CRRCOIOROEA CAE roues e x « "11 : ‘ ? CT HARVARD UNIVERSITY HAT LIBRARY OF THE Museum of Comparative Zoology un = ES < Le pe % Paléontolog imale le an ee ea as $ = La LS: Æ& Sd & 5 ++ d Ce} & e_ 2 e = 2 R, Æ la même Librairie : z Cours DE SCIENCES NATURELLES, par MM. G. Coioms et C. HouLBERT : ZooLoGiE (Sixième À, B)."In-18; relié toile. .. Le » )» BoTANIQUE. Botanique descriptive ou étude de la frratée extérieure des plantes (Cinquième A,B).1n-18,reliétoile. » » GÉOLOGIE. Étude des phénomènes actuels (Cinquième B et Qua- trième Æ). In-18, relié toile. . . . 2 » CÉOLOGIE. Étude des époques géologiques (Sco A, B, C, D). In-18, relié toile. . . A 2.50 ANATOME ET PnysioLocEs DE L'HOMME (Troisième B). ER Re fe) AURAS TA SOUS Cours complet de Sciences M 'ADE (Philosophie A, BD Mathématiques À, B) : B10LOGIE ANIMALE. In-18, relié toile, . . . . . . «3 » PALÉONTOLOGIE ANIMALE. In-18, relié toile. . . . 1.75 B10LOGIE VÉGÉTALE. In-18, relié toile. . . . . . . » » 2 Cours DE PHYSIQUE ET CHIMIE, à l'usage du 2% cycle, par M. E. DrincourrT, agrégé des sciences phy- siques et naturelles, professeur au Collège Rollin : PuysiQuEe (Classe de Seconde C, D et À, B). In-12, cart. 3.50 CHIMIE (Classe de Seconde C, D). In-12, cartonné. . . . 2.50 PnysiQuEe (Classe de Première C, D). In-12, toile. . . . 3.50 CHIMIE (Classe de Première C, D). In-12, toile. . . . . ER. PnysiQue (Classe de Première À, B). In-12, toile. . . . 2 » PHysiQue (Classe de Philosophie À, B). An-12, toile. . 2.50 CHIMIE (Classe de Philosophie A, B). 1n-12, toile. . . . . 2.75 PnysiQue (Classe de Mathématiques À, B). In-12, toile. 3 » CHIMIE (Classe de Mathématiques À, B). In-12, toile. . 2.75 ee Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. TA à gas bre 2, dd | COURS DE SCIENCES NATURELLES RÉDIGÉ CONFORMÉMENT AUX NOUVEAUX PROGRAMMES Ï 7 (3: Fe 1902) RE | er Philosophie À, B, et Mathématiques À, B. _— Paléontologie 3 animale G. Colomb Le SERA Houlbert tés EN ‘teur es = 7 TEE Pt du Lah ts ire #7 Botanique % Professeur de Sciences | mice de |: de la Sorbonne. au Lycée de pe re Paris So > > | |BRAIRIE ARMAND COLIN <$e <$> <$e 5, rue de Mézières Se 1904 TOUS DROITS RÉSERVÉS: ‘rue StMichel SEL GAND — CLASSES DE PHILOSOPHIE A, B ET DE Cat Fa er (SECOND CYCLE) RUE "4 EANVARS PROGRAMMES DU 31 MAI 1902 NCES NATURELLES (5 conférences d'une heure). (Les numéros correspondent aux pages du présent ouvrage). NOTIONS SOMMAIRES DE PALÉONTOLOGIE Idée générale de la configuration des continents et des mers durant les périodes primaire, secondaire et tertiaire (p. 15). — Changement des climats (p. 35). Les animaux des temps primaires (p. #9). — Développement des Invertébrés : Trilobites (p. 52), insectes de la houille (p. 56). — Premiers poissons, premiers batraciens (p. 65). Les animaux des temps secondaires : Ammonites (p. 77) et Bélemnites (p.82). — Évolution des Reptiles (p. 69 et 86). — Premiers Oiseaux (p. 92). Les animaux des temps tertiaires (p. 98) et quaternaires (p. 118). — Évolution des Mammifères : origine des types actuels (p. 103). — Histoire du Cheval (p. 113). L'Homme (p;: 121), INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA PALÉONTOLOGIE Définition de la Paléontologie. — La Paléontologie ! a pour objet la connaissance des animaux et des plantes qui ont vécu sur la Terre, aux époques anciennes, et dont les débris ou les empreintes, désignés sous le nom de fossiles, se retrou- vent aujourd'hui dans les différentes couches de lécorce terrestre. Utilité et but de la Paléontologie. — L'étude de ces fossiles nous montre que les formes animales ou végétales qui peu- plaient autrefois le globe ont souvent varié dans le cours des âges; ce sont même ces variations dans la faune et dans la flore ? terrestres qui ont permis d'établir, dans l'Histoire de la Terre, ces coupures auxquelles on a donné le nom _ d'Époques géologiques, chaque époque étant caractérisée par une faune et par une flore qui lui sont propres, et qui permet- tent de la distinguer des époques qui la précèdent ou qui la suivent. On croyait autrefois que ces faunes et ces flores successives étaient indépendantes les unes des autres; mais il semble aujourd'hui démontré qu'elles se relient, au contraire, les unes aux autres, par des liens très étroits; on a découvert, en effet, de nombreuses formes de passage qui font comme un . 1. Du grec : palaios, ancien; onta, êtres; logos, discours, étude, c'est-à-dire : étude des êtres anciens. 2, La faune d'une époque cest l'ensemble des animaux qui vivaient à cette époque ; la flore est l'ensemble des végétaux. 6 INTRODUCTION pont entre les faunes, généralement si différentes, de deux épo- ques consécutives. De sorte qu’on est actuellement très enclin à penser qu'il y a conlinuilé entre les faunes des époques succes- sives; que les formes animales ou végétales d'une époque dérivent par transformation graduelle, lente, mais continue, des formes antérieures et, par conséquent, que la faune ou la flore actuelle ont été préparées par les faunes et les flores anciennes, comme elles préparent, elles-mêmes, les faunes et les flores futures qui sortiront d'elles. L'étude de la Paléontologie est donc attrayante comme l'est toute étude qui éclaire nos origines. Elle est, de plus, indispensable si l’on veut se rendre un compte exact de la facon dont s'est faite, à la surface du Globe, l'évolution des êtres vivants. Difficultés que doit vaincre la Paléontologie. — Les docu- ments, c'est-à-dire les fossiles, que la Paléontologie utilise pour faire revivre le passé, sont très rares. C'est qu'il a fallu, en effet, des conditions toutes particulières, en quelque sorte exceptionnelles, pour que le corps des animaux ou les organes des plantes pussent se conserver dans les couches sédimentaires. En général, les parties molles ont disparu sans laisser de traces: seules, les parties dures ont pu, dans quelques cas, nous parvenir; aussi comprend-on combien, dans ces conditions, doit être faible le nombre des êtres dont il nous est possible d'observer et d'étudier les restes. Si l’on songe, en outre, que non seulement les restes fossi- lisés des êtres anciens sont rares et incomplets, mais que, fréquemment, ils sont encore enfouis pêle-mêle dans le sol: que les fragments du squelette d'un animal, par exemple, se retrouvent rarement réunis en un même point; qu'ils sont, le plus souvent, épars, dispersés sur un large espace et, par surcroit, mélangés à d'autres ossements provenant d'animaux très divers, on est en droit de se demander comment les géologues ont pu débrouiller un écheveau aussi compliqué et arriver à reconstituer, ainsi qu'ils l'ont fait, les faunes et les flores des âges passés. Découverte des méthodes utilisées en Paléontologie. — C'est à Georges Cuvier ! que revient l'honneur d'avoir mis de 1. Georges Cuvier, né à Montbéliard en 1969, mort à Paris en 1S32. ét EEÉ. y Ré san ont | blind tes dau DT NES, Le ds ie CS Ed 57 7 EN 4 y . ÿ F2, SL PREER = à L Vol P i 0 … CPS Ts 7 PART: Fe à at D, a® * #3 . s FA à INTRODUCTION 7 l'ordre dans l'étude des fossiles, et d’avoir découvert la méthode un > féconde grâce à laquelle la Paléontologie est entrée dans une voie vraiment scientifique. Pour bien faire comprendre en quoi consiste cette méthode, nous n'avons qu'à laisser la parole à Cuvier lui-même. Au début de son ouvrage sur les Ossements fossiles !, 11 com- mence par poser les données du difficile problème qu'il s'était proposé de résoudre, et qui n’était autre que la reconstitution des squelettes des animaux dont les débris se trouvaient alors abondants?, mais épars, dans les carrières de gypse de Montmartre. « Dans mon ouvrage sur les Ossements fossiles, dit-il, je me suis proposé de reconnaître à quels animaux appartiennent les débris osseux dont les couches superficielles du globe sont remplies. C'était chercher à parcourir une route où l'on n'avait encore hasardé que quelques pas. Antiquaire d'une nouvelle espèce, 1l me fallait apprendre à la fois à restaurer ces monu- ments des révolutions? passées et à en déchiffrer le sens; j'eus à recueillir et à rapprocher dans leur ordre primitif les frag- ments dont ils se composaient, à reconstruire les êtres anti- ques auxquels ces fragments appartenaient, à les reproduire avec leurs proportions et leurs caractères, à les comparer enfin à ceux qui vivent aujourd'hui à la surface du globe; art presque inconnu, et qui supposait une science à peine effleurée auparavant, celle des lois qui président aux coexistences des formes des diverses parties dans les êtres organisés. Je dus donc me préparer à ces recherches par des recherches bien plus longues sur les animaux existants: une revue presque générale de la création actuelle pouvait seule donner un caractère de démonstration à mes résultats sur cette création ancienne, mais elle devait en même temps me donner un grand ensemble de règles et de rapports non moins démon 1. Georges Cuvier : Zecherches sur les Ossements fossiles. Discours sur les Révo- lutions du Globe. Tome I. 2. Nous avons dit (p. 6) que les débris fossilisés étaient rares; nous disons ici qu'ils sont abondants. La contradiction n'est qu'apparente : les espèces fossilisées sont rares, puisqu'il n'y a guère que celles qui possédaient des parties dures qui ont été conservées ; mais leurs débris peuvent, sur certains points, être très abon- dants. 3. Nous verrous, p. 137, ce qu'il faut entendre par le mot « révolutions » qu'em- ploie Cuvier. 8 INTRODUCTION trés, et le règne entier des animaux ne pouvait manquer de se trouver en quelque sorte soumis à des lois nouvelles, à l'oeca- sion de cet essai sur une petite partie de la terre. » On voit que pour pouvoir comprendre les formes anciennes, Cuvier entreprit tout d'abord l'étude comparative des ani- maux vivants. Cette étude l’amena à poser deux principes importants, qui lui permirent de tirer des conclusions extré- mement remarquables pour l'époque à laquelle il les formu- lait; ce sont : 1° Le principe de la subordination des caractères, sur lequel repose toute sa classification, principe grâce auquel Cuvier parvint à établir une sorte de hiérarchie des caractères pou- vant servir à grouper rationnellement les espèces. 2° Le principe de la corrélation des formes, qui lui permit de reconnaitre que les différentes parties d'un animal sont, les unes par rapport aux autres, dans une dépendance telle que si l’une d'elles vient à varier, foules les aulres subissent des modi- Jications correspondantes. « Tout être organisé, dit Cuvier, forme un ensemble dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à la même action définitive par une action réciproque. Aucune de ces parties ne peut changer sans que les autres changent aussi; et par conséquent chacune d'elles, prise séparément, indique et donne toutes les autres. « Siles intestins d'un animal sont organisés de manière à ne digérer que de la chair, et de la chair récente, il faut aussi que ses mâchoires soient construites pour dévorer une proie, ses griffes pour la saisir et la déchirer, ses dents pour la couper et la diviser, le système entier de ses mouvements pour la poursuivre et pour l’atteindre, ses organes des sens pour l’apercevoir de loin. « Pour que la mâchoire puisse saisir, il lui faut une cer- taine forme de condyle, un certain rapport entre les positions de la résistance et celle de la puissance avec le point d'appui !, un certain volume dans le muscle qui la meut et une certaine étendue dans la fosse qui reçoit ce muscle, ainsi qu'une cer- 1. On sait qu'une mâchoire est un véritable levier et que, dans tout levier, il existe trois points remarquables qui sont les points d'application de la puissance et de la résistance, et le point d'appui (Voir DrincourT, Physique, Classe de Seconde À, B, C, D, p. 13. Librairie Armand Colin). 4 ET + At INTRODUCTION 9 | taine convexité de l’arcade zygomatique sous laquelle il passe. « Pour que l’animal puisse emporter sa proie, il lui faut une certaine vigueur dans les muscles qui soulèvent la tête, d'où résulte une forme déterminée dans les vertèbres où ces muscles ont leur attache et dans l’occiput où ils s'insèrent. « Pour que les dents puissent couper la chair, il faut qu'elles soient tranchantes et qu'elles le soient plus ou moins selon qu'elles auront plus ou moins exclusivement de la chair à couper. Leur base devra être d'autant plus solide qu'elles auront plus d'os, et de plus gros os à briser. « Pour que les griffes puissent saisir cette proie, il faudra une certaine mobilité dans les doigts, une certaine force dans les ongles, d'où résulteront des formes déterminées dans toutes les phalanges, et des distributions nécessaires de mus- cles et de tendons... « Les os de l'épaule devront avoir un certain degré de fermeté dans les animaux qui emploient leurs bras pour saisir, et il en résultera encore pour eux des formes particulières. Le jeu de toutes ces parties exigera dans tous leurs muscles de certaines proportions et les impressions de ces muscles, ainsi propor- tionnés, détermineront encore plus particulièrement les formes des os. « Il est aisé de voir que l'on peut tirer des conclusions semblables pour les extrémités postérieures qui contribuent à la rapidité des mouvements généraux; pour la composi- tion du tronc et la forme des vertèbres qui influent sur la facilité, la flexibilité de ces mouvements; pour les formes des os du nez, de l'orbite, de l'oreille, dont les rapports avec la perfection des sens de l'odorat, de la vue et de l’ouïe sont évidents. « En un mot, la forme de la dent entraine la forme du condyle, celle de l’'omoplale, celle des ongles, elc. De même, l’ongle, l’'omoplate, le condyle, le fémur et tous les autres os, pris chacun séparément, don- nent la dent ou se donnent réciproquement. En commençant par l'un quelconque des os, celui qui posséderail ralionnellement les lois de l’économie organique pourrait done refaire tout l'animal. » Il est impossible d'exprimer avec plus de netteté les rela- tions qui doivent toujours exister entre le mode d'existence d'un animal et la conformation générale de ses organes. On 10 INTRODUCTION sait aujourd'hui que cette saisissante corrélation des formes est le résultat de ce qu’on appelle l'adaptation *. Cuvier appliqua ce principe, qu'il formulait d'une façon si nette et si précise, à l'étude des ossements fossiles du gypse de Montmartre, et il montra comment, avec quelques frag- ments des os d’un animal, il était possible de reconstituer son squelette entier, et même de deviner l'aspect que devait avoir l'animal, de son vivant. Le retentissement des découvertes de Cuvier fut immense : botanistes, zoologistes et paléontologistes du monde entier s’engagèrent à l'envi dans la voie que Cuvier venait d'ouvrir, et, généralisant les résultats qu'il avait acquis, étendant à tout le règne animal et à tout le règne végétal les principes qu'il avait posés, arrivèrent par ce moyen à reconstituer très vite les faunes et les flores des premiers âges du Globe. 1. Nous expliquerons d'une facon plus précise, page 139, en quoi consiste l'adaptation et quelle est la cause probable de cette remarquable harmonie qui existe entre les organismes actuels, leur genre de vie et les conditions exté- rieures au milieu desquelles ils vivent. COURS DE SCIENCES. NATURELLES PALÉONTOLOGIE ANIMALE NOTIONS PRÉLIMINAIRES CLASSIFICATION DES COUCHES SÉDIMENTAIRES Afin de ne pas s'égarer au milieu de l'énorme quantité d'assises qui se superposent pour constituer l'écorce terrestre, il a fallu les classer, c'est-à-dire en former des groupes dans lesquels chaque assise, chaque couche, chaque strale, ait une place bien déterminée. C'est ce qu'ont permis de faire les règles fondamentales de la STRATIGRAPHIE *. On a donc réuni plusieurs Couches ou Strates pour en faire une Assise; plusieurs assises donnent un Étage, et un groupe d'étages constitue un Terrain. Mais, pour se déposer, chacun de ces groupes a exigé un certain temps. Le temps nécessaire à la formation de plusieurs terrains s'est appelé une Ëre. Le temps employé au dépôt d'un terrain est une Période, et celui qui a été consacré à la formation d'un étage se nomme une Époque. On admet qu'il y a eu, dans la vie du Globe, cinq ères suc- cessives, qui sont les êres primilive, primaire, secondaire, terliaire et qualernaire, pendant lesquelles se sont constitués les terrains primilif, primaire, secondaire, lertiaire et quaternaire. Ere et terrains primitifs. — À la base des terrains sédimen- taires, se trouvent les roches cristallines, c’est-à-dire qui sont formées d'un enchevétrement de cristaux de nature variée. 1. Cocows et HouLB8Eert, Géologie, Classe de Seconde, p. 50 et suiv. Librairie Armand Colin. 12 PALÉONTOLOGIE ANIMALE C'est, en général, par le granite que la série débute; ensuite viennent des schistes cristallins! de toute nature. Ces schistes ne renferment aucun fossile. re et terrains primaires. — Avec l'ère primaire appa- raissent les premiers êtres vivants connus?. Les plus abon- dants et les plus caractéristiques sont des Crusla- cés nommés Tri- lobiles (fig. 1). es sédiments de cette époque forment une suc- cession de cou- ches fortement Fig. 1.— Ux rriLogire en place dans un schiste primaire. houleversées par des mouvements ultérieurs du sol, et modifiées par la fréquence des phéno- mènes éruptifs. Ces sédiments se sont déposés, à l’origine, dans des océans largement ouverts: puis, au moins dans nos régions, ils ont subi un mouvement d'exhaussement, à la suite duquel, étant sortis de l’eau, ils ont fini par constituer de vastes continents. Cette première phase de la formation du sol appartient à l'ère primaire; un grand mouvement d'affaissement la ter- mine et immerge de nouveau les parties récemment émergées. re et terrains secondaires. — Alors, une seconde ère de sédimentation s'ouvre, pendant laquelle des terrains nouveaux se déposent au fond de mers tranquilles: ils sont en discor- dance très nette avec ceux de la série précédente 3. Ils ne 1. Schistes cristalliis, roches cristallines dans lesquelles les cristaux constitutifs sont disposés par couches, ce qui donne à la roche un aspect schisteur, c'est-à-dire feuilleté. Ex. : gneiss, micaschistes, schistes amphiboliques, etc. 2. Car, de ce qu'on n'en trouve pas dans les sédiments antérieurs à l'Ëre pri- maire, il ne s'ensuit pas qu'il n'ait point existé d'êtres vivants avant cette époque. Les conditions de la fossilisation ont dû être si rarement réalisées que nous ne connaissons certainement qu'une très faible partie des faunes et des flores anciennes. 3. On dit que des couches sont en discordance de stratification avec d’autres, quand les premières ont été relevées par un mouvement du sol, avant que les secondes se déposent horizontalement sur elles. Rs Ur} CLASSIFICATION DES TERRAINS 13 Rs F 7. subiront d’ailleurs, postérieurement à leur dépôt, aucun dépla- _ cement important. Cette longue période de calme, que les phénomènes volca- niques n’ont pas troublée, du moins en Europe, constitue l'ère secondaire; elle a vu le maximum d'extension de certains vertébrés tels _ que les reptiles, et de certains mollusques céphalopodes comme les Ammoniles (fig. 2) et les Bélemniles. Ëre et terrains tertiaires. — Une troi- sième époque, caractérisée par de puis- sants bouleversements de l'écorce ter- _ restre, succède au calme relatif des temps secondaires; l'activité interne Fig. 2. — Une ammonTEe . du Globe se réveille avec une grande des terrains secondaires. intensité, et de nouveaux mouvements du sol ramènent la mer sur les régions émergées ; pes sédi- ments qu'elle dépose recouvrent les sé ‘diments secondaires et sont presque partout en discor- dance avec eux; l'ensemble de ces dépôts cons- titue les terrains tertiaires, caractérisés par l'abondance des mammifères (fig. 3). Ëre quaternaire. — Cette ère est la nôtre. Son début, marqué par une extension considérable des glaciers. - coïncide approximative- -ment avec l'apparition de l'Homme sur la Terre (fig. 4), et elle se prolonge jusque dans les temps actuels. Subdivisions des ères Fig. 3. — UNE DENT géologiques. — Nous don- ?° MAMMIFÈRE (molaire Fig. 4. — Tigra 3 * s de Dinothérium) décou- yymain de l'ère nons, ci-contre, un tableau verte dans les terrains quaternaire. qui résume les principales tertiaires. divisions et subdivisions des ères ou des périodes, ainsi que celles des terrains qui leur correspondent, * Érabléau résumé dés périodes géologiques !.. (Ce tableau doit se lire de bas en haut.) V 4 Ë ÈRE QUATERNAIRE Caractérisée par l'apparition de l'omme et l'évolution des sociétés humaines. 2° Actuelle. Cette époque se subdivise en..... Le Pldistocbne, IV ÈRE TERTIAIRE Règne des Mammifires. Apparition des plantes actuelles. “ De : Pliocène. Dépôt des TERRAINS TERTIAIRES CE OU NÉOZOÏQUES. : Oligocène, 1? l° Éo :.NSSS 2 her Éocène.. +403 TRE ÈRE SECONDAIRE Règne des Æeptiles et des Ammoniles. Gymnospermes et premières Phanérogames. 3. Crétacé. 2. Jurassique. }. Triasique. Dépôt des TERRAINS $SECONDPAIRES OU MÉSOZOÏQUES. IT ÈRE PRIMAIRE Règne des Trilobites (Crustacés). Abondance des Cryptogames vasculaires. D. Permien. 4. Carbonifère. 3. Dévonien 2, Silurien. 1. Précambrien. Dépôt des TERRAINS PRIMAIRES OU PALÉOZOÏQUES. I ÈRE PRIMITIVE Pas de fossiles. | à Formation des TERRAINS PRIMITIFS ( Archéen. Succession de ( Micase is où AZOÏQUES. t schistes cristallins. j Gneiss. 1. Il est bien entendu que ce tableau n'est là qu'à titre de renseignement, afin que si, dans le cours de l'ouvrage, il est par exemple question d'oligocène ou de trias, on puisse s'y reporter pour savoir ce que ces termes désignent, ——— PLISSEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE 15 CHAPITRE PREMIER IDÉE GÉNÉRALE DE LA CONFIGURATION DES MERS ET DES CONTINENTS DURANT LES PÉRIODES PRIMAIRE, SECONDAIRE ET TERTIAIRE. — CHAN- GEMENTS DES CLIMATS 1° LES PLISSEMENTS DE L'ÉCORCE Formation des plis dans l’écorce terrestre. — On sait! que, selon toute vraisemblance, la Terre est formée d'un noyau central, incandescent, de matières à l'état de fusion ignée, et que ce noyau est complètement enveloppé d'une mince croûte solide qu'on nomme l'écorce lerrestre. Constamment, la Terre rayonne vers les espaces une partie de la chaleur qui lui est propre : elle se refroidit donc; mais comme, pour un même abaissement de température, les liquides se contractent plus que les solides, le noyau central, liquide, diminue de volume, par le refroidissement, plus que ne le fait la croûte solide. Il en résulte que celle-ci, pour conserver le contact avec le noyau qu'elle recouvre, est obligée de se plisser, comme fait la peau d'une pomme dont l'intérieur se dessèche. Les plis saillants de l'écorce ont constitué les chaînes de montagnes et les continents; les plis creux ou rides sont devenus les fonds de mers. Les zones de plissements ne sont pas limitées aux plis pro- prement dits. — Il ne faudrait pas s'imaginer qu'un pli, dans l'écorce terrestre, se réduise à une simple ligne de hauteurs. Sans doute, il y a toujours une ligne culminante qui est comme l’axe du pli; mais les deux versants de cet axe se prolongent souvent à de grandes distances par des zones qui peuvent présenter l'aspect de plaines, mais qui, bien que plates et horizontales, n'en ont pas moins été englobées dans la for- mation du pli, et ont subi, de ce fait, un exhaussement sen- sible. Aussi, beaucoup de régions de plaines font-elles géolo- giquement partie de systèmes montagneux, parce qu'elles ont été exhaussées et sont sorties dela mer pour devenir 1. Voir Cocows et HouzserT, Géologie (Phénomènes actuels). classes de 5° B et de 4° A, p. 123 et suivantes. Librairie Armand Colin. 16 PALÉONTOLOGIE ANIMALE continentales au moment de la surrection d’un massif de montagnes. Un pli résulte d'une poussée latérale. — ['autre part, ce n'est pas, ainsi qu'on le croyait autrefois, une poussée interne, verticale, de bas en haut, qui provoque l'apparition d’un massif montagneux : c’est une poussée latérale; et si l'on veut se convaincre qu'une poussée de ce genre peut amener la formation d'un pli, on n’a qu'à pousser, avec un doigt de sa main droite, la peau de sa main gauche, on voit que le refou- lement produit sur la peau, en avant du doigt qui exerce la poussée, toute une série de plis, très comparables à ceux qui apparaissent sur l’écorce terrestre. L’apparition d’un pli n’est pas subite. — Enfin, l'étude atten- tive des couches sédimentaires dans les régions disloquées par les plissements montre que la formation d’une chaîne de montagnes n’est pas un accident brusque. Il a fallu, en général, une nombreuse série d'efforts, de pressions, de re- foulements superficiels, s’exerçant pendant un temps extré- mement long, pour produire les puissants reliefs du Jura, des Pyrénées ou des Alpes. Il est, le plus souvent, très diffi- cile, sinon impossible, de déterminer la date de ces divers mouvements: seul, le dernier peut, dans certains cas, être fixé avec quelque certitude: il s'ensuit que ce que l’on appelle l’âge d’un massif montagneux, c'est ordinairement l’âge de la dernière dislocation. Les plissements principaux de l’écorce terrestre. — (Ces préliminaires posés, nous pouvons dès à présent dire que les continents de l'hémisphère boréal, au moins en ce qui concerne la région européenne, doivent leur formation à quatre plissements successifs qui ont donné naissance, dans le cours des temps géologiques, à quatre grandes chaînes de montagnes presque parallèles dans leur direction générale : 1° Le premier plissement a eu lieu avant le dépôt des sédi- ments précambriens ! : c'est la chaîne huronienne. 2° Le deuxième s’est produit pendant la formation des ter- “ains siluriens, et a formé la chaine calédonienne. 3° Le troisième, vers la fin de la période carbonifère, a fait apparaître la chaine hercynienne où armoricaine. 1, Voir le tableau de la page 14: CT "4 v è ER € : PLISSEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE 17 4° Enfin, le quatrième, vers le milieu des temps tertiaires, a donné la chaîne alpine. 1°" Plissement : Le continent huronien. — Si nous exami- nons la distribution des dépôts précambriens, nous voyons que, en France et dans l'Europe centrale, tous ces dépôts sont formés de schistes à grain fin, ce qui est l'indice d'une formation s'étant effectuée loin des rivages, au sein d'une mer tranquille. Dans les régions septentrionales de l'Europe, au contraire, les dépôts précambriens sont faits de galets et de grès, ce qui caractérise une formation littorale. Donc, pendant la période précambrienne, il y avail une mer à la place qu'occupent actuellement la France el l'Europe centrale, et cette mer poussail ses vagues contre les falaises d’un continent silué dans les régions boréales. Ce continent, aux côtes abruptes!, s'étendait depuis les bords du lac Huron (Amérique du Nord) jusqu'en Asie, Il était dû à un premier plissement de l'écorce terrestre, plisse- ment qui avait donné naissance à une longue chaine de hau- teurs contre lesquelles venait déferler la mer précambrienne. On a donné à cette chaîne le nom de chaine huronienne. Au sud du continent huronien s'étendait une mer large- ment ouverte, au milieu de laquelle émergeaient quelques grandes iles, telles que la Bretagne, le Plateau Central et la Bohême (fig. 5, carte n° 1). Plus tard, ce continent boréal s'est disloqué; le Canada ainsi que le Groënland en sont les derniers vestiges ?. 2° Plissement : Le continent calédonien. — Vers la fin de la période silurienne, un nouveau pli se dessine au sud du rivage huronien: cette = 5 zone de plissements intéresse, cette fois, les États-Unis, l'Écosse et la Scandinavie (fig. 5); on lui donne le nom de chaine calédonienne*. Une large bande de terre ferme, comprise entre l'ancienne chaine huronienne et la nouvelle chaine calédonienne, a élé exhaussée, s’est ajoutée à l’ancien continent précambrien et l’a élargi vers le sud. La présence de 1. Les galets qu'on trouve le long de cet ancien rivage indiquent qu'il y avait des falaises que la mer démolissait. 2. On ne saurait étudier sérieusement la Géologie sans avoir toujours devant soi un atlas contenant de bonnes cartes de Géographie physique. Voir ATLas Vibar-LaBLacHe, Classe de Seconde, carte n° 52-°, Librairie Armand Colin. 3. De Calédonie, ancien nom de l'Écosse. PALÉONTOLOGIE (CL. DE PHIL. ET DE MATH. À ET B). 2 18 PALÉONTOLOGIE ANIMALE 1 FUN ONE roches éruptives traversant les sédiments précambriens et siluriens, et même l'existence de véritables volcans éteints en Écosse, nous montrent clairement qu'à cette époque, la DS chaîne calédonienne était le théâtre de manifestations volca- s niques importantes. Cette chaîne ne s'était pas, en effet, 7” a a/pins Fig. 5. — (Carte n° l) PLISSEMENTS SUCCESSIFS DE L'ÉCORCE TERRESTRE. Dans cette carte, comme dans la plupart des suivantes on a, pour servir de repère, tracé la silhouette des terres et des mers actuelles. Quant aux plis- sements eux-mêmes, ils avaient soulevé le sol sur une grande étendue, des deux côtés des lignes marquées sur la carte. formée sans qu'il en soit résulté des cassures dont pro- fitaient les matières en fusion de l'intérieur pour s'épancher au dehors. | Les monts Alleghanysen Amérique,les Grampians en Écosse, sont les restes de cette chaîne calédonienne aujourd'hui démantelée. 3° Plissement : Le continent hercynien. — À l'époque car: bonifère, un troisième pli se forme encore au sud de 1 EHARE fn nn, ESS J FI + € nu ’ 4 ” PLISSEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE 19 calédonienne, mais l’espace compris entre cette nouvelle chaine et l’ancienne reste en partie couvert par les eaux, et c'est dans cette sorte de grand fossé, très largement ouvert vers l’est (fig. 5), que s'accumulent la plupart des dépôts de houille qui caractérisent cette époque. La ligne de relief qui prend ainsi naissance a reçu le nom de chaine hercynienne !, du nom de l’an- cienne Germanie. | Avec le plissement qui donna naissance à la chaîne hercy- nienne, se terminent les mouvements du sol contemporains de l'ère primaire. 4° Plissement : Le continent alpin. — Les temps secondaires représentent pour l'Europe une période de tranquillité ; on n'y signale pas de mouvements violents du sol. Mais, vers le milieu de l'époque tertiaire, de nouvelles dislocations se produisent ; une poussée formidable, venue du sud, fait surgir un nou- veau pli au sud de la chaîne hercynienne : c'est la chaîne alpine, qui s'élend depuis les Pyrénées tout le long de la dépression méditerranéenne, et qui se prolonge, en Asie, par l'Himalaya (fig. 5). ConNcLUsION. — Ainsi donc, les terres solides qui forment l'hémisphère boréal ont pris naissance par une suite de quatre plissements successifs, apparaissant dans des régions de plus en plus méridionales ; les différentes chaînes ainsi formées sont, par conséquent, d'autant plus jeunes qu'elles sont plus voi- sines de la Méditerranée, et l'on est en droit de se demander, en présence de la régularité de ce phénomène, si, à l'heure actuelle, un cinquième plissement, plus méri- dional encore que le plissement alpin, n’est pas en préparation. Fig. 6. — FORMATION PAR POUSSÉE LATÉRALE : D'UNE SÉRIE DE PLIS PARALLÈLES venant s’entasser Etat actuel de ces contre un buttoir immobile (M), formé par un mas- différentes chaînes. — sif montagneux déjà existant. — P1,P», P;, Plis. Les deux premières chai- — Ri,R>, Rides. nes, c’est-à-dire la chaine huronienne et la chaine calédonienne, existant depuis le début des temps primaires, ont subi pendant un temps très long les effets de l'érosion. Elles ont donc été complètement démantelées, et il n’en subsiste, à l'heure actuelle, que quelques rares débris constitués par 1. On lui donne aussi le nom de chaine armoricaine. 20 PALÉONTOLOGIE ANIMALE les massifs les plus résistants; et encore, ces débris ont-ils été sin- gulièrement disloqués, parce que, buttoirs immobiles, ils ont parfois subi une sorte d’écrasement sous l'effort des poussées qui sont venues se briser contre eux en donnant naissance aux plissements ulté- rieurs (fig. 6). Chaîne huronienne. — C’est ainsi que de la chaine huronienne, il ne reste plus guère que le Canada, le Groënland et PIslande. Chaîne calédonienne. — Les vestiges de la chaîne calédonienne Toarvenirère Profil actuel. === Profil primitif probable. INR ÉTAT ACTUEL DU VOLCAN PRIMAIRE DE LARGO-LaAw, EN ÉCOSSE (C,C’, Cône de débris. — B, Laves anciennes). sont plus nombreux et plus importants : ce sont les Grampians et les monts Scandinaves; on y retrouve même encore d'anciens volcans remarquablement conservés (fig. 7). Chaîne hercynienne. — La chaine armoricaine ou hercynienne ne nous présente plus actuellement que des massifs de faible altitude et isolés les uns des autres. Ils ont, cependant, encore une grande importance géographique : ce sont, en effet le Plateau Central, la Bre- tagne, Y Ardenne, les Vosges, la montagne de la Serre, les montagnes des Maures et de l'Esterel. Plateau Central. — L'énorme massif de roches primitives qui occupe + Re ON EE a Va MT + De CRU EURE TS UNE + + "SA n'E L + # SE _ + : Ve. RES Fig. 8. — ASPECT DU PLATEAU CENTRAL, A LA FIN DES TEMPS SECONDAIRES. le centre de la France, sur une superficie de 130 000 kilomètres carrés, peut être défini d’une manière très simple : c'est un plateau de 500 mètres d'altitude, en moyenne, recouvert à sa surface d’une accu- mulation de roches volcaniques d'âge tertiaire. Ce massif, émergé dès le commencement de l’ère primaire, a subi pendant un temps extrêmement long les effets de l'érosion; il s’est DTA, 7 ET he Li DER 7. PLISSEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE 21 donc usé, de sorte qu'à la fin des temps secondaires, il se présentait sous l'aspect d’un grand plateau très nivelé, et peu élevé au-dessus du niveau de la mer (fig. 8). A l’époque tertiaire, à la suite de fractures occasionnées dans sa Fig. 9. — LE PLaTEAU CENTRAL PENDANT LÈRE TERTIAIRE, fracturé par la poussée qui a donné naissance au plissement alpin, il livre passage aux basaltes et se couvre de volcans. masse par les mouvements du sol qui donnèrent naissance aux Alpes, de nombreux volcans s’ouvrirent à la surface du Plateau et livrèrent passage à de puissantes coulées de basaltes et de trachytes (fig. 9). Ce sont ces coulées qui, refroidies, forment aujourd'hui les accidents montagneux que l’on désigne sous les noms de chaine des Puys, de massifs du mont Dore (Pic Sancy, 1 885 mètres) et du Cantal (Plomb du Cantal, 1858 mètres), de chaine du Velay (Mézenc, 1754 mètres); le “ Versant mdr ab Versant = Méridional Lx er NE Surface actuelle du sol. Fig. 10. — CoupE TRANSVERSALE DE LA BRETAGNE (du S.-O. au N.-E.) pour montrer les plis parallèles produits dans les couches primaires par le refoulement hercynien et les injections de granite et de granulite qui se sont fait jour par les cassures. cône volcanique le plus élevé, le Puy de Dôme, s'élève à 1 468 mètres au-dessus de la surface du plateau. Brelagne. — De même que le Plateau Central, la Bretagne appartient au groupe des ridements hercyniens; elle résulte d’une violente poussée horizontale, dirigée sensiblement du sud-ouest au nord-est, et qui, refoulant toutes les couches du massif primaire, produisit un grand 29 PALÉONTOLOGIE ANIMALE : nombre de plis, parallèles entre eux, et perpendiculaires à la direc- tion de la poussée (fig. 10), c’est-à-dire orientés de l’est à l’ouest. Ces mouvements ne se produisirent pas sans occasionner des cassures dans lesquelles s'injectèrent d'énormes coulées de granite et de granulite. L'érosion a ensuite usé et nivelé ces plis, en faisant dis- paraitre leurs sommets. Seules, les injections de granite, plus dures, ont résisté, et c’est pourquoi les arêtes montagneuses de l’Armorique sont presque exclusivement formées de granite. Ardenne. — L'’Ardenne est encore l’un des débris de la chaîne hercynienne. C’est une région assez élevée, mais d’altitude réduite par l’érosion qu’elle a subie, elle aussi, depuis les temps primaires; plus tard, à une époque qu’il est difficile de préciser, elle a été légèrement soulevée et inclinée vers le nord-ouest; mais le mouvement s’est fait tout d’un bloc, sans qu’il en soit résulté aucune fracture; il ne s’y est donc pas produit de manifestation volcanique, de sorte que le relief de cette région n’a été modifié par la superposition d’aucune roche éruptive. Vosges. — La chaine des Vosges faisait primitivement partie du massif de la Forêt-Noire dont elle était un prolongement vers l’ouest; mais, vers le milieu de l’époque tertiaire, les mou- vements du sol qui abou- tirent à la formation des Alpes, produisirent une longue cassure suivie d’un glissement vertical des couches (fig. 11), et c’est Fig. 11. — La cassure pes Vosces ct la forma- ainsi que prit naissance la tion de la vallée du Rhin. -_ vallée du Rhin. Après que les Vosges eurent été ainsi séparées du massif dont elles faisaient partie, l'éro- sion les a faconnées et leur a donné leur forme si caractéristique de ballons arrondis. Montagne de la Serre. — L'intérêt de cet ilot, formé de gneiss et de granite, et placé à peu près au milieu de la distance qui sépare le Morvan du massif des Vosges, réside tout entier dans ce fait qu'il prouve qu'il y avait autrefois continuité entre le Plateau Central et les Vosges; c’est un pointement granitique qui émerge des dépôts jurassiques, et qui représente très certainement le sommet d’un pic de la chaine hercynienne, effondrée sur l'emplacement de ce détroit de Bourgogne (voir la carte n° 3, p. 25) par lequel le bassin de Paris communiquait, à l’époque du jurassique inférieur, avec le bassin du Rhône. Montagnes des Maures el de l’Estérel 1. — Peut-être faut-il regarder 1. Pour la situation des montagnes des Maures et de l'Esterel, voir la fig. 12, carte n° 2, p. 24. »c N 74 t VARIATIONS DES CONTINENTS ET DES MERS 23 ces montagnes comme appartenant à la série des plissements hercy- niens; cependant, les mouvements du sol qui ont donné naissance au massif de l’Esterel paraissent s’être continués jusque pendant le Trias, c’est-à-dire au début des temps secondaires. Enfin, l’analogie de ces différentes montagnes européennes avec les _ Appalaches d’un côté et avec l’Oural de l’autre, permet de penser que PP P q les plissements hercyniens se sont prolongés vers l'ouest, jusqu’en Amérique, et, vers l’est, jusqu’en Asie. La Meseta ! espagnole et pro- bablement une partie de la Corse, peut-être aussi quelques points élevés des Pyrénées, existaient sous forme d'’iles en avant de cette chaine. Tous ces massifs, Armorique, Plateau Central (sauf les Puys), Vosges, Maures, Esterel, aujourd’hui séparés les uns des autres, ne sont donc que les débris de l’ancienne chaîne hercynienne ou de ses contreforts; leur faible relief est dû à l’usure qu’ils ont subie; quant aux intervalles qui les séparent actuellement, ils correspondent à de larges fractures, ou à des effondrements transversaux. Montagnes d'âge tertiaire. — Tous les massifs montagneux de cette époque sont le résultat des mouvements du sol qui ont abouti à la formation des Alpes (chaîne alpine); comme ils se sont tous pro- duits sur le pourtour de la dépression méditerranéenne, on désigne aussi quelquefois sous le nom de système médilerranéen l'ensemble des chaines auxquelles ils ont donné lieu. Cet ensemble comprend les montagnes les plus récentes, telles que les Pyrénées, les Alpes, le Jura, ete. Comme ces chaînes existent encore à peu près telles qu'elles ont été dès l'origine, leur étude relève de la géographie et nous ne pouvons que renvoyer le lecteur aux ouvrages spéciaux. 2 LES VARIATIONS DES CONTINENTS ET DES MERS Ces plissements successifs du sol ne se sont pas, nous l'avons fait observer, accomplis d'une façon subite. Tous ont été précédés d’une longue préparation pendant laquelle des régions très étendues, comprises dans l'aire de refoulement, subissaient des mouvements d’affaissement ou d’exhausse- ment. Ces mouvements étaient, la plupart du temps, extré- mement lents; mais ils n’en avaient pas moins pour consé- quence d'amener, à la longue, d'importantes modifications dans la distribution des continents et des mers : telle partie de l'écorce, jadis fond de mer, s'exhaussait peu à peu et devenait un continent, tandis qu'ailleurs c'était l'inverse qui se produisait. 1. Massif paléozoïque, noyau de la péninsule ibérique, comme notre Plateau Central est le noyau de la France. \ 24 PALÉONTOLOGIE ANIMALE RARES La France pendant les temps primaires. — C’est ainsi qu’au début de l'ère primaire, à une époque très antérieure au plissement hercynien qui devait directement affecter le sol de la future France, la Bretagne, le Plateau Central et les Vosges étaient probablement déjà émergés et formaient des ANGLET EEE ‘ p' latteite Région envahie par les glaciers de la période glaciaire. CRT Glaciers actuels. Fig. 20. — (Carte n° 10) GLaciers pes ALpes pendant la période glaciaire. cependant que les glaciers des Alpes, par exemple, aient diminué lentement, mais d’une facon constante, sans arrêt, à mesure que s’abaissaient les sommets, pour devenir ce slt te spl em late St Sant 20 ele orne - 4 k . É “ DE TN gs ‘ VARIATIONS DES CLIMATS 47 HE - qu'ils sont maintenant. Il y a eu, à différentes époques, une recrudescence des glaciers et, par conséquent, un retour à offensif de la période glaciaire. Ces alternatives n'ont rien d’anormal : en effet, s’il est vrai de dire que, d’une façon générale, les glaciers des Alpes sont actuellement en voie de décroissance, il n’en est pas moins vrai que leurs fronts, après une période de recul assez longue, se mettent quelquefois, tout à coup, à avancer sous l'influence d’une alimentation plus forte ou d’une ablation plus faible, ou pour ces deux causes réunies. Il en a été de même à l'époque glaciaire : des glaciers qui étaient déjà rentrés dans leurs vallées particulières se sont mis tout à coup à avancer, à la suite de quelques années humides, plus favorables à l'alimentation qu'à lablation, et . comme leurs fronts n'étaient pas encore très éloignés de leur point de convergence, ils n’ont pas tardé à se rejoindre, à se souder et à rendre ainsi au glacier résultant de leur réunion, et, par suite, à la calotte glaciaire, à peu près son extension première f. Les périodes comprises entre deux extensions consécutives des glaciers ou, comme on dit, entre deux glacialions, se nom- ment périodes interglaciaires. En Europe et en Amérique, il y a eu au moins deux périodes glaciaires, séparées par une période interglaciaire. La végé- tation, les animaux, et l'Homme lui-même, avaient pu, pen- dant cette période interglaciaire, suivre le recul des glaces et s'établir à la place que recouvraient les anciens glaciers. Ils en ont été chassés par leur retour. D'autre part, 1l semble qu'il y ait eu, à l'époque pliocène, une première glaciation, de sorte qu'il y aurait eu, depuis les temps tertiaires, Jusqu'à trois époques glaciaires et deux époques interglaciaires. Enfin, on a émis, dans ces dernières années, cette opinion que des glaciers avaient existé à toutes les époques géolo- giques : on aurait retrouvé, en Angleterre, des traces de gla- ciers primaires. Si cette découverte se confirme, il en résultera que les phénomènes glaciaires se seraient produits à toutes 1. Il ne faut pas oublier que tous les glaciers d'un même versant se trouvant soumis aux mêmes conditions climatériques, toute cause qui agit sur l'un d'eux, soit pour faire avancer son front, soit pour le faire reculer, agit, en général, dans le même sens sur tous les autres. 48 PALÉONTOLOGIE ANIMALE les époques, comme les phénomènes volcaniques; les glaciers se seraient, d'âge en âge, avancés vers le sud, en même temps que les chaines de montagnes elles-mêmes : après avoir apparu sur la chaine calédonienne, ils se seraient établis ensuite sur la chaîne hercynienne, et enfin, à l’époque qua- ternaire, ils auraient passé sur la chaîne alpine où ils sont encore aujourd'hui. CONCLUSION ET RÉSUMÉ. I1 résulte clairement de l’étude que nous venons de faire que, si l’on ne tient pas compte de phénomènes locaux et temporaires comme les phénomènes glaciaires, la Terre a, d’une façon générale, subi, depuis l'aurore des temps primitifs, un refroidissement très lent, mais continu. On n’est pas absolument fixé sur la cause de ce refroidissement. Cependant, si l’on admet que la terre ait été, au début, un globe de matières incandescentes, il est naturel de penser que ce refroidisse- ment est dû au rayonnement calorifique vers les espaces, rayonne- ment qui se poursuit encore à l’heure actuelle, mais qui, à cause de l'épaisseur sans cesse croissante de l’écorce solide, mauvaise conductrice de la chaleur, devient de moins en moins rapide. Quoi qu’il en soit, il est certain que le soleil n’est parvenu qu’'assez tardivement à faire sentir son influence et à déterminer l'apparition de zones climatériques. Pendant toute l’ère primaire, en effet, on constate bien que les conditions météorologiques des différentes régions du globe présentent une certaine diversité, mais les zones proprement dites, à frontières nettement délimitées, n’ont pas encore fait leur apparition : ce n’est qu’à l’époque jurassique qu’on les voit apparaitre. Elles sont encore mieux caractérisées au Crétacé, parce que la tempé- rature générale du sol s’est encore abaissée et que l'influence du Soleil devient de plus en plus prépondérante. Enfin, c’est pendant l'ère ter- tiaire que s’établissent définitivement des zones tout à fait comparables aux zones actuelles. LES TEMPS PRIMAIRES 49 CHAPITRE II LES TEMPS PRIMAIRES Généralités. — Les animaux que nous connaissons actuel- lement à l'état fossile, et dont l'ensemble forme ce que l’on appelle la faune primaire ou paléozoïque !, ont déjà une structure très compliquée. Il est donc au moins très probable que ces formes animales qui nous paraissent être les plus anciennes, ont été précédées d’autres formes plus simples, dont elles déri- vent par descendance, mais qui ont disparu sans laisser de traces, ou dont les géologues n'ont pas encore réussi à décou- vrir les restes. Il existe, d’ailleurs, un certain nombre d'indices qui confir- ment ce que nous venons de dire : ne trouve-t-on pas, par exemple, 10 0/0 de matières organiques dans les gneiss (Ter- rain primitif) de la Suède? Ces matières organiques ne peu- vent évidemment provenir que d'êtres organisés, antérieurs à ceux qui constituent la faune et la flore primaires. Quoi qu'il en soit, et bien que les animaux et les végétaux primaires soient déjà assez avancés en organisation, ils n’en appartiennent pas moins à des groupes encore très infé- rieurs : les plus perfectionnés des animaux primaires sont, en effet, des Arthropodes ? et des Mollusques?. Quant aux végétaux, ils ne sont encore que des Cryplogames vasculaires, c'est-à-dire des plantes sans fleurs, analogues aux Fougères, aux Prêéles et aux Lycopodes actuels ; c'est à peine si quelques Gymnospermes commencent à apparaître dans les assises tout à fait supé- rieures des terrains primaires. FAUNE DES TEMPS PRIMAIRES Nous ne pouvons, on le comprend, passer en revue tous les animaux qui peuplaient les continents et les mers pendant 1. Du grec : palaïos, ancien, 36on, animal ; c'est-à-dire faune des animaux anciens. 2. Arthropodes, annelés à pattes articulées. 3. Mollusques, animaux mous, souvent à coquille calcaire. Ex. : l'Huitre, l'Es- cargot. PALÉONTOLOGIE (CL. DE PHIL. ET DE MATH. À ET R) 4 50 PALÉONTOLOGIE ANIMALE l'ère primaire. Nous nous contenterons d'examiner les prin- cipaux groupes, ceux qui donnent à la faune de cette époque son allure si particulière et son aspect si caractéristique. Ainsi que nous l’avons déjà dit (p. 49) ce sont les inverté- brés qui sont les plus nombreux: ils diffèrent, d’ailleurs, assez notablement de ceux qui vivent aujourd'hui. BRACHIOPODES Structure et forme des brachiopodes. — Les Brachiopodes constituent l’un des groupes les plus importants des temps primaires. Par leur aspect extérieur, et surtout par la confor- mation de la coquille qui enveloppe leur corps, ces animaux ressemblent aux mollusques bivalves (huîtres, moules, ete.); mais celle ressemblance n'est qu'apparente, car, par leurs carac- tères internes, que nous n'avons pas à examiner ici, ils se rap- prochent plutôt des vers. Les brachiopodes vivent fixés sur le fond de la mer par l'in- termédiaire d'un organe mus- culaire, désigné sous Je nom ce V de pied (P, fig. 21). 8 OUPE D'ON BRACIOPODE. Ja facon dont le PP PERPENDICULAIREMENT A LA CHARNIÈRE. — P,Pied fixé au support S.— V, Valve ventrale (inférieure). — D, Valve dor- podes sont disposés dans leur coquille les différencie très net- sale (supérieure). — C, Crochet.— M, tement dés llusaue Ainsi Muscles au moyen desquels l'animal cRenr os Re a Le AFS S ferme sa coquille. — M’, muscles avee dans la moule ou l'huiître, les lesquels il l’ouvre. — Ch, Charnière. valves sont latérales par rap- port à l'animal : 1l y a une valve droite et une valve gauche; chez les brachiopodes, l’une des valves est ventrale, l’autre dorsale. En somme, dans sa coquille posée à plat, l’Huitre est couchée sur le côlé, tandis que le Brachio- pode y est couché sur le ventre. De plus, chez les brachiopodes, les deux valves sont toujours inégales, la valve inférieure (ventrale) étant toujours plus grande que la valve dorsale. La valve ventrale est aussi, le plus souvent, munie d'un crochet percé d'un trou par où sort le pied: elle est réunie à la valve supérieure ou dorsale, tantôt par des dents formant charnière (Brachiopodes articulés; ex. : Térébratule), tantôt simplement par des muscles (Brachiopodes inarticulés; ex. : Lingule). LES TEMPS PRIMAIRES 51 Des deux côtés de la bouche de l'animal partent deux longs prolongements, nommés bras (d'où le nom de Brachiopodes): ces bras, enroulés en spirale, et qui servent surtout à la res- piration, portent sur un de leurs bords une rangée de fila- ments ciliés. Comme ils sont mous et flexibles, ils sont, en général, soutenus par un appareil calcaire de forme variable, fixé sur la valve € dorsale. Cet appareil pré- *% sente une de ses dispositions les plus curieuses dans le genre Spirife ri qui, précisé- ment, tire de là son nom (fig. 22). ; Fig. 22. — SpiriFeR dont la valve dor- Extension des brachiopo- sale (supérieure) est supposée brisée pour des pendant l'ère primaire. montrer le support spiral des bras. — Les brachiopodes ont présenté un très grand développement pendant les temps primaires; ils apparaissent dans le Cambrien par des formes inarticulées (Lingules); ils atteignent leur maximum de déve- loppement à l'époque dévonienne, et diminuent ensuite gra- _ duellement d'importance, sans toutefois s'éteindre tout à fait. Un certain nombre d'espèces en effet, continuent à vivre pendant les temps secondaires; quelques-unes ont même per- sisté jusqu'à nos jours et présentent la même conformation que les espèces anciennes. Le groupe des brachiopodes est donc un groupe qui n'a pas évolué et qui, par conséquent, n'a pu que diminuer d'importance. Les genres Spirifer et Productus s'éteignent avant la fin des temps primaires; le premier était extrêmement abondant dans les sédiments dévoniens ; les seconds vivaient plutôt pendant l’époque carbonifère. ARTHROPODES On donne ce nom à tous les animaux dont le corps est formé d’anneaux plus ou moins distincts et qui ont des membres articulés. Parmi les arthropodes primaires, les uns vivaient l'eau : ce sont les Trilobiles; les autres vivaient dans js D l'air : ce sont les /nsectes. chan —— 1. Du latin : spira, spirale, et ferre; porter: 52 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Trilobites. — Les Trilobites sont 1 1 eo LOT EURE Le RE es == plus caractéristiques des temps primaires; ils vivaient en nombre immense à cette époque et, malgré les nombreuses causes de destruction qui ont dû faire disparaître les restes de ces animaux si anciens, on en à décrit plus de 17000 espèces. Il est vrai qu'étant des crustacés, ils possédaient une cara- pace calcaire, dure par conséquent, circonstance favorable à la fossilisation. Les trilobites (fig. 23}, comme leur nom l'indique, étaient Fig. 23. — UN TRILOBITE, VU DE DOS. — TT', Tête. — T'P, Thorax. — PP’, Pygidium. — G, G3, Go, G3, Glabelle. — $S, Ligne de suture sé- parant la joue fixe, Jf, de la joue mobile, Jm. — O, Œil. — 0, Ocelles (petits yeux supplémentaires). — g, Pointes génales. — PI], Plèvres. tinctes : la tête (TT'), le thorax (T'P) et le pygidium (PP). Chaque partie du corps étant formée d'anneaux très dis- tincts, il en résulte que ces animaux appartenaient bien à l’'embranchement des annelés. L'existence d'une carapace et la présence de branchies fixées sur les pattes (fig. 24) permettent de les ranger dans la classe des crustacés, des animaux dont le corps était divisé en trois parties (trois lobes), et cette division est aussi visible dans le sens longitudinal que dans le sens transversal. Face supérieure. — Vu en dessus (fig. 23), le corps d'un de ces animaux présentait, en effet, trois régions bien dis- | | | 4 Fig. 24. — CouPpE TRANSVERSALE D'UN , TRioBiTe. La coupe est faite à la hau- teur du deuxième segment thoracique; elle montre les branchies Br, fixées sur les pattes P et P'. — C, partie du corps qui correspond au lobe médian; elle se pro- longe au-dessus de la naissance des pattes, par les plèvres. TM ET EME EE PAT, à. 09 à Le L . : , ñ : f LES TEMPS PRIMAIRES 53 Enfin, leurs pattes, formées d'articles mobiles, en font des arthropodes. 1° Tête. — La tête présente, en général, l'aspect d’un bou- clier arrondi; mais sa forme est très variable suivant les espèces ; cependant, quelle que soit l'espèce observée, on y remarque toujours un renflement médian, la glabelle (G), à l'intérieur duquel devait se loger l'estomac; les parties planes, situées à droite et à gauche de la glabelle, sont les joues (Jm et Jf), souvent terminées par des pointes allongées, appelées pointes génales (g). Presque toujours, on observe à la surface des joues une ligne de suture (S) qui a une grande importance au point de vue de la classification. Le bord antérieur de la tête est replié en dessous où il forme comme une sorte d'ourlet. Sur les joues se voient les yeux (0) qui, chez quelques espèces, étaient pédonculés comme ceux des écrevisses actuelles, et formés de petites facettes comme ceux des insectes de nos jours. 2 Thoraxz ou abdomen. — La deuxième région du corps, désignée indifféremment sous les noms de thorax où d'abdo- men , comprend un nom- bre variable d’anneaux, mobiles comme le sont ceux de l'abdomen des écrevisses; chacun d'eux est formé d’une partie médiane et d'ap- pendices latéraux dési- Fig. 2%. — Un TRILOBITE ENROULÉ (Calymene gnés sous le nom de Zlumenbachi. — À, vu de face. — B, vu de profil. plèvres (PI). Sauf dans quelques genres, assez rares d’ailleurs, le nombre des anneaux de l'abdomen n'était pas fixe; il semble même qu'il ait été variable, suivant l’âge, chez un même individu. Grâce à la mobilité des anneaux de leur thorax, un grand nombre de trilobites possédaient la faculté de s'enrouler sur eux-mêmes à la façon des cloportes (fig. 25). 3° Pygidium. — Le pygidium possédait, comme l'abdomen, un aspect segmenté, mais les segments étaient toujours soudés entre eux, de manière à former une pièce rigide: il perd même toute trace de segmentation et devient lisse chez les \ 54 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Ilænus. On a remarqué que le pygidium était peu développé chez les trilobites les plus anciens (Paradoxides). Face inférieure. — La face inférieure du corps des trilo- bites commence à être bien connue; on sait aujourd'hui que les membres qui y étaient attachés étaient très diffé- rents, suivant les parties du corps auxquelles ils appar- tenaient (fig. 26). Nettement adaptés à la préhension et à la mastica- ton des aliments dans la région de la tête où se trou- vait la bouche, 1ls étaient allongés et conformés pour la marche sous l'abdomen ; sous le pygidium, au con- traire, ils s’aplatissaient et se transformaient en rames. Les branchies étaient fixées à la base des pattes dans la région postérieure du corps (fig. 24). Fig. 26. — Un TRILOBITE RESTAURÉ, Vu : À : par sa face inférieure. — A, Antennes. — Taille des trilobites. DE a, Deuxième paire d'antennes. — Pm, La taille des trilobites n'est Pattes, mâchoires. — Pt, Pattes thoraci- pas très orande, en général, ques. — Pp, Pattes pygidiales. — B, Bou- F . à COLE “SvÉe et, dans beaucoup d'espè- ces, la longueur du corps ne dépasse pas 6 ou 8 centimètres: cependant on a observé, dans divers pays, des espèces dont la grandeur atteignait 30 et 40 centimètres, La plus grande de toutes ces espèces géantes provient des schistes ardoisiers d'Angers : d'après les fragments qu'on en a retrouvés, elle ne devait pas avoir moins de 70 centimètres de longueur. Genre de vie et développement des trilobites. — Les trilo- bites vivaient probablement sur les fonds vaseux et nageaient sur le dos à la manière des Apus !. D'autre part, on a rencontré en Amérique, dans les schistes 1. Petits crustacés qui vivent dans les mares et les fossés. #71 NF 1ES ha. ES | LES TEMPS PRIMAIRES DD noirs, très fins, qui existent aux environs d'Utica et qui n'ont subi aucun bouleversement depuis leur dépôt, un certain nombre de formes très jeunes qui permeltent d'affirmer que les tri- lobites présentaient déjà des sortes de mé- lamorphoses, comme la plupart des crusta- cés actuels. Descendance des tri- lobites. — Par l’ensem- ble de tous leurs Ca- pi, 9. _ Belinurusregi- Fig. %.— Prestwi- ractères, les trilobites næ (grossie ? fois). chia rotunda. appartenaient évidem- ment, comme nous l'avons dit, à la classe des crustacés; ils se sont éleints complètement avant la fin de l’époque primaire, car aucun d'eux n’a jamais été ren- contré ni dans les terrains secondai- res, ni dans les terrains tertiai- res. On ignore s'ils ont eu des descendants di- rects; cependant, on rencontre en- core, dans les ter- rains paléozoï- ques, quelques autres formes de Fig. 29. — Limue ou CRABE DES MOLUQUES. — crustacés qui pa-: À gauche, l'animal adulte (0 m. 30); à droite, une raissent très voi- Limule à l'état larvaire. sins des vrais tri- lobites : ce sont, par exemple, les Belinurus (fig. 27) et les Prestwichia (fig. 28). Chez ces animaux, le corps est encore nette- ment trilobé, et terminé par un appendice allongé, très étroit. 1. On dit qu'un animal subit des métamorphoses lorsqu'il n’a pas, au sortir de l'œuf, la forme qu'il aura lorsqu'il sera arrivé à l’état adulte. 56 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Or, actuellement, on trouve dans certaines régions de l'océan Pacifique, notamment dans les îles de la Sonde et aussi sur la côte orientale de l'Amérique du Nord, des crus- S S tacés d'aspect singulier es CE js @ sont les Limules ou Crabes des F1. à Moluques. À l'état adulte, les limules ne sont pas très diffé- rentes des bélinurus; mais, sous leur état larvaire, c’est-à-dire lorsqu'elles sont très Jeunes, elles ressemblent exactement aux trilcbites (fig. 29). Peut-être, par conséquent, aurait-on le droit de voir dans les limules actuelles les descendants éloi- gnés des trilobites primaires. (Voir la loi de Fritz Müller, p.79.) Distribution do bites. 2 C'est pendant le Silurien que les Fig. 30. — Prerycorus, Crustacé Trilobites ont été le plus abon- géant (1 m. 80) des temps primaires. dants, puisqu'on en a catalogué plus de 10 000 espèces; trois genres seulement passent dans le Carboniféère et le Permien. Autres crustacés. — Il existait encore, dans les terrains pri- maires, des crustacés très remarquables, dont les antennes étaient terminées par des pinces; €i- tons seulement les Plerygolus (fig. 30), Tonton était de 1,80 envi- ron; ce sont les plus grands crus- tacés dont on ait retrouvé les restes. g”\\! « 7 Fig.31. — Parxornonus NUNCIUS, Scorpion du Silurien supérieur de l'ile de Gothland (grand. nat.). Arthropodes ter- restres. — Les ar- thropodes terrestres existaient également pendant l'ère pri- maire ; ainsi, par exemple, on a trouvé, en 1884, dans le Silu- fie mi ies }: 441 * Le Mure LA scorpion (fig. 31). C'est, jus- _ qu'à présent, le plus ancien _ animal terrestre connu. # _ Il a été, en effet, récemment démontré que l'empreinte décou- verte dans le Silurien moyen du Calvados et que l’on avait prise pour une aile d’insecte (Palæoblat- tina Douvillei) n’est autre qu'une pointe génale de trilobite. Mais c’est surtout à l'époque carbonifère que les insectes deviennent nombreux; cet ac- croissement du nombre des espèces est probablement dû à l'extension plus grande des continents et au développe- ment des grandes forêts de naissance à la houille. A Tone Lit ed PEN Le DS ap LD band À UC fa 2 3% ? LES TEMPS PRIMAIRES i 1 rien supérieur de l'île de Gothland, l'empreinte du corps d’un Tr EEYYSNSSSSSSS Se SS Fig. 32. — PROTOPHASMA DUMASI, insecte du terrain houiller de Commen- try, type synthétique. Remarquer sur le premier anneau du thorax une pre- mière paire d'ailes, rudimentaire, mais très nette. cryptogames qui donnèrent Les insectes de cette période atteignaient parfois une taille très grande, puisque quelques-uns n'avaient pas moins de Fig. 33. — INSECTE À TROIS PAIRES D'AILES (Lithomantis Woodwardi) des schistes houillers de Commentry (1/2 de grand. nat.). . 0,70 d'envergure, mais ils n'avaient pas encore acquis la per- fection organique que nous leur connaissons de nos jours; leurs caractères n'étaient pas encore nettement définis, en ce 58 PALÉONTOLOGIE ANIMALE sens que beaucoup d’entre eux présentent à la fois les carac- tères des orthoptères (Saulerelles), des névroptères (Libellules) et des hémiptères (Cigales); ils ne peuvent donc être rangés dans aucun des ordres actuels. Ce sont des types synthétiques (fig. 32). Enfin, nous savons que certains insectes primaires portaient une paire d'ailes très courtes et élargies sur le premier seg- ment du thorax (fig. 32 et 33); ils avaient donc six ailes, tandis que, de nos jours, tous les insectes connus n'en ont jamais plus de quatre. MOLLUSQUES L'embranchement des mollusques était déjà largement représenté pendant l'ère primaire, et, chose remarquable, les formes qui existaient alors sont précisément celles que l’on considère comme les plus élevées en organisation. On ren- contre, en effet, dans les terrains primaires, de nombreux Céphalopodes, à à ce point qu'ils sont, avec les trilobites; les ani- maux les s plus caracté ristiques des temps primaires re qom a Le mé at Céphalopodes. — Les céphalopodes existent encore de nos jours; ce sont des animaux marins, excellents nageurs, vivant presque toujours en haute mer (Poulpe, Seiche) et parfois dépourvus de coquille (Ex. : le Poulpe). Ils sont facilement reconnaissables à ce qu'ils possèdent, autour de la tête, 8 ou 10 bras garnis de ventouses : c'est de là que leur vient leur nom de Céphalopodes !. La bouche est au centre de la couronne formée par les bras, et des yeux, très grands, se voient sur les côtés de la tête. Leur corps est enfermé dans une sorte de sac duquel, seule, la tête émerge. C’est dans ce sac que flottent les houppes qui leur servent de branchies et qui sont rattachées au corps. On divise les céphalopodes en deux groupes d'après le nombre des branchies qu'ils possèdent; ir sont : 1° Les Tétrabranchiaux : cé ‘phalopodes à 4 branchies; 2° Les Dibranchiaux : céphalopodes à 2 branchies. 1. Du grec : kephalé, tête, et pous, podos, pied : Animal qui a le pied autour de la tête. En effet, les bras armés de ventouses, disposés en couronne autour de la tête, représentent cet organe particulier aux mollusques, et qu'on nomme le pied. MEL DA À io br ed. er 67 LT, À | re À MO LES TEMPS PRIMAIRES D9 Or, parmi les céphalopodes actuellement vivants, le genre Nautile est le seul qui soit pourvu d’une coquille externe, et qui appartienne au groupe des tétrabranchiaux; tous les autres sont des dibranchiaux. Si donc nous voulons nous renseigner sur l'organisation des _céphalopodes primaires qui, pour la plupart, étaient des tétrabranchiaux, nous avons à faire, d’abord, l'étude du Nautile. Le Naultile. — Le Nautile (fig. 34) se rencontre aujourd'hui dans l'océan Indien et dans les mers de Chine; sa coquille est enroulée en spirale et divisée, par des cloisons concaves, en chambres successives, communi- quant les unes avec les autres par des orifices étroits pratiqués au centre de chaque cloison. L'animal oceupe Fig: 1 — Couvre D'uxe : Fa COQUILLE DE NAUTILE. L'ani- la dernière chambre; mais il les à mal est en place, dans la der- - toutes habitées successivement: en nière loge (1/5 de grand. nat.). effet, lorsqu'il est trop grand pour la chambre qu'il habite, il en ajoute une plus grande à la série et s'y retire. Un prolongement très grêle de la partie postérieure du corps, le siphon, traverse toutes les chambres en utilisant l’orifice percé au centre de chaque cloison, et vient rattacher l'animal à l'extrémité de sa coquille. Passons maintenant en revue les céphalopodes primaires. Céphalopodes tétrabranchiaux primaires. — Les céphalo- podes tétrabranchiaux ont été extrêmement nombreux pen- dant l'ère primaire, et, à côté du Nautile, qui existait pro- bablement déjà, vivaient les Orthocères, les Cyrlocères et les Gyrocères. Des Orthocères aux Nauliles. — Remarquons que ce sont d'abord les céphalopodes à coquille droite (fig. 35), les Orthocères ou Orthoceras !, qui apparaissent les premiers; on les rencontre dès le Silurien inférieur, où quelques espè- 1. Du grec : orthos, droit, et kéras, corne. 60 PALÉONTOLOGIE ANIMALE ces atteignent une taille très grande, pouvant aller jusqu’à 2 mètres. La coquille des orthocères avait la forme d’un cône très allongé (fig. 35 et 36), et était divisée, comme la coquille du Nautile, en chambres successives, par des cloisons régu- lières; il existait aussi un siphon central qui traversait_ la Fig. 35. — UN ORTHOCÈRE. — Fig. 36. — ORTHOCÈRE RESTAURÉ. — S, Siphon central. — C, Ligne A gauche, l'animal entier. — A droite, de suture ou de raccord d'une une coupe longitudinale de la coquille. cloison avec la coquille. — C, Cloison. — $, Siphon. coquille d'un bout à l’autre; on peut donc dire que les Orthocères élaient des Nauliles à coquille droile. Is ont vécu depuis le Silurien inférieur jusqu'au commen- cement des temps secondaires. Un peu plus lard, au Silurien supérieur, on voit apparaître d'autres espèces dont la coquille commence à se courber à la pointe; on a alors le genre Cyrloceras ! (C, fig. 37). Aux époques dévonienne et carbonifère, c'est-à-dire plus lard encore, on rencontre un type un peu plus enroulé, c'est le genre Gyroceras * dont la coquille acquiert déjà la forme Spi- ralée; mais les tours ne se touchent pas encore (Gy, fig. 37). Enfin, les formes possédant des coquilles à tours contigus 1. Du grec : kurtos, courbé, et kéras, corne. 2. Du grec : quros, arrondi, et kéras, corne. | LES TEMPS PRIMAIRES 61 deviennent très abondantes à la fin des temps primaires, et ont ‘absolument la forme extérieure des nautiles et des Gonialiles (Go, fig. 37), dont nous nous occuperons tout à l'heure. Nous passons done des formes droites, représentées par les orthocères, aux formes spiralées, dont le type est le Nautile, par une série continue de formes arquées ou incomplète- ment enroulées. Dans toutes ces formes, les cloi- sons qui séparent les cham- bres successives ont une courbure régulière, el le siphon traverse les cloisons en leur centre, ou à peu de distance du centre. A l'exception du Nau- tile qui existe encore, toutes ces formes s’étei- gnirent de très bonne heure, c'est-à-dire avant le début des temps se- Fig. 37. — ENROULEMENT PROGRESSIF DES condaires, ou peu aprés ; COQUILLES DE CÉPHALOPODES PRIMAIRES. — le N ei: dou présente cs per # Gy, Gyroceras. — O, Ophi- Nautile no dioceras. x0, Goniatite. donc encore un exemple d'une espèce qui à persisté, sans modifications sensibles, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours". Les ammonitidés descendent probablement des céphalo- podes tétrabranchiaux. — Une question intéressante se pose maintenant : les céphalopodes tétrabranchiaux qui vivaient pendant l'ère primaire ont-ils disparu sans laisser de descen- dants autres que le Nautile, ou se sont-ils modifiés lente- ment, de façon à se perpétuer sous une autre forme encore? On ne saurait répondre d'une façon précise à cette ques- _ tion. Cependant, il y a lieu de remarquer que, dès le milieu des temps primaires (Dévonien), on voit apparaître les premières formes d'un groupe qui deviendra extrêmement important 1. Le premier exemple nous a été donné par les Brachiopodes (page 51). LE 62 PALÉONTOLOGIE ANIMALE pendant l'ère secondaire : c'est le groupe des Ammonilidés. Extérieurement, les ammonitidés ressemblent au Nautile, en ce sens qu'ils ont, comme lui, une coquille enroulée en spi- rale, à tours contigus (fig. 38), et partagée en chambres suc- cessives par des cloisons que traverse un siphon. Mais là se borne la ressemblance, car, bien qu'on ne con- naisse pas leurs parties molles, il est. cependant probable que les ammonitidés É étaient des céphalopodes dibranchiaux et non des tétrabranchiaux comme les nautiles. De plus, les cloisons qui sépa- rent les chambres successives de la co- quille des ammonitidés présentent des ondulations très accentuées, de telle sorte qu'au lieu de se raccorder à la Fig. 38. — Gonramre, COQquille par une ligne simple, comme — Les lignes de suture chez les nauliles ou les orthocères, elles ne ser Sy raccordent par une ligne sinueuse et wnes de suture de l'Or- Même brisée. Enfin, le siphon a quitté thoceras, fig. 35). le centre des cloisons pour se placer du côté ventral, c'est-à-dire du côté exté- rieur de la coquille. Il y a donc, entre les nautilidés et les ammonitidés, des différences assez sensibles; malgré cela, 1l n'est pas impossible que quelques espèces, primitivement droites, de céphalopodes tétrabranchiaux primaires aient pu, en s'enroulant, perdre une paire de branchies, et que le siphon ait quitté le centre des cloisons pour devenir ventral; les tétrabranchiaux peuvent donc fort bien avoir été la souche ancestrale des dibranchiaux, et rien ne s'oppose à ce que les ammonites descendent des orthocères,. Cette hypothèse est d'autant plus admissible que les premiers ammonitidés, les Gonialiles (fig. 38), n'apparaissent qu'à l'époque dévonienne, c'est-à-dire à une époque posté- rieure à celle à laquelle les orthocères ont commencé à s'enrouler; cependant il serait imprudent d'affirmer qu'il y a fillation entre les deux formes. Nous retrouverons les ammonilidés à l'époque secondaire, où le groupe poursuit son évolution avec une extraordinaire richesse de formes, LES TEMPS PRIMAIRES 63 POLYPIERS < | ._ Coraux. — Dès les temps primaires, il existait des coraux x qui construisaient déjà des récifs analogues à ceux qu'on _ observe aujourd'hui dans les régions équatoriales. Ces con- 5 _Structions ont donné naissance à des roches calcaires assez puissantes qu’on retrouve au- _ jourd'hui dans le nord de la _ France, en Angleterre, au _ Canada et même jusqu'au _ Spitzhberg !. . Parmi les coraux, nous ne ferons que citer le Pleurodyc- lium problematicum fig. 39), po- Fig. 39. — PLEURODYCTIUM PRIBLE- lypier de forme curieuse, dont MATICUM. la véritable nature est long- temps restée inconnue. On sait maintenant qu'il n'est autre ._ chose qu'une colonie de polypes, fixée autour d'un tube de _ Serpule, sorte de ver qui se fabrique une enveloppe cal- _ caire dans laquelle il vit. Cha- que polype habitait une loge losangique,communiquantpar SSI SI SM Fig. 41. — TRACES GROSSIES DE GRAP- Fig, 40. — CALCEOLA papers TOLITES. —- À, C, monoprionidés; B, avec son opércule détaché. diprionidés. de petits canaux avec la loge voisine. On n'a jamais trouvé ce 1. On se rappelle que nous avons conclu de là que, pendant les temps primaires * la température de nos pays était beaucoup plus élevée qu'aujourd'hui, et que le climat des régions septentrionales de l'Europe devait se rapprocher du climat actuel des îles de l'océan Pacifique (voir p. 36). 64 PALÉONTOLOGIE ANIMALE fossile que dans le Dévonien inférieur; il semble donc avoir disparu depuis cette époque. Un autre polypier curieux est la Calceola sandalina *, carac- téristique du Dévonien moyen (fig. 40). L'animal se protégeait par un opercule mobile. Polypes hydraires. — CARS Mais les polypiers primaires les plus remarquables sont les graptolites ?. Ces graptolites sont importants parce qu'ils peuvent servir à caractériser certains étages du Silurien, avec la même certi- tude que les trilobites ou les brachiopodes. Les traces qu'ils ont laissées (fig. #1), et qui présentent le profil d’une scie, simple ou double, sont longtemps demeu- rées indéchiffrables. On sait maintenant que les graptolites formaient de petites | colonies flottantes (fig. 42) comprenant un nombre variable d'axes solides, at- tachés à un centre commun, à la ma- nière des baleines d'un parapluie. Le long de ces bran- ches naissaient, les unes au-dessus des autres et à partir Fig. 42. — GRAPTOLITE RESTAURÉ. — (F, Flotteur de d'une logette trian- la colonie. — G,Vésicule génératrice. — B, Baguettes. Fe ES l — L, Loges. — S, Sicule. — G', Vésicule génératrice sUlaIre initiale, la isolée et coupée, montrant l'origine d'une baguette). sicule, des loges r'é- gulières et très pe- ttes. Chacune de ces logettes donnait sans doute asile à un polype. Au point de réunion de toutes les branches se trouvait une sorte de vésicule servant de flotteur et au-dessous de laquelle existait un nombre variable de vésicules plus petites (G) : c'est dans ces vésicules que prenaient naissance les axes divergents (B), porteurs de loges (L). 1. Ce nom vient de ce que le polypier ressemble assez à une sandale. 2. Du grec : graptos, écriture, et lithos, pierre, parce que les empreintes laissées sur les pierres par ces fossiles ressemblent à des lignes d'écriture. semblent être les plus an- - LES TEMPS PRIMAIRES 65 Les loges sont disposées des deux côtés de l'axe (Diprio- nidés), ou d’un seul côté (Monoprionidés) (fig. 41), Les graptolites se rencontrent à partir du Cambrien : ils acquièrent leur maximum d'extension au Silurien supérieur et disparaissent au Dévonien ; ils sont abondants en Bretagne, notamment dans les schistes de Poligné: ils paraissent ne pas avoir laissé de descendants. ÉCHINODERMES ET PROTOZOAIRES Échinodermes. — Nous nous contenterons de dire qu'on a L4 | .. 1 * . . : s rencontré quelques crinoïdes ! dans le voisinage des récifs coralliens primaires. Protozoaires. — Notons aussi que, dans les silex noirs de Bretagne (Phlaniles de Saint- Brieuc) ,quiappartiennentau Précambrien, on a découvert des carapaces siliceuses de Radiolaires (A, fig. #3), qui : s Fig. 43.— Proroz ss :S. — ciens animaux connus. APTE: TE NON GA ER-PRIEATRRS" | + k ’ ‘ (A, Æadiolaire, carapace siliceuse (très Enfin, il existe un Forami- grossi). — B, Foraminifère (Fusuline), nifère très petit, la Fusuline Carapace calcaire (Très grossi). (B, fig. 43), qu'on On Con Te en abondance dans le calcaire carbonifère de certains pays (Russie, Amérique du Nord). VERTÉBRÉS Les premiers vertébrés furent d'abord des poissons: on les observe dès l’époque silurienne; puis, apparaissent ensuite les batraciens, et enfin, des formes extrêmement remarquables qui présentent réunis certains caractères appartenant aux r'ep- tiles et d’autres qui les rapprochent encore des poissons. Mais si l'existence des reptiles peut déjà être admise à l'époque pri- maire, par contre, on n'y à jamais rencontré jusqu'ici aucune trace de mammifère ou d'oiseau. Poissons. — Les poissons primaires étaient inférieurs en organisation à ceux qui vivent de nos jours; ils possédaient 1. Nous parlerons des Crinoïdes, page 75. [BL PALÉONTOLOGIE (CL. DE PHIL. ET DE MATH. À ET B) 66 PALÉONTOLOGIE ANIMALE trois caractères essentiels qu'on ne retrouve aujourd'hui que geons. R 4° Leurs os restaient à l’état cartila- gIneux. | 20 Leur corps était recouvert de gran- des écailles osseuses, constituant une sorte de carapace extérieure, ce qui leur a fait donner le nom de Poissons cuirassés ou Placodermes (fig. 44). 7. "7 3° Leur queue, au lieu d’être terminée par deux lobes égaux et symétriques, comme chez la plupart des poissons actuels, présentait un grand développe- ment du lobe supérieur dans lequel péné- Fig. 44. — Premcurys, trait la colonne vertébrale (A, fig. 45); poisson cuirassé primaire. On exprime ce fait en disant que leur queue était hélérocerque; elle est au con- traire homocerque (du moins en apparence) chez la plupart des poissons actuels (À, fig. #5). | Nous pouvons faire, au sujet des poissons, la remarque que nous avons déjà faite à propos des insectes : c'est que des caractères qui sont mainte- nant dispersés sur plusieurs genres, étaient, à l’époque primaire, réunis sur le même individu; en d’autres termes, un poisson primaire présen- tait un certain nombre de caractères qu'on ne rencon- tre plus à l'heure actuelle que répartis sur plusieurs indivi- dus appartenant à des genres différents. Chaque espèce de ji ji ii Fig. 45. — QUEUES DE POISSONS. — )0iSSONS primaires paraît (A, Poisson homocerque. — B, Poisson M, » “NES hétérocerque). lonc avoir été la souche de lusieurs rameaux; chacun de ces rameaux prenal des caractères de l'ancêtre et devenait ainsi distinct des autres rameaux dans lesquels se perpétuaient les autres caractères. chez les requins, les raies et les estur- s _# 2 JE LES TEMPS PRIMAIRES 67 Les poissons cuirassés semblent s'être transformés assez _ rapidement; dans tous les cas ils disparaissent vers l'époque _ carbonifère et sont remplacés par d'autres, possédant encore A Q\|| ) M ol 1 L << \ “ mi : 227) vil W e. 7 pe _ TS SELLE), 4h f LL CL LL . Fig. 46. — Paræoniscus, poisson du Carbonifère, hétérocerque, à petites écailles. C’est un Ganoïde (Grandeur naturelle). _ l’hétérocerquie de la queue, mais ayant de petites écailles qui _ les rendent plus semblables aux poissons actuels (fig. 46). Ces poissons, dont les écailles osseuses sont recouvertes d'une sorte d'émail, ont reçu le nom de Ganoïdes. mr Batraciens. — Les batraciens n'apparaissent que vers la fin des temps primaires: leur crâne était recouvert de grandes plaques osseuses analogues à cel- les des poissons cuirassés, circons- tance qui établit la transition entre les genres de poissons qui vont dis- paraître et les batraciens qui com- _mencent à se montrer. D'ailleurs, quelques-uns de ces batraciens du _ début portaient encore des arcs .. branchiaux, c'est-à-dire des os ana- logues à ceux qui soutiennent les branchies chez les poissons, ce qui nous autorise à croire que les batraciens primaires pouvaient vivre indifféremment dans l'eau ou de Fig. 47. — PROTRITON, dans l’air. état larvaire du Branchiosaure. Examinons, par exemple, le Branchiosaurus, dont la forme générale rappelle celle d’une _ salamandre : ses arcs branchiaux indiquent que ses branchies persistaient à l'état adulte, et qu'il pouvait, par conséquent, 68 PALÉONTOLOGIE ANIMALE vivre dans l’eau. Cela ne l'empéchait probablement pas d'avoir, en même temps, des poumons; mais, pendant sa jeu- nesse, cet animal était exclusive- ment aquatique; rencontré sous cette dernière forme, dans les schistes d’Autun, on l'avait d'abord désigné sous le nom de Protrilon (fig. 47). Plus tard, on s'est aperçu que le Protriton et le Branchio- saure n'étaient que le même animal à deux âges différents, que le Pro- triton était, en d’autres termes, la Fig.48. — UNE DENT DE LaBy- larve du Branchiosaure. RINTHODON, Coupée transversa- SR TRSE ; , lement, pour montrer les replis Faisons un pas de plus - Se profonds remplis d'émail. gosaurus est encore un véritable batracien, car il possède deux con- dyles qui servent à articuler la tête sur la colonne vertébrale; mais il a des dents pourvues de replis d'émail, et qui ressem- blent déjà singulièrement à celles des reptiles. Les caractères des pres. sont encore plus accen- tués dans le sens reptile. En effet, le crâne possède encore, le plus souvent, les deux con- dyles occipitaux caractéristi- ques des batraciens, mais les dents, coniques, sont implan- tées dans des alvéoles, comme le sontles dents des vrais Rep- üles, et, de plus, elles portent des fossettes longitudinales très profondes dans lesquelles pénètre l'émail (fig. 48); c'est à cette disposition que ces ani- | LNUA AL ÎT Qu0 | une all } PV | #22) Fig. 49. — KEMPREINTES DE PAS 3 De LASER OO: maux doivent leur nom. Les pattes des labyrintho- dontes étaient nettement conformées pour la marche terres- tre : on a trouvé de leurs empreintes qui présentaient, soit cinq doigts comme les pattes de nombreux mammifères (fig. 49), soit trois doigts comme celles des oiseaux. 1. Du grec : labyrinthos, labyrinthe, et odous, dent : dent à structure compliquée. 7,6 k ARRDÉS ONSRSS + pe LES TEMPS PRIMAIRES 69 Enfin, chez ces premiers batraciens, les vertèbres sont encore biconcaves comme celles des poissons, et en partie cartilagineuses; mais, petit _à petit, nous arrivons à des types plus parfaits, dont les vertèbres sont complète- ment ossifiées. Reptiles. — Tous les faits qui précèdent nous font prévoir que l'apparition des reptiles est prochaine, ct, en effet, de véritables repli- les, avec un seul condyle occipital, tels que l’Actinodon (fig. 50), ont été trouvés dans les couches tout à fait supérieures des terrains pri- maires (Permien). Évolution des vertébrés primaires. — Celle revue rapide des vertébrés pri- maires est instructive, car elle nous fait, pour ainsi dire, assister à l'adaptation progressive des poissons à la vie aérienne. Elle nous montre les poissons cuiras- sés sortant de l'eau el se transformant peu à peu en batraciens !‘. Elle nous fait voir, en outre, ces batra- clens raccourcir peu à peu la période de leur vie pen- dant laquelle ils sont encore aquatiques, pour allonger celle où ils sont exclusive- Fig. 50. — ACTINODON FROSSARDI, rep- tile permien [Schistes de Saône-et-Loire]. (1/5 de grand. nat. — D'après M. Gaudry.) ment aériens. En même temps, leurs nouveaux besoins modi- 1. Voir Cocoms et HouLeerT, Biologie animale, la transformation des Poissons dipneustes en Batraciens, p. 291. tr ' + À F HPLR' 6 70 PALÉONTOLOGIE ANIMALE fiant leur charpente osseuse, leurs membres deviennent de plus en plus aptes à la marche, et se transforment insensi- blement en reptiles. RÉSUMÉ DE LA FAUNE DES TEMPS PRIMAIRES Invertébrés. -— Les brachiopodes présentent, pendant l'ère pri- maire, leur maximum de développement. Mais les formes les plus caractéristiques des temps primaires sont les Trilobites, crustacés qui s’éteignent avant les temps secondaires. Les insectes existaient vraisemblablement déjà au Silurien. Ils pos- sédaient trois paires d'ailes. Mais ils deviennent particulièrement abondants à l’époque carbonifère. Les céphalopodes tétrabranchiaux, orthocères, cyrtocères, gyrocères et nautiles, aux formes d’abord droites, puis enroulées, prennent un grand développement. Ils préparent les ammonitidés des temps secon- daires. Le nautile existe encore actuellement. Enfin, les coraux construisaient des récifs jusque dans les régions septentrionales. — Un genre de polypiers flottants, les Graptoliles, sert à caractériser certains étages du Silurien et du Dévonien. Les graptolites ne dépassent pas le Dévonien. Vertébrés. — Les poissons tous hétérocerques, d’abord cuirassés deviennent ganoïdes, à petites écailles, dès le Carbonifère. Peu à peu les poissons cuirassés se transforment en batraciens, d’abord amphibies, c’est-à-dire munis à la fois de branchies et de pou- mons; puis, les branchies ne persistent que pendant un temps de moins en moins long, et alors apparaissent les vrais reptiles (acti- nodon), à vie entièrement aérienne. CHAPITRE III LES TEMPS SECONDAIRES Généralités. — Division des temps secondaires. — L'étude des dépôts laissés par les mers secondaires a permis de les diviser en trois grands systèmes qui sont, en allant du plus ancien au plus récent : 1° le système triasique; 2 le système jurassique; 3° le système crétacé. 1° Système triasique. — Le système triasique, ou simple- ment Trias, doit son nom à ce que, en Allemagne et dans la région des Vosges où il est bien développé, il se divise tout LES TEMPS SECONDAIRES 71 naturellement en trois étages bien distincts : un étage cal- caire, nettement marin, intercalé entre deux autres étages : _ l’inférieur, d'origine littorale; le supérieur, lagunaire. L'étage inférieur, appelé quelquefois élage vosgien, renferme à sa base ces puissantes assises de grès rouges qui ont servi à bâtir un grand nombre de monuments dans les villes de la vallée du Rhin; c'est sur ces grès qu'on a trouvé des traces de pas de reptiles, ainsi que des empreintes de plantes gym- nospermes, appartenant au genre Vollzia; c'est donc un dépôt de rivage. L'étage moyen renferme un calcaire presque entièrement formé par des débris de coquilles ; on le nomme, pour cette raison, le Müschelkalk!; il représente évidemment un dépôt marin. Enfin, l'étage supérieur, qualifié autrefois de Saliférien, ren- ferme des marnes diversement colorées; aussi leur a-t-on donné le nom de marnes irisées. Ces marnes se sont formées dans des lagunes ou dans des lacs salés qui, en se dessé- chant, ont abandonné d'abondants dépôts de gypse et de sel marin qu'on exploite en Lorraine, à Dieuze, et dans la région du Jura, à Gouhenans (Haute-Saône) et à Salins (Jura). Tels sont les trois étages types du Trias vosgien; mais, à mesure qu'on s'avance vers l’est et vers le sud, le Trias change de caractère, et devient exclusivement marin (Trias alpin). 2 Système jurassique. — Le système jurassique est essen- tiellement formé par une succession très puissante de calcaires, de marnes et d’argiles; il tire son nom de la région du Jura où ces dépôts ont un développement considérable. L'un des faits les plus saillants de cette époque est la constitution définitive, dans la région qui devait devenir la France, de trois grands bassins de sédimentation : bassin de Paris, bassin d'Aquitaine et bassin du Rhône. (Voir la carte n° 6, fig. 16, p. 29.) Les assises jurassiques peuvent aussi être réparties dans trois étages principaux qui sont: le Jurassique inférieur, le Jurassique moyen et le Jurassique supérieur. Ces étages cor- respondent à des extensions différentes de la mer; c'est prin- 1. De l'allemand müschel, coquille, et kalk, calcaire : calcaire coquiller. 72 PALÉONTOLOGIE ANIMALE cipalement dans les deux dernières périodes que se dévelop- pèrent, en France et dans la plupart des mers d'Europe, des récifs de coraux semblables à ceux qu'on rencontre encore aujourd'hui dans les mers des régions tropicales. 3° Système crétacé, — Le nom seul de ce système indique la nature des sédiments dominants de cette période; toute- fois, de grandes variations s’observent dans la nature des dépôts. En France, et notamment dans le bassin de Paris, les roches les plus abondantes, au début, sont des calcaires com- pacls assez durs pour qu'on puisse les utiliser comme pierre à bâtir. Puis, à mesure qu'on se rapproche de la partie supé- rieure des dépôts, on passe insensiblement à cette roche blanche, tendre et friable, qu'on désigne sous le nom de craie. FAUNE DES TEMPS SECONDAIRES Coup d’œil d’ensemble. — Les animaux de l'époque secon- daire sont les descendants directs de ceux qui vivaient à l'époque primaire, auxquels ils se relient par de nonibreuses formes intermédiaires. Aux céphalopodes enroulés de l'époque primaire, les gonia- lites (fig. 38, p. 62), succèdent, sans la moindre interruption, les Ammoniles si caractéristiques des temps secondaires. Aux batraciens et aux très rares reptiles des couches paléo- zoïques, font suite les vrais repliles. Enfin, avec l'ère secon- daire, nous assistons à la première apparition des oiseaux et des mammifères. Là encore, nous verrons ces groupes impor- tants débuter par des formes qui les relient de la façon la plus naturelle aux groupes plus inférieurs qui les avaient pré- cédés et, en quelque sorte, préparés. Nous allons passer en revue les principaux animaux des temps secondaires, en insistant particulièrement sur les formes les plus caractéristiques des sédiments de cette période : nous reviendrons d’ailleurs sur les formes primaires toutes les fois que cela sera nécessaire, lorsque, par exemple, il s'agira de rechercher les ancêtres de certaines formes secondaires. Re RE MUNTS LRCR TE L ” To : f Ÿ ? t LES TEMPS SECONDAIRES +243 PROTOZOAIRES AX Constance des formes des protozoaires. — Les protozoaires _ constituent, comme on le sait, un groupe formé des animaux * les plus simples que l’on connaisse. Si l’on en excepte quelques formes qui, comme les fusulines (fig. 43, B, p. 65), ne dé- passent pas l’âge primaire, les protozoaires paraissent avoir traversé toutes les époques géologiques sans subir de modi- fications sensibles, car certaines espèces, qui vivent encore de nos jours, sont presque iden- tiques à celles qui ont vécu dans les temps primaires. HE Abondance des protozoai- _ res secondaires. — Mais c'est surtout vers la fin des temps secondaires que les proto- zoaires du groupe des fora- iniféres prennent une exten- sion considérable : dans cer- faines régions, la craie blan- __ cheetla craie marneuse, dont aie 18) l | les dépôts atteignent quelque- ‘1 fois jusqu'à 250 mètres d'épais- vi SRE or opens _ seur, sont presque entière- LARGE CE dr ment constituées par des par- ticules de carbonate de chaux renfermant de nombreux débris de Bryozoaires ! et de Globigérines (fig. 51). La boue rougeâtlre qui se dépose actuellement loin des côtes, dans les parties les plus profondes des grands bassins océaniques, est également formée de globigérines, ce qui porte à croire que la craie a pu se former de la même ma- nière, c'est-à-dire qu'elle s'est déposée dans une mer qui n'était peut-être pas très profonde, puisque les bryozoaires y vivaient, mais qui était certainement très calme. ÉCHINODERMES Formes actuelles. — Les échinodermes, dont le nom signifie animaux à peau couverte d’épines, sont représentés, dans la À 1. Bryosoaires, petits animaux ressemblant à des polypes et vivant en colonie dans les mers peu profondes. = : 74 PALÉONTOLOGIE ANIMALE nature actuelle, surtout par les Oursins (échinides) et par les Étoiles de mer. Les oursins ont le corps couvert de piquants fixés sur des tubercules de leur carapace calcaire; c’est à cette particularité que le groupe entier doit son nom. Quant aux étoiles de mer, elles possèdent, en général, cinq bras égaux, et sont, comme les oursins, des animaux libres, rampant sur le fond de la mer. Ancêtres primaires des échinodermes secondaires. — De nombreux échinides, analogues aux oursins actuels, ont vécu pendant toute la durée des temps secon- daires ; ils avaient été précédés, à l'époque primaire, par des formes très intéres- santes, les Cyslidés (fig. 52), dont la carapace (S), arrondie et pourvue le plus souvent d'un pédoncule plus ou moins Fig.52. —Ux Cysrné, ]Jong (T), était formée de plaques calcai- Échinoderme primaire. Les, non soudées entre elles, et disposées sans ordre. À l'opposé du pédoncule se trouvait la bouche, autour de laquelle étaient placés des ten- tacules (B) très courts. Quelquefois, des sillons partant de la bouche s'étendaient sur la carapace. Ce sont ces formes, très anciennes, spéciales aux temps primaires, qui paraissent avoir été la souche de tous les autres groupes d'échinodermes. Échinodermes secondaires : 1° Encrines. — Au début des temps secondaires, les encrines ou Lis-de-mer, élaient extré- mement nombreuses dans les mers: elles vivaient surtout dans les localités où les polypes avaient construit des récifs, et se tenaient fixées sur les fonds rocheux, à l'aide de leur pédoncule qui pouvait atteimdre des dimensions considérables (jusqu'à 15 mètres de long); le corps de l'animal (calice), pourvu de bras articulés, était situé à l'extrémité hbre du pédoncule! (fig. 53 et 54). Les encrines, qui se relient évidemment aux eystidés pri- 1. On nomme eñntroques les innombrables articles qui forment le pédoncule des encrines. Quelques calcaires jurassiques en sont remplis : on les nomme, pour cette raison, calcaires à entroques. LES TEMPS SECONDAIRES 79 _ maires, vivaient quelquefois en si grand nombre dans les mers secondaires, qu'elles y formaient de véritables forêts vevp Ë Fig. 53. — Une Encrine du Dévonien de Fig. 54. — Un Crinoïne (Æncrinus lilii- la Mayenne (d'après M. Œhlert). formis) du Müschelkalk de Lunéville. sous-marines; les explorations sous-marines récentes ont montré que leurs descendants existent encore nombreux dans les grandes profondeurs de la mer. 20 Oursins. — Les oursins acquièrent également une exten- Fig. 55. — Hemiciparis du terrain Fig. 56. — ToxasTeRr (7°. complanatus) corallien (Jurassique sup.) de Trouville du Néocomien (Crétacé inf.) de Castel- (3/4 de grand. nat.). lane (Vaucluse) (2/3 de grand. nat.). sion considérable dans le cours des temps secondaires: chez les uns, les Cidaris et les Hemicidaris par exemple (fig. 55), la 76 PALÉONTOLOGIE ANIMALE carapace est régulière et la bouche est placée au centre de la face inférieure; chez d’autres, tels que les Micrasters ou les Toxæasters (fig. 56), la bouche s’est portée à la partie antérieure du corps et la carapace à perdu sa symétrie primitive. Les Oursins réguliers ou à symétrie rayonnée 1 vivent encore dans les mers des régions tempérées et méridionales. Les Oursins irréguliers ou à symétrie bilatérale ?, analogues aux toxasters, sont moins anciens que les oursins réguliers. Il y a donc lieu de penser qu'ils dérivent des formes régulières et que leur genre de symétrie provient de l'habitude qu'ils ont dû prendre de bonne heure, de se déplacer toujours dans le même sens. MOLLUSQUES Lamellibranches. — Si l’on en excepte les céphalopodes, les mollusques sont, ainsi que nous avons pu nous en rendre compte, assez mal représentés pendant les temps primaires. Mais il n’en est pas de même pendant les temps secondaires : la classe des lamellibranches prend, au contraire, à cette Fig. 57. -— GRYPHÉE ARQUÉE. — Sorte Fig. 58. — Exoavre (ÆZzrogyra co- d'Huitre munie d'un crochet recourbé, lumba) du Cénomanien (Jurassique sup.) trouvée dans le Lias (Jurassique inf.) du Mans (1/2? de grand. nat.). Huître à (1/2 de grand. nat.). crochet déjeté sur le côté. époque, une extension considérable, qui s'explique logique- ment par la multiplicité des mers intérieures. Nous signalerons seulement, parmi ces lamellibranches, les huîtres curieuses qui s'observent dès le commencement du Jurassique, et auxquelles on a donné le nom de Gryphées *, 1. Genre de symétrie qui rappelle la disposition des rayons d'une roue autour de son moyeu; il est impossible de distinguer une droite et une gauche. 2. Un être dans lequel on peut distinguer une droite et une gauche est dit à symétrie bilatérale. 3. Du grec : grupos, crochu. les plus importants sont ceux qu'on dési- _ fixée dans la vase; l’autre valve était plate LES TEMPS SECONDAIRES 17 parce que l’une des valves de leur coquille, en forme de nacelle très bombée, possède un grand crochet recourbé (fig. 57). Plus tard, se montrent les Exogyres ! (fig. 58), à crochet déjeté sur le côté. Enfin, apparaissent les huîtres proprement dites, à coquille plus aplatie et à crochet très réduit. Toutes ces transformations ont lieu pendant la période jurassique, mais l'évolution se continue au delà des temps secondaires, et c'est dans les premiers dépôts de l'âge tertiaire qu'apparaissent les vraies huîtres, semblables à celles qui vivent encore de nos jours. Nous citerons encore le curieux groupe des Chamacés, remarquable par ses coquilles feuilletées et très épaisses. Les chamacés gne sous le nom de Rudistes et dont les prin- cipaux genres sont les Hippuriles et les Radioliles (fig. 59). Chez ces rudistes, qui ont vécu vers la fin de l’époque crétacée, dans le bassin du Rhône et dans celui d'Aquitaine, l'une des valves de la coquille Fig. 59. — Ranro- était conique et très profonde; elle était "TE du Crétacé sup. de la Charente (1/2 grand. nat.). et servait d'opercule. En se groupant, les coquilles de rudistes formaient de véritables bancs, analogues à des récifs, et qui présentent, dans leur ensemble, l'aspect de tuyaux d'orgues. A l'exception des Chama, qui existent encore, ces bivalves disparaissent brusquement à la fin des temps secondaires. Mollusques céphalopodes : ammonites et bélemnites. — Les mollusques céphalopodes pourvus d’une coquille ont atteint leur maximum de développement dans le cours des temps secondaires; les deux groupes les plus importants sont les Ammoniles et les Bélemniles. Ammonites. — En étudiantles céphalopodes primaires, nous avons constaté (p. 59) qu'en partant des formes les plus anciennes, c'est-à-dire des orthocères qui ont une coquille 1. Du grec : ex6, en dehors, et quros, tour. 18 PALÉONTOLOGIE ANIMALE droite, et en passant par une suite à peu près continue d'in- termédiaires (coquilles simplement recourbées des Cyrloceras ou incomplètement enroulées des Gyroceras), on arrive insen- siblement aux formes à coquille enroulée et à tours contigus. Chez les ammonitidés, l’enroulement de la coquille paraît être l'indice d’un perfectionnement des espèces, car nous verrons, en étudiant les formes qui se sont succédé pendant les rition des espèces est précédée d'un déroulement de plus en plus accentué des individus. Si donc le déroulement est un signe de dégé- nérescence, l'enroulement doit né- cessairement indiquer un progrès. Toutes les ammonites possèdent une coquille cloisonnée, enroulée et à tours contigus: il est donc Fig. 60. — Naurize (Nautilus probable que leurs ancêtres étaient Sowerbyi) du Cénomanien (Cré- analogues aux nautiles (voir p. 59). 20 A PRE are Mais, quelles que soient ses formes lignes de suture sont simplement ancestrales, une fois le type cons- ondulées. titué, il devient possible de suivre la série des transformations de la coquille depuis les formes les plus simples jusqu'aux plus perfectionnées. Origine des ammoniles. — Si nous examinons, en effet, la forme des cloisons, nous verrons qu'elles sont régulièrement concaves chez le Nautile et qu'elles dessinent, à la surface de la coquille, une ligne à peine sinueuse (fig. 60); or, chez les premiers ammonitidés primaires, telles que les Clyménies (fig. 61, D) et les Gonialiles (fig. 61, Il), par exemple, les cloisons deviennent plus compliquées : elles se raccordent à la coquille par une ligne de suture anguleuse, présentant des sinuosités d'autant plus nombreuses que l'animal est plus âgé !. Les ammonitidés paléozoïques ne dépassent pas cette dis- position; on exprime ce fait en disant que, dans leur évolu- tion, ils se sont arrêtés au stade goniatite (fig. 61, ID). 1. La partie habitée par l'animal lorsqu'il était jeune est naturellement celle qui est la plus rapprochée de l’ombilic. temps secondaires, que la dispa- Dès le début des temps secondaires (Trias), les ammoni- _ tidés que l’on rencontre et qui ont reçu le nom de Céraliles _ (fig. 61, III), possèdent _ les mêmes caractères généraux que les précé- dents, mais la cloison présente une plus gran- de complication : des dentelures apparais- sent déjà sur certaines sinuosités !. Enfin, chez les vraies ammoniles, la cloison devient très _ compliquée et la ligne _ de suture dessine, sur _ la coquille, des arbo- _ risations extrêmement _ riches. On dit alors _ qu'elle est persillée (dé- coupée comme une : MOT AT rat | 1 Cr Fu SPP Ve DE: | : id Fig. 61. — COMPLICATION PROGRESSIVE DE LA _ feuille de persil) (fig. 61, LIGNE DE SUTURE CHEZ LES AMMONITIDÉS. A IV et fig. 62). I, Clyménie. — II, Goniatite. — III, Cératite. D : P : — IV, Ammonite. En résumé, on voit _ que la complication croissante des cloisons permet de suivre la filiation des céphalopodes enroulés, é depuis le Nautile jusqu'aux ammo- _nites les plus perfectionnées; toutes _ les espèces sont reliées les unes aux autres d’une façon telle, qu'il est per- _ mis de croire que les formes les plus _ récentes (ammonites) dérivent des plus anciennes (cératites, gonialites, cly- : ménies et nautiles) par adaptation à Fig. 62. — Aumonire (Am. des conditions d'existence qui ne se a pr Ne da sont modifiées que très lentement. (Calvados) (1/2 de grand. nat.). Loi de Frilz Müller. — Admettons donc la conclusion précédente, qui découle de l'étude anato- … 1. Les festons de la ligne de suture dont la convexité est tournée vers l'ouver- ture de la coquille ont reçu le nom de selles (S, fig. 61, II); les dépressions qui se trouvent entre les selles ont reçu le nom de lobes (I, fig. 61, III). 80 PALÉONTOLOGIE ANIMALE mique des ammonites; nous allons voir que l'étude de leur développement va nous permettre de tirer une conséquence plus curieuse et plus importante encore. On a découvert, en effet, dans les couches secondaires, des ammonites de tout âge : des jeunes, qui n’ont encore qu'un nombre extrêmement restreint de loges, d’autres qui en ont un nombre considé- rable, et, entre elles, tous les intermédiaires possibles. Or, on constate que, même chez les types d'ammonites les plus compliqués, la forme des cloisons de l'animal jeune est régulière comme chez le nautile et que le siphon est presque central. Plus tard, quand l'animal vieillit, et que sa coquille s'allonge, elle perd petit à petit ces caractères ori- ginels, et arrive à posséder sa forme adulte, c'est-à-dire que la ligne de suture devient persillée et le siphon, ventral. Donc, en suivant le développement d’une ammonite, on la voit commencer par être nautile, puis n’arriver à prendre nettement la forme ammonite qu'à mesure qu'elle vieillit. Par conséquent, s'il est vrai, comme semble le prouver leur étude anatomique, que les ammonites descendent des nautiles, on voit qu'en se développant, un individu reproduit les phases successives de l’évolution qu'a subie son espèce dans la suite des âges. L'étude des ammonites apporte donc une confirmation intéressante du principe posé par Serres et développé par Fritz Müller, principe qui peut s'énoncer de la facon sui- vante : Le développement d'un individu est l'histoire abrégée, rac- courcie, de l’évolution de l'espèce à laquelle il appartient. Apogée el décroissance des ammoniles. — Le groupe des ammo- nitidés se développe, avons-nous dit, avec une grande abon- dance de formes dans le cours des temps secondaires; cepen- dant, lorsqu'on arrive à l’époque crétacée, les conditions d'existence, pour ces animaux, se modifient probablement d'une manière assez nolable, car on voit les ammoniles pré- senter un caractère nouveau : leurs spires cessent d'être ser- rées et à tours contigus; en d'autres termes, elles présentent une tendance au déroulement. Ces ammoniles déroulées ont reçu des noms spéciaux. Ainsi, le genre Crioceras! (fig. 63) présente encore une coquille 1. Du grec : krios, bélier, ét keras, corne. D es dir ne |"! Eu its nn ÈS de De D SSL È Las Os ht y lat LE OM FOR SRE NS ER RS Le *e] Ft mtunde DER ere GE < & HI LES TEMPS SECONDAIRES 81 ue ifré tours de spi touchent _ enroulée, mais les différents tours de spire ne se touchen plus. Le déroulement est encore plus accentué dans les | genres Scaphites! (fig. 64) et Ancyloceras ? (fig. 65); enfin, avec Je le genre Baculiles * (fig. 66), nous arrivons à des formes _ absolument droites. Les bacülites se trouvent dans la partie _ Ja plus récente des ter- « _ rains crétacés. Ces bacu- lites, malgré leur forme, _ doivent être considérées 2. 7) 4, à IN 7) CL UMR, DES ) Fig. 63. — CRIOCÉRAS. — Les Fig. 64. — Scarui- Fig. 65. — Ancy- tours de spire de la coquille ne res. — L'animal n'en- LocéRas.— Les tours se touchent plus; même jeune, roule sa coquille que de spire ne se tou- l'animal marque une tendance au tant qu'il est jeune. chent plus même _ déroulement. chez l'animal jeune. “ h 4 | _ comme des ammonitidés modifiés, car les cloisons qui divi- sent leur coquille en chambres successives ressemblent à cel- les dès véritables ammonites, et le siphon occupe toujours le côté ventral. Ce sont les ammonitidés les plus récents : ils clôturent la série. Ainsi donc, partis de formes droites (Orthocères) pendant l'ère primaire, les céphalopodes reviennent aux formes droites (Baculiles) à Ia fin des temps secondaires; mais, entre ces deux limites extrêmes, s'est produit, dans les mers secondaires, l'épanouissement complet des formes enroulées *. 1. Du grec : scaphé, barque. 2, Du grec : agkulos, recourbé, et keras, corne. 3. Du latin : baculus, bâton, 4. Les dimensions des Ammonites sont très variables : quelques espèces dé- >) passent à peine la taille d'une pièce de un centime, tandis qu'on en a rencontré | d'autres, notamment dans le crétacé de Westphalie, qui atteignent jusqu'à deux | mètres de diamètre. | PALÉONTOLOGIF (CL: DE PHIL. ET DE MATH. A ET B). 6 82 PALÉONTOLOGIE ANIMALE ' “à Descendance des ammoniles. — Nous savons que, dès l'époque F + Fig. 66. — Ba- COULITES déroulement complet. Le est dévonienne, il existait de véritables ammoni- üidés ; leur coquille était enroulée et cloisonnée comme celle des nautiles, mais le siphon, au lieu de traverser les cloisons en leur centre, Jongeait le bord externe de la coquille. De plus, ce siphon, au lieu d'être fixé directement à la paroi de la loge initiale, comme chez le Nautile, y était rattaché par un petit ligament désigné sous le nom de prosiphon (fig. 67). Ces dispositions se retrouvent chez un petit céphalopode qui vit encore de nos jours, la Spirule; la seule différence réside dans la posi- tion du siphon, qui suit le bord interne de la coquille, c'est-à-dire qu'il est dorsal au lieu d'être ventral (fig. 67). Il est donc permis de considérer la Spirule comme le dernier des- cendant vivant des ammonites secondaires. Bélemnites. — Les bélemnites ! étaient des céphalopodes possédant, non plus une co- quille externe, comme les ammonites, mais une coquille interne, de nature cornée ou calcaire, Jogée dans l'épaisseur du manteau ?, Pendant très long- temps, on ne connut que la partie terminale de Ja coquille des bélemnites qui se rencontre, en ee « /4 Eu: AN } 1 ES Sun effet, fréquemment, dans A les assises jurassiques, 2 oi — RAPPORTS Du mes AVEC n- sous la forme d’un cône COQUILLE. — À gauche, une spirule : il \ É C à US a un prosiphon; à droite, le Nautile : le si- allongé (fig. 68), terminé phon s'attache directement à la coquille. soit en pointe, soit en massue. En réalité, la coquille complète d'une bélemnite se compo- 1. Du grec : hélémnon, trait, flèche, à cause de la forme du fossile. 2. On sait que le sac dans lequel est enfermé le corps des céphalopodes se nomme le manteau. à " À PR AUS ATLAS Les ON QHAn 'o 10e D'AME UN STE # CIS ARS ES % Var n Ù F4 " - LES TEMPS SECONDAIRES 83 léait de trois parties : le rostre!, le phragmocône ? et le proos- _tracum3. me k Le rostre est, le plus souvent, la seule partie conservée de . la coquille; il a la forme d'un cigare. Massif dans sa partie 1 _ inférieure, c'est-à-dire vers la pointe, il porte généralement, à _ Sa partie supérieure, une cavité évasée en _ forme d’entonnoir (fig. 68). _ C’est dans cette cavité, creusée à la partie qu. supérieure du rostre (R, fig. 69), que se trou- _ vait logé le phragmocône (P), coquille coni- Ë que, partagée par des cloisons en chambres _ successives, absolument de Ia même manière que la coquille du Nautile ou de l'Ammo- . _nite. La chambre iniliale forme une dilatation arrondie, à la pointe du phragmocône (fig. 69, _ Jet II). Toutes les cloisons sont traversées 7 par un siphon (S) placé près du bord antérieur Fig. 68. — Uxe r < ÉLEMNITE. à 1: 2 _ de la coquille, et ce siphon est, comme chez BÉLEMNITE, à la par 1 : tete à ; tie supérieure de la- . les ammonites, fixé à la paroi de la chambre quelle on voitencore inmibale par un pelit ARE calcifié, le pro- trace de la cavité dans laquelle était A siphon. logé le phragmo- K Enfin (fig. 69, IT), à la partie supérieure du cône. _ rostre, la paroï dorsale du phragmocône se V prolongeait en une lame aplatie (P), désignée sous le nom de _ proostracum ou plume; cette partie, très rarement conservée, _ était placée dans l'épaisseur du manteau de l'animal. Place des bélemniles dans la classification. — La disposition . cloisonnée du phragmocône et l'existence d’un siphon avaient conduit depuis longtemps les naturalistes à penser que les ._ bélemnites étaient des céphalopodes; et comme on retrouve chez ces animaux les mêmes dispositions que chez les ammo- nites et chez les spirules, 1l est permis de croire qu'elles appartenaient aussi au groupe des céphalopodes dibranchiaux. _ D'ailleurs, la découverte d'empreintes entières de l'animal dans les argiles du Jurassique est venue confirmer cette hypothèse. . La bélemnite, de même que les autres céphalopodes pourvus . d'une coquille, vivait dans la dernière chambre de son phrag- Le Du latin rostrum, bec. Du grec : phragma, cloison. Du grec : pro, en avant, et osfrakon, coquille : prolongement de la coquille. © 49 — 84 PALÉONTOLOGIE ANIMALE mocône; mais, le corps s’accroissant très vite, avait fini par déborder tout autour de la coquille cloisonnée, de sorte que celle-ci s'est trouvée, en définitive, engagée sous les téguments (III, fig. 69), Dès lors, peu utile, le phragmocône s'est réduit de plus en plus, tandis que ses parties accessoires, rostre et plume, s'adaptant de mieux en mieux à leur nouvelle fonction III Fig. 69. — RESTAURATION D'UNE BÉLEMNITE. — À gauche, un rostre (R) de Bélemnite, vu de profil, et coupé pour montrer son phragmocône (Ph) et son siphon (S). — Au milieu, le même, mais vu de face et surmonté de son prolon- gement plat, la plume ou proostracum (P); Ph est le phragmocône. — A droite, Bélemnite entière et vue de dos. Le corps repose dans la dernière chambre du phragmocône et la plume se prolonge dans le manteau qu'elle soutient. qui élait de soutenir les tissus mous, se développaient et s'allongeaient. Origine et descendance des bélemniles. — Les bélemnites appa- raissent dès le début des lemps secondaires (Trias); on na pas, jusqu'ici, rencontré de formes intermédiaires permettant de les relier aux autres céphalopodes paléozoïques: cepen- dant, il est permis de penser qu'elles descendent d'ancêtres possédant une coquille droite et des cloisons simples. Mais, si l'origine du groupe est encore entourée d'obscu- rité, il n’en est pas de même de sa descendance : son évolution A A 7, due ) | 1 £ + 0 \ c , ' ‘14 LES TEMPS SECONDAIRES 85 _ne s'arrête pas, en effet, au stade que noùs venons de décrire; _ elle se poursuit pendant l'ère tertiaire. On voit, dans les formes qui ont vécu à cette époque, le rostre se réduire peu à peu _et quand on arrive à la Seiche actuelle, le rostre a complè- fement disparu et la plume (ou proostracum) a seule persisté; elle prend le nom d'os de Seiche . BRACHIOPODES Les brachiopodes sont en décroissance notable dans le cours des temps secondaires : les deux genres principaux sont les Rhynchonelles ? (fig. 70) et les Térébralules * (fig. 71). Fig. 70. — RuYNCHONELLE (Ah. deco- Fig. 71. — APPAREIL BRACHIAL D'UNE rata) du Bajocien de Caen (2/3 de TÉRÉBRATULE. grand. nat.). Ces deux genres, qui vivent encore actuellement, étaient déjà abondamment représentés à l'époque primaire. ARTHROPODES L'évolution des arthropodes parait avoir été rapide, en ce sens que les crustacés et les insectes possèdent, dès les temps secondaires, des caractères à peu près identiques à ceux des espèces qui vivent de nos jours. Il est donc inutile d'insister. Faisons seulement remarquer que c’est le type des Insectes broyeurs (coléoptères, névroptères, orthoptères) qui domine pendant les temps secondaires. Ceux qui vivent plus spéciale- ment sur les fleurs, comme les abeilles et les papillons, n'ont - fourni que de très rares débris, ce qui nous indique déjà que le groupe des plantes à fleurs devait être encore peu développé. 1. On peut voir à la base de l'os de seiche, une toute petite pointe : c'est le dernier vestige du rostre et du phragmocône des Bélemnites. 2. Du grec : rhugkos, bec. 3. Du latin : terebratus, perforé. À * k 3 j'ébrie Re LEE | ‘ d As 86 PALÉONTOLOGIE ANIMALE : D VERTÉBRÉS Poissons. — La classe des poissons n'offre rien de bien particulier à signaler: les formes primaires, à queue non symétrique et à squelette cartilagineux, diminuent de nombre et d'importance; par contre, les poissons osseux, analogues à ceux qui vivent encore de nos jours, deviennent de plus en plus nombreux dans les mers. Chez la plupart d’entre eux, la queue possède deux lobes égaux : elle a done cessé d’être hétérocerque pour devenir homocerque; enfin, leur corps, au lieu d'être recouvert par de grandes plaques ou des écailles osseuses, se revêt de petites écailles flexibles, ce qui leur assure une plus grande souplesse et rend leurs mouvements plus faciles. Il existe cependant entre les an- ciens Poissons de lère primaire, à queue irré- gulière, et ceux du Jurassique à queue sy- métrique, des intermé- Fig. 72, — Lepinorus, poisson du Trias. diaires fort intéres- sants : nous nous con- tenterons de citer, en particulier, le genre Lépidolus, du Trias (fig. 72), chez lequel la queue, tout en restant hétérocerque, a une tendance marquée à prendre la régularité des formes actuelles. Extension des reptiles. — Les repliles ont, comme on le sait, fait leur apparition vers la fin des temps primaires; toutefois, les formes anciennes présentaient encore un certain nombre de caractères qui appartenaient aux batraciens. Mais, pendant l'époque secondaire, les vrais repliles vont prendre une extension telle, qu'on a pu appeler cette période le règne des repliles. Au début, on rencontre encore des labyrinthodontes; on trouve aussi des mâchoires appartenant à des animaux qu'on nomme des Placodus et dont on a fait tantôt des poissons, tantôt des reptiles; mais, petit à petit, ces formes primitives s'éteignent et sont remplacées par d’autres de plus en plus perfectionnées dans le sens replile. Tous les reptiles secondaires peuvent être répartis en trois # ‘ 3 ‘ Les 2 4 Dre à cola 1 HN PTT CE MS DE EEE CODE LT * LES TEMPS SECONDAIRES 87 groupes principaux, correspondant aux différents genres de vie auxquels ils se sont adaptés. 4° Les uns, qui sont incontestablement les plus anciens, habitaient les eaux. C'étaient des reptiles essentiellement nageurs. 20 Les autres volaient dans l'air à la facon des chauves- souris : ce sont les reptiles volants. 3° D’autres, enfin, se sont adaptés à la marche et à la vie ter- restre : ce sont les reptiles marcheurs. Reptiles nageurs (Enaliosauriens). — Nous citerons seule- Fig. 73 — IcaTayosAURE (longueur de 10 à 12 mètres). ment, dans ce groupe, les deux principaux genres; l’Zchthyo- saure et le Plésiosaure, dont les membres sont transformés en rames, comme ceux des baleines et des dauphins. L'Ichthyosaure! (fig. 73), dont le nom signifie poisson-lézard, est ainsi appelé parce qu'il tient à la fois du poisson et du reptile. Il ressemble aux reptiles par ses longues dents coniques, très nom- breuses, et aux pois- sons par ses verté- bres biconcaves. Les ichthyosaures vivaient au com- mencement des temps secondaires (Lias): leur corps pouvait mesurer jus- qu'à douze mètres de long, et leur tête, Fig. 74. — Tère D'IcarayOsAuRE montrant l'anneau qui formait à elle osseux de la sclérotique. seule presque le tiers de la longueur totale du corps de l'animal, était terminée par un museau pointu. Le cou était très court; les yeux, dont 1. Du grec : ichthus, poisson, et saura, lézard. 88 PALÉONTOLOGIE ANIMALE les dimensions pouvaient égaler celles de la tête d’un homme, présentaient une disposition remarquable : autour de la selé- rotique existait un cercle de pièces osseuses, formant un solide appareil de protection (fig. 74). Enfin, à la partie supérieure du crâne, entre les deux os pariétaux, se trouvait un trou assez large où se logeait un troisième œil, l'œil pineal, dont on retrouve encore les traces chez certains lézards actuels, et dont la glande pinéale du cerveau humain est un dernier vestige. Le Plésiosaure! possédait les mêmes caractères généraux que l'Ichthyosaure, mais il en différait par sa tête très petite portée à l'extrémité d’un cou très allongé; il vivait surtout vers le milieu de l'époque secondaire. Plus tard, vécurent encore d’autres reptiles nageurs intéres- sants à connaître : l’un d'eux, le Mosasaure (lézard de la Meuse), découvert en 1780, à Maëstricht, pouvait atteindre 15 mètres de long ; sa tête seule mesurait 1,50 environ. Pour terminer, citons encore le Téléosaure? qui vivait vers la fin des temps secondaires (Crétacé) et qui se rapproche encore davantage des reptiles actuels; par son crâne allongé et son museau très étroit, 1l rappelle assez bien l'espèce de crocodile désignée sous le nom de Gavial, qui vit actuelle- ment dans les eaux du Gange. Reptiles volants (Ptérosauriens). — Les reptiles secondaires adaptés au vol sont peu nombreux, mais leur importance est très grande, parce qu'ils nous montrent que deux types, en apparence très différents, les mammifères et les reptiles, peuvent, en s’adaptant à un même genre de vie, acquérir des caractères à peu près identiques. Nous citerons seulement le Plérodaclyle et le Rhamphorhynque qui étaient, à l'époque secondaire, ce que les chauves-souris sont à l'époque actuelle. L'aile des ptérodactyles? (fig. 75), comme celle de nos chauves-souris, était formée par un repli de la peau des flancs qui réunissait les membres antérieurs aux membres posté- rieurs; mais, tandis que, chez les chauves-souris, la mem- 1. Du grec : plesion, près, et saura, lézard, pour indiquer qu'il ressemble plus au Lézard que l'Ichthyosaure. 2. Du grec : teleos, lointain, et saura, lézard. 3. Du grec : pteron, aile, et dactulos, doigt (doigt soutenant l'aile). A NT PER UP ARR ST Ne “ 1 pis Fit - - LES TEMPS SECONDAIRES 89 sa) brane de l'aile est soutenue par quatre doigts très allongés, _ le pouce seul étant libre et court, elle était, chez les Ptérodac- à-dire par celui qui cor- _longée et les mâchoires _ Le Ptérodactyle avait la . était au contraire très tyles, uniquement soutenue par le cinquième doigt, c’est- respond à notre petit doigt. La tête était al- étaient garnies de dents. queue très courte; elle longue chez le Rham- phorhynque !, et termi- née par une sorte de plateau servant de gou- vernail. Ces animaux n'ont jamais atteint des di- mensions comparables à celles des grands rep- tiles nageurs; les plus grands dépassaient à peine la taille d'un cor- Fig. 7%. — PréRODACTYLE, reptile volant. beau, mais il en exis- tait de beaucoup plus petits dont les dimensions n'étaient pas supérieures à celle de nos moineaux; cependant, certains Pléranodons, qui ont vécu en Amérique (craie du Kansas), pouvaient déployer jusqu'à 8 mètres d'envergure. Reptiles marcheurs (Dinosauriens), — Nous retrouvons encore, dans le groupe des reptiles marcheurs, un certain nombre de formes remarquables, tant par les dimensions gigantesques de quelques-uns, que par les caractères de cer- tains autres qui nous montrent comment a pu se réaliser le type oiseau. Les plus curieux de ces reptiles ont été découverts dans les terrains jurassiques de l'Amérique du Nord (région du Colorado). Le Brontosaure? (fig. 76) [lézard du tonnerre] possédait 1. Du grec : ramphos, bec corné, et rhugkos, bec. . 9, Du grec : bronte, tonnerre, et saura, lézard. 90 PALÉONTOLOGIE ANIMALE quatre membres à peu près égaux. Relativement à ses dimen- sions, sa tête était très petite; 1l atteignait de 16 à 18 mètres de longueur. Le Slégosaure ! (fig. 71), ou lézard écailleux, était aussi un Te Fig. 76. — BRONTOSAURE, reptile du Jurassique du Colorado (longueur : 18 m.). e lézard de grandes dimensions : il pouvait atteindre 10 mètres 4 de longueur; sa tête était également très petite; ses pattes antérieures étaient plus courtes que les postérieures et il Fig. 77. — STÉGOSAURE, reptile jurassique (longueur : 10 mètres). avait de grandes plaques osseuses le long de la colonne vertébrale. Chez l’Atlanlosaure, les pattes antérieures étaient, de même que chez le Stégosaure, très courtes, mais cet animal offrait des dimensions qui n’ont probablement jamais été dépassées 1. Du grec : stege, toit, et saura, lézard : à cause des écailles qui ornent son dos. -t ds ste) de MS VER 27 2 rates : FOR" "51 Le : …..… Ep: COR RE PER OX A Ur 2 car DCS oi 2" pa » : Du FRS - 1 4 D « LES TEMPS SECONDAIRES 91 par aucun animal terrestre! : son fémur avait, à lui seul, 2 m. 70 de long, ce qui fait supposer que l'animal entier _ devait atteindre une longueur de 30 à 40 mètres. 2" Le Camptonodus était beaucoup plus petit : il avait la taille _ d'un chat; mais ses caractères en font un remarquable type de passage. C'était, en effet, encore un reptile, mais ses pattes postérieures, à trois doigts allongés et munies de griffes, _ étaient déjà construites comme celles des oiseaux. Enfin, vers la fin de l'époque secondaire (Crétacé), il existait en Europe un grand rep- _ tile, l’Iguanodon (fig. 78), ainsi nommé parce que ses dents ressemblent à …_ celles d'une sorte de . lézard vivant encore ac- A tuellement dans l'Améri- _ que et l'Asie équatoriales, ._ et qu'on désigne sous le | nom d’Iquane. De Chez l'Iguanodon, les pattes antérieures, qui ne servaient pas pour la mar- É che, étaient aussi beau- | coup plus courtes que les postérieures. En 1878, une “# _ vingtaine de squelettes Fig. 78. — Iauanonon, reptile jurassique complets d'iguanodons (longueur : 10 mètres). | furent trouvés en Belgi- ._ . que, près de Mons; cette découverte permit de constater que la longueur totale du corps pouvait aller jusqu'à 0: 10 mètres. A l'exception du Brontosaure qui était nettement quadru- f pède, tous ces reptiles bizarres devaient se tenir à peu près debout, appuyés sur leurs pattes postérieures et sur leur | queue, à la facon des kangurous ; quelques-uns étaient her- | bivores, mais certains possédaient une denture complète comme les carnivores: on a donné à ces derniers le nom de 1. Animal terrestre veut dire qu'il vit sur la terre et non dans l’eau; certains cétacés actuels dépassent en effet ces dimensions. 92 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Thériodontes! : enfin, quelques autres, possédant sur leurs lèvres un bec corné semblable à celui des tortues, ont recu le nom de Dicynodontes ?. Ainsi donc, les nombreuses formes reptiliennes qui ont vécu dans les temps secondaires présentent souvent, réunies dans un même animal, des caractères qu'on trouvera plus tard nettement séparés chez les vrais reptiles, chez les mammifères et chez les oiseaux *. Ceci nous indique que les reptiles secon- daires pourraient bien être la souche ancestrale de laquelle seraient sortis les mammifères, les oiseaux et les reptiles actuels. Premiers oiseaux. — Bien que la forme extérieure des oiseaux diffère très sensiblement de celle des reptiles, l’anato- mie comparée de ces deux groupes, en ap- parence si dissem- blables, avait révélé des analogies de structure qui ne pou- vaient s'expliquer que s'il y avait pa- renté entre eux. Or, en 1860, on décou- vrit, dans les schistes lHthographiques de Solenhofen, un ani- mal très singulier. Cet animal (fig. 79) formant le passage entre les Reptiles et les Oiseaux. possédait des mem- bres terminés par trois doigts libres et pourvus de griffes; l'un des doigts des membres antérieurs portait des plumes : le membre antérieur était donc une aile. D'autre part, la queue ressemblait à celle d’un lézard; mais, sur chacune de ses 22 vertèbres, était fixée 1. Du grec : fhérion, bête sauvage, et odous, odontos, dent. 2. Du grec : dus, deux, et kunodous, canine. 3. Nous avons déjà fait une constatation analogue à propos des Poissons et des Insectes de l'ère primaire. 12 : lt LES TEMPS SECONDAIRES 93 _ une paire de plumes. Enfin, les maxillaires, allongés en une _ sorte de bec d'oiseau, étaient garnis de dents implantées dans _ des alvéoles, comme chez les reptiles. On a donné à ce reptile-oiseau, le nom d'Archæopléryx"!. Les plumes ne paraisse xisté que sur les membres antérieurs et sur la queue de l'Archæoptéryx; on ne sait pas si le corps de cet étrange animal était nu, ou s'il était recou- vert d'un duvet plus ou moins fin. _… Les restes de l’Archæopléryx sont malheureusement très rares; il Éég dé : LT ’ WE n’en existe jusqu'ici que deux exemplaires, tous deux découverts en &S Bavière, dans les schistes lithographiques de Solenhofen:; le premier échantillon, très incomplet, a été acheté 15000 francs par le British Museum ; il est actuellement à Londres. Le deuxième exemplaire, trouvé dix-sept ans plus tard (1877), est dans un excellent état de conservation; la tête est distincte, ainsi que les quatre doigts des membres - antérieurs; cetexemplaire. qui à: à été acheté 25 000 francs, figu- à re actuellement au musée de A SEE ag a Ÿ l'Université de Berlin. C’est #3 celui dont nous donnons une ne figure. > L'Archæoptéryx repré- pe sente donc un type inter- __ médiaire entre les reptiles | et les oiseaux; on pourrait le considérer comme une _ sorte de lézard emplumé. # Les assises schisteuses dans lesquelles ont été _ découverts les restes de ; l'Archæoptéryx appartien- & nent à la période jurassi- DURS CGR RAT IRNE er AIS SR | que; on peut donc en con- tacé d'Amérique. | clure que les oiseaux ont À apparu vers le milieu des temps secondaires et qu'ils sont les descendants des reptiles. Nous avons, d’ailleurs, déjà dit > que l'anatomie comparée des reptiles et des oiseaux actuels # 1. Du grec : arkaiïos, ancien, et pterus, plume; parce que c’est une plume isolée # de cet animal qui fut découverte en premier lieu. La 94 PALÉONTOLOGIE ANIMALE avait fait prévoir ce résultat, et l’on peut dire que l'on atten- dait l'Archæoptéryx, avant de l'avoir découvert. On a également trouvé, dans les assises crétacées d’Améri- que, des débris d'oiseaux beaucoup mieux organisés que l'Archæoptéryx; l’un, l'Hespérornis !, atteignait environ un mètre de hauteur. C'était une sorte de palmipède; ses ailes antérieures étaient à l'état rudimentaire, et ses mâchoires portaient des dents; mais l'absence de bréchet, comme chez les autruches, et le faible développement des ailes sont deux caractères qui indiquent que cet animal ne devait pas pouvoir voler. Un autre, l'Ichthyornis ? (fig. 80), était plus perfectionné, dans le sens oiseau, que l'Hespérornis, bien qu'il eût encore des vertèbres biconcaves, comme celles des poissons, et des dents comme les reptiles; néanmoins, on peut dire que c'est pendant l'époque jurassique que le type oiseau s’est constitué. Mammifères. — Les mammifères, qui sont les plus parfaits des animaux vertébrés, apparaissent également au début des temps secondaires : le plus ancien, Dromatherium sylvestre, se trouve dans le Trias de l'Amérique du Nord; les autres, Phas- colotherium (fig. 81), Amphitherium, appartiennent au Jurassi- que. On n'en a pas encore de squelelles entiers; on ne possède que des dents, des mâchoires el des fragments de membres. Si incomplets qu'ils soient, ces débris suffisent pour faire voir que les mammifères de cette époque appartenaient aux formes les plus inférieures du groupe, c'est-à-dire aux marsu- piaux, dont quelques for- mes vivent actuellement en Australie (kangourous) et dans l'Amérique du Sud (sarigues). Ces premiersmammifères étaient très petits: les plus Fig. Sl. — MÂCHOIRE DE PHASCOLOTHÉ- GS ù er RIUM, découverte dans le Jurassique supé- grands avaient à peu pres rieur. la taille d'un hérisson ou d'un lapin; leurs dents mo- laires, très nombreuses, étaient garnies de tubercules pointus qui rappellent ce que l’on observe aujourd'hui chez les insec- tivores (fig. 81) ; ils paraissent avoir vécu pendant toute la durée . Du grec : Lespera, occident, et ornis, oiseau. 2, Du grec : ichthus, poisson, et ornis, oiseau : oiseau-poisson. > LES TEMPS TERTIAIRES 95 * à A < oo "des temps secondaires sans modifications sensibles; nous les retrouverons pendant l'ère tertiaire où ils prennent alors un développement considérable, à ce point que leurs innom- ‘KE brables formes serviront à caractériser l'âge tertiaire, comme les reptiles caractérisent les temps secondaires. \ RÉSUMÉ DE LA FAUNE DES TEMPS SECONDAIRES _ Les Protozoaires continuent, sans grandes modifications, les Pro- __ tozaires primaires. ) _ Les Échinodermes, descendants directs des cystidés primaires, sont _ fixés ou libres : fixés, ce sont les Encrines; libres, ce sont les Oursins réguliers ou irréguliers. Les invertébrés les plus caractéristiques des temps secondaires sont _ les Ammonites et les Bélemnites. Les ammonites, qui étaient d’abord _ enroulées, descendent des nautilidés de la faune primaire par les gonia- tites et les cératites. Elles se déroulent à la fin des temps secondaires, puis disparaissent tout à fait au début de l’ère tertiaire. Quant aux bélemnites, c'étaient des animaux analogues à nos seiches et à nos calmars. CESSE TC et PS à V7 Mais ce qui donne à la faune secondaire tout son caractère, c'est 2 : : à : à ; ; l'abondance des reptiles dont plusieurs atleignaient des tailles -gigan- w tesques. Quelques-uns d'entre eux se sont adaptés au vol : les uns (ptérodactyles) volaient à la façon des chauves-souris actuelles; ses autres possédaient des plumes et leurs membres antérieurs étaient ce # _ transformés en ailes. Ce sont ces derniers qui ont été la souche des _ oiseaux; les premiers, c’est-à-dire les ptérodactyles, ont disparu. ë Enfin, les quelques rares mammifères que l’on rencontre dans les 1e terrains secondaires présentent tous le caractère marsupial. # 4 4, | CHAPITRE IV E LES TEMPS TERTIAIRES Généralités. — Ce qui frappe surtout lorsqu'on considère dans leur ensemble les animaux et les plantes qui ont vécu pendant les temps tertiaires, c'est que ces animaux et ces plantes se rapprochent beaucoup plus des formes actuelles que ceux des époques précédentes. Les grands repliles de l'époque secondaire ont disparu; les seules formes qui persistent sont celles qui vivent encore de nos 96 _ PALÉONTOLOGIE ANIMALE jours. Il en est de même (sauf quelques rares exceptions) pour les oiseaux : bien que parfois pourvus de dents, les oiseaux tertiaires ne présentent plus, avec leurs ancêtres reptiliens, qu'une analogie très lointaine. Les céphalopodes qui penpinient les mers jurassiques et crétactél vont s’éleindre : les dernières ammonites se rencontrent, en effet, en Californie, tout à fait à la base des assises tertiaires (Éocène); quant aux bélemnites, elles se transforment rapide- ment, et, par la disparition progressive de leur rostre, nous amènent aux spirules ! et aux céphalopodes nageurs, Seiche, Calmar et Argonaute, qui vivent dans les mers actuelles. Par contre, les mollusques lamellibranches et gasléropodes se développent avec une extraordinaire ampleur ; aux formes exclusi- vement marines, vont s'ajouter des espèces d'eau douce et même des espèces terrestres. Les véritables rudistes ont disparu Les protozoaires existent toujours. Mais le fait caractéristique de celle période est le grand dévelop- pement que prennent les mammifères. DIVISION DES TEMPS TERTIAIRES Les étages tertiaires. — L'ensemble des dépôts tertiaires comprend quatre subdivisions principales qui se distinguent les unes des autres par la proportion plus ou moins grande des coquilles actuelles qu'elles renferment et qui corres- pondent aux périodes éocène, oligocène, miocène et pliocène. Période éocène*. — Cette période est ainsi nommée parce que c’est dans les dépôts de cet âge que l’on commence à trouver une faune et une flore qui préparent la faune et la flore actuelles: environ 3 à # p.100 des espèces éocènes vivent encore de nos jours. _ C'est vers la fin de l'éocène que le gypse se dépose dans les lagunes de Ia région parisienne. Comme beaucoup de mammifères vivaient sur le bord de ces lagunes, un grand 1. Chez la Spirule, le rostre a complètement disparu et la petite coquille nacrée qu'on retrouve sous les téguments correspond au phragmocône des bélemnites. 2. Du grec : e6s, aurore, et Æainos, récent; Éocène signifie que cette époque peut être considérée comme l'aurore de l'époque actuelle. D maintenant leurs ossements à l'état fossile 1. 1 WE _ Nous pouvons citer, parmi ces mammifères, le Palæothe- _ rium, l'Anoplothérium et le Xiphodon (voir p. 109 et 113). Dur: C est aussi vers la fin de la période éocène que se produisit ne le ridement qui donna naissance aux Pyrénées. __ Période oligocène *. — Les dépôts de cet âge se rencontrent 4 au sommet des collines, dans le bassin de Paris, ce qui indique _ que ce sont les dernières formations marines de cette région; _ en effet, à ce moment, la mer quitte définitivement le nord de la France. C’est pendant la période oligocène que vivait l'Anthraco- thérium. Période miocène*. — La proportion des espèces actuelles _ est d'environ 20 p. 100 dans les dépôts d'âge miocène. La mer ” Dance encore sur l’Aquitaine, et dans la régions de l’ouest N (Basse-Loire et Bretagne); elle dépose des calcaires d'une _ nature toute particulière que l’on désigne sous le nom de _ faluns. À la même époque, elle abandonne dans la région des _ Alpes, en Suisse notamment, un calcaire qui, s'imprégnant _ facilement d'humidité, est très mou au moment où on l'extrait du sol, et a, pour cette raison, reçu le nom de Mollasse. Comme la Mollasse est relevée dans les Alpes à plus de 2000 mètres de hauteur, on en conclut que la dernière poussée qui a produit le plissement alpin est postérieure au dépôt de cette roche. Les fossiles caractéristiques de cette époque sont principa- lement des mammifères; nous signalerons seulement le Mas- todonte (p. 110), le Dinothérium (p. 111) et l'Hipparion (p. 114). à Période pliocène ‘. — Le nombre des espèces actuelles est fi de 50 p.100 environ; les dépôts de cet âge sont peu nombreux one et peu étendus en France, ce qui montre que notre pays avait déjà acquis sa configuration actuelle. 1. C'est surtout sur les ossements de ces mammifères qu'ont porté les restau rations de Cuvier. 2. Oligocène, du grec : oligos, peu, et kainos, récent; peu récent si on le com- pare au Miocène et au Pliocène. 3. Miocène, du grec : meion, moins, et kainos, récent; moins récent si on le com- pare au Pliocène. 4. Pliocène, du grec : pleion, plus, et kainos, récent ; plus récent que l'Éocène, l'Oligocène et le Miocène. PALÉONTOLOGIE (CL. DE PHIL. ET DE MATH. À ET B). 7 98 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Les mammifères pliocènes étaient à peu près semblables à ceux qui vivent de nos jours : 1l y avait des hippopotames, des rhinocéros, des bœufs: enfin, les véritables chevaux suc- cèdent aux hipparions de l’époque précédente. FAUNE DES TEMPS TERTIAIRES PROTOZOAIRES Nummulites. — Les Nummuliles peuvent être considérées comme l’une des formes fossiles les plus caractéristiques du st Dont Où Che: LAN Det Ÿ 2 1: 2, début des temps tertiaires, c'est-à-dire de l’Éocène; elles appar- tiennent aü groupe des foraminifères, La carapace des nummulites est formée par un tube enroulé sur lui-même, en spirale (fig. 82), et divisé en loges succes- sives par des cloisons obliques et incomplètes. Toutes les chambres ainsi délimitées communiquent entre elles. La coquille était percée de trous par lesquels l'animal émettait au dehors des filamenis protoplasmiques très fins, appelés pseudopodes, et à l'aide desquels 11 capturait les petits animaux ou les particules organiques qui constituaient sa nourriture . Les nummulites présentent une forme aplatie qui rappelle celle d’une pièce de monnaie; c'est ce qui leur a valu leur nom (aummus, écu). Leur grandeur varie depuis la taille d'une lentille jus- qu'à celle d'une pièce de cinq francs. Elles se développèrent en si grande abondance dans la région méditerra- néenne, au début des temps tertiaires, Fig. 82. — Nuwmuurs due Certains calcaires en sont, pour (Nummulites nummularia). — ainsi dire, entièrement formés : tel À gauche, nummulite vue st, par exemple, le calcaire d'Égypte de profil. À droite, la même É | Er 12 .REU Le poupée a loue QUE 4 SSETVA EE la construction des (grand. nat.). Pyramides. Elles se rencontrent aussi dans le bassin de Paris, notamment aux environs de Soissons, où celles forment des banes cai- caires que les ouvriers désignent sous le nom pittoresque de pierre à liards. 1. C’est à cette particularité que ces animaux doivent leur nom de foraminifères : foramen, trou; fero, je porte. LES TEMPS TERTIAIRES 99 _ Ces nummulites existaient déjà à l’époque primaire, où Fe _elles étaient d’ailleurs très rares; on les retrouve aussi dans _ les terrains secondaires, mais c'est seulement au début de _ l’époque tertiaire que leur nombre devient considérable; ! toutefois, leur règne fut très éphémère: elles étaient déjà en _ pleine décroissance pendant la période oligocène, et l'on n'en connaît plus, actuellement, que trois ou quatre très 7”, mr Ts 1 petites espèces, qui vivent dans la Méditerranée. & Les Miliolites appartiennent également au groupe des fora- ï-. minifères ; elles doivent leur nom à leur forme et à leur taille _ qui rappellent à peu près celles d’un grain de millet. On les ._ rencontre parfois formant des bancs entiers, dans le Calcaire _ grossier des environs de Paris. x RAYONNÉS à ; = LE F A Fe Échinodermes. — L'importance des échinodermes est beau- __ coup moins grande qu'à l'époque secondaire; ce sont les ; oursins à symétrie bilatérale! qui dominent, et leurs formes _ se rapprochent de plus en plus des formes actuelles. En MOLLUSQUES 2 Les céphalopodes sont en voie de disparition; les Ilamel- Ë libranches sont très nombreux et leurs - formes rappellent beaucoup les formes & 3 ; * Fig. 83. — HÉLiIx Fig. 84. — LyYMNÉéE Fig. 85. — PLANORBE à (Æ.Coulojoni) du Pliocène (Zymnea longiscata) du (Planorbis cornu) du Cal- 4 d'Ambérieu (Ain) (2/3 de Calcaire de Saint-Ouen caire de la Brie (2/3 de 7 grand. nat.). (1/2 de grand, nat.). grand. nat.). actuelles. Quant aux gastéropodes, ils sont extrêmement abondants et l'on voit apparaitre des formes terrestres comme 1. Voir la note ? de la page %. 100 Hu én. : UT : + 4 * PALÉONTOLOGIE ANIMALE les Hélix (escargots : fig. 83) ou des formes d’eau douce, telles que les Lymnées (fig. 84) et les Planorbes (fig. 85). Parmi les gastéropodes marins, nous citerons surtout les Gérithes, dont les nombreuses espèces servent à caractériser S6. — DIFFÉRENTES FORMES DE - À, Cerilhium giganteum Fig. CÉRITHES. du Calc. grossier (Eocène moyen). — B, Cerithium plicatum des Sables d'Étampes. — C, Cerilhium denticula- tum du Calc. grossier (B et C sont de grandeur naturelle; À est réduit au 1/6 de la grandeur naturelle). beaucoup d'assises des sédi- ments tertiaires. Les cérithes ont une coquille de forme allongée, enroulée en hélice, et dont les différents tours de spire présentent des ornements très variés : ce sont tantôt des pointes (fig. 86, C), tantôt des tubercules (fig. 86, B), tantôt des granulations. Ces mollusques sont, en général, de petite taille; cependant on en rencontre une espèce, dans le Calcaire grossier des environs de Paris, le Cérithe géant (fig. 86, A), qui peul atteindre une lon- cueur de 50 centimètres. Les cérithes vivent encore de nos jours dans les régions mé- diterranéennes: mais ils ont été très abondants surtout dans la première moitié des temps tertiaires; ils se tenaient probablement à peu de dis- tance des côtes, et même quelquefois dans les eaux saumâ- tres, à l'embouchure des fleuves. On voit donc que les mol- usques tertiaires sont très voisins des mollusques actuels. ARTICULÉS Les articulés de l'époque tertiaire sont, eux aussi, extrême- ment voisins de ceux qui vivent de nos jours. Insectes. — Dans la classe des insectes, en particulier, aux broyeurs qui vivaient pendantles temps secondaires, s'ajoutent des formes qui recherchent plus spécialement les aliments liquides et le suc des fleurs : les papillons font leur apparition. de. AS ur D | LES TEMPS TERTIAIRES 101 : On a rencontré des insectes fossiles dans un grand nombre de localités; mais l’un des gisements les plus intéressants est certainement l’ambre jaune des côtes de la mer Baltique. L'’ambre ou succin est une résine f ossile, produite par es pins qui couvraient, à l'époque oligocène, Ia Fin- lande et la Scandinavie. De nombreux insectes, englués par cette résine, alors qu'elle Æ À À ILE ÿ- e " . « r Le Fig. 87. — MousriQue trouvé dans Fig. 88. — PapiLLON DU GENRE Va- …. l'ambre jaune, résine fossile de l'époque NnEsse du Tertiaire des Bouches-du- 3 oligocène (1/2 de grand. nat.). Rhône (1/2 de grand. nat.). , était encore à l’état liquide, s’y sont admirablement conser- Lu vés (fig. 87). … En France, les gypses d’Aix-en-Provence ont fourni le pre- - mier papillon fossile connu (fig. 88). à : | L° VERTEBRES { “ " Poissons. — Parmi les poissons anciens, à queue hétéro- cerque et à squelette cartilagineux, le groupe des Squales » (requins) parait être le seul qui soit encore représenté; on a trouvé, en effet, dans les premières assises des terrains ter- tiaires, de nombreuses dents conformées comme celles des requins (fig. 89). Quant aux autres poissons, leur squelette est complètement ossifié, et ils ressemblent à ceux qui _ vivent de nos jours : on trouve déjà des perches, des bro- | chets, etc. e Batraciens. — Les batraciens appartiennent tous à des EE: Q . . . dre - 4 groupes qui vivent actuellement, mais ils pouvaient atteindre _ une taille très grande; c’est ainsi qu'en 1725, on découvrit en À 102 _ PALÉONTOLOGIE ANIMALE “4 Suisse, dans les calcaires d'OEningen, aux environs de | Constance, les restes d’une sala- À mandre atteignant 1 m.2%5 de longueur !. Des salamandres de grande É taille (Cryptobranchus) existent encore actuellement au Japon. Reptiles. — La classe des rep- iles est, pendant les temps ter- liaires, en voie de diminution rapide; les grands reptiles secon- daires ont disparu et, comme aille et comme forme, les espè- ces tertiaires se La rapprochent de 2" celles de nos Fig. 89. — DENT DE REQUIN (Carcha- rodon megarodon) des faluns de JOUrS : on trou- Touraine (i/2 de crand. nat.). ve LT sh des crocodi- à = J AD : eo É Rs de CR. — — KR 2 Fig. 90. — NSQUELETTE D'OISEAU FOS- Fig. 91. — Gasronnis (G. Edwardsi). siLE (Passereau) du gypse de Mont- Éocène de Cernay, près de Reims. Cet martre (1/2 de grand. nat.). oiseau est très voisin de celui qui a été trouvé à Meudon. 1. Ces ossements furent tout d'abord regardés comme ayant appartenu à un homme qui reçut le nom d'homme témoin du déluge (homo diluvii testis); ce fut Cuvier qui établit la nature véritable de ces ossements. LES TEMPS TERTIAIRES 1" 1868 les, des caïmans, des tortues et même de véritables serpents. 4 Oiseaux. — De nombreux oiseaux ont été rencontrés dans . les sédiments tertiaires, et la plupart d’entre eux ressemblent 4 à ceux qui existent à l'époque actuelle (fig. 90); cependant, __ parmiles espèces qui ont vécu et qui se sont éteintes dès le _ début des temps lertiaires, nous pouvons citer le Gastornis He (fig. 91). = Le Gastornis, trouvé tout d'abord dans l'argile plastique de _ Meudon (Eocène inférieur), en 1855, est l'un des plus grands oiseaux qui aient jamais existé. Par l'ensemble de ses carac- tères, cet oiseau peut être considéré comme intermédiaire £entre les autruches et les palmipèdes. AE DRETTAR Un fait méri core d'être signalé: les restes de flamants ._ que l'on rencontre dans les couches oligocènes de l'Auvergne, indiquent que le climat de la France à l'époque tertiaire était plus chaud que celui des {temps présents, car ces oiseaux habitent exclusivement les pays chauds (Espagne et Afrique). L'étude de tous les groupes précédents d'animaux qui peu- plaient la France pendant les temps tertiaires, suffirait à nous montrer que celle époque est bien la préparation, en quelque sorle la préface des temps actuels. L'examen des mammifères, si caractéristiques de l'ère ter- tiaire, ne va faire que confirmer cette manière de voir. SUITE DES VERTÉBRÉS GRANDE EXTENSION DES MAMMIFÈRES fe Les animaux les plus importants des temps tertiaires sont incontestablement les mammifères, qui acquièrent, à cette époque, leur extension maximum, avec une variété de formes et des dimensions qui n'ont jamais été dépassées, car les espèces qui vivent de nos jours, quoique nombreuses encore, représentent une faune amoindrie et visiblement en voie de décroissance. Les mammifères actuels appartiennent à quatre groupes principaux, d'importance fort inégale. Ce sont : - Les MARSUPIAUX, caractérisés par la forme de leurs mâchoires et par la poche qu'ils portent sous le ventre pour abriter leurs petits (Ex. : Sarigue). Les MAMMIFÈRES PISCIFORMES, adaptés à la vie aquatique, et 10% PALÉONTOLOGIE ANIMALE dont le corps prend une forme allongée rappelant celle des poissons (Ex. : Baleine). Les ONGULÉS (mammifères à ongles très développés), dont les doigts sont entourés, à leur extrémité, par des ongles en. forme de cornet qu'on nomme des sabots (Ex. : Porc, Bœuf, Cheval, etc.). Les ONGUICULÉS (mammifères à petits ongles), dont les doigts sont terminés par des griffes ou par des ongles aplatis, ne recouvrant qu'une seule face du doigt (Ex. : Homme, Chien, Lapin, etc.). Nous allons passer successivement en revue ces différents groupes. Marsupiaux. — Pendant loule la durée des temps secondaires les animaux de ce groupe furent à peu près les seuls représentants de la classe des mammifères; or, comme il en existe encore actuellement, il est, on le comprend, tout naturel de les retrouver à l’époque tertiare : ils y sont, en effet, assez nombreux. Descendance des marsupiaux tertiaires. — À l'époque où se déposait l'Éocène inférieur, vivait en France le Néoplagiaulaæ 1, qui se rapproche beaucoup du Kangouroo-Rat, marsupial actuel d'Australie. A un niveau plus élevé, dans le gypse de Montmartre, qui appartient à l'Éocène supérieur, Cuvier à trouvé les restes d'un Marsupial se rapprochant plutôt des sarigues actuelles de l'Amérique du Sud, que des marsupiaux australiens. Il faut en conclure que, déjà, à l'époque du gypse, les marsu- piaux d'Europe s'élaient éloignés dù type australien et évoluaient vers le lype américain. Cette constatation n’a rien qui doive nous surprendre : reportons- | nous, en effet, à la fin des temps secondaires, au moment où l’affais- : sement du Pacifique séparait l'Australie du continent chinois dont elle faisait partie. L'examen de la carte n°9 (p. 32) nous fait voir qu'il ; . . . ’ . . , 1 existait alors, en dehors de lAustralie désormais isolée, de vastes À continents. i A ce moment tous les mammifères existants, aussi bien sur les conti- nents qu'en Australie, élaient des marsupiaux. Dès le début de l'ère tertiaire les prodromes du plissement alpin se L. Ainsi nommé parce qu'il rappelle le Playiaulax du Jurassique. On a décou- vert ses ossements dans l'Eocène inférieur de Cernay (Marne). at « L ? LES TEMPS TERTIAIRES 105 _ firent sentir et amenèrent de grands changements dans les conditions biologiques des continents, tandis que ces conditions restaient sensi- blement les mêmes en Australie. Par conséquent, la faune mammifère d'Australie, n'ayant aucun motif pour évoluer, s’immobilisa dans la forme marsupiale qu’elle avait et qu’elle a toujours conservée depuis. Mais il n'en était pas de même des mammifères continentaux : ceux-ci se transformaient afin de s'adapter aux conditions variables qu'ils subissaient : les uns perdaient peu à peu la forme marsupiale, se développaient, se multipliaient et donnaient naissance à cette faune extrêmement riche de mammifères que lon retrouve dans les dépôts du gypse et aux temps quaternaires. Les autres ne perdaient pas le caractère marsupial; mais, tout en restant marsupiaux, ils évoluaient et par conséquent s’éloignaient du type primitif conservé par les animaux d'Australie. Or, le fait d'être restés marsupiaux les plaçait dans des conditions très inférieures; ils s’effaçaient donc peu à peu devant les autres mammifères mieux adaptés et disparaissaient au milieu des temps tertiaires. Seule, la Sarigue a réussi à se maintenir jusqu’à notre époque, et comme elle dérive en ligne directe des marsupiaux qui étaient en voie de disparition à l’époque du gypse, il est tout nalurel que ceux-ci lui ressemblent plus qu’ils ne ressemblent aux marsupiaux australiens, dont une évolution déjà longue les avait détachés. Mammifères pisciformes. — On ne sait presque rien sur les ancêtres des animaux de ce groupe, si nettement adaptés à la vie aquatique; les formes fossiles que l'on rencontre à partir de l'Éocène sont déjà très spécialisées et presque ana- logues à celles qui vivent de nos jours. Divers indices cepen- dant tendraient à faire supposer que les baleines, les cacha- lots et leurs congénères sont les descendants directs des grands reptiles nageurs de l'ère secondaire. Mais il est néces- saire de faire observer que cette manière de voir est, jusqu’à présent, purement hypothétique. Mammifères ongulés. — Le nombre des ongulés qui vivaient à l’époque tertiaire est considérable; mais comme les ani- maux du début des temps tertiaires présentaient, réunis chez le même individu, des caractères aujourd'hui séparés et répartis dans les différents ordres, on a pu, assez facilement, arriver à reconnaitre les formes ancestrales de la plupart des groupes, attendu que ces'formes sont comme la synthèse même de ces groupes. Nous savons que, dans la nature actuelle, il existe deux catégories d'ongulés : 106 PALÉONTOLOGIE ANIMALE 4° Les ongulés à doigts pairs (Paridigités), tels que le Porc, le Bœuf, etc., dont les membres se terminent par # ou 2 doigts. 2° Les ongulés à doigts impairs (Imparidigités), tels que l'Élé- phant, le Rhinocéros, le Cheval, dont les membres se termi- nent par 5 doigts, 3 doigts ou 1 doigt. Il est extrêmement probable que, par suite d'une évolu- tion très lente, ces ongulés, à quelque groupe qu'ils appar- tiennent, descendent tous d’ancêtres qui possédaient des membres à 5 doigts, et que l’on retrouve dans les premières assises des sédiments éocènes. Cause de la réduction du nombre des doigts chez les ongu- lés. — Si nous considérons que la marche d'un animal est d'autant plus assurée et sa course d'autant plus rapide, que le nombre des doigts de chaque membre est plus réduit, et que les doigts qui persistent sont plus longs, nous aurons le droit d'en conclure que la réduction du nombre des doigts et l'allongement des membres sont le résultat d'une adaptation de plus en plus parfaite à une marche rapide, adaptation qui se trouvait être en même temps, comme nous allons le voir, une condition favorable dans la lutte pour l'existence. Tous les ongulés, en effet, sont herbivores et constituent une proie tout indiquée pour les carnivores. Or, les herbi- vores, animaux en général imoffensifs et mal pourvus de moyens de défense, ne peuvent se soustraire que par la fuite à la dent des carnivores, et il est clair que, au début, ceux-là se trou- valent le mieux ouiillés pour fuir qui avaient moins de doigts à chaque membre, et des membres plus longs. ar conséquent, les ongulés tertiaires qui échappaient le mieux à la poursuite des carnivores étaient ceux chez lesquels se manifestait une tendance à la réduction du nombre des doigts, en même lemps qu'à l'allongement des membres. Les autres disparaissaient peu à peu. Les ongulés à membres longs et munis d'un nombre réduit de doigts, tendaient done à prédominer et transmettaient à leurs petits ce caractère adaptalif qu'ils avaient acquis. Parmi ceux-ci, et pour les mêmes causes, une nouvelle sélection ! s'opérait; de sorte que, à la longue, la luile pour l'eæis- 1. Voir p. 137, Evolution des êtres organisés. LES TEMPS TERTIAIRES 107 lence a eu pour effet d'amener les générations successives d'’ongulés à avoir, à chaque membre devenu très long, un nombre de doigts de plus en plus faible. Ces considérations, si logiques, avaient conduit le natura- liste américain Cope à affirmer, dès 1874, que tous les ongulés, les paridigités comme les imparidigités, devaient descendre de formes à cinq doigts, et il eut le bonheur de découvrir lui-même, en 1883, dans l’'Éocène du Nouveau Mexique, ces formes ancestrales qu'il avait devinées. L'un des types les plus importants de ces anciens mammi- fères, ancêtres probables de tous les ongulés, appartient au genre Periplychus. Les représentants de ce genre devaient avoir la taille d’un mouton et étaient plantigrades !. Ongulés à doigts pairs (Paridigités). — Eludions tout d'abord l'évolution des ongulés à doigts pairs, qui com- prennent aujourd'hui : 1° Les Porcins dont les membres sont terminés par 4 doigts; 20 Les Ruminants, dont les membres ne possèdent plus que 2 doigts. 1° Évolution des Porcins. — Le type le plus ancien est le Panlolestes, que l’on considère comme la souche du groupe entier; il dérive, cela va sans dire, du Périptychus, mais il ne possède déjà plus, à chaque patte, que #4 doigls à peu près égaux. Les ongulés à 4 doigls inégaux commencent à apparaître dès le début de l'époque tertiaire, avec le Chéropotame ? décou- vert dans le gypse parisien (Eocène supérieur); puis vient ensuite le genre Cebochærus * (Oligocène) dont les deux doigts latéraux sont encore bien développés: enfin, au Miocène, appa- raît le Palæochærus *, qui est l'ancêtre direct du porc actuel, dont il possède presque tous les caractères. Notre porc commun existait déjà vers la fin du Miocène supérieur (Sus antiquus). Quant au sanglier, 1l descend vrai- semblablement d'une branche collatérale de ces Porcins ter- tiaires. 1. On nomme ainsi les animaux qui posent le talon à terre, qui marchent sur la plante des pieds. 2. Du grec : choïros, cochon, et potamos, fleuve. 3. Du grec : kebos, singe, et choïros, cochon. 4. Du grec palaios, ancien, et choïros, cochon. 108 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Nous pouvons donc résumer ainsi la lignée des porcins, qui com- mence au Périptychus pour finir au porc actuel : 1° Périptychus, plantigrade à 5 doigts (Éocène inférieur). 2° Pantolestes, 4 doigts égaux (Eocène inférieur). 3° Chéropotame à 4 doigts inégaux (Éocène supérieur). 4° Cebochærus, les 4 doigts encore plus inégaux (Oligocène). 5° Palæochærus, 4 doigts très inégaux : les deux latéraux très petits (Miocène). 6° Porc acluel. Presque tous ces animaux devaient vivre en troupes nombreuses, car leurs ossements se rencontrent généralement en abondance dans certains gisements. 20 Évolution des ruminants. — Les ruminants descendent vrai- semblablement des mêmes formes ancestrales que les por- cins, car on trouve, dans les assises inférieures du système tertiaire, une série de types intermédiaires entre ces deux groupes. Chez ces types, que l’on a désignés sous le nom de porcs ruminants, les incisives et les canines sont encore bien développées, tandis que chez la plupart des Ruminants actuels ces dents manquent à la mächoire supérieure. De plus, les doigts latéraux disparaissent petit à petit, et l’on arrive finalement à des types qui n'ont plus, à chaque pied, que deux doigts, protégés chacun par un sabot; quant aux deux os du tarse qui se prolongeaient par ces doigts, et qui étaient, eux aussi, primitivement distincts, ils finissent par se souder en un os unique appelé canon. Les formes de transition qui permettent de suivre ces transformations sont lAn- (hracothérium, V'Anoplothé- rium et le Xiphodon. L'Anthracothériumt était un animal voisin du porc; 1l possédait encore 4 doigts à chaque pied, mais les deux latéraux, Fig. 92. — ANOPLOTHÉRIUM RESTAURÉ. plus petits, ne touchaient pas le sol dans la marche. D'autre part, le développement énorme des canines indique encore un régime carnivore très accentué, bien que les 1. Du grec : anthralkos, charbon, ct fherion, animal sauvage. it4. LT FA ss) HE vide, 1 à ‘ , L r LES TEMPS TERTIAIRES 109 _ molaires soient déjà nettement adaptées à un régime végétal. __ L'Anoplothérium! (fig. 92) est déjà un ruminant véritable : il n’a plus que deux doigts développés, mais les os du méta- tarse ne sont pas encore soudés en un canon. Il a encore des incisives et des canines à la mâchoire supérieure, mais si peu développées, qu'on les devi- __ neen voie de disparition. _ Ces animaux, dont la taille D. variait depuis celle du Rat pa _ jusqu'à celle de lAne, de- ._ vaient vivre dans les lagu- ê nes ou dans les marécages ; on pense qu'ils pouvaient - nager et que la longue _ queue dont ils étaientpour- ÿ vus leur servait de gouver- Fig. 93. — XIPHODON RESTAURÉ. D hail. " Enfin, le Xiphodon? (fig. 93), complètement privé d’incisives el d de canines à la mächoire supérieure, et dont les pattes rappellent | celles des bœufs et surtout celles des cerfs, serait un Rumi- L: nant parfait, si ses deux métatarsiens ne restaient pas dis- _ tinets. Le Xiphodon avait la laille d’une gazelle et se nour- rissait probablement des herbes aromatiques qui croissent sur les terrains secs. Le tableau suivant fait saisir d'un coup d'œil la filation des ruminants. 1° Periptychus, plantigrade à 5 doigts (Éocène inférieur). 2° Anthracothérium (Porc ruminant), # doigts inégaux; incisives et à canines (Eocène inférieur). 3° Anoplothérium, ? doigts médians très développés, canines et inci- sives supérieures peu développées (Éocène). 4° Xiphodon, métatarsiens non soudés, plus d’incisives, ni de canines L supérieures (Eocène supérieur). 5° Ruminants actuels. Métatarsiens soudés en un canon. Ongulés à doigts impairs (Imparidigités). — Considérons maintenant les ongulés à doigts impairs; ces animaux, 1. Du grec : a (privatif), oplon, arme, et therion, animal sauvage : animal sans armes, à cause de la petitesse de ses canines. . 2. Du grec : æiphos, glaive, et odous, dent, à cause de ses molaires tranchantes. 110 PALÉONTOLOGIE ANIMALE comme nous le savons, comprennent, dans la faune actuelle, trois groupes principaux : 1° Les Éléphants ou Proboscidiens, dont les membres sont ter- minés par 5 doigts. 2 Les Rhinocéros (Rhinocéridés), dont les membres sont ter- minés par 3 doigts. 3° Les Chevaux ou Jumenlés !, dont les membres sont terminés par un seul doigt. Nous allons examiner successivement ces trois groupes. A l'origine des ongulés à doigts impairs, nous trouvons le Phenacodus, dont les membres sont terminés par cinq doigts inégalement développés, les trois doigts médians reposant seuls sur le sol, pendant la marche. 4° Évolulion des Proboscidiens. — On ne connaît pas les formes ancestrales qui relient les proboscidiens au Phéna- codus, car les trois genres qui vivaient à l'époque tertiaire Fig. 94. — MaSTODONTE RESTAURÉ. Fig. 95. — MoLarRE DE MASTODONTE. présentaient déjà des caractères nettement définis. Ces trois genres sont, dans l'ordre même de leur apparition : Les Maslodontes, dont les derniers représentants disparurent à la fin de l’époque tertiaire. Les Dinotheriums, de la même époque, mais qui disparaissent beaucoup plus tôt. Enfin les Éléphants, apparus les derniers, vers la fin des temps tertiaires, mais dont les descendants vivent encore. 1. On les nomme encore quelquefois Solipèdes. Mais ce mot, mal fait (il signifie animaux à un seul pied), doit être rejeté. € : d'a Te 1e D É 1 Pr, a CT? Er L ! ë LES TEMPS TERTIAIRES 114 Ébrustodonies. — Les mastodontes présentent deux carac- tères importants qui servent à les distinguer des éléphants actuels : d'abord, ils possédaient quatre défenses (fig. 94), deux à la mächoire supérieure et deux à la mâchoire inférieu- re; ensuite, leurs molaires étaient armées de gros ma- melons coniques recouverts d'émail (d'où le nom de Mas- todonte ; fig. 95). Il est bon d'ajouter qu'on a observé des espèces chez lesquelles les défenses inférieures n'exis- taient pas; 1l y a ainsi de nombreuses formes qui per- mettent de passer insensi- blement des mastodontes aux véritables éléphants. Fig. 96. — Tère DE DiNoTHÉRIUM. Dinotheriums. — Les dino- thériums ? (fig. 96) étaient des animaux de très grande taille, qui pouvaient atteindre jusqu'à 6 mètres de hauteur: à elle seule, la tête avait 2 mètres de long; ce sont probablement les plus grands mammifères terrestres qui aient jamais existé. Ils ne possédaient que deux grandes défenses recourbées vers le bas, et fixées à la mächoire inférieure. On pense que ces énormes bêtes vivaient sur le bord des marécages, el que leurs défenses leur servaient à déterrer les racines dont ils faisaient leur nourriture. si 1 Fig. 97. — DENT D'ÉLÉPAANT présen- Eléphants. — Les élé- tant des bandes saillantes d'émail. phants véritables datent seulement de l’époque pliocène et dérivent incontestablement des mastodontes; ils ne possèdent plus que deux défenses, fixées à la mächoire supérieure, et leurs dents molaires, au lieu de présenter des mamelons coniques comme celle des masto- 1. Du grec : mastos, mamelon, et odous, odontos, dent. (Voir la fig. 94.) 2. Du grec : deinos, redoutable, et fhérion, animal. 112 _ PALÉONTOLOGIE ANIMALE dontes, portent des crêtes transversales; par l'usure, ces crêé- tes donnent, suivant les espèces, des rectangles ou des losan- ges bordés d’émail (fig. 97). Le type le plus remarquable est l'Éléphant méridional (Elephas meridionalis, fig. 98), que l’on peut considérer comme lPancêtire directde l'Éléphant d'Afrique. Quant à l'Éléphant d'Asie, son ancêtre le plus certain paraît être l’Elephas anti- ue re | LT mr mm ne CT Fig. 98. — ÉLÉPHANT MÉRIDIONAL, squelette découvert dans le Pliocène du Gard. quus; le Mammouth (ÆElephas primigenius !), qui vivait aussi à l’époque quaternaire, appartient à la même lignée. 20 Evolution des Rhinocéridés. — Le groupe des rhinocéridés est intermédiaire entre les proboscidiens et les jumentés:; il présente, en effet, des membres portant trois doigts sensible- ment égaux, et paraît descendre de formes voisines des tapirs. D'ailleurs, ceux-ci se rattachent eux-mêmes à la souche pri- mitive des ongulés par les Lophiodons. Les premiers rhinocéros se montrent dès le milieu de l'époque tertiaire; les uns possédaient déjà une ou deux cornes sur le nez, les autres en étaient dépourvus. 1. On l'appelle ainsi parce qu'il est le premier éléphant fossile que l'on ait découvert. LES TEMPS TERTIAIRES 113 30 Évolution des Jumentés. Histoire du Cheval. — Le caractère essentiel des animaux de ce groupe est que tous les mem- bres se terminent par un seul doigt t. Le type des jumentés est le Cheval. Or, on a trouvé, dans les assises tertiaires d'Amérique, ainsi d’ailleurs qu'en Europe, une série très nombreuse de formes qui permettent de reconstituer toute la généalogie des chevaux, depuis les espèces qui possédaient cinq doigts à chaque membre, jusqu'aux espèces actuelles où, par suite d'une adaptation de plus en plus parfaite à la course?, le doigt médian seul a persisté. Parmi les formes les plus anciennes, on peut ici citer les Phenacodus et les Coryphodons, qui possédaient cinq doigts à tous les membres; cependant, le doigt du milieu était déjà plus grand que tous les autres. Voici, à partir de ces types importants, les principales formes de passage découvertes, tant en Europe qu'en Amé- rique, avec leur concordance : Phenacodus et Coryphodon. RO. EE EE Série européenne. Série américaine. RO MYFaCO(RéEIOM .. . 2. ..:.1.:1.., PESTE CT Hyracothérium. 2 A On ne ae Me ae = Este Eohippus 3 D NT MN eh ns EURE cod hatu es Orohippus. ne d'en d ÉD 0 nc dun» n 5. PONT RNA ER EEE PR Mésohippus, OR Ans tone dos éunaun ... Miohippus. DIRCT OU LO PPREPRE PP APNETT Er ere » 8. DR use PR EE RE MS PE Protohippus. nas aa re di ee veut Equus. Comme on le voit, la série américaine, est, jusqu'à présent, plus complète que la série d'Europe. Suivons le développement de cette dernière. Série européenne. — L'Hyracothérium d'Europe possédait quatre doigts aux membres antérieurs et {rois seulement aux membres postérieurs. C'étaient des animaux de grandeur variable : les uns n'étaient pas plus grands que nos renards, les autres atteignaient la taille des moutons. . C'est pour cela qu'on les appelait, improprement, des Solipèdes. . Voir ce qui a été dit, p. 106. 19 + PALÉONTOLOGIE (CL. DE PHIL. ET DE MATH. À ET B). 8 114 PALÉONTOLOGIE ANIMALE Le Palæothérium (fig. 99), qui est postérieur à l’hyraco- thérium, date cependant de la première partie des temps ter- = tiaires : 1l a été trouvé dans le gypse de Mont- martre (Éocène supé- rieur). Il possédait des os nasaux très dévelop- pés, mais, contrairement à ce que pensait Cuvier, il n'avait probablement Fig. 99. — PaLÆoTHÉRIUM MAGNUM restauré. PAS de trompe ; ses pat- tes, antérieures et posté- rieures, ne reposaient plus sur le sol que par trois doigts, celui du milieu étant le plus développé. La taille du Palæothérium! était celle d’un cheval ordinaire, et son allure devait être iden- tique à celle du Lama. Les pieds de l'Anchilhérium ? possèdent également trois doigts, mais les doigts latéraux sont encore plus réduits que chez le Palæothérium (A, fig. 100), cependant ils touchaient encore le sol pendant la marche. Chez l'Hipparion* 1l y a en- core trois doigts à chaque pied (B, fig. 100), mais les doigts laté- raux sont beaucoup plus petits et ne touchaient plus le sol pen- dant la marche. Cependant, ils faisaient encore saillie en dehors Fig, 100. — Pers ne La sénw de la peau (fig. 101) SePheRESS DES JUMENTÉS. — À, Anchithérium. terminés par de petits sabots — B, Hipparion. — C, Cheval. C 54 À Fn bien conformés. L'Hipparion ressemblait donc fort au Cheval actuel; mais il est bon de noter que les replis d'émail de ses dents sont plus compliqués. Malgré cette similitude de formes, un certain nombre de naturalistes pensent que l'Hipparion n'est pas un ancêtre direct du Cheval, mais qu'il représente le dernier terme d'une 1. Du grec : palaïos, ancien, et fherion, animal. 2, Du grec : anchi, ancien, et therion, animal. 3. Du grec : hipparion, petit cheval. temps tertiaires (Miocène supérieur). _rions (ou mieux, chez les animaux équivalents PDP ET Pen LES TEMPS TERTIAIRES 145 série ayant d'abord suivi un développement parallèle à celui du Cheval, puis ayant ensuite cessé d'évoluer, ce qui a, sans doute, entrainé sa disparition. L'Hipparion vivait en Europe dans la seconde moitié des Enfin, tout à fait à la fin de l'époque tertiaire, apparaissent les chevaux véritables, c'est-à-dire des ongulés dont les membres ne possèdent plus qu'un seul doigt, celui du milieu. Les deux doigts latéraux, qu'on voyait encore chez les hippa- à l’Hipparion, mais qui faisaient partie de la lignée directe du Cheval), ont disparu et ne sont plus représentés que par deux petits sty- lets soudés par leur partie supérieure au seul os métatarsien qui persiste (C, fig. 100). Série américaine. — Comme nous l'avons déjà : dit, la série des chevaux fossiles est beaucoup Fig. 101. — plus complète en Amérique qu'en Europe. LR “PENSE Cependant, chose très remarquable, pendant SA + 50) que lés chevaux continuaient à se développer en Europe, les formes américaines s'éleignaient dans le cours des temps quaternaires sans laisser de descendants. De telle sorte qu'au moment de la découverte de l'Amérique, les che- vaux n'existaient plus dans le Nouveau-Monde, leur patrie d'origine; ceux qui y vivent actuellement à l'état sauvage, y ont élé introduits par les Espagnols de Pizarre et de Fernand Cortès. Il ne faudrait pas, de ce qui précède, conclure que les chevaux se sont développés suivant deux séries distinctes et complètement indépendantes. Il existait, en effet, au moins pendant la première partie des temps tertiaires, une communication facile entre l'Europe et l'Amérique, par un grand continent qui occupait la place de l'Atlantique nord {voir la carte n°9, p. 32); c'est par cette voie que certains équidés primitifs d'Amérique ont, dès l'origine, émigré en Europe où ils ont continué leur évolution pendant que leurs congénères, restés en Amérique, achevaient la leur et dispa- raissaient, après l'isolement du continent américain, à la fin des temps tertiaires. C'est donc probablement en Amérique 116 PALÉONTOLOGIE ANIMALE qu'il faut chercher la souche primitive de tous les Équidés. Mammifères onguiculés. — Les formes les plus importantes de ce groupe sont données par les carnivores qui apparaissent dès le début de l’époque tertiaire (Éocène): mais, comme ces premières formes fossiles sont encore assez différentes des carnassiers actuels, on les désigne sous le nom de Créodontes 1. Tous ces carnassiers sont plantigrades et possèdent cinq doigts à chaque membre: cependant certains d’entre eux indiquent une tendance très marquée à devenir de véritables carnivores. Parmi les formes extrêmement nombreuses qui ont été décrites, nous citerons seulement le genre Machairodus? (fig. 102), remarquable par ses puissantes canines qui sont comprimées et tranchantes comme des poignards; c'est incontestablement là un des ancêtres des tigres actuels. Dès la fin de l'ère ter- tiaire, les diverses famil- les de carnivores étaient déjà spécialisées : on trouve des chiens, des renards et des ours véri- tables, présentant très nettement les caractères Fig. 102. — CRÂNE ET MÂCHOIRE DE MACHAI- Sas hs : RODUS, carnassier trouvé dans le Pliocène du distinctfs de leurs famil- Puy de Dôme (1/6 de grand nat.). les respectives. Les rongeurs, les insec- tivores et même les singes apparaissent vers la même épo- que: par conséquent tout indique qu'on se rapproche de plus en plus des conditions actuelles. RÉSUMÉ DE LA FAUNE DES TEMPS TERTIAIRES Les Protozoaires, les Echinodermes, les Mollusques, les Insectes, présentent des formes de plus en plus semblables aux formes actuelles. Citons cependant, parmi les protozoaires, Îles Nummulites et les Milioliles, caractéristiques de certaines assises et, 1. Du grec : kreas, chair, et odous, odontos, dent : dents faites pour manger de la chair. 2. Du grec : nakhaira, épée courte, et odous, dent, à cause de la forme des canines: ' cependant encore de nombreuses dents de requins. Les Batraciens et les Reptiles sont en décroissance. Les Oiseaux ressemblent beaucoup aux oiseaux actuels. Mais ce qui caractérise surtout la faune des temps lertiaires, c’est le grand développement des Mammifères. Les Marsupiaux disparaissent de bonne heure en Europe. Les Ongulés paridigités ont pour ancêtre le Periplychus, qui avait cinq doigts à chaque pied, et qui, par réduction du nombre des doigts, donne naissance : 1° à un rameau se terminant par les Porcins; 2° à un autre rameau aboutissant aux Ruminants. Les Ongulés imparidigités semblent tous avoir pour ancètre le Phenacodus, qui donne naissance d’une part au Rhinocéros, d'autre part à la longue lignée qui devait aboutir au cheval (Hyracothérium, Palæothérium, Anchithérium, Hipparion et Cheval). Les Proboscidiens ont une origine obscure, mais ils sont déjà très nettement caractérisés dès leur apparition. Le premier de tous, le Mastodonte, a quatre défenses, le Dinothérium n’a plus que deux défenses _ inférieures; enfin apparaissent les éléphants proprement dils qui ne _ possèdent que deux défenses supérieures. Pre Enfin les Onguiculés, et notamment les carnivores, sont déjà très différenciés. On trouve des sortes de tigres (Machairodus), des chiens, des renards, des ours, etc. _ Tout indique donc qu’on se rapproche des temps actuels. #4 À CHAPITRE V FF LES TEMPS QUATERNAIRES 7 Généralités. — L'époque quaternaire, que l’on désigne ï encore sous le nom d'époque pléistocène !, comprend la période _ de temps qui s'est écoulée depuis la fin des temps tertiaires jusqu'à l'époque actuelle. En réalité, les temps quaternaires ne sont que la continua- tion de la période précédente. Ils peuvent être définis par deux caractères essentiels : 4° Faible variation de la faune et de la flore, car, si l’on 1. Du grec pleiston, le plus, kainos. récent. 118 PALÉONTOLOGIE ANIMALE excepte quelques espèces qui se sont éteintes et d’autres qui ont émigré d’une contrée dans l’autre, la faune et la flore d’une région se sont maintenues très semblables à elles-mêmes, depuis l’origine de la période jusqu’à nos jours. 2° Apparition certaine de l'Homme sur la Terre !. FAUNE DES TEMPS QUATERNAIRES Mammifères. — Nous ne nous occuperons guère que des mammifères, parce qu'ils vont nous permettre de voir l’in- fluence que peuvent avoir les conditions climatériques sur la répartition des espèces animales. Nous avons à considérer, parmi les mammifères quater- naires : 1° les espèces éleintes; 2° les espèces persistantes, et, en ce qui concerne ces dernières, il sera nécessaire de noter les changements que les variations du climat ont apportés à leur distribution géographique. Espèces éteintes. — Parmi les principales espèces qui dis- ELA "& 24 re DE __r” 2,7 PRE EN Fig. 103. — Mammourx (Ælephas primigenius). (Hauteur 5 mètres). paraissent pendant les temps quaternaires, nous pouvons citer : l’Elephas antiquus, le Mammouth ou Elephas primigenius, dont on a retrouvé des squelettes encore recouverts de leur chair et de leur peau (fig. 103) dans les glaces de la Sibérie 1. Un certain nombre de faits portent aujourd'hui à penser que l'apparition de l'Homme sur la Terre remonte à la dernière partie des temps tertiaires. Il est, en tout cas, certain que l'antiquité de l'Homme est bien plus grande qu'on ne l'a longtemps supposé. , À HS 14 le AA = HE Li mr. se 17 RS LES TEMPS QUATERNAIRES 119 ; win # #° En le Rhinocéros à narines cloisonnées, le Machairodus, 2 ce grand carnivore dont nous avons déjà parlé (p.114), l’'Hyène sg l'Ours des cavernes, le Cerf à grandes cornes (fig. 104), etc. ja Fig. 104. — TÈTE ET BOIS DU CERF A GRANDES CORNES. : Espèces persistantes. — Mais, si plusieurs espèces ont disparu, beaucoup d'autres ont pu se plier, s'adapter aux À 54 très variables conditions d'existence qu'elles ont été obligées # de subir. - Au début, lors de la grande extension des glaciers !, l'Hippo- ; Dpotame, le Rhinocéros commun et l'Éléphant antique se _ retirérent vers les régions méridionales et chaudes où leurs 00 descendants directs ont continué à vivre. Le Renne, le _ Glouton, l'Élan restèrent, au contraire, en Europe et s'’adap- à _ tèrent si bien au froid, que lorsque, plus tard, la tempéra- ture se releva, ils émigrèrent dans la direction du nord. Ils existent encore dans les régions septentrionales de la Scan- dinavie, en Laponie, en Finlande, etc. C'est aussi à cette __ époque, et pour la même raison, que l'Auroch, qui vivait . en France et dans la Forêt Noire, s'est réfugié dans les forêts _ plus froides de l'Europe orientale (Lithuanie). # Toutes ces espèces ont donc émigré horizontalement, c'est-à- _ dire en se déplaçant, soit vers le sud, soit vers le nord. ‘29 D'autres, comme la Marmotte, le Chamois, l'Ours gris, émi- _ grèrent en altitude ou, en d’autres termes, verticalement, c’est-à-dire qu'ils allèrent chercher dans les hautes régions à 1. Voir p. 43; extension des glaciers. CRT Lam A. 120 PALÉONTOLOGIE ANIMALE des montagnes, la température basse à laquelle ils s'étaient adaptés pendant la période glaciaire. ; | Enfin, à ces espèces émigrées, soit vers le sud, soit vers le nord, soit en altitude, il convient d'ajouter celles qui ont con- tinué à vivre dans nos régions en dépit des variations du climat; ce sont, par exemple, le Chien, le Loup, le Sanglier, le Cheval, l’Ane, etc. Mammifères de la faune américaine. — L'Amérique s'étant séparée de l'Europe à la fin de l'époque tertiaire, il est naturel que sa fanne ait pris un caractère particulier, différent Fig. 105. — GLypronon, édenté quaternaire d'Amérique. Sa carapace est faite de poils soudés ensemble en forme d’écailles (longueur ? m. 50). de celui de la faune européenne avec laquelle elle n'avait plus aucun point de contact. Aussi trouve-t-on, dans l'Amérique du Nord, des mastodontes du Tertiaire européen, continuant à vivre côte à côte avec des mammouths. Dans l'Amérique du Sud, c'est surtout une faune d'édentés qui prédomine, tel le Glyplodon (fig. 105), sorte de tatou gigan- tesque dont Ia carapace pouvait atteindre 2 m. 50 de dia- mètre; tel aussi le Megatherium Cuvieri, au corps lourd et massif, aux pattes puissantes, armées de griffes recourbées. Mammifères de la faune d'Australie. — Enfin disons que la faune des mammifères d'Australie continue à être composée de marsupiaux (voir p. 104). Oiseaux. — C'est aussi en Australie, à l'époque quaternaire, que les oiseaux coureurs, analogues aux autruches, ont atteint leur maximum de développement. À la même époque, à la Nouvelle-Zélande, vivaient des oiseaux de dimensions colossales, les Dinornis, qui pouvaient +. L'HOMME PRÉHISTORIQUE 121 atteindre 3 m. 50 de hauteur. Ces oiseaux étaient des coureurs. comme l’Autruche et le Casoar; leurs ailes étaient atrophiées, leurs pattes, très longues et très fortes, étaient terminées par trois doigts armés de fortes griffes. On a retrouvé dans les dépôts quaternaires les plus récents, des œufs de dinornis, gros comme trois œufs d'autruche, et même des squelettes entiers dont les os étaient encore réunis par des ligaments. Si l’on en croit les légendes des Maoris ! la disparition du Dinornis ne remonterait pas à une époque très éloignée. Il existe encore à la Nouvelle-Zélande un oiseau possédant à peu près les mêmes caractères que les anciens Dinornis, mais qui est d’une taille beaucoup moins élevée, car il n'est guère plus gros qu'une poule : c'est l’Apléryæ. Le corps de l’'Aptéryx est couvert de duvet et non de véritables plumes; ses ailes sont atrophiées. Enfin, un autre oiseau du même groupe, le Nolornis, que l’on n'avait rencontré jusqu'ici qu'à l’état fossile et que l'on croyait également disparu; a été retrouvé vivant à la Nouvelle-Zélande, il y a quelques années. A Madagascar vivaient aussi, pendant les temps qua- ternaires, de grands oiseaux analogues aux casoars : c’étaient les Æpyornis, qui n'avaient pas moins de 4 mètres de haut; leurs ailes étaient atrophiées comme celles des dinornis; leurs jambes, très longues et très fortes, leur permettaient certainement de courir avec rapidité. Leurs œufs, dont la capacité était deS litres environ, équivalaient à 150 œufs de poule. APPARITION DE L'HOMME. CAVERNES, CITÉS LACUSTRES Ancienneté de l'Homme. — La présence d'ossements humains, mélangés à ceux de plusieurs espèces d'animaux, dans les premiers dépôts, non remaniés, du Quaternaire, indique nettement que l'Homme existait déjà à cette époque, et qu'il a été, par conséquent, contemporain du Mammouth et de l’Ours des cavernes; mais une foule d'autres observa- tions permettent aujourd'hui d'admettre que l'apparition de 1. Les Maoris sont les naturels de la Nouvelle-Zélande. 122 PALÉONTOLOGIE ANIMALE l'Homme sur la terre doit être reportée à une époque beau- coup plus ancienne, et que, selon toute vraisemblance, il existait déjà vers le milieu des temps tertiaires (Miocène). Si, en effet, on n’a pas encore, en Europe, rencontré d° ossements humains dans les dépôts de cet âge, on y a du moins décou- vert de nombreux produits de l’industrie humaine, c'est-à-dire des armes et des outils. Homme tertiaire. — Les débris les plus anciens qui per- mettent d'affirmer l'existence de l'Homme à l’époque tertiaire, sont les silex taillés trouvés par M. l'abbé Bourgeois à Thenay (Loir-et-Cher), dans des couches appartenant incontesta- blement à l'Oligocène supérieur (calcaire de Beauce). Ces fragments de silex, taillés en forme de couteaux, de racloirs, présentent, sur les bords, des retouches très fines, destinées à aviver leur tranchant et qu'il est impossible de ne pas attri- buer au travail d’un être intelligent qui ne saurait être que l'Homme. D'autres outils ont été découverts au Puy Corny, près d'Aurillac, dans des dépôts miocènes. Des silex taillés ont été recueillis au Tilloux (Charente), dans des couches nettement pliocènes. Dans l'Amérique de Sud, on a été plus heureux qu'en Europe, car on y a trouvé, dans les divers étages du Plio- cène, non seulement des outils et des armes, mais même un grand nombre d’ossements humains, mélangés avec des pierres taillées, des os brûlés, des fragments de terre cuite. Parmi les trouvailles les plus intéressantes figure un squelette entier, accompagné d'un instrument en corne de cerf, décou- vert sous une carapace de glyptodon. Les précurseurs. — Mais, si l'existence de l'Homme ter- tiaire n'est pas absolument certaine, au moins en Europe, n'est-il pas possible de lui trouver des précurseurs ayant vécu à cette époque sur quelque point du Globe? On sait que l'Homme est le terme supérieur de la série des Primates, dont les Lémuriens représentent le terme inférieur; c'est donc par les lémuriens que les primates se rattachent aux insectivores !. 1. Les lémuriens (Makis, Loris de Madagascar), sont des animaux nocturnes, vivant sur les arbres, et qui sont si voisins des insectivores qu'il est souvent diffi- cile de les en distinguer. à Ah PNR TIME a her EE, | PAR Qt 7 re t < L'HOMME PRÉHISTORIQUE 123 Or, on trouve des lémuriens très nettement caractérisés, c'est-à-dire possédant des mains, dans les dépôts européens datant de l’époque éocène. Ils semblent disparaître en Europe à partir de l’'Oligocène, et comme il en existe encore actuel- lement en Afrique, à partir de la latitude du Sénégal, à Mada- _ gascar, dans les îles de la Sonde et dans l'Inde, peut-être la disparition, vers le milieu des temps tertiaires, des lémuriens d'Europe s’explique-t-elle par une évolution plus hâtive des formes européennes vers des types supérieurs, tandis que beaucoup de formes africaines ou asiatiques restaient à peu _près stationnaires. Cette transformation rapide des lémuriens européens expli- querait en effet pourquoi, à partir du Miocène, on commence à trouver en Europe, à Pikermi (Grèce), par exemple, de nombreux ossements ayant appartenu à de véritables singes. Le Mesopithecus est un de ces singes : les membres du Méso- pithèque étaient courts et robustes. et lui servaient autant à marcher qu'à grimper. Il possédait une queue et ressemblait assez aux macaques actuels. C'est encore dans le Miocène que l’on rencontre les grands Singes anthropomorphes !, déjà dépourvus de queue, et dont l’organisation se rapproche de celle de l'Homme. Nous pou- vons citer parmi eux le Pliopithecus, ancêtre probable des gibbons, le Dryopilhecus, forme première des gorilles, et l'Anthropopithecus, qui est un véritable chimpanzé. Mais il y a une telle distance entre le plus perfectionné de ces singes et l'Homme le plus inférieur des temps quaternaires, qu'il était difficile d'admettre que ces singes européens fussent les précurseurs de l'Homme. Or, en 1892, le docteur Eugène Dubois, professeur de géologie à l'Université d'Amsterdam, découvrit à Java, dans des tufs volcaniques qu'il attribue au Pliocène supérieur, quelques os ayant appartenu à un anthropoïde extrêmement intéressant. Ces ossements sont les suivants : 1° Un fémur gauche ; 2° Un fragment de menton; 3° Quatre dents (deux molaires supérieures et une prémo- laire inférieure) ; 1. Du grec : anthropos, homme, et morphé, forme : Singe à forme humaine. 124 PALÉONTOLOGIE ANIMALE 49 La partie supérieure d'une calotte crânienne. Par son front bas et fuyant, par la saillie de sa visière sus- orbitaire, la calotte crânienne fossile se rapproche beaucoup de la calotte crânienne des singes anthropoïdes, tertiaires ou actuels; mais la capacité du crâne de Java est sensiblement plus grande que la capacité crânienne des mêmes singes et se rapproche de celle de l'Homme t. De plus, la circonvolution de Broca (circonvolution du lan- gage articulé), dont le crâne fossile porte l'empreinte, sans être, à beaucoup près, aussi développée que chez l'Homme, est deux fois plus volumineuse que chez les anthropoïdes : on doit en conclure que cet animal pouvait déjà exprimer quelques idées simples ?. Si, d'autre part, nous considérons la forme du fémur et la situation des condyles occipitaux, nous voyons que ce singe se tenait habiluellement debout. Ce qui ne l'empéchait pas, d'ailleurs, d’avoir, très probablement, le pied préhensile et de grimper facilement aux arbres. En résumé, l'animal pliocène découvert à Java par le doc- teur Dubois présentait une foule de caractères intermédiaires entre les singes tertiaires et l'Homme. Aussi M. Eugène Dubois lui a-t-:1l donné le nom générique de Pithecanthropus ?, auquel il a adjoint le nom spécifique d’ereclus, pour indiquer è LE Csmiene.. qu'il se tenait ordinairement debout sur ses membres posté- rIeurs. Par la forme de son crâne et la proéminence de ses arcades sourcilières, par ses pieds préhensiles, le Pithécanthrope de Java était encore un singe; par le volume de son cerveau, par la faculté du langage qu'il possédait à l'état rudimentaire, et par son attitude verticale, il était presque un Homme. L'Homme quaternaire. — La découverte du Pithécanthrope nous montre que si certains singes anthropomorphes, des temps tertiaires, comme le Dryopithèque et les autres singes européens, restaient stalionnaires ou même étaient en voie d'évolution régressive, d’autres, au contraire, progressaient 1. Le cerveau du Singe-Homme de Java devait peser 900 grammes, tandis que celui des Gorilles ne dépasse guère le poids de 300 grammes. ?. Puisque le Singe en question avait acquis la faculté du langage, c'est évi- demment que, depuis longtemps déjà, il vivait en société. 3. Du grec : pithecos, singe, et anthropos, homme. "1 4 L'HOMME PRÉHISTORIQUE 125 d'une façon continue et évoluaient vers une forme plus par- bien, d’après la découverte du docteur Dubois à Java, que ce soit en Asie qu'on doive le chercher. C’est donc en Asie que se trouverait le berceau de l'Humanité, c'est de là que À l'Homme aurait rayonné sur le monde, et il est possible qu'il | ne soit arrivé sous nos climats qu'à l'époque quaternaire. # Si, en effet, quelques doutes peuvent subsister relativement 4 à la présence de l'Homme en Europe, pendant l'ère tertiaire, _ il n’en est pas de même pour l'époque quaternaire, car on a 7 | Fig. 106. — SQUELETTE HUMAIN QUATERNAIRE de la sépulture des Hoteaux (Ain). découvert, dans les dépôts de cette époque, de nombreux ossements humains et même des squelettes entiers (fig. 106); c’est surtout dans les grottes naturelles et dans les cavernes que l’on a trouvé les débris humains les plus nombreux. Cavernes. — Les hommes primitifs ont, en effet, utilisé les excavations, les anfractuosités, les grottes naturelles et les cavernes pour s'y abriter contre les intempéries ou s'y réfu- gier en cas de danger; aussi retrouve-t-on, en abondance, dans 1 ces cavernes, leurs ossements, leurs armes, leurs outils, etc. La superposition de plusieurs couches de sédiments, au fond des grottes !, a même quelquefois permis de reconnaître que plusieurs races s'étaient succédé sur un même point et avaient - successivement occupé les mêmes refuges. 1. En effet, certaines cavernes, placées dans les vallées, ont été, à plusieurs reprises, envahies par les eaux d'inondation des fleuves, qui y ont laissé des allu- vions plus ou moins épaisses se recouvrant les unes les autres. 126 PALÉONTOLOGIE ANIMALE | Les races primitives. — [Les caractères du squelette, et notamment la forme du crâne, révèlent l'existence de trois races principales parmi les Hommes préhistoriques d'Europe: 49 la race de Canstadt; 2° la race de Cro-Magnon; 3° la race de Furfooz. Race de Canstadt. — Les restes humains les plus anciens que l’on connaisse ont été découverts en 1700, au village de Canstadt, près de Stuttgard; ils se rapportent, sans aucun doute, à une race très primitive, caractérisée par son front bas et fuyant, par ses arcades sourcilières très proéminentes et par son menton sans aucune courbure; si l’on ajoute à ces particularités l'allongement très marqué de la mâchoire supérieure, on aura un ensemble de caractères qu'on ne retrouve chez aucune race humaine actuelle. L'Homme de Canstadt était contem- porain de l’Elephas primige- nius (Mammouth) et du Rhi- nocéros à narines cloison- nées. Race de Cro-Magnon. — Les premiers débris race ont élé découverts, en 1858, par MM. Lartet et Fig. 107. — LE CRÂNE DOLICHOCÉPHALE Christy, dans une sorte DE CRO-MAGNON. d'abri sous roche peu pro- fond de la vallée de la Vézère (Dordogne), désigné sous le nom de Cro-Magnon. L'homme de cette race (fig. 107) possédait, comme celui de la précédente, un crâne allongé; mais, cependant, le reste des caractères le rapprochait davantage des races actuelles. Quand les deux races ont été rencontrées dans la même grotte, les débris du type de Cro-Magnon sont toujours placés au-dessus de ceux du type de Canstadt, ce qui prouve qu'ils sont plus récents ?. 1. On dit que les hommes qui présentent cette forme de cränes sont dolichocé- phales, du grec : dolichos, en long, et képhalé, tête; les hommes au crâne court se nomment brachycéphales, du grec : hrachus, court, et képhalé, tête. 2, Les hommes qui paraissent aujourd'hui sé rapprocher le plus de la race de Cro-Magnon sont les Guanches des Canaries et certains types du pays basque. A LS . 1: A T n . am: Met _ Race de Furfooz. — Une troisième race apparait encore L'HOMME PRÉHISTORIQUE 127 4 dans nos régions pendant les temps quaternaires, c’est la 6 race dite de Furfooz, découverte tout d’abord en Belgique, et Œ . quise distingue des deux précédentes par son crâne presque aussi large que long (brachycéphale); elle vécut cependant _ en même temps que la race de Cro-Magnon et se fusionna avec elle plus ou moins intimement. e Les descendants de la race de Furfooz se sont maintenus 1 en Belgique, dans la vallée de la Lesse, où ils existaient déjà 2 wa _ * à l’âge du renne. 40 TEMPS PRÉHISTORIQUES Division des temps préhistoriques en âges. — Les seuls documents qui nous permettent de reconstituer l'histoire des temps primitifs, d'assister à l'éveil et au développement . progressif de la pensée humaine, sont ceux qui nous sont _ fournis par les produits de l’industrie de l'Homme, outils, instruments, armes de chasse ou de guerre, objets sculptés ou gravés; ces produits sont, heureusement, abondants. Dans les couches inférieures des dépôts quaternaires, ce sont des instruments en pierre que l’on rencontre : d'abord ceux qui sont obtenus par simple éclat du silex (silex taillés ou éclatés); ensuite viennent ceux qui, après avoir été taillés, _ ont été polis: au-dessus, en se rapprochant des dépôts de l'époque actuelle, on trouve des instruments en métal, en bronze d'abord, en fer ensuite. En s'appuyant sur ces données, M. de Mortillet a établi une classification des temps quaternaires qu'il est utile de con- naître; il reconnait quatre âges successifs dans l'histoire de l'humanité primilive. Ce sont : 1° L'âge de la pierre éclatée ou taillée ou paléolithique ; 20 L'âge de la pierre polie ou néolithique ; Le # 3° L'âge du bronze; - 4 L'âge du fer. Age de la pierre taillée. — Cetle période est ainsi appelée | parce que l'Homme se servait presque exclusivement d’ins- K truments en pierre qu'il obtenait en choquant les uns contre | les autres des silex auxquels il donnait une forme en rapport _ avec l'usage auquel ïl les destinait; il en faisait ainsi des 128 PALÉONTOLOGIE ANIMALE haches, des couteaux, des pointes de flèches, etc.; l'examen des outils en silex montre que de grands perfectionnements se sont accomplis dans le cours de cette période, ce qui a permis de la subdiviser elle-même en quatre époques moins étendues, caractérisées chacune par la forme et la nature des outils en usage; on à ainsi : 1° L'époque acheuléenne ou chelléenne:; 2 L'époque moustérienne ; 3° L'époque solutréenne ; 4° L'époque magdaléenne. 1° Époque acheuléenne. — L'époque acheuléenne ou chel- ” léenne est ainsi nommée du village de Saint. Acheul (Somme) ou de celui de Chelles (Seine-et-Marne); les outils que l'on ren- contre dans les graviers de Chelles ou de Saint-Acheul sont des silex grossièrement taillés, par éclats, sur leurs deux faces; ils ont une forme plus ou moins triangulaire et les premiers qui furent rencontrés par les ouvriers, recurent le nom caractéristi- que de langues de chals ! (fig. 108). On ne connait pas l'Homme qui taillait les silex du type de Saint-Acheul, car on n'a pas encore trouvé d'ossements humains qu'on puisse avec certitude rapporter à cetle Fig. 108. — SiLeX époque. Il est probable qu'il devait vivre à T'ALLEE MD UE PE RS: . : a l'air hibre, errant sur les plateaux, le long des cours d'eau qui avaient à peine ébauché le creusement de leurs vallées; c'est, en effet, sur les plateaux qui bordent des vallées aujourd'hui profondes qu'on retrouve les traces de son passage. 90 Epoque moustérienne. — Cette époque tire son nom du village du Moustier, dans la Dordogne. Les silex de cette époque sont des haches, des couteaux, des racloirs, d'un travail déjà plus perfectionné; l’une des 1. Chose remarquable, les habitants de l'ouest et du nord de l'Australie se ser- vent encore d'instruments en pierre du type acheuléen, mais le plus souvent ils emmanchent ces haches qui deviennent alors des armes terribles ; on ne sait pas si l'Homme de Saint-Acheul emmanchait aussi ses instruments, il est probable qu'il s'en servait plutôt comme on se sert d'un coup-de-poing. * D É \ L'HOMME PRÉHISTORIQUE 129 J faces seule est taillée, l’autre, généralement plane, représente _ le plan d'éclatement; les échantillons sont toujours plus _ petits, plus légers et plus pénétrants que ceux du type ; Au acheuléen. L'Homme de cette époque appartenait à la race de Can- stadt: il vivait dans les cavernes et se confectionnait des vête- nts avec la peau des animaux, ce qui indique un climat froid et humide. 3° Époque solutréenne. — Cette époque est ainsi nommée du village de Solutré, près de Mâcon (Saône-et-Loire). La station de Solutré est située au pied d'une falaise escar- pée; c'était une sorte d’'abri sous roche plutôt qu'une caverne véritable; on y a retrouvé les débris de plus de 100000 chevaux. Ces chevaux représentent un gibier et non des animaux domestiques; il est probable que les chevaux sauvages qui erraient dans la campagne étaient, à un moment donné, poursuivis dans la plaine par des rabatteurs qui les forçaient à se précipiter du haut de la falaise; ceux qui n'étaient pas tués sur le coup avaient les membres brisés: ôn les dépeçait sur place et l'on se nourrissait de leur chair. L'Homme taillait alors des silex avec une merveilleuse habi- leté. A ne considérer que leur forme générale, les silex sont taillés sur le type de ceux de Saint-Acheul, c'est-à-dire sur les deux faces, mais ils sont déjà très bien adaptés à leur destination. Le silex taillé caractéristique de l'époque solu- tréenne esi la pointe de flèche !. 4 magdaléenne. — Cette quatrième époque tire son om de ta Srole de Ta Madeleine, dans la vallée de la Vézère (Dordogne); c'est près de cette grotte, dans un abri sous roche, que fut découverte, en 1858, la race de Cro- Magnon. PNR ue = L'industrie a déjà subi de grandes modifications, et les hommes, devenus pourtant si habiles à travailler la pierre, commencent à dédaigner le silex; ils le remplacent par l'os ou le bois du renne qui fournissent des outils plus élégants et plus fins. C'est ainsi qu'ils fabriquent des aiguilles en 1. Il est intéressant de noter que les naturels de la Terre de Feu (Fuégiens amenés en 1881 au Jardin d'Acclimatation de Paris, taillaient des morceaux de verre qu'ils façonnaient en outils du type de Solutré ; les Esquimaurx taillent encore des silex de la même façon et par les mêmes procédés. PALÉONTOLOGIE (GL. DE PHIL. ET DÉ MATH, A ET B). 9 130 E w PALÉONTOLOGIE ANIMALE os d'une très grande perfection, des pointes simples ou bar- Fig. 109.— Har- PON TAILLÉ DANS UN BOIS DE RENNE (époque magda- léenne). belées (fig. 109), et enfin, ces objets bizarres, désignés sous le nom de bälons de commande- ment, à peu près semblables à ceux qu'em- ploient encore de nos jours les Indiens des bords du fleuve Mackenzie. L'Homme habitait encore des grottes; il était donc {roglodyte. Ayant découvert le feu !, il s'était fixé près de son foyer qu'il savait entretenir, mais que, ne sachant pas rallumer, 1l devait surveiller de près; de nomade, il était donc devenu sédentaire. Malgré cela, il entreprenait des voyages, car on retrouve, dans certaines grottes de France, occupées par les hommes de cette époque, des coquilles provenant de l'île de Wight; nous en devons conclure que l'Homme avait inventé la navigation, puis- que, à ce moment, il n'y avait déjà plus de communication terrestre entre Ia France et l'Angleterre. L'Homme s'essayait aussi à reproduire par la gravure ou par la sculpture les animaux qui vivaient autour de lui; c’est ainsi qu'on trouve représentés sur Fig. 110. — SILHOUETTE DE L'OuRS des plaques de pierre ou sur des fragments d'os, le Mammouth, l'Ours des cavernes (fig. 110), le Renne, le Cheval, etc.; enfin, on a également découvert des statuettes en os et en ivoire qui dénotent un esprit d’obser- valion et un sens artistique déjà très développés. DES CAVERNES, gravée sur un galet ; nvreie . par un homme de l'époque magda- L Homme sn. ait Pas ER léenne (grotte de Massat, Ariège). d'animaux domestiques. Age de la pierre polie. — Cet âge marque encore un progrès notable dans la marche de l'humanité; au point de vue artistique, l'Homme est déjà 1. Probablement en s'emparant d'un tison, dans un incendie de forêt allumé par la foudre. L L re | L'HOMME PRÉHISTORIQUE 131 : plus raffiné et il confectionne ses armes avec une perfection plus grande : le silex poli apparait pour la première fois, mais l'Homme n'abandonne pas pour cela complètement les armes __ taillées, dont le tranchant était plus vif. _ L'Homme s'est définitivement fixé; il a parqué près de lui _ quelques herbivores, afin d'avoir toujours à portée de sa _ main une nourriture assurée; ces animaux se sont rapidement _ apprivoisés et domestiqués: il continue toutefois à chasser les ? animaux sauvages et il fabrique des filets pour capturer le _ poisson. Enfin, la présence de graines de céréales et de fruits _ indique qu'il était déjà devenu agriculleur; on a même ce retrouvé les pierres qui lui servaient à broyer le grain et qui ressemblent singulièrement à celles qu'emploient au même _ usage les nègres des bords du Zambèze. 4 Cités lacustres. — Bien que l'Homme ait continué à utiliser a les cavernes et les abris naturels, c'est aussi de celte époque que datent les curieuses habitations lacustres cons- _ truites sur pilotis, au milieu de l’eau, et dont on retrouve les vestiges dans les lacs de la Suisse et de l'Italie. Pour établir ces habita- _ tions, de gros pieux, longs de 5 à 6 mètres, étaient _ enfoncés dans la vase à une distance du rivage qui al- lait de 40 à 90 mètres géné- | ralement; ces pieux soute- Fig. Ju = HABITATIONS LACUSTRES , SCPRRR : (d'après les découvertes et fouilles de 1854) F4 naient au-dessus de l'eau sur le lac de Zurich, près du village de une plate-forme faite de Meilen. troncs d'arbres reliés entre _ eux,et c'est sur cette plate-forme que s'élevaient les huttes, ‘& couvertes d'herbes sèches et de branchages réunis par de #4 l'argile. On n’observe jamais de trous ni de traces de liga- _ tures dans les pilotis ou dans la charpente de ces curieuses constructions; on ignore, par conséquent, comment les pièces de bois étaient reliées entre elles; on sait seulement que les pilotis étaient consolidés, à leur base, par de grosses _ pierres que l’on retrouve encore au fond des lacs. C2 4 bar 4} 132 PALÉONTOLOGIE ANIMALE La communication avec la terre était établie par une sorte de pont mobile qu'on retirait le soir pour se mettre à l'abri des fauves et des attaques nocturnes (fig. 114). Ces constructions, qu'on désigne sous le nom de palaffites ou de cilés lacustres, occupaient parfois des étendues considéra- bles, et la réunion d’un grand nombre de huttes formait de véritables villages; à Wangen, notamment, dans le lac de Constance, on a compté plus de 40 000 pieux. Les naturels des îles Carolines, des Célèbes et de la Nou- velle-Guinée, construisent encore des habitations de ce genre; ils en sont donc, au point de vue de l'évolution, à l'âge de la pierre polie. Monuments mégalithiques. — C’est aussi à l’âge de la pierre polie que paraissent devoir être rapportées les curieuses wi À N AUTRE \ "1 \ constructions de pierre qu'on nomme monuments mégalithi- ques !. Suivant leur forme, ces monuments portent différents noms empruntés à l’ancienne langue celtique; ce sont les dol- mens, les menhirs et les cromlec'hs. Dolmens. — Les dolmens? (fig. 112) sont formés d’une grande pierre plate, en forme de table, supportée par d'autres pierres dressées. Ces monuments sont nombreux en Bretagne: ils ont fourni des ossements humains et des armes de pierre. Il y a donc lieu de les considérer comme des sépultures. 1. Du grec : méga, grand, et lithos, pierre. 2, Du celte : dôl, table, et men, pierre. (Morbihan), qui mesurait 21 mètres de _ aujourd'hui renversé sur le sol et L'HOMME PRÉHISTORIQUE 133 Menhirs. — Les menhirs! (fig. 113) sont formés par de grandes pierres plantées en terre; on suppose js ils étaient destinés à perpétuer le souvenir de quelque fait important. L'un des plus beaux était la Pierre des Fées ou grande pierre de Locmariaquer haut; ce superbe menhir a été frappé de la foudre au xvue siècle; il est brisé en trois morceaux : son poids n'est pas inférieur à 250000 kilo- grammes. Cromlec’hs.— Les cromlec'hs?ne sont autre chose que des alignements de menhirs; tantôt ils sont disposés en 7 pe cérele, tantôt en lignes parallèles; les pig. 113 — Mewmn ve plus curieux cromlec’hs sont les locmariaouen, tel qu'il était fameux alignements de Carnac (près fr, ** destruction par la de Quiberon), en Bretagne, longs de 1500 mètres et qui comprennent 11 000 pierres dressées ? (fig. 114). Age du bronze. — L'âge du bronze fait suite à l’âge de la pierre polie, mais il ne faudrait pas croire que le passage de l’un à l’autre se soit fait brusquement; très souvent, au con- traire, les deux époques se confondent, sans qu'il soit pos- sible d'établir une ligne de démarcation nette. On trouve, en effet, fréquemment, sous les dolmens et dansles cités lacustres, des objets en bronze mélangés avec des haches en silex polis; l’âge du bronze a même probablement été lui-même précédé d'un temps assez long pendant lequel les hommes ont tout d'abord employé le cuivre qui se trouve fréquemment, à l'état natif, dans le sol. On a retrouvé aux Indes, à Gun- garia, 424 haches en cuivre pur. Quoi qu'il en soit, l'usage du bronze marque une étape 1. Du celte : men, pierre, et hir, long. 2. Du celte : kroumm, courbé, et lec'h, pierre. 3. Certains auteurs pensent que les menhirs et les cromlec'hs sont des monu- ments religieux, sorte de pierres votives dressées en l'honneur du feu ou du soleil. Le culte du feu paraît, en effet, avoir été l’une des premières religions. 134 PALÉONTOLOGIE ANIMALE importante dans la marche de l'humanité. Avec le bronze, l'Homme arrive à fabriquer des instruments extrémit variés, servant à une foule d'usages; mais, presque toujours, ce sont les armes et les objets de parure qui dominent: 1l faut Fig. 114. — CromLec'ns DE CaARNAC (près de Quiberon). cependant remarquer que la forme que l'Homme leur donne rappelle encore la forme de ses outils en pierre. Age du fer. — L'âge du fer succède encore, par transi- tions insensibles, à l'âge du bronze, car, dans les plus anciens monuments rapportés à cet âge, dans les fameuses tombes de Hallstadt, près de Salzbourg, en Autriche, on trouve un mélange des deux métaux. C'est à partir de ce moment que commencent les temps historiques, car c'est à partir de celte époque que les faits intéressant l'humanité commencent à se transmettre par la tradition orale et, peut-être, à se conserver par l'écriture; c'est ainsi qu'Homère, dix siècles avant notre ère, parle des armes d'airain et de fer, l'épée d'airain (bronze) étant réservée aux héros. Il est impossible de donner une date précise relativement à l'époque où le fer a commencé à être employé, car les tombes de meer LE 3 L'HOMME PRÉHISTORIQUE de | vases, des colliers et des bracelets élégants. FR _ âges historiques. _ saisissante introduction à l'histoire de l'Humanité. RÉSUMÉ Er CONCLUSIONS. maux aux diverses époques géologiques. | noire se rapporte. 135 Hal stadt, FH qu'appartenant incontestablement à l’âge du fe T, ne sont mentionnées dans aucune tradition; on n'y trouve oni monnaies, ni peintures, mais seulement des armes, des À “L'ensemble des faits qui précèdent montre comment les | | découvertes scientifiques relient pour ainsi dire d'une façon continue les âges géologiques à la préhistoire et celle-ci aux ‘à Ainsi envisagée, l'histoire de la Terre devient donc une _ Le tableau graphique suivant résume très clairement tout ce que perous avons dit relativement à la répartition des grands groupes ani- Le point où la ligne noire commence indique l’époque à laquelle: ont apparu les premiers représentants du groupe auquel la ligne De plus, épaisseur de la ligne noire est proportionnelle à l’impor- _ tance du groupe aux différentes époques. Le maximum d'épaisseur de 4 chaque ligne noire correspond donc à l'apogée où le groupe qu’elle 4 F) représente atteignait lui-même son développement maximum. LA PALEONTOLOGIE ANIMALE 136 onbiueflo 211 2p S/QISIA 208147 UNI ueguouy | AILIWIHd ualIQUED9J jé 5 MR uelu0A9 | 1HIVWIHd aJeJIU0quE") uaILUe,} frss enbiseiu | enbisseun| 141VONO93S | Ad F2 HMBREC:T 341VI1431 2U2920IW | _ | euesoysial LL 0. Mes 1 CAR Cotert TR ols HE, 7 sn. 7, Pate sr, LL ù ? ne nid fe à Pac Ar SPORE AMIE RS DER tr A A4 va y en 4 Ù LE | EM THÉORIE DE L'ÉVOLUTION 141 ‘culteur finit par obtenir, au bout d'un temps plus ou moins long, après un nombre de générations plus ou moins grand, des individus présentant, très exagéré, le caractère originel. 11 possède alors une _ variélé de l'espèce primitive. | Les qualités qui caractérisent cette variélé sont même parfois telle- $ ment fixées par la transmission qui s’en est faite hérédilairement de + génération en génération, que la variélé, devenue très différente de l'espèce dont elle provient, ne peut plus fournir de graine si on la croise 1 avec elle. On peut dire, dans ce cas, que la variété est devenue une véritable espèce, au sens où les fixistes ? entendent ce mot. Nous aurions pu prendre notre exemple parmi les animaux : la con- clusion eût été la même. On sait, en effet, que, de sélection en sélection, les éleveurs finissent par modifier complètement une race. C’est ainsi que l’on est parvenu à créer des races de mouton à grande laine, des races bovines de travail, des races de chevaux de trait ou de course, etc. Sélection naturelle. — Or, cette sélection que l'homme pratique artifi- ciellement, pour la satisfaction de ses besoins ou de ses caprices, s’accomplit naturellement sous l'influence de la lutte pour la vie et de la concurrence vitale. À 4 d'hurt LR: > | LS _ 4 br EL id ” \ “4 Tout être vivant soutient, en effet, une lutte de tous les instants À contre les causes de destruction, parmi lesquelles il faut compter les L conditions extérieures et les ennemis qu'il peut avoir. Il est certain, x par exemple, qu'un froid trop vif ou une chaleur trop intense peuvent 2. être nuisibles à beaucoup d’être vivants; il est certain, aussi, que les * herbivores ont tout à redouter des carnivores; mais où la lutte est à particulièrement ardente, c’est entre individus de la même espèce qui, Ke ayant les mêmes besoins, recherchent la mème nourriture et se la dis- # putent avec âpreté quand elle est rare. C’est donc surtout entre indi- “À vidus de la même espèce que s'exerce ce qu’on à appelé la concurrence ee - vilale. a Le résultat de cette lutte continuelle entre les êtres organisés et 4 contre les causes de destruction est d'opérer parmi eux une sélection. . Considérons, en effet, dans une région déterminée du Globe, une Ÿ génération d'individus appartenant à une certaine espèce animale : 4 dans la lutte pour la vie que toute la génération subit, il est clair que É- ceux-là surtout seront épargnés qui sont le mieux armés, c’est-à-dire E: : qui possèdent, au plus haut degré, certaines qualités favorables, leur É permettant de soutenir avec avantage la concurrence vitale. RES x 1. Si on transporte le pollen des fleurs de l'une sur le stigmate des fleurs de & l'autre ou inversement. Le 2. On nomme firistes tous ceux qui croient que l'espèce est incapable de varier be» et qu'elle conserve toujours, immuablement les mêmes caractères. Ils disent qu'on S. reconnait une véritable espèce à ce que les individus qui la composent peuvent j avoir des croisements féconds. Or nous venons de voir qu'une variété dérivée d'une nr" _ espèce arrive à ne plus pouvoir se croiser avec elle. Ce seraient donc deux espèces différentes au dire des tixistes? Cependant, l’une provient de l’autre. L “ 142 PALÉONTOLOGIE ANIMALE La seconde génération provenant des animaux épargnés de la pre- mière, renfermera, on le comprend. une proportion plus grande d'individus possédant ce caractère ou ces qualités, grâce auxquels leurs parents ont pu résister, subsister et se reproduire ; mais cette deuxième génération, placée dans les mêmes conditions que la première, aura à subir la même lutte, la même concurrence. Une deuxième sélection s’y opérera donc qui ne laissera subsister que les individus présentant, le mieux développées, les qualités utiles transmises par les parents. De sorte que, de génération eu génération, ces qualités iront sans cesse en s’accentuant;et comme, en vertu du principe de la corrélation des formes !, un organe qui se modifie entraine la modification corré- lative d’une foule d’autres organes, on verra peu à peu l’espèce pri- mitive se transformer graduellement en.une autre espèce présentant des caractères très différents de ceux qu’elle possédait à l’origine. Il pourra même fort bien arriver que l’espèce primitive donne nais- sance, par transformations graduelles, à plusieurs espèces nouvelles. Ce cas se produira si, au début, plusieurs individus de celte espèce ori- ginelle, munis de caractères individuels différents, mais également favorables, ou bien placés dans des conditions diverses, mäis perma- nentes pour chacun d'eux, évoluent dans des sens différents. Les espèces nouvelles, ainsi dérivées de l'espèce primitive, finiront, au bout d’un nombre de générations parfois considérable, par avoir entre elles si peu de ressemblance que, si l’on n'a pas suivi pas à pas leurs trans- formations successives, il ne viendra à l’idée de personne de supposer qu’elles puissent avoir la même origine, le même ancêtre. En résumé, on voit que Darwin adeple sans réserves l'hypothèse ‘transformiste, mais qu’il n’accorde qu’une importance très secondaire à l’adaptation. Il considère comme beaucoup plus puissante la sélec- lion naturelle qu’opèrent, parmi les êtres, la lulte pour la vie et la concurrence vilale. Conception moderne du transformisme. — Dans ses premiers ouvrages, Darwin regardait comme point de départ des transformations d’une race ou d’une espèce, les caractères individuels que présentaient, fortuitement, certains membres de cette race ou de cette espèce, carac- tères qui se trouvaient être, par hasard, favorables dans la lutte pour la vie; mais, plus tard, Darwin a reconnu lui-même qu’il ne fallait pas attribuer au hasard ce qui pouvait fort bien être le résultat d’une adaptation ?. Ainsi se trouve comblé par Darwin lui-même, le fossé qui séparait le Lamarckisme, entièrement fondé sur l'adaptation et l’hérédité, et le Darwinisme, qui tendait à exclure l'adaptation au profit de la sélection. Dès lors, voici comment il convient actuellement de concevoir le transformisme : 1 Voir -p: 8. 2. Voir p. 106, les causes de la réduction du nombre des doigts chez les herbi- vores Ss'adaptant à la course rapide. | THÉORIE DE L'ÉVOLUTION 143 Posons d’abord en principe que si des êtres Se trouvent placés | dans des conditions invariables auxquelles ils sont adaptés, ils n’ont _ aucune raison de varier et ils ne varient past. Es _ Considérons maintenant une espèce habitant une région dans laquelle _ les conditions d’existence viennent à se modifier. Certains individus, | _ incapables de s’adapter, sont condamnés à disparaitre ?. Ceux au con- _ traire qui réussissent à s'adapter, si peu que ce soit, survivent et se reproduisent, transmettant par hérédité à leurs descendants les carac- | tères adaptatifs qu’ils ont acquis et qui ne peuvent qu’aller en s’accen- er tuant de génération en génération, puisque le travail d’adaptation \ s'opère sur toutes les générations successives comme sur la première. (a A chaque génération, une sélection naturelle s’opère qui ne laisse sub- = sister que les mieux adaptées. De sorte que l’espèce se transforme peu … à peu jusqu’à ce qu’elle se soit complètement adaptée aux conditions dans lesquelles elle vit. A partir de ce moment, l'espèce conservera immuables les caractères qu’elle a acquis et elle ne recommencera à varier que si les circonstances extérieures viennent elles-mêmes de = nouveau à changer. | Adaptation, sélection, hérédité sont donc les trois facteurs princi- . paux de la variation, ou, comme on dit, de l’évolution des espèces ; vers des types plus parfaits, c’est-à-dire plus aptes à lutter contre les causes extérieures de destruction et à soutenir la concurrence vitale. . Théorie de la descendance. — Si l’on admet l'hypothèse transfor- miste, il devient alors très facile d’expliquer la succession des faunes que l’on trouve superposées dans les couches terrestres. Sitôt que le Globe a été habitable, un ou plusieurs êtres vivants, très inférieurs, y ont apparu, s’y sont développés, ont donné des êtres qui se sont répandus sur toute la surface de la Terre et y ont par conséquent trouvé des conditions d’existence très diverses. Ces descendants d’un même être ou d’un nombre très restreint d'êtres primordiaux ont donc évolué dans des sens différents et ont donné naissance à ces nombreux rameaux dont les dernières branches se terminent par les espèces actuellement vivantes. 3 D’après cette manière de voir, on aurait donc, non pas séparation x tranchée entre les faunes, ainsi que le croyait Cuvier, mais continuité, 4 filiation même, chaque faune continuant la faune de la période pré- 1. Ceci répond à l'objection de Cuvier. Cuvier niait la variabilité des espèces x parce que les momies de chats, d'ibis, de crocodiles découvertes dans les tombeaux 1% égyptiens, prouvent une complète identité de structure et de forme entre les espèces anciennes et les espèces actuelles de la vallée du Nil. Or, pourquoi ces espèces auraient-elles varié, puisque les conditions dans lesquelles elles vivent } sont les mêmes que celles dans lesquelles elles se trouvaient il y a 6 090 ans dans 42% la vallée du Nil? D'ailleurs, qu'est-ce que 6000 ou 7000 ans dans l'histoire du Globe ? ; 2. Ils pourront durer cependant pendant plusieurs générations ou émigrer (voir * la période glaciaire, p. 119). - 3. Du latin : evolutio, développement. pb FE L AS _cédente comme elle ne la faune de la hs | ment, comme l’évolution d’une même espèce ne s’est pas accomplie sur le même point, il peut fort bien y avoir une diffé: très tranchée entre les faunes fossiles de deux Re qui sont valle de temps, pendant lequel les êtres évoluaient ailleurs, s est écc dé entre les deux dépôts successifs. | Le sit Ainsi s expliquent très simplement tous les faits géologiques dont Ë PALÉONTOLOGIE ANIMALE 1 | Prooranes TE OPA ET PRET TES PRET ICE FPRREL PAPE LLAY 4 À k es | INTRODUCTION En A L'ÉTUDE DE LA PALÉONTOLOGIE Définition de RE NT ST I ET D ADS 5 Utilité et but de la Paléontologie....... ............ Vie PR ÉEIE 5 … Difficultés que doit vaincre la Paléontologie......,.........,.... 6 Découverte des méthodes utilisées en Paléontologie............. ( NOTIONS PRÉLIMINAIRES À ‘#4 Le CLASSIFICATION DES COUCHES SÉDENTAIRES _ Ëre et terrains primitifs........................................ 11 | primaires... en à anse nee 81 Es 0 12 Le 7 D sccplidires.... 2e une dengere Ja HI 12 d: Pre D A er Haires.. 5,720 outil Tel 13 ee Nine Tu Ut en 2 F5 185 13 Subdivisions Den CFOLÉÉOIO Res... td rtena ed rE 24e 13 CHAPITRE PREMIER € | IDÉE GÉNÉRALE DE LA CONFIGURATION DES MERS ET DES CONTI- __ » NENTS DURANT LES PÉRIODES PRIMAIRE, SECONDAIRE ET TER- : G TIAIRE. — CHANGEMENTS DES CLIMATS. 18 æ Les plissements de l' écorce. . Formation des plis de l'écorce terrestre......................... 15 gi Les zones de plissements ne sont pas limitées aux plis proprement RSR PT PP RE EP SEINS CRE RENE EE EP ET “LE win D coule d'une poussée/latérale.......:.:5.2...45..i13 30%: 16 * e- + ù er PCR PE RÉ 2 E ETS En CARTE TT: sp T . = * Te Dit, . en Ty 14 ai: ES Le ! à LEE r s é Re w ENS \ K A] 5.1 RAT * a) S : b hs et 146 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES L'apparition d’un pli n’est pas subite.................. 1“ plissement : Le continent huronien............... .. 2 plissement : Le conlinent calédonien...... VERTE 3° plissement : Le continent hercynien....... KR | 4e plissement : Le continent alpin..................... Etat actuel de ces différentes chaînes................. Chaine huronienne.. 1 remettra RE Chaîne calédemenne. 11... essor REC Chaine herceynmenne. 2. HUIT ER TOP UNIES Montagnes d'âge tertiaire 2° Les variations des continents et des mers. La France pendant les temps primaires............... Les continents et les mers pendant l'ère secondaire... La France pendant les époques jurassique et crélacée.. Les grands continents secondaires...............,..... Les continents et les mers à l’époque tertiaire 3° Variations des climats. CAES LOL RO EE EL AA PNR EL PSC RES ÉTÉ DriMAITE. à ne sa nds u aane trueta eee Me EN Climats du Silurien et du Dévonien....... . Climats de l’époque carbonifère...........,... 0822 Climats de l’époque permienne..............,......... Bre secondaire, és die let cas RE CR RON Climats de l'époque lriasique......, 500 Climats de l'époque jurassique......... ss... que ] ] Climats de l'époque crétacée....................00 brertertialires, 44 /avvanr 20 LE POUR East ER Climat ide l'Hocéne Ai. a 6 soveair ee ts CE Climat: de V'OUDOLÈNE. cn 22 ue van ee EN TEE Climat du Mine. es de dede ee tioe et SRE 5% ECS Climat .du Phone. ne de cuites es ee SRE Climats de lére-quaternaire. 2.442481. 8 1400 Explication de la période glaciaire.................... Fin de la période glaciuire......................1.0018 Périodes 1nterglaciaires..=is.tusn se ie ns CHAPITRE Il LES TEMPS PRIMAIRES Généralités. La Cr IE Que EE ELEMENTS NE Faune des temps primaires. Drachtionpades... iii vlentie saines te Te TS ER IN RENE Structure et forme des brachiopodes ....,............. Extension des brachiopodes pendant l'ère primaire... Arlhropodes 4. sante cast tes tee Rene . Les plissements principaux de l'écorce terrestre..... LEE CRC AC CIE EC een rs Sense vite sp Dee « 9 sos 2 01e e Re Re _........ _. ....... és es ss ......... é To trans ._......... _........… ss... PC PR HAE 2° LE ras DES MATIÈRES . LL y PARLE : THERE “OA NRIAn ar le SANT ONF PA PH RES 52 res crustacés........ ........... ARTE De CPR ETES LEE _ 56 Arthropodes terrestres.......... EVER TERRE FM TEL Er 56 RUE RE At Le ASS Ne PO 58 Céphalopodes...... RER Ras Rs di da se AU ARMES Men see 58 1 { TT AANRRERRRRRNNER Ra ge aies RUE PORT TER SEE VAS ne 63 2e EN SRI 1 63 Polypes HNUTMreS 2er ei as due LONDRES OT LE VAO EE DS 64 Échinodermes et ru tre AIRE TR APR NET MENPNECS AC AEOUSCRENE SAÉFTTICRE 65 PÉhinodermes.… MT TE RL UT A Ra Eu ed a n'ATC 20 65 _ Protozoaires ESPN SONT EP EN PRET POP ET PES ARR TUNER ES EC 65 î Verlébrés........... Dh Dole RARE ét he otre An ES ne DOVE 65 ne NT RSA 65 D cons LES REP PE PE ET OR LA 7 AP DE PERS NES 67 i: pue EPS EME RTE PNR Se PET CEE RERO 69 ivolution des vertébrés primaires..... PORTANT EVE ANT ET DATI 69 & CHAPITRE III LES TEMPS SECONDAIRES Généralités. Division des temps secondaires.....,......,. ...... 7 3 _ Système triasique in dietonsarse clirste aid sh 3h re RO LT TON PNR ONE PR PET PR EE 71 | 4 RASE RP 12 Lo: __ Faune des temps secondaires. | ns nement hais sou see MT PR 72 En een anne mu uno he MU TS D a eV UE 43 & E Constance des formes des protozoaires........,.............. seat JUS _ Abondance des protozoaires secondaires......................... 73 — Échinodermes RE AI TE AS Enr Lu TO SL ÉTAT SD EE STE PES 73 se ra PR PT SE Ni E : Ancêtres primaires des échinodermes secondaires............ LEURS _ Échinodermes secondaires : 1° Encrines......................... 74 | = SPORE JS LIRE PA Ro SPL ES, 75 4 54 Mollusques ...... RER Ben le BE LE BAUME SXRRET RTE 176 #8 D ON BEEN 2 APRES PR TRALSEE Re 76 . = Céphalopodes......,27.:.2422 una ee vent ve 71 MONS... ... SUR EE PAT PE TR LR er Un PEUT 11 LE NO Et Par RP M NAT 82 _ Brachiopodes.... ......... .......................... 85 M Artlhropôdes.:…..:.......... PET P DE PNR PP PUR UN PE Ua Se RES 55 à D ne Dan on 0e 0 PA TEE 2 86 RO PER PR STE 2 1 86 Un: OR TT CPP RP TP EE RE EE RP RE tr PRIS LA0P RE at SE CPE ER PP RTE PP TE PEAU 108 ho as chi dés MDP EME MAN LEE RS HART 9% ? 148 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 10 CHAPITRE IV LES TEMPS TERTIAIRES Généralniés: is. ii TR nes Ne à 0 Te STE 95 Division des temps tertiaires. Hésrétages tertiaires: .7.. ue LEUR PCR 96 Période-éocène.. 7... eat ae thu 230 RSR 96 Période-oligoeène... . 142.8 M0 es PSS SN S 97 Période Miocène.: 20e PE one 97 RÉrIOTeTDNICeBNeET dE ET AR IN SR ENS 5. Sue CES LE SE à Faune des temps tertiaires. Profozoaires.: Nümmuüliles. 4.241488 RS 98 ayonnés : Échinodermes.:..1. 2... NC 99 MOLIUSQUES ne a nvaisate Ve nes ae ee SE NUE SUP OS 99 Arhoules = Mnsectesi. it ET dome 0 ee da CCI NS Tue "0 Verlébrés : Poissons." Balraciens.... 2. si RS 101 = Reptiles. ..,, 42.408346 8 0e CARS 102 — Oiseaux er. en ss ie da en SR CS 103 Suile des vertébrés. Grande extension des mammifères............ 103 MATURITÉ LUN Let fon 1 Tee CNRS :s 0408 Marimifères pisciformeés:....%.c0 1.104 20 OS 105 Mammifères onguléss.s.:4.,.% 25 08 eee OS ES 105 Mammifères onguiculés. .…...........,.232: ei ETS SO 116 CHAPITRE V LES TEMPS QUATERNAIRES GENÉTANLES Senna nee ne à ae ne due De SU OS 117 Faune des temps quaternaires. Mammifères... amas Jai DIS ANR { 438 Mammifères de la faune américaine: .:..2.:.v:60:002 00000 120 Mammifètes de la faune d’Australie!: 44.4. 200 120 MISOAUR LEE Pets lise sonemic use Mencodie ae RS CASSER 120 Apparition de l'Homme. Cavernes, cités lacustres. Auciennete de l’'Hommé.........10.02, 0: 8 ere SE 121 Homme Ter lidire.. esse 2 Gen 0 out RS SUN 122 Mes Précurseurs, LES ee 0e ble denis Maets Le ee SSSR 122 L'Homme quaternaire, .::1 2440444400 eee CS 124 MES -racés primitives. 2. uns ie RC S 126 Temps préhistoriques. Division des temps préhistoriques en âges. ........ 2788 127 Se de la-pierre taillée... 4 5. ue. iacabie ES 127 Epoque acheuléenne. ue htrecses 2 SUN 128 Époque moustérienne.. . Leu... lents 128 À nt ne + CSA Aude fe nie ST ER ET PR SMS SE OR | RC LE ALYT QUE DES sans 149 ET 2 À MOI ÉrÉERNE CR TRES 129 N- e magdaléenne.… RAT PREL PORT CHENE .: 49070 de la pierre polie........ CA Re RL DES NE ST 0 2 T0 ae D lacusires. ...................…. PAPE AE 4 SRE a Ms hp 27 DO De re hiques.…. ARTISTE TES Sdnpes Aa «132000 PRO ONZE Ji, PT PRET A PNDER RE GNT art à 1e 133 Ë e RS OS Us ia mr vends e : seat Aus 134 L CONCLUSION GÉNÉRALE + ARCS ? _ NOTIONS RELATIVES A L'ÉVOLUTION DES ÊTRES ORGANISÉS ER... en rsonnntrn ed ae e Gen da Tu vale de = a a théorie cataclystienne........... Pine ra Tee PTE TO 137 # L théorie cataclystienne est inadmissible.............. Set se 138 | à: ipothèse LT MERE OR ER RS PR RAS 4 amarckisme : Adaptation, hérédité...... ET NAS De ET 139 _ Darwinisme : Sélection... As EP RE MERE PE RER EEE 140 : % Conception moderne du transformisine. OR A ES . 441 Ÿ De de la descendance.......... RENE eu ne NAN PRET EE . 183 1351-03. — Coulommiers. Imp. Pauz BRODARD. — 7-04. < D. 3 2044 110 320 934 . t; 6 » 0E so: AN Te sa KATOs Fine Pre COR RH on