*2iir :iHH-5 H.\S ^^^^ WVU - Médical Center LIbrary Locked Cage QH 45 B64o cl v.l5 WVMJ Oeuvres d'histoire naturelle et de / Bonnet, Char 0802 000023936 4 AY 3 11955 '^ tC/UL OLD BOOKS b6^o V.15 1783 Dû fiQT CIRGME Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation http://www.arcliive.org/details/oeuvresdhistoire15bonn COLLECTION COMPLETE DES ŒUVRES BE CHARLES BONNET. TOME QUINZIEME. A l«^v^ * Œ U V R^E s D' H I s T O I R E NATURELLE; E T lyE jpjsrxx os o :p:jb: X K DE CHARLES BONNET. De V Académie Koyae des Sciences de l'aris ,• de TA* cadémie Impériale Léopoldine & de celle de St. l'é^ tersbourg ,• des Sociétés Koyaks de I ondres , de Mont'* pellier , de Gottingue^ ^ de celle de Médecine de faris; des Académies Royales des Sciences de Lyon , de Stockholm , de Coppenhague ,• Honoraire de celle des Beaux- Art s de la même Ville ,♦ des Académies de rinjl titut des Sciences de Bologne , de Padoue^ de Harlem , de Munich^ de Sienne^ de Caffel^ ^ de celle des Curieux de la 2^ature de Berlin, TOME Q.UINZIEME. La PalingÉnésie philosophk^ue, J^art.l-^XL fi^ '- ^^^:^ : ncâ A NEVCHATEL, Chez Samuel FAUCHE, Père & Fils, Imprimeurs & Libraires du ROL — ■■ ' ■— *g M. DCC. LXXXIII. #:: BÙ9o ( I ) SUR CETTE NOUVELLE E'DITION. L /^ Palingénéfie Philofophique parut pour la prejfiiere fois à Genève au Printems de 17^9. On en fit une féconde E'dition en 1770, ê? la mèî^e année f en détachai les Recherches fur les Preuves du Chriftia- liifme pour les imprimer à part ê? tes mettre un peu plus à la portée de la plupart des teneurs. Dans cette vue je leur donnai une autre forme , je les divifai par Chapitres', & fy joignis des Notes qui éclairciffoient ou développoient divers endroits du Texte. J'y ajoutai e?iCore un nouveau Chapitre où j'cxpofois en raccourci ma ?72aniere de phi-' Tome XF. a Il AVERTISSEMENT. lofopher fur les Miracles & fur le TémoU gnage. En 1771 mon Libraire de Genève ayant fait une féconde E'dition de ces Re- cherches, je profitai de cette occafion pour y ajouter un autre Chapitre fur les Freuves de tExiflcnce de Dieu , que je n'avois qu'ef- fieurées dans les Editions précédentes , Êf que la haute importance du Sujet exigeoit que je développajfe dans le rapport au but principal de l'Ouvrage. Appelle en i y ^2 à revoir & à perfeltion- ner cette PaUngénéfîe qui devoît faire partie de la Colle&ion générale de mes Oeuvres, je ne pouvois 7)ie difp enfer dy faire rentrer les Recherches fur le Chriftianifme que fen avois détachées en 1770. Mais , parce que favois divifé ces Recherches par Chapitres pour mettre plus de dijïinôiion dans les Sujets, j'ai cru que je devois en ufer de 7nême à t égard des autres Parties de la PalingénéOe. L^s Titres pariicidlers que rai placés à !a AVERTISSEMENT iit tête de chaque Chapitre feront mieux faillir ma marche & la génération naturelle de mes idées fur chaque Sujet. J'ai ajouté qà Sf là différentes Notes mais je ne les ai pas fort inultipliées ; je me fuis borné à celles qui m'ont paru les plus ejfentielles ou les plus intéreffantes. On en trouvera une Indication à la fin de h Table générale. Les autres changemens que j'ai faits à t Ouvrage ne méritent pas d'être indiqués : je dirai feulement que fai fubftitué en un très-grand nombre d'endroits des caraBeres romains aux caraBeres italiques , qui avoient été beaucoup trop multipliés dans les pre^ mieres E'ditions. Si l'on veut bien relire cet E'crit fous fa nouvelle forme , avec un peu plus d'at- tention que n'en exige un Roman , je mi a ij ïv AVERTISSEMENT. flatte qn'on ne jugera pas qu'il ne foit que le fruit d'une Imagination qui fe plait à embellir les Objets ou à réalifer ce qu'elle defire , ^5? qu'en crayonnant la riche Ferf^ peSive que je voulois offrir aux regards du LeQeur éclaire , j'aie choqué cette Fbilo^ fophie de VEfprit & du Cœur dont fa^ "vois pofé l&s principes dans mes autres * Ecrits. le 3 de Février 178J. [v] JP :]EL Jâ F ^ C M. o / N trouvera à la tète de cette nouvelle Produdlion deux petits Ecrits qui avoient dé}a paru dans la Préface de ma Contemplation de la Nature : ce font ces Extraits raifoiinés que' j'ai moi-même faits de VEJJai analytique & des Confiâérations fur les Corps organifés. Il m'a paru que je devois les reproduire ici , parce qu'ils font propres à écîaircir divers endroits de ces Ouvrages & à faire mieux fentir la liaifon des Principes & l'enchaînement des conféquen- ccs. J'y ai ménagé des Titres particuliers qui manquoient à la Préface de la Contemplation , & qui étoient abfolument néceffaires pour met- tre plus de diftindion dans les fujets & les retracer plus fortement à rErprit, L'Égrit p fy chologique dont ces Extraits font immédiatement fifivis , eft tout neuf. Il elî: principalement deftiné à faciliter l'intelligence des principOB que j'ai^ expofés dans VEjfai ana* a iij VI P R r F A C E. îytiqne , à montrer rapplicatian de ces printî- pes aux cas particuliers , & à exercer rEnteii- demefît dans une recherche fi digne des plus profonde^ méditations de rEtrc'penfaait. Le Mor- ceau fur V Ajfociatioti des idées m'auroit fourni fecilement la matière d'un gros Livre. Je me fuis renfermé dans Tefpace étroit de quelques pages. Ma fanté Texigeoit. Le Ledeur intelli- gent faura développer mes idées & en tirer une multitude de conféquence» que je n'ai pas même indiquées. Si après qu'on aura un peu médite cet E'crit & \*Analyfs abrégée , on n'entend pas mieux mon Livre fur l'Ame ; Ç\ l'on fe méprend en- core fur mes principes & fur leur application , ce ne fera plus alfurément parce que je ne me ferai pas expliqué affez ni d'une manière aifez claire & aflez précife. Jamais peut - être aucun E'crivairl de Philofophie rationnelle ne s'étoit plus attaché que moi à mettre dans cette belle Partie de nos Connoiifances cette netteté , cette précifion , cet enchaînement dont elle ne fauroit fe paffer , & dont quelques Ouvrages célèbres font trop dépourvus. J'ai prié qu'on P R E' F A C E. vu voulût bien? comparer mon travail à celui des Auteurs qui m'ont précédé » & je le demande encore. Au refte; on juge aifément que depuis en- viron ving-fept ans que je ne ceiTe point de compofer pour le Public, j'ai eu des occalîons fréqfuentes de m'occuper de la meçhanique du ftyle en général & de celle du ftyle philorophi- que en particulier. J'ai donc médité fouvent fur les figncs de nos idées , fur l'emploi de ces fignes & fur les effets naturels de cet emploi. J'ai reconnu bientôt que ce fujet n'avoit point été cteufé ou anatomifé autant qu'il méritoit ds l'être, & qu'il a voit avec les principes de la Science pfychologique des liaifons fecretes que les meilleurs E'crivains de Rhétorique ne me paroifTent pas avQél^ apperçues. Je né me li- vrerai pas ici à cette intéreffante difcuffion : elle exigecoit des détails qui me jcteroient fort au-delà des bornes d'une Préface. UEJJai d'application de mes principes pfycho^ logiques eft avec les E'crits qui le précèdent, une forte d'Introdudion à la Falingénéfie phi-- a iv Tiïi P R E^ F A C E. lofophique. En commenqaiit à travailler à c^tte l\iliy}généfîe ^ j'étois bien éloigné de découvrir toute rétendue de la carrière qu'elle me feroit parcourir. Je ne rne propofois d'abord que d'appliquer aux Animaux une de ces idées pfy- ehologiques que je m'étois plu à développer en traitant de la Perfonnalité & de l'E'tat fu- tur de l'Homme: Eifai analy. Ch. xTxiv. In- fenfiblement le champ de ma vifion s'eft ag- grandi •. j'ai apperqu fur ma route une infinité de chofes intéreiTantes auxquelles je n'ai pu refufer un coup-d'œil , & ce coup-d'œil m'a découvert encore d'autres Objets. Enfin ^ après avoir marché quelque tems au milieu de cette Campagne riante & fertile, une Perfpedive plus valle & plus riche s'eft offerte à mes regards ; ikr quelle Perfpedive encore! celle de ce bonheur à venir que Dieu réferve dan s sa bonté à l'Homme mortel. J'ai donc été conduit par une marche auffi neuve que phiîofophique à m'occuper des fon- démens de ce bonheur ,• k parce qu'ils repofent pnucipûkmenc fur la Révélation, l'examen P R E' F A C E; IX logique de fes preuves eft devenu la partie ^a plus importante de mon travail. Je n'ai an- noncé qu'une Efquijfe : pouvois - je annoncer plus relativement à la grandeur du Sujet & à la médiocrité de mes connoiflances & de mes talens ? Ma principale attention dans cette Erqnifle a^ été de ne rien admettre d'eflentiel qu'on pût me contefter raifonnablement en bonne Philo, fophif. Je ne fuis donc parti que des faits les mieux confiâtes , & je n'en ai tiré que les ré- fultats les plus immédiats. Je n'ai parlé ni d'é- vidence ni de démonftration : mais , j'ai parlé de vraifemblances & de probabilités. Je n'ai fuppofé aucun incrédule : les mots à' Incrédule & à^incrédulité ne fe trouvent pas même dans toute cette EfquifTe. Les objedions de divers g'înres que j'ai difcutées font nées du tond de mon fujet, & je me les fws propofées à moi-même. Je n'ai point touché du tout à la Controverfe : j'ai voulu que mon EfquifTe pût être lue & goûtée par toutes les Société Chré- tiennes. Je me fuis abftenu févérement de trai- X P R F F A C E. ter le Dogme: je ne dcvois choquer aucune' Seûe: mais, je me fuis un p&a étendu fur lâ beauté de la Dodrine. Je n'ai pas approfondi également toutes les preuves ; mais , je les ai indiqué toutes , & je me fuis attaché par préférence à celle que foùrnifTent les Miracles. Les Ledeurs que j'ai eu fur - tout en vue Ibnt ceux qui doutent de bonne foi , qui ont tâché de s'éclairer & de fixer leurs doutes , de réfoudre les objedions & qui n'y font pas par- venus . Je ne pouvois ni ne devois m'adrefler k ceux dont le Cœur a corrompu rEfprit. Dans la multitude des chofes que j'ai eu à cxpofer , il s'en trouve beaucoup qui ne m'ap- partiennent point: comment aurois-je pu ne donner que dîa neuf dans une Matière qui eft traitée depuis feize fiecles par les plus grands Hommes & par les plus fivans E'crivains ? Je n'ai donc afpiré qu'à découvrir une méthode plus abrégée , plus fûre & plus philofophique de parvenir au grand but que je me propofois. PRE' FA CE. xi J*AI tâché d'enchaîner toutes mes propofi- tions fi étroitement les unes aux autres qu*elles ne lailTafTent entr'elles aucun vuide. Peut - être cet enchaînemeal: a-t-il été moins du à mes ciForts qu'à h nature de mon plan. Il étoit tel que je prévoyois afTez que mes idées s'en- chaîneroient d'elles-mêmes les unes aux autres, & que je n'aurois 'qu'à me laiffer conduire par le âl de la Méditation. On comprend que cette EfquifTe ne poifvoit être mile à la portée de tous les ordres de Le<^eurs. Je l'ai dit : je la deftinois à ceux qui doutent de bonne foi , & en général Je Peuple ne doute gueres. Une méthode & des principes un peu philofophiques ne font pas faits pour lui , & heureufcment il n^en a pas befoin. Qu'il me foit permis de le remarquer : la plu- part des Auteurs que j'ai lus, & j'en ai lu beaucoup , m'ont paru avoir deux défauts elTen- tiels : ils parlent fans ceiTe d'évidence & de démonflration , & ils apoftrophent à tout mo- xïi PREFACE: ment ceux qu'ils nomment Déïftes ou Incrc- (hiles. Il feroit mieux d^'annoncer moins j on infpireroit plus Ae confiance & on la mêrite- roit davantage. Il feroit mieux de n'apoftro- pher point les Inetédules: c^e font eux qu'on veut éclairer & perfuader; & l'on commence par les indifpofer. S'ils ne ménagent pas tou- jours les Chrétiens , ce n'eft pas une raifon pour les Chrétiens de ne pas les ménager tou- jours. Un autre défaut que j'ai apperçu dans pref- que tous les Auteurs que j'ai étudiés & mé« ditfc, eft qu'ils diflertent trop. Ils ne favent pas refferrer aflez leurs raifonnemsns j je vou- lois dire , les comprimer aflez. Ils les afFoiblif- fent en les dilatant, & donnent ainfi plus de prife aux objedions. Qiielqnefois même il leur arrive de mêler à des argumens folides de pe- tites réflexions hétérogènes qui les infirmrent. La paille & le chaume ne doivent pas entrer dans la conftrudion d'un Temple de marbre élevé à h vérité. Le defir de prouver beaucoup a porlé en- PREFACE. xiïi core divers Apologiftes , d'ailleurs très - eftima- bles, à donner à certaines confidérations une valeur qu'elles ne ponvoient recevoir en bonn« Logique. Je n'ai rien néglige pour éviter ces défauts : je ne me flatte pas d'y avoir toujours réuffi. Je pouvois peu : je ne fuis pas refté au-delfous du point où je pouvois atteindre. J'ai concentré dans ce grand Sujet toutes les puiffances de mon Ame. Je n'ai pas nombre les argumensj je les ai pefés , & à la balance d'une Logique cxade. J'ai fouhaité de répandre fur cette im- portante recherche tout l'intérêt dont elle étoit fufceptible & qu'on avoit trop négligé. J'ai ap- proprié mon ftyle aux divers Objets que j'a- vois à peindre ou plutôt les teintes de ces Ob- jets oiK; pafTé d'elles-mêmes dans mon ftyle. J'ai fenti & dsfiré de faire fentir. J'ai vifé à une extrême précifion , & en m'eftorqant d'y atteindre, fai fait en forte que la clarté n'eu fouffrit jamais. Je n'ai point affedé une érudi- tion qui ne me convenoit pas: il eft fi facile de paroître érudit & fi difficile de l'être î j'ai renvoyé aux Sources 5 on les connoît. xtr P R E» F A C E. Les vrais Philofophes me jugeront : fi y oh" tiens leur fufFrage , je le regarderai comm« une récompenfe glorieufe de mon travail : mais , il eft une récompenfe d'un plus haut prix à la- quelle j'afpire, & celle-ci eft indépendante du jugement des Hommes* A Genthod, le i^ de Mai 1769. à r K' (^nm':Tc: ANALYSE ABREGEE i) E ' L' E s s A I. Oh ton trouve quelques éclaîrciffemens fur les PRINCIPES PSTCHOLO^ GIGUES de Muteur. INTRODUCTION. j E reproduis ici cette efpece d'Analyfe de mdn Effai fur l'Arae , que j'avois inférée dans la Préface de la Contemlhtion delà Nature. Il nra paru qu'elle pourro.t aider mes Ledeurs à faiiir Tome XV. . A la fuite un peu longue de mes principes , êc qu'elle pourroit fervir de réponfe aux objec- tions & aux difficultés qu'on viendroit à tirer de ces principes. Tout eft ici plus rapproché, & quelques idées fondamentales y font un peu plus développées : mais, 'fy ai fupprimé bien des chofes qui, Ci j'avois voulu les développer aufli , auroicnt fait 4e cette forte d'Extrait un Volume en forme. Ce feroient les Auteurs eux-mêmes qui de- Vroient faire l'Extrait raifonné de leurs propres Ouvrages. Qiii peut mieux que l'Auteur lui- même tracer en racourci la marche de fon Efprit, fes principes & les conféquences qui en découlent le plus immédiatement ? Les Auteurs y perdroient , il eft vrai , les éloges que les Journ^tliftes leur prodiguent quelque- fois avec trop de complaifance : mais ils ga- gneroient d'être mieux lus , mieux entendus , mieux médités , & cet avantage eft plus réel. Je l'ai dit dans la Préface de la Contem" fîàtmi, " J'ai compofé cette Analyfe abrégée pour l'oppofer à celles qu'on trouve dans des ErJràits trop imparfaits de mon Livre , & i27TRODÏÏCfïOît, ~ 5 J pour faire mieux coiinoître la Logique donc 35 j'ai fait ufage dans ces recherches auffi dif, j, ficiles qu'intérelfantes. „ Il n'y avoit point de Titres particuliers dans cette Préface de la Contemplation : j'eil ai mis ici , parce qu'il m'a femblé qu'ils man- quoient à la diftindion des fujets. Il efl tou- jours bon de caradérifer les fujets 5 cela pré- pare le Ledeur à ce qu'il va lire & marque là route.  :* 4 A }^ A L T s E A B R E' G ^È ï. Frincipe fondamental de tout T Ouvrage. Les Sens , première Origine de nos idées. 3 E fuis parti d'un fait très - connu , très-cer- tain 5 & que perfonnene s'avifera de contefter; c'eft qu'un Aveugle -né n'acquerra jamais nos idées de lumière & de couleurs. ( i ) Son Ame a pourtant les mêmes Facultés que la nôtre : que lui manque - 1 - il donc pour avoir nos fcnfations vifuclles? l'Organe approprié à ces fenfations. Si cet Aveugle - ne étoit en même tems fourd- iié, s'il avoit encore été privé à fa naiffance du Toucher , du Goût , de l'Odorat , je de- mande quelles idées fon Ame pourroit ac- quérir? On me répondera apparemment , comme on Fa fait, qu'elle auroit au moins le fentiment de fon exiftence. Mais comment acquérons-nous (i) EJfai analytique. §. if. D s L'ESSAI A NA L m Q^U E. i k fentiment de notre propre exigence? n'eft- ce pas en réâéchiirant fur n©s propres ienfa- tions?ou du moins nos premières fenfatiofis ne font -elles pas. liées eiTenûellement à ce fen- timent qu'a toujours notre Ame que c'eft ella qui les éprouve, & ce fentiment e(l-Jl autre chofe que celui de fon exiftence ? mais une Ame qui n'auroit jamais fenti comment pour- roit-elle favoir qu'elle exiftei< Il ne feroit pas bon d'admettre ici un cer- tain fentiment confus de l'exiftence dont nous ne faurions nous former aucune idée ; il eft mieux , fans doute , de ne recevoir que des chofes claires & fur lefquelies on puiffe rai- fonncr. La penfée aduelle ne peut conltituer? î^eifence de l'Ame j ce qui la conftituerott au. moins en partie , feroit plutôt la Cogitabilité. La- Réflexion ^ féconde four ce de nos idées» J'ai donc fuppofé comme un principe que toutes, nos idéçs dérivent originairement des Sens. Je nai pas dit que nos idées font pu- rement fendbles. J'ai montré fort clairement . 5c dans un grand détail, cpmnient la Réflexion» -- A3 ï ANAL TSE A:BRE'GS^É aidée des divers genres de fignes , s'élève par degrés des fenfations aux notions les plus abil traites. ( i ^ J'ai aiicz approfondi la Théorie des abriradions , & j'ai tracé en général celle des idées. C 2 ) I I I. V Union de l'Ame & du Corps & fa LoL Les Objets eux-mêmes ou les corpufcuîes qui en émanent n'agiiîcnt fur les Sens que par impuifion. Il leur communiquent un certain ébranlement qui fe tranfmct au Cerveau 5 & l'Ame éprouve des fenfations. Le Philofophe ne recherche point comment !e mouvement d'un nerf fait naître dans l'Ame une idée. Il admet fimplement le fait, & re- nonce fans peine à en connoître la caufe : il fait qu'elle tient au myftere de PUnion des deux Subilances , & que ce myftere eft pour lui impénétrable. Tl lui fiifEt de favoir qu'à l'ébranlement de (O Chap. XVI , XIX. paragr. Ç28, , <2)ç^p. XIV, ^Yy xyi. DE r ESSAI ÂITALTTIJIUE, r tel ou tel nerf répond toujours dans l'Ame telle ou telle fenfation. Il regarde la fenfation , non comme TefFet phyfique & immédiat du mouve- ment du nerf 5 mais comme la fuite inféparable de ce mouvement. Il confidere en quelque forte , ce mouvement com.me un figne naturel de la fenfation, & ce ûgnc eft de rinftitution du Créateur. I V. Simplicité de tAme. V Homme , Etre - înixte. Je n'ai pas affirmé qu'il eft impoffible que l'Ame penfe fans Corps. Il peut exifter des Efprits-purs qui ont des idées; mais j'ignore profondément comment ils les ont. Je fais feulement, que le fentiment que j'ai de mon Moi eft toujours un, fimple , indivifible ; d'où j'infère que je ne fuis pas tout Matière. J'ai fort développé cette belle preuve. J'admets donc l'exiftence de mon Ame comme celle d'un© fubftance immatérielle, qu'il a plu au Créa- teur d'unir à un Corps organifé. J'apprends 4ûnç de la contempatioa de mon Etre , quo A 4 s ^ ^ A L r SE A B R EG E' M je réfuite de runion de deux fubftances très-' diiKrenics. Dans cet ordre de chofes je vois que je n'ai des idées que par l'intervention de mon Corps, & plus je m'étudie moi-même, plus je fuis forcé de reconnoitre la grande influence de la Machine fur toutes les opérations de moa Ame. J'apprends encore de la Révelatio^l que mon Ame fera éternellement unie à une por- tion de Matière j je ferai donc éternellement un Etre - mixte. L'INTENTION de i'AuTEUR de mon Etre n'a donc pas été q^c- je fuife un Efpnt-pur. Il a donc voulu que mon Ame n'exerqât fes Facultés que par l'intervention d'un Corps, S'il a voit \oulu autrement , j'aurois philofophé autrement , parce que j'aurois eu une autre manière d'appercevoir & de juger» J'AI donc fuivi dans mes recherches fur l'Eco- nomie de notre Etre la marche qui m'a para la plus conforme à celle de la Nature, Mon Ame n'a aucune prife fur elle - même j elle ne peuc fe voir & fe palper elle- même; mais elle voie» "^DM L'ESSAI ANALYTIQ^UE. 5 elle palpe des Corps , à l'aide de celui auquel aile eft unie. Ses Sens la mettent en commerce avec tout ce qui l'environne ; par eux, e'ie tient à toutes les parties de l'Univers j par eux, elle s'appro- prie , en quelque forte , la Nature entière 8c remonte même jufqu'à fon divin Auteur, V. Stru&ure des Sens-, fes Effets généraux. Réalité des Objets de nos Senfations. Infiïience pbyfique, J'ÉTUDIE donc la ftcudture de mes Sens,^ ces Inftrumcns univerfels des opérations de mon Ame j je me rends attentif à tout ce qui doit fe paffer en eux quand les Objets viennent à les frapper. Je médite fur les effets de ces ébranlemens, furies rapports que Tes fibres qui on font le fiege foutiennent entr'elles, & fur les conféquences les plus immédiates de ces rapports. Comme je fuis affure que mon Ame n'éprouve xo J^ALTSE A IB R r Ù r S aucune modification qu'à l'occafion de quelque chofe qui furvient à fes Sens , & par fes Sen5 à la partie du Cerveau qui efl: le fiege im- médiat du fentimcnt & de la penféej je con- fidere le Jeu & les Modifications des fibres feii- fibles , comme une forte dé repréfentation de? modifications correfpondantes de mon Ame. Il importe fort peu à mon but que je ne me trompe pas fur l'exiO-ence des Corps : quand tout le Syftème matériel ne feroit qu'un Phé- 'homenc, une pure apparence, relative à ma manière d'appercevoir & déjuger, je n'en dif- tingucrois pas moins mes fenfations les unes dés autres , je n'en ferois pas moins affuré que les unes font en mon pouvoir & que les autres n'y font point du tout 5 je ne ferois pas moins ^certain qu'il y a hors de mon Ame quelque chofe qui excite en elle des fenfations indé- pendamment de fa Volonté. Cette chofe , quelle qu'elle foit , eft ce que je nomme Matière, Je n'affirme pas que la Matière foit en effet ce qu'elle me paroît être; mais je puis raifon^ nablement affirmer que ce qu'elle me paroît être réfulte eifentiellement de ce qu'elle eft en elle-même & de ce que je fuis par rapport à elle. Les Etres qui la voient fous d'autrea DS r ESSAI A-NAITTIOVE, ïi rapports que moi font d'une nature diiFérente de la mienne. Je la verrois moi - même fous d'autres rapports fi ma nature venoit à chan- ger. Il étoit tout auffi indifFérent au but de mes recherches de difcuter les différentes hy- pothefes qui ont été imaginées pour rendre raifon de l'Union de l'Ame & du Corp'S , puif- que toutes ces hypothefes fuppofent également une relation confiante entre les modifications de l'Ame & les mouvemens du Corps. Il falloît donc toujours en venir à s'occuper du Jeu des Organes. Il eft très - permis après cela , de traduire chaque raifonnement dans la Langue ' propre à i'hypothefe qu'on a em- braifée. Je m'en fuis tenu à Vlnfaience phyfiqiie ^ non comme au fait , mais comme à ce qui parolt l'être. V I. Continuation du même Sujet. Différences fpécifiques des fibres fenfihles. Chaque Sens ^ fa méchanique, fa manière d'agir, fa gn. te A -NA L r s E A B R E G E E Chaque Sens tranfmet à l'Ame une mukU tude d'imprelîîons différentes , auxquelles ré- pondent autant de différentes fenfations. Il ne m'a pas été poffible de concevoir que des fibres parfaitement femblables puffent fu^- fire à recevoir & à tranfmettrc fans confufioiî tant d'imprefîîons diverfes. îl m'a femblé que chaque fibre fenfibie feroit ainfî dans le cas d'un Corps pouffé à la fois par plufîeurs Forces qui agiroient en fens différens ; ce corps rece- vroit un mouvement compofé , qui feroit le produit de ces Forces , & qui ne repréfente- roit aucune de ces Forces en particulier. En me plaçant dans ce point de vue , je 3i'ai pu me rendre raifon à moi - même de la diftindion de mes fenfations. J'ai donc été forcé de fuppofer qu'il y a dans chaque Sens des fibres appropriées à chaque elpece de fen- iation. J'ai cru appercevoir dans Porganifation des Sens des particularités qui juftifioient ma fup- poGdon , & je les ai indiquées. ( i ) Les ob- fervations fur la différence de réfrangibiiité ( I ) EJfai analytique. Chap. VIII. Ï)E VËSSÂI ANALTIQ^UÊ, 1% ées rayons colores & fur celle des vibrations des cordes des Inftrumens fonores , m'ont pa- ru ajouter un nouveau degré de probabilité 3 cette conjedure. VIL Thyfiqne de la Rémhnfcencf, Mais , mon Ame n'eft pas bornée à fentir par le miniftere de mes Sens : elle a encore le fou venir de ce qu'elle a ftnti. Elle a le fentiment de la nouveauté d'une fenfa- tion. Une fenfation qui lui a été préfente plufieurs fois ne raffecte pas précifément comme la première fois. C'est toujours par les Sens que les Objets vont à l'Ame. Des fibres qui ont été ébranlées plufieurs fois ne fauroient être précifément dans l'état où elles étoient avant que d'avoir été ébranlées. L'adion réitérée de l'Objet doit y apporter quelque changement. Si l'efpece de la fenfation a été attachée à l'ef- pcce de fibres , le fouvenir de la fenfition ou la Réminifcence a pu être attaché à l'état aduel des fibres. J'ai donc coiijeduré que des fibres H A 1^ A L *ir S E A É R E G È' Ë vierges n'aifedloient pas l'Ame précifémenÉ comme celles qui ne Tétoient pas , & j'ai at- tribué le fentiment de la nouveauté à cet état de virginité des fibres fenfibles. ( I ) Je prie qu'on me paffe un mot qui m'évite des péri- phrafes ennuyeufes. En vertu de l'Union des deux Subftances il ne fiîuroife rien fe pafTer dans l'Ame qui n'ait dans le Corps quelque chofe qui lui corref- ponde. Ceft cette chofe que j'ai toujours cher- chée 5 que je ne me flatte point d'avoir tou^ jours rencontrée , & que le plus fouvenc je îi'ai fait qu'entrevoir. VIII. A&ion de PAme fur les Sens , indiquée par ta nature & les effets de f Attention. Mon Ame a une Volonté & elle l'exerce* Elle a des defirs j elle eft adive. Cette Adi- vité , quelle que foit fa nature , doit avoir uri fujet fur lequel elle fe déploie : il ne m'a pas été poffible de lui en trouver d'autre que les fibres fenûbles. J'ai donc penfé , que comme les ( I ) EJfiii analytique, Chap. IX. Sens agiflent fur l'Ame , l'Ame peut agir à fon tour fur les Sens. Je n'ai pas dit que l'Ame agit à la manière du Corps 5 elle n'eft pas Corps , mais j'ai dit que TeiFet de fon action répondoit à celui d'un Corps. En un mot, j'ai admis que l'Ame ébran- loit à {on gré les fibres fenlibles , & je n'ai pas entrepris d'en chercher la manière^ Divers faits m'ont paru établir cette Force motrice de l'Ame , & en pa^rticulier l'exercice de l'Attention. Lorfqu'elle cft trop continuée elle fait naître dans l'Ame ce fentiment incom- mode que nous exprimons par le terme de fa^ tigtie* A proprement parler, la fatigue peut -elle réfîder ailleurs que dans les Organes ? & n'eft- ce pas l'Ame elle-même qui l'occafione par un effet de fa volonté ? Si elle ne vouloit pas être attentive , elle n'éprouveroic aucune fa- tigue. Elle agit donc fur les fibres qui fonc le fîege de cette fatigue. Si la fatigue ceiTe lorfque l'Ame change d'ob- jet y c'eft qu'elle agit alors fur d'autres fibres ; car nous avons vu qu'il eft probable ^ue chaque i^ ^A -N A L r s E A h H E'G ÉÊ- Objet a dans le Cerveau des fibres qui lui font' appropriées. C'est à l'aide de ces principes que j'ai efTayé^ peut-être le premier , d'analyfer la nature & les effets de l'Attention , & de prouver que cette précieufe Faculté eft ce qui met le plus de diiFérence entre un Homme & un autre Homme. ( i ) On nous avoit donné d'excellentes règles pour diriger & pour fixer l'Attention ; mais on ne s'étoit pas aflez occupé du fondement phyfique de ces règles. Jamais on ne réuffira mieux à diriger l'Homme que lorfqu'on partira du phyfiquede fa Conftitution. C'eft toujours* par le phyfique qu'il faut paiTer pour arriver à l'Ame. . ÎX. Fhyjtqtie de V Imagination ^ de la Mémoire, Les idées que les Objets excitent dans l'Ame fe retracent à l'Ame fans l'intervention des Objets. Cette reproduction des idées eft due à l'Imagination & à la Mémoire. J'ai cherché (i) Chap. XIXIX. §.^628, S30, 533- comment comment elle s'opère,- ou ce qui eft la mè.il(3 chofe 5 en quoi confiée le phyfique de rimagt- îiation & de la Mémoire. ( i ) La méthode que j'ai fuivie pour y parve- nir m'a paru très - fimple & affez lumineufe $ c'eft celle que j'ai fuivie dans tontes nies re- cherches p fy chologiques. J'ai d'abord porté mon attention fur ce qui a précédé immédiatemeiic» Avant que de cherchôr comment tiiie idéa eft reproduite , j'ai cherché comment elle étoit produite. Jaî vu clairement que l'Ame n'a jamais à& fenfation nouvelle que par l'entremife des Sens* C'eft à l'ébranlement de certaines fibres que cette fenfation a été originairement attachée. Sa teprodudion ou fon rappel par l'Imagination tiendra donc encore à rébraiilenient de ces mêmes fibres. Des accidens qui ne peuvent affedler que le Corps, aiFoibliifent & détruifent même l'Ima- gination & la Mémoire. Elles ont donc un fiegedansle Corps, & ce ifîege feroit - il autre (i) Chap. XIV. parsg. 21a, 213, 2I4. Chnpftr.- XX >arag. S46 & fuiv. Chap. XXII, parag. 623, 6:14 & {"luv', Tme XV. B iS A N é L r s E A B R E' G E' E cîiofe que l'Organe qui tranfmet à l'Ame toutes les imprcfTions du dehors ? J'ai donc penfé que les fibres fenfibles font conftruites de manière que l'adion plus ou moins continuée des Objets y produit des dé- terminations plus ou moins durables, qui conf- tituent le pîiyfique du fouvenir. Je n'ai pu dire ce que font ces détermi- nations , parce que la ftrudure des fibres fen- fibles m'efl: inconnue : mais Çi chaque fens a fa méchanique , j'ai cru que chaque efpece de Êbre fenfible pourroit avoir la fieniie. X. Continuation du même Sujet. Bemarques importantes fvir les fibres fenfibles. J'ai donc confidéré chaque fibre fenfible comme un très-petit organe , qui a fes fondions propres ou comme une très-petite machine que l'adion des Objets monte fur le ton qui lui eft ap- proprié. J ai jugé que le jeu ou l'effet de la fibre doit xéfwlteî: çflentiellement de flvftruet DE V ESSAI A NALTTIQ^UE. 19 ture primordiale , & celle - ci de la nature & de rarrangement des élémens. Je ne me fuis point repréfenté ces élémens comme des corps fimples ; je les ai envifagés comme les parties conftituantes d'un petit or- gane , comme les différentes pièces d'une pe- tite machine, deftinée à recevoir , à tranfmettre & à reproduire rimprefTion de l'Objet auquel elle a été appropriée. J'ai donc fuppofé que chaque efpece de fibre fenfible a été originairement conftruite fur des rapports déterminés à la manière d'agir de fon Objet. Cette fuppofition ne m'a pas paru gratuite : fi rOeil n'agit pas comme l'Oreille , c'eft que fa ftrudure eft eifentiellement différente; c'efl que la lumière n'agit pas comme le fon. Les fibres appropriées aux différentes perceptions vifuelles ont donc probablement une autre ftruc- ture que celle (}es fibres appropriées aux per- ceptions de l'Ouïe. Il y a plus , chaque perception a fon carac- tère qui nous la fait diftinguer de toute autre. Par exemple 5 chaque rayon coloré a fon effence B Z ao Jl N A L T S E A B R E' G F E qui eft immuable : un rayon rouge n'iigit pas précifément comme un rayon bleu. Il y a donc encore entre les Fibres de la Vue des diiierences relatives à celles qui font entre^les rayons. Je n'ai pas admis fimplement que les fibres de la Vue font plus déliées que celles de l'Ouïe 5 que les vibrations des unes font plus promptes que celles des autres , & qu'entre les fibres de îa Vue celles qui font appropriées à i'adion des rayons rouges font moins fines que celles qui font appropriées à Fadion des rayons bleus. Cela ne m'a pas femblé fuffire pour rendr® raifon des phénomènes de la Mémoire. J'ai bien entrevu que des ofciîlations plus ou moins promptes ou tout autre mouvements analogue pourroit peut-être fuffire à caradé- rifer j'efpece de la fenfatîon ; mais , je n'ai pas compris qu'ils pufTent fervir en même tems à retracer à l'Ame le fouvenir de la fenfation. Il m'a paru que puifque ce fouvenir tient au Corps , il devoit dépendre de quelque changement qui furvenoit à l'état primitif des fibres fenfiblcs par l'adion des Objets. ( l ) (i) Oiap. VII, paras. 5:7, 5$, 59 & fuir. TiE n ESSAI ANALTTIOUF. 2t Jai donc admis comme probable que l'état des fibres fur lefquellcs un Objet a agi ireft pas précirémenc le même après cette action qu'il étoic auparavant. J'ai conjecturé que les fibres feiiiibles éprouvent ainGdes modifications pius ou moins durables } qui condituent le phy- lîque de la Réminifccnce & de la Mémoire. Je n'ai pas entrepris de déterminer en quoi confident ces modifications j je ne connoilTois aucun fait qui pût m'éclairer fur ce point obf- cur. Mais ayant confidéré les fibres fenfibles comme de très - petits organes , il ne m'a pas été difficile de concevoir que les parties conf- tituantes de ces organes pouvoient revêtir les unes à l'égard des autres de nouvelles pofi- tions , de nouveaux rapports auxquels étoit at- taché le phyfique du fouvenir. Ceci tient à l'habitude, dont on parle tant, qui a une fi grande influence dans la Vie hu- maine , Se dont je ne fâche pas qu'on ait bien développé le principe. J'ai tenté d'expliquer comment elle fe forme , s'enracine , s^aiïbiblit , s'éteint. ( 2 ) (2> Chapitre IX, paraç. 96, 97 ^ fuiv. Chap. XXIV parag. 641, 642 & fiuvan*. B3 s» A ^ A L r s E A B R E'G E E Je difois à cette occafion , §. 109 *• "des 35 fibres dcftiiiées à tranfmettre & à retracer ,, à TAme les imprelîions des Objets ont une 5, ftrudure relative à cette double 6n. En vertu 5, des rapports que la Nature a étiiblis encr© „ les fibres des Sens & l'adivité des Objets , „ ce font les Objets eux- mêmes qui dirpofent ,5 les fibres à reproduire les imprelfions qu'elles ,j en ont reçues. Tel eft l'art avec lequel ces fibres 5, ont été conttruites , qu'en agiiTant fur elles „ les Objets les montent ou leur impriment 3, un cartain ton. ,, Je difois encore, parag. 612, 613. "Je ne ,, décide point fi feifet que Tadion de l'Objet 5, produit fur la fibre fe borne au changement 5, qui furvient à la pofition refpedive des élé- 5, mens , ou s'il affede encore leur forme & 35 leurs proportions. Afin donc de ne rien ha- „ farder fur un fujet qui nVell; inconnu , j'a- 3, vertis que par les termes de difpofitio s o i 35 de déterminations imprimées aux élémens j5 de la fibre , j'entens en général tous les clxan- 33 gemens qui leur furviennenc en conféquence ., de l'adion de l'objet. Je ne détermine donc 5, point quels font ces changemens > & fi je „ parle plus volontiers du changement de la 33 pofition refpedive, c'eft qu'il me pi^roît être DE L'ESSAI ANALTTIQ^UE. z\ 5, celui que le mouvement fuppofe le plus M efTentieliement, „ Non feulement la fibre tranfmet à PAme 3, i'imprcfîion de l'Objet \ mais elle lui retrace 5, encore le fouvenir de cette impreffion. Ce 55 fouvenir ne diffère de la fenfation même „ que par le degré de Pintenfité. Il a donc „ la même origine : il dépend donc , comme „ la fenfation elle-même, d'un mouvement qui 5, s'excite dans la fibre i mais d'un mouvement 35 plus foible. 55 L'EXECUTION de ce mouvement exige 5, une certaine difpofition dans les parties in- 5, tégrantes de la fibre. Les élémêns retiennent ,5 donc pendant un tems plus ou moms long 35 les déterminations qu'ils ont reçues de l'ac- 5, tion de l'objet. Il monte, poui* ainfi dire, 5, la fibre à fon ton j & tandis qu'elle de- „ meure ainfi montée, elle conferve l'aptitude 3 5 à retracer à l'Ame le fouvenir de la ^Qwï-à^ ,5 tion de l'Objet , &c. „ Jajoutois enfin, parag. 6\G -. "Il faut 55 done confidérer la fibre comme une très- 5, petite macbine deftinée à produire un cer- 55 tain mouvement. La capacité de cette petite B4 34 A 2^ A L r s E A B R E' G E' S 5, machine à exécuter ce mouvement dépend 5, originairement de fa conftrudion 5 & cette s, conftiuc^ion la dii^igue de toutes les ma- 3, chines de même genre. L'f^dion de l'Objet 5^ réduit cette capacité en îide. Cefl cette adioii 5, qui monte la machine. Dès qu'elle eft mon- 3, tée , elle joue au moment que quelque impuU 5, fîon fur vient. „ (3 ) Au réfte,le ledeur ne doit pas avoir beau- coup de peine à comprendre comment la Na- tiu-e a pu varier aiîez la ftrudure des fibres fenfibîes pour fournir à cette prodigieufe diver- sité de perceptions que nous éprouvons. Com- bien l'Art humain, fi groiîier , Ci imparfait, fi borné varie -t- il fes Produdions de même genre î Combien de formes différentes ne fait- il pas donner à une Chaîne î Qiielle variété ne met -il point entre les chaînons de différentes Chaînes ! De combien de combinaifons les mêmes élémens ne font -ils pas fufceptiblcs î Si que fera -ce quand on fuppofera que les élémens ont été eux - mêmes diverfifiés ! (3) Je prie 'qu'on confiiîtc fur -tout les parag. 684? ^SÇ, t)iî j'ai tâché de raflembler fous un fcul point de vue la plu* part de mes principes fur le phyfi^ue de notre Etre. DE L'ESSAI ANALTTIQ^UE. 35 XL Continuation du même fujet» Méchanique de la Mémoire. FhyJJqtte des préjugés, du Cara&ere ^c. L'Ame n'a pas feulement le fouvenir des perceptions qui Pont aiî'edée , elle peut encore fe les rappelîer dans Tordre fuivant lequel elles Pont plulîeurs fois affedée. Ceft là un des prin- cipaux effets de la Mémqire. Pour tâcher d'éclaircir un peu la méclia^ nique de cette admirable Faculté , je m'y fuis pris comme le Phyficien s'y prend pour re- monter à la caufe fecrete de quelque eS'e^ que ce foit. J'ai ralfemblé un certain nombre de faits ,^ j'en ai formé une fuite graduée, je les ai comparés & analyfés avec toute l'atten* tion dont j'etois capable, j'ai étudié l'art auquel nous avons recours pour graver dans notre Cerveau une fuite ordonnée de fons , de mots , un difcours j ( i ) & j'ai vu aflez clairement (i) Chap. XXII, parag. 65ç, 626, 627 & fiûv. §. 636J 637 & fui vans. z6 A 'N A L T S Ë A B RF G E E que cet art fî connu de ceux qui récitent eiî public , a pour dernière fin d'cbranler les fibres fenfibles dans un ordre relatif à la fuite des mots auxquels elles font appropriées. J'ai montré que puifque nos idées de tout genre fe rappellent les unes les autres & que toutes tiennent originairement aux Sens , il faut que les fibres fenfibles de tout genre commu- niquent les unes aux autres immédiatement ou médiatement. Elles peuvent donc acquérir une difpofition habituelle à s'ébranler les unes les autres dons un ordre déterminé & coni- tant. C'est toujours par la répétition des mêmes mouvemens dans le même lens qu'on parvient à leur faire contradler cette difpofition. L'Attention , qui ajoute un nouveau de- gré de force à l'ébranlement , aide encore à graver la fuite des mots dans la Mémoire. Cette fuite fera donc repréfentée dans le Cerveau par une chaîne de fibres & de fibrilles , le long de laquelle le mouvement fe propagera dans un ordre d'autanc plus confiant que la Mémoire iera plus tenace." DE L'ESSAI ANJLTTIQ^UE. 27 La ténacité de la Mémoire dépendra en der^' nier refTort de la dirpoficion particulière des élémens à retenir les déterminations qui leur auront été imprimées. Il fuit de là , qu'une Intelligence qui con- noitroit à fond la méchanique du Cerveau, qui verroit dans le plus grand détail tout ce qui s'y paife y liroit comme dans un Livre. Ce nombre prodigieux d'organes infiniment petits appropriés au fentiment & à la penfee feroit pour cette Intelligence ce que font pour nous les caraderes d'Imprimerie. Nous feuil- letons les Livres , nous les étudions,* cette Intelligence fe borneroit à contempler les Cer- veaux. Je n'ai rien dit de ces traces , de ces ébauches qu'on fuppofe Ci gratuitement dans le Cerveau , toutes les fois qu'on parle de l'Imagination & de la Mémoire : j'avoue, que n'ayant pu m'en former aucune idée , j'ai jugé plus phi- jorophique d'admettre que les mêmes organes qui , ébranlés par les Objets , nous donnent tant de perceptions diverfes, font faits de ma^ I niere que leurs parties conltituantes reçoivent de l'aâ;ion des objets certaines déterminations 28 A N A L r s E A B R F G FF. d'où réfulte une tendance à fe mouvoir dans un feus plutôt que dans tout autre. Je n'ai pas exclu îe jeu des efprits- animaux dont Texiftence eil aujourd'hui mieux prouvée qu'elle ne l'étoit : mais , un fluide ne peut être le fiegc d'imprelîions durables, il peut feule- ment concourir avec les folides & recevoir d'eux des impulfions qui modifient fon cours dans un rapport déterminé à leur état aduel. ( a ) J'ai terminé mes recherelies fur la Mémoire par quelques confidérations fur les préjugés que j'ai regardés comme des modifications de l'habitude. ( j ) Si toutes nos idées tiennent à des fibres qui leur font appropriées , les préjugés ont auiîî leurs fibres. Ils fe nourriffent, croiffent & fe fortifient avec elles. De là cette grande diffi- culté qu'on éprouve à les déraciner. En les attaquant on s'étonne de la réfiftance : on ne fonge pas que l'on combat contre la Niuure. La réfirtance cft bien plus grande encore quand on entreprend de changer le caradere qui ré- [2] Chap. XXII,parag. 644. Chap. VI. parâg. 43. [3] Chap. XXII, paiag. 6Ç3. -DEUF.SSAI ANALYTIQUE, «j fuite de l'enleaible des déterminations qu'une infinité de fibres ont contractées. [4] XII. Coiifiâérations fur la Liberté. Il arrrive fouvent qu'à l'occafion d'une idée TArae en cherche une autre & la rappelle enfin. On croit communément que ce rappel eft du à la Volonté. J'ai examiné cette opinion , & il me femble que^j'ai a(î"ez bien prouvé que le rappel dont jl s'agit cfi: le pur elFet de la liai Ton des fibres fenlibles. Un exemple que j'ai anaîyfé avec foiii met cela dans un grand jour. ( i ) J'ai fliit voir ailleurs ( 2 ) à quoi fe réduit- ici Tefficace de la Volonté j car l'on m'enten- droit très - mal Çi l'on penfoit que je n'ai rien donné à cette Faculté. J'ai développé .... mais cette analyfe deviendroit elle-même un [4] Chap. XXfl, parag. 6^-3. (i) Chap. XVIII, parag. 432, 433 & fiiiv. parag. 4^6, 457. (1) Chap. XJX, pfirag. $36, ^f^^ A 2^ A L T s E A B R E' G E' Ê \ Livre fi j'entrois dans un plus grand détait fur rexamen que j'ai tenté de faire de nos Facultés. 1 Je pafTe donc fous filence tout ce que j'ai expofé fur le defir , (3) fur la furprife , (4) fur les pîaifirs attachés au beau , (5 ) fur les pafEons, (6) fur les fonges , (7) fur la Per- fonnalité , ( 8 ) ftir la liaifon des idées avec leurs figues, (9) & fur quantité d'autres fujets dont pîuCeurs n'avoient pas été difcutés avant moi ou ne l'avoient été que fuperâciellement. Je ne dirai qu'un mot de mes idées fur la Liberté ,(10) matière Ci délicate , qui a enfanté tant de volumes & tant de querelles, & qui devient il fimpîe , fi facile , fî lumineufe dès qu'on Tenvifage fous fon vrai point de vue ( 3 ) Chap. XIII, parag. 172 & fuivans. (; 4 ) Cbiip, XYII, parag. 324 «S: fuiv. ( ç ) Ibid. parag. 342 & fuiv. fô] Chap. XVIII, parag. 402 & fuiv. [7]Chap. XXIII, parag. 663 & fuiv. t 8 3 Chap. XXIV , parag. 703 & fuiv. [9] Cliap. XXV, parag. 791 & fuiv. 1 10 ] Ch:^. XII , parag. 147 & fuiv. Chap. XIX, parag, 471 & fiiiVp Î)E r ESSAI ANALTTldUE. ^r <8c fans avoir égard à aucun fyftême parti- culier. Je n'ai vu dans la Liberté , que la Faculté exécutrice de la Volonté. Ce n'eft donc pas , félon moi , la Liberté qui choifit , c'eft la Vo- lonté , & la Liberté exécute le choix. Tout choix fuppofe un motifi la Volonté a toujours un objet : on ne veut point fans raifon de vouloir , &. la perFedion de la Vo- lonté, quelque f>'ftème qu'on embrafTc, confît tera éternellement dans la rationabilité des motifs. Il n'eft point de vertus fans motifs , & la Religion n'eft faite que pour nous four- nir les plus puiiïans motifs à la vertu. S'IL exiftoit une Liberté de pure indifFé-. rence, elle ne feroit pas au moins l'objet du Mc.raîifte , puifqu'elle n'influeroit point fur la vertus mais fi l'Ame pouvoit toujours fe dé- terminer contre la vue diftinde des motifs les plus prcfTans , fî ce qui lui paroît le plus con- forme à la faine raifon ou à fon intérêt aduel n'influoit point fur fes déterminations , il n'y auroit plus de fureté dans la Société , parce qu'il n'y auroit rien qui nous répondit des ac- tions d'autrui. |s A N A L "/ s E ABU É G E^ É Les Théologiens efb'mablcs qui admetteilé une Liberté d'indifférence , ne la fuppofent pas dans ces Difcours pathétiques où ils tâchent d'inculquer aux hommes les grands principes de la vertu & de la fociabilité. Toutes nos Facultés ont été fubordonnéés les unes aux autres , & toutes l'ont été en der- nier reflbrt à l'adion des objets ou aux di- verfes circonftances qui en déterminent l'exer- cice & le développement. Qjui pourroit méconnoître en particulier le pouvoir de l'Education F Newton , né au fond de la Californie , de Parens barbares , auroit- il découvert le Syftème du Monde? Et que ne peut point encore la feule gêné- iration & le tempérament qui eft un de Tes ïéfultats les plus immédiats ? J'ai étudié cette fubordiiiation de nos Facultés , & en Texpo- fant je n'ai pas craint qu'on me foupqonnâc le moins du monde de favorifer le Fatalifme, XIII. DE L ESSAI Al^AimUTIE, V; XIII. '' Remarques fur le Fatalifme. Je n'ai jamais dit , parce que je ne Fai jamais penfé , que les motifs déterminent TAme à agir , comme un Corps en détermine un autre à fe mouvoir. Le Corps n'a point par lui-même d'adion : l'Ame a en foi un princ pe d'adi- vite qu'elle ne tient que de Celui qui l'a faite. A parler exadement , les motifs ne la dé- terminent pas ; mais elle fe détermine fur la vue xies motifs, & cette diftindlion métaphy- fique efl: importante. Si fon confondoit ces deux cliofes , l'on confondroit tout , & l'on tomberoit bientôt dans un Fatalifme purement phyllque. Mx\îs , feroit-on un vrai Fatalifte unique- ment parce qu'on admettront que l'Ame fe dé- termine toujours pour ce qui lui paroît le meil- leur réel pu apparent? Si cela étoit, il y au- roit autant de vrais Fatalilles qu'il y auroit de de Philofophes qui adniettroient que famour Tcme XV, C H A N A L T S E A S R E* C E'E du bonheur eft le principe uiiiverfel des adions des Hommes. Aimer fou bonheur , c'eft s'aimer foi-même, & s'aimer foi -même, c'eft fe déterminer en vue de fon bonheur. S'il efl: impolTible qu'un Etre intelligent ou fimplement fentant ne s'aime pas lui - même , il Teft qu'il ne fe détermine pas pour ce qui lui paroît le plus convenable à fa fituation aduelle ou à fes befoins. J'ai répété plufieurs fois que TAmour-propre bien entendu , l'amour du bonheur , l'amour de la perfedtion ne font dans mes idées , qu'une feule & même chofe. [ i ] Un Etre intelligent peut - il ne pas aimer la perFedtion dans la- quelle il place fon bonheur .^ XIV. Ohfsrvations fur la 7taîîire de r Ouvrage & fur la manière de le lire. Fiîffage de cet Ouvrage qui demandait à être expliqué. C'est fur c€s principes que j'ai prié mes ( I ) Chap XVIII, rarag. 420 & fiiiv. BE r ESSAI Al^ALfriQ^UE, 35 Ledeurs de me juger , & je les en prie en- core. Je leur ai demandé une autre grâce , que je ne me fuis pas flatté d'obtenir : c'eft de ne décider de mes principes que par leur en- femble. ( i ) Mon Livre forme une chaîne , & cette chaîne eft longue. Il ne feroit pas bien de vou- loir juger de toute la chaîne par quelques chaî- nons pris au hafard. Comme on ne la faifiroit point , on ne m'entendroit point ou Ton m'en- tendroit mal , & je ferois condamné fur le feul énoncé de quelques propofitions qu'on auroit féparées de celles qui les développent & les expliquent. Il eft 5 par exemple , un palTage de mon Livre qui a fait de la peine à quelques - uns de mes Lecteurs , & qui très - fûrement ne leur en auroit fait aucune s'ils avoienc confidéré plus attentivement la liaifon de ce paCTage avec ceux qui le précèdent, & $'ils avoient eu foin à!Qi\ analyf^r les termes conformément à mes principes. Voici ce paffage. ( 2 ) ( I ) Préface , page X. [a] Chap. XXV , parag. 771. G % 3^ A :^ A L r s E ^ B R E' G F B' -55 Ainsi, quWd toutes les Ames feroient 33,exadement femblables ,il fuffiroit que DIEU 33 eût varié les Cerveaux, pour varier toutes ,3 les Ames. Si l'Ame d'un Huron eût pu lié- 35 riter du Cerveau de Montesquieu , MoN- yy TESQUIEU crééroit encore.53 Je vais donc développer un peu plus ce que j'avois dans l'Efprit quand j'écrivois ceci » 8c l'on verra s'il renferme rien dont on puifle Juilement s'allarmer. XV. Explication dn pqjfage, Qonfidérations préliminaires fur la variété que Porganifation peut mettre dans les Aines. Héfnltats généraux des déterminations que les fibres du Cerveau peuvent contra&er, Application au pajfage dont il s'*agit. J'observe d'abord , que je n'affirme point dans ce paiîage que toutes les Ames font par- faitement femblables. J'avance feulement qu'eu LE VESSAI A NALTTIHUE. 57 les fuppoiant telles , rorganifation fuffiroit pour mettre entfetles des variétés. Et quoi de plus évident ? Un Etre mixte ne fent & n'apperqoit qu'à Taide des Sens. Toutes fes fen Cations , toutes fes perceptions font toujours dans un rapport déterminé au nombre & à la qualité de fes Sens. L'Ame humaine placée dans le Cerveau de FHuitre , y acquerroit - elle jamais des notions de Morale & de Métaphyfique ? Sa nature ref- teroit pourtant la même -, mais elle ne pourroit y déployer fon Adlivité , comme elle la déploie dans fon propre Cerveau. Elle feroit donc ex- trêmement dégradée par la feule diverfité de rorganifation ; & s'il écoit pofîible qu'une Ame ainfi dégradée confervât un fouvenir de ce qu'elle auroit été dans le Corps humain, ce feroit pour elle le plus affreux malheur que d'être condamnée à habiter le Corps d'une Huitre. Je fuppofe qu'il n'y a pas de différences effentielles entre les Cerveaux humains, 8c cette fuppofîtion me paroît légitime. Le nombre & l'efpece des Sens font les mêmes chez tous les Hommes ; mais tous les Hommes ne tirent pas le même parti de leurs Sens. Quelle difFé- C3 38 A^lALrSEABRKGI^E rence à cet égard entre un MoNTEsauiEU & un HURON ! Les Sens communiquent au Cerveau & y produifent des imprellions durables , fources 4e rimagmation , de la Mémoire , du Rai- fonnemenr. Une maladie peut déranger toute l'Economie du Cerveau & a-néantir l'Imagina- tion , la Mémoire , le Raifonnement, elle n'a- néantit pas TAme, & néammoins elle eft ré- duite à l'état de l'Ame de la Brute. Si le Cerveau fe modèle, en quelque forte, fur les Objets ; s'il eft des fibres appropriées à chaque efpece de perceptions , Ç\ ces fibres retiennent les déterminations que les Objets ieur ont imprimées 5 (1 telle eft la Loi de l'Union de l'Ame & du Corps , qu'à certaines fibres & à un certain état de ces fibres répondent conf- tnmment dans l'Ame certains fentimens , cer- taines perceptions 5 il faudra convenir que l'Ame d'un Huron , logée dans le Cerveau d'un Montesquieu, y éprouveroit les mêmes fen- timens , les mêmes perceptions que l'Ame d'un MONTE&QJJÏEU, Elle y éprouveroit encore les mêmes fuites , le^ mêmes combinaifons de fentimens & de DE VESSAl ANALTTIQ^UE, %^ perceptions s car je me perfuade que j'ai aflcz bien établi que la liaifon de nos idées dépend originairement de celle des fibres fenfibles. Si la cliofe n'étoit point, commenc arriveroit - il que des accidens phyfiques qui ne peuvent af- fecter que ces fibres détruiroient la liaifon de nos' idées. XVI. Continuation du même Sujet. JDe la quejîion s'il efi une Mémoire purement fpiriiiieile. Autre application au pajfage dont il s'agit. Ce feroit en vain qu'on fe retrancberoit à foutenir avec divers Philofophes , qu'il eft une Mémoire fpirituelle, qui n'appartient qu'à l'Ame, comme il eft une Mémoire corporelle , qui n'ap- partient qu'au Corps : il n'en demeureroit pas moins inconteftable que la Mémoire corporelle ne peut être détruite .fans que l'Ame ceffe abfo- lument de ratfonner. Que devient donc alors cette Mémoire fpirituelle, qu'on attribue à une Ame appellée à être unie éternellement à un Corps organifé.^ C4 40 A N d L r S E A B R E G E' E Un Auteur ( i ) célèbre a eflayé de prouver Pexillence de cette Mémoire par la confidéra- tion des Efprics purs qui feroienc totalement privés de Mémoire s'il n'y avoit point de Mé- moire propre aux Efprits. Mais cet Auteur , d'ailleurs Çi judicieux , & qui connoiiroit (î bien l'influence du Corps fur l'Ame , n'a pas fait attention que la nature des Efprits - purs peut difrérer beaucoup de celle des Efprits unis à la Matière. Je ne nie point que les Efprits - purs , s'ils exiftent, foient doués de Mém.oire j mais , je fois pro^effion d'ignorer ce -que cette Faculté eft en eux. Je ne parle que de l'Ame humaine, & je ne fais pas même ce qu'une idée elt dans cette Ame. Tout ce que je fais , c'eft que l'Ame hu- maine n'a d'idée que par le miniitere des Sens, & que fes idées les plus abftraites , ne font encore que des idées ienfibles plus ou moins dé- guifées. Non feulement les notions les plus abf- tfaites 5 les plus fpirituaiifées dérivent effcntiel- iement des idées purement fenlibles i elles tien- nent encore aux Sens par les figues naturels ou arbitraires qui les repréfentenC. [i] S'GRAVESANDE, Introd. à la Fhilcfo^hie, fara^. i^iy IT-, 213- DE L'ESSAI ANALTTIOUE. 41 Supposez donc que la même Puissance qui a uni les Ames humaines à des Touts organi- ques 5 eût confervé le Cerveau de Montesquieu & y eut logé l'Ame du Huron , ce Cerveau Il bien organifé , fî richement meublé , n'auroit il pas été pour cette Ame une forte de Ma- chine d'Optique par laquelle elle auroit vu l'Uni- vers comme le voyoiiC PAuieur fublime de VEfprit des Loix ? Dans mes principes, les mots repréfentatifs des idées tiennent à certains- ordres de £bres fenfibles ; la liaifon des mots cntr'eux »^ à leurs idées dépend encore de la communication que les fibres fenfiblcs ont enti-'eiies. Le Huron, métamorphofé tout- à > coup en Philolbphe profond , ne s'appcrccvroit point de la rfiétamorphofe. Il entendroit le Franc^ois comme fa Langue materndle dont il ne fe fou- viendroit plus : c'eft que les mots réveiile- roient toujours les idées des chofes, & les idées des chofes , celles des mots i c'eft que le fouvertir de fa Langue maternelle tiendroit à fon premier Cerveali qu'il n'auroit plus. Il fe rappelleroit toute la fuite d'une Vie qui feroit celle de Montesquieu & qu'il cioi- ArZ A N A L T S E A B R E G E' E roit Ja fieiine. Devenu favant comme par infpî- ration , il ne pourroit manquer de fuivre les recherches du Grand -Homme dont ii tiendroit la place : comme lui , il éclaireroit le Monde , eombattroit la folle fuperftition , la tyrannie barbare , les préjugés de l'orgueil , du fana- tifme , de l'indépendance , & MoNTESQiE^ vivroit encore. CÉtoit ce que j'avois voulu rendre dans le paiîage en queftion, par le terme à'hérUer ^ auquel on n'a pas fait peut - être aiTez d'atten- tion i & que j'avois employé pour exprimer toutes-les déterminations naturelles & acquifes du Cerveau que j'avois pris pour exemple. ( 2 ) (2 ) C'est à l'aiile de ces principes qu'on expliquera un enelroit un peu difficile de la Contemplation du la Nature , Part. XI, Chapitre XXX, où j'efîaie de rendre raifon des faits étonnans que nous préfente l'hiftoire des Callors. La fuppo- fition pfychologique de fibres innées renfermées originaire- ment dans le Cerveau de l'Animal répond précifément à celle de l'Ame du, Huron logée dans le Cerveau de Montes- Q.UÎEU. DEVESSAI ANALYTIflUE, 4j XVII. ContiiiuatiGii du même Sujet. Réf exions fur Vmfiuence des circonlîciyîces phy- JJques, On m'objcdera, fans doute, & on me Ta objedé , que toutes les Ames humaines ne font pas de la même trempe , & que l'Ame de Mon- tesquieu étoit d'une trempe fort fupérieure à celle de l'Ame d'un Huron. J'accorderai vo- lontiers la pofTibilité de la chofe , mais dç cda feul qu'une chofe eft poflible , s'enfuit -il qu'elle foit en eifet ? Quelle preuve nous donne-t-on de cette fupériorité d'une Ame fur une autre Ame ? Comment parvrerrdroit - on à l'éta- blir ?c I ) Ce feroit très - vainement qu'on infifteroit fur ces beaux Ouvrages que nous admirons [ I ] Je prie que l'on çonfijlte ici ce que j'ai expofé fur ce fujct délicat dans mes Notes additionnelles fur les parag. 575 & 771 lîe VEfai aml:)tiqiie : ( Oeuvres Tom. XIV. ) Je n'a^ rien à y ajouter. 44 A 1^ A L Y S E A È R E G F E 8c que la Poftérité admirera après nous : ces Ouvrages immortels ont - ils été compofés par un Efprit-pur? Un Corps organifé n'ed-il point intervenu dans leur compohtion ? A-t-on évalué le degré de fon influence? A-t-ou calculé les effets des circonftances phyfiques , les réfultats divers de la génération , du tem- pérament , du climat , &c. ? A - t - on apprécié fur- tout le pouvoir phyfique de l'éducation Se les diverfes impreiîîons qu'elle fait prendre au Cerveau & qu'il conferve r' Je dis plus; a-t-on démontré qu'il exi(l.e dans l'Ame quel- que fentiment, quelque idée qui ne doive point fon origine aux Sens? Enfin , peut - on prouver que l'Ame d'un Huron , placée précifément dans les mêmes cir- corihnces phyfiques que celle de Montesquieu, n'auroit pas été capable des mêmes chofss ? Si l'on ne peut prouver tout cela , lî même Ton ne peut le rendre probable , il faut avouer de bonne - foi qu'on n'argumente ici que de la limple poflibilité. Or ; feroit-il bien conforme aux règles d'une faine Logique d'argumenter du poilible à l'ac- tuel? Neferois-je pas beaucoup plus autorifé à foutenir que certaines variétés dans l'orgaiïi,-*. -j DE L ESSAI Al^AlTTI^VE. ÏS lation , jointes au concours des circonftances étrangères, font ce qui différencie les Etres- mixtes ? XVIII. Continuation du même Sujet. Confidératious fur les Efprtts-pnrs & fur la vé- ritable nature de l'Homme, Réflexions fur les vains efforts du Matérialifme. Je l'ai dit dans la Préface de mon Eifai ; ( i ) pourquoi craindrois - je de le répéter ici r*; Je 3ie fais par quelle idée de perfedion Ton a tranf» porté à l'Ame le plus de cliofes qu'on a pu. Oubliera- t- on toujours que l'Homme eft un Etre - mixte ? Tentera - 1- on toujours de l'élever au rang des Efprits - purs ? Eft r il même bien fur que les Efprits - purs foient fupérieurs aux Etres - mixtes , & qu'ils doivent cette fupério- rité uniquement à leur nature d'Efprits-purs ? EsT-iL bien prouvé que l'union des Efprits à la Matière les dégrade toujours, & que sils [i] Page xxlv. / 4^ Jt 2T A L Y S E A É R F G E' E ^ en étoient dégagés leurs Facultés s'accroîtroient & fe pcrfedionneroient ? Cette opinion a prévalu afTez généralement , & on en fait iifage pour nous confoler des miferes de l'humanité. Le Corps nous eft repré- fente comme une prifon & l'Ame comme le Prifonnier qui foupire après Ton élargiilement. Cette comparaifon familière & bien d'autres de même genre qu'on retourne de cent façons ^ font toutes très - applicables au Corps groilier, i à ce Corps que nous voyons , qwe nous palpons & qui eft fournis à l'empire de la mort. Mais , il en eft un autre qui ne lui eft point foumis 5 dont le Germe incorruptible exifte peut-être ûê^ .^ qui fe développera un jour, & que l'Ame habitera éternellement, confor- mément à la déclaration la plus exprelfe & la plus réitérée de la RÉVÉLATION. Ce n'eft donc que le Cops corruptible qui eft pour l'Ame une prifon , & point du tout le Corps incorruptible glorieux que la Révélation lui oppofe. A-T-ON quelque preuve que notre Ame auroit été plus heureufe fi DIEU ne l'avoit point deftinée à être unie à ce Corps glorieux ? Sait- , / m L'ESSAI A2^ALTTI0UÊ. 47 on , à n'en pouvoir douter , que la nature des Ames humaines auroit comporté de n'êtfe point unies à des Corps organifés ? AfTurément le I^an du Créateur ne le comportoit piis , & ce Plan étoit celui de la plus profonde Sagesse. On célèbre dans des Difcours plus éloquens que philofophiques , Texcellence de nos Ames ; ce feroit Texcellence de l'Homme qu'il faudroit fur -tout célébrer. " VH$mme n'eft pas ufie certaine Ame , 53 difois-je parag. 22 5 il n'eft pas un certain 33 Corps 'y il eft le ré fuit at de V Un ion d'une cer^ 33 taine Ame à un certain Corps. ,3 Lors donc que fur la confidération de faits qui m'ont paru bien conftatés , j'ai attribué au Corps des chofes qu'on attribue communément à l'Ame , je n'ai point du tout dégradé l'Homme , & je l'ai lailTé tel qu'il a plu au CrÉaTEUR de le faire. Il ne faut pas qu'un zèle peu éclairé nous fafTe confondre avec les Dogmes facrés de la Reli- gion ce qui n'eft point Dogme. C'eft moins l'immortalité de l'Ame que l'immortalité de l'Homme que PEvangile a mife en évidence. J'ai ofé Tavancer dans la fimplicité d'un 48 A N A L r S E A B R F G E e cœur qui cherchoit fincérement le vrai. (2) 33 Qiiand rHomme tout entier ne feroit que 53 Matière , il n'en feroit pas moins parfait 5 ni 33 moins appelle à l'immortalité : „ c'eft que la Volonté toujours efficace peut conferver une portion de Matière , même très - compofée , comme elle conferve une Ame indivifible. / Le Matérialifte voluptueux & infenfé que la crainte de l'immortalité pourfuit , fe réfugie derrière un retranchement de chaume , que le Chrétien peu inftruit prend bonnement pour un retranchement de briques. Accordez au Matérialifte ce principe qu'il chérit & qui le trompe ; convenez pour un moment que l'Am.e eft matérielle ,• qu'aura- t-il gagné par cet aveu ? ISle lui reliera- t -il pas toujours à démontrer qu'il n'exifte point un Etre Sage, qui veut; effentiellement le bonheur du jufte opprimé, la correction du Méchant qui opprime & la plus grande perfedion pofîible de toutes les Créatures ? Qu'on approFondiffe tant qu'on voudra les preuves p fy chologiques de ? immortalité de l'Ame 5 je me perfuade qu'on en reviendra tou- ( 2 ) Préface , page xxiv. LE r ESSAI ANALTTiriUE. 49 jours à la preuve morale comme à la p'us fatisfai faute. Mais i heureufement nous ne fom- mes pas réduits ici aux preuves de convenance : la Révélation nous fournit fur ce point Ci important des preuves de fait capables par elles- mêmes de triompher des doutes de iHomme raifonnable, donc le Cœur droit, honnête & humble ne nourrit point de ces paiîions fecretc^ qui portent à defirer que TEvangile foie faux ou qui en font méconnuitre i'origuic , Tcx^ cellence & la fin. (3 ) XIX. ( Eaifons pourquoi f Auteur nefi pas Matérialifie, Si parce que j'ai mis dans mon Effai beau- coup de Phyfique & afîez peu de Mctaphyfiquc ? 3'étois foupconné moi-même de Maténalifme , je ferois un Matcrialifte qui auroit donné p^ut- ètre les meilleures preuves de l'immatériahté Az l'Ame. J'ai confacré une gnmdc partie de la Préface à l'étabilifement de ces preuves , & jy fuis revenu en pluGeuis endroits du Livre. ( i ) ( 3 ) Voyez le pnrag. 716, Chap. xxiv. Ci] 1 1 Je difois dans la Préface de VEJui analytique i Tome XV. D ço A N A L r s E A B K F G E'È Non-, je lie fuis point Matérialiflej je ne crois point à la Matérialiié de l'Ame; mais je ,, j'ai mis dans mon Livre beaucoup de Phyfiqiie & alTez , peu de Métaphy{ique :- mais , en ve'rité , que pauvois-je 5, dire de l'Ame confidérée en elle - même ? nous la connoif^ 3j fons fi peu!. . Elle na des idées que par l'intervention „ des Sens , & fes notions les plus abftraitcs dérivent encore „ des Sens. . . Il faut donc toujours en revenir an phyfique ^ „ &c. 5, Je difois encore à la fin de la même Préface ; " La vertu y perdroit-elle de fon prix aux yeux du Philofophe, dés qu'il 3, feroit prouvé qu'elle tient en partie à certaines fibres di2 3, Cerveau ? „ Ces expreffinns & beaucoup d'autres répandues dans le Corps de l'ouvrage pourroient faire foupconner à un Leéleur peu at- tentif ou mal difpofé que j'incline vers le Matérialifme. Il pourroit même arriver que quelques Matérialiltes me feroient Thonneur de s'autorifcr de mes principes pour étayer des opinions très-opporées à la faine Philofophie. Je fuis infini- ment éloigné d'afpirer à cet honneur , & c'elt afin qu'on ne s'y méprenne point que j'infcre ici une Indication des divers cTidroits de mon Livre où j'ai combattu le Matérialifme, & des endroits qui lui font oppofés. Les paragraphes que j'aide- fignés par une ajlérifque foiît ceux qui font le plus direéte- Kicnt contraires au langage du Matérialifte. Préface : depuis la page xiij jufau'à la page xxij. ^. Parag. z'^. DEVESSAI AlsfALYTlflUE, çk veux bien qu'on fâche que (î j'étois Maté- rialifte je ne me ferois aucune peine de l'a- vouer. Ce n'eft donc point parce que cette opinion pafle pour dangereufe que je ne l'ai pas adop- tée 5 c'eft uniquement parce qu'elle ne m'a pas Parag. 7*. 8^ 9^ 22. z^. 46. 5o^ 126. 129. 544^ 545^ 509% s:2ç^ 716*. 727. 728. 781^ J'avois inféré ceci à la fin de mon Exemplaire cîe VFJfai tinalytique peu de tems après la publication i\\\ Livre en I760 z il m'a paru que je devois le tranfcrire iciv D 3 ç2 Jl N A L r S E A B R F G E*E paru fondée. Une vérité dangereufe n'en feroit pas moins une vérité : ce qui cft , efl; ; & nos conceptions qui ne peuvent changer l'état des chofes doivent lui être conformes. L'Entende- ment ne crée rien ; il contemple ce qui cft créé, (2) Se il contemple l'Aconit comme la Gentiane, le Serpent comme la Colombe. Si quelqu'un démontroit jamais que l'Ame efl: matérielle, loin de s'en allarmer, il fau- droit admirer la Puissance qui auroit donné à la Matière la capacité de penfer. Quand je me fuis étudié moi-même, je n'ai pu me rendre raifon de la fimplicité de mon Moi dans la fuppofition que l'Ame eft matérielle. J'ai cru voir diftindement que ce Moi toujours un , toujours fim.ple , toujours indivifible ne pouvoit être une pure modifi- cation de la Subftance étendue , ni un réfuîtat immédiat de quelque mouvement que ce foit. (3) J'ai donc admis lexiftence d'une Ame imma- térielle pour fatisfaire à des Phénomènes que je ne pouvois expliquer fans elle. [2] Chap. XIX, parag. ^I8, $19 & f"i^- [3] Préface, pag. xiij & fiiivantes. Chap. 1er., parag. *' Cluii. XXIV, parag. 716 & encprç Chap. XIX. parag. 509. DE r ESSAI A}^JÎLTTIQ^UE. <;-~i XX. Méthode & réferves de l'Auteur, Frojet d'une Hijloire de l'Attention. Utilité de cette Wjloire.- Voila quelle a été ma manière de philofophe^ en Pfychologie. Si j'en avois connu une meil leure je Taurois adoptée avec empreflement - & celui qui me la feroit connoître auroit un droit bien acquis à ma reconnoillaiice & à celle du. Public. J'ai toujours clierclié dansr les faits la rais Ton des faits. Je n'ai pas dit j'ai trouvé ^ mai-^ j'ai dit il me paroU , je conje&ure , Pon peut in- férer , &c. Un ton plus décifif auroic été bien, peu afTorti à la nature de mon Sujet & à la foiblelTe de mes talens & de mes lumières. J'a,, penfé que la Nature devoit expliquer la Na- ture & que ce n'étoit jamais au Philofophe à. parler pour elle. ^ Il nous manque un Livre qui feroit le plus- D 3 54 A 1^ A L r S E A B R F: G E* E utile de tous cpux qui peuvent fortir de rEfprit humain : ce feroit une Hijioire de rAtteiitmK Si ce Livre étoit bien fliit & bien penfé il feroit tomber toutes les Logiques j c'eft qu'il feroit une Logique réduite en action. J'ai exprimé aifez clairement l'idée que je me fais de cet Ouvrage, dans le palTage fui- vant de mon Ejfai analytique. ( J ) " Nous 53 l'avons vu : Tefprit tire fes notions des idées „ fenGbles. Les notions feront donc d'autant 33 plus diftindcs que l'elpdt aura rendu les 33 perceptîonsplus vives par l'Attention, & qu'il 33 polfédera mieux la propriété -des te-rmes re- 33 préfentatifs des perceptions. ,3 L'esprit d'obfervation , cet Ëfprit uni- 5, verfei des Sciences & des Arts , n'eft que 53 l'Attention appliquée avec règle à différens 55 objets. Un Philofophe qui nou^ traceroit les 33 règles de l'Art d'obferver , nous enfeignèroit 35 les movens de diriger & de fixer rAtteii- 53 tion. Il nous mo-ntreroit les heureux effets 53 de cette Force 4ans les beWes découvertes 53 qu'elle a produites en différens Genres. Si ce „ Philofophe avoit lui - même découvert plu- [ î 3 Chap, XVI j parag. 279. 9} DE V ESSAI ANALTTIQ^UE, ^<; fieurs vérités, s'il nous faifoit ITliftoire de la marche de fou Efprit dans la découverte de ces vérités , cette Hiftoire feroit celle de fon Attention. En attendant qu'un tel Livre paroiffe, les Ouvrages des Obfervateurs les plus célèbres peuvent être regardés comme des Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de l'Attention. „ XXL Importance de P Attention, Ouvrages qui font tomber r Attention en para- lyfie, CaraBeres dhin Ouvrage bien fait ^ bien penfè. De toutes nos Facultés l'Attention eft efFec- tivement celle que nous avons le plus d'in- térêt à cultiver. Elle eft , comme je le difois , fr-) la Mère du Génie ; & fi le hafard qu'on re- garde comme Punique auteur de tant de dé- couvertes 5 n'avoit pas été fécondé par l'Atten- tion , ces découvertes auroient péri en nniffant & n'auroient eu aucune fuite. (l) EJfaiy Chap. XIX, parag. ^30, D4 S6 A-NALTSEABRFGFE Nous avons à regretter que cette belle Fa- ciiké foit trop foiivent lailTée fans exercice dans des Ouvrages qu'on nous dit n'être pas faits (implement pour amufer , & dont les Au- teurs , qui feroient bien fâchés qu'on ne les iiiît pas au rang des Moraliftes ou des Philo- sophes , affcdent quelquefois d'aifurer fort qu'ils ne iont ni l'un ni l'autre. La plupart de ces Auteurs parlent beaucoup à l'Imagination & alfez peu à l'Attention. Comme j'S ont eux - mêmes beaucoup d'Imagination , & qu'elle efl; chez eux la Faculté dominante, il éll tout naturel qu'elle foit celle qu'ils exercent le plus fréquemment. Ils mettent donc fouvent les images à la place des notions ; & parce que le plus grand nombre des Ledeurs a dans la Tête bien plus d'images que d'idées , CCS Auteurs font très-sûrs de plaire à tous les Ledeurs qui aiment mieux fentir ou voir que réfléchir ou méditer. C'est ainfi que l'Attention , ce puiifant ref- fort, fe relâche de plus en plus & que l'Ef- prit demeure qwÇïw comme paffif. En général , il eO: très facile de réveiller des images dan,s notre Cerveau. Il eft des mots qui peuvent feuls en réveiller une multitude , & l'iicuroux LE VMSSAI ANALTTIQ^UE, ' ^7 choix de ces mots fait ordinairement le prin- cipal mérite & la réputation de l'Ecrivain. Les fibres fenfibles auxquelles les images ont été attachées font les plus mobiles de toutes , & elles jouent au premier mot. Mais , quand il s'agit de raflemb'er avec cho*K , d'enchainer avec ordre , d'expofer avec netteté, de comparer avec exaditude , d'anaiyfer avec foin, d'anatomifer avec art une multitude de faits divers ou d'idées abftraites j quand il s'agit de démêler les réfuitats de tout cela & les réfultats des réfuitats; c'eft alors fur -tout que cette forte d'Imagination dont je parle ell; plus nuifible qu'avantageufe. Il faut qu'elle It? re- tire pour laiiîer flnre l'Entendement , & qu'elle ne ù montre jamais que pour foulager l'At- î.ention. La clarté , la prccifion & la concaténation des idées font ce qui contribue le plus à la bonne façon d'un Livre. Les bons Livres, les livres bien faits font les bons Lec1:eurs, & fi le nombre de ces derniers eft fi petit, c'eft que le nombre des bons Auteurs l'ell encore davan- tage. Les Livres les mieux faits ne font pas tou- (iS. A N A L T s E An R,E' G F E, &fc. jours, ceux qui frappent le plus le commun des Ledeurs ; tout y e{ï Ci bien à fa place , fi bien dit , fi bien lié , Ci bien comme il doit être ^uc cela fcmble s'être fait de foi -même 8c fans art. On jouit de l'Ouvrage , fans fonger aux difficultés de fa compofition : & comment y fongcroit- on? la marche ett par-tout fi na- turelle, Cl facile qu'on n'micjgine pas qu'elle eût pu ètr€ autrement. Il n'y a que ceux qui écrivent dans le même goût qui fâchent ap- précier le travail de TEcrivain. Ua bon Lec- teur le fait aufii. Mais , l'Ecrivain eftimable qui fe confacre à la Société s'occupe moins de l'appréciation qu'on fera de fon travail , que du defir de le rendre utile au Public. [ 2 ] A Thoneyi , près de Genève , le ZZ de Juin 17^4. [ 2 ] On trouvera parmi ces Opufcules ini Ecrit que j'aj Intitulé Efai à' Application des Principes pfychslogiques ^c. où j'ai mis dans le plus grand jour mes principes les plus fondamentaux fur l'Economie de notre Etre , en les appliquant à un cas particulier que j'ai effayé d'analyfer. Je me flatte que ce petit Ecrit & VAnalyfe abrégée de mou Livre] fuffirout pour la pleine intelligence de mes idées. TABLEAU DES CONSIDERATIONS SUR LES CORPS ORGANISÉS , 0 u EXPOSITION SUCCINTE Des Principes de PAUTEVR fur la Géné~ ration çff fur le Développement , précédée de quelques Remarques fur l'Art de conje&urer en Fhyftque , ^c. TABLEAU D j5 -S' CONSIDÉRATIONS SUR LES CORPS ORGANISÉS. INTRODUCTION. j E place à la fuite de VAnalyfe abrégée de mou Ejfai le Tahlemi de mes Confidérations fur les Corps organifés. Ces deux Pièces font aflez faites pour aller enfemble : elles ont été travailléesr dans le même efprit , & renferment des prin- eipes dont la lumière fe reHéchit fur les mêmes Objets & les rend plus diftinds. La Pfychologie & la Phyfiologie s'éclairent mutuellement ; c'eft qu'elles ont bien des côtes communs , puifque C% TABLEAU rHonime eft le principal Objet de l'une & de r-aiitre. Or , ù tout ell: lié étroitement dans THomme -, s'il efl: un fyftème merveilleux de rapports , il faut bien que les Sciences qui s'oc- cupent de THomme s'enchaînent entr'elles. C'est, fans doute , par une conféquence na- turelle de cette liaifon , que j'ai été appelle à rncditer fuccefîivement fur deux des plus grands myfteres de la Nature, le méchanifme des opé- rations de l'Ame & l'origine des Etres organifés. J'ai tracé en raccourci dans VAncilyfe abrégée Se dans ce Tahleau la route que j'ai fuivie pour tâcher àft parvenir à quelque chofe de probable fur des fujets (i obfcurs & Ç\ épineux. J'ai ca- rajdlérifé l'efprit de ma méthode & j'ai mon- tré qu'elle eft précifément la même que celle de l'obfervateur. Les Confidéraîions forment une chaîne de faits & de conféquences qui n'eft gueres moins lon- gue que celle de PEJJlù. Il faut, un degré d'at» tention peu commun pour fufir fortement une pareille fuite , pour embraifer la totalité des principes & de leurs réfulcats immédiats ou mé- diats. L'expérience ne m'a que trop appris que malgré l'extrême clarté que j'avois cherché à DES COJ^SJDE'RATIO-NS, ^5 répandre dans mon Livre , malgré Tenchaîne- ment naturel des vérités je n'ai pas toujours été bien entendu , même de la plupait de ces Ecrivains qui font proFefîion d'être auprès du Public les Interprètes des Auteurs. J'ai donc penfé que je devois être mon pro- pre Interprête. Dans cette vue , j'ai raflemblé fort en abrégé la fuite de mes principes les plus généraux fur l'origine , le développement & la reproduction des Etres organifés. J'ai ref- ferré le plus qu'il m'a été poffible la férié des faits & des réfultats. J'ai tâché de concentrer les vérités particu- lières dans des vérités générales , qui fulfent comme des points de vue aiTez élevés d'où l'on pût contempler Facilement Tenfemble de celles-là. C'eft ce que j'ai exécuté dans ce Tableau , que je foumets de nouveau au jugement du Public éclairé, ( i ) [ I ] Il avoit déjà paru dans la Préface de la Contempla^ tiou) mais j'avois négligé de féparer les fiijets par des titres particuliers. Ces Titres étoient pourtant néceffiiires pour mettre plus de diftinction dans les fujcts & pour faire mieux fentir ma marche , & la liaiTon de mes principes & de leurs confé- . quences. J'ai donc réparé ici cette omiffion , & j'efpere qu'on en parcourra ce Tableau avec plus de plaifir & de fruit. d4 TA B^L EAU S'il veut bien examiner les faits cipnt je fuis parti, les conféquenccs que j'en ai tirées, & comparer mon hypothefe avec celles des plus célèbres Epigéniftes , (s) je me flatte qu'il ne lui paroîtra pas que j'aie mal raifonné, & qu'ii ne lui fera pas difficile de découvrir de quel côté eft la plus grande probabilité. [2] C'EST le iioiTi qu'on peut donner aux Partifans de VEpigcnefe ou de cette opinion qui fuppofc que les Corps organifés font forme's par une appofition fucceffive de molé- cules ou par une méchanique fecrete. Cette opinion eft done dircétcment oppofée à celle qui fuppofe que les Corps orga- nifés ont été fréf ormes dés le commencement. ^m^^^ DES OO'N SIDÈRATIOI^S. êj I. Eeinarques générales fur fe s Extraits que quelque^ Jonmiili/îes ont donnés de f Ouvrage. D £s Journaîiftes eftimablcs , dans le compte avantageux qu'ils ont bien voulu rendre de mon Livre fur les Corps organifés , ont Fortin- filté An les conféquences que j'ai tirées des faits relatifs à la griiération. l's ont pris foin d'à-* vertir leurs Ledeurs que tout ce qui eft au- delà des faits dans ce Livre, n'eft que Cou- je&urei. J'aurais fouhdité qu'ils leur euffent ap- pris en mème-tems , que je n'avois rien né- gligé pour qu'on ne s'y méprît point. J'atten- dois de leur équité naturelle une remarque auffi importante (Se Ci néceifaire à Tappréciaciou de ma méthode. ( i ) [ I ] Je fuis infiniment éloigné de faire un femblabîe re^ j^foche à tous les Journalittes qui. fe font occupés de mes re- cherches , & en particulier aux excellens Auteurs de la Biblio^ theqitedes Sciences q^ des Beaux- Arts, ^e dois, au contraire, leur témoigner ma juile reconnoifiance de la complaifancc avec laquelle ils fe font étendus fur mon travail & de l'art avec lequel ils ont fu intéreffer leur Lefteur en faveur de mon Livre. Il règne dans les deux amples Extraits qu'ils en ont Tome XV. ^ £ 66 ' TABLEAU Quel Auteur, j'ofe le demander, a diftin^ gué plus foigncufemeiit que moi les faits de leurs conféquences imm.édiates ou médiates ? Par-tout j'ai tâché d'interroger la Nature comme elle veut l'être , & fi je n'ai pas toujours été heureux dans fou interprétation , j ai au moins rendu fidèlement les réponfes , & je ne leur ai jamais aflbcié mes commentaires fans en avertir expreffément. J'aurois été plus à blâmer que tout autre Ecrivain (î j'en avois ufé autrement j moi qui me fuis élevé tant de fois contre l'aous des conjedlures & des hypothefes. Mais, ces commentaires de la Nature que ces favans Journaliftes ont paru ne pas goûter , les ont-ils bien lus F je ne dis pas médités ; ce feroit trop exiger de leur attention & de leur patience. Je m'abftiens de prouver qu'ils ne m'ont que parcouru rapidement , & ils croi- ront bien que fî j'entrois dans cet examen je ne ferois embarraifé que fur le choix des preu- ves. La droiture de leurs intentions & la re- connoiffanee m'impofent là - deifus un filence que j'ai d'autant plus de plaifir à garder que ont publies, T. XX , XXI , une méthoile, un enchaînement , une exaftitiide & mie ciaitc dignes d'être propofées pour ma- ^eles à tous les Journaliftes. DES CONSIDERA TIONS, 6% j'ai toujours eu plus d'averfioii pour le Pôle-*' mique* II. Continuation du mênis fujet. Vaines déclamations cojitre hifage des conjeciuref. Manière de penjer de VAatenr fnr fe s propres opinions* De vrais Philofophes nous ont tracé dans leurs Ecrits immortels les règles de PArc d'ob- ferver & d'expérimenter. Il nous ont donné h la fois l'exemple & le précepte. Ils nous ont; montré avec quelle (âge circonTpedlion Ton doit Il fer des méthodes hypothétiques & combien Ton doit s'attacher à Fctude des faits. Ils ont dit fur tout cela des chofes admirables qu'on ne peut trop méditer. Des Ecrivains qui ne font point engagés par état à creufer les matières de Phyfique & d'Hif- toire naturelle, fe faifilîent de ces- maximes phi- îofophiques, les tournent & les retournent, îes répètent avec complaifance & n'en font pas toujours une application exade. Ils favent eu général que les Philofophes s'égarent fouvent; dans la région des conjedures & qu'il n'y a E Z 8S T A Ë L E A XI de certain que les faits qui ont été bien vtîs & revus. Ils fe déclarent donc indiftindemens contre toutes fortes de conjedures. Le grand Newton s'eft abftenu de cher- cher la caufe de la Pefanteurj un Phyficieii eftimabîe elîaie modeftement de l'expliquer j ii recourt à uiiehypothefe ingénieufc, qui latis- fait heureufement aux phénomènes , & qu'il ne donne néanmoins que pour ce qu'elle eft : nos zélés Ecrivains lui font aufli-tot fon procès , 1® condamnent fans l'entendre , louent à perte d'ha- leine la réferve de Newton , qu'ils n'enten- dent pas mieux , & fimlFent par déclamer contre i'efprit du fyfteme. Le myftere de la génération pafle bien pout aufîî caché que la caufe de la Pefanteur, un Naturalitl:e tente d'y répandre quelque jour 3 il débute par dire : Pou ne préfmnera pas que faie f retendu découvrir ce myjîere -, il efi encore voilé aux yeux des plus grands Fhyficiens y fm feule^ 7nent cherché à rameuer cette belle partie de PHif- îoire naturelle à des principes plus philofophiques que ceux qiCon a tâché de leur fuhjlitiier dam ces derniers tems. ( l ) (^1^ ConJïAéi-ntioîis fur Ui C'oYj^s or^anifes ^ Préface, pa^e !• para-. 1, , DES COyiSIDE' RATIONS, €9 Ce Naturalifte a en main des faits nouveaux, 'très- confiâtes & très-décifirs : il les analyfe , les anatomifc , les compare entr'eus & aux faits déjà connus , & fe rend attentif aux confé- quences immédiates qui réfultent de cet exa- men approfondi. Il expofe avec netteté la fuite de ces conféquences ; il les enchaîne les unes aux autres ou plutôt elles s'enchaînent elles- mêmes : toute cette fuite eft un peu longue & exige un peu plus d'attention qu'un Roman : le Naturalifte finit par ces mots ; 7naînteua7tl^ je prie les vrais Thyfîciens de me dire fi fat jiifqiCici hien raisonné , fi j\ii choqué les faits , fi fat contredit mes principes ? ( 2 ) VoiI.A les queftions que les Ecrivains dont' je parle devroient difcuter avant que de déci, der de mes conjedures. Mais, dans cette vue, il feroit néceffaire de prendre la peine de mé- diter un peu mon Livre. Je n'ai donné ces con- jedures que pour ee qu'elles valent , 8c ce n'é- toit point la modeftie, mais c'étoit le fenti- ment profond du vrai qui m'infpiroit lorQuo j'ai dit j ce que je ne fanrois trop répéter , c'^efi que je ferai toujours prêt à abandonner mes opi- nions pour des opinions plus probables. Mon amou)^ ( 3 ) Conjd^'rc^ipns fur les Corp or^mifes.-'JT . II art CCCI.VI, E 3 ^# TABLEAU four le vrai ejl fincere , ^ je rC aurai jamais de peine à avouer fuhliquement mes erreurs. J'ai toujours penfé qu'un j'ai tort valoit mieux que cent répliques iugénieufes, [ 3 ] Lorfqu'oii traite des matières aufli difficiles , l'on ne longe guère à paroître modefte 5 c'eft qu'on eft forcé de l'être, y Au refte ; ceux de qui j'ai l'avantage d'être connu lavent combien peu je fuis attaché à mes opinions. Pourquoi les regarderois- je comme partie de mon Etre? elles en font fi indépen- J dantes ! J'ai trop fouvent éprouvé qu'il eftrai- ' ibniable de changer d'opinions pour n'être pas prêt à en changer encore. J'ai toujours une place en réferve dans mon Cerveau pour les opinions contraires. Je me fuis trompé plus d'une fois , il eft ° très-probable que je me ferai trompé encore fur divers points. Je ne parle que des opinions & point du tout des vérités j car il en cii de plus d'un genre & j'en ai dé- couvert quelques - unes. £3 ] Ibid. à la fin île la Préface, LES CONSIDFRATlO:t^S. 7^ I I L Comment il faut juger de l'Ouvrage , 5f? ^^^ <^. J'ai donc penfé que s'il eft probable que les Corps organifés préexillent dès le commen- [6] On trouvera dans la Part. IX. df cette Palins;ériéjïe fhilofûphique iit=îs dernières méiitations fur les préformations organi^M s , à .Poccariûii île nouvelles découvertes fur les re^ groduétions aninules, DES CONSIDE'RÂTIO^Js:. loj cernent , il Peft aufîi que le Principe qui doit les animer a préexifté en même tems. Je n'ai point du tout décidé fur l'exiftence de l'Ame des Bètes -, mais j'ai établi la proba- bilité de cette opinion fur l'analogie. ( l ) J'ai cru que le Polype donnoit des marques non équivoques de fentiment , & qu'un Etre organifé qui dévore des Proies, qui les pêche, pour ainfi dire , à la ligne & qui les digère , n'écoit pas une Plante. Je n'ai pas imaginé que le Cerveau ou ce qui en tient lieu dans le Polype , pût fentir. Je me fuis flatté d'avoir mieux démontré qu'on ne l'avoit fait avant moi que la matière ne peut pas fentir. (2) J'ai donc fuppofé une Ame dans le Polype, parce qu'il m'a paru fentir. Un Automate peut néanmoins donner toutes les marques extérieures du fentiment ; j'en con- viens : mais combien d'opérations des Brutes qu'on ne fauroit expliquer méchaniquement que [ I ] Con/Fd. fur les Corps organifés. Art. CCLXXXIU. [2 ] Ejfui analytique fur les Facultés de VAme : Oeuvres, Tom. Xin&XIV. Uaiis la Préface & dans les parag. 2, 716. G4 to4 TABLEAU d'une manière très - forcée ! D'ailleurs qua^itite de Brutes ont des Sens femblables aux nôtres, & qui leur ont été accordés pour la même fin. Admettrons-nous que l'Homme , qui a les mê- mes Sens que ces Brutes , pourroit n'être qu'uu pur Automate ? Mais , s'il eft probable que ces Brutes ont une Ame , il ell aflez apparent que toutes les Brutes en ont une auffi. Si Ton admet que toutes les Brutes ont une Ame , Ton admet né- ceiïairement que cette Ame eft immatérielle & par conlequent indivifible, L'aME du Polype fera done aufîî indivifible. On ne partagera donc pas cette Ame en parta- geant le Polype : ;nais on donnera lieu ainfi à certains Germes de fe développer , & l'Ame que j'ai fuppofée réfider originairement dans ces Germes commencera à éprouver des fenfa- tions relatives à la confervation de l'Individu. Il fe formera autant de nouvelles Ferfonms , autant de nouveaux Moi qu'il fe développera de nouveaux Touts individuels. Voila ce que j'ai tenté d'expliquer en dé- cail dans le chapitre ÏÏI. du Tome fécond des; - Çqnfi dérations fur les Corp organisés y & que lo 4 DEÉ C0NSIDFRATI02sS. loç Ledeur judicieux voudra bien Gomparer aux divers raifonnennens & aux conjedures plus ou moins vagues qu'on avoit débitées fur ce fujet de métaphyfique. Il ne faut pas me demander froidement , com- me l'a fait un Journalifte, fi le Polype a un cerveau, s'il a des nerfs? Ces queflrions & tou^^ tes celles qui leur relfemblent , fuppoferont tou- jours que celui qui les fait n'a pas pris la peine de me lire en entier, ou que s'il m'a lu il ne m'a point entendu. Je n'ai jamais penfé que le Polype eut un cerveau Se des nerfs pareils à ceux des grands Animaux. Mais , j'ai penfé que le Polype avoit les organes du fentiment dans le rapport à fa nature de Poiype ou à fa manière propre de fentir, & je ne me fuis pas avifé de cher- cher comment il fent. C'étoit avoir fait aifez que d'avoir montré que les phénomènes de fa reprodudion ne choquent pas le moins du monde la doctrine de V hmnatérmlité de l'Ame. ^^ t^é TABLEAU l XV IL Vemho/teme?it, La dijjemination. Je n'ai pas décidé entre l'hypothefe de l'em- boîtement & celle de la dilTémination des Ger- mes. J'ai feulement donné à entendre , que j'inclinois vers l'emboîtement &; j'ai indiqué les raifons qui m'ont paru favorifer cette hypo- thefe. ( I ) Je n'ai jamais cru que des calculs fans fin qui n'effraient que l'Imagination fufTent des argumens terralîans pour la Raifon. La Nature travaille aufîî en petit qu'elle veut , & les der- niers termes de la divifion de la Matière nous font inconnus. Je n'ai pas dit qu'elle fût adu- ellement divifée à l'infini 5 mais j'ai pu dire qu'elle l'étoit à l'indéfini. [ I ] Conf4. Art. CCLXXIV , CCCXLII. DES CONSiDE'RATIONS. 107 XVIII. Raifons qui portent P Auteur à rejeter les générations équivoques. Je n'ai point adopté de générations équivo- ques; premièrement, parce que je n'en connois point; fecondement, parce que de telles généra- tions m'ont paru contraires à tout ce que je connois de plus certain fur la génération des Plantes & des Animaux. J'ai expofé fidellement & fort au long dans mon Livre fur les Corps organisés les curieufes expériences par lefquelles des Phyficiens célè- bres ont tenté de nos jours de reiTufciter l'opi- nion de l'Ecole. ( i ) Je me flatte d'avoir affez fait fentir combien toutes ces expériences font défedueufes ou équivoques & combien la pré- vention en faveur d'une certaine Théorie a pu influer fur l'obfervation & fur fes réfultats* Je ne me fuis pas borné à combattre ces Hercules de l'Ecole avec les armes du raifon- nement : je leur ai oppofé des faits qui ont écé vus & revus par les meilleurs yeux , & [ I ] ConfuU Tom. I. Chap. VIL Tom. II. Chap. VI. io8 ^ T A S L É A U qui contredirent formellement les confequences étranges qu'ils ont titées de leurs obferva- tions. (2) Si Ton m'objcdoit encore la génération des Vers du foie des Moutons, celle de certains Vers qu'on croit avoir apperqus daus les veines , dans les niufcles , dans les Gaines des ten- dons 5 je denïanderois , li la feule préfence de ces Vers dans des réduits aufîî cachés auto- riferoit un vrai Philofopbe à les regarder comme les produits immédiats d'une génération équi- voque f* Avant qu'on connût la véritable ori- gine des Vers qui habitent les finus frontaux àes Moutons, n'avoit-on pas jugé de leur origine , précifément comme les Partifans de l'Ecole voudroient nous faire juger de celle des A^ers du foie ? Et puis , eft - il bien sûr que tout ce que l'on a pris pour de véritables Vers dans les veines, dans les mufcles , dans les * tendons , &c. en étoient réellement? Des ap- parences trompeufes n'en ont -elles jamais im- pofé aux Ofervatcurs p:éoccupés ou peu inf- truits ? Mais , ne chicanons point fur l'exiftence d& [2] Ibid. Art. CXXXV, CCCÎ^XX. JD^^' C ONSIDFRA TIONS. 109 tous ces Vers 9 que peut - on déduire légitime- ment de leur apparition dans ces replis du Corps humain ? Rien autre chofe fînon que nous ignorons comment ils fe trouvent là. L'igno- rance abfolue fur la manière d'une chofe ren- dra - 1 - elle jamais une opinion probable ? Par combien de moyens divers les femences invi- fibles de ces Infectes ne peuvent - elles pas s'in- troduire dans l'intérieur du Corps ? Combien de faits analogues appuient cette idée î Combien d'Origines fecretes qui ont été enfin dévoilées î Si les Vers dont nous parlons n'ont pas une origine auffi régulière que celle de tant d'autres laieéles , s'ils ne la doivent ni à des œufs , ni à des Petits vivans , ni à aucune autre caafe de même genre , il faudra dire alors , qu'ils font formés du concours de certaines Molécules qui fe réuniiTent par appofition , & parviennent ainG à compofer un Tout organique qui vit , fe meut & fe propage. Mais , quelque fimple qu'on fuppofe l'organifition de ces Vers , quclqu'imparfaits qu'on veuil'e qu'ils foient en com.araifon des autres Animaux , ils n'en feront pas moins Ani- maux , & qui dit un un Animal , dit un Tout organifé, formé de l'alfembiage régulier de ïio ^__^ TAB LEA V bien des parties différentes , toutes trèsorga^ nifées ; & qui tendent toutes à une fin géné- rale. Comment le concours de certaines molé- cules réunies par appofition établira- t- il entre les parties ces rapports nombreux & variés d'où réfuite l'Animal? Si nous pouvions avoir fur une efpeee de ces Vers un Traité ^pareil à celui de la Che- nille cJc haute , fi le fcalpel & le crayon d'un Lyonet pouvoient nous en donner l'anatom.ie , je me perfuade aifément que ces Animaux qu'on nous repréfente comme il fimples , fi impar- faits , en un mot, comme fi peu Animaux, nous paroitroient des Etres très-compofés , & dont nous ne luifirions point à admirer la riche organilation. ^ Je n'ai pas prefcrit des bdrnes à la Nature ; je fais combien celles de mon Efprit font étroites - je n'ai jamais prétendu déterminer tontes îes manières dont eiîe peut former un Animal : il en eft sûre meut dont je n'ai & ne puis avoir aucune idée , & qu'on découvrira un jour : j'ai dit fimpleraent que pour admettre une nou- velle formation de l'Animal , diifcrente de tout ce que n®us connoiiibns de certain en ce DES C0NSIDE*RATI02^S, m genre , il falloit des preuves au moins auffi dé- monftratives que celles que j'ai donn&es de la multiplication des Pucerons fans le concours des' fexes. [ 3 ] J'ai donc avancé que l'opinion des générations équivoques eft abfolument dénuée de femblables preuves j & où eft le Phyficien fage qui pourroit en difconvenir? XIX. Les Moîiftres. La. formation des Monftres eft un point de Phyfique très-difficile à manier & qui partage encore les plus grands Phyfîologiftes. J'ai fait fur ce fujet bien des réflexions , j'ai raifemblé bien des faits & j'ai eifayé d'en analyfer quel- ques - uns. ( I ) Mon but étoit de développer davantage mes idées fur la génération en les appliquant à la formation des dilférens Monftres. Si je n'ai pas eu recours à l'hypothefe des Germes originai- rement monftrueux , c'eft uniquement parce que [ 3 ] Traité A' LifeHologle : Oeuvres. Tom. I. Conjïd. fur es Corps organifés. Tom. II. Art. CCCII , CCCIII , CCCIV. [ I ] Confia, fur les Corp organifés Tom. U. Chap. VlII. ÎI2 • T A B L E A U, ^c. cette liypothefe d'ailleurs fi cotninode , ne m'a pas paru ruffifamment étabHe par les divers exemples qu'on produit en fa faveur , & qu'iî eft ua grand nombre d'autres exemples ou les caufes accidentelles font très-apparentes. Je me fuis néanmoins borné à faire fentir l'inBuence que ces caufes peuvent avoir drfns les produc- tions monltrueufes que les Partifans de l'opinion contraire ne jugent pas foumifes à leur ac- tion. [2 ] [ 2 ] On trouvera dans les Part. IX , X , XI cïe la 'Çalingé- néfie^ de nouvelles découvertes très-îiitérciïantes fur les repro- ductions animales , fur l^'^ccroifTemenfc & fur la préexiftencc du Germe & de noavellcs confidérations fur tout ce' a : elles ferviront de fupplémens à mes deuv derneers Ouvrages, f t En réimprimant les ConJkUrutions fur les Corps orgmifés dans la Colleftion générale de mes Oeuvres , j'y ai fait deS Additions très-confidérables qui mettent dans un plus grami jour encore & qui confirment de plus en plus les principes que j'avûis tâciié d'établir fur la première origine des Etres vivans. ESSAI ESSAI DAPPLICATION DES , PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES DE L' A U T E U R A la minière dont les idées font rappelle es par les tnots ^ & à raJfocuUion des idées m généraL Tom. XV. H C ITT ) V^'r ' «rrr — ■ . —_■ ^ajy\(jc^ 1»».- _ BC::^woc::r^ic>cDvocDvocr^ûsc::;occi3ccc:xcczîoocDoocDocc^ ESSAI DES PRINCIPES PSYCHOLOGiaUES i) ^ r A U T E U R, INTRODUCTION. j E me borne ici à un feul exemple : il fuffira pour faire juger de Tapplication qu'on pourroit faire de mes principes à un grand nombre d'au- tres cas. Ce fera même par une application à un plus grand nombre de cas qu'on jugera mieux de la vraifemblance de ces principes. Une hypothefe eft d'autant plus probable, qu'elle explique plus heureufement un plus grand nombre de phénomènes. Ceux de mes Ledeurs qui fe feront rendu mes principes familiers n'auront pas de peine à faire les applications H z îi^ APPLICATION dont je parle. Je fuis fort intérclTé dans cet exercice de leur Entendement, puifquc c'eft de leurs efforts que je dois attendre la perfedion d'un fyftême que je n'ai pu qu'ébaucher. '^sc^^ LES FKJI^CÏPES PSTCHOLOGIQUES. 117 DU RAPPEL DES ÏDÉES PAR LES xMOTS. L Exemple. OSTRACISME étoit un banniiTemeiit de âi^ ans introduit par les Athéniens contre les Ci- toyens que leurs riclielTes ou leur crédit rendoient fufpedls. On écrivoit le nom du coupable fur des coquilles, & c'eft delà que VOfiradfine tiroit fa dénomination : le mot grec ofiracon fignifie coquille. Le nombre des fuffrages devoit excé- der celui de 600. J'ai lu autrefois ce trait d'Hiftoire, & je n'en ai retenu autre cliofe finon que rOftracifme étoit un bannilfement de dix ans auquel on condam- nait les Citoyens trop accrédités. Js relis par liafard ce trait d'Hidoire , & j'ai un léger fouvenir de l'avoir lu. Cependant (î l'on m'avoit demandé l'origine du mot Ojira^ cifms , je n'aurois pu l'indiquer. [ i ] [ I ] CEcr m'eft arrivé au pied de la lettre en lifant l'Ar- ticle Coquille dans le {avant Dièiionnai-re iVHifioire naturelle H3 Ii8 JÎPPLICATION Je veux approfondir un peu ce petit fait & lui appliquer mes principes pfyc'nologiques pour mieux juger de leur probabilité. IL Explication, J'ai admis que toutes nos idées tirent leur origine des Sens , & j'en ai dit la raifon , parag. 17, \%. (2) J'ai prouvé que la Mé- moire tient au Corps , parag. 57, & que le rappel des idées par la Mémoire tient aux dé- terminations que les Objets impriment aux fibres des Sc.»is, & qu'elles confervent, para- graphes 58 5 S9 ^' fuiv. J'ai montré enfin , que chaque iàée doit avoir dans le cerveau des fibres qui lui foient appropriées & au jeu defqueUes îe rappel de Fidée ait été attaché ; parag. 78 5 79 il faut néceflairement qu'il réveille chez moi l'idée de bannilTement. Cette idée de bannilTement ne fuffiroit pas même pour m'e donner le fens complet du mot, parce qu'elle feroit trop vague j car l'Of- tracifme n'cfl pas lefynonimede banniflement : tout bannilfement n'eft pas un Oftracifme. L'Ostracisme réveille donc chez moi l'idée d'une efpece particulière de bannilTement , & fi ma Mémoire n'eft pas tout - à - fait infidelle ^ H4 120 APPLICATION elle déterminera l'idée à un bannilTement de dix ans. Le faifceau de fibres auquel eft approprié lô moc Ojiracifme ^ ébranlera donc les faifceaux auxquels font appropriés les mots bLWuiJJhnenP de dix ans, ■Mais , ces mots bmmijjement de dix ans fe- roient eux-mêniL'S vuides de fens , s'ils ne réveilloient pas confuiement dans rEfpnc l'idée d'une forte de peine & celle d'un certain ef- pace de tems. Les Faifccaux appropriés aux mots banniffe- ment de dix ans ébranlent donc à leur tour plus ou moins foiblement d'autres faifceaux auxquels tiennent les mots ou les figues repré- fen tatifs de peine & de tems. Les faifceaux appropriés à ces derniers mots pourront ébranler de même d'autres faifceaux auxquels tiendront quelques mii.gcs eu quel- ques idées analogues à ce que ces mots font deftinés à repréfenter. Je me rappelle donc très - diflincfrement que 'Oiiracifme eft u\\ bannifiement de dix ans. DES PRUKIVES FSrCIIOLOGIOUES. iti Je me rappelle encore que ce banniiîement ne porcoit dans fou inftitution que contre ^les Ci- toyens trop accrédites. Les faifceaux appropriés aux mots hmmijfe^ ment de dix a?js tiennent donc encore à d'aucres faifceaux auxquels font attachés les mots Ci- toyen & accrédité. Ceux-ci réveillent quelques- uns de leurs analogues , &c. III. Suite de l'explication. Mais, pourquoi le mot Ofiracifme ne m.e rappelloic - il pas -ks mots coquille ^ yjthéniens , fij])-ciges ? iLed très-clair que les fibres appropriées à ces ciifcrens mots n'avoient 'point perdu les déter- minations que la ledurc de ces mots îçur avoie imprimées, & que la répétition allez fréquente des mêmes fons avoit dû naturellement tbrti- ner. Il n'ett pas moins clair que ces mots avoient contrac1:é dans mon Cerveau une multitude d 3 liai- fons diverfes , fuivantremploi que j'avois eu occa- Hoa d'en faire foit en converfant foit en'écrivant. Jai montré en plufieurs [endroits de mou 122 APPLICATION Livre que les liaifons qui fe forment entre nos idées de tout genre , ea fuppofent de pareilles entre ies fibres fendbles de tout genre. Nos idées de tout genre tiennent à des lignes qui les repréfentent. Ces figneb font pour l'ordinaire des mots. Ces mots ibnt rappelles par la Mé- moire- Il eft bien démontré que la mémoire a un liege purement phyfique. Des accidens purement phyfiques la détruifent : on perd to- talement le fouvenir des mots j on oublie fa Langue maternelle. La confervation des mots ou des figues de nos idées par la Mémoire tient donc à des caufes phyfiques. Ces eau les peu- vent-elles être autre choie que l'organifation & l'arrangement des fibres du Cerveau ? Si notre Ame n'a l'idée d'un Objet que per l'adion dé cet Objet fur les fibres feiifibies qii lui font apropriées , il ell bien naturel que le rap- pel de cette idée par la Mémoire ou la reproJuc- tion dépend de la même caufe qui en avoit oc- cafioné la produd^ion. Il faut donc que no^ fibres fenfibles de tout genre foicnt organifées & arrangées dans le Ci2go de l'Ame , de manière qu'elles retiennent pen- dant un tems plus ou moins long les détermina- tions qu'elles ont reçues de i'adion plus ou moins DES PRINCIPES PSrCHOLOGIQUES. 125 réitérée de leurs objets , & qu'elles puiiTent con- trader entr'elies des liajfons en vertu defquelles elles puifTent s'ébranler réciproquement. Pour que des fibres fenfibles de même genre ou de genres différens puilTent s'ébranler réci- proquement, il faut de toute néceilité qu'elles communiquent les unes aux autres immédiate- ment ou médiatement. L'ÉBRANLEMENT dont il s'agit eft une im- pulfion communiquée : afin que cette impulfion le propage d'une fibre à d'autres fibres , il eft bien évident qu'il faut ou que la fibre ynite tienne immédiatement aux fibres à mouvoir ou qu'eJle y tienne par quelque chofe d'intermé- diaire qui reçoive i'impulfion & la tranfmctte. Je me fuis beaucoup étendu dans les Chapi- très XXII & XXV. fur cette communication des fibres fenfibles & fur fes effets. J'ai donné le nom de chaînons à ces parties , quelles qu'elles foient, par lefquelles je conçois que les fibres fenfibles de diitérentes efpeces ou de différens genres tiennent -les unes aux autres & agiffent les unes fur les autres. J'ai fuppofé que ces chaînons étant defti- 124 APPLICATION nés à tranfmettre \c mouvement , & un cer- tain mouvement d'un fiîifceau à un autre faif- ceau ou fimplement d'une fibre à un autre fibre avoient reçu une ftrudure relative à cette im- portante fin. Je n'ai pas entrepris de deviner cette Itrudure 5 l'entreprife eût été vaine; je me fuis borné à eu confidérer les eiFets & à m'aliurer de leur certitude. J'ai cru cette certitude, parce qu'elle m'a paru rigoureufement prouvée. Non feulement une fenfatïon nous rappelle une fenfation de même efpece ; un fon, par exemple, nous rap- pelle un autre fon , uae couleur nous rappelle une autre couleur 5 mais nous éprouvons en- core qu'un fon nous rappelle une couleur. Le fon tient , à des fibres de FOuie , la couleur tient à des fibres de la Vue: les fibres del'Ouie & celles de la V^ue communiquent donc eu- Le même raiionnement s'applique aux au- tres Sens ; les fibres de tous les Sens commu- niquent donc les unes aux autres. Si h mémoire d'un mot tient aux détermi- nations que les fibres appropriées à ce mot ont contradécs, le rappel d'un mot par un autre DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES. 12c mot doit tenir eiTentiellement au déterminations que les chaînons qui lient les deux faifceaux auront contradées & confervces. J'ai expofé dans le Chapitre IX mes princi- pes fur cette habitude que les fibres contrac- tent, fur la manière dont elle s'enracine ou s'afFoiblit. J'y fuis revenu dans le Chapitre XXIL Lès liaifons que le mot OJîracifme avoit con- tradées dans mon cerveau avec le mot coquille j celui-ci avec le mot Athéniens ; ce dernier avec le mot Suffrages y ces liaifons, dis-je, s'étoient prefque entièrement effacées & je ne pouvois me rappeller l'origine de l'Oftracifme. Le faifceau approprié au mot Ofiracifmee ne pouvoit donc ébranler le faifceau approprié au mot coquille j ou s'il l'ébranloit , ce n'étoit point aflez fortement pour faire fur mon Ame une imprefîion fenfible & qui lui fou mît , en quel- que forte 5 le trait d'Hiftoire dont il s'agit. Le chaînon ou les chaînons qui lientles deux faif. ceaux avoient donc perdu les déterminations' en vertu defquelles les deux faifceaux s'ébranloient . autre fois réciproquement. Il en alloit de même \26 A P P L î C A T I 0 N du faifceau approprie au mot coquille reîati ve- inent à ceux auxquels tenoient les mots Athé- niens , Snjfrages , &c. IV. Réf exions. Je ne nie flatte pas d'avoir refolu ce petit problème pfychoîogique ; je ferai fatisfait Ci j'ai fourni quelque moyen de le réfoudre. Je lui ai appliqué des principes qui m'ont paru plus probables que ceux qu'on avoit adoptés jufqu'à moi, cette application aidera à juger du degré de cette probabilité. Mais de combien de liaifons diverfes le mô- me mot n'eft-il pas fufceptible î A combien de mots très-dîîFérens le mot de coquille ne peut- il point répondre fuivant la nature du difcours ou le but qu'on fe propofe en l'employant î II faut donc que le faifceau approprié à ce mot foit fufceptible de cette mu-titude de liaifons ' diverfes , qu'il tienne par la culture de l'ef. ;jrit à une foule d'autres faifceaux , & que le mouvement puilTe fe propager de ce faifceau à tel ou tel faifceau avec la préeifion & la ce-, lérité qu'exige la penfée ou la fuite du difcours. DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES, 127 Quelle merveineufe compofitioii ceci ne uppofe -t-il point dans cet Organe admirable qui eft rinftrument immédiat des opérations de notre Ame î F 3 ] Quel feroit notre raviiTement fi la méchanique dé ce Cîief.d'œuvre du TOUT^ PUISSANT nous étoit dévoilée! Nous com- te m pi er ion s dans cet Organe un petit Monde?, 8c s'il appartenoit à Leinitz , ee petit Monde feroit l'abrégé de TUniver?. [ 3 ] Le célèbre Hooke ayant fiippofé qu'une idée peut fe former dans 20 tierces de tcms, trouva qu'un Homme amafferoit dans loo ans, 9, 467, 280, 000 idées ou 'vef- tiges : & que fi l'on réduifoit cette fomme au tiers à caufe du fonimeil, il refteroit 3, içç , 760, 000 idées : & enfin <[u'en fuppofant 2 livres de moelle dans le Cerveau , il y au. roit dans un grain de cette moelle 20$ 4 52 tfejliges. Phyjhlogie de M. Haller, Tom. V. Liv. XVII, parag. VI. Combien la chofe paroîtra- t-elle plus admirable encore quand on.con- fide'rera que les 'uefiiges dont parle HooKE ne réfident que dans une très-petite partie du cerveau , & non dans nue maffe de ce vifcere auffi confidéjable que celle qu'il fnppofoit ! On raifonneroit, fans doute, plus jufte en appliquant à un feul grain de cette maffe ce qu'il appliquoit à toute la maffe. Ce K'eft pas à notre Imagination à juger dé pareils objets. ■m^ë!^ i2g J P P L I C j1 T 1 0 N SUITE DU RAPPEL DES IDÉES PAR LES MOTS. I. Réflexions fur le ficge de fArne, UELLE que foit la partie du Cerveau qui oit le Siège de l'Ame ou Flndrument immédiat de fes opérations i on ne peut s'empêcher d'ad- mettre qu'il eft quelque part dans le Cerveau un Organe qui réuait les impreiîîons de tous les Sens, & par lequel l'xAm? agit ou paroit agir fur différentes parties de fon Corps. Nous voyons clairement que Taclion des Ob* jets ne fe termine pas aux Sens extérieurs. L'adion du fon ne fe termine pas au tambour, celle de la lumière , à la rétine. Il eft des nerfg qui propagent ces différentes imprellions juf- qu'au Cerveau. Ceux qui après avoir perdu le poignet fentent encore leurs doigts , nous mon- trent ailez que le Siège du fentiment n'étoic pas où il paroiifoit être. L'Ame ne fent donc pas DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES. 129 pas les doigts dans les doigts mêmes: elle n'ed pas dans les doigts. Elle n'eft pas non plus dans les Sens extérieurs. Nous fommes fort peu éclairés fur la ftruc- ture intime du Cerveau. L'Anatomie fe perd dans ce Dédale ténébreux. Elle voit les nerfs de tous les Sens y converger 5 mais , lorfqu'elle veut les fuivrc dans leur cours , ils lui échappent , & elle eft réduite à conjecturer ou à tâtonner. Noirs devons donc renoncer à déterminer pré- cifément quelle eft la partie du Cerveau qui conf- titue le S ege TAme. Un Anatomifte célèbre [1] procédant par la voie d'cxclnfion , a prétendu que le Siège de famé étoit dans le Corps cal- leux, parce que toutes les expériences qu'il a tentées lui ont paru prouver que cette partie eft la feule qui ne puilfe être blelfée ou alté- rée, que les fondions de PAme n'en fouifrent plus ou moins. Un autre Anatomifte [2] a contredit ce ré- fultat & a entrepris d'établir fur d'autres ex- [ I ] M. de la Peyronie , Mém. de VAcad. Royale des Sciences^ I74I. [2] M. Lorry, Savmis étrangers, Tom. III, pag. 344^^ & fuiv. Tome XV. l 13® A P P L I C A T I 0 N péricnces que le Sicge de l'Ame feroit plutôt dans la Moelle alongée. Il produit en fa faveur des faits qui femblent fort décififs. Je n'en ci- terai qu'un feul : on connoît des Animaux qui n'ont point de Corps calleux ; le Pigeon , par exemple, n'en a point, [3] à ce qu'ailure cet [ 3 ] Le Corps calleux du Pigeon ne feroit - il point trop tle'guifé pour être reconnu ? N'y occuperoit-il point une place ou on ne le cherche pas, parce qu'on ne s'attend pas à l'y trouver ? Ce ne font ici que des doutes que je propofe 5 mais auxquels l'autorité de M. de la Peyronie peut donner de poids. f f II paroît que je ne m'etois pas trompé dans la re- inarque que je faifois ici fur le Corps calleux du Pigeon. M. Malacarne, habile Profeffeur d'Anatomie à Aqui dans le Montf errât & qui fait obferver la Nature, m'écrivoit fin- ce fujet b 25 de Mai 1779 en ces termes. " Il me femblc jj que MxM. de Haller & LoRRY n'ont fait qu'effleurer 55 le Cerveau des Oifeaux. Il ne manque pas de cette partie 55 médullaire qui en unit les hémifpheres. Le trait médullaire „ brillant dont parle M. de Haller dans fes Opufcules , 5, ïom. III. Sed XXXVII. Art. lo , & qu'il dédgne fous le 55 nom de voiUe eft le vrai Corps calleux des Oifeaux. . . . 5, Chez les Animaux de cette Claffe , tout le Corps calleux fe 5, réduit à une eCpece d'arc , ou pour parler le langage de l'Anatomie à une /(w/x médullaire, dont les parties pofté- 5, rieures imitent fort bien la tente du Cervelet de ladure-mero 55 du Cerveau de l'Homme. 55 M. Malacarne entro't là-delTus dans des détails anat» SBÎques qui prouvent l'exaélitude qu'il a apportée à ces re- I Î)ES PRINCIPES PSrCHOLOGIOJJES, iiî Anatomifte, [4] & nou ne refuferons pas une Amé au Pigeon. Quoi qu'il en foit de cette queftion fur le Siège de l'Ame , il eft bien évident que tout le Cerveau n'eft pas plus le fiege du icntiment , que tout l'Oeil n'eft le fîege de la vifwn. ( 5 ) cherches , & que je fiîppiime parce qu'ils feroient trop île- places dans cette Note. [4] ttL£ grand Haller affirmoît la même chofe. H foiitenoit que le3 Oifcaux & les Poiffons n'ont point de Corf j calleux. [5] M. de Ha LIER etoit fort oppofé à ropînion du cé- lèbre la Peyronie fur le fiegc de l'Ame. Il m'e'crivoit à moi-même le 2$ de Décembre 1770 : rien ahfolument de vrai darîs la p'éérninence du Corps calleux : campiez là-dejfus comme fur une démonjlration rf'EuCLiDE. II m'écrivoit encore le 2Z de Janvier 1771 :Ji la Philofophie favorife une partie unique 3 fiege de l'Ame, il eji sûr que VAnatomie ejl muette là-dejfus. Cette décifion d'un fi profond Phyfiologirte , & qui avoit tant étudié le Corps humain , eft aîTtirément du plus grand poids. M. Malacarne que je viens de citer, penfe comme M. de Haller fur le fiege de l'Ame. " Plus je médite fur „ le Cerveau & fur les nerfs, m'écrivoit-il le 12 de Sep^ 5, tembre 1779 ; plus je réfléchis fur l'ufage qu'on attribua „ au Cerveau d'être le fiege de l'Ame & aux nerfs d'en être 55 les inftrumens i & moins j'apperqois les moyens anato^ „ miques dont on pourroit fe fervir pour obtenir quelque ,-, trait de lumière fur le fujet qui nous occupe. Je m'y fuis $, pris de toutes les façons. . . j'ai fuivî la métJiode ordinaire I2 tr^ APPLICATION „ des différions ; j'ai fiiivi celle de Va ROLE , de 5, SylviuS , de Ruisch; j"ai étudié les Ouvrages immortels 5j de WILLIS avec toute l'application dont je fuis capable; 5, j'ai décompofé avec foin toutes les parties en détail & ifo- ,5 lées de ces organes admirables; & après avoir fait tout cela 5, je fuis aujourd'hui moins décidé que lorfquc je ne con_ 5, noiffois l'Anatomie que p ar des cahiers & des Planches. . . j, Les obfervations anatomiques me portent à croire que l'Ame 5, occupe à fa manière une étendue confidérable dans le Cer- 5, veau ; car depuis la commijfure antérieure du troifieme ven* 55 tricule jufqu'au commencement de la moelle épiniere ( ce 55 qui dans un Cerveau humain ordinaire occtipe de devant eu 55 arrière un efpace de quatre pouces ou environ) nous ap- 55 percevons les racines des nerfs deftinés aux fenfations. Et ,5 ces nerfs, loin de converger entr'eux font dirigés de fa- 55 qon à ne pas atteindre précifément à la même particule du 55 Cerveau , & leurs racines mêmes tendent à y occuper plus 5, d'efpace à mefure qu'elles s'y enfoncent davantage. J'ex- ,5 cepte ici les nerfs deftinés fymmétaiquemcnt à la même 55 fonction dans les organes du même fens. ,, Le favant Phyiiologifte confirmoit ceci par des obCervations anatomiques fur la diftribution & la marche de différens nerfs du Cerveau, que je ne tranfcrirai pas ici, parce qu'elles n'ap- partiennent pas à un Ouvrage du genre de celui-ci. Je répondis à M. Malacarne le 12 de Novembre : 'vos preuves ^ i^os réflexions fur le fiege de VAme me confirment ce que feu mon illujlre Ami Haller m'avoit écrit à cefujet^ £5* que je vous ai communiqué. Loin de converger vers un centre commun ou vers une Partie unique , vous m'afprenez que lef mrfsdes Sens divergent, au contraire, à mefure qu'ils s'en- foncent dans le Cerveau, ^ qu'ils tetident cojjféquemment à y occuper phis d'efpace. Cela ne s'accorde guère avec mes fuf- fojîtions. Je me ferai donc trompé j^j^^ cet uveu, Je vous U fms fans peine. DES PRINCIPES PSrCHO LOGIQUES, n| Il faudra donc dire, que VAme eft f réfente à fa manière; Mux extrémités de tous les nerfs. Et il ne faudroit pas ohjeêler que VAme occuper oit ainfî une ajfez grande place dans le Cer, veau : car une fuhjlance Jiniple ne fauroit avoir de rapport phyjîque avec V étendue matérielle. 3Iais , une fuhjlance Jimple peut pojféder une force fecrete , en vertu de laquelle elle agit à la fois fur differens nerfs ou peut être affeéiée à la fois par différens nerfs , Ôfc. Nous avons des preuves direcies de cette Force de VAme. Nous ne pouvons douter un injlant que nous ne foyions doués de Volonté, c'ejl-à-dire , d\iBivité. . . Refieroit pourtant à f avoir , relativentent au Cerveau , Jt après avoir divergé , les nerfs ne viennent point enfin à con- verger quelque part ou à commwiiquer leurs imprefjions à quelque partie déterminée, qui fer oit ain fi un. Seii^onum? Jl'Iai^ comment efpérer de pouvoir fuivre jufquau bout les dernières ramifications des nerfs ?.. Je vous avouerai que fui peine à retwncer à toute efpece de convergence. Il me femble toujours qii'il faut qii'il y ait quelque part dans le Cerveau ou le Cer^ velet un Organe principal ou VAme foit préfente à fa manière. Il efi sur au moins qu'elle ti'ejl pas préfente à la rétine. . • Elle n'ejlpas préfente non plus aux extrémités des doigts. . . Elle n'eji donc pas préfente à tout le fyfi:ëme nerveux à la fois Sa préfence efi donc limitée à une certaine Partie de fon. Corps. Z' Obfervation rejerre cette préfejice dans la Tête j çff VOhfervation indique encore que VAme n'cjl pas également pré- fente à toutes les parties de la Tête, c^c. Oeuvres. Tom. XII „ de l'Etiit. in-go. Lettre LU. Ces réflexions engagei-ent mon eftimable & medefte Corref- pondant à entrer avec moi dans un beaucoup pins grand dé- tail fur les nerfs du Cerveau. Il le terminoit ainfi dnns fa Lettre du ii de Décembre. ''Voilà, Monfieur, comment vos 3, doutes entraînent à la recherche & au développement des 5, parties fur lefquelles on n'avoit pas affez fixé fes regards.. ^ On peut déduire de ces obfervations , que les nerfs d'uo- {J4 A P P L I C A T 1 0 V y, côté Ivnt bien fouvcjit convergçns dans la moelle du Cev-i 3, veau ayec ceux de l'autre coté i mais , que les racines de 3, chaque nerf divergent de faqon à pouvoir faire foup-. 3, qonner qu'elles n'aboutiflent pas toutes précifément au 55 mê.mc endroit ; enfin , que Les racines de la première paire 35 font éloignées de plufieurs pouces de celles des nerfs fous- 55 occipitaux & de plufieurs pieds de celles des dernières paire^ 55 doriales 5 & pourtant qu'en pourrions - nous inférer? Si 55 l'Ame immatérielle doit agir à fa manière fur une partie 55 matérielle, qu'importe que r?tte partie ait une étendue plus 35 ou moins grande? Vous l'^ivez ditj une Subjlance Jimple yy ne f aurait avoir de rappo/t pbyj^que avecl*éfe7îdue matérielle. . s 55 Le fluide éleftrique , en vertu de fon extrême aftivité , ne 35 peut -il pas toucher dans un inllant à plufieurs milliers de 35 Corps ou d'organes diifércns & leur communiquer des im- 55 prenions aufli vives que celles qu'il communiqueroit à un 55 feu! Corps trss-voilin de la Machine éleftrique. . . Je 55 me garderai bien néanmoins de croire que mes recherche^ 55 fur les nerfs du Cerveau foient aufli approfondies & aufli 55 exadtes qu'il le faudroit pour détruire toute conjecture fur 55 l'exiftence d'un Senforium ou d'un endroit de peu d'étendue „ oii les nerfs aboutiflent. Mes yeux & mes inftrumens ne *' fécondent pas aflez bien le defir que vous en ayez fait 55 naître chez moi. „ J'infiftai encore auprès de mon Correfpondant fur l'exiftence «l'un Senforium particulier. Il n'y a , fans doute , lui écrivois- je, aucune contrudiêîion à admettrç ^ que l'Ame (igije à la fois fur des 7zerfs dont les origines font éloignées.. Mais Je 'voiis invite de nouveau à réfléchir fur les faits qui prouvent ri- goureufeinent que les fenfations d'un genre réveillent celles d'un autre genre. Il y a donc des communications fecretes entre les nerfs de différens Sens j car je crois avoir bien établi , Chap. XVIII de TEffai analytique , que ce n'ejl pas l'Ame elle - même qui rappelle fes fenfations. Réféchijfez encore fur- h Mémoire qui incontejlahlement doit avoir un Jïege phyflqm DES PRINCIPES PSrCEOLOaiOjJES. 155. Effai analytique, Chap. XXII. Or i les idées que la Mémoire: rappelle les unes par les autres , fuppofent manifejlement que- les fibres qui en font le Jiege tiennent les unes aux autres pai" des nœuds fevrets. Ibid. Lettre LUI. Voici ce que notre Anatomifte me répondit à ce fujet le 12 de Janvier 1780. „ En excitant mon attention fur les caufe^ 5, qui produifent le rappel des fenfations les unes par j, les autres, foit que ces fenfations foient de même efpece 5, ou d'efpece différente, vous m'avez engagé à méditer fur 5, les diverfes fortes d'anaftomofes , fur les plexus & les gan- 3, glions des nerfs fitués hor? de la boîte du crâne ; & il me „ paroît qu'on pourroit déduire des unions , des entrelacemenc; ^3 de leurs rameaux l'explication de plufieurs de ces phéno- 3, menés pfychologiques , dont on auroit de la peine à donner 55 une explication plaufible , fans fuppofer un lieu où ces nerfs 55 foient convergens. Les Anatomiftes nomment fympatiques ^ 3, comme vous le favez , les nerfs qui tiennent à plufieur^ 3, endroits & qui s'imilTent ou s'entrelacent avec d'autrec_ 3, nerfs. ,, Je ne m'étendrai pas davantage ici" fur le Siège de VAme. On voit aiTez que les Anatomiftes ne fauroient guerre fe flatter de parvenir à une connoilTance certaine fur un fujet fi pro- fondément caché & dont la prodigieufe complication rend la ï«chershe bien plus tUfficile encore. &|>6^ l-é îj<5 APPLICATI027 I I. Continuation du même Sujet. Mais , s'il ne nous eft pas permis de péné- trer dans le fecrct de la méchant que du Cer- veau , nous pouvons au moins étudier les elïets qui réfultent de cette méchanique & juger ainfî de la caufe par fes eii'ets. Nous lavons que nous n'avons des idées qu'à l'aide des Sens j ceci eit une vérité que Tex- périence atcefte. L'expérience nous apprend en- core que nos idées de tout genre s'enchaînent les unes aux autres & que cet enchaînement tient en dernier reflbrt aux liaifons que les fibres des Sens ont cntr'eiles. Il s'enfuit donc que les divers Sens dont nous iommes doués ont quelque part dans le Cerveau des communications fecretes en ver- tu defquelles ils peuvent agir les uns fur les autres. La Partie où ces communications s'opèrent cft celle qu'on doit regarder comme le !Siege de l'Ame, Elle eft le Sens interne. DES PRINCIPES PSYCHOLOGiqUES. i\7 Cette Partis eft donc , en quelque forte , l'abrégé de tous les Sens , puifqu'elie les réunit tous. Mais , c'eft encore par cette Partie que l'Ame agit fur fon Corps & par fon Corps fwr tant d'Eires divers. Or, l'Ame n'agit que par le mi- niftere des nerfs : il faut donc que les nerfs de toutes les parties que l'Ame régit aillent abou- tir à cet Organe que nous regardons comme le Siège immédiat du fentiment & de l'at^ion. C'eft dans ce fens que j'ai dit, que cet Orga- ne fi prodigieufement compofé , étoit une neu- rologie en miniature. On voit aflez par tout ce que viens d'expo- fer , qu'il importe fort peu à mes principes de déterminer précifément quelle eft la Partie du Cerveau qui conftitue proprement le Siège de l'Ame. Il fuffit d'admettre avec moi qu'il eft dans le Cerveau un lieu où l'Ame reqoit les impreflîons de tous les Sens & où elle déploie fon adivité. J'ai montré que cette fuppofition n'eft pas gratuite , puifqu'elie découle immé- diatement de faits qu'on ne fauroit révoquer en doute. I3i '/IPPLICATION III. Sigjies des idées. Application au fujet. Toutes nos idées font repréfentées par de§ fignes. Ces lignes font naturels ou artificiels. Les fignes naturels font des images , des, fons inarticulés ou des cris , des geftes , &c. Les fignes artificiels font des figures ou des caractères , des fons articulés ou des mots dont l'enfemble & les combinaifons forment la Pa- role ou le Langage. Les mots agiffent donc fur le Cerveau par ia Vue 5 ou par l'Ouie , ou par toutes les deux enfemble. Ainsi, les mots OJïracifme , coquille, Athé^ 7îiens ont dans le Cerveau des fibres qui leur correfpondent , & iî ces mots n'ont été que prononcés, ces fibres ne répondront qu'à l'Or- gane de l'Ouie. S'ils ont été écrits & pronon- cés , ils repondront à la fois à l'Organe de la. Vue & à celui de l'Ouie. Les mots dont il s'agit pourront donc être DES FRimiPES PSYCHOLOGIQUES. ^ 139 rappelles également par des fibres de la Vue ou par des fibres de l'Ouie. Et comme nous avons prouvé que les fibres de tous les Sens font liées les unes aux autres , il arrivera que la vue du mot OJiracifme réweiWerd. le fon de ce mot & que le fon du mot réveillera de même l'idée des lettres qui le repréfentent. Je nommerai faifceaux optiques ceux qui tien- nent au Sens de la Vue & faifceaux auditifs ceux qui appartiennent au Sens de l'Ouie. Les mots OJlracifme , coqiulle , Athéniens tien- nent donc à la fois dans mon Cerveeau à des faif- ceaux optiques & à des faifceaux auditifs. Ils tiendront plus aux uns qu'aux autres , fuivant que ces mots auront affedé plus fouvent ou glus fortemenj; la Vue ou l'Ouie. 14© APPLICATIO:^ IV. :j| îî Conféqnence. Nous fommes donc acheminés à admettre dans le Siège de l'Ame un double fytlème repréfentatif des fignes de nos idées. (6) Les fibres à l'aide [6] tt A l'occafion de ce fyftême repréfentatif de fibres que je fuppofe dans le Cerveau , je rapporterai une expérience de M. Le Roy , de l'Académie des Sciences de Paris , qui appartient bien au fujét que je traite. Il éleftrifoit par la commotion un jeune Homme devenu Aveugle depuis trois mois par une goutte fereine fur^'enue à la fuite d'une fièvre maligne 5 & à une des commotions plus violentes que les autres t le jeune Homme s'écria qu'il voyoit trois Magots affis fur leur derrière & une lumière bien plus vive que de coutume. Ne femble - 1 - il pas , en effet , qu'on puiffe iiiférer de cette expérience , que le fort ébranlement occalioné par la commo- tion dans le nerf optique, s'ctoit communiqué à certains ra- meaux de ce nerf repréfentatif des trois Magots ? Le Phyficien ayant varié l'expérience & ayant dirigé l'élec- tricité dans le fens des nerfs optiques , le Malade dit qu'il voyoit des Objets , des Perfonnes. A la féconde opération il dit avoir vu comme un Peuple rangé dcvar.t lui & un fpec- tacîe admirable , ce qui prouve que le; nerfs optiques avoient été ébranlés par le fluide éleélrique comme ils au"oient pu l'être par des Objets extérieurs pareils à ceux que le Malade croyoit voir , & qu'ils favoicnt été de manière à lui procurer des perceptions agréables, llijl. de VAcad. An. 1755;. L'éledrifatîonfaifoit donc naître chez le jeune Homme des vi^ DES PRINCIPES PSTCHOLOGIQJJES. 141 defquelles nous raiibnnons , & que j'ai nom- mées intelleciuelles , parce qu'elles fervent aux opérations de l'Entendement , font donc des dépendances de la Vue & de l'Ouie. Il eft fin- gulier que l'expérience vienne encore prouver ceci. On peut avoir éprouvé qu'une longue médi- dation fatigue l'Organe de la Vue. C'eft au moins ce que j'ai éprouvé plus d'une fois , & Çi l'Or- gane de rOuie n'éprouve pas la même fati- gue, c'eft, fans doute, qu'il eft moins déiicat. C'eft ce fait alfez remarquable que j'avois indi- que dans le § 8fl. Ceux de mes Ledeurs qui pourroient avoir été choqués des exprellîons àQ fibres intelleBueL les comprennent mieux à préfent dans quel fens j'ai employéces expreffions.il eft bien évident que je n'attribue pas à l'Entendement ce qui ne con- vient qu'au Cerveau. J'ai peut-être mieux éta- bli qu'aucun Auteur dans ma Préface & ailleurs les grandes preuves de l'immatérialité de no- tre Ame , & je m'étois expliqué aiTez claire- 5 analogues à celles de ce Vieilllanl dont je parlois , parag. de VEjfai analytique '-, & on voit bien que les unes & les fions 676 jj ,^„.j... -, v~ ,^.. ^jvw .^. ....wo V», XVO autres s'expliquent heureufemcnt par les mêmes principes pfychologiques , & qu'elles les confirment. 142 APPLICATION tnent dans ce § 8^^- Mais, la plupart deslec^ teurs lifent trop rapidement : mon Livre demaiv doit à êtrej un peu étudié- A Genthod , près de Genève ^ le 6 de Juillet l'J 66. DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES. 14J SUR L'ASSOCIATION DES IDEES EN GÉNÉRAL. I. Principes généraux. JLiES principes que je viens d'appliquer à un cas particulier du rappel des idées par les mots, peuvent s'appliquer facilement à rairociatioii des idées en général. Un Objet fort compofé agit à la fois ou fuc-.' ceflivemcnt fur un grand nombre de fibres fen^ fibles de diiférens ordres. En vertu des déterminations que cet Objet imprime à ces fibres , elles acquièrent une tQiu dance à s'ébranler les unes les autres d'une maniè- re relative à celles dont l'Objet agit fur elles. Si donc une ou plufieurs de ces fibres vien- nent à être ébranlées par quelque mouvement inteftin du Cerveau , ou par quelque Objet plus ou m.oins analogue, toutes les autres fibres cor- xcfpondantes feront ébranlées & retraceront à 14^ APPLICATION FAme cet enfemblc d'idées que l'Objet compofé y avoit excité par fon action fur les fibres. Ainsi , plus les fibres ébranlées feront nom- breufes & mobiles j plus elles auront de difpo- fition à retenir les déterminations imprimées > plus l'ébranlement communiqué fera Fort & ré- pété ; & plus les idées qui fe retraceront dans l'Ame auront de clarté & de force. Plus ces idées auront de clarté & de force & plus elles influeront fur Texercice des Facul- tés intelledluelles & des Facultés corporelles. Un Etre qui- poiTede plufieurs Sens eft donc fufceptible d'un plus grand nombre d'impref- fîons diverfes. Et fi le même Objet agit à la fois & puif- famment fur tous les Sens de cet Etre ; s'il les ébranle dans le rapport qui conftitue le pîai- fir,- (î) l'Ame fera entraînée vers cet Objet; la Volonté s'appliquera fortement à l'idée très- complexe & très-vive qu'il y excitera. Non feulement la Volonté fera déterminée Cî] Efai maly tique, parag. Il6, 117, II8, I20 & fuir. par la ÈES PRINCIPES PSTCHOLOGIOUES. 14s par la prefence aduelk de l'Objet ; elle le fera encore par le lîmple foiivenir de cet Objet, Ce fouvenir fera d'autant p' us durable, d'au- tant plus vif, d'autant plus inclinant que TOb* jet aura agi plus fortement , plus long-tems ou plus fréquemment fur tous les Sens ou fur pki- fàeurs Sens. (2) En conféquence des liaifons originelles qui font entre tous les Sens . & que les circonfl tances fortifient > un mouvement communiqué à un Sens ou iîmplement à quelques fiJbres d'uri Sens , fe propage à l'inftant aux autres Sens oU à pUifieu'-s des autres Sens 5 & l'idée très corri- plexe attachée à ces diverfes impreffions à-peu^ près fimultanées , fe réveille dans l'Ame avec plus ou moins de vivacité ; le defir s'allume & produit telle ou telle fuite d'adions. Appliquez ces principes généraux aux Ob- jets de l'avarice » de la gloire , de l'ambition & de toutes les grandes paffions : appliquez - les fur -tout aux Objets de la volupté, (O P'tiâ (2) Confultez le Chap. IX de VEjflii mialyti ts] Efai ancdyt. parag. 412. Voy. encore Icj parng. 41 j 416. Tom. XV^ K 146 APPLICATIOT^^ impulfifs & plus follicitans encore chez la plu- part des Hommes; & vous expliquerez pfycho- logiquement les principaux phénomènes de l'Hu- manité. I L Application à la Morale, C'est fur ces principes fifi-nples , fi féconds 5 fi lumineux , que j'efFaierois d'élever l'importante Théorie de l'Aflociation des idées. Jen ai jette les fondemens dans les Chapitres XXV & XXVÏ de l'^J/^i analytique fur l'Aine , auxquels je ren- voie. [4] D'autres méditations & les ménage- mens que ma flxnté exige ne m.e permettent pas de me livrer adluellement à ce travail intéreiTant , qui fourniroit leul un Traité de Morale en for- me, & que j'ai fouvent fongé à compofer. C'ÉTOIT un femblab^e Traité que j'avois dans l'Efprit, lorlque je compofois il y a neuf ans le parag. 8^ ' de VEjfai analytique , & que je m'ex- primois ainfi : „ Je ne finirois point Çi je vou- j, lois indiquer tout ce qui ré fuite de l'affo- C 4 ] Je renvoie encore au Chap. XXÎI , où je traite de la Méchanique de la Mcmoire, & en particulier au para- graphe 6$i, dans lequel /efqmlTe mes principes fur la repra* .t^iidioii des idces alTociées» M DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES. 147 5; ciation des idées. Un bon Traité de Morale 5, devroit avoir pour objet de développer rin- 3, fluence des idées afTociées en matière de mœurs 3, & de conduite. Ceft ici qu'il faut cherelicr i, le fecret de perfedionner TEducaticn. Je pour- 7, rois bien m'occuper un jour d'un fujet G 5, important & qui a tant de liaifon avec les •5 principes de cette Analyfe. ,5 Telle eft la nature de la Volonté qu'elle ne peut; fe déterminer que fur des motifs. Je crois l'a- voir allez prouvé dans les Chapitres XI, XIî» XIX de VEJJliî analytique. J'ai rappelle les prin- cipales preuves de cette grande vérité dans l'ar- ticle XII de V Analyfe abrégée, La Science des mœurs ou la Morale doit donc avoir pour but de fournir à la Volonté des motifs alTez puiffans pour la diriger conftamment vers le vrai bien. Ces motifs font toujours des idées que la Mo- rale préfente à l'Entendement , & ces idées ont toujours leur fiege dans certaines fibres du Cer- veau. La Morale fait donc le meilleur choix de ces idées i elle les dilpofe dans le meilleur ordre 5 K % UZ APPLÎCATIOÎf elle les alTocie , les enchaîne , les grouppe dans le rapport le plus dired à fon but. ( 5 ) Plus les imprefîîons qu'elle produit ainfî fur Jes fibres appropriées à ces idées font fortes , durables , harmoniques , & plus le jeu de ces fibres a d'influence fur TAme. Cette adlion des fibres appropriées aux vrais biens fera donc d'autant plus efficace , qu'elle l'emportera davantage fur celle des fibres ap^ propriées aux plailirs fcnfuels. Et parce que la quantité du mouvement dépend du nombre des parties mues à la fois & de la vîtefle avec laquelle elles font mues s [ que les nbres qui en feront le fiege le trouveront unies plus étroite» ment dans un Organe unique. La Trompe de l'Eléphant en eft un bel exem* pie , & qui éclaircira admirablement bien ma penfèe. Ceft à ce feul Inftrument qme ce no_ ble Animal doit fa fupériorité fur tous les au- tres Animaux 5 c'eft par lui qu'il' femble tenir le milieu entre l'Homme & la Brute. Quel pin- ceau pouvoit mieux que celui du Peintre de la Nature exprimer toutes les merveilles qu'opère cette forte d'Organe univerfel î „ Cette Trompe , dit-il , (i) compofée de „ membranes, de nerfs & de mufcles eft en 5, même tems un membre capable de mouve- (l) M. (leBuFFON, Ilijl, mtiir. Tom. XI, pag. 51 & fuiv. de l'Edit. in-4to. DES PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES. Is9 ,, ment & un Organe de fentiment. L'Eléphant 5, peut la raccourcir , l'alonger , la courber, ia ^5 tourner en tout fens. L'extrémité eft terminée „ par un rebord en forme de doigt: c'eft par „ le moyen de cette efpece de doigt que TElé- ^, pliant fait tout ce que nons faifons avec les 3, doigts. Il ramaiTe à terre les plus petites pie- „ ces de monnoie ; il cueille les herbes 8c les 5, fleurs en les choifiliant une à une j il dénoue 5, les cordes j ouvre & ferme les portes en tour- 5 nant les clefs 8c poulFant les verrouxj il s 5, apprend à tracer des caraderes réguliers avec , un inftrument aufîî petit qu'une plume. „ . . . . 5, Au milieu du rebord en manière 3, de doigt eft une concavité au fond de la- 3, quelle fe trouvent les conduits communs de 35 rOdorat & de la refpiration. L'Eléphant a donc 35 le nez dans la main , & il eft le maître de join- 3, dre la puilfance de fes poumons à l'adlion de 3, fes doigts , & d'attirer par une forte fuc- 3, cion les liquides ou d'enlever des corps fo- 3, lides très-pefans en appHquant à leur furface 5, le rebord de fa Trompe & faifant un vuide 33 au dedans par afpiration. La. délicateŒe du Toucher, la fineffe de 55 l'Odorat 3 la Facilité du mouvement & la puif- 16é APFlICATîOtt 3, faiice de fucciofeii trouvent donc à rextre-»* 5, mite du nez de l'Eléphant. De tous les iaf* 5, trumeiis dont la Nature a fi libéralement mu^. 5, ni fcs Productions ehéries , la Trompe eft peut- 3, être le plus complet & le plus admirable i 35 c'eft non feulement un Inftrument organique^ 3, mais un triple Sens, dont les fondions réu- 3, nies & combinées font en même tems la caufe 3, & produifent les eiFets de cette intelligence & t, de ces Facultés qui diftinguent l'Eléphant & 3, relèvent au-deiTus de tous les Animaux. Il 3, eft moins fujet qu^aucun autre aux erreurs 5, du Sens de la Vue , parce qu'il les rediâe 5, promptement par le Sens du Toucher , & que 5, fe fcrvant de fa Trompe comme d'un long ^, bras pour toucher les corps au loin , il prend >j comme nous des idées nettes de la diftance î, par ce moyen j &c. „ L'ÉLOQUENT Hiftorien de l'Eléphant réunit enfuite fous un feul point de vue les divers fervices que ce grand Animal retire de fa Trom^pe. 3, Le Toucher, continue-t-il, eft celui de tous „ les Sens qui eft le plus relatif i la connoif- 5, fance j la déUcateffe du Toucher donne l'idée 3, de la fubftance des Corps, la flexibiUté dans ,, les parties de cet Organe donne l'idée de 5, leur forme extérieure , la puiffance de fuc- cioa DÈS PRÎTs'CIPES PSTCIIOLOGIQUES, i6t 55 don celle de lenr pefanteur , l'Odorat celle deî 3j leurs qualités , & la longueur du bras ou de la j, Trompe celle de leur diftance : ainfî par un^ 35 feul & même membre , & pour ainfi dire , pat 35 un adle unique ou fimultané , l'Eléphant fent y 5, apperqoit & juge plufieurs chofes à la fois : or , j, uûe fenfation multiple équivaut, en quelque ,5 forte à la réflexion t donc quoique cet Animal ^5 foit 5 ainfi que tous les autres , privé de la ,, puiirance de réfléchir; comme fes fenfations fe „ trouvent combinées dans l'Organe même , 5, qu'elles font contemporaines , & pour ainii di- 55 re , indivifes les unes avec les autres , il 55^n'eft pas étonnant qu'il ait de lui-même des 3, efpeces d'idées , 8c qu'il acquière en peu de î5 tems celles qu'on veut lui tranfmettre. j, Tome XV. î5s APPLICATION^ II. Diférence de Nnjim& & de la Raifc on. Voila donc la méchanique par laquelle un grand nombre d'idées dilférentes peuvent s'af- focier dans le Ceive^u d'un Animal à Taide d'uii feul Organe: tels font les principaux effets de cette admirable aflbciation. Notre iliufire Auteur infiile avec ralfon fur cette vérité pfychologique; qîie Nléphant eji privé , ainfi que tous les autres Animaux, de la piaffance de réfiéchir. Cette puiC fance fuopofe Tufage des ligues par lefqujîs nou« généralilbns nos idées. L'Kîéphant n'a point Pu- fage.de pareils fignes. Je ne trouve pas que les Ecrivcdns de Métaphyfique qui me font connus aient pris la peine, de bien analyfer ceci. Il ne me femble pas qu'ils aient bien faifi la vraie notion de la Réflexion. Qu'il me foit permis de rappeller ici ce que j'ai dit là-deiliis dans les §. a^J, 2^1 de l'tjfai analytique, 5, La. Réflexion efl: donc en général ie réful-' 3, tat de Tdttention que TElprit donne aux idées fenfibies qu'il compare & qu'il revêt, de fignes 55 ou de termes i^ui les repréfsntent , (2Z5.) DES Pnïl^CIPES PSYCHOLOGIQUES. K^t s, Ainsi , lorfque rEfprit fe rend attentif aux: i, effets qui réfultent de l'adivité d'un Objets e, (123.) il déduit de ces effets par la Réflexion la 5, notion des propriétés de l'Objet. Cette notion 5, eftune idée réfléchie. Vidée fe^ifibie ne préfents *>, à l'Efprit qu'un certain mouvement , un chan- 35 gement de forme, de proportion, d'arrangement 5, dans certaines parties , &c. l'ECprit tire de tout j, celîi par une abftradion intelieduelle, (229.) à, l'idée réfléchie des propriétés. (225) ,5 On voit à préfent que fi l'Eléphant ponvoît revêtir de fignes ou de terme« chacune des idées que fa Trompe lui tranfmet î s'il pouVoit repre;- fenter par de fçmblables fignes ce qu'il abftrai- roit de chaque idée fenfible 5 s'il pouvoit com- parer par le même moyen les idées qu'il auroic nhiCi abftraites; on voit, dis-je, que la fphere de fes idées s'étendroit de plus en plus ; que leurs alfociations fe fortifieroient par les fignes mê- mes , en même tems qu'elles fe multiplieroient & fe diverfiiieroient. Bientôt l'Eléphant difputeroit l'empire à l'Homme, & Tinllind feroit trans- formé en Raifon. (2) [ 2 ] J'ai traité plus en détail ce fujct intérefTant dans les Chap. XXXII & XXXIIÎ Part. XII de la Contemplation : j'y fuis ■ verni dans les Notes additionn:?lles de ces Chapitres. On peut L 2 ï«4 APPLICATION^ Cette transformation eft impofîîble dans l'éta£ prélent des chofes : ici font les barrières infur- montables que I'Auteur de la Nature a placées entre l'Inftind & la Raifon : mais peut-être ces barrières ne fubfifteront-elles pas toujours : peut- être viendra-t-il un tems où elles feront enlevées, & ou l'Eléphant atteindra à la fphere de l'Hom- me. Cette idée , qui peut paroître un peu har- die 5 mérite bien que je la développe , & c'eft ce que je vais eifayer de faire dans l'Ecrit fui- vant. confiiîter encore ce que j'ai tlit de l'Eléphant dans l'avsnt- dernier Chap. de cet Ouvrage. Oeuvres. Tom. XIL del'Edit, in^go. ^¥^^ /"■ LA t PALINGENESIE PHILOSOPHIQUE. ou IDÉES SUR rÉTAT PASSÉ ET SUR L'ÉTAT FUTUR. Des Etres vivans. L (i Avertissement. ORSQOE l'Idée intéreffante d'une Refii^ tution firtire des /biimaux s'offrit à mon •t.fprit , je crus que fon expofition occuperuit à peine une feuille de ces Cpitfcuïes , S? je nHniagi' ai pas le moins du monde qtielle me conduiroit infenjiblement à rema?îier pref- que tous mes principes fur DItU , fur l'U- nivers , fur hconomie de IHor/wie , fur celle des Ani?naux,fur l'Origine des Lires organifés , fur leur accroijjhjient , fur leurs reprodutUons , &c, CET Ecrit ejl donc devenu peu à peu une forte de Supplément à mes trois der^tiers Ouvrages, (i) ai le Le^eur veut me fiiivre avec autant de facilité que de plaijir dans ces nouvelles méditations , il confu Itéra toU" jours les endroits de ces Ouvrages auxquels j'ai été obligé de le renvoyer affez fréquem^ ment. Il voudra bien ne me juger qu'après m'avoir lu attentivement d'un bout à l'autre [2] VEfai amîytîqîie fur VAme, les Confia, furies Corp •y^anifes , & la Contemj^lation de la Nature. L4 î^8 Avertissement -& avoir médité un peu fur la nature de Pies principes 9 fur leur enchaînement , fur la liaifon des conféquences avec ces principes & fur l harmonie de tenfemble. SI le Le&eur vf accorde cette grâce , j^ puis efpérer qu'il 7te lui paroïtra pas que j'aie choqué les règles d'une faine Logique & abufé de la permijjion de conj^^urer en Pfycbologie & en Fhyjîque. QUOIQUE cet Ecrit , un peu fingulier , foit devenu beaucoup plus volumineux que je ne le penfois , je dirai cependant que fy ai concentré mes idées le plus qu'il m'a été poffble : fouvent même il eft arrivé que je les ai Jimplement indiquées plutôt qtfanalyfées, Jl falloit bien d'ailleurs laiffer quelque chofe àfairj à l'ifprit du Ledeur : peut-être néan- moins lui auraife laiffé trop à faire : il me le pardonnera d'autaîit plus volontiers , quê f aurai préfumé plus favorablement de fa pénétration. Il reconnoïtra aiféme?tt que fi favois traité à h manière de certains Ecri- vains les Sujets fi féconds 6? ji divers qui fe font préf entés à ma méditation , faurois en-^ AvER TISSE M EN T. 1(^9 faute phfietirs gros Foliimes , & noyé me^ Penfées dans un déluge de mots & de chofe^ incidentes. Je ne le diffimulerai point :fai travaillé cette 7iouveUe Production autant qtCaucuit de mes autres Ouvrages. Je me fuis toujours attaché à approprier mon JJyle aux différens Sujets & à lui donner le degré de clarté , de précifion ^ d intérêt dont fétois capable. Cefl à ceux qui poffedent ces Matières & qui fe font occupés de la compofition à juger dun travail que je foumets fans réferve à leurs lumières S? à leur difcerneiv^ent. ( 171 ) FAONGENESïH N PHILO SOFHIQ U E, o u IDEES .' 5'//r Vétat fajje ^fur Vétat futur des Etres vivans. «g— ^1— ^1— Miwi iw ■iw.j.n. miwa— H— w Avant-Propos. J_j'ExiSTENCE de l'Ame des Bètes eft un de ces dogmes philofophiques qui ne repofent que fur l'analogie. Les rapports de fimilitude que nous découvrons entre les Organes des ( I ) Mot grec ({lùÇigm^Q nouvelle naijfmtce, & qui pour" roit être rendu par le mot François de renaijfance. Qiielques Auteurs modernes , plus Alchymiftes que Phyfieiens , ont foi^- tcnu qu'an échuSant un peu les cendres d'une Plante o» Î72 À W A i^ T , P R 0 P 0 s. Animaux & les nôtres , & entre leurs adions & celles que nous produifons dans des circonf- tances pareilles , nous portent à penfer qu'il eft dans l'Animal un Principe d'adtion , de fenti- nicnt & de vie analogue à celui cJUe nous re- connoiflons au dedans de nous. Nous ne pouvons même nous défendre d'nn certain fentiment qui nous entraîne comme malgré nous à admettre que les Bêtes ont une Ame. Le Phiiofophe lui - même ne réfifte pas plus à ce fentiment que le Vulgaire , & je ne fais fî l'Inventeur de V Atitomatifme des Brutes ne s'y laiffoit pas entraîner quelquefois. J'ai affez dit & répété dans mes trois der- d'un Animal félon certaines règles , ces cendres dévoient s'élever en fumée , & repréfenter ainfi la ^figure & la couleur de la Plante ou de l'Animal. C'eft cette forte de réfurrection ou de noiwelle naijfance qui a requ le nom de Falingénejie, On a cru enfuite qu'en faifant geler ime leffive des cendres d'une Plante, on y verroit l'image de cette Plante trac«c fidel- îement fur la glace , & q'a été une autre forte de Palmgé^ 7jé(îe , qui n'a pas fait moins de bruit que la première. Voyez la belle Dijfertation fur la glace , de l'illuftre M. de Mai R an ; 1749, pag. 302 & 303. Il m'a paru que je pouvois adopter ïci le mot de Falingénéjie pour exprimer une Reiiaijfance qui ;i des fondcmens plus philofophiques ^ue celle des auteurs 4oiit parle M. ik Mai R an. AVANT^PROPOS. 17? iiiers Ouvrages (2) que je ne regardois Texif- tence de TAme des Bêtes que comme pro- bable i mais , il faut convenir que cette pro- babilité va au moins julqu'à la plus grande vraifemblance. Je ne nierai point qu'avec beau- coup de fubtilité d'Efprit on ne puiiTe expli- quer méchaniquement toutes les opérations des Brutes. Je ne le tenterois pas néanmoins., parce qu'il me paroîtroit afTez peu philofo- phique de donner la torture à Ton Efprit pour trouver des explications méchaniques , toutes plus ou moins forcées , t^^ndis qu'on rend raifon de tout de la manière la plus fimple, la plus heureute en accordant une Ame aiïx Brutes. Des Théologiens & des Philofoplies efti- mables en confentant d'admettre que les Bêtes ont une Ame n'ont pas voulu accorder que cette Ame furvécùt à la deftrudion du Corps de l'Animal. Ils ont jugé que la RÉVÉLATION feroit trop intéreâTée dans cette forte de croyance philofophique , & ils ont accumulé fur ce fujet des objedions qui ne me paroifTent pas folides. (2) Efcii analytique fur les Facultés de VAme , parag. 71 j. ConfiA. fur les Corp organifés , Art. CCLXXXIII. Tableau des Confid. , XVI. Contem^. de U Nature , Part. IX , Chap. I, 174 ^ A V A N T ^ P R 0 P 0 S. PoURauoi incérefTec la RÉVÉLATION danâ une chofe ou ]\ femble qu'elle nous a laifTc une pleine liberté de penfer? Je le difois dans le parag. 71 5 de VLJJai analytique : „ On a fou^ „ tenu ranéantiiiement de TAme des Bètes , ,, comme d le Dogme de l'immortalité de ,, notre Ame étoit hé à ranéantilTement de „ celle des Bêtes. Il feroic bien à defîrer qu'on 5, n'eût jamais mêlé la Religion à ce qui „ n'étoit point elle. „ J'ESPERE donc que les amis finceres de la Religion & du Vrai voudront bien me par- donner (î j'etiaie aujourd'hui de montrer qu'il eft polîible qu'il y ait un Etat futur réfervé aux Animaux. Cette tentative ne fauroit dé- plaire aux Ames fenfibles & qui défirent qu'il y ait le plus d'Heureux qu'il ell pofïible. Com- bien les louiTrances des Bêtes ont - elles de quoi intéreffèr cette fenfibilité raifonnable qui eft le caradere le plus marqué d'un cœur bien fait ! Combien l'opinion que j'ofe chercher à juPdfier s'accorde-t-elle avec les hautes idées qu'un Fhilofophe Chrétien fc forme de la Bonté bUPREME ! Lq IS ic Mars 1^6%. (I70 PREMIERE PARTIE. Esuoev IDEES L'ETAT FUTUR DES ANIMAUX. CHAPITRE PREMIER. Hypothefe de V Auteur, Fondemens de cette Hypothefe. 3 ti fuppofe qu'on fe rappelle ce que j'ai e^c- pofé fur l'état futur de l'Homme dans le Cha- pitre XXIV de \\tjfr>i analytique , parag. 725 , lU & ^'àws le Chap. XIII de îa Pa t'e IV de la Contemplation, Peut - être fera- t-il mieux encore que mon Ledleur prenne la peine de relire les endroits que je viens de citer. Plus on étudie l'organifation des grands 1^6 P A L 1 2sf G r 2^ E' ^' î E Animaux , «5c plus on efl: frappé des traits nom- breux de reiTemblancc qu'on découvre entre cette organisation & celle de PHomme. Il n'y a pour s'en convaincre qu'à ouvrir url Traité d'Anatomie comparée. Ou feroit donc la raifon pourquoi la reifeni- blance fe termineroit précifément à ce que nous en côîinoiffons ? Avant qu'on fe fut exercé en Anatomie comparée combien étoit-on igno- rant fur les rapports de rorganifation des Ani- maux avec celle de l'Homme î combien ces rap- ports fe font-ils multipliés , développés , diver- fifiés îorfque le Scalpel, le Microfcope & les in- jeélions font venus perfedionner toutes les bran- ches de l'Anatomie î Combien peuvent-elles être perfedionnées encore î Que font nos connoif- lances anatomiques auprès de celles que de nouvelles inventions procureront à nos Defcen- d^ns ! Qu'il me foit donc permis d'inférer de tout ceci que les Animaux peuvent avoir avec l'Hom- me d'autres traits de relTembiance dont nous ne nous doutons pas le moins du monde. Parmi ces traits qui nous demeurent voilés ne s'en rencontreroit-il point un qui feroit relatif à uu Etat futur? Quelle P H I L 0 s 0 P H I 0 U E. Parti 177 Quelle diffi :u'té y iuroit-il à concevoir , que le véritable Siège de l'Ame eies Bètes e(H-peu-près de même nature que celui que la fuite de mes médi- tations m'a porté à attribuer à notre Ame ? Js reviens à prier mon Ledeur de confulter là-def, ius les Chapitres de mes deux Ouvrages que j'ai déjà cités. Si Ton veut bien admettre cette .ruppoGtioii unique, l'on aura 'e fondeni^nt phyiique d'un. Etat futur réfervé aux Animaux. Le petit Corps organique (S^ indiiftrudible , vrai Siège de l'Ame & logé dès 'e commencement dans le Corps grof- fier & deitrudible , confervera l'Animal ô<; la iPcifonnalité de i'Animal. Ce petit Corps organique peut contenir une 'multitude d'organes qui ne font point deil:inés é fe développer dans l'état préfent de notre Globe & qui pourront fe développer lorfqu'il aura fubi cette nouvelle révolution à laquelle il pa- roît appelle. L'auteur de la Nature travaille auflî en petit qu'iL veut ou p'utot le Grand & le Petit ne font rien par rapport à Lui. Con- noiifons-nous les derniers termes de la diviGon de la Matière '< Les matières que nous jugeons les plus fubtiies le font-elles en eiiet? • Aniniaicule vingt-iept millions de fois puis petit qu'un Ci- Tmne X]\ M 178 f A L î N G É' -N E' S 1 E ron feroit-il le dernier terme de îa divifion orga- nique ? Combien eft-i! plus raifonnable de pen- fer qu'il n'eft que le dernier terme de Ja portée ae- tuelle de nos microfcopes î Combien cet infl ru- inent pourra-til.ètre perfedionné dans la fuite! L'Antiquité auroit-elle deviné cet Animalcule? Combien eft il d'Animalcules que nous n'avons garde nous-mêmes de deviner , & à l'égard def- quels cetui-ci eft un Eléphant î Cet Animalcule , qui nous pftroît d'une fi effroyable petiteflTe, a pourtant une multitude d'organes î il a un cer- veau & un cœur ou quelque chofe qui en tient lieu: il a des nerfs, & des efprits coulent dans ces nerfs.: il a des vaiifeaux , & des liqueurs circu- lent dans ces vaiifeaux : quelle cft la proportion du cerveau , du cœur au refte du Corps ? quelle eft la proportion de ce cerveau fi effroyablement petit à une de fes parties conftituantes ? Combien de fois un globule des efprits eft il contenu dans une de ces parties ? Cet Animalcule jouit de la vue : quelles font les dimenfions de l'image que les Objets peignent au fond de fon *œil ? quelle eft la proportion d'un traie de cette image à l'image entière ? La lumière la trace , cette image: quelle eft donc la petireife plus ef» froyable encore d'un globule de lumière , donli plufieurs millions entrent à la fois <& fans fe coil- fondre dans l'œil de FAuimalculc! • P H i l 0 s 0 P É I Q- U F. Part I. 17^ ri o'uYj €"ïî^^r'ï-îl^R"E.^n'ï:-' 'Généralités fur t antiquité ^ fur les révûhition? . ; ^j\nQire Globe, r L eft affez reconnu par les plus. îiaW'es Pîiy- ficiens que notre Globe aéré autre rpi s très-dif- férent de ce qu'il eft aujourd'hui. Toute ia Géo- graphie phyiique dépofe en faveur de cette vé- rité : j'abandonnerois mon fujet fi j'entrois ià- deffuS; dans, quelque détail. Infirraeroit-on le Tex"- te facré delà- Genefe , Ci Ton avancoit que la Création décrite par MoYSE, eft moins wnc véritable Créition que le récit aflez peu circonT tancié des degrés fucceflifs d'une grande ré- volution que notre Globe fubilToit alors, 8c qui étoit fuivie de la- produdion de cette mul- titude d'Etres divers qui le peuplent aujour^ d'hui f" Cette idée ingénieufe d'un favant Angîois f ^l-^' 4îe. fuppofe point du tout l'éternité du .> - . , ^ , V. V [l ] Y/HISTONT. En Ii''::nt c^tiQ Paliiîgénéje on reconnoim que je n'ai pas puifé me; idées dans cet Auteur; & qu'elle? font nées du développemeîit d'un de mes Principes pfychob- giques. Voyez les paragraphes 726, 727, 728, &c. de VElJ.d naatytique. . ■ -> - • ■ . M % î8o V A.L l N ^B". N E" S I Ê Monde: la faine Philofophie établit comme -lii Re've'latiom l'exiftence d'une première cau- se intelligeiite , qui a tput.- préordonné avec la plus profonde fageife. L'idée que j'indique ici tend -fimplement à reculera un terme indéfini la naiiTance de notre Globe. Mo Y se à pu né d relire dans F Ouvragé des''fix'' jours que les phénomènes ou les apparences telles qu'elles fé feroient offertes aux yeux d'un Spedateur place alors fur la Terre. ( 2 )' Peut-être même que cette forte de gradation dans le-travail des fix jours ne contribuoit pas peu à accroître le plai- fir des Intelligences qui contemploient cette révolution denotre Pltinete^. elle mettoit au moins un certain ordi*e dans les phénomènes , & l'or- dre plait toujours à rintelligence. Notre Globe poiivoit avoir fubi bien d'au^ très révolutions qui ne nous ont pas été révé^ jées. Il tient à tout le Syftênre aftronomique , & les jaifons quiunilfent ce Globe aux autres Corps .cé- leftes 5 & en particulier au Soleil & aux Comètes peuvent avoir été la four ce de beaucoup de révolu- tions dont il ne refte aQcune trace fenlible pout nous, & dont les Habitans des Mondes voillns ont eu peut- être quelque connoiifance. Ces (2) Je prie le Leftcrr de Mpendre fon Jugemeiit fur cette fuppofition , juf H / r 0 s Ù'P H1 ^U E. T^rt. I. ■:%V tîilîiiies lîjifons préj)çrrertm^^^ àomt , de nou- velles révolutions cachées encore dans Tabime de l'avenir. "^ * Le grand Apôtre des Hébreux (3) nous an- nonce une révolution future dont le feu fera le principàr agent 'i-^& *qtii donnera à notre- Mon- de une -nouvelle face. Il fera , en quelque -for- te, créé de nouveau', & cette nouvelle Créa- tion ' y irttrodujra un nouvel Ordre de Ghofes , tout différent de celui que nous contemplons k préfenr. '-^ -::... -'"'i*'^^' ■ ■ / 'u-:'î^ siîu'L ^ijav xiîi» s;. O/f . '. .. •Àï^lWi^Wv/J rft^rrt .tr u;>ijjLq i5. àU' BfWMWIlllil I WlMWIIIiHH yilHI IIW ■lllllll II ■ Il ■! I ■■ CHAPITRE III. Harmonie mtivtrfelle. .Ten ne démontre mieux rexiftence dej'lif,^ TELLlGfcNCE SXJPREME , que ces rapports n jipmbreux , (i variés , fi indilîalubles qui lient fi étroitement toutes les Parties de, no.tre Mon- de, & qui en font, pour ainfl dire, une feulQ & grande Machine : mais , cette Machine. ii'eft elle-même aux yeux d'une Philofophie fublime qu'une petite Eoue dans rimmenfe Machine de rUnivcrs. J'ai tenté d'efquifrer ces rapports dans la Confeynplation de la Nature j mais combien cette ébauche fî foible , Çi raefquine rend-elle imparfaitement la beauté & la grandeur de TO- îiginal î En vertu de ces rapports qui enchaînent toutes les produdions de notre Globe les unes aux autres & au Globe lui-même, il y a Heu de penfer que le Syftême organique auquel tous les autres Syftêmes particuUers fe rapportent comme à leur fin a été originairement calcule fur CCS rapports» I p H I L Ô s 0 P H I ou E. Part l Tg S Ainsi ce petit Corps organique que je fup- pofe être le véritable Siège de l'Ame des Bêtes y peut avoir été préordonné dès l'e commence- ment dans un rapport déterminé à la nouvelle révolution que notre Globe doit fubir. U4: lU V41IVGÈ'J^E' SI E CHAPITRE IV. Corp^éthéré de r Animal , Sie^e de fa Ferfonnalité, Fhafes du Poulet», Application aux antres Corps organifês. Développement relatif à l'Etat futur* V N Philofophe n'a pas de peine à comprendre que Dieu a pu créer des Machines organiques que le feu ne fauroit détruire, & fi ce Philo- fophe fuppofe que ces Machines font conftrui- tes avec les élémens d'une matière éthérée ou de quelqu'autre matière analogue , il aura plus de facilité encore à concevoir la confervation de femblables Machines. Il eft donc poffible que V Animal fe conferve dans ce petit Corps indeftrudible auquel l'Ame demeure unie après la Mort. Les dilférentes Hai- Ibns qu'il foutenoit avec le Corps groiîîer » & en vertu defquelles il recevoir les imprefîions du dehors 3 pro^juiloient dans les fibres qui font le PHILO S 0 P H I Q^ V E, Part, i igç. fîe^e de la'Mémbire , des déterminations durables. Se ces déterminations conftituent le fondement phyfique de la Perfonnalité de FAnimal. Ceft par elles que l'état futur confervera plus ou moins de liaifons avecTérat p-alîe & que TAnimal pourra fentir l'accroilTement de Ion' bonheur ou de fa perfedion. Je ne répéterai* point ici ce que j'ai expofé très- en détJii Uir la Perfonnalité de l'Homme & des Aaimaux'daiis ^-'Ejjai Analytique, Chap. IX V XXIV, XXV. Je' ne reviendrai pas non plus à tout ce que j'ai expofé fur l'admirable méchani- que de la Mémoire >dansîe Chap/XXii : je compte toujours de parler, à des Lec1;curs de cet Ou- vrage & à des Lcdeurs intelligens qui s'en font appropriés les principes & les conféquen- cès. Je* les leur ai retracé en raccourci dans VA- nalyfe ahréjée que j'ai placée à la tète*^ de ces Opufcules & dans mon petit Ecrit fur lé Ra^-^ $él des Idées far les Mots. -^ ^^^^ On n'a pas vu fans étonnement les étranges révolutions que le Poulet fubit depuis le nio- nent où il commence à devenir viiible , juf- ^u'du moment où il fe montre fous fa véritabl - foi me. (i)Je ncxetraçerai pas ici ces révolutions : [l ] Conjd. fur les Corps org. iTom. I.Chup. IX, C: LES:çaufes qui opéreront cette révolution de l>ptreGlo:be dont parle TApotre , pourront opé- rer en même tems le développement plus ou moins accéléré de tous les Animaux concentrés dans- ces Points organiques, que je pourrois nommer des Germes de reftitution. r idfrt^rA 188 P A L I 7s- G V 2s' F/ S 1 Ë. . CHAPITRE V. . Sources de la perfe&km préfente & future -iA de l'animal. j AI aflez fait fentir:. dans VEffai analytique combien rOrganifation influe fur leg opérations de l'Ame. 0\\ fe bornera, iî Ton veut, à ne confulter là- deffus que les Articles xv, xvi , XVII de VAnalyfe abrégée. De tout ce que. j'ai dit fur ce fujet pfychologique , l'on tirera cette conféquence philofophique , que la- perfeétion de l'Animal dépend principalement du nombre &; de la portée de fes Sens. Il eft d'autant plus Animal qu'il a un plus grand nombre de Sens & des Sens plus exquis. C'eft par les. Sens qu'il entre comme l'Homme en commerce avec la Nature : c'eft par eux qu'il fe conferve , fe propage & jouit de la plénitude de Tètre. Plus le nombre des Sens eftj^jrand , Se plus ils manifeftent de qualités fenfibl^s à l'Animal. Plus les Sens font exquis , & plus l'impreflîoa de ces qualités eft vive , complète , durable. La ftruâure & le nombre des Membres^ p H 1 L 0 s: 0 P H I ou E. Part. I. isf leur aptÎHide à fe prêter aux impreflions va- riées'"Hcs Sens , l'appropriation de leur jeu à ces diverfe? unpreffions , la manière dont ils s'appliquent aux dilîérens Corps & les tournent aii profit de l'Animal font une autre fource fé- cojide de la perfection organique. Quelle énorme diftance fépare l'Huitre du Snige ! Celle-là fémbîe réduite au Sens du Toucher & ne fait qu'ouvrir & fermer] Ton écaille. CnJui ci a tous les Sens de l'Homme & parvient à l'imiter. Si la Sagesse adorable aui a préfidé à la formation de l'Univers a voulu la plus grande perfection de tous les Etres fentans , ( & comment douter de cette V^oionté dans la Bont.k' supREitiE ! ) ELLE aura préformé dans ce petit Corps indeftrudible, vrai fiege de l'Ame des Bètes , de nouveaux Sens , des Sens plus exquis , & des Membres appropriés à ces Sens. Elle aura approprié les uns & les autres à l'Etat futur de notre Globe, & cet Etat à i'Etat futur des Animaux. r^^ t9o P A L I N G r 2:'f^'fH;'i;^;i'hoq l1 ou oïJ. ■:> I^N Philorophe niera -t- il que P Animal né foit un Etre perFed?l3le , & perfcdible -dans un degré indéfini? Donnez à THuitre le Sens de la Vue dont elle paroit privée', & combieh perfeAionnerez - vous -Ton être ! Conlbien ne le perfedionneriez vous pas davantage en dorr- nant à cet animal ù dégradé un plus grand nombre de Sens, & des Membres relatiJFs * Quelles raifons. philofophiques nou's'imporé- f oient Tobligation de croire que la mort eft le ferme de^la durée de rAnimal.'^ Pourquoi un Etre (î perfedible feroit - il arieanu**ppirt'' tou- jours , tandis qu'il pofiede un Principe de peç- fedlibilité dont nous ne faurions rîffîgner Tes bornes? Indépendamment de ce petit Corps indeftruclible que je fuppofe, l'Ame que nous ne pouvons nous empêcher d'accorder aux Bètes , n'eft-elle pas par (on immatérialité hors de l'atteinte, des caufes qui Qperent la defiruc- tion du Corps groffier? Ne l^mdroit- il pas une Volonté pofitive du XuÉateur pour qu'elle ceifât d'ctrc ? 'Découvrons- non? des raifons. V H I L 0 S Ô P H î O'U'^E. Part. ï i9t ■folides pourquoi II Tanéantiroit ? Ne décou- vrons-nous pas plutôt dans fon immense Bonté des inotifs de la conferver? Mais, fi cette Ame a befoin d'un Corps organifé pour continuer à exercer Tes fondions, jl me femble plus raifonnablc de penfcr que ce Corps exifte déjà en petit dans l'Animal, que de fuppofer que Dieu en créera un nou- veau pour les befoins de cette Ame. Ceux qui ont lu les Confidéroitions fuy- k^ Lorp^ or^.mifés favent avec quel art merveilleux toutes les pro- dudliohs organiques de la Nature ont été pré- parées de loin par ion divin Altfur, 8c quelles font les îoix par Icfquelles sa Sagesse -amené tous les Etres vivans au degré de per- fedion qui eft propre au Monde qu'ils habitent aduellement. B APPELLERAi-jE ici à mcH Lcdeur Tcnve- loppement de la petite Plante dans fa graine, remboîtement du Papillon dans la Chentile & Ja concentration de toutes les Parties du Poulet dans un Point vivant ? Je dois fuppofer qu'il a tous ces ïàits préfens à i'Efprit. Si cela n'étoic point, je le prierois de relire les Chap. IX 8z X du Tom. I des Corps organîfés ou les Par- ties VU & IX de la Contemplation, 19:: P A L l N G E' N E' s I E C H A P T Pn. E Y 1 1. Transformation future de rAnimaL N comprend de refte par-tout ce que je viens de crayonner qu'il ne faudroit pas s'imaginer que les x\nimaux auront dans leur Etat futur la même forme, la même ftrudlure, les mêmes Par- ties , la même confiftance , la même grandeur que nous leur voyons dans leur Erafaduel. Ils feront alors auffi diiférens de ce qu'ils font aujour- d'huij que l'Etat de notre Globe différera de fou Etat préfent. S'il nous étoit permis de contem- pler dès-à~préfent cette raviifante Scène de m«- tamorpTiofes , je me perfuade facilement que nous ne pourrions reconnoître aucune des Erpeces d'Animaux qui nous font aujourd hui les plus familières : elles feroient trop travefties à nos yeux. Nous contemplerions un monde tout nouveau, un Enfemble de Chofcs dont nous ne fautions nous faire aduellement aucune idée. Reuffirions- nous à deviner les Habitans de la Lune , à nous peindre leurs figures , leurs mouvemens, «Scc. Et quand nos télelco- pes feroient allez perfectionnés pour nous les décoiuair 3 PËlLOSÙPHidVÈ, Part. î i^f découvrir , leur trouverions-nous ici bas deâ Analogues ? Si nous partons toujours de la fuppofition dd ce petit Corps éthéré qui renferme en petit tous les organes de l'Animal futur , nous conjedure- f ons que îe Corps des Animaux dans leur nouvel Etat fera compofé d'une matière dont la rareté & i'crganifation le mettront à l'abri des alté- rations qui furviennent au Corps grofSer & qui tendent continuellement à le détruire de tan^. de manières diiférentes.- Le nouveau Corps? n'exigerai paé , fans doiite ^ les mêmes réparations que le Corps acluel exige. îl poifédera une méchanique bien fupérieurc à celle que nous admirons dans ce dernier. Il n'y a pas d'apparence que les Animatix propagent dan» leur Etat futur i mais , fi rima- gination fc plaifoit à y admettre une forte de? propagation à nous entièrement inconnue, jeî dirois que les fources de cette propagation exif- teroient déjà dans le petit Corps éthéré. 9 Cependant fï l^on y réfléchit un peiï, oti trouvera que des Etres mixtes appeilés à cett^ forte d'immortalité ne paroillent pas devoir fV 29m. XF, ^ M ■ ^94^ y  L I N c F N E* S ï t: ■propager après y être parvenus. Il efl: au mo'mi bien évident que les dilFérentcs efpeces de pro- pagation que nous connoitrons , & qui font propres à l'état adtuel de notre Monde , ont> pour fin principale de donner aux efpeces une immortalité dont les Individus ne peuvent jouir. ( I9Ç ) SECONDE PARTI £• SUITE DES IDEES .SUR L'E'TAT FUTUR DES ANIMAUX. CHAPITRE I. La Parole, car a& ère difiinBif de l'Hojnme ^ de l Anima L La Mémoire » dépût des idées & de leurs figyjes. 1 ^ ous comparons entr'elles nos idées de tout genre, nous les multiplions & les diverliiionis aiiifî prefqu'à l'infini. Nous revêtons nos idées N ^ i96 FALINCrNE'SIS fie fignes ou de termes qui les repréfentent ? nous les rcpréfentons encore par des fons arti- culés , dont railemblage & la combinaifon conRi- ttient îa Parole ou le Langnge. Par ces admirables ©pératiotis de notre Efprit nous parvenons » généralifer toutes nos idées, & à nous élever par degrés aux notions les plus abUraites & les plus {ubliiiies. La Parole parolt être le caradere qui dif- tinguc le plus l'Homme de la Bètc. Le Vul- gaire qui La prête fi libéralement aux Ani- maux , la leur refuferoit s'il étoit capable de réfléchir fur de pareils fujets. Il croit bonne- ment que le Perroquet parle , parce qu'il pro- fère des fons articulés; mais, le Vulgaire ne Mt pas , que parler n'eft point fimplemenC proférer des fons articulés -, c'ell fur - tout lier à ces fons les idées qu'ils font dellinés à re- préfenter. Or , qui ne voit à préfent , que le Perroquet auquel on peut enfeigner Ci facile- ment à prononcer des mots métaphyfiques, ne (auroit lier à ces mots les idées abltraites dont ils font les fignes? J'ai expofé en raccourci dans VEJJai mmly-^ tique ( I ) tout ce qui concerne ces belles opé-^ [ij Chap. XIV, XV,,XYI, PNlLÔSOPïtîj^UE, J^c^f.ïl. fli7 ifàttons de notre Efprit par lefquelles il par- vient à généralifer fes idées. J'ai montré aHez en détail en quoi confifte la méchanique des abftracliôns de tout genre. J'ofe me flatter que ceux de mes Ledleurs qui auront bien faiil ces chofes tiendront forÈement* les plus grands Principes de la Pfychologie & de la Logique. Je me fuis un peu étendu ailleurs fur le Lan- gage des Eètes. ( z) Cest la Mémoire qui eft chargée du déj^ôfe des mots. Cell elle encore qui lie les idées aux mots qui en font les figues. Cent &, cent expériences démontrent que la Mémoire a été attachée au Corps. Nous ohfervons qu'elle dé- pend beaucoup de Page , de fa difpofition ac- tuelle des organes & de certains procédés pure- ment phyfiques. Des accidens fubits l'affoi- blifïent , & même la détruifcnt entièrement. Les annales de la Médecine font pleines de faits qui ne conftatent que trop ce« vérités affez humiliantes. Nous ne faurions douter le moins du monde que les Animaux né foient doués de Mémoire. [l] Contemplation de la Nature : Part. XII. Chap. XXXII^ XXXIII de la Hoirvelle Edition. Oeuvres } Tom. XII. N 3 'J*' F A l î N G E' 2 ~ ■ ... ■ CHAPITRE 1 1 1. lErééminmce de la Rai [on fur l InJîinEt. Méprifes a ce fujeL Ce qiieft PE/prit phiiofophique N eus femmes donc conduits à p en feu que J'organifatioii du Cerveau des Animaux diffère eirentiellement de celle du Cerveau de l'Homme. Nous ne rirqucrons guère de nous tromper en jugeant de la perfedion relative des deux Machines par leurs opérations. Combien les opérations du Cerveau de l'Homme font- elles fupérieures à celles du Cerveau de la Brute ! Combien la Raifon l'emporte- t - elle fur i'Inf» tind î Retracerai -JE ici ce Tableau de l'Huma- iiîté que j'ai eifayé de crayonner dans un de mes Ecrits? ( i ) Reviendrai-je encore à faire fcntir combien l'amour du merveilleux avoit féduit ces Ecrivains qui ont attribué aux AnL maux une latelligence qui ne convient qu'à [ ï ] Contemf. Part. IV. r H IL 0 SOP HIQ^UË. ^ Part: lï, 2.0 ^p THomme , parce qu'il eft le feul Etre fur la Terre qui puifle s'élever aux abftradions iii- telleduelles ? C 2 ] Si Ton médite ce que j'ai expofé fur ce fujet , ou recounoîtra , je nvalfurc , qu'on ne s'étoit pas fait des idées allez juftes de cet mf- tind qu'on s'étoit trop plu à ennoblir. L'Ef- prit philofophique , qui fembîe fp répandu au- jourd'hui, eft beaucoup plus rare qu'on jic penfe : c'eft qu'il ne confifte point dans des idées alTez vagues , à demi digérées & revêtues d'un appareil métaphyfique qui ne fauroit en' impofer à des Têtes vraiment métapliyfiques. L'Efprit pliiiofophique confifte principalement dans Fanalyfe des faits, dans le difcernemcnt de ces faits , dans leurs comparaifons , dans l'art d'en tirer des conféquences , de les en- chaîner les unes aux autres , & de s'élever uinfi à des principes qui ne foienc que des ré- fultats naturels des faits -les mieux obfervés. t 2 ] Om voudra bien ooiifiilcer fur une matière fi philofo- phique les parag. 774, 77c, 776, 777 de VEjfui anal. 8t les Chap. I, XIX , XXII, XXVII, XXX de la Part. XI tte la Contempî.Sc les Chap. XII, XXXÎI, XXXIII, XLVI ik la Part. XII du même Ouvrage. Nouy. Edit, Tom. XHç '^^S^ %o4: PALINGE'NE'SIÊ CHAPITRE IV. Viiriétés dans Porganifation du Cerveau des minimaux. But général de ces variétés. Erreur ds V Auteur du Livre de rEfprit. I L paroît donc que le Cerveau de la Brute eft une Machine incomparablement plus fimple que le Cerveau de l'Homme. La confl:ruc1:ioii des Machines animales a été calculée fur Is nombre & la diverfité des effets qu'elles dé- voient produire , relativement à la place qui étoit affignée à chaque Efpece dans le Syft^me de l'Animalité. Le Cerveau du Singe, beau- coup moins compofé que celui de THomme^ l'eft incomparablement davantage que celui de. l'Huitre. [ i ] [l] On" fait que des Anatomiftes célèbres fe Ibnt plus à inftituer dçs comparaifons exaftes entre îa ftruélure de l'Orang;-* «utang, le premier des Singes, & celle de l'Homme, & qu'ils ont été étonne's de ne trouver à cet égard que des difFé- renccs aflez légères entre les deux Etres. Us ont été fur- tout frappés des rapports nombreux de fimilitude qu'ils ont remarqué dans les différentes parties ^ foit extérieures , foifc PHILeSGPHIOUE. Part if, 20^ Un Génie un peu hardi, & qui fait maniée Tes fujets avec autant d'art que d'agrément, a cru faire un pas très - philofophique en dé- intérieures de la Tête & particulièrement dans le Cerveau. iVïais on Tent bien, comme je le difois ailleurs, [ Co-atempl,t~ tio7i, Part. XII , Chap. xlvii de la nouv. Edit. Note 5. ] que le fcalpel , le microrcope & les injedions ne fauroicnt mettre fous nos yeux les parties infiniment déliées & profondé- ment cachées de cet inftrument admirable, au moyen defquel- Ics l'Ame exerce tontes fes fondrions. Ainfi , malgré ces relTem- blances nombreufes & frappantes que TAnatomie découvrs entre le Cerveau de l'Orang-outang & celui de l'Homme, nous fommes toujours très -fondés à préfumer que le Cer. veau du premier des Etres terreftres poiïede une organifation bien plus parfaite que ne Teft celle du Cerveau dH premier des Singes : car combien l'Intelligence de l'Homme eîl-elle fupérieure à VI"ftiii<3: de T Orang-outang ! L'Anatomie ne nous montre proprement que les dehors des deux édifices &ne jious introduit point dans le Sanftuairc. M. Malacarne, que j'ai déjà eu occafion de citer, m'é- crivoit au fujet du premier parag. du Chap. IH de la Par- tie II de la Pcilhigéuéjîe que je commente aftuellement; qu'il s'eft convaincu milje fois le fcalpel en main , de la vérité de ce que je difois, que V organifation du Cerveau des Animaux diffère ejfentiellemeîit de celle du Cerveau de V Homme,. qu'il l'a démontré publiquement dans fon Ampliithéatre. Je difois encore dans le même paragraphe, que nous ne ri/-, querons guère de nous tromper en jugeant de la ferfeciion rela- tive des deux -Machines -par leurs opérations. M. Malacarne remarque là-defTus , que fi nous faifons confifter la perfection du Cerveau en ce qu'il contient ('ans un efpace donné un plus grafid nombre de parties d'une ftr-udure fuignlierc & S.06 ? A L' I N G F :S' E" S I E couvrant que Iz cheval ne diffère de l'Homnid que par la botte. Il lui a paru que lî les pieds du Ci^eval , au lieu d'être terminés par une cVnu nfage plus ou moins important, le Cerveau de l'Homme fera dit le plus compofé. Après le Cerveau de l'Homme vien- dra celui des Chiens, des Renards, des Loups, des- Chevaux, puis celui des Chats , des Belettes , des Ecureuils , des Sou- ris, des Fores, des Chèvres, des Brebis, des Lièvres, des Lapins, delà Taupe, delà Chauve-Souris. L'Anatomifte oh" fervoit fur cette deniicre, que fon Cerveau eft beaucoup plus com" pofé que celui des Oifeaux. Il ajoutoit , que le Cerveau des Qiiadrupedes eft bien plus merveilleufement ccnitruit que celui des Oifeaux. Le Cerveau du Crapaud , de la Grenouille , de la Sala. mandre , du Lézard , des Serpens , de la Vipcre occupe la dernière place dans le rapport à la compofition. Mon ingénieux Correfpondant ne faifoit point entrer dans fon énumération le Cerveau de FoilTons , parce qu'ils font m'écrivoit- il , une cîalfe à part, pleine de variétés. On de„ fireroit que fon échelle des Cerveaux embralfât un plus grand nombre d'échcllons , & qu'elle s'étendît au Singe , à l'Elé- phant, au Calîor , &c. J'avois avancé ailleurs, {_ Analyfe c.byégée ,V^Yt. -mv,'] mais comme une fuppofition raifonnable ; qu'il n'y » pas de diffé^ rences ejfentielies entre les Cerveaux humains. Je partois du nombre' çff de Pefpece des Sens qui ^ ^]o\\iÇih-]Q ^ font les rA!:n:es chez tous les Hommes. Sur ce point notre Phyfiologifte m'ap- prenoit que fes dilledions lui avoient découvert des diffé- rences frappantes entre les Cerveaux de différens Individus humains. Il s'arrêtoit liir-tout aux UimèlUs du Cervelet. Cans V H I L 0 S 0 P H I 0 U E. ee? corne inflexible, Pétoient par des doigts fouples, €e Quadrupède atteindroit bientôt à la fphcre de l'Homme. Je doute qu'un Philofophc qui quelques Cervelets il avoit coraptc jufqu'à fept cent quatre-* vingts de ces lamelles. Dans d'autres il en avoit trouvé à peine fept cents. Enfin , il lui étoit arrivé d'en rencontrer qui n'en avoient que iix cents. Et ce qui eft bien remarquable , il n'en avoit rencontré que trois cent vingt -quatre dans, le Cerveau d'un Fou. Cet Fou avoit l'ufage de la parole & tous les Sens à Texccptlon Je celui du Goût dont la privation étoit «ompenfée par la perfecxion de l'Odorat. Il n'en va pas de même du Cerveau des Animaux : l'in- fatigable Phyfiologiile n'a jamais rencontré de 'ces dilFércnCwS plus ou moins frappantes entre le Cerveau d'un Individu & celui d'un autre Individu de la même Efpccc. Tel eft le précis d'une Lettre qu'il m'écrivoit le 8 d'Août 1778. Dans un autre du 8 Mars 1779 il m'appreneit qu'il s'étoit convaincu de plus en plus des différences plus ou moins frappantes qui exiftent entre les Cerveaux humains. Il alloit même jufqu'à me dire j „ que lorfqu'il avoit connu fartku^ 55 liérement le Sujet fournis à fa difieélion , il avoit pu pre- 55 dire qu'il y auroit plus ou moins de Circon'uolution; fur le „ Cerveau proprement dit, pins ou moins de lameUcs fur le 53 Cervelet,* & plus ou moins de profondeur dans les Jillons 5, de l'un & lie l'autre. ,, Ilajoutoit, qu'il avoit conftamment remarqué que les Indi- vidus qui avoient montré le plus de Mém uic. u.e fagacité & de vivacité d'Efprit, avoient un Cervelet paré d'un plus graml ^lonibrc de lamelles. Il concluoit de ces nomoncuâcs dilTedioiis fc des obfcrvatious correfi ondante» faites lur le caradcrc & a»t r A L t y & J^ ^ E SI jÊf aura un peu approfondi la nature de rAninraf «pplaudilîb à la découverte de cet Auteur iiu rintelligcncc de différens Sujets, que la nniltiplicité des la- mclks eil une indication d'une plus grande pcrfcftion dans rorgaiiifation des Cerveaux, Enfin, dans une dernière Lettre du i^ Mars de cette ^n- ne'e 1782, M. Malacarne m'écrivoit ce qui fuit : "je „ viens d'anatomifer un troiiiemc îmbécille , & il me donfte 5, iicu de remarquer que U Nature, au milieu de fes varié^ j, tés , obfervc une certaine uniformité , un certaiit ordre conf- „ tant , dont il eft bon que ïcs PhilofopheS fôient coiivaincus 5, pour méditer à leur aife furies Cerveaux , & pour en tirer „ àcs confcquences plus fur es. Vous pouvez tous alTiirer 3, que rien ne fe rcîTcniblc plus que les défordres qui m'ont „ frappé dans les Cerveaux que j'ai difïcqués avec foin v 5, après avoir connu les Sujets quelque tems avant leur môft. 55 Ces Cerveaux fe rcfTembloient autant par les anomaiies^ 3, dont j''cri parlé , qu'ils difftroient des Cerveaux dVi commuiï 3, des Humains. Mais, il y a voit entr'eux cette différence, 53 que le Cervelet étoit pins grand & le nombre des lamelles 5, plus confidérable dans celui des trois ïnihécilles qui 5, l'ctoit le moins , ou qui avait montré le plus de jugement 33 & dont la parole étoit plus libre. „ On juge facilement que ces obfervations de M. MALACARlooc:>occ>3cci>ooc3oocr>oocz>cKxz:>occ:xiocix»cc:Dooci5o ccd9 TROISIEME PARTIE. SUITE DES IDÉES SUR L'ETAT FUTUR DES ANIMAUX. CHAPITRE PREMIER. FerfeBminement futur de P Animal. Raifons ^ moyens de ce perfe&ionnement, \3 1 , comme je le difois , un Philofophe ne peut douter que TAnimal ne foit un Etre très- perFedible ; s'il efi: dans le caraétere de la Spu- TERA.1NE Bonté de vouloir i'accroiirement du bonheur de toutes fes Créatures i fi eet accroif- l'jment eft inféparable de celui de la pcrfedion corporelle & de la perfsction fpirituciie : fi THILOSOPHIQ^ÙS. Tare. îiL xtr enfiit , nous ne découvrçns aucune ràifon So- lide pourquoi la mort feroit le terme de- llr ture ne font point tranchées comme celles d© VArt ; il obferve , qy-'entre deux Clalles ou.deux genres voifins , il eft; ^es- Erpeces mîtoy^nites qui femblent n'appartenir pas plus à l'un qu'à l'autre & qui dérangent pliis ou moins fes Dii- tributions inéthodlques, 0 La même progrefîion que nous découvrons aùjourd'hur entre les diiférens Ordres d'Etres organifés , s'obrervera., fans doute , dans J-'Etat futur de notre Globe : mais, elle fuivra, d'aMrî trçS* proportions qui feront déterminées par lei degré de perfedibilité de chaque Efpece. L'Hom-: me 5 tranfporté alors dar.s un autre féjour phîs affbrti à l'éminence de fes Facultés , îaiiiera au Singe ou à l'Eléphant ( 3 ) cette première place qu'il occupoJt parmi les Animaux de notre Planète. Dans cette reftitutionuniverfelle des Animaux il pourra donc fe trouver chez les Singes ou les Eléphans des Newton & des Leibnitz ,• chez les Caftors, des Perrault & des Vauban, &C 9 &C. [ 3 ] Voyez ce que j'ai dit fur VEUphcmt^ d'cprès M. de BUFFON dans l'Ecrit qui a pour titre , Ejfai d'apflicatitn des Ffincij^çi ^fychologiqiies ^ çjfç. 2J0 PALlVGh'VE'Sin Les Efpeces les plus inférieures , comme les Huitres , les Polypes , &c. feront aux Ef- peces les plus élevées de cette nouvelle Hié- rarchie , comme les Oifeaux & les Quadrupèdes font à l'Homme dans l'Hiérarchie aduelle. Peut-être encore qu'il y aura un progrès, continuel & plus ou moins lent de toutes leg Efpeces vers une perfedion fupérieure , cn- forte que tous les degrés de l'échelle feront continuellement variables dans un rapport dé- terminé & confiant î je veux dire , que la mu- tabilité de chaque degré aura toujours fa rai- fon dans le degré qui aura précédé immédia- tement. l^HIL 0 SOPHId VE: Part. ///. 221 ~i» Il 1 1,1 . I , —— CHAPITRE IV. Préformation & évolution des Etres (n-ganifés. Confervation du Germe du Corps futur» Répoiife à queîqties quejlions, xVAAlgrÉ tous les efforts de nos Epigéné- fiftes modernes , je ne vois pas qu'ils aient le moins du monde réuiîî à expliquer méehani- quement la première formation des Etres vi- vans. Ceux qui ont lu avec quelque attention mes deux derniers Ouvrages 5 [ i ] n'ont pas befoin que je leur rappelle les différentes preuves que i'Hiftoire naturelle & la Phyfiologie nous iourniffent de la Pïéexiftence des Etres vivans. Mais , fi tout a été préformé dès le com- mencement j (i rien n*eft engendré î fi ce que nous nommons improprement une génération n'eft que le principe d'un développement qui r.endra vifible & palpable ce qui étoit aupara- [i] En particulier les Chap. VIII, IX, X;, XI cîe h Part. VII de la C0ntsm^latiQn. 'Z'iz ' -I> A L Ï'N è # N E" S I Ê vant invïiible & impalpable, il faut de tîetix: chofes l'une ou que les Germes aient été ori- ginairement emboîtés, fcs uns dans ks autres ou qu'ils aient été originairement diiTéminés dans toutes les parties de la Nature; '' Je n'ai point décidé ' entre remboîtement & la diirémination : [ 2 ] j'ai feulement laiifé entendre que j'inclinois vers Pemboitement. J'ai dit qu'il nfe paroilibit une des» plus belles vic- toires que l'Entendement pur ait remporté fur les Sens. J'ai montré combien il eft abfuirde d^oppofer à cette hypothefe des calculs qui ii'tiFraient que l'Imagination & qu'une Raifon éclairée réduit facilement à leur jufte valeur. Mais, iî tous les Etres organifés ont été p.éformés dès^ le commencement , que dé- vicnntnt tant de milliards de Germes- qui ne parviennent point à fe développer dans l'Eta^ pitffent de notre monde ? Combien de milliards de Germes de Quadrupèdes, d'Oifeaux , de Poîf- ibns , de Reptiles, &cV'qiii ne fè développent point, qui pou rtai^t font b'rganifés avec- un art infini, & à qui rien ne rnanque pour jôtiit de C' Tahlémdef Cm/dératim, XVll: îa 'plénitude de " Têtre j' que d'être fécondés "ôtr d'être confervés après l'avoir èiè^^^^i i^ Mon Ledleur a déjà deviné ma réponfe r chacun de ces Gorm es renferme un autre^ Germe impériilitble , qui ne fe développera que daiis l'Etat futur de notre Planète. Rien îie -fe perd dans les immenfes m^^gafins de la Nature 5 tout y a fon emploi , fa fin & la meilleure fin poiEble. On demandera' 'encore,' 'que devient ce Germe impériuable , iprfque l'Anir^ial meurt &. que le Corps groffîer, tombe en; |)o^ld^e? Je . ne penfe paô qu'il 'foif fort diFHufe 'de ré- pondre à cette queftion. Des_ Germes ; ind jf- trudibles peuvent être difperfés faas'incoiivé- nient dans tous les Corps particJtiliers --qui nous environnent. Ils peuvent féiourner dans tel ou tel Corps ju{l]u'au moment de: fa décompoli- tion j pafler enfuite fans la moindre altération dans un autre Corps, de celui-ci dans un jtroifieme, &c. Je conçois avec la plus graudç 'facilité que le Germe d'un E'éphant peut fç loger d'abord dans une molécule de teire, pàf- fer^delà dans- le, bouton d'un fi'uit, de celui- ci dans la cuiife d'une Mitte , &e.' Il ne. faut pas que rîmdî^inaiïon qui -veut- tou^ peiiuire ^ tout palper entreprenne de juger' des chdfèS 214. PALINGFNE'SIÉ qui font uniquement du' relTort de la Raifon i & qui ne peuvent èfcre apperçues que par uu Oeil pllilofophique. Le répéterai -)e encore? combien eft-il fa- cile que des Geinies , tels que je les fuppofe , bra- vent les eiForts de tous les éémens & de tous les Siècles i [ 3 ] & arrivent enfin à cet Etat [ 3 ] Q.UOIQ.UE la grande délicateffe des Germes paroifTe clevoir s'oppofer à leur confervatioh , il eft pourtant des faits très-certains qui prouvent qu'ils ont été ordonnés de maniero qu'ils confervent pendant un tems , même très-long, la vertu , germinatricc. Je parle des Germes qui tombent fous nos Sens & que nous appercevons dans les Graines & daiîs les œufs. Il n'eft guère d'Animal plus délicat qu'un Polype à panache: combien l'Animal renfermé encore dans fon œuf doit -il être plus délicat ! On verra pourtant dans l'Article CCCXVII des Corps organifés , qu'on peut conferver au fec plufieurs mois comme de la Graine de Ver à foie, les œufs de cette efpece de Poh^pe , lès femer enfuite dans Teâu , & en voit éclorre de petits Polypes. On lit dans V Encyclopédie au mot Végétation ^ que àQS Ha- ricots d'Amérique, tirés du Cabinet de l'Empereur avoient germé par les foins d'un Jardinier , quoique ces Haricots euffeitt' 500 ans. M. le Marquis de St. Simon, dans fou curieux Traité des Jacintes , publié à Amfterdara , cette année 1768 , page 104, rapporte une expérience qui €onfirm€ pleinement la précédente , & que (je tranfcris ici dans fes propres termes. de FHILOSOPHIQ^UE. Part. III. 22^ de perfedtion auquel ils ont été ptédeftinés par cette Sagesse profonde qui a enchaîne le paiTé au préfentjle piéient à Tavenir 3 ravenic à l'éternité ! ' ' '^ J'ai fait germer en 17^4 4h bled renfermé dans des ma- 5, gafnis en terre à Metz , du tems de Charles V , c'efl - à-* j5 dire, près de deux cents ans avant qu'on vînt à le dé- 3, couvrir 5 & les Troupes ont confommé le pain qu'on a fai'i „ de ce ^rain , qui ctoit excellent. Le bled que j'ai feme ,, quoique petit & maigre, a produit des épis d'affez honn'j; 35 qualité. „ Une étuve dont la chaleur eft de 90 degrés du tîiermo.-* jmetre de Rjeaumur, c'eft-à-dirc, fupérieure à celle de l'eaii bouillante , fembleroit bien propre à détruire la vertu germi- natrice : M. Duhamel nous apprend pourtant dans fon Sup" flément au Traité de lu coiifer'vc.îion des Gratins pag. 48 &; 49, qu'ayant lemé 24 Grains de Froment pris au hafard dans une étuve, dont la chaleur étoit de 90 degrés, il leva 21 dv? «le ces grains. Il ajoute, qu'ayant répété la même expérience, le fiiccès ne fe démentit point. Il eft vrai que les grains étuve'"-; iie levèrent qu'au bout d'environ vingt jours, tandis que dej grains à\\ même From:nt , mais qui n'avoienr pas été étuvé^- levèrent au bout de 8 jo.irs. Ces divers faits & bien d'autres de même genre que je pourrois indiquer, nous aident à juger qu'il n'ell pas impro- bable que les Germes impériffables que je fiippofc dans ceb Ecrit aient été ordonnés de manière à réiiftcr aux efforts des clémens & des fieclcs. Si la matière dont le Germe du Fro" ment elt conitruit étoit moins hétérogène , moins pénétrable à l'air , à l'eau, &c, ou beaucoup plus déliée, il qH bien clair que ce Germe fe coiifervcroit des milliers d'années. Tome XP\ P tz^ P A L I N G E* N £^ s I E Il y aura cette différence entre les AnimaHi:: qui ne feront point nés fous rEconomie pré- fente de notre Monde & ceux de même EH- pece qui y auront vécu j que les premiers naî- tront, pour ainfi dire, table rafe , fous l'Eco- -nomie future. Comme leur Cerveau n'aura pu recevoir aucune irapfeffion *des Objets exté- tt J'AJOUTERAI â ce qu'on vient cte lire, qiiMl eft des . preuves rigoureuî'es qu'il exifte dans U Kature* de;; Germes d'Animalcules qui fouticnnent fans périr la chaleur de l'eau ^bouillante & qui peuvent même fe développer à ce degré fi confidérable de chaleur. Ce font ceux de ces Animalcules des infufions dont M. l'Abbé Spallanzani nous a donné la curieufe hiftoire. On en trouvera le précis dans la grande Note que j'ai placée à la fin du Chap. VI de la Part. II de la nouvelle Edition ûqs Corps organifés : OeirJr es y Tom. VI. D'autres Animalcules microfcopiques , plus fmguliers encore, nous indiquent une autre voie par laquelle des Germes , très, délicats en apparence , peuvent avoir été rendus capables de réfiftcr à des agens très- deftrufteurs : je parle de ces fameux Animalcules qui fé confervent au fec dans un état de mort apparente pendant des mois & des années, les uns dans des grains de bled , les autres dans la pouîiiere. On comprend qu'il s'agit ici des Anguilles du bicd raclîtique & de cette très-pe« tite efpece de Polype d'eau douce connu fous le nom de Ro- tîfere , dont j'ai efquiffé l'étonnante hiltoire. Corps organ, nouv Edit. Art. CCCaVIII dans la Note ; Omvres , Tom. VI. Contemplation Part. IX, Chap. 11, Not-' I.; On peut con^ fulter encor.^ ce que j'ai dit far la mort apparente de ces ttraniijes Animale ides , Fart X, Chap. XXXIIl de ia ConicmpL Ki)te 7, Omvres f Tom. ViII, Phi LOSOPHIOUE. Part, ut 22J ïîeurs , il ne retracera à FAme aucun fouvenir. Elle ne comparera donc pas Ton état prélen' à un état paifé qui n'aura point exifté pour elle. Elle n'aura donc point ce fentiment de TaccroilTe- ment du bonheur, qui naît de la comparaifoii dont je parie. JVIaîs , cette tab!€ rafe fe con- vertira bientôt en un riche Tableau , qui re- préfentera avec précifion une multitude d'Ob- jets divers^ A peine l'Animal fera- t- il par- venu à la Vie-, que fes Sens s'ouvriront à une infinité d'impreflions. dont la vivacité & la va- riété accroîtront fans celTe Tes p'aiiirs & met^ front en valeur toutes fes Faailtés. P2' ^228) Sf3:irr3ErriîE3zîïEiriïiïr-3:Ei3nnrinr:=SH!e QUATRIEME PARTIE. APPLICATION AUX PLANTES. *»■—— I^Wi— — ■ I I I ,— — — ■ 1)11 III. Il CHAPITRE I. Haifons en faveur dhine forte de fenfihilité de la Plante. Confervation ^ perfeBionnement pojjibles de l'être de la Fiante. J! Al raffemblé dans un autre Ecrit [i] le-s traits Cl nombreux , (i diverfifiés , û frappans qui rapprochent les P;antes des Animaux, & [i] Contemplation jV^xt. X» ■P HILO SOP HIQ^ UE. Part. IF. 2z9i ^ui femblent ne faire des unes & des autres qu'une feule Clalîe d Etres organifés. Je me fuis attaché à démortfer combien, il eft dif- ficile d'aifigner le c^racl;ere qui diftingue elTen- tiellement le Végétal de TAnimal , & combien la Logique du Naturalifte doit être févere dans une recherche anffi délicate. Cela m'a conduit à un examen alfez approfondi du caradere qu'on a coutume de tirer de la Faculté de fen- tir.' J'y ai fait paiTer en revue fous les yeux de mon Ledeur ces curieufes expériences que j'ai décrites ailleurs ( 2 ) en détail & qui parollfent indiquer que les Végétaux exercent des mouve- mens fpontanés relatifs à leurs befoins &. aux eirconftances. Je n'ai pas entrepris de prouver que les Fiantes font douées de Sentiment.: j'aurois choqué moi - même cette Logique exade que j'eilayois d'appliquer à mon fujet. J'ai aifez in- finué [ 3 ] que tous ces mouvemens , Ci dignes de l'attention de l'Obfervateur ^ peuvent dé- [ fj ] Recherches fur Vufuge des Feiiillss, [3] J'AI montré très-clairemeut dans le Mémoire II de mes Recherches fur Vufage des Feuilles , Art. LUI , comment Ions CCS monvemens fi remarquables pourroient s'opérer p3^ ïl^B caufes pnrement méchaniques* ? .9 •23» 1^ A L ï N G E' N E" S ï E pendre d'une méchanique fecrete & très-k limple. Mon laiagination n'étoit pas faite pour tout animalifer comme 'celle de l'ingénieux Au- teur du Roman J^ la Nature. J'ai donc ter-^ miné mon examen en ces termes. " Le Leiftpur judicieux comprend aflez qu& 55 je n'ai voulu que faire fentir par une ficlion,. . ^5 combien nos jugemens fur Finfenfibilité dea 5, Plantes font hafardés. Je n'ai pns prétendu 5, prouver que les Plantes font feiifiblés j mais 35 j'ai voulu montrer qu'il iidcft pas prouvé 35 qu'elles ne le font points i,'/ ?'y^ Si donc il n'eft point prouvé que les Plantes île font pas fcnlîbles, il eft pijfTible qu'elles le fuient i & s'il eft pollible- qu'elles le fuient , il l'eft encore que leur Senfibilité fe développer & fe perfedionne davantage dans un autrQ Etat. ^^: Je difois encore à ce fujet : " nous voyons 3, le Sentiment décroître par degrés de l'Hcmîme 55 à rOrtie ou à la Moule, & nous nous perjua- :55 dons qu'il s'arrête là , en regardant ceç der- ,5 niers Animaux comme les moins parfaits. 55:Mais il y a peut - être encore bien des de- ■yj grés entre le Sentimeiîp .de .la Moule & celpi VHî L aSOPHlOïfÊ. Part. IK ^^f î, de a Plante. Il y en a peut-être encore 5, davantage entre la Pfante la plus fenfible &. „ celle qui l'cft le moins. Les gradations que. 3, nous obfervons par- tout devroient nous per- 5, fuader cette Philolophie i le nouveau degré. 5, de beauté qu'elle paroît ajouter au fyftême. 5, du Monde & le plaifir qu'il y a à multiplier. 3» les Entres fentans , devroient. encore contri-, 35 buer à nous le faire admettre. J'avouerois 3, donc volontiers que"cette Philofophié eft fort 5, de mon goût. J'aime à me perfuader qu& 5, ces Fleurs qui- parent nos Campagnes &. j. nos Jardins d'un éclat toujours nouveau, 5, ces Arbres fruitiers dont les fruits affedent; 3, (i agréablement nos yeux & notre palais , 3, ces Arbres majeftueux qui compofent ces vaftes, 3, Forêts que les tems femblent; avoir refpec- 3, téeSifont autant d'Etres fentans qui goûtent^ j, à leur manière les douceurs de l'exiitencc. „ J'ajoutois immédiatement après : " nous 5, avons vu qu'on ne trouvoit dans la Plante 5, aucun Organe propre au Sentiment : mais 5, Cl la NatuPvE a du faire fervir le même 55 ïnftrument à plufieurs fins j 11 ELLE a dû. iy éviter de multiplier les Pièces , c'eft aiîurément. 5, dans la .conllrudion de Machines çxtrème-.. 3> ment fimpleï, tel que l'eft le Corps d'uu» P 4 {^la T J L I N G F N M' S I E ,5 Plante. Des vaifleaux que nous croyons deC- 3, tinés uniquement à conduire l'air ou la fève, 5, peuvent être encore dans la Plante le fiege 55 du Sentiment ou de quelqu'autre Faculté j, dont nous n'avons point d'idée. Les nerfs 3, de la Plante différent, fans doute, autant 5, de ceux de l'Animal , que la ftruclure de 35 celle,- là diffère de la ftrudure de celui-ci. „ Si après ces réflexions mon Ledeur demeure convaincu, comme je le fuis ; que l'infenfibi- jité des Plantes n'eft point du tout démontrée , je. lui demanderois , fi, dans la fuppofition qu'elles font douées d'une certaine SenfibilitéJ je ne pourrois pas leur appliquer ce que je viens d'expofer fur la Reilitution future des Animaux ? Dans la fuppofition dont il s'agit» choquerois-je la bonne Philofophie en admet- tant que la Plante cft auffi un Etre très per- fcdible ? En effet , combien eft-il facile que la ïenÇï- Mité la plus reifcrrée 5 la plus imparfaite s'é- tende, fe développe 5 fe perfcdionne par le fimple accroiifement de perfection des Organes Si fur -tout par Tinter veiïtion de nouveau^^. Organes î PHILOSOT HlUVE, Taft. IV, 2;^ Si la Plante eft fenfible , elle a une Amei qui eft le Principe du Sentiment j car Je Son- timent ne fauroit appartenir à la feule orga- nifation. [4] La Plante fera donc un Etre mixte. Découvrons - nous quelque raifon for lide pourquoi TAme de la Plante feroit dépour- vue de toute efpece d'Acl:ivité ? Par- tout où iious parvenons à démêler des traits de Ser.fi^ bilité nous parvenons auffi à y démêler des mou- vemens correfpondans. îl ell naturel qu'un Erre mixte fufceptible de plaifir & de douleur puuTe rechercher l'un & fuir l'autre. Mais , ii fa Sen-, fibiUté efl: très-foible , fes plaifirs & fes douleurs feront auiîi très-foibles , & les mouvemens qui correfpondront à ces différentes impreiîions, leur feront proportionnels. Je ne rechercherai point quel eft le ^'^^gQ de l'Ame dans la Plante : je ne connois aucun moyen de parvenir à cette découverte. Les Phyficiens qui ont le plus étudié la ftrudure des Plantes , fivent aiîez combien leur Ana- tomie eft encore imparfaite. Je le fiifois re- m irquer dans FEcrit que j'ai cité : {'^) ^ \\ n'eft 95 pas auffî facile , difois-je , de comparer les (4) Je crois l'avoir prouvé dan<; la Préface de VEJfal «nalytiqiie. ( S )■ Contemplation^ Part. X,, Chap. XXVI» 2U P Jl L I 27 a E' ^ J^ S I E >, Plantes & les Animaux dans leurs formej „ intérieures ou leur ftrudure , qu'il Tcft da 5» les comparer dans leurs formes extérieures. 35 Nous pouvons juger de celles-ci fur un a, fimple coup-d'œil 5 il faut toujours tme cer- 5, taine attention , & fouvent le fecours de }, divers inftrumens pour juger de celles-là. 5, Nous pénétrons , ce fembie , plus difïici- 3, Icment dans l'intérieur d'une Plante que j, dans celui d'un Animal. Là , tout paroit plus 9, confondu, plus uniforme, plus fin, moins i, animé Ici tout parcît fe démêler mieux s ,5 foit parce que la forme , le tiiîii , la cou- „ leur & la fituation des différentes Parties y „ préfentent plus de variétés , foit parce que 9, le jeu des principaux vifceres y eft toujours >î pus ou moins fenfible. Le microfcope , le S) fcalpel & les injections qui nous conduifent M fi loin dans l'Anatomie des Animaux re- 55 fufent fouvent de nous fervir ou ne nous 5, fervent qu'imparfaitement dans celle des 5, Plantes. Il eft vrai aufîi que cette Partie de 35 l'Economie organique a été moins étudiée î5 que celle qui a les Animaux pour objet, 55 L;i ftrudure de ces derniers nous intérelfoic ,, davantage par fes rapports avec celle de 55 notre propre corps. „ ^ TXILO SOPHIOUE. Partir. 255 Je me bornerai donc à dire, que (1 la Plante u une Ame, cette Ame a un (lege relatif à la nature pardouliere de cet Etre - mixte. Ce fiege, quel qu'il foit , peut renfermer- un Germe impériflable , qui cojifervera l'Etre de la Plante & le fera furvivre à la deftructiou de ce Corps vifible & palpable qui eft Tobjet acluel des curieufes recherches du Botanille & du .Phyficien. Arrêterons-nous t ^uj )urs nos re- gards fur. ce' qui frappe nus Sens ? La Raifoii du Phiiofophe ne percera - t - elle point au- delà ? Si l'Etre de la Plante a été attaché à un Germe incorruptible , ce Germe peut renfermer , comme celui de l'Animal , les Elémens de nou- veaux Organes, qui perfedionneront , déve- lopperont & ennobliront les Facultés de cet Etre. Je ne puis dire à quel degré il s'élèvera dans l'Echelle de l'Animalité : il me fuffic d'ap- percevoir la pofïibilité de cette élévation & par elle un accroiffement de beauté dans le Règne organique. 2^6 P A L I 2^ G E* 2^ F s î ?J CHAPITRE IL Autres raîfons en faveur de la fenftbilité de la Fiante, E N gênerai , on a beaucoup de peine à fe perluader la pofîibilité que les Plantes foient des Etres fentans. Com-me elles ne changent jîfmais de place & que leurs formes n'ont rien de commun avec celles des Animaux qui nous font les plus connus , il n'y a pas moyen de croire qu'elles puiiTent participer un peu. à l'Ani- malité. Le moyen , en ciFet , de foup<;briner quel- que rapport en ce genre entre une Violette & un Papillon , entre un Poirier & un Cheval ! Nous ne jugeons ordinairement des Etres que par des comparaifons aflez groiîîcres. Nous ks comparons de gros en gros dans leur forme & dans leur ilrudure , & fi cet examen fu- perHciel ne nous oiFre aucun .trait de fimilitude».. nous ne nous avifons guère d'en ioupqonner. Cependant , combien exifte-t-il d'Eil i peces d'Animaux qui pendant tout le cours do THILOSOPÏÏIUVE, ParLTV. 2^ leur vie ne changent pas plus de place que les Plantes î Combien en eft-il dont les mou- vemens ne font ni plus variés ni plus fpon* tanés en apparence que le font ceux de quan- tité de Plantes que j'ai décrits & fait admirer dans mon Livre fur fi^fage des Feuilles ! Enfin , combien eft- il d'Efpeces d'Animaux dont la forme & 1^ ftrudure ne reifemblent pas le moins du monde à ce modèle imaginaire que nous nous formons de ce qu'il nous pfeît de nommer un Animal î Je paffe fous filence les Sexes , tantôt réu- nis, tantôt iéparés, & ces adrnirables repro- ductions de différens genres, qui rapprochent Ç\ fort le Végétal de l'Animal. J'ai renvoyé mon Ledeur fur tout cela & fur bien d'autres traits à^ analogie tout auiîi frappans, à mon Parallèle des Plantes & des Animaux. ( i ) Otons à un Animal peu connu tous les moyens de nous manifefter qu'il eft un Animal : pri- vons-le de tous fes Membres j réduifons-le aux feuls mouvemens qui fe font dans fon inté- rieur : comment devnieroit - on alors fa veri- tiible nature ? Il eft unef ouïe d'Animaux qui (l) Cs7it e inflation ^ Part. X, 258 FALINGE'NE'SIÈ fe dcguifent autant à nos yeux , & qui riô peuvent être reconnus que par les ÔjIci va- leurs les p^us attentifs & les plus induitrieux. Quel n'eft point auffi le déguilement de cer- taines Plantes î N'a- t- il pas fallu toute la fagacité des Botaniftes muv s'alTurer de la vé- ritable'nature des Moifillures , des Lychens, des Champignons , des Tiulies , «^c. LES»Plantes ne feroient-elles donc point dans le cas de ces Animaux beaucoup trop déguifes pour que nous puillions les reconnoitre ? C'eft une réflexion que je faifois. ailleurs, ( 2 ) " L'ex- preflion du Sentmient , difois-je , eft relative ,5 aux Organes qui le manifeftent. Les Plantes 55 font dans une entière impuifTance de 5, nous faire connoitre leur Sentiment : ce 5, Sentiment efi: extrêmement foib'e , peut être 55 fans volonté & fans defir , puifque Timpuif- 5, fance où c'ics foi t de U'us e maniFcfter 55 provient de leur orguriifation , & qu'il y a 5, lieu de peî'fer que le degré de perfedion 5, fpirituelle répond au degré de perfedion cor- 5, porelle. „ [2 ] Contemplation , Part. X , Cîiap, XXX, PNiLOSOPHT,(lUR Part IV. 2^§ ^msmammiM i iLdii„iMiiiiiiiMiiiiiM niiiiiiiiiiiimir . CHAPITRE III. Singulière compofition de la Fiante, Kemarques à ce fujet, Conféquences relatives h la reJUtiition future âe cet Etre oTgaynÇé, Mais, ce qus nous avions regarde juf- qu'ici comme Animal eft un Tout unique. "Un Singe, un Eléphant, un Chien font bien des Compofes : ces Compofés font bien formés de raiîembhige d'une multitude de Pièces très- différentes entr'elles : mais , ces Pièces ne font pas autant d'Animaux : elles concourent feu- lement par leur réunion & par leurs rapports divers à former ce Tout individuel que nous nommons un Animai Ces pièces féparées do leur Tout ne le rcpréfentent point en petit; elles ne peuvent pomt reproduire ce Tout. La Plante a été conft-uite fur un tout autre Modèle. Un Arbre ntll un Tout unique que dans ua feas métaphyfique. li eft réellement ^4e rALINGFNI^SIÊ compofé tî'autatit d'Arbres «Se d'Arbri fléau rc } qu'il a de branches & de rameaux. Tous ces Arbres & tous ces Arbrifleaux font , pour -ainfi dire, greffes les uns aux autres, font alimentés les uns par les autres , 8c tiennent ainfi à T Arbre principal par une infinité de communications. Chaque Arbre fecondaire » chaque ArbriiTeau , chaque fous - Arbrilfeau a fcs organes & fa vie propres : il ell lui-même un petit Tout individuel qui repréfente plus ou moins en raccourci le grand Tout dont il fait partie. Ceci dl plus exacl: qu'on ne l'imagineroit d'abord. Chaque branche , chaque rameau , chaque ramuncuîe & même chaque feuille font fi bien des Arbres eu petit , que détachés du grand Arbre & plantés en terre avec certaines précautions , ils peuvent y végéter par eux- mêmes & y rirlre de nouvelles productions. C'eft que les organes elfentiels à la vie font ré- pandus d.nns tout le Corps de la Plante. Les mêmes organes elfeniicls qu'on découvre dans le tronc d'un Arbre, ou les retrouve dans les branches, dans les rameaux &; même jufques dans les feuiiles. Un Aibrs cd donc une Produdioii orgn^ ' " PHILOSOPlfTQ^ÛE. Tan. IV. ^tf iiîque beaucoup plus (inguiiere qu'on ne 1^ peiife cominunément. Il elt uu aiTeiu^rage d'uns multitude de Frodudions organiques fubor-. données , liées écroitemeju les unes aux au-, très , qui participent toutes à une vie &: k des befoinS commun.s, & d^^nt chacune a f^ vie, fes befoins *ix (e^ fondions propres. Ua Arbre eft ainii une forte de Société org;^ni':^ue » dont tous les Individus travailioiu 'au bien; commun de la Société , en même tems qu'ils procurent leur bien particulier. Celui qui a ïût Tx'^ibre auroit pM faire exifter à part chaque branche, chaque rameau, chaque feuille : il en auroit fait ainfi autanC d'Etres ifolés & diltinds. Il a préféré de les réunir dans le même aflemblage , dans uns même Société , de ic5 aflujottir les uns aux autres pour diiTérentes fins , & fans doute que les befoins de FHomme & ceux des Animaux encroient dans ces fins. Si donc l'Arbre efi: doué à\\\\ certain dcgré^ de Sentimetît , ch'acun des petits Arbres donc il elt compofé aura aufii fon degré de Senti- ment, comme il a ia vie nom aiTez impropre j car ils ne font point des Animaux- Fiantes j ils font ou paroifTent être de vrais Anirr.aux ; mais qui ont plus de rap- ports avec les Plantes que n'en ont les autres Animaux. Je me copierois moi-même & je fortirois de mon Sujet , fi je retraqois ici en abrégé l'Hif- toire du Polype. Je m'en fuis beaucoup occupé dans d'autres écrits. ( î) D'ailleurs , qui ignore aujourdliui que le moindre fragment du Polype peut devenir en affez peu de tems un Polype [l] Corps orgmt. Tom. I, Chap. ÎV, XL, XÎI, Tom. H Cîiap. Il , IIÎ , IV. Coaiempl Fart. III , Chap, XÏII. Pai- ki^e Vin, Chap. XV, Part. IX, Chap. I. PHILOSOPHIQUE. Part V. 24^ parfait ? Qiû ignore que le Polype met fes Petits au jour, à-peu-près comme un Arbre y met fes branches ? Qiii ignore enfin, que cet Animal fingulier peut être greffe fur lui - même ou fur un Polype d'Efpece différente a & tourné & re- tourné com.me un gant? On lliit encore , que pendant que le Polype- Mère poulfe un rejeton , celui-ci en pouiTe d'au- tres plus petits i ces derniers en pouifent d'au- tre^ encore , &c. Tous tiennent à la raere comme è leur tronc principal , & les uns aux autres com- me branches ou comme rameaux. Tout cela forme un Arbre en miniature , la nourriture que prend un rameau pafle bientôt à tout l'AiTem- bîage organique. La Mère & le|^ Petits fem- blent donc ne faire qu'un feul Tout & compo- fer une efpece finguliere de Société animale , dont tous les Membres participent à la même vie & aux mêmes befoins. Maïs , il y a cette différence effentielie en- tre TArbre végétal &; PArbre animal, que dans îe premier les branches ne quittent jamais le tronc, ni les rameaux les branches 5 au lieu que dans le fécond, les branches & les ra- meaux fe féparent d'eux-mêmes de leur fujet,. vont Yivre à part & donner enfuite naiifanco; é4^ 'I* A L I N G r 2^ E' S I E à de nouvelles végetutions pareilles à la pre^ îîiiere. L'Art peut faire du Polype une Hydre k plulîcurs tètes & à plufieurs queues , & s'il iibat ces tètes &, ces queues, elles donnerons autant de Polypes parfaits. I^'Imagination féconde d'OviDE n'avoic pas été jufques-là. Ce n'cft qu'accidentellement qu'il arrive quelquefois au Polype de fe partager de4ui- ai?èmc pnr morceaux : mais , il e{t une Famille aiombreufe de très-petîts Polypes , qui forment de jolis bouquets 5 dont les fleurs font en cloche^ & qui fe propagent en fe partageant d'eux- îTièmes. Chaque cloche fe ferme, prend la for- nie d'une olive & fe partage fuivant fa lon- gueur en deux olives plus petites, qui prennent enfuite la forme de cloche. Toutes les cloches tiennent par un pédicule effilé à un pédicule tommun. Toutes fe divifent & fe foudivifenc fucceffivement de deux en deux , & multiplient ainiî les fleurs du bouquet. Les cloches fe fé- parent d'elles -mêmes du bouquet , & cha- tune va en nageant fe fixer ailleurs & y pro« duire un nouveau bouquet. P'avtees Efpeces de très -.petits Polype^ PHILOSOPHIQUE. ParL V. 24^ Te propagent de même eu fe partageant ea deux , mais d'une manière différente de celle des Polypes à bouquei dont je viens de par- 1er. ( I ) ( I ) f f Cette manière de multiplier par divifioiis naturelles cft commune à quantité d'Efpeces d'Animalcules dQn infufions & à bien d'autres petits Animaux aquatiques qui appartiennen t a la claflTc des Vers longs. La divifion naturelle no s'opère pas de la même façon dans toutes ces Efpeces. On y obferve des variétés tres-remarquables , que j'ai décrites ailleurs d'a.-^ près d'excellens Obfervateurs. 04 P A L I :\ G F N F S J B iLfw^«rua-,y£*flK'.>jW«Buy CHAPITRE IL pyaie nature des Polypes, EéJJexions à ce fujet. s ÎL n'eft pns démoritré que les Plantes font abfolument privées de Sentiment , il reft* bien moins encore que îes Polypes n'en foient point doi;és. Nous y découvrons des chofes qui paroiffent fc réunir pour conftater leur Senfi- bilité. Tous font f-ès - voraces , & les mou- vemens qu'ils fe donnent pour faiGr ou en- gloutir leu¥-'proie fe'mblent ne pouvoir convenir qu'à de véritables Animaux. Mais, fi les Polypes font fenfîbics . ils ont une Ame, & s'ils ont une Ame, quelle foule de difficultés naît de la fuppofition que cette Ame exifte î J ai montré (i) à quoi fe ré- duii'ent principalement ces diiTicu'tés , & j'ai ^ffayé le premier à'^ii donner des folutions [l] Corfs or^. Tom. ïî , Chap. IIÏ. Contcmpl. Préface, ^ahleciu ici ConfiA. Art. XVI. PHlLOSOPHinUF. Part V. 245 conformes aux Principes d'une faine Philofo- ghie. ENraifcnrant donc fur ia fuppontion fi natu- relle que les Polypes font au nombre des Etres fentans > nous admettrons que l'Ame de chaque Po'ype a été logée dès le commencement dans le Germe dont le Corps dii petit Animal tire fon origine. J'ai eu riÀn d'avertir quMl ne falloit pas prend ic ici le mot de Geviiie dans un Sens trop reilerré , & fc rcpréfenter le Germe comme un Polype réduit extrêmement en petit & qui n'a c^iC'à fe d-évelopper pour {q montrer tel qu'il doit être. J'ai pris le mot de Germe dans \\\\ Sens beaucoup plus étendu peur toute pré- formation organique dont un Polype peut ré- fuîter comme de fon principe immédiat. ( 2 ) J'ai averti encore que l'Analogie ne nous éclairoit point fur la véritable nature des Po- lypes à bouquet, & j'en ai àk la raifon. [3] Ces Polypes ont été conflruits fur des Modèles qui ne relfemblent à rien de ce que nous con- C 2 ] Tahleau des Confia. XV. £ 3 3 Contcm^L Part. VIÎI , Chap. XVI, 2^a V A L J :^ € E :^ 1^ S I IS noiifons dans la Nature. On diroit qu'ils oc^ cupent les plus bas degrés de l'Echelle de rAni^ malité. Nous ne nous y méprendrons pas néanmoins, & nous préfumerons qu'il peut exiftcr des Animaux bien moins Animaux en- core , &, placés beaucoup plus bas dans. l'E- chelic. On découvre dans différentes fortes d'in- fufîons , à l'aide des microfcopes , des Corpuf- cules vivans , 'que leurs mouvemens & leurs diverfes apparences ne permettent guère de ne pas regarder comme de vrais Animaux. Ce font les Patagons de ce Monde d'infiniment petits, que leur effroyable petitoffe dérobe trop à nos Sens & à nos inilrumens. Ceft même beaucoup que nous foyions parvenus à apper- ccvoir de loin les Promontoires de ce Nou- veau Monde & à entrevoir au bout de nos lunettes quelques-uns des Peuples qui l'ha- bitent. Parmi ces Atomes animés il en eft pro- bablement que nous jugerions bien moins A . maux encore que les Polypes , Çi nous pou- vions pénéurer dans le fecret de leur ftrudlurs & y contempler l'art infini avec lequel l'Aij- TEUïi de kl Nature a fu dégrader 4e plus en plus lAai milité fans la détruire. î>HILOSOPHI OUK Part. V. S5^ CHAPITRE III. Sie^e de l'Ame dans le Polype : Sa reftîmtion & fin perfeùlionneuisnt futur, jJE ne puis dire oùrédde le Siège de l'Ame dans le Polype à bras 5 bien moins encore dans les Polypes à bouquet & dans ceux qui leur font analogues. '^Combien l'organifation de ces petits Animaux qui femblent n'être qu'une gelée épaiffie, diffère -t- elle de celle des Ani- maux que leur grandeur & leur confiftance foumet au fcalpel de l'Anatomifte î Mais, il les Polypes ont une Ame, il fliut que cette Ame reçoive les imprelnons qui le font fur les divers points du Corps auquel elle eft unie." Comment pourroit - elle pourvoir au- trement à la confervation de Ton Corps i* Se- roit-il donc abfurde de penfer qu'il eft quelque part dans le Corps du Polype un Organe qui communique à toutes îcs Parties , & par le- quel ÏWmQ peut agir lur toutes les Parties? Cet Organe , ç^^ucllcs que foient & place &Ja 2%z P A L l 2<[ G F: 1:J ?J S I E ftrudure , peut en renfermer un autre que nous confidérerons comme le véritable Siège de l'Ame i que l'Ame n'abandonnera jamais, & qui fera rinftrumcnt de cette Régénération future qui élèvera le Polype à un degré de perfedion que ne comporcoit point l'état pré- ient des chofes. En fimplifiant de plus en plus Torganifatioii dans les Etres animés, le Créateur. a ref- ferré de plus en plus chez eux la Faculté de fentir 5 car les limites phy tiques de cette Fa- culté font toujours dans l'organifation. Si donc l'on fuppofe que le Polype a été réduit au feul Sens du Toucher , fon Ame ne pourra éprouver que les feules fenfations attachées à l'exercice de ce -Sens. Et Ç\ le Polype eft en même tems privé de la Faculté loco-motive, fon Toucher s'appliquant par cela même à un nombre de Corps beaucoup plus petits & à des Corps beaucoup moins diverllfiés , fes ienfations feront bien moins nombreufes & bien moins varices que celles des Polypes doués de la Faculté de fe mouvoir. Maïs, fi le fiege de l'Ame &i\ Polype ren- ferme les éiémcns de nouveaux Organes & de nouveaux Sens , cette Ame éprouvera par leu.v P H I L 0 s 0 P H î Ô^UE. Part V. 2.^% développement & par leur miniftere de nou- velles fenfations & des fenfations d'un nou- vel ordre , qui reculeront les limites de fa Fa- culté de fentir & ennobliront de plus en plus FEtre du Polype. Je l'ai dit ; c'efi: fur -tout par le nombre & la perfeclion des Sens , que l'Animal eft le plus Animal. Il Teft d'autant plus qu'il fsnt davantage , & il fent d'autant plus que fes organes font plus multipliés & diverfifiés. ( 274 ) ^^ -- ^:gSîC^(«^.i - -JL-L ^'^ oc~^. oooc::5oocz5oocr^oc<:zx)cci>ccorc:>3oc35CK:r>oecDocci ^;^^ .M .., :..,„^.^^,^ ^: »■■■' :j^ SIXIEME PARTIE IDÉES SUR UFTAT PASSE DES ANIMAUX; c-^ n iir Et à cette occafion fur la Création % r Harmonie de P Univers. CE A P I T R E I LnnienJJté des Cieitx. Grandeur ^ .nombre prodigieux des Corps celejtes. Fjjiû d'explication de quelques pnjf^ges de la Genefe, Eloge de jMoyfe. J'Ai touche au ccmmencemeiit de cet Ecrif. a une graiide révo'uciou de uoti-e Globe, qui PHILOSOPHIQUE. Pxirt. iV. j^f pourroit avoir précède celle que PAn'eur facrc de la Geneie' a Ci noblement décrite. Je n'aî pas indiqué les raifons qui rendent cette ré- volution probable & qui doivent nous porter à reculer beaucoup la naiirance de notre Monde. Ce détail intéreiîant m'anroit mené trop loin »^ m'auroit trop détourné de mon objet prin- cipal. Ceux qui fe font \\v\ peu occupés de la Théorie de la Terre favcnt q'.i'on trouve par- tout fur {'à furFncc & dans fes entrailles des amas immenfes de ruines , qui paroifTcnt être celles d'un ancien Monde , dont Fécat diffé- roit, fans doute , par bien de^ caractères d(î celui du Monde que nous habitons. Mais il n'efi: pas néceiîlure d'avoir bcau^ coup médité fur la Théorie de la Terre pou: je perfuader que MoYSE ne nous a pofnt dé- crit la première Création de notre Globe , Se que (on Hiftoire n'efl; que celle iVuuQ nouvelle révolution que la Planète avoit fubi , Se donc ce grand Homme cxpofoit très - en raccourci les ^traits les plus frappans ou les principales apparences. Grâces aux belles découvertes de l'Aftro- liomie moderne , on fait qu'il èft des Planetei dont la grandeur furpa.tîe plufienrs centaines de fois celle de notre Terre. On fait encore que cette petite Planète que nous habitons & qui nous parqît Ç\ grande , eft quatorze cent mille fois plus petite que le Soleil autour du- quel elle circule. On fait en6n , que les Etoiles y qui ne nous paroiifent que des points lumi- neux, font autant de S'olcils fembiablcs au nôtre , Se qui éclairent d'autres Mondes que leur prodigieux .éloignement dérobe à riotie vue. Qlj'oN réfléchîiïe un peu maintenant fur l'inf- menfité de l'Univers, fur rétoimante grandeur de ces Corps qui roulent fi majefhieufcnient dans l'Eipace , lur leur nombre prefqu'infini , fur les didanccs énormes de ces Soleils qui lie nous les laillent appercevoir que comme des points étincelans dont la Voûte azurée eft parfemée 5 & qu'on fe demande enfuite à foi- mème ce qu'eii: la Terre au milieu de cette Graine de Soleils & de Mondes» ? ce qu'eft un grain de Mil dans un valte grenier & moins encore. Si après s'être fortement pénétré de la gran- deur de l'Univers & de ht magnificence de la Création , rHTLOSOPHlQ^TÎE, Part Vl 2ç? Création , Ton vient à lire avec réflexion le pre-- mier Chapitre de la Genefe, on fe convaincra de, plus ea plus de la vérité de cette opinion philofophîque , que je loumets ici au jugemene du Lcdeur éclairé. Dieu dit y ( i ) qiCil y ait des Ltimbmlres dans r Etendue , afin d'éclairer la Terre ; ^ 'ilfUf ainfi.-DlEV donc fit deux grands Luminaires 5 le plus grand pour dominer fur le jour -, le main-* dre pour dominer fur la nuit. Ce fut le quatriemsl jour* Quand on a quelques notions du Syrtênie des Cieux , on Tent allez combien il effc peu probable que la Terre ait été créée avant le So- leil , aiiqUel elle éft (î manireftenient fubordon- liée, ti feroit fuperflu de s'éreiuîre fur ceci. Ce n'eit donc probablement ici qu'une fimple ap* parence. Dans ce renouvellement de notre Globe le Soleil n'apparut que le quatrième jour* Dieu (2) fit anjjî les Etoiles. Il les mit dans PEtejidue pour éclairer la Terre. Il eft bien évi^ dent que Moyse comprend ici fous la déno- [i] Gen. I. 14, iç, 16, I9. C 2 ] ibid. 16 , 17. Tom, XV. R înination générale d'Etoiles , les Etoiles errantes ou les rlanetes. Dieu ft donc !s quatrième jour les Etoiles & les Planètes , & il les Çitponr éclairer la Terre. Quoi ! la Sagesse suprême auroit fait des mil- liards de Globes immenfes de feu , des n)illJai:ds de Soleils pour éclairer que .dirai - je î uii Graiii de.poulSere, un Atome. Conçoit -ON que fi Mo.yse eût connu ce qu'étoient les Etoiles & les Planètes, il eût dit,' ; Dieu fit aujjl les Etoiles , & qu'il eût ajouté fim- plement , pour éclairer la Terre ? Ce n'eft donc encore ici qu'une pu.re apparence. L'Hiftoriea Sacré ne décrivoit point la Création des Cieux y mais , il traçoit les diverfes périodes d'uneré- yolution renfermée dans les bornes étroites de notre petite Planète. Ce feroit choquer autant le fens commun, que le refpedl dû aux Ecritures , que de pré- 1 tendre infirmer l'Autorité de Mo Y se précifé- ; ment parce qu'il n'a pas parlé la Langue de Copernic. Il parloit une plus belle Langue encore : il annonqoit le premier ?iu Genre hu- main l'Unité & TEternité du GRAND Etre. Il peignoit fa Puiffance avec le Pinceau du Ché- BtUBi'N;: DlEU & , (3 ) qtiê la Lumière foie ^ & la Litmere fut. 11. s'élanqoit d'tfii . vol rapide vers la Cause première & enfeignoit aux Honi-. in'es le Dogrne "iî' important & Çi p^hil'ofophi- fS^^Q delà Création de i'Unirers. Ler plus ancien &r le pliais reFp^dable de toiis les Livres eft aufîî le feul qui commence par ces^exprefîlonsî dont la fim pli cité répond fi bien à ia fimpiicité de cet ade unique qui a produit- l'Uni ve^falité deé Etres : au ( 4.} commencement DiÉH éventiez Ckuy^ &: la Terre. :lLJî?;i. feulfi chofe étoît elTentielle au Plan de rHiftorien de la Création > c'étoi't de rappeller FUnivcr5 à, fon Auteur, l'effet à fa Cause. Cet Hiftorien Ta -fait 5 & l'Athée radmireroit^ fi l'Athée étoit Phiîofophe. Cet Hillorien n'é- toit pas appelle à dicter au Genre hu- main des Cahiers d'Aftronomie j mais il étoit appelle à lui tracer en grand les premiers Pi in- cipcs de cette Théologie fublime , que TAftro^ nomie devoit enrfchir un jour , & dont il étoit réfcrvé à la Métaphyfique de démontrer les grandes vérités. Tout ce qu'il y a de beauté Se d'élévation dans la Métaphyfique mo« [3] Gen. I, 3. [4] Gen. I. I. K % z^o i' A L I N & F N JETS I E derne eft concentré dans cette Penfée éton- nante : Je suis celui qjji est. [5] Je puis donc fans manquer au refped qui eft dû à tant de titres au premier des Auteurs facrés , fuppofer que la Création, de notre Globe a précédé d'un tems indéfini ce renou- vellement dont la Genefe nous préfente les di- vers afpecfls. La Sagesse qui a préfidé à la formation de l'Univers n'a révélé aux Hommes que ce que leur raifon n'auroit pu découvrir par elle- même ou qu'elle auroit découvert trop tard pour leur bonheur, 8c Elle a abandonné aux progrès de l'Intelligence humaine tout ee qui étoit enveloppé dans la fphere de fon adi- vité. Cs3 Exod.III, 14. $^ ^iflLOSOPHI^UR Paré. VI. 261 CHAPITRE IL Engrênemmt de toutes^ les Pièces de h grande Machine de P Univers* é Force fecrete qni les anime toutes.^ Liaifons de tous les Etres dam l'Efpace ^ dms le Tems. JLiA. Philofophie nous donne les plus hautes idées de rUaivers. Ejle nous le repréfence comme la Colledion fyftém icique ou harmonique de tous les Ecres créés. Elle nous apprend qu'il n'eft un Syft.ème , que parce que toutes ces. Pièces s'engrenant , pour ainfî dire , les unes dans les autres, concourent à produire ce Tout, unique qui dépofe (1 fortement en faveur de rClNiTÈ & de [Intelligence de la Cause PREMIERE. Comme rien ne fauroit exifter fans une raifon fuffifante , c'cft une conféquence nécef- faire de ce grand principe, que tout foit lié ou harmonique dans l'Univers. Ainfi , rien n'y eft' folitaire ou ifalé s car s'il e^iiftoit un Etre ab« R 3 tCz I^ J L I W G E" N^ S I^^ folument ifolé , il feroit im|>oâible daffigner |^ rai fou iuffi faute de l'exiftence d'un tel Etre. Et il ne faudroit pas dire que Dieu a voulu la créer ifolé ; parce (jue Ja V^olonte' divine lie peut ELLE-môme fc déterminer fans raifon fuffifante , & qu'il n'y en auroit point pour créer un Etre qui ne tien droit abfolument à rien , &; pour le créer avec telles ou telles dc^ terminations particulières. L'Existence & les . déterminations particu- lières de chaque Etre font toujours en rap- port à l'exillencc & aux déterminations des Etres correfpondans ou voifiiis. Le préfent a été déterminé par le pafTé 9 le fu'bféquent par l'antécédent. Le préfent détermine l'avenir. L'Harmonie univerfelle eft ainfi le réfultat de toutes les Harmonies particulières des Etres coexiftans & des Etres fucceflifs. Une Force répandue dans toutes les Parties de la Création anime ces grandes Maifes fphé- riques , dont raiTembîage compofe ces divers Syftèmes Solaires que nous ne parvenons point à dénombrer, & dont nous ne découvrons que les Foyers ou les Soleils. En vertu de cette Force notre Soleil agit fuy HîiL 0 1 SOPHIOUE. Part, VL 26% les Planètes & fur les Comètes du Syftètne auquel il préfide. Les Planètes & . ks Comete-s agiirenc en même tems fur le Soleil & les unes fur les autres. Notre Syftème Solaire agit fur les Syftèmes voifins : ceux-ci font fentir leur adion à des Syftèmes plus éloignés; & cette Force qui les anime tous pénètre ainfi de Syf- tême en Syftème, de Maife en Maiïe jufqu'aux extrémités les plus reculées de la Création. Non feulement tous les Syftèmes & tous les grands Corps d'un même Syftème font har- moniques entr'eux , ils le font eiicore dans le rapport à la coordination & aux déterminations des divers Êtres qui peuplent chaque Monde Planétaire. Tous ces Etres, gradués ou nuancés à Tin^ fini, ne compofent qu'une même Echelle , dont les degrés expriment ceux àe la perfec- tion corporelle & de la perfedion intelleduelîe que renferme l'Univers. L'Uniyers eft donc la Somme dé toutes les perfedions réunies & combinées & le Signe rep'éfenûatifde la Perfection souveraine, (i) C I 3 1 1 Q.nand Je compofois cette Partie de la Talingi^ R 4 l g64 P A L I N G E' N F S fE . Un Philofophe qui aura médite profondé- inent lur ces Objets fublimes pourra - t - il ]^^ mais admettre que DibU a créé FUniveis Pièce après Pièce r" qu'iL a créé ia Terre dans un ten:is , le Soleil dans un autre? qu'iL a fait un jour une Etoile , puis une aucre ? &ç, L'Intelligence suprême q.ui embraife d'une ieule vue l'Univerfaiité des chofes opéreroit •.. ELLE fncceiriveraent comme les Natures finies? Cette Volonté adorable ^ q_ui appelle les chofes qui ne font pohit comme fi elles étoieiit^ pouvoit-ELLe ne pas réalifer tout par un Ade ijaique ^ Elle a dit , (^ l'Univers a été. Comme il ferpit de la •»plus grande abfur^ dite de fuppofer que dans la première formar tion des Animaux, Dieu a commencé par créer le cœur puis les poHnions, enfuite le Cer- veau \ &c. je ne penfe pas qu'il fût moins ab* furde de fuppofer que dans la formation dç- î'Univers Dieu a commencé par créer une Pla-. nete, puis un Soleil , enfuite une autre Planète,^ péjie ^ l'admirable Syfiême du Monde du célèbre Lambert Ti'étnit point encore parvenu juîVjirà moi. Si je l'avois connu alors , je n'aurots pas majique d'en tracer ici un léger Crayon Je l'ai fait depuis dans uii,e des Notes que j'ai ajoutées à la jiouvelle Edition de la Contemplation^ à laquelle- je renvoie iç Lç^^m-, (j^fiweiJ'lQ);^}. Vil. ,^ Part. I , Çhap. V, Note 3, hAosophiq^u E. Part, VI, i6<[ ^c. Seroit-ce donc qu'on imagineroit que l'U- ni vers feroit moins harmonique ; j'ai prefque dit, moins organique qu'un Animal? Je n'affirmerai pas qu'au premier inftant de la Création , tous les Corps céîeiles étoicnt piécifément difpofés les uns à l'égard des au- tres comme ils le font aujourd'hui. Cette dil- puUcion primitive a pu fouîfrir bien des chan- gemens par une fuite naturelle des mouvemens de ces'' Corps & de la combUiaiion de leurs Forces. Mais la Sagesse divine a prévu & approuve ces changemens , comme Elle a prévu & approuvé ce nombre prcfqu'infini de modifications diverfes qui naiflent de la ftruc- ture ou de l'organifation primitives des Etres propres à chaque Monde. Toutes les pièces de l'Univers font donc contemporaines. La Volonté efficace a réa- liié par un feul ade tout ce qui pouvoit l'être. Elle ne crée plus ,• mais Elle conferve , & cette confervatiou fera, fi l'oa veut, une Créa- tion continuée. ^^^ê^^ S6è T A L 1 V G F y F il E 1 -:.:..> CHAPITRE I I L Révolution des Mondes en général £5* ds notre Glohs en pArticnlier, Première population de ce Globe, V-^'Omme les Corps organifés ont leurs phafes ou leurs révolutions particulières, les Mondes ont auffi les leurs. Nos lunettes paroiffent nous en avoir découvert dans quelques-uns de ces grands Corps qui pendent au Firmament. Notre Terre a donc eu auffi fes révolutions. Je ne parle pas de ces révolutions plus ou moins graduelles qui s'opèrent de fiecle^ en fiecles , par le concours de différentes caufes : ces fortes dé révolutions ne font jamais que partielles ou locales. De ce nombre font les divers changemens qui peuvent furvenir & qui furviennent à notre Globe pa*r Tintervention de la Mer , des Volcans , des Tremblemens de Terre, &c. Je parle de ces révolutions générales d'un Monde, qui en changent entièrement la face. & qui lui donnenf un nouvel être. Telle a été cette révolution 267 iJe notre^lanete q«e M0YS5Ç ja ^çcu^ftcrée ^dans fes Annales. Je prends Jci, la Terre au tems du Cahos , à ce t€ms où,, félon le Texte Sacré , elle étoii fans Forme ^ vuide, ( l ) Je fuppofe toujours que Moys.E n^ nous a pas dépnt la premiere> Q'éatwn xJe rUnivers » & j*ai indjqué les fon- df.raeiîs de cette fuppoiîtioil. Je piuis donc ad- mettre fans abrurilîté , que la Terre avoit. exifle fpus tine autre forme, ayant ce tem§ où, riiirtorien faciré la repré fente comme vuide ^^ c'eft - à r dire 5 co.mme dépourvue , au moins çîi apparence , de toute Prodiiciion. Mais , fi la Terre exifloit avant cette époque, on m'accordera facilçment qu'il n'efl: pas pro- bable qu'elle fût alors abfolument nue , abfo- liimênt' deftituée de Produdions, en un mot Uhvàfte- & aride défère : feroit - elle fortie ainfi des Mains du Créateur? la Sagesse auroit-ELLE fait une Boule toute nue, uni- qfiement pour la faire rouler autour du So- leil & réfléchir un peu de lumière a d'autres Planètes .^ Je m'aifure qu'on préférera de fuppo- fer avec moi que la Terre éloit alors , comme au- jourd'hui , enrichie d'une infinité de Productions Ci] Gtn. 1,3. 268 P A L 1 ^ G F 1^ F'^'IE cîiverfes , afTorties à cet Etat primitif qu'elle tenoit immédiatement de la Création. Nous ignorons profondément les caufes foit intérieures , foit extérieures qui ont pu changer la flice de Ce premier Monde , le faire palTer par rétat de Cahos , pour le reftituer enfuite fous une face toute nouvelle. En qualité de Planète, la Terre fait partie d'un grand Syf- tème planétaire ; la place qu'elle y occupe a pu l'expofer à des rencontres qui ont influé plus ou moins fur fon Economie originelle. Elle pouvoit renfermer dans fon fein dès le com- mencement des caufes propres à modifier ou à changer plus ou moins cette Economie. Ce changement entroit dans le Plan de cette Sagesse adorable q.ui a préformé les Mondes dès le commencement , comme ELLE a préformé les Plantes & les Animaux. SÛPHlj^VE. Paré. VL C H A P I T*R E IV. Cenje&ures fur la féconde population de la Terre, Rapport réciproque des Mondes ^ des Etres^ qui les habitent. Principes rép arateurs de notre Monde. I la Volonté divine a créé par un feul Ade rUniverfalité des Etres, d'où venoîent CCS Plantes & ces Animaux dont Moyse nous décrit la Produdion au troifieme & au cin- quième jour du renouvellement de notrç Monde ? Aeuserois - JE de la liberté de conjedluret Çi je difois , que les Plantes & les Animaux qui exiftent aujourd'hui font provenus par une forte d'évolution naturelle des Etres organifés qui peuploient ce premier Monde lorti immé- diatement des Mais du Créateur?, Je vais développer ma penfée. Le Ledeur «70 • r Al I N ê Éf :^ W jr^Ê' éclairé voudra bîêii; ne tfie juge^ «g^Wé^.Tur h chaîne entière des idées que iui préfente cet Ecrit. ..,-,.-... ., .^ D^NS ce Principe . fi philofophique que la Création de rUniver^, eft l'eiFet immédiat d'un Ade unique de la Volonté efficace , il faîit néççirairemënt que cette Volonté ait placé dès le commencement dans chaque Monde les Sources des réparations de tout genre qu'exi- geoient les, ré-volutiôiis que chaque Monde étoit appelle à fubir. Ainsi., je corçois que Dieu a préformé ori- ginairement les fîiaiites &. les. Animaux dans un- rapport déterminé aux . diverfes révo» îutions qui devoienc, rurveinr..à notre Monde en conformité du Plan général que SA SAGESSE avuit conçu de toute éternité. L'Intllligence pour qui il n'y a ni pafle ni avenir, parce que tous les fieclès font pré^ fens à la fois devant elles I'Intelli.gekce pour QUI la Totalité des Chofes coekiftantes & des Chofes fuccclîivcs n'efl. . qu'une limple Unité î cette Intelligence, dis- je, aurcit- ELLE attendu que les evéntmens rinfiruiMent PHIïWSOPHiflUE. Pan, VL %^,i de ce qu'eilgeoienc la confervatioii & la per- fedion ds fon Ouvrage? Le propre de riiitelligeiice eft d'établir des rapports entre toutes les Chofes. Plus ces rap-. ports font nombreux , variés , confpirans , plus la fin eft noble, grande , élevée, & plus il 7 a d'Intelligence dans l'Auteur de ces Chofes. • La Raison éternelle eft eiTentiellemenfe tout Harmonie. Elle a imprimé cet auguftc Caractère à toutes ses Oeuvres. Toutes fonc harmoniques entr'ellesi toutes ,1e font à fUni- vers entier j toutes confpirent à la grande, à la fublime-fin, le bonheur général , le plus grand bonheur poffible de tous les Etres Isa- tans & de tous les Etres iiuelligens. Cfcs vaftcs Corps qui compofent le^ Syftêmes Solaires n'ont pas été créés pour eux-mêmes; ils n'étoient que des amas imrnenfes de. ma- tières brutes, incapables de fentir le bienfait de la Création, l's ont été créés pour les Ei:res fentans & pour les Etres iiUelîigens qui dévoient les habiter & y goûter chacun à fa manière les douceurs de l'exiftence. Il falloit donc que l@s Mondes fufleiit ©ii iii T A L I J!7 G r N ^ Sli E rapport les uns avec les autres; /que chaque Monde fut en rapport avec lés Etres qui dé- voient le peupler, & que ces Etres eux-mêmes fuirent en r?.pport avec le Monde qu'ils de- voient peupler. L'Univers eftdonc, en quelque forte, tout d'une pièce, il eft un au fens le plus philo- fbphiquc. Le Gkand Ouvrier Ta donc formé d'un feul jet. La Terre , cette partie infînitéHmaîe de l'U- nivers , n'a donc pas requ dans un tems ce qu'elle ne pofîédoit pas dans un autre. Au même inftant qu'elle fut appcllée du néant à l'être elle renfermoit dans fon fein les Prin- cipes de tous les Etres organifés ^ animés qui dévoient la peupler, l'embeiiir & modi- fier plus ou moins fa furface. J'entends ici par les Principes des Etres organifés les Germes ou CorpuTcules primitifs & organiques qui contiennent très-en raccourci toutes les parties de la Plante ou de l'Animal futurs. Je conçois donc que les Germes de t(^us les Etres organifés ont été originairement conilruits ou Pti\:.0SOPHIOTJE. Part. J^i.' i^f bu calcuîcb* fur des rapports déterminés aux: diverfes révolutions que notre Planète devoit fubir. Ainsi, en fuppofant qu'elle etoit appellée à fubir trois grandes^ révolutions , j'admettrois que les Germes des Etres organifés conrenoient dès Torigine des chofes des Principes de répa- ration exademenc correfpondans à ces trois révolutions. o Si Ton vouîoit admettre un plus grand nom- bre de révolutions ( i ) antérieures à ce Cahos dont parle lé Texte Sacré j j'admettrois atjffi un nombre de Principes de réparation exac^ tement proportionnel. Ces Principes feront donc toujours des Ger- mes, & ces Germes auront été renfermés ori ginairement les uns dans les autres. Ne fuppofons que trois révolutions. La Terre ( I ) Qiieîqiie nombre de revoiiitions qivoii veuille aiîmettre , il eiT: bien tvident que ce nombre ne iluiroit être infini. Il n'cft point de nombre infini j il n'eft point de proi^reifion'î à l-ifijmi--, & dan? une fuite quelconque il y a ntcellairement un premier terme. L'opinion que j'expofe ki ne tavorilè done point cehe de l'éternité du Monde. 2oî/ie XV, S «74 PALI.NCrNB^S pg vient de fortir des Mains du Ç^ce'ateur; Des caiifes préparées par sa Sagesse font dé- velopper de toutes parts les Germes, Les Etres organifés commencent à jouir de Texiftence. Ils étoient probablement alors bien diiïérens de ce qu'ils font aujourd'hui. Ils l'étoient au- tant que le premier Monde différoit de celui que nous habitons. Nous manquons de moyens pour juger de ces dilfemblances, & peut-être que le plus habile Naturalifte qui auroit été placé dans ce premier Monde y auroit entiè- rement méconnu nos Plantes & nos Animaux. Chaque Individu foit végétal, foit animal * ïcnfermoit donc un Germe indeftrudible par les cauîes qui dévoient détruire le Corps grof- fier de Plndividu , & encore par celles qui dé- voient détruire le premier Monde & le coiî- vertir en Cahos. TiAlOSOPHTQUE, Part, VL C H A P I T R E V. Vejîru&ion du premier Monde : Naijjance du fécond. Comment il api être peuplé. 1 nI Ous ignorons profondément quelles ont été les caufes naturelles qui ont détruit le premier Monde , comment. & jufqu'à quel point elles ont agi fur le Globe. Il ne nous refte aucun Monument certain d'une fî haute Antiquité, Lès divers faits que la Géographie phyfique recueille fur ce fujct li ténébreux , loin de réclaircir un peu , n'offrent au Phyficien que des quertions interminables. Tout ce que nous favons 5 ik que nous apprenons de la Genefe. [i] c'eft qu'au tems du Cahos notre Globe étoit entièrement couvert d'eau , £cf qu'au fécond jour Dieu dit ^ que les Eaux qui font au def- fous des deux foient rajf emblée s en un lieu^ ^5? que le fec paroijfe , ^ il fut ainjl. L'Hillorieil cki fécond Monde ajoute dans forj Ilj^le noble £ I 3 GcK, I. s , 9, 10. t-iô V J L î 2^ G F N F 5^1 B' & concis : & Dieu nomma le Sec Terre , ^ PA- mas des Eaux Mer y ^5? DiEU vit que cela étoH hou. Nous ne favons donc point Cx le premiec Monde avoit été converti en Cahos par un déluge , ou fî ce déluge n'étoic point plutôt l'effet de la caufe ou des cauîes qui avoient opéré la révolution. Nous n'avons point d'Hif-^ torien de ce premier Monde. Quoiqu'il en foit j tous les Etres organifés qui peuploient le premier Monde furent dé-, truits , iu moins en apparence, & tout .. fut- confondu dans cet Abîme d'Eau qui couvroit la Terre. On entrevoit affez pourquoi je dis que les Etres organifés du premier Monde vi furent détruits qtCen apparence :'ils fe cou- ferverent dans ces Germes impériifables , def; tinés dès l'origine des Chofes à peupler té" fécond Monde, Le- Cahos fe débrouille : les Eaux fe fé- parent des Continens. [ 2 ] La Terre poujfe £33 G^f7?. I, 6, 7î n, 12, î®, 21, ^4' ^ 'P H IX 0 s 0 P H I dU E. Part VJ. z^f. fou jet : elle produit des Herbes & des Arbres fartant leur fetnence m eux-mêmes. Les Eaux frudiiifent en abondance les Foijfons & les grandes Baleines. Les Oifeaux volent fur la Terre vers l'étendue des deux. La Terre pro- duit des Animaux félon leur Efpece , le Bétail , les Reptiles. Ainsi , par une fuite des Loix de la Sa- gesse e'ternelle tout reprend un nouvel Etre. Un autre Ordre de Chofes fuccede au premier : le Monde eft repeuplé & prend une nouvelle face : les Germes fe développent : les Etres organifés retournent à la vie : le Régne organique commence une féconde période , & la fin de cette période fera celle du fécond Monde, de ce Monde dont l'Apôtre a dit, [9] ^u'il ejl réfervé pour le feu , ^ auquel fuccé^ deront de nouveaux Cieux & une nouvelle Terre. Je îe répète ; notre Monde pçut avoir fubi. bien d'autres révolutions avant celle à laquelle il doit fon Etat adùel. Le Régne organique pourroit donc avoir fubi une fuite de révolu- tions parallèles , & avoir confervé conftamment [3] Pierre II. C. m. 7, 13% s 3 27S PALINGE'NE'S ijf cette forte d'unité, qui fait de chaque Efpece Un Tout unique & toujours fubfiltaiit; mais appelle à revêtir de périoiies en périodes de nouvelles formes ou de nouvelles modalités. Ces révolutions multipliées auront modifié de plus en plus la forme & la ilrudure pri- mitives des Etres organifés , comme elles au- ront changé de plus en plus la itrudure exté- rieure & intérieure du Globe, Je l'ai dit; je me perfuade flicilement que Ci nous pouvions voir un Cheval , une Poule , un Serpent feus leur première forme , ibus ia forme qu'ils avoient au tenis de la Création , il nous feroit impofîible de les reconnoître/ La dernière ré- volution apportera , fans doute , de bien plus grands changemens & au Globe lui-même & §i, '4UX divers Etres qui l'habitent. P H I 10 s 0 P H I Q^U E. Part. Vl 27^ CHAPITRE VI. Haute antiquité du Monde, VEternité. Rapport de la prêformation des Germes aux diverfes révolutions de notre Globe, L -VntiquitÉ du monde pourroit être beau- coup plus grande que nous ne faurions l'ima- giner. Il n'eft pas bien décidé encore fi FEclip- tique ne tend pas continuellement à s'appro- cher de TEquateur. Des obfervations délicates ont paru prouver à un grand Aftronome que l'obliquité de TEcliptique diminue d'une minute dans un fiecle : en forte que pour arriver de l'o- bliquité aduelle à fa confufion avec l'Equateur , il lui faudroit plus de cent quarante mille ans. En fuivant toujours la même proportion & en Tuppolant 60 minuf^s ou un degré pour fix mille ans, ce Cercle auroit employé deux niiU iiona cent foixantc mille ans à faire le tour QXh S4 »SQ P  L I N G r N F tier, en pafTant par les Pôles. ( i ) Et qui pour^ roit proi^ver qu'il n'a pas lait déjà plufieurs révo- lutions entières ? [ 2 ] Je fupprime ici certains faits d'Hiftoire na^ tutelle qui iemblent concourir avec ces pré- fomptjons aftronomiques à donner au Monde- une prodigieufe antiquité j je voulois dire une çiîroyable antiquité. ( 3 ) [ I Jlettres de M. de Mairan au P. Farennin jpag, 113 [ 2 ] f f II eft dans notre Syftême folaire des Corps p!a. aiétaires dont les années équivalent à plufieurs centaines des ïiotres ; & ceux qui ont lu le Syfième dti Monde du profond Ï.AMEERT favent qu'il peut y avoir des Aftres qui n'achèvent leur révolution qu'au bout de plufieurs milliers d'années & peut-être de plufieurs milliers de Sietles. Qui peut alTurer Que ces Aftres n'ont pas fait déjà plufieurs révolutions autour de leur Centre commun ? Et fi l'Univers a été formé d'un feul jet; fi toutes les Pièces de cette immenfe Machine font con- temporaines ; la Terre eft néceffaircment auffi ancienne que ces grands Corps dont les révolutions périodiques embrt.flent des milliers de fiecles. Elle n'eft pas une maîtrelTe-rore dans 3a Machine,- elle n'en eft qu'un très -petit Pignon j mais ce Pignon concouroit à la perfeftion de la Machine comme les plus glandes Pièces. (3) tt Si les Montagnes qu'on nomme frimiiwes , font poftérieures à la Création de notre Planète, comme des obfcr- yati'^ns bien faites femblent l'indiquer 5 fi, en conféquence de gûs obfcrvaticijs , la formation de ces grandes Mailes a étç Î'HI'XOSOPHI HUE. Fart. Vl 281 Il feroit peu raifonnable d'alléguer contre cette antiquité du Monde la nouveauté des Peupîes, celle des Sciences & des Arts & tout Fappareil de la Chronologie Sacrée. Je fuis iiiEiiiment éloigné de vouloir infirmer le moins du monde cette Chronologie ; je fais qu'elle ell la bafe la plus foHde de THiftoire Ancienne: mais, i'infir- merois-je en avançant qu'elle n'cfl que celle d'une révolution particulière de notre Monde, ^i qu'elle ne pouvoit s'étendre au - delà ? S'il y avoit des Aftronomes dans la Plancte de Vé- nus ou dans celle de Mars avant la révolution dont il s'agit , ils ont pu favoir quelque chofe des révolutions antérieures. Nous mêmes nous en ferons probablement inftruits , quand nous • ferons introduits dans cet heureux Séjour pour lequel nous fommcs faits & vers lequel doivent l'effet lent & fiicceffif à\i concours de difFérei:s agens phy- fiques, on conçoit qu'une telle formation a pu ne s'opérer que dans une longue fuite de fiscles. Et combien exifte-t-il même de Mine'raux ou de Fofiiles dont la forn-iation a été de même le produit de l'accumulacion des Siècles! J'en dis' » autant de la décompofitlon naturelle de quelques - unes de ces Fofiiles. Il eft encore quantité d'effets dus au mouvement des Eaux, qui ne fuppofcnt pas de moins longues périodes. Nos ficelés , qui ne font pour la Nature que des minutes, s'évanoiiiffent dans fou Calendrier. î$2 iFJLINGrNl^ S(< E tendre nos defirs les p'jLis vifs. Cefl: là que nous lirons dans l'Hifioire des Mondes celte de la Providence 5 que nous contemplerons fans nuage les merveilles de ses Oeuvres , Sc que nous admirerons cette fuite étonnante de ré- volutions ou de métamorphofes qui changent graduellement Fafped: de chaque Monde & di- verfifient fans cède les Décorations de l'Univers. Si Dieu eft immuable; fi ce qu'il a voulu, IL le veut encore & le voudra toujours j s'il a créé l'Univers par un feul ade de SA. Vo- lonté , s'il n'y a point de nouvelle Création» fi tout eft révolution , développement , chan- gement de formes , Ci Dieu a voulu de toute éternité créer l'Univers, . . Je fuis eifrayé. . . mes fens fe glacent. . . je m'arrête. . . je recule d'eiFroi. . . je fuis fur le bord du plus épouvantable Abîme. . . O Eternité ! Eter- nité ! qui as précédé le tcmSjqui l'engiontiras comme un gouffre ; qui abforbes les Concep- tions de toutes les Intelligences finies. . . Eter- nité ! un foible Mortel , un Atome penfant fe te nommer , & ton Nom eft tout ce qu'il connoit de Toi. [ 4 ] [4] On fent aiTez que ce qiTC je dis ici âe rEternité n^ tend point à faire pcnfer que l'Univers foit luiQ émcuiaticr^ i>HlL}SOPHIQ,Uf:. Part. VL 28? Qui pourroi^nier que la Puissance abso- LUE ait pu renfermer dans le premier Germe de chaque Etre organilë la fuite des Germes correfpondans aux diverfcs révolutions que notre Planetç étoitappellée à fubir ? Le microf- cope 8c le fcalpelne nous montrent-ils pas les gé- nérations emboîtées les unes dans les autres? Ne nous montrent . ils pas le bouton ménagé de loin fous TEcorce , le petit Arbre futur renfermé dims ce bouton; le Papillon, dans la Chenille , le Poulet, dans Tœuf; celui- ci dans l'ovaire F Nous connoiiTbns des Efpeces qui fubiifent un affez bon nombre de meta- morphofes qui font, revêtir à chaque Individu des formes fi variées , qu'elles paroifTent en faire autant d'Efpeces différentes. Notre Monde a été apparemment fous la forme de Ver ou de Chenille : il eft à - préfent fous celle de Chryfalide : la dernière révolution lui fera re- vêtir celle de Papillon. • tlernelle de la DIVINITE'. Je prie qu'on reliie la Note I du Ch^p. IV, ^84 r A L I Isf C E" N F (i I E CHAPITRE VIL TaraUéUfme du Syjlême organiqiie ^ du Syjlhne afironomique. J'Admets donc, comme l'on voit, un pa- raliélifme parfait entre le Syftême aftronomique & le Syftème organique,* entre les divers Etats de la Terre , coniidérée comme Pl-anete ou comme Monde , & les divers Etats des Etres qui dévoient peupler ce Monde. Ce parallélifme me parolt tout auiîi naturel que celui que nous obfervons entre le déve- loppement & les divers degrés de températurs qui l'accélèrent , le retardent ou le fufpendentJ Voyez comment l'évolution & la propagation des Plantes & des Anmiaux ont été enchaînées aux viciffitudes périodiques des Saifons. Tout' ed gradation , rapport , calcul dans l'Univers , Bl c'étoit très - philofophiquement que le Pla- ton de la Germanie appelloit l' Auteur de rUniverâ, l'ÉTERNtL Ge'ometre. \ ( ^Bî ) E^:-^ -^ , i- ^^jgjge -^ — -^^ SEPTIEME PARTIE. I D E E S D E LE I B N I T Z. Observations sur ces îdees. CHAPITRE. PRE M I E R. Réflexions ftir tes idées de l'Auteur, Ophnon d'mi Anonyme fur la defiinée des Aui^ •----■" - maux, ' • JL El cft en raccourci le point de vue foîis kqùel je me plais *à cohfidérer TUnivers : telle eît la vafte & intcreiïlinte Perfpedive que' je viens d'ouvrir aux yeux du Ledeur PhiIo- i^6 f A L 11^'^ I^ V h^ S/'Ê fophe. Cet Ecrit que )e confacre à ir uccroifleinent: des plaiiirs les plus nobles de la Raifon hu- maine fera, fi l'on veut, une efpece de Lu- nette à longue vue avec laquelle mon Led-'ur aimera, fans doute , à contempler Timmcnfité & la beauté des Oeuvres du ToUT - Puissant. Combien dcfirerois-je que les verres de cette Lunette eudent été travaillas par une meil- leure main î J'aurai au moins tracé la conf- trudion de l'iiillrument : des Opticiens plus habilci le periedionneront* Plus je m'arrête à contempler cette ravif- fante Perfpedive, & à parcourir ces Tréfors inépuifables d'iNTELLiGENCE & de Bonte' ; Se plus je m'étonne que des Philofophes fi ca- pables de s'élever au dcflus des opinions com- munes aient pu foutenir un infiant l'annéan- tidement des Animaux. Comb>en cette opinion elt-el;e peu fondée en bonne Phiiofophie ! combien reiTerre - 1 - elle cette Bonte' ado- rable qui comme un Fleuve immenfe tend à inonder de biens toutes les Créatures vi- vantes î Je ne ferai point à un^ Auteur anonyme le; reproche que je viens de faire à quelques Ecri-, vains , peut - être moins Philofophes que lui? PHrXoSOPHIQ^UE, Tort VIL 2^7 mais moinsjhardis & plus circonfpeds. Je parle de l'Auteur d'un Ejfai de Pfychologie , [ i ] qui parut en 1754, & dont le (tyle fouvenc trop rapiçie & trop concis a pu dérober à bien des Ledieurs des Principes dont j'ai profité dans quelques-uns de mes Ecrits , & que j'ai tâché de mettre dans un jour plus lumineux. Si ja- mais cet Auteur publie une féconde Edition de fon Livre 9 je ne faurois afTez l'exhorter à en retoucher avec foin divers endroits qui ne m'ont pas paru exadls & dont il feroit trop facile d'abufer. La Philofophie & la bienveillance univer- felle de cet Auteur ne lui permettoient pas d'admettre l'anéantifTement des Brutes. Il s'ed élevé avec vivacité contre cette opinion & a même infinué très-clairement cette Reftitution future des Animrux dont je me fuis occupé dans cet Ecrit, je dois tranfcrireici fes propres termes. [ 2 ] ^ " L'Entendement des Bêtes, maintenant [ I ] E^iii de Ffychologze mi co^j/îdérations fur les Opérations de V Ame ^ fur V Habitude ^ fur V Education : auxquelles on et ajouté des Principes fhilofophiques fur la CAUSi;' PREMIEEÏ S^ fur fon E^et. Lmdres I7S>. 1:2] Chap. LL é88 P A L I V G V NE' s/i Ê 53 fi relîcrré, s'étendra peut être qiielque jour.^ 55 Vouloir que l'Ame des Bètes foie mortelle 35 précifémenc parce que ia Bète n'eft pas 55 Homme, ce feroit vouloir que l'Ame de 5, l'Homm? fut mortelle précifément parce quo 55 l'Homme n'eft pas Ange. „ L'AiME des Bètes & l'Ame de l'Homme font s, également indeftrudibles par les Caufes fe- 5, coudes II faut un ade auffî pofitif de la „ Divinité pour anéantir l'Ame du Ver que 3, pour anéantir celle du Phiiofophe. Mais , 5, quelles preuves nous donne-t-on de Fanean- 5, tiiTement de l'Ame des Bètes? On nous dit ,5 qu'elles ne font pas des Etres moraux : n'y ,, a r ii donc que les Etres moraux quifoient .j capables de bonheur? les Etres qui ne font: „ point moraux ne fauroient - ils le devenir ? „»A quoi tient cette moralité ? à l'ufage des j5 termes : à quoi tient cet ufage ? probablemenc 5, à U!ie certain-? organifation. Faites paiTet j, l'Ame d'une Brute dans le Cerveau d'un Hom- 5, me ; je . ne lais Ci elle ne parviendroic pas à ,, y univerfilifer fes idées. Je ne [)rononce point: j, il peut y avoir eatre les Ames des ditfé- jj 5, renccG relatives à celles qu'on obferve entrs 5, les Corps. Voyez cependant quelle divcrficé 5, le phylique met entre les Ames humâmes. PoUi^auci P HÎ.W SOPHIQVE. VarL VIL sg^' „ PouRQjLJOi bornez-vous le cours de la Bon- „ TÉ Divine? elle veut faire le plus d'Heu^ „ reux qu'il eft poffible. SouiFrez qu'ELLE élevé „ par degrés l'Ame de l'Huitre à la iphere de 5, celle du Singe ; l'Ame du Singe à la fphere „ de celle de l'Homme, *î Tome XV. ::^p- F A L i K G F M ET S CHAPITRE IL Pifjfci^es de Leibnitz /ïfr /n: furvivance de l'Âme des Brutes, Remarques fur ces Fajfages, jk Métaphyfique fublime du grand LeïbniTZ ne pouvoit manquer de lui perfuader le dogme phibrophique de la furvivance de toutes les i\mes & leur union perpétuelle à des Corps or- ganiques : aufîî a-t-il foutenu ouvertement l'un & l'autre en divers endroits de fes Ecrits : mais, il s^en faut beaucoup qu'il fe foit expliqué auffi difertement que notre Pfychoîogue fur la Ref- îitiition & le perfedionnement futurs des Ani- maux. » Je fuis dans l'obligation de mettre ici fous les yeux de mes Lcdeurs quelques paiîliges de Leîbnitz qui les aideront à juger de fes prin- cipes fur cette belle matière , du degré de dé- veloppement qu'il leur avoit donné & du point dont il étoit parti. D'ailleurs , comme l'on pour- voit fuupçonner que j'ai puifé chez ce grand Ô^OPHiJZUE. Part VU, 2g i Homme la plupart de mes idées fur l'Etat pafTé & futur des Animaux , il fera bon qu'on puifis comparer fa marche avec la riiienne , fcs criiu «ipes avec les miens & juger, de. Leurs dilFérenccs. i. 5? QuELQt/ES Philofophes, dit-ii, ( i )n'oat 'jy point ofé admettre la fubfîftance & l'ind^f-" j, trudibilité des Ames des Bèues ou d'auires 3, formes primitives, quoi qu'ails les reconnuf- •^9 fent pour indivifibics Se immatérielles. „ Maïs , c'eft qu'ils confondirent l'indelVuc- tibilité avec l'immortalité j par laquelle !^ i entend dans l'Homme , non feulement q e l'Âme , mais encore que la perfbnnalité fub- (îfte j c'eft - à - dire , en difant que l'Ame de l'Homme efi:' immortelle , on fait fubfifter ce qui fait que ce c'eft la même perfonne , la« quelle garde fes qualités morales , en confer- vant la confcience ou le fentiment reflexif in- terne de ce qu'elle eft j ce qui' la rend capa- ble de châtiment & de récompenfe. Mais cette confeivation de la perfonnalité n'a point de lieu dans l'Ame des Bètes ; c'eft pourquoi Jï »3 ( ï ) Tljéodicée. Parag. 89. ff Onf:iit que Leibnitz avott raffemblé dans ce fav^aiit Ecrit prefque toutes fe-î idées fur ia MéUpUyrir^uc, fur la Cofmologie & fur la Morale. • ' Ta Z9Z P A L ^ N G S' N ]^ Sj r ff 55 j'aime mieux dire qu'elles font impériflablef^î aï que de les appeller immortelles. " Je parlerai bientôt de TefFet de la moyalitê à regard de la reftitution future de l'Homme: mais , qu'il me foit permis de re'ever ici eu palfant Tilluftre Métaphyficien dont je tranfcris ks paroles. Nelaiife t-il point trop entendre que. la cnnfervation de la Perfonnalité fuppofe la a»;//- citnce réfléchie ? Ne devoit-il pas diftinguer ici deux fortes de perfcnnaiité^i J'avois fuit cette diftirc5l:on philofophique dans t tifai analytiq'iQ, 3, Il faut, avois- je dit, (2) diftinguer deux fortes 5, de Ferfonna'îtéi la permiere eft celle qui ré- „ fuite (implement de la liaifon que la Rémi- 5, nifcencemet entre les fenfations antécédentes „ & les fenlations fubféquentês , en vertu de 5, laquelle l'Ame a le fentiment des chai>gemens 33 d'état par lefquels elle paffe. i. 3, La féconde efpece de Verfonnalité eft cette ^, Pf^rfonnalité réfléchie qui confifte dans ce re- 5, tour de l'Ame (ur elle-même par lequel fé- „ parant , en quelque forte , de foi les propres „ fenlations, elle réfléchit que c'eft elle qui les ,5 éprouve ou qui les a éprouvées. L'Etre qui Is] Paras. 113* THîhoSOPHlUVK Part, Vit. 59^ î, portede 'une telle Pcrfonnalité appelle Afoi ce ^, qui eft en lui qui fent > & ce Moi s'incor- 3, porant , pour ainfi dire , à toutes les fenfa- „ tions , fe les approprie^ toutes & n'eu compofe ,9 qu'une même exijience, „ J'ajoutois , ( 3 ) "on pourroit nommer hîf^ 3, proprement dite la première efpece de Per- „ fonnalité , par oppofîtion à celle de la féconde 3, efpece j & cette Perfo^naîité improprement 5, dire paroît convenir aux Animaux & même 3, à ceux qui font le moins élevés dans TE- ,, chelle. „ Je difois encore (4) en relevant une erreur du P{>xhologue que j'ai cité ci-deflus; " en 3, vain le Singe ferait - il élevé à la Sphère de „ P Homme ^ s'il ne confervoit aucun fentiment 3, de fori permier état : ce ne feroit plus le même „ Etre, ce feroit un autre Etre. Il en feroit de „ même de nous (î la mort rompoit toute liai-* 3, fon entre notre état terreftre & cet étatglo-. ,3 rieux auquel nous fommes appelles. „ Je remarquerai ^w^w^ que la. manière doo.^ 1%-] Pans. Ji'é, «94 P A L I N G F N, E' S ÎJÉ Leibnitz s'exprime ici fur l'Ame d/i Bètes ne donne pas lieu de penfer qu'il eût dans rEfpric ce perfeélionnement que j'ai cru pouvoir ad~ mettre. Il continue : " ce malentendu fur la diiFé- 5, rence de Tindedrudibilité & de l'immortalité 5, des Ames paroît avoit été caufe d'une grande ji inconféquence dans la Dndrine des Tho-- ,5 miftes & d'autres tons Philofophes qui ont 9, reconnu l'immatérialité ou l'indivifibilité de 55 toutes les Ames , fans en vouloir avouer l'in- 5, deitrudibilité , au grand préjudice de l'im- 5, mortalité de l'Ame humaine ... Je ne vois 3, point pourquoi il y auroit moins d'inconvé- ,, nient à faire durer les Atoities d'Epi'cuRE ou 3, de Gassenpi 3 que de faire fubfifter toutes „ les Subftances véritablement fimples & indi- 5, iViiibies, qui font les feul^ & vrais Atomes 35 de la Nature. ,, Je ferai obferver ici qu'il ne îj'agit pas dans mes idées de \d. fini pie canfervation des Amesj mais qu'il eft fur- tout queftion de la per- fedibilité & du perfedionnement futur de tous les Etres mixtes. Qj.iand Leibnitz com-. jpare ici la confervation ou la durée des Ames r, çells 6.^^ Atomes i il ps femble qu'il refte P j^Y O'É ÔP'H TQ^UE. Pto^t.^ VIL >2p^ trop au-6effous dn po'nt où, fes. prirtcipe-s dé- voient naturellement le conduire. Il efl: bien clair qu'un Atome non plus qu'une Ame ne fauroient erre anéantis que par la mèmePuîS. SANCE aui les a créés. Ceci devient plus évi- dent encore quand on n'admet dans la Na- ture , avec notre Philoroplie , que des Subf- tances abfolument Jnnples-, car ^îes Subftances exemptes de toute eompoiition ne peuvent être décomporées ou détruites par aucune caylc féconde. T4 CHAPITRE III. 'Autres Paffa^es de Leibnitz fur la préfoi'mation organique -, la préexijlejice des Ames ^ r emboîtement. Remarques fur ces pajfages, R , comme j'aime des maximes qui fe Ç^ foutiennent & où il y ait le moins d'ex- „.ceptions qu'il eft polîîble ; ( c'eft toujours ,3 Leibnitz qui parle [ i ] ) voici ce qui m'a ,j paru le plus raifonnable eu tout fens fur cette importante queftion : je tiens que les Ames & généralement les Subftanccs fimples ne fauroient commencer que par la création ni finir que par l'annihilation : & comme 35 la formation des Corps organiques animés 55 ne paroit explicable dans l'ordre de la Na- 33 ture que lorfqu'on fuppofe une préformatkn j, déjà organique , j'en ai inféré que ce que 33 nous appelions génération d'un Animal n'efe j^ qu'une transformation & augmentation i £i] ThéoA, § 9P, I >5 3> ' PMIllVSOPHlOUE. Part m. 297 îi aiçfi, pui que le même Corps étoit deia or- 55 ganifé , il eft à croire qu'il étoit déjà animé , & qu'il avoit la même Ame j de même que je juge vice verfâ de la confervation de l'Ame, lorfqu'elle eft créée une fois, que rAnim.al 33 eft confervé aufîi , & que la mort apparente n'eft qu'un enveloppement; n'y ayant point d'apparence que dans Tordre de la Nature il y ait des Ames entièrement féparées de tout Corps, ni que ce qui ne commence „ point naturellement puiiîe ceiiér par les Forces 53 de la Nature. „ , ^ J'ai -du plaifir à voir notre grand Métapliy- Ccieii adopter Çi clairement une préfoyma icn organique & une présxifience corrélative des Arnes, S'il eût connu toutes les découvertes modernes qui femblent concourir à établir cette admirable préformation , avec quel emprcfïement ne s'en feroit-il pas faifî pour étayer fou bel Edifice ! Il avoit embrafie avidement les opinions d'HARTSOEKER & de Lewenhoeck fur les Animalcules fpermatiques , parce qu'il y retrouvoit cette préorganifation qui favoriioit fon Harmonie univerfelle. C'est avee fondement qu'il infère de cette pvcorganilation^ qiie ^ es que nous appelions gi- z^ F A L I V G E' J^ E ih É' jtération d^tin Animal^ 7ihfi qu^un'é trans/Qrmoh tion ^ mie augmentation. Les transformations fî remarquables du Pouiet lui auroknt donc paru une dcmondration rigoureufe de cette grande vérité. Il admettoit d'ailleurs remtoî- tcmcnt des Germes les uns dans les autres. Il s'ex[}!ique lui-même très -nettement fur ce point, dans cette excellente Préface qu'il a mife à la tète de (a Théoâicée , & que je ne pui« trop exhorter mon Ledeur à lire & à méditer , comme le meilleur Abrégé de Dévotion philo- fophique & chrétienne. *' Le Méchanifme , dit-il 5s dans cette PréRice , [ 2 ] fuffit pour pro- 5, duire les Corps organiques ; pourvu qu'on 5, y ajoute la préformation déjà toute organique ^, dans les femcnces des Corps qui naiifent , „ contenues dans celles des Corps dont ils 5^ font nés, jufqii'aux femences premières; ce 3, qui ne pouvoit venir que de l'Auteur des 5, chofes , infiniment puilTant & infiniment 5, fage , lequel faifant tout d'abord avec ordre , „ y avoit préétabli tout ordre & tout artifice „ futur „ Notre Philo fophe étoit trop conféquent pour ne pas iidmettre la prcexiftence des Ames [ :: ] Fhs, XXVIII, dei'ScUt. d'AmfteHam , 1720,, *î' PHilxOSOTHJUVE. Part. VIL 29^ dans les Tt^its organiques , dès qu'il admet- toit la préformation de ces Tout>. Il a donc raifon d'ajouter; ainjï ,, pitijque le vrêDie Corps étoit déjà organifé , il eji à croire qiCil étoit déjà animé , ^5? ^^'^Y avoit la nièrne Ame. C'eft en- çovQ une conféquence très - naturelle que celle qu'il tire enfuite de b préexiflence des Corps organifés & de leurs Ames : de même , dit-il , que je juge vice verfâ de la cmfeyvation de rAme lorfqiCelle efl créée une fois , que f Animal efl confervé aujj] , ^ que la mon apparente n'eji qu'un enveloppeinent. Nous ne voyons point ici ce que Leibnitz a entendu par cet enveloppement , qui (ionllitue , félon lui , la tnort apparente. J'ai eu autrefois une idée , qui me paroît fe rapprocher de l'en- veloppement leibnitien que je ne connoifTois pas alors. Je vais l'expofer en raccourci : elle fervira , Çi l'on veut , de Commentaire au Texte Tort obfcur de notre Auteur. ^•5^ C H A P I T R E IV. Explication de l'enveloppement îeihnitieiu Ohje&ion contre cette hypothefe. • Réflexions a ce fitjet. ju donné dans les huit premiers Chapitres du Livre des Corps organifés mes premières méditations fur la génération & fur le dévelop- ment. Jétois jeune encore lorfque me Hvrois à ces méditations. [ i 1 Je fuivois mon objet à la lueur des faits que j'avois ralfemblés & que je comparois. Les découvertes halléricnnes fur le Poulet n'avoient pas été faites , & ce ionfc principalement ces découvertes qui m'ont valu les connoiifance's les plus exactes , & qui en con- firmant plufieurs de mes anciennes idées , m'ontf donné lieu de pénétrer plus avant dans un àç% plus profonds myfteres de la Nature. Javoîs d'abord pofé pour principe fojidamen- tal que rien n'ctoit engendré ; que tout étoit (l) €w$s org, Préf. Pag. I, il, &iu \ WHl'LOSVPHJ^VE. Part VIT. 501 ... * «riginairemerit préformé , & que ce que nous nomm )ns génération n'étoit que le (impie déve- loppement de ce qui préexiftoit fous une forme invifible 8c plus ou moins diiférente de celle qui lombe fous nos Sens. . • Je fuppofois donc que toBS les Corps orga- nifés tiroient leur origine d'un Germe, qui con- tenoit très-en petit les élémens de toutes les parties organiques. Je me repiéfentois les élémens du Germe comme le fond primordial fur lequel les moîé- euJes alimentaires alloient s'appliquer pour aug- menter en tout fens les dimeniîons des parties. Je me figurois le Germe comme un Ouvrage ^ refeaii % les élémens en formoient les mailles: les molécules alimentaires en s'incorporant dans €es mailîes tendoient à les aggrandlr , & l'ap- titude des élémens à gliifer les uns fur les autres leur permettoit de céder plus ou moins à la force fecrete qui chalîoitles molécules dans les mailles & faifoit effort pour les- ouvrir. Je regardois la liqueur fécondante, non feu- lement comme un fluide tuès-adif, très-péné^ tiauti mais encore comme un fluide alimentaire. 302 ■ PALï}Ti5^È:S'B^ t'É s deftiaé a fournir au Germe fâ première nour- riture, une nourriture appropriée à la finelTe & à délicateiîe extrêmes de fes parties.. Je prouvois cette qualité nourricière de la liqueur fécondante par les modifications confi- dérables qu'elle occaiîone dans l'intérieur du Mulet. Je penfois donc que la liqueur fécondante étoit très^îiétérogene & qu'elle contfenoit une infinité de molécules relatives à la nature «Se aux proportions des différentes parties du Germer Je plaçois ainfî dans cette liqueur le prin- cipe de Vévolntmi du Tout organique & des modifications plus ou moins marquées qui lui furvenoient par une fuite du concours des Sexes. J'excluois donc toute formation nouvelle • je n'aclmettois que les effets immédiats ou mé- diats d'un Organifme préétabli , & j'eflajois de montrer comment il pouvoit fuffire à tout. „ A parler exadement , difois-je , Art lxxxiiî 3, les élémens ne forment point lés Corps or- 3, ganifés : il ne font que les développer, ce 3, qui s'opère par la nutrition. L'organifation % PÉIL^^SOPHIQ^UB Part. Vît. 30J ^ primitive del Germes détermine l'arrangement i, que les Atomes nourriciers doivent ^rece voii: i,, pour devenir parties du Tout organique. 55 Un Solide non-organifé eft un Ouvrage i, de marqueterie , ou de pièces de rapport. Ua 5S: Solide organifé eft une étoffe formée de Ten- 3, trelacement de diiférens fils. Les ^^hj: es élémeiu 5, taiyes avec leurs mailles , font la chaîne de 55 l'étoffe^' les atomes nourriciers qui s'inB- „ nuent dans ces mailles font la trème. Ne preifez 3, pourtant pas trop ces comparaifons. „ Sur ces principes qui me paroilfoient plus philofophiques que ceux qui avoient été adoptés jufqu'à moi, j'étois venu à envifager la more comme une forte d'enveloppement, & la Ré- furredtion comme un fécond développement , incomparablement plus rapide que le premier. VoiGi la manière aifcz (impie & allez claire dont je concevois la chofe. Je confidérois le Tout organique parvenu à fon parfait accroiifement comme un Compofé de fes parties originelles ou élémentaires & des matières étrangères que la nutrition leur avoit alfociées pendant toute la durée de la vie. ♦ ( lo4 V A L i ïJ G i: :t^ F '^ I Ë J'ïMAGiNOis que \\\ décompoiitioii qui fuît la mort extraifoit , pour aiiiii dire , du Tout organique ces matières étrangères que la nutrition avoit aliociées aux parties conftituantes , pri- mitives & indeftruclibîes de ce Tout : que peu- • dant cette forte d'extradion ces parties ten- doient à le rapprocher de plus en plus les unes des autre», à revêtir de nouvelles formes , de nouvelles portions refpedlivcs , de nouveaux ar- rangemens ; en un mot, à revenir à l'état pri- mitif de Germe & à fe concentrer ainfi en un point. . I Suivant cette petite hypothefe , qui me fem- bloit toute à moi , j'expliquois aifez heureufe- meiit en apparence & d'une manière purement phyfique le Dogme fi confolant & Ç\ philofo^ j phique de la Rélu'rrecl:Jen. Il me fuiîifoit pour ! cela de fuppofer qu'il exiftoit de sC/c'ufcs r.atu^ relies^ préparées de loin par l'AuTEUR bien- faisant de notre Etre , & deftinées à opérer le développement rapide de ce Tout organique caché fous la forme invifible de Germe , & confervé ainfi par la Sagesse pour le jcur de cette grande Manifeftation Une ob'ifdlion faillante & à laquelle je n'a* vois point d'abord fungé , vint détruire en un momenjj V MIL OSOr Hiq UE. .Fart, VIL 5?)^ tnoment tout ce fvftème qui Commenqoit à me plaire beaucoup: c'étoit celle qui fe tiroit des. Hommes qui oiu été mutilés -, qui ont perdu la tète, une jambe, un bras, &c. comment faire rejjiîfczter ces Hommes avec des membres que leur Germe n'^uroit plus ? Comment leur feire retrouver cette tète où je placois le fiége Perfonnalité ? Il me reftoit bien la reffource de ruppoTer que le Germe dont il s'agit renfermoit une autre tête, préparée en vertu de la Prescience Di- vine : mais cette tète auroit logéune autre Ame* e-le auroit coniHtué une autre Per{bnnej& il s'agiiîoit de conierver la Perfonnalité du pre- mier Individu* t Je n'héfitai donc pas un inftanta abandonnée une hypoihcfe , que je n'aurois pu foutenir qu'à l'aide de fuppofitions qui auroient choqué plus ou moins la vraifembiance. La Nature eft (1 lim- pie dans fes voies, qu'une liypothefe perd de fa probabilité à propoition qu'elle devient plus compliquée* Bientôt après , des méditations plus appro- fondies fur l'Economie de notre Etre m'ouvri- rent une nouvelle route qui me conduillt à des îom. XV* \ Y to& P yî L I 77 G F N F s I s idées plus probables fur le phyfique aelaî Réfùr-» redtiaii. Ce font ces idées que j'ai expofées eu détail dans le Chapitre xxiv de ÏElJai analyîi-* que & fort en abrégé dans la Chapitre Xili de la Partie iv de la Contemplation, Ceux de mes Ledeurs qui auront un peu médité ces idées , conviendront fans peine qu'elles n'ont rien de commun avec cet enveloppeînenê dont parle Leîenitz. Il ell; manifelle qu'ail Pop- pofe au développement ou à ce qu'il nomme uner kmgVf tentation dans le Tout organique préformé. Or , un Corps organifé efl: dit fs développer , quand toutes fes Parties s'étendent en tout fens par l'intus-fufception de matières étrangères. Ce Corps ne peut donc être dit s^envelopper p que lorfqu'il revient à fon premier état, en fe contrac- tant j en fe repliant fur lui-même ou autrement. Mon hypothefe n'admet , comme l'on fait , aucune forte d'enveloppement. Elle fuppofe que,, le Corps futur , logé dès le commencement dans le Corps groiîîer ou terreftre, effc le véritable Siège de l'Ame. Je ne puis affez m'étonner qu'un Interprète très-moderne de Leibnitz lui ait at- tribué une hypothefe qu'il ne pouvoit avoir , puifqu'elle repofoit en dernier relfort fur une découverts qui n'avoit pas été faite de fontems.. ' pHIX^ÔSOPHIJiVE. Part. VIL ibj Ceil ce qu'on verra plus en détail dans une Lettre ejuc j'ai écrite fur ce fujet aux Auteurs de Xtl Bibliothèque des Siences , qu'ils ont publiée dans ce Journal, & que j'ai cru devoir inférer dans mes Oeuvres. ( 2 ) l z ] Tom. XVIII de rÈtlition in-go, _ V2 5^8 FA L I N G r N r SJ E CHAPITRE V. Aîifre foijfage de Leib-NITZ fur re-mboHement des Germes , ^^f fur la manière dont VAme humaine paffe de Pfjat d Etre f entant à l'Etat d'Etre F enfant. Ohfervations critiques fur ce pi^iffage. s UlvoNS un peu plus loin notre illuftre Mé- taphyficien : il pourfuit ainiî. ( i ) " Après avoir , établi un Ç\ bel ordre & des règles Ci géné- , raies à l'égard des Animaux , il ne paroît pas , raifonnable que l'Homme en foit exclus en- 5 tiérement & que tout fe falTe en lui par mi- , racle par rapport à fon Ame. Aufli ai- je (ait , remarquer plus d'uue fois , qu'il eft de la fa- , geiFe de Dieu que tout foit harmonique 5 dans SES Ouvrages & que la Nature foit , parallèle à la Grâce. Ainfi je croirois que 5 les Ames qui leront un jour Ames humaines, , comme celles des autres Efpeces , ont été 5 dans les femences & dans les Ancêtres juf- £l] Théoil. parag. 91. IPhVLOSOP HIQ^ UE. Part VIL 3 0^ Î5 qu'à Adam, &: ont exifté par conféquent 3, depuis h commencement des chofes , ton- 5, jours dans une manière de Corps organifé, 55 en quoi il femble que M. Swammerdam , 5, le R. P. Mallebr ANCHE , M. Ba\' le, M. Pit- 55 CARN>: , M. Hartsoeker 5 & quantité 5, d'autre"? perfonnes très-habiles foient de mon 5, fentimcnt : & cette Dodlrine eft aflez con- 5, firmée par les obfervations microfcopiques „ de M. Leewenhoek &; d'autres tons Ob- 3-5 fervateurs. Mais il me paroît encore con- 5, venable , pour plufieurs raifons , qu'elles 55 n'exiftoient alors qu'en Ames fenfitives ou 3, animales, douées de perception & de fen- 3, timcnt , (^ deftituées de raifon ; & qu'elles 5, font demeurées dans cet état jufqu'au tems „ de la génération de l'Homme à qui elles 5, dévoient appartenir ; mais qu'alors elles ont 3, requ la Raifon , foit qu'il y ait un moyeu 5, naturel d'élever une Ame fenlîtive au dc- 5, gré d'Ame raifonnable ( ce que j'ai de îa 5, peine à concevoir ) foit que Dieu ait donné 55 la Raifon à cette Ame par une opération 3, particulière ou ( fi vous le voulez ) par une „ efpece de tranfcréation. Ce qui eft d'autant ,, plus aifé à admettre , que la Révélation ^ enfeigne beaucoup d'autres opératieis ^10 jpALINGFNFSÏE ^, immédiates de Dieu fur nos Ames. ïJ Notre Auteur fe déclare donc ici plus ou- vertement encore en faveur de Phypothefe de Femboîtement des Germes. Sa Raifon ne s'cf- frayoit point des calculs par lefquels on en- treprend de combattre cet emboîtemeiit , & cette Raifon étoit celle du premier Métaphy- jGcien & du fécond Mathématicien du Siècle. Il penfoit que toutes les Ames avoient toujours préexiftc dans rme manière de Corps organifé y 8c fon grand principe de la raifon fuffifante lui perfuadoit qu'elles demeureroient unies après îa mort à un Tout organique : 71 y ayant point d'apparence , difoit - il , ( 2 ) que dans l'ordre de la, Nature il y ait des Ames entièrement fépa- rées de tout Corps. Mais , il Jie s'étoit point ex- pliqué fur la nature de ce Corps futur , fur fon lieu, fur fee rapports avec Panci,en Corps, &c. On voit même par ce qui a été dit ci- deiius , qu'il paroiifoit croire que ce ieroit le même Corps , mais concentré ou enveloppé. Ce que nous app^iJ^us génération , avoic-il dit , ?2'eji qu'une augmentatiGh % la mort apparente; u'eii. qu'un eiroeloppement. THILOSOVHI^VE. Part. VIL 'lit Je ne 5^rai aucune remarque fur cç Paral^ ïélijme de la Nature k de h Grgce par lecjuel notre Auteur encreprenoic d'expliquer philoig- phiquement le/?eV/ji ori^ineL Ce point de Théq- logie n'entre pas dans mon plan, Qa peyc ton fuiter là-deiTusla première Partie de i;^ Jlm^ dicée, Tl y a dans le paffage que fex&ia^JDe ua endroit qui me furprendroit fi }e connuiiTois moins la manière de phiiofopher de rAwteur. Il a de la peine à concevoir qtCil y ait un moyen naturel d élever une Ame fenfitive au , degré ^ d'Ame raijonnable. Il paroît préférer d'udmettre que Dieu a donné la raifon à cçtte AYfie par 2ine opération particulière , ou , fi Pou veut , par une efpece de tranjcréation, J'a.1 employé prefque tout VFjfai analy^ tïqus à montrer çom.n]Ç=nt un f^tre , d'.abord limplement finfitif pu fenti^nt ^ peuf s'41ç;V|r par des moyens naturels 3 la qualité d'EJtrju 7w'- fonnahle ou penfant. On pourra ne çoijfij)ter que les Chapitres XV, X'VI, XXV, XXVI« J'aurois pris avec Leibnitz l'inverfe de la queftion, & je lui aurais demande , fi qjiand fon Ame auroit été logée dans la. tète d'wi \À^ i^aqûUj elle y auroit Q\\ÎM\tQ h Tkéodicé^^ '^ï:^ V A L I 1^ G F 1vraî que rfiomme s'élève par des moyens piirenisjii naturels aux connoifTances les plus fublimes de l'Etre mtelligent ? N'apprécions- nous pas l'effi- cace de ces moyens ? n'en faifons-nous pas chaque jour la plus lure & ia plus heurcufe application? L'effet ne correfpond-il pas ici à fa caufe natii^ relief' L'état de l'Ame n'cft-il pas exadement rela- tif à celui des organes? Tandis que les organes font encore d'une foibleffe extrême , comme ils le font dans le Fœtus-; l'A.me n'a que des fenfations foibles , confufes, paifageretj : elle en acquiert de plus vives, de plus claires, de plus durables à meiure que les orgaaes fe fortificjît : d'où il etl facile d'mférer conibieii les fenfations doivent être fourdes & tranfî- toires dans l'état de Germe. On peut même concevoir un tems où la Faculté fenfitive eft abfolument fans exercice ; car il y a ici des degrés à Tuidéfini depuis l'mltanc de la créa- tion jiifqu'à celui de la conception & depuis celle - ci jufqu'à l'état de k plus grande per- fcdioix. 314 P ^ L I N G F N E* S^I B Si donc l'Homme peut paiîer par des moyens purement naturels de l'ctat fi abjed de fimple Animal à l'état Ci relevé d'EtiC intelligent ; pourquoi des moyens femblabics ou analogues ne pourroient-ils élever un jour la Brute à la fphere de l'Homme'^ Il ne feroit pas philofophique d'objecter que l'Ame de l'Homme enveloppoit dès fon origine des Facultés qui rendoient fon élévation pof- fible, & qu'il n'en eft pas de même de l'Ame de la Brute. Croira- t-on que l'Ame d'un Imbé- cille n'enveloppojt pas ces mêmes Facultés? Si l'on vouloit chicaner là - delTus , je me retour- jierois aulîi-tôt, & je demanderois fi un coup de marteau donné fur le crâne d'un Savant , & qui le transforme fubitcment en Imbécille^ enlevé à fon Ame ces belles Facultés qu'elle exerçoit un moment auparavant? %f THAoSOPHIjZUE. Part, vil jjI 'PPii 1.11 i CHAPITRE VI. Ophnon de LeijçNITZ/îo- Pnnion perpêtnelU ds toutes les Ames à des Corps organïfés^ Efquijfe de f Harmonie préétahlie. i L exiftoit un alTez grand Ouvrage mctaphy- fique de Leibnitz, qui étoit demeuré long - tems caché dans la Bibliothèque d'Ha- novre, & que nous devons nu zèle & aux foins éclairés de M. Rasp^ , qui Ta publié en J75^. Je veux parler des Noni:eaux E-Jés [i{r- PEntendement htunain. Je n'en citerai que quel- ques palïages , qui fufîiront pour «achever de faire connoitre à mes Ledleurs les idées ^ la manière de l'Auteur. Ils y retr.oi|vcron£ la niffîîe Dodrine fur les Aines , qui a été épablip dans la 'ihéodicée, L'Auteur préfente dans fon Avant - propos un Tab eau de fes idées fur l'Univers , {\k rHomme, fur les Ames & fur divers autres Points intéreiTans ds Phiiofophie rationrielliÇ. Tout ceia liante fo;: d'être ly & ir.édités ii6 r A L J N G E' N F S^I E il y règne par- tout cet air d'originalité que notre excellent Métaphyficien favoit (ï bien donne«r aux Sujets qu'il manioit. La fuite d^ fes Penfses le conduifant à parler de T Union perpétuelle des Ames à des Corps organiques, il s'exprime ainfi. [ i ] " Je crois avec la plupart des Anciens*» 3, que tous les Génies , toutes lies Ames. , 5, toutes les Subftances (impies créées font toa- 5, jours jointes à un Corps , & qu'il n'y a 5 5 jamais des Ames qui en foient entièrement 55 féparées. J'en ai des raifons à priori. „ Leibnitz aimoit à faire revivre les opinions des Anciens & à les mettre en valeur : mais elles prenoient entre fes mains une forme fi nou- velle 5 qu'on peut dire avec vérité , qu'après qu'il lesavoit travaillées b, ce n'étoient plus les opinions des Anciens. Son Cerveau étoit un Mou- le admirable qui embelliifoit & ennobl.iifoic toutes les formes. Il faifoit bien de l'honneur à Tan- ( 1 ) Oeuvres Philofophiqucs » Latines çsf Francoifes de feu M, de Leibnitz, tire'es de fes Mumifçrits qui Je con- f a-vent dans la Bibliothèque Royale à Hanovre , ^ publiées far M.^VD. Eric. Ras PE,« Amjlerdam in-^tQ. 1765. Nouveaux Ejfais fur VJ^nt^fidemcnt Humain : Avant- propos i PIÎILOSOPHTOUE. Part ru. 517 demie Ecole en la parant ainfi de fes propres inventions , & on fe tromperoit beaucoup Çi Ton penfoit qu'elle avoit vu diftincfleinent tout ce que la finguliere bonhomie de notre Au- teur le porte à lui attribuer , foit dans fes Nouveaux EJfais , foi-t dans fa Théoâicée. Ces raifons à priori dont il s'agit dans ce paflage , & que Leibnitz n'énonce pas , étoient tirées de fon principe de la raifon fuffifatite. On fait qu'il 'rejetoit V Influence phy- fiqiie & les Caufes occajionnelies , & qu'il leur avoit fubftitué fa tameufe Harmonie préétablie : hypothefe aufîi neuve qu^ingénieufe , & qui auroit fuffi feule pour immortalifer ce puiifant Génie. En vertu de cette hypothefe , l'Ame & le Corps font unis fans agir récipro- quement l'un fur l'autre. Toutes les perceptions de l'Ame naiffent de fon propre fond 8c font répréfentées phyfiquement par les mouvemens correfpondans du Corps , comme ces mouve- mens font repréfentés idéalement par les per- ceptions correfpondantes de l'Ame. Il en eft de même des volicions , des defirs 5 le Corps eft monté , comme une Machine , pour y fatis- faire , indépendamment de toute adion de l'Ame fur lui. 5 J8 P A L I ^ G E' N rS î IC t Et comme dans cette hypothefe les per- ceptions ne pouvoient tirer leur origine du Corps , Se qu'il falloic pourtant que chaque per- ception eût fa rai ion fiiffifante , Leibnitz plaqoit cette raifon dans les mouvemens cor- refpondans du Corps : ils n'en étoient donc pas !a caufe efficiente 5 mais ils en étoient la calife exigetmtê. Il entroit ainfi dans le Flan de rUnivcrs 5 qu'il y eût une certauie Ame qui répondît par fes perceptions & par fes volitions aux mou- vemens d'un certain Corps, & qu'il y eût un certain Corps qui répondît par ies mouvemens aux perceptions & aux volitions d'une certaine Ame. Je ne fais ici qu'efquiirer grcfîîérement cette belle hypothefe : je pourrai l'expofer ailleurs avec plus d'étendue & de claité. -^^c^?4 VHTLOS:OPHÏ^UÈ. Part Vil Vi^ CHAPITRE VIL Trincipes de Leibnitz ; La raîfon fiiffifante^ la Loi de continuité. Conféquences qtCil en tir oit relativement à la confervation de rAnimciL Refps& de cet Auteur pour /'EvANGILE. En quoi les idées de ce Philofophe différent de celles de V Auteur^ Méprifes d'un Interprête de LeibnitZ, Réjlexions à ce Sujet, Jl\. Eprenons notre Auteur : il contintre en ces termes. " On trouvera qu'il y a cela (^avantageux 5, tians ce dogme, qu'il réfout toutes les diffî- 3, cultes philofophiques fur l'état des Ames, ,, fur leur confervation perpétuelle, fur leur Si immoitalité & fur leur opération j la diifé- € 520 . P A L J N G F -^ r S l Ë ' „ rence d'un de leurs états à l'autre n'étant „ jamais ou n'ayant }amais été que du plus au „ moins fenfible, du plus parfait au mcinâ „ parfait ou à rebours, ce qui rend leur état „ paiTé ou à venir auffi explicable que celui „ d'à - préfent. On fent aiTez en faifant tant 5, ibit peu de réflexion, que cela eft raifon- „ nable , & qu'un faut d'un état à un autre 5, infiniment diitérent, ne fauroit être naturel. „ Je m'étonne qu'en quittant la Nature fans „ fujet , les Ecoles aient voulu s'enfoncer ex- „ près dans des difficultés très - grandes , ic' XV. X cical comme le Monde phylique '. VHarntonie fréétahlie de notre Auteur le fuppofe nécef- flriiement, puiique, fuivaiit cette hypothefe , Jes perceptions doivent toujours naître les unes des antres & du Fond même de PAme. Ainiî , chaque état de PAme a la raifoii dans Tétac qui a précédé immédiatement : ch.îque per- ception dérive d'une perception antécédente & donne lieu à une perception fuble.^uente. Toutes les perceptions font ainfi enchaioées par des nœuds Tecrets ou apparens j & cela même Four- nit une des plus fortes objedions contre V Har- monie préétablis , comme je pourrai le montrer ailleurs. L'ÉTAT de l'Ame dans le Corps développé tenoit donc à l'état qui avoit précédé ; celui- ci tenoit en dernier reiîbrt à l'état de Germe , &c. L'état de l'Ame après la mort tient donc encore à l'état qui a précédé , &c. Tous les états font donc ici explicables les uns par les autres, parce qu'ils dépendent tous les uns des autres. C'ÉTOIT par cette Dodrine fi métaphyfique que Leibnitz combattoit les Ecoles & les Efpiits-Forts.Il comparoit très - bien la confer- vation de PAnimal après la mort à la coufer- PHILOSOPHIQ^VE, Pan. VIL 52? vation du Papillon dans la Chenille : mais , il s'en faut beaucoup qu'il eût approfondi cette compaiaifon autant qu'elle le médtoit , 8c qu'il en eût tiré le meilleur parti. Je le prou- verai bientôt. Il comparoit encore la confervation des idées après la mort à ce qui fe paife dans le fommeil j & cette comparaifon préfente un côté très- philofophique , auquel le Sauteur. du Munde fembie faire allufion , en compa- rant LUI -même la mort au fommeil. Je me fais un devoir de remarquer à ce fujet , & ce devoir eft cher à mon c^œur , que la piété de notre Auteur, auflî vraie qu'éclai- rée, ne laiiToit échapper aucune occafion de rendre au Philosophe par excellence Thom- mage le plus refpedueux & le plus digne d'un Etre intelligent. Il citoit avec complai- fance jufqu'aux moindres paroles de ce Diviîî Maître , & y découvroit toujours quelque fens caché, d'autant plus beau qu'il étoit plus philofophique. Le palTage que je commente nous en fournit un exemple remarquable ; je pourrois en alléguer bien d'autres. Je me borne à renvoyer encore une fois à l'admirable Pré- face de la Tbeodicéc. Celui qui fe plaifoit à 524 PÂLIl^GE'NE'SIE découvrir dans PEvangile une Philofophie (î haute, étoit une Encyclopédie vivante & un des plus profonds Génies qui aient jamais paru {ur la Terre. Je prie ceux qui n'ont ni les lumières ni le Génie de ce grand Homme , & qui ne polFedent pas au même degré que lui l'Art de douter philofophiquement , de fe demander à eux-mêmes s'il leur fied bien après cela d'affedler de méprifer TEvangile & de s'efforcer d'infpirer ce mépris à tout le Genrç humain ? 5, Aussi ai-je dit, continue Leîbnitz, (2) „ qu'aucun fommeil ne fauroit durer toujours ; „ & il durera moins ou prefque point du tout 5, aux Ames raifonnables , qui font toujours 3, deftinées à conferver le perfonnage & la fou- „ venance qui leur a été donné dans la Cité ,5 de Dieu , & cela pour être mieux fufcepti- 3, blés des récompenfes & des châtimens. 5, J'ajoute encore , qu'en général aucun 33 dérangement des organes vifibles n'eft capa- 5, ble de porter les chofes à une entière con- 55 fufion dans l'Animal ou do détruire tous les j, organes & de priver l'Ame de toutfon Corps ' {2} N'<}uvenux Effuis. J^tH^tn-t -propos , -^71^. 13, PHiLOSOPHIflÏÏE. Part VU, 525 5» organiq\ie & des reftes ineffaq^bles Je toutes 35 les traces précédentes. „ En tentant ci-deflus d'expliquer V enveloppe- ment leihnitien , j'ai montré combien il diiiere de mon hypothefe fur l'Etat futur de rPL^mme & fur celui'des Animaux. Mais , comme Leib- NiTZ n'avoit dit qu'un mot fur cet enveloppe- ment dans fa Tbéodicée , on pouvoit raifonna- blemcnt douter s'il attachoit à ce terme les idées qu'il paroît renfermer, & que j'ai cru de- voir attribuer à l'Auteur. Il me fcmble mainte- nant que le paifage que je viens de tranfcrire ne laiife plus aucun doute fur ce point. Leib- îîiTZ y parle du dérangement des organes vL fihles : il dit qïC aucun dérangement ne peut détruire tous les organes , priver PAme de tout [on Corps organique , ejjacer toutes les traces précédentes. C'étoit donc bien du Corps actuel , du Corps vifible & palpable que Leibnitz parloit dans fa Tbéodicée , & dont il difoit que la mort ap- parente étoit un enveloppe)nent. Il confirme lui- même cette interprétation dans un autre en- droit de l'Avant -propos de fes Nouveaux Ef- fais ^ page 22, lorfque réfutant l'opinion des Cartéfiens fur la dcftrudion des Ames des Bètes il leur reproche d'avoir été emharrajjh fans fujet de tes Ames y faute ^ ajoute-toi en parenthefe j d^ X 3 ( %t6 PJLIT^GÉ'NL'SIE s^avifer de la confervation de f Animal réduit en petit. Ces expreffions réduit en petit ne font plus équivoques , & j'avois bien raifonné fur IVw- veloppewent de mon Auteur. I n'avoit donc point imaginé un Germe indcitrudible logé dès le commencemenr dans le Cerveau vifibie,- il n'a* voit point confîdéré ce Germe comme le véri- table Sicge de l'Ame ; il n'y avoit point fait réiiuer la Perfonnaliié. Son Interprète moder- ne ( 3 ) ne Tavoit donc pas alfez étudié quand il lui atcnbuoit mon hypothefe & qu'il m'ïx- pofoit ainfi à paiTer auprès du Public pour le Plagiaire de cet illullre Ecrivjin. (4) [ 3 ] Infntutions Zeihiitiemies ou Précis de la Menailologie ; à Lyon chez les Frères Périflfe , 1767, pag. 127 & 128 de FEdit. 111-40. [4] Je trouve dans l'Eloge d'HARTZOEKEB. par l'il- luflre FONTENELLE, Hifi. de VAcad. 1725 , im paffage remarquable qui me paroît mériter que je le place ici. Il s'a- giffûit quelques lignes auparavant des Animalcules ffcrma^ tiques qu'HARTZOEKER imaginoit qut perpétuoient les Ef- peces. " Selon cette idée , remarque rHiftorien , quel nombre 5, prodigieux d'Animaux primitifs de toutes les Efpeces ! „ Tout ce qui refpire , tout ce qui fe nourrit , ne refpire „ qu'eux, ne fe nourrit que d'eux. Il femble cependant qu'à „ la fin leur nombre viendroit néceffairemcnt à diminuer , j, & que les Efpeces ne feroient pas toujours également fé- PHlLOSOPHIflUE. Paft, TiL ^zi Si Leibn^tz avoit eu dans rEfprit mon hy- pothefe, fe feroit-i! jamais exprimé comme il Ta fait dans les pai^ages que j'ai traufcrits? Je ne dirai pas trop (\ j'avance , qu'on ne fau- roit expliquer phyfiquement par fcn enveloppe^ moiù , de quelque manière qu'on l'entende , la confervation du Moi ou de la Perfonnalité. Ce feroit très-vainement qu'on fe retrancheroit à foutenir que la Mémoire eft toute fpirituelle j iors-mème qu'une foule de faits bien conllatés ne prouveroient pas que cette Faculté a fou Ç\çgQ dans le Cerveau , il faudroit toujours qu'il y eût dans le Cerveau quelque chofe qui cor- refpondlt aux perceptions & aux volitions de l'Ame , & en particulier aux perceptions que la Mémoire fpirituelle y retraceroit : autrement V Harmonie -préétablie tomheïoxt & fon Auteur ne feroit plus conféquent à lui-même. Il fe fervoit ingénieufement de la méta- 5, comies. Peut-être cette difficulté aura-t-eîle contribus à „ faire croire à M. Leibnitz que les Animaux primitifs 55 ne périlToient point , & qu'après s'être dépouillés de Ten- 5, veloppe grofliere , de cette eipeee de mafquc qui en fai- 5, foit, par exemple, des Hommes , ils fubfiftoient vivans dans jj leur première forme & fe remettoient à voltiger dans l'air j, jufqu'à ce que des accidens favorables les faffeitit de nou- j, veau redevenir Hommes.,, X4 f 52s JPALINGE^NE'SIÊ niorpliofe de la Chenille en Papilloii pour reii« dre raifon de la confervadon de l'Animal après la mort. Il avoit appris du célèbre Swammer- DAM le fecret de cette métamorphofe , 8c ne Tavoit pas afTez méditée , comme je l'ai rem?ir- qué plus haut. Ce n'cft pas le Corps vilible de la Chenille qui fe convertit en Papillon 5 c'eft un autre Corps organique , d'abord invifible , qui fe développe dans celui de la Chenille. J'ai crayonné ailleurs [ O cet admirable développe- ment , & il peut m'ètre permis d'ajouter que je fuis le premier qui ai fait voir en quoi con- fîfte précifément le Moi ou la Perfonne dans les Infedes qui fe métamorphofent. ( 6 ) j£ ne vois donc que mon hypothefe qui puiffe expliquer pkyfiquement ou fins aucune intervention miraculeufe la confervation du Fer- fennage ou de la Souvenance ^ comme j'exprime ici l'Autear , & qui rend IHomme fufceptibîe de récompenfes ^ de ehâtimens. Je fuis néanmoins bien éloigné de penfer , que mon hypothefe fa- tisfaife à toutes les difficultés : mais j'ofc dire qu'elle me paroît fatisfaire au moins aux prin- (s) Contemplation, Prrt. ÎX , Chap. V, X, XI, XH. (6) EjTai anal, parag. 714, 715, 71Ô. Contempl. Par* tic IX, Chat). Xiy. % rniLÙSOPtil^tlE. Vart.VÎL ^2^ cipales : par^ exemple , à celles qu'on tire de la dirperfjon des particules conftituantes du Corps par fa deftrudion j de la volatilifation de ces particules, de leur introdudioii dans d'autres Corps Ibit végétaux foit animaux ; de leur af- fociation à ces Corps 5 des Antropophages j &c, &c. Je ne puis m'étendre ici fur toutes ces chofcs : le Ledcur intelligent me comprend aflex. Dans le corps de {eslNoUveaux Elfuis Lhib- KITZ repneiid qk & là les principes qu'il avoie pofés dans l'Avant - propos fur l'immatérialité de l'Ame des Bètes & fur la furvivance.de l'A- nimal : mais , il n'y ajoute rien d'efTenticl , & tout ce qu'il en dit revient pour le fond à ce que j'ai tranfcrit ci-delîus d'après l'Avant-pro*- pos & li'i Ibéodicée, Je ne dois pourtant pas omettre de rapporter un paifage du Livre i r , Cliap. xxvii , fur V Identité^ qui achèvera de démontrer que l'Au- teur n'avoit point eu l'idée de ce Germe in- defirii&ihle , qui fait la bafe de mon hypothefe , & que j'ai eifayé d'appliquer à tous les Etres organifés dans ce nouvel Ecrit. ,5 II ny a point, dit-il, ( 7 ] de trmjfmi^ [7] Nouveaux ElJaU . pag. 192. 5, gration pa' laquelle i'Ame quitter entièrement 5, ^on Corps 8c paiFe dans un autre. E!le garde », toujou s , même dans la mort , un corps or- 5j ganifé, partie du précédent , quoique ce qu'elle ,, garde foit toujours fujet à le dîllîper in ien- „ fiblement & à Te réparer & même à foulTrir 5 en certain tems un grand changement. hwCi „ au heu d'une tranfmigration de l'Ame , il y ,, a transformation, enveloppement ou déve- j, loppement & enfin fluxion du Corps de cette „ Ame. „ Ces mots , partie du précédent , n'ont pas îbe- foin decommen-aire: ceux à^ développement 3i, à enveloppement qui les fuivent les déterminent fuffilarament. Ils le font encore par ce.ui de fiuxion. Au refte; on voit ici que l'Auteur rejctoit toute efpece de métempj'ycofe j il l'attaque ailleurs plus directement. I PHILOSOPHIQ^UE. Fart. VIT. 5;t CHAPITRE VI IL Jugement fur Leibn i TZ. E N voilà aflez , ce me femble, pour faire ju- ger des principes de Leibn ITZ fur les Ames, fur la mort, fur la confervacion de l'Animal, & pour montrer en quoi ces principes fe rappro- chent & en quoi ils s'éloignent de ceux qui me font propres. Il feroit infiniment à defirer, que cet excellent Mctaph} ficien eût toujours mis dans fes idées cette analyfe, cet enchaîne- ment , cette clarté, cette précifion , cet intérêt fi nécelTaires aux matières de Métaphyfique , déjà Ç\ féches , fi obfcures & 9x rebutantes par elles-mêmes. Il avoit dans fa Tète tant de chofes , qu'elles fortoient en foule, j'ai prefque dittu- multuairement , à meiure qu'il compofoit. Anec- dotes , proverbes , images , allufions , comparai- fons , citations fréquentes, digrelFions multi- pliées; tout cela coupoit plus ou moins le fil du difcours. Une multitude de propofitions in- cidentes venoit offufquer la propofition princi- pale , qui ne pouvoit être trop élaguée. On a fur - tout à regretter dans fes Ouvrages mé- taphyfiques , que les difcuiîîons les plus philo- I 3^2 PJLINaE'NE^SIE Jophfqiies & les plus intérelfantcs foicnt (ï fré- quemment interrompues par des digreffions fur des fujcts trop étrangers, & affez fouvent de Théologie fcholaftique , qu'il s'efforce quelque- fois d'allier avec fa fublime Métaphyfique. En îifant fon admirable Ihéodicée , on croit être dans une vaile Forêt où Ton a trop négligé de pratiquer des routes. L'Auteur ne fe perd jamais lui-même au milieu de cette confulioa de chofes , mais le Ledeur qui n'a pas fa Tête, fe perd fouvent & ne fait ni d'où il vient ni où il va. Il étoit 5 en quelque forcé , pofTédé de l'Ef- prit de conciliation , & c'étoit , pour l'ordinaire , ce qui le jetoit dans ces digreiîions auxquelles ^ on regrette qu'il fe foit livré fi facileir.eiit , & qui contrallent tant avec la méthode philo- fophique. Il vouloit accorder toutes les Seclcs, tous les Théologiens , tous les Philoiophes , & il n'étoît jamais plus fàtisFait que ludqu'ii avoit rencontré quelque point de conciliation. Il lui arrive fouvent dans h Théodicée Se dan? les Nouveaux EJjàis d'abandonner le fil d\u\ principe métaphyfique pour courir après quel- que vieux Docleur , dont il anatomiie ia pen- iéc. il ic répète trop , précîfément parce qu'il PHÏ LOSOPHTQ^UR Fait VIT. n? diflerte trop. Sa 'marche relTemble quelquefois à celle d'un pendule qui ofciile autour d'un point. EsT-ïL befoin que je le dife? cette petite critique ne tend pas le moins du monde à di- minuer la juH'i admiration que Leibnitz doit infpirer à tons ceux qui font capables de le méditer auffi profondément qu'il mérite de l'être. Il eit le père de la Métaphyfique tranfcendante, & û l'on peut dire du Génie qu'il crée [ i ] jamais Génie n'a plus créé que celui de Leibnitz. [l] Le Génie ne crée n'en, à purler philofophiqiiement, mais il opère fur ce qui eit créé. J'ai fort développé cela dans le Chap. XIX de VEjfai anul. Parag. 529 , ^30. J'y ai encore touché en palTant dans l'Art. XIX de VAnalyfe uhrégée. On prodigue dans je ne fais combien d'Ecrits ce mot créer & ceux de Gé>iie créateur, iVE/prit créateur, parce qu'un n'attache pas à ces mots des idées allez philofophiqnes. îl y a dans la Langue bien d'autres termes dont on n'abufe ivas moinj^ faute d'en connoitre la jufte valeur. C 334 ) coc>c:^oocr>ooûcc:>cccLXioc>o: c'eft qu'elles produifcnt de leur propre fond des Machines femblables à elles, qui perpétuent le Modèle & lui procurent J'immortaîité. Ce qui a été reFufé à FLidividu a été accordé ainfi à l'Efpece ; elle eft uue forte d'Unité toujours fubfiftante , toujours renailTante , & qui offre fans altération aux Siècles fuivans ce qu'elle avoit offert aux Siècles précédens , & ce qu'elle offrira encore aux Siècles les plus reculés. Quelle que foit la manière dont s'opère cette reprodudton des Etres vivans , quelque fyttême qu'on embralîe pour tâcher de l'ex- pliquer, elle n'eu paroîtra pas n^oins admirable rHILOSOPHIdU'È. ,Part.IX. 5^ à ceux qui entrevoient au moins l'Art pro- digieux qu'elle fuppofe dans Porganifation , & dans les divers moyens qui l'exécutent chez le Végétal &; chez l'Animal «^ dans les différentes Efpeces de l'un & de l'autre. Ainfi , foit que «ette reproduction dépende de Germes préexif- tans ; foit qu'on veuille qu'il fe forme jour- nellement dans rindividu procréateur de petits Tours (emblables à lui , la confervatiou de rEfpece dans Tune & l'autre hypothefe n'eu fera pas moins un des plus beaux traits de la perfection du méchanifme organique. Et s'il étoit pofîibie que les feules loix de ce Méchanifme pulTent ibffire à former de nou- veaux Touts individuels , il ne m'en paroitroit que plus admirable encore. Je ferois un Traité d'Anatomie , fi j'entre- prenois ici de décrire cette partie du mécha- nifme organique, qui a pour dernière fin la reproduction des Etres vivans : j'étonnerois mon Ledeur en mettant fous fcs yeux ce grand appareil d'organes fi compofés , Ci mul- lipîiés , û variés , fi harmoniques entr'eux qui confpirant tous au vœu principal de la Na- ture , réparent fcs pertes , renouvellent fes plus chcres Produdions & la rajcuniflent fans celTe» Z 3 55S V A L I N G F N ir S I E Si le développement des Corps organifés ou leur fimplc açcroiliement ne peut qu'être l'effet de la plus belle méchanique , combieii cette méchanique doit - elle être plus belle en- core 5 lorfqu'elle n'eft point bornée à procu- xer fimpîement l'extenfion graduelle des par- ties en tout fens , & qu'elle s'élève jufqu'à procurer la régénération complète d'un membre ou d'un organe, & même l'entière réintégra- tion de l'Animal ! CHAPITRE IV. Tremier exemple àe reproâu&ions orgamqiies 2 le Polype à hraSy X C I s'offrent de nouveau à mes regards ces fameux Zoophytes , qui m'ont tant occupé dans mes deux derniers Ouvrages , ( i ) & [ I ] Confia, fur les Corps org. Tom. i, Chap. iv, v, XI , XII. Toiri II , Chap. I, 11, lli. Contempl. de la 2^a- i«)T,Part. III, Chap, xiii , xv , Part, vu, Chap. ix , ^art. VIII. Chap. ix , x , xi & fuiv. Fart, ix , Chap. i , li. THILO^OVHIOJJE, Taré, IX., ^^ fur lefquels encore j'ai jeté un coup - d'œil dans celui - ci. [ 2 ] Je ne retracerai donc pas ici les divers phénomènes que préfentent la régénération & la multiplication du Polype k bras & celles de quelques autres Infedes de la même Clafle ou de ClaiTes dillérentes : mais , je ne puis m'empêcher de dire un mot de reprodudlions plus étonnantes encore , & que la fagacité d'un excellent Obfervatcur [ 3 ] vient de nous découvrir. On fait que la ftrudlure du Polype efl duii extrême /implicite , au moins en apparence^ Tout fon Corps eft parfemé extérieurement 8i intérieurement d'une multitude de très-pe- tits grains , logés dans l'épaiiTeur de la peau , & qui femblent faire les fondions de vifceres; car les meilleurs microfcopes n'y découvrent [ 2 ] Voyez ci-deffus V Application aux Zoophites y Par t. v [3] M. l'Abbé Spallanzani , ProfefiTeiir de Phiiofophie àModene, de la Société royale d'Angleterre. Frodromo di un Opéra da imprimerjî fopra le Riproàtizicni Jlnimali. Ce Frodrome , que l'Auteur a publié cette année 1768, vient d'être traduit en François par un Homme de mérite & éclai- ré , & imprimé à Genève , chez Claude Philibert. Je ne puis trop exhorter mon Ledeur à lire ce très -petit Ecrit, tout plein de prodiges , & qsi contient beaucoup plus de vérités lîouvelles, que ces gros in-/olio de certains Savans, qui ne furent jamais interroger la Nature & jie firent que c©mpilej>> Z4 3(îo PALX1^G^:^VS1E rien qui refTemblc le moins du monde aux vifceres qui itous font connus. Le Corps lui- même n'eft qu'une manière de petit fac , d'une confîftance prefque gélatineufe. & garni près de fon ouverture de quelques menus cordons qui peuvent s'allonger & fe contracter au gré du Polype » & ce font fes bras. Il n'a point d'autres membres , & on ne lui trouve au- cun organe de quelque efpece que ce foit. Je ne décris pas le Polype j je ne fais qu'é- bauchet fes principaux traits \ mais il efl: fî Cmple, que c'etl prefque l'avoir décrit. Qiiand on fongc à la nature & à la limpiicité d'une pareille organifation , Ton n'eft plus atiiîi fur- pris de la régénération du Polype & de toutes ces étranges opérations qu'une Main habile a fu exécuter fur cet Animal finguiier. J'ai fur- tout dans l'Efprit cette opération par laquelle on le retourne comme le doigt d'un gant , & qui ne Pempèçhe point de croître , de manger & de multiplier. Si même on le coupe par morceaux pendant qu'il cil dans un état il peu naturel, il ne laiife pas de renaître , à fc^n ordinaire , de bouture , ik chaque bou- ture mange , croît & muifipliç. Je le remar- quois dans les Corps organifés , Art. CCLXXIiL 3, Un Polype coupé , rctounié , recoupé , re- VHILOSOVHIUUE. Part. IX. 561 5, tourné encore ne préfente qu'une répctitioii „ de la même merveille fi à - préfenc q'en eit ,5 une au fens du Vulgaire. Ce n'eft jamais ,, qu'une efpece de boyau qu'on retourne & 5, qu'on recoupe : il eft vrai que ce boyau a „ une tète, une bouche, des bras, qu'il eft un 5, véritable Animal j mais l'intérieur de cet „ Animal eft comme fon extérieur, fes vif- 5, ceres font logés dens l'épaiiTeur de fa peau , 5, & il répare flicilement ce qu'il a perdu. Il 5, eft donc après l'opération ce qu'il étoïc aupa- 5, ravant Tout cela fuit natUVeliement de fou 3, organifation; l'adreiTe de PObfervateur fait „ le refte. Le plus fingulier pour nous qft 5, donc qu'il exifte un Animal fait de cette 5, manière : nous n'avions pas foupqonné le 5, moins du monde fon exiftence, & quand 5, il a paru, il n'a trouvé dans notre Cerveau 3, aucune idée analogue du Règne animal. 5, Nous ne jugeons des chofes que par com- 5, paraifon : nous avions pris nos idées d'A- „ nimalité chez les grands Animaux , & un ,-, Animai qu'on coupe , qu'on retourne , qu'on j, recoupe & qui fe porte bien les choquoit ., diredement. Combien de iriits encore igno- 5, rés 5 & qui viendront un jour déranger nos 3, idées fur des fujets que nous croyons con- 3, noître î Nous en lavons au moins affez pour t s, que nous ne devions être furpris de ricit, 5, La furprife Ciq^l peu à un Philofophej ce 5, qui lui fied eft d'obferver, de fe fouvenir I, de fon ignorance & de s'attendre à tout. „ Je m'étois en effet attendu à tout : aufîî ai-je été peut- être moins furpris que bien d'autres des nouveaux prodiges que nous de- vons aux belles expériences de Mr. l'Abbé Spallanzani , & qu'il s'eft emprellé obli« geamment à me communiquer en détail depuis trois ans dans fes intérelTantes Lettres. Il a voulu me laifTer le plaifir de penfer que les invitations que je lui avois faites , de s'attacher particulièrement aux reprodudlions animales, n'avoient pas peu contribué à ies découvertes. Ce que je fais mieux, c'cft qu'aucun Phyfi- cien n'avoit pouffé aufîî loin que lui ce nou- veau genre d'expériences phyliologiques , ne, les avoit exécutées & variées avec plus d'in- telligence & ne les avoit étendues à des Ef«. peces aufli élevées dans l'échelle de l'Animalité, VHILOSOTHIUVE. Part IX. |6j CHAPITRE V. Sscond Exemple de reprodiiLliom organiques : fÈfcargot, T. OuT le Monde connoît le Limaqon de Jar- din , nommé vulgairement Efcargot : mais , tout le monde ne fait pas que rorganiiatioii de ce Coquillage efl: très-compofée , & qu'elle le rapproche par diverfes particularités très-remar- quables de celle des Animaux que nous jugeons les plus parfaits. Je ne ferai qu'indiquer quel- ques-unes de ces particularités : mon plan ne me conduit point à traiter des reproductions animales 3 je ne veux que faire fentir par ces reproductions l'excellence des Machines orga- niques. Sans être initié dans les fecrets de FAna- tomic , on fait, au moins en gros , qu'un Cerveau eft un organe extrêmement compofé ou plutôt uu aflemblage de bien des organes diiFérens, formés eux-mêmes delà combinaifoii & de l'entrelacement d'un nombre prodigieux 46^ ?JLi:SrGFNE'SI£ de fibres , de nerfs , de vailTeaux , &c. La tète du Limaqoii poUede un véritable Cerveau , qui fc divife, comme le Cerveau des grands Ani- maux , en deux mafles hémirphénques , d'un vo- lume confidcrable , & qui portent le nom de lohes. De Ja partie inférieure de ce Cerveau fortent deux nerfs principaux j de la partie fu- périeure en fortent dix qui le répandent dans toute la capacilé de la Tète : quelques-uns fe partagent en plufieurs branches. Quatre de ces nerfs animent les quatre cornes du Co- quillage & préfident à tous leurs jeux. On peut s'être amufé à contempler les mouvemens ft variés de ces tuyaux mobiles en tout fens , que l'Animal fait rentrer dans fa Tète & qu'il en fait fortir quand il lui plait. On n'imagine point combien les deux grandes cornes font une belle chofe : on connoit ce point noir Se brillant qui eft à l'extrémité de chacune : ce point eft un véritable œil. Prenez ceci au pied de la lettre , & n'allez pas vous repré- fenter flmplement une cornée d'Inlcde. L'œil du Limaqon a deux des principales tuniques de notre œil j il en a encore les trois humeurs, l'aqueufe, la cryftalline , la vitrée j enfin, il a un nerf optique, & ce nerf eft de la plus grande beauté. Je paiîe fous filence l'appareil «ies mufcles dciiinés à opérer lis divers mou- i PHILOSOPHIQUE, Pa^tlX, ^d^ vemens de la Tète Se des cornes. J'ajouterai feulement que le Limaqon a une bouche , & que cette bouche efl: revêtue de lèvres , gar- nie de dents & pourvue d'une langue & d'un palais. Toute cette Anatomie feroit feule la matière d'un petit Volume. Simon Lecfteur me demandoit un Garant de tant & de fi cu- rieufes particularités anatomiques, il me fuf- firoit, je penfe , de nommer l'Auteur célèbre (i^ de la Bible de la Nature Croira -T- ON à préfent que ces cornes du Limaqon qui font de fi belles machines d'Optique, fe régénèrent en entier lorfqu'on les mutile ou même qu'on les retranche en- tièrement? Il n'eft pourtant rien de plus vrai que cette régénération : elle cft Ci parfaite , fi finguliérement complète que l'Anatomie la plus exacle ne découvre aucune différence entre les cornes reproduites & celles qui avoient été mutilées ou retranchées. (2) C'est déjà , fans doute , une afFez grande merveille que la reprgdudlion ou même la fimple réparation de femblables lunettes : mais [l] SWAMMERDAM. ^ f 3 ] Frsgraimnc de M. Spaiwanzani , pnj. d. ^ ^^6 F J L î N G E N E S î È ce qui eft tout auffi vrai, fans être le moins du monde vraifemblable , c'eft que toute la Tète du Limaqon , cette Tète qui eft le fiege de toutes les fenfations de l'Animal, & qui, comme nous venons de le voir, eft raflem- blage de tant d'organes divers & d'organes la plupart (i compofésî toute cette Tète, dis-je , Te rég^énere , & (i ou la coupe au Limaqon il en refait une nouvelle qui ne diffère point du tout de rancienng. En décrivant ailleurs la régénération du ' Ver-de-terre, ( 3) & celle de ces Vers d'eau douce ( 4 ) que j'ai multipliés en les coupant pwr morceaux ; j'ai tait remarquer que la par- tie qui fe reproduit fe montre d'abord fous la forme d'un petit bouton , qui s'allonge peu à peu , & dans lequel on découvre tous les rudimens des nouveaux organes. Il n'en va pas de même dans la régénération de la Tète du Limaçon : cette régénération fuit des loîx bien diîfc rentes. Quand la Tète de ce Coquil- lage commence à fe régénérer , ,les di\eries [s] Co;i/Id. fur les Corps org. Art. CCXLîV , CCXLV. Contcmpl. de Ici Net. Fart. VI, Chap. vill. - [4] ^'"'"/'^ ^^K' ^^^' CCXLVI, CCXLY II »' C'ojitevtp!. de In liât. Part* vni , Chap. x. Fart, ix , Chap. 11. VniLOSOPBI^UE. Part. IX. 567 parties qui la comporeiit ne fe montrent pas toutes enfemble : elles apparoiflent ou fe dé- veloppent les unes après les autres j & ec n'eft qu'au bout d'un tems aflez long qu'elles fem- blcnt fe réunir pour former ce Tout fi com- pofé , qui porte le nom de Tète. ( 5 ) Cette découverte efl Ç\ belle , fi neuve , & elle a excité tant de doutes , ( (^ ) que [^] Programme de M. Spallanzani , pag. 62. [ 6 ] II. y a lieu de s'étonner que cette reprmliiélion de la Tête du Limaçon ak paru en France Ti douteuie, après- tout ce que MM. deREAUMUR & Trembley avoient pu- blié fur la régénération du Polype, & fur celle de bien d'au_ très Animaux de la même Claffe & de ClaiTes très - diiFé- rentes. Voyez la belle Préface que M. de Reaumur a mifs à la tête du fixieme Volume de fes Alémsires fur les In- fectes^ qui a été imprimé en 1742 , & les excellens Mé- moires de M. Trembley fur le Polype à bras , qui pa. rurent en 1744. J'avois publié moi-même en 174c dans mon Traité d'Lifectologie un grarid nombre d'expériences & d'ob- fervations nouvelles fur différentes Efpeces de Vers que j'avois multipliés en les coupant par morceaux. J'y étois revenu en 1762 dans les Conjl.l. fur les Corps org. Tom. i , Chap, iv, V, XI. Tom. II, Chap. I, 11, m. J' étois entré dans de grands détails fur les reproduftions animales, & j'avois cilayé d'en donner des explications qui fihTent conformes à la bonne Phyfique. J'avois montré combien il étoit probable «jue cette Faculté de fe reproduire s'étendoit à beaucoup d'au- tres Efpeces d'Animaux. Enfin 5 j'avois remanié, tout cela aflez j68 P J L J N G F 2s' E S I E je ne puis réfifter à la tentation de la raconter un peu plus en détail. en détail dans la CoUcwpl. de la Nature, publiée en 1764 Part. VIII & IX. Comment donc s'eft-il trouvé après cela tant d'Incrédules dans le Fiiblic Franqoi;^ fur les découvertes de M. l'Abbé Spallanzani ? Ceci prouve trop qu'on ne litfonvent que du pouce des Livres qui dcmanderoient a être lus avec attention. Croiroit-t -on qu'il a paru en 1766 luie Brochure intitulée lettre de M. Deromé de VIslc à M. Bertrand fur les Fûlypcs d'eau douce ^ o\\ l'Auteur prétend démontrer que MM. de Real'mur &Tremfley fe font trompés en regardant le Polype eomme un véritable Animal. Cet Auteur ofe avancer comme une chofe, au moins très - probable , que le Polype n'eft point un Animal; mais, qu'il n'eft qu'un fac ou un fourreau plein d'une multitude prefqu'infinie de petits Ani- maux. On ne foupconne p. s , fans doute , que cet Ecriva'u n'a jamais vu de Polypes , bien moins encore qu'il n'a ja- mais lu M. de Keauaîur ni M. Trembley. Il ne copie que leur Abbréviateur , M. Bazin. Je n'exagérerai point fi je dis qu'il y a dans cette Brochure plus d'erreurs & de mé- prifes que de pages. Cependant elle en a impofé à plus d'un Journalifte, & je ne m'attendois que l'cftimable M. de Bo- MARE fe dpnneroit la peine d'en faire .un extrait dans le Sufflément de fon Diciioniiaïre d' H i fi cire naturelle au mot JPolyfe\ Ce petit Roman phyfique ne méritoit pas une tçlle place dans un Livre deftiné à être le dépôt des vérités de la Nature. L'accueil fi diftingué que le Public a fait à cet Ouvrage prouve qu'il a fu apprécier le zclc éclairé de PAu- teur pour les progrès d'iuie Science qu'il travaille avec fuccts à faire connoître & à enr'chir : mais , ce que le Public ne fait pas aufii bien que moi, c'cft combien la modeitie fincere ^e l'Auteur relève fes connoiffances & les talens. Quelquefois P'HILOSOPHIQ^UË. ParL ÎX. |^$ QuEidUEFOis il n'apparoît d'abord fur le col ou le tronc de TAnimal qu'un petit globe qui renferme les élémens des petites cornes , de la bouche , des lèvres & des dents. D'autrefois on ne voie paroître d'abord qu'une des grandes cornes , garnie de foa œil : au-deifous & dans un endroit écarté ou apperqoit les premiers traits des lèvres. Tantôt on n'obferve qu'une efpece dô iiœud formé par trois des cornes : tantôt on découvre un» petit bouton qui ne renferme que les lèvres; tantôt la tète fe montre en entier , a la réferve d'une ou de pluiîeurs cornes. [ 7 J Eîî nti mot; il y a ici une fouîe de va-^ riétés, qu'on traiteroit de bizarreries , s'il y avoit dans îa Nature de vraies bizarreries. Mais» le Philofoph® n'igaore pas que tout s'y fait par des Loix confiantes , qui fe diverfiiienC plus ou moins fuivant les Sujets , & dont telles ou telles reproduirons (ont les réfultats immédiats. [7] P'-^S' pag. ^î& 63. Tome XV. A a Î7ô r A L I 7^ G E' N r S I E MALGuè toutes ces variétés dans la régé" iiératioii de la Tète du Limaçon, cette régé- nération Cl furprenante s'achève en entier, & l'Animai commence à manger fous les yeux de rObfervateur. Si après cela on pouvoit for- mer le moindre doute fur Vintégrité de la ré- génération, je le dilîiperois en ajoutant, que la dilTeétion de la Tète reproduite y démontre toutes les parties fimilaires & difïimilaires qui eompofoient rancîenne. ( 8 ) ( 8 ) Frog. Pag. 6ç & 66. CHAPITRE VI. Troipeme exemple de reprodu&ions orga- niqiies : la Salamandre aquatique, J_/E Limaqon eft bien un Colofle en com- paraifon du Polype : TAnatomie y découvre bien une multitude d'Organes àont le Polype c(t privé \ cependant le Limaqon ne nous pa- rait pas encore aflez éievé dans fEùhelle de rHîLOSOPHIUUE. Part. ÎX. ^^} rAnimalité : il nous refte toujours je ne Ïa\^ quelle difpo^tion à le regarder comme un Ani- mal i«ipatfait : nous le plaçons volontiers tout près de Tlnfcde; & ce voifinage qui ne lui eft pomc avantageux, dimniue un peu à nos yeux îa merveille de fa régénération. S'il nous paroiiîoic plus Animal , il nous éconneroit da- vantage ; je l'ai dit : nous ne jugeons des Etres que par comparaifon , & nos compa* raifons font pour l'ordinaire fort peu philofo- phiques. Nous ferions donc beaucoup plus étonnés d'apprendre qu'il exifte une forte de petit Quadrupède , conftruit à peu près fur le mo- dèle des petits Quadrupèdes qui nous font; les plus connus , & qui fe régénère prefqu'en entier. Ce petit Quadrupède elt la Salamandre aquatique , déjà célèbre chez les Naturalifteâ anciens & modernes , par un grand prodige qui n'avoit d'autre fondemerit que l'amour du merveilleux , & que l'amour du vrai a déttuic dans ces derniers tems : on comprend que je parle du prétendu privilège de vivre au mi-^ lieu des flammes. La Salamandre , j'ai prêt que honte de le dire , eft (i peu faite pouc vivre xians le feu » qu'il eft démontré aujour- d'hui par tes expériences de M. SpallanzanX Aa % 5\7à PALINGE'NESIE qu'elle eft de tous les Animaux celui qui ré- fiil; i e moins à l'excès de la chaleur. [ i ] Les Infedes n'ont point d'os ^ mais ils ont des écailles qui en tiennent lieu. Ces écailles ne font pas recouvertes par les chairs , comme les os 5 mais elles recouvrent les chairs. ( 2 ) La coquille du Limaçon , fubftance pierreufe ou cruftacée, recouvre auffi fes chairs, & ce caradere eft un de ceux qui femb!ent le rap- | procher le plus des Infedes. Il y a cependant quantité d'Infedes dont le Corps eft purement charnu ou membraneux. Il en eft d'autres qui font prefque gélatineux : à cette CîafTe appar- tient la nombreufe Famille des Polypes. La Salamandre a , comme les Quadrupèdes,, | de véritables os, qui font recouverts, comme chez eux, par les chairs. Elle a de véritables vertèbres , des mâchoires , armées d'un grand nombre de petites dents fort aiguës , & fes jambes ont à peu près les mêmes os qu'on obferve dans celles des Quadrupèdes propre- ment dits. [ 3 ] Elle a un cerveau , un cœur ^ il} Frog. Pag. 71. [2] Contemfî. de la Kat. Part. lU, Cliap. XVIL L £3] ^rog' Paj.69; THTLOSOPHIQ^UE. Part IX. "n?^ des poumons , un eftomac , des inteftins , un foie, une véfîcule du fiel, &c. [4] On voit bien que mon intention n'efl: point ici de décrire la Salamandre en Naturalifte. Ge petit Ouvrage n'appartient pas proprement à THiftoire naturelle : je ne veux que donner une légère idée de ces nouveaux prodiges que PEconomie animale vient de nous ofîrir. J'a- jouterai fimplemcnt, que la Salamandre paroît fe rapprocher par fa forme & par fa ftrudure du Lézard & du Crapaud. Elle n'eft pas pu- rement aquatique j elle eft amphibie 5 elle peut vivre affez long-tems hors de l'eau. Sr l'on a jeté un coup-d'œil fur un Sque- lete ou fur une Planche d'Oftéologie qui le repréfente, on aura acquis quelque notion de la forme & de l'engraînement admirables des différentes pièces oifeufes qui le compofent. L'eflenticl de tout cela fe retrouve dans la Salamandre. Sa queue , en particulier, eft formée d'une fuite de petites vertèbres travail- lées & aifemblécs avec le plus grand art. Mais, ces pièces , quoique multiphées , ne font pas les feules qui entrent dans la conftrudion de (4) Prog.V^'. 97. Aa 3 574 i' A L I N G F N F S I E h queue. Elle préfcnte encore à rexamen et l'Anatomifte une epiderme , une peau , des glandes, des mufcles, des vailTeaux fanguins , une moelle fpinale. ( 5 3 Nommer fimplemènt toutes ces parties, c'eft /léja donner une allez grande idée de i'organi- iation de la queue de la Salamandre j ajouter que toutes ces parties déchiquetées , mutilées ou même entièrement retranchées , fe réparent, ie conlolident & même fe régénèrent en en- tier > c'eft avancer un fait déjà fort étrange. Mais , des parties molles ou purement char- nues peuvent avoir de la facilité à fe réparer, à fe régénérer : que fera-ce donc fi \^i^v\ peut alTurer que de nouvelles vertèbres reparotfîent à la place de celles qui ont été retranchées ? Qiie fera - ce encore fi ces nouvelles vertèbres, retraîichéôs a leur tour, font remplacées par d'autres; celles-ci, par de troifiemes ; &c. Ec ^i cette rcprodudion fuccefîive de nou- velles vertèbres paroit toujours ib faire avec autant de facilité , de régularité , de précifioii que celle des parties molles & qui doivent dç^ ■meurer telles ? { <^ ] ( s ) Frcg. Pag. 76. (6) Fro^. Pag. 7.Ç, 76, 77* f8, 79-. "" PEILOSOPHIQ,UE- Fart, IX. J74 Mats , combiea la régénération des jambes de la Salamandre eft-elle plus étonnante quei celle de fa queue, (1 toutefois nous pouvons encore être étonnés après l'avoir tant été ! Jç prie quon veuille bien ne point oublier qu'il s'agit ici d'un petit QLiadrupede & non fim- plement d'un Ver ou d'un Infede. J'ai grand intérêt à écarter ici de rEfprit de mes Lec- teurs toute idée dlnfede. Il y a toujours quelque idée d'imperfedtion enveloppée dans celle-'à. Quoique la divifîon dea Animaux en parfaits "& en imparfaits , foit la çhofe du. monde la moins phiiofophique , elle ne laiffe pas d'être aiTez naturelle & très-commune. Or,, dès qu'on parle d'un Animal imparfait , l'Ef- prit eft déjà tout difpofé à lui attribuer ce qui choque le plus les notions communes, de l'Animalité j il croira de cet Animal tout ce qu'on voudra lui en faire croire , & le croiia fans eifort : témoin l'opinion fi ancienne (Sc^. (1 ridicule que les Infeét.es nailfent de la pour- riture : eût-on jamais fait naître de la pour- rirure, je ne dis pas un Eléphant, un Che- val, un Bœuff je dis feulement un Lièvre, une Belette , une Souris ? pourquoi ? c'eft qu'une Souris , comme un Eléphant , eft un Animal réputé parfait , & qu'un Animal par- fait ne doit pas naître de la pourriture. Aa 4 J7^ P A L I N G F N P SI E ' La Salamandre eft donc un Animal par- fait à la manière dont la Souris en eft un pour le commun des Hommes. Le Salamandre eft aufli bien un Quadrupède que le Crocodile. Ses jambes font garnies de doigts articulés & flexibles j les antérieures en ont quatre , lesr poftérieures cinq. Entendez , au refte , par la Jambe , la cuilfe , la jambe proprement dite & le pied. Tout le monde fait, qu'une jambe eft un tout organique, compofé d'un nombre très» çonGdérable de parties oiTeufes , grandes , moyennes , petites , & de parties molles très- diiférentes entr'elles. Une jambe eft revêtue extérieurement & intérieurement d'un cpi^ derme , d'une peau , d'un tiflu ce'lulaire. Elle a des glandes , des mufcles , des artères , des veines, des nerfs. Ceux qui polfedent un peu d'Anatomie favent de plus qu'une glande , un mufcle, une artère font formés de la réunion ou de l'entrelacement d'un grand nombre de fibres & de vaiifeaux plus ou moins déliés, différemment combinés > arranges , repliés, calibrés. Les jambes de la Salamandre offrent tout ce grand appareil de parties olfeufcs & de parties J>HI0L SOPHIOUE. Part. IX. 377 molles. Pour exciter davantage l'admiration de lîionLedeur, il ne fera pas néceiliure que j'ea fafle un dénombrement exact & tel que l'Ana- tomie comparée le fourniroit. Il fuffira que je dife d'après Phabile Obfervateur qui me ferc de guide 5 que le nombre des os des quacie jambes eft de quatre- vingt dix-neuF. (7) Maintenant ne prendra-t-on point pour une fable ce que je vais dire ? Si l'on coupe ks quatre jambes de la Salamandre , elle eii repouflera quatre nouvelles , qui feront 11 par- faitement femblables à celles qu'on aura re- tranchées 5 qu'on y comptera , comme dans celles-ci , quatre - vingt dix - neuf os. ( 8 ) On juge bien que c'eft pour la Nature un grand Ouvrage que la reproduclion complète de ces quatre jambes , compofees d'un fi grand nombre de parties, les unes oileufes, les au- tres charnues : auffî ne s'acheve-t-elle qu'au bout de plufieurs mois dans les Salamandres qui ont pris tout leur accroiirement. Mais dans les pkis jeunes tout s'opère avec une cé- lérité ^1 merveilleufe , que la régénération par- ^7) P'-oz. Pag. 87. (s) Ibhi, Pas;. ^7, i 378 P A L I N G E' N rS I fr faite des quatre jambes n'eft que l'affaire de peu de jours. ( 9 ) Ce n'efi: d'^nc rien ou preRjue lien pou;r une jeune Salaniaudre que de perdre fes quatre jambes ^^ encore fa queue. On peut même les jui recouper plufieurs fois confécutives , fans qu'elle ceife de les reproduire en entier. Nocre excellent Obfervateur nous aifurc qu'il a vu jufq u'à Jix de ces rep^ odnBions fuccejjîves , ok il a compté fix cents quafre-vingt-fept os reproduits. (10) Il remarque à cette occafion , que la force reprodudive a une fi grande énergie dans cet Animal , qu'elle ne paroît point diminuer fen- fiblement après pîufieurs reprodudions , puifqus la dernière s'opère aujjl promptemenf^ qite les précédentes. [11] Une autre preuve bien remarquable de cette grande force de reprodudion , c'eit qu'elle fe déploie avec autant d'énergie dans les Salaman- dres qu'on prive de toute nourriture , que dans celles qu'on a foin de nourrir. ( ^^J [9] l'ros. Pag. 87, 88, [lo] Ibid. Pag. 93. [11 ] Jbid. Pag. 93. C,iî] Jbid, Pag. gg » PHILOSOPHIQUE. Part IX. 57, Ce n'ed plus la peine que je parle de la régénération des parties molles qui recouvrent les os des jambes. On préfume aiTez qu'elle doit s'opérer plus facilement encore^ que celle des parties dures ouj qui doivent le devenir. On ne fera donc pas fort furpris d'apprendre , que (î Ton obferve avec le microfcope la cir- culation du fang dans les jambes reproduites, on la trouvera précifémenc la même que dans les jambes qui n'ont iouiFert aucune opération. 0\\ y diftinguera nettement les vaiffeaux qui portent le fang du cœur aux extrémités & ceux qui le rapportent des extrémités au cœur. (13] Lorsque la reproducftion des jambes com- mence à s'exécuter , on apperqoit à l'endroit où une jambe doit naître nu petit cône gélatineux, qui ell la jambe elle-même en miniature, & dans laquelle on démêle très-bien toutes les ar- ticulations. [14) Les doigts ne fe montrent pas tous à la fois. D'abord les jambes renaif- iantes ne paroilfent que comme trois à quatre petits cônes pointus. Bientôt on voit forcir de la pointe de chaque cône deux autres cônes plus petits 5 qui avec la pointe du premier font [13] Proç:. Pag. 84, 8Ç. [14] Ibid. Pag. 82. 308 PALINGFNE'SIE les élémens de trois doigts. Ceux des autres doigts apparoiffent enfuite. (15) Si l'entière régénération d'un tout organi- que auflî compofé que l'ed la jambe d'un petit Qiiadrupede , eft une chofe très-merveilleùfe j ce qui ne i'eft pas moins , & qui l'eft peu.| être da- vantage , c'elt qu'en quelque endroit qu'on coupe une jambe , la reproduction donne con{^"am- ment une partie égale & femblable à celle qu'on a retranchée. Si donc l'on coupe la jambe à la moitié ou au quart de fa longueur, il ne fe reproduira qu'une moitié ou qu'un quart de jambe, c'eft-à-dire , qu'il ne renaîtra précifé- ment que ce qui aura été retranché. (16) Ecou- tons l'Auteur lui-môme : " Si au heu , dit- il , [17] „ de retrancher du corps de la Salamandre les 5, jambes tout entières on n'en coup^ qu'une „ petite portion , le nombre d'os reproduits 5, égale alors précifément le nombre retranché. „ Si l'on fait , par exemple , la fedion dans „ l'articulation du rayon , on voit renaître une ,55 nouvelle articulation avec le nombre précis .5 des os qui étoient au - delTous de l'articula- î5 tion. „ [15] Prog. Pag. 83, 83. [16] Ibid. Pag. 80 [17] Ibid. Pag. 90. » PHîLOSOVBIHUE, Part. IX. ^%i Nous avons vu que la Salamandre a des mj- chaires & qu'elles font garnies d'un grand nom- bre de petites dents fort aiguës. Chaque mâ- choire eft formée par un os ellytique auquel elle doit fa figure , fes proportions Se fa con- fiftance. On y obferve de plus divers car- tilages 8i divers mufcles , des artères , des veines, des nerfs, &c. [i8]Tout cela Te répare j fe régénère avec la même facilité , la même promp- titude, la même précifion que les extrémités: (19) mais nous fommes 11 familiarifés à préfent avec tous ces prodiges , qu'ils n'en font prefque plus pour nous. La 5'alamandre en a , fans doute , bien d'autres à nous offrir, plus étranges en- core , que nous ne foupqonnons point , & que la fagacité de fon Hiftorien nous dévoilera peut- être quelque jour. J'ai crayonné foiblement les belles décou- vertes de Mr. Spallanzani, d'après le précis qu'il nous en a donné lui-même dans fon Pro- gramme. Que de nouvelles lumières n'avons-nous point à attendre du grand Ouvrage dont ce Programme n'eft qu'une fimple annonce î Com- bien la fomme des vérités phyfioîogiques s'ae- [18] Prog. Pag. 96. C19] IM. Pag, 97. S%^ PâLINGFNE'SIE croîtra- t-elle par les profondes recherches da favant & fage difciple de la Nature î ( 20 ) [20] t f J'ai eu bien des fois la fatisfaftion tie contempler de mes propres yeux ces admirables reprodudbions de l'Ef- cargot & de la Salamandre que j'eiquiffois dans cet Ouvrage d'après l'Inventeur. J'ai raconté dans quelqr.es Mémoires ce que ces diverfes reprodu(n:ions mont offert de plus eîTentiel , & j'ai cflfayé de tirer des faits les conféquences qui m'ont paru en découler le plus naturellement. Ce font principalement ces couféquences qui m'ont fourni les principes qjie je cher- chois pour me rendre raifon à moi-même ce ces beaux plié- jiomenes, de l'Economie animale. Oeuvres ^ Tom, x, xi. C 383 ) ' DIXIEME PARTIE. NOUVELLES CONSIDE' RATIONS D E L' A U T E U R SUR LES REPRODUCTIONS ORGANIQUES. CHAPITRE PREMIER. îdée générale des principes de V Auteur fur les reprodu&ions organiques, x\ Ous venons d*aflifler à un grand fpec- tacle : nous avons contemplé quelques- une$ 3S4 PALIVGE^l^E'SIÈ des plus brillantes décorations du Règne or- ganique. Ce ne font en effet pour nous que de fimples décorations ; car les machines ou Jes refl'orts qui les exécutent demeurent cachés derrière une toile impénétrable à nos regards. J'ai tenté de fou lever \\\\ peu cette toile ^ & j'ai raconté dans mes deux derniers Ou- vrages, ce que )'ai entrevu. ( i ) La Nature ne m'a point paru former un Tout organique à la faqon d'une ardoife ou d'un cryftal ; je veux dire , par l'appofition fucceflive de quantité de molécules, plus ou moins ho- mogènes, à une petite Malfe déterminée & com- mune. Un Tout organique quelconque ne m'a point femblé un Ouvrage d'Ebénerie , formé d'une multitude de pièces de rapport , qui ont pu exiiter à part les unes des autres & être réunies en des tems différens les unes aux autres. J'ai cru voir qu'une tête , une jambe j une queue étoient compofées de parties fi ma- nifeftement enchaînées ou fubordonnées les unes aux autres ^ que l'cxiftence des unes fuppcfoit eifentiellement la coexiftence des autres. J'ai' cru reconnoître , par exemple , que Texiftence [i ] Corps org. Tqm. I, Chap. XII. Tom. il , Chap. i, II, III, V. C'ontemid. Part. VIT, Chap. y m, IX, x,xi, xii. Part, ix , Chap. i , ii. des PHILOSOPHIQUE. Part. .f. 58Ç des artères ruppofoit celle des veines j que rexif- tence des unes & des autres fuppofoit celle du cœur, du cerveau, des nerfs, &c. Des obfervations exades ont concouru avec le raifonnement pour me perfuader la préexif- tence fimultanée des parties diverfes qui entrent dans la compofition du Tout organique. Ces obfervations m'ont découvert plufieurs de ces parties Ibus des formes , fous des proportions & dans des pofitions Ci différentes de Pétat na- turel , que je les aurois entièrement niécon- nues G leur évolution n'avoit peu à peu mant- feilé à mes yeux leur véritable forme , & ne leur avoit donné un autre arrangement. J'ai reconnu encore que l'extrême tranfparence com- me l'extrême petitelTe , la forme & le lieu des parties contnbuoit également à les dérober à mes yeux. J'ai donc mieux compris encore qu'il n^ a point de coi^féquence légitime de l'inviiibilité à la nort-exirtence, & ce que j\\vois toujours foupconné m'a paru écrit de la main même de la Nature dans un bouton ou dans un œut J'ai donc tiré de tout ceci une conclufioii générale que j'ai jugée philofophique ; c'eft que Tome XV, B b 1 1^6 P A L I N G F N r S T E les Touts organiques ont été originairement pré- formés , 8c que ceux d'une même Efpece ont été renfermés les uns dans les autres , pour fe développer les uns par les autres ; le petit par le grand j Tinvilible par le vifible. Je n'ai point prétendu que cette préforma- tion fût fembîable dans toutes les Efpeces : je favois trop combien TIntilligence suprême a pu varier les mc^yens qui conduifent à la même fin. Toute la Nature attefle des fins gé- nérales & des fins particulières : mais , elle at- tefte aufil que les moyens qui leur font rela- tifs ont été indéfiniment diverfifiés. " Je ne 3, prérens point , difois - je , ( 2 ) prononcer fur „ les voyes que le Créateur a pu choifir pour 5, amènera Texiftence divers Touts organiques ; „ je me borne à dire , que dans Tordre aduel „ de nos ConnoifTances phyfiques, nous ne 5, découvrons aucun moyen raifonnable d'expli- 5, quer méchaniquement la formation d'un Ani- „ mal , ni même celle du moindre organe. J'ai j, donc penfé qu'il étoit plus conforme aux „ faits d'admettre au moins comme très-proba- „ ble , que les Corps organifés préexiftoient dès 3, le commencement. ,, £2] Tableau des Conjd. Art XIV* Il eft eu effec très - vriiiftmbla.ble c^ue diffé- rentes parties d'un Tout organique fe ré.géai5> renc par des moyens dilTérens. La diverfité det» parties exigeoit , fans douce , cette diverficé cor- rélative des moyens. Il eft allez apparent (ju© les parties fimilaires n'étoient pas fa-Kes po)*€ fe régénérer précifément comme les parties dit fimilaires. Ceci n'eft pas même fimplemenç yxaifeiiabJa- ble y c'eft un fait que robfervation établit. L'ée corce d'un Arbre , la peau d'un Animai fe ré- génèrent par des filamens gélatinçux , gui foiio comme les élémens d'une nouvelle ecorçe pi|: d'une nouvelle peau. Ces filamens ne repré^ fentent pas en petit l'Arbre ou l'Animal i jls ne reprcfentent en petit que certaines partie^ fimilaires de l'Arbre ou de l'Animal > je veux dire, des fibres corticales ou des fibres char- nues, qui par leur Evolution formeront une nouvelle écorce ou une nouvelle peau. Mais les branches ou les rejetons d'un Ar- bre, la tète ou la queue d'un Ver -de -terre font repréfentés en petit dans un bouton vé- gétal ou animal. Ce bouton contient adtuelle- ment en raccourci l'enfemble des parties iiité- Bb ^ 'in P A L I 1ce point qu'il exifte dans toute l'étendue de la jambe des ger- rhes <^u'on pôurroit nommer réparateurs , & qui ne contiennent précifément que ce qu'il s'agit ée remplacer ? fi] Voyez ci-tfeflïis, Part. IX , fur la fin, Il fliut même qu'il y ait \m certam nombre de CCS germes dans chaque point de la jambe ou autour de ce pointi puifque ft Ton coupe pluficurs fuis la jambe dans b même point elle reproduira conftarameat ce qui aura été re- tranché. J'ai rappelle à deifein dans la Partie V de cet Ecrit une remarque importante que j'avois faite ailleurs ( 3 ] fur le mot Germe, On en- tend communément par ce mot wj Corps orga^ vÀjé réànit extrènii'rient en petit y en forte que fi l'on pouvoit le découvrir dans cet état, ou lui trouveroit les mêmes parties efîéntielles que les Corps organifés de fon Efpece offrent très- en grand après leur évolution. J'ai donc fait remarquer qu'il efl: nécelîaire de donner au mot Germe une fignification beaucoup plus étendue & que mes principes eux-mêmes fuppofent ma- nifellement. Ainfi5cemotne défignera pns feu- lement un Corps oïgàmïh réduit eu petit y il âé- fignera encore toute efpece de préforwation orî^ ginslle dont un Tout organique f eut réfiilter commet de fou principe immédiat, ( 4 ) [ 3 ] Contempl. de In Kat. Part. IX , Chap. i. [4] Remarquez que je dis immédiat, pour diftingner la parties on les parties prJforme'cs en petit, du grand Tout dans leijuel elles font appelles à croître ou à fe développer:- Bb 4 59> P A L ï N G r X ^ S î E Il convient que je développe ceci un peu plus , puifque roccafion s'en préfente & que le fujet l'exige. Je prie mon Ledleur d'écarter pour un moment de fon Efprit l'idée d'un cer- tain Corps organifé pour ne retenir que celle d'une fimple fibre. CHAPITRE II I. Continuation du même fujet. Manière de concevoir les reprodu&ions dune fimple fibre , ^ par elles celles dhme rnemhrayie , d^un mufcle , d'un vaijjtau. &c. u Ne fibre , toute fimple qu'elle peut paroî* trc , eft néanmoins un Tout organique qui fe nourrit 5 croît, végète. Je retranche une de {es extrémités , & en peu de tems. elle reproduit une partie égale & femblable à celle que j'ai retranchée. car le grantl Tout ne peut être envifagé ici eomme le prin- cipe immédiat de la reproduftion : il n'en eH que la Gaule ¥ HIL OSO PH IQ^UE. Part. X. 395 Comment peut-on concevoir que s'opère cette reprodudion ? Je dis qu'il n'ell pas ne- cefTaire de fuppofer que la partie qui fe re- jDroduit préexirtoit dans la fibre (ous la forme d'un germe proprement dit, où elle ne diiié- roit de la partie retranchée que par fa peû- telfe , fa délicatefle & Farrangement de les mo- lécules conltituantes : en un mot , il n'eft pas nécefTaire de fe repréfenter la partie qui fe ré- génère comme concentrée ou repliée fous la for- me de globe , de nœud , de 'bouton , &c. Il fuffit de fuppofer qu'il préexifte autour de la coupe de la fibre principale une multitude de points organiques ou de fibcilles , qui font comme les élémens de la partie qui doit être repro- duite. En retranchant rextrémité de la fibre , j'oc- cafione une dérivation des fucs nourriciers vers ces points organiques ou vers ces fibrilles , qui en procure l'évolution. Je conçois donc que la partie qu'il s'agit de reproduire peut réfuiter du développement & de la réunion des fibrilles en un tout organi- que commun. On fait qu'une fibre qu'on nom- me fi:np!e , eft compofée elle-même d'une mul- titude de fibrilles ; celles-ci font compofées à leur 594 P A L T K G E' N IV S l tour d'un e multitude de molécules plus ou moins homogènes , qui font les é!émens premiers de la fibre j les fibrilles en font les éléniens fecon- daires. Mais il ne fe reproduit précifément dans Ja fibre que ce qui en a été retranché : j'eC fayerois de rendre raifon de ce fait en fuppo- faut que les élémens réparateurs ou régénéra- teurs placés dans les diiférens points de la fibre ont wnt dudilité ou une expanfibilité relative à la place qu'ils occupent ou exadement pro- portiojinelle à la portion delà fibre qu'ils font deftinés à remplacer. Ainsi, en i^dmettant, par exemple, feize parties dans la fibre principale, & en fuppo- fant qiron la coupe tranfverfalement dans le milieu de fa longueur, les élémens ou fibrilles logés autour d^ la coupe ou de l'aire delà fibre auront rcqu un degré d'expanfibilité originelle, tel qu'en fe développant , ils fourniront une longu^^ur de huit parties i c'eft-à-dire , qu'ils ref- titnc'nnt à la fibre une partie préciiément égale & fcmblable à celle qu'elle avoit perdue. Le dtgrc de dudlilité ou d'expanfibilité de la fibre ou des fibrilles paroit devoir dépendre en PNILOSOPHIOUE. Fart X, 59; «dernier reifort de la nature, Hu nombre & de l'arrangement refpedif des élémens & du rap- port fecret de tout cela à la force qui tend à chaffer les fucs nourriciers dans les mailles de la fibre & à écarter les élémens. Cet écart a un terme, & ce terme eft celui de Taccroif- fement. Et parce que fi l'on coupe la fibre dans la Partie nouvellement reproduite , il fe reproduira encore une partie pareille à celle qu'on aura re- tranchée ^ il cft naturel d'en inférer que les élé- mens fecondaires font formés eux-mêmes d'é- lémens que je nommerois du troifieme ordre , ikc, J'admettrois ainfi autant d'ordres primitifs & décroilTans d'élémens, qu'il y a de repro- ductions pofîibles : car comme je l'ai fouvent répété , je ne connois aucune méchanique ca- pable de former aduellement la moindre fibre. Je me repréfente toujours une fimple fibre comme un petit tout très-organife. J'ai dit ci-deffus [i] les raifons qui me perfuadent que ce tout eft bien plus compofé qu'on ne l'imagine. La con- iedure que je viens d'indiquer fur fa repro- duction ajoute beaucoup encore à cette com. pofition, & nous fait fentir plus fortement i 1 1 ] Part. IX , Chfip. II. i ^ij6 2' A L I N G F N £:" S I E qu'une fi m pie fibre d'un Corps organifé quel- conque eft pour nous un abime fans fond. AppLiauONS ces conjedures à la régénéra- tion d'une membrane, d'un mufcle, d'un vaiC- feau , d'un nerf, puifqu'ils ne font tous que des répétitions de tibres & de fibritîes. Ces fibres & ces fibrilles font liées les unes aux autres par des fi'ets tranfverfaux , qui renFerment pa« reiîlement les élémens des nouveaux filets ap- propriés aux régénérations ; &c. On entrevoit que l'arrangement originef ^ refpediF des fibres & des fibrilles , la manière dont elles tendent à fe développer en confé- quence de cet arrangement , l'inégalité plus ou moins grande de l'évolution en ditférentes fi- brilles , la diverfité dej; tems & des degrés de leur endurcilTement peuvent déterminer la for- me & les proportions de la partie qui fe ré- génère. Elles peuvent encore être prédétermi- nées par bien d'autres moyens phyllques dont je ne faurois me faire aucune idée ; mais qui fuppofent tous une préordination organique & une préordination telle que la partie qui fe régénère actuellement en foit le réfultat iin? médiat. f ^HILOSOPHIÇUF, JPart. X. 97 CHAPITRE IV. Quatre genres principaux de préformaîions organiques. Tremier genre» c ''Est à i'aide de femblables principes que je tente de me rendre raifon à moi-même de la régénération d'un tout organique fimilaire. Mais , quand il eft qucftion d'expliquer la re- produdtion d'un tout organique difîimilaire , il me paroît que je fuis dans rolligation philo- fophique d'admettre, que ce tout préexiftoit dars un germe proprement dit , où il étoit defîiné très-en petit & en entier. J'admets donc qu'une tète , une queue , une jambe préexiftoient ori- ginairement fous la forme de germe dans le grand tout organique où elles étoient appellées à fe développer un jour. Je confidere ce Tout comme un terrein & ces gern)es comme des graines femées dans ce terrein , «Se ménagées de loin pour les befoins futurs de l'Etre or- S^^nifé. 398 P A l I N G E' }^ £' S I E Ainsi je ferois porté à penfer qu'il exifte au moins quatre genres principaux de préforma- tions organiques. Le premier genre eft celui qui détermine la régénération des corupofés fimiiaires ; par exem- ple, d'une écorce , d'une peau, d'un mufcle, &c. Je dis , qu'à parler à la rigueur , ces for- tes de compofés ne préexiftent pas dans un germe qui les repréfente cxadement en petit; mais , ils fe forment par le développement & l'entrelacemeut d'une multitude de filamens dé- liés & gélatineux qui appartiennent à l'ancien tout qui les nourrit &; les fait croître en tout fens. Ces filamens ne font pas proprement des germes d'écorce , des germes de peau , &c i mais ils font de petites parties conftituantes ou les élémens d'une écorce, d'une peau, &c. qui n'exitle pas encore , & qui devra fon exiftence à révolution complète & à l'étroite union de tous les filamens. Si néanmoins on vouloit re- garder comme un germe chacun de ces fila- mens pris à part , ce fcroit un germe impropre- meut dit s car, il ne contiendroit que des par- ticules fimiiaires , & ne repréfenteroit , pour ainfi dire , que lui - même. Il feroit , en quel- que forte , à la nouvelle écorce ou à la nou- velle peau ce que l'unité eft au nombre. Ceft J> m LGSOPHIOUE, Van. X. 999 ce que j'ai voulu exprimer ci-deiTus en dé- fignaiit les principes de ces filarnens par les termes de points organiques. Il y a peut-être dans certains Animaux des Claiies les plus in- férieures, par exemple , dans les Polypes , des organes d'une ftrudure G fimple, que la Na- ture parvient à les former par une femblable voie. On ne peut pas dire , à parler exac- tement, que ces organes préexiftoient tout formés dans l'Animal j mais, il faut dire que les élémens organiques donc ils dévoient ré- fulter exiftoient originairement dans l'Animal , & que leur évolution efi: l'eiFec naturel de la dérivation des fucs , &c. Suivant ces principes , chaque partie fimi- laire, chaque fibre, chaque fibrille porte en foi les fources de réparation relatives aux dif- férentes pertes qui peuvent lui furvenir , & quelle idée cette manière d'envifager un Tout organique ne nous donne- t- elle point de Texcellence de l'Ouvrage & de rintelligence de i'OuvRiEfi! Il y a plus; nous avons vu ci-deflus. Ci) %u'il faut nccefTairement que chaque fibre, ClJPat. IX, Chap. ÏL 40O r A L J N G E N E S I i^ chaque fibrille foit organifée avec un ait (î merveiileux qu'elle s'alFimilc les llics nourriciers dans un rapport dired à fa ftrudture par- ticulière Se à fes fondions propres ; autre- ment la fibre ou la fibrille changeroit deftrudure en fe développant ,& elle ne pourroit plus s'ac- quiter des fondions auxquelles elle efl: defti- née. Son organifation primitive efl; donc telle qu'elle fépare, prépare & arrange les niolé. cuîes alimentaires de manière qu'il ne fuivient à Pordinaue aucun changement eli'entid à fa niéchanique Se à fon jeu. CHAPITRE V. Second genre de préformation organique. JLJ E fécond genre de préformation que je conçois dans les Touts organiques, elt celui par lequel une partie intégrante, comme une tète, une queue, une jambe, &c. paroit fe régénérer en entier. Je dis paroit , parce que dans mes principes il n'y a pas plus de vraie régénération que de vraie génération. Je ne me fers donc ici du mot de régénération , que pour PHILOSOPHIQ^UJÎ. Part. X. ^x pour déilgner la fimple évolution de parties préexiftaiitcs , & qui en fe développant rem- placent celles qui ont été retranchées ou que des accidens ont détruites, &c. Qu'on réfléchifle un peu profondément fur ce que j'ai dit [ i ] de rorganifation de \â, tète du Limaqon , fur celle de Ton cerveau, de fes cornes , de les yeux , de fa bouche 5 qu'on médite pareillement fur la (Irudure das mâchoires , des jambes & de la queue de la Salamandre ; qu'on fë demanda enfuite à foi- mème s'il eft probable que tant de parties diirimilaires , les unes charnues , les autres cartilagineufes , les autres olfeufes liées en- tr'elles par des rapports (1 nombreux , fî com- pliques , Çi divers & qui formenÇ par leur af- fémbîage un tout fi complet , fi harmonique, fi compofé & pourtant il exadement un 9 qu'on fe demande, dis -je, s'il eft le moins du monde probable que tant de parties dif- férentes Çi admirablement organifées , fi mani- feftement fubordonnécs les unes aux autres , fe forment ou s'engendrent féparément , pièce après pièce , par une forte d'appofitioa ou [ I ] Voyez cUdcîTus , partie pi-Jeédente. Jome XV. Ce 405 P A L î N a Ë" N £" S I E par une voie purement méchanique, plus ou moins analogue à la crylblliiation , & indé- pendanse de toute préformation origuielle.^ CHAPITRE V T. Troifieme genre de préfonnaicition Grgdiiiqne. U: N troifieme genre de préFormation qu'il me femble qu'on doit admettre eft celui qui détermine la reproduclion fimultanée d'un nom- bre plus ou moins confidérable de parties in- tégrantes d'une Plante ou d'un Animal. Telle eft, par exemple, cette préFormation en vertu de laquelle les branches d'un Arbre fe reproduifent. Chaque branche eft d'abord logée dans un bouton , qui eft une forte de graine ou d'œuF. Toutes les parties de cette branche y font enveloppées , concentrées , pliées & repliées avec un art qu'on admire d'au- tant plus qu'on fobferve de plus près. Cette branche eft bien un Arbre en miniature i mais cet Arbre n'eft pas auiîi complet que celui que retiFcrmc la graine : celle-ci contient i PtilLOSOVltîHVK Part. X. '4a| non- feulement la petite tige & Tes branches; elle contient encore la radiciile: le bouton lie renferme qiie lâ plumulé ou la petite tige , &c. [ I ] Ce que la reprocîudlion d'une brandie eft à un Arbre , la reproduction d'une partie an- térieure ou d'une partie pofterieure Telt, en quelque forte', à un Ver- de- terre. Une partie antérieure de ce Ver fe nient re d'abord fous la forme d'un très - petit boiiton , qui parois i\(fez analogue au boUton végétal. Ce bouton ne renferme pas feulement une tête avec toutes les parties qui la co'nflituent , il renferme en- core une fuite d'anneaux & un aifèmblage de vifceres qui ne font pas partie de la tète ^ mais qui l'accompagnent & qui fe développent avec elle. On obferve à -peu -près la même chofe dans la reprodudion de la partie antérieure de certains Vers d*eau douce. [ 2 1 Je ne fai.3 qu'indiquer ici quelques exempîés particuliers : ils fufiiront pour faire entendre ma penfée. Si je m'étendais davantage , cet (r) Corps oyg. Art. CLXXX , CLXXXI , CLXXXÎÎ , CLaX'XY* [a) Voyez le Trente ^V Lifecîob-le , P:irt. li. Cor^i «r^ IC'.mfés^ Art. CCXi VI , CCXLVli. Ce 1 404 PALINGFNFSIE Ecrit devieudroit un Traité d'Hiltoire naturelle , & mon Pian ne le comporteroit point : je pafle donc fous filence bien des chofes que je pour- rai développer ailleurs. [ 3] CHAPITRE VIL Qiiatrieme genre de f réformation organique. Remarques ejjenti elles, JCiNFIN , un quatrième genre de préFormation cil celui auquel le Corps organifé entier doit fon origine. Les trois premiers genres , comme on vient de le^voir, ont pour fin principale la confer- vation & la réintégration de l'Individu : ce qua- trième genre a pour fin la confervation de FEC- pece. (3) tt C'efi; ce que j'ai exécuté dans les Réflexions qiu. terminent mes deux premiers Mémoires fur les reprodudion^ merveilleufes de la Salamandre aquatique. Oeuvres : Tom. X[ , C'eft là que j'ai expofé mes dernières méditations fin- ies régénérations de ce genre. Je les ai puifées dans les faits que j'ai vus & revus moi-même bien des fois. PHILOSOPHIQ^UE. Part X, 40? Une Plante, un Animal font defîinés en miniature & en entier dans une graine ou dans :jn œuf. Ce que la graine eft à la Plante , l'œuf l'eft à TAnimal. ( i ) On n'a pas oublié ce que ;'ai dit plus haut , que les Petits des Vivipares .ont d'abord renfermés dans des enveloppes ana- ugues à celles de l'Oeuf: on connoît les ovai- res des Vivipares. [ 2 ] On ne doit pas néanmoins inférer de ceci, que chez toutes les Efpeces d'Animaux , les Petits font d'abord renfermés fous une oa plufîeurs enveloppes ou dans des œufs : ce feroit tirer, une conféquence trop générale de faits particu- liers. L'Auteur de la Nature a répandu par* tout une 11 grande variété que nous ne fau- rions nous défier trop des concîufions généra- les. Combien de faits nouveaux ^ imprévus font venus détruire de femblables concîufions tju'une Logique févere auroit defavouées / Nous ignorons quel eft l'état du Polype avant fa naif- fance j mais nous favons au moins que lorfqu'il fe montare fous la forme d'un petit bouton , ce bouton ne renferme point un petit Polype, ( 1 ) 1 1 Js renvoie ici an parallèle des Pliutes & . des Animaux qui fe trouve Part. X de la Contsm^laticn, Chap. I, II , III. (2) C<}m. Part. VII, Chap. x, xi. Ce 3 4o6 Pj!LINGrNFSI£ Se qu'il efl: lui-même ce Polype qui n*a pas. achevé de fe développer. ( 3 ) Nous favons en- core qu'il Gxifte une autre Efpece de Polype qui s'oiTre à ia naiflance fous l'apparence trom- peufe d'un corps oviforme , qui n'eft pourtant que le Polype lui-même tout nud , mais plus pu moins déguifé. (4) Les Polypes à bouquet font d'autres exceptions bien plus (înguliercs encore , & qui nous convainquent de plus en plus de l'incertitude , pour ne pas dire de la fauiTeté de nos conclufions générales. ( ç ) Les; Animalcules des infufions nous fourniroient beau- coup d'autres exceptions , & il eft très-probabits que ce qu'on a pris chez eux pour des œufs n^en étoit point. Je l'ai répété plus d'une fois, nous tranf- portons avec trop de confiance aux Efpecesles plus inférieures les idées d'Animalité que nous puifons dans les Efpeces fupérieures. Si nous réâéchiflions plus profondément fur i'immenfe ( 3 ) Con/^d. fïii' les Corp org. Art. ClxXXV. ContewpL Part. V'iir , Cii^p. xv. (4) Voyez TArt. CCCXXI îles Corps org. & le Chap. Xlll dç la Par. Vlll Je la ContewpL ( ç ) Cc'/ps erg. Art. CXCIX , CCI , CCCXIX 5 eCCXXL, Côntempl. Part. Vill, Ch!>p. XI. P HILO SQimi^UE. J'art. X. 407 variété qui régne dans l'Univers , nous corn- prendrions combien il ell: abfurde de renfermer ainfi la Nature dans le H:ercle étroit de nos foi- bles conceptions. J e déclare donc que tout ce que j'ai expofé ci-defTus fur les divers genres de préFormations organiques regarde principalement les Efpeces qui nous font les plus connues ou ilir Icfqueiles nous avons pu faire des obfer- vations exactes & fuiyies. je fais proFeiîion d'i- gnorer les loix qui déterminent les évolutions de cette foule d'Etres niicrofcopiques dont les meilleurs verres ne nous apprennent guère qu€ Texillence , & qui appartiennent à un autre Monde que je nommerois le Monde des învifibles. Au refte ; on comprend afTez parce que j'ai expofé , que les trois prenviers genres de pré- formations organiques peuvent fe trouver réunis dans le même Sujet & concourir à fa pleine réintégration. A l'égard de la force ou de la puiiTance qui opère révolution des parties préformées , je ne penfe pas qu'il foit befoin de recourir à des qualités occultes. Il me femblc cjue l'impulfion du cœur & des vaificaux eft une caufe phyfi- que qui Iblrfit à tout. \_6). Si l'impuliion s'af^ (6) Coiifultez les Articles clxiii , çl^iv , clxv tles Corps ornan. Ce 4; '^o8 rALiNGFNFSIE foiblit beaucoup aux extrémités ou dans les der- nières ramifications , il eft très-clair qu'elle ne s'y anéantit pas. D'ailleurs , les parties préfor- mées qu'il s'agit de faire développer en tout fens font d'une telle délicatefTe , que la plus légère impu'fion des liqueurs peut fuffire à leurs pre- miers développemens. A mefure que ces parties croifTent elles fe fortifient & l'impulfioa aug- fnente , &c. Dans les Infeéles qui n'ont pas un cœur proprement dit, il y a toujours quelque maître vailieau ou quelqu'autre organe qui en tient îieu. On voit a l'œil ce maître vaiifeau exercer avec beaucoup de régularité fes battemens al- ternatifs dans de très-petites portions de cer- tains Vers d'eau douce coupés par rnorceaux ,* & ces portions deviennent bientôt des Vers complets. J'ai vu tout cela & l'ai décrit. [7^ Les Plantes fe développent comme les Ani- maux : il y a chez celles-là , comme chez ceux-ci, un principe fecret d'impulfion qui fe retrouve slans chaque partie & qui préfîde à l'évolution. Il cft prouvé que V Irritabilité eii le priii- (7) Traité i' Life ciologie^ Part. II, Obi", m, XV. Co)-^s tfr^. Art. CXCii. PHILOSOPHIQ^UE. Pan. X. 409 cipe vital dans rAnimal. C'eft l'Irritabilité qui eft la véritable caufe des mouvemens du cœur, (g] Nous ignorons encore le principe vital de la Plante: peut-être y en a- t- il pluHeurs fubor- donnés les uns aux autres. (9) [8] Voyez Corps org. Art. CCLXXXV. Coniempl. de U Nature, Part, X , Chap. xxxm. [9] tt II eft une autre forte de reprodiiélion orga- nique que mon Lefteur me faura gré de lui faire connoître i je veux parler de celle des nerfs des grajids Animaux. Mais , pour qu'on fente mieux tout ce qu'elle doit renfermer de merveilleux , il faut favoir un peu comment les nerfs font faits. On n'ignore pas à quel point les Phyfiologiites font partagés fur ces organes qui jouent un rôle fi important dans l'économie animale, & dont il eiè fi difficile' de péné- trer la ftrudure. Un Phyficicn célèbre vient de publier fur ce fujet ténébreux des recherches intéreiîlmtes que je a'aii- rois pas manqué d'inférer dans mes Notes fur la Coniempl. de la Nature, fi elles m'avoien-É été connues quand je m'oc- cupois de la révifion & du perfectionnement de cet Ouvrage. Mais, comme j'avois deftiné la Palingénéjit à fervir de fup- plément à plufieurs de mes Ecrits , je ne m'cloignerai pas de cette deftination en plaqant ici des oblervations curieufes qui ajoutent beaucoup aux grandes idées que j'ai tiiché de donner de l'Economie organique & de fes plus beaux phé- iiomeaes. Oiiand on obferve les nerfs de quelques Qiiadrupedes à une loupe foible ou même à la fimple vue, on efi: d'abord frappé ^V\m fpe6bcle ttès - attachaa: & qu'il eft fLiguIicr que l«s ( Anatomiftes ireiifTeiit pas apperçu. Repréfentez-voiis un petrfe ruban de couleur blanche , artiftcment roulé en fpirale au- tour d'une verge ou d'un petit cylindre de couleur obfciire, & vous aurez une idée des premières apparences fous iel- quelles les nerfs fe montrent alois aux yeux de l'Obfervateur. Ces apparences n'affeclejit pourtant pas \\\\q régularité conf- tante; elles offrent bien des variétés qui fixent agréablement Tattcntion. Eu général, les ba^^dcs blanches font par -tout d'une largeur à- peu -près égale »fe efpacées alTez régulière- ment, & la couleur obfcure des intervalles qui les féparcnt relevé encore leur blancheur. Tantôt ces bandes marchent parallèlement les unes aux autres 5 tantôt elles s'inclinent plus ou moins ou fe crcifent fous différens angles : d'autres fois elles paroiffent s'engrener comme des dents de roues , &c. Mais tout cela n'efl; dans la iiéali!"é qu'uile jolie décoration , une agréable illuflon d'Optique , qui ne peut tromper qu'un Spectateur moins circonfped que celui auquel nous devons ces curieux détails. Une loupe plus forte & une lumière plus favorable font difparoître les fpirales blanches & ne laiffent voir que des filets ondes ou tortueux , qui courent le long du nerf, & l'on commence à fe perfuader que le nerf lui- même rcfulte de leur aiTcmahige. Si l'on pouîTe plus loin l'exim^ni & fi l'on recourt fà des loupes qui augmentent 7 à 800 fois le diamètre de l'objet» on- prendra des idées plus exadt^s de l'organifation des nerfs- On reconnoîtra avec furprife que le plus petit nerf, comme le plus grand , eft formé d'une multitude de cylindres creux, longs, tranfparcns , uniformes & très - fimpîes , remplis d'une humeur diaphane , gélatlneufe & infolubîe à l'eau. On ne ^Iccouvrira point {dii^ étonncment , que chacun de ces très-petits cylindres , eft renfermé dans une forte de gaine , dont la tunique» ;nqin5 fine que celle des cylindres, eft formée i^'\:ii\ iiqnib.rç pro" PHILOSOPHIQUE.' Fart. X, 411" digieux de filets tortueux ou onde's j & ce font ces filets qui fc montrent d'abord fous l'apparence trompeufe de fpiralcs blanches. Ils font plus fins que les cylindres , & égalent à peine la l__ i 13000 d'un pouce. Ils forment pourtant une enveloppe qui a de l'épaîf- feur , parce qu'ils y font fort multipliés. On voit afifez que ces filets font une dépendance du tiiïii cellulaire , fi générale- ment répandu dans le Corps des Animaux & des Végétaux. Les tubules cylindriques paroiffent être les élémens premiers du nerf; au moins feroit-ce bien en vain qu'on tenteroit de les divifer ultérieurement avec les plus fines aiguilles. De- grands Anatomiftes fe trompoient donc quand ils penfôient que les filets nerveux font eux-m^mes compotes de filets plus petits, ceux-ci de plus petits encore, & ainfi à Tindéfiai. Je viens d'efquifTer les belles obfeivations de Mr. F- Font- T AN A fur la ftrufture des nerfs : ceux qui dcfireront plus de détails confulteront l'Ouvrage de cet habile Phyficicn , publié l'année dernière 1781 , fous le titre de Traité fur /? ^cnîn de la Vipère , ^c , ^ Obfervations fur la flrucinrc primitive du Corps animal , &c. Mais M. FoNTAIVA nc- s'eft-il point lui-même 'trompé lorfqi>e après avoir tenta inu- tilement de divifer ultérieurement avec les plus fines aiguilles les cylindres dont j'ai parlé , il en conclut qu'ils font les élémens primitifs du nerf & qu'ils ne font point fufceptibles d'une divifion ultérieure? Combien cft-.il probable que ces cy- lindres qu'il a décrits & repréfcntife par des figures ne font point aiifli fimples qu'ils lui ont paru Têtre ? DifiTéqueroi^- on wn cheveu avc,c un fabrc? r CLuoi qu'il en foit, les recherches de i^otre Auteur nous montrpnt déjà une affez grande comnofition dans les nerfs 412 V â L I X G F 7^ L' S I £ pour que leur reprodadion chez les Qiiadrupedes doive nom- paroître bien remarquable. De favans Anatomiftcs «voici, t douté de cette reprodudlion , & les premières tentatives li notre Obfcrvateur a voient paru fortifier ces doutes. Les extre'- mités du nerf coupé à un Lapin vivant parvenoient bien à fe réunir par de nouvelles productions ; mais ces produftions fcmbloient n'être qu'un fimple prolongement des filets du tiffu cellulaire ; car en obfervant au microfcape ces nouvelles productions on n'y apperceveit point les tubes cylindriques qui conftituent le nerf. Peut-être néanmoins que la Nature n'avoit pas encore achevé fon Ouvrage & que l'Obfervateur s'étoit trop prelTé de croire qu'il fcroit demeuré imparfait. ^ il feroit polîible qu'elle commençât, au moins en divers cas i par reproduire le tilTu cellulaire avant que de reproduire les cylindres. Qiii fait encore fi le tilTu cellulaire n'cft point l'or- gane régénérateur des cylindres ? Mais je me hâte de fixer les doutes qu'on pourroit concevoir fur la reproduction des nerfs : dans deux expéri'ences plus hcureiifcs & plus décifivcs, faites de même fur un Lapin , l'Obfervateur a eu la fatisfar- tion de s'affurer d'une vraie régénération ncrvcufe: c'a été fur le ;îerf de la huitième paire , dont il avoit enlevé uite portion longue de fix lignes. De nouvelles productions vrai- ment nerveufes qui s'étoient faites aux deux extrémités avoient remplacé la portioa retranchée. Le neiT étoit feule- ment plus délié â cet endroit. Obfervé à une loupe foible, il montroit là les mêmes apparences de bandes fpirales dont j'ai fait mention j & obfervé avec une loupe très -forte on diftinguoit nettement les tubes cylindriques nouvellemene re- produits. Ils diminuoient lenfiblement de diamètre à mefure qu'ils s'app rochoient du point de lejiiF réunion. Cette réunion dcÈ cylindres produite par chaque extrémité du nerf étoit parfaite 5 enforte qu'en allant ainfi à la rencontre les uns des FHILOSOPHIQ^UE. Part. X. 41J antres , leurs extrémités pnrvenoient à s'aboucher fi bien qu'ils formoient un nouveau tout nerveux exadement continu , & qui étoit recouvert d'un nouveau tiffu cellulaire , bien garni de fes filets tortueux, auxquels tenoient quantité de corpufcules 0 vif ormes. Qiiel n'eft point le travail de la Nature dans cette mer- Veilleufe repr^dudion d'organes fi fins & dans lefquels on découvre déjà une fi grande compofition ! Combien l'Ana- tomifte Philofophe defireroit-il de pouvoir pénétrer toutes les particularités intérefikntes que recelé cette reprodudion, & fuivre à Tœil fes progrès , fes phafes, fes anomalies ! Il y a bien lieu de préfumer que cette belle propriété n'eft pas rcfîerrée dans les limites étroites de quelques nerfs & qu'elle s'étend à beaucoup d'autres , pour ne pas dire à tout le genre nerveux. Mais, il eft fans doute, des nerfs dont la pofition ou les circonftances particulières favorifent plus la régénér:- tioji qu'elle n'eft favorifée dajis d'autres nerfs. Cette décou- verte eft bien propre à fouteni.r refpérance du Chirurgien en divers cas plus ou moins importans j car quelles hautes idées ne lui donne -t -elle pas des refîburces de la Nature rela* tivemeut à la confoljdation des plaies & à la réparation des fractures î Au refte; quand on a contemplé de fes propres yeux le> admirables rcproduftions de la Salamandre , on n'eft pa? fort étonné de la régénération d'un nerf de Lapin. Combien de nerfs fe régénèrent dans les différentes opérations qu'en faitfubir à la Salamandre ! Je dis plus i combien de phics\ énormes du Corps humain oii qu.uitité de nerfs fe font régc. rérés oonime chez la Salamandre ! J'en ai donné des eKempks très-reawrquables ( Cû^.tem^L Part. X , Chapitre- XXVI , Note 6. ) Les parties fimihires des grands Animaux fout, en quelque f^rte, des Polypes qui fe rége'nerent à la manière de ces Animaux finguliers ou d'une manière ana- logue, llbid. Part. VIIÎ, Chap. XVIII.] , - Les obfervations de notre Phyfiologifte fur la ftruclure prî- jiiitive des nerfs l'ont conduit â des reclierchcs fur celle du cerveau , des tendons , des mufcles , du tiflii cellulaire , &C. Je n'en tracerai que les principaux réfultats : ils réporidront au but de cet Ecrit. Obfervée avec de fortes lentilles , la fubftaiîcc médullaire' du Cerveau paroît formée de l'alfemblage d'une multitude ir.nombrable de tubules ou de très -petits cylindres creux , courts , tortueux , grouppés & repliés de mille & mille manières, tranfparens, pleins d'une humeur gélatineuff indilToluble à Tcau , & auxquels adhèrent une infinité de corpufcules arrondis en forme de fpheres ou de fphéroïdes , & diaphanes. La même organifation eilentielle fe retrouve dans la fubf. tance corticale; feulement les tubules eii font plus fins ou phis difficiles à découvrir que ceux de la fubftancc médul- laire. Ils tiennent pareillement à des corpufcules fphéroides» tranfparens & remplis d'une forte de gelée infoluble à l'eau. Voilà tout ce qu'il a été permis à TOfervateur ite décou- vrir fur l'organifation fecrete des deux fubftances du Cerveau. îî aiiroit bien déliré de faiiir le point où les tubules de l'une s'abouchent aux tubules de l'autre; mais il ne lui a pas été pofTible de pénétrer jufques-là dans un labyrinte fi ténébreux. IConf, CoiUmpl. de h Kîd. Part, VU , Chap. ï, Note 2.] PHILOSOPHIQUE. Parf, X. 41Ç La ftriidure primitive des tentions fe montre d'abord Toik des apparences qni femblent les rapprocher heaucoup des nerfs i ils en différent néanmoins par des caradleres bien ef- ft-ntiels. torfqu'on examine un tendon à la vue fimple ou à une loupe foible , on croit y appercevoir ces mêmes fpirales blanches qui fe font tant remarquer dans les nerfs j mais en redoublant d'attention les apparences changent , & au lien de fpirales on ne voit plus que des taches blanches difîe- minées dans toute h longilciTr du tendon. Cependant ce ne font encore là que de pures apparences & qui ne tiennent pas contre de fortes loupes. A l'aide de femblables verres l'Obfervateur parvieni à s'afiTurer qï!e lé tendon eft forme de rcnfemble d'une mailtitude de très-petits faifc^aux longitudi- aiaux Se ondes , entre lefqueîs règne un tiffii cellulaire. Cha- que faifcean eft lui-même compoTé à\u\ très - grand nombre de fils cylindriques d'une finelTe extrême , qui ne font point crcnx ou vafculaires comme ceux des nerfs , & qu'on lie parvient pas non plus a foudivifer en dViUtres fils. Ces fils cylindriques, qu'on diroit les élémcns primitifs dn tendon^ font beaucoup plus déiij^s que les tubules propres des nerfs. Ils préfentent par-tout le même diamètre, & font par -tout iiomogenes ou uniformes. Un tifTu cellulaire flexible , élaf- tique , prodigieufcment délié & compofé , comme dans les nerfs, de très-petits cylindres tortueux & tranfparcns , en- chaîne les uns aux autres tous les fils du tendon. De la réu- nion d'un certain nombre de ces fî!s refult;! un faifccau ten- dineux, & de la réunion d'un certain nombre de ces faifceaux réfuite le tendon. Comme les tcncious , les mufcles font compofés d'une niul- HtuJc 'de faifccaîTx ]e^gitiuitfl?.T^x, compofis eux - mêincs- de 4i<î P A L I N G F N E" S I E fiîs cylindsViquGs foîidcs ou non vafciilaires; mais plus dtdits que ceux des tendons , & qui en différent principale- ment par de fCtites rides trahfrerfes , placées à dif- tantes ô-peu-prês égales , & qu'on prendroit pour autant de très-petits diaphragmes qui divifent chaque fil en parties à- peu-près égales. Tous les faifceaux font enveloppés d'un tiffu cellulaire , qui comme celui des nerfs & des tendons , pré- fente un amas de très-petits cylindres tortueux & diaphanes. Ces curieufes obfervations de M. Fontana fur les fubf- tances nervcufes , tendineufes & charnues l'ont mis à portée d'affigner les vrais c'araéleres qui différencient ces trois fubf- tances ; & ce n'eft pas un petit fervice qu'il a rendu a la Phyfiologie. Au moyen de ces caractères il ne fera pas diffi- cile de décider je ne fais combien de controverfes qui par- tagent depuis long-tcms les Anatomiftes. Je vais retracer en peu de mots ces différences caractériftiques. Les cylindres nerveux primitifs qu'on feroit difpefé h re- garder comme les organes les plits delîés du Corps animal , le font pourtant beaucoup moins que les cylindres primitifs des tendons & des mufcles. Ils en différent encore par l«ur ftruéture : ils font creux ou vafculaires & les autres font fo- lides intérieurement. Mais il eft une chofe commune aux filets nerveux & aux filets tendineuvj ils paroiffent ondes & marchent en ferpentant. Les filets primitifs des mufcles ne t^rpentent pas & font étendus en ligne droite. Ils fe dif- t'nfruent fur-tout des filets des deux autres genres par les petits diaphragmes cjui femblent les divifer dans toute leur lon.venr. On avoit cru afTez généralement que les te-ndons ne font qu'un prolongement de îs fubilancc chaviuie des mufcles, de- venue PÉ îLOSOPÎilOUE. Part. X. 4if venue plus compade ou plus ferme aux extrémités: notre Obfervateur s'eft convaincu par des recherches immédiates que les faifceaux des mufclcs reftent charnus & ne. deviennent point tendineux aux extrémités. Les faiiceaux tendineux & les faifceaux charnu* forment deux fubftances de genres eC- ientiellement différens & qui ne fe confondent pas dans une* même maiïe organique. On voit très -bien les faifceaux des deux genres s'infinuer les uns entre les autres & former une forte d'engrenement. Il faut donc corriger par cette obfer- vation ce que je difois Coutejnpl. Part. VÎI , Chap. ÎI, Note i. On peut être curieux de favoir quels font les organes le? plus déliés du Corps animal : notre Obfervateur croit s'être alTuré que ce font les cylindres tortueux & tranfparens dont le tiffa cellulaire eft compofé. C'eft une chofs bien merveil- leufe que ce tiiTu. Il eft préfcnt par-tout & jufques dans les organes les plus fins. Non feulement il fournit une enveloppe générale aux faifceaux nerveux; mais il compofe encore une gaîne à chacun des tubules dont ces faifceaux font formée , H revêt de même les faifceaux des tendons & des miifclcs^ Les petits cylindres toftueux qui le earaftcrifent fc retrouvent dans les parties, les plus dures comme dans les plus- molles ou les plus délicatesj dans les cheveux, dans les Ongles, dans les cartilages , dans les os & même dans l'émail des dents. Ils furpallent en fineffc les filets les plus déliés des tendons' & des miTfcles qui font déjà fi prodigieufemcnt fins. Ils font plus déliés encore que les vaiffeaux fanguins qui n'admettent à la fois qu'un feul globuje rouge. Ils font infiniment muU: tipliés dans les touts organiques qu'ils tompofent; & notre Phyfiulogifte n'héfite pas à affirmer que de fix pa-tles doiît Tome XK D d la fubftairce teiulineufe ou mufcuiaire eft compoféc , il y ca a au moins cinq qui ne font formées que des cylindres tor- tueux du tîfTu cellulaire. Il réfulte donc de tout ceci une vérité qu'on n'anroit pas foupqonnée 5 c"eft que le Corps ani- mal n'eft prefqu'cn entier qu'un Compofé fmgulier de cy- iiudrcs tortueux infiniment petits. On juge bien qu'il n'eft pas pofiible de s'afTurer par dts obfervations direftes fi ces cylindres font folides ou creux : leur prodigicufe fineffe les met trop hors de la portée oie nos meil- leurs inftrumens 4 maison peut conjedtureravec fondement qu'ils font creux & qu'ils remplirent des fondions importantes dans le grand ouvrage de la nutrition & de l'accroilTement. Je reviendrai ailleurs à cette conjedure. Au refte? M. Fontana n'eft pas le premier qui eût ap- perqu ces cylindres tortueux du tiffu cellulaire : il nous apprend lui-même qu'il avoit été précédé dans cette belle découverte par un grand Anatomifte d'Ecofle , M. Alexandre Mon- JR.0 , iîont il rapporte en abrégé les obfervations. Mais ce n'eft propiesnent ni à M. Monro ni à M. Fontana qu'on doit la première connoifTance des cylindres dont il s'agit : c'eft au célèbre Ferrein, qui les avoit découverts, très- bien [décrits & très-bien repréfcntés dans de bonnes Planchas dès avant 1749. Confultez fon excellent Mémoire fur lajlrtic- ture des Vifceres ^ &c , qui fe trouve dans le Recueil de rACADÉMlE DES SCIENCES pour la même année. J'en avois fait mention & je m'y étois arrêté avec complaifance dans TArt. CCCLVI des ConJîAératiom fur les Corps organifés ^ publiées pour la première fois en 1762. Mîiis ce que le favant Ferrein n'avoit pas vu & qu'il a'avoit probablement pas foupqonpé , c'eft qyCon retrouvcroit VHILOSÔPHIQ^UR Part. X, 419 lies merveilleux cylindres dans le Règne végétal j & c«- qui él beaucoup plus fuigniicr, dans le Règne minéral . Meflieiir« AloNRO & FoNTANA Ics ont obfervés diftindtement dans lés terres , dans les pierres , dans les fels , dans les demU mctaux, dans les métaux, dans l'or même, fait brut, foit monnoyé. Nous ne nous prefîerons pas de croire que ces cylindres tortueux qui apparoiffent dans les. fîibftances minérales & mé- talliques foient de même nature que ceux qu'on découvre dans les fubftanccs organifées. Nous ne nous preflerons pas d'en inférer que toutes ces fubftances participent au même foni de ftruclure & qu'elles ne compofent qu'une feule & grande Far.ûilc d'Etres organilés. Il eft pofTible que des Corps elïen- tiellcment difFérens revêtest les mêmes fofmes extérieures pai (ies caufcs très- diverfcs. Combien de Corps de genres trcs-divers auxquels la Nature fait revêtir la figure hexagone, par des procédés qui ne fe reffemblent pas î J'ai fait fentir en difFérens endroits de mes Ecrits la différence effciltlelle qui clî: entre les Corps organifés & les Corps bruts, [voyez en partie culier la Note 12 du Chap. IV de la Part. III de la Cont. ] Et cette différence qui eft fi bien caradtérifé^ doit rendre le Naturaliftc fort circonfped à l'égard des conféquences qu'il feroit tenté de déduire des rapports de fimilitude qu'il dé- couvre dans les formes extérieures des Etres de ces deux Cîaifes. Des caufes purement méchaniques pelTvent produire des cylindres tortueux dans les fubftances minérales 5 mai«; très-ftirement ce ne font pas de femblables caufes qui pro.* duifent les cylindres tortueux du tiffu cellulaire des Animaux & des Végétaux. J'en ai dit ailleurs les raifons^ & j'ai alTe^ jnfifté fur ce point fi important de Phyfique organique : ma- i'ai fait remarquer au^ ^ii'il fcKiit; pofiible que I«s fabÇ*- 420 V A L î 21 G B -N k S ï É tances minérales recélanTcnt une forte de ftniaUre primof^f diale ^ qui fe rapprochât un peu de celle des fubftances or^ ganifées ; [ Conf. le Chap. XVII de la Part. VIII de la Co}it. ] & il faut coiiYCiiir que la découverte imprévue des cylindres àortueux dans les fubftances minérales ne favorife pas peu l'opinion que j'avois expofée. Des recherches plus approfon- dies fur les cylindres des minéraux fixeront peut-être ijps ïdées fur leur nature fecrete & nous dévoileront de urnivelles féjités que nous ne foupçonnofls pas. ( 421 ) ■■'m fe^ — -= ^r^^?^te^ ■- ===== r^ ONZIEME PARTIE. mf RÉFLEXIONS SUR l E S NATURES PLASTIQ^VES. NOUVELLES CONSIDÉRATIONS DE L'AUTEUR SUR L'ACCROISSEMENT, ET SUR LA ÊRE'EXISTENCE DU GERME. CHAPITRE L •.f Divers exemples aufujet des Natures plaftiques. Redi , Kepler , Hartsoeker , &c. JLJ'Ans un tems où la bonne Pbyfique étoft encore au berceau & où les Efprits n'étoient pas Dd 3 422 F yl L I N G F N F s: I E familiarifés avec une Logique un peu rigoureiifej on recourait à des Vettus occultes , à des Na^ tures plafiiques , à des Ames végétatives pour ex- pliquer toutes les Productions & Reprodudions végétales & animales. On chargeoit ces Natures ou ces Ames du foin d'organifer les Corps \ on imaginoit qu'elles étoient les Architcdes des Edifices qu'elles hobitoient & qu'elles favoicnt les entretenir & les réparer. Nous nous éton- nons aujourd'hui qu'un Redi , ce grand def- truéleur des préjugés de l'ancienne Ecole, & qui avoic déniontré le premier la FaufTeté des générations équivoques , eût recours à une Ame végétative pour rendre raifon de l'origine des Vers qui vivent dans l'intérieur des fruits <^ de bien d'autres parties des Plantes. Il fumble qu'il devoit iui être très-facile après avoir dé- couvert la véritable origine des Vers de la viande, de conjeclarer que ceux des fruits avoient la même originel qu'ils provenoient aulîi d'œufs dépofés par des Mouches. Mais , Il n'avbit pas été donné à cet Hercule de terraôer tous les Monftres de l'Ecole. ( i J On ne parvient guère ( I ) t f C'e'toît encore à une Amç formntrice qiiQ Redi attrîbuoit Torigine des Vers des galles qui nallfcnt fur les Plantes , dont les elpece? font Ti nombrcufcs & fi diver- fifices , &: qiroii fait provenir des œufs de difFércns Infeftes.. [ Voy. Ccniempl, Part. XI , Çhap. V Note 7. ) L'iliuilre, Reav- VHILOSOPHIQ^VE. Part. XI, 42? à fecouer tous les préjugés , même dans un feul genre. Qiiand un Génie heureux s'élève un peu au-deiTus de Ton Siècle , il retient toujours quel- que chofe du Siècle qui Ta précédé , & de ce- lui dans lequel il vit. Ses erreurs & Tes mé- prifes font un tribut qu'il paie à THumanité , & qui confole de fa fupériorité les Ames vul- gaires. Souvent le vrai n'cft içparé du faux que par une chaîne d'atomes , & chofe étrange \ cette chaîne équivaut pour l'Efprit humain à celle des Cordelières. Kepler , le célèbre Afttonome Kepler , qui avoit découvert les deux Clefs du MURavoit relevé avant moi cette étrang^e opinion ; mais nous ignorions tous deux que Redi i'e^t, euquelque forte, défavouée. C'cft au moias ce qui paroît par une Lettre de cet habile Na^ turaiifce a La nzoni, datée de Florence le 20 de Février 1693 , & qu'on trouve dans le Tome IV de la Colkâien ficad. Fart. Etrang, jPag. 582. En voici l'Extrait. 55 II me paroît que vous n-e geûtez point mon opinion 5, fur l'Ame d.es Plantes , à laquelle j'attribue la produftion 5, des Infeftes qui fe trouvent dans les galles du Ciaéne , 3, comme je l'ai dit dan% mes Expérieiîcei fur la génération 5, des l'nfrfhs : il eil vrai que j'ai laiffe échapper ce trait de 5, ma piuine prefqu© par force,- mais fi j'ai du tems , j'ef- 55 père m'exprimer plus clairement dans de nouvelles obfer- 55 vations auxquelles je travaille, 59 Le bon efprit de Redi répugnoit donc en fecret il admettre ime opinion qu'il ne mettoit en avant que parce qu'il man- ^uoit encore des obfervatiôiis direftes qui dévoient le ooh- duire au vrai.. Dd]4 >34 PALINGENJETSIE Ciel & les avoit livrées au grand Newton , ivy (étoit point lui-même entré. Tout ce que fa Pht- lorophie fut faire , fut de placer dans les Corps Céieftes. des Intelligences ou des Ames chargées d'en diriger les mouvemens. Newton , plus heureufement né & doue d'un Génie plus phi- lofophique, fe fervit mieux des fameufes Clefs , pénétra dans le Ciel, en chaifa les Intelligences redrices , 8c leur fubftitua deux Puiflances pu- rement méchaniques , dont la merveilleufe éner- gie fuffit à tout, & auxquelles tous les Aftres font demeurés aveuglément fournis. Lorsqu'on ne connoiflbit point encore les étonnantes reproductions du Polype , on con^ iioiffoit au moins celles des pattes 8c des jambes de rEcrevilfe. Un illurtre Naturalifte qui s'en croit beaucoup occupé , en avoit inifruit en 171 2 le Monde favant & en avoir donné une expli- cation très-philofophique. [ 2 ] Un autre PhyG- cien célèbre n'avoir point voulu adopter cette explication , & trop frappé , ians doute , d'une merveille qu'il n'avoit point foupqonnée, il pré- féra de nouveller dans le xvili^"^. fiecle les vi- fions du xviiP^'^. *' 11 ne put concevoir , dit foa [ 2; ] M. de ReaumuR. j}Iémoires de r Académie def. ■Sciences, an 1713. ConJuL fur les Corp or g. Art. CCtir, CCLXIL . PHILO sa V HIO UE. Part. XL 42c 5, Pliftorien , ( 5 ) que cette reprodudlion de 5, parties perdues ou retranchées , qui ed faus 3, exemple dans tous les Animaux connus , s'exé- 5j cutât par le feul méchanirme: ii imagina donc 5, qu'il y avoit dans les EcreviiTes une Ame plaf- 9, tique ou formatrice, qui favoic leur refaire 5, de nouvelles jambes ; qu'il devoit y en avoir 3, une pareille dans les autres Animaux & dans 5, l'Homme même , &c. „ Ce Phyficien qui avoic apperqu le premier les fameux Animalcules fper- niatiques , i>e manqua pas de charger les Natures plaftiques du foin de les former, &c. C'étoit une finguliere Phyfique que la fienne & dont il ne rougiffoit point. " Il croyoit que dans l'Hôm- 55 me l'Ame raifonuable donnoit les ordres , & 3, qu'une Ame végétative , qui étoit la plaftique, :»5 intelligente & plus intelligente que la raifon- 5, nable même , exécutoit dans l'inftant ; & 35 non feulement exécutoit les mouvemens vo- 5, lontaires , mais prenoit foint de toute l'E- 5, conomie animale , de la circulation des li- 55 queurs. de la nutrition, de l'accrciiTement , ,, &c. Opérations trop difficiles, félon lui, „ pour n'être l'effet que du feul méchanifme. „ Après cela , continue l'ingénieux Hiftorien , [3] FONTENELLE, ElogC dc ^HaRTSOEKER, Hijl. dc l'Açad. 172s, 42* V A L I It^ G F: V K s I E „ on s'attend aflTez à une Ame végétative mtellu „ gente dans le Bêtes , qui en paroiilent elîedi- 5, vcment afTez dignes. On ne fera pas même „ trop furpiis qu'il y en ait une dans les Plan- 5, tes, oti elle réparera, comme dans les Ecre- 5, viÏÏc5, les parties perdues , aura attention à j, ne les laiiler fortir de terre que par la tige, ,5 tiendra cette tige toujcuri; verticale ; fera „ enBsi tout ce que le mifclianiTme n'explique 5, pas commodément. xMais notre Phyficien ne „ s'en tenoit pas là. A ce nombre prodigieux 5, d'Intelligences répandues par - tout , il eu „ ajoutoit qui préfidoient aux mouvemens ce- 5, leftes , & qu'on croyot abolies pour jamais. „ Ce n'eft pas là le feul exemple , ajoute THif- 5, torien Philofophe, qui FaiTe voir qu'aucune „ idée de la Philofophie ancienne n'a été alTez 5, profcr te 'pour devoir déiefpérer de revenir aj dans la moderne. „ Ce Sage aimable dont je viens de tranfcrire les paroles, conn ifT^^t bien la Nature humaine, & nous en a lailTé dans fes Ecrits immortels des peintures qu'on ne fe laffe point de contempler. Il avoit raifon de dire , qiCtl n'y a point â^idée Ae la Ph:lojophie ancienne qui ait été ajfez prof- évite pour chvoir défefpérer de revenir dans la moderne. Une opànoil fort accréditée par quel- KHILOSOPini^UF. Pdf't, XL 42^ qu€S célèbres Phyfioiogiftes de nos jours juftifie cette réflexion. Comme ils n'ont fii découvrir aucune caufe méchanique du mouvement per- pétuel du cœur, ils ont placé dans l'Ame le principe fecret & toujours agiflant de ce mou- vement. Suivant eux j TAme exerce bien d'autres fondions méchaniques h dont elle ne fe doute pas le moins du monde; en un mot j elle eft dans le Corps organifé ce que certains Philo- ibphes anciens penfoient que l'Ame iiniverfelle étoit dans l'Univers. Un grand Anatomifte , (4) qui eft en même tems un excellent Obferva- teur , & qui en cette qualité poiTede l'art Çi dif- ficile d'expérimenter ,a détruit depuis peu cette chimère pneumatologique & fait pour la Phy- liologie ce que Newton avoit fait pour FAf- troîiomie. Il a fubftitué à une caufe purement métaphyfique une caufe purement méchanique, & dont un grand nombre de faits vus & revus bien des fois lui ont démontré l'exiftence , Té- nersfie & les effets divers. [4] M. de Halle R , Dijertation fur V Irritabilité. Voy. k Précis de fes Découvertes fur cette Force dans le Chapitre XXXIII de la' Partie X de la Contcmpl. de la N'attire. Voy. enpare l'Art. IX du Tableau des Coîi/îdératiom. 'm^s^ CHAPITRE IL Remarque générale fur l'emploi qiCon a èf, fait des Matures plafiiques. Vraie manière de philofopher fur les ' Forces phyjîques. XYJlOn delTein n'eft point d'entrer ici dans aur Gune difcuffion fur les Natures plaftiques : elles ont trop occupé des Philofophes qui auroient mieux employé leur tems à interroger la Na- ture elle-même par des obfervations & des ex- périences bien faites. Je dois laifTer au Ledeur judicieux à choifir entre les explications que j'ai données des reproductions organiques , & celles auxquelles les Partifans des Ames forma-, trices & redrices ont eo recours. Ce font des cliofes très-çommodes en Phy- f5que que des Ames. Elles font toujours prêtes à tout exécuter. Comme on ne les voit point ^ ; qu'on ne les palpe point ose qu'on ne les con- noit gueres , on peut les charger avec QDnfianç^ PBÎLÙSOrHÎ^VE, Part. Xî. 429 'de tout ce qu'on veut j parce qu'il n'eil jamais pofîible de démontrer qu'elles n'opéreront pas ce que l'on veut. On attache communément à YiàQQ à' Ame celle d'une Subftance très - adive & continuellement adive : c'en eft bien aflez pour donner quelque crédit aux Ames : la dif- ficulté du physique £iit le refte. Que penferoit-on d'un Phyficien qui pour expliquer les phénomènes les plus embarraflans de la Nature feroit intervenir l'adion immé- diate de la Première Cause? N'exigeroit-on pas de lui qu'il démontrât auparavant rinTuffi- fance descaufes phyfiques ? Si l'on y regarde de près , on reconnoîtra que les Partifans des caufes métaphyfiques en ufent afTez comme ce Phyficien. Parce qu'ils ne découvrent pas d'a- bord dans les loix du méchanirme organique de quoi fatisfaire aux phénomènes , ils recou- rent à des PuifTances immatérielles , qu'ils met- tent en œuvre par-tout où le méchanifme leur paroît infuffifant. Je le difois il n'y a qu'un mo- ment 5 comme l'on ne fauroit calculer ce qu© les Ames peuvent ou ne peuvent pas , on fup- pofc facilement qu'elles peuvent au moins tout ce que le pur méchanifme ne peut pas. Cette manière fi commode de philofopher favoriie mer- veillcufeme^n la parede de l'Efprit , & à\vo^2x\{'Q 41« I' A L 1 N Q L' N L'S I £ du foin pénible de faire des expériences , ct^en combiner les réfuîtats & de méditer fur ces ré^ fultats. Si cette forte de Philolbphie prenoit ja- mais dans le Monde elle feroit le tombeau de la bonne Fhyfique. Et qu^Mi n'objcde pas que nousne connoif- fons pas mieux les forces des Corps que celles des Efprits y car il y a une différence immenfe entre prétendre favoir ce que la force d'un Corps eften eile-nième & prouver par des expérience que cette Force appartient à ce Corps & qu'elle eft la Caufe efficiente de tel ou de tel phéno- mène. Autre chofe efl dire ce que V Irritabilité eft en foi, & démontrer pat une fuite nom- breufe d'expériences variées qu'elle eft propre à la fibre mufculaire & qu'elle eft la véritable caufe des raouvemens du cœur. Il y a de même une diiîérence énorme entre prétendre mon- trer ce que la force qui opère l'évolution eft en foi , & Te borner fimplement à établir par dci» faits bien conftatés qu'il y a une évolution de parties préformées. Newton , le fage , le pro- fond Newton ne cherchoit point ce quel'yî?^. tra&ion étoit en elle-mêinej il fe bornoic mo- deftementà prouver qu'il exiftoit une telle Foîice dans la Matière & que les phénomènes cGieftes VHILOSOPHI^VÉ, Part. XL 4^1 étoienc des réfuisats plus ou moins généraux de Tadion de ectce Force, combinée avec celle d'une autre Force auiii phyiique qu'elle. CHAPITRE III. Frécis des idées de l'Auteur fur P accroîjfement des Corp organifés. L a manière dont s'opère raccroifTement des Corps organifés eft afTurcment un des points de la Phyfîque organique les plus difficiles, les plus obfcurs , & où le miniftere d'une Ame végétative mettroit le plus TEfprit à fon aife. Je ne cherchois point'* à y mettre le mien , lorfque je tentois il y a environ vingt ans de pénétrer le myftere de Faccroiffement ou que j'efîayois au moins de me faire des idées un peu philofophiques de Tart fecret qui l'exé- cute. [ I ] tl3 J'AI tracé rébaiîche de oes idé«, Chap. II , Tom. I des Confia. Je les ai un peu plus déyeloppées , Chap. VI Hn .Blême Volume & j'en ai dopné le réfultat général , Article CLXX. Enfin , je les ai crayonnées de nouveau , Chapitre VII . Part. VU de U ÇinUmfU & 9jR. particnlier 4aus tçs t 41.Z P A t I N G F N E' Si È Si l'otî médite un peu ces idées , on re- connoitra t]ue je fuppofe pâr-tout un fond pri- mordial dans lequel les atomes nourriciers s'incorporent ou s'incruftent , & qui détermine par lui-même Tordre fuivant lequel ces atomes s'incruftcnt & l'cfpece d'atomes qui doivene s'incrufter. Je préfiippore par - tout que ce fond primor- dial préexifte dans le Germe. Je- fais envifager les Solides de celui - ci comme des Ouvra2:es à rézeau , d'une finciTc & d'une délicatefle ex- trême. Je fais entrevoir que les élémens compofent les mailles du rézeau, & qu'ils font faits & arrangés de manière qu'ils peuvent s'écartet plus ou moins les uns des autres & fe prêter ainii à lu Force qui tend continuellement à chafîer les atomes nourriciers dans les maillet & à les y incorporer. Je n'ai pas repréfenté ces élémens comme de petits corps parfaitement (Impies ou comme des élémens piremiers. J'ai alTez donné à en-' tendre cfu'ils etoient compofés eux-mêmes de corps plus petits. Je ne devois pas remonter j^^ltis haut ; je me fuis arrêté fur -tout gux élémens f PtiîlOSQFHlUVE. Part XL 4î| êlémens dérivés ou fecoiidaires , que j'ai fuppofé former les mailles ou les pores du tiflu organique. [ Z ] PoiJR fimplifier mon fujet, j'ai appliqué ces principes généraux à raccroifTement d'une èmple fibre , & j'ai tâclié de faire concevoir l'art fecret par lequel cette fibre conferve fa nature propre & fes fonélions tandis qu'elles croît* En efquiiTant ainfî mes idées fur Taccroifle- ménc en général , je n'iniaginois pas que l'eîé- périence lés confirmeroit un jour ou que dit moins elle les rendroit beaucoup plus proba- bles. Tout eft fi enchainé dans l'Univers qu'il eft bien naturel que nos Connoiffances , qui ne font au fond que des repréféntatious plus ou moins fidèles de différentes parties de l'U- nivers , s'enchaînent , comme elles , les unes aux autres. Auroit- on foupqonné que pour êifayet de rendre raifon de la Réminifcence , il fallût re- monter jufqu'à la méchanique qui préfide à ( 2 ) ff Je prie'qu'oii ne preffe pas trop cette comparaifort tirée des màilics d'un re'zcau. Le rézeaii organique eft bicrt autrement compofé que ne le font les rézeaux que l'art êxé-* crute. Il faut confulter fur ceci la Note 4 , Chap. VII i Part- Tii de la Conter,îplatjûn. Tovu XV. E « 4H P A L I N G i:* N E' S I E raccroiflement des fibres? [3 ] Auroit- on de même foupcoimé que des recherches fur la ftrudure des os & fur celle de divers corps marins nous conduiroient à découvrir , au moins en partie , le fecret de la Nature dans raccroiflement de tous les corps organilés ? CHAPITRE IV. MfquiJJe des découvertes de M. HERISSANT fur rojjfif cation , g^f fur Porganifation des coquilles Ê? de différens corps marins. Conformité des idées de cet Anatomijle fur Pacer oiffement avec celles de P Auteur, V N excellent Anatomifte ( ï ) à qui nous devons des découvertes intéreffantes fur divers points de Phyfioiogie , a démontré -^ue les os font forrr^s originairement de deux fubftances. Tune membraneufe , l'autre tartareufe ou cré^ ts] Efai ami. Parag. XCVI, XCVII & fuivans. C I ] M. Hekissant , lie l'Académie royale des Sciences, &c. Mémoiru de VActiL 1763, I PHILOSOPHIQUE. Part. XL 4H tacée. Il a prouvé que c'eft à cette dernière que l'os doit fa dureté : il a trouvé le fecret de la réparer de l'autre, & en Peu féparant il a ramené l'os à fon état pri-mitif de membrane. Il a plus fait encore^ il a rendu à l'os devenu mem- braneux fa première dureté. Pouvoit^on mieux faifir la marche de la Nature , & n'eft-ce pas de cet Anatomifte plutôt que de TourneFORT qu'on peut dire , qu'il a furpris la Nature fur ie faiti" [z) Une découverte en engendre une autre : le Monde intel!eduel a fes générations comme le Monde phyfique , & les unes ne font pas plus de vraies générations que les autres. L'Efprit découvre par l'attention les idées qui préexif- toient , pour ainfi dire , dans d'autres idées. A l'aide de la réflexion il déduit d'un fait aduel la poflibilité d'un autre fait analogue , & con- vertit cette pofîîbilité en adtualité par l'expé- rience. Ainfi , quand un habile Homme tient une [2] FONTENELLÈ, Eloge de TouRNEFORt, Hiji, dé VAcai. 1708 *• c'étoit de la prétendue végétation des pierres dans la fameufe Grotte d'Antiparos , que rilluftrc Hiftorien difoit ingénieufement que le célèbre Botanifte avoit furprii la Nature fur le fait. Voyez ce que j'ai dit contre cette pré-» tendue végétation des pierres, Art. CCX des Conjîd. fur les. Corps org. Si Clwp. XVH , de la Part. VIII de la Confmi flatioff» £e 2 i^6 i^  L ï N G E* N 0 s T È vérité 5 il tient le premier anneau d'une chainef dont les autres anneaux font eux-mêmes des vé- rités ou des conféquences de quelques vérités. No- tre célèbre Anatomifte réfléchifTanc fur la ftruc- îure des os , conjedlura que celle des cocjuilles pouvoitlui être analogue , & imagina d'appliquer a celles-ci les expériences qu'il avoit fi lieureu- fement exécutées fur ceux-là. Voici le précis ^ fans doute trop décharné, de ces eurieufesdé- eouvertes. Deux fubftances entrent dans la campofitioii des coquilles comme dans celle des o«. La première fùbftance eft purement animale 8i parenchymateufe. Elle conferve fon caradere propre aufîi long-fems que la coquille fubfifte y 8c même lorfqu'elle eft devenue foffile. La féconde fubftance e(î purement terrcufe ou crétacée. Elle eft fur-tout très - abondante dans les coquilles les plus dure;? & les plus com- pares. C'clt uniquement à cette fubftance que la Coquille doit fa dureté. Il en.ell: donc ici précifément comme dans les os. Lé microfcope démontre que le tilTu de lat fubftance parenchymateufe eft formé d'une muU PHILOSOPHI,q^UE. FarL XI. 4^? titude prefqu'infinie de tqbes capillairos rem* plis d'air. Ce parenchyme eft une expanfioii du Corps même de l'Animal : il eft continu aux fibres tendineufes des ligamens qui attachent l'Ani- mal àja coquille. C'eft encore ainfi que le pa- renchyme des os eft continu aux fibres ligamen- teufes des liens qui les unifTent les uns au^ autres. Ces fibres ligamenteufes des coquilles font entrelacées de vaifleaux blancs qui leur portellc la nourriture. L'Organisation de la fubftance parenchy- mateufe oiFre de grandes variétés dans diffé- rentes eipeces de coquilles. En général, elle paroit eompofée de fibres fimples 5 poreufes ou à rézeau , formées elles- mêmes d'unp forte de gomme qui a tous les earaderes ^e la foie , & qui n'en diffère qu'en ce que dans fon principe elle eft chargée d'une quantité confidérable de particules terreufes, deftinées à incruttcr chaque fibre. O^ pbfcrve que les variétcç du tiiTu paren- Ee 3 i , 458 PALINGFNirSIE chymateux peuvent fe réduire à deux genres principaux qui ont fous eux bien dcs'efpeces. Le premier genre (ft le plus fîmple II eft compofé de fibres qui forment par leur aiièm- blagc des bandelettes rétitulaires , difpofées par couches les unes far les autres. % Le fécond genre eft fort compofé Se préfente un fpedlacle intéreifant. Ici les bandelettes (ont hérilfées d'une quantité prodigieufe de petits poils foyeux , arrangés en diilérens fens & qui farinent une forte de velouté. Dans quelques efpeces ces petits poils compofent de jolies ai- grettes. Les riches couleurs des coquilles réfidenfc dans la fubftance parenchymateufe devenue ter- reufe par Tincruftation. C'eft la terre qui fe charge ici des particules colorantes , comme dans les os. On fait que la racine de Garanee rou. git fortement les os des Animaux qui s'en nour- rilTent i la fubftance terreufe ou crétacée qui in- crufte la fubftance membraneufe de Tos retient îa couleur. On fait encore combien de vérités nouvelles .cette coloration des os a introduit dans la Phyfiologie [3] On peut voir dans le V^^^ [53 M^BVUAMEL , Mémoins de VAcaA. an 1739» ^74^» P HI LOSOPHIdUE. Part. XL 4^ f Mémoire du Livre fur /' Ufage des Feuilles dans les Plantes Tappli cation que j'ai elfayé de faire de cette expérience à la coloration du corps li- gneux analogue aux os. Les particules colorantes dont les fucs nour- riciers des Coquillages font imprégnés , font dé- pofées féparément dans les lamelles du rézeau membraneux que la fubftance terreufe incrufte peu- à- peu. Par cette incruftation ces lamelles modifient diverfement la lumière. Imagineroit-on que pour produire ces belles couleurs changeantes de la nacre , il n'a fallu à la Nature que plilTer, repliiTer ou même chif- fonner cette membrane diaphane & luftrée qui conftitue la fubftance animale ou parenchyma- teufe ? Ceft à aulîî peu de fraix qu'elle a fu dorer fi bien certains Infedes. (4) Il n'entre pas la plus petite parcelle d'or dans cette riche parure: une peau mince & brune appliqué pro- prement fur un fond blanc , en fait tout le myf- tere. Ici , comme ailleurs , ia magnificence efi dans le dejjein^ T épargne dans P exécution. FoN- 1743 , 1746. Conjià. fîir Us Corfs organ. Art, CCXXI , CCXXIII, CCXXI V. [4] M, de REAUMUI15 Mém. fur les Inf. Tom. L Ee 4. c TENELLE ajoutoic 5 que dans les Ouvrages dct Hommes r épargne étoît dans le âejjein & la ma- gnijîcence dans Pexécution : mais nos cuirs dorés , où il n'entre pas non plus la moindre parcelle d'or , montrent que nous favous au moins dans certains Arts imiter la fage économie de la Nature, L'Analogie , qui égare aflez fouvent le Phy^ ficicn , n'a pas égaré celui dont je crayonne les intéreflantes découvertes. Après avoir pénétré avec tant de fagacité & de fuccès l'admirable organifation des Coquillages , il a étendu avec le même fuccès fes expériences à divcrfes Ef- peces de Corps marins. Les Pores , les Madre^ pores , les Millepores , ( f ) les Coraux , &c. onfc été foumis à fes favantcs recherches. Il a obfervé par-tout à-peu-près le même me- chanifme. 11 a reconnu que toutes ces Produc- tions qui offi'ent à l'œil de (î agréables 8c de fi nombreules variétés , " font des maffifs ou 5, des grouppes qui réfultent de l'aifemblage [ Ç ] Tous ces termes de'fignent des produftiôns marines qui appartiennent aujourd'hui , comme les Coraux , les CoraU Unes, &c. à la uombreufç Famille des Polypes, & dont les Naturaliftes avoicnt ignoré jufqu'à nosfjours la véritable na-. turc , .& (jue pliiiicijrs îivoient rangées dans la Claffç «ies Vvgétaujc, PHILOSOPHIQUE. Part XL 44i „ d'une quantité prodigieufe de petits tubes 99 teftacés , dont chacun eft compofé , comme 9, les coquilles , de fubftance animale & de fubf- 9, tance terreufe ; que ces tubes font aux In- 9, fcdes qui y font logés , ce que les coquilles „ font aux Animaux qu'elles renferment. „ Il a reconnu encore que tous ces Corps marins îiuffi bien que le^ coquilles d'œuf, les Crufta- cés 5 (6) les Béleninites , [7] les Gloflbpetres , [g] îes piquans d'Ourfin , (9) &;c. font autant d'in- [ 6 ] " On entend par ce mot des Animaux convertie iriine 5, croiite dure par elle - même , molle en coinparaifon de^ 55 goquilles. On met au nombre des d'ujlacés rEcreviffe, j, l'Homar , le Crabe, &c. „ BiHionnairc d'Jlifioire natu- relle de M. de Bomare au mot Crujîacé. [73 "Corps foflile, dur, pierreux , calcaire, conique, ^j de diverfes groffeurs , & qu'on croit être une dent de 3j quelque i^nimal. „ Ibii. au mot Bélsmniie, C 8 ] "Nom qu'on a donné à des dents pétrifiées ou fa{i Iles. „ &c. ïbid. au mot Glofopetre. [9] ^^ V OURSIN' , genre de coquille multivalvc , de 5, forme ronde , ovale, à pans irréguliers, &,c, quelquefois „ plate & toute unie ^ d'autrefois mammelonnée , &e. ,y^Ibid, ?iu mot Purji». "On le nomme aufli Hérilfon, parce qu'il j, eft couvert d'épines ou de piquam comme une châtais^ne,. ^ font. Ch^p, XXIII ^ Partie XII de la Ujôuv. Ediftoii, i 44* P j4 L I N G E" N E' S I E cruftations aniîna!es lormées oiiéntiellement fut le même modèle que celles des os & des coquilles. Enfin ; il n'a pu fe lafTer d'admirer Porga- nifation de la fubftance ainmale de toutes ces Produdions. On peut en prendre une légère idée par celle des coquilles. Cest de cet habiie Académicien lui - même que je tiens des ccnnoiilànces û neuves 8c lî intéreflantes. Elles avoieuc Fait la matière d'un beau Mémoire qu'il a voit lu à une Rentrée pu- blique (lo) de l'Académie Royale des Sciences , &: elles avoient Fait auffi celle de quelques-unes de nos Lettres. En s'emprefTant obligeamment à me les communiquer , il avoit bien voulu m'é- crire qu'elles lui paroifïbient confirmer pleine- ment mes principales idées fur l'accroiffement, & m'inviter à reprendre & à pouffer plus loin mes méditations {i:î ce giU'dfujCt. Je ne difïîmuîerai point que j'ai été extrême- ment flatté de cette conFormité de mes idées avec les décifions de la Nature elle-même , & je ne prcfumois pas d'avoir autant approché du vrai. On jugera mieux encore de cet accord;. [lo] En Novembre, 1766. I P HILOSOV HidVE, .Van. XL 44Î C je tranfcris ici quelques propofîcions de notre Académicien , qui font comme les réfultats de fes obfervations , & li on prend la peine de les comparer avee ce que j'ai expofé dans le Chapitre vii de la Partie vu de la Contempla- tion de la Nature, Il admet la préexîflence des Germes des Co- quillages. Il les définit , des Etres parfaits qui contiennent en miniature le Corps organifé qui en doit naître avec toutes fes parties ejfentielles. Il dit , quMl y a une gradation infenfible dans Pacer oijfemmt. Que Pacer oijjement fe fait par développement.- Que le développement ejl une Juite de Pincor^ poration des atomes nourriciers qui s'infirment dans les pores ou dans les mailles des jîbres élémentaires de la fuhjiance animale , ^ qui les étendent & les agrayidijfcnt peu à peu en tout fens. Qu'a cette extenfion fuccede bientôt Pendurcif^ fement de ces fibres par Pinterpofition de la fubf-^ tance terreufe qui les pénètre cf? les incrujle, Jacheverai de développer mes idées fur 444 P A L I 1^ G E* N E' S I E l'accroiffement , en joignant ici au précis âos découvertes de Mr. Hérissant quelques remar- ques qu'elles m'ont donné lieu de faire & dont je lui ai fait part dans une de mes Lettres, (ii) CHAPITRE V. Jppîication des principes de l* Auteur au^ ^découvertes de M. HERISSANT. I L eft à préfent plus que probable que Tac- çroifrement des Corps organifés fe fait par une forte d'incruftation. Le tiffu parenchymateux eft ce fond primordial que je fuppofois conftammen^ dans mes méditations & même dans mes pre- mières méditations. ( i ) Le tifTu parenchymateBx des os , celui des cow [ II ] En date du 17 d'Avril 1767 : c'cft ilonc en très- graiîJc partie de cette Lettre que les Remarqijes qiii vpnt ftiivre ont été tirées, [i) En 1748, Conf, fur les iorps cr^n foruiœ ^ftmilinalinem dep^'ehend.cs , , hc.s intsr 'vegetationiint fpecies çjf rainuJQulos tiiiibus confiât PHILOSOPHIflUE. Part. XL 4^5 fuhjlc.ntia corports cujufdam imiritimi qunà à Tournefortio CoraV- liim album foliatum nuncupatur. Accretîcnis t empare ^imrnr avmf- culijîhi, quoquo occurrant , agglutinaniitr , ç^ f^c undequaqtie fergimt donec ad ahfolutum pervenerit i7ic:'e mention fnhjlantitt aniamlis ^ çff corptis &m?îhio fpongiofiim ejfecerit. Les figures jointes à c^tte TheCe rendent admirablement bien tout ceci. Je recrkois le 11 de Décembre à M. Hérissant : je foupçonnerois que ce qui ne paroit point ici fibreux , l'eft réellement. Je comparerois ce qui fe palTe ici à ce qui fe paîTe dans la membrane ombilicale. Voyez l'Art, clxiv HI LOSOPHIQ^UE, Part. XL" 4^; BfEN des années avant les découvertes fur le Poulet, & par conféquent avant celles fur les prétendus œufs des Grenouilles, je m'étois exprimé ainfi : M ) " On veut juger du tems „ où les parties d'un Corps organifé ont com- 55 vinaigre ou dans l'eau bouillante, de même auffi elle y eft 5, attachée après la fécondatioH , & cette adhéfion devient 3, toujours plus forte à mefure que les globules , en perdant 55 leur figure fplie'rique , acquièrent celle du Têtard. 55 La fuite de ces faits ne lailTe aucun doute fur Tldentité ,5 des globules fécondés & non fécondés. Mais les globules 5, fécondés ne font que les Fœtus de la Grenouille j donc les 5, globules non fécondés le feront auffi : par conféquent dans 3, cette efpece de Grenouille , les Fœtus préexiftent à la fé- 3, condation. Cette vérité nous conduit à d'autres conféquences 3, auffi importantes. i«. Comme ces prétendus œufs avant de 55 tomber par le canal de Voviàuêius dans Vuterus exiftoient 3, dans l'ovaire & mên-.e long-tems avant la fécondation , il 35 eft clair que leur exiftence eft fort antérieure au com- 35 merce du Mâle. £<^. Qiioique le développement de ces ^, Fœtus ne foit jamais fi prompt qu'après la fécondation , 35 cependant il eft aflez confidérable, même avant cette cpo- ,5 quej car les Fœtus de la Grenouille defcendus dans l'utérus 35 font au moins foixaiite fois plus gros qu'ils ne l'étoient 5^ l'année d'auparavant, lorfqu'ils tenoient encore à l'ovaire. 3, gû. Enfin, Vatnnios & le cordoi» ombilical préexiftent auffi 35 à la fécondation. „ C 5 ] ConJtiUrutitf^s fur les Gor^i orgamfés ^ Préface , Ar* ,j mencé d'exifter , par celui où elle^ ont com- j, mencé de devenir fenfibles. On ne confiderc 3, point que le repos, la petiteiTe & la tranfpa- 5, rence de quelques-unes de ces parties peu- 5, vent nous les rendre inviCbleS , quoiqu'elles 5, exiftcnt réellement. ,i Le Poulet & la Grenouille fe réeuniffent donc pour décider la fameufe queftion fi le Germe appartient au Mâle ou à la Femelle ou à tous les deux enfemble. On fait qu'on avoit difputé pendant bien des Siècles fur cette queftion , & Ton connoit les diverfes hypothefes (6^ auxquelles elle avoit doîiné naiffanee. On n'a- Voit garde de foupqonner que pour pénétrer le fecret de la Nature, il ne fallut qu'examiner un œuf de Poule ( 7 ") ou le frai des Grenouilles. On avoit donc diibcuru pendai-M des Siècles fur un point de Phyfiolode que quelques jours d'obi ervation auroieut pi» décider : mais les Hommes auront toujours plus de difpofition à difcourir qu'à obferver & à expérimenter. Le célèbre Inventeur de la Méthode de philofopher, le grand Descartes , s'il eft befoin de le nom- mer, avoit- il ioupçonné que pour anatomifer (6) Ihid, Fajîm. ( 7 ) Ibîd, Art. CLIII,- l^ ^ËÎLÔSÔPÉIOUË. Part. Xt i^6i îa lumière il ne fallut qu'en faire tomber ua rayon fur un prifme ou obferver une bulle de favon ? Il connoiifoit le prilme & la bulle de favon ; mais il lui manquait les yeux du PerQ de l'Optique. J'ai fuivi ( 8 ) aufîi loin quHl m'a été pof- fibie les divers traits d'analogie que iious of-» frent les Végétaux & les Animaux : j'ai com- paré entr'eux plufieurs de ces traits , ( 9 ) & j'ai cru pouvoir en tirer cette cOnlcquence, que le Germe du Végétal préexifte à la fécondation comme celui de TAnimal. J'ai montré la grande reiiémblance qui eft entre la graine & l'œuf. L'Aiiatomie d'une F^veou d'un Pois démontre que la Plantule qui y eit logée en entier, fait corps avec fes euvejonpes. Les Vaiireaux très- déliés qui fe ramifient dans la fubffance fari- iieule partent du Germe ou de la Piantuie. Je iuis parvenu à injeder ces vaiiieaux par une forte d'injeclion naturelle ( lo) qui les rendoit (8) Ibiâ. Tom. I. Chap. X., XI, XII, Co'4tempL de ta Nature. Part. X. Tableau des conJÙUrations. Xiiï. (9) Contempl. de h Nature. Part. VII. Chap. XII. Part. X, Chap. II, m, X, XI, XII, XIII. (10) Recherches fur Vufage des Feuilles dans les Plantes ^ Art. XC. Tom. XF, G g c j^66 P A L ï N G F N E' S l E très-fenfiblcs. Or , fi la graine efl: à la Plante ce que Tœuf eft à TAnimal , né s'cnfuit-il pas que fî la graine préexifle à la fécondation , la Plan- tais y préexiile auffi? Il femble donc qu'il ne s'agifTe' plus que de s'aflurer de cette préexiltence de la graine pour être certain que le Germe y préexifte pareil- lement. J'invite mes Ledeurs à s'en afTurer eux- mêmes par une obfervation la plus fimple & la plus facile , & que je ne fâche pas néanmoins qui eût encore été faite. Je la dois à un excel- lent Obfervateur, ( il ) doBt les yeux ont fu découvrir des vérités plus cachées. Il a très-bien vu , & m'a fait voir C 12) très- diftindement les filiques du pois avant répanouiflement de la fleur ou ce qui revient au même , avant qus les pouffieres fécondantes euifent pu agir. Une loupe médiocre fufEfoit pour faire découvrir dans ces filiques les grains qui y etoient ran- (11) Mr. MuLLER , Gentilhomme Daaois , de l'Acadé- mie Impériale Léopoldine. Il travaille à un Traité fur les Champignons , Plantes fi peu connues encore & fi dignes' de l'être. Ce qu il a bien voulu me communiquer de cet Ou- vrage m'a aOTez appris tout ce que les Naturaliftes peuvent at- tendre de fes lumières , de fes talens & de fou zèle infati- gable pour la perfeftion de l'Hiilûire naturelle. (12) En Juillet. 1766. VJJIIOSOPHÎHUE. Part, XJ. 4^7 ges à la file: je parvenois fans peine à les dé- mêler & mèine à les compter. (13) ( 13 ) t t C'EST ce paiTage de la Palmgénéjie qui a porté Mr. Spallanzani à faire des recherches très-approfundiejî fur la génération des Plantes , dont il a donné l'Hiftoire dans irtie intérefiante Diflertation publiée en Italien en 1780. J'en détacherai (lueloiues traits relatifs à mon fuiet. Daiis une Efpece de Genêt l'Obfervateur a très -bien dif, tingué les fcniences trois femaines avant la fécondation. Elle§ remontrent alors fous l'afpeét de petits grains fphériques ' enchafiTés . Après la fécondation on voit apparoître „ dans cette cavité un petit corps attaché aux parois j. qui 5^ graffit tous les jours , & montre enfin les deux lobes &;.. „ k Plantule qu'il renfermoit. 4«. La femence parvenue à. <,, la maturité eft compofée de fes deux lobes enveloppés d'une „ membrane très-fine, recouverte elle-même d'un épiderme. „. L'Obfervateur a vu les mêines chofes effentielles dans les fcmences des Fèves , des Haricots , des Pois & dans celles de quelques autres Efpeces, II n'en eft donc pas des femenees. 4;zANi fur ces Animalcules. Au refte , cet habile Obfervateur n'avoit poinê lu les CovjJ dérations Jur les Corps organifés lorf; Qu'il compofoit fa Pfjfertation fur les ^nirnalr cilles^ publiée en Italien en 176^. Il eft donc d'autant plus remarquable que nous nous foyions Ç\ bien rencontrés dans le jugement que nous, avons porté des opinions de Mr. Needham , ^ ç^Q fans noys ||rç rien çpmmaniqué , nous. ADBITIOl^S. 47J ayions tiré tous deux les mêmes çonféqucnçc^ générales, II, Ans le Chapitre VIII. du Tome î. des Corh fidératkms fur les Corps organifés j'avois hafard^ quelques conjedures fur la nature des AnimaU cules des infufions & fur leur m.aniere de mul- tiplier. Javois dit Art. cxxxvii , " préférons 3, des conjcdlures qui aient leur fonderaeiit dans 5, robfervation ou l'expérience. Conrparons les 5, Animalcules en qucftion aux Polypes & aujc- 95 autres Infedes qui fe multiplient de bouture.... a, Suppofons qu'i'S fe propagent foi^ par une 5, divifion naturelle femblable ou analogue 4 3, celle des Tolypes à bouquet , foit en fe rom- 35 pant ou en fe partageant avec une extrême 3, facilité comme les petites Anguilles de Peau 99 douce dont j'ai parlé dans -e Traité d'hifeBo- „ îogie ^ ObC XXI , Part. il. Nous expliquerons 35 parJà alfez heureufement les principaux phé- 3, nomenes que nous offrent les Animalcules, ,3 en particulier celui de leur diminution de a, grofleur & de leur augnientation de nombre. ,, Jç, n'avois pas trop cfpéré^ je Tayoue, que 474 A D I) I r ro N ^. ces conjeclures fe vénfieroient un jour, & j« 11 y étois pPiS fort attaché. Ces Animalcules font il petits qu'il n'étoit pas facile de préfumer qu'on parviendroit à nous dévoiler le myftere de leur multiplication. îl eft pourtant dévoiié aujourd'hui ce mydere, & nous en fommes re- .devables aux recherches d'un Naturalifte qui, quoique très- initié dans Part Ci peu commun encore d'interroger la Nature, ne fe preife point d'eîi publier les oracles , parce qu'il eft aflez niodclle pour craindre toujours de ne les avoir pas bien entendus. Ce Naturalifte eft déjà connu du petit nombre de fes Pareils par un Ecrit qu'il mit au jour en 17^2, & où l'on trouve des obfervations très-fines fur un fujet fort peu connu ^ fur P Ecorce des feuilles Sec. On voit que je parle de Mr. de Saussure , qui dans un âge où le commun des Hommes ne fait que com- mencer à penfer , rernplilToit déjà avec diftinc- tion une de nos Chaires de Philofophie. Le ten- dre attachement qu'il a pour moi, & que je mérite par celui que je lui ai voué, ne lui per- mettoit pas de me laiiTer ignorer fcs découvertes for la mafiiere dont les Animalcules des infu- iions multiplient : il me les a racontées alTez eit détfiil dans uhe Lettre que je produis ici avec d'autant plus de planir qu'elle me paroît plus di^ne de l'attention des Obfervateurs. ADDITIONS. 47Ç. A Genève, le 2% Sept. I76'9. V. Ous aviez donc , Monfieur , bien laiTon „ de penfer que les Animalcules desinFufions j, pouvoient comme les Polypes fe multipliée 5, par une divifion & fnb/Jivifion continuelles. 5, Vous ne propofiez cette opinion que comme ,, un doute : mais les obfervations que j'ai faites 3, fur plufieurs Efpeces de ces singuliers Ani- „ maux m'ont convaincu qu'on pouvoit la re- 5, garder comme une vérité. Ceux de ces Ani- „ maux qui ont une forme ronde ou ovale 5, fans aucun bec ou crochet en avant , fe di- ., vifent en deux tranfverfalement. lî fe forme ., au milieu de leur longueur un étranglement „ qui augmente peu à peu jufques à ce que les „ deux parties ne tiennent plus qu'à un fi]. ,, Alors l'Animal ou plutôt ie§ deux Animaux 5, Font de grands eiforts pour achever la di- „ vifion 5 Se après leur féparation , ils demeu- „ rent quelques momens comme engourdis , .„ mais enfuite ils fe mettent à courir çà & là „ dans la liqueur ; comme le faifoit l'Animal en- 3, tier dont ils ont été produits. I 47<5 A 3 D I T I 0 2sf g, " Vous comprenez bien , Monfîeur , que dans 3, ces premiers momens de leur nouvelle vie 5, ils doivent être plus petits que FAiiimal de „ la divifion duquel ils réfultent , chacun d'eux 3, ireil que la moitié de ce Tout, mais ils grof- 3, fiflent en peu de tems , acquièrent la gran- 5, deur du Tout dont ils ont fait partie & fe 5, divifent à leur tour eu Animaux qui viennene a, auffi à les égaler. " Mr. TAbbé Needham m'a fait l'honnciu: „ de parler avec éloge de cette obfervation dans 3, fes Notes [ 2 ) fur la tradudion du bel ou- a, vragc de Mr. Spallanzani, & il s'en fert 35 pour appuyer fon fyitème qui eft, que les a, plus petites Efpeces d'Animalcules qu'on vois 9, dans les infufions , celles-là même qui aux 3, plus forts micro fcopes ne paroifTent que des 3, points i font produits par la divifion ikfuh- 3, divifion continuelles des grandes Efpeces. 5, Mais fans doute que pendant l'efpace de a, quatre ans qui s'eft écoulé depuis que je lui 3, communiquai cette obfervation , il aura ou- „ bîié que j avois conPcamment obfervé que les ( i ) Ces Notes ont été imprimées à Paris en 1765 à la fin de la traduction franqoife de TOiivrage de M. Spallan- zani fur les Animalcules des infufions , publié en Italien eïi^ I A n ï) I T 1 0 1^ s-, 4^-^ ^5 parties de l'Animalcule divifé , deviennent 3, en peu de tcms auffi grandes que les Touts 0, auxquels elles ont appartenu i enforte qu'on 5, retrouvoic dans les générations )a même conf- 5, tance & la même uniformité que l'on voit „ dans le refte de la Nature. Peut-être n'in- 5, fjftai-je pas avec Mr. Needham fur cette 55 particularité j peut-être ne lui dis-je pas , que i, pour écarter toute efpece de doute , j'étois 5, venu à bout à force de patience , de mettre 5, un de ces Animaux parfaitement feul dans 53 une goutte d'eau , que cet Animai s'étoit par- 55 tagé en deux fous mes yeux, que le lende- 5, main ces deux en étoient devenus cinq , le 5, fur-lendemain foixante 5 le troifieme jour un 5, (i grand nombre qu'il m'avoit été impolîible 5, de les compter , & que tous , excepté ceux 35 qui venoient d'être produits fur l'heure, 55 étoient égaux à celui dont ils étoient fortis. " Si vous voyiez , Monfieur , pour la pre- ,5 miere fois un de ces Animaux dans le mo- 5, ment où il eft fur le point de fe divifer , vous 5, croiriez que ce font deux Animaux accou- 35 pies. Je m'y trompai complètement la pre* 55 miere fois que je les vis 5 je crus comme Mi- 5, CROMEGAS avoir pris la Nature fur le fait î «je ne fus détrompé que quand j'en eus vu 47? A D T) ï T I 0 1^ S. 55 un païïcr fuccefllvcment dans i'efpace de 5, vingt minutes par tous les degrés qui fépa- „ rent rétranglementle plus imperceptible d'une 5, réparation "parfaite. " Et ce qu'il y a de plus remarquable par 5, rapport à l'iuftind de ce^i Animaux, c'eft que 5, quand ils en voient ou du moins en apper- 5, qoivent deux qui font fur le point de fe fepa- ,, rer, mais qui ont de la peine à en venir à ,5 bout, ils fe précipitent entr'cux , comme pour j, leur aider à rompre les ligamens qui les re- 5, tiennent, & Ton ne fauroit foupçonner que 5, ce foit une rencontre fortuite , parce qu'^ ;, l'ordinaire ils s'évitent^ très-ibigneufoment & 5, ne fe heurtent jamais dans leurs courfes . 55 quelque rapides qu'elles foient. " Une autre efpece que j'ai trouvée dans rinfufion de graine de Chanvre , & qui a usi bec ou crochet en avant, fe multiplie auffi par âivifïon , mais d'une manière bien plus finguliere que celle dont je viens de vous en- tretenir. Lorfque l'Animalcule eft fur le point de fe divifer , il cherche au fond de l'infufioii une place qui lui convienne, & c'efl ordi- nairement cette efpece de mucilage demi- tranfparent qui fe forme dans IVrifufioii du ADDITIiOlJS, 479 35 Chefievis. Qa voit TAnimal aller, revenir, 5, ellayer une place , en eiTayer une autre , & 5, puis enfin fe fixer. Il ranioncele alors fou 5, corps naturellement un peu aiougé , & fait 5, rentrer ou du moins difparoître fon bec cro- 5, chu, enforte qu'il prend la forme d'une pe- ,5 tite fphere. Alors il commence infenfiblement 5, à tourner fur lui-même , de manière que le 3, centre de fon mouvement demeure fixe & 35 que la boule ne change point du tout de place. 35 Ce mouvement fe fait avec la plus parfaite 55 régularité , Se ce qu'il y a de bien remar- ,, quable , c'eft que la direction de cette rota- 35 tion change continuellement : enforte que fî 5, vous Tavez vu d'abord tourner de droite à 35 gauche , vous le voyez peu de tems après 35 tourner d'avant en arrière, puis de gauche à 55 droite, puis d'arrière en avant &c. Tous ces 5, changemens fé'font par degrés infenlibles & 3, fans que l'Animalcule ou la machine tour- 3, nante change jamais de place. Sur la fin le mou- ,, vement s'accélère , & au lieu que la boule 5, vous paroiflbit uniforme , vous commencez à 3, y appercevoir deux divifions en croix comme 3, fur la coque d'un marron prêt à s'ouvrir. 55 ?eu après l'Animal s'agite, fe trémouiîe5 & 3 enfin fe partage en quatre Animalcules par- if faitement femblables à celui dont ils ont été c 4Scf À jb D i 1 1 0 2f s: 3, produits , mais feulement plus petits. Ils grof- 5, filTent enfuite , fe fubdivifent chacun en qua- 5, tre qui grofîilTent à leur tour; je n'ai pu 3, voir aucune fin à cette fubdivifion , & tou- j, jours les petits font venus à égaler leurs Pères , 3, fi du moins on peut fs fervir de nom de Ferc j, dans cet ordre lingulier de génération. ,, On peut juger par ces intérelTans détails com- bien la multiplication de ces Animalcules eft ana- logue à celle des Polypes à bouquet , que j'ai décrite alfez au long, Art cxcxix , ce, CCI;, CCCXiX , GGCXX des Cmifidérations fur les Corps organifés , & Chap. XI , de la Part. VIIl de la Contemplation de la Nature» , La dernière Efpece d'Animalcules dont Mr. de Saussure fait mention dans fa Lettre , lui a offert une autre analogie avec les Polypes à bouquet. On fait que ces derniers exciçent dans Peau un petit tournoiement qui précipite vers leur bouche les divers corpufcules vivans dont ils fe nourriifcnt. Nos Animalcules favent auilî exciter dans la liqueur de rinfulion un pareil mouvement » & fans doute pour la même fin- ^i TABLE ( 481 ) ^T ^ J3 jc je: des Articles & des Chapitres contenus dans ce Volume. JT REFACE. Page, i ANALYSE ahégés de PEfai Analytique, &c. I INTRODUCTION. ibid. Art. I. Principe fondamental de tout P Ouvrage, Les Sens , première Origine de nos idées, 4 II. La Réflexion , féconde four ce de nos idées, S III. V Union de PAme & du Corps &fa Loi. 6 IV. Siînplicité de PAme. V Homme , Etre mixte. 7 V. Struthire des Sens j fes effets généraux. Réalité des Objets de nos fenfations. Influence phy/t- que. 9 VI. Continuation du même fujet. Différences fpéci^ flques des fibres fenfibles. 1 1 VII. Phyfique de la Réminifcence. 13 VIII. ABion de PAme fur les Sens , indiquée par la nature & par les effets de P Attention. 14 IX. Phyfique de P Imagination ê^ de la Métnoire. 1 6 X. Continuation du même fujet. Remarques im^ Tome XV. H h 482 TABLE portantes fur les fires fenfihîes. Page iS Art. XL ContmmMion du même fiijet. Méihani- que de la Mémoire. Phyfique des préjugés , du Car a& ère , ^c, 2^ XII. Conjidératmjs fur la Liberté. 2^ XIII. Remarques fur le Fatalifwe, 33 XIV. Ohjervations fur la nature de V Ouvrage & fur la manière de le lire. Pajfage de est Ouvrage qui demandait à être expliqué. 34 XV. Explication du pajjage. Con fi dérations pré- liminaires fur la variété que Porganifation put mettre dans les Ames, Kéfultats généraux des déterminations que les fibres du Cerveau peu^ vent contra&er* Application au pajjage dont il s'agit. 3^ , XVI. Çontinat'ion du même fujet. De la queftion s'^ilefi une Mémoire purement fpritueile. Autre application aupajfage dont il s^agit. 39 XVI I. Conùy^uation du même fujet. Réflexions fur liyifuence des circonftances pi\yfiques. 43 XVI IL Continuation du même fujet. Confidéra- tions fur les Efprits piirs ^ fur la véritable nature de P Homme. Réflexions fur les vains efforts du Matérialifme. 4^ XÎX. Raifons pourquoi P Auteur n'ejî pas Ma^ térialijîe. 49 XX. Méthod? 5v .réfervu de P Auteur, Projet DES CHAPITRES. 483 ^une Hifioire de r Attention. Utilité de cetts Hifloire. Pag. 53 Art. XXL hnfortanoe de P Attention. Ouvrages qui font tomber i Attention en paralyfie, Ca^ ra&eres d'un Ouvrage bienfait ^ bienpenjé, ^ f TABLEAU des ConfiJérations fur les Corps organifés. INTRODUCTION. 6t I. Remarques générales fur tes Extraits que quel- ques Journalijis:- ont donné de l Ouvrage. 5f IL Continuation du même fujeî. Vaines déclama^ tions contre fufage des conjectures. Manière de f enfer de l'Auteur fur fes propres opinons, III. Comment il faut juger de l'Ouvrage ^ ^ de ce que PEfprit humain peut ou ne peut pas en matière de Phyfique. 71 IV. Art de conjedurer en Fhyfique :fon efprit ifes ufages. 73 V. Continuation du même Jujet, Rapports qui lient toutes les Parties de U Nature. Corn- ment l'Art d'obferver découvre ces rapports. 7S VI. Comment le Fhyjicien parvient à la con- noijfance des cauj'es. 77 VIL Application aux recherches de l'Auteur jur f 484 TABLE lu génération & fur le développemeyit, Pré^ exïjîence du Germe a la fécondatmi. Premières cofijèquences, pag. 79 Art. VIII. Le développement , la nutrition & la circulation dans le Germe. Autres conféquen- ces, 8i IX. V Irritabilité, Liqueur fécondante ^ Jlimulant du Germe, 82 X. Le Mulet yfes conféquences. Les œufs des Vivi^ pares. 84 XL La liqueur fécondante^ fluide alimentaire , fes préparations , fon élaboration , ^c. Comment elle peut nourrir , modifier ^ faire développer différentes parties du Germe. 8 S XII. Conclufion. Réfiexion fur la nature de POu- vrage. 9© XIII. Conféquence générale e?î faveur de la pré^ exijience des Touts Organiques. Analogies des Etres orgLxnifés. $Z XÎV. Improbabilité des hypothefes fondées fur lE'pigénefe. Ce que c'eji P Animal. Nombre , diverfité , rapports & jeu de fes parties. Admi- rable firuBure des Animaux qu'on juge les moins parfaits. Co'nféqnence 9f X V. Application du Principe de la préexijlence des Germes aux divers genres ^Je reprodu&ions animales. Remarque importante fur la fgni* fi^-ation du mot de Germe» 99 DES CHAPITRES. 48Î Art. XVI. Préexiftence aes Ames dam les Germes, Réflexions fur l'Ame des Bêtes, AppJication à la multiplication des Animaux de b outiire , ^ en particulier a celle du Polype. page. 102 XViL V emboîtement, La dijjemination. \06 XVIII. Raifons qui portent P Auteur à rejeter les générations équivoques. 10? XIX. Les Monftres, m ESSAI (inapplication des Prineipes Pfychologi- ques de TAuteur. INTRODUCTION. iiÇ DU rappel des idées par les mots. I. Exemple. 117 II. Explication, 118 III. Suite de t explication, I2î IV. Réflexions, IZ^ SUITE du rappel des idées par les mots. I. Réflexions fur le Siège de PAme, T2fî II. Continuation du même fu jet. 13^ III. Signes des idées. Application au fuj et. 138 IV. Conféquence» 140 Hh3 c 48^ TABLE SUR raffbciation des idées en général Art. L Frincipes généraux. Page» ^43 IL Application à la morale. 14^ III. Application aux Sciences , aux Beaux- Arts , &c. 15a ÏV. Rapports qui lient tous les Etres. 155 SUR rafTociation des idées chez les Animaux. I. Exemple pris de r Eléphant. 157 II. Différence de tinjiincf & de la Raifon. iGz PALINGE'NFSIE PHILOSOPHIQUE &c. Avertijjement. I Gj Avant- propos. 171 PREMIERE PARTIE. Idées fur Tétat fucur des Animaux. Chap. I. Hypothefe de l'Auteur. Fondemens de cette Hypoihefe. ijS II. Généralités fur l'antiquité & fur les révolu- tiens de notre Globe. 179 III. Harmonie univerjelle. I^Z IV. CoFps éthéré de V animal. Siège de fa per- fonnalité. Phafes du Feulet, Application aux D E s C H A P 1 T ]R. Ë s. 487 autres Corps organifés. Développement relatif à l'État futur. Page. 184 Chap^ V. Source de la perfe&ion préfente ^ fti^ ture de l* Animal. ïgg VI. Perfe&ibilité ^ furvivance de P Animal. 190 VIL Transformation future de l Animal. 193 SECONDE PARTIE. Suite des idées fur Tctat futur des Animaux". I. La parole , cara&ere diflin&if de P Homme ^ de P Animai La mémoire , dépôt des idées £«? de leurs ftgnes. 19Ç IL Limites aUuelles des opérations de P Animal, 'Excellence du Cerveau de P Homme, 199 III. Prééminence de la raifon fur Pinjîin&. Àlé^ prifes à ce fujet. Ce qu'efi PEfprit philo fo^ phique. 20Z IV. Variétés dans Porganifation du Cerveau des Animaux. But général de ces variétés. Erreur de P Auteur du Livre de /'Efprit. 204 TROISIEME PARTIE. Suite des idées fur l'E'cat futur des Animausf, I. Perfe&ionnement futur de P Animal, Raifons ^moyens de ce perfe&ionnement, zi2i H h 4 4S8 TABLE Chap. II. Continuation du même fujet. La mi^ umpfycofe , opinion peu philo fophi que. Préexif- teyice des Germes êf? des Ames qui leur font unies. Page. 2i^ III. Gradations des Etres vivans. Conféquence relative à t Etat futur, 2^8 IV. Préformation ^ évolution des Etres organt^ fés, Confervation du Germe du Corps futur. Réponfe à quelques quefiions, %%l QUATRIEME PARTIE, Application aux Plantes. i, "Raiforts en faveur d'une forte de fenfthilité ' de la Plante. Confervation ^ perfe&iomiement fojfihle de Pêtre de la Plante. 228 IL Autres raifons en faveur de la fenfthilité de la Plante, 236 m. Singulière compofition de la Plante, Eemar^ ques a ce Jujet. Conféquences relatives à la reJîL tution future de cet Etre organifé, 23^ CINaUIEME PARTIE. Application aux Zoophytes. î. Généralités fur les merveilles qu^ offrent diffé* rentes Efpeces de Polypes. 243 IL Vraie nature des Polypes - Réflexions a ce fu jet. 248 DES C H A P I T"* E S. 489 Chap. III. Siège de VAme dans le Polype, Sa re/litution ^ fon fer fe&ionmmeyit futur. P. a^I SIXIEME PARTIE. Idées furl'E'tat palTé des Animaux 5 & à cette occafioii fur la Création & fur Tharmonie lie rUnivers. L Immenftté des deux. Grandeur '^ nomhre fro^ digieiix des Corps célefies. Ejfai d'explication de quelques pajjages de la Genefe, Éloge de Moyfe. 2^4 II. Engrênement de toutes les Pièces de la grande Machine de t Univers. Force fecreîe qui les anime toutes, Liiiifons de t&us les Etres dans PEfpctce & dans le Tems. 26 î III. Révolution des Mondes en général & de notre Globe en particulier. Première population de ce Globe. 266 IV". Conje&ures fur la féconde population de la Terre. Rapport réciproque des Mondes ^ des Etres qui les habitent. Principes, réparateurs de notre Monde. 260 V. DeJiruBion du preynier Monde. Naiffance du fécond. Comment il a pu être peuplé. 2J% VI. Haute antiquité du Monde. V Éternité. Rap- port de la préfermation des Germes aux di- verfes révolutions de notre Globe. 27^ O^ "TABLE Ckap. VII. Taralîéltfme du Syfiême organique g? du Syftême ajirommique. Page. 284 SEPTIEME PARTIE. Idées de LEIBxNfITZ. Obfervations fur ces idée». L Réflexions fur les idées de r Auteur. Opinion d'un Amnymefur la dejîinée des Animaux, 28 Ç Il Fajfctges de LEIBNITZ fur la furvivance de lAnte des Brutes. Remarques fur ces pajfages* ISO m. Autres paffages de LEIBNITZ fur la préfor- mation organique , la préexifience des Ames ^ t emboîtement. Remarques fur ces paffages. 296* IF. Explication de l'enveloppement leibnitien. Ohje&ion contre cette bypothefe. Réflexions à Ce fiîjet, 300 V. Autre paffage de LEIBNITZ fur hmhoîte^ ment des Germes , B? /^^ ^^ manière dont PAme humaine pajfe de PÉtat d'Etre f entant à l'Etat d'Etre penfant. Obfervations critiques fur ce pajfage, 308 VI: Opinion de LEIBNITZ fur hinion perpé-^ tueUe de toutes les Ames à des Corps organijés. Efquijfe de t Harmonie préétablie. 31^ VIL Principes de LEIBNITZ. La ràifon fuffi- fante , la Loi de continuité. Conféquences qu'il en tirait relativement à la confervation de DES CHAPITRES. 491 r Animal, Refpe& de cet Auteur four tÈVAM^ G ILE, En quoi les idées de ce Philofrphe dif^ feretit de celles de l'Auteur. Méprifes d'un Jn^ terprete de LhlBNlTZ. Répxions A ce ftijet. Page. 319 Chap. VllL Jugement fur LElBNlTZ, 33 1 HUITIEME PARTIE. Conciliation de Phypothefe de l'Auteur fur l'Ftat futur des Animaux, avec le Dogme de la Réfurredion. I. Fondement de la RELIGIOIf mtureUe ^ ré~ vélée. Raifon philofophique du Dogme de la Réftirre&ion, 334 IL Suite du même fujet, Qiie les récompenfes ^ les peines à venir ne feront pas arbitraires. 338 III. tourquoi l'Homme pouvait être dirigé par des Loix. Conféquences qui en réfultent, Vinu putahilité des aBions morales. 34^ IV. Que les Animaux ne font pas des Etres morauxy ^ pourquoi. Conféquence de ceci, Queftions à ce fujet. 343 V. Réflexions. 34f NEUVIEME PARTIE. Réflexions fur rexcellence des Machines orga- niques. Nouvelles découvertes fur les re- prodadions animales. 49« T A B C E Chap. I. Conjî dérations générales Jur la ferfec^ tion des Madïines organiques, 34S IL Premier trait de P excellence des Machines or- ganiques : leurs réparations journalières ^ leur accroijf entent en tout fens. Merveilles anatomi^ ques que préfentent certains organes des fécré^ tions. Réjîexions a ce fujet. 3^1 ÏII. Autre trait de l'excellence des Machines or- ganiques. Leurs repi'odu&ions de différens genres, IV. Premier exemple de reprodu&ions organiques i le Polype a bras, 3^8 V. Second exemple de reprodu&ions organiques : l'Efc argot, 353 VI. Troifieme exemple de reprodu&io7i$ organi- ques : la Salamandre aquatique, 370 DIXIEME PARTIE. Nouvelles confidérations de l'Auteur fur les re^ produdions organiques. I. Idées générales des principes de V Auteur fur les reprodu&ions organiques, 383 ÎI. Application des principes de l'Auteur aux re- produ&ions de PEfc argot & de la Salamandre. 38^ lîl. Continuation du même fujet. Manière de con- cevoir les reprodu&ions dhine funple fibre * ^ DES CHAPITRES. 4P3 par elles celles d^une membrane , dhin muj^ cle^ d'un vaijfeau, ^c, Page. 39Z Chap. IV. Quatre genres principaux de préfor^ mations organiques. Premier genre. 397 V. Second genre de préformation organique. 400 VI. Troifieme genre de préformation organique, 40Z VII. Quatrième genre de préformation organique. Remarques ejfentielies. 404 ONZIEME PARTIE. Réflexions fur les Natures plajiiques. Nouvelles confidérations de T Auteur fur faccroiiiemcnt & fur la préêxiftence du Germe. I. Divers exemples au fujet des Natures plafti- ques. REDl, KEPLER , HARTSOEKER, &c. 421 II. Remarque générale fur l'emploi qu^m a fait des Natures pîaftiques. Vraie manière de phi- lofopher fur les forces phyftqtiss. 428 IIÏ. Précis des idées de l'Auteur fur laccroiffe- ment des Corps orgcviifés, 431 IV. Efqnife des découvertes de M. HERISSANT fur Pqljification , & Jur l' organifatio7î des co^ qiiilles & de Aijférens Corps marins. Confor- mité des idées de cet Anaîomijîe fur Paccroijje' ment avec celles de l'Auteur, 434 -J94 TABLE DES CHAPITRES. Chap. V, Application des principes de f Auteur aux découvertes de M. HERISSANT. Pag .444 VL Erreur fr le Corail : fa vraie nature ^ fa formation, Cincorpation de l'air ^ de la lujniere aux dijfèrens Corps : méchanique qui peut t opérer. 450 VIL Le tijfu cellulaire , principal infirument de raccroijf entent. Réflexions fur les difficultés du fujet, 457 VIIL Nouvelles découvertes fur la préexifience du Germe dans C Amphibie ^ dans la Plante. Improbabilité d'une hypothefe fin^liere. 460 ADDITIONS qui fe trouvoient en ^ fo^yne de Notes à la fin du Tome premier de la féconde Edition. 470 INDICATION DES NOTES PRINCIP A LES AJOUTÉES PAR L'AUTEUR A CETTE NOUVELLE E'DITION. . AxVALYSE ABRE^GE'E. ARTICLE XIX : Note I. Sur Nppofîtion des principes de /'Effai analytique avec ceux du Matérialijie. 49 INDICATION DES NOTES. 495 SUITE DU RAPPEL DES IDFES PAR LES MOTS. Art. L Note. 3. fur le Corps calleux ^es Ou féaux. Page. 13^ Ibid. Note Ç. Sur le fenforium ou Isfiege de l'Ame, Opinion de M. de HALLER & MALACARNE fur ce foint de Fhyftologie, Extrait de Lettres À ce fujet, 131 IV. Note 6. Expériences éle&riques qui fsfnhlenû favorifir Us principes de l'ArmlyJîe. 140 SUR L'ASSOCIATION DES IDÉES EN GÉNÉRAL. II. Note. ^. ?fîaniere dont P Ame parvient k con-* ?iOitre les rapport des Chofes à fon hien - être & ce qui en refaite, 14S PALINGÉNÉSIE PHILOSOPHIQUE. Partie IL Chap. IV. Note i. Réjultats prin-^ cipaux des rechet'ches anatomiques de Mr. Malacarne fur les Cervenux. Réflexions à ce Sujet. 204 IIL Chap. IV. A la fin de la Note 3. Sur des Germes d^A^iimalcules qui réfijient à la chaleur de l'eau houiliante ^ ^furies Animalcules qui peuvent fe conferver longtems au fec dans tt:i état de 7mrt apparente. 2V^^ VI. Chap VL Note. 2 Sur les longues révohi- tÎQm de digère ns Corps célejiei, ^'^. 49^ INDICATION DES NOTES. Part. VI. Chap. VI. Note. 3. iPréfomptions en fa euy de r antiquité de notre Monde tirées des Montagnes & de divers Fofflles. Page. 28 O JC. Chap. VIL Nots. 9. Précis des nouvelles de-* couvertes de M. FELIX FONTANA fur la fru&ure des Nerfs ^ fur leur régénération 9 fur Porganifation des Tendons , des Mufcles ^ du Tijfii cellulaire , g? fur les petits cy- iindres tortueux fi généralement répandus dans les ProduBions des trois Règnes» Remarques fur ces differens fujets. 4^9 XL Chap. I. Note, i Sur f opinion de RÉDI touchant r origine des Vers des Galles des Plan . tes, 42^ Chap. VIL Note i. Sur le TiJJn cellulaire con- jidéré comme finfirument univerfel de la nu- trition & de Paccroiffement. 45*8 Chap. Vlil. Note 4.. Sur la préexijîence du Ger^ me dans Us prétendus œufs de la Grenouille. 4.61 Note. 13. Sur la préexijîence dvc Germe dans les graines des Plantes. 4^7 Fin de la Table du Tome XV. mk;- .^*-;*>Vv' "-J 'L.'*^'-'<--- •■•■■"V«r^ l-'^lS- ^""'?*wf 4f^ ^^' ^J^' y^ ^^. ■^ê "1^