sure les canaux les plus ouverts, et ne coule point dans les plus déliés ; ou, si l’on emploie un fluide plus subtil, il s'échappe, il transsude sous la forme de rosée et ne nous instruit point sur la structure des filières par lesquelles il a passé. Ces réseaux nerveux qui déterminoient les réactions les plus fortes, cette pulpe qui étoit le foyer des ébranlemens les plus variés, sur laquelle la lumière elle-mème imprimoit des images et laissoit des traces de ses vibrations; tout est insen- sible, tout est muet; le muscle ne se roidit plus sous l'instrument qui le blesse; le nerf est déchiré sans exciter ni trouble ni douleur ; toute connexion, toute sympathie sont détruites, et les corps des animaux dans cet état sont une grande énigme pour celui qui les dissèque. Cette dissection elle-même a ses difficultés. Combien ne faut-il pas d'adresse , d'ordre et de patience pour découvrir, parmi le grand nombre de parties sur- ajoutées les unes aux autres, les différens nerfs et les Vaisseaux qui appartiennent à chacune! Encore, dans cet assemblage si merveilleux de ressorts de tous les genres, court-on les risques de négliger ceux qui sont les plus intéressans par leurs usages, ceux dont l’éner- to SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. gie vitale, s’il étoit possible de les voir lorsqu'ils en sont pénétrés, rendroit les mouvemens les plus re- marquables, et attireroit surtout l'attention de l’ana- tomiste. S'il se détermine à interroger la nature vi- vante, s'il ose y chercher la solution dn problème. dont il est occupé, combien cette scène est plus re- poussante encore que la première ! et combien les vérités qu'il découvre sont cruelles à arracher et difficiles à reconnoître! Ce n’est plus cette immobi- lité , ce silence qui caractérisent un entier abandon de la vie; c’est un état tout-à-fait opposé dans lequel la souffrance et la crainte ne laissent pas un moment de repos : pour un animal retenu par des liens, le plus léger mouvement est le signal de la douleur , et redouble ses craintes. Tout son corps se contracte, chacune de ses parties se soulève conlre l'ennemi qui la menace ou qui la tourmente. Parmi des flots de sang et des convulsions, au milieu des cris aigus et des angoisses, comment ne pas se tromper sur le siége du sentiment? Qui pourroit se flatter, dans un bot: leyersement aussi général, de retrouver les traces des mouvemens naturels?etquelles précautions,quelle saga: cité ne faut-il pas pour en tirer quelques résultatsutiles? Le troisième ordre de moyens proposés, est Fob- servalion exacte et assidue des phénomènes que pré- sentent les diverses fonctions organiques considérées dans l’état ordinaire de la vie ; mais il est difficile d'isoler ceux qui appartiennent à chaque viscère, (1) ( 1 ) Les anatomistes appellent riscère, tout organe contenu ; à DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 3x tant les connexions des parties qui composent les corps animés sont multpliées entr'elles! Et d’ailleurs, quand on observe les eflets d’une action vitale parti- culière, on n'en aperçoit point le foyer : réciproque- ment, quand l'anatomie nous le montre, son activité n'existe plus, et nous ne pouvons presque jamais saisir que par le secours de l'imagination le lien qui les unit. La comparaison des viscères sains avec ceux qui sont malades, fournit encore &es connoïssances qu’il est important de recueillir. Mais warrive-t-1l pas souvent que le siége du mal est très-éloigné de celui où se manifeste la douleur ? Si les nerfs disposés dans les organes des sens pour nous communiquer les impressions du dehors, nous induisent si souvent en erreur, combien ne devons-nous pas être trompés par ceux du dedans, dont les entrelacemens et les réseaux semblent avoir pour but de nous dérober la connvwissance de ce qui s’y passe ? Il n’y a aucune ré- gion du corps humain qui ne réponde à plusieurs organes, parmi lesquels il est souvent difficile de reconnoître celui qui est affecté ou qui a été la source du mal; et les altérations qu'on observe après la mort, ne sont, dans un grand nombre de cas, que des effets secondaires du vice primitif, ou le produit dans une cavité : ainsi l'œil, le cœur, le poumon sont des viscères, dans cette acception. Chaque viscère a des fonctions qui lui sont propres, et ue sphère d’action plus on moins étendue, et variable dans chaque individu. ( No!e de l'Editeur.) am 13 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. d’une cause qui, en frappant un dernier coup, n’a laissé presque avcune trace de son existence , dans les lieux qu’elle a quittés. C’est au milieu de tous ces écueils que marche le physiologiste : le sujet sur lequel il s'exerce est très- composé, la science qu’il cultive résulte elle-même de plusieurs autres sciences qui doivent nécessairement se perfectionner avant elle. Au commencement de ce siècle , la physiologie n’étoit encore qu’un vain as- semblage de systèmes; c’est Haller qui les a dissipés : il a jeté les fondemens d’une science qui n’a de commun que le nom avec l’ancienne. Offrons à ce grand homme l’hommage de notre reconnoissance, et témoignons-lui notre respect en suivant sa mé- thode , et en nous efforçant de marcher sur ses traces, Il n’y a point d’animal ou de corps organisé qui ne puisse être le sujet de l’Anatomie; mais l’étendre à tous, ce seroit exiger trop de travaux : il suflira de choisir parmi les corps vivans , considérés depuis l'homme jusqu’à la plante, ceux dont les différences fournissent les caractères les plus remarquables, et d'en former une suite de genres anatomiques auxquels les espèces intermédiaires et les travaux déjà faits puissent se rapporter. L’amour du merveilleux doit surtout être banni de cet ouvrage. Quelques animaux ont, dans certaines parties, une conformation extraordinaire qui n’est pas ce que l'Anatomie comparée offre de plus intéressant ; souvent même ces singularités trouvent à peine une à DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 15 place dans le système des êtres : elles ne doivent point être oubliées dans notre tableau ; mais on y verra sans doute avec plus de plaisir les rapports suivis, croissans ou décroissans des différentes fonc- tions dans toutes les classes des corps organisés : on les verra se réunir, se diviser ensuite , et la vie, attachée à un petit nombre d'organes, se réduire, pour ainsi dire, à ses élémens, dans quelques espèces, et paroître d'autant plus féconde et plus assurée, qu’elle devient en mème temps plus simple, plus facile et plus répandue. Les effets par lesquels elle se manifeste peuvent être regardés comme des signes propresà la fairereconnoître partout où elle existe. Les corps vivans sont tous dispo- sés de manière à se nourrir (1) età se reproduire ; (2) différens sucs circulent dans leurs vaisseaux (3) et reçoivent dans leurs organes une préparalion rela- tive à leurs besoins ; (4) ils communiquent tous inti- mement avec le fluide où ils sont plongés; (5) des puissances contractiles, (6) plus ou moins soumises à leur volonté, meuvent des leviers (7) destinés à divers usages, et des cordons nerveux qui se réduisant en pulpe, établissent des rapports déterminés entre le eee RE SCD ESC EE Son (1 ) La digestion et la nutrition, ( 2 ) La génération. ( 3) La circulation, ( 4 ) Les secrétions. ( 5) La respiration. (6) L'irritabilité. (7 )L’ossification. n) | e | 14 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. corps auquel ils apparliennent et tous ceux dont il est environné. (1) On peut déduire de ces considéraz lions, des caractères qui forment les principales mo- difications du système vivant, Pour en découvrir le mécanisme , il faut rechercher parmi leurs effets quels sont ceux qui se rapportent aux lois bien établies de la chymie ou de la phy- sique, et les distinguer soigneusement des effets qui n’ont point avec ces lois de liaison immédiate , Où au moins connue, et dont la cause nous est cachée. Ce sont ces derniers que Vanhelmont et Stahl ont fait dépendre d’une archée ou de l'âme, sans réfléchir que leur nature n'étant point approfondie, ce qu’ils attribuoient à un seul agent dépendoit peut-être de plusieurs. En recourant à des causes nuaginaires, ne semble-t-il pas que ces grands hommes aient voula cacher leur ignorance sous le voile de la philosophie, et qu'il n'aient pu se résoudre à marquer jusqu'où s’étendoient leurs connoissances positives ? [ls ont sans doute eu raison de dire, el nous pensons comme eux, que certains phénomènes se rencontrent seule= ment dans les corps organisés, et qu’un ordre parti= culier de mouvemens et de combinaisons en fait la base et en constitue le caracttre. On se trompoit, sans doute, en leur assignant des causes hypothé- tiques dont on a enfin dévoilé l'insuffisance ; mais quelqu’étonnantes qu’elles nous paroïssent, ces fonc- tions ne sont-elles pas des eflets physiques plus ou L 2 (3 ) La sensibilité. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 15 moins composés dont nous devons examiner la nature par tous les moyens que fournissent l’observation et l'expérience, et non leur supposer des principes sur lesquels l'esprit se repose et croit avoir tout fait Jors- qu'il lui reste tout à faire. En un mot, ces médecins dont on a, de nos jours, réfuté les erreurs, et que l'on appelle avec une sorte de dédain , du nom de mécaniciens, ont-ils fait autre chose que d’abuser de la mécanique et de la physique? Parce qu'ils se sont trop pressés d'en appliquer les connoissances à la médecine, parce qu’ils en ont fait un mauvais usage , faut-il que l’on y renonce ? et si l’on s’inter- dit cette source abondante , où puisera-t-on pour enrichir notre art et perfectionner l'étude du corps humain ? Les fonctions des corps vivans, dont nous avons reconnu la nature et les différences, peuvent être divisées en trois ordres principaux. Dans le premier doivent être rangées celles dont le produit est une préparation, une coction quelconque des sucs ou des fluides destinés, soit à la nutrition, soit au dévelop- pement, soit à la reproduction de ces corps. (1) La seconde classe comprend toutes les espèces de mouvemens dont ils sont animés, soit ceux qui s'exé- cutent daus les fibres charnues, (2) soit cette fur- gescence que l’on remarque dans les parties composées (1 ) La digestion , la nutrition, les secrétions ea général, la res- piration, la génération. (2)L'irritabilité, la circulation. Pen 16 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. d’artères et de rerfs entrelacés et formant des ré- seaux , soit ce ton, ce ressort toujours proportionné à l'énergie vitale, que les maladies augmentent ou di- minuent, et qui n’est qu’une extension de l’irritabilité, resserrée par Haller dans des bornes trop étroites. À la troisième classe se rapportent toutes les mer- veilles de la sensibilité concentrée ou réfléchie, et considérée, soit dans les organes des sens, soit dans le centre médullaire des fibres nerveuses, soit dans les cordons qui séparent ces deux foyers interne et ex- terne d’où partent et où se réunissent nos sensations. Le fameux chancelier Bacon a donné une belle idée des sciences , en les comparant à une pyramide dont la pointe très-élevée se perd dans les nues et repré- sente les questions métaphysiques , tandis que les sciences naturelles en sont le soutien, et que les autres connoissances sont distribuées dans l’inter- valle , suivant leurs divers degrés de certitude ou de probabilité. Cet ingénieux emblème peut aussi convenir à nos recherches. Parmi les sujets sur lesquels les physio- logistes s’exercent, il y en a plusieurs qui, par leur na= ture abstraite et subtile, doivent occuper le sommet de la pyramide figurée par Bacon, sommet si souvent élevé et si souvent détruit, tandis que la base iné- branlable croissant avec autant de sûreté que de lenteur , reçoit le tribut des observations que chaque siècle lui fournit, et ne se perfectionne que par la main du temps. Ainsi la dissection anatomique et les expériences tentées sur les animaux, seront l'appui 9 À! DISCOURS SUR L’ANATOMIEF. 17 de l'édifice que nous neéleverons qu'avec la plus grande réserve ; nos vœux 5e bornent à laisser à ceux qui nous succéderont, un plan dont l'exécution soit commencée , et un petit nombre de travaux exacts et dignes de la confiance de ceux qui s'intéressent . aux progrès de l’Anatomie, Mais quels seront nos points de repos dans la car- rière que nous devons parcourir, quelle sera notre méthode dans le choix des individus qui doivent servir à nos comparaisons ? essayons de le déterminer, Des trois règnes qui embrassent toute la nature, deux se confondent tellement qu’il est presque im- possible d'établir leurs limites. Ces grandes différences que l’on observe entre les extrémités de leur chaîne disparoissent à mesure qu'on s'approche du point qui les réunit : les champignons, les plantes vésiculaires et articulées, les corallines, et ces végétations dans lesquelles une famille d'animaux travaille en commun, et qui, solidement attachées par leur base, ne peuvent se mouvoir que dans leurs ramifications, toutes ces substances semblent tenir le milieu entre les animaux et les végétaux, ou au moins laissent peu d'intervalle entre ces deux ordres. Il n’en est pas de mème des minéraux : gouvernés immédiatement par les lois connues de la mécanique et des attractions élec- tives, ne recevant d’accroissement et n’agissant qu'à leurs surfaces , ils forment un grand système cir- conscrit dans tous ses points, et qui n’est équivoque dans aucun de ses rapports. À cette grande classe on peut donc en opposer une T. # 2 :8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. autre dans laquelle les masses animées par des mous vemens particuliers et spontanés se reproduisent par des germes, où les élémens ne cessent de se mouvoir, de se heurter, de se combiner de mille manières, et dont les parties, après s’ètre accrues par une force intérieure, dépérissent enfin et rentrent dans le pre- mier règne, auquel la mort semble rendre ce que la vie lui a ôté. Ces effets sont communs aux végétaux et aux ani- maux; dans les uns comme dans les autres, des hu- meurs circulent, des sucs se séparent, l'air est attiré et coule dans des vaisseaux particuliers; les sexes sont distincts et se fécondent, et tous éprouvent ce développement qui leur donne, chaque année, une couche ou des productions nouvelles. I} n’y a donc que deux règnes dans la nature, dont lun jouit et l’autre est privé de la vie. Dans le premier, sous combien de formes, avec quelle abondance et quelle rapidité les êtres se suc- cèdent! la surface et les premières couches de la terre, celle des eaux et leur profondeur, la zone de Yatmosphère qui touche le globe sont remplies d’ani= maux et de plantes et pénétrées d’une immense quans Uté de germes destinés à peupler le monde. L’homme occupe, sans doute, le premier rang dans ce bel ensemble , puisqu’il connoît sa place et qu’il en a mesuré tous les rapports; il est sans doute le roi des ani- maux , puisqu'il les subjugue et qu’il leur commande, Sa descriplion doit être faite la première; elle doit être la plus étendue, soit parce qu’elle nous intéresse de plus DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 9 près, soit parce qu'indépendamment de ce motif, les organes étant toujours composés en raison de leurs ef fets, c’est-à-dire de Pindustrie de chaque classe d’ani- naux, c’est encore l’homme qu’il faut, sous cet aspect, étudier avec le plus de soin et le plus long-temps. Il entre dans mon plan de considérer le corps hu- main dans tous ses âges et dans les diverses circons- tances où il peut se trouver, d'en examiner toutes les parties, et d'écrire l’histoire de leurs phénomènes, objet trop négligé par les physiologistes. Toujours pressés de remonter aux causes, la plupart ont né- gligé d'observer les effets qui s’offroient de tous côtés à leurs regards et qu'il auroit été facile de recueillir plutôt : ce n’est que dans les ouvrages des écrivains les plus modernes que l’on trouve les traces de cette méthode. Je la suivrai; et si quelqu'un se plaint de la trop grande étendue de mes descriptions, je lui ré- pondrai que les recherches anatomiques, quoiqu’im- menses, sont cependant encore incomplètes , puisque nous ignorons quel est l'usage de plusieurs viscères dont une connoissance plus approfondie doit un jour dévoiler le mécanisme; je dirai qu’il est permis de chercher jusqu’à ce que l’on ait trouvé tout ce que Jon cherche , et que noussommes, en Anatomie, bien loin d’avoir atteint ce but. Après avoir fait cet aveu, j'ai peut-être acquis le droit d’ajouter que la description de,nos organes, quoi- qu'imparfaite , est cependant assez exacte en plusieurs points, et assez riche pour fournir des résultats utiles’ à la médecine et à la philosophie : c’est un spectacle 0 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, dont une partie se dérobe à la curiosité qu’elle excite; tandis que l’autre la satisfait, et dont les personnes sages ne peuvent manquer de retirer à la fois du profit et du plaisir. Il est temps, en effet, que ceux qui désirent de s’instruire, après avoir interrogé tout ce qui les en- toure, reviennent à eux-mêmes et donnent quel- qu'attention à leur propre structure. Les formes extérieures, les lois du mouvement, les élémens et la composition des corps leur fournissent, sans doute, des considérations importantes; mais s'ils ne savent point quels sont les rapports de ces substances avec la leur , ne perdent-ils pas le fruit le plus précieux de leurs recherches ? Qu'est-ce qu’une théorie des sensations , si elle n’est appuyée sur la description exacte des sens eux - mêmes ? L’examen des nerfs, de leur origine, de leurs connexions, n’explique-t-il pas un grand nombre de phénomènes sur lesquels il est si commun et quelquefois si dangereux de raison- ner mal? Et pourquoi la circulation du sang et de la lymphe, qui sont la source et l’aliment de la vie, ne seroit-elle pas aussi bien l’objet de nos réflexions que la route et la direction des fleuves qui coulent sous un autre ciel, ou celle des astres quise meuvent si loin de nos têtes ? Mais dans ce travail, il ne faut pas considérer l’homme seul ; on doit le rapprocher des autres ani- maux : ainsi rassemblés, ils forment un tableau im- posant par son étendue, et piquant par sa variété. L'homme isolé, ne paroît pas aussi grand; on ne DISCOURS SUR L’ANATOMIF s% voit pas aussi bien ce qu’il est : les animaux , sans Yhomme, semblent être éloignés de leur type, et on ne sait à quel centre les rapporter. Les différens corps organisés et vivans devoient donc être réunis dans cet ouvrage, comme ils le sont dans la nature. Combien de fois, dans le cours de mes recherches, j'ai joui d'avance du plaisir de voir rangés sur une même ligne tous ces cerveaux qui, dans la suite du règne animal , semblent décroître comme l’industrie; tous ces cœurs dont la structure devient d'autant plus simple qu'il y a moins d'organes à vivifier et à mouvoir ; tous ces viscères où se filtre de tant de manières le fluide élastique que nous respirons; tous ces foyers, où s’é- Jlaborent tant de substances différentes destinées à se convertir en chyle et d’où se séparent les molécules grossières des os, l'esprit éthéré dont les nerfs paroïssent être les conducteurs, le ferment de la digestion qui maintient la vie au - dedans de l'individu , et cette li- queur , plus surprenante encore, quoiqu'elle ne coûte pas plus à la nature, qui propage l'existence au-de- hors , et qui contient mille fois enr elle l’image ou plu- 1ôt l’abrègé de toutes ces merveilles ! Que l’on ne dise donc plus que Anatomie est une science sèche, stérile, repoussante, puisqu'elle seule peut apprendre à l’homme tout ce qu’il lui est permis de savoir sur ces divers sujets, les plus grands peut- être qui s’offrent à sa méditation et à son étude. Celui qui peut s'élever à la eonnoissance des ani- maux doit considérer avec soin et comparer ensemble deux espèces d'organes, dont les uns sont placés à la 22 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. surface et les autres dans les grandes cavités. On peut regarder les premiers comme les instrumens immédiats de leurs mouvenens, et les seconds comme les ressorts cachés de la nutrition, de la sensibilité, de la reproduc. tion et de la vie, Ces organes se correspondent ; ils for- ment, en quelque sorte, les deux extrémités du système animal; etles uns ne peuvent éprouver de grandschan- gemens, ni de grandes variétés, sans que les autres y participent. Ainsi les espèces qui se nourrissent de chair, parmi les quadrupèdes et les oiseaux, ont les doigts aigus et les mâchoires fortement armées; mais leurs estomacs sont peu robustes, toute la résistance de la proie se fait au- dehors : sa chair se ramollitet, se digère aisément, Les animaux dont les alimens se tirent des substances végétales ont, au contraire, les = A ï = Fr. É ? 7 4 : . . extrémités des doigts enveloppées d’ongies épais; leurs dents sont applaties dans leurs faces supérieures, for-. mées par des feuillets et dépourvues d’angles saillans. et de pointes; mais leurs estomacs et leurs intestins sont plus musculeux et plus étendus. Il semble qu'il y ait une opposition entre les organes extérieurs et les intérieurs destinés à ces usages; que plus les uns’ ont de faligue à essuyer, moins il reste aux autres de travail à faire, et qu’ainsi , par une sorte de com- pensation, celte fonclion exige à peu près, dans tous, eu égard à leur voluine, une mème somme d'efforts et de mouvemens. Les dents, lesestomacs, lesintestins, surtout le cœcum et la vésicule du fiel sont autant de points appartenant. . ausystème de la digestion ,etsur lesquels les anatomistes DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5 ent le plus insisté. Le nombre et la fofme des doigts des côtes, des vertèbres, ont encore fixé leur atten- tion. Le crâne et la face des animaux ont été com parés en général avec ceux de l’homme ; mais ces travaux n’ont point été faits avec assez d’étendue : on n'a point examiné séparément chacune des pièces qui composent la tèle et le squelette ; on n’a point décrit les vaisseaux; on n'a point recherché quelle est la structure intérieure des viscères ; l’histoire des nerfs et de leur origine, celle du cerveau, du cervelet et des glandes ont été tout-à-fait négligées; on pourroit presque dire la même chose des organes des sens ;enfin les muscles du chien, du cheval et du bœuf sont les seuls dont on ait pris quelque connoiïssance; je les ai disséqués et décrits avec la plus grande attention , soit dans ces quadrupèdes, soit dans plusieurs autres d’un ordre différent , soit dans les oiseaux et dans les rep- tiles ; et j’en aitiré, pour la comparaison des animaux entr'eux, des résultats qui m'ont beaucoup servi. J'ai vu, dans lessinges dela plus grande espèce , les muscles qui se dirigeoient du bassin vers la jambe s’y insérer très -loin du genou et former avec elle, dans l’ex- tension la plus complète dont ces animaux soient sus- ceptibles, un angle qui rendoit en eux la station parfaite difficile et peu durable; observation qui établit une différence frappante, quant aux attitudes et aux mouvemens, entre l'homme et le singe, et quirelègue celui-ci parmi les quadrupèdes. J’ai vu les muscles de la face se changer en un pannicule charnu, ceux des lèvres s’élargir et s’aplatir , tandis que ceux du nez 24 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES. acquéroient de l'élégance dans leurs formes, et deve- noient plus nombreux. (1) J’ai vu le digastique perdre entièrement son tendon mitoyen; le ligament stylo- maxillaire changé en un muscle; (2) le sterno-mas- toïdien $insérer, tantôt à la mâchoire inférieure, (3) tantôt se diriger vers le haut du cou, avec les fléchis- seurs de la tète; (4) le petit- pectoral manquer dans quelques ordres; (5) les droits du bas-ventre s’al- longer; le deltoïde décomposé, pour ainsi dire, et divisé en plusieurs portions; (6) un plan charnu très- large se porter du moignon de l'épaule versla tête; (7) le grand-pectoral fortifié en - devant par un plan ex- térieur ; (8) le grand - dentelé, remarquable par une division cervicale très- forte; le trapèze suppléé, dans son extrémité antérieure, par un autre muscle ; (9) le rhomboïde s'élever jusqu’à locciput ; (10) le biceps changer de nom, parce qu’il ne lui restoit qu’une tête; les supinaleurs et les pronateurs , après avoir été (1) Dans le sanglier et les ruminans: (2 ) Dans le cheval. (5) Dans le cheval. (4) Dans le mouton. (5) Dans plusieurs ruminans. C6 ) Dans les ruminans et dans le cheval , le muscle deltoïde est représenté par le bordantérieur du muscle commun du bras, par la partie moyenne et inférieure du muscle commun à la tête et au bras et par les muscles abducteurs de M. Bourgelat. à ( 7) On l’appelle muscle commun à la tête et au bras. (8 ) Par le muscle commun du bras. {9 ) Par le bord supérieur du muscle commun à la tête et au bras. {10 ) Dans plusieurs fissipèdes. - LT Aie EL “2 D = DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 95 réduits à de très-petites masses, disparoiïlre tont-à fait À dans quelques familles : j'ai vu dans les lombes un muscle de plus; (1) dans la région iliaque externe, le grand fessier représenté par un plan très - mince; les deux obturateurs n’en former qu'un seul; (2) parmi les rotateurs de la cuisse, les jumeaux marqués à peine (5) le droit antérieur de la jambe, double; (4) le droit interne très-large; (5 ) le couturier très-ra- courci, (6) ou presque effacé, (7) et le biceps de la jambe tellement élargi qu’il étoit méconnoissable : (8) j'ai vu le solaire confondu avec le perforé , ne former qu’un seul corps avec lui (g)et, toutes ces différences, conservant des rapports déterminés avec les diverses formes des squelettes et des viscères, fournir une nou- velle preuve de cette grande harmonie que la nature montre partout à ceux qui étudient ses productions. C’est en disséquant les muscles des quadrupèdes, que j'aistrouvé dans quelques-uns (10) des clavicules bien formées , dont aucun anatomiste n’avoit eu connois- (1) Je l’ai appelé iléo-lombaire , dans le cheval. (2) Dans le bélier. ( 3 ) Dans le cheval et dans les ruminans. (4) Dans le lapin, le lièvre et le chien. (5) Dans presque tous les quadrupèdes. (6) Dans le cheval et dans lesruminans. (7) Dans le lapin et le lièvre, dans le cochon-d’Inde, dans le chat. Ou le trouve bien exprimé dans le chien. (8)Ilest représenté par un muscle très-grand et très-large que Von appelle le long-vaste. (9 ) Dans presque tous les quadrupèdes. ( 10 ) Dans le Lièvre et dans Le lapin. 26 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. sance, et dans d’autres, (1) des os placés dans la même région que l'on pourroit appeler du nom de claviculaires, et que l’on n’avoit point encore obser= vés, parce qu’on n’avoit point examiné les muscles entre lesquels ils sont flottans. On demandera peut-être quels sont les usages de ces os formés à l’imitation des clavicules, dont ce- pendantils n'ont pas la solidité, puisqu'ils ne s'étendent point de l’omoplate au sternum; mais ne retrouve- t-on pas évidemment ici la marche de la nature, qui semble opérer toujours d’après un modèle primiuf et général dont elle ne s’écarte qu’à regret , et dont on rencontre partout des traces? Peut-on se défendre de cette pensée ,en voyant le plusintelligent peut-être de tous les animaux, l'éléphant pourvu d’un carpe, d’un métacarpe et de doigts semblables à ceux de l’homme, mais encroûtés d’une masse solide qui s'oppose à leurs mouvemens, et réduit ces grands animaux, sous ce rapport, à la condition des solipèdes ? Peut-on se re- fuser à cette pensée en observant les deux petits doigts … extérieurs silués, dans quelques quadrupèdes, au- dessus des doigts moyens, qui sont les plus longs et les seuls utiles, en examinant ce faisceau charnu si délié qui tient, dans le chien et dans plusieurs fssi- pèdes, la place du long supinateur ? Peut-on s’y re- fuser enfin ,en comparant les os maxillaires antérieurs que j'appelle incisifs dans les quadrupèdes, avec cette pièce osseuse qui soutient les dents incisives supé- (1) Dans le cochon-d’Inde, la belette et le chat. nn ve en DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 97 rieures dans l'homme, où elle est séparée de l'os maxil- laire par une petite fèlure très-remarquable dans les fœtus, à peine visible dans les adultes, et dont per- sonne n’avoit connu l'usage ? Depuis qu'on se livroit à l'étude de l’Anatomie hu- maine, on avoit toujours dit : « Les os quarrés du palais » ont une très-petite étendue; pourquoi sont-ils sé- » parés de la mâchoire supérieure dont la voûte » palatine auroit été si facilement prolongée jusqu’au » bord postérieur de cette fosse? Pourquoi, disoit-on, » les os unguis ne sont-ils pas continus avec l'os » planum , qu'il auroit été plus simple d'étendre jus- » qu'à l’apophiyse montante de l’os maxillaire supé- » rieur ? Enfin, ajoutoit-on, la très-petite apophyse » orbitaire de l'os palatin est un point que les os situés » le plus près auroient facilement fourni. » Accoutumés à voir des dispositions dont ils ignorent les causes et la fin, les anatomistes, après avoir fait ces questions , étoient restés dans le silence de l’éton- nement : mais qu’ils jettent avec moi les yeux sur les os de la face des solipèdes et des bisulques dans lesquels cette région est très-prolongée, ils apercevront aussi- tùt que ces pièces dont la petitesse les avoit surpris, sont ici très-étendues; que c’est vraiment dans les quadrupèdes que les os de la face jouissent de tout leur développement ; que dans l’homme on n’en trouve que le raccourci ; mais que l’ordre et la distribution générale sont les mèmes dans tous. Ce n'est pas seulement sur la structure et la com- paraison des os, des viscères, des vaisseaux et des 28 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. muscles, que l’'anatomiste établit ses caractères ; il peut encore donner à ses vues un champ plus vaste; il peut s’élever à de plus hautes conceptions. La distribution des nerfs et la structure du cerveau, du cervelet et des moëlles allongée et épinière lui offrent une nou- velle source de remarques importantes. Ces organes ont avec l’âme des rapports inconnus; mais, consi- dérés dans les corps vivans des divers ordres, ils en ont entr’eux qu’il est possible de déterminer ; et com- parant ensuite le tableau de ces différences physiques avec celui de l’entendement ou de l'instinct, du sen- timent ou des passions , des mouvemens ou des besoins de chaque classe d'animaux, il semble que l’on puisse espérer d’avoir un jour quelque prise sur lagent caché qui s’unit et qui commande à la matière; com- merce admirable et incompréhensible pour celui même qui en est le sujet; commerce qui sera peut- être à jamais un mystère pour nous, mais dans l’exa- men duquel il est permis à l’esprit humain de s’essayer, en dirigeant vers cette recherche difficile toute la fi- nesse de l'observation la plus déliée, et toute la furce de la logique la plus exacte. Les fautes de ceux qui ont couru la même carrière ont montré des écueils dans lesquels nous éviterons de tomber avec eux. Loin d'ici ces vaines et dange- reuses spéculations sur le siége de l'âme, sur les diverses régions cérébrales auxquelles des auteurs qui la regar- doient avec raison comme un être indivisible et simple; avoient cependant pensé, par une contradiction cho- quante , que ses différens modes pouvyoient corres- RES ik DISCOURS SUR L’'ANATOMIE. 29 pondre. Nous n’oublierons point que nous écrivons sur J'Anatomie ; nous nous bornerons à rechercher quels sont les points dans lesquels il se réunit un plus grand nombre de ces fibres molles, qui sont le foyer du senti- ment et du mouvement. Le cerveau des quadrupèdes ressemble beaucoup à celui de l’homme; nous y trou- verons cependant des différences très frappantes ; nous y remarquerons la petitesse des hémisphères , le grand volume des tubercules quadrijumeaux, de la voûte à trois piliers, de l’origine des cornes d’Ammon, des corps bordés , de l’entonnoir et de la glande pituitaire; le peu d'étendue des prolongemens postérieurs des ventricules latéraux, des régions latérales du cervelet et des éminences olivaires et pyramidales : nous in- sisterons principalement sur la disproportion qui se trouve dans les grands quadrupèdes entre la grosseur des nerfs et la masse pulpeuse d’où ils sortent, et qui leur suffit à peine: nous verrons que, dans les oiseaux, cet organe est fait sur un autre plan : nous y obser- verons quatre tubercules pairs et deux impairs. Des premiers que réunissent deux commissures, naissent les nerfs de la première paire; les deux tubercules inférieurs qui sont excavés produisent le tronc com mun des nerfs optiques, et le cervelet est formé par plusieurs bourrelets horizontaux et très -étroits. L’exa- men des poissons, nous montrera une structure plus variée, mais plus simple: nous y observerons plusieurs tubercules dont les antérieurs sont destinés à fournir les nerfs olfactifs, les moyens, où se trouvent quel- ques éminences arrondies, à produire les nerfs optiques, 50 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. ei le tubercule postérieur qui est impair et très-petit, à tenir lieu de cervelet. Réunissant ensuite tous ces détails, ne pourroit-on pas dire, ajouterons-nous, qu’en supprimant dans le cerveau de l’homme les grands hémisphères, le corps calleux, le septum luci- dum, la voûte à trois piliers, les cornes d'Ammon et leurs annexes, la glande pinéale et ses pédoncules, en composant le cervelet d’un ou deux globules très- petits, en plaçant sur deux lignes parallèles dirigées de devant en arrière, les corps siriés très-rétrécis, les couches optiques creusées d’une cavité gt réunies par leur partie supérieure, en applatissant la protu- bérance annulaire, et en réduisant toute cette masse à un très- petit volume, le système nerveux dé l’homme auroit alors la même disposition que celui des poissons ou des amphibies? De mème , en plaçant en- dessus les corps striés, et en les renflant plus que dans les poissons , en portant les couches optiques en- dessous, en les écartant et en les excavanit, toutes les parties dont il a été question restant d’ailleurs sup- primées, le cerveau de l’homme ne ressembleroit-il pas à celui des oiseaux , et avec d’autres changements, à celui des quadrupèdes ? Sans embrasser un aussi grand espace, je ferai voir que, considérés sous les rapports d’un seul sens tel que celui de l'ouïe, que j'ai décrit dans les volumes de l’Académie royale des sciences, (1) ou d’un seul organe tel que celui de la voix, dont j’ai exposé la DNA Jet à Pi LE 7 PJ RNA ( 1 ) Année 1778. Et D Re DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 51 structure dans le mème recueil, (1) les animaux peuvent être rangés dans un ordre méthodique, aveo des caractères tirés d’une seule de ces parties. Ce sera en suivant une pareille marche, que l’on fera de grands progrès dans l’étude de ces êtres si peu connus , et dont on n’a décrit encore que l’écorce ou la surface. L’Anatomie comparée, qui s'exerce sur différens individus qu’elle rapproche et qu’elle oppose l’un à l’autre, n’est pas la seule à laquelle l’observa- teur puisse se livrer; il en est une autre qui mérite aussi son attention. Son sujet, quoique plus circons- crit, west pasmoins curieux et moins philosophique : elle consiste dans l'examen des organes des mèmes in- dividus comparés entr’eux. C’est ainsi que les nerfs cervicaux peuvent êtres assimilés aux lombaires, les plexus axillaires aux sacrés, les nerfs diaphragma- tiques aux nerfs obturateurs; c’est ainsi que les extré- mités supérieures et inférieures, observées dans la disposition des os, des muscles, des vaisseaux et des nerfs, paroissent faites sur le mème moule, mais placés en sens inverse, par l’opposition de leurs saillies et de leurs angles; c’est ainsi que j'ai tiré de mes recherches le résultat paradoxal, en apparence, mais susceptible de la démonstration la plus rigoureuse, (2) que l'extrémité supérieure de l’homme , ou antérieure des quadrupèdes correspond, dans tous ses points, à (1) Année 1770. (2) Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences , année 1774. 52 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALÉS. l'extrémité inférieure ou postérieure du côté opposé. La nature paroït donc suivre un type où modèle gé- néral, non-seulement dans la structure des divers ani- maux, comme je l'ai déjà dit, mais encôre dans celle de leurs différens organes; et l’on ne sait ce que l’on doit le plus admirer, ou de l'abondance avec laquelle ces formes paroissent variées, ou de la constance et de l'espèce d’uniformité qu’un œil attentif découvre dans l'immense étendue de ses productions. Après avoir iracé la marche que j'ai suivie et que je continuerai de suivre dans l’examen anatomique des animaux, qu’il me soit permis de faire connoître le plan que j'ai adopté pour rendre un compte facile de l’état actuel de la science, et pour dcterminer ce qui reste à faire dans cette étude. Chaque auteur a rédigé ses travaux suivant une méthode qui lui étoit propre; quelques-uns même semblent ne s’en être fait aucune. J’ai pensé que toutes ces descriptions ne seroient utiles qu'après avoir été réduites à la même exposition ; c'est ce que j'ai exécuté dans des ta- bleaux, (1)où chacun des différens organes occupant une colonne particulière , la comparaison se fait par la seule inspection des sections correspondantes que le lecteur peut combiner de toutes les manières dont il a besoin pour travailler à son instruction ou satis- faire à sa curiosité. Là toutes les observations de Perrault, de Duverney, de Collins et de M. d’Auben- (x) Ces tableaux devoient faire partie d’un grand ouvrage dont Vicq - d'Azyr indiqueici le plan, et qu'il n’a pu achever. ‘4 DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 55 ton , sur les quadrupèdes et sur les oiseaux ; toutes celles de Charas, de Roesel et de M. l'abbé Fontana sur les reptiles, de Ray, de Willugby, d’Artedi, et de MM. Gouau et Broussonet sur les poissons; là toutes les découvertes de Swammerdam, de Malpighi, de f Réaumur , de MM. Geoffroy , Bonnet et Lyonnet sur les insectes; là enfin, les curieuses recherches de Wil- lis, d'Ellis, de Donati, de Trembley , de Bacher, de Baster, de Boadhch , de Forskal, de MM. Adanson, Muller , Pallas, Spallanzani et Diquemare sur le vers, … les polypes et les zoophytes, se présenteront dans le mème ordre; elles y seront facilement et prompte- ment comparables entr'elles, et ainsi rapprochées , _ elles acquerront une nouvelle clarté par la Jumière _ qui résultera de leur union. y | Fr? » L Ÿ ( VON 44 - ë Frs L 4 { : Ê / x Û x s 4 : # K ) “à A < F+- hoc ; ù [ DEA (NÉ SN Cet + 4 4 HU. LRUES C1: Kied à HAUEC | ; FLEX Rd: } Sen A Ts, ER A RS : Taha i $ l ‘ 14 ; LISTE 17 t , | ot ATELS: dec ir ?ctai4 PTE à | COURIR) à 4 RSS ss rs BOSS D LU RD LR D PLAN D'UN COURS DANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Ts nr ns is ns is L': NSEIGNEMENT de l’Anatomie peut être + séparé de celui de la Physiologie , comme , en . physique, on peut examiner les différentes parties d'une machine , sans rechercher quels en sont les usages. Mais enseiguer la Physiologie sans l'Anato- mie , ce séroit s'éloigner des connoiïssances qui peu- vent seules être les bases d’une saine théorie ; ce : seroït ouvrir de toutes parts un champ libre à | l'erreur. Haller est le premier qui ait établi ce principe, et qui l'ait consacré dans ses écrits. Lorsqu'il publia celui de ses ouvrages qu'il estimoit le plus, ses pre- mières lignes de Physiologie, (1 )1l s'éleva dans … les écoles un grand murmure. On étoit accoutumé | à trouver dans les écrits de ce genre de longs raison vemens ; presque toujours dénués de preuves, des ES (1) Primæ lineæ Physiologiæ. 36 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. opinions extraordinaires , ou des fictions brillantes. Dans celui - ci, l'on fut étonné de ne voir que des faits nombreux , des détails précis, des conséquences rapides , et surtout un esprit de recherches, jus- qu’alors inconnu dans cet enseignement, Un pareil tralié, dont la lecture exigeoit l'application la plus sérieuse , dont l'mtelligence supposoit une médita- tion profonde, ne dut point être facilement adopté dans les écoles. Les commentaires de Senac, sur le Compen- dium anatomique d'Heister, y étoient devenus le livre classique ; mais le jugernent des hommes ins- truits prévalut : l’ingénieux ouvrage de Senac fut abandonné , et celui de Haller réunit tous les suffrages. Comme il n’est point de partie de la médecine sur laquelle on ait tant écrit , il n’en est point non plus sur laquelle les bons traités soient aussi rares. Les livres de Galien, sur l'usage des parties, le système anatomique de Collins , dont le plan est vaste et vraiment encyclopédique , quelques-uns des livres de Stahl, les instituts de Boerhaave , l'ouvrage de Borelli sur les mouvemens, et celui de Halés sur la statique des animaux , sont en effet, depuis le siècle d'Hippocrate, jusqu’à l'époque où Haller a écrit, à peu près les seuls traités de Physiologie dignes qu'on les lise et qu’on les conserve; presque tous Le — DISCOURS SUR l’ANATOMIE. 5} les autres sont défectueux , et déjà tombés dans. Joubli. Si les auteurs que nous venons de citer ont mérité cette exception , on doit Fattribuer surtout à ce qu'ils n'ont point séparé la Physiologie de l’'Anas tomie. Comment donc toutes les facultés (1) ont- elles confié l'enseignement de ces deux sciences à deux professeurs différens ? Dans celle de Paris, c'est le professeur de Physiologie qui fait le cours d'Anatomie , par lequel il termine son exercice. Mais 1l vaut mieux encore réunir ces deux études, etles faire marcher d’un pas égal ,de sorte qu’ellesse servent de lune à l’autre de preuve et de complément. Cette méthode offrira de grands avantages aux élèves. Les détails anatomiques, qui sont arides et rebutans par eux-mêmes, acquerront de Fintérêt, par les considérations que la Physiologie y méêlera, Les disciples écouteront plus volontiers , et retien- dront mieux ce qu'ils auront entendu avec plaisir, et qui se sera offert dans un bel ordre à leur esprit. L’Anatomie seule n’est , pour ainsi dire , que Île squelette de la science ; c’est la Physiologie qui hu donne du mouvement : l’une est l'étude de la vie, l'autre n’est que l’étude de la mort. (1) La faculté de Médecine de Vienne, dans un plan très - moderne , a commis la mêine faute. 38 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Mais, de même que les vérités anatomiques sont fondées sur l'observation , Les vérités physiologiques le sont sur l'expérience. C’est sur les animaux vivans que les essais de ce genre doivent être tentés ; et comme rien n'est plus difficile que de reconnoître la voix de la nature au milieu des convulsions et des cris de la douleur , il importe qu’un maître exercé apprenne aux élèves avec quelles précautions il faut qu'on l'interroge, et dans quel sens on doit inter- préter ses oracles. Se propose-t-on de voir cir- culer le sang et la Iÿmphe dans l'épaisseur des mem- branes transparentes où sont répandus leurs vais- seaux ? Demande-t-on avec quelle force le sang jullt du cœur et des tubes élastiques où 1l est ren- fermé ? Veut-on savoir quels sont les organes irri- tables ou sensibles ? Est-ce la voix qu'on veut étouffer par la section d’un seul nerf? Est-ce le sommeil qu'on veut produire, en pressant sur quel- ques régions du cerveau ? Enfin , est-ce la vie dont on veut trancher en un instant le fil, en blessant quelques-uns des points de l'organe médullaire ? Dans toutes ces opérations, la route est difficile à tenir , et c’est au professeur le plus habile qu'il appartient de la tracer. IL est un autre genre d’essais non moins curieux , dans lesquels on combine les moyens physiques ou chimiques avec ceux que l’Anatomie emploie. C'est ns DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 59 ainsi qu'on expose un animal à la commotion élec- trique , ou à l’action d'un air raréfié dans la machine du vide. C'est ainsi que , plongé dans des gaz de diverse nature , tantôt il périt en s’agitant , tantôt il demeure dans une inaction qui devient mortelle, si elle est trop long -temps prolongée. C’est ainsi qu'on allume en lui la fièvre , en lui faisant respirer un air trop acüf. C'est ainsi qu'on fait couler un sang étranger dans ses veines. C’est ainsi qu'on à üré , dans les animaux vivans , les sucs digestifs des cavités qui les renferment. Il n’y a pas jusqu'au suc osseux dont le physiologiste sait changer la couleur , et si bien diriger les mouvemens , qu'il le détourne à soû gré vers des organes qu'il encroûte , et où cette matiere se rassemble pour former un cylindre nouveau. Ces expériences, distribuées avec art, romproiïent , dans l’enseignement , l’uniformité du récit : elles forceroient lattention des élèves, qui ne pourroient oublier ce que des circonstances s1 frappantes auroient gravé dans leur mémoire, Ajoutons qu'il importe d'autant plus de fixer les regards des jeunes médecins sur ce genre d'essais , qu'il est peut - être dans l'étude des animaux , le plus utile et le plus négligé. Parmi les élèves qui sont sortis des écoles , il n’en est aucun auquel on ait donné jusqu'ici la plus légère idée de la Physio- logie expérimentale. Quel motif engageroit à traiter 4o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. longuement de la structure des viscères , si l'on ne se donnoi aucune peime pour découvrir le méca- nisme des parties que l’on décrit si bien ? Il est encore une source féconde où le physio- logiste puisera des connoissances uules; c’est l’Ana- tomie comparée. Celui qui n’a vu que le cerveau, le cœur , les poumons, l'estomac, les intestins de l'homme , n’a qu'une foible idée de ce que sont ces viscères dans la grande chaîne des animaux ; 1l ne connoît point leurs relations, et il ignore la plus belle parue de ce qu'il doit enseigner. Haller a placé dans sa grande Physiologie , au commencement de chaque section, un abrégé des connoissances que l'anatomie des anffhaux lui avoit fournies. Mais , n'est-ce pas plutôt à la fin de chaque article que ces rapprochemens doivent se trouver : et puisque c’est l'homme que lon compare, ne faut- il pas que ses organes soient décrits avant de cher- cher quels en sont les rapports ? Les détails urés de l'anatomie des animaux , ne se trouveront donc qu'à la suite de ceux dont l’anatonuie humaine aura formé le tableau. Il suit de ces dispositions que l’enseignement de ceite chaire est composé de quatre parties ; savoir , V’Anatonue humaine, l'Anatomie comparée , la Phy- siologie théorique , et la Physiologie expérimentale. Pour réunir ces quatre grands objets , et les fure > Sur DISCOURS SUR L’ANATOMIE. Æ&4 concourir au même but, le professeur ne suivra pas un plan simplement anatomique ; 1l divisera en plusieurs classes les usages où fonctions des parties , et cette méthode déterminera le nombre et l'ordre de ses lecons , dont chacune commen- cera par l’exposition , qui sera suivie de réflexions propres à faire connoître l’action des organes qu'on aura examinés, et les opinions de ceux qui en auront parlé dans leurs écrits. Il n'existe certainement aucun corps vivant qui ne se meuve, au moins en lui-même, qui ne se nourrisse et qui ne se reproduise. L’irritabilité, la nutriuon , dont la digestion fuit parue , et la géné- ration sont donc les trois premières foncuons qu'on doit admettre dans la comparaison des corps orga- nisés. Mais on voit que dans la plupart des fluides . circulent, et que des humeurs se filtrent dans des glandes. La circulation et les sécrétions auxquelles l'ossificauion se rapporte , doivent donc être «jou- tées aux trois fonctions prinntives. Enfin , commu- niquer avec l'air , être sensible au contact des substances environnantes, sont d’autres attributs propres aux corps organiques , et qui doivent faire partie de l'examen projeté. L’ossificauon , lirritabilité , la circulation , la sensibilité , la respiration , la digestion , la nutrition , les sécréuons et la génération , seront donc les 42 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. principales divisions du cours dont nous offrirons ici le tableau. (1) 4 ( 1 ) Les objections qu’on ne cesse de faire contre lareéu- nion de la Physiologie à l’Anatomie , sont les suivantes ; 19, L’Anatomie, dit-on, doit être enseignée pendant l'hiver , et la Physiologie pendant l'été : futile argument. Qui ne sait que les parties anatomiques , détachées, isolées, qui doivent servir à l’enseignement , peuvent être prépa- rées et présentées fraîches dans tous les temps de l’année, et que, avec des précautions tres -simples, on peut préve- nir , je ne dirai pas les dangers, mais les désagrémens de la mauvaise odeur et de la putréfaction. 2°. Mais, ajoute-t-on, si on réunit la Physiologie à l’'Anatomie , il est à craindre que celui qui sera chargé de ce double enseignement ,nes’arrête à de vaines explications, et ne néglige les descriptions importantes à connaitre pour les élèves dans l’art de guérir. Je réponds, 1°. qu’on n'aura point cet abus à redouter, si le professeur est astreint à suivre un plan complet tel que celui que je publie, parce qu’il faudra qu’il commence par décrire avant d’expliquer, et que de fait alors l'Ana- tomie est réunie à la Physiologie , sans se confondre avec elle, parce que dans ce qui concerne chaque organe , l’Ana- tomie précèede, et la Physiologie vient apres, sans que réci- proqueuient l’une puisse faire aucun tort à l’autre. . Je réponds, 2°. que si on ne prend pas ce parti, le profes= seur qui n’enseignera que la Physiologie n’offrira à ses élèves qu’un roman stérile et dangereux, et que l’Anatomie ne leur offrira que des descriptions arides, et d’un très-foible intérêt pour des commençans. | Je réponds, 5°. que j'ai toujours suivi, dans mes leçons, Ja méthode que je trace, et que le public n’en a point paru mécontent, Ce qui m’engage à faire connoître le plan d’un cours d’Anatomie et de Physiologie, c'est que jamais on n’en a publié aucun qui eût une étendue suffisante, et qu’il m'a paru utile d'apprendre aux élèves ce qu’ils doivent attendre d’un professeur chargé de l’enseignement de ces deux sciences réunies. \ . k + | Ro ns rs he es ee A in nt TABLEAU d'un Cours d'Anatomie et de Physiologie. Ire, FONCTION. DE L'OSSIFICATION. 6. Ier, De l’ostéologie sèche. M Des os en général. Deleurs cavités et de leurs éminences; de leurs articulations, de leur jonction ou symphyse. Du squeleite et de ses di- visions. Des os secs en général et en particulier. Des os de la tête en géné- ral, et de leurs divisions. Des os du crâne. De l’os frontal et des éminences qui sont la base des cornes. Des cornes elles-mêmes, solides ou creuses; de leur accroissement et de leur re- production. Des pariétaux. De l’os oc- cipital. Des os temporaux De l'os sphénoïde. De l'os ethmoïde et de ses appen- dices. Des os Wormiens. Des biseaux. Des sutures. Du mé- canisme des os du crâne. Des os de la face Des os maxil- laires supérieurs ou anté- rieurs ; des os insicifs. Des os de la pommette. Des os palatins. Des os unguis ou du grand angle. Des os pro pres du nez. Des cornets in- férieurs du nez. Du vomer, De la mâchoire inférieure. Des dents. Du nfécanisme de la face, des sinus , et des dents. Récapitulation de la struc- ture de la tête, de ses ovales, de sa base. Du tronc en général et de ses divisions. De la colonne épiniére, Des vertebres en général et en particulier. De l'os sacrum et du coccyx. Du mécanisme de l’épine. de l’os innominé, Du bassin. De ses diametres dans l’es— pèce humaine et dans les quadr upèdes ; : de son axe. De son mécanisme. Du thorax. Du sternum ; du PR xyphoide. Des côtes vertébrales et sterno- vertébrales. De leurs carti- lages. Mécanisme du sternum et des côtes. Des os des extrémités su- périeures. De l’épaule. De la clavicule et des os clavicu- laires. De l omoplate. Du mécanisme de l'épaule. Du bros en général. De los humerus, De l'avant -bras et des os qui le composent. Du mécanisme du bras et de l’avant-bras. Des os du carpe, du mé- tacarpe, et des doigts. 4% SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, Du mécanisme du poignet et de la main , et des mouve- mens du pouce opposés à ceux des autres doigts. Des os des extrémités in- férieures en général. De l'os fémur et de ses mouvemens, De la rotule, Du méca- nisme du genou. Des os de la jambe et de leur mécanisme. Des os du tarse; de ceux du métatarse. Des doigts, Des os sesamoides. Mécanisme des malléoles et du pied. Rapport du pied avec la main. $.IL De l'ostéologie fraîche. Du squelette naturel frais, eu des os frais en général. Du périoste et du péri- erâne. Des cartilages en général; des cartilages inter -articu- laires ; des cartilages inter- osseux ou de liaison. Des ligamens en général ; des ligamens ronds, longs ; des ligamens inter-articu- laires. Des membranes et des expansions ligamenteuses. Des capsules muqueuses ; des glandes et des graisses articulaires ; de la synovie. De la moëlle osseuse et du suc médullaire. De l’eppareil articulaire en général. Des ivsertions tendineu— ses, aponévrotiques el liga= menteuses , aux extrémités des os qui s’articulent entre eux. , Des os fraisen particulier ; de l'articulation de la mâ-— choire supérieure avec Fin- férieure. | Du mécanisme de la lam inter-articulaire. | Des divers mouvemens de la mâchoire inférieure Quel- ques remarques sur Les luxa- tions. De lalésère élévation de la mâchoire supérieure avee la tête. De l'articulation et de la symphise de cette partie du squelette avec la premièreet la seconde vertebre. Des articulations des ver- tebres entre elles dans leurs corpset dans leurs apophyses. De l'articulation de la der- mere vertebre lombaireavec le sacrum, et du sacrum avec le coccyx. e Du mécanisme des carti— lages inter-osseux de l’épine, de leur compression par le poids du corps; des diverses espèces de décroissement dues à cette cause. Des expérien— ces de M. de Fontenu à ce sujet. | Quelques remarques sur les maladies de l’épine, sur la gibbosite, sur la maladie vertébrale ;, sur la carie, sur TT } ER TE DISCOURS SUR L’ANATOMIE. les luxations des vertebres, et sur les inconvéniens des corps à baleine. De l'articulation des os innominés avec le sacrum, des higamens inférieurs du + bassin. De Varticulation des os pubis entre eux. De la sym- physe du pubis; de son éten- “due. De l'articulation que . forment les deux pièces qui la composent. De la facilité avec laquelle elle se pénètre de sucs dans la grossesse et à läsuite dequelques maladies. De sa section et de l’écarte- ment qui en résulte dans la femme , comparé avec celui qu'on observe par la section du pubis dans les femelles des quadrupedes. Des vices du bassin. De l'articulation des côtes avec les corps €t les apophy- ses transverses des vertebres. . Des ligamens du sternum et du cartilage xyphoïde. Du déplacement du bréchet. Des articulations sternale et scapulaire de la clavicule. De la jonction de cet os avec l’apophyse coracoide. Quel- ques remarques sur la luxa- tion de la clavicule. De l'articulation de l’omio- p'ate avec le bras. Quelques réflexions sur la facilité avec laquelle le bras se luxe. . De l'articulation de l’hu- térus ayec l’os du coude et 45 avec l’os du rayon. Du liga- ment inter - osseux. Des articulations des os de l'avant. bras entre eux. De la maladie appeléedias- £ase. De l’articulation des os du carpe avec ceux de l’avant- bras ; de celle des os du carpe entre eux et avec les os du métacarpe. De l'articulation des os du métacarpe entre eux et avec les premieres phalanges du pouce et des doigts. De l'articulation des pre- mieres phalanges avecles se- condes, et des secondes avec les troisiemes. Du mécanisme des liga— mens de la main et de l’ex- trémité supérieure. De l'étendue de l’abdnc— tion , de la pronaiion et de la supination. De l'articulation de l'es innominé avec le fémur. De la cavité cotyloiïde dans l’état frais et de ses maladies. De l'articulation du fémur avec la rotule et lé tibia. . De l'articulation du tibia avec le péroné , et des avan tages de sa position oblique, Du ligament inter-osseux. De l'articulation des os de la jambe avec le tarse. De celle des os du tarse entre eux et avec ceux du méta!arse. Des articulations de ces 46 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. derniers , soit entre eux, soit avec les premières phalanges desdoigts,et des articulations de ces phalanges entre elles. Du mécanisme de ces di vers ligamens, et surtout de la position de ceux qui sont lacés vers les malléoles. De la structure des os et du squelette, considérés dans les différens sexes, et dans les différens âges. $. IIL. De l'ostéologie com- parée. Des diverses sortes de squelettes con-idérés dans leurs principales différences. Des squelettes de substance osseuse, de substance cornée ou cartilagineuse, et de sub- stance crélacée , dont les diverses classes d’animaux fournissent des exemples. Du corps ligneux. Du squelette place à l’in- térieur ou à l'extérieur du corps; ou de celu\ qui est en partie situé à l'extérieur el à l'intérieur. Les insectes, les quadrupedes ovipares et à écailles, offrent des exemples de ces deux dernières modi- fications. Des caractères propres au squelette intérieur le plus parfait ; il est composé de la tête, du cou , du thorax, des loinbes, de la c'avicule, de lomopla'e, du bassin, et des os des extrémités. On considérera le squelette sous ces différens rapports dans les diverses classes d’a- nimaux. (1) dà $. IV. Expériences sur l’os- séfication. Des expériences à faire ou au moins à exposer sur l’os— sification. Des expériences de Clop- ton Havers, sur la dissolu- #® tion des'os par les acides. Des expériences de Duba- me!, 1°. sur la maniere de colorer les os des animaux, en mêlant de la garance avec les aliinens dont on les nour- rit; 2°, sur l'accroissement des os et des substances cor= nées dans leurs diverses dimensions ; 3°. sur les couches dont ces substances sont composées; 4°. sur le liber et le périoste, que Du- hamel regardoit comme des- tiués à produire les corps li- gneux et la substance os- seuse. Des expériences de M. Fougeroux, pour confirmer l'opinion de M. Duhamel. Des expériences de Haller, qui tendent au contraire à prouver que la substance os- (1) Voyez le Discours sur l'Anatomie considérée dans ses rap- ports avec l'Histoire Naturelle, DISCOURS SUR L’ANATOMIE, #> seuse se forme sans le con- cours du périoste. Des préparations em- ployées par MM. Hunter et de Lassone, pour faire con- noître la structure des lames osseuses et de celles des car tilages d’encroûtement. Des expériences de Hé- rissant sur la maniere, 1°. de débarrasser, par l’intermède des acides, le parenchyme cartilagineux , qui est la base de l'os, du suc osseux qui lencroûte ; 2°. de détruire, par la combustion, le paren- chyme cartilagineux,en lais- sant ainsi la substance os- seuse, proprement dite, sé- parée de ce parenchyme. Des expériences de M.T'e- non , sur la carie des os. De celles de M.'F'roja, sur la manière de produire un 05 artificiel dont l'os ancien est enveloppé, en déiruisant la moëlle, et en tourmentant à plusieurs reprises les meim- branes et les vaisseaux con- tenus dans la cavité qui la renferme. Des observations d’Albinus sur l’ossification. . V. De la nature des os. Ici, le professeur fera voir que les os de l’homme et des quadrupèdes ne sont point, comme on l’avoit pensé, des matières terreuses ; mais qu'ils sont formes de lames entre lesquelles est répandue de la gélatine, et qu’on doit regarder comme un véritable sel neutre, composé d’acide phosphorique et de chaux. Ti rappellera qu’on prépare du phosphore avec les os, en les soumettant à l’action d’un acide , de l'acide nitreux, par exemple, qui, s'emparant de la chaux, laisse l’acide phos- phorique libre , et peut en- trer dans une combinaison nouvelle. On n’a point fait l'analyse comparative des os des en- fans , des adultes, et des vieillards. On ne sait point encore quelle est la différence chi- mique des os mous et flexi- bles des poissons, des rep- tiles et des insectes, d’avec les os de l’homme et des quadrupèdes. Parallèle des observations et résultats des faits princi- paux qu’on aura rapportés. L’os est un organe sécré- toire dépourvu de conduit excréteur , et qui s’encroûte du suc osseux qu’il a séparé. II. FONCTION. DE L'IRRITABILITÉ. $. Ier. Des muscles en gé- néral. On traitera d’abord des muscles considérés à l’exte- 43 SCIENCES PHYSIOTI. ET MEDICALES. osseuse du crâne. Muscle oc rieur, et en général dans leurs diverses parties, dans leurs différentes formes, si— tuation , insertion, et dns leurs usages. Des tendons et des apo- névroses en génér al. Des gaines qui contiennent les tendons, et des coulisses par lesquelles ils passent. De la maniere d’estimer la force des muscles par la direction de leurs fibres, par la situation et la Eee des os , considérés comme des leviers de divers genres. Des différentes méthodes de décrire les muscles. On doit les décrire comme on les dissèque, par régions et par eouches. Cette me thode est celle des peintres. Le tableau qu’on propose ici, differe en plusieurs points de celui d’Albinus. Toutes les régions y sont surtout sub- divisées en sections, ce qu'Al- binus n’a point fait. Chaque muscle sera divisé, comme les os, en faces, anz gles, et bords, si c’est un muscleapplati; onle divisera en corps et en extrémités, si c'est un muscle long et ar- rondi. $. II. Tableau des diverses régions où se trouvent les muscles du corps humain. Région are, Calva. Calotte cipito-frontal, et son apo= nevrose, Région 2°. Muscles de la face en général. Section 16, frontale ; 2°. palpébrale ; 3e, most supérieure 3 4°. nasale ; 5e inter-ma Îles 6°. maxillaire inférieure; 7°. labiale ; 8. cutanée. Région 3°. Muscles de la partie latérale de la tête. Mala cum latere calvæ. Al. Section 1'°, auriculaire ex— terne, 1°.hors des cartilages, 2°. dans les cartilages; 2e. Zygomatico - maxillaire , de muscle masseter ; 5°. tem— porale ; le muscle crotaphite, et son aponéyrose à double feuillet. Région 4e, Le cou en de- vant. Section 1€, cutanée ; 2€, sternale ou inféricure; 3e, styloïdienne ; 4°. na ee inférieure ; 5°. cervicale moyenne , dont les divisions sont l’hy oglos: eii lhyoi- dienne, l’hyo laryngée, la laryngce, la pharyngienne moyenne et inférieure, ct i° æsophagienne. Région 5e, Les muscles de l’arriere-bouche, du voile du palais, du gosier en général. Section 1'€. LRNRRE du go— sier ; 2°. le voile du palais; 5e. |? el Me supérieure du harynx. Région Ge. Espace ptérygo= maxillaire : sub mald. Alb. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. Région 7°. La fosse orbi- taire en général. Section 1r°. muscles des paupières; 27, muscles obliques du globe ; 5e, muscles droits du globe ; 4°. muscles droits du nerf optique dans plus eurs qua- drupèdes. Région 8°. Articulaire in- terne. Section 1'°. les mus- cles du marteau ; les muscles de l’étrier. Région o°. ‘Thorachique antérieure. Section 1'°. cos- tale divisée en deux couches; 2°, claviculaire. Région 10°. Thorachique latérale. Région 11°. Abdominale ou yentrale, divisée en quatre couches principales. Région 12°. Elle est placée autour des cordons sperma- tiques. Région 13°. Le dos, la parte supérieure du cou et des lombes, divisée en six couches. Région 14°. Région pro- fonde du cou. Section 1r°, antérieure ; 2°. latérale. Région 15°. Region pro- fonde des côtes. Section 1r°. surface externe des côtes ; 2° espaces intercostaux ; 3°, sur face interne des côtes, Région 16e. Région pro- fonde du sternum. Région 17°. Région dia- phragmatique. Région 18°. Région pro- +, 4 49 fonde des lombes. Section 1r*, antérieure , le muscle psoas ; 2. latéiale, le muscle carré des lombe: , et les «ponévro- ses es environs. Région 14°. Les parties sexuelles. 1°. Dans le mâle, section ire, les corps caverneux; 2£. le bulbe de l’uretre. 2°, Dans la femelle, sec— tion 1r€. les corps caverneux ; 2€. les environs de l’orifice du vagin, Région 20°. L’anus. Sec— tion 1". superficielle ; 2°. profonde. Région 21°. Le coccyx. Région 22°. La partie su- périeure du bras ou moignon; le muscle deltoiïde. Région 25°. La région sca pulaire externe. Section 17°. sur—épineuse ; 2€, SOUS-ÉPI= neuse ; aponévroses scapu— laires. Rég'on 24°. La région sous- scapulaire. Région 25. La région an- térieure du bras. Région 26°. La région pos- térieure du bras ; aponévrose brachiale tres-mince. Région 27e. La face interne ouartérieurede l’avant.bras; 1re., 2€. et 5°. couches. Région 26°. La face ex— terne ou postérieure de l’a— vant-bras. 1°.et 2°. couches. Aponévroses qui s’inserent aux condyles de l’humérus. Æ 5o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Région 20°. La face dorsale de la main. Région 30°, La face pal- maire de la main ; aponé- vrose palimaire. Région 31°. Larégionilia- que externe ou fessière, 1"°., 2, et 5°. couches, avec leur issue aponévrolique. Région 32°, La région ilia- que interne. Région 55°, La région in- terne de la cuisse. Région 34°. La région in- terieure de la cuisse, 1'°., 2. couches , avec leurs apo- névroses. Région 55°. La région ex- terne ou postérieure de la cuisse. Section 1e, superficielle et fémorale ; le muscle du fas- cia lata,ayec son aponévyrose. 2°, L'Ischio-tibialeexterne; le biceps ou long vaste. 3e. Ischio-tibiale interne ; le muscle demi-nerveux de l'homme , ou biceps de la jambe des quadrupédes. Région 36°. La région du trou ovalaire : les muscles obiurateurs, les jumeaux ou le cânnelé, le pyriforme, le carré de la cuisse. Région 37°. Face antérieure de la jambe, Région 38°. face posté- rieure de la jambe ; aponé- vrose tibiale qui se continue aveclaculotteaponévrotique de Winslow. Région 39°. Face dorsale du pied. Région 40°. Face plantaire du pied , divisée en deux couches; aponévrose plan- taire. . IIL. Des muscles dans les animaux. De l’anatomie comparée des muscles, et résultats gé- néraux des observations ana- tomiques qui ont été faites sur les muscles du singe et des diverses classes de qua- drupèedes. Parmi les muscles de la tête, c’est dans les muscles de la face qu’on observe le plus de différences. Dans le cou , ce sont surtout les mus- cles sterno - mastoïdien, le sterno-hyoidien , le thyroi— dien, le digastrique , et l’an- gulaire de l’omoplate qu'il faut considérer. Parmi ceux de la poitrine, le petit pec- toral et le grand dentelé ont une structure différente de celle que ces muscles offrent dans l’homme. Parmi ceux du dos , on examinera le tra- pèze et les dentelés de la res- p'ration. Dans le bras, le deltoide , le biceps et les ex tenseurs du coude. Dans les régions iliaques et crurales, le muscle du fascia lala, l’'iliaque interne, les fessiers, les obturateurs, les jumeaux À } 3 J : En n'a DISCOURS SUR L'ANATOMIE. de la cuisse, le droit anté- rieur , le grêle interne, celui qui répond au couturier, et le biceps de la jambe, où long-vaste, dont la structure est très-particulière. Parmi les muscles de l’avant-bras, le long supinateur. Enfin, parmi ceux de l’extremité ostérieure, l’extenseur des loigts, le solaire, les piro- miers et le plantaire. C’est dans la conformation de ces muscles que se trouvent les principaux caractères qui distinguent la miologie de l’homme d’avec celle des qua- drupèdes. Les muscles des ailes et des extremités des oiseaux, fournissent encore des diffé- rences tres-remarquables. Les muscles robustes des poissons et des reptiles mé- ritent aussi beaucoup d’at- tention. L'histoire des polypes fera connoître des animaux entie- rement formés de substance contractile. : Dans la plupart des ani- maux appelés à sang froid , on verra que la fibre muscu- laire est blanche, et que sa contraction est plus vive et plus durable que dans des animaux dont le sang est plus chaud. Cette différence donnera lieu de remarquer que, ceux- ci même, outre les fibres 5x musculaires rouges, qui sont les plus répandues, il en est de blanches: telles sont celles des intestins et mêine de la vessie. Ces fibres sont aussi plusirritables que les autres. $. IV. De la structure intime du muscle. Après avoir examiné les muscles dans les différentes classes d'animaux, on trai- tera de l’Anatomie du mus- cle lui-même, c’est-à-dire, du muscle considére dans sa structure la plus intime. On verra que les artères qui s’y distribuent ne sui- vent aucune marche déter- minée : d’où il suit que ce ne sont point elles qui forment essentiellement le muscle , comme Vieussens et Willis l'ont avance. Les veines qui en sortent ont des valvules , et les vais- seaux lymphatiques y sont en grand nombre. Les nerfs s’y portent sous differents angles, et leur mar- che y est quelquefois rétro- grade. Dans tous les cas, leur volume n’est point assez considérable pour qu’on puis- se les regarder comme for- mant la base du muscle, ainsi que le Cat lavoit annoncé. Tantôt les nerfs qui se ramifient dans les organes 52 musculaires sont dispo:és en plexus, comine aux environs du cœur et des intestins: tantôt ils sont fournis par des nerfs longs, dont les filets se séparent sans qu’il ait ni entrelacement ni anghon. Sous cet aspect , les orga- nesmusculaires doivent être divisés en ceux qui obéissent, et en ceux qui n’obéissent pas à la voionte. Les muscles les plus irri- tables ne sont pas ceux qui recoivent le plus de nerfs. Le cœur est dans ce cas, et les nerfs, qui sont éminemment sensibles , ne sont point irritables. On n’a point reconnu de nerfs dans les polypes : s'ils en ont, ces nerfs sont sans douteties - petits ; et cepen- dant le: polypes sont tres- contractiles. La base du muscle est un organe cellulaire et fibreux, qui devient b'anc par la lotion. Dans les muscles dont la forme est la plus simple, les fibres sont droites : reu- nies , elles composent des faisceaux qui sont coupés à — peu - près à angle droit par des traverses cellulaires. On exposera ce que Le- wenhoeck , Muyset Deheyde ont dit des fibres et des fibrilles. SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. On fera connoître les opi- nions de Swammerdam , de Cowper ; de Borelli, de Muys,et deRuysch, sur les formes globuleuse, cellu- laire ,rhomboïdale, noueuse ou tomenteuse qu’ils ont admises dans les dernieres divisions de la fibre muscu-— laire. Ces suppositions sont la base de divers systemesqu’on indiquera en peu de mots. On comparera la fibre musculaire avec la fib:e ten— dineuse ou aponévretique : on en montrera la différence. Sont = el es continues l’une avec l’autre / Est-il vrai que les aponévroses et les ten— dons soient tout-à-fait dé- pourvus de nerfs, comme Haller l’a dit? Sicela est, pourquoi les p'qüres y exci— tent -elles quelquefois uvre grande sensibi'ite ? On suivra le tendon dans la profondeur même du mus- cle, où il se termine en ointe Pourquoi les deux tendons du même muscle sont-ils our l'ordinaire opposés l’un à l’autre dans la place qu'ils occupent, dans leur direc- tion et dans leur structure ? Et quel est l'avantage d’une tige morenne à laquelle aboutissent des faisceaux obliques, d’où il résulte une disposition penniforme, ou semi-penniforme. AUX 1" GUINEA DISCOURS SUR L’ANATOMIE. On parlera des caspules muqueuses destendons , des glandes qui s’y trouvent , et dufluide onctueux qui s'y sépare. Résumé des aponévroses , de leurs divers plans defibres, de leurs usages. Il n'existe pas un seul iraité d'anatomie où les aponévrosesscient bien décrites : le professeur y suppléera. $ V. Des phénomènes des mouvemens musculaires dans l’état de santé. Du muscle considéré en repos , et en équilibre avec ceux qui l’environnent. Du muscle dans l’état de contraction. Il se durcit en se raccourcissant ; de la me- sure desonraccourcissement. De ses rides , de ses plis, de sa force , soit relative, soit absolue, soit simple, soit composée ; de ses effets; du secours qu’ilrecoit des au- tres musc'es et de celui qu'il leur donne ; des muscles antagonistes. De l'influence du sommeil, de la veille, de la digestion, et des diverses autres fonc- tions organiques sur l’action musculaire. Des phénomènes de cette aetion , soit qu’elle devienne plus forte ou plus foible. 55 $ VI. Expériences faites sur les organes irriiables. Des expériences nombreu- ses ont éte faites sur ces or ganes ; on répétera les prin- cipales, Les musclesse contractent, lorsqu’on pique les nerfs qui s’y distribuent. La même chose arrive lorsqu'on les pince, et surtout lorsqu’on en tire des. étincelles élec- triques. Desexpériencesnou- velles ont même prouvé que ces étincelles sont le stimu— lant le plus fort qu’on puisse emp'oyer dans le traitement des personnes asphyxiées. Lorsqu'on a fatigué le nerf dans un des points de son étendue , si on le pince au dessous et plus pres du mus- cle, on excite encore des contractions. Si on coupe le nerf, le musc'e conserve pendant quelques instans son irrita= biité , qu'il perd bientôt apres. Si on lie les vaisseaux san- guins, l'irritabilité du muscle dure un peu plus long-temps que lorsqu'on en a coupé les. nerfs; mais elle se détruit enfin,ponr ne plusreparaitre. On peut se servir de diffé- reats acides , soit minéraux, soit végélaux., pour exciter la contraction des parties musçulaires ; mais ces sels, 64 SCIENCES PHYSIOT, ET MEDICALES. surtout les premiers , détrui- sent bientôt les organes sur lesqueisilsagissent. Le beur- re d’antimoine produit le même effet, et pour les mê- mes raisons. Les organes musculaires placés dans les différentes cavités du corps, jouissent à un haut degré de la force irritable. Tels sont le dia- hragme, dont on excite facilement la contraction par la pression du nerf phréni- que , la vessie qu’on force de se v'der , en l'irritant à l'extérieur , tels sont le cœur et les intestins, dont on re- veille la contraction par le souffle seul de la bouche, ou par le léger frottement d’une petite brosse ou d’un pinceau irès— doux. Ces organes, hors du corps , et coupés même par morceaux, sont encore tres— irritables L'æœsophage des animaux se contracte aussi tres-faci lement par l'effet des diffé rens aiguillons. Les grenouilles sont très— propres à ces differentes expériences. Ii en résulte qne les l'ga- mens , lescapsules , les mem- branes , les aponévroses , les tendons , les nerfs, les car- tillages , et les os ne sont point irritables. La membrane médullaire, quoiqu'ilsoit démontré ,con- tre l’assertion de Haller, qu’elle est souvent très- sensible, n’est point irri- table. Les vaisseaux lymphati- ques le sont beaucoup ; les grosses arteres , dans les jeu- nes animaux, sont évidem- ment musculaires, et se contractent d’une maniere tres-marquée. Les grosses veines aux environs du cœur, sont vraiment contiractiles ; plus lon, elles n’ont point cetle propriete ; les organes glanduleux n’en jouissent pas non plus de manière à ce qu’on puisse en apercevoir les effets. La peau peut se froncer dans dfférentes circonstan- ces, et elle n'est pas aussi dépourvue d’irritabilité que Hailer l’a dit. Le tissu cellulaire n'en donne aucune marque. L’opium et les substances narcotiques en général , étén- dues sur les organes musCu- laires, diminuent leur irri- tablité. On a dit que la plupart des gaz qui produisent l’as- phyxie , détruisent aussi l'irritabilité des organes musculaires. | Lorsqu'on a coupé le mus- cle antagoniste , ou qu’on l'a rendu paralytique en cou- pant ses nerfs, le muscle . DISCOURS SUR L’ANATOMI 55 opposé l'emporte; et son ac- tion devient constante. Lorsqu'on lie avec un fil la partie la plus charnue d’un membre , dont lesmus- cles sont en repos, et qu’en- suite on les contracte , le membre éprouve de la gêne dans le lieu de la ligature ; ce qui prouve qu'une partie du membre se gonfle. Cette expérience a été rapportée par Hamberger. Si on plongele bras, sans en mouvoir les muscles, dans un vase rempli d’eau, etqu’ensuite on lescontracte, le niveau de l’eau s’abaïsse, ce qui semble annoncer que le volume des muscles di- minue dans la contraction; mais ce résultat peut trom— per , parce qu'il sufliroit que les muscles se rapprochas- seut l’un de lautre pour que le volume total dimi- nuât. Cette expérience est de Glisson et de Swammer- dam. Ce dernier a fait l’expé- rience précédente, en plaçant le cœur d’une grenouille dans un vase étroit et rempli d'eau qui s’est abaissce, lorsque le cœur s’est con- tracte. L'observation a prouvé que les muscles ne pâlissent point dans le moment de la con- "ttraction. Si daps la systole, fléchisseur, les Le le cœur pâlit, c’est parce que le sang est lancé hors de ses cavités; ÆKaw et inter. On évitera de se tromper comme BPorelli dans lPesti- mation des forces de quelques organes musculaires. Par exemple , lorsqu'il a com paré le poids du cœur avec celui du muscle fléchisseur du pouce, pour en tirer des conséquences relatives à la force du premier de ces orga- nes , il a commis une grande erreur , car outre que l’ac- tion du fléchisseur du pouce est aidée par celle du court fibres du cœur étant beaucoup plus délices et plus rapprochées les unes des autres que celles du muscle fléchisseur du pouce , on ne peut, à raison du poids, établir entr’elles aucune analogie. Il y a sous d’autres rapports, dans ce calcul , plusieurs sources d'erreurs qu’il seroit trop long d'exposer iCI. Ce sera dans le traité d'ae natomie de Winslow , qu’on trouvera les meilleurs prin- cipes sur les divers usages des muscles. On considérera sur-tout leurs angles d’in- sertion, ja direction des gaines ou des poulies , et de leurs tendons , et leur situa- tion relativement aux difie- rens articles. 56 $S VIL. Des efjets de l’action musculaire. On indiquera quels sont leseltets de l’action des mus— cles, soit relativement aux os dont ïls modifient les contours , les formes et les éminences ; soit relative- ment aux besoins des ani— maux qui en ont pourvus. Ainsi, dans l’hoinme on expliqutia la station, le marcher , la course , le saut ; dans le quadrupède, sur- tout dans le cheval, le pas ordinaire , le trot , legalop, et l’amble; «ans l'oiseau, les diverses espèces de vol, Pascension, l’action de pla- ner, l’abaissement , le mar- cher; dans le poison, la manière dontil nage ,et dont il s'arrête ou se dirige , soit ” les nageoires , soit par ‘action de la queue. On consultera les expé- riencés curieuses faites à ce sujet par Borelli; dans les reptiles , les ondes qu'ils forment , et la maniere dont ils sautent , s’élancent ou se suspendent ; dans les insectes, le marcher , le saut, et le vol; dans les vers , la ma miêre dont ilsrampent à l’aide d’une sorte de mouvement péristaltique ; ou en soule— vant une partie de leur corps en forme d’arc ; dans les po- lypes , en s’accrochant par SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. leurs queues ou par leurs bras, ou en formant avec ces derniers une sorte de roue , dont le mouvement esttres- rapide ; enfin dans les plan- tes par la contractionde quel- ques-uns de leurs organes qui semblent jouir d’une sorte d’irritabilité Il existe donc dans les corps vivans une fonction ou pro- priété tres-différente de la sensibilité et de toutes les autres forces quelconques , que Glisson avoit connue, et que Haller a démontrée ; elle à recu les noms de vis insita ou irritabilitas, dans les écrits de Haller ; de ais pruriens dans ceux de Kaw— Boérrhaave ; de vis vitalis dans ceux de Gaubius ; de sensus animalis dans ceux de Charleton. $. VIIT. Du siège de l’action musculaire. Mais quel est le siége de de l’action musculaire, et à quelle partie organique ap- partient spécialement cette propriété ? Ce n’est point aux vaisseaux , quisont eux— méêwes irritables , et qui ne font qu’alimenter le muscle ; ce n'est point aux nerfs, qui l’animent , et qui y trans- mettent seulement l’aigul- Jon de la volonté; ce n’ést point au tissu ceilulaire , Loti LATE | DISCOURS SUR L’ANATOMIE. qui n’est qu’un organe pas- sif; ne seroit-ce pas plutôt à une matiere élastique et contractile qui S'y sépare- roit par une sortede sécrétion srticulière à cet organe ? Ici le professeur exposera les notions principales que la chimie moderne a fournies sur l’analyse des muscles. Ce qui distingue leur tissu fibreux , c’est 1°. De n’être pas dissoluble dans l’eau ; 2°. De donner plus de gaz azote par l’acide nitriqne qne toutes les autres subs— tances animales ; 5°. de four- nir ensuite de l’acide oxalique et del’acide malique ; 4°. Ce tissu se pourrit facilement, lorsqu'il est humecté, et il donne beaucoupde carbonate ammoniacal à la distillation ; 5°, Il brüle en se resserant. Diversrapprochemens ont porté un des premiers chi- mistes modernes, (1) à croire que les muscles sont le reservoir de la matière fibreuse du sang qui s’y con- dense, et qui y devient l'organe immédiat de l’irri- tabilite. IIIe FONCTION. De LA CIRCULATION. Le professeur traitera des organes qui servent à la —— circulation, eten général du cœur, des vaisseaux arté— riels , et des veines sanguines et lymphatiques. 6. Ier. Du cœur. Du pericarde. De la position de ce sac, considéré dans le inédiastin; de sa forme , de sa base, de ses faces, de ses angles, pointes ou cornes,deses mem- branes externe et interne ; de ses adhérences , de ses onver- tures , de son anneau , de ses vaisseaux, de la sérosité qui s’y condense, de son usage. Du cœur en général et à l'extérieur ; de sa situation, de sa forme , de sa base , de sa pointe, de ses faces, de ses angles , de la ligne de dé- marçation qui est placée entre ses veutricules, de sa membrane externe, et de la graisse qu’elle reçoit dans quelques sujets. Des cavités du cœur en géneral. Des sinus et des oreiilettes à l'extérieur; de leur base, de leur pointe , de leur diree- tion , de leur étendue, de leur adossement. : De l’oreilleite droite, dite des veines caves ; de sa forme et de ses limites. de sa structure exlerne et in— (1) M. de Fourcroy. 58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. terne, de ses faisceaux char- nus, ou muscles pectinés ; de la membrane qui se montre entre les faisceaux charnusde l'oreillette. Du sinus droit, et des veines Caves, qui s’y ouvrent. De la valvule d'Eustache. Du sinus des veines coro- naires. De la cloison ou seplum des oreillettes. Du trou ovale et de sa valvule ; de l’anneau et de la fosse ovale, de l’isthme de Vieussens. De l’ouverlure veineuse du sinus droit dans le ven- tricule du même côté. Du ventricule droit , ou pulmonaire;de sa membrane interne, de sa forme, de son” étendue , qui est plus grande que celle du ventricule gauche; de ses faisceaux, ou de son réseau charnu. De son ouverture vei- neuse , et de l’anneau val- vulaire qui l'entoure ; des muscles papillaires qui ser- vent d'appui à la valvule. De la division de cette val- vule en trois pointes, qui se terminent aux muscles papil- laires. De l'ouverture artérielle de ce ventricule. Des valvules en panier de pigeon, qui sont à l'embou— chure de l'artère pulmo- naire. De la cloison des ventri— cules , et des colonnes char- nues dont elle est surchar- gée. De l'oreillette gauche, ou pulmonaire ; de sa forme, de sa pointe , de ses faisceaux réticulaires. Du sinus gauche ; des quatre veines pulmonaires qui y aboutissent ; de l’éten- due du sinus gauche , qui est moins grande que celle du sinus droit; de son ou- verture dans le ventricule gauche. De ce ventriculelui-même, que j'appelle aortique ; de sa membrane interne, de sa for: me, et de l’étendue de sa ca- vité, de sa pointe où la cavité se prolonge. De son ouverture veineuse ; des valvules appelées mitra- les, qui s’y trouvent, et des muscles qui leur servent de soutien. De l'ouverture artérielle de ce ventricule;des valvules, dites sigmoides , qu’on y re- marque , et des globules, dits d’Ærantius , qui sont placés au milieu du bord flottant de ces valvules. De l’os du cœur dans les ruminans, Des diverses couches de fibres queVieussens, Lancisi, Stenon, Senac et Haller, ont observées dans le cœur. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 59 Des nerfs de cet organe; des plexus cardiaques ; de ceux que Willis, Vieussens, Lancisi, Winslow et Senac ont décrits. 6. IL. De la structure du cœur, considéré dans les ani- maux. Dans les quadrupèdes, il est plus allongé, plus aigu, et il s'étend plus verticalement sur le sternum. Dans les oiseaux, le ven- tricule droit est sémilunaire, étroit, et 1! semble qu’ii em- brasse le ventricule gauche, autour duquel il est placé. Dans l’homme, dans les quadrupèdes, dans les céta- cées , et dans les oiseaux, le cœur est composé de deux oreillettes et de deux ventri- cules. Dans quelques qua- drupèdes ovipares , il est for- mé de deux oreillettes et d’un seul ventricule : telle est la grande tortue de mer. Dans les poissons, il n’y a qu’une oreillette el un ven- tricule, Dans les insectes et dans plusieurs sortes de vers, le cœur est allongé, et il jouit d'une sorte de mouvement péristatique , Comme les in- testins. On ne connoît point de cœur dans les polypes. $. II. Observations et expé- riences sur le mouvement du cœur. La poitrine d’un quadru- pède étant ouverte, 1°. on voit les oreillettes du cœur se contracter, quand les vei- nes-caves et les ventricules du cœurse dilatent, et ainsi réciproquement. 2°. Pendant la contraction des oreillettes , on voit le sang refluer dans les veines caves et pulmonaires. 3°. On observe que les contractions des oreillettes se font ensemble, et que celles des ventricules sont aussi si— multanées. 4°. On remarque qu’à me- sure que l’animal s’affoiblit , ces contractions se font tantôt plus vile, tantôt plus lente- ment, et qu’elles ne se suc- cedent plus avec la mêine régularité. Les ventricules commencent à se dilater avant que la contraction de l'oreillette soit achevée : et vers la fin de la vie l’oreiilette droite se contracte, pour l’or- dinaire , plus souvent et plus long-temps que la gauche. Haller faisoit passer à vo- lonté cette propriété de l’o- reillette droite à la gauche. A cet effet, il lioit l’artere aorte près du cœur, et il ouvyroit l’une des veines- caves : alors le sang, dont la 60 SCIENCES PHYSIOI. ET MEDICALES. présence excite les contrac- tions des diverses parties du cœur, s’accumulant à gauche , et cessant de s’'épan- cher dans les cavités droites, loreillette gauche devenoit Vultimum moriens. Pendant la diastole, le cœur devient un peu plus long qu'auparavant , et il se racconrcit dans }a systole. Dans ce même moment, on voit la pointe du cœur se redresser : le mouvement des valvules, qui se relèvent alors, force la pointe du cœur à se rapprocher de la base. Comme l'oreillette gauche est placée sur la colonne ver- tébrale, et qu’elle se remplit de sang lorsque les ventri- cules se contractent, le dé- placement qui en résulte doit pousser le cœur en devant, et sa pointe, qui est à l’ex- trémité du rayon, doit frap- per avec force les cotes qui lui sont opposées. Pendant la systole du cœur, le sang est poussé dans la crosse de l’aorte , qui , se remplissant brusquement , tend à décrire une ligne droite, et qui concourt , par cet effort, à porter en devant la masse entière du cœur, qui est comme suspendu à son extrémité. On peut produire ce même effet, en dirigeant avec force un fluide de bas en h:ut dans l’aorte thorachique vers le cœur. En observant la circula- tion dans les animaux, dont le cœur est demi-trarsparent, corume dans les grenouilles, on voit que les cavités de cet organe se vident tout-à-lait à chaque systoie. Le cœur de ces animaux se contracte long - temps apres avoir été detaché de la poitrine. On rétablit ses mou- vermens par le souffle, par l'impression de l’eau uède, et par divers stimuians. Dans les quadrupèedes, où le mouvement du cœur avoit cessé , on l’a souvent fait re- paroïtre en introduisant de l'air dans le poumon : alors on rétablit la circulation pul- monaire , et le sang qui se porte vers le cœur y excite des coutractions nouvelles. Ce procédé est d’une grande utibté dans le traitement des asphyxies. On voit manifestement la circulation continuer pen— dant quelque temps, dans les animaux à sang froid, quoi- que le cœur ait été arraché de la poitrine: d’où l’on peut conclure que le sang contenu dans le système artériel, ne reçoit pas toute son impul= sion du cœur, puisqu'il peut DISCOURS SUR L’ANATOMIE. encore se mouvoir lorsque cet organe est entierement détruit. ê On rappellera les opinions de Keil, de Jurine, de Ro- binson, de Morgan, et de Morlan , sur la force du cœur : il n’y a aucune de ces opinions où il ne se soit glissé quelque erreur , soit d’Ana— tomie , soit de calcul. On en concluera , avec Haller ,que la force du cœur est grande, mais qu'il est peut-être im possible de l’estimer avec une précision mathématique. Les nerfs de la huitième paire de l’intercostal peuvent être liés sans que les mouve- mens du cœur soient pour cela aussitôt interrompus. On exposera en peu de mots les opinions de Bellint, de Vieussens,de Perrault, de Boerhaave , sur les causesdes mouvemens du cœur, et 1l sera facile de faire voir com- bien ces systèmes sont peu fondés. On fera voir que la cause du mouvement du cœur ré- side dans sa propre irritabi— lite, que le sang excite en passant alternativement dans les oreillettes et dans les ven- tricules de cet organe. $. IV. Des artères et des veines pulmonaires. De l'artère pulmonaire, Gr de son tronc, de sa cour= bure. Du conduit artériel. De la bifurcat:on de l’ar- tère pulmonaire , de sa br'nche droite, de sa bran- che gauche, de leurs rap— ports avec les troncs , des subdivisions de ces branches dans les poumons. Des veines pulmonaires, de leurs ramifications dans les poumons , de leurs bran- ches hors de ces organes et près du cœur , de leurs rap— ports avec les branches et avec les artères pulmonaires, de leur entrée dans le sinus droit du cœur. La circul:tion pulmonaire, dont on exposera le mécanis- me, étoit connu de Cesalpin et de Servet, avant que la grande circulation de l’aorte et des veines caves eût été déterminée. . V. De l'artère aorte. De l'artère aorte en LE neral. Des artères coronaires. Des artères sous-clavièrés droite et gauche. Des carotides primitives. De la carotide externe ; de l'artère thyroïdienne supé- rieure ; de l'artère hyoïdien- ne, de la sublirguale, de la ranine, de l'artère pharyn— gienne inférieure, de ses ra 62 meaux pour le ganglion cer- vical de l’intercostal, pour la pure vague et pour le mus- cle sterno-mastoïdien. De l'artère labiale , ou maxillaire externe de Wins- low ; de l'artère palatine in- férieure ; de l’artère tonsil- laire ; des massétérines ; de la labiale inférieure et de la coronaire des lèvres. De l’artere occipitale; de la ményngée de 11 fosse céré- belleuse qui pénètre avec la veine jugulaire interne dans le crâne; des rameaux mus- culairesde l’artère occipitale, De l’artère auriculaire pos- térieure du rameau auditif externe, du rameau stylo- mas!oidien. De l'artère maxillaire in terne ; de la ményngée , ou artère moyenne de la dure- mère ; de la maxillaire infé- rieure , des ptérysoidiennes ; de la temporale profonde externe. De l'artère buccale ; de l’alvéolaire ; de la sous-or- bitaire, de la platine supé- rieure ; de la pharyngienne supérieure ; de la sphéno- palatine. De l’artère temporale; des auriculaires antérieures ; de la transversale de la face ; de la temporale profonde ; de la temporale superficielle ou postérieure. De l’arière carotide in- SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES. terne , ou cérébrale , en géné- ral ; de l’artereophtalmique; de l’artere lacrymale; des ciliaires internes courtes et longues ; des musculaires su- périeures et inférieures ; de la sous-orbitaire ; de la ci= liaire inférieure; de leth= moidale postérieure ; de l’ethmoïdale antérieure ; de l’artere centrale de la rétine ; des artères ciliaires anté— rieures ; de la palpébrale supérieure , inférieure ; de l'artère nasale ; de l’artere sur - obitaire ; de lartéere sourciliere ; du rameau fron- tal supérieur profond ; de l’artere communicante du cerveau ; de l’artere choroi- dienne inferieure; de l’artère calleuse ; de Ja branche pos- térieure , ou de Sylyius. De l’artere mammaire in- terne ; des rameaux thy- miques, diaphragmatiques , médiastins et ryphoidiens. De l'artère vertébrale en général; de l'artère infé— rieure du cervelet; de la la- térale du cervelet ; dela spi nale postérieure; de l’artère spinale antérieure; del’artère varolienne postérieure. Du tronc basilaire; des ramidales ; des olivaires ; de l’artère inférieure du cer velet (souvent il:en sort une seconde du tronc basilaire ); des auditives ; des artères des nerfs trijumeaux. DISCOURS SUR L'ANATOMIR. 63 De l'artère supérieure du cervelet ; des artères pinéales ; des tuberculeuses supérieu- res , et des varoliennes laté- rales et supérieures. De l'artère profonde ou postérieure du cerveau ; des artères du troisième ventri- cule; des inférieures et in- ternes des couches optiques ; des rameaux mammillaires ; de ceux des piliers antérieurs de la voûte ; des rameaux de la commissure postérieure. De la communicante de Willis; des artères choroi- diennes inférieures ;des opti- ques inférieures ; des am- moniennes, des tuberculeuses inférieures; de celles du troi- sième ventricule. De l'artère thyroïdienne inférieure ; de l’artere trans- versale de l’épaule, qui vient aussi de la mammaire in- terne ; de l'artère transver- sale du cou ; de l’ascendante du cou; des rameaux pro- fonds de la thyroiïdienne in- térieure ; de la thyroidienne proprement dite ; de la bran- che thorachique. De l’artère cervicale pro- fonde , de l’artère cervicale superficielle ; de l'artère in- tercostale supérieure ; des arlëres intercostales, deleurs branches supérieures et in- férieures. De l'artère axillaire; des thorachiques supérieure, lon- gue, humerale et axillaire ; de l’artère sous -scapulaire supérieure ; de la sous-sca- pulaire inférieure : de l’ar- tère circonflexe antérieure, ostérieure. De l’artere humérale ; de l'artère profonde supérieure du bras ; de l’artere profonde inférieure du bras. De l'artère radiale. De l'artère cubitale. Des artères bronchiales ; des œsophagiennes ; des mé- diastines postérieures ; des intercostales inférieures ; des diaphragmatiques inférieu- res. Du tronc cœliaque ; de l’ar- tére coronaire stomachique ; de l'artère hépatique ; de l'artère splénique. De l'artère mésentérique supérieure ; des artères cap— sulaires ; des artères rénales; de lartère spermatique ; de l'artere mésentérique infé— rieure ; des artères Jom- baires ; de l’artère sacrée an- térieure. Des artères iliaques com- munes ou primitives ; de l'artère iliaque interne ou pagastrique ; de l’artere iléo- lombaire ; des sacrées latéra- les ; de l'iliaque postérieure. De l’obturatrice ; de l’ar- tère ischiatique ; de la hon- teuse interne, de l’hémor- rhoïdale moyenne ; de l’ar- tère utérine, des artères 64 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. vésicale; de l’artere vagi- pale; de l’artère ombilicale. De l’artereiliagque externe ou crurale ; de l'artère épi- gastrique ; de l’artere 1haque antérieure ; de l’artère cru- rale; des honteuses externes ; de l'artère profonde de la cuisse ; de la circonflexe in- terne et externe ; de l’ar— tère poplitée ; des articu- laires. De l’artere tibiale ante— rieure; de l’artere tibiale postérieure , el de leurs ra— meaux. De l’artere plantaire in- terne el externe, et de ses branches. De l'artère peroniere et de ses rameaux. $. VI. Des veines caves. De la veine cave supé- rieure , et de ses branches considérées dans l’ordre de la circulation. De la veine basilique , et de ses rameaux; de la veine céphalique et de ses rameaux; de la veine mé- diane ; des veines brachiales ; des sua axillaires ; des vei- pes vertébrales ; de la veine temporale ; de F veine oCCi- pitale ; des veines jugulaires externes ; de la veine labiale; de la veine pharyngienne ; de la veine linguale; de la veine thyroidienne supé- rieure ; des veines jugulaires rnese des veines intercos- tales supérieures ; des veines mammaires internes ; des veines thyroïdiennes infé- rieures ; des veines sous-cla- vières ; 7 de l’azygos ; de la veine cave supérieure ou des- cendante. De la veine cave infé- rieure, dans l’ordre de la circulation ; de la veine po- plitée ; de la petite veine saphène ; de la grande veine saphène ; de la veine crurale; de la veine iliaque externe ; de la veine iliaque interne ou hypogastrique ; desveines iliaques ou primitives ; de la veine sacrée antérieure ; des veines lombaires ; des veines spermatiques ; des veines ré- nales ou émulgentes; des veines cper laires ; des veines hépatiques ; : des té phré- niques ; de la veine cave in- ferieure. $. VIT. De la veine porte. De la veine porte ventrale, dans l’ordre de la circula-— tion; de la petite mézéraïque, ou hémorrhoïdale interne ; des veines coliques gauches, première et seconde ; de la coronaire gauche; des pan— créatiques ; des gastriques postérieures ; des gastro-épi= p'oïiques gauches ; de la DISCOURS SUR L’ANATOMIE. grandegastrique gauche ; des vaisseaux courts. De la veine splénique ; de la veine iliaque inférieure ; de la cœco=iliaque ; de la colique droite ; de la gastro- duodénale ; de la colique moyenne. jh En De la grande veine meze- xaïque ; de la veine coronaire stomachique droite ; des vei- nes cysliques et des duodé- nales ; du tronc de la veine porte ventrale; du tronc de la veine porte hépatique et de ses branches. De la veine ombilicale. $ VIII. Des veines lym- p'atiques. Des vaisseaux lymphati- ques radiaux , cubitaux, su- perficiels, profonds; des lym- phatiques du bras , de l’omoplate, de l’aisselle ; des lymphatiques du cou, su- perficiels, profonds ou ju- gulaires,. Du tronc lymphatique droit, gauche , pres des sous-clavières ou de la veine cave lymphatique descen— dante. . Des vaisseaux lymphati- , sh « l L', ques saphéens, tibiaux, pé- romers superficiels, pro- fonds, poplités, cruraux, et sciatiques. Des lymphatiques irgui- . / ë Te 4, 65 naux, superficiels et pro l fonds. Des lymphatiques hypo- gastriques; des honteux ex- ternes et internes ; des lym- phatiques lombaires, rénaux, capsulaires ; des Jlymphati- ques mézéraïques , pancréa= tiques, hépatiques , spléni= ques , et gastriques. es vaisseaux ]ymphati- ques des poumons ; du mé- diastin postérieur ; des 1ym= phatiques cardiaques. Des racines du réservoir de Pecquet ; du réservoir lui« même; du conduit thora= chique , ou veine cave lym- phatique ascendante. S IX. De La structure propre des artères. De leurs diverses mem- branes ; de leurs fibres char- nues, qui sont surtout cir= culaires. On les voit dans les grosses artères des jeunes animaux. On décrira la membrane interne des ar— tères, et les petits vaisseaux de ces membranes , qu’on dé- muontre par l'injection. Leur section est circulaire : leur force de résistance est très-grande ; elle a été dé- terminée par Wintringham. Lesrameaux opposent, toutes choses égales d’ailleurs, plus de résistance à leur rupture que les troncs, . Les: 66 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. La plupart de cesrameaux sortent à angle aigu des troncs arteriels. Le systeme artériel forme un cône, dans ce sens, que la somme des ouvertures des rameaux réums est plus grande que l’ouverture du tronc. Le nombre des divisions artérielles , qu’on peut dé- montrer anatomiquement , me surpasse point celui de dix-huit ou vingt. On ne doit donc point ad- mettre la série des vaisseaux décroissans , proposée par Boerhaave , ni l'erreur de lieu, comme cause d’inflam- mation. Les anastomoses se font ou à angle aigu, ou en arc, ou en cercle. On voit le mou- vement se renouveler et re naître dans les coudes, dans les anglesde communication, qui sont comme autant de diagonales entre les côtés de divers parallélogrammes. C'est ce qu'on obserye dans les grands réseaux. Il n’y a point de paren- chyme visible entre les ar- tères et les veines. Les arteres se terminent, 1°. en se con- tinuant avec les veines ; 2°. en se repliant, pour for- mer les conduits excréteurs ; 3°. les artères se terminent par des extrémités tres-dé- hées et tres-courtes, d’où sortent les vapeurs qui lu bréfient les surfaces, et d’où s’éleve la transpiration in- sensible ; 4°. par des vais- seaux séreux, non rouges ;, tels qu’on en voit dans les membranes blanches de l’œil. Ces vaisseaux artérielsséreux finissent souvent par des vei- nes du même genre, qui, s’agrandissant , admettent plus loin les globules rouges. Mais, dans aucun cas, les vaisseaux |ymphatiques, pro- prement dits, ne communi- quent avec les artères. $. X. De la structure propre des veines. On ne voit les fibres mus- culaires que dans leurs troncs et dans les jeunes animaux. Elles sont en général placées plus près de la peau que les artères ; et VVintringham a démontré que les membranes de ces derniers vaisseaux, toutes choses d’ailleurs éga- les , résistent moins à leur rupture que celles des veines. Des valvules des veines, qui sont tantôt solitaires , tantôt conjuguées, tantôt ternées. Les valvules se trouvent dans celles externes, et dans les veines dont la position est perpendiculaire. La di- rection de ces lames suffi- roit pour désigner quelle est la vraie route du sang. DISCOURS SUR L'ANATOMIE. Ïl n’y a point de valvules dans la veine cave infé- rieure : dans les veines des visceres, dans la veine porte. Est - il vrai que les veines s'ouvrent dans le tissu cellu- laire et dans les diverses ca- vilés pour y repomper des fluides ? ou ne sont- ce pas plutôt les vaisseaux lympha- tiques qui sont partout des- tinés à cet usage ? $. XI. De la structure pro- pre des vaisseaux et des glandes lymphatiques. Des découvertes de Rud- bek , de Bartholin, de celles de Meckel , de Hunter, de Hewson ,. de M. Monro , et de MM. Cruiskshangk, ‘Scheldon et Mascagni. Les vaisseaux lymphati- ques sont veineux et valvu- leux ; ils sont irritables ; ils s'ouvrent sur toutes les sur- faces et dans toutes les cavi- tés ; ils absorbent les fluides séreux en général , et en par- ticulier toutes les humeurs quelconquesépanchées.Leurs troncs , auxquels tous les ra- meaux se réunissent, s’ou- vrent dans de grosses veines. On doit donc les regarder comme un système particu- lier de veines séreuses, sur- ajouté à celui des veines san- guines. On recherchera si, indé- 67 pendamment des troncs prin- cipaux du système lympha- tique , 1l y a des rameaux de ce système qui s'ouvrent im- médiatement dans les veines sanguines , ainsi que Meckel le pensoit. On exposera ce qu’on sait sur la structure intime et les usages des glandes conglo- bées , dans lesquelles les vaisseaux lymphatiques se mêlent et forment un entre— lacement très-compliqué. La plupart de fonctions attribuées par Bordeu aux lames du tissu cellulaire, appartiennent aux valsseaux absorbans dont elles sont l'appui; ce qui ne change rien au fond de sa doctrine. On avoit pensé que . dans les oiseaux , l’absorption se faisoit par les veines san- guines. Mais Hevson et plu- sieurs autres modernes ont trouvé des vaisseaux lym- phatiques dans ces animaux, dans les reptiles , dans les quadrupèdes ovipares, et dans les poissons, comme dans les quadrupedes et dans les hommes : d’ou il suit que, dans toutes les classes d’ani- maux, l’absorption se fait par des vaisseaux du même genre. L'expérience a prouvé que les vaisseaux lymphatiques conservent leur force absor— bante quelquefois asssez long- 68 SCIENCES PAYSIOL. ET MEDICALES. temps apres la mort de l’a- nimal. $. XII. Des phénomènes de La circulation. On traitera des mouve- mens du cœur et des vais- seaux dans l’état de santé ; on les considérera pendant la veille et le sommeil, dans l'exercice, et dans le repos , avant et apres la digestion, dans les différens âges et tempéramens , dans les di- vers besoins et états de la vie. $. XIII. Observations et ex- périences sur la circula- Lion du sang. On a tenté un grand nom- bre d’essais sur les vaisseaux sanguins, pour déterminer s’ils sont sensibles, s'ils se di- latent, s’ilsse déplacent dans leur battement, ainsi que pour connoitré la force et la direction des fluides qui cir- culent dans leurs cavités. Lorsqu'on lie une arttre, on voit le gonflement se faire au-dessus de la ligature ; si on lie une veine, le gonfle- ment , au contraire , se fait au-dessous. Quelquefois cependant on lie des artères longues, telles que les crurales , sans remar- quer de gonflement au-des- sus, parce que les artères collatérales empêchent l'or- dre de la circulation de se troubler. Les acides introduits dans une veine coagulent le sang dans une directionquis’étend vers le ventricule droit. Le sang se coagule dans une di- rection opposée, si on injecte des acides dans une artere. On a lié les veines caves supérieure et inférieure : le sang s’est amassé en-dessus et en-dessous, et le cœur a été trouvé vide. Si, par le moyen d’un tube , on introduit de l’air dans la veine jugulaire , cet air parvient au cœur dont on peut ressusciler ainsi les mouvemens. La même chose arrive lors- qu’on introduit de Fair dans le canal thorachique. Pour faire durer pluslong- temps les mouvemens du cœur , il suffit d’y retenir le sang , en comprimant les ar- tères par lesquelles il est lancé. On peut lier l'aorte, dans la même intention et avec le même succes. En répétant avec soin les expériences de Weitbrecht , de Lamure, et de MM. Ja- delot et Arthaud , on verra les arteres se déplacer dans les coudes. La crosse de l'aorte en fournit un exem- ple. Cette loco-motion se montre encore dans les ar- 4 à | | ETS APT DISCOURS SUR L’ANATOMIE, tères flexueses, et disposées en zig-zag : on la produit er- tificiellement, en pliant les artères mésentériques , et en augmentant le nombre de leurs contours, comme on Vempêche d’avoir lieu, en développant ces flexuosités, et en détruisant les angles qu’elles forment. Lorsqu'on empoigne for- tement l’artere aorte, près du cœur, on éprouve com- bien est grand l’effet qu’elle fait pour se soulever. La loco-motion se fait en- core dans les arieres ré- nales, etc. On n'empêche point la loco-motion d’avoir lieu, en appliquant une ou plu- sieurs ligatures à l'artère qui est susceptible de déplace- ment. On n’apercoit point de loco-motiondans l'aorte ven- trale qui est fixée par le tissu cellulaire le long de la co- lonne épinière. Il est plus difficile qu’on ne pense de s'assurer, par l’expérience , de la dilatation des artères. À la simple vue, le déplacement peut être pris pour la dilatation Il y a ce- pendant quelques portions du système artériel, sur les- quelles il est difficile de se tromper à cet égard. Par exemple , on peut se con-— vaincre, par la seule inspec- 69 tion , que la crosse de l'aorte se dilate, lorsqu'elle recoit le sang du cœur. On emploier:, pour re- chercher si les artères se di- latent, une espece de com- pas formé de trois pièces, dont deux sont perpendicu- laires et paralleles, tandis que la troisième , qui les sou- tient , est horizontale. En plaçant le doigt d’une manière même très-super= ficielle sur l’artere aorte ven- trale, qui ne se déplace point, on sent une forte pul- sation. Doit-on l’attribuer à ce que le tube artériel se di- late alors, ou seulement à ce qu'on a changé la disposi- tion, et diminué l’étendue du vaisseau , en substituant à la forme ronde une forme ovale ? L’arlere carotide , mise à nu dans le cou d’un animal vivant, ne paroît point ee déplacer ; si on prend cette artère entre les deux doigts, on y sentira des pulsations. Le bas = ventre ctant ou- vert, on voit les piliers du diaphragme agir dans leurs contractions sur l’artère aor- te , et repousser le sang vers la tête. Si on ajoute à la contraction du diaphragme , en l’irritant encore, le pouls deviendra plus serré. Le pouls bat plus vite ou 70 sescrre , lorsqu'on blesse for- tement quelque nerf. Dans les douleurs tres- vives, les pulsations sont comme suspendues. À chaque forte contraction du cœur, il se fait, par l’ac- tion des grandes valvules,un refoulement du sang qu’on peut apercevoir jusqu'aux veines émulgentes , et quel- quefois même jusqu'aux vei- nes crurales. Pendant l'expiration, le sang est refoulé, par les ju- gulaires, jusqu’au cerveau, comme on l’exposera plus au long, en traitant de la respi- ration. C’est dans les animaux aquatiques qu’on verra cir- culer.le sang , et ses divers globules dans des artères et dans des veines demi-trans- parentes. On y remarquera des colonnes de fluide , inter- rompues en divers pointspar des espaces qui semblent être vides, mais dont les propor- tions sont assez durables, pour faire soupconner que quelque gaz remplit ces in- tervalles, Expériences de Haller et de M. Rosa. Ce dernier en a conclu que le système artériel n’est pas tellement rempli, qu'il ne uisse admettre une nouvelle quantité de fluide, sans qu'il s’ensuive une vraie pléthore. SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. On répétera ces curieux essais. Lewenhoeck et Haller ont vu, à l'extrémité de la queue de la loche , une artère se contourner et se changer en une veine de capaciie suffi- sante pour admettre plu- sieurs globules rouges. Dans la queue de quel- ques-uns des animaux aqua- tiques, les artères et les veines sont disposées presque parallèlement ,et comme par paires, qui se correspondent avec une sorte de régularité, et qui communiquent par des anses les unes avec les autres. Le microscope solaire rend ces anastomoses tres— sensibles. Dans les petits réseaux, la circulation se fait souvent avec une sorte de lenteur , et toujours avec une grande ir- régularité. On n’y reconnoît plus l’ordre établi constam-= ment dans les artères et dans les veines ; les humeurs paroissent quelquefois li— vrées à des mouvemens ré- trogrades ; les colonnes ne paroissent pas conserver par- tout le même volume: ce qui semble annoncer que les ar— térioles y jouissent d’une ir- ritabilité marquée, mais qui n’est pas la même dans toutes les parties de leur étendue. Hales a fait un grand nom- bre d'expériences, en adap- DISCOURS SUR L’ANATOMIE. tant un tube aux grosses artères ou aux grosses veines. Il a vu le sang s’y élever, s’y balancer à une certaine hau- teur qui varioit, suivant que lanimal faisoit des efforts plus ou moins violens, soit pour repirer , soit pour obeir aux impressions de la dou- leur. Le même, apres avoir passé et assujetti un tube dans l’artere aorte, au-des- sous du cœur, a déterminé quelles étoient les différences des temps , pendant lesquels se faisoit l’écoulement d’une certaine quantité de fluide versé dans ce tube, tandis qu'il s’échappoit , soit par les extrémités des artérioles qui s'ouvrent dans les intes- tins, soit par ces mêmes artères coupées pres du tube intestinal, soit enfin par les branches artérielles elles— mêmes coupées pres du tronc de l’aorte. S XIV. Sur l'injection des vaisseaux , sur la trans- Jusion , et sur la médecine infusoire. On ne manquera pas d’ex- poser aux élèves l’histoire et les principes de l’art de l’in-— jection, soit à chaud , soit à froid. On dira comment et avec quels soins on emploie à cet eflet , soit les graisses et les 7 L résines , soit les spiritueux et les matières colorantes , soit le mercure. On fera connoître l’art de corroder , de macérer , de la- ver , de nettoyer, et de con— server les visceres que l’on a convenablement injectés. Lorsque l'injection trèes- tenue réussit bien , elle passe dans les vaisseaux les plus déliés de la peau, des ten- dons ,des ligamens , des os ; elle se porte des extrémités artérielles aux extrémité vei- neuses , et on la voit suinter des pores qui s'ouvrent à la surface des membranes. Une injection faite avec une matière pénétrante , passe facilement de l'artère pulmonaire dans les bron- ches, surtout si on prend la précaution dedilater les pou- mons par le souffle. Le fluide ne passe pas avec la même facilité des veines dans les cavités bronchiques. On pourra tenter l’expé- rience difficile de la trans- fusion , dans laquelle, à l’aide de tubes pourvus de robinets on fera passer le sang de l’ar- tere dans la veine ,en prenant les mesures nécessaires pour que ce fluide n’arrive point coagulé par le froid. On fera aussi les diverses expériences de la médecine infusoire , dont les procécés consistent à injecter dans les 72 veines nne petite quantité d’un fluide médicamenteux, soil purgatif,soitsudorifique, et qui souvent ainsi injectés dans un animal vivant, don- neront des convulsions mor- telles, mais qui produiront quelquefois aussi , lorsqu’on y aura mis un grand ména-— gement, l'effet qu'on doit naturellement en attendre. On tirera de ces faits nom- breux des conclusions qui ne laisseront aucun doute sur la direction et les mouvemens du sang artériel et veineux : d’où résultera la théorie com- plète de la circulation, telle que Harvée en a tracé le ta- bleau, Dans cette théorie, on tiendra un compte exact des forces du cœur et des forces propres et individuelles des Vaisseaux sanguins, €t on distinguera bien la circula- tion régulière des rameaux un peu considérables , d'avec la circulation irréguliere des petites branches , des petits réseaux , et des capillaires. Mais le sang lui-mème et la lymphe doivent être le sujet de l'examen le plus ré- fléchi : on en traitera dans l’article des sécrétions. IVer, FONCTION. DE LA SENSIBILITÉ. Des organes de la sensibi- lité en général. SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. $. Ie. Du cerveau et du cervelet. Du cerveau et du cervelet en général ; de leurs formes, de leurs poids, et de leurs di- mensions. Des enveloppes du cerveau et du cervelet. De la dure-meëre et de ses lames, de ses replis, de la faulx du cerveau. De la tente et de la faulx du cervelet , des replis sphé- noidaux. De l’arachnoiïde. De la pie-mere; de ses replis dans les anfractuosités du cerveau, et de ses pro- longemens. Des hémisphères du cer— veau ; de leurs lobes, et de leurs circonvolutions ; de la scissure de Sylvius. Du corps calleux et de son raphé; du centre ovale de Vieussens. Du septum lucidum. De la voûte à trois piliers, et de la lyre. Du corps bordé. Des cornes d’ammon. Des corps striés, et de. leurs coupes. Des coupes optiques, et de leur commissure molle. De la lime cornée , et du tænia semi-cireulartis. Des ventricules latéraux, et des cavités digitales. Des plexus choroides des DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 73 ventricules latéraux ; de la toile choroïdienne; des veines de Galien. Du plexus choroïde du troisieme ventricule. Des pédonculesde la glande pinéale ; de la commissure postérieure , de la glande pi- néale; des tubercules qua- drijumeaux ; du conduit qu'ils recouvrent; du troi- ssèeme veniricule. De la commissure anté— rieure et de ses prolonge- mens ; de l’éminence mam- millaire ; de l’entonnoir et de son pavillon ; des jambes du cerveau , et de la protubé- rance annulaire. Du cervelet et de ses cir- convolutions ; de l’appendice vermiforme supérieur, pos- térieur et inférieur. De la valvule de Vieussens et de ses colonnes. Des corps rhomboïdaux ou festonnés. Du quatrième ventricule, et de son plexus choroïde. De l’arbre de vie. $. IL. Des moëlles allongée ct épinière. De la moëlle allongée ; des éminences pyramidales et olivaires; de la fente placée entre Îles éminences pyra- midales. De la moëlle épinière en général ; de son ligament in- fundibuliforme ; de la dure mere , de l’arachnoïde , et de la pie - mère qui l’enve- loppent. De la forme et du volume de la moëlle épinière dans les diverses régions de la colonne vertébrale. Des ganglions qui sont placés sur le côté. De la fissure antérieure et postérieure. De la structure interne de cette moelle et de la ma- nière dont les différens nerfs en sortent. De la queue de cheval et du bouton qui est placé au milieu de ses filets, $. IT. Des sinus du cer- veau, du cervelet, et de la moëlle épinière. Du sinus longitudinal su- périeur et inférieur de la dure-mère ; du sinus droit ; des sinus latéraux ; des sinus occipitaux antérieurs ou su- périeurs , postérieurs ou in- férieurs ; du sinus pierreux supérieur et inférieur ; du sinus caverneux ; du sinus circulaire de la selle tur- chique ; du sinus orbitaire ; des sinus sphénoïdaux ; des sinus de la moëlle épinière en général ; des sinus anté— rieurs et latéraux, de leurs communications transver— sales. 74 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. $. IV. Des nerfs. Des nerfs en général. Des nerfs olfactifs, ou de la premiere paire; de leur origine , de leur cavité dans les quadrupèédes, de leur passage au travers de la lame criblée , de leur distribution dans le nez. Des nerfs optiques, ou de la deuxième paire en géné- ral; de leur origine ; de leur jonction, communication ou croisement ; de leur sortie du crâne ; de leur position res- pective dans l'œil, et com-— ment la rétine en naît. Des nerfs moteurs des yeux, ou de la troisième paire en général; de leur origine , de leur passage au travers de la dure-mère , de leur entrée dans l'orbite , de leurs branches et de leur dis- tribution, du filet qui con- court à former le ganglion lenticulaire. Des nerfs pathctiques, ou de la quatrième paire en gé- néral; de leur origine, de leur passage , de leur chemin entre les lames de la dure- mère, de leur sortie du crâne , de leur entrée et de leur terminaison dans l’or- bite. Des nerfs trijumeaux, ou de la cinquième paire en gé- néral; de leur origine, de leur situation dans le sinus caverneux , de leur division en trois branches. De l’ophthalmique de Wil: lis, et de ses trois divisions ; du rameau frontal, du ra- meau lacrymal, du rameau nasal] , d’où naïsssent des filets pour le ganglion lenticu- laire; du ganglion lenticu- laire , et de ses filets. Du nerf maxillaire supé- rieur ; de sa sortie du crâne; de ses petits rameaux; du ganglion sphéno-palatin , et de ses filets ; des branches du maxillaire supérieur. Du nerf maxillaire infe- rieur ; de sa sortie du crâne ; des six branches qu'il four- nit ; de la corde du tambour. Des nerfs moteurs exter- nes, ou de la sixieme paire en général ; de leur origine; de leur trajet dans le sinus pierreux; de leur rameau fourni par l’intercostal. Des nerfs auditifs, ou de la septième paireet général ; de la portion molle de la septième. paire, et de son origine; de leur sortie du crâneet de leur entrée dans l'organe. de louie ; de leur épanouissement. Des nerfs petits sympa— ihiques, ou portion dure de la septième paire; de leur naissance; de leur entrée dans le trou auditif interne ; de leur couleur et de leur passage dans l'os pierreux ; | UE RE DISCOURS SUR L’ANATOMIE. de leur sortie de cet os ; de leur origine,deleursortie ,de leur distribution sur la face. Des nerfs petits hypo- glosses , ou glosso-pharin- giens dela huitième paire en général, de leur distribution à la langue et aux autres parties. De la paire vague, ou des nerfs de la huitième paire, ou du moyen sym- phatique en général ; de son origine , de son passage par le trou déchiré postérieur ; de sa distribution dansle cou. Du nerf recurrent. De la distribution dela paire vague dans la poitrine, sur les poumous , sur l’æso- phage, dans le ventre, et aux environs de l’estomac, de la rateet du foie; de ses fonctions avec le grand sym- pathique, ounerfintercostal. u nerf accessoire à la huitieme paire en général ; de son origine , de sa portion qui remonte jusqu’à .. huï- tième paire, et de son pas- sage par le trou déchiré postérieur, de sadistribution sur les côtés du cou. Des nerfs gustatifs, lin- guaux, ou de la neuvieme paire en général; de leur origine, de leur sortie du crâne, de leurs jonctions avec d’autres nerfs. Des nerfssous-occipitaux, ou de la dixième paire en gé- 75 néral;de leur origine, de leur sortie du crâne , de leur dis- tribution, de leurs jonctions. Des nerfs de la premicre, de la deuxième, de la troi- sième, de la quatrième , de la cinquième , dela sixième, et de la septième pare cervicales, de leur origine simple ou double, de leurs ganglions , de leur passage entre les vertebres , de leur distribution , de leurs jonc- tions avec d’autres nerfs. Du nerf diaphragmatique, de son origine , de sa direc- tion , de sa distribution. Du plexus-bracchial en général. Des nerfs dorsaux en gé- néral ; de la premiere, deu- xième, troisième, quatrième, cinquième , sixième , sep- tième , huitième , neu- vième , dixième, onzième, et douzième paires dorsales. De leur origine , de leurs ganglions, de leur sortie du canal vertébral, de leur distribution. Des nerfs lombaires en général; de la premiere, deuxième , troisieme, qua trième et cinquieme paires de lombaires ; de leur ori- gine , de leur sortie entre les vertebres , de leur distribu- tion , de leur jonction entre eux et avec d’autres nerfs. Du nerf obturateur {en général ; de son origine ou 76 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. de sa formation, de son pas- sage dansle trou obturateur, de sa distribution. : Du nerf crural en géné ral; de sa formation, de sa direction, de ses divisions, et sa distribution à la cuisse et à la jambe. Du nerf saphene. Des nerfs sacrésen général; de la première , deuxième À troisième >, quatrième, et Cinquième paires sacrées. De leur origine , de leur Passage au travers du sa— crum , de leur distribution, et de leur jonction entre eux et avec d’autres nerfs. Dan nerf sciatique en gé- néral ; de sa formation ou de son origine , de sa route y de sa distribution en un grand nombre de ‘rameaux. k Du nerf sciatique poplité interne. Du nerf plantaire interne. Du nerf plantaire externe. Du nerf sciatique poplité externe. Du nerf intercostal en général ; de ses liaisons avec les nerfs de la cinquième et de la sixième paire. De son premier ganglion; de ses ganglions cervicaux ; de ses rameaux cardiaques. Du nerf splancnique , ou intercostal antérieur ; du ganglion semi-lunaire; des plexus stomachique , hépa- tique ; splénique, rénal, mésentérique supérieur et inférieur. Du nerf intercostal pos- térieur. Des plexus arrière-mésen- tériques. Du nerf intercostal sur le sacrum, Des communications de l’intercostal avec les nerfs cervicaux , dorsaux , et lombaires. $ V. Du cerveau et des nerfs, considérés dans les animaux. Du cerveau des quadru— pédes, dans lesquels le nom- bre des circonvolutions et la masse des lobes diminuent, tandis que le volume de la voûte à trois piliers et des é- minences internes augmente. Du cerveau des oiseaux, des reptiles, et des poissons, dans lesquels les grands lobes disparoissent, pour laisser à découvert les éminences rangées par paires, d'où naissent les cordons nerveux. Du cerveau des insectes, qui n'offre qu’un petit bou- ton arrondi, tandis que le volume de la moëlle épinière augmente et se divise en plusieurs ganglions que réu- nissent des cordons nerveux, en formant une anse de chaque côte. Des nerfs dans les diffé DISCOURS SUR L’ANATOMTIE, rentes classes d’animaux, surtout dans les quadru- pèdes , où leur volume aug- mente tandis que celui du cerveau deminue. De la torpilleet de l’an- guille tremblante. Des com- motions qu’elles donnent , et des organes nerveux qui en sont le foyer. De la structure propre du nerf, du plexus nerveux, des anses nerveuses et des ganglions Du nerf considéré à sa naissance où 1l est mou et pulpeux; dans son trajet, où il est pour l'ordinaire enveloppé d’une membrane épaisse ; et dans sa terminai- son , où ilredevient souvent plus mou que dans sa naïs- sance; de sorte que le cordon nerveux est placé entre deux pulpes , celle de son origine et celle de son épanouis- sement. $. VI. Des phénomènes de la sensibilité dans l’état naturel. De la veille et de ses divers états dans les différens temps de la vie ; de l’excita- tion du cerveau pendant la veille ; de son influencesur les organes contenus dans la tête, dans la poitrine, et dans le ventre. Du sommeil : de l’état du pous, de la respiration, de 77 l'action de la peau , et des diverses autres sécrétions dans un animal qui dort. Des différentes espèces de sommeil , des rêves, du somnambulisme. Du réveil , de ses causes , et des changemens qu'il opere dans les fonctions des animaux. Des ficheux effets du som. meil trop long-temps pro— longe. Du sommeil et de la veille comparés l’nn à l’autre. De l'utilité de leur succes- sion, et de ses rapports avec celle de la lumière et des téenebres. Des animaux qni se re— posent pendant le jour, et qui agissent pendant la nuit. La structure de leurs yeux est telle qu’ils ne peuvent jouir des avantages de la lumière que pendant la nuit. De l’engourdissement que le froid produit dans certains animaux , tels que les mar- motes, les loirs. Plusieurs animaux ainsi engourdis par le froid, ont les membres roides et cepen- dant ils se réveillent natu— rellement dans le temps chaud. $. VIT. Des expériences sur la sensibilité. Les nerfs mis à nud, 78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. exposés au contact de l'air, déchirés ou à demi-coupés, font éprouver des douleurs tres — vives. Onavudelégères aspérités osseuses fatiguer tellement les nerfs dans les lrous qui leur donnoiïent passage, ou dans les conduits qui les renfermoient, qu’il en résul- toit des convulsions tres- douloureuses ; telles ont été souvent celles du tic dou- loureux de la face. On parlera des effets que l'électricité produit sur les nerfs. On parlera même des expériences dans lesqueiles on a appliqué les diverses sortes d’aimant snr les diffe- rentes parties du corps humain. Aucun fait ne prou- ve qu'ils aient lun sur l’autre une influence réci- roque. Haller a déterminé quelles sont dans les corps des ani- maux les parties douées de sensibilité et quelles sont celles qui en sont privées. Il a blessé, ( 1) dans diffe- rens quadrupedes vivans , le périoste, le péricrâne , les ligamens , les capsules , les glandes articulaires, la dure et la pie-mcre, la cornée transparente , et les membranes des grandes ca— vilés, sans exciter aucune douleur. Plusieurs organes compo— ses de glandes, tels que le foie, elc., sont presque entierement insensibles. Les poumons sont dans le même cas. Les conduits excreteurs n’ont aussi en général que tres-peu desensibilité. Nous avons dit ci-devant la mê- me chose du cœur et des vaisseaux Sanguins. Mais est-il vrai, comme Haller l’a assuré , que les tendrons , les aponévroses, et la membrane médullairé soient tout-à-fait insensi- bles? Plusieurs faitssemblent annoncer le contraire, sur- tout lorsque linflammation a développé dans ces organes plus de chaleur et d'énergie. On consultera l’expérience à ce sujet. On prouvera que la sen- sibilitévient des nerfs, parce qu’elle cesse d'exister lorsque les nerfs sont comprimés , liés ou coupes. On montrera l'influence des organes de la sensibi- lité sur ceux du mouvement, en détruisant J’action des muscles par la ligature ou (1) On se sert, dans ces expériences ,‘d’instrumens aigus, de stilets, et de liqueurs stimulantes, telles que l'esprit - de - viu et les différens acides, etc. DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 9 par la section des nerfs qui s'y distribuent. Voyez à ce qui a été dit en parlant de lirritabilite. } Est-il vrai, comme Wil- lis l’avoit pensé, que les nerfs destinés aux mouvemens involontairesnaissent du cer- velet, tandis que le cerveau fournit ceux auxquels la volonté commande ? Et les anatomisiss auxquels l’origine des nerfs est bien connue , pourroient-ils sou— tenir cette hypothèse ? Lorsqu'on a misle cerveau à découvert , on y distingue deux espèces de mouvemens qui tous les deux lui sont étrangers. L’un lui est im— primé parles artères, et c’est le moins considérable ; l’au- tre lui est communiqué par les mouvemens alternatifs de la poitrine. ( 1) Ainsi des secousses douces et répétées excitent continuellement cet organe. ‘louies les parties du cer- veau ne sont pas aussi sensi- bles que les nerfs dontilest l’origine. Plusieurs écrivains ont avancé qu’il étoit même possible de le blesser impu- nément , et qu’on pouvait en eulever des portions sans que l'animal témoignät aucune douleur. On ne nie poinice que des chirurgiens célebres ont vu dans les pansemens dont les circonstances ont pu changer le cours ordinaire des choses. On ne nie point ce quedes physiologistes habi- les ont dit du peu de danger de certaines blessures du cerveau des quadrupédes, et de la piqûre faite dans quelques parties du cerveau des oiseaux. Il est un art de porter un corps aigu de part en part de la tête d’un oiseau, en ménageant les lobes du cerveau , entre les- quels on se fait un passage ; et ceux qui disent avoir impunément enlevé des por- tions du cerveau sain des quadrupèdes , n’indiquent point assez dans quelle re- gion et jusqu’à quelle pro— fondeur ils ont opéré. Ce qui suit est le résultat d'expé- riences qu'on pourra ré- peter. fl a semblé qu’il étoit pos- sible de blesser impunément 12 substance corticale du cer- veau, dont l’épaisseur n’est pas constante ; mais il a paru qu’on ne pouvoit déchirer la substance médullaire, dans l'état sain, sans produire des convulsions,etsouventmême la paralysie de quelques membres. C’est du cerveau des quadrupèdes que ceci doit s'entendre ; car on peut à —__— + ——————— ——— (1) Ce sujet esttraité plus amplement dans l’art, de la respiration. 80 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. enlever, par couches minces, la surface des lobes du cer- veau des poissons, même de celui des oiseaux. On peut le presser avec le doigt, et quelquefois même en ré- duire les couches superfi- cielles en une espece de bouillie, sans donner lieu à des accidens trèes-fächeux. Dans tous les animaux qui ont un cerveau , lorsqu'on pénètre avec un instrument quelconque jusqu’à ses cavi- tés intérieures , jusqu'aux planchers, aux commissures, aux éminences ou reliefs que les lobes cachent et recou- vrent, la mort est prompie, et toujours précédée de con- vulsions violentes. L'effet est semblable lors- qu’on blesse, même tres- legerement le cerveau par sa base, comme on pourra s’en assurer en insinuant sous le cerveau d’unanimal vivant une canule recourbée, de la- quelle on fera sortir un dard à volonté. Les pédoncules du cerveau et du cervelet, et la protubérance PER ne peuvent surtout être bles- sés de la maniere la plus su- perfcielle, sans que l'animal expire à l'instant. Lorsqu'on attaquera le cervelet dans ses lobes, Ja voix et le mouvement seront aussitôt suspendus. Lorsqu'on le comprimera, soit en dessus, soit en portant un LS t T0 entre la pre- micre vertebre et l'occiput, on produira le sommeil; et on entendra méme ronfler l'animal. La piqüre de la moëlle al- longée, ou celle de la moelle épinière, à la hauteur des deux premieres vertebres, fait aussitôt périr, au milieu des convulsions, l’animal le plus robuste. On blesse avec moins de danger, on enleve même sans tuer l’animal , le bouton mé- dullaire qui tient lieu de cer- veau dans les insectes et dans les vers, parce qu’en eux la moëlle épiniere, entrecou- pée denœuds ou de ganglions médullaires considérables , paroit remplir des fonctions plus importantes que le cer- veau. $. VIII Des usages des nerfs. On traitera des nerfs con- sidérés, 1°. comme organes des sens ; 2°. comme organes du mouvement ; 3°. comme instrument des sympathies ; ; 4°. comme destinés à lier en- semble toutes les parties du corps vivant, qui, sans les nerfs , n’auroient entre elles aucun accord. Sait-on comment les nerfs établissent ces relations? Est- DISCOURS SUR L'ANATOMIE. ée par l’intermede d’un fluide subtil ? ou les nerfs doivent ils être regardés comme des cordes vibrantes ? On expo sera ces deux hypothèses, et on en appréciera la va— leur. C'est sans doute par un mouvement , quel qu'ilsoit, que les nerfs agissent. En partant de cette idée simple, on distinguera plusieurs sor- tes de mouveimens nerveux, dont l’un se porte de la cir- conférence au centre, c'est le mouvement de sensation ; Yautre du centre à la circon- férence, et celui-là est pro- duit ou par la volonté, qui commande aux muscles. ou parlasympatlie nerveusequi se répand dans les viscères, et dont les mouvemens sont spontanés; les nerfs qui sont destines à ces dermers mou— vemens , forment des plexus dans lesquels l'influence de la volontés’égare et se perd. Les nerfs quiserventauxdeuxpre- mieres fonctions son droits, et le principe de la volonté trouve en eux des conduc- teurs faciles. La douleur suit aussi la direction des nerfs, et le plus souvent elle reten- tit dans des lieux éloignés de ceux Où sa cause réside. Du ton et de l’action to- nique des corps vivars, qui se composent de l'influence réciproque de la sensibilité T,. O1 et de l’irritabilité sur les or gares. De la nécessité d’un sen sorium commune. N'est-ce pas dans la pro'ubérance an- nulaire, ou dans les principes de la moëile allongée que paroit être son foyer ? Tous les animaux ont besoin d’un centre de cette nature, où les inouveimens aboutissent ; condition sans laquelle il n’y auroit dans le corps vivant ni harmonie n1 unité. Des puissances qui aug- mentent où qui diminuent l’ac'ion nerveuse; des effets de l’imagination ; des causes qui s’exercent sur la peau, sur les visceres de la région épigastrique, sur l'estomac e: sur les intestins, sur les parties sexvelles. On consi- dérera séparément chacun de ces grands foyers, et on fera voir comment, en agissant sur l’un d’entre eux, on peut modifier les autres. Des acéphales, des ossifi- cations, de quelques vices du cerveau et du cervelet; de quelques accidens de para- lysie et de convulsion qui peuvent répardre du jour sur la matiere dont il s’agit. $. IX. De la vue en général. De l'œil et de ses annexes. Des sourcils et des muscles qui le meuveut. &> SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Des paupieres en général, et du muscle orbiculaire qui sert à les mouvoir. De la paupiere supérieure, de son muscle, de son carti- lage, de ses ligamens, de ses cils , de ses glandes. De la paupière inférieure et de ses annexes. De la conjonctive. De l’angle externe de l’œil. De l’angleinterneou grand angle. De la membrane cligno- tante. De la caroncule lacry- male. De la glande lacrymale et de ses conduits excréteurs, Des points et des conduits lacrymaux. Du sac lacrymal. Du conduit nasal; de la manière dont les larmes cou- lent, et de la route qu’elles suivent. Du larmier ou sillon la- cry mal qu’on voit creusé sur la face de quelques quadru-— pèdes ruminans, tels que le renne, Du globe de l'œil, de sa forme , de sa consistance. Des muscles drons ou obliques qui lui appartien- nent. De la cornée transparente et de ses lames , de sa con— vexité, de sa réfraction, de sa jonction avec la sclérotique. De l'humeur aqueuse, de ñ son origine , de son usage, dé sa régénération , et de la membrane qui la contient. De la choroïde et de ses lames, de son enduit, de sa couleur. Du bourrelet et duliga- ment ciliaires. Du corps et des proces ciliaires. De la mucosité noire et de l'anneau muqueux. De l’iriset de sa couleur. De la prunelle, de ses mouvemens. De la membrane pupil- laire. De l’uvée et de ses stries disposées en rayons. Du nerf optique , de son bouton ; de ce qu’on appelle le porus dans les animaux ; de son épanouissement pul- peux; de la rétine, de ses vaisseaux, et de l’artere cen- trale. Du corps vitré, de ses membranes, de ses cellules, de son humeur. Du cristallin et de ses couches ; de sa consistanceëet sa couleur dans les différens âges; de la convexité de ses deux faces, de son bord ; de ses vaisseaux; de sa mem— brane ou capsule ; de l’hu- meur dite de Morgagni , qui est épanchée dans le chaton du cristallin, et des altéra- tions de ceite humeur. Des chambres de l’œil, ane Are . DISCOURS SUR L’AN térieure et postérieure , et de leur etendue respective. S. X. De l'anatomie com- parée des yeux, et de leurs annexes. Des animaux qui ont deux yeux placés l’un d’un coté, J'autre de l’autre : de ceux dans lesquels les deux yeux sont placés du même côté ; de”eeux qui en ont trois, quatre , cinq , six , sept, huit ; de ceux qui n’en ont qu’ ün : de ceux dans lesquels les yeux sont placés en dessus ou au-devant de la tête. Des nerfs optiques qui, dans les quadrupèdes comme dans l’homme, se rappro- chent et confondent leur sub- stance ; des expériences qui semblent annoncer qu'ils se croisent. On a vu, l’un des yeux ayant perdu. sa force , le siége : du mal résider dans ja couche optique du côté opposé. Dans les quadrupèdes, les nerfs optiques sont immeé- diatement environnés de qua- tre petits muscles droits qui forment ure gaine autour d'eux. Dans les oiseaux , les cou- * ches optiques sont creuses, et les deux nerfs optiques, avant de se diviser, | paroïs— sent n’en former qu'un. Dans la plupart des pois ATOMIE. 83 sons plats, ces nerfs se croi sent sans se confondre. Dans quelques vers, com- me dans le limaçon , les yeux sont placés sur des colonnes mobiles, et les nerfs optiques sont disposés en spires pour se prêter aux divers mouve- mens des yeux. De la cornée transparente des quadrupedes , des oi- seaux , des reptiles, et des poissons ; de sa forme et de ses diverses courbures dans ces différentes classes d’ani- maux. Des yeux des insectes , dont plusieurs sont à facet- tes ou à réseaux. De la face interne de la choroïde, dont la couleur est d’un vert de mer ou d’un jaune brillant. Onlui a donne le nom de fapetum. C'est dans les quadrupèdes qu elle est le plus souvent ainsi CON— forrnée. Du corps ciliaire, qui, suivant Haller, n’existe point dans les poissons. De la retine, de la maniere dont elle nait et se développe dans les oiseaux , dans les poissons , dans les insectes. Elle semble être fibreusedans les poissons et dans quelques oiseaux. Des conjectures qu’on a faites sur l’organe appélé du nom de pecten, dans les oiseaux et dans quel- ques poissons, où 1l sert de 84 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,. soutien au cristallin. Il naît de la rétine ; il reçoit un grand nombre de vaisseaux ; il forme différens plis, ei sa structure est analogue à celle du corps ciliaire. Des usages du cristallin et de la conrbure de ses segmens considérés dans l’homme, dans les quadrupèdes, dans les oiseaux, et dans les pois- sons : dans ces derniers, 1l est globuleux. De l'humeur aqueuse , qui est abondante dans les oi- seaux, et en petite quantité dans les poissons ; de la na- ture chimique de ce fluide, que les acides ne coagulent ont. Des dimensions des diffe- rentes chambres de l’œil dans le diverses classes d'animaux. Des yeux considérées rela- tivement au milieu dans le- quel les animaux sont plon- és. De l’ordre dans lequel les animaux doivent être rangés en raison de l'intensité de leur vue : sous ce rapport les oiseaux occupent le premier rang. $. XI. De la vision et de son mécanisme. De la lumiere et des cou- leurs primitives; dés princi- Pr 5 pe pales lois de leur réflexion et de leur réfraction. On dira quels sont les rayons que la cornée trans- parente réfléchit, et quels sont ceux auxquelselle donne passage; comment ils se com portent dans l’humeur aqueu- se, dans l’humeur de Mor- gagni, dans le cristallin, et dans le corps vitré, comment ils se croisent ; sous quel an- gle et quelle en est la mesure ; quelles sont, à raison des distances, l'étendue et la di- rection de l’image qui se peint sur la rétine, et quelle en est la situation. Cette image y est renversée, et cependant l’objet est vu dans la position qui lui convient : sans doute parce qu’on le juge suivant les lignes par lesquelles sa représentation parvient au fond de lœil. Le professeur montrera comment Mariotte est par- venu à découvrir que le cen- tre du nerf optique est in- sensible , et que l’axe de la vision west point celui du nerf. Il exposera le systeme de Mariotte sur les usages de la choroïde. Il indiquera quelles sont les conditions de la vision distincte, et com— ment il se fait que plusieurs ne voient que d'un œil , quoi- que les deux yeux soient sains. Il développera le méca- nisme et les circonstances de la myopie, de la presbytie, re EE es ME s DISCOURS SUR L’'ANATOMIE 85 et de la nyctialopie. Il fera es expériences de la chambre obscure; il dira ce qui ar- rive à l’œil lorsqu'il regarde les objets au travers d’une ouverture très - étroite, ou au travers d’un tube long et obseur. La théorie du mi- croscope et celle du téles- copeseront présentées en rac- courci. On cherchera si l'œil peut s’accommoder , par un chan- .gement intérieur, à la dis- tance et à la petitesse des ob- jeis. On exposera les diffé— rentes hypothèses des physi- ciens sur le jeu des diffé- rentes parties auxquelles ils ont attribué ces mouyemens, qu’ils ont fait dépendre, les uns des muscles droits et . obliques, les autres du corps ciliaire, ou du sphincter de l’auvée. On recherchera en- suite quels sont les divers degrés de resserrement dont la prunelle est susceptible, et si cette contraction ne suf- fit pas pour expliquer les phenomenes attribues à l’al- longement ou au raccourcis- sement du globe. Des erreurs auxquelles le sens de la vue expose au su- jet des formes, du mouve- ment , et des distances, et comment on corrige ces er reurs, qu'on a beaucoup exagérées. Des aveugles de naissan- ce ,auxquels l’opération de la cataracte a rendu la vue , et de la manière dont il jugent de l'éloignement et des angles des corps. $. XIT, De l’ouie en général. De l'oreille externe ou au ricule ; de ses ligamens ; de ses cartilages. Des muscles placés au- dehors de ces cartilages, et de ceux qui leur sont propres. Des glandes de l’auricule. Du méat, ou conduit au ditif externe, et de sa direc- tion ; de la partie de ce con- duit , quiest cartilagineuse, et de celle qui est osseuse ; de la conque ; de la peau tres— sensible qui la tapisse ; des glandes qui y filtrent le cé rumen ; de la nature et des usages de cette humeur. De la membrane du tym- pan et du cercle qui la sou Uent ; des lames qui la com- posent; de l’ouverture dite de Aivinus ; de la cavité du tympan et de son périoste. Des osselets de l'organe de l'ouie ; du marteau ; de l’en- clume , de l’étrier, et de la petite membrane trés-déliée qui bouche son ouverture ; de l'os lenticulaire ; des mus- cles du marteau et de l’e- trier. Des cellules mastoidien- Va 86 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. nes ; de la fenêtre ronde; de la fenêtre ovale; du pro- montoire et de la cuillere. Du vestibule et de la ca- vité du labyrinthe. Des canaux demi - cireu- laires en général; du canal vertical supérieur, du-ver- tical postérieur , de l'hori- zontal ou externe. Da limaçon ; de l'échelle du tympan; de léchellé du vestibule, et de la eloison nb Laneuse qui les sépare ; du inoyeu Ou 7720- diolus , et de l’'entonnoir. Del one du vestibule, de celui du limacon et de la sérosilé du labyrinthe. De la cavité qui contient le nerf auditif , ei de ses ou vertures ; de la pulpe de ce nerf dans les canaux demi- circulaires, et dans le li- maçon. De la corde du tympan; des artères et des veines de l'organe de l’oute. On considérera cet organe dans les quadrupèdes, où la forme du limaçon est tres- différente de celle de l’hom- me ; dans les oiseaux, ou 1l n’y a qu’un osselet avec des con- duits demi - circulaires tres- étendus sans limagon; dans les reptiles , qui n’ont de même qu’un osselet sans limaçon ; dans les poissons, dont les sselets, tres — irréguliers, sont au nombre de trois ou quatre, avec des conduits demi-circulaires, qui, dans quelques - uns, sont telle- ment disposés, que l’un sert d’enveloppe à lautre. On avoit dit que les poissons n'avoient point de conduit auditif externe ; mais Du- verney nu connu , et M. Monro en a publié la descr iption. On concluera de l’exposi- tion de ces faits, que le lima- çon ne deit point être regardé comme formant une partie essentielle de l'organe de l’ouie en général, auquel il semble n'être ajoute que pour lui donner pr de per- feclion. $. XIH. Du mécanisme de l’ouie. Des usages de l’auricule ou de l'oreille externe, pour rassembler lesrayons sonores. De la tension de la mem- brane du tympan et des puis- sances qui l’operent. De la manière dont les os- selets transmettent les vibra- tions sonores au nerf auditif. La trompe d’ Eustache ad- met-elle les sons ? Celui d’une montre placée daus la bou— che , sans être en contact avec aucune des parties que cette cavité renferme, n’en devient pas plus sensible. On dira comment les fe— Se DISCOURS SUR L’ANATOMIF. mètres rondes et ovales ser- vent à la communication du son. La pulpe du nerf auditif, ébranlée par les vibrations des parties osseuses , est le siège immédiat du sens de l'ouie. Pendant que ces mou- vemens ont lieu , la sérosité du labyrinthe est repoussée par les aqueducs jusqu'aux petits réservoirs de cette même sérosité , qui sont pla- cés très-pres de là , entre les lames de la dure-mère. Les deux oreilles ont rare- ment une égale activité, et cependant on n'entend qu'un seul son. Des effets de la musique sur les nerfs. $. XIV. De l’odorat. . Dunez; deses cartilages; de ses muscles ; de sa cloison, qui est enpartie cartilagi- neuse, en en partie osseuse ; des’ sinus maxillaires, eth- moidaux , frontaux, et sphé- noïdaux ; des cornets; de la membrane pituitaire, dont épaisseur varie dans ses dif- } | y ,» S | 2 nu férentes régions ;elle est plus “mince dans les sinus que sur les cornets, et que vers la partie supérieure de la fosse nasale; des glandes mu- queuses de celte membrane. » Des nerfs qui s’y distri- buent; de ceux de la pre- 87 mière paire, qui descendent pulpeux , droits et à peu pres paralleles vers cette mem brane ; des rameaux nerveux de la cinquième paire, qui s’y rendent vers la partie su= périeure de la fosse nasale. Des odeurs; de leurs prin- cipaux effets, et de leurs di- visions en plusieurs classes , par Haller et par Lorry. De la structure du trou gustatif, de la eommunica- tion du nez avec la bouche; des rapports des odeurs avec les saveurs. De l'influence que les af- fections de la membrane pi- tuitaire ont sur les voies lacrymales par le conduit nasal, et sur l’ergane de l’ouie par la trompe d'Eus- tache; de la sympathie qui s'exerce entre les nerfs des eux et ceux des narines. De linspiration considérée comme donnant aux molé- cules odorantes une impul- sion , sans laquelle l'organe men seroit que foiblement frappé. De l'utilité du mucus des narines , qui modère l’action des odeurs , et qui mainlient la souplesse de la membrane ituilaire. De l’odorat des quadru- pèdes , dans lesquels ce sens est exquis, parce qu’en eux la membrane piluitaire est tres-éienduc. 88 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. L’odorat est obtus dans les oiseaux. I existe dans les poissons. Des animaux classés à la manière de M. de Buffon, suivant le développement et la perfection des divers or— ganes des sens. $. XV. Du goût. On rappellera la structure de la langue et des glandes salivaires, dont on trouve la d >scription dans d’autres ar- ticles. La langue est le siège du goût : les corps sapides ont besoin d’être dissous , pour agirsur les nerfs de la langue. Des saveurs et de leur division, suivant Haller et Linne. De l'effet que les différens sels produisent sur la langue et sur les glandes salivaires. Des usages et des erreurs du goût dans le choix des alimens. Les quadrupedes qui ont la langue armée de piquans, ont le sens du goût plus ob- tus que les autres. Daus les oiseaux, la langue est sèche, et les corps sa- pides ont peu d’action sur elle. Dans les reptiles, la langue est aussi tres-sèche, et elle doit être peu sensible. Elle l’est davantage dans les poissons , où elle a plus de mollesse. 6. XVI. Du toucher. Du toucher en général. De la peau. De l’épiderme , de ses la- mes, de ses sillons, de sa continuité avec les mem— branes épidermoides de la boucëe, du nez, de l’anus, des parties sexuelles. Du corps réticulaire, du corps muqueux, et des di— verses couleurs dont :l est imprégné. Du derme ou cuir ; de son tissu cellulaire et liga- menteux. Des papilles de la peau, qui sont surtout tres — sen— sibles, et disposées régulie- rement au bout des doigts. Des glandes sébacées de la peau , et de la graisse dont est pénétré son tissu. Du panicule charnu , qui est tres-étendu dans les qua- drupèdes, et qui existe à peine dans quelques-unes des régions du corps hu- main. Des poils ; des bulbes qui sont à leur racine ; de leur cavité, qui est \çotonnense ou cellulaire; de la gaîne qu'ils reçoivent de l’épi- derme. | Des ongles ; de leur ra- cine ; des fibres longitudi- DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 839 nales dont ils sont formés; de leurs rapports avec l’épi- derme ; de leur adhérence avec les papilles nerveuses ; de leur accroissement. De la peau considérée dans les diverses parties du corps humain , de son épais- seur , de son élasticité. De ses vaisseaux artériels, dont les extrémités fournis- sent la transpiration et la sueur. De ses veines. De ses vaisseaux lympha- tiques ou absorbans, qui s'ouvrent sur une grande surface. De ses nerfs. De la structure de la peau dans les diverses classes d'animaux, où elle est cou- Verte de poils, de piquans, de plumes, d’écailles. Des cornes tubuleuses ou solides des animaux, et de leurs rapports avec l’épider- ne : il se fait quelquefois des végétations analogues sur le corps humain. Des usages de la peau. Elle est l’organe du tou- cher. Des qualités des corps que le toucher fait connoitre , et qu'on appelle tactiles. Du toucher, considéré comme propre à corriger les erreurs des autres sens. Du plaisiret dela douleur, dont le toucher transmet les sensations. $ XVII De l'insensible transpiration et de La sueur. Il se fait dans ]a peau une excrétiou et une absorption tres - abondantes. De la sueur ; de son odeur, de sa couleur, des molécules huileuses , et de l'acide qu’elle contient; de ses di- verses autres qualités; de la sueur universelle, c’est - à- dire, qui sort de toutes les parties du corps; et de la sueur partielle ou locale. De l’insensible transpira— tion et de ses différences d’avec la sueur ; de ses varia- tions, eu égard aux climats, aux saisons , aux divers temps de la journée, à l’âge, aux alimens, et au régime, aux passions de l’âme , aux vêtemens, et aux divers états de la vie. De la transpiration cuta- née et de la transpiration pulmonaire. Des moyens employés par MM. Lavoisier et Sezuin, pour les obtenir séparément. Des expériences de Sancto- rius, de Dodart, de Keil, de Robinson,de Linnings,etc., sur les temps, la durée, et la quantité de la transpira- tion insensible. De la diminution et de la 90 suppression de cette transpi- ration , et des ficheux effets qu'elles produisent. De l'absorption cutanée démontrée par un grand nombre de faits. _ De la sympathie qu’on a ébservée entre les diverses régions de la peau, telle- ment que les impressions faites sur une de ces régions se transmettent plus ou moins aux autres, else communi-— quent même aux meinbranes intérieures qui ont des con— nexions avec la peau. 6. XVIIE. Du sens interne. Du principe intellectuel, et de ses différentes facultés. Des sensations;des images; des idées. Des jugemens ; des raison- nernens. De la volonté. Des signes propres à re- présenter les idées. Des diverses sortes de lan- gage. Ve. FONCTION. DE LA RESPIRATION. $. Ier. Des organes de la voix. Du larynx; des cartilages thyroïde , cricoide, arytheé- noïde ; de l’épglotte ; des SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. ligamens, des muscles des membranes, et des glandes du larynx. De la plotte; des ventri— cules de la glotte ; des liga— mens ou cordes. vocales, de l'ouverture thyroépiglotti- que, qui se trouve dans quelques animaux; du sac hyo-thyroïdien , qui, le plus souvent, est membraneux, qui est quelquefois osseux, ei quise trouve dans les ani- maux, où l'ouverture thyro- épiglottique se rencontre. De la glande thyroi- dienne. Des vaisseaux et des nerfs ‘du larynx. On rappellera la structure des lèvres, des dents, du palais osseux, de la langue, du voile du palais, du nez, et des différens sinus qui servent à modifier la voix. De la trachée-artere, de ses parties cartilagineuses , musculaires et membraneu— ses ; de ses vaisseaux, et de ses nerfs ; de sa position, de son ressort, et de la facilité avec laquelle ce tube s’alon- ge etse raccourcit. à De l’organe de la voix des quadrupèdes , comparé avec celui de l’homme. Dans quel- ques-uns , comme dans les singes et dans le renne, une cavité est sur-ajoutée à celle du larynx. Dans d’autres, come dans l'âne et dans le DISCOURS SUR L’ANATOMIE 9: mulet, des cellules et des ons sonores agrandis- sent les ventricules de la glotte. Du larynx des oiseaux, qui est divisé en deux par- ties, savoir, la glotte qui est au he ca col, derriere la base de la langne ; et l’appa- reil qui tient lieu des cordes vocales, qui est, ainsi que les ventricnles dal glotte, placé au bas du col entre les branches de la fourchette. Les ventricules ont des for- mes trèes-varices dans les différens oiseaux. Dans quelques-uns des qua- drupèdes ovipares, comme dans le crapaud et dans la grenouille , les cordes vo- cales sont détachées de toute adhérence, et placées au milieu de la glotte, sans ca- vités latérales ni ventricules. Dans plusieurs reptiles on ne trouve que la glotie sans cordes vocales ni ventricules: aussi ces animaux ne font-ils entendre que des sifflemens. Les poissons, les insectes, et les vers sont mucts , et les bruits que quelques- uns d’entr’eux produisent , mappartiennent point à un ‘organe de la voix. De! la voix et de sa forma- tion dans le larynx et dans la gloite. De la voix considérée re- Jatiyement aux âges , aux sexes , et des changemens qu'elle éprouve dans les dif- férentes périodes et circons- tances de la vie. Des divers mouvemens d’élévation , d’abaissement et de contraction dans les di- verses parties du larynx. De la section du nerf ré— current , qui produit le mu- tisme , et de quelques tu- meurs , dont la pression est suivie du même effet. De l'espèce de son que pre- duit le larynx dans un ani- mal privé de la vie , lorsque l'air istroduit par la trachée- artère fait vibrer cet organe. Ce son est analogue à celui que l’animal faisoit entendre. Onaugmente la force du son, et on le rend plus aigu, en donnant plus de tension aux cordes vocales ; ce qu’on opère au mo yen de quatre cordes ou pinces, qu’on at- tach Le d’une part aux extré- mités des cordes vocales , et de l’autre par quatre vis sb sont fixées sur une machi® quadrangulaire , et qu’on tourne à volonté. S1, dans cette expérience, on enlève toute la pa artie du larynx qui est située au-des- sus des cordes vocales, celles- ci restant en place, il n'y aura presque rien de chansé dans le son qu’on entendra. Dans ces divers essais , on est toujours obligé , pour 92 SCIENCES PHYSIOT,. ET MEDICALES. produire l'effet qu’on attend, de serrer le larynx avec la main : saus doute pour don- ner aux diverses parties qui le composent l’appui, et à lorganeentier ,la consis'ance et le ressort dont la mort les a privés. La formation des différens tons , et de la maniere dont ils sont produits par les ins- trumens à cordes et à vent. On exposera rapidement les expériences de Sauveur, et les resultats des considéra- tions d’'Euler sur le même sujet. On comparera les divers organes de la voix des ani- maux, aux instrumens à COr— des et à vent les plus simples et les plus connus, et surtout au châssis bruyant dont Do- dart a tant parlé. La struc- ture des différens tuyaux d’orgue fournira des rappro- chemens utiles ; on trouvera peut-être quelque rapport entre l’organe de la voix et les jeux à razette, où se font des vibrations sonores tres étendues. Ainsi, l’organe de la voix, considérée comme ayant son principe et son embouchure dans les liga- mens et dans les ventricules de la glotte, et son corps ou sa cavité dans les fosses na- sales et buccales , seroit comme un luyau d'orgue, dont la longueur , le diime- tre, la tension, et l’ouver- ture pourroient changer à volonté ; ce qui suffiroit, dans cette hypothèse , pour produire tous les tons. On ne regardeici la trachée -artère que comme un tuyau d’air, et on n’estime point, ainsi qu'on a fait jusqu'ici, l’or- gane de la voix comme s’é- tendant depuis la glotte jus- qu'aux poumons. Des mouvemens combinés de la langue et des levres, pour produire les différens sons. De la prononciation des voyelles et des consonnes. Du chant et de son méca- nisme. : Du bégaiement. Du mutisme accidentel et de naissance. . Il. Des bronches et des poumons. Des bronches droite et gauche, et de leur situation relativement aux gros vais- seaux qui naissent du cœur. De leurs nerfs, de leurs glandes , et du fluide bleuà- tre qu’elles filtrent. A Des poumons droit et gauche , de leur étendue , de leur couleür , et de leur con- sistance dans les divers âges et circonstances de la vie; de leur division; de leurs lobes et lobules; du tissu me LED DISCOURS SUR L’ANATOMIE., 05 interlobulaire ; dela manière dont les vésicules s’ouvrent l'une dans l’autre, et dont les lobules communiquent entr’eux. De l'opinion d’'Hel- vélius sur la structure des oumons , des artères ,et des veines bronchiques ; des ar- tères et des veines pulmo- naires; des glandes lyÿmpha- tiques des poumons, $. III. Des plèvres , du mé- diastin , du thymus. Des plèvres ; de leur for- me , de leur étendue, et de leur adossement. Du mediastin antérieur, et de l’obliquite de sa posi- tion. Du médiastin postérieur. De leurs vaisseaux et du tissu cellulaire qui les lie aux poumons. | Du tüymus et de seslobes; de ses prolongemens; de sa structure celluleuse ; de ses vaisseaux , et de ses nerfs. $. IV. Du diaphragme. Du diaphragme en géné ral ;de ses insertions au ster- num , aux côtes, aux ver— tebres des lombes ; de ses régions musculeuses et apo- névrotiques ; du centre ner— veux et de ses adhérences avec le péricarde ; de ses ouvertures, de ses piliers, de ses vaisseaux et de ses nerfs : de son action sur les organes , sur les viscères des trois grandes cavités. Du développement de ces divers organes dans la jeu nesse, et de la gêne que les corps à baleine y apportent. On exposera les fâcheux ef- fets de ces corps sur les pou- mons , sur l’estomac et les intestins, sur les viscères des hypocondres , et sur la ma- trice , dont ils empêchent que l’accroissement se fasse d’une manière convenable dans la grossesse. $. V. Des organes de lares- piration , considérés dans les animaux. Des poumons des quadru= pèdes , qui sont divisésen un plus grand nombre de lobes que ceux de l’homme; de leur diaphragme , qui n’est pas aussi adhérent au péri- carde. Les poumons des oiseaux sont adhérens aux côtes, et ils s'étendent , soit par des vessies aériennes formées de membranes, dont plu- sieurs sont musculaires , dans la capacité du bas- ventre, soit par des appendices qui communiquent avec les ca= vités des os , et dans tout le squelette, par des ouvertures 04 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. que Camper et Hunter ont décrites. Des poumons des quadru- pèdes ovipares et des rep— lies |, qui se contractent d’eux —- mêmes, et dont les mouvemens ne sont point mesurés par des intervalles réguliers, comme dans l’hom- me et dans les quadrupedes. Les naturalistes ont désigne ces organes par les noms de pulmones arbitrarit. Des ouies des poissons , et de leur vessie natatoire , qui communique toujours avec l'estomac, et qui contient du gaz acide carbonique , con— formément aux observations de M. de Fourcroy. Des stigmales des insectes et des vers terrestres ; des franges trachéales des vers aquatiques, et des trachées des plantes. 6. VI. Du mécanisme de la respiration. De l'air , desa nature, des gaz qui le forment ; de sa pe- santeur, de son ressort, et de sa pression sur les corps des animaux. Des effets de la chaleur et du froid, de l'humidité et de la séche- resse sur l'atmosphère. De la suspension et de {la dissolu— tion des molécules de diverse nature dans ce fluide. Des phénomènes du baromètre, du thermometre, de l'hygro- metre, de l’aréomètre , des eudiometres, et de l’appli— cation de leurs différens ef- fets au mécanisme du corps humain. De la respiration dans l’é- tat de sante ; de ses phéno= - menes dans les diverses cir= constances de la vie ; des changemens qu’elle éprouve, eu égard aux divers tempé- ramens et aux différentes élévations du sol qu’on ha- bite. Des différens temps de la respiration, de l’expiration et du temps moyen: L’expi- ration est le temps le plus court. Parmi les forces qui dila- tent la poitrine, le diaphrag- me tient le premier rang. Des divers mouvemens de ce muscle dans les différentes sortes de respirations , pen— dant la veille et pendant le sommeil. Des causes qui produisent l'expiration , et de ses effets sur les vaisseaux sanguins voisins des poumons et du cœur. $. VIT. Æxpériences sur le mécanisme de la respi- ralion. j Dans l'inspiration en= P GES dant que les vraies et les premieres fausses côtes s'é= DISCOURS SUR L’ANATOMIE. lévent , les dernieres des fausses côtes s’affaissent et rentrent en dedans, par l’ef- fet de la contraction des par- ties latérales du diaphragme. A yant mis les muscles in- tercostaux internes d'un qua- drupède à nu, on les a vus se contracter, pendant l’inspi- ration , comme les intercos— taux externes ; contre Ham berger. + 14 On a place entre les côtes des fils qui suivoient obli- quement la direction des muscles intercostaux, pour déterminer quelle est l’action de ces muscles, et si les espa- ces intercostaux diminuent dans l’inspiration. Est-il vrai que le thermo- mètre plonge dans la poi- trine d'un animal vivant, monte pendant l’expiration ? On fera respirer un ani- mal dans un air trop con— densé ou trop raréfié , dans des gaz de diverse nature , et on en remarquera les effets. Ceite suite d’experiences fournira des résuliats inté- ressans. On exposera à l’action de la machine pneumatique un animal dont le thorax soit entier, et un autre dant la plévre soit ouverte, et on verra en quoi les poumons de l’un diffèrent de ceux de l'autre. On a çoupe le corps d’un 95 jeune animal au-dessous du diaphragme, et on l’a exposé dans cet état à l’action de la machine du vide : dans ce cas le diaphragme s’est for- tement distendu et a été re- foulée en dehors. On examinera l’action de ce muscle dans un animal vivant,et on verra comment, dans sa contraction, 1l serre l'aorte et l’œsophage. Ce dernier est tellement com- primé , que le vomissement, même provoqué par des sti- mulans internes tres-forts, ne peut se faire pendant l'inspiration. On remarquera que le centre nerveux s’a- baisse peu pendant que l’ani- mal inspire ; que dans les mouvemens qu'il fait, il en- traine avec lui le péricarde et le cœur ; que dans les grandes contractions de ce muscle , le cœur bat avec mollesse, que le pouls est quelquefois ondulant , et qu’alors le médiastin est tendu. ‘ On répétera l'expérience de Swammerdam , en exci- tant la contraction du dia phragme par la pression ou le tiraillement du nerf dia phragmatique ; ce qui réus- sira également, soit qu’on presse ce nerf de bas en haut, ou de haut en bas. Si on coupe la moëlle épi- nière au-dessous de l’origine x 95 SCIÈNCES PHYSIOL, ET MEDICALES, du nerf phrénique , le mou- vement du diaphragme con- tinuera dese faire, 'andisque celui des autres muscles sera suspendu. Si après avoir ouvert le ventre :’un animal vivant, on coupe circulair-ment le diaphragme , de sorte que son action musculaire soit détruite, la respiration cesse presque entierement de se faire ; les muscles intercos— taux continuent cependant d'élever un peu les côtes , et le jeu des poumons n’est pas tout-a-fait interrompu. Lorsqu'on inspire un air dont on a mesuré la tem— pérature , il est facile, en le rendant par l'expiration, d'apprendre de combien de degrés sa chaleura augmenté dans son passage. Si l'air qu’on expire est porté par le moyen d’un tube dans l’eau de chaux , et mêlé avec elle, la chaux est aus- sitôt précipitée sous la forme de craie ou carbonate cal- caire , parce qu’alors l’acide carbonique , formé, comme il sera dit plus loin , dans les poumons , compose avec la chaux un sel insoluble dans l’eau. En se servant pour inspi- rer d’un tube de verre plonge dans l’eau , on y fait monter ce fluide , et on mesure ainsi ‘la quantité d'air qui a été nécessaire pour une inspis ralion, S1 on place dans la gueule d’un chien un tuyau auquel on ait adapté une vessie ,on la voit s’affaisser après quel- ques 1nspiralions. On injectera de l’air dans l’artere crurale, et on verra s’il remplit une vessie qu’on aura attachée à la trachée= artere, et si l’animal ne pé- rit pas presque toujours à la suite de cet essai. Du duvet placé à l’ouver- ture de la trachée artere, y est attiré lorsqu'on injecte un fluide dans l’artere pul- monaire apres la mort de l'animal ; ce qu’on doit at+ tribuer au développement et au léger soulevement des bronches , opérés par l’in- Jection. On place un animal sous une cloche , dont la capacité est connue , et on détermine ainsicombien:il fautdetemps pour que lair de la cloche soit vicié , et cesse d'êtreres- pirable. | Après avoir mis la plevre à nu , on aperçoit au travers un corps rougeàtre qui est le poumon, ei on peut secon— vaincre, dit Morgagni , que ce viscère ne remplit, pas toujours exactement la ca— vité du thorax. La gène de la respiration est toujours proportionnée TRE Re nri = = ps ” Er 2. DISCOURS SUR L’'ANATOMIEF. D Pétendre de l'ouverture qu’on a faite dans la cavité du thorax , et les deux pou- mons s’aflaissent lorsque les côtés du thorax sont ouverts. f'an-Swieten. Souvent une partie du poumon sort par la plaie, où elle paroît avoir un mou vement opposé à celui du reste de ce viscère ; car elle se contracte dans linspiräe tion; ce qui est produit, parce que le poumon, en se dilatant, tire à lui le lobe qui est hors du thorax. He- xissant a mal raisonné sur cette expérience. On obtient un effet ana= logue dans l'expérience de Gallien qui , ayant HUE une vessie sur une plaie de la poitrine. observa que cette ” vessie se vidoit dans l’ins- piralion , et se renfloit dans l'expiration. Lorsque le thorax 4 lar- gement ouvert des deux cô- tés , le diaphragme continue encore de se mouvoir un peu ; mais les poumons demeurent sans activité, et les légères secousses qu ils éprouvent leur sont tout à fait étran- gères. Lorsque la poitrine est ouverte dans une grande étendue , l'animal respire un peu moins difficilement, étant _ couché sur le dos , que dans ioute autre posilion, T, 4, 9ÿ Apres avoir erfoncé un instrument aigu dans la ca= vilé droite du thorax d’un animal vivant ,on introduit de lair par la trachée are tère pour découvrir si le poumon a été blessé ; ce qui n'arrive pas toujours. La- 2n1Te. ie peut aussi ouvrir le thorax d’un animal plon dans l’eau, et en soufilant dans la trachée artère, on cherche si le poumon a été blessé. Expérience de Lie» berkunk. On se propose encore pour but, dans cette opération ; de savoir s'il existe un air thorachique. Hales , Hoad= ler. Per comparera le sang des arteres avec celui des veines pulmonaires , celui de ces dernières avec le sang des veines caves , et le sang des artères pulmonaires avec ces lui de l'artère aorte. Les vaisseanx repliés et tortueux dans l'expiration, se développent dans Pine piration. Aussi un quadrupede vit- il plus D AEpe dans une inspiration plus prolongée par le moyen d’un soufflet à deux âmes, que dans une expiration soutenue. Senac. On cherchera si les pou- mons des quadrupedes ont un mouvement qui leur soif 7 9® SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALEÉS: propre, et s'ils peuvent se contracter lorsque la trachce- artère a été liée précédem- ment. Les poumons des qua- drupèdes ovipares sont au contraire irrilables , et se resserrent à volonté. Les poumons de la gre- nouille offrent un réseau vasculaire très-beau, et des communicationsnombreuses qui se font à angle droit entre les arteres et les veines. On lierales veines jugu- laires et les artères carotides tantôt en même temps que la trachée-artère, tantôt séparément ; pour connoître les effets qui doivent en résulter , soit relativement aux poumons , soit relaii— vement au cerveau. Mor— gagni. On plongera dans de l’eau colorée , soit avec de l’ocre, soit avec de l’encre , des ani- maux vivaus ; et lorsqu’on les enretirera , on cherchera si l’eau teinte aura pénétré dans les bronches. On fera l'expérience de deux manie- res: 94 en abandonnant l'animal à ses propres efforis, de sorte qu’il ne perde la vie qu'après être remonté plu- sieurs fois à la surfice de Veau, comme il arrive aux personnes qui se noient ; 2. en attachant aux pieds de animal un poids qui ne lui permette pas de s'élever , et / ; É2 qui le force à demeurer ax fond de l’eau. à On trouve quelquefois une petite quentité du liqui= de co!'oré dans l’estomae des animaux soumis à cette ex— périence, | On introduira une petite quantité d’eau dans le pou- mon d'un animal vivant, par une plaie faite à Ja trachée — artere. L’animalk toussera ,s’agitera ,souffrira beaucoup ; mais l’eau sera resorbée, et 1ln’en résultera aucune suite facheuse. On plongera et on assu— jétira dans de l’eau colorée un animal mort, dans l’in- tention de rechercher si l’eau pénètre dans les poumons. Expériences de MM. Fais= soles et Champeaux. Un autre ordre de phéno- menes a beaucoup occupe les physiologistes ; 1ls ont vu le cerveau , mis à découvert s’'abaisser pendant l’inspira- tion, et s'élever dans Île temps de l'expiration. Dans l'inspiration , le sang est attiré des environs du cœur ; il est repoussé pen- dant l'expiration : alors 1l se fait un battement dans les veines caves et dans les jugulaires , et le sang jaillit avec plus de force des vei— res et des sinus ouverts. Scligting. Si on supplée à l’expi= DISCOURS SUR L’ANATOMIE, ration par une pression vio= lente du thorax onaugmente l'impulsion du sang dans les jugulaires ,et on donne une Secousse au cerveau. La section ou la ligature des artères, des nerfs quel- conques du col , de l’æsopha- ge, et méme celle de la trachée -arère , n’empê- chent pas que les mouvemens u cerveau ne répondent à ceux de la poitrine dans l'ordre ci-des us énoncé. Mais ce mouvement cesse aussi—tôt que les veines vertébrales ou jugulaires ont été liées. La section d’une des veines jugulaires suftit pour le détruire pres- que entierement. Lamure. $ VIIL. Des usages de la respiralion. On voit que l'influence des Immouvemens qui consti= tuent la respiration , s'étend non=seu emenbkaux vis-eres du thorax et au sang qu'ils contiennent, mais qu’elle se fait encore ressentir, soit dans la tête, au cerveau, soit dans ‘e bas=ventre , aux visceres gla: duleux , aux or- ganes de la digestion, et aux vaisseaux absorbans, qu'elle excile sans cesse par des balancemens utiles, 99 D’autres usages rendent la respiration néce saire aux corps vivins. (Ina décou- vert qu'il existe dans les différentes classes d’animaux une proportion marquée en= tre le degré de chaleur qui leur est propre, et l'étendue de leurs poumons. On sait à préseul que c’est dans ce viscére que se dégage la matiere de la chaleur qui les pénètre, L'air pur en con« tient une grande quantité , et pendant que l’anrmal res pire el que l’oxigene,ou base de l’air vital se combine avec le carbone qui sesé— pare du sang dans les pou« mons,une partie du calorique devenue libre, demeure dans cet organe qu’elle échauffe, et elle se répand de-là dans tout le corps. Ce qui démontre que l'air pur où gaz oxigène est le véritable aliment de la vie, c'est qu'un animil plongé dans un vase p'ein de cet ar, y vivroit environ quatre fois plus long-temps que si le vase ne contenait que de Vair atmosphérique. Res— pré trop long-temps, l'air vilal deviendroit cependant nuisible, parce que la ma “tere de la chaleur qui s’en separeroil trop abondain ment, abrégeroit, enexciiant la fièvre,la durée des étresqui seroient exposés à son action 100 Indépendamment d’une portion de gaz azote et de carbone qui se dégagent du sang par les pouimons, én en voit encore sorlir une vapeur humide qui fait par tie de la transpiration, et qui mérile d'être examinée séprrément. L'histoire de la respira- tion sera terminée par Vexposition de ses différens modes. On expliquera le mécanisme du bâille- ment, du soupir, du rire, dela buse de l’éternuement, de la succion, de ann E AS tion, et des efforts par les- quels les muscles de Ja poitrine , fortement tendus, servent d'appui aux autres puissances musculaires qui se contractent. VI. FONCTION. DE LA DIGESTION. De la bouche. Des levres et de leurs commissures. De l’épiderme , dela peau, des glandes, des muscles propres des levres cet de leurs mouvemens ; de leurs vais- seaux, et de leurs nerfs. De la cavité de la bouche. On rappellera la structure des dents. Des gencives. SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Du palais, de ses rides, et de la membrane fongueuse qui tapisse cette cavité. $. IL. De l'os hyoïde et de la langue. De l'os hyoide, de son corps , de ses branches et de ses connexions. De la largue en général; de sa pointe, de sonsillon , de la ligne médiane qui la partage longitudinalement ; de sa base et du trou bor- gne quis’y trouve; de ses faces supérieure et inférieu- re ; de ses bords, desonfrein, dé ses papilles , de ses glan- des , de ses nerfs , et de ses vaisseaux ; de ses mouve-— mens. $. IT. Du voile du palais. Du voile du palais; de ses muscles propres, de.ses piliers ou colonnes, de ses glandes. De la luette; deses muscles propres, deses glandes. , $. IV. Des glandes amye- dales , des parotides et de La salive. Des glandes amygdales, des glandes accessoires aux amygdales ; de leurscavités, et de leurs conduits. Des glandes palatines , DISCOURS SUR L’'ANATOMIE. 104 buccales, molaires ; ces glan- des sont des follicules ou cryptes. es Des glandes salivaires, de la parotide, et de sa glande accessoire ; des glan- des maxillaires , des glandes sublinguales et de leurs con- duits. De la salive , de sanature, de sa quantité, des teinps où elle sort abondamment. Des effets de la compres- sion ct de l’irritation sur ces glandes ; des différens états de la salive et de ses concrétions. Des effets que produit la salive sur les substances qu'on soumet à son action. Ses usages dans l’écono- mie animale. $. V De l'arrière-bouche et de l’œsophage. Du pharynx, de ses pa- rois antérieure, postérieure , ‘ latérales ; de sa membrane interne , de ses glandes, de ses muscles propres, de ses vaisseaux et de ses nerfs. De l’œsophage ; de sa di- rection , de sa situation com— parée à celle de la trachée- -artère ; de sa substance charnue , et de la direction de ses fibres musculaires dans l'hommeet dans lesanimaux; de sa membrane interne, etdeses glandes folliculeu- ses ; des glandes conglobées, qui sont situeesaux environs de l’œsophage; de ses vais= seaux , de ses nerfs, et de l’action du diaphragme sur ce conduit. $. VI. De la mastication et de la déglutition. De la mastication et de la manière dont se forme le bol alimentaire. De la déglutition, et deses différens temps. Comment la langue, for— mant d’abord un p'anincliné, le bol alimentaire est placé prés de sa base. Comment le pharinx, s’éle- vant ensuite en même temps que la base de la langue , et le voile du pa- lais étant porté obliquement en arrière , le bol alimen- taire passe sur l'épiglotte qui recouvre la glotte, et s'engage dans l’ouverture du sac du pharynx. Comment les muscles rele- veurs se relächant, la masse du pharynx retombe, ainsi que la base dela langue, et comment le bol alimen- taire, faisant un mouvement marqué, est ensuite dirigé par l'impulsion des fibres de l’æsophage vers l’estomac. $. VII De l'estomac. De l'estomac, de sa situa- * 102 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. ion dans les différens états de la vie ; de sa forme , de ses faces, de ses bords, et des scourbures ; deses mem- branes, de ses p'ans muscu- laires , de ses glandes follicu- leuses, de ses glar des conglo- bées, et de sa cavité, deses vaisseaux ,et de ses nerfs. Du fluide qu’on y trouve, et qui porte le nom de suc gastrique; de Pincertitude de son origine dans l’homme et dans les quadrupedes ; de sa nature, de son mé ange, et de ses principales alté- rations. De la faim e! de la soif, de leurs cffets dans l’état de santé, dans l’état de mala- die; des causes qui les aggra- vent ou qui les émoussent ; dessystèmesauxque/son a eu recours pour en expliquer le mécanisme. La faim et la soif ne sont-elles pas des modifications déterminées d’organesn'rveuxoüs’exerce un sentiment particulier : et un des effets de cette exci— tation n'est-il pas d’attirer Île sang vers l'estomac et vers les visceres qui y sont anne— xés ; ce qui rend leur action plus soutenue et plus vive ? $. VIIT. Du canal intestinal. Du duodénum et de sa osilion. De l'intestin gréle, qu’on a coutume de diviser en jé- junum et en iléum: ce la membrane externe de l’in= Lesiin grêle, de ses fibres charnues, de ‘a membrane interne , de ses replis ou val- vules conniventes, de ses glandes, de ses vaisseaux et de ses nerfs. Des gros intestins. Du cœcum, de la valvule 1léo-cœcale. De lappendice vermi- forme. Du colon : de ses portions droite, gauche, et de sa por= Hon transversale; de sa rem brane externe: de ses fibres chaïrnues; de ses bandes mus- culaires ; de sa membrane interne; de ses replis ; de ses cellules ou cavités de ses glandes, soit folliculeuses, soit conglobées : de ses vais= seaux et de ses nerfs Du rectum; de sa posi— Lion ; de sa courbure; de sa membrane externe ; de son muscle , qui est {res épais ; de sa membrane in'erne ; de ses replis longitudinaux. De l’anus ; de son sphinc= ter, considéré à l’extérieur et à l’intérieur ; de ses glan- des ou eryptes; de ses con— HeXIONS, $. IX. Du péritoine et de ses grandes duplicatures. Du péritoine; de sa face DISCOURS SUR L’'ANATOMIE 10% externe; du tissu cellulaire qui le lie aux parties envi- ronnantes, et des prolonge- mens de ce tissu. De sa face interne. Du péritoine considérée en haut, en bas, en devant, en arrière , et sur les côtés. Des ligamens qu'il fournit âu foie, à la rate , aux reins, aux intestins, aux ovaires, et à la matrice. | Du grand épiploon ; OU épiploon gastro-colique ; de son étendue; de ses inser— fions ; de ses cavités; de ses lames ; de ses glandes con- globées ; de ses vaisseaux et de seÿ nerfs. Du petit épiploon, ou de l’épiploon g:stro-hépatique; de sa situation et de ses la— mes. De l’épiploon - colique de Haller et de Lieutaud. De l'ouverture épiploïque, et du procédé de Winslow, pour introduire de l’air dans le sac des epiploons. De la facilité avec laquelle les épiploons se remplissent de graisse, se relâchent et s'étendent en différens sens. Du mésentére : de son in sertion lombaire ; de son - bord intestinal, de ses lames; de ses glandes ; de ses vais— seaux de divers ordres; de ses nerfs. Du iméso-colon ; de sa po- silion transversale; de ses portions latérales, et de la maniere dont elles adhèrent aux reins; des glandes, des vaisseaux et des nerfs du méso-colon. Du repli qui soutient l'ap- endice vermiforme. Du repli par lequel le rec- tum est maintenu dans sa place. Des usages du péritoine et de ses diverses produc- tions. 6. X. Du foie, de la vésicule du jiel, et de la bile. Du foie; de sa position ; de sa division en lobes droit et gauche ; de ses bords, de sa face convexe, et de son ad- hérence au diaphragme ; de sa face concave ou base ; des éminences de cette face; des enfoncemens qu’on y trouve; de ses glandes conglobées ; de ses arteres; de la veine- porte; des branches de la veine-cave qui y aboutissent; de la veine ou ligament om- bilical: du conduit excréteur ou hépatique. De la vesicule du fiel; de sa situation; de sa forme; de sa membrane externe; de ses fibres charnues ; de sa mem- brane interne: de ses glandes; de son fond ; de son col, et du repli qu'il forme; de son conduit excréteur ou cys!i- que; de la structure de ce 104 SCIENCES PHYSIOL. LT MEDICALES. conduit ; de sa jonction avec le conduit hépatique, et de l'angle qu'ils forment entre eux; du conduit cholédoque qui résulte de leur jonction ; de la direction de ce conduit ; de son ouverture dans le duo- dénum, et du lieu de cette ouverture. De la bile hépatique; de Ja bile cystique; de la nature de la bile dans les différens âges ; de sa couleur et de sa consistance, de son épais- sissement ; des concrétions qu’elle forme , et de la ma-— mère dont elle cristallise. Comment les calculsbihaires brûlent ; du mouvement de la bile dans le foie et dansses conduits, dans la vesicule et vers l'intestin ; de l'influence des contractions musculaires sur le foie et sur le mouve- ment du fluide dont :l est pénétré; des effets de la bile sur les intestins, sur les ali- mens, et quelquefois même sur l’estomac; de ses altéra— tions ; de sa résorbtionet des affections qu'elle produit dans les autres organes , surtout à la peau. $. XI. De la rate. De la rate; desa position; de sa forme, de sa membrane externe, de sa struclure in— terne; de ses adhérences à l'estomac, à l’épiploon, el au pancréas; de ses mouvemens; de ses nerfs; du fluide qu’elle renferme. S’y fait-il une sé— crétion ? et s’ils’y en fait une, quel est son usage ? 6. XIT. Du pancréas et du SuC pancréalique. Du pancréas ; de sa posi- tion ; de sa forme; de sa membrane externe ; de sa structure interne ; de son conduit excréteur , que M: Hoffman, et J. G. Wirsung ont décrit les premiers, et du lieu de son ouverture ; des vaisse:ux du pancréas; de ses nerfs,de son fluide.His- toire des erreurs de Sylvius, et d’autres à ce sujet. Du petit pancréas, qui est une portion du grand. 6. XIII Des vaisseaux chyleux. Des vaisseaux lymphati- ques absorbans des intestins, ou des vaisseaux chyleux. De leur origine des intes— tins grêles et gros, par une série de petites ampoules; de leur direction vers les glandes mésentériques ; de leur passage au travers deses : glandes ; de leur marche d’une de ces glandes vers l’autre, ou de ces glandes jusqu’au réservoir lombaire; de leur communication avee DISCOURS SUR L’ANATOMIE. les vaisseaux lymphatiques environnans; du fluide qu'ils contiennent ; du chyle seul, et comparé avec la lymphe. $&. XIV. Des organes de la digestion considérées dans Les animaux. De l'os hyoïde dans les quadrupèdes , où des bran- ches osseuses tenant lieu des higamens qui, dans l’homme, - wattachent l’os hyoïde à l’a- pophyse styloide,. De l'os hyoïde dans les oi- seaux, où les extrémités de cet os sont enveloppées d’un muscle conique,et remontent en arriere sur les côtés de Pocciput. De la langue des quadru- pèdes ; des piquans dont elle est hérissée dans quelques- uns ; de la langue des oi- seaux ; de cet organe consi- déré dans quelques reptiles, ou son extrémité est fendue. De la luette, qui manque dans quelques quadrupèdes, tels que le cheval. De la liqueur vénéneuse qui coule des dents de quel- ques reptiles, qui s’en ser— vent pour blesser les ani- maux, dont ils font leur proie. Des sacs inter-maxillaires, appelés ubajoues, dans les singes , elc. Des animaux dans lesquels” 105 l'estomac est situé très-pres de la cavité du gosier, et qui manquent, pour ainsi dire, d’œsophage. Plusieurs rep- tiles et plusicurs poissons sont dans ce cas. De la structure de l’estos mac dans les quadrupedes carnivores et dans les soli- pèdes. Les quadrupèdes de ces deux classes sont mono— gastriques. De l'estomac des rumi= nans. Îl est formé de quatre cavités, dont la derniere, c’est-à-dire, celle qui com- munique immédiatement avec l'intestin, est le véri- table estomac; du mécanis- me de la rumination. Du long œsophage et du jabot des oiseaux; de leur estomac, formé de muscles tres — épais dans les grani- vores , de muscles moins épais dans les oiseaux qui vivent d'insectes , et presque uniformément charnu dans les oiseaux vraiment carni- vores. De l'estomac allongé des reptiles, de quelques pois- sons , et des vers. De l'estomac cartilagineux et à ressort des crustacees. Des polypes qui sont en- tièrement formés d’un esto— mac ou sac musculaire, où sont contenus les alimens qui doivent les nourrir. Du suc gastrique recueilli 106 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. dans les quadrupedes , et de la difficulté de l’obtenir pur. Du suc gastrique des oi- Seaux , et des glandes situées au-dessus de l'estomac qui le fournissent. Des intestins des carnivo- res, qui sont en général plus courts que ceux des lierbi— Vores. Des intestins dès quadru- pèdes solipèdes , qui sont Plus volumineux que ceux des ruminans. Du cœcum sans app°ndice vermiforme, te! qu’on le voit dans la plupart des singes et dans presque tous les qua- drupèdes. Des appendices vérmifor- mes dans les oiseaux; ceux des gallinacées ont ane gran- de étendue : ils sont au con- traire tres- courts däns les oiseaux carnivores. De ces appendices dans les poissons, où ils sont tres- nombreux. Des animaux dans lesquels il n’y a point de cœcum, et dont les intestins ne peuvent être divisés en grêles et en gros. Des animaux dans lesquels estomac est peu distinct du boyau. De ceux qui n’ont point d’épiploon. Du foie quiest divisé en un plus grand nombre de lobes dans les quadrupèdes que dans l’homme. Des conduits hépatio= cystiques. Des quadrupedes qui n’ont point de vésicule du fiel, tels que le cheval. Des animaux dans lesquels la vésicule du fiel est tout-à- fait détachée du foie. On le voit dans quelques poissons. De la bile considérée dans les quadrupedes carnivores et dans les herbivores, dans les diverses classes d’oiseaux, dans les reptiles, dans Îles poissons. Des différences de la rate des quadrupèdes d’avec celle de l’homme. Voyez ce que Ruysch et M. de Lassonne en ont dit. Dans quelques oiseaux elle est double. Du pancréas dans les oi- seaux et dans les poissons. Du système lymphatique ou absorbant dans les oi- seaux el dans les poissons, où l’on avoit pensé mal à propos, que l’absorbtion se faisoit par les veines. G. Hunter et Hewson ont prouvé le con— traire. $. XV. Des observations et des expériences relatives à la digestion des ali- mens. Des phénomènes que les- é = pe D DISCOURS SUR L’ANATOMIE. tomac presente lorsqu'il est vide et dans l’état sain. Des phénomènes qu’effre Vaction de l'estorac lors- qu'il est rempli d’alimens et dans l’état de santé. Il presse la rate et la vés cule du fiel, et il est lui-même pressé par le diaphragme et par les muscle: du bas-venire. I! est irritable ; il se con tracte tres-fortement dans les oiseaux ,avecune force beau- Œoup moins grande dans J'homme et dans les quadru- pèdes. De l'influence de la diges- tion sur les autres fonctions des corps animés. Des gaz qui se dégagent pendant la digestion. Du voinissement et de son mécanisme. [l est impossible dans le cheval et dans les ru- minans. Des expériences de Wa- lens , de Viridet , de B. S. Alb'nus , et de Bils sur la digestion. De celles de Réaumur et de M. Spallanzani , sur le même sujet. On peut avaler de petits tubes de bois , de petits sacs de toile; on les rend pleins de suc gastrique, avec le- quel M. Spallanzani assure qu'il a opéré la digestion de plusieurs substances placées dans un vase hors du corps, dont ce suc avoit été extrait. 107 En tuant un oiseau immé: dia'eiment après qu'il a man- gé,et en le laissant séjourner dans un lieu chaud, on re marque que la d'gestion est à moitie faite , dans l’espace d':six heures, Des alimens, introduits dns l'estomac d’un oiseau mort depuis tres — peu de temps, y sont en grande par— tie digérés. Le gésier des gallinacées brise des globules de cristal ; il applait des tubes de mé- tal tres-solides: il plie des aiguilles, il émousse des pointes de lancettes. L’aca- démie del Cimento avoit commencé ces expériences , que Rhedi, Maglotti, sur= tout Réaumur , et après lui M. Spallanzani ont fait dans un grand detail. L'action du gésier des oi- seaux supplée à la _mastica— tion, et ne fait rien de plus. Des grains de b'ée, renfermés dans un tube ,sont demeurés dans le gésier des poules , sans aucune altération. Dans ce même temps, le même organe a digéreé des grains abandonnés , sans aucun obs- tacle, à l’action de ses mus— cles, ou qui avoient éte moulus avant d’avoir été renfermés dans des tubes qu'on avoit fait avaler à l'animal. D'un autre côté, le pain 108 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. et les graines céréales ont été digérées par les grands oi- seaux carnivores , tel que Vaigie , lorsqu'on a eu soin de les triturer, ou de les moudre avant de les faire avaler à ces oiseaux. Si on élève un pigeon en le séparant de sa mere a l'instant même où il sort de l'œuf, on peut faire en sorte que son gésier ne contienne aucune pelile pierre n1 gra— vier. M. Spallanzani ne s’est point aperçu que sa digestion en fü! troublée. Dans les reptiles et dans les poissons , on trouve souvent des animaux entiers, et d’un volume assez considérable, avalés el disposés de manière que tout ce qui est contenu dans l’œsophage n’est qu’hu- mide ,et qu’il n'y a de vrai- ment ramolli et digéré que la partie qui touche au fond de l’estomac proprement dit. On voit la même chose dans l'estomac des oiseaux très— Yoraces. On examinera les alimens dans l'estomac et dans les inteslins ; on verra comment le suc gastrique agit sur eux, La pulpe épaisse et grisätre qui en résulte porte le nom de chimus ou chime. Elle a une odeur fade : on n'y re- marque d’ailleurs aucun ca- ractere d’une vraie fermen- tation. Dans l'homme et dans les quadrupèdes, la digest on se faitsans le concours d'aucune force iriturante, et par une vraie di solutions M. Gosse a trouvé le moyen, en avalant une cer- taine quantilé d’air atmos- phérique , de s’exciter à vo— mir. Îl a rendu ainsi les matières contenues dans son estomac; il a vu les alimens réduits en bouillie, sans au- cun signe qui annonçât la présence d’un acide ou d’un alkali,etil a donné une table des substances plus ou moins faciles à digérer , d’après ses propres essais. M. Reuss, apres avoir avalé cinq grains d’alkali , a cependant vomi, par le moyen du tartre stibié, une liqueur qu’il a jugée acide, Mais le tartre stibie seul rougit la teinture de tourne- sol. C’est ainsi que M. Spal- lanzani répond à l’objection tirée des expériencks de M. Reuss. On remarque dans l’esto- mac, et surtout dans les intestins, un mouvement d’ondulation, qui commence vers l’orifice cardiaque, et qui s'étend vers l'anus. Ce mouvement est appelé du nom de péristaliique. Lors- qu’il se rencontre un obstacle dans le canal alimentaire, le lieu où se trouve cet obstacle DISCOURS SUR L’ANATOMIE. devient quelquefois le foyer d'un mouvement en sens contraire , et qu’on appelle du noin d'anti-péristaliique. Lorsqu'on ouvre le corps d’un animal qui a mangé peu de temps auparavant , on trouve les vaisseaux chyleux, le reservoir lombaire, et le conduit thorachique remplis d'un fluide laiteux, qu'on peut arrêter dans son cours, gon le mieux voir, soit par la pression , soit par des li- gatures. Les animaux dont on a lié la vésicule , et dans lesquels le cours de la bile est de- rangé, ont le ventre pa resseux, la bile étant le stimulant nécessaire pour l’excrétion intestinale. VIlem, FONCTION. DES SÉCREÉTIONS. $. 1%. Des glandes en gé- néral. De la structure dés glan- des , et de leurs différences principales; de leurs grandes divisions. Des organes sécrétoires , qui n’ont ni parenchyme , ni réservoir , n1 conduit excré— teur , et dont la base est une simple membrane , tels que plusieurs tissus meibraneux du corps humain ; ou un 109 tissu ligamentcux et ner= veux, tel que la peau ; ou un tissu contractile , tel que les muscles ; ou un tissu car- tilagineux ou osseux, tel que les os. Des glandes qui ont un parenchyme , sans réservoir et sans conduit excréteur. Les glandes conglobées et la rate sont dans ce cas. Qui ont un parenchyme, sans conduit excréteur, avec un réservoir interne. Les cap- sules sur-rénales . Qui ont un parenchyme, un conduit excréteur, et un réservoir externe. Les reins, le foie, dans la plupart des animaux ; les testicules. Qui ont un parenchyme et un conduit excréteur, sans réservoir interne ni externe. Le pancréas , les glandes sa- livaires, le foie du cheval, Qui ont un parenchyme, un réservoir interne, et des bouches ou conduits excré- teurs. Folliculi, cryptæ, glandnlæ passivæ , seu ve- siculares. Des cryptes simples, iso= les, solitaires , stmplices et solitariæ. V'elles sont les glandes sébacées, et quel- ques glandes muqueuses du gosier. Des cryptes simples et rap- prochées, groupées, sans communication entre leurs cavilés, aglutinatæ, con- 310 SCIENCES PIHYSIOL, ET MEDICALES. gregatæ , Halleri. Les glan- des aryténoides, celles du palis. : Des cryptes composées , groupées , avec Communica- tion entre leurs cavi és, con- glutinatæ. Les amygdiles. Des cryptes composées et rapprochées avec communi- cation entre leurs conduits, dont plusieurs se réunissent en unseul ; lacunes , lacunæ. Les glandes du trou borgne de la langue. Plusieurs folhi- cules des intestins. Les glan- des des sinus , ou lacunes de luretre. Les glandes different par leurs formes ; elles sont glo- buleuses, lenticulaires, utri- culaires ( comme de petits outres), en godet ( capsu- lares ), en grappe ( act- niformes ), fungiformes, pédiculées, ou pétiolées, ses- siles. Des vaisseaux et des nerfs des glandes; de leur posi- Uon, de leur developpement, et de leur activite dans les différens temps de la vie. . IT. Des reins, des uré- tères , et de la vessre. Des organes qui servent « , . a+ LE à filtrer lurine, cites ici comme exemple d’un appa- reil sécrétoire complet, com- posé d’un grand norubre de glandes rassemblées, d’un conduit excréteur , d’un ré= servoir et d’un canal pour l4 sortie du fluide que les glandes ont filtré. Des capsules sur-rénales ; de leur position, de leur forme ; de leurs faces; de leurs ang'es ; de leur cavité; de leur suc; de leurs glandes conglobées ; de leurs vais= se’ux , de leurs nerfs. Des reins; de leur posi= tion à droite, à gauche ; de leur forme; du péritoine , per rapport aux reins; de leur convexité; de leur si- nuosité ; de leurs vaisseaux ; de leurs nerfs ;.de leur struc= ture interne; de leur subs- tance corticale ; de leur subs« tance r«diée ou tubulée ; de leurs papilles,; de leurs ca- hices, de leur bassinet. De l'urétere ; de la direc- tion de ce conduit ; de l’uré- tere dans le bassin ; de la ma- nière dont il pénètre dans la vessie. De la vessie ; de sa posis tion ; de sa forme ; du péri= loine , par rapport à la ves- sie ; de son fond ; de son cou ; de sa cavité; de sa mem, brane interne; de ses fais- ceaux charnus; des glandes muqueuses de la vessie ; de son trigone, de l’orifice des uréteres ; de l’orifice de la vessie; des fibres musculaires de cet orifice; de ses con 5 “ « « nexions avec les parties vol-, sines ; des différences de la ol + 0 DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 1» vessie dans le mäle et dans la femelle. Des glandes et des sécré- tions particulières à certains animaux, comme la sécrétion du musc, etc. 6. IL. De la nature des subs- rances animales. Avant de traiter du mé- canisme des sécrétions , 1l faut conuoître la nature des organes qui filtrent, et celle des humeurs qui sont filirées. Un chimiste moderne a trouve, dans les matières animales , une quantité re- marquable d'azote. On ex plique, par cette découverte, la formation de l’animo- niaque que produisent ces substances, soit lorsqu'on les expose au feu , soit lors- qu'elles se pourrissent, et les raports deces substances avec celles des maticres végétales ui fournissentdel’ammonia- que lorsqur’ellesse pourrissent ou lorsqu'on les distille. Ainsi, on considérera les corps organisés comme com- posés de deux ordres de subs- tances tres — différentes : les unes (ce sont les végetales), donnent de l’acide lorsqu'on les décompose par le feu; les autres ( les animales), “fournissent de l’alkali vo- "lauil ; les premières sont pro- » "pres à former l'esprit ardent - par la fermentation; les se condes se réduisent en un charbon dont la combustion est difficile; celle-là laisse, par la calcination, un char- bon qui se brüle facilement, On remontera donc , avee les modernes , à la nature et à la formation de lalkali volatil, qui est composé d’air phlogistiqué , ou de mofette et de gaz inflammable. Ce= lui-ci se sépare de l’huile; où il est dégagé de l’eau, et il se combine avec la mo- fette des matières animales, tandis que l’air vital de l’eau, joint au ch2rbon, forme l'air fixe. Dans la fermentation spiritueuse des végétaux , le gaz inflammable se combine au contraire avec une huile végétale et du sucre pour former l'esprit-de-vin. $. IV. Des humeurs ani- males. Dusang , considéré comme le fluide qui contient toutes les humeurs. Du sang, relativement à sa température dans les ani- maux , où elle s’eéleve au- dessus de celle de l’atmos= phère, et dans ceux où elle se montre à peu près au même degré. Les premiers sont appelés à sang chaud, et les seconds 4 sang froid. Du sang examiné physi- quement, eu égard à sa pe- santeur , à sa couleur, aux 312 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. molécules rouges , jaunes et blanches qni le composent. Du sang traité chimique- ment, soit par les réactifs, soit par l’action du feu. On le considérera surtout comme se séparant par le repos en deux parties, le caillot et la sérosite. Du caillot, qui devient blanc lorsqu'on le lave ; qui est fibreux, qui se retire et se tourmente en brûlant, qui se pourril prompiement, qui n'est pas soluble dans l’eau , qui contient beaucoup d'azote , qui est plus anima- lisé que le serum , auquel adhère un acide , et qu’on doit regarder comme étant très-analogue à la partie glu- tineuse des végélaux. De la sérosité , /luide al- bumineux ou lywphe , dont la saveur est fadeet un peu salée, qui se coagule au feu, qui s’épaissil par l’action des acides et des spiritueux , qui contient de la soude à nu, et qui verdit le sirop de violettes. De la gelce gélatine ou colle , qui diffère essentiel- lement de la partie albumi- neuse ; de la manière dont elle entre dans la compo-— silion des parties blanches des animaux, telles que les tendons , lesaponévroses , les cartilages , les membranes, les ligamens et la peau. Elle se liquéfie à la chaleur, et les acides, ainsi que les al= kalis, la dissolvent. En suivant toujours la com: paraison des substances ani males avec les végétales , on détermineraquelssont lesrap- ports de la gélatine avec les mucilages fades des végétaux. Du lait, considéré quant à sa couleur , à sa consis- tance , ct aux phénomènes qui se présentent lorsqu'on l'expose à une température de 16 à 20 degrés. Du petit- lait, où il se développe un acide , et qui contient le su- cre de lait. Celui-ci contient lui-même un acide particu= lier, Du fromage , qui est analogue à la partie albu= mineuse du sang. Du beurre qui devient aisément acide et rance, et que l’on compa— rera aux huiles végétales. De la graisse qui se fond au feu , qui se coagule au froid, qui contient une huile eltun acice dont leschimistes modernes ont détermine la nature et qui est analogue à la bile. De la bile elle-même; de l’action des acides sur cette humeur qu'on doit regarder comme un savon formé d’une huile de nature presque ré— sineuse unie à la soude ; qui contient aussi de l’albumen coagulable par le feu, par! les acides , et par les spi ÿŸ 4 « DISCOURS SUR L’ANATOMIF, ritueux; qui rend les ma tières huileuses miscibles à l’eau , et qui est décomposee deus le duodénum , par les acides que la digestion y dé- veloppe. ; LR Du suc gastrique , qui dis- sout uniforimement les ma tières animales et végétales ; ui les réduit en ure päte molle ; qui est anti-septique ; quidonne ,suivant plusieurs chimistes, des marques d’a— cidité ; qui, dans le bœuf et e le mouton, est analogue à …. l'acide phosphorique , et qui agit sur l'estomac , même après la mort. De la salive , qui paroit être savonneuse et chargée d'air, et qui contient un sel ammoniacal, démontré par l'odeur piquante et urineuse que la chaux et les alkalis … fixes caustiques en dégagent. De l'urine, qu’on doit re- garder comme une dissolu- tion d’un grand nombre de substances différentes , dont les unes sont des sels sem- blables à ceux des minéraux qui sont fournis par les ali- mens , dans lesquels 1ls n’ont souffert aucune altération ; … dont les autres sont analo- gues aux principes extrac ifs es végétaux ; tandis que 113 d’autressonrt particuliersaux animaux, ou méme à l’urine, et ne se trouvent point en qualité notable ailleurs que dass ce fluide. De lexces d’acide phos— phorique qu'on trouve dans lPurine ; de Ja propriété qu'elle a , ainsi que la sueur, de rougir Ja teinture du tournesol. Des circonstances dans lesquelles cet acide est retenuetse portesur diverses partes , comme sur les arti- culations dans les soutteux. £ De l'acide Ethique qui se trouve aussi dans l’urine , et qui forme la base des calculs. Du dépôt de l’urine, qui est un mélange de cet acide et de phosphate calcaire. Les autres humeurs, telles que le rnucus des narines, le cerenum des oreilles, le suc pancréatique , le fluide séminal, etc. , n’ont point été analysées On exposera , en peu de mots, ce qu’on sait sur ce sujet. Pour résumer , on pent diviser les humeurs en six classes. comprenant, (1) 1°. Les humeurs salines, c’est-à-dire, qui tiennent des sels en dissolution , telles que sont lurine et la sueur, 2°. Les fluides huileux in. (1) Division adoptée par M. de Foureroy. Elle est préférable à celle qu'Haller a publiée dans sa Physiologie, Vi Te 4e 8 114 flammables, qui ont tous une certaine consistance , et qui sont concrescibles: telles sont les graisses , la moelle des os.et le cerumen des oreilles. 5°. Les humeurs de nature savonneuse , qui sont com posées de matières inflam— imables , imèlées à l’eau par l'intermede d’un alkali mi— néral et végétal : tels sont la bile et ie lait. 4°. Les humeurs mu- queuses ou gélatineuces, telle que la gelée animale ou gé- latine. bo, Les fluides albumi- neux ou lymphatiques, tels que la partie séreuse du sang et le blanc d'œuf. 6°. L'humeur glutineuse qui forme la base du caillot, el qui existe aussi dans le tissu musculaire. $. V. Du mécanisme des sécrétions. Des expériences exactes prouvent que le sang con- tient les différentes humeurs qui sont filirées dans les glandes. Un chim'ste mo- derne y a trouvé la bile toute formée. On ne peut pas dou- ter que l'urine n'en fasse aussi partie. On peut dire la même chose du lait , etc. D'un autre côté , les hu- meurs qui se filtrent dans les glandes ne sont pastellement SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. pures et homogènes, qu’elles ne se mêlent pas les unes avec les autres dans les émonc- toires même où se fait le travail de la sécrétion. Ainsi la bile se mêle à l’urine ; ainsi l’albumen, la gélatine se trouvent dans plusieurs. des fluides animaux : la lym- phe, qui sert de dissolvant à la plupart des humeurs , est repompée par les vaisseaux absorbans , dont les bouches s'ouvrent sur les parois de leurs réservoirs. Ce seroit donc se tromper que de croire que les glandes ne fil- trent , c’est-à-dire, ne lais— sent passer qu’une sorte de fluides bien déterminée. On doit examiner avec un grand soin la nature du sang qui est porté vers les difie- rens émonctoires ; ainsi, le sang de la veine-porte differe beaucoup du sang artériel qui coule vers les reins. Certains organes semblent être préparatoires ; d’autres paroissent être destinés à opérer une sorte d’assimila- tion. Ainsi, la rate prépare le sang qui doit être porté au foie. Ainsi , les glandes con— globées, qui non! point de conduitexcréteur, font subir à la lymphe qui les traverse une élaboration utile. La vitesse du sang, la lon- gueur,, la fargeur , les angles des vaisseaux sont encore des Dark ni A = > 3 . = SRE ÉT GR PES, e er Va En 5 VE EE gr d' RS Yo 4 DISCOURS SUR L'ANATOMIE. élémens qu’on ne négligera oint dans la solution de ce prob'ème. Ainsi, les arteres du cerveau forment des cou- des répétésavant de parvenir à cet organe , dont la mol- lesse est grande. Ainsi, les artères spermatiques sont longues , grêles et contour— nées. Apres avoir considéré les vaisseaux qui poitent lesang aux glandes, on examinera les vaisseaux déliés desglan- des elles-mêmes. Ils ont dans chacune d'elles des formes déterminées. Dars le foie, ils sont disposés en étoile; dans la rate, ils le sont en branches d’asperges ; dansles test cules , en maniere de cheveux frisés: dans le cer- velet, les dernieres ramifi- cations sont presque trans- parentes. C'est en examinant avec une grande attention ces circonstances diverses, qu’on reconnoîtra quelles sont, dans les corps organisés , les conditions requises pour la filtration de chaque humeur. On exposera , en peu de mots, les systèmes adoptés par les auteurs, qui se sont efforcés d'expliquer ce méca- _nisme On peut es rapporter aux classes suivantes : La premiere est celle des chimistes, qui ont supposé des fermens dans les glandes : 115 tels ont été Vanhelmont , Willis, Cole, J. Pascal ct Bellini. La deuxieme classe est celle des mécaniciens, qui ont adimis dans les organes sécrétoires des espèces de cribles de différentes formes et grandeurs. Descartes, Bo relli, Verheyen et Cock- burneont adopté ce systeme. D'autres ont supposé , avec Lamure, que ch: que conduit excréteur étoit resserré par une force particulière, et que chaque huimeur circuloit avec une quantité de mou- vemnent proportionnée à l’obs. tacle qu’elle devoit vaincre. Nous rapportons à une troisieine classe ceux qui persent que leshumeuissar- rêtent et se portent dans les organes déjà péné rés deleurs molecules. Leibnitz, Newton lui-même, Winslow, Gor- ter , Helvétius , Lieutaud et Parsons ont été favorables à cette théorie. Dans une quatrieme classe doivent être compris ceux qui ont attribué tout ce mé- canisme à ’atiraction ; soit, qu'avec Keil, ils aient re- gardé la force qui unit les molecules semblables entre elles. comme celle qui agit avec le p'us d'avantage, et qui préside aux sécrétions ; soit , qu'avec Hamberger , ils aient cru trouver de l’ana- 116 SCIENCES PHYSIOT. ET MEDICALES, logie entre le poids des hu- meurs et celui des organes. La cinquième classe est celle des animistes, qui se contentent de dire que l’âme régit les opérations diverses ; et Co en different peu , qui les attribuent à un prin- cipe vague créé par li Imagi- pation , pour expliquer ce que DEA et l'expé- rience n’ont point encore fait connoitre. VIIT. FONC'EION DE NLAU IG REINE RAT TON: SI. Du sexe masculin dans l'adulte. Du sexe masculin en gé- néral; du pénil; des testi- cules Le général ; de leur situation ; du scrotum; du dartos , du crémaster ; de la tunique vaginale ; de la tu- nique albuginée ; de la forme du Æstioule de à décou- vert; des ses régions ; de sa structure interne; de ses petits vaisseaux repliés sur eux CRE du corpsd'hyg- mor ; de l’épididyme ; du null déférent ; de la direc- 4 de ce canal ; des vais- Sceaux et des nerfs -de ces partes. Des vésicules séminales ; de leur situation : de leur Structure externe; de leur struciure interne ; de leurs rapports avec le conti dé- férent avec Ja prostate et l’uretre. De la verge, pénis ou membre en général; de sa forme; de ses muscles ischio- caverneux , et dn bulbo—ca- verneux on accélérateur ; des muscles transverses ou 1s— chio — bulbeux. Des corps caverneux ; de ;4 leur origine , de leur Ha à nion ; de leur structure in— ! terne ; de leur terminaison ! près du gland. De l’urètre, du gland, du prépuce, et de leurs glan- | des ; de la partie spongieuse { de Ticete ; de sa parte membraneusé ; du bulbe de . l’uretre. ‘ De la glande prostate; de sa forme ; de sa consistance , de sa structure interne; de ses conduits excréteurs ; du vérumontanum ; des con- duits éjaculateurs. M Du canal de l’uretre ; de ses lacunes ; de ses glandes ; : de ses Cho UtES Du fluide séminal ; de ses qualités ; de sa nature ; du fluide de la prostate ; du flui- de des glandes de l’uretre. $. IL Du sexe masculin dans le fœtus. | Des parties sexuellesmäles W dans le fœtus , avant 1e d DISCOURS SUR L’ANATO MIE. sixième mois de conception ; du testicule dans le ventre; du gubernaculum testis ; des bourses. | 6. IL. Du sexe féminin. Du sexe féminin en géné- ral. Des parties génitales ex— ternes ; de leur situation; de la . ER , ou pudendum ; des grandes levres; de la fourchette ; de la fosse navi- culaire ; des glandes des grandes levres. Du clitoris en général , de son ligament suspenseur ; ; de ses muscles ( ischio -caver- neux ). Des corps caverneux avant leur réunion, lorsqu'ils sont réanis ; du gland du chtoris; du prépuce du clitoris, et des nymphes ou petites levres. u méat urinaire ou ure— tre; de sa situation; de sa direction ; de son étendue; de son orifice ; de sa cavité; de ses glandes ; de son tissu, en quelque sorte caverneux. Du plexus caverneux ré— tiforme, qui entoure l’ori- fice du vagin; des vaisseaux . de ce plexus ; des glandes de ce plexus, qui s'ouvrent dans le vagin ; du muscle cons- trictor cunni ) seu Vaginæ ; du muscle transverse. Du vagin; de sasituation; de son orifice de l'hymen ; 117 des caroncules myrtiformes ; de la face interne du vagin ; de ses replis ou rides; de ses glandes ; de ses parois et de leur structure; de l’extre- mité du vagin, qui embrasse le col dela matrice. Des parties génitales in ternes De la matrice en gé- néral; du col de cet organe; de son RUE externe ou ae mu- seau de tanche; de sa cavité; de ses rugosités ; de l'épais- seur et de la structure de ses parois; de son orifice in— terne, ou de la partie du col qui s’ouvre dans la matrice ; du corps de cet organe ; de ses faces ; derses angles ; de sa cavité ; de sa forme ; de son épaisseur ; de la structure de ses parois ; de ses cornes dans les femelles qui en sont pour- vues ; de ses ligamens; du péritoine , qui la recouvreet PNR RE des ligamens ronds ; des ligamens larges; ce mens replis des lizgamens larges , dont un est anté- rieur ou supérieur ; l’autre postérieur ou inférieur. De la trompe de fallope pres de la matrice, près de l'ovaire; de ses Con tuEL et replis ; de sa cavité ; de son pavillon ou morceau frange. De l'ovaire ou testicule des femelles ; de sasituation; de sa forme ; de ses faces; de ses cicatr es: de ses corps jaunes, corpora lutea, Du 118 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. ligament qui unit l'ovaire à la matrice; de la structure interne de l’ovaire. $. IV. Des règles ou écoule- ment periodique. De lige où les regles paroissent ; de celui où elles finissent ; des phénomènes qu’elles présentent; de la plé- thore locale ou organique de Ja matrice; de lespe ‘e de sti- mulus qui ennait ou qui l’ac- compagne; de la quantité et de la qualité du sang qui sort par celte voie. Deluti- lité de cet écoulement , pour disposer à la conception. La plupart des femelles des quadrupèdes , au moment ou elles sont en chaleur, ont les parties sexuelles baignées d’une lymphe rougeätre. $. V.De la conception et de la grossesse. De la semence de la femme, et de la liqueur qu’elle éja- cule. De la conception et de ses particularités : de la super- fétation ; de la grossesse ou gestation; de ses periodes ; de sa durée; de l’accouche- ment. $. VI. Du fætus et de ses en- veloppes. Du nombre des fœtus dans un seul accouchement ; du chorion ; de l’amnios ; de l’allantoide , des eaux de Pamnios ; de l’hypomanes. Du placenta et des cotyle- dons, de la portion utérine ; de la portion fœtale du pla- centa ; des vaisseaux du pla- centa. Du cordon ombilicals; | 4 de la vésicule ombilicale ; de la structure du fœtus en gé— nér:] ; de son poids total. De la structure des os en génér:l; des extrémités des os ; des sutures ; des sinus de la face ; du cerveau ; de l'œil et de la membrane pupil- laire ; du thymus ; des pou= mons ; du cœur; du trou ovale; du conduit artériel ; des ventricules. Du diaphragme. Du foie ; de la veine om- bilicale; du conduit veineux; du lobe gauche du foie ; de la rate; du pancréas; de l'estomac ; des intestins ; des glandes mésentériques ; des glandes cong obées ; des Les üicu!es ; des bourses ; du cli- toris ; des mameiles; des vaisseaux du bassin ; des ar- tères ombiliciles; des reins ; de la vessie; de l’ouraque; du bassin ; des extrémités inférieures en général. $. VIL. Des parties sexuel- les, considerées dans les divers animaux ovipares et vivipares. Des quadrudèdes qui n’on L : DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 119 point de scrotum. Plusieurs singes sont dans ce cas. De la structure du corps d'hygmor dans les quadru— pèdes. De ceux qui n’ont point de vésicules séminales. De l'os de la verge de plu- _ sieurs quadrupèdes. Un Il n'y a qu'un petit nom— … bre de quadrupèdes dans lesquels le corps de la ma- trice et ses trompes scient disposés comme dans la femme. Les femelles des sin- ges qui se rapprochent Île plus de l’espece humaine, jouissent seules de cette pré- rogative. Dans les autres es- pèces de singes, et dans tou- tes les femelles des autres quadrupèdes, deux sacs allongés , et de forme irrégu lière, connus sous le nom de cornes de La matrice, sont placés des deux côtés de cet organe; et les fœtus y sont spécialement contenus. De quelques femelles des quadrupèdes, dans lesquelles le vagin, qui est tres-etroit, forme divers contours. Les sarrigues et les marmoses sont dans ce cas, Ces femelles ont un sac à l'extérieur du ventre, où sont leur mame-— lons , et où leurs petits habi- tent long -temps. Destesticules des oiseaux ; du pénis court et bifurqué de ces animaux, dans les- quels cet organe est s‘paré du conduit des urines. De l'ovaire et de l’oviduct des oiseaux, qui, par un inouvement organique par- ticulier , se redresse et em- brasse l’ovaire , lorsque l'œuf est sur le point de se séparer de cet organe. Du cloaque qui tient lieu de vessie, de matr:ce , etc. De la structure de l’œuf feconde et non fécondé. De l’embryon, qui fait essentiellement partie de l’œuf. Du jaune et des vaisseaux de l'œuf, qui foni partie de l'embryon. Un observateur moderne s’est servi avec succes , des vaisseaux du poulet, conte- nus dans l’œuf, pour obser— ver la circulation daus les animaux à sang chaud. Des vaisseaux omphalo- mésentériques. Du développement du pouiet dans l'œuf. De l'appendice cornée dont est surmonté le bec du poulet, et de la manière dont il ouvre la coque de l'œuf. Des ovaires des reptiles et des poissons cartilagineux. La vipère et la raie ne différent des animaux vrai- ment ovipares , qu’en ce que , le plus souvent, leurs petits éclosent dans le ventre 1220 des mères ; mais, ils y sont réellement contenus dans des œufs. Des tétards et des em- bryons des salamandres. Des œufs des poissons pro- prement dits. Des œufs des insectes ; de leurs larves; de leur méta= morphose. Dans les ovipares, le fœ- tus appartient immeédiate— ment à la ER silest vi- vifié et modifié par le mâle. De ue qui semblent, dans quelques sa: isons Fi l’année , sereproduiresans le secours du Eat , comme les pucerons. De ceux qui semblent re- pousser de bouture, tels que les polypes. Des animaux dont cer- taines parti iessereproduisent. Les crustacées et les vers sont dans ce cas. Des diverses sortes d’her- maphrodismes dont les vers fournissent des exemples. Des mu'ets et de l'in fluence du péreet de la mère de ins ces géaérations. llsem- le que Peter et les ex— LEE soient modifiés par le père , et que les entrailles solent une émanalion de la mére. De la génération des végé- taux , comparée avec celle des animaux. Suivant Linne, SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. w le pistil se continue avec la moëlie de la plante. S. VII. Des observations qui ont été faites sur la conception dans les diver- ses classes d'animaux. Des faits qui prouvent que la semence parvient jusqu’à la matrice, et qu'on l’a méme trouvée quelquetois dans les trompes de fallope. Des diverses conceptions qui se sont faites quelque- fois dans l’oyaire et dans la trompe. Des expériences d’Aris— tote, de Harvey . etde Haller sur la génération. Des ra mens qui arri= vént à l'ovaire apres Ja Éécon de comment une vésicule se renfle , s’ouvre ensuite , et comment un corps, de couleur jaunätre, en prend la place. Du fluide qui est contenu dansles vésicules de l’ovaire, Des débris de fœtus, tels que les dents, divers osse— mens , et des cheveux trou— vés dans les ovaires. De l'œuf humain , de sa surface cotonneuse, et de ses différens progrès. Des faits qui semblent prouver que la superfétation est possible. . De la semence, vue au microscope, et des corpus= DISCOURS SUR L'ANATOMIE. cles qu’elle renferme. Des observations faites par Buf- fon et Needham à ce sujet. Des diverses expériences qui prouvent qu AlOon he a point de communication immédiate entre les vais- seaux dela mère et ceux du fœtus. Des nombreux essais que M. Spallanzani a tentes sur 1e Démration des animaux. Il a prouvé que les molé- cules, appelées du nom de vers dans le fluide séminal, ne sont pas néressaires pour opérer la fécondation , puis- qu il a réussi, dans ses ex périences, à féconderun cra- P: aud femelle ayec une por tion de liqueur séminale qui étoit dépourvue des préten- dus vers. M. Spallanzani a prouv* la préexistence des pre dans les -femelles, déja admise dans les écrits de Ma!- pighi, de Swammerdam , de Cheyne , de Bonnet, et de Hailer. 1°. Dans lovaire des pou- les, dans celui des salaman- dres, des grenouilles , etc., parmi les LS »ilyenade toutes lesgrosseur S , qui Exis- tent et qui croissent, indé- pendamment de tue in— fluence du mâle. 2°, La fécondation des te- tards se fait hors du corps des 121 femelles : le mâle accouplé répand la liqueur sémirnale sur les fœtus,qui se dégagent de la matrice ; de sorte que les œufs , qui n’en ont point été iimprégnés, demeurent sans développement. La fé- condation des œufs des abeil= les se fait aussi apres la onle. 30, On a vu dans le volvox et dans les oignons ou bu'bes de certaines plauies, plu- sieurs générations envelop- pées,et, pour ainsidire , em- boitces 1e unes dans te au— tres. On traitera de l'influence de la chaleur dans le déve- loppement des germes. C’est par elle qu’on voit se former les premiers globules rouges du sang dans le poulet. Des géné érations artificiel- les opérées per M. Spallan- za sut les femelles de quel- ques insectes, sur les œufs de quelques quadrapèdes ovipares, et sur une chienne. L'œuf touché en un seul point, est fécondé; mais la vapeur du sperme est in- suffisante : le contact de ce fluide lui-même es nécessaire pour que la fécondation ait lieu. M. Spallanzani assure que trois grains de sperme de crapaud, étendus dans une livre et demie d’eau , ont 122 conservé toute leur energie, et que tous les tetards plon- gés dans cette eau , ont été fé- condés. MM. Bonnet et Spallanzani pensent que le sperme a sur- tout pour usage d’irriter le cœur de l'embryon, et de lui donner la première im— pulsion de la vie. On exposera les pri ci- paux systèmes imaginés, pour expliquer le mystere de la génération , et leur insuf- fisance. On peut réduire ces systèmes aux cinq classes suivantes. La premiere est celle des métaphysiciens( metaphysi- cé). Elle comprend les sys- têmes de Platon et de Pytha- gore, les hypothèses de Van- helmont , de Stahl, et l’épi- génese de Woif. La seconde est celle des mécaniciens ( mecanict ), parmi lesquels on distingue Aristote, Descartes, Pas- chal, Lauuai, et Quesnai. Dans la troisieme sont compris les systèmesdeceux qui ont admis le mélange des deux semences ( seminis- tæ ) : tels sont Hippocrate, Démocrite, ÆEmpeuocles , Galien et Buffon. Dans la quatrième sont raugés ceux qui on pensé que la génération se faisoit, dans tous les animaux, par SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. le moyen des œufs (ovistæ). Telle étoit opinion de Har- vey,de Ma'pighi, de Stenon, de Valisnieri, de Duver- ney, de Littre, de Nuck, de Swammerdam , et de Haller. À la cinquième serappor- tent ceux qui ont ajoute à cette idée celle des animal cules spermatiques du mâle, se logeant et se développant dans l’œuf ( animalculo ovistæ ). Lewenoeck , Har- tzoecher , Andry , Bourguet, Mery , Verheyen , Cowper, Boerhaave, Lieutaud, Chey- ne, et Geoffroy ont été les principaux appuis de ce sys- teme. Ceux qui sont de bonne foi, dans l'étude de l’é-ono- mie animale , conviennent que le mécanisme de la gé- nération est tout -à- fait in— connu. IXex, FONCTION. NUTRITION. f. Ier, Des mamelles. De la lactationen général. Des mamelles; de leur nom- bre ; de leur position sur la poitrine, sur le ventre ; de leur forme ; de la peau qui les couvre ; du tissu cellu- laire graisseux qu’on y trou- D DISCOURS SUR L’ANATOMIE. ve; du corps glandulzux qui les forme ; des conduits ex- c'éteurs de ce corps ; de la direction de ces conduits ou tuyaux excréteurs vers l’a- rcole ; de l’aréole elle-même; de la papille; des tuyaux excréteurs du corps glandu— leux, qui, de l’aréole, se portent à la papille. Des re- plis de ces tuyaux sur eux. mêmes , lorsque la papille n’est pas dans l’état d’érec— tion. Du nombre des ouver- tures de ces tuyaux sur la papille (il ÿena quiuze dans la femme }). Des vaisseaux des mamelles ; des nerfs. $ IL. Du lait. De sa nature; de sa sécré- tion; de sa résorbtion ; de son abondance. $. IL. Des alimens. On les considérera relati- vement aux dents, à la salive, à l'estomac , au suc gastri- que , à la bile , et aux intes- tins des divers animaux. On les considérera relati- vement à leur poids, à leur volume ; à leur consis- tence, à leurs principales pro- priétés , et à leur perspira- bilité. Des alimens tirés du regne 123 végétal , et deceux que four- nit le règne animal. De l2 force que ce dernier régime donne aux animaux, Des avantages des subs- tarces alimentaires solides qui donnent de la vigueur à l'estomac par leur séjour et, pour ainsi dire, en le les— tant. Du régime mixte. Des divers assaisonne- mens ; des différentes espèces de boissons ; des effets des boissons spiritueuses sur l’é- conomie au:male. $. IV. Du tissu cellulaire. De sa structure dans les diverses parties du corps ;de ses principales divisions , dé- parteimens et communica- tions ; de la maniere dont il divise le corps en moitié droite et gauche, supérieure et inférieure, de ses lames quisoutiennent les vaisseaux lymphatiques. $. V. Des divers âges et pé- riodes de la vieen général. De la différence qui y ap- portent les climats. De la vieillesse. De l’état des os des vieil- lards ; de leurs membranes, de leurs muscles ,et de leurs 124 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tendons ; de leurs vaisseaux; de 5 glandes. De la vie et de la mort. Tel est le plan que je pro- pose, et que ] ai Suivi moI— même, soit dans mes leçons _de Médecine de Paris. n’a particulières, soit dans l’en-— seignement dont la faculté fait l'honneur de me Le à pendant deux années da ses Ecoles. à BRL TESTS LILI IS VV NV RU N RU REMARQUES DE L'ÉDITEUR. Dis le plan que nous avons placé à la suite du premier discours sur l’Anatomie, et dont l’idée seule est une des plus belles conceptions de Vicq-d’Azyr, les différens faits de l’organisation et toutes leurs circonstancessont distribués avec beaucoup de methode, et rapportés à leurs véri- tables chefs de division ; c’est-à-dire aux appareils où ils s’exécutent et que l’on regarde comme leurs instru— mens. (1) Ce tableau est analytique ; c’est la méthode qu’employa Condillac pour les sensations, appliquée aux autres phé- 2 ( 1 ) La division des phénomènes de la vie, en fonctions , que l’on rapporte à des appareils d'organes distincts , n’est pas plus dans 1z nature que toutes les autres divisions. C’est un artifice heureux dont l'esprit humain fait usage ; mais l’organisation est un ensemble , Un tout unique , et aucun système de parties isolées , ne sert exclusive- ment à une fonction vitale. Ainsi, quoique l’appareil, que nous appelons appareil digestif, paroisse affecté à la digestion, cependant tous les autres organes contribuent à cette fonction; et, ainsi que Bordeu la remarqué, réfléchissent , dirigent leurs forces et le dé- veloppement de leur énergie vers le système gastrique, au moment où celui-ci est au plus haut degré d'action. La même relation se ma nifeste dans l’exercice de la pensée , dans celui du mouvement mus- culaire , de la génération; et l’on diroit que l’organisme est un ins- trument unique , susceptible de divers usages, et propre à différens phénomènes , que nous rapportons aux régions du corps où ils se manifestent, et qui, peut-être, en sont plutôt le théâtre que les organes spéciaux et exclusifs; ce qui répond très- bien à l'idée qu'Hippocrate se faisoit de la vie, dans ces expressions una nalura, cunfluxio una, consentientia omnéa. Ale 126 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. nomènes de la vie; et, si l’on veut, une suite d’aspects divers de l'organisation , une extension de la division vulgaire de l’homme , en homme moral et en homme phy- sique ; méthode heureuse , et d’après laquelle le physivlo- giste étudie successivement l’homme musculaire, l’homme sensible , l’homme gastrique, l’homme sanguin, etc. On a fait, toutefois , sur le plan de Vicq-d’Azyr, quel- ques remarques qui sont fondées. Ce qui tient à l’histoire des os et à celle des muscles, par exemple, n’auroit pas dû être séparé dans son ta bleau ; ces deux systèmes d'organes faisant partie d’un même appareil, appareil de la locomotion. La sensibilité et l’irritabilité, placées au nombre des fonctions, sont deux propriétés générales des corps vi- vans ; l’article sur la formation des os n’est point à sa place, et appartient à l’histoire de la nutrition ; enfin l’ac- tion des sens et celle des nerfs auroient dû être placées avant les muscles et les os; et il conviendroit d'étudier successivement, 1°. la digestion ; 2°. la respiration, qui est une digestion aérienne ; 5°. la circulation , qui est une suite de la digestion et de la respiration (1); 4°. les sécré- tions ; 5°. la nutrition ; 6°. la réproduction, qui termine et complete cette série d'actions que présente la vie, ainsi décomposée et analysée, pour en connoiire toutes les cir- constances, (1) Suivant le citoyen Cuvier , les insectes qui ne possèdent pas d'appareil spécial et local de respiration , n’ont point de véritable circulation. Le sang , ou ce qui en tient lieu , reçoit l'influence de Vair par les trachées, dans tous les points du corps , et n’est pas ‘réuni vers un centre ou foyer pneumatique , spécialement affecté à cet usage. LES à DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 127 D’apres ces vues, les fonctions seroient donc divisées et rangées sous les huit titres suivans ; savoir : 1°. ACTION DES NERFS ET DFS SENS. 2°, LocomoTion. 3°. Dicesrion. 4°. RESPIRATION. 5o, CIRCULATION. 6°. SÉCRÉTIONS. 7°. NuTRITION. 8°. GÉNÉRATION : C'est-à-dire fonctions au moyen desquelles le corps vi- vant qui les réunit et leur doit un mode d'existence très- étendu , éprouve des sensations, se meut, digère, ajoute des matériaux frais à des matériaux dépouillés en partie de leurs propriétés nutritives; les transporte , réunis, dans le torrent de la circulation, et les élabore dans l'organe pulmonaire ; fait circuler une liqueur appelée sang artériel dans une suite admirable de vaisseaux ; se nourrit, s’ac— croit , s'entretient , se reproduit, s’altère ; et, après avoir offert toutes les nuances du développement et de la dégé- nération , meurt de vieillesse, et rend au fonds inépui- sable de la nature les matériaux dont il étoit com posé. Avant Vicq-d’Azyr et Haller, les anatomistes traitoient des différentes parties de l’organisation, sans avoir égard à l’enchainement de leurs fonctions; et le cœur, par exemple , étoit séparé des vaisseaux ; le cerveau , des or— ganes des sens et du système nerveux, dans ce qu’ils appe- loient des traités de névrologie et de sp'anchnologie. Le professeur Chaussier qui, d’ailleurs, a tant perfec- tionné les études physiologiques , a conservé quelque chose de ce désordre des anciens anatomistes ; et çe n’est pas 128 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. sans étonnement que l’on voit ce célebre professeur ; né- gligeant la liaison des actions vitales, séparer duns sa table synoptique d'un cours d’Anatomie, la circulation de la respiration, et les organes des sens , des nerfs et du cer- veau.(1) Le même professeur a d'a lleurs adopté une clas- sification beucoup plus philosophique dans sa table sy- noplique des forces vitales, où, partant du point le plus élevé de la doctrine des corps animés , il examine d’abord les trois grandes propriétés vitales, et passe ensuite aux fonctions qui résultent de leur développement dans les différens appareils d'organes. Burdin, dans un ouvrage publié plus récemment que la division du professeur Chaussier, a adopté un ordre qui en diffère sous plusieurs rapports, et suivant lequel les phénomenes de l’organisation sont rapportés à sept titres principaux; savoir : 1°. l’action du cerveau et des nerfs ; 2°. et 5°. celles des os et des muscles ; 4°, l'action des x 4 À | À sens; 5°. la digestion; 6°. la circulation traitée de ma— niere à embrasser dans son examen la nutrition et la res— piralion ; 7°. la génération. } Ces classifications des fonctions vitales, de Vicq-d'Azyr, 1 Chaussier et Burdin , peuvent être Gésignées sous le nom { de divisions ana'omiques, parce qu’elles sont établies d'après la distribution des appareils d'organes qui les exécutent , ou qui, du moins, paroissent contribuer plus directement à | leur developpement. F On peut aussi ranger dans la même classe la division plus récente, que j'ai appliquée au tableau analytique des (1) Voyez la table synoptique du plan général des diyisions let sous - divisions principales d’un Cours d Anatonue. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 179 différences générales d'organisation ,qui semblent dépendre de la nature du sexe. Suivant cette division, dans laquelle il est facile de voir que j'ai essayé de combiner l’ordre anatomique avec une distribution philosophique , les fonctions vitales sont distribuées en quatre grandes classes , et présentent quatre séries de phénomènes, qui forment des manières d’exister et de vivre bien distinctes. La première classe comprend les fonctions de relation; et embrasse tout ce qui tient au sentiment et au mou— vement, à l’existence proprement dite, à cette vie exté- rieure qui acquiert un si bzau développement dans l’homme civilisé. Une deuxieme division est consacrée aux fonctions spé— ciales de nutrition ; savoir , la digestion , la respiration et la circulation , ainsi désignées , parce qu’elles se rap= portent à des appareils particuliers d'organes, et que plus directement liées aux fonctions de relation, et inséparables de ces fonctions, elles sont, comme elles, des attributs propres à l’organisation animale. D’autres fonctions plus généralement répandues ,et qu’il est impossible de rapporter à des appareils distincts, sont réunies dans latroisième classe, et désignées sous le nom de fonctions générales de nutrition. La quatrième classe rassemble les fonctions reproduc= tives ; savoir , 1°. le travail, les actions séparées et prépa- ratrices des organes des deux sexes; 2°. les phénomènes, les actes qui succédent à l’union conjugale, dans cet ordre : Conception.— Gestation.—Accouchement —Alaitement. Les autres classifications , qu’il nons reste à indi- quer , peuvent être désignées sous le Utre de divi- sions mélaphysiques : les physiologistes qui les ont adop- L. # 9 150 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tées, ayant préféré, pour en former les bases , la considera- tion abstraite de certaines manieres d’être de l’homme, aux caracteres qu'ils pouvoient plus aisément tirer des différens appareils organiques. Les principales divisions métaphysiques des fonctions de l’économie vivante , sont la division en fonctions vitales, fonctions naturelles, et fonctions animales ; celle de Mauduyt ,et les aivisions plus récentes de MM. Cuvier, Dumas, Bichat et Buisson, qui ont plus ou moins d’inconvéniens et d'avantages. ; D'après l’ancienne division, que l’on retrouve encore dans un grand nombre d’ouvrages de Physiologie, on regarde comme fonctions vitales, l’action du cerveau, la respiration et la circulation, parce qu’en effet l’entretien de la vie est plus éminemment attaché à ces fonctions, qui cesse brusquement, si elles sont un instant inter- rompues, et que leur importance semble justifier le titre sous lequel on les a désignées. Les fonctions naturelles sont au nombre de quatre; lg digestion, les sécrétions , la nutrition et la génération. Quant aux fonctions ami— males, ce sont la locomotion et l’action des sens ; fonctions qui méritent plus particulierement ce nom, puisqu'elles sont propres aux animaux, et que leur développement est intimement lié à la perfection de la structure or- ganique. Suivant la classification de Mauduyt , qui diffère assez peu de la précédente, les fonctions sont rangées sous trois titres; savoir : 1°. Action du cerveau. 28. Circulation. tence actuelle. l 39. Respiration. L, Foncricns nécessaires à l’exis— ( DISCOURS SUR L’ANATOMIE. :%,: 1°. Digestion. 2%, Action des sens. 3°. Locomotion. A - « ? 2 Ile. Foncrions nécessaires à l’exis— $ tence prolongée. r si * Q Q, II{e. Foncrrons nécessaires à l’exis- { ? + Accouplement. ARE 2°. Conception. tence perpétuée. 3°. Développement. Monsieur Cuvier-a adopté une autre distribution, et reconnoît des fonctions animales, des fonctions vitales, et des fonctions reproductives. Dans les fonctions ani- males , il place la locomotion, l’action du cerveau et des sens. Celles auxquelles il croit pouvoir donner le nom de fonctions vitales, parce qu’elles sont plus généralement répandues , sont au nombre de quatre ; la digestion , l’ab- sorption , la circulation, la respiration. Suivant la classification de Monsieur Dumas, qui est beaucoup plus métaphysique que les précédentes, les phénomènes de la vie offrent une autre combinaison , et sont partagés en quatre classes; savoir: 1°. les fonctions générales de relation ; (1) 2°. et 3°. les fonctions de com- binaison (2) et de composition ; (3) 4°. les fonctions spé- ciales de rel:tion. (4) Bichat n’a fait que deux classes de fonctions ; 1°. les fonc- tions relatives à l’espèce ; 2°. les fonctions relatives à l’in- dividu , divisées en fonctions animales et en fonctions organiques , regardées comme deux vies bien dis- tinctes, et rapportées à des organes dans lesquels on suppose des différences tranchées de structure et de propriété , que (1) Action du système nerveux et des sens. (2) Circulation et respiration. (5) Digeston et nutrition. (4) Génération et relation sociale , entendement , parole. ik # 152 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,, la nature désavoue quand on l’interroge avec plus de soin et moins de prévention. La dénomination de fonctions et de vie organiques ne peut d’ailleurs convenir : toute vie , toutes fonctions étant nécessairement organiques, puisqu'elles s’exécutent par des organes ; la dénomination de vie animale n’est pas plus heureusement choisie, parce que plusieurs animaux n’ont rien de cette vie, et que la digestion, que l’on regarde comme un des élémens de la vie générale , est un caractère de l’animalité beaucoup moins contesté. On doit remarquer, en outre, que Bichat a trop mul- tiplié le nombre des fonctions ; qu’il sépare un grand nombre de phénomènes que l’on doit ranger sous le même titre; qu’il prend des modifications de propriétés pour des propriétés , et qu’il regarde comme une fonction, la calo- ricité, quele professeur Chaussier a placée avec plus de rai-— son au nombredes propriétés générales des corps organisés. M. Richerand a évité quelques-uns de ces inconvéniens et de ces défauts, dans la division qu’il a adoptée pour son traité de Physiologie. (x) M. Buisson , en méditant sur les idées et la doctrine de Bichat, a admis une division très-ingénieuse , et dans les détailsde laquelle on trouve plusieurs vues nouvelles et phy- siologiques, sur les rapports de plusieurs actions orga- niques. Suivant cette division, tous les faits de l’organisation sont rapportés à la vie active et à la vie nutritive, qui se composent de fonctions dont le tableau ci-joint expose la succession et l’enchaînement. 60 (1) Voyez la troisième édition de cet estimable ouvrage. Discours préliminaire. harpe" TABLEAU DES FONCTIONS VITALES, VIE ACTIVE, ARTICLE PREMIER. De la vue et de la locomotion; ARTICLE SECOND. De l’ouie et de la voix. VIE NUTREITENVE, ARTICLE PREMIER. Des fonctions exploratrices, de l’odorat et du goût en général. ARTICLE SECOND. Fonctions préparatrices. La digestion et la respiration. PR EEÉGLE TROISIEME. Fonctions nutritives immédiates. $. [ LES ABSORPTIONS. L'’absorption membraneuse. L’absorption organique, $. IL. La CIRCULATION. . IT. Les SÉGRÉTIONS ET LES ASSIMILATIONS. T'elles sont les différentes divisions au moyen desquelles les physiologistes modernes ont essayé d'étudier les phénomènes - des corps vivans ; divisions qui présentent toutes quel- ques avantages, ct dont le nombre prouve avec queile activité l’esprit d'analyse s’est appliqué à un ordre de * phénomènes , dont il pouvoit seul pénétrer la nature, _ Quelques philosophes précédèrent les médecins dans ce genre de considération, et lon croit pouvoir rap- \ \ 154 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES : porter à Aristote la premiere idée de la distinction entre la vie intérieure et commune à tous les corps vi- vans , et la vie extérieure et propre aux animaux. Bacon s’est exprimé sur ce point d’une manière beau- coup plus positive qu’Aristote , et distingue bien évidem— ment par le mot de perception , auquel on a donné depuis un autre sens, la sensibilité générale, dont la plante n’est point dépourvue et qui préside aux phénomenes de la di- gestion et de la circulation, de la sensibilité de relation, du sentiment, dont plusieurs philosophes ont trop étendu V’acception, en attribuant cette faculté à tous les corps vivans, sans exception ; ce qui conduit nécessairement , ajoute l’illustre chancelier, à penser que l’on ne pourroit pas arracher une branche d’arbre sans être barbare , et sans s’exposer à l'entendre , comme Polydore , pousser des gémissemens. £ x Buffon, à qui plusieurs physiologistes modernes ont em- prunté, sans le citer , plusieurs idées fécondes , a également senti la nécessité de considérer, sous deux points de vue différens , la vie intérieure et toute relative à la nutrition, de la vie extérieure et manifestée, par les relations plus ou moins étendues que le sentiment et le mouvement musculaire établissent. Ces deux vies, ou plutôt ces deux manieres d’être , se développent en mème temps pendant la veille. La vie intérieure , qui est d’une nécessite absolue , est la seule qui soit en action pendant le sommeil. « Cette première division, ajoute Buffon, me paroît naturelle, générale et bien fondée ; l'animal qui dort ou qui est en repos , est une machine moins compliquée et plus aisée à considérer , que l’animal qui veille ou qui est en mou- vement, » . Ë ‘ ‘ m1 Mae LL Ue ‘ : LORIE NT D SN TP DISCOURS SUR L’ANATOMIF. :35 » Une huître , un zoophyte qui ne paroïit avoir ni mou- vement extérieur sensible, n1 sens externe , est un être formé pour dormir toujours ; un végétal n’est dans ce sens qu’un animal qui dort; et, en général , les fonctions de tout être organisé, qui n’auroit ni mouvement , ni sens , pourroient être comparées aux fonctions d’un animal qui seroit, par sa nature, contraint à dormir perpétuel- lement. » . . % à AU UE À Ari » Si nous réduisons l’animal , même le p'us parfait , à cette partie qui agit seule et continuellement , il ne nous pa- roîtra pas différent de ces êtres auxquels nous avons peine à accorder le nom d’animal ; il nous paroîtra , quant aux fonctions extérieures , presque semblable au végétal : car, quoique l’organisation intérieure soit différente dans l’ani- mal et le végétal, l’un et l’autre ne nous offriront plus que les mêmes résultats ; ils se nourriront, ils croîtront , ils se développeront , ils auront les principes d’un mou vement interne , et posséderont une vie végétale ; mais ils seront également privés de mouvement progressif, d'action , de sentiment , et ils n’auront aucun signe exté- rieur , aucun caractere apparent de vie animale. Mais re- vêtons cette partie intérieure d’une enveloppe convenable, c’est-à-dire , donnons-lui des sens et des membres, et bientôt la vie animale se manifestera ; et plus l’enve= loppe contiendra de sens, de membres , et d’autres parties extérieures, plus la vie animale nous paroitra complète, et plus l’animal sera parfait. » EMbUD où 1104 CRU » Le cerveau est le centre de cette enveloppe, comme le cœur est le centre de la partie intérieure de l'animal. C’est cette partie qui donne à toutes les parties extérieures 156 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. le mouvement et l’action , par le moyen de la moëlle de l'épine et des nerfs qui n'en sont que le prolongement ; et de la même facon que le cœur et toute la partie intérieure communiquent avec le cerveau et avec toute l’enveloppe extérieure , par les vaisseaux sanguins qui s’y distribuent , le cerveau communique avec le cœur et toute la partie intérieure , par les nerfs qui s’y ramifient. L’union pareît intime et réciproque ; et quoique ces deux organes aient des fonctions absolument d fférentes les unes des autres, lorsqu'on les considère à part, ils ne peuvent cependant cesser d'ê re, sans que l’animal périsse à l'instant. » Il est facile d’apercevoir l’analogie de ces beaux aperçus de Buffon, avec les idées de BLaxe , sur la vie. intrin- sèque et la vie extrinsèque , et la doctrine de Grimaud, qui fait deux grandes classes de fonctions , les fonctions extérieures et les fonctions intérieures. Bichat, qui a puisé dans la même source ;et à qui l’on peut reprocher des dénominations inexactes et des distinctions non-fon- dées , a cependant reconnu plusieurs points de vue nou- veaux dans le même sujet, et présenté, sur la différence des deux vies, une foule de remarques et d'observations de détaïl tres-ingénieuses. Roger, dans une dissertation qui n’est pas assez connue, a considéré les phénomènes de la vie d’une ma— nière plus générale, et les rapporte à deux forces , les centrifuges ou puissances de dilatation , qui ont leur foyer dans le cœur , et les forces contractiles ou de resserre— ment, qui se développent par l'influence nerveuse. Telles sont les remarques que nous avons cru devoir placer à la suite du plan de Vicq-d’Azyr, qui doit être regardé comme une esquisse très-avancée d’une philoso- phie de la nature vivante. Nous n'avons fait d’ailleurs LA DR rod non Te # DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 137 aucun changement à ce plan; et les étudians qui le con- sulteront, pourront aisément lui appliquer l’ordre suivi par leur professeur. Nous pensons , toutefois , qu’il importe de coinmencer par l’action nerveuse, et d'adopter > pour l'étude des auires fonctions, la division suivante, qui nous paroit pus propre à faire de la Physiologie une véritable science, c'est-à-dire , un enchaïnement non-in- terrompu de toutes les connoissances acquises par l’ex— périence et par l'observation, sur les phénomènes de la vie. DIVISION Ê des fonctions organiques ,que l’on propose d'appliquer au plan de Vice-D’Azye. Icre, Foncrion. Action nerveuse. . . . | Sensibilité. > Ostéologie et DT 0 à locomotion. « : + . ( mouvement vo- | lontaire. Cu Digestion. … + . . « . D Respiration. ...;... CR Absorption. ,.1.: .:. 0. 1 lCirculabom: : «. VII. ..... Sécrétionset nutrition, DRAP EE 1-7. ‘Generation. *. . . :% [ DISCOURS SUR L'ANATOMIE. L Ve Ve %e “a “a DEUXIÈME DISCOURS. Le %e “ne se D e 7 De l’Anatomie comparée en général ; des différences anato- miques les plus remarquables dans chaque grande classe d'animaux ; des descriptions anatomiques ; de la langue des sciences ; de la nomenclature anatomique et de son perfec- tionnement. Os distingue deux espèces d’Anatomie, dont l’une est SIMPLE et l’autre COMPARÉE. La première s'exerce sur des objets qu’elle considère seuls et sans aucune relation avec ceux dont ils sont environnés ; la se- conde en démontre les rapports. {ei, comme dans toutes les autres sciences physiques, s'offrent deux moyens d'instruction; l'étude des livres et celle de la nature, Si Anatomie humaine a le plus acquis, ce n’est pas seulement parce qu’elle est l'ouvrage d'un grand nombre de coopérateurs, c’est surtout parce que tous ceux qui ont contribué à ses recherches en ont connu Yensemble , et que la plupart ont mis dans leurs travaux autant d’exactitude que d'intelligence et de clarté, Il n’en a pas été de mème de ceux qui onteullivé J Anatomie des animaux. Plusieurs, peu versés dans art de la dissection, n’ont considéré qu’une seule classe de leurs parties, ou qu’une seule classe de leurs 140 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. organes; le plus souvent encore , au lieu d’en donner une description, ils se sont contentés de dire ce qu’ils y ont vu ou cru voir de merveilleux; de sorte que ce n’est pas l’histoire de la nature, mais celle de ses écarts dont il semble que les zootomistes se soient principalement occupés. Que l’on parcourre les mé- moires des Curieux de la nature , les divers journaux et les recueils de Blasius et de Valentin, et l’on verra combien sont grandes l’incohérence et la dis- parité des faits anatomiques qui y sont rassemblés, et lon verra combien, au milieu de ces richesses , on éprouve de fatigue et d’ennui. Il n’est donc pas vrai que V’Anatomie ait fait, comme quelques-uns lont avancé, de grands pro- grès. Ne craignons pas de dire, au contraire, que cette science existe à peine. Perrault, dans ses Mé- moires justement célèbres, tous ceux qui ont marché sur ses traces, si l’on en excepte Collins et M. d’Au- benton, tous les auteurs qui ont écrit sur l’art vété- rinaire, n’ont traité que de l’Anatomie simple des animaux, sans les comparer avec l'homme ou entre eux. C’est à M. d’Aubenton, notre maître et notre modèle, qu'appartient l’honuneur d’avoir créé parmi nous l’Anatomie comparée proprement dite. Tout ce qui concerne la forme générale et extérieure du sque- lelte et des grands viscères des quadrupèdes est exposé dans ses écrits. C’étoit l’histoire naturelle qu’il se pro- posoit d'éclairer par ses recherches. Sous ce point de . vue il a tout fait ,etau mérite de s'être ouvert la car- rière, il a joint celui de l'avoir complétement remplie, PR CR CP RE ET ON TT DE NET SNS Re 1 LEA Lun 2 de “curé RSS Z- PET << me) Re PRE LES Penn DISCOURS SUR L’ANATOMIE. Mais il nous reste une autre espèce d’Anatomie com- parée , dont toutes les parties correspondent à celles de Anatomie humaine. L'on n’a point encore décrit les articulations, les ligamens, les muscles, les vais- 143 seaux, les nerfs, les glandes, nt la structure interne des viscères considérés dars les différentes classes d’a- nimaux. J’ai commencé, depuis plusieurs années, ce travail dont les difficultés sont immenses; je continue- rai de m'y livrer avec courage, espérant que ceux qui Pacheveront un jour avec gloire, me sauront quelque gré de la peine que j'aurai prise pour jeter les fonde- mens d’un édifice dont les matériaux sont épars, ou entassés sans ordre dans des constructions vicieuses ou cachés encore dans le sein de la nature, L'art de la dissection du corps humain doit ses pro= grès aux efforts de plusieurs siècles. Les anciens ana- tomistes n’avoient point imaginé de briser les os pour y suivre la route des nerfs : ils n avoient point rempli les vaisseaux d’un fluide dont les parties les plus dé- liées, s’'échappant par les extrémités capillaires, sem- blent reproduire le mécanisme des sécrétions dans un corps inanimé : il n’avoient point vu le mercure com- muniquer aux réseaux qui le contiennent, son brillant, ses reflets et sa souplesse : ils n’ont point connu ces milliers devaisseaux dont les membranes, transparentes comme la Ivymphe qu’elles contiennent, ont échappé si long - temps aux yeux des observateurs. Toutes ces découvertes, tous ces moyens, perfectionnés par la main du temps, sont applicables à l’Anatomie des animaux. 142 SCIENCES PHYSIOL. ET, MEDICALES, Les fautes commises dans la dissection du corps bumain nous seront toujours présentes, et leur sou- venir nous averlira de les éviter. Des préparations trop longues et trop subtiles ont souvent conduit à de faux résultats. Le corps muqueux et l’épiderme ne sont qu’une seule et mème substance : à force de les tour- menter, on les a séparés. Le scapel de Ruysch a trop multiplié les membranes. Weitbrecht, en décrivant plus de cent ligamens dans la main, est devenu mi- nutieux , diffus et obscur. L’injection, poussée avec trop de force et d’abondance dans la rate, y a produit des épanchemens que la nature désavoue. Coschwitz , Nuck, et Vasalva lui-même, ont pris des vaisseaux sanguins, l’un pour un conduit excréteur, les déux autres pour des vaisseaux lymphatiques. Ces erreurs des yeux les plus exercés nous ont toujours inspiré Ja plus grande défiance de nous-mèmes dans un genre d’Anatomie où, marchant presque sans guide, nous devons toujours craindre de nous égarer. Ecoutons les maîtres de l’art. [ls nous disent que les muscles doivent être décrits dans leur situation res- pective et par couches; qu'il faut distinguer ceux qui s’attachent aux os dansune grande étendue, d'avec ceux dont les seules extrémités s’y insèrent ; que la structure intérieure de ces organes, et le trajet des tendons dans leurs chairs ne sont point assez connus; que les viscères doivent être vus en place et dans tous les sens possibles; qu'il ne faut point borner à une seule position le corps que l’on dissèque ; qu’il convient de lui en donner plusieurs et d'observer ce qui se passe DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 143 dans chacune d’elles ; que les vaisseaux et les nerfs doivent être démontrés avec toutes leurs connexions; enfin, ils nous disent que la recherche des glandes conglobées mérite une grande attention, parce qu’elles annoncent toujours la présence des vaisseaux lym- phatiques. Avertis par ces réflexions, gardons-nous surtout d’infecter un monde nouveau en ÿ répandant de vieilles opinions ou des systèmes. Profitons de lexemple sans nous en rendre esclaves; considérons Zinn, Meckel, Haller, Albinus, lorsqu'ils ont sur- passé leurs prédécesseurs, dans la dissection de l’œil , du nerf de la cinquième paire, du diaphragme, des tuniques des intestins, et de la valvule du cœcum, Qu'ont-ils fait? ils ont imaginé des coupes et des pré- parations nouvelles; ils ont porté dans leurs recher= ches, cette liberté d’esprit sans laquelle l'homme n’a rien et ne fait rien qui lui appartienne, et par laquelle, devenu propriétaire de ses travaux et de ses pensées, il crée au lieu d’imiter, et commande aux préjugés au lieu de s’y asservir. Ces réflexions nous tracent une belle route : mais nous avons tant d'observations à faire, tant de pré- cautions à prendre, et l’erreur nous menace de tant de côtés, que nous sentons ex même temps redoubler uos inquiétudes; elles augmentent surtout à la vue du règne vivant qui se montre ici dans tout son ensemble. Le résultat de notre premier discours a été d’offrir le tableau des fonctions ou caractères propres aux corps organisés. Déterminons ici quels sont, dans chaque 144 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. grande classe de ces êtres, tels que l’histoire naturelle nous les présente, les genres les plus frappans par leurs différences analomiques, et quels principes doivent nous diriger dans cette étude, Les formes des pieds et des doigts des quadrupèdes ont de grandes liaisons avec celles de l’avant-bras et de la jambe. Nous connoitrons par leur examen les rapports de l'animal avec le sol qui le soutient, avec le milieu où il vit, et avec le corps dont il est envi- ronné. La tète, qui renferme les organes des sens les plus déliés, se montre aussi sous divers aspects. Fantôt courle et arrondie, comme dans l’homme, c’est par le milieu de sa base qu’elle s’erticule avec la première vertèbre du cou; tantôt allongée par l'extension des mâchoires, c’est son extrémité postérieure qui se meut sur le cou. (1) La face est alors irès-oblique, et tandis que son volume s'accroît, celui du crâne diminue; mais les ouvertures qui donnent passage aux nerfs s'élargissent en même proportion. Par un contraste frappant, à mesure que le cerveau se rappelisse, la grosseur des cordons nerveux qu’il fournit augmente; les muscles, les divers organes, et les viscères, plus renflés et plus robustes, ont besoin d’un mobile plus énergique, ou d'un aiguillon plus puissant, et le cer- veau des animaux semble se borner à ces usages. j La clavicule est un os dont plusieurs sont prives , et ( 1) C’est à M. d’Aubenton qu’appartient cette remarque surl’ars ticulation de la tête avec l’atlas. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 14% qui varie dans ses formes. La langue, los hyoïde, et toutes les parties organiques qui servent à la digestion L ont des rapports constans avec les substances alimen= taires de divers genres. Plus on s'éloigne de l'homme, plus aussi les scissures des grands viscères sont nom- breuses et profondes. Le cœur, situé presque trans- versalement sur le diaphragme humain, s'incline, dans le singe ; sa pointe se rapproche du s{ernum, dans les fissipèdes; dans les solipèdes et dans les bisulques, il est suspendu presque verlicalement sur cet os, et, dans le mouvement que l'œil de l’observateur lui voit faire, en parcourant depuis l'homme jusqu’au cheval, la série de ces animaux, on peut estimer à peu près à un quart de cercle l’espace qu'il a parcouru; les pou- mons agissent sur l'air atmosphérique , et ils ont les foyers où se dégage la chaleur; lair modifié dans le larynx, transmet au loin les sons dont le corps est agité; C est par intexgpède de l'oreille que les divers animaux en sont avertis » et Comme ces organes se correspondent , il faut les opposer les uns aux autres et les comparer entr’eux. Le nombre et la grosseur des mammelles sont également proportionnés à l'étendue des cornes utérines, parce que les unes et lesfautres sont relatives au nombre des fœtus à loger et de petits à nourrir. | À é À l’aide de ces caractères, nous déterminerons ce qui est propre à l'homme, et ce qu’il partage avec les quadrupèdes. Nous remarquerons que lui seul est bi- pède, c’est-à-dire, que lui seul a deux pouces aux mains sans en avoir aux pieds, tous les autres ayant t 4. 10 & 146 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. un pouce à chaque extrémité, comme les singes et les makis, ou en étant tout-à-fait dépourvus, comme la, plupart des quadrupèdes, ou n’en ayant qu'aux ex-, trémités postérieures, comme le sarigue, le cayopollin, le phalanger et la marmose; circonstance à laquelle. il me semble que l’on n’a pas fait assez d’attention. On ne peut voir le squelette d’un quadrupède, sur- tout celui d’un solipède ou d’un bisulque, sans être. frappé de Pénorme différence de ces extrémités avec celles de l’homme. Les os du bras et de la cuisse sont gros et courts; le col du fémur a peu d’étendue; le péroné n'existe que dans un petit nombre de ces ani- maux; (1) le talon est couché obliquement de bas en) haut; les os qui représentent le métacarpe et le mé- tatarse s’allongent à mesure que ceux de læ cuisse et du » bras perdent de leur longueur, et l'animal n’ est sou- tenu que sur une partie de l’espace qui correspond à à la. plante du pied. Après avoir considéré les os des extrémités des. quadrupèdes dans un squelette , supposons-les ën- vironnés des muscles, des ligamens qui les couvrent. Nous remarquerons alors que, si l’on en excepte les singes et les quadrumanes en général, les os des bras et des cuisses disparoissent presque entièrement sous les masses qui les cachent et qui les confondent avec les parties latérales des corps. Nous remarquerons que plusieurs quadrupèdes, tels que le fourmuilier , le pan- Cut nn Pb os ER (1)11 n'existe point dans les ruminaus, si l’on en excepte uu ‘noschus, Ÿ a DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 247 golin}et le phalariger, ont les pieds tellement envea loppés par la peau, qu’on n’aperçoit que leurs ongless que dans l'éléphant et le rhinocéros, les doigts sem blables à ceux de l’homme, mais encroûtés par un tissu très-dense, loin d’être propres à toucher, ne peuvent servir que de support à l’animal, Nous re- marquerons que les expansions qui, dans le phoque et dans le castor, forment des nageoires, et qui, dans la chauve-souris, composent des ailes, ont les pha- langes qu’elles masquent, pour appui. Nous verrons enfin les extrémités des doigts recouvertes par des ongles ou armées de grifles, ou entourées de sabots épais. Arrêtons un moment nos regards sur la station des quadrupèdes comparée à celle de l’homme. Dans celui- ci, le corps est soutenu sur tout le pied, et l’os du talon fait un angle droit avec la jambe; position dont aucun quadrupède n'offre d'exemple. Les singes, les makis, le sarigue, le chien, le chat, les fissipèdes en général, et l'éléphant Jui-mème, ne marchent ni sur le poignet ni sur le taloh, mais sur les doigts. L’ours n’est point excepté de cette loi commune; M, d’Aubenton estime aux cinq sixièmes de son pied lespace sur lequel 1l S'appuye en marchant ; et les bisulques, avec ou sans canon, et les solipèdes, ne sont soutenus que sur les extrémités des troisièmes phalanges. Ainsi plus on séloigne de l’homme, plus on voit le pied (1) se rétré- ? {1) appelle pied ; dans les quadrupèdes ; comme dans l'homme, 148 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, ciréts’allonger; plus la partie qui sert d’appui diminue, et plus l’angle que le talon fait avec la jambe devient aigu. Je ne parle point ici de ces pieds dont la forme est anomale irrégulière, et qui sont moins destinés à marcher qu’à d’autres usages ; tels sont ceux de la taupe, que l’on sait être surtout propres à fouiller la terre; tels sont ceux du paresseux et du fourmilier, dont ces animaux se servent pour s’accrocher aux arbres. Ici l’ordre des mouvemens est changé; la taupe marche sur le poignet et sur les doigts, comme la chauve-souris sur le pouce et sur le poignet. Dans l’état de repos, les quadrupèdes et les fissi= pèdes sont soutenus sur les tubérosités sciatiques et sur la plante du pied. Ainsi placés, la plupart relèvent le tronc et se servent de leurs mains; c’est ce que fait la marmote, malgré l’extrême petitesse de son pouce; c’est ce que fait le raton en joignant ses deux mains, et quoiqu'il n’ait point de pouce; c’est ce qu’exécutent avec une grande adresse les singes et les makis. Que Von ne croie pas cependant que la main de ces ani- maux jouisse de la mème force et de la mème mobi- lité que celle de l’homme. L’'orang-outang a dans le carpe un osselet particulier que Galien a décrit dans le pithèque et dont l’homme est privé. Les autres singes en ont un, et quelques-uns en out deux de plus plus que l'orang-outang. Dans tous le pouce est petit, De er 2 on let tout l’espace qui s’étend depuis le talon jusqu’à l'extrémité des troisièmes phalanges. | | DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 149 et sa résistance ne peut, comme dans l’homme, contre- balancer celle des autres doigts. La disposition des muscles, dans les extrémités de l’homme et du singe, établit encore des différences plus marquées entr'eux. Je prie que l’on me permette d'entrer, à ce sujet, dans quelques détails que: je crois nouveaux , et par le moyen desquels nous arri- verons à des résultats qui le sont aussi. L’extenseur commun des doigts de l’extrémité an- térieure des singes est très-petit, parce que le muscle indicateur fournit deux tendons, l’un au second, l'autre au troisième doigt, et que le muscle exten- seur du petit doigt en fournit aussi deux , l’un au doigt annulaire, l’autre à auriculaire. Ce qui n’a le plus frappé dans cette dissection, c’est que je n’ai point trouvé de muscle fléchisseur propre du pouce; le tendon qui fléchit ce doigt sort de l’épanouisse- ment tendineux du fléchisseur profond, sans répondre à aucun des faisceaux charnus de ce muscle. Dans le pied ou main postérieure des singes et des makis , le pouce a, comme dans la main proprement dite, un muscle extenseur propre et un long abduc- teur. Le muscle péronier moyen est percé pour le passage d’un muscle grèle qui se porte vers le petit doigt, dont il opère l'extension et l’abduction. Le muscle plantaire est très-charnu ; il passe , après s’ètre élargi, sur le talon, et dans la plante du pied, il se confond si intimement avec l’aponévrose plan- taire et avec le fléchisseur perforé , qu'on doit le re- garder comme faisant partie de l'an et de l’autre. 250 SCIENCES PITYSIOL. ET MEDICALES. Ici se trouvent deux fléchisseurs perforans , l'an pour le troisième et le quatrième doigts, l'autre pour le second et le cinquième, et chacun de ces fléchis- seurs fournit un tendon au pouce qui n’a point de fléchisseur propre , non plus que dans la main anté- rieure. Il suit de cette structure que les singes doivent le plus souvent étendre plusieurs doigts ensemble, et qu'ils ne peuvent fléchir le pouce de la main sans fléchir en mème temps plus ou moins les autres doigts. Il suit qu'ils sont dépourvus de ces mouvemens dans lesquels l’action du pouce se combine avec celle du doigt indicateur et du medius ; mouvemens indis- peusables dans toutes les opérations un peu délicatesy et sans lesquels il n’existeroit peut-être aucune trace de l’industrie des hommes. Il suit enfin que la main n’est pour les singes qu'un instrument propre à saisir Les corps, et c’est en la comparant avec celle de l’homme que l’on découvre pourquoi lui seul a créé les arts, En continuant l'examen de la main postérieure ou œied du singe, j'ai appris que chacun des muscles per- Yorés fournit un tendon au pouce , sans doute afin que, dans toutes les attitudes et dans toutes les cir- constances possibles, ce doigt soit fléchi sans peine, et par une suite nécessaire de la disposition des partiest Cette structure doit être très-utile à ces animaux, qui ne sont pas , à parler rigoureusement , des habitans de la terre, mais qui vivent sur des arbres , aux branches desquels ils sont sans cesse accrochés et sus- pendus, Considérons-les sous cet aspect, el nous ver= DISCOURS SUR L’ANATOMIFR. aûx rons que l’étroitesse de leur bassin, que la forme de leur corps qui se rétrécit de haut en bas, que la demi, flexion des cuisses sur l'os des îles, que la direction des callosités, que la séparation du pouce d’avec les autres doigts du pied sont très-propres à ceite habi- tation, et répondent à toutes les conditions de cette hypothèse. * Je suis bien loin d’avoir épuisé la matière, De nou- veaux faits viennent appuyer ma conjecture et la changent en démonstration. Dans l’homme les muscles fléchisseurs de la jambe se terminent par des con- tours doucement arrondis vers la région la plus élevée de los bia. Dans le singe ces mêmes muscles sé portent très-loin sur la surface iuterne de cette partie, où ils forment une corde qui rend très-diffcile et très-rare sa parfaite extension sur la cuisse, Mais c’est surtout dans la manière dont le tendon élargi du muscle plantaire passe sur le calcaneum du singe que j'ai trouvé la raison pour laquelle cet animal ne peut marcher droit, Comment, en effet, tout le poids du corps pourroit-il être soutenu sur un base osseuse qui, comprimant et gênant le muscle fléchisseur , rendroit imparfaits et pénibles des mouvemens sans lesquels la station et la marche n’auroient aucune solidité ? L’homme, au contraire, a le talon nu et dépouillé de toute expansion musculaire, et lui seul est ainsi conformé, Que lon s’accoutume donc à regarder comme in- dispensable la connoissance la plus exacte des plus petits organes, puisque l'examen d’une toile aponé- 152 SCIENCES PAVYSIOL. ET MEDICALES: vrotique nous a dévoilé pourquoi l’homme seul e vraiment bipède, et que la description la plus ce des pelits os du carpe a pu seule nous apprendrequels doigts des quadrupèdes correspondent à ceux de l'homme, et comment le pouce, l'indicateur et l’au- riculaire sont ceux dont on retrouve les traces dans presque tous les individus. C’a toujours été dans l'étude approfondie des détails que l’on a surpris les secrets de la nature : et c’est à ceux -là seuls qui ont le courage de tout apprendre qu'il est permis de croire que l’on peut tout expliquer. Limitation est un autre trait non moins saillant dans les mœurs du singe. De la fréquente répétition des contractions musculaires naissent en lui Vha- bitude qui les reproduit et la sûreté qui les dirige. On ne peut considérer un moment cette espèce d’ani- mal sans être étonné de la vitesse et de la succession non interrompue de ses mouvemens: on diroit qu’une force irrésistible le tourmente sans relâche; il s'agite, il s'approche , il s'éloigne , il se presse de monter, il se hâte de descendre. Cette inquiétude est, sans doute, un grand obstacle à sa perfectibilité. Qu’apprendre, en effet , à celui qui se meut toujours, puisqu'il n’est point d'étude sans réflexion , et que réfléchir , c’est s'arrêter ? Le nombre des doigts des quadrupèdes, considéré dans chaque extrémité est au plus de cinq. Il résulte des nombreuses observations de M. d’Aubenton que la plupart de ces animaux ont cinq doigts à chaque pied ; que parmi ceux qui sont ainsi conformés on en sise atm À East DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 253 compte un tiers dont le doigt interne du pied , a la forme d’un pouce, et que, dans trente-trois espèces, les doigts antérieurs et les postérieurs ne sont pas en même nombre. C’est encore des recherchesde M,d’Au- benton que j'ai tiré les résultats suivans : Les quadrupèdes peuvent être divisés en dix sec= tions, à raison du nombre de leurs doigts. Daus la première , en comparant toujours le nombre des doigts d’une des extrémités antérieures avec celui des doigts d’une des extrémités postérieures, la pro- ‘portion est de 5 (1) à 5 , comme dans l’homme et dans les singes, 5-5. 5-5. Dans la deuxième elle est de 5 à 4, comme dansle chien et le chat, 5-5, 4-4. Dans la troisième elle est de 4 à 5 , comme dans le tamanoir , 4-4. 5-5. Dans la quatrième elle est de#à #, soit que l'animal s’appuye sur ses quatre doïgts, comme l'hyenne, ou sur deux seulement , comme les bisulques, 4-4, 4-4 Dans la cinquième la proportion est de 4à 5, comme dans le cochon d’Inde, 4-4, | 3-5, (1) Le premier nombre désigne toujours celui des doigts de l’ex- trémité antérieure. 254 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICATÆES: Dans la sixième elle est de 5 à 5 , comme nr Jai, 3- | 3-5, Dans la septième elle est de 2 à 4, comme dans le fourmilier , 2-2, 4-4, Dans la huitième elle est de 2 à 3, comme dans Junau, 2-2, 5-5, Dans la neuvième de 2 à 2 , comme dans le cha- meau, | 2-2. # 2-2. Enfin, dans la dixième elle est de 1 à 1, comme dans le cheval, l'âne , le zèbre et l’onagre, 1-1. 1-1, Remarquons que, dans le’ phalanger, deux des doigts sont réunis en un seul , sans cependant que les ongles soient confondus entr’eux ; observons que, dans les singes et dans le makis , chaque doigt est formé de trois phalanges, tandis qu’on n’en trouve que deux dans quelques-uns des doigts de plusieurs autres fissipèdes. N'oublions pas qu'il existe une proportion cons- tante entre le nombre des os du métacarpe et du mé- tatarse el celui des doigts , et que les quadrupèdes bisulques ne font point exception à cette règle , quoi- qu'avec deux doigts, ils n’aient qu’un canon, puis- que cet os, simple en apparence, est composé dans les jeunes sujets de deux pièces très-distinctes, qu’une essification rapide confond de sorte qu’il n’y ena plus + DISCOURS SUR L’'ANATOMIE, 355 qu’une seule (1) dans un âge avancé. Ces mêmes qua drupèdes ont deux petits doigts surnuméraires sur lesquels l'animal nest point appuyé, et dont chacun s'articule avec un petit os métacarpien ou métatar- sien. Ces deux doigts surnuméraires sont, en général, plus volumineux dans les ruminans à cornes solides que dans ceux dont les cornes sont creuses ; dans le renne , par exemple , que dans le bœuf. Il m'a paru aussi qu'ils étoient plus gros dans les extrémités an- térieures de ces bisulques que dans les postérieures, Dans le sanglier les deux doigts surnuméraires sont très-exprimeés, et los du canon est remplacé par deux os épais et courts. Dans le cheval l'os du canon est environné de deux petits os aigus, (2) que l’on doit regarder comme tenant lieu de deux os du méta- tarse, ou comme répondant à deux ordres de pha- langes , ébauchés. Les os du métacarpe et du métartase sont donc, comme les doigts, au nombre de cinq dans l’homme, dans les singes, dans les makis et dans plusieursautres fissipèdes ; au nombre de quatre bien distincts dans le sanglier , et en général dans les bisulques sans canon; au nombre de quatre, dont les deux moyens sont réunis, dans les bisulques à canon ; enfin au nombre de trois dans les solipèdes, tél que le cheval. L'examen des dents est encore un objet de recher- (1) Voyez le Mémoire de M. Fougeroux sur le canon du veau. Académie des Sciences , 1772. (2) M. d’Aubenton les appelle Zpines. 156 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, ches commun à ceux qui cultivent l'Histoire Natu= relle et l'Anatomie , et sans lequel on ne peut avoir qu’une connoissance imparfaite des animaux. Les an- ciens regardoient les dents comme des os d’une nature particulière ; elles jouissent, disoient-ils, d’une sensi- bilité , puisque l'impression du froid et du chaud s'étend jusqu'aux nerfs dont leurs cavités sont rem- plies. Servons-nous de ce caractère pour distinguer les dents des animaux en deux grandes classes. Dans la première seront comprises les dents proprement dites, qui sont implantées dans des alvéoles, et qui reçoivent des nerfs et des vaisseaux. On doit rap- porter à la deuxième classe les dents aiguës ou épi- neuses des poissons , qui font corps avec les os maxillaires , dans lesquels on ne trouve point de ca- vité (1) nerveuse ou vasculaire , et qui, n'ayant aucun usage relatif à la mastication, ne servent qu'à retenir et à tuer la proie dont J’animal se nourrit. (2) Quelques quadrupèdes, tels que le pangolin, le pha- tagin, le tamanoir et le fourmilier sont tout -à-fait dépourvus de dents; ils ne triturent point les alimens, que l'on retrouve entiers dans leur estomac. Les mà- choires de l’éléphant ne sont armées que de dix dents, (3) en comptant ses défenses. Le rat n’a que (1 )Si cette cavité existe dans quelques-uns, elleestau moins très-petite. F (2) Voyez le second Mémoire de M. Broussonnet sur les dents des reptiles et des poissons. (5 )Le petit nombre de dents de cet animal est suppléé par la grande étendue de chacune d'elles. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 157 seize dents; l'ai, que dix-huit; le porc-épic etl’agounty, que vingt; on en trouve vingt-deux dans le pola- touche. Les nombres de trente-deux, vingt-huit et vingt-six dents sont les plus répandus parmi les qua- drupèdes. Les singes en ont trente - deux. On voit ce nombre augmenter dans la belette et dans le barbi- roussa, qui en ont trente-quatre; dans le mococo, le sajou et le hérisson, qui en ont trente-six ; dans Vours, qui en a trente-huit; dans le chacal, qui en à quarante; dans le chien, qui en a quarante-deux 3 dans la taupe et dans le sanglier , qui en ont qua- rante- quatre ; enfin dans la marmose, qui en a cin- quante. Les nombre douze, quatorze, quarante-six, quarante-huit, ne sont ceux des dents d'aucun qua drupède connu. (1) M. Broussonnet , qui a fait des recherches très- étendues sur la structure , les usages et la compa- raison des dents des différentes classes d'animaux MC) a observé que leur forme varie moins dans Jes qua= drupèdes herbivores que dans ceux qui se nourrissent de chair; que, dans ces derniers, elles sont très- blanches et très-polies ; qu’elles sont jaunâtres dans les quadrupèdes qui rongent des écorces, et noirâtres dans ceux qui se nourrissent de végétaux, qu'ils sont obligés de mâcher long-temps avant de les avaler; que les dents molaires des ruminans sont toujours (1 ) Cette remarque est extraite des leçons de M. d’Aubenton. (2 )Mémoire sur les dents de l’homme et des autres animaux, comparées entr’elles. 158 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. \ recouvertes d’une couche de matière luisante, noïre et semblable à l’enduit extérieur des bezoards, (1), enfin que, dans plusieurs quadrupèdes-herbivores , tels que les rats, le castor, l’hippopotameet l'éléphant, l'émail, au lieu de se borner à l’extérieur de la dent, comme on le voit dans l’homme et dans les carnivores, s'enfonce dans l’intérieur sous la forme de lames ver- ticales., qui dépassent la couronne et sont exposées ! aux divers frottemens de la mastication. (2) à Si, après avoir considéré les dents en général } ! nous, examinons leurs divers ordres dans chaque classe de quadrupèdes , nous apercevrons que leurs. | différences constituent les caractères les plus sûrs dont { le naturaliste puisse faire usage. Quoi de plus cons tant, en effet , que la structure des dents incisives,, qui sont au nombre de quatre dans les mâchoires de l’homme et du singe, au nombre de deux dans celles des rats, au nombre de six dans celles des carnivores, au nombre de huit dans l’os maxillaire postérieur des, ruminans, tandis que l’antérieur en est dépourvu ? Les six larges dents incisives du cheval n’ont-elles pas une forme particulière qui les dsstingue des six É dents incisives des quadrupèdes carnivores, que leurt. extrémité, plus aigüe que tranchante ; caractérise assez , comme les quatre incisives antérieures du lièvre et du lapin, étroites, allongées et disposées sur deux } ( 1.) Cette remarque appartient à M. d’Aubenton. (2) Comme la mastication est très-répétée dans ces animaux; il £elloit que leurs dents fussent susceptibles d’une grande résistance. + DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 259 rangs, (1) ne peuvent être confondues avec les quatre dents incisives des singes, des sapajous et des makis, Les dentsäncisives inférieures des chauves-souris, dont M. d’Aubenton a fait connoître plusieurs espèces nouvelles, sont divisées en lobes et comme festonnées; les incisives supérieures de l’oreillard sont fourchues, celles du hérisson sont aignés et longues; elles percent au lieu de couper. Toutes ces dents sont soutenues dans la mâchoire antérieure par un os que j’ai décrit sous le nom d’incisif (2) ou labial , que quelques-uns appellent intermaxillaire , que l’on a découvert depuis peu, dans les morses, et dont j ] ai reconnu les traces dans les os maxillaires supérieurs du fœtus humain. (5) Au reste les dents incisives proprement dites ne sont pas les seules que l'on trouve implantées dans les os: (4) on y voit aussi les défenses de l'éléphant du morse et de la vache marine; (5) et M. d'Aubenton a remarqué que la portion de l’os maxillaire antérieur qui les soutient est beaucoup plus volumineuse que la région opposée de los maxillaire postérieur. Ces cir- (1) Celles de la rangée postérieure sont petites et cylindriques. Extrait deslecons de M. d’Aubenton. ( 2 } Académie des Sciences, 17794 (5) Zbidem. (4) Jai appris de M. Camper , dans son dernier voyage à Paris ;! que cet os lui est connu depuis très-long-temps, et: qu’il regardé comme incisives toutes les dents qui y sont enfoncées. Voyez aussi le premier mémoire de M. Broussonnéet sur les dents. ( 5) Les dents canines etincisives de l’hippopotame, les canines du barbi -roussa et la corne du narwal, sont aussi formées (d'une sorte d'ivoire. 166 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. constances prouvent bien que les défenses ne doivent point être confondues avec les dents canines; mais if ne paroît pas qu’elles puissent autoriser les natura- listes à les classer parmi les incisives. Divisons plutôt les dents des quadrupèdes en trois ordres : les labiales, les angulaires et les mâchelières ou molaires. Sous- divisons les labiales en plates tranchantes , ou inci- sives (1) proprement dites ; en aiguës, telles que celles de l’hérisson; et en coniques ou défenses , comme celles de l'éléphant, que l’émail ne recouvre point, et qui sont entièrement formées d'ivoire, | Sous-divisons les molaires en petites et en grosses, et disons : les incisives et les défenses de la mâchoire antérieure, sont implantées dans l’os incisif ou labial. Les angulaires ou canines antérieures, sont placées dans l'os maxillaire, proprement dit, près de la su- ture, qui le sépare du précédent , et les deux ordres de dents molaires sont rangées sur les branches de chacune des mâchoires. Nons éviterons ainsi toute. méprise , et nos expressions, d'accord avec nosidées, ne conduiront point à l’erreur. L'ouverture des trous incisifs, et l’étendue de l’es- pace qui sépare les dents incisives des mâchelières’ sont proportionnées à la longueur de l'os incisif. Cet espace, qui n'existe point dans l’homme, est déjà très - marqué dans les singes cynocéphales; il s'accroît dans les autres fissipèdes , et il occupe une grande Ge, + # (3) On les appelle quelquefois, dans l’homme, du nom de ziantes. DISCOURS SUR ANATOMIE. 16% parties des bords alvéolaires dans les solipèdes et dans les bisulques. Les quadrupèdes qui ont des dents in- cisives à chaque mâchoire, à l'exception du hérisson, ._ des musaraignes et du rat volant , manquent de dents canines, et à leur place est un espace vide comme les barres du cheval. (1) Le lièvre et le lapin sont dans ce cas. C’est dans cet espace (2) que se trouvent les dents 4 angulaires ou canines. Celles-ci, placées dans les deux points qui correspondent aux commissures deslèvres, sont plutôt une arme dont l'animal se sert pour sa : défense , qu'un instrument propre à la mastication. Ce qui donne une grande vraisemblance à cette OPI= nion, c’est que tous les ruminans qui ont des cornes, À tels que le taureau et Île bélier, sont dépourvus de dents canines , tandis que ces dents se trouvent nd Les mâchoires des ruminaus, qui, comme le chameat}, m'ont point la tète surmontée de cornes, et que dans le barbi- -TOUSSA , is anines de la mâchoire antérieure, au lieu de se diriger vers l’intérieur de la BoibRe sortent en sens inverse vers les angles des lèvres, et se roulentten formant, sur chaque côté de la face, des Ds. contours très- étendus, Un caractère propre aux dentsangulaires des divers k animaux , est qu'elles sont courbeset aiguës, et qu’elles …. surpassent en longueur les dents des autres ordres. C’estdans les carnivores(5) surtout qu’elles sont aiguës “ (1)Cette remarque appartient à M. d’Aubenton. és ” (2)Je l'appelle interdentaire, snterdentitium. k (3) Voyez le premier Mémoire dé M. Broussonnet , sur les dents à r. 4, 11 362 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. et prolongées, (1) et que leur base est large et pro fonde. Elles sont aussi fort longues dans plusieurs, quadrupèdes qui vivent d'insectes et de fruits. Elles sont obliques et presque horizontales dans ceux dont la face se termine par un long museau, tels quelle sanglier. Enfin, dans quelques genres, comme dans le cheval, elles ne paroissent que sous la forme de petits crochets, et plusieurs femellesen sont dépourvues. De cette remarque, qui n’a pas échappé à M. Brous- sonnet, et d’un grand nombre d’autres que je pourrois y ajouter ,je conclus avec lui que les dents angulaires sont en mème temps les moins nombreuses, et celles de toutes qui varient le plus par leurs formes et pan leurs usages. ; Les dents pelites molaires composent un ordre par ticulier moins étendu que les autres ; et que jeregarde , dec M. Broussonnet , comme analogues à celui des dents des carnivores. Elles sont au nombre de quatre dans chaque mâchoire de l'homme et de la plupart des singes. Dans le sajou on en voit deux de plus à . Chaque mâchoire; ce qui porte à trente-six le nombre total des dents de cet animal, dont les grosses molaires sont égales en nombre à celles de l'homme. M. d'Aw benton a trouvé de petites molaires dans l’écureuil, la marmotte, le hérisson, les musaraignes, lephalanger, le chat et le tigre. Observons ici que, dans plusieurs carnivores , les petites moljaires ne sont surmontées ‘{1) Les quadrupèdes qui ont des dents canines courtes , ne se ser= vent de cette arme , ni pour combattre, ni pour tuer les animaux. DISCOURS SUR L’'ANATOMIE :63 que d’une seule éminence : c'est ce que j'ai vu dans le chien; la prernière dent mâchelière après l’angu- laire , est petite et aiguë comme une canine proprement dite, Il me semble donc que l’on seroit exact em divisant les petites molaires en monoscupides et bicus- pides, c'est-à-dire, en dents qui ont une ou deux pointes. Ona regardé celles - ci comme ‘étant formées de deux dents canines réunies, comme chaque grosse molaire paroît résulter du rapprochement de deux molaires biscupides. (1) Mais cette manière de com- parer entr'elles les canines et les deux ordres de mo- taires ne convient qu'aux dents de l’homme et à celles . de quelques quadrupèdes qui se nourrissent dé fruits et d’'écorces ou de viande. On ne trouve aucun rap- prochement entre les molaires «et les canines des her- bivores, dans lesquels ces dernières, si elles ne man- quent pas tout-à-fait, font au moins très- peu de saillie et se voient à peine. Les dents molaires ou mâchelières doivent être considérées comme les véritables instrumens de la maslication ; aussi sont-elles les plus nombreuses, (2) les plus larges , et celles qui varient le moins. Leurs racines sont doubles, triples ou quadruples, et leurs eurfaces opposées portent surtout empreinte de leurs caractères spéciliciques. J'en distingue trois sortes dans les quadrupèdes des divers ordres: les unes sont applaties, horizontales, et formées de lames perpen- (1) M. 3. Hunter a donné à celles-ci le nom de bifurquées. (2) Les tatous ont beaucoup de dents mâchelières, parce qu’ils n’ont nj incisiyes, ni canines. { M. d’Aubenton,) sm EE CIE 1:64 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. diculaires, dont l'extrémité saillante paroît sous la forme de croissant, de trefles, de triangles, d’orbes irréguliers, de sinuosités transversales, comme on le voit dans les rats, dans le castor, dans l'éléphant, dans le cheval, ( 1) et dans le taureau. Cette struc- ture appartient aux dents des quadrupèdes qui se nourrissent, sôit d'herbes, soit de feuilles tendres, soit même de fruits et d’écorces, commele rat d’eau. Les dents mâchelières des carnivores sont, au contraire, coupées obliquement, recouvertes d’une seule couche | | | d'émail, et surmontées d’éminences aiguës et tran- chantes de forme triangulaire où pyramidale, et beaucoap plus élevées d’un côté que de l’autre. Je place entre ces deux ordres les dents molaires qui, recouvertes d’une seule couche d’émail comme les précédentes, sans sinuosités sur leurs surfaces , et coupées dans une direction à peu près horizontale, sont hérissées de plusieurs tubercules eu pointes mousses. Ontrouve cessortes de dents molaires dans l'homme, dans les singes, dont les alimens se tirent du règne végétal, et dans le sanglier, qui se nourrit de fruits, de graines, et de racines plus succulentes et plus faciles à triturer que les feuilleset les herbes, Les dents de ce troisième ordre, ou à tubercüles ; veuvent broyer des alimens de toutes les sortes; aussi les quadrupèdes qui en sont pourvus s’en acco- (1) C’est dans le fœtus du cheval qu’il faut les considérer. On y voit les lames verticales, d'autant plus sensibles , qu’elles seules composent la totalité de la dent. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. :65 modent-ils , lorsque les circonstances l’exigent, Ils. sont vraiment omnivores. Les dents du premier ordre, ou à lames , se trouvent surtout dans les herbivores> et quelques quadrupèdes qui ne se nourrissent que de végétaux. Celles du second ordre , ou à pointes, n’appartienent qu'aux carnivores : leur mécanisme n’est pas le même que celui des deux autres ordres : on ne peut les comparer à des meules; elles cou- pent , elles déchirent, mais elles ne triturent pas comme les dents à tubercules ou à James, dont les tablettes larges, applaties , el à peu près horizontales, se touchent lorsqu'elles sont rapprochées, dans uve très-grande partie de leur étendue , tandis que celles des dents à pointes, quelques rapprochées qu’on les suppose, laissent toujours de grands intervalles entre elles. Les dents à tubercules et à pointes ont une grande analogie entre elles : leur émail est disposé de la même manière ; les tablettes sont plus obliques, et les éminences font plus de saillie, et se présentent sous des angles plus aigus dans les secondes que dans les premières ; mais au fond leur structure est la même. Aussi les animaux carnivores mangent-ils quelquefois des végétaux, landis que les ruminans et les soli- pèdes refusent de se nourrir de viandes. Les dents à lames des herbivores sont donc très-éloignées de celles des deux autres sections, et il n’ÿy a point de vérilable rapprochement entre elles. Les dents de tous les quadrupèdes connus peuvent se rapporter à ces trois ordres, 166 SCIENCES PHYSIOE. ET memcALRe. C’est une recherche curieuse que de considérer dans cette classe d'animaux les différentes combinaisons, des divers ordres de dents. Le sajeu, par exemple , le mococo, le phalanger, le hérisson et l'oreillard, ont ue trois dents doni la distribution varie dans chacun d'eux. Le phalanger a 8 dents incisives supérieures ; le macoco, le sajou et l’oreillard en ont 4, et le hérisson n’en a que 2. On compte dans ce dernier 52 dents molaires; dans le phalanger ül y en a, 27, dans le sajou 2#, dans le mococo et dans Voreillard 22 , avec cette différence que les molaires supérieures sont au nombre de 12, et les inférieures au nombre de 10 dans le mococo, au lieu que, pan ùne disposition inverse , les inférieures sont au nom- bre de 12 et les supérieures au nombre de 10 dans. l’oreillard. Nous sommes bien loin de pouvoir rendre compte de ces variétés quine paroissent que bizarres an premier aspect, mais qui sont, on n’en sauroit douter , relatives à la force, aux besoins des ani- maux , et surtout à la nature des alimens dont ils doivent se nourrir, Déjà M. Broussonnet a ingénieu- sement remarqué que les dents incisives supérieures et moyennes de l’homme , étant plus larges que les latérales, et ne se touchant point, sont, par cette disposition , analogues aux incisives des herbivores, tandis que les incisives moyennes de la mâchoire inférieure élant moindre que les latérales, ont des rapports, avec celles des animaux carnassiers. Ainsi des observations exactes et des comparaisons suivies expliqueront successivement toutes ces énigmes. » (N DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 16 Non - seulement le sexe apporte quelque différence dans les formes des dents, comme je l'ai dit en para lant du cheval ; mais le climat influe encore sur leur tiommbre et sut leur structure dans les aiiinaux du mème genre. C'est ainsi que, suivant la remarque de M. Camper, le rhinocéros d'Afrique , armé dé déux cornes, n’a point de dents (1) incisives, tandis que celui d'Asie, qui n’a qu'une corne ; est pourvu de deux dents incisives supérieurs, et de quatre üférieures. (2) C’est ainsi que, suivant lè même ana- tomiste, les lames des dents molaires de Féléphant d'Asie sont beaucoup plus nombreuses que celles de éléphant d'Afrique ; (3 ) ce qui fournit un moyen $ûr pour les reconnoître et les caractériser tous deux. Véut-où avoir en peu de mots üne idée exacte de Vaction de toutes les espèces de dents molaires dont j'ai parlé jusqu'ici ? Dans les carnivores elle résulte dü mouvement angulaire des mâchoires qui s’élèvent ét s’abaissent , s’éloignent ou se rapprochent ; les dents qui sont taillées obliquement, glissant les unes sur les autres du haut en bas. Dans les herbivores, C’est principalement de droite à gauche que l'os maxillaire postérieur se déplace; dans l’homme, comme dans les singes, les molaires inférieures, en passant sous les supérieures, décrivent des courbes dont la gran- (1) Le rhinocéros d'Afrique a la peau lisse, (2 ) Celui-ci a la peau rugueuse et plissée. (5)1IL faut remarquer que cet éléphant est d’une taille iuféricure à celle du premier. 368 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALEÆES. deur et l'élévation varient, leur mouvement étant composé de ceux qui se font de haut'en bas, de droite à gauche, et de derrière en devant. Enfin , suivant Jes observations de M, Camper, (1) c’est principale ment dans une direction longitudinale que se portent les dents molaires du cabiai et de l'éléphant, et c’est, aussi dans le même sens que se fait, dans ce nes < É l'eflort de leuraccroissement | Des rapporis conslans existent entre la structure des dents des carnivores et celle de leurs museles, de leurs doigts, de leurs ongles, de leur langue, de leur estomac et de leurs intestins. Cet appareil doit évi- deminent servir à poursuivre , à tuer des animaux, à déchirer leurs inembres, à digérer leur chair, à s’abrenver de leur sang. Se pourroit-il que cette guerre non-inlerrompue entrât dans le plan de la na- ture ? que par ellele fort fut armé contre le foible ; que par elle fut aiguisée la dent du lionet du tigre; que par elle les substances végétales furent destinées à nourrir desanimaux qui, dévorés à leur tour, se replongentsuc- cessivement dans ce règne muet et insensible où tout s'abime et s’engloutit ; que par elle enfin furent orga- nisés ces grands quadrupèdes (2)qu’on neretrouve plus, (1) M. Camper a fait sur l’éléphant et sur les singes un grand nombre d'observations nouvelles dont il est à désirer que les savans ne soient pas privés plus long-temps. ( 2 ) Tels sont le mamouth et l'élan aux cornes palmées. Observa- tions sur la Virginie, par M. Jeferson , pages 109 et 126 ; ouvrage traduit nouvellement , et publié par un des plus savans littérateurs de cette capitale (M. l’abbé Morellet. ) di sl 7 ù An { 2 DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 169 et dont les débris épars laissent entrevoir que le do- maine de la vie a déjà reçu quelque atteinte, et que celui de la mort s'élève sur ses ruines et s'agrandit à ses dépens. Le rat, appelé hamster, a des poches ou abajoues analogues à celles des singes. Les unes et les autres seront l’objet de nos recherches. L'os hyoïde, dont l'usage est de soutenir la base de la langue , s’allonge à mesure que la face et la langue elle -mème acquièrent plus d’étendue. Il est formé de trois ou de cinq osselets dans les quadrupèdes cla- viculés, et de neuf dans la plupart de ceux qui ne le sont point. Entre l'os hyoïde et le larynx de quelques singes es! un sac (1) membraneux, et double dans l’orang- outang , simple dans la plupart des autres singes, osseux dans le singe rouge de Cayenne, et que M. Camper a retrouvé membraneux dans le renne, sans que nous sachions ni quel est son usage dans les singes , ni pourquoi cette conformation leur'ést com- mune avec un quadrupède ruminant que tant de ca- ractéres en éloignent, et qui a si peu de rapports avec eux. D'autres cavités et des cloisons, placées à l’inté- rieur du larynx de quelques quadrupèdes, tels que Vâne et le sanglier , forment des différences dont nous ne négligerons point de nous servir. : Tous les fissipèdes ont un estomac simple, c’est-à- (2) J'ai donné à ce sac le nom d'yotyroïdien. 190 SCIENCES PHYŸSIOL. ET MEDICALES. dire formé d'une seule cavité, Dans l’hama, dans Ja vigogne, dans l'hippopotame, et dans quelques - uns des bisulques sans canon , ce viscère est composé de plusieurs sacs irréguliers qui communiquent entr’euxs Dans tous les bisulques qui ont un canon, lés quatre estomacs sont complets, et la rumination en constitue le principal caractère. La vésicule du fiel manque dans plusienrs quadru- pèdes de différentes classes; tels sont louistiti, Fhip- popoiame, le cheval , l'âne, le cerf, le daim, le che- vreuil, le cariacou , l’axis et la renne. Plusieurs quadrupèdes sont dépourvus dé l'intestin cœcum et de l'appendice vermiforme. Dans quelques- uns même, cotnme dans l'ours, l'intestin colon n’est point'marqué. Dans plusieurs ruminans les intestins gréles sont en spirale, au milieu des circonvolutions du colon qui les entoure; ét dans les solipèdes , comme dans le cheval, la grande étendue des intestins sup- plée à la pétitesse de l’estomac qui ne paroît pas être propor tiônné au volume de l’animal, Les vertèbres, les côtes, le sternum et les os da bassin, composent la charpente du tronc: Jetons un coup d'œil sur leurs différences. Les vertèbres du cou sont , dans tous les quadrupèdes, au nombre de sept : la constance de ce nombre s'étend jusqu'aux cétacées ; où il subsiste, malgré la réunion apparente de plus sieurs de ces vertèbres, Tandis que Fatlaset Paxis sont soudés ensemble dans les dauphins, les cinq autres vertèbres cervicales ne forment qu’une seule pièce dans laquelle les cerceaux osseux et les apophÿses, DISCOURS SUR L’'ANATOMIE, 1 soit épineuses, soit transverses, sont très-distinctess et M. Camper m'a appris que dans le cachalot l’atlas est séparé, tandis que l'axis etes cinq autres ver- tèbres cervicales inférieures, réunies, offrent égale- ment les traces de chacune d’elles en particulier. Le nombre des vertèbres du dos est toujours en rai- son de celui des côtes, Les vertèbres lombaires varient beaucoup. Plu- sieurs quadrupèdes en ont cinq, comme l’homme: tels sont l’orang-outang, le sajou , le castor, le raton, la taupe, la musaraigne volante , le cheval (1) et le pecari. Le nombre des vertèbres lombaires semble s'accroitre à mesure que celui des vertèbres sacrées diminue : c’est ainsi que l’on trouve six vertèbres lombaires dans le singe, appelé gibbon, et sept dans le magot, dans le mandrill , et dans plusieurs autres où le sacrum n’est composé que de trois pièces. | Les rats en général et les ruminans ont six vertèbres lombaires. Le tigre, le lion, et presque tous les car- nivores, le dromadaire, le chameau, le lièvre et la marmotte en ont sept. Quelques-uns, comme le loris et le polatouche en ont neuf, On n’en trouve que quatre dans le coaïla et le paresseux, et trois seule- ment dans l’éléphant et dans le fourmilier Il n'y a qu’un très-petit nombre de quadrupèdes, tels que le castor, la marmotte, la taupe, le pecari et lecheval, daus lesquels M. d’Aubenton ait trouvé cinq L(1)M. d’Aubenton a découvert qu'il y a quelquefois une ver- tèbre de plus dans la région lombaire du cheval. :72 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. vertèbres sacrées. Dans les autres, ces pièces sont au nombre de quatre, comme dans le saï et dans le loris ; ou detrois, comme dans le gibbon; ou mème de deux, comme dans le coaita, dans le phalauger et dans la marmose. | Flus on s'éloigne de l’homme, plus aussi on voit le coccyx se prolonger. Les pièces qui le forment sont aw nombre de trente dans le phalanger, dans le saïmiri, et dans plusieurs autres; au nombre de trente- trois, dans le mococo; au nombre de trente-six, dans le cayopollin; enfin on trouve quarante -deux vertèbres, où pièces coccigiennes, dans le fourmilier,. Le sternum est beaucoup plus étroit dans les qua- drupèdes que dans l’homme, et le nombre des osselets qui le composent est toujours proportionné à celui des côtes, que les anatomistes appellent vraies, et auxquelles j'ai donné le nom de sterno-vertébrales. Les nombres des côtes les plus répandus parmi les quadrupèdes, sont ceux de vingt-quatre, vingt-six, vingt-huit et trente. Le résultat en plus, est de trente- deux dans l'hyène; de trente-six, dans le cheval; de quarante, dans l’éléphant, et de quarante-six dans J'uvau. Le résultat en moins, est de vingt-deux dans la musaraigne volante, dans le campagnol volant, et dans le cachicame. Le lamantin n’a que quatre côtes sterno-vertébrales : quelques-uns n’en ont que dix; dans la plupart on en trouve quatorze ou dix-huit. Le phoque et l’unaw sortent de ces limites, l’un ayant vingt, et l’autre: vingt-quatre de ces côtes. DISCOURS SUR L’'ANATOMIE.. 355 On ne connoît point de quadrupèdes qui aient moins de huit côtes vertébrales.(1) Dans le plus grand nombre onen trouve dix, et plusieurs en ont douze on quatorze, Le cheval en a vingt; l’éléphant, vingt-six; et le la- mantin en a vingt-huit. On compte vingt-quatre côtes dans le squelette de l'homme : on en trouve le mème nombre dans celui de plusieurs quadrupèdes; mais dans quelques-uns de ces animaux, la distribution de ces vingt-quatre côtes * diffère de celle des côtes de l’homme, Dans le magot, dans le mandnill, dans le mococo, ce nombre est composé de seize côtes sterno - vertébrales et de huit vertébrales ; et dans la mone, il l’est de dix-huit côtes sterno = vertébrales et de six vertébraless Dans le gibbon , dans le talapoin, dans le polatouche, dans le lèvre et dans le dromadaire, le nombre des côtes sterno-vertébrales est le même que dans l’homme; ce qui fait bien voir que l'identité de plusieurs caractères n'est pas toujours une preuve d’analogie entre les individus auxquels ils appartiennent, et que dans l’his- toire des animaux, on doit ètre réservé, pour ne pas tirer des résultats faux de quelques ressemblances trompeuses. En général, la poitrine des quadrupèdes étant plus étroite que celle del’homme, doit être plus longue, puisqu'elle a les mèmes viscères à contenir, et il falloit que les côtes qui en forment l'enceinte fussent aussi plus nombreuses. + oo (1) J'appelle ainsi les fausses côtes. 174 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Linné a dit dans plusieurs endroits de ses ouvrages, que son premier dessein avoit été d'étendre à tous les animaux la méthode sexuelle qu'il a employée pour les plantes, et qu'il n’a été détourné de ce projet que par la crainte de blesser la modestie de ses lecteurs: Sans rechercher si cette crainte étoit fondée, j’assu- rerai qu'il auroit facilement trouvé dans ce plan de distribution systématique des caractères dont il auroit pu faire usage : j’assurerai que sous ce rapport, comme sous tant d’autres, l’homme diffère de tous les êtres; que le scrotum, et la présence d’un os dans la verge, en éloigne le singe pour le rapprocher de quadupèdes ; que la forme du prépuce et de la prostrate, que la pri- vation des vésicules séminales, que les diverses pro- portions de l’espace membraneux de Furètre, que la disposition des cornes utérines, qui n'existe point dans la femelle du pithèque, dont la matrice n’a qu’une: seule cavité, comme celle de la femme; que l’étrois tesse de ces mèmes cornes dans quelques autres singes, et leur grande étendue dans la plupart des quadru- pèdes ; que la longueur, la largeur, la direction du vagin dans quelques genres, tels que la taupe, dont les fœtus ne franchissent point, à la manière ordi- naire, le détroit formé par les os pubis; que la sou- plesse et la mobilité de leurs symphises dans quelques espèces; que les contours des vaisseaux spermatiques et les divers renflemens des ovaires sont autant de ca- ractères anatomiques, qui doivent tenir une place distinguée dans nos travaux. Comme ces différences sont relatives à la reproduction des animaux , elles k DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 175% forment une des parties les plus importantes de leur histoire. . Le porte-muse, la gazelle, l'hyène , et plusieure autres, sontremarquables par une liqueur d’ane odeur très - forte, et que contient un réservoir particulier. Il n'y a pas jusqu'aux mamelons qui pourroient servir de base à une distribution méthodique des qua- drupèdes. Dans les uns les mamelles sont placées sur la poitrine ; dans les autres, elles se trouvent sur la région abdominale; et dans la plupart, elles s'étendent à ces deux régions. Dans la première classe seroient compris, 1°. les quadrupèdes qui n’ont que deux ma- melons torachiques, comme les singes, l'éléphant et les quadrupèdes à ailes membranenses; 2°. ceux qui, comme le vari, ont quatre mamelons placés sur la poitrine. À la deuxième classe se rapporteroient les quadrupèdes qui, comme la jument, n’ont que deux mamelons abdominaux, ou qui en ont quatre, comme la vache et les ruminans en général. La troisième classe seroit nombreuse; des combinaisons très-va- riées (1) en détermineroient les genres et les espèces : on considéreroit surtout la poche de l’opossum qu’ac- compagne une expansion osseuse dont le mâle n'est pas privé, (2) et où les mamelons, rangés par paires, | doivent allaiter, je ne dirai pas les petits , mais les (1)M. d’Aubenton a trouvé dans quelques-uns des nombres impairs, sans doute lorsqu'un de ces organes ne s’étoit point déve- loppé. (2) Ce sont les osse marsupialia de Tyson, 176 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. embryons de ces animaux; et l’on verroit avec quelle , st . , 0" constance et quelle uniformité les différences de ces organes sont daccord avec celles qui constituent les divisions fondamentales dont j'ai parlé ci-devant. Enfin, après avoir soumis à l'examen les caractères! anatomiques des genres et des espèces Mon cherchera en quoi diffèrent les uns des autres les individus qui forment les variétés des races; car il y a des animaux qui, réduits à l’état de domesticité, et répandus sur diverses parties du globe, y portent l'empreinte des différens sols et des usages auxquels on les a assujétis. Tels sont le cheval, le dromadaire et le taureau, que l’homme a domptés pour les associer à ses travaux; tels sont le bouc et le bélier qu’il a tirés du fond dés forêts pour s'emparer de leur toison et se nourrir de leur chair : tel est aussi l’homme lui- même, partout en guerre avec ses semblables, partout oppresseur de sa race, esclave et tyran de sa propre espèce. L’ana- tomiste dira quels sont, parmi tant de modifications diverses, les principaux changemens qui ont affecté les organes. CÉTACÉES, Les cétacées sont si peu nombreux et si peu connus que la distribution adoptée par les naturalistes (1) est la seule que je puisse indiquer et suivre. Les fanons de la baleine, les omoplates et les os des bras, ceux de (1) Voyez la division méthodique des cétacées par M. Brisson. Il est le premier qui les ait séparés des poissons. à DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 177 l'avant- bras rétrécis et défigurés, les phalanges nom- breuses et prolongées, dans les baleines et dans les dauphins; les nageoires dont le volume ne répond point à celui du corps, et qui ne sont point composées d'os épineux ni de cartilages ; la position de la na- geoire de la queue, les mamelles et les poumons de ces animaux ; les trous par lesquels l’eau > mêlée d’air, jaillit avec sifflement ; les arcades ZÿYgomatiques, si déliées dans les dauphins; leurs côtes dont les extré- mités vertébrales sont implantées et soutenues sur celles des apophyses transverses > avec lesquelles ces arcs osseux semblent se continuer; le défaut de Car— tilages sterno-costaux , qui sont remplacés par des pièces osseuses; (1) le sternum qui est large; les os des îles et les apophyses pierreuses des o lon a si souvent oubliées dans leur dissection et dans la préparation de leur squelette; la structure de lor- gane de louïe, qui, selon Camper, est dépourvu de conduits demi - circulaires dans les cétacées , tandis s des tempes, que que dans celui des oiseaux, on ne trouve point de li- maçon ; le défaut de vestibule dans le cachalot et dans le dauphin, la baleine étant le seul des cétacées où cetle cavité se trouve; toutes ces parties, toutes ces observations trouveront leur place dans notre tableau, OISEAUX, Les oïseaux offrent un spectacle plus attrayant et Qui est plus à la portée de l’observateur. Ce peuple a Le ren (3 ) C’est des dauphins que je parle ici, T. 4. 12 178 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, léger habite l'air, la terre et les eaux. Parmi les in- dividus qui le composent, quelques-uns s'élèvent d’un vol hardi et disparoiïissent à des hauteurs d’où ils voient sans peine ce qui se passe au-dessous d’eux, et où ils respirent sans fatigue un air moins comprimé. D’autres sont en quelque sorte attachés à la surface du globe. Il en est qui ne jouissent de leurs facultés que dans le crépuscule. Plusieurs ne vivent que dans les ténébres, et sont les compagnons de la nuit. Des fa- milles nombreuses sont distribuées dans les plages, dans les marais ou sur les plaines. Moins vigoureux, et, pour ainsi dire, domestiques, plusieurs entourent nos demeures et se reproduisent sous nos toits. Enfin la nature, en versant ses dons sur le nouveau conti- : nent, voulut qu’une famille d'oiseaux, brillant de ’ tout l'éclat des fleurs, y habität les lieux embaumés de leur parfum. ; Les différences dans les habitudes, qui en supposent aussi dans la conformation, doivent servir de guide dans la distribution des genres anatomiques des oi- seaux. L’aigle et le hibou seront comparés relative- ment à l’organe de la vue; le gerfaut, la buse et lou tarde, le seront dans la structure des muscles ét dés os qui servent pour le vol. On considérera les pou- * mons et leurs appendices dans ces oiseaux, dans le“ héron et dans les gallinacées, où ces viscères ont moins d’étendue. Le tête-chèvre, qui tient le milieu entre les oiseaux de nuit et ceux de jour, sera comparé avec 5 eux. Le lagopède cherche le froid, et se cr euse une cavité sous la neige, tandis que le hocco ne vit qu \ DISCOURS SUR L’ANATOMIE. :79 sous la zone torride de l’ancien continent, On oppo- sera la douce mélodie da rossignol aux sons aigus du moineau franc ; le cygne sauvage au cygne domes- tique, les contours extérieurs de la trachée artère dans l’oiseau- pierre et dans le paragua à son enfoncement dans le sternum du héron et de la grue; le cou du perroquet et de la chouette à celui de cigogne; la langue des colibris et des oiseaux-mouches, à celle des pics: les os innominés de l’autruche, à ceux du casoar et du dronte; et l'estomac du plongeon et du coucou, (1) à ceux de la buse et du coq d’inde, Le castagneux poursuit sa proie sous les eaux : le grèbe ne peut se reposer que sur cet élément : l’oie et le canard le quittent à volonté pour habiter la terre, L’aigle se nourrit de chair; le cormoran , de poissonsz le pic, d'insectes ; la bécace, de vers; le pigeon, de graines ; et le merle de baies et de fruits. Chacune de ces circonstances doit fixer l'attention du physio- logisté. Il examinera d’abord le squelette et les muscles des oiseaux ; étude sans laquelle on ne peut connoîlre que d'une manière imparfaite , et pour ainsi dire empi= rique, la structure d’un animal quelconque. Le cer- veau, l’estomac, et les intestins, le larynx, les pou- mons , le cœur et les organes sexuels, deviendront successivement le sujet de ses recherches. On remarque de chaque côté, dans la base de la mm (1 ) La position de cet estomac, situé tout-à-fait en devant, est très -remarquable. 180 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tête des oiseaux, une pièce transversale qui, étañt articulée et mobile dans les deux extrémités, permet à la mâchoire supérieure de se mouvoir en glissant en arrière, et sert en même temps à l'articulation de la mâchoire inférieure. Les deux arcades externes que l'ont peut appeler palatines , et qui contribuent beaucoup à l'élévation ou à l’abaissement de la mâ- choire supérieure ; le trou optique qui est unique , placé derrière la cloison osseuse des orbites; le trou auditif qui est très- grand; l’osselet de l'organe de Vouïe analogue à celui des quadrupèdes ovipares, et qui est seul, au lieu d’être triple comme dans les qua- drupèdes; les conduits demi-circulaires qui forment différens ovales bien exprimés ; un conduit droit, quelquefois divisé dans l’intérieur, et qui semble tenir lieu de limaçon; des cellules osseuses très -multipliées quicommuniquent librement d’un côté de la tête à l'autre, et au milieu desquelles sont logés ces con- duits; tout cet appareil montre une structure que lon ne trouve point ailleurs, et qui est particulière à cette classe d’animaux. Les mouvemens de la tête et du cou sont plus étendus dans les oiseaux que dans les quadrupèdes; aussi la tête des oiseaux ne s'articule avec la première vertèbre que par une petite apophyse ronde, tandis que, dans l’homme et dans les quadrupèdes, il y a deux éminences articulaires et condyloïdiennes qui sont ovales. Aussi le nombre des vertèbres du cou des oiseaux surpasse-t-il celui de ces mèmes vertèbres daus le cou des quadrupèdes, el chacune de ces pièces DISCOURS SUR L’'ANATOMIR 1x jouit -elle de la mobilité la plus grande. On voit le nombre des vertèbres cervicales, qui est de onze ou douze dans plusieurs oiseaux, augmenter à mesure que leur cou devient plus allongé; c’est ainsi qu'il Y en a treize dans le casoar et dans la corneille, qua- torze dans le coq, dans la buse et dans l'aigle, seize dans le canard, dix-huit dans la grue, et dans le cygne vingt-trois. Les côtes des oiseaux sont en général au nombre de huit ou dix. Elles diffèrent en plusieurs points de eelles de l’homme et des quadrupèdes ; elles se di- visent comme les précédentes , en sterno - verté- brales (1) et en vertébrales; (2) mais celles-ci se trouvent, dans un grand nombre d'individus, aussi bien à la partie antérieure qu’à la partie postérieure de la poitrine. Les côtes sterno - vertébrales sont os= seuses jusqu’au séernun ; elles sont angulaires vers le: milieu de leur trajet; et dans les mouvemens de læ respiration, ce n’est pas de droite à gauche , comme dans l’homme et dans les quadrupèdes, mais de de- vant en arrière , que la poitrine se dilate. Les côtes vertébrales antémeures et postérieures, ainsi que les sterno- vertébrales, varient beaucoup dans les différens oiseaux. On ne trouve point de côtes vertébrales antérieures dans l'aigle ni dans la buse. On n'en trouve qu'une de chaque côté dans la cor- veille et dans la chouette. Il y en a deux dans l’au- (1 ) On les appelle communément du nom de vraies côtes. (2) Ce sont les fausses côtes. 182 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. truche, dans le cygne, dans la grue, dans le coq et dans le canard. Si l’on examine les côtes sterno- vertébrales des oiseaux , on y remarque aussi beaucoup de différences. Le casoar, le coq et le coucou w’en ont que quatre de chaque côté. L’autruche, la corneille et le perroquet en ont cinq; l'aigle , la buse, la grue, la chouette et le canard en ont sept. Enfin , en considérant les côtes vertébrables posté- rieures dan: les mêmes individus, il est facile de s’as- surer que l'aigle, la buse, la grue et la chouette ne paroissent point en avoir, (1) que le perroquet n’en a qu'une de chaque côté, que l'autruche en a deux, et que le casoar en a trois. Le sternum des oiseaux se meut par un mouve- ment de bascule, à la manière des soufflets des forges, mécanisme qui a été bien décrit par Bertin. (2) Cet os est remarquable par une crête très-saillante qui l'a fait comparer à une quille de vaisseau , et par deux prolongemens latéraux qui s'étendent en arrière, et qu’une membrane unit avec la partie moyenne de cet os. À droite et à gauche on aperçoit les articu- lations des côtes qui sont très-rapprochées l’une de Vautre , et qui jouissent dans ce contact d’un mouve- ment assez marqué. Sur les côtés du sternum on trouve une apophyse en forme d’anse, et vers les LÉ (1) Jai fait la plupart de ces recherches sur les squelettes que l’on conserve au Cabinet du Roi. ( 2) Ostéologie. DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 183 parties latérales et externes des clavicules, deux autres apophyses que j'ai désignées sous le nom de claviculaires. Cette structure varie dans plusieurs oiseaux. Dans le perroquet, dans la petite chouette, dans Paigle, dans le bièvre et dans l’oie, los siernum est plein. Dans le sternum du coq, les anses etles divisions la- térales sont bien exprimées. Dans la bécasse, cet os est mince ; les anses sont peu marquées, et les petites côtes latérales sont très-courtes ; dans les plus petits oiseaux, ces prolongemens sont en général très-dis- tincts. Le sternum du casoar et de lautruche semble se rapprocher de celui de l’homme; il est beaucoup plus court que dans les autres oiseaux; la saillie moyenne n’existe point; un tubercule ou renflement en lient lieu. Il est poreux , léger , arrondi, et il a la forme d’un bouclier. C’est une question difficile à résoudre que de savoir sil existe une région lombaire dans la colonne épi- nière des oiseaux, et quelles sont, dans cette classe d'animaux, les limites de l’os sacrum. Pour résoudre cette question, je ferai remarquer que c’est vers la partie antérieure des fosses rénales que se trouve l’ar- ticulation de l'os des îles avec le sacrum, et que cette union se fait de chaque côté par une double éminence en- devant de laquelle est une portion très - courte de la colonne vertébrale qui paroît répondre à la ré- gion lombaire , puisqu'elle donne passage aux nerfs qui ont reçu le même nom. Il y a cependant quel- ques oiseaux , tels que le perroquet, où il semble que 184 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. cette région manque absolument, Dans la buse , dans Vaigle, dans la grue et dans la chouette, elle est for- mée de deux pièces; elle l’est de six dans le casoar, et d’une seule dans le canard et dans le coq. Remar- quons qu'il ne s'exécute aucun mouvement dans les lombes de l'oiseau, et que les différentes pièces que l’on y trouve sont toujours soudées entr’elles. Les ver- tèbres cervicales augmentent en nombre à mesure que la région lombaire se raccourcit; et comme le cou est tres-souple et que le corps est très-court , le nombre des vertèbres dorsales et des côtes, étant lui-même très - Lorné , il ne paroît pas que la mobilité de la ré- gion lombaire eût offet de grands avantages à cette classe d'animaux. En convenant de placer la première pièce du sacrum des oiseaux au niveau de la double éminence de son articulation latérale, j'ai vu le nombre de ses osselets varier dans les différentes espèces, depuis sept jusqu’à douze; et ceux du coccyx, depuis six jusqu’à huit. (1) L'os des îles des oiseaux m’a paru présenter l’ébauche d’un pubis dans ses parties latérales où se trouve, de chaque côté, un osselel grèle et légèrement recourbé. Ces petits os, considérés dans Paigle, se touchent presque. Réunis dans l’autruch' , ils forment un vé- ritable pubis, et nous voyons la structure propre aux quadrupèdes recommencer là où finit celle qui est particulière aux oiseaux. Les clavicules, dans les animaux de cette classe sont 1 ) Académie des Sciences , 1774, page 464, ? {UFR TE J DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2:85 longues , épaisses , et droites. Trois muscles très- forts en dirigent les mouvemens, et un petit os courbe, connu sous le nom de fourchette, en mesure et en as- sure la distance. Les variétés de l’os appelé fourchette dans les diffé- rentes familles d’oiseaux sont très- nombreuses. Dans les uns, tels que le casoar et l’autruche, (1} la clavi” cule et la fourchette sont soudées ensemble, et celle- ci s'articule avec le sternum. Dans la grue et dans la cigogne , la fourchette est distincte de la clavicule ; mais elle s'articule aussi avec le sternum. Plus les ailes doivent avoir de développement, plus leur réac- tion doit être grande, plus aussi los de la fourchette doit être bombé, plus il doit être élastique , plus il doit jouer facilement, et moins il doit être uni au sternum. Los de la fourchette réunit toutes ces con- ditions dans l’aigle. L’omoplate des oiseaux diffère beaucoup de celle des quadrupèdes. Elle est surtout remarquable par sa longueur. Deux muscles très-forts, le grand et le moyen pectoral , sont destinés aux mouvemens de l'aile qui s’exécutent dans l'angle formé par la réunion de la clavicule avec l’omoplate. L’eflort de ces muscles tend à déplacer ces deux os en même temps qu'il agit sur le bras. La clavicule est retenue par des faces articulaires très-larges, par des ligamens très-solides, par los de la fourchette et par des muscles. Il falloit que l’omoplate qui forme l’autre extrémité du levier (1)Je n'ai disséqué ces oiseaux que dans l’âge adulte. 186 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. recourbé füt fixée par une force égale ,et c’étoit ajouter à cette force que d'augmenter la longueur de l’os à l'extrémité duquel sont appliquées les puissances. Les muscles qui s’insèrent à la partie postérieure de l’omo- plate servent donc à empêcher sa bascule, que, sans leur résistance , les fortes contractions des muscles pectoraux n’auroient pas empèché de produire. Nous trouverons encore des détails très-curieux dans les extrémités des oiseaux, soit que nous consi- dérions dans l'extrémité antérieure le grand ligament élastique du pli de l'aile, (1) les petits osselets du carpe, celui surtout qui tient lieu de pouce, ceux qui ré- pondent aux phalanges que terminent les plumes analogues à la substance de l’ongle dont elles tiennent la place; soit que, dans l'extrémité inférieure, nous examinions le péroné qui s'articule avec le fémur , le grand os du métatarse qui répond au canon des soli- pèdes et des bisulques, et ces grands muscles dont les uns s'étendent du bassin jusqu'aux doigts, ce que l’on ne voit point dans les quadrupèdes, tandis que les autres, destinés à fléchir les doigts, sont à la fois per- forés et perforans ; ce dont les oiseaux seuls offrent l'exemple. Le squelette des oiseaux diffère encore de tous les autres par son extrème légèreté. Leurs os ne contien- nent point de moëlle : ils sont remplis d'air, et leurs cavités communiquent avec les poumons par (1) M. Tenon a communiqué, à ce sujet, à l’Académie Royale des Sciences des observations curieuses et nouvelles. MN > DISCOURS SUR L’ANATOMIE. :187 des ouvertures que M. Camper a décrites. Les ver- tèbres cervicales, les côtes , la mâchoire inférieure même en reçoivent. L'air remplit non-seulement ces trachées osseuses , il s’'épanche encore sous la peau, comme Méry l’a vu dans le pélican, (tr) et il coule jusqu'aux racines des plumes, de sorte que toutes les parties de l'oiseau semblent être pénétrées du fluide oùil sé meut. Les anatomistes ont distingué deux espèces de larynx dans les oiseaux , dont ils ont appelé l’un su- périeur et l’autre inférieur ; mais les oiseaux n’ont réellement qu’un larynx dont les diverses parties constituantes sont séparées et occupent des régions différentes. La glotte se trouve, comme dans tous les animaux qui en ont une , à la partie la plus élevée de la trachée-artère, vers la base de la langue; mais les membranes et les cavités sonores, au lieu d'être situées immédiatement au-dessous de cetteouverture, comme le sont les cordes vocales et les ventricules du larynx dans l'homme et dans les quadrupèdes, sont placées au bas du cou , entre les branches de la four- chette. Sans m'arrèter à en exposer les variétés dans ce discours , où je ne dois insister que sur les grands caractères des différentes classes d'animaux, je me bornerai à faire une remarque d’après laquelle les oiseaux peuvent être divisés sous un nouveau rapport, en deux grandes classes : c’est que le larynx de ceux (1 ) Académie des Sciences , 1666, Le cormoran est dans le même cas. 188 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. de ceux qui chantent est recouvert d’une expansion musculaire qui suit ses contours et lui imprime divers mouvemens ; et qu’au contraire cet organe, considéré dans les oiseaux dont la voix rauque manque abso- lument de mélodie, est nu et dépourvu de muscles qui adhérent absolument à ses parois. (1) Les poumons sont attachés aux côtes. Des vésieules abdominales , dont les lames moyennes ou diaphrag- matiques sont musculaires, agrandissent leur étendue ; et comme elles se remplissent d’air dans l'expiration, le ventre des oiseaux se gonfle alors au lieu de s’affaisser, mouvement qui se fait d’une manière in- verse dans l’homme et dans les quadrupèdes. Les organes de la digestion des oiseaux ont encore une structure qui leurest propre. Quelques éminences . ou épines , de la nature de la corne, et continues avec l’épiderme, tiennent lieu de dents , et semblent répondre à celles que l’on appelle zncisives. La langue est rude, ct l’on n’y trouve qu'un petit nombre de ces papilles molles qui sont le siége du goût. L’œæso- phage, dilaté vers le bas du col , se prête au séjour des alimens qui s’y ramollissent , et passent succes- sivement dans l'estomac pour y ‘subir l’action des forces digestives. Cette dilatation de l'œsophage (2) est tres: grande dans les oiseaux qui vivent d'herbes , (1 )Il s’agit de l'organe appelé communément le larynx inferieur, et non de la trachée artère, le long de laquelle montent des muscles grèles dont je ne parle point ici. (2 ) On le connoît sous le nom de jabot. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 189 de fruits ou de graines. Elle est plus étroite dans les carnivores. L’estomac varie aussi beaucoup dans ces animaux. Je réduis à trois chefs les différences principales de sa structure, observée dans un grand nombre d’in- dividus que j'ai décrits , et dont j'ai présenté les des- sins à l’Académie royale des sciences. Dans les uns le ventricule proprement dit, qui se continue avec l’œsophage, est recouvert par un muscle à deux ventres épais , applatis, dont les bords latéraux sont aigus, et que deux tendons opposés réunissent. La situation de ces tendons est transversale, leur partie moyenne adhère un peu au sac du ventricule , et ils se termi- nent vers la circonférence par des filets radiés. Cette structure est celle de l'estomac de la pintade et de tous les gallinacées , de l’oie, du canard et des cygnes sauvages et domestiques. Daus les autres, quoique la disposition soit à peu près la mème, et que le muscle digastrique du gésier conserve cette grande épaisseur , les bords de ce muscle , au lieu d’être tranchans sont arrondis ; l’estomac, considéré en entier , est beaucoup moins applati; les tendons mi- toyens sont moins volumineux, et ils adhèrent de la manière la plus intime au sac charnu qu'ils recou- vrent : on trouve dans le merle et dans le geai des exemples de cette structure, Enfin, dans les oiseaux du troisième ordre , l’estomac est allongé et arrondi : au lieu d'un tendon transversal, sur le milieu de chacune de ses deux faces , il ÿ a une expansion apo- névrotique étroite, ovale, qui fait commencer le sac 190 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. du ventricule , et que l’on peut regarder comme le centre d’un grand nombre de raÿons aponévrotiques élégamment dirigés vers les bords : l'épaisseur du tissu musculaire est beaucoup moins grande que dans les deux ordres précédens. Le martin-pêcheur, le héron, l'aigle, l'eflraÿe , le lanier de Tunis, le grand-duc, le pélican, la petite mouette cendrée, le goéland et la cigogne , que j'ai disséqués, sont dans ce cas. À ces trois divisions se rapportent les divers estomacs des oiseaux. Dans tous, mème dans les carnivores, la portion de l’œsophage que l'on voit immédiatement au-dessus de l'estomac est remarquable par un tissu glanduleux qui forme une bande circulaire, et dont chaque point saillant, percé d’un pore, laisseéchapper, lorsqu'on le comprime, un fluide soit de couleur grise, comme dans la mouette cendrée , soit rougeûtre , comme je l'ai vu dans la cigogne , auquel on°a donné le nom de suc gastrique. Ce tissu glanduleux est plus étendu dans les oiseaux qui vivent de chaïr que dans ceux qui se nourrissent de substances vé- gétales, Dans ceux-ci la face interne de l’estomac est re- couverte d’une membrane épaisse, calleuse, et dont les replis, opposés symélriquement lesuns aux autres, et mus par les fortes contractions du muscle externe, broient les alimens déjà ramollis par leur séjour dans le jabot , et les mêlent intimement avec le suc que filtrent les glandes inférieures de l’œsophage. J’ai tou- jours pensé , comme le célèbre M. Hunter, que la vraie mastication des oiseaux se faisoit dans l'estomac; LE D DISCOURS SUR L'ANATOMIE. gi phénomène singulier, et que Von retrouve dans la famille des crustacées. Les organes destinés aux grandes fonctions dans les oiseaux ne conservent donc pas le mème ordre , ni les mêmes proportions que dans les quadrupèdes. Déjà nous avons vu la glotte séparée du larynx par toute lalongueur de la trachée- artère ; nousavons vu les cavités pulmonaires s'étendre dans les os, sous la peau et jusqu'aux racines des plumes : ici, c’est dans l'estomac et non dans la bouche que les alimens sont triturés. Le développement de l'embryon nous offrira d’autres différences aussi re- marquables que les premières. Le tube intestinal des oiseaux carnivores est en général très-court. Dans la plupart il est tout au plus deux fois plus long que l'animal , ou il n’atteint pas mème cette dimension. La longueur totale du lanier de Tunis, que j'ai disséqué , étoit d’un pied deux pouces ; celle de son intestin éloit de deux pieds et demi. La longueur du goéland étoit de deux pieds un pouce et demi ; celle de son intestin étoit de trois pieds deux pouces. La longueur de leffraie étoit de huit pouces sept lignes ; celle de son intestin étoit de dix-huit pouces et demi. Tous les oiseaux ont deux appendices cœcales situées vers la partie postérieure du ventre. Ces appen- dices sont moins éloignées de l'anus , et leur volume est beaucoup moins grand dans les oiseaux carnassiers que dans ceux qui ont un gésier. Les oiseaux n’ont point de colon , et leurs intestins ne peuvent être divisés, comme dans l’homme, eu 192 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. grèleseten gros:souvent même c’est près de l’estomac que la largeur de l'intestin est la plus grande. Dans la plupart des oiseaux on trouve deux pan- créas. Le foie est profondément divisé en deux grands lobes que contiennent des membranes ou loges cel- lulaires, et dans quelques - uns , plusieurs conduits s'étendent de ce viscère vers la vésicule du fiel et de celle-ci vers l’intestin. Les reins sont très-larges. L’urine est blanchätre et crétacée. Les testicules sont à peine visibles hors de la saison des amours. L’ovaire est unique, et il s’oblittère à un tel point dans les vieilles femellesque, sans la trompe, (1) dont le volume diminue aussi , mais qui ne s’efface jamais entièrement , je n’aurois pu reconnoître le sexe des vieilles poules faisanes que les chasseurs prennent mal à propos pour desmäâles, et auxquelles ils ont donné le nom de coquardes. Ici commence la famille nombreuse des animaux ovipares. Plus fécondes que les femelles des quadru- pèdes, celles des oiseaux produisent, sans le secours / du mâle , des corps arrondis où nage, au milieu d’un grand amas de sucs lympbhatiques , l’'ébauche de l’em- bryon dont le jaune de l’œuf fait partie. Mais cette ébauche est imparfaite, et ne peut se développer si l'approche du mäle ne lui donne ou la première impulsion, ou quelque complément inconnu. On est effrayé lorsqu'on arrête sa pensée sur les premiers linéamens de l’animal qui vient d’ètre conçu. Mais (1) Oviductus. A dl US + RARE > PU AT LE ES NC HA La DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 195 ici notre vue se porte plus loin encore : nous con- noissons le germe avant qu'il ait reçu le sceau de la vitalité. Déjà cependant il est organique, déjà sans doute , il jouit lui-mème d’une sorte de vie dont il seroit difficile d'indiquer la nuance, mais dont il est impossible de ne pas admettre la réalité. L'œuf des oiseaux peut être comparé au produit de la conception des quadrupèdes ; mais 1l en dif- fère surtout par sa consistance et par la dureté de son enveloppe. Au lieu de prendre son accroissement dans un viscère analogue à la matrice, il se forme dans l'ovaire, ilse modifie dans la trompe et dans la ca- vité où s’ouvre ce conduit, et ilsortavec tout le volume qu'il doit avoir. Mais le développement du fœtus est accompagné de circonstances particulières à cette classe d'animaux : il se perfectionne sans qu'il sur- vienne aucun changement dans la grosseur de l’œuf, ce qui le distingue, soit des quadrupèdes dont le fœtus et ses membranes forment une masse qui s’accroît dans ses dimensions , soit des insectes et de quelques vers dont les œufs, après avoir été déposés par la femelle, se renflenten mème temps que l’em- bryon grossit. Que ceux qui se persuadent qu’il suffit de lire les meilleures descriptions pour avoir une connois- sance exacte des corps, veuillent bien considérer avec moi jusqu'à quel point leur espoir est trompeur , et de quelles jouissances ils%e privent en se refusant au plaisir de voir et d'observer eux - mêmes. J’avois médité long-temps surles écrits de Harvey, de Mal- T, 4, 15 194 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, pighi et de Haller, et je me flattois d’y avoir appris la structure du poulet et ses connexions avec les différentes substances dont l’œuf est composé. Com: bien je fus surpris lorsque, comparant l’objet Jui- même avec le tableau que je m’en étlois forme, je m'aperçus que la plupart de mes idées manquoient de précision et que les images suggérées par les livres différoient, dans plusieurs points importans, de celles de la nature ! Je fis une autre remarque; c’est quéles détails transmis par les auteurs n’avoient satisfait ma curiosité qu'après de longs et pénibles efforts pour comprendre le sens de leurs ouvrages , au lieu que la première vue de l'embryon palpitant dans la ci- catricule produisit en moi l'émotion la plus vive} et m'inspira aussitôt un grand intérèt pour cet éton- nant spectacle. ‘Quoi de plus curieux en effet que cette masse de sucs albumineux et lympides qui se changent enun instant par la seule addition du principe de la cha- leur, en un corps dont toutes les parties sont vivantes ? Qui nous dira comment, au milieu decette masse transparente et sans couleur , se sont formés les premiers globules rouges; quelle puissance les a multipliés , d’où le premier jet du sang est sorti, quelle impulsion l’a lancé dans son tube, par quel méca- nisme des vaisseaux, jusqu'alors imperceptibles et sans action, s’agrandissent dans leurs diamètres, bat- tent et se soulèvent dansleurs contours? Qui pourroit contempler avec indifférence et ces deux blancs qui se touchent sans se confondre, et cette sérosité da DISCOURS SUR L'ANATOMIE, 195 l'amnios qui s'étend dans la mème progression où le poulet augmente; et le jaune qui, divisé par sonaxe, en deux parties inégales , et souple dans ses balance- mens, roule toujours au-dessus de celle dont le poids est moins grand et sur laquelle l'embryon repose ; et cet épiderme blanchätre dont les parois internes de la coque sont lapissés, et qui, se détachant à mesure que l’évaporation avance, laisse un vide (1) que l'air remplit; et cette grande surface du système vasculaire que soutiennent les membranes dans les- quelles les humeurs sont contenues ; et les réseaux artériels , et les troncs de ces vaisseaux qui, ramifiés au loin, se réunissent dans le corps du poulet qui en est le centre; et ce corps lui-même dont la peti- tesse étonne lorsqu'on le compare avec le volume des appendices auxquels il donne le mouvemement et F vie; et ces deux points saillans d'autant plus écartés lun de l’autre que le fœtus est plusttendre, et qu'ils formeront le cœur lorsque les cavités qu’ils repré- sentent seront placées dans de justes proportions en- tr’elles? La grosseur démesurée du cerveau fixeroit toute notre attention si celle des yeux n’étoit plus sur- prenante encore. La vésicule du fiel déjà pleine de bile , qui regorge dans l'estomac ; les intestins dont les anses s’échappent au-dehors de l’abdomen ; l'abdomen lui-même, qui semble dans le principe, avoir toute l'étendue du jaune, et dans lequel ce fluide doit être . (1) Folliculus aëris, FT % . 196 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. renfermé tout entier , ( 1) se montreront succes sivement à nos regards. Nous rechercherons quelles . (1) Résultat de quelques nouvelles observations sur le jaune considéré dans le ventre du poulet. I. La masse du jaune ou vitellium est une poche ronde, membra- neuse , dans laquelle est contenue une humeur jaunâtre plus ou soins fluide. Plusieurs ordres de vaisseaux se distribuent dans cette membrane. IL. On retrouve le jaune dans le ventre du poulet qui vient d’éclore. L'opinion reçue est qu’il sert à le nourrir pendant les premières vingt-quatre heures ; mais je l’y ai vu plusieurs jours taprès la mais- sance. C’est après le sixième jour qu’il disparoït en grande partie. Alors on ne trouve à sa place qu’un petit cordon ou filet qui s'étend de l’ombilic vers l'intestin avec lés deux vaisseaux omphalo - mésen- tériques. Dans l’épaisseur de ce cordon, et près de l'intestin , est un petit corps rond que l’on y voit long-temps après. C’est le reste u jaune. Le filet dont j'ai parlé s’allonge , s’amincit et se rompt , et il nereste qu’un pédicule attaché à l'intestin. III. J'ai vu les vaisseaux dont la membrane qui contient le jaune estarrosée, devenir plus grêles , se rapetisser et se flétrir en quelque sorte à mesure que la masse du jaune diminue : mais il faut beaucoup plus de temps pour que les membranes et les vaisseaux du jaune soient tout-à-fait oblitérés ; circonstance très-remarquable , et wi avuit été ignorée jusqu ci des anatomistes. IV. La masse du jaune est un organe creux. Le souflle poussé danç sa cavité le gonfle très-facilement et très-promptement. J'ai fait cette expérience sur le poulet déjà éclos ; mais je nespuis presque douter, d’après d’autres observations plusieurs fois répétées, que la mème structure n’ait aussi lieu dans le jaune , considéré avant la naissance du poulet. V. Le jaune est suspendu dans le ventre du poulet par un cordon composé de différens ordres de vaisseaux. L'un de ces vaisseaux est très-court ; il s’insère au tube intestinal , à peu près vers le milieu de ce conduit , et un peu plus près de l’anus que du pylore. Ce vaisseau est blanchâtre , comme les intestins enx-mèmes ; son calibre est assez considérable ; il est le plus gros. L'autre vaisseau est une artère qui DISCOURS SUR ANATOMIE. 197 sont les lois de cette force attractive et resserante qui tend à diminuer l'éloignement des organes qu’une grande distance avoit séparés d’abord. Nous admi- rerons les progrès de cet accroissement rapide que l’œil de Fobservateur peut suivre et constater à chaque instant. Enfin, nous déterminerons les périodes de cette métamorphose par laquelle des sucs que la cha- leur a fondus deviennent plus coulans sans se décompo- ser, et dont le produit est le développement d’un nouvel être qui se dégage de ses membranes avec des sens pour surveiller à ses besoins, et des muscles pour obéir à sa volonté, On ignoreroit encore que les petits de quelques oi- seaux , dégagés de l'œuf, ont besoin d’une liqueur blanchâtre analogue au lait pour se nourrir, et que cette liqueur leur est abondamment fournie par la femelle, et mème par le mâle, si M. J. Hunter n’en avoit découvert la source dans l’œsophage du pigeon. Les membranes de la poche d'où lon voit sortir ce fluide s’épaississent à l’époque où les petits doivent éclore, et il s'en échappe un suc grisâtre qu’ils re- se porte vers le tronc de l'artère cœæliaque, duquel part la mésenté- rique supérieure, ou l'artère mésentérique elle- mème. Un troi- sième vaisseau est une yeine. VI. La masse du jaune tient donc par sa face vertébrale , aux in- testins du poulet ; par sa face ombilicale, à Yombilic. En ouvrant Vabdomen, on le trouve étendu sur le paquet intestigal qu'il re- couvre et qu’il cache entièrement , excepté la petite anse à laquelle le pancréas adhère. VIT. Je ne suis pas éloigné de croire qu’il y a aussi une petite por- tion du second blanc qui entre dans l'abdomen du poulet. 196 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, çoivent avec avidité. Cette espèce d’allaitement se continue mème plus long-temps de la part du mâle que de celle de la femelle, qui cesse de se livrer à ce soin lorsqu'elle se prépare à pondre de nouveau. Les oiseaux n’ont point de vessie, Une cavité com: mune reçoit toutes les matières excrémentielles du tube intestinal et des reins, et les conduits déférens s’y ouvreni sous la forme de tubercules, Nul auteur n’a décrit les vaisseaux sanguins des oiseaux. On sait qu'ils ont des vaisseaux Jlymphati- ques, soit dans le ventre, soit dans les autres parties du corps. Leurs nerfs sont encore moins connus. Sans parler ici de mes recherches sur ces divers objets, je me contenterai de rapporter le résultat de mes obser- vations sur le nerf intercostal des oiseaux. J'avois douié long-temps de son existence dans leur région cervicale : je l'ai enfin découvert dans la dissection de l’aigle, du cygne, de l’oie, du pélican, de la grande grue, et du coq d'Inde. On le trouve enfoncé dans la rigole où les artères carotides sont rapprochées l’une de l’autre, le long de la partie antérieure du cou: là, il remonte sous la forme d’un filet très-délié. En haut et en bas il se divise eu deux branches : il entre avec la carotide dans le crâne, et il se termine par un ren- flement ganglio-forme avant de s'y engager; en bas il s'étend jusqu'aux nerfs du cœur et du poumon, et les filets du nerf splanchnique sont si manifestes dans la poitrine, qu’il n’est pas difficile de les découvrir et de les suivre jusqu’au bas-ventre. Les nerfs vagues sont très-volumineux, et les nerfs cervicaux forment DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 199 sur les côtés du cou un entrelacement dont les réseaux nombreux communiquent avec les nerfs précédens, et se distribuent à la peau. Celui qui considère un quadrupède après avoir pris connoissance exacte de la structure de l’homme, trouve entr'eux de si grands rapports qu'il passe sans étonnement de l’examen de l’un à celui de l’autre. Mais du quadrupède à l’uiseau , la chaîne est rompue : Vautruche elle - mème ne peut servir à les lier en- semble; car, à son pubis près, elle n’a aucun des ca- ractères propres aux quadrupèdes. Son squelette, ses poumons, son estomac, tout l’éloigne de cette classe d'animaux. Ainsi, l’anatomiste éclairé parses travaux, et sévère dans ses comparaisons, rejeltera les rappro- chemens grossiers, et se gardera bien de réunir ce que la nature a séparé. LES QUADRUPÈDES OVIPARES ET LES SERPENS. ? . Les habitudes et les formes des quadrupèdes ovi- pares el des serpens, offrent un tableau plus uniforme et plus sombre, Ici la chaleur vitale décroît en même temps que les poumons diminuent ; la respiralion se fait par de longs intervalles; la voix s'éteint ; le cœur n’a plus qu'un seul ventricule avec des oreillettes; la circulation se ralentit; la masse du cerveau se rape- üsse ; le squelette a la demi - transparence des cartila- ges; un œuftient aussi lieu de mammelle à l'embryon; celui-ci se métamorphose dans quelques espèces ; la fibre devient plus molle à mesure qu'elle acquiert plus 200 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES, de mobilité ; plusieurs de ces animaux ne se montrent, qu'aux approches de la nuit, pendant laquelle ils veil- lent, tandis que la plus belle partie de la nature dorts un seul genre a des ailes; quelques-uns marchent; (1) les autres n’avancent que par sauts; (2) la plupart rampent ; (5)enfin plusieurs sont dépourvus de dents, tandis que d’autres en ont de redoutabies parun poison caché, comme celui de l'envie, dont il est l'emblème. Les paupières et les yeux du caméléon, le cœur et les poumons irritables des tortues, du crocodile, du lézard et de la grenouille, le développement curieux. du tétard, les ouïes de la jeune salamandre, les ailes du dragon, les vertèbres et les mâchoires de la vipère, l'ovaire, les muscles et la peau des serpens, sont les caractères que j'ai choisis dans celte partie de mes recherches. ” LES POISSONS. “b Les fleuves, les lacs et les vastes bassins de l'Océan sont habités par des animaux dont il ne faut pas que le physiolosiste ignore la structure. Environnés d’un fluide qui cède facilement à leur impulsion , des es- pèces d'ailes dirigent leurs mouvemens et leur tien— nent lieu d’extrémités. Leur corps est: composé de muscles très-vigoureux. Des organes frangés agissent sur l'eau qui les pénètre, el la chaleur witale est en (1) Gradientia, (2) Salientia. (5) Repentta. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 201 raison de la petite quantité d’air qu’ils en sépareni. Une grande famille de poissons se rapproche des repliles 3 leurs onïes. très multipliées, sont fixées sur des demi- cercles cartilagineux , et leurs os sont de la même nature : ils ne reçoivent pas l’eau seulement par la bouche; quelques-uns ont aussi des trous particuliers, et ils la rejettent par d’autres ouvertures. Les poissons d’un troisième ordre ont des ouïes renfermées dans une seule cavité et attachées à des demi -cercles épi- neux ; ils avalent l’eau, et ils la rejetient par une euverlure particulière, qu'une membrane soutenne par des rayons, ferme en partie. Des poissons d'un quatrième ordre (1) tiennent un milieu entre ceux des deux premiers : leurs nageoires adhèrent à des rayons épineux., et ils rejettent l’eau par une seule ouverture, qu’une membrane rayonnée ne couvre point. Dans quelques poissons, l'estomac est épais et ar- rondi comme le gésier des oiseaux ; dans les autres il est à peine distinct des intestins. Des appendices nombreuses sont suspendues près du pylore. Ici, le cœur n’a qu'une seule oreillette comme il n'a qu'un seul ventricule. Le cerveau n'est qu’un assemblage de tubercules qui répondent à l’origine de principaux nerfs; et dans quelques-uns, des organes particuliers fixent la matière de l'électricité. La torpille et l’anguille de Surinam seront conside- rées sous cè dernier aspect. La lamproie, dont la partie —— (1) Les Branchiostèges. 202 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. supérieure de la tète est percée pour donner entrée à l’eau, sera comparée avec la baudroie et avec l’es- turgeon. On recherchera quelle est la forme des vessies aériennes que Gardan a prises mal à propos pour les poumons du coffre, et par quelle puissance le tétrao- don s’enfle et redresse ses épines. On décrira les'sin- gularités de la vessie natatoire du malarmat, les su- çoirs de la lompe, la tête de l’hypocampe, l’ovaire unique de la perche, les os verts de la mustela, l’or- gane par lequel le remore s'attache, l’estomac et les ailes du muge; enfin la structure du misgurn, dont les balancemens dans les eaux correspondent à ceux de l’hygromètre. s Tous les poissons sont ovipares. La fécondité des poissons épineux est une sorte de prodige ; des mmil- liers de grains tous propres à reproduire l'espèce; sont entassés dans leurs ovaires ,.et un conduit assez court sert de passage à ces pelits œufs. Dans la plupart des épineux anguilliformes , ces organes , disposés en grappe, sont situés hors de l’enceinte du péritoine. Dans l’anguille, c’est par la mème ouverture que sortent les matières excrémentielles et les œufs. On retrouve la mème structure dans la lamproie, et ce n’est pas le seul caractère que les anguilliformes par- tagent avec les cartilagineux. Dans ceux-ci les œufs, détachés des ovaires, tombent dans l'utérus : les petits y éclosent. Après ÿ avoir pris de l'accroissement, et quoique sortis du ventre de leurs mères , on les voit adhérer encore par un cordon ombilical à l'enveloppe qui les contenoit ; sorte de re- PP ARE RO ONE CET ST NOIR Re # DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 03 production qui semble tenir le milieu entre celle des animaux ovipares et celle des vivipares , et qui nous fait soupçonner que le mécanisme de la génération n'est pas aussi différent qu'on l’a cru dans ces deux + classes d'animaux. Les œufs des poissons branchiostèges proprement dits sortent comme dans les épineux ; mais dans quel- ques-uns (1) ils restent attachés à la partie exté- rieure de l'abdomen jusqu’à ce qu’ils soient éclos ; ou comme dans le cheval marin , (2) ils adhèrent aux parois internes de deux renflémens longitudinaux situés derrière l'anus, et qui disparoissent après le développement des petits M. Broussonnet , auquel ces observations appartiennent , pense que celte es- pèce de ponte est la mème dans tous les branchiostèges des mers des Indes : ajoutons qu’elle est analogue à celle de plusieurs quadrupèdes ovipares, etsurtout à celle de la grenouille appelée pipa. Ainsi appliqués à la surface du corps, les œufs des branchiostèges sont fécondés par le mâle. Un organe particulier sert, dans le gras mollet (5) à maintenir les imdividus des deux sexes réunis, et à protéger contre les flots toujours soulevés des mers du nord un accouplement qui doit être prolongé pour ètre utile, Celui des cartilagineux, tels que la raie et le chien de mer, se fait à la manière des serpens, c’est-à-dire à l’aide d’un organe double : Or (1 ) Les syngnathus sont dans ce cas. { 2) Ce poisson est un syngnathus. (3) Cyclopterus lumpuse 204 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES 4 ajoulons qu'il s'opère avec lenteur , et qu’il doit aussi durer lons-temps. Comme cet engourdissement, doux | peut-être, mais sans expression et sans chaleur, con- traste bien avec les agitations effrénées des quadru- pèdes pendant leur rut, avec la jouissance momen- tanée des oiseaux que frappe d’un coup. rapide la commotion de l'amour ; combien est riche et féconde ceile source de la vie où se régénère sans cesse la nature, au milieu des langueurs, des transports et des éclairs du plaisir ! L'œsophage des poissons est court et susceptible d’une grande dilatation. Il est fortifié , dans plusieurs espèces, par des bandes musculäires longitudinales très-fortes. Les poissons avalent quelquefois des ali- mens d’un très-grand volume, Dans ceux dont les- tomac oflre une cavité très- distincte du boyau, les intestins forment des circonvolutions plus étendueset plus nombreuses. Le squelette des poissons est composé de cartilages ou d'os que réunissent des ligamens très-serrés. On n'y voit point d'articulations composées de cavités et de tèles arrondies. Leurs os se joignent par des facettes diversement combinées entr’elles. Dans quel- ques espèces de silures ils représentents des cercles passés l’un dans l’autre à la manière des chainons. Les nageoires des poissons leur tiennent lieu d’ex- trémités. Celles de l'abdomen , presque toujours au nombre de deux, se meuvent horizontalement dans la plupart, et elles servent à soutenir l'animal à une ceïtaine hauteur. Linné les a comparées avec raison % . DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 205 aux pieds dont elles ont quelques usages. Celles de Ja poitrine sont employées pour faire tourner le corps auquel l'impulsion est donnée par laileron de la queue. Les nageoires du dos et de Panus maintiennent Véquilibre; et M. Broussonnet s’est convaincu par des recherches très-complètes dans ce genre, qu’elles sont toujours proportionnées au volume des parties anté- rieures du corps de l'animal , et qu’elles servent aussi dans quelques-uns, en augmentant la surface des ré- gions postérieures, à reudre la force d’impulsion plus grande. Mais quelqu'importans que soient ces usages, quelque frappans que soïent les rapports des nageoires avec les extrémités des quadrupèdes, on ne doit pas se permettre, à l’exemple d’un auteur moderne, de donner les noms de clavicules, d’omoplates et d'os des Îles aux osselets de ces organes, qui sont bien loin d'avoir ce degré de perfection et de mobilité que donnent aux bras et aux jambes ces os, dont il est évident que la famille des poissons est dépourvue. LES INSECTÉÆS, LES VERS, LES POLYPES. Le physiologiste, dont nous essayons ici de diriger l'étude, n’oubliera dans ses travaux, ni les insectes, qui paroissent plusieurs fois sur la scène du monde, toujours différens d'eux -mèmes, et dont la vie est un tissu de merveilles et un continuel déguisement ; ni les crustacées analogues aux insectes, dont les os re- couvrent aussi les muscles, et qui, se dépowullant f FR 206 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, chaque année de leur squelette entier, de la mem brane interne de l'estomac et de la tunique extérieure des yeux, semblent avoir été condamnés à partager leur existence entre les embarras d’une enveloppe qui se refuse à leur accroissement , et les injures auxquelles la mollesse et la nudité les exposent; ni les vers des coquillages, dans lesquels tout l'ordre des viscères connus est dérangé, dont les yeux et le cerveau ont une mobilité bizarre , dont les trachées servent à la fois à la respiralion et à la sortie des excrémens; qui, pourvus d’une trompe, sont la plupart carnivores, et sinon cruels, an moins très-voraces; dont la repro- duction offre toutes les combinaisons possibles des sexes, et qui ont tous cela de commun qu’ils voient chaque année s’accroître le volume et l'éclat de leur demeure en même temps que leur fardeau s’appe- santit. Le physiologiste n’oubliera point le cœur, organe çentral des méduses, les fils vibrans de Ces mollasses, les piquans, les trompes ni la bouche des oursins, ni le panache frangé des argus, ni ces vers qui, sous la forme d’une outre, cachent des entrailles et un cœur. Il considérera les animaïtx que la nature a destinés à vivre aux dépens des autres et qu'elle a mis à l’abri de toute injure en les logeant danstla profondeur des organes où ils naissent , se développent et meurent. Il s'arrètera à l’aspect de la famille nom- breuse des polypes, dont les individus € inemment contractiles, tanidl séparés, tantôt réunis, semblent n’ètre composés que de bras pour saisir leur proie et. d’un estomac pour s’en nourrir. À l’aide de la loupe; > LL eg ÉD mr a“ 5 LEE >". A7 PL L7 DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 207 il retrouvera dans le monde microscopique ce qu'il aura déjà vu, des atomes vivans qui s’agitent, s’at- taquent , se repoussent, se dévorent et se repro- duisent. Enfin, il comparera tous les êtres animés avec tous les végétaux que je définis, pour mettre le complément à ce système , des corps vivans dans lesquels la substance ligneuse tient lieu de squelette, dont les sucs, pompés par des vaisseaux capillaires, circulent et s’assimilent, où 1l se fait des sécrétions, une sorte de respiration, et qui engendrent, mais qui sont dépourvus du cœur, qui ne digèrent, qui n’ont ni sensations, ni mouvemens spontanés, Voilà sous quels rapports j'ai vu le règne vivant. N'observer , ne décrire qu’un animal , c’est, mesuis-je dit, ne tracer qu'un portrait, c’est n’étudier qu’un genre. J'ai osé concevoir le plan d’un tableau ; j'ai marqué les principaux traits qui m'ont paru de- voir entrer dans sa composition, et j'ai indiqué les divers genres anatomiques, dont il me semble que la connoissance approfondie dévoileroit celle du système entier de ces corps. Ceux qui parcoureront les tables où j’expose ces ré- sultats de mes recherchees, remarqueront que le nombre des individus tirés de la classe des vers y surpasse celui des animaux plus volumineux des pre- mières divisions. C’est que la structure de ceux-ci peut être facilement déterminée tandis que les autres, échappant au scapel par leur pelitesse, il faut les con- sidérer en famille , pour suppléer, par le nombre d’ob- servations faites à l’extérieur de chacun d'eux, à ce 208 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDIC LES... que la dissection nous dévoileroit, si elle étoit pos- sible, sur le mécanisme de leurs organes. Lorsqu'un animal, ou quelqu'un de ses viscères été préparé par la dissection, 11 y a deux moyens | de le rerdre utile à l’enseignement et aux progrès de Anatomie: le premier est de le conserver dans | un cabinet, le sggond est de le décrire. $ DESCRIPTION, L, Voir et décrire sont deux choses que chacun se croit en état de faire, et dont cependant peu de per- sonnes sont capables. La prémière suppose une grande attention et des lumières acquises dans le genresau- quel appartient l’objet que l’on observe; la seconde exige de la méthode et la connoissance des termes propres à donner une idée exacte de ce que l’on a vu. Avant Vesale, Galien et Sylvius sont peut-être les seuls anatomistes dont les descriptions puissent être citées avec éloge; encore le premier est-il sou- vent diffus, et le second quelquefois abrégé. Vesale n’a point mérité ces reproches. Plusieurs ont mis, comme Riolan, l’érudition à la place des connois=. sances exactes. Mais c’est surtout dans les écrits de Stenon, de Malpichi, de Heister, de Winslow, d’Al- binus et de Bertin qu’il faut chercher des modèles de description anatomique : on la: voit sous deux formes dans leurs ouvrages. Dans l’ostéologie de Ber- lin, ses détails sont très-clairss mais Jonguement DISCOURS SUR L'ANATOMIE, 209 écrits et exposés à la manière des professeurs qui en- seignent. Dans le traité de Winslow, à. l’aide de di- visions et de subdivisions régulières, sa marche est courte et rapide. Cette méthode est préférable sans doute, puisqu'elle dit les mèmes choses avec moins de paroles, et que, dans tous les cas, c’est rendre une formule très - vicieuse ; que denis er un grand | nombre de signes pour exprimer un petit nombre d'idées. Mais la méthode de Winslow, que je pré- . fére à toutes les autres, me paroïtra elle-même im- parfaite si on la compare avec celle des naluralistes. Ayant à décrire une longue suite d'objets, ceux-ci ont vu que, s'ils n’éloient pas très-rigoureux dans leurs définitions, très-précis et très- significatifs dans leurs phrases, leurs traités deviendroient très-volu- mineux et trop vagues. On a donc créé autant d’idiômes nouveaux qu'il ÿy a de branches dans l’his- toire naturelle; les botanistes ont donné l’exemple, La langue grecque a été mise à contribution : de nouveaux substantifs ont exprimé par un seul mot des idées très-complexes, et qui exigeoient aupara- vant, pour être entendus, le secours des périphrases ; d’autres termes aussi nouveaux ont déterminé les diverses modifications des corps, et leur valeur a été fixée en tête de chacun de ces systèmes. Au milieu de ces innovations, l Anatomie seule n’a fait presque aucun hante ad dans son langage. Comment, avec une nomenclature qui n’est presque point enrichie depuis Galien, pourroit-elle suffire à la description de tant d'organes nouveaux? Nous / T. 4, 1'£ 310 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, touchons donc au moment où notre science doi = 4 C: ! ’ A nn subir la révolution générale, et c’est une étude très= philosophique que celle des règles d'après lesquelles. doivent être établies sa nomenclature et sa méthode. Les réflexions suivantes contiennent le résultat de mes recherches sur cet objet important. DE LA LANGUE DES SCIENCES EN GÉNÉRAL, ET DE CELLE DE L’ANATOMIE EN PARTICULIER. \ Une langue pauvre, a dit ingénieusement un écri- vain moderne, (1) n’a jamais été celle d’un peuple riche. Les diverses sortes de langues se forment en effet et se développent dans la même progression vù le champ des idées s'étend; et soit que l’imagination s'élève , ou que la raison s’éclaire, il faut bien expti- mer d’une manière nouvelle des sensations que l’on n’a pas encore éprouvées, ou des combinaisons qui n’ont pas encore été faites. 11 n’y a point de nomen- clature ni de méthode qui ne puisse être changée par cette influence des progrès de l'esprit. A la vérité lorsque les idées ou les inventions nouvelles sont peu nombreuses, on peut quelquefois, sans rien détruire , les placer à la suite de l’enchaï- nement déjà formé; mais il y a un terme au-delà duquel on ne peut s'empêcher de refondre la mé- thode. Pour remettre l’ordre dans la faculté de penser, (1) De l'Universalité de la Langué française ; discours qui a remporté le prix de l’Académie de Berlin, en pp »in-8°., publié en 1785 , page 41. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. »11 il faudroit , a dit Bacon, refaire l'entendement hu- main. Nous dirons, pour remettre l’ordre dans l’en- tendement humain appliqué à l'étude de quelques sciences, il faut refaire leurs langues. Qu'est-ce en effet qu'étudier une science ? C’est acquérir des idées de toutes les parties qui la composent, c’est associer ces idées , de sorte que leurs impressions se repro- duisent d’elles-mêmes et se succèdent sans effort et sans travail; c’est les ordonner de manière que les - unes, d’individuelles qu’elles étoient , devenues gé- nérales , se sous-divisent en classes, genres et espèces, tandis que les autres , isolées , attendent des filiations nouvelles; c’esten allant du connu à l'inconnu, veiller sur l'exactitude des faits, dans l’observation comme sur la chaîne des jugemens intermédiaires dans le raisonnement ; enfin , c’est apprendre à mettre en œuvre loute l’activité de l’esprit, en fixant par des paroles et des signes, la nature et les rapports de la | pensée. Condillac , qu’on ne loue point assez, Condillac, | aussi grand que Locke, au moinsdans quelques parties à x « , ’ …. de ses ouvrages , après avoir prouvé que la faculté A Ê e “ de sentir est le foyer de toutes les autres, a dit le Ÿ premier que les langues ne sont que des méthodes “ analytiques. Il suit de ces réflexions que l’art de rai- sonner n’a commencé qu'avec elles; que cet art ne ; peut s'exercer sans les formules dont est composé le … langage, et que plus on abrége le discours, plus en … rapprochant les idées, on rend l'exposition claire, les " comparaisons faciles et les résultats certains. L LL d 212 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Puisque tout le langage est une analyse , combien n’importe-t-il pas, dans l’étude des sciences, de per- fectionner des méthodes à l’aide desquelles les diverses parties d’un tout sont séparées, examinées, connues, nommées, comparées et réunies ! Long -temps les seuls géomètres surent employer ces procédés utiles : les physiciens et les naturalistes ont enfin appris à s’en servir, On demande pourquoi Linné a donné le nom de philosophie botanique (1) au traité dans lequel” sont consignés les principes de sa nomenclature ? C’est que ce grand homme a compris que la base de tout édifice de l'esprit est la science élémentaire des mots, sans laquelle nul genre de connoissances ne peut ni s'élever , ni s’affermir. Les auteurs des premiers noms assignés aux subs- lances des trois règnes , se sont servis d'expressions qui n’avoient aucune liaison entr'elles : l’analogie et le hasard en ont fourni le plus grand nombre, Diverses considérations religieuses , divers sentimens de recon- noissance et d'amitié, les inspirations mêmes de l’or- gueil ou les prévenances de l’adulation ont fait le reste, et l’on a vu la liste des productions de la nature sur- chargée de noms bien étrangers à son culte. Linné, témoin de ce désordre , résolat d’y remédier : bientôt disparurent du catalogue toutes les dénominations relatives, soità ces personnagesauxquels sont assignées d’autres places dans l’histoire , soit aux grands que la flatterie place partout, soit mème aux savans des JUS NU jui, : 7 Hijju its 'UNNNESERRSSSES (1) Philosophie botanica. + Sc. ASS dei DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 91% autres classes. C’est dans le ciel que doivent être écrits les noms des Cassini ; c’est aux plantes qu’il convient de donner ceux de Tournefort et de Linné , Comme c’est sur les replis du corps humain que Fallope et Sylvius ont imprimé le sceau de leur gloire. Linné rejette, avec raison , les dénominations trop longues ou embarrassées , d’une prononciation trop dure, ou qui, composées de deux racines, l’une grecque et l'autre latine, offrent un assemblage monstrueux et bizarre. Mais doit-on également adopter son avis, lorsqu'il refuse d'admettre les noms que certaines finales (1) terminent, ou ceux dont les racines ne sont. ni latines ni grecques? Pourquoi , dans le premier cas, se priver d’un moyen facile pour distinguer certaines classes entr’elles ? et, dans le second, pourquoi ne pas préférer à des noms factices ceux que les naturels des différens pays donnent depuis si long -temps aux corps que nous voyons pour la première fois ? Linné blâme encore les noms génériques composés de deux mots distincts. A la vérité cette construction vicieuse en général , est gènante dans le discours et dans les détails des espèces ; mais lorsque les deux mots composans géunis n'en forment qu'un, loin de trouver des inconvéniens dans cette sorte de nomen- clature , jy vois de grands avantages, en supposant toutefois que chacun des mots ainsi confondus ex- prime quelques rapports essentiels de conformation , de situation ou d’usage, Nous employons souvent, L& (1 )En aides, ella , strum , ser , arie, a“ s14 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. en Anatomie, des noms ainsi composés ; et c’est tou jours avec profit pour les étudians, qui ne peuvent les prononcer sans se rappeler les relations ou la structure des parties auxquelles de pareils noms sont donnés. (1) Comme un fait nouveau n’est qu’un rapport dé- couvert entre quelques-unes des parlies du grand système de la nature, il ne suffit pas d'indiquer ce fait par un mot, il faut de plus exprimer ses rapports par des adjectifs dont le sens soit bien déterminé. Or, en Anatomie, nous avons peu de ces dénominations spécifiques propres à désigner les qualités individuelles des corps. La plupart des noms que les naturalistes ont adoptés peuvent aussi nous servir : n’appartien- nent-ils pas à la description des surfaces extérieures ? En les empruntant et en les appliquant aux surfaces intérieures, j'en ai fait un usage que je crois légitime et permis. Lorsqu'il a fallu en créer de nouveaux, je les aitirés surtout de ces termes qui, tenant à beau- coup d’autres, et étant connus par de nombreux dé- rivés, ont une signification facile à transporter dans plusieurs langues. J'ai toujours fait connoître leurs synonymes latins et français, et jegme suis efforcé de mettre entr'eux une telle correspondance , et entre quelques-uns une telle opposition, que toutes les pro- (1) Pour résumer, il faut que les noms généviques ne soient composés que d’un seul nom ; que leurs racines n’appartiennent pas à plusieurs langues ; et s’ils sont de nouvelle création, qu'ils expri- ment la situation, la structure ou les usages des organes auxquels Is sont attribués. # » = DISCOURS SUR L’'ANATOMIE. 515 priétés des corps pussent être facilement et briève- ment exprimées. On se tourmente souvent , dit Condillac, pour définir des idées simples, tandis qu’il ne faut que les énoncer. La définition doit en effet se borner à montrer l'objet x elle est vicieuse , si elle le suppose déjà connu. Trop courte, elle n’a pas la netteté de l'idée ; trop longue , elle n’a pas l'exactitude de la description ; et dans les deux cas son but est manqué. Dans l’ordre de nos recherches, il faut choisir les mots propres à la formation des noms génériques et spécifiques avant de définir ; et il faut définir avant d'analyser. L'analyse ou la division est, au fond, la mème opé- ration de l'esprit : c’est dans la succession naturelle des idées, c’est dans la manière dont on les acquiert et dont on les enchaine qu’il faut chercher les élémens de cette méthode. En suivant une autre route, l’es- prit se fatigue et finit toujours par s’égarer. Lei tous les termes ne sont pas connus. C’est dans la combinaison des vérités déjà décou- vertes qu’il faut chercher celles qui ne le sont pas encore. Ici deux excès doivent être soigneusement évités, et cette précipitation qui se hâte de croire , en substituant la confiance au doute et l'hypothèse à la démonstration, et cette extrème timidité qui, sans Ja connoissance exacte des principes , n’ose avancer dans la carrière. Que ceux qui sont dans le premier cas apprennent , s’il en est encore temps , à marcher dans les sentiers de l’analyse, et disons aux autres 216 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,. qu'il n’est pas nécessaire de remonter aux premières causes pour dégager de toutes suppositions arbitraires le peu de connoïissances que Von a sur les sujets les plus embarrassés. À mesure que Pon observe un ordre de phénomènes constans, il faut le désigner par une dénomination abstraite, S’est-on assuré qu’une force particulière régit ou produit certains mouvemens dé- terminés, quoique l’on ne connoisse que l'existence de cette force, il faut encore l’exprimer par un mot convenu. Maissurtout que l’onse garde bien de donner à ces termes plus de valeur qu’ils n’en ont réellement, et que l’on ne perde jamais de vue les rapports dont ils sont les signes, si l’on veut éviter la méprise et Perreur. C’est encore à l’art de créer les langues, qu’il appar- tient de choisir des mots pour fixer l’abstraction des idées , et ce choix n’est pas indifférent : l'exemple suivant en donnera la preuve. Des phénomènes sans nombre et des expériences multipliées ont appris que les nerfs sont le foyer de la sensibilité des organes et de l’irrilation des muscles. On a imaginé un agent pour expliquer ces effets, et lon a donné le nom d’esprits animaux au fluide dont on a gratuitement supposé que les nerfs étoient remplis. Ici lon a commis une grande faute |, en donnant un nom individuel au lieu d’un nom abstrait à une pro- priété peu connue. Combien, en se servant pour la désigner d'une expression générale, telle que cellede: force nerveuse, on auroit épargné d'erreurs aux mé- decins et de mauvais raisonnemens aux physiologistes! DISCOURS SUR L'ANATOMIE 917 Les termes qui disent autre chose que ce qu’ils de- vroient exprimer ne sont pas les seuls qui doivent être compris dans notre réforme; plusieurs sont impropres ou insuffisans, et ils ne doivent point être épargnés. Je rapporte à ceux-ci les divisions numériques , de premier ; second, troisième , etc. , qui ne donuent au- cune idée précise de situation ni de forme, et dont l'ordre peut être troublé par des observations nou- velles, comme je lai prouvé dans cet ouvrage, au sujet des nerfs. Parmi ceux-là doivent ètre comptées les dénominations de vraies et de fausses , de dur , de mol , de grand , de petit, de honieuses , d'ailes , de bouquet , d'accessoires , de sublime, d'humble, d'admi- rable , etc. Toutes ces locutions seront rejetées comme incorrectes, insignifiantes, et comme tenant à la fois de l’imperfection et du mauvais goût. De mème que l'homme le plus simple et le plus dé- pourvu d'imagination ne peut parler long-tempssans métaphore le Jangage des sciences de description , le plus froid et le plus mesuré de tous les langages ne peut se passer d'expressions imitalives et figurées. On dit souvent en Anatomie, qu'une partie organique monte, se porte, descend, s'étend, se dirige, passe, s’allonge, s'élève, s’abaisse, s'enfonce, s’épanouit, pé- nètre, se montre, se présente, etc. Je crois qu’il seroit très-difficile de renoncer tout-à-fait à ces expressions; mais je désire qu'on n'en abuse pas, que lon s’en tienne le plus souvent aux verbes auxiliaires, en y joignant des adjectifs on des adverbes, et que souvent même on rende la marche plus rapide, en supprimant 218 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES. les verbes qu’il est nécessaire et pénible de varier lors- qu’on les prodigue. < Ce qui a le plus contribué à rendre les descriptions informes et prolixes, c’est l’usage où la plupart des auteurs sont de s’interrompre pour disserter sur ce qu'ils exposent. Cette marche est contradictoire aux principes que j'ai établis. Elle rend l'analyse impar- faite et mème impossible pour le lecteur, qui ne peut se permeltre aucun raisonnement sur des faits qu’il ne connoît pas encore. La description doit donc être sé- parée de la théorie; et c’est en ne les confondant point ensemble que leur valeur réciproque augmentera, l’une: gagnant en précision ce que l’autre acquérera de force, de lumière et de simplicité. Ce seroit peut-être une entreprise utile que de subs- üituer à la nomenclature ancienne de l Anatomie une nomenclalure entièrement nouvelle dont les noms eussent, dans les différentes classes, une correspon- dance régulière par leur genre , par leur composition et par leurs finales, et dont la distribution métho- dique, soumise à des règles constantes, füt telle que l'esprit en conçüt facilement le projet et que la mé- moire en gardät sans peine le souvenir. Ce travail, analogue à celui dont plusieurs chimistes illustres ont publié le plan pour la science qu’ils cultivent ; semble devoir ètre l'ouvrage de ce siècle éclairés mais jai pensé qu'avant d'y procéder, il falloit revoir avec le plus grand scrupule toutes les parties de la science anatomique, et ne se décider qu'après le plus mûr examen, | En DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 19 Farin a fait paroître, en 1743, un Dictionnaire (1) dont je me suis beaucoup servi dans mes recherches. Jai trouvé dans les écrits de Linné, dans ceux de na- turalistes modernes, et surtout dans le 7’ocabulaire de Botanique publié par M. Bulliard, (2) un'grand nombre de termes que j'ai cru pouvoir adopter. Autour de ces mots primitifs, j'ai distribué leurs dérivés, leurs accep- tions, leurs divisions, leur synonymie, et je les ai fon- dus avec les noms anciens, de sorte que ce n’est pas une langue nouvelle que je propose aujourd'hui, mais une langue renouvelée et enrichie d'expressions déjà familières à plusieurs parties du moride savant, entre lesquelles on ne sauroit trop multiplier la correspon- dance de la parole et de la pensée. SUR LA DESCRIPTION ANATOMIQUE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX COMPARÉS ENTR'EUX. Cette matière est si neuve , et les anatomistes s’en sont si peu occupés, qu’ils paroissent ignorer quels soins préliminaires 1l faudroit prendre pour se disposer à l'exécution d’un projet dont quelques-uns ont parlé, mais sur lequel il est évident que personne encore n’a réfléchi. L'homme marche droit : il est, comme je l'ai dit ci-devant, soutenu sur le talon et sur toute la plante du pied; sa tète occupe la partie supérieure; le ventre, mé (1) Dictionnaire anatomique , suivi d’une Bibliothèque analo- mique et physiologiste, par M.Tarin , in 4°, 1743. (2) Dictionnaire élémentaire de botanique , etc. par M. Bulliard, in-fol., Paris, 1783. Le pt . . 220 SCIENCES PHYSIOE. ET MEDICALES. - * la partie antérieure, et le dos est situé en arrière. Dans les reptiles et dans les poissons, au contraire, la tète est en devant, le ventre en dessous, le dos en dessus. La ligne suivant laquelle le corps de l'homme est dirigé, et qui est verticale, fait avec celle du reptile et du poisson un angle de 90 degrés. Dans les quadrupèdes proprement dits, on distingue, 1°. la tète et le tronc qui sont dans une situation horizoniale, comme le reptile et le poisson; 2°. les cuisses et les jambes qui sont dans une direction verticale, comme celle de l'homme. Ce qui rend la position des quadrupèdes encore plus compliquée, c’est que la plupart de ces animaux, comme je l'ai dit au commencement de ce discours, ne marchent que sur les doigts et ont le ta- lon relevé. Les extrémité postérieures des oïseaux sont aussi dans une situation verticale; mais leur corps Le Gue pn ère est dirigé obliquement, et semble tenir le milieu entre la position de l'homme et celle des quadrupèdes. Les singes ont aussi le tronc dans une direction oblique. D'où il suit que les parties qui sont supérieures dans lhomme, deviennent antérieures dans le tronc des quadrupèdes, dans les reptiles et dans les poissonss obliquement tournés en devant dans les singeset dans S EE les oiseaux; que s’il s'agit des cuisses et des jambes, la position est la même dans l’homme, dans les quadeu- pèdes et dans l'oiseau; mais que s’il est question du M pied, ce qui est supérieur dans l’homme devient an- térieur dans la plupart des quadrupèdes, parmui les- quels on observe un grand nombre de variétés à cet égard. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 991 Je suppose que l’on ait à décrire et à comparer les différentes parties d’un organe commun à ces divers animaux, et dans lesquels on reconnoisse six faces comme dans un cube, On suivra sans doute dans leur dénomination l'usage reçu parmi nous, c'est-à-dire qu’on les diviseraen supérieure, inférieure, antérieure, postérieure , droite et gauche. Ces deux derniers noms ne varient point et peuvent être également employés dans tous les cas; mais on voit que les quatre pre- miers cesseront d’être comparables lorsqu'ils seront appliqués à l’homme, aux singes, aux quadrupèdes proprement dils, aux oiseaux, aux repliles et aux poissons. Il faudra s’interrompre pour avertir que la face antérieure de lun répond à la face inférieure de Vautre, et que, dans un troisième, elle estoblique;il faudra dire que la nomenclature est la même pour certaines parties des extrémités, et qu’elle diffère pour quelques autres: ce qui rend le discours obscur, en troublant toujours l’attention du lecteur. Je sais bien qu’en plaçant sur une table tous les corps des animaux dont on se propose de décrire les organes, ou en les redressant tous sur leurs ex. trémités postérieures , on pourroit leur appliquer une nomenclature commune ; mais dans la première sup- position l’on cesseroit d'appeler supérieures les parties qui répondroient à la tête; la plante du pied seroit postérieure, au lieu d’être inférieure ; et ce seroit l’homme que l’on rapprocheroit des quadrupèdes, La seconde supposilion laisseroit subsister la nomen- clature employée dans nos livres pour l’anatomie de 322 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, l'homme. Mais si l’on redressoit ainsiles quadrupèdessur leurs extrémités postérieures , il faudrait placer ausst dans la situation verticale , à côté de l'homme les sere pens, les poissons et les vers, tableau qui répugne au bon goût el à la raison. L’uilleurs, dans ces deux hypo- thèses, l'esprit seroit toujours occupé des transposi- tions à faire pour réduire chacun de ces animaux à sa position naturelle, etce travail seroit plus pénible que celui dont on se seroit proposé d'éviter l’embafras par ce grand bouleversement. Si les anatomistes qui ont disséqué jusqu'ici le eorps de l’homme et celui des animaux n’ont point aper- çu ces difficultés , c'est que le plus souvent ils ne le ont point comparés entr'eux, ou qu’en les comparant ils ont considéré la masse totale des viscères sans parler des détails qui sont indispensables dans le plan que j'ai tracé. dé, Ces considérations m’autorisent à dire que lon a eu grand tort d'admettre comme primitives des di= visions qui ne conviennent qu’à l’homme seul et nul- lement aux autres animaux avec lesquels on doit les comparer; que les mots antérieur, postérieur , supé- rieur, inférieur, ne doivent être regardés que comme des attributs, et jamais comme des caractères géné- riques, etque, sans cette réforme, notre science ne fera jamais de véritables progrès. Les principes suivans contiennent labrégé de la doctrine que je viens d'établir. 1°. Tout organe que l’on se propose de décrire doit être traité comme un solide géométrique dont on 14 # ® DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 223 examinera d’abord à l’extérieur les faces, les bords, et les angles , et donton considérera ensuite l’intérieur ; avec les mêmes divisions. | 2°. Dans les dénominations que l’on donnera aux faces, aux bords et aux angles de ces organes, on n’emploiera que des noms que l’on puisse appliquer à tous les animaux qui en seront pourvus ; et ces noms seront composés des parties les plus remar- quables de ces organes , ou de ceux des régions en- vironnantes , ou des usages , lorsqu'ils seront bien déterminés et assez faciles à saisir pour qu’il ne puisse y avoir aucune équivoque à cet égard. 5°. 11 n’y a point d'expressions qui puissent rem- placer , dans toute l'étendue du corps de l’homme et des animaux , comme caractères de division générale, les mots antérieur , postérieur , supérieur, inférieur £ parce que les extrémités postérieures des quadrupèdes étant dans une position perpendiculaire comme celle de l’homme, tandis que le corps ést horizontal, nulle dénomination ne peut être commune à des circon- tances aussi différentes. Il faudra donc substituer à ces quatre termes des expressions propres à chacune des grandes régions du corps des animaux. Citons pour exemple l’os ethnoïde, qui est cubique. Quatre de ses faces cérébrale, nazale , sphénoïdale ; ou si je veux employer des noms plus généraux, et com- muns à tous les os de la tète, j’appelerai syncipital celle des régions qui est dirigée vers le sommet de l'os frontal , ou synciput ; basilaire, celle qui répond à la base du crâne ; /acjale, celle qui est tournée vers 204 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICAT la face; et occipitale, celle qui l'est vers l’occiput, On voit que cette nomenclature peut s'étendre à tous les animaux qui ont une tèle osseuse, puisque, dans tous le synciput est opposé à la base du crâne et la face à l'occiput, J’ai indiqué dans le vocabulaire, au mot POSITION, le développement de cette nouvelle méthode et son applicalion aux diverses parties du corps et des extrémités. 4, Non-seulement les régions correspondantes du mème organe doivent être désignées de la même manière, mais ces organes doivent aussi porter le mème nom dans tous les animaux ; sans quoi les rap- prochemens que nosiravaux requièrent ne pourroient jamais s'executer. Ce seul principe suffiroit pour exiger de grands changemens dans la nomenclature de l'anatomie de l'homme et des animaux: un muscle très-connu sera cité pour exemple. Le muscle biceps du bras n’a qu’une tête dans les quadfupèdes qui ne sont pas claviculés. Le nom de biceps ne peut donc pas lui être conservé dans un tableau général d'anatomie. Je préférerois celui de radio-scapulairc, qui désigne ses principales insertions dans l’homme et les quadrupèdes. Ici les anatomisies ont encore donné un nom d’attributpour un nom de genre, ce qu'il faut toujours éviter. Pour établir un système entier de nomenclature anatomique , il faudroit donc avoir rassemblé tout ce que l’on sait sur la structure des animaux ; et cette partie de nos connoissances n’est pas assez avancée pour qu'on puisse exécuter ge grand projet. Je ne Sr h m on “+ # » DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 25 pouvois donc enoffrir qu'une ébauche: peut-être serai. Lu je un jour plus hardi, lorsque j'aurai achevé les trac vaux que j'ai commencés. En soumettant dans un voe- cabulaire tous les mots dont je dois me servir à un examen rigoureux, je me suis proposé de rendre mes descriptions plus intelligibles, et de concourir, autant qu'ilétoit en moi, à celte réforme générale dont il paroît que tous les nomenclateurs sont actuellement occupés. PÉRORAISON. Ainsi , tandis que les sciences font chaque jour des progrès, leurs idiômes s’enrichissent, et avec eux se perfectionne l’art de penser. Les expressions techni- ques, reconnoissables, et pour ainsi dire les mèmes dans tous les pays, forment en quelque sorte une langue universelle , également écrite, entendue et parlée par tous les peuples. Cette langue a resté long- temps incomplète, Celle de l'imagination a dû se dé- velopper la première; mais aussi sa marche rapide a dû se ralentir. Renfermé trop long-temps dans les mêmes limites, fatigué par la répétition des mêmes images , envirouné de modèles qui le subjugueut, étonné par tant de succès qui sont eux-mêmes un obs- tacle à des succès nouveaux, le génie des lettres wa pu conserver loule sa force en voyant diminuer ses espérances. Mais alors, docile à la culiure, le champ des sciences et des arts s’estcouvert de inoissons abon- dantes ; le domaine de la vérité s’est accru: ses divers langages se sont agrandis, ils s’agrandiront encore. Des combinaisons inattendues, des observations et des dé- T2 19 226 SCIENCES PHYSIOL,. ET MÉDICALES. couvertes sans nombre acheveront de dévoiler la na- ture; des imitations de toute espèce reproduiront à tous les sens le spectacle de ses merveilles; des idées ï des images , des métaphores nouvelles, prépareront de nouvelles jouissances à l'imagination , qui redeviendra féconde; sa langue se régénérera; l’esprit reprendra | sa jeunesse et sa fleur; et s’il les perd encore, de nou- veaux progrès des connoissances les lui rendront sans doute : tant il est naturel de croire que, parmi des peuples dont les yeux sont pour toujours ouverts à la lumière, le génie doit, porter alternativement l’em- preinte de ces différens modes , en passant d'âge en âge par toutes les nuances de la maturité ! La liaison des sciences et des lettres est donc plus grande que certains détracteurs ne le donnent à pen- ser, puisque les unes et les autres s'ouvrent mutuelle- ment la carrière, ou plutôt n’en forment qu’une où se développent toutes les facultés de l'esprit. Que l’on compare les écrits des modernes sur les sciences avec les ouvrages de ceux qui les ont précédés, et l’on verra combien est grande la supériorité des premiers sur les seconds. Sans doute, il ne s’agit ici ni de l’ornement ni de la pompe du discours; sans doute, on n’exige pas qu’un physicien soit éloquent comme M. de Buffon, niqu'il ait les grands talens de cet hommeillustre, pour qu’il lui soit permis d'écrire sur la nature:je ne parleque de la méthode, de la précision et de la clarté, qui sont les qualités les plus recommandables du style. En vain ceux quine les possèdent pas affecteront du mépris pour elles; en vain is diront qu’il importe peu de quelle ma- * % " nt # DISCOURS SUR D'ANATOMIT. nière un fait soit écrit : on leur répondra que, d 22 ans l’histoire des sciences ainsi que dans celle des hommes, comme il n’y a qu’une manière de bien voir, il n'y en a qu'une aussi de bien décrire ; qu’un fait n’est plus identique dès qu’il est raconté de plusieurs manières; que l’image, comme l’idée qwelle exprime, est une; eLque parmi les infidélités qu'on reproche aux obser- vateurs, il en est beaucoup qui tiennent à ce qu'ils ont Mal dit ce qu’ils avoient bien vu, Plusieurs de ces infidélités tiennent encore à ce que la plupart expriment plutôt leur sentiment que le fait lui-même. A la vérité, pour bien voir, il faut le plus souvent aussi bien juger. Ici, deux routes sont ou vertes : l’une est tracée par la routine, par l'habitude, par une sorte d’instinct; c'est celle de presque tous les hommes dans les détails de leur profession ordinaire : dans l’autre, on est guidé par les principes de Panalyse ou de la synthèse; l’on suit une méthode générale ap- plicable à tous les cas, et l’on peut ainsi s'élever aux. résultats de tous les ordres. La première condition, dans cette recherche , est sans doute de n’admettre un fait qu'après lavoir con- sidéré sous toutes ses faces, et avec des yeux exercés. La seconde est de ne tirer de chaque observation que . les conséquences qui en résultent immédiatement, et . de ne point aller au-delà de ces conséquences. « En deux mots, agir en physicien et raisonner en géomètre, voilà ce qu’il faut faire pour n’êlre point trompé, et pour ne tromper personne, Tant que l’on n'opère que sur des machines, on n’a, 228 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. pour ainsi dire , à veiller que sur soi-même ; maïs lorsqu'il s’agit d'expériences dans lesquelles ce sont des. hommes que l’on observe, les sources du prestige de-! viennent plus nombreuses et comportent plus-de dan-! ger ; ceux que l’on soumet à une épreuve deivent tout crainäre , et l’on a tout à redouter de leur imagination exaltée ou séduite; c’est elle qui a rempli le monde d’agens supposés devant lesquels la raison se tait, et qu'il est de l’intérêt de l'humanité de combattre et d’anéantir. Que l’on se sonvienne surtout que l'espèce de raisonnement par lequel on remonte aux causes, est de tous, celui qui exige le plus de savoir et de mé- thode , et qu'il n'appartient qu'à un petit nombre d'hommes de s’en croire capables. Que l’on se sou- vienne encore que les yeux les plus attentifs, lorsqu'ils ne sont pas accoutumés à un genre d'observation, señt, sous ce rapport , des instrumens très-imparfaits et dont il faut se défier, parce qu’il ÿ a pour eux mille sources d'erreur. Nous ne pouvions trop nous recueillir, mes lecteurs W et moi, au commencement d’un aussi long ouvrage. (1) Je devois exposer mes vues sur la réforme de notre no- menclatureset avant d'entrer dans les détails de la struc- ture desorganes, j’ai voulu placer en tète un résumédes connoissances anatomiques dont les naturalistes ont fait üsage , afin de montrer dans son ensemble le ta- bleau de la science à laquelle j’ai consacré mes veilles, M D (1) La lecture de la Dissertation dé Bergman, de indagande vero , est Lrès-propre à faire sentir la nécéssité d’une marche sage et W mesurée dans l'étude des sciences. Sn 2 " se Le. he, DISCOURS SUR L'ANATOMIE. TROISIEME DISCOURS. Le Ve a a %e Va 91 ExposiTion des caractères qui distinguent les corps vivans , et idée générale de l’organisation des plantes et des animaux. Nvorre science ne touche l’homme d’aussi près que V’Anatomie, et cependant il n’en est aucune qui soit aussi négligée. Les médecins et les chirurgiens sont les seuls qui s’en occupent, parce qu’ils en ont besoin pour leur instruction , et que le public les estime d'autant plus, qu’ils l’ont étudiée pluslong-temps. Mais elle n’est point, comme l'histoire naturelle etla chimie, cultivée par des amateurs, qui consacrent à son avan- cement leurs fortunes et leurs veilles. Sans doute, il répugne à l’homme de voir d'aussi près son néant; il fuit ce triste spectacle , et il consent à s’ignorer lui- mème, plutôt que de s’afiliger à la vue de tant de misères. Le premier dégoût une fois surmonté, cette étude offre cependant un champ vaste et fécond en merveilles ; elle détruit des préjugés nombreux; elle donne une explication d’un grand nombre de phéno- mènes , que chaque jour reproduit; elle rectifie les idées fausses qu'on peutavoir prisessur l’économie animale , et parmi les erreurs qu’elle dissipe, il n’en estaucune qui n’expose à quelque danger. Les philosophes de- vroient au moins prendre une teinture decettescience ; sans laquelle , lorsqu'ils auront à parler de la nature 230 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES. de l’homme, de ses appétits et de ses besoins , ils de- meureront toujours au-dessous de leur sujet. Û L'homme est parmi les corps vivans celui dont organisation est la mieux connue. On a aussi dissé- qué les autres animaux et les plantes, et on s’est enfin apercu que c'est la comparaison des organes , consi- dérés à diflérens intervalles , dans le système des êtres, qui peut répandre le plus de jour sur le mécanisme et sur l'usage -de leurs parties. Cette comparaison , au reste , est très- peu avancée : on a beaucoup recueilli et on a peu comparé; jamais on n'a travaillé sur un plan commun. Chacun a décrit à sa manière ,et dans l’ordre qui convenoit le mieux à son système ou à ses habitudes; quelquefois même sans aucun ordre déterminé, Il n’y a rien eu jusqu'ici d'arrêté dans lanomenclature ; et parmi tant de mor- ceaux si dissemblables , quel œil seroit assez habile pour distinguer, sans un long et pénible examen, les différences et les rapports! Quelque soit l’état des connoïssancessur cette partie des sciences naturelles, on peut cependant réunir etpré- sentersous un même point de vue, plusieurs résultats d’an grand intérèt et quelques vérités générales. IDÉE GÉNÉRALE: Des caractères des corps organisés. Je divise les corps naturels en deux grandes classes; la première comprend les corps bruts, la seconde les corps vivans, ; I DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 951 Dans ceux-ci, les organes , par des mouvemens propres, inhérens etspontanés, croissent dans toutesles dimensions à la fois, se nourrissent et se reproduisent, Dans ceux-là , l'attraction , soit qu’elle agisse seu- lement sur les masses, soit qu’elle donne aux parties similaires des corps diverses impressions , d’où résul- tent des formes déterminées, est le grand agent qui les meut, qui les modifie, qui les fait passer par divers états successifs ; c’est l’attraction qui règle les nom breuses variétés des cristaux , dans la composition des- quels entrent des parties intégrantes , homogènes et d’une combinaison parfaite. Ainsi, veut-on distinguer les corps bruts d’avecles corps vivans ? Toutes les fois qu’on trouvera un corps naturel ayant une forme constante, mais qui peut être divisé mécaniquement en parties d’une nature diffs- rente, el qui cependant est essentielle à sa formation, on en pourra conclure que c'est un corps végétal ou animal, c’est-à-dire, un corps vivant. Quelques naturalistes ont donc eu tort de regarder lesfucus comme des cristallisations, puisque ces corps sont composés de parties très - différentes les une des autres. En général les formes cristallines sont angulaires, tan- disque les formes végétales et animales sont arondies. La forme organique des végétaux et des animaux est toujours disposée de la manière la plus avantageuse à la vie, à l'accroissement de l'individu et à la conser- vation de l’espèce; rien de semblable ne peut résulter de la forme constante des cristaux, dont la massene 252 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. s’'augmente que par juxla-position, et dont les diverses molécules n’ont rien de commun entr’elles que la force qui les unit. NÉE : Les corps vivans sont toujours composés de parties solides et de parties fluides très-distinctes les unes des, - autres, tandis que l’on ne trouve en général dans les cristaux que des parties solidifiées, La formation des cristaux qui croissent par l’appli- calion de lames successivement ajoutées à leurs sur- faces, offre quelque analogie avec les végétaux. Dans ceux-ci, les couches se répandent sous l'écorce, c’est- à-dire, sous un organe disgestif, qui prépare la matière avaut qu’elle serve au développement de lindividus mais le cristal n’a pas besoin d’un tel organe, puisque la substance qui sert à son accroissement, est déjà sem- blable à ses autres parties ; la propriété d’attirer les principes homogènes, et de rejeter les principes hété- rogènes, est attachée à chacun de ses points , et elle ne dépend pas, ainsi que dans le règne vivant, de la mobilité d’un organe. Tous les cristaux qui appartiennent à une mème espèce , renferment ,comme cristal inscrit, un polièdre d’une figure constante, Quelques variées que soient les formes extérieures, ce polièdre est la forme primitive; les autres ne donnent que des formes secondaires. Celles-ci sont produites par une superposition de lames appliquées sur le noyau , et qui décroissent , suivant des lois simples et régulières, par des soustractions d’une ou de plusieursrangées de molécules intégrantes, L'existence de ces lois , prouvée par l’accord des cal- DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 933 culs, avec l'observation des angles, est le fondement de cette théorie, La plus légère réflexion fait voir com- bien ces principessont loin de pouvoir être appliqués, soit à la composition, soitau développement des corps vivans. Nous reconnoissons neuf caractères ou propriétés générales de la vie; savoir : 1°. la digestion ; 2°. la nutrition ; 5°. la circulation; 4°. la respiration ; 5°. les sécrétions ; 6°. l’ossification ; 7°, la génération ; &°. l’ir- ritabilité ; 9°. la sensibilité. Tout corps dans lequel on observe une ou plusieurs de ces fonctions doit être regardé comme organisé et vivant. Il est hors de doute que les végétaux doivent être rangés dans cette grande division; ils se nourrissent, quelques-unes au moins de leurs parties se meuvent ; ils croissent et se reproduisent; des humeurs circulent; * ils se fait en eux des sécrétions et ils ont une sorte de respiration. Mais la sensibilité est le grand caractère de la vie animale. Le tableau suivant fera connoître quelles sont, dans les différentes classes, l'influence et l'étendue des neuf fonctions que nous avons admises, TABLEAU des fonctions ou caracteres propres aux Corps vivans. qui ont un ou veu , £ l’homme, les qua- \ sieurs estomacs bien, 2 q LL - | Pere lrupèdes , les céta- 2°. DIGESTION, | Corps vivansi distincts de pen) RETRACE . Icées , les oiseaux phage et du conduit} |. PL 2 ? F 3 ge a. \ intestinal : { < < | T 19, DIGESTION. Corps vivans 3°, NU De vivans (1) On distingue anjourd’ui les mol- Tusques des vers, et l’on sait que les pre- miers,qui respirent par deux branchies, ent un mode d’ergamisation quilesélève,. de plusieurs degrés, dans l’échelle des corps animés. Le digne successeur de Vic—Dazyr, M. Cuvier, à qui nous devons cette découverte, nous a aussi appris que les vers articulés, tels que la sang-sue , avoient également une cir- cuiation proprement dite, tandis que les insectes, qui correspondent avec le mi- lieu atmosphérique par des trichées , sont dépourvus d’un appareil de circu- lation , et placés, sous ce rapport, au— dessous des précédens, dans l'échelle des animaux. ( JNote de l’editeur.) 5°. ciRcuzATIOoN. Corps vivans SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. x Va CE s 1 lesquadrupèdesevi- | pares , les serpens, dont l'estomac ne diffère que par quel- ues renflemens, de l’æsophage et du conduit intestinal : les poissons cartila gineux, les poissoi proprement dits, ”l . , ; 4 à Sa ce ILE ou, lesinsectes, les vers, » ou tuyau 862") Jes zoophytes. A taire : ni conduit intesti- quin’ontniestomac, ual : , les plantes. l’homme , les qua- drupèdes , les céta- cées , les oiseaux , lesquadrupèdesovi- # pares, les serpens, « les poissons cartila- zineux, les poissons. proprement dits, les insectes, les crusta= … cées, les vers. dort les sucs nour- ricierssontabsorbés par des Vaisseaux ouverts dans des ca- vités intérieures. ricierssontahsorbés par des vaisseaux ouverts à la surface extérieure. dont les sucs nour- les plantes. l’homme, les qua- drupèdes, les céta- cées , les oiseaux, vaisseaux et uncœur à deux ventricules qui ont du sang, a et à deux oreillettes: Î $ à à un seul ventricule, j a ter 1 dont l'intérieur est/1,. quadrupèdes ovi- M divisé en plusieurs f Se : ares, les serpens. cavités , et à deux P à P oreillettes : les poissons cartila- gineux, les poissons w proprement dits : ; un seul ventricule at à une seule oreil- tette. lont le cœur est formé par un Vals ‘eau longitudinal, les crustacées, les | insectes, les vers.(1)" L L (x) D’après les faits rapportés dans L la note précédente , on doit ranger les insectes dans cette division. ( Note de l'éditeur. ) . (2) I] faut aussi comprendre dans cette division les mollusques et les vers articulés. ( Mofe de l’editeur. ) | , (3) Plusieurs des corps vivans que Von désigne ici sous le nom devers | aquatiques, sont des mollusques et res- pirent par des branchies, ( INote de l'éditeur. ) À CT 1 «(4) Les tubes que l’on découvreans n l'organisme végétal, et que l’on dé— signe sous le nom de trachées , ne pa- - oissent pas remplir des fonctiens res— … piratoires, ainsi qu'on l’avoit d’abord \ avancé, d’après l’analogie qui existe … entre la forme de ces, tubes et celle des \trachées des animaux. A ( Note de l’éditeur.) (5) Et presque tous les autres zoo- - phites , les eschinodermes exceptés, Ÿ (Note de l'éditeur. ) 4 TA ANseomérron... 44 (4 : T. 4, DISCOURS SUR I’ANATOMIE. °, RESPIRATION...€ Corps vivans 255 noueux et contrac- tile , et dans les- quels une liqueur blanchâtretientlieu de sang : Ontrouvedans quel- ques crustacées l’6- bauche d’un cœur. dans lesquels on n’observe point de cœur, mais des vais- seaux remplis desucs dedifférente nature: les zoophites, les plantes. (1) qui respirent par des{ } poumons libres de toute adhérence , et spongieux : par des poumons : ‘homme, les qua- drupèdes, les céta- bres de toute adhé- rence , formés de cellules , et muscu- laires : les quadrupèdes ovi- pares, les serpens, par des poumons ad- hérens aux côtes, et pourvus d’appendi- ess les oiseaux, les poissons cartila- par des ouïes de di-/ gineux, les poissons verses formes : proprement dits, les crustacéss. (2) L f par des stigmates ouf 1e. insectes, les vers trous placés sur les : terrestres. différens anneaux : À par une ouverture appelée frachée, ou)les vers par des franges ex-) ques. (3) térieures : aquati- par desttrachées : | les plantes. (4) encore découvert ni stigmates ni tra- chées : | dans lesquels on LE les polypes, (5) Il n’y a point de corps vivans dans lesquels il ne se fasse des secrétions. * 256 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. J’homme, les qua- \ drupèdes , les céta- cées, lesoiseaux, les quadrupèdes ovipa- M res , les serpens , # qui ont un squelette (x) Les litophytes n’ont pas desque- 4 INTETNE OSSEUX : dette corné , mais une enveloppe pierreuse. Ces animaux sont en si les poissons propre- grand nombre dans quelques mers, ment dits. qu'ils y forment de îles entières. ( Note de l'éditeur. ) 1 a tila \cartilagineux : { C8 PO NE SR gincux. quiontun sr les insectes parfaits, | 69, ossiFicATION... Corps vivans Externe corné : les litophytes. (1) | les crustacées , les rÉ à coquillages, les ma- | F drépores , etla plu- | part des zoophÿtes.w ligneux : es plantes. # : les insectes dans le qui n’ont point de) premier état de leur, squelette : métamorphose, les! vers, les polypes. Vhomme, les qua- | drupèdes , les céta- cées. vivipares: les oiseaux, les qua drupèdes ovipares , SA ee que les me + pois= e û CRI es œufs se dévels sons cartilagineux ,* f: sh aATIONU.( Corps vue ent au-dedans x les POSE dev Le de la femelle : ment dits, les in-" sectes, les crusta=" cées, les vers, les plantes. f qui se reproduisent } les vers, les poly- | par bouture : pes, les plantes. la plupart des in" qui ont tout le corps)sectes dans le pre &?. mRITABILITÉ. | Corps vivans| musculeux, oucon-(mier état de leu tractile : métamorphose , le vers, les polypes: DISCOURS SUR L’ANATOMIE, 257 (énrsis les qua- drupèdes, les céta- cées, les oiseaux, les quadrupèdes ovipa- res , les serpens , les poissons cartilagi- 8.inriTAmziTÉ(1). Corps vivans neux, les poissons proprement dits. dont les muscles re couvrent le sque-/ lette. dont les muscles sont recouverts par« les insectes parfaits, (a) Birritabilité LE 1108 te ne le squelette: les crustacées. tion, mais une propriété vitale , : motilité du professenr Chaussier , s HP ACE ‘ propriélé dont le développement con= _E qui ont à peine quel- | tribue à toules les fonctions. On peut ques parties con- faire la même remarque sur la sensi fe at : À Lilité, ( Note de l'éditeur. ) tractiles, et quine/;. plantes. 4 jouissent d’aucuns mouvemens spon- tanés. { Vhomme, les qua- À drupèdes , les céta- qui ont des nerfs et \cées, les oiseaux, les un cerveau bien dis-/quadrupèdes ovipa- tincts de la moëlle\res, les serpens, les épinière : poissons cartilagi- neux , les poissons proprement dits, à k qui ont des nerfs’ . 9°. SENSIBILITÉ... Corps ViVanS( et un cerveau à)lesinsectes, les crus- peine distincts de laf tacées, Les vers. (2) moëlle épinière : { à ? (2) Tous ces animaux n’ayant point dans lesquels oun £ de squelette intérieur, il n’est pas bien point encoretrouveé,i déwontré que leur système nerveux Ou qui n'ont poinE) les zoophytes, les soit double et comprenne autre chose : RL que la partie de ce système , à laquelle de nerfs > de cer- plantes. on rapporte nne vie intérieure et de veau, ni de moëlle mutrilion. ( Note de l’éditeur. ) (eos ie © Can Après avoir examiné sous un point de vue général les caractères et les fonctions des corps organisés, cOn- sidérons rapidement les principaux traits anatomiques des différentes classes des corps vivans, et dans ce dessein , arrivons des végétaux aux animaux à mam- 258. SCIENCES PHYSIOIL. ET MEDICALES. melles : manière de procéder bien préférable à celle qui fait descendre l’homme au dernier degré de l’or- ganisation; car s'il est vrai que la vie de animal à sang chaud ne soit que ceile de l’animal à sang froid, plus certaines propriétés, et que celle de ce dernier ne soit que la vie du végétal, plus quelques modifica- tions , ne peut-on pas dire que pour acquérir sur la nature de ces êtres desconnoissances qui soient rangées dans un ordre logique , il faut commencer par l’exa- men de ceux dont la composition est plus simple ? Re: 3 = | | DES VÉGÉTAUX. Le % 4 7 La manière dont on a présenté jusqu’à ce moment Ÿ Anatomie des végétaux est insuflisante. On a pris à tout hasard la tige , la feuille , l'écorce d’une, de deux ou de trois plantes, et d’après l’examen isolé de ce petit nombre d'individus, on s’est cru en droit de conclure que les feuilles , la tige et l'écorce de tous les végétaux , sont généralement organisés de la mème manière ; de même que si l’on prenoit une partie d’un animal quelconque, et qu'après l'avoir disséquée on en conelût qu’on a fait l’Anatomie de tous les animaux. Il existe en effet autant de différence entre la struc- ture d'une plante grasse et celle d’an graminée , qu'entre celle d’un quadrupède et celle d’un oiseau. De cette méthode négligente de travailler, il est résulté que nous n’avons acquis dans Anatomie des plantes que des connoissanes vagues, lesquelles de- viennent nulles pour ceux qui n’approuvent que des idées exactes. Les semences et les parties de la fruc- tification sont les seules qui aient été exactement observées dans toutes les classes de végétaux, parce que les auteurs des systèmes ont eu besoin de les L À RUE connoître pour former diverses classifications ; encore se sont-ils, autant qu’ils ont pu, bornés à l'examen des surfaces. ° Pour se former une juste idée des végétaux, il est donc nécessaire , 1°. de disséquer avec soin, et dans touies leurs parties, un certain nombre d'individus \ 240 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. de chaque famille naturelle ; 2°. il faut encoreles disséquer dans toutes les périodes de leur accroisse- ment, dans lesquelles elles éprouvent de grandes variations ; 3°. Ja connoissance de la structure des parties internes des végétaux et de leurs usages ne peut être le fruit d’une seule dissection ; elle doit être fournie par l'observation de tous les changemens que peuvent subir les diverses parties des végétaux. Il s’agit surtout ici de rechercher dans quel ordre doivent être rangés les végétaux pour être considérés sous des rapports anatomiques et physiologiques. On peut les examiner, ou comme formant de grandes familles naturelles qui supposent une suite d’organes analogues et comparables enteux; ou comme pré- sentant certaines qualités ou propriétés. DES VÉGÉTAUX DIVISÉS EN GRANDES FAMILLES. La division suivante nous a paru propre à géné- raliser les idées que donnent les observations déjà recueillies sur l'anatomie et sur la physiologie. PREMIÈRE FAMILLE. Les aruma 0) Nous donnerons le pied-de-veau pour exemple; la partie de la fructification la plus remarquable dans D D og D 0 PC (1) Les arum font eux-mêmes partie de la treizième famille naturelle de Jussieu , suivant la méthode de Lamarck. ’ La RS Le. Ur — ART CR he di ÉLRSS ET | DISCOURS SUR L’ANATOMIF, 241 ce genre de plante est le spadix qui paroît être uné excroissance de substance vésiculeuse , laquelle est très-abondante dans ces plantes, ainsi que dans les palmiers, dont la fleur à souvent pour base cette pièce singulière, L’arum italicum et plusieurs espèces de ce genre, sont remarquables aux yeux du physiologisteipar la chaleur naturelle de leur spadix. Voyez ce qu'en a dit M. de Lamark, Dict. encycl, , art. Arum. DEUXIÈME FAMILLE, Les Palmiers. (1 ) ci les feuilles de chaque année repoussent au-de« hors les feuilles de l’année précédente, et ce sont les bases des anciennes feuilles desséchées qui tiennent lieu d’écorce. Ces arbres ne peuvent habiter les pays froids, parce qu'ils sont formés d’un tissu vésiculaire très-liche, En général , les plantes qui résistent au froid ont tou jours les fibres très-rapprochées, et un Lissu vésicu laire très-serré, (2) ‘ TROISIÈME FAMILLE. Les Orchidées. (5) La racine de ces plantes mérite une étude parti- culière ; elle est composée de deux tubercules, ou de — (1) Quatorzième famille naturelle , suivant la mème méthode, (2) Le théorie du calorique de Rumford explique très = bien l’a= Yantage de cette structure pour résister au froid. ( Note de l’Édit.) (3) La vingt-cinquième famille naturelles Te &s 16 \ :4a SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. deux canaux, dont l’un s’épuise par la croissance de la plante; tandis que l’autre croît avec elle. Lessemences des plantes de cette famille, exigent également une étude très-particulière. Elles sont d’un très-petit volume, et elles passent pour être stériles. ‘ QUATRIÈME FAMILLE. Les Liliacées. Toutes les plantes de cette famille ont un tissu vési- culaire très-lâche, et une racine bulbeuse. Elles croi- sent très-rapidement , parce que la vîtesse de l'accrois- sement d’une plante est toujours en raison inverse de la quantité des parties fibreuses, et en raison directe de la quantité du tissu vésiculaire dont elle est com- posée. C’est ainsi que les fungus, qui ne sont presque entièrement formés que de tissu vésiculaire , croissent très-rapidement. Il faut encore observer que la tige d’une plante bulbeuse est toujours annuelle; car la vie d’une bulbe se termine toujours à la première floraison de l'individu; il est encore utile de recon- noître comment dans cette famille, les graines sont si souvent suppléées par de petits tubercules qui se développent dans la fructification de la plante Nous donnerons les allium pour exemple. | CINQUIÈME FAMILLE. Les Joncs. (1) Leur tige est toujours annuelle : on peut faire ici (1 ) Seizième famille naturelle. Tee à DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 248 beaucoup d'observations sur la structure du tissu vé- siculaire qui est toujours très-étendu dans ces végétaux, Ici, comme dans la classe si remarquable des plantes dont la tige est articulée , et dont chaque individu semble ètre une suite de végétaux implantés les uns sur les autres, et qui jouissent chacun d’une vie et d’une végétation particulière, il est important pour le physiologiste qui cherche la cause de ce phéno- mène, d'observer que les rejetons et les pousses de toute nature dans ces plantes ne se forment que sur les nœuds , et jamais dans l'intervalle qui les sépare. Les persicaires, les caryophyÿllées, les plantes sarmen- teuses ont des nouures d’une nature semblable dans Ja longueur de leur tige ; il paroît que dans ces parties la continuité de la fibre est totalement interrompue, et que la soudure entre les diverses pièces du tronc ou des rameaux, n’est composée que d'un tissu vésis culaire très - serré. Il est aisé de reconnoître cette vérité si l'on fait attention à la cassure nette des tiges dans les articulations , quelques-unes mèmes se séparent spontanément par la dessication. La fibre végétale ne,peut prèter , dans l’accroisse- ment de l'individu, que jusqu’à un degré d'extension très- borné. Dans les plantes dout le développement est prompt et considérable , tels que les grands joncs, un seul faisceau de fibres n’auroit pu fournir le pro- longement nécessaire à toute la longueur de la tige, De là Putilité des articulations. L’accroissement des grands arbres ne dément point cette assertion ; si on examine avec attention la manière dont ils croissent, 244 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. on verra que, dans toutes les familles de plantes, on peut poser, comme un principe certain, que la fibre végétale ne peut plus prendre d’accroissement lors- qu’elle est parvenue à un état ligneux. SIXIÈME FAMILLE. Les Graminées. (1) Leur suc propre est composé de sucre et de mu- cilage. Dans plusieurs espèces, le mème individu porte des fleurs hermaphrodites et des fleurs unisexuelles, La tige est souvent articulée : exemple, le seigle, secale cereale. LANN. SEPTIÈME FAMILLE. Les Coniféres. Ici se trouve un système de vaisseaux qui n’ont pas une grande étendue dans les familles précédentes; c’est le système des vaisseaux résinifères ; la résine coule particulièrement dans la substance corticale. Les végétaux lactescens n’ont ordinairement aucun principe résineux dans leur partie ligneuse. HUITIÈME FAMILLE, Les Arbres à chaton. (2) Ici se trouvent des plantes dioïques, I seroit bien étonnant qu’on ne püt observer aucunedifférence entre (1) Onzième famille naturelle. (2) Dix-huitième famille naturelle, L’orme et le saule appartien- nent à cette famille, 2 DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 945 V'Anatomie d’une plante à fleurs mâles et celle d’une plante femelle. Je présume que ces différences doivent être particulièrement sensibles dans la structure des péduncules ; ceux des fleurs mâles ne doivent avoir de rapport au’avec la partie corticale, et ceux des fleurs femelles qu'avec la partie médullaire. NEUVIÈME FAMILLE. Les Composées, (1) Les causes des divers modes de polygamie dans les fleurons méritent des recherches particulières. T/Ana- tomie du réceptacle applatide ces fleurs pourroit donner sur ce sujet de grandes lumières, Il est à présumer que les fleurons femelles n’ont point de relations avec la partie ligneuse et la partie corticale, tandis que les fleurons, garnis d’étamines fertiles, doivent avoir des connexions avec la fibre ligneuse. Il est à observer que toutes les sémiflosculeuses ont un système d'organes lactiferes. On peut diviser la famille des composées en quatre sections, qui sont: A Les Semiflosculeuses ; B Les Capitées ( capitalcæ ); C Les Corymbiferes; D Les composées à feuilles opposées, DIXIÈME FAMILLE, Les Ombellifères. (2) Ces plantes , considérées sous un point de vue ana- (1) Quatorzième famille naturelle. * (2) Dix-septième famille naturelle, 246 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tomique, peuvent ètre regardées en quelque sorte com- me des fleurs composées, dont les organes solides sont dansur état de division considérable, et dont les fluides ont acquis un grand degré d'énergie. Toutes les parties des espèces composées de toutes les sectionsse retrou- vent dansles ombellifères diviséesen plusieurs pièces et parfailement reconnoissables. Ces rapports très-inté- ressans et très-multipliés entre ces deux familles de végétaux , n'ont pas encore été observés. ONZIÈME FAMILLE. Les Malvacées. DOUZIÈME FAMILLE. Les Pomifires. TREIZIÈME FAMILLE. Les Drupiféeres. Le fruit à noyau n’est qu’une pomme dont la pulpe est ligneuse. La substance pierreuse de la poire et de quelques autres pomifères le démontre. QUATORZIÈME FAMILLE. Les Caryophillées. (1). Elles présentent dans leur anatomie des rapports avec les graminées. QUINZIÈME FAMILLE. Les Borraginées. (:) (1) Seizième famille naturelle. (2) Quatre - vingt-septième famille, es : DISCOURS SUR L’ANATOMIE, 247 SEIZIÈME FAMILLE. ” Les Etoilées. DIX-SEPTIÈME FAMILLE, Les Cucurbitacées. DIX-HUITIÈME FAMILLE. Les Plantes grasses. Elles ne sont, pour ainsi dire, composées que de substance corticale et de tissu vésiculaire, DIX-NEUVIÈME FAMILLE. Les Crucifères. Toutes leurs racines sont filiformes et pulpeuses dans leur centre, avant la fructification ; elles sont dures et creuses, après la formation de la graine, VINGTIÈME FAMILLE. Les Labiées. VINGT-UNIÈME FAMILLE. Les Papillionacées. Cette famille est très-remarquable par l'irritabilité de ses feuilles et la structure de leur articulation. VINGT-DEUXIÈME FAMILLE. Les Fougères. VINGT-TROISIÈME FAMILLE, Les Mousses. YVINGT-QUATRIÈME FAMILLE, Les Algues. ro 248 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, , VINGT-CINQUIÈME FAMILLE. Les Fungus. % Les genres des algues et des fungus sont , de tous les végélaux , ceux qui présentent les rapports phy- siologiques les plus réels avec les animaux ; plusieurs algues sont très-irrilables ; leurs semences ne se déve- loppent point à l’extérieur, mais dans leur propre substance ; elles ne prennent point leur accroissement par des couches extérieures , comme les ‘autres végétaux ; mais elles croissent par l'intususception des substances qu’elles s'assimilent , ainsi que les ani- maux. Enfin, et cette remarque est importante, Vanalogie de leurs formes avec celles des mollusques et des zoophyles, et les rapports que l'analyse pré- sente entre leurs principes doivent les faire regarder comme le passage des végétaux aux animaux.(1) Chaque genredes algues et des fungusexigeune étude particulière en analomie; il est mème vraisemblable que ces genres formés par le port extérieur de la plante, renferment souvent des espèces d’une struc- ture totalement différente. Les lichens et les tremelles offrent dans le cours de leur existence le phénomène (1) En admettant que toutes les formes de l’organisation peuvent être comprises dans deux séries , les végétaux et les animaux, ce se- xoit donc par leur extrémité que ces deux séries tendroient à se réunir, Le dernier animal n’enchaïîneroit pas sa classe au végétal, comme le pensoit Bonnet ; mais le dernier rang ds la classe des végé- taux et des animaux, les algues et les zoophites formeroient cette réunion, ce passage insensible que l’on est souvent obligé d'accorder aux partisans du système direct de la nature. ( Note de l’Edit. } Te SR RTE - DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 249 singulier d'un état de vie el de mort successif, cha- que fois qu'ils sont humectés, desséchés ou gelés ; j'ai vu des lichen desséchés depuis plus de vingt années dans les herbiers , végéter de nouveau et fructifier, lorsqu'on les arrosoit à l’air libre. De toutes les plantes cryptogames, lesulva, les nostoc, les conferva, sont celles dont l’organisationest la plus simple et la moins connue. Nous nous bornerons à rapporter les observations qui ont été faites par M, de Bauvoir, sur l’ulva lactuca. Lin., connue vulgai- rement sous le nom de laitue de mer, parce qu'on acru lui trouver quelque ressemblance avec la laitue. En présentant au microscope une portion de ceite plante : on aperçoit un tissu si fin, qu'avec la plus forte lentille du microscope de Dellabare, combiné de manière à grossir autant qu'il est possible, il faut apporter la plus soigneuse attention pour le distinguer. 11 n’en est pas de mème d’une infinité de petits grains épars irrégulièrement dans ce rézeau, et que l’on voittrès-distinctement. Ces grains qui nous ont paru de plusieurs formes et de plusieurs grosseurs , sem- blent être placés dans la substance ; peut-être sont-ce les organes de la génération; peut-être existe-t-il aussi d’autres parties essentielles, que la foiblesse des lentilles ou limperfection de l'instrument ne nous permettent pas d’apercevoir. La Nature si cachée à nos yeux dans ces sortes de productions, se laisse un peu mieux pénétrer , lors- qu'on examine les fucus., Si ces plantes comparées aux végétaux , qui nous paroïssent plus parfaits, nous 250 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. étonnent par leur simplicité, combien ne nous semblent-elles pas supérieures aux nostoc, aux ulva, et aux conferva (1). et TABLEAU | | des classes naturelles dans lesquelles les végétaux sem- blent présenter les plus grands rapports anatomiques. à Exemples tirés des espèces indigènes 1 et communes en France. PS )DAMREErS: Ne «1, 70) ete le À Lesarumii.. 2.1 0 je .:Telpiedde veau, « Orchis, ophris , serapias de diverses ÿ *'HriNespèces. à bulbe solide. . . La tulipe. Les liliacées) à bulbe imbriquée. Le lys. à bulbe tuniquée. . L’oignon.. Les jones. . . . . . . . . Le souchet, le jonc-articulé, le tipha, Les graminées. . . . , . . Le millet, le roseau, le maïs, etc. Les conifères. . . . . . . . Le pin, le sapin, Lesorchidées.i). + :.. 1 » A 2 NP DE 020 (21) Dans ces derniers temps, M. Girod de Chantran , correspon- dant de la société philomathique, s’est beaucoup occupé de la nature des conferves et des byssus, qu'il a cru pouvoir retirer de la classe des végétaux, et regarder comme des polipiers : epimion qu'il appuyoit, 1°. sur une ressemblance entre les globules intérieurs des byssus ,'et les animalcules que l’on observe au dehors; 2°. sur le rap- ! port entre l'absence de ces globules, et l’apparution des animalcules, ñ dans des conferves dépourvues d’abord de ces animalcules , et où la circonstance de l'humidité les fait paroïître. M. de Candole a combattu à la vérité cette opinion , et rendu les byssus et les conferves à la à classe des végétaux. Mais il n’en demeure pas moins prouvé que les caractères du végétal sont beaucoup moins marqués dans ces der- nières plentes; que analogie de celle - ci avec les animaux ne peut À être contestée, et que les deux séries des corps vivans se tiennent et À se confondent principalement par leurs extrémités. Vid. du reste, pour plus de détail sur cet important objet, Ie Bulletin de la société philomatique. ( Note de l'Editeur. } DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 251 Les arbres à chaton , . . L’orme, le saule , le châtaignier. Les composées . , . . , Le laitron, le chardon , la tanaisie. Les aggrégées . . . . . Le chardou à foulon, la scabieuse. Les ombillifèses 200) SEE chardon Roland, la berce, œnanthe crocata, buplevrum fructicosum. Fesumlraces tits: Eamanve, alcea rosa,ælthæa, gossipium t herbaceum. Les pomifères . . . . ‘ Le pommier, lepoirier , le sorbier. Les drupifères . . , . ‘ L’amandier,le prunier, lelaurier-cerise. Les cariophyliées. . , ‘ La saponaire, l’œillet, stellaria. Les borraginées. . . . * La bourrache, la cynoglosse, Les étoiléeés” . . . , ‘ La garance, le caillelait blanc. Les cucurbitacées . . . , Les courges , l’elaterium. Les plantes grasses . . . Le cactus, les sedum. Les crucifères . +, , . Te girofllée, le chou, le cochléaria , I# raifort. 1 Les sauges , les phlomis, le scutellaria, à le mufle de veau. sers Le genet , le lupin, letreffle, le lathirus Les papillionacées. . . ./ amphicarpos, (dans le Languedoc) I: : Les labiées , . , baguenaudier. Les fougères. . , . . . La fougère mâle, l’equisetum. Les mousses , + . … . Lycopodium, le politric, fontinalis an= tpyretica. Lesalgues .,. .,. . à écusson et à godets ; les bissus , le fucus serratus , tremella conferva. : rchantia polymorpha,lichen crustacé ven , boletus , hydnum, phallus, Rebltnens |, 4) + + helvella , elathrus, peziza lentifera , lycoperdon , mucor, Dans ces exemples, 1°. nous avons eu l'attention de ne citer que les espèces les plus connues dans ce pays-ci, afin que l’on puisse en étudier plus facile- ment l'anatomie et la physiologie; 2°. nous indiquons dans chaque classe les espèces les plus éloignées l’une de l’autre par leur structure, afin qu’elles puissent y former des chefs de division, et donner par leur con- noissance une idée plus exacte de toute la classe, 252 SCIENCES PHYSIOI. ET MEDICALÆS. DEs PRINCIPALES QUALITÉS OU PROPRIÉTÉS QUE LES VÉGÉTAUX PRÉSENTENT DANS L'ÉTUDE DE LEUR ANATOMIE ET DE LEUR PHYSIOLOGIE, Les caractères qui forment les principales saillies du règne végétal, peuvent se réduire aux suivans: I’. La consistance et la durée des végétaux. Ce caractère établit une différence très - sensible entre lherbe, qui périt dans l’espace de quelques mois, quelquefois plutôt encore, et l’arbre qui vit pendant plusieurs siècles. 1°. Végétaux qui vivent pendant plusieurs siècles. Grands arbres. Exemp. le chène, quercus robur, Lan. Durée de son accroissement , environ quarante ans. Chène cité par Ray, cent trente pieds de hauteur sur trente pieds de diamètre. 2°, Plantes qui vivent seulement pendant plusieurs années. Arbrisseaux. Exemple le rosier des haies, rosa canica , LiNN. Arbrisseau qui s'élève de cinq à huit pieds. Sous-arbrisseaux. Exemple la bruyère cendrée, erica cinerea, LaNN. Sous-arbrisseau qui a un peu plus d’un pied de hauteur. Herbes. Exemple la véronique aquatique, veronica becabunga, Tax. Herbe à tige rampante dans une grande partie de sa longueur. s 3°. Plantes quine vivent que deux ans. Exemple la viperine , echium vulgare, LANN. AE bn DATE LEE Jp 6 APE L: . + HUVIQUES IIITACEESS 7 . les papillionacées, les ombellifère 5, . les légumineuses , la sensitive, | . l’aubepine. : . les rosiers. . le lierre, les fraisiers, les lichens, . les légumineuses, . les borraginées. . . les tamarins. hille.la glaciale. . le Sarracenia , le nepenthes: . les utriculaires, l’aldrovande. . dans toutes les parties vertes. . dans la partie supérieure des feuilles, . dans les feuilles de millepertuis, . dans les feuilles de sauge. FE . dans les feuilles de frène de Calabre Midi pinus larix. . les astragales. . la faceinférienre des feuilles. . les racines. . les graminées. . les ombellifères, les crucifères, . les orchis. + la pomme deterre, etc. . . les tulipes. 4 Jées. les lys. 5 » triq-loignon, l'ail, etc. ses.martynia, adoxa, 7. 4, p. 252. Les divers organes des plantes, considérés : DR 1°, Dans leur struc- ture,oudansl'appareil de leurs parties inter- mes , sont : 118 Dans leur orga- nisation extérieure , sont : TABLEAU é « des organes des plantes, serréettrès-abondant, , letissu vésiculaire (lâche ettrès-étendu. . , rare , COLIS) CIM )ropres, PIE aqueux,. «4 À « + « : seVEux OÙ SUCTÉS, »« « » 1 Masse, , + + + + résineux, M on Nour ee le tissu fibreux. : par couches, : . . . . - unisexuolle. . . . . . bisexuelle, . . . . , le calice, . . . . , HF Ia coxOIIs. . 10... les nectères... . . . , le réceptacle. . . .:. engraine , . à 4 , - - bulbatiz:°44 4, wivipare, ; D, « « « ARE Ja capsule, . . . , . le légume. ! …« . , larsilique.…. la baye, 3%: le fruit à noyau, la pomme, , les feuilles, : simples. » » composées, : . EXEMPLES, a nt . « . . - les fungus, les plantes grasses. . lesalgues, les tremelles. - les graminées, quelques joncs; et beaucoup de plantes à tiges fistuleuses, dans l'écorce, , . despins, des sapins, desautresarbres verts, . les chelidoines, les semiflosculeuses , les euphorbes, quelques champignons. . les liannes, . les palmiers, l'érable du Canada. 4 + + + + 4. lofplantes annuelles, les palmiers. dans toute la plante. les arbres, { dans la racine squle, les plautes annuelles à racines perpétuelle | les plantes bulbeuses. le filament. .). ; *) l'anthère, . . … . le pistil. + . … , Je germe. . . ! -{ tombant, persistant. double par laculture, ' (ou nulle par dégéaérat. glanduleux. . . . les crucifères, \ concaves. . . les fritillaires, les hellebores, les renon= cules, etc. ( des pores melliflues. les hyacinthes. simple. . COUR OEN ce, nn la plus grande partie des fleurs. )applati. . . . . les composées. “) divisé. » . les ombellifères, (Aionsé + + . « - lesconifères, les graminées,les pieds deveau. \ le germe. . Dre le cotyledon. . , ‘jle perisperme, , . (Yaigrette. ‘1. UE è APR, . Plusieurs espèces d’alliu . POa vivipara, allium, le usseS: . les papillionacées. . les crucifères. : les drupifères. | les que grasses. . quelques liliacées. © les papillionacées , les ombellifère s. pulpeuses, à , , x du. . très — 1rlita bee 0 0 à e : les épines de bois et d’écorce. les piquans d'épiderme, , + les appendices qui Âles radicules. , , . , . . . . sont des organes /les stipules, Te e « 0e particuliersä quel-{ les POI TT, . ques plantes. les glandes. , , . x de les 3: : d'eau . follicules remplies. . , . AE . aérifères. date . 7, aqueux Cr . ds . . ve les organes excré- Jrésiniféres, ,, . , , . ,, + . toires. gommo-résinifères. , . À . sachurifères . , . . gommifères. ., , , , les organes d’ab- (de l’eau aériforme, . sorption, de l’eau seulement, , , . . . { traçuntes ou fibreuses. , . , . fusilormes ou pivotantes, . . fdoubles ‘tsimples. solides, les racines. . . /tuberculeuses. , , feuilles. . surlestigesetlateu . les légumineuses , la sensitive. . l’aubepine. . les rosiers. . le lierre , les fraisiers, les lichens. . les légumineuses. . les borraginées. . les tamarins. ille-la glaciale. . lesarracenia , le nepenthes: . les utriculaires, l’aldrovande. . dans toutes les parties vertes. . dans la partie supérieure des feuilles, . dans les feuilles de millepertuis, . dans les feuilles de sauge. : . dans les feuilles de frêne de Calabre, du pious larix, . les astragales. . la face inférienre des feuilles. . les racines, . les graminées. . les ombellifères, les crucifères, . les orchis, + la pomme de terre, etc. . les tulipes, bulbeuses. , . | en écailles imbriquées. les lys. “parcouchesconcentrig-l'oignon, l'ail, ete. pararticul.lamelleuses.martynia, adoxu. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 23 4° Plantes qui périssent dans le cours de l'année, Exemple,le mouron des oiseaux, alsine media ,LaxN, 5°, Plantes qui disparoissent promptement. Exem- ple le nostoc, tremella nostoc, LANN., production gé- latineuse, demi-transparente, d’un vert foible, que l'on aperçoit sur la terre après la pluie , et qui dis- paroît dans les temps secs. On observe dans les vides dont la surface est chargée , de petits globules , que l’on a pris pour des semences, et que Haller regardoit comme des bourgeons. 11°. Le nombre des lobes de la semence, ou ieur absence. 1°. Plantes aux semences desquelles on n’a point observé de lobes. Exemple, les fougères. 2°. Plantes dont les semences ontun lobe. Exemple, les graminées. 3°. Plantes dont les semences ont deux ou plusieurs lobes. Exemple, presque toutes les plantes qui ont des fleurs connues. IIP. Le nombre et l’ensemble des organes , qui forment une gradation marquée depuis la plante Ja plus parfaitement organisée jusqu’à celle qui a le moins d'organes apparens. 1°. Végétaux remarquables par un grand ensemble de caractères. Exemple , le pommier , pyrus malus, Lan. ,arbre d’une hauteur moyenne; fleurs com- plètes, très-apparentes , hermaphrodites ; cinq pétales; calice découpé en cinq ; environ vingt étamines; cinq styles; fruit charnu bon à manger ; plusieurs se- mences à deux lobes. 254 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES. 2°. Végétaux qui réunissent un grand nombre de caractères, mais dans lesquels les parties de la fleur et du fruit sont peu apparentes, Exemple , l’orme » ulmus campestris , LINN., arbre très- élevé et d’une très-longue durée; fleurs peu sensibles, hermaphro- dites, sans calice; corolle à cinq divisions : cinq . 2 étamines, deux styles; fruits petits et très-ccomprimés ; une seule semence à deux lobes. 5°, Plantes pourvues d'une belle corolle, mais sans calice. Exemple, la tulipe des jardins , {ulipa ges- neriana , LANN. 4°, Plantes sans corolle ni calice proprement dit, Exemple, le bled, ériticum œæstivum , Lann., fleurs composées de trois étamines et de deux styles. 5°. Plantes sans rameaux ni feuilles. Exemple, le cierge du Pérou, cactus Peruvianus. Tige anguleuse, cannelée, garnie d’aiguillons, s’élevant à une grande hauteur ; fleurs disposées sur la tige; calice d’une seule pièce; environ trente pétales; étamines en nom- bre indéfini ; un seul style ; fruit charnu semblable à celui du poirier sauvage, Cette plante a un port très- singulier. 6°. Plantes sans tige, dont les fleurs sont sur des pétioles qui sortent de la racine. Exemple , la violette de mars odorante, viola odorata, Laxnn. 7° Plantes sans fleurs , dont les semences seules sont apparentes. Exemple, les fougères. 8°. Plantes sans fleurs dont la fructification est peu distincte. Exemple, les mousses. 9°”. Plante dépourvue de la plupart des organes PS TT D OT OU OR TRE DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 9255 de la végétation. La truffle, lycoperdon tuber, Laxx., masse charnue informe, sans tige ni racine, cachée sous terre, bonne à manger; elle est couverte , dans sa maturité , d’une poussière farineuse d’une couleur ebscure , que l’on a prise pour les semences. 10°. Plantes dans lesquelles on n’observe que des vésicules. Exemple, les moisissures. 11°. Productions qui ne sont pas évidemment des plantes. Exemple, les champignons. IV°. Les différentes positions des fleurs mâles et femelles. 1°. Plantes à fleurs, toutes hermaphrodites. Exem- ple , la plupart des plantes. 2°. Plantes qui portent des fleurs toutes mâles sur un individu et toutes femelles sur un autre. Exemple, le lichnis blanc des champs, lechnis dioica, Lin. 3°. Plantes qui portent sur le même individu des fleurs hermaphrodites , avec un mélange de fleurs mâles ou femelles. Exemple, le frène, F'raxinus excelsior. LIN. V°. Les différentes positions des parties sexuelles dans une même fleur, 1°. Le germe porté sur la corolle. Exemple, la kyacinthe des bois, kyacinthus , non seriptus , LINN. 2°. Le germe placé sous la corolle. Exemple, la jonquille, narcissus , jonquilla, LiNN. 5°. Les étamines insérées sur le pistil. Exemple, V'aristoloche clématite, aristolockia clematilis , LINN. 4. Les étamines insérées sur la corolle. Exemple, la valériane des bois , valeriana officinalis, LAN. 256 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, 5°, Les étamines insérées sur le calice. ne l'églantier , rosa canica , LAN. Dr VI°. Les différentes époques de la naissance et du développement des fleurs. 1°. Plantes dont les fleurs paroiïssent seules au printemps avant les feuilles. Exemple, le pas d'âne, tussilago farfara, Lanx. ; 2°, Plantes dont les fleurs paroissent après les feuilles, qu’elles accompagnent, Exemple, la plupart des plantes qui ont des fleurs apparentes. 5°. Planies dont les fleurs paroissent seules , en automne, et dont les feuilles et les fruits ne se déve- loppent qu'au printemps suivant. Exemple , le col- chique , colchicum autumnale, LINN. VIL°. La correspondance-ou la position irrégulière des parties doubles, ce qui peut fournir un point de comparaison eutre les plantes et les animaux , dans lesquels les parties doubles se correspondent toujours. 1°, Végétaux dans lesquels les parties doubles n’ob- servent aucunesymétrie. Exemple, beaucoup d'arbres et d’arbrisseaux. 2°. Plantes dans lesquelles les parties doubles sont: opposéesavec beaucoup de régularité. Exemple, l'ortie morte des bois, stachis sylvalica, Linx. Tige qua- drangulaire , ordinairement très - droite ; rameaux opposés exactement deux à deux , à différentes dis- tances, de manière que chaque paire fait un angle droit avec les deux paires voisines: f‘uiiles pareille- ment opposées ; fleurs disposées en anneaux autourde la tige. | | 4 # QE CNE ie EE AS Fe | AB . DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 257 VIIL Les circonstances locales propres au déve- loppement. 1°. Plantes dont les racines sont enfoncées dans la terre. Exemple, la plupart des plantes. 2°. Plantes qui flottent sur l’eau avec leurs racines. Exemple, la lentille d’eau à longues racines, lemna polyrhiza , LINN. 3°. Plantes qui croissent implantées sur d’autres plantes. Exemple, le gui. Viscum album, Lanxé. :, IX. Les différentes manières dont les plantes se reproduisent naturellement. 1°. Plantes qui se reproduisent seulement de graines. Exemple la plupart des plantes. 2°. Plantes qui se reproduisent de graines et par des rejets sortis de la racine. Exemple , le fraisier > fragaria vesca ; LINN. 3°. Plantes qui se reproduisent de graines et de cayeux. Exemple, la tulipe. X. Laksensibilité ou irritabilité de certaines parties des plantes. 1°. Plantes dont les feuilles et les rameaux sont doués d’une grande irritabilité. Exemple , la sensitive, mimosa pudica. L. Ses feuilles et ses rameaux se re- plient par un mouvement de contraction aussitôt qu'on les a touchés. 2°. Plantes dont les étamines ont de la sensibilité, exemple , l’épine-vinette ; Derberis dumetorum. L'hélianthème commun, elianthemunvulgare, LANN. Les étamines de ces plantes ont un mouvement de TT. 4, dr 258 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. contraclion , lorsqu'on les touche à leur base , avec la pointe d’une épingle. Les remarques suivantes sur les sexes des plantes et sur leur génération, donneront uneidée des grandes lumières que l'anatomie des végélaux peut répandre sur les fonctions les plus compliquées des corps vivans. SUR LA GÉNÉRATION DES PLANTES. Toute fleur offre des anthères ou des stigmates ; quelques-unes sont dépourvues de calice, comme la tulipe , la: fritillaire ; d’autres le sont de corolle , comme les gramen; il ÿ en a qui n’ont point d’éta- mines, comme l’aristoloche ; ou de stylet, comme la tulipe du Parnasse (Parnassia ) ; mais toutes les fleurs, sans exception, ont des anthères ou des stigmates, ou les uns et les autres à la fois. Il suit de là que ces deux parties sont essentielles aux fleurs; mais il y a plus : Les anthères sont les organes génitaux mâles des plantes, c’est-à-dire, qu’elles tiennent lieu. des tes- ticules et des vésicules séminales, et la poussière, ou pollen en est la semence masculine, C’est ce que prou- vent l’époque où ces parties paroissent; leur situation leur castration et la forme du pollen. L 1°. L’époque où ces parties paroissent. Les anthères et la poussière précèdent toujours le fruits et demême que le fruit est mûr lorsqu'il produit ses semences; les anthères sont mûres et ont rempli leur destination lorsqu'elles ont jeté toute leur poussière, et elles tom- L : 4 L : M * DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5% bent alors comme inutiles. De plus les anthères pas roissent en même temps que les stigmates, et non- seulement quand les unes et les autres se lrouvent sur les mèmes fleurs, mais encore lorsqu'ils appartiennent à des fleurs différentes ; ainsi les longues anthères du coudrier, du bouleau, de l’aune, ne jettent jamais leur poussière avant que les stigmates soient déve- loppés en-dessous, et le chanvre mâle n’a point de pollen à donner jusqu’à ce que le chanvre femelle ait des pistils en état de les recevoir. 2°. La situation. Les anthères sont toujours situés de manière que le pollen puisse parvenir aux stig- mates ; car ou les étamines entourent le pistil, comme dans la plupart des fleurs, ou si le pistil est tourné vers le haut , les étamines le suivent, comme dans la didynamie , ou enfin si les pistils se penchent vers le bas , les étamines sont placées en - dessous, 5°. La castration. Si on enlève les anthères d’une plante qui n’a qu’une seule fleur , et qu’on ait soin d’éloigner toutes celles de la même espèce, le fruit avorte, ou du moins il ne porte que des semences stériles. C’est un fait dont tout le monde peut s'assurer, 4. La forme du pollen prouve qu’il n’est pas une simple poussière. Malpighi, Grew , et tous ceux qui ont voulu l’examiner au microscope, lui ont trouvé une forme constante dans un même végétal, quoi- que différente suivant les espèces. Cette conformation a sans doute un but; ( et pourquoi lui auroit-elle été donnée, si ce n’etoit pour qu'il s'adaptät au canal du pistil , où il doit entrer, comme nous le verrons dans 260 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. la suite? ) Ce qui confirme encore cette opinion , c'est que le stigmate est toujours mouillé d’une hu: meur propre à retenir ce pollen. ? \ C’est une observation bien frappante que celle de M. Bernard de Jussieu, sur l’érable. Avant lui, les micrographes avoient cru voir que la poussière de cet arbre étoit cruciforme ; mais ce célèbre botaniste la trouva globuleuse, Pourquoi donc s’étoit -elle of- ferte aux autres sous la forme d’une croix ? C’est que pour mieux s'emparer de l'humidité du stigmate, elle se fend en quatre pièces qui se portent chacune à un point différent, Il ÿ a lieu de croire que ces globules sout creux, et qu’en s’ouvrant tout à coup par l'effet de l'humidité qui les pénètre, ils lancent une autre poussière beaucoup plus subtile, et qui est le vrai principe de la fécondation. On distingue dans le pistil trois parties, le germe, le style et le stigmate. Le germe est l’ébauche du futur embryon. Le style n’est pas essentiel aux plan- tes, car plusieurs en sont privées ; mais le fruit ne sauroit venir à maturité, s’il n’est accompagné d’un stigmate , dans la mème fleur. Les stigmates constamment attachés aux germes, sont done les organes féminins des plantes, comme le prouvent d’ailleurs leur situation, leur nombre, le temps où ils se montrent, leur chute et leur sup- pression. 1°. Leur situation , relative à celle des an- thères, comme on l’a observé précédemment; et leur multiplicité, suivant le nombre des celulles ET TT EN CR) 24 ue TE LS RS re dem en TS ‘DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 263: qui renferment les germes ; car le germe est double, quand la cellule est double, comme dans la plupart des plantes; triple, sil y en a, trois, comme dans les liliacées , les tricolor, etc. 2°, Le temps de leur apparution, qui est, comme je l'ai déjà dit , le mème que pour les anthères. 3°, Leur chute; les stigmates de la plupart des plantes tombent avec les anthères et aussitôt qu'ils ont reçu de ceux-ci la poussière fécondante, signe évident qu’ils ne contribuent ancunement à la matu- mité des fruits, mais qu'ils servent uniquement à la génération. 4° Leur suppression, si les stigmates sont coupés, avant qu’ils aient reçu la poussière, le fruit ne manque jamais de périr. Le stigmate offre d’ailleurs deux partisularités remarquables , l'une qu'il n’a ni épiderme, ni écorce, Vautre qu'ilest toujours humide, » Tout ce qui vient d'ètre dit annonce assez que la génération des plantes s'opère par la chute du pollen des anthères sur les sligmates; mais on a d’autres preuves encore de cette vérité, 1°. Elle est sensible à l'œil ,qui voit, au temps des fleurs, la poussière Yoler et s'attacher aux stigmates. Cela est particu- lièrement sensible” dans la violette à trois couleurs ( tricolor ). À peine cette fleur'est-elle épanouie que le stigmate s'ouvre et représente un globe creux, blanc et resplendissant. Cinq étamines qu'il a autour de lui n’ont pas plutôt jeté leur poussière blanche, - L] . * qu'on le voit , tout poudreux , se rembrumir , à 262 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES l’exception de la trompe; qui demeure claire et bxil- lante. 2°, Les pistils ct les étamines sont dans un grand nombre de plantes , de la mème hauteur, ce qui donne à la poussière une nouvelle facilité pour parvenir aux stigmales. Si cette égalité n’a pas lieu, d’autres cir- constances y suppléent. Un des géranium, ( 1 ) et d’autres plantes dont le pistil est moins haut que les étamines ,ont les fleurs pendantes avant l’épanouis- sement , mais à la veille de s'ouvrir elles se relèvent et se disposent de manière que le stigmate est au niveau de l’anthère; et dès que la poussière de celle- ci est tombée, elles se penchent de nouveau jusqu'à la maturité du fruit, époque où elles se relèvent en- core , et facilitent , par ce moyen, la dispersion des semences. Le dianthus a souvent des pistils plus longs que les étamines; sa fleur est toujours dans la même situation ; mais les pistils se recourbent en manière de bélier , vers les anthères. 5°. Les étamines pour l'ordinaire entourent si bien lestyle, que la poussière dispersée par le vent ne peut lui échapper. Le Musa offre un spectacle très-agréable, On woit sur une même plante deux sortes de fleurs qui ont chacune deux sexes, dont un seul est fécond , et celui-ci est différent dans les deux; de sorte qu’elles (1) Geranium calicibus monophillis ; florentibus ; erectis > foliis subcordalis. LS LE Ein ss EE > et M PR TS DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 65 font simplement les unes l'office des mâles, les autres celui des femelless maisles individus des deux espèces n'y sont pas rassemblés par couples; c’est unie singulière espèce de polygamie : une femelle unie à plusieurs mäles stériles est ffcondée par les mâles d’une autre fleur , unis à une femelle incapable de produire, CLirr. 55, 4. Dans toutes les plantes où des mâles et les fe- melles sont séparés, soit sur différentes fleurs, soit sur differents individus, où enfin les mâles ne sont pas situés directemeut au-dessus des femelles, les fleurs doivent nécessairement éclore avant les feuilles , afin que celles-ci ne s'opposent pas à la fécondation, et c'est ce qui a lieu dans le mürier,le guy , l’aulne, le hêtre, le noyer, le saule, le peuplier, le frêne. 5°. On voit la plupart des fleurs s'épanouir d’abord, lorsque le soleil paroît sur l'horizon, et se refermer le soir par un temps humide : sans cette précaution de la nature, l'humidité collant le pollen aux antht= res, l'empècheroit de se disperser; mais ce qui est bien remarquable, c’est qu’aussitôt que les stigmates l'ont recu, les fleurs ne se ferment plus, ni le soir, ni dans le temps des pluies. Quand le seigle en fleur étale ses anthères, s’il est surpris par la pluie, les agriculteurs en augurent mal et avec raison; la poussière agglutinée ne peut plus servir à la fécondation. Il n’en est pas de mème de l'orge; la peau qui en- veloppe ses grains, le met à l'abri de l'humidité, Quand les poiriers et les cerisiers sont sur le point 564 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, de fleurir, la pluie leur est souvent funeste, par la même raison ; mais elle l'est surtout au cerisier, parce que les anihères de cet arbre jettent leur poussière tout à-la-fois, au lieu que le poirier ne disperse la sienne que peu-à-peu , et que, si une parlie devient inutile, le reste peut fructifier. + 6°. T'héophraste, Pline, Tournefort , et d’autres auteurs nous ont &ppris que les Orientaux arrachent des rameaux du palmier mâle, pour les attacher sur ceux du palmier femelle, sans quoi les dattes sont âpres et sans noyaux. [4 Les Ciliciens suivent des méthodes semblables, relativement aux pistachiers. Les uns coupent des grappes de fleurs; ( c’est-à-dire les étamines du pistachier mâle , }les placent dans des vaisseaux, d’où les vents portent plus aisément la poussière sur les stigmates du pistachier femelle ; d’autres mettent dans de petits sacs les fleurs mâles, les font sécher; etilsen répandent eux-mêmes la semence sur lesfleurs femelles. Par ces pratiques , les uns et les autres se procurent de meilleures récoltes. 7°. La plupart des plantes ayant un long pistil, la poussière parviendroit dificilement aux stigmates; si les fleurs de ces plantes n'étoient pas inclinées, . comme elles le sont en effet. On ne sauroit attribuer avee vraisemblance cette si- tuation à la pesanteur, puisque les fruits de ces mè- mes plantes dix fois plus pesans que les fleurs , crois- sent dans une direction verticale. : 8°. Plusieurs plantes, comme le Nymphæa, ont \ ‘DISCOURS SUR LAN ATO MIE. 265 6 leurs tiges dans l'eau : mais surle point de s'épa- nouir , leurs fleurs nagent à la surface ; d’autres, comme les renoncules aquatiques, y sont entière ment plongées, et à la même époque, elles élèvent leurs fleurs au-dessus de l'eau, puis les y replongent après le temps de la fécondation. 9°. La plupart des fleurs composées semblent con tredire la proposition dont on rassemble ici les preuves cependant elles la confirment : cesifleurs sont cons- traites sur différens plans. Dans la polygamie égale, toutes les petites fleurs portent des élamines et des pistils; dans la polygamie superflue, ( ou plutôL avec surabondance }, des petites fleurs qui ont toutes leurs étamines et leurs pistils , occupent le disque, et sur les rayons, il n’y en a que de femelles, qui sont f£- condées par la poussière surabondante des mâles, situés au milieu. La polygamieinutile ( 1) ( polygamix frustranea) rassemble dansle disque, à côté des mac les , toutes les femelles fécondes; elle a sur les rayons d’autres femelles, mais qui sont stériles, malgré l'a- bondance de la poussière. Enfin , dans la polysamie nécessaire, les petites fleurs que rassemble le disque ont toutes leurs élamines et leurs pistils: maiselles n’ont point de stigmates , el les petites fleurs des rayons n'ont point d'élamines ; ainsi la plante seroit stérile , et son espèce périroit, si l’auteur de la na- ture n’avoit placé sur les rayons des pistils munis non-seulement de sligmates, mais encore d’étimines. (1) C'est-à-dire où il y a des ivdirides inutiles. 266 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. On voit donc que dans aucun casles plantes à fleurs composées ne manquent ni d'organes mâles, ni d’or- ganisations femelles capables de les propager. 10°. Les stigmates se comportent à l'égard des élamines comme les mâles des animaux à l'égard de leurs femelles. Ainsi, par exemple, dansles Parnassiæ , on observe cinq élamines courtes, qui successivement s'allongent, viennent enfin toucher le stigmate, et se retirent, Observez la pariétaire où la menthe , le matin, c'est-à-dire, dans cette partie de la journée qui, pour les animaux, est le plus spécialemeut consacrée aux amours, vous verrez leurs anthères se rompre avec explosion et lancer leur poussière sur les pistils. On avancera ce moment , si l’on pique les anthères avec une aiguille, commel'a observé VAILLANT, disc. 5. Les melons, les concombres , les courges, portent deux sortes de fleurs, dont les unes nommées stér1: les, n’ont des différentes parties dont il s'agit, que les étamines ; des autres qui produisent des fruits, n’ont que des pistils. Les jardiniers ont coutume de sacrifier les pre- mières, comme ne servant qu’à consumer inutilement une portion de la nourriture de la plante; mais ils se trompent. Qu'ils aient soin plutôt de cueillir les fleurs à étamines et d’en secouer la poussière sur les sligmales vers midi, ou simplement de rouler ces fleurs sur celles à pistils, et ils auront de meilleures récoltes; car, si elles sont pauvres, c’est faute de fé- condation el non de nourriture. Le même inconvé- . DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 3267 nient arrive , si l’on n’a pas soin d'ouvrir les fenêtres des serres, afin que le vent aide au transport de la poussière prolifique. On peut faire sur les tulipes une expérience agréa- ble. Prenez, par exemple, une tulipe rouge, arrachez- en les anthèresavant la dispersion du pollen,etsecouez sur lesstigmates celui d'une tulipe blanche; lorsqu’en- suite les graines de celle-ci seront müres, semez-les dans un carreau particulier, vous aurez des tulipes de trois sortes , les unes rouges, les autres blanches , les troisièmes, mi - parties de blanc et de rouge, comme il arrive dans l’accouplement des animaux de deux “couleurs différentes. Le calice est donc, pour ainsi dire, le lit nuptial des plantes ; il enferme et protège des organes très- délicats; la corolle tient lieu des nymphes ; ses pétales fournissent aux mêmes organes , un nouvel abri contre les injures de l’air dans les mauvais temps, et elles s’épanouissent à la clarté d’un beau jour. Les filamens sont les vaisseaux spermatiques , puisqu'ils portentauxanthères le suc génitalexpriméde la plante, Les anthères ressemblent aux laites des poissons. La poussière peut être comparée aux vermisseaux ou COr- puscules quelconques , nageans dans le sperme des animaux. Le stigmate est la vulve qui reçoit ce sperme; et le style est le vagin ou la trompe de la matrice ( ou l’un ou l’autre ); le germe est l'ovaire; la graine est l'œuf. Le péricarpe est encore l'ovaire , mais fécondé, développé, et renfermant les œufs qui ont recu le principe de la vie, 268 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Observons en finissant , que le calice vient de VE à corcé extérieure de la plante, la corolle de l'écorce intérieure; les étamimes , de l’aubier ; le péricarpe , de la substance ligneuse et les semences de la moëlle ; car ces parties sont placées et se développent dans le même ordre; ainsi la fleur et le fruit sont le développement de toutes les parties de la plante : c’est ce que Cæsal- pin avoit entrevu, et ce que Logan a vu d’une ma- mière distincte. On trouve encore entre ces parties des plantes et les organes sexuels des animaux, d’autres analogies que celles dont on a fait mention. ‘ La première est celle de lodeur que ces organes répandent , lorsqu'ils sont en activité. En second licu, les animaux ne sont jamais plus beaux qu’à l’époque où ils sont disposés à se reproduire, Le cerf, la tète haute, porte fièrement le bois dont elle est ornée ; les oiseaux, les poissons même , brillent alors des plus vives couleurs; ce temps une fois passé » tout change, et ces animaux perdent une grande par- tie de leur beauté. Ilen est de mème des fleurs ; le prin- temps qui, si on lose dire , est pour elles, comme pour le plus grand nombre des animaux, la saison des amours, est aussi le temps où elles embellisent la terre d’une plus riche parure. Eroisièmement, l'acte de la génération affoiblit Les animaux ; c’est ce qu'on voit particulièrement dans les papillons et dans les phalènes : à peine ont-ils accompli cet acte que leurs ailes s’affaisent, et que peu de temps après ils expirent. Enfermez-en un seul dans une DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 269 chambre, il y vivra pendant plusieurs mois. Les plantes ressemblent encore en ce point aux animaux, Ainsi, par exemple, ia plante appelée musa vit sou- vent un siècle dans les jardins des Pays-Bas; mais dès qu’une fois elle est épanouie, aucunsoin, aucun art ne peuvent empècher sa tige de se dessécher et de périr l'année suivante. (1) (1) Daus les considérations précédentes , Vicq-d’Azyr qui adopte les opinions de Linpné, donne trop d’étendue aux rapprochemens entre la génération végétale et la génération animale. Les ovaires et les trompes sont mêmes les seules parties de l'appareil génitaf propre aux animaux, que l’on observe dans l’appareil génital des æplautes. Les autres parties que l’on a voulu voir dans ce dernier, telles que la matrice , le vagin , la vulve, seroient entièrement inutiles dans le mode de reproduction que la nature a adopté pour les végétaux. Voyez, pour plus de détail, l’ouvrage que j’ai publié sous le titre d'Histoire Naturelle de la Femme, suivie d'un Traité d'Hygiène appliquée à son régime physique et moral aux différentes époques de la vie, tome ILE, page 55. { Note de l'Editeur.) DES ANIMAUX. ne % “7 Nous avons déjà vu que certaines parties des végé« taux sont irritables , et quoique l’irritabilité soit très- borgée dans les plantes, c’en est assez pour que nous ne devions pas regarder cette propriété comme un carac- tère particulier à la substance dont les animaux sont formés ; mais ce qui les distingue de toutes les espèces de végétaux sans exception, c’est la présence d’un ca- nal destiné à la digestion des alimens.'Tantôt ce canal est court et évasé, comme dans les polypes, tantôt il s’allonge, comme dans les vers; dans d’autres, il sedi- vise en plusieurs cavités. Le système nerveux offre encore un caractère très- frappant, et l’on n’en trouve aucune trace dans les végélaux, Les vaisseaux sont blancs ou rouges ; ceux-ci di- minuent en nombre et en étendue à mesure que l’on s'éloigne davantage des premiers animaux ; et les vaisseaux blancs sont les seuls dont soient pourvus les animaux qui se rapprochent le plus des plantes. REMARQUE DE L’'EDITEUR. Le type animal élève en général le corps qui le présente dans l’échelle des êtres ; il augmente ses rapports, donne plus d'éclat , plus d’étendue au phénomène de la vitalité; en surte que , suivant notre façon de voir , on peut regarder J’animal comme l’ouvage le plus complet de la nature , en avouant toutefois que ses autres productions ont une per- k : LS ote.. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 291 fection relative , c’est-à-dire , la plénitude des qualités qui leur sont propres, Les déplacemens spontanés, le choix , la recherche d’une nourriture convenable , et son élaboration préliminaire, sont les attributs les plus saillans de l’animalité ; la pré sence d’un organe destiné à une véritable digestion, ne permet donc pas de balancer sur la classe à laquelle on doit rapporter le corps vivant qui présente cette disposition. On observe en outre , que les animaux fournissent à l'analyse chimique des produits particuliers ; que leurs or gaues sont plus liés, plus ‘dépendans les uns des autres ; qu'enfin leurs parties essentielles sont en plus grand nom— bre , plus rapprochées du centre , et comme protégées par les organes extérieurs. Quant au végétal, ce n’est pas un animal enraciné , ni un corps vivant semblable à un animal qui seroit réduit à la partie de son être, dont le sommeil ne suspend jamais l’action ; sa structure , ses phénomènes ont d’autres for- mes. Incapable d'aucun déplacemeut spontané , réduit à un mode d’organisation plus simple, le végétal recoit sans choix , et absorbe, sans le concours d’un appareil spécial de digestion, les matériaux dont il se nourrit. Ses organes principaux sont en outre placés à l’extérieur , et sa subs= tance fournit des produits moins composés à l'analyse chimique. | Au premier coup d’œil le végétal et l'animal paroissent donc distincts l’un de l’autre , par des caractères bien tran- chés. Ainsi que nous l’avons déjà remarqué, ces deux grandes classes se réunissent cependant par les extrémités, et un grand nombre de productions organisées n’entrent même qu'avec difficulté dans ces deux cadres où l’on essaie de resserrer la nature vivante. 272 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. Ainsi, sans descendre jusqu’au dernier degré de l'échelle animale , sans aller même au delà des méduses , nous trous vons déja le rizosiome , dont les bouches sont de véri= | tables racines , faisant partie d’ailleurs d'une organisation équivoque , qui tenant du végétal et de l'animal, semble former un passage naturel entre ces deux classes. ] Plus loin les attributs de l’animalité sont encore moins RTS marqués, ou plutôt disparoissent , comme on peut s'en convaincre en observant que l’estomac des polypes est plutôt supposé que démontré; que des mouvemens , dont la 1 nature est inconnue, sont le seul trait animal que l’on puisse | saisir dans les éponges ; que tout est végétal , onu même simple végétation dans ces animaux , dans les escares , les madrépores , les alcyons, etc, elc. La série végétale a aussi ses productions équivoques , ses derniers rangs; les conferves , par exemple , ne sont placées parmi les plantes qu'avec effort , et d’une ma— nière tout - à = fait arbitraire ; ce qui, joint à beaucoup d’autres motifs, doit nous convainere de l’insuffisance de nos classifications , ou de la nécessité de les auginenter ; lorsque la science faisant des progrès , nous venons à mous apercevoir que l'empire de la nature a trop d’étendue pour être renferme dans Les divisions qui furent d’abord tracées, et que l’on devroit toujours regarder comme des cadres sus= ceptibles d’être, par la suite, diminués ou étendus. . DISCOURS SUR L'ANATOMIE, 273 TABLEAU des animaux dans l'ordre de leur composition anatomique, imaux sont composés de tissu à er fibres Lai {Polypes » hydra. . LanNé. 6 \Vers des zoophytes: æ 1%. Avec un estomac. , re des litophytes. } )Biphores. sf: . FORSKALL. ù Vibrio paxillifer. . MuLzzer. + baies Actes ire + Meduses. . , - ne" } Seiches. Plus. . . 2%. Desintestins. . . . « Argonautes. Féroé es La plupart Le vêrs infusoires, . . . Murzer, (Vorticelles. . + . Murrer. Brachiones. . . . MuLrLer. Botryles. ii: 2 : PALEAS Un organe extérieur de} Plus. +. 3°.) respiration aqueuse. Ÿ Quelques viscères ; unf Thétis . . + + LiNxÉ. # système de vaisseaux | Anomie, . . . . Ling. ‘ lymphatiques ; desor-)Nereis . . . . . Linxé, à Plus. ES ganes de génération , Les animaux des co- HUE (sans organes de coït}: quilles bivalves et un réseau nerveux. umvalves. MPlus.. . quelquefois le sens de \Les versintestinaux. la vue. u vaisseau sanguin À 4 Des organes de coït ni, (hermaphrodites); un We: cœur ( lymphatique ) Les sangsues. . . . sans oreillette, avec \ L Bliaces 2.1.1: des pulsations dis- HA inctes; des ganglions; EN se FRE 14 à sa Les animaux des co- es univalves. organe masticatoire quilles u imparfait , intérieur ou extérieur. °}e SCIENCES PHYSIOL.ET MEDICALES. Un cerveau ; des mem bres pour la locomo- tion ; des organes de AU E IS femelles ; quelquefois le sens de l’ouie; un système osseux exté- rieur rs 27 - La f . ; . . \ ( Les premiers rudimens Les poissons cartila- Plus. . . 8°.) d’unsystèmeosseuxin-) gineux (branchios- \ térieur ; un cœur; "+ tèges chondropté- vaisseaux sanguins. TIS1en6 |). CES Plus. . . 9°. Un système osseux in Les poissons propre téribur. 000). T1. menti RS Des poumons intérieurs; un organe, de l’odo- ‘Les amphibies. . . rat. Plus. . D S o ù L 3 Plus. : 11 + Un cœur biloculaire. . Les oiseaux. . . - (Des organes parfaits de à 1 LT OM RSA goûtetde mastication; )Les.cétacées . . . des organes de lacta-S Les mamellifères. . (1) tion; une matrice. (1) L'idée de ce tableau est tres-heureuse; mais l'Histoire Naturelle et l’ Anatomie comparée n’étoient pas assez ayan- cées à l’époque à laquelle Vicq-d’Azyr l’a tracé, pour pré- senter , d’une manière exacte, de semblables rapproche- mens. Voici d’ailleurs l'indication rapide des erreurs qui se sont glissées dans ce tableau. L’estomac des vers des litophites n'est rien moins que démontré , et la premiere famille des zoophites, les échino- dermes, dont il n’est pas parlé, ont un estomac, et de plus une ébauche de canal intestinal. Les seiches , sepiæ , aux quelles on attribue une organisation bornée à la combinaison d’un canal intestinal et d’un estomac ; avec un tissu vascu= AP, OORPT TO rie en a RC RTL DISCOURS SUR L’'ANATOMIE, 275 DES VERS. Cette classe est la plus nombreuse de toutes celles qui composent le règne animal, Les vers sont répandus et se multiplient dans le corps des autres animaux ; les premières couches de la terre en sont remplies ; leseaux en sont peuplées. . Déposées sur la surface du globe, leurs enveloppes y forment des lits d’une immense étendue; ils croissent dans les substances que le mouvement de la putré- faction décompose ; ils vivent au sein mème de la mort, et le monde nouveau que le microscope à découvert en est presqu’entièrement formé. Les fonctions organiques dans cette classe d’ani- maux, sont moins nombreuses, mais elles ont une énergie plus grande que dans les animaux des autres classes; lirritabilité y est dans son plus grand degré de force, et les individus s’y multiplient avec une étonnante fécondité. —— « laire et musculaire , ont une structure plus composée. Elles doivent être rapprochées des animaux des coquilles bis valves et univalves, dans la grande famille des mollusques, dont elles offrent le type organique. Parmi les meduses auxquelles on suppose un estomac , on trouve le rhizostome, dont M. Cuvier a fait récemment connoître la structure, et dan$ laquelle il a trouvé des bouches qui sont des racines dépourvues d’un appareil . quelconque de digestion. M. Duméril, qui s’est occupé spécialement de l'Histoire naturelle et de la Physiologie des insectes, a fait reconnoitre le sens de l’odorat et son siége dan$ cette classe d’animaux. + ‘ 276 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. L'examen de cette classe d'animaux promet des faits intéressans au physiologiste. Il est à présumer par un grand nombre de faits E que l’on pourroit diviser la grande faimifle des vers en 4 classes, la première renfermeroit les animaux bomogynes ou qui peuvent se reprod uire par la section d’une de leurs parties, quoiqu'ils aient des ovaires, Les hydres, les byphores de bruyère, le vibrio paxi- lifer, les beroë , et les volvox, les animaux muicrosco- piques, etc. La seconde classe, les androgynes , qui ne se reproduisent que par des œufs ou des germes avec des organes de la génération, sans coït. ( Les madré- pores, les scylles, les holoturies , appartiennent à cette classe. ) La troisième renfermeroit les hermaphrodites qui ne peuvent se reproduire sans coït , et dont les sexes, cependant ne sont pas séparés, (les seiches, les lapli- sies , les limaces , etc. ) Enfin une quatrième classe seroit consacrée aux Dioïques, tels que les amphino- mes de Pallas, les aphrodites, les néréides, etc. : REMARQUE. L'ÉconomIE organique des animaux invertébrés étant peu connue lorsque Vicq-d’Azyr a publié son système anatomique, on divisoit encore ces animaux en deux classes ; savoir , 1°. les insectes ; 2°. les vers : groupe im-— mense dans lequel étoient rapprechées ou plutôt confondues et entassées des productions qui n’avoient presque rien de commun , que de nous être inconnues dans les circonstances les plus importantes de leur structure. Depuis cette époque, et par suite des progrès dont l’Anatomie comparée 6st DISCOURS SUR L’ANATOMIEF. 257 redevable au citoyen Cuvier, (1) ona mieux distribué ce nouveau monde vital, que l’on a divise en cinq parties ; savoir, 1°. les zoophites ; 2°. les insectes ; 30, les vers arti- culés ; 4°. les crustacées ; 5°. les mollusques. Les mollusques , dont la seiche sæpia peut être regardée cprae le type , ont une circulation complète, des organes detdigestion, un systeme nerveux double , des sens , et en un mot une organisation qui les rapproche des poissons, dont iis partagent en grande partie la liquide habitation. (2) Les crustacées et les vers articulés (3) sont également remarquables par une perfection dans leur organisalion intérieure , où l’on observe aussi une véritable circulation. Les insectes qui respirent par des trachées, et qui sont dépourvus d’un appareil circulatoire, ont été abaissés de plusieurs degrés dans l'échelle des êtres; l'étendue des mou- vemens de ces animaux, l'instinct, l’industrie de quelques- uns , et la grande expression de la vitalité , dans toute leur classe , la rétabliront sans doute à sa première place; les maturahstes, que l’abus des divisions arbitraires n’a point égarés ne pouvant s’accoutumer à élever un ver de terre, une sangsue , un limaçon, ou une huitre au-dessus d’une abeille , d’un papillon , ou même d’une modeste fourmi, et de tous les autres insectes dont la societé et les travaux sont si admirables. DES INSECTES. Les vers étonnent par leur grande irritabilité , et par la force de reproduction dont jouit chacune de (1) Vid. les deux premiers Mémoires quil a publiés sur cet im- portant sujet, dans le Mag. Encyclop. er dans la Décade Philesop. 2) Les limaces et les huîtres appartiennent à cette classe. } PP 3) L'écrevisse, lescrabes,la sangsue appartiennent à ces deux classes. ‘ ) 3 5 PF 278 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. leurs parties. Dans les insectes, nous avons à exas= miner les divers états par lesquels ils passent avant d'arriver à celui d’insecte parfait. Dans le premier de ces états ils ont la mollesse et V'irritabilité des vers auxquels ils se lient par ce pas- sage. Dans le second état, leur métamorphose se pré- pare et s’achève sous l'enveloppe qu'ils vont quitter 3 et dans le troisième, l’insecte ailé vole, se reproduit et meurt. Chacun de ces états donne aux fonctions qui lui sont propres une intensité particulière ; dans la larve ce sont les mâchoires , l’estomac et les intes- tins qui fixent l'attention de lobservateur : dans Vinsecte parfait le système gastrique est presque nul, et c’est celui de la génération qui domine. DES POISSONS. Les poissons ont des ouïes, un cœur musculeux et le sang rouge; ces parties les distinguent essentiel- lement de tout le reste des animaux, Les vers, à la vérité, ont des espèces d’ouïes ; mais dans les vers les organes sont mous, très-multipliés, et leur mé- canisme est sans doute bien inférieur. Les ouïes sont, comme tout le mondele sait , lesor- ganes de la respiration des poissons, Elles leur sérvent à séparer l'air pur quiest contenu dans l’eau. Leurcha- leur, qui ne surpasse guère que d’un degré celle de l'élément qu’ils habitent , est aussi en proportion de la petite quantité d’air qui est contenue dans l'eau; car on u’ignore point que les mèmes phénomènes qui DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 279 accompagnent la combustion , s'observent dans le mécanisme de la respiration. On peut diviser les poissons en trois grandes classes ; 1°. en cartilagineux ; 2°. en branchiostèges ; 5°. en épineux. Les muscles des premiers ne sont point atta- chés à des épines, mais à des cartilages ; leurs ouïes, plus étendues et plus multipliées que cellesdesépineux, sont fixées sur des demi-cercles cartilagineux. Ils ne reçoivent pas l’eau seulement par la gueule, mais aussi par des trous particuliers, et ils la rendent par d'autres ouvertures. Ils se rapprochent des reptiles par plus d’un caractère, Les épineux ont les ouïes renfermées dans une seule cavité et attachées à des demi-cercles épineux. Ils prennent l’eau par la gueule et ils la rejettent par une ouverture particulière, que ferme en partie une membrane soutenue par des rayons Les branchiostèges tiennent le milieu entre ceux-ci et les cartilagineux. Leurs nageoires sont soutenues par desrayons épineux, et ils rendent l'eau par une seule ouverture ; et il, diffèrent essentiellement des épineux , en ce qu’ils n’ont point de membrane rayonnée pour fermer cette ouverture. La digestion, dans les poissons , s’opère de différentes manières. Lesorganes destinés à cette fonction varient beaucoup , quant à leur forme : aussi ces parties ne fournissent-elles point les caractères de grandes di- Visions ; elles pourroient tout au plus servir à dis- tinguer des familles , mais jamais de grands ordres. L’oœsophage, dans ces animaux, est court et sus- #80 SCIENCES PIYSIOL. ET MEDICALES. ceptible d’une grande dilatation. Dans quelques-uns il est renforcé par des bandes musculeuses longitu- dinales. Les poissons avalent quelquefois de très-gros morceaux, el les dents ne leur servent point à triturer les alimens, mais tout au plus à tuer et à retenirleur _ proie. L’estomac est grand, ordinairement membra- neux , et peu différent , quant à la forme, dans les diverses espèces, Dans quelques-unes il n’est, à pro- prement parler, qu'une dilatation du tube intestinal. Dans le muge et dans une espèce de truite il est mus- culeux, orbiculaire , applati , très-épais et ressem-— blant au gésier des oiseaux. Dans ces mêmes espèces , l'ouverture de la gueule est assez petite. Le tube intestinal, qui est très-court dans les autres, forme dans celles-ci un grand nombre de circonvolutions, et sa substance est d’un tissu plus délié. Dans beauconp de poissons, la partie qui unit l’es- tomac aux intestins est garnie d’un grand nombre d'appendices vermiformes. On observe surtout, ces parties dans les saumons, les morues, etc. Elles sont glanduleuses et séparent sans doute une liqueur par- ticulière nécessaire à la digestion. Le mésentère est ordinairement parsemé de glandes ; ce sont les réser= voirs de la liqueur qui passe dans les vaisseaux lactés, lesquels sont très-apparens dans cette classe. Tous les poissons sont ovipares, mais la manière dont ils font leurs œufs offre des différences très-remarquables, T'ous les épineux les jettent dans un temps déterminés leurs ovaires sont très-considérables, et en contien- nent une quantité prodigieuse : ces organes sont le DISCOURS SUR L’'ANATOMIF. 98» plus souvent au nombre de deux , très-rarement au- dessous , et ils laissent échapper des œufs par un canal plus ou moins court, suivant les différentes espèces. Dans la plupart des épineux anguilliformes, ces organes sont situés hors de l'enceinte du péritoine , disposés en grappe , et leur canal aboutit dans le cloaque. L’anguille, qui est conformée de cette ma- nière, n’a aussi qu’une seule et mème ouverture pour rendre les excrémens et les œufs, On retrouve la mème structure dans la lamproye, et ce n’est pas le seul caractère que les anguilliformes aient de com- mun avec les cartilagineux. Les organes internes de la génération des mâles de cetle famille sont aussi hors du péritaine et divisés en lobules. Dans les cartilagineux, comme les chiens de mer, les œufs détachés des ovaires tombent dans l'utérus, et y éclosent après un certain temps. Ce temps leur est nécessaire pour prendre leur accroissement. Le petit sort de l'œuf sans en rompre l'enveloppe, et il y tient encore par un cordon ombilical, quoique hors du corps de la mère. Cette manière de se repro- duire , analogue à celle des animaux ovipareset vi- vipares, semble prouver que le mécanisme de la génération n’est pas aussi différent qu’on le croit d’a- bord dans ces deux classes d'animaux. ° Les branchiostèges proprement dits , rendent leurs œufs comme les épineux; mais dans quelques-uns (les syngnathes } les œufs restent collés sur la partie extérieure de l'abdomen, jusqu’à ce qu’ils soientéclos, 282 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES. ou bien comme dans le cheval marin qui est une espèce de syngnathe, ils sont attachés aux parois internes de deux lèvres longitudinales qui paroissent au mo- ment de la ponte. Ces lèvres sont formées par le gonflement des tégumens de la partie qui est der- rière Janus ; et elles disparoissent lorsque tous les œufs sont éclos. Cette manière de faire leurs œuf, qui est propre à tous les branchiostèges, que M. Broussonet a eu occasion d'examiner, pourroit bien aussi l'être à tous ceux qui vivent dans les mers des Indes. Elle est absolument analogue à celle de plu- sieurs grenouilles ; et la façon dont se reproduit la grenouille pipa est à-peu-près la même. Quelques poissons s’accouplent à-peu-près comme les animaux à sang chaud : d’autres à da manière des grenouilles; d’autres enfin se multiplient d’une façon particulière qui leur est propre. Les mâles des car- tilagineux , comme les raies, les chiens de mer, ont deux pénis comme les serpens. Les femelles ont aussi deux ouvertures génitales, On pêche quelquefois ces animaux accouplés ; d’ailleurs , la forme de leurs organes montre assez qu’ils doivent rester long-temps en copulation. S La liqueur séminale paroît devoir passer lentement dans les ovaires. ÿ , . hi ii Nous ne croyons pas que la génération des bran- 4 chiostèges s'exécute par un accouplement réel. Les œufs déjà collés à l’extérieur du corps ne sont point fécondés, mais le mâle les rend tels, en répandant sur eux à plusieurs reprises la liqueur fécondante. DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 283 Peut-être mème cette liqueur sert-elle encore, comme dans les insectes, à les coller. Le gros-mollet (cyclopterus lampus, LINNÉ) a au sternum une partie ronde, fongueuse , ressemblant en quelque sorte à une écuelle , au moyen de laquelle il s'attache fortement aux rochers. Des auteurs di- gnesde foi ont écrit que les deux sexes attachésrécipro- ._ quement par ces parties, procédoient à l'acte de la génération. Mais la partie mâle dans cette espèce, telle que M. Broussonet l’a observée dans le temps du rut, n’a pas plus de deux ou trois lignes de lon- gueur. Les ovaires cependant ont quatre ou cinq pouces d’étendue. Comment s’imaginer qu’un accou= plement, quelque réitéréqu’il fût, pût suffire à fécon- der tous les œufs contenus dans des parties si dis- proportionnées ? Il est bien plus vraisemblable que le mâle jette son sperme sur les œufs, à mesure qu’ils sortent du corps de la femelle. Cette opération doit être longue comme dans les grenouilles ; et la nature semble y avoir pourvu en donnant à ces animaux un organe particulier qui joint les deux sexes et les em- pêche d’ètre séparés par les vagues , dans les mers agitées, comme le sont celles du Nord où ils vivent, Dans la saison du rut, l’orgasme vénérien se montre à l'extérieur, et les parties mâles ou femelles se tuméfient. Le squelette des poissons est composé de cartilages ou d'os. Les cartilages sont réunis par des ligamens très-forts, et qui suppléent en quelque sorte au défant de fermeté de ces parties. Les poissons de cette fa- 2” 284 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. mille ont les muscles très-fortss; ils sont agiles et capables d'exécuter des mouvemens combinés. Les épines , dans les autres poissons, tiennent en quelque sorte le milieu entre les os proprement dits et les cartilages : comme ceux-ci, elles peuvent se séparer jusqu’à un certain point, en feuillets, et elles ont à- peu-près la dureté des premiers, Les articulations sont, presque toutes à faceites, ce qui rend un bon squelette de poisson très- difficile à faire. Quelques espèces de silures ont certains osarticulés d’une ma- uière iout-à-fait particulière ; ce sont deux cercles unis entr'eux , comme des chaïinons, Les nageoires tiennent lieu de membres dans les poissons ; elles font l'office de bras, de pieds, de mains,. et leurs usages varient suivant leurs différentes posi tons. Celles de l'abdomen, presque toujoursau nombre. de deux, sont situées entre le bout du museau et Yanus; elles s’ouvrent horizontalement dans la plu- part, et ellesservent à soutenir l'animal à une certaine- hauteur. LAnné les a aussi très-bien comparées à des pieds. Celles qui sont atiachées aux côtés de la poi- + trine sont employées pour faire tourner tont le corpss L'aileron de la queue donne l'impulsion ; les nageoires du dos et de anus maintiennent l'équilibre : elles sont toujours en proporlion avec le volume des parties antérieures de l'animal. Elles servent encore dans quelques-uns , en offrant une plus grande sur- face vers les parties postérieures, à augmenter la force d’impulsion. Ce qui prouve que toutes ces puissances sont néces= DISCOURS SUR L’ANATOMIE, 285 saires aux mouvemens des poissons, c'est qu'on ne peut en supprimer une sans ÿ porter atteinte et sans les ralentir. Borelli a fait des expériences que j'ai répétées en 1772, et dont les résultats rie laissent aucun doute sur cette vérité. Dans cette classe d'êtres vivans, la chaleur dimi- nue parce qu'il y a moins d'air respiré ; le nombre des muscles blancs augmente ; en général, le sque- -lettea moins de consistance: il n’y a dans la colonne vertébrale ni portion cervicale, ni portion lombaire ; point d’extrémités proprement dites ,.point de bassin; le corps entier se réduit au tronc, qui [ui - même west pas complet. Le cœur n’a qu’une cavité ; une artère principale fait les fonctions de veine , et rede- vient ensuite artère ; et ce sont les organes de la digestion et surtout ceux de la génération dans les femelles, qui occupent ici leplus grand espace ; cette grande classe d'animaux est muette, parce qu’elle ma ni poumons ni larynx; elle est stupide, parce que le cerveau très-imparfait n'offre que les tuber- cules propres à l’origine de chaque nerf: elle est vivace, parce que le système de la digestion domine, .et n'est reprimé par aucun autre ordre d’appétit. Au reste ,on manque encore d'observations sur les babitudes et sur les mœurs des poissons qu'on ne eonnoît que d’une manière lrès-incomplète, DES SERPENS ET DES QUADRUPÈDES OVIPARES., Les poissons forment avec les reptiles une grande 286 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. classe d’ovipares à sang froid, qui précède ou qui suit la classe des oiseaux , lesquels sont ovipares et ont le sang plus chaud ; rapport qui les lie aux cétacées et aux quadrupèdes vivipares. à Le mot reptile a paru vague. Nous distinguons ici des animaux apodes, des bipèdes, et des quadru- pèdes ovipares. Les serpens appartiennent à la première section, et ils se rapprochent des congres et des anguilles. Le cannelé et le scheltopusick qui n’ont que deux pieds établissent le passage des serpens aux quadrupèdes ovipares, parmi lesquels le chalcide etle seps ont les quatre extrémités si courtes qu'on ne les aperçoit point lorsque l’animal se meut, et que ce quadrupède ovipare peut être pris pour un serpent. L'ordre suivant nous paroït ètre celui dans lequel on doit faire l'examen êt la dissection de ces animaux, sur lesquels il reste des recherches intéressantes à faire. K 1% APODES OVIPARES. 1°. Le serpent à sonnettes. 2°, La vipère commune. £E Le serpent à collier. à lunettes. 3°. L'orvet. SRE BIPÈDES OVIPARES. 1°, Le cannelé, qui manque de pattes de derrière, Quad. ovip. par M. de la Cépède, p. 613. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 89 2°. Lescheltopusick, quimanque de pieds de devant. Pallas, Nov. Comment. Acad. Petrop. £. 19, année 17443 et M. de la Cépéde, p. 617. S. III. : QUADRUPÈDES OVIPARES. 1°. Le chalcide. Quatre extrémités très - petites, Le seps. Quatre extrémités un peu plus éten- dues que celles du chalcide. 2°, La salamandre; ses fœtus ; sa dépouille, | Le lézard commun. 3°. Le dragon volant. M. de la Cépède, p. 450. 4. Le caméléon, Perruull, Le scinque. 5°. L'iguane. Le basilic. AZ. de la Cépède, p. 285. 6°. Le crocodile. 7. La tortue de mer. 8°. La tortue de terre. La serpentine. Dans les eaux douces. La bourbeuse. Dans les eaux bourbeuses. La terrapère. Dans les marais, 9°. La grenouille commune. Rana. 10°. La raine verte commune, 11°. Le crapaud commun. Bufo. Le pipa, et le développement de ses fœtus. Laurenti divise ces animaux en trois classes; 1°, art- malia serpentia , les serpens ; 2°, gradientia, les lé- zards ; 5°, salientia , les grenouilles, etc, ” 288 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. DES OISEAUX. À mesure que nous avançons, nous voyons le nombre des viscères s’accroître ; les extrémités se dé- velopper, et prendre des formes plus compliquées , en mème temps que le sang acquiert plus de consistance, plus d'intensité dans sa couleur; que les poumons de- viennent plus étendus, et que, dans la mème propor- tion , la chaleur animale augmente. Ici nous devons considérer surtout les habitudes, les besoins et les fonctions propres aux différentes classes d'oiseaux. | Relativement aux habitudes , les oiseaux sont diurnes ou nocturnes; ils vivent sur la terre ou sur les eaux ; ils habitent les montagnes ou les plaines, les lieux secs ou les lieux humides; ils se nourrissent de chair, de poissons, d'insectes , de vers , de substances végétales, soit herbacées , soit des fruits ou de baies ou de graines. Quelques-uns sont omnivores. Les uns s'élèvent dans les plus hautes régions de l'air , ils y respirent aisément , et ne souffrent point du froid qui y règne; d’autres quittent rarement la sur- face de la terre , ne s'élèvent , en volant , qu’à des hau- teurs médiocres, et passent leur vie dans les endroits fort bas. Il y en a qui, de ces mêmes lieux, se portent sans inconvénient dans les plus hautes régions de l'air. La différence des habitudes en suppose une très- grande dans l’organisation. Il est donc convenable de disséquer les oiseaux dont les habitudes sont le plus opposées. DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 289 Nous parcourrons , d’après ces vues, les principales familles de ces animaux. La dissection des oiseaux diurnes et des oiseaux noc- turnes , offrira des résultats relatifs aux organes de ja vue et à ceux de la digestion. Parmi les premiers, les uns s'élèvent à de grandes hauteurs ; les autres planent à peu de distance de la terre. La forme de leurs ailes considérées dans toutes leurs parties et les puissances qui les meuvent , seront comparées entre elles, et il est probable qu'on trou- vera aussi quelques différences dans les organes pul- monaires, entre des animaux qui respirent, tantôt un air très-froid , très-sec, très-léger , et ceux qui demeurent plongés dans une atmosphère humide , compacte et plus échauffée. Sous ce double rapport, il sera utile de disséquer; 1°. le faucon, le gerfaut, ou quelqu'un des oiseaux qu'on nomme en fauconnerie de haut vol; 2°, la buse et la cresserelle, qui sont des oiseaux de bas vol; et il seroit curieux , relativement aux organes de la respi- ration , de comparer aux oiseaux de haut vol le héron, qui comme eux s'élève à la plus grande hauteur dans les airs , après avoir passé une grande parlie du jour dans les lieux les plus bas et les plus humides. Relativement à l'organe de la vue, ces mêmes oiseaux de haut vol seront mis en opposition avec les oiseaux de nuit, On disséquera donc après le gerfaut et la buse: 1°. un héron ; 2°, un hibou ou une chouette, Les ré- sultats comparés du gerfaut et du hibou seront relatifs T. 4 1y 290 SCIENCES PHVYSIOL, ET MEDICAJES. aux organes de la vue; ceux du gerfaut et de la buse le seront aux puissances qui servent pour le vol, Les résultats de l'anatomie du gerfaut, de la buse et du héron, se rapporteront aux organes de la respiration. Le gerfaut et la buse se nourrissant de chair, et le héron de poisson , la dissection de ces Lrois oiseaux seroit encore intéressante , relativement aux organes de la digestion. Mais il est quelques-uns de ces oiseaux qui, saus ètre précisément diurnes ou nocturnes , tiennent le milieu entre ces deux familles, et qui, immobiles dans l'obscurité absolue et pendant la clarté du jour , ne voient bien que pendant le crépuscule, Telest, dans uos contrées , le crapaud-volant , ou iête-chèvre, que M. de Montbeiliard nomme engoulevent. Ce seroit donc un cinquième oiseau qu’on ajouteroit aux quatre que nous avons déjà nommés. Les lieux que les oiseaux habitent, étant commu- nément déterminés par la nature des alimens dont ils se nourrissent, sous ce rapport, j'ajouterai aux cinq oiseaux précédens, le lagopède, connu vulgairement sous le nom de perdrix blanche , et quelques-uns des oiseanx qui ne vivent que sous la zone torride de l’ancien ou du nouveau continent ; tel est le hocco, qui est peut-être celui de ces oiseaux qu’on peut se procurer le plus facilement. Cette espèce paroît très- sensible au froid de nos climats , tandis que la tem- pérature au bas des montagnes, dans le plus fort de l'hiver , est trop chaude pour les lagopèdes qui, après être descendus le matin du sommet des monts, pour 17 (A DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 292 chercher leur nourriture , le regagnent promptement et y passent la journée et la nuit dans des cavités qu'ils ont creusées au milieu de la neige. Les divers alimens dont les oiseaux se nourrissent, supposent des forces et des organes digestifs tres variés ; et comme il y a beaucoup de difference entre les oiseaux , dans la manière de se nourrir, cette ina- nière de les Considérer exige aussi de notre part des détails plus étendus. Nous avons déjà comparé, relativement aux forces digestives , les carnivores et les piscivores, représentés par le gerfaut , le hibou et le héron. En suivant cette mème série d'observations, nous trouverons des oi- seaux qui ne vivent que d'insectes , plusieurs qui ne .$e nourrissent que de vers, et d’autres qui vivent en même temps de ces deux genres d’alimens , et de baies ou de fruits. Parmi les premiers, nous choisirons , pour huitième sujet à disséquer , le pic qui ne vit que d'insectes, et dans lequel lFobservateur aura en même temps à remarquer la conformation d'un oiseau habitué à grim- per, qui a la faculté de darder sa langüe très-loin hors du bec, et de la retirer avec une grande vitesse. La bécace, que je plaçérai au neuvième rang, ne se nourrit que de vers. On y remarquera les particula- rités que présente l'organe de la vue des oiseaux qui ne voient bien que pendant le crépuscule. Le merle et la grive, qui vivent suivant les cir- constances, d'insectes , de vers, de baies et de fruits, occuperont le dixième rang. 292 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Les pies-grièches qui donnent, pendant l'été; la chasse aux insectes , et pendant l'hiver, aux petits oi seaux, fixeront ensuite notre attention, et les mésanges qui se nourrissent le plus communément d'insectes » mais qui ont en mème temps la faculté de digérer Yamande des noyaux ou des grains qu’elles percent , la viande et la graisse dont elles sont surtout avides, ne devront pas êlre négligées. Après les douze familles d'oiseaux déjà énoncées , nous considérerons , relativement à la manière de se nourrir, les granivores, dont les uns avalent le grain eulier, sans l'écorcer ni le rompre ; dont les autres Jl'écorcent avant de l’avaler, tandis que d’autres lécor- cent et le triturent. | Ces différens oiseaux présenteront des caractères. très- variés dans la forme , la force et les puissances motrices du bec, dans les organes digestifs, et surtout dans ce premier organe de la digestion , qu’on nomme le jabot. Les pigeons, placés au treizième rang , offuiront l'exemple d'oiseaux qui avalent le grain entier ; ils présenteront en mème temps des observations à faire sur les oiseaux qui dégorgent la nourriture , pour ali- anenter leurs petits, et en particulier sur la faculté que celle espèce a de faire passer l'air dans son jabot et de l’enfler. Le quatorzième rang, ou celui des oiseaux qui avalent le grain après l'avoir évorcé, offre une nuance que le gros bec fournit. ne: La quinzième place, ou celle des oiseaux qui écor- L' 22 ea RE + = ss ? DISCOURS SUR L’ANATOMIF. 295 cent et qui écrasent le grain avant de l’avaler, pourra être remplie par un grand nombre de petits oiseaux, et en particulier par le serin , le moineau , le char- donneret, etc. Un grand nombre d'oiseaux granivores paissent en mème temps l'herbe ; mais il y en a quien vivent uni- quement , à défaut de grain , dont d'autres ne sauroient se passer totalement. La perdrix et l’outarde ne vivent que de la sommité des blés, quand la terre est cou- verte de neige; je les placerai au seizième rang. Je n’ai point encore parlé des oiseaux d’eau. [1 y eu a de deux genres ; ceux qui fréquentent seulement le rivage où ils Lrouvent leur nourriture, et ceux qui mé- æitent le nom d'oiseaux d'eau , proprement dits, qui sont nageurs, el qui cherchent , ou une partie, ou la totalité de leurs alimens dans les eaux. Les premiers rentrent, ou dans la classe des oiseaux qui vivent de poisson comme les hérons, ou dans celle des oiseaux qui se nourrissent d'insectes ou de vers. Mais les oiseaux d’eau , proprement dits, méritent notre attention sous plusieurs aspects. Ceux qui vivent indifféremment de poisson , degrain et de plantes, doivent être examinés , et je mettrai, par cette raison , au dix-septième rang l’oie et le canard. Je placerai au dix-huitième la grèbe et le cormoran quine vivent que de poisson. Ces mèmes oiseaux d’eau sont en sénéral différens des oiseaux terrestres, par la coupe générale de leur corps , et ils difièrent entre eux à plusieurs égards. 294 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, Leur structure, comparée en général avec celle des oiseaux de terre, est donc un sujet digne d’ attention: Comparés entre eux , parmi ces mèmes oisea x, il y en a qui sont d’excellens plongeurs, qui poule eut leur proie sons l’eau , où ils peuvent rester assez long- temps. Cette différence en suppose une dans lorga- nisation ; c’est pourquoi le castagneux , qui est un excellent plongeur , doit occuper le dix - neuvième rang dans ce tableau. Parmi les oiseaux d’eau nous en trouverons beau- coup qui peuvent nager sur les eaux , et marcher à terre pendant que d’autres ne savent que nager , et ne font, pour ainsi dire , que DCE à terre. Tels sont les grèbes, qui méritent d’ètre mis à la ae | place, Indéperdamment des différences que nousvenons de remarquer entre les divers oiseaux , d’après leurs habi- tudes, il y en a qui méritent qu’on les examine sous d’autres aspects. La première de ces différences est la faculté de chanter et la privation de cette faculté; c’est : pourquoi je mets au vingt-unième rang le rossignol qui en est le chantre par excellence, en opposition avec le moineau franc qui n’a aucune sorte de chant. Mais 1l ne suffit pas de comparer l’oiseau chantant à celui qui ne chante pas : la femelle du premier, ou privée absolument de la faculté qu’a son mâle ; comme celle du rossignol; ou n’ayant cette faculté qu'impar- faitement , comme la femelle du serin, doit ètre mise en opposition surtout avec le mâle de son espèce. La voix des oiseaux chantauns n'étant pas, pendant DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 293 toute l’année , la mème, ou cesoiseaux cessant dechanà ter dans une saison, ils doivent encore être comparés à eux mêmes en différens temps : ainsi le rossignol doit être examiné au mois de mai , Où sa voix esl dans toute sa force, et au mois de juillet, où elle est si changée qu’elle n’est plus reconnoissable. "Il seroit, sous un autre aspecttrès-curieux de don- mer une attention particulière aux oiseaux qui viennent derevêtir de nouvelles plumes. On les considérera encore dans la saison de leurs amours. Fels sont en général les points de vue sous lesquels on peut espréer de retirer le plus de lumière et de con- moissance de l'anatomie des oiseaux, et ces mêmes as- pects sous lesquels nous les considérons, n’exigentque Vanatomie de vingt-une espèces. # DES CÉTACÉES ET DES QUADRUPÈDES. (a) Les cétacées sont de tous les animaux ceux qu'on a le moins disséqués ; on sait qu’ils n'ont decommunavec les poissons, que l'élément qu’ils habitent. Ils sont, quant à la structure des viscères, à peu près coufor- més comme les quadrupèdes. Une remarque curieuse, c’est que les grandes nageoires de ces animaux cachent un appareil osseux , semblable à celui des quadrupèdes fissipèdes ; on y trouve une omoplâte , un humérus, (1) Dans l’état actuel des connoissances , les cétacées sont réunis avec les quadrupèdes , et l'homme dans un mème ordre, l’ordre des mammifères, W. 206 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. deux os de l'avant-bras, un poignet, et dans le dau- phin cinq doigts. C’est ainsi que dans l’éléphant, à pied , qui forme une masse lourde et pesante , dissé=. qué , présentecinq doigts, el un carpe analogue à celui de l’homme. Le rhinocéros et lThippopotame n’en diffèrent que, parce qu’en eux , le nombre des doigts La 4 est moins grand, | Il est bien important de saisir toutes les occasions qui pourront se présenter, d'examiner et de disséquer les céiacées, qu’on divise en quatre genres. 1°. Les baleines. 2”, Les monodons narhwaïi-monocéros, 5°. Les cachalots, phiseter. L. | 4; Les dauphins, le marsouin. #*, | Les quadrupèdes étant ceux de tous les animaux qui ressemblent le plus à l’homme , ce sont ceux. aussi qui ont mérité le plus d'attention de notre part. Un autre motif très- pressant nous a déterminés à les considérer avec lout le soin dont nous sommes capables; c'est l'utilité dont ils sont à l’homme dans ses travaux. Le cheval, le bœuf, la brebis, le chien, elc., sont devenus les’sujets d’une médecine particülière , à laquelle des établissemens ont été con- sacrés. L’anatomie de ces animaux a dü fixer nos re- « gards; elle a dû nous arrèter plus long-temps que celle d’un grand nombre d'animaux qu’il est de lin- térèt public de détruire plutôt que de les conserver. Il n'est aucune partie extérieure des quadrupèdes, qui mait été considérée comme devant servir à da ns ts OT DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 297 construction des méthodes que les naturalistes ont imaginées pour les classer. (1) DE L'HOMME. C’est pour arriver à cet article que tous les autres sont faits. On ne connoît point deux espèces d'hommes, mais plusieurs variétés se font remarquer dans cette espèce. M. Kant admet quatre races d'hommes (2) qui sont l'Européen septentrional, l'Américain, le Nègre, et PIndien olivâtre d’au delà du Gange. Erxleben en admet six; savoir, le nain du Nord, ou le Lapon; le Tartare , vivant en Asie , depuis le mont Imaüs jusqu'aux cratères de la Laponie ; lAsia- tique, habitant au delà du Gauge ; l’'Européen, l’Afri- cain et le Mexicain. Chacune de ces races a des caractères de couleur, de forme et de grandeur qu’il est important de con- sidérer , et qui se trouveront à leur place dans cet ouvrage. Feu M. Camper a publié, sur la structure du cräne et de la face des divers habitans du globe , des re- cherches , desquelles il résulte que la ligne féciale est plus oblique dans la tête des nègres que dans celle des Européens. (1) Voyez pour les principaux résultats les travaux de Vicq- d’Azyr sur l'anatomie des quadrupèdes, le deuxième Discours sur l’Anatomie. (2) M: Blumenbach admet aussi quatre races d'hommes. °08 SCIANCES PIIYSIOZ. ET MEDICALES. On trouve encore des remarques curieuses sur cé sujet, dans l'ouvrage suivant , de M. Blumenbach # Decas Craniorum diversarum gentium , illustrata ÿ in-4°. 1790. (1) QUELQUES RÉFLÉXIONS SUR LA NATURE ET SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS DES CORPS VIVANS OU URGANIQUES. Toujours l'impatiente curiosité de l'homme a dévan- cé l’observaton ; il aime mieux chercher à deviner les secrets de la nature, que de s’efforcer à Jes appro- fondir. Les terres, les pierres , les métaux, les sels , les plantes, les animaux ont été les sujets de mille fictions. On à compris enfin que le véritable savoir n’est fondé que sur Fexpérience et sur l'étude. 1°. MM. Pallas et Saussure ont parcourn les mon- tagnes; ils ont vu qne les plus élevées s’'appuyent sur le granit, et le granit ne peut être rangé parmi (1) Au milieu des causes qui onteffacé les traits originaires, et confondu les races, il est tres -difficile de reconnoître les branches primitives de l'espèce humaine. Cependant, d’a- pres les résultats fournis sur cet important sujet, par un grand nombre de recherches, on peut aujourd’hui rapporter toutes les variétés de l’homme à trois types principaux; 1°. Type caucassien, ou race prototype ; 2°. Type mon- golique ; 5°. T'ype Afiicain. Voyez, pour le développe- ment de cette opinion , l'ouvrage que j'ai publié sous le tilre d'Histoire ei d'Hygiène de la Femme. Tom. I, p:440. — CN | DISCOURS SUR L’ANATOMIE. . 299 » Îes premières productions du globe, puisqu'il est composé de cristaux qui n’ont pu se former et se réunir que dans une longue suite de siècles et dans une iminense étendue d’eau. Or, comment les corps organiques auroien t-ils existé à celte époque, puisqu'on en trouve aucuns débris dans les vieilles montagnes? Alors les eaux couvroient les plus hautes éléva- tions de la terre ; de larges fleuves creusoient les wallons ; les métaux s’y formoient ou s’y déposoient, et des substances qu’on peut regarder comme pri- milives, se plaçoient par couches sur leurs flancs, ou cemposoient de nouvelles montagnes. Enfin, lesanimaux naquirent; des familles immenses de coquillages couvrirent de leurs dépouilles la pre- mièresuperficie du globe : en même temps, les premiers végétaux, nourris dans une terre vierge, et entraînés par les eaux, s’entassèrent : des chocs, des fermen- tations tumultueuses produisirent des ébranlemens inattendus , le volume des eaux diminuant, la mer seresserra dansses bassins , le feu des volcans s’éteignit ou s’appaisa ; etla terre fut peupléed’animaux etlivrée à l’homme. L’obervation la plus attentive présente cette série de faits, dont la succession n’est pas douteuse, sans que ni la durée, ni les époques , ni les circonstances diverses en puissent être aucunement déterminées. 2°. Non-seulement l'existence des corps organiques sur les différentes parties du globe y a imprimé des traces profondes et durables, mais elle a de plus influé sur l'atmosphère et sur les eaux. 300 SCIENCES PHYSIOI,. ET MEDICALES. Il est diflicile de se refuser à croire avec Bergman que les eaux ont été dans les anciens temps plus abondantes qu'elles nelesont aujourd'hui. Une grande partie de ce fluide se décompose au sein de lécono- mie végétale, dans laquelle le gaz inflammable sert à composer les huiles, les résines et la partie colo- rante, tandis que l'air vital, autre élément de l’eau, est versé dans l'atmosphère. D'ailleurs, les animaux marins décomposant l'eau à leur manière, forment la magnésie , la soude et la craie , dans laquelle ce fluide demeure sous forme con- crête : l’acide carbonique également formé dans lamei 4 se concentre dans la chaux où 1l fixe aussi de l'eau, Remarquons surtout que les débris des animaux terrestres ajoutent peu à la masse du globe; surtont si on les compare à ces bancs calcaires qui sont le produit des animaux marins , destination impor- tante qui établit une difilérence essentielle en r'eux. Considérés sous d’autres rapports, on peut dire que les animaux épuiseroient l'atmosphère et qu'als la converliroient toute entière en un acide carbonique, siles végétaux , en décomposant l’eau, ne répandoïent pas le gaz oxigène en abondance. Sans la bienfaisante activité de l'économie végétale , la respiration des animaux n'auroit donc pu se faire, et pour celte raison, on conçoit que l’une de ces productions a dû précéder l’autre dans l’ordre des êtres dont notre monde est formé. Sans les végétaux, il n’y auroit pas non plus de corps combustibles. | ECS DES QE À DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 30 Mais les animaux , en changeant l’air vital en acide carbonique, absorbent en mème temps la chaleur ; car l'acide formé par l'air vital atmosphérique , et le carbone pulmonaire est plus dense que l'air vital, et contient par conséquent moins de calorique : tel est le foyer de la chaleur animale. C'est par l’action vivifiante du soleil que léquilibrese rétablit ; ce foyer intarissable de lumière et de feu répand l’une et l’autre à grands flots. Les végétaux exposés à ses rayons produisent de l'air pur, et la connoissance de celte propriété de la végétation, qui est due à l'influence de la lumière, est une des plus belles découvertes modernes, On sait actuellement que l’air vital est un des élé- mens de l'air atmosphérique. On sait que c’est lui qui entretient la vie de tout ce qui respire; qu'il donne à tous les corps animés la chaleur dont ils jouissent , et qu'il sert à la combustion de tous ceux qui s'enhamment. Sion plonge des substancesenflammées dans cet air, il s’en dégage une lumière vive, el une chaleur exces- sive : et cette propriété fournit à la physique un ins trument des plus actifs, pour exciter facilement un très-haut degré de chaleur. L'influence de cet air sur la vie n'est pas moine grande que sur la combustion; il la développe, il l'anime : mais en mème temps il la précipite, et si + la nature n’en eût modéré la vitesse, nous eussions fl peut-être joui d’une vie plus courte, mais plus active, el les générations se seroient succédées avec plus de 302 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. rapidité : une partie de cet air sur trois parties de l'atmosphère donne la proportion qui paroît conve- air le plus à notre espèce. * N'oublions pas que le gaz qui tempère l’activité de Yair vital dans la composition de l’atmosphère , entre aussi comme pariie essentielle dans la formation des animaux. Les deux principes constituans de l'atmosphère paroissant donc être les produits de la végétation et de l’animalisation, ils sont les sources des acides et des alkalis, l'air vital contenant l’oxigène et le gaz azotique , l’alkaligène ou azote. Il faut que l’acide carbonique soit aussi d’une grande utilité dans la nature, car la respiration en fournit avec abondance, et il disparoïit en peu de temps. Ne sont-ce pas les végétaux qui l’absorbent et qui le décom- posent en y puisant leur charbon ? En somme , les êtres se montrent partout en deux états, l'état de combustion ou de vie qui en diffère peu, et l’état salin ou de’ mort: c’est en passant de Pun à l’autre que se montrent toutes les nuances intermé- diaires. Dans ces deux états, et dans leur passage con- siste toute la chimie etse concentrenttoutes les opéra- tions de la nature. III. Pline avoit divisé le Ciel et la Terre en zones; Bufion a suivi la même idée, à laquelle M. Zimmer= mann a donné tout le développement dont elle est susceptible; mais il a soigneusement distingué le climat physique, c’est-à-dire la température du climat géo- graphique que détermine la latitude; et-cette distinc- ! | | Ÿ { 1 6 ' DISCOURS SUR L’ANATOMIF,. 3o5 tion éloit importante à établir ; car, sur les diverses parties d’une montagne, dont la latitude est la même, le tableau de la végétation varie d’ane manière éton- nante. Tournefort a cueilli, sur le mont Ararat, au sommet , les plantes de la Laponie; plus bas celles de Suède , plus bas encore celles de France: plus près du sol, celles de l'Italie, et enfin sur le sol mème, celles de l'Arménie, où est situé ce mont. Ainsi, la zone torride n’est pas physiquement la même dans les deux continens ; plus élevée et moins brûlante dans le Nouveau - Monde, elle nourrit des quadrupèdes et des oïseaux, dont le corps est, en général, moins vo- lumineux que sous la zone correspondante de l’ancien continent. Cette terre étant plus humide, les reptiles eu les insectes y sont plus gros, et ils se font remarquer | par de plus vives couleurs. Les productions des zones tempérées diffèrent beau- coup moins les unes des autres, que celles des zones torrides ; élan, ou orignal, habite les zones tempé- rées des deux continens. Le taureau ne diffère, dans le Nouveau - Monde , que par une bosse quiest placée sur le dos, et formée par un amas de graisse; ce qui ue doit point surprendre dans un climat où la terre , plus neuve et plus abreuvée , produit une nour- riture plus abondante. Le cygne est le mème dans les contrées du Nord de l'Europe, et dans celles qui leur correspondent en Amérique ; partout ces zones offrent physiquement beaucoup moins de différences que celles qui sont sitnées sous l'équateur. Là , le mouvement de rotation renfle le globe ter- 504 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES, restre ; sur les grandes élévations de l'Asie, se trou- vent les divers animaux que l’homme a rendus domes- tiques , et dont il s’est principalement entouré. Là, se réunissent toutes les qualités qui caractérisent la plus ancienne des habitations du globe; de là sont sorties les colonies uombreuses qui ont occupé d’abord , soit les plaines situées entre le Mont Ural et le Mont Cau- case, d’où elles ont passé en Europe; suit le Mont Atlas, le Nord de la Sibérie , et les contrées septen- trionales de l Amérique , soit vers le Sud, l'Arabie et les Indes. La chaleur et le froid produisent des impressions analogues sur les plantes et sur les animaux. C’est sur la zone torride de l’ancien continent que se déve- loppent les arbres , les plus volumineux , et les fruits les plus gros. Sous les pôles, au contraire, les arbres qui jouissent ailleurs de tout leur accroissement ram- pent sous la forme de végétaux dégradés et stériles. Tous les êtres vivans semblent être attachés à une ou plusieurs forces. L’homme seul, comme il peut se nourrir de tous les alimens, peut vivre aussi dans tous les climats; il respire librement à Quitto, où le ba- romètre ne monte qu'à vingt pouces et un quart, mème sur les Cordelières, où le mercure ne s'élève qu’à quinze pouces neuf lignes. L'échelle morale de l’homme est aussi la plus étendue. Que fout en effet le Lapon et l'Eskimau, dont les sens resserrés par le froid transmettent peu d'idées ; le Crétin, dont les orgaues sont malades, le sauvage , qui ne songe qu’à ses besoins les plus gros- DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 305 siers : que sont de pareils hommes auprès des grands poëtes, des grands orateurs, auprès de ces grands philosophes qui ont si bien compris et si bien peintla. nature ? Remarquons qu’il faut un certain degré de froid pour donner au corps humain tout le développement dont il est susceptible. Le climat habité par les Pa- tagons est aussi froid que la Norwège. Un froid trop considérable arrête aussi ce développement. Le do- micile des Eskimaux, des Groëlandois et des Lapons commence au soixante-sixième degré de latitude nord. En général, il est beaucoup plus facile aux animaux qui vivent de chair de s'étendre et d’occuper ur grand espace sur le globe, qu’à ceux qui ne se nourrissent que de végétaux : ceux: ci sont plus dé- licats; mais en s'étendant d’une zone à l’autre , les êtres vivans éprouvent toujours quelque influence qui les modifie ; ces changemens ne sont pas toutefois assez considérables pour qu'il en résulte des espèces nouvelles. IV. Pour l’homme, comme pour lesautres animaux, trois causes principales de variétés existent, le climat, Ja nourriture et les mœurs. Tout annonce que la couleur dépend du climat ; les poils sont plus où moins blonds dans le nord; à de grandes distances, le Sénégalois ressemble au Nu- bien : dans le nord de l'Amérique , on trouve des espèces de Lapons , qui diffèrent peu de ceux d’Eu- rope. Les Sauvages du Canada sont sous la mème T. 4. 20 è 506 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. latitude que les Tartares orientaux :'aussi voit-on. entreux de grands rapports, Ceux qui habitent less sommets des Cordilières sont presque blancs. Enfin , siyvant M. Bruce, on trouve des hommes blancs dans l'intérieur de l'Afrique , mème sous l’équateur; «c’est sur les terres les plus basses que se trouvent les nègres, C’est sur les lieux les plus éleves que les hommes, vivent le plus long-temps et qu’ils jouissent de la plus grande activité. V. Dans l'espèce humaine, la fécondité dépend en grande partie de l'abondance de substances alimen- iaires ; la disette mène à la stérilité, et l'oppression, source de toutes les misères, produit lemème fléau, VI. Ceux-là se trompent qui regardent la durée, de la vie comme étant proporlionnée à celle de Ia Éd Dens les animaux vivipares qui n'engen- drent qu’un petit nombre de fœtus , c'est la durée de l'accroissement qui en offre la mesure ; en multi- pliant celle-ci par cinq ou par six, le produit donne la durée de la vie humaïne. a En général la durée de la vie est la même à peu près pour les différens peuples , quels que soient leurs alimens et leurs climats. ï fe) VIE. La vie est composée de deux étatsqui se com- balient sans cesse, qui sont dans une luite perpétuelle ent’eux ; du sommeil qui est un état de repos et d'inertie , et de la veille qui est un état d'activité Dans l'homme, leur succession n’est presque jamais” celle que la nature indique; en lui les affections mo- rales s'exaltent ; elles dérangentles mouvemens de DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5307 ses organes , et la plupart des maladies sont l'effet de ces désordres. VII. Les philosophes ont distingué deux espèces d'éducation : celle de l'individu qui est commune à l’homme et aux animaux, et celle de l'espèce quai n'appartient qu’à l'homme. C’est par les alimens que l’homme et les animaux reçoivent en grande partie l'influence de la terre. Les animaux sont plus soumis que lhomme aux causes physiques ; et pour cette raison, ils ont chacun leur contrée : les quadrupèdes sont surtout forcés de subir LÉ la loi du climat ; loiseau sy soustrait , et on ne sait pas encore bien ceque peut le climat sur les poissons, dont plusieurs familles voyagent et qui vivent dans un autre élément. Lies cétacées , les oiseaux aquati- ques et les poissons sont les habitans les plus reculés du globe ; ils parviennent à des régions que sans doute l’homme ne pourra jamais atteindre, IX. La grandeur du corps a des attributs positifs. Le grand , dit un philosophe moderne, (1) est aussi fixe dans la nature que le petit y est variable. L'’élé- phant n'a point dégénéré; ils ne produit point dans l'esclavage. L’éléphant , le rhinocéros , l'hippopotame, et la giraffe ne se propagent, comme. l’homme, qu’en ligne droite , sans aucune branche coilatérale ; ils m'ont point d’analogue, et l’homme, dont le volume est moins considérable , est moins isolé qu'eux. X. Les animaux sont des foyers de destruction (1) Buffon, tome 4. 508 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, qu'on peut comparer à le flamme, ils poursuivent tout ce qui peut servir à leurs besoins ou à leurs plai- sirs ; et de tous les animaux, le plus destructeur est: l'homme. XI. On a calculé que les races dont certainsanimaux lirent leurs alimens , périroient par surabondance si Iles ne leur servoient point de pâture ; il est des animaux qui naissent pour que d’autres s’en nour- rissent. Les uns sont armés de dents aiguës, de griffes menaçantes; les autres sont sans défense, quelques- uns n’opposent pas mème la ruse à leurs ennemis, qui les surpassent, non-seulement par la force, mais encore par la vitesse et par l’industrie. À quels ré- sultats, en se repliant sur soi-même, on est conduit par cette vue, et comme il y a loin de là aux conseils que l'homme éclairé reçoit de sa raison ! Dans la série des divers animaux, ce sont , toutes choses égales d’ailleurs , les plus petits qui mangent le plus, et ce sont eux aussi qui produisent da- vantage. XII. A considérer l’homme dans les divers siècles ét dans tous les lieux connus , on voit qu’il est fait pour la société ; mais semblable en cela au castor, il n’est pas absolument contraint à se réunir avec ses semblables ; il paroit le faire par choix ; les abeilles le font par nécessité : une seule abeille ne peut pour- voir à sa subsistance, et deux abeïlles ne suffisent pas pour propager l'espèce. | XIIT, Les carnivores robustes , dit Buffon , sont sebtaires; les carnivores foibles marchent en troupes: DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 309 ainsi font les hommes ; leur force croît dans des pro- portions immenses par leur réunion. XIV. I existe moins d'espèces de plantes que d’ani. maux : mais plusieurs naturalistes pensent que le nombre des individus est plus grand dans chaque espèce de plantes que dans chaque espèce d'animaux. Muschenbroeck estimoit le nombre des animaux à sept mille sept cent cinquante. Erxleben l'a porté à vingt-cinq mille. M. Zimmermann présume que ce nombre est encore plus considérable ; ce qu'il justifie en observant qu'il n’y a point de goutte d’eau, point de sable, point de mucosilé qui n’en contiennent un grand nombre ét d'espèces différentes. Quel foyer de vie que la mer! c’est là où les corps conservent une grande souplesse, que la nature prodigue les germes et que les générations se succèdent avec une grande rapidité. Le microscope a découvert des milliers d’animal- cules, el à peine a-t-il fait connoître quelques espèces de végétaux. XV. On est bien loin de connoitre toute la nature vivante, puisque la géographie d’une grande partie de la surface du globe est encore ignorée, On assure que l'étendue des pays que les voyageurs ont parcourus est à ceux qu'ilsn'ont point encore atleints , comme dix est à neuf, XVI. M. de Buffon a dit que l’homme ne peut rien sur les espèces ; que son influence se borne aux individus, Cependant certaines races, presque touies entières, sont subjuguées; presque tous les individus << 510 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. qui leur appartiennent ont perdu leur force, leur courage, leurs couleurs, leurs formes mème, et il faut se donner bien de la peine pour retrouver les origi=. maux de certaines espèces de plantes et d'animaux dont l’homme a fait son domaine. XVIT. Les mulets, les ovipares sont féconds!: les végétaux, et dans le règne animal, les oiseaux, en fournissent des exemples. On sait que parmi les qua- drupèdes, lesmulets n'engendrent que dans les climats très-chauds où cette espèce de reproduction est elle- même très-rare. En général, la fécondité des ovipares surpasse beaucoup celle des animaux qui mettent au jour leurs petits vivans. Le bardeau tient de la mère; et en général | les 4 deux espèces de mulets tiennent plus de la mèreque | du père. Linné avoit dit que le pistil est une exten- À sion de la moëlle de la pote L'expérience a prouvé qu’en croisant les races, on obtient des individus mieux développés, et des mâles, en plus grand nombre, du | En somme, les individus qui naissent d'animaux de deux espèces différentes, sont d'autant moins fé- conds, qu'il y a plus d’éloignement entre les deux souches dont la réunion les a produit. ©" 4: XVIIT. On sait maintenant qu’un père et une fibre tous les deux dépourvus des mêmes parties, n'éngen- 4 drent pas moins des enfans auxquels ces parties ne L. 4 manquent point. Ainsi, tous les systèmes fondés sur nn certain tribut fourni par les divers organes dés parens , sont des jeux de l'imagination. La reproduc- SAS PA è 4 … LA È * É * É | DISCOURS SUR L’'ANATOMIE 3ax tion de l’espèce dépend donc d’une action qui, comme toutesles autres, appartient spécifiquement à une classe d'organes. Mais quelles sont les causes principales de cet étonnant phénomène ? C’est ce qu’on ignore. D'une part, il est connu que, dans les oiseaux , le fœtus appartient à la mère, et que le père ne fait que modifier la surface, ou quelques -wnes de ces parties, D'une autre part, on n'ignore pas que, dans le règne végélal, un germe est surmonté d'un autre germes _ que les boutons sont de petits arbres: qu'un orme, he par exemple, est formé de plusieurs petits ormes ; C’est là, c'est dans ces extrémités du système vivant qu’il faut chercher la solation de cegrand problème, XIX. Il estdes œuf d’une certaine espècequi crois- sent et qui prennent du volume après être sortis du _ ventre de la mère; tels sont les œufs des poissons, des insectes , des crustacées , des testacéess ils tiennent le _ _ milieuentrelesæufsproprementditsetleschenilles, qui sontdes œufs imparfaits. En général, ces œufs ont tous un volume égal dans le ventre des femelles. + XX. La durée dela vie des oiseaux et des poissons est graude.. [ls engendrent avantleur entier accroiïs- sement, et ils vivent plus que six ou sept fois le termips x qui y est destiné. La loi que mous avons rapportée plus haut, relativement aux quadrupèdes, n’a done point d'application ici. “es oiseaux deproie sont moins fécondsquetes autres, XXI. Qu'on ne se laisse pointtromper surcertai- 4 nes espèces qu’on regarde comme un passage d'une classe à une autre. Le polatouche, par exemple, 18 512 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,; etc. lie, dit-on, les quadrupèdes avec les oïseaux ; mais si l’on en excepte les expansions membraneuses qui ressemblent à des ailes , le polatouche est, sous tous les rapports , un quadrupède proprement dit; :} n'existe en lui aucun organe qui se rapproche vrai- ment de ceux des oiseaux. De même l’autruche est un oiseau dont les ailes sont très-courtes; mais ses prétendus poils sont de vraies plumes, son larynx , son gosier , ses intestins, ses œufs sont absolument, et en tout point, conformés comme ceux des oiseaux, Ce que je dis ici de ces animaux peut s'appliquer à presque toutes les espèces qu’on regarde comme ser- vant de passage. Il west donc pas démontré que les grandes familles des êtres vivans finissent par nuances insensibles , et qu’elles se confondent entr’elles comme quelques naturalistes l'ont pensé, et comme d’après eux , des philosophes l'ont écrit. XXII Celui qui se propose d'étudier avec succès l'histoire naturelle des corps vivans, doit être très- versé dans l'étude de la physique expérimentale, de la Le mécanique , de la chimie, de l'anatomie; il faut aussi que, comme Pline, il connoisse parfaitement la gto- graphie, sans quoi il ne sera que nomenclateur, etil ne pourra tirer qu'un petit nombre de résullats de » ses travaux, Après avoir médité sur ces réflexions, on lira peut- ètre avec plus de fruit les divers articles dont cet ( ouvrage est composé. D ee Pi PR R TR DR TR LARRERLR LR DEUXIEME SECTION. MÉMOIRES ET FRAGMENS SUR L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA MÉDECINE. ln “se ©e a © 7 “ MÉMOIRE Sur les rapports qui se trouvent entre les usages et la structure des quatre extrémités dans l’homme et dans les quadrupèdes. BRAPPORT DE CONDORCET SUR CE MÉMOIRE, O » entend ordinairement par anatomie comparée l'observation des rapports et les différences qui existent entre les parties analogues des hommes et des animaux. M. Vicq-d’Azyr donne ici un essai d’une autre espèce d’Anatonue comparée, qui jus- qu'ici a été peu cultivée et sur laquelle on ne trouve dans les anatomistes que quelques observations 150 - lées : c'est l'examen des rapports qu'ont entire elles les différentes parues d'un même individu. Il com- pare dans ce mémoire les extrémités supérieures de l'homme à ses extrémutés inférieures ; les extrémités antérieures de différentes espèces de quadrupèdes à leursexuémités postérieures. lexaminesous ce point de vue, leurs os, leurs muscles , leurs vaisseaux : LL ° 514 SCIENCES PHYSIOT, ET MEDICALES: partout, 1} observe des ressemblances frappantestet des différences qui en général semblent dépendre des fonctions différentes auxquelles ces exLrÉmILÉS sont employées. Ainsi, la cuisse, la jambe, le pied de l'homme ressemblent au bras , à l'avant - bras, à la main, en supposant que ces dernières parues ont subi dans leur position et dans leur forme, les changemens nécessaires pour qu'ils puissent soutenir le corps et le transporter d’un heu à un auire ; de méme le bras et la main semblent n'être qu'une jambe et un pied ; mais altérés dans! leur forme , et disposés de manière qu'ils puissent se porter sur toutes les parties du corps,» saisir les objets , exécuter enfin tous les mouvemens nécési" saires à la défense de l’homme , à sa nourriture , aux travaux des différens arts. ‘La méme chose s’observe dans les ammaux ; la É F. LÉ. ressemblance est même souvent plus parfaite ,parce que les fonctions de ces parues sont moins diffe- rentes. En général , et pour les os surtout, si 6h place l'extrémité supérieure droite , en la tournant duydevant au derrière , à côté de l'extrémité, ini” reure gauche, on : aperçoit une analogie très - frap- pante , et une grande partie des différences’ dispa- roissent , parce que ce renversement de position est un des principaux changemens qu'exige da diffe- rence des fonctions, Aïnsi , dans cette nouvelle | \ L PARALLETME DES EXTREMITES. 319 espèce d’Anatomie comparée ,; on observe , dit M. Vicq-d’Azyr, comme dans PAnatome com- . « A parée ordinaire , ces deux caracteres que la nature paroît avoir imprimés à tous les êtres, celui de la constance dans le type, et de la variété dans les _ modifications. Elle semble avoir formé ces difié- tn rentes espèces, et leurs parties correspondantes , sur un seul plan , mais qu’elle sait modifier à lin- fini , comme elle dirige tons les corps célestes par une seule force , dont l'effet $ variant avec leurs distances, produit toutes les apparences qu'ils nous présentent. MÉMOIRE. MON appelle du nom d’Anatomie comparée , cette [y] science qui oppose la structure de l’homme à cell des autres animaux, pour en apercevoir les rapports et les différences. C’est en superposant les objets , c’est en mesurant leurs contours et leurs surfaces, que l’on peutsen acqüérirune parfaite connoissance. Quelaucs anatomistes modernes se sont surtout livrés à ce tra- vail : et l’on sait combien ils ont augmenté, par ce moyen, les connoissances médicinales et philosophi- ques. Si donc PAnatomie comparée a rendu des ser- vices aussi importans, ne pourroit-on pas eu instituer une seconde, qui ne s’occuperoit uniquement que des rapports qu'ont entr’elles les parties du même indi- vidu? Ces nouvelles considérations ne jetteroient-elles pas un plus grand jour sur les usages sur le mica- 316 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, üisme des pièces qui le composent ? Ne seroit-il pas possible qu’elles fissent apercevoir des analogies sur- prenantes? Et si les parties qui diffèrent le plus en apparence se ressembloient au fond , ne pourroit-on pas en conclure avec plus de certitude qu'il n'ya qu'un ensemble, qu’une forme essentielle, et que l’on recounoît partout cette fécondité de la nature qui semble avoir imprimé à tous les êtres deux caractères nullement contradictoires , celui de la constance dans le type et de la variété dans les modifications ? L’Anatomie offre plusieurs exemples dans lesquels on les trouve de la manière la plus frappante ; mais ils ne sont peut-ètre nulle part aussi marqués que dans les extrémités de l’homme et des'quadrupèdes : lormer les quatre extrémités avec le plus d'économie et de ressemblance possible, les disposer de sorte que deux puissent se mouvoir dans tous les sens pour le ployer au gré de nos besoins et de nos désirs, tandis que les deux autres, plus solides , sont destinées à la locomotion de l'individu , sans être cependant abso- lument incapables de remplir les fonctions pour les- quelles les premiers ont été principalement formés, et pour cela ne point altérer la forme primitive, allonger seulement ou raccourcir quelques pièces osseuses, donner plus ou moins détendue à une apophyse , creuser plus ou moins certaines cavités, détacher et transporter certaines éminences , allonger quelques muscles, serrer plus bu moins le tissu de quelques ligamens, ajouter à la longueur d’une artère ou d’un nerf, ôter quelques nuances aux mouvemens PARALLELE DES EXTREMITES..317 d’une articulation , et ne se permettre ces légers chan- gemens que dans le plus pressant besoin , tel est énoncé du problème dont j'ai cru voir la solution dans la structure et le mécanisme des extrémités, et que j'entreprends de développer dans ces Afériéères, : Pour le faire avec méthode, j'ai choisi parmi les quadrupèdes un de ceux qui sont les plus éloignés de l’homme, et un de ceux qui tiennent à peu près le milieu de l’espace intermédiaire , afin qu’en dé- montrant la même analogie aux deux extrémités et au milieu de la chaine , l’on puisse en tirer des con- séquences pour le reste des individus dont le nombre considérable offriroit un champ trop vaste à nos re- cherches. Le chat et le chien, parmi les fissipèdes, non claviculés ; le bélier , parmi les bisulques; et le cheval, parmi les solipèdes, nous fourniront des pièces de comparaison. Nous aurons au reste peu de chose à dire sur les animaux ; celles des parties qui compo- sent leurs extrémités , et qui ont quelquerapport avec l’homme, conservent la même analogie ; les autres sont en petit nombre. Il ne nous reste plus maintenant qu’à considérer ces objets d’une manière qui soit commode au pa- rallèle que nous nous proposons d’en faire; cet ordre sera celui des parties qui entrent dans leur compo- sition., Chaque extrémité est formée par des pièces osseuses , par des muscles et par des vaisseaux : cha- eune de ces divisions nous occupera séparément, et nous tâcherons de présenter un tableau précis et mé- thodique des rapports qui se trouvent entr’elles, Mais 318 SCIENCES PHYSIOT, ET MEDICALES. auparavant d'entreren matière ,il est important d'ob- server que cette espèce d'Anatornie comparée peut s'étendre non-seulement aux os, aux muscles et aux vaisseaux, Mais encore aux viscères ; ce n'est pas que les anatomistes gardent à cet égard un,silence pro=. fond : 11 n’en est aucun qui n'ait avancé quelques-unes des propositions que je me propose de développer aujourd’hui; mais leurs assertions sont vagues; elles” ne sont point confirmées par les détails et par les. comparaisons. En un mot elles font plutôt. désirer , qu’elles ne donnent les preuves de l'analogie qu’elles annoncent. L PARALLÈLE DES OS QUI COMPOSENT LES EXTRÉMITÉS. Presque tous les anatomistes rangent lomoplate parmi les os de l'extrémité supérieure , et presque aucun ne compte l'os des îles parmi ceux de l’extré- mité inférieure. Une analogie irès- marquée entre ces deux os, ne nous permet pas d’imiter ces auteurs, et nous croyons, pour des raisons que nous exposerons plus bas, qu'il faut les en exclure l’un et l’autre, ou les admetire tous les deux. Nous comptons donc quatre parües principales dans chaque extrémité; l’'omoplate et los des îles , le fémur et l’humérus, l’avant- bras et la jambe , le pied et la main ; mais avant d’en- trer dans aucun délail, jetons un coup d'oeil sur la posilion respective de ces différentes pièces. Dans l’homme , les extrémités sont parallèles à#la longueur du tronc , et placées de sorte que lapaume nd PARALLELE DESEXTREMITES. 519: de la main est tournée en dedans, et la plante du pied en bas et en arrière; la rotule se trouve à la parte antérieure, et l'olécrâne est située postérieure- ment. Si nous supposons que la jambe et l’avant-bras soient fléchis, l'angle que l’avant-bras fait alors avec lhumérus est ouvert en devant, celui de la jambe avec le fémur , l'est au contraire en arrière : les angles de la main avec l'avant - bras, et celui du pied avec la _ jambe, sont encore en même proportion l’un avec d'autre. La position des deux extrémités est donc inverse : lorsque la pronation est très-forte , la tête de Fhumérus roule vers la partie postérieure , lomo- plate s'élève, l’olécrâne se porte en devant et le talon de la main en arrière ; alors les extrémilés approchent plus du parallélisme ; mais dans cet état forcé l’appré- - hension et l'exploration ne peuvent plus se faire d’une manière commode , et l'humérus , tourné trop en arrière, ne peut plus se mouvoir avec la mème fa- _cilité, Il étoit donc essentiel que la paume de la main füt placée devant et en dedans, et non absolument .en arrière et en bas : d’un côté, si dans l'extrémité inférieure le talon eût été tourné en devant, comme il l’est dans l'extrémité supérieure , alors le porte à faux du thorax et de la tête , et la facilité avec laqüelle le corps se ploie et tombe en devant , l’auroit pré- cipité à chaque pas; il étoit donc nécessaire que les deux extrémités fussent opposées dans leurs angles. Les observations que nous venons de faire sur le squelette humain , se font encore avee plus de faci- - lité sur celui des quadrupèdes, L’'angle que l’omo- { P gle q °@ 320 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES. plate fait avec l'humérus, est plus manifestement opposé à celui du fémur avec los des îles. L’olécrâne et la rotule sont également opposés l’un à l'autre, ainsi que les angles au sommet desquels ces apophyses sont placées. La tête du radius est en dehors, comme dans l’homme ; mais elle est beaucoup plus en devant , : et son extrémité inférieure , ainsi que son apophyse styloïde, sont dans tous les fissipèdes tournées en de- vant, en sorte que les deux os se croisent; cette conformation est due à une pronalion forcée et cons-. tante , qui augmente la surface sur laquelle ils sont appuyés. Il n’est donc pas étonnant , d’après les prin- cipes établis plus haut, que les brutes soient privés des avantages attachés à appréhension et à lexplora- tion des objets. Le pied et la maïn , sont dans leur extrémité , les seules parties qui ne soient point oppo- séess dans les singes , le radius n’est pas, à beaucoup près, aussi tourné én dedans, et plus nous avançons vers le modèle le plus parfait , plus nous sentons les avantages de cette opposition que nous avons remar= quée dans les angles des extrémités. Maintenant, si nous détachons une de ees extré- mités antérieures d’un fissipède quelconque , et que nous la placions du côté opposé, de sorte que les bords et les faces de l’os des îles et de l'omoplate , Yhumérus et le fémur , la jambe et l’avant-bras soient parallèles , alors la main est opposée au pied ; et cette opposition cesseroit , si la pronation cessoit elle-même. L’apophyse styloïde radiale se placeroit en dehors, et le talon de la main en arrière. IL suit de là qu'une PARALLELE DESEXTREMITES. 521 extrémité antérieure répond et ressemble principale- ment à la postérieure , du côté opposé dans l'homme; vérité qui, quoique paradoxale en apparence , est cependant, comme nous le ferons voir plus bas, sus- ceptible de la démonstration la plus rigoureuse, Ces principes , une fois établis, mettent dans la plus grande évidence ce qu'il nous reste à dire sur l’ana- logie des différentes arties qui composent les extré- mités de l’homme et des quadrupèdes,. OMOPLATE. — OS DES ILES, 1°. L’omoplate et l'os des îles , sont de tous les os des extrémités, ceux qui diffèrent le plus l’un de l'autre ; mais cette différence , qui frappe tant au premier coup d'œil, s'évanouit par un examen sérieux et plus ré- fléchi. N'est - il pas facile de voir que ces deux os sont plats, que tous les deux ont une face concave et une bombée ; que tous les deux ont une cavité articu- laire , et que dans le voisinage de ces cavités se trou- vent deux apophyses ? Dans los des îles , elles sont confondues l’une avec l’autre pour former le pubis et le trou ovalaire; dans l’omoplate , elles sont réunies seulement par un tissu ligamenteux. Si on place, comme nous avons dit plus haut, une extrémité su- périeure au côté opposé , de sorte que le fémur et lhumérus soient sur la mème direction, alors on ob- serve que la cavité articulaire de l’omoplate est tournée en arrière et en bas; que le bec de corbeau est tout-àe fait inférieur, et répond à la tubérosité sciatique ; que T. 4 21 \ 522 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. la côte supérieure de l’omoplate répond à l’échan- crure du même nom, les fosses épineuses aux fosses iliaques, et l’espace compris entre les apophyses au trou ovalaire. On peut faire les mêmes observations, d’une manière inverse , c’est-à-dire, en plaçant un os des îles auprès d’une omoplate, du côté opposé , de telle sorte que l’humérus et le fémur soient toujours sur la même ligne; la largeur des omoplates et celle de l’os des îles sont d’ailleurs toujours proportion- nelles. Dans les quadrupèdes, ces deux os sont étroits et longs ; dans l’homme, au contraire , ils sont ar- rondis et plus larges. C’est cette étroitesse et cette lon- gueur des os des îles dans les quadrupèdes , qui aug- mente l'étendue d’un diamètre antérieur de leur bas- sin ; c’est au contraire la largeur de ces os , et leur peu de longueur dans l’homme, qui diminuent les dimensions de ce diamètre , et qui mettent tant de différence dans la facilité avec laquelle le fœtus fran- chit le détroit supérieur dans l’un et dans l’autre. La crête qui sépare en deux la face externe de l’omo- plate, ne peut éloigner l’analogie, non plus que la crète du sternum des oiseaux n’empèche qu’il ne res- semble beaucoup à celui des quadrupèdes. L’articu- lation des os des îles entr’eux , et avec la colonne épinière , n’est pas non plus un obstacle ; l'extrémité supérieure, destinée principalement à la facilité des mouvemens , à l’agilité et à la souplesse dans l’homme, comme dans les quadrupèdes , ne devoit point être fixée contre l'épine. C'est pour cela que des muscles font dans l'extrémité supérieure, ce que la synchon- ", : , PARABLELEDESEXTREMITES. 523 drose fait dans l’inférieure ; les côtes ne permettent pas non plus aux apophises de se réunir en devant, Dans quelques genres cependant, un os intermédiaire en opère la réunion, et alors elle se fait par le moyen de celles des deux éminences que nous avons dit plus haut répondre au pubis. Les rapports de l’omoplate avec l'os des îles sont donc réels. et l'on peut rendre une raison satisfaisante des différences qui se trouvent 4 entre ces deux 05. FÉMUR. 2°. Le fémur présente toutes les parties que l’on dé- montre ordinairement dans l’hamérus ; son col est seu- lement plus alongé et ses tubérosités plus saillantes, et plus exprimées inférieurement.Les deux condyles internes de ces os font une bosse plus considérable en- dedanset en-bas: la facette radialeest plusantérieure, comme le condyle externe du fémur, et la ressemblance seroit parfaite, s’il n’y avoit pas trois facettes dans le ginglime de l’avant-bras, tandis qu'il n’y en a que deux dans celui de la jambe. La sinuosité bicipitale manque encore; mais un ligament intérieur fait la fonction du tendon qu’elle loge. AVANT-BRAS.—JAMBE. 3°. L’avant-bras et la jambe se ressemblent moins que l’humérus et le fémur; ces deux derniers os ne faisant , pour ainsi dire , qu’allonger le lévier, leurs différences ne devoient pas être considérables ; on # 324 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. devoit au contraire trouver dans l’avant-bras une disposition favorable à la mobilité la plus parfaite , et dans la jambe, un point d'appui ferme et solide, v qui püût résister aux chocs et transporter, avec aisance et sûreté, le centre de gravité d’un point à un autre. Il falloit donc faire, dans la structure, leschangemnns relatifs aux conditions que nous venons d’énoncer ; c’est pour cela que les deux os de l’avant= bras, à-peu-près égaux , roulent facilement l’un sur l'autre, que quand l’un est un centre de force, tandis que l'autre est un centre de mobilité ; c’est pour cela enfin qae la main s'articule avec ce dernier : dans l'extrémité inférieure , la pronation et la supination auroient été des mouvemens dangereux. Le pied, pour être solide, devoit s’articuler avec celui des deux os qui l’étoient davantage; aussi s’articule-t-il princi- palement avec le tibia, qui répond au cubitus, et non avec le péroné: ce dernier, si l’on y réfléchit bien, ne peut avoir d'autre usage que celui de former une malléole mobile et de rendre possible, par son obli- quité, le jeu et le glissage de son extrémité supérieure dans le choc,ce qui prévient et éloigne les fractures par un mécanisme aussi beau qu’il est simple. À ces différences près, leur analogie est sensible dans tous les points ; on trouve dans la jambe les malléoles qui répondent aux apophyses styloïdes: la rotule, qui tient lieu d'olécrâne, comme plusieurs anatomistes lont démontré, et au-dessus de la rotule, une empreinte musculaire, comme on en {rouve une au- dessous de lolécrâne. Lorsque la jambe est fléchie, PARALLELE DES EXTREMITES. 526 elle exécute un mouvement de rotation qui tient lieu de supination et de pronation , sans rien Ôter à l’ar- ticulation du pied avec les malléoles. IL est donc facile de voir que le tibia n’est qu'un cubitus renforcé, qui sarticule avec le pied , et qui exécute tous les mouvemens , et que le péroné répond au radius, dont il conserve à peine quelques usages, parce qu’il im- portoit au mécanisme de extrémité inférieure de per- dre de vue la mobilité, pour ne songer qu’à la solidité des pieds, MAIN, —PIE D. 4, La main et le pied se ressemblent principa- lement dans le nombre et dans la structure des doigts et des os qui les soutiennent: mais les différences sont si marquées dans le carpe et dans le tarse , que l’on désespéreroit volontiers de pouvoir rapprocher ces deux objets. Si cependant on compte les pièces qui les composent , on en trouve à-peu-près un égal nombre , et cette analogie doit en faire soup- çonner de nouvelles; mais auparavant, il est à propos de raisonner sur les usages auxquels la main et le pied sont destinés, et sur les besoins auxquels ces deux parties doivent satisfaire. Pour que l’appréhen sion et l'exploration se fissent commodément, ilfalloit quele plan de la main et celui de l’avant-bras fussent presque continus, autrement le radius n’auroit pu promener la main sur les objets qu’elle devoit con- noître ou saisir; le pied devoit au contraire être disposé de façon que la partie postérieure füt un léiver commode pour les puissances musculaires, etun appui 5:26 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. sûr pour la masse du corps qu’elle soutient : il falloit donc qu'elle fût prolongée. D'un autre côté, l’articu- lation du pied avec la jambe ne devoit se faire que par le moyen d'un seul os, sans quoi elle n’auroit pas été solide. Enfin, comme c’est la partie tibiale du tarse qui, dans le marcher, se meut principalement sur la portion métatarsienne, et que c’est la partie la plus mobile, à laquelle, dans presque toutes les articulations, la tête appartient, il falloit que dansle tarse, elle appartint aux os de la première rangée; dans la main, au contraire, c’est la portion méta- carpieune du carpe qui se meut principalement sur la première rangée , il falloit donc que la tète appar- tint à la seconde rangée dans le carpe. D’après ces réflexions, nous pouvons rendre raison des différences et des rapports qui se trouvent entre ces deux parties. Le grand os cunéïforme s’arlicule ave@sles deux premiers os du mélatarse, et avec le scäphoïde et les deux premiers os du métacarpe. Le trapézoïde tient le milieu entre le trapèze et le grand os qui, tous deux le surpassent en grandeur, comme le second et le troisième du métacarpe dans la main. Le cu- boïde ressemble en tout à l’unciforme ; comme lui, Ü soutient deux os, par la face antérieure ; ila un tubercule inférieurement , comme lui il est incliné et approche de la forme triangulaire. Le sca- phoïde, dans le pied comme dans la main, soutient les trois premiers os de la seconde rangée , maïs sa position est inverse, pour les raisons que nous ayons exposées plus haut. PARALLELEDES EXTREMITES. 52y L’astragal ressemble au sémi-lunaire , auquel on auroit ajouté la tête du grand os. Dans cette suppo- silion , on y retrouveroit les faces articulaires, laté- rales et supérieures, le bord tranchant, la face concave, el la tête articulaire , qui auroit été transposée; enfin, le calcanéum est, comme le triangulaire, placé en dehors;et s'articule avec le cuboïde, qui répond à l’un- ciforme, et le gros tubercule du talon répond à l'os pisiforme que l’on supposeroit soudé avec la pointe du triangulaire. Les principales différences que l’on observe , consistent donc dans la forme du calcanéum , * dans la position inverse du scaphoïde, et dans la transposition de la tète articulaire, qui, dans lex- trémité supérieure, tient au troisième os de la pre- mière rangée , tandis que , dans l’inférieure , elle tient au second os de la première; dans la plante du pied, on louve, comme dans la paume de la main, les éminences qui reçoivent les insertions des muscles, Le crochet de l’unciforme, répond à la tubérosité du cuboïde , l'os pisiforme au calcanéum, la base du premier cunéiforme à l’éminence du trapèze, et la petite tubérosité du scaphoïde à celle de los qui porte le mème nom. l’analogie est donc complète et s’é- tend plus loin que l’on ne s’y seroit attendu , d'après la première inspection des pièces. MÉTACARPE.—MÉTATARSE, DOIGTS. Les rapports du métacarpe et du métatarse, et des doigts les uns avec les autres, sont si sensibles, 598 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. qu'il ne faut que les indiquer. I] suffira d'observer que si la face articulaire antérieure du premier cunéïforme étoit plus sur le côté et en-dedans, que si le premier os du métarcarpe étoit détaché et plus mobile, et les phalanges plus allongées , ces deux organes seroient les mêmes en tout point. Les parties osseuses qui composent les extrémités 1 antérieures et postérieures des quadrupèdes, n’ont pas moins de rapport entr'elles que celles qui com- posent les extrémités supérieures et inférieures dans Vhomme. Déjà, nous avons fait voir les rapports de Vos des îles et de l’omoplate dans les quadrupèdes; nous avons aussi fait remarquer ceux de l’avant-bras des fissipèdes, avec leur jambe qui ressemble beau- coup à celle de l’homme. L’humérus et le fémur , dans tous les quadrupèdes, sont tellement semblables qu’il suffit de les voir lun après l’autre, pour s’en convaincre. Il ne nous reste donc plus qu’à faire connoître les rapports de la jambe et de lavant-bras, du tarse et du carpe dans les quadrupèdes à canon qui, comme M. D’Aubenton Va démontré, sont les plus éloignés de Phomme. Dans ces derniers, le cubitus est le plus court des os de l’avant- bras : c’est un véritable os styloïde, terminé par une grosse apo- physe. Le péroné ressemble exactement à un os siyloïde; l’avant-bras et la jambe sont donc formés par deux os très-considérables, qni sont, le radius et le tibia, et par deux os styloïdes, dont l’un a une grosse apophysequel’onneremarque poirtdans l’autre, et qui paroit avoir été transportée en-devant, pour LE TT PARALLELEDESEXTREMITES. 329 ‘former la rotule. Le radius est donc los le plus impor- tant de l’avant-bras, puisque,plusnous nous éloignons de Fhomme , plus nous voyons qu'ilaugmente, et qu’enfin il reste presque seul dans les solipèdes, dont le cubi- tus est réduit presqu’à rien. Le tibia conserve la même étendue dans lextrémité postérieure dont le péroné est tellement diminué, qu’on en retrouvera à peine quelques traces. TARSE. —CARPE. Le tarseet le carpe, dans les solipèdes, ont moins d’analogie que dans l'homme. Prenons le cheval pour exemple. Le calcanéum et l’astragal, mal à propos appelés os de la poulie, sont tellement conformés, qu'on ne peut leur trouver de ressemblance avee aucun os du carpe; mais le trapezoïde, appelé grand os par quelques uns, ressemble beaucoup aux deux scaphoïdes du tarse ; le cuboïde, mal à propos appelé difforme , et lepyramidal, semblent être un assemblage de petits os que , dans le carpe, on nomme trian- gulaire et cunéiforme, de sorte que l’on trouve toujours assez de rapports pour justifier notre proposition; d’ailleurs, le canon, le pâturon, la couronne et le pied se ressemblent tellement dans l’extrémité pos- térieure et antérieure, que les légères différences du tarse et du carpe n’empèchent point l’analogie de sub- sister entr’elles ; il est mème essentiel de remarquer que le métacarpe et le métatarse et les doigts de l’une et de l’autre extrémité se ressemblent aussi parfai- 350 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tement dans les fissipèdes, et que l’homme est celui de tous lesanimaux dans lequel ces parties diffèrent le plus l’une de l’autre : observation importante et qui peut donner la solution de plusieurs problèmes pro- posés depuis long-temps, et résolus différemment par différens philosophes. PARALLÈLEDESMUSCLES QUI COMPOSENT LES EXTRÉMITÉS. Les rapports ne sont pas moins sensibles entre les muscles des extrémités, qu'ils ne le sont entre les pièces osseuses qui les composent. On observe aussi entr’eux des différences , mais elles sont relatives aux usages particuliers , et il est toujours possible d'en rendre raison; par exemple: l'os des îles, qui doit être regardé comme une espèce d’omoplate, n’a cepen- dant ni releveur propre, ni trapèze , ni grand den- telé. Ces muscles auroient été de trop, puisque son articulation avec l’'épine n’empèche pas les mouvemens auxquels ils sont destinés. Le quarré des lombes est le seul qui puisse avoir quelques rapports avec le rhomboïde. Au moins, ses insertions sont à-peu-près les mêmes. | Il n’en est pas ainsi des muscles qui meuvent le fémur ; ils ont de grands rapports avec ceux de lhumérus: le grand fessier fait , dans l’extrémité infé- rieure, les fonctions du deltoïde ; comme lui, ilest formé par un grand nombre de muscles subalternes, comme lui, d s’insère dans le voisinage des apophyses PARALLELEDESEXTREMITES. 332 qu’il recouvre en partie , et à la région postérieure de l'os des îles qui répond à la crète de lomo- plate. Le muscle iliaque et le psoas tiennent la placedu sous-scapulaire, et leur tendon combiné s’'insère à la petite tubérositéqui, dans le fémur, s'appelle petit trochanter. Le moyen et le petit fessier sont situés, comme le sous - épineux ; mais ils sont , principa- lement abducteurs, dans l’extrémité supérieure; au contraire , les muscles et la fosse sous-épineuse sont prinuipalement rotateurs; cette différence tient à ce que los des îles doit ètre regardé comme une omo- plate ‘inverse, dont l’apophyse coracoïde seroit tournée en bas et en arrière, et avec laquelle l'os humérus qui tient lieu de fémur, s’articuleroit en sens con- traire, et de sorte que les deux tubérosités fussent dirigées vers la fosse sous- épineuse qui répond à la fosse iliaque externe; alors, les muscles qui s’y insè= rent deviendroient abducteurs au lieu d’être rotateurs, . comme dans l'épaule, par la raison des contraires, | les obturateurs qui sont placés entre les apophyses, le quarré et les jameaux , qui tiennent lieu du sur épineux, sont simples rotateurs , quoiqu'’ils soient placés comme les courts releveurs de lhumérus. Les abducteurs du fémur ont aussi quelque rapport avec le grand pectoral, et le pectinée en a de très-marqués avec le petit pectoral qui, dans l'extrémité inférieure, ne devoit point agir sur los qui tient lieu d’omo- plate, mais porter toute son action sur le fémur qu'il rapproche en se fléchissant, Le muscle du fascia lata 552 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. tient aux aponévroses de la cuisse et du grand dorsal, dont il semble être une continuation. Les mêmes observations peuvent se faire sur les muscles qui meuvent la jambe et l’avant-bras; la lon- gue tète du triceps s’insère au-dessous de la cavité glénoïdale de lomoplate , comme le droit antérieur, au-dessus de.la cavité articulaire fémorale. Il faut toujours se’ souvenir que, d’après nos réfléxions , l’épine inférieure et antérieure de l'os des îles répond à la tubérosité qui est au-dessus de Ja cavité articu- laire de omoplate ; les deux vastes répondent aux deux anconés latéraux ; le couturier est un muscle ajouté pour opérer la flexion de la jambe, pour la porter vers sa semblable, de sorte que toutes deux se croi- sent, et pour soutenir avec force, dans la station et dans le marcher , la masse du bassin qui porte à faux sur la tète femorale. Or, il n’est aucun de ces mou- vemens quine soient inutiles dans l'extrémité supé- rieure. Les muscles postérieurs de la cuisse , quoique moins nombreux que ceux qui sont placés à la partie anté- rieure du bras, ont cependant une structure et des usages analogues. Le biceps se joint au demi-nerveux comme ii le fait avec le coracobrachial, dans l’ex- trémité supérieure , il s'insère à la tubérosité qui tient lieu de bec de corbeau , et s'attache au péroné qui répond au radius. Le muscle qui répond au brachial, a été dirigé du côté de l’extension, dans l’extrémité inférieure ; le crural lui ressemble beaucoup. Nous avons déja trouvé plusieurs exemples de parties ainsi Luis mobiles." nt ir. Pouce PARALLELE DES EXTREMITES. 353 transposées; le demi-membraneux et le droit interne sont encore des musclesajoutés comme le couturier; la flexion et l’extensiou de la jambe devoient se faire avec une force bien plus considérable que celle de lavant-bras, dans lequel la pronation et la supi- nation importoient au moins autant que les mouve- meus par lequel il se fléchit et s'étend. Le petit anconé est ainsi transposé dans l'extrémité inférieure, au lieu de se trouver auprès de la rotule qui tient lieu d’olécrâne ; il est placé dans le pli du jarret où il s’insère au condyle externe, comme dans le bras: il étoit nécessaire dans cet endroit, pour faire , la jambe étant fléchie , les mouvemens de rotation en-dedans, qui répondent à la pronation; ceux qui se font en- dehors et qui répondent à la supination , sont exé- cutés par le biceps. Ce muscle est donc supinateur dans les deux extrémités;ce qui établit encore entr’elles une nouvelle analogie. Les muscles qui s’insèrent à la jambe et à l’avant- bras, et meuvent les doigts, ont une mème structure et mèmes usages; ceux qui sont destinés aux mou- vemens du carpeet du tarse offrent plus de différences; on aperçoit cependaut plusieurs rapports entre le cubital externe et le jambier antérieur , entre les péro- mers et les radiaux ; et si les insertions de leurs tendons ne sont pas les mêmes, c’estque , dans le pied, il étoit important qu'ils s’étendissent d’un bord à l’autre , afin que les plus grands efforts eussent pour effet principal de faire bomber le pied et d'en rap- procher les pièces. Le plantaire grèle répond encore 334 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. au grèle palmaire. Le solaire et les jumeaux sont des muscles ajoutés pour l'extension du pied, comme les supinateurs et les pronateurs le sont dans l'extrémité supérieure, pour la facilité des mouvemens que la main doit exéculer. On trouve donc partout le même modèle, avec quelques transpositions ou quel- s ques additions qui ne font que confirmer l’analogie, loin de la détruire. Les extrémités des solipèdes et des fissipèdes ont un grand nombre de muscles qui sont les mèmes que ceux de l’homme: alors les mèmes rapports subsis- tent. Les muscles qui offrent les principales diffé: : rences, se rencontrent également dans les quatre extrémités: dans le chien, par exemple, lesextenseurs de l’avant-bras sont en plus grand nombre que dans l'homme: les extenseurs de la jambe et les muscles qui répondent au droit antérieur sont aussi plus nom- breux ; le biceps brachial n’a qu’une têle : de même, le biceps fémoral n’en a qu’une; daus le cheval, le muscle que l’on appele omo-brachial est un coraco- brachial ; celui que l’onappelle abducteur de ’humérus est un grand rond: le long et le court fléchisseur de l’avant-bras tiennent lieu de biceps: le biceps » fémoral et le grèle interne répondent aux adducteurs ou triceps cruraux : la principale différence consiste dans les extenseurs de l’avant-bras, que l’on compte au nombre de cinq ; aussi, les extenseurs de la jambe sont-ils plus exprimés et plus considérables propor- tionellement que dans l'homme: les autres muscles destinés au mouvement du canon et du pied sont PARALLELEDESEXTREMITES. 555 moins nombreux , mais ils répondent tous à certains muscles de extrémité humaine, et conservent la mème analogie , avec beaucoup moins de différence. PARALLÈLE DES VAISSEAUX ET DESNERFS QUI ENTRENT DANS LA COMPOSITION DES EXTRÉMITÉS. La distribution des vaisseaux sanguins et des nerfs se fait aussi de la mème manière daus les deux extré- mités. L’artère axillaire répond à l’iliaque; la mam- maire externe qui se distribue aux muscles pectoraux, et les rameaux qui fournissent au coraco- brachial et au biceps , répondent aux branches hypogastriques qui passent, soit au -dessous du pubis, soit par le trou obturateur, pour se distribuer aux triceps, à la tête du biceps et du demi-nerveux. La torachi- que inférieure se porte le long de la côte de l’'omo- plate, comme le rameau externe de liliaque se contourne le long de la crète de l'os des îles. La scapulaire interne se distribue au sous-scapulaire, comme les artères. iliaques , aux muscles qui portent le mème nom; la scapulaire externe passe par l’échan- crure de lomoplate, et l’on doit se souvenir que la côte supérieure répond à la région sciatique de los des îles par l’échancrure de laquelle passe l'artère qui porte le mème nom, et leur distribution se fait aux muscles analogues, L’humérale se distribue au del- toïde , comme la fessière, dans le muscle qui en tient heu, Enfin, l’épigastrique répond à la mammaire 556 SCIENCES PH YSIOL.ET MEDICALES. interne, avec laquelle elle s’anostomose ; ne seroit-il pas à- propos de remarquer que ces rapports cons= tamment observés dans les os, dans les muscles, et dans les vaisseaux des parties qui forment le bassin, et de celles qui sont placées sur le devant et surle côté du thorax doivent faire soupçonner entr’elles une sympathie très-grande; c’est aussi. ce que l’ex- périence journalière confirme. Si lon poursuit plus Join les ramifications artérielles , on trouve des mus- culaires et des collatérales qui sont les mêmes dans les deux extrémités. L’artère se comporte dans le pli de la jambe comme dans celui du coude; la péronière répond à la radiale, et les tibiales antérieures et pos - térieures aux deux artères cubitales et interosseuses de l'avant - bras, Les nerfs qui accompagnent les artères du bassin et de l’omoplate ont entr’eux les mèmesrapports, etil seroit inutile de les répéter ; on y trouve de même un rameau qui naît comme le diaphragmatique, et que l’on connoît sous le nom d’obturateur : à l’égard des autres, il nous suflira d'observer que le médian, le radial et le cubital naissent principalement des der- nières paires cervicales et de la première paire dor- sale, comme le sciatique naît des derniersspinaux ; au contraire , les cutanés doivent leur naissance aux paires cervicales supérieures , comme le crural doit la sienne aux paires lombaires, qui sont au - dessus des nerfs sacrés. Le sciatique semble donc tenir lieu du médian, du cubital et du radial ; comme eux il donne des rameaux à tous les doigts inférieurs; le # PARALLELE DES EXTREMITÉS. 53y sciatique externe tient lieu du cubital, les nerf; plan- taires internes et externes tiennent lieu du radial et du médian , et le crural fournit les nerfs musculaires et siphiéens qui répondent aux deux cutanés de lex. trémité supérieure ; au reste, dans l’une comme dans l'autre, ils ont un caractère qui semble être particu- lier aux nerfs de l’épine, et surtout à ceux de la queue de cheval; c’est qu'ils sont longs, grèles et qu'ils font beaucoup de chemin avant d'arriver à leur destination. Nous finirons là nos recherches, que nous conve- nons être de pure curiosité; mais l’Anatomie éclaire le philosophe, comme elle instruit la médecine, et l’on ne peut disconvenir qu’il éloit intéressant de con- noître jusqu'à quel point la main, cet organe auquel nous devons tant de connoissances, peut ressembler au pied; c’est ce que nous avons tâché de faire , en comparant les différentes parties qui composent les extrémités, et nous croyons avoir rigoureusement démontré la vérité de ce vieux adage qui dit que le pied est une seconde main : pes allera manus. (r) mm (1) La vue générale :t superficielle de ces rapprochemens que Vicq= d’Azyr a saisis et détaillés, n’avoit point échappé à Aristote. Dans V’espèce humaine, dit-il, une main remplace le pied antérieur des quas drupèdes : c’est par cette conformation que l’homme seul est suscep- tible d’une station perpendiculaire habituelle et facile ; parce que lui seul possède une substance divine, si Ja sagesse et l'intelligence sont les attributs de la divinité. L'homme ne réuniroit point toutes les qualités de l'esprit, s’il touchoit la terre par une très-grande surface; et la nature, si prévoyante dans tous ses actes, lui a domaé des m4. 22 = L | RE RE ER RE LR IR RL LR MÉMOIRE Sur la structure de l’organe de l’ouie des oiseaux com- , . 1 $ “ paré avec celui de l’homme, des quadrupèdes , des rep< tiles et des poissons. D À à % à À 2% 7 D: toutes les propriétés particulières aux animaux, la sensibilité est celle qui les distingue le mieux d'avec les corps dont ils se rapprochent le plus, tels que les plantes : ceux dans lesquels elle a le plus d’in- fluence , sont regardés comme les plus parfaits , et la pulpe nerveuse qui en est Je siége, semble être destinée à établir une liaison constante entre les corps auxquels elle appartient et tout ce qui les environnes C’est pour cette raison que la description des nerfs et celle des organes des sens dans lesquels ils se dis- tribuent, ont toujours fixé l’attention des physiciens, membres inférieurs pour porter son cerps , et dessmembres supé- rieurs pour disposer des objets qui l’entourent , et les mettre à sa portée. La main surtout détache l’homme des autres espèces d’ani- maux, et s’il a une si grande supériorité , c’est que la nature lui a donné la main , nous dit Anaxagore. Voyez Aristote, Hist. anim. lib. 1 , de partibus ; Galien de usu part. Depuis Vicqg - d'Azyr, un autre anatomiste, Falguerolles, a publié un mémoire sur le parallèle des membres, sous le titre de, Dissert. de Extremit. Analog. Erlang. 1785. M. Chaussier a traité le même sujet, avec une certaine étendue , dans son Exposition des muscles, 1789. On peut, en outre , consulter les Traités de Saëm= mering et de Dumas , sur le mème sujet. 1 l + À RU ù L” # DE L'OUIE DES OISEAUX, 33 mais il ne suffit pas de connoître leur développe- ; ment dans une classe d'animaux ; ce n’est qu’en faisant . un tableau dont l'anatomie comparée peut seule offrir ? l’ensemble, qu’il est possible de déterminer leurs | rapports et leur étendue respective dans le système général des corps organiques. Iltest vrai que, pour obtenir des résultats satis- faisans , on doit supposer un nombre prodigieux de connoissances acquises dans anatomie des diffé- reus animaux; il s’en faut bien que l’on soit assez + ‘avancé pour que l'histoire de tous les sens puisse être traitée de cette manière. L’organe de l’ouie est un de ceux que l’on a exa- minés avec le plus de soin, surtout dans l’homme et ._. dans les quadrupèdes. Et ‘ . w ù S ), | | Nous avons cru devoir placer ici une courte des- cription de loreille de l’homme , que l’on peut regar- der comme le modèle le plus parfait, et qui d’ailleurs sera le point central de toutes nos comparaisons dans ce Mémoire. En dehors, une conque figurée commeun pavillon, et un conduit externe, tortueux et oblique, sont des- tinés à transmettre les sons jusqu’à une membrane élastique et tendre comme celle d’un tambour; les : frémissemens ébranlent trois osselets que deux muscles -meuvent et qui sont placés dans la cavité du tympan; celle-ci communique avec la bouche par un conduit appelé #rompe d'Eustache; avec la partie postérieure de la tète, par les cellules mastoïdiennes : et avec le labyrinthe, par deux ouvertures appelées des noms 54o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. de fenétre ronde et ovale: un des osselets qui est im- planté dans la dernière , propage le mouvement jusqu’au labyrinthe ; ses impressions y sont reçues par une pulpe nerveuse qui se distribue dans trois con- duits ovales et demi-circulaires, et dans une spire osseuse très-élégamment contournée , et que lon a comparée à un limaçon : une humeur lymphatique maintient la souplesse de cette pulpe et peut être resorbée dans l’intérieur du crâne par deux conduits appelés acqueducs de Cotunni. On sait que ces grosses masses vivantes qui habi- tent les mers les plus profondes, et que l’on connoît sous le nom de célacées , sont pourvues de l'organe de l’ouïe: le poisson muet est sensible à l’impression des sons, sans pouvoir en produire aucun; l'animal qui rampe, le froid reptile, entend aussi, et la struc- ture de son oreille n’a point échappé à la curiosité des anatomistes. MM. Geoffroy et Camper sont ceux qui se sont le plus distingués dans ce genre de recherches. (1) C’est pour compléter ces travaux , que je me suis déterminé à faire connoîitre l’organe de l’ouïe dans les oiseaux , dans tous ses détails. Leur voix est très-étendue , et dans un grand nom- bre d’espèces, elle est très-mélodieuse; un double larynx et une trachée- artère très-mobile, et quel- (1) J'ai aussi donné la description de l’organe de l’ouïe des pois sons , dans deux mémoires sur l’anatomie de ces animaux, imprimés parmi ceux des Savans étrangers. « ES. ès LE dE és. 4, D A2 DE L’OUIE DES OISEAUX. 542 quefois même singulièrement recourbée , en sont les NO instrumeus; mais un animal qui produit une suite de sons doit prendre quelque plaisir à les entendre : la ; mélodie de la voix suppose donc une grande perfection dans l'oreille des oiseaux. Parmi les anciens, Ælien (Xd. IT, cap. 12), Aristote ( 4b. IX ,cap. 59 )et Pline en ont à peine eu quelque connoissance ; ils avoient seulement observé que les oiseaux sont très-sensibles au bruit , que l'édu- cation peut leur apprendre à former les sons les plus agréables, et que cependant ils marquent * d'oreille externe. Parmiles modernes, Aldrovande, Peyer (obs. pag. 45), Derham, (1) Perrault et Brich , ont parlé de losselet que le tÿmpan contient:il en est aussi fait mention dans les ‘l'ransactions philoso. phiques, n°% 199, et Haller l'a décrit dans le tome V”, de sa Physiologie, page 215; la trompe qui établit la communication entre le tympan et la partie in- terne el postérieure du bec, est annoncée dans le n’. 119 des ‘Transactions philosophiques ; enfin les conduits demi-circulaires ont été décrits par Perrault, qui ena mème donné une figure accompagnée d'une explication très-succincte , par Schelammer , et dans les fransactions philosophiques, n°. 299. | Mais quoique les parties les plus essentielles à For- (2) Derham l’a représenté dans la vingt - troisième figure qui est très-délectueuse; il place un triangle sur l’osselet, et Ja longue branche n’y est point exprimée. foyez aussi Blas. anat. planche 42, fig. 3. Ska SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. gane de l’ouïe des oiseaux soient connues, elles n’ont, pas été décrites avec assez de soin: il y en a d'ail). leurs quelques-unes dont on n’a fait aucune mention! >» et nul auteur n’en a présere l’ensemble. Afin de remplir le mieux qu'il nous sera possible le but que nous nous proposons dans ce mémoire, nous donnerons d’abord une explication exacte de la structure de cet organe: nous le comparerons ensuite avec celui des autres animaux qui en sont pourvus, et nous finirons en faisant quelques réflexions sur la perception des sons en général. A ARTICLE PREMIER. Un examen attentif de l'organe de l’ouïe des oi- seaux présente de conduit auditif externe, la mem- brane du tympan, le tympan lui-mème, Vosselet L conique qu'il renferme, le conduit qui tient lieu de trompe d'Eustache, le labyrinthe, les conduits demi- circulaires, le conduit droit, le nerf auditif et les ouvertures internes. 1°. Dans la région externe, on aperçoit le con- duit auditif; il est environné de plumes qui ont une structure particulière: elles sont divisées en un grand nombre de filets longs, grèles, égaux de chaque côté et assez écartés les uns des autres, comme on peut. le voir dans la figure 7; presque tous les oiseaux ont ces plumes symétriquement sur plusieurs lignes, elles sont très-élégamment disposées dans le cotinga ordi- naire , ainsi que dans celui dont le bec est surmontée bY t \ RARE DE L'OUIE DES OISEAUX. 345 par un appendice , dans l’allouette de Cayenne , dans la tourterelle des bois, et même dans le roitelet; dans quelques-uns, leur forme est des plus agréables ; l’oiseau-mouche de Cayenne et l’oiseau-mouche à oreilles en fournissent des exemples; dans l'oiseau de Paradis à gorge dorée, décrit par M. Sonnerat, et Connu maintenant sous le nom de fifilet, elles sont très-longues et terminées par une lentille de belle couleur ; dans le grand et le petit duc, elles forment une espèce de bouquet; dans le chat-huant, toutes les plumes qui environnent les yeux et le bec ont le même caractère ; dans le cazoar et l’autruche, au contraire , les parties latérales de la tête sont nues et absolument à découvert, Le conduit auditif des oiseaux est ligamenteux , oblique , arrondi , assez court, soutenu sur un bord creux qui le rétrécit, et très- mobiles le muscle cro- taphyte adhère à Sa paroi antérieure: deux petits ! muscles sont situés en bas et en arrière, et parois- sent destinés à se mouvoir et à redresser les plumes qui sont courbées sur son ouverture. À 2°. La membrane du tympan, placée au fond du conduit auditif, est tournée en devant, elje s'insère à un contour assez inégal : sa forme est ovale, et | son volume est très-grand par rapport à celui de l'oiseau ; elle fait une saillie en dehors; on y trouve trois lames ; l’interne et l’externe sont fournies par le périoste ; la lame moyenne est très-mince, trans- 1 parente , imperforée , la figure 5 représente la mem- brane du tympan en Z, B, TR 544 SCIENCES PEYSIOL. ET MÉDICALES. 5°. Le iympan offre une cavité qui est simplement arrondie dans quelques oiseaux, comme dans les gal= linacées ; et qui, dans la chouette et dans plusieurs autres, est divisée par une saillie transversale ; ces, différences sont exprimées dans la première et dans la troisième figure. J'ai trouvé cinq ouvertures princi- pales dans le tympan, trois conduisent au tissu cellus laire osseux : la première est très-élevée et se dirige obliquement ; la seconde est située dans le tissu réti- culaive du crâne; la seconde est placée en arrière; on les voit en À, D, C. Les deux autres sont : 1°. celle qui communique avec le labyrinthe , et qu’on appelle la fenétre ovale; l'orifice de la trompe d’Eustache , que j'ai été surpris de trouver aussi considérable ; ces deux ouvertures sont représentées en D, E. 4, Un osselet conique, appelé Columella par Schelammer , est placé dans le tÿmpan ; sa base qui ressemble à un petitparaso!, est fermée par une plaque osseuse arrondie , qu'une membrane assujélit dans l'ouverture ovale: le manche ou pétiole, plus étroit dans le milieu, augmente un peu de volume auprès de la membrane du tÿmpan à laquelleiladhère; dans ce contact, on voit deux petites branches de longueur inégale qui font un angle aigu avec le manche de l’osselet. Il m'a semblé quelquefois qu’une de ces deux branches étoit musculaire ; la plus longue ne se trouve pas dans tous les oiseaux ; je l'ai obser- vée constamment dans les gallinacées: elle est très- déliée , et elle se porte le long de la membrane du tambour , à-peu-près suivant la direction de ia trompe DE L'OUIE DES OISEAUX. 345 d'Eustache; l’autre, plus courte, plus grosse, et qui se trouve dans tous les oiseaux, s'attache à la même membrane dont elle mesure la convexité, et elle s'insère auprès de l'ouverture ovale : on les voit toutes deux en f,g, où l’osselet est représenté en D E: ce dernier est quelquefois environné par plusieurs filets ligamenteux très-fins; on n'y observe rien de plus; Derham a donc eu tort de le représenter comme surmonté par un appendice triangulaire qui déborde des deux côtés. 5°. Tout l'appareil de l'organe de l’ouïe , dans Îles oiseaux, est entouré d'un tissu spongieux très-étendu , dont les cellules communiquent entr’elles d’un côté de la iète à l’autre et avec le tympan; la base du crâne est également creusée par des cavités réticu- laires qui s’étendent jusqu’à la membrane superieure, de sorte que les conduits demi-circulaires se trouvent comme isolés, et placés librement au milieu d’un espaceassez considérable :ces cavités paroissent en Æ, F". 6°: Le conduit qui tient lieu de la trompe d’Eustache est étroit et un peu aplatti; il est placé en bas, et il s'ouvre antérieurement vers les deux petites faces articulaires sur lesquelles le mouvement de la partie ka ieure du bec s'exécute, 7°. La cavité du labyrinthe est ne et fort étroite ; uwe pulpe nerveuse très-fine y est répandue: une seule ouverture communique avec le tympan, et c'est par le moyen de l’osselet conique implanté dans celte ouverture, que la pulpe nerveuse est ébranlée. j°, Les conduits demi- circulaires sont au nombre 546 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. de trois ; deux, inégaux en grandeur, sont verticaux : le troisième est horizontal; le grand conduit vertical est incliné de, devant en arrière: le petit conduit, perpendiculaire est situé obliquement de droite à ganche, et il coupe les deux autres à angle droit; le conduit demi - circulaire horizontal s'ouvre par ses deux extrémités au niveau de celles du grand con: duit perpendiculaire. J’aitrouvé dans plusieurs oiseaux des renflemens vers leursorifices, qui en augmentent l'étendue et la surface; on voit ces trois conduits dans la figure 2, etles renflemens dans la figure 6 ,en H,C. 9°. On aperçoit à la partie interne du labyrinthe an prolongement figuré, comme une portion de con- duit demi-circulaire , avec cette différence qu'il est droit ; il forme en bas et en arrière une espèce de cul-de-sac. Pérault le regardoit comme un limaçon ; mais outre qu'il n’y a ni rampe m1 cloison quelcon- que, il ne communique point immédiatement avec le tympan par une ouverture qui puisse être com parée à la fenètre ronde, de sorte qu’il n’a aucun des caractères du coclea : on le voit en HT eten D: 10°. Dans la région interne et postérieure du crâne, on trouve quatre ou cinq ouvertures remarquables: deux plus grandes ne communiquent point avec l’or- gane de l'ouie ; deux plus petites donnent passage aux nerfs qui y sont destinés. La plus grande de ces ouvertures est placée au milieu d’une excavation étroite et circulaire qui répond au grand conduit vertical. Je l'ai priseva premier coup d'œil pour le conduit auditif interne ; PAPE T SSSR ENS RES PE 5 TN TT, SC PPT ON EE, j ; dy, À DE L’OUIE DES OISEAU X. 347 À _ mais elle ne contient qu’un prolongement de la subs- tance cérébrale, avec quelques vaisseaux qui m'ont paru sortir par son extrémité. Lasecondedes ouvertures, quine communique point avec l'organe de l’ouïe, est située en bas et en arrière. Les nerfs auditifs naissent de la moëlle allongée près du cervelet ; ils passent par des ouvertures très- rapprochées et fort étroites, qui sont représentées en B, E, ils sont eux-mêmestrès-minces: un des deux est plus gros et fait un trajet plus considérable. J'ai cru que je rendrois mon travail plus complet en recherchant la structure de l'organe de l’ouïe dans Jautruche, qui, comme l’on sait, est un oiseau très- pesant et pour ainsi dire attaché à la surface de la terre; et dans la chauve-souris, animal dont la forme bizarre semble réunir les caractères des quadrupèdes avec ceux des oiseaux , et qui, habitant le même élément que ces derniers, pourroit être soupçonné d'avoir , dans la structure de l'oreille, de grands rapportsavec eux. M. d'Aubenton m’ayant procuré une tête d’autruche , je l’ai disséquée avec beaucoup d'attention; les conduits demi-circulaires n'ont paru peu étendus et fort étroits, vu le grand volume de l'oiseau , et je n’y ai trouvé que l’ébauche du conduit droit : l'organe de l’ouïe de l’autruche n’est donc pas aussi bien développé que celui des autres oiseaux : ceux-ci étant en effet souvent placés au centre d’une sphère lrès-étendue , avoient besoin de conduits auïi- culaires très-ouverts et très-vibratils. Pour ce qui est de la chauve-souris , l’organe de 348 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Vouie de cet animal, dont aucun anatomiste n’a fait la description , l’éloigne de la structure des oiseaux pour le rapprocher de celle des quadrupèdes ; la dissection m’y a fait voir un pavillon cartilagineux. très-ample : un tympan formé par une cavité shpérique: et transparente ; une membrane qui sy inséroit obliquement ; trois osselels, dont un tenoit lieu de marteau, avec une apophyse grèle très-prolongée, etun muscle très-exprimé, un limaçon contenu dans un tubercule quele tympan renfermoit ,; et trois conduts demi-circulaires. Les oiseaux dont j'ai disséqué l’organe de Fouïe, sont le coq-d’Inde, la poule, le pigeon, la chouette, la pie, le geai, la tourterelle, le pic-vert, le canard, le moineau et le serin. ARTICLE II La description qui a été faite de l'organe de l’ouïe des animaux , la force et la mélodie de leur voix, et surtout cette extrème sensibilité -au bruit , qui, en lesavertissant du moindre-danger, rend leur fuite. aussi prompte qu’utile en une infinité de circonstances, suffisent sans doute pour faire connoître combien ce sens est parfait dans cette classe d'animaux ; mais nous en apprécierons plus facilement les rapports en comparant les différentes parties qui le composent, avec celles que l'anatomie a démontrées dans l'oreille de l’homme, des quadrupèdes, des reptiles et des poissons. DE L'OUIE DES OISEAUX. 549 La conque auditive sert dans l’homme et dans les quadrupèdes à réunir et à diriger les vibrations sonores versletympan; cette partie manque dans les oiseaux ; elle auroit peut-être nui dans le vol, en augmen- tant le poids et l'étendue des parties antérieures du corps: dans plusieurs reptiles et dans les poissons, il n'y a pas même de conduit auditif externe. L'usage de la membrane du tambour est de trans. mettre le son jusqu’au labyrinthe, par l’intermède d'un ou de plusieurs osselets ; elle est très-grande et très déliée dans l'oiseau, où elle fait saillie en dehors, dans l’homme, elle en fait une en dedans ; dans les reptiles et dans les poissons , elle est très-épaisse: et dans quelques-uns mème, elle ne diffère pas de la peau qui recouvre le reste du corps. La cavité du tympan est moins grande, relative- ment au volume du corps dans l’homme et dans les quadrupèdes, que dans les oïseaux ; la coque , en réunissant un plus grand nombre de vibrations sono- res, supplée peut-être dans les premiers à l'étendue du tympan : et cette étendue est nécessaire dans les oiseaux qui , comme nous Pavons dit, n’ont pas de conque auditive : dans les reptiles , le tympan est étroit; et dans les poissons, il existe à peine: on ne trouve d'ailleursla corde du tambour ni dans ces derniers ni dans les oiseaux. Dans l'homme et dans les quadrupèdes, la cavité du tympan est agrandie par des celulles qu’on appelle mastoïdiennes , et un assemblage de petits grains osseux recouvre les conduits demi-circulaires et le 550 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, limacon: dans les oiseaux, ces celulles n'existent point à la vérité , mais un réseau osseux très-étendu y supplée , et environne tous les conduits qui sont presque isolés; la force des vibrations doit être aug> mentée par les ondulations de l'air qui y circule avec facilité ; les ouvertures qui établissent une commu- nication entr’elles et le tympan, sont plus nombreuses dans les oiseaux que dans tous les autres animaux connus: on n’y trouve point de fenêtre ronde, non plus que dans les reptiles; dans les poissons, il »’y a pas mème de fenêtre ovale. Quelques reptiles, tels que la grenouille, ont, suivant la remarque de M. Geoffroy, la trompe d'Eus- tache courte et large: dans les oiseaux au contraire, elle est longue et étroite. Les osselets du tympan sont destinés à communi- quer le mouvement jusqu'à la fenêtre ovale; dans tous les animaux qui ont un limaçon , on trouve trois osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier; cette con- formation est celle de l'homme et des quadrupèdes : les oiseaux qui manquent de limaçon n’ont qu'un osselet ; dans quelques-uns des reptiles qui ont des extrémités, il est figuré en platine comme dans l'oi- seau. La figure 8 présente celui de la tortue, dégage de toute adhérence; il est très-allongé; on le voit en place dans la figure 9, en E D, et il tient à la mem- brane du tympan représentée en D dans la figure 10 ; celui du caméléon est plus grèle : la platine est fort étroite, et il se termine vers l’autre extrémité par un Jéger renflement ; on le voit dans la figure f h, À j 1) "1 ñ L\# A 1 DE L’OUIE DES OISEAU X, 591 11,en DE s,où cet osselet est isolé, et dans la figure 12 , où il occupe sa place naturelle en G. Ces trois dessins ont été faits par M. Geoffroy lui-même, qui a bien voulu me permettre d'en faire usage; j'ai cru que cette courte description, en servant de pièce de comparaison pour mon travail, compléteroit celui des anatomistes sur l'organe de l’ouïie des reptiles qui ont des extrémités; dans les reptiles allongés, J’osselet est très-irrégulier; dans l'oiseau , il supplée à l’étrier , et il est, comme lui, placé dans la fenêtre ovale : ses deux appendices paroissent répondre au marteau et à l’enclume. Dans les poissons épineux, on trouve trois osselets aplattis et situés sur la pulpe auditive; et dans les cartilagineux , une substance friable comme de lamidon, en tient la place: mais il est essentiel de remarquer que c’est dans le crâne qu’elle se trouve, ainsi que les osselets, et non dans le tympan, dont les oiseaux sont dépourvus, Les conduits demi-circulaires sont également au nombre de trois dans presque tous les animaux, si l'on en excepte peut-être quelques-uns des reptiles qui n’ont point d’extrémités : mais c’est dans lesoiseaux _ où, eu égard au volume du corps, ils ont incompa- … rablement le plus d'étendue, où ils sont d'ailleurs le plus élégamment contournés : ceux de l’homme se terminent sur le mème niveau : dans l'oiseau , le petit conduit vertical descend plus bas que le grand, de toute la moitié de son segment, Les reptiles et les poissons n’ont rien qui ressemble au Hmaçon : dans les oiseaux, un conduit droit y supplée. 352 SCIENCES PHYSIOL., ET MEDICALES. Tousles animaux dans lesquels or trouve la conque auditive, les trois osselets et le limaçon, ont aussi un conduit auditif interne : dans les oiseaux et dans les reptiles au contraire, les deux ouvertures ner- veuses sont placées au niveau de la surface interne du crâne : de sorte que l'organe de l’ouïe des oiseaux, quoique beaucoup plus parfait que celui des reptiles, a cependant avec lui des rapports constans, Nous n'avons point parlé des insectes, parce que, quoique plusieurs, tels que la sauterelle et le grillon, appellent leurs femelles, on ignore cependant jusqu'ici comment la perception des sons se fait dans ces animaux. ARTICLE. LIL Ce tableau de comparaison , qui prouve combien les travaux des modernesontavancé l’anatomiede l'oreille, fournit immédiatement les conséquences suivantes : 1°. L'existence des osselets, si elle n’est pas essen- tielle , est au moins très-utile pour la perceptiondes sons, puisqu'on la trouve sans aucune exception dans tous les animaux susceptibles de les entendre : mais il m'est pas nécessaire qu'il y en ait plusieurs. puisqu’un seul suffit aux oiseaux et aux replles. # 2° Il est également démontré que les conduits demi- circulaires sont une partie essentielle à l’organe de l'ouïe, puisqu'ils existent dans tous Îles animaux où cet ÉTBRRE a été apercu et bien décrit. F 5°. Enfin, le limaçon, qui est particulier à l'homme et aux quadrupèdes , n’est pas indispensablement DE L’OUTIE DES OISEAUX, 553 nécessaire aux fonctions de l'oreille interne, puisque les oiseaux qui en sont dépourvus entendent très-bien. Il y a apparence ( nous prions qu'on veuille bien nous permeltre cette conjecture ) que le limaçon forme avec les conduits demi- circulaires , dans chaque oreille, un double instrument composé de deux par- ties très-distinctes , dans lesquelles la perceplion des sons se fait séparément , mais avec des rapports déter= minés, ce qui doit ajouter à l'harmonie, à la sensi: bilité , et pour ainsi dire à l'intelligence de l'organe, Ne pourroit-on pas, d’après ces réflexions, consi- dérer le sens de l’ouie sous un double point de vue ; premièrement , par rapport aux parties essentielles à sa structure, qui sont une membrane, au moins un osselet , des conduits demi-circulaires et une pulpe nerveuse ; secondement , par rapport à ses parties accessoires, qui sont la conque , le conduit auditif interne, plusieurs osselets , des muscles , la corde du tympan, et surtout le limaçon ? Ainsi les animaux dans lesquels on a démontré cet organe ; pourroient être divisés en deux classes; les uns réunissent , en effet, toutes les parties qui le constituent; les autres ont seulement celles que nous avons dit lui être es- sentielles. L’homme et les quadrupèdes doivent être rangés dans le premier ordre : outre que les oiseaux * sont à la tète du second, on peut encore ajouter qu’ils ont les parties essentielles à l'organe de louie, les seules dont ils soient pourvus, beaucoup plus déve- loppées que l’homme et tous les autres animaux ; de sorte que le sens de l’ouïe, dans les oiseaux, est aussi Te 44 29 554 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. parfait qu’il est simple, et jusqu’à ce que l’on ait déterminé avec plus d’exactitude l'usage de la lame spirale du limaçon, quileur manque, nous ne croyons pas que l’on puisse rien dire de plus précis sur la place qu’il convient de leur assigner. Le VS © LADA RAR SSSR SLT LR D MEMOIRE SUR EAU NROEX. DE la structure des organes qui servent à la formation de la voix, considérée dans l’homme et dans les différentes classes d'animaux. | Le. % “se “à © VE 14 des usages les plus importans du poumon, est sans doute de diriger l'air que ses lobes ont recu, vers les organes propres à la formation de la voix 3 ainsi en mème temps que le poumon élablit une com munication nécessaire entre le fluide dans lequel nous sommes plongés et les humeurs dont nos vaisseaux sont remplis, l'organe de la voix qui est une dépen- dance de ce viscère, en imprimant à l'air un mou- vement vibratil, porte au loin l'expression des idées ; donne aux passions plus d'énergie, en leur fournissant un langage sans lequel la nature muette seroit vouée à un éternel silence; et établit entre les animaux une correspondance aussi prompte que commode, pour se communiquer leurs besoins. Mais comment l'air recoit - il des modifications capables de produire ces merveilles ? quel est cet instrument dont l’art n’a point encore imite les effets? enfin comment la voix se forme-t-elle? Le premier anatomiste qui ait traité ce sujet d’une Manière satisfaisante, a été Galien : il a attribué les intonations de la voix humaine aux changemens dont 556 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. la glotte est susceptible. Fabrice d’Aquapendente, ayant observé que la trachée- artère s'allonge et se raccourcit lorsque le larynx s'élève ou s’abaisse , crut apercevoir beaucoup d’analogie entre ce conduit et une flûte. Perrault ajouta bientôt de nouveaux développe- mens à l'explication de Galien, et M. Dodart l’appuya par de nouvelles probabilités ; il réfuta surtout la comparaison établie par Fabrice, entre la trachée- artère et une flûte, et il démontra que le son élant, toutes choses égales d’ailleurs, d’autant plus grave que le corps de la flûte est plus long, et la trachée s’allongeant au contraire dans la formalion des sons aigus, il ne peut y avoir aucune ressemblance entre ces deux instrumens, Jusqu'à cette époque on avoit ignoré la véritable théorie du son dans les instrumens à vent ; un géo- mètre célèbre, M. Euler, en découvrit les élémens, en considérant la colonne d'air que ces instrumens contiennent comme une corde vibrante, eten lui ap- pliquant les mêmes formules qui conviennent aux cordes ordinaires, il prouva que parmi les différens instrumens de musique, les uns mettent lair en mou- vement par leurs vibrations, tandis que dans les autres l'air devient sonore par lui-mème; enfin il fit voir que l'ouverture par laquelle on introduit l'air dans les flûtes et dans les flageolets , n’influe pas sur linto= nation; découvertes importantes qui devoient chan- ger les idées des physiciens sur la formation de la VOIX. | DE L'ORGANE DE LA VOIX. 557 M. Ferrein sut profiter de ces observations ; ilcom- mença par faire connoître l'erreur sur laquelle le système de M. Dodart étoit fondé, en démontrant qu'il est possible de produire des sons artificiels avec le larynx, sans que la glotte y ait aucune part, et mème apsès l'avoir enlevée; il atiribua tout le mé- canisme de la voix à la tension plus ou moins grande des ligamens qu’il appela cordes vocales , et il rangea cet organe parmi les iustrumens à cordes, l'air fai- sant, suivant lui, les fonctions d'archet. Cette nouvelle théorie eut d’abord plus de critiques que de sectateurs; on ne doit point en être surpris : elle détruisoit une explicalion donnée et reçue avec la mème confiance depuis Galien. Les expériences de M. Ferrein, répétées par plusieurs anatomistes, furent confirmées par les uns et rejetées par les autres: et maintenant encore cette question est au nombre de celles qui ont besoin d’une nouvelle suite de travaux pour fixer le jugement des physiciens, Ces considé- rations m'ont engagé à faire des recherches sur l’or- gane de la voix. J'ai pensé que je ne pourrois par- venir à connoître quelles sout les parties essentielles ou accessoires à la formation des sons , qu’en consi- dérant ces parties dans les différentes classes d’ani- maux qui en sont pourvus. Il est de mon devoir de publier, qu'il m'auroit èté impossible d'exécuter ce projet, si M. d’Aubenton ne m'en eût fourni les moyens, en me donnant des facilités pour examiner organe de la voix dans un grand nombre de qua- drupèdes et de reptiles qui font partie de ka superbe ; PA n 558 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. eollection du cabinet du roi, si enrichie, et devenue si intéressante par les soins de M. de Buffon. C’est un beau’spectacle que de voir d’an coup d'œil la disposition de ces instrumens variés à l'infini, avec lesquels chaque animal produit des modulations qui lui sont propres, et peut contribuer au grand con- cert de la nature! Depuis l’homme jusqu’au reptile, dans lequel la voix semble expirer pour se changer en un sifflement , la chaîne est immense : en la par- courant , je me suis arrêté sur les anneaux les plus remarquables. Jai choisi, autant qu’il m’a été pos- sible, les individus les plus éloignés les uns des autres} et je les ai toujours comparés avec l’homme. Après avoir rappelé la forme du larynx humain; je considérerai cette partie dans les différentes classes de quadrupèdes, dans les oiseaux et dans les reptiles; et après avoir décrit , dans ce premier mémoire, les organes de la voix des diflérens animaux, je ferai con- noître, dans le second , les expériences et les recher= ches propres à en indiquer le mécanisme. . Le larynx, dans l’homme , est une cavité disposée en manière de grotte , dans laquelle on sait que la voix se forme ; elle est composée de cinq carlilages, rendus mobiles les uns sur les autres par différens muscles ; on y remarque deux rétrécissemens ; lun est placé à la partie supérieure; on lui a donné le nom de glotte : deux membranes minces en composent les bords , et un cartilage élastique, situé antérieurement; et appelé l’épiglotte, empèche les corps étrangers d'y pénétrer , soit en divisant la colonne du liquide que DE L'ORGANE DE LA VOIX. 559 lon boit, soit en s’abaissant sur la glotte , lorsque les alimens se portent vers l’œsophage. Le second rétré- cissement est formé par deux ligamens, disposés pa- rallèlement de devant en arrière, et que M. Ferrein a appelés du nom de cordes vocales : une excavation est pratiquée de chaque côté entre ces deux ouvèr- tures. Parmi les quadrupèdes, il n’y en a peut-ètre aucun qui n’ait dans le larynx à peu près le même appareil, ét il y en a beaucoup dans lesquels la dissection fait apercevoir des pièces sur-ajoutées à celles dont le la- ryux humain est pourvu; de sorte que, si la plupart de ces animaux , avec beaucoup de moyens, ne pro- duisent que des sons désagréables , la prééminence de la voix de l’homme ne doit pas être regardée seule- «ment comme l'effet physique de sa constitution , mais encore comme le fruit de son industrie , et du besoin qu'il a de modifier ses sons pour exprimer un plus grand nombre d'idées. Les singes étant ceux de tous les animaux quiont, par leur structure, le plus de rapports avec l’homme, j'ai cru devoir les placer dans cette exposition, im- médiatement après lui. On cherche depuis long-temps à déterminer l’es- pèce de singe que Galien a disséquée : M. Camper croit avoir trouvé dans la structure du larynx, telle que Galien l'a décrite , (1) un moyen assuré de recon- (1) De usu partium , edit. Charter, tom. IV, lib. VIE, cap. 11, pag. 461. 560 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. foitre ce singe : on lit dans letraité De usu partium ; qu’il y a de chaque côté de l’épiglotte de cet animal, un conduit que l’on doit plutôt regarder comme une fissure, que comme un trou, lequel communique avec un ventricule assez ample , placé aussi de chaque côté, M. Camper ayant rencontré cette mème dispo- sition dans le orang-outang , auquel elle est parti- culière , nous paroît fondé à croire que ce singe est celui dont Galien a fait mention. (1) Trois orang- outangs , examinés avec soin par M. Camper, lui ont toujours offert deux conduits placés au-dessous de los hyoïde, à la partie supérieure du cartilage thyroïde , communiquans avec deux sacs qu’il a appelés du nom de ventricules , lesquels étoient placés sur les côtés du cou, et qui descendoient même jusqu’à la poitrinez dans un de ces singes, ils étoient inégaux en gran deur ; dans les deux autres ils étoient presqu’égaux, mais 1ls se réunissoient pour ne. former qu’une seule cavité ; dans le troisième enfin , les conduits de com- municalion ont paru à M. Camper, ainsi qu'à Gal. lien, étroits et figurés comme une fissure. Tyson , qui a disséqué l’orang-outang d’Angola , n’a point parlé de la conformation observée par Ga- lien dans ceux d'Asie, et par M. Camper dans ceux de Borneo. Le larynx des pithèques et des papions est très- différent de celui des orang-outangs; au lieu de deux + _ (1) Transactions philosophiques , of the royal Society, ef London, 3779 , pit. I. pag. 142 et suiv. à DE L'ORGANE DE LA VOIX, 561 sacs, on n’en trouve qu’un placé au - dessous de l’épi- glotte. M. Camper en a donné la figure dans le mé- moire que nous avons déjà cité. J'ai fait la même observation dans un mandrill mâle, d’une très-grande taille , que j'ai eu occasion de disséquer cet hiver. Cetle espèce de singe est re marquable par la forme de ses joues, qui sont sillon- nées et colorées d’un très-beau bleu ; la langue de cet animal est très-longue et très-épaisse; sa tète est très- | prolongée, il semble, au premier aspect, qu'il y ait deux glandes thyroïdes : en recherchant avec soin, on s'aperçoit qu'un prolongement mince et horizontal en réunit les deux lobes. Les cartilages du larynx n’ont rien de particulier ; au - dessous de l’épiglotte se trouve une cavité, laquelle se termine par un conduit qui s'ouvre dans une poche assez étendue, et que l’on peut facilement gonfler d’air ; étant distendue , elle présente un ovale irrégulier, rélréci dans quelques= uns de ses points. Les branches de l'os hyoïde sont disposées comme celles de l'homme; mais le corps de cet os est épais et se recourbe au - dessus du conduit qui mène au sac, et qu'il recouvre. Lorsque l'animal crioit un peu fort, ou lorsqu'il se melloit en colère, on voyoit le sac, dont j'ai donné la description , se remplir et se vider alternativement. _ La dissection du mangabey et de la mone, qui sont aussi des singes de l’ancien continent, m'a offert une structure à peu près semblable; le corps de los hyoïde est également recourbé ; an - dessous de l'épi- glotte est une cavité demi-circulaire, qui mène à une 562 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. excavation dont le principe se trouve vers le haut du cartilage thyroïde , et sous le corps de l'os hyoïde; elle est formée par une membrane mince, et qui pa: roit se diriger latéralement ; la gloite est d’ailleurs membraneuse et très-mobile; les ligamens inférieurs, appelés cordes vocales , sont très - bien exprimés ; ils sont aplattis et comme tranchans dans le mangabey ; les ventricules (1) y sont très- marqués, et les carti- lages ne diffèrent presque en rien de ceux de l’homme: J’ai trouvé de grandes variétés dans le larynx des singes du nouveau continent. Le sajou gris offre, vers la partie extérieure du cou , une poche membra- neuse, mais le trou qui y conduit est fort étroit; l'os hyoïde est également prolongé dans le saï : outre cette différence, l’épigloitte de ce dernier n’est point percée à sa base ; il n’y a point de conduit ni de poche comme dans ceux dont je viens de parler; les ventricules sont très-marqués , et les cordes vocales sont minces et comme tranchantes dans ces deux singes , surtout dans le saï : je conserve tous ces la- rinx. L’alouate et l’ouarine sont aussi deux animaux du nouveau continent , que MM. de Buffon et d’Au- benton (2) ont rangés dans la famille des sapajous , parce qu’ils ont la queue prenante; leur voix étant très - forte , ils ont reçu le nom de hurleurs; le poil (1) J’appelle ainsi non les sacs externes , maïs les cavitées entre la glotte et les cordes vocales, comme la plupart des Anatomistes: (2) Histoire Naturelle, tome XV, pages 5 et suivantes: / ; } : ‘ L 1 DE L'ORGANE DE LA VOIX. 5365 du premier est très-foncé ; celui du second est d’un brun - noir. Ces deux animaux , que l’on trouve principalement à Cayenne, ont fixé depuis long-temps l’attention des voyageurs, par l'intensité des sons qu'ils produisent, Barrère (1) l’a attribuée à la conformation de los hyoïde ; d’autres ont parlé d’un cornet placé dans l’intérieur de leur gosier. (2) M. le comte de Buffon (3) a fait mention d’une espèce de tambour, dans la concavité duquel leur voix grossit et forme des hur- lemens par écho. Il ajoute qu’il a observé dans un embrion d’alouate l'organe de la voix déjà très-formé, Enfin, M. d’Aubenton, dans la description qu'il fait de cette espèce de sapajou , après avoir remarqué que le nœud de la gorge est ordinairement très -renflé dans ces animaux, dit qu'ayant ouvert cette tubé- rosité , il a reconnu qu’elle étoit creuse et concave. On conserve dans plusieurs cabinets cette poche isolée, sous le nom de larynx ou de gosier du singe rouge de Cayenne. Il paroît cependant qu'elle étoit encore rare il y a deux ans en Hollande , puisque le célèbre M. Camper , qui étoit alors à Paris, en vit avec étonnement deux dans mon cabinet. Je le priai d'en accepter une; depuis ce temps , il m’a écrit qu'il a fait des recherches sur cet organe , sans me rien (1 ) Essai de l'Histoire Naturelle de l'Afrique. (2) Voyage de Binet. (5) Histoire Naturelle , tome XV, page 7. 364 SCIENCES PHYSIOL,. ET MEDICALES. dire de plus : j'en ai fait de mon côté, que j'ai consi- gnces dans ce mémoire. | J'ai recu de Cayenne (1) un gosier d’alouate en très - bon état , avec la langue , le pharynx, une partie de l'œsophage, tout le larynx et la poche même que. lon connoït depuis quelque temps, mais dont la po- silion , les connexions et les rapports sont absolument ignorés. Nous considérerons d’abord la poche même, indé- pendamment de ses adhérences ; nous examinerons ensuite le larynx de l’alouate à l’extérieur, et nous finirons en décrivant ce qu’une coupe longitudinale nous a offert de plus remarquable. La poche osseuse est irrégulièrement pyramidales sa pointe est mousse et arrondie ; sa face supérieure présente deux légères dépressions sur les côtés, avec quelques sillons vasculaires et un espace droit, allongé et situé horizontalement dans le milieu : la face infé- rieure est moins égale que la première; elle forme une convexité assez considérable, et on y remarque un grand nombre de pores dont elle est criblée : la face postérieure est percée par une ouverture assez ample, arrondie en bas, et terminée supérieurement par un segment osseux , échancré des deux côtés : au-dessus de cette ouverture est une plaque osseuse, aux deux exlrémités de laquelle sont deux petites ‘ facettes dont l'usage sera indiqué plus bas, re EE | , » À 12 (t) M. Malonet, intendant de Cayenne, l’a envoyé à M. Mau- duit , qui a bien voulu me le remettre. 31e DE L'ORGANE DE LA VOIX. 565 . L'orifice , qui est plus étroit que le fond, conduit à la cavité de la poche; elle ressemble à ce qu'on ap- pelle en général du nom de sinus en anatomie ; quel- ques lames minces et étroites s'élèvent de ses parois; elle est placée entre les deux branches de la mâchoire inférieure, de manière que sa pointe est située en de- vaut, son échancrure en arrière , et sa grande face arrondie en bas. J'en conserve quelques-unes qui sont plus étroites et plus allongées que celles dont j'ai fait faire le dessin. Le laryux de l’alouate, considéré avec ses annexes et à l'extérieur, présente les objets suivans : La langue est longue et étroite : ayant fait au pha- rynux uneouverture ovale, nous avons aperçu Ja glotte dont l'étendue est considérable, dont les lèvres sont saillantes, et qui est surmontée antérieurement par une épiglotte large, et qu'un frein retient, ainsi que dans l'homme et dans les quadrupèdes. Le chaton postérieur du cricoide est très-élevé ; la portion antérieure de ce cartilage n’a rien de parti- culier, non plus que la trachée- artère; le cartilage thyroïde est beaucoup plus grand qu’il ne l’est ordi- nairement dans les quadrapèdes de cette taille ; la saillie qu'il fait est très-marquée ; en arrière il se recourbe ; ses deux faces latérales sont fort étendues et un peu excavées. Nous décrirons surtout avec attenlion; 1°. deux ligamens places en dessus ; 2°, un conduit qui commu- nique avec la poche osseuse, Le cartilage thyroïde est surmonté dans l’alouate, 566 SCIENCES PHYSIOT, ET MEDICALES, comme dans les autres quadrupèdes, par deux cornes, auxquelles s’'insèrent deux ligamens qui, ense plaçant des deux côtés du pharinx et de la base de la langue, et en se portant de haut en bas, et de devant en arrière , aboutissent aux deux petites facettes que nous avons décrites vers le haut et sur les côtés de la région postérieure de la poche; ils sont plus étroits dans leur milieu qu’à leurs extrémités; ils paroissent être des- tinés à soutenir cette cavité , et à assurer ses rap- ports avec le larynx. } Entre la poche osseuse et le cartilage thyroïde , on trouve un conduit assez considérable , de forme ronde , plus large dans ses extrémilés que dans son milieu, d’un tissu membraneux, serré , et qui s’insère en de- vant autour de l’orifice de la poche , et en arrière entre les deux ailes du cartilage thyroïde, de sorte qu’il semble que ce soît une seconde trachée - artère qui mène à une cavité analogue aux sinus de là glotte. Après avoir considéré et décrit le larynx de l’alouate à l'extérieur , nous l’avons divisé suivant sa longueur, pour l’observer intérieurement; nous avons principa- lement remarqué ce qui suit : 1°. Une excavation placée au - devant du cartiesp thyroïde, et qui en est séparée par un cordon sem- blable aux ligamens inférieurs de la glotte , appelés cordes vocales. 2°. La jonction du conduit horizontal avec le larÿnx et avec la poche osseuse ; après s’être élargi, il s'at- tache des deux côtés du cartilage thyroïde, auprès D DE L'ORGANE DE LA VOIX. 567 duquel il forme en arrière un arrondissement , que la saillie de ce cartilage divise intérieurement en deux rigoles; ces dernières percent le larynx précisément dans le lieu où deux excavations situées devant le cartilage cricoïde , répondent aux sinus de la glotte, de sorte que ces deux rigoles paroïssent en être la continuation. Nous croyons donc être fondés à regarder le con- duit horizontal et la poche osseuse comme une exten- sion des ventricules de la glotte , qui doit beaucoup ajouter à l'intensité de la voix; car , outre que la cavité propre du larynx est très-grande dans l’a- louate , l'air introduit dans les ventricules est néces- sairement divisé en deux colonnes pour entrer dans le conduit horizontal ; elles se réunissent ensuite dans toute l'étendue de ce conduit: air s’engouffre dans la poche que nous avons décrite , et dont les James minces et osseuses sont très-élastiques ; de là il est répercuté vers le larynx : la saillie du cartilage thy- roïde , placée intérieurement dans une des extrémités du conduit horizontal, et les ligamens de la glotte fortement ébranlés par ce fluide , doivent produire une grande réaction. La disposition du larynx , dans l’alouate, est donc très- propre à produire un bruit considérable, et tel que celui dont les voyageurs ont parlé. Il suit de ces détails , que les Naturalistes qui ont avancé que le larynx du singe ne différoit en rien de celui de l'homme , se sont trompés; non-seulement le gosier du singe diffère de celui de l’homme , mais 568 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. encore cet organe n’est pas le mème dans tous ces animaux : celui de l'orang-outang est remarquable en ce qu'il communique avec deux sacs placés en dehors. Dans tous les singes de l’ancien continent que lon a disséqués, au lieu de deux sacs, on n’en a trouvé qu'un ; cette conformation paroît moins mar- quée dans les singes d'Amérique : il ÿ en a parmi ces derniers, dans lesquels elle manque absolument, et dans quelques-uns, au lieu d’un sac membraneux, on trouve une cavilé osseuse, jointe avec le larynx par un conduit horizontal. Le cri des singes est aigu, perçanL, el souvent interrompu par des sons rauques qui se succèdent en manière de baltemens; l'air qui entre dans les poches de différente nature , dont le larynx de ces animaux est pourvu, paroît contribuer à ce dernier genre de sons ; en général, une cavité placée dessous et au-devant de l’épiglotte, et qui est remplie d'air, doit beaucoup nuire à la formation et aux modulations de la voix. Dans les quadrupèdes digités, l'organe de la voix conserve beaucoup de ressemblance avec celui de l'homme; les bords de la glotie sont minces ; les ligamens inférieurs , appelés cordes vocales , sont bien détachés ; on trouve de chaque côté un ventricule , et les anneaux de la trachée-artère sont interrompus en arrière par un espace membraneux. L’épiglotte: du chien est triangulaire ; son extrémité est très-aignëé; latéralement elle se continue, en formant une espèce de crochet, avec les ligamens inférieurs de la glotte ; etil ÿ a un muscle glosso-épiglottique. Toutes les DE L'ORGANE DE LA VOIX, 369 parties qui composent le larynx du chat , sont très. mobiles, j'y ai surtout remarqué deux petites mem- branes très - minces, qui sont placées au-dessous des ligamens inférieurs de la glotte ; elles vibrent lors- qu'on introduit de l'air par la trachée-artère, et elles produisent une sorte de ronflement analogue à celui que les chats font entendre : Severinus et Blasius, qui ont décrit la structure anatomique du chat, n’ont rien dit de ces membranes. Deux petils corps arron- dis sont situés au bas de l’épiglotte du lapin, qui est échancrée à sa pointe. Perrault a écrit dans ses Mé- moires pour servir à l'Histoire des Animaux , que les anneaux de la trachée-artère du lion étoient en- tiers , excepté les deux ou trois premiers ; sa descrip- tion a sans doute été faite d’après un lion très -âgé; car, ayant disséqué une lionne mise à mort , il y a deux ans à peu près, au combat du taureau , j'ai trouvé les anneaux de la trachée - artère interrompus en ar- rière par un espace membraneux et musculaire, à la vérité fort étroit. Dans le kerkajou, ( 1) quadrupède nouveau que j'ai disséqué cet hiver, et qui est ana- logue au genre des fouines, le larynx n'offre rien de remarquable , si ce n’est que l’épiglotte est très grande, très-allongée , et que la membrane qui tapisse les ventricules est formée par des fibres longitudinales, parallèles et réunies en petites bandes. L’écureuil et le renard ne m'ont rien présenté qui mérite des détails N particuliers. W (1) Quadrupède nouveau dont aucun auteur n’a fait mention, T. 4. 24 570 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. En passant des quadrupèdes digilés à ceux qui ont le pied fourchu , on trouve des différences très-mar= quées. J'ai fait au cabinet du roi , sur le sanglier, les mèmes observations que M. Hérissant a publiées en 1753, (1) sur le cochon : le cartilage de l'épiglotte est grand et épais; deux reliefs tiennent lieu des ligamens inférieurs ; ils sont percés par une fente qui ressemble à une petite glotte, et qui s'ouvre dans des excava- tions arrondies, recouvertes par un muscle, dans les- quelles l'air entre, et dont il sort avec éclat. J’ajonterai que les cartilages arythénoïdes sont très -volumineux ; que la glotte est très-ouverle, et presqu’entièrement entourée de cartilages, et qu’au lieu de ventricules, on trouve les cavités dont on vient de parler. Lesla- rynx du bœuf est très -large; la glotte est béante, ses bords sont renversés; les arythénoïdes font une saillie très - considérable en devant ; les ligantens in- férieurs sont à peine distincts , et au lien des ventri- cules, proprement dits, on remarque une cavité qui n'est presque pas circonecrite. Dans le mouton, la disposition est la mème; la glotte est presque tout-à- fait cartilagineuse ; les ligamens inférieurs sont peu détachés des parois, et l'espace qui les sépare est fort étroit, ce qui tient à la structure des cartilages.” Le larynx des solipèdes est mieux organisé : l'épi- gloite, qui a peu d’étendue, est triangulaire, et se termine en pointe comme dans le chien ; les arythé= noïdes se portent en devant par un angle saillant ; ils (1) Mémoires de L'Académie royale des Sciences , année 1909. . "7 ie 6 È cÉ daté DE L'ORGANE DE LA VOIX. 3 sont antérieurement recourbés , et les ligamens infé- rieurs sont bien détachés et susceptibles de vibrer : à peine trouve -t-on aux extrémités de la glotte deux petites duplicatures qui peuvent èlre assimilées aux deux membranes triangulaires , décrites par M. Hé- rissant, qui, pour cette raison , avoit rangé le larynx du cheval parmi ceux qu’il appeloit composés. Mes- sieurs Bourgelat et Vitet , qui ont décrit avec soin le larynx du cheval , n’en ont fait aucune mention. M. Hérissant a été plus exact dans les détails qu'il a donnés sur l'organe de la voix de l'âne et du mulet; /1) il a fait voir qu’une cavité creusée dans le cartilage thyroïde , et recouverle par une membrane, est desti- née à recevoir une certaine quantité d'air, et à lui imprimer un mouvement de vibration très - considé- rable. Moins de souplesse et plus de volume dans les cartilages ; moins de profondeur dans les ventricules ; moins de saillie dans les ligamens inférieurs; moins de mobilité dans la glotte , dont les contours sont si massifs dans plusieurs individus, qu’elle est évidem- ment incapable de servir à la fonction de la voix, des cavités ou des poches surajoutées : telles sont les principales différences du laryux des quadru- pèdes. C’est ici le lieu de parler de deux animaux qu’on a coutume de ranger, soit parmi les quadrupèdes, soit à leur suite , le phoque et la chauve- souris. L’épi- glotte du phoque est plus grande qu'il ne faut pour Sd (1) Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1755. 2 352 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES. recouvrir l'ouverture de la glotte : cette dernière est placée immédiatement au-dessus des ligamens appelés cordes vocales , de sorte qu’il y a entr’eux et elle très- peu d’espace; disposition que je n’ai vue dans aucun autre animal. Il n’y a point d’épiglotte dans le larynx des chauve- souris; la glotte est figurée en losange allongé ou en ovale , et au-dessous de cette ouverture on remarque un élargissemeut assez considérable. Dans la chauve- souris de l'ile de Sainte - Hélène , appelée vampir à nez simple et long , une légère saillie membraneuse semble tenir lieu d’épiglotte : dans la chauve-souris, appelée vampir à nez composé, il n’y en a pas la moindre apparence ; dans la première , on trouve quelques re- plis membraneux, qui suppléent au défaut des liga- mens ou cordes vocales : je n'en ai pas trouvé dans la seconde. Ainsi le phoque se rapproche, par la disposition du larynx, de la classe des quadrupèdes, et la chauve- souris de celle des oiseaux. Ces derniers peuvent ètre divisés en trois ordres, à raison des différences que l'organe de la voix présente; dans les uns, le nœud qui se remarque dans la divi- sion des bronches , est dépourvu de muscles ; dans les autres, un muscle serré et aplatti le recouvre : dans ces deux premiers ordres, la trachée-artère fait un simple trajet depuis la division des bronches jusqu’à la glotte; dans le troisième ordre, elle se contourné de différentes manières , et l'organe de la voix ést vraiment composé, 4 er è + mn” LA DE L'ORGANE DE LA VOIX. 375 On a dit que les oiseaux ont un double larynx: l'un supérieur et l’autre inférieur : on s’exprimeroit d’une manière plus convenable, en disant que la glotte, dans les oiseaux, est placée au haut du cou , et que le reste de l'organe de la voix, qui tient lieu des ventricules et des ligamens inférieurs , est situé en bas et à la division des bronches. C’est au moins ainsi que j'ai envisagé celte structure, comme les détails suivaus le prouveront. La glotte des oiseaux diffère par son ouverture et par sa forme; en général c’est cette partie de l'organe _de la voix qui offre en eux le moins de variétés : dans le canard, dans le coq -d’Inde et dans l’outarde, on distingue facilement une pièce triangulaire placée en devant ; dans le canard, elle est surmontée intérieure- ment et au milieu par une saillie aiguë et cartilagi- neuse en arrière : sur les côtés, sont des ligamens ir- réguliers, et les deux parties latérales de la glotte sont formées par deux cartilages, dont la figure varie suivant celle de la glotte elle-mème. Dans l'aigle, dans le pélican et dans le canard, elle est disposée en fente; dans le casoar , elle est ovale ; elle est grande et un peu triangulaire dans le pigeon ; et dans la poule , elle forme une espèce de parallélogramme très-allongé, Perrault l’a vue figurée en losange dans le cormoran. Dans le cabaret , le chardonneret, le linot , le verdier et le serin , j'ai trouvé cette ouverture ovale avec de légères échancrures sur les côtés. Dans le rossignol, elle ne diffère qu’en ce que les bords sont moins échancrés et plus unis; deux muscles placés sur les 574 SCIENCES PAYSIOL. ET MEDICALES. côtés de la glotte, sont destinés à la former. Dans les oiseaux, et en général dans tous les animaux qui n’ont point d’épiglotte, l’ouverture de la glotte peut se rélrécir au point de se fermer tout-à-fait ; mais étant cartilagineuse , elle n’est pas susceptible de tension : un corps aigu, qui est placé au milieu de l’os hyoïde, répond à la pièce triangulaire et antérieure de, la glotte, laquelle est environnée dans les gros oiseanx , ainsi que la base de la langue , de pièces blanchätres et frangées. Les anneaux de la trachée-artère sont d’une seule pièce, et quoique minces dans plusieurs, ils ont beau- coup de consistance et d’élasticité. M. d’Aubenton a trouvé les anneaux de ce conduit aplattis dans loi- seau- pierre : deux muscles latéraux s'étendent jus- qu'aux pièces qui forment les bords de la glotte, et paroissent les abaisser en les écartant l’un de l’autre; la longueur de la trachée-artère est ordinairement mesurée par celle du cou , dont l'étendue west pas, ainsi que M. d’Aubenton l'a prouvé , en raison du nombre des vertèbres cervicales, puisque le cou du cygne, qui a vingt-deux vertèbres cervicales , n’est pas aussi long que celui du flammant , qui n’en a que dix-sept. 1] y a cependant quelques oiseaux dans lesquels la trachée - artère fait des contours et prend des formes particulières. On sait , d'après Perrault’, qu’elle est dilatée en quelques endroits de l’ibis; que celle du coq indien fait un repli au bas du cou ; que celle du cormoran offre un nœud dans cette régions que celle de la demoiselle de Numidie s'enfonce dans DE L'ORGANE DE LA VOIX. 555 le sternum , ainsi que celle du cygne. Willughby (1) a fait voir que la trachée-artère de la grue s'enfonce de même ; on trouve aussi cetle structure dans le héron. M. Hérissant a décrit les bronches de l’oie et de quelques oiseaux aquatiques du genre du canard ; elles sont entre - coupées par des membranes en forme de croissant. M. Bajon a fait connoître les replis que la trachée-artère fait le long du sternum dansle paragua. Enfin, M. d’Aubenton a donné une description exacte de celle de l’oiseau- pierre , qui s'étend en dehors des deux côtés du sternum. Tout cet appareil , qui peut être comparé à la poche osseuse du singe -hurleur , aux deux sinus de la gloite du cochon et du sanglier, où au tambour qui se trouve dans le larynx de l'âne et du mulet, n’est ainsi disposé que pour donner plus de force et d'intensité à la voix de ces oiseaux. L/or- gane de la voix du rossignol et celui du serin , sont au contraire les plus simples de tous. N'est -on pas en droit de conclure de cette opposition, que la Na- ture paroît tendre d’elle-mème vers l'harmonie , puis- qu'il semble lui en moins coûter pour former des sons agréables, que pour produire un grand bruit, à force de contours , de membranes et de cavités ? La trachée - artère, que nous avons considérée vers le haut et le long du cou, se rétrécit un peu vers le bas, dans le lieu où les bronches se divisent ; il semble que ce conduit y ait été pincé de droite à gauche : là (1) Ornithologie, page 200. 5;6 SCIENCES PH YSIOL. ET MEDICALES. les bronches prennent leur origine, et dans l'endroit d’où elles naissent , plusieuxs cerceaux plus grands et plus éloignés les uns des autres, en forment le prin- cipe ; un cartilage mince, étroit et un peu tranchant, est situé perpendiculairement dans le milieu; il est quelquefois un peu échancré, ce qui a engagé quel- ques auteurs à le comparer à un hausse-col ; la face externe de chaque bronche est formée d’une mem- brane mince, de sorte que les cerceaux cartilagineux n’y sont point entiers ; la pièce en forme d’éperon , placée à l’origine des bronches, diffère dans sa struc- ture; celle du héron, dont le cri a beaucoup de force , est très-simple 3 elle est soutenue en dévant et en arrière sur les cerceaux auxquels elle correspond. Dans le coq-d'Inde, cette pièce fait partie d’une autre, qui est elle-même composée de deux cerceaux plus forts et plus saïllans que les autres ; les deux bronches sont réunies vers le bas par une substance ligamen- teuse , de sorte qu'il y a un trou entre ce ligament et leur division : dans les petits oiseaux ; la disposition de la trachée-artère est la mème à peu près que dans le héron ; on trouve à la division des bronches un rétrécissement et une pièce aiguë et verticale qui les sépare : mais il y a sous un autre aspect, une diffé rence très-notableentreles srandsoiseaux, dont la voix a plus de force que d'agrément , et les petits, appelés par quelques naturalistes aves canoræ , parce que leur gosier très-flexible produit des sons bien caden- cés, et parce que plusieurs sont susceptibles d'ap= prendre des airs assez difficiles, et de les répéter d’une Û DE L'ORGANE DE LA VOIX. 5377 manière agréable. Cette différence consiste en ce que le larynx inférieur des grands oiseaux, tels que le coq-d’inde, la poule, le canard, loie, loutarde, le butor, etc. n’est composé que de membranes, et absolument dépourvu de muscles , tandis que dans le rossignol , le serin, le linot , le verdier , le char- donneret et l’alouette, la partie inférieure du larynx est absolument recouverte par un muscle dont iles fibres sont très -serrées, qui est silloné en devant par une dépression longitudinale , ‘et qui se termine en arrière par deux petits mamelons : dans le pigeon, deux muscles, situés latéralement, s’insèrent entre les derniers cerceaux de la trachée-artère , aux mem- branes mobiles qui en remplissent l'intervalle. À cette observation, dont aucun auteur n’a parlé, . nous ajoutons, pour rendre le tableau plus complet, celle de M. Férissant, sur la membrane qui s'étend d’une des branches de l'os de la lunette à l’autre, et qui ferme la partie antérieure de la poitrine. La glotte des oiseaux ressemble assez à celle des ” quadrupèdes : la pièce triangulaire qui est placée en devant ,répond , non au crycoïde, comme Perrault l’a dit , mais au thyroïde , et les segmens latéraux aux arythénoïdes : la pièce qui divise les bronches et les membranes de ces dernières , sont susceptibles de vibrer , el semblent tenir lieu des ligamens inférieurs de la glotte ; la grande distance qui sépare celle-ci d'avec l'organe vraiment sonore, le défaut d'épiglotte et de ligamens ou cordes vocales, la disposition des membranes des bronches, et l’action que l'air échappé 378 SCIENCES PHYSION. ET MEDICALES. du poumon, et contenu dans la région antérieure de la poitrine , sous la membrane de la fourchette, exerce sur la partie inférieure du larynx , constituent les principales différences de l’organe de la voix des oiseaux. Nous approchons du terme où la voix ne consiste que dans quelques modulations informes , où mème elle s’afloiblit et disparoît enfin tout-à-fait ; dans quel- ques reptiles, elle se fait encore entendre, mais dans les serpens , quelques sons aigus, excités par la colère, dont ils annoncent la menace et le danger, sont tout | ce qui en tient lieu. Dans la grenouille, la glotte, | qui est longue et étroite, et sans épiglotte , s'ouvre et | se ferme avec antant de rapidité que de précision &: | au-devant de la glotte sont deux ligamens , qui mé- rilent par excellence le nom de cordes vocales ; ils | sont très-longs par rapport au volume de l’animal, tendus parallèlement , et tout-à fait détachés des par- ties environnantes ; de sorte qu’au lieu d’une ouver- ture, il y en a trois; souvent les fentes latérales sont entre -coupées par un pelit ligament transversal ; 14 W somme de ces trois ouvertures forme un espace ar- rondi , qui est encadré dans un losange cartilagineux; dont la partie antérieure est contiguë à la langue. Cette dernière est remarquable en ce que, fixée par sa pointe, elle est mobile postérieurement ; deux bron- ches très-courtes, et comme argentées, naissent 1mmé-= diatement de la glotte. | La structure est la mème dans le crapaud ordinaire et dans le grand crapaud de Mississipi, que j'ai dis- + DE L'ORGANE DE LA VOIX. 379 séqué au jardin du roi : on ne peut sempêcuer d’ètre surpris, qu'avec un organe aussi bien disposé , ces auimaux ne produissent que des sons monotones et désagréables. Perrault a observé que , dans le crocodile , la tra- chée- artère faisoit divers contours. Dans les animaux .qui nous restent à examiner, nous ne trouverons plus que la glotte et la trachée- artère ; telle est la structure de la tortue, de la vipère, de la couleuvre, et des serpens en général. Dans la tortue , une pièce antérieure tient lieu du thyroïde; les parois de la trachée -artère sont minces, ses anneaux sont continus : la glotte est très - étroite, et placée en devant , très- près de la face interne de la mâchoire inférieure ; ce qui prouve que la voix, dans ces ani- maux , ne doit avoir a8cun timbre. Dans la vipère et dans la grande couleuvre, la glotte est plus éten- due; elle se trouve derrière la langue, qui tient peu de place entre les deux mâchoires, étant contenue dans une gaine le long de lœsophage ; la trachée s’é- larsit un peu au- dessous de cette ouverture; ses an- neaux , qui sont entiers dans son origine, se divisent ensuite pour adhérer au poumon, et ils se terminent en bec de flûte, au-delà de ce viscère , dans une suite de cellules qui s'étendent jusqu’à l'extrémité de l'animal , lequel peut être gonflé dans toutes ses di- mensions , lorsqu'on y introduit de l'air. La glotte des oiseaux est séparée d'avec l'organe , vraiment sonore ; elle est la seule partie qui constitue l'organe de la voix dans les reptiles, 580 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, Je n'ai fait aucune mention des cétacées, quoique Pline, parmi les anciens, et MM. Anderson et Klein, parmi les modernes , aient avancé que la voix de la baleine et du dauphin est très-forle, parce que l’on iguore absolument la structure de leur larynx. Je ne m'arrêterai point non plus sur les insectes ; à la vérité , plusieurs de ces animaux , et surtout les femelles, font entendre des sons, mais les organes par lesquels l'air pénètre , n’y out aucune part; ce sont des bruits mécaniques, produits , soit par le choc de la partie antérieure du corselet, comme dans plusieurs coléoptères, soit avec des balanciers semblables à de petites baguetles de lambour qui frappent sur une peau sèche et tendue, comme dans les diptères, et principalement dans la cigale. En se rappelant les observations dont je viens d'offrir le tableau , on peut en tirer les conséquences sui- vantes: 1°. La glotte étant formée dans la plupart des qua- drupèdes, pardes bords presqu’entièrement cartilagi- neux, qui ne sont susceptibles d'aucune tension gras” duée ; cette ouverture étant, dans les oiseaux , très éloignée de l’organe vraiment sonore, et ne produi- sant qu’un sifflement dans les serpens où elle est seules ne peut-on pas en conclure qu’elle n’est point essen- tielle à la formation des sons ? 2°. Les ligamens inférieurs étant dans plugieurs quadrupèdes et dans quelques reptiles, les seules par ües capables de vibrer, des membranes élastiques en étant également susceptibles dans les oiseaux, n'est-on nl D ne PATAT mt) RL DE L'ORGANE DE LA VOIX. 581 pas conduit à penser que ces différentes parties ont un usage marqué dans la formation des sons ? 5°. Le timbre dela voix augmentant dans les con- duits recourbés et dans les cavités formées par des parois cartilagineuses et élastiques , n’est-il pas probable que tout l'appareil , dont quelques animaux sont pourvus , ne tend qu’à augmenter la résonnance de la voix , sans influer sur son intonation ? Ces inductions sont les seules que je me permettrai en finissant ce mémoire. Un anatomiste , qui se pro- pose de découvrir le mécanisme de la voix dans les différentes classes d'animaux, peut ètre comparé à un curieux qui, après avoir entendu dans un concert l'effet de plusieurs instrumens de musique, sans avoir d’ailleurs la moindre connoissance de leur disposition, chercheroit, en les examinanit, à découvrir la ma- nière dont on les emploie, et la nature du son qu'ils produisent. Les recherches que je viens d'exposer ne sont relatives qu'à la structure anatomique des or- ganes. (1) ( 1 ) Depuis Vicq-d’Azyr, un anatomiste non moins célèbre, M. Cuvier, s’est occupé de nouveau, et sous des points de vue diffé- rens , des organes de la voix , qu’il a d’abord considérés dans les oiseaux , avec l'intention d'appliquer la doctrine qui lui est propre, sur leur action , à l’homme et aux autres mammifères. Les résultats anatomiques de son travail se rapportent principa- lement à cette partie de l’appareil vocal que Vicq- d’Azyr ne regarde pas, sans quelque motif, cumme un simple supplément des deux ,ventricules et des ligamens inférieurs , et que son illustre succes- seur désigne , sous le nom de larynx inférieur. Ce larynx est situé au bas de la trachée, à l'endroit où elle se 582 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. partage pour pénétrer dans les poumons. Il est tellement le lieu o% se forme la voix , dans les oiseaux, que la section äu larynx supé- rieur, chez ces animaux , ne Îles empêche pas de crier. Les bords du larynx inférieur forment une anche membraneuse, ou, pour parler plus exactement , deux lèvres qui représentent celle du joueur de cor de chasse. On peut diviser les larynx inférieurs en deux classes, ceux qui n’ont pas de muscles propres et ceux qui en sont pourvus. Les la= ryux de la première classe ,ont en outre, dans les mâles de quel- ques espèces, des cavités latérales , ou des dilatations plus ou moins étendues , osseuses et membraneuses. ( 1 ) Dans toute cette mémeclasse , les mouvemens de la trachée sup- pléent jusqu’à un certain point aux muscles propres du larynx, et les oiseaux, dépourvus de ces muscles, ont ceux dé Ja trachte beaucoup plus développés : parmi les iarynx inférieurs pourvus de muscles , vn doit distinguer ceux dés oiseaux chanteurs , chez les= quels ces muscles sont au nombre de dix, ce qui prouve, contre Vopinicu de Vicq-d’Azyr, que le larynx de ces oiseaux est très- composé. Ce uombre si considérablesde muscles laryngiens s’observe éga- lement dans les hirondelles , les étourneaux, les moineaux, dont la voix, malgré celuxe de moyens, n’en est pas moins désagréable ct fausse : ce qui dépend du timbre de l'instrument vocal, et d’ua défaut de rapport eutre la mobilité du larynx et celle de la trachée: Cette partie de l’instrument vocal s’allonge, ou se raccourcit avec d’antant plus de facilité , que ses anneaux sont plus minces et plus séparés par des membranes flexibles, ainsi qu’on le remarque dans les oiseaux chanteurs; ces mêmes anneaux sont entièrement osseux ou cartilagineux dans les autres oiseaux , et présentent de nom breuses variétés dans leur nombre, leur rapprochement et leuxs dimensions. La longueur absolue de la trachée est par conséquent fondamen- tale et dépend principalement dela longueur du col de chaque viseau. Nous voyons que l’expérience , à l'égard du ton , est conforme à G) Elle comprend les paons , les cogs , les faisans , les perdxix; en un mot, toute la classe des gallinacées. { DE L'ORGANE DE LA VOIX. 383 ce principe; les petits oiseaux chantant le plus haut , et ceux qui ont le cou long , ayant en général la voix plus basse. La voix plus grave des mâles , dans tous les oiseaux de rivage, et dans plusieurs autres espèces, dépend des contours de la trachée qui se replie et.se prolonge de diverses façons. Le larynx supérieur des oiseaux est remarquable ; 1°. par ure ouverture longitudinale faite à la face postérieure du tube tra- chéal ; 2°. par la structure même de la glotte, formée de deux pièces osseuses, qui ne peuvent jamais s'étendre ou se relâcher. Il faut remarquer, en outre, que le mème larynx n’a ni cartilage aryténoïde , ni cartilage tyroïde , ni épiglotte. Celle-ci est sup- pléée par des points cartilagineux placés sur les bords de la glotte où 1ls peuvent au besoin servir d’opercule. Ce larynx supérieur se trouvant borné à la fonction d’ouvrir et de fermer plus ou moins la trachée , varie très-peu , ainsi que Vicq-d’A- zyr l’avoit remarqué. La principale différence qu’il présente tient à des tubercules placés dans son intérieur : tubercules que l’on n’observe jamais dans les oi- seaux chanteurs; mais bien dans les oiseaux dont la voix est le plus rude. M. Cuvier conclut en outre de plusieurs rapprocheémens entre l'instrument vocal des oiseaux et les instrumens à vent de la classe des cors et des trompettes, que dans l’instrument vocal le son est produit de la même manière que dans ces instrument, et qu’il est également modifié, quant à son ton, par trois sortes de moyens, c'est-à-dire, 1°. par les variations de la glotte qui, correspondent à celles du joueur ; 2°. par Les variations de la trachée correspondante aux cors de rechange ; 3°. par le retrécissement de la glotte supé- rieure qui répond à la main du joueur. (1) ( Note de l’Éditeur. ) ent oo oo (1) 7id. pour plus de détails, le Mémoire de M. Cuvier , Journal Re Physique, prairial an 8 EXPLICATION DES QUATRE PREMIÈRES PLANCHES. (1} PLANCHE PREMIÈRE. Fig. I. A,D,C, trois ouvertures qui conduisent au tissu cel lulaire osseux. B,E, ouvertures qui communiquent avec le labyrinthe et l’orifice de la trompe d’Eustache. Fig. IL. H,1,D, conduit droit. A , conduits demi-circulaires. E , tissu spongieux de l'os, dont les cellules commu-. niquent entre elles. Fig. III. E,B,F,D,C, les ouvertures du tympanet la saillie transversale que l’on trouve , dans cette cavité , chez plu- sieurs oiscaux. B,E, ouvertures qui donnent passage aux nerfs auditifs. Fig. TPE L,B, membrane du tympan. D,E, l’osselet ou collumella. F, G , ses deux branches. Fie. VI. E,F, cellules communicantes. H, C, renflement des conduits demi-circulaires. D, conduit droit. Fig. VII. L’une des plumes qui environnent le conduit auditif. (1) Voyez le volume de planches. DE L'ORGANE DE LA VOIX. PLANCHE DEUXIEME. Fig. F. © CG L'A + E,B, ouvertures qui traversent les nerfs auditifs. F,A,D, autres ouvertures qui donnent passage à des hérfs. Fig. VIIL. Osselet de l'ouie isolé dans la tortue. Fig. IX. E, D, l'osselet précédent en place, et tenant à la mem: brane du tympan. Fig. X° La membrane du tympan dans la tortue, lie. XT. D,E,D,E, osselets de l’ouïe, isolés du caméléon: Fig XII. Le mêmé osselet occupant sa place dans l'organe dé louie, en G. PLANCHE TROISIEME. Fig. FE: O,P,Q, vaisseaux de la poche. F,G,H, cette poche vueen devant. U,D,D, oshyoïdo. L ,trachée-artère. K, lobe de la glande tyroide. B,C; langue du mandrill. Fig. IT. Cette figure présente la poche du laryhx du singe -hur- leur ; vue de côté. Depuis A jusqu’à B , espace étroit, allongé et horizonta} de la face supérieure de la poche. C , dépression latérale de la face supérieure. _ Te %#s 27 386 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. Depuis D jusqu’à E, face inférieure , arrondie , inégale et poreuse. F, échancrure placée au haut et à un des côtés de l’ou- verture. G , une des petites facettes placées au haut et sur le côté de la face postérieure. H, ouverture qui méne à la cavité de la poche. Fig. III. Cette figure représente le larynx du chien : il a été ouvert longitudinalement pour voir l’intérieur. A,B,oshyoide. C, épiglotte qui est triangulaire. D Jligamens inférieurs dela glotte.F,G ,ventricules.K , partie moyenne de l'épiglotte. L, M, crochets formés par l’épi- gloite et les ligamens inférieurs. H, I, trachée-artere. Fig. IF. On voit dans cette figure le larynx du chat. A, B, os hyoïde. E, l’épiglotte. H, I, la glotte. E, D,F; G, repré- sente les ligamens inférieurs de la glotte et deux petites membranes placées au-dessus, et qui frémissent aisément. Fies Fe Elle offre le larynx du lapin: il a été ouvert pour voir l'intérieur. A , l'épiglotte. B , petits corps arrondis , placés au bas de l’épiglotte du lapin. C, D, ventricules et liga= mens inférieurs de la glotte. E, la trachée-artere. Fig. WT. Elle présente le larynx du phoque dans l’état naturel. À, la langue, qui est tres-grande. B, épiglotte. B, C, la glotte. E, D, les ligamens inférieurs ou cordes vocales, qui sont très- pres des lèvres de la glotte. F, la trachée- artère. se. nie à" aie 7] 4 Ru Pa es dr on ie à come LCD États SR NC à { DE L'ORGANE DE LA VOIX. 58% Fig. VII. Larynx de la chauve-souris-vampire de l’ile Sainte-Hé- lène à nez sunple et long. À , langue. B , saillie tres-peu con- sidérable , tenant lieu d’épiglotte. B, C, glotte ovale et comme festonée. D. la trachée - artère. PLANCHE QUATRIEME. Fig. VIIT. Trachée-artère du dinde. À, B, trachée-artère. C, œso=- phage. D, endroit où étoit la poche et quia été lié. E,F, G, H, artères 1, nœud où est la partie inférieure du larynx. K , trou situé eetre les deux bronches. L,M, deux muscles placés le long de la trachée - artère. Fig. IX. La glotte du pigeon. A , B, la glotte. C , D, pièces comme frangées on hachées, qui accompagnent la langue et la glotte de plusieurs oiseaux. E , la trachée-artère. Fig. X. Cette figure offre la glotte du rossignol ; sa forme y est dessinée en grandeur naturelle; derrière, sont les pièces hachces ou frangées. ; Fig. XI. Larynx de l'alouette, qui donnera une idée de cet or- gane, vu en dehors, dans tous les petits oiseaux ; on y voit la trachée-artere, ses deux muscles longiludinaux, les bronches , eten À , un muscle qui recouvre l’organe vrai- ment sonore. Fig. XII. Dans cette figure , on voit ces parties en grandeur natu- relle. A , la langue. B, l'ouverture du larynx dans lequel sont les cordes vocales. C, D, les bronches qui sont très- courtes. LIRE IE LEUR NU VU EE ER RE MU VU RU RS FVRAGMENS Sur l’Anatomie et la Physiologie de l’œuf , tirés du Vocabulaire Anatomique ; et d’un Mémoire inédit sur ce 11 ui arrive au jaune de l’œuf apres l’ineubation. q P DE L’ŒUF. Over, ovum, est une production couverte d’une enveloppe plus ou moins dure, propre aux femelles des oiseaux, des reptiles, des poissons et des in- sectes, et qui contient, lorsqu'elle a été fécondée par le mâle, le germe de l'embryon. Œuf avec ou sans enveloppe osseuse. On doit distinguer dans l’œuf deux sortes de par- Ues, savoir: 1°. les parties contenantes ; 2°, les parties contenues. M D à T°. Les parties contenantes de l'œuf de l'oiseau sont ce qu’on peut proprement appeler les enve- loppes extérieures de cet organe, c’est-à-dire, la coque et la membrane qui tapissent immédiatement l’intérieur de cette coque. La membrane qui la ta- pisse en dedans adhère intimement à sa surfaces elle est blanche et légérement raboteuse du côté par lequel elle tient à la coque, très-lisse et d’an blanc moins éclatant dans sa face interne. Dans le gros bout de l'œuf, et toujours un peu sur le côté , on trouve constamment un petit espace vide, ou plutôt qui ne contient que de l'air. Cet espace a la forme d'un pelit segment de sphères Il ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 369 est dû à un écartement particulier des deux lames de la membrane qui revêt l’intérieur de la coquille; de sorte que la plus extérieure de ces lames se trouve adhérente et suspendue au gros bout de la coque, tandis que le feuillet interne est comme refoulé vers l'extrémité opposée de l’œuf, et soutenu sur l'enve- loppe des blancs. Elo. Sous la tunique qui revêt immédiatement Ja face interne de la coquille, est une seconde enve- loppe ou capsule dont les usages tiennent de plus près au développement de l'embryon. La face exté- rieure de cette seconde enveloppe est collée à la suv- face interne de la membrane propre de la coquille, mais d’une manière si lâche qu’il est très-facile de Ven séparer sans la rompre. C’est sur cette seconde tunique que sont répandus les linéamens ou ramifi- calions della plupart des vaisseaux sanguins qui com- posent le cordon ombilical, comme il est aisé de s’en convaincre si l'on examine des œufs soumis de- puis quelques jours à l’incubation. Cette seconde en- veloppe renferme les autres parties intérieures de l'œuf, telles que le blanc ou les blancs, le jaune et ses annexes, le germe ou la cicatricule, etc. DU BLANC DE L’ŒUE. Le blanc d'œuf ( albumen), est composé de deux substances très-distinctes , qu'il est essentiel de ne pas confondre. On les appelle les blancs. Le premier blanc, ou blanc extérieur, est uno humeur séreuse très-limpide, Ce fluide, placé im- 890 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. médiatement sous l’enveloppe membraneuse com mune , compose la couche extérieure; de sorte que c’est dans cette humeur que nagent et sont sus- pendus le second blanc , le jaune et ses annexes, tels que les chalazes et le fœtus, dans le temps de Fin- cubation. Quant au second blanc, ou blanc intérieur, c’est à lui qu'appartient proprement le nom d’albumen , ou bumeur albumineuse. Il entoure immédiatement le jaune, et forme la plus grande partie de la masse de l’œuf; ses proportions, relativement au blanc ex- térieur , sont à peu près comme quatre ou cinq à un, dans l’œuf qui n’a pas été soumis à l’incubation. Les propriétés principales de ce second blanc sont d’avoir une grande ténacité, et surtout de se coa- guler au degré de chaleur de l’eau bouillante en une masse blanche très- connue. É Les limites qui séparent les deux blancs lun ,de l’autre sont très - marquées ; et quelques efforts que l’on fasse en les battant fortement ensemble , on ne réussit point à les mêler, si ce n’est par l’intermède de l’humeur renfermée dans la capsule du jaune. Le blanc intérieur réfracte puissamment les rayons lumineux, qu'il paroït rassembler à la manière des verres lenticulaires. Il a l’éclat et la transparence du cristal. Sa viscosité fait qu’étant abandonné à lui- mème il s'étend très- peu. Il est situé en grande partie vers la petite extrémité de l'œuf, de manière qu'il y forme une couche beaucoup plus épaisse autour as k, jaune que partout ailleurs, enfin il adhère fortement ane ms “ou de Cd 02 De nes un dt Le ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 591 au centre du grand hémisphère du jaune , dans la région opposée à la cicatricule. Cette adhésion est si intime dans l’œuf qui a été couvé, qu’on est obligé d'employer le scalpel pour les séparer l’un de l'autre. DU JAUNE D’ŒUF ET DE SES ANNEXES, Jaune d'œuf (sztellus). Pour bien connoître ce corps et la nomenclature qui le concerne, il faut le considérer dans cinq états différens, par lesquels 1l doit successivement passer : 1°. dans l’œuf non-fécondé et qui n’a pas été soumis à l’incubation ; 2°. dans l'œuf fécondé qui n’a pas été couvé: 3°. dans l'œuf fécondé qui a éprouvé les effets de l’incubation ; 4. dans l'œuf couvé dont le fœtus est sur le point de sortir de sa coquille ; 5°. dans le poulet qui vient d'éclore , et quelque temps après sa naissance. Le jaune est un corps de forme sphérique et d’une consistance molle. [l n’occupe point le milieu de la coque ; on le trouve ordinairement plus près de la grosse extrémité que de la pointe, et toujours plus avancé vers un côté que vers l’autre, comme il est aisé de s’en convaincre en faisant cette recherche sur des œufs durcis au feu. Le jaune ne flotte point au hasard dans l’intérieur de l’œuf; il est comme fixé par deux ligamens qui sont en partie membraneux el en partie albumineux. Ces ligamens forment ce que l’on appelle les cla- . lazes (grandines), deux petits corps blanchâtres et 592 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,N gélatineux , d’une consistance assez ferme , situés aux. deux pôles du jaune auquel ils sont fortement adhérens. Les chalazes, considérées dans ee situation na= iurelle, répondent aux deux extrémités de l'œuf, LI l’une à sa pointe, et l’autre à sa base. Ces deux corps . ñ A “ communiquent ensemble par une zône blanchâtre très-mince, qui entoure le jaune, et qui paroiît faire partie de sa capsule. Cette bande n’est bien visible que dans les œufs qui sont très-frais, C’est elle qui partage le jaune en deux hémisphères inégaux ; l’un plus petit , au milieu duquel se trouve la cicatricule ou le germe, et qui se présente toujours en dessus; l’autre plus grand, et qui tend à occuper la région la plus déclive. L’extrémité de chaque chalaze, qui est opposée à celle par laquelle on voit ces productions adhérer au jaune, est attachée à la face interne de la mem- brane qui enveloppe immédiatement les blancs par le moyen d’un tractus ou prolongement albumineux beaucoup moins dense et plus transparent que la chalaze elle -mème. On a donné le nom de glaires où de colonne, columnæ, à ces deux prolongemens des chalazes. Leur insertion, ou plutôt leur adhérence à la membrane qui enveloppe les blancs, se fait vers l’extrémité de l’œuf; de sorte que le jaune se trouve, par le moyen de ces colonnes albumineuses, comme suspendu et fixé vers le centre. La chalaze qui répond à la pointe de l’œuf est erdinairement plus grosse, ainsi que sa colonne , que EU PT NT NT UC NE do pÈi de ti à 2 LC nt à _ à a ae de M nm = 2 | è | | 4 # _ 'ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 393 la chalaze et la colonne qui sont placées vers la base; aussi l’'adhérence de la première de ces cha- lazes , qu’on appelle pour cette raison la grande cha- laze , à l'enveloppe memhraneuse des blancs, est-elle bien plus forte et plus remarquable que celle de la chalaze qui répond au gros bout de l’œuf, ou pelite chalaze. La forme extérieure des chialazes est telle, qu’à la première inspection, il semble qu’elles adhèrent à ünenchainement de plusieurs grains gélatineux, réunis en chapelet par une substance intermédiaire de mème nature, et qui diminueroit de grosseur à mesure qn’on les considéreroit plus loin du jaune. C’est à cause de cette disposition apparente que ces corps ont reçu le nom latin de grandines. Mais si on exa- mine attentivement les chalazes, il est aisé de se convaincre qu’au lieu d’être une série de grains sphé- riques, comme on l’a cru, elles ne sont au moins, quant à la forme, qu’une production gélatineuse, tournée irrégulièrement en spirale, à peu près comme le cordon ombilical des fœtus des quadrupèdes. On doit distinguer dans le jaune deux parties prin- cipales ; ces parties sont l'humeur du jaune, ou la capsule ou tunique qui contient cette humeur. La capsule du jaune dans un œuf frais, et qui n’a pas été soumis à l’incubation , est une membrane transparente très-déliée et très-mince : on n’y dis- tingue alors aucune organisation bien marquée, mais seulement une zûne ou ceinture d’un blanc plus mat, plus opaque que le reste de la tunique, plus diflicile 594 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. à rompre, et à laquelle est fortement attachée , vers les deux bouts opposés de l’œuf, une des extrémités de chaque chalaze. On aperçoit obscurément , dans cette ceinture blanchâtre, des fibrilles qui se portent en divers sens, mais principalement dans une direc- tion parallèle à celle de la ceinture elle-même. Cette zône, ou bande cireulaire, partage le jaune en deux hémisphères inégaux, savoir l’un plus considérable, qui tend à occuper la région la plus déclive, l'autre, moins volumineux , et qui se tourne toujours en dessus. Iudépendamment de la ceinture ou bande circu- laire blanchâtre , dont je viens de parler, on remarque encore dans la capsule , vers le milieu du petit hémis- phère du jaune, une tache ronde, également blanchä- tre , de la largeur d’une lentille ordinaire ou d’un petit pois. Cette tache, ou petit nuage, est ce qu'on nomme communément la cicatricule ou le germe. On y peut distinguer différens cercles aussi bien exprimés dans les œufs non-fécondés, que dans ceux qui l’ont été. L’humeur du jaune, considérée dans un œuf frais, est un sucre à demi concret, ou épaissi à peu près en consistance de miel liquide. Cette humeur a la propriété de se coaguler au degré de chaleur de l’eau bouillante, de même que le blanc d'œuf; elle se mêle et se dissout aisément à froid dans tous les li- guides aqueux : on peut la joindre aux huiles et aux graisses , et la faire servir d’intermède , comme les liqueurs émulsives, pour dissoudre dans l’eau toutes sortes de substances grasses et huileuses, ANAT, ET PHYSIOL. DE L’'ŒUF. 39 IT, La plupart des physiciens qui se sont occupés de cette recherche, et particulièrement Malpighi, ont cru apercevoir, dans le centre de la cicatricule du jaune d’œuf fécondé, des traces sensibles du petit embryon que la chaleur de lincubation doit faire éclore; tandis que dans le germe de l’œuf non -fé- _condé , on n’enlrevoit , suivant ces auteurs, qu’un assemblage informe de quelques cercles concentriques où l’on ne découvre aueune organisation qui puisse y faire soupçonner l'existence du fœtus. Des philosophes non moins recommandables, et à la tête desquels je crois devoir placer Haller et M. Charles Bonnet, assurent au contraire qu’on dis- tingue aussi bien les ébauches de l'embryon dans la cicatricule non-fécondée, que dans celle qui l’a été. En gardant toute la réserve que l’on doit se prescrire en pareil cas, je suis d'autant plus porté vers cette dernière opinion , que dans les observations nom- breuses que j'ai faites sur ce sujet, et malgré toute l'attention que j'y ai apportée, je n’ai jamais pu re- marquer une différence notable entre les germes des œufs non-fécondés et ceux qui avoient éprouvé l’in- fluence du mâle. IIL, 1°. Deux ou trois jours au plus tard, après le premier moment de l’incubation, on observe à la vue simple ainsi qu’à la loupe , dans les bords de la circonférence de la cicatricule, et surtout dans les trois-quarts de cette circonférence , une multitude de points d’un rouge obscur, ou d’une couleur de pourpre très-foncé, Ces points sont de diverses grau- 396 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. deurs, et ils paroissent comme isolés et séparés les uns des autres. On ne remarque een ux aucune sorte de mouvement. La cicatricule s’est un peu élargie. Au centre de cette cicatricule, on découvre un petit corps allongé, dont une des extrémités semble se terminer en pointe. On ne peut bien distinguer ce corps vermiculaire d'avec les autres parties environ- nantes de la cicatricule, que parce qu'il est d’un blanc grisâtre, plus brun ou plus opaque que les autres points de cette surface. 2°, Vers le quatrième ou cinquième jour, le germe s’est encore plus agrandi, les points pourprés de sa circonférence paroissent d’un rouge plus vif; ils sont aussi beaucoup plus multipliés, plus rapprochés les uns des autres, et ils s'avancent davantage vers le centre de la cicatricule, Déjà on voit vers le centre du germe, ou plutôt aumilieu du petit corps allongé qui occupe ce centre, deux points rouges, beaucoup plus grands que les précédens , séparés l’un de l’autre par un espace beaucoup plus large, qui battent sans cesse alternativement. Ces deux points saillans sont les deux ventricules du cœur de l'embryon. L’embryon lui-mème, ou le petit corps allongé qu’on voit au centre de la cicatricule, a une forme: beaucoup mieux déterminée ; il paroit déjà nager dans une bulle femplie d’une lymphe très-limpide, et qui est presque de la grandeur de la cicatricule. À la circonférence de la cicatricule , on remarque des séries de points d’un autre genre que ceux dont j'ai déjà parlé. Ces nouveaux points sont d’un jaune très- mt ans à à ANAT. ET PHYSIOTI. DE L'ŒUF. 597 élair , ils accompagnent parallèlement les séries des points rouges ; et cette suite de points jaunes compose ce qu'on nomme le-vaisseau du jaune, de mème que la réunion de diverses séries de points rouges forme les vaisseaux sanguins ombilicaux, et les vaisseaux omphalo - mésentériques où vaisseaux sanguins du jaune. 5°. Au neuvième ou dixième jour environ, la ci- catricule s’est singulièrement étendue. Les moignons des ailes et des pattes de l'embryon, flottant dans la bulle qui le renferme, commencent à se montrer très- distinctement. La queue, qui forme le croupion et le coccyx, s’est raccourcie. La tète, les yeux, et la plu - part des organes sont apparens. Les battemens du cœur sont très-forts et très- manifestes; et de dif- férentes séries de points rouges et de points jaunes, semés vers la circonférence de la cicatricule, il résulte un triple système vasculaire complet, savoir celui des vaisseaux ombilicaux, celui des vaisseaux sanguins du jaune lui-mème, et celui des vaisseaux jaunes , dont le tronc s’ouvre dans le conduit intes- tinal , un peu plus loin que le milieu de ce conduit. Plus ce développement du fœtus s’avance, plus aussi le jaune paroil acquérir d’étendue, et plus tout à La fois l'humeur contenue dans la capsule du jaune perd de sa consistance et de sa viscosité. IV. Lorsque le fœtus est sur le point d'éclore, les blancs de l'œuf se trouvent entièrement consom- més; mais le jaune paroît avoir augmenté de volume. Le fœtus s’est nourri et développé, jusqu’à ce mo- 398 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. ment, aux dépens du blanc; à cette époque la masse entière du jaune passe par l'ouverture du nombril dans le ventre où elle est allirée. On croit que c’est de cette masse, renfermée dans la cavité de l’ab- domen , que le poulet tire toute sa subsistance pen- dant les deux ou trois premiers jours qui suivent la naissance, Cette conjecture est confirmée par lobservation ; car on trouve alors , dans le conduit intestinal, une liqueur jaunâtre qui ressemble, par tous les signes extérieurs , à celle que renferme la capsule du jaune. V. Cependant il résulte de quelques expériences que j'ai faites sur des poulets nouvellement éclos, en leur extirpant le jaune qui étoit encore à peu près tout entier dans la cavité abdoininale, que ces ani- maux, étant convenablement soignés après celte opération, peuvent survivre au moins très-long- temps; de sorte qu’il ne paroît pas qu’il soit d’une nécessité absolue pour leur conservation qu'on ne les frustre point du suc alimentaire que la masse du jaune verse dans leurs intestins. Quoi qu’il en soit, dans les jeunes poulets aux- quels on n’a point enlevé le jaune , on voit cet or- gane diminuer insensiblement de grandeur , et dispa- roître enfin tout - à - fait après un temps plus ou moins long. Alors, il ne reste plus de cet organe que le tronc commun du vaisseau jaune, qui s’est endurci à mesure que la matière du jaune s’est épuisée ; ce tronc du vaisseau jaune demeure, pendant toute la vie de l'animal, attaché et suspendu aux parois du ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 399 tube intestinal, comme un appendice vermiforme. Voyez le Discours sur les rapports de l'Histoire na- turelle avec l'Anatomie. DES POULETS. Poulet, Pullus gallinaceus ; est le produit de Paccouplement du coq et de la poule domestique, comme parmi les animaux vivipares, le fœtus est le résultat de la réunion du mâle avec une femelle de la mème espèce. Pour acquérir une idée précise de la formation et de l’accroissement des petits en général, et de ceux des animaux ovipares en particulier, les obser- vateurs se sont principalement attachés à examiner et à recueillir les divers phénomènes que présente le développement successif du poulet dans l'œuf, sou- mis à la chaleur de lincubation. Je placerai ici un abrégé de leurs recherches pour faire connoître la nomenclature qu’ils ont adoptée à ce sujet. Environ douze heures après que l’œuf a été mis à couver,on commence à distinguer au milieu de la cicatricule la membrane qui paroît tenir lieu de chorion et que les physiologistes appelent le nid du poulet, nidus ou la membrane du nid ; on décou- vre déjà les premiers linéamens du fœtus, carina. Sur la fin du premier jour, la forme du nid est bien déterminée. On voit la première ébauche du rézeau vasculaire très - remarquable qui entoure le fœtus dans toute l'étendue de la cicatricule ; on nomme ce rézeau la REA 4oo SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICALES.: figure veineuse: il paroît tenir lieu de placenta; les ramifications vasculaires qui le parcourent en tous" sens , sortent des vaisseaux ombilicaux ; ce rézeau vasculaire peut déja être aperçu treize heures et demie après que l’œuf a été soumis à lincubation, Une grosse veine circulaire en termine la circon- férence ; on nomme cetle veine le cercle veineux; circulus venosus. Après un jour et demi, ou vers la trente-huitième . heure, on voit les premières traces de lamnios, qui est caché sous la membrane du nid. Le cœur du poulet, punctum saliens , et les raci= nes des gros vaisseaux qui sortent de cet organe , ne sont d’abord dans l'embryon qu’une espèce de cercle ou d’anneau vasculaire qui paroît alors uniforme dans tout son trajet. On n'y aperçoit dans les pre- miers instans de l’incubalion aucune trace bien dis- tincte des différentes parties qui doivent former dans la suite les cavités de cet organe. On nomme ce cercle vasculaire l’anneau ou le cercle de Malpighi, parce que cet auteur est le premier qui en ait bien reconnu et exprimé la forme. Bientôt après , on distingue dans des points éloi- gnés de ce cercle: 1°. différens réservoirs qui doivent constituer proprement le cœur ; 2°. les gros vaisseanx qui sortent de cet organe; 3°. dessegmens vasculaires, ou conduits de communication, dont l’un qui est très» Jong, setrouve entre l'oreillette droite et la base du ventricule gauche, et l’autre beaucoup plus courts est placé entre ce ventricule et la bulbe ou l’origine | | * ; ! » EN PR TR TS OR RS PEN PEINE PT ET _ ANAT. ET PHYSIOL. DEL'ŒUF. 401 dé l’aorte. Le premier de ces deux conduits de com- munication est appelé le canal veineux ou auricu- laire, canalis venosus sive auricularis : on nomme l'autre l’isthme, isthmus, ou le détroit qui unit la bulbe de laorte avec la partie supérieure du ven- tricule gauche du cœur. Dans la suite, l'oreillette droite du cœur , qui n’étoit d’abord qu'une portion de la veine cave , prend une forme plus marquée, et se partage en quelque sorte en deux cornes ou angles, dont linterstice est occupé par un espace blanc : angle antérieur, qui paroît le plus considérable, forme l'oreillette gauche, C’est dans l'intervalle qui sépare ces angles, qu’est placte l’in- sertion du canal veineux. Le ventricule gauche ou aortique du cœur paroit aussi bientôt après, comme divisé en deux loges ; de manière que la cloison intermédiaire de ces loges est marquée par une ligne blanche, comme celle qui désigne la séparation des oreillettes. Dans ces premiers temps, le ventricule. droit est très petit ; il est situé tout-à-fait vers la partie supérieure du cœur, il s’alonge ensuite par degré vers la pointe. Le cœur et ses mouvemens alternatifs sont quel- quefois faciles à distinguer dès la quarante-deuxième heure ; mais on ne les aperçoit le plus souvent que vers la fin du second jour, ou vers le commence- ment du troisième, La figure veineuse est parfaitement déterminée vers Ja fin du troisième jour ,et le sang qui étoit de couleur jaune , commence à prendre une teinte rouge. T. 4. 26 Li 4o2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. A cette époque ( à la quarante-huitième heure) ; on distingue quelques mouvemens dans le foctus. On aperçoit aussi les battemens alternatifs des différens points qui correspondent aux cavilés du cœur. Ces cavités sont au nombre de trois ; elles se mon- trent sous la forme de vésicules : celle qui doit former l'oreillette droite, et qui n’est autre chose qu’uné por- tion de veine-cave ; elle bat ordinairement la première ; la seconde est le ventricule gauche du cœur: la troi- sième dans l’ordre des battemens constitue le buibe de l'aorte. Le ventricule droit et loreillette gauche ne sont point encore développés. Les petits moignons des ailes et des extrémités inférieures commencent à sortir du corps, ou plutôt à se montrer dans le troisième jour ( à la soixante- einquième et à la soixante - dixième heure. On distingue aussi déjà à la soixante-dixième heure oreillette gauche du cœur et.les traces de la sépara- tion qui doit bientôt se faire entre les deux ventri- cules de cet organe. Au développement de ces différentes parties, suc- cède, vers la fin du quatrième jour (à la quatre- vingt-seizième heure ) la première apparution du foie, du gésier et des intestins : le plus ordinairement, le foie ne se montre que vers la quatre- vingt-sei- zième heure , et l'estomac et les intestins vers la cent-vingtième heure , dans le courant du sixième jour. Le ventricule droit du cœur est très - facile à remar- ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 404 quer vers la fin du quatrième jour ou au commen- cement du cinquième jour ( à la quatre-vingt-sei- zième heure ); et vers la fin du cinquième jour, les deux ventricules sont très apparens, et bien conformé:, C’est vers le milieu du sixième jour d'incubation, qu'on parvient à reconnoitre le poumon, Peu d'heures après , ( à la cent-quarante-deuxième heure ) les reins commencent à paroître, A cette mème époque du sixième ou septième jour d'incubation , le cœur et les gros vaisseaux qui en sortent, se montrent sous la forme qu’ils doivent désormais conserver ; le long conduit veineux ou auriculaire ( canalis sive ductis venosus vel auricu- laris), qui établissoit une communication entre les deux oreillettes et le ventricule gauche , a disparu ainsi que le buibe de l'aorte, qui est à l’origine de cette artère. Le conduit veineux s'étant raccourci par degrés, forme l’orifice veineux (ostiumvenosum ), qui établit une communication entre les cavités des deux oreillettes , et le bulbe de l'aorte, est totale- ment rentré dans la base du cœur , de sorte que l’ar- tère pulmonaire qui paroissoit ci-devant confondue avec laorte, est alors distincte et séparée de ce dernier vaisseau. La vésicule du fiel et le sternum se montrent entre la fin du septième jour et le commencement du huitième, On voit la plume paroître à la surface de la peau et la recouvrir au commencement du dixième jour. À cette époque , tous les organes du poulet scnt É 404 SCIENCES PHYSIOI. ET MEDICALES. apparens: les nouveaux changemens quisurviennent. par suite de lincubalion, ne consistent que dans un plus grand développement de ses différentes parties. On dit ordinairement qu'il y a des animaux vivi- pares et des animaux ovipares. Les ovipares sont incomparablement plus nome. breux , puisque le fœtus des vivipares , renfermé dans des membranes et entouré de fluides, peut être: considéré comme un œuf que la femelle couve en son sein, ét sous cet aspect, la vature vivante est: toute entière ovipare. Ainsi, c’est dans l’anatomie. de l'œnf que l'on devroit chercher l’explication de: celte grande énigme de la génération. Il importe sur-. tout de suivre l'état du jaune de l'œuf dans le ventre du poulet. Les premiers jours de l'incubation sont destinés au développement du cerveau , de la moëlle épiniere, et du cœur. C’est vers le milieu de ce tempélà que se montre le système intestinal et gastrique , auquel le jaune de l'œuf appartient. Depuis le dixième jour de lincubation , jusqu’au dix-neuvième, le jaune excavé. dans sa face supérieure, etservant de lit à l'embryon, loin de diminuer de volume, s'accroît et devient en mème temps plus fluide et plus verdâtre. Cette aug- mentation de volume et de fluidité provient de ce que le blanc se mêle avec le jaune. Aussi, observe- t-on qu’à cette époque, la masse du blanc diminue, s'épaissit et disparoît. On a découvert les bran- ches des artères mésentériques moyennes et de la veine porte, quise répandent sur le sac du jaune, pd ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF, 405 qu’elles pénètrent, et dont elles alimentent profondé- ment les membranes ; d’où je conclus que le jaune, arrosé par les vaisseaux propres aux viscères de l'abdomen, appartient plus intimément au poulet que le reste de l'œuf, dont la surface n’est recouverte que par les vaisseaux ombilicaux , comme l’avoit ob- servé Haller. C'est par un pédicule creux que le jaune de l'œuf communique avec le tube intestinal du poulet, dont ilest le premier aliment. Le volume de ce pédicule est d’abord presque égal à celui de l'intestin; mais comme ce dernier s'accroît , le pédicule demeurant le mème, on aperçoit bientôt une grande dispro- portion entr’eux. Les physiologistes ont dit qu’à la fin de l'incubation , le jaune entroit dans l'abdomen. J'ai cru réduire à leur juste valeur ces expressions peu exactes, en observant que le ventre , qui avoit une étendue immense, relativement au corps de embryon, se resserre alors; et en expliquant le mécanisme à l’aide duquel le jaune cède à l’action des membranes qui le pressent, en se contractant, et ne fait que se rap- procher des viscères, à la nutrition desquels il doit principalement servir. Le jaune, auparavant divisé en deux ou trois lobes, lorsqu'il formoit comme une ceinture autour du jeune poulet, paroit alors sous la forme d’un petit baril alongé ; et c’est vers le côté droit du ventre qu’il se place. On voit les divers états par lesquels le jaure passe successivement , en l’observant à différens 406 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. jours, depuis la naissance du poulet. J'ai suivi, les diminutions de son volume , ses changemens de. forme , ainsi que les variations qu'éprouvent le pédicule qui lui sert de canal, et le ligament ombi- lical, jusqu’à ce qu'’enfin les débris du jaune se trou- vant réduits au volume d’un grain de millet, de ligament disparoit ; et le pédicule du jaune n'étant plus soutenu par ce ligament le renverse sur l’intes- tin, où il demeure ainsi couché. J'ai fait, pour rendre sensible à l'œil crtte gradation d'états , dessiner, à différentes époques, les viscères du poulet nou- vellement éclos. L'histoire naturelle fournit des rap= prochemens curieux entre les insectes et les oiseaux; Pabeille surtout a des traits marqués d’analogie avec le poulet nouvellement éclos : on y trouve, après qu'elle a été débarrassée de son enveloppe, le mème imiel dont le ver s'est nourri quelques jours avant sa imélamorphose , comme le jaune de l'œuf existe dans le ventre du poulet, quelqnes jours après sa nais:- sance, On poursuit cette analogie , qui se son- tient par-tout dans ces deux classes d’ovipares, quoique d’ailleurs très éloignées l’une de l’autre, Jai fait ensuite différentes expériences à l’aide desquelles j'ai vérifié combien le jauneéloit utile à la subsistance du jeune poulet; en extirpant cette liqueur, quelques jours après la naissance de l'oiseau , quoique la plaie fût bien cicatrisée, l'animal qui avoit été soumis à sette opération, tomboit dans un état de Jlangueur, qui se terminoit par une mort plus ou moins prompte. On peut rapprocher de ces faits les résultats % FAN ns. "2 ANAT. ET PHYSIOL. DE L'ŒUF. 4o7 des recherches que Haller avoit publiées lui-même sur la structure de l'œuf, et les observalions analogues que les physiciens modernes ontrecueillies. C’est l’ensemble de toutes ces circonstances qui déterminent ou favori- sent le développement du germe contenu dans l'œuf. Elles sont donc très-nombreuses , les nuances de la vie; les germes non-fécondés forment la première 3 les germes fécondés et parfaits, mais dont le déve- EE à est suspendu, forment la seconde. Bientôt ‘an mouvement intestin gonfle les viscères; le cerveau paroît sous la forme de vésicules qui se boursoufflent ; le cœur est un anneau noueux , dont les renflemens s’agiteront ; des organes particuliers , et qui ne dure- ront qu'un moment, naiïssent,se perfectionnent et meurent ; c'est l'embryon. Cependant les fibres se serrent, les masses se rapprochent , les extrémités se faconnent , et le corps est entier ; c’est le fœtus. Voit= il le jour ? autre élément, autre aliment, autre tra- vail; les poumons se développeut, et la circulation est changée; c’est le nouveau né. Dans la sixième époque , l'organe de la digestion s’affermit, et les germes des premières dents se montrent; dans la septième, ces germes se détruisent et d’autres les remplacent. Mais une nouvelle existence se prépare ; les organes de la reproduction se développeut; et c’est la puberté. Pendant que la grossesse, l'accouchement et la lactation remplissent la plus belle portion de la vie, pendant que ces importantes fonctions produisent , dans une classe très-étendue d’organcs, de srandes re] à 14 408 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. À. alternatives d’accroïissement et de décroissemert , de travail et de repos} le système nerveux acquiert toute sa consistance et les muscles toute leur force; c’est là maturité ; les organes de la réproduction s’affoi- blissent et meurent à leur tour ; ceux de la diges- tion languissefib, et c'est la décadence; enfin, les fibres deviennent dures et pesantes ,.et le mouvement cesse avec la vie, "di laquelle il s’estyfait une suile non-interrompue d’évolutions et de destructions | , pa tielles, dont le évurs entier de l'existence orga- nique est formé, |! J® de F D ré “ *0 L P fi, FIN DU QUATRIÈME VOLUME. TABLE. DEUXIEME PARTIE. SCIENCES PHYSIOLOGIQ. ET MEDICALES. AVERTISSEMENT de l'Editeur, page L PREMIERE SECTION. DISCOURS SUR L’'ANATOMIE. PREMIER Discours. De l’ Anatomie en général ; des étres qui en sont le sujet ; de leurs carac- tères , etc. | 5 Plan d'un Cours d’ Anatomie et de Physiologie. 355 Remarques sur ce plan , par l'Editeur. 125 DeuxiemEe Discours. De l’Anatomie comparée en général. 139 TROISIEME DISCOURS. Exposition des caractères qui distinguent les corps vivans , et idée géné- rale de l'organisation des plantes et des ant- maux. 5 t) es DEUXIEME SECTION. MÉMOIRES ET FRAGMENS SUR L'ANATONIE , LA PHYSIOLOGIE ET LA MÉDECINE. Mémoire sur le parallele des extrémités, dans l'homme et les quadrupèdes. 315 Ménorre sur la structure de l'organe de l'ouïe, 410 TABLE. des oiseaux , comparée avec celle de l'organe de l’ouie dans l'homme, les quadrupèdes , les reptiles et les poissons. 356 MÉMOIRE sur la voix. 558 EXPLICATION des quatre premières planches. 584 FRAGMENS sur l’Anatomie et la Physiologie de l'œuf. 588 tabledu quatrième volume. SO ERRATUM. P.251,1. 28 ,hydaum, phallus, lisez hydaum phallus. LUI es. " + Ps so