*^ ^^^rm, %m ^ 779 ^i tr // / ^ J'^l 'ninn!iii!i!iiiiiii!mi!i|ji!!n|iinnniii!i[iii|!i!iiiiinininin^ 1 ' J . >^-T COLLECTION COMFLETTE DES ŒU.-VRES DE CHARLES BONNET. TOME PREMIER. ŒUVRES I S T O I R E NATURELLE ET DE :jp:jbi:xjl o ^ o:jp:jei:xjei de charles bonnet, JDe r Académie Impériale Léopoidine , ^ de celle de St. Fétersbourg y des Académies Royales des Sciences de Londres, de Montpellier, de Stockholm , de Copenhague , de Lyon y des Acad. de PinJIitut de Bologne, de Harlem, de Munich , de Sienne , des Curieux de la Nature ■ de Berlin , Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. TOME P R E M I E R. Traite' d'Insectologie. •♦^>- A NEUCHATEL, Chez Samuel Fauche, Libraire du Roi. M D C C L X X I X, i/ I Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation http://www.archive.org/details/oeuvresdhistoi01bonn c c:x)cc::x!ccix)cci)occ::3occ:::)occ::xccDocc:3ccc::^c c^ ^ASOxN ALTESSE SÉRÉNISSIME MONSEIGNEUR LE PRINCE HÉRÉDITAIRE, LANDGRAVE jo JET :iffi: je: S S je: ET COMTE RÉGNANT \ DE HANAU, &c. &c. &c. Q^/L^OHjeti laneuf^ j ceilt^ qui tejpectc^ tcu (Ux^eli'- qioti ^ SÇr oouî^ ttô teGhetcneùL^ coîittivuejîi^ aux ctotoateâ aea^ Tome L £i iVcieuced <5C- oe feu vettu : elt^ cii-^ auùt fou feiil^ diaue o^ oÇr oatteteu leuzô teaatàd. &lVJElZr:[l^ ù catactete d>^ cefle aut utilité oavi^ it^ KJu^ vtaqe^ qu^ tetiTettue cettc^ CoT- lectiou. L^ eit aj> ce^ ttttt^ auc^ j ai c1/3tt» ta iwtttc o tro outiT' cette. S'^itwu )l> VOX'JttJ^ av te a aiLtaut^ cJPiu^ acJ) cou^ skatice y ciiit^ ceJ octttJ coutou- uej ae^ diiu^zaae^ ot^ totiJ teâc^ i^tatJ' QJapauJ ^ ut^ JaiitoteHpJ) , ma/icjuet a ^ttc^ aoutcô cj/^aT' un J£tiuce^ avvteciateui) eclaitc 0(L^ tou^ te^ aejiteô àe^ luetite ^ CNr put tjc^ ctolati^ tJiiiaiLttete ^ tuetiL- eu noiiotet ùj- ôcieuceô aut le eu cl/^zoteaeo ceux qui teô cuitiveut, &2YjEX7^jEL j, teceçoio avec vonte cet- nonituaae cotutut^ iitie^ Hoteuve^ou tte^-cj/^toroHa tejveci^ apcc teauel je Juicl^j oAi^OHietancuT^ ^ De P'otre Altère Sérénijjime , Le très - humble Çf? très - ohéifjlvt^ ferviteur, Samuel FAUCHÉ , Libraire du Roi, A 'Ntuchâtd le i Àlai 1778. a 2 PRÉFACE SUR CETTE EDITION 3> E S la Mère de la Métaphyfique; & l'art d'obferver eft l'art du Métaphyficien , comme il eft celui du Phyficien. Ç'avoit été auflî l'étude de la Nature qui m'avoit conduit dans ma jeuiiefle à la Métaphyfique , pour laquelle j'avois eu d'abord la plus forte ré- pugnance , mais qui s'étoit attiré mes re- gards dès qu'elle avoit emprunté pour me plaire les brillantes couleurs de la Nature , 8c qu'elle s'étoit rendue palpable en revê- tant un corps. C'eft donc une Métaphyfi- que prefque toute Phyfique que celle qui domine dans mes Écrits , ou pour parler plus exadement , cette Métaphyfique ne confifte gueres que dans quelques confi- dérations philofophiques qui m'ont paru découler de l'obfervation du rapprochement des faits , & que j'ai jugées propres à étendre la vue de l'efprit. En général , quand un Naturahfte a un peu de difpofi- tion à réfléchir , il s'élève bientôt par la penfée au-deffus des objets que fes yeux PRÉFACE. Xj contemplent ; & il ne fauroit voyager long- teins dans le monde corporel fans péné- trer plus ou moins dans le monde intel- leduel qui lui efl fi étroitement uni. Au refte , quoique les additions que j'ai faites dans ' cette édition , à mes Écrits d^Hiftoire Naturelle foient affez confidéra- bles , j'efpere qu'elles ne me feront pas reprochées par ceux qui ont acheté les premières éditions. Ils voudront bien con- fidérer , que THiftoire de la Nature s'en- richiffant chaque jour par de nouvelles dé- couvertes, j'ai été dans l'obligation d'indi- quer au moins les faits les plus intéreffans qui ont été découverts depuis la publica- tion de mes Écrits. Il étoit encore d'autres faits plus ou moins importans , qui n'é- toient pas parvenus à ma connoiiïance lorf- que je compofois ces Écrits , & que j'ai du auffi indiquer. Je devois fur-tout corri- ger mes erreurs. Tel eft le fort des ou- vrages deftinés à repréfenter en raccourci quelques parties de la Nature : ils perdent xij PRÉFACE. néceflairement de leur mérite à mefure qu'ils vieilliffent. C'efl: qu'un tableau ne re- préfente qu'un inllant donné ; Se que le mouvement progreffif de la fcience étant rapide & continuel , il arrive bientôt que le tableau n'eft plus en rapport avec l'état aduel de la fcience, & qu'il ne peut plus le repréfenter que d'une manière imparfaite. Cette repréfentation ne laiiTe pas néanmoins d'être utile ; puifqu'elle fait , en quelque forte , partie de THiftoire de l'Efprit hu- main, qui elt celle de toutes les vérités. Je ne faurois terminer cette Préface , fans apprendre au Public , que c'efl; principale- ment aux foins vigilans & éclairés de M. Meuron , de Neuchâtel , digne Miniitre du S. Évangile , qu'il doit la bonne exécu- tion de cette édition de mes Oeuvres. Son attachement pour l'Auteur & fon zèle pour le progrès des Sciences me répondoient affez de l'attention foutenue qu'il donne- wit à la correftion & à la propreté du travail Mais il Ta portée plus loin encore PRÉFACE. xîi] que je n'aurois ofé l'exiger. Il agréera qu'en lui en témoignant ici ma jufte reconnoif- fance, je raffure de tout le cas que je fais de fon mérite. Non-seulement les Editeurs n'ont rien négligé pour rendre leur édition auffi élé- gante que correâe ; ils ont voulu encore qu'elle fut ornée de vignettes Se de culs- de-lampe en cuivre , & du portrait de l'Au- teur. * J'avois été bien éloigné affurément d'exiger d'eux ce petit luxe typographi- que : mais ils ont prefumé que les Ama- teurs leur fauroient gré d'avoir faifi une occafion heureufe d'embellir leur édition. Les beaux arts fleurilTent en Danemarck, fous les aufpices d'un gouvernement éclairé qui fe plaît à les encourager. Trois Artif- ftcs Danois, qui fcjournent à Genève de- *N. B. Le Ledeur comprendra bien que ce que î\T. Bonnet dit ici des vignettes & de:? cu!s-de-!ampe en cuivre , ne regarde que la belle Edin'on in-^to. que nous avons faite de (ks Oeuvres. Nous avons cepen- dant jugé à propos de joindre à celie-ci pour la fa- tisfacftion du public , le portrait de l'Auteur ( }^otc de.î Editeur f, ) iiv PRÉFACE. puis Tannée dernière , Se qui ne font pas moins recommandables par leur caradere moral que par la fupériorité de leurs ta- lens, ont bien voulu ie prêter avec eni- preffement aux defirs des Editeurs & enri- chir cette Colledion de mes Oeuvres , des excellentes produdions de leur génie. Je leur dois en mon particulier bien de la leconnoiffance de leur travail ; puifque le defir de me donner des preuves de leurs lentimens pour l'Auteur, a été un des mo- tifs qui les ont portés à prolonger leur lëjour dans notre ville & à concourir avec tant de zèle aux vues des Éditeurs *. A Genthod près de Genève Je Ig d'Avril 1778. "^ M. JUEL m'a peint tandis que j'étois enfoncé dans une i refonde méditaf-ion fur la r^.ft^cution & le perfec- tionnement futurs des Etres vivans. On fent alfez que ce caractère méditatif n'étoit pas facile à rendre ,• mais ritn n'eft difficile aux grands talens que le génie infpire. Ce que le pinceau du nouveau Vandick avoit fi fii- périeureiv.ent exécuté , ne la pas été' avec moins de fuc- cès par l'admirable burin de Ton ami M, Clemf.NS ; & leur ami conimun V» UradT a mis dans les vignertes & dans les cuis de-lam|.e de fa conipofition , cette intelli» gence qui caradérife fes prudiii^ BLEY a expofés (i) avec tant de netteté & de fagelTe dans l'admirable Hiiloire des Polypes qu'il a publiée depuis peu. Out';e que je n'ai pas fa fagacité ^ les Vers qui me font tombés en partage , appartiennent à un genre fur lequel on ne fauroit ten- ter toutes les épreuves que cet habile Ob- fervateur a fait fubir fi heureufement à fcs Polypes. Un autre avantage fort confidérable qus M. Trembley a eu fur moi , c'eft de pof- féder dans la perfonne d un ami , un Phy-^ ficien qui , au talent d'obferver , joinc encore celui de deffiner & de graver dans la plus grande perfedion. On comprend que je veux" parler de M. Lyonet , dont les rapides progrès dans l'art de la gra- {i) Me moires pour fervir à PHiJIoîre dun cerne dt Polypes d'eau douce , à bras en forme de cornes, To'ms L ç yxxir P R É F A C F. vure ne font pas une des moindres mer- Teilles que renferme lOnvrage de Mr. Trembley. Non-feulement je n'ai eu per- fonne dans notre ville (i) en état de gra- ver les Planches de cet ouvrage , mais j\ii encore manqué de deflînateur. On n'en doit pas être furpris : pour bien rendre un Infede , & fur-tout un Infecle du genre de mes Vers , dont plufieurs parties font affez difficiles à diftinguer , il faut être Ob- fcrvateur ; autrement on ne faifit que le gros de la Figure , & on manque le plus intéreffant. J'ai donc été réduit à deffiner moi-même les Figures de la féconde Par- tie , & cela fans avoir appris le deffin. La première Planche a été mon coup-d'ef- fai. Je n'ai pas voulu néanmoins la faire graver qu'après l'avoir foumife au jugement de JM. de Reaumur , à qui j'ai fait par- venir il y a long-tems quelques-uns de (i) Genève. P R É P A C K xxxT mes Vers. L'approbation qu'il a bien voulu donner à ces deilins , a beaucoup diminué la défiance où je dois être naturellement de leur bonté. Je reviens aux obfervations contenues dans ce volume. Le principal but que je me fuis propofé en les publiant , a été de donner occafion à d'autres de les vérifier & de les pouffer plus loin. Je ne veux point qu'on m'en croie fur ma parole. Je defire qu'on revoie après moi , qu'on me reffifie même dans- tous les endroits où je puis m'étre trompé. Je n'aurai pas de plus grande fatisfadion que d'apprendre que la lecture de mon Livre a produit quelque remarque ou quelque découverte nouvelle. Je m'eftimerois fur-tout bien ré- compenfé de mon travail , li ceux de mes compatriotes qui ont du goût pour la Phyfique , vouloient , à mon exem- ple, s'exercer fur les Infedes. Ils y feroient c 2, xxxvi r R É F A C E. aiïurément bien des découvertes curieufes r les fuccès qui ont accompagné des talens auffi foibles que les miens , le leur pro- mettent. Je me ferai même un puiifir de leur procurer tous les éclairciiïemens dont ils pourront avoir befoiri pour répéter plus facilement mes obfervations. Au relie , quoique Mr. Trembley Se moi ayons travaillé fur des Infectes de genres fort différens , je ne lailTcrai pas néanmoins de foire remarquer que nous ne nous fouîmes communiqué aucun dé- tail , & que fon ouvrage ne m'eft par- venu qu'environ un mois & demi après que le Manufcrit du mien a été envoyé à Paris. Je n'ai pas été non plus mieux inf- truit des expériences de M. Lyonet , ni • de celles qu'ont tenté en France & en Angleterre différens Obfervateurs , en par- ticulier MM. de Reaumur & Backer. Le Public en aura,ainfi"plus de plaifir à coni- PRÉFACE. xxxvîj parer mes obfeïvations avec celles de ces Savans. 11 n'aura point à craindre que leur autorité m'en ait impofé , & la vérité eu brillera avec plus d'éclat. Si ces deux pre- miers volumes ont le bonheur de lui plai- re , je les ferai fuivre d'un troifieme , qui contiendra les obfjrvatîons que j'ai faites fur les Chenilles , les Papillons ^ les Mou- ches (i) , & far cet Iniefle fi fameux & fi peu connu encore , le Tw-ia ou Soli-- taire. Les occafions favorables que j'ai eues de i'obferver , jointes aux lumières que les nouvelles découvertes nous fom'niîTerit , m'ont mis en état d'éclaircir quelques points de fon Hiftoire (2). (i) Ces obfervations feront précédées d'introdtjiftions qui,eaen facilitant l'intelligence, donneront en nicme tems une idée de toui ce que M. de Reaumur a rap- porté de plus effentiel & de plus intéreOant fur ces înicctes. j'y joindrai des Figures pour être plus clair. (2) J'efpere e'tablir fur-tout que cec Infecte eft uq feuî & unique animal , & non une chaîne de Vers , c 3 xxxviij PRÉFACE. Nous devons affurément nous eftimer heureux de vivre dans un fiecle qui voit éclorre tant de merveilles , & où la bonne Phyfîque eft fi bien cultivée. Mais , dira^ t-on , que] avantage peut-il nous revenir de favoir qu'il eft des Inîedes qui engen- drent fans accouplement , qu'il en eft d'autres qui étant partagés en pîufieurs parties , deviennent autant de touts com- plets , femblables à celui que ces portions réunies çompofoient avant leur répara- tion ? Je réponds en général à cette quef- tion , que quand ces découvertes ne pro-* duiroient d'autre eiTet que de nous tenir en garde contre les règles générales , elles nous feroient déjà très-utiles. Nous devons avouer aujourd'hui de bonne foi , que les plans particuhers que la Nature comme Vallisnieri , §c plufieurs autres Naturalises l'ont prçtenduoj PRÉFACE, xxxix afuivis dans fon ouvrage , nous font preL qu'entièrement inconnus. De-là il fuit que tout ce qui a pajTé précédemment dans notre efprit pour loi générale , doit n'être regardé préfentement que comme le ré- fultat d'expériences qui n'ont pu être pouf- fées affez loin. Mais fi. entrant dans le détail , nous cherchons à approfondir la nature de ces découvertes , particulièrement de celle des Infedes qui reviennent de bouture , nous y remarquerons d'autres ufages propres à augmenter nos connoilTances fur plufieurs points intéreîTans de Phyfique ou dHif- toire naturelle. Je ne ferai que les indiquer en peu de mots. Le premier de ces ufages eft de per- féaionner Se d^étendre nos idées fur l'é- conomie animale en général. On connoit en gros les principales parties qui enti'ent c 4 xl PRÉFACE. dans la comporition d'an animal : on fait qu'il a un efîomac pour digérer les ali- iiiens , un cœur , des artères Se des vei- nes ^ pour faire circuler le fang dans tou- tes les parties du corps ; des poumons , pour fervir à ia refpiration ; un cerveau & des nerfs , pour être les organes des fenfations ; des mufcks , pour opérer le mouvement , &.c. Mais nous ignorions, 8c comment Feuffions - nous foupçonné ? qifil étoit des animaux en qui toutes ces parties avoient un principe de reproduc- tion tel , qu'après avoir été mis en pièces , chacune de ces pièces végétoit par elle- ' même , & devenoit en peu de jours un animal complet. Ceft-là ce que j'ai obfer-. vé avec étonnement dans plufieurs des Vers qui ont fait le fujet de mes expé- rie; ces. Bien que la ilructure de leurs di- vers organes diffère beaucoup de celle des organes analogues des animaux qui nous F R É F A C E. xlj font les plus familiers , elle lui répond néanmoins pour l'effentiel , comme on le verra en lifant mes obfervations. Mais M, Tremble Y nous a appris (i) qu'il n'y a dans les Polypes aucune partie diitinde , que tout l'amnal ne confijîe que dans une feule peau , difpofée en fonne de boyau ou- vert par fes deux extrènûth , & dans l'é- paiiïeur de laquelle font logés une infi- nité de petits grains tranfparens. Une ftruç- ture fi étrange nous démontre la grande diverfité des modèles fur lefquels le corps des animaux a été travaillé- 11 en eft de plus compofés les uns que les autres , ou de conftruits différemment , fuivant la place que chacun doit occuper dans le fyitême. Les Polypes font peut-être les plus finiplss dans leur ftruclure : & quel vaite champ cette remarque n'offre-c^elle point à nos réflexions ! Ci) Mém. pour VHiJîoitc des Polypes , T. 1 3 page xlij PRÉFACE. Le fécond ufage qui réfulte de la dé- couverte en queftion , regarde la manière dont les corps organilés font produits. Pour l'expliquer , la nouvelle Philofophie a inventé la belle théorie des germes contenus les uns dans les autres , & qui fe de\eloppent fucceffivement. Rien n'etl plus propre à confirmer cette doctrine , & à la mettre dans un plus grand jour , que la découverte des Infeftes qu'on mul- tiplie par la feclion. Comment en effet expliquer autrement d'une manière fatisfai- fante , tout ce qui concerne cette mer- veilleufe multiplication ? L'accroissement des animaux eft un autre point de Pliyfique que la nouvelle découverte peut beaucoup éclaircir. On convient alfez qu'il fe fait par dévelop- pement : mais on ne pénètre pas bien tout ïog & fuivantcs de rédition in-gvo. P R É F A CE. xliij ce qui s'y paflTe. Les obfervations réitérées des Naturaliftes fur la reproduclioii des Vers coupés , nous fourniront apparem- ment les lumières qui nous manquent à cet égard. Je crois avoir déjà commencé à les mettre fur les voies , par les Tables (r) que j'ai dreffées de raccroiiïement de différens Vers , & par les remarques dont je les ai accompagnées. L'Anatomie moderne s'eft beaucoup exercée fur ce grand myftere de la Na- ture 5 la génération des animaux. Nous (i) M. Cramer, ProfefTeur de Mathématiques & de Phiîofophie à Genève , "de la Société Royale des Sciences de Montpellier , &.c. me permettra de lui té- moignei' ma jufte reconnoilfcince de l'attention qu'il a bien voulu donner a la conitruction de ces Tables , & à tout ce qui concerne ces obfervations en géné- ral. Je dois à l'amitié dont il m'honore , d'exce^lens avis que j'ai tâché de fuivre Cet iliuftre ProfefTeur effc non-feulement grand Mathématicien & Philofophe pro- fond, mais il joint encore à beaucoup d'autres connoif- funces , celle de l'Iiiftcire Naturelle i ^ les Infedes ont en lui un judicieux admirateur. xliv PRÉFACE. pouvons préfumer que le nombre des dé- j couvertes curieufes dont elle l'a enrichie , fera fort augmenté par celles que les Phyficiens ne manqueront pas de faire fur !es Infeftes qu'on multiplie en les coupant par morceaux. Les Vers de terre, en par- ticulier, que Ton fu"t avoir les deux fexes à la fois , devront donner lieu à bien des obfervations (ingulieres. Ces Infeftes étant de plus fort gros , les Médecins & les Chirurgiens pourront y étudier mieux que dans aucune partie de notre corps , ou de celui des animaux , tout ce qui con- cerne la théorie des plaies , la manière dont elles fe cicatrifent & fe confolident , &c. Qui fait même fi cela ne les conduira point à quelque découverte qui perfec- tionnera la Médecine & la Chirurgie ? Enfin, un cinquième ufage de la nou- velle découverte , eft de nous montrer qu'il y a une gradation entre toutes les par- P R É F A C E, yl^ ties de cet Univers ; vérité fublime :, Se bien digne de devenir l'objet de nos mé- ditations ! En eifet , fi nous parcourons les principales .productions de la Nature , nous croirons aiiément remarquer qu'en- tre celles de différentes claifes , & même entre cvllcs de différens genres, il en eft qui femblent tenir le milieu , & former ainfi comme autant de points de paDTage ou de liaifons. C'eft ce qui fe voit fur- tout dans les Poiypes. Les admirables pro- priétés qui leur font communes avec les Plantes , je veux dire , la multiplication de bouture Se celle par rejetions , ifidiquent fuffifanument qu'ils font le lien qui unit le règne végétal à l'animal. Cette réflexion m'a fait naître la penfée , peut-être témé- raire , de dre.Ter une Échelle des Etres na- turels , qu'on trouvera à la fin de cette Préface. Je ne la produis que comme un effai , mais propre à nous faire concevoir 3clv; P R É F A C K les plus grandes idées du lyftéine du Mon^ de & de la Sagesse Infinie qui en a for- mé & combiné les différentes pièces. Ren- dons-nous attentifs à ce beau fpedacle. Voyons cette multitude innombrable de corps organifés & non organifés , fe pla- cer les uns au-deiïus des autres , fuivant le degré de perfedion ou d'excellence qui eft en chacun ( i ). Si la fuite ne nous en paroît pas par-tout également conti- nue , c'eft que nos connoiflances font en" core très-bornées : plus elles augmente- ront, & plus nous découvrirons d'éche- lons ou de degrés. Elles auront atteint leur plus grande perfeûion , lorfqu'il n'en reftera plus à découvrir. Mais pouvons- nous l'efpérer ici bas ? Il n'y a apparem- (0 Si les grands Poëres de notre fiecle , vn PoPE , lin Voltaire , un Racine , vouloient s'exfcsr fur un ii digne fujet , & nous donner le Temple de la Isa- titre , je penfe que leur ouvrage ne pourroit qu'être extrêmement utile & plaire généralement. PREFACE, xlvif ment que des Intelligences céleftes qui puiflent jouir de cet avantage. Qiielle ra- viffante perfpeclive pour ces Efprits bien-, heureux que celle que leur offre l'Échelle des Êtres propres à chaque Monde ! Et fi , comme je le penfe , toutes ces Échel- les , dont le nombre eft prefqu'infinî , n'en forment qu'une feule qui réunit tous les ordres poffibles de perfedions , il faut con- venir qu'on ne fauroit rien concevoir de plus grand ni de plus relevé. Il y a donc une liaifon entre toutes les parties de cet Univers. Le fyilême gé- néral eft formé de l'affemblage des fyfcé- mes particuliers , qui font commue les différentes roues de la machine. Un In- fecte , une Plante eft un fyftême particu- lier , une petite roue qui en fait mouvoir de plus grandes. Tels font les principaux ufages qu'on yiviij PRÉFACE. pcnt retirer de la découverte des Ihfedes^ qui reviennent de bouture. Nous pouvons nous pcrfuader que plus on l'approfon- dira , & plus ces ufages s'étendront. Les vérités deviennent plus luniineufes les unes par les autres. Mais cela ell vrai , fur-tout à l'égard des vérités Pliyfiques. OBSERVATIONS â^r. - ?Ç^^ 'J ^^ OBSERYATïONS S \] Vx, LES PUCERONS. )^'- 'i^C:^ ^'mi> PREMIERE PARTIE. mr "^■^^^^^n '■r^7r^jf< -«^.v-te^nja:^- =^^â INTRODUCTION. Idk générale de ce qui a été obfervé juf qu'ici de plus effcntiel fur les Fticerons. L ne faut point avoir Riit une étude particu- lière des lufecles pour coiiiioitre les Pticeronj, il fuRiroit de dire ^ pour en rappeller lidce , que ce iont ces efpeces de Moucherons qui s'at- taciicnt en grand nombre aux jeunes poulies [ PL L Fig. L p. q, r. ] & aux feuilles des arbres . Tome I. A a OBSERVATIONS & des plantes , qui les recoquilleiit [ Fig. IL a. Â. h. ] & y occalioiient des tumeurs d'une groircur quelquefois nionllrueufe. [ Fig. III. o ^ p ^r^u], Les Infectes font ordinairement mieux caraclé- rifés aux yeux de la plupart des hommes par les dommages qu'ils caufent , qu'ils ne le fe- loient par une defcription exacte. Je nejailfe- jai pas cependant de donner ici un précis de ce qu'on a obfervé de plus remarquable tou- chant nos Pucerons : ce font des connoilTances préliminaires qui faciliteront l'intelligence de ce que j'ai à en rapporter. L I. En général ik font petits : * de bons yeux peuvent néanmoins diftinguer, Huis lefe- cours de la Loupe , leurs principales parties extérieures. Leur corps [ Fig. IV- ] , a ime •forme qui approche de celle du corps d'une jVlouche commune ; c'eft-à-dire , qu'il >Lt gros proportionnellement à fa longueur. Il eft porté dur iix jambes alfez longues & déliées. Dans la plupart des efpeces , il eft recouvert d'une forte de duvet cotonneux , qui tranfpire au travers de la peau , & qui acquiert quelquefois ( l ) "^ Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Infeiîes. Tome J, Métn. 9. ( I ) Les Pucerons du hêtre nous en fourniflfent un exemple» SUR LES PUCERONS. 3 plus d'un pouce de longueur. [Fig. VL c. c] 2. La tête eft petite , eu égard au corps j elle eft garnie de deux antennes ( i ) [ Eig. IV. a. a. ] qui vont toujours en diminuant depuis leur origine jufqu'à leur extrémité. Près de l'endroit où eft placée la bouche dans le com- mun des Iiifecles , fe voit une trompe., t^ très- fine , avec laquelle ceux-ci pompent le lue nour-^ licier des Plantes. Lorfque le Puceron n'eu fait pas ufage , il la porte couchée le long de ion ventre. Il y en a ( 2 ) qui Pont fi démefu- rément longue , qu'il leur en pafle par der- rière un grand bout qui a tout l'air d'une queue ( Fig. VIL ^J VIILt. ). Laftrudure de cettQ trompe eft très - curieufe : elle eft faite de trois pièces ou tuyaux ( Fig. VUL p. 0. t. ) , qui Voy. M. de Rcaumur , Mém. pour fcrtnr à VHiJî. des TaC. J'ai vu aufiî fur le Tremble Je ces Pucerons Bayhets , o.ont lé duvet étoit ci' une grnmle blancheur , & fort joliment frifé. ( I ) On nomme Antennes, en fait il'Infeffles , deux efpcc:s tle petites cornes placées fur là tête , qui différent principale- ment des vraies cornes, en ce qu'elles font mobiles fur leur bafe. ( 3 ) Ces Pucerons font ceux qui fe tiennent dans les crevaffes de l'écorce des Chênes , & que décrit M. de Reaumur , Tont- ///. /;. ? 54 Q^ Juîv. de fes Mémoires. Ils font encore Tem3rq'.7al)le9 par leur grofleur ^ui égale prefque celle d'une J\louche commune. A3 4 OBSERVATIONS rentrent les uns dans les autres , à - peu - près comme ceux d'une Lunette d'approche. 3. Sur le corps., à quelque diftance de l'a- nus 5 font pofées fur une même ligne deux ef- peces de petites cornes ( Fig. IF. c. c. } ^ immo- i biles , beaucoup plus courtes que les Anten- nes , & plus groifes, & qui font fingulieres par leur ufigc : chacune d'elles eft un tuyau par lequel fort une liqueur miellée que les Four- mis recherchent , & dont la Médecine fait iifage. Ces cornes , au refte , n'ont pas été accor- dées à toutes les efpeces de Pucerons ; & à cet égard on pourroit les divifer en deux ClafTes générales : la première qui feroit la plus ncmbreufe , comprendroit les Pucerons qui font pourvus de ces organes , la féconde , ceux qui tn font privés. Dans ceux - ci on obferve à la place des cornes 5 deux petits rebords ciradaires ( Fig. VI IL c. c. ) , qui ont paru à M. de Reaumur capables des mêmes fondions. 4. Enfin , parmi les Pucerons, & , ce qui eft plus digne de remarque , dans chaque ta- mille de ces petits Infedles , il y en a qui n'ont point d'aiies , & qui ne parviennent jamais k en prendre: d'autres en ont quatre fembiables ■à celles des Mouches , qu'ils portent appliquées les imes contre les autres fur le deifus du corpç SUR LES PUCERONS, ç ( Fig. V. ). Ceux-ci font dits fe métmnorphofer , quand ils paiTent de Fétat dlnfedes non ailés -à celui d'Infecles ailés > ce qui arrive lorfqu'ils ont atteint leur parfait accroilTement : mais les uns & les autres n'y parviennent qu'après avoir changé plufieurs fois de peau. IL Il y a certains Infedes qui ont beaucoup de reffemblance avec les Pucerons , & que M. de Reaumur a nommés par cette raifon Fan>:~> Pucerons ( Fig. IX. X. XL p. p. XIL ^ XIII. ). Comme eux ils fe tiennent attroupés fur les plantes , & en pompent le fuc. Ils y font naître de même diverfes excroiifances : mais ce qui les dilFérencie , c'eft que leur corps cft plus ap- p'ati que ne Peft celui des vrais Pucerons -, leurs jambes foiit auiîî plus courtes ; & , ce qui cil plus eiîentiel , ils parviennent tous à prendre des ailes. Le Buis en nourrit une efpece ( i ) [ Fig. IX. ], dont les excrémens prennent la ( 1 ) On l'y trouve en Avril & en M.ii. Ces faux Puccroiis ioiit prendre aux feaiUies de l'uis îa figure d'une calotte : & de piuricu?3 de ces calottes fe forme une couîc creufe oui fert de logcuient à ces petits Intecles. Rcm'>nur , To.)i. ÎII\ J^l. 29. FiZ' î. cy 2. Le Figuier uourrit une autre efpece de faux. Pucerons qui y paroit en Mai & tn Juin. Ceux-ci, d^.mêtfiç.f]ue les faux Piiccrous du Buis, fe tiMnsfcnuent çn Âlo-^fiJiJfiro.os qu'on é 0 E s E R'V A T 1 0 N s forme d'une longue queue, rr. s. que ces petite înfedes traînent après eux. I I I. 1. La plus grande diveifité qu'on obfcrve entre les efpeces différentes de Pucerons eil: dans la couleur : il y en a de vertes , de jaunes , de brunes , de noires , de blanches. Les unes ont une couleur matte ( i ) ,; celle des autres a une forte d'éclat (2)3 mais fbuvent cet éclat eft dîi à un petit Ver que le Puceron nourrit dans fon intérieur , & qui lui donne la mort (3}. Enfin 3 quelques efpeces font joliment tache- noiTims Saiitçurs ^ parce qu'ils fautent comme les Puces. Une troifieme cTpecc de ces Infedtes vit iiir l'Aube-épine : je l'y ai obiervé en Juin. ( I ) Telle eft celle des Pucerons du Sureau , du Pavot , àct gioîTes Feî/es de Marais , &c. C 2 ) On voit de ces fortes de Pucerons fur le Lichnis-, i'Abricdtier , le Laiteron, le Chêne,. &c. Il y en a qui paioifp ient d'un beau vernis de couleur de bronze. (?) Ce Ver provient d'une petite Mouche du genre de celles qu'on a appellées Ichneumons , qui pique le Puceron vivant, & dépofe d;uis fon corps un œuf, d'où fort enfuite un petit Ver qui vit aux dépens du Puceron, & y prend fon |)arfait accrciffement. Lorfqu'il l'a acquis , il fe fait jour ait travers de la peau de ce dernier , & fe conftruit une petite ^oque (ians laquelle il fe change en Nym^^he ^ & enfuite en une pftitç MQUci^e femblable à celle ^ui lui avoit' donné naifîançco SUR LES F UCERO N S. 7 tées 5 tantôt de brun & de blanc ( i ) , tantôt de verd , de noir ( 2 ) , ou d'autres couleurs. 2. Les Pucerons forment une clalTe de pe-* tits Animaux , dont la Nature a prodigieu fe- ulent multiplié les efpeces. Leur nombre n'eil; peut - être pas inférieur à celui des efpeces des plantes : car fi , comme le remarque M. de Reaumur *, il n'eft pas fur que chaque efpece de plante ait fon efpece particulière de Puce- rons , il efi: certain feulement qu'en général des plantes de di£érentes efpeces ont différentes efpeces de Pucerons , & que fou vent plufieurs fortes de Pucerons aiment la même plante. Non feulement il y en a qui vivent fur les feuilles , fur les fleurs ( 3 ) & fur les tiges : il y en a auffi qui vivent fous terre Se s'attachent aux racines ( 4 ). ( I ) Tels font ceux île rAbfynthe. ( s ) On en voit de femblables fur l'OfeilIe. * Tom, 3. des Mém.furlcs Infecîcs , Frêf. p. rj. i? VElii. (îf Faris. ( 5 ) Les fleurs du Chèvre- feuille deviennent fout'ent hideufes [par lie grand nombre de Pucerons dont elles font couvertes.; ( 4 ) On trouve des Pucerons aux racines du Lichnis ^ da Mille-feuille , de la Camomille , de la Langue de-Chien , de l'Avoine, du Pied-de-veau, &c. ^ A 4 .^ OBSERVATION S I V. I. Jaï dit que les Pucerons caufeiit diverfes altérations dans les plantes : les plus remarqua- bles font ces grolTes vejjles [ Fig. III. ] com- munes fur les Ormes. La manière dont elles font produites eil extrêmement âlgnc d'atten- tion. Il n'en eft pas de ces veilles comme des galles * qui s'élèvent fur tant cl'efpeces d'arbres 8c de plantes. Celles-ci doivent leur naiiîlmce à une Mouche qiii a piqué quelque partie de la plante , & y a dépofé un ou plufieurs œufs. Autour de ces œufs il fe forme une cxcroilfance , une tubérofité qui grofîît journellement. Nos vefHes font de mèine occafionécs par des pi- quùres : mais l'Infede qui les fait , fe laiffe renfermer lui-même dans la tumeur qu'il a ex- citée. Là il jette les tondemens d'une petite république. Les petits qu'il y met au jour , don- nent à leur tour naiiHuice à d'autres. A mefure que le nombre des Pucerons augmente , la tu- meur acquiert plus de capacité. Les piquûres de ces petits infecles > réitérées en tout fens » déterminent le fuc nourricier à s'y porter plus abondamment qu'ailleurs, & à s'y . diftribuer â-peu-près également dans tous les points. De-là * Foy. M^l^ighi iU Gullii^ ^ y: Mémoire- 12, Tonu ^. dt'f TiXémoi'r es fui\ les Infeéies^ SUR LES PUCERONS. 9 Fausnientation de volume de la veffie & fa con- figuration. Enfin elle s'ouvre , & on en voit fortir des milliers de PuceronSo 2. Mais ce qu'on jugera fans doute plus intcreiîant , c'eft qu'à la Chine , en Perfe , dans le Levant , &c. des Pucerons travaillent utile- ment pour les Arts : les veiîies qu'ils font naître, & qui portent le nom de Basgendges , ou de Baizonges *, font une des drogues employées pour les teintures , & particulièrement pour celles en Cramoify. 3. Au rcfte ce que j'ai dit fur la formation des veffies des Ormes , doit s'appliquer aux autres excroifîances ou altérations que les Pu- cerons produifent dans les plkntes. Elles font toutes Fefiet de cette loi du mouvement ,' que les corps , fur-tout les jJuiâes , fe portent 014} ils font le ::^ioins prejfés/ AuiTi ces Infectes n€ cou- vrent-ils qu'un des côtés d'une tige ou d'une feuille : & ce fera de ce côté que cette tige ou cette feuille fe courbera , [ F/g. IL a. h. ] pourvu néanmoins qu'elle ait alTez de foupleife pour fo prêter à Pimpreiîion qui lui eft communiquée. De même s'ils s'établiifent près des bords d'une feuille 5 . Xll. ] 5 que provient ce joli petit S carabe hérmfphérique [ Fig. XIII. ] , connu mê- me des enfans fous les noms de Vache à Dieu., de Bèîe de la Vierge., &c. & qui n'épargne pas plus ks Pucerons fous cette forme , qu'il le fiifoitfous la première (0- V I. J. CEPENDANT) malgré tant d'ennemis , l'ef- pece des Pucerons fe conferve , & même la ma- nière dont s'opère chez eux la fécondation , eft ce qu'ils olîrent de plus intéreflant. Nous avons vu- ci-deifus [ I. 4. ] , que dans la même famille de ces Infecles, il y en a d'ailés & de non-ailés. Selon l'analogie ordinaire, les premiers devroient tous être des mâles , & les féconds des femelles. ( I ) Il y a plufieiirs efpeces de ces Scarabés, comme il ■y a pliilieurs efpeces de Vers qui prennent cette forme. Le fond de la couleur des uns efi: brun i celui des autres eft rouge 5 des troifiemes font jaunes j d'autres violets, &c. Sur ces difFe'rens fonds font jettées des taches ordinairement brunes qui font un effet agréjble. On voit de même des Vers de dif- fe'rentes couleurs , des blanchâtres , des noirs , de« bruns & des gris - bruns» î(? OBSERVATIONS C'eft ainfi que parmi les Papillons il y a plu- fieiirs efpeGes dont les femelles font privées d'ailes , tandis que les mâles en font pourvus : Se pour employer un exemple plus connu , on fiait que le Ver luifimt cQ: une femeUequi a pour niâle un Scarabé. Mais ce qui doit paroîtreune grande fingularité dans nos Pucerons , c'eft que les ailés comme les non-ailés font femelles. On n'a pu jufquici découvrir la manière dont les uns & les autres font fécondés. Tous ibnt vi- vipares i dès qu'ils ont atteint l^àge d'engendrer ^ ils ne femblent prefque faire , autre chofe pen« dant plufieurs femaines. Les petits viennent au jour à reculons [ Fig^ XIV. n. çj? XF. ]. Quand on les écrafe doucement , ou fait fortir de leur corps quantité de fœtus , dont les plus gros ibnt aifés à reconnoître pour des Pucerons , & dont les autres reiîemblent plus à des œufs. Ceux-ci ne feroicnt venus au jour que long- temps après ceuxJà. Chez les quadrupèdes , les petits d'une même portée ont tous la même grandeur , ou à-peu-près \ ils font tous prefque du même âge, & paroilfent au jour à-peu-près en même temps. Il en eft tout autrement , comme on voit, de nos Pucerons j & c'eft en- core une autre fingularité qu'ils nous préfentent. 2. N'y a-t-il donc point d'accouplement parmi les SUR LÈS PUCERONS, ly les Pucerons? Ce feroit-là une étrange excep- tion à ia règle. Depuis l'Autruche jui^Jifà la plus petite Mouche qu'on ait obfervée , nous favons que la multiphcation fe fait conftam- iiient par le concours des deux fexes. C'e(l-là une loi générale , non feulement pour les vo- latilles , mais encore pour tous , ou prefque tous les animaux connu's. Cette confidéradon n'a pas empêché néanmoins que quelques Natura- liftes ^ , fans autres preuves que de finiples apparences , n'aient mis les Pucerons au rang des Animaux qu'on croit fe fufHre à eux-mê- mes. D'autres ** ont cru qu'il en étoit d'eux comme de la plupart des Mouches , c'eft-à-dire , qu'ils s'accouploient & faifoient des œufs, d'où. fortoient les petits Pucerons. Des troifiemes ^-^^ qui n'ont pas ignoré qu'ils font vivipares, ont regardé les ailés comme les auteurs de la fé- condation. Je ne parle point de l'opinion des Anciens , qui faifoient naître les Pucerons de la rofée 5 ni de celle de Goedaert ^^^'^^j qui prétend * Lerocnhoeck , CeJîo7ii^ Boicrir^uct. l^ùi. Arc. A'if, O^er, P^allifn. T, 1. iiifol. p, ^7^. Lettres Fhilof. p. 7g, ** De la Hire , Hifl. de VAc. Royale des Sciences , An 1705. *** 'Frkh , de V Académie de Berlin , Acî. Berol. Tom. 2. Mé;n. lO. *♦*» Num. Ï5J. de l'Edit. de Lijler, Tom. 2. de FEdit, franc, Exp. 22. Tome L B 18 OBSERVATIONS qu'ils mûiTent d'une femence humide que les Fourmis vont dépofer fur les plantes. De pa- reilles opinions fe réfutent d'elles-mêmes. 3. Pour avoir là-defllis plus que des conjec- tures, M. de Reaumur avoit propofé * une expérience qu'il a d'abord tentée quatre à cinq fois fans fuccès : c'eft de prendre un Puceron à la fortie du ventre de fa mère , & de l'élever de manière qu'il ne puiife avoir de commerce avec aucun Infede de fon efpece. " Si un Pu- „ ceron qui auroit été ainfi élevé feul , dit M. de „ Retaumur , produifoit des Pucerons , ce feroit 53 ,fans accouplement , ou il fau droit qu'il fe 53 fut accouplé dans le ventre même de fa mère,,. Animé par l'invitation de M. de Reaumur, l'entrepris en 1740 , de tenter cette expérience fur un Puceron du fufain. '' Td'it. 5. p. 329. des liîim, fur les Inf. ^•^;^M* SUR LES PUCERONS, 19 OBSERVATION ?'^- Fremiere Expérience fur un Puceron cm Ftifain , pour décider fi les Pucero?is fe 7nultiplient fans accouple m e7ît. I L fe préfentoit divers moyens d'élever un Puceron en foîitiide. Voici celui pour lequel je me déterminai. Dans un pot à fleurs [ Fi^nri^ XFL] rempli de terre ordinaire , 'fenfonqai jui- qu'auprès de fon col un phiole [Figure XVI [.] pleine d'eau. Je fis entrer dans cette phiole le pied d'une petite branche de fufain , [ Fiiiiire XVIIL ] à qui je ne laiilai que cinq à fix feuilles , après les avoir examinées de tous côtés avecla plus grande attention. Je polai enfuite fur une de ces feuilles un Puceron dont la mère dé- pourvue d'ailes venoit d'accoucher fous mes yeux. Je couvris enfin la petite branche d'un vaie de verre [ Figure XIX. ] , dont les bords s'ap- pliquoient exadement contre la furface de la terre du pot à fleurs j moyennant quoi j'étois plus alfuré de la conduite de mon prifonnier, que ne le fut Acrifius de cel'e de Danaé , quoi- qu'enfermée par fon ordre dans uaie tour d'airam. ^o OBSERVATIONS Ce fut le 20 Mai , fur les cinq heures du foir , que mon Puceron fut mis , des là naillànce , dans la folitude que je viens de décrire. J'eus foin dès-lors de tenir un journal exacl: de fa vie. J'y notai jufqu'à fes moindres mouvemens j aucune de fes démarches ne me parut indiffé- rente. Non feulement je fobfervai tous les jours d'heure en heure , à commencer ordinairement dès quatre à cinq heures du matin , & ne dif- continuant guère que vers les neuf à dix heures du foir, mais même je l'obfervois plufieurs fois dans la même heure , & toujours à la Loupe , pour rendre l'obfervation plus exade , & nrinf- truire des adions les plus fecretes de notre petit folitaire. Mais fî cette application continuelle me coûta quelque peine, & me gêna un peu ^ en revanche j'eus de quoi m'applaudir de m'y être aifujetti. La fin que je m'étois propofée me paroifibit d'ailleurs trop importante , -pour ne donner à cette expérience qu'une attention ordinaire. Enfin , en étudiant avec foin un feul Puceron, je croyois n;e mettre au fait du génie de la plupart de ces Lifetlcs , entre lefquels à cet égard, on n'obferve pas de différences bien confî- dérables , comme me l'avoit appris la ledure des excellens Mémoires de M. de Reaumur. Entre les faits que j'obfervai , il y en eut 1 SUR LES PUCERONS 2t beaucoup qui n'ont rien de remarquabl-e , & dont je ne chargeai mon journal que pour plus d'exadlitude. Dans la crainte de fatiguer mon led:eur par [un récit trop détaillé , & qui n'm^ treroit pas dans le plan que je me fuis prefcrit, je ne ralTemblerai ici que les particularités les plus curieufes. Mon Puceron changea de peau [ Iiltrod. I. 4. ] quatre fois ; le vingt - troifieme fur le foir j le vingt - fixieme à deux heures après - midi ; le vingt-neuvième à fept heures du matin; & le trente-neuvième fur les fept heures du foir. Les Chryfahdes n'offrent rien de plus fm~ gtjlier , que la manière dont celles de certaines Chenilles font tomber leur dépouille après avoir achevé de s'*i dégager. Ceux qui ont lu les Mémoires de M. de Reaumur , favent combien ce grand Obfervateur a rendu , à fon ordinaire , ce trait intérelfuit par la manière dont il fii raconté *. Je ne fais Ci on fe feroit attendu à quelque chofe de femblable de la part des Puce- rons , qui alfurément ne paroiffent pas des In- fectes fort adroits. Celui dont j'écris rhiProire m'a pourtant fait voir en ce genre certains pro- cédés , qui , quoique moins frappans que ceux: * xUém. pur rilijl. des Lif. Tom. r. Mé,n. 10. B 3 2Z OBSERVATIONS des Chryfalides des Chenilles épineiifes de Partie 3 ne liiiiîent pas de s'attirer Pattention. CÉTOIT immédiatement après s'être défait de fd vieille peau, que mon Puceron travailloit à l'écarter. Avec Tes deux dernières jambes , comme avec deux bras , il l'embrairoit , il tâchoit de la foulever pour décramponner les crochets qui la retenoient attachée contre la feuille ou contre la tige , fur laquelle il s'étoit dépouillé. Il réitéroit fes eiforts en divers feus. Peu à peu il parvenoit à faire lâcher prife à une des jambes , & enfuite 'à toutes les autres. Dès que la dé- pouille n'étoit plus retenue , le Puceron Téievoit en l'air & l'abandonnoit à elle-même. Ce travail a quelque chofe de rude pour un Puceron , dont les jambes n'ont pas encore eu le temps de s'alFermir. Plufieurs aulli s'en difpenfent. Peut-être m'accuferoit - on de puérilité , fi je racontois les inquiétudes que mon Puceron me caufa à fa dernière .mue. Quoiqu'il eut tou- jours été renfermé , de manière à ne pas donner lieu de craindre qu'aucun Infedefe Rit gliilé dans fa folitude , je le trijuvai alors (1 rentlé & fi luifant 5 qu'il me parut dans l'état des Puce- rons qui nourriifent un Ver dans leur intérieur. [ Jatrod, m. I.] Ce qui coutribuoit encore A SUR LES PUCERONS. 23 me le faire craindre , & qui augmentoit mon chagrin , c'efl: qu'il ne paroilibit fe donner aucun mouvement. Malheureufement je ne pouvois robferver qu'à la lumière d'une bougie. Ayanc enfin reconnu qu'il changeoit de peau , je me ralTurai un peu ; mais je ne reftai pas tout-à- fait fans inquiétude. Il étoit couché furie coté, & il le fut bientôt fur le dos , eniorte que fon ventre étoit entièrement en vue. Je lui voyais remuer les jambes , qu'il avoit tenues jufques- là appliquées fur fa poitrine à la manière des Nymphes i il les agitoit à diverfcs reprifcs , comme s'il eut voulu en faire ufage pour chan- ger de lituation ; mais foibies comme elles rétoient aiors , ne fufant que de fortir des en- veloppes delà vieille peau, elles ne" paroiffoienc pas fort propres à s'acquitter de leurs fonélions. Dans cette attitude , & fur une feuille prefque droite , le Puceron n'étoit retenu que par la dépouille , à laquelle l'extrémité de fon corps tenoit encore. Il étoit donc expofé à fliire une chute fatale , dès qu'il auroit achevé de fe dé- pouiller. Cette crife me tenoit inquiet , Se je ne devins tranquille que lorfque peu à peu il fs fut mis fur fon féant. Je ne manquai pas de venir l'obferver le len- demain de bonne heure , fuivant ma coutume. B 4 !S4 OBSERVATIONS La mue avoit apporté un léger changement à fa couleur j fon corps s'étoit bien rembruni , à-peu-près comme il devoit l'être , c'eft-à-dire , comme Teft celui des Pucerons du fufain , lef~ quels tirent fur un violet foncé prcfque noir & velouté ; mais les jambes de même que les Antennes étoiônt marquées tranfverfalement de blanc & de noir , au lieu qu'auparavant elles n'of- froient que du brun. Pendant que je le confi- dérois à la Loupe & obliquement au grand jour, j'obfervai diftinclement fix points très - luifans fitués fur les côtés , dans ia ligne, des petites cornes [ Litrod. L 3 . ] , & placés chacun dans une efpece d'enfoncement Je portai le Puceron au foleil pour mieux voir leur fîtuation , & bien îti'aflurer de leur nombre j mais il me parut que loin que le foleil m'aidât , il m'étoit au contraire un obftacle 5 la lumière étant trop fortement réPiéchie par le corps de l'Infede , elTaqoit le brillant des points. Je le rapportai donc où il étoit auparavant , & je continuai à examiner la particularité que j'avois nouvellement décou- verte. Le premier point n'étoit pas loin de la tète y le Gxieme étoit fort proche de la petite corne , dans la ligne de laquelle il fe trou voit, ïl paroiifoit y avoir entre chaque point la lar- geur d'un anneau. Je ne doutai pas que ces pX-L(i: lasi Nombre des i'ucer.p nés chaque après-l midi , éi: les heiiresp de leur nailTnnce. [ 15 i pue. à 5 h. 3 P ï P à 10 h. ï p.^ 1. ^. ■-ii y- à 5 h. 6 pue, 9| 10 3 P I P I P a 6 h. I p. ni8. 1 > >^.' ri- 3 pnc 7 h. I p a 3 11. I p. I 9 I p.-^ 2 pue. à 6 il. ro J P I P . op DUC. à 5 h. I p à 4 h. ^ r p. n o pu? op 21 2 pue, op à, 7ii. I^p.^h Somme totale 95 Pucerons. yf ?td.rr*^^ M^^ 5^^ A-siy rt"f'< SiEZiiïciiïiiiziï^'ZEiiiî srrK^-inisniirsiiizo:^ SUR LES PUCERONS. 31 Comme cette partie de Phiftoire de notre Puceron e contient les faits les plus remarqua- bles de fa vie, je ne puis m'empêcher déparier ici de'quelqucs particularités qui y ont rapport , Se qui , autant que j'en puis juger , ne font pas indignes d'attention , quoique dans un Infede qui oiFriroit plus de variétés que n'en offrent les Pucerons , elles ne méritaifent peut-être pas qu'on en fit un récita mais dans une difette on fait ufage de ce qu'on auroit rejette dans des temps d'abondance. Pendant que ma Pucerone accouchoit pour la cinquième fois , tout fon corps étoit à-peu-près paraUele au plan de pofition ; ainfi la diftance entre ce plan & le deifous de fon ventre n'é- toit pas confiderable. Le petit Puceron , dont une grande portion fortoit de moment en mo- ment , eut bientôt atteint du bout de fon der- rière ( I ) , la furface du pédicule de la feuille fur lequel fe trouvoit alors la mère , tandis que fa partie antérieure étoit encore dans le ventre de celle-ci. Il lui relfoit donc à achever de fe déga- ger j ce qu'ail n'-iuroit pu faire que difficilement, pendant que les chofes en feroient demeuré :s dans cet état. Mais la Pucerone n'eut pas plutôt C I ) Les Pucerons viennent au jaur le derrière le premier. Voy. rintrod. 3^ OBSERVATIONS fcnti que fon Puceron avoit atteint le bas , quVlîe s'éleva brurquemeut fur fes dernières jambes le plus qu'il lui fut poffible ^ fans néanmoins leur £iire abandonner le pédicule. Par ce moyen le Puceron eut plus d'efpace qu'il ne lui en falloit pour fortir librement. Mais 11 la Pucerone eût continué à tenir ainfi fon derrière élevé , comme 'il rétoit, de plus que de la longueur du Puceron^ celui-ci n'auroit pu atteindre de l'extrémité de fon corps ^ pas même de celle de fes dernières jambes , le pédicule j & il auroit rifqué de tom- ber des qu'il auroit pu fe dégager entièrement. La Pucerone remédia encore à cet inconvénient, en s'abaiifant peu à peu , à mefure que le petit Puceron fe dégageoit. De cette manière il put s'accrocher par fes dernières jambes au pédicule dès qu'elles eurent commencé à le toucher ; & voilà peut-être une des raifons pourquoi ces In- fedes viennent au jour le derrière le premier. Leurs premières jambes étant plus courtes que les dernières , auroient été apparemment moins propres à les empêcher de tomber , s'ils fuifent venus -au monde comme les petits des autres animaux. Dans quelques accouchemens j'ai vu la Puce- rone élever fon derrière à pluiieurs reprifes , ne l'avant pas aflez élevé la première fois. Une SUR LES FUCEROKS. 33 Une cho[c encore qui contribue beaucoup à afliirer une heureufe fortie au Puceron, c'efl: la courbure que ion corps prend à mefure qu'il (b dégage. Cette courbure , dont la concavité re- garde le deiîbus du ventre', donne une plus grande facilité aux dernières jambes de. le cram- ponner 5 elle les rapproche plutôt, de même que la pointe de l'anus , [ Pknc L Fig. IV. & V. g.] qui peut bien entrer ici pour quelque chofe , étant alors enduite dé la liqueur qui baignoit le Puceron dans la matrice i elle les^rapproViie, dis-je, plutôt de la fbuille ou de la tige'flir ki- queiie fe trouve la mère. Qp-ELCLUE^ paiiibles .que paroiffent les Pu. c,erons,1^'nefont poiirtant pas exempts d'hu-1 lYieuirdaiis certaines circpnftances. C'eft ençiore ce ';que' ma Puceroiie 'm^'a fait: voir. Lorique pour enlever ceux de fes petits qui ctoient au^ près d'elle , je venois à' la toucher le moins d g. monda du bout de l'épingle dont, je me fevois ^ ^:^^J.^^^^ ^l^e élevoit brufquement en Pair fon derrière & fes plus longues jambes ,',qu'ellç raiiieiioit enfLUte d'uii - mo^ip^y.ement, auilï 'bru i. que ^"ieûrpremiere^il^uaSqir D'autres fois ell^ les écartoit de fes côtés le plus qu'eilç pouvoic, comme pour atteindre l'épingle V & les y rame. noit<'mmte^^m\mmt. ei^ fVappant la fcuilk Tome L Q 34 OBSERVATIONS de leur extrémité. Elle ne marqiio't pas moins de colère quelquefois , lorfqu'un de fes petits venoit à la heurter pendant qu'elle étoit tran- quille. Elle fembloit le frapper du bout de fes dernières jambes : mais ce qui oiTroit un fpec- tacle plaifant, c'eft qu'elle le fervoit quelque- fois pour cela du Puceron qu'elle n'avoit pas encore achevé de mettre au Jour. Alors ce n'étoit pas fimplement des coups de pied , mais , pour ainli dire , des coups de malfue. Les variétés que j'ai obfervécs dans le nom- bre de Pucerons venus au monde chaque jour , font une autre particularité qui me paroit digne d'..ttention. C'étoit ordinairement lorfque la Pucerone ne trouvoit pas un endroit propre à lui fournir une nourriture convenable , qu'elle {aifoit le moins de petits. Elle devenoit alors inquiète , elle marchoit quelquefois pendant des heures entières fans fe fixer. Enfin , avoit- elle rencontré un endroit tel qu'il Je lui falloit , elle ne tardoit guère à y mettre bas. Cela ne fembleroit-il pas indiquer que le moment de Taccouchement étoit en quelque forte à fa dif- pohtion ; que quoiqu'elle fut au bout de fou terme, elle étoit, pour ainiî dire , la maîtreflej de le prolonger ? J\Ài déjà eu occafiou de djxe que les ex< SUR LES PUCERONS. 3Ï crémens des Pucerons font liquides. Tels fureut ceux que rendic notre Puceron jufqu'environ le treize Juin , que je remarquai qu'ils fe con- geloient prefqu'auiii - tôt après être fbrtis. Au lieu que certains Faux-Pucerons [ Introd. IL i. ] traînent les leurs ea manière de longue queue^: notre Pucerone portoit les liens amoncelés- fur fon dos en manière de paquet (i). Elle avoit commencé alors à perdre de Ton embonpoint , & à prendre la figure du petit Animal que M: Geoffroy ^ (2) a conjeduré être ie mâle des Pucerons. •f ( I } La matière du duvet qu'on voit (ut le corps de H plupart des pucerons, ne fevoit-eHe point la même qns celle «iui eft rejettée par les cornes ? On fait que les Tucirs ont beaucoup ik rapport avec les urines. Il paroît donc aflez probable que h liqueur qui fort piar les cornes, laquelle jpeut être reçartiée comme analogue aux urines , tétant' porté* à la furface de la peau par des valffeaux difpcfe's à deiTein , s'y fige , comme nous la voyons fe figer après être fortie des cornes. La forme des pores dont la peau eft comme criblée , lui fait pfertdre apparemment celle de longs p-oils ou de duvet. * Ment, ile rACad. dès Se, J724. ( 2 ) C'eft une autre opinion dont je n'ai pas parlé ïorfque j'ai indiqué celle àe^ Naturalifte<: touchant la génération des Pucerons. Ce «qui avoit porté iM. GiOFFROY à regarder ce petit animal comme le n:àle f\QS Pucerons, c'eft qu'après l'avoir écrafé , il ne lui avoit trouvé ni orufs ni petits. M. de Reaumur a très-bien prouvé, Tame III, p. 530, que ce n'étoit réellement qu'une mère Pucerone qui s'étcit délivrée de tou"^ fcs petits. L'olTfervation que je viens de rapporter en efi: ujie nutre preuve, C Z 3<^ OBSERVATIONS . Enfin , pour achever Thiftoire de notre Piu cêrone , je n'ai plus qu'à dire qu'ayant été obligé de m'abienter: d'auprès d'elle pendant tout le v>iigt-cinq , jufqu'au lendemain matin fur les, cinq heures , j'eus le chagrin à mon- retour de ne la pas trouver où je Pavois laiiîée , 3li: dans, les environs où je la cherchai inutile- ment. Comme , depuis qu'elle a voit commencé d'accoucher, je n'avois pas cru qu'il fût nécef- faire de la tenir renfermée exactement , elle eu avoit làns doute profité pour aller finir fes jours ailleurs. On juge ailenient que je ne fus pas m- feniible à cette perte. J'avois vu nratre cette puceronej je Pavois fuivie conftammer.t peîi- dant plus cViin mcis 5 & je me lail^ois un plniiir de continuer à Pobferver avec le même foin juf- cjji^Ç,^jf^j^^,mort. Je. nip.propofois en cela plus que cettTey^datïsfadion y e'étok de f tvoir au julfe le iiohlBre de Pucerons ; dont elle auroit peut-être encore accpucl^é. Il y . a apparence qiPil n'au- roit pas été confidérabje,, .à en juger par Pex~ trème diminution de fa taille. Son ventre, qui, lorfqù'elle n'avoit lait encore que peu de petits , ctoit arrondi & comme difcendu , s'étoit applati , 8i étoit devenu de forme triangulaire. Ce qui indique affez qu'elle avoit mis au jour tous ou ptefque tous les Pucerons qu'elle y devoit mettre. SUR LES PUCEROMS. 37 OBSERVATION IL 'Seconde ^ troijieme Expérience fur les Pucerons du Fiffatn , pour décider fi les Pucerons fe r/iultiplient fans accouplement. Ne Ous vivons clans un fiecle , où en matière d'obiervations , fur-tout lorfqu'elJes ont pour objet des faits {înp;u]iers , on ne tait cas que de celles qui font détaillées jufju à un certain point , & qui ont été répétées plufieurs fois. On ne veut pas feulement favoir le réfultat de l'expérience ou de fobfervation ; on veut en^ core favoir comment rObfervateur sy g^i pris pour découvrir ce qu'il rapporte , les différentes particularités qui fe font ouértes iiir la route , & jufju'aux, obilacles qu'il y a rencontrés. En m\ mr)t , on veut être aiiuré qu'il a bienvi», & être en état de revoir après lui. C'eil ce qui m'a engagé à donner , à fObfervation pré- cédente une étendue que je n'avois pas d'abord compté lui donner. J'ai cru qu'un fait auiii extraordinaire que la multiplication des Puce- rons fans accouplement, ne pouvoit être trop bien prouvé. Mas, comme je viens de le diie, C 3 3S OBSERVATIONS' jï ne fiiffit pas enPhyfique de s'être alîuré d'-sin. flùt par une première vue j il faut encore , s'il efi; pofTible , l'e rappeller à un fécond examen , & apporter à et fécond examen la même atten- tion & les mêmes foins qu'au premier. Je réi- térai donc l'année fuivante y conformément à ces principes , l'expérience du Puceron du fiifiin , mis à fi naiifa/ice dans la folitude , Se élevé jurqu'à Page de nr.iturité. J'y fus encore engagé par un autre motif beaucoup plus puif- fant , (Se qu il m' eft glorieux d'avoir à rapporter. Ce fut à Papprobation (i) dont PAcadÉxMie Royale des Sciences ^ M. de Reaujviur en particulier , honorèrent cette expérience , & \c defir qu'ils tc;iioignerent de la voir réitérée k plus que je le pourrois. Dan^^ cette vue j'éle\ai en folitude deux Pucerons de la même efpece que Je premier , qui avoit fi bien répondu à mes fouhaits. L'un de ces Pucerons naquit le vingt Mai à dix heures du matin > Pautre le même jour fur les cinq heures du foir. Le pre- mier commença à accoucher le trente du même mois à neuf heures & demie du foir 5 & jufqu'au quinze Juin inclulivemient , il mit au jour qua- tre - vingt - dix petits. L'autre ne . commença a "* 3IénioÎYes de M. de Keaumctr Jur les Infectes. Tome VL. ^îém, KUL HiJL de l'AcuL S7^u SUR LES PUCERONS. 39 accoucher que le premier Juin à quatre heures & demie du matin j & jufqu au dix-fept inckifi- vement , il donna nailïauce à quarante - trois petits feulement. Cekii-ci étoit moins gros en naillant , & il refta toujours moins gro*s que l'autre ; il avoit peut-être le corps moins rem^ pli de fœtus : auiîi fut-il moins fécond. Il y ci apparence qu'ils auroient encore continué d'ac- coucher 5 mais une fièvre- dont je fus attaque me forqa de celTer de les foigner ^ & je foup- ^onne qu'ils périrent de faim. Voici les tables des accouchemens de ces deux Pucerons. L'étoile'^ , comme je l'ai déjà expliqué ( Obf. i. ) , défigne les petits mis au jour dans un temps où il ne m'avoit pas été permis de continuer mes ob- fervations ', & ce figne j indique ceux qui ne faifoient que de iiaitre , ou qui n'étoient nés que depuis peu demomens, quand je revcnois obferver. c ^ TABLE IL h g^'i^jr-TTTiniigi) ifj-^ Ta BLE des jours ^ Jicincs auxquels font ncs la Pucerons qu enfanta depuis le trente Mai , jufqu'au quinze Juin indufvtnient , celui qui avoit été renfermé à fa naiffance , le vin^t 3Ïai à dix i hefires du matin. Jonrj ~j de Mai. ^I j Je i Juin. fl 2. N.'iTibrc des Pucer nés danr. chaque i. pue, 1 1 pue. I3ue, pue. S pue. Ndmbre d. s l'i;ter;.ns| Nombre des î'ncer. nés chaque mntiii,^i!és chnqiic après-j^ les heures de icurnaif- ;:iidi , & les heures e leur nnin'iî^C;'. O P. à 6" h. 9 lO I p. I p. 'h i 9 9 î I p. I p. I p. I p. I p. y -^ 9h.^i p. 1^ a 2 h. I p. y 4 I p. h I p. I a 5 h. 8 9 2 p.^- ip. I p. I p.^ à 6\x 7 lo II l nmz^^jz-TXjTzzJDf^Jz I p,- I p. X p. J p.* CZKvfCî Dcp. I h. jui-i= qu'à 6', abfent.p Dep. 2 h. juf- qu a S i ^--^-fe a ^h. ^2p. t^nt.sc^^h. 2 p.^j.^ ■)cp. 4 h. jui-f qu'^v^, abiciit.L à 9 11 2 p. ^1  jours \ de A Jnm i 4- J w ^ ^ 6. i ^. 8. 9- ^^ombrelNoinbre des Puceron?; lies Puccr, ncs chaque mntin , «^ liés tîanN les heures de leur naif Nombre des Pucer •lés chaque aprcs midi y ck. les heures^ de leur n-^ifluiiice 6 DUC. 9 F^c i 6 h. 1 1 4 p. I p. ii 6" h. 3 P- 6"! I p. Dep. 8jur. 4'lb^• Dcp.4jul!IO:lb.iï à I o h. I p à 4 h. 5 p: 6" pue [à ) N h. 9! 3 p.'^la I p.- I h. I p. 7 pue, j-i 5 h. 2 p. ■■■ j Sur les 6 i p.' ■j 8 I p.^ io| I p. la 4 h. ^ 1 p. T 4 pue. Z- '.- \ 6 I p. I pue. 5 11. 7 2 p."' I p. I p.^ 6 pue, 4 W^ a 7 h. 3 p. 9 I p.^ ip. r pr \ ài2h.^i p. y^ 4 5 ï P- " a (3 h. I p. I ]x- op. à I h. I I p 3 I p. p Apr. 4 I p. J Julqu'à 8 abf.p 8 I p.4 à 3 h. I P- L Dep.4jur.7abf!!- Apr.7li. ip-'b ^11 j^ii- iL:iii^ii:i2:sizsiiii2i:hi W.Ti-.Jlïï iHïiZ'UL^^JnnS.ÏLJLiL^^: Jours de Juin. Nombre des Pucer nés dans chique j. Nombre des Pucerons nés chaque matin , & les heures de leur naif- mce. Nombre des Pucer. j^ nés chaque après- midi, & les heures de leur naifiance. p I 2 fî ï3. 14. i^ 3 pue, k 6. h, I p.* 11 I p. 12 I p. op. 2 pue. à 9 h. I p. 7 h. p-y pue. à <^ h. 2 p: Dep. s h. jul-[^ qu'à 7 abfent.t à 7 h. I p.^i o pue, op. op. t ^ So frime totale 90 Pucerons. 1 1 ^Tî — m) — r<'» ■ «ifeTT— Tt Eznr^îl—iui-llîjc^ïaj TABLE III. Rszr^szrgsr^îi^s — ^ a -Uir \T A B LE des jours ^ heures auxquels font ncs\ ^ les Pucerons qu'enfanta depuis le premier Juin ■ jufqu'au dix-fept indujïvenient -, celui qui avoit\ été renfermé à fa naiffance y le vincjt Mai à cinq heures du foir. j =1 L I Jours ^ Juin. ^ — =! ^• 1 3- H Nombre des Pucer. nés daiu chaque j. S pue. 4 pue. 4 pue, Nombre des Pucerons! Nombre des Piicer. nés chaque matin , &jiiés chaque après-jj les heures de leurnaif- midi , & les heurcste lance. de leur naiflsnce. 4 h. ^ I p/ 6 I p. I T J T p. à > h. 1 p. 2 p. 7 I p. 8 2 p. I p. ip. n à I h. I p Dep. ljur.6abf.| I p.* à S op, r op. y 4- k T. H— 4 pue. à 5 h. lO loi II J I p.- I p. 1 p. I D. op. \ pue. a 6 h. 2 p." Dep. 8 iuf.4abr. à 4 11. I p.*[: 6 1 I p. h 2 pue. pue. à I o h. I Dep 5JLil'7abi!j h. I p. *!= Elit. (S & 7.1 p.^j op. t iji2izzsiizzsii:rïî-:f:îczi?s2i::s';'îii:zs2czi5iii:i^ Nombre des Piiccî". nés dsn chrtque i Jours 1 U 9. ^ TO. I î 4 12. 1 y — io =1 3 pue. pue. r pue. pue. Nomlire der. Puceron"^- ncs ch.':f]iie «i/^tm , iv" les heures de leur naif fance. a 9 h. IO 1 1 I p. I p. T U. à ^ h. P- op. g 14. M 3 pue. Noml-re des Pucer. F lidi , & les heure c leur naitTiiicc. n op. op. op. Dep.4jllr.7abf> /\pr. 'Th. 10 114 I p.' I p. ip. o p. ^ 2 pue. pue. 4 pue. ^ i^. I^ 17. I pue. 2 pue. op. à 6^ h. a 6h. ip.'^ I p. 7Ï ip. 12 I p. à 5 h. 12 I p. I p. Dcp. 1 lî. juf.o qu'à 3 I abf.[ 3 n. z I p. .(1 Dep.i^jur.7abf. à 7 I p.^p op. op. 7 h. . . o p. !, R p.^^ ^ P- k La fièvre trî'nyant forcé d'interrompre ces Obi'ervatiojis ,p Jje ne pus ccntiinier a donner ir.es fom:i à iKvtre Puccroijel 3qui mourut au bout de quelques jours, après avoir encore^ donné naiil'ance à <^ Pnceronsf ;;j ^nnuiit totale 49 Pucerons. •?1 (T^ SUR LES FUCEROK^S. 4^ Je devrois dire 1111 mot maintenant des Pu- cerons mis au jour par ces deux Pucerones & par la première : mon deiiein avoit d'abord été de les fiûre fervir à diverfes épreuves , pro- pres à éciaircir certaines quedîons de PHiftoire de ces petits Animaux : mais divers accideas furvenus, & des occupations d'un autre genre, m'obligèrent de renvoyer ces expériences à un autre temos. Te me bornerai donc ici à rapoorter uu'e obiervation qu'un de ces Pucerons m'a doJîiié occafion de faire, Se qui fera voir que ces Infedes, quoiqu'on apparence lourds & pe- fans (î) , font pourtant dans certaines circonf- tances auili agiles & auffi vifs que les Infectes qui le font le plus. Le Puceron dont je veux parler , avoit été mis en folitude depuis deux jours , lorfque je le trouvai qui achevoit de changer de peau. Ayant ôté le vafe de verre qui le couvroit, je crus appercevoir qu'il avoit encore une de fes dernières jambes engagée. : mais ayant ^regardç avec plus d'attention ., je reconnus que h dé- C I ) "Le nom de Pucerons, dit M. de Reaumur, „ n'auroit dû être clou«é , ce fernble , qu'à des iFifeétes vifs , „ fautnnt avec agilité comme les Puces- Nos Pucerons font 55 cependant des înfeiles foit tranquilles i ils ne marchent 5, que r.ncmcnt ; &. leur démarche , peur l'ordinaire , eft letit'e ■Tf & pelante. „ Jléoi. far les Inf, Tom, II/, psg. 2iJ5. 45 OBSERVATIONS pouille ne tenoit qu'à une des petites cornes que ces Infedes ont près du derrière. A peine eus-je obfervc pendant quelques momens , que je vis mon petit Puceron commencer à fe tré- mouiTer pour Riire tomber fa dépouille. Ses mouvemens paroiiToient beaucoup plus vifs & plus variés que ceux que s'étoient donnés eu pareil cas les autres Pucerons que j'avois déjà obfervés. Tantôt il agitoit a diverfes reprifes Hi partie antérieure , & lui faifoit faire des vibra- tions très-promptes : tantôt il i'élcvoit un 'peu & l'abailToit enfuite. On voyoit fes dernières ïambes faire en même temps des efîorts pour détacher la vieille peau. Mais ce qui me donna ïe plus de plaifir , & me furprit davantage , ce fut de le voir pirouetter avec une agilité d'au- tant plus admirable , qu'il étoit fur le deflous d'une feuille, & par conféqucnt plus expofé à tomber. Ses premières jambes paroiifoient être le point d'appui fur lequel s'exécutoit le mou- vement , auquel les Antennes répondoientpar d'autres prefque continuels. Je le vis s'agiter ainfi pendant tout le temps que je pus l'ob- ferver 5 qui fut d'environ trois quarts d'heure; & cela , je ne craindrai pas de le répéter , avec toute l'agilité & la vivacité poliibles. Comme ce petit manège me paroiifuit trcs - curieu>c ^ 5'eus recours pour ie mieux voir à ujie Loiipe SUR LES FUCERONS. 47 plus Forte que celle dont je m'étois fervi juC- ques-lL Elle me montra ce que je n'avois pas encore apperqu , que la trompe du petit Puce- ron étoit piquée dans la feuille , & qu'il ch:r- choit à Pen retirer. C étoit fur cette trompe , & non fur fes premières jambes qu'il pirouet- toit. Enfin , il parvint à la dégager : mais il ne put de même venir à bout de ft dépouille qu'il continua de porter attachée à fon derrière. 48 OBSERVATIONS OBSERVATION III. Autres Expériences fur le même fujet , faites fur des Fiiccrons de plufietirs efpeces ; e7i particulier fur ceux du Sureau , 2«f pour ' " s'ajjiirer Ji des générations de Pucerons^ élevées fucceffïvemejtt m folitude , confer- vent la même propriété de procréer leurs fcmblables fans lefecours de Paccouplt77ient, Que la trompe des Pucerons ejl capable dim cdongcînent co7ifi(léra ble. Qu'il y a de ces Infettes qui changent de peau feule?nent trois fois. Que le$ petits viennent quelquefois au jour la tète la première. p Endant que j'obfervois les Puceroî^s du Eufaiii, j'obfervois: auffi ceux de quelques riu- très efpeces , teiles que celles du SiirecUi , du Grofeiller , du Rofier [ Pknch. I. %. IV. Ç^ F. ] & du Chardon à Boiinctier que je crois être la même , du Prunier, du Jonc , &c. SUR LES F rCErxO M S 49 mais divers contretemps ne me permirent pas de pouiîer ces expériences allez loin , pour être en état de décider que toutes ces efpeces de Pucerons fe multiplient fans accouplement , comme on ne peut guère en douter. Je ne laiilerai pas cependant de rapporter ici ce qu'elles eurent de plus remarquable. Après avoir élevé plulieurs Pucerons du Fu- fain dans une parfaite folitude , & m'ètre ainfi convaincu par mes propres yeux , qu'un Puce- ron , à qui , depuis Pinftant de la uaiiTance , tout commerce avoit été interdit avec fcs iem- blables , devenoit eu état d'engendrer j je ne penfois pas avoir autre chofe à fùre qu'à éten- dre cette expérience à un plus grand nombre d'efpeces : mais un foupcoii que me communi- qua M. Trembley , fi connu aujourd'hui par fa belle découverte des Polypes qu'on mukiplie de bouture , m'apprit que je de vois me prépa- rer à en faire d'autres plus propres à exercer ma patience. Ce foupqon paroitra fingu'icr c% formé gratuitement : il confiftoit à fuppofer qu'un feul accouplement fert chez les Pucerons à plufîeurs générations confécutives. Afin donc d'en démontrer la certitude ou la faulfeté , il s'agiifoit d'abord de tenir dans une parfaite fo- litude un Puceron, depuis le moment de fa iiaiL Tome L D ^o OBSERVA TTOMS fancc julqu'à ce qu'il eut accouclié d'un petit, qui leroit coJidamiié comme la mère l'avoit été , à vivre folitaire. Si après être parvenu à Page de maturité , il produilbit des Pucerons , il falloit s'alîurer de la même manière , fi , lans s'être accouplés , ils fcroient encore en état d'engen- drer , & continuer ainfi ces expériences fur le plus de générations qu'il ieroit pofFible. Telle fut la tâche que je m'impofai. On verra par îa fuite de ces obfervations , que je ne m'en fuis pas tenu là. Les Pucerons du Sureau furent les premiers fur lefquels je commençai cette nouvelle expé- rience 5 & ce ne fut pas fans fuccès/ Le I2 Juillet , fur les trois heures après-midi , j'en ren- fermai un qui venoit de naître fous mes yeux. Le 20 du même mois , à fix heures du matin , ilavoit déjà fait trois petits j mais j'attendis juf- qu'au 22 vers midi, à renfermer un Puceron de la féconde génération , parce que je ne pus •parvenir plutôt à être préfent à la naiilance d'un de ceux dont accoucha cette mère que j'avois condamnée à vivre en folitude. J'ufai toujours dans la fuite de la même précaution 3 je ne ren- fermai que des Pucerons venus au jour fous mes yeux. Une troilieme génération commença le premier Août : ce fut ce jour-là qu'accoucha. SUR LES PUCERONS, <;t le Puceron qui avoit été renfermé le 22 Juillet. Le 4 du mois d'Août , environ une heure après-- midi , je mis en folitude un Puceron de cette troifîeme génération. Le 9 du même mois, k fix heures du foir, une quatrième génération due à ce dernier , avoit déjà vu le jour: il avoit donné naiiiance à quatre petits. Le même jour, vers minuit, tout commerce avec ceux de fou efpece fut interdit à un Puceron de la quatrième géncratioii , né à cette heure. Le 1 8 , entre fix & fept heures du matin , je trouvai ce deriiier en compagnie de quatre petits qu'il avoit mis au jour. Le lendemain je renferm d un Puceron de la cinquième génération ; mais n'ayant eu à lui oiïrir que des tiges du Sureau , qui , quoique jeunes , s'étoient trop endurcies , il mourut avant que d'être parvenu à l'âge où il eût pu donner naiffance à une fixieme génération. Nous avonjs vu ci-dedus [ Lntrod. L 2.] qu'il. y a des efpeces de Pucerons dont la trompe eft fi démefurément longue , qu'il leur en paife un grand bout par - delà le derrière. Les trompes ordinaires ne font pas à beaucoup près (1 lon- gues ; elles ne paifent guère le milieu du ventre; mais j'ai lieu de foupqonner qu'elles peuvent s'alonger. M. de Reaumur *, en parlant dos * Mémoires fur les hiftcies, Toin. III. p. 2%%. D3 ^2 OBSERVATIONS accoucliemens des Pucerons du Sureau , a dit que fur la couche de ces petits Infecles , qui couvre immédiatement un jet de cet arbufte , on voit iouvent des mercs [ Flanc. I. Fig. I. q. T. ] qui ne femblent occupées que du foin de multiplier refpece, & ne pas fonger à prendre de nourriture. M. de Reaumur a cru que leur trompe n'étoit pas allez longue pour atteindre jufqu'à récorce i mais plufieurs obfervations m'ont convaincu qu'entre les Pucerons de cette féconde couche , il y en a qui font paiTer leur trompe entre les Pucerons de la couche infé- rieure 5 & qui la font parvenir jufqu'à fécorce dans laquelle ils la tiennent piquée. 11 feroit en effet bien remarquable que les mères Pucerones ne priiient aucun ahmen;: pendant des femaines entières , & même des mois , qu'elles ne ceiTent d'accoucher; & que les fœtus fe développalfent néanmoins au point d'acquérir toute la gran- deur qu'ils doivent avoir pour venir au jour. Auili ai -je vu coullamment les Pucerones du Fufain , & celles de quelques autres efpeces , tenir leur trompe fichée dans la plante , pen- dant tout le temps que duroit leur fécondité. J'avois même quelquefois beaucoup de peine à leur faire lâcher prife. Les Pucerons , comme la plupart des Infeétes , SUR LES PUCERONS. S3 ne parviennent à leur parfliit accroKTement qu'a- près avoir changé plufîeurs fois de peau. [Introcl. I. 4. ] On ne s'eft pas trop embarralfé jufqu'ici de faire les obfervations propres à apprendre quel eft le nombre de celles dont ils le défont. M. Frich , habile Obfervateur de PAcadémie de Berlin , a avancé , mais trop généralement , qu'ils fe dépouillent quatre fois. Cela peut-être vrai de beaucoup d'efpeces j c'eif ce que j'ai obfervé conftamment dans les Pucerons du Fli- fain , dans ceux du Plantain , dans ceux du Gro< feiller , dans ceux d'une très - grolfè efpece qui vit fur le Chêne , & dont je parlerai ailleurs au long. Mais j'en ai obfervé qui ne fubiifent que trois fois cette rude opération. Tels font , par exemple, ceux du Sureau. Un Puceron de cette efpece , qui avoit été renfermé le premier Août , environ midi , s'étoit dépouillé pour la première fois le 4, fur les fix heures du matin. Le 7, fur les lix heures du foir , il avoit changé de peau pour la féconde fois. Le 9 , fur les cinq heures du matin , il s'étoit dépouillé pour la troifieme. Et le même jour , environ les fix heures du foir , il avoit accouché de quatre petits. J'ai déjà eu occafion de faire remarquer que les Pucerons fortent du ventre de leur mère le derrière le premier. [Introd. VI. i. ] Cepeudaiit D 3 H OBSERVATIONS 'fin vu un petit qui fortoit du corps d'un Puce- Tou ailé du KoCier ,[ Phmch. I. Fi^. V.] la tète ]a première & le ventre tourné en haut, & qui ne lail^a pas de venir à bien , car dès qu'il fut né il grimpa fur le dos de fa mère. Celle-ci en fit d'autres fous mes yeux , qui vinrent au jour à la manière ordinaire ; ainfî le cas que je viens de rapporter , peut être regardé comme une exception ( i ). Je l'ai encore revu dans une Pucerone du Plantain , mais avec cette diiîe- rence que le petit dont cette dernière a accou- ché , eft forti le ventre tourné vers le bas , comme l'ont alors tous ces Infedes. (0 Je fais cette remnrqne an fiijet de ce que M. de Beaumur dit ià-delTus dnns le fixieme Volume de f;;s Mé- moiXQS 5 p. $61. te: r^^i-m, SUR LES PUCERONS. ^^ OBSERVATION IV. Attires Expériences fur les Fitcerons du Eu-- fain , pour s'ajjurer que des générât ions de Pucerons , élevées fucceifivement en folitude 5 confervent lapropriété de procréer leurs fer/iblables fans le fccoiirs de lac-* cotiplement, ^L^En'étoit pasaflez, fans doute, d'avoir élevé eu folitude quatre géiiérations de Pucerons , pour être en droit de rejetter la conjedure dont jai parlé dans fobfervation précédente. Il n'en eft pas des Phyficiens de nos jours comme de ceux de Fantiquité. Ceux-ci, amateurs du mer- veilleux , admcttoient les faits les plus extraor- dinaires , fans fe mettre en peine de les bien établir ; les preuves les plus foibles leur fuffi- foient : mais aujourd'hui l'Obfervateur de la Nature ne fe contente pas de faire les expé- riences propres à lui découvrir la vérité j il en pouife l'examen à une telle certitude, qu'elle diiïïpe jufqu'au moindre doute. Il ne fouffre D 4 f $ OBSERVATIONS point que le plus léger foupqon , le plus petit nuase en vienne aifoiblir T éclat. Loin donc de me contenter de mes premières expériences fur la multiplication des Pucerons, je ne les regardai que comme de fimples ébau^ ches. J'eftimai n'avoir encore que commencé à «claircir ce fujet intéreiranc , & je nie préparai à le reprendre de nouveau. Ektre les différentes efpeces de Pucerons que j'avois*a choifir , je me déterminai pour celle qui vit fur le Fufam. La facilité que j'avois trouvée à en élever en folitude , à Pheureuiç fuccès de cette tentative m'avoit en quelque panière rendu chers ces Pucerons. T REM 1ERE GÉNÉRATION, Le 6 Mai 1742 , fur les trois heures après- midi , je renfermai ^ à fa nailfance un de ce^ Pucerons mis au jour fous mes yeux par une Pucerone non-ailée. Le 21 , * fur les trois heures après-midi , il avoit accouché pour la première fois. * Le Thermomètre de AL de Reaumur, placé àims mon cabinet ^ fe tenant aux environs de 12 de^. au,'dijfiis de /{i SUR LES FUCERONS. 57 SECONDE GÉNÉRATION. Le 2^ 9 je mis en foiitude un des petits de la Pucerone de la première génération 5 c'etoit le fixienie s il étoit venu au jour entre onze heu- res & midi. Le 4 Juin^ , à pareille heure , il avoit accou- ché de ion premier Puceron. TROISIEME GÉNÉRATION Le même jour , 4 Juin , je" renfermai à fa naiiiance le fécond Puceron mis au jour fur les deux heures après-midi , par celui de la géné- ration précédente. Le i^ au matin, ** je vis avec furprife quil avoit dcja fait dix-fept Pucerons. Je dis , avec fiirprife , parce qu'il ne paroilfoit pas avoir encore acquis fon parfait accroiiî'ement , à eu juger par comparaifon aux Pucerones des deux premières générations. Les petits qu'il avoit mis au jour , au lieu de tirer fur le noir , tiroient fur le verd , quoiqu'ils euifent eu cependant le temps de fe rembrunir. * La liqueur du The-niwa:etre , demis $à6 jours, à IJ deg^ çiH dcjus de la congeUiiion. *■'*' Le TlfCr-ûiometrc depuis quelques jours au de fus de i% deg. ^8 OBSERVATIONS SiVATRIEM E GÉNÉRATION Le même jour , i ^ du mois , entre une heure & deux , je renfermai un petit de la quatrième génération, qui venoit de naître fous mes yeux. Le fl^3 au matin , je le trouvai accouche de Ton premier Puceron. Si la petitelTe de la Puce- rone de la troifieme génération m'avoit (urpris , j'eufe lieu de Fètre encore davantage de celle de fa fille. Elle ne fenibloit pas avoir atteint la moitié de la grolfeur qu'ont ordinairement les Fucerones de cette efpece , lorfqu'elles commen- cent à engendrer. De plus fi couleur étoit fi pâle 5 qu'elle tiroit fur le verd céladon. CINQ^UIEME GÉNÉRATION Entre fix & fept heures du foir du même jour 23 Juin , je renfermai le troifieme Puceron qui venoit de naître de celui de la quatrième génération. Le 4 Juillet, fur les huit heures du matin, * il avoit donné naiifance à une nouvelle géné- ration, il avoit fait un petit. Sa taille , je dis de la Pucerone , étoit à-peu-près comme celle de [ *^ Lç Thermomètre depuis (luJkuYS jours , de 16 à 1% degrés. SUR LES FUCERONS. ^9 ia Puceroiie de la quatrième génération , prife au même terme. S I XIEME GÊNÉ RATION. Le même jour 4, fur les cinq à fix heures du foir , la Pucerone de la génération précédente ayant accouché fous mes yeux, de fon fécond Puceron, je le mis fur le champ en folitude 5 mais il n'y vécut qu'environ deux jours. Je me difpofois à lui donner un fucceffeur, lorfque je vis que la Pucerone qui Favoit mis au monde avoit fubi le même fo':'t. Elle avoit (été fort inquiète quelque temps avant fa mort, courant de côté & d'autre , fans fe fixer , comme fi elle eût manqué de nourriture. Cependant je lui avois fervi récemmeit une petite branche de Fufdin , dont les feuilles étoient du phis beau verd. Je me tournai donc vers les autre» Pucerons qu'elle avoit mis au jour , & qui étoient au nombre de deux , mais quoiqu'ils euifent auiîi à leur difpofition une branche très- pleine de fucs , ils n'avoient pas laiifé de périr. 6o OBSERVATIONS OBSERVATION V. Autres expériences fur le même Jnjct , faites fur des Pucerons du Plantain, L E S Pucerons du Fufaiu m'ayant manqué dans )e cœur de l'été , lorfque je m'y attendois le moins , je jettailes yeux fur ceux qui s'atta- chent aux tiges de Plantain en fleur „ ou prêtes à fleurir. Comme ces tiges font parfaitement nues dans toute leur longueur , elles donnent beaucoup de facilité à obferver nos petits ïn^ fedes. C'eft ordinairement à l'endroit où com- mence l'épi qu'ils s'étabiiifent , quelquefois dans î'épi même. lis commencent à paroître vers les premiers jours de Juillet ( i ) , & ils font com- muns jufques vers la mi-Septembre. Leur exté- rieur eft en tout fi femblable à celui des Puce- rons du Fufain , que je ferois fort porté à les croire de k même efpece , & à penfer qu'après avoir vécu pendant les mois de Mai & de Juin fur le Fufain , ( car ce n'eft guère qu'alors qu'on y en voit ) ils fe tranfportent fur le Plantain. (i) J'en ai vu cette année 1744, dès les premiers jours de Juin. SUR LES PUCERONS. 61 Si cette conjedure eft vraie , 011 auroit le dé- nouement de cette difficulté ; pourquoi les der- nières générations des Pucerons du Fufain , que j'ai élevées en folitude , font péries , bien qu'elles fuifent fur des branches dont les feuil- les étoient très-fucculentes. Ces feuilles , quoi- qu'eu apparence bien conditionnées , pouvoient n'être plus au goût de nos Pucerons. Afin de m'éclaircn* là-delîus je me propofe de reprendre avec plus de foiu mes expériences fur ces Puce- rons , & d'eilayer de les faire palTer fur le Plan- tain, quand je les verrai dégoûtés du Fufain. Cet elTài réulîiifant , je pourrai élever de fuite en folitude un beaucoup plus grand nombre de générations de ces Infedes , que je ne l'ai fiit encore. Mais en attendant que j'aie tenté cette expérience, 8z que je m.e fois mis par-là en état de décider , je vais train'crire ici le journal de mes Obfervations fur les Pucerons du Plan- tain , comme s'ils n'avoient rien de commun avec ceux du Fufain. PREMIERE GÉNÉRATION. Le 18 Août 1742 * , fur les trois heures après-midi , je renfermai à ma manière ordinaire, un Puceron du Plantain, dont la niere venoit d'accoucher fous mes yeux. -* Le Therm. à ij. i?^. 6Z OBSERVATIONS Après avoir changé trois fois de peau , je ne faurois dire dans quel temps , ii fe dépouilla pour la quatrième , le 27 , fur les huit heures du matiii 3 & vei:s les deux heures , il étoit devenu mère. Le 5 Septembre *, notre Pucerone avoit déjà fait cinquante-quatre petits. Le 1 3 , elle en avoit encore mis au jour une douzaine , faris avoir néanmoins diminué de groileur d'une manière fenilbie. Mais ce qui eft plus remarquable , c'eit qu avant le milieu du mois , elle ceila d'accoucher , quoique le Ther- momètre fe fut tenu )ufques-là aux environs de quinze degrés. Il elt vrai que dès le 20 , il écoit defcendu au delTous de douze degrés > & que fur la fin du mois , il n'étoit qu'à huit. Auili notre Pucerone demeura-t-elle prefque toujours fans mouvement , cramponnée contre la tige de Plan- tain , & fa trompe piquée à l'ordinaire dans récorce. Elle vécut ainii jufqu'environ le 10 d'Odobre , que je la trouvai moite & arrêtée feulement par l'extrémité de fes premières jam- bes contre la tige. Je tentai de la ranimer en la portant dans un lieu chaud , mais ce fut inu- tilement. Je l'aurois fans doute coiifervée plus long-temps, & peut-être pendant tout l'hiver,. SUR LES PUCERONS. 6^ U j'avois pu trouver dans les mois d'Odobre & de Novembre des tiges de Plantain condition- nées 5 comme il convient qu'elles le foient , ou fi j'avois connu quelque autre plante propre à leur être fubftituée j rAbfynthe & le Fufaiii que j'éprouvai fur la fin de Septembre , lorfque le Plantain commenta à me manquer , Payant été fans fuccès ( i ). Après tout , la durée de la vie de notre Pucerone ne paroîtra pas avoic été trop courte , dès qu'on faura qu'elle vit fes defcendans'jufqu'à la fixieme génération , com- me on pourra le remarquer par la fuite de ce journal. SECONDE GÉNÉRATION Le 27 Aoîit , fur les fix heures du foir , je mis en folitude le quatrième Puceron de la Pu- cerone de la première génération, mis au jour fous mes yeux à la même heure. Le V Septembre , environ fur les neuf heures du matin , il avoit accouché de fix petits. Vers le I2 du mois il celfa de vivre, après ( 1 ) Dans la penfée que peut-être les Pucerons du Plantain, après avoir abandonné la tige de cette plante, alloient s*étnblic fur les racines , j'en tirai hors de terre un bon nombre , que j'examinai attentivemeiît , mais w^ js ne 4écouvris pas un feul de tes Infeit-es. 64 0 h S E R V A T I 0 2<: S avoir encore donné naiirance à une trentaine de Pucerons. TROISIEME GÉNÉRA TION. Le 13 du même mois , le feptieme Puceron mis au jour par la Puceroné de la génération précédente , & renfermé à fa naiffance , le cinq , fur les onze heures du matin , avoit accouché de quatre petits. Sa groifeur étoit de la moitié plus petite que celle de la Puceroné de la pre- mière génération , mais fa couleur étoit aufE foncée. Le lendemain 14 , ent-'e cinq & fix heures du matin , il avoit fait trois petits. Environ fur les huit heures ; il accoucha fous mes yeiix du huitième , que je mis auiil-tôt en folitude. Le 19 , il en avoit encore fait une vingtaine. Il mourut enfuite ( i ). QUATRIEME GÉNÉRATION. Le 22 , le Puceron renfermé le 14 fe dépouilla pour la dernière fois. Le 25 , v( yant qu'il n'avoit ( I ) îl eft à rcrmrquer que ce P-jceron , de même que eekii de la féconde génération , élevé en folitude, fe tint tou- jours à la même place depuis fa nsiffuice jufqu'au jour qu'il commença d'acccsucher; favoir, à l'endroit où commence l'épi , & la tête tournée en bas. J'ai eu plufieuis autres, occafions rie faire cette remarque. point SUR LES PUCERONS. 6<; point encore fait de petits , quoiqu'il eut toute îa grofleur , ou à-peu-près , des plus gros Puce- rens de cette efpecc , je jugeai devoir l'attribuer au manque de chaleur ncceiîaire , le Thermo- mètre ne fe tenant dans ma chambre depuis le 23 , qu'aux environs de huit à neuf degrés* J'eifayai donc le 26 ^ de porter mon Puceron dans une armoire pratiquée derrière une che-^ minée de cuifine , dont îa température étoit marquée par dix-huit à vingt degrés du même Thermomètre. Je l'y laiiîai une partie de la matinée de ce jour 8c de celle du fuivant j & le refte de ces deux jours , en y comprenant la nuit , je le tins dans une chambre où le Thej- mometre demeuroit élevé d'environ dix dégrés* Le 28 àu matin , il a voit lait un petit. Le .30 au matin , il en avoit mis au jour fix^ Et le premier OcT:obre , ce nombre avoit été aug- menté de trois. Jufques-là je l'avois lailTé dans cette chambre dont je viens de parler. Mais ce même jour j premier Oc1;obre , je le rapportai - dans mon cabinet. Il n'y accoucha point 3 comme je Tavois prévu; il n'y vécut même que quel- ques jours. Je préfume cependant que fa mort fut plutôt occafionée par le manque de nour- riture que par la diminution de la chaleur. Tome E 6^ OBSERVATIONS CîNflUIEME GÉNÉRATION. Le vingt-huit de Septembre , entre dix & onze heures du matin , je renfermai , à fa naif- fance , un petit , dont la Pucerone de la géné- ration précédente venoit d'accoucher fous mes yeux : c'étoit le fécond. Afin d'accélçrer fon accroiiTement , & d'avoir plutôt ainfi la fixieme génération , je le portai dans l'armoire qui me tenoit lieu de ferre chaude. L'etîét de la chaleur fur notre petit fohtaire fut fenfible : bientôt il furpalîa fon frère aîné en grolfèur. Mais ces heureux commencemens ne furent pas fuivis d'une fin qui y répondit : dès îe fécond Odobre, il avoit ceifé de vivre. Appa- remment que la chaleur , en accélérant faccroif- fement du petit Infecte , accéléra trop en même temps la tranfpiration de la plante deftinée à lui fournir la nourriture : elle fécha : les autres Pucerons de cette génération périrent de même , faute d'aliment , dans le courant du mois. Au refte , je ne dois pas négliger de rapporter ici une expérience que je fis fur nos Pucerons du Plantain. Ce fut à'^w renfermer cnfemble d'ailés & de non-ailés provenus de la même mère; favoir, trois non-ailés avec un feiil ailé, pr^s SUR LES PUCERONS 67 parmi ceux de la féconde génération, & quatre non - ailés avec un feul ailé , pris parmi ceux de la troiiieme. Mais je ne vis point C9ux qui étoient pourvus d'ailes , & qu'on a regardés com.me les mâles de l'efpece , en faire la fonc- tion auprès des autres. OBSERVATION VL Autres; Expériences fur le même fi/jet , faites fur des Fuceroiis du Plantain , & poujjées plus loin que les précédentes. Qatre générations confécutives de Puce- rons du Sureau , cinq de ceux du Plantain , & {bi de ceux du Fufain , élevées dans une parfaite foîitude , ne laiiTent guère lieu de douter que la multiplication de ces Infccles ne s'opère fans aucun accouplement préala- ble. Je n'ai cependant pas jugé en avoir fait aifez pour écarter toute chicane à ce fujet : en Phyfique , on ne fauroit être trop fcrupuîeux. J'ai voulu étendre mes expériences à une plus î( ngue fuite de générations. J'ai même entre- pris quelque chofe de plus : j'ai tenu un regiftre des accoucliemens de chacune , &; cela avec h E 2, 6% OBSEFxVATIONS même exadituclc & les mèmeG foins que j'avois apportés à ma première expérience. Les Puce- rons du Plantain ont encore fourni à ces nou- velles épreuves. Mais celles-ci ont été commen- -cées plutôt que celles dont il a été queftioii dans fobfervation précédente. Des le 9 de Juillet 1743 , j'ai eu en folitude la première généra- tion 5 qui a été fuivie de neuf autres dans Pef- pace d'environ trois mois. La féconde a été ren- fermée le dix-huit Juillet, à fix heures & demie?» du foir ; la troifieme , le 28 à midi -, la quatrième , le fix Août , à huit heures & demie du matin ; h cinquième , le quinze , à cinq heures & trois quarts du matin ; la fi xienie , le vingt-trois , à onze heures un quart avant midi j la feptieme , le trente-un, à deux heures & demie; la huitième, le onze Septembre , à neuf heures du foir 5 la la neuvième ,1e vingt-deux, à huit heures & demie du matin; la dixième , le vingt-neuf, far les fept heures du matin. J'aurois été bien plus loin , comme je me Pétois propofé , fi la mort préma- turée du dernier Puceron mis en folitude ne m'eut arrêté , ou s'il m'avoit été pofTible de le remplacer par ini autre de la même génération : mais la Pucerone qui l'avoit mis au jour , étoit auiîi morte avant le temps. J'ai dit qu'elle avoit été renfermée à fa nailfance , le vingt-deux Sep- tembre, à huit heures «S; demie du matin. Comme SUR LES PVCERONS, C9 tlepuis quelques jours la chaleur avoit confidé- rablement diminue , j'avois eu foin de la tenir dans l'armoire dont j'ai déjà fait mention , & où elle étoit née. Là, elle avoit joui pendant toute fa vie d'une chaleur affez égale , & telle que celle des beaux jours d'été : aufïî étoit elle parvenue à l'âge de maturité, environ deux jours plutôt que celles des premières générations. Le vingt-neuf, fur les fept heures du matin, elle avoit accouché d'un petit. Elle fe portoit bien ,. Se elle paroiiToit devoir donner naiifance à ,une nombreuie poftérité : mais une expérience que je voulus tenter , fut en partie caufe de fa mort. Voici cette expérience , que je rapporte d'autant plus volontiers , qu'elle me donne lieu de parler d'u]î fait nouveau qui concerne l'hidoire de nos Pucerons du Plantain, & dont la connoif- flince pourra être très-utile à ceux qui fouhai- teront de répéter ces obfervations & de lespouifer plus loin, - On a VU; ci-defTus que le grand obftacle que j'ai renconté , lorfque j'ai voulu élever en fo- litude une fuite un peu nombreuie de généra*-^ tions de nos petits ïnfedes , a été de trouve! une plante qui put remplacer celle fur laquelle ils avoient vécu pendant un certain temps , mais, dont ils s'étoient enfuitc dégoûtés , ou dont il 70 OBSERVATIONS ne m'étoit plus poilibîe de les fournir. Cet obf- tacle eft plus difficile à fur monter qu'on ne l'i- magine peut-être. Il ne fuffiroit pas , pour en venir à bout , de favoir que telles ou telles plantes ont les mêmes qualités , le même goût , la même odeur, &c. M. de Rjeaumur"*^ a ob- fervé des Pucerons de rAbfynthe qui alloient s'établir fur des plantes infipides j ce qui lui fait dire avec raifon , ^' qu'il n'eft pas bien sûr 53 que tous ceux de différentes plantes foient 53 de différentes efpeces. " Il faut recourir aux expériences , & les varier à un certain point. Le hafard m'a épargné cette penie : je cher- chois fur des Cardons , dans le mois de Septem- bre de cette année 1743 , une Chenille épineufe dont M. de Reaumur a parlé , [ ToîJte L de [es Mém. p. 428- ] & qu'il a nourrie de Cardons à feuilles d'Acanthe , lorfque j'apperqus des Pu- cerons qui me parurent fort femblables à ceux du Plantain , & qui fe tenoient fur le deifous des feuilles de ces Cardons. Cela me fit auffi-tôt naître la penfée que cette plante pourroit être au goût de nos Pucerons du Plantain ; je ne tardai pas à en faire l'eiîai -, mais le luccès ne répondit pas à mes fouhdits. Je ne me fuis pas rebuté néanmoins : je fuis revenu depuis à *^ Mém. pour l'IIiJl. des H. Tom. 5. $a^. 2%6. SUR LES P UCERONS 71 îa charge , & cette féconde tentative a réuffi. Dix à douze Pucerons de cette efpece , pris parmi ceux de la huitième génération , fe font fort bien accommodés des feuilles de Ceirdons que je leur ai offertes, & pluiieurs y ont fait des petits qui s'en font nourris de même. Maintenaîs^t pour revenir à notre Puce- ron.e de la neuvième génération , renfermée à fa nailfance , après qu'elle eut donné le jour k la dixième , je la fis paifer fur une feuille de Cardon , afin d'y élever en foHtude le premier Puceron dont elle y accoucheroit. Je remarquai bientôt que ce changement de nourriture ne lui piaifoit pas : elle ne faifoit qu'aller 8c venir fur la feuille, fmsie fixer. Je fus attentif à la fuivre pendant les premières heures : quoique fes in- quiétudes continuaifent , j'efperai qu'elle ceife- roient peu à peu, comme je Pavois vu arriver aux autres Pucerons de cette efpece que j'avois établis fur le Cardon. M'étant donc abfenté pen- dant une partie de l'après-midi, je ne manquai pas à mon retour d'aller vifiter ma Pucerone : je la trouvai dans un état bien différent de ce- lui où je Pavois laiifée , & qui me fit bien re- gretter de Pavoir perdu de vue. Elle étoit mou- rante , & rcnverfée fur fon dos : fes forces épuifées, par une agitation prefque continuelle ^ E4 ?2 OBSERVATIO N S ne lui avoient pas permis de fe relever. Heu- reufenient il me reftoic de cette Pucerone, un Puceron qui devint; l'objet de tous mes foins 8c de toutes mes efpérances :. mais ce petit Infedle , qui m'étoit fi précieux , vécut à peine im jour. J'ignore abroiumeiit la caufe de cette prompte mort j ce que j'en pourrois dire ne feroit que pure coiijeçlure. Tout ce que je fais de certain, c'eft qu'elle n^a point été l'eifet de quelque accident furvenu. Quoi qu'il en foit néanmoins , je crois avoir fuftifamment prouvé que la multiplication des Pucerons s'opère fans accouplement ( i )• Mais n malgré des expé- ( I ) C'eft h foîutîon lîu problème phyfique , propofé par le célèbre M. Breyntius , aux Amateurs des Recherches d'Hifr toire Naturelle, On fait qi.e cet habile Obfervateur avoit d'abord penfé , d'après fes propres obfervations , & fur le témoi- gnage de M. Gestoni , que l'Infedlc connu foHs le nom tfe Graine d'EsarUits de Pologne , en latin , Cnccus tinciorius Foîom- CHS, & que M. d^REAUMUR a ruugç parmi Ics Fro^^aU'wfcacs ^ ainli nommés ite leuï rciicmblance avec les Gaîlinfcêhs^ fe multiplioit lacs accouplement. Mais on fait aulli qu'il eft revt'iiu de cette opinion, après avoir fait des obfcrvatious phîs exaftes que les premières. Ccîi lui a donné lieu de pi'opofer le probKhîie en queilion , que je vais tranfcrire tel qu'il fc tTou,Vi? d~its les /Iti^s: des. Curieux cie la Nuture , pour l'année 1731 > l'Sg^ 2 8. de l'Appendice , & dans le Ocnmerce Litti-. Kgire poi\r la même année , iccontle femaine. *' iJc^iii vr.'o înierim hac- occafione , dit M. BeeVNIUS., ji feque-rcs N^tura; MyJIis , nec injuçmdiim s nec inutile , difficile ^, 5j, qititmvjs fohitu, pyc^o'cer.s^i SUR LES PUCERONS, 73 riences poufTées aufîî loin que celles dont je rends compte aduellement , on n'eftimoit pas que j'eulTe encore démontré la {aulfeté dufoup- qon indiqué dans i'Obfervation ÏÏI , on feroit toujours forcé de convenir , qu'admettre avec moi que les Pucerons perpétuent leur efpece abfolument fans accouplement , ou admettre qu'un accouplement fert au moins à neuf géné- rations confécutivcs , ce feroit admettre une cliofe également éloignée de§ règles ordinaires ^ fi même la dernière ne Pétoit beaucoup plus. QiPon ne croie pas cependant que je dife,ceci pour me difpenfer de reprendre ces expérien- ces 5 (Se de les étendre à un plus grand nombre de générations : on fe tromperoit : mon deilein eft au contraire , de metrre à profit les connoif- fances que j'ai acquifes fur cette matière , & d'y répandre plus de jour : je ne défefpere pas „ P R O- B L E M A P H Y s I C U M. s. An imlubitp.tè demonftrari poffit, in renim Natnra genus 55 aliquod Animalium verè /Indrogy',iui*. , id eft, quod fine ,5 adnûnicuîo Maris fui i^eneris , ova in & à f e ipro fœciiiu ,5 data parère , adeoque foliim ex & à f e ipfo geiuis fuiini 55 propas^are poiTit ? '* 55 ... . . . Gznus Aninndium ejufmodi Anârogyniiya , 5, ajoute M. EKhYNîUS,* licet à inuîtis iifque primi OrMnis 5, N'atura: Confultis fiatuatiir , à neuzms tcitnen quod equiJan 55 fci.pît , itu demonjlratumfuit , tU 7îon midta , eaque haud Icvia , ^ £■/ Ifojjiat oljici diibja. " *j^ OBSERVATIONS même de parvenir au moins à élever en fo- litiide jiifqu'à la trentième génération de ces petits Infedes. Et afin de rifquer moins d'être pris au dépourvu , je me propofe d'en renfer- mer à la fois plufieurs provenus de la même mère j en forte que lorfque l'un viendra à man- quer , l'expérience puilfe être continuée fur l'au- tre ; Se d'eu ce que j'ai déjà commencé à prati- quer. Au refte, avant qu'on jette les yeux fur les Tables qui fuivent , je ferai remarquer trois dîof.^s : la première , que je n'ai pas obfervé de diiiérence bien fenfible , eu égard à la taille , entre les Pucerones des dernières générations & celles des générations précédentes : j'en excepte- rai feulement celle de la première, dont lagrof- feur a furpaffé allez confidérablement celle des Pucerones des autres générations : auiîi a-t-elle été plus féconde. La féconde chofe que j'ai à ob- ferver effc , que les Pucerons ailés de chaquegéné- ration ont tous produit , fans que je les aie ja- mais vu s'accoupler les uns avec les autres , ou avec les non-ailées. La troifieme , que leur nom- bre a été confidérablement plus petit que celui des Pucerons non-ailés, n'ayant jamais vu plus de quatre à cinq de ceux - là dans la même famille. TABLE IV. 4 de 1 Juil T A B LE des jours ^ /z^wrej auxquels Jbnt nés , depuis le dix- huit Juillet juf qu'au fept Août indujtvement ^ les Pucerons qu'a enfantés la Pu- cerone de la première e/énératian ^ renfermé*^ le'^ neuf Juillet ^ à une heure ap];ès-niidi. Jours Nombr'. des rucer nés dans 4 pue, Noin!)ie des Puceron^ f Nombre dts P-Jcer.; !)és cha (lie matin , 6i: les htures de itur naif iaîice. 1 1 h. 2 p. les chaque apiO-. / r idi , & les heu jih le leu»- na^fl-r::^-. i -> 11. 6l 19. 3 pue 2 p. à 3 h.j I p. r 1= à 3h.|i p. h 20. 3 pue. 6 h. l I p. P- ro > pue. 4 h. 1 1 ip.j I p.^ à 5 h. i I p. 5| ip. 22, r pue. op. à 3 h. ^ I p. 23 4 pue. a 4 il (1)8^ î p.- I p. I p. à ^ h. 1 1 p. J24. 2 pue, à 8 b.4 I p. à 4h.| r p. ^ 3 pue. à 4 h. I p. <) ^ I p. à 4 h. I p. j ( 1 ) Celui-ci elt vci;u au jaui , la tête la première & IcH ;;|ventre tourné vers le ba-^. ^ Joiii- de a juii. j^ii — ^» -TTirrgr^y — ?t t; — (t;^; ^ns >, '\> ftist Nombr Jes Puccr nés ilarif: chaque j. Nombre des Pucerons nés chaque matin, & les heures de leur uaif Faiice, Nombre des Pucer.p nés chaque après-| ' midi , &. les heures^' de lerr naiflance. 2 6. S pue Dep. 7 h. jul- qu'à 9 abfeiit. à 9 h. 2 p.*i p. à midi| i p. 9 h. I p. 27. S pue, a 6 hA I p. 9 I p. 10 à ^ h. ^ I p. 9 I p. 6" pue, à 7 h, 2 p.^ 8 I p. à I 2 h. i I p 9 I V'% 29, 4 pue, à 4 h. I 2 p.^ Dep.5juf.9abf. à 9 h. 2 p.*Ê I 30. 6" pue. à 4 h. J I p. I p. 7i à 4 h. I p. 6 I p. 9 2 p.* ysi. pue. a 4 h. I I p.'^ 7 I p.* 2 h. 1 1 p. 3| I p. C^d'Août 6 pue. à 6 h, I p.^ à 2h.|i p. 4 2 p.* k S l I p. Dep.7 j.ioabf à 10 h. I p.* H 2. 3 pue. a 4 h. i I p.^ S2ZZ22 10 ^ I p à 12 h. |i p. ïH^îirrsirrriDrirs^'îirir irng^^iL.,^^!^ ^>^ *'C ^ Jours la Août Nombre! Nombre des Pucerons des Pucer. nés chaque matin , & lies dans haque j. les heures de leur naïf fanée. Nombre des Pucer, nés chnque après midi, & les heure; de leur nniGTance. 3- t- pue, à 4 h. I '2 Tp: 6 pue î h. I I p. Dep.3lj.9abl à 9 h- 2 P-'j1 a 5 î 2 p.*M Abf. jufq. 8 h.y à 8 11. 2p.*ip.p 2 pue, op. M. R H— 14- :^ 19. Vers les neuf heures du matin, la Pucerone meurtte jfans avoir accopché depuis le fept. ' Somme totale 81 Puccroiu^ a 8 h. 2 p. 6. 4 pue. a > 11. ^ I p'' I p. 6 ^ I p. a 9 I p. pue, o p. à 9 h. I p/ mr.fthy.-? ,v^-„ kOXirTUniglIIIg^SZZg EZIS^^iLlliŒIiaiIIZS^ TABLE V izn^EZizî jr-iT^^.T> — (ih w» m T J B L E des jours '^ heures aux- qucis font nés. 3 depuis le viinjt'huit Juillet jufqu'au neuf Jour indujivenient , les Pucerons qu'a enfantés la Pu- cerone de la féconde génération , renfermée leZ neuf Juillet , àfx heures ^ demie du foir Jours W de Jiiil. Nombre des Piicer. lits dans chaque j Nombre des Prceroir nés chaque matin, 5 I p. op. n o pue op. op. o pu^ o p. ^IlJ pue, à 9 h. i I p. à 6" h. ^ I p. 9. Dep.5ljuf.8ab. 4 pue. à T h. I 2 p. à 8 10 y ï p-'^M I p.* LFn accident fait périr la Puceron e. Somme totale 38 Pucerons. éf 4*" i TABLE Vî. lîïEZiniizzKiszziï^^îilzn: rr—U'^.yr—a'» (n> TA BLE des jours ^ heures auxquels font nés ^ depuis le Jix Août juj'quau dix inclusivement , les Pucerons qu'a enfantés la Pucerone de la troi- Jicnie génération , renfermée le vinc/tJiuit Juillet , Z à midi. Jnurs Ne more des Pucer. nés dans chiîque j. 6" pue. Numbre des Puceron'. lies chaque matin , & les heures delcur naif- fance. 8t ip. Nombre des Pucer nés chaque après-lSI midi , & les heures de leur naiRance. à 5 h. ^ I p. Dep, 6 h. juf-^ qu'à 9 l ab£p 9 l ^1 p.*É 8. pue. à 6" h. I p. a 9 P^^ 3 pue. 8li.| 9Î I p. I p. 6 h. 9- TO. I pue. a 7 I p. op. I pue. II h ip. o p. 1 1 La Pueerone meurt. ^IL Somme totale ij Pucerons. '%^y> ::?/^2iiiisii:niif'; T^ninin TABLE VIL TABLE VIL KT^ KiL Table d^s jours èf heures auxquels font ne s a Z depuis le quatorze Août jufquaa vingt-trois in-^ clu/ïvement ^ les Pucerons qu'a enfantés la Puce-\ Z rone de la quatrième génération , renfermée le f^^ du même mois , à huit heures ?f demie du matin.i 1^ k_. Nombre des PucC". lés chaque après-(^ n'iài , & les heures de lerr mifT^nce. Jours cl'AoïU. Nombre despucer nés dans chiqué i. Nombre des Pucerons nés chaque mntin, & les heures de icur naif- fance. R 14. 15. 2 pue. ^ pue à I 2 h. I D 5 h. ' 4 12 I P I p ï p I P I h. I p.^ à 4 h. ^ I P- t^. ) pue, i n. î I p 8| ip I P I p ^^4 10 :; 17. di8. H 19. 6" pue. 10 s h.i 2 p 8 I p î P à I k ï p. à I h. ^ I p/ ^ 4 ' I p. 2 pue. op à 3 h-i i p. 8 ^ T p. ^ pue L?4-:: Tome L i 5 ti. ^^ 2 p 7 I p* I p à 4 h. ^ I p. î^ii— .iiXL„:"j^ïjrziii^ t^mKîrrsii ■:ir::jL in'rK^^^r^rKiiriTs.irrim Jours d'Août Nombre des Fuccr. nés dans chaque j. Nombre des Pucerons. nés chaque matin , (k les heures de leur naiT iancG. Nombre des Pnccr.F nés chaque après | :riidi, & les heures^ de leur naiffance. ^ 20. 3 pue. 4 h. ^ I p. 6l ' I p.* 6\ I p. op. 3 21. 3 pue. 6 h. 12 2 p.^ T p.* op. A 22. 3 pue. 2 pue. i h.i I p.^ I p. „ I à I h.|2 p. p 5 h I I p. T I à 5 h. h pue eefle de vivre.';; Somme, totale 36 Pucerons» ^ H £sz3:in3sz:3r-^f'2t:3 3s:rg^^ii:;ir'g7i3XEis^ TABLE VIIL TA BLE des Jours ^ heures auxquels Jont ncrA Les Pucerons qu'a enfantés , depuis le vingt-trouÛ Août jufqu' au premier Septembre inclujivement A la Pucerone de la cinquième génération , renfermée^ le quinz^ Août, à cinq heures trois quarts du\ matin. \ .l'Août =1 1 4 23 1 24. 2^ 26. Nombre des Piiccr. nés dan ch;iqi!e i 7 pue. pue. pue. Nombre des Puceron^ nés ch;^que mifn, Ik les heures de leur naif fonce. 7 h, 1 1 3 p. ip. ^ h. i I p. Nombre des .^icer.!^ nés chaque après- j midi , & les heures^ de !cur oaifTance ^-,P a 1 2 h. I I p 4? I P- Dep. ^Ij.yabf.j;, à 7 I p.^ 9 I P-"^ H op, h pue. i h. I 2 p.^ 8 I p. 12 I p/ à i: h. I 3 p.* à ^iip.*ip.; op. 27. 4 pue. à 9 h. I p. 2 h. 9 I p. I p.'" ip.^ 28. 4 pue. à 6\i.\ 2 p.^ 10 I p.* 2 h. ip^y 29, pue. à ii^h. ip. ' ip ^ V- V Jours d'Août. :5r:r2-:f^5r:m irrrsr^irmniinrE Nombre des Piiccr, nés dans chaque j. Nombre des Piiceronv nés chaque matin, & les heures d€ leur naif- fance. ^3 Nombre des Pucer nés chaque après-i midi , & les heures^ de leur naifT^nce. 30. 7 pue. à 5 h. I 4 p.* 6 l I p. à 4 h. i I p.* 9 I p. 31. 3 pue. à 7 h. I I p. S h.^J p. 105 Jours de Sept. I. pue. à s h.| I p.j La Pucerone meurt ( i ). op. Somme totale 58 Pucerons. ( I ) L'ayant ouverte , j'en ai fait fortir quatre Fœtus bien formés. Elle avoit beaucoup diminua de groffeur. iijr3nr.-:jiiLi3i^iiz3i SEZs^Ennnr^EZUï^ji TABLE IX. j^mzKirTM » si^ïi a ïL—LL^jrr^rrzs.jii'nm ,n TA B L E des jours ^ heures auxquels font ncs 3 les Pucerons qu'enfanta depuis le trente-un Aoùt^ jufqu'au neuf Septembre indujive nient -, la Pucc-^ 3 rone de lajixiemc génération ^ renfermée le vingtX trois Sept, à onze heures un quart avant midi Û Jours î^ld'Aoïit, 31. Nombre des Piicer. nés dans chique j. Nombre des Pucerons nés chaque matin , & les heures de leur naii- fance. s pue op. Nombre des Pucer.». nés chaque après-f^ mkli , & les hcure^]^ de leur naiHTsucc. I h.i I I 2î 6. 10 P- I p. I P- y I p.* ^ p_9 \ Jour5> I de -j Sept. il I. pue, à ^h.^ ip.*i p, 6 I p. à I h. I p Dep. s h. juf- qu'à 7 l abf. 7 h. I I p.* 9 I p-*i^ 9\ I P S pue. 3. > pue. 7 h. 7 I p. I p. I 1141 P- I p. a ^ h. I 2 p.-i 8| I p. )iL2lZ~^n '^^Tf î p 3 h. P-7 lîinziiEZiix^ t' 3 T^jn.'iiLiiriiKiri'rs.^iiznL Trrrrfv t> u >; t^ tt-zk^ ^ Jours l'Août H 4- Nombre des Piicer. iiés dans chaque j. 3 pue. Nombre des Puceron^ nés chaque niatin , & les heures de leur naif idiice. 6 h. 7\ I p. I p. Nombre des Pucer liés chaque après midi , & les heure: de leur naiflance. à 3 h. i I p. W ^ T pue, y— 3 pue, R 7. n u R- i S! pue. Sh-l 12 ip. ip. ^h.i I p. I p. op. 3 h. 4-1 8^ t p. ip. I p. à 3 h. I op. M 8. pue. & 3 Fœt. ip. 1 f. (2) 7l op. .9. 13. r Fœt. à 5 h. ' i f. (3 op. Vers !e.s \\\ h. -du ni. la Pue avoit çt{{c de vivre. y. Somme totale ^ 5 Pucerons ^ 3 Fœtus. 1 . , /H j C I ) Toutes les parties de ce fœtus étoient reconnoifla-| ^hlcs. la Pucerone a employé pfus d'une heure à s'en délivrer.^ ^11 cft tombé à terre auifi-tot après. f (2) A neuf heures duToir, il tenoit encore au derrierel de la Pucerone. C (?) Le 10, à neuf heures du foir, la Pucerone portoitp encore attaché à fon derrière, le fœtus dont elle étoit accou- jjchée le neuf. I Ces d. ux derniers fe font collés à la tige de Plantain , & s'y Jfont enfiiite delTéchés. J'attribue le dépei ifl'cment de ces deux'^ ^fœtiis, à la diminuti'Hi de la chaleur. Ployez la Table des Fu-ti [riations Au Thermomètre. I i ri TABLE X. TT^ni — rr-ïf ^^ --^bv ïf^r-TTTs TABLE der jours ^ heures auxquels font nés depuis le onze Septembre juf qu'au vincjt-un Jn-^A clujtvemcnt , les Pucerons qu'a enfantés la Puce- j rone de la Jeptieme génération , renfermée le ^ trente - un Août s à deux heures après - midi, j Jouis de Sept. I I. I 2. 13. NombiL ii«Pucer liés dans chaque j. I pue S pue 2 pue Nombre des Pucerons 1 Nombre des Pucer nés chique matin, & nés chaque apiès-i;:^; les heures de leur naiT fance. op. à 6^ h. I p.'^ I p. Dep. 8 j. 1 1 îibf. a>h.|i p.-ip, midi , & les heures de leur naiflance 9 h. I p. tfe à ïh.|ip.*ip. si I P r- op. 14. 3 pue Depuis 9 h. ^ jufqu'à 3 I ab fent. 3 h.|2p.^ 4 I I P- i^ 3 pue à 5 h. i I p.^ Dep. 8h.|jul qu'à I i^abfent. II 2 p 16. 4 pue. op. 17. I pue. a 8 h. op. a I h.i ip.p 3 iP'^ïp-lj Dep.5juf.8abf.[ à 8 I p. . . . . o p. I F 4 Rîc:nnE:niC5izzn:.'f: Jour!» Sept. 3 19. 20. 3 21 Nonibifl Nombre des Pucerons .c »J.,^.>r ,^ç5 chaque matin , S: les heures de leur naif- hnce. des Pucer ncs dans charjne j. o pue. pue. 2 pue. 7 pue. op. à 6 hv I p. ^ h. 2 p. à 5hJ 12 I p. I p. I p. I p. )redts riJcer.F 11CS chaque après-i rniili , fsi. les heuresr" de If^'T nni^1■^nce. • • -. • o p- ^ 9 h- I p. op. 1= 2 h. 3^ ip. ip. k 'N 2>. i [iiatin la Pucerone étoit morte. Somme totale 30 Fuccrons.. 3:iL.-iiiU-2î«ii_JX EII2I#ÏC:3EIZ2IIIZ3^ TABLE XL- r^ BLE des jours ^ heures auxquels font nés , depuis le vinc^-deux Septembre ^jiifqu'au vincft-cinq indujivement ^ les Pucerons qu'a enfantés la Pu- 3 cerone de la huitième génération , renfermée k't onze , à deux heures après - midi, ( i ) b- ■K irriiî^EznnmrErrs^, Jours de Sept. 2Z. 23 I 3 24. 2T Nombre des Pucer. nés dans chaque j. T pue. o pue. I tœtus 3 pue. Nombre des Pucerons nés chaque m:\tin , & les heures de leur naif- Prince. à 8 h. 4 p. 8è I P- op. op. à 1 1 h. I I p.^ Nombre dts Pucer. nés chaque après midi , & les heures de leur naiflance. . op. op. I h. ^ I £ à 4h. i T p.^ Dep. 5 h. juf. qu'à 6"-^ abf. à 6" h. i I p.* 27. Sur les iept h. du matin , la Pucerone ne vivoit plus, Sommx totale ^'Pucerons '^ 1 fcctiis. ( I ) Cette Pucerone a été tenue dans J'nrmoirc depuis le 20 du mois jufciu'au 223 & depuis le 25 jufqu'au 27. kjizzu:» (iïuzii^k-iiz:^: irizK^7r:zinnzjiiizziî:i<^ 50 OBSERVATIONS OBSERVATION VIL phferz'ations qui démontrent qu'il y a une efpece de Puceroîts en qui la dijiinfiion en mâles & femelles a lieu , & qui s'accouplent. Que les Pucerones de cette efpeoe , au lieu de petits vivans , mettent quelquefois au jour des Fœtus , êf civeç quelles précau- tions. T OUTES les obrervations précédentes ont eu pour principal objet , de prouver qu'il n'y a réellement aucun acccouplement parmi les Pu- cerons , qu'ils font des efpeces d'Hermaphro- dites du genre Je plus fingulier j des Hermaphro- dites qui fefuffifent à eux-mêmes : & c'eft, je crois , ce qui paroitra démontré à ceux qui li- ront ces Obfervations. Je me perfuade donc que plufieurs de mes Ledeurs font portés à conclure que ce privilège eft commun à toute la nation des Pucerons : mais rien de plus dan- gereux en Phyfique que ces conclufions trop générales. Voici des obfervations qui prouvent SUR LES PUCERONS, 91 (ju'il y a du moins une efpece de Pucerons en qui raccouplement a lieu , comme ii a lieu parmi les Mouches , les Papillons , & tant d'autres efpeces d'infedes Se d'Animaux. A parler généralement , les Pucerons font de bien petits Infedes , & auxquels on n'auroit peut - être jamais pris garde , s'ils fe multi- plioient moins. L'efpece ( i ) que je veux faire connoitre eft extrêmement remarquable par la grolTeur de fa taille : c'eft en quelque forte l'Eléphant des Pucerons. J'en ai vu de cette efpece dont le ventre étoit auffi gros que celui d'une Mouche ordinaire , iî même il ne i'étoit davantage. Ils vivent fur le Chêne, ils s'attachent fur -tout aux branches qui ont commencé à noircir. ^C'eit au moins fur de telles branches qu'il m'eft arrivé d'en voir plus ordinairement de raifemblés. J'en ai pourtant ( I ) Cette efpeee ne doit pas être confondue avec celle dont parle M. de Reaumur, Tom. III. p. 554 ^ Juii\ de ffs Jlémoires. Je. crois qu'elle en diffère principalement en ce qye fa trompe eft moins longue que eelle de cette dernière. Au" moins n'ai - je point vu de Pucerons de cette forte qui en portafTent une d'une longueur aufîî démefurée. [ Voyez rintrodud. L 2. ] Un autre endroit epcore par où il me pa- raît que la mienne diffère de celle de M. de Reaumur , c'efi; qu'elle fc tient fur l'extérieur des tiges , & non- fous l'écorce. Pour les diftingu-jr par le caraéltre le plus frnppant , Je nommerai la mienne la ^rojfe efpece ik Pucerons du Cbèn^ à tïpmoe courte. 92J ' OBSERVJTIOK^ trouvé , mais en moindre quantité , fur d& jeunes branches , & même fur les pédicules des ■feuilles. L'Automne eft le temps de Tannée où ils font plus communs , & principalement les mois d'Odobre & de Novembre. Peu de temps avant d'avoir atteint l'âge où ils deviennent habiles à la génération , leur couleur eft un brun-- foncé , terne fur le dos , mais un peu îuifant fous le ventre. Les jambes , les anten- nes & la trompe font d'un rouge - maron : près du derrière , au lieu de cornes , (Introd. L 3.) ils n'ont que deux petits tubercules arrondis. La longueur de leur trompe eft envion les deux tiers de celle de leur corps. Il y en a parmi eux d'ailés & de non - ailés , comme parmi toutes les efpcees de ces Lifedes : mais ceux-là font tou- jours moins nombreux. Leurs ailes, qu'ils portent perpendiculaires au plan de pofition , relfemblent à celles des Aloiiches papillonacées (i) -, elles n'ont qu'une demi- tranfparence. Elles font mi -parti blanches & noires. Ils ne m'ont pas paru en faire grand ufage : feulement je les ai vus s'en fervir à s'élancer d'une branche à une autre , lorfque j'agitois celle fur laquelle ils étoient. (i) O» noir.me Hloiiches paptllonncées celles dont les ailes îî'ont qu'une demi - tranfparence , & tiennent beanconp de celles des Papillons. Fdv. Jlém. pour fervir à 'CHiJî. des Inf. Jom. J^. p. 137. SUR LES PUCERONS!. 95 Enfin , pour achever de rapporter ce que Pex- térieur de nos gros Pucerons de Chêne offre de plus remar(|uable à ia première vue , j'ajou- terai qu'ils ont une odeur aflez forte , mais que je ne faurois définir ni comparer. Voici main- tenant quelques obfervations fur ce fujet , que j'ai faites avec le fecours des verres. J'ai fouvent confidéré les plus gros à H loupe. Les efpeces de tubercules ou rebords circulaires , qui ont femblé à M. de E.EAUMUR capables des fondions eifentielles qui font pro- propres aux cornes , (Introd. I. 3. & p. 28 f- du Tom. III. des Mém. pour l'HiJL des Infe&es} ne m'y ont point paru percés ; auiîi n'ai - je jamais obfervé ces Pucerons rejetter par -là de cette Hqueur que j'ai dit ( Voy. flntrod. ) être leurs excrémens ^ ils la rejettent par l'anus , & de la même manière que le faifoit le Puceron du Fufain dont j'ai donné l'hiftoire , Obf I. ; je veux dire, en élevant leur derrière en Pair,» & en agitant leurs dernières jambes. J'ai voulu m'aifurer fi l'ouverture deftinée à laiifer fortir les petits étoit différente de l'anus ? & c'cft ce que j'ai obfervé , lorfquo j'ai cxaminiS à la loupe le bout de la partie poftérieure d'une mère. J'ai vu au deffus de l'anus une ouver- ture feçonnée en entonnoir , plus évaféc à Tèu-i 94 OBSERVATIONS trée qu'en dedans , & par laquelle j'ai fait fortir plufieurs fœtus. J'ai encore obfervé fur les côtés de ces gros Pucerons , fîx efpeces de petits tubercules très- applatis 5 diftribués comme ties itigmates , & qu'on pourroit foupqonner avec raifon fervic aux mêmes ufages. Je n'ai pas négligé la trompe ; en la prefTant près de fa bafe, j'ai vu fe détacher de deflus la face fupérieure une efpece d'aiguillou d'un maron clair. Cette obfervation qui fe rapporte à celle que M. de ReaumUR * a faite fur la trompe des gros Pucerons qui fe logent dans les crevaffes & fous l'écorce des Chênes , fem- ble nous indiquer dans l'une & dans l'autre la même ftrudure. Une autre fois , après avoir enlevé allez brufquement de delfus une branche un de nos gros Pucerons qui y avoit piqué fa trompe , je remarquai un filet brun extrême- ment délié , qui alloit bien par de-là le boufe de l'étui. J'ouBLiois une remarque par rapport à cette trompe. J'ai dit plus haut qu'elle alloit environ jufqu'aux deux tiers du ventre dans les Puce- * Tcm.U- ^p-^ Méuj, fur les Inf, f. 557. SUR LES PUCERONS. §f rons parvenus à l'âge de maturité : dans ceux qui ne foJit que de naître , ou qui font encore fort jeunes , elle atteint l'extrémité du corps. Quoique raifemblés fur des branches prefque mies 5 & à la hauteur des yeux , il n'eft pas aulli aifé qu'on l'imagine peut-être , de féparer ceux de nos Pucerons qu'on veut obferver. Il faut pour cela écarter une armée de grolTes Fourmis qui les environnent de toutes parts , 8c qui envoient au vifage des gouttes d'une eau niordicante , qui y fait la même impreifion qu'y feroient de très-petites aiguilles. Si on s'arrête quelque temps à confîdérer des branches de Chêne ainfi couvertes de nos gros Puceron.s & de Fourmis , on verra lui fpedacle alfez di- vertiiTant. On obfervera de ces Pucerons qui fembleront vouloir défendre l'approche de leur derrière à celles - ci. On les verra fe balancer alternativement à droite «Se à gauche avec viteife 5 appuyés feulement fur leurs premières jambes s élever enfuite leur derrière fort haut , & ruer de toutes leurs forces contre les Fourmis. On en obfervera auffi avec plaifir fe balancer de la même manière , pour retirer leur trompe de de- dans l'écorce. Dans la vue de m'inftruire avec quelque foin de l'hiftoire de ces Pucerons ^ j'eu renfermai 95 OBSERVATIONS au commencement d'Octobre j'avois fait celui du FuFain, quatre à cinq des plus gros avec un autre de la même efpece , mais beaucoup plus petit & ailé. Un matin étant venu obferver , comme à mon ordinaire , quelle fut ma furprife de voir le petit Puceron pofé fur une des mères dans l'attitude d'un mâle accouplé avec fa Femelle î J'ôtai promptement le poudrier qui les couvroit & m'empèchoit de faire ufage de la loupe , Se m'étant approché , j'ob- fervai avec toute l'attention que demandoit un phénomène Ci nouveau. Les deux Pucerons pa- roilibient bien être accouplés ; le derrière de celui qui fembloit faire la foncT;ion de mâle étoit courbé vers le ventre de la femelle , & l'endroit où devoit être la partie deftinée à la féconder , appliqué contre l'ouverture préparée pour la recevoir. Ils ne fe donnoient prefqu'aucun mou- vement ; leurs tètes étoient tournées vers le bas de la branche contre laquelle la femelle fe te- noit cramponnée. Je fis mon pofîible pour dé- couvrir fi leur union étoit aiiiîx intime qu'elle le paroiifoit ; mais ayant donné un peu de mou- vement à la branche , le petit Puceron com- mença à changer de fkuation 5 il fe trouva bien- tôt fur une même ligne avec la Pucerone , dont. il fe fépara enfin entièrement. Une gbfervation fî peu attendue me rendit fort . SUR LES PUCERONS 57 fort attentif à épier le moment où le petit Pii-^ ceron s'accoupleroit de nouveau ; & c'eft ce que j'eus le plaifir de voir plufieurs fois le même jour & le fuivant. Voici comme tout fe palfoit. Lorfqu'en fe promenant le long de la branche il venoit à rencontrer une Pucerone tranquille , il ne s'amufoit point à tourner autour d'elle pour la prendre par l'endroit le plus favorab'e, il livroit aifaut fur le champ , il grimpoit defîus , de quelque côté qu'elle fe préfentat , fût-ce de celui de la tète , comme je le fuppofe ici. îl avanqoit enfuite en marchant jufqu'environ h milieu de la longueur du corps. Là i! faifoit un demi tour : fa tète qui auparavant regardoit le derrière de la fem.elle , fe trouvoit alors regarder du côté oppofé. Mais ce n'étoit pas aifez ; on voyoit bien clairement que fes deiirs n'étoient pas remplis , qu'il fouhaitoit d'amener fon der- rière vers celui de la Pucerone , duque^ il étoit encore éloigné. Il tâchoit donc de l'en appro- cher en reculant peu à peu. Parvenu enfin tout auprès il courboit l'extrémité de fon corps , il s'eiforcoit de lui faire toucher l'anus de la fe- melle , il l'y appliquoit. Pendant tous ces mouvemens auxquels il falloit un temps , la Pucerone ne reftoit pas .conftamment immobile i tantôt elle agitoit fes lonie L G $8 OBSERVATIONS antennes , tantôt fes jambes *, quelquefois elle élevoit fon derrière , comme fî elle eût voulu rejetter de la liqueur, ou faire lâcher prife au Puceron ; enfin elle fe mettoit à marcher : mais foit légèreté, foit qu'il ne fe trouvât pas à fou aife , il l'abandonnoit ordinairement après qu'elle avoit fait quelques pas pour fe mettre à l'abri de fes entreprifes. Il n'étoit pas toujours également bien requ. Souvent il lui arrivoit de s'adrefler à des Puce- rones févercs à qui fes careffes ne plaifoient, pas, & qui le repouifoient à grands coups de pied. Alors il prenoit fon parti : ou il n'iniif^ toit que peu, ou il palfoit outre fans s'arrêter. Je ne fais comment on auroit jugé à ma place de tout ce petit manège. Pour moi je conclus que j'avois vu au moins les préludes de l'accouplement. Je ne doutai point que le Puceron ailé ne fut un mâle : tout fembloit l'indiquer; mais fur -tout fà petitelTe & fon agiUté , jointe à l'inquiétude qui lui paroiifoit jiaturelle. De tels caraderes ne pou voient guère ètredes fignes équivoques. Mais pour avoir quelque chofe de plus dé- cifîf, & qui me fatisfît pleinement, le petit Pucergn dont je viens déparier étant mort, je SUR LES PUCERONS. 99 fus à la quête pour m'en procurer un autre. J'eus le bonheur de trouver une branche de Chêne , où avec un allez bon nombre de nos groiTes Pucerones , étoit un de ces petits Puce- rons , tel que je le pouvois fouhaiterj je veux dire , qui n'avoit pas encore pris des ailes , mais qui ne paroiiîoit pas devoir beaucoup tarder à en prendre. J'ajuftai la branche à ma manière, & je la couvris d'un poudrier [ PL IL Fig, XIX. ] Depuis le 24 Odobre , que le petit Puce- ron avoit pris des ailes , jufqu'à la fin du mois , je ne vis rien de déciiiF. Enfin le fécond de iS^o- vembre , fur les onze heures du matin , je fus fatisfait. J'obfervai le petit Puceron pofé fur une femelle dans l'attitude que j'ai décrite j je l'examinai à la loupe avec une grande attention & dans le jour le plus fivorable ; & je recon- nus , à n'en pouvoir plus douter , qu'il y avoit un accouplement dans les formes. On n'apper- cevoit aucun intervalle entre le bout du der- rière de l'un & le bout du derrière de l'autre ; ils étoient bien joints. Ce que je defirois particu- lièrement de faifir , c'étoit le moment où fe fe- roit la féparation , afin de découvrir la partie du mâle , ce qui arriva environ un quart-d'heure japrès. Je vis très-diilinclement à l'extrénnté du G z loo OBSERVATIONS ventre du Puceron ailé un petit corps charnu , longuet & recourbé , de couleur blanchâtre , que je ne pus prendre que pour le principal organe de la génération. Je réitérai le lendemain matin robfervation. j'obfervai très - nettement que les lèvres de l'ouverture deftinée à recevoir la partie du mâle étoient , pendant l'accouplement , écartées fen- fiblement Tune de l'autre 5 «Se qu'entre deux étoit inférée celle - ci , dont on ne découvroit ^ue la racine. Mais ce que je vis de plus cette fois , furent deux efpeces d'appendices de cou- leur brune , dont étoit garni le derrière du petit Puceron , & que je reconnus pour être des crochets analogues à ceux du derrière des Papillons mâles. Le principal organe de la géné- ration étoit placé au miUeu. Pendant les trois jours qui fuivirent , je ne vis point d'accouplement. Comme il faifoit' très- froid , & que je tenois mes Pucerons dans une chambre ou il n'y avoit point de feu , je crus que (i je les portois dans un poêle , je rendrois au mâle fa première ardeur , & que lés femelles , parvenues à l'âge de maturité , feroient peut-être des petits. Ce fut donc ce que j'exécutai le ïnème jour : & dans ce jour-la même je vis quatre SVR LES PUCERONS. lOï à cinq accouplemens , mais qui ne*furent pas de longue durée. Il ne me reftoit plus que fept femelles 5 toutes lans ailes , parmi lefquelles il n'y en avoit qu'une qui parût être à maturité ; & les autres , quoique grolîes , & très - grolTes pour ce genre d'Infedes , ne l'étoient pas , à beaucoup près , autant qu'elle. C'étoit à cette Pucerone , que le petit mâle en vouloit plus volontiers. Je remar- quai que dans l'efpace d'environ trois heures , il lui livra quatorze aflauts , dont à la vérité il n'y en eut que trois qui paruirent fuivis d'un véritable accouplement ( i ). J'obfervai avec plaifir, que pour y exciter fans doute la Pu- cerone , il lui frottoit à diverfes reprifes le delFous du corps , du bout de fes plus longues jambes. Il attaqua encore d'autres Puce- rones , cinq à Cix fois dans le même efpace de temps. On auroit dit qu'il ne pouvoit ceiler d'être en adion ; que fes forces renaiifoient k chaque inifant. Quelle différence de ce mâle Ci vif, fi ardent , d'avec ces mâles (î froids , Ci indiiié- rens , qui ont été donnés à la mère Abeille î ^ (i) Je prends ici pour un véritable accouplement, celui qui duroit un certain temps , & qui ne finiffoit pas par un^ réparation brufque , mais, pour ainfi dire , ménagée par degrés. * jWm. pour fervh ii rHid. des. Inf. Tonu K Mém. y. G 3 102 OBSERVATIONS Mais que c& contrafte paroît admirable , dès qu'on réfléchit fur cette conduite de la Nature î Elle a voulu qu'il n'y eût chez les Abeilles qu'une feule femelle pour un grand nombre de mâles : fi tous euifent été auiîî ardens que celui des grofîes Pucerones du Chêne , la niere Abeille en auroit été incommodées Si l'or- dre merveilleux que nous voyons régner parmi ces Mouches , en auroit été altéré. Mais dès qu'il lui a plu d'établir qu'il y auroit au con- traire chez nos Pucerons , plus de femelles que de mâles, il falloit qu'un feul de ceux-ci fût en état de fatisfaire un certaiii nombre de celles- là , & que le defir de perpétuer Pefpece fût en lui un defir très-agiifant. Elle a donc donné à la reine A^beille cette même ardeur , & aux fe- melles de nos Pucerons une indifférence fouvent peu éloignée de celle des Faux-bourdons ( i ). Je n'ai encore rien dit de certains mouvemens extraordinaires & comme convullifs , que fe donnoit quelquefois mon petit Puceron. Il ne prenoit guère de repos que la nuit. Pendant le jour, il étoit prefque continuellement en ac- tion. Souvent il ne faifoit que monter Se def- cendre le long de la branche , firiS jamais fe fixer. Lorfqu'il étoit parvenu au h. u ; , ou fur (l)K!Les mâlc^ljiles Al eîlles. SUR LES PUCERONS. 105 !es bords d'une feuille , il fembloit fe trémouffer &; piétiner ^onime quelqu'un qui fouiFre : il étaloit fes ailes y il tâchoit de fiiire paiTer par- delTus , une de fes dernières j ambes ^ il fe doix- noit des contorfions de tout le corps. Tantôt il fe jettoit fur un côté, tantôt fur l'autre : d'autres fois , il s'élevoit fur fes plus longues jambes le plus qu'il lui étoit poiTible ; & un moment après , il fe rabaiiroit jufqu'à toucher la tige de fon ventre. Il fe renverfoit en arrière , 8c s'élanqoit enfuite en avant. Quelquefois il s'alfeyoit , pour ainfi dire , fur fon derrière , en cramponnant fortement fes premières jambes dans l'écorce ; de faqon que fon corps étoit prefque perpendiculaire fur le bout de la bran- che. A cette attitude bizarre, en fuccédoit bien- tôt une autre : on le voyoit étendre fes dernières jambes, & les traîner à -peu -près comme font les chiens : tout cela, fans qu'on pût deviner la caufe d'une agitation 11 extraordinaire. Ce- pendant , à le voir dans un état en apparence il violent , on auroit été porté à peiifer qu'il alloit mourir : mais on fe défabufoit lorfqu'on l'obfervoit s'accoupler pluficurs fois après ces efpeces de convuiiîons , la fupérieure recouvroit tant foit peu plus le fœtus que finférieure. J'étois très - attentif à obferver il le derrière de la Pucerone ne fe don- noit point de mouvement i ce qui me fembloiti néceifaire pour la fbrtie de Fembryon 3 mais quelque attention que j'apportalie , tout me paroiifoit dans le plus parfait repos. Je ne dou- tois pas néanmoins qu'il n'y eût des mouve- mens dans l'intérieur, & j'étois fort difpofé à foupconner que la membrane qui avoit permis aux lèvres de s'écarter , fe contradoit & fe di- iatoit intérieurement , à - peu - près comme le fphincler qui eft à l'entrée du col de la matrice dans les femelles des grands animaux 3 contrac- tions & dilatations , qui , bien que je ne les apperqulfe pas , pouvoiént opérer fur le fœtus , le chaiTer infenliblement hors du ventre de la mère. Je dis infenfîblement , parce qu'il s'avan-- coit au-dehors avec tant de lenteur, qu'on ne pouvoit s'appercevoir de quelque changement qu'au bout de plulieurs minutes. A mefure qu'une plus grande portion de fon corps for- toit, les lèvres de l'ouverture tendoient mutuel- lement à fe rapprocher , & on voyoit moins de loS OBSERVATIONS la membrane ou fîihinder. Cependant comme leur longueur n'étoit pas parfaitement égale ; que la portion du fœtus recouverte par l'inié- rieure , étoit tant fott peu momdre que celle recouverte par la fupérieure , c'étoit une fuite néceifaire que celle-là vint fe réunir à Tautre , avant que celle-ci eut abandonné entièrement le bout du fœtus. C'eit auiîi ce qui arriva : la lèvre fupérieure continua même d'être adhérente à l'embryon , plus d'un demi-quart-d'heure après que l'inférieure s'en fut féparée; elle fembloit ne pouvoir s'en détacher. Indépendamment des contrarions & des dilatations alternatives du fphindler placé à l'ou- verture du vagin ^ la Pucerone avoit , ce femble , un moyen plus prompt & plus efficace de fe délivrer j le foetus fortant enduit d'une humeur vifqueufe qui le colle aulîî-tôt à la branche fuc laquelle fe trouve la mère , elle paroit n'avoir autre chofe à faire qu'à fe pouifer* en avant, fans avoir à craindre que le fœtus la fuive. Ce ne fut cependant pas précifément ce moyen au- quel notre Pucerone eut recours , il auroit pu n'être pas affez flivorable au fœtus , fur - tout dans ces premiers momens où la liqueur vifl queufe n'avoit fans doute pas encore acquis le degré de ténacité convenable. Elle préféra de SUR LES F V GERONS 109 n'ufer de fes forces , pour uinfi dire , qu'à demi. Elle le contenta fur la fin de Faccouchement de remuer fon derrière à plufieurs reprifes , mais foiblement ; & encore pouiia-t-eile les ménage- mens au point de ne les pas faire fuccéder trop promptement 5 elle mettoit entre chacune un petit intervalle. Je ne celTois de l'obferver avec une bonne loupe, quoiqu'il y eût déjà près de demi-heure que i'avois les yeux attachés fur elle , & que j'en fuiîe même fatigué. Enfin le moment de l'entière délivrance arriva 5 je remarquai alors irne fort petite goutte de la liqueur vifqueufe qui abandonna le bout du derrière de la mère pour fe retirer fur le fœtus. Il eft fî important pour le fœtus que la mère n'éloigne pas trop tôt fon derrière du plan de poGtion , ou ne l'en éloigne pas brufquement , qu'une de mes Pucerones n'ayant pas eu ces ménagemens , le fœtus fe détacha en partie de la tige , contre laquelle il ne relia collé que par un bout. J'en vis une autre quelque temps après qui 5 apparemment par le même défaut de pré- caution 3 portoit fon fœtus attaché à fon derrière. A Poccafion de la liqueur qui enduit le fœtus à fa loitic , u me vint une pejifée qui me pa- ÎTO OBSERVATIONS roît n'être pas deftituce de fondement , c'eft qu'elle eft peut-être la même que celle que ces liifedes rejettent par Panus. [ Voy. llntrod. ] Deux qualités leur font communes , la vifcofité Se la tranfparence ; Se je ne doute pas qu'elles ne fe reifemblent encore par le goût. Il peut y avoir un canal de communication de rniteitm dans la matrice , par lequel cette liqueur paife. Le 14 Novembre , je perdis une de mes Pu- cerones qui mourut en accouchant d'un fœtus. L'ayant prelîee entre mes doigts , j'en fis fortir trois fœtus femblables à ceux que j'avois vu naître les jours précédens. Je fis alors une re- marque 5 c'eft que la membrane dont ils font enveloppés , qu'on pdut regarder comme ana- logue à celle qui enveloppe le Papillon dans l'état de Chryfalide , eft douée d'une élafticité trè^-fen- fible. En prelfant un de ces fœtus avec le bout de la tige d'une épingle , je voyois fa peau céder & fe relever aufîitôt que je ceflbis de la preifer. Je fentis crever avec force ceux fur lefquels j'appuyai trop. Je ne poulTerai pas plus loïw ce journal, il n'auroit rien qui pût mériter d'être rapporté ; j'ajouterai feulement, qu'ayant été obligé le l^ du mois , de rapporter mes Pucerones dans mon cabinet, je les y iaiiîiii huit jours^ pendant lef- SUR LES PUCERONS. m quels elles refterent comme collées à la'branclie , engourdies fans doute par le froid. Elles étoient alors réduites au nombre de trois , entre lef- quelles je compte la plus grofle. Le 23 , je les leportai dans le poêle pour éprouver Feifetque la chaleur produiroit fur elles. Celle qui reftoit •avec la grolfe , car il en manquoit encore une , commenta bientôt à fe mettre en mouvement i l'autre ne fit qu'agiter foiblement fes antennes , & au bout d'environ deux heures , elle fe lailTa tomber à terre. J'avois remarqué les jours pré^ cédens , qu'il lui étoit venu au bout du derrière une efpece de moiiiifure de couleur blanche, que j'obfervai encore mieux après fa mort à i'aide de la loupe. OBSERVATION VIIL Obfervations fur les Fœtus que les groffes Puceroîies du Chêne mettent au jour. OUR ne pas interrompre le fil de rhiftofre? de nos Pucerons du Chêne renfermés dans uns même habitation , j'ai renvoyé à parler de quel- ques obfervatioiis faites dans le même tçmps lia OBSERVATIONS fur d'autfes Pucerons de cette efpece , que je dccru'ai dans celle-ci & dans les fuivantes. La première de ces obfervations regarde les fœtus i fQW trouvai le 3 1 Odlobre une quantité affez confidérable fur deux branches coupées à deux diiférens Chênes. J'en comptai fur Tune plus d'une foixantaine , & fur l'autre une quin- zaine. Ils étoient arranges à-peu-près comme le font les œufs de beaucoup de Papillons , leur plus grand diamètre parallèle à la longueur de ia branche , à -aquelle quelques - uns étoient cependant p^us ou moins obliques. Leur couleur étoit la même que celle des fœtus venus au jour fous mes yeux , c^eft - à - dire , rougeâtre. Ils fe reffembloient encore , eu égard à leur grolleur. Le plus grand nombre de ceux de la branche qui en écoit la mieux f)urnie , for- moieat deux amas inégaux , peu éloignés l'un de Pautre i le refte étoit difperfé cà & là à quel- que dillancc : ceux de Pautre branche ne com- pofoient qu'un feul amas. Ils étoient tous bien enduits d'une humeur vifqueufe , aifez tenace pour arrêter les Pucerons qui venoienc à paifer deifus. OBSERVATION I SUR LES F U CE R ON S. .11^ )^^'^ . i'-^-^^^C:^^ — ^^^ OBSERVATION IX. Autres Obfervations fur les Fœtus que les grojjes Fucerones du Chêne mettejit au jottr. Qtie ces Fœtus font de véritables œufsi î 'ai prouvé ci-deiftis [ Obf. VIL ] que l'enve- loppe des fœtus eft douée d'une élafticité tcts- fenfibie ; c'eft une obfervation que j'eus depuis occafion -de répéter fur quelques fœtus que j'a-* vois forcés , comme les premiers , de venir au jour 5 mais je remarquai cette fois une particu^ Jarité à laquelle je n'avois pas encore fait atten- tion 5 c'eft que la matière que renferme leur ijitérieur a beaucoup de rapport avec le Corps graijfeiix ( I ) des Chenilles. Je voulus enfuite éprouver fi la membrane ou enveloppe de ceux qui avoient été dépofés ( I ) Le Corys graijfeux dans les Chenilles , eft cette mntiers jaunâtre, fembbhle à la graifle qui occupe les vuiJes que les antres parties laifTent entr'elles. J^c^. Mém. ]^our fervv- à tMifi, des Inf, To;n. I. yag. 14^, Tome L H 314 OBSERVATIONS déjà depuis un certain temps , feroit autant fouple & élàftique , que j'avois trouvé celle des fœtus ibrtis par la preiîioiij mais elle me parut plus ferme , & la liqueur qu'elle renfermoit, ctoit femblable à celle qu'on voit fortir des Pucerons de cette cfpece lorfqu'on les écrale., je veux dire 5 allez claire & d'un verd foncé. Maïs que devons-nous penfer des fœtus , dont accouchent quelquefois nos groifes Puce- rones du Chêne ? Je n'ai à offrir là-deifus que des conjedures , mais qui paroitront vraifem- blables. J'ai d'abord penfé qu'il falloit regarder ces fœtus, comme des Pucerons avortés. La dif- proportion de taille qui s'obferve entr'eux & les Pucerons qui naiifent à terme, étoit ce qui favorifoit le plus cette idée. Il étoit naturel de foupqonner , que le froid n'avoit pas permis à ces fœtus d'acquérir la grolîeur propre aux petits iiaiifans ^ & qu'ils auroient acquife ^danSjUne faifon plus favorable. Cependant confiderant la forme extérieure de ces fœtus, & les précautions avec lefquelles ils font dépofés , je formai une autre conjedure , très - (inguliere à la vérité , mais qui me plut 'ÀufE-tôt. J'imaginai qu'ils étojent comme des SUR LES PUCERONS, irf fefpeces de coques, dans clracuue defqiielles ua Puceron demeuroit renfermé jufqu'au retour du Printemps , ou , pour parler fans figure, je les foupqonnai de véritables œufs. Je me flatttai de voir mon foupqon fe vérifier. Dans cette vue , je confervai très-foigneufement les bran- ches fur lefquelles quelques-uns de ces fœtus avoient été dépofés ; & en particulier celle où fe trouvoient ceux des Pucerones que j'avois tenues renfermées avec un mâles mais aucun ne s'anima. Ils noircirent tous , & fe deifé- cherent. Je n'abandonnai pas pour cela mon idée , je comparai nos œufs de Pucerons à ceux. d'où fortent certaines fauifes Chenilles (i) , lef(|be!s ont befoin de fe nourrir , de s'imbiber , pour ainfi dire , de la vapeur infenfible que la plante , fur laquelle ils ont été dépofés , tranfpire. Je ne manquai donc pas de chercher de ces œufs ou fœtus , l'hiver fuivant oc dans le commeil- (l) Les faiiiïes Chenilles du Grofeiîler & du Saule, roy. le Tome V. des Jlém. de M. de Remjmvk ^ far les Infectes. On appelle Fanjfe Chenille tout Infecfbe qui refTemble b. une Chenille pnr la forme du corps , mais qui a plus de jambes, ou qui les a autrement conformées que la Chenille, & fjr.i, au lieu de fe chanj^er en Papillon, fe chaude couftamment en Mouches à q\iatre ailes. Hz îiS OBSERVATIONS cernent du printemps de 1741 ; mais toutes mes recherches furent inutiles ; elles m'apprirent feu- lement que nos gros Pucerons du Chêne à trompe courte abandonnent les branches de cet arbre , lorfqu'elles ont commencé à le dépouiller de leurs feuilles , ou que le froid eft devenu plus piquant. Ils favent fans doute trouver des re- traites fous récorce & dans des crevafTes , où ils palfent la rude faifon. OBSERVATION X. Ob^rvatiom qui prouvent que les gros Fuce^ rom du Chêne , après avoir pris des ailes , font encore fufceptibks de quelque accroif- fement. \^'EsT une règle eftimce générale pour tous les Infêdes qui fe transforment, qu'ils ne croilTent plus après avoir fubi leur dernière métamorphofe. On ne connoît encore que les Grenouilles qui faflent une exception à cette règle. Après avoir quitté l'enveloppe qiû les faifoit paroltre des SUR LES PUCERONS. 117 Têtards , elles continuent à grofîir. Je ne lais fî nos gros Pucerons du Chêne ne Forment point une féconde exception : voici ce qui me porte à \q conjedurer. Cherchant un jour, du mois d'Odobre 1740, fur un Chêne, un d§ ces petits Puce-- rons ailés , de i'efpece dont il s'agit , & que j'ai démontré être des mâles , ( Qbf. VU. ) j'en attrapai un à-peu-près tel , quant à la grolfeur , que je le fouhaitois, mais donc le ventre étoit pourtant plus gros à proportion que ne Pétoit celui d'un autre petit Puceron ailé que j'avois vu s'accoupler peu de jours auparavant. Celui-ci différoit encore de l'autre par fa couleur qui étoit noire. Celle du Puceron dont je parle tîroit fur le rougeâtre. Ces diiférences aifez frappantes me faifoient extrêmement fouhaiter d'élever ce dernier : mais il lui arriva un accident qu'il eft inutile que je rapporte, & qui fut caufe que je ne pus le conferver. Pour comble d'infortune, un autre qui avoit tous les caractères propres aux Pucerons mâles , & que j'avois renfermé peu de jours auparavant avec lix femelles , eut le fort du premier. Je mis pourtant ces deux per-^ tes à profit : je leur preifai le ventre à fun 8^ à l'autre : de celui que je foiipconnois être fe-< melle , fortit une liqueur verte ^ dans laquelle H3 nS OBSERVATION S nageoit un grand nombre de petits corps d'une couleur plus foncée , que je ne pus prendre que pour des fœtus ou des œufs , & da derrière de celui que je favois être un mâle , fortit une partie blanchâtre , façonnée comme celle que j'ai décrite dans TOblervation VIL Un autre Puceron du Chêne , de l'efpece des précédens , après avoir pris des ailes , étoit aifcz effilé & vif; je le croyois un mâle ; mais au bout de quelques jours je le vis tellement grof- fir , qu'il vint enfin à égaler les groifes femelles non-ailées , & je Pobfervai enfuite accoucher. On me dira peut-être qu'il en eft de cette augmentation de grolTeur, comme de coîle qui arrive aux femelles des grands animaux lorf- qu'elles portent ; qu'elle doit être attribuée aux fœtus , qui prenant de jour en jour plus d'ac-- croiiîenient , diftendent de plus en plus les mem- branes de la matrice. Et j'avouerai qu'il fe peut que ce foit là la caufe unique de cet accroiire- m^m de yoiume. %^ SUR LES PUCERONS, xj^ OBSERVATION XL Que les Fourmis fe faififfent quelquefois des Pucerons. I eft bien avéré que les Fourmis ne fe tienneuG auprès des Pucerons que pour recueillir la li- queur miellée qu'ils rejettent, & qnainii ce n'ell point à eux-mêmes qu'elles en veulent , comme Font prétendu Leuvenhoek & Hartsoeker* ■Vivos vero hos Pedicidos\ dit M. Frisch *» mmiqiiam Udiint , yiec atiferiint. Voici néanmoins: une petite obfervation qui lemble diredlement contraire à ce qu'avance ce célèbre obfervateur. Ayant apperçu , au milieu d'une troupe do no§ gros Pucerons du Chêne, un de ceux que- j'ai prouvé être des m^âles , je fouhaitai l'eni" porter dans mon cabinet. Pour cet effet , comme il me parut avoir fa trompe fichée dans la bran- che , je commençai par- le toucher légèrement du bout du doigt à deux ou trois reprifes : je. * Pag. 38 àci M'fcsl BercL an. 173-5. H 4 120 OBSERVATIONS Ip déterminai ainfi à fe mettre eu mouvement Se à changer de place , mais au moment que 3'avant;ois la main pour le prendre , une de ces grofîes Fourmis , dont ces Pucerons font toujours environnés, le faifît ayec fes dents, & fejetta auffi-tôt à terre. Je me bailFai promptement , mais je ne pus découvrir ni la Fourmi ni le Puceron. Je foupqonne volontiers que la Fourmi ne fe feroit pas jettée fur celui-ci , fi ma pré- fence ne Peut cc'hauifée , & pour ainfi dire ^ tirée de fou naturel. Au refte , ce petit Puceron m'oifrit une par^ ticularité qui pourroit faire douter Ci les deux efpeces de gros Pucerons que le Chêne nourrit, ne font pas les mêmes. Il portoit fes ailes exac- tement parallèles au plan de pofition : or M. de Reaumur a remarqué, [ Toni. III. p. 334. ds fes Mémoires ] que ce port eft celui des ailes des gros Pucerons qu'il a découverts dans des crç- vaffcs de cet arbr^, Mais un feul exemple ne conclut pas ; d'ailleurs aucun des Pycerons , de l'efpece que j'ai obfervée , n'avoit une trompe à beaucoup près auffi longue que i'eft celle des ' F ucerons de M, de Reaumur, SUR LES PUCERONS. I2I OBSERVATION XII. Obfcrvations fur des Pucerons de la greffe Ëfpece qui vit fur le Chêne , & dont la peau s'enlevoit après leur mott en y appli^ quant le doigt , quoique légèrement. P Armi les Pucerones renferinées Pviifemble dans la même habitation , il m'eft arrivé plus d'une fois d'en voir de fixées contre la branche , ^comnie fî elles euflent été pleines de vie : mais quand je venois à les toucher du bout du doigt, quelque légèrement que ce fût , la portion de la peau fur laquelle mon doigt avoit été appliqué , étoit emportée fur le champ j Tinté- rieur étoit mis par-là à découvert. Il s'élevoit au deifus de la plaie une Hqueur prefque noire ^ (dont tout le corps étoit rempU. ^' I2Z OBSERVATIO N S OBSERVATION XIIL jQtie tEfpece de gros Pucerons^ en qui fai démontré P accouplement , fs multiplie ce^^ pendant fans ce fecours. Dé Imontrer qu'il y a une. efpece de Puce- rons où fe trouvent des mâles & des femelles qui s'accouplent , c'eft donner lieu à cette queftion , fi cette efpece n'eft pas affujettie à la ioi géné- rale, qui veut que la génération fe faffe par le concours des deux fexes , & feulement par ce concours. Il eft vrai que dès qu'on s'eft aifuré , par des expériences de la nature de celles que j'ai rapportées, que plufieurs efpeces de Puce- rons fe fufïifent à elles-mêmes , il eil naturel d'en tirer cette conféquence , qu'il en eft de mê- me de toutes. Cependant comme nous ne con- iioiiTons que très-imparfaitement l'ordre qu'il a plu à l'Auteur de la Nature de fe prefcrire dans les fyftèmes particuliers qui compofent le fyf- tème général du Monde , nous devons nous défier de ce qu'indique le raifonnement , & con- fulter l'expérience autant que nous le pouvons, ^analogie & l'induction ^ quoiqu'elles condui- SUFx LES F UCERONS^ 123 fent alTez fouvcnt au vrai , trompent quelque- fois : c'eft de quoi Phiftoire naturelle ne nous fournit que trop de preuves. Conformément à CCS principes j'ai tâché d'élever en folitude , depuis leur naiffance , de nos gros Pucerons du Chêne à trompe courte , d'ailleurs M. de Reau- MUR 5 à qui j'avois communiqué mes premières obiervations lur ces Pucerons , ayant jugé cette expérience nécelTaire , c'en étoit aiTez pour lîVobliger à la tenter. Je vais en donner les prin- cipaux détails. ÎJ^^==:.^==^^===SSCK1^: JOURNAL D'OBSERVATIONS Sur les gros Pucerons du Chêne , à trompe courte y élevés da?is une parfaite folitude. L E 30 Août 174^, à neuf heures du matin, j'ai mis en folitude à fa naiffance un Puceron de cette efpece , venu au jour fous mes yeux. Le 2 Septembre , fur les trois heures après- midi , il s'eft dépouillé pour la première fois. Le 5' , fur les dix heures du foir , il avait fubi un fécond changement de peau. Ses jambes étoient encore jaunes , de même que fes an- 124 OBSERVATION. S^ tenues , mais fou corps avoit prefque achevé de fc rembrunir. Le 8 5 fur les onze heures du foir , il avoit re- jette une troifieme dépouille. Ses jambes con- fervoient encore une teinte de jaune. Le 12, entre fept & huit heures du foir, il s'eft dépouillé pour la quatrième & dernière fois. Le ï 6, il eft mort. îl avoit acquis toute la groffeur qu'ont les Pucerons de cette forte , parvenus à fage de maturité. J'en ai fait fortir des fœtus dont les yeux étoient très - diftincls. Le 18, à une heure après-midi, j'ai renfer- mé à fa naiiiànce un autre Puceron de cette efpece , pour remplacer celui qui étoit mort le l6. Et afin de ne me pas trouver dans le eus de voir manquer de nouveau l'expérience par la mort de ce fécond Puceron , j'en ai mis encore deux autres en folitude , l'un le 19, l'autre le 20 , mais ce dernier n'a pas vécu , non plus qu'un troifieme renfermé de même à fa nailfance k 24. ^>%/ ••^4^** 1 Sept. =1 26 7 h. du m. 27 Sur les 8 h. m Journal dt la vk du Journal de la vie du^ Puceron^ né le i% Puceron , né le 19L Scptenibre , a unt Septembre , à onzc^ heure après-midi . heures du matin A ^ élevé cnfolitudè. ^ élevé enjolitude. ^ I L s'étoit dé- pouillé pour la pre- mière fois. Ses jam- oes , les antennes Scfa trompe croient encore jaunes. À Oc T. 4 env- 7h.d.f. 5 env. .7 h. m. Il s'eft dépouillé oour la féconde fois. Il ell remarquable I L s'ét'oit dé- 3ouillé pour la pre-p miereibis. Commejj; i! s'étoit rembruni ,p & que la veille à dixl^ heures du foir, il n^avoit point en-L core mué , il fautp qu'il l'ait fait pen-i dant la nuit. Il s'eft dépouillé la fecond( oour fois. y \^jnzK^zzjL^z.^*^i[zz^.jnzji--^^iizzirii^^ I qu'il l'ait fait un jour plus tard qu( l'autre Puceron. jxji:.~7xiiz:zm R =1 OCT. In à 2 h 4 58 m. 1 ^ à 3 h. ^38 m. à 9 h. 12 ent. ^3 &4I1. ip. mid. 3 23 fur les 3 h. ap.niid. ^ 24 fur ^les 3 h. ap.mid. lî^ u Il s'eft dépouille pour la troilleme fois. Il avoit com-js mencéàfedépoui îer pour la troific-l;; me fois. Il étoit entiére-js ment hors de la!^ dépouille. Ses jambes , Tes an-p tenues & fa trompe|;; confervoient en-f^ core une teinte dej;; j'.iune & il n'avoit pas encore com- mencé à faire ufage de cette dernière j^ mais quelques mo mens après,!! fa pi- quée dans f écorce Il s'eft dépouillép pour la quatrième fois. Il s'eft dépouillé pour la quatrième fois. R ID2ZZiryr-3î3f3 hNo H ;j8 matir 11 Voyant qu'il n'a-M voit point encorei commencé d'accou-lj: cher , & Pattri-I^ buant à la diminu-ls tion de la chaleur ,p je l'ai porté dans'- cette armoire dont la tem.pérature eft ii]^ l'ordinaire de 15 à 20 degrés du ther- momètre de M. dcf^ Re AUMUR. I L avoir mis au jour un fœtus , quefe j'ai trouvé couché parallèlement à late ■ongueur de ia^ branche , Se fur Ic-fe quel toutes les par-i ties extérieures du> Pucer. fe voyoientj en relief. J'ai remar-'^ que que quoique Ici Puceron n'eût en-^ core accouché que de ce fœtus, il avoit,c cependant diminué! de grolleur fcjill-ë blement. J R 1 N o V. II mat 124 mat 2 ^ mat. U- J E Fai trouvé prefqiie mort , ou pour parler plus jufte , engourdi par ie froid de la nuit, qui avoit lait del- ccndre le Thermo- mètre à quatre de- grés au deflus de la congélation. Je l'ai donc porté dans un poêle pour le rani- mer : mais la cha- leur n'a pas produit fur lui beaucoup d'eifet. Je l'ai vu feulement un peu agiter fes antennes & fes jambes , fans néanmoins chan ger de place. I L étoit mort. X Il avoit celfé dot vivre. i2^siiii5iizaEiz3:î{^Eini il OBSERVATION SUR LES PUCERONS. 129 OBS ERVATION XIV. Attire Expérience fur le même fiijet, Coîijeciure fur titfage de l'accouplement. ^QoïQUE l'expérience précédente ne laiffàC guère lieu de dowter que raccouplement n'eft pas plus néceilliire pour h multiplication de Peipece , aux gros Pucerons du Chêne , qu'il ne Feft à ceux du Fufain , du Plantain & du Sureau ; cependant , comme de ceux que j'avois élevés en foiitude , Puii n'avoit point produit , & l'au- tre n'a voit mis au jour qu'un feul fœtus , je me fuis cru obligé d'en venir à une féconde épreuve qui a eu le fuccès defiré. Un Puceron de cette efpece mis au jour fous mes yeux par une Pucerone ailée, le 26 Juillet 1743 , entre 6 o: 7 heures du matin , & renfermé fur le champ , avoit accouché de deux petits bien vivans le 9 du même mois , à 10 heures du foir. J'aurois donné ici une table ou rcpil^ tre des accouchemens de ce Puceron , s'il ne s'ccoit évadé le 13 , après avoir encore donms ndlfance à trois petits. J'ai fait mon poiI?ole Tcmie L I S30 OBSERVATIONS pour élever aiifîî en folitude deux de ces petits : mais quelques foins que j'aie pris , je n'ai pu en venir à bout. Ils n'ont fait que courir , & font enfuite tombés morts d'épuifement. Cette re- marque doit empêcher de fe rebuter ceux qui fouhaiteront de faire cette expérience. Un des meilleurs moyens d'en aifurer la réufîite , eft de couvrir le poudrier , [ Obf I. ] de fiçon que la lumière ne puiife avoir accès dans l'intérieur. Il eft donc à présent bien eonftaté que ces gros Pucerons du Chêne que j'ai vus s'accou- pler en Automne , peuvent néanmonis fe per- pétuer fans avoir de commerce avec aucun indi- vidu de leur efpece. Cela étant , quel fera fu- fage de l'accouplement? Pourquoi ces Pucerons feront-ils diftingués entr'eux de fexe ? Ici , j'a- vouerai d'abord mon ignorance , n'ayant là- deffus qu'une conjeclure à propofer ; c'eft que l'accouplement f?rt peut-être à vivifier les œufs que ces Pucerons pondent avant l'hiver, (i) A C I ) On trouvera cette conjecbare développée dans Tarticle ^06 de mes Conjîdé'i'aticns fur les corps organifés , publiées à Amftsrdara en 1752 j & Chap. VIIL de la Partie VIII. àemit Contemplation de la Nature^ publiée auiii à" Aniftenlam en 176^. Voyez encore fur la Multiplication fans accouplement l'Art 3^6 àes Co?Uidératiom , & le Chap. IIÏ. delà Part. IX. de la Ccnteniplmon. ( Not. ajoutée }>ar l'Auteur à cette nouvslls Edition, }i SUR les' PUCERONS. 13^ cette conjediire 011 préferem (1 Ton veut elle de|M. de Reaumur * 3 " que F union du nù\e „ avec lia femelle pourroit n'avoir d'autre ufags „ que celui de donner aux mères la facilité de „ fe délivrer des fœtus qui ne font pas à terme 5 „ afin de fe conferver elles-mêmes pour une, „ poftérité qu'elles .feroient naître dans des ,, temps plus heureux,,. Si cependant le refpedl que j'ai pour cet illufti-e obfervateur , me per» mettoit de dire mon fentiment fur cette con- jedure , j'avouerai qu'elle ne me paroît pas alfez fondée. J'ai fait , à la vérité , une expé- rience qui femble la confirmer , je veux parler de celle de ces deux Pucerons du Chêne élèves en folitude , dont l'un n'a point accouché , & l'autre n'a accouché que d'un fœtus. Mais man- qucron|-nous de raifons naturelles pour expli- quer ce fait ? Le fi'oid , la conftitution actuelle de l'Infecte , la qualité de fi nourriture , celle de l'air 5 &c. ont pu concourir à fa produdion. D'ailleurs puifqu'il s'agit d'oppofer expérience à expérience , pourquoi cette grolfe Pucerone ren- fermée avec d'autres plus jeunes & un mâle très-ardent , [ Obf. VII. ] ne mit-elle au jour ni Pucerons ni fœtus , tandis que celles-ci pon- dirent piuiieurs œufs , quoiqu'elles n'euilejiC * Tom. n. des Mrfu far rllijh des Inf. p. ççp. l 2 132 OBSERVATIONS pas joui à beaucoup près aulfi fouvent de la compagnie du mâle ? Mais je le répète, ceci eft pour moi un myftere. Ne me li vrerois - je point trop encore aux conjedures , G. j'infinuois qu'il en cit peut-être des Gallinfeùtes comme de nos Pucerons , eu égard à la faqon de fe muitipiier ? On fait que ces petits Infedcs , dont les efpeccs iont très- nombreufes & pullulent prodigieufement , ont été nommés GaUhiJecles pxc M. de Re AU MU il, '^' à caufe de la grande refTembiance qu'ils ont avec les Galles des Plantes ; reiîémblaiice qui les a fait prendre pour de telles produdions par de grands Naturaliftes ( i ). On fait encore que ceux qui ont le mieux connu leur nature , ont été partagés fur la manière dont s'opère chez eux la fécondation , les ims ( 2) ayant penfé qu'ils s'accouplent dans l'enfance :, les autres ( 3 ) les ayant regardés comme des her- rrxaphrodites de Fefpece la plus particulière , & tels que je crois avoir prouvé que le font les Pucerons. Enfra , on fait que M. de Re A-UMUR a démontré inconteftablement , qu'il y a parmi * roy. Tom. IV. des Mémoires fur les Infecies. Méi't.prem. (l) M. le Comte de Marfigli. (a) MM. delà Hire & Seiiikan. (3; ^^ Cefîoni. i SUR LES PUCERONS 133 ces fortes d'ïnfedes , des mâles & des feaieiles. Se qu'il les a obfeivés s'uiiu- de l'union ia plus intime. Tout cela étant iuppole coiinu , je de- mande (1 après des expédences feniblables à celles qui ont fait le llijet des obfervations pré- cédentes , on ne jugeia point que la décou- verte que M. de ReâUMUR a faite des mâles des Gallinfecies , n'eft pas une preuve décifive que ce genre de petits animaux ait befoin du concours des deux fexes pour fe multiplier. Au moins , trouvera-t-on qu'il feroit à fouhaiter qu'on parviit à en élever en folitude depuis le moment de leur naiflance, Ceft une expérience que je ne négligerai pas de tenter , & à laquelle j'invite les curieux. OBSERVATION XV. Qîie parmi les mâles des gros Pucerons du. Chêne , // y en a d'ailés ê? de non - ailés. U'iL y ait quelques.efpeces d'Infedes , dont les temelles font toujours dépourvues d'ailes ^ tan lis que les mâles en ont, ce n'eft plus au- jourd'hui une chofe nouvelle pour les Natura- Hftcs. Diverfes fortes de Papillons , les Fourmis , 1 3 Ï54 OBSERVATIONS les Vers luifans , les Gallinfccles , nos Pucerons , ^ncc. ofFrcnt des exemples de cette fiiigularité. Mais il doife paroître nouveau , qu'il y ait chez ces derniers des mâles , qui , comme à l'ordi- naire , font ailés , & d'autres qui font dépour- vus d'ailes. Ce font les gros Pucerops du Chêne à trompe courte , auxquels je fuis redevable de cette découverte. J|: cherchois au commencement d'Odobre 3742, de ces gros Pucerons , îorfque je décou- vris luie branche de Chêne qui en étoit allez bien fournie. Parmi ceux qui y étoient attrou- pés , j'en remarquai deux , l'un fort gros & en âge d'engendrer , l'autre au contraire fort petit , & qui fe tenoit cramponné au derrière du pre- raier , précilément dans l'attitude d'un mâle accouplé avec fa femelle. Tous deux étoient t^ibioliiment dépourvus d'ailes <& fort tranquilles. Je les obfervai atteiitivemeiit. Je crus bien re- niarquer à l'extrémité du corps du plus petit , quelque chofe qui avoit l'air de l'organe de la génération , & qui paroiiToit inféré dans le der- rière de la femelle. Extrêmement' impatient d'avoir ces deux Pucerons à ma difpofition , & de pouvoir les obferver plus à mon aife,, je voulus tâcher de les renfermer dans une boite j mais n'ayant qu'une main de libre, *Sc étant SUR LES PVCERONS 13^ obligé de tenir de l'autre la branche aflujettie-^^ à la hauteur de mes yeux , je les manquai : aux mouvemens que j'excitai, la Pucerone fe mit à marcher , emportant avec elle le petit Puceron toujours cramponné à foli derrière , mais qui s'en détacha peu de momens après. Une obrervation aufîî imprévue ne pou voit manquer de me rendre fort attentif à examiner les autres Pucerons placés dans h voilinage. Je les parcourus donc des yeux avec foin, mais je ne parvins point à revoir ce que je fouhaitois. Sur cela, me rappellant que la couleur du petit Puceron fins ailes, que je venois de fur- prendre accouplé , étoit un peu différente de ceile qu'ont ordinairement les Pucerons de cette efpece; je veux dire , qu'au lieu de tirer furie brun, la iienne tiroit fur le verd, je cherchai fi je n'en trouverois poiîit de cette couleur & de même taille. J'eus le bonheur d'en attraper iin de cette forte, que je renfermai dans une boît€ avec quelques Pucerones de fon efpece, & un petit maie ailé. Rendu enfuite dans mon cabinet, je les étabUs à ma manière. Je n'ofois me promettre que cette teritative me procureroit la confirmation du fait linguiier que i'avois vu. Aufîî fus-je agréablement fur- 14 -v 13^ OBSERVATIONS pris , lorfque le lendemain S du mois , environ fur les deux heures , je iliiiis mon petit Puce- ron non- aiic, dans la même pofturc que celui dont j'ai parlé il n'y a qu'un moment. Je ne pus alors que me favoir bon, gré de la tenta- tive. Mais ce n'étoit pas aifez ; il falloit s'alïurer par quelque chofe de plus pofitiF, de la réalité de l'accouplement. J'enlevai donc fur le champ le poudrier qui recouvroit la petite branche fur laquelle étoient mes Pucerons , & j'obfervai attentivement les deux qui paroifîbient accou- plés. 11 ne me fembla pas qu'ils le fuifent effec- tivement. Peut-être l'auroient - ils paru à un autre moins difficile à contenter que je ne le fuis. J'ai beaucoup infifté dans ma première obfer- vation touchant ces Pucerons , i'ur l'ardeur que témoignoit le petit mâle ailé , pour -s'uîiir aux femelles de fon elpece renfermées avec lui. Cello de notre petit mâle non-ailé la furpafîbit encore. La Pucerone qu'il attaquoit le plus volontiers étoit une des plus grolfes. C'étoit aufîi une des plus tranquilles. E!ie Avoit perdu fa trompe, je ne lais par quel accident. Souvent il reve- noit à la charge trois à quatre fois de fuite, & ordinairement il ne paifoic guère auprès d'elle qu'A ne l'agaçât. Ou le voyait grimper dcifus a SUR LES PUCERONS. 137 marcher le long de fou dos , tantôt en avant , tantôt à reculons, jiifqu'à ce qu'il fût parvenu à appliquer le bout de fon derrière contre celui de la femelle. Pour lors n'ayant plus rien à de- firer , il demeuroit tranquille , fes antennes cou- chées en arrière , fon ventre courbé contre celui de la Pucerone, & Pextrèmité de fes premières jambes cramponnée fur le dos de celle-ci. Et pour tout dire en peu de mots , les mêmes mouvemens que j'ai vu fe donner j en pareille circonftance aux Pucerons mâles ailés de cette efpcce , je les ai vu fe donner à celui donc j'écris rhiftoire. Il étoit fi occupé de fes amours qu'il pa- roiifoit négliger de prendre de la nourriture. Rarement fe fixoit-il contre la branche pour en pomper le fuc. Je ne fâche pas même l'avoir jamais vu faire ufage de fa trompe. Je crois pourtant qu'il ne reftoit pas abfolument fans manger , mais que les heures de fes repas étoient dans la nuit. J'ai dit que j'avois renfermé avec notre petit Puceron fans ailes, un autre petit Puceron ailé. Qiioique celui-ci eût tous les caraderes propres aux mâles , il s'en falloit bien néanmoins qu'il témoignât autant d'ardeur pour la propagation 138 observations: de refpece. Je ne l'obfervai jamais aller agacer cette grolTe Pucerone , pour laquelle l'autre mon- troit tant d'emprcflement. Il ctoit pourtant aulîx vif que les Pucerons mâles ailés de cette ibrte ont coutume d'être. Il s'étoit dépouillé pour la dernière fois le 7 du mois , & vers le milieu de ce même mois , je le trouvai mort. La grofTe Pucerone l'étoit déjà depuis quelques jours. Je ne parle pas des autres femelles , parce que je les avois fait pafTer fur une autre branche. Le 20 5 obfervant que mon petit Puceron lion - ailé paroiiToit fe porter mal , qu il avoit perdu toute fou agilité , & qu'il ne fe tenoit plus fur la branche, je me déterminai à le pren- dre entre mes doigts , pour m'affurer par l'inf- pec1:ion , s'il avoit les parties propres aux mâles.. Je lui prelfai donc l'extrémité du corps , & j'en vis fortir auffi-tôt une partie blanchâtre , lon- guette , recourbée en arc de cercle du côté du dos , & qui fe terminoit en pointe 5 en un mot , une partie précifément telle que j'ai décrite , Obfer. VIL ( i ). Ce que celle dont je parle me fit voir de plus , c'eft que peîidant que je la forcois a fe tenir hors du corps , fa pointe ( I ) Foy. le Toni. IV. des Mém. peur fervïr k tHiJl. des Inf. Mém. 4. SUR LES PUCERONS. 139 s'alongeoit & fe raccourciiîoit , fe dilatoit & fe contradoit comme le fait la tète des Vers de la viande. Du refte , ce petit Puceron ne montroit aucuie apparence de fourreaux d'ailes , & fa groifeur étoit moindre que celle du Puceron aiié. Lorfiue ces deux Pucerons venoient à fe rencontrer , ils fembloient s'agacer de leurs an- tennes & de leurs premières jambes. OBSERVATION XVI. De la fa^oît dont les gros Pucerons du Chêne fe dépouillent. L iA. faqon dont les gros Pucerons du Chêne fe dépouilleîit , & ce qui précède & fuit cette opé- ration , méritent d'être détaillés. Quelques heures avant la mue, le Puceron, qui jufqucs-là avoit eu fi trompe piquée dans i'écorce , l'en retire. De temps à autre , on le voit agiter fon corps de même que fes plus longues jambes, puis il cramponne rextrèmité de cclies- ci dans I'écorce , en les étendant par de-ià fon 140 OBSERVATTONS derrière autant qu'il lui eft poHible; les antefi- nés ih recourbent en avant, la peau s'ouvre iiir je dos , la nouvelle paroîc : d'inftant en inftant/ une portion plus confidérable du Puceron ie montre à découvert. Mais les jambes , les an- tennes ni la trompe ne le diltinguent esicore qu'imparfaitement , elles font ramenées fur la poitrnie à la manière des Nymphes. A mefure «que FLifcde fe dégage , il s'cleve fur fa partie poftérieiu-e, en faifant décrire à l'antérieure un arc de cercle -, enfin , lorfqu'environ les deux tiers du corps ont paru hors de la dépouille, toutes les parties extérieures , d'abord les an- tennes , puis les premières jambes , &c. com- mencent à fe mettre en jeu. Le deilous du ven- tre , auparavant élevé obliquement au deifus du plan de pofition , s'en rapproche peu à peu , & lui devient parallèle. Les premières jambes s'y cramponnent , & le refte du corps achevé de fe dégager. La partie poftédeure , & l'ex- trémité des plus longues jambes font les der- nières qui fe mettent en liberté. L'opération entière s'achève quelquefois en un quart-d'heure y d'autres fois , dans un temps m'oins chaud , en demi-heure feulement. Le Puceron fe met en- fuite à marcher , lailfant fi dépouille crampon- née à la tige. Il fe rembrunit infenfiblement , & au bout de quelques heures , il commence à SUR LES FVCERONS. 141 faire ufage de fa trompe. Voyez là-delTus les journaux de l'Obfervation XIIL Je ne dois pas au refte négliger de remarquer qu'il paroit moins gros , mais plus long à fa fortie de la vieille peau, qu'il ne le paroiiToit avant, & qu'il ne le paroît enfuite. J'observai un jour un de ces Pucerons qui s'élevoit prefque droit fur fa dépouille , dont il a:hevoit de fe tirer, à-peu-près comme M. de Reaumur * Fa expliqué des Couiins. OBSERVATION XVII ^Qife les gros Ftioerorts du Chêne ifahan^ donnent pas les branches dont les feuilles font féchées. Obfervatiofis fur des œufs de ces Pucerons 5 dépofés en grand noînbre fur de telles branches. I E N que les feuilles des branches fur Icf- quelles nos Pucerons du Chêne fe font établis. Viennent à lécher , ils ne les abandonnent pas "■ To'ii.e IF. dei Méwaircs fier les L^fetia. du nier Mém^ 142 OBSERVATIONS néanmoins d'abord pour fc retirer ailleurs, fai eu dans mon cabinet , au mois de Novembre , inie branche dans cet état , & qui étoit bien peuplée de ces Pucerons. Il y en avoit de tout âge & des deux fexes, mais les mâles n'ctoient qu'en très-petit nombre, comme à l'ordinaire. Ce que cette branche offioit de plus remar- cpable , étoit un amas de fœtus ou d'œufs , qui accupoit environ un pouce & demi de fa lon- gueur , à la vérité d'un côté feulement. Ts avoient été dépofés fi près les uns des autres qu'on ne pouvoit voir l'écorce. Il y avoit même certains endroits où ils étoient empilés les uns fur les autres. IIjî étoient rouges & plus petits que ne le font les Pucerons à leur naiifance. Le diamètre de la branche étoit de trois à quatre lignes. Des dérangemens furvenus ne m'ont pas permis de fivoir ce que devinrent ces œufs , Si. s'ils donnèrent des Pucerons au Printemps fuivant. SUR LES PUCERONS. 143 }^^ ^Zi^ - -^=^^g^ OBSERVATION XVIIL Sur 'des' Fncerones du Chêne de hfpece des précédentes , laiffces fans nourriture dans une boite. -/ U E L QJ2 E S Pucerones de refpece dont il s'agît , laiiîees dans une boite fans nourriture , depuis le 23 Septembre jufqu' environ le 4 Octobre , y ont fait des petits bien vivans. D'au- tres prifes quelques jours plus tard , & renfer- mées de la même manière , ont pondu des œufs. OBSERVATION XIX. Expériences qui prouvent inconteftahlement que les gros Pucerons du Chêne font à Ici fois vivipares Sf ovipares. j £ me prépai;ois à faire de nouvelles expérien-.' ces , pour vérifier ma conjedure [ Obf. IX. ] fur les œufs des gros Pucerons du Chêne , iort 144 OBSERVATIONS que je rcqiis une lettre daM. Tremble Y , datée de la PLiye le 23 Août 1743 , qui m'apprenoit qu* M. L y o N E T Tavoît déia confirmée. En voici l'extrait " M. L Y o N E T a fait une de- „ couverte qui vous ijUcreile fur ces gros Pu- „ cerons du Chêne que vous avez beaucoup «j5 obfervés , & parmi îefque!s vous avez vu des „ mâles en Automne. Nous nous promenions „ enfemble le mois d'Avril dernier , dans le bois 53 de Sorguliet (i),&M. Lyonet qui voit „ tout 5 découvrit iur l'écorce d'un Chêne de 55 petits corps oblongs & brunâtres , qu'il jugea 55 d'abord être des œufs. Il les porta dans ibii „ cabinet , d'où en effet il a vu fortir des Pu- 35 cerons. ,5 Ces Pucerons fe font fort multipliés fur „ lui Chêne d'ici , fur lequel il y avoit des „ œufs. M. Lyonet les vifijte de temps en 55 temps. Ils ne font point d'œufs à prcfcnt , „ mais des petits , & M. L Y o N E T ne àQicï- „ père pas de les voir pondre cet Automne, „ après les avoir vu accoucher pendant Tété." Je ne pouvois aOTurément fouhaiter de meil- leure confirmation de ma conjedure, que celle (1) Campagne dans les Dunes de Hollande, appartenant a M. le Comte deBENTiNK, chez qui M. Trembley de- Kieure, qu'où SUR LES PUCERONS i^S qu'on vient de voir. Le talent d'obferver que podede M. Lyonet, & dont les Mémoires de M. de Reaumur, Tom. VI, & la Théologie des Infectes de Lessers ( i ) nous fourniirent d'excellentes preuves , ne lailîe aucun lieu de douter de la vérité des faits qu'il rapporte. Aufîî ai-je été très-flatté de la découverte. Cependant convaincu qu'on ne fauroit trop s'aifurer des faits extraordinaires; & intéreiïé d'ailleurs d'une manière particulière dans l'obfervation de M. L Y o N E T / je n'ai rien négligé pour revoir après lui. Dans ce deifein, le 1 2 Novembre , je plaqai dans cette armoire , dont j'ai déjà fait mention plufieurs fois , une petite branche de Chêne , fur laquelle étoit un amas d'œufs de nos gros Pucerons , d'environ un demi pouce de lon- gueur , fur deux à trois lignes de largeur. Parmi ces œufs , il y en avoit quatre dépofés depuis une femaine feulement. Le même jour , je renfermai dans la même armoire , douze Pucerones de l'efpece en qu:f- tion , efpérant que la chaleur du lieu , que j'ai dit être à l'ordinaire de dix-huit à vingt degrés (i) M. Lyonnet, î'a enrichie d'un grand nombre Ue SotQs pleines trobfcrvations sûres & intéreffantes. TohJS L K î4r:^Qr^ ^:ù, ^^ii— ji'iL-" S^lCUCE / ;Jclii mois H- Juillet. 30. fc 31. DEGRÉS DU MATIN. DEGRÉS DE l'après-midi. heures. à 4. h. 5 9 12 Degrés. 21 4h.i 9 12 2î 23 [ hieurei. à 3 h. 9 a 3 h. 9| Degrés 2] 15 21 i'^ l5l- R doiif. 3. S 4. 5. 4h.J 9 12 14 23 23 3 h. 10 à 4h.| 9 12 14 20 21 à 4 h. 5 9 12 13 20 21 à 9 h. à 4h.| 12 JO 19 3 h. loi 5. à 9 h. 9l 12 17 19 3 h. 9i 24 18 • •!= • -Y — r I — 1= 17 ^ 14 ^ 20 1 Jours ^du mois DEGKÉS DU MATIN. D E G DE l'api fleures. a. 3 h. 9 R £ S U 'v ES MIDI, p '1 Août, j 7. 1 Heures. à 5 h. 9. 12 Degrés. 17 19 Degrés. L 20 te ....... ,j l fi 8. 9 12 ^ 17 a 3 h. 9 M ••••;••■ n ■ 9- à 5h.| 9 12 loi 18 à 3 h. 10 18 tl I2|!1 j^ : 10. -J à 5 h. 9 12 8| 17 18 :i 3 11. 9 L t II. à 5 h. Si 12 9 18 à 3 11. 9 i4âp .... 1 a k '^' à 5 h. 9 12 10 20 22 à 3 II. 9 I ! • • • î 1 r à 5 h. 9 12 12 20 20^ à 3 h. 9 1 - - - 161], ■ . H ^u^j - . , H h F îyj> l.Oi ■ -^in.z^^-..'ji.-jû^-^-i ^-..ju> :. lï^^.?7-7Tr-T^.^ il Jours yjii mois DEGRES DU MATIN. D E G K DE l'APRÈS tleuns. à 3 h. 9 É S y -MIDI.p] 22 |ï pj Août. y 1 14- Heures. Degrés 12 19^ 1 > 1 a > h. 12 11 1 24 12 23 i 1=1 à 3 h. 9 a S h. i3-i 9 20 12 22 a 3 h. 9 18 R -M 1 17. 9 i8 12 19 a 3 h. 9 I4i U * j.s. a s h. 12 8 l 153 12 M 5 a 3 il. i 9| ^ * * • n 1 =1 19- 1 1 aNh,| , 10^ 9 16" 12 17' à 3 11. 9 18 y w =1 à 5 h. 1 0 3 9 17 12 I 7 V :t 3 h. 9 14 M i-fï'iL.ru 2L:3?iL_iiil-iL.-JX21_ "M^IL-ISE pt:si3r:i3JirzK5iirs^^5ïriji uns^^îiiniiirTiÈz^ PI du moi5 « y =! Jr,«r. 21 D E G R É S DU MATIN- Ihurci. à 6- h. 12 a > h. -I 9 Î'Z DEGRES 1. DE L'APRÈS-MIDI.r Degrés. Heures. 14 à 3 h. 16' 9 18 k . . 23 4- 2^ lo^ a 5 b. I 9 12 9 12 15.3 17 12 i4| iZ_ ^2^ 18 a 5 n. ^ 4j Î2 13 18 17 a 3 11. 3 il. a 3 h. 9 2 6r. 27. 9 12 12; 14^ a > h. 9 I 2 12 J 3 il 9 14^ à 3 11. i4i| 9 T <: a£ szis:iiizii^';5i:ziz5r:ijs jc; lJe§re^^A 19 F I4|k IK 9 J I 3 1;^ •• * k 19 15 18 "h 0 2 ^3^y . .V .y '^'ÎCZIÎ^ISJ h Jours u du mois Août. 28. 29. io. 31 S 3- Septembre. 2. H 4. ri DEGRÉS DU MATIN D E G R É S F DE L'APRÈS MIDI 1^ Heures. à 9 h. 12 12 9 12 5-î 9 12 12 5h.i 9 12 à 5li.^ 9 12 à 6" h. 9 12 17 10 19 13 18 I I i8i 19. 1 1 19 20 12 17 12 5 75 Heures. à 3 h. 9 3 h. 3 h. 9 3 h. 9 3 h. à 3 h. 9 3h.i 8i à 3 h. Degrés p 19 15 20. w 18 I 14 i iT^ ij^s;::i3:Tr"T^.7i — ix??r-TgXL::::<3:s:: isez^qz 12 w liE Jours du mois ScpembnÀHcuYes. là 5h.| DEGRÉS IDEGRÉS DU MATIN. DE L'APRÈS-MIDI. p Degrés- U ^ 6. 7. t 8. 10. II 9 12 à 5 h. 12 à 5I1.I 9 12 à S h. I 8| 12 5 h. à 5 h. 12 9 12 Degrés. 8 i^ 18 à 3 h. 3 4 81 17 M 1 1 17 14 18 3 h. i4i 10 3 I^ I^ 10 I I i8| 3 h. 9 19 14 a 3 h. 9 i^i 12 à 12 h.| 14 y 9 12 y à 4 h. 9 X4| 13 à 9 h. I 3 I ;= H -^ KE:ra3cnac3ï*zaE: -ttsi — rr^n — Ktit-jn.-ni.zsx Ls wyr:::u:jr Rj OllL'S qihi mots 1 cp t br k — i^. \6. 1' h n r DEGRÉS DU MATIN. Heures. à 6-. h. 9 à ^h. 9\ 81 à 5h.i 12 à 6\\. 9 12 a ^ il. 9 12 12 Ltegrés. 12 13 1 1 . T7t 13 17 12 14 lO 18 i8i 12^- 14! 8 8 10 D E G R E s f^ DE l'a PRÈS -MIDI. h Heures. a I o h. a 12 3 9 à 9 h. à 3 h. 9 à 3 h. 9 5 1 1 k 6h. 9 10 i à 3 h. 9 à 3 h. 9 jjtp'ésA 13 1: à 3 h. 5 17 ry I^ u 8h.| 14 16 J ^7| Mi ïo t 8 l 8 12 -!p 8JU 1 20. DEGRÉS DE l'après-midi.!^ Jours ^dii mois S'epteinbre, 21 D E G R E S I DU MATIN. Heures. à 6 h. 9 12 loi 1 1 î 0 Heures. 3 h. 9 22. 54 12 5â 12 à 3 h. 9\ 8;; 23 à 6h.l + 12 lO I I à 3 11. 9 9 12 loi I2| à 3 h, 9 2^ à 6 h. 9 12 13 à 3 h. 9 2 6". 9 9 î a 3 h. T2 I I 14 12 12 9\ 14 9t 14 fe 27. à 6" h. 8 I 74 9^ a 8 il. 10 ^ -^,.f^ L 3 M ^ :^ ^. ^ 5^^- -^ -^ -^ -^ I ^ -^ -^ •^- ^- ^- -^ -^ -^ -^ ^ OBSERVATIONS ^ tf ij ou E L Q_U E s ESPECES DE VERS D' E A U DOUCE, Qui, coupés par morceaux, deviennent autant d'Animaux complets. SECONDE PARTIE. INTRODUCTION. Hiftoire abrégée de la nouvelle Découverte. JLi'HisTOiRE naturelle fi féconde en faits fin- guliers , n'avoit rien offert encore de plus ex- traordinaire que cette propriété commune à di- L4 1^8 OBSERVATIONS vers Iiifedles qu'on a coupés par morceaux , de devenir autant d'animaux complets , & capa- bles de toutes les fondions de l'Infede entier. M. Trembley , mon parent , qui fait aduellement jli réfjiieuce à la Haye en Hollande , &; dont rhabileté dans Part d'obferver eft: au-delTus de mes éloges , eft , comme on fait , le premier auteur de cette découyerte. Ce Rjt fur la fin de Janvier 1741 , qu'il me l'annonqa en ces termes, " Je ne fais prefqus 11 je dois appeller 53 Plante ou Animal l'objet qui m'occupe le plus 33 à préfent. Je l'étudié depuis le mois de Juin : 23 il m'a fouqii des caraderes affez marqués de 3, Plante & d'Animal. C'eif un petit Etre aqua- „ tique. Dès qu'on le voit pour la première p fois , on s'écrie que c'eft une petite plante. 33 Mai^ fi c'eft une plante , elle eft fenGtive & 33 ambulante , & fi c'eft un Animal , il peut „ venir de bouture comme plufieurs Plantes. 53 J'en ai coupé en trois parties : il eft revenu jj;, à chacune ce qui lui manquoit pour être telle .3 que cet Ette avant d'être partagé ', chacunq 33 a marché , & fiit jufqu'ici tous les mouve- 33 mens que j'ai vu faire à l'Animal complet. " Dans une autre lettre en date du 24 Mars , AJ^ Trembley en m'en voyant un deilin dq SUR LES VERS- î.<9 foii petit Etre aquatique , nf enftigiioit comment je devois m'y prendre pour m'en procurer. Il n'en falloit pas tant pour piquer l)eaucoup ma curiodté : impatient de ia f icisFaire , je me mis donc en campagne , ma^s fans fucc^s. Au défaut de la produdion excraoïdinaire qui faifoit l'objet de mes recherches , j'attrana] une forte de Ver long , fort agile & fans jambes , fur lequel il me vint en penfée de tenter ce genre d'épreuve. Je crus que fi la tentative que je mé- ditois réufîîilbit fur ce Ver, bien reconnu pour Animal , j'aurois démontré qu'il y a réellement des Animaux qui peuvent être multipliés , pour ainfi dire , de bo^iture , ce qui confirmeroit la belle découverte , encore naifFante , de M. Trembley. L'expérience réufîît eiïectivement : mon Ver partagé en deux me donna bientôt autant d-i\nimaux complets. Je ne manquai pas^ de les fuivre tous les jours bien régulièrement , avec tout le foin & toute l'attention qu'ils mé- ritoient. J'eus le plaifir de voir , en quelque façon, fe former fous mes yeux la tète & la queue : je vis les vifceres fe prolonger dans l'un o^c Fau- tre Ver , & ces nouveaux organes s'acquitter de leurs fonctions , de la même manière que les anciens. Je ne doutai plus après cela que l'Etre aquatique de M. Trembley , malgré £i 170 observations: reiîcmblance avec une Plante , ne fût bien un Animal. En effet , il m'avoit écrit depuis alTez peu de temps , que c'en étoit véritablement un , auquel M. de Reaumur avoit donné le nom de Polype. Mon deflein n'eft pas de donner ici un pré- cis des découvertes de M. Trembley : c'eft ce qui a été parfaitement exécuté par M. de Reau- IsiVR , dans la belle préface qu'il a mife à la tète du fixieme volume de fes mémoires fur les ïnfccles. Je me bornerai donc au récit de mes propres obfervations , & je commencerai par îa defcription du Ver qui en a fait le principal objet. Quelque fimple que paroifTe fa ftrudure au premier coup-d'œil , dès qu'on vient à l'exa- xiiiner de plus près , on y découvre des parties aufîi propres à s'attirer l'attention , que celles des Animaux que nous jugeons les plus parfaits- SUR LES VERS, 171 OBSERVATION L Defcription de la première Efpece de Ver qui a fait k fujet de ces Obfervations. L E Ver [PL L fig. L IL IIL IV. ] dont il eft queftion , eft d'un brun rougeâtre , plus foiicé dans le milieu du corps que vers les extrémités. L'extrémité poftérieure tire pour l'ordinaire fur le jaunâtre. La longueur de ce Ver eft d'envi-» ron quinze à feize lignes , quelquefois elle va à plus de deux pouces. Il eft gros comme une. chanterelle de violon , ou même plus. Son corps eft formé d'une fuite d'anneaiix membraneux , qui vont toujours en diminuant à mefure qu'ils approchent des extrémités. Ces anneaux font garnis chacun dans leur partie inférieure de quatre à fîx efpeces à'épines [ Pi. L Fig. V. c. c. c, ^c. ] blanchâtres , qui fuppléent au défaut de» jambes. Outre ces épines , l'extérieur de ce Ver offre encore quelque chofe d'aifez remarquable > & qu'on obferve avec plaifir au microfcope : ce font les Miifcles qui fervent au mouvement 4es anneaux , & qui forment une infinité de lignes circulaires , ou d,e plis parallèles les uns 172^ OBSERVATIONS aiix autres , dont l'éclat de la peau augmente beaucoup ie relief. La teu n^3. point, comme celle des grands Animaux , de figure conftante. L'Infedle l'alonge , la raccourcit , la dilate Cv la contracte à fon gré. Qiielqucfois elle montre de chaque côté deux petites é'évatioîis [ P/. /. F^.^ V. a. a.], qu'on diroit devoir être la place de deux yeux : ce qui eft au-delà fe termine en pointe pour don- ner pius de facilité au Ver de percer le limon dans lequel il fe tient ordinairement. A l'çndroit où la tête a le plus de diamètre , entre les deux élévations dont je viens de parler , cli; placée la Bouche , b. Lorfque l'Infede l'ouvre , l'ouver- ture qui fe diflingue nettement , paroit circu- laire , & garnie tout autour d'un mufcle affez épais [ Fig. VIL k, ]. C'efl en partie ce mufcle qui 5 en s'appliquant exadement par toute fa circonférence fur un plan uni & perpendicu- laire à rhorizon , permet à PInfede de s'y pro- mener d'un endroit à l'autre. Plus d'une fois il m'eft arrivé de voir s'élever au-delTus de la bou- che [ PL I. ] comme une efpece de velîie [ Fig. VL h. ] qiji étoit alternativement poupe au- dehors , & retirée en-dedans. Vue de cpté , elle ^voit quelque air d'un mamelon [ Fig. VIII. I. ]. Çerpit-ce là la langue de notre Infecte , ou du s U R L E s FERS. 173 moins une partie équivalente ? Je le croirois volontiers. A l'autre extrémité du corps eft une ouver- ture oblongue [ F/> X n. Fig. XIV. q, ] , dont le grand diamètre eft, parallèle à la longueur de TAîiimal , & qui donne paiÏÏige aux cxcrémens. [ Fie. I. ÎL &c. e. ç. e. ^c. ] 'Mais rien n'attire plus Pattention , dans cette efpece de Ver , que la grande Arters [ i^> V, f.f.f. a C. C. Z<^c, ] Ce yaiiTeau que le célèbre Malpighi a cru devoir regard-^r comme une chaîne de cœurs , & qui dans les Chenilies , ainfi que dans quantité d'autres ïn{cc'!?s , eft étendu en ligne droite tout du long du dos, eft ici plus ou moins replié dans différentes portions de fon étendue. Souvent ce n'eft d'un bout à l'autre que plis & replis. Dans ces routes tortueufes ferpente îa liqueur analogue au £mg, D'inftant en inftant on voit une goutte de cette liqueur qui part de l'extrémité de la queue , enfile tous ces zigzags , Se va fe perdre eniia dans le cerveau. On la fuit aifément dans la plus grande partie de fon cours , par les mou- vemens alternatifs de contrxl^on & de dilata- tion qui s'ercitent fuccelfivement d'anneau en anneau : ilfemble que chaque portion de FAr^ tere comprife days la langueur d'un de ces 174 OBSERVATIOMS anneaux , foit elle-même un véritable cœur (i), qui poufle à celui qui le fuit, la goutte de li- queur qu'il a reçue de celui qui le précède. On ne peut fe lalTer d'admirer le fpedacle qu'of-* frent ces mouvemens continuels de Syfiole & de Dyaftole : mais pour en bien jouir il faut fixer fes regards fur le milieu du corps. Ceft-là que l'Artère a le plus de diamètre (2). Tout s'y palfe beaucoup plus viliblemeiit que vers les deux ex- (i) C'a été , en effet , la penfée de malpigHI , comme je Tai déjà infinué, & comme oh peut le voir dans fa Dif- fertation fur le Ver à foie. Cependant , quoique cette multi- plicité de cœurs ait quelque chofe de plus merveilleux qu'une fimple artère tendue tout du long du corps , je pen- cherois nc'anmoins plus volontiers à croire qu'il n'y a dans nos Vers , non plus que dans les Chenilles, qu'un feul vaifleaii deftiné à poutTer la liqueur analogue au fang. Mais comme ces Vers font à proportion beaucoup plus longs qua les Chenilles qui le font le plus , & que le fang auroit eii par conféquent plus de peine à y circuler , à mefure qu'il fe feroit éloigné du principe de fon motivement , fi la grande artère eût été faite pfécifénient fur le même modèle que celle des Chenilles, j'imagine que h Nature a placé à chaque jonc- tion d'anneaux une efpece de valvule , qui , par la manière dont elle ior.e , aille à chafler le fang avec plus de force. Je penfe qu'il en eft à peu près ici comme des j'nfertions ten- dineufes des mufcles droits de l'Abdomen , ou des valvules du Canal Thorachique^ Crtte ftruclure, quuique plus fimpls que ne l'a voulu malpigki , n'çn efl pas , ce me femble» moins admirable. (a) Ce diamètre eft d'environ un quart ou un cinquième de la largeur de l'anneau. [ Noi, ajout, par r/hf,à cette nouv. E.lh SUR LÉS VERS. 17^ îrémités. Du côté de la tète , fur une longueur: d'environ une ligne , Fartere ne paroit prefqus plus que comme un fil , qu'on a peine à diC tinguer j & qui diminue continuellement jufques près de la bouche où elle celTe abfokiment d'être vifible. Mais ce qu'on ne doit pas négliger de remarquer , c'eft la rapidité avec laquelle le cours du fang s'accélère à cet endroit. Il femble être comme dardé dans le cerveau. Du côté de h queue , dans une étendue de plulieurs lignes ^ il ne paroît plus que ce foit le même jeu. Ces contradlions 8c ces dilatations alternatives , (1 aifées à obferver dans le milieu du corps ^ fe confondent ici , de manière à ne pouvoir être diftinguées. On ne voit à la place que des es- pèces d'ondulations , ou comme des couches de nuages qui fe faccedent les unes aux autres avec beaucoup de régularité, [i] [i] Les anneaux étant beaucoup plus ferrés les ims près ties autres vers la partie poftérieure du corps , les niouve- mens de fyftole & de dyaftole , qui fe font dans chaque por- tion de l'artère comprife dans la longueur d'un de ees an- neaux , ne fauroient être apperçus diftinélement , & de-!à provient fans doute cette apparence de couches d€ nuages qui vQîit de la queue vers la tête. J'ajouterai ici que les bords de la grrmde artère, confidérée dans le milieu du corps de rïijl'e(fte, fe montrent fous l'afpccl de deux lignes brunes bien terminées j & qu'à chaque fyftole on voit diftiniftemcnt les deux lignes brnnes aller à la rencontre l'une de l'antre, fe rapprocher. ainfi de plus en plus & fe toucher prcfque : Î75 OBSERVATIONS A la jondiou des anneniix, on remarque de petits vaiiieaux à plufieurs branches [ PL L Fig. J\ d. d. d. i^c. ] , qui paroiiibnt être des produc- tions de ]a grande Artère. Cependant comine je n'ai pu leur découvrir de fyflole & de dyaftole , on pourroit foupeonner avec vraifenlblance que ce font des ramiHcations de veines , qui rap- portent le ùng au principal tronc des veines couché apparemment ie long du ventre. Tout du long , & immédiatement aii-delTous de la maitreile Artère [ PL L Fif. V. D, D. D. ^c. J 5 cft étendu le càJial des hitefiins , moins vifible par lui-même que par les matières ter- reufes dont il eft ordinairement rempli. Il eft pourvu , comme le font les inteftins des grands Animaux , des diiïérens ordres de fibres muf- culeules , qui, par Pélafticité (i) dont elles f6nt douces , chaflcnt peu à peu vers VAniis le réfidu des alimens. Si on ne les découvre pas à Tœil , on en juge au moins par leur elFet. On obferve Tefpace compris entre les deux L'gncs giî les deux bords de Tartere eft fort tranfparent. [ Aidit. faite par VAut. à cette N. E. (t) Je ne connni-fiois pas alors V Irritahilité qui a joué depuis uu fi grand rôle en Piiyriologie , & j'dttrlbuois à VE- lajîicîté ce qui ne lui nppartenoit point- On fait aujourd\hui que le mouvement Pénjlaltiqne ou vermfculaire des inteftins dépend de l'irritabilité exquife dont ils font doués , & qui ti7i rien de commun avec i'ébfticité. [ Note ajout, far VAut, ù cetts nouv, Edit, diftincl;ement SUR LES VERS. Ï77 (jiftindcment comment les excrémens font poiil^is de place en place jufqu'à Pouverture préparée pour les laJiTer ibitir : la tranfparence de la peau le permet. Qiielquefois néanmoins , à roceoiloii des divers mouvemens que fe donne Tlnfede , on les voit rétrograder : d'autres fois ils r<3mblent couler , être entrainés rapidement vers i'Anus. Dans certains momens ou TAnuiial fé vuide , on pourra obferver vers Pextrémité de la queue comme un mouvement de joiirniiîl entent extraor- dinaire 5 à peu près comme fi Teau , qui envi- ronne immédiatement le Ver, proEtoit de Pou- vertiire que lui offre PAnus pour fe gliifer dans Pincérieur. Et ce qu'on jugera rendre la corn- paraifon d'autant plus jufte , c'cd: qu'on remar- quera alors que les excrémens qui s'avanqoient à ]a iuite des premiers rejettes , feront forcés de rétrograder dans les inteftins , fans pouvoir pen- dant quelques minutes reprendre leur cours. Un autre fpec1:acle aifiz intéreilant qu'offre quelquefois Pintérieur de cette efpece d'InfecT:e , eft celui de bulles d'air rangées à la file dans Peftomac & les inteftins. Mais au lieu que les pciifons ont à leur commandement Pair qu'ils ont renfermé dans une velîîe , & s'en fervent pour s'élever ou s'enfoncer , notre Ver en eft au contraire m?itrifé : des qu'il lui cft arrive Tovis l M, Î78 OBSERVATIONS iVcn avaler iiiic certaine quantité , il ne lui cil plus polîible , malgré les efforts qu'il ne ceire de faire , de gagner le fond de l'eau , il faut qu'il rcilie à la furface jufqu'à ce qu'il ait achevé de le rendrr'. J'ai vu de ces bulles altcrnative- juent chaiîées vers l'anus, & repouifécs vers la tète , pendant plufieurs minutes. Telles font , en gros , les principales parti- cuiarités que les yeux nuds ou armés d'unJMi- crofcopc découvrent dans la ftrudure de cet In- fecle. Cette ftrudure, une fois connue jiifqu'à un certain point, on en admirera davantage la merveille de la reproduction de tant d'organes. OBSERVATION IL Sur un Fer partagé transverfalement en deux parties par le Viiilieu du corps. j 'Ai dit que j'avois partagé ww pareil Ver eii deux parties. Je fis cette opération le 3 de Juin 1741. Immédiatement après je mis les deux moitiés dans une efpece de talTe de verre , de trois à quatre pouces de diamètre fur un pouce ou environ de profondeur. Je ne les perdis pref- que pas de vue : je remarquai que la première icmtié 5 celle où tenoit la tète , fe mouvoit 00mm e à For di nuire. Mais ce qui me parut bien SUR LES VERS. 179 autrement remarquable , c'eft que l'autre moitié qui Ji'avoit point de tête , fe mouvoit prefque comme fi elle eii avoit eu une. Elle alloit en avant en s'appuyant fur l'extrémité antérieure de fon corps 3 elle avan(;oit même avec alfez de vîteife. On voy'oit que ce n'étoit point un mou- vement fins diredion , un mouvement produit par une caufe telle que celle qui fait mouvoir la queue d'un Lézard après qu'elle a été fépa- rée du tronc , mais un mouvement très-volon- taire. On l'oblérvoit fe détourner à la rencon- tre de quelque obftacle , s'arrêter , puis fe remettre à ramper. Lorfque les deux moitiés venoient à fe rencontrer , c'étoit comme fi elles îi'euiîént jamais forme un même Infedle : elles ne paroiiibient ni fe chercher , ni fe fuir. Cha- cune tiroit de foji côté 3 ou fî elles alioient de compagnie vers le même endroit , la première dévancoit ordinairement la féconde. Mais celle- ci Jie montroit jamais mieux une ibrte de vo- lonté , que lorfque je Texpofois au foleil : elle hâtoit alors confiderablement fa marche. Deux jours s'etant écoulés , je crus devoir mettre dans la talfe un peu de terre & de len- tille aquatique. La première moitié ne tarda pas à s'y enfoncer : mais la féconde fe contenta de fe cacher entre les menues racines de lalentijle, . M :? îSo OBSERVATIONS Dans ce temps-là j'obfervai au bout 'intérieur de cette moitié , une efpece de petit renflement une forte de bourlet analogue à celui qui vient à une branche d'arbre dont on a enlevé cir- euiairement une portion d'écorce : je ne le dif-* tinguai pas fi bien à l'extrémité poltérieurc de l'autre moitié. Ce bourlet fenibloit lui donner plus de facilité pour ramper ^ elle ne paroiifoit plus craindre autant le frottement. Le lendemain j'appercus à la coupe de chaque moitié un petit accroitTcment recojinoilfable par la diiférence de couleur, qui étoit là beaucoup - plus claire que dans le refte du corps. Les jours fuivans tout devint plus feniible. En6n au bout d'environ une femaine , chaque moitié fut un Ver complet. La tète qui avoit poulie à la fé- conde , étoit précifénlent telle , quant à la forme ,- que celle delà première, & capable des mêmes- fondions > & la n<3iiveHe queue de ccUe-ci , en tout femblable à celle de la féconde moitié \ le cœur 5 l'eftomac , les inteifins , &c. s'etoient pro- longés dans l'une & dans Fautre y de nouveaux anneaux avoient pouifé à la fuite des anciens. En un mot , tout ce qu€ le premier Ver faifoit avant que d'avoir été partagé , nos deux Vers qui en étoient provenus, le faifoient pareille- ment ; même agilité , mêmes inclinations , même fàqon de vivre , de fe nourrir. SUR LES VERS. igî J'avois foin demefiirerde temps à rai tre leur accroifTement , avec autant de précifioii qu'il m'étoit pofîible. Au temps de Popératioii ils avoient chacun environ un pouce j le 2Z da mois ils en avoient près de deux. Je continuois à les fuivre , Se )€ me promet? tois bien de pouiFer rexpénence aufli loin qu il fe pourroit ; mais ils trouvèrent au bout de quelques jours , à mon grand étonnement ,. Iç moyen de nVéchapper (i). (i) J'ai eu lieu depuis de foupçonner qu'a^^ant quitté le fond de l'eau , & s'c'tant mis à ramper le long des parois de là taffe , en- dehors , ils s'y étoient defféchés , comme je l'ai vu arriver plus d'une fois. Il croît contre Its parois inté- rieures du vafe une efpece de moufTe aquatique qui donue plus de facilité h l'Iufecls pour y rani^ier. Afin de prévenir cet inconvénient il eft bon de changer quelquefois de voie. Je m'étois hlté d'en\oyer à Mr. de Reaumur , les détails de cette première expérience. J'étois hien fur qu'ils ne iui feroient pas indifférens. On aimera, f^iia doute, à trouver ici la réponfe de cet illuftre Naturalifte. Elle fera un hoti fupplément à Thiftoire très-abrégie que j'ai donnée [Ohf. /.} de la découverte des Animaux qu'on multiplie en les cou- pant par niprceauxj A F avis ce je. iVAoùt 174 T. " Je \rous remercie , Monfieur, de ce que vous avez féja 3^ vérifié une prédidion que j'avois faite à l'Académie & 5, qu'on pou voit lui faire fans fe donner pour prophète. Par? 35 tout j'ai trouvé des Faits qui prouvent que l'Auteur de la j, Nature a multiplié fes Production^ les plus fingulit res , 5". [ ^ote fïjout. ^ar Vâuto k cette ncuvelle Edition^ ,%^ SUR LES VERS. 185 ig^ ^^^-i:;^^ î^ OBSERVATION II I. Sur des Fers partagés en z. 3. 4. 8- 10, 14. & 2 6. parties. L lE fuccès de l'Expérience dont je viens de donner un précis , & l'extrême envie que j'avois de poulîer plus loin ces recherches , ne me laii- ferent pas long-temps tranquille. Je cherchai bien-tôt à me procurer d'autres Vers pareils au premier , & j'eus le bonheur d'y réulîir. Je commençai d'abord par répéter ma première Expérience. Le fuccès ne fe démentit point. Un de ces Vers partagé ( i ) traniverfaiemeiit par le milieu du corps , me donna en pett de jours deux Vers complets. J'eflayai enfuite de pouiTer la divifîon plus loin , & de partager de ces Infedes en trois , en quatre, eh huit, en dix , en quatorze portions ^ & toutes , ou'prefque toutes reproduiflrent tète Se queue. Enfin j'ai été jufqu'à couper un même Ver (i) Ils font trop effilés pour pouvoir être partagés longi- fciidinaîement. M 4 184 OBSERVATIONS en vingt-fix portions , donc la plupart ant repris 5 6c dont pluiieurs font devenues des animaux complets. ^^^^:^ ^ ^.^^^1^^. OBSERVATION IV. ^ejnarques générales fur ce qui a rapport à la reprodvMon êf à t accroiffcment des extrémités de ces Fers. f^ariétés qu'on y obferve. [ %^'EsT ordinairement deux à trois jours après l'opération , en Eté , mais feulement au bout fi'enyiron dix à douze en hiver , que j'ai vi; des mpitics de mes Vers commencer à fe com- plctter, Dans de p:us petites portions , dans des douzièmes , des quinzièmes , des vingt-quatriè- mes , la reprodudion ne fe fait pas à beaucoup près il promptement , comme on le ve^ra ailleurs. La tète eft h l'ordinaire celle qui fe développe la première. Elle s'alonge continuellement pen- <3ant u"ie femaine Se plus , jufqu'à ce qii'elle ait atteint la longueur d'environ une ligne (x) s (0 Je "c veux pas dire par-là , que la tête propremenfc |infi nommée , c'eft-à-dire , ce^te partie qui conîpienil 1:? SUR LES VERS. ï8T ou une ligne & demie [ Fi£. I. IL ^c. ah.']i alors elle celTe de croître, il n'en eft pas de même de la queue : après avoir bien-tôt fur- paiFé la tète en longueur, elle ne difcontinue point de s'étendre. Ce font de jour en jour de nouveaux progrès 5 enforte que j'ignore encore jufqu'où cela peut précifément aller. Il me fuf- fira de remarquer poyr le préfent , que des por« tions de ces Vers qui immédiatement après l'o- pération n'avoient gueres que deux à trois lignes , le font trouvées en moins de ùx mois avoir en- viron deux pouces. Mais ce qu'on jugera appar remment plus remarquiible , c'eft que de fem- blables portions aient fait, en temps égal, au- tant de progrès que d'autres quatre à cinq fois auffi longues. J'ai comparé , par exemple , les diiférentes crues de la première moitié d'un Ver de cette efpece , long d'environ deux pouces & partagé le ï8 Juillet , avec celles de quelques- 'unes des portions d'un autre Ver de la même efpece & également long , coupé le même jour cerveau , la bouche, &c. ait la longueur d'une lignée à un^ ligne & demie j il s'en faut de beauco«p. Miis je donne ici le nom de tête , non-feulement à cette partie à qui on r,e fauroit le refuf^r , ^lais encore à un affemblage d'anneaux ( Fig. I- IL Effc. a &. ) qui poufl'ent conilamment à h fui- te, & qui pris cnfemble font une longueur d'environ une ligne. Ce fera là, fi Ion veut , la partie antérieure de l'In- fcAe. Pour abre'g«r j'ai cru pouvoir négliger, cette çUilinc- tion, & qu'Urne fiiffifoit d'en avertir. 1^6 OBSERVATIONS en huit parties , & j'ai été furpris de trouver de 1 art & d'autre à peu près les mêmes quan- tités d'accroiirement. ' Mais fi au lieu de faire cette comparaifon en^ tre les portions de différens Vers , on la fait entre celles du même Ver, on remarquera des variétés auxquelles on ne s'étoit pas attendu. On verra de ces portions qui auront acquis douze à quinze lignes de longueur, tandis que d'autres en auront à peine quatre à cinq. J'ai fait mon poiîibie pour trouver au milieu de ces variétés quelque point fixe , quelque règle qui ne fut pas démciitie par l'expérience : & en générai i] m'a parii que ce font les portions les plus voifincs de la queue , qui dans le même temps font le moins de progrès. On doit fur- tout mettre de ce nombre la dernière. A l'égard de celle qui garde la tète , quoiqu'elle foit fou- vent la portion qui , en temps égal , reproduit une plus longue queue , cela n'eft pourtant pas fî confiant qu'on puiife le regarder Tonime prin- cipe. Mes obfervations m'en ont fourni plus d'une preuve. Ce n'eft pas une règle que toutes les portions intermédiaires qui ont repris une tète, parviennent aulîi à reprendre une queue : j'ai encore des exemples du contraire. Ce qu'il y a feulement de certain , c'eft que l'état du Ver .^ SUR LES VERS. 187 le nombre des divifions , & diveiTes autres cir- coiiftances paroilîent influer extrêmement fur toutes ces irrégularités. OBSERVATION V. Qjie la reprodu&ion de ces Fers de bots- titre , peut aller co?nme celle des Fiantes à rinfinL u, Ne branche de Saule , de Peuplier , &c. coupée & plantée en terre , y prend racine & devient bientôt un arbre , dont la moindre bran- che peut à fon tour en donner un autre , & ainfi à l'infini. Il en eft de même de nos Vers i fi l'on partage ceux qui doivent leur origine à la fedUon , ils fe reproduiront comme à l'ordi- naire. J'ai eu des quinzièmes , des vingt-qua- trièmes, des vingt-feiemes , à qui rien ne man- quoit , & qui étoient provenus de moitiés , de quarts. On peut juger par-là à quel point il eft poflîble de multiplier ainfi ces fortes d'Infedes. Pour nous en faire une idée , fuppofons qu'on en ait partagé un , long de deux pouces , feu- lement en huit par tiss» Chacune de ces parties 188 OBSERVAT! 0 N S pourra aifément au bout de raiinée être parca^ gce elle-même en autant de portion^. On aura donc au bout de deux ans Toixante-quatre Ver^ pareils au premier. A la fin de ia troifieme année cinq cent douze. A la fin de la quatrième , quatre mille quatre-ving-feize. A la cincjuieme , trente-deux mille fcpt-ccnt foixante huit. Nous avons mis les cliofes affez bas : que fe^- roit-cefi au lieu de fuppofer un Ver partagé feu- lement en huit , nous le fuppolion^ partagé en douze , qui n'ell pourtant qu'un nombre médio- cre ? Au bout de cinq ans on en auroit deux cent quarante - huit mille huit cent trente deux , fur la fin de la fixieme année , deii^ jniilions neuf cent quatre- vingt cinq mille neuf cent quatre-vingt quatre &c. OBSERVATION VI, (S/zr des Fers trouvés mutilés. Conment il leur arriv'e de Ce partager. c ETTE merveilleufe propriété de le repro- duire après avoir été mis en pièces , n'a-t-elle été accordée à ces Infec1:es que pour fati^fàirç Sur les vers. i89 notre curioGté , & ne s'opere-t-elie pas aiiffi de foi-mème dans les miireaiix où ils naiifent , loin de la vue des curieux , ^ pour la confeLvatioii de cette efpcce finguliere d"^ Animaux ? Ceft-là un £iit aufTi certain qu'il eft remarquable : j'ai trouvé de nos Vers , dont les uns n'avoient point- encore de tète, & dont d'autres avoient com- mencé à en reprendre une : mais il y a plus , j'en ai tiré de Teau dans le même état qtie ceux à qui on a coupé la tète & la queue , ou qui ont été partagés en î)lus de deux parties :^ tous- ces Vers ont enfuite achevé de fe completter fous mes J^eux. Seroit-ce là » la manière natu- relle dont ces Vers ccniervent leur eipece ? Ou ceux que j'ai trouvés parta^gés , Favoient-ils été par qudqu-e caufe accidentelle ? Je n'avois pas eipéré que mes obfervations me fourniroient de quoi ni'éclaircir là-deiTus : mais des Vers de cette efpece que je confervois entiers , s étant partagés commo d'eux-mêmes dans mes tafTes , m'ont appris que c'eR fouvent par accident que cela leur arrive. Cet accident provient ordinai- rement de ce qu'ils fe font enfoncés trop avant dans la terre , ou de es que la terre dans la- quelle ils fe font enfoncés , rcfifte trop. Il con- vcnoit donc que ces Inrec1:cs , dont le corps eft caiïànt , & qui font deftniés à vivre dans la boue , puifeut fe reproduire de la manière que ïpo OBSERVATIONS je l'ai démontré. Une autre raifon encore a pu l'exiger : ces Vers font apparemment fujets à être mangés , foit en tout , (oit en partie , par d'autres animaux, à la nourriture dcfquels ils ont été deftinés. Enfin j'ajouterai qu'ils font attaqués quelquefois d'une maladie aflez fmgu- Ijere, dont je parlerai ailleurs plus au long , qui leur emporte fouvent une partie du corps , qu'ils ne manquent pas de recouvrer enfuite , comme la recouvrent ceux à qui on Fa coupée. (i) (i) Dans une lettre du 50 Novembre I74î » Mr. ^q Reaumur me difoit fa 4)onfée fur la caiife finale «ics admi- rables reproduftions dont il eft queftion dans cet ouvrage. „ Si nous voulions deviner les fins de la Nature , m'écri- ,, voit-il , nous pourrions fdupqonner que les Animaux qui „ doivent fervir de pâture abondante à d'autres, mais qui ne „ font ordinairement mangés qu'en partie , ont dans la „ partie reftante de quoi reproduire h partie qui a été man- ,, gée. Des vers rouges «]iii doivent vous être connus , qui „ tiennent leur partie antérieure enfoncée dans la vafe cou- ,, verte d'eau , & dont la prirtie pollérieure fait des ofcilla- ,, tions continuelles dans l'eau , ces Vers, dis-je , qui fe 5, trouvent dans l'eau en fi grande quantité , qu'ils la font 5, paroître rouge , ont leur partie poftérieHre bien plus ex- ,, pofée que l'autre à être coupée par des Animaux voraces ; „ auffi cette partie poftéricure fe reproduit- elle avec une „ très-grande fiCîlité, êc la reproduction de leur partie ex- „ -tértcure eft exceffivement lente. J'ai eu , comme vous , ,, le plaifir de tirer de l'eau & de la boue foit de ces Vers „ rouges, foit de vos Vers grifâtres qui étoient dans le cas de „ ceux qui réparent des parties qu'ils ont perdues. Les Ani- „ maux dont le corps eft trop caflriut avoient encore bcfoin „ que cette foiuce de reprodus^^ion leur fût accordée , comme SUR LES VERS 19^ OBSERVATION VIL Que la portion du Ver comprime entre les deux fe&ions ne s'étend point. N £iit par luie Expérience curieufe * , que Jes os des animaux , lorfqu'ils fe font offifiés jufqu'à un certain points ne croiiTent plus que dans leurs extrémités s le corps de l'os n'eft plus fiifceptible d-cxtenfion. Plufieurs obfervations m'ont convaincu qu'il en eft - aintî chez nos Vers : le Tronçon , la portion que la fedion a donnée , ne prend aucun accroiiienient. Il n'y a que les parties qui repoulTent" aux extrémités , qui en foient fufceptibles ( i ). J'ai remarqué auili qu'il faut à Ces parties un temps confidérable pour acquérir la couleur du tronçon. J'ai des huitièmes &»des dixièmes de deux ans, dans lefquels celui-ci eft encore très- reconnoiiTdble par fa couleur. „ elle Ta été aiix EcreviiTcs par rapport à leurs jambes, " [ Note ajoutée par V Auteur à cette Jiouvelle Edition. * La Stat. des Veget. de M. Haies h de la trad. de M. de Euffon Fag. 287. (i) Ici il fe préfente une qucftion qui m' a été fjite : quand la queue renaît & acquiert tn ponce de longueur , comment fe foit Ï92 OBSERFATIONS Cet accroifiement? A la feftion il fe forme un petit bouiietqti! itevient bien-tôt im anneau: mnis où fe forme l'anus? Cet anneau reftcit-il toujours l'anneau de l'extrémité, de forte que le nouvel anneau qui naît après celiii-là , fe forme entre le dernier anneau de la fetflion , & l'anneau qui a précédé immédiatement celui dont il s'agit dans fa naiflancc, ou bien îe nouvel ahneau fe forriic-til en-dehors de l'anneau dernier formé ? On préfume fans doute que la chofe fe pafie de la première d# ces deux manières , & cela eft' vrai. De-Ià il n'ait une autre queftion : lorfquc l'Animal , fans avoir été cout)é , croît par l'addition de nouveaux anneauîî , oii fe pla- cent ces nouveaux anneaux ? Eft ce indiftindement par-tout ou dans quelque partie fini^uliere ? ou frai augmentation fe fait-elle par l'addition de nouveaux anneaux , ou feulement par l'expanfion des anciens ? Pour déeii'er cette nueftion , il fnudroit avoir élevé un de ces Vers depuis fa naifTance juf- qu'à fon parfait accroiiTement , & avoir c-ompté le nombre de fes anneaux dans ces deux âges ,• mais c'eft une expé- rience qu'il ne m'a pas encore été permis de faite. Je ne ferois pourtant pas élôigîié de penfer que l'accroiiTjment dans le Ver entier, fe fnit & par l'addition , ou plus ejtac- tement , par le développement de nouveaux anneaux , & par l'extenfion des anciens. On peut fe repréfenter le corps de ces Vers fous l'image d'un refibrt à boudin. Les anneaux d'abord extrêmement ferrés les uns près des autres , s'éloi- gnent peu à peu , & augmentent ainfi les dimenfions de rinfccle •-, bien entendu que ce font ceux de la partie pofté- rieure qui font le plus fufceptibles d'e5:tenfioii , & qui le demeurent plus long-tems , conformément à ce que j'ai re- marque ci-deffus. Ohferz'4 Vil. ^^ OBSERVATION SUR LES V ERS. 193 OBSERVATION VIIL Quelles différences réftdtent du plus ' ou du moins de chaleur pour la reproduction ^ l'accroijjhnent des portions de ces Fers. Expériences à ce fujet. L \ chaleur & 1^ froid qui influent d'une ma- nière Çi marquée fur la vie & Paccroiiiement des corps organrfés , n'ont fans doute pas moins d'influence fur nos Vers , & en particulier fur leur reproduclion. Mais il ne fuffifoit pas de le foupqonner , il falloit faire !a-deifus des expé- riences , qui , en démontrant la vérité de ce foupcon , apprident en même temps quelles font les dirxcrences qui réfu-tent de ces deux états oppofés. Ce fut pour y parvenir, 8c aufli pour effayer <3e pouifer la divifion pi us loin que je n'avais «ncore fait , que je partageai fur la Eii de Janvier Ï742 , deux de mes Vers , Fun en vin-t-qu irre , 8c l'autre en vingt -fix parties, ce'îui-là étoit provenu de la première portion d'uii par^i' Ver coupé en quatre 3 en Juillet 1741 ; celui-ci étoit Tome L N Î94 0 n s i: R V A T I 0 N s venu d'une des intermédiaires ; chacun avoit environ deux pouces de longueur. Après la mi-Mars feulement,* les portions fuivantes de la première divifiou en vingt-quatre , n voient commence à fe completter , favoir , la iixicme, la huitième, la neuvième , la onzième, la treizième & la feizieme. Le 3 Avril , la huitième , la neuvième , la onzième & la feizieme , avoient repris une tète d'environ une demi-ligne , & bien formée j mais- la queue étoit plus courte. Le II , la quatrième, la cinquième, la fep- tieme , la neuvième , la dixième , la onzième , ]a quatorzième & la feizieme étoient encore pleines de vie > mais avant le 27 , toutes avoient péri. A l'égard des portions du Ver partagé en vingt-fix , environ la mi-Mars , celles qui fuivent , jlivoir , la féconde , la troilieme , la quatrième , la fixieme , la huitième , la dixième, la feizieme Se la dix-feptieme , avoient commencé à repren- dre ce qui leur manquoit pour être des animaux parfaits. * Le Thermomètre de M. de Reaumur , placé dans via chixmhre , Je tenant ordinaire'tnent aux cnviro?}S de 4 degrés nu- ilejfus de la CongelatiQ7î. SUR LES VERS. 19^ Le 3 Avril, quelques-unes, comme la qua- trième , ia huitième & la dix-feptieme avoieiit pris une tète de la longueur d'environ une demi- ligne. Le 17 ,1a huitième & la dix-feptieme étoient les feules qui donnaifent encore des figues de •vie. Elles ne parolifoient pas cependant avoir pris de nourriture s la tranfparence de leur in- térieur l'indiquoit. Après avoir donné le réFultat des deux ex- périences précédentes , - faites dans des mois d'hiver 5 je vais maintenant donner celui d'une troifieme faite en Eté , fui" l'autre portion întcr- rnéûiaire de ce Ver coupé en quatre , & parta- gée elle-même en vingt-fix , le 3 de Juillet. Le 13 * , latroifieme, la quatrième , la cin- quième , la fixiemc , la neuvième , la dixième » la onzième & la douzième avoient achevé ne reproduire une tète & une queue , mais le 26 feulement , la feptieme , la vingtième & la vingt- deuxième approchoient de l'état d'animaux parfaits. Ce jour - là quelques-unes , Ifivoir la tioi- * Le Thermometre'dc M. de Reaumur placé dam \na chum- hve , Je tenant oyàindirement aux envirom de i s àcg. uu-dejjhi de la Congélation, N 2 T9S OBSERVATIONS fieme , la quatrième & la cinquième avoiend pouiTé une queue d'une ligne à une ligne Si demie. La féconde , la quinzième , la feizieme & la dix-huitieme paroilToient dès \e i6 avoir achevé . ou prefque achevé de fe compîetter. Les autres périrent fans s'être complettées J & la plupart avant le quinze. Nous voyons donc par ces expériences ; combien PEté eft plus favorable que Fhiver à la multiplication de nos Infedes par bouture , comme il étoit naturel de le préfamer. Il elt vrai néanmoins , que beaucoup d'autres circont tances peuvent influer ici , auxquelles nous ne fai- fons pas attention. Il peut arriver, par exemple, qu'on faife la feclion en des endroits du corps de ranimai , plus ou moins dangereux. Le Ver fur lequel on tente l'expérience , peut être plus ou moins en écat de la fupporter , qu'un autre qui lui reflemble d'ailleurs en tout pour l'exté- rieur. Enfin , le mouvement continuel du Ver lie permettant pas de £dre les portions auffi é"-ales qu'on les voudroit , cette inégalité peut cn:ore devenir une fource de variétés & de btfarreries apparentes. SUR LES VERS. 197 Quoiqu'il en foit , voici encore fur ce fiijet une expérience que j'ai cru devoir rapporter. J'ai partagé transverfaiement par le milieu du corps , deux Vers de refpece des précédens,, longs chacun d'environ un pouce trois quarts > le premier le 18 Juillet, le fécond le 24 Janvier- Celui-là au bout d'environ fix jours a repris tête & queue , Se cette queue ( i )^ avoit déjà h 26 Août dix lignes. Celui-ci avoit achevé de fe completter le 12 Février, mais îe 10 Juin feulement ,1a queue avoit atteint la longueur de dix lignes. Outre les eiîets mentionnés ci-delTus , le froid m'a paru en produire un autre fur les boutures de nos Vers , qui eft allez remarqua- ble, c'eft de les conferver en vie pendant un temps plus long, que ne le fait le degré de chaleur propre à l'Eté. Sans doute que la tranf- piration étant moins abondante en hiver, elle n'exige pas une aulîî grande réparation qu'exi- geroit celle d'une faifon plus chaude. Les eu- rieufes expériences, de M. de Reaumur ^ fur les (i) Je fais ici , par rnpport à la queue , la même remar-. quQ que j'ai faite plus haut, Obf. IV. par rapport à la tête. * Jlém. four rUifi^da Infcci^ Torn^ IL Mém, p'ernm^ ' N 3. 1^8 OBSERVATIONS moyens de pr;4onger & d'abréger la durée de la vie des I:ired;és , nous en foun^iiTent plus d'une preuve , 3c d'un genre bien finguiier. OBSERVATION IX. Obfervations ^ Expériences fur Içi façon dont ces Fers croiffent. h favaut M. Ha le s * que j'ai déjà eu occa- ilon de citet, a fait fur les plantes une expé- rience qui a' été trouvée belle, & qui l'eft eii effet y c'eft d'avoir mefuré avec beaucoup de prénfioii , les accroiiTemens jounraliers de quel- que saunes pendant un certain efpace de temps. ( I ) Curieux de connoitre les loix fuivant lef- quelles s'opèrent ceux de nos infedes qui vieu- lient de bouture ^ j'ai tenté fur eux l'expérience que je viens d'indiquer. J'ai dreffé une Table del'accroilfement des portions de quatre Vers, (2) à-peu-près égaux & femblables , partagés *^ Stat. des Véget. page 280. ^ fuiv. (0 Avant que d'avoir In M. Hap.eS , j'avois fait une fembla- 1->le e-spérience fur tles oignons de fleurs ; mais ce nVnl; pas ici le lieu de la détailler. (2J Longs de 18 à 20 lignes ou plus. \ SUR LES VERS. 199 dans le même mois, ruii en deux, Paiitre eu quatre , le troificme eu huit , & le quatrième en dix parties. Je n'ai rien négligé pour que les mefures adluolies liiileut les plus juftes quil feroit poilible , mais fans prétendre néanmoins à une précifion mathématique qu'on ne iliurott fe promettre ici. J'ai cru que ce feroit aifez , (i je donnpis des à~f en-près , & M. de Reatjmur l'a penfé comme moi. ( i ) Ces Vers iont fi Vifs , ils s'alongent & fe raccourclifenc avec tant de promptitude , ils replient leur corps de tant de façons diiféi'entes , enfin ils font fi dé- licats , qu'on fent aifément qu'il n'eft pas auffi facile de les mefurer qu'on le fouhaiteroit , & qu'il i'eft de mefurer une plante. Les moyens & les précautions dont j'ai fait ufage font fort fimples j Peifentiel fe réduit à prendre^ avec un compas la plus grande longueur du Ver, & H la rapporter fur un pie divifé exactement en pouces & en lignes. Je dis la plus grande lon- gueur du Ver , autrement , fon plus grand alon- gement : c'efi; le terme qui m'a paru le moins (l) Voici ce que m'en écrivoit cet ilîiiftre Académicien le 8 iVAûiit 1742. " (Quoique vos tables fur les progrès de l'ac- 5j croiffement des parties diffJientes des Vers coupés, ne puif- ., fent pas avoir un certain degré d'exaélitudc , comme vous 35 m'en avez averti , elles donnent toujours des à-peu-prèç ;, qui font tout ce qu'on doit fouh.iiter erj- pareils CûS.,-i ( 2i\>te ajoutée yar l'âutmr i) cette nouvcUe FAition ). N 4. ■ 200 0 B S E R V A T I 0 N ^ fnjet à erreur y celui de hi plus grande contrac^ tiou Pétant beaucoup plus. Enfin on aura foin de faire jeûner 1 Infecle , un jour ou deux avant que de le mefurer : lî ne manque pas de fe vui- der pendant cet intervalle, & Ton en diftingue mieux ainfi ce qui faifo^ t partie du corps de Fin- fede cou;:é. Voicî maintenant comme un écliantillon de ce que j'ai commencé de faire en ce genre. Nota. Dans la Tab^e qui fuit , ainfi que dans la m. &la IF, on a fait les mois de 30. joui'S» & Février de 28. , pour faciliter Fadditioii. TABLE î ~\T/iBLE de laxrciJJ'anmt des port i cm- de quatre'^: J rcrs à peu près c'cjaux 1^fcndilabh's\ f artacjc;']^ ïi dans le même mois , hm en 2 , i mitre en + , /" I troMcme cn%, ^^ le quatrième c>^ "^o. ra-t'e rsrmïiiiiinrr^"^ ■ w lnterv\!ii'. de temp<î 1 11 I. I. ours 6. 1 1. 18. 13- 9. TO. N" 3. l 14- 2T. V. A. B. I. 2. XVIIL Jumet. 1741. Jour de rOpérution. XXIV. Jiàllet. Tète de R. Qiieue de A XXIX. Juillet. Tète de B, Qiieue de A • \, AoUt, fête de B. (elle a celTé de croître Queue de A xni. Aout. Queue de A XXVI. Aoiit. Queue de xA. ....... • XX. Septemb, Queue de A XXX. Otiohre. QLieue de A. XX. Nouerabre. Oucue de A es p-^t'e? pouc. I. 'A '-• ÎO ^^4. m. V ). ac temps eccu.e depuis Fopei. fi r 1= -H ^ Intervalle ■' de y d -t I. i 4 ^• I. tem, i mois. JUUIS. io. II. si lO. 29. 8. 18. EN DEUX. A. B. I. 2. X. Décemh. De même. XX. Janvier. 1742 Queue de A iVo/n;. l/a partie E.avoit crû à pro}K)rtion 3 tk étoit ega-e à A. XX. Mars, Qiieue de A XXVIÎ. JvriL J^ai trouvé A. partagé en deux. XV. May. Il s'étoit déta.cîié de l'extrémité poilérieure de B. une portion d'en- viron 2. lignes , quoi- qu'il ny eût que peu ÔQ terre dans la taUb. Voy OKf. X.N^. m. Longueur des parties repro(^^^tc'^ ligue. liuuc I. I. jio. m.| I. j. de temps écoulé depuis i'opér. •^^•^ î^ '■'.ciniZJlÏLlZKlIZZKIl KT su lïîLiizïii::^ qrzi:2r:r23Ei=io: Tî^nuî 2r:zi?:ii~s?i=3:ii Intervalle de temps. mois. =1 H R H H d R jours. 8. 26. I J?iV ÇIVATRE. C. D. E. F. I. 2. 3. 4- XVIII. J/ii//^^. jour de ropération. XXVI. Juillet. lètes de D. E. F. . . ^^eue de C r)aeues dQD E. . • . A^oi^a. En prenant il s'en eft détaché ' 'extrémité poftérieurc Liiie portion ( t. ) lo gue d'environ 2.1ignes.| IV. Ao/a. Tètes deD.lE.-F Qj:ieue de C Qjieues de D. E Nota. F. commence reprendre une queue & £ à reprendre une tète. Xlïl. Août. ^IVueue de C. . . . (^leues de D. E. Qiîeue de F. . . . XXVI. Août Qiieue de C. . . . Qj.ieues de D. E. lo Lieue de F Longueur des P'^»tie"L I. 4- 3. d 7- 4- I. H n u n P^nr ro> «h_'nnrz rtnnriTîirmsrn^^ 1=1 3. =1 Intervralic de 4- i '. ^ 6. 1 ' ! E 6. I. ^ 3- iR r II. 2i^. lO. 14. 21. 5. 20. II. "67 ^AT QUATRE, C. D. E. F. 1. 2. 3. 4' XX. Septembre. Qtieue de C Queues deD. &E. .. Qiicue de F XXX. Octobre. Queues de C. D. & E. Queue de F. XX. Novembre. Queues de C. D. &E. Queue de F X. Décembre, De même - . ^'K. Janvier. 1742. )ueues de C. D.& E. Queue de F pouc. I. 13. 22. 12. »7- XXVII. Jmtvïer. J'ai partagé C. en 24 parties. & une des i3itermédiaires(Supp D. ) en 26. Voyez Obf. VIII. XX. Mars. E. & F. n'avoient pas pris d'accroiiîemcnt bien fenfîble. XXX. Juin, Queue de E Queue de F Longueur des parties, ronroduites. fil i.m. 17. j. de temps écoulé deouisPopér. l^irrrscEmnErE^frînnr irrg:^Tr~si] Intervalle de tems. ours, 3» i^. 12. 13- 8- 21 21. 24. 25' EN QUATRE. C. D. E. F. I. 2. 3. 4- III. Jtiillst. J'ai partagé E.en '26 portions. Voy. Obf. VIII. XX, Juillet. F. n'avoit pas fait des progrès bien feiiliblcs X. Aokt, De même. XIIL Août. Il s'étoit détaché de Pextrémité poftérieure de F , une portion d'environ quatre li- gnes , qui le 14. avoit celFé de vivre. Je n'ai rien remarqué dans la taire qui pût avoir caufé cet accident. IV. May 1743 F. en entier Longeur ij parties " des reproduites poiic. fi 'À = 2i.m.l 2f . j. de temps écoulé depuis i'opér. ,5 4^ 2nn=3£EZ33i:ziis::z3:^r:35i=35n33i=is f 1 ^iV H VÎT ÏL-ZK ^ y G, H. I. K. L. M. N. O. f i f 1 , I. 2. 3. 4. 5. ^.7-8. l s l J Intervalle y^y m. Juillet. 1741. Longueur | ' \ de j temp":. Jour de l'Opératian. XXVI. Juillet. des p;u-ties ( rtproitui^cî \ ; îj UlUiS. jours. pouc. iign. ' :- 8. Tètes de H.LK.L.N.O. I 4 i^^îcue àeG ^ 1 I I ' î Not. Il avoit péri une ^ a 1 =1 ;| des portions intermé- 1 ^ S diaires. ( iupp. M ) 4 J S- XXXI. ^Juillet. Tetesde.H.LK.L.N. 1 13- 4 \ 0. I. 1 (iueoes de G.& de 3. 4 des portions intermédi- ' aires, (iupp. I. K. L. ). 2. ; ■r Noîa. Une portion in- a f: termédiaire , la plus - 1 L groiie 6c la plus courte 1 t^ des huit , (fupp H. } J li'avoit point repris de - queue , quoiqu'elle eût ; (5. repris une tète. Vî. Août. - 19. Les Têtes ont celle de croître. =^ Qj-ieue de G 3^ 4- ^ •^ \ Qixeues de L K. L i J Queue de N I. ^ - 4 1 Nota. H.n'avoit point 1 encore repris de queue. • : i 19.]. de temps écoii;c depins l'opér. ; ; |x-i, (TV) (iY) iC>; i3 Tf:)^ «T » (<%) (C 3; AL' £ Intervalle de tcmp<;. 2. lOUlS. 26. 14 iO. des parties!- renrod:;'^':- P"uc. 1 13. 21. 20. 4- EN HUIT. G. H. I. K. L. M. N. O. 2. 3. 4' 5- ^- 7- 8. XIII. Ao-^L Queue de G Queues de L K. L. . . . Qiieiie de N H. & O. n'avoient pas encore fait de progrès feniibles. XXVII Août. QneuQ de G Queues de I. K. L. . . Queue de N H. avoit péri. O. étoit à peu près comme le treizième. XXX- Août. Une des portions I.K. L. (iupp. L.)avoitperi. XX. Septembre. Queue àsG Q_ueues de I. ro(i,r'to^. b 5. 20. TT. 12. ^. ?9 5- 12 20. XX. Moventhre, Qiieues de G. I. & K. Queue de N O. en entier X. Décemh'e. De même. XX. Janvier. 1742. Qtieues de G. I. & K. . . Qiieue de N O. en entier XX. Mars, De même. XXX. Juin. Qj.ieues de G. 1. K. . . Oa:ue de N O. en entier XX. JuiîkL G. s'étoit delicché con- tre les paro^'s, en vou- 'ai^t fortir de la taire. Qiicu's de 1. K ruicue de N O. en entier. . f\ __ — -i— ■ — - — — — ^ — =1 1 i.m, 7.). ce temps ecou'e de; uis l'oDer. iiUcivaj r aile 4 Intervalle 1 ■ ^jnî:iL--:=iiiZKK fi teir.rs. U >7. EK HUIT. G. H. I. K. L. M. N. O I. 2. 3- 4- S' ^- 7- 8. KnnnzKTz Longuet) r tles p-.rtie reprotlui'-e<^ :5n I.K.N. de même. O. en entier IV. Miîy. 1743. ^^leiies de I. -S; K. .-^ . . Qiieue de N O. en entier La diminution de I K. N. eft remarquabi'e. LJUIJC, I. I. I. I. li^a 2 1. m. |:^ 5. j. de temps écoulé depuis i'opér. y 2. 3- H l\ m ZiUnuLnz «» »,„jii>..» ^^'rsniiiniïiiiiiii::^ Tome L O EN DIX. P. (i, R. S. T. V. W. X. Y. Z. I. 2. 3. 4- ^- ^- 7- 8. 9il2: XXIII. j7/z7/eA 174I. ' Jour de rOpération. intervalle, jours. CHOIS. u 8. 6. XXXI. Juillet. Tètes defQ-R.S.T.V W. X. Y Z. QiieuesdeP.Q,R.S.T. V. W. X. Y VL Août. Tètes de (y R. S. T. V. W. X. Y. Z Queue de P ,. Oiieues de trois portions intermédiaires , ( fupp. Q.R. s.).... Q^ieues de trois autres Dortions intermédiaires, (mp.T.VW.) X a voit fervi à une ex- -'érience , & Y. qui étoit 'es plus courtes , n'àvoit point encore repris de ucue , quoi qu'elle eût repris une tète. Longueur les parties errotUirtes. puuc. I. S. % Lji.m I14.J. de temps écoulé depuis Toper. R 14 ÛêZSS Il il TXTT jn) (i m ) I?z3I^.^7^-T^I:-^ PcIjlÏL. TCiÏLZll J Intervalle " de u- temp-; i. jours. 22. 19- 10. 20. 19. 3: ir:zii2ii'r?:iirzsii EN DIX, P.CTR.S.T.V.W.X.Y Z I. 2. 3.^.^6.7.8.9. ^'o XXVÏII. Ao/^t. Les tètes avoient ceiTé de croître. Queue de P. Qiieues de Q. R. S. . . . Queues de T.V.W... Qiieue de Y Z. iravoit pas fait de progrès feiifible. X. Septembre. Qiieue de P )ueue deQ:.R. S Queues de T. V.(une des ^.. fupp. W. r-voitpéri.} Qlicuedô Y .. .. Z. en entier XX. Septembre. Qiieue'de P. . . . Q_aeucs de Q,R.S., (Queues de T. V Q^ieue de Y Z. en entier X. O&obre Queue de P Qiieues de Q:.R. S.. r^izeues de T. V Queue de Y. . . . . .\ . Lon^iici-r des çarties renroj ^ Mes pouc. liiio. ! 4.^ 4. 2. 7- 6. ')' 3. (^. II. 9- /1 10. 2. î. II. a d2.m|i9. i. de temps écoulé depuis Topér. i 02, fc'OLMlIv^riZir 2irr??: JL ^ Inccrval! S' 1 4" I jours. 20. 9- 21 2C. D / X. nîir Loin: Il cil r J pciic. r. I. I. I. 1. I. I. 2. I. E N P.Q,rx.S.T.V.\V.X.Y.Z.,rep,n.uUes 1.2. 3.4. S- 6.7. 89.10 XXX. Ochùre. Qucxie de P QuciiesdeQ-R. S. T.V. Queue de Y Z. en entier XX. Novembre. Queue de P Queues de Q^ R.S.T.V. Qiieue de Y Z. en entier X. Décembre. De même. XX. Janvier. 1742 De même. XX. Mars. De même. XXX. Juin. P.Q_R.S.T.V. n^ivoient pus (ait de progrès bien fcnfibie. Queue de Y Z. en entier. 1. Juillet. P. s'eil deifcché contre les parois, en voulant fortir dtî ia taife. XX. Juillet. Comme îe 30. Juin. H 2. p H H W H p I2.m.|.2. j. de tcnvs écou é drraiis l'opér. (2i 22151: Zii2ii:iik2i::32iiziii.2i: 12 ii:viii2[:.i^ y lutcrvalk | h U 1 1 1 W :!l 20. 21. 2^ 18- 1 I. des pirties r eproduitt's. poiic. hgae. 4. i:'i\r DIX Lon^^u.u:- P.Q,R.S.T.VAVX.Y.Z. 1.2 3.4- 5-^7-8.9-iP- X. Ao/a. De même. y^-jri/. 1743- J':ii trouvé au comme îv cenlent de ce mois Qi K. S. T. V. coniumés par la .naladie dont i\ eil oarlé !Ob{^rv.VLi; n'en reftoit qu'une portion longue de i. iign. qui n' a vécu que îurqu'au 27. IV. iMay. Z. en entier - 21. m. i 22 ). de temps écouié aepuis i'opér, j } »-~i 151 H 1-1 1 I 14 ri i4 H k ri U U u Wf/^-Tr\ii7: O .^ 214 OBSEKVATIOnS REMARa^^ES Sur la première Table. Je ne répéterai point ici ce que j'ai déjà ia-^ Il n lié ci-deiTus touchant les difficultés qu'il y a à fe procurer des mefures pamiblement exacfles de raccroiiîement des Vers de cette efpece. On fe rappellera que je n'ai prétendu donner que des û peu près. Mais quel que foit le degré de jaltefle de cette table , il me paroit qu'elle établit au moins ces trois propofidons. La première-, qiie l'accroilTement de ces Vers fuit à-peu-près les mêmes loix que celui des X'égétaux , conformément à ce que M. HaLES a obfervé fur les farmens de vigne. Voy. halés* Stat. des Vcget. pag. 2^1. & Juiv. de la trad, de M. de Buffon. La féconde , qu'il nV a pas de différence confidcrable , entre les progrès que font dans l& même temps des moitiés & des quarts , & ceux de huitièmes &; de dixièmes. [ Obferv. IV. ] La troifitme, que la dernière portion eft celle de toutes qui , en tefnps égal , prend le moins d'scçroîifement , Se après elle , celles qui la pré- mé^r^ immédiatement. [ Obf. IV. J SrUR LES VERS.. 2I5 OBSERVATION X. Expériences pour s'affiirer fi la reprodu^ion des parties coupées ejl inépuifabk dans le même Indibidii. A Vant la découverte des Infecles q^ïi peu- vent être multipliés de bouture , les Piiyfîcieiis connoiiToient la reproduclion des pattes des EcreviiTes : ils favoient que lorfqu'oii les a cou- pées un certain nombre de fois au même indi- vidu, il ceiTe enfin à'QW repouiîer de nouvelles. Réfléchiirant fur- le rapport qu'il y a entre la. reprodudion de ces pattes , & celle des parties qui ont été coupées à nos Vers , j'ai été conduit à rechercher , fî en coupant la partie nouvelle- ment produite , l'ancien tronqon auroit de nou- velles refu)urces , pour reproduire encore ce qui hii manqueroit , & C\ cette provifioii pourroit s'épuifer , ou étoit inépuifable. J'ai donc recoupé confécutivement à un même Ver ( i ) la tète & la qaeue , à mcfiire (i) Ce Ver étoit la première moitié cîe la féconde portion d'un autre partagé en trois, en Juillet 1741, larjuelle portion s'ctoit partagée d'elle- même par le milieu , eu Janvier cfç l'année fui vante. 04 2ï^ OBSERVATIONS que CCS parties ont achevé de Te refaire. Dans reipace d'environ deux mois d'Eté , pendant lefquels il a toujours été tenu dans l'eau pure , il s'eft complctté jufqu'à huit fois , & il avoit commencé à le faire pour la neuvième lorlqu'il a celle de vivre. Cette expérience méritoit extrèmenîcnt d'être variée.^^Aufh l'ai-je fait de toutes les R^qons dont î'ai pu m'avifer. J'ai recoupé au même Ver ( i ) feulement la tète ; à un autre ( 2 ) feule- ment la queue y à un troifieme ( 3 ) l'une & l'autre de ces parties , mais en laiifant entre chaque opération l'intervalle de temps nécelfaire pour que i'Infec1:e ait pu prendre de nouvelles nourritures ; enfin j'ai recoupé avec la même précaution à un quatrième (4) feulement la tète , & à un cinquième ( O ^^ queue. ^ (1) Ce Ver étoit ïa féconde moitié d'un autre partagé dans le l'iois de Juillet 1741 . des accroiftemens de laquelle j'ai donne nue efpece d'échelle. Tab.. I. Obf. ÏX. Pin) Ce Ver avoit été pris dans un ruitïeau le 25: May 174?- li avoit perdu fa queue , ou partie portérieure , & il cnm- jncaqoit à en reprendre une nouvelle , dont la longueur étoit tléj.i de deux tiers de ligne. (5) Ce Ver avoit été tiré mutilé du fond d'un ruifleau le 19 Oélobre 174.1,- La quewe ne faiToit encore que commencer à poulTer , mais la tstc avoit déjà environ trois quarts de ligne, ^4) |l avoit été tponvé dans le même ruiffeau que les pré-^ c^nic'js, i^ au mois de May 1745. (i) ïl avoit été pris dans le même ent]roit que le prfçç-» deiit:,. en.. Juin tie la mêmi année. SUR LES VERS. 217 Un coup d'œil jette fur la Table ci-jointe , fuppîécra à ce que je viens de dire de ces ex^ périenccs. Je répondrai feulement à une quef- tion qui pourroit ni'ètre faite là-deilus : c'eft iî je n'ai point été trop impatient de recouper les parties nouvellement reproduites ; Ci je leur ai toujours laiifé le temps fufïifant pour achever de fe refaire ? Il y auroit quelque raifon d'eri douter. Afin donc de lever ce doute , je dirai que je ne nfen fuis point fié à la iimple vue 5 mais que j'ai appelle chaque fois le microfcope à mon fecours, pt Ci cela ne fuffifoit pas , j'ajouterois que j'ai vu des portions de ces Vers , dont la tête longue au plus de demi-ligne , s'ac- quittoit déjà deies fonctions les plus eifentielles , en donnant entrée aux alimens -, & que j'en ai vu d'autres dont la queue ifavoit gueres qu'un tiers de ligne , & dont on obfervoit fort bien l'anus s'ouvrir pour lailfer fortir les excrémens. Il ne paroiiFoit pas encore , il eft vrai , fous la forme d\me fente oblongue , [ Obf I. ] ainfî qu'il auroit paru dans la fuite , on ne voyoit qu'une efpece d'échancrure [ Pi. I. Fig. XÏII. p. ]: mais toujours l'eiFentiel s'y remarquoit-il. Au refte je ne dois pas oublier de faire ob- ferver que j'ai toujours fait en forte de ne point |;ouçher au tronçon , de ne couper précifémeut ^î8 OBSERVATIONS que la partie nouvellement produite. La diffé- rence fenfible de couleur de celle-ci d'avec celui- là , met en état de les diftmguer. [ Obf. VIL 1 REMARaUES Sur la fecon'de Table. Des Tables dans le goût de celle-ci fourni- roient bien des remarques curieufes , & propres, à éclaircir la matière qui fait le fujet de ces Obfervations \ mais comme ce que je donne actuellement dans ce genre n'eft qu'un premier eiîài, je croirois manquer à la bonne méthode, fi je tirois des conféquences d'expériences, qui n'ont pas été pouifées affez loin , ni alfez fou- vent réitérées. On ne regardera donc les re- marques fuivantes , que comme de fimples ré- flexions, ou comme des queftions que je fou- mets à un plus mùr examen. PREMIERE Q^UESTIOK. La fource de reprodudion des extrémités elf- elle inépuifable dans le même individu i' Il n'y a pas lieu de le croire, puifque je n'ai point eu de Ver qui fe foit completté plus de douze fois. Il eft vrai que je n'ai pu pouiîer alfez les expériences fur ceux des N^. IV & V; mais il y a lieu de craire qu'ils n'auroi-ent pu SUR LES VERS- 219 fo.iîmir encore à plufieurs opérations , ayant feniiblement diminué de groiTeur , & de lon- gueur dès la fin de PAutomne. Il eft très-pro- bable que la propriété que ces Infectes ont de repouxTer une nouvelle tète , & une nouvelle queue à la place de celles que la feclion leur a fait perdre , eft proportionnée au nombre , & à la nature des accidens auxquels ils font expo- fés pendant le- cours de leur vie. C'eft-là une idée qui s'offre naturellement à l'efprit , dès qu'on réfléchit fur la fageifç qui brille dans tous les -ouvrages de la Nature , & en particulier , dans les moyens qu'elle met en œuvre peur la, çonfervation des Efpeces. SECONDE QUESTION. Les Vers auxquels on a donné de la nour- riture , fe complettent-ils un plus grand nom- bre de fois que ceux que l'on a tenus dans Peau pure? On pourroit le foupqonneri cependant à en juger par la Table , qui fait le lujet de ces réflexions , il ne paroît pas qu'il y ait de dUfé- rence. Nous y voyons , par exemple , que le Ver N^. I, auquel on a donné de la terre , s'eft completté huit fois dans l'efpace d'environ quatorze mois , & que celui du N^. II , qui a été tenu dans l'eau pure , l'a fait autant de^fois dans l'efpace de deux, mois d'Eté. Peut- 220 OBSERVATIONS être que chez l'un & Fautre la fource de re- production étoit épuifée , ou pour m' exprimer à la manière des Phyficiens modernes , que tous Jes germes mis en proviilon par la nature , avoient achevé de fe développer. Qiioi qu il en foit , il me paroît extrêmement rem.arquable que le Ver , que j'ai toujours laiiTé dans l'eau pure , fe foit completté jufqu'à huit fois. Cela indique une grande énergie dans le prin- cipe vital de ces Infedes. Car H l'o^n prend la loigueur de chaque tète, & de chaque queue revenues au Ver dont je viens de parier , la fomme qui en proviendra, furpalTera de demi- ligne celle du tronqon lui même après la pre* miere opération. TROISIEME QUESTION. La reprodudion des extrémités fe fait-elle plus promptement dans les Vers auxquels on a doînié de la nourriture, que chez ceux qu'on a laiiTé dans l'eau pure ; ou ce qui revient au même , les premiers font-ils en temps égal plus de progrès ? Les expériences dont il s'agit ici , n'ayant pas toutes été faites dans la même faifon à une égaie température , je ne faurois [ Ohf. VIIL] rien dire de poiitif iur cette queftion. Si cependant on fe borne à comparer les accroif- femens du Ver, N?. V. avec ceux du Ver du SUR LES VERS. 22î .îsF^. VI. on jugera l'affirmative plus probable. Il eft d'ailleurs bien naturel que de deuxVci-s, ceiui qui aura été le mieux iiourrifaiTc en temps égal plus de progrès. Mais quelle fera alors la dilierence de l'accroiiTement , la température étant ruppofée la même? C'eft, comme on voit, ce qu'il s'agit de déterminer. A cette occafion je ferai obferver , qu'outre le >' degré de chaleur, & les autres foiirces de variétés que j'ai indiquées dans l'Oofervation VIII , la qualité de la terre dont flnfec^te fe nourrit , & la quantité en la" quelle elle lui eft livrée , influent beaucoup fur Ion accroiiTèment.. Je m'en fuis convaincu par pluiîeurs expé- riences faites fur diiTérens Vers , & en par- ticulier fur les portions I. K. de la Table I. [ Obf ÎX. ] On y a pu remarquer que ces por- tions , qui le 30 Juin 1742 , avoient un pouce neuf lignes , n'en avoient qu'un trois lignes , le 4 Mai de l'année fuivante. Gemme elles ne s'étoie-it point divifies , ainfi qu'il arrive- alfez fou vent a ces Vers [ Obf VI. IX. Tab. I. X. Tab. n. N^. IIL IV^ & V. ] je foupçonnai que ce décroilfement provenoit de ce qu'elles n'a- voient pas eu aiîez de terre , ou qu'elles n'en avoient pas eu d'ailcz bien conditionnée , ce-îe que je leur avois donnée étant un peu fiblon- 223 OBSERVATIONS neufe. Pour m'uclaircir Jà-dcifus , je couvris vers h mi-AoLit entièrement le fond de la taife d'une bouc priie au fond d'un ruiCeau , laquelle j'avois eu auparavant la ^précaution de faire fcchet pour tuer les petits Vers qu'elle pouvoit conte- nir ( I ). Dans l'efpace d'environ une femaine , ces portions qui , huit jours auparavant n'a- voient pas plus de feize à dix-fept lignes de longueur, en avoient acquis vingt-quatre. Elles avoient aullî grofîi à proportion. Il n'eft guercs douteux que ces Vers ne fâchent choifir entre les particules terreufes celles qui contiennent le plus de fucs eu des ilics plus gras , & que ce choix ne fe falle mieux fur une plus grande quantité de terre que ilir une quantité moindre. Mais coilime je l'ai déjà inilnué [ Obf VL ] en augmentant la quantité de la terre , on augmente la rédftance que les Vers ont à la percer, & de-là il arrive qu'ils fe rompent , ce qui eft un fâcheux inconvénient. Je ne manquai, pas de l'éprouver fur les portions dont il s'agit j cha- cune d'elles s'étant partagée en deux autres peu de jours après. On peut juger par-là , à quel point ces Vers doivent fe divifer dans les ruif- feaux 3 & multipHer ainfi leur efpece par une (i) Cette précaution eft néceflaire pour s'nffurer fi les Vers , au'on a coui^és, ,en mettent au jour tl'autres île leur efpece. s V R LES VERS. 235 •^oie qu'on n'auroit crue propre qu'à les faire périr. Q^UATRIEME Q^UESTIOM. La tète & la queue croiiTeiit-elles égaîemenÈ dans le même individu ? J'ai déjà touché à cette queiHon au commencement de l'Obfervation IV. iorfque j'ai dit que la tête eji à ^ordinaire celle qui fe développe la première. Les opérations que j'ai fait fubir au Ver du N^. IL de cette Table , me paroilTent achever d'établir cette pro- poUtion 5 ou ce qui eft la même chofe , que la tète eft celle qui en temps égal prend le plus d'accroilTement. On n'a pour s'en convain- cre , qu'à jetter un coup d'œil fur la iliite de ces opérations : on y verra que Iorfque cette dernière avoit déjà acquis une demie ou trois quarts de hgne de longueur , la queue n'en avoit encore qu'un quart ou un tiers. La circulation du fang fe faifant de la queue vers la tète, [Obf L] celle - ci recevroit - elle plutôt, en plus grande abondance & mieux conditionnés lesfucs deftinés à fournir à fort développement ? Quoi qu'il en fois de ce foupqon , il paroit bien conforme à la là- gefle de la Nature, que l'organe par lequel le corps reçoit la nourriture foit le premier à fe former. 2Z4 OBSERVATIONS CINQ^UIEME QUESTION. La quantité de raccroiiTeinent, toutes chofes tVtiilicurs à peu près égales , eli:-elle coiiibmmeiit ]a même dans les extrémités après chaque opé- ration î* Je crois pouvoir décider négativement, & établir qu'elle diminue. En effet , fi l'pn com- pare, par exemple, les accroilTemens des Vers N*^'. n .& ni. après les premières opérations , avec ceux de ces mêmes Vers après les dernières opérations , on y remarquera des diiférences très- fcnlibles. Les forces de Fanimal s'épuifent peu k peu , 8c cet épuifement qu'annonce encore la dniiinution du tronc , n'a rien que de fort naturel. DIXIEME Q^UESTI ON. Les extrémités repoulfent-elles conftamment dans la ligne de diredion du corps , & jamais de côté comme les branches des arbres ? Ceft - là une Loi à laquelle je n'ai point encore vu d'exception, de quelque manière que la fedion ait été faite , foit perpendiculaire- ment au tronc, foit obliquement. SEPTIEME Q^VESTION. Les nouveaux organes que le tronc poufle après chaque opération, font -ils toujours également parfaits r* C'eil encore là ime vérité que SUR LES VERS. ^2^ venté que toutes mes oblervations liront -ram établir. Je iVai jgmais remarqué que, pouruvoir coupé plufieurs fois de fuite à un même Ver la tète ou la queue , celles qui repoufFoieiU eniuite eu fuiTent moins bien conformé :>s. Je ne vou- •drois cependant pas en conc'u:e qu'il n'arave jamais ici des dérangemens qui a^edent ror?a* aiifition de ces parties : tout ce qui eiè com pofê îou machine y eft euentieilement fujet. OBSERVATION XL Expérience fur l'accroiffement des queues ccm^. pées au Ver du N\, L de la Table IL il OuR connoltre dans quelle proportion les queues coupées au Ver du N?. I. de la Table p-écédente croitroient, je les ai mefurées de t mps à autre, comme on le voit dang ia T'abi^ c^iii fuit. Tome i. Z TABLE in. V y TABLE de raccroifjemcnt des Queues coupées au tn Ver du Numéro L de la Table IL M" i^ mois. n Intervalle (le temps. 7. jours. 22. 25. A. B. C D. E. F. G. I. 2. 3. 4. ^. 6. 7. XXIV. y^o//^ î 742. A. ayant tente dans le mois de Juillet de fortir hors du vafe où je la te- nois renfermée , elle étoit demeurée collée contre les parois 3 elle pouvoit avoir alors en- viron. B. ........... . C D . . . E. Elle avoit cefTé de vi- vre le 1 2 Juillet. XV. Octobre. Idem 5 ou à-peu-près. VilL Juin 1743. B. a voit difparu. des parties fc reprr.diiites. pouc. Iign. P D. avoit difparu. F. avoit péri par le même accident qu'A , & cela avant la fin de l'Hiver. G. n'avoit pas fait de pro- grès fenfibles. i9.m.| 18. J. de temps écouté deiniis I. I. S22 oî^er. KH y Inte.vrtlle H mois./jjoiirs. A. B. C. D. E. F. G. 1. 2. 3- 4- V ne devienneut jamais des Fers parfaits. j E n'ai point encore fatisfait à une qiicftioii qui naît naturellement des obfervations que je viens de communiquer : elle confifte à favoir fi la :îète & la queue , qu'on recoupe confécutivement au même Ver , à mefure qu'elles ont achevé de ie refaire, deviennent elles-mêmes des touts parfaits ? Je répons que c'eft ce que je n'ai jamais vu arriver. L'une & l'autre ont ordinairement cefle de vivre 24. heures après l'opération , quel- quefois plus tard, d'autres fois plutôt, fuivani qu'elles avoient été coupées plus ou moins lon- gues. ]Mais eif-ce ici une r-egie générale qui n'ad- mette aucune exception ? J'avois d'abord conjec- turé qu'il falioit pour que ces parties pulîent végéter par elles-mêmes, & devenir des Vers parfaits , qu'elles eulTent déjà acquis un certain iîegré de confiftence y mais je me fuis convaincu de la fauiîeté de cette conjedure en coupant la tète à des Vers auxquels elle ne paroilioit poinfe l'avoir encore cté. Quoique je lui euiïe laillé uiig ^ U R LES VERS, 229 feoniie ligne de longueur , elle ne parvint pas néanmoins à fe reproduire. Je paife fous fiîence quantité d'autres j:entatives que j'ai faites fur la queue , & dont le fuccès a été le même. Je fuis maintenant fi perfuadé que ni l'une ni l'autre de ces parties ne fliuroient devenir des animaux parfaits , que je le regarde comme un principe dans cette matière j d'où je crois pouvoir tirer cette conféquence, que la fource de reproduc- tion ne réfide pas dans tout le corps de ces Vers , mais que fi l'en fiit la feclion à une diftance de l'une ou de l'autre extrémité , qui foit moin- dre qu'une ligne & demie , la partie coupée périra fans fe reproduire. L'état de la grande artère dans ces deux endroits ( Obf I. ) , contribueroic- il en quelque chofe à la production de cet eifet fingulier? Oii pourrroit le foupqonner avec d'autant plus de vraifemblance , que j'ai vu des. portions dont la longueur n'étoit guère que de demie à deux tiers de ligne , mais qui avoiens été prifes entre les deux points dont je viens de parler, fe pn Songer de part & d'autre ;, & devr, nir enfin des Vers à qui rien ne manqi?4>it^ F^ aao OBSERVATIONS OBSERVATION XIIL Nouvelles Expériences pour connoiîre les Loïx fulvant le/quelles ces Vers craljfent. h î'Ofdre ê[ les "proportions qui s'obfervent d las i:i reproduction de nos îafedes de bouture fout , à mon avis , ce qui doit ie plus exciter Tattention des Pîiyfic^ens. Ce font-là des con- nolifances donc l'utilité n'eft nullement bornée à ce genre de petits Animaux , mais qui peuvent répandre beaucoup de jour fur pluûeurs points de Phyfique tres-importaiis à très-peu éclaircis encore ; par exemple , fur ia génération & Tac- croîirement des corps organifés. Auiîi a-ce été un des principaux objets que j'ai eu en vue dans plufieurs de mes obrervations. C'eft en particu- lier ce motif qui m'a engagé à dreliér une Ta- ble ( Obf IX. ) des accroiilemens progreffifs des posions de quatre Vers à-peu-près égaux & fcmbicbles , partagés dans le même mois iuivaïit diiiére/îtes dimcnfions , & à en dreiler une au- tre ( Obf X. ) de la reproduction des parties recoupées confécutivement à dilférens individus ? tenus les uns dans Tcau pure, & les autres dans ào Tecm où il y avoit de la terre. 'Dans ia mè- SVR LES VERS, 231 rae vue )e donnerai ici une quatrième Table qui contiendra FéclieUe d'extenfion de trois Vers de l'efpece de ceux dont je viens de parier, cou- pés , le premier en trois , ie fécond en fix , le troi- lieme en douze parties. Je promets d'en drefî^r d'autres par la fuite , qui feront plus étendues que celles-ci , & d'en former comme inie efpece de Recueil ou de Corps. Qtioiqu'il ne foit pas poffi- ble d'atteindre fur ce fujet à une exactitude par- faite , par les raifons auxquelles j'ai touché ( Obf IX. ) , on ne doit pas néanmoins fe dif- penfer de ce travail , puiique d'ailleurs il ne s'agit point ici d'urne préciiion mathématique^ mais feulement phyfique. p 4 sj TA BLE de icccroUVemc.nt des portions de trou, ytr "^ partages en différcns temps .'l'un en trois , IcfecondZ • ^1 en Jlv , 1^ le troifieme en douze mnics. H y II inteivalle de ^en■i^s. aoib. joiiii; 3 ï. 4. lO. II. j ( 21. 1 ^ 1 'i 9- A. B. C. I. 2. 3. XIV. Juillet 1741. jour de de l'Opération. _ XVÎ. Jtdiief. La. Tête <& ]a Qiieuc jommeuceiit à poulFer Lians jnaque portion. XIX. J//i//^2f. Tètes dcB. C '^eues de A. B. . . . XX. Jmllet. A. périt par accident. XXIV. Juillet. Tètes de-B. Ç t^Hieue de B. ...... IV. Ao/^t. a cens de La Tète .roitre. (^leue de B Ces portioi^s avoient cré laii^'é's dans l'eau rure ) 11 '..[tri ce jour, f Xlil. AoJa. iCJupue de B -H u ih;ueur ues parties renro'li.i '"•. H ;UUC. li^n L m KlL al: de temps écoule depu>s i'ooer. pj (J Imervalle 3 .le I tempç ^ mois. jolis. usTirsrsi runmr ! TO 2. ^ 2. 0- 4- £ 2>l TROIS. A. B. C. I. 2. 3. XXVI. ^o;^^. :i. Qiieue de B , X. Septembre. Qiieue de B C. en entier XX. Septembre. il-ieue de B 20. 28. 20. lô 21 9 ^ en entier X. Ocïobre. idem ou à-peu-près. XXX.'oSû^re. Qiieue de B C. en entier XX. Novembre. B. idem G. en entier , X. Décembre. Idem. Longueur feî des parties roprocîuitcs. h pouc. ligi 5. 2. 6. j.. m.] 25?. j. de temps écoulé depuis Toper. h I mil T irrrg8^;zrggrs3rr:?y^i_i£jr:rinL-JiK Intervalle tetnpc 1^ ÎViOlS. r^ y u jours. 2,. EN SIX. D. E. F. G. H. I. I. 2. 3. 4, ^. 6. XVL Ao/^t. 1743. Jour de l'Opération. xyiii. Août. 11 s'étoit formé un bourlet tres-fenfible à la partie poftérieurq de D. XXÎL Août. Le bourlet de D. avoit dirparu,& cette portion avoit commencé à re- prendre une queue, qui avoit ceci de remarqua- ble, qu'elle étoit aufîi groile , ou à-peu-pres , que le corps,au lieu que cette part, eil toujours plus effilée. On n'y dé- couvroit point encore u'anus au microfcope. Tète de E Tètes de F. G. H. 1. Queue de E Qiieues de F. G Celle de H. commen- |(;oit feulement à pouf- i rot- Longueur des parties reproduites, lîOUC. j. de temps écoulé depuis [■ opér. 'iiirs3E:z:s3r:zioE:zs*iii=ifsii2iszi2iE: Lj *Interv.alle iminEizŒ^: temps. I Si .1 »urs. 2. ^• 13 10 23. D. E. F. G. H. I. I. 2. 3 4. S- ^' Tètes de E. G. H. 1. Pète de F Queues de D. E Queues de F. G Celle de H. n'avoit pas rait de progrès ieiîiible. XXIX. Aolit. Tètes de E. F. G. H. 1 C^i^eue de D ClKieue de E Queue de F CJueue de G. ..... . Qj-ieue de H Toutes ces portions uvoient commencé a prendre de la nourri- ture. VÎII. Septembre. La tète a ceiîe décroître vQiieue de D Qiîeue de F Qiieue de G (Jueue de H :^îii_Lci}_'nîiiizi3:yî £ ayant voulu fortir hors de ia taiTe , s'étoit deiieché contre ies pa- Longieur L Lies partiis j^ [reproiltiites t r I pouc. 123. n I. 2 2 I. S' 3- 2. I. le temps écoule depuis I o ZZIZ ZIIIïZIÏDIIIIOIZIIDi: 2J l^itei-valie nrErr^nrrnr: de temps. Sj^nwiS n Jours T?. £N SIX. D. E. F. G. H. I I- 2. 3. 4. 5. ,^. Longueur des partit s reorndii> s. M ri 1 1. 10. xy W 10. XV. Septevribre. Queue de D Queue de F Qiieue de G (^eue de H XX. Odobre, ^dem. XXX. Novembre. Idem. X. Décembre, Idem. pouc. 6. 3- 4- I. ^.m.\26,}. de temps écouié depuis Topér. L -1;^^ ^^<6^>y>)ki H y fe£iE:z2iiizïi2iiiii?^-2izrii:#2irzi?: EN DOUZE, d K. L. M. N. O. P. Q, R. S. T. V. X. T. 2. 3- 4- S' ^' 7' 8. 9- IO.ITT2. ■ VIII. ^O/î'^ Ï743. 1 Low^'Lico.r Jour de rOpération. Ji Intervalle de temps. (UOlb. Jtûll s I. 6. 8. IX. Août, A 5. h., du matin. K. meurt. XL Ao^a. Sur les 6. h. du mat. X. avoit celle de vivre. XII. Aofa, Toutes les portions ont jommencé de reprendre XIV. Aofa. Têtes de L. M. N O P. Q, R. Qiieues de L. M. N. O. P. Q, R. S. avoit fait un peu moins de progrès. T. V. avoient encore moins pouile. XVI. AoûL Têtes de L. M Tètes de N.O.P.Q,K.S Tètes de T. "^'^ Qiieues de L. M Qiicues de N.O.Q^R. . Queue de P C)ueue de S es. parties l^ eproïUutcS^j j une. I h'^Ci. ^ 1 À fl I 8- i- <^ie temps écoule depms i/opéi R PI i^m a^ ZOS X'/cf S=^îr:5rrni::^5r:rTr szzrr V. 16. EN. DOUZE KLMNOPCIRSTVX. I. .3.4.<^^789ioiii2. La queue de T. V. avoit encore foit Ci peu cle pro- grès, qu'elle n'écoit pref- que pas ienfible à h vue fimpîe. XÎX. Ao/^L jTètes de LMNOPQRS. Tètes de T. V Qtîeues de L. M Qiîeue de N ':>ieiies de O. Q.R. ... Queue de P Qiieue de T La queue de V. n'a voit prefque fait aucun pro Toutes ces portions avoient commencé à prendre delà nourriture. XXIV. Ao/ft. Tètes de L. M. N. O P. (X R. S.T 'Queue de L Qiieue de M QiieuedeN. O.P.Q,Fx Queue de S Queue de T V. n'a voit fait aucui 'roi?Tès. '.ZKUz-niinr^^sn Longueur lies part e te reproduites | 1)0 uc pj \ 16. ]. de temps écouic depuis i'opér. l.gn. ^ 3 2. ^ î. 4 " 3 ■ N 'U r. 3-1 3- I. :3iE;zs ix- «yr- isii liEZ zhe WTZz:Œjrr^jn.^^ ^srz3 Erzs-^Brriî Pî I. Ifitcrvulle de temps. mois. '^ T w 2. jours. 14. 30. 17" 17- 17. II 10. ii^^V DOUZE. KLMNOPQRSTVX 1.2.3.4^.5.7.89101112 m. Septembre. La Tète a ceiré de croître. (>ieue de L Queues de M. Q, Queues de N. R Queues de O. P Queues de S. T. .... . Celle de V. conimencoit feulement à fe montrer XX. Septeynbre. Queue de L Qiieues de M. Q^. . . Queues de N. R Queue de O Queue de P Qiieues de S. T V. n'avoit pas crû fenfi blement. XX. OBoh-e. Idem. Je n'ai pu retrouver le féconde portion. XXX. Moveynbre Idem. X= Décembre. |Idem. Longueur l dev parties!^ reprodnius. t pouc. SA 5- 4- 6. 2. 7- 5. 4-1 6. '4 8. 2.- j. de temps écouié depuis l'oDer. M Pi4- m. ^4-0 0 B S E Fx V A T I 0 K S Reimarclues Sur la Qîiatrieuie Table. Je ne ferai que deux remarques fur cette Table. La première , qu'elle confirme ainfi que la troifieme , les trois confcquences ou propofitions que j'ai déduites de la première. La féconde , que ces Vers femblent ccfler de croître à l'approche de l'Hiver. Ts le raccour- ciflent alors , d'environ deux à trois lignes j en forte que pour avoir la jufte mefure de leur ac- croilfcment , il faut les mettre dans de l'eau tiède > ils s'y alongent comme ils fer oient en Eté. OESERVATiœS SUR LES VERS. iù^i OBSERVATION XIV. Que ces Fers fembleîtt conferver , après avoir été mutilés , les rnèynes mouvemens Sff les mêmes incWtations qu'auparavant. Da. Ans le compte que j'ai rendu (Obf. IL ), de ma première expérience fur ces Vers , je me fuis arrêté quelque temps à décrire les mou« vemens de chaque moitié pendant les premiers jours après l'opération. J'ai fait remarquer que la féconde , celle qui n'avoit point de tète , aî- loit en avant à-peu-près comme iî elle en avoit eu une , qu'elle fembloit chercher à fe cacher ^ qu'elle favoit fe détourner à la rencontre de quelque obftacle , &c. Tout cela , quoique fort remarquable , ne l'eft pas néanmoins autant que ce que j'ai obfervé fur de femblables Vers, peu de temps après leur avoir coupé la tête. Je ]es ai vus , à mon grand étonnement , s'enfon- cer dans la boue en fe fervant de leur bout an- térieur comme d'une tète , pour s'y frayer un" chemin. J'ai vu le Ver N^. IL de la Tab. IL ramper le long des parois du vafe de verre , où je le tenois renfermé , & faire effort pour en fortir , quoiqu'il n'eût ni tète ni queue. Où réfide donc 243 Û B S E R V A T 1 0 N S ]e principe de vie dafis de tels Vers , fi aprèâ leur avoir coupé la tète, ils montrent encore les mêmes mouVemeiiSj que dis-je ^ les mêmes inclinations ? Mais combien d'autres- diflRcultés 6»'oiFrent tout à coup à refprit fur ce fujct î Ces Vers ne font-ils que de pures machines , ou jbnt-ce des compolës dont une ame falfe mou- voir les relforts? Et s'ils ont en eux un tel principe , quelle eft fa nature ? Comment fe trouve-t-il dans chaque portion ? Admettra-t-on qu'il y a autant d'ames dans chaque individu , qu'il y a de portions de ce même individu qui peuvent elles-mêmes devenir des Vers complets ? Croira-t-on avec Malpighi , * que ces fortes d'Infedes ne font , d'un hout à l'autre , que cœur & que cerveau ? Tout cela peut être ; mais au fond en fom.mes nous plus avancés ? "^ A quelque point que nos découvertes fe muU 35 tipiient en Phyfique, ( remarque judicieu- ,3 fement M. de Reaumur , * ) nous ne devons 33 pas nous promettre d'en devenir plus éclairés 33 par rapport à des vérités d'un autre ordre s 53 par rapport à celles qui ont pour objet des ,3 êtres qui ne font ni corps ni matière. 33 Ne * Bijfert. Epijl. de Bomh. in pie. ^ ."• Mém, fouYlVHiJt, des Infiôi. Tom, VI. fréf, p, 6T^ EUR LES VERS. 243 tCfUgiiTons donc point d'avouer ici notre igno- fance : apprenons à admirer & à nous taire, (i) . g^^.~ rr-^ ^^Q^,^ , ^e^g^^ OBSERVATION XV. Que la circulation du fang fe fait toujours très - régulièrement dans ces Vers , fuit qu'ils demeurent entiers ^ foit qu'on les coupe par morceaux. I L eft aiTurément fingulier que la circula- tion du fang 5 dont la régularité parok fî ef-^ fentielle à la vie de tout animal, foutTre cepen- dant dans certains înfecles des altérations con- fidérables. Telles font celles que le célèbre ZvIal- PlGHi * a obfervées dans le Ver à foie. Mais je ne fai s'il ne paroitra point auili rcmarqua- ( I ) On pent îiéanmoins former fur ce fujet obfcur des eoiijecbi're<; raifoniiables ou qui repufcnt fur îles principes eue- la ïciiue Philofophie avoue. J'ai, tâché d'en donner de telles Chap. XXIV de l'Ejfai analytique fur les Facultés de VAme. Et Chnp. îll , du Tom. IL des VonjU. fu-r les corps oi'ç^an. Mais , quand je compoiois ce Traité iV Infeâohgie j-e ri'éttjis point eivcore famiiianfé avec les matières de Ffycologie : elles me repouiToient même , & j'etois bieu éloigné de foupqonner ■que je m'y enFoncerois un jour. ( JV^tf^f ajoutée fur l'Auteur à cette nouvelle Edition. } * Difcrt, Eyijl, de Mumk 0.2 244 OBSERVATIONS quable que ceux dont je parle Jie m'aient jiv mais £iit voir la moindre de ces variations , en quelque tems & en quelque état que je les aie obfervés. Ceft conftamment de la queue vers la tète que j'ai vu circuler la liqueur analogue au fang , & cela jufques dans des portions qui avoient à peine demi-ligne , ou qui , pour mieux dire , n'étoient que des atomes. J'étois ainfi en état de diftinguer le bout antérieur du pof- térieur , & de m'aiTurer , autant qu'il étoit pof^ llble , que c'eft toujours à celui-là que la tète xeparoît. Je n'ai point obfervé non plus que" la circulation du fang augmentât ou diminuât de viteiTe par la fedion. On fait cependant que c'eft ce qui arrive ordinairement après des blef« fures bien moins conGdérables que celle-ci. Au refte, je ne mets point au rang des va- riations proprement dites dans le cours du lling 5 un ralentiifement très - fenfible que j'ai f cuvent remarqué dans les Vers afFoiblis par ijni long jeune : il n'a rien que de fort naturel. ^^ s U R L E s V E R s, 247 OBSERVATION XV I. Que ces Fers ont le toucher extrêmement dé- licat. QîiHls fembleiit même n'être pas entièrement privés de iHiJage de la vue. L: îEs Natiiraliftes ont fort célébré l'extrême délicateiTe du toucher de l'Araignée : celle de nos Vers n'eft peut être pas moindre. Si on en ap- proche le bout d'un brin de bois , on les verra frétiller comme des Anguilles prefqu'avant que d'en avoir été atteints : ils fe cachent au nioin- •dre mouvement qui s'excite autour d'eux. Mais j'ai fait d'autres expériences qui m'ont laiilc in- certain fi ce n'eft point plutôt à la vue qu'à la finelTe du tacl, que je dois attribuer ce qu'elles m'ont fait voir. J'ai obfervé que dès que les premiers rayons du foleil venoient à donner fur les vafes pleins d'eau, où je tenois ces in- fères , leurs mouvemens paroilToient devenir plus vifs. J'ai cru voir la même chofe lorfqu'a- près les avoir mis dans l'ombre , je faifois tom- ber far eux, au moyen d'un miroir, la lumière du foleil, ou que je venois les obferver à la chandelle. .CL3 . •24^ OBSERVATIONS Si h moindre plaie nous caufe de fî vîVcg douleurs , quelles ne doivent pas être celles que relîentent ces Vers lorfqu'oîi les coupe par aior- ceaux ! Cependant à en juger par ce qui fuit cette terrible opération, on pencheroit plus vo-- lontiers à la croire moins douloureufe , moins cruelle pour eux qu'on ne Pimagine d'abords ^^-_,.^ ^^r:l(^. ^g^: ' OBSERVATION XVII. 4%r mte petite Angtnlïe fortie vivante d'une portion dHin de ces Fers^ Ma. S comment s'opère la génération dans ces- Ver s : font-ils vivipares ou ovipares? Voici, à ce fujet, une obfervation finguliere. Comme je partageois un de ces Infedes en huit parties, je vis fort-ir d'une des portions voiluies de la tète un peu de matière terr-eufe, au milieu de la- quelle j'apperqus remuer comme un filet blan- châtre. Je ne doutai point d'abord que ce ne fût quelque vdiifeau , ou quelque autre partie analogue du corps de l'animal , qui n'en étant pas entièrement féparée, en tiroit encore le principe de fon mouvement. Mais' m'étant. armé d'une bonne loupe, quelle fut^ma furprîfe de SUR LES vers: 247 voir ce prétendu vailTeau fe changer en iiii: petit Ver tout feniblabie pour la figure à celui dans lequel :ii étoit auparavant renfermé! Je penilù aulîi-tôt à l'élever, & je ne defefpérai pas d'y réuffir. Pour cet effet je le rais à part dans un petit vafe plein d'eaia , à laquelle je crus devoir joindre une pincée de terre. Je ne fus pas long-temps à recounoitre , par la promptitude avec laquelle je l'y vis s'enfoncer , que je Pavois fervi fuivant fon gdut. De temps en temps néan-. moins il reiTortoit pour nager de côté & d'autre dans le vafe. On ne pouvoit s'empêcher alors d'admirer la vivacité de tous les mouvemens : on croyoit voir une de ces petites Anguilles que le microfcope fait découvrir dans le vinaigre. A l'aide de cet inftrument je remarquai que Tes anneaux étoient plus marqués qu'ils ne le fout dans les grands Vers de ce genre. J'aurois pu aifément les compter , (1 ce petit animal eût été moins vif. J'obferyai encore à l'extrémité de fa queue comme une ef]3ece de petite houpc de poiis blanchâtres extrêmement courts , & qui me parurent avoir quelque reifemblance avec des nageoires. C'étoit en elfet au moyen des coups réitérés de fa partie poftérieure contre le liquide ^ & de coups réitères avec une extrême prompti. tude & en fens oppofés , qu'il nageoit. Un autre mouvement lui étoit particulier : il c/rauboit fcH\ ^4 MS OBSERVATIONS corps en manière de cerceau , & iiie redreifoit enfuite tout à coup. Ce mouvement brufque analogue à celui des Vers fauteurs qu'on trouve dans les pois , le portoit quelquefois à plufieurs lignes , mais fans pourtant lui faire abandonner Je fond du vafe. Je le fuivis ainfi pendant plus d'un mois 8c demi , au bout duquel un accident , que je n'avois pas prévu , me l'enleva à mon grand regret. Mais enhn ce que j'avois fouhaité principale- . ment defavoir, je men étois inftruit au moins en partie 3 je veux dire , fi ce Ver que j'avais forcé de venir au jour , par une opération qu'on peut comparer à l'opération Céfarienne, non- feulement continueroit de vivre , mais parvien- droit encore à acquérir plus de longueur. Et c'efb en effet ce que j'ai vu arriver. Ce Ver, qui à fa naiflànce n'avoit guère plus d'une li- gne 3 ou une ligne & demie , en avoit déjà au moins deux , lorfque j'eus le malheur de le perdre. Cette obfervation à laquelle j'étois fî peu préparé , me porta à examiner avec une nou- velle attention l'intérieur de ces Vers. Aidé d'une bonne loupe , je crus bien diftinguer dans celui des plus grands , de part & d'autre de la grande artère, de petits Vers pareils à celui s U R L E s V E R s. 24.^ dont j'ai parle ci-delTus : il me fembloit les voie s'agiter en différens fens , s'étendre , fe replier. Mais ayant appelle le microfcope à mon fecours ^ je commenqai à douter que Jce que je voyois fût réellement ce qu'il fembloit être. Il me pa- rut que c'étoit plutôt des branches de ces vaif- feaux dont j'ai parlé ( Obf. I. ) , & qu'on di- roit être des produc1:ions de la principale artère '^. [ PL 1. Fîg. V. d ^ d ^ d.~\ Cependant ayant répété robfcrvation un grand nombre de fois , & les mêmes apparences de petits Vers vivans s'étant fait voir de nouveau, je fuis relié dans le doute. Il ne m'a pas été auffi aifé de fufpendre mou jugement par rapport au petit Ver en quelHon : je n'ai pu m' empêcher de le regarder comme une preuve que l'Elpece , dont je donne ici les obfervacions eil vivipare, (i) En elfec quelle C i) J'ai déjà donné (Obf. IL) l'extrait d'une lettre que JVÏ. de Reaumur m'avoit fait rhoriiiciir de m'écrire le 7 d'Août 2741 , fur la découverte des Animaux qu'on multiplie de îivjuture : j'en trnnfcrirai ici nnc autre qui fera comme un fécond Supplément à l'hiftoire que j'ai efquiflée de cette fa- meufe découverte Obf. ï , & qui fervira en même temps de confirmation à mes Expériences. A Paris ce 50 Novembre ij^i. " La plus étrange , Monfieur , & la plus embarraflfante non- jj veauté qui fe fnit jamais offerte à ceux qui étudient la 35 Nature, eH; aflfurément la rcproducHon des Animaux par bou- j, tuies. Mais dès qu'il a été prouvé qu'il y en avoit une cfpece ifQ OBSERfATIONS conféquence plus naturelle que celle-là? M'ob- jeclera-t-ou que ce Ver pouvoit avoir été avalé par celui auquel je coujeciure qu'on doit eii 5, qui pouvoit être multipliée pnr uoe voie fi extraordinnire» 55 on a dû croire que cette efpece n'étoit pas la feule à. laquelle 5, une fi étonnante propriété eut été accordée. Auflî n'héfitais- 3, je point à prédire à l'Académie qu'on la découvriroit bientôt 3, à d'autres Efpeces , & je lui en indiquai quelques-unes que jj je foupqonnois l'avoir Mais vous aurez été le premier quj 3, m'ayez mis en état de lui juftifier ma prédiftion 5 qui à 55 préfent peut être vérifiée par plus de quinze différentes Ef- 55 pecc^7 d'înfeftes. Je m'étois bien attendu que vous ue vous 3, en tiendriez pas à vos premières expériences fur un Ver, 5., aquatique coupé en deux. Vous m'aviez promis les nouvelles j, obfervations que vous fourni roient d'autres Vers de la même 5, Efpece , 8z vous l'avez fait par votre Lettre du g de ce. ^5 mois. S'" je n'avoK pas eu a(Tez de preuves de votre attentiori' 35 à ohferver , & de l'exaftitude & de la jnftefle de vos obler^ 35 vations , j'en aurois trouvé dans les réfultats que vous 3, m'n"»':'; communiqués, qur ftjnt d^autant plus décififs , que 3, je me f;ns henucoup diverti pendant les vacances à coupes 5, des Ver.5 que je ju2;e être de même Efpece que les vôtres. 3, J'ai et: nne très - grande facilité à avoir de ces Vers: ua 3, fcul trot] qui fe trouvoità- la décharge iVun étang m'en four-^ 3, niflbit autant que j'en vouîois. J'ai vu avec bien du conten- 55 tement , que mcjs remarques étoient d'accord avec ies vôtres. 3, lî.m'.^, pavi! fingfilier , comme à vous, que raccroiffement ne 3j fe fit pas to.ujourf; plus vite proportionnellement a la gran- 3, deur des pnrtics que la feilion avoit données. Des moitiés d'un. 33 Ver n'ont pas crû pins vite que des quarts d'un antre Ver. 5, Ces dernières parties m'ont pourtant paru croître plus vite „ que des huitièmes- ou des dixièmes parties. iVîais il peut- y 3, avoir d.^ns tout cela des variétés; comm.e vous le remarquer, 5, trè---bieu, qui dépendent foit de l'état du Ver qui a été 5, coupé , (oit de diverfes autres cireanièances. Ce qui, m'a paru,, SUR LES r R R S, 2rt attribuer, la naiirance ? Mais dans une telle fiip^ pofition , comment concev^oir qu'il ait pu réiiil. ter à raclioii de Feftomac r' Et ii l'on dit qu'il 5, le pins ccnftant , c'eft que la partie poftérieiire fe reproduit ^, plus lentemeni- qne les autre«î , &.fnr.toi)t que les premie- 5, res des antérieures. J'ai eu des dix-fcptiemes parties de ce«j „ Vers , & des vingtièmes partips^ d'un autre, mnis quelques „ unes feulement, qui ont réuifi , & la reprndînflion de ces „ trcs-pciites parties a été plus lente que celles des parties „ plus grandes : il en a péri plufieurs , pendant que je n'ni 5, guère vil périr de huitième ou de quatrième partie. Jaî „ fait dcffîner nn Ver en grand, avec la famille (Je fjx Vers 5, venus de celui-ci divifé en fix , & cela dans le temps où „ Tancienne portion eft aifée à diftingwer de celles qv.i ont 55 été nouvellenunt produites. „ Les bonheurs n'arrivent guère qu'à ceux qui f^vent fe ,5 les procurer. Le filet qui fe montra au bout d'une des fec- „ tions d'un Ver eut été en pure perte pour quelqu'un moins 5, attentif & m(>ins capable de tirer parti de tout que vous' ne y, l'êtes î ce fikt |)aroit très -bien prouver que ces Vers foi>t ,, vivipares. Vous me promettez de jolies chofes que le micro^f- ,, cope vous a fait voir pnr rapport à ces filets ou petits crire. „ Il me femble que vos Vers croifient plus vite que les 5, miens , il a fallu aux quarts & aux fixiemes parties en- >, viron cinq femaincs avant que d'avoir acquis la longueur ^, de celui dont ils avoieat été iine portion. Vous pourriez 55 me tirer du doute cpii peut me refter fi votre efpece de ,3 Ver eft réellement ceile fur laquelle j"ai beaucoup opéré, „ en m'erivoyant un de vos Vers dans ime petite bouteille 5, avec de l'eau & de la vafe , Sic. „ Je m'empreffai a fn^isfa^re aux defirs de M. de Reaumur, en lui faiihnt parvenir par la Pofte un de mes Vers-, Se voici ce qu'il m'écrivit à ce l'ujiit en date du 28^ de Février 1-4». " Je commence, Monfieur, par, vous faire iies rcmerci- iZSZ OBSERVATION^ avoit étc engendré dans Tintérieur du grand , de la même manière que le font tant d'Eipeces d'Infecles dans le corps de divers animaux , je demanderai comment il a pu vivre pendant un mois & demi hors de fon lieu naturel ? Com- ment il n'a point ^paru fc relTentir de ce chan- gement d'état r' En un mot , je requerrai qu'on m'explique , fuivant cette ides , tout ce que j'ai rapporté de ce Ver dans cette Obfervation. (i) 5, mens du Ver ou plutôt des deux Vers que vous m'aves 3, envoyés, car au moyen de la diviiien il en eft devenu 3, deux. Je n'ai que de très-bonnes nouvelles h vous appren- 5, dre de leur fanté. Ils font du même genre que ceux dene 3, j'ai trouvé une fi grande quantité à Re.aumur pendant 35 les vacances, mais je les regarde comme une autieEfpece 3, de ce genre. Leur inclination les porte à fe tenir plus ), fou vent que les autres , en partie hors de terre , leur 3, couieur eft plus jaunâtre, &c. En un mot, je les regarde 3, comme une Ëfpecc à ajouter à celles que je connoiffbis, 35 qui ont la propriété étrange de pouvoir êtiîr multipliés par 35 boutures. Les miens ne fe caîTent pas aulîï volontiers en 35 deux que les vôtres? j'en ai pourtant fouvent trouvé de 35 ceux que je tiiois de la boue, qui venoient d'une divifion , 35 & auxquels la partie qui avoit été emportée commenqoit 3, à revenir. Je ne m'accoutume point à cette merveille queU 35 que fouvent que je la revoye, &c. „ ( Note ajoutée yar V Auteur à cette nouvelle Edition ). . (i) J'ai dit Art. ajo des Cojijîdératicm fur les corps orgiu nifés , Its raifons qui m'ont porté depuis à croire que je m'é- tois trempé fur l'origine de la petite Anguille dont il s'assit dans cette Obfervation , & fur l'origine de celles des Obfer^ valions XVIÎI & XXÎ. Je renvoie le Leâeur à cet Article» ( Note aJQutCe par l'Auteur àcette nouvelle Edition^ _) SUR LES V E R S^ a^;^ OBSERV ATI ON XVIII. Sur d'autres petites Anguilles mifes au jour par des portions de ces Fers. L: !s faits qu'on ne doit qu'à d'heureux ha- fards , ne font pas de ceux qu'on peut fe pro- mettre de revoir fouvent : ils dépendent la plu- part du concours d'un trop grand nombre de cir confiances j tel eft celui que je viens de ra- conter. On ne fera donc point furpris fî je dis , que quoique j'aie partagé depuis , beau- coup de ces Vers , & de ceux même dans l'in- térieur defquels j'avois cru appercevoir d'autres petits Vers vivans, je ne fuis point encore parvenu néanmoins à faire fortir mi feul de ces derniers d'aucune des portions de ceux-là. Mais j'ai eu des vingt- llxiem es qui ont accou- ché de femblables Vers , douze à treize jours après avoir été féparés du tout dont ils faifoient auparavant partie. Les portions en queftioii étoient la douzième & la dix-neuvieme du Ver dont nous avons parlé , ( Obf VIII. ) lequel avoit été partagé le 3 de Juillet. De ces deux portions la douzième avoit , lors de cet accou- chement, achevé de fe completter. Son eftomaç i^H 0 B S E 11 V A T 1 0 N S Se les inteiliîis ctoient pleins de matières ter- reufes. i\Iais la dix-iieuvieme ii'avoit encore ni tète ni queue , elle ne failbit que commencer à fe reproduire. Cependaiit celle-ci avoit mis au jour quatre petits , & Pautre feulement un. (i) J cme flattois de les élever: mais ils ne vècu- CO Coufultez la Note de i'Obfervation XVH. On a vu dans la longue Kute (jue j'ai placée dans cette ■Obfervation XVII, que M. d^ KtAUMUR avuit d'abord ju^^é comme moi, "que ces petites Anguilles que j'avois vues fortir xivantcs des Vers que je coupois par morceaux , prouvoient que ces V^rs étoient "viviparei. Mais dans une Lettre pollé* Heure datée du g d'Août 174^ , il rne téir.oignoit des doutes fur ce qu'il avoit cru auparavant certain. " Ces petits Vers, 3, me difoit-il , qui font fortis des ferlions faites à d'autres , 35 font-ils réeiiement leurs enfans ? Les avez-votis vus par- 33 venir à la grandeur des mères? Ce que vous m''avez mar- 35 que dits poils que vous avez apperqu de chaque côté m'en 35 fiiit douter , ( confultez î'Obf. XXL ) & je fuis difpofé à 35 foupqonner que ces poils font des jambes, & que ces 35 petits Inieftes fout des MillepieJs. Il y a une forte de 3, Millepieds aquatiques il qui on ne voit point de jambes 35 quand on ne la regarde pns dans des poiitions favorables ; & 3, ces jambes, quand on les voit pour la première fois, ne 35 paroiflent que des poils. Ce font des Infcftes qui étnnt 35 coupés fe reproduifent trèsaifément & dont i'ai fuivi les 35 reproduftions admirables tant des jambes que des parties 35 intérieures. „ Malgré ce que dit M. de Reaumub , j'avouerai que j'ai peine à croire que ces petites Anguilles , dont il s'agit dans mon ouvrage , foient de vrnis Millepieds : leurs poils font trop long^s & trop fins pour me paroître propres à s'acquitter des fondions de jr.mbes. (^Nots ajoutée, par l'Auhuy à ç(Us Nouvelle Edition, ) SUR LES VERS. 2Tf •f eut que quelques jours. Peut - être qu'eu les faifant pafler dans un autre vafe, pour les met- tre à part , je ne m'y étois pas^ pris aflez dM- catement. ^f-/- ■>,^._ig=:_.-^£^g;^i .==Mg^ OBSERVATION XIX. Qti'07i peut foupqonner que ces Fers fe , 7miU tiplient par rejettons à la manière des^ Polypes, c Es fameux Polypes dans lefqueîs M. Trem- BLEY a découvert tant de merveilles , en of- frent une qui étoit connue depuis long-temps ^5 mais qu'on n'avoit pas fuivie jufqu'ici comme elle méritoit de l'être : c'eft la façon extrême- ment finguliere dont ces Infecles mettent leurs petits au jour. Un Polype pouiTe hors de fou corps un jeune Polype , comme une tipe d'ar- bre pouiTe une branche , comme une branche poulie un rameau. Je fuis enpore incertain, s'il n'a pas été accordé à nos Vers de lé multi- plier d'une faqon il étrange. Voici ce qui m'a porté à le foupconner. '^ Lcxoenhock l'avoit remarquée àks 170? , de mène qu'un Anonyme Auglois, V^y, Us Trunf, Fhil. (our ççits umés. «T^ 0 B s E K V AXIONS Je venois de préfénter au microfcope , le 10 de Juillet , la cinquième portion du Ver dont j'ai déjà fait mention dai>s l'Obfervation précédente & dans la huitième , lorfque j'ap- perciis à l'origine de la partie antérieure nou- vellement produite , ou fî Ton veut à la bafe de la tète , précifément dans la ligne du mi- lieu du dos , une efpece de mamelon ou de tubercule charnu , de couleur blanchâtre , & qui formoit avec le corps un angle à-peu-près droit. Ce mamelon étoit parfaitement immobile , &: le microfcope no faifoit rien découvrir ni fur fon extérieur, ni dans fon intérieur, qui parut organifé. Instruit par cette Obfervation de ce que je devois faire , je ne manquai pas d'examiner , de fuite chaque portion. Cinq m'offrirent la | même particularité , favoir la quatrième , la fî- xieme, la feptieme , la neuvième & la ving- tième ^ toute la différence" que je remarquai fut que ce mamelon , ou tubercule , étoit plus ou moins incliné vers l'extrémité antérieure du corps dans les unes que dans les autres. Je m'attendois à le voir s'alonger de plus en plus, & prendre infeniiblement la forme d'un petit Ver, comme il arrive aux Polypes naifîàns ; SUR LES FERS, 2^7 naiilans , mais je fus trompé dans mon attente. Il alla au contredre en diminuant de grandeur de jour en jour, à mefure que la portion à la- quelle il appartenoit, acquéroit elie-nième plus d'accroiifement ,* en forte qu'au bout d'environ trois femaines, & même plutôt dans quelques portions , comme dans la cmquieme , il difpa- rut totalement. Les fucs nourriciers qui dévoient opérer l'entier développement du Ver naiifant, auroient-ils été interceptés par la partie voiilne s* La cliofe paroît n'être pas deftituée de proba- bilité. (i) Une autre conjeclure que Je prendrai îa liberté d'hafarder ici : ce mamelon au lieu d'être un petit Ver encore informe , ne feroit-i! pomt plutôt une féconde tête venue contre na- ture ? Si c'étoit là un fait bien avéré ^ il n'au- roit peut-être rien de fort extraordinaire, quel- que iinguiier qu'il parut d'ailleurs : car pour- quoi n'arriveroit-il point dans la reproduction de nos Infedles de bouture des dérangemens femblables ou analogues à ceux que nous voyons arriver fi fréquemment dans îa gen én^tion des grands animaux, & plus rarement dans celle (t) Voyez dnns F Article 24g des Corjîd, fur les Corps org.vu ce que m'écrivoit M, de Reauî^UR, le ii de Novembre 1743 , fur ces Tubercules , qu'il regardoit, ainfi que moi, comme de vrais Rejetions eu des Petits qui commençaient à poujfer, ( ^Vûte ajoutée par l'Auteur à cette itouvelk Edition. ) Toyne L K 258 OBSERVAT des Plante*? Une régularité qui ne fe dcmcît^ tiroit jamais, nie furprendroit au contraire da-a vantage. Enfin ce mamelon feroit-il une excroifl lance du genre des Loupes ou des Champignons qui s'élèvent quelquefois fur les Plaies r' C'eft une troifieme conjedure qui me paroît moins probable que les précédentes, (i) (i) Si ceîle que j'ai prnpofée d'abord fe vérîRoit , l*Efpece de Ver dont il s'agit multiplieroit de trois faqons , toutes très- extraordinaires , la première qu'on pourroit appeller par divi- fion, ou par bouture, ( Oh^ VI. IX. Tab. I. Obf. X. Tab. II. >Io. III , IV , & Vi ) laquelle en contiendroit une féconde , qui eft celle dont j'ai parlé Obf. XVII. & XVIII. La troifieme s'opéreroit par rejettons, comme on le voit chez les Polypes, D'où l'on peut juger combien cette Efpece de Ver , fi peis remarquable par fa figure , mérite néanmoins d'être étudiéoit ( 2^ote ajoutée par F Auteur à aette nouvelle Edition, ) OURLES VERS. ,^^9 OBSERVATION XX. Sur un Fer de VEfpece des premiers , au^ quel an ejl parvenu à donner deiux tètes. ■Ojic ce n'ejl pas feuler/ient à la partie anté^ rieure que les Fers de cette Efpece pouffent des tubercules ; qu'ils en pouffent encore à la partie pofiérieure. E N" phyfique , un firnple foupçou ramené à l'exoénence , donne fou vent naiilance à d'heu- reufes découvertes , qui éclairciifent la vérité & étendent nos vues. L'expérience que je vais dé- crire , nous en fournit un exemple remar- quable. Dans le mois de Juin 1743 -> il me tomba entre les mains un Ver de FEfpece des prcce- dens , long d'environ deux pouces & demi. L'ayant mis dans un vafe à part , avec de Peau & un peu de terre , je fus furpris quelques jours après de le trouver partagé en trois parties , dont Tintermédiaire étoit la plus courte de quel- ques lignes. Toutes trois avoient commencé à fe completter , lorfque je remarquai à i'extré- 2^o OBSERVATIONS mité antérieure de la troifieme un de ces ma- melons, [PL ï. Fig. XV. i). ] dont j'ai parle daruS l'obiervation précédente. Plein de l'idée que ce pouvoit être une fé- conde tète , que la Nature travaiiloit à pouircr ^ j'attendis pluiieurs jours pourvoir s'il n'achevé- Toit point de fe développer ; mais remarquant qu'il demeuroit le même , je tentai de l'amener à Ion parfait accroilîément par une opération. Je commenqai par couper la tète qui avoit achevé de le former , & qui avoit même com- mencé fous mes yeux à donner entrée aux ali- mens. Le 19 de Juillet , c'cft-à-dire , quelques j )urs après l'opération , ayant préfenté le Ver au microfcope, j'obfervai que la nouvelle tête avoit pris fon parfait accrollfement , mais que le 'mamelon , ou tubercule , n'avoit fait aucun progrès. La raifbn n'en étoit pas difficile à pé- nétrer 5 & je l'ai déjà indiquée : la tète avoit attiré à elle les fucs nourriciers qui auroient dû fe rendre au mamelon. Afin donc de les déterminer à fe porter en plus grande abon- dance vers celui-ci, j'en coupai le 25 l'extré- mité. Le 6 Août , j'eus le plaifîr de voir que ce mame- lon étoit devenu une tète ? [ FL L Fi^. XVL B. } à SUR LES VERS. 2^1 qui rien ne paroiiToit manquer , & qui égaloit Tau- tre en longueur. Le microfcx)pe même n'y faifoit appercevoir aucune diiférence eiîentieile. (î) En regardant ramper le "V^er , je crus re^ marquer que les deux tètes n'avoicnt pas une même volonté i que l'orfque Tune tiroit d'un côté, l'autre tiroit de l'autre i & qu'ordinaire- ment celle qui avoit poulie la première , & que j'appellerai A, l'emportoit fur la plus jeune B. Comme celle-ci etoit demeurée un peu plus effilée que A ^ pour tâcher de les rendre plus égales, je coupai le 17 rextrémité de B. Le 24 , elle avoit achevé de fe refaire :. on y voyoit très - diftindement la bouche : mais A étoit fenfiblement plus longue & plus groife,* auiïî continuoit-cUe à l'emporter fur B dans h marche de l'animal. Je n'étois point encore fatisfait , j'étois hkn (i) M. Trembley a été bien plus loin fur les Polypes. Il §ji a fait à Cx & à fept têtes , en- les coupant fuivant le»r lon^ gueur , & en ne pouuant la fectiun que jufques vers Iç milita tin corps. (Voy. la Préf. du Tom. Vï. des Mém. de M, d^REAUMUR fur les Inf. p. 55. ) Mais mes Vers ne font pas à beaucoup près fi traitables. Leur tjiollen.c & k'ur ai^i-ité ne permettent pas de tenter fur eux de femblables expcrien* ces. On ne peut ici qu'aider h Nature comme j'ai eflayé de Is faire. R % 2^2 OBSERVATIONS parvenu à donner deux têtes à notre Ver, B^ais je ne m'étois pas afluré que B fût ca- pable des mêmes fondions efTentielles queA> & il étoit très - important de s'en convaincre. Pour cet effet , le même jour 24 Août , je coupai la tète A , après avoir donné au Ver le temps de fe vuider. Pendant les premiers momens qui fuivirent Topération, j'obfervai qu'il rampoit en s'ai- daiit de la tête B: mais fa marche av oit quel- que cliofe de pénible. On voyoït que cette féconde tète ne le fervoit pas à beaucoup près ai'iîi bien que celle dont il venoit d'être pri- vé : fouvent même c'étoit fur le tronçon ào celle - ci qu'il s'appuyoit. Le 27 , il n'avoit point encore pris de nour- riture, fes inteilins étoient fort tranfparens ^l ce qui prouve que la tête B , ou n'avoit point encore achevé de fe refaire , ou n'avoit point de communication avec l'eftomac. Le 29 , la tête A s'étoit refaite , & le Ver avoit fes inteftins pleins de terre. Le 3 t 3 impatient d'amener la tête B à foa point de perfeétion, je la coupai près de fou origine. SUR LES' FERS. %6l Le 3 Septembre , elle avoit déjà atteint !a moitié de Ton accroiiTement v mais quoi-, qu'elle continuât de croître les iour^ fuivans , elle fut cependant toujours plus petite que l'autre. De ces expériences }e conclus qu'il eft très»: probable que ce mamelon , dont nous recher- chions ' la nature ( Obf. XIX. ), eft une fe^ conde tète dans l'état de développement. Mais: a cela eft , comme je le crois , il doit paroî- tre aiTez fingulier que la Nature ait befoin d© la main de l'Obiervateur pour conduire fou ouvrage à {à perfection. Il eft vrai qu'il peut y avoir des cas où elle fait s'en paifer j & nous fommes encore trop peu éclairés fur cette matière pour en raifomier pertineQiment. Mais , m'objedera - t - on peut - être , les ex=_ périences qui viennent d'être rapportées , loin d'exclure la première conjedure indiquée ( Obf XIX ) , ne la favorifent - elles pas plutôt ? Ce mamelon ne doit - il pas être regardé comme an Ver naiifant , mais refté enté fur l'autre ? C'eft l'objedion que M. de Reaumur m'a fait l'honneur de me propofer , & qu'il eftime fe confirmer > par les deux volontés différentes que j'ai cru avoir remarquées dans notre Ver. (i) (0 Voyez daut VAiticlç 549 des Confia, fur les Çorp R i i64. OBSERVATIONS Je n'ai que deux réponfes à faire à cette objedion. La première eft prife de la grande proximité qu'il y a entre ce. mamelon & la: tête 5 la féconde , qui a plus de poids , efl' que ce mamelon ne conferve point dans foa accroifîcment les proportions d'un Ver nailïunc. Cependant ceg raifons n'ayant pas affez de force pour balancer dans mon efprit l'autorité de M. de Reaumur , je fufpendrai mon ju^ gement jufqu'à nouvel examen. Av l'efte j les deux mamelons ou boutons ^ Tenus aux deux côtés de la tête du Ver de lu Table IL N®. VL n'étoient fans doute pas différens de celui dont il s'agit icL S'ils euf- ient été moins petits ^ j'aurois pu efpérer de les faire développer par l'opération , mais )e îa tentai vainement. Pour tâcher d'en faire naître de femblables^ fur d'autres Vers, 'fen ai coupé plulieurs fur différentes proportions 5 & j'ai fait à d'autres' des ptquures & des inciiions en dilférens en- droits du corps 5 mais fans {uccès. Ce font 4e§ expériences qui demandent apparemment âr^0s VeMitak de la Lettre de M^ de Reaumur fur ce îujsî i^ dp IG* i$ Novembre Ï74î* iNote ajoutée par rÂiiieur k éWj 'rioi4^dy9 Edifiôn, ) SUR LES VERS. s^f d'être répétées un grand nombre de fois & d'être beaucoup variées. J'y iiivite les Curieux, Ce ii'eft pas feulement à la partie antérieure que nos Vers pouifent des tubercules ou bou- tons : iis en pouiFent auili à la partie pofté- rieure. C'ell ce que j'ai obfervé le i ^ Juin 1743 , fiir celui du N^. VI de la Table II, & ce qui a été caufe que j'ai ditFéré à faire la onzième opération. Mais le bouton qui avoit commencé à fe développer , a difparu à mefure que la queue a pns plus d'accroilfement. Il étoit placé à environ deux lignes de l'extrémité poftérieure , vers laquelle il s'inclinoit fenfible- nient Le 24 Jui'let^ j'ai fait la douzième opé- ration, la queue avoit une ligne un tiers!, le corps treize. Au refte , on doit voir avec furprife que ce Ver ait déjà vécu plus d'un an dans l'eau pure ^ & s'y foit completté douze fois lans avoir fouf- fert de diminution dans fa taille , au moins de diminution bien fenfibîe. Mais je ferai ob- ferver que quoique j'aie toujours eu l'attention de couvrir d'un papier fort la taiîe où je le t en ois enfermé , la pouffiere ne laiifoit pas néanmoins de s'y introduire j ce qui a pu four- Uij: à linfecte de quoi le faire fublitler. S.66 0BSERVATION& OBSERVATION XXL Obfervations & Expériences fur des -petites Anguilles , de tEfpece de celles dont il a. été parlé ci^deffus. Que ces petites Anguilles fe reproduifent de ^ bouture : à quel point elles fe divifent êf fc fubdivifent , ^ avec quelle promptitude. Différences de progrès entre celles qui ont été partagées en Hiver , & celles qui tonP été en Eté, N trouve dans les ruilîeaux de très ^pe- tites Anguilles blanchâtres , qui relTemblent beaucoup à celles du vinaigre , foit par la forme de leur corps , foit par la nature & la viva- cité de leurs mouveniens. Quoique leur origine ne me foit pas encore bien connue , je crois pourtant avoir déjà commencé de l'établir dans, les Obfervations XVII & XVIII ( i ). J'ajou. terai ici que fur la fin de Jajivier 1742 , j'en ai trouvé uiie dixaine de toutes femblables. dans un vàÏQ où avoienc été élevées les por- (0 Gonfultez les Notes des Obf. XVÎI & XYîIL SUR LES VERS. 2^7 tions d'un grand Ver de PEfpece des précé-. dens, conpé en trois parties vers la mi-Juillet Ï741. (Obf. XÏII. Tiib. IV.) Celles-ci ont vécu & m'ont oiî'ert quelques faits afiez curieux , que je me fuis propofé de raflembler dans cette Obfervatron. 'Je parlerai d'abord de ceux qui concernent leur ftrudure. Elle ne diffère pas .effentiellement de celle des grands Vers dont j'ai donné la deicription , Obf. I. Cependant on y découvre à l'aide du microfcope deux ou trois particularités qui pourroient faire douter de ce que nous avons avancé tcucbant l'origine de cette efpece d'An- guille. La première de ces particularités , ce font de longs poils femés ca & là tout le long du -corps 5 la féconde , ce font deux points noirs en forme d'yeux , placés de chaque côté de la tète , précifément à l'endroit où elle a le plus de dia- mètre y enfin une troifieme particularité , c'eft une le canal où font contenus l'eitomac & les inteftins , m'a paru plus gros à proportion dans ces petits Vers que dans les grands. Il ic renfle confidérablement en quelques endroits .» la circulation du fang n'y eft pas non plus 11 aifée à obferver. Tout ce qu'on voit claire- ment 5 c'eft qu'à chaque battement de l'artère k canal des Inteftins paroit fe contracter , à- 26S OBSERVATION f^ peu-près comme fi c'étoit dans ce canal même que s'opérât la ciixuiation. L'intérieur de nos peti':es Anguilles offre en- core une particularité qui mérite d'être remar- quée, mais qu'on n'obferve que dans quelques^ unes : elle confifte en ce que les principaux vifceres , au lieu de paroitre exadement conti-^ nus dans toute leur longueur , femblent au con- traire louifrir dans le milieu du corps une lé- gère interruption : le point où fe remarqi^e cette folution apparente de continuité , n'eft pas le même dans chaque individu. Il eil plus ou moins éloigné du milieu du corps chez les uns que chez les autres. Lorfqu'on obferve Pin- fede au microicope , ce point devient un efpace tranfparent , où l'on ne découvre rien de diftind , tandis quau-deir^s & au-deifous tout eft allez marqué. On verra plus bas la raifon de ce petirt phéncmene. L'EXTREME délicateffe de ces petites Anguif- les feroît - elle un obftacle à leur muîtiplica« tien de bouture , ou plutôt ne la favorileroit-^ elle pas ? J'avois d'abord eu. peine à embrui-- fer ce dernier fentiment : cependant en ayant partagé une en deux , le 28 M?rs 1742 , & le ha- fard ayant voulu que je la partagealieprccircmciit dans le point de riiirerruptioii des vifceres-» I SUR LES VERS. 259 Ï€ lendemain chaque moitié fe terra, & ie pre- mier Avril, la féconde examinée au microfco-ie paroiflbit avoir achevé de fe completter. Non- feulement fa tète étoit bien formée , mais ce qui eft moins équivoque, cette moitié avoifc commencé à prendre de la nourriture. L'efto- niac & les inteltins qui auparavant paroiifoie.it viiides 5 étoieut remplis de matières terreufes. Mais voici quelque cliofe de plus fingulier : ces deux petites Anguilles qui m'étoient pro- venucs de bouture, je les avois mifes dans le même vafe de verre avec de l'eau, & feule- ment autant de terre détrempée qu'en avoit pu retenir la pointe d'un cure - dent. Le 11 Mai fuivant , au heu de deux Anguilles , j'en trouvai une quinzaine, dont trois ou quatre avaient bien cinq à fix lignes de longueur , mais qui toutes étoient e.^celïîvement menues. Soupçonnant les inégalités du vafe , ou quelque petite pierre cachée fous le limon d'a- voir occafionné cette multiplicatio:i extraordi- naire , Obf VI 5 je fis palTer le même jour toutes ces petites Anguilles dans un autre vafe de verre , dont le fond paroiiîbit très - iilfe , & dans lequel je ne mis que de Peau pure. Le 15. JuiU j'en comptai fùixante. Apr^s une fcm- kyb ÙËSEkVATIOMS fclable expérience , je craindrois de me tromper fî je décidois ( i ). Qii'il me foit permis néan- moins de faire remarquer qu'elle ne détruic pas abiolument ma conjecture. Quelque poli qu'un rorps comme le verre paroilTe à nos fens » on ne peut douter que ce ne foit un plan rabotteux pour nos petits Infeclcs: le microf- cope noiis en convainc. Mais il y a plus^ j'ai obfervé bien des fois de nos petites Anguilles , dont le corps étendu au fond du vafe paroii- foit y être fortement retenu par ces petits cro- chets, dont la partie inférieure des anneaux eft garnie. ( Obf. I. ) Aillez fouvent j'ai vu le fond & les parois de mes vafes fe couvrir d'une forte de tnoiiiirure grifâtre extrêmement courte, mais fort rude au toucher , & très-adhérente au verre , qui peut encore contribuer beaucoup à augmenter la réiiftance que nos petits Vers trouvent à ramper- A tout cela on nrobjedera peut-être que la multipUcation que je cherche à expliquer , pour- roit n'être qu'une multipUcation naturelle , une multiplication par génération , & non par divi- (i) Confr.îtez encore l'Article sco des Confulérations Jtir les corps or^cif'îfés ^ où i'inîiqne une autre conjeclure fur la fingu- liere multiplication de nos petites Anguilles , & fur les divifions analogues qui furviennent , quelquefois aux Vers tle la même claQe, que j'ai nonniiéj? de la prejjiiere Ffpece.'l Obf. I. j. ( Note ajoutée pUr r Auteur à cette îiowvelle Eàitîon, ) SUR LES FERS. a?î ''^on. Je n'ai qu'une réponfe à faire à cette ob- jedion : je la tirerai de l'égalité de grolïeur que j'ai toujours cru remarquer entre les petites An- guilles dont il s'agit , égalité qui ne iauroit , ce femble , avoir lieu dans l'opinion qu'on m'op- pofe. Cependant comme la génération de ces Vers peut fe faire d'une manière fort diiférente de celles que je connois , je ne déciderai point là-delTus, & j'attendrai d'être mieux inftruit. La promptitude & la facilité avec lefqueîles nos petites Anguilles le reproduifent lorfqu' elles ont été divifées , font aflurément très-dignes d'at- tention : en voici un autre trait qui frappera fiins doute davantage. J'avois partagé récemiment une de ces Anguilles en quatre portions: le J6, Juin , fur les trois heures après midi vie Thermo- mètre de M. de Reaumur étant à feize degrés au^defTus de la congélation, je fis l'expérience de ne divifer qu'à demi la dernière de ces por- tions , en telle forte que les deux moitiés ne fem- bloient tenir l'une à l'autre que par un fil. Au bout d'environ trois quarts d'heure je les trouvai réunies , au point qu'il n'y paroiifoit plus qu'uii très-léger étranglement , & une petite interrup- tion dans les vifceres , pareille à celle dont j'ai parlé ci-delTus. Une heure après , rétranglement a voit totalement difparu i & le lendemain matins 473 OBSERVATIONS fur les fix heures , on ne décoiivroit aucune trace de l'opération. Cette plaie fi profonde qui avoit intéreiFé les parties les plus nécelTaires k la vie, s'étoit parfaitement confolidée. Qiie dis- je , elle ne paroiiîbit pas avoir été faite. Cette expérience qui feroit toujours très-remarqua- ble quand elle auroit réullî fur P Anguille entière , doit ce me iemble , !e paroitre encore plus dans une portioji qui n'en étoit que la quatrième partie. Au refte , nous trouvons ici Porigine de cette folution apparente de continuité qu'on cbferve dans l'intérieur ''de quelques-uns de ces petits Vers. J'ai tenté la même expérience fur une portion d'un grand Ver de TEfoece des précédens , lon- gue d'environ fix à fept lignes , j'ai fait à cette portion cinq à Cix profondes inciflons : la liqueur du Thermomètre de M. de Reaumur étoit alors au-deifus de feize degrés. Au bout de feize heures on n'y reconnoilToit prefque plus rien : tout s'é- toit confolidé , réuni. J'ai été attentif à remar- quer fila circulation du fang ne foufFroit pas de ces incifions : il m'a paru que là où elles étoient plus profondes , elle étoit interceptée , finon en tout , du moins en partie. Nous avons vu , Obf VIII , à quel point la chaleur & le froid influent fur la reprodudion & i'accroiircmcnt SUR LÉS V E R S. 27} raccroillement des portions ou boutures, de nos grands Vers aquatiques : dans la meaie vue j'ai partagé de nos petites Anguilles en Hiver & ea Eté. J'ai doniié ci-deiius ie réfukat de Texpé- ricnce Faite dans la première de ces deux faifon^ : voici plus en détail celle que j'ai tentée dans ia féconde. J'ai donc partagé par le milieu ,^ le 2^. Aoùc au matin , une de ces petites Anguilles : imrni^ diatement après, chaque moitié s'ell donné les mouvemens que ces fortes de Vers ont coutu-» me de fe donner. Le 27 , ellGs n'a voient pas fait de progrès bien fenfibles., Le 28 , la nouvelle tète de la feconde»moitie paroiifoit n'être encore qu'à la moitié , ou ciivu roii 5 de fon accroiiTement. Le 29 , elle n'avoit pas encore achevé de fe refaire. Mais à Pégard de la queue de la première moitié , l'anus y étoit tres-diftinc^. Le 30 , la tète de la féconde moitié fembloit s'être refaite : mais les deux points noirs en- forme d'yeux ne paroitfoient pas encore. Ni Tune ni l'aiitre n'avoit commencé à prendre àa la nourriture , ni ne s'étoit terrée. l'orne L S 274 0 B S E R VA T I 0 N S Le 31, toutes deux s'étoient enfoncées dans la terre, & en avoient leureftomac plein. Les deux petits points noirs commenqoient à le montrer à la tète de la féconde *. On eft fans doute furpris qu'une de nos petites Anguilles , partagée en Eté , ait employé à fe complettcr deux jours de plus qu'une autre partagée en Hiver : en effet la chofe eft remar- quable. Je ne chercherai pas à en rendre raifon :. elle peut dépendre de circonftances particulières qui ne me font pas connues , mais qu'il ne fera pas difficile d'imaginer dès qu'on fe contentera de conjedures. J'aurois eu probablement quel- que chofe de plus certain , ii j'avois pu réitérer l'expérience comme je me l'étois propofé : mais jes Anguilles que je confervois à cette fin, ont toutes péri pour n'avoir pas eu foin de renou- veiler Peau affez fouvent , car je n'en imagine pas d'autre caufe. Quoiqu'il en foit , j'ai cru ne devoir pas fupprimer cette expérience, parce qu'on y voit mieux que dans l'autre la fuite des progrès de chaque moitié. * Le Thermoînetre de M. de Reaumur , de quatorze k feize degrés > SUR LES VERS. ^^f OBSERVATION XXII. 6ïtr des Fers blanchâtres aune autre pf- pece que les précédens. Maladies auxquelles les uns & les autres font fiijets. p, Armi les différentes Efoeces de Vers lon^'â Êiis jambes qui habitent les ruilK^aiix , il j en a plufieurs qui ne lemblent différer les unes des autres qu'en couleur. J'en connois , par exemple ^ de rougeàtres ou jaunâtres , & de blanchâtres ou grifatres , dont la forme extérieure , la grof- feur & la manière de vivre font toutes fembla-. blés : ils amient également à fe cacher dans la boue, & à tenir leur partie poftérieure élevée au- deffus. Enfin c'eft de cette même boue qu'ils tirent une nourriture qui leur eft commune. Le 3 Juillet 1741 , j'attrapai un de ces Verg blanchâtres ou de la féconde Efpece , lequel avoit bien trois pouces de longueur. Je l'examinai à la loupe , qui ne me fit rien voir de particuliçr dans fa ftrudure. Xi paroiffoit monis vif que ceux de la première Efpece , & il fe tenoit fouvent replié fur lui-même en manière de peloton, S :5 ^ \ 276 0 B S t R V A T 1 0 N & SvR les 3 heures, je fis rexpérience de le part??^ ger en deux : mais les divers mouvemens qui! fe donna à cette occafion , furent' caufe que je ne le coupai pas dans le milieu du corps , comme je Pavois fouhaité. La partie à laquelle tenoit la tète fut plus longue que l'autre. Coniîdérant; ceci une heure après , je me déterminai à coupet chaque partie en deux autres , en telle forte que j*eus mon Ver divifé en quatre portions. De ces; quatre portions la première fut celle qui me parut le moins fouifrir de l'opération : elle continua de fiire des efforts pour aller en avant, elle y réuiîiifoit même en s'aidant de la tète comme tous ces Vers> mais fa marche étoit pénible* A regard des trois autres elles ne reftoient pas abfolument immobiles s elles s'agitoient en divers fens , fur-tout la quatrième qui après la pre- mière paroiifoit la plus agile. Lorfque j'expo- fois au foîeil le vafe où elles étoient renfer- mées , leurs mouVemens en devenoieiit plus vifs, elles paroiiioient inquiètes. Le lendemain , je remarquai au bout anté- rieur de la quatrième portion , comme une forte de moifiifure qui fembloit aller infenli- Kement en augmentant. J'obfervai en même temps que les anneaux étoient là beaucoup plus 2^iarqués qu'ailleurs , & que ne le font d'ordi-* SUR LES VERS. 277 nmc ceux de ces fortes de Vers: ils rétoient même à un tel point qu'ils fembloient féparés par des étranglemens. Une altération aulll re- marquable me fit augurer mal' de cette portion de même que des autres : je regardai cette efpece de moifiifure comme une maladie analo-= gue au fpbacele ou à la gangrené. Cependant la portion qui en étoit attaquée , ne difcontinuoit point de me donner des lignes de vie en agi^ tant fa partie poftérieure, & cda jufqu'au f au matin', que les derniers anneaux furent ré- duits à rétat des premiers. Alors il ne reftoit plus de cette portion qu'un petit amas de chairs fi dliFoutes , Ci altérées qu'il n 'et oit pas pofuble d'y rien dilHnguer d'organifé. On croyoit voir une petite touife d'un fin coton , ou comme j'ai dit, de moifilfure. (i) (l) Voici ce qne M. de Reaumur m'écrivoit le 21 de Décembre 1742 , fur cetta finguliere maladie de mes Vers d'eau douce. " Il y a long-temps que je vois des Infeftes aquatiques 35 de toutes Efpeces qui périfient dans l'eau , s'y coQvrir de 5, moififfure j mais Vos O'o&rvations proiu^ent que la moi- ^ fiiTure ne croît pas feulement fur ces Infedes après qu'ils 35 font morts , qu'elle femble tUvT ceux qui vivent. 11 y a 35 pourtant apparence qu'elle ne vient que fur celles de leurs 55 parties qui commencent à fe corrompre. Je l'ai trouvée y, auffi fur des Vers-dc-tcrre qui ont péri au bout de quei- i3 qucs jours. „ '( A^ote ajoutée par Ç Auteur à cette ncuv^Ur EiitMn. ) s \ in Ô B s E R V A T I 0 N S Pendant ce temps-là un femblable change-- fnent s'opéroit dans la troiiîenne portion , & avec les mêmes circbnftances ; & le mènie jour, tut les huit heures du ntatin , elle ceila de vivre. La féconde eut le même fort le lendemaiti mcitin 6 , fur les di^ heures, J'ESFÉROiS au moins de conférver ki pre-^ niieré portion qui paroilfoit fe porter affez bien. Je lui donnai un peu de terre , afin qu^elle pirt y aller prendre de la nourriture. Elle s'y en- fonça en eifet ; elle fembla même avoir com- mencé à manger : mais enfin la même maladie qui avoit emporté les autres, l'atfaqua à fon tom* i & elle acheva- d'être confumée le 14, Dans le mois d'Avril 1742 , je tirai jencore de Peau neuf Vers de la couleur du préccdeilt ,- mais qui la plupart fembloient être dans le cas de ceux qui ayant été mutilés ^ ont com- mencé à reprendre les parties qui leur maii- quoient : il s'en trouvoit même à qui l'a queue n'avoit point encore commencé à re- pouffer. Leur longueur en général étoit d'en- Vifoh un pouce. Les uns & les autres étoient tres-vifs ^ & je oomptois bien les conférver -poM les faire fervir à diveifes expériences. s U K L E s vers:. 279 Four cet effet je les mis tous dans un même vafe avec de l'eau & un peu de terre. Le len- demain matin je fus bien furpris de n'en trou^ ver qu'un feul en vie : les huit autres a voient été attaqués de cette maladie , que je regarde comme analogue à la gangrené , qui les avoit entièrement confumés. Je cherchai une caufe de cette mortalité: je foupqonnai qu'elle tenoit peut-être à la trop petite quantité de terre que j'avois donnée à ces Vers , ou à ce que la terre que je leur avois donnée n'étoit pas con- ditionnée comme il convient qu'elle le foit , (car celle que je leur avois donnée avoit été prilé dans une caiffe de Fourmis - lions ). Je donnai donc à celui qui avoit furvécu de la boue bien détrempée & en quantité fuffifante : il s'y enfonça, mais au bout de quelques jours il fut attaqué de la même maladie que les au.- tres 5 8c confumé comme eux. Nos Vers de la première Efpece; nos VsV d'un brun rougeàtre font auffi iujets à la nm ladie que je viens de xlécrire , Obf. VI. Pour le prouver , & c'en eft ici le lieu , je n'ai qu'à rapporter quelques Obfervations que j'ai eu occalion de faire là-deifus en 1742, Le 21 Juillet de cette année, je pris au fond ^ ^ 4 Ci^o OBSERVATIONS de ce mi il eau , dont j'ai déjà parlé plus d'une fois , cinq Vers de rEfpece en queftion , & iongs chacun d'environ un pouce & demi. Ils mojitroient tous beaucoup de vivacité. Trois néanmoins n'avoient point de tète, & un feul commenqoit à la reproduire. Le 2 Août, je re- miaquai que près des deux tiers d'un de ces Vers , & environ le tiers d'un autre étoient devenus blanchâtres , de rougeâtres ou jaunâtres qu'ils étoient auparavant. Je ne pouvois igno* rer ce que fignifioit ce changement de couleur, pour tâcher d'arrêter les progrès du mal , j'eus recours au remède ufité en pareil cas, je veux dire , à Wiinpntation. Je retranchai de chaque- V er la partie infeélée , & je mis celle qui étoit faine dans de la nouvelle eau. Mais cela n'em- pêcha pps que celle-ci ne fiit attaquée du même mal le lendemain. Les autres Vers en furent de même faifis , & tous furent confumés eiï Inoins de cinq à fix jours. Deux autres Vers de la même Efpece , & des plus grands , que je tenois à delfein dan» l'eau pure depuis le 24 Juillet , commencèrent aufîi le 2 Août à être atteints de la même maladie. J'obiervai qu'ils- avoient qâ & là , fur les côtés j comme de petites puitules blanchâ- tres & aflez tranfparentes. Ces puftules ou iné- SUR L L' ^ V E R S^ sgï gcilités le voyoient Rir-tout à la tète qui en paroilibit moins èUfi'ée. Je remarquai encore qu ils n'étoient plus fi vits qu'auparavant. Sur cela je me déterminai à mettre Fuu de ces Vers dans un autre vafe avec de l'eau Se un peu de terre , & je laifîai Tautre dans Peau pure. Le 4 au matin, je trouvai celui-ci avec le quart de fon corps de moins. La partie qui ijianquoit , dans laquelle étoit comprife la queue , a voit été réduite à l'état des Vers dont j'ai donné l'hiitoire ci-deflus. Pour aider au Ver à fe remettre , & k réparer la perte qu'il avoit faite de fa partie poftérieure , je lui donnai un peu de terre. Le 9 , il avoit commencé à re- pouifer au bout poftérieur. Le 26, je le trouvai partagé en deux parties a-peu-pres égaies , 8c qui n'avoient pas encore commencé à repren- dre ce qui leur manquoit pour être des Vers parfaits. Mais elles le devinrent enfuite. La même chofe arriva à l'autre Ver : je le trouvai aufîi partagé en deux , le 17. Et le 26 , la fé- conde moitié rétoit encore en autant de por- tions prefqu'égales , & qui toutes deux s'étoient coniplettées. On fait que les PoiiTons , pour être toujours au milieu de l'eau - î*e (ont pas exempts de certaines efpcces de Poux. Des Infcclcs ana- 1S2 0 Ê s E K V A T I 0 K S logUGS , de couleur blanchâtre , très - vifs 8c qui portent une petite queue recourbée vers le ventre > enfin des Infedes dont Feati eft quelquefois très-peuplée , mais qui font Ci petits qu'on ne fauroit les découvrir fans le le cours des verres, m'ont paru en vouloir auiîi à nos Vers aquatiques qui fe multiplient de bouture. Très-fouvent il m'eft arrivé d'cxpofer au mi- crofcope des portions de ces Vers , & dd« Vers entiers , au corps defquels étoienc atta- chés bon nombre de ces animalcules J'en ai vu aulli qui fe tenoient au milieu de cette ef^ pece de moifîifure dont j'ai parlé. J'AI mis ( Obf VI. & XXI. ) , au nombre des cauies qui peuvent opérer une divifion de parties dans nos Vers, les corps doués d^une ceitaiiie réfiftance , comme font la terre lorf- qu'elle eft trop compade , ou en trop grande quantité , de petites pierres , &c. Mais fans qu'aucune de ces caufes concourût, nous avons vu de ces Infecles fe partager , les uns en deux'j les autres en trois ou quatre parties. Les Ta- bles I. & IL N*. III. nous en ont déjà four-, ni des exemples. Les Obfervations qu'il nous îefle à rapporter , nous en fourniront encore p!uiicurs. I\(3us y verrons que c'eft ce qui ar- rive quelquefois aux Vers ou aux portions de SUR LES V E R S. 283 Vers qui ont eu à foutenir de longs jeunes^. Le rellerrement des Vailieaïix occafîoné par le manque de nourriture, en eft f is doute une des principales caufes. OBSERVATION XXIII. Ohfervatlons & expérlejices fur les Fers blauchcitres , ou de h féconde Efpece 5 dont il a été parlé ci-deffus. Qjte ces Fers peuvent être multipliés de bouture. Portion d^un de ces Fers qui , àu lien de re- produire une tête , a reproduit une queue, JLj E s Vers blanchâtres des Obfervations tieiquels j'ai commencé de rendre compte , jiiéritoient plus d'être fuivis que je ne Pavois d'abord penfé : mais la trop prompte mort des premiers qui m'étoient tombés entre 'es mains , île m'avoit pas permis de faire les elfais que j'ai été en état de faire depuis , & auxquels je fuis redevable de faits qui par leur fingu- larité , demandent peut-être que j'entre dans wx^ 284 OBSERVATION S' détail un peu plus circonftancié que ceux dans lefquels je fuis entré ju (qu'ici. Les div*TL:s Obfervations que j'ai faites pour m'inftruire de la ftrudure intérieure de ces Vers , [ Pian. IL Fig. L çf? //. ] ne nouî arrêteront pas beaucoup : il me fuffira de dirj qu'elle ne paroit diiiérer en rien de celle dès Vers rougeâtres. Tout ce que j'y ai remar- qué qu'on ne voit pas auffi bien dans ceux- ci , parce qu'ils font moins traniparens , ce^ font des efpeces de poches ou facs membra- îieux , [Fig. VII L A, A ^ A. ] attachés des deux côtés de TeftomaG, & qui m'ont. femblé avoir quelque rapport avec celles qu'on obiér- ve dans les Sangfues * : mais je n'ai pas aiTca poulfé mes Obfervations fur ce fujet, pour avancer quelque chofe de plus précis. Je viens donc aux expériences que j'ai annoncées. La première que j'ai tentée , a été de parta- ger un de ces Vers en deux, ce que j'exécu- tai le 20 d'Août 1742, fur les neuf heures du matin. Le 23 , fur les Çiyi heures du loir , ayant préfenté l'une & i'-autre moitié au microfcope * Foycz l'/^nato;iue de la Si-j:gfuc par M. Morand dam h> jllé'n. 'de r Académie Royale des Sciences ^our 17^% SUR LES VERS, 28> j'obfervai que la première avoit commencé à reprendre une queue, mais que la féconde ir avoit encore fait aucun progrès. Le 28 au matin, ceile-ci étoit morte: l'au- tre avoit poulfé une queue d'enviroil une de- mi-ligne. L E 29 d'Août , environ fur les dix heures du matin , je répétai l'expérience faite le 20. Le 7. Septembre, la première moitié avoid pris une queue d'environ une demi^ign'e : mais îa féconde ne faifoit encore que commencer à pouifer. Le 13. , ayant offert chaque moitié au mi- crofcope, je vis avec furprife que la féconde n'avoit point encore achevé de fe completter; que ce qui avoit pouifé au bout antérieur n'a- voit guère que la moitié de la longueur que la nouvelle tète devoit avoir, tandis que la nouvelle queue de la première moitié avoit dé-> ja plus d'une ligne. Le 17. , ayant de nouveau offert au micro f- €ope la féconde moitié , mon étonnement fut tout autre. J'obfervai, à ne pouvoir m'y mé- prendre -y qu'au lieu d'une tète il lui étoit venu a^ie queue longue d'euyixon une demi -ligne. n^ OBSERVATIONS Ce n'étoit point comme on pourroit le foup* çonner, une tète pluâ eltilce qu'à Tordinaire, une Riqon , pour ainG dn-e , de tète & de queue: c'étoit une queue très-bien formée où r-aïuis étoit très-diftmd [ Plan. IL Fig. V. Q. n ] , €n un mot , une queue abfoîument telle que doit Pètre celle de ces fortes de Vers. Et pour achever de mettre la chofe hors de toute conteftation; cette partie qui avoit poulie à la place de la tète, n'étoit capable d'aucun des rnouveniens qu'on voit faire à celle-ci : elle ne fe raccourcitfbit ni ne s'alongeoit , elle ne fe contradoit ni ne fe dilatoit. Le Ver iV'en fai~ ibit aucun ufage ni pour fe nourrir , ni pour s'aider à ramper -, on le voyoit feulement agi- ter de temps en temps fa partie antérieure, la porter à droite & à gauche , mais fans faire la moindre tentative pour changer de place. On auroit dit qu'il fentoit fon état : il avoit l'air 5 pour ainfi dire , embarraifé. Au refte , &^ c'eft ce que je ne dois pas négliger de fure remarquer , le cours du iang n'avoit point changé de direcl;ion. Il continuoit à fe fau*e du bout poilérieur au bout antérieur. Curieux de voir ce qui en réfulteroit, je partageai, ce même jour, cette moitié en deux, ^ afin d'être plutôt fatisfait, je fus la renf^r- s U M LES VERS. 287 mer avec un autre Ver de la même Efpece, coupé aulîi par le milieu , dans une armoire placée derrière une cheminée de cuiiîne, & où la liqueur du Thermomètre de M. de Reau- MUR fe tenoit ordinairement aux environs de 20. degrés. Mais foit que ce degré de chaleur fur déjà trop fort pour ces Infcdes , ou foit qu'il eût été porté encore plus haut dans des momens où je n'obfervois pas , ce qui eft plus probable, je les trouvai tous morts le lende- main , d mon grand regret. OBSERVATION XXIV. Suite des Obfervations ^ Expériences fur les Vers blanchâtres. Portion dmi de ces Fers qui a reproduit deux queues. F Rustre dans mon attente par Paccident imprévu que je viens de rapporter , ma curio- fité n'en fut , pour ainiî dire , que plus irritée. Impatient de revoir un fait , qui par fon extrême fingularité , méritoit fi fort d'être vu une fé- conde fois, je partageai le 23 Septembre, trois ds mes Vers blanchâtres en deux, & lui autre 2S8 0 E S E R V A T ï 0 N S €11 trois parties , & je les lidiFai tous daiTS mou cabinet. Le II. Odobre, la première portion de chaque Ver avoit poulïé une queue bien for- mée, où l'anus étoit trs^s - diitincl;, mais qui n'avoit pas demi - ligne de longueur. La der- nière portion n'avoit pris au contraire aucun accroiiiement : mais la portion intermédiaiLe du. Ver coupé en trois, avjit poulfé une queue de même longueur ou à- peu- près, que ceiie de la première , & elle commenqoit aulu à fe prolonger vers le bout antérieur. Le 24 , la queue de la première portion de chacun de nos Vers s'étoit alongée d'environ demi-ligne. La dernière étoit à-peu-pres dans le même état que le $ i. Le bout antérieur paroixîoit feuleme.'it s'être arrondi. A l'égard de la portion intermédiaire du Ver partagé en trois , elle avoit reproduit une queue au lieu d'u le tête : cette queue n'avoit qu'environ la moitié de la longueur de celle qui avoit pouifé au bout poltédeur. [PL IL Fig. IV. qq.] Du refte l'une & l'iuitre fe reifcmbloient parfaitement dans la forme , les proportions, la couleur, &.c. Qiie devons- nous donc penfer maintenant d'un fait il étran- ge, revu déjà deux fois,'& qu'il m'eft encore arrivé de revoir depuis,, comme je le dirai ci- après SUR LES VERS, 289 -après, & comme je Pavois prévu? Aurions- îious furpris, pour aiaii dire, la Nature en. défaut? Seroit-cc ici Uîie de ces productions ni 0 il firu eu les qui s'otirent quelquefois , ibic d'ius le règne anima! , fbit dans le végétal , & dont j'ai voulu parler à la fin de FObf XIX. En ad- mettant avec les Pliiloioplies modernes que ia reproduction merveill'euie de toutes les partirs nue de grandeur , elle n'avoit rien perdu de fa vivacité or dm ^lire. OBSERVATION XXVIIL Sur un Ver de la féconde Efpece , aiiqtœl on a coupé trois fois la tête , à différentes^ dijlances de l'extré/?iité , & dont la dernier e a pouffé obliquement à la lovgîienr du CGrp>:, p OuR me procurer de nouvelles connoif-- iances fur Pétrange fin.gularité qu'oiftent nos. Vers blanchâtres , ou de la féconde Efpece ; le 7 Août 1743 , je coupai au Ver N , Obfcrv. XXVI , feulement la tète , fans rien prendre de la partie antérieure. Le î6, la nouvelle tète avoit achevé de fe refaire. On voyoit de la terre dans les, in- teitiiis. SUR L Ë S V ERS, 3ot Le 21 , je coupai de nouveau la tète à notre Ter, mais à une ligne & demie de Pextréraité. Le premier Septembre il paroiiToit avoir achevé d'en refaire une autre , où on diftinguoit fort bien la bouche : mais l'extrémité ne s'étoit pas encore autant alongée qu'elle devoit le faire par la fuite. ■ Le 17, ayant mefuré le Ver , je lui trouvai feulement onze lignes. Ce même jour je lui coupai la tète pour la troiOeme fois , à une ligne de fon extrémité. Le 30 Novembre , il en avoit pouffé une nouvelle , mais qui étoit fenliblement inclinée à la longueur du corps ; ce qui eft une fingu- larité très-digne de remarque (Obf. X. Qiiefl tion fixieme ), Le Ver avoit alors treize à qua- torze lignes. 302 0 B s E K V A T I 0 N S' OBSERV ATI O N XXIX. Sîtr des P^ers blanchâtres d'une troifieme Efpece, qrâ périijent lorfipCon le^ canpe par înorceatix , ou qu'on les mutile. N, Ou S venons de voir des Vers en qui la propriété de revenir de bouture ne rcfide que d'une manière très-imparfdte : j'en ai décoiiVv rt récemment une nouvelle Efpece , dont pariie des individus périt lorfqu-on les coupe par morceaux. Cette Efpece oiirè quelques carafe- res qui peuvent aider à la diftinguer de ia pre^ miere & de la ieconde. i°. Eile e(t un peu plus effilée , & fa longueur eft d'environ trois à quatre pouces. 2^. Elle cft moins vive : rai lieu de frétiller quand on ia touche , elle fe replie fur elle-même en manière de peloton ou de volute. 3°. Elle tient ordinairement fa par- tie poftérieure hors de la boue , & lui f it faire des vibrations prefque continuelles. Qiiant à la couleur, elle n'eft pas la rnème dans tous les Individus i les uns tirent fur le brun , c^c n'ont de rougeâtre que l'extrémité de la partie poftérieure ; les autres font entièrement gnla- tres ou blanchâtres. Ce font ceux-ci que fai SUR LES VERS. '303 Iku de croire être privés de h faculté de fe reproduire après avoir été partagés. Voici aflTez en détail les Obfervations qui me paroiiieiit rétablir. Je donnerai dans la fui vante celles que j'ai faites fur les Vers de cette Efpece , dont la couleur tire fur le brun. (1} (r) Je l'ai déjà remarqué dans l'Obf. XXIÎ ,• les différentes Efpeces de Vers longs fans jambes, fur lefquelles j'ai fait ces Expériences , fe reflcmblent beaucoup par Texiérieiir , & pa- roifiliit ne différer guère que par la couleur. J'ai pourtant taché de laifir dans les unes & 4ans les autres des caradteres plus ciTentiels qu,' j'ai eu foin d'indiquer. Les Vers dont il s'agit dans ce t« Obf. XXÎX , ne me femblent pas aujourd'hui appartenir k la même EfpeGe: les uns font grifâtres ou blan- châtres, & périfietit lorfqu'on les coupe ou qu'on les mutiler les autres font brunâtres & reproduifent après avoir été par- tagés. Ces différences remarquables me paroiffent exiger qu'on faff»^ denx Efpeces de ces Ve.s. Ceux dont la couleur eft blanchâtre & qui périfTent lorfqu'on les coupe formeront la froijîeme Efyece. Ceux dont la couleur eft brunâtre , & qui peuvent être multipliés de bouture , formeront la qiiU' irieme Ejlsce. Il reftc pourtant à s'afTurer par de nouv^îlles expériences, ii les Vers que je nomme de la troijïeme Fftfecc périffent conftamment lorfqu'on les coupe par marcsauX. ( N'oie ajotitéi f>ar l'Auteur à cette tiouvellc Edition. ) m^^ UJOURNAL d'Objhrvation^ Jur deux ncrs l)iancJia-\À M trcs de la troijkrne Jtjpcœ partar/cs chacun ciM y bj yo«rj du f) 3îois. Sept. 'J^8 à lî h. m. \2^ziur—^TL E N C I N O. A. B, C. D. E. Partagé. Je n'ai pu Faire toutes les por- tions parfaitegnent égales 5 la ibconde a été la plus courte. Pendant "Popéra tion le Ver a mar que beaucoup de fenfibilité en fe pliant & fe repliant fur lui-même à di- verfes reprifes , &. li en a été de même de chaque portion. La dernière eil celle qui a paru fouHrir ie plus : elle s'eft beaucoup agitée les premiers momens. Enluite toutes font demeurées immo- biles , excepté la première qui a con- tinué à fe mouvoir. La température ce Pair de mon ca- binet entre i^a i8 RHZ E N A.B. ^n c I N (J CD. E. u n u fi w n îïXl Tfv — T — Triv-rr.Tr / II eut. 6 kjm. 4h. f. h. f. CINQ. C. D. E. de fes extrémités qui s'étoit détachée d'elle-même du rcf- te du corps, en for- te que la gangrené ne tenoit plus qu'a l'extrémité oppo fée. D n'étoit de même attaquée qu'à un bout , au poftérieur E fe portoit bien. Le Then de ii 16 d. Aavoicencoreun léger étranglement m bout poll'érieur. i B D E fe portoient bien. Mais C étoit prefqu'à moitié con fumée. J'ai été fûrpris de trouver B entière- ment confumée, C n'avoit plus qu'un tiers du corps de fain. Cette dernière ne f] Ivivoit plus. iniizîïiiizKiErzsnEriî ^ ^■r35iziitTn:nî52Zziïi}__iiii_^i)_rrîii-„_ii>u--s ^ urs an Mois. j Sept. ^ II. 12 entre 7&8ni. EN Ci N A.B.C.D.E. (',' I LeTher. de I2 i 13 à. 1 ^li Centre A.B.QaE. p Partagé. Ce Ver n'a pas témoigîié moins de fenfibiii- té que l'autre, &î^ s'eft donné les mè mes raouvemens. H La qu atrie nie por- tion a été la plus courte. Immédia-i temenc après l ope-is ration la premierer eft demeurée par-h taitement mimobi-!^ le, & étendue au^ fond de La talTer comme dans uni; état de léthargie. Les autres fe font repliées à diiféren- tes reprifes : m:ris!s aucune n'eu jailéep en avant. A. idem. D avoit| A. commençoit ày ie tiers du corpsietre attaquée de laj^ gangrené, Efepor-|ç;angrer!€ aj boutlj toit bien. ipcftéricur. B avoitj^ V z k3nii3î iLZZJiyiizjj^M:'-^^: ^E N CI N Q,^;: J Jours du J jJIois. ;J Sept. ^îV. eut J7<-^ 8 m i6. eut 7&8m 17 H 7 d h. m. 18. à 7 h. m. E N C IN A. B. C. D. E. Le TJierm. de 12 à I 5 degrés. A. idem. Due vi- voit plus que dans un tiei's de foji corps. E. bien. Le Tlierm. id. A: idem. D. ce qui lui reiloit de liiin avoit environ deux lig. E bien. Le Tlier. à 14 d. A. idem. D con- lumce en entier. Tout fou corps s'é- toit couvert d'une efpcce de moiiii- mn A.B. CD. E. p auiîî une de fes W ment afFedce. C fc^ portoit bien. D! ivoit un îeeer étranglement i ..... bout. E et it plusc d'à moitié confu-f méc. La gangrcneg avoit commencé par le bout pofté- ricur. A : la gangrène continue à Faire du progrès. B C D E| a-pcu-près commc'; ie IV A E étoient en-|- tiércment conlii-jj; mées. B CD bien.f^ y H B C bien. D ,^ prefque entierc-jj ment gangrenée, p^ isÈ^zsrzinizniiiz zkszzkil HIL î^zîicînntîrrrssz::!^^ 14 Joun il Jlois. Sept. 18. 23. M 30. Odob. 2. use:; A. R. C. D. E. (ure dont chaque [il et formoit com- me autant de rayons. £ bien. A idem. E a voit le bout antérieur ■{angreaé depuis deux à trois jours. A ii\. E continue à fe bien porter. A idem. E entiè- rement confumée. A : rétrangïement ivoit difparu ^■Xi TTl «r^ rj; jr^'^^^ E M c I iV OJ^ A. B. c, D.E. B confumée en entier. C bien. C idem. C , il s'étoit fait vers le nailicu du corps un etranglc-p ment fi profondis que les deux moi-r tiés en lefquellcsfc cette portion ibm-j^ bloit être diviléck ne tenoient l'une à|^ l'autre que par un^f, fil très -délié. La plus longue étoit;; gangrenée en par-L tie. C:lcs deux moitiés'- s'étoient fe parées 'f V 3 i^r^snrznnrioirTTir" n^irrir il U Jours du U Mois. ri y Odob. 8. 9. ÏO. » y £ iV C I N ^ A. B. C. D. E. £' iV C I N Q:k A.B. CD. E. ^ La plus courte A : fort mal. ■ A. entièrement coniumée. Le Therm. de- puis le 17 Sept, de dix à douze de erés. étoit morte. L'au-. tre étoit très-mal.c Celle-ci étoit con- iiimée en entier. iJiEZzsiirzgîrrgiirngSEiig::^^ an (iiczgina SUR LES VERS 311 Non -SEULEMENT nos Vers blanchâtres de îa troifienie Efpece pérllfent lorfqu'ils ont été partagés , mais il en arrive de même à ceux auxquels on a coupé la tète. C'eft ce que j'ai obfervé fur quatre de ces Vers que j'avois retirés en cet état du fond d'un folTé. Dans Fefpace de trois à quatre jours ils ont tous été confumés. J'ai fait une femblable obfervation fur un pareil Ver long d'environ un pouce & demi à deux pouces , & qui avoit perdu la tète & la queue. L'ayant mis dans un vafe à part , j'ai remarqué un moment après , que le bout pof- térieur commenqoit d'être infeclé de la gan- grené ', j'ai coupé aulîi-tôt jufqu'au vif ,. & ce qui ell digne d'attention , en moins d'un demi- quart d'heure la gangrené s'eft de nouveau dé- clarée à cette extrémité. Au refte, le Ver dont }'ai parlé au commen- cement de l'Obfervation XXlï, étoit fans doute de même Efpece que ceux - ci , quoique j'aie paru le confondre avec les Vers blanchâtres de l'Obfervation XXIII & fuiv. V 4 ■^î2r OBSERVATIONS OBSERVATION XXX. $tir des Vers brunâtres tfune qimtrienie Ef-^ peç'e ^ lef quels reviennent de bouture. f^:iiizsïE:-.zïi:iE:riî^iïzziî izzzk^il— ^ \l.j±iiiz3M, UjOUKN^L d' Obfcjvatiom fur deux Vers hrunàtrcsk PI de la quatrième Efpece partagés , Vun en deux , t3 y /'autre en cinq parties. U -7 ———— ^ — — M w H Jours \iu \\ Sept. y ri 12. em y8&9h. Mm. I != se: ^ iV D ^ U" X A. B. Partagé. Ce Ver aiîifi que celui par- tagé en cinq par- ties , fe font donné pendant & après ropération,les mê- mes mouvemens que les Vers de 'Obf. précédente. A, B. bien. EK CINQ, A.B.C.D.E. Partagé. La der-^] niere portion a été J un peu pkis lon-M gue que les autres.!^ h y Jours Au P Jlois. ! ' 44 Sept. ■^Ii^. eut. ] 2i6. eut. J7 à 8 11- îjh. m. 118. à 7 4h. m. 23. E aV DEUX. A. B. 30. A. B. idem. A. B. idem. A. recommence reprendre une queue B. idem. A continue de roître. B idem. B idem. A avoir pouffé une queue de deux tiers de ligne. B étoit entièrement confumée- A avoit repris une |ueue longue d'en- viron une demi- Hgne. B D idem.^ C , il ne lui reltoiti plus de liiin qu'un quart de Ton corps.j^ nai-rïm EN C î M fl. '4 A. B. C. D E. H w AB CD bien. Ep commenqoit à ètrels attaquée de la gan-p grene à antérieure 'extrémité'd A B C D idem. E|: avoit près des trois quarts de Ton corpsS gangrenés. ABCDidem. EF entièrement con- fumée. A B C D idem. A B idem. C gan- grenée à un bout D montroit un pe-g tit étranglement à| chaque extrémité.^ n 4 Jours du Jlois. Odob. 9. 12. 15. EN DEUX A. B. EN C I N ^ A. B. C. D. Ë. h A continue à poufTer. B D idem. C. confumée. B avoit commen- cé de poulîër à un bout. D idem. D commence à re- prendre une queue, p B a voit trois àg quatre étrangle mens au bout op-k poféàceluiquis'é-r . toit prolongé. D id.ls.. n H fi u->) u^) -Tr>) a Ti — n;T) — rr^) awLi^ >> — rnnM SUR LES FER S. 31^ En voilà .ilfez pour prouver que ces Vers brunâtres reviennent de bouture : la couleur blanche ou blanchâtre des autres feroic-eiie en eux un figne de foibleire ou de maladie ? Car je n'ai rien remarqué ni dans leur extérieur, ni dans leur façon de vivre , qui puiife Faire préfumer qu'ils foient d'une autre forte, (i) OBSERVATION XXXI. Sur une cinquième Espèce de Ver long , ^am jambes , qUon peut nominer Faux-millepié, Oiie cette Espèce Je multiplie de bouture. L \ clalTe dos V^ers longs fans jambes qui habitent les ruilTeaux , en comprend beaucoup d'efpeces , qui , fuivant la remarque de M. de Reaumur *, ne différent entr' elles que par de fort légères variétés. J'en ai découvert une néanmoins , qui m'a offert des particularités propres à la diftinguer. Je vais tâcher de la faire connoître. Elle eft longue de feize à dix-huit lignes. Sa couleur eft un blanc fiLe. Les anneaux dont (t) Confiiltez la Note qui eft à la fin de l'Obf. XXIX, * Além. pour rHijl. des Inf. Tome VI ^ Fréf. p. 57. Jï6 OBSERVATIONS fon corps eft compofé , font beaucoup pîiis nip.rqués que ne le font ceux des Vers que j'ai le plus fuivis. Les Elpcces d'épines , ou de: crochets, qui en garniifent la partie inférieure, font auiiî plus gros & plus longs. A la vue fimpie on les prendroit pour de véritables jambes, & l'Infecte pour une (brte de Millepié. Nous lui donnerons auiîi le nom de Faux-^ millepié. Sa peau , qui a de la confiftance , eft comme chagrinée. Elle eft fi opaque , qu'elle cache ab- folumcnt les parties fituées au-deifous. Sa taille eft plus arrondie , & va plus en grolîiiTant vers la partie antérieure , ia tète paroit mieux ter- minée s les deux élévations dont j'ai parlé , Obf I, y font plus fenfibles : elle peut être entièrement retirée fous le premier anneau, & difparoitre am(î totalement , prédfément comme ii on i'avoit coupée 3 ce qui n'arrive pas à un tel point à celle des autres Vers que j'ai le plus obfervés j enfin il n'a point cette vivacité qu'on admire dans ces Vers , fes mouvemens font au contraire fort lents. Quand on le tou- che il le replie fur lui-même , comme font en pareil cas certaines Chenilles. Le premier Ver de cette Efpece qui me fois tombé entre les mains 3 avoit été pris Iz %Z s U K L E s VERS. 517 Avril T742 , dans le même ruilTeau d'où ?.Voient ^té tires ceux qui ont £iit le fujet des Obfer^ vations précédentes. Sa longueur étoit d'envi- ron un pouce & demi. A quelque diftance de la tète , il avoit une efpece de collier , formé d'une pe;m d'un blanc afîez vif, de la largeur d'une ligne. On en voit quelquefois de iera- blables aux Vers de terre. Il paroilfoit avoir perdu fa queue , & commencé à en reprendra une nouvelle qui n'avoit pas encore plus d'une ligne. Je jettai dans le vafe où je l'avais mis , une certaine quantité de boue bien détrem^pée : quelquefois il s y enfoncoit en partie , mais le plus fouvent il demeuroit fur la furface. EnfiR. au bout de quelques jours , il commença à être attaqué de cette maladie que je regarde comme analogue à la gangrené. La partie poftérieure fut la première où elle fe déclara , elle gagna en fuite fucceflivement jufqu'au collier. Ce Ver fembloit être alors compofé d'une fuite de petits grains ronds femblables à ceux d'un chapelet. La propriété de fe reproduire après avoir été coupé par morceaux , a-t-elle été accordée à notre Faux-viillepié t" On juge ^^fément que je n'ai pas manqué de tenter les expériences qui ' SIS OBSERVATIONS pouvoient m'en inftruirc : mais la rareté de cette efpece de Ver a été caiife que je n'ai pu faire à cet égard tout ce que j'aurois fouhaité. J'en ai cependant partagé en deux & en trois parties. La première a été la feule que j'aie vu parve- nir à fe completter. Le temps qu'elle y a em- ployé a été beaucoup plus long que celui qu'em- ploient ordinairement les portions des deux pre- mières Efpeces de Vers dont j'ai parlé. On en jugera par ce qui iuiL Le 2S Août 1742, je partageai tranfverfa- Jement par le milieu du corps' un Faux-millepié ^ un peu moins long & moins gros que celui dont il s'eft agi au commencement de cette Obfervation. Le 29 , il m'arriva de partager accidentelle- ment en deux la ieconde moitié. Le 31 au ma- tVA , la portion intermédiaire étoit morte. Le 1 2 Oclobre , la première portion paroif- foit avoir achevé de fe completter , mais la der- nière n'avoit point repris, & quelque temps après elle refta fans vie. Le 26 Mai 1743 ,■ j'ai partagé par le milieu un autie FiUix-^Hi/kpié. Au commencement de Juin la féconde moitié s V K LES VERS, 319 a^7oit péri : & le 6" Août , la première avoit poulTé une queue qui if avoit pas encore trois lignes de longueur. Au refte j'ai obfervé que les portions de cette Efpece de Ver ne montrent point autant de fen- llbiiité dans l'inftant de Topération , qu'en mon- trent celles des autres efpeces que j'uii le plus fuivies. J'en ai vu qui ne le don noient alors prefqu'aucun mouvement. OBSERVATION XXXII. Sur une petite Efpece de Fers fans janu % bes qui Je logent dans des tuyaux faits de boue. Que cette Efpece ejl dit nombre de celles qui ont la propriété de fe repj^oduire après avoir été coupées pftr morceaux. L k Mer fi riche en productions naturelles , nourrit plufieurs Efpeces de Vers longs , dé- pourvus de jambes , qui fe font des fourreaux de matière cruftacée ou pierreufe , dans lef- quels ils habitent fans changer de place , &i que 320 OBSERVATION S les Naturalises ont nommé Vers à tv.yctu , en Latin Vernies tnbidati. L'eau douce a aufîi fes Vers à tuyaux [ PL IL Fi^. IX. ] J'ai cru pou- voir donner ce nom à des Vers blanchâtres f^)rt déliés , qui fe tiennent dans la boue des raif- féaux , & qui de cette même boue fe font des tuyaux analogues à ceux des Vers de Mer. Ce font des Lifedcs extrêmement communs. Peur en avoir des milliers il fttffit de remplir , en partie, de boue un poudrier , ou quelqu'autre vafe que ce foit , & de verier deiîus un peu d'eau. Si au bout d'un jour ou deux on vient oblerver , on jouira d'un petit fpeclacle dont j'ai joui plufieurs fois avec plaifir : on verra la furface du limon couverte d'ujie infinité de ^petits tuyaux , les uns droits , les autres plus ou moins inclinés , de chacun defquels on ap- percevra fortir un Ver long de plufieurs lignes , & plus délié qu'un fil , dont l'agitation con- tinuelle en tout fens paroitra imiter celle d'une corde arrêtée par une de fes extrémités au fond du ballin d'une fontaine. Mais (1 au milieu de ce fpedacle amufant , on frappe contre le poudrier , on verra tous ces petits Vers ren- trer dans leur tuyau plus promptement qu'un Limaçon dans fa coquille. La manière dont ces Infectes conftruif:nt leurs SUR LES VERS, 321 leurs fourreaux , n'a rien de fort remarquable , à ce qu'il ra'a paru. J'avois d'abord penfé que tout fe réduifoit , à. cet égards à une forte de g'iu , ou de fuc yifqueux , qui tranfpiroit de leur corps , & qui lioit enfembie les molécules du limon qui l'environnoit immédiatement , ou contre lefquels il venoit à s'appliquer : mais il m'a femblé depuis qu'il favent filer -, au moins ai-je cru appercevoir quelques fils qu'ils avoient tendus dans une petite bouteille. Je ne décide- rai pas cependant là- de il us 3 parce que j'ai fait d'autres obfervations que je rapporterai plus bas qui rendent la chofe fort incertaine. Au refte , c'eft la partie poftérieure du Ver qui fort hors du tuyau , & qui s'agite con-. tinuellement en divers fens : l'antérieure de* meure toujours cachée dans la boue. J'en ai obfervé plufieurs au microfcope : leur ftjudture m'a paru La mènie que celle des pe- tites Anguilles dont j'ai parlé ( Obf XXI ). J'iù leulement rem.arqué que les poils qui font fur ies côtés, font moins longs dans ceux-là que dans celles-ci; on a peine aies appercevoir fur la plupart. Mais ce qui doit le plus intérelfer notre eu- rîniité préfentement , eft de fa voir fi nos Vers Tome L - X . 32Z OBSERVATIONS à tuyaux font de ceux qui ayant été mis eit pièces , revivent , pour ainfi dire , dans chacune de leurs portions. Pour m'en inftruire j'ai fait les expériences fuivantes. Le IS Août 1743 , entre fix à fept heures du matin , j'ai partagé trois de ces Vers , longs de cinq à Cix lignes i le premier en deux par- ties A , B 3 le fécond en trois C , D , E j le troi- fieme en quatre F , G , H , I. Le 17 , j'ai préfenté au microfcope chaque portion. A n'avoit point encore repouiTé au bout pof- térieur , mais B avoit commencé à le faire : je n'ai pu difcerner fi c'étoit une tète ou une queue qui paroilfoit. Il eft remarquable que B ait repris avant A. C'eft le contraire de tout ce que j'ai obfervé fur les A^ers blanchâtres ou de la féconde Efpece. ( Obf XXII. ) C dans le même état que A. D s'étoit prolongée à l'une & à l'autre des extrémités : à la poftérieure fe difcernoit une queue , mais l'antérieure ne montroit rien en- core qui put faire décider que ce fût une tète s U R L E s VERS. ^t^ qui commençât à s'y former. E comme B. F avoit repris une queue où l'anus étoit ^ifible. G avoit auilî poufle une queue au bout poftérieur , mais elle avoit des étranglemens à l'antérieur. H comme C I paroilîbit avoir com- mencé à reprendre une tète. Le 19 , a à-peu-près comme le 17 , B m'a paru avoir repris une tète. Je n'ai pu cepen- dant y découvrir de bouche ; & l'eflomac & les inteftins étoient vuides. Cette portion s'étoit conftruit un fourreau de terre , aullilong qu'elle- même ; & que j'ai été obligé d'ouvrir pour l'en tirer & l'obferver au microicope. C avoit difparu. D fembloit avoir repris deux queues , mais dont on ne pou voit bien diftinguer l'anus. Elle s'étoit fait comme B , uii fourreau. E avoit continué de pouiîer vers le "bout antérieur , fans qu'il m'ait été poffible de difcerner l'efpece de la nouvelle partie. Elle s'é- toit conilruit aulîi un fourreau. F avoit continué de fe prolonger vers le bout poftérieur. Le prolongement ou la nouvelle queue pouvoit avoir un tiers de ligne. Elle étoit renfermée comme les autres dans un fourreau. G avoit une queue auffi longue que F. La tèto X s 324 OBSERVATIONS ne fe diftiiignoit point encore nettenaent. Ses inteftins étoient vuides. Elle ne s'étoit point conftruit de fourreau ; mais elle s'étoit logée au milieu d'une molécule de terre. H comme G. I à-peu-près comme H , eu égard à la tète. Le 26 ^ a comme auparavant. B avoit enfin ackevé de fe oompletter. La tète paroifloit au microicope bien formée ; m.iis , ce qui eft plus décifif dans de (î petites portions,, fon eilomac & fes inteftins étoient pleins de terre. Il n'y a donc guère lieu de douter que le tuyau qu'elle s'étoit fait le 1,9 , ne l'eût été de la manière que je Pavois d'abord imaginé , Se que j'ai indiquée ?.u commencement de cette Obfervation , puif- qu'alors elle n'avoit point encore achevé de fe compietter. J'en ai une autre preuve : c'eft que dans tous les fourreaux que j'ai défaits , je n'ai jamais apperqu le moindre fil. La terre m'en a toujours paru liée avec une eipece de glu ou de colle peu tenace. Le 29 , D , E , montrotent qu'elles avoient •aclievé de reprendre ce qui leur manquoit pour être des Vers complets : la tête paroiifoit au Bîicrofcope telle qu'elle devoit être. Celle de E [ FI. IL Fig. XL t. ] fembloit fe divifer en deux [ 0 3 e. ] près de fon extrémité ; ni l'une ni l'au- SUR LES VERS. 325 tre n'avoit cependant pris encore de nour- riture. F avoit une queue de demie à deux:-tiers de ligne. G s'étoit complettée y fa queue étoit lon- gue d'environ deux-tiers de ligne. La tête étoit plus courte, ce qui fe remarquoit aufîî dans toutes les autres portions. H comme G. Elle s'étoit fait un fourreau. I avoit difparu. En voilà aflez , je penfe , pour prouver que nos Vers a tuyaux font de ceux qui fe re- produifent de bouture , & pour donner une. idée des principales circonftances qui accom- pagnent chez eux cette reproduction. J'aurois pu donner une plus loiigue fuite d'expérien- ces fur ces Vers , s'il ctoit auffi aife de les iui- vre , qu'il l'eft de fuivre ceux dont il a été queftion dans les Obfervations précédentes. Mais outre qu'ils font fort petits & extrêmement délicats , nous avons vu que les portions dans lelquelles on les partage , fe lon.t un fourreau ainfi que les Vers entiers. Pour les obferver au microfcope , 8c déterminer la quantité de leur accroiilément , c'cft une néceilité de les en faire fortir , ce qui ne s'exécute jamais que diffict- iement, & aux rifques de bleifer le petit ani- mal. J'ai fou vent paffé plufieurs heures à at- tendre qu'une de ces portions fefCit tirée d'elle» X 3. 32<^ OBSERVATIONS même de fou fourreau , que j'avois raccourci autant qu'il pouvoit l'être fans la toucher. H y plus encore ; j'ai obfervc qu'elles ne fe tien- nent pas conftamment dans le même tuyaux- niais qu'elles 8'en conftruifent fucceiïivement piuileurs. Or comme tous ces tuyaux fe reffem- tjlent à l'extérieur , il faut les examiner tous avec une égale attention , pour découvrir celui qui eft habité. Et i\ dans la vue de lever ccs^ obftacles, on tient ces portions dans l'eau pure ,- on ne pourra avoir de preuves bien décifives- qu'elles fe feront complettées , parce que ces preuves fe tirent des nourritures folides que Fiufedle prend alors. Je ne laiiferai pas néan- moins 5 malgré toutes ces difficultés , de repren- dre ces expériences dans un autre temps. OBSERVATION XXXI IL Sur une fixieme Efpece de Fer long , fans jambes , d'un rouge brun , laquelle fe mttU tiplie mffi de bouture. I L me fefte à parler d'une autre Efpece de Ver long aquatique , fur laquelle j'ai commencé de faire des^ elTais, & qui fe rapproche plus A ■ s U R L E s V E R s. 327 des Vers de terre , que celles dont il s'eft agi jul'-, qu'ici. Elle cft beaucoup plus grolTe que ces dernières fans être plus longue -, fon corps conferve jufques fort près des extrémités un diamètre allez égal j les anneaux en font très- marqués , précifément comme le font ceux des. Vers de terre. La tête ne fe termine pas autant en pointe , ou par une pointe auiîl fine à pro- portion que celle des Vers des Obfervations I , XXII & XXIX. Sa couleur eft un rouge brun. Elle fe tient volontiers dans la boue, (i) Ce fut le 14 de Juillet 1741 , que je trou- vai les premiers Vers de cette Eipece , & les feuls que j'aie encore vus. J'en pris trois , en- Ci ) J'ai nommé cette Efp.ece la Jixieme ^ parce que je ne nie's pas thns !e même g-?nre le? pelites /lagnilles de l'ObL XXI ni les petits Vers à Tuyau de robf. XXll : ces deux petites Efi-cces de Vers me paroiffewt appartenir à dos gsnres dif- férons. Il feroit bien difficile de defigiier par des noms pro- prts , & qui ne fuflent pas abfolument arbitraires , les fix Efpeces dont je parle ici ^ au muins ne l'ai-je -^-as tenté. Je me fuis donc borné à les défigner par les caratHicres qui m'ont psrii les pluj frappans , & les plus propres à les faire eonnoître. Je ferai encore remarquer j que je ne prétends pas, que les fi\ Efpeces dont il eft ici qneftion appartiennent toutes au nîêiue Genre. On peut facilement former piiifieurs Genres de c- s fortes de Ver*; lon^s : par exemple : le Faux-millepé de rObf. XXXI formeroit un Genre particulier , & le Ver à\m \ i'oui^e brun de cette Obf. XXXlîï en formeroit un autre. ( A'c/f*? ujoutéci pur CAtiienr à cet.c n'^uvdle\Eiiition,^ X 4 ?î2S OBSEEVATIO'N' S tre lefquels je ne remarquai pas de difFérencc feniible. Le même jour j'en coupai un en deux , tranf- verfalement j mais les mouvemens qu'il fe donna furent caui'e que la première moitié fut plus longue que l'autre de quelques lignes. Celle-là m'échappa au bout de quelques jours. Le g Août , la i'econde n'avoir pouiTé que foiblement : on n'appercevoit au bout antérieur qu'une pointe blanchâtre de la groffeur de celle d'une épingle y la queue s'étoit auffi un peu alongée ^ le prolongement qui fe terminoit en pointe ? étoit de même , blanchâtre. Pendant le refte du mois^ & une partie du futvant , cette moitié ne fit que peu de progrès : la tête grôlîît feulement davantage , & la queue fe prolongea de plus d'une ligne. Mais je n'ob- ftrvai point que cette portion 6t aucune fonc-^ tion animale qui donnât à connoitre qu'elle s'étoit complettée. Elle ne fit pas même de ten- t.iïive pour percer le Hmon. Elle fe tenoit à la iurface , ordinairement repliée fur elle même , fans fe donner beaucoup de mouvement. Enfin le 6 Septembre elle mourut. %0 s U R t E S V É H S. 529 OBSERVATION XXXIV. Seconde Expérience fur les Fers fans jambes- de la fixieme Efpece. L E I <; Juillet de la même année , entre fix & fept heures du niittin , je fis cette féconde ex« périence. Je partageai les deux autres Vers de refpece du précédent, Tun en trois, & l'autre en quatre portions. La première & la dernière de chaque Ver , furent celles qui fe montrè- rent les plus vives après l'opération. Les autres demeurèrent étendues fans mouvement : mais lorfque je venois à les toucher du bout d'un cure - dent , elles y répondoient auffi par de pe- tites fecouifes de tout leur corps. Je vis peu de temps après une de ces portions aller en avant , en s'appuyant conftamment fur le même bout, qui étoit fans doute l'antérieur. Le 1 6 avant midi , j'obfervai à une des ex- trémités de la féconde portion du Ver divifé eri trois , un renflement , une efpece de bour- let^ qui fembloit annoncer la fortie prochaine d'une nouvelle tète ou d'une nouvelle queue, car je ne pus bien m'alfurer fi cette extrémité écoit 330 0 B s: E R V A T I 0 N ^ rantérieure ou la poftérieure. Cependant je ne vis rien paroître les jours fuivans. Le bourlet lui-même difparut au bout de quelque temps. Au commencement d'Août, il ne reftoit plus en vie que la première & la féconde portion du Ver coupé en trois. Le 8 r ayant examiîié celle-ci ?^^c plus d'attention que je n'avois £iit les jours précédens , je remarquai qu'elle avoit commencé à reprendre une tête & une queue. Ces parties avoient à peine la groifeur d'une ponite d'épingle. L'autre portion s'étoit auiîi tant foit peu prolongée vers Pextémité poftérieure ; mais l'accroiireinent qui s'y écoifc fait , étoit moindre que celui de la féconde portion. Sur la fin du mois , la première celÏÏi de vivre. Le 12 Septembre, la féconde eut le même fort. Elle n'avoit fait que de foibles progrès > ia tète & la queue s'étoient feulement un peu al on gé es , & avoient acquis plus de grolfeur. Cette portion fe tenoit repliée comme celle dont j'ai parlé dans l'Obfervation XXXIL SUR LES VERS. ggï OBSERVATION XXXV, Tentatives fur les Vers de terre , ë? ce qui m a réfulté. !s qu'on s'eft une fois convaincu qu'il y a une Erpece de Ver d'eau douce, à qui- la propriété de pouvoir être multiplié , pour ainîi dire de bouture , a été accordée , c'en eft aiTez pour qu'on foit fondé à conjecturer qu'elle Pa été auffi à plufieurs autres , foit aquatiques , foit ter- reftres. Entre ces derniers , ceux qui méritoient le plus d'être mis à l'épreuve , & fur lelquels on devoit fouhaiter davantage de la voir réuf- lîr , étoient les Vers de terre. Outre qu'fis font de très-gros Infedes , en comparaifon des Vers d'eau douce qui leur relfemblent pour l'exté- rieur 5 ils font encore hermaphrodites , c'eft-à- dire , que chaque individu a les deux fexes à la fois, fans néanmoins qu'il pu'ife fe féconder Jai-nième. Cette fingularité préparoit à des dé- couvertes très-curieufss. Je ne manquai donc pas de partager plufieurs Vers de terre , en même temps que je tentois de femblables expé- riences fur mes Vers aquatiques. Depuis je les ai reprifes avec un nouveau foin ; mais ne les m 0- B s E K V A T I 0 N f ayant pas encore aflez pouifées pour avoir quel- que chofe de pofitif fur leur reproduction , je me contenterai de donner ici l'explication de quelques Figures qui repréfentent différentes portions de ces Vers dans l'état de végétation. Les Fig. XIÏ , XIII , XIV , XV , XVI , de la Planche II, ainfi que les quatre de la Flanche fuivante , font celles des portions de Vers par- tagées le 27 Juillet 1743 , & reprékntées de grandeur naturelle. La Fig. XïI , montre la première moitié d'un de ces Vers qui a poulie, le 15 Août y une queue extrêmement déliée , g , & qui femble ètte un petit Ver qui fort de l'extrémité du grand. Sa couleur eft plus claire que celle du corps , & les anneaux en font très-ferrés les uns près des autres. J'ai très-bien vu dans cette queue la circulation du fang : comme il eft rouge 5 ce qui n'eft pas ordinaire chez les In- feétes 5 il eft plus aifé de le fuivre dans fou cours 5 le vaiilcau dans lequel il eft contenu , m'a paru fe dilater fur une plus grande partie de fon étendue que ne le fait la grande artère de mes Vers d'eau douce. J'ai cru voir de plus dans cette queue nouvellement formée les ou- vertures ou Jiigmates qui fervent à la refpira- SUR LES VERS. 33^ ration , & qui m'ont paru être au nombre ^de tîeux pour chaque anneau. La Fig. XIII , rnontre le Ver de la Figure précédente , obfervé environ un mois & demi après l'opération , & dont la queue , ^ , a déjà prefque atteint la grolTeur qu'elle doit avoir, y -5 endroit où la nouvelle queue s'unit au tronc. La Fig. XIV ^ repréfente la féconde moitié de ce Ver, laquelle n'a pas fait de progrés, c^ Petite corne mouife qui fe voit à l'endroit où la fedion a été faite. La Fig. XV, eu celle de la portion intermé- diaire d'un Ver partagé en trois , laquelle s'é- toit prolongée le 8 àe Septembre , aux deux extrémités, t , Le prolongement antérieur , ^ ^ le pofté rieur. La Fig. XVI , repréfente la portion de Ii Figure précédente , comme elle paroifîbit le 23 Novembre, a , La partie antérieure nouvellemc-nt reproduite : ^ , la poftérieure qui a été auifi re- produite. PLANCHE II L La Fig. I , fait voir de grandeur naturelle lin Ver de terre , auquel j'ai coupé la tète le Z7 Juillet, & qui a commencé à fe complet- 334 OBSERVATIONS ter le 20 Septembre, a , Efpece de pointe moiiOe qui eil: le germe de la tête , dans l'état de dé- veloppement. La Fig. II , eft celle de la partie antérieure clu même Ver , delîinée le 2 Odobre. a , La nou- velle tête. La Fig. III , eft cette même partie anté- rieure , obfervée le 23 Novembre, a, La tète qui contmue à fe développer. La Fig. ÏV, montre l'accroilTement du Ver le 14 Décembre. «^ La tète , laquelle n'a pas en- core achevé de fe refaire, O^ peut juger par ce peu d'Obfervations , de la manière dont les Vers de terre fe repro- duifent : la nouvelle partie eft d'abord très- effilée , elle groffit enfuite peu-à-peu , comme nous le voyons dans la végétation des Plantes : mais le temps qu'elle emploie à fe développer, eft bien plus long que celui qu'emploient les portions de mes Vers aquatiques. Il eft appa- remment proportionné à la groifeur de fin- fede. Mais s'il faut beaucoup de temps au^' Ver.<; SUR LES VERS, 35^ -de terre pour fe conipietter , la Nature fembie les en avoir dédommagés , en les mettant en état de fupporter de très-longs jeîmes. J'en ai eu une moitié , c'étoit celle de la queue , qui a vécu plus de neuf mois fans reprendre de tète , Se par conféquent fans avoir pu prendre au- cune nourriture , qui néanmoins avoit encore confervé beaucoup de fa première vigueur. Il €ft vrai qu'elle étoit prefque toujours immobile , repliée lur elle - même j mais dès que je la mettois fur ma main , elle fe donnoit de grands mouvemejis. Elle s'enfonqoit fous terre , à - peu - près comme Tauroit fait un Ver entier. Au refte , un des meilleurs moyens d'élever les boutures des Vers de terre , eft de les mettre dans des talfes femblables à celle de la Figure XIX , ( Planche I) ou dans des poudriers remplis à moitié d'une terre humide & un peu gralfe , fur la furface de laquelle on appliquera une épaiife couche de coton qu'on aura foin de tenir humedé j & pour qu'il ne touche pas le Ver , on creufera un peu la terre dans le milieu: on y formera comme une efpece de nid. En£n on aura attention de la remuer , ou changer de temps en temps , afin d'em- 33^ OBSERVATIONS pécher qu'elle ne fe durciiFe (r). (i) J'avois commnniqué à M. de Reaumur mes pre- mières tentatives fur les Vers de terre. Il en avoit fait de îon côté, & fe propofoit d'en publier les de'tails dans le dernier Volume de fes Mémoires fur les Itjlâes i mais la mort l'ayant prévenu , je crois obliger le public en lui faifant part des petits détails que ce grand Naturalifte m'avoit communiqués fur la reproduftion de ces Vers , en réponfe à me» Lettres. Voici «lonc l'extrait de deux des fiennes fur ce fujet intéreflant ; î'une dn 28 de Février 1742, l'autre du 8 d'Août de la même: année, " J'ai eu des Vers de terre ilont les têtes étoieut aiTez bien 55 refaites; mais dont les uns font péris par trop de fécherefie, 5, les autres par trop d'humidité , '& d'autres par le froid. 3, Pour la reproduLlîon de la partie poftérieure , elle fe fait 35 avec une toxite autre facilité. J'en ai de ceux à qui elle 5, avoit été emportée auprès des dernières parties de la çéiié- 55 ration , & d'autres entre ces parties , qui font des Vers à 5, qui rien ne manque actuellement. Dans fa Lettre du % d'Août, M. de Reaumur s'exprimoit ainli. " J'ai eu des Vers de terre parfaits 5 mais ce n'a été 35 qu'au bout de plus de trois mois , & de ceux qui ont été 5, divifés en deux. Au bout de ce temps j'ai eu des parties 5, poftérieures à qui il étoit revenu une tête qui faifoit fes 3j fondions 9 le Ver me l'a prouvé en rejettant dans ma main, j, par l'anus , des grains -clans les crevaiîes des Chênes. /, la trompe qui après avoir paifc finis le ventre de i'Inied,^ . lui forme une erpece de queue. La Fîg. VIIÎ repréfente le Puceron de la Figure précédente , vu par-delfus & groffi au microfcope. a ^ a ^ fes antennes ^ i , i/, i , fes jambes ^ t ^ o ^ p , fa trompe comnofée de trois parties ou tuyaux ; ^ , r , les rebords circulaires. La Fig. ÎX eft celle d'un Faux-Puceron du Bu''S , grolFi à la loupe , & qui a au derr^'ere une efpece de Vermi-cel.i de matière tranJpa- rente que l'înfede rend par Tan us ; celle de diiférens Faux-Pucerons eft diiférevnme'nt con* tournée ; n ^ s ^ ces cfpeces de Vermicelli. La Fig. X repréfente on ^rand 'e Mouche- ron dans lequel le Fluix- Puceron du Buis fe transforme. /, fa trompe: a, b , fes aile?. La Fig. Xî montre une portion de feuille de Figuier , fur laquelle de Faux-Puceron^; , p^p^ &c. fc font appliqués, Y Z ■ ■ 340 EXPLICATION La Fig. XII rep réfente en grand , & vu ]>»ir-deiriis , un Faux-Puceron du Figuier, e,^ 5 les fourreaux des ailes 5 en a ^ eft fa tète. La Fig. XIII tait voir en grand , par- deillis & de cote , rinfecle aile dans lequel le Faux-Puceron du Figuier fe nictamorphofe. P L A N C M E I L La Figure I fait voir un Ver mangeur de Pucerons placé fur un morceau de branche de Sureau , couvert en partie de ces petits In- iecics ; u ^ ce Ver qui fe faiflt d'un Puceron. f r> p ^ p ^ les Pucerons , r , marque une place vuide , où le Ver a mangé les Pucerons qui y étoient ci-devant. La Fig. II repréiente en grand le Ver de la Figure précédente ; i" , j , organes poftérieurs de la refpiration , qu'il tient aduellement pref- que couchés. 0 , un des ftigmates antérieurs. p 5 un Puceron que ce Ver fuce. La Fig. IIÎ eil celle de la Mouche , dans laquelle le Ver des Fig. I & II fe métamorphofe. La Fig. IV repréfente un petit Lion de Pucerons du premJer Genre , vu au naturel» c Q 3 fes cornes ^ aa ., efpece d'antennes. D E s F I G U K E s, 341 La Fig. V eft celle d'un Lion de Pucerons in fécond Genre, de grandeur naturelle. La Fig. VI montre la Bemoifelle , dans laquelle les petits Lions fe métamorphofent. La Fig.. VII repréfente au naturel un de ces petits Lions du troiiieme Genre , quife cou- vrent des peaux des Pucerons qu'ils ont lucés. La Fig. VIIÏ montre ce petit Lion groiîî à la loupe , / , }\ fa couverture. La Fig. IX fait voir un bout de branche de Prunier , fur lequel des Mouches du Lion des Pucerons ont attaché leurs œufs 5 i , 0 , ?// , 0 , divers petits tas , ou plutôt dilFéiens bouquets, de ces œuis. La Fig. X repréf: r: te le petit Infede nommé le Barbet blanc des Pucerons , dans fa gran- deur naturelle. La Fig. XI îe repréfente groiîi à la loupe. La Fig. XII eft celle d'un Ver mangeur de Pucerons , qui fe transforme en Scarabé hc- mifpliérique. Ce Ver eil; repreienté ici de gran- deur naturelle La Fig. XIII montre au naturelle le Scarabé Y 3 ^^IZ- EXPLICATION liéraifpîicriqiie , dans lequel [g traiisibrme h Zvlaiige-Puceroii de la Figure précédente. La Fig. XIV montre en çraiid un Puvccron niere non-ailée du Poirier , qui met un petit au jour, c , c ^ les petites cornes, q , eipece de petite queue, n , le Puceron naiilant. La Fig. XV eft celle du Puceron de la Figure précédente , dontPaccouchement eft plus avancé. Le petit eft prelqu'entiererncnt forti du corps de fa mère , il montre & étend fes fix jambes , i , ; , ^' , i , / , i. La Fig. XVI repréfente un pot de terre ,. tel que ceux ou on met des fleurs. La Fig. XVlî eft celle d'une bouteille de verre , deftinée à être miib dans le pot de la Figure précédente. La Fig. XVIII repréfente le pot de la Figure XVI , dans lequel à été mife la bouteille qui eft couverte jufqucs près du goulot par là terre dont le pot a été rempli. Au-delius du goulot de cette bouteille s'éicve une petite tige qui porte des feuilles , fur une defquelles un Puceron naiifant a été poie. La Fig. XIX a de plus que la Fig. XVIII DES FIGURES. 343 un vafe ou poudrier de verre fous lequel font renfermées les feuilles qui doivent fournir des fujs nourriciers au Puceron condamné à vivre dans une parfaite folitude. Les bords du pou- drier font exactement appliqués contre la terre , & en font couverts. La. Fig. XX eft celle d'un poudrier de verre à moitié plein d'eau. La Fig. XXI q^i un difque de carton , percé dans fon mi!ieu d'un trou 0 , lequel va être pofé fjr le poudrier de la Figure XX. La Fig. XXII montre ce poudrier couvert de fon carton , c, par le trou duquel pafTe uwq tige de Plantain , dont l'épi eft renfermé dans- un autre poudrier de verre , dont l'ouverture s applique exactement iur le carton , c, La Fig. XXIIÎ reprélentc au naturel les accroilTcmens. jôurnaii-^rs d'un Puceron du Fufaiii renfermé à fa naiifance. 0\ Y 4 H4 , DES FIGURES*,, De la féconde partie, concernant les P^ers- d'eau douce. ^^Cl(S^^^: PLANCHE P R E M i E H E. L Figures I. II. III. ÎV. reprérenteiit de grand- iir naturelle ( i ) diiléreas Vers io'igs aquatiques d'un brim roiigeatre i ou de la pre^ miere Efpece , iî',.îa tête,, ^, la queuç. De a eu h , eft cet aiîèmbîage d'anneaux de longueur déterminée, qui pouilè à la fuite de la. tète, (k qu'on peut regarder comme !a partie anté- rieure du Ver. On la diilingue airément du corps- par fa couleur qui eft plus foible. De (; en d, eft la partie portérieure , dont la lon- gueur varie en duréreiis Vers v les uiis fayaut plus îoiigue;, les autres plus courte, fuivaat * Le 1?^5leiîr eft prié de parc-cmrir ces explications. (l) Ou à-peu-près ; cr.r ces Figures reprcTcntent le Ver im peu plus i;taiKl que le nstiirei. ( Note ajoutée pur l'Auteur à cette ncuvdl-; Edition.) D ES FIGURE S. 347 qii'i's ont ctc partagés depuis plus ou moins de teins , ou fuivaiit qu'ils ont fait plus ou nioi)is de progrès. Sa couleur demeure toujours plus ..foibie que celle de la partie antérieure. Dans les Vers qui' font reités entiers, cette diltin- dlion de partie antérieure & de partie pofté- riearc cil plus difficile ou plus arbitraire : m.iis il eil rare de trouver des Vers dans cet é^it. eee^ grains d'excrémens qui paroiiTent comme dos taches noires au travers de la peau. • La Fig. V. eft celle d'un de ces Vers vu au microfcope , & du côté an dos. A , la tète, qui va en s'élargirlant jufqu'en a ir^ ou fant deux petites élévations qu'on diroit .devoir être la place des yeux i b f endroit où. elt la bouche. Elle ne paroît ici que comme une petite tache brune , parce que le Ver la tient fermée. C C C , &c. la grande artère ; D D D, &c. le canal où font contenus i'ePto- niac & les inteifirisj c c c^ &c. efpeces de cro- chjts ou d'épines qui tiennent lieu de jambes au Ver, & qu'on ne voit guère que lorfqu'ou regarde d'un certain fens. Quelquefois elles pa- roiiienc doubles , d'autrefois triples & quadru- ples, d d d , (Sec. petits vaiiîeaux qui fembient être des produdions de la grande artère 3 u microicope. A A A , la grande artère. E E E , le canal des intellins qui femblent erre comporcs de vofi- cir^es mifes bout-à-boiit , qu'on prendroit pour autant de petits eftomacs. D'autrefois il parolt un fimple boyau replié qà & la. r r r , renile- rnens qu'on oblërve dans ce canal. I? ^ la bouche. e e e , ka épines ou crochets. La Fig. IX représente de grandeur natu- relle ces petits Vers qui fe tiennent dans des fourreaux*" faits de boue. /, le tuyau. / , le Ver qui en fort, s s s particules terreufes qui \q font attachées au corps d'un de ces Vers, pendant qui! fe i ou oit inr la furhice de la boue. La Fig. X reprcferte ces mêmes V"^ers cu^'Ht le fourreau ne fort point encore hors de terre, & ne paroit que comme uiî petit trou , parce que Ton n'en voit que l'ouverture. La FîG. XI nv-'Htre groffie au microfcope ^ orne portion d'un Ver à tuj-au - laquelle a com- mencé à reprendre une tête, t, cette tète qui iembie fe divîfer en deux o o , à l'extrémité. F I N du Tome premier, TABLE sra T JL :B 1^ JBL- OBSERVATIONS SUR LES PUCERONS. PREMIERE PARTIE. jC i\[trodu&ion contenant une idée générale de c$ qui a été Oûjervé juj qu'ici de plus ejfentiel fut^ les Pucerons. Pap^e X ObserY. I. Première expérience fur un Puce^ ron du Fnfain , pour désider fi les Pucerons Je multiplient fans accouplement. 19 Observ. II. Seconde^ troifieme expériences fur les Pucerons du Fiifain , pour décider fi les Pucerons fe multiplient fans accouplement. 37* Observ. Ilï. Autres expériences fur le 7nêmé fujet ,^aites fur des Pucerons de phifieurs efpeces , en particulier fur ceux du Sureau i ff? pour s'ajfurer fi des générations de Puce-i rons , élevés fuccejfivement en folitude , con-^ fervent la rnême propriété de fe perpétuer fans le fecours de l'accouplement. Tome L % 374 Tablé. Qiie la trompe des Pucerons ejl capahle d^un ' alo7igement cojijîdérable. Qiiil y a de ces Iiifecîes qui changeni de pean feulement trois fois. Qjie les petits viewient quelquefois an jour , la tête la première. 4S Observ. IV. Autres expériences fur les Puce^ i rons du Fufain , pour s'ajfurer que des géné^ rations de Pucerons élevés fuccejjivement eit folitude , corrfervent la propriété de fe perpé^ tuer fans le fecours de P accouplement. 5 ^ Observ. V. Atitres expériences fur le même i fujet , faites fur des Pucerons du Plantain. 60 ] Observ. V"I. Autres expériences fur le même fujet ^ faites fur des Pucerons du Plantain j ^ poujfées plus loin que les précédentes. 67 Observ. VIL Ohfervations qui dé-montrent qu''il y a 7ine efpece de Pucerons en qui la dijtinc- tion en mâles ^ fe^i telles a lieu , ^ qui s^ac- couplent, Qiie les Pucerons de cette efpece , au lieu de petits vivans , mettent quelquefois au jour des Fœtus 5 ^ avec quelles précautions. 90 Observ. VIIL Ohfervations fur les Fœtus que les grojfes Pucerones du Chêne mettent an jour. 1 1 î Observ. IX, Autres Ohfçrvatio?is fur les FiUus TABLE. 3^5 qjîe les greffes Fucerones du Chêne mettent au jour. Qiie ces Fostns font de véritables œufs. 113 OjBSEPvV. X. Ohfervations qui prouvent que les gros Pucerons du Chêne., après avoir pris des ailes 5 font encore fufceptihles de cjuelque ac-^ croiffement. 116 Observ. Xr. Qiie les Fourmis fe faiftffent quel-^ quefois des Pucerons, 1 1 9 Observ. XII. Ohfervation fur des Puceron es de la grojfe efpece qui vit fur k Chêne , ^ do7it la peau s^enlevoit après leur mort , en y appliquant le doigta quoique légèrement. 12 î Observ. XÏII. Qiie Pefpece de gros Pucerons^ en qui fai démontré P accouplement , fe nmlti-n plie cependant fans ce fecours. 122 Journal d' Ohfervations fur les gros Puceron^ du Chêne , à trotnpe courte , élevés dans une parfaite folitude. 123 Observ. XIV. Autre expérience fur le même fujet, ConjeBures fur Pufage de t accouplement. 129 Observ. XV. Qiie parmi les mules des gros Pucerons du Chêne , il y en a d'ailés & de non^ ailés. 133 Observ. XVI. De la façon d*ont les gros Puce-' rons du Chêne fe dépouillent. 139 Qbserv* XVII. Qiis les gros Pucerons du Qhêm z ^ 5fS TABLE n^ahmidounent pas les hranches dont les fsiùL les fe jmt féchées. ■Ohfervation fiir des œrtfs de ces Pucerons , déjjo- fés en grand nombre fur de telles branches. 141 ■Observ. XVIII. Sur des Fucerones du Chêne de tefpece des précédentes , laijjees fans nourriture dans une boite, 143 Observ. XÎX. Expériences qui prouvent incon- teflableme}it que les gros Fucerons du Chêne font à la fois vivipares C5? ovipares. ibiti 'Observ. XX. Qtie les Fucerons pourroient four- nir de belles couleurs. I^O Observ. XXI. Sur un moyen très-commode ^ très-fur d^ élever des Fucerons en folitude. \Sy Table des variations du Thermomètre, 155 377 SECONDE PARTIE. OBSERVATIONS SUR QIJELQUES ESPECES DE FERS D'EAU DOUCE, Qui coupés par morceaux, deviennent autant d'animaux complets. ^ SftrodiA&ion contenant une Bifioire ahrégée de la nouvelle Découverte, Page i6'7 Observ. L Defcription de la première Efpece de Ver qui a fait le fujet de ces Ohfirvatmis. 1 7 1 Observ. IL Sur un Ver- fartage tranfverfalc^ ment en deux parties far le milieu du corps. 178 Observ. III. Sur des Vers partagés en deux y trois , quatre , huit , dix , quatorze & vingt- fix parties. i85 Observ. IV. Remarques générales fur ce qui a rapport à la reprodutïion. çff à l' accroijferdenù des extrémités de ces Vers. Variétés qîvon y ohferve. ï84 Observ. V. Qite la rep)roduBîon de ces Vsrs de z 3 3îg TABLE. bouture^ fent aller ^ connue celle des Plantefi à r infini. i87 ObskPvV. VÎ. Sur des Vers trouvés mutilés. Comment il leur arrive de je partager. i88 Observ. vil Qiie la portion du Ver comprifs entre les deux fe&ions ne s'étend point, 19 1 Observ. \^IIL Quelles différences réfultent dit plus ou du moins de chaleur pour la repro^ du&ion & Paccroiljement des portions de ces Vers. Expériences à ce fit] et. 155 Observ. IX. Ohfervations & Expérieitces fur la façon dont ces Vers croijfent. 198 Observ. X. Expériences pour s'affurer fi la re~ production des parties coupées efi inépuifable dans le ynème iridividu. 2\^ Observ. XL Expérience fur Paccroiffement des queues coupées au Ver du 7iuméro I de la Table IL 22^ Observ, XIL Que la tête ^ la partie anté- rieure de ces Vers , 7wn plus que la partie- pofiérieure ,. ne deviennent jamais des Vers parfaits. 228 Observ. XIIL Nouvelles Expériences pour con- noïtre les loix fuiva?if lefquelles ces Vers croif- jént. 230 ObîsERY. XIV. Que ces Vers femhlent eonferver après avoir été mutilés , les mêmes rnoirc.emens Çg* ks 7mmes inclinations qu\xupar avant. ^ 241 TABLE. 3^9; ©BSERV. XV. Qiie la circulation du fang fe fait toujours très-régulieremeni; dans ces Vers , foiû qu'ils demeurent entiers y fait qu'on les coupe far morceaux, 245 Observ. XVI. Qîce ces Vers ont le toucher extrêmement délicat. Qtiils femhlent même nétre pas entièrement privés de l'ujage de ht vue. 2^% Observ. XVII. Sur une petite Anguille [ortie vivante dhme portion d'un de ces Vers. 2^G Observ. XVIII. Sur d'autres petites Anguilles mifes au jour par des portions de ces Vers. 253 Observ. XIX. Qii'oyi peut foupcomier que ces Vers fe multiplient par rejettons à la ma7iiers des Fohpes. 25Ç Observ. XX. Sur un Ver de PEfpece des pre- miers , auquel on ejî parvejtu à donner deux, têtes. Çhie ce yHeft pas feulement à la partie antérieure que les Vers de cette Efpece pouf- fent des tubercules p qu'ils en poujjent eîicore À la partie pojîérieure, 259 Observ. XXL Objervations & Expériences fur des petites Anguilles , de PEjpece de celles donû il a été parlé ci-deffus. Qlie ces petites Anguilles fe reproduifent de bou- ture y à quel point elles fe divifent ^ fi fub^ divifent , ^ avec quelle provdptitude. Différences de progrès çntrQ Celles qui ont été 3^Q T A B L E. partagées en Hiver , ^ celles qm Pont été en Été. 266 Observ. XXIL Sur des Vers blanchâtres d'une autre Efpece que les précédens. Maladies auxquelles les tins ^ les autres fonû fiijets. 27 c Observ. XXIÎÏ. Ohfervatmis ^ Expériences fur les Vers blanchâtres , ou de la féconde Efpece , dont il éi été parlé ci~deffus, Que ces Vers peuvent être multipliés de bouture, Fortiojt d'^un de ces Vers , c[ui au lieu die repro- duire une tête^ a reproduit une qu.eue. 283 Observ. XXIV. Suite des Ohfervations & Ex-^ périences fur les Vers blanchâtres. Fortion d'un de ces Vers qui a reproduit deux cjueues. 287 Observ. XXV. Expérience fur les Vers de la féconde Efpece , pour favoir fi en faifa-nt la fe&ion ailleurs cpie dans le inilieu du corps , 071 ne parviendroit pas à faire développer une tète au lieu d'une queue. 293 Observ. XXVÎ. Sur un Ver de la féconde Efpece , partagé en deux , ^ dont la féconde moitié a reproduit une queue au lieu d'une tête. 2S)6 Observ. XXVIL Sur un Ver de la féconde Efpece , partagé en quatre , pour confirmer les Ohfervations précédentes ^ fur les portiom T A B LE, 3Sï qtn foujjent une queue au lien d'pjte têu^ Que cette Efpece foiijfe aiiJJJ des mamelons ou tubercules , qiCon fourrait foupçoiiner des re- jettons. 297 Observ. XXVîII. Sur un Ver de la féconde Efpece , auquel on a coupé trois fois la tête , À différentes dijlances de l'extrémité , çf? dont la dernière a pouffé obliquement à la longueur du corps. 30^ Observ. XXIX. Sur des Vers hlanch/itres âhins troifieme Efpece , qtli périjfent lorfqiCon les coupe par morceaux ou qu'on les mutile, '^oz Observ. XXX. Sur des Vers brunâtres d'une quatrième Efpece , lefquels reviennent de bouture. 3 i % Observ. XXXÏ. Sur une cinquième Efpece de Vers longs , fans jambes , qiCon peut nommer Faux-millepié. Qtie cette Efpece fe multiplie de bouture, 3 1 f Observ. XXXII. Sur une petite Efpece de Vers fans jambes , qui fe logent dans des tuyaux, faits de boue. Qtie cette Efpece ejl du nombre de celles qui ont la propriété de fe reproduire après avoir été coupées par morceatix. 3^9 Observ. XXXîII. Sur tine fîxieme Efpece de Ver long fans jambes , d'un rouge brun , la~ quelle fe multiplie aujji de bouture^ 3^6 fét ir A B L É. Observ. XXXIV. Seconde Expérience fur les Vers fans jambes de la fixieme Efpece. 329 Observ. XXXV. Tentatives fur les Vers-de- terre , ^ ce qui en a ré fuite, 331 Explication des Figures pour les Pucerons. 337 Explication des Figures pour les Vers d'eau douce. 344 FIN de la Table. Fur % TainJ fui 10 Ohirrriihcn.! ■•■ar /«• /r Uf. IJ- fi ± ,/AJ./.,P/' 11 /■/., I KzB-Sculf.. r'^uitCi /e/a P/.u,c/,eT."- OkxrvcUionr jur /et venc l/fitU JlUIlX' ijui ur las per.'-denti Jl^iix aiu. jv multiplient iv Bouture- . Fùf.u. '^ Fur \1 Fij zMiPU' Fui m. f i Fuj. //. >^ V '^^ p ■^Wl\ ^i' I air