BCfû V.lû nai ': \\ Digitized by the Internet Archive in 2009 witii funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation http://www.archive.org/details/oeuvresdhistoire10bonn COLLECTION COMPLETE DESŒUVRES BE CHARLES BONNET. TOME X. ŒUVRES D'HISTOIRE NATURELLE E T D E jp j£ZJL OS o :jp:h:xm DE CH. BONNET, J^e VAcad. Imp. Léopold. ^ de celle de St, Pétersh, des Acad. Roy. des Set. de Londres , de MontpeL de Lyon , de Gottingne , de Stockohn , de Cop- fenh Ligne ^ Honoraire de celle des Beaux- Art s de la même Ville , des Acad. de rinflitnt de Bologne^ de Harlem , de Muiiid) , de tienne , de Cajfil ; des Curieux de la Nature de Berlin , Correspon- dant de PAcad. Roy, des Sci. de Paris. TOME X. Ecrits d'Histoire Naturelle. A 7JEVCHATEL, De l'Imprimerie de Samuel Fauche , Libraire du Roi. M. D. ce. LXXXJ[. ( m ) AVERTISSEMENT. Â^A plupart des Mémoires qui coînpofeiît la Ire Partie de ce Volume avaient paru en divers tems dans le Journal de Phyfique de Mr. l'Abbé Rozier : mais fy ai fait çà & là quelques' additions , & j'ai coînpofé de nou- veaux Mémoires pour fervir de Supplément à ceux qui avoient déjà été publiés. Tels font les IV"^^ & F"^e Mémoires fur les Abeilles-^ le Il^fur la régénération de la tête du Limaçon terrejïre ; le III^^ fur la re- production des membres de la Salamandre aquatique^ & le Supplément aux nouvelles recherches fur la Jiru^ure du Tésnia. J ai eu foin d'indiquer ici , comme ailleurs , par tm 7nême fîgne (i) les additions que j'ai f ai- tes aux différens Mémoires. J'ai raffemblé dans la lU^ Partie du Fo. lume une Juite de Lettres fur divers Sujets (i^ Par une double croix if' Tome X. a iv AVERTISSEMENT. d'Hiftoire naturelle. La plupart ont été adref>- fées à Mr, Spallanzani , dont les belles dé^ couvertes ont tant e^îrichi IHifioire de la Na- ture, On y verra l'origine & les progrès de ces découvertes & les diverfes réflexions qu'el- les me faifoient naître lorfque l'Inventeur s'emprejjoit obligeamment à me les commu^ niquer , & qu'il vouhit bien fatisfaire ainfi à l'impatiente curiofitê que f es recherches m'inf- piroient toujours. Il avoit publié lui-inême quelques-unes de mes Lettres à la fuite de l'Ouvrage Italien qu'il fit paroître en 1776" fous le titre rfOpufcoli di Fifica animale e vegetabile, &c. & il y avoit ajouté des Notes inftruiiives. Ce font ces Lettres qui don- nent lieu aujourd'hui à la publication de cel- les qui les ont précédées & fuivies. Des Amis éclairés , dont je refpeiie le jugement^ ont penfé que le Public verroit avec plaijïr cette Correfpondance , èf qu'elle pourroit contribuer à former l'efprit des Jetmes gens auxquels je dejirois d'i7ifpircr le goût de VHijîoire 7iaturelle Ê? que je foubaitois de mettre fur les voies de découvrir eux-mêmes de nouvelles vérités. Il leur a paru encore, que ce Commerce épiflolaire ne fcroit pas inutile AVERTISSEMENT, v à tptteUi^ence de plufïeurs de mes Ecrits , ^ qtiHl en feroit une forte de Commentaire. J ai donc déféré ait jugement de ces Hommes ejlimables , ^ je me fuis déterminé en confé^ quence à faire un choix de mes Lettres Sf à publier celles qui m'ont femblé les plus pro- pres à répondre à leurs vues. J'y aurois bien mieux répondu , fans doute , fi favois pit inférer dans mes propres Oeuvres les Let- tres de Mr, Spallanzani auxquelles les mien- nes fe rapportent. Le Led^eur en auroit eu plus de facilité à nous fuivre dans notre Corn- înerce épijîolaire , & auroit ajfifté , en quel- que forte , à la naiffance de chaque décou- verte. Mais 5 comme jai tranfcrit fottvent les propres termes du Naturalifie célèbre au- quel je répondais , j'ai lieu de préfumer que le Le^eur fmidra affez le fil de ?wtre Cor- refpondance pour nous fuivre avec intérêt & juger du rapport de nos réflexions ^ de nos vues avec les vérités fi 7îeuves êf fi im- portantes que la Nature révéloit à fon Con- fident, Les Lettres qui fuivent immédiatement celles que fai écrites à Mr. Spallanzani , Yj AVERTISSEMENT. roulent de même fur des faits aujft nouveaux quHntéreffans & qui accroiffent la fomme de nos comtoiffances phyjiqiies. Quelques - tines avoieîit déjà paru ; ^ cela inème m'a au^ torifé à les faire entrer dans la Colle^ion gé^ nérale de mes Ecrits, Je Jfofe efpérer que le Public jugera aufji favorablement des Lettres que je lui préfente qu'en ont jugé les Amis dont je parlois: mais s'il ne les trouvoit pas dépourvues din- ter et ou d'utilité, je me déterminer ois peut- être à en publier d'autres à la fuite de mes Oeuvres» Le 4 de Juillet 1781- MÉMOIRE I*g^r ^•iSSSiSS^ t]Ê MÉMOIRE .SUR LES GERMES 3 £t en particulier fur la manière dont on peut concevoir quHls Jont nourris , ^ qu'ils croîf^ fent 5 dans Phypothefe de P emboîtement. L 'Extension en ligne droite de la charpenté du Poulet dans l'œuf, pendant les premiers jours de l'incubation , eft un fait qui peuÊ" donner naifFànce à bien des réflexions (iX Cette extenfion de la charpente n'auroit-ellé (i) Confultez le Chap. IX du Tom. I, des Co^iJtàéràHofi Jï'.r les Corps organifés , ou k Chap. X de la Part. VII ^ tle h Co7itemplation Ae la Nature»- Tome X, h 2 SUR V ACCROISSEMENT point pour principale fin de diminuer la réfif^ tance des parties o^eufes ou qui doivent le de- venir? On me comprend alTez. J'irai un peu plus loin , & je développe- rai une idée , qui me paroit mériter d'être plus méditée : car , que de chofes le Poulet ne nous offre-t-il point à méditer dans fes premiers ac- eroilTemens î ' J'ai 5 dit Art. CCCXLI des Corps organifés , qu'il faut que le Germe croilTe avant la fécon- dation j puifque les œufs croifTent dans les Fou- ies vierges. Si on admet l'hypothefe àcVemhoi- tement (2) , cet accroillement ou ce développe- ment a commencé depuis la Création. Il doit s'opérer par les fucs les plus fubtils de la Merc. Ces fucs font travaillés de nouveau par le Ger- me qui les reçoit le premier. Il en extrait des facs plus fubtils encore. Il les tranfmet au Germe de la féconde Génération , qui les éla- bore comme celui de la première , Génération & qui en extrait des fucs beaucoup plus fubtils encore , qu'il envoyé au Germe de la troifieme Génération , &c. , &çc, (a) Sur le vrai fens du mot ewboftetneut , confuîtez la Note 2 , Chap. IX , Part. VII de la Contem^latkn de h Nature. Oeuvres , T. VIII. DES GERMES. g Ainsi , plus les Germes fe dégradent dans cette férié de Générations , & plus les organes fecrétoires acquièrent de fineife : les calibres di- minuent dans une proportion exadlcment rela- tive à l'augmentation de petitelTe des Germes. Ils réparent donc des fiics alimentaires , de plus en plus fubtils : & qui fait , il cette fubtilité n'accroît point pour les dernières Générations, jufqu'à égaler celle du Feu ou de l'Ether? L'EïTROYABLÊpetiteiTe que ceci fuppoferoit dans les particules de la Matière nourricière, & dans les Germes qui s'incorporeroient ces atomes alimentaires , ne révoltera pas un Phi- lofophe qui fait que l'imagination ne doit paâ être mife ici à la place de l'Entendement , & qui n'ignore pas que la Matière eft divifible à l'indéfini. Qiie de variations la puillance & la réfiflance ne fouffrent-elles pas dans ces dif- férentes périodes de la vie organique ! Quelle échelle que celle qui exprimeroit les progref. fions refpedives des développemens de ces di- vers ordres fuccelïifs de Générations , depuis l'inftant de la Création jufqu'à aujourd'hui ! « Et il ne faudroit pas objeder , que les fucs fi lubtils qui ont fervi aux premiers développemens du Germe , devroient achever l'évolution : je ré^» A % % SUR V ACCROISSEMENT pondrois, que dans les premiers temps, les par- ties qui repréfentent les os , ne réfiftent qu'indé- finiment peu : mais à mefure que ces parties fe développent davantage, leur réfiftance augmente , & elle parvient enfin au point de ne pouvoir plus être furmontée que par l'action d'un ftimulant puiflant , connu fous le nom de liqueur féminale. Je me fuis trop étendu fur ce ftimulant dans mes derniers Ecrits , pour qu'il foit befoin que j'y re- vienne. Les Phyfiologiftes vraiment Philofophes , auxquels j'adrelfe ces idées , faifiifent ma penfée , & ne la rejetteront peut-être pas. Ils jugeront que ces légères conjectures tendent à diminuer les difficultés que les Epigénéftfies modernes font tant Valoir contre Vemhoïtement. J'ai éxpofé cette dif- ficulté , Art. CCCXLII des Corps m-ganifés , & j'y ai tranfcrit la réponfe du Dodte BoURGUET. Je le répète encore & le répéterai toujours : combien eft-il peu philofophique d'attaquer l'emboîtement par des fuppofitions & par des calculs qui ne peu- vent effrayer que l'imagination (3) î Je pourfuis cette intéreflante méditation. Il eft très-connu , que les différentes parties du Corps humain ne font pas nourries immédiatement du (5) Voyez les trois premiers paragraphes du Chap. ÏX Ctl% Part. VII, de h Contemplation de la NtUurc, DES GERMES, f <âng que les artères y verfent. De très-petits or- ganes réparent de ce fang une liqueur moins grof- fiere , difpofée à s'épaiffir ou à fe convertir en une forte de gelée, & qui a requ le nom de lymphe. Et comme les parties à nourrir différent plus ou moins les unes des autres par le degré de con- flftance , il n'eft gueres douteux, que les organes fecrétoires , dilléminés dans ces ditiérentes ré" gions, ne féparent des lymphes plus ou moins atténuées ou proportionnées au degré de délica- tefle de chaque partie. Maïs il eft dans le Corps animal des parties d'une Cl prodigieufe finelFe , qu'on ne conçoit pas trop commentiil pourroit exifter des lymphes aifez fubtiles pour pénétrer dans leur tilTu , & s y in- corporer. Je mets dans le nombre de ces parties hfiihjhvîce médullaire du cerveau, celle des nerFs qui lui elt analogue , & tous ces tubules d'une petitelîe fi étonnante , qui entrent dans la compo- fition des vifceres vafculeux. Il y a, fans doute , bien d'autres parties du Corps animal , que leur prodigieufe petitelfe dérobera toujours à nos fens , & qui doivent être entretenues & alimentées par des fucs proportionnés à leur extrême petiteirè. Les Germes , dans l'hypothefe de l'emboîte- ment y renferment des paities d'une petiteife bicR A 3 » SUR L'ACCROISSEMENT plus efFroyable encore. Si une faine Philofopîiîe nous conduit à admettre que rien n'eft propre- ment engendré , que tout a été originairement préformé 9 les Germes qui ne feront appelles à venir au jour que dans mille ans , ont adiielle- jnent dans ce raccourci inexprimable, toutes les parties qui caradlérifent l'Efpece. Comm.ent fe re- préfenter le cerveau , le cœur , l'eftomac , &c. de ces Corpufcules organiques, fi enfoncés dans Ta- bime de l'infiniment petit î Et que feront les ar- tères , les veines , les nerfs de pareils Corpufcules î Que feront fur- tout les parties conftituantes de leur fnhjimice médullaire^ & les tubules de leurs or- ganes fecrétoires ! Qu'on fe rapelle, que dans une ligne quariée d'un de nosmi/j, on compte juf. qu'à deux mille cinq cents de ces tubules , & que ceux qui compofent le rein entier , mis bout à bout par la penfée , formeroient une longueur de cinq mille toifes ('4). Cependant , Ci les Germes font emboîtés les uns dans les autres , ils croîifent les uns dans les autres , & les uns par les autres ; les cantenus par les contemtns : car il cela n'étoit point , je veux (4) Corps oYi^anifés j Art. CCCLVI , Tom. II , p3g. ? 9 , pre- mière édition. Voyez fnr-tout le beau Me'moire de Mv. Fer- BEîN , de rAcadémie Royale des Sciences , fur ht flmchre des- ic^ifcçres nommés ^Imitikux , &c. Mhn, de l'Acad, 1 749, DES GERMES. >t dire , s'ils confervoient leur petiteiTe originelle jufqu'au moment de la fécondation , comment pourroient-i's être fécondés -, puifqu'il n'y auroit point de proportion entre le fluide féminal , tel que nous le connoiiTons , & les Germes dont il s'agit. Les Germes de la férié croîlîënt donc dans un certain rapport aux diiférens ordres de Géné- rations fuccefîives , comme je l'ai expofé ci-def- fus. Mais, l'accroifTement fuppofe eflentiellement la nutrition : les Germes des diiférens ordres de Générations font donc nourris , & ils le font les uns par les autres , proportionnellement à leurs dégradations refpedives. Comment s'opère cette nutrition (s) ? Ce n'eft pas probablement par la lymphe ni par aucune liqueur analogue. Des liqueurs de ce genre ne feroient point aflez fubtiles pour péné- trer dans des Touts organiques, d'une auiîî ef- froyable petiteffe, & pour s'incorporer avec eux. Où trouverai-je donc dans le corps animal €e fluide nourricier , que je chercherois vainement dans les lymphes les plus élaborées ? Je crois le découvrir dans le fluide jm- veux ^ dans ce fluide dont la fubtilité & l'adivité femblent le rappro- (s) Voyez fur la nutrition Se l'accroiffement, la Part. XI Ue h Palingénéjïe. A4 § SUR rACCROISSÈMENf cher de la Matière éthérée de nos Philofophes mo^ dernes. Un habile Anatomifte (6) a penfé , que ce fluide nerveux ou refprit animal circuloit ; c'eft- à-dire , qu'après avoir fervi aux fondions des mufcles & au miniftere des fens , il retour- jioit au cerveau d'où il étoit parti. Cette opi- nion , qui eft d'une grande vraifemblance , fup- pofe , comme l'on voit , qu'il eft dans l'intérieur des nerfs, des vaiiTeaux analogues aux artères , & d'autres vaifleaux analogues aux veines. Les pre- niiers font chargés de porter l'efprit animal à différentes parties de la Machine i les derniers font deftincs à le rapporter de ces parties au cer- veau. Je ne m'arrècerai pas ici fu»" les preuves de cette circulation : il me fufhra de dire qu'elle repofe fur divers flùts , & fur des confidérations très-preifantes , que la Phyfiologie ne fauroit défa vouer. Maintenant , je fuppofe que les particules conftituantes du fluide nerveux ou de l'efprit animal ne font pas toutes cx?iô,cmQnt fenib labiés y qu'il en eft de différentes grolfeurs j peut-être encore de diflerentes formes , & mèms de diffé- rente nature : j'entends ici par la nature de ces particules , les propriétés qui les diftinguent les i^) Mr. BçETîN, Mém. dç l'Acail i7$â^ DES GERMES. 5 unes des autres , & en vertu defquelles elles font capables de produire tels ou tels eiFets partû culiers. Je ne me repréfente donc pas le fluide ner- veux comme un fluide parfaitement homogènes je mêle repréfente, au contraire, comme mi fluide fort hétérogène j mais dont la fubtilité & l'énergie furpaiTejit de beaucoup celles de tous les autres fluides qui circulent dans le Corps animal. On ne fera pas furpris de la compo- fition que je fuppofe ici dans le fluide nerveux^ lorfqu'on réfléchira un peu fur fétonnante corn- pontion que Newton a découverte dans un fluide bien plus fubcii & bien plus actif encore , dans la lumière. L E Ledleur intelligent pénètre déjà et qu'il me refte à expofer. Aflurément , ua fluide fî précieux , que le Cerveau fépare (& élabore fans cefle , & probablement en aflez grande quantité , ne fe diffipe pas entièrement après avoir fervi aux opérations de l'Ame & aux mouvemens mufculaires. La Nature fait appa^ remment l'appliquer à d'autres uPages tris-im- portans : nous voyons que par-tout elle foit fer- vir le même ageiit à plufleurs fins. Je conjeclarc dgnc 5 que les artérioles > qu'on peut nommer lo SUR L'ACCROISSEMENT nerveufes , portent le fluide animal à toutes lef parties, dont Textrème délicatelFe ou l'extrême petitefTe requiert pour la nutrition le fluide le plus élaboré & le plus fubtil. La portion dt? fluide qui ne fe confume pas dans ce travail , eft rapportée au cerveau par les véniiles nerveu- fes ^ pour rentrer enfuite dans les routes de cette merveilleufe circulation. Ainsi, je conçois, que Tefprit animal efl porté par les nerfs de la Mère dans fes ovai- res, & qu'il eft d'abord diftribué aux Germes les plus à terme ou les plus développés. Je nom- merai ces Germes , les Germes de la première Génération ou du premier Ordre. L'esprit animal, porté dans un Germe do premier Ordre , y eft travaillé de nouveau par les organes fecrétoires , infiniment déliés , de ce corpufcule organifé. La portion de l'efprit ani- mal que ces organes ont extraite ou préparée » eft portée par les nerfs du Germe à les ovaires , & introduite dans les Germes les plus dévelop- pés ou dans ceux que je nommerai du fécond Ordre. Ces Germes extraifent encore de l'efprit animal des particules plus fubtiles , qui pafTent aux Germes du troifieme Ordre , & ainfi refprie pafTe fuccsiEvement dans tous les Germes de la J^ES GERMES, ii -férié , depuis le Germe qui fournit à la Géné- ration aduelle , jufqu'à celui qui ne fera appelle à être fécondé qu'à la fin du monde. Je fens que l'imagination de la plupart de mes Ledlcurs fe révolte , & qu'elle ne fauroit fe fami- liarifer avec cette étrange progreflion d'infini- ment petits , qui vont s'abîmant les uns dans les autres. Mais ce n'eft point à l'imagination que je parle ici : je ne m'adrelfe qu'à l'Entendement pur. Il reconnoît évidemment que la Matière eft divifible à l'indéfini , & que les dernières bornes de fa divifion nous font , & nous feront tou- jours inconnues. Et quelles hautes idées le point de vue que je viens de crayonner ne nous donne- t-il point de la Puissance & de I'Intelli- GENCE ADORABLES qui ont préfidé à la conf- trudion du Corps animal î Quel abime de mer- veilles qu'un cerveau humain ! Qiie dis-je î C'eft déjà un abîme qu'une fimble fibre de ce cer- veau Cy)? Que fera ce donc, Ç\ toutes ces mer- veilles que les Corps humain nous offre en grand , font répétées & concentrées dans des atomes organifés , emboîtés les uns dans les autres , (7) Voyez mes réflexîon«!y«y Vexcellence des Machines organu ^ucs, Part. IX de la Falhigéiiéfie, JZ SUR VACCROISSÊMENT 8c qui décroiffent dans une progreflîon indew finie ! On connoit les Animalcules des infufions : il en eft d'une petitefle inconcevable : plufieui'îs millions égaleraient à peine une Mitte en gran- deur. Cependant, ce font des Etres vivans. Ils ont une liqueur qui leur tient lieu de fang. Cette liqueur eft préparée par des organes analogues à ceux qui préparent le fang dans les grands Animaux. Mais ces atomes vivans fe meuvent , & leurs mouvemens font fouvent très-variés Se très-rapides. Ils ont donc des efprits animaux qui fe portent dans leurs mufcles , & y produi- fent les divers jeux dont ces mouvemens dé- pendent. Il en eft encore qui ne paroiflent pas privés de la vue -, au moins favent-ils fe détour- ner à l'approche de quelqu'objet : ils favent même chercher les nourritures qui leur con- viennent : il eft donc chez ces Animalcules , des efprits-animaux qui fervent à la vifion. Ils peuvent avoir d'autres fens , & ces fens fuppo- fent auffi des efprits qui leur font appropriés. RÉFLÉCHISSONS maintenant fur l'énorme pe- titeife des vailfeaux qui féparent ces efprits delà maife des humeurs : comparons ces vaifleaux aux vaiileaux analogues du Corps humain , & DES GERMES 13 du Corps des grands Animaux : rappelions à notre fouvenir ces tubules (i prodigieufement lins , & (î prodigieufement multipliés , que le microfcope nous décx)uvre dans les organes je- crétoîres de l'Homme , & nous ferons effrayés de la petitefTe que doivent avoir les organes qui réparent les efprits animaux dans des Animalcu- ies plufîeurs millions de fois plus petits qu'une Mitte. En réfléchiifant fur-tout ceci , je ferois porté à en inférer , que les efprits animaux féparés par le cerveau de l'Homme , quoique déjà fi îubtils , le font incomparablement moins que ceux que fépare le cerveau de nos Animalcules ou la partie qui en tient lieu. Il femble qu'on puiffe raifonnablement déduire de la petitelTe ou de la finelTe des organes fecrétoires , la fub- tilité des liqueurs qu'ils extraifent & préparent. Mais, nos animalcules multiplient. On n'i- gnore pas aujourd'hui qu'il en eft , qui fe pro- pagent comme les Polypes à boiiqtœt ^ par des divifions & des fous-divifions naturelles. On peut néanmoins conjedurer avec fondement, que cette manière de multiplier n'eft pas la feule que polfedent ces Animalcules : il eft pofîible qu'ils multiplient encore par des œufs ou par 14 SUR VACCROISSFMEMT de petits corps analogues aux œufs. Eu un mot^ il eft probable ^ qu'il exide de ces Animalcules dont la propagation s'opère par des œufs ou par une voie plus ou moins analogue. Mais s'il eft de nos Animalcules qui multi- plient ainlî , leurs efpeces d^œnfi renferment des Embryons ou des Germes de femblables Ani- malcules. Ces Germes en renferment d'autres ; ceux-ci d'autres encore , & ainfi à l'indéfini. Il faut donc appliquer aux développemens propor- tionnels ou refpedifs de ces diiférens Ordres de Germes enveloppés les uns dans les autres , ce que je difois du développement des Germes Hu- mains. Qiielle ne fera donc pas la prodigieufe fubtilité du fluide alimentaire , deftiné à opérer le développement graduel de ces divers Ordres de Générations d'Animalcules ! Quel nouvel abîme s'ouvre ici à notre vue , & comment l'ima- gination oferoit-eîle regarder dans cet abime ! La raifon n'en eft pourtant point effrayée , parce qu'elle ne contemple pas l'abime des yeux de la chair. Le profond Malebranche , qui avoit des yeux faits pour contempler de pareils objets , a ofé le premier regarder fixement dans cet abîme ; & je manquerois à ce que je dois à ce DES GERMES. ÎÇ beau Génie , Ci je ne tranfcrivois point ici un paiTage très-remarquable de fon fameux Livre de îa Recherche de h vérité (8). 5, Il ne paroît pas déraifonnable de penfer , „ qu'il y a des arbres infinis dans un feul 55 Germe , puifqu'il ne contient pas feulement 5, l'arbre dont il eft la femence , mais auffi un 35 très-grand nombre d'autres femences , qui 3, peuvent toutes renfermer dans elles-mêmes 3, de nouveaux arbres , & de rxouvelles femen- 35 ces d'arbres î lefquelles conferveront peut- 35 être encore dans une petiteiTe incompréhen- 35 fible 5 d'autres arbres & d'autres femences 3, aufli fécondes que les premières, & ainfi à 3, l'infini. De forte que 5 félon cette penfce , qui 35 ne peut paroître impertinente & bifarre, qu'à 35 ceux qui mefurent les merveilles de la puif- 35 fance infinie d'un Dieu avec les idées de leurs 3, fens & de leur imagination , on pourroit dire 35 que dans un feul pépin de pomme , il y auroit 3, des pommiers , des pommes & des femences 35 de pommiers pour des fiecles infinis ou preC- 3, qu'infinis, dans cette proportion d'un pom- 33 mier parfait à un [pommier dans fa femence; 3, & que la Nature ne fait que développer ces pe- (83 Liv. I. Chap. V!. ï6 SVR V ACCROIS S EMEUT -, tits arbres, en donnant un accroiirement fen-- 5, fible à celui qui eft hors de fli femence , & des 3, accroiflemens infenfibles ^ urais très-réels & .5, proportionnés à leur grandeur, à ceux qu'oit 5, conçoit être dans leurs femences : car on ne' 3, peut pas douter qu'il ne puilTe y avoir des 3) corps aflez petits , pour s'iniinuer entre les ti^ „ bres de ces arbres que Ton conqoit dans leurs g, femences, & pour leur fcrvir ainfi de nour* 5, riture. Ce que nous venons de dire des plan-* 5, tes & de leurs Germes , fe peut aulîi penfer 5, des animaux & du Germe dont ils font pro- s, duits '\ Les Végétaux font fi femblabîes aii^r Animau:^ qu'ils femblent ne compofer avec eux qu'une feule Famille (9). Il eft donc bien facile d'ap* pliquer aux Germes des Végétaux , ce que je viens d'expofer fur les Germes des Animaux* 11 eft vrai , que les Végétaux ne nous offrent rien qui indique qu'ils foient pourvus d'Efprits-^ Végétaux , analogues aux Efprit s- Animaux. Mais l'efprit- végétal doit être en rapport à la nature propre du Végétal. Nous manquons de moyen» pour découviir cet efprit- végétal : mais le rai-- fonncment fondé fur l'analogie , nous conduit (9} Confiiltez îa Part. X , de îa Contemplation tlf la Nntmi. à 'DES germes: tf à îe fuppofer. Uef^rit féminal des poîiffieres des €mmines 5 pourroit être rêpompé par certainâ organes du Végétal , & porté aux Germes les plus petits, ou qui exigent l'aliment le plu3 élaboré & le plus fubtil , &c. A Genthod^près de Gmcvt , k 8 d'Oilohrc i77Îi Tonh X 0 îg LETTRE LETTRE ^ MONSIEUR « iSî^r /^^ moyens de conferver diverfe? Efpeces d'In^ fe&es & de Poijfons , dans les Cabinets d'Hif- toire Naturelle ,• jur le bel azur dont les Cham^ fignons fe colorent à Pair , ^ fur les change- 7nens de couleurs de divers corps ^ par P action de Pair ou de la lumière. M., le Dodeur Mauduit a rendu, Mon- fîeur , un grand fervice aux Amateurs de rHiC. toire Naturelle , par fes beaux Mémoires fur les Colle&ions , & vous avez partagé leur re- connoiiTance en les publiant dans votre intéref- fant Journal. Feu mon iîluftre Ami , Mr. de Reaumur , qui avoit formé lui-même de (î riches CoUedtions, s'étoit beaucoup occupé de la confervation des Animaux qui en font le plus précieux ornement. Il avoit compofé fur :A m, R 0 Z I E K î9 éé fujet Cl neuf, un traité complet, dont il m'a- voit parlé dans fes Lettres , & qu'il étoit fur le point de publier , lorfqu'une mort fubite l'enleva à la Société , qu'il éclairoit & enrichif- foit depuis ^o ans. Je ne fais ce qu'eft devenu le Manufcrit de ce Traité , ainfi que celui du VIP"^- volume des Mémoires pour fervir à tHiftoire. des Infeùles ^ auquel l'Auteur avoit mis auffi la dernière main. J'en dis autant de VHiJhire des Oifeaux^ qu'il m'avoit de même annoncée comme prête à paroître. Mais il y a lieu d'efpérer que l'Académie Royale des Sciences , qui a hérité des dépouilles de cet excellent Naturalifte , ne tardera pas plias long-temps à rendre à la mé- moire d'un de fes plus illuBres Membres l'hommage qu'elle lui doit, en publiant les di- vers Manufcrits dont il l'a fait dépofitaire par fon Tcftament. Nous pouvons fur-tout l'at- tendre de la reconnoilTance de cette favante Compagnie , & de fon zèle Ci éclairé pour le progrès des Sciences & des Arts. Mr. de Reaumur auroit été fùrement très- empreffé à applaudir au travail de Mr, Mau- DUIT i & je ne doute pas que plufieurs des procédés ingénieux de ce favant Médecin ne foient à-peu-près les mêmes que ceux pour lefquels Mr. de Reaumur s'étoit déterminé^ B 2, 'So LETTRE 8c qu'il expofoit fort au long dans fon Ouvragé*' En attendant la publication de ce Livre , û defirée de tous les Amateurs, je crois, Mon-^ ficur, qu'il ne vous .fera point indifférent, & qu'il ne le fera pas au Public , que je vous tranfcrive ici un morceau d'une Lettre de ce célèbre Académicien , datée de Paris ^\e lo Juil- let 1739 y & où il m'indiquoit la manière de lui faire parvenir les Infedcs que je defirerois de mettre fous fes yeux. 55 Je vous prie , fans faqoil , de ine faire 1, des préfents de cette nature , quand vous 5, aurez occafion de m'en faire. Vous pouvez; 5, me les faire parvenir promptement par la 5, Poftc Attentif, comme vous i'è- 5, tes , à rechercher , il vous fera aifé d'aug- 5, menter la CoUedlion que j'ai d'Infedes morts. 5, Il y en a tels , comme les Papillons , les ,5 S carabes , &c. qu'il fuffit de renfermer dans 3, une petite boite. Mais ceux qui font mois, 5, dont l'extérieur eft charnu , Gomme l'efl: ce- 3, lui des Chenilles & des Araignées , il faut les 3, mettre dans une petite bouteille remplie de 5, la meilleure liqueur que j'aie trouvé pour 3, conferver les Lifecles , & dans laquelle les 3, couleurs de plufieurs ne foulFrent aucune aî- „ tération. Cette liqueur n'ell autre chofe quQ A M. R 0 Z I E R. zi ;i la plus forte Eau-de-vie ou de refprit-de-Vin , 5, mêlé avec un tiers d'eau, & auquel on a „ donné autant de (îicre qu'il en peut dilTou- „ dre. J'ai dans cette liqueur des Chenilles du „ Tytimale depuis un grand nombre d'années , 5, qui font aulFi bien vêtues qu'elles l'étoient 5, lorfque je les fis périr dans cette liqueur. IL 35 n'eft pas ucceiTaire de vous marquer que co „ que vous aurez à m'envoyer dans une petite 3, bouteille , ou plutôt que la petite bouteille 5, elle-même doitètre mile dans une boite, con^ 35 tre les parois de laquelle on i'empèche de «5 heurter au moyen du coton". Je ne tardai pas à faire ufage de î.a liqueur que Mr. de Reatjmur m'avoit indiquée ; & fi mon témoignage pouvoit être de quelque poids auprès de celui de ce grand Naturalise , je dirois, que j'ai depuis plus de 32 ans dans fa liqueur , des Chenilles de différentes Efpeccs » & en particulier de celle du Tytimale , qui eil: n belle 5 & dont les formes & les couleurs ne paroiifent pas fenfiblement altérées, Mr.. Mauduit n'attend pas baucoup des li- queurs confervatrices pour les Chenilles &z les autres Infccles dont le corps dl mol : au moiny propofe-t^l de vuider les Chenilles, & de ics, B 3 :âi LETTRE remplir de fable ou de cire. Mais cet habile Homme ne vife-t-ii point ici à une trop haute perfedion ,* & les Amateurs ne fauroient-ils fe contenter d'une liqueur qui conferve Ç\ bien pendant plus de 30 ans, des Chenilles dont les couleurs paroiiTent très-dé!icates ? D'ailleurs , ne pourroit-on pas efpérer , que de nouveaux cfllûs rendiH)nt la liqueur de Mr. de Riaumur d'un ufage plus fur encore & plus étendu? Il ne s'agiroit que de varier les proportions de l'cl-. prit-de Vin , de l'eau comn^une & du fucre , & d'obferver ce qui réfulteroit de ces changemens. Perfonne ne feroit plus cabable que Mr. Mau- puiT de tirer de ce nouveau genre d'expérien- ces toutes les lumières qu'il iemble promettre. Mr. de Reaumur m'avoit auflî invité à lui envoyer pour fes Cabinets , des Poilfons de notre Lac, & voici ce qu'il m'écrivoit à ce fujet le 9 de Juillet 1753. j^Vous n'avez befoin de donner aucune pré- 3, paration aux Poiffons particuliers à votre Lac, 3, Vous pouvez même vous difpenfcr d'employer 3, de l'efprit- de-vin , qui augmente les fiaix de 35 l'envoi : de Feau-de-vie feule luitira, fur-tout î, {\ vous jettez dans le vafe parties égales d'a- 53 lun & de fel marin pulvcrilcs , à difçrétion^ A M, R 0 Z 1 E R. i25 „ c'eR-à-dire , au delà de ce qui pourra s'y eu „ dilfoudre. Gros comme un petit pois de 5, Camphre , mis en chaque Poilîon , aide encore „ beaucoup à les conferver. Vous pouvez même 5, ne vous fervir ni d'efprit de-vin ni c'eau-de- 5, vie : chargez de Peau commune de tout ce 3, qu'elle pourra dilToudre d'alun & de fel ma- 3, rin i donnez à cette eau encore de çc-î: deux 3, fels au delà de ce qu'elle en aura ^di flou s ; 5, tenez les Poiflbns plongés dans cette 'liqueu^^ 3, après avoir fait entrer dans leur ventre ij ,•, petite portion de Camphre dont je viens dé 35 parler ; & vous pourrez être tranquille fur 3, leur confèrvation '^ Dans une autre Lettre du 9 de Févrir I7S45 mon illuftre Confrère aj ou toit ce qui fuit. „ j'ai bien des remercîmens à vous faire „ pour les foins que vous avez pris pour me 35 procurer une colledion des Poiifons les moins ,5 communs de votre Lac. Quand ils me feront ,5 arrivés , je ne manquerai pas de vous infor- „ mer de l'état dans lequel je les aurai trouvés^ 35 Ce fera ma faute fi quelques-uns fe trouvent 3, altérés , comme vous paroîflez le craindre. 35 Je devois vous avertir que fi vous vous ap~ « perceviez que quelques-uns fuffent ramollis^ B4 m LETTRE li que e'etoit une preuve que la liqueur avoît 9, été aiFoiblie par les dépôts faits par les Poif» „ fons , & que le parti qu'il ne falloit pas hé^ j, fiter à prendre étoît de la changer. Au moyen e» de cette nouvelle liqueur , les PoilTons fc trou» „ vent en fureté pour toujours ; tout ou pref- 5, que tout ce qui a pu en être extrait Ta été i) par la première '', Je Jifois l'autre jour , Monfieur , dans une Feuille hebdomadaire une découverte que Mr. pALLAS a faite en Ruflie , fur une nouvelle; Efpece de Champignon. Cette Efpece , dit^oii , fe colore d'un très-beau bleu-azuré , lorfqu'on la déchire a» grand air , & on donne ce Eut pour une très-grande fingularité. Je ne fais fi l'Auteur de la Feuille a bien rendu le célèbre Naturalise f mais je puis vous dire , que j'ai obfervé bien des fois -le même fliit fur nos Champignons de l'Efpece la plus commune. Je croyois même que la chofe étoit fi connue , qu'il ne m'étoit pas venu dans l'efprit d'en faire part au Public. Elle n'en mérite pas moins l'attention des Phy- iiciens , & ce petit phénomène d'Optique pour- roit fournir la matière de recherches très-in- téreiTantes. On nignore pas qu'il eft des fubf-. tances que l'air colore. On connoit fon inBuence iux h bellç couleur pourpre de ce fameux Co^ "A M. R 0 Z I E R. 2i quillage que Mr. de ReâUMUR découvrit autre- fois fur les Côtes du Poitou , & dont il entre- tint l'Académie. On fait auiTi , que d'habiles Phy- ilologiftes attribuent à rimprégnation de l'air , la couleur vermeille du fan g. Mais fi l'air colore certaines fubftanccs , il en décolore d'autres. J'en ai rapporté un exemple frappant dans le V^^""^. Mémoire de mes Recherches fur l'ufage des Tetiilles dans les Fhintes. De jeunes branches qui avoient tiré une teinture d'encre , & dont le corps ligneux s'étoic coloré d'un aflez beau noir, fe décoloroient très-fenfibJement & venoient à blanchir en moins d'une minute, lorfque j'ex- pofois à l'air le corps ligneux. On a vu dans mon Livre les vérités importantes dont j'ai été rede- vaWe à cette forte d'injedion naturelle, & je ne puis trop exhorter lci> Phyficiens à pouffer plus loin des expériences Ç\ propres à nous dévoiler îa marche feçrete de la Nature, Je reviens, Monneur , à nos Champignon's qui fe parent d'un Ç\ bel azur , loifqu'cn décliire leur parenchyme en plein air. Qiioique j'aie vu 5c revu bien des fois ce phénomène , il m'a tou- jours caufé quelque furprife. A peine le Cham^ pignon eft-il déchiré qu'on commence à apper- cevoir dans toute la portion du parenchyme , qui eu mife à l'air , une légère teinte d'azur , qui fc 2^ LETTRE renforce d'inflant en iiiftant , & qui s'afToibîig; enfuite par degrés infenfibles. Cet affoibliffement ne femble-t-il pas indiquer que le fiege de la couleur azurée eft dans le fuc de la Plante ? Car comme les fibres fe delTéchent de moment en moment, par Févaporation des fucs qu'elles ren- fermoient, il eft très-naturel que la couleur du parenchyme change de moment en moment. Il refteroit cependant à prouver que radlion de la lumière n'influe point fur le phénomène ^ & j'ai à regretter de n'avoir pu tenter les expé- riences propres à m'en inftruire & à décider la queftion. J'ai rendu aifez probable dans mon Livre /wr les Feuilles des Fiantes (i) , que c'efî: principalement à Tadlion de la lumière qu'il faut attribuer cette altération (1 remarquable , qui fur- vient aux Plantes qui végètent dans des lieux où la lumière n'a que peu ou point d'accès. Cette altération eft connue des Jardiniers fous le nom à'étiolement. Les Plantes étiolées pouiTent des tiges déméfurément longues ; leurs feuilles n'a- chèvent pas de fe développer , «Se confervent toujours une couleur blanchâtre ou jaunâtre. Le tifUi propre aux Champignons , les qualités par- ticulières des liqueurs qui abreuvent ce tilfu» (r) Art. LXXIX & CXIIL A M. K 0 Z I E R. 27 8c bien d'autres cirGonftances peuvent concourir ici à modifier le jeu de la lumière. Quoiqu'il en. foit , le phénomène dont il s'agit me paroit pré- parer au Phyficien des vérités nouvelles, qu'il ne doit pas négliger d'acquérir. Avec quelle libé- ralité la Nature ne récompenfe-t-ellc point ceux qui favent l'interroger comme elle veut Terre ? En Phyiique & en Hiftoire naturelle , les plus petits faits font fouvent féconds en grandes con- féquences. Au refte , Ci e'efl; l'air qui colore îe paren- chyme des Champignons, il conviendroit de s'aifurer des changemens que les variations de l'athmofphere peuvent apporter à cette forte de coloration , & de ceux qui peuvent ré- fulter des divers états de la Plante. Il fau- droit encore déchirer des champignons plon- gés dans différentes hqueurs plus ou moins tranfparentes , & expofés à différens degrés de chaleur. J'ai prefque honte de n'avoir pas tenté des expériences fi faciles , mais j'avois perdu de vue ce fujet, & je n'y ai été rap- pelle que par la ledure de la feuille dont j'ai parlé. Les couleurs de prefque tous les corps fouf- frent des altérations tiès-fcnfibles , Icrfquils §i LETTRÉ demeurent long-temps expofés au grand air ©S au grand jour. Tout le monde connoît celles qui furviennent ainfi aux couleurs de nos nieu- h\es & de nos étoffes. Les bois , le& pierres înême , ne font pas exempts de cette forte^ d'altération. Le bois de fapin en fournit ua- exemple frappant , & qui a fouvent fixé mes. regards. Il prend peu-à-peu au grand air une belle couleur d'ardoife ou de gris de Lin. Sans doute que les rofées, les pluyes , & en géné- ral rhumidité répandue dans l'hathmofphere g influent beaucoup fur ce changement de cou- leur. Je ne fâche pas qu'on ait cherché à ap«. profondir ces faits il communs , & pourtant £î dignes de l'examen du Phyficien. lis pour- roient fournir la matière d'une fuite d'ex- périences qui étendroient nos connoifTances fur l'adion de ces corpufcules invifibles , qui jouent un rôle il important; dans le Syftêrae du Monde. Les lamelles infiniment petites, qui compo- fent les furFaces des Corps , brifent & réflé- chilfent divcrfement les rayons folaires. De là les diverfcs couleurs des Corps. Lorfque ces lamelles viennent à changer de pofition, ou que leu,* épailfeur augmente ou diminue, elles ré-- fléchiflent d'autres couleurs. On comprend àoxi^ 'A M. R 0 Z I E K 25 faf-Ià , comment l'adion continuée de Pair ou de rhumidité peut opérer infenfiblement fur ces lamelles , & modifier aiufi la couleur du Corps auquel elles appartiennent. Mais on a d'abord quelque peine â concevoir comment une matière aufîî prodigieufcment déliée quô r«{l celle de la lumière, peut caufer des altéra- tions confidérables à la furface d'un Corps dur. On ne s'en étonnera pas néanmoins , fi l'on confidere que la vîtefle de la lumière eft aufîî prodigieufe que fa fubtilité 5 puifqu'elle parcourt 'environ 34 millions de lieues en 7 ou 8 tnu •nutes. Et comme la quantité du mouvement eft le produit de la malfe multipliée par la vl- Selfe , on conçoit comment les chocs conti- nuellement réitérés d'une matière aufîi fubtiie que la lumière , peuvent modifier à la longue les lamelles de h furface des Corps. Je l'ai dit, il y a bien de l'apparence que «s'eit la lumière , qui , pair fon adion continuelle fur la furface des feuilles des Plantes , les co- lore de ce beau verd qui plait tant à nos yeuxî car , comme je l'ai prouvé ailleurs , quand les feuilles ne font point expofées à la lumière > elles confervent toujours une teinte blanchâ- tre ou jaunâtre , quoiqu'elles foient expofées à l'adion de fair ^ de la chaleur. Ce fait fi r«« 30 LETTRE A M. ROZIER. marqùable nous conduit à eiTayer de renfermct des Plantes dans des boîtes vitrées dont les ver» res feroient diverfement colorés , & à obfervei' ce qui réîulteroit dans les feuilles, de l'adion d'une lumière différem'nient modifiée. A Gcnthod, le i^ Février 1774. ADDITION. tt Mr- J. L. Saladin, ce jeune Se eftima- ÎdIc Naturalifte , que j'ai eu occafion de faire connoitre au Fubîic dans un autre écrit (2) ^ ayant répété mon obfervation fur la couleur azurée des Champignons > s'eft aiTuré par une expérience direde , qu'elle ne dépend point de Tadlion de la lumière. Il a déchiré de ces Cham- pignons dans un lieu parfaitement obfcurj il les y a laiiTés pluiieurs minutes , & il les eu a retirés auflî azurés qu'à l'ordinaire. Il a tenté encore les expériences que j'in- diquois : il a déchiré de ces champignons , les uns dans l'eau , les autres dans l'huile , 8c leur (2) Expériences fur les changcmsns que la lumière produit dans les couleurs de di^'éreiîs Corps. Journiil de Fhyjïque , Juin ADDITION. 3t coloration a été auflî prompte & aufïî parfaite qu'en plein air. Il paroit donc que l'air n'in- flue pas non plus fur la production du phé- nomène. En faifant cette dernière expérience , Mr. Saladin s'eft convaincu de la vérité de mon foupqon , que la couleur azurée réfide dans le fuc de la Plante. Il a vu ce fuc épanché , teindre en azur l'eau dans laquelle le Cham- pignon étoit plongé. Il a vérifié le fait par un autre procédé. Il a comprimé entre deux planches des morceaux de Champignons , & il en a exprimé un fuc qui teignoit en azur' le papier blanc. L'azur de la liqueur lui a paru tirer un peu fur le verd. Il a verfé quelques gouttes d'acide nitreux fur la liqueur expri- mée , & elle a pris fur le champ une teinte d'un beau jaune. On fait que cet acide pro- duit le même effet fur l'indigo. Les morceaux de Champignon dont on a extrait tout le fuc dans l'eau , deviennent d'un blanc fale, & l'eau fe colore fortement en azur; mais cette couleur azurée n'eft pas durable , & l'eau qui en efl: imprégnée prend bientôt une ceinte de jaune. Il en eit de même du papier* '^% ^A î) D I T I b n. fclaiic qu'on a teint en aziir aVec îa mèni^ liqueur. Le changement de l'azur en jaune ne dé-. pend point du tout de quelqu'adion fecrete de la lumière , car l'ingénieux Obfervateur Ta vu s'opérer dans un lieu obfcur comme dans lu lieu le plus éclairé. Ce changement ne p'aroît pas plus dépendre dç i'adion de l'ain Des morceaux de papier blanc 5 teints de la liqueur azurée du Cham^ pignon , & renfermés étroitement entre deux plaques de verre , y ont perdu leur teinte azu- rée en auffi peu de temps que de femblables (iior- ceaux renfermés iimplement dans un tubs de yerrê. Il me paroît réfulter de ces diverfes expé^ ifiences , que le bel a'zur de nos Champignons ne dépend ni de i'adion de la lumière ni de- celle de l'air ; mais qu'il réfîde originairement dans le fuc propre de la Plante. On n'ignore pas qu'il eft beaucoup de Plantes donc le f74c propre eft dilïercmment coloré. Il eft blanc, par exemple -, dans le Tytimale; jaune dans l'Ecîaire ^ &c. C'eft ce fuc que contiennent les vaifleaux que Malpighi m t> b ï 1 1 0 K Yi MàLpigïîI a nommés vafes propres , & qui aboii-* dent fiir-toiit dans l'écorce. Apparemment que ks principes conftituanti du iuc propre des Champignons ne font pas bien fortement unis , & qu'il s'en fait une fe- paration par évaporation où autrement, dèç que le fuc s'épanche hors des vaiffeaux , Se qus c'eft ainfi que l'azur fe change en jaune. Il faudroit tenter de nouvelles expérieilceà fur ces Champignons , au moyen de la Machina du vuide. Il faudroit encore elfayer d'autre? tnèlanges du fuc azuré avec diiîérentes li- queurs 5 &c. Je venois de dider ceci , lôrfque j'ai trouvé dans l'Ouvrage intitulé , Hiflôirè des découvertes faites par divers Voyageurs en Rujjle , &c. , 4^. pag. 117, l'obfervation de Mr. Pallas furies Champignons qui fe colorent en bleU. Je vais la tranfcrire en entier. 35 DÉ tous ces Champignons 3 dit le célèbre ^5 Naturalifte , le plus remarquable, & qui e^ 35 en même temps propre à être mangé , c'eft j3 celui qu'on nomme dans le Pays' Ofiiwwik ou ,, Champignon du Peuplier. 11 reifemble entié* Tom. X, Q 34 A D D I T 1 O K. ^5 rement au Boîetus vifcîdtis^ excepté qu'il qÛ plus charnu ^ plus fec & plus relevé. Aufll- tôt qu'il eft cueilli & couché à Pair ou qu'il commence à entrer en pleine maturité fur fa tige , fa peau devient vers la partie inférieure „ d'un bl€U fale. Si l'on rompt le Champignon g 55 la chair en etl d'abord toute blanche > mais 5, expofée à l'air , on la voit en peu de fecon- 3, des prendre une teinte bleue , qui acquiert 3, par degrés toute la perfeétion de l'outre-mer s i, autant de fois qu'on rompra Le Champignon ^ les parties fraîchement rompues offriront le même phénomène 5 & Ç\ l'on en exprime le fuc aqueux qu'il contient ,\ ce fuc prend de même , au premier moment , une teinte bleuâ- tre , & acquiert auffi très- vite , lorfqu'il efl !,3, requ dans des vafes ouverts , cette même belle ,, couleur bleue qui teint la toile. Il eft feule-. 9, ment grand dommage que cette couleur, aufG- 5, tôt qu'elle eil parvenue à fon entière perfec- ^5 tion , ne tarde pas à perdre de fon éclat. Lefî 5, Hnges qui en font teints & le fuc lui-même fe 5, changent peu-à-peu, en palfant par toutes les «,, nuances interm.édiaires , en un verd de Saxe ^ p, & au bout de 24 heures en un verd bleuâtre, ^, mat & défdgréable , qui dégénère encore da- ,, vantage par la fuite , fans que ce beau blem ^5 pulifs être fixé a ni ranimé par aucuii des pra^ ^ î) fit T l-Ôîf. ff E cédés qu'on emploie en pareille circonftancô* 5, Fait- on tremper dans l'eau cette toile ainfi 3^ teinte ? !a couleur r.e s'en ternit que plus vîta 9, à mei'ure.que la toile fcche, au peint de dif- paroître prefqu'entiéement. 11 n'en eft pas de cette couleur volatle , comme de celle que l'orfeille donne à refpnt-de-vin renfermé, & fcellé hermétiquement dans les thermomètres 55 où elle fe ternit infenfiblement , tandis qu'elle 3, reprend toute fa beauté dans l'initant même 35 où la communication avec l'air extérieur lui 25 eft rendue; ce Champignon nous préfente un 55 phénomène tout oppofé , & d'une efpece noU'» ^ velle & particulière. On voit que ce que Mr. Pallas raconte de fon Champignon revient pour l'eflentiel à ce que je racontois du mien. Il a très-bien vu que la couleur bleue réfide dans le fuc de la Plante, & que cette couleur n'eft point durable. Mais 'û paroît qu'il a. cru que c'eft l'adion du plein ait qui colore le fuc : c'eft au moins ce qu'indi- quent alfez ces expreffions de l'Auteur : la chair en eji d'abord toute blanche ^ ynais expofée à l\nr j ou la voit en peu de fécondes , prendre une teinte bleue Si Pon exprime le fuc aqueux que coyu* tient le Champignon , ce fuc prend de même , an p'çmier moment une teinte bleuâtre , &c. Et c'eft: 4 C 2 ss m 7) n Vf I oK fans doïite, parce qu'il étoit trop prévenu A4 ridée que la coloration dont il s'agit, eft du« iniquement à l'adion du plein air, qu'il n'avoic point fongé à s'en affurer par des (^xpériencs-s «lécifives. ( 33 ) IDÉES SUR LA FÉCONDATION • =^o^« 01-11 découverte du /ew des Plantes eft , fans contredit , une des plus intéreflaiites de notre flécle. TouRNEFORT , ce grand reftiurateur de la Botanique, étoit bien éloigné de foupqon-' ner la noblefTe de la poiijjiere des étammes -, lui qui la croyoit un excrément de la Plante. Grew, Ray, Morlant, Camerarius, 8ç après eux: GEOFFROY (f), avoient appris au Monde favant la véritable nature & les ufages importans de cette poulTiere. L'Académicien François , qui- Favoit beaucoup plus obfervée que Tes Dévan« çiers , avoit remarqué avec une agréable fur- prife, que cette pouflîere , qui, à l'oeil nud ne femble pas ditférer de la pouifiere que le vent? emporte , étoit un amas de petits corps très-ré- (ï) Mém. de tAcad. lyu. %% SUR LA FÊC0K3ATI0N ^ guîiers , & dont les formes & les proportions iîngùliérement variées dans les différentes EC^. peces , affçdoient eonjtammcnt la même forme & les mêmes proportions dans chaqu'Efpece. Il en étoit de fphériques , d'ellyptiques , de cylin^ ddques , de prifmatiques : d'autres reifembloient; à des boulets rames. Les uns étoient parfaitement liilbs 5 d'aucres paroilfoient cannelés , chagrinés ou hérilfés de piqivans feinblables à ceux d'uii i?narron , &c. Geoffroy admit, que la foiiljiere des éta^ raines étoit la matière fécondante des Plantes ^ ^ qu'elle parvenoit aux Embryons par le mi^ iijftere du piftil (2). Bientôt ce fentimènt fut; adopté par les meilleurs Phyfîciens. On crut (2) Je me trompois ici fur l'opinion de Geoffroy. Il n'ad- mettoit pas que la pouffiere des étamines étoit fimplement la matietie fécondante des Plantes. Il étoit du nombre à^s Phy- fîciens qui regardent la graine comme le logement deftiné à recevoir l'Embryon ou le Germe contenu originairement dansi la pouffiere. Et l'on penfc bien qu'il raiformoit fur les Ani- malcules fpermatiques , comme fur la pouffiere des étamines" ïl croyoit avec LEUWE^3H0EK , qu'ils s'introduifoient dans les ceufs , & qu'ils y devenoient le principe d'une nouvelle gé- nération. C'eft ce qu'on peut voir en détail dans une Thefe jatine qu'il fit foutenir en 1704, dans les Ecoles de médecine i^e Paris, & qu'Andry avoit publiée en François d.irss for^ |,'iv?ç ftî? Içs V^i'S du Cûi-os htimai-!%, / DESOLANTES 3^ IFoîr 5 que la tète du piftil étoit percée comme l.i pomme d'un arrofoir , d'une multitude de petits trous , proportionnés au diamètre d'un grain de la poufîîere , & que les grains arri voient aux Em- bryons par de petits canaux ou trompes , qui s'étendoient fuivant une direction parallèle 'X l'axe du piftil. Bien des années après Geoffroy , le favant NÉEDHAM (3) remaniant cet intérelTant fujet , découvrit que la poulîiere des étamines étoit beaucoup plus compofée qu'on ne l'avoit d'abonl imaginé. Il prouva par des obfer varions biea faites , que chaque grain de cette pouffiere étoit îui-mème une très-petite boite, qui renfermoit dans une efpece de vapeur ou de liqueur pro- digieufement fubtile , un nombre innombrable de grains d'une petitefle extrême , qu'il regarde , à bon droit , comme les vrais agens de la fécon* dation. Mais il fe trompa beaucoup fur la ma-^ niere de cette fécondation , comme je l'ai mon* Vré dans les Confidérations fur les Corps or'^ ganifés (4). (?) Nouvelles tlécowvertes inîcrofccpiqnes , &c. 1747. Je vois dans les Mérn. del'Acad. que l'illuftre Bernard JiE JuSSiEU avGit fait les racmes obfervations en 1759. (4) JPart. I , Alt. CIXXVIIL C 4 J|6 SUR LA FÉCOKDATÏON Notre "habile Obfervateur prouva par dei expériences diredles , que d'autres Naturalifté? ont répétées ', que chaque grain contenant eft prganifé de manière , que lorfqu'il vient à être liumed:é , il s'oi|vre par un mouvement en quel- que forte fppntané , & darde les grains contenus , diiréminés dans la vapeur ou la très-petite ath- lîiofphere fécondante. Portant enfuite fon attention fur Tinteriem: du piltil , il rernarqua, que les trompes dimi- nuoient de diamètre à mefure qu'elles appro- choient de l'ovaire -, enforte qu'elles étoient de^ entonnoirs trèsalongés , dont l'évafement répon- dait à la tète du piftil , Se la pointe aux ovaires;. Il remarqua encore, que les trompes étoient in- térieurement enduites d'une humeur plus ot^ rr^oins vifqueufe & plus ou moins abondante , deftinée à procurer la rupture des grain ^ coTîte^^ nans , & par ce mo}^en rémiilion dçs grains cour' tenus 3 5cc. Le célèbre Duhamel (0 -> qui s'eft occupe ^uffi de cette belle matière , a conjec1:uré que chaque grain contenant étoit originairement im« plantq dans l'intérieur des fommets par un trc&« (5) l'hyjque des Arbres ^ Liv. îlî. Chap. î. 17SÎ^ ^ 1) E s F L A N T E s. 41 Sourfc pédicule , que le microfcope n'a pu néan- TAoins lui faire découvrir , & que ces grains fe détachoient des fomrxUts à l'approche du temps Je la fécondation. Cette conjedure me paroît p^us que pror bable : car les grains dont il s'agit , font de petits corps très-organifés , qui , comme toutes les autres parties organiques , doivent prendre dans^ la Plante un certain accroiiTement : or, l'accroif- fement fuppofe nécetfairement la nutrition 5 & celle-ci fuppofe elle-même , que la partie à nour- rir tient par quelques vaiifeaux à celle qui eft ^eftinée à la nourrir. J'iROls même bien plus loin que notre célèbre Académicien , & j'admettrois fur le même prin- cipe & par une conféquence néceifaire , que les grains contemis font auiîî implantés dans les pa- irois du grain contenante par un pédicule pro- portionné à leur extrême petiteife. Ce ne feroit pas même ici le terme où je m'arrêterois. Je ferois fort tenté de foupqonner que ce§ grains contenus , dont la petiteife eft déjà Ç\ étonnantej, ne font encore que des boîtes plus petites , qui renferment d'autres grains , que je nommerois 4u troifievie Ordre , & dont le diamètre eft à celui des grains du fecQnd Ordre > ce qu'eft Ig 4^ SUR LA FECONDATIO}^ diamètre de ceux-ci au diamètre des grains âû fremier Ordre. Je conjedurerois pareillement ^ que les grains du troifieme Ordre contiennent^ une vapeur d'une fubtilité aflbrtie à leur peti-^ tefle & à leurs fondions. Je dirai plus > je ne fais Cl la dégradation des grains contenus les uns dans les autres expire à ceux du troifieme Ordre.^ Il feroit poffible qu'elle s'étendît beaucoup plus loin, & que la férié renfermât bien d'autres Ordres , fubordonnés & décroilfans. On me demandera fans doute, pourquoi }& fuppofe une (i étonnante compofition dans la poulîiere fécondante, & pourquoi je précipite ainfî l'imagination dans Fabîme de l'infini? Mais j'ai lieu de préfumer , que ceux qui auront lu mou Mémoire/z^'/^j Germes , dans Pbypothefe de Peyn-- hoîtement (Cj , ne me feront pas cette queftion , parce qu'ils auront facilement faifi dans ce Mé- îiioire les fondemens de la conjedure que je viens^ d'indiquer fur la pouffiere des étamines. J'ai prouvé ailleurs (7) que la liqueur fécondante eft à la fois un fluide nourricier & un vrai ftimulant. Ce fluide eft donc approprié aux par- (6) Voyez le premier Mémoire de ee Volume, (7) Coufulérationfur les Corps OYgnnifés ^ Part. I, Chap« n%|( V, VI, IX, X, Part Tï, Chap. VU ^ VIII, T> E s PLANTES. 4j tîes à nourrir & à développer: & parce que ces parties ne font pas toutes conftruites fur les mêmes proportions , & qu'il en eft dont la peti- teife & la délicatefle font extrêmes, il failoit que la liqueur fécondante contînt des molécules ca^ libréesfur ces différentes proportions, &c. Je conçois donc , qu'il efl: dans la poufliere des étamines, diiférens ordres de fluides nourri- ciers & ftimulans, renfermés dans différentes phioles emboîtées les unes dans les autres : & }e conjedure , quil eft peut-être de ces flukics, qui ont pour fin de procurer le développement des plus petits boutons des Arbres. Je dis des boutons , parce qu'ils paroîifent fe développer fans fécondation apparente , & qu'un Arbre au- quel on retrancheroit conftamment toutes fes fleurs , ne laifferoit pas de pouffer des bourgeons. Maintenant, je prie qu'oit fe repréfente,, C l'on peut, de quelle petiteife effroyable doi- vent être dans l'Embryon ou le Germe , les bourgeons qu'un Orme pouffera lorfqu'il fera parvenu à l'âge de cent ou de deux cents ans , <& on ne fera plus furpris de la dégradation éton- nante que jefuppofe dans les liqueurs que con- tiennent les diiférens grains de la poulliere des étamines. 44 SUR LA FÉCORDATlOJSt Sans même pénétrer Ci profondément danl? la férié des Germes , combien eft-il de partie» prefqu'infiniment petites dans les Touts orga-, niques, appelles à fe développer les premiers au moment de la fécondation î Quelle n'eft point la prodigieufe fubtilité que des parties Ci petites fuppofent dans le fluide deftiné à en opérer Té* Volution ! Qiielle ne doit point être , par exem* pie , la petitefTe des organes dedinés à fépareB ^ à élaborer dans la fleur le principe fécondant? Mais le Ledeur éclairé & pénétrant m'a déjc^ iiîifi i un plus long détail feroit fuperflu. Il feroit aiTurément bien intéreiTant de con- îioître la véritable nature de ce fluide , renfermé fi artiftemcp.t dans la pouiTiere des étamines , & qui joue un Ci grand rôle dans l'Economie vé- gétale. On a fait quelques tentatives pour ef- iayer d'y parvenir j & il a paru en réfulter , qu'ii eft de nature huileufe ou inflammable , & qu'il lie fe mêle pas avec l'eau. Il eft au moins cer- tain , que la poulîiere des étamines brille à la bougie comme une réfine pulvérifé.e. L'efprit- de-vin en tire une teinture légère y mais il ne la dilTout pas. Apparemnaent que refprit-de-via n'agit que fur le fluide fubtil contenu dans les pouilieres. L'ingcnie\)x GlÉditsch (8) rap^ (8' Mémoire fur la fécondation des Plantes; inféré dans \^ Rçcudi de T Académie de IFruiFe i30iir Tannée ï70^' V Ê s TLA S[ T È s. 4f porte une expérience qui concourt avec les pré- cédentes à conftater la qualité huileufe de la ma- tière contenue dans nos poufîîeres. Si on les triture avec le mercure , elles changent de cou- leur 5 Se il s'en forme une forte de pâte femblable à de la ciré ; 8c Ci Ton renferme cette pâte dans un papier fin , Thuile fubtile des poufîîeres le pénétre au point qu'on croiroit qu'il a été im- bibé d'huile de Pavot. Notre curieux Obferva- teur a confirmé la même vérité en alTociant ces poufîîeres aux chaux métalliques , ou à diiférens métaux réduits en limailles très-fines. Mais il n'eft point du tout nécelfaire de recourir à de fembla- blés épreuves , pour fe convaincre de la qualité jhuileufe ou inflammable de ce fluide fubtil qui opère la fécondation des Plantes : n'eil-il pas aujourd'hui rîgoureufement démontré , que îa cire brute n'eft autre chofe que la poufîîere des étamines, que l'induftrieufe Abeille fait recueil- lir , préparer , conferver & mettre en œuvre avec tîn art qui ne peut être bien admiré que dc& plus habiles Géomètres (^y). Le fluide fubtil , deftiné à conferter l'Efpece de la Plante, eft donc un fluide très-adif ; car il eft tout imprégné de feu , & l'on n'ignore pas C9) Voyez les Mémoires pour fervir à iHiJloire des In/f^esy il«rilluftre REAUAIU&. Mém. VIIUu Tom, V. 4€f SUR LA PÉCOMDATÎOM que le feu eft le plus grand agent de la Nature* Ceft à cet élément puiiîluit que tous les fluides doivent leur fluidité , & tous les mixtes , leurs propriétés les plus tranfcendantes. Les feis , dont rénergie eft fi grande , & qui tiennent le premier rang parmi les coniporés , n'agiroient pas à-peu- près comme le feu , fi cet élément n'entroit pas comme principe dans leur compofition. Le feu eft ainfi le principe fecret des faveurs & des odeurs -, & la Ghymie moderne , devenue de nos jours une Phyfique très-relevée , prouve qu'il eft encore le principe des couleurs. Sans doute , que le feu s'unit dans les organes de la généra- tion de la Plante à d'autres élémens , & en par- ticulier à l'air, qui eft après lui & par lui le plus puifTant agent. Le grand Newton avoit ob- fervé , que les corps fulfureux ou huileux atti- xoient puiflamment la lumière -, & un de fes plus illuftres Difciples (lo) en avoit conclu , que la poulFiere des étamines , dont la nature fulfureufe ;étoit û conftatée , devoit s'imprégner de la ma* tiere de la lumière : & quelles ne font point 1'^ fubtilité & l'adivité de cette matière , fi toute- fois elle n'eft pas la même que celle du feu éié^ nientaire î (lo) Hales , Statique des Fégétcfux , Chsp. VI* Ib E 5 V L^A n T E E, 47 XJn Chymifte (ii) plein de génie, & à la îiagacité duquel nous devons bien des vérités intéreiTantes , nous a fait voir dans ces derniers temps, que les Végétaux avoient été chargés par la Nature de combiner immédiatement entr eux les élémens , & que ces admirables combinaifons que nous ne faifons encore qu'entrevoir , étoient un des plus beaux & à^s plus profonds fecrets de la compofition de notre Monde. C'eft ainfi que les Végétaux renouvellent fans celle la face de la Nature , & qu'ils donnent naiiTance à une mul- titude de compofés qui n'auroient jamais exifté fans eux. Ceft encore ainfi qu'ils produifent les matières inflammables , dont les elfet^ fe diverli- fîent à l'infini. J'avois prelfenti autrefois ces nobles fondions des Végétaux , & je les avois indiquées dans la Contemplation de la Nature ( 1 2}. On ne peut gueres douter, que ce ne foit eil ifolant les élémens , que les Végétaux les com- binent, & qu'il naît de ces combinaifons tanë de compofés divers. La méchanique profonde qui préfide à ces belles opérations , n'eft pas au nombre de ces chôfes que nous pouvons efpérer de découvrir : il ne nous eft pas permis de péné- (il) Mr. Baume', Chy^nie expérimentale q^ yaiJom»e \ Tome I, 1775. (13) Part. V, Chap. XVII, 48 SUR LA VÈCOMTDÀTiOK trer (] avant dans les laboratoires de la Nature i iious devons nous contenter de connoître à-peu-^' près le principe fô'ndarne?ital ftir lequel elle tra- •vaile. Pour ifolèr les éléniens , elle fait paiTer la tiratiere alimentaire par une infinité de filières où de cou'oirs , dont les diamètres diminuent gra« duellement , & dont les branches plus ou moins inclinées au tronc principal , accélèrent oiï retar- dent plus ou moins la marche des liqueurs. Tou- tes ces branches, en fe divifant & fe fous-di- vifant fans celle , fe terminent par des filets fi déliés , que leur diamètre égale enfin celui des plus petites molécules du fluide circulant. Les plis & les replis ^ & les circonvolutions diverfes des vaiffeaux contribuent encore à modifier lô tours des fluides , & Fadion que les folides exer- cent fur eux. C'eft par cet art fivant , que la Nature fépare peu-à-peu d'un fond très-hété- rogenc, les divers principes qu'il recela dans foiï fein. Elle les réunit enfuite & les combine fous diflTérentes proportions , à l'aide des communi- cations réciproques & infiniment multipliées qui enchaînent tous les vaifleaux , & établilTent uit commerce réciproque & univerfel entre toutes les parties de la Machine organique. Je Pai déjà infinué , c'eft dans les organes de îa géaératiou de la Plante , que doivent s'opérer les 1)ES PLANTÉS. 59 l^s fecrétions les plus fines & les plus important tes. C'eft aulîî dans ces organes que nous décou« vrons la llrudure la plus recherchée & les filtres les plus déliés. Nos meilleurs microfcopes ne fau- roient nous introduire dans ce dédale j & touC ce qu'ils peuvent faire , eft de nous montrer les dehors de ces corpufcules Ci organifés , dont l'ar- femblagc compoie cette pouiîiere admirable j qu'on prcnoit autrefois pour un excrément de la Plante. J'ai dit, que chaque grain prhidpal de cette pouiîiere tenoit au fominct par un pédi- cule, &: que chaque grain fubordonné ou con* tenu tenoit pareillement au grain principal ou contenant , par un pédicule proportionné à Textrême petitefTe du grain. J'ai fait remarquer, qu'il devoit en être de même des grains de tou^ les Ordres , que je me repréfentois comme em- boîtés les uns dans les autres. Les pédicules par lefquels les diiîérens grains décroilfans font liés les uns aux autres , & font alirîientés les uns par les autres , renferment donc les vailFeaux deftinés à féparer du fluide aUmentaire , les dilférens genres d'efprits fécondans, appropriés aux di- vers ordres de parties à nourrir & à développée dans le Germe, Ces vaideaux fe ramifient , fans doute , & s'anaftomofent dans l'intérieur àù chaque grain , & lailfent enfin échapper p?.r les «rifices dilTéminés dans les parois intérieures du Tom. X. D îo SUR LA FÉCONDATION grain , le fluide prodigieufement fubtil qui opérer la fécondation , & qui eft mis ainfi en dépôt dans î^ grain , pour être dardé au dehors au moment de la fécondation. Je confîdcre donc les diffé- rens grains de la pouiîîere des étamines , comme autant de très-petits organes delHnés à feparer , à élaborer & à répandre le fluide précieux au- quel rimmortalité de rEfpece a été attaché. Mais D que de merveilles fe dérobent ici à nos regards, & quelle ne feroit point notre admi«. ration s'il nous étoit accordé de voir jufqu'au fond dans la conftrudion de ces furprenantes machinules ! Un autre myttere qui fe refufe ici à notre curiofité avide , eft la manière dont le fluide fé- minal opère la fécondation. On fent bien , que je n'ai là-deflus que de légères conjedures à offrir : le Ledeur éclairé appréciera leur vrai- femblance. Je me repréfente toutes les parties du Germe , logé dans la graine & conlidéré avant la fécondation , comme extrêmement concen- trées , pliées & repliées fur elles-mêmes , & en- trelacées les unes dans les autres avec beaucoup d'art. On peut juger jufqu'à un certain point de cet art , par celui qui brille dans l'ordonnance d'un bouton à fleur ou d un bouton à bois. J'en ai fouvent fait la dilfedtion , & toujours aves bES PLANTES. fi un nouveau plaifir. Je ne me laflbis point de con- templer la belle économie de ces petits touts organiques , & j'en étois d'autant plus frappé que je defcendois plus profondément dans leur intérieur , & que je rapprochois davantage les moyens de la fin. Je m.e perfuade , que ce fujet « fi petit en apparence , fourniroit feul la matière d'un Livre très-intéreflant; & fi ce Livre préfen« toit dans une fuite bien ordonnée de Planches gravées avec foin, les principales variétés, foie extérieures , foit intérieures des boutons des Ar- bres , des Arbuftes & des Herbes , je ne doute point que les yeux les monis exercés h admirer la Nature ^ ne s'arrêtaifent avec coniplaifance fur de fembiables deffin.s. L'efprit & le cœur y con« templeroient avec une égale fatisfadion , les traits Cl multipliés & Çi frappans de cette Sagesse ADORABLE , qui fe pemt Elle-même avec tant de liobleife & d'énergie , dans le petit comme dans Je grand » & qui femble fe rendre préfente au fond d'une graine ou d'un bouton , comme dans un petit fanduaire. J'ai prouvé ailleurs (i^)» d'après les nombreufes obfervations d'un grand Phyhologifte (14J j que toutes les parties de TA- (lO Corps organifés. Part. I, Chap. JX. Contemp. de la Nnt. Part. VH , Chap. IX , X. (14) L'illuftre Haller , Mémoires fur la formation iucmi* ians le Fonkt î &c. lj%%, D ^ 52 SURLA FÉCONDATION iiimal ont dans le Germe des formes , des pro-^ portions, & un arrangement qui différent fi fort de ceux qu'elles offriront dans l'Animal déve- loppé , que le plus habile Naturalifte mécon- iioitroit entièrement PEfpece , fi elle fe montroit à lui en grand , telle qu'on la découvre en petit dans le Germe. Il y a tant d'analogie entre le Végétal & l'Animal (iOj qu'il n'y a pas lieu" de douter, que celui-là ne foit auiîi déguifé fous la première forme que celui-ci , & qu'ils ne foient appelles l'un & l'autre à des efpeces de révolu- tions , qui les font palfer fucccffivement par diffé- rentes formes , pour les amener par degrés à celle qui caraétérife l'Efpece. Je le difois dans la Contemplation : „ les formes fi élégammens 35 variées des Végétaux Se des Animaux qui or* 35 nent la furface de notre Globe , ne font dans 33 le fyllême de l'admirable préordlnation des 55 Etres vivans , que les derniers réfultats d'une 3, multitude de révolutions fucceiîives , qu'ils 3, ont fubi avant que de naître , & qui ont peut- 55 être commencé dès la Création. Quel feroit 55 notre étonnement fi nous pouvions pénétrer 3, dans ces profondeurs 5 & promener nos re- „ gards dans cet abime î Nous y découvririons ,5 un Monde bien différent du nôtre , & doiit (15) Voyez les" traits les plus frappans de cette duttlogie i. ^art. X. l'e U CQntmiflutlon Ae In Nnhire, liES PLANTES. f 3 îl les décorations bizarres nous jetteroient dans 5, un embarras qui accroitroit fans celTe. Un 5, Reaumur, un JussiEU, un Linnéus , s'y 3, perdroient. Nous y chercherions nos Quadru. 5, pedes, nos Oifeaux , nos Reptiles , nos In- 5, fedes , Sec. ; & nous ne verrions à leur place 3, que des figures bizarrement découpées, dont 3, les traits irreguHers & informes nous laifle- 3, roient incertains Ci ce que nous aurions fous 33 les yeux, feroit un Quadrupède ou un Oifeau. 35 II en feroit de ces figures comme de celles de 33 l'Optique , qu'on ne parvient à rcconnoître 3, qu'en les redreifant avec un miroir. La fécon- 35 dation fait ici rofïîce de ce miroir ,• elle eft 3, le principe d'un développement qui rcdreife 35 les formes & nous les rend fenfibles ". Ainsi , dans mes principes , la fécondation ne forme rien j mais elle procure l'évolution de ce qui étoic préformé dès le commencement. Cette évolution fuppofe manifeftement l'inter- vention d'une force expanlive , qui furmonte par fon énergie la réfiftance des folides, les dé- ployé en tout fens , ouvre toutes leurs mailles , Se les difpofe à recevoir les nourritures moins fubtilcs & moinb' élaborées , que la graine doit leur fournir , & qui îie fauroient y pénétrer tan^ Ji5 ^ue les foiidcs demeurent dans leur état dç f 3 ^f4 SUR LA FÉCONDATION concentration primitive. Or , dès qu'il eft prouve que la poufîîere des étamines contient une ma- tière inflammable , il eft prouvé par cela même qu'elle contient un principe très - actif. Nous ^vons donc dans ce principe igné , cette force expanfive dont je parlois il n'y^ a qu'un mo- in en t ; car on n'ignore pas , que le feu poiiede la force expanfive au plus haut degré. Le principe adif de la poufîîere des étamines eft donc mer- veilleufement approprié aux grands effets qu'il eft deftijié à opérer dans l'intérieur des Germes. Il n'en procure pas feulement l'évolution j il y introduit encore une fubftance alimentaire , pra^ portionnée à la fineffe & à la dçlicateffe extrêmes des folides. Nous fa von s aujourd'hui que Pirritahilité conftitue dans l'Animal ce qu'on peut nommei? h. piiijfance vitale. Cette force fecrete réiide uni- quement dans la fibre mufculaire. Le cœur eft le mufcle où elle fe déploie avec le plus d'énergie. Elle y eft excitée par le contadt du fang j mais elle peut l'être encore par le contact de tout autre fluide. C'eft par fon irritabilité exquife que le cœur , le principal mobile de la Machine , exécute ces battemens continuels qui ne finiifent qu'avec Ja vie. C'cft par elle encore qu'il continue de bat- jtre (juelque temps après qu'il a été féparé de la poi^ DES PLANTES. S^ trîne. Si on le purge de tout le fang qu'il ren- ferme alors , il cellèra auffi-tôt de battre j & on y fera renaître le mouvement , en y introduifant du nouveau fang ou fimplement de Peau ou de Pair (i^). Le fluide féminal accroît l'irritabilité du cœur dans le Germe 5 elle le met en état de vaincre la réfiftance des folides olTeux ou qui doivent le devenir , & conftitue ainfi dans l'Em- bryon le prnicipe d'une nouvelle vie. Lefmgou le fluide qui en tient lieu , eft donc chalTé avec plus de force dans les vaiifeaux : cette augmen- tation de mouvement tend à les déployer de plus en plus , & par eux tous les folides. A cet inf- tant commence une nouvelle évolution , qui continuera par l'aiBuence des matières alimen- taires , dont le Germe eft environné dans l'œuf ou dans la matrice. Voilà , en général , en quoi confifte h fécondation ^ qu'on nomme auffi con^ ception. Je ne connois pas des fiits qui étabîiiTent d'une manière non équivoque , l'exiftence de l'ir- ritabilité dans le Végétal. Les mouvemens (1 re- marquables , & en quelque forte fpontanés , de Ci<î) Confultez fur Virriiabilîté , le Chap. XXXIII de h Part. X de la Contemplation de la Nature , t^ fur-tout la D/f- fertation du profond Haller fur cette belle matière , pi'r' bliçe pour la première fois en François, en 1755. ï>4 ,f<5 SURLA FÉCONDATION elifférentes parties des Plantes , dont je me fui^ tant occupé dans mon Livre fur P Ufage des Feuilles ; les raouveroens non moins remarquables de la Senfitive & de la Tremelle ; ceux qu'on obferve encore dans les parties fexuelles de cer^ taines Efpeces , & qui ont quelque chofe de très-particulier 5 tous ces mouvemens, dis-je, peuvent dépendre de eau Tes très-différentes de l'u-ritabilité. Il eft trop facile de confondre ici les effets de l'élafticité, de Thumidité & de la fécherelfe , de la chaleur & du froid ou de tout autre agent phyfique , avec ceux de Pirritabi- lité. Ce fujet intéreffanc n'a point encore été aflez approfondi : il exigeroit des recherches très-fines , une fuite nombreufe d'expériences variées , & une Logique févere. Mais fi le Végétal eil doué d'irritabilité , Ci cette force conftitue chez lui , comme dans l'Animal , la puijjiince vitale , le fiuide fubdl de la poulîiere des étamines produis roit dans le Germe du Végétal, les mêmes effets eOentiels que la liqueur ipermatique dans le Germe de l'Animal. Il y exciteroit & y accroitroi'e l'irritabilité , & par elle rimpulfion des liqueurs, dont réfuiteroit en dernier reffort révolutioix complète du Tout organique (17). (17) Lorfque j'écrivois ceci , je n'avois aucune connoiflanco des curieufes ohicrvations de Mrs. Gmelin, Kolkeuteii & CoyOLO, qi;i paroiiTent prouver que les mouvemens qu'on ï> E s P L A N T E s, Ç7 Quoiqu'il en foit, il faut qu'il exifte quel- que part dans le Végétal , une force fecrete qui eonftitue ce qu'on peut nommer proprement la vie végétale. Toute vie organique fuppofe né- cefTairement l'adion réciproque des folides & des fluides. Il faut que les fo'ides agifTent fur les flui- des , pour que ceux-ci foient élevés , préparés , raflemblés, diftribués, repompés, évacués. Les plis & les replis des vaiifeaux, leurs entrelace- mens , leurs circonvolutions , qui ne font pas moins multipliées ni moins variées dans le Vé- remarque dans les fleurs de différentes Efpeces de Plantes, & fur-tout dans les parties fexuelles , dépendent d'une forte d'irritabilité qui fe manifefte au temps de la fécondation. L'E- pinevinette eft au nombre des Efpeces où Ton a apperqa ces mouvemens. Je les ai moi-même obfervés; mais j'avoue qu'ils ne m'ont pas paru reflembler à ceux de la fibre laufculaire dans l'Animal. Q.uand je touchois légèrement avec la pointe d'une épingle la bafe d'une étamine, je la voyois quitter fur le champ le pétale contre lequel elle étoit appliquée, & fe porter avec vîteffe vers le piftil où elle demeuroit adhérente. Ce mouvement > à la vérité bien remarquable , reflembloit fi parfaitement à celui d'un petit reffort qui fe débande, qu'il ne m'étoit pas poflible de l'attribuer à une forte d'irritabilité. Je conviens néanmoins, qu'entre les divers mouvemens qu'ont obfervé les Naturalises que je viens de citer , il en eft qui affcftent beaucoup plus les caraderes de l'irritabilité animale. On peut en voir quelques détails dans une des Notes addi- tionnelles du Chap.. XXXIII , Part. X de la Contem^lution de la Niiture, Ç8 SUR LA FÈCON DATI ON gétal que dans PAnimal , occafioneroient mfai?^ liblement la ftagiiation , & conféquemrnent V^U tération des liqueurs , Ci les vailTeaux qui les contiennent ; n'exerçaient fur elles une certaine adlion , analogue à celle que les vaiiFeaux de l'Ani- mal exercent fur ces liqueurs. La mort n'efi; donc dans le Végétal comme dans l'Animal , que la celTation de cette aEiion vitale. Le principe de la vie fera donc dans l'un comme dans l'autre , la force fecrete qui mettra les folides en adioii ou qui accroîtra beaucoup cette adlion. Je dis accroîtra, parce que j'ai montré, qu'il eft pof- fible , que la vie organique ait commencé dans les Germes dès la Création Ci8). Ainfi , la fécon- dation s'opérera dans le Végétal comme dans l'Animal , par un fluide très-fubtil & trè-^-aclif , qui en déployant fon énergie fur les folides du Germe , leur imprimera une nouvelle vie , &c. Nous ne connoifTons point le principal mo- bile de la Plante : elle ne nous oUre rien qui refl. femble le moins du monde au cœur de l'Animal. Mais tous les Animaux n'ont pas un cœur. Les Chenilles & quantité de Vers n'ont qu'une grande artère, fans aucun veftige de cœur. Oii ne découvre dans le Polype ni cœur ni artère» ni rien quiparoilTe en tenir lieu s & pourtant an (18) Voyez ci-deffiis mon Mémoire yi^r /w Germes.. J^ ES PLANTES. f^ ne fauroit douter de î'animalité du Polype. Il y a donc dans le Polype un principe àQviQ, un principal mobile , qui diffère beaucoup de celui qui réiide chez les Animaux plus élevés dans réchelle de T Animalité. Il en eft apparemment de même de la Plante : elle a un principe de vie à fa manière. Je n'examine point, fi ce principe dévie rélîde dans une feule partie, ou dans deux ou plufieurs. Je me borne à admettre en général , qu'il eft quelque part dans le corps de la Plante, un principe feeret d'adion, par le- quel tels ou tels vaiifeaux impriment le mou- vement aux fluides qu'ils contiennent. De jeu- nes tiges que j'avois fait deflecher à deiTein , ne pompoient point la liqueur colorée que je leur préfentois. Ce n'étoit point parce que les orifices des vaiifeaux s'étoient relîerrés par le delféclie- ment : d'autres Plantes , qui étoient aufli delfé- chées , & dont les orifices des vaiifeaux étoient encore très-vifibles à la vue fimpie , ne tiroient point non plus la liqueur colorée. On a vu dans mes Recherches fur l'Ufage des Feuilles (19), avec quelle avidité les branches & les feuilles qui végètent, pompent cette liqueur, & les confé- quences intéreifantes qui découlent de ce nou- veau genre d'expériences , relativement à rhiftoire de la végétation. Il y a donc dans les [i^} Mç'm. V. Art. XC. XCI , XCIL ^^6 SUR LA FÉCOND ATION vaifleaus de la Plante un jeu fecret qui efl; lé principe des mouvemens de la fève. Le célèbre Hales avoit prouvé par fes belles expérien-r ces (20) , que les feuilles étoient des puilTances ménagées par la Nature pour élever la fève & h didnbuer à toutes les parties de la Plante : mais la force prodigieufe avec laquelle les pleurs de la Vigne s'élèvent avant répanouiflement des boutons , indique aflez que la puifTance vitale du Végétal ne réfîde pas uniquement dans, les feuilles. La fibre mufculaire eft compofée de deux principes , d'une terre feche & friable , & d'une gelée qui unit les molécules de cette terre. C'ell dans la gelée que réside la puiffance vitale ou l'irritabilité. Les Enfans , plus abondans en gelée que les Adultes , & fur~tout que les Vieillards , font auffi beaucoup plus irritables. J'ai fait voir dans un autre Ecrit (21), combien cette gelée animale mérite l'attention du Phyfiologifte Fhi- îolbphe. Les Végétaux ont auflî leur gelée -, & c'eft peut-être dans cette gelée que réfide pareil- lement leur principe vital. Ce feroit donc prin- cipalement lur cette gelée, que le fluide fécoa- [:oj Stntùjue des Végétaux. [2O rcîïinginêfie ^hîlofo^hîq^iie y Part. Xî , Genève, 17C%. 1> E s PLANTES. éi 'dant déployeroit fon énergie : il agiroit ainfi, 8c comme ftimulant & comme force expanfive. Dans les premiers temps de fa vie , dans ceux qui précédent immédiatement la fécondation , la petite Plante n'eft qu'une goutte de gelée : fi donc elle eft douée d'irritabilité , c'eft fur tout alors que cette force doit y être le plus excitée par un ftimulant. Au refte , quand j*ai parlé de Tadion propre des vaiiTeaux , je n'ai pas pré^ tendu exclure celle des trachées , Ci généralement répandues dans le corps de la Plante , & qui par la dilatation & la condenfation alternatives de l'air qu'elles renferment , peuvent aider au jeu des vaiifeaux qu'elles accompagnent ou dons elles font accompagnées. On n'exigera pas de moi, que je tente d'ex- pliquer , comment le principe fécondant de !a poLifîiere des étamines accroît la puiOTance vitale cîes Germes contenus dans l'ovaire. Ceci tient à la nature intime de cette puillance , qui nous eft abfolument inconnue. En fuppofant qu'elle eft elfentieilement la même chez tous les Etres vivans , & qu'elle gît par tout dans l'irritabilité, la folution du problème n'en deviendroit gueres plus facile. La nature intime de l'irritabilité ne nous eft pas plus connue que celle de toute autre ibrce. Nous ne la conuoiffons un peu que par Ê% StIRLAfÈCÔNDAflÔM fes effets. Nous favons feulement , que c'eft eri vertu de cette force, que ies fibres où elle ré- fide , fc contradent fubitement à l'attouchement de quelque ftimuîant , pour fe rétablir incon- tinent après. Voici ce que je hafardois fur ce fujet ténébreux dans un de mes derniers Ecrits (22}. 5, La nature de l'irritabilité eft auffi inconnues 5, que celle de toute autre force : nous n'en 3^ jugeons que par fes eifets. Mais nous concé- 5, vous très-bien , que la fibre mufculaire doic 3, avoir été conftruite fur des rapports déter- 5, minés à la manière d'agir de cette force fe- ., crête. L'efpece , la forme & l'arrangement ref^ 5, pedif des élémens de la fibre font donc en 5, rapport dired avec cette force. Elle réfide 5, probablement dans le fluide élaifique diifé- 5, miné entre les lamelles de la fibre ; car il ne ^, lufïiroit point de recourir à la ftrudure pri- 3, mordiale de celle-ci pour rendre raifon de fon 3, irritabilité. Le corps , indifférent au repos & 3, au mouvement , ne l'eft pas moins à toute- 3, forte de fituation. Les élémens rapprochés 3, dans la contraction , ne fe rétabliroient point ^5 fans l'intervention d'une force étrangère. Mais 1.22] Contemflaiion lis la Nuture , Part. ..X, Chap. XXXilL ly ES FIANTES. ^3 -Il cette force fuppofe à fou tour dans les élé- K, mens des conditions particulières , & ce font 35 ces conditions qui diftinguent la fibre muf. 3, culaire de toute autre fibre ". Il pourroit donc y avoir un rapport fecret entre le fluide élaf- tique diiréminé dans la gelée végétale , & Pefprit fécondant , en vertu duquel celui-ci exciteroit dans celui-là des ofcillations plus ou moins fortes , d où naitroit l'accroiilement de la puilfance vitale dans les vaiifeaux du Germe. Le favant Gleditsch (23) parolt admettre dans les Plantes deux principes fécondans j dont l'un eft fourni par les étamines j l'autre , par le piftil. Il faut que je tranfcrive fes propres ter- mes. Les deux fortes d'humidité^ dit-il, qui font particulièrement filtrées dans les fleurs , '^ dont tune tranjjiide de la poujjlere des fleurs mâles , Vautre du tuyau de P ovaire , ou du flyle de la fleur femelle , fe réuniffent ^ fe confondent en- femhle , par ou tune altère les propriétés de t autre ,* ce qui produit une fiihflance d'une troifieme na^ ture ^ laquelle participe à celles des deux précé- dentes : & cela fe ?nanifefle plus ou moins dans les jeunes Plantes après la fécondation. La partie la plus déliée de ces deux fubflances fluides nou- vellement réunies , eft portée par voie de fucçion izs} Dans le Mérnoire cité ci-titlTus. ^4 5U&LA FÉCONDATION dans Povaire , d'oà elle entre dans les goujjes des femences à peine formées ^ non développées, Notr^ Qbfervateur appuyé fon fentiment fur ce qui fe pafTe , félon lui , dans la génération des Ani- maux , qu'il croit dépendre auffi de h confufion ou de la combinaifon de deux liqueurs proli- fiques. Cette opinion eft très-ancienne, & af régné long-temps dans l'Ecole. Un excellent Phy- fiologifte moderne (24) a fait fentenir la fauiTeté de cette antique opinion , & a montré qu'il n'y a de liqueur vraiment prolifique , que celle que le Mâle fournit. On fait qu'on n'avoit recouru à cette hypothefe Ci précaire , que pour rendre rai- fon de la reffemblance des Enfans au Père & à la Mère. Mais , Ci l'on a un peu médité la fuite alfez liée de mes principes fur l'origine des Etres vivansj & fur-tout fi l'on s'eft rendu attentif aux faits Ci nombreux , (1 divers , li bien conf^ tatcs , dont j'ai déduit ces principes (zO? je me flatte qu'on reconnaîtra, qu'il eft poffibla d'expliquer d'une manière auffi claire que philo- [24] L'illuftre Haller, dans Çr heWe Fhyjiologie , & daiïs 'fes judicieufes Réflexions fur le fyftème des Molécules orgtu niques. [25] Vovez îes Ccvjïàérations fvs les Corps crgapjfes , Part* î, Chap. IX, X, Part. II, Chai>. VII, VIII. Contemplation de la Nature. Ihït Vil, Chnp. VIII, IX , X , XI, XII. fopîliqilC D Ê s P L A N t E s. et iophique les principaux phénomènes de la géné- ration , fans recourir à la fuppofition gratuitô du concours de deux liqueurs prolifiques. Ainfi , puifqu'on part ici de l'analogie du Végétal & de l'Animal , ne feroit-ce pas choquer direclcment cette analogie, que d'admettre dans les Plantes deux principes fécondans ? II y a plus , l'humi^ dite qui abreuve intérieurement le pijîii, eft (i groffiere, fi vifqueufe, Ci difproportionnée avec l'extrême petiteiTe des parties du Germe, & la fubtihté de la vapeur des pouiTieres , qu'elle ne paroit point du tout propre à remplir les impor^ tantes fondions de principe fécondant. On a vu ci>de(ius , que le véritable ulage de cette hu^ midité eft de procurer la rupture des grains de la poulTiere ^ & par ce moyen Témiffion de l'ef^ prit féminal. Et c'eft par-là , pour le dire en paC- fant, que les pluies & les brouillards nuifent à la multiplication : en précipitant la rupture des grains , ils difperfent la vapeur fécondante. Notre habile Obfervateur de Berlin ne veut point non plus que le fluide féminal des pouf., fieres foit dardé vers l'ovaixe par le refTort des crains qui le contenoient. Il prétend que ce fluide fort peu-à'peu de l'intérieur des petites boîtes ou véficules , par une infinité de pores dont leur Ajrftice eft criblée. Mais il faut encore l'écoutiïî' Tome X, E €6 SUR LA FÉCONDATION •iui-même. Cette humidité , dic-il , qui , a-ùmit que de fortir des véfiades de la fonJJJere , yi'efi pas encore fluide , ^ demeure exempte de tout mé- lange étranger , fort à diverfes rep'ifes , fans la "tnoindre violence , à travers les petites ouvertures , les points , les canalicules , les crochets , les épines mi autres parties de telle configuration qu'on vou- dra fe les rep'éfenter ;■ ce qui efl procuré par tins douce f«? êdternative contra&ion de ces parties vi- vantes Çf? fouverainement irritables. C'efl ce dont on peut fe C07ruaincre en ohfervant que les globu* ks de la poujjiere des fleurs ; lorfqiie quelqu^a^ion trop forte les follicite extérieurement , comme l'eait h fait aifément avant leur maturité 5 laijfhit for-^ tir rapidement ^ même éclater leur matière en* core crue çf? fluide. Au contraire , cette matière ■de la poujjîere des fleurs ^ quand elle efl parfaite , ^ que foiT tems de fortir efl venu., ne le fait que feu^cupeu , fans que fes véficules crèvent pour cet effet , ^ elle s"^ étend fur Peau comme une huile tout il fait déliée. J'avoue que je ne découvre point les raifons qui portent notre Auteur à refufeu d'admettre , que le fluide fécondant contenu dans les pouffîeres , eft dardé vers les Germes par un mouvement élaftique des grains. Il me femblç qu'il eft au moins très-probable , que la fécon- dation s'opère par une femblable méchanique; puifqu'il eft prouvé par des expériences dirçétes ^ DÉS PLANTEZ 6? que les grains de la poufîiere des étamines fond de petits corps à relfort, & que l'adion de Thu- inidité fur ces grains déployé leur reifort & chaiTe au dehors par une forte de projec'tion , le fluidd fécondant. Les canaux du piftil font toujours abreuvés d'humidité : les grains de la pouffiere ne fauroient donc y pénétrer fans s'ouvrir à l'inftant , &c. Comment notre Auteur prouve- t-il fon opinion F II remarque , qu'on peut s'en convaincre en obfervant que les globules de lu poujfiere ^ lùrfque quelqtCacHon trop forte les follU cite extérieurement , comme l'eau le fait ai f émeut avant leur maturité , laijfent fortir rapidement'^ même éclater leur matière encore crue ^ fluide. Mais je le répète , je ne vois rien dans ce paf* fage , qui prouve le moins du monde, que le mouvement élaftique dont il eil queftion , foit un mouvement contre nature , ni que le fluide projette par ce mouvement , foit , comme le dit: l'Auteur , une matière encore crue. Je ferais , ce me femble , bien mieux fondé à foutenir, qu'iî en eft des grains de la poulfiere des étamines ^ comme des fiiiques ou enveloppes des graines , qui ne s'ouvrent par leur propre reffort , que lorfque les femences qu'elles renferment & qu'elles doivent répandre , font parvenues à leur matuiicé. Si l'on réfléchit enfuite iur la forme &: la longueur des divers piftils , fur la manieie E 2 68 SURLA FÉCONDATION dont les Embryons font logés dans l'ovaire , fut renfoncement de cet ovaire à la bafe du piftil j Çi , dis-je 5 on réfléchit fur toutes ces chofes & fur bien d'autres qui leur font analogues , on con- viendra fans peine, qu'il n'y a qu'mi mouve- ment de projedion , qui puilfe porter le fluide fécondant jufques dans l'intérieur des Germes. . . Je ne l'ai pas dit encore , mais il elt tems que je le dife. On ne fmroit douter aujourd'hui , que la poulTiete des étamines ne renferme le principe fécondant de la Plante. Une expérience qui a été fouvent répétée , fuffit pour le démon- trer. Si l'on retranche les fommets avant qu'ils s'ouvrent , toutes les femences logées dans l'ovaire fe delTécheront fans rien produire. Si Ton ne retranche qu'un certain nombre de fommets , la multiplication fera affez en proportion du nombre des fommets retranchés. On comprend que pour bien faire cette expérience , il faut avoir foin d'ifoler la Plante , ou de difpofer les chofes de manière qu'elle ne puilfe recevoir les pouffieres des Plantes voifines Ç26). Il eft bien d'autres faits (25) Depuis que j'ai écrit ceci, M, Spallanzani a ré- pété cette expérience importante , foit iur des Plantes à fleurs hermnpbyodites ou complètes^ foit fur des Plantes qui portent fur yn pied les fleurs mâles , & fur un autre pied les fleurs femelles > & iJ I"i sft arrivé plufieiirt fois d'obtenir ainfi des DES FIANTES. €'9 qui concourent à établir la grande vérité qui m'occupe. On fait qu'il y a des Efpeces qui por- tent les étamines fur un pied & les piftils fur un autre pied 5 ou dans lefquelles il eft des Indivi- dus niàles & des Individus femelles. Si l'on ifole quelques Individus femelles , ou qu'on les ren* ferme dans des lieux où la pouffiere fécondante ne puilfe atteindre , i's demeureront toujours ftériles & ne cefTeront de l'être que lorfqu'on ren- fermera avec eux un Individu mâle , ou qu'on le placera dans leur voifînage. On n'ignore pas non plus 5 que c'eft précifément dans le tems que les fommets des étamines répandent leur pouf- fiere , que les piftils s'ouvrent pour la recevoir. Cccft auffi à l'approche de cette circonftance im- portante, qu'on voit les Plantes aquatiques s'é- lever à la furface de Peau , & s'y replonger après avoir été fécondées. En un mot , tout pa- rolt avoir été difpofé de la manière la plus pro- pre à aflurer la fécondation des Plantes par l'in- graînes fécondes fans l'intervention des ponfiieres. Confultez là-delTus h Note 4. du Chap. XII, Part. VII, de la Conteiru flation. Ceci prouveroit feulement 41 c le niiniftere des poiif- fieres n'eft pas fi indirpenfablement ncceffaire à la fécondation, qu'il n'y ait jamais d'exception à cette loi. Au refte , cette expérience eft du nombre de celles qui ne fauroient être trop fouvent répétées _ni étendues à un trop grand nombre d'£f- peces. E 3 7o SURLA FÉCONDATION tromifîion des poufîieres dans rintérieur du piftil. Je viens de toucher aux Plantes aquatiques : elles me rappellent une obfervation bien intéref- fiinte du célèbre Donati , qu'une mort pré- maturée à enlevé à PHiftoire naturelle , qu'il enrichiiToit chaque jour , 8c à laquelle il avoit facrifîé fon repos , fa fanté & fa vie. Il obferve dans fon excellent & trop court Ecrit (27) fur le Golphe Adriatique ^ que la fage Nature , qui a faqonné en pouffieres régulières le principe fé- condant chez les Plantes terreftres , lui a donné dans les Plantes marines , la forme d'un fuide mii^ cilagineux. Il fait cette belle remarque à l'occa- fion de la Vijfoïde à tige cylindrique , &c. Il con- vient que je tranfcrive fes propres termes. „ Les 3, fleurs mâles , dit-il (28) 5 répandent abon- 5, dammcnt un fluide mucilagineux , médiocre- 55 ment gluant & tranfparent , qui renferme une 3, ifinnité de corpufcules de diverfes figures ; 5, mais ordinairement prefque ronds. Ils font ou 5, jaunâtres ou tVun vcrd pâle. C'cft , à mon 9, fcns , la partie fécondante. Elle elt en pouf- 5, fiere dans les Plantes terreilres , parce qu'elle a, ell dans un fluide auffi léger que l'air. Ici elle (27) Efai fw VHipcoive NatuvcUe de h Mry Adriatique ^ traduit de l'Italien en François, & publié ri In Haye en 1758. [ (2%) Page 5a, DESTLANTES, 7T i^ eft fluide , mu cil agi 11 eu fe , gluante , & telle 55 qu'il faut pour être dans l'eau ". Le contem- plateur de la Nature aime à s'arrêter fur ces traits frappans de la Sagesse profonde, qui a préfidé à l'arrangement du Monde . & qui par tout a fi bien approprié ks moyens à la fin. Je reviens maintenant au piftil, préparé pour l'intromiiTion des poufîieres. Je difois , qu'on nous avoit repréfenté fa tête fous l'image d'une pomme d'arrofoir. Les Botaniftes nomment cette tète le Jiigîiiate. (PL L Fig. I, /. ) J'avoue que je n'avois jamais bien compris , comment les grains de la pouffiere des étamines , que j'ai appelles \es grains coyitenans , pouvoient pénétrer par les très-petits trous qu'on croyoit avoir ob- fervés ou qu'on fuppofoit dans le ftigmate ^ & defcendre ainfi dans les trompes. Je paife fous filence les difficultés que j'y trouvois , pour venir tout d'un coup à une obfçrvation qui m'a fort intéreile : la voici. J'OBSERVOis un jour fort attentivement le piftil (P/. /. Eig. I.) d'un Lys orangé (2^): je (29) tt Ce Lys a été bien caraftérifé par la Nature : fes pétales font parfemés de traits d'un beau noir, qui n'imitent pas mal des caratfteres tracçs à ia main. C'eft le Zilium hul^ h/eriatde Li>iNfi'u&. E4. 7^ SUR LA FÉCONDATION crus appercevoir qu'il y avoit une ouverture entre^ les trois pièces dont le itigmate de ce Lys eft compofé. (PLI, Fig. 2. /, /, /. Fig. ?, /.) J'eiTayai auffi-tôt d'introduire «lélicatcment entre ces trois pièces la pointe d'une épingle. Je vis avec un extrême plaifir, mêlé de furprife , que les trois pièces s'écartoient facilement les unes des autres , & me laifToient voir une grande ouver^ ture béante , ou ce qui revient au môme, l'eva- femer;t d'un grand entonnoir. (Fig. 4., h.) Dès. ce moment, je ne fus plus embarraffé à me rendre raifon à moi-même de TintromiiTion des poufl fieres : je découvrois trop diftindement l'ouver^ ture fpaçieufe , ménagée pour cette importante fin. En continuant mes recherches, je m'aflurai, que les trois pièces du itigmate ctoient douées de reifort ; & que leur reflbrt tendoit à les tenir rapprochées & à fermer exadlement l'ouverture du ftigmate. ( Fi 1. Fig. 1. ) Je fis enfuite diffé- rentcs fedions du piftil, les unes traurverfales- ( Fig- ^ , 0. ) les autres longitudinales ( Fig. 6 y f , t, }, & toutes çonfirmevçnt ma première oh^ fervation. i:3i J'OBSERYAI les mêmes particularités eflcntiel- Jes ûmi^ Iç piftil de POranger , & dans celui du Tii- DES PLANTES, 73 leul. Le piftil de l'Oranger m'offrit en même tems une efpece de monftruofité aiFez remarquable , & qui ne m'y parut pas bien rare, c'étoit une forte de greffe piW approche d'une ou de deux étamines avec la fête ou avec \ejiy!e du piftil. La partie mâle étoit (1 étroitement unie à la partie femelle, que ce n'étoit pas fans quelque peine que je parvenois à les féparer (3®). Il faudroit étendre cette obfervation fur la ftrudture du piftil à un grand nombre d'Efpeces. Il n'y a pas lieu de douter qu'on ne découvrit une multitude de variétés dans la forme , la pofi- tion & les proportions de l'ouverture du ftigmate. Je puis encore conjedurer avec fondement, que le piftil ou plutôt fon ftigmate s'ouvre par un mouvement en quelque forte fpontané , au mo- ment de la fécondation , & qu'il y a des tems 8c (50) tt J'ai vu depuis une monftruofité afTcz remarquahle ilans une fleur du Lys orangé. Elle efi: repréfentée dans la figure 7 de la Planche L Cette fleur avoit les iix étamines conFormées & fituées à l'ordinaire ; mais le piftil étoit comme avorté; au lieu d'avoir un| poucel de longueur, comme dans l'état naturel , il n'avoit que 1 1 ligne , & étoit appliqué immédiatement contre une étamine. On voit ce piftil en /> , & rétamine en e. Le ftigmate x eft pareillement monftrueux, & fa forme, qui tient de l'ellyptique , s'éloigne beaucoup i!u na- turel. L'ovaire 0, étoit giiffi avorté. 74 SUR LA FÉCONDATION des circonftaiices où Vefpece de vulve eft plus ou moins apparente , plus oU moins facile à re- connoitre ou à découvrir (31). Je ne doute pas , qu'on ne parvienne un jour à force de foins , de patience & d'invention , à découvrir bien des chofes intérelTantes & qu'on ne foupqonne point encore, dans le jeu des pièces du ftigmate & dans celui des fommets & des pouf- fieres , qui lui correfpond. Il y a ici bien des petits myfteres ^ que la Nature ne révélera qu'à fes plus chers Favoris , ou à ceux qui fauront l'in- terroger comme elle veut l'être. Il feroit poffible que les fommets excitaffent fur la tète du piftil un léger frottement , ou qu'ils y répandiifent une liqueur qui la déter- minât à s'ouvrir. Mais nos foibles conceptions relieront toujours trop au deffous de la réalité. La SAGESSE ORDONNATRICE conuoit feule le fond de fes Oeuvres. Lorsque je faifois fur la ftrudure du piftil, l'obieivation intéreifante que je viens de rap- ^51) tt Je "^ t^ois pas diffimiilcr , qu'après avoir fait ce€ cbfcrvations fur le Lys orangé , j'ai tâché ik f aifir le rromciit oïl fa léte s'ouvre pour admettre les pôuQîer:^ ; mais je mj fuis point encore pjîvenii. DES PLANTES. 7^ porter, j'igiiorois ce que les Botaiiiftes les plus modernes avoient découvert fur ce fujet : mais je ne me preflbis point de croire que ce que je voyois , leur eût échappé. Je le préfumois bien moins encore de l'illuttre LiNNÉus, qui avoit tant étudié les parties fexuelles des Plantes , & qui en avoit fait une fi heurçufe & Ci utile ap- plication à la Méthode botanique. Je me hâtai donc de confulter ce favant Auteur , & voici ce que je lus dans Ton curieux Ecrit, intitulé Spou- falia Fiant arum , §. XXV. VioU tricoloris C. Biuth, fos , hoc jiiciindum [petiacidiim ofienâit ,* flore nenipe vix adbnc explicato , virgiueam viilvain lafcive hiantem , globi inflar concavi , '^ ad latns aperti , albam ^ nitidam ; fimid ac autem genitti- rani fuam projecerunt qiiinqiie ejiis biter fe ajliies niariti , totam viiham farina gejiitali repletam , colore fiifcG defpurcatam ohfervahis , tuba tauien exifiente clara ^ pelliicida. Ante hanc fecitnda^ tïonem , fi comprimai vulva',n , exfiillofbit liqiior quidam lacwiamm rnelleus , qui farinant ijîani genitalem retinet , attrahit ^ forte extrahit. Gra^ ciola ., continue notre Auteur, œjîro venereo agi- tata , piflidluni Jligmate hiat , rapacis inftar dra^ çonis , nil nifi mafcidinuyn palverem ajfeclans , at jaîiata, ri&nin claudit ,• deflorefcit , feciindata fruùinm fert , Çf? in aliis aliter. Et dans le para- graphe XXÎX. Stignia, dit-il , efl vulva in qnâ 7^ SU RLA FÉCONDATION ^S^^ gsnttura maris ^^ qiiaque hanc excipit, Stylttf efi vagifm vel potiks pars ilia , qiid^ Tiihce ValIO" pian£ refpondet. J'avois donc bien raifon de pré- fumer , que j'avois été prévenu par le célèbre ProfelFeur d'Upfal -, & fans doute , que je Favois été encore par d'autres Botaniftes. Le Théo- phrafte de Berlin , que j'ai cité plus d'une fois dai%s ce petit Ecrit , paroît aufîî avoir obfervé cette grande ouverture du ftigmate, quoiqu'il ne s'exprime pas là-deffus d'une manière auflî claire ni auiîî détaillée que le Chevalier LiNN EUS : voici fes termes (32). Qiiand la poufflere des jleiirs a obtenu la perfeEiioii reqiiije pour la fécorr- dation^ de façon que fes anthères doivent S' ouvrir ^ ce qui a coutume d'arriver fucceJJJvement , à me- fure que les fleurs s'épanouiffent , ^ qui doit même fe réitérer à diverfes reprifes '^ alors aujji ces fleurs ont toujours une fitiiation parfùtemeiit adaptée à la fécondation de l'organe femelle , c'efl-n-dire , qu^ elles peuvent approcher plus près ou retirer en arrière ^ le ftigmate du piftil, ou la fente de Pou^ vertîire qui efl au tuyau de /'utérus , autant que cela eft née e faire , '^ que l'irritation dure ( co'mme on peut rohferver dans toutes les autres fleurs hermaphrodites fertiles ). Ce fligmate eft pour lor~ dinaire velu en dehors , £^ garyii , comim le font (52) Dans le Mémoire cité ci-iicfTus. DES PLANTES. 77 en dedans les canaux qui condtdfeyit le fruit a Po-» vaire ou à [on utérus , de vernies déliées , de dif. férenîes figures , entre kfquelles la poujjiere des Fiantes eft portée extérieure-ment ^ répand [on huile. Ces verrues font de petits canaux , qui , lorfque les fleurs viennent à s'ouvrir , fourniffent aujfl auparavant une quantité confidérahle d'une finguliere humidité , fort analogue à celle que les véfîcules de la poujjiere des fleurs tranffudent. Cefl alors proprement le point de la fécondation : ^ elle arrive ou avant ou après. Cette circonflance mérite d'être remarquée , & il ne faut pas la né* gliger ^ comme on le fait quelquefois ^ quand oyi veut féconder les fleurs. Si donc je n'ai pas le petit mérite d'avoir découvert le premier, !a ma- nière dont les pouiîîeres font introduites dans la trompe , j'ai au moins la fatisfaction d'être afluré que je ne m'étois point trompé dans moit obfervation ; puifqu'elle avoit été faite par les yeux les plus exercés à voir , & même par les plus grands Maîtres en Botanique. Lorsqu'on lit ce que le Plike du Nord ra- conte des amours des Plantes , & que j'ai tranf- crit ci-deifus , on croit lire les amours des Mou- ches ou des Papillons , & on oublie bienfôt qu'il ne s'agiiTe que de la fécondation d'une Plante. Il eft même des Plantes qui femblent fe rap- 78 SUR LA PÈCONDATÎon procher encore plus des Animaux à cet égard ^^ ^ donc les parties fexuelies préfentent dans le tems de la iécondation , des mouvemens alfez vifs :i qu'on diroit tiés-rpcyntanés , & qui reflem- blent beaucoup à ceux qu'on obferve dans TaG- eouplcment de divers Infedes. Je me fuis at- taché ailleurs (^3> à montrer, qu'il n'eli: point du tout prouvé, que les Plantes foient abiblu- ment infcnfibles. Je me fuis plu à ralTembier bien des faits Se des confidérations de diiférens genres , qui paroiiTent fe réunir pour nous per- iuader ^ que réchelle de l'Animalité efl: beaucoup plus étendue qu'on ne le penfe communément, & que les Plantes & les Animaux ne compo- fent qu'une feule grande Famille d'Etres fentans- J'ai fuivi, peut-être plus loin qu'aucun Natu- ralifte , les traits frappans d'analogie qui lient le Végétal & l'Animal d'une manière fi étroite >• qv-'en approfondiilant ces traits i comme j'ai taché de le faire , on eft forcé de reconnoitre qu'on ne iauroit afîigncr le caradcre difthi&if de l'un & de l'autre. Les amours des Plantes font un autre trait, plus frappant encore, de leur analogie avec les Animaux > & on peut dire , que tout ce qu'elles nous otfrent en ce genre n'accroît pas peu la probabilité de l'hypothefe (55) Contcniplitîo^i de la Nature^ Part. X, Chap. XXX, XXXI. Fiilingén^jh' ybilofo^hîque , Part. IV- DES FIANTES. 75 qui leur attribue un certain degré de fenfibilitéJ Combien eft-il d'Efpeces d'Infedes & de CoquiU lages , dont la fécondation n'offre rien d'auffi animé que ce qu'on découvre dans celle de cer- taines Plantes ! Je ne penfe pas que j'aie choqué les règles d'une faine Logique , lorfque j'ai traité ce fujet fi propre à intéreiTer les Ames fenfibles- Elles ne fe refu feront pas à admettre avec moi , que la Souveraine bonté , qui a fait le plus d'heureux qu'il étoit poffible , a conféquemment multiplié les Etres fentans autant que le Plaa de la Création le permettoit : & fi^ ce Plan corn- portoit encore que tous les Etres fentans de notre Globe parvinffent à un plus grand bonheur après la deftrudion de ce corps groflîer , ou de cette enveloppe fous laquelle ils fe montrent aduelle- ment à nous , combien la perfpedtive en devien- droit-elle plus intéreifante aux yeux du Philo- fophe î Ce n'eft pas ici le lieu de retracer les prin- cipaux traits de cette riante perfpedtive -, je dois renvoyer le Lecteur à l'Ouvrage où }'ai eflaye da l'efquiifer (34). Ce que l'œuf eft à l'Animal , la graine l'eft k la Plante : je crois l'avoir prouvé. On fait que les Petits des Vivipares font logés d'abord dans C>4) Voyez la Fdlnghiéjie fhilcifo^hj^f. 8o SVRLAfÈCONDATÎOM des véfictiles que contient ToTTaire, & que ceë véficules font des efpeces d'œufs. On fait en- core qu'on a trouvé des Fœtus de Vivipares , qui s'étoient développés dans i'ovaiie. S'il eft prouvé aujourd'hui que le Poulet & le Têtard exiftent tout entiers dans l'œuf avant la fécondation (3 s) > il y a bien de l'apparence que la Plantule exiile de même dans la graine avant la fécondation* l'ai rapporté dans la Palingénéfie , (36) un fait im- portant, qui rend ceci extrêmement probables on parvient à voir dillinctenient les femences des Plantes légumineufes , avant que ces fe- mences aient été fécondées , <&; tandis que les filiques font encore renfermées dans l'intérieur du bouton à fleur. Or , fi la graine eft à la Plante ce que l'œuf eft à l'Animal ; & fi le Pou- let préexifte dans l'œuf & fait corps avec lui^ il devient au moins très-probable, que la Plan- tule qui fait corps auffi avec la graine , préexifte avec elle à la fécondation. Je prie qu'on n'ou- blie point , que le jaune de fœuf , qui exifte inconteftablement avant la fécondation , & qu'on avoit pris par ignorance pour une fimple ma- [55} Voyez les preuves de ces faits, Corps orgimifés^ Part, I, Chap. IX, Paling. Paît, XI, pag. 4i 85 Il eft, chez les Végétaux comme chez les Animaux, de ces efpeces de Monftres qui por- tent le nom de Mulets , & qui proviennent du concours de deux Individus d'Efpeces différen- tes. Ces Mulets font de toutes les produc- tions organiques , celles qui peuvent répandre le plus de jour fur le grand myftere de la gé- nération. J'y ai beaucoup infifté dans mes Ecrits, & j'ai fort exhorté les Phyficiens à multipUer & à varier les expériences fur ces produclions. Les Végétaux leur fourniifent bien des moyens de fe fatisfaire en ce genre , & à fort peu de fraix. Combien eft-il facile de priver une Plante de' fes étamines, & de répandre fur fon piftil lesl pouffieres d'une Plante d'Efpece diîïérente ! Le hafard opère tous les jours dans nos jardins & dans nos pépinières , de ces unions contre na- ture j & il n'eft pas douteux que nous ne leur de- vions un grand nombre de nouvelles Efpeces dont l'art a fu profiter , & qui n'auroient ja- mais exifté fans elles (39). J'ai indiqué (40)' quelques expériences qui ont été tentées fur les (59) Confnltez fur la Proiluftion de ces nouvelles 'Efpeces, rexcellente Fh%Jique des Arbres, Liv. III , Chap. III, Art. H* i^o) Contcmphtion de h Nature , Part. VII , Ch. XII. C'éft Mr. KoLREUTER qii s'eft le plus diftingué dans ce genre Je recherches. F2 84 S UR LA FÉC ONDATIOR Mulets végétaux^ 8c dont il a réfulté que îe^ reiTemblances ont toujours été relatives à l'Ef- pece des pouiTieres , & que le fu jet fécondé a eu quelque Tupériorité fur le fujet fécondant. Ceî curieufes ohfervaîions , difois-je , n'' indiquent-elles pas, que dans les Végétaux comme dans les Animaux, le Germe appartient originairement a la Femelle, Je le faifois remarquer encore (41) : il y a ici une certaine latitude , dont nous ne connoifTons point les limites. Les rapports les plus direds, les plus nombreux , font aflurément ceux qui lient entr'eux les poulîieres & les Germes de la même Efpece. Mais la Nature n'a pas été alTujettie ici à une précifion extrême. Les poufïieres & les Ger- mes des Efpeces les plus voifines fcutiennent en- core entr'eux bien des rapports plus ou moins di- rects , en vertu defquels la fécondation de ceux- ci peut s'opérer par Paclion de celles-là. A mefure que les rapports deviennent moins direds , moins nombreux, la fécondation devient plus difficile ou plus incertaine. Je ne faurois dire précifé- ment en quoi confiftent ces rapports 5 parce que les meilleurs microfcopes ne peuvent nous in- troduire jufqu'au fond des poufîieres 5c des Ger« nies. Mais je conçois aflbz que ces rapports doi- (41) Corp org. Art. CCCXXXVI. DES PLANTES. 8f vent dépendre principalement de certaines pro- portions entre les molécules des fluides fécondans des divers ordres , & les mailles des folides dans îefquels elles font deftinées à pénétrer; & en* core entre la manière d'agir de ces molécules , Se celle dont les folides reçoivent leur adioii & la modifient. Il y a ici une échelle de gra- duation 5 qui exprime la fuite des divers rapports qui lient eu fubordonnent les unes aux autres , lespouilieres &: les Germes des divers Ordres (42) & des différentes Efpeces. Il ne nous efl: point donné de contempler cette échelle : des Intelli- gences qui nous font fupérieures jouifTent , fans .doute, de cet intéreffant fpeclacle, & elles en tirent des conféquences ailbrties à la profondeur de leurs conceptions. Outre ces rapports qui Hcnt directement ou indiredement les pouiiîeres & les Germes , il en eit d'autres qui tiennent à la forme & à la ftrudure des parties fexuelles ou aux pro- portions que les organes de l'un & de Pautre fexe obfervent entr'eux , & qui facilitent plus ou moins' la fécondation d'une Efpece par une Efpece différente. On comprend donc par ce que je viens d'é*. baucher fur la produdion des Mulets végétaux , C42) Voyez ci-cîelTns ce que j'ai expofé fur les divers Ordres iiè fliiitles//cc;;.'ffi;?; , & de Germes que je conqois dans la Plante. F3 8^ SUR LA FÉCONDATION que toutes fortes de poufîieres ne peuvent pas faire développer toutes fortes de Germes ; 8c comme je ne penfe point , que la liqueur féminale du Lapin pût procurer l'évolution complète du Germe d'un Poulet 5 je ne penfe point non plus , que les poufîieres d'un Lys puifent féconder les pépins d'un Poirier, & opérer ainfi l'entier dé- veloppement du petit Tout organique. Il y au- roit eu une trop grande confufion dans les Ef. peces , fi la latitude de cette forte de féconda- tion s'étoit étendue à des Efpeces de genres fort éloignés ou de CîaflTes différentes. Au refte, on conçoit affez , que la confufion ou l'adlion fimultanée de pouffieres de différen- tes Efpeces, doit produire dans les graines & dans les Fruits des variétés fingulieres , & qui participeront plus ou moins de l'impreiTion com- binée de ces différentes pouilieres. On en voit divers exemples dans les Ecrivains de Botanique & d'Agriculture. Ce font de vraies iuonjlruofités. Je n'ai pas voulu finir ce Mémoire fans con- fulter l'Ouvrage d'un de nos plus favans & de nos plus zélés Botaniftes modernes : je parle des Familles des Fiantes de Mr. Adanson. Il fe dé- clare pour le fentiment que j'ai adopté fur la génération, & elïliye enfuits d'expliquer com- DES PLANTES. S7 ment s'opère la fécondation des Plantes. Voici ce qu'il dit ià-deilus (43). „ La fécondation s'opère de la même ma- y, niere dans toutes les Plantes où elle a lieu j ,5 il fuffit pour cela que la moindre parcelle de j, la matière contenue dans la pouiTiere des éta- 5, mines , Toit répandue lur le (iigmate du piu „ til. L'ovaire ou fon ftile & fon (Iigmate font „ percés d'un bout à l'autre , même très-fenii- „ blement, dans plufieurs Liliacées, dans le Rao- „ bab , le Datifcka, &c. , & quelques autres ,, Plantes; mais il y en a beaucoup plus où ils 5, font fermés Se pleins. Cela f^ul fufriroit pour „ prouver que ce n'eil pas i'intromiiîion de la 5, pouiîiere des étamines , qui opère la féconda- 3, tion , ni qui porte le Germe dans les ovaires , „ s'il n'étoit pas prouvé par les obfcrvations 5, microfcopiques , que l'Embryon fe trouve tout 5, formé dans les graines des Plantes qui n'ont y, pas été fécondées , & dont le parenchyme ne 5, fait qu'un corps continu avec lui, He la même „ manière que le Fœtus le trouve tout formé „ daiîs les œufs de la Grenouille 8c dans ceu:c „ de la Poule avant la fécondation. Elle s'opère „ donc dans les V^égéraux 8i les Animaux par (45) Fan-Mh des Phnics, Tom. I, pag. 121 , Prd-is, 176}. F4 88 SUR LA FECONDATION 5, une vapeur , une efpece d'efprit volatil , ai?- 3, quel la matière prolifique fert fimplement de 5, véhicule. Cette matière qui fort des grains ^ de poufliere des ctamines, lorfqu'ils crèvent , 9, eft huiieufe à le meie tacitement à la liqueui- 3, qui lîumede le ftitmiate du piftii ou à Ton ve- 3, louté lorfqu'il paroit fec : la vapeur qui s'en 5, dégage , auiïi ténue fans doute , & aufii ani- 55 mée , auiîî prompt3 que celle qui enveloppe ^, les corps éledriques, s'inlinue d:ins les tra- 3. chées qui fe terminent à ia furface du ftigmate , 5, deicend au placenta lorfqu'il y en a , palfe de 3^ là aux cordons ombilicaux jurques dans chaque 3, graine où elle donne la première impulfion , j, le premier mouvement ou la vie végétale à 3, l'Embryon qui eft d'abord comme invifible , 9, & qui , peu après fa vivification , paroit comme „ un point blanc dans les uns & verdàtre dans 3, d'autres ''. J'avoue que j'ai peine à croire, qu'il y ait des Efpeces dont le 9y\e & fon ftigmate, comme i'aifure notre célèbre Botanifte , foient fermés ^ pleins. Je ne puis trop exhorter les Botaniftes à faire de nouvelles recherches fur ce fujst. j'in-r cline fo t m . ta penfer, qu'ils parviendront 4 ^^rnonçrer dans le piflii de ces Efpeces , une ou- DES PLANTES. S9 verture (44) , & une ou plufieurs trompes , fem, blablcs ou analogues à celles que j'ai décrites dans ce Mémoire. Cette ftrudure que je fuis porté à fuppofer dans les piftils de toutes les Efpeces , & qui paroît fi elTentielie au jeu des poufîicres , peut être ti cachée ou fi déguifée dans certaines Efpeces , qu'il foit très-difficile de l'y découvrir. La vulve ou l'ouverture du ftigmate pourroit encore avoir été placée chez ces Efpeces , dans un lieu où l'on ne s'avife pas de la chercher. J'avoue encore , que je defirerois fort que notre Auteur nous eût fourni quelque preuve ou au moins quelque préfomption en faveur de ce qu'il avance ici j que la vapeur fécondante s'in- Jinue dans les trachées qui fe terminent à la fur- face du ftigmate , ^ defcend au placenta par cette voie. Il étoit aifurément très-capable de porter la lumière dans ces ténèbres , & j'attendrois beau- coup des recherches plus approfondies, qu'il en- trepren droit fur un objet fi clfentiel à l'Hiftoire de la génération. Dans mes idées , le ftigmate a été préparé pour Pintromiffion des poufileres dans la cavité du ftyle. On le voit s'ouvrir au moment de la fécondation , & préfenter alors pne ouverture plus ou moins fpacieufe. On peut ('H) \inç vulve. ^0 SUR LA FECONDATION, même le forcer à s'ouvrir lorfqu'il s'eft refermé. Pourquoi donc recourrions-nous à Pintervention des trachées qui fe terminent à fa furface , pouu rendre raifon de la manière dont le fluide fé- condant parvient à l'ovaire ? Je liippofe tou- jours , que les ftigmates & les ftyles qtii ont parti fermés ^ pleins^ ne Tétoient point en effet. Si donc je voulois faire intervenir ici les trachées , ce feroit plutôt celles qu'on peut concevoir qui rampent à la furface des femences logées dans l'ovaire , que je chargerois de l'importante fonc- tion d'introduire dans les Germes la vapeur fé- condante. Mais combien fommes-nous encore éloignés d'avoir fur ce point obfcur plus que do fimples conjectures î Lorsqu'on fait l'anatomie d'une fève, on découvre une multitude de petits vailîeaux qui fe ramifient dans la fubftance de la graine , & vont fe rendre à la Plantule par deux troncs principaux. C'eft fur-tout par ces vailîeaux que la Plantule fait corps avec la graine , & qu'elle ne compofe avec elle qu'un feul tout organique; J'ai vu ces ramifi caution s fe colorer très - bien dans ces injedions naturelles , dont j'ai traité fort au long dans mon Livre fur Ptifage des Feuilles. On obferve des ramifications analogues dans d'autres graines & dans les fruits. 11 mo jD J? s PLANTES. 91 paroit donc qu'on pourroit coniedurer avec quelque fondement, que ces vallFeaux ou quel- ques-unes de leurs branches s'ouvrent à la fur- face de la graine, & que c'eft par ces orifices que l'efprit féminal pénètre jufqu'au Germe. Je le ferai remarquer en finiflant , le rétré- cilfement graduel des trompes , (PL /, Fig' 6 ^ t. t.) k mefure qu'elles approchent de l'ovaire ( 0. ) j eft bien propre à accélérer le mou- vement du fluide fécondant, & à lui imprimer la diredion qui répond au vœu de la Nature. 24 d'AoM , 1774. 9Z EXPLICATION ^:' '_.i.a— ^-nti^ ■ ;^ EXPLICATION De la Flanche L T, OuTES les Figures de cette Planche ont été deiîinées au naturel , & ce font celles des parties fexuelles du Lys orangé, La Figure l , repréfente le piOil de ce Lys. 0 5 la tète ou le ftigmate du piftil , formée de trois pièces , dont il n'y en a ici que deux en vue. / le ftyle , qui va en diminuant de groifeur à mefure qu'il approche de l'ovaire o. On voit que cet ovaire forme des cannelures très- jaillantes. La Figure 2 , eft celle du ftigmate vu de face , pour montrer les trois petites fentes , /, /, /, qu'on apperqoit à l'endroit de la réunion des trois pièces. La Figure 3 eft encore celle du ftigmate vu de face s mais dont les pièces ont été un peu écartées les unes des autres par l'introdudioii lOrttt _-/^ Pi 1 DES F 1 G U R E ^. 93 ée la pointe d'une épingle. /, Pouverture qui cft au centre du ftigmate , & qui eft ici beau-^ coup plus apparente que dans la Figure 2. Là Figure 4 , montre le (tigniate dont les trois pièces ont été autant écartées les unes des autres qu'elles peu\^ent Tètre, & qui forment ainfî une grande bouche i', qui eft proprement Févafe- ment d'un entonnoir très-alongé. La Figure ^ , eft celle de la coupe tranCverfe du ftyle, pour montrer qu'il eft percé dans toute fa longueur. 0 , l'ouverture qui eft au centre- La Figure <^, eft celle de la coupe longitu- dinale du piftil. On y voit bien nettement , que ce piftil eft une forte d'entonnoir extrême- ment alongé 5 & qui va en fe rétrécifîant de plus en plus , à mefure qu'il approche de l'o- vaire, /, ^. On apperqoit dans l'ovaire 0, les graines rangées à la file avec beaucoup d'art. La Figure 7 , eft celle d'un piftil monftrueus du même Lys. p , ce piftil beaucoup plus coure & plus eftilé que dans l'état naturel, s , fon ftigmate , qui n'a ni la forme ni les propor- tions propres à l'Efpece. On y démêle au centre une très petite fente. 0 , l'ovaire extrêmement raccourci, f , l'étamine dans l'état nature!; ' 94 LETTRE ^m--^. '^'^^^ — "-—- -m^ LETTRE A MONSIEUR yALMONT DE BOMÂRÊ, Sur une fingularité de la Sangfue* Je viens de lire, Monfîeur , votre Mémoire fur le Baromètre animal, inféré dans le Jour- nal de Phyfique de Novembre dernier. J'avois moi-même fuiVi bien des femaines du Printemps & de l'Eté la marche des Sangfues, d'après ce que j'avois vu, comme vous, dans les papiers publics. Mes obfervations reviennent allez aux vôtres: je n'ai jamais rien apper.(;u de régulier ou d'harmonique, avec les variations du poids de l'air. Mais je foupqonnerois que fi les Sangfues ne font pas de bons barom-etres ^ elles font au moins des thermomètres très fenfibies. Toutes les fois que j'appliquois le bout de mon doigt fur la bouche de la Sangfue , tandis qu'elle étoit cramponnée contre les parois intérieures du bocal 5 elle abandonnoit conftamment la place & fe portoit ailleurs. Cependant mon doigt n'étoit s U R L A s A K G s U E. $Ç pas toujours bien chaud , & il n'étoit pas appliqué immédiatement fur la bouche de TAni- jnal 9 le verre ctoit entre deux , & ce verre étoit bien propre à intercepter la chaleur du doigt. La chofe avoit lieu également , foit que la Sangfue fut hors de l'eau, foit qu'elle fut plongée fous l'eau 3 & cette dernière circonf- tance rend le fait encore plus remarquable. C'eft donc principalement aux eifets de la chaleur fur l'Animal qu'il faut regarder ici 5 & c'eft rela- tivement à cet objet qu'il faudroit diriger les expériences. Elles pourroient nous valoir des réfultats imprévus & intéreflans. J'ai l'honneur d'être, &c. A Genthod, le J^ ds Décmhre 1774J 9^ PÈ EMIFRE LETTRÉ P-\ LETTRE (') AMGNSIEUR I LE E L Ml. Au fujet de la découverte de Mr.^ S CHIRAC H l fur les Abeilles é A Genthod , le lO de IVovembre 17()%. l Al , Monfieur , à vous remercier de la Lettre intérelTante que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire , le 22 d'AoCit , & à laquelle diverfcs oc- cupations ne m'ont pas permis de répondre plutôt. ' -3. ^; ■ Elle contenoit des marques de votre eftimc, & de celle de votre favante Compagnie , qui (i) Cette Lettre & la fuivante ont été publiées par Mr. BlASsIERE, dans fon Hijîoire naturelle de /« Rehie des AbeïL les y qui parut à la Haye en 1771. Mr. Wilhelmi , auquel ces Lettres font addrelTées, eft Secrétaire de h Société Eco- nomique de Luface , dont le principal objet eft ^étuc^3 4es Abeilles. mérite SUR LES ABEILLES. 97 méritent toute ma reconnoiffance. Agréez que je vous en préfente les témoignages les plus finceres , & que j'y joigne les aiFurances de mon refpedueux attachement pour une fociété qui travaille fî utilement au bien du genre-humain. Les Abeilles ne font u;i petit objet que pour ces Hommes difgraciés , qui ignorent profon- dément , qu'il n'eft rien de petit dans la Nature, tS: qu'une Mitte peut abforber toutes les con- ceptions du Génie le plus étendu. Feu mon illuftie Ami , Mr. de Reaumur , auroit vu avec tranfport l'établilTement de votre Société, & feferoit fait honneur d'en être Mem- bre. Il fauroit regardée comme un phénomène en Hiftoire naturelle, & comme un heureux préfage de fes progrès futurs. Ce ne fera qu'en- prenant ain fi FHiilioire na- turelle par petites parcelles , qu'on pourra efpé- rer de la perfedionner beaucoup. Je fuis dans l'étonnement quand je vois des Naturaliftes célè- bres ofer de nos jours, en embraifer à la fois l'immenfe périphérie. Ces Briarées modernes ignoroient - ils qu'ils ne font encore que des Liliputiens. Tom. X G 58 PREMIERE LETTRE Vous m'appreii€Z , Monfieur , que les Abeîî* les retirent la cire de deflous leurs anneaux lorfqu' elles travaillent. Je ne comprends pas bien ceci. Mr. de Reaumur avoit prouvé qu'el- les la retiennent avec leurs poils qui font façon- nés à deifein. Sort-elle donc effedivement de deifous & d'entre les aiineaux? Mr. de Reaumur avoit encore démontré que la cire fortoit de la bouche de finfede fous la forme d'écume ; & ce qull a vu & revu cft chofe certaine. Vous avez rempli les delTeins de cet illuftro Académicien en formant des Eflaims par art. Il avoit établi qu'un Elfaim mis en ruche fans Mère , ne conftruifoit pas la moindre cellule : il faudroit s'aifurer Ci un Effaim qui a du Cou- vain 5 & qu'on prive de fa Mère , ne continue pas à travailler, au moins jufqu'au temps où les Petits fe transforment en Mouches. Jai indiqué cette expérience & quelques au- tres dans le Chapitre XXV de la Partie XI de la Contemplation de la Nature. Je prie votre illuftre Société de réfléchir un peu fur les diffé- rentes idées que j'ai préfentées dans ce Cha- SÛR LÈS Abeille S. 99 pitVQ, Elles m'ont paru neuves. Je les foumets avec refped à fon jugement. La cùrieule expérience de Mr. Schirach île démontre point , à mon avis , qii£ les Abeil- les ouvrières engendrent des Reines. Rien au monde n'eft mieux conftate par les recherchée réitérées des Swammerdam, des Maraldi , des Reâumur ^ que la ftérilité abfolue des Abeil- les ouvrières. Comment feroit-il pofîible que les ovaires de ces Abeilles euiîent échapi3é aii grand Anatomifte de Hollande , à lui qui a R bien décrit & repréfenté les ovaires de la Reï^ iie-abeille ? Et combien d'autres preuves , qu^ les Abeilles ouvrières font de véritables Neutres, Il fera arrivé , que la Meire n'ayant point rencontré de cellule royale , aura dépofé des œufs de Reine dans des cellules à' Ouvrières, Voilà ce qui aura trompé Mr, ScHiRACH. L33 Ouvrières auront enfuite conitruit autour des œufs de Reine , des cellules royajes , &c. L'art d'obferver fuppofe une infinité de petites précautions plus ou moins fcrupuleufss ^ & une extrême réferve à prononcer. L'eftimabl^ -Mr. Schirach fait cela auffi bien que moif, G 2 JQO PREMIER E LETTRE Je ne ferois pas Ci incrédule fur la puilTance de la Reine d'engendrer fans Mâle. Mr. de Reau- MUR n'a point vu ici de véritable accouplement. Et il paroît alfez étrange que la Mère de^ meure féconde pluiîeurs mois , privée de Maie. L'obfervatioa de, Mr. Schirach accroît le doute. Il faudroit noyer un Effaim , examiner une à une toutes les Mouches , s'alfurer ainfi qu'il n'y a point de Mâle dans cet Elfaim , lui ôter fa Reine naturelle, lui en donner une autre récemment éclofe , la remettre en ruche , & obferver Ci h jeune Reine pondroit des œufs féconds. Cette expérience feroit aifez décidve. Que penfer néanmoins de ce grand appareil d'organes , en apparence générateurs , qui ca- radérifent les Faux-bourdons ? Mais vous fa- vez , Monfieur, que j'ai démontré que les Pu- cerons font diftingués de fexes, que les Mâles font très-ardens, & que la même Efpece où j'ai obfervé & réobfervé les accouplemens les plus décidés , fe multiplie pourtant fans aucun ac^ coupiement. Il me femble donc , qu^il ne feroit pas plus furprenant que la Reine-abeiile multipliât fajis SVR LES ABEILLES. io\ le concours des Mâles , qu'il ne Peft que les Pucerons multiplient fans ce concours. • Il refteroit toujours à découvrir l'uH^ge fc- cret des Mâles. Il peut être bien différent de tout ce que nous penfons. J'ai l'honneur d'être , &c. G 3 \o:i SECONDE LETTRE ÏP=. LETTRE A MONSIEUR I L M E L M I. Sur le même fujet. A Geuthod, le 12 Juillet i';6% J AuROïS répondu plutôt , Monfieur , à votre bonne Lettre du 30 de Mars , (î je n'avois été fort occupé à finir un alTez grand Ouvrage 5 deftiné à fervir de fupplénient à mes derniers Ecrits. Il vient de fortir de deflbus la PreiTe , & je n'ai p^s manqué de charger m.pn Libraire d'en faire parvenir un exemplaire à Pilludre. Société des Abeilles. Elle le recevra par la voie de Leipfig , dans le courant du mois pro^ çhain. Veuillez, Monfieur, le lui préfenter de îîia part, comme l'hommage finçere & refpec- ■^ueux d'un de fes. Membres. Je remanie dans ce nouvel Ouvrage ^ la plu^ |>.art de mes. principes fur Duv ? fur l'Univers.s^ SURLESABEILLES. 103 fur l'Economie de notre Etre , fur celle des Vé- gétaux & des x'\nimaux, fur les régénérations organiques , fur l'accroilTement , &c. , &c. J'y traite encore de Pimperfedion 8c des bornes naturelles de nos connoiifances, & j'en tire les conféquences philofophiques , qui m'ont paru en découler naturellement. Mais , ce qui conflitue la partie la plus in.. térelTante de ce Livre , c'eft le Tableau que j'ai effayé d'y crayonner des bienfaits du Créa- teur envers tous les Etres vivans de notre Globe. L'Homme , le premier des Etres terref- très , eft auffî celui du bonheur duquel je devois le plus m'occuper. Je parie fur-tout de ce bonheur futur , le grand objet des efpérances du Philofophe Chrétien. Et comme ce bonheur repofe eifentiellement fur la Révélation , j'ai été acheminé par la fuite de mes méditations à examiner philofophiquement les principales preu- ves du Chriftianifnie. Cette recherche Ci importante le devenoit encore davantage , dans un temps où tant d'Ecri- vains auffi dangereux que célèbres, femblent avoir confpiré contre cette Religion qui peiii feule affurer à THomme un bonheur folide & éu^iible. Perfuadé que rincrédnle honnête & G 4 Î04 .SECONDE LETTRE Philofophe ne rejette cette vérité falutaire , que paice qu'elle ne lui a pas été préfentce d'une manière propre à intcreiTer afTez fon efprit & fou cœur , j'ai cherché une méthode qui répon- dît mieux à mon but que celles qui avoient été adoptées par les Apologiftes qui m'avoient précédé. C'eft cette méthode également nouvelle Se philofcphique 5 dont je fais , en quelque forte 5 l'eifai dans mon Livre. Un favant de Zurich, auifi pieux qu'éclairé , traduit aduellement cette partie de mon Ouvrage , & il efpere que fa tra- duction pourra paroître en Septembre prochain. Je viens, maintenant , Monfieur , à quelques articles de votre Lettre. Je me réfère à ma pré- cédente fur la faqon dont les Abeilles récoltent la cire; & je dis encore que Mr. de Reaumur me paroit avoir trop bien vu , pour qu'il puifle refter des doutes raifonnables fur ce fujet. Je ne puis vous le difïimuier : votre favante Société fe décréditeroit entièrement auprès des vrais Naturaliftes , fi elle fembloit adopter l'idée de Mr. Schirach , que chaque Abeille-ouvriere peut ^ par un plus haut degré de développement dis organes préformés , devenir tins Mère. Je prie cet eftimable Pafleur d'y rénéchir encore avant que de publier une conjecliure auffi étrange , & SVR LES ABEILLES. lOf qui choque diredcm'errt tout ce que nous con- îioiirons de plus certain de rorganifation exté- rieure & intérieure des Abeilles. Il faudroit avoir vu &. revu cent & cent fois une pareille tranf- formation pour ofer l'annoncer aux Naturaliftes inftruits. Votre conjecture , Monfieur , eft prc- cifément celle que j'adopte. Il eft tout fimple qu il puiife fe trouver en divers temps , des œufs de Reine, qui fuppléent au befoin, à la perte de la Mère. Je ferois charmé que les expériences de Mr. Hattorf démontraflent la vérité de mon foup- c.on , que la Reine peut propager fans copulation. Mais afin que ces expériences foient réellement démonftratives , il faut qu'elles foient faites avec des foins & des précautions analogues à ceux que j'ai employés pour démontrer la multipli- cation des Pucerons fans accouplement. Le grand appareil d'organes générateurs qu'on découvre dans les Faux-bourdons , n'eft pas une difficulté; puifque j'ai démontré un appareil analogue dans les Pucerons. Au refte , je ne puis trop le répéter : mon idée fur la propagation de la Reine fans accou- plement 3 n'ell qu'un fimple foupçon. Et s'il eft ic5 SECONDE LETTRE ées Faux-bourdons auffi petits que des AbeiU !es-ouvrieres , comme vous le penfez , )e pré- f&erois d'admettre , qu'ils peuvent facilement échapper^ aux yeux de rObfervateur. C'eft ce ^u'auroit fans doute admis Mr. de Reaumur 5. M: qui etoit fî fortement convaincu que les Faux-bourdoiîs fecondoient la Reine». Voi;s lirez, Monfieur, dans les Articles IV',' Vy VI, du Tableau de mes Confidérations , que- j'aï inféré dans mon nouvel Ouvrage , les prin- cipes que je me fuis fait fur tart d'ohferver > €et art fî univerfeU & que je regarde comme- îai Logique du Phylîcien. Je defirerois fort que tcos ceux qui s'appliquent à la recherche des, vérités naturelles, ne négligeaflent pas des priiv, cipes d'une utilité fî générale. , J'ai l'honneur d'être, àc. ( I07 ) F^ MÉMOIRE S U R L E S A B E ï L L E S , ou L'ON REND COMPTE DE LA DÉCOU- VERTE DE Mr. SCHIRACH. :^Oi^=: INTRODUCTION (i). c. 'Est à rilluftre Réaumur que nous de- vons les coiinoiflaiices les plus cercaincs fur le gouvernement des Abeilles. On a pu voir dans les Mémoires V, VIII, IX, XI, du Tome V de fon Hiftoire des Infedles , & très en abrégé dans la Préface , tout ce qus fes recherches lui avoient appris fur cet intéreflant fujet. Je me bornerai ici à retracer les faits les plus elTen- (i) Cette Introiluftion m'a paru néccffaire pour donner à înes Leéleurs une idée générale des principales découvertes , qui avoient été faites fur les Abeilles", avant celles de Mr. ÇcHUACH , & desîauères Membres de la Société de Lufaq?. I08 PREMIER MÉMOIRE tiels : ils fuffiront pour faire juger des nou- Telles découvertes qui font l'objet de ce petit Écrit. Mr. de Reaumur avoit prouvé , qu'il n'y a à l'ordinaire dans chaque ruche , "qu'une feule Femelle. C'eft cette Mouche que les Anciens , moins inftruits , avoient nommé le -Roi des Abeil- les , & qui en eft la Reine. Cette Reine eft à la lettre, la Mère de tout fon Peuple. Elle ponâ pendant le cours de Tannée , 30 » 40 ou 50 mille œufs. Une ruche préfente deux autres fortes de Mouches ou d'Individus : des Faux-bourdons & des Abeilles ouvrières , qui portent encore le nom de Neutres, Les Faux-bourdons font les Mâles de l'Efpece. Leur nombre eft quelquefois de 6 à 700. Ils ne recueillent ni cire ni miel , & Mr. de RtAU- MUR a penfé qu'ils ne fervoient qu'à féconder la Femelle & les autres Femelles qu'elle met au jour au Printemps. Il a décrit aifez au long les -amours de la Reine-abeille : il avoue n'avoir pu découvrir de véritable accouplement ; mais il croit en avoir vu alTez pour être fondé à pré- fumer 5 que la Reine-abeille eft rendue fécontîe SUR LES ABEILLES. 10$ par celui des Faux-bourdons dont elle a fu vaincre la froideur par fes agaceries. Il fortifie Ton fentiment par la confidération du grand appareil d'organes générateurs qu'on découvre dans les Faux-bourdons > Se par les obfervations qu'il avoit faites fur les Bourdons proprement dits , & qui lui avoient oiFert une véritable co^- pulation. Les Abeilles ouvrières forment le gros du Peuple : ce font celles qu'on connoît le plus communément fous le nom général d'Abeilles, Elles font quelquefois au nombre de 40 à 4^ mille dans certaines ruches. Elles ont requ le nom iV Ouvrières i parce qu'elles font chargées de tout le travail de la ruche. Ce font elles qui recueillent la cire & le miel , qui conftrui- fent ces gâteaux où règne une (î haute Géomé^ trie , qui alimentent les Petits , & pourvoient à tous leurs befoins. On les a aufîi nommées les Neutres^ parce qu'on ne découvre en edes aucun veftige de fexes. Ces trois fortes d'Individus qu'on obferve dans une ruche , font de trois grandeurs diffé^ rentes. Les Vers donc ces trois forces de Mouches proviennent , demandent donc à être élevés dans des cellules qui leur foient proportionnées. ÏTd PREMIEÈ MÉMOIRE Les Abeilles ouvrières conftruifent en corife- quence des cellules de trois dimenfioiis diffé- rentes. Les plus petites cellules fervent de ber- ceaux aux Vers qui doivent devenir des Abeil- les ouvrières. Des cellules un peu plus grandes font deftinées à loger les Vers qui fe transfor» meront en Faux-bourdons -, car eei*x-ci fonfe plus longs & plus gros que les Ouvrières. Leâ cellules deftinées à loger les Vers qui donneront des Reines , font beaucoup plus grandes que ies autres , d'une toute autre forme , & autre- ment difpofées relativement à l'horizon. On fait que les celluks ordinaires font de petits tubes hexagones , dont Is fond pyramidal eft formé de trois pièces en lozange : elles font difpofées prefque parallèlement à l'horizon. Les cellules royales , c'eft le nom qu'on donne aux cellules où logent les Vers qui doivent fe transformer en Reines i ces cellules , dis-je , ne reffemblent pas mal par leur forme , à une petite poire* Elles font trés-maffives : Mr. de Reaumur a calculé que la cire qui entre dans la compofitioa d'une feule cellule royale , fuffîroit à la conf- trudion de 1 50 cellules ordinaires. On n'a pas oublié la merveilleufe économie avec laquelle les Ouvrières favent employer la cire dont elles i^e fervent pour conftruire les cellules he'^ago- iies. Elles l'employent donc avec profufion ^ SXÏÈ LES ABEILLES. ixt quand il s'agit de bâtir des cellules royales. Ces cellules différent encore des autres par leur poîi- tion : au lieu d'être à-peu près parallèles à Pho^ rizon , elles lui font perpendiculaires , de ma- îiiere que l'ouverture de la cellule eft tournée en embas. Le Ver qui s'y trouve logé , a donc la tète en embas, La taille ou les proportions refpedives du corps & le fexe ne font pas les feuls caraderes qui diftinguent les uns des autres , les trois ordres d'Lidividus qui cortipofent la République; ou 5 il l'on aime mieux , la Monarchie des Abeil- les. Il eft des parties qui paroîffent propres à un de ces Ordres , & qu'on n'apperqoit point dans les deux autres. On juge bien que ces parties font les inftrumens relatifs à la récoke de la cire & du miel, à la conftrudion des cellules , & aux divers travaux de la ruche. Ces Inftrumens , Ci dignes de l'attention deTOb-i lervatcur , paroîffent n'avoir été accordés qu'aux feules Abeilles-ouvrières : les Reines & les F^ux- bourdons ne prenant aucune part au travail, ont été privés de ces inftrumens qui leur au- roient été inutiles. Je ferai encore remarquer , qu'il eft d'autres parties qu'on trouve dans les trois Ordres d'Individus , mais qui n'ont pas , dans tous les mêjues proportions relatives : la ) tiz PREMIER MÉMOIRE •trompe & les aîles en font des exemples. Lei ailes de la Reine ne font pas plus grandes que celles des Ouvrières, quoique fon corps foit beaucoup plus long. Sa trompe eft auiîi plus courte , &c. On peut lire dans le VU^^, Mé- moire de Mr. de Reaumur , ce qu'il rapporte aifez en détail fur ces différences caradériftiques^ qui ne font plus aujourd'hui aufîi eifentielles ^qu'elles lui a voient paru l'être : on le verra bientôt. Parce que les trois ordres d'Individus lui fembloient très-diiférenciés par la Nature, il en concluoit , qu'ils provenoient de trois fortes d'œufs , que la Reine dépofoit dans, des cellu- les de trois dimenflons diiiférentes , & fur le choix defquelles elle ne fe méprenoit point. La cire & le miel dont les Abeilles fè nour- riffent, ne font pas la nourriture qu'elles don- nent aux Vers : cette nourriture eft une forte de, gelée , dont il femble qu'elles proportionnent îa quantité & la quaUté à l'âge ou à l'état des Vers. Cette gelée eft dépofée dans chacune des cellules où loge un Ver , & il en a toujours à fa portée une provifion fuffifante. Mais , ce qui eft aujourd'hui bien plus digne de remarque qu'on ne l'avoit penfé 5 c'eft la diiférence qu'on obferve SUR LÈS ABEILLES. 113 obferve entre la nourriture des Vers qui doi- vent fe métamorphofer en Reines , & celle des Vers qui doivent fe transformer en Mouches communes. La gelée qui eft diftribuée aux pre- miers , eft en beaucoup plus grande quantité proportionnellement , que celle qui eft diflri- buée aux derniers. Elle en dilFere encore très- fenfiblement par fa qualité. Mr. de Reaumur. lui a trouvé un goût fucré qu'il n'a jamais trouvé à l'autre. Ce grand Naturalifte ne foupqonnoit pas que cette petite obfervation deviendroit un jour très-importante. On s'en convaincra , je m'af- fure 5 lorfque j'aurai rapporté la nouvelle dé- couverte qui donne lieu à ce Mémoire. Le principal objet des recherches de Mr. de Reaumur avoit été de découvrir le principe fecret du gouvernement ou de la police des Abeilles. Il avoit fait fur ce fujet fi intéreflant , des expériences décifives , 8c qui ont répandu un grand jour fur divers points, que les Na- turaliftes qui l'avoient précédé n'étoient point parvenus à éelaircir. Il a démontré y que fi l'on prive de la Reine un Eifaim nouvellement mis en ruche , toutes les Abeilles refteront dans l'inadlion. & fe laiiferont périr plutôt que de conftruirc le plus petit gâteau : mais que Ci l'on rend la Reine à l'Effaim qui en a été privé, To?n. X. H [ÎI4 FREMI ER MÉMOIRE! toutes les Abeilles fe mettront aufîi>tôt à tra* vailler , & qu'elles travailleront d'autant plus, que la Reine fera plus féconde. Enfin , il a très- bien prouvé 5 que les Abeilles ouvrières ont pour ces Vers qu'elles n'ont point engendrés ni pu engendrer , la même affedion que les Mères de la plupart des Efpeces ont pour leurs Petits. J'ai dit , qu'il n'y a à l'ordinaire dans une ruche , qu'une feule Reine : je dois ajouter , qu'il vient un temps où il s'en trouve plufieurs. Ce temps eft celui des Ejfaims. On fait que dans les mois de Mai & de Juin , il fort de chaque ruche une ou plufieurs Colonies , qui vont cher- cher ailleurs un domicile , que les gens de la Campagne ont loin de leur préparer. Ce font ces Colonies que l'on nomme des Effaims. Cha- que Effaim eft conduit par une Reine , qui doit fa naiflance à la Reine de la ruche dont l'Ef- faim eft forti. Cette R.eine donne donc naiifance à une ou plufieurs Reines , appellées chacune à conduire un Eifaim. Toutes ne parviennent pas néanmoins à fonder une nouvelle Répu- blique. Cela dépend du nombre des Habitans de la Métropole : quand elle eft fort peuplée , elle peut envoyer au dehors plufieurs Colonies : fi elle Teft beaucoup moins -, elle \\'&\\ envoya qu'une ou deux. Dans ce dernier cas , il ar- SUR LES A BEILLES, iif Hve quelquefois que plufieurs des jeunes Rei-^ îles reltent dans la Métropole. Mr. de Rêau- MUR a été curieux de fa voir , que] étoit le fort de ces Reines qui n'avoient pu fc mettre à la tête d'un Etfaim, & fes obfervations lui ont appris , qiie ces Reiwes furnuméraires font tou- jours facrifiées , enforte qu'il n'en refte jamais qu'une feule dans la ruche. Il a elfayé d'intro- duire en divers temps dans une ruche , des Reines furnuméraires, & il a vu conftamment qu'elles étoient mifes à mort ati bout de quel- ques jours. Mais il n'a pu parvenir à découvrir jiar qui , & comment ces exécutions étoient faites , & ce point eft un de ceux qui nous de- meurent encore voilés. Il reftoit donc à faire fur les Abeilles une expérience fondamentale , que M. de Reaumur n'avoit pas encore tentée : c'étoit d'enlever la Reine à un Eifaim très-pourvu de gâteaux & âe Couvain 5 on donne ce nom aux cellules qui tcn ferment des œufs ou des Vers. J'ai indiqué cette expérience dans le Chapitre XXV de la Partie XI de ma Contemplation de la Nature ^ & j'en ai indiqué quelques autres qui ne mé- riteroient pas moins d'être tentées. J'ai hafardé dans ce Chapitre, de nouvelles vues fur la po- lice des Abeilles , & j'y ai crayonné , ainiî qa^ H ^ it^ PREMIER MÉMOIRE dans le précédent un léger précis de leur îlifi toire. J'y renvoyé le Ledleur , & je me hâte de venir à ces nouvelles découvertes que j'ai annoncées. Découverte de Mr, Schiragh. CesT un fpecflacle auiîî nouveau qu'intéref-, fant pour un Naturalifte Philofophc, que celui d'une Académie fa vante , dont Finftitution a pour principal objet l'étude des Abeilles. Ce phé- nomène moral , (î finguUer , apparoît aujourd'hui dans une petite ville de la haute Luzace. Je parle de la Société des Abeilles, fondée depuis quel- ques années dans le Petit Baiitzen , fous les aufpices de I'Electeur de Saxe. Elle pofïede déjà plufieurs bons Obfervateurs , & un grand nombre d'Amateurs de tout ordre , de l'un & de l'autre fexe. Elle a bien voulu préfumer que j'applaudirois à une inftitution lî digne d'un fiécle philofophe, & que je ne refuferois pas de m'intéreflfer aux travaux d'une Compagnie Littéraire , conficrée principalement à Tétudc des Abeilles. Elle a penfé qu'elle me furpren- droit agréablement , en me faifant l'honneur de m'adopter ftns m'en avoir prévenu. Avec quel plaiGr les Swammerdam, les Maraldï , le^i Reaumur auroient«ils vu cet établiifement qu'ils. SVR LES abeilles:. 117 n'avoient fùrement pas prévu ; Se combien la Société des Abeilles auroit-ellc été empreiTée à parer de leurs Noms illuftres la Lifte de fes nouveaux Aristomachus (2) ! Quels prodi. gieux progrès ne feroit point l'Hiftoire natu- relle , fi on Tapprofondilfoit ainfi dans fes plus petites Branches , & s'il fe formoit qà & là dans notre Europe, des Sociétés qui n'embraiTafTent qu'une feule de fes branches î Les Naturaliftes qui tentent d'embraffer à la fois les maîtrelfes Branches dç cet Arbre immenfe , ne fongent pas qu'ils ne font point des Briarées. Mr. Schirach, Pafteur du Petit Baut2en, Secrétaire de la Société des Abeilles , eft un des Membres de cette Compagnie , qui ont tra- vaillé avec le plus de fuccès , & dont les ex- périences & les obfervations ont le plus enrichi fes Mémoires. Il s'eft emprelTé obligeamment à nie communiquer fes découvertes : il me les a racontées en détail dans une Lettre qu'il m'a adrelfée en Allemand , le 16 d'Oclobre dernier, & que j'ai fait traduire en François (s) : la voici : (a) Au rapport de Ciceron & de Pline , le Philofophe Aristomachus n'avoit fait autre chofe pendant près de (îo ans, ^ue trétudier les Abeilles, 0) J'ai été obligé de [retoiwker cette Tradudlion en un H 3 'ï^S P i? EMIER MÉMOIRE 5, Un fimple hafard m'apprit, Monfieur^ 35 que toute portion de Couvain pouvoit don- 3, ner une Reine-Abeille , lors même qu'il n«? 3, s'y trou voit point de cellule royale. Je peu- 3, fai donc qu'un heureux hafard m'avoit tou- „ jours fait rencontrer dans la portion de Cou- 3, vain , un œuf qui coîitenoit le principe d'un 3, Ver de Reine, & que l'inftinâ: des Abeilles 35 fa voit difcerner cet œuf a, Pour parvenir à arracher à ces Mouches 9, leur fecrec , je me procurai une] douzaine de „ petites caiifcs de bois : je coupai dans une 3, ruche une portion de Couvain , de 4 pouces 35 en quarré , & qui contenoit des œufs & des 3, Vers. Je pîaqai ce très-petit gâteau dans une 3, de mes caiifes , de manière que les Abeilles 35 puifent le couvrir de toutes parts , & cou- 35 ver 3 en quelque forte, les œufs & les Vers. ,5 Je renfermai en fuite dans la caiife une poignée 3, d'Abeilles ouvrières. J'en ufai de même à i'é- 5, gard des on^e autres caiiTes. 3, L'Observateur gagne beaucoup à fépa^ j, rer aiiili les Abeilles & à les diftribuer par 33 petits pelotons: il les obHge à faire en p.etiï^ grand nombre d'endroits , pour la mettre en meilleur Fran- çois ^ &i la rentlre p.ius ckire. s» SUR LES ABEILLES. 119 ce qu'elles font ailleurs en grand. Vous aviez vous-même indiqué cette féparation des Abeil- les , dans le Chapitre XXV de la Partie XI de votre Contemplaticni de la Nature, 5, Je tins mes caifles fermées pendant deux jours. Je favois déjà que ce petit Peuple ap- pelle à élire une nouvelle Reine , devoit être renfermé. Le troifieme jour , j'ouvris fix de mes caiffes , & je vis que les Abeilles avoienfc commencé à conftruire dans toutes ces catf- fes des cellules royales , & que chacune de ces cellules renfermoit un Ver âgé de 4 jours , & qu'elles n'avoient pu choifir cyue parmi les Vers appelles à fe transformer en Abeilles- ouvrières. Quelques-unes des cailTes avoient une , deux & jufqu'à trois cellules royales. 5, Le quatrième jour , j'ouvris les autres j, caiiîes , & j'y comptai de même une , deux , 5, & jufqu'à trois cellules royales. Ces cellules 3, contenoient un Ver de 4 à ^ jours , & qui 53 étoit placé au milieu d'une bonne proviii.on 5, de gelée (4;. (4) „ Cette gelée étoit jaunâtre , & feîîîbhhle à Celle que „ Mr. de Reaumur a toujours trouvç dans les cçUules ro- 3, yales. Elle aiç parut compofée de miel & d'une fubft?.iicç H4 120 PREMIER MÉMOIRE 5, J'e n'aimois pas que les Abeilles eufleiit pré- „ féré les Vers aux œufs pour fe donner des .5 Reines. Je dcfirois de connoître les œufs d'où 5, éclofent les Vers de Reines. Je plaqai fous 59 mon microfcope quelques-uns de ces Vers „ qui doivent fe métamorphofer en Reines : j'y 5, plaqai en même temps des Vers qui fe trans- „ forment en Abeilles communes : je mefurai 5, exadleraent les uns & les autres , & je fis mon 5, pofîîblc pour découvrir entr'eux quelque dit 5, férence : je n'en trouvai aucune. J'appellai un 5, de mes Amis qui eft Naturalise : je l'invi- 35 tai à comparer avec moi ces deux fortes de j5 Vers : il le fit avec foin , 8c ne vit que ce „ que j'avois vu. 5, Peu de jours après , je tirai des I2 caif- ,5 fes les gâteaux que j'y avois renfermés : je 5, leur fubftituai d'autres gâteaux pareils aux », premiers , Se je fermai les caifîes. Deux jours 9, après , je voulus voir Ci les Abeilles fe fe- „ roient fervies d'œufs plutôt que de Vers , s, pour fe donner une Reine ; mais j'obfervai ,3 qu'elles avoient choifi encore des Vers de B, trois jours. Je pris le parti de les laiffer con- 5, tinuer leurs opérations , Se j'eus au bout de 9, laiteufe, pareille à celle qu'on' voit fortir de l'intérieur j, des plus gros Vers , lorfqu'on les ouvre *', SUR LES ABEILLES, I2i 17 jours dans mes I2 caifTes , l> Reines vi- vantes & belles. „ Javois fait cette expérience en Mai : je îaif- ^, fai travailler mes Abeilles une grande partie ., de r£té. Je pouvois compter une à une tou- „ tes les Abeilles : je nV découvris pas un feul „ Faux.bourdon , & pourtant les Reines furent 5, fécondes & donnèrent de la jeuneire. „ Je répétai Texpériencc dans fix autres caifles , 33 femblables aux premières. J'ai décrit ces caif- „ fes dans mes Ecrits. Et comme je voulois 5, m'aflurer , fi les Abeilles pouvoient fe donner 55 des 'Reines au moyen de fimples œufs, j'eus 5 5 foin de ne renfermer dans trois de mes caif- 0, fes 5 que des gâteaux où il ne fe trouvoit „ que des œufs. Lorfque je vins enfuite à ou- e, vrir ces caifles , je vis que les Abeilles n'avoient 5, fait aucune difpofition relative à la produdlion j, d'une Reine. „ Il n'en étoit pas de même des trois autres 5, caifles , dans lefquelles j'avois renfermé des j, gâteaux où fe trou voient des Vers de 3 à 4 5, jours: chaque petit EflTaim avoit fa Reine - 3, abeille , qui étoit provenue d'un de ces Vers* m FKEMIER MÉMOIRE 5, Je continuai à répéter cette (înguliere exZ s, périence tous les mois de l'année , & même 3, dans le mois de Novembre où Ton fait que 3, les Abeilles ne donnent jamais d'EiTaim , & 5^ où par conféquent elles n'ont pas befoin dé „ Mères ou de Reines furnuméraires i & chaque „ fois je me procurai ainfî la plus belle Reine- „ J'Étois même Ci fur de la réufîîte de Texpé- ^„ rience , que m'étant fait donner par un Ami , „ mi feul Ver vivant, renfermé dans une cel- 3, Iule ordinaire , je procurai à mes Abeilles au 3, moyen de ce feul Ver , une Reine ou Mere- „ abeille. Elles firent périr tous les autres Vers 35 d'Abeilles communes & tous les œufs qui 3, étoient dans le gâteau. „ QvE devois-je conclure , Monlîeur , de 3, toutes ces expériences ? Notre immortel 3, REAUMURavoit dit, que la Reine-abeille pon- 3, doit , un , quatre , fix & jufqu'à quinze œuf», 3, d'où éclofoient une ou plufieurs Reines-abeiL 35 lesj 8c mes expériences me démontroient , 3, que chaque Ver d'Abeille commune pou voit 5, donner une Reine. Mr. de Reaumur avoit 35 dit encore , que les Abeilles communes étoient 3, abfolument dépourvues de Jexe , qu'elles n'é»» 2, toient ni Mâles ni Femelles s & toutes nîç% SUR LES ABEILLES, 123 expériences me prouvoieiit , ''que les Vers qui fe transforment en Abeilles communes , peu- vent aufE fe transformer en Reines. „ Si mes Abeilles S'étoient fervies conftam- ment des œufs que renfermoient mes petits gâteaux , pour fe donner une ou plufieurs Reines, j'aurois pu en inférer, que la Reine pondoit dans le cours de l'année un grand nombre d'œufs de Reines , & quelle les met- toit en dépôt dans des cellules ordinaires , pour fubvenir aux divers accidens qui mena- cent la vie des Reines : j'aurois fortifié ma conjecfture, par la confidération de l'impor- tance extrême dont la vie de cette feule Mouche eft à tout le petit Peuple. Mais j'ai trouvé , au moins cent fois , que les Abeilles choififToient un Ver de 3 à 4 jours , qui fui- vant les loix ordinaires de la transformation , feroit devenu une Abeille commune , s'il avoit été élevé à la manière des autres Vers de fa forte. „ Je tirai donc cette conclufion , que puif- 5, qu'il n'étoit aucun Ver d'Abeille commune, j, qui ne pût donner une Reine ; toutes les ^î Abeilles communes appartenoient originaire-^ 124 TKEMIER MÉMOIRE „ rement au fexe féminin (5) j qu'elles dévoient 5, polTéder dans une petiteife extrême , les or* 33 ganes qui caradtérifent ce fexe ; que le déve* 3, loppement de ces organes dépendoit eflentieU 3, lement d'une certaine nourriture appropriée , 3, & adminiftree dans un logement allez fpa- 35 cieux pour permettre à ces organes de s'é-* 3, tendre en tout fens j que Ci , au contraire , 3, ces deux conditions eiTentielles manquent, 3, l'Abeille commune eft condamnée à une vir- 5, gmité perpétuelle : je la comparois plaifara-P 55 ment à une Veftalc, „ Ce TOIT ainfi que je raifonnois avant que ,, de publier mes expériences ; mais avec quelle 5, défiance ne les ai-je pas publiées ! Je me 3^ voyois obligé de contredire notre excellenc „ Reaumur 5 (Se d'introduire un nouveau fyf- 3, ftème dans la dodlrine des Abeilles. „ J'ai prié publiquement tous les Naturaîiftes 3 35 & en particulier le célèbre Gleditsch de 3, Berlin , de répéter mes expériences , & de 3, me redrefTer s'ils obtenoient des réfultats 35 différens. J'attends en vain depuis deux ans, (5) ,, Le Dofteur WardEr , Anglois, dans fa Monarchie des ,9 Abeilles, nomme les Ouvrières, Dcr.nes ou Amcizones î mais „ perfonne ne Tavoit écouté. SUR LÈS ABEILLES. i^T S5 I' Temble , qu'on ne veuille pas prendre les 55 mêmes peines que j'aiprifes, ou qu'on croye M que Reaumur , a tout découvert j lui , qui ,j invite cependant les Naturaliftes à approfon- 3, dir davantage la naiflance de la Reine-abeille » ,ï ce qu'il préfume qui nous Vaudroit des ex-. i5 ceptions remarquables. ,, Dans le paflage de cet habile Académi*. 5, cien 5 que j'ai ici en vue , il étoit bien près 5, de notre manière utile de former des Effaims. 5, Vos belles ouvertures , Monfieur , dans la ), Contemplation de la Nature , Part. XI , 5, Chap. XXV , conduifoient bien directement 35 à cette méthode , & c'eft précifément celle ), que nous employons aduellement. Elle nous i, a valu chaque année plufieurs centaines d'Ef. ), fiims nouveaux. Je le montre en détail dans 5, mon dernier Ecrit (6)* Au refte , on fent alfez CO Mr. Blaesieble, «le la Société des Sciences de Hol- lande, a publié à la Haye en 1771 , une Tradudion Fran- <;oife, de l'Ouvrage Allemand de Mr. SCHlRACH , fous le titre à'Hiftoire naturelle de la Reine des Abeilles, &c. L'efti- mable TradutSleur a joint à fon Livre la Correfpondance de rObfervateur de Luface avec divers Savans , & les trois Mé- moires que j'avois compofés fur les Abeilles , foit fur les dé- couvertes de Luface, foit fur celles du Palatinat. Je dois prévenir le Lefteur qu'il fe treuve dans l'Ouvrage rie Mr. Ï25 FËEMÎEË MÉMOIRE. 5, combien ces expériences peuvent être utiles 55 dans l'économie ruftique» „ La propagation des Pucerons , que vous j, avez démontré fe faire fans accouplement ,• ^5 eft une excellente analogie avec ce qui f& 3, paffe chez les Abeilles. Les Faux-bourdons^ 5, ont dans leurs vaiifeaux féminaux, une pro- 5, digieufe quantité d'une liqueur blanchâtre. 3, Il femble qiie cette liqueur ne foit point en 3, rapport avec la petitêffe des parties génitales- 3, de la Mere-abeille. Mais , comme la liqueur 3, féminalè doit être non-feulement un ftimu- 3, lant , mais encore un fluide nourricier , con- „ formément à vos principes fur la génération i; 3, je conçois très-bien , que cette grande q-uan- 3, tité de liqueur féminalè des Faux-bourdons? ,, ne doit pas être fuperflue dans le temps où 3, la plus grande partie des Abeilles vienneniî 55 au jour. En un mot, il y a ici la plus belle 3, analogie: car Mr. Hâttors a très ^ bien ,, prouvé , que la Mere-abeille eft féconde fans 3, accouplement. On infère fa Dijjertaîion dans 3, notre troifieme Recueil. 55 Mais , quel fera donc l'ufage fecret des Blassieee, un grand nombre de fautes d'impreffion, dont beaucoup altéient U fens. IS UR LE S A BEI L LES, i2f ,^ Faux-bourdoiis ? à quoi bon la fage Na- 5, ture les auroit-elle pourvus d'un fî grand 3, appareil^ d'organes fécondateurs ? Les idées 35 fi bien fondées , que vous avez expofées fur 5, la génération , dans ce Chapitre de votre Con^ 5, templation^ que je viens de citer, éclaircif- 3, fent ceci. Vous y revenez encore dans votre „ Préface , pag. XVII , & j'en ai été charmé. „ Telle a été en raccourci toute ma marche. „ Je vous fupplie , Monfieur , de me commu- 5, niquer vos doutes & vos remarques. Mr. le 5, Pafteur Wilhelmi , mon Beau-frere , ne lau- 5, roit le perfuader encore ces découvertes. 0 3, conjedure qu'un heureux hafard m'a toujours ,, fait rencontrer dans les cellules un œuf de 5, Reine. Il commence néanmoins à être un peu 5, ébranlé. Il eft vrai que ce qu'il conjedure ciï 3, poffible : mais il faut convenir qu'il n'a en fa ,, faveur que la fimple poihbilité. Et lorfque je 3, lui prouve , que les Abeilles prennent des 3, Vers qui étoient deftinés à donner des Abeil- 3, les communes, lorfque je le laifTe choifir lui- 3, même un pareil Ver , lorfque je lui prouve j, que je puis faire naître d'une feule ruche, 3, dans tous les temps de Tannée, autant de 3, Reines que je veux 3 il ne fait plus alors que j5 m'objuder. 128 fRemiek Mémoire „ Nombre de Perfonnes applaudiflent ; maïs- „ elles me croyent fur ma parole , & c'eft pré- 3, cifément ce que je ne veux pas. îl faut que 5, Ton s'aiTure par foi-mème de la vérité des faits que j'ai découverts. Je ne prétends point obliger le Public éclairé à croire fans examen. Te prie qu'on veuille bien répéter fouvent mes „ expériences. On peut choifir fimplement une 5, ruche en panier s on en détachera à volonté 5, un gâteau de 4 à f pouces en quarré , plein 3, de Couvain : on attachera ce gâteau au haut 5, d'un autre panier vuide : on le mettra à la 3, place de l'ancienne ruche , & on verra bientôt e, que les Abeilles qui étoient forties pour bu-^ „ tiner , entreront dans ce nouveau panier , y 35 conftruiront une ou plufîeurs cellules roya- 3, les , & fe donneront une ou plufieurs Reines, de la manière que j'ai expofé. C'eft ce que rObfervateur pourra répéter bien des fois 3, pendant toute la belle faifon. Seulement il ne faut pas s'attendre dans ces fortes d'ex- périences à recueillir beaucoup de miel , parce que le travail des Abeilles en eft tou- 3, jours troublé. ,5 Le petit Écrit Allemand , que je vous en- »9 voye, & que notre Cour a déclaré par Let- 5, tres-Batentes 3 un Livre élémentaire , indique plus SUR LES ABEILLE fi. i%^ >, plus clairement la mmœuvre ,* Chapitre V , ), page 3^. J'ai vifé dans ce Livre à la clarté 5, & à la précifion : je l'ai di'iHaé aux Gens de j, la Campagne. Ceft un extrait d'un/plus grand ,5 Ouvrage que i'ai publié fur les Abeilles , & „ auquel j'ai joint la tradudlion allemande du „ Traité de Palteau. „ Daîîs la fuite, je prendrai îa liberté de ^3 vous communiquer quelque chofe fur la pri- 5, vation du fentiment de la faim chez les Abeil- 33 les. Cette conjedure que vous propofez , „ Part. XI , Chap. XXV , de la Contemplation „ de la Nature, m'a paru très-neuve , & di- 35 gnc d'être approfondie. J'en dis de même 53 des autres idées que vous propofez fur la ,3 police de nos Mouches , & qui font au- 33 tant de textes que vous donnez à méditer 33 au Lecteur Philofophe ", Je joindrai ici la réponfe que j'ai faite à Mr. ScHiRACH , & qui contient mes premières réflexions fur fon intéreifante découverte. E'ies auroient demandé à être plus développées pour qu'on pût mieux fentir leur liaifon avec d'au- tres faits, & avec les conféquences les p^us naturelles de ces faits. Mais c'étoit une Lettre ,que je compofois & non un Traité : d'ailleurs To:;u X I 'Î3ô l^KEMIER MÉMOIRE je parlois à un Obfervateur éclairé , Se qui s'étoit fort occupé de mes derniers Ecrits. A Genthod le 7 Février 1 770, 35 Je fuis, Monfieur, bien honteux, de ré- 35 pondre fi tard à votre intéreffante Lettre du 33 16 Odobre : pardonnez ce retard à des oc- 53 cupations qui fe font fuccédées , & qui ne 33 me lailfoient pas le loifir de méditer à mon 33 gré vos curieufes découvertes. 39 Je vous avouerai fans détour , que lorf- j, que vous me communiquâtes pour la pre- 3, miere fois vos expériences fur l'origine des „ Meres-abeilles , je foupqonnai fortement que 35 vous aviez été trompé par certaines circonf. 35 tances , auxquelles vous n'aviez pas donné „ affez d'attention. Vous ne me faurez pas mau- „ vais gré de mon loupqon : vous conviendrez ,5 volontiers qu'il étoit très-logique, puifqu'il 5, repofoit fur les obfervations des plus grands 5, Maîtres dans l'art (1 difficile d'étudier la Na- 35 ture. J'avois lu & relu les beaux Mémoires ,5 de feu mon illuftre Ami , Mr. de Reaumur : 55 j'avois vérifié moi-même un bon nombre de 5, faits qui fondent fa Théorie des Abeilles. ,5 J'avois lu auffi l'Hiftoire des Abeilles du cé^ ^ÛÈ LÈS ABEILLES. t^i Jj îebre Swammerdam, & celle du favantMA- 35 RALDi. J'avois donc la tête très-pleine de 3, toutes les vérités qiie nous devons à la faga- 35 cité & aux longues recherches de ces habiles 35 Naturaliftes. Vos expériences renverfoient de 35 fond en comble toutes les idées que j'avois 35 puifées chez ces Ecrivains , & dans mes pro- 35 près obfervations. Vous me paroîfliez répandre 3, fur la génération des Abeilles une forte d'ar- 35 bitraire , qui me fembloit choquer tout ce 3, que je connoiffois de plus certain fur la marche 35 de la Nature. Enfin , vous ne me donniez que 3, des réfultats très-généraux , & point du toufi 35 de ces détails qui les conftatent & en per à ce!le d'une feule Mouche : car combien d'ac- 3, cidens pouvoient menacer les jours précieux 35 de cette Mouche ! Votre belle découverte 3, nous montre quelles font ici les reifources g, de la Nature , & comment elle a fu alTurer ^5 le fort de la petite République. ■ 9» Les ailes des Abeilles , comme celles de s5 toutes les Mouches, font d'une fubfianceua ^^ peu friable , ^ ^ui n'eft pas fufceptible d'une SUR LES ABEILLES, 137 ï, grande extcnfion. Celles de la î^'Iere-abeille ,, font beaucoup plus courtes que le corps , & 5, n'ont que la longueur des aîles des Abeilles 3, ouvrières Ce petit fait ne femble t-il pas dé- 5, celer l'origine des Meres-abeilles , & nous in- 5, diquer que les ouvrières ne font pas d'une 9, race moins noble? Cette nourriture plus abon- 3, dante , & fans doute plus élaborée , qui peut „ faire développer dans un Ver d'Ouvrière 3, certains organes , & prolonger en tout fens 5, toutes les parties du corps , ne peut pro- 3, longer de même les quatre aîles dont la 5, fubftance un peu roide réfifte trop. 5, Mais on demandera, comment il arrive 5, que les Ouvrières d'une riuche , pourvues 5, d'une Mère, ne s'avifent pas de conftruire 5, en toute faifon , des cellules royales , pour y 5, élever des Vers de leur forte à la dignité de jv Reines , tandis que fi l'on renferme une poi- 3, gnée de ces Ouvrières dans une boite avec 55 un peu de Couvain, elles fe procureront bien- 5, tôt plufieurs Reines ? Mr. de Reaumur „ auroit répondu qu'elles ont été inftruites à 5, ne bâtir des cellules royales que dans certai- 3» nés circonftances qu'elles favent démêler. Ceci 5, pourroit donner lieu à de nouvelles expé- g, riences, qui accroitroient nos connoiffiuices 138 FREMIER MÉMOIRE 55 fur la portée de riuftiiiâ; de ces Mouches in^ „ duftrieufes. Il faudroit , par exemple , enle- 5, ver la Reine à une ruche bien peuplée, & „ dans laquelle on fe feroit alTuré qu'il n'y 33 auroit point de cellule royale : on verroit ce 5, que. feroient alors les Ouvrières , & on pé- „ nétreroit plus avant dans le (ecret de ieuc 3, police. Il eft aifé de prévoir , d'après vos ob^ „ iervations , que ces Ouvrières fe donneroien^ „ bientôt une Reine : mais s'en donneroient- 5, elles plufieurs , ou ne s'en donneroient elles 3, qu'une feule ? Et fi elles s'en donnoient plu- „ fieurs , que deviendroient alors les furnumé- 5, raires ? Il y a bien de l'apparence qu'elles 5, feroient facrifiées , comme Mr. de Reaumur „ l'a raconté. Il ne nous apprend point néan- „ moins , comment & par qui les Reines fur- „ numéraires font mifes à morti & ce poine „ mériteioit d'être éclairci. Nous vous devrons „ encore cette nouvelle connoiifance 5 vous ne „ manquerez pas fùrement de tenter fur ce fu« „ jet, des expériences qui nous diront plus que ,5 les conjecTiures auxquelles Mr. de Reaumur >, avoit été réduit. „ Dès que vous avez démontré, Monfieurj, 5, que de liaiples Vers d'Ouvrières peuvent de-* 2, venir des Reines , il eft par cela même dé-* SUR LES ABEILLES. 139 Il montré , que les Ouvrières elles-mêmes font „ de véritables Femelles , fort déguifées à nos 3, yeux , & point du tout de véritables Neii^ 5, très. Il en eft, fans doute , de même chez les 5, Guêpes, &c. &c. Si donc le fcalpel & le mi- 3, crofcope de finfatigable Swammerdam n ont 35 pu découvrir dans les Abeilles Ouvrières , ces 35 ovaires qu'on découvre Ci facilement dans la 35 Reine j c'eft apparemment qu'ils font d'une 35 petitefTe extrême dans les Ouvrières. Ils y 55 font , en quelque forte 5 oblitérés. Nous 3, fommes avertis aujourd'hui de les y chercher 35 avec plus de foin , & d'imaginer quelqu'ex- 35 pédient qui pourroit les rendre acceiTibles à 35 notre vue , aidée des meilleurs microfcopes. 35 Je vous recommande fort cette curieufe re^ *3, cherche : Ci elle vous réufîiiToit , elle acheve- ,5 roit de nous dévoiler l'origine des Meres- 35 abeilles, & le principe fondamental de leur 35 gouvernenient. 35 II eft un autre point dont je ne trouve 3, pas l'éclaircifTement dans votre Lettre 5 & qui 3, pique beaucoup ma curiofité : c'eft de favoir 55 comment les Ouvrières qui s'étoient procuré ^5 des Mères dans les boîtes où vous les aviez 35 renfermées , avoient tranfporté & logé dan? j,a des cellules royales , nouvellement cpnftruices , 140 PREMIER MÉMOIRE 35 les Vers de trois à quatre jours , qui étoient 5, logés dans des cellules ordinaires F La Guêpe 3, Iclmeumon (S) , qui tranfporte Ci adroitement „ dans le nid de fes Petits , des Vers vivans , 3, qui les y arrange proprement le's uns au def- 3, fus des autres , nous montre alFez ce que les 5, Abeilles font capables d'exécuter dans un genre 55 analogue. Mais je fouhaiterois là-deffus des 3j obiervations diredes. 55 Je reviens à ces Vers d'Ouvrières , dont 3, les Abeilles favent tirer un û grand parti: 3, je voudrois que vous les dilTéquaffiez avec 35 plus de foin qu'on ne l'a fait : peut-être y 3, découvririez-vous plus facilement que dans 3, l'Abeille elle-même les rudimens des ovai- 3, res. Vous irez enfuite les chercher dans ces' ,5 mêmes Vers , prêts à devenir des Reines. 5, Il me vient dans l'efprit une autre ex- 3, périencej mais je doute qu'on puilfe la ten- r, ter avec fuccès : ce feroit de nourrir des 3, Vers de Reines avec l'aliment propre aux 3, Vers d'Ouvrières , & de nourrir des Vers 3, d'Ouvrières avec l'aliment propre aux Vers (8) Hiftoire des Infeftes de Mr. de Reaumur , Tom. VI ^ Mém. VIII. Contemplation de la Nature , Part. XII , Chap. XXVi. SUR LES ABEILLES, 14,1 ;i de Reines. Si cette expérience réuffiiToit un 55 peu , elle nous feroit mieux juger encore de 55 l'influence de la nourriture. „ Une autre expérience à tenter , & tou- ,, jours dans les mêmes vues : ce feroit d'ef- „ fayer d'introduire dans une cellule où un „ œjjf auroit été dépofe , un petit tube exa- 5, gone de carton fin (s;) qui en dmiinueroit 3, la capacité : vous préi'umez alFez , & je le 35 préfume aulfi , que les Abeilles ne manque- 3, roient pas d'enlever ou de déchirer ce tube: 55 toujours pourtant feroit-il bon de faire cet 3, elfai. Qiie fait-on? Nous ne connoilfons les 35 Abeilles que bien imparfaitement. Peut-être 3, encore qu'elles enleveroient l'œuf ou le Ver. „ Quoiqu'il en foit , il reftera toujours s. chez nos Abeilles une très-grande fingula- , rite; c'eft que la plupart des individus de ce 3 petit Peuple demeurent toute leur vie inha- , biles à la génération , par des circonftances , purement accidentelles , & qui néanmoins , deviennent elTentielles dans l'inftitution du , Sage Auteur de la Nature. „ A la fin de fon feptieme Mémoire fur les 0) Oa mieux encore de métal battu ou laminé. Hi F RÈMIER M ÈM OÎËÉ. 9j AhetUes ^ Mr. de Reaumur décrit affeZ a3 à, long les caraderes qui lui ont paru différen- 3, cier les Meres-abeilles , & les Abeilles Ouvrie« 35 res. On voit qull étoit bien éloigné de f®up- 5, çonner le moins du monde , que les unes ^, & les autres participent à la même indivi- 3, dualité , Çi je puis m'exprimer ainfi. 11 in- 9, ri('i:e en particulier fur les inftrumens defti- 3, nc9 à la récolte de la cire & du miel. Il fait 5, obferver , que les jambes de la dernière „ paire n'ont point chez la Mere-abeille cette 3, palette triangulaire ou cette petite corbeille 3, dans laquelle les Ouvrières favent ralfembler 3, la cire , pour la tranfporter dans la ruche; 3i II fait remarquer encore que la Mere-abeille' 3, a une trompe beaucoup plus courte que celle des 3, Ouvrières; qu'elle a beaucoup moins de ces 3, poils qui fervent aux Ouvrières à retenir la 3, cire qu'elles recueillent , &c. Mais on con- i, qoit aifez comment tous ces caraderes , qui 3, ont femblé H elfcntiels à Mr. de Reaumur, 3, peuvent être plus ou moins modifiés par la 3, quantité & la qualité de la nourriture qui 3, eft adminiftrée au Ver. On comprend far,i- 3$ îement , que certaines parties qui croiifent 35 avec excès , peuvent en effacer d'autres : qu'il 3, eft des parties moins fufceptibles d'extenfioit „ que d'autres : je l'ai déjà remarqué à l'égard des SUR LES A BEILLES. 143 ^ ailes. Au refte, ceci ne détruit point les rai- 55 fonnemens de Mr. de Reauimur , fur les Hns 5, qu'on découvre dans le rapport de la ftruc- 3, ture de ces deux fortes d'individus à leur „ deftination particulière. Ces rapports n'en i, fubfiftent pas moins , ils n'en font pas moins 5, invariables , quoiqu'ils dérivent de caufes pu- 5, rement accidentelles. Ces caufes n'en pro- 5, duifent pas moins conftamment leurs eiïets , 5, & elles étoient entrées dans le plan que le 35 Créateur s'étoit propofé en appellant les 35 Abeilles à Texiftence. „ Je palTe maintenant à un fujet qui a une 35 relation plus immédiate avec l'importante ma- 35 tiere de la génération : je veux parler de la 3, fécondation de la Mere-abeiile. J'avois foup- 5, qonné , en effet, que cette Mouche pouvoit 5, engendrer fans le concours des Mâles. Je l'é- „ crivois le 10 de Novembre 1768, à Mr. 5, WiLHELMl 5^ notre digne Confrère dans la 5, Société des Abeilles (10) : vous favez que 5, j'ai démontré que les Fiicerons font dijUngués 3, de fexes ,* que les Mâles font très-ardens , ^5? 55 que la même Efpece ou fai ohfervé bien des fois „ les accouplemens les plus dé ci dé s ^fe înultiplie pour^ (10) Voyez ci-deflus ma première Lettre h Mr. Wil- HELMI. 144 PREMIER MÉMOIRE 5, fant fans accouplement. Il fenihle donc ^ qu'il 35 ne fer oit pas pins fiirpr estant que la Reine-a~ 5 5 heïlle nmltipli/it jans le concours des Mules , 55 qiCil ne Peji que les Pucerons multiplient fans ce fecours. Vous m'apprenez , Monfieur 5 que Mr. Hattorf a déjà vérifié mon foupqon ; ^ qiiil a très-bien prouvé que la Merea^ heille efi féconde par elle-'même. Cette décou- verte méfait grand plaifiri mais j'aurois fou- liaité que vous m'eulîîez dit un mot de la manière dont Mr. Hattorf s'y eft pris pour la faire. Les expériences par lefquelles on en- treprend de prouver des vérités nouvelles ,< & qui choquent des loix eftimées généra- les ; ces expériences , dis-je 5 ne fauroient être faites avec des foins & des précau- tions trop fcrupuleux. Vous avez pu voir dans le Tome I de mon Traité d' Infetlologie 5 publié à Paris en 174^, tout ce que j'avois fait pour démontrer rigoureufement que les Pucerons peuvent multiplier de génération en génération , fans aucune copulation. Vous avez vu que j'avois pouifé l'expérience juf- qu'à la dixième génération. J'ai fort à regret- ter aujourd'hui l'attention trop continuée que j'avois donnée à de fi petits Infedes : mes yeux s'en font maiheureufement trop reffen- tis 5 & s'en reiîentiront toute ma vie. J'ai 3, eu SURLES ABEILLES. 14?! I^ eu au moins la fatisfadion de démontrer le 55 premier une vérité intérefTanté , qui n'avoit 5^ été jufqu'à moi que le fimple foupqon de s> quelques Naturaliftes , & dont les Polypes f^ nous ont fourni depuis de nouvelles preuves* „ S'il efl: à préfent rigoureufement démon-. 5, tré , que la Mere-abeille eft féconde par elle- 5, même , il s'agit de parvenir à découvrir le ., véritable ufage des Faux-bourdons. Mr. dé 5, Reaumur s'étonnoit du grand appareil de 5^ leurs organes générateurs , & de Tabondance 55 de leur liqueur féminale. Si la Mere-abeille 5) n'a que fiire de tout cela pour multiplier , 5, il y a bien plus de quoi nous étonner. Il ), fera mieux de ne nous étonner de rien , & 5, de fonger fans cefTe à fimperfedion Se aux 5, bornes de nos connoilfances naturelles. Je 5, récrivois encore à Mr. WiLHELMl : hifags >,, fecrei des Maies ou Eaiix-bourdons peut être 3, bien différent de tout ce que nous penfoyis, Mr. 3, de Reaumur a bien raconté les amours de 5, la Reine-abeille j mais il avoue n'avoir jamais obfervé de véritable accouplement. Qui faic Çi les Mâles ne répandent point leur fperme dans les cellules royales où loge aduellement ^^ un œuf ou un Ver .^ Qui fait fi ce fperms 35 mêlé à la noufriture fur laquelle repofe l'œut Tome X, K .55 55 î4<^ PREMIER MÉMOIRE 5, OU le Ver, n'accroît point l'énergie de cettg^^ 5. nourriture, & ne la rend pas plus propre à 3, procurer le développement des ovaires , &c. ? 33 Qyi ^àit encore fi ce fperme ne pénètre point ., dans le V^er par d'autres voies que nous ne ,, faurions deviner ni découvrir ? Enfin , il 5, feroit poiîible que les conjedures que j'ai 3, hafardées fur t'ufage de l'accouplement chez 5, les Pucerons , rcquflent ici quelqu'applica- „ tion heureufe. Vous paroi Olez le croire , & „ je m'en félicite. Vous imaginerez , fans doute , „ des expériences qui vérifieront ou détruiront 5, l'application dont il s'agit. 5, Je le difois dans la Contemplation : il rejle 3, donc eyicore des expériences ciirienfes à tenter 3, fur les Pucerons , înalgré le grand nombre da 3, celles qtCon a déjà faites. Combien ces petits 3, Infe&es méritoient ils - d^étre étudiés ! Il de^ 3, meure toujours vrai , que les plus petits fujets 53 de Phyfique font inépuifables. Combien les 3, Abeilles font-elles plus inépuifables encore que „ les Pucerons ? Combien feroit-il peu philofo- , phique de s'étonner , qu'il fe foit formé dans , un coin de l'Allemagne , une Société dont le ,5 principal objet eft l'étude de Abeilles ! ,, Il refte certainement beaucoup plus de- SUR LES ABEILLES, t^f rt cliofes à découvrir fur les Abeilles , que nous 5, n'en connoiiTons , & nous ne faurions nous „ flatter tant foit peu de voir jufqu'au fond ,, dans un fujet 11 fécond & Ci compliqué. Nous 5, ne bifons même qu'effleurer les fujets de Phy-* 3, fique en apparence les plus fimples. Ne nous 5^ rebutons point cependant , & ne nous lafTons „ point de tenter de nouvelles expériences. Une 3, des plus importantes feroit aiTurément de pri- ,5 ver une ruche de tous fes Mâles avant qu'ils ,, euifent pu exercer aucune de leurs fonc'lions. „ Il fa u droit répéter cela fur la même ruchô „ plufieurs années de fuite , & obferver atten- 55 tivement ce qui en réfulteroit. „ Je ne puis quitter les Abeilles fans vous ,-, inviter à vous aiTurer , Ci elles font réelle- „ ment ovipares. Je foupconne que ce que l'on „ a pris pour un véritable œuf, pourroit biea 5, être le Ver lui-même. Si je ne me trompe, 5, Mr. de Reaumur a élevé quelque part le i, mêm.e foupçon". Je ne développerai pas acT:uellement îes^fc vcrfes réflexions , que je ne fais qu'nidîquer dans la Lettre qu'on vient de lire. Il fera mieux que je renvoyé à le faire au temps où de nou- ve!lç5 expériences auront répandu plus de jour K 5 H^ PREMIER MÉMOIRE fur un fu jet -qui demande à être approfondi jut ques dans fes plus petites parties. Il tient par des rapports alFez direds à une des plus belles matières de la Phyfique, à celle de la généra- tion , & c'eft principalement fous ce rapport que je defirerois qu'il fût envifagé par les Natura-» liftes. Les recherches qu'ils tenteroient dans^ cette vue , pourroient conduire à des réfultats qui réfléehiroient une lumière plus ou moins vive fur les endroits ténébreux de l'objet. Il arrive quelquefois que le Phyficien parvient à des vérités cachées , par des routes qui lui avoient paru d'abord fort détournées , & qui étoient pourtant les plus diredes. Le 7 Mars 177a f 14$ ) IPo MEMOIRE SUR LES ABEILLES, Ou fuite de Pexpofé des découvertes de Lnface\ £puis l'envoi de mon Mémoire à TAcadé- mie des Sciences de Paris, j'ai requ une aiTex longue Lettre de Mr. Wilhelmi , qui répond à plufieurs des quêtions que j'avois propofées à fon digne Confrère , Mr. Sghirach i & dans laquelle il me fait part de fes propres conjedures. Cette Lettre me paroit trop intéreffante , pour que je ne la tranfcrive pas ici en entier. Elle fera un bon fupplèment à mon Mémoire, & excitera davantage les Naturaliiles à s'occuper d'une découverte , qui mérite d'autant plus leur attention , qu'elle renferme des utilités plus réel- les. On n'aura pas oublié que Mr. WiLHELMl étoit de l'incrédulité la plus confommée fur cette découverte 3 <& c'eft cette incrédulité même , K 3 î io s E C ON J>MÈM ÔTRE fi louable chez un Phyficiee, qui doit lui me ^ riter la confiance des Sages. \ J Diehfe , près de Rothkresfchen , Aans la haute Liiface , le 9 Mars 177O- ;, Je reviens, Monfieur , à la découverte de i, la génération de la Mere-abeille , dont Mr. 5, ScHiRACH vous a détaillé les principaux faits. ,5 Je ne puis nier que fes expériences n'ayent 5, une très-grande vraifemblance. Il eft fort rare „ qu'une poignée d'Abeilles Neutres^ renfcr- ,, mées dans une boîte avec un petit gâteau 9, plein de Couvain, ne conftruifent pas fur ce 9, gâteau une ou plufîeurs cellules royales. Quel- 5, quefois néanmoins il arrive le contraire. Mr. ^, ScHiRACH en attribue la caufe à la malha- 3, bileté de l'Artifan ; & moi je l'attribue au dé- », f iut d'œufs ou de Vers royaux ? Ne feroit-il 3, jxis poflible qu'il y eût ici fallacia non caitjjh „ lit comjjji: Ne feroit-il pas poffible encore , ., que Peiîai fait avec un feul Ver de Neutres 5, vivant , <& qui a (1 bien réuffi , fût du au ha- 5, fard ? Je vous prie inftamment de faire répé- 55 ter chez \^ous cette curieufe expérience. Mr. 3, ScHîRACHfe propofe de la répéter lui-même 3, au Printemps prochain. Ceft ainfi qu'on pourra 55 parvenir à la pleine certitude. SUR LES ABEILLES, i^i 3, Dans la fuppofition que la nouvelle dé- 5, couverte de Mr. Schirach eft certaine, le 3, fexe des Faux-bourdons n'en eli: que mieux 5, conftaté. Il réfulte de la découverte même , 3, qu'ils font les Mâles de rEfpece. En Phyfi- 3, que, la découverte d'une vérité vient ordi- 3, nairement à l'appui de quelqu'autre vérité. 3, J'entrevois à préfent toute la probabilité de „ vos peniées philofophjques fur les Corps or- 35 ganifés , fur leur préformation , fur leur dé- 3, veloppement , & en particulier fur la liqueur 3, féminale , qui félon vous , Monfieur , cil à 3, la fois un vrai ftimulant & un fuc nourri- 3, cier , dont dépendent la fécondation des Etres 3, vivans & leur premier développement. 5, Mais comment les Faux-bourdons opé- 5, rent-ils la fécondation des œufs ? Eft-ce en „ s'accouplant avec la Mere-abeille ? ou eft-cc 3, par quelqu'autre voie encore inconnue ? La 5, Mere-abeîlle commence à pondre dèslespre- 3, miers jours du Printemps , & lorfqu'il n'y a 3, point encore de Faux-bourdons dans la ruche. 3, I! eft même prouvé , que les Mercs qui naif- 3, fent dans les boites de Mr. Schirach, pon- „ dent bientôt après leur naiilance. Si la Mere- », abeille eft fécondée par les Faux-bourdons >, avcclefqucls elle a eu commerce le Printemps K4 153 SECOND MÉ M 0 IRE 5, OU l'Eté précédent , comme Ta penfé Filluftre 1, Reaumur , comment les Reines-abeilles qui 5, naiflenc dans les boîtes de Mr. Schirach, 5, font-elles rendues fécondes ? J'avois foup- 9, qonné , qu'il peut fe trouver toujours parmi 3, les Abeilles communes , renfermées dans ces 5, boites , quelques-uns de ces Faux-bourdons „ dont Mr. de Reaumur a parlé , & qui font 5, û petits qu'il eft facile de les confondre avec ,, les Abeilles communes. Mais ce ne feroit jamais 3, là qu'un fimple hafard , & un fimple hafard n'eft 5, jamais conftant. Or, il elt confiant que les 3, Reines qui éclofent dans les boites dont il s'agit ,5 font toutes fécondes. Je vais donc vous corn- 55 muniquer mes conjedures fur ce fujet obfcur- „ Je foupQonnerois que les Faux-bourdons ^,, communiquent leur liqueur fpermatique aux 5, Abeilles communes , qui fuivant la nouvelle ,, découverte , appartiennent toutes au fexe „ féminin. J'imaginerois que cette communica- 5, tion s'opère par l'introdudion de cette li- „ queur dans quelque endroit de l'intérieur des j, Abeilles communes. Je fuppoferois que cet „ endroit eft propre à conferver cette liqueur 3, ou ce flimulant , jufqu'au temps ou les Abeil- „ les communes l'en font fortir pour en ini- ^5 piégner cette forte de gelée dont. elles nour- SURLESABEILLEP.. i^g ;, rifTeiît les Vers. Je regarderois ce lieu inté- „ rieur où la liqueur féminale eli: iDÎfe en re- 5, ferve , comme le réfervoir ou le dépôt de cette 5, liqueur. Peut-être ce réfervoir eft-il la vefîîe 5, du venin : peut-être au moins a-t-il avec cette „ vefîie une grande connexion. Remarquez, je vous prie, Monfieur, que „ je ne dis point que les Abeilles communes 5, pondent! je dis feulement, qu'elles confer- 5, vent la liqueur féminale , & qu'elles la font 5, pénétrer dans la bouillie qui eft fahment des „ Vers. 5, Ce feroit à l'aide de ces conjecT:ares, que i, je tenterois de rendre raifon du nombre des 5, Mâles , qui ne peut manquer de paroître ex- „ ceffif dans l'hypothefe qui n'admet qu'une „ feule Femelle. Le nombre des Maies ceifera 5, de paroitre exceflif , dès qu'on fuppofera avec ,, moi qu'ils font deftinés à féconder les Abeil- 3, les communes , ou li leur imprimer , fi l'on ,5 veut, un principe fecret de fécondité qu'cl- „ les communiquent elles- meme^s aux Vers par ,5 la nourriture qu'elles leur admimftrcnt. „ On voit aufîî pourquoi les Mâles ne naif- „ fçnt gue lorfque les Abeilles ont commencé Jy4 SECOND MÉMOIRE ;, à fe multiplier dans la ruche : car ce temps 5, eft prccifement celui où un grand nombre 3, de jeunes Abeilles attendent à fe joindre aux „ Mâles nouvellement éclos. 5, Le vulgaire croit que les Faux-bourdons „ ne font que couver pendant que les Abeilles a, ouvrières s'occupent à récolter la cire & le 35 miel. Si c'eft là un des ufages des Faux-bour- 3, dons dans l'inftitution du Créateur , ce 95 n'eft fûrement qu'un ufage fecondaire; tout 35 comme la yeiTiQ du venin n'a point pour fin ,5 première d'empoifonner la playe que fait l'ai- j», guillon : cette fin feroit bien plutôt , félon 5, moi, d'être le réfervoir ou le récipient de la 35 liqueur féminale. „ On voit encore la raifon d'une chofe avouée 35 par les plus habiles Economes 5 & que l'ex- 35 périence confirme ; c'eft que plus il y a de 3, Faux-bourdons dans' la faifon des Effaims , 5, & plus les ruches fe trouveront fournies éiî 3, Automne , d'Abeilles ouvrières , de cire & de ,3 miel. 3> On découvre enfin , pourquoi les Faux- 5, bourdons ne font tolérés dans les ruches * „ que pendant le temps que doit durer la muk 1SUR LES ABEILLES. i^<; ;r-tîplicadoii du petit Peuple. Dès que ce temps „ eft expire , ils deviennent inutiles & font 3, chafles , meurtris & mis à mort. . ,v Suivant la conjedure que je propofe , la „ fécondation de la Reine-abei'le peut s'opérer 5, fans accouplement. Elle peut être fécondée 5, fous la forme d'œuf par le fluide ftimulant. 5, Sous celle de Ver , elle eft encore nourrie 5, en partie par ce même fluide , qui eft en ,, même temps un fluide alimentaire. Et s'il „ s'agit d'un Ver d'Abeille commune , ce Vev 5, fera rendu fécond & propre à donner une 35 Reine , dès qu'il fe trouvera logé plus au 5, large , Se approvifionné d'un aliment conve- 5, nable. Vous l'avez fort bien remarqué , 5, Monfieur , dans votre dernière Lettre (i) à „ Mr. ScHïRACH : des organes originairement ,5 préformés peuvent ficilcment fe développer 5, à l'aide d'une nourriture plus abondante & 5, plus adive. Cette nourriture peut agir fur „ les ovaires & rendre les œiiFs Féconds. „ La fécondation de la Reine-abeille pour- 5, roit encore s'opérer par accouplement , & 5, cette fécondation ieroit analogue à celle que (0 Voyez le premier Mémoire» îr^ sscoMD mémoire: 5, vous avez découverte dans les Pucerons , & \, que vous avez Çi exadement décrite. 5, Je paiTe maintenant , Monfieur , à la quef-. ;, tion que vous propofez à Mr. ScHiRACH , ,, fur la manière dont les^ Abeilles s'y prennent 3, pour tranfporter dans les cellules royales, 3, les Vers communs -, qu'elles deftinent à de^ ,5 venir des Reines , & qui étoient auparavant 3, logés dans des cellules ordinaires. Voici donc 5, en peu de mots comment la chofe fe pafle. 3, Les Abeilles ouvrières qu'on renferme dans „ des boîtes , à la façon de Mr. Schirach , 3, commencent toujours par choifir trois cellu- 3, les ordinaires & contigues , difpofées de la „ manière qui eft repréfentée dans la Figura 5, ci-jointe. Suppofons que dans chacune des f-^^^^^'^v-^^T^,, cellules, ^, h y c, eft un Ver de kT^j^^^ 55 3 à 4 jours. Que vont faire les AbeiU f /^ I 95 les ? Elles vont enlever deux de, ces ^^ „ Vers par exemple , a , h y Se elles 5, ne conferveront que le feul Ver, c; elles 5, détruiront enfuite les trois côtés intérieurs , „ 1 , 2 , 3 , des exagoncs. Elles arrondiront , 5, en quelque forte , refpace intérieur , de ma- 3, nicre que le fond fera en plan incliné. Le 5, Ver pourra gliiTcr Ibr ce plan , & demeurer V, enfuite ùxé au fond & au milieu de la nou- SVR LES ABEILLES. if^ a Velle cellule. Les Abeilles n'auront plus après 55 cela qu'à achever la conftrudlion de la cellule 9, royale , conformément à l'architedure que „ requiert cette forte de cellule (2). La cire 55 que les Abeilles ont en réferve dans leur 5, cftoraac 5 leur fuffit pour cet ouvrage ,* on 5, n'a pas oublié qu'elles ne fauroient en aller 55 recueillir dans la Campagne , puifqu'elles font 55 dans une boîte exadement fermée. Enfin, ,5 après avoir bâti la cellule royale , nos induf- 3, trieufes Mouches ne manqueront pas d'ap- 5, provifionner le Ver de cette forte de gelée, 5, à laquelle il devra fon efpece de métamor- 55 phofe en Ver de Reine. 5, Je continue , Monfieur , à répondre à vos 5, queftions. Vous demandez , comment il ar- 5, rive que les Ouvrières d'une ruche , pour- 5, vues d'une Reine, ne s'avifent pas de conf^ 5, truire en toute faifon des celluîes royales , „ pour y élever des Vers de leur forte à la 5, dignité de Reine ? Mr. Vogel , Membre de 5, notre Société , m'a fait publiquement la même 55 queftion , qu'il a tournée en objedion. Il va „ publier une Lettre, dans laquelle il entre- „ prendra de prouver, qu'il ne fe trouve point (2) Voyez le premier M«moîr« fur les Abeilles, IntroA. I5S SECOND M ÊMOÎRE 5^ des Vers royaux dans les cellules communes i 5, & que les Ouvrières appartiennent toutes „ au fexe féminin. Je lui ai déjà répondu dans 5, un Ecrit imprimé , & j'ai ioutenu contre lui, 3, que les Vers qu'on trouve dans les cellules „ ordinaires , peuvent tous devenir des Reines * „ & que par conféquent ils font tous originai- „ rement Vers royaux. Mais pour en revenir „ à votre queftion y je penfe que Mr. de Reau- „ MUR auroit eu raifon s'il avoit répondu , „ que les Abeilles ouvrières ont été inftruites 5, à ne conftruire des cellules royales que dans 5, certaines circonftances qu'elles favent démê- 55 1er. A cette réponfe générale , j'en ai ajouté ^, une autre dans mon Ecrit contre Mr. Vo- 5, GEL. J'y ai tait remarquer , que les Ouvrie- 55 res entendant très-bien à épargner la cire qui „ leur coûte tant à recueillir , il eft Fort natu- 5, rel qu'elles ne conftruifent des cellules roya- 5, les que dans les cas de nécefîité , puifqu'ou 5, fait que ces dernières cellules confument beau- „ coup plus de cire que les autres. ,, Vous demandiez encore , comment Mr. ,, Hattorf s'eft aiîuré que la Reine eil fé- „ conde fîms accouplement, ou à la manière des „ Pucerons ? Son expérience vous paroitra très- „ décilive. Il a baigné un EHaim , conformé- SUR LES ABEILLES. rf9 if nient aux procédés fî fimples, que Mr. de 5, Reaumur a décrits dans le X"^^ Mémoire du Tom. V de fbn Hifloire des Infe&es. Il a ,5 examine une à une toutes les Mouches de „ cet EiTaim , il s'eft aiTuré ainfi qu'il n'y avoit 3, parmi elles aucun Faux-bourdon : il a enlevé „ à cet ElTaim fa Reine j il lui en a donné une 5, autre récemment éclofe , & la jeune Reine 5, a pondu des œufs féconds. Vous avez vu , 5, qu'il en eft de même des Reines qui éclo- ,, fent dans les boites de Mr. ScHiRACH , où 5, il eft certain qu'il ne fe trouvoit aucun „ Mâle. L'expérience a donc bien décidé ce 3, point important. 5, Il me paroît néanmoins inconteftable ,' 5, que les Faux-hourdens font les Mâles de l'Ef- 5, pece. La nourriture que les Ouvrières diftri- ,5 buent aux Vers royaux , & même la liqueur 5, fpermatique que je conjeclure qu'elles ont 5, en réferve dans leur intérieur , & qu'elles 5, peuvent répandre dans les cellules ordinaires, „ comme dans les cellules royales , peuvent 5, féconder les œufs. „ Je ne croirois pas que les Faux-bourdons 5, répandent leur fperme dans les cellules roya- 95 les h puifqu'il ne fs trouve point de Faux 'j6o SECOND MEMOIRE ,i bourdons dans les boites où Ton voit nakfé j, des Reines qui pondent des œuFs féconds. j, Il faut donc , fuivant moi , que ces œufs 5, foient rendus féconds par la nourriture fper- 5, matiquc que les Ouvrières dégorgent dans les 55 ceiluies. Je me réfère à ce que je vous ai 55 déjà expofé là-deirus- 5, Vous me demanderez, fans doute, Ci Von 55 a furpris des Faux-bourdons accouplés avec 5, des Ouvrières ? Je vous répondrai que non : 55 mais nous allons tâcher d'y parvenir, Mr. 55 ScHiRAGH & moi. Nous nous propofons aulîi 55 de tenter les diverfes expériences que vous 9, nous avez indiquées. 5, J'ouBLiois , Monfieur , de vous dire quel- 5, que chofe fur la mort des Reines furnumé- raires. Les féconds Eiiaims en ont fouvent deux 5 trois ou quatre. On fait certainement i que les Ouvrières elles-mêmes tuent ces Rei- nes furnuméraires -, car elles tuent fouvent leur Reine naturelle , Ci elle a le mai heur de kur déplaire. Cela fe voit dans les féconds Eflaims. Mais on n'a pu déterminer encore, fi c'efl: avec Taiguillon ou avec les dents, que les Ouvrières iuettent à mort les Reines." Je 3> SUR LES ABEILLES. i^t Je ne m'étendrai pas fur les conjedures de Mr. WiLHELiMi : elles me paroîflewt ingéiiieu- fes & mériter d'être vérifiées par des expérien- ces directes. Parmi celles qu'on pourroit tenter dans cette vue , il en eft une qui feroit bien importante , & que je regarderois comme vraiment fondamentale : ce feroit de priver plufieurs années de fuite la même ruche de tous fes Faux-bourdons. On parviendroit ainlî à découvrir, Ci la Reine-abeille pofTede en elle-même le principe de la fécondité , & à com- bien de générations fuccefïives ce principe feeret peut s'étendre. Cette expérience reviendroit à celles que je tentai en 1743 , fur les Pucerons. On fait que j'avois élevé en folitude jufqu'à la neuvième génération de ces petits Infedes , fans qu'ils enflent ceifé de multiplier. Ces ni- ches vitrées , extrêmement plates , dont Mr. de Reaumur a donné la conftrudion , facili- teroient beaucoup l'expérience que je propofe* On pourroit même efTayer d'en conftruire de plus applaties encore , & qui ne permettroient: aux Abeilles que d'y placer un feul gâteau. On n'ignore pas que les Vers qui doivent fe trans- former en Faux-bourdons , font logés dans des cellules exagones , plus grandes que les autres, & aifées à diftinguer. Lorfqu'on verroit des Vers dans ces cellui^^s , on les enleveroit^ avec Tom, X L 1(^2 SECOND MÉMOIRE, la portion de gâteau dans laquelle ils fe trou* veroient. On poùrroit tenter cette expérience d'une manière plus fùre encore y ce feroic en baignant un ElTaim au temps où tous les Faux-bourdons font fous la forme de Vers ou fous celle de Nymphes : il faudroit répéter le bain chaque fois qu'on jugeroit qu'il poùrroit fe trouver des Vers de Faux-bourdans dans quelque portion de gâteau. Comme on peut toujours baigner les Abeilles dans la belle faifon y fans expofer l'Ef- faim , on peut toujours examiner une à une les Abeilles de rEifaim. Enfin , il y auroit une troifieme manière d'exécuter la même expérience : elle confifteroit , non à enlever les Faux-bourdons j mais à en- lever la Reine, pour la donner à un autre Ef- faim dont on auroit examiné une à une toutes .les Mouches. On comprend affez que cet enlè- vement de la Reine devroit fe faire avant qu'aucun Faux-bourdon fut éclos dans la ruche (j). (5) Cepeiulant ces- divers procèdes ne" feroient pas encore aflez fiii s : on anroit toujours à craindre que quelque Faux- bourdon étranger ne s'introduilit dans la ruche. Il faudroit «{«ne ifoler h ruche le plus qu'il feroit poiTible , & placée SUR LES ABEILLES, i^i Mr. Wilhelmi conjedure que les Faux-bour- cions s'accouplent avec les Abeilles communes 5 il eft pourtant certain, que ni Swammerdam, m Maraldi, ni de Reaumur , ni aucun Na- turalifte que je fliche, ne font jamais parvenus à appercevoir dans les Abeilles communes , le plus léger veftige de parties fexuelles. Il Faut donc que ces parties , fi elles exiftent aduellement dans les Abeilles communes , y foient d'une pe- titelfe inconcevable , pour avoir échappé aux yeux perçans & au microfcope de Thabile Swammerdam , dont la dextérité dans l'art de dilTéquer étoit étonnante. Il eft vrai que ces par- ties fexuelles pourroient être placées dans un en- droit où l'on ne s'efl: pas avifé encore de les cher- cher : mais n'auroient-elles pas dans ^intérieur de l'Abeille commune , des accompagnemens qui les décéleroient ? Ce feroit , à la vérité , un ac*. eompagnement bien confidérable que la vefîîe à venin, Ci, comme le conjedure Mr. WiL- HELMI , cette velîie eft le récipient de la liqueur féminale. On trouveroit alors une forte de pro- portion entre les parties fexuelles des Abeilles communes , & le grand & fingulier appareil des organes générateurs qu'on découvre dans les îi la porte une forte de grille , dont l'es ouvet'tures funent fi petites qu'elles ne laiflaîTcnt palTer à la fois qu'une Ttufe Abeille ouvricre^ tz î^4 SECOND MÉMOIRE Faux-bourdons (4). Swammerdam avoit eu miè idée aiïez étrange fur la fécondation de la Reine- abeille : il avoit penfé , qu'elle étoit fécondée , en quelque forte , par Podorat ou par les par- ticules odorantes qui s'exhaloient du corps des Mâles. Il avoit été conduit à ce foupqon pref- que bizarre, par la confidération de la difpro- portion qu'il découvroit entre les parties fexuel- les de la Femelle & celles des Mâles. 11 lui avoit paru que le volume des parties fexuelles des Faux-bourdons étoit trop grand , proportionnel- lement à l'ouverture dans laquelle ces parties dévoient être introduites chez la Femelle pour la rendre féconde. Ce grand Obfervateur auroit donc été bien plus éloigné encore d'admettre que les Faux-bourdons s'unifTent par une véri- table copulation aux Abeilles communes, dont la taille eft (î inférieure à celle des Reines. Eu relevant Swammerdam , Mr. de Reaumur fait une réflexion que je tranfcrirai ici. „ Cette dif- 5, proportion des paxties fexuelles , dit-il (5) , (4) Mais îa liqueur contenue dans la veffie dont il s'agit , cft extrêmement limpide, & la liqueur féminale eft laiteufe & un peu épaiffe. Les deux liqueurs différent encore par des qualités plus effentielles. Tout cela n'eft gueres favorable à l'opinion de M. WiLHtLMl , IIFE. MÉMOIRE S U R L E S OÙ ron donne iiri précis des ohfervations faites fur ces Mouches , par Mr, Riem. JLl s'eft formé à Lauter dans lePalatinac, une Société Economique fur le modèle de celle de Luface , & que TElecteur Palatin , par une fuite de fon zèle pour les progrès de THiftoire naturelle , vient d*autorifer en lui accordant des Lettres-Patentes. Mr. Rîem , Maître en Phar- macie , digne Membre de la Société naiiîante , a répété avec foin les expériences de Mr. Sghirach , & ce que les Abeilles lui ont offert elf fi contraire à tout ce que l'Obfervateur de Luface m'avoit écrit , qui2 rien ne confirme mieux ce que je difois en terminant mon fé- cond Mémoire 5 que h nombre des vérités que nous pojfédons fur ce fujet eji bien petit en corn- paraifon du nombre de celles dont la découverte SURLES ABEILLES. 175 eji réfervée à nos Defcendans , ë?c. Je n'imaginois pas en écrivant ceci , que je touchois au mo- ment où de nouvelles expériences viendroient appuyer cette réflexion , & me préfenter les faits les plus imprévus, & les plus oppofés à tout ce que les meilleurs Obfervateurs nous avoient appris fur la police des Abeilles. Mr. RiEM a bien voulu me communiquer très en détail fes découvertes , les foumettre à mon examen , & m'établir juge entre lui <^ Mr. ScHiRACH. On comprend bien que je me fuis abftenu de prononcer entre nos deux Aristoma- CHUS : je ks ai écoutés tous deux avec la plus grande attention , & j'ai renvoyé la décifion de la caufe à la Nature elle-même , qui s'expliquera , làns doute quelque jour, par le miniftere de Tun ou de l'autre , ou par celui de quelques autres Obfervateurs qui fauront imaginer de nouveaux procédés pour lui arracher cette da- cifion. Mr. Rie m avoit publié en Allemand la fuite de {es expériences des années 1769 & 1770. Il a eu la policelTe de me les faire tra- duire en François j mais il a été fî mal fervi par le Tradudeur , que je n'ofe me flatter d'avoir toujours parfaitement faifi le fens de '^^S TROISIEME MÉMOIRE l'Auteur. Qiioiqu'il en foit , je me bornerai ici aux principaux réfultats , & j'avertirai que ce qu'on va lire eft le précis d'un Ecrit de plus de cent pages* RéfukiUs des ohfervations de 176^9. I. Mr. RiEM aflure que Mr. de ReaumuR fe trompoit, quand il penfoit que la Reine- abeille favoit difcerner la forte d'œufs qu'elle alloit pondre, & qu'en conféquence elle dépo- foit cet œuf dans la cellule qui lui étoit ap- propriée (ï). Mr. RiEM s'eft convaincu , que la Reine-abeille pond indifféremment les troiâ fortes d'œufs dans des cellules communes , & que ce font les Abeilles ouvrières qui tranf- portent chaque forte d'œuf dans la cellule qui lui eft appropriée. II. Notre Obfervai:eur croit être fondé à eit inférer , que cette adreife des Ouvrières a trompé Mr. ScHiRACH,& lui a donné lieu de peniei* que des Vers communs pou voient donner des Reines. HT. Mr. Rïem a obfcivé l'accouplement de (1) Voyez Vlntrodiiclmi de mon premier Mémoire. la r SURLESAÈEÎLLES. 17? la Reine avec les Faux^bourdons , & il dit que tout ce qui fe pafTc dans cet accouplement, a été décrit avec exaditude par Mr. de Reaumur, IV. Le Naturalifte de Lauter affirme, qu'il a vu fortir d'entre les anneaux des Ouvrières 3 de la matière à cire : que cette matière fembloid traniHider de Pintérieur 5 & qi.'-j c'eft avec cette cire tranffirée qiCelles forment les couimencemeUs des cellules, V. Il s'efl: affuré , que les œufs fe confervent dans les cellules pendant plufieurs mois de la mauvaife faifon, lans s'altérer , & fans que le Ver en éclofe. VI. Mr. de Reaumur n'avoit pu découvrir fur quelle Efpece de Plante les Ouvrières rc- coltoient la propolis : noire Obfervateur nous apprend que c'eft fur les Pins & fur les Sapins. Il dit , qu'on voit des Abeilles ouvrières fe char- ger de pelottes de cire non vierge ou de cire qui a été exprimée des gâteaux par art , & qu'on expofe en vente dans les boutiques. Eéfultats des ohfervations de I770. I. Mr. Rie m avoit renfermé quatre petit:s Tom. X M J78 TROISIEME MÉMOIRE gâteaux dans quatre caifTes de l'invention de Mr. SCHIRACH : il n'y avoit qu'un feul Ver dans chaque gâteau. Il donna l'eiîbr aux Abeilles le fécond jour. Elles ne récoltèrent rien , & il trouva que le Ver s'étoit delTéché. Il revient à conjecturer , qu'il étoit refté des œufs de Reines dans les gâteaux mis en expérience par TOb- fervateur de Luf ^.ce , & que les Ouvrières avoient foigné ces œufs , dont il étoit éclos des Reines. II. Mr. Riem a vu conftamment dans toutes ces expériencesj que les Ouvrières tranfportoient les œufs & les plaçoient relativement à un cer- tain but qu^eUes femhloient fe propofer, III. Il n'admet pas que les Ouvrières détrui- fent les cellules communes pour bâtir fur la place une cellule royale, comme l'a décrit Mr. ScHiRACH (2). Notre Obfervateur foutient que te procédé n'eft point du tout celui auquel les Ouvrières ont recours ; & qu'elles fe bornent à tranfporter au befoin un œuf de Reine , d'une cellule commune dans une cellule royale. IV. Notre patient Obfervateur ayant reu- (2) Confultez la Lettre que Mr. Wilhelmi m'a écrite fur ce fujet , & que j'ai tranfcrite en entier dans mon fé- cond Mémoire. SUR LES ABEILLES, ïfj fermé de petits gâteaux avec des Abeilles ou- vrières , fuivant la méthode de Lufiice , il vie les œufs fe multiplier dans les cellules , fans qu'il piit découvrir aucune Reine. Il fut porto à en inférer , que les Ouvrières pondaient aii befoin , & qu'elles donnoient ainli naiirance à des Vers de l'une ou de l'autre forte. V. ÏL rapporte fur ce fujet des expériences qui femblent décifives , & dont les réiuitats renverfent un des principaux fondemens de la Théorie Réaumurienne. Il a voit enlevé tous les oeufs & tous les Vers d'un gâteau , après l'a- voir renfermé à la manière de Mr. Schirach, Il avoit approvificnné la petite ruche , & y avoit fait entrer un certain nombre d'Ouvrières-. Le premier & le fécond jour , les Abeilles travaiU lerent diligemment. Sur le foir du fécond jour , il examina attentivement l'intérieur de la ru^ che : il affure qu'il n'y trouva que des Abeilles ouvrières , & ce qui étoit bien étrange , il y avoit plus de trois cens œufs dans les cellules. VI. Plus le réfultat de cette expérience étoiîi contraire à tout ce qu'on favoit fur les Abeilles j &i plus cette expérience demandoit à être répétée. Notre judicieux Obfervateur qui le fentoit for- tement 3 ne tarda donc pas à la répéter. Il puj?- M Z Igo TR OISJEME MÉMO IRE gea un gâteau de tous les œuFs qu'il renfer- moit 5 examina de nouveau les Abeilles , & les replaça avec ce gâteau dans la même caiiTe. Les Abeilles y étoient en petit nombre. Elles forti- rent pour récolter , & rapportèrent à la ruche de la cire attachée à leurs jambes poftérieures. L'Obfervateur dit là-deilus , qjCil fit une férieufe attention & à différentes reprifes , pozir voir fi aucune Abeille n'entroit point dans la caijje avec des œufs ,* mais qtCil ne put rien découvrir de Jemhlahle. Qii'ayant enfuite ouvert la caille en préfence d'un Ami intelHgent, & ayant examiné foigneufcn-ient le gâteau , ils y trouvèrent de rechef phis d'une centaine d'teufs. VIL L'Observateur laifla enfuite les Abeilles à elles-mêmes, & il dit y qu'elles couvèrent deux fois quelques Vers dans des cellules royales , qu'elles avaient nouvellement C07ijhuites ^ qtCelles couvè- rent d'autres Vers dans des cellules de Maies , atiff] nouvellement conftruites ^ Z^ qu'elles laijje- rent l'amas d'mifs fans y toucher, VIIL L'Observateur prévoyant qu'on pour- roitlui objecter, que les Abeilles de fa caitre s'é- toient introduites dans des ruches étrangères» .& qu'elles y avoient dérobé des œufs qu^elles avoient tranfporté dans leur propre habitation,- SVR LES ABEILLES. igi il tenta rexpérience fuivante. Il mit en expé- rience deux gâteaux où il n'y avoit ni -œufs ni Vers , & il renferma avec eux un certain nombre d'Abeilles ouvrières. Il ferma l'ouverture ou la porte de la caille avec une planchette à petits trous , & tranfporta la cailTe dans un poêle où il la lailîa pendant la nuit. C'étoit en Odobre. Le lendemain au foir , il ouvrit !a caiffe , & examina les deux gâteaux. Il n'ob- ferva rien de remarquable dans le premier ; mais le fécond lui offrit plu/ieurs œufs , & les commencemens d'une cellule royale , au fond de laquelle il n'y avoit encore ni Ver ni œuf. Je n'ai donné ici que les réfultats des ob- fervations qui m'ont paru les mieux conftatées & les plus intéreflantes. Je me ferois étendu davantage , Ci j'avois pu faifir par-tout le véri- table fens de mon Auteur. Mais je ne faurois dire combien le volumineux Mémoire qui m'a été adreiîe eft obfcur. Il fourmille de fautes de ftyle , qui n'accroiiTent pas peu l'obfcurité. Je penfe bien que ces flmtes doivent être mifes principalement fur le compte duTradudleur, qui par malheur n'entendoit pas mieux la matière que la Langue. Il cft fort à defirer que l'Ou- vrage Allemand de Mr. RiEM tombe un jour entre les mains d'un Traducteur plus éclairé , M 3 m TROISIEME MÉMOIRE ëc qui fâche manier plus heureufement la Lan-i gue Fraiix^oife. Je prie donc mes Lecteurs da lie juger point des recherches de Mr. RiEM par la groiîiere erquilTe que je viens d'en crayon- jier. E'i'e fuffira au moins pour exciter la curio- fité des Amateurs , & les mettre fur les voies de perfedlionner l'Hiftoire des Abeilles , que nous aie devons regarder aujourd'hui que comme lé- gèrement ébauchée. Les nouvelles découvertes de Luface & du Palatinat en étendant nos vues fur ce fujet , & en multipliant nos doutes , jious montrent avec quelle circonfpedion le Nituraliite Philofophe doit procéder dans h recherche (i difficile des loix qui régiifent les Etres vivans , & avec quelle fagelfe il doit fuC pendre (on jugement fur les premiers réfultats de fes tentatives. Je l'ai fouvent répété dans mes Ecrits , & je ne pou vois trop y infifter ; l'Hif- toire naturelle bien maniée fera toujours la ineilleure Logique. Je place à la fuite de ce Mémoire la Lettre qije l'ai écrite a Mr. RïEM , en réponfe à l'en- vol de fes obfervations. Elle aidera à faire juger de ce qu'on doit penfer des découvertes de cet Aniatej^r, SUR LES ABEILLES. 1S3 A Genthod, le i'^ Juillet 1771. ,, Je réponds bien tard , Monfieur , à votre 3, obligeant envoi : mais il m'eft parvenu dans 5, des circonftances qui ne me permettoient 3, pas de donner à vos obfervatioi)s l'attention „ qu'elles méritent. „ Vos Tradudeurs me le pardonneront , (i 35 je dis qu'ils n'ont pas réuffi à vous rendre 5, clairement. Notre Langue eft peut- être la 3, plus difficile à manier : c'eft qu'elle eft la 3, plus ennemie de l'équivoque ou des contre- 5, fens : c'eft qu'elle n'admet par les invcrfions : 3, c'eft qu'elle veut la plus grande propriété 5, dans les expreffions : c'eft enfin qu'elle 3 foa 3, génie qai n'eft celui d'aucune autre Langue „ vivante. Je ne puis donc me flatter de vous 55 avoir toujours bien faifi. Je vous ai lu pour- 3, tant la plume à la main, & j'ai extrait vos ré- „ fultats principaux. Ils vont me fervir de texte. „ Vous croyez donc, Monfieur, vous être 55 bien afTuré, que l'illuftre Reaumur s'étoit „ trompé , quand il a avancé , que la Reinc- 3, abeille difcernoit l'œuf qu'elle alloit pondre ? 3, Vous nous apprenez qu'elle pond indifférem- >3 ment les trois fortes d'œufs dans les cellules M 4 lU TROISIEME MÉMOIRE „ communes , & que ce font les Ouvrières qui 3, favent tranfporter chaqu'œuf dans la cellule 3, qui lui convient ? Cette obfervation eft im- 83 portante , & ne fauroit être trop vérifiée. „ Si ce fait eft aufli vrai que vous le pen- 9, fez , vou^ avez raifon de dire qu'il a pu 9, tromper Mr. Schirach , & qu'il a pu croire 3, ainii que des Vers de Neutres ou d'Ouvrières 33 pouvoient donner des Reines. 3, Je fuis bien aife que vous ayez confirmé 9, ce que mon refpedable Ami Reaumur avoit 9, raconté des amours de la Reine-abeille. 3, Il eft très-remnrquable , que les œufs des 9, Abeilles fe confervent pendant la mauvaife 3, faifon , fans s'altérer & fans que le Ver en 3, éclofe. Cette obfervation eft très - nouvelle 3, pour moi. Il étoit dans l'ordre de la chofe 3, qu'elle fè paiîat ainfi dans une faifon qui fe 3, refufe aux travaux de nos Mouches induf- j^, trieufes. 3, Je ne comprends pas trop bien , ce que 3, c'eft que cette matière d cire 3 qui tranjjtide a> d'entre les anneaux. Je comprends encore i, moins ^ çomrftent Içs Ouvrières conftruifent SUR LES AB BILLES, iSf les cellules avec cette aire tranrpirée. Mr. de Reaumur avoir explique clairement cette conftrucT:ion à l'aide de la cire que les Ou^ vrieres dégorgent , & qu'elles façonnent avec leurs dents & leurs jambes antérieures. „ Ce grand Obfcrvateur ignoroit le lieu où les Abeilles recueillent la propolis : vous nous apprenez que c'eft fur les Pins & fur les Sa- pins (3). Vous nous apprenez encore, qu'elles fe chargent de la cire qui a paifé par les mains de nos Ouvriers , & qu'on expofe eu vente dans les boutiques. Ce font des faits à ajouter à Thiftoire de nos Mouches , & dont les Naturahftes vous font redevables. „ Voila , Monfîeur , ce qui a fixé mon at- tention dans vos obfervations de l'année 1769. Je viens à celles de 1770. 3, Vous vous êtes donc convaincu par de 3, nouvelles obfervations, que les Abeilles-ou- 3, vrieres tranfportent les œufs de cellule en (5) Mais il ne fe trouve pas par tout des Pins & des Sa- pins ; & par tout les Abeilles recueillent la propolis , fi ne'ceffaire pour boucher les petites ouvertures qui pourroient donner accès dans h ruche à divers Infeftes. Il faut donc que les Abeilles fâchent fe pourvoir de propoîis ailleurs que fur les Pins Si, fur les Sapip.s. 18^ TROISIEME MÉMOIRE 5, cellule , & les placent relativement à un cer* j, tain but qu'elles femblent fe propofer. Ce 3, fait vous paroît donc bien prouvé , & je n'ai „ rien à oppcfer à une alFertion Çi précife , & 5, fondée fur des obfervations faites avec foin „ & répétées plufieurs fois [4]. 5, Vous niez que les Ouvrières détruifent 3, les cellules communes pour bâtir fur la place 5, une cellule royale , comme Mr. Schirach „ l'a décrit. Vous affurez que vous n'avez ja- „ mais vu cela , & que vous avez obfervé conf- 35 tamment que les Ouvrières tranfportent au „ befoin des œufs dans les cellules royales „ qu'elles ont conftruites. Ceci eft , en effet , 35 diredement contraire à ce que Mr. Schirach 35 attefte avoir obfervé, & que fon Beau-frere, 35 Mr. WiLHELMi , m'a raconté en détail dans 3, une de fes Lettres. Me voilà donc placé entre 55 deux autorités oppofées , & pour que je (4) tt L'œuf a cinq ou fix fois plus de longueur que de diamètre. Il eft collé au fond de la cellule par un de fes bouts, llcjl en Vatr , dit Mr. de Reaumurj il s en faut même feu qu'il ne foît parallèle à Thorizon. On peut donc demander à Mr. RiEM , comment les Ouvrières favent donner à l'œuf cette pofition & l'y retenir ? De plus ,• cet œuf eft d'une dé- licateiïe extrême; on peut demander encore comment les Ou" vrisres ne le bleîTent pas en le tranrportaat. SURLESAEEILLES. 187 puiTe décider entr'eiles , il faudroit que je pulîe répéter moi-même les obfervations , ou qu'elles le fulîent par d'autres Naturalises qui mcritafTent toute ma confiance. Ainfi, vous ne défapprouverez point que je fufpende mon jugement fur le fait dont il s'agit. Peut- être que les Abcilies ont été inftruites à re- courir à l'un ou à l'autre de ces deux pro- cédés (liivant la nature des circonftances. j, MjVis rien ne m'a plus frappé dans vos obfervations de 1770 , que ces œufs qui vous ont paru avoir été dépofés ou pondus par les Abeilles Ouvrières. Ce fait , le plus remar- quable de tous ceux que vous rapportez , eft auili celui qui chaque ie plus ce que les Swam- MER.DAM , les Marâldi , les Reaumur nous avoient enfeigné fur la théorie des Abeilles. Si donc vous avez rigoureufement démontré la vérité de ce fait , je dis qu'il faut fe dé- fier de tout ce que les meilleurs Obfervateurs ont écrit fur les Abeilles. Comment néan- 3, moins réfifter aux preuves que vous m'en 5, donnez dans votre Ecrit .^ Vous aviez enlevé 3, tous les œufs d'un gâteau : vous aviez ren- „ fermé ce gâteau à la manière de Mr. ScHi- 5, RACH : vous aviez approvifionné la petite Ré- a, publique : le premier & le fécond jour vous 5» 188 TR OISIEME MÉM OIKE 5, examinâtes foigneufement le gâteau : vous y „ trouvâtes plus de 30G œufs, & après avoir 5, examiné toutes les Abeilles avec la plus grande „ attention 5 vous n'y rencontrâtes pas une 5, feule Reine. Vous en concluez , que ces 300 5, œufs avoient été pondus par les Ouvrières , 5, & en vérité , je ne vois pas ce qu'on peut „ oppofer à votre conclufion. Je fuppofe tou- 5, jours , que votre examen avoit été poufTé 5, jufqu'à la plus fcrupuleufe exaditude [^]. 55 Vous décrivez une autre expérience qui ,5 paroit confirmer pleinement la précédente, 3, & par laquelle vous avez voulu vous alTu- 5, rer , que vos Abeilles ne s'introduifoient point 5, dans des ruches étrangères , pour en dérober „ les œufs , & les tranfporter dans leur habi- 5, ration. Vous dites , que vous renfermâtes „ dans une cailTe un gâteau où il n'y avoit ni 9, œuf ni Ver, Se que vous renfermâtes avec 0) Je pî'is qu'on remarque cette réferve : car je ne rai- fonne ici que fur la même fuppofition ,' d'après laquelle j'ai jugé des expériences de Mr. Schirach, Je ne garantis point les faits, &;je defire toujours qu^ quelqu'habile Obfervateur entreprenne de les vérifier. Mr. Rîem ne m'a pas dife comment il étoit parvenu à s'afTurer, qu'il n'y avoit dans fa caifie que des Abeilles Ouvrières. J'aurois dû lui demander , s'il avoit baigné fon petit Enaim. SUR LES ABEILLES. î89 3, ce gâteau un certain nombre d'Abeilles ou- 5, yrieres. Vous ajoutez , que vous eûtes foin „ de fermer les ouvertures de la caOTe avec une ,, planchette à petits trous , & que vous tranf- 5, portâtes enfuite cette cailfe dans un poéîe , 5, où vous la laiiîates pendant la nuit. C'étoit 5, en Ocl;obre. Le lendemain au foir , vous „ examinâtes le gâteau , vous y trouvâtes plu- 5, fleurs œufs , & vous y obfervâtes encore les ,, commencemens d'une cellule royale , au fond 3, de laquelle il n'y avoit ni œuf ni Ver. ,, Il femble donc qu'il refulte clairement de 5, ces expériences , que les prétendus Neutres „ font de vraies Femelles , qui peuvent au „ befoin repeupler la ruche par des pontes plus 5, ou moins abondantes. Mais , fi ces prétendus „ Neutres font de vraies Femelles, ces Femelles 5, ont des ovaires femblables ou analogues à „ ceux de la Reine-abeille. Et comment ces ovai- „ res avoient-ils échappé au fcalpel & au microf- 3, cope de l'habile & infatigable Sw ammerdam? 5, Pourquoi encore les Abeilles privées de Reine , 5, & mifes récemment en ruche , fe lailTent-elîes ,5 mourir de faim , fans conftruire la moindre ,, cellule , ni récolter la plus petite parcelle de 5, cire ? Vousfvez que Mr. de Reaumur s'é- 5, toit afluré de ce fait par des expériences très- ;o TROISIEME MÈM 01 RE décifives. Or, je ne concevrois pas , pourquoi des Abeilles qui peuvent conftruire des cel- lules, y pondre des œufs, & approvifionner la ruche de tout le nécelTarre , fe laifTeroient mourir de faim , plutôt que de fe livrer à aucun travail dès qu'on les pTive de leur Reine. D'où vient donc qu'il n'en va pas de même des Abeilles ouvrières qu'on renferme dans une cailTe avec un petit gâteau fans œuf 5 fans Vers , fans Mères ? 5, Je m'abftiens de former des conjedlures fur 3, ce fiit fi nouveau & fi étrange : mai? je ne 3, faurois trop vous exhorter ,- Monfieur , à ré- 5, péter ces expériences , & à tâch-er de mettre „ la chofe à l'abri de toute cavillation. 5, Ceci doit acheminer les Naturaliftes qui favent dilféquer les petits Animaux , à s'exer- cer à anatomifer avec plus de foin qu'on ne l'a fait encore, ces Neutres, que vos expé- riences ont transformés en Femelles. Ils ne fiuroient employer de trop fortes lentilles pour obferver l'intérieur de cette forte d'A- beilles. Apparemment que leurs ovaires font extrêmement petits ou peut-être fort déguifés (6) , & que ks œufs qu'elles pondent (ont (<î) Il feroit polfible encore , que ces ovaires des Ouvrieies su R LE s A BEILLES, i^i 5^ plus petits que ceux que pond la Rcine- 55 abeille. Je ne me rappelle pas que vous ayez 3, rien dit là-delîus dans votre curieux Ecrit. t, Il faut bien que la chofe foit ainfi , pour que 5, ces ovaires & ces œufs des Abeilles Ouvrières 5, ayent échappé aux recherches aflidues des 5, SWAMMERDAM & des ReAUMUR. 5, Peut-être encore que chaqu' Abeille ou- „ vriere ne pond dans toute fa vie , qu'un ou 5, deux œufs très petits. Le grand nombre d'Où- 5, vrieres qui peuplent une ruche , devoit fup- 5, pléer au petit nombre d'œufs que chacune 5, devoit pondre. „ Une autre queftion me vient à Pefprit : s'il eft bien vrai que les Ouvrières pondent des œufs , pourquoi ne les voit-on pas pon- dre dans les ruches vitrées pourvues d'une Reine , comme on y voit pondre fréquem- ment cette Reine? J'ai obfervé mille fois la 5, ponte de cette Mouche , & je n'ai jamais „ furpris des Ouvrières occupées à pondre ". îî Cette Lettre ne renferme pas toutes les ne f.'lTcnt pas v'fiblcs en tout temps , même avec le fecours (lu tnicrofcope. On fqait que ceux de U Reine-abeille fcmblent difparoître Iorf(iue la faifon de la ponte eft paiTée. J92 TROISIEME MÉMOIRE idées que j'aurois pu offrir à la méditation de rAriftomacliiis de Lauter. Je me fuis relTerré dans les bornes les plus étroites. Je ne devoiE^ pas me preiTer de former des conj:dures fur des iaits qui demandent à être vus & revus bien des Fois avant que d'être admis. Je n'ai auiîi raifonné dans cette Lettre que fur la fup- pofition très-équitable , que l'Obfervateur n'avoit négligé aucune des précautions qui pouvoient concourir à conftater la vérité de fes obferva- tions. 11 en indique même plufieurs dans fou Mémoire. Je ne puis donc trop inviter les N?- turaliftes à revoir après lui & après les Obfer- vateurs de Luface. Au rede , il auroit été fort à defirer que Mr. Rie M , au lieu de loger fes Abeilles dans des caiffes de bois , les cât logées dans des caiiTes vitrées. Il auroit ainfî été à portée d'obferver à chaqu'inftant les Ouvrières , & de les furprendre dans ces nombreufes pontes dont il parle. Il feroit bien étrange , que parmi tant de centaines d'Abeilles toutes Femelles , PObfervateur n'en furprit pas quelques-unes occupées à pondre. Ce fait eft aflurément celui qui exige les preuves les plus rigoureufes , & je déclare que je ne l'admets que fous la réferve d'un nouvel examen, plus fcrupuleufement approfondi-. On SUR LE s ABEILLES. 193 On pourroit eirayer de concilier les obfer- vatioiis de Luface avec celles du Palatinat. On a vu dans mon premier Mémoire , que , fuivant Mr. Schirach , les Abeilles ouvrières appartiennent toutes originairement au fexe féminin , & que ce n'eft que par des circonf- tances purement accidentelles, qu'elles perdenc la faculté d'engendrer. On pourroit donc foup- qonner , queles ovaires ne s'oblitèrent pas entiè- rement dans cette forte d'Individus , & qu'il y refte au moins quelques œufs propres à pro- pager TEfpece. Il eft aifé de comprendre , que quand il n'en refteroit que deux à trois , ce nombre feroit plus que fuffifant pour fournir aux pontes que Mr. Riem a obfervécs dans fes eailfes. Mais, dans la fuppolition que les Abeilles ou- vrières font de véritables Femelles , on deman- dera toujours , pourquoi on ne les a jamais vu pondre dans des ruches vitrées pourvues d'une Reine , c®mme on y a vu pondre Ci fou- vent cette dernière ? Mr. de Reaumur qui avoit tant & Cl long-temps obfervé les Abeilles , dans des ruches d'une conftrudion Ci favorable , n'a- voit jamais rien vu de femblable ou d'analogus à ce que rapporte Mr. Riem. Si mou témoi- Tom. X. N 194 TFxOISIEME MÉMOIRE. gnage étoit de quelque poids auprès de celui âé cet ilJuftre Obfervateur , je répéterois ce que^ je difois dans ma Lettre à Mr. Riem , que, quoi- que j'aye fuivi les Abeilles pendant plufieurs années dans des ruches de même conftrudion ^ je n'ai jamais furpris d'Abeilles ouvrières occu- pées à pondre, & j'ai vu cent & cent fois la Reine-abeille dépofer en ma préfence un aflez grand nombre d'œuFs. Quelle feroit donc la caufe fecrete qui empècheroit les Ouvrières de pondre tandis qu'elles poflederoient une Reine féconde ? On voit bien quelle feroit la caufe finale d'un tel arrangement : Swammerdam a prouvé , que les ovaires de la Mere-abeille con- tiennent des milliers d'œufs. Si donc chaqu'Ou- vriere pondoit en même temps au moins deux à trois œufs, la ruche feroit furchargée d'ha- bitans pendant la plus grande partie de l'année, & toute l'économie de la petite République en. feroit troublée. Plus je m'occupe des nouvelles obfervation» fur les Abeilles , & plus je me perfuade que le temps n'eft point encore venu où nous pour- rons raifonner avec certitude fur la police de ces Mouches. Ce ne fera qu'en variant & en combinant les expériences de mille manières SUR LES AÉEÏtLÈS. 19^ différentes , & en plaçant ainfî ces Mouches induftrieufes dans des circonftances plus ou moins éloignées de leur marche ordinaire , qu'on pourra elpérer de connoître jufqu'à un certain point la portée de leur inftind, & les vrais principes de leur gouvernement. 17 Jiiillst 17711 Hl X96 ilVATKIEME MÉMOIRE g^': ^j=r- ^^r^(^ ^__^^ ;gj^ IVME^ MÉMOIRE S U R L E S ^ JB je: X :l JL je: S 9 Ou Jiiite des ohfervations de Mr. RiEM. N a vu dans mon troifieme Mémoire , le précis des découvertes de Mr. Riem. Je vais donner dans ce'ui-ci la fuite de notre corref- pondance : elle mettra les Naturaliftes à portée de juger du degré de confiance que peuvent mériter les faits qui m'ont été communiqués par le Cultivateur de Lauter. Je commencerai par un court extrait de fa réponfe à ma Lettre du 13 de Juillet 1771 , que j'ai inférée dans mon troifieme Mémoire. Cette réponfe étoit datée du 10 d'Août de la même année. Mr. Riem m'apprend d'abord , qu'il n'a pas vu lui-même tranjfuâer la cire d'entre les an- neaux des Abeilles ouvrières (i). Il s'en étoit (i) Voyez dans mon troifieme Mémoire les {rérultats des obfervations de jMr. Riem de 1769 , JArt. .'IV. SUR LES ABEILLES. 15^7 rapporté fur ce fait à deux Obfervateurs qu'il alîure être dignes de foi, Mr. Thorley , eil Angleterre, & Mr. Hornbostel en Allemagne. Il ajoute que Mr. Beckman , Fadeur dans Ife Mecklembourg , de la Société de Luface , a ob- fervé le même fait. Mr. RiEM adopte donc cette obfervation. Il dit, que la cire que les Abeilles apportent fur leurs jambes n'eft pas la véritable cire , qu'elle eft ce qu'il nomme le pain de cire : que Mr. de Reàumur n'avoit pas connu la véritable cire, qui eft celle quitranffude d'entre les anneaux. Il ne me dit, point, comment les Abeilles employeur cette cire tranifudée : il m'ap- prend feulement, qu'elle paroît en petites feuilles ou en lamelles fous les anneaux ; & qu'il a vu les Abeilles mêler le Pain de cire avec du miel & de l'eau, & avaler ce mélange. Il penfe que la cire tranifudée provient du pain de cire qui a été dévoré par les Abeilles , digéré & préparé dans leur eftomac , tranlfudé enfuite , & recueilli fur l'Abeille même par d'autres Abeilles , qui lèchent fréquemment leurs Compagnes. Cette cire tranifudée eft donc avalée de nouveau , pour fervir enfuite à la conftrudion des cellules-: mais il ne croit pas qu'elle aille , comme la première fois , dans le fécond eftomac : il conjecture , qu'elle va dans celui du miel ou dans quelq'uau- trc poche fccrcte. Il obferve , que fi les Abeilles N 3 Î9S Q^VATRÎEME MÉMOIRE conftruifoient les cellules avec cette matière à cire qu'elles recueillent fur les fleurs , & qu'elles avalent , les gâteaux devroient retenir davantage de la couleur propre aux diiférentes pouflieres des étamines , &c. Notre Amateur remarqiie que j'avois très- bien jugé 5 lorfque j'avois penfé , que l'oppofi- tion entre Mr. Schirach & lui, fur la conf. truclion à^ cellules royales n'étoit qu'appa- rente (t), Mr. Sghirach difoit, que les Ou- vrières détruifoient les cellules communes pour bâtir fur la place une cellule royale. Mr. Riem paroilfoit nier ce fiit dans fon précédent Ecrit. J'étois placé ainfi entre deux autorités oppo- fées : je fufpendois donc mon jugement , & j'écrivois à Mr. RiEivi, que les Abeilles avoient peut-être été inftruites à employer les deux aiioycns indiqués par les deux Obfervateurs. Mr. RiEM me répond, que c'efl; précifément cela. Elles détruifent les cellules communes quand elles ne peuvent tranfporter le Ver fans le blclfer. Mais Mr. Riem ajoute j Mr. ScHi- îlACH a conclu trop vîte , que les Abeilles dé- iruijent toutes les fois quelques cellules communes. ^ four confiruire à la place nue cellule royale : (2) Voyez dans mon troifieme Mémoire les réfr.ltats cks fbfervations de Mr. K^EMldç 1770. Art. 111. SUIi LES ABEILLES, I99 mais la chofe iiefl\ pas toujours nécejfaire j ellef feuvent conjiruire une cellule royale fur une wiU . que commune , fans en détruire d'autres fituées auprès. Le Ver s"* avance de foi-même. Tout ce que rObfervateur me marque dans la fuite du même paragraphe de fa Lettre , fur l'expérience de Mr. Schirach , du Ver commun transformé en Reine , ert (î obfcurément écrit , (î mal ex- pofé , que je ne puis y reconnoitre autre chofe , fi non qu'il ne croit pas à l'expérience de l'Ob- fervateur de Luface. Il termine ainfi ce para- graphe. Mr. Schirach paroit hlejfé de mes op- pofitions j je me propofe de ne plus P attaquer à l'avenir. .Je n'ai aucun intérêt à la chofe , fjf it M^efl indiffèrent , fi on veut admettre un fait in- croyable. Mr. Schirach 7na écrit dans fa der- niere Lettre , que f et ois le premier avec qui il avoit eu une controverfe publique Je n'é^ crirai donc plus là-deffus j ^ je laifferai auoc Naturalijîes à juger fur une Qîiefiion qui in' a déjà donné beaucoup de peine^ Notre Obfervateur de Lauter me dit en- fuite , que je ne l'avois pas bien faifi", ou qu'il ne s'étoit pas exprimé aflez clairement au fujec de la ponte des Abeilles ouvrières : qu'il s'eft- alfuré par.plulieurs expériences, que les Ou^ vrieres ne pondent que des œufs de Faiijc^ N 4 20O Q^UATFxIEME MEMOIRE bourdons : Se là-delTus il s'écrie ^ quelle étrange Efpece de Mouche que celle qui ri' engendre point d'Individus de fon [exe / Il ajoute , que les Reines font donc nécelTaires pour donner naiflance aux Femelles. JÎL a remarqué , que lorfqu'il y a dans les cellules des œufs de Reines, les Ouvrières élè- vent alors quelques Mâles pour le fervice des Reines futures : mais que (î elles ne peuvent efpérer des Reines , elles facrifient la race des Mâles, qui dans ce cas deviendroient inutiles, ou même nuifibles. Il a remarqué encore, que les Ouvrières élèvent des Ver^ communs dans de vieilles cel- lules royales , Se jamais dans des cellules royales nouvellement conttruites. Les Ouvrières élèvent auffi des Vers de Faux- bourdons dans des cellules communes , qu'elles prennent foin d'agrandir un peu pour les pro- portionner à la taille des Faux-bourdons. Mais Mr. RiEM obferve , que les Vers de Reines ne peuvent être élevés que dans les feules cel- lules royales. Il fe demande là-defîus à lui-même 5 fi la Reine, qui-met certainement au jour des E.^ine§ & des Ouvrières? donne auffi naiifance ^^UR LES ABEILLES. 2or ^ des Mâles F II juge que cette queftiou eft très-difficile à décider. Il n'affirme pas que toutes les Ouvrières poiredenc la faculté de pondre s il paroît foupqonner qu'il en eft qui ne pon- dent pas : & c'eft peut-être , félon lui , la rai» fon pourquoi leurs ovaires ont échappé à SwAM- iMERDAM. Il feroit poffiblc encore, ajoute-t-il , que celles qui pondent , ne le fiflent pas dans toutes les laifons. J'ayois demandé à Mr. Riem , pourquoi les Ouvrières qu'on renferme fans Mère & fans gâteau , fe laiifent périr de faim , quoiqu'elles puffent récolter & bâtir ? Il me répond , que les. Ouvrières accoutumées à leur Reine , la cherchent fuis celfe dans la ruche , qu'elles s'é- puifent ainfi, & fe mettent hors d'état de bu- tiner. Il avoit renfermé dans une caiffe , environ 300 Ouvrières avec un gâteau de l'année pré- cédente , dans lequel il étoit très-fûr qu'il n'y avoit lîi œufs ni Ver. Au bout de trois jours , il vit beaucoup à^œiifs dans les cellules commu- nes. Il découvrit auffi une cellule royale que les Ouvrières venoient de conftruire , & où il n'y avoit encore ni œuf ni A^er. Cette expé- nence lui paroît une nouvelle démonftratiou 20^ ^VATRIEME MÉMOIRE de ce qu'il avoit avancé , que les Ouvriereît poiTedent la facwité de pondre. J'avois fort exhorté notre Cultivateur à dit féquer des Ouvrières pour tâcher de découvrir leurs ovaires , & je lui avois fait fentir l'im- portance de cette difledion. Il m'a répondu ^ qu'il l'a voit fait , & qu'il avoit choifi fes fujets parmi les Ouvrières de l'expérience précédente ; qu'il s'étoit aidé du microfcope , & qu'en pré- fence de deux témoins qu'il me nomme , il avoit ouvert dix Ouvrières , dont deux feule- ment lui avoient offert un ovaire analogue à ce- lui de la Reine. Il avoue qu'il auroit dû dif. iéquer un plus grand nombre d'Ouvrières , pour mieux conftater un fait fî nouveau & Çi eflen- tiel y mais il s'excufe fur des occupations qui ne lui ont pas laiffé le temps de fe livrer à ce travail anatomique. J'avois dit à Mr. Rïem , qu'il me paroif- foit bien étrange , que nous enflions vu mille fois, Mr. de Reaumur & moi, la ponte de la Reine-abeille , fans avoir jamais découvert celle des Ouvrières. Notre Amateur me répond, qu'il SQW étonne aulfi : que lui-même n'elt point par^ venu non plus à furprendre les Ouvrières dana la ponte ^ quoiqu'il y ait furpris cent & cent fois SUR LIES ABEILLES. 205 la Reine-abeille : que q'avoit même été la rai- fou qui Pavoit porté à nier publiquement la ponte des Ouvrières. Il me promet de renfermer dans des ruches vitrées , des Ouvrières de la ponte defquelles il le fera bien a(furé , & de les obferver avec toute l'attention dont il eft capable. Il remarque fur ce fujet , que puifqu'oii n'a jamais vu la ponte des Ouvrières , il faut que ces fortes d'Abeilles pondent toujours dans Fintérieur des gâteaux , & qu'elles tranfportent enfuite leurs œufs dans les endroits où il con- vient qu'ils foient placés. Dans une de mes Lettres à Mr. Schirach^ du 7 de Février 1770 , je lui avoit demandé , ce que faifoient les Abeilles d'une ruche bien peu- plée y quand on venoit h les -priver de leur Reine ? Mr. ScHiRACH , qui a fait imprimer cette Lettre dans un de fes Ecrits , répond dans cet Ecrit , que dans un pareil cas les Oui^rieres ne feraient rien du tout i fi on ne les renfernioip' point penda,nt trois ou quatre jours , pour les forcer ainfi h fe donner une Reins. Mais Mr. RiEM m'aifure , qiien cas pareil les Ouvrières ne fe laifferoient point mourir de faun , qiC elles trav ailler oient diligemment comme fi elles poffedoient une Reine : qu'elles favent s'avertir les unes les autres de lu p'ivation ou de Pabfence de la Reine , & qu'elles 204 QUATRIEME .MÉMOIRE font bien vite des préparatifs pour élever une nouvelle Reine : qu'elles y parviennent facilement dans ce cas y parce qu'on fuppofe la ruche privée de Reine , bien fournie d'œufs ^ de Vers. Mr. RltM ajoute , que les Ouvrières! placées dans une fem'oîable circonftance , n'ont point befoin pour fe donner une nouvelle Reine , d'être ren^ fermées i comme le veut Mr. Schirach.'. Notre Oi>rervateur de Lauter me décrit enfuite des combats que les Ouvrières livrent quelquefois à la Reine, & dont il a été té- moin. Il fe tenoit un jour en fentinelle auprès d'une ruche où il y avoit plufieurs Reines : il vit paroître au dehors une de ces Reines que deux Ouvrières ferroient de très-près, 8c dont elle parvînt à fe débarralfer. Au bout d'un quart d'heure furvinrent trois autres Ouvrières , qui fe jctterent fur la Reine , & qui s'efForqoient de lui ôter la vie ; & que cette Reine obligea en- core à fe retirer. Bientôt après accoururent quatre autres Ouvrières , qui s'efforçoient d'enlever la Reine de deifus fappui où elle étoit crampon- née , & de la jetter à terre. L'Obfervateur fiific alors cette Reine infortunée, & la renferma dans une boite. Il eit donc bien prouvé par cette nouvelle obfervation , que ce font les Ouvrière? elles-mêmes , qui tuent les Reines furnuméraires. SUR LES ABEILLE S, 20Ç Mr. Riem a été auffi témoin du maflacre que les Ouvrières font des Mâles , lorfqu'ils ne font plus néceffaires à la petite République. Il Ta obfervé dans une ruche vitrée. Il voyoit tous les Mâles fe retirer dans un coin de la ruche , fe^ prelfer & s'embarralfer les uns les autres , fans oppofer la moindre réfiftance aux Ouvrières. Notre affidu Cultivateur me rapporte dans un Pojîcript i uns ' nouvelle expérience qu'il a tentée relativement à l'opinion de Mr. ScHl- RACH , fur la manière dont les Abeilles favent fe donner des Reines. Mr. Riem avoit com- battu cette opinion qui ne lui avoit pas paru bien établie. L'expérience qu'il me rapporte re- vient à ce qui fuit , Ci j'ai bien faifi cet en- droit de fa Lettre. Il avoit renfermé dans une caiiTe un petit gâteau dans les cellules duquel il n'y avoit point d'œufs -, mais où il le trouvoit dix jeunes Fers communs, & neuf un peu plus avancés en âge. Le jour fuivant il obferva , que les Ouvrières avoient bâti au delfus d'un des jeunes Vers une cellule royale , & qu'afin qu'elle put être prolongée au deifous du gâteau , elles avoient détruit quelques-unes des cellules com- munes fituéeb- plus bas. Elles avoient laiffé périr tous les autres Vers. Le cniquieme jour ,:il re- connut , que les Ouvrières avoient pondu des 2b5 ^ÏIATRIÉ j\ÎE MÉMOIRE €euFs , & préparé des cellules pour y élever des Vers de Fàux-bourdons , & il obferva les jours fuivans , que les Ouvrières n'élevoient plus que des Faux-bourdons. Tel eft le précis des faits les plus remarqua- Lies que contenoit la longue relation de Mr. RiEM. Voici la copie de la Lettre que je lui ai écrite en réponfe , & qui contient mes pre- mières réflexions fur ces faits*. „ A Genthod y le i% de Ùécemhre 1771. ^ 3, Ma correfpondance , Monfieur , eft trop^ 5, étendue & maianté trop délicate, pour que „ je puilTe répondre toujours auffi prompte- 3, ment qiie je le voudrois aux Lettres qui me 3, font adrelfées. Je fuis bien plus tardif en- 3, core , quand il s'agit de Lettres qui font de 3, petits volumes qui demandent a être étu- 3, diés, & en quelque forte extraits pour être 35 entendus. Telles font les Lettres que vous i, me faites l'honneur de m'écrire, & telle eft i, en particulier la dernière que j'ai reque de 5, vous , Monfieur , fous la date du ïo d'Août. 3, Je fuis, je vous afliire, très-reconnoilfant de 3, la peine que vous avez bien voulu prendre de „ m'écrii;e en François, & en applaudiiTant aux SURLESABEILLES. 207 î; progrès que vous avez déjà faits dans cette i,, Langue (1 difficile, je ne laifTe pas d'avoir à <», regretter beaucoup qu'elle ne vous foit pas 55 auffi familière que l'Allemand» J'ai rencontré ,5 dans votre Ecrit "des phrafes fi obfcurcies 5, par l'impropriété des termes & par le défaut „ de confl:rucT;ion , que , quoique je vous aye lu yy avec la plus grande attention & la plume à „ la main , je ne fuis point fCir de vous avoir 5, toujours parfaitement compris. Vous en ju- 5, gérez par le petit détail où je vais entrer t, avec vous. ,, I. Par - TOUT vous donnez le nom de 3, Chenille au Ver de l'Abeille : ce nom ne peut „ point lui convenir. Il n'a point du tout les 5» caraderes de la Chenille , & l'Abeille eit une 5, Mouche & point du tout un Papillon. Les V NaturaHftes font févercs fur ce point fî ef- 53 fentiel de nomenclature. ,5 IL Vous n'avez donc pas vu la cire tranjfitder s, entre les anneaux : vous vous eiT êtes rap- „ porté à deux Obfervateurs. Je préférerois 3, que vous feufîiez vu. Vous penfez que la 35 cire que les Abeilles apportent fur leurs jam- „ bes 5 n'eft pas la véritable cire : vous la nom- s, mcz le piin de cire. Vous admettez que ce ^08 Q^VATRIEME MÉMOIRE pain de cire eft digéré dans Peftomac , puis traniludé , & que cette cire tranlTudée eft léchée par les Abeilles qui ravaient , & s'en fervent à conftruire les gâteaux , comme Mr. de Reaumur Ta décrit. Vous ajoutez, que fi les Abeilles conftruifoient leurs gâteaux 5 avec ce que vous nommez le pain de cire j 5 les gâteaux dcvroient retenir davantage des , caraderes propres aux poufîieres des étami- , nés. Sur-tout cela, je defirerois des obferva- , tions plus diredes ou plus précifes. Mr. de 5 Reaumur avoit prouvé que les Abeilles man^ , geoient ce pain de cire, qu'elles le digéroient , &le préparoient dans leur eftomac, &c. Cette , préparation ne feroit-elle pas fuffifante pour , détruire en grande partie les caraderes des , pouiTieres ? „ III. J'avois donc bien jugé, Monficur^ 3, en prélùmant que Poppofition entre vous & 3, Mr. SCHIRACH , fur la conttrudion des |ceU 5, Iules royales , n'étoit qu'apparente ? Si je vous 5, ai bien compris, les Abeilles ne détruiient 3, des cel'ules communes pour édifier à la plaee- 3, une cellule royale , que lorfqu'elles ne peu- 5, vent tranfporter le Ver fans le bleiTer. Mais lorique ce tranfport peut s'exécuter fans rif- , que , elles conftruifent une cellule royale iur 3> un( SUR LES ABEILLES. ao9 $, une feule cellule commune fans toucher aux 3, cellules qui TavoilinenÈ. „ IV. Non afliirément , je ne vous avois pas 35 bien faifî fur la ponce des Abeilles Ouvrières % 5, vous me redreflez à propos , en m'ap prenant i, que les Ouvrières ne pondent que des œuFs M de Mâles ou de Faux-bourdons. Voilà, fans 3, contredit, un fait auflî étrange que nouveau, 3, 8c qui ne fauroit être conftaté par un trop 5^ grand nombre d'expériences les plus déciCu 3, ves. Vous en concluez , que les Reines ont 3, été deftinées à fournir des Femelles à la ru- ai che, & votre conclufion découle bieii natu- „ tellement du fait : mais c'eft ce fait lui-même. 35 qui rencontrera bien des incrédules. Je ne 3, fuis pas précifément incrédule 5 je me borne i, à defirer que la Nature foit de nouveau in- 3, terrogée fur une particularité fi finguliere. 3î V. Vous avez obfervé , me dites-vous ,' i5 que lorfque les Ouvrières favent que les ceU 3, Iules contiennent des œufs de Reines, elles 3, élèvent alors quelques Mâles pour le fervice 95 des Reines futures : cela eft bien dans l'ordre 3, du g®uvernement des Abeilles. 35 VI. Vous avez obfervé encore ^ que les Tom. X, G j:îô q^vatrieme mémoire j. Ouvrières élèvent des Vers communs dans 35 de vieilles cellules royales , & jamais dans des „ cellules royales nouvellement confinâtes : qu'elles 55 élèvent des Vers de Faux-bourdons dans des 5, cellules communes , qu'elles ont foin d'ex- 5, liaufTer un peu , pour les proportionner à la taille des Faux-bourdons : enfin , que les Vers de Reines ne peuvent être élevés que dans des cellules royales. Tous ces faits , ou au moins les deux premiers , font de nouvelles vérités dont vous avez enrichi l'Hiftoire des Abeilles. 5, VII. Je vois que vous n'ofez pas décider 5, la queftion , fi la Reine pond auffi des œufs 5, de Mâle f* Je penfe que vous n'oferiez dé- „ cider non plus , que les Abeilles coramunes 5, ne pondent point des œufs de Femelles. La „ décifion de ces deuxqueftions exige une plus ,5 longue fuite d'expériences & d'obfer valions. „ VIII. Vous n'affirmez pas même, que 5, toutes les Abeilles communes poffedent la 5, faculté de pondre , & vous foupqonnez que ,5 c'eft la raifon pourquoi Swammerdam n'a , pas vu les ovaires de cette forte d'Abeilles. j. Il me paroît bien étrange , & même très-peu 3, probable , que dans la même forte d'Indivi- SVR LES ABEILLES. 2iï -V5 cîus , il y en eût qui fuffeiit doués tk la 5, faculté d'engendrer, tandis que d'autres en „ feroient totalement privés. Je préférerois d'ad- 3, mettre , au moins comme plus probable , que 3, la Nature n'a pas mis ici une telle diverfiîé 55 entre les Individus, 5, IX. Mr. deREA-UMUR avoit prouvé, que fî 5, on partage en deux parties un Eifaim nouvel . 5, lement mis en ruche , la partie qui demeurera 55 privée de Mère , fe laiiîera périr fans conilruire 55 le moindre alvéole. Je vous en avois demandé 55 la raifon : vous me répondez, que les Abeil- 55 les s'épuifent à chercher la Mère , & qu'elles 5, périfTent enfin par cet épuifement &c. Je ne 5, faurois croire que cette explication fuit la 55 vraye : on ne voit que peu ou point de mou- 5, vement dans un tel Eifaim : tout feroit au 5, contraire dans le plus grand mouvement , 55 fuivant votre explication ^ & comment un (i 5, grand mouvement auroit-il échappé à Mr. de 5, Reaumur ? „ X. Ces trois cents Ouvrières , que vous avie^ „ renfermées avec un gâteau de l'année précé- „ dente , dans lequel vous vous étie2 bien affuré, 5, qu'il n'y avoit ;//' œnfs ni vers 5 & qui au bout 55 de trois jours, vous oifrit un grand nombre G 2 1\2 (IVATRIEME MÉMOIRE 3, d'œiifs , font une bonne confirmation des ,, expériences par lefquelles vous aviez prouvé „ que les Ouvrières font douées de la Faculté „ d'engendrer. Je fuppofe toujours , que vous ,, aviez examiné une à une ces trois cents Ou- „ vrieres , pour vous alfurer qu'il n'y avoit „ point de Reines parmi elles. „ XL Je vous avois fort exhorté , Monficur , à tâcher de découvrir par la diffedion les ovaires des Ouvrières : je lis avec plaifir dans votre Lettre que vous Pavez fait, & même fur fix Ouvrières de l'expérience précédente. Deux feulement vous ont oiîert tut ovaire mialogne a celui de la Reine. Voilà une ob- fervation bien décifive, & qui auroit demandé à être fort repétée. Je fuis fâché que le temps vous ait manqué : je ne puis trop vous re- commander de ^multiplier davantage des dif- fedions aufîi importantes , & de décrire très en détail ces ovaires des Ouvrières. Il ne fuffit point de dire , qu'ils font analogues k ceux de la Reine. Vous laifferiez penfer, qu'ils font aufTi fournis d'œufs que ceux de cette dernière j ce qui ne paroît pas probable , & que vos expériences n'annoncent point. Ap- paremment que ces ovaires des Ouvrières font fort petits & fort peu gari>is ; le grand nom^ SUR LES ABEILLES, 2^13 5, bre des Ouvrières fait ici une compenfîuioii 5, plus que fuffifante , car les Mâles ne doivent ja- „ mais être bien nombreux. Ils le feroient mémo 5, trop quand chaqu'ouvriere ne pondroit qu'un ,, feul œuf: je ne dis pas même aflez : ils le fe- 5, roient beaucoup trop : ceci me porteroit à ,, foupqonner que Ci les Ouvrières ont des ovai- „ reé, ces ovaires contiennent encore d'autres „ œufs que ceux des Mâles. Si cela étoit, la 5, transformation d'un Ver commun en Reine „ s'expliqueroit facilement , puifque le Ver M feroit du fexe féminin. \ 5, XII. Vous avouez , que vous n'avez jamais 3, furpris d'Ouvrières occupées à pondre , quoi- 5., que vous ayez vu cent & cent fois la Reine „ s'acquitter de cette importante fonction. Vous „ conjedurez , que les Ouvrières pondent dans „ l'intérieur des gâteaux , qu'elles fe dérobent ,, ainfi aux regards de l'Obfervateur , & qu'el- 55 les tranfportent enfuite les œufs dans d'au- 55 très endroits de la ruche , où les Vers doi- ,y vent être élevés. Mais il feroit bien fingu- „ lier que la Reine pondît indifféremment fur 5, l'extérieur & dans l'intérieur des gâteaux, & 5, que les Ouvrières ne pondilTent que dans l'in- ,^ térieur de ces derniers. Vous ne fauricz trop O 3 214 (lu AT RIE ME MÉMOIRE ;, faire uLge de ruches vitrées pour furprendre 5, les Ouvrières dans la ponte. ., XIII. J'etois fort curieux de favoir ce que 5, iaifoient les Abeilles d'une ruche bien peuplée 5, quand on venoit à les priver de leur Reine. 3, J'avois dit dans la Contemplation de la Na- 3, ture , Part. XI. Chap. XXV : qu'on potirroit 5, conjecturer probablement que les Ouvrières con- 3, tinuer oient de s"" occuper de P éducation des Pe^ 5, tits , ^ qu'acnés ne cejjer oient de travailler que 5, lorfque ces derniers [croient devenus Mouches. j, Je n'avois deviné qu'une partie du fait : vous 5, m'apprenez , que dans le cas dont il s'agit , 3, les Ouvrières continuent à travailler auffi di- s, ligemmenc que lorfqu'elles pofledoient encore 5, leur Reine j qu'elles favenc s'avertir les unes „ les autres de la privation ou de i'abfence 5, de la Reine , & qu'elles font bien vite des Bs préparatifs pour élever une nouvelle Reine. „ XIV. Vous revenez , Monfiéur, dans votre 5, Foficript , à douter des expériences par lef- 9, quelles Mr. ScHiRACH entreprend de prou- sj ver que les Ouvrières peuvent faire une Reine 5j d'un Ver commun , âgé de 3 à 4 jours , & ,5 vous me rapportez à ce fujet une expérience jjj (ji)3 vous ave? tentée & (jui revient à ceci. SUR LES ABEILLES. tiç 5, Vous aviez renfermé dans une caitfe un pc- 5, tit gâteau dans les cellules duquel il y avoiç 5, dix jeunes Vers , 8c neuf autres Vers , qui 5, étoient un peu plus avancés en âge : ce g:U 5, tsau ne contenoic aucun œuf. Le jour fui- 3, vant vous remarquâtes, que les Ouvrières s, avoient bâti au-deflus d'un des Vers une ceU 5, Iule royale , & qu'afin de donner à cette cel- 5, Iule la pofition convenable , elles avoient dé- :, truit quelques-unes des cellules placées au- 3, deflbus. Vous obfervâtes encore ,• qu'elles laif- 3, férent périr les autres Vers ; & que le „ cinquième jour elles avoient pondu des œufs, 5, & préparé deux cellules pour y recevoir des 5, œufs de Mâles : vous obfervâtes enfin ; que 3, les Ouvrières n'élevèrent plus que des Vers 35 de Mâles. Il me femble que cette expérience 3, eft plus favorable que défavorable à l'opinion ,, de Mr. Schirach: cett^ cellule royale, bâtie 3, au-delTus de ces Vers logés auparavant dans 3, le gâteau, paroit bien propre à confirmer 3, ce que fObfervateur de Lufacc a raconté de 3, l'efpece de transformation des Vers communs 3, en Vers de Reines. Miis peut- èt:e ne vous ,, ai- je pas bien faifi. ,y XV. Il faudroit obferver 8c décrire avec 3, foin 5 ces poches ou bourfcs , fituces dansja ■ 04 216 QUATRIEME MÉMOIRE j9 bouche des Ouvrières , & où vous penfez , qu'elles renferment la cire avec laquelle elles s, condruifent les cellules. Ces poches ont 5, été inconnues à Mr. de Reaumur , & aux 5, Obfervateurs qui Favoient précédé. s, En vous réitérant, Monfieur , les témoin „ gnages de ma plus fincére gratitude de votre „ obligeante attention à me communiquer fi en „ détail & en franqois, vos mtérelîantes rccher- s, ches, je fuis dans l'obligation indifpenfable 5, de vous annoncer, que je ne puis plus con- 3, tinuer notre correfpondance. Je vais auiE a, prendre congé de la Société de Luface , & la ,, prier, comme je vous en prie, dénie par,. s, donner une retraite que mes circonftances s, rendent fi nécelTaire. Les dérangemens fur-, „ venus à ma fanté par le travail , les mena-. 3, gemens qu'elle exige, des maux d'yeux s. anciens & fréquens , & des occupations s, d'un genre plus important, ne fauroienc „ plus me permettre de m'occuper de ces in- 3, dultricufes Abeilles , que j'ai tant obfervées ,, il y a 28 011 30 ans, Ne m'adreiîcz donc „ plus de Paquets , Monfieur j parce que jq 5^, ferois très-fâché de les lailfer fans réponfe , ^, & je lerois poijrçan^ forçç de garder auprès SUR LES ABEILLES, 217 i, de vous un filence que j'aurois à regretter , ri & qui répondroit mal à ma recoiinoilTance. „ J'ai requ par la voye de Mr. Duchet , „ votre dernière Lettre du 27 Odtobre avec ,, le Livre (3) de cet ingénieux Cultivateur , 5, dont il a bien voulu me gratifier. Il con- 5, tient , en effet des cliofes intéreirantes : je s, n'ai eu encore que le temps de le parcou- 3, rir. Je defirerois qu'il fut écrit en ftyle moins 3, figuré Se plus alTorti au genre de l'Hiftoire 5, naturelle. Il eft toujours utile d'orner un peu 9, ces fortes de fujets ; mais il ne faut pas 5, étouiFer les vérités fous le poids étranger des 55 ornemens. Les vérités d'Hiftoire naturelle 5, font déjà Ci agréables par elles-mêmes , qu'il „ n'eft jamais befoin de fe mettre en (î grands 9j fraix pour les parer. 5, Continuez , Monfieur , à oonfacrer vos talens & votre loiilr à l'étude des Abeilles : 3, ne celfez point d'enrichir le Public de vos 5, découvertes , & de célébrer dans vos Ecrits 99 (3) Culture des Abeilles f\'ou mêthoda expérimentale Sff ^at- fonnée fur les moyens de tirer le meilleur parti des Meilles , far une conjlruâiion de ruches mieux ajfnrties a leur injîin^l * avec une dijfertation nouvelle fur l'origine de la cire. Par Mr. Duchet, Chapelain de Remaufens , Canton de Fribourg en _Siii(le, Vevey. 1771, . 2i8 QUATRIEME MÉMOIRE 5, PAuTEUR Adorable de tant de merveilles.. 5, Je les lirai toujours avec plaifir dans le& 5, Journaux , je vous applaudirai en filence & „ vous conferverai toujours les fentimens d'ef- „ time & de gratitude avec lefquels j'ai l'hon- 35 neur d'être , &c. On voit par cette Réponfe que je faifois à Mr. RiEM , que je raifonnois par tout fur la fuppofition aufli honnête qu'équitable , qu'il ne s'étoit point trompé fur les divers faits qu'il m'afluroit lui même avoir obfervés. Ce n'eft pas néanmoins que je ne confervalTe plus que de fimples doutes fur la réalité de la plupart de ces faits , & fur la légitimité des^ conféquences que rObfervateur fe croyoit en droit d'en dé- duire. Mais la découverte de Mr. Schirach à l'égard de laquelle j'avois d'abord été fi Pyrrhonien , & dont il m'avoit donné en fuite les preuves les plus multipliées , ne me permet- toit pas de contredire formellement d'autre* faits tout auffi étranges , fur l'unique fonde- ment de leur oppofition à tout ce que je con- iioiflbis des Abeilles, foit par mes propres ob- fervations , foit par celles de Swammerdam & de Reâumur. Je m'étois donc borné à indi- quer à rObfervateur de Lauter quelques-uns de nies doutes , & à l'exhorter à conftater fes faits SUR LES ABEILLES. 219 par des expériences plus décifives & plus répé- tées. Je voyois afTez que fes récits étoient très- imparfaits & beaucoup trop dépourvus de ces détails de pratique, que préfentent les Ecrits des grands Maîtres dans l'Art d'obferver , & qui font eux mêmes des preuves de la vérité des faits. Je joindrai ici à ma Lettre l'extrait de la ré- ponfe de Mr. Riem -, mais j'avertirai aupara- vant, qu'elle étoit en plus mauvais franqois encore que tous les Ecrits qu'il m'avoit adreffés- Je n'exagérerai pas fi je dis , que le ftyle en étoit entièrement barbare. Je la traduirai le mieux qu'il me fera poffible. 120 QUATRIEME MÈ MOIRE. EXTRAIT DE LA RÉP 0 NSE JD J£ JMCo :M. X JET 3€o „ A Lauter le ii. Décembre T772. „ Jr E réponds , Monfieur , à votre bonne 5, Lettre du i8 de Décembre 1771 , & je le fais „ dans mon très-mauvais ftyle ; car je n'ai 3, aduellement perfonne au-près de moi, qui 5, puiiTe corriger mon François : notre Maître „ de langue eft abfent. Je fuivrai dans ma ré- 5, ponfe Tordre de vos paragraphes. „ Sur le §. I : c'eft Mr. le ProfeiTeur Beck- 5, MANN 5 qui a donné le nom de Chenille au Ver 5, de PAbeille ; & il foutient que le nom de „ Ver ne peut point lui convenir , parce que 33 fa bouche reflemble à celle de la Chenille. „ §. IL Vous trouverez plus de détails dans 5, le Livre de Mr. Duchet fur la cire qui „ tranlTude des anneaux des Ouvrières. Mais 3, Mr. Duchet va trop loin à l'égard du miel. SUR LES ABEILLES. 221 Il îl veut qu'il foit la matière première de cette „ cire qu'on voit tranfluder entre les anneaux. 3, Cela n'efl: pas (î vrai qu'il le penfe. La pouf- „ fiere des fleurs contient de la véritable cire. „ Les Abeilles dégorgent cette pouiîîere qu'eU 5, les ont mêlée avec du miel ,* & c'eft feule- 5, ment la partie la plus fine du mélange , qui „ tranfludc entre les anneaux , & dont les Abeil^ „ les fe fervent pour la conftruclion des al- 3, véoles. 5, §. III. Vous m'avez bien faifi dans ce 55 paragraphe. 5, §. IV. Il m'eft bien agréable que vous 5, fâchiez à préfent que les Ouvrières ne pon- 5, dent que des œufs de Faux-bourdons. Cela 3, a été conftaté plufieurs fois , non feulement 5, par mes propres obfervations qui font très- 5, nombreufes ; mais encore par celles de la „ Société de Luface. 5) §• V , VI. Vous m'avez bien entendu dans 55 ces deux paragraphes. „ §. VII. Il eft bien 'prouvé aujourd'hui , „ que les Ouvrières ne pondent jamais d'oeufs „ de Femelles 5 & vous pouvez compter là-deffus. 22^ QUATRIEME MÉMOIRE 5, § VIII. Il n'eft pas encore prouvé que 35 toutes les Abeilles communes pofledent la 3, faculté de pondre. Mais il eft poffible qu'el- 35 les la polfedeHt toutes. 3, §. IX. Vous trouverez dans mes précé- „ dentés Lettres , de bonnes raifons pourquoi , 3, les Abeilles fe laiiTent mourir ou ne travail- 3, lent point , lorfque rElTaini nouvellement mis 33 en ruche eft privé de fa Reine. Mais (1 avant 35 que de lui être enlevée, cette Reine a déjà „ pondu des œufs royaux , les Ouvrières pren- ,5 nent foin de ces œufs. Les chofes fe paf- 35 fent différemment lorfqu'il n'y a dans la ruche 3, ni œufs ni Vers. Les Ouvrières ne lailfent 3, pas de travailler, & elles pondent même; 35 mais il ne fort des œufs que des Faux-bour- 3 3 dons, & le nombre des Ouvrières diminue „ journellement , faute d'une Reine qui ponde 3, des \ œufs d'où éclofent d'autres Ouvrières , 55 dcftinées à remplacer celles qui mesrenc. „ §. X. Vous m'avez bien faifi ici. „ §. XL Le temps me manquoit pour diifé- 35 quer des Ouvrières qui pondent. Il ne nren 33 paroit pas moins conftaté que ks ovaires de^ SUR LES ABEILLES, 22^ i Abeilles communes ne contiennent que des 3, œufs de Faux-bourdons. 3, §. XÏI. Il eft vrai qu'il me refte à voie 5, de mes propres yeux , les Abeilles commu- 5, nés pondre ces œufs de Faux-bourdons y & «5 d'après le confeil que vous me donnez , je „ ferai conftruire de très-petites ruches vitrées , „ fort applaties, afin de furprendre ces Abeil- 5, les dans leur ponte. „ §. XIII. Ce que vous rapportez ici de votre 5, Contemplation m'a été fort agréable. 5, §. XÏV. Cet Article eft le feul dans lequel 5, vous ne m'ayez pas aflez bien faifi. Je vou- 5, lois dire j qu'il eft très-rare que d'un feul „ Ver on obtienne une Reine. Il en eft de ceci 5, comme d'une Loterie. Plus le nombre des „ Vers fera grand , & plus la probabilité d'ob- 5, tenir une Reine fera grande. On eft donc 5, plus fur de réufîîr avec vingt Vers qu'av-ec 3, dix : mais pour que le Ver cîioifi par les 33 Ouvrières devienne une Reine , il faut qu'eU „ les lui conftruifent une cellule royale, (i) (0 Ceci fuppofe , comme l'on voit, que Mr. Riem îid- met, que la Reine-abeille pond indifféremment des nufs ile Reines & des œufs d'Ouvrières cjans les cellules communes , g24 Q^UATRIEME MÉMOIRE 5, Voici maintenaut une obfervatioii que 'fàî i, faite cette année dans une ruche vitrée* & que les Ouvrières favcnt choifir au befoin parmi les jeu- iies Vers de race royale , celui qu'elles deftineni à devenir Reine. Cet endroit de la Lettre de Mr. Rïem cft un des plus obfcurs : je n'en ai pris que l'efTentiel. Mais peut être convient-il que je le tranfcrive ici en entier , & mot à mot. Le voici. ,, XIV. C'eft la feule théfe dans laquelle vous ne m'avez „ pas affez faid. Il me fetrible que veus-vouliez de'river de ,, mon Poftcriit des dix Vers ^ que l'opinion de Mr. ScHt- 5, EACH par cela fe approuverai plus; mais je dérive le y, contraire. Je voufois montrer & approuver , que d'nn feul „ Ver on ne reçoit pas une Reine. Il foit donc par la for- „ tune comme dans une Lotteiie quelquefois ; mais j'ap- „ prouvois par ces dix Vers ^ qu'il fera plutôt pofTiblc de re* „ cevoir^ entre dix Vers, un ou quelques Vers royales, qui „ alors refteront dans la clalTe de Vers communes, où ils „ perdent, fi une Reine n'eft pas nécefrairej mais fi une 5, Reine fera néceflaire , que ces Vers ne parviennent ja^ 5, mais à la dignité de Reine , il foit donc , que les Ouvrie* „ res leur conitruifent des cellules royales. Je vous afTure, „ que avec un fciil Ver » auffi avec Aeux ou trois il foit ,, très-difficile & rarement de recevoir une Reine. Avec dix „ jufqu'a vingt ou plus , il eft très-poffible de gagner." On Conçoit donc , que le nombre des Vers royaux étant beaucoup plus petit qu^ celui des Vers communs, il ne faii- roit arriver que très-rarement, qu'on obtienne une Reine avec deux ou trois jeunes Vers pris au hafard. Je ne fais qu'indiquer l'hyporhéfe par laquelle Mr. RiEM a entrepris de combattre la découverte de Mr. Schirach. Avant l'Obfer- J'obfer^ SUR LES ABEILLES, ai^ Il J'obferVois la Rdîne pondre dans un gâteau i, placé près de la croifée du chaffis. Quand elle 5, eut dépofé des œufs dans toutes les cellules 35 de ce gâteau, je m'attendois que les Ouvrie- 35 res éléveroient les Vers qui en écloroient : 35 mais j'ai vu arriver le contraire. Elles onc 55 tranfporté fous mes yeux tous ces œufs dans 35 l'intérieur des gâteaux , & quoique la Reins 35 ait repété fa ponte jufqu'à trois fois dans 35 le même gâteau , les Ouvrières fe font tou- 55 jours obrtinées à tranfporter tous les œufs 35 dans d'autres cellules." Je reviendrai dans un autre Mémoire aux vateur de Lauter nous avions eu recours à la même fuppo- fition, Mr. Wilhelmi & moi, pour eiïayer de rendre raifon de cette découverte. Mais on a vu dans mon Ir Mémoire , les expériences par lefquelles Mr. Schirach détruifoit cette fup- pofition. Bailleurs , en admettant l'exiftence des Vers royaux dans les cellules communes, ne faudra-t-il pas admettre en même temps , que ceux auxquels les Abeilles ne conftruil'ent peint de cellaks royales demeurent Vers communs, & ne donnent que des Ouvrières? Le Ver royal feroit donc tranl'- formé ainfi en Ver commun , & ce feroit l'inverfe de l'expé- rience de Mr. Schirach. Mais je lis dans la Lettre de Mr. RiEM que j'extrais, ces propres expreffionsîj les Fers royaux fe fenient fi une Reine n'efl pas necéjfuire , ^ ils ne donnent jamais d'Ouvrières. Il veut dire apparemment, que dans ce cas les Ouvrières ne foigaent pas les Vers royai;x & les laiflent périr. Tom, Z. P 226 QUATRIEME JH ÉMOI RÉ obfervations de Mrs. Schirach & RrEM : les Naturalises en fendront mieux la nécefîité de répéter ces obfervations avec plus de foin & de tenter de nouvelles expériences plus propres à ilifîiper les doutes qui s'élèvent ici de toutes parts , & à nous dévoiler enfin la véritable po- licé de ces Mouches induftrieufes , qui , malgré l'attention foutenue que leur ont donné les plus grands Obfervateurs , ne nous font encore con- nues que très-imparfaitement. le IZ ^ÂOHt I78^à ,V'«^ MÉMOIRES) S U R L E S A B E ï L L E S j J)h ton revient aux expériences de Liiface^ ^ oM ton exjpofe quelques ohfervaîions de t Auteur fue ces Mouches, .R. Needham qui avoit cru aflez facilement à la prétendue converfion du Végétal en Ani- mal 5 ne s'étoit point prefîe de croire à. celld d'un Ver d'Abeille commune en Ver de Reine. Dans un grand Mémoire fur les Abeilles , que ce favant Naturalifte lut en Décembre 1777 à l'Académie Impériale de Bruxelles, dont il eft Diredleur, il s élevé avec force contre la dé- couverte de feu Mr. Schirach , & lui reproche de s'en être laiiTé impofer par des apparence?? trompeufes 8i d'avoir publié avec trop de con- fiance une découverte imaginaire , qu'il n'hé- fite pas à comparer à celle de la fameufe denâ (0 Ce Mémoire, ainfi que le précédent ^ n'avoieiït ipoisç «ncore été publiés. Pa 21% CIN(iUIEME MÊM OIRE d'or. Mr. Needham me reproche auffi à moi*- même , mais de la manière la plus honnête 5 de n'avoir pas poiilîë alfez loin le doute philo- fophi<îue , & de m^etre trop hâté de concilier mes principes fur la génération avec un fait étrange qui n'avoit , félon lui, de réalité que dans ropinioii de i'Obfervateur Allemand. Ce n'eft pas néanmoins par une fuite d'expé- riences bien faites & bien décrites que le célè- bre Obfervateur Anglois eut lui-même infti*. tuées , qu'il combat Mr. ScHiRACH : c'eft prin- cipalement en lui oppofant les expériences que Mr. RiEM m'avoit communiquées , & que j'ai inférées dans mon troifieme Mémoire. Il parle à la vérité d'une expérience faite par lui même & de quelques autres qui ont été faites ou par fes Amis ou par un Cultivateur de Flandres ; mais qu'il fe borne à indiquer ou à affirmer, & dont il ne nous donne aucun détail. De ces différentes expériences & de fes pro- pres réflexions , Mr. Needham fe croit en droit de tirer les conféquences fuivantes , que je tranfcris dans fes propres termes. 1°. Qy'ïL y a trois fortes d'œufs ; defquels 5, naiiienc trois fortes d'Abeilles , k Femelle , SUR LES ABEILLES. 1^ 9» îes Mâles & VEfpèce neutre ^ Se cela fans avj- j, cune dévLition. 2°, », Que ces œufs font dépofés à Taven- 9, ture, fans difcernement par la Femelle , à », un ou plufieurs , dans des cel!ules commu- 9» nés pour être diftribués après , chacun dans 9, fon alvéole refpedif, généralement parlant, 8, par les Abeilles Ouvrières. 3^. „ Qu'il en refte pourtant affez fou vent 9, de toutes les fortes dans des cel'ules qui ne j, leur font pas propres, foit exprès, au dé- „ faut de cellules propres, ou pour en avoir de „ réferve , foit pas inattention de la part des ,3 Abeilles Ouvrières. Mr. Needham interprète donc la découverte de Lu face par ces œufs royaux , qu'il fuppofe ou plutôt qu'il affirme que la Reine dépofe à l'aventure dans des celiuies communes , & que les Ouvrières placent enfuite dans des cellules appropriées. J'avois eu recours avant lui à la même fuppofition ou à-peu-près, & Mr. WiL' HELMI favoit aufîî adoptée, comme on peut le voir dans mes Lettres à cet Obfervateur,* mais on peut voir auffi dans mes deux premiers Me- P 3 vâ^O ÇÏN^VIEMÈ MÉMOIRE mokesr ce que Mr. Schirach répondoit à cette, ^uppofition. Pour parvenir à fixer mes doutes fur îe^ • expéiiences qu'alléguoit Mr. Needham & pouc nie mettre en état de répandre plus de joui: fur la queftion fi controverfée de l'origine de la Reiné-abeiile , j'ai pris le parti d'écrire de nouveau à Mr. Wilhelmi , Secrétaire de la So- ciété œconomique de Luface. On n'a pas ou= blié combien il s'étoit montré lui-même incré» du!e fur la découverte de fon Beau-frere , Mr. ScKiRACH, & on n'a pas oublié non plus qu'il ^voit répété plus d'une fois l'expérience de l'In- vVenteur. Voici donc ce que je lui écrivois. A Genthod le 21 d'Avril 1780J Jç travaille ^ Moyifieur , n nne ytouvelle eJ/'- iion fort augmentée de la Contemplation de la Nature ; ^ vous jugez hien que je dois y parler de la découverte de feu Mr. SCHlRACH fur h Beine-aheille. Elle a été fortement combattue par ■un Naturalijîe célèbre, Ilprétend que Mr. ScHl- IIACH a été trompé par ime cir confiance qu^il n^avoit pas f'oupçonnée : c^ejl qu^il arrive fouvenù è la Reine-abeille de dépofer des œufs royaux dans; 4°s celluks communes s & ce foyij^^ ces œufs qui ^ s V K LES ABEILLES. 23î félon lui , ont donné ces nouvelles Reines que Mr. SCHIRACH croyoît provenir de Vers communs Àe trois à quatre jours. Notre Pyrrhonien ne veut donc point reconnoitre la transformation d'un Ver commun en Ver royale & il me re^ proche de Savoir cru trop légèrement Çff d'avoir tenté de P expliquer à laide de mes principes fur la génération. Il n^a fait pourtant par lui-même aucune expérience décifive fur ce fujet, Mr. Schiràch m\xvoit écrit néanmoins ; que toutes les fois qu'il avoit ■ injlittié P expérience avec des gâteaux qui ne contenaient que des œufs , elle n'avait jamais réujjl: mais qu^elle avoit toujours réujji & en toute faifon , qtumd il l'avait faite avec des gâteaux qui contenaient un au plufieurs Vers communs de trois à quatre jours. Il mycriyoit encpre ,* que ftw vos propres dotu tes , il vous avoit invité à choifir vous même uii Ver de trois jours , ^ quHl vous avoit promi:» â'en faire une Reine ^c. Que penfeZ'Vous donc^ mon cher Monfeuv ^ de t opinion de P antagonifle de Mr. ScHiRACH? Se feroit-il toujours trouvé dans les petits gâteaux, que celui-ci employait , un ou plufieurs œufs royaux^ qu'il n'mroit point apperçu ou qu'il &3^ Cl NQ^UIEME MÉMOIRE miroit négligé de chercher dans les cellules y ctvant que de 77tettre le gâteau en expérience ? Il ni^ importe beaucoup de [avoir alquoi 771^ en tenir fur ce point ejjentiel-y car je ne veux pas conter des fables au Public. Veuillez, donc , je vous prie , me dire le plutôt pojfible , votre propre fen^ timent là-dejfus & celui de la Société. Je fais qu'ail efi des Amateurs étrangers qui ajfurent avoir répété Inexpérience de Mr. votre Beau-frere, & avoir trouvé les réfultats cojifor- 7nes à fes récits. Mais yiotre Pyrrhonien répli- quera toujours 5 qu^o^î n^avoit pas apperçu les Vers royaux cachés dans les cellules communes. AveZ'VOUS répété vous même plufieurs fois cette curieufe expérience ? Je compterai fur ce que vous aurez vu. Vous connoiffez , fans doute , la découverte ie Mr. Debraw de Cambridge fur la féconda- tion des œufs des Abeilles. Il ajfure , que les Mil- les ne s\ucoup.lent point avec la Reine ,• rnais qu'ils répandent leur fperme fur Pœuf dépofé dans la cellule. Il rapporte à ce fujet des expériences gui paroîffent décifives. Mais il ejl bien fingulier que les plus grands Obfervateiirs des Abeilles ^Tfeujfent jÇ^Majs vu cela , ^ même ^mis dss . SUR LES ABEILLES, 2^ ruches vitrées j tandis qu'ils ont vu fi fouvent h M.eine ^pondre en leur préfence quinze ou vingt œufs» Nous fontmes bien ignorayis encore fur la po-' lice de ces Mouches induftrieufes. fattends heau^ coup des recherches ajfidues des Membres de Id Société de Luface. Je défirerois feulement que la plupart ftijfent plus Naturalijles qu'Amateurs^ & auffi Logiciens que Naturalijles. Je fuis &c. g^: ■ ■ ss^:i<^ * - - H :^ RÉPONSE AM. WILHELMI. ADiehfe le 12 de Ma;^ 1780. J E me hâte , Monfieur , de répondre à votre bonne Lettre du 2i d'Avril, non feulement pour vous témoigner mon empreflement à (atisfaire à vos defirs ; mais encore pour dif- fiper les doutes dont vous me parlez fur la dé- couverte de la génération de la Mere-abeille. Pyrrhonien que je fus autre fois , comme vous le favez je me fuis aflez aiTuré de cette vé- rité , que les Vers dont proviennent les 234 CINQUIEME MÉMOIRE, ^ Reines , font de la clafle des Vers commtins» „ Des expériences cent & cent fois répétées „ attellent uniformément le même fait , ainfi. 5, que tout ce qui en eft dit dans les Ecrits de », notre Société & dans ceux des autres Culti- j, ¥ateurs qui s'occupent de Toeconomie des 5^ Abeilles. On n'en doute point du tout ici, „, & on te prend pour une chofe qui eft hors 9, de toute contradidion. AuiE ne difpute-t-oii 3, plus fur ce fujet , parce qu'on regarde le fak » comme trop bien établi, 1, Considérez , Monfîeur , je' vous prie^ i, que les Abeilles conftruifent fort fou vent ^ dans un gâteau qui n'a que deux à trois a, pon-ce»en quarré , d^ux à trois ccHules roya- 9, les : confidérez que ces cellules fe trouvent 5, confiamment dans le voifinage de Vers de 5, deux à trois jours : confiderez enfin , que (i;le j, gâteau ne contient que des œufs, on n'aura „ jamais une Reine ; & vous conviendrez vous^. 5, même de la vérité controverfée. 5, J'ajoute , que des expériences multipliées a, n'ont pas moins bien prouvé , que les Fauxî- 5, bourdons proviennent des Abeilles Ouvrie- 9, res ', ce qui démontre que ces dernières j, font du fexe féminin a & conféquemment & SUR LES ABEILLES. 2af 55 îa nature de leur Mère. Rien ne peut détruire 3j ces expériences que des expériences oppofées ; 5j & c'eft au Naturalifte dont vous faites meii-* ^, tion à en inftituer de telles. 5, Supposez avec lui , que la Reine -abeille ]y dépofe fouvent dans des cellules conimunes s, des œufs royaux 5 & je demanderai, pour- „ quoi les Ouvrières ne fe fervent jamars d'un „ de ces œufs pour fe doiiri.er une Reine , & 3, pourquoi elles y emploient conftamment ua „ Ver? Mr. Schirach avoit renfermé biea 3, des fois un gâteau de couvain avec des Abeil- „ les communes , & il avoit vu le lendemain 3, dans une cellule royale , déjà commencée , un 3, Ver aulîî grand que fes voifins ; c'eft-à-dire 5, un Ver dont la taille étoit égale à celle des 3, Vers âgés de trois à quatre jours. Un œu£ 35 auroit-il pu en fi peu de temps donner un ■j, Ver de cette taille .^ Cette feule obfervatiou 35 devroit fuffire pour diffiper les doutes de 3, votre Naturalifte. Il peut eu voir les détails 3, dans la féconde Colledion des Ecrits de notre 3» Société pour l'année 17^7. Je ne voudrois „ pourtant pas foutenir qu'un œuf foit tout à 55 fait inhabile à donner une Reine ; mais il 3, y a lieu de penfer, que fi les Abeilles pré- ■^3 ferent un Ver de quelques jouïs p c'eft parce 216 CINQUIEME MÉMOIRE ,, qu'un inftind naturel les porte à hâter le 3, plus qu'il dl poiTibie la génération de la 5, Mere-abeille. Un Ver de trois à quatre jours „ n'eft pas aiTez âgé pour ne pouvoir pas don- 55 ner une Reines mais un Ver plus avancé „ en âge n'y ieroit pas propre , parce que fes 55 organes feroient trop peu traitables. 5, A dire le vrai, feu Mr. Schiracm ne s'é- 3, toit pas bien exprimé en nommant les œufs ,5 que pond la Mere-abeille , des œufs communs. 9, La nouveauté de la découverte i'avoit fur- 5, pris comme cela arrive ordinairement. Il ,5 avoit eu plus d'égard à la chofe qu'au nom. 55 Mr. RiEM, dont les obfervations font tout 5, à fait conformes aux nôtres, remarque avec 55 raifon, que tous les œufs que pond la Mere- 5, abeille font des œufs royaux. On voit que 55 les Abeilles qui en éclofent, retiennent la 55 nature de leur Mère , puifqu'elles çngen-- 5, drent , & même des Faux-bourdons. Ce n'eft 55 pas néanmoins par un plus grand dévelop- 55 pcment de leurs organes qu'elles acquièrent ,55 la faculté de pondre, c'eft leur état naturel: ,5 mais elles deviennent de véritables Reines, 55 lorfqu'elles font é'evées dons u;-ie cellule p'us ,5 fpacieufe. Elles demeurent au contraire, Cc^s 55 Abeilles communes , lorfqu'elles relient dans SURLES ABEILLES. 237 5, des cellules ordinaires , où leurs organes pré- 3, formés ne fauroient fe développer aircz. Ce- 35 pendant elles retiennent encore dans ce cas 5, quelque chofe du fexe féminin, je veux dire 3, la faculté de pondre des œufs de Faux-bour- 33 dons. „ Je n'oferois décider fur l'accouplement des 35 Mâles. Nos obfervations ne nous donnent ,3 rien là-deifus d'afTez pofitif. La découverte de 3, Mr. Debraw paroît avoir beaucoup de vrai; „ mais je n'ai pas lu fon Ecrit. Je vous prie de 3, vous rappeller que j'ai foupqonné ci devant „ quelque chofe de pareil. Mr. Schirach étoit „ du même fentiment que Mr. Debranxt. Il „ avoit entrepris en 1770 des efTais fur ce fujet: ,5 il avoit renfermé une multitude de Faux- 3, bourdons dans une petite ruche vitrée j mais 3, cet effai ne lui donna pas ce qu'il cherchoit. ,3 Voyez la quatrième CoUedlion des Mémoires „ de la Société. Peut-être que je répéterai moi- 3, même cette expérience dans le cours de cette ,3 année , Ci j'en ai une occafion favorable. 3, Vous pouvez compter fur-tout ce que je 3, viens de vous écrire : les expériences ont ,, été répétées cent & cent fois depuis la mort ia8 eiKQ^VlEMË MÉMOIRE 3, de Mr. Schirach , & elles ont toujonri 3, donné les mêmes réfuitats. " Je luis &c. Il paroît donc par cette Réponfe de Mr. WiLHELMi , qu'il n'eft point du tout de Tavis de Mr. NeedhaM , & qu'il croit bien démon- tré que les œufs que pond la Reine , font tous des œufs royaux. Les Vers qui en éclofent fc- roient donc tous des Vers royaux. Ainfi il n'y auroit dans la République des Abeilles que deux fortes d'Individus , des Mâles & des Femelles. Les Abeilles auxquelles on avoit donné le nom de Neutres , parce qu'on les croyoit abfolument dépourvues de fexe , feroient donc toutes de vraies Femelles. Il réfulte encore de la réponfe de M. WiL« HELMi , qu'une Abeille commune ne devient une Reine , que lorfque le Ver dont elle pro- vient eft élevé dans une cellule royale. Mr. "WiLHELMi tient donc pour certaine la con^ verfion d'un Ver commun en Ver royal. Il dit & répète , que l'expérience a conftaté ce fait cent & cent fois, & que la chofe n'eft plus c©ntroverfée dans la Société de Luface. Mais Mr. Wilhelmi admet en même temps çomnié démontré , que les Abeilles communes SUR LES ABLILLES. 23$ inondent des œufs de Faux-bourdons, & ne pondent que des œufs de cette forte. Il s'ac- corde donc fur ce point avec Mr. Riem qui m'avoit affuré le même fait. Il eft finguUer néan- moins, que Mr. WiLHELMi ne fe foit pas ap- per^u d'une forte de contradidion qui naitroit de fon opinion. Si les Abeilles commune fout originairement, comme il l'affirme, de la même nature que la Reine , leurs ovaires doivent ren- fermer originairement, comme ceux de la Reine, des œufs de Femelles auffi bien que des œu& de Mâles. Les œufs de Mâles font les pliis gros. Comment donc arriveroit-il que ces œufs fe- roient conftamment les feuls qui fe développe- roient dans les ovaires des Abeilles communes ? Pourquoi des œufs de Femelles ne s'y develop- peroient-ils pas auffi F Peut-on affigner aucune jaifon fatisfaifante pourquoi une cellule plus étroite empècheroit le développement des œufe de Femelles , tandis qu'elle n'empèclieroit pas îe développement des œufs de Mâles ? Si un fait dont Mr. Needham fait mention dans fon Mémoire étoit bien conftaté , nous aurions l'origine de la méprife que je préfume avec fondement qu'ont commis Mrs. RiEM & WiLHELMl au fujet de la ponte prétendue des Abeilles Ouvrières. Mr, Needham ajffirme. a^o CÏNGLUIEME MÊMOIÈÈ niais fans en donner aucune preuve , que commd il fe trouve fouvent dans une ruche des Faux- bourdons qui ne font pas plus gros que des Abeilles communes, il s'y trouve pareillement des Reines d'une aufli petite taille, & qu'il eft très- facile de confondre avec les Abeilles com- niunes. Il y auroit donc lieu de penfer que ce font des Reines de cette taille qui avoient pondu ces œufs dontMr. Riem me parloit dans fes Lettres , 8l qu'il croyoit Pavoir été par des Abeilles communes , mifes en expérience avec un gâteau entièrement dépourvu d'oeufs & de Vers (i). Ce feroient donc encore ces petites Reines qui auroient pondu ces œufs de Faux» bourdons que le même Obfervateur & Mr. "WiLHELiMi ont donné fur des apparences trom- peufes aux Abeilles ordinaires. Comment, en effet, admettre la ponte des Abeilles de cette forte, tandis que le fcalpel & le microfcope de l'habile & infitigable Swammerdam , qui avoit tant anatomifé les Abeilles , ne lui avoient ja- mais découvert le moindre veftige d'ovaires dans les Ouvrières ? Comment encore admettre une fembiable ponte tandis que l'illuftre Reaumur, qui avoit vu fi fouvent la ponte de la Reine- abeille , n'avoit jamais obfervé d'Ouvrière in- • (0 Voyez mon troifieme Mémoire. troduire SUR LES ABEILLES. 241 troduire fon dexriere dans une cellule & y dé- pofer un œuf? (2) Cependant , s'il étoit bien vrai que les Ouvrières pondent , il devroit être incomparablement plus facile de les furprendre dans la ponte, qu'il -ne l'efl: d'y furprendre la Reine ; puifque les Ouvrières font communé- ment au nombre de trente à trente cinq mille- Mon témoignage ne fauroit rien ajouter à celui de Mr. de Reaumur. Mais je ne lailferai pas de dire, que depuis uu grand nombre d'années que j'obferve les Abeilles dans des ruches vi- trées très-applaties , il ne m'eft pas arrivé une (2) „ En quelque temps de Tanne'e , dit Mr. de Reau- „ MUR, que l'on ouvrs le corps des Abeilles ordinaires, 5, on n'y trouve aucune différence remarquable. Le canal „ des alimcns eft plus ou moins rempli; il a tantôt plus ,, & tantôt moins de mîel , tantôt plus & tantôt moins de „ cire brute , mais en-dehors de ce canal , on ne de'couvre „ aucune partie analogue à des ovaires j on n'y obferve au- „ cune partie qni contienne des grains qu*on puifie foup- ,, cjonner être des œufsj & on n'y découvre aucune partie „ analogue aux parties mâles des antres Infe6les. Il pafoît „ donc par l'infpeaion de l'intérieur de ces Abeilles , & ,, par la comparaifon qu'on en fait avec celui des Mères, & „ avec celui des Faux-bourdons , qu'elles ne font ni Mâles ,y ni Femelles , qu'elles font abfolument dépourvues de fexe, „ Ce que l'Anatomie nous fait connoître par rapport à l'é- „ tat de chacune de ces trois fortes de Mouches , peut en- „ core être confirmé 'par des observations déciCves , faites „ fur des Mouches en vie. "Tome V. Mémoire IX. Tom. X. a feule fois de furprendre une Abeille commune dans fattitude d'une Femelle qui pond , quoi- que j'aie obfervé des centaines de pontes de là Reine-abeille. Ma. WiLHELMi s'explique fort difertement fur Porigine de la Mere-abeille dans la Lettre que j'ai tranfcrite. Selon lui & félon les Culti- vateurs de Luface, la Reine-abeille ne pond qu'une feule forte d'œufs , des œufs de Femel- les. Mais tous les Vers qui éclofent de ces œufs n'ont pas le même fort. Ceux qui font nourris de l'aliment le plus commun , & qui font laiffés dans des cellules ordinaires , ne parviennent ja- mais à donner des Reines. Ils demeurent donc des Vers communs, qui ne donnent que des Ouvrières. Ceux , au contraire , qui font éle- vés dans une cellule royale & approvifionnés d'une nourriture particulière , parviennent à la dignité de Reines. Mais , il y a dans la Lettre de Mr. Wilhelmi un paffiige qui demande que je m'y arrête un inftant. Il dit , que c'ejl avec raifon que Mr. RiEM, dont les ohfervatmis font tout à fait conformes à celles des Cultivateurs ds Luface , remarque que tous les œufs que pond la Mere-abeille font des œufs royaux. Cependant Mr. Rie M m'écrivoit à moi-même en Décembre j 77 Si 3 que les Vers fe perdent fi uns Reins n^efi SVR LES ABEILLES, ■ ^43 ^âs nécejptire , & qu'ils ne dorment jamais d'Où-, vrieres (3). L'Obfervateur du Palatinat ne pen- foit donc pas alors fur ce fujet comme ceux de Lufacei car il eft bien évident qu'il admet- toit de ttois fortes d'œufs , & que fon opinion revenoit à celle de Mr. Needham. Peut-être néanmoins , que Mr. Riem a fait depuis des ex- périences que j'ignore , & qui l'ont porté à em- bralîer l'opinion des Académiciens de Luface. Je ferai fur-tout ceci une remarque géné- rale,- c'eft qu'il eft très-permis de douter que les expériences qu'on allègue de part & d'autre eit preuve des diverfes opinions , ayent été faites avec tous les foins & toutes les précautions qu'elles exigent. L'ignorance de certains faits a pu jetter ici l'Oblervateur. dans des méprifes qu'il ne luf étoit guère poflîble de reconnoltre. Ces Reines de petite taille dont j'ai parlé , nous en fourniifent un exemple, & en le rappcllantî je fuppofe toujours que Mr. Needham , de qui nous tenons le fait , en a eii de bonnes preuves. Il y auroit une expérience à tenter, qui fe- roit la plus propre de toutes à décider une quef- tign que je ne puis regarder encore comme par- (?) Voyei la Note qui éft far la fin de mon quatriem.? Jrtéiu«ire. 244 €INQ_UIEME MÉMOIRE faitement décidée. Ce feroit de prendre quel- ques centaines d'Abeilles Ouvrières , qu'on au- Toit examinées une à une avec la plus grande attention pour s'afîurer s'il n'y a point parmi elles une Reine de la petite taille , & de les renfermer dans une petite ruche vitrée , avec un très-petit gâteau qui ne contiendroit qu'un feui Ver de trois à quatre jours : il faudrôit réité- rer l'expérience un grand nombre de fois j 8c (i les Ouvrières fe donnoient conftamment ou à peu près , une Reine au moyen de ce Ver uni- que , il feroit ce me femble bien prouvé que les Ouvrières peuvent fe donner des Reines à l'aide des Vers communs. Je ne vois pas ce que Mr. Needham pourroit oppofer à une expé- rience repétée de la forte : car comment ad- mettre alors que le Ver qui auroit été mis en expérience, fe feroit toujours trouvé par hafard un. Ver de race royale ? Le hafard n'agit jamais avec tant de conftance eu d'uniformité. Je ne parle pas de quelques autres précau- tions qu'il y auroit à prendre pour éviter ici toute furprife : elles n'échapperont pas aux Ob- fervateurs un peu intelligens. La plus impor- tante feroit, fans doute, de tenir la ruche fer- mée , jufques-à-ce que les Ouvrières euiîent SUR LES ABEILLES, 24t commencé à conftruire autour du Ver commun une cellule royale. En partant dans mon premier Mémoire , des expériences que Mr. Schirach m'avoit commu- niquées , j'ai tenté d'expliquer d'après mes prni- cipes fur la génération , comment une nourri- ture plus élaborée & un logement plus fpacieux pouvoient transformer en quelque forte un Ver commun en Ver royal \ & comment des circonf- tances contraires retiennent les Vers communs dans la clafTe des Neutres. Mais la Nature nou? montre des Neutres chez de Abeilles qui n« conftruifent point de cellules à leurs Petits. Je parle des Bourdons , dont Mr. de R eau- mur nous a donné l'intéreifante hiftoire. Il nous a appris que les Petits des trois fortes font élevés au milieu d'un amas irréguîier de pâtée , qui n'eft point renfermé dans une cfellule; & que lorfqu'ils font parvenus à leur parfait ab- croilfemcnt , ils fe filent des coques ovales qu'ils adoifent les unes contre les autres , & dans lefquelles ils fe transforment en Nymphes. Il aifure que les Bourdons de la plus petite taille font de vrais Neutres , qui le font origi- nairement & par l'inftitutLon de la Nature, & qui ne doivent point leur petite taille ni leur privation de fexe à des circonftances purement 0.3 2^6 CINQ^VIEME MÉMOIRE, extérieures. Comme les Bourdons font incoit- teftablement du genre des Abeilles , ils pour- roient rendre plus douteux encore , que les Abeilles auxquelles on' a auffi donné le nom de Neutres , foient réduites à cet état unique- ment par la manière dont elles font élevées. On a vu dans la Lettre de Mr. Wilhelmi que j'ai tranfcrite cideflus, qu-il regarde comme une vérité démontrée , que les Abeilles com- munes engendrent des Faux - bourdons. Une afTertion aufTi fmguliere & aufîî contraire à tout ce que nous connoiiïons des Abeilles, exigeoit aifurément que je m'adrefTafîe encore à cet Ob- fervateur pour en avoir la preuve. Je lui ai donc écrit en ces termes le 8 d'Août 1780. Veuillez, Mwtfienr ^ jn'-apprendre , s^il ejl heu prouvé que les Abeilles communes pondent des œufs dont éclofent des Faux-bourdons. Vous Vie donnez ce fait pour la chofe du monde lapins fùre y ^ vous ajoutez exprejje/nent , qu'il re- pofe fur des expériences multipliées. Avez-vous fait vous-même ces expériences , £5^ comment y avez-vous procédé? Ce fait ejl fi- contraire à tout ce que les mcilleiirs KaturulifleS nous ont raconté des Abeilles communes , qiCil exige pour être cru , le! démonjhations les plus rigoureufes» SUR LES ABEILLES. 247 Mr. Rie m nta-joit déjà eyîtretewi de fes ob- fervations fur la ponte des Abeilles communes , & il m'ajfuroit cruoir trouvé un ovaire dans deux êu trois de ces Mouches qu'il avoit difféquées à r^a prière. Mais il nétoit pas parvenu à dijjlper À cet égard tous mes doutes. Le célèbre Mr. Needham , ce Tyrrhonîen dont je vous parlois dans ma dernière Lettre , ajfurs de la manière la plus exprejje dans un grand Mé^ moire qu'' il a publié fur les Abeilles '■, „ qu'on trouve 55 de fois à autre dans les ruches , des Reines 5, de la taille des Abeilles communes , comme 3, on y voie de petits Faux-bourdons , & que 3, ces Reines de petite taill-e , comme les pe- ,, tits Faux-bourdons , proviennent également ,, d'œufs dépofés par la Mère, fans difcerne.- 5, ment , dans les cellules communes." Mais Mr. Needham ne dit point avoir vu ces petites Reines çf? ne donne aucune preuve du fait. Il fc contente d'a^rmer qu'il eft très-certain. CoNNOlSSEZ-vous , Monfieur , ces petites ^e/- nes , ^ les Membres de la Société des Abeilles les connoiffent'ils ? Si l'exijlence de ces petites Reines ejl aujji réelle 'que Pajfure le NaturaliJIe Anglois , elle nous donneroit un^ folution bien fatisfaifanrt de la qusjîion fur la pontç des Abeilles communes, 0,4 iâ48 CîKUVIEME MÉMOIRE Ces œufs qu'on fuppofoit qu^ elles avaient pondu , Vauroient été par ces petites Reines que les Ohfer- "vateurs auraient confondues avec les Abeilles communes, EsT-i/ vrai encore que les Abeilles communes transportent au befoin les œufs dhme cellule à ime autre? Mr. Needham l'affirme pareillement, ^ foutient que la Reine dépofe très - fouvent jufqu'à foixante œufs dans une cellule ordi- naire, qui font enfuit e dijîribués en différentes cellules par les Ouvrières. Afais il ne yious donne pas plus de preuves de ce fait que du précédent. Il fe borne toujours à affirmer. Ce n'^efl pas ainjl qu'on engendre la perjuafion. Je fuis &c. Mr. WiLH£LMl s'eft emprefle obligeamment à me répondre , & je dois mettre fa Lettre fous les yeux de mon Ledeur. A Diehfe le 22 d'Août 17 8o. 3, Vous me faites, Monfieur, le plus grand 3, plaifir en m'honorant de votre confiance , 55 & je vous en rends bien des grâces. Je ne ç, perds pas un moment pour répondre à la Let- s, tre obligeante que j'ai reque de vous le 19 ^j du courant:. Je viens donc tout d'un coup à SUR LES ABEILLES. 245 5, la queftion que vous m'avez propofée. Pour 5, rcntendre d'autant mieux, il faut que js ré- 5, pete en peu de mots Thiftoire de la décou^ „ verte de l'origine des Faux-bourdons. Il y a 3, des fiécles que les Payfans', cultivateurs des .35 Abeilles , ont obfervé , qu'une ruche va pé- 3, rir quand il ne s'y engendre que des Faux- 3, bourdons. Cet accident eft ordinairement 3, occafioné par le manque d'une Mère- 33 abeille , ou par le manque de couvain 3 ou j, par d'autres circonftances analogues. Ou a 35 obfervé que les ruches qui donnent dans 3, le même été trois à quatre eifaims , font 35 ordinairement fujettes à ce malheur. On ap- 3, pelle cela en langage vulgaire , ejjaimer k 3, mort. Les Payfans n'ont pas rafiné fur les 33 caufes de cet accid(ent i & nos Savans Eco- 3, nomiftes fe font partagés à cet égard en g, deux opinions différentes. Les uns fuppo- j5 fent ou plutôt imaginent une certaine cor- 5, ruption dans l'ovaire de la Mère 3 & pré- 3, tendent même avoir vu de telles Mères dans 3, les ruches dont je parle. Ils leur dairïïent en 3, Allemand le nom de Dronen- Weifel. Cette ,5 opinion s'eft foutenue affez long - temps. Il .5 elt vrai qu'on a quelquefois trouvé dans de 3, femblables ruches , une Mère d'une étrange S3 forme 5 mais le plus fou vent on n'y en a trouvé 2îO CINQ^UIEME MÉMOIRE '„ aucune, malgré toutes les recherches qu'on 5, a faites. D'autres Economiftes ont commencé s, à croire que ces Faux-bourdons provenoient 3, d'Abeilles communes. Parmi ces derniers, 5, Mr. VoGEL , que vous connoiiTez par |ies 35 Ecrits de la Société , à été le premier qui s'eft 3, avifé de former ce foupqon. Voyez la 4^2 3, Colledlion des Ecrits de notre Société , pag. 30 5, & fiiivantes. Bientôt on fe mit à méditer là- 3, delTus & à faire de nouvelles recherches. On 53 renferma une certaine quantité d'Abeilles a, communes dans des boîtes conftruites à def- 3, fein : on leur donna du miel & des gâteaux 3, dont toutes les cellules étoient vuides. Queî- 3, ques jours après, on trouva une multitude 3, de cellules pleines d'œufs dont fortirent des „ Faux-bourdons. Plufieurs Membres de notre 3, Société ont repété cette expérience , & le 3, fuccés en a été le même. Il faut la tenter 5 3 dans les mois de Mai , de Juin ou de Juil- 3, let j car il n'eft pas encore décidé qu'elle pÛE 3, réulîîr plus tard. 5, On ne s'eft pas borné , Monfieur , à ces 35 expériences ,• on a examiné avec la plus 3, grande attention ces ruches qui commen- 3, çoieiu à périr, quoique les Abeilles n'v 3, manquaiTent f onit de nourriture. Ou ies a SUR LES ABEILLES. sçf 8^ vifitées avec foin ; on n'y a point trouvé de j, Mère , & elles fourmilloient de Faux-bour- 5, dons , & les cellulas étoient pleines de Vers j, de cette forte. Il y a quatre ans que je fis 3, malgré moi cette trifte expérience. Uiie de „ mes ruches avoit effatmé quatre fois & per- 5, du fa Mère fans que je le fulfc. Peu de temps 55 après , environ au mois de Juillet , je vis .„ fortir de la ruche une grande multitude de „ Faux-bourdons. Je crus d'abord que c'étoit 55 l'expulfion annuelle j je me mis donc à aider 5, mes Abeilles (3) à la faire j je maflacrois 55 tous les jours vers le midi un bon nombre 5, de ces Faux - bourdons , mais plus j'en ,5 tuois 5 & plus il en reparoiifoit. Je continuai 5, ce maffacre jufqu'au mois d'Oclobre. Enfin, ,, j'examinai la ruche. Je n'y trouvai aucune 5, Mère ni vive ni morte 5 mais j'y vis quel- 5, ques cellules encore remplies de vers de 5, Faux-bourdons. Toutes les autres cellules 5, étoient dépourvues de couvain propre à 5, donner des Abeilles Ouvrières. La perte de 5, cette ruche étoit donc inévitable. „ J'avois d'abord été moi même du parti de 5, ceux qui attribuent le fait en queftion à (3) j» Je ilois faire remarquer ici que les Abeilles commu- j> ^es vivoieiit fort en paix avec les Faux-bonrtions. ZS2 CINQUIEME MÉMOIRE „ une altération furvenue aux ovaires de la 3, Mère -, quoique je doutaiTe qu'une telle „ Mère pût pondre. J'élevois publiquement des 5, objedions contre cette opinion, ne voulant 5, pas abandonner le fyftème du célèbre Mr. 5, çle Reaumur : mais les expériences réitérées 5, de nos Économiftes m'ont entièrement con- 3, vaincu que les Faux-bourdons proviennent 3, d'Abeilles communes. Je dois ajouter s que 3, les Faux-bourdons dont je viens de vous 3, parler étoient de la grande forte. Je crois 5, donc qu'il eft décidé que les Abeilles com- 3, munes pondent. Mais à l'égard de la dif- 5, fedion que Mr. Riem a faite de ces Mou- 3, ches, je doute fort qu'elle puiffe conduire à 3, la certitude. 3, Au relie , Mr. Riem eft aulîî convainu 3, que moi de la vérité controverfée ; & il m'a 3, raconté lui-même tout ce qu'il avoit vu, lorfqu'il m'a fait l'honneur de me venir 33 35 von- 3, Je n'entrerai pas ici dans l'examen de la queftion , s'il y a diverfes fortes d'Abeilles communes : on n'a pas encore pu cheminer dans ces contrées ténébreufes. I SUR LES AEEIL LE s. 2Ç3 3, Le célèbre Mr. Needham connoit, comme 5, V)iis me récrivez, des Reines de la taille 35 djs Abeilles communes , & aflure que ces ^^ Reines proviennent également d'œufs dépo- 55 fés fans difcernement par la Mère , dans 55 les cellules communes. Nous ne connoilTons 5, pas ici ces petites Reines : ou elles dilfe- 5, rent par quelque caradlere des Abeilles com- 55 munes , ou elles ii^en diiferent pas : fi elles en 55 diiferent , je demande quelles font ces diffé- 5, rences j fî elles n'en différent point , com- 5, ment Mr. Needham fait-il que ce font des 5, Reines ? Je crois qu'il prend pour des Rei- ,5 nés de la petite taille , les Abeilles commu- 55 nés qui pondent des œufs de Faux-bour- 55 dons 5 8c qu'il en admet de deux fortes , 55 dont l'une eft du fexe féminin & l'autre du „ fexe mafculin. Vous-vous rappellerez , Mon- 35 fieur 5 que je vous ai écrit que c'eft l'opinion 55 d'un Membre de la Société économique de 5, Franconie. Il eft poffible qu'il n'y ait qu'un 55 certain nombre d'Abeilles communes qui pon- 55 dent ; mais ceci n'eft pas encore prouvé. 35 11 faudroit démontrer auparavant que les 5, Abeilles communes font de plus d'un fexe. 55 Jufqu'ici on n'a point trouvé de moyen de 3, les diftinguer les unes des autres : elles fe -, reilemblent toutes à un tel point 5 que les SÇ4 CINQ^UIEME MÉMOIRE 5, meilleurs microfcopes ne fauroient nous y 5, découvrir aucune différence. Il me paroit 35 donc plus probable que les Abeilles comntu- 5, nés polTedent toutes la faculté de pondre des -, œufs de Faux-bourdons, „ Il eft prouvé par Pexpérience que les „ Abeilles comaïunes tranfportent toujours les 5, œufs d'une cellule dans une autre , lotfqu'il 3, y en a plus d'un dans une cellule. J'ai vu 3, moi-même plus d'une fois trois à quatre 3, œufs dans la même cellule ; mais je croirois 3, qu'on exagère lorfqu'on aflure , que la 3, Reine en dépofe jufqu'à foixante dans utt 3, même alvéole. Je fuis &c. " Ce ne font pas affurément des argumens tigoureufement démonftratifs , que ceux par lef- quels Mr. WiLHELMi entreprend de me prou- ver que les Abeilles communes pondent des œufs dont éclolent les Vers de Faux-bour- dons. Ces gâteaux qui ne contenoient ni œufs ni Vers , & qui, renfermés dans une caiffe avec un certain nombre d'Abeilles communes ^ avoient offert quelques jours après une mul- titude d'œufs dont étoient provenus des Faux- bourdons 3 ces gâteaux , dis-je , ne prouvent point d'une manière rigoureufe que les Abeil-. SUR LES ABEILLE s. 2^ \es communes -euflent pondu les œufs qu'on y obfervoit en Ci grand nombre. Il refte toujours poflible qu'une Reine de la petite taille eût échappé à FObfervateur. J'en dirois autant de l'expérience de M.r Wilhelmi : ces Faux- bourdons qui reparoifToient toujours en fi grand nombre dans fa ruche , provenoient pro- bablement d'une des ces petites Reines qull n'étoit pas parvenu à reconnoître. Il eft vrai que cette ruche oiFroit une fingularité bien, remarquable ': les cellules ne montroient que des Vers de Faux-bourdons , & il ne s'y trou- voit point d'œufs ni de Vers communs. Ceci fembleroit donc it^diquer un vice fecret d'or- ganifation dans les ovaires de la Mère. Les ovaires de cette Mère , que je fuppofe qui avoit échappé aux recherches de Mr. Wil- HELMi , contenoient apparemment beaucoup plus d'œufs de Faux-bourdons , que dans l'état naturel. On voit bien que je raifonne ici d'après les admirables difleclions de Swammerdam. Ce grand Anatomifte alTure en plufieurs endroits de Ton hiftoire des Abeilles , qu'il n'a jamais trouvé d'ovaires dans les Abeilles communes , & comment ces ovaires lui auroien^ils échappé , à lui qui avoit fi bien vu , décrit & repri-t 2^6 ÇiNflUIEME MÉMOIRE feiité Tovaire du Pou , incomparablement plus petit qu'une Abeille commune ! Comment en- core n'auroit-il point apperçu l'ovaire de nos Mouches , lui qui avoic pénétré Ci avant dans l'admirable organifation de celui de la Reine, & qui étoit parvenu à y compter cinq à fîx mille œufs î Mais je n'infifterai pas davantage fur cette preuve anatomique, parce que j'y ai déjà touché dans cet Ecrit. La feule bonne manière de faire l'expérience dont parle Mr. "Wïlhelmi , f croit d'y em- ployer , non des caifTes de bois qui dérobent ]es Abeilles aux regards de rObfervatcur ; mais de petites ruches vitrées qui permettroient à tout inftant de furprendre les Abeilles , tandis qu'elles feroient occupées à dépofer ces œufs de Faux-bourdons qu'on prétend leur devoir la nailfance. Avant que de renfermer un cer- tain nombre d'Abeilles communes dans de pa- reilles ruches, on les examineroit une à une avec la plus fcrupuleufe attention pour s'afTu- rer qu'il n'y auroit point parmi elles de Reines de l'une ou de l'autre taille. On n'examineroit pas moins attentivement le ,gâteau qu'onrenfer- meroit avec ces Ouvrières j car il importeroic infiniment d'être trés-fùr qu'il ne contiendroit ni œufs ni Vers. Si après de telles précautions, on SUR LES ABEILLES. 2^7 (on trouvoit dans ce gâteau , des œufs dont éclorroient des Vers de Faux-bourdons , il n'y auroit plus moyen de douter de la vérité de ropinion des Académiciens de Luface. Au refte , ce que Mr. Wilhelmi m'écrit touchant le tranfport des œufs furnuméraires par les Abeilles communes , ne prouve point qu'elles favent replacer ces œufs au fond des cellules qui leur font appropriées. Je terminerai ce Mémoire par quelques ob- Tervations que j'ai faites fur les Abeilles , & qui me paroilTent mériter l'attention des Natura- liftes. OBSERVATION I. Sur la ^onte de la Reine - Abeille* M, \ .R. DE Reaumur s'étend affez fur la ponte de la Reine - abeille (0 j mais il ne dit rien d'un petit fait qui ne s'étoit pas apparem- ment attiré fon attention, & qui m'afouvenS (î) Mém. fur les Inf. T. V. Mém. IX , pag. 47^ ^' fui van tes. 5Ç8 ÙINQ,UIEMÈ MÉMOIRE frappé. Dans le temps où la Reine efl en pleine ponte, on la voit iè promener à pas lents fur les gâteaux, les parcourir eii touE fens Se chercher des cellules propres à recevoir les œufs qu'elle eft prefTée de dépofer. Pendant fa marche , elle tient la tète inclinée , & femble examiner une à une toutes les cellules qui fe rencontrent fous fes pas. Quand elle en a trouvé une telle qu'elle la veut , elle recourbe auffi-tôt fon derrière pour lui faire atteindre l'ouverture de la cellule , & l'introduire dans fon intérieur. On eft furpris qu'elle fâche tou- jours il bien le loger dans la cellule où elle avoit d'abord introduit fa tète j car fon ventre eft Cl long, que le bout du derrière eft nécef- fairement alfez éloigné de la cellule où il doit être introduit ; & pourtant l'adroite Mouche ne manque jamais la cellule. J'AI dit qu'elle parcourt les gâteaux dans ^toutes fortes de directions : lors donc qu'elle dirige fa marche vers le haut d'un gâteau , fa tête regarde de ce côté-là au moment qu'elle fait entrer fon derrière dans la cellule qu'elle a choifie. Mais elle change auiïî-tôt de fitua- tionj elle tourne fur elle même en retenant toujours fon derrière dans la cellule . & fe place de manière que fa tète regarde le bas du SVK LES ABEILLES! 27^ gâteau ou à-peu près. Ceft ce que je crois avoir coiiftammeiit obfervé dans toutes les pontes auxquelles j'ai affifté, & dont le nombre eft très-grand. Je ne faurois dire ce qui déter- mine la Mouche à prendre (1 conftammeat cette pofition ou une pofition fort approchante , cha- que fois qu'elle pond un œuf. Peut-être qu'en fe plaqant de la forte elle fent moins le poids dg fon ventre , &qu'elle fe met ainfî plus à fon aife* ?pM . ^ — ' s^:^ ■ ■ = - 1-;^ OBSERVATION IL Sur la fécondatiou des œufs^ vVAMMERDAM conjeduroit que les œu& écoient fécondés dans les ovaires de la Reine- abeille par une vapeur prolifique , qui s'exhaloit du corps des Faux-bourdons. Maraldi foup- çonnoit qu'ils étoient fécondés à la manière de ceux des PoifTons & des Grenouilles ; c'eft-à- dire, par la liqueur férainale que les Mâles répandoient fur eux après qu'ils a voient été dépofés. Reauiviur qui croyoït avoir obfervé des indices non équivoques d'un véritable ac- couplement de la Reine avec les Faux-bojr- dons , penfoit que les œufs , contenus par miU R z a^o CÏNQ^UIE ME MÉMOIRE liers dans les ovaires de cette Mouche, y étoient fécondés par le Mâle , comme le font ceux du commun des Infedes. Quelques Mem- bres de la Société de Luface ont cru s'être affurés que la Reine eft féconde par elle même , à la manière des Pucerons. Telles étoient les différentes opinions des Naturaliftes fur la fécondation des œufs de la Reine-abeille ^ lorfqu'une heureufe expérience eft venue fixer nos doutes fur cette fécondation , Se nous en dévoiler le myftere. C'eft à un Apothicaire de Cambridge , Jl\/fr. Debraw , qu'on doit l'intéreifante découverte dont je veux par- ler. Il penfe s'être bien a|iuré qu'il y a chez les Abeilles deux fortes de Faux-bourdons , des grands Faux- bourdons , connus de tout !« monde , & des petits FaUx-bourdons , qui ne font pas plus gros que des Abeilles ordinaires , & qui ne font pas fi généralement connus. Maraldi avoit parlé de ces. petits Faux-bour- dons, & Mr. de Reaumur qui les avoit auiîî apperçus , croyoit qu'ils dévoient leur origine à une circonftance purement accidentelle. Il penfoit que la Reine-abeille ayant dépofé des œufs de Mâles dans des cellules communes, les Vers qui en étoient éclos n'avoient pu y pren- dre tout l'accroiifement qu'ils auroient pris SURLESABEILLES. ft<5x dans les grandes cellules appropriées aux œufs de Faux-bourdons. Quoiqu'il en foit de cette idée qui paroît fort probable ; ce font ces Faux- bourdons Cl dégradés, qui ont découvert à i'Ûbfervateur de Cambridge le fecret de la fé- condation des œufs. Il les a vus introduire leur derrière dans les cellules , & arrofer de leuc fperme les œufs que la Reine venoit d'y dé- pofer. Tous les œufs qui avoient été ainfî im- prégnés de la liqueur prolifique étoient fé- conds , & tous ceux qui ne Favoient point été demeuroient ftériles. En racontant cette curieufe découverte dans une des Notes que j'ai ajoutées à la nouvelle Edition du Livre fur les Corps organifés , (6) je demandois , quel feroit donc l'ufage des grands Faux-bourdons .^ Car , ajoutois-je , leur derrière efi trop gros pour pouvoir être iutro^ diiit dans les celhdes eommunes. Ne feroit-on point tenté de Joupçonner , difois-je dans une autre Note (*) , que ce font ces grmids Faux^ bourdons , qui fécondent ainft les œufs dépofés dans les cellules appropriées aux Vers Mâles , ^ dont les dimenfons font co7îfidérahlement plus grandes M Art.l CCXCVII. Nût. 2. Oeuvres T. VL C) Art. CCCXXXIX. Note i. R 3 252 CINQ:^UIEME MÉMOIRE que celles des cellules communes ? Mais en rai- fonnant de la forte, je faifois, fans m'en douter le moins du monde, une fauffe fuppofî- tion, vers laquelle j'étois néceifairement en- traîné par les obfervations de Mr. Debraw fur ces petits Faux-bourdons , qu'il avoit vu introduire leur derrière dans les cellules pour y féconder les œufs. Un fait que la Nature elle-même , m'a offert lorfque je m'y attendois le moins , a redrelîe mes idées fur l'ufage des grands Faux-b®urdons , & m'a appris qu'ils peuvent féconder les œufs fans introduire leur derrière dans les cellules où ils ont été pondus. Au commencement de Juin de cette année Ï780 , tandis que j'obfervois un Elfaim nou- vellement établi da'^s une ruche vitrée extrê- mement applatie , & qui y avoit déjà conftruit de fort grands gâteaux, j'ai apperqu fur un de ces gâteaux un Faux-bourdon de la grande forte , qui s'y tenoit fort tranquile. Il y étoit bien à découvert -, car il n'étoit environné que de cinq à fix Abeilles communes \ & toutes les cellules fituées dans fon voifinage étoient aufïï très à découvert. Je n'ai pas donné d'abord beaucoup d'attention à ce Faux - bourdon 5 parce c^iî'il ne m'otfroit rien de remarquable, SURLESABEILLES. 263 îvlais bientôt il s'eft mis à marcher lentement ; & à peine avoit-il fait quelques pas , que je S Tai vu donner de petits coups de fon derrière fur l'ouverture d'une cellule commune. Ces mouvemens finguliers , que je n'avois point en- core obfervés chez les Faux-bourdons, étoient répétés Cl preftement qu'ils fe font attirés toute mon attention. J'ai regardé fur le champ au fond de la cellule', & j'y ai apperqu diftinde- ment un œuf. J'ai donc été bien naturelle- ment porté à préfumer que les mouvemens fi remarquables, que je venois d'obferver chez le Faux-bourdon, avoient pour but de féconder cet œuf. Mais le fond de la cellule étoit trop éloigné de mon œil pour que j'aie pu y démê- ler des gouttelettes du fperme s & le derrière du Faux-bourdan n'étoit pas non plus placé dans l'inftant de l'opération , de manière à me permettre d'appercevoir l'organe qui feringuoit la liqueur prolifique. Le Faux-bourdon a continué fa marche tou- jours avec la même lenteur : il ^ P^^^*^ ^^^^ plufieurs cellules qui renfermoient du miel • & n'y a point fait jouer fon derrière 5 mais un inftant après , je l'ai vu l'arrêter fur une cellule > & y répéter les mêmes mouvemens dont j'ai parlé : j'ai dirigé aulTi-tôc mes regards fur le' R4 %64 CINQ^UIEME MÉMOIRE fond de cette cellule, & j'y ai très-bien vu un œuf Mats je n'ai pas été mieux placé cette fois que la précédente , pour faifir le moment où l'organe a feringué la liqueur, & pour en dé- couvrir des traces autour de l'œuf. Le Faux- bourdon a pafTé enfuite dans l'intérieur de la ruche & s'eft dérobé à ma vue. Je regrette fort que cette obfervation im- portante foit fî incomplète. J'ai cherché inuti- lement les occafions de la répéter. Mais elle apprend au moins aux Naturaliftes , qu'ils ne doivent pas s'attendre à voir les grands Faux- bourdons introduire leur derrière dans les cel- lules pour y féconder les œufs. Uorgane fé* condateur a été conftruit avec un tel art qu'il peut feringuer la liqueur prolifique jufqu'au fond des cellules. Swammerdam & Reaumur aious en ont fait admirer la ftrudure. OBSERVATION III. Sur le prétendu majjacre des Faux-hourdons* T. OU S les Hiftortens des Abeilles aflurent que les Ouvrières tuent les Faux-bourdons dans les mois de Juillet Sç d'Août. Ils nous repréfen- SUR LES ABEILLES. S^f tent cette exécution comme un maflacre ef- froyable , une horrible tuerie , un carnage af- freux. Ce font même les expreiîions du plus célèbre de ces Hiftoriens, Mr. de Reaumur. Il remarque que cette cruelle guerre, que les Ouvrières déclarent alors aux Faux -bourdons , s'étend jufqu'à leurs Vers & à leurs Nym- phes, & qu'elles les arrachent de leurs cellu- les, &c. (8) Après des affertions (î exprcfles & Cl fortes d'un des meilleurs Obfervateurs de notre fîécle , je ne pouvois douter que les Ouvrières ne maflacraifent les Mâles: auffi n'en domois-je point, & je defirois feulement d'être le témoin de ces horribles exécutions; J'en eus une occafion très-favorable en 1777. Dès la mi-Juin il y avoit déjà un grand nom- bre de Faux-bourdons dans ma ruche vitrée , & je me promis bien de furveiller mes Abeilles lorfqu'elles commenceroient à leur déclarer la guerre. Je m'attendois à les voir fe faifir de ces malheureux Faux -bourdons & leur arra- cher impitoyablement pieds ou ailes. Ce ne fut pourtant point ce que j'obfervai. Je vis bien des Ouvrières qui fe cramponnoient fur le corps des Faux-bourdons , & qui fembloient chercher à les mordre ou à les piquer > mais ils (g) Tom. V,- pag. jio, jii. 26-5 CINQ^UIEME MÉMOIRE ne me paroiifoient pas s'en mettre fort en peine. Souvent même, quoiqu'un Faux- bour- don fut chargé de trois à quatre Abeilles , il ne laifToit pas de cheminer à fon ordinaire , fans donner aucun figne de réfiftance ni de fouf- france. J'avois beau examiner les Ouvrières avec la plus grande attention ; je ne parvenois point à m'aflurer qu'elles mor 'ilTent le Faux- bourdon , ou qu'elles infinuaffent leur aiguillon entre fes anneaux. Quelquefois même leurs manœuvres étoient fi équivoques, qu'on auroit été tenté de les prendre pour des carefTes. Ce qu'il y a au moins de très-certain, c'eft qu'il n'en coutoit jamais au Faux-bourdon le moin- dre fragment d'aile. Tantôt l'Ouvrière ou les Ouvrières attaquoient le Faux-bourdon par la tètej tantôt par le derrière j tantôt par les cô- tés , •& dans tous ces cas je ne decouvrois ja- mais la moindre bieffure fur aucune partie de fon corps. Cependant le nombre des Faux -bourdons diminuoit de jour en jour fur les'gâteaux; 8c bientôt je m'apperqus qu'ils les abandonnoient pour fe retirer vers le bas de la ruche. Ils s'y attroupoient par centaines. Enfin ils y périf- foient, & je voyois les Ouvrières occupées à tranfporter au-dehors leurs cadavres, j'exami- SUR LES ABEILLES. 267 nai avec le plus grand foin ces cadavres , & je ne pus y découvrir aucune trace de blelTure. Ils étoient tous bien entiers. Il y a donc lieu de préfumer que les Ouvrières chalîent peu-à- peu les Faux-bourdons hors des gâteaux ; qu'el- les les forcent à fe réfugier vers le bas de la ruche , où ils périiîent , fans doute , faute de nourriture. Je ne voudrois pourtant pas affir- mer que les Abeilles ne tuent jamais les Mâles à coups d'aiguillon : l'attitude qu'elles prennent iouvent fur le corps de celui qu'elles attaquent porteroit à penfer le contraire. Mais je n'ai jamais trolivé d'aiguillon engagé dans les an- neaux d'un Faux-bourdon, OBSERVATION IV. Variétés & irrégularités dans le travail des Abeilles, Ien ne perfuade plus que les Brutes ne font pas de pures Machines , que de les voir varier leurs procédés - fuivant la diverfité des circonftances. Leurs méprifes mêmes, ou. les ir- régularités qu'on remarque dans leurs opéra- tions , rendent de plus en plus fufpecle fin- génieufc dodrine de leur automatifmc. Les S68 C IN Q^VIEME MEMOIRE Abeilles feules en fourni (Tent une multitude? d'exemples : je n'en indiquerai que quelques- uns. Il m'eft arrivé de placer fucceflîvement plu- fieurs EiTaims dans la même ruche vitrée. Cette ruche étoit quarrée & très-applatie. J'ai été attentif chaque fois à obferver la manière dont les Abeilles établiroient leurs gâteaux & diri- geroient leur travail. Or, je puis aiTurer que je n'ai jamais vu deux Effiiims fe conduire de la même manière , relativement à l'emplacement des gâteaux & à leurs diredions refpedives. J'ai toujours obfervé en ce genre les plus grandes variétés , foit à l'égard de la figure des gâteaux, foit à l'égard de leur pofition réf. pedive , foit enfin dans leur diredion, relative- ment aux différentes faces de la ruche. Je ne détaillerai pas toutes ces variétés 9 parce que le nombre en eft trop grand , & qu'il me feroit d'ailleurs bien difficile d'en donner une idée nette. On a fort célébré la régularité géométrique du travail des Abeilles : elle eft en efïet ad- mirable 5 mais elle ne fauroit être bien admi- rée que des Géomètres. On connoît en général la conftrudion des gâteaux. On fait qu'ils font SUR LES AB ElILLES. 269 formés de deux rangs de cellules adolTées les unes aux autres par leurs bafes. Chaque cel- lule eft un petit tube exagone ou à fix pans , dont le fond eft pyramidal & formé de trois petites pièces en lofange. Le gâteau a donc deux faces oppofées , & les ouvertures exago- nes des cellules fe voient fur chaque face. A l'ordinaire les gâteaux font fufpendus vertica- lement dans l'intérieur de la ruche , & la po- fîtion des cellules eft à-peu-près horizontale. Comme elles font exagones elles s'ajuftent fî bien les unes aux autres , qu'elles ne laiiîent entr'elles aucun vuide. Celles des deux faces oppofées du gâteau ne s'ajuftent pas moins bien par leur fond , au moyen des lofanges qui le compofent. Je ne décris pas l'admirable conftrudlion des gâteaux des Abeilles : je ne fais que l'efquilfer groffiérement , & cette ef- quiife fufïira au but que je me propofe ici. Il ne faut pas une grande dofe d'attention pour appercevoir bien des variétés dans la conftrudion des cellules des Abeilles : elles en offrent de fî frappantes qu'elles peuvent être faifies par les yeux les moins exercés à voir. Il en eft dont l'ouverture eft à peu-près circu- laire , & qui ne retiennent aucun veftige de la figure exagone. Dans d'autres l'ouverture pré- 5^70 CINQ^UIEME MÉMOIRE fente une ellypfe plus ou moins alongée, Ld fond offre auiîî des ir égu:arités très^remar»» quables : il arrive affez fouvent qu'au lieu d êtrd formé 5 comme à l'ordinaire , de trois pièces en lofinge , il eft formé de quatre, cinq ou fîx pièces, de figure plus ou moins irreguliere, mais qui fe rapproche plus de la quadrilatère que de toute autre. Les dimeniions des cellu- les communes varient plus encore que leur ou- verture & leur fond. Ordinairement la profon- deur de ces cellules eft; d'environ cinq lignes j & j'en ai vu dont la profondeur étoit de plus de dix-huit lignes. Ces cellules fi démefuré- ment profondes font toujours adollées par un de leurs côtés aux verres de la ruche. Elles ne fervent qu'à contenir du miel pour les befoins journaliers de la petite République, & jamais je n'ai vu la Reine dépofer des œufs dans ces fortes de cellules. J'ai dit que la pofition des cellules eft à-peu-près horizontale : les longues cellules dont je viens de parler font fouvent très-inclinées à l'horizon. Il en eft quelquefois de même des cellules dont l'ouverture eft el- jyptique. Enfin , on recontre aifez fréquem* ment des cellules qui , au heu d'être des tubes droits , foht des tubes plus ou moins courbés ou ondes. SUR LES ABEILLES. lyi A cette occafîon , j'eflayerai de décrire un pe- tit gâteau dont la courtrudioii m'a beaucoup frappé. Il ctoit appuyé d'un côté fur une des faces d'un grand gâteau, parallèle à une des grandes faces de la ruche, & de l'autre, contre le verre du chaffis. Il foimoit une forte d'ar- cade (Pi. II. Fig. I.) très - furbaiiTée a, a^ dont une partie étoif prefque horizontale & l'autre inclinée prefque verticalement en em- bas. Cette arcade étoit formée de deux rancis de cellules de forme alfez irréguliere , & oppofées par leur fond. Il réfultoit de la conftrudion finguliere de ce petit gâteau , qu'une partie des cellules qui le compofoient , étoit fituée ver- ticalement en enhaut, i. 2. 3. 4, & l'autre par- tie verticalement en embas ^. 6. 7. 8- La plu- part des cellules étoient pleines de miel m m m. D'autres n'étoient pleines qu'à moitié p y d'autres étoient vuides v. Et ce qui étoit bien digne d'être remarqué ; les Abeilles n'avoient pas laiifé de mettre du miel .dans les cellules verticales ou prefque verticales en embas r , & ce miel ne fe répandoit point. Au refte , la plupart des cellules de ce gâteau étoient plus larges qu'à l'ordinaire , & plufieurs étoient aulfi plus profondes, comme on peut le voir \par la fimple infpedlion de la figure. 272 CINQ^UIEME MÉMOIRE J'ai fait repréfenter dans la Figure 2 un au- tre petit gâteau , qui appuyoit aufîî d'un côté fur un grand gâteau G (Pi. IL) y & de l'autre fur le verre du chaffis. Ce petit gâteau P P P étoit en forme de fer à cheval. Ses cellules c c c étoient pareillement plus larges que les cellules ordinaires : plufieurs étoient aufli plus profondes p p p : d'autres i i i l'étoient moins. Toutes étoient d'une forme affez irréguliere , comme il arrive toujours aux cellules que les Abeilles conftruifent contre les verres de la ruche. QiielqueS'Unes , placées à l'extrémité in- férieure du gâteau , étoient tournées prefque verticalement en embas h h b. Elles conte- uoient pourtant du miel. Les Abeilles lailTent toujours des intervalles entre les gâteaux : ce font des rues ou des places qu'elles ménagent dans la petite Ville , pour les travaux des Habitans. Lors donc qu'en prolongeant un gâteau fuivant la di- redion verticale , les Abeilles s'apperqoivent qu'il s'approcheroit trop d'un gâteau voifin, (î elles lui confervoient la même ^ direction , elles ne manquent pas de l'incliner plus ou moins pour ménager l'intervalle néceiîaire. Cette in- cHnaifon va quelquefois au point que le nou- veau gâteau en devient prefque horizontal. Alors s UR LES ABEILLES. 273 Alors les cellules de la face inférieure foiic tournées prefque verticalem nt en embas , à-peu- près comme celles des gâteaux des Guêpes. J'étois fort curieux de favoir (î la Reine dé- poferoit des œufs dans des cellules fituees de la forte ,* & c'eil ce que j'ai vu arriver. Les Vers y ont été élevés comme dans les cellules horizontales , & s'y font transformés en Mou- ches comme à l'ordinaire. On n'a pas oublié que les cellules royales ont une forme & des dimenlions qui diiferent beaucoup de ceUes des cellules communes. El- les ne relfemblent pas mal à une poire de bon chrétien. Leur ouverture eft tournée en embas. Elles pendent le plus fouvent des bords des gâ- teaux comme des Italadites pendent de la voûte d'une caverne. Le petit bout , celui où fe trouve l'ouverture , eil en embas. Tout l'exté- rieur de ces très-grandes cellules eft raboteux & comme guilloché. Q;iand on obferve de près cette fotte de guillochis , on reconnoit qu'il n'eft autre chofe que les bafes de cellules com- munes, à demi ébauchées. Je ferois porté à foupqonner qu'il arrive quelquefois aux Abeil- les de commettre des méprifes dans la conf- trudion de ces cellules roya'es. Je ne fais au moins ce que mes Lecteurs penferont du petift Tem. X S 74 CINflUIEAfE MÉMOIRE Quvrage tvès-finguUer , qui eft reprcfenté au na- turel dans la Fig. ^ PL IL Sa forme A eft celle d'un cône dont la kife eft fort large & le fommet très effilé & fans ouverture. Les Abeilles Ta voient conftruit fur une des faces d'un grand gâteau g g g. Tout fon extérieur ctoit tres-liife , & n'oiFroit point de ces petits guillochîs qu'on voit fur les cellules royales. Il étoit environné de cellules communes , dont les unps étoient pleines de miel , les autres de coi^vain. La cire dont il étoit formé étoit d'un jaunç brun. Je Tobfcrvai pendant plufieurs jours & je ne remarquai point que les Abeil- les s^attroupalfent deflus, comme elles s'attrou- pent fur les cellules royales. J'attendois avec impatience ce qui réfulteroit dun travail fi nouveau : mon attente fut fort trompée : les Abeilles le détruifirent en mon abfence & fî complètement que je ne pus reconnoître la place où il avoit été conftruit. Il auroit été in- téreffant d\)uvrir cette pyramide pour en vifi- ter l'intérieur; mais je ne prévoyoib pas que les Abeilles la détruiroient fi-tôt. ^fec^^ SVn LES^ AÈEÎLLÊS, 27f OBSERVATION V. Frocédé remarquable des Abeilles, Jand les Vers des Abeilles font près de fe cransformer en Nymphes , les Ouvrières ont foin de fermer avec un couvercle de cire les cellules où ils font logés. Cette précaution eft néceifaire pour qu'ils puifTent fubir leur méta- morphofe en fureté. Le couvercle dont-il s'a- git eft un peu convexe , & n'eft jamais applati comme celui qui bouche les cellules à mieL C'eft même ainfi qu on peut toujours diftmguer Jes cellules à couvain de celles à miel. Lorfque la cellule a été murée , le Ver qui y eft logé , fe met à en tapiifer de foie toutes les parois- Cette opération exige qu'il fe donne divers mouvemens : il faut donc que la cellule ne foit ni trop étroite ni trop courte, pour qu'il puiffe s'y mouvoir en liberté, Un Eifaim que j'avois logé dans une ruche vitrée extrêmement appb- tie , y avoit conftruit un grand gâteau paralle* lement à une des principales faces de la ruche : mais parce que le logement étoit fort étroit ? les Abeilles n'avoient pu donner aux cellules toute la profondeur qu'elles ont coutume ds? S 2 >2t7^ CINQUIEME MÉMOIRE leur donner. C'ctoient des cellules communes. La Reine ne laifTa pas néanmoins de pondre dans ces cellules , & les Ouvrières élevèrent les Vers qui provinrent de cette ponte. Elles ne manquèrent pas non plus de fermer les cel- lules dès que les Vers furent fur le point de fe métamorphofer. Quelques jours après la clô- ture , je ne fus pas médiocrement furpris de voir dans les couvercles des trous plus ou moins grands par lefquels le corps du Ver for- toit en partie. Je compris d'abord que les cel- lules n'ayant pas la profondeur convenable , les Vers y avoient été trop gênés , & que par les divers mouvemens qu'ils s'étoient donnés, ils avoient heurté fi rudement contre les cou- vercles , qu'ils en avoient détaché des fragmens plus ou moins confîdérables. 11 étoit fort in- téreifant. de favoir quel parti prendroient les Abeilles en pareille circonftance. J'avoue que je conjedurai d'abord qu'elles arracheroient tous les Vers hors des cellules , comme elles ont coutume de le faire quand il far vient de grands défordres dans les gâteaux. Mais je me trom- pois beaucoup , & je n'a vois point allez, pré- fumé des reiiources de leur inftind. Elles n'ar- rachèrent pas un feul Ver ; elles les iailTerent tous dans les cellules qu'ils occupoient : mais parce que ces cellules n'avoient pas aiTez dg SUKLE s ABEILLES. 277 profondeur , elles leur donnèrent des couvercles beaucoup plus convexes qu'à l'ordinaire? , & trouvèrent ain(i le moyen de prolonger cha- que cellule autant qu'il étoit néceilaire. Auiîî les Vers y furent-ils fort à l'aife , & dès-lors je ne vis plus de trous dans les couvercles. Seulement l'intervalle entre les couvercles & le verre de la ruche fe trouva (1 rétréci , que les Abeilles avoient peine a paiTer dans l'entre- deux. On a vu dans le Mémoire précédent une obrervation de Mr. Riem , qui a du rapport avec celle-ci. 11 m'écrivoit que lorfqu'il arrivoic à la Mere-abeille de pondre des œufs de Faux- bourdons dans des cellules communes , les Ou- vrières avoient foin d'exhauiler & d'élargir les cellules pour les proportionner à la taille èa Ver. OBSERVATION VI. Sur P emploi que les Abeilles favent faire de la cire des gâteaux. L !Es recherches des Naturaliftes nous ont appris , que la pouffiere des étamines des fleurs jell la matière première de la cire. Mais cette î^78 CINdVlEME MÉMOIRE matière demande à être digérée dans Teftomac des Abeilles pour devenir de la véritable cire. Elle fort de la bouche des Abeilles fous la forme d'une bouillie blanche lorfqu'elles Fem- ployent à la conftrudion de leurs beaux ou- vrages. Cette bouillie fe féche bien vite à l'air & y prend le degré de confiftance néceifaire pour conferver à l'ouvrage fa forme & fes proportions. Mais il y avoit lieu de demander , il îa vieille cire ou la cire que les Abeilles ont mife en œuvre depuis un temps plus ou moins long , ne leur fert pomt encore à conftruire de nouveaux ouvrages ? Mr. de Reaumur ne 1* croyoit pas. ,,11 me paroît certain , dit-il , (9) 3, qu'elles ne favenc employer que la cire nou- 3, velle , que celle qui, depuis qu'elle eft cire, 3, & qu'elle a paru au jour , n'a pas eu le temps „ de fécher parfaitement. Voici des faits qui „ me femblent décififs fur cela. Dans tous les „ temps de l'année , excepté celui où les Abeil- 9, les font engourdies par le froid , Ç\ on leur â, ©ifre du miel , elles vont le fucer avec avi- 5, dite. Elles aiment mieux profiter de celui 3, qu'elles trouvent tout ramaffé , & en grande e, quantité , que d'aller en chercher qui eft dif- 8, perlé dans les fleurs par gouttes infiniment C^) Tora. V. pag. 42j-4to. SUR LES ABEILLES. 275 35 petites. Mais Ci on leur offre des gâteaux de „ cire, même dans les temps où elles ne 55 trouvent pas à faire de récolte de pouiîieres 5, d'étamines , elles n'en tiennent aucun compte. 3, Elles les hachent quelqueibis , mais ce n'eft 5, qu'autant qu'ils font un peu humeclés d'un 3, miel dont elles veulent profiter. Jamais elles 3, ne s'avifent de porter la cire de ces gâteaux „ dans leur ruche. J'ai laiiîé des gâteaux bien 3 dépourvus de miel pendant près de cinq à ,5 Cix mois tout auprès de mes ruches , fans j, que les Abeilles les ayent endommagés." Je me trouve ici dans l'obligation d'oppofer mes propres obfervations à celles de mon iî- luftre Maître : l'expérience à laquelle il avoit eu recours n'étoit pas apparemment la plus pro- pre à répandre du jour fur la queftion qu'il cherchoit à décider. Il ne lui étoit pas venu en penfée de s'aifurer fi les Abeilles ne fe fer- voient jamais de la vieille cire de leurs pro- pres gâteaux , pour fuppléer à celle dont elles ne pou voient aller recueillir la matière fur les fleurs. Je n'avois point moi-même cherché à m'en aifurer j mais le hafard , qui a produit tant d'heureufes découvertes , m'a plus favorifé qu'il n'avoit fivorifé Mr. de Reaumur. Un. Eifaim que j'avoi^ eu le bonheur de confcrvcr S4 S80 CINQUIEME MÉMOIRE pendant l'Hiver dans un ruche vitrée , m'of- frit à l'approche du Printemps des faits très- décififs & que je n'avois point du tout prévus. Les Abeilles de cet Eifaim avoient conftruit l'Eté précédent, un bon nombre de ces petits gâteaux qui attachent les grands gâteaux aux Verres de la ruche. Je m'apperqus dans le mois de Mars que ces petits gâteaux diminuoient : je remarquai même qu'il ne ref.oit plus à quel- ques-uns qu'un très-petit nombre de cellules qui étoient déjà fort raccourcies. Surpris de la difparition de ces gâteaux , je me rendis très- attentif à obferver les Abeilles qui les fréquen- toient. Je ne tardai pas à en furprendre plu- fieurs qui étoient occupées à en dévorer la cire. Je vis qu'elles en détachoient de très -petits fragmens qu'elles tenoient entre leurs dents , & qui difparoiifoient peu-à-peu de l'entrée de leur bouche. Il ne m'étoit donc pas poffible de douter qu'elles n'avalaifent ces fragmens : mais j'en eus bientôt une autre preuve. La cire des petits gâteaux qu'elles dévoroient , avoit perdu fa blancheur première : elle étoit devenue d'un jaune brun. La Mère, qui depuis quel- ques femaines avoit commencé à pondre , avoit; donné naiifance à une nouvelle génération dç Vers qui étoient déjà parvenus à leur parfait ^CçrQiftmçnî;. Les Ouvrières ti-'ayaillerent donc lomt yL -L,OL.CrO{.x: jctilp. SUR LES ABEILLES. 281 a boucher les cellules où ils étoient logés , & la cire des couvercles, au Heu d'être blanche comme celle qui a été recueillie fur les fleurs , €toit précifément de la couleur de la cire des gâteaux qui avoient été dévorés. Je me crus donc bien fondé à penfer que ces couvercles avoient été formes de la vieille cire que les Ouvrières avoient digérée de nouveau. Mes Abeilles continuèrent à dévorer les pe- tits gâteaux , & en aflez peu de temps , il n'en refta pas un feul. Elles firent plus encore; elles détruifirent un des grands gâteaux, qui n'é- toit compofé que de cellules communes, & en cor.ftruifirert un autre à la même place qui n'écoit formé que de cellules appropriées aux Vers de Faux-bourdons. Mais elles ne firent pas entrer de la vieille cire dans fa conftruc- tion : car ce nouveau gâteau étoit d'une blan- cheur qui indiquoit affez qu'il avoit été conf- truit d'une cire recueillie dans la campagne. Ces obfervations nous apprennent donc deux faits intéreifantsj le premier que lesAbeilles favent fe fervir pour leurs ouvrages de la vieille cire : Se le fécond qu'elles favent renouveller quand >1 le faut, les gâteaux de la ruche. 23. Septembre l78c?* 28Z NOUVELLES RECHERCHES ^: •r=_ ^^:^. . . :^ NOUVELLES SUR LA STRUCTURE U TMNIA. INTRODUCTION. I L y a 34 ans que je compofai une alTez grande Dilîertatiou fur le T^nia , que l'Aca- démie royale des Sciences publia en 17^0, dans le \^^ Volume de fon Recueil , connu fous I0 titre des Savans Etrangers. J'y joignis des figures qui , fans être élégantes , étoient p'us exiidlcs que celles des Auteurs qui avoient écrit avant moi , fur cet Infede iiugulier. Je les avois moi- même defflnées , quoique je n'euffe jamais appris à deffiner : mais , j'avois pris la précaution de les foumettre à l'examen de Mr. de Réaumur, auquel elles avoient paru très-vraies. SUR LE T/EMIA 283 Je traitois principaiemeiit dans ma DilTcrta- tioii , du TiCnia de la première Efpece de Plater. Je n'avois point vu encore le Txnia de la féconde Efpece de cet Auteur , & je ne la connoilîbis que par fa defcription , & par celle que d'autres Auteurs plus modernes en avoient donné. Mes propres obfervations ne rouloient donc que fur le Txnia de la première Efpece, En comparant avec foin les caraderes les plus diftindifs des deux Efpeces, je tTUS pou- voir les défigner par de nouvelles dénomina- tions 5 plus propres à retracer à l'efprit les caraderes que je jugeois les plus eflentiels. J'avois remarqué fur-tout, que les anneaux de la première Efpece de Plater, étoient ordinai- rement plus courts que ceux de h féconde Efpece: j'avois donc nommé la première Efpece , l'Efpece à anneaux courts. J'avois nommé la féconde, l'Efpece à anneaux longs» Andry avoit employé une autre délîgnation : il nommoit T3enia à épine , celui que je nom- mois Tsenia à anneaux courts ', Se Txnia fan^ épine , celui que j'appt'llois à anneaux longs. La dénomination d'ANDRY avoit pour fondement , .ces corps en apparence glanduleux, que j'ai i84 NOUVELLES RECHERCHES décrits dans ma DilTertation , qui forment quel- quefois de petites protubérances au milieu des anneaux , & qu'on ne voit pas dans l'autre Efpece de Taenia. J'avois beaucoup obfervé à la vue fimple & au microfcope , ces corps en apparence glan- duleux : je les nommois les corps en manière de fieiirs ( 1 ) j parce qu'ils me paroilioient n'imiter pas mal , par leur arrangement , les pétales de certaines fleurs. J'avois apperçu au centre du petit grouppe , que compofoient ces corps , un très - petit trou rond , que je nommois le Jîigmate. Ce n'etoit point que je le regardaife comme analogue aux ftigmates des Chenilles & de plufieurs autres infedes j mais ceft qu'il me paroiiîbit imprimé en creux dans la peau du Ver. J'avois dit quelque cliofe de fon ufage , que je croyois bien différent de celui qu'on aflignc aux ftigmates des Chenilles. Mais, de toutes les obfervations que je racontois dans ma DilTertation , il n'en étoit point de plus importante que celle qui concer- iioit la tète du Tsenia. On n'ignoroit pas corn- ( I ) Dîfertation. PI. i. Fig. II. x, x , x, Fig. 1^ y , y , y Fij. If. Voy. cette Differtation, Oeuvres, T. III. ^i;^ LE TMNÎA 2Sî bien les Naturaliftes avoient varié fur cette tête : fou exiftence avoit même été révoquée en doute; & tout ce qu'oit en favoit , n'étoit point affez exacT: ni aifez conftaté , pour qu'on pût s'aflure;: avec fondement ,. que cette tète avoit g té bien vue par ceux qui la décrivoient. Les mauvaifcs Figures qu'on en avoit publiées , accroiflpieiit encore l'incertitude , & laiifoient penfer qu'elles étoient plutôt le fruit de l'imagination ,. que de l'obfervation. Ce fut à un heureux hafard, que je dus rob' fervation Çi defirée de cette tête , qui avoife excité tant de doutes & de coiiteftations parmi les Naturaliftes. A l'exttèmité de ce fil délié ^ qui forme la partie antérieure-, du Taenia , j'apperçus une petite tache noire {2) qui, examinée à la loupe, me parut un organe aifez compofé. Je vis diftindement quatre mamelons , pofé$. les uns auprès des autres , & au fommet defquels étoitune petite ouverture très-fenfible. (3} A un tel appareil, je ne pus méconnoître une véritable tète : les mamelons me parurent. autant de fuçoirs. Je ne voulus pas néanmoins m'en rapporter à mes propres yeux , fur une obfer- C 2 ) Difiert. PI. II, Fig. 6 , t. ( ? ) Ibid Fjg. 2,5,4,5. S,Î(S NOUVELLES RECHERCHES vation Ç\ importante : j'appellai en témoignage un excellent Obfervateur, qui vit , comme moi, les quatre mamelons , & les deffina beaucoup mieux que je n'aurois fu le faire. Le Taenia qui avoit fait le fujet de cette obfervation t étoit à anneaux courts , & n'avoit que 334 pieds de longueur. Quelques années avant cette découverte i j'avois obfervé fur un autre Taenia, long de 4 à ^ aunes , & de la même Efpece j une partie un peu renHée & oblongue , dont je difois dans ma Diifertation , que je lui avois trouvé une forme approchante de la conique j & telle à-peu- près que celle fous laquelle on cliercheroit à dépeindre une tète. (4) Elle étoit placée de même à l'extrémité du fil délié , dont j'ai parlé. Je décrivis & deiîinai ce que je voyois , mais je n'ofai affirmer que ce fût bien une tète-': j'inclinai même à penfer, que ce que jobfervois n'étoit qu'un fimple renflement. Devons -nous^ diibiS'je, regarder cette partie comme la tête du Ver ? Je ne le fenfe pas ,• quoi qiCeîle eût pu pajjer pour telle , dans fefprit de bien des Obfervateur s , moins difficiles à contenter que je ne le fuis. On verra bientôt , qu'il n'eft gueres (4) Ibid. PI. i,Fig. 2, A, SUR LE T^NIA 287 douteux , que ce que je n'ofois regart^er alors comme une véritable tête , n'en fut réellement une j mais dont la forme étoit très-différente de celle que le hafird m'offrit quelques années après , & dont je viens de retracer en raccourci la Defcription. J E décrivoîs dans mon Mémoire plufieurs autres particularités de la ftrudlure du Tsenia : je relevois quelques erreurs ou quelques mé- prifes qui avoient été commifes à cet égard 5 & j'elTayois de Satisfaire aux queftions les plus intéreifantes , que préfente l'hiftoire de Flnfede. Mon Ecrit étoit aind une forte d'abrégé de cette hiftoire , & le premier Ouvrage de ma jeunefle. P R E M I E R E P A R T I E. Sur le Tœnia à anneaux courts. j £ viens de rappeller à mon Ledleur les prin- cipaux traits de ma Dijjerumon fur le Tmia , afin de le mettre plus à portée de juger des nouvelles recherches que j'ai eu occaûon âgS NOUVELLES RECHERCHES de fdire fur cet Infedle en iyy6 , & qui font Tobjet de ce Mémoire, Çavoit été au fpéciÊque de Mr. Herrens- CHWANDS , habile Médecin , de Morat en Suifle, qpe j'avois dû les Tseiiia , que j'obfervois en 1743. Ce fpécifique , d'ailleurs très-fiir , n'étoit pas auiFi doux que celui que Madame NouFFER employa depuis avec tant de fuccès , & dont le Public eft aujourd'hui redevable à la libéra- lité d'un grand Prince,, & à fon amour éclairé pour rhumanité. On peut donc fe promettre , qu'un remède 11 doux & fi fur fournira défor- mais aux Naturahftes bien des occafions de s'inftruire plus à fond de l'organifation du T^nia, & de perfedlionner de plus en plus l'hif- toire , encore fi incomplète de cet Infede funeux. On en jugera par les faits nouveaux que je vais rapporter , & que je ne m'empreffe à pu- blier , que pour montrer aux Obfervateurs tout ce qu'ils peuvent attendre des nouvelles recherches qu'ils tenteront dans les mêmes vues. Le 8 d'Odobre 177^, on me remit un Tsenia à anneaux courts, expulfé le même jour par le fpécifique de Madame NouFFER. Je le renfermai dans un vafe de verre , plein d'ef- prit-de-viiî SUR LÉ T JE NI A. 28f prit-de-vin , ua peu affoibli par Peau com- mune. Ce T3ema avoit douze pieds un quart de longueur. Sa plus grande largeur étoit de Çi:s, lignes deux tiers, & la plus grande longueur des anneaux à cet endroit , étoit d'une ligne. Il fe terminoit antérieurement par un £1 très- délié , ( FL III , Fîg. I. ) & long de plufieurs pouces. Les anneaux y écoienc fi ferrés, qu'on lie pouvoit les compter qu'à la loupe. Il y en avoit vingt- deux dans la longueur d'une ligne. La partie poftérieure étoit percée de plufieurs trous , de figure plus ou moins irréguliere. Ce cas n'efl: point rare ,• je Pavois vu autrefois , comme je l'ai rapporté dans ma differtafion. Divers Auteurs avoient aufll fait mention de cette particularité. On trouve aiîez communé- ment de ces trous, en ditférens anneaux du Tsenia. Ils occupent ordinairement le milieu de i'anneau : il en eft de ronds , d'oblongs , ou de quelqu'autre figure , plus ou moins éloignée de celles-là. Us en ont impofé à quelques Obferva- teurs. J'ignore comment ils font produits 5 mais on conçoit aflez que le Tsenia eft expofé à bien des fortes de frottemens dans le canal inteiiinaL Il demeure au moins certain , que ces trous Tome X T 2^0 KOVVELIES RECHERCHES font purement accidentels, & qu'ils n'ont riéil du tout de confiant. Tantôt ils font alîez grands Se occupent une partie confidérable de l'anneau : tantôt ils font fort petits , & femblent avoir été faits par une épingle : d^autrefois Fanneau paroit comme déchiré. Le Tsenia que je décris, avoit une tète dont la forme m'a caufé une grande furprife. Je n'y étois point préparé. Cette découverte mérite bien que je la raconte un peu en détail. Lorsque je faifois mes premières obferva- tions fur le Tsenia, je regrettois beaucoup de n'avoir point à ma difpofition un Deffinateur , qui pût rendre avec autant de propreté , que de fidélité , tout ce qui s'oifroit à ma vue. Je tâchai d'y fupplécr par moi-même *, mais je fentois fortement tout ce qui manquoit à mes deiTms, Se que je ne pouvois leur donner. J'ai été plus heureux dans les recherches que je publie aujourd'hui. J'ai depuis quelque temps l'avantage de poiféder chez moi un excellent Artifte , Mr. Henri Plôtz, Danois , qui joint aux talens les plus dilHngués du Deffinateur Se du Peintre , les plus hcureufes difpofitions à faifîr la Nature, & à repréfenter fes produdions dans le plus grand détail , avec autant d'élégance que SUR LE TMNIA. 291 de précifioii & de vérité. Ses premiers eifais en ce genre , dont j'ai été témoin , ont été des coups de maître , que le célèbre L Y o N e T n'auroit pas défavoué. Mais , ce qui relevé en- core à mes yeux le prix des talens de Mr. Plôtz, ce font les qualités de fon cœur , & une mo- deftie qui n'accompagne pas toujours les i^rands talens. Cétoit en de telles mains , que j'avois mis le Tsenia dont je viens de parler. J'avois auparavant indiqué à Mr. PlôtZ , les principales particularités qu'il s'agllFoit de repréfenter. Je lui avois montré les Planches de ma dilferta* tion i je lui en avois expliqué les Figures , & j'avois fur-tout fixé fon attention fur ceiles qui repréfentent la tète du Taenia, garnie de fe» quatre mamelons ou fuqoirs. Le premier foin de mon Artifte fut de cherchera la loupe, cette tête & fes mamelons. Cétoit le 9 d'Odobre : quelle ne fut point fa furprife à la vue d'une tête tout autrement façonnée que celle dont je lui avois montré la Figure î II tourna & retourna plufieurs fois l'objet , pour s'affurer qu'il ne fe trompoit point; car il avoit peine à en croire fès pro- pres yeux , tant ce qu'il voyoit , différoit de ee que j'avois vu. Il accourut à moi avec pré- ôipitation, pour me faire part de fa décou- è9l NOUVELLES RECHEÊCHES - verte. Je m'armai aufîi-tôt de la loupe, 8c je me mis à obferver. Je ne vis d'abord à l'extré- mité du filet, qu'un trait délié , ( Pi. III , Fig. 2 , / ) de couleur brune , qui occupoit la ligne du milieu du corps , & qui fembloit y repréfenter le bout d'une grande artère. Je l'avoue , mon premier foupqon à l'infpedion de ce trait brun, fut que l'Artifte s'étoit trompé. Il m'afîuroit fort néanmoins qu'il ne s'étoit point mépris, & qu'il étoit très-fûr d'avoir bien vu une grande ouverture oblongue , aflez femblable- à celle de la gueule d'un poiiTon. Nous changeâmes la pofîtion de l'objet aa foyer du microfcope , & je reconnus alors que Mr. Plôtz ne s'étoit point trompé. Je vis dif- tinéleuient cette ouverture oblongue , ( Fig. 3,, h, h. ) qu'il ne me fut pas polTible de mécon- noître pour celle d'une véritable bouche. Les deux lèvres ( / , /. ) étoient très - diftindes , & féparées l'une de l'autre par un intervalle très- fenfible , & qu'on augmentoit à volonté , en écartant l'une de l'autrs , les deux lèvres , avec la pointe d'un pinceau. Les bords des lèvres étoient un peu irréguliers , & l'extrémité an- térieure d'une des lèvres débordoit tant foit peu l'extrémité de l'autre. Je ne faurois dire prccifé- ment laquelle des deux lèvres étoit la fupé- ^UR LE TjENïA. 2S»^ rleure ou rinféneure 5 car cette détermination précife fuppoferoit qu'on peut diiHnguer exacle- nient le côté du dos, de celui du ventre: or il eft bien difficile de décider ce point , dans un Ver Çi plat , fî long , par-tout il uniforme & entièrement dépourvu de jambes. Il ei-L vrai néanmoins , qu'il y a un côté où les corps en manière de fleur ^ font beaucoup plus apparens, & ce côté eft encore le feul où le ftigmate foit vifible. Mais on juge bien que cela ne fuf- fit pas pour lever l'incertitude ; car , comment décider d'après ce feul fait, que le ftigmate & les corps qui l'environnent, tiennent au dos & non au ventre ? Je reviendrai bientôt à ce fujet. Q_u o I Q.u' I L en foit^ fi Ton examine avec quelqu'attention la Figure J , qui repréfente très - exactement la nouvelle tète , découverte dans le T?cnia à anneaux courts ; on remar- quera , qu'un des côtés {c ^ c. ) eft courbé en arc & alTez relevé : on lui trouvera du rapport avec la coupe de la tète d'un PoilTon à écailles , ou avec celle de la tète d'un Lézard j & on ne pourra gucres s'empêcher de regarder ce côté , comme le delTus de la tète. La relTem- blance avec la tête d'un Poiiron ou d'un Lézard pai-oitj.-a plus frappante encore dans la Figure 4. T 3 2^94 NOVV ELLES RECHERCHES La découverte de cette nouvelle tète étoit trop importante, pour que je ne defirafle pas d'en confirmer ia réalité , par le témoignage d'un des plus grands Obfervateurs du fiécle. Mon excellent & intime ami, Mr. Trembley , etmt venu me vifiter dans ma retraite cham- pêtre , tandis que je m'occupois du Tscnia , je me hâtai de lui flûre part de robfervation de Mr. Plôtz, & je le priai d'examiner lui-même au microfcope , c^tte tète , Ci différente de celle que j'avois obfervée en 1747. Il vit précifément les mêmes chofes que nous , & applaudit , comme moi , à refprit d'obfervatioii , & à la perfeélion des defîins de l'Artifte. Maintenant , fî l^'on compare la Figure 2 de la Planche I de ma Dilîertation , avec la Figure 3 de ces nouvelles recherches , on ne pourra gueres douter , que cette partie que j'obfervois au microfcope en 1743 , & que par un excès de défiance , je n'ofois nommer une tète, en étoit réellement une, & très-proba- blement de ia même forme que celle que je viens de décrire. J'y avois aufîî apperqu deux lèvres , qui font exprimées dans mon defTni , & indiquées par les lettres m^ pi mais la tète qui m'étoit alors tombée en partage , avoit fans ^in.Q fubi luie altération , qui déguifoit trop fa SUR LE T JE Ml A. 29Ç vérkabie forme, pour que je puiTe la reconnoitre de mauiere à ne laiircr aucun doute dans mon efprit. Ma Figure montre alTcz qu'elle étoit fort raccourcie , «Se comme rabougrie & ridée ^à & là. Je poiTédois un autre Tseuia de la même cfpece , long d'environ trois pieds , expulfé en 17^1, parle fpécitique de Morat , & que je confervois dans un mélange d'erprit-de-vin , d'eau commune & de lucre. Il avoit paru bien entier à fa fortie , & fe terminoit antérieure- ment , comme à l'ordinaire , par un til long & délié. Il étoit intéreilant de ilivoir , 0 ce Txnia nous oifriroit une tète conFormee, comme celle que nous venions d'obferver. j'avoue que je n'efpérois pas trop de cette recherche. Il y avoit plus de quinze ans , que ce Tscnia étoit dans la hqueur ; & je préfumois avec aiTcz de fondement , qu'elle auroit fî fort raccorni |& relferré toutes les parties , qu'elles feroient très- difficiles à reconnoitre. Nous expofâmes donc au foyer d'une lentille , l'extrémité du filet de ce T'denia ; & nous vîmes avec un agréable fur- prife , une tète ( Fig. 4,7".) très-dillindle , qui relfembloit parfaitement à celle dont nous venions de nous occuper. La bouche ( Flg.^t h, b. ) y étoit tres-reconnoiiîable. Elle étoit fermée j mais T4 1^6 NOVVELLES RECHERCHES un trait brun , très-marqué , dcterminoit exac- tement fa pofitioii & fa longueur. On voyoit manifeftement que ce trait brun n'étoit propre- ment qu'une ombre produite par la réunion des deux lei'res. Mon Appelle defîina aufli-tôt cette tète , & fon defîîn repréfente au mieux la Nature. Au refte , ce fut envain qu'il tenta de féparer l'une de l'autre ces deux lèvres , avec la pointe d'un pinceau : elles étoient trop raccornies , & s'étoient trop contradées , pour céder à fes tentatives. Après avoir donné à la tète du Taenia toute l'attention qu'elle méritoit, nous paifâmes à l'examen des annneaux. C'eût été un prodigieux travail que de les examiner tous les uns après les autres, au foyer du microfcope. Il falloit nous contenter à' en examiner un certain nom- bre , pris en diiférentes portions de la longueur du corps. Parmi ceux que nous examinâmes avec le plus de foin , les uns appartenoient au filet , les autres , à la partie poftérieure 5 d'au- tres appartenoient à diiférentes portions inter* jiiédiaires. Ce que je defirois fur.tout de favoir, c'étoifc fi la ftrudture intérieure des plus petits anneaux, ( fig. i. ) étoit femblable à celle des plus grands. SUR LE TyEMlA. 297 ou ce qui revient au même , Ci les plus petite anneaux nous ofFriroient ces corps en manière de fleur , qui font (î apparens dans les grands anneaux. On juge bien qu'il n'étoit pas quef- tion ici de recourir à la diffedion. L'art hu- main ne fauroit parvenir à dilTéquer des parties fi délicates & Ci déliées. Mais il étoit un moyeu très - fimple & très - facile de fuppléer ici à la difleétion : c'étoit celui dont j'avois fait ufage dans mes obfervations de 1743, & que j'ai indiqué dans ma Dilfertation. Il confifte à appli- quer fur une plaque de verre , bien nette & bien tranfparente , les fragmens de Txnia qu'on veut expofer au foyer de la lentille. Ils s'y delféchent peu-à-peu , & deviennent eux-mêmes prefqu'auffi tranfparens que le verre , ou au moins aulîî tranfparens qu'une lame très-mince de Talc , à laquelle ils relfemblent beaucoup alors. Obfervés dans cet état , vis-à-vis le grand jour, les fragmens du Tsenia laiifent voir tout leur intérieur, avec la plus grande diftindion. Si l'on enlevé de delTus la plaque de verre les anneaux qui s'y feront ainfi deiféchcs , on fera furpris du peu d'épailfeur de leurs membranes : on n'aura plus qu'une peau très-mince, & auflî mince que du papier très-fin, & dont la trant parence fera prefque parfaite. 298 NOUVELLES RECHERCHES Ce fut à l'aide de ce petit procédé , qui avoît déjà été indiqué par Andry, que nous exanii- nâmes , Mr. Plôtz & moi , dilFérens anneaux du T3enia , & en particulier , ceux qui com- pofent cette partie qu'on a nommée le filet* (Fig. I.) On ne doutera pas apparemment du degré d'attention que nous apportâmes à cette recherche. Nous y procédâmes avec le plus grand loin : nous y revinmes plufieurs fois , 8c jamais nous ne pûmes parvenir à découvrir dans les très-petits anneaux du filet , m à la loupe , ni au microfcope , aucun vedige de ce travail, qui fe fait tant remarquer dans les grands an- neaux. Tout nous y parut de la plus grande uniformité j il n'y avoit de diftind que les fépa- rations des anneaux. Les intervalles compris entre les petits traits qui marquoient ces répara- tions , ne nous préfentoient qu'une furface auffi pçlie , aufîî uniforme & aulîi diaphane , que la plus mince lame de Talc. Il ne lui manquoit que le brillant de celle-ci. Il s'agilToit encore de nous affurer , Ci ces petits anneaux ne polTédoient point cette efpece de ftigmate , qu'on découvre aifez facilement dans les grands anneaux; mais nous ne réuflîmes pas mieux à voir ce iligmate » que les corps en manière de fleur. Je m'alfurai donc ainfi, que ces organes manquent dans les plus petits anneaux , ou que du moins , ils n'y SUR LE TMNIA. 299 font point vifibîes , même au microfcope. Je Ji'oferois néanmoins affirmer qu'ils rt'y exiftent point du touti parce qu'il feroit poffible que leur extrême tranfparence les dérobât entière- ment à la vue. Il n'en fut pas de même des grands anneaux que nous examinâmes enfuite : nous y remar- quâmes un travail femblable ou analogue à celui que j'avois obfervé autrefois , & que j'ai décrit & repréfenté dans ma DilTertation C 5 ). Les corps en manière de fleur nous y parurent néanmoins façonnés un peu différemment , comme on peut le voir, en comparant les deflins de Mr. Plotz , ( Tig, S ^ c,c, c. Fig. 6, c,c,c.) avec les miens. On remarquera dans ceux-ci deux corps ( 6 ) plus grands que les autres , deux efpeces de facs ovales, aifés à diftinguer des eorps qui les avoifinent : au lieu que dans les deffins de Mr. Plôtz , les facs ou véficules en manière de fleur , ne différent pas fenfible- ment les unes des autres , ni par la grandeur, ni par la figure. Je dois pourtant ajouter , que dans un autre Txnia, de vingt -un pieds de Jongueur , nous avons trouvé des corps en ma- (f ; Seconde Part. PI. I, Fig. u, 12, l$ , 15:» i<^) 17. &e, C6) Ikid.Fï^. 15, ij. 300 NOUVELLES RECHERCHES nîere de fleur, ( Fig. 7 , g,g. ), qui reflembloient beaucoup à ceux que j'ai repréfentés dans la Figure i^ , de la PI. I de ma DilTertation. Ges corps étoient fort en relief fur le milieu de l'anneau j ils fe faifoient encore remarquer par une couleur pourpre très-foncée. Ce n'étoit que dans certains endroits de ce Tœnia , que fes facs ou véficules étoient (î fenfibles. Il y a donc des diiférences plus ou moins marquées , dans la conformation des T?enia que j'ai nommés à anneaux courts , & fans doute, qu'il peut y avoir plufieurs Efpeces de ces Tsenia, dont les caraderes ne nous font pas encore con- nus. Ce ne font pas feulement les anneaux , qui préfentent de ces variétés faciles à faifir : la ftrudure de la tête en préfente de bien plus frappantes encore , & que j'étois bien éloigné de foupçonner. Ceci eft bien propre à nous faire fentir à quel point le Taenia étoit peu connu , & combien il méritoit de l'être. On le fentira mieux encore par les curieufes obfer- vations qu'il me refte à rapporter. J'ai parlé dans ma DilTertation d'un petit trou rond , (j) que j'avois obfervé dans le C7)Fig.iî. SUR LE TMKIA. 30Î milieu des grands anneaux, entre les deux grands facs ovales. Je lui donnois le nom de fiigmate. Je l'ai revu dans les nouveaux Taenia que j'ai obfervés l'automne dernière. Quoiqu'il foit extrêmement petit , mes yeux l'ont apperçu fans le fecours de la loupe. On jugera de fa petitefTe par la figure qui le repréfente au naturel. Mais je n'avois apperqu en 1743, qu'un feul ftigmate, dans le même anneau ; Mr. Plôtz en a apperqu deux ; ( fig. 8 j /, z. ) & je les ai vus moi-même , après lui , très-diftindement. Ils étoient placés l'un au-deifus de l'autre, fur la même ligne , & l'intervalle qui les féparoit» étoit très - petit. Le ftigmate fupérieur étoit plus vifible que l'inférieur. Celui-ci étoit donc d'unç bien grande petitefTe : cependant je le découvrois très-nettement à la vue fimple , & Mr. Plôtz en a eu les preuves les plus décifives. Je fais ici cette remarque ; parce qu'on pourroit croire que l'affoiblilfement de ma vue , dont j'ai parlé plus d'une fois dans mes Ecrits , ne me permet plus de découvrir de il petits objets ; mais j'ai fait des effais en ce genre avec Mr. Plôtz, qui font étonné , & auxquels fon excellente vue avoit peine à fufïîre. Il y a néanmoins cette différence confidérable , entre fa vue & la snienne , qu'il peut fixer la fienne beaucoup lo% NOUP'ELLES RECHERCHES plus long-temps fur un objet microfcoplque l fans la fatiguer. Je reviens à nos ftigmates/ Ils font iDeaucoup plus aifés à découvrir fur les anneaux qui n'ont pas été delféchés , que fur ceux qui l'ont ete jufqu'à un certain point. On a peine à les re- trouver dans les anneaux qui fe font fort delfé- chés fur une plaque de verre. Il faut même ,. pour les bien voir dans les anneaux non deffe- chés , incliner le Ver de manière qu'ils ne ré- Héchillent pas trçp la lumière. Le ftigmate inté- rieur devient de plus en plus petit, à mefure qu'on avance vers la partie antérieure. C'eft fur- tout dans les anneaux les plus larges , qu'il eft le plus vifible : il l'eft encore dans ceux qui approchent de l'extrémité poftérieure^ J'ai fait mention dans mon premier Ecrit fur le Tsenia , de certaines irrégularités qu'ont obferve quelquefois dans les grands anneaux, ( S ) & qui paroiffent dépendre de quelque dé- rangement furvenu pendant l'accroilfement. On foupçonneroit que le Txnia a été rompu en partie dans cet endroit , & que les portions oppofées des anneaux rompus , étant parvenues à fe rap- ( s ) Secoaile Part. PI. i , Fig. 7 , $. SUR LE Tj^KIA, 303 procher , fe font grefïees rune à l'autre , d'une manière plus ou moins irréguliere. Mais , quoi- qu'il en foit de l'origiite fecrete de ees fortes d'anomalies ou de monftruofîtés , qui pourroient dépendre de plus d'une caufe à nous inconnue, elles ont offert à Mr. Plôtz une particularité très remarquable. Il a vu dans le même anneau , [ Fig. 8, 1, 2, 3, 4. ] jufqu'à quatre ftigmates, que j'ai auiïi obfervés à la vue (impie & à la loupe. La coupe de cet anneau étoit aifez bifarre , & celle de l'anneau qui le feivoit immédiatement, Jie rétoit pas moins , comme on peut le voir par l'infpedlion de la Figure 18 j qui eft d'une vérité parfaite, & où tout eft repréfenté en grandi elle fuffira pour faire fentir , que ces anneaux à quatre ftigmates font de vraies monf- truoficés. Il étoit intérelTant de s'afTurer , fi les ftigmates exiftoient fur les deux faces des anneaux. En confidérant vis-à-vis le grand jour , des lam- beaux plus ou moins longs de Taenia , j'ai vu diftindement un point blanchâtre dans le milieu de chaque anneau. Il m'a été facile de recon- noitre, que ce point blanchâtre étoit une appa- rence produite par le ftigmate lui-même i je veux dire, par le fupérieur ou celui qui eft le plus vifible. Il étoit alors tourné vers mon œil. J'ap- 304 NOUVELLES RECHERCHEE percevois donc la lumière au travers de îa membrane placée à l'oppofite : la petite portion de cette membrane , qui répondoit à l'ouver- ture du ftigmate , y faifoit la fondion d'un papier demi-tranfparent. Elle n'étoit donc pas percée elle-même à cet endroit. J'ai donc eu ainfî une preuve que le ftigmate n'exifte pas fur l'une & l'autre face de l'anneau. Mais on peut s'aflurer par une obfervation plus lirede^ que le ftigmate n'appartient qu'à une des faces : on n'a qu'à examiner attentivement à la loupe les deux côtés de l'anneau , & l'on verra "claire- ment , qu'il n'y en a qu'un qui foit garni de ftigmates. Dans la Figure 7 , qui repréfente , grofîîs à la loupe , les corps en manière de fleur, on ne voit point entre les deux plus grands corps , (g, g. ) ce ftigmate que j'ai repréfente dans la Figure i S-> de la Planche I de ma DiiTertation ; c'eft que le Defïinateur n'a pu l'y appercevoir. Il ne m'a pas été polîible non plus de l'y découvrir. Mais il étoit naturel de préfumer que le delTi. chemcnt avoit fait difparoitre le ftigmate. Nous l'avons donc cherché dans de femblables anneaux du mêmeTsenia, qui n'avoient point été deH. féchés , & nous l'y avons très - bien vu. L'Ar- tifte fa repréfente dans la Figure li (s), VOVK Sur le f je ni a. goç PôtJR donner à fes defîîns la plus grande perfection , Mr. P L ô T z étoit naturellement acheminé à obferver les principaux anneaux , avec la plus grande attention, Toit à la vue fimple , foit au microfcope. Le degré d'atten- tion dont il eft doué , joint à une excellente vue, lui a valu une autre découverte, njii moins importante que celle de la nouvelle tête. Tandis qu'il examinoit au microfcope le ftigmate fupé- rieur de quelques anneaux, il a été furpris d'y appercevoir une ombre , dont il ne découvroitS pas l'origine. Il a redoublé d'attention , & a eiTayé de promener la pointe de fon pinceau , fur cette ombre qu'il appercevoit. Sa furprife a fort accru, lorfqu'il a découvert que ce qu iî avoit d'abord pris pour une fimple ombre , étoit \ine forte de petit mamelon [ Vig, 9 , 771. ] blan- châtre , qui fortoit du ftigmate , & qui failloit plus ou moins au dehors. Il a auiîi-tôt appliqué la pointe du pinceau fur ce mamelon ,• il a reconnu qu'il étoit mobile , & qu'il pouvoit à volonté le porter à droite ou à gauche » en deifus ou en deifous , &c. Il s'eft empreffé à m'a?- prendre fa découverte, & m'a prié de revoir après lui. Mais je ne fuis point parvenu d'aborcî à voir ce que Mr. Plôtz defiroit que je vitfe. J ai donc changé la pofition de l'objet, & plus favorifé par les circonftances 1 jai vu diftin que les ordinaires ; quoique leur longueur 3, fût confidérable. Ils étoient comme propor- 5, tionnés à la grandeur de l'Animal , dans 3, lequel ils vivoient. Je les garde dans mon a. Cabinet. Il me femble que cette Obfervatioii >, donne du poids au fentiment de Mr. LiN- „ NEUS 3 qu'il faut que ce foie dans l'eau „ que le Txnia ait fa demeure naturelle , quoi- 35 que peut-être fous une forme très-petite , qui 5, empêche de les découvrir facilement. Ayez la 35 bonté de me dire , (î cette obfervacion effc 3, nouvelle , &c. „. Je répondis en ces termes , à notre célèbre Obfervateur. Il y a bien des années qu'on nï'apporta un T<.tma trouvé dans les intefiiyis d'un Poulet. Il et oit fort petit ^ les inter- fi&ions annulaires y étoient beaucoup plus mar- quées que dans celui de l'Homme, Je ne connois aucun AnteuY qui en ait parlé. Je croirois volon^ tiers que cet Infe&e efl venu originairement des eaux. Vous avez vu ce que f ai bégayé fur ce point obfcur 5 dans ma Dijfertation. Vorigine de ce Ver & de tous, ceux du Corps humain , efl un beau problème, Mr. Linné us efl allé un peu trop vite dans fa fo lut ion. Je vouiois indnuer par4à à Mr. de Geer, que le Pline de la Suéde avoit un peu précipité fon jugement, fur l'origine du Taenia , & que robfeiY^cjon fur laquelle il le fou- V4 Ji^ NOUVELLES RECHERCHES doit , n'avoit pas été afTcz répétée ni poufTée alïez loin. Je le faifois fentir dans ma diiTer- tationj [12] mais je ne laifle pas de regarder comme prob.ible , que l'eau eft la Patrie du Taenia ; & j'avoue , que j'avois montré autrefois trop de répugnan eà croire que le même Infedle pût vivre également dans l'eau & dans Tinté- lieur d'un Animal. Depuis la publication de mon premier Ecrit fur le Taenia, j'ai eu con- noiflance de plufieurs faits très-bien confiâtes, qui prouvent que divers Infedes , foit ter^ reftres , foit aquatiques , ont vécu pendant un temps , plus ou moins long , dans le corps de l'homme , & y ont pris un acccroifTemenÉ confidérable. Le Ver long «Se plat eft plus généralement connu fous le nom de Solitaire^ que fous celui de Taenia. J'ai prouvé dans mon premier Mé- moire, [ 13 ] que le nom de Solitaire ne lui convient point , parce qu'il n'eft pas toujours feul de fon efpece, dans le Corps humain 5 & on vient de voir qu'on a trouvé pluficurs Taenia dans les inteftins d'un Oifeau. Un Chi- j-urgien de notre Ville m'a alfuré , en Juillet; [ 12 ] Troifjeme Part, dueftion I. C ï^ 3 Trojfierne ^art, Ç.ueftiaîî VU SUR LE TMKIA, 315 î77^, qu'il avoit vu douze Tsenia , de l'cfpece À anneaux courts^ qui étoient fortis du Corps d'une Fille de 20 ans. Ils étoient tous fort longs & très diftinds ; & ce qui n'ctoit point équivoque j ils étoient tous garnis de ce qu'on ^lomnie le filet. On m'a parlé de plufieurs autres cas femblables ; mais nous avons fort à regrettet que quelque bon Obfervateur n'en ait pas été jcémoin. Il eft facile que des Hommes , qui n« font point initiés dans l'art de voir , s'en lailTent? impofer ici par des apparences trompeufes. gsfe; '.y ^ = - .' ^£::i^' ^"-^ SECONDE PARTIE. Sur le Tania k anneaux longs. 3 'ai dit au commencement de cet Ecrit , que ,, lorfqu'en 1743 , je travaillois 'pour la première fois fur le Tsenia , je n'avois point eu d'occa- fion d'obferver l'Efpece que j'ai nommée à an^ neaux longs. Je favois néanmoins , combien elle méritoit l'attention d'un obfervateur : les Au- teurs qui l'avoient décrite & qui en avoient donné des figures , en rapportoient diverfes particularités , fur la vérité ou l'exaditude def- ^uelles, j'avois conçu plus que des douteis. 314 NOUVELLES RECHERCHES J'avois donc un vif defir de voir par moi- même , & de comparer entr'elles les deux Efpeces , d'après mes obfervations. Ce n'a été pourtant qu'au bout de trente ans, que j'ai pu fatisfaire mon defir. Au commencement de Septembre 177^, un heureux hafard m'ayant procuré un Tsenia de l'efpece dont il s'agit : je faifis avec empreflement cette occafion de m'inftruire par moi-même de fa ftrudlure. Ce Txnia m'avoit été apporté dans ma retraite , par un Naturalifte à qui je fuis tendrement attaché, Se avec lequel je me félicitai beaucoup de pouvoir l'obferver : je parle de Mr. de Saus- sure , Profeffeur de Philoibphie , dans l'Aca- démie de Genève , dont l'habileté dans l'Art d'obferver i égale fes grandes connoiffances en Phyfique & en Hiftoire Naturelle. Le Tsenia que nous avions en main , n'étoit point complet : il eft rare que le Txnia de cette Efpece foie expulfé en entier du corps des Malades : ils ils le rejettent pour l'ordinaire par fragmens plus ou moins longs , & c'étoit un de ces fragmens a(fe2 long, qui nous étoit tombé en partage. Ce qui me frappa d'abord à îa première inf- pcdion du Ver , ce fut fa divifion annulaire. Je vis en diveifes portions de fon étendue ^ SUR LE TjEKIA. 3îî des anneaux qui étoient auffi courts que ceu^j: du Taenia, dont je m'étois tant occupé. Je commençai donc à me défier du caradlere que j'avois employé , pour diftinguer les deux Ef- peces de Taenia (12). J'avois indiqué , il eft .vrai, une autre caradere , tiré de la pofition. du figmate : j'avois dit, que dans le Taenia, que je nommois à anneaux courts , le ftigmate étoit placé au milieu d'une des faces des an- neaux y au lieu que dans le Taenia que je îiommois à anneaux longs ^ il étoit placé fur un des côtés des anneaux. Je montrerai bientôt que cette diltindion eft la plus caradériitique. Nous obfervâmes ,Mr. de Saussure"& moi, ^ l'aide d'un bon microfeope, différentes por- tions de notre Taenia , que nous avions fait deffécher fur un verre. Au premier coup-d'œil , il me fut aifé de juger de la grande différence qui étoit entre Forganifation du Taenia , que nous examinions , & celle du Taenia qui avoit fait le fujet de mes premières ©bfervations. A la place de ces corps » en manière de fleur , dont j'ai tant parlé , je n'obfervai que des efpeccs de ramifications ( Fig. 17, rrr.), qui s'éten- (i^) Voyez ma Dijferiaiion fur It T^nia» Troifieme Fart? auefc m. 3i que je ii'avois point vu encore de Taenia à anneaux longs. Si cela ell , comme je ne puis gueres en douter, les deux Efpeccs de Taenia différeroient par un autre caractère , bien plus marqué en- core 5 par la forme & l'organifation de la tète. La queftion feroit adueilement bien décidée 5 SUR LE Tj^ N IJ, 52Î fi je n'avojs point négligé en 1747, d'exa- miner les grands anneaux de mon Taenia 3 mais j'étois alors fî perfuadé qu'il étoit à anneaux courts , que je ne m'avifai pas d'y chercher des ftigmates latéraux. Le fpécifique de Morat , au- jourd'hui fi répandu, fournira déformais aux NaturaHftes de fréquentes occafions de vérifier mes obfervations , de les pouifer plus loin , & de diftinguer plus exadlsment les différentes Efpeces de Taenia. Je ferai à ce fujet une autre remarque j c'efl: ou'il me paroit , foit d'après mes propres obier- vations , foit d'après les defcriptions & les figures publiées par différens Auteurs, que le Txnia à anneaux longs ou à ftigmates latéraux , eft en général moins large & phis épais que le Taenia à anneaux courts^ ou à ftigmates ombi- Hcaus. J'indiquerai encore deux autres caraderes qui pourront aider à diftinguer les deux EC- peces , & qui n'ont pas échappé à Mr. Andry: 1°. Ordinairement la forme des anneaux de la première Efpece ne reifemble pas à celle des anneaux de la féconde. Les plus grands anneaux de celle-là ont fouvent une forme qui imite celle d^s graines de Courge : ils font aflcz renflés ^r X 3 ^26 NOUVELLES RECHERCHES les côtés , & vont en diminuant aux extrémité?, ^o. Il leur arrive fréquemment de fe féparer les uns des autres , 8c de eonferver la vie & le mouvement. Chaque anneau paroît alors un véritable Ver, & ce font ces anneaux , ainfî détachés , qui ont été nommés par erreur Ver, cucurhitains , de leur relfemblance avec la graine de Courge. On a vu dans ma Dilîertation ( 17), rétrange hypothefe que le célèbre Vallisnieri avoit bâtie fur cette apparence trompeufe , & les divers argumens par lefquels je l'ai com- battue. Il n'arrive pas aux grands anneaux de l'autre Efpece de fe féparer ainfi les uns des autres : mais les malades rendent de temps en temps des fragmens plus ou moins longs de cette forte de Tsenia. Le fécond Taenia à jlîgmates ou à mamelons latéraux, qui m'avoit été remis en Novembre 1775, étoit de couleur grife. Il avoit quatre pieds de longueur. Sa plus grande largeur étoit de trois lignes & demie , & fes plus grands an- neaux avoient environ trois hgnes de longueur. Ils diminuoient graduellement à mefure qu'ils approchoientde l'extrémité antérieurei ( lig. 16.) mais point autant que dans le T?enia jaune, (17,} Trçirieme Part. Q.«ellian ÎV. SUR LE T.^KîA. 327 Par-tout ils confervoient bien les caraderes d'anneaux , & les plus petits ou les plus courts avoient encore une demi ou un tiers de ligne de longueur , fur une largeur à-peu-près égale. L'extrémité antérieure du Ver , comme la pof- térieure , étoit coupée quarrément ; ce qui prouve qu'il avoit été rompu à cet endroit , & que la tète eiï avoit été féparée. On voyoit très-diftindement fur les côtés de îa plupart des grands anneaux , une petite faillie ou un mamelon , ( ¥ig, 14 , 7nmm. ) au fommet duquel étoit un trou rond ( Fig. 15 , 00.) très - facile à appercevoir , même à la vue fimple. J'ai preffé affez fortement le mamelon ou fligmate , dans l'efpérance d'en voir fortir ce petit Corps longuet & charnu , que j'ai décrit dans la première Partie de ce Mémoire i mais c'a été en vain. Je n'ai pas eu plus de fuccès, après avoir tenu dans l'huile d'olives pendant plufieurs heures , & même plufieurs jours , quel- ques uns des anneaux où le ftigmate étoit le plus vifible. Ce Txnia étoit, fans doute, trop racorni. Je ne lailfe pas de préfumer que cette Efpeee eft pourvus ^ comme l'autre , du petit X4 328 ^0 VVELLES RECHERCHES organe en queftion , qu'on découvrira apparem^ ment dans des Taenia récemment expulfés. Les mamelons ou ftigmates ne m'ont pas paru diftribués régulièrement le long des côtés du Ver. Tantôt on voit deux ou plufieurs anneaux qui fe fuivent immédiatement, ( Fig, 14.) dont le ftigmate eft placé du même côté : tantôt les ftigmates font diftribués alternativement ; je veux dire , que (î dans l'anneau qui précède , le ftigmate eft placé fur la droite j il l'eft fur la gauche , dans fanneau qui fuit, 8cc.(Fig, 14.) Nous n'avons pu découvrir , Mr. Plôtz & moi , dans la partie la plus effilée ( Fig. 16.) du Txnia à anneaux longs , ces mamelons ou ftigmates latéraux, qui font fi aifés à apper- cevoir dans les anneaux qui ont une certaine grandeur. Ainfi , il en eft à cet égard du Tsenia à anneaux longs , comme du Taenia à anneaux courts. Mais , je dois le répéter ; il ne feroit pas d'une bonne logique , d'argumenter ici de l'invifibilité à la non-exiftence. Apres avoir defleche un fragment du Tsenia gris, dont j'ai parlé, je l'ai examiné partranC p^rence , avec une bonne loupe. J'y ai obfervé }eg îïièîpes ^ranîificationç & les mênies yaifleai?]? SUR LE TyENlA 329 longitudinaux , que j'ai décrits ci - deHlis , & que j'avois obfervés pour la première fois , en Î773. Mais ils étoient un peu moins diftinds dans ce T'-^nia gris ; probablement parce qu'il avoit féjourné trop long- temps dans la liqueur fpiritueufe. Il s'y étoit fort racorni , & toutes les parties intérieures s'étoient plus ou moins contradées. Il avoit aufii perdu de fa tranfpa- rence. Cependant les ramifications ( P/^. i?, rrr. ) étoient très-vifîbles ; les deux vailTcaux latéraux ( ihid, vv. ) ne l'ctoient pas moins. La Figure 17 rend très - bien tout cela. On y voit aulîi le mamelon latéral ( ;// ). Ou n'a qu'à comparer cette Figure avec les Figures ^ Se é, pour juger de la grande différence qui eft entre l'organifation du Taenia à anneaux longs 5 & cell.e du Taenia à anneaux courts. 5 de Mars 1777. 330 NOUVELLES RECHERCHES EXPLICATION --' 1 '— . . a^N^;(»^— — — AVERTISSEMENT. L E Lcdleur eft prié de lire cette explication des Figures, s'il veut acquérir une idée bien nette de ce qui a été découvert fur la ftruc- ture du T^nia. On ii'avoit point encore offert au Public de defîins qui repréfentafTent auffi bien la Nature , ou qui fuflent auflî conforme» nux obfervations les plus exades. La Figure I , Planche III , repréfente au na- turel le bout de la partie antérieure d'un Tx- nia /T anneiix courts. C'eft cette partie qu'on a nommée le filet ^ & à l'extrémité de laquelle tient la tète. Les anneaux y font 11 ferrés , fi courts , qu'on a peine à les diftinguer à la vue fimple. Auffi le deflînateur ne les a-t-il pas exprimés ici d'une manière à les faire diftinguer nette- nient. t eft la tète. SUR LE T.^NIA 331 La Figure 2 eli celle de la tête de la Figure ijgrolTîe à la loupe. / petit trait brun, qu'on croiroit être Textrémité d'un vaifTeau, & qui indique la bouche du Ver. La Figure 3 eft celle de la tète des Figures précédentes, vues au microfcope. bh h bouche aiTez ouverte, mais qui ne paroîc pas Tètre en entier. // les deux lèvres, dont Tune déborde m\ peu l'autre, c c \q deifus de la tête, afTez élevé & arrondi, La Figure 4 eft celle de la tête d'un autre Txnia , qui avoit été confervée dans un mé- lange fpiritueux , pendant is ans. T cette tête. .h,h\d, bouche qui eft exadement fermée, mais dont la grandeur eft déterminée par le trait brun ou Pombre produite par la réunion des deux lèvres. La Figure 5 montre fix anneaux du Tsenia à anneaux courts , vus au naturel. Ces fix an- neaux avoient été détachés du milieu du corps, ou de cette partie du Taenia qui a le plus de largeur. C, C, C, les corps en mainere de fleur , qui parollTent un peu relevés , & qu'on n'ap- perqoit qu'obfcurément , parce que les anneaux n'ont point été delTéchés. En y regardant dç 33S NOUVELLES RECHERCHES près , 011 découvre le ftigmate s s , placé au nii!ieu de chaque anneau, & qui ne fe montre ici que comme un point. On peut remarquer que les anneaux font fort courts , mais fort, larges, Se que leurs jondions font très-mar- quées. Là Figure 6 efl celle des fix anneaux précédens, repréfentés de même au naturel , mais qui ont été deflechés fur une plaque de verre. Les Corps en manière de fleur , & qui font des efpeces de petits eftomacs ou inteftins. C^ C, C font ici beaucoup plus diftinds que dans la Figure *). Le defféchement les a rendus plus vifibles. On apperqoit encore ici le ftigmate s j, dans trois anneaux, quoiqu'il foit moins facile à ap- percevoir dans les anneaux deiféchés que dans les anneaux frais. La Figure 7 fait voir les corps en manière de fleur, groiîîs à la loupe, & entièrement ifo- lés des parties qui les avoidnent. g , g deux de ces corps plus grands que les autres ^ & qui ont affez de relief. Ils font pleins d'une matière purpurine , dont la teinte change plus ou moins pendant le defféchement. Leur forme n'eft pas toujours confiante , mais elle approche pour Por- idinaire de l'ovale. Leur grandeur refpecftive n^ SUR LE Tj^NIA 333 varie pas moins, comme on peut le voir, par rinfpeaion des Figures 5 & ^ , & par celles de la Dlirertation que je compofaien 1743.^,^,^ autres corps de la môme efpece, mais plus pe- tits & pleins d'une matière moins colorée. Cette Figure a de grands rapports avec ia Figure i ) de la Planche I de ma DilTertation. La Figure 8 cft un fragment Frais'^.du Tsenia à anneaux courts , repréfenté au naturel. Il eft compofé de huit anneaux , qui oiFrent des irré- gularités qu'on peut regarder avec fondemiCnt comme des efpeces de monftruofités. Dans les anneaux réguliers on apperqoit àeux Jligmates ^ dont l'un , j, j eft un peu plus vifible que l'au- tre i, i. Ils ne paroilTent ici tous deux que comme deux points très-petits, & qui ne peuvent être bien apperqus que par une alTez bonne vue. On a tiré des traits pour les indiquer mieux , parce qu'un pointillage auroit caufé ici de la confufion. i , 2,3, 4 , iont quatre ftigmates qui paroifTent appartenir au même anneau i mais il y a lieu de préfumer que deux anneaux avoient été réunies en un feul par accident. On voit à côté de celui-ci , un autre anneau monf- rueux , où l'on découvre auiîî quatre fôgmates. La Figure 9 , eO: celle du ftigmate le plus vifi- 534 NOUVELLES RECHERCHES ble à la vue finiple , Se grofli au microfcope. Orî en voit fortir un mamelon charnu , m , qui faille peu au dehors. Les chairs paroiiTent un peu re- levées au tour d'un ftigmate. La Figure lo eft celle d'un femblable ftig- mate i defïiiié de même au microfcope. 7n , le mamelon charnu , qui pend à l'entrée du ftig- mate , & qui paroît auffi alongé qu'il peut l'être.' La Figure ii repréfente, vu à la loupe un anneau , au milieu duquel fe voient en relief deux des grands corps en manière de fleur, g , g pleins d'une matière d'un brun pourpré, s Is grand ftigmate. m le mamelon charnu qui faille au dehors de ce ftigmate , & qui ne paroît ici que comme un petit trait blanc. / le petic ftigmate , qui ne paroît que comme un point brun. Cet anneau étoit frais. La Figure 12 montre au naturel quatre an^ neaux , dans le milieu defquels on appercoie des taches blanchâtres & irrégulieres./, /, / qui font produites par les corps en manière de fleur ^ qui ibnt vus ici au travers de la peau, & un peu en relief Ces taches ou élévations blan- châtres font fort fenfibles en diiîérens endroits du Taenia. On voit fbuvent fur le même Tsenia SVR LE T^NÎA, ajj, «'autres endroits , qui préfentcnt des taches pur- purines. Ces diverfes apparences dépendent de la matière nourricière qui remplit les petits inteftins ou les facs ovales. La Figure 13 repréfente au naturel le bout antérieur d'un Txnia à mamelons latéraux, & qui étoic de couleur jaune. Ce bouc paroît ma» nifeftement avoir été rompu ^ il le termine en pointe mouife & arrondie. Les anneaux y font Çi courts ou (î ferrés les uns près des autres , qu'on ne fauroit guère parvenir à les compter à la vue fimple. Le delîînateur les^ a expri- més , par des traits très-fins & qui repréfenteïit bien la Nature. On peut remarquer encore dans cette Figure , que ce bout antérieur eft de forme cylindrique , au lieu d'être applati , comme il a coutume de l'être dans les Tsenia, & très- certainement au moins danslcsTccniaà mamelons ombilicaux ou à aytneaux courts. Dans la Figure 14 le Defîînateur a repréfente au naturel , un fragment d'un autre Taenia à ma- melons latéraux, & qui étoit de couleur grife. Ce fragment eft compofé de quatre anneaux dont les articulations font aifées à diftinguer. Trois de ces anneaux montrent un mamelon latéral m m m , dont la failli* eft bien fenfible. Au refte , 33^ NOUVELLES RECHERCHES les grands anneaux de ce Txnia étoient très apr-- platis : ceux du Tsenia jaune Pétoient un peu moins 5 ils paroiiToient un peu plus eharnus. La Figure li^ montre au naturel deux an- neaux du Teenia de la Figure précédente , où l'on voit bien diftinclenient la petite ouver- ture 00 placée au fommet du mamelon latéral, Ceft cette ouverture que j'ai nommé le Stigmate, La Figure 16 repréfente au naturel le bout antérieur du même Tsenia. On voit qu'il eft applati, & que les anneaux en font fort rap- prochés. La Figure 17 eP: celle d'un anneau du même Txnia , vu par tranfparence , à l'aide d'une bonne loupe. Cet anneau avoit été deiTéché pour m.et- tre rintérieur plus à découvert, r.r^r (ont des efpeces de ramifications ou plutôt des facs membraneux , qui paroiiTent conftituer ici l'ef- tomac & les inteftins. Elles femblent partir d'une tige commune: f, chaque branche a une forme affcz irréguliere & fe contourne différemment, v v v v deux vaiiTeaux longitudinaux, placés fur les cô- tés de l'anneau , cSc qui font ici beaucoup plus- reflerrés ou beaucoup moins vifibles que dans les T^nia cxpulfés récemment. Le Deffinateur a cru ne devoir pas les rendre plus fenfibles que dans Oeut^r/IUr >/■ — ^i! fm s s ofcL^^iy^y. Pi M, % H Plùtz.ôel M- ar SUR LE TJENIA. 337 dans le naturel, m le mamelon latéral. Au refte, la tige t parole être un canal continu , qui com- munique apparemment avec les ramifications qui paroîfTent analogues à reftomach & aux in- teftins. La Figure 18 repréfente aflez en grand les anneaux monftrueux , repréfentés au naturel dans la Figure 8- Tout eft ici bien plus diftindqae dans cette dernière Figure. Les deux IHgmates font très-apparens , & on reconnoît fa- cilement que le fupérieur s eft plus marqué que l'inférieur ?. Tome X 3§8 SUPPLÉMENT SUPPLÈMENTO) AUX NOUVELLES KE C HEECHE S SVR LA STR UCTVRE DU T^NIA. ft \^ E T T E forte de grande bouche , que pré- ferxte la tète (PL IIIFig. 3. )du Tsenia à anneaux courts , & dont je me fuis beaucoup occupé dans mon Mémoire,n'eft point probablement une bou" che , telle que Je l'avois préfumé fur des apparen* ces trompeufes. C'eft à un jeune étudiant en Médecine, que j'ai du des notions plus exac- tes fur un point il eifentiel de l'hiftoire du Taenia. J'ai d'autant plus de plaifir à en informer le pu- [ I ] Ce Supplément n'avoit point encore paru. SUR LÉ T jÈ N ï A. 339 felic, qiïe le jeune Obfervateur, déjà très-re- commandable par fon mérite perfonnel , & par un favoir très-précoce, eft £ls d'un de mes plus anciens amis , Mr. J. A. B u T i N i , de Genève , Dodleur en Médecine , de la Faculté de Montpellier , qui joint un efprit vraiment philorophique , aux connoiffances les mieux digérées & les plus approfondies de l'art de guérir. Com.me il avoit lui-même découvert un fpécifique-très fCir , pour expulfer le Tsenia j fon Fils a eu des occafions bien favorables 8c aiTez fréquentes de Pobferver , & il a fu les mettre à profit. Il a répété avec autant de foin que dHntelligence , les obfervations de mes deux Mémoires, & s'eft emprelfé obligeamment de me communiquer les fiennes , en Odlobre 1777, dans un petit Ecrit dont j'ai été très-fatisfait ; & que je Pavois invité à publier dans le Journal As Fhyfiqiie. Une modeftie bien louable ne lui ayant pas encore permis de céder à mon invi- tation , j'y fuppléerai , aii moins en partie, en donnant ici l'extrait de fon Ecrit. Je commen- cerai par les obfervations qui concernent la tête du Txnia, que notre jeune Obfervateur dé- crit ainfi. „ CETTEtète, dit-il, qui eft affez femblable à 55 celle d'un Lézard ou d'une Vipère, & qui 340 SUPPLÉMENT „ eft dans le même plan que celui des anneaU3ri ,j eft d'une forme ovale : quoiqu'elle foit plus ,5 épaifTe que la portion du fil qui la précède, ,, cependant elle eft encore plus large qu'elle „ n'eft épaiire. La portion du fil à laquelle elle „ tient immédiatement , eft un peu rétrécie , j, & forme ainfi un col plus ou moins marqué , 5, fuivant les diiférens Vers. La furface de la „ tète eft parfaitement liiTe & polie , & de 5, quelque côté que je l'aie obfervée , je n'y „ ai pu découvrir aucune inégalité. Dans le 55 col , les anneaux font marqués par un petit „ renflement s mais toute leur fubftance eft j, unifoime. 5, Pour obferver cette tète commodément, 55 il faut après l'avoir féparée du fil , la pofer y,, fur un morceau de verre ; & la placer de telle „ manière, qu'elle déborde un peu le verre, „ de cette faqon , en la mouillant de temps en „ temps , on peut l'oblerver fous toutes fes faces, ,5 par le moyen d'une loupe. Si c'eft d'un microf- 5, ci^pe qu'on veut fe fervir, il faut alors la „ placer fur fobjedif avec quelques gouttes ,, d'eau. Au moyen de l'un ou l'autre de ces „ inftrumens , & à l'aide des petites précau- », tions que je viens de décrire , on peut dé- *5 couvrir dans la tête du Taenia, des chofç^ SUR LE T M K 1 A. 341 t, que Ton n'auroit pu voir que très-imparfai- ^, toment, avec les yeux feuls. Si donc ou ,5 examine la tète par le côté , on la verra fous ^, une forme alTez femblable à celle d'une tète ,5 de PoiiTon , vue aufîî de coté : de plus on 7 ,, diftinguera deux fubdanccs très-diiférentes , 5, l'une opaque , qui fût la plus grande partie 5, de la tète , l'autre très-tranfparente , qui , com- 55 mençant depuis depuis l'extrémité du mufeau, 3, avance jufqu'aux deux tiers , & quelquefois j, plus de la tète. Cette fubftance tranfpa- j, rente divife la fubdance opaque en deux j, portions, depuis le mufeau, de faqon que 3, le fegment opaque inférieur eft le plus petit. „ La plus grande largeur de cette bande tranf- 5, parente eft dans l'endroit où elle fait partie „ de l'extrémité du mufeau , car à mefure qu'elle 5, s'en éloigne , pour fe rapprocher du col , elle 5, devient plus étroite : enfin elle s'évanouit „ entièrement. D'abord la grande tranfparence 5, de cette portion, & la finguîiere relfera- ,, blance qu'elle avoit avec une bouche , me „ perfuaderent que c'en étoit une ,• mais ayant „ eifayé infrudueufement d'introduire la pointe ,, fine d'un cure-dent, d'une aiguille ou d'un „ crin , dans ce prétendu vuide , je commentai ^, à douter de la réalité de cette bouche. Y? 342 SUPPLÉMENT. 5, J'observai enfuite la tète jfoit par-deffusi 3, fbit par delTous ; mais toujours par foii plat t 55 je trouvai fes deux faces abfolument femblables 35 entr'elles : je remarquai feulement , que tout- 35 à-coup , vers les deux côtés , l'opacité de h 85 tête dimiiiuoit , fans cependant diminuer vers 55 le mufeau, & que je pouvois varier la lar-. 35 geur & la longueur de ces deux bordures 35 moins opaqueç , en poufîant les deux parties 9, opaques en fens contraire & latéral , à l'aide 95 de la pointe d'un cure-dent. Je vis que ,5 cette moindre opacité pouvoit , par ce moyen » 55 s'étendre au-delà des trois-quarts de la tète, 55 & que dans tous ces effais, les bordures 95 confervoient toujours une largeur égale entr'el- 35 les. Enfin 5 je ne pus point , quelque effort 55 que je fiffe , augmenter la largeur de ces 55 bordures , au-delà d'un certain terme , favoir 35 la cinquième ou fixieme partie de la largeur 9, de lat ète, 95 Tout ce que je venois de voir 5 me fit 35 penfer que cette fubftance, que j'avois pris 95 pour un vuide , n'étoit rien moins que cel^ ; 35 mais bien plutôt une fubftance tranfpareiite , 95 interpofée entre les deux plans opaques , & 35 affez molle 5 pour permettre que ces deux 3^ plaques fiffent quelques mouvemens contr^rcsj SVRLET^NIA. 34^ „ ee qui détruifant leur convenance exacte, „ élargiroit un peu la tète , en faifant paroltre „ ces deux lifieres moins opaques ; parce qu'un» „ feule des plaques étoit plus facilement péné- 5, trée par la lumière , que toutes les deux „ enfemble. Deux raifons m'obligeoient déjà à „ croire que la fubftance tranfparente , étoit „ une fiibftance folide, & non un vuide j l'une» 3, c'eft rimpoflîbilité que j'avois éprouvé à rien 5, introduire dans cette tranfparence , fins 5, déchirer la fubftance dont elle étoit formée; 5, l'autre , c'eft le peu d'écartement , & d'écar- „ tement déterminé que je pouvois opérer. 5, Doutant encore s'il n'y avoir point de vuide 9j qui pénétrât au dehors , & fit les fondions „ de bouche , je prefTai très-doucement d'abord 5 3, puis un peu plus fortement , les . alentours 5, de la tète, commençant par le col, & , en- 5, fuite fucceirivement , failant paifer la preflicn 3, du côté du renflement j j'efpérois qu'il for ti- 5, roit quelque peu de liqueur de cette bouche „ fuppolée ', miis mes efpérances furent vaines , 5, & quoique je réicérafle mes efforts de bien des 9, manières , cependant i!s n'aboutirent à rien> 9, & il ne fuinta pas la plus petite parcelle de „ fluide. Enfin je cherchai très-patiemment en^ 5, core à ouvrir , à écarter perpendiculairement Y4 §44 SUPPLÉMENT a, ces deux pians opaques , ces deux apparences 39 de mâchoires ; mais je n'y réufîîs point. 5, Ce font toutes ces tentatives qui me 55 perfuadent que cette tète n'a point de bouche , „ & que cette apparence de bouche provient 3, d'une fubftance tranfparente , plus flexible 3, & plus molle que les plaques opaques". On voit par cet expofé de notre jeune Obfervateur , qu'il a bien mieux étudie la ftruc- ture de la tète du Taenia à anneaux courts, que que je ne Pavois fait. Je m'étois certainement trompé , en prenant l'intervalle entre les deux efpeces de lèvres /, / (PL III, Fig. 3.) j pour l'ouverture d'une véritable bouche. J'ai même été furpris en confidérant la Fig. 3 de mon fécond Ecrit , d'y reconnoître des particularités qui auroient dû fur le champ me détromper, & détromper auffi l'habile Artifte qui l'avoit deffinée au naturel. L'intervalle entre les deux fortes de lèvres /, /, y paroît bien rempli par une fubllance d'une couleur plus claire que les parties voilines , & que l'Artifte lui-même avoit exprimée par des traits obliques & fort déliés. Si l'intervalle dont il s'agit, étoit une fîmplc .puverture, ces traits n'auroient pas dii fe trouve^ (îgns la Figure. JVÎ^is la grande relfcmblance SURLETjSNIJ. 34^ âvi petit renflement avec une tète de Lézard ou de Poifibn , & la place qu'il occupe , nous perfuadant fortement qu'il étoit bien une tète ; les parties /, / nous avoient paru en confé- quence deux lèvres, & l'entre-deux, l'ouver- ture d'une grande bouche. C'eft ain(î que de iimples apparences peuvent en impofer aux yeux les plus exercés à voir. Je devois néanmoins revoir encore après Mr. BuTiNU je l'ai fait, & j'ai bien reconnu que rintervalle entre les deux efpeces de lèvres, /,/(?/ ///, Fig. 3. ) eft réellement plein : mais un grand mal d'yeux ne me permettant pas de demeurer fixé fur l'objet auiîî long-temps que je l'aurois fouhaité , j'ai eu recours à mon Delîinateur , qui a répété avec foin les petites manipulations de Mr. BuTlNl , & ce qu'elles lui ont montré , lui a paru très-conforme à ce qu'il racontoit dans fon Ecrit. Il s'eft convaincu que l'intervalle compris entre les parties /, / , eft en effet rempli par une fubflance plus molle ou plus délicate que celle des parties que j'avois nommées des lèvres. Il a fait cette fois d'inu- tiles 'efforts pour écarter ces lèvres l'une de l'autre , ou pour agrandir d'avantage l'ouver-r ture de l'efpece de bouche. Il n'a réuffi quà U^ SUPPLÉMENT renverfer un peu les bords des lèvres 5 à les replier un peu en delTus. Notre jeune Naturalifte ne prend donc point pour une véritable bouche , cette partie que j'avois jugé d'abord Ci propre à en faire les fondions : mais il n'en conclut pas que le petit renflement, dans lequel elle fe trouve 9 jie foit pas la tète du Tscnia. „ Qiicft-ce donc, dit-il, „ qui peut faire nommer une tête, ce 5, petit renflement qui termine le filet j fi Ton ,, ne peut y appercevoir ni yeux , ni nez , ni 3, bouche ? Je dis qu'on Ta nommé ainfi ^ 5, parce qu'il paroît que c'eft dans ce petit ren- 5, flement que refide le principe de vie & de 5, volonté de l'Animal : le principe de vie *, puifl „ que c'eft inutilement que les remèdes chaf- ,, fent hors du corps de très-grandes portions 5, de l'Animal ; car tant que la tète refte au- 3, dedans , le Malade n'eft point guéri , & le 5, Tsenia fe referme de nouveau. Je dis encore 3, que c'eft dans ce renflement que refide la 5, volonté j & j'en juge par l'analogie : car de 5, même que les Vers & les Serpens fe repliant 3, fur leur queue, élèvent leur tète pour s'élancer „ fur quelque objet; de même aufli, le Tsenia s, mouvant à fa volonté , le fil qui porte fa 5, tète 5 la darde fur ce qu'il veut atteindre» SVRLETjENIA. 347 s, C'cft un fait connu & cite par la plupart de 3, ceux qui ont examiné le Taenia dans les 3, inteftins même, quil s'y colle & s'y cram- 5, ponne 5 lur-tout par fon extrémité antérieure , «, & qu'après avoir détaché fon fil des inteftins , j, foudains il s'échappe d'entre les doigts , & va 3, avec beaucoup de vîteiTe s'y recoller. Mon _„ Père ayant donné un remède qui expulfa 3, le ver vivant , le vit s'agiter en divers fens , 3, dans l'eau où on l'avoit rais j mais ce qui le 5, frappa fur-tout , ce furent les prodigieux „ mouvemens que fe donnoit fon fil , qu'il ^, lanqoit très - vivement de côté & d'autre". Je n'ai pas eu le bonheur de voir un Txnia vivant , & d'obferver ces mouveniens C\ remar- quables , que fe donne fon extrémité anté- rieure : mais je ne voudrois pas dire que le principe de ces mouvemens réfide uniquement dans le petit renflement , qui termine cette extrémité , & qu'on peut regarder comme la tête de l'Animal. Les vers longs & fans jambes qui habitent au fond des mares , & que j'ai multipliés de bouture , ont une tête qu'on ne peut méconnoître , & qui eft pourvue d'une véri- table bouche , aifée à obferver & que j'ai dé- crite [ 2 ]. Or, quand on coupe la tête à ces l fî] Traité i'Infe^olo^k, P. II, Obf, II, Osuv. T. I, ade Part. 34^ SUFFI ^]itE N T Vers 5 ils continuent à exécuter les mêmes mouvemens qu'ils exécutoient avant l'opération. J'en ai même vu , qui , quoique décapités , ne îaifloient pas de ramper le long des parois du poudrier , & même de s'enfoncer dans le limon comme H rien ne leur eût menqué. Chez ces Vers , le principe de la vie paroît être répandu dans tout le corps; & il en efl: de même du principe de rcprodudion. J'ai aflez fait fentir dans mon premier Mémoire fur le Tsenia [ 3 ] , qu'il y a lieu de préfumer qu'il en eft à cet égard de cet Animal, comme des Vers qui multiplient de bouture. Il poffede probablement la faculté de réproduire les parties qu'il a perdues , & je ne doute point que Ci l'on coupoit le petit renflement à un Taenia vivant, on ne vit fa partie antérieure , fe donner les mêmes mou- vemens , qu'avant l'opération. Je ferois encore fort porté à penfer , que iî une portion , même affez petite du filet , féparée du refte du corps & dépourvue de tête , pouvoit demeurer fixée dans lesinteftins, elle reproduiroit un nouveau Txnia. Mais il y a lieu de préfumer que le petit ren- flement ou l'efpece de tête, fert au Taenia à fe cramponner aux tuniques des inteftins , & qu'elle a reçu une organifation appropriée à cette fin. Mr. Spallanzani m'écrivoit eji £3] Oeuvres T, Tom III > Q.neIliouV SURIÉTjSNIA. ?4f Août 1778 > que P extrémité effilée du Tàinîa des Foules , efi prefqne toujours fixée dans la tunique intérieure des inteflins. Une portion de filet , privée de la tète, ne pourroit donc probable- ment s'attacher aux boyaux ; & feroit tôt ou tard entraînée avec le réfidu des matières nour- ricières vers le gros boyau , pour être rejettée cnfuite par Tanus. Je n'affirmerois pas cependant, que la tête du T3enia à anneaux courts ne lui ferve qu'à fe cramponner aux inteftins : elle peut avoir d'au- tres ufages que j'ignore j car il s'en faut bien que nous connoilîîons aiTez fa ftruc1:ure pour être en droit de prononcer là-delîus. Malgré ce grand -nombre de fuqoirs ( Fi III. Fig. 10. m. ) diftribués dans les principaux anneaux du Ver , cette tète pourroit bien être elle-même une forte de fuçoir différent des autres , & deftiné à nourrir le filet ou a fuppléer aux fuqoirs dont cette partie du Txnia femble être dépourvue. Le T'jenia à anneaux longs a au(2 des ftigmates qui paroiifent très analogues à ceux du Txnia à anneaux courts , quoiqu'ils n'occupent pas la même place dans les anneaux. ( Fig. 14. fn m m. Fig, 15.00.) Or , le Taenia à anneaux longs a pareillcmmt un filet, où l'on ne décou^ vre point de ftigmates , & ce filet porte à fou 3fo s U F F L É M E N f extrémité une tète fort caradérifée par quatre' fuqoirs qui ont été bien abfervés (4). Ces fu- moirs Cl remarquables , dont la tête du Tssnia à anneaux longs eft pourvue, font afîurément bien propres à faire préfumer quelque chofe d'analogue dans la tète du Tsenia à anneaux coures. Il feroit pofîîble que la fub (lance molle comprife entre les deux efpeces de lèvres , fût garnie de pores abforbans, analogies aux fuqoirs,- & qu'en s'appliquant à la tunique des inteftins , elle y pompât un fuc nourricier qu'elle feroit pafTer dans le filet. Peut-être encore que la tète du Taenia à anneaux courts recelé quelqu'autre organe propre àfucer, & que de nouvelles re- cherches nous découvriront. Quoiqu'il en foit 0 je ne faurois me perfuader que la tète de ce Taenia ne ferve qu'à le cramponner aux in- teftins. Je viens de rappeller à mon Ledeur les ftigmates du Taenia à anneaux longs : j<î difois dans mon Ecrit , que les ayant prclTés bien des fois je n'étois jamais parvenu à en faire fortir i'efpece de trompe ou de fuqoir, (PL Ilf. fig, ^ , JO , m m.) qu'on voit fortir des principaux ftigmates du Taenia à anneaux courts. J'ajoutois C 4) Voyez ma Dîjfertatîon fur le TKiiia , féconde Part. aiUli- tion , PI. II , Fig 2 . fl i» c d. SURLET^NIA 3^1 néanmoins , qu'il y avoit lieu de préfumer que les ftigmates du Tsenia à anneaux longs rece- loient le petit organe en queftion. Je vois avec plaifir dans TEcrit de Mr. Butini , que je ne m'étois pas trompé dans ma conjedure. Il cite fur ce fujec une obfervation intéreiï^inte de Mr. E. KoNiG , qu'on trouve dans le premier Vo- lume des Acta Helvetica , 1751 pag. 29; fouâ ce titre : Obfervatio de Ore ^ Prohofcide Ver-- mium cHcurbitmorum, Cette obfervation qui m'étoit entièrement inconnus , mérite bien que je la tranfcrive en François. „ J'àvois , dit l'Auteur , placé fur ma main, 3, avec une goutte de lait , un Ver cucurbitaiii 5, vivant. Il fe mit bientôt à ramper , en cour- 3, bant en arc le côté de fon corps où étoit 5, logé le tubercule j les deux extrémités fe 5, donnoient en même temps ua mouvement 55 vermiculaire, au moyen duquel elles fembloient „ faire la fondtion de pieds. Le Ver cheminoic 5, ainfî en portant en avant le tubercule. Je 5, m'armai aullî-tôt d'une loupe , & un fpeda- „ cle admirable s'offrit tout à coup à mes yeux. „ Je vis ce tubercule en forme de mamelon, „ dont la grandeur égaloit à peine celle d'un „ point lacrymal dans l'Homme , fe gonfler vers IS3 SUPPLÉMENT 35 fes bords & devenir dix fois plus grand qu'iî 5, n'étoit d'abord. De fon ouverture très dilatée 35 fortit un petit corps long d'une ligne & un 55 quart, façonné en manière de trompe, & 35 que le Cucurbitain dirigea vers la goutte de 55 lait. Frappé d'un fpedacle Ci nouveau & fi 5 5 imprévu 5 j'appellai en témoignage Mr. le 5, Dodeur Herrensghwands qui étoit pré- 5, fent à l'obfervation , & qui m'affura qu'il 55 voyoie la même chofe que moi : mais dans 55 le même inftant , foit que mon haleine eût 5, trop agi fur le Ver , foit qu'il eût commencé 5, à fe refroidir 5 il retira fur le champ fa trom- 5, pe dans le tubercule , & tout revint dans le 35 preiîiier état "- Voila donc un nouveau trait de reffemblance entre les deux efpeces de Taenia ; car l'obfer- vation de Mr. Kônig eft Ci bien conftatée , qu'on ne fauroit douter que le Taenia à anneaux longs ne poffede des fuqoirs femblables à ceux du Taenia à anneaux courts. Les Naturaliftes qui répéteront cette obfervation parviendront peut^ être à voir le jeu de ces fortes de trompes 5 ou au moins à juger de leur effet. Ces petits eftomacs que je nonimois les faa ovales SUE. LE TMKIA, âfg Pvfiles. ou les corps en manière de fleurs , (^ PL IILfig. 7 gg-» pp P-) ont aufii beaucoup exerce Pattention de Mr. Butini. Il les a nommés des lohes ou des /^ïcj, & les a très bien vus. I! a même fait fur ce fujet une petite expérience, dont je ne m'étois point avifé. En preffant avec l'ongle un des grands lobes , ( Fig. 7 y g.) il a vu la matière qu'il contenoic refluer dans le grand lobe eorrefpondant , mais il ne l'a jamais vu paiTer dans les petits lobes ppp- Il femble donc que les deux grands lobes communiquent l'un avec l'autre , & non avec les petits. En continuant k prefîîon , il a vu la matière contenue dans les grands lobes fortir par le pe- tit ftigmate, (Fig. ii./. ) & fe répandre fur la furface de l'anneau. Examinée à l'aide d'une bonne loupe , cette matière lui a paru compo- fée d'une multitude de véiicules brunes , fort luifantes. Ces véficules s'arrangeoient les unes auprès des autres comme des fphérules , & fort rarement les unes fur les autres. Souvent ou obfervoit une ou plufieurs de ces fphérules qui s'arrètoient à l'orifice du ftigmate. Pour s'alTurer mieux encore de la communi- cation des grands lobes g g avec .le petit ftigmate i, rObfervateur a eu recours à une expérience Torne X Z 3T4 SUPFLÉMEKT ingénieufc. Il a introduit un crin dans ce petîè frigmate, & il a très bien reconnu que Fextré- niité du crin pénétroit dans Tun ou l'autre des grands lobes , fuivant qu'il le dirigeoit à droite ou à gauche. Mais q'a toujours été en vain qu'il a tenté de l'introduire dans les petits facs ppp' L'Observateur a elfayé enfuite de faire péné- trer fon crin dans le principal ftigmate *, ( PL III. Vig. ir. /. ) & il a été d'autant plus furpris de n'y pouvoir réufîîr , que ce ftigmate a un orifice bien plus grand que l'autre. Mais ayant lu mon fécond Ecrit fur le Txnia , publié dans le Journal de Fhyjjqiie , Avril 1 777 , fa furprifc- a cefle, & il a compris que le fuçoir logé dans ce ftigmate , s'oppofoit à l'intromiilîon du crin. Alors il a cherché lui-même à voir ce fuqoir, 8c il Ta très-bien obfervé dans plufieurs an- neaux. Toutes les obfervations que je viens de rapporter , avoient été faites fur des anneaux frais : notre jeune Naturalifte les a enfuite ré- pétées fur des anneaux delTéchés & vus à la loupe & au microfcope. Les grands lobes ou facs lui ont paru for- S^VR LÉ TMKIA, 3ff îîiés d'un réfeau à mailles rondes , dont Pinte- rieur étoit coloré , mais moins que le filament qui les bordoit. Ce rézeau a une certaine épaif- feur, & reflemble plus à une éponge qu'à un fimple rézeau. En un mot , il paroit un vrai tiiTu cellulaire , & chaque fac femble être un amas de cellules fphériques , liées entr'elles pat des fiîamens qui fe croifent. Il en va de même des petits facs , & la grandeur des cellules paroît la même dans tous. Notre Naturalifte croyant s'être bien alTuré que ce que j'avois pris pour une véritable bou- che n'en eft point une, recherche quelle eft donc la partie au moyen de laquelle le Ver tire fa nourriture , & cel'e par laquelle il en rejette le réfidu. Il croit que le ftigmate à fuqoir Q Fh 111. Fig. II. s.) fait la fondion de bouche, & que le petit ftigmate placé au deiTus ^0 fait la fonction d'anus. Il infère encore de la communication de petit ftigmate avec les grands facs, {gg) que ces derniers font les gros inteftins , & que \à liqueur purpurine ou d'un brun noirâtre qu'ils contiennent , n'eft autre chofe que les excré- mens du Ver. Ceft donc , félon lui , le fuçoir qui pompe le chyle de nos inteftins^ &il juger Z 2 3f^ SUPPLÉMENT que cette liqueur nourricière eft portée dansleâ petits facs ( PL HL fig. 7- PPP- ) par un con- duit que nous ne connoilFuns pas encore. Il compare aitifi ces petits facs aux premiers in- telHns. " Ils paroiirent blanchâtres , dit-il , parce qu'ils ne contiennent que du chyle. Ce chyle s'y digère , & paflant fucceinve- „ ment de l'un à l'autre, il arrive enfin dans 3, les grands facs. Alors ce n'eft plus du chyle, mais ce font des excrémens qui fe dégorgene 3, par le petit lligmate ". Le Ledeur éclairé comprend aifez qu'il ne fiudroit pas trop prefTcr ces comparaifons entre les organes de la nutri- tion du Txnia & ceux des grands Animaux* La diftance qui les fépare eft immenfe. Dans la vue de découvrir la communication fecrete qui doit exifter entre tous les anneaux, Mr. BuTiNi a imaginé de les plonger dans des liqueurs différemment colorées. La teinture du bois de Bréfil » celle du bois d'Inde , l'encre &c. ont fervi à cet eifai. Tantôt les anneaux ont été plongés fraii dans ces différentes teintures, tantôt ils n'y ont été plongés qu'après avoir été macérés dans l'eau ou dans une liqueur alkaline. L'ingénieux Obfervateur affure : „ que les ré- „ fultats de cette expérience n'ont jamais varié; ^ & qu'il a toujours trouvé que les portions SUR LE T^NIA, 357 ?i plus DU moins longues de Taenia, qui avoient 3, été plongées dans la teinture, étoient uni* „ formément colorées dans toute leur lubftance "• Il en infère, que s'il y avoit quelque vailîeau un peu confidérable dans la fubllance des an- neaux , ce vailFeau fe feroit rempli de la tein- tore & feroit devenu vifible , & qu'il auroit au le devenir pareillement quand toutes les parties voifines venant à fe colorer, il auroit tonfervé feul fa couleur naturelle. Mais , peut-on tirer une conféquence un pea probable d'une pareille expérience , exécutée fur des portions de Txnia qui n'avoient plus de Vie, & qui même avoient été macérés dans Fcau ou dans une liqueur alkaline ? Ces fragmens dont la fubftance eft très-molle , s'étoient impré- gnés d€ la teinture, comme fauroit fait une éponge. D'ailleurs ce vaiifeau de communica- tion que cherchoit Mr. BuTiNi , avoit été dé- montré il y a long-tems dans le Taenia à an- neaux longs , par le célèbre Winslow, qui étoit parvenu à l'injecler. J'en avois parlé dans ma jL>iJfertation (0- Nous l'avons très bien vu aufïi , Mr. de Saussure & moi , dans plufîeurs anneaux de ce T3enia ( PL III. fig. ly.vvv v. ). Je Pavois «ncore découvert autrefois dans le Taenia à (5) O.^iwres, Tom. III, pag. 76. 3f? SUPPLÉMENT anneaux courts , & l'illuftre le Clerc Py avoit 3pperçu avant moi (6). Je tiens donc pour très-certain , qu'il y a une communication entre tous les anneaux du Tsenia , & qu'ils ne compofent enfemble qu'un même Tout. Mais je regarde en même temps comme très-probable , qu'ils peuvent vivre ié- parement les uns des autres , faire de nouveL les produclions & reproduire ainfi un nouveau Txnia. Après s'être autant occupé de la tête & des organes de la nutrition , Mr. Butini a porté fes regards fur les petits grains dont l'intérieur du Txnia ed parfemé. Il les a obfervés dans des anneaux frais , foit par réflexion foit par tranfparence j ils lui ont paru de figure ellypti- que. Il a cru même reconnoître que le grand axe étoit parallèle à la longueur de l'anneau. H les regarde comme des glandules, 11 a très-bien remarqué que ces grains font en beaucoup plus grand nombre vers les bords de l'anneau, que; par- tout ailleurs , qu'ils y font très ferrés les uns près des autres î mais que leur nombre dimi^ nue graduellement, à mefure qu ils approchent ^u milieu de l'anneau ou des inteftins. J'avois^ C dit-il , fur le Taenia qui 3, eft ovipares & on va aduellement imprimer 5, en Allemagne , les réfultats de mes obferva« 5, tions fur cet Animal fîngulier , qui a trompe ^, tous les Phyficiens. Ce Traité contient , outre 3, les defcriptions de plufieurs Efpeces de Taenia , 55 des obfervations fur leur nature , origine , 5, multiplication & reprodudlion , & femblc 5, renverfer l'opinion généralement reçue, que les 5, Hommes & les Quadrupèdes avalent desTaenia, 55 en buvant de l'eau & en mangeant des Poif- SUR LE TJERIA 37s 5j fous ", Je n'ai pu lire encore l'ouvrage dont: parle ici Mr. Muller ; mais je ne doute point qu'il n'ajoute beaucoup à l'hiftoire du Txnia. Les talens & la fagacité de cet Obfervateur célèbre me font connus , & l'Hiftoire natu- relle lui eft redevable de bien des découvertes. Nous avons vu dans la Lettre de Mr. Goeze , des Taenia, logés hors du canal inteftinal : cet exemple n'eft pas le feul qui nous foit connu. On en trouve d'autres dans un Mémoire de Mr. Marigues , Chirurgien-Major de l'Infir- merie Royale de Verfailles , de l'Académie de Chirurgie de Paris , publié dans le Journal dç Fhyfiqîie , de Septembre 1778. Il nous apprend qu'on a rencontré plufieurs Lapins qui nour- riflbient des Taenia, & chez lefquels, ces Vers fe trouvoient logés entre le canal inteftinal & la face interne du péritoine. Ils étoient vivans ; mais déjà très-aifoiblis , lorfque l'Obfervateur les examina , & ils ne confervoient plus qu'un léger mouvement , qui n'étoit point progrefTif , mais qui étoit feulement ondulatoire. Ils étoient blancs , longs de Cix à fept pouces , très-plats & minces dans toute leur étendue , mais inégalement larges dans diiférens points de leur longueur. Près de la tète , leur largeur étoit d'environ ^ quatre lignes j & près de la queue , elle n'étoit Aa $ 374 SUPPLÉMENT, ^c: que d'une ligne. Cette tête étoit de forme trian^ gulaire & auffi appîatie que le corps , ^ fin extrémité, ok le fuçoir , oit la bouche paroijfiit f lacée , étoit terminée par un angle très-aigu. Les anneaux du corps étoient beaucoup plus ferrés ou rapprochés , qu'ils ne le font dans les Tsenia de l'Homme. L'Auteur parle d'un autre T^nia de Lapin, long d'environ un pied, qu'il avoit obfervé dans les fciifures du foie , & qui entourait ce vifiere m dijféreîîs fins, com?ne Pauroit fait un ruban qtCon y auroit mis à âejfein. Ce Tsenia n'adhéroit à aucun point du foie & l'on pouvoit facilement introduire dans l'entre-deux un fil , pour dé- tacher le Ver. Ce Ver étoit mort, & il fut bien prouvé qu'il n'avoit caufé aucune léfion au vif- cere ni aux parties voifines. Le Lapin étoit fort gras, & ne paroiifoit point avoir fouifert du féjour de fon Hôte. L'eftomac & les inteftins ayant été ouverts , l'Obfervateur n'y trouva point de Taenia. Il recherche enfuite comment des Tsenia peuvent fe trouver logés hors du canal inteftinal 5 mais ce qu'il dit là - deiTus n'efl gue purement conjedurel. le 11 4' Octobre, 1780, ( 37^ ) PROPOSITIONS SUR LES COULEURS 1>£5 CORPS, 'Au fujet du Mémoire de Mr. OPOIX, publié dans le Journal de Phyfique , du mois d'Août 1776. î^OJ^- PREMIERE PARTIE. j E prie qu'on veuille fuivre renchaînement de ces propofitions. J'en refTerre le nombre le plus qu'il m'eft pofîible. C I ) tt Je compofai la ^première .'Partie de ce petit Ecri^ immédiatement après avoir lu le Mémoire de Mr. Opgix, Maître Apothicaire à Provins , intitulé , O^fervations fhyjïcom shymiques fur les couleurs , lues à V Académie Royale des Sciences l'cir Mr. MACQ.UEB. Le nom fi juftement célèbre de Mr. Aa 4 §7^ SUR LES COULEURS 1. Puisque les corps ne font vifibles que par- la lumière qu'ils nous rcfléchifTent , il s'en fuit ; que les couleurs ne font dans les corps qu'une certaine difpofition des plus petites parties de leur furface. 2. En modifiant la furface des corps , nous changeons leurs couleurs : & l'Aveugle-né , qui diftingue les couleurs au toucher , confirmeroit cette vérité , s'il en étoit befoin. 5. Les couleurs des corps font donc une cer- taine modification de la lumière qu'ils nous ré- fléchilfent. 4. Mais la couleur des corps n'efl: pas unifor- îîje. La difpofition des plus petites parties de îeur furface ne l'eft donc pas non plus. Diifé-. MACQ.UER fnffifoit bien affurément pour m'engager à m'occu- per de ce Mémoire; & je ne doutai point que puifqii'il l'avoiè jugé digne «l'être préfenté à I'Acade'mie Royale des Scien- ces de Paris , il de voit contenir des chofe? qui méritoient i'atteMtion de cette favante Compagnie. J'y trouvai, en effet, des points de vue intérefTans & nouveaux , qui me firent naître quelques réflexions que je ralTemblai en peu de mots dans l'Ecrit Que je reproduis ici , & qui avoit déjà été publié dans le Jo«r-' nal de Ph'^quù j Juillet 1777, fous le nom A\m Jïmple Amateur de h Phyfique , qui étoit la feule qualité que je pouvois prendre ^Î3 îraU^nt d'iin* d^s matières les plus difBciîss de la Phyfif|u^. DES CORPS, 377 rens corps modifient donc différemment la lu- mière qui les éclaire , & qu'ils réfléchiiTent. 5. Cette conféquence eft néceffairej car diffe- rens corps peuvent tous être éclairés uniformé- ment par la lumière. 6. Si les furfaces des corps modifient diffé- remment la lumière , il faut que ce foit de l'une ou de l'autre de ces deux manières : ou en mo- difiant les élémens ou les parties intégrantes de la lumière , ou en décompofant la lumière par une réparation de fes élémens. 7. Les expériences Newtoniennes démontrent que la lumière eft un fluide très-fubtil & très- hétérogène , & qu'un rayon folaire eft réeUe- ment compofé de fept rayons qui portent chacun une couleur invariable. 8. Les mêmes expériences prouvent que les couleurs primitives ont chacune leur degré de refrangibilité propre. 9. Le prifme manifefte ces propriétés de la lumière : il en fépare Igs rayons ; il la décom- pofe, 378 SUR LES COULEURS 10. La lumière n'eft donc modifiable que par la réparation de les élémens. Leur parfaite réu- nion produit le blanc : leur entière abforbtion produit le noir. 11. Si donc les corps modifient la lumière & la réfléchiflent modifiée , \ il faut que les pe- tites parties de leur furface foient des efpeces de très-petits prifmes différemment inclinés (9). 12. Mais il eft encore prouvé par l'Optique Newtonienue, que le plus ou le moins "d'épaif- feur des furfaces réfringentes contribue à réflé- chir telle out elle couleur. 13. Les plus petites parties de la furface des corps 5 leurs lamelles font donc d'inégale épaif- feur dans les furfaces qui réfléchilTent des cou- leurs différenteg. 14. Mais, des expériences chymiques (2) prouvent en même temps , que l'état adiiel du fhlogijîîqiie des corps détermine leur couleur : que là où il eft le plus denfe, les corps font noirs , que là où il eft le plus rare , les corps font rouges; & que les dégrés intermédiaires de denfité du phlogiftique donnent les couleurs ( 2 ) Coiîfultez le Mémoire de Mr. Opoix. DES CORPS, 379 intermédiaires prifmatiques. Enfin , les mêmes expériences prouvent ( 3 j : que les corps dont le phlogiftique eft nul ou très-mafqués , font blancs. i^. Il faut donc que le phlogiftique ait la propriété de modifier la lumière ; puifque fui- vant qu'il eft plus ou moins abondant dans les corps , ils réfléchiflent des couleurs plus ou moins baffes, ï6. Il eft affez reconnu aujourd'hui que le phlogiftique n'eft que le feu élémentaire com- biné avec un corps que nous ne pouvons encore déterminer exactement. Mais ce qui n'eft point douteux 5 c'eft que le phlogiftique s'incorpore aux corps comme principe, 17. Et puifqu'il modifie différemment la lu- mière en raifon de fa denfité , il faut, ce fem- ble , qu'il produife des lamelles différentes ou de différente épaiffcur, fuivantfon degré de den- fité. (il, 12, 13). 18. Et comme les élémens agilfent les uns ( 3 ) On fiippofe ici , comme l'on voit , la vérité des réful- tits lie ces expériences, & on ne raifonne que d'après ces ré- ^liltits admis pour vrais. 380 SUR LES COULEURS fur les autres , dans un rapport à leurs affinités , le phlogiftique eft d'autant plus propre à mo- difier la lumière , qu'il a plus d'affinité avec elle. 19. Il faudroit donc inftituer de nouvelles expériences d'Optique , dans un rapport direél ù cette nouvelle Théorie. On fait que la réfrac- tion de la lumière ell plus grande dans les fubf- tances inflammables , que dans celles qui ne le font pas. Cela même démontre l'affinité de la lumière avec le phlogiftique ; puifque la réfrac- tion dépend eflentiellement de l'attradiiun. 20. Si donc les corps qui réfléchilTent les cou- leurs les plus baffes , eomme l'indigo & le vio- let , font des plus abondans en phlogiftique , il faudroit éprouver fî la réfradion de la lumière feroit plus grande proportionnellement dans à^s fubftances inflammables , qui auroient ces cou- leurs. 21. En conféquence de l'incorporation du phlogiftique dans les lamelles de la furface des corps, il eft nécelfaire que lorfqu'il les aban- donne , elles fubiifent des changemens plus ou moins confidérables , toujours proportionnels à la quantité de phlogiftique qui a été enlevé : €ar les parties conftituantes des lamelles ne faij- DES C 0 R :^ S. ggt roient clianger, ou leur nombre diminuer ou augmenter, que les lamelles elles-mêmes ne foiene plus ou moins modifiées. 22. D'une modification quelconque des larrieî- îes doit réfulter un changement dans la couleur qu'elles réfléchilTent , car ce n'eft que par le nom- bre, l'arrangement & la pofîtion refpedive de leurs élémens , que les lamelles modifient la lu- mière. 23. On conçoit fans peine; que les lamelles qui abondent le plus en phlogiftique ne doivent pas être précifément femblables à celles où il abonde le moins ,* & que conféquemment elles ne doivent pas agir fur la lumière précifément de la même manière. ( 11 , 12 , 13 , 22). 24. Mais d'où vient qu'à une quantité donnée de phlogiftique répond une certaine couleur ? D'où vient , par exemple , que les corps où le phlogiftique eft le plus denfe font noirs , & que ceux où il eft le plus rare font rouges? C'eft fur quoi les principes que nous venons de pofer ne nous éclairent pas encore. On voit bien que les corps où le phlogiftique abonde le plus , doi- vent attirer plus fortement la lumière & la re- tenir. Il ne la réfléchilTent donc pas. Il paroiffent asz SVR LES COULEURS donc noirs. Mais pourquoi , lorfque le plilogit tique eft tant foit peu hioins abondant dans uit corps , réfléchit-il la couleur violette ? Et pour- quoi lorfqu'il eft le plus rare , le corps réfléchit- il la couleur rouge ? Qiie deviennent dans tous ces cas les rayons qui ne fone pas réfléchis ? 2^. Enfin, on peut demander, fi la fimple diffémination du phlogiftique dans les interftices des lamelles , peut fuffire à opérer la coloration , ou fi elle exige fon incorporation à ces la- melles ? ( 17 ). SECONDE PARTIE. JL/Ans un fécond Mémoire, (4) Mr. OPOIX a elFayé de réfoudre les queftions du paragraphe 24, Ce n'eft point à un fimple Amateur, qu'il appartient de prononcer fur le mérite de ces folutions : il doit en abandonner le jugement aux Maîtres de la fcience. Il fe borne donc à inviter cet ingénieux Chimifte à remanier cette ( 4 ) Journal de Phyjique , Septembre I77(>. Ohfervatîons fhyjico-chymiques fur les couleurs , lues à VAcaAémie Royale des Sciences^ far Mr. MACQ.UER, pur Mr. OPOiX , M<^ityf -Jpotbicaire à Provins . » DES CORPS. 3S3 belle matière, lî digne des plus profondes re- cherches des Scrutateurs de la Nature. Il feroit flatté fi la manière & les idées de ce petit Ecrit , ne lui étoient pas inutiles dans fou lîouveau travail. Beaucoup de netteté , de pré- cifîon & d'enchaînement , feroient extrêmement à defirer dans des difcullîons de la nature de celles-ci. L'Efprit du Ledeur auroit moins à faire ; Se il jugeroit plus £icilement des principes & de leurs confequences. Il appercevroit mieux fur- tout (i les confequences font immédiates ou médiates 5 fî la chaîne eft par-tout continue , ou Cl elle eft qà & là interrompue. Nous n'alions à la découverte des caafes , que par une analyfe bien faite des effets 5 & ce que nous nommons caufe y n'eft encore qu'un eifet ou plutôt un phénomène plus général ; car la vraie caufe nous demeure voilée i & toutes nos théories de caufes ne font jamais que des théories d'eifets. Une même chaîne lie tous ces eilets, & dans le premier anneau de cette chaîne , eft feifet ou le phénomène le plus général. On fouliaiteroit donc, que conformément à fes idées d'analyfe, Mr. Opoix voulut prendre la peine de raifembler dans une fuite de propo- fitions claires & précifes , la fomme des vérités ou des probabihtés cgntenues dans fon fécond 384 SUE LES COtILEVKS Mémoire. En les rapprochant ainfi les une^ des autres , & en les fubordonnant les unes aux autres, dans l'ordre de leur dépendance, plus ou moins immédiate , il jugeroit d'autant mieux de la foliditéj de fes raifonnemens ou de feâ afTertions , que la fuite des propofitions feroit moins nombreufe , & qu'elles feroient énon- cées en termes plus clairs , plus précis & plus appropriés. C'eft , fans contredit , la meilleure manière de découvrir s'il ne s'eft point glilfé d'erreur ou de méprife dans les raifonnemens ou dans les conféquences qu'on a tirées des faits-. Une pareille analyfe cil le creufet qui fépars l'or de l'alliage. On attendra donc pour juger de la théoriî de Mr. Opoix , qu'il l'ait remaniée , & pour ainfi dire concentrée dans le plus petit efpace pofîible. Il a dans fon génie la lentille qui peut opérer cette concentration. On n'ajoutera donc ici qu'un mot fur une aifertion très-remarquable de l'habile Chymifte. „ La lumière , ( f ) dit- 3, il , contiendroit donc elle-même une matière 3, inflammable , un vrai phlogiftique , le principe 3, de fes coukurs. C'eft en entrant dans l'athmof- 55 phere des corps terreftrcs , que la lumière 'aura 3, trouvé & dilîous cette fubftance étrangère à ( j) Journ, ds Fhyf. Septembre 1775, psg. 190. „ fon 1} E s CORPS. â8î éj fon efleiice. Cette matière colorante , quoique 3, compofée de la partie la plus fubtile des éma- j, nations des corps , n'eft pas toute de la même 5, ténuité ; c'eft ce qui eonftitue les différentes 3, couleurs de la lumière. Chaque nuance fe „ fépare de la maiTe totale pour s'attacher fur ,5 le corps dont le phlogiftique lui efi: plus „ analogue (6) ". On demande à Mr. OpoiX , s'il croiroit donc , que les expériences Newto- niennes fur la lumière , ne donneroient pas fur le fommet des plus hautes montagnes, les mêmes réfultats elfentiels que dans les plus profondes vallées ? Il paroîc cependant , que cela ne devroit pas être. Ci fon alfertion eft vraie ; puifque la lumière qui traverfe une plus grande épailfeur de Tathmofphere , doit j félon lui 5 fe charger d'une plus grande quantité de particules étrangères à fou ejfence. On ne craindroit pas néanmoins de prédire , que fi Fon faifoit fur le plus haut pic des Cordelières les expériences du prifme , on auroit les mêmes réfultats que l'immortel Anatomifte ds (4) Mr. Opoix dit encore en terminant fon Mémoire: ,, les couleurs dont la lumière eft chargée , n'entrent poiot „ dans fa conilitution primitive,- ce font les émanations les ,j plus pures & les plus fubtiles des corps, que la lumière „ fimple a dififoutes , & s'eft affimilées eu entrant dans l'a^* ,7 mofphere ". Tonu X B fe SÎ6 SUR LES COULEURS h lumière. L'expérience mériteroit pourtant d'être tentée , & il feroit à defirer qu'on pût îa faire [7] On prie encore Mr. Opoix de réfléchir un peu profondément fur Timmuta- bilité confiante des couleurs prifmatiques , & fur les conditions que cette immutabilité fup- pofe. Il voudra bien examiner enfuite , û les clémens peuvent fe combiner immédiatement les uns avec les autres, fi nous avons quel- ques moyens de nous en alTurer , & fi la lu« iniere en particulier , en traverfant Pathmofphere des corps terrejîres , peut fe combiner immé- diatement avec la partie la plus fnhtile des èma^ nations des corps ? On feroit plus porté à em- bralfer à cet égard le fentiment du célèbre Baume [ SIî qui regarde les corps organifés comme le grand inftrument des combinaifons des élémens. Ce Chymifte , animé du feu de fon génie, a ouvert un vafte champ aux mé- ditations du Chymifte & du Phyficien, dans [7] Ne voît-on pas que les couleurs des corps porter fur les plus hautes montagnes ne cliang^ent point, & que celles des habits des Voyageurs qui les graviffent , ne fouf- frent aucune modification^ fenfible ? [8] Cbymie expérhnenfcile ^ raz/a?ifiée i T. I, pag. 119 St fuivaates, à P*ris , 177J. DES CORPS. 3S7 fcs profondes vues fur Porganifation du Globe [9]. Mais peut-être ne faifit-on pas bien la penfée de Mr. Opoix : on la faifira mieux, fans doute, s'il remanie fon fujct dans un troi- fieme Mémoire. On ne veut que l'encourager & lui applaudir , & point du tout le critiquer. Le genre de fes recherches , & la nouveauté de fes vues , doivent lui mériter la reconnoif- fance & les encouragemens des Amis de la Nature. On exhorte fur-tout Mr. Opoix à bien fixer le fens des expreflions , & à déterminer chaqu'idée de la manière la plus précife. Il dit, par exemple, pag. 19^ : il ne fiiffit pas qti'un corps contienne du pblogijiique pour être coloré des couleurs de la lumière y il faut encore que ce pblogijiique , quoique faifant partie de ce corps , piijfe en conferver un certain rapport avec la lumière , pour en détourner & attirer à lui le rayon coloré avec lequel il a le plus d\malogie, Ainfi , la cire , qui originairemejit eji jaune , ne doit cette couleur qu'à une portion de phlogif- tique 5 qui , quoiqu'unie à la cire , conferve encore affez d'aclion fur la lumière , pour attirer le rayon jaune. Mais , Çi la cire attire le rayon [9] Ibii, T, II{, png. 305 & fuivanter. Bb Z $88 SUR LES COULEURS jaune, elle ne le repoulFe ou ne le réfléchitî donc pas j & û elle ne le réfléchit pas 3 eom- jnent peut-elle nous paroître jaune F Il y a bien des années qu'on croit, comms Mr. Oooix , pag. 192, & peut-être fur de meilleurs fondemens encore j que la lumière cfi; le principal agent de la coloration des Plantes , quoiqu'on falTe profeiîion d'ignorer profondément com,ment la lumière opère cette coloration. Notre ingénieux Chymifte ne nous l'apprend pas j il ne nous dit pas pourquoi la lu^ miere teint les Plantes en verd , & non en bleu ou en violet. Mais non-feulement l'abfence conti- nuelle de la lumière prive les Plantes de leur cou? leur naturelle j elle eft encore accompagnée d'un changement non moins remarquable dans leur port ou dans les proportions des parties. Les Plantes qu'on élevé dans une parfaite obfcu- îicé , s'aîongent avec excès 5 elles s^ étiolent , comme parlent les Jardiniers 5 & on ne dé- couvre pas mieux le rapport de Vétiolement avec la privation de lumière , que celui du changement de couleur avec cette même pri- vation. Ce- double phénomène, fi commun, eit plus difficile à approfondir qu'on ne penfe. Mr. Opoïx avance à cette occafion , que la inmiere faturéc de la terre des corps , efi If DES CORPS 389 fhlogifiîque des Chymifles. On lui demande donc , auquel nou$ devons cette expérience (10 ). On penfe encore avec Mr. Opoix, que la lumière entre comme principe dans la compo- fition des corps organifés, & en particulier lies végétaux : on l'avoit dit , il y a plufieurs années, & on avoit indiqué quelques vues fur la manière dont s'opère fon incorporation dans les folides organifés. Cio)tf Le favant & ingénieux Mr. Senebier, croife néanmoins s'être bien afTuré qu'un air phlogiftiqué dans un eertain degré, prévient l'étiolement. Il s'eft beaucoup occupé de ce fujet, & l'a approfondi par des expériences curieufçs & variées. TABLE DJ?^ ÉCRITS D'HISTOIRE NATURELLE, Contenus dam ce dixième Tome. Iv JLÉMOIRE fur les Germes , ^ en particulier fur la manière dont on peut concevoir qu^ ils font nourris & qu'ils croiffent , dans Phypothefe de Vemboitement. page I Lettre à Mr. PAhbé Rozier , fur la manière de conferver diverfes Efpeces d'Infe&es & de Poiffons,&c. i§ Sur le bel azur\ dont les Champignons fe colorent à Pair. 24 Sur les changemens de couleurs de divers corps , par ra&ion de Pair ou de la lumière, 27 Addition à la Lettre précédente, 39 Idées fur la fécondation des Plantes, 37 Explication des Figures de la Flajtche I. 92 Lettre â Mr. Valmont de Bomare , fur une fmgularité de la Sangfue. 94 TABLE. 39t Ire Lettre à Mr, Wilhelmi, aufujet de la dê^ couverte de Mr. ScHlRACH,/î(r les Abeilles, 9^ IL^e Lettre à Mr. Wilhelmi , fur le même fujet. loz let Mem 0 1 KE fur les Abeilles, où Pon rend compte de la découverte de Mr, ScHiRACH. 107 W MÉMOIRE fur les Abeilles , ou fuite de Pex~ pofé des découvertes de Luface, 149 in^e MÉMOIRE fur les Abeilles , oh Von donne un précis des obfervations faites fur ces Mouches^ par Mr. RiEM. 174 lyme MÉMOIRE fiir les Abeilles^ ou fuite des obfervations de Mr. Rie M. 19^ V«*^ MÉMOIRE yî^r les Abeilles, où Pon revient aux expériences de Luface , ^ où Pon expofe quelques obfervations de PAuteur fur ces Mouches, 227 Obfervation F^, fur la ponte de la Reine^ Abeille. 2^7 Obfervation 11*^^ , jiiy la fécondation des œufs. 2^9 Obfervation Illme , fur le prétendu majfa cre des Faux-bourdons. 2 4 Obfervation IV"^^ , Variétés ^ irrégularités dar.s le travail des Abeilles. 5^67 59S T A B L E. Obfervation V"^^ , Procédé remarquable da Abeilles. 2?î Obfervation VI'"^ fur remploi que les Abeilles favent faire de la cire des gâteaux, 1"]^ Nouvelles Recherches fur la JlruBure du Tdinia, 28^ introdudlion, ibid, pe ? \RT1E , fur le T^nia â anneaux courts, 287 Il^^e Partie , fur le T^nia à anneaux longs. 313 Explication des Figures, 33^ Supplément aux -nouvelles recherches fur la Jiru&ure du Tmia. 358 Propositions & Demandes fur les Couleurs des Corps, au fujet du Mémoire de Mr. Opoix, ^c. 37c Fin de la Table» I