^'Vj^^m^ffg^^ '^ ENCYCLOPEDIE CADEAC PATHOLOGIE INTERNE ••••••• NUTRITION - AUTO-INTOXICATION APPAREIL URINAIRE - PEAU TRAVAUX ET OUVRAGES DU MEME AUTEUR Recherches expérimentales sur la morve (in , Diei-kerholT (3), Krùger (i). Symptômes. — Le diabète sucré est caractérisé par de ressoulllemeul, un amaigrissement rapide, de la fai- blesse, des troubles de la nutrition. Le poil est terne; les inmpieuses sont ictéri(iues ou rosées, l'appétit capri- cieux, la respiration normale, le pouls un peu accéléré (54 pulsations) ; la fièvre est intense d'après Ilciss (39° tY 41°). faible ou nulle d'après Dicckerholî (37°, 8). Dans tous les cas, il y a polydijjsie intense ; les malades peuvent ingé- rer trois à cinq fois plus d'eau (ju'à l'état normal, juscju'à 55 litres d'eau par jour ; la polyurie est excessive, l'iu-inc est claire, jaunâtre, à réaction neutre, et renferme toujours du sucre en quantité notable; on en a trouvé de 3,62 à 3,75 p. 100 en moyenne. Les troubles oculaires se manifestent trente re.srf. Ber., 1006. — Li«?naux, Annales de Bruxeltrx, 1897. (2) Almy, Diabète sucré avec atrophie du pancréas {Société centrale, 1900, p. 882).— Voy. t. 111, p. 10 de la Pathologie interne. DIABETE SUCRE. 7 on a la possibilité d'étudier les malades. Il est caracté- risé par quatre symptômes cardinaux : la glycosurie, la poljurie, la polvdipsie. l'amaigrissement et des troubles accessoires. a. La glycosurie, conséquence de l'iiyperglycémie, est le symptôme caractéristique du diabète. Le sucre, qui existe normalement dans le sang dans la proportion de l^',^ ■ pour 1 000 en moyenne, augmente notablement de propor- tion; il passe en partie dans les urines dès que cette quan- tité dépasse 3 grammes ; on peut même trouver T^'.SS par litre dans le sang de la carotide (Cadéac et Maignon). Pour- tant le rapport entre la quantité de sucre qui existe dans le sang et celle qui traverse le filtre rénal n'est pas constant : il y a rétention relative quand le rein altéré s'oppose par- tiellement à ce passage. La glycosurie offre une intensité très variable ; on n'en trouve quelquefois qu'une très petite quantité, mais on l'a vue monter jusqu'à 20 grammes par litre. Cette quantité subit d'ailleurs de grandes oscillations; on peut la voir varier de 54 grammes à 94 grammes d'un jour à l'autre, sous l'influence d'une alimentation féculente ou même sans cause connue (Gadéac). L'urine sucrée est jaunâtre, filante, sirupeuse, de den- sité supérieure à la normale; on y révèle la présence du glycose en chauffant, dans un tube à essai, l'urine suspecte additionnée de liqueur de Fehling (liqueur cupro-potas- sique) ; il se forme, en présence du sucre, un précipité rougeàtre, pulvérulent, d'oxyde de cuivre (1). b, Lsi polyurie est généralement très appréciable; elle est cependant moins marquée que dans le diabète insi- pide ; les mictions sont fréquentes et abondantes; les chiens les plus propres s'oublient dans les pièces où ils se trouvent et finissent par uriner partout. C'est ce symptôme qui attire (1) Voy. Sémiologie, t. I, p. 424, pour les divers moyens de déceler et de doser la glycose dans les urines. 8 MALADIES DE LA NUTRITION. généralement l'attention du propriétaire et rpii fait soup- çonner l'existence du diabète. c. La polydipsie est en rapport avec la polyurie ; le chien manifeste une soif intense; il s'arrête pour boire à toutes les flaques d'eau. d. Ij' ainaigrissemott progressif, malgré une nourriture abondante absorbée avec grand appétit, devient bientôt le signe caractéristique. La maigreur, attribuée, au début, à des vers intestinaux, s'accuse de jour en jour malgré un redoublement d'aliments. L'animal s'affaiblit et devient d'une maigreur squelettique : les côtes, les apopbjses épineuses des vertèbres dorsales et lombaires, les angles externes des iliums, les pointes des ischions, en un mot toutes les éminences osseuses forment des saillies très accusées sous la peau, à travers les masses musculaires atrophiées. Le ventre est levrette (fig. i). La marche est très difficile; les membres vacillent sous le poids du corps. Il y a cependant des chiens diabétiques qui conservent leur embonpoint (diabète gras). Pes troubles de la plupart des appareils viennent aggra- ver l'état général du malade. On voit survenir des érup- tions eczémateuses, de l'œdème du lourroau et de la bala- nite suppurée : on observe quelquefois de ralbuminm-ie. qui trahit une altération rénale. Les accidents digestifs consistent principalement dans une diarrhée intense, opi- niâtre et parfois dansune stomatite tartrique et ulcéreuse et dans des vomissements: l'animal s'essoidTle très vile; il présente souvent de romphysème. de la bronchite, des troubles circulatoires ave<' insuflisance mitrale, de l'hyper- tropliie des thyroïdes, l'aspect ulcéreux des plaies; mais ce sont les troubles oculaires qui sont les plus fréquents et les plus étroitement liés à l'altération de la nutrition. On constate des opacités répétées du cristallin (Eisenmenger), de la cataracte simple ou double f]ui entraine la cécité en quelques semaines, des ulcères cornéens, un décollement de la rétine, l'atrophie du nerf optique. DIABETE SUCRE. 9 La motricité, la sensibilité sont généralement peu altérées; on peut cependant observer de l'hémiplégie (Schindelka) et une diminution de l'intelligence avec apathie et indiffé- rence complète des animaux les plus affectueux. Marche, durée, terminaison. — On constate quelquefois au début, un peu de fièvre ; mais la température descend Kig. 1. — Chien diabétique (Cadeac). ensuite assez rapidement au-dessous de la normale et. vei-s la tin de la maladie, elle tombe à 37° .2. Le processus a une marche progressive et une durée relativement courte; un (■hicn diabétique vit de quatre à huit mois ; mais il faut tenir compte de ce fait qu'on ignore généralement le début de l'affection. L'animal meurt dans un état de maigreur extrême, ou succombe au coma diabétique avec hypo- thermie et absence presque complète du sucre dans ses urines. Traitement. — Il faut d'abord modifier le régime : sup- 1. 10 MALADIES DE LA NUTRITION. primer les f(*(ulen(s, les sucres et la viande. Sous rinflucnce du régime carné, la glycosurie augmente. Le sucre uri- naire s'accroît, en effet, dans le diabète, proportionnelle- ment à la quantité de viande ingérée. Les corps gras saponitiés sont les seuls aliments qui diminuent ousupprimoni la glycosurie, mais ne suppriment pas la cause môme du diabète. Le lait est indiqué dans les cas de lésions rénales; on administre des cholagogues comme le salicylate de soude, le bicarbonate de soude (1 à 3 grammes matin et soir), l'eau de Vicby pour couper l'eau des boissons. On combat la poljurieà l'aide des bromures et de lanti- pjrine : .\ntip\Tine G à 12 grammes. Sirop simple 300 — On administre trois à quatre cuillen-es par jour de ce! mélange. (tn combat le coma par le café, le thé ou les injection^ soizs-cutanées d'étber ou de café. On entretient les malades au grand air, en supprimant toute cause de fatigue; éviter de pratiquer des opérations sur ces malades. i IL — DLVnÈTE INSIPIDE. Définition. — Le diabète insipide est caractérisé par le rejet d'une quantité considérable d'urine, claire, transpa- rente, d'un poids spécifique moins élevé qu'à l'état normal et ne renfermant pas de sucre. 11 se distingue du syndrome polyurie par la diiuinulion des forces et l'amaigrisseuKMît des animaux. La polyurie dénonce la résorption dexsudals ou d'épancliements [z',3 jusqu'à Qs^Tri, ou t rois fois par jour unr;uillère à café de la solution îi 0,1 p. 100); Ibvroïdine de P6/(/ (trois fois par jour0g^3 k 08', 0' ; iodo- GOUTTE. 17 thji-ine (Og%l à 0sf,2). Les glandes thyroïdes d'animaux Fig. 2. — Chien obèse d'apparence ascitique. fraîchement abattus conviennent bien pour combattre l'adiposité. IV. — GOUTTE. Définition. — La goutte est une maladie générale de la nutrition caractérisée par le dépôt d'acide urique et d'urates dans les articulations (arthrite goutteuse) et dans les organes internes (goutte viscérale). Sous sa forme la plus typique, on l'observe exclusivement chez les oiseaux; mais avec des caractères frustes, elle paraît susceptible de se développer chez les autres espèces animales. 18 MALADIES DE LA NL'THITION, I. — OISEAUX. Étiologie et Pathogénie. — L;ilimcnlation joue un rolo prépondérant dans l'étiologie de cette maladie. 1^'acide urique provient principalement des aliments riches en nucléines, comme certaines graisses et diverses matières animales : les nucléo-alhumines so dédoublent en albu- mine et nufléinos ; les nucléines, en albumine et acide nucléinique; lacide nucléinique donne de l'acide phosplio- rique, certains sucres et les corps alloxuriques (xantbine, hypoxanthine, guanine, adénine, etc.) ; ceux-ci, à leur tour, se transforment partiellement en acide urique. L'ingestion expérimentale de viande de clicvnl pendant une semaine à un mois i)erme( de faire déveIop|ier la goutle chez les /*o;//e.s (Kionka et Bannes, Khsiein, Widal). Certains produits toxiques favorisent ces dépôts d'urate et d'acide urique : tels sont le plomb, chez YJioiinne; les acides chromique, oxalique, le sublimé, le sucre de canne, l'acétone, l'aloïne chez \es jjoiik's iKossa). Des observations récentes permettent de considérer ÏUsIilaç/o rndidis comme une cause de goutte chez les oiseaux. Tous les poisons agissent en déterminant des néphrites toxiques qui sont des causes de rétention des urales. La ligature des uretères aboutit, chez la poule, le pigeon ou Voie, au même résultat par le même mécanisme : il se l'orme des dépôts uratiques dans les organes internes (estomac, intes- tin, cœur, poumon), commedansles articulations (Ebstein, Arthus). Il n'est d'ailleurs pas rare de constater l'obstruction d'un uretère par une concrétion uratique soit chez la poule, soit chez le pigeon (Larcher) (1). Chez le lapin, l'acide urique, injecté en assez grande quantité sous la peau, se transforme en paillettes d'urate de soude (Van Loghem). (1) Larcher, Société centrale, I891-, p. 45. GOUTTE, ' 19 Le défaut d'élimination des urates produit ainsi les mêmes résultats que leur excès de production. Les sédiments d'acide urique et d'urates se déposent partout où le sang circule très lentement, comme au niveau des reins du pigeon (Liénaux), au niveau des tissus nécrosés chez tous les animaux (Ebstein) ou des articu- lations chez les poules bien nourries et sédentaires. Les grosses races, comme celles de Cochinchine et de Brahma, qui ne font presque pas d'exercice, y sont particulièrement |irédisposées (i). La goutte est très commune chez les perroquets, qui ne quittent pas leur perchoir : chez les rapnces entretenus dans les jardins zoologiques, tandis que la maladie est rare chez les autruches et chez les oiseaux qui vivent en liberté, comme les palini])èdes aquatiques ; cependant on l'a vue frapper, d'une manière enzootique, les oies d'une grande exploitation (Hartenstein). Cette maladie sévit plus souvent chez les roqs que chez les poules, et, parmi celles-ci, ce sont les poules qui ne font pas d'œufs qui sont le plus fréquemment atteintes ; elle frappe exclusivement les animaux adultes ou âgés. Un trouble nutritif accidentel ou héréditaire semble s'ajouter, chez ces animaux, à l'action des aliments pour favoriser les dépôts uratiques engendrés par rétention rénale ou hyperproduction aboutissant, dans les deux cas, à la satu- ration du sang par les urates. Symptômes. — Dans la goutte articulaire, les arti- culations frappées (tarse, métatarse, phalanges, coude) sont douloureuses à la pression et présentent des tuméfac- tions partielles ou diffuses, situées sur les parties laté- rales des jointures, d'une consistance molle: ce sont des tophus ou des nodules arthritiques. De la grosseur d'un d'un grain de chènevis ou d'une lentille, exceptionnelle- (1) Lucet, Sur un cas d'urémie chez là poule (Recueil de méd. vét., 1891, p. 171). 20 MALADIES DE LA NUTRITION. ment de celle d'un (piif de pigeon chez les gros oiseaux, ces lophus sont rarement mobiles sous la peau ; ils l'ont généralement corps avec l'os; ils se multiplient au pour- tour de l'articulation et s'étendent le long des tendons, dans la peau et les tissus sous-jacents, ou dans le voisinage du rachis des plumes. Ces nodules ont une évolution très variable : tantôt l'épidenne se desquame et s'amincit à leur surface; tantôt meurtris par des contacts anormaux, ils se ramollissent et s'ulcèrent ; il s'en échappe une matière blanchâtre ou gris jaunâtre constituée par un mélange de pus et d'urates. Les bords de ces ulcérations sont légèrement sanguinolents; le tissu osseux ou cartila- gineux peut apparaître dénudé, et la sonde peut pénétrer dans l'articulation ouverte. Les signes fonctionnels qui accompagnent ces altérations articulaires consistent dans des troubles locomoteurs ou dans l'impossibilité de voler. Les membres malades sont fréquemment agités de mouvements spasmodiques : les animaux ne peuvent se maintenir longtemps sur leurs pattes; ils ont une démar- che chancelante et paraissent souffrir beaucoup. Chaque fois que leurs doigts, déformés, heurtent un obstacle, on les voit se tenir' immobiles comme s'ils couvaient des œufs. L'évolution de la maladie est lente et progressive ; la plupart des articulations deviennent malad.es; les sujets perdent l'appétit et deviennent d'une maigreur extrême. L'as|)ect de leurs plumes moins brillantes et hérissées, la pâlciu" de leur crête, devenue flasque, et enfin l'invasion de la diarrhée, dénotent, chez eux, une grande faiblesse et lina- lement, on les voit succomber dans le marasme. Quand les animaux résistent, les articulations intéressées se déforment et s'ankylosent ; souvent les ongles s'épais- sissent, prennent une forme tortueuse ; quelquefois même ils tombent avec la idialange qui leur correspond flg. 3). La goutte a une évolution chronique; elle est rarement GOUTTE. 21 aiguë, comme Harstentein l'a observée chez les oies. Elle commence habituellement par une extrémité et gagne ensuite, au bout de quelques mois, les articulations corres- pondantes de l'autre patte sans troubler en rien l'état général. On peut constater des poussées aiguës dans les principales articulations atteintes. La guérison est très rare; elle ne peut survenir que chez Fig. 3. — Extrémités des pattes d'une poule goutteuse (d'ajirès Liénaux). les animaux enfermés auxquels on rend la liberté. Chez tous ceux qui vivent en captivité, le pronostic est défavo- rable; la goutte ne rétrograde jamais ; il se produit tou- jours des ankvloses et des déibrmations irrémédiables (1). Anatomie pathologique. — Les cartilages articulaires sont le siège de dépôts blancs comme la craie, limités au (1) Hébrant et Antoine, A propos de la goutte ou diathèse urique cliez les oiseaux (Ann. de méd. vét., 1909, p. 321). 22 MALADIES DK LA NUTRITION. centre ou étendus à la périphérie; çà et là, on observe des ulcérations cartilagineuses. Les ligaments articulaires, les muscles, le tissu conjonctil" intermusculaire, les tendons au niveau de leurs insertions sont le siège de dépôts uratiques qui envahissent aussi le tissu osseux [colonne vertébrale, os du bassin, côtes, ailes et membres inférieurs (Larcher)], les cartilages du larynx, les parois vasculaires et la peau. Les lésions viscérales sont elles-mêmes très fréquentes. Les séreuses (plèvre, péritoine, péricarde), les paren- chymes (foie, poumon, estomae) sont le siège de nodosités crayeuses ou analogues à du talc, plus ou moins volumi- neuses, à l'eflets plus ou moins chatoyants quand elles sont sèches. Les reins et les î/j'e^è/rs renferment des cylindres ou des bouchons blanchâtres: on trouve des cristaux autour et dans les tubes droits et les tubes contournés. Diagnostic. — La maladie est réellement caract ('risée par l'examen microscopique ou chimique de l'acide urique ou des urates dans les articulations ou les viscères. L'exa- men microscopique permet de constater la présence de cristaux en aiguille d'uralede soude. Le produit traité par l'acide nitrique et évaport' dans un verre de montre, à une température douce, donne une masse rouge-pelure d'oignon, qui devient pourpre par l'addition d'une goutte d'ammo- niaque. On a là d'excellents moyens de distinguer les arthrites goutteuses des arthrites hiberculeuses ou des formes articulaires chroniques du choléra aviaire. Dans la gale des pattes, les déformations articulaires sont déter- minées par des croûtes,, au-dessous desquelles on peut découvrir les femelles ovigèrcs du Sarcoptes mutans. Traitement. — Diminuer la nourriture des animaux malades; supprimer les aliments Iroj) azotés, particidiè- rement ceux (pii sont très riches en nucléines ; administrer avec l'eau des boissons des sols alcalins, notamment du bicarbonate de soude, de l'eau de Vichy ; modifier le régime des animaux eu leunlonnanl la liberté. GOUTTE. 23 La pipérazine à la dose de 0?''.5 à 1 gramme chez les poules, de 0^^,40 à 08^,50 chez les pigeons, fait diminuer la quantité d'acide urique et d'urates dans le sang. Le salicylate de soude à l'intérieur, les frictions à lalcool. les badigeonnages à la teinture diode ou à l'huile de laurier sont indiqués pour combattre les déformations arti- culaires. Après la disparition des manifestations aiguës, Marek conseille l'ablation, avec le scalpel, des tuniem's bien délimitées: pour celles qui sont molles, on en pratique lincision. puis le curettage. Lorsque l'articulation est ouverte, on institue un traite- ment antiseptique. II. — MAMMIFÈRES. La goutte des inawiniteres est à peine soupçonnée. Signalée chez les vieux r/;ye/3s($pinola. Bruckmùlier. Cha- zeau), elle se localise au niveau des articulations infé- rieures des membres et de l'extrémité inférieure des côtes et paraît se terminer par l'ankylose des articulations noueuses. Chez le cheval, les extrémités osseuses des membres postérieurs deviennent douloureuses; elles se tuméfient et empêchent l'animal de se déplacer pendant quinze jours au minimum. Cette douleur peut se localiser aux boulets, aux jarrets, à la couronne, au paturon, et s'accompagner de troubles urinaires avec rejet d'un sédiment abondani (Vogt) qui fait dire que les animaux sont « graveleux » (Chazeau) (1). C'est une maladie récidivante qui tend à s'atténuer à la suite d'un travail régulier. Chez le bœuf, on peut observer des troubles articulaires « chez des animaux ayant la pierre ». Chez le porc, on a signalé des dépôts de guanine dans (1) Chazeau. Revue générale, t. II, 1911, p. 695. 24 MALADIES I)K LA NLTRITIOX. les articiihitions (Ffliig, etr.). La réaction de Tiirine de ces animaux est en rapport avec leur alimentation. Les povi-s goutteux sont fréquemment atteints aux ijuatre membres [Péricaud (1)]. Traitement. — t)n ne s'est pas pn-occupé du traitement de cette maladie chez les inanuuilV'res. V. — ACHONDROPLASIE. L'achondroplasie est une maladie congénitale qui atteint lesos développés aux dépens des cartilages (2). Il y a raccour- cissement des membres et de la tôle [veinix-boulcdoçjues. veaux-tortues) par défaut de formation, de prolifération et d'ossification des cartilages (Voy. Achondroplasie. in Pathologie chirurgicale générale, t. L p. 334). VI.— RACHITISME. Le racbitisme est une affection du système osseux des jeunes animaux caractérisée par des déformations tempo- raires ou permanentes dues à l'insutïisance des sels miné- raux nécessaires à la constitution du squelette. On l'observe chez tous les animaux (3). (Voy. Pathologie chirurgicale gé- nérale, t. I.) (1) Péricaud, Goiilte du iiorc {Soc. renir., 190S). (2) Zschokke, Anomalies de développement des os. — Regnaull, L'achon- droplasie chez le chien (Recueil de mcd. vcl., 1901, p. 118). — lA'blanc, Achondroplasie et my.\œ lème (loitrnnl de Lyon, 1901). (3) Zwaenepoel, Enquête faite en 1912 poui- eciirlor les causes, la fréquence et la gravité du rachitisme des [joulains dans la Flandre occidentale: mesures à prendre pour enrayer l'extension de la maladie (Annales de mcd. x'ét., 1913, p. 69). — Liénau.\, Le fau.'c éparvin du poulain rachilique (Anna/es de méd. vél., 1911, p. 377). — Liénaux, Sur l'alaxic locomotrice des poulains rachitiqiies et sur le diagnostic difTérentiol du tour de rein (Anna /ci de méd. vêt., 1912, p. 130). — Loos, Rachitisme chez des porcelets alimentés exclusivement avec de la viande et des pommes de Icrre (]Vor/ienschri/'( fiir Tierheilkunde, 1905, et Revue générale, 190C, 1. 1, p. i'67). MALADIE DU RENIFLEMENT. VII. — CACHEXIE OSSEUSE. La cachexie osseuse est une maladie générale qui se traduit par la décalcification du système osseux et la disso- lution des travées osseuses. On l'observe principalement chez les bovidés adultes et la chèvre sous la forme sporadique ou endé- mique à rinstar des maladies infectieuses (tig. 4j. Cette maladie se sépare nettement du rachitisme (Voy. Pathologie chirurgi- cale générale, t. 1, p. 281) (Carougeau). VllI. — MALADIE DU RENIFLEMENT. La maladie du reni- flement est une mala- die microbienne du porc très rapprochée de l'ostéomalacie des bovidés eldeschè vro.t, si ce n'est pas la même maladie. En faveur de l'iden- tité, on peut invoquer son inoculabilité à la chèvre et la coexistence de la maladie du reniflement chez le porc et de la cachexie osseuse du ])œut' dans les mêmes exploita- tions (Liénaux) (Voy. Maladie du reniflement, in Patho- logie chirurgicale générale, t. I). Il faut isoler les malades et désinfecter les locaux qu'ils occupent. , Cadéac. — Patholosie interne. VII. 2 Fig. 4. — Ostéomalacie (Besiioit). 26 MALADIES DE LA NUTRITION. IX. — OSTÉOMALACIE DES EQUIDES. Conntio sous le nom de maladies du non, ou (ïostéopo- rose(i), refle maladie infectieuse, propre aux équidés. es! raraotérisée par une ostéomyélite généralisée avec démi- naralisalion progressive et se traduit par d(!s boiteries, un gontlement pathognomonique des os maxillaires, par des arrachements tendineux et ligamenteux, des fractures et par un amaigrissement considérable, malgré la conserva- lion de Tappétit (Carougeau). Elle est rare en Europe, 1res répandue en Amérique, enzoolique en Cochinehine, en Australie, dans l'inde et dans l'Afrique du Sud. A Madagascar, elle rend inutilisables dans un délai de trois à quatre ans la plupart des équidés importés. L'ostéomalacie frappe les animaux de tout âge ; elle évolue comme une maladie infectieuse de la moelle osseuse qui intéresse ensuite l'ensemble du squelette; le tissu osseux se raréfie et est remplacé pardutissu conjonc- tivo-vasculaire plus ou moins abondant. Les diverses tentatives d'inoculation ont échoué. Traitement. — Le phosphate trihasi(pie de chaux (10 grammes) associé au carbonate de chaux (8 grammes), à la magnésie, calcinée (5 grammes), au chlorure de sodium (10 grammes), produit de bons résultats. Les arsenicaux sont un adjuvant important de celle médication (Carougeau) (2). Le déplacement des malades vers des régions indemnes amène souvent la guérison. X. — OSTKO-PI^KIOSTITR DIFFUSE. Le domaine de l'ostéo-périostile dilhise du r/irval et du (1) Pathologie rkiruriiieale générale, t. I,]). 'M^S. (i\ Carougeau, Klude génornle de l'ostéomalacie chez le cheval uarticuliè- remenl à Madagascar {Revue générale, t. 1, p. 1-04). — Guilheni et Jandraii, Revice vét., iSOS, p. 201. — Germain, Recueil de méd. vét., 1881. — Pécaud, l.ostéoinalacie des équidés auToiikin [Revue générale de méd. re/., janvier 1904).— Horrel, Diaiiaz el .Marliaiigeas {.hiurn. des véf. mi/ilaires. H»10). OSTEO-PERIOSTITE DIFFUSE. 'l > chien, (\è]k décrite (1), s'est enrichi d'une série de travaux importants qui établissent le rôle prépondérant de la tuberculose inflammatoire dans Je dévelo[)pement des ostéo-arthropathies hypertrophiantes et des ostéo-périos- tites ditTuses, presque toujours symétriques. Poncet puis Marie ont précisé depuis longtemps les relations étroites de l'ostéo-arthropathie hyperlrophiante de \ homme avec une affection broncho-pulmonaire antérieure, d'où le terme de pneumique employé pour caractériser l'origine du pro- cessus. Les toxines pulmonaires ou bronchiques résorbées ont une action élective sur les os et les articulations. L'exactitude de ces vues a été confirmée chez les ani- maux par des expériences (Dor, 1892) et par de nom- breuses observations [Ballet Alamartine (2), Liénaux (3), Auger (4), Cadiot (5)]. Les recherches de Bail et Alamar- tine (6) ont été le point de départ de travaux importants sur la tuberculose inflammatoire des animaux ; ils ont fait res- sortir la diversité des lésions pneumiques ; ils ont reconnu que ces lésions peuvent intéresser les diverses pièces .du squelette : vertèbres, côtes (Liénaux), os coxal et côtes [Bissauge et Naudin (7)], os de la face (Bail et Alamar- tine), le poumon [Bail (8)], le cœur [Boquet (9)]. Les néo- formations se développent presque constamment cliez les chiens affectés de tuberculose pulmonaire à forme inflam- matoire simple, c'est-à-dire à type épithélioïde, non folli- culaire et à évolution très lente. D'ailleurs, chez le chien, cette forme de tuberculose est très commune; on ne (1) Pathologie chirurgicale générale, t. I, p. 230. (2) Bail et Alamartine, Revue de chirurgie, octobre 1908 : Ostéo-arfhro- pathies hypertrophiantes d'origine tuberculeuse chez l'homme et chez le chien. (3) Liénaux, Annatesde méd. vét., 1909, p. 313. (4) Auger, Journal de Lyon, 1909, p. 712. (o) Cadiot, Recueil de méd. vét., 1912, 15 avril. (6) Bail et Alamartine, Gazette des hôpitaux, 1912, 8 octobre. (7) Bissauge etNaudin, Revue générale de méd. vêt., 1906. (8) Bail, Journal de Lyon, 1913. (9) Roquet, idem, 1913. 28 MALADIES DE LA NUTRITION. découvre jamais chez oot animal tlo cellules géantes Bail-. Les lésions osseuses sont elles-mêmes purcmenlinnainma- toires. Histologiquement et bactériologiquement, elles sont dépourvues de toute caractéristique tuberculeuse et parais- sent dépendre, uniquement, des toxines tuberculeuses charriées par la circulation vers la périphérie, notamment vers les extrémités, où la stase liée aux lésions cardiaques favorise leur action. XI. — PSEUDO-RHUMATISMES ARTICULAIRES. Le rhumatisme articulaire n'est qu'un rhumatisme infectieux provoqué par des causes inconnues qui sont les mêmes que celles des pseudo-rhumatismes infectieux. Il s'agit toujours d'infections générales de l'économie à manifestations articulaires (Voj. Pathologie chirurgicale des articulations, Arlhritesj. LIVRE YIll MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION Ce groupe renferme des maladies dues à la résorption de poisons élaborés dans le tube digestif [gastro-entérites toxi-infectieusesouvertige abdominal 1)], auxquels viennent s'ajouter des produits de déchet comme dans la fourbure et l'hémoglobinurie paroxystique. On y trouve desmaladies par insuffisance glandulaire (auto-intoxication gravidique, fièvre vitulaire. éclampsie puerpérale, maladie de Basedow, crétinisme . Le rein est la principale sauvegarde contre la plupart des auto-intoxications; le péril est conjuré tant que son fonctionnement est normal; il devient imminent dès qu'il laisse filtrer lalbumine. 11 n'y a ni éclampsie puer- pérale, ni fièvre vitulaire, ni liémoglobinurie paroxystique sans albuminurie ; nous avons même constaté ce sym- ptôme dans plusieurs cas de fourbure. Ces maladies sont sœurs '2). L'insuffisance rénale joue dans leur évolution un rôle prépondérant. La fcRU'bure a été décrite dans les maladies du pied {Voy. Pathologie chirurgicale ; nous classons la maladie de Basedow, le crétinisme dans les maladies du système nerveux ; la fièvre vitulaire et l'éclampsie puerpérale sont étudiées en obstétrique. (1) Cadéac, Pathologie interne : Intestin. (:!) Cadéac, Fièvre vitulaire et hémoglobinurie paroxystique sont deux ni.'iladies sœurs {Journal de Lyon, 1910). 30 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. IIÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. SOLIPÈDES. Idée générale. — Synonymie. — L'h&moglobimirie mus- cidaire paroxystique est une auto-intoxication à invasion toujours subite, frappant au sortir, de l'écurie ou pendant le travail, les animaux reposés et caractérisée par l'émis- sion d'urine foncée, l'engourdissement des membres, la tuméfaction des muscles contractures, rimpiiissancc de la locomotion suivie ou non de chute. Sa physionomie clinique est celle d'une paraplégie. L'altération du muscle exprimée par l'expulsion dans les urinesde méihémoglobine est la lésion dominante. L'intoxi- cation musculaire, aggravée par la marche, est suivie d'anoxyhémie. d'accélération de la respiration, île la cir- culation, de cyanose des muqueuses, de congestion et d'hémorragies dans les divers tissus. Lésions et symptômes ont une grande tendance à la diffusion, parce que l'agent toxique qui détermine la dissolution de l'hémoelobine musculaire se ré[)and dans tout l'organisme. Les premièresobservations précises sur Ihémoglobinurie musculaire remontent au commencement du siècle der- nier. Gohier (1813) signale les lésions des psoas. Coul- beaux (1824), Houpp, Chariot. Prévost (1825), Houley jeune attirent l'attention sur les lésions de la moelle. Sépai-ées ou réunies, on constate dans cette maladie des lésions médullaires nerveuses, musculaires, rénales, intestinales, auxquelles on accorde successivement la prépondérance, ce qui a permis de faire tour àtourde cette hémoglobinurie une affection exclusive de la moelle, des nerfs, des nmscles ou du rein. Chacune de ces localisations a eu ses partisans, comme en témoignent les diverses appellations qui servent à la désigner, et qui rappellent le symptôme le plus HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 31 expressif ou la lésion la plus difficile à reconnaître : congestion de la moelle, ncvropathie brachiale, congestion spino-rénale, paraplégie cpizootiqite, lumbago, névrite des nerfs fémoraux, hémoglobinurie paroxystique a frigore, néphrite, mal de Bright aigu, azcturie, strangurie noire, congestion musculaire, contracture pelvienne, typhus spinal, typhus lombaire, typhus rénal, hémoglobinémie, hémoglobi- némie rhumatismale, charbon apoplectique, apoplexie mus- culaire. Son évolution est toujours rapide, l'accès d"hémoglobi- némie se dissipe en quelques heures ou se complique de lésions graves souvent mortelles. Ces caractères la différencient nettement des affections septiques accompagnées aussi du syndrome hémoglobinurie. Étiologie. — L'hémoglobinémie est spéciale au cheval; on ne l'observe ni chez Vâne, ni chez le mulet. Elle sévit l'automne, l'hiver ou le printemps, et revêt le caractère enzootique ou sporadique : elle attaque surtout les ani- maux qu'on remet au travail après quelques jours de repos. C'est ce qui lui a fait donner le nom de m,aladie du li(ndi,de\apentecôte,de maladie des chevaux des blanchis- seurs, parce que ces animaux, bien nourris, ne travaillant que deux jours par semaine, sont particulièrement frappés. L'inaction absolue pendant un ou plusieurs jours est une des causes prédisposantes les plus actives (Demilly, H. Bouley, C. Leblanc, Riquet). Cependant on a vu la maladie se développer, l'après-midi, chez des chevaux de brasseurs ayant travaillé toute la matinée. Hormis quelques exceptions, un brusque repos, chez les animaux qui reçoivent de fortes rations et qui sont em- ployés à des travaux journaliers, constitue la condition la plus favorable au développement de cette maladie. L'hémoglobinurie survient après une stabulation d'une durée très variable (1) ; mais unstagede deux ou troisjours (I) Dans une statistique d'Adam et de Pustcher, les chevaux frappés se 32 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. est plus funeste qu'un repos de deux ou trois mois. La stabulalion favorise la concentration des produits toxiques, susceptibles de modifier le sang et de provoquer la dissolution de l'hémoglobine musculaire. Tous les animaux de travail y sont exposés ; mais, dans l'immense majorité des cas, les animaux frappés sont en parfaite condition de santé au moment où ils subissent, si inopinément, les premières atteintes de la maladie. Ni le mode d'alimentation, ni V administration d'une trop forte ration pendant le repos, ne peuvent être considérés isolément comme des influences prédisposantes. Cette affection sévit chez les chevaux de meuniers, nourris de son et de farine, comme chez ceux des maraî- chers et des petits cultivateurs maintenus pendant une grande partie de l'année au régime du vert et des carottes, ou nourris de maïs, de fourrages altérés. L' état pléthoriqne, incriminé par un grand nombre d'au- teurs, contribue à l'éclosion du mal qui frappe presque exclusivement les plus beaux sujets. Pourtant les animaux saignés abondamment au commencement du printemps sont aussi souvent atteints d'hémoglobinurie que ceux qui ne l'ont pas été. Mais l'amaigrissement les préserve de ses atteintes. A la Compagnie des Oinnibusde Paris, la. swppj'e*'- sion d'une grande quantité de la ration des animaux qui restaient au repos faisait considérablement diminuer le nombre des chevaux paraplégiques. La fourbure et la paraplégie ont, à cet égard, d'étroites relations, et l'on peut voir la première se compliquer de la seconde (Sen- drail). Les clievHiix Acracc commune, les animaux de gros trait, les chevnux entiers, les Juments bien portantes, les races lourdes, y sont particulièrement exposés; mais les r//rrr/».v répartissent de la manière suivante : 5 avaient séjourné^ récurie un jour; -21, deux jours; 11, trois jours; 3, quatre jours ; 5, cinq jours; 4, six et huit jours, i'I tl, un tcnips imléterniinè. HÉMOGLOBINURIK MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 33 de race noble ne sont pas absolument réfractaires à cette maladie ; nous lavons observée sur des anglo-normands et même chez des pur-sang 1). L'âge a une certaine influence sur le développement de cette maladie. C'est le plus souvent vers l'âge de cinq à six ans que les animaux tombent malades, mais jamais avant trois ans Adam et Pustcher). On a incriminé les efforts qu'efîectue Tanimal pour éviter les glissades occasionnées par le verglas, la neige, la glace; mais cette influence n'est pas nécessaire pour pro- voquer la maladie. Signol l'a observée chez des animaux boiteux qui venaient de faire une courte promenade n'ayant nécessité d'autres efforts musculaires que ceux indispensables à la station ou à l'allure du pas. Le froid est le facteur étiologique le plus important; tous les auteurs sont unanimes à le reconnaître. L'affec- tion est très commune pendant les mois de novembre. Janvier, février, mars, avril; on la voit même revêtir un caractère enzootique: elle sévit presque toujours sur plusieurs chevaux en même temps et dans le même lieu (2 . Ce ne sont pas les froids intenses et continus qui occasionnent la maladie : une différence de température entre l'écurie et l'air extérieur suffit pour la faire appa- raître; \Qs,écuries chaudes exercent aussi l'influence la plus il) Adam et Putscher (f!) ayant ramené au pourcentage 63 cas d'hémoglo- binémie constatent que ^5 cas sont fournis par les chevaux de gros trait, 36 p. 100 par les gros chevaux de labour, 20 p. 100 par les chevaux ordi- naires de culture, 9 p. 100 par les chevaux fins. Schindelka rapporte 352 cas dont 65 p. 100 de sujets lourds et 35 p. 100 de chevaux légers. Le danger commence à partir de 550 kilos. La fréquence et la gravité du mal sont fonc- tion du poids des animaux (.\dam et Pustcher, Adam Wochenschrift, 1885, p. 363). (2) Bouley en a observé, en 1S61, 21 cas dans une même journée au com- mencement du mois de janvier. DieckerhotT. en 18S5, en a recueilli 17 obser- vations après les fêtes de Noël; Letard l'a constatée le même jour que Bouley sur deux c/iei-ai/j; de la même écurie Cagny_ sur 6 chevaux appartenant à 1^ même ferme. 3i MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. nocive. Exceptionnellement, on peut observer la maladie Vctc, par un temps chaud et sec. L'action isolée du refroidissement ne peut, malgré les affirmations de quelques auteurs, engendrer les accidents paraplégiques; l'observation démontre, en effet, que ceux-ci ne s'observent jamais chez ]oschcvntix exposés au froid qu'on tient absolument immobiles. Le refroidissement et la mise au travail sont deux causes indissolublement liées dans la majorité des cas de paraplégie : les journées rie verglas sont particulièrement redoutables, parce que l'élé- ment surmenage vient se joindre à la réfrigération. Il n'est pourtant par très rare de voir la maladie survenir, même au milieu de la journée, par un temps cliaud et sec, comme en témoignent un grand nombre d'observations. Sans vouloir préjuger en rien de sa nature, on constate que l'hémoglobinurie frappe brusquement les animaux jeunes, bien portants jusque-là, doués d'un excellent appétit, soumis pendant un repos temporaire à une ali- mentation intensive. La reprise du travail et le refroi- dissement favorables à l'apparition de l'accès hémoglobi- nurique ne sont pas indispensables à son éclosion. Pathogénie. — La pathogénie de cette maladie a jusqu'à présent échappé à tous nos moyens d'investigation. La théorie microbienne et la théorie par simple auto-intoxi- cation ont chacune leurs partisans. Théorie infectieuse. — L'hémoglobinurie paroxystiijuc doit-elle être envisagée comme une maladie infectieuse? F.,es arguments ne mancpient pas en faveur de cette opi- nion. On peut d'abord invoquer son caractère endémicpie ; elle procède par séries; elle frappe plus certaines écuries que d'autres et peut atteindre successivement les clieviiux qui remplacent ceux qui ont succombé à ses atteintes (Dessart). Son évolution est rapide comme dans les mala- dies infectieuses suraiguës et sa terminaison fréquemment mortelle. Les animaux morts de cette maladie se décom- posent rapidement ; leur sang est foncé, noin\tre, comme HÉMOGLOBIXURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 35 dans les affections septiques, les reins sont altérés : l'urine est brunâtre ; les muscles sont ecchymoses, dégénérés comme dans les affections typhiques; tout l'organisme semble avoir subi les effets d'une infection microbienne ou parasitaire. A l'appui de cette théorie, on peut invoquer la nature parasitaire de l'hémoglobinurie du bœuf, du mouton et de Y homme lui-même, qui ne se manifeste que dans les affections paludéennes. On trouve sans doute des microbes variés chez les animaux qui ont succombé ; mais quel est celui qui opère la dissolution de l'hémoglobine ? On ne peut émettre que des hypothèses. On a soupçonné le streptocoque d'être cet agent de destruction et de disso- lution parce qu'il passe rapidement et facilement par tous les degrés de virulence. L'attaque soudaine d'hemoglobinurie et de pseudo-para- plégie rentre bien dans sa manière de procéder. Ne peut-il condamner l'animal à l'impuissance locomotrice, comme il produit une précipitation extrême et subite des mou- vements du flanc, chez certains animaux affectés de formes avortées et passagères de pneumonie infectieuse'*. Nous avons du reste vu plusieurs fois, dans une écurie à pneumonie contagieuse, des animaux qui ne sortaient pas présenter des accès de pseudo-paraplégie et d'hemoglo- binurie. Dans cette conception, l'hémoglobinurie apparaît comme une maladie infectieuse du sang produite probablement par des streptocoques et caractérisée par la dissolution de l'hémoglobine, d'où découle l'émission d'urine foncée, l'engourdissement des membres, l'impuissance de la loco- motion. Mais des arguments décisifs se dressent contre cette manière de voir. L'injection du sang des malades prélevé au moment de l'apparition de la maladie et injecté à la dose de 10 centimètres cubes au cheval sain ne détermine rien. Le sérum de ces animaux malades ou morts n'a aucune action chez le cobaye ou le lapin à la dose de 3 à 5 centi- 36 MALADIES PAR ALTO-l.NTOXICATION. mètres cubes (Césari). Toutes les condilions qui président à l'apparition de cette maladie tendent à démontrer qu'elle n'est pas de nature infectieuse. La pléthore, l'ali- mentation abondante et riche, le repos, l'Age de cinq à six ans, loin d'être une prédisposition à l'égard des mala- dies infectieuses, sont des causes de préserval ion. On ne constate d'ailleurs pas de [)ériode prodromique comme dans les maladies infectieuses, el ses troubles peuvent cesser presque instantanément, comme si la source des toxines était immédiatement tarie. En outre, l'hémoglobi- nurie ne procure aucune immunité; une première atteinte prédispose même à de nouveaux accès. Une maladie qui débute ainsi sans prodromes, avec une telle violence que les animaux deviennent en quelques instants incapables de se tenir debout, et qui disparaît souvent avec la même rapidité quand on arrête immédiatement les animaux qui en sont atteints, ne peut être regardée comme infectieuse (Cuny)(l). On ne peut, en effet, concevoir un agent mi- crobien qui continue ou suspend ses méfaits suivant qu'un animal a fait quelques centaines de mètres de plus ou de moins. II n'y a pas d'agent microbien susceptible de pro- voquer la mort, de se dépouiller en quelques instants de sa puissance pathogène après avoir engendré les symptômos les plus caractéristiques. Un microbe ne peut s'atténuer ou se détruire avec une telle rapidité, de sorte qu'on peut regarder l'hémoglobinurie paroxystique comme indépen- dante de toute infection microbienne. Théorie de l'auto-intoxication. — L'Iirmoglobinurie paroxystique est-elle bien une maladie par auto-intoxica- tion ? La soudaineté de l'accès d'hémoglobinurie, l'état d'embonpoint des animaux frappés, l'absence de lièvre, la disparition rapide de tous les symptômes quand l'animal est arrêté avant sa chute, les bons eiïets d^ la saignée, les (1) Cuny, L'hémoglobinurie paroxystique est-elle une maladie infectieuse? (Journal de Lyon, 1910, p. 130). — Lucet, Presse médicale, 4 juin 1910. HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 37 sueurs qui se produisent dans les formes bénignes comme dans les formes graves, les congestions hémorragiques, lanémie elle-même, plaident en faveur d'une auto-intoxi- cation. Cette opinion est enfin renforcée par les vaines tentatives qu'on a faites pour transmetti*e la maladie ou pour découvrir un agent pathogène chez les malades. De plus, l'auto-intoxication des animaux frappés d'hémoglobi- nurie est toujours préparée par une alimentation abondante coïncidant avec une période de l'epos qui leur permet de manger davantage. Le lundi est le jour des coliques et des indigestions comme de l'hémoglobinurie. Sous l'influence de ce régime, les animaux offrent de la constipation suivie de rétention et de fermentation des matières accu- mulées dans l'appareil digestif. Lauto-intoxication résul- tant de ces troubles n'est-elle pas suffisante pour produire la contracture des muscles et la paraplégie à un degré va- riable quand le foie laisse passer unetropgrande quantité de poisons et que le rein ne parvient pas à les éliminer immé- diatement ? La résorption des principes toxiques et leur accumulation dans l'organisme expliquent l'apparition et la disparition brusques du mal. son aggravation quand les animaux continuent à marcher ou à s'agiter et l'influence salutaire des mictions abondantes sur l'issue de la maladie. L'auto-intoxication est aggravée par le travail musculaire qui engendre de nouveaux poisons, comme par la ferme- ture du rein qui empêche leur élimination. Le tube digestif n'en demeure pas moins la source prin- cipale des poisons susceptibles d'engendrer l'attaque d'hémoglobinurie. Ce sont les animaux gros mangeurs, maintenus au repos pendant un ou deux jours, libres d'ingérer des masses énormes d'aliments, qui sont frappés d'hémoglobinurie. On n'a d'abord vu dans cette réplétion du tube digestif qu'une action mécanique, et l'hémoglobinurie a été regardée comme l'expression d'une vicieuse répartition du sang créée par une stase mécanique dont la cause est ordinairement Cadé.\c. — Pathologie interne. VII- 3 38 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. une indigestion. Le rejet d'une masse considérable d'exrré- nients durs et résistants, pendant les quarante-huit heures qui suivent Tapparition de la paraplégie, légitime cette con- ception de la maladie. Sous l'inHuence de cette réplétion alimentaire et excrémentilielle du tube digestif, il y a obstruction des troncs veineux iliaques internes (Garreau, Gojau), compression de la veine cave postérieure (Sym- phorien Bouley), congestion de tout le train postérieur, gonflement des muscles fessiers, ischiaux, rotuliens, et paraplégie. D autre part, le gros intestin, surchargé d'ali- ments, remplit peu à peu la cavité abdominale, repousse en haut le côlon flottant plein d'excréments durs, qui com- prime les gros vaisseaux sanguins et les uretères. Ces influences mécaniques déterminent ainsi des troubles di- gestifs, des troubles vasculaires et des troubles urinaires. Les troubles digestifs se révèlent par des coliques, qui marquent le début et indiquent l'origine de la paraplégie. Quand les troubles sont peu graves, on n'observe qu'un peu d'irrégularité dans la marche, et l'affection se ter- mine par la défécation et l'émission d'une urine sangui- nolente. Qu'à ces troubles se joignent la compression et l'obs- truction des uretères, il y a intoxication urinaire, d'au- tant plus [grave que la masse des poisons à éliminer est des plus considérables en r.aison de la marche et des efforts musculaires qu'effectue l'animal. L'anurie qu'on observe dans les cas les plus graves témoigne de cette compression des uretères, qui crée une rétention urinaire exagérant la pression intrarénale et rendant toute sécrétion impossible (Cagny . Nous ne nous attacherons pas îi réfuter cette théorie mécanique, qui tend à subordonner toute attaque d'hémo- globinurio aune indigestion; la réplétion du tube digestif et la constipation n'ont d'autre rôle que celui de favoriser l'auto-intoxication. Le tube digestif est un laboratoire de poisons issus des HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 39 fermentations. Les microbes toxigènes développés dans certains compartiments intestinaux se chitîrent par mil- liards. Ils peuvent, sous l'influence de modifications phy- sico-chimiques du milieu, acquérir une virulence anormale et sécréter des poisons solubles d'une extrême activité. L'intestin est donc la source de l'infection ou de l'intoxi- cation favorisée par l'alimentation intensive; les lésions multiples que l'on rencontre, à l'autopsie des chevaux hémoglobinuriques, résultent de la diffusion par le sang ou les vaisseaux lymphatiques, de ces poisons: on s'explique ainsi l'apparition primitive des coliques témoignant d'un fonctionnement anormal de l'intestin. Les troubles loco- moteurs, urinaires, découlent de l'action paralysante ici, irritante là. des poisons qui passent dans le sang, touchent la moelle, les muscles et les reins. Il n'est même pas nécessaire que les microbes aillent élire domicile au niveau de ces organes ; le bacille de Nicolaier produit le tétanos par la seule action de ses toxines. De fait, si on ensemence, sur différents milieux, du sang et des matières prélevées dans les muscles altérés, dans le rein, le foie, la rate, la moelle, on a des résultats variables; tantôt on isole des microbes divers, tantôt les milieux ensemencés restent stériles (1). Les produits toxiques issus des fermentations micro- biennes ne résument pas toute l'auto-intoxication diges- tive; l'insuffisance des glandes digestives détermine un autre empoisonnement. 11 ne faut pas plus négliger le rôle antitoxique des glandes intestinales que celui des glandes thyroïdes, parathyroïdes, des capsules surrénales, etc. Les paj-ois intestinales renferment «les substances toxiques ; les extraits d'intestin ont une action convulsivante et hypotensive. La suppression de l'action de l'intestin est suivie d'une insuffisance glandulaire dont les effets sont analogues ou de même ordre que ceux qui résultent de (1) Drouin, Revue (générale, 15 avril 1911. 40 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. l'insuffisance glandulaire de la mamelle chez les vaches atteintes de paraplégie vitulaire. L'auto-inloxication intes- tinale par insuffisance glandulaire et par fermentations exagérées et anormales joue un rôle prépondérant dans le développement de la paraplégie paroxystique. Les poisons intestinaux résorbés sont lacause essentielle, indispensable, de rhémoglobinurie. Rationnez les animaux et purgez-les; rhémoglobinurie n'éclate pas. Si on ne connaît pas la nature de ces poisons, Tobserva-lion clinique journalière accuse leur nocivité. Leur action s'exerce sur le sang, les muscles, le système nerveux, les reins et sur tous ces appareils à la fois. a. Action sur le sang. — Le sang a été longtemps consi- déré comme le substratum de rbémoglobiniu"ie paroxys- tique. Cette conception semblait justiliée par la soudai- neté de l'invasion, les hémorragies qui se produisent pendant son évolution et surtout par l'émission d'urines foncées, noirâtres. Le symptôme hémoglobinurie était notamment considéré comme la preuve irréfragable de l'altération des hématies déterminée par une diastase hémolytique. On sait, d'ailleurs, que rhémoglobinurie succède à l'empoisonnement par l'acide phénique, l'hydro- gène arsénié, le chlorate de potasse, l'acide pyrogal- lique. etc., ou à la destruction des globules par des parasites intraglobulaires comme les piroplasmes. De pareilles ana- logies ont contribué à fortifier cette croyance (pie rhémo- globinurie est d'origine hématogène. L'intensité de ce syn- drome caractéristique semble se proportionner à la quan- tité de globules rouges distincts. S'ils sont peu altérés, ce signe est peu marqué et très passager. Les urines foncées sont quelquefois rejetées en une seule fois, de sorte que rhémoglobinuricpeut passerinaperçue. D'ailleurs, l'absence d'hémoglobine n'implique pas l'intégrité des globules : le symptôme hémoglobinurie n'apparaît nettement, à la vue, que lorsque la destruction globulaire atteint le soixantième de la masse totale des hématies. Mais toute HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 41 hémoglobinurie, spontanée ou expérimentale, d'origine sanguine, est suivie de la coloration rougeâtre du sérum sanguin et d'anémie aiguë. Or, on n'observe rien de pareil dans la paraplégie : le sang ne laque pas, le sérum des animaux n'est pas modifié pendant la crise, il n'est pas teinté en rouge ; le nombre des globules l'ouges n'est pas diminué; il ny a ni hémo- lyse, ni hémoglobinémie, de sorte qu'on peut affirmer que rhémoglobinurie ne procède pas du sang (1). Le symptôme albuminurie est beaucoup plus constant que rhémoglobinurie et paraît impliquer autant une alté- ration sanguine qu'une altération musculaire. D'autre part, les hémorragies nombreuses disséminées des muscles, du système nerveux, de l'endocarde, etc., témoignent nette- ment de l'altération du sang, dont l'action plus toxique ou dégénérative se fait sentir sur tous les tissus. Le sérum des animaux malades est d'autantplus toxique que l'attaque d"hémoglobinurie est plus grave ; il tue le cobaye quand il provient d'un cheval frappé mortellement ; il est inoffensif s'il provient d'un chevalsous le coup d'un accès bénin [Sipon-Keristedjean (2)]. b. Action sur les muscles. — L'intervention du système musculaire dans le développement de la paraplégie pa- roxystique est un événement secondaire. On peut laisser impunément au repos les animaux mis à l'abri de l'auto- intoxication digestive par un régime rafraîchissant ou des purgatifs. Le fonctionnement des muscles n'est même pas indispensable à la production de rhémoglobinurie. On peut voir en effet l'accès se déclarer avant que le cheval sorte de l'écurie et évoluer « sans localisation musculaire apparente ». Son existence se trahit dans ce cas par deux signes carastéristiques : rhémoglobinurie et l'albuminurie. Pourtant, si, dans l'ordre chronologique, les altérations (1) Roger, Absence d héniolysines dans le sérum des chevaux hémoglobi- nuriques (/îev. ré?e>., 19Û9, p. i92-48i'). (2) Sipon-Keristedjean, Revue vétérinaire, 1909, p. 566. 42 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. congeslives, héinorragiqueset d(''gén(''ratives des muscles ne viennent pas en première ligne, elles sont très importantes et généralement très caractéristiques (Demilly, Letard, Aubry, Lucet, Mouquet, Gallier). Du reste l'hémoglobine qui passe dans les urines ne provient pas du sang, mais exclusivement des muscles : c'est de la met hémoglobine musculaire. On ])eut reproduire expérimenlalement ce symptôme. L'injection veineuse de suc musculaire est sui- vie de l'évacuation d'urine rose ou rouge foncé suivant la quantité injectée ; c'est l'hémoglobine du muscle qui passe sans addition d'hémoglobine globulaire : le suc de muscles de chiens, débarrassés de leur sang par de nombreux lavages effectués par injection de pliisieur.s litres dans l'aorte abdominale, détermine de riu-moglobinu- rie. Le suc musculaire décoloré par ébuUition ne provoque pas d'hémoglobinurie (1). La production d'hémoglobinurie d'origine musculaire (â) est d'ailleurs obtenue en agissant directement sur les muscles qu'on tranmatise par injection d'eau distillée ou de glycérine dans leur épaisseur (Camus et Pagniez). Ces faits établissent péremptoirement que l'hémoglobinurie procède bien des muscles (3). C'était l'opinion des premiers praticiens qui ont bien décrit la maladie sans parvenir à découvrir le mécanisme des alti-rations musculaires aboutissant à la disparision de leurs fonctions. Ils n'ont pu, à. ce sujet, qu'émettre des idées basées sur des obser- (1) Camiis et Pagnioz, Ilémogloliiiiiirie iiuisculaire (Académie des sciences, 190i). (2) Les injeclions d'extrait de raie, de foie, ne donnent pas d'hémoglobi- nurie à des doses beaucoup plus fortes ([ue celles du suc musculaire. (o) Meyer-Belz prétend que l'hémoglobine éliminée n'est pas totalement d'origine musulaire, car il a souvent constaté que le sang du chien hémo- globinurique par injection de glycérine élait laqué [Semaine médicale, 19U, p. 88) et, d'autre part. Aehard et Feuillée soutiennent que l'hémoglobinurie provoquée par l'injection intraveineuse d'hémoglobine globulaire et muscu- laire ne résulte pas du passage à tr.ivers le rein de la matière colorante globu- laire ou musculaire dissoute dans le plasma sanguin, mais d'une hémolyse intra-urinairo. HÉMOGLOBINCRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 43 sations personnelles : la tViéoriede la contracture pelvienne (Demilly 1853) et la théorie de la congestion musculaire (Ponimeret-Mannechez, 1855) soutenue depuis par Letard, Aubry, Luect, Mouquet, Gallier, ont abouti à la constata- tion de deux signes importants, l'hémoglobinurie et l'albu- minurie. Autant il est facile de constater les altérations musculaires, autant il est difficile d'établir par quel méca- nisme les muscles se dépouillent de leur hémoglobine et de leur albumine, si cette dernière substance ne provient pas du sang. Frôhner attribue cette désintégrât ion aune exa- gération des métamorphoses nutritives dans les muscles sous l'influence de l'irritation des nerfs sensitifs de la peau. Le froid étant la cause irritante, il se produit, sous son influence, une décomposition du tissu musculaire, c'est-à- dire de l'albumine organique. Lassar et Nassarofî ont obtenu, en exposant des animaux au refroidissement, des dégénérescences parenchymateuses des muscles et une décoloration très prononcée de ces derniers. Schindelka a démontré que le sang des sujets atteints d'hémoglobinurie rhumatismale est plus riche en hémoglo- bine que celui du cheval sain. Pour expliquer cette consta- tation, il admet qu'il s'ajoute au sang un principe colorant identique à l'hémoglobine et provenant des muscles. Camus et Pagniez ont constaté la présence de l'albumine dans les urines non seulement pendant la crise d'hémo- globinurie, mais avant l'arrivée de l'hémoglobine muscu- laire. 11 y a donc une véritable destruction musculaire. Cette destruction se localise à certaines régions; les muscles du train postérieur, de la croupe et des lombes, fonctionnant plus activement que ceux des autres régions et étant moins couverts, moins protégés, sont de ce fait les plus touchés. Ce sont eux qui se couvrent d'abord de sueur profuses, qui se tuméfient les premiers et avec le plus d'intensité. La cause de cette tuméfaction, c'est la con- tracture. Elle se manifeste sous l'influence du froid ou du refroidissement, brusquement, quand l'animal sort d'une 44 MALADIKS PAR AUTO-INTOXICATION. écurie chaude et passe brusquement dans un milieu froid. Pareillement, on peut voir, chez IV/o^yj/yic, l'hémoglobinurie paroxystique a frigore se manifester à la suite d'un bain de pieds froid. Chauffard, Neilson et Terry ont rejiroiluil une crise dhémoglobinurie avec frissons, tremblements et albuminurie, en plongeani simplement la main ou les pieds malades dans l'eau glacée, quoique les extrémités fussent isolées du reste du corps par une ligature. Meyer-Betz a observé un cas d'hémoglobinurie humaine avec des myopathies et des paralysies musculaires, comme dans l'hémoglobinurie paroxystique du c/icvnl. L'apparition de 1-hémoglobinurie chez cet animal pendant l'hiver ou le printemps, à la suite d'un léger exercice, fournit un appui important à cette théorie. Sans doute, on peut invoquer des cas de paraplégie se manifestant pendant les mois de mai, de juin ou même pendant l'été; mais le refroidisse- ment est possible en toute saison; c'est une question de variation de température extérieure. L'action du froid sur les parties dénudées du corps comme la croupe se traduit par une irritation des nerfs sensitifs qui a pour conséquence la contracture des muscles, l'albu- minurie et l'hémoglobinurie. (les symptômes procédant d'une hyperexcitation musculaire déterminée par le froid, on conçoit que toutes les causes qui l'entretiennent telles que la marche, les irritants cutanés (moutarde, essence de térébenthine) aggravent rapidement la maladie. Ces agents ajoutent leur action àcelle de la cause provocatrice et exagèrent ses elTels. Mais l'hémoglobinurie paroxystique est rare si on la compare à la fréquence de la cause qui la produit; le refroidissement est assurément un des éléments les plus importants dans la patliogénie de cette maladie ; mais il n'est pas le seul : l'inaction et une alimentation abondante revendiquent la majeure part do responsabilité. Les poisons issus de l'appareil digestif s'allient à ceux qui sont engendrés ensuite dans les muscles sous l'influence du refroidissement et du travail pour produire des inyosites HÉMOGLOBINUKIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 45> toxiques. Les muscles extenseurs du train postérieur et quel(iuefois du train antérieur sont pour ainsi dire exclu- sivement frappés. Leur fonction motrice est d'ailleurs très inégalement troublée suivant les cas; presque abolie d'un côté de la croupe, elle peut être conservée de l'autre; le triceps crural gauche est quelquefois le seul groupe musculaire condamné à l'impuissance. Une pareille localisation paraît incompatible avec l'arrivée du sang par la voie sanguine. Il paraît d'autant plus légitime d'admettre que le poison prend naissance dans les muscles qu'on voit tous les jours la maladie enrayée par l'immobilisation du sujet au début de la crise et aggravée parla continuation du travail. Sans méconnaître la force de ces arguments, nous devons faire observer que la localisation de l'intoxication dans certains groupes musculaires, presque toujours les mêmes, n'exclut pas le transport des poisons parle sang. Intoxiquez un sujet par le plomb, vous constatez une pareille électivité pour les muscles extenseurs; empoisonnez le cy^t'Cfliavec des gesses, vous constatez des monoplégies, parmi lesquelles l'hémi- plégie ou la diplégie laryngienne est la plus fréquente. Le travail nécessaire à la station quadrupédale congestionne les muscles qui contribuent à maintenir l'animal dans cette attitude. Or la congestion est la principale cause de la localisation de tous les toxiques circulant dans le sang. Ils- sont attirés vers les muscles, qui présentent leur maximum de fonctionnement. La localisation du mal ne résulte-t-elle pas de cette activité fonctionnelle? Le muscle n'est que l'instrument de l'hémoglobinurie musculaire paroxystique; il n'en est pas la cause primitive. Les poisons qui chassent l'hémoglobine des muscles sont élaborés par l'organisme, transportés par la circula- tion et retenus parles muscles. Les animaux frappés d'hémo- globinurie sont sous le coup d'une auto-intoxication com- plexe. D'un côté, ils éprouvent déjà les effets d'une auto- intoxication digestive permanente par le fait de leur 3. 46 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. appétit et de rabondance de leur ration. Leur organisme est déjà surchargé de produits de désassimilation suscep- tibles d'apporter une perturbation profonde dans le fonc- tionnement musculaire. On sait que des principes toxiques issus de l'intestin déterminent fréquemment, chez Vlinmiiip, de l'engourdissement et des crampes musculaires pendant la nuit, c'est-à-dire pendant le repos; ils peuvent orga- niser des troubles analogues chez le clieval inaclif soumis à une véritable suralimentation? D'autre part, le cIicvrI qui va présenter une crise d'hémoglobinurie n'urine pas, et cette insuffisance de la fonction rénale favorise la rétention des poisons et l'auto-intoxication musculaire (1). Cette absence de miction résulte elle-même de l'action vaso-dilatatrice exercée par les produits de la désassi- milation qui se répandent dans le système musculaire dès que les écluses vasculaires s'ouvrent sous l'influence de l'hyperexcitation créée par l'inaction et une nourriture trop abondante. La reprise du travail devient ainsi un éh'menl favorable au déversement dans les muscles en activité des poisons élaborés pendant le repos dans le tube digestif. Ouand le système musculaire éprouve, au contact de ces poisons, un commencement de désintégration organique, le refroidissement provoque, à son tour, une excitation musculaire suivie de tremblements fibrillaires et de •crampes, comme dans la fatigue. L'accès d'hémoglobinurie résulte, à notre avis, d'une auto-intoxication dorigine digestive favorisée par une insutfisance rénale momenta- née et aggravée par le refroidissement. Sous l'influence de cette cause, l'oxydation du glycogène musculaire est imparfaite; la diastase qui l'opère habituellement a son action paralysée ou retardée, et des acides organiques {formique, acétique, lactique, butyrique, etc.) s'inlercallent «ntre le glycogène et ses résidus normaux : l'acide carbo- (1) VoY. Théorie rénale de l'Iiémoiîlohiiuirie paroxystique dans la I"-' édi- iion. HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 47 nique et l'eau (1). A ces agents de dégénérescence muscu- laire dont la production est favorisée par les tremblements fibrillaires s'ajoutent les poisons issus de la digestion troublée pour compléter l'auto-intoxication. Ces poisons associés déterminent l'altération de la substance musculaire, le départ de l'albumine, de l'hémo- globine, la décoloration des muscles dégénérés. Si l'on supprime l'un ou l'autre de ces facteurs, l'accès d'hémo- globinurie est évité. Si l'on purge l'animal trop bien nourri et maintenu dans l'inaction, on supprime l'auto-intoxi- cation digestive; il n'j a pas d'hémoglobinurie; d'autre part, si l'on arrête le cheval qui se met à trembler, si on le réchauffe, on prévient la fatigue musculaii'e et la formation de ses poisons : l'animal demeure pour ainsi dire au seuil de l'hémoglobinurie. L'évolution complète de la maladie résulte de l'action synthétique de ces divers poisons. La maladie est à peine esquissée, ou n'est pas soupçonnée quand les poisons, en faible quan- tité, s'éliminent rapidement ou que leur action n'est pas favorisée par le refroidissement ; on constate seulement que le cheval se couvre de sueur sans cause connue, et son conducteur constate seulement que le c/^ev'.v/ n'a pas marché ce jour-là comme d'habitude et qu'il a fallu le pousser: la cause réelle de ces troubles moteurs, mal définis, passe inaperçue (2). Si, enraidi et contracture, il tombe, on le croit paralysé. c. Action sur le système nerveux. — L'auto-intoxication n'épargne pas plus le système nerveux que le système mus- culaire ; mais c'est n'envisager qu'un côté du problème que de faire du système nerveux le siège exclusif de la maladie. La théorie de la congestion de la moelle, sou- tenue par Bouleyjeune, Delwart, Weber, Haubner, Fried- (1) Delmer, A propos de létiologie, de la pathogénie et du traitement de l'hémoglobinurie du cheval {Semaine vétérinaire, 10 juin 19U). (2) Le cheval qui se surmène pendant une contention décubitale peut pré" senter de l'hémoglobinurie (Dagès). 48 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. berger, Csokor, Saint -Cvr, Trasbot), a été combattue par Deniillv, Signol, Létard, Lucet, Cadéac (d). C'est que généralement le cheval hémoglobinurique n'est paraplégique qu'en apparence. S'il ne peut se relever et marcher, il a, néanmoins, conservé sa motricité et sa sensibilité; il ne présente, à l'autopsie, aucune lésion cérébro- médullaire congestivc ou hémorragique. Dans ces cas, l'hémoglobinurie paroxystique est exclusivement muscu- laire ; mais il en est d'autres où l'auto-intoxication intéresse à la t'ois les muscles et le système cérébro-médullaire ; on constate de la glycosurie, qui témoigne d'un trouble céré- bral ou médullaire (Mouquet." Lucet). et l'autopsie révèle des hémorragies multiples ou une véritable apoplexie cérébrale ou médullaire, de sorte que les cas ne sont jamais absolument semblables. Suivant l'électivité pré- pondérante des principes toxiques apportés par le sang, on constate des formes à dominante médullaire et des ■Cormes à dominante musculaire, ou ces deux types diver- sement combinés. Les nerfs sont fréquemment lésés d'emblée par les prin- cipes toxiques qui circulent dans le sang ; on constate des paralysies motrices immédiates, indépendantes de toute action mécanique ou traumatique. II s'agit exclusivement de paralysies toxiques analogues à celles qu'on observe chez le cheval à la suite d'ingestion de gesses, chez les volailles intoxiquées par le plomb, le riz altéré ou l'acide oxalique. Les polynévrites toxiques del'hémoglobinurie paroxystique intéressent principalement le plexus lombo-sacré, les nerfs fémoraux, le tibial antérieur (F'réger) (1), le radial; mais, parmi eux, c'est le nerf fémoral qui est le plus fré- quemment altéré soit d'un seul, soit des deux côtés. Sa dé- générescence est suivie de l'atrophie rapide du triceps crural . Cette lésion s'observe chez des animaux maintenus (1) Voy. Théorie nerveuse, in Pathologie interne, i'e édit., l. VI, p. 13i!. (2) Frt'ger, Paralysie du tibial antérieur après un accès d'hémoglobinurie {Journal de Lyon, 1909). HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 49 immobiles au moment de l'accès d'hémoglobinurie et qui ne tombent jamais, de telle sorte qu'on ne peut attribuer ces névrites qu'à l'intervention d'un poison agissant à l'ins- tar des toxines microbiennes de la gourme du cheval, delà maladiedu jeune âge du chien, de la fièvre typhoïde, de la tuberculose ou de la diphtériehumaines. Les vaso-moteurs sont immédiatement influencés par l'auto- intoxication hémoglobinurique ; les vaisseaux péri- phériques éprouvent une vaso-dilataiion prononcée qui se traduit par une sudation générale abondante, par une con- gestion musculaire intense, dénoncée par la tuméfaction des muscles superficiels et quelquefois, sans doute, parles manifestations caractéristiques de la fourbure, comme on voit celle-ci se déplacer pour se traduire par les signes de la paraplégie hémoglobinurique (Sendrail et Naudinat) (1). Sous l'influence de la vaso-dilatation générale périphéritpie qui accompagne cette auto-intoxication, la pression san- guine s'abaisse; le sang stagne à la périphérie; la fonction rénale s'arrête, l'oxygénation des hématies est com- promise; la respiration etlacirculation s'accélèrent, l'ani- mal bat des flancs, il y a anoxhémie, dyspnée, cyanose des muqueuses, congestion et hémorragies dans les divers tissus, comme chez les animaux surmenés, qui sont eux- mêmes des intoxiqués. d. Action sur les reins. — Cet appareil d'élimination éprouve des troubles fonctionnels et matériels dès que lauto-intoxication commence. Sa sécrétion diminue ou s'arrête dès que la pression sanguine fléchit ; son épithé- lium s'altère au contact de la méthémoglobine, de l'albu- mine et des divers principes toxiques; il ne constitue plus qu'un mauvais filtre, gorgé de sang, qui se remplit de cylindres hyalins et épithéliaux, et ne laisse passer qu'un peu de liquide foncé et albumineux. On assiste au début d'une néphrite toxique. (1) Sendrail etNaudinat, Contribution à l'étude de 1 etiologie de !a fourbure considérée comme maladie toxi-infectieuse {/lévite vétérinaire, 1908, p. 1). 50 MALADIES P\n AUTO-INTOXICATION. C'est ollc (jui a faililoiiner a la paraplégie le nom de mal de Briijld avju. de stranfjurie noire, de néphrite suraiguë. de congestion « a frigore » des reins. On peut, du reste, constater, à l'autopsie, la congestion et le ramollissement des reins, notamment de la substance corticale chez tous les cJievaux paraplégiques. Le cheval paraplégique devient ainsi une sorte d'uré- mique [Berger (1840), Adam, Williams. Lucet 1892)]. Son sort est étroitement lié à lintégrité relative de ses reins. Les formes les plus graves de la paraplégie sont celles où il y a anurie : un rein complètement fermé hâte l'intoxi- cation et précipite la dénouement fatal ; il est incapable de récupérer ses fonctions ; les formes les plus bénignes découlent d'une excrétion urinaire abondante : un rein ouvert favorise l'élimination des principes toxiques, la réso- lution musculaire et la guérison rapide. On trouve dans cet organe des causes importantes de la mort des para- plégiques ; on n'y découvre pas l'altération initiale de la maladie. L'auto-intoxication primitive, aggravée par la contraction musculaire et par les troubles urinaires. fait sentir ses effets sur tous les organes, sur tous les tissus, et tend à déterminer partout des lésions congestives, hémor- ragiques et dégénératives. Symptômes. — L'invasion de Ihémoglobinurie sur- vient sans prodromes. Cette pseudo-paraplégie s'accuse d'emblée par des troubles intestinaux, locomoteurs, uri- naires, cutanés, rapidement suivis de modifications de la respiration et de la circulation. Troibles digestifs, — L'animal est subitement pris de coliques ou de manifestations analogues; il présente des trépignements: il cherche îi se coucher etàse rouler comme au début de la congestion ou de Vindigestion intestinale (Symph. Bouley, Letard). Ces coliques précèdent quelquefois tous les autres sym- ptômes et offrent beaucoup d'analogie avec celles qui se manifestent un instant avant l'apparition de la fourhure. HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 51 Elles sont d'autant plus intenses que le début de l'affection est moins rapide et la chute plus tardive. A ce moment, elles sont éclipsées par les troubles locomoteurs. L'auscultation de l'abdomen fait percevoir de violents borboryytnes, qui sont quelquefois entendus à distance (Gênée) : ils sont suivis de l'expulsion de crottins ramollis ou de matières diarrbéiques. Ces troubles cessent bientôt. La parésie remplace les contractions péristaltiques de l'in- testin : la constipation se produit et les crottins qui sont rendus par l'animal, de loin en loin, ou qui sont retirés par l'exploration rectale, se montrent secs, durs et bien moulés. Troubles locomoteurs. — a. Signes fonctionnels. — Brusques et soudains, les signes d'impuissance locomo- trice se produisent dans les conditions les plus imprévues chez les animaux atteints de maladies du pied qu'on promène dans une cour ou chez ceux qui sortent de l'écu- rie du marchand pour être livrés Benjamin). Exception- nellement, on les voit apparaître chez les clievaux qui n'ont pas encore quitté le wagon (Arloing"! ou l'écurie (Symph. Bouley. Lucet, Cadiot) (IV Ordinairement, l'affection se déclare chez les animaux qu'on vient d'atteler; il en est qui sont frappés dès les premiers pas. D'autres sautent, gambadent deux minutes à peine, un quart d'heure, rarement plus d'une heure et quart, et les phénomènes paralytiques font leur appa- rition. L'animal frappé d'hémoglobinurie présente tout d'abord de la paresse, de V engourdissement musculaire ; il y a (i) Sur 63 cas observés par Adam et Pustcher. 49 chevaux étaient utilisés à un travail proportionné à leur constitution ; dans 6 cas, les fardeaux avaient été trop lourds; 4 navaienl pas travaillé. .\dam et Pustcher l'ont vue débuter à l'écurie chez lUchevauxsur 63. Le temps depuis lequel les animaux ava'ent quitté l'écurie était : pour 3, de quatre à cinq minutes : pour 1, de huit mi- nutes ; pour 10, de dix minutes à un quart d'heure; pour 19, de un quart d'heure à une heure ; pour 10, de une heure à deux heui-es ; pour 8, de deux à quatre heures. 52 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. hypere.vcitation dun certain nombre de groupes de muscles (Ilofmann). Puis une raideur localisée qui devient rapidement envahissante sous l'inlluence de la marche aboutit à la chute de Tanimal et à la porte complète de la motricité. Cette raideur débute généralement parl'arrière- main ; elle se propage ensuite -k lavant-main : elle n'in- téresse, souvent au début, qu'un seul membre postérieur : le membre gauche semble plus souvent alfecté que le droit (Urbain Leblanc). Exceptionnellement, l'affection est exclusivementcaracté- risée par une roù/ewr prononcée du tronc, qui permet à l'ani- mal de conserver toujours la station quadnqx'-dale (Lucet;. Ouand les premières manifestations commencent par un membre, le cheval 6o/fe dune manière évidente, et la claudication est significative. Le membre atteint ne fonc- tionne plus aussi activement que l'autre : il a de la peine à embrasser le terrain, il traîne la pince, il se meut avec difficuU/', et la trace, laiss(''e par le pied, se trouve en arrière du point où elle devrait exister. Bientôt après, sous linfluence de la marche, la difficulté de la locomotion se propage à l'autre membre, l'appui devient plus difficile, l'animal vacilledu train postéritnu-. dont les muscles sont impuissants à soutenir le poids du corps: la marche se ralentit ; l'animal, qui trottait, prend immédiatement le pas, malgré les excitations ou les coups, et cette allui-e devient elle-même très pénible : les boulets se portent en avant; les angles formés par les rayons des membres deviennent moins ouverts; ceux-ci se rétractent, seraccour- cissentplus ou moins; la face plantaire du pied est tournée en arrière : « L'animal éprouve la plus grande difficulté à marcher; il semble que le membre ou les membres posté- rieurs soient tirés en arrière, comme on le fait ordinaire- ment lorsqu'on veut faire ferrer un clwvril difficile, en fixant à l'aide d'une corde le pied à la queue » (Uemilly). Menacé d'une chute imminente, l'animal s'accroupit comme un c/iien ou s'iminobilise, tend la tète sur l'enco- HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. o3 lure abaissée, reporte en avant tout le poids du corps, engage les membres antérieurs sous le tronc et réussit ainsi à se maintenir un instant debout ; il présente au niveau de la tète, de l'encolure et de la queue, des tremble- ments comparables à ceux qui résultent de piqûres d'in- sectes. Puis les forces s'éteignent, la chute survient malgré les excitations produites par le fouet, la voix ou les fric- tions irritantes. Tantôt la chute est brusque, rapide, tantôt il s'écoule un certain temps entre le début du mal et la perte complète de la motricité. On voit des chevaux parcourir un certain chemin sans aucun secours ou à demi soutenus par la queue et à l'aide de barres. Certains chevaux hémoglobinuriques ne tom- bent jamais malgré la durée de la marche. Néanmoins, on peut poser en principe que la chute est d'autant plus à craindre que l'animal a marché ou s'est agité plus longtemps et que la maladie s'est localisée dans le train postérieur. Déjà, en 1854, Demillv avait établi cette règle : « Si l'animal peut encore tenir sur ses jambes au moment où vous le voyez, faites-le rester sur place et arrêter à l'ins- tant même ; vous le guérirez, cela est certain ; mais si, au contraire, la maladie développée, le chevala. étéforcéà la marche ou que vous le forciez pour un motif quelconque, votre animal périra (ceci est inévitable). » b. Signes physiques. — Ils consistent essentiellement dans la congestion, la tuméfaction et le durcissement des principales luasses musculaires qui servent à la station quadrupédale. D'après une statistique d'Adam et Pustcher, quarante- quatre fois on a remarqué la dureté des muscles de la croupe ; sur vingt-deux chevaux, on n'a presque pas observe de symptômes avant la paralysie. Demilly ( j . qui avait observé ces modifications muscu- (1) Demilly, Rec. de méd. vit., 1853. 5i MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. laires, avait donné à rinTiioglobinurie le nom de contracture pelvienne. INinmiei'el el iMannt'clioz (1855) avaient adopté, vers la même époque, celui de congestion musculai7'e, parce qu'ils considéraient le spasme et la tension des muscles de la croupe comme les signes dominants. La croupe, le dos. les épau- les, le poitrail, ensemble ou successivement, présentent un excès de tonicité et se tuméfient à vue d'oeil. Les muscles de ces régions de- viennent énormes et sont tel- lement contractés qu'ils sont fermes, durs, donnant, au toucher, la sensation du bois. La peau qui les recouvre est tendue, impossible à saisir et à plisser (Létard, Lucet) (fig. 5). La croupe a souvent chan- gé complètement d'aspect : les fessiers forment des mas- ses rebondies laissant entre elles un sillon médian très profond. Les animaux pren- nent une croupe double, comme elle existe normale- ment chez les gros c7/cr«».Y. Parfois (( le spasme et la rétraction des muscles de cette région sont si violents (pie la ligne médiane forme une scissure si profonde que la i»(\m d'un côté se réimit à celle du cùté opposé ». Vers la région lombaire, cette scissure se prolonge jus- Fig. 5. — Gonflenient des muscles 1 dans l'hémoglobitiurie. HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 55 qu'aux dernières vertèbres dorsales, par suite de la turges- cence des ilio-spinaux. En avant, « les extenseurs de l'avant-bras, le sus-épi- neux, le sous-épineux, le long abducteur du bras, les pec- toraux sont si tuméfiés que les deux membres antérieurs paraissent très écartés l'un de l'autre et donnent à la région du poitrail une physionomie d'ampleur toute particulière» (Létard) (1). La contractilité musculaire est plus ou moins réduite dans le train postérieur ; elle n'est jamais complètement abolie. Le sujet n'est jamais un paraplégique au vrai sens du mot. L'animal debout réussit encore à faire mouvoir ses membres ; couché, il les projette en arrière avec une certaine force. La sensibilité persiste également. Si parfois l'animal supporte les piqûres cutanées sans témoigner de douleur, c'est qu'on a irrité les parties normalement peu sensibles, comme la peau de la croupe. Les piqûres faites à la « partie postérieure et supérieure de la fesse, où se termine un des nerfs fessiers postérieurs, ou bien à la partie supérieure de la face externe de la jambe, oùvientse ramifier labranche cutanée péronière du nerf petit sciatique, produisent tou- jours une douleur assez vive, que l'animal traduit par des secousses musculaires ou par des déplacements brusques des membres et même par des mouvements de la tête » (Arloing) (2). Déjà, en 1834, Demillj avait reconnu la persistance de la motricité et de la sensibilité et fait ressortir ce fait important que la paraplégie épizootiqiie n'est pas une paralysie. Effectivement, ni au début, ni dans le cours de la maladie, on nobserve ladisparition totale des fonctions de la vie de relation. Troubles urinaires. — L' hémoglobinurie est un des signes les plus caractéristiques. Il se traduit parunecolora- (1) Lélard, Rec. de môd. vél., 1887. (2) Arloing, Journ. de l'école vét. de Lyon, 1866, p. 107. "i6 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. lion l'oncéc. brun rouj^'cAIre. brunAIre des urines, se rap- prochant plus ou moins du porto, du maiaga. du bordeaux, du bourgogne. Ce symptôme a lait appeler la maladie strangurie, urines sanguinolentes:, hétnoglobinurie, né- phrite, etc.: il a été signab- par Demilly. Signol, Dubois et André, Adenot, Brisavoine, etc., et, à l'étranger, par la plupart des auteurs. Pendant longtemps, en France, les auteurs n'ont accordé à ce signe aucune importance ; ils en faisaient à peine mention. Lucet lui a rendu, ily a quelques années, toute la valeur qu'il mérite. Le symptôme est-il constant ?.Iusqu"à [irésent, on pouvait croire que l'hémoglobinurie lait défaut dans les cas bénins et dans ceux où la maladie avorte. L'examen direct est un indice insuffisant; la spectroscopie elle-même peut donner un résultat négatif ; la réaction obtenue par la benzidine de Schlesinger et Holst ou par la teinture de gaïac-essence de térébenthine de Schnumm l'évèle cons- tamment la présence de Ihémoglobine (Mayer). Généralement « l'urine émise à la première miction qui suit l'apparition des symptômes est, quelle que soit la gravité de l'accès, toujours hémoglobinurique et, par con- séquent, toujours colorée en brun rougoàtre », malgré l'absence constante do glol)ules ronges. Parfois l'excn'tion de pigment par l'urine précède le spasme musculaire (Mac- Fadyean). Tantôt la coloi*ation rougeàtre disparaît après la deuxième ou troisième miction dans les formes bé- nignes, tantôt elle persiste jusqu'à la mort ou diminue progressivement d'une miction à l'autre. V albuminurie accompagne l'hémoglobinurie : elle est même proportionnelle à son intensité ; la réaction est toujours alcaline. Sur 63 cas, une seul fois l'albumine manquait (Adam). « L'urine est muqueuse, filante, difficile ù filtrer et possède, dans la majorité des cas, une densité moindre qu'à l'état normal ; elle contient cons- tamment de l'albumine, dont la proportion, variant de i à 25 grammes par litre et quelquefois plus, est en HEMOGLOBIM'RIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 57 rapport avec la quantité d'hémoglobine dissoute quelle renferme, c'est-à-dire avec l'intensité de sa coloration. Sous l'influence de la chaleur ou des acides, cette albu- mine se coagule en caillots qui entraînent la matière tinctoriale, se colorent en brun et se déposent. Recueillie dans une éprouvette, ou mieux un verre à pied, et laissée au repos, elle abandonne lentement et sans s'éclaicir. en raison de sa richesse en mucus, un amas sédimenteux plus ou moins abondant suivant les cas. Ce dépôt, traité par le picro-carmin, montre au mi- croscope, en dehors des cristaux de carbonate et d'oxa- late de chaux, constants dans l'urine du cheval : 1» des traînées muqueuses tenant fréquemment en suspension de tins cristaux des corps précédents et des granulations sans caractères définis, granulations parfois libres, réu- nies en amas et colorées les unes en rouge, les autres en jaune rougeàtre: 2° des cellules épithéliales libres pro- venant des canalicules du rein, à noyau bien coloré par le carmin ; 3° quelques cylindres hyalins ; 4° enfin de nom- breux cylindres épithéliaux, à contom's réguliers ou mal délimités, constitués par des cellules épithéliales granu- leuses, colorées en jaune rougeàtre. à noyau bien distinct et franchement coloi^é. « Ces éléments, toujours présents dans les urines hémoglobinuriques quelle que soit la gra- vité de l'accès, sont cependant plus nombreux dans les cas à forme grave que dans ceux où la guérison est rapide. De plus leur proportion relative varie également d'un cas à l'autre •> [Lucet (1)]. La présence du sucre dans les urines des chevaux pa- raplégiques, révélée par Mouquet et Lucet, est constatée exceptionnellement. La glycosurie est passagère ; elle révèle les troubles du système nerveux. Tantôt l'urine renferme plus de 30 grammes de sucre, tantôt elle n'en présente que des traces. L'émission d'urine est rare, difficile ; on peut constater (i* Lucet, Bec. de méd. vét., iS92. 58 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. de la rétention pendant les quinze ou vinj^'t premières heures; l'urine est quelquefois rejetée très abondamment dès que l'animal est moins agité; sinon, on peut vider la vessie en comprimant cet organe à laide de la main introduite dans le rectum. Ordinairement l'animal urine dès qu'il s'arrête, au début du mal; il rejette une petite quantité de liquide dont la coloration est frappante. Quand il marche jusqu'au moment de la chute, la miction ne se produit que longtemps après la cessation de tout effort ; elle est très abondante; l'animal rejette sans difficulté appré- ciable une grande quantité d'urine noire. Cette expulsion d'urine précède fréquemment latténual ion ou la cessation des symptômes alarmants. Troubles CUTANÉS. — Une sudation abondante se montre d'emblée et coïncide avec l'engourdissement musculaire (1). La sueur inonde tout le corps, en commençant par la croupe, l'épaule, les membres antérieurs, lencolure. Elle est souvent bornée à l'ari-ière-main, quand l'impuissance locomotrice doit se localiser dans ces régions. La transpiration cutanée, subite, précède les formes bénignes comme les formes les plus graves de la maladie. « Elle est d'autant plus abondante que l'attaque d'hémo- globinurie est plus soudaine et plus violente. Quant à sa durée, elle est en rapport avec la gravité de l'affection. Si celle-ci est bénigne, l'exagération de la sécrétion des glandes sudoripares dure peu, une demi-heure, une heure au plus, puis elle disparaît, et, raiiidement. l'animal sèche; mais, dans les cas graves, elle dure souvent plu- sieurs heures et quel(|iiefois même jusqu'à la mort, si elle doit avoir lieu à bref délai » (Lucet), Elle est entretenue par les violents efforts qu'effectue l'animal pour garder la station quadrupédale ou pour s efforcer de la reprendre. (1) Revel, Cas de paralysie momentanée du sentiment avec éphid rose pro- noncée observée chez la jument (/?ecMei7, 1882, p. 571). HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQLE. 59 En résumé, la sudation n'offre jamais de siège défini en rapport avec les régions malades ; elle présente des carac- tèi'es très variables, de sorte qu'elle est dépourvue de toute valeur symptomatique. Troubles respiratoires. — La respiration, calme et ré- gulière au début, s'accélère à mesure que les troubles locomoteurs augmentent d'intensité. Quand l'animal ne conserve la station quadrupédale que grâce à des efforts considérables, on peut voir le nombre des' mouvements respiratoires s'élever à 40, 60 et même 70 par minute. Quelquefois même, la respiration est dyspnéique, trem- blotante ou soubresautante, la physionomie inquiète, anxieuse, empreinte d'une angoisse extrême, l'œil fixe ou égaré, les narines crispées ou dilatées à l'extrême. On peut alors compter jusqu'à 85 respirations par minute témoignant d'une anoxyhémie très prononcée. Ces cas extrêmes ne se produisent que chez les animaux couchés en proie aune agitation continue. Troubles circulatoires. — Au début, ils font complè- tement défaut, le pouls est normal (40 à la minute) ou un peu accéléré (45 à 50), quand l'animal est arrêté à temps, mis dans une écurie, bouchonné et convenable- ment couvert. Sous l'influence de la marche ou des efforts continus que fait l'animal pour se tenir debout ou se relever, les muqueuses se congestionnent, se cyanosent même. Les battements du cœur deviennent tumultueux, le pouls vite, dur, filant et si rapide qu'il est presque impossible à compter : les pulsations atteignent 120° à 130°. On voit quelquefois ces troubles circulatoires persister plusieurs jours, alors que la respiration est redevenue normale (Arloing). Modifications de la température. — La température peut exceptionnellement s'élever sous l'influence de la marche et des troubles généraux pour atteindre 39o,5 et même dépasser 40° avant l'accès (Marek, Fréger), mais 60 M\L.\D1E.S PAU AUTO-INTOXICATION. habitiiollement, la mahulio est apvriHique ou peu fébrile, la température varie de 38° à ;{8o,5 ; il n'est rtième pas rare de constater de l'hypothermie chez les animaux, qui ne tombent pas etqui se rétablissent; Cuny(l)a constaté une température de 34°, 2 chez un malade, de 3oo.8 chez un second et de 37° chez un troisième. Elle remonte bientôt à la normale quand la guérison survient; elle remonte aussi et s'élève même à 39°, S et même à 40°, chez les ani- maux tombés qui s'agitent en faisant de vains efforts pour se relever. La température ne fournit donc aucune indi- cation sérieuse sur la marche et la terminaison de la maladie ; on peut seulement constater que rhypothermie précède souvent la guérison et que Thyperthermie, qui varie de 38°,5 à 41° chez les animaux couchés qui se débattent, est le prélude d'une mort prochaine. La terminaison est presque toujours mortelle quand la température dépasse 39°,5 (Hùtling). Marche. — Durée. — Terminaison. — Lhémoglo- binurie a un début brusque, ra|)ide; elle arrive en quelques instants à sa période d'état : le tableau symptomatique se dessine et se complète sous l'œil -de l'observateur. Le clioviil, plein de force et de gaîté en sortant de l'écurie, se couvre bientôt de sueur et manifeste des coliques ; il ralentit son allure, marche, traîne un ou plusieurs membres, boite, tremble, fléchit sous le poids du corps, se raidit, vacille du train postérieur, menace de tomber, fait de violents efforts pour se maintenir debout. La respiration, la circulation s'accélèrent, la physio- nomie exprime l'anxiété et la souffrance. En quelques heures, l'affection est arrivée à son paroxysme ; elle est caractérisée par l'apparition du symptôme pathogno- monique : la tuméfaction des masses nuisculaires de la croupe, du dos, de l'épaide. du poitrail. La maladie est parvenue à son apogée ; le dénouement (1) Cuny,,/oMr7ia; de Lyon, 1910, p. 137. HÉMOGLOHINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 61 est rapide et souvent foudroyant. Dans une statistique portant sur 63 cas, la durée de la maladie a été 8 fois de douze heures; 14 fois de vingt-quatre heures; 17 fois de quarante-huit heures ; 12 fois de trois jours ; 1 fois de quatre jours ; 3 fois de cinq joiu-s ; 6 fois de huit jours et 2 fois de quatorze jours (Adam et Pustcher). Deux signes permettent de présager la guérison ou la mort du malade. Vexcrétion d'urine abondante, peu foncée, indique une évolution bénigne et est le signal de l'atténuation ou de la disparition des mjosites et des troubles locomoteurs ; la chute sans excrétion urinaire est l'indice, le plus probable, d'une mort pro- chaine. LaGuÉRisox est la terminaison habituelle quand l'animal pris d'hémoglobinurie est arrêté, maintenu immobile ou conduit, à quelques mètres, dans la maison la plus proche. La tranquillité dissipe souvent tous les troubles locomoteurs, les sueurs cessent, les masses musculaires ne se tuméfient pas; les coliques, à peine appréciables, s'éteignent après l'expulsion de quelques matièi*es diar- rhéiques; la respiration se calme plus vite que la circu- lation; l'animal manifeste de la lassitude, de rabattement, de la somnolence, puis un phénomène salutaire se pro- duit : c'est le rejet d'urine noire ou foncée, qui entraîne sans doute les éléments toxiques, stupéfiants, retenus dans l'organisme, car l'amélioration commence dès la première miction; elle s'accentue à chacune d'elles; la guérison est complète quand l'urine a récupéré sa colo- ration normale. Parfois Vurine hémoglobinurique ou sim- plement foncée est rejetée en une seule fois, et l'animal est guéri en tant que maladie ; ses effets subsistent encore pendant sept à huit heures, quelquefois douze à vingt- quatre heures. Exceptionnellement cette forme bénigne se complique, « au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures, d'un Gadéac. — PatholoRie interne. VII. 4 62 MALADIES PAU AUTO-INTOXlCATlON. œdème soiis-vonlral qui se résorbe on doux ou Irois jours » (Lucet). Souvent la maladie arrive à un degré de plus avant que l'impuissance loconiolrice soit bien établie; le i^on- fleniont musculaire, caractéristique, s'est produit. La guérison osl encore fréquente malgré l'existence des symptômes les plus alarmants : coliques intenses, diffi- culté ou impossibilité de conserver la station quadrupé- dale, sueurs abondantes, généralisées ou localisées aux masses musculaires tuméfiées, respiration accélérée, haletante, pouls petit, filant, très précipité, physionomie anxieuse; les défécations diarrhéiques et l'expulsion abondante d'urine foncée annoncent généralement la décroissance des symptômes. La guérison est surtout rapide quand l'atîection est localisée aux masses mus- culaires des membres antérieurs. La forme paraplégique est celle qui se généralise ot se complique le plus facilement d'altérations prolongées et quelquefois incurables des muscles et des nerfs. Quelle que soit la forme que la maladie affecte, elle peut gué- rir; les animaux qui ont fait des chutes ne sont pas irrémédiablement perdus; on cite môme des clievnux tombés dix fois en chemin avant de se rendre à l'écurie et qui sont complètement guéris; mais c'est l'excep- tion. Debout ou couché, le malade marche vers la guérison quand il continue à manger, à remuer les membres sans manifester d'agitation et qu'il expulse les excréments et urine abondamment. La conservation de la fonction urinaire demeure, sous toutes les formes et à tous les degrés de la maladie, le signe essentiel et la principale cause de la guérison. Alors, en deux ou trois jours, l'urine récupère ses caractères normaux, mais la station quadrupédale ne se rétablit qu'en cinq, six, huit ou même neuf jours, l'animal commence dès les premiers jours du décuhitus à se HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIOUE. 63 placer en position sterno-costale ou sternale ; les nijosites se dissipent, les muscles tuméfiés deviennent pâteux et un peu douloureux. La MORT survient quelquefois quatre à sept heures après le début de la maladie ; celle-ci a une évolution foudroyante. L'animal tombe un quart dheure ou une demi-heure après le départ ; il est étendu « en décubitus latéral com- plet, en proie à une agitation continue» ; ses muscles sont gonflés à Textrème: il est couvert de sueur ; les conjonc- tives sont cyanosées, la langue pendante; il meurt subi- tement, comme frappé d'apoplexie ; parfois il s'agite inutilement sans avoir uriné, ou rejette, aux der- niers moments de la vie, une petite quantité d'urine noire. Ordinairement la mort se fait attendre douze, vingt- quatre heures, deux jours, trois jours ou même cinq jours. Dans les premières heures qui suivent la chute, les muscles du train postérieur, surtout ceux de la croupe, sont énergiquement contractés, durs, tendus; la peau est mouillée et fumante, l'animal paraît en proie à de vives souffrances, comme en témoignent son regard brillant et anxieux, ses naseaux dilatés et crispés, sa respiration haletante et ses mouvements désordonnés ; puis il récupère un peu de calme, il cherche même à combiner ses efforts en vue de se lever (fig. 6). On voit alors le malade se placer sur le sternum, allonger successivement les membres antérieurs et se soulever : mais le train postérieur reste cloué au sol ; l'animal est assis sur son derrière ; il ne garde pas long- temps cette attitude, il se laisse retomber, comme con- vaincu de l'impuissance de ses efforts. La motilité n'est cependant pas complètement abolie; l'animal exécute des mouvements partiels, des flexions ou des détentes violentes des membres postérieurs. La sensibilité n'est pas éteinte au niveau des parties postérieures; il semble 64 MALADIES l'AH ALTD-INTOXICATION. qu'il y ail hjpereslhésie plus ou moins manileste des parties antérieures. Pendant les périodes de calme, la température est normale, le pouls moins rapide, la respiration légèrement accélérée, l'appétit conservé. L'animal prend ses aliments et ses boissons si on a la précaution de lui relever la Fig. (). — L'animal fait de vains efforts pour se lever. tète; mais l'urine, rejotée en petite quantité, est noire, le sujet s'épuise, les grandes fonctions (respiration, circula- tion), gênées par la position décubilale. se troublent, s'embarrassent, les parties saillantes du corps s'excorient, la température monte de quelques dixièmes )\ i° au-dessus de la normale ; le poumon s'engoue par congestion bypo- statique et l'animal succombe. Complications. — L'émaciation, générale ou locale, temporaire ou délinitive, des muscles de la croupe succède HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 65 à certaines paraplégies qui ont duré depuis quelques heures jusqu'à huit ou neuf jours. Les animaux demeurent boiteux ou affectés dune gêne particulière de l'arrière- inain d'une durée en rapport avec celle de Tatrophie musculaire (Lucet'. Ldi paralysie du nerf fémoral antérieur n'est pas rare ; elle survient chez des paraplégiques qui se relèvent sans trop de difficultés (Voy. Paralysie du fémoral). C'est, le plus souvent, le premier membre affecté qui manifeste cette paralysie locale : Tanimal boite, et il est aisé de reconnaître que la boiterie est due à l'inactivité des muscles de la région crurale antérieure facia lata et tri- ceps crural), de telle sorte que chaque fois que le membre affecté fait son appui, l'angle fémoro-tibial se ferme et la croupe s'affaisse plus ou moins suivant le degré de la paralysie. Pendant que disparaissent tous les autres symptômes de l'affection primitive, cette boiterie spéciale persiste et s'accentue. Bientôt la région crurale anté- rieure se déforme. Le triceps criii'al s'atrophie, et on voit se produire au-dessus du grasset une dépression plus ou moins profonde : la paralysie du nerf fémoral antérieur est confirmée. Ce reliquat de la paraplégie aiguë n'est pas rare; on en a même fait, pendant longtemps, la lésion essentielle de la paraplégie. Cette paralysie n'est pas extrêmement grave; elle per- siste généralement deux ou trois mois ; puis elle diminue peu à peu et flnit par disparaître en trois à cinq mois ou davantage. On peut la voir persister indéfiniment avec une telle intensité que l'animal, rendu absolument inutilisable, doit être sacrifié (Saint-Cyr). Ldi paralysie Ae?, extenseurs des deux membres antérieurs est quelquefois consécutive à un accès d'hémoglobinurie La piqûre pratiquée au niveau du radial ne provoque aucune réaction. La boiterie, peu manifeste au pas, est très accentuée au trot, par suite de la dégénérescence des extenseurs. 4. 66 MALADIES l'AR AUTO-INTOXICATION. La fourbiirc du membre sain chez les chevaux affec- tés de la paralysie du fémoral antérieur du membre opposé se produit, quelquefois, et rend de nouveau le cheval impuissant à se maintenir sur le train posté- rieur. Les plaies, les excoriations résultant d'un décubiliis prolongé s'infectent, provoquent la fièvre et luttent la mort. Rechutes. — Loin de donner l'immunité, une première attaque de paraplégie est une cause prédisposante pour des attaques ulti'-rieures. Un cheval peut être frappé de cette maladie trois foisentjuinze jours (Lucet). \j'lu'ino!/lobi- nwne recidù'e quelquefois dans la même journée: l'animai dontlaguérison paraît certaine el procliaine peut retomber tout à coup aussi complètement paralysé qu'au début. Dans ces conditions, une seconde attaque est presque toujours mortelle. Nous avons cependant constaté la guérison d'un cheval qui a présenté trois récidives en huit jours. 11 y en a d'autres qui présentent tous les ans un accès de paraplégie. Anatomie pathologique. — La décomposition rapide du cadavre el l'altération du sang sont des lésions secon- daires consécutives à l'auto-intoxication. Les sujets se putrétient en quelques heures comme les animaux surmenés. Leur sang est mou, épais, huileux comme celui des animaux septicémiques. Les globules rouges sont altérés, décolorés; le sérum est rougeâtre : mais cette coloration résulte de la décomposition cada- vérique. On peut d'ailleurs y découvrir des granulations pigmenlaires, des cristaux d'hématoïdine et des microbes de la putréfaction. Tube dickstif. — L'estomac et l'intestin présentent les traces d'tme légère irritation; les follicules solitaires ou agminés sont quelquefois légèrement inlillrés et entourés d'une ecchymose ; mais ces lésions, inconstantes, n'ont aucune signification. HÉMOGLOBIXURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 67 Le FOIE offre une teinte jaunâtre, son tissu est sec, grenu ; il est infiltré de graisse et hémorragique. Le noyau (les cellules hépatiques est invisible au microscope; il est dissimulé par des granulations graisseuses. La RATE, surchargée de pigments, est hypertrophiée, lisse ou bosselée: sa coupe est molle, diffluente, noire au niveau des bosselures. Cette coloration s'atténue au contact de l'air. Muscles. — Les lésions du système musculaire, loca- lisées ou diffuses, sont plus ou moins prononcées, mais elles ne manquent jamais : les psoas, les adducteurs de la cuisse, les muscles de la région crurale antérieure, les fessiers, les ischio-tibiaux — puis, loin de ceux qui précè- dent, les muscles de la région scapulaire, sous-scapulaire, le grand dentelé, sous et sus-épineux, les olécraniens, enfin les ilio-spinaux et les muscles âeV encolure sont les plus tou- chés. Les autres, notamment ceux delà jambe, de l'avant- bras, de la tète, sont généralement sains. Le coeur demeure rarement indemne. L'altération, des psoas est quelquefois tellement pro- noncée qu'en ouvrant l'abdomen on voit, à la région sous-lombaire, une sorte de tuméfaction de couleur bleuâtre, bien apparente, à travers la séreuse péritonéale. Cette coloration est due à des ecchymoses ou à une vaste hémorragie sous-lombaire qui englobe la masse des psoas et se prolonge, quelquefois, à travers les piliei's du dia- phragme jusqu'à l'intérieur de la cavité pectorale. Ordi- nairement la quantité de sang épanché est moins considé- rable ; le caillot présente les dimensions d'un œuf de dinde, de poule, ou est plus petit encore. Les hémorragies révèlent les déchirures musculaires q\x\ se sont produites pendant la vie sous l'influence de violents efforts qu'effectue l'animal pour se maintenir debout. Un ou plusieurs psoas présen- tent des interruptions dans leur continuité; il existe une cavité intramusculaire située au centre de la partie charnue dans laquelle flottent les extrémités des fi')res 68 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. musculaires rompues à diverses hauteurs; les extrémi- tés déchirées des fibres sont distantes de 2 à 3 centi- mètres. D'autres muscles [scalénc, muscles de l'encolure) pré- sentent également des traces de déchirure ; mais celles-ci sont beaucoup moins étendues : elles sont bornées h quelques faisceaux, et s'accusent, à l'œil, par des taches ecchjmotiques du diamètre d'une pièce de 20 cen- times à celui d'une pièce de 1 franc, qu'on découvre en pratiquant des sections musculaires longitudinales ou transversales. La couleur des muscles malades est toujours modiliée ; elle est grisâtre, rouge, rouge foncé, rouge livide dans les cas foudroyants ; jaune orangé, jaune pâle ou même blanchâtre dans les cas à évolution lente. La décoloration n'occupe pas toujours toute la masse d'un muscle ; elle se présente, souvent, sous laspecl de taches disséminées, de grandeur, de forme et de teinte variables, ce qui indique que l'altération qu'elles expri- ment ne se produit pas partout en même temps. • La consistance du muscle est considérablement dimi- nuée dans tous les points décolorés. Une pression légère suffit pour faire pénétrer le doigt dans son tissu, qui s'écrase facilement; la plus faible traction rupture ses fibres. Le tissu musculaire est tuméfié, u'démateux ou sec, presque exsangue, cassant, et ressemblant, plus ou moins, à un morceau de chair cuite. Vexamen microscopique révèle une série d'altérations musculaires plus ou moins différenciées qui rappellent : la tuméfaction trouble, la dégénérescence graisseuse ou granulo-graisseuse. la dégénérescence cireuse ou vitreuse et, exceptionnellement, la sclérose musculaire à l'état embryonnaire. La tuméfaction trouble marque le début des altérations dégénératives des fibres musculaires ; celles-ci sont tumé- HÉMOGLOBINURIE MUSCtLAIRE PAROXYSTIQUE. 69 fiées, opaques, granuleuses ; la striation est moins visible ou efTacée; le sarcolemnie est encore normal. La dégénérescence graisseuse est l'altération la plus répandue ; elle s'observe partout où les muscles sont friables et offrent une teinte jaunâtre; elle existe aussi mais moins prononcée, dans les muscles, qui, à l'œil nu, ne semblent pas altérés. La transformation cireuse, ou dégénérescence vitreuse, rend les fibres musculaires transparentes, hyalines; elles présentent un reflet brillant analogue à celui de la cire blanche. Fragile et dépourvu de striations, le contenu sarcolem- mique présente, de distance en distance, des espèces de fentes transversales ou même des cassures complètes. Les morceaux sont irréguliers, vitreux, complètement détachés ou adhérents par places et maintenus par le sarcolemme coloré en jaune qui comprime les extrémités des blocs vitreux. Cette dégénérescence, comme celle qui précède, est très inégalement répartie ; des faisceaux intacts ou à peine granuleux siègent à côté des faisceaux complètement transparents et vitreux. Toutes ces altérations se pi'oduisent avec une grande rapidité, puisqu'on les l'encontre, déjà bien caractérisées, chez des sujets morts le quatrième, le troisième et même le deuxième jour de la maladie. Certains muscles, très tuméfiés sont noyés dans un exsudât fibrineux (myosite parenchymateuse). Les noyaux des fibres musculaires, « volumineux, mul- tipliés, nettement colorés, sont disposés en série, soit à la surface, soit dans l'épaisseur des faisceaux, et le tissu conjonctif interfasciculaire a subi un commencement d'organisation » (Lucet). Moelle épinière. — Les lésions médullaires, recherchées en raison des troubles locomoteurs, sont inconstantes et disparates. Quand elles existent, elles sont limitées au renflement lombaire ou s'étendent le plus souvent jusqu'au 70 MALADIES PAR ALTO-INTOXICATION. renflement brachial. Décrites i)ar Coiilbeaux (1824), el Bouley jeune (1828), Adenot (18(14). on leur a attribué en France un rôle prépondérani . La congestion simple de la uioelle ou de ses enveloppes est l'altération la plus commune; elle est visible même à travers les méninges. Les vaisseaux superficiels du canal rachidien sont lor- lement injectés. Quand la dure-mère est incisée, la moelle apparaît avec sa teinte rosée, rouge vif ou rouge sombre; les vaisseaux qui rampent à sa surface sont distendus parle sang; le liquide arachnoïdien est rosé et plus abondant qu'à l'état normal. On trouve parfois de nombreuses adhérences entre les doux feuillets de l'arachnoïde. De la face interne de la pie-mère s'élèvent des vaisseaux chargés de sang qui pénètrent dans la substance propre de la moelle. Les coupes longitudinales ou transversales de cet organe permettent d'apercevoir, à l'œil nu, un pointillé prononcé dans la substance grise, principalement au niveau des cornes. Les vaisseaux capillaires y sont fortement dilatés, déchirés, ou offrent des renflements fusiformes, des réseaux magnifiques, comme s'ils avaient été gonflés par une injection artili- cielle. Les ruptures vasculaires sont souvent si nombreuses que l'on constate une véritable apoplexie de la moelle, carac- térisée par uneextravasation du sang, soit à la surface, soit à, l'intérieur du cordon médullaire. Tantôt, en elTet, les caillots accumulés à sa surface dépriment et déforment cet organe; tantôt, formés dans son épaisseur, ils réduisent mécaniquement en bouillie la substance grise, lis sont plus ou moins nombreux, irrégulièrement répartis, plus abon- dants d'un côté que de l'autre : le sang peut même ru]>- turer la muqueiise, qui tapisse le canal de l'épendyme et se répandre dans son intérieur. Ces altérations occupent la moelle lombaire, parfois la partie moyenne de la région dorsale, parfois la ré- HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 7t gion brachiale, exceptionnellement la région bulbaire. Quand ces lésions ne sont pas suffisantes pour déter- miner immédiatement la mort, elles se compliquent d'un c(M"tain degré de ramollissement médullaire, d'épaississe- luent de la dure- mère et d'arachnoïdite rachidienne. Nerfs. — Les nerfs qui émergent de la moelle présentent à leur origine, surtout au niveau du plexus lombo-sacré, une coloration jaunâtre, lis sont plus volumineux quà l'état normal, congestionnés et ecchymoses, ou bien infil- tri's d'un peu de sérosité jaunâtre ou gélatiniforme, soit à leur issue des trous rachidiens, soit sur divers points de leur trajet extérieur. Les nerfs fémoraux sont fréquemment altérés sur une étendue de 4 à 5 centimètres; les flbres sont dissociées; les tubes nerveux sont souvent ruptures et dégénérés. Les troncs sciafiques racines desfcmorau.r) sont quelquefois congestionnés au niveau du bord externe de l'ischium, au point où le tronc nerveux, après avoir rampé sur le liga- ment sacro-sciatique, s'infléchit en bas pour descendre entre les muscles ischio-tibiaux; mais toutes ces altérations nerveuses sont également inconstantes. Reins. — Les reins, toujours altérés, le sont à des degrés divers ; ils sont congestionnés, piquetés de rouge, noirs comme de l'encre (Berger) ; ils s'écrasent facilement sous la pression du doigt ; le bassinet renferme une grande quan- tité de liquide trouble, brunâtre, dans les cas d'hémoglo- biniirie fiuraiuKë. Ils sont mous, friables, ramollis au point de tomber en détritus par leur propre poids quand la mort est rapide, grisâtres, œdémateux, hypertrophiés quand la mort est plus tardive. Ces organes incisés laissent écouler plus ou moins de sang ou de sérosité claire suivant que la mort est survenue plus ou moins rapidement. A Vexarneii microscopique, tous les capillaires sont dilatés. Les cellules épithéliales des tubes contournés ont subi la tuméfaction trouble. Les tubes droits sont presque sains ; les glomérules de Malpighi sont le siège d'une 72 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. altérai ion caractérisée par la présence, dans la cavité glomériilaire, d'un liquide granuleux contenant des cel- lules migratrices qui peuvent exister aussi dans les vaisseaux glomérulaires. Parfois, on observe un épanche- ment de globules rouges et de leucocytes dans la capsule de Bowmann. Une exsudation albumineuse les sépare quelquefois de leur enveloppe séreuse. Lorsque la maladie a duré quelque temps, les lésions de la substance corticale sont plus avancées. Vues au microscope, les cel- lides épithélialc's des tubes con- lournés sont hypertrophiées, granuleuses ; leur bord libre est déchiqueté, frangé. Elles présentent souvent plusieurs noyaux (lig. 7i. D'autres fois, elles sont tel- lement hypertrophiées qu'elles bouchent la lumière du con- duit. Les tubes rénaux sont pri- vés de leur épilhélium. vides, ou renferment des cellules épilhéliales desquamées, iso- lées ou réunies en amas (Lucet) (1). Le tism conjonctif intertu- nurie. 11 apparaît constitué d'une bulaire est parfois creusé. par matière homogène, colloïde, et i i .,,.,,.. de cellules épithéiiaies (couche P'^ces, de cavites iiTegulieres. médullaire). de dimensions variées, refou- lant, et écartant les tubes ré. naux ; ces cavités sont remplies de débris de globules et de cristaux d'ht'moglobine. Pronostic. — Le pronostic est variable suivant le degré d'intensité des crampes et d'impuissance locomotrice. (1) Lucet, Rec. deméd. vêt., 189'i, p. 162. Fig. 7. — (-vlindre urinaire (coupé longitudinalement) dans le rein d'un cheval mort dhémoglobi- HEMOGLOBIXLRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 73 Les animaux qui continuent de travailler quand la maladie l'ait son apparition succombent ; ceux qu'on ar- rête d'emblée guérissent généralement. Demilly disait avec raison : « Faites marcher le cheval frappé de con- tracture pelvienne, il périra. Faites rester l'animal sur place, il guérira. » C'est que, dans le premier cas, on ajoute à l'intoxication préexistante l'empoisonnement déterminé par les produits issus des muscles contractures, tandis que, dans le second, on permet aux produits toxiques de s'éli- miner, à la contracture de se dissiper et aux muscles de revenir à l'état physiologique. La maladie est bénigne quand la tuméfaction des muscles est appréciable ou qu'elle est localisée aux muscles de l'avant-main : elle est plus grave quand les lésions musculaires intéressent le train postérieur ; elle est mortelle quand les myosites sont généralisées et l'excitation considérable : c'est la mort à bref délai quand la respiration est précipitée, le pouls petit, rapide et les muqueuses cyanosées. Les animaux tombés qu'il faut transporter dans une écurie guérissent rarement; les mousements violents auxquels ils se livrent précipitent leur mort. L'époque de l'émission de l'urine et la qualité de ce liquide ont une certaine valeur pour établir le pronostic. Les symptômes généraux s'atténuent en effet d'autant plus rapidement que la sécrétion rénale se rétablit plus promptement et que la vessie évacue l'urine hémoglobi- nurique. La maladie est d'autant plus grave que l'urine est plus foncée et plus riche en albumine. La mortalité est variable suivant les cas qu'on envi- sage. Elle est considérable pour les cas de paraplégie confir- mée ; cette maladie fait périr 70 p. 100 au moins des sujets atteints; le pourcentage de la mortalité est beau- coup moins élevé si l'on considèi'e le nombre des sujets à peine frappés qui résistent. Le taux de la mortalité est tou- jours beaucoup plus élevé dans les écoles vétérinaii-es, où Cadé.\c. — Pathologie interne. VII. 5 74 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATIOX. sont amenés la plupart des animaux gravement atteints, que dans les clientèles civiles. Le traitement utilisé fait t'galemenl varier le pronostic. Les révulsifs ou les irritants cutanés, comme l'essence de térébenthine, assombrissent le pronostic. Diagnostic. — Le diagnostic de l'hémoglobinurie du cbevcil est facile; la soudaineté de son apparition sur les animaux remis au travail après quelques jours de repos, la tuméfaction des muscles, la chute ou l'impuissance motrice et l'émission d'urine noire ou foncée et ailiumi- neuse sont des signes caractéristiques. Les coliques s'en différencient toujours, quelle que soit leur origine, par la dilTiculté ou l'impossibilité qu'éprouvent les sujets hémoglobinuriques pour se relever. La THROMBOSE DE l'aorte POSTÉRIEURE cst facilement reconnue à l'aide de l'exploration rectale. D'ailleurs, les symptômes se dissipent rapidement quand l'animal est arrêté ; la maladie s'accuse essentiellement par une boi- terie intermittente à chaud, La PARAPLÉGIE INFECTIEUSE olfre, au contraire, beaucoup de traits communs avec l'hémoglobinurie. Elle débute, comme elle, à l'écurie ou après un instant d'exercice, mais elle est plus franchement épidémique et s'accompagne d'une tuméfaction plus ou moins prononcée de la vulve chez les juments, et d'inilammation des organes génitaux avec rejet d'urine non colorée (Voy. plus loin, Paraplégie infectieuse). Traitement préventif. — Les moyens préventifs sont pluseflicaces que les moyens curatifs. Les chevaux sont à l'abri de la maladie quand ils effectuent un travail régulier ou quand on a soin de diminuer la ration et d'administrer des purgatifs pendant la période de repos. La diminu- tion de la rai ion d'avoine, quand on ne la supprime pas entièrement pour la remplacer par de la mélasse qui pos- sède une action purgative par ses sels de potasse, les HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 75 dimanches et les jours de fête, est un moyen d'une effica- cité certaine pour empêcberrauto-intoxication qui prépare l'attaque d'hémoglobinurie. il faut reiloubler de soins envers les animaux pendant la saison froide, les mettre au régime de la demi-ration quand ils sont trop gras, éviter de les tenir dans des écuries trop chaudes; il faut aérer celles-ci de manière que leur température soit à peine plus élevée que celle du dehors. Il est utile de couvrir les chevaux, qui sont exposés à s'arrêter et à demeurer immobiles au dehors, les jours de brouillard. Traitement curatif. — La principale indication à rem- plir,c'est défaire éliniinerlesprincipes toxiques accumulés dans l'organisme aussi prompteraent que possible, de manière à éviter la chute du sujet. On a recours à des moyens hygiéniques et ù des moyens thérapeutiques. 1° Moyens hygiÉxXiques. — Quand on a lachance d'inter- venir dès le début de la crise, c'est-à-dire avant la chute, au moment de l'apparition des tremblements musculaires, il faut arrêter les animaux sur place, les dételer, les bou- chonner, les couvrir, les réchauffer, les maintenir immo- biles, une demi-heure au moins, ou n'exiger d'eux d'autres efforts que ceux qui sont indispensables dans quelques cas, pour les conduire, aussi doucement que possible, à l'écurie la plus voisine. A la campagne, on peut immobiliser l'animal sur le bord du chemin: une tente montée à l'aide d'une toile et de quelques piquets sert d'écurie. En ville, il est préférable de faire entrer lemalade dans une voiture ad hoc et de lui éviter ainsila'moindre fatigue musculaire. Il ne faut jamais songer à le faire sortir de l'écurie où on l'a fait entrer qu'après sa guérison complète. L'expérience a prouvé que la maladie est d'autant plus bénigne que ces conditions sont remplies d'une manière plus parfaite. Les conducteurs, ignorant les conséquences des efîorts excessifs qu'etfectuent les animaux pour mar- cher pendant les premiers moments de la paraplégie, et espérant les ramener à domicile, les poussent jusqu'à 76 MALADIES PAR AITO-IXTOMCATIOX. ce qu'ils tombent pour ne plus se relever (Trnsbot). Si les malades sont déjà tombés au moment où Ton arrive près d'eux, il faut les entraver afin de lesempéclicr de se débattre et de s'épuiser ; il faut éviter de les bisser dans des voitures de transport à l'aide de moj'ens de traction trop violents; il faut les cbarger avec inliniment de précaution en les maintenant solidement pour les em- pêcher de s'agiter et de se l'aligner à l'excès. Les chances de guérison sont alors presque nidles : les tractions nécessitées par le chargement, le bruit et la trépidation de la voiture pendant le transport, surexcitent le malade, qui s'épuise et succombe presque toujours. 2° Moyens thérapeutiques. — La saignée, proportionnée à la vigueur du cheval et à l'intensité des symptômes, est indiquée quand l'hémoglobinurie est caractérisée par des symptômes intenses, non seulement pour combattre la congestion, mais encore ])Our débarrasser l'organisme d'une partie des principes toxiqut>s qu'il renferme. Chez les chevaux de forte taille, ime saignée de 3 ou 6 litres de sangestindi(|uée. Quand l'affection est àpeine esquissée, il n'est pas nécessaire de retirer une aussi grande quantité de sang. Ce moyen de traitement, regardé comme inutile par de nombreux auteurs ou praticiens (Hulyra et Marek, Schlegel, Braund, Breton, etc.), est généralement employé en France, et donne d'excellents résultats dans les cas graves. La constipation doit élre immédiatement combattue à l'aide des lavements simples, glycérines, ou renfermant du sulfate de«oude. qui amènent l'expulsion des crottins durcis accumulés dans le rectum et des injections de pilo- carpine ou de pilocarpine et d'ésérine mélangés; on administre, en même temj)s, dans les boissons, des j)urga- tifs comme le sulfate de §oude et de magnésie. Tous ces agents suppriment les poisons digestifs. On peutassocier l'iodure de potassium (15 à 23 grammes) ausalicylaled'ésérine (10 cenligrammes) considéré comme Ht.MOGLOBlNURIE MUSCULAIllE PAROXYSTIQUE. 77 évacuant de l'intestin (Braund), ou employer les alcaloïdes hypersécrétoires, comme la pilocarpine et l'ésérine. Les diurétiques sont indispensables pour accélérer l'éli- mination de tous les principes toxiques: le rétablissement rapide de la sécrétion urinaire est généralement d'un bon augure chez le cheval hémoglobinurique ; les mictions abondantes hâtent la guérison : le bicarbonate de soude, la lactose, le lait, les boissons mucilagineuses. la théobro- mine sont donc indiqués. On pratique journellement des injections d'éther camphré (trois à quatre piqûres de 2 grammes de camphre dissous dans 10 grammes d'éther [lour soutenir la tonicité cardiaque). Les excitants du système nerveux et particulièrement ceux de la moelle ont été conseillés pour remédier à l'impuissance musculaire ; mais ils n'ont aucune action curative ; les antispasmodiques sont préférables pour calmer l'excitation du sujet et l'empêcher de se débattre. Le camphre, le bromure de sodium (oO à 70 grammes), de potassium 3 à .5 grammes , la morphine, le chloral. le sulfonal remplissent cette indication : mais, si les ani- maux demeurent tranquilles, leur administration est contre-indiquée. On peut associer les calmants [bromure de sodium) aux diurétiques, comme le sucre à haute dose loOO grammes) (Leitz, Green. Metzger). Les révulsifs doivent être absolument proscrits pendant toute la durée de la maladie. L'hydrothérapie calmeles animaux et donne aux muscles le temps de récupérer leur contractilité ; elle est tou- jours utile ; son elTicacité est reconnue, et son emploi mérite de se généraliser. Ses effets salutaires ont été constatés en utilisant l'eau froide ou l'eau chaude, les compresses humidesou les irrigations continues (Lafosse, Hartenstein. Marion, Rippert, Maris et Ranvier). Un drap plié en quatre ou en huit, trempé dans l'eau froide le printemps, l'été ou l'automne, dans l'eau chaude l'hiver, 78 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION. est appliqué sur la rt'gion Ioml)aire ou les groupes mus- culaires les plus tumélit'S ; on Tarrose toutes les dix minutes pour maintenir la région dans le même degré d'humidité et assurer la continuation de l'eiïet analgé- sique et sédatif obtenu. On peut restreindre Tévaporation en appliquant une toile cirée mince sur le drap mouillé. Sur 9 cas traités par ce procédé, Jouquan et Grenier ont obtenu 9 guérlsons. Sa supériorité sur les agents irri- tants locaux est aujourd'hui universellement reconnue. Les analogies que nous avons fait ressortir entre l'hémo- globinurie paroxystique et la fièvre vitulaire ont suggéré l'idée de pratiquer des injections sous-cutanées d'air ou d'oxigène purs. Brunschwik a utilisé plusieurs fois ce traitement avec succès (1). Le sérum artificiel h 7 p. 1000 injecté dans la jugulaire à la dose de 2 à 3 litres augmente la tension sanguine et tend à rétablir la diurèse. Le lavage du sang et, par lui, des muscles altéréssemble devoir faire disparaître leur impotence fonctionnelle. Heichlinger a obtenu de bons résultats en injectant, deux fois [)ar jour, 3 litres de sérum artificiel ; Bergeon, en remplaçant la quantité de sang enlevée à l'aide du trocart par unequantité égale desérum; Péricaud, en utilisant un sérum alcalin à base de potasse. Neilson et Terrj recom- mandent, chez V homme, le chlorure de calcium comme agent susceptible d'empéclier l'hénioglobinurie. Règle générale, au bout d'un, deux jours au plus, une première émission d'urine noire a lieu; elle est suivie d'une seconde et d'une troisième dans un court délai, puis les sjmptômes généraux s'atténuent ; la station quadrupé- dale est reprise et l'animal est hors de danger. Quand le décubitus se prolonge au delà de ce temps, il^gêne l'exercice desprincipalesfonctions.il fauts'elforcer (1) biunic\\\\'i\i. Journal (le Lyon, 1911. HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 79 de relever le malade, de le maintenir debout à l'aide d'ap- pareils de suspension; mais, pour donner de bons résul- tats, la suspension ne doit pas être continue ; il faut qu'on puisse alternativement relever le malade et le soutenir, le descendre sur la litière quand on s'aperçoit qu'il se fatigue. D'ailleurs, la suspension n'est vraiment salutaire que lorsque le malade, une fois debout, s'aide un peu lui- même, sinon, il est préférable de le laisser couché et de le retourner deux ou trois fois par jour. Au début de la convalescence, il faut surveiller le régime et administrer de légers purgatifs. On combat la tuméfaction musculaire à l'aide de fric- tions d'alcool camphré ; quelques promenades achèvent de la dissiper. Contre les paralysies locales des muscles rotuliens, on utilise les frictions résolutives avec l'alcool camphré seul ou additionné d'essence de lavande, de térébenthine, ou irritantes avec la teinture de cantharide, les frictions de teinture de noix vomique, les sétons ap- pliqués sur la région malade, le feu en raies, l'électricité. L'exercice est à cette ("poque très utile ; il faut mettre les malades en liberté dans un enclos, prairie, cour, où ils puissentse mouvoir, et aussi forcer les animaux à marcher pendant plusieurs heures tous les jours. L'atrophie musculaire est combattue par des injec- tions de solutions saturées de sel marin ; on injecte en moyenne 5 grammes de la solution en deux points diffé- rents; le lendemain, il existe un engorgement irrégulier, bossue, remplaçant la concavité de la veille. On injecte alors 10 centigrammes de sulfate de strychnine au grasset pendant cinq jours ; les muscles atrophiés augmentent rapidement de volume (Maris et Ranvier). LIVRE IX APPAREIL URINAIRE CHAPITRE PREMIER REINS. I. — CONGESTIONS RÉNALES. Les congestions rénales sont aiguës ou chroniques. Ces deux formes diffèrent entièrement par leur origine, leur mécanisme pathog(''ni(|ue, leur évolution, leur répercussion immédiate sur la fonction de l'organe et par toutes leurs conséquences. Les congestions aiguës appartiennent aux processus inflammatoires ou toxiques : les comjestions chroniques dépendent d'une stase veineuse et trouvent leur expression la plus complète dans le rein cardiaque. On les observe chez toutes les espèces animales. I. — SOLIPÈDES. A. — CONGESTION AIGUË. — HÉMORRAGIE RÉNALE. Définition. — Les congestions rénales actives ou aiguës sont des états pathologi(iues d'ordre toxique, infectieux ou traumatique, caractérisés, au poini de vue clinifjiie. par des coliques urinaires. CONGESTION AlfiUE. — HKMORRAGlE RÉNALE. 81 Étiologie et Pathogénie. — a. Toutes les intoxications, notamment celles qui résultent de la cantharide, de l'if à baies, de la scille, de la brvone, de l'essence de térében- thine, des nitrates, retentissent sur le rein ; les poisons ne peuvent s'éliminer sans léser plus ou moins le filtre rénal au passage. Les congestions dues à des plantes toxiques mélangées aux aliments sont très rares; les animaux ne les ingèrent pas. L'ingestion d'eau de mer peut la produire accidentellement (Williams). b. Les infections générales réalisent le mieux la conges- tion rénale par un mécanisme complexe dans lequel il faut faire la part des toxines qui irritent Tépithélium rénal et suscitent des vaso-dilatations comme la tuberculine, la malléine, et celle des microbes qui cultivent dans le rein comme les staphylocoques, les streptocoques, les bacilles de la morve (Conte et Bosc). Ces congestions rénales infec- tieuses sont de simples déterminations locales d'un état morbide général ; elles sont communes dans les pneumo- nies infectieuses, dans Vanasarque et la piroplasmose aiguë. On peut les voir apparaître à la suite du froid, qui dé- termine le trouble vasculaire. préface de la néphrite aiguë. c. Les traumatismes comme les contusions de la région, les violents efforts de tirage, les chutes violentes, les coups de pied sur le dos (Violet, Caroni, Lapôtre) sont rarement des causes de congestion rénale. La surexcitation de la circulation, par une longue course désordonnée, a une action plus directe sur la dilatation des vaisseaux l'énaux et peut provoquer la rupture de ces organes (Cadéac, Avérons, Schmidt, Guillemin et Cadix) (fig. 8). L'irritation d'un point quelconque des muqueuses de la vessie, de l'urètre, des uretères et du bassinet, peut déterminer, par voie réflexe, la vaso-dilatation rénale. Les calculs rénaux, les tumeurs sont également suivies de vaso- dilatations actives directes ou réflexes. Symptômes. — La symptomatologie de la congestion 5. 82 REINS. rénale active se confond, gcnéralemenl. avec celle ilc la néphrite aiguë qui raccompagne. L'animal, subitement frappé, ralentit l'allure s'il est au travail; sa démarche est embarrassée ; ses membres postérieurs, déplacés avec peine, décrivent un mouvement d'abiluclion très pro- noncé. La douleur est vive; la physionomie anxieuse ; les mu- queuses s'injectent : le sujet se couche, se relève ; il présente descoliques; les reins sont peu ou très sensibles à la pres- sion. Une heure ou deux après Fappa- rition de ces si- gnes, l'animal fait des efforts pour uri- ner: il expulse alors une quantité toujours abondante d'urine, ([ui est claire, trans- parente, lorsque l'ac- cident ne s'accom- pagne pas de rupture descapillairesrénaux. La quantité d'urine émise peut varier de 5 à 25 litres ; son poids spécifique est diminué ; elle est albuniineuse, hématurique. Quand la congestion est très vive, hémorragique, l'ani- mal est atteint de coliques très violentes (Cadéac), aux- quelles succède l'émission d'une urine très colorée ou de sang rutilant rejeté, par jet, en quantité assez abondante (Lapôtre). Dans ces cas, l'urine foiu'uit un d(''pôf abondant. Fig. 8. — Rupture des deux reins chez un c/ieraMe contrebandier pendant une course (Cadéac). CONGESTIOiN AIGUË. — HEMORRAGIE RENALE. 83 rouge, formé de globules sanguins et de caillots cylin- driques (Trasbot) ; elle est fortement albumineuse. Évolution. — Quand la congestion aiguë affecte des reins sains jusque-là, elle se dissipe vite : la miction devient plus facile, l'urine perd sa coloration rouge et est rejetée en abondance; le malade reste debout, récupère l'appétit et se remet rapidement ; exceptionnellement, des Fig. 9. — Hémorragie rénale. Le sang forme une masse englobant complètemenl le rein (P. Leblanc^ rechutes surviennent et compliquent la maladie (Trasbot, Violet). Si, -au contraire, les reins sont déjà malades, ou si lagression congestive est très intense, le lobule rénal est envahi par une congestion diapédétique intense, par un oedème congestif aigu qui prédomine au niveau de la porte d'entrée du sang artériel dans les glomérules ; la portion sécrétante du rein se trouve annulée par cet œdème ; il se produit de Vanurie et de l'empoisonnement urémique ; la 84 REINS. mort survient vers le qualriènie ou le cinquième jour. Quand la congestion est très inlense ou le rein très altéré, il se produit une hémorragie interstitielle, intracapsulaire ou abdominale rapidement mortelle (Cadéac, Kitt, Molle- reau et Porcher, Touvé). Anatomie pathologique. — Les reins sont tuméfiés; la substance corticale est pi(iuctéede rouge, hémorragique ; les capillaires sont dilatés, gorgés de sang ; on constate l'ig. m. — Coupe (lu rein i)técé'. 93 agrandis offrent un diamètre considérable. Dans certains cas. il existe des hémorragies interstitielles. Le tissu conjonctif lui-même devient malade : il subit un léger commencement d'hypertrophie ; avec le temps, l'organe prend une coloration rouge foncé bleuâtre, il s'indure (induration cvanosée). se densifie : sa capsule devient adhérente, sa surface perd son brillant et peut devenir bosselée ou granuleuse. Ce processus répond, au point de vue histologique, à la sclérose du rein. Le conjonctif, épaissi par points, enserre les tubes urini- fères : ceux-ci renferment alors un épithélium granuleux et contiennent des cylindres. Peu à peu, ces lésions vas- culaires. épithéliales et glomérulaires prennent la phy- sionomie de la néphrite chronique ^néphrite intersti- tielle diffuse) : les deux processus finissent par se ressembler tellement que la distinction en devient impossible. Diagnostic. — On ne réussit généralement pas à diffé- rencier les congestions rénales des néphrites. Traitement. — Le traitement est celui de l'affection causale. La congestion passive est combattue par des toniques cardiaques (digitale, caféine), et par le régime lacté. Le traitement des congestions actives se confond avec celui des néphrites aiguës. II. — INFARCTUS DU REIX. Considérations générales. — La thrombose des vais- seaux artériels du rein détermine la nécrose du terrain irrigué par l'artère obstruée. Si lembolie qui produit cette nécrose est aseptique, la lésion reste purement nécro- tique; si, au contraire, l'embolus estseptique, il détermine l'apparition de la purulence ou la formation d'abcès. Chez les solipèdes, les infections succèdent principa- lement aux thromboses de l'aorte et des artères rénales déterminées par des sclérostomes. Ces parasites déter- 94 REINS. ininenl le rétrécissement ou rocckision dos artères rénales ou de l'une d'elles seulement. Le rein s'atrophie comme le testicule bistourné quand des germes septiques ne sont pas enfermés dans l'orijane privi' de circulation (Cadéac. Lustig, Ostermann). Chez tous les animaux, les infarctus des reins succèdent à Vendocnrdite ulcéreuse et aux diverses infections san- guines susceptibles de provoquer des embolies rénales. Chez les veaux, les agneaux et, quelquefois, chez les poulains, les infarctus résultent d'une omphalo-phlébite. AxATOMiE PAïHOLOGigi'E. — Lcs infarctus se présentent généralement sous la forme de petites masses blanc gri- sâtre, de dimensions variables; ilssontsous-capsulaires et, dans ce cas, hémisphériques, lenticulaires ou intrarénaux; leur coupe rappelle alors la disposition de la surface d'une pyramide à sommet dirigé du côté du bile (Brault). Les infarctus sous-capsulaires, d'abord de niveau avec la surface du rein, ne tardent pas ii se déprimer, et ils entraînent dans leur mouvement de retrait la capsule fibreuse. Cette rétraction ne s'arrête que lorsque toute la substance mortifiée est résorbée. La portion conique de l'infarctus disparue est remplacée par l'adossement de deux lames conjonctives. A l'examen microscopique, il est facile de se rendre compte des phases successives par lesquelles passe l'in- farctusavant de disparaître complètement. Les capillaires avoisinant le territoire nécrosé se montrent chargés de gouttelettes graisseuses, de granulations et de matières pigmenta ires. Les lymphatiques participent largement à la réparation: les phagocytes contribuent à déblayer et à faire disparaître les parties du rein mortifiées. Ces phé- nomènes sont analogues, au point de vue des conséquences, à ceux que l'on obtient parla ligature simultanée des deux artères rénales. O'iclquefois, enetl'et, les infarctus occupent la presque totalité des reins. Symptômes. — Cliniqnemcnt, lesiufai'dus rénanxrestent DÉGÉNÉRESCENCE AMVLOIDE DU REIN. 95 latents ou sont marqués par l'évolution de la néphrite ou du rein cardiaque. Parfois Tanimal est brusquement pris de coliques néphrétiques; la région des reins devient très douloureuse à la pression ; les mictions sont fréquentes, mais l'urine est rejetée en petite quantité; elle renferme de Talbumine. des cellules rénales, des cylindres urinaires et des globules du sang : hématurie visible à l'œil nu ou au microscope (cyto-examen de l'urine). Malgré tout, on ne soupçonne généralement pas la production ou l'existence d'infarctus. Traitement. — On ne peut ni les prévenir ni les guérir. III. — DÉGÉNÉRESCENCE AMYLOIDE DU REIN. Étiologie. — La dégénérescence amyloïde du rein est toujours une affection secondaire ; elle est la conséquence de l'action prolongée de toxines ayant déterminé un état cachectique plus ou moins pi'ononcé. Les suppurations persistantes, les injections répétées de toxines (toxine pyocyanique, etc.) peuvent la produire. Elje a été observée chez le cheval (Rabe), chez le hœuf{Rahe), chez le chien (Rabe, Rivolta, Kitt, Dortlinger), chez le chat (Mathis). Symptômes. — Son histoire clinique est à peine ébau- chée chez les carnivores; on constate des œdèmes, accusés surtout au niveau des membres, de l'ascite, de l'albuminurie et des accidents urémiques: vomissements, faiblesse paralytique, coma, coUapsus. Comme on le voit, ces signes ne diffèrent en rien de ceux de la néphrite chronique. Son évolution est lente ; elle tue par hémorragie consé- cutive à l'altération des vaisseaux ou par urémie due à la dégénérescence de l'épithélium des tubes urinifères. Ânatomie pathologique. — Le rein amyloïde ressemble au gros rein blanc, c'est-à-dire au rein affecté de néphrite parenchymateuse diffuse, chronique; sa surface est lisse. 96 REINS. blanc jaunAfrc et pou vascularisée : il se dccnrtique faci- lement. A la coupe, sa consistance est à la fois pilleuse et un peu ferme, sans élasticité; la section est lisse, sèche, presque exsangue. Les gloniérciles sont augmentés de volume et ont subi la tuméfaction liyaline ; dans les anses des canalicules urini- fères, on constate la présence de cylindres homogènes à reflets mats et peu réfringents. Traité par la solution iodo-iodurée, le tissu rénal devient rouge-acajou et vire au bleu d'acier sous l'action de l'acide sulfurique. Sur les coupes minces, d'ailées soit par une solution iodurée faible, soit par le violet de métbylaniline, on colore en brun par l'iode, en rouge par le violetde méthyle, toutes les parties devenues transparentes et hyalines par suite de la dégéné- rescence amyloïde. Traitement. — Le traitement préventif dirigé contre toutes les causes de suppuration prolongée est seul -efiicace. Sinon la théra- peutique n'a aucune prise sur la dégénérescence amyloïde. IV. _ Dr:(iK.NËHKSCENCE URAISSEUSE. La stéatose rénale est un fait pulhologique chez tous les animaux, saufchezie chirn et le clntl, où la graisse existe normalement dans l'épilhélium rénal. Cette altéra- tion, il est vrai, fait souvent lai'tie intégrante des néphrites (tig. 12). On peut cependant observer chez le />a'i//'et le /)0;v- des .'ig. 12. — Dégénérescence graissiusc du rein chez le chat. — Coui)e longiludi- nale (d'après .Mathis). DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE. 97 altérations rénales dans lesquelles la dégénérescence grais- seuse est prépondéi'ante. Les reins de pore leucémique ou lymphadénique sont parfois graisseux : ils ont un aspect uniformément blan- châtre, gris clair, à surface lisse et transparente ; leur consistance est peu modifiée. La substance, lie de vin, res- semble comme coloration à de lalaitance de hareng (Kitt) ; la dégénérescence est parfois si prononcée que l'on ne trouve plus que des vestiges de la substance tubuleuse. Chez le chien et le chat, l'infiltration physiologique graisseuse des reins est quelquefois si prononcée qu'elle aboutit à une destruction quasi complète de ces organes. CARiMVORES. La dégénérescence graisseuse des reins présente chez le chat son maximum d'intensité. Étiologie. — Le défaut de travail musculaire (Vulpian". uni à une bonne alimentation et au défaut d'urination, causes qui interviennent chez les chiens et les c/ia^.s d'ap- partement, contribuent à produire cette dégénérescence. 11 suffit d'enfermer lescJiats pour la déterminer. L'albuminurie graisseuse des chats n'est que l'exagération dune fonction qui paraît spéciale au rein du chat : savoir lemmagasinement de la graisse de réserve dans le proto- plasma des cellules parenchymateuses. Le rein serait un un organe où la graisse, contrairement à ce qui se passe chez les autres espèces, se déposerait de préférence, comme elle se dépose, par exemple, dans le tissu conjonc- tif. Les hitoxications lentes parlespoisonssléalogènescomme larsenic, le phosphore, les troubles circulatoires consé- cutifs aux maladies du cœur, exagèrent rinlillration grais- seuse physiologique. Symptômes. — La dégénérescence graisseuse, peu pro- noncée, ne se révèle par aucim symptôme. Gadéac. — Patholoijrie interne. VU. 6 98 IIEIN'S. Plus tard, on peut observer une soif vive et insatiable, une diurèse abondante, un amaigrissement lent et fatal. L'amaigrissement, qui semblerait devoir amener une amélioration dans l'état des sujets, ne modifie rien en réalité, parce que répithélium».frappé a subi de telles alté- rations qu'il n'existe plus que dans certains points, et que. dans d'autres, il est incapable de fonctionner. L'albumine existe dans l'urine en quantité considérable; celle-ci con- tient, en outre, des globules graisseux qui nagent àsa sur- face; la sécrétion urinaire diminue; on voit survenir del'in- filtration des membres, de l'asrite, des signes d'anorexie, déclauipsie, de salivation. La démarcbe est raide : l'ani- mal, inquiet, fait entendre des miaulements fréquents; il meurt d'urémie. Anatomie pathologique. — Les reins atteints de dégé- nérescence graisseuse conservent leur volume normal ; ils sont p;Ues, jaunAtres. quelquefois jaune-paille; leur couleur varie du jaune ocreux au jaune clair. La capsule de l'organe se détache facilement de la substance corti- cale. Sur une coupe, la zone corticale présente la même coloration que la surface du rein ; la zone médullaire est pille, la ri'gion vasculaire rouge ; la surface de section est lisse, brillante, onctueuse au toiiclier. Le produit du raclage, examiné extemporanément dans quelques gouttes d'acide osmique, décèle la présence de nombreuses gouttelettes graisseuses et de cellules chargées de granulations de la même matière. Toutes les altérations intéressent Tépithé- lium, sp(''cialement Tt-pitliélium des tnbuli contorti. Quel- ques-uns sont sains, d'autres peu altérés, le plus grand nombre très malades; les globules graisseux ont envahi complètement les éléments cellulaires; le protoplasma a disparu ; les noyaux sont épars dans la masse. Les tubes de Henle sont absolument sains ou très malades; leur obstruction a pour conséquence le refoulement des gra- nulations graisseuses formées en amont; celles-ci s'accu- mulent dans le tube contourné, pénètrent dans le glomé- DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE. 99 rule, où elles refoulent le peloton vasculaire (Mathis). Au point de vue fonctionnel, ces lésions diminuent la capacité sécrétoire et affaiblissent l'aptitude à résorber Fig. 13. — Néphrite chronique type dégénératif. Chat. 1, glomérule ; 2, tube urinifère dont l'épithélium est atteint de dégénérescence graisseuse. Les gouttelettes de graisse sont colorées en noir par l'acide osmique ; 3, trame sclérosée (Bail). l'albumine, qui sort avec le sérum de l'enveloppe de Bow- mann fig. 13). Diagnostic. — Les symptômes énumérés, observés chez un chat âgé. doivent faire penser à la néphrite chronique avec dégénérescence graisseuse. L'examen de Turine per- met de reconnaître lexistence de granulations graisseuses 10(1 HKINS. et de cellules en voie de dégénérescence. Cet état doit être considéré comme fréquent puisque, sur 40 c///?^s examinés à la rourrièrc,28 ont été trouvésatleints de dégénérescence graisseuse. 'Pronostic — La fin de cette maladie paraitètre la mort dans tous les cas (Trasbot). Traitement. — Si la dégénérescence reconnaît pour causes la claustration, il est évident que le traitement doit être surtout prophylactique. Il est. en elTet, iliflicile decombatire unelésiou avancée; les diurétiques, l'essence de térébenthine, les alcalins, à dose faible, doivent être essayés. V. — NÉPHRITES. Considérations générales. — Les ni'pluites sont des inlluuiiuations diffuses du parenchyme rénal caractérisées j)ar des altérations épithéliales et vasculo-conjonctives variables avec la nature et le degré d'activité de l'agent toxiipie qui préside à leur développement. Qu'un poison organi(pie, microbien ou minéral très violent, agisse à dose massive, il exerce son action sur tous les éléments glandulaires des reins et détermine la nécrose quasi totale de l'épithélium ; la réaction inflammatoire con- gestive et exsudative du bouquet glomérulaire et du tissu interstitiel est presque nulle : la mort résulte de la suppres- sion In-usque et complète des fonctions rénales. Une agression moins brutale, déterminée par un poison moins violent, on à plus petite dose, mais qui répète son action plusieurs jours de suite, comme pendant la durée de l'évolution d'une maladie infectieuse, est suivie de lésions épithéliales moins profondes et moins généralisées: les systèmes glomérulo-tubulaires sont atteints inégalement; •certains même demeurent sains, et les lésions réaction- nelles (congestion, exsudation plasmatique, apport leuco- cytaire, prolifération des cellules conjonctives interstitielles NÉPHRITES. 101 et des cellules endothéliales des glomérules) s'ajoutent, en proportions très variables, aux lésions dégénératives. On a ainsi des néphrites aiguës à dominante dégénérative, con- gestive ou diapédétique suivant la nature et l'intensité de la cause provocatrice. Ces lésions peuvent se réparer d'une manière complète ou incomplète : la néphrite aiguë guérit ; mais elle peut continuer son évolution. Elle est dite subaiguë quand l'intoxication est prolongée ou agit à doses fractionnées et plus ou moins longtemps répétées. La réaction inflammatoire devient ici beaucoup plus accusée, sans exclure l'altération dégénérative; ces deux ordres d'altérations se combinent très diversement suivant les cas; la sclérose rénale commence à poindre dans les néphrites chroniques sans que cette altération puisse être considérée comme l'aboutissant fatal de toute néphrite de longue durée. On retrouve encore ici des néphrites dans lesquelles la cause irritante a porté tout spécialement son action sur l'élément épithélial, et qui demeurent ainsi des néphrites essentiellement dégénératives, pendant que d'autres sont essentiellement scléreuses et atrophiques. Entre le gros rein blanc et le rein granuleux et dur, on peut trouver tous les intermédiaires, sans qu'on puisse établir entre eux le moindre lien de continuité. Le petit rein blanc granuleux n'est pas la dernière étape du gros rein blanc: il est seulement l'expression d'un processus dégénératif et inflammatoire de moindre acuité et de plus longue durée. Les néphrites chroniques com- portent ainsi de nombreux degrés et une durée très variable : il y a des néphrites chroniques relativement jeunes comme il y en a de très vieilles. La néphrite atrophique lente qui répond à des intoxi- cations minimes représente la forme la plus âgée, parce que le poison, peu actif, qui attaque et détruit, une à une, les unités glomérulo-tubulaires de l'organe met des années pour parachever son œuvre et permet ainsi au 6. 102 REINS. tissu de sclérose d'atlcindi-e son maximum de déve- loppement. La néphrite interstitielle constitue donc une néphrite de cause bénigne exerçant une faible action sur l'épithélium sécréteur; la néphrite chronique à gros rein blanc, une néphrite à cause plus agissante qui a frappt' l'épithélium sans donner au tissu conjonclil' le temps de réagir et de s'édifier. Le gros rein blanc est un rein qui meurt jeune ; le petit rein atrophié est un rein qui meurt vieux ; leur point de départ diffère comme leur évolution. Assurément l'épithélium, les glomérules cl le tissu coujonctif sont toujours associés pour constituer lanéphrite, mais, comme dans les sociétés en commandite, il arrive très souvent que, devant l'imminence d'une catastrophe, que l'un des commanditaires retire la plus grande partie de ses fonds pendant qu'un autre y verse tous les siens pour parer au déficit. On a ainsi, suivant les circonstances, des néphrites diffuses qui sont plus épithéliales que conjonctivo-vascu- laires, et des néphrites glomérulaires ou en voie de devenir interstitielles. NÉPHRITES AIGUËS. I. — SOLIPÈDES. L'inflammation aiguë du parenchyme rénal est une maladie fébrile, à évolution rapide, caractérisée par la douleur rénale, le rejet d'urines rares, foncées, avec des signes il'uri'mie. Étiologie. — a. Los maladies infectieuses occupent une place importante dans l'étiologie des néphrites aiguës. La septicémie, la pyohémie, la pneumonie contagievse déterminent, fréquemment, une néphrite congeslive et hémorragique dénoncée par la présence d'albumine et de cylindres hyalins dans les urines. Les angines graves, les bronchites, les adénites NÉPHRITES AIGUËS. 103 gourmeuses et toutes les affections streptococciques retentissent quelquefois sur le rein. Les infections coliba- cillaires, d'origine ombilicale, produisent, chez les jeunes animaux, des néphrites hémorragiques. D'autre part, les colibacilles peuvent produire des infections ascendantes ou des pyélo-n&phrites; mais ces microbes infectent or- dinairement le rein par la voie sanguine. On peut le démontrer expérimentalement : la ligature du rectum est suivie du passage du colibacille dans la voie sanguine, d'albuminurie, de glomérulite et de nécrose épithéliale (Posner). Le charbon, la morve aiguë peuvent entraîner la fonte granulo-graisseuse de l'épithélium rénal. Les endocardites, les piroplasmes sont une source de néphrites secondaires. Les néphrites, consécutives aux maladies infectieuses, dépendent moins des agents microbiens de ces maladies que de leurs toxines. Les néphrites microbiennes ne sont que des néphi'ites toxiques caractérisées par la nature et la provenance du poison pathogène. Tantôt ce poison est élaboré dans le sang et le rein, comme dans les maladies septicémiques, où le filtre rénal sert d'émonctoire aux microbes {streptocoques, colibacilles, bacteridie charbon- neuse) qui encombrent les canalicules rénaux. Tantôt la toxine est la seule cause de l'inflammation rénale et revendique, dans tous les cas, un rôle prépondérant. Les toxines pyocyanique, colibacillaire, stnphylococcique. pro- duisent des altérations épithéliales. des altérations vasculaires et périvasculaii-es aussi nettes que les agents infectieux les plus actifs. 6. Les POISONS ENDOGÈNES déterminent des auto-intoxica- tions qui ne sont pas étrangères àl'éclosion des néphrites: les troubles gastro-intestinaux, hépatiques, élèvent la toxicité urinaire : les matières extractives (leucine. tyro- sine, créatine, etc.) provoquent la dégénérescence granulo- gi-aisseuse des épithéliums tubulaires; les néphrites des 104 liEINS. ictéi'iqiies sont dues à une insuffisance hépatique et à l'intoxication biliaire. c. Les POISONS EXOGÈNES (cantharidine, essence de téré- benthine, goudron, acide phénique, acide salicylique, chlorate de potasse, calomel, etc., chlorolorme, ergové- ratrine) (Hoquet) délennincnt des néphrites variées, mais principalement hémorragiques et throml)Osi(pies. Certains toxiques ont, comme le plomb, une électivité évidente pour le tissu conjonctif ; d'autres, comme l'ar- senic etle phosphore, sefixent plus spécialement surle tissu épithélial. Les plantes toxiques sont rarement des causes d'empoisonnement et de néphrite chez \es soJiprdes ; elles se bornenl généralement à produire des entérites. d. Le FROID agit, dans maintes circonstances, comme cause occasionnelle, localisant diverses infections ; il peut engendrer, à lui seul, des néphrites aiguës ou subaigués en entraînant une vaso-conslriction des vaisseaux du rein et une diminution de la perméabilité rénale (Wertheinier, Delezenne). La réfrigération détermine, en outre, une exagération des produits de désnssimilation, une destruction globu- laire intense, une modification des fermentations intesti- nales et un arrêt de la fonction antitoxique du foie. Les néphrites a frigore deviennent ainsi des néphrites toxiques: elles deviennent aussi des néphrites infectieuses, car le froid peut amener le passage des microbes intestinaux dans le sang. Symptômes. — Certaines néphrites aiguës sont si légères (pioii ne constate qu'une albuminurie modérée et transitoire sans douleur lombaire, ni œdème, ni héma- turie. 11 en est souvent ainsi dans la pneumonie infectieuse, dans Vanasar que, àdiXis Vhémoglobinurie paroxystique, etc., de telle sorte qu'on a pu croire que les diverses maladies provoquent l'albuminurie sans lésion ai)pré('iable du rein. Les néphrites aiguës intenses débutent brusquement dans les intoxications, plus insidieusement dans les maladies NÉPHRITES AlfiUES. 105 infectieuses et sont immi'diatement très graves; elles déterminent la fermeture du rein et ajoutent une auto- intoxication (urémie) à l'intoxication initiale. Les ncj>hri te s a frigore sont les plus nettes; les symptômes procèdent alors exclusivement des lésions rénales; mais, quelle que soit l'origine de la néphrite, ses manifestations ofîi'ent une intensité très variable. Les symptômes généraux du début font défaut, sont insigniliants ou très nets. La conjonctive est conges- tionnée, la respiration accélérée, courte, saccadée ; les battements de cœur sont forts, le ventre est tendu, dou- loureux, cordé (Carougeau) , la fièvre s'allume, la tempé- rature monte à 38°, 10°, 2, 40°. 5 ; des tremblements géné- raux apparaissent; le pouls, d'abord dur et fréquent, devient serré ; des sueurs générales ou partielles apparaissent en divers points du coi'ps; parfois le malade grince des dents (Clichj); il refuse les aliments et semble éprouver une douleur intense. Les signes locaux sont eux-mêmes sujets à de grandes variations. Parfois on ne constate aucune douleurlombaire; mais ordinairement le malade manifeste une douleur ou une sensibilité exagérée au niveau de la région des reins. Cette douleur est plus évidente encore à la percussion qu'au pincement. L'exploration l'ectale dénote une sensibilité très vive du rein accessible; le contact du rein malade détermine de violents efforts expulsifs qui chassent la main hors du rectum (Lafosse). L'animal paraît éprouver une douleur intense, profonde ; il se couche, se relève, regarde son flanc, se laisse tomber sur la litière; mais, le plus souvent, il se couche avec précau- tion. Dans l'intervalle de ces coliques, il prend une atti- tude spéciale; il recule sur la longe, écarte les membres postérieurs, vousse la colonne vertébrale, baisse la tête pendant que la queue est agitée de mouvements fré- quents. Si on force l'animal à se déplacer, il ne le fait qu'avec 106 REINS; peine, en traînant l'un ou les deux membres postérieurs : la région inguinale et supérieure de la cuisse est comme engourdie. Les malades, dans les moments d'arrêt, ont les membres postérieurs raides et vacillants; quelquefois l'aclion de tourner est très difficile et douloureuse : la douleur rénale augmente par la commotion de la tous, par l'ébrouement, par une inspiration profonde, et généra- lement dans tous les mouvements du tronc (Zundel). Chez le mâle, le testicule correspondant au rein le plus malade est souvent remonté (Rôll) :1e pénis est pendant et l'animal entre parfois en état de semi-érection. • Les wùZiuns sont fréquentes, douloureuses; l'animal, pour uriner, s'abaisse beaucoup du train postérieur, qu'il tord tantôt à droite, tantôt à gauche (Carougeau) ; la quantité d'urine rejetée est peu abondante ; la réaction urinaire est sensiblement diminuée : parfois lanurie est complète etse prolonge de cinq à sept jours. L'urine présente des changements en rapport avec l'intensité de la néphrite. Dans les néphrites légères, l'albuminurie est modérée (1 h ^ p. 100). et la quantité d'urine est normale ou peu diminuée ; elle renferme seu- lement des cylindres épithéliaux ou h valins et quelques glo- bules rouges et blancs isolés (fig. 14). Dans les néphrites graves, l'urine est rouge, épaisse, trouble, fortement albu- mineuse ; elle contient parfois de véritables caillots san- guins; il v a aniirie ou oligurie par ralentissement de la circulation capillaire dans les glomérules et obstruction des tubes urinifères par les cellules épithéliales, les cylindres et l'infiltration interstitielle. Son poids spécifique est augmenté : on y trouve moins d'acide urique, d'urates. de chlorures et de phosphates que dans l'urine saine. .Vu microscope, on constate la présence de cylindres fibrineux. incolores, hyalins, graisseux ou épithéliaux, de globules blancs, d'hématies, de fragments de tubes urinifères, de filaments amorphes et de microbes (streptocoques, etc.), des amas de sels de chaux sinuilant NÉPHRITES AIGUËS. lo: des cylindres, mais disparaissant par les acides avec déga- gement d'acide carbonique. Lesœdémes du tissu conjonctif sous-cutané des paupièi-es, de la région inférieure, de la poitrine, du ventre, du four- reau, des extrémités, etles épanchementsdupéricarde, des plèvres, etc., sont très rares chez les solipèdes. La perméa- Fig. 14. — Néphrite aiguë. Cyto-examen de Vurine. Cheval à hémoglobinurie paroxystique. Cylindre granuleux, cellules épithéliales urinaires. hématies, leucocytes, granulations pigmentaires ocres {Roquet). bilité rénale est amoindrie, l'appétit est diminué; la dépression générale apparaît; le pouls est toujours accéléré ou faible : l'urémie est proche si la maladie ne rétrocède pas. Le f;Aeva7 est quelquefois pris de coliques violentes, aux- quelles succède une prostration absolue ; il a le faciès grippé, le regard fixe; il tombe et se couvre de sueurs; sa sensibilité s'émousse ; il présente des contractions mus- 108 REI.NS. culaires ou des convulsions et meurt pendant l'excitation ou dans un coma profond avec collapsus, œdème |)m1- monaire et dyspnée intense, engorgement des extré- mités iHoy), anasarque (Cadéac), amaurose double. Évolution. — La néphrite suraiguë par intoxication canlharidienne, etc., aune évolution trèsrapide: l'anurieest complète ; la l'onction r(''nale est totalement supprimée, et la mort survient au bout de trois iicpialro jours (Carougeau), de cinq jours (Benjamin). L'état chronique succède à l'état aigu quand l'iu-émie n'est pas mortelle. Presque toujours, la néphrite aigué, même guérie, laisse après elle des l'orinations conjonctives qui tendent à étouffer les corpuscules et qui manifestent leur présence par l'oblitération de quelques groupes canaliculaires, par la formation d'embolies ou d'artério- sclérose ; si un seul rein est lésé^ une hyperémie colla- térale compensatrice se produit. Si les deux reins pré- sentent des lésions des capillaires, la pression sanguine, qui augmente dans l'organe, se transmet par les artères rénales à l'aorte, au cœur gauche ; celui-ci subit Vhyper- trophie avec ou sans dilatation (9 kilogrammes. Benjamin). Celte hypertrophie cardiaciue tend à compenser la maladie du rein, parce que l'excès de pression sanguine augmente la filtration de l'urine. Ces altérations se complètent si la maladie se prolonge (Voy. Néphrite chronique). La guérison s'annonce par l'atténuation des symptômes généraux, le retour de l'appétit et surtout par la modili- cation survenue dans les caractères de l'iu-ine. Celle-ci est évacuée en grande quantité ; elle perd peu t\ peu sa coloration, qui redevient normale vers le sixième ou le septième jour, mais elle reste albumineuse pendant une période de temps variable. Ce sont là des marques de la guérison des lésions rénales; l'épilliélium di'généré, détaché et expulsé, se régénère; les globules sjinguins, émigrés par diapédèse, sont résorbés; tout reilevienl normal. NEPHRITES AIGUËS. 109 La guérison complète est exceptionnelle ; la restauration de l'épithé- lium rénal est imparfaite ; il se produit une cica- trice rénale. Anatomie pathologi- que. — Les reins sont volumineux, leur capsule est distendue. La subs- tance corticale est tumé- fiée, congestionnée, par- ^>4-%^^^^K semée de nombreux #i /^ i^. points hémorragiques irrégulièrement arrondis ou de traînées ravonnées qui s'étendent dans la substance médullaire, dont la couleur est deve- nue vineuse. Le tissu imbibé de sérosité est friable. Il donne écoule- ment, par la pression, à un liquide rougeàtre et trouble. Le bassinet ren- ferme une uriïie épaisse, gélatineuse ou sanguino- lente. Parfois le tissu rénal est transformé en une pulpe noirâtre, très friable, s'enlevant par le grattage. Histologique- ment. les lésions com- prennent ; 1» la glomé- rulo-néphrite ; 2° lajj né- phrite épithéliale ; 3" une inflammation Gadéac. — Pathologie intfrne.VII. Fig. Ij. — Néphrite aiguë chez le cheval (fort grossissement) (Roquet). Les gloméniles de Malpighi montrent nettement les thromboses des capillaires sous forme de blocs homogènes, fibri- noïdes, fortement colorés. On voit dans la cavité du corpuscule un exsudât albu- mineux, poussiéreux, contenant quel- ques cellules endothéliales desquaniées. Remarquer aussi la dégénérescence gra- nuleuse des tubes du rein, dont la trame conjonctive est infiltrée par de nombreux lï-ucocyles. conjonctive. 7 no REINS. a. Le t/loménile présente des lésions constantes. Les capillaires qui constituent le bouquet glomérulaire sont dilatés, gonflés par le sang ; l'ensemble du peleton a doublé ou triplé de volume (fig. dS). La capsule de Bowmann est infiltrée de leucocytes, distendue par un exsudât constitué par des globules blancs, des hématies et quelquefois par des boules hyalines ; lorscjuc l'irritation a été très intense, la capsule est remplie de sang en nature qui s'est extra- vasé des capillaires rompus. Le passage du sérum san- guin dans la capsule explique la présence de l'albumine dans les urines. Dans quelques points, le sang passe à plein canal du glomérule dans les tubes urinifères, qui se montrent remplis de globules rouges, et l'on peut quel- quefois compter jusqu'à trente ou quarante thromboses capillaires {thrombo-capillarites gloméniluircs) dans un bouquet vasculaire (Roquet) (1). Ces lésions congestives et hémorragiques sont complétées par des altérations qui relèvent dire<'tcmcnt du processus irritatif. Les cellules de la capsule de Bowmann se tumé- fient et se multiplient ; elles deviennent turgides et se desquament. 11 y a i\ la fois endo, méso et péricapsulite. Si le processus a quelque durée, ces lésions marchent vers l'organisation conjonctive, la capsule s'épaissit, le bouquet a de la tendance à devenir libreux. b. L'épithélium sécréteur (tubes contournés et branche montante du tube) est manifestement malade. Les cana- licules sont dilatés et opaques. Les cellules des tubes contournés sont gonflées, granuleuses, troubles, sou- dées les unes aux autres ; leurs noyaux persistent (('arou- geau). Certains éléments cellulaires sont mortilii's. Ouel(|ues groupes de cellules quittent la paroi des tubes et forment des bouchons allongés qui obstruent complètement leur lumière. lien est qui présentent des va(/'u/'poursuivi par un chien. Les chutes, les chevauchées, les commotions (Joyeux) peuvent contribuer à déterminer des néphrites. Symptômes. — L'animal atteint de néphrite est triste; à l'étahlo. il tient onlinairement ses inombres postérieui's engagés sous le tronc, ou iiien il les étend en soulevant la queue légèrement; la région dorso-lombaire est voussée, douloureuse à la pression exercée au-dessus ou au-dessous des lombes à l'aide du poing enfoncé sous les apophyses transverses des vertèbres de la région. Cette doideur augmente progressivement, des trépigne- ments surviennent; l'animal se couche, se relève sans jamais conserver une position normale; il refuse toutes sortes d'aliments, ne rumine point ; le mufle est sec, les conjonctives injectées: il regarde son flanc et pousse de temps à autre des mugissements plaintifs, dans l'intervalle desquels on observe des grincements de dents. Si on force les animaux à se déplacer, ils ne le font qu'avec peine ; les mouvements du train postérieur sont raides et vacillants. Le pouls est vite, précipité (80 à 100 pulsations), la respiration accélérée; la température monte parfois à M\°, 410,2 (Hoichenbarh). Au début de l'apparition de ces signes, l'animal urine peu ou point; l'anurie peut persister pendant cinq jours (Funk). L'urine rejetée est peu abondante, colorée, quelquefois san- guinolente, toujours albumineuse. La proportion d'albumine est très variable. L'examen microscopique de ce liquide y décèle des cylin- dres hyalins ou épitliéliaux, des globules rouges, des globules blancs, des cellules rénales. On peut voir survenir, dans les cas de néphrite double intense, des accidents urémiques caractérisés par du vertige, des attatiues éclampliques violentes, de l'opistbotonos et un coma profond jiendant l'intervalle des accès (Ptlug). Les œdèmes sous-cutanés sont très rares chez les ruiiii- NÉPHRITES AIGUËS. H7 liants: l'œdème pulmonaire est plus fréquent; on a signalé quelquefois des épistaxis. La marche de la maladie est rapide et le pronostic grave ; les néphrites légères guérissent seules d'une manière com- plète. Les néphrites graves déterminent la mort ou passent à l'état chronique. Diagnostic. — La congestion rénale s'en différencie par l'ahsence de fièvre et la polyurie : il y a anurie ou diminu- tion de la quantité d'urine dans la néphrite. La piropîasmose est caractérisée par la présence de para- sites dans les globules rouges: la cystite hémorragique est une maladie chronique apyrétique. Les hémorragies acci- dentelles ou traumatiques de l'appareil urinaire ne sont ni précédées, ni suivies de coliques. Lésions. — Les reins sont gorgés de sang, distendus; la substance rénale se déchire facilement, et l'on peut cons- tater une exsudation intratubulaire et intracapsulaire. Les glomérules de Malpighi sont noyés dans un épan- chement hyalin. dilTus : le peloton vasculaire est entouré d'un exsudât qui contient une matière d'apparence albu- mineiise. formant une sorte de manteau. Certains tubes sont intacts; d'autres, au contraire, sont dépourvus d'épithélium. Quand l'affection a évolué rapi- dement, l'élément noble de l'organe seul est atteint; il n'y a pas d'infiltration cellulaire dans les interstices. Traitement. — La saignée est le principal moyen de traitement de la néphrite aiguë : ses résultats sont d'autant plus nets qu'elle est plus abondante et plus ra- pide. Localement, l'application des cataplasmes émol- lients de mauve, de farine de lin, ou de dérivatifs sur la région lombaire, a donné de bons résultats entre les mains de divers praticiens. A l'intérieur, il est indiqué de donner des boissons rafraîchissantes à petites doses, des infusions de feuilles de mauve, de racine dWIthœa (Reichenbach), additionnées de 5 à 10 grammes de nitrate de potasse, de tisane de pariétaire et de décoction de graine de lin. On 7. 118 REINS. a préconisé le breuvage suivant, qu'on fait prendre en trois l'ois : Camphre ])ulvéi'isé 24 grammes. Jauiio dœuf N" I. Emulsionner. Ajouter : Nitrate de potasse 45 grammes. Décocté de graines de lin 500 — Ces moyens tliérapeuliiiucs doivent être accompagnés d'agents activant la sudation. Le chlorhydrate de pilocar- pineàladose de 50 centigrammes est tout particulièrement indiqué ; les bouchonnages, les frictions énergiques sur le corps complètent son action. Les attaques d'urémie sont combattues par la saignée abondante : les médicaments nervins, bromure de potassium et hydrate de chloral ont une action peu efficace. Quand le cœur faiblit, les infusions de café, de digitale ou les injections sous-cutanées des alcaloïdes de ces deux plantes renforcent son action. Néphrite à macules blanches. Définition. — On désigne ainsi une néphrite subaiguë propre au venu (A caraiHérisée [)ar des nodules blancliAlres, bien délimités, de volume variable, situés presque exclusi- vement dans la substance corticale. Étiologieet pathogénie. — Cette altération est fréquente chez des vcnu.x de première qualité, en parfait état de graisse, sacriliés dans les abattoirs. Elle se développe pour ainsi dire à l'état enzootique chez les i rr^u.v à l'engraisse- ment :0,80p. iOOetquelquefoisSà 4 p. 100 de ces animaux en sont affectés (Blieck). C'est ce qui fait incriminer une alimentation surabondante et le séjour des jeunes animaux dans des étables étroites et mal aérées. A ces causes pré- disposantes, on nepeuts'empêcherd'adjoindreune infection microbienne d'origine ombilicale (Kitt, Kabitz), qui ne s'accorde guère avec l'intégrité complète du foie ou une infection sanguine d'origine digestive. Les toxines micro- NÉPHRITE A MACULES BLANCHES 119 biennes issues de ces microbes ou celles qui résultent de la fermentation des aliments ne sont peut-être pas étran- gères à ce processus, dont la véritable étiologie est encore inconnue. Quelle est. la nature de ces nodules? Rieck. Kitt les consi- dèrent comme des foyers métastatiques d'origine embo- lique; Ostertag comme des infections et des noyaux sar- comateux ; Basset (1) comme une néphrite aiguë circonscrite consécutive à une infection sanguine ; Panisset, comme une néphritechroniqueavecprédominance des lésions artériel- les; Fally (2), comme une néphrite interstitielle en foyers, d'origine inconnue; Vaerst(3),(iuillebeau, comme des arrêts de développement du tissu rénal : les macules ne sont pour eux que des zones dans lesquelles les tubes urinifères sont restés à l'état embryonnaire. L'existence des taches chez des animaux en parfaite santé et leur disparition chez les animaux adultes, sans laisser de traces, militent en faveur de cette manière de voir. Assurément, il ne s'agit pas là de sarcomes ; mais il est avéré que ces taches peuvent s'abcéder, laisser persister des cicatrices et qu'elles peuvent même exister chez les animaux adultes (4). Autant de raisons qui permettent de rattacher ces lésions à une néphrite subaiguë, fibro-plastique , susceptible de passer à l'état chronique, mais se terminant habituellement par la gué- rison complète. Lésions. — Les reins présentent de nombreuses taches, légèrement proéminentes, arrondies, d'un blanc bleuâtre ou d'un blanc laiteux, de dimensions variant d'une graine de chanvre à une pièce de cinquante centimes. Elles sont quel- quefois tellement confluentes qu'on ne trouve que de rares vestiges de tissu rénal sain {néphrite blanche). La consis- tance du rein est normale, un peu plus molle quand les (1) Basset, Revue gén., 1903, t. Il, p. 583. (2) Fally, Aiui . de méd. vêt., 1907. (3) Vaerst, Journ. de Lyon, 1901, p. 65. (4) De Blieck, Revue gén., 1907, t. 1, p. 89. 120 REIXS. lésions sont récentes; habituellement, elle est plus dure. Les surfaces de section offrent un aspect bigarré dii ù la mul- titude de taches blanclies ou légè- rement grisâtres qui tranchent sur la coloration rouge ItriuiAtre ou rouge vil du tissu rénal normal. Les plus petites forment un lin piqueté dans la substance corti- cale, les plusgrosses s'avancent jusque dans la substance médullaire. Entre elles, on observe un discret pointillé hémorragique ou quelques fines traî- nées rougeAIres. Parmi ces taches, il en est de ramol- lies au centre et de purulentes (Kitt) : il en est d'autres qui contractent une adhérence intime avec la capsule, qui se déchire partiellement à leur niveau, et la substance corticale apparaît déprimée, creusée de cicatrices irrégulières, peu profondes, d'un blanc mat, de consistance ferme et ulcéreuse, comme dans la néphrite chronique, (lig. 17 . Au microscope, on constate une infiltration cellulaire intense des différents tissus du rein ; le bouquet vasculaire Kig. 17. — Néphrite à macules blanches du veau (P. Leblanc). NEPHRITE A MACULES BLANCHES. 121 (lu glomérule de Malpighi est bouiTc de leucocytes, et les tubes sont séparés par une véritable coulée de ces éléments et par un exsudât fViav^»-"" — ''~ — ' fibrineux. Vers le centre de la lé- sion, les leuco- cytes pénètrent dans les tubes dont les cellules épithéliales sont altérées et granu- leuses, (fig. 18). Parfois les leuco- cytes réunis en amas sont dé- générés au centre et trans- formés en un bloc amorphe très paie : ils consti- tuent de petits abcès en minia- ture. Quand les exsudats et les leucocytes ne se résolvent pas rapide- ment, ils offrent une évolution cicatricielle. Lesglomérules se rétractent et deviennent fibreux; la substance corticale est envahie par du tissu conjonctif jeune formé d'éléments volumineux (fibroblastes) qui déterminent l'atrophie et la disparition des tubes urinifères et l'occlusion de diverses artérioles par endartérite oblitérante : le rein à macules est devenu le rein blanc (Panisset"). Fig. 18. — Rein à macules du veau. Néphrite interstitielle. III PORC. Étiologie. — La néphrite aiguë toxique et accidentelle est la seule forme primitive : elle est extrêmement rare. 122 REINS. La néphrite secondaire est l'apanage des animaux affectés de rouget, de choléra : celte forme est fréquente. Lésions. — La néphrite aiguë s'accompagne toujours d'une hypertrophie des reins, qui sont doublés et triplés de volume, de couleur gris jaunâtre et assez fermes. L'examen microscopique du rein révèle toutes les lésions de la néphrite diffuse aiguë ou de la néphrite hémorra- gique (1). L'urine renferme des éléments épithéliaux. des leuco- cytes, des globules rouges, des cylindres hyalins et des biictéries (Marek. 189-4). Symptômes. — Les signes de la néphrite aigui' n'ont pas été distingués de ceux de la maladie infectieuse pri- mitive et toujours dominante. Traitement. — Cette maladie n'étant généralement pas soupçonnée ne peut être traitée. IV. — CARMVORES. Ëtiologie. — Lm néphrite com|)ii(pie fréquemment la maladie du jeune âge. la piicinnonie, les diverses formes de bronchopnvamonie . V endocardite, la piroplasmose, la gastro-entérite hémorragique et les diverses maladies in- fectieuses. Elle résulte d'un empoisonnement aigu déter- miné par un agent toxique absorbé par le tube digestif ou parla peau (sublimé corrosif, menuriaux, acide arsénieux. iodoforme, nitrate de potasse à trop forte dose), ou d'intoxi- cations consécutives à de vastes brûlures de la peau, à un surmenage intensif, à des infections gastro-intestinales, ù. l'ictère, à l'insuffisance hépatique, au diabète. Le refroidissement peut lui-même engendrer une autre infection susceptible de se localiser au parenchyme rénal. Les cou|)s violents sur la région lombaire déterminent (pielquefois une hémorragie péricapsulaire et exception- (1) Voy. 1" édition, t. VI, p. 495. NÉPHRITE A MACULES BLANCHES. 123 nellemeiit une hématonéphi'ose accompagnée de coliques néphrétiques (Parascandolo) (1). Symptômes. — La néphrite aigué du chien débute par des symptômes fébriles peu accusés accompagnés d'un abattement profond. L'appétit est diminué, souvent aboli ; la soif normale. L'animal demeure couché ; il ne bouge pas quand ou l'appelle ou se déplace péniblement, la tête basse, le dos voiîlé ; la région lombaire est douloureuse à la palpation. « Les mictions sont fréquentes, douloureuses et peu abondantes. A de brefs intervalles, le malade expulse de l'urine colorée en rouge par du sang et toujours fortement albumineuse ; l'examen macroscopique y décèle des cel- lules épithéliales du rein, des globules rouges, des cylin- dres hématiques granuleux et hyalins » (Cadiot). Le tube digestif tend à suppléer, dans une certaine mesure, à l'insuffisance de la miction et de l'élimination des poisons urinaires: la constipation, fébrile au début, est remplacée par de la diarrhée, des nausées, des vomissements. Ces derniers coïncident généralement avec la fermeture du rein et l'anurie complète. L'urémie consécutive à cet état est dénoncée par des troubles nerveux (parésie, con- vulsions, manifestations épileptiformes, état comateux), des troubles respiratoires (dyspnée, odeur urineuse de l'air expiré), par un abaissement notable de la température et par des vomissements incoercibles. L'évolution est rapide ; l'animal guérit quand le rein redevient perméable ; il succombe en quelques jours quand il demeure fermé., Anatomie pathologique. — Los reins sont volumineux, distendus. La substance corticale est parsemée de petites hémorragies punctiformes ; la substance médullaire offre une teinte vineuse. Les anses vasculaires du bouquet glo- mérulaire sont dilatées, et la cavité glomérulaire est rem- plie d'un épancliement albumineux composé de globules (l) Parascandolo, Lésions traumaliques du rein chez les animaux domes- liques {Revue gén., 1903, t. Il, p. 79). 124 HEINS. ronges, de globules blancs et disposé souvent en croissant. Les cellules épilhéliales des tubes contournés sont gra- nuleuses et tuméfiées, parfois creusées de vacuoles. Dans les tubes collecteurs, on constate la prolifération et la desquamation des cellules (lig. 19). ' -wV R(:. La néphrite chronique succède au rouget (Haase). Elle est caractérisée anatomiquement par des di'pressions jau- nâtres ou grisAtres au niveau desquelles la capsule est très adhérente. Toute la zone corticale. blancliAtre ou grisâtre, est ponctuée de taches vineuses ou gris rouge. Des traînées fibreuses issues de la substance médullaire suivent le trajet des artc'rioles allant aux glomérules. La surface des sections est dm-e, scléreuse. parsemée de taches blanchâtres (KitI . NÉPHRITES CHRONIQUES. 13"; IV. — CAR-MVORES. Etiologie. — Nombreuses sont les causes qui font de la néphrite chronique ou mal de Bright des carnivores une maladie commune. Lai ieillesse amène généralement avec elle delà sclérose rénale. Or, le rein sénile est l'expression des infections et des intoxications légères que Tanimal a subies. S'il a résisté, ce n'est qu'en partie et en gros: beaucoup de ses unités rénales portent la trace d'inflammations éteintes. Le rein sénile constitue ainsi une lésion restrictive d'un organe sans réaction, une diminution fonctionnelle sans retentissement. C'est ainsi que toutes les néphrites aiguës superficielles participent à la production de la néphrite chronique interstitielle. L'administration méthodique de petites quantités de sels de plomb ou de cuivre peut déter- miner la néphrite chronique. L'abus de l'alimentation carnée n'est pas étrangère à l'apparition de celle maladie chez les chiens d'appartement et chez les chats maintenus séquestrés [Hébrant et Antoine {!)]. Le froid ou le refroidissement, c'est-à-dire l'aclion lente prolongée du froid humide ou le passage brusque du chaud au froid chez les chiens qui chassent dans les marais sont des conditions d'autant plus favorables au développement des néphrites que ces chiens sont fréquemment surmenés, exposés à des causes diverses d'intoxication et d'infection. Les diverses manifestations eczémateuses nécessitent lutilisalion de nombreux médicaments, que l'animal lèche et ingère, non sans inconvénients pour le rein: enûn ces maladies cutanées sont par elle-mémes des causes d'auto- intoxication et de néphrite chronique. Les ulcérations intestinales consécutives à des brûlures. (1) Hébrant et Antoine, A propos de la néphrite chronique chez le chien et le chat. Du danger de pratiquer des opérations sur des brighliques {Ann. de méd. vit., 1912, p. 306). 138 HKINS. il des gasti'o-enlériles lu''inoiTagi(Hics. sont des soiuros dlnleclions septlcémiques secondaires, dont l'animal ne triomphe qu'imparlaitemenl : les poisons éliminés allèrenl le filtre rénal et entretienneni iiin' irritation clironiijiie dans cet organe. Les aU'eclions cardiaques, pàkardiques, pulmonaires, pleurales, la tuberculose, la malailie du jeune âge, parti- cipent aussi à l'éclosiondes néphrites chroniques en livrant au sang des agents infectieux, des toxines et des poisons organiques. Les enil)olies répétées, occassionnées jiar l'endocardite, peuvent provoquer un processus atrophique (atrophie rénale eniboii(p)e). Les calculs et les vers conte- nus dans le bassinet sont quelquefois aussi l'origine Los tedèmcs sont fréquents; ils apjiaraissent quelquefois brusquement dès le début et olVrcnt des loealisations diverses; ils envahissent le fourreau, les membres posté- rieurs ou plus particulièrement la tête et le cou, qui devien- nent monstrueux; parfois c'est une anasarque généralisée accompagnée bienlùl d'ascite. d'hydrothorax, qui s'exa- gèrent quand le cœur vient h faiblir. Ces œdèmes peuvent rétrograder et disparaître très raftidcmenl. comme ils sont XKPH RITES CHRONIQUES. 141 vomis, pendant les premières périodes de la maladie ; ils persistent et s'accentuent dans les dernières périodes quand l'affection rénale s'est compliquée d'asystolie. Des truubles respiratoires dyspnéiques, d'oi'igine urémique. reviennent par accès et s'ajoutent à la gène mécanique ou fonction- nelle déterminée par l'œdème pulmonaire et l'hydro- thorax. L'anorexie, les vomissements, la constipation, la poly- dipsie constituent une forme d'urémie gastro-intestinale aggravée par l'ascite et les altérations hépatiques. Parfois même l'urémie s'accuse par des troubles nerveux : soubresauts, crampes, crises éclamptiques iLiénaux . Ces animaux émaciés. étiques. à peau sèche et à poils piqués, succombent au bout d'un temps variable. L'cvolulion de ces néphrites embrasse souvent plusieurs années ; elle est par- ticulièrement longue chez le cJiat. Ni les symptômes ni même les lésions ne permettent d'apprécier exactement leur ancienneté. Cette maladie incurable conduit inévita- blement à la consomption. Anatomie pathologique. — Les lésions des néphrites chro- niques du chien sont gé- néralement celles de la néphrite interstitielle ou atrophique. Les reins du chien ont un volume nor- mal ou inférieur à la normale, une coloration rougeàtre, jaunâtre chez le chat, une surface bos- selée , une consistance ferme, un aspect ficelé (fig. 23 . La capsule rénale est épaissie et fortement adhérente à la couche corticale. Sur une section longitudinale du rein, on constate l'existence de travées fibreuses partant de la surface et venant se perdre au niveau du hiJe. C'est la substance Fig. 23. — Atrophie très avancée cTiez un chien de 25 kilogrammes (d'après Porcher). 142 REINS. corliralo (711! ost lo plus nialadi'; la coucho nn'diillairo n'est cependant pas indemne : elle est strii-e longiliidinalenieni ou présente des taches disséniim-es (ras|)ect nodidaii-e. Aii Fig. 2i. Néphrite chronicjiie. petit rein l)lanc (rhat). i, capsule fibreuse sclérosée ; 2, glomérule hypertrophié; 3, corpuscules de Malpighi sclùreux ; 3, capsule de Bownian épaissie; 4, cylindre col loïde ; 5, tube urinifère; 6, charpente du rein hyperi)lasiée ; 7, début de la transformation kystique d'un tube urinifère (Bail). niveau de la voûte vasculaire, la sclérose est très manifeste. A l'examen microseopi(iue, le système artériel se montre profondément altéré, surtout dans ses petits vaisseaux, qui NEPHRITES CMROMQUES. 143 sont alleinls dendartérite et de périartérite. Les toutes petites artères sont obstruées. Les glon^érules atteints sont ceux dont l'artère afférente est malade ou obstruée; certains sont réduits à un petit noyau fibreux. Jamais de masses colloïdes dans la capsule de Bowman. Quelquefois. on observe la dilatation de la capsule et l'atrophie du bouquet glomérulaire flg. 24). De petits kystes à contenu clair et limpide existent -^ - ■•■'■.- Les infections rénales descendantes peuvent déterminer des abcès disséminés irrégulièrement dans le parenchyme (néphrites diffuses infiltrées) ou simplement des néphrites avec congestion ecchymotiqueel lésions l'pithéliales principalement accusées au niveau des tubes contournés. Pyélonéphrite . — Les lésions depyélonéphrite ont deux sources: l'infection pyogène et la distension rénale. Quand il n'y a pas de distension, la muqueuse du bassinet est congestionnée, tuméfiée, parsemée de points hémorragi- ques et recouverte de sédiments urinaires d'aspect crémeux et d'exsudats glaireux purulents. L'affection évolue lente- ment ; les parois du bassinet sont épaissies, fibreuses et tapissées d'un exsudât muco-purulent. Dans les cas aigus, les reins sont congestionnés, ecchy- moses, semés de petits abcès corticaux ou sous- capsulaires, de stries purulentes et jaunâtres qui rayonnent en éventail dans les pyramides. Dans les cas chroniques, le rein est mou, grisâtre, scléreux. Quand la distension s'ajoute à V infection, il y a. pyoné- phrose; le rein, toujours augmenté de volume, est quelque- fois énorme, de forme arrondie, plus ou moins globuleuse. Sa surface est lisse, sa capsule épaissie. Sur une coupe, le bassinet se montre largement dilaté, rempli d'un pro- 166 REINS. (luit purulent, gluant, fétide ou inodore, dans lequel nagent des llocons albumineux. Les pyramides sont aplaties, le parenchyme rénal atrophié, la distinction entre les deux couches impossible. A Vexamen microscopique, sur des coupes longitudinales de l'organe, parallèles à l'axe des pyramides, le tissu se Fig. 32. — Couje iransvei;-alu des pyramides (Gross. : 70 diam.). A, tubes collecteurs remplis de leucocytes ; B, glomérules de Malpigbi sclérosés; C, anses de lleale (d'après Hesiioit). montre l'orme d'alvéoles ri'iiiplis de leucocytes, séparés par des travées conjonclives. Cet aspect particulier est la conséquence d'une dilatation consid(''rable des tubes collec- teurs qui sont bourrés de leucocytes (Besnoit). Dans les pyramides de Malpighi, les tubes sont séparés par des bandes conjonclives, leur épiihéliiim aplati, cubique. Les anses de Henle sont atrophiées par le développement du tissu conjonctil'. La sclérose de la substance corticale est également très manifeste ; il n'existe que des vestiges de tubes contournés. La capsule des glomérules est épaissie. PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES. 167 fibreuse, le bouquet, vasculaire. atrophié. Beaucoup d'arté- rioles ont disparu par sclérose (fig. 32). Les uretères sont intacts ou lésés seulement dans leur segment supérieur quand l'infection est descendante ou d'origine sanguine ; la pyélite peut évoluer sans cystite. Dans les pyélonéphrites ascendantes, les lésions uré- térales ne peuvent manquer ; l'urétérite est l'intermé- diaire obligé entre la pyélonéphrite et la cystite. L'uretère dilaté forme un conduit de diamètre inégal, épaissi, rigide, entouré d'une forte gangue scléreuse de périurétérite. Symptômes. — Les abcès rénaux d'origine pycmique ne s'accusent par aucune manifestation caractéristique. Les signes de l'affection causale dominent la scène : la suppu- ration rénale y ajoute seulement des symptômes généraux ou aggrave ceux qui existaient déjà : appétit nul, soif vive, constipation remplacée par la diarrhée, état fébrile rémit- tent, procédant par paroxysmes irréguliers et suivis de sueurs profuses, la température atteignant quelquefois 41° (ïrasbotj, respiration courte, accélérée, pouls petit, filant, douleurs abdominales avec frissons, troubles nerveux, amaigrissement rapide. Les abcès rénaux volumineux, la j)\jélonéphrite et la pyonéphrose sont dénoncés par une douleur et une tumé- faction rénales et par les modifications de l'urine. a. La douleur rénale se traduit quelquefois par la diffi- culté du déplacement des membres postérieurs. Les malades boitent alternativement de l'un ou de l'autre membre (Olivier, Coupland) ou présentent de la faiblesse d'une extrémité consécutivement à la compression du plexus, lombo-sacré parlamasse rénale hypertrophiée (Benjamin). La sensibilité de la région lombaire est augmentée ; la pression du rein et du sacrum fait affaisser l'animal (Deubser) ; la douleur spontanée se traduit par des coliques sourdes qui augmentent beaucoup d'intensité quand il y a rétention du pus ou pyonéphrose et qui diminuent ou cessent quand il y a évacuation du pus. II y a 168 REINS. aussi de l'oligurio et de la strongurie. Exceptionnelle- ment, les volumineux abcès du rein communiquent avec l'extérieur par une fistule (Cocu). b. La tuméfaction du rein n'est appréciable que dans les pjélonéphrites avec grande rétention. L'exploration rectale décèle alors l'existence d'une vaste poche fluc- tuante ou'dune tumeur volumineuse, dure, pendante, un peu mobile même au milieu des anses intestinales (Besnoit, Huguet, Marcenac). c. Uurine rejelée est plus foncée qu'à l'élat normal, épaisse, gélatineuse, purulente et quelquefois iélide ; le microscope y décèle la présence de cristaux de phos- phates, de globules purulents et d'éléments rénaux mor- tifiés (Liesering) et quelquefois de globules rouges. La pyurie est le signe le plus constant ; mais il subit de grandes variations, suivant que la rétention est passagère ou persistante. Certains jours, la quantité de pus diminue dans les urines ou cesse de s'y montrer ; il se produit alors dans le rein une rétention purulente dénoncée par l'aggravation des symptômes fébriles etseptiques. d. Ui'tat général devient inquiétant sous l'influence de l'intoxication purulente et urémique ; le poil est piqué, le flanc levrette, lappétit nul; il y a des alternatives de constipation et de diarrhée; la température est toujours oscillante, et des œdèmes cachectiques se manifestent aux membres postérieurs et au fourreau : mais ces engorge- ments œdémateux sont rares. Pronostic. — La gravité de la pyélonéphrite et des abcès du rein varie suivant l'unilatéralité ou l'atteinte simultanée des deux reins : la pyélonéphrite double, comme celle qui succède aux infections hématiques, tue rapidement les malades; la pyélonéphrite unilatérale, qui résulte d'une infection ascendante déterminée par le microbe de la suppuration caséeuse, permet aux animaux d'atteindre la vieillesse. Traitement. — Les antiseptiques internes sont tout PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES. 169 indiqués dans le traitement de la néphrite purulente : la créosote, l'acide salicjlique, le ^alol. Tràsbot dit s'être bien trouvé de l'emploi des formules suivantes : Salicylate de soude 30 gr. Eau-de-vie 200 — Poudre de digitale 4 — Electuaire à la réglisse. ... Q- S. Acétate d'ammoniaque. . .. 30 gr. Eau-de-vie 300 — Poudre de digitale 2 — Electuaire Q . S . Au bout de quelques ours, lorsqu'on a constaté une amélioration, on remplace cette formule par le nitrate de potasse additionné de bicarbonate de soude, parties égales 10. II. BOVIDES. Définition. — La pyélonéphrite des bovidés consiste généralement dans une pyonéphrose plus ou moins accusée caractérisée par la pyurie, la tuméfaction rénale, la douleur locale et des troubles généraux pyoseptiques, à évolution lente ou rapide et à terminaison mortelle. Cette maladie fréquente a été signalée par les praticiens de tous les pays. Décrite en France par Rossignol (1848), en Allemagne par Pilvk'ax (1867), son origine microbienne a été reconnue par Siedamgrotzky (1875) et confirmée par Dammann (1877), Hess (1888-1892), Bang (1889), Schmidt (1890), Hofflich (1891), Enderlen (1891), Lucet (1892), Mollereau et Porcher (1895), Jensen (1896), Cadéac et Morot (1897), Liénaux et Zwaenopoel (1902), Ernst (1905). Étiologie et pathogénie. — Cette maladie polymicro- bienne, désignée communément sous le nom de pyélo- néphrite bacillaire ou de pyélonéphrite bactérienne, résulte tantôt d'une infection hématogène ou descendante, tantôt d'une infection urinaire ou ascendante. La fréquence rela- tive de ces deux modes d'infection pyélorénale dépend des propriétés biologiques des microbes susceptibles d'infecter les reins. Il y a des microbes qui peuvent y parvenir par la voie sanguine comme par la voie urinaire ; il en est Cadéac. — Pathologie interne. VIL JO 170 REINS, d'autres qui infectent seulement de proche en proche ou qui s'aventurent tout au plus dans le système lymphatique, la circulation sanguine demeurant généralement fermée devant leurs tentatives d'invasion. La détermination des microbes découverts dans les reins affectés de pjélonéphrite permet généralement de pré- sumer leur voie d'introduction. On sait notamment que Fig. 33. — Sédiment urinaire d'une vache à pyélonéphrite. a, Corynebacillus renalis ; b, cellules épithéliales pavinienleuses des ca- naux urinaires; r, cellules du rein ; d, cellules de pus; e, globules rouges. les staphylocoques, \os streptocoques, \emicvohepyocyaniquc, le colibacille peuvent suivre indifféremment la voie héma- togène ou la voie urinaire, tandis que le bacille de la suppuration casccuse se propage plus spécialement par les muqueuses, la peau et le système lymphati(pie. Tous les microbes pyogèncs qui atteignent le rein par la voie urinaire ou par la voie hématogène peuvent déterminer la pyélonéphrite. PTÉLONEPHRITES ET PY0XÉPHR05ES. 171 Le CorynebaciUus renalis (Ernsf, appelé encore Bacillus renalis bovis, Bacillus pyelonephritidh bovum. est l'un des agents les plus fréquents de la pyélonéphrite du bœuf. C'est un bâtonnet polymorphe de 2-3 ou même 4 [i de long sur Oa.6 à 0a,7 de largeur, immobile, tantôt flexueux. tantôt recourbé et arrondi aux extrémités. Dans l'urine, ces bacilles sont agglomérés en touffes de la grosseur d"un grain de sable, ce qui a fait donner à ce microbe le nom de CorynebaciUus. Ils se colorent bien par le Gram ou le Weigert; ils sont aérobies, cultivent à 37° sur milieux solides, comme l'agar. sur le sérum sanguin, dans le bouillon ordinaire, dans l'iu-ine neutre ou faiblement alcaline et dans l'agar d"urine : ils ne produisent ni acide, ni indol, mais laspect de leurs cultures varie suivant les variétés de ce microbe, qui se rapproche et se confond avec celui de la suppuration caséeuse ou microbe de Preisz-Guinard (Liénaux. Hutyra). Il en a les propriétés. L'injection intraveineuse des cultures de ce microbe demeure généralement sans effet, aussi bien chez les bovidés que chez les moutons. L'injection intravésicale chez la vache ne provoque ordinairement aucun trouble, exceptionnellement une pyélonéphrite ( Masselin et Porcher). La présence de ce microbe, regardé à tort comme spécifique, ne résout que très imparfaitement la question de l'étiologie de cette maladie. C'est un microbe banal, cosmopolite (fig. 33). Il n'est d'ailleurs pas seul en cause : l'infection rénale est généralement mixte; les microbes de la suppuration et tous les microbes vulgaires peuvent s'y trouver associés. On y a rencontré des staphylocoques (Cadéac, etc.), des streptocoques (Moussu), des cocci (Kitt), le microbe pyocya- nique (Cadéac et Morot), des bacilles courts ou grêles, qui tantôt prennent le Gram. tantôt ne prennent pas cette coloration, des colibacilles (Jensen, Kitt), le Bacillus enteritidis (Sommer), le bacille de Koch (Ernst), c'est-à- 172 REINS. dire tous les microbes des aliments, de la litière, du fumier et du purin. Au point de vue bactériologique, la pyélonéphrile des bovidés, comme celle des autres animaux, est essentiollernenl une maladie polymicro- bienne. Si la concurrence vitale favorise certaines espèces ou détriment de quelques autres, il ne s'ensuit pas qu'on puisse incriminer exclusivement les espèces survivantes et innocenter les espèces disparues. Les variétés du bacille de Preisz-Guinard et celles du colibacille paraissent douées d'une telle résistance que les ense- mencements du pus retiré des reins malades donnent des cultures pures de ces microbes. Les uns et les autres sont d'ailleurs impuissants à provoquer la pjélo- néphrite tant que leur arrivée dans les reins et leur implan- tation dans ces organes ne sont pas favorisées par des influences secondaires. L'infection descendante ou hématoyène n'a guère de chance de s'effectuer en dehors des cas de rétention rénale complète ou incomplète. Quand cette cause n'intervient pas, les microbes traversent rapidement le rein sans s'y arrêter. Deux minutes après leur injection dans les veines, on les retrouve dans l'urine (Klecki). Cette élimination microbienne ou cette bactériurie peut même persister pendant des semaines et des mois sans déterminer d'alté- ration profonde des reins ou de la vessie. Il en est tout autrement si l'on comprime les uretères ou si cette com- pression est produite spontanément par l'utérus gravide ou par la lithiase rénale. Les microbes déversés dans le rein par les vaisseaux peuvent alors s'y installer et y cultiver; l'injection intraveineuse de microbes pyogènes détermine l'infection d'hydronéphroses expérimentales. Les slaphylorO(|ucs injectés sous la peau ou dans les veines produisent alors une pyélonépbrile 1ypi(]ue (J. Koch). Il est îi présumer que les colibacilles et les paracoli absorbés par la muqueuse intestinale saine ou malade peuventélire domicile dans le rein quand des conditions de rétention PYÉLONÉPHRITES ET PYOXÉPHROSES. 17Î OU des lésions rénales chroniques favorisent leur implan- tation dans ces organes (Bollinger, Fickers, Bang). L'infection pyélorénale ascendante, regardée à tort comme la cause principale, sinon exclusive, de la pyélo- néphrite, est elle-même subordonnée à des lésions anciennes ou récentes de l'appareil génito-urinaire qui sont presque toutes des facteurs de rétention. Les acrobustites, les urétrites, la lithiase urinaire chez les mâles, les infections génitales post partum et tous les accidents de la partu- rition (métrites, vaginites, cystites, fistules recto-vaginales), chez les femelles, se compliquent de pyélonéphrite indi- rectement en produisant une infection sanguine suivie d'endocardite, compliquée à son tour de néphrite purulente [Scherzer (d)]; directement en amenant la rétention de l'urine et l'infection de la vessie. Or la vessie infectée qui ne se vide pas est une menace permanente d'infection pour les uretères et le bassinet. D'une part, les microbes peuvent refluer dans les uretères et le bassinet à la faveur de la rétention de l'urine ; ils peuvent déterminer, d'autre part, une cystite avec destruction de l'épithélium de la muqueuse vésicale, ce qui leur permet de passer dans le sang et d'atteindre le rein par la voie hématogène. Les germes infectieux qui sont le point de départ de ces pyélonéphrites comprennent principalement les bactéries du groupe coU et celles du groupe Preisz-Guinard. Le rôle pathogène des premières a été démontré expé- rimentalement par injection intravésicale (Schmidt et Aschoff, Savor et Wûnschheim). On tend néanmoins à accorder, en France, un rôle pré- pondérant à celles du second groupe, dont l'intervention est favorisée par toutes les infections locales des organes génito-urinaires. La pyélonéphrite étant beaucoup plus fréquente chez (1) Scherzer, Journ. de Lyon, 190i, p. 545. 10. 174 REINS. la vache que chez le hœnl\ il y a lion d'en iiilÏTor que ces microbes se multiplient d'abord au niveau des lésions génitales ot gagnent ensuite successivement la vessie, les uretères et le bassinet. Cette invasion urinaire de proche en proche paraît être principalement la marque des bactéries de la pvohémie caséeuse. qu'on rencontre le plus communément dans la pyélonéphrile des bovidés ; il semble donc qu'on est en droit de conclure que, chez ces animaux, la pyélonéphrite résulte d'une infection ascen- dante ou d'une infection hémalogène favorisée par la gestation. Il faut pourtant admettre que ces microbes peuvent atteindre les reins par d'autres voies que la muqueuse urinaire. Chez les tout jeunes animaux, ou chez ceux qui viennent de naître, la pyélonéphrite peut succéder à une infection ombilicale propagée à la vessie par l'intermédiaire de l'ouraque: les reins hypertrophiés i)résentent dans ce cas une multitude d'abcès miliaires [Utz, Leblanc, Baillet et Sérès (1903)]. La source de l'infection rénale peut résider aussi dans un abcès situé dans la région du coxal (Ernst) ou dans tout autre organe ayant des relations vasculaires avec lappareil rénal. L'infection produite par les microbes du groupe Preisz- Guinard est suivie d'une intlammation locale plus ou moins étendue qui aboutit à la nécrose, dénoncée par des foyers de ramollissement renfermant un séquestre de tissu rénal peu altéré. Le contenu de ces foyers se cas;Mfie d'abord: il peut se calcilier ensuite pendant que le processus s'étend à la périphérie ou se délimite nettement par une paroi fibreuse. Les pyélonéphrites déterminées par de vulgaires pyoïjènes sont caractérisées par des foyers i'rauchemonl purulentset des indammalions dilîuses. Les iiifcctioiis mixtes peuvent tenir le milieu entre l'un et l'autre })rocessus : les foyers de nécrose et de caséi- fication évoluent ;\ côté des abcès; certaines parties sont envahies par la sclérose et l'atrophie consécutive pen- PYÉLONÉPHRITES ET PYOXÉPHROSES. 175 dant que d'autres, demeurées saines, éprouvent une hyper- trophie compensatrice. Les uretères n'échappent généralement pas à l'infection. Ces canaux peuvent s'infecter avant le bassinet et le rein quand les germes refluent de la vessie distendue ; ils s'infectent généralement par suite du contact prolongé de leur muqueuse avec les bactéries accumulées dans le bassinet et les calices vers l'extrémité des papilles. L'urine chargée de microbes, de toxines, risque surtoiit d'infecter la vessie, de telle sorte que. primitivement ou consécutive- ment, ce réservoir subit les etïetsii-ritantsde son contenu; il devient alors difficile de déterminer la voie d'intro- duction des microbes : l'infection descendante peut être regardée à tort comme une infection ascendante typique. Symptômes. — Les pyélonéphrites sont caractérisées cliniquement par trois symptômes locaux: la pyurie. les douleurs et la tuméfaction rénale. a. La pyurie est le signe capital; il constitue la signa- ture de la maladie. La vache urine du pus ou un liquide trouble, louche, glaireux, jaunâtre, rougeàtre ou rouge foncé, tenant souvent en suspension des masses flocon- neuses rouge grisâtre. La réaction est toujours alcaline; il renferme de l'albumine, souvent de l'hémoglobine en quan- tité variable. Sa densité est de 1015 à 1020 (Porcher, Bartels). L'examen microscopique y décèle la présence de globules sanguins, de cellules rénales, de cylindres hyalins, de cristaux d'oxalate de chaux, de filaments de fibrine et surtout une grande quantité des globules purulents. La coloration par la méthode de Gram y révèle aussi des cocci, des amas de bacilles courts, épais, arrondis, dont la longueur est d'environ la moitié des hématies, à l'état pour ainsi dire pur ou associés à divers autres microbes. Abandonnée à l'air, l'urine brunit rapidement et répand une odeur ammoniacale prononcée. Recueillie dans un vase allongé, elle se clarifie lentement mais imparfaite- ment; le pus elle sédiment se déposent peu à peu au fond; 176 REINS. la quantité diirine rejetée est parfois légèrement augmentée; il y a poljurie trouble. L'urine, franchement purulente, devient sanglante à la suite de nécrose et d'ulcé- ration rapide de la muqueuse du bassinet ou des calices. La purulence des urines est le symptôme le plus constant et le plus visible; il met en quelque sorte sous les yeux de l'observateur la lésion elle-même avec toute son intensité. On le voit tantôt se manifester après une période fébrile d'une durée variable, tantôt il s'installe chez une VcjW/e qui souffre depuis quelques semaines de coliques néphréticpies ou qui présente de temps à autre un peu d'hématurie. On le voit enlin apparaître insidieusement deux à trois mois après un vêlage laborieux, une non-délivrance, une vaginite ou une métrite. La pyurie est sujette à de grandes oscillations ; les uretères peuvent être oblitérés par des caillots san- guins; il y a rétention momentanée du pus dans le rein. La disparition de ce symptôme est suivie d'une aggra- vation de l'état général; sa réapparition, d'une amélio- ration analogue à celle qui succède k l'évacuation du pus renfermé dans un abcès. b. La douleur rénale spontanée se trahit par une démarche pénible, accompagnée de sourdesplaintes, par une altitude voussée, les membres étant rassemblés sous le tronc, et par de légères coliques qui augmentent d'intensité quand ily a rétention urinaire et pyonéphrose. La miction est elle-même toujours douloureuse. La douleur est pro- voquée par la pression ou la percussion des lombes, qui rendent les coliques plus fréquentes. Celte sensibilité excessive de la région lombaire est un signe fréquent, facile à mettre en évidence. c. La tuméfaction rénale, ordinairemenl unilati'Tnl(\ est dénoncée par l'exploration rectale, et la main per(,'oit au niveau de son bord postérieur, un cordon libreux, rigide, bosselé, de la grosseur du pouce ou même du bras d'un enfant serpentant sur la paroi droite ou gauche du bas- sin ; c'est l'uretère, généralement plus dilaté dans les par- PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES. 177 lies antérieures que dans les parties postérieures. Le rein opposé est généralement sain ou peu altéré. d. L'exploration vaginale met quelquefois en évidence des escarres ou des plaies situées au pourtour du méat ainsi que la rougeur et la tuméfaction de la muqueuse vaginale et l'existence d'un écoulement vulvaire purulent. Parfois on constate du phymosis chez les mâles (Hess). Fig. 34. — Pyélonéphrite compliquée d'hydronéphrose consécutive à l'infec- tion pyocyanique (Cadéac). La main introduite dans la rectum peut dénoncer aussi une sensibilité anormale de la vessie. Symptômes généraux. — Les symptômes généraux olïrent une très grande intensité dans les infections poly- microbiennes septicémiques des organes urinai res ; la tem- pérature s'élève à 39° ou 40" ;la respiration s'accélère; on compte 90 à 100 pulsations par minute; la sécrétion lactée se tarit rapidement; l'aspect général des malades devient mau- vais ; ils demeurent couchés; la station debout devient impossible ou très pénible et les yeux s'enfoncent dans les orbites. Habituellement, les symptômes généraux sont peu appréciables ; le pus et les toxines s'éliminent à mesure qu'ils se produisent ; les animaux atteints de pyélonéphrite 178 REIXS. offront sculonient imo fliminution de l'appétit et des irrégu- larités de la rumination. Mais ils perdent graduellement leurs forces ; le poil devient terne, piqué; la peau se colle aux os, et l'amaigrissement es) ininterrompu. Évolution. — La pyélonéphrite évolue sous deux formes principales: une forme aiguë ou siibaigui; avec fièvre, troubles généraux graves et terminaison mortelle en une ou deux semaines; une forme chronique succédant quelquefois à. l'état aigu, mais débutant ordinairement d'emblée sans troubles généraux caractéristiques et abou- tissant f'i l'épuisement, h la cachexie par intoxication uro- sepliqueet quelquefois;! l'urémie aigué consécutivement à la destruction complète des deux reins ou à la pyonéplirose. Cette terminaison ne se produit qu'au bout de deux quatre, cinq, six mois ou plus tardivement (Gillot, Lucet, Hess). Lésions. — Les reins malades sont toujours hyper- trophiés; leur poids peut atteindre -4 kilogrammes (Kitt). ()''e,500 (Cadéac) et parfois même davantage. Leur grand axe mesure parfois 30 à 42 centimètres (Lucet). Cette augmentation de volume est ordi- nairement unilatérale, rarement double et dans ce cas toujours inégale. L'organe malade est distendu, boursouflé, constitué par une sériede tumeiu's fluctuantes, qui répondent à sa lobulation primitive. Sa surface est blanchâtre, plus pâle que d'habitude ou de teinte jaunAtre. La capsule est opaque, épaissie, et tellement adhérente qu'il est impos- sible de la détacher sans déchirer le tissu sous-jacent. La tissu rénal dénudé présente un aspect bizarre. Sur fond brun rougeAtre, on aperçoit des foyers jaunes au centre, rouges à la périphi-rie, de la grosseur d'une tête d'épingle, des îlots saillants, gris jaundtre, purulents, caséeux, nécrosés, parfois entourés d'une zone congestive et hémorragique. On peut y rencontrer aussi des abcès plus volumineux, mais les infarctus héniorragiipies y sont rares. Le parenchyme rénal est mou, infiltré de st-rosilé. PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES. 179 Ces lésions se retrouvent, disséminées, dans la substance médullaire. Quand la maladie est plus ancienne, le tissu rénal présente des lésions scléreuses ; la couche corticale ofïre une consistance plus ferme; la couche médullaire apparaît rouge, congestionnée, ecchymosée, et se distingue nettement de la couche corticale qui offre une couleur sale, jaune- terre ou verte. Les papilles rénales sont couvertes d'une masse purulente, visqueuse, ou sont remplacées par une bouillie purulente [pyélonéphrite caverneuse). Le bassinet agrandi est rempli de pus, de produits nécrosés, de séro- sité gris sale ou gris jaunâtre, brunâtre, parfois infiltrée de sang, de produits floconneux formés de caillots sanguins. La mutjueuse du bassinet, tuméfiée, épaissie dans les cas récents, ponctuée de taches hémorragiques, ou recou- verte d'une pseudo-membrane flbrineuse (Bang, Mollereau et Porcher), est parsemée d'ulcérations et de foyers irré- guliers de nécrose (Ritzenthaler) (1). A la dernière période de la maladie, la couche médullaire est détruite, la zone corticale réduite à une zone mince, tassée, presque fibreuse constituée par la capsule rénale. Le rein est alors converli en un vaste sac purulent. Sectionné, il laisse écouler 2 à 4 litres de liquide muco- purulent, blancjaunàtre, épais, légèrement gluant, parfois gris sale, gris jaune, caséo-purulent, renfermant des flocons albumineux, de la fibrine, des sédiments urinaires ronds, pyramidaux, des concrétions calcaires, des cal- culs, des globules purulents, des cristaux de phosphates, des microbes variés, des cellules épithéliales ou leurs débris. L'intérieur de la poche est formé par un en- semble de cavités cloisonnées, mais communicantes. La paroi agrandie du bassinet atteint 3 à 4 millimètres d'épaisseur (fig. 34). L'examen histotogique révèle une infiltration cellulaire (1) Ritzerilhaler, L'anatomie pathologique de la pyélonéphrite bacillaire du bœuf [Journ, de Lyon, 1910). 180 REINS. de la couche coiiicalo, des amas puiiilonts. des altérations des tubes rénaux distendus, privés dépit hélium, ou remplis de pus, des throm- bus des petits vais- seaux, des foyers de nécrose particulière- ment nond^reux au niveau du sommet des papilles rénales, des stries purulentes sui- vant les rayons mé- dullaires, des mi- crobes, dont on peut suivre la migration depuis le glomérule il(^ Malpiglii jusqu'au liassinel. La capsule (le Hovvniann, les thrombus des vais- seaux, les canalicules collecteurs sont bour- rés de unisses bacté- riennes (fig. 35). Les pyélonépfirites plus avancées se tra- duisent, en même temps, par une réac- tion conjonctive sclé- reuse qui étouffe un certain nombre de tubes urinifères et dt'termine toutes les lésions de la néphrite chronique interstitielle irrégulièrement disséminée (iîg. 36). Les artérioles sont le siège' d'une périartérite intense ; leur paroi est épaissie et les glomérules même les plus Fig. 35. Pyéldiièphiiie nsccinlaiitc du Ixrxif (d'iipiès l'oii lier). PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES. 181 éloignés de la cavité pui'ulenle ont leur bouquet vasculaire et la périphérie de leur paroi infiltrés d'éléments lympha- tiques. L'uretère malade forme un gros conduit du volume des deuxpoucesou du poignet, partant delà vessieet se rendant Fig. 36. — Coupe perpendiculaire aux parois d'un a))cès lobulaire. A, amas microbiens imprégnant le tissu fongueux de l'abcès. — A, zcoglées siégeant dans le lubes droits dilatés et coupés ici en travers. — B, cavité de l'abcès (d'après Porcher). au rein. Ce conduit est noyé dans une abondante couche de tissu conjonctif mollasse, infiltré, jaunâtre ; il est quel- quel'ois rétréci en divers ])oints de son parcours, et, lorsqu'il est plein d'urine, il donne l'impression d'un long boudin qu'on aurait ficelé en un ou deux points. Souvent, il con- tient un produit qui n'est autre chose que de l'urine alté- rée, fortement ammoniacale, riche en globules de pus; quelquefois, il est rempli d'une matière fibrino-purulente , épaisse, gluante, mélangée de caillots sanguins et de muco- pus verdàlre. . La vessie, également malade, est ratatinée, rétractée. Sa muqueuse est le siège d'une inflammation purulente Cadéac. — Pathologie interne. VU. il 182 HEINS. elle est terne, grisâtre, plombée, injectée ; ses parois épaissies lui donnent, lorsqu'elle est vide, les caractères d'une tumeur pleine. Souvent, elle a conservé ses carac- tères à peu près normaux; elle est le plus souvent vide ou contient une petite quantité d'iu-ine louche, rougeâtre. purulente, trèsalbumineuse. Exceptionnellement, linflam- mation de la mucpieuse vésicale revêt la forme pseudo- membraneuse (Bang. Rôder). La muqueuse de l'urètre est inliltive, ecclijmosée, par- courue de stries longitudinales rougeâtres, ponctuée de taches hémorragiques quand la pyélonéphrile est récente, grisàti'e, marbrée, érodée en divers points de son trajet quand rintlammation est chronique. Dans le vayiii on an niveau ilu foin-reau. on trouve des érosions de mauvaise nature, un état catarrhal jilus ou moins prononcé de la muqueuse, des plaies du prépuce à caractère ulcéreux (Hess). Diagnostic. — ^ L'amaigrissement, les coliques, la pyurie font immédiatement penser à la pvélonéphrite. Le dia- gnostic demeure inci'rtain tant ([ue ce symptôme n'a pas été constaté. La palpation du liane droit, s'il s'agit d'une pyélo- néiihrile h droite, accuse une sensibilité manifeste (Hess). L'exploration rectale lève tous les doutes : on perçoit la tuméfaction du rein iiialade et l'existence d'im uretère volumineux. La cystite simple s'en différencie par l'absence d'hyper- trophie rénale et il'uu conduit anormal allant de la vessie au rein. La cystite hémorra;/i la pyéloni''|)hrilo du porc se rapproclio d'autant plus do celui do Ihydro- néphrose qu'il ne se forme pas à proi»romont parler d'abcès collecté, de sorte que les urines sont rarement troubles et purulentes. C'est donc une maladie qu'on reconnaît seule- ment à l'autopsie. Lésions. — Los b'sions consistent ossontiollomont en une liyporéiiiio intenseavec inliltration liémorragi(iue et dans des foyoï's miliaires sous-cai)suiaires do la grosseur d'une léto d'épingle ou tout au plus d'une lentille, d'une couleur rouge sombre à la périphérie, jaunâtre au centre. La coupe des reins accuse des stries purulentes dont la dispo- sition est celle des rayons médullaires. Cette néphrite rayonnante, accompagnée do petits foyers miliaires corticaux, est la caractéristique de l'inflammation pyogène du pore (Degen). En vieillissant, les lésions pré- citées deviennent scléreuses ; les foyers miliaires sont (1) Wysnwnn, Pyélonéphrite bactérienne par infection mixte consécutive chez le porc (Revue génér., t. 1, 1905y. PYÉLONEPHRITES ET PYONÉPHROSES. 187 remplacés par des cicatrices grisâtres, irrégulières, légè- rement déprimées, qui se continuent dans la substance rénale sous forme de bandes scléreuses. Traitement. — On ne peut instituer aucun traitement. V. — CHIEX. Étiologie. — La néphrite purulente et la pyélonéphrite succèdent quelquefois à Y endocardite, à la pyémie, à la maladie da jeune âge, au\ bnîlures, aux ulcérations gastro- intestinales et à la piroplasmose. Les maladies des voies urinaires (calculs de l'urètre, de la vessie, hypertrophie de la prostate, urétérite) peuvent aussi lui donner naissance. La plupart des cas d'h3dronéphrose de l'espèce canine appartiennent à la pyonéphrose [Almy (1897) (1), Bail (1903 i2V. Symptômes. — Les symptômes des néphrites purulentes et des pyélonéphrites hématogènes se confondent avec ceux de Taflection primitive; les troubles rénaux passent inaperçus; lurine conserve ses caractères normaux ou offre les changements qu'on observe dans une néphrite hémorragique banale. 11 en est tout autrement quand la pyélonéphrite s'installe chez un calculeux ou un prostatique reientionniste. L'animal pi'ésente des douleurs lombaires; il marche le dos voussé, ou demeure obstinément couché; ses narines sont fréquemment hématuriques oublanchàtres et lactescentes ; elles renferment une quantité variable de pus, de cellules du bassinet, du rein. La région rénale est le siège d'une vive douleur décelée par la pression des flancs. La tuméfaction est généralement peu accusée; la pyélo- néphrite demeure toujours ouverte chez ces animaux; elle ne se complique ni d'abcès rénal, ni de pyonéphrose. ({) Almy, Société centrale, 1897. (2) Bail, Journ. de l'École vét. de Lyon, 1903. ii REINS. Quand l'urino s'écoule difficilcinont. 1rs animaux vomis- sent fréquemment: ils nianiioslenl une soif vive, une inappétence complète : leurs yeux se cavent ; leur nez se dessèche, et ils meurent il'ur .'mie si la désobstruction ne peut s'opérer (fig. 37). Lésions. — Lesinfeclionshématoijènes sont caractérisées Fig. 37. — Pyélont'phrile. Ghnt. (^yto-exinieii de l'urine. .Nombreux polynucléaires et gloliulos de pus, cellules épilhéli;ile-i du rein, staphylocoques iRc)[uel). par des infarctus, des foyers microscopiques ou miliaires de suppuration disséminés dans la substance corticale et par des stries rayonnantes dans la substance médullaire sans abcès. La muqueuse du bassinet est quelqutd'ois congestionnée et érodée, par suite fFune inflammation catarrhale. Cette muqueuse est ('paissie. scb-rosée (piand l'inflammation ré- sulte d'une inlVctionconsécutive à la rétention de l'urine ; les LITHIASE RKNALE. 189 uretères sont épaissis: le bassinet et les calices sont remplis d'urine trouble et purulente: le rein est sclérosé. Traitement. — La première indication à remplir, c'est de faciliter l'écoulement de l'm'ine en supprimant les calculs urétraux et en pratiquant le cathétérisme de la vessie. La néphrotomie est rarement indiquée ; on peut la pra- tiquer l'acilenientchez le chien (Parascondola). W. — LITIHASE RÉNALE. Définition. — La lilbiase rénale est caractérisée par la formation de calculs dans le rein. Les sels minéraux que l'urine charrie se précipitent, s'agglomèrent et constituent des concrétions de dimensions variables. Réduit au minimum, le processus lithiasique consiste dans la production de dépôts pulvérulents ou sableux connus sous le nom de sédiments, qui se déposent dans les vases où l'on recueille l'urine. A un degré plus élevé, on observe des concrétions de la grosseur de têtes d'épingle ou de grains de chènevis ; c'est la ijravelle si commune chez le mouton. Quand elles sont agglutinées de manière à constituer des masses plus ou moins volumineuses retenues dans le bassinet ou à l'entrée des uretères, on a les calculs rénaux. Sectionnées, on "peut reconnaître, dans leur constitution, trois parties : i° un noyau constitué par une matière organique amorphe ; des débris épithéliaux ou fibrineux, un caillot sanguin ou des amas microbiens ; 2° une trame organique de mucine ou d'albumine : 3° des couches concentriques oti striées de composition variable. Étiologie et pathogénie. — La quantité anormale ou l'insolubilité des sels urinaires est la principale condition de développement des calculs. Normalement, l'urine des herbivores élimine des hippurates, des urates, des phos- phates de calcium, de sodium, de magnésium, d'ammo- 11. 190 REINS. ninm. L'hyperproduction de ces sels résulte généralement d'un régime intensif dont les effets se font particulièrement sentir chez le ujoiiton, le bœuf. La gravelle est la maladie des animaux fortement nourris, engraissés, à l'étable ou il la bergerie, comme elle est la maladie des classes aris- locratiques de la société, des riches et des sédentaires. Chez les moutons et les agneaux, on peut la faire apparaître à volonté, expérimentalement, et dans un délai relativement court, avec des rations alimentaires déterminées, par exemple 3''e,500 de maïs, lentilles et féveroles pour les adultes, 4''b,500 par jour pour des agneaux. La prépara- tion des animaux de concours est une des conditions les plus favorables à l'apparition de cette maladie. Les ali- ments interviennent principalement par leur quantité, mais ils peuvent intervenir (jiie^picfois par leur qua- lité. On a cru observer quchiuel'ois un lit-n enli'e la propor- tion des sels du sol et la fréquence des calculs (Lafosse. -Morton. Gaussé). Une alimentation contenant une forte proportion de magnésie (11. Bouley) ou de phosphates (Yvart ! favorise rapjiai-ition de la gravellecbez le mouton. La surabondance des phosphates calcaires dans lalimen- tation du cheval prédispose à toutes les productions calcu- leuses. Langa observé la lithiase urinaire dans un troupeau de hœul's placés dans une métairie à sol très calcaire. ('.(•rtaincs substances paiviissent douées d'une action pathogène spéciale: la lithiase oxalique de Vliounne ap- partient principalement aux végétariens mangeurs de chocolat, de cacao, de haricots comme la lithiase unique aux carnivores. Le porc nourri de châtaignes est très souvent affecté de calculs rénaux (Lafosse). Les //or;//s nourris de pommes de terre, de carottes, de betteraves iY sucre, présentent des calculs siliceux. ïiieis a observé des calculs chez deux Juments auxquelles on avait distribué pendant des mois de la poudre d'os. Les chiens, les chats, les hi/iins qui ingèrent de Vo.ramide dérivé de LITHIASE RENALE. 191 Tacide oxalique présentent bientôt des calculs r.'naux (Ebslein, Thoinassen). Dès lors, on conçoit (]ue la gravelle soit une maladie d'élevage, d'exploitation, liée aux conditions du sol et surtout à la nature et à la quantité des aliments qui entrent dans la ration journalière des animaux. L'insolubilité des sels véhiculés par le sang ne peut être attribuée aujourd'hui à leur trop grande concentration, déterminée par linsufïisance des boissons. On régularise, du reste, le régime des bovidés et des ovirh's par une dis- tribution régulière des boissons et par l'addition des four- rages verts, de tubercules et de racines à la nourriture sèche. Le dépôt des sels résulte donc, exclusivement, de leur excès dans le sang et dans les urines en raison d'une ali- mentation trop abondante ou d'une oxydation incomplète des matières azotées chez les animaux affectés d'un ralen- tissement de la nutrition. Il y a en effet des moutons et surtout des Jrrut's qui sont affectés de lithiase indépendante de la quantité d'ali- ments ; ce sont des animaux qui ont puisé chez leurs ascendants un terrain goutteux prédisposé à la gravelle. La sursaturation du sérimi sanguin cesse bientôt d'être compensée par une hyperexcrciioit rénale. Le filtre rénal s'obstrue; les sols peu solublcs se précipitent. Les infection.'^ de voies urinaires, la pyéloiiéphrite notamment, déterminent la fermentation de l'urine, la décomposition de l'urée qui se transforme en carbonate d'ammoniaque et la précipitation, dans ce milieu alcalinisé, de phosphate ammoniaco-magnésien insoluble. Chez les hut'lles de Hongrie, la néphrite graveleuse vient souvent compliquer l'infection ascendante des voies urinaires (Vannos et Schoppelt). Chez le bœut\ cette infection urogénique est fréquemment aussi la source des calculs rénaux. Les calculs s'observent chez tous r7/i/m;j(/T domestiques :ils 1 92 REINS. diiïorent des eoniivlionsi)ar ce fait que les cet /c» /s résultent de la i)réfij»itali()n de sels calcaires; \cs concrétions sont exeliisivemeiil lormées de matière organique. I — SOLIPKDES. Anatomie pathologique. — La riiMiiicnce des ealctds croît avec l'âge des animaux. Ij's reins calculeux des soli/irdcs présentent à étudier le sal)le ou les calculs et les lésions rénales secondaires. Les calculs rénaux du chovnl sont ronds, ovoïdes, lissf^s ou rugueux à la surface, quelquefois crislallins, lamelloux ou s(''diinentaires : ils présentent ordinairement le volume Fun pois à celui d'une châtaigne; inais. quelquefois, ils sont énormes, el leni- jioids peut atteindre 1500 grammes (Persillel, Kitt) ; ils remplissent le bassinet, alfeclent une disposition semi-lunaire ou bicorne, et leur surface est recouverte de fins cristaux ou de sédiments granuleux. Chez Vnnc. le rein est quebpiefois converti parla lithiase en un sac (pu' paraîl bourré de cailloux ou de noix (Porcher). Leur poids total, très variable, peut s'élever à 2'*s,rj00. Leur densité est de d .50 environ. Leur surface irrégulière, mamelonnée, se moule parfaitement surles aspérités et les sillons du sac rénal. La coloration des calculs rénaux des solijiècles est brun clair, jaune brun, gris jaune, gris-fer. Ils sont formés de carbonate de j)Otassium, de carbonate de sodium, de carbonate de magnésium et de malières organifpies. ou, i)resque exclusivemeni, de cari)onale de chaux (.\dam). Les lésions rénales sont dues au si'jour du calcul dans le bassinet suivant qu'elles sont dcmeiu'ées aseptiques ou qu'elles se sont compliquées d'infeclion jnogène. Les calculs aseptiques eniraiueni l'atrophie scléreuse du parenchyme rénal, la distension progressive de l'organe sans hvdronéi)hrose bien accusée. La délimitation entre les parties malades et les parties relativement saines est LITHIASE RKNALE, 193 très brusque; les portions malades sont scléreuses et p arséniées de kystes îi toutes les périodes de leui* évolution (fig. 38). Les calculs septiqiics déterminent de la pjélonéphrite dénoncée par l'hypertrophie et rai)cédation des reins caleuleux; le bassinet est dilaté, rempli do pus ; ses parois soni épaissies, sclérosées ; des foyers purulents sont disséminés dans la substance corticalf; il y a de la pyoné- jdirose et derinflam- mation purulent r chronique des ure- tères. On a même signalé la rupture des reins [Dickens, Bar- rier (1)] avec de la périnéphrite suppu- rée. Les deux uretères peuvent être oblitérés par les calculs. Symptômes. — Les calculs immobilisés dans le bassinet des solipèdos demeurent latents ou ne déterminent que des symptômes vagues, imprécis; on constate exceptionnelle- ment de l'hématurie quand les calculs sont nombreux (Desban): mais généralement Tatrophie complète du rein s'efTectue sans troubles appréciables (Lafosse. Riquet, Schrader, ïui-ner, Persillet, Schmalz, Porcher). ■ •>- ■ 1 1 — . ,*'°' -rv^;-; -; ' :.^0:^- Fig. 38. — Sclérose rénale calculeuse. Cheval. En haut, capsule rénale sclérosée. Au-des- sous, tissu fibreux inllammatoire avec rares corpuscules de Malpighi et tubes urinaires atrophiés. Vaisseaux sanguins congestionnés (Gross. : iO). (1) Barrier, Société centrale, 1906. I.e rein rupture pesait i'^j.n 194 REINS. L'obstruction de rurctère et l'aniirie calculeuse unilaté- rale déterminent dos coliques plus ou moins violentes et persistantes suivant le degrt' et la durée du rétrécissement. L'animal présente brusquement de l'anxiété, de l'agitation; il se campe fréquemment pour uriner et rejette parfois une urine claire, mais peu abondante, exceptionnellement une urine sanguinolente (Desban). Ces douleurs cessent par migration ou d(''[)lacement du calcul; elles sont rare- mont mortelles ; elles reviennent facilement sous l'intluoni-e du travail et disparaissent par le repos. Les calculs compliqués d'infection pyogène déterminent les symptômes do la pyélite et de la pyonépbrose, notam- ment l'expulsion d'urine purulente (l^odet). La îïiort peut résidter, exceptionnellement, de la lièvre uroseptique de la périnéphrite suppurée, de la rupture du rein ou de l'anurie. Diagnostic. — La présence de sédiments calculeux dans lurino ot les coliques qui précèdent leur expulsion sont des signes caractéristiques. La cvsloscopie et le cathétérisme des uretères sont applicables à \sx Jument (Redecha et Kaszas). Pronostic. — La litbiase rénale doit toujours être consi- dérée comme grave en raison des complications possibles. Traitement. — L'administration répétée du bicarbonate de soude 20-;50 grammes) associé à l'azotate de potasse, à faible dose, facilite l'élimination des graviers. Les aliments très riches en produits minéraux, tels que le son et la farine, doivent être proscrits; par contre, le vert, les betteraves sont dos alimonts tout iudi(iués. II. —BOVIDÉS. Ânatomie pathologique. — Fréquents chez ces animaux et chez les hiil'/lo^. ils se logent plus ou moins exacte- ment dans le bassinet; ils sont ovoïdes, polyédriques, mùriformes et i»ossèdont dos prolongements qui répon- LITHIASE REXALE. 195 dent aux calices rénaux (calculs coralli formes). On en trouve de gris formés de carbonate de calcium, de carbo- nate de magnésium, de phosphate ammoniaco-magnésien, de matières organiques, de traces de fer. d'oxalate de Fig. 39. — Calculs du rein du bœuf, pesant 195 grammes, 47 grammes et 37 grammes. calcium: il y en a qui contiennent seulement de l'oxalate et des carbonates de calcium et de magnésium; on trouve aussi des cristaux de triphosphate faciles à reconnaître (Kitt). Il y en a de rosés, de blancs, de gris terreux : les 196 REIXS. uns soiil l'i'iablos, trautres rôsislanls; ils ponvonl obstruer onlièrement louvorturo des uretères (Bartlie) (1). Leur poids atleinl quelquefois 788 grammes (Losdi): ils sont solitaires ou très nombreux; on peut en compter jusqu'à 100 (flg. 39). Lorsfju'on en trouve dans un rein, il est bien rare de ne pas en trouver dans Taulre. Au niveau des points où ils existent, la surface du rein est déprini(''e ; elle api)arail av(^c unecoloration anormale, rouge-lie devin oujaunAtre, qui trauflie manifestement sur la teinte ocre des parties voisines. Ces taches sont irrégulières et se propagent en irradiant du lobe où siège le calcul au lobe voisin. Incisées dans le sens de leur épaisseur, elles se montrent dures, scléreuses, résistantes, d'une épaisseur variable, et la section aboutit ;'i unccaviti' (i.iiis laquelle on trouve un ou plusieurs calculs verts, irréguliers, le plus souvent petits. \ l'examen histologique, le tissu environnant le calcul est profondément altéré. La portion immédiatement en contact avec la pieri-e est sclérosée, fibreuse, et forme une coque conjonctive, toujours très épaisse. A la péripbérie de cette zone, le tissu du rein, très malade, a perdu ses caractères normaux; il est infiltré, sclérosé, transformé en tissu fibreux, méconnaissable: les organes qui résistent le plus à la destruction sont les corpuscules de Malpigbi. (Juoique ne fonctionnant plus, ils ont conservé leur forme; Ijcaucouj) sont étouirés et infiltr(''s. mais nettement recon- naissables. Un certain nondire de hibes nriniières ont sid)i, par suite de leur oblitération partielle ou totale, en un point de leur trajet, la transformation kystique. Ils apparaissent sur une coupe comme de larges conduits limités par une zone épaisse de tissu fibreux et reconnais- sablés à leur épithélium (fig. 40), parfois d'autant plus aplati que la dilatation des tubes est plus considérable. Ceux-ci contiennent, en outre, un produit granuleux ou des (I) Barlhc. /tpvue vél., 1006, p. 2S9. LITHIASE RENALE, 197 blocs de substance hjaline conibiant la bimière du tube. Quand rinfection pjogène complique la lithiase rénale, on peut constater les lésions de la pyélonéphrite et de la pyélonéphrose. Symptômes. — Les coliques, la douleur rénale dénoncée par la pression et la palpation. la diminution de la sécré- l-'ig. 40. — Coupe longitiuliiiak' d'un rein de bœ\if atteint de lithiase rénale (faible gross.). A, cavité du calcul: B, diUlition des tubes iirinifères voisins ; C, zones en- vahies par le tissu conjonctif (l-el)lanc). tion même, sont les signes les plus caractéristiques; mais ils sont ordinairement peu martjués, de sorte que la lithiase rénale n'est pas soupçonnée. Exceptionnellement, les symptômes sont tellement nets qu'on ne peut en mécon- naître l'origine ; la sécrétion urinaire paraît supprimée; la dysurie est accompagnée de coliques bruyantes, de ma- nifestations d'urémie caractérisées par la saillie de la langue en dehors de la bouche, des tremblements des muscles de la face, Thyperesthésie des paroisabdominales, et une respiration lente et profonde. 198 REINS. L'animal couché ne peut se relever, il ne tarde pas à mourir. Quand le calcul passe dans l'uretère et s'y enclave, le rein se distend, et la pression de l'urine peut déchirer le conduit (Hohenleitner). Diagnostic. — Le diagnostic est basé sur la douleur rénale, les coliques, les caractères de l'urine, qui est souvent albumineuse et charg.'>e de sédiments. Pronostic. — La lithiase rénale est toujours grave, par suite des complications d'urémie ou de paralysie lombaire. Traitement. — Il est alimentaire et médicamenteux. Le régime du pâturage, les tisanes d'orge, de pariétaire, la graine do lin. l'administration de médicaments alcalins comme le bicarbonate de soude pr.'-viennent la lithiase, l'améliorent ou la guérissent. Les dépôts sableux ou boueux sont entraînés ou dissous. Dans le cas d'accidents aigus, il est indiqué de com- liattre la doideur par l'application de cataplasmes sur la région lombaire et l'administration, à l'intérieur, dune l'aible quantité de laudanum. III. — MOUÏO\. Les calculs sont frécpients. surtout chez les mouionsgras, sur les nioiitons de concours et les agneaux d'engrais. Us sont petits: les plus gros atteignent le volume d'un pois; ils sont blancs ou noiràti'es, lisses ou tomenteux, quelque- lois réunis au nombre de dix ou quinze. Chez une chèvre, le ItiissJMct l'Iait reuipii de calculs [Kabieaux (■!)]. Symptômes. — La gravelledu inouton t's\ généralement dénoncée par l'émission d'urine sédimenteuse, irritant l'extrémité du fourreau et constituant, à ce niveau, un dépôt plus ou moins apparent. On constate en même temps de la dvsurie. des coliques à peine esquissées et des (1) Ral)ipaux, Sor. centr. do m"d. vcl.. 1002. LITHIASE RENALE. 199 frissons convulsifs uréniiques généralisés. Les malades tristes, abattus, présentent une anorexie complète ; ils se placent en décubitus sterno-abdominal ou sterno-latéral et peuvent succomber plus ou moins vite quand l'urine ne peut s'éliminer. Pronostic. — Le pronostic est très grave en raison du nombre danimaux qui peuvent tomber malades à la fois. Traitement. — Le seul traitement applicable dans l'espèce consiste dans la modification du régime alimen- taire. Le son doit être proscrit, le seigle cuit substitué à l'avoine, en même temps que la proportion de betteraves augmentée. Ce régime, combiné quelque temps avec l'ingestion d'tme eau bicarbonatée, 1 à 2 grammes par litre de boisson, peut être suivi des meilleurs résultats (H. Bouley). IV. — CHIEN. La lithiase rénale s'observe quelquefois chez les chiens âgés, abondamment nourris ou obèses. Elle consiste dans le dépôt de sédiments ou de calculs sphériques ou irré- guliers, quelquefois aplatis, de coloration blanchâtre, brunâtre ou verte, atteignant quelquefois le poids de 97 grammes (Guillon). Symptômes. — Les sédiments ou petits graviers sont habituellement entraînés et expulsés avec l'urine; mais ils peuvent s'arrêter, chez le mâle, en arrière de l'os pénien et devenir une cause de rétention absolue ou relative de l'urine. Les calculs rénaux s'accusent par de Ihyperesthésie de la région lombaire, des souffrances et des accès d'anorexie (Mégnin). Dans certains cas, il y a de la strangurie ; les animaux, debout, maintiennent le dos voussé. Ces signes peuvent être accompagnés de violentes coliques et d'efforts de miction aboutissant à l'émission d'urine sanguinolente. Diagnostic. — L'expulsion de sédiments met sur la voie 200 nKiNS. du diagnostic, qui, indépendamment de ce signe, est très dil'licile, sinon impossible. La cvstoscopie est applicable à la chienne: mais le cathétérisme des uretères n'a pu être réalisé (Hedechà et Kaszas, d909). Traitement. — La prophylaxie de la lithiase i-énale est une affaire de régime : le lait, les soupes légères, les viandes blanches conviennent aux animaux sé-dentaires. Si l'on nourrit davantage les animaux, il faut y joindre un exercice régulier. On doit administrer aussi des alcalins et des diurétiques (i à 5 grammes de bicarbonate de soude ou 08^.50 à i gramme de benzoate ou de salicylate de lithine I). Quand la lilhiase est certaine, la m'^plireclomie est indiipKM'; on peut même enlever les calculs en conservant le rein. Cette opération a été exécutée avec succès (Thonuissen) (d). V. — OISEAUX. Les dr-pols lu'inaires ne sont pas rares dans les reins des o;.sv,7».v: ils se présentent sous forme de concrétions ou de stries blanchâtres [Larclier (2). Lucet) (3)]. X. — CANCEUS DU UEIN. I _ SOLII»ÈI)ES. Anatomie pathologique. — Les cancers ihi rein l'iubras- sent les é|)ilh(''liomes, les carcinomec, les sarcomes et les tumeurs mixtes de cet organe. Ils sont primitifs ou secon- daires. Ces derniers s'appliquent ordinairement au cancer de l'ovaire, de l'utérus, de la vessie, du foie, de l'estomac, (1) Thomassen, Aidi. mrd.ivél ., 180;f, p. 659. {•2) Larclier, Mé/. de palh. rnmp.. l^iris, IS74. (3) L\xCL-\., Recueil, févr. 1S94. CANCERS DU REIN. 201 (lu poumon, du testicule: ils reproduisent les caractères histologiques de la néoplasie primitive. Les cancers primitifs, beaucoup plus rares, n'ont été signalés que chez de vieux animaux: ils sont généralement unilatéraux ; ils se développent principalement au niveau du hile et atteignent quelquefois des dimensions considérables. Les epitliéliomes, les épit/ielio-carcinomes et les adcno- carcinoines affectent souvent la forme massive, de telle sorte que le rein est transformé en une masse néoplasique énorme intracapsulaire (Maja) (1) oblitérant les calices, refoulant le bassinet et présentant souvent des foyers hémorragiques diffus. Les cancers nodulaires, de nature sarcomateuse, constituent des masses molles, hémor- ragiques, l'amollies, dégénérées, encéphaloïdcs, dont le poids peut atteindre 17 kilogrammes (Kittj; ceux de nature épithéliale sont caractérisés par des nodosités molles ou dures, squirreuses, accompagnées de petits noyaux aber- i-ants. Ces diverses tumeurs se propagent aux ganglions du hile, au poumon et au foie par la voie veineuse et la voie lymphatique. Le rein sain présente quelquefois une hypertrophie compensatrice. L'examen histologique est souvent nécessaire pour les différencier. On trouve tantôt un épithéliome cylindrique formé de tubes tapissés d'une seule couche de cellules épithéliales, tantôt des formes atypiques qui établissent la transition entre les épithéliomes et les carcinomes, tantôt le type du carcinome, tantôt enfin des sarcomes fuso- cellulaires ou globo-cellulaii*es, plus rarement des tumeurs mixtes ou des adénosarcomes. Symptômes. — Ces tumeurs demeurent ordinairement latentes malgré leur développement considérable et leur malignité. Les troubles rénaux manquent ou sont trop peu accusés pour permettre de soupçonner une maladie de (1) -Maja, Deux faits de cancer épithélial du rein généralisé au poun.on chez le cheval (Bull, de la Soc. centrale, 1910). 202 «EINS. ces organes el moins encore une néoplasie. Ihihiliiellc- ment, on ne constate que des coliques, de la raideur dans les mouvements, une marche vacillante, de l'hypertrophie cardiaque et des irrr^Milarités dans les battements, do lanémio, de la cachexie. On peut constater, par compres- sion de la tumeur, les signes d'im anévrysnie aorlique (Zicssler) (Ii. Traitement. — i/exiirpation du rein malade est le seul traitement efïicace ; mais cette opération est elle-même dangereuse et dilïîcile à prali(itier chez le cheval. H. — RI MINAATS. Anatomie pathologique. — Le cancer rénal des hovirirs estr('pr(''S('iilr par le larcinomc lypi(pie(lless), le carcinome colloïile (Ilayer), le sarcome (Ostertag) ou par Tadéno- carcin()me(lMliig, Siedamgrotzky). (les tumeurs unilatérales ou bilatérales déterminent une telle hypertrophie de l'organe malade que l'exploration rectale permet de reconnaiti-e cette augmentation de voliune (Hess). On constate quciipieroisdes tumeiu'sde celte nature alteignani le poids de V.i kilos, bourgeonnant dans les calices, le bassinet et même l'urètre (Mathis et Forgeot) (2). Le volume des uretères dans la pyélonéphrite et dans l'hydronéphrose assure le diagnostic dilTérentiel avec le cancer rénal (3). Le sarcome des ganglions du bile peut simuler une tumeiu- du parenchyme rénal, déterminant de la néphrite et le développement au niveau de l'un des reins dune grosse tumeur accessible par l'exploration rectale (Hhiim) (i). (1) Zil•^sll■r, A.Iénome du rein chez le cheval {/ievue tfniiér., lÛOti, l. I). (i) Malhis et Korgeot, Revue vét., 1906, p. 80i. (3) Chez \tmoulon, Koger a signalé un cancer épilhéiial [Aiui. de mèii. vét., 1864, p. 34). (t)RluiiM, /teviie fjé/i., 1907. CANCERS DU REIN. 203 III. — PORC. Le sarcome et Vadéiwsarcome sont les deux principales tumeurs primitives des reins chez le porc. Ces tumeurs peuvent se développer chez les /jorfWp/s, comme on observe le cancer rénal chez les enfants. Elles acquièrent quelque- Fig. 41. — Nodules sarcomateux d'un rein de jeune porc (Cadéac). fois des dimensions considérables ; leur poids peut atteindre 31^8,500 (Rieck), 14 kilos (Johne); elles affectent la forme médullaire et se développent également dans les deux substances du rein (fig. 41). Le carcinome, plus i*are. a été signalé par Ostertag. 204 IV. CAU-MVOIÎES. Le cancer vrn;\\ |iiiinilil' est l'ai'e cliez les r;//'/;/i'o/V'^'. On a cependant siynalé, cliez le chien, le caninoiiie [llabacher(l)],le carcinome colloïde (Zundel), répilhélionie (Bournay, Maja) et le sarcome généralisé au poumon [Maja (2)1. r.licz le rlml. on |iPiil oliscrvei- je saivnnie pri- l'i^. '\1. — Uciii Liuucrciix ilu <-h(il. lace exleri.e. La capsule du rein a élé eiilevcLV pour iiionlrer les bourgeons nèopla- siciues (Auger et Koquol). mitif [Petit (3), N'alillo (ijj, le cairinoine encéi)lialoïde [Au- ger et Uoqiiet (5)1 (lig. 42). Symptômes. — Les limicurs voliiinineuscs s'accom- pagnent seuk'sde troubles particuliers. L'animal maigrit et (I) Hahaciier, Revue géii., 1907, p. '.iù't. {■2) Maja, Soc. eentrule, 1010. (S* Pelil, Sor. reiilra/c, 1901, p. 6l'9. (1) Valillu, C/iiiiru ve/erhiuria, 19U9. (.'>) .Vu^'er el Koquct, Joiini. rie l'Éeo/e vri. de Lijoii, \'.">i. REIN FLOTTANT. , 205 se tient difricilenient debout; la respiration semble nor- male, ce qui écarte toute localisation du côté de l'appareil respiratoire, mais l'attention est immédiatement attirée par le volume du ventre. Contrairement à ce que l'on observe dans l'ascite, le ventre ne pai'ait pas descendu; il semble élargi en son milieu et à sa partie supérieure. A la palpation, qui ne décèle aucune douleur, on sent immédiatement, en arrière des côtes, de chaque côté, une masse volumineuse, allongée, cylindrique, à déplace- ments limités, mais plus mobile cependant qu'un rein normal. En plaçant l'animal sur le dos, on a la sensation d'une tumeur volumineuse, bilobée, développée de chaque côté de la cavité abdominale, (juand la tumeur est bilaté- rale (Auger et Roquet). Quelquefois, on constate de l'albuminurie, des cylindres hyalins, et quelquefois de l'hématurie et des signes de cachexie avec complications ulcéreuses de la muqueuse buccale. Traitement. — La néphrectomie est le seul traitement efficace. \l. — REIN FLOTTANT. Chez beaucoup de chiens, les reins sont plus ou moins flottants au milieu de la masse intestinale. On peut les ■ déplacer en avant et en arrière comme une tumeur mobile réunie àla colonne vertébrale par un ligament de longueur variable, mais toujours insuffisant pour a mener le rein en contact avec la ligne blanche de l'abdomen. Cette mo- bilité du rein s'observe chez environ 15 à 20 p. 100 des chiens (Johne). Habituellement, un seul de ces organes pend à l'extrémité d'un mésentère et donne, à l'exploration, la sensation d'une tumeur réniforme, allongée, légèrement douloureuse à la pression [Hébrant et Antoine (1)]. Le rein mobile ou flottant a été signalé quelquefois chez la vache (I) Hébi-ant et Antoine, Rein Uotlant (Annales de méd. cet., 1913). Cadéac. — Pathologie interne. YII. i- 200 REINS. (Slocktlelli. Heali I ] ot chez le porc (Zell) ; il exerce fféné- ralcrncnl des lii'iullemenls plus ou moins pénibles ou dou- loureux, par le ligament suspensif, pendant les allures rapides. La rupture de ce ligament est peu à craindre, quoique Pinel ait signalé, chez le cheval, le détachement d'im rein trouvé libre dans la cavité abdominale et réduit en boule dégénérée du poids de 270 grammes. Traitement. — La m'-phrorraphie ou népbropexie (lixa- tiondurein) est l'opération (pii permet de remédier à cette disposition anormale. XII. — PAR.\S1TES. I. — EUSTRONGYLOSE. Définition. — l^'cusiroinjulosc est une alïei-tion parasi- 1,1 ire du chien due à la présence d'Eustronyyhis ijiyas dans le rein et plus rarement en dehors de cet organe. D'autres espèces sont exceptionnellement parasitées par VEustroïKjijhts ui(jas. Le r//r»;// (Chabert, Leblanc. Labat), le bœuf [Hudolphi. Grève i2)], le y>orr (Linstow) peuvent renfermer ce parasite dans leur rein. Étiologie. — L'Eustronyylus gi(jas ou viscerali^ est le plus grand îles nématodes connus. Son corps est rouge sanguin, strie'' transversalement ; il offre une bouche triangulaire entourée de six papilles. Le mâle a de 13 à 1() millimètres de long, i à (i de large : la femelle, longue de 20 centimètres à 1 mètre, est ovipare. L'œiil' mesure de 64 à 68 [j. de long sur 40 à 40 [a de large ; il se développe dans un milieu humide, et l'embryon fusiforme peut y conserver sa vitalité [jcnilant cinq ans au moins. Il ne peut infecter directement lesaniuiatix, cl Ion ignore (l) Keali, Hein gauche mobile chez une v.iche (Revue générale, 1900, p. i'7(i). (i) Grève l'a rencontré sur un taureau qui depuis longtemps souffrait de dysurie ; l'urine expulsée contenait des flocons de mucus ; le rein gauche était transformé en un énorme abcès. PARASITES. 207 riiôle internu'diairc — poisson ? — qui assure son dévelop- pement. L'eustrongylose, commune en Italie chez les eJiieus de chasse, est rare en France ; elle a été signalée dans les divers pays européens, en Amérique et au Japon ; elle est particulièrement fréquente dans les régions où abondent les crustacés et les mollusques. Symptômes. — Dans la plupart des cas, on n'observe aucun symptôme appréciable ; l'eustrongylose est une découverte d'autopsie. Dans quelques cas seulement, ce parasite trahit sa présence dans le rein par des troubles plus ou moins graves : l'animal maigrit, dépérit plus ou moins rapidement, présente de l'hématurie, des signes de néphrite et de cystite, de la rétention d'urine passagère ou durable, de l'urémie quand le ver a obstrué un uretère ou l'urètre, marche péniblement, la colonne vertébrale courbée du côté malade ; il soutîre tellement qu'il pousse des hurlements continus, comme dans certains cas de lithiase rénale. Sa tristesse, sa voix rauque, son excitation rabiforme peuvent faire songer à la rage ; on observe quelquefois des convulsions et de la péritonite quand le para- site tombe dans la cavité abdominale, des vomissements et des signes asphyxiques quand il s'aventure dans la plèvre. L'eustrongyle tend à abandonner le rein, son habitat pri- mitif ; il peut le déserter de bonne heure, passer dans le bassinet, dans l'uretère et atteindre la vessie, puis s'enga- ger dans l'urètre, se loger dans le tissu conjonctif péri- urétral, être expulsé au dehors; il peut sortir directement du rein et passer dans la cavité abdominale, dans le foie, les plèvres, se loger sous la peau de la paroi abdominale inférieure en arrière des bourses, sortir au niveau d'une mamelle ou pénétrer dans le cœur. Lésions. — Généralement un seul rein est parasité, et on n'y trouve le plus souvent qu'un seul ver : mais on en a rencontré deux, trois, quatre, six et même huit (Klein), l'autre rein demeure indemne ou s'hypertrophie. Le para- 208 REINS. site détruit progressivement le parenchyme rénal qu'il habite ; il ne reste bientôt plus à la place du rein qu'un kyste limité par une mince couche de la zone corticale. Parfois la surface présente une série de petits nodules hlan- chAtres renfermant des u'ufs d'eus! rongles témoignant du passage ou du séjouràce niveau d'une femelle d'eustrongle [Massaglia {{)]. ' Diagnostic. — L'émission d'iunne sanguinolente, et l'examen microscopique du dépôt urinaire. décelant les œufs du parasite, sont les deux principaux éléments du diagnostic. Pronostic. — Le pronostir de la strongylose rénale est évidciiunent iort grave ; toujours fatal quand les vers quittent le kyste par ellVaclion, il est presque aussi fâcheux quand ils émigrent i)ar les voies naturelles, en raison de la i'('l('iilion (fiu'ine qu'ils occasionnent. Traitement. — Le traiiementchirurgical est seul efticace (|iiand il peut être inslitui' en parfaite connaissance île cause. 11 l'aut extirper le rein conleuant le parasite, inciser la tumeur ])érinéale ou mammaire qu'il a provoquée (2). II. — PSEUDO-TUBERCULOSE VERMINEUSE. Nous di'signous ainsi luic alfection nodulaire de la couche corticale du rein due à l'infestation péi-i-arlt-rielle des artérioles i-énales de Viiiir par des larves de Uhnbditis. Cette pseudo-tuberculose, très rare, a fait l'objet d'une ('■Inde i-é'cente de Petit. Henry et Germain (3). Étiologie. — Les larves de /{/(rt/j(7t//.s- mesurent 280 cen- tinu'-tres de long sur 15 centimètres d'épaisseur; elles ont la forme d'un fuseau et itossèdent un appareil génital, indice d'iuie umlliplicalidn rapide des larves par elles- (1) Massiiglia, Bulletin de iliistilut Pasteur, févr. 1912. (2) Chez le cheval, ou a signalé des écliinocoques dans le rein (Cadéac cl Malet, Blanc); on les observe aussi chez le Im'uf, le mouton, le pore et même chez le chien {Perroncito). (3) Polil, Henry et Germain, Hec . de méd . vrt., 1909, p. 493. PARASITES. 209 mêmes qui explique leur groupement dans lintérieur des tubercules. Apportés par le sang artériel, ces parasites perforent la paroi artt^rielle de dedans en dehors et se logent dans les tunique interne et moyenne des petites artérioles dont ils provoquent l'occlusion. Lésion:. — Le rein est couvert de marbrures blan- châtres plus ou moins continentes et très légèrement sail- lantes, ressemblant à des foyers de nécrose, situées presque exclusivement dans la substance corticale. Ces nodules sont régulièrement suspendus comme de petits grains aux divisions latérales des artérioles rénales situées au centre et très riches en cellules géantes. Symptômes. — L'occlusion d'un grand nombre d'arté- rioles rénales détermine les signes d'une urémie intense marquée par des séries de crises de vertige accompagnées de chutes successives, de tremblements musculaires, de tétanie, dexorbitisme, sans salivation ni évacuation alvine se terminant par la mort ou nécessitant l'aba- tage du malade Mouilleron). Traitement. — On ne peut ni soupçonner ni prévenir cette infestation parasitaire. 12. CHAPITRE II VESSIE I. — CYSTITES. Considérations générales. — Les inflammations do la vessio ou cvstitcs fonsistcnt dans des inl'ections de la paroi vésicale par tous les germes pathogènes ou susceptibles de s'implanter sur la muqueuse de cet organe à la faveur de causes prédisposantes. — llabiluolloinent. les microbes parvenus accidentellement dans la vessie sont totalement entraînés avec l'urine, qui redevient aseptique : linfeition est évitée ; parfois ils cultivent partiellement dans l'urine sans intéresser la paroi vésicale : il y a simplement de la bactériuric ; parfois la muqueuse vésicale s'infecte et s'enflamme ; il y a cystite. Dans cette infection, trois éléments doivent retenir notre attention : 1<» les microbes ; 2° la voie de pénétration ; 3" les causes (jui permcltont leur implantation. a. 'Le microbe infectant est très variable ; on pciil incri- miner principalement les staphylocoques, les strepto- coques, les colibacilles, les microbes de la suppiu-ation caséeiise, le hacille do la tuberculose. Plusieurs espèces microbiennes peuvent d'ailleurs s'associer ou se remplacer quand la nnujueuse, altérée, est dépourvue de son é'pilhé- lium protecteur. b. La pénétration des microbes dans la vessie s'effectue parla voie descendante ou rénale dans le cours des infec- tions générales accompagnées de rétention et dans les CYSTITES. 211 pyélonéphriles suppurées. Un rhume descend dans la poitrine ; une néphrite purulente hématogène peut engendrer une cystite pyogène. L'infection ascendante urétrale est fréquente ; la cystite complique l'acrobus- tite. la gravelle, les plaies, les ulcérations vaginales. L'infection par les vaisseaux lymphatiques peut déterminer une plaque de cystite produite par les microbes de la suppuration caséeuse ou par les bacilles de la tuberculose. D'autres microbes viennent plus tard se greffer sur cette plaque dénudée. c. La prédisposition est indispensable à toute infection. Sans elle, on peut injecter isolément ou ensemble tous les microbes infectieux dans la vessie : l'urine les entraîne ; il ne se développe pas de cystite. La prédisposition est réalisée : i° par la rétention : la vessie qui se vide bien résiste à l'infection ; 2° par le traumatisme occasionné par le cathétérismeoula gravelle; 3° par la congestion déterminée par l'urine, devenue irritante, en éliminant des agents toxiques. Chez les solipèdes, les bovidés et les chiens. on peut reconnaître deux sortes de cystites : la cystite aiguë et la cystite chronique. Ces inflammations, très rares chez le mouton et le porc, n'ont pas été étudiées. I. — SOLIPEDES. I. — CYSTITE AIGUË. Définition. — La cystite aigué des solipèdes est une maladie toxi-iufectieuse caractérisée par des coliques, des troubles de la miction, de la douleur vésicale. une marche rapide aboutissant à la guérison, à l'état chronique ou à la mort. Étiologie. — La cystite aiguë est une maladie toujours secondaire. La vessie constitue, en effet, un réserv'oir d'attente placé à égale distance du rein et du méat uri- naire. Tous les troubles du rein s'accompagnent d'une 212 VESSIE. altération plus ou moins profonde fie l'urine ; réliiiiina- lion de prinripos irritants ou infectieux a néeessairenienl un retentissement plus ou moins marqué sur létal de la vessie. La cystite évolue, dans ces circonstances, comme évoluent la bronchite ou la pneumonie à la suite du l'in-inc. réirécissement uré- Iral, calculs, néoplasies, en sopposani à l'expulsion régu- lière de l'urine, sont autant d'accidcnls (jui ]pi'éparenl et facililiMil l'infection. Symptômes. — La maladie di-bute par de l'inquiétude ; l'animal malade cesse de manger, gratte le sol, se couche avec précaution et se relève aussitôt. S'il s'agit d'un mâle, on constate que les testicules sont remontés dans l'aine : sur la temelle, les lèvres de la vulve s'entr'ouvrenl. mon- trant un clitoris lurgescenl. CYSTITES. 213 Le malade se campe fréquemment et rejette une faible quantité d'urine ; les mictions sont fréquentes et doulou- reuses, l'iu'ine est expulsée par gouttes, par jets interrom- pus. Pendant lurination, lattitude de l'animal exprime une vive douleur; lorsqu'elle a cessé, lise déplace latéra- lement à droite, à gauche: la queue est agitée, toujours en mouvement. L'exploration rectale, ou vaginale, s'il s'agit d'une femelle, est douloureuse ; l'animal se défend vivement pendant l'opération, ou se plaint. Elle permet de constater la réplétion de l'organe. La douleur déterminée par les efforts expulsifs. néces- saires à la défécation, empêche le malade de se livrer à cet acte. Les excréments s'accumulent dans le rectum et augmentent, jiar les pressions qu'ils déterminent", les douleurs ressenties. La. pyurie comp\i'\o ce tableau symi>tomatique ; l'urine est trouble, épaisse, plus dense qu'à l'état normal : elle renferme des éléments proven.int de la muqueuse enflammée : épithélium vésical, globules de pus, mucus, albumine, cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien. lorsqu'elle a subi un commencement de fermentation, et des microbes abondants. Elle peut contenir, en outre, du sang, des fausses membranes. Quelquefois la maladie se complique de la formation d'abcès. Les symptômes généraux qui accompagnent ces mani- festations sont peu accusés ; la température ne dépasse pas 39°. o ; le pouls est peu accéléré et la respiration peu troublée. Marche. — Cet état dure pendant un temps variable. Le malade se rétablit en quelques jours ou un accident termine brusquement l'évolution du processus quand celui- ci ne tend pas à persister indéfiniment. La maladie peut, en somme, se terminer par résolution, par urémie, par la rupture ou par la gangrène de l'organe ou par le passage à l'état chronique. 214 VESSIE. La RÉsoLiTiON s'annonce par l'attcniiation de tous les symptômes que nous avons énumérés ; elle survient ordi- nairement au bout de quelques jours; parfois elle se fait attendre plus longtemps (quinze jours) (Oresle). Lorsque les symptômes persistent après avoir perdu de leui- inten- sité, la maladie passe à l'état dironique. La MORT peut être la conséquence de iurémio, de la rupture ou de la gangrène de la vessie. L'urémie se produit lorsque la plénitude de l'organe s'oppose au déversement de l'urine contenue dans les ure- tères et le hassinet. Elle se caractérise par l'appari- tion de phénomènes nerveux auxquels donne lieu cette intoxication, qnciquel'ois par de la paralysie générale (Isnard). La RUPTURE DE LA VESSIE cst facilitée par sa paralysie plus ou moins complète et par l'altération de ses i)arois; elle est déterminée par sa réplétion extrême, par un effort, par une violence extérieure. Cet accident est fré- quent [Adam, Overed]. Il s'accuse par un bien-être immé- diat, mais de courte durée, par la suppression des efforts de miction et par une déformation de l'alidomen. L'explo- ration rectale lève tous les doutes. Bientôt de nouvelles coliques se montrent ; elles indiquent le déhiit dune périto- nite, constamment mortelle. La GANGRÈNE est uue terminaison rare. KUe est annon- cée par des coliques violentes. L'urine se fonce en couleur, dégage une odeur fétide et renferme souvent des frag- ments de membranes. Cette terminaison aboutit presque toujours à la nipliu'e de la vessie. Anatomie pathologique. — La vessie enflammée est généralement distendue, remplie d'urine épaisse tenant en suspension des exsudais pathologiques. Sa muqueuse est injectée, congestionnée, desquauu'x^ stu" toute la surface ou seulement par îlots au niveau desquels se sont incrustés les sédiments urinaires. Quand l'inflammation est récente, on constate des exsudais jaune verdàtre, mélangés à des CYSTITES. 215 quantités variables de sang qui lui donnent un aspect rouge, couleur chocolat ou café au lait. On peut constater aussi des pseudo-membranes, recou- vrant des érosions, des escarres (Lafosse. Johne, etc.). La couche musculaire elle-nième est infiltrée, et l'on peut même constater quelquefois des plaques de péricystite. Quand il j a eu perforation ou rupture de la vessie, on trouve, dans la cavité péritonéale, une quantité considérable de liquide, et l'on constate les lésions d'une péritonite plus ou moins intense. La plaie qui a livré passage à l'urine est souvent de faibles dimensions ; elle occupe ordinaire- ment le fond d'une ulcération et présente des bords tuméfiés et hémorragiques; la rupture vésicale pouvant se produire rapidement ou succéder à l'ulcération. Parfois, l'urine, s'insinue entre la musculeuse et la séreuse en for- mant deux vessies concentriques (Adam % La gangrène se reconnaît à la mortification de la muqueuse vésicale, qui prend une teinte rouge brunâtre et perd toute cohésion (Oreste). Diagnostic. — La fréquence des mictions, les caractères des coliques, l'exploration rectale et la purulence de l'urine permettent, dans la majorité des cas, de porter un dia- gnostic certain. Pronostic. — Toujours grave, par suite de complications possibles et de la terminaison fatale, assez fréquente, de la cystite. Lorsque la réplétion de la vessie est complète, le pronostic doit être considéré comme très grave en raison de l'imminence delà rupture. Traitement. — Il est toujours indiqué d'atténuer les propriétés irritantes de l'urine et de calmer l'inflamma- tion vésicale. La première indication est remplie par Tadministration de breuvages mucilagineux et l'emploi des diurétiques alcalins, du bicarbonate de soude (20 à 40 grammes) ; s'il y a rétention d'urine, on doit chercher à vider la vessie. Chez les grands animaux, ce résultat peut être obtenu en introiluisant la main dans le rectum et en 216 VESSIE. comprimant modérément l'organe avec la main posée à plat. Lorsqu'on y parvient, on conseille de ne pas faire sortir la totalité du liquide. Quand la miction est entravée, il convient de recomuninder les préparations au goudron ; le bromure de potassium (10 à 15 grammes), le bromure de camphre (Trasbot) ont un eilet l'apide et très sûr. Chez les femelles, il convient de pratiquer îles lavages de la vessie au moyen des antiseptiques; mais ce lavaje n'est cfïicace (ju'en utilisant dessubslancesabsolumentanodines. L'oxycyanure de mercure en solution de I p. 3 000 à 1 p. 10000 dans l'eau légèrement salée est un moyen désinfectant indispensable pour les lavages de la vessie et des voies urinaircs. D'autre part, l'adininistraliou d'iirolropine à la ilose de Oe^S à 1 gramme pour les petits animaux, 5ù 10 grammes pour les grands, désinfecte les voies urinaires en donnant probablement dans les reins de l'aldéhyde formlipie. La combinaison des deux méthodes de traitement donne d'excellents résultats dans la cystite des animaux domes- tiques (1). Chez les mâles, on peut recourir à l'urétrotomie dans les cas très graves ; on pratique ensuite le lavage de la vessie avec des solutions antiseptiques faibles : eau boriipiée saturée, permanganate de potasse à I p. iOOO. il. — CYSTITE CHRONIQUE. La cystite chroniipie est (pielquel'ois le reliipiatdo It-lat aigu; elle est rarement d'origine toxique, secondaire m une néphi'ite; le (dus souvent, elle apparaît .'i la suite d'une infeclion de l'urètre, du vagin (Saint-Cyr) (2) ou de la lithiase. La maladie est aussi désignée sous le nom de catarrhe rcsical. Klle a él('' très bien décrite au point de vuesymplomatique par Sainl-Cyr; nous ne saurions mieux (1) Gemi'incr, A/oiia/ssrhr. fiir prakt. Tierhril.. 1901. (-2) Sainl-Cyr, Joiirn. tic Lyon, 1867, p. 57. CYSTITES. 217 faire que de reproduire en grande partie sa description. Symptômes. — La maladie ne s'accuse par aucun trouble manifeste des grandes fonctions ; la démarche seule a quelque chose d'insolite ; les membres sont raides, l'ar- Fig. 43. — Cystite sédimenteuse, nécrose de la vessie, péritonite (d'après Pécus) . rière-train vacillant; au trot, la raideur des membres et la faiblesse sont encore plus apparentes. La miction est assez difficile et quelquefois précédée de l'expulsion, paria vulve, d'une matière semi-fluide, ressemblant à du pus. L'explo- ration des organes génitaux permet de constater l'infection delamuqueuse vaginale, l'existence d'excoriations de plaies C.^DÉAc. — Pathologie interne. VII. 13 218 VESSIE. d'aspecl ulcéreux. Vurinc est foncée, filante, collante aux. doigts, jaunâtre, tenant en suspension des mucosités abon- dantes; dans certains cas, elle est blanchâtre, opaque ci très fétide (Vitet). Ces manifestations durent un temps variable et s'accompagnent d'un état général mauvais, d'amaigrissement; le poil est piqué, terne, l'appétit capri- cieux; des troubles digestifs divers viennent se greffer sur la maladie primitive. Anatomie pathologique. — La maladie est caractérisée [lar l'épaississement de la nniqueuse, la distension variqueuse des vaisseaux, par des ulcérations d'étendue et de profon- deur variables, à fond grenu, rougeàtre, quelquefois enduites d'un produit muqueux, jaunâtre, ou recouvertes de fausses membranes gris verdàtre. Des abcès existent quelquefois dans la sous-muqueuse, dont les plans sont dissociés par le pus. Parfois la muqueuse a subi l'inliltration calcaire ou offre un dépôt sédimentaire jaunâtre constiiué par de petits graviers [Pécus (l)j. Les parois vésicales sont hypertro- phiées, pigmentées, parsemées de brides scléreuses. Les uretères sont dilatés, les reins atteints de pyoné- phrose. Diagnostic. — Il est basé sur la difticulté de lurination. le caujper, le fouettement de la queue, l'examen du vagin et les caractères purulents de l'urine. Pronostic. — Toujours grave en raison de la curabilité relative de la maladie et de la possibilité de complications rénales. Traitement. — Dans la cystite chronique, il faut re- courir aux réiineux, à la térébenthine, à l'aloès. Trasbot recommande le bromure de camphre et le bromure de potassium. Sainl-Cyr s'est bien trouvé de l'administration à l'intérieur de goudron de liois à la dose de 45 grammes par jour en trois bols. Lorsqu'il y a, en même temps, des (1) l'écus, Journ . de Lyon, IS98. CYSTITES. 219 lésions vaginales, les lavages du vagin avec une solution antiseptique sont naturellement indiqués. A la suite de Tamélioration du sujet, on peut conseiller Teau goudron- neuse en boissons (1 kilo de goudron dans 20 litres d'eau); on donne chaque jour, à Tanimal. 1 ou 2 litres d'eau goudronnée. Quand ce traitement est insuffisant, il faut recourir à une action directe sur la muqueuse parles lavages vésicaux à Taide d'une petite quantité de collargol à 1 p. 100. de nitrate d'argent à 1 p. 1 000. On peut faire précéder ce trai- tement d'injections d'eau bouillie destinées à nettoyer la. muqueuse et à enlever ses produits de sécrétion. II. — BOVIDÉS. I. — CYSTITE AIGUË. La CA^stite aiguë des bovidés est une inflammation secon- daire de la muqueuse, parfois de la musculeuse et des tissus périvésicaux caractérisée cliniquement par des mictions- fréquentes, douloureuses et la purulence des m-ines. Étiologie. — L'élimination par le rein de produits irri- tants, toxiques, végétaux ou minéraux alimentaires ou mé- dicamenteux (essence de térébenthine, cantharides) est tantôt suivie dune néphrite ou dune néphrocvstite ou seu- lement de l'inflammationcatarrhale de la vessie. L'infection se greffe sur la congestion. L'infection ascendante est plus fréquente que l'infection hématogène; la cystite est, pour ce motif, plus commune chez les femelles que chez les mâles. La maladie apparaît souvent après la non-délivrance, à la suite des divers accidents de la parturition, plaies vagi- nales, vaginite, métrite. Elle est, dans ces cas, la première étape de la pyélonéphrite. Le sondage intempestif, pratiqué avec des instruments malpropres, peut provoquer l'appa- rition de la maladie. 220 VESSIE. Chez les vcnux, il n'est pas rare de trouver des lésions d'inflammation catarrhale ou purulente à la suite de l'in- lection du canal do l'urètre (Ulz). La cystite est quelqueroisla première étape de l'infection ascendante qui se termine par une pyélonéphrite. Les calculs et les tumeurs de la vessie ou de l'urètre sont une cause fréquente de cystite par la rétention uri- naire qu'ils [)rovoquent. Le séjour prolongé de l'urine dans la vessie est suivi de son altération : l'urine décomposée irrite les [)arois vésicales. La nature des agents microbiens qui cultivent dans lurinc ou à la surface de la muqueuse fait varier le type inflammatoire ; la maladie revêt la forme hémorrar/ique, catarrhale. jmrulente. pseudo-mem- braneuse ou nccrosique. Symptômes. — Les symptômes essentiels sont à peu près les iiièmes dans les diflerenles formes de la maladie; ils varient seulement d'intonsilé. a. La douleur vésicale s'annonce par une attitude géné- rale équivoque; les animaux cessent démanger, regardent leur flanc, se déplacent latéralement du train postérieur, [•iétinent du derrière. Ces signes, qui sont des indices cer- tains de coliques, se localisent, et les manifestations uri- naires apparaissent. Les vaches se campent fréquemment pour uriner, mais ne rejettent, chaque fois, qu'une petite (juantité d'iu'ine; le besoin d'uriner se répète parfois tous les quarts d'heure ou toutes les demi-heure et, chaque fois, le dos se voûte, le ventre se tend, l'arrière-train est agité par un tremblement qui décèle des crampes douloureuses; la région lombaire est très sensible à la pression. b. Les urines émises sont troubles parce qu'elles con- tiennent du pus. et leur coloration varie beaucoup suivant l'intensité de l'inflammation. Tantôt roussiUre et légèrement foncée par une petite quantité de globules rouges, tantôt brunâtre, sanguinolente, l'urine offre souvent l'aspect d'une bière brune et devient sanguinolente vers la fin de chaque miction. En subissant la fermentation ammoniacale dans CYSTITES. 221 la vessie, elle devient extrêmement fétide. L'hématurie terminale cesse habituellement au bout de quelques jours; l'urine devient alors plus épaisse, nettement blanchâtre, visqueuse, c'est-à-dire franchement purulente. Examinée au microscope, on y découvre de nombreux globules de pus, des globules rouges, des cellules épithéliales plates, polygonales à gros noyaux et une grande quantité de microbes. c. L'exploration rectale dénonce une constipation opi- niâtre ; le rectum est rempli d"excréments tassés et durs, de mucosités pelotonnées et striées de sang. On peut cons- tater, en même temps, la distension et la sensibilité de la vessie et particulièrement du col de cet organe, qui forme, dès le début, une tumeur tendue, brûlante très doulou- reuse à la pression après trois ou quatre jours de maladie (Roche-Lubin, Ringuet, Tannenhauer). La muqueuse du vagin est également plus rouge, parfois l'ecouverte de mucus épaissi. Tous ces symptômes augmentent rapide- ment d'intensité et arrivent, après quelques jours, à leur maximum. Cette forme inflammatoire simple ne s'accompagne pas de fièvre, ou ne détermine qu'une fièvre modérée. Variétés. — La cystite catarrhale simple évolue géné- ralement en deux à trois semaines, puis guérit complè- tement ou persiste en présentant, de temps à autre, des poussées aiguës. Laoystite cantharidienne anne marche aigué, rapide ; elle est souvent accompagnée d'émission d'urine sanguinolente. La cystite pseudo-membraneuse est caractérisée par l'ex- pulsion de petits lambeaux grisâtres, débris de fausses membranes qui peuvent obstruer l'uretère chez les vaches comme chez les mâles et déterminer la rétention totale de l'urine et la rupture de la vessie. La cystite nécrosante, souvent compliquée d'inflammation périvésicale,de péritonite localisée ou généralisée, s'accom- pagne de troubles généraux très marqués. 222 VESSIE. La température peut atteindre 40" ; le regard est anxieux, les yeux sont injectés, les battements cardiaques violents, le pouls petit, vite et dur, la bouche chaude, l'appétit nul, laruminationinlerronipue ;lesco]iquesredoublentd'iicuilé; les efforts de miction sont continus; infructueux; l'animal se tient le dos voussé ; il tremble fortement, grince des dents et ne rejette que, goutte à goutte, un peu d'urine sanguinolente (Tannenhauer. Hinguet, Roche-Lubin, Guit- tard), des fausses membranes ou dos membranes d'appa- rence nécrosée Rose ot Perrins, Khnudsen). L'animal s'af- faiblit rapidement, le train [lostérieur ne peut plus le supporter. La paraplégie apparaît vers le quatrième jour et se complote (Tannenhauer); la constipation augmente, se complique souvent de renversement du rectum ; l'œil devient cave, les extrémités froides ; tout annonce une fin prochaine. Souvent l'affection se termine par la rupture de la vessie ou par la (janurène de l'organe. La rupture de la vessie est accusée par la disparition momentanée des coliques ; un soulagement immédiat, lalfaisemcnt de l'organe suivi bientôt dune réaction et de l'évolution de symptômes géné- raux graves, dénonçant la péritonite. La gangrène est marquée par l'expulsion d'une urine très odorante, infecte, et le rejet de portions do muqueuse nécrosée mélangées à du sang. Ânatomie pathologique. — A l'ouverture de la cavité abdominale, on trouve, dans le cas de rupture, une quan- tité plus ou moins considérable d'urine, et tous les viscères exhalent une odeur urineuse ; le péritoine est enflammé, les muscles décolorés. La vessie est rouge brunâtre, ot. dans sa partie la plus évasée, on aperçoit une déchirure à bords ourlés, par laquelle l'iu-ino s'est répandue dans l'abdomen. Quand il n'y a pas eu rupture, on constate souvent que les reins sont i)lus ou moins altérés, rarement indenmcs ; CYSTITES. 223 ils sont rouges, congestionnés, et présentent des foyers hémorragiques (Derain\ La vessie forme, en arrière, une énorme tumeur, à surface violacée ou noirâtre ; ouverte, elle donne écoulement à un produit qui est du sang presque pur, liquide, et à des caillots, ou bien encore à un produit séro-purulent. noirâtre et fétide (Roche- Lubin, Ringuet). A la muqueuse, adhère un produit muco-purulent, glaireux, riche en globules rouges, en cristaux divers; quelquefois, elle est recouverte de fausses membranes jaunâtres, cachant un fond hémorragique, saigneux. L'inflammation de la muqueuse peut revêtir le caractère hémorragique et diffus; toute la surface interne de la vessie est d'une coloration rouge foncé, noire par places (Derain). Dans d'autres cas, la muqueuse est épaissie et parsemée de lai'ges ecchymoses sur certains points, désorganisée, sphacélée, verdàtre dans d'autres. Des érosions et des plaies bourgeonnantes s'observent dans les formes moins graves. Des infiltrations sanguines ou puru- lentes existent quelquefois entre la muqueuse et la mus- culeuse. Le tissu conjonctivo-adipeux qui tapisse la péri- phérie de la vessie au niveau des fossettes péritonéales intrapelviennes est fortement enflammé dans les formes grangreneuses; il y a de la pelvi-péritonite ou de la péri- tonite généralisée, h'urètre est souvent le siège d'une inflammation aussi intense que la vessie. Diagnostic. — Le diagnostic est facile ; il y a cystite chaque fois qu'on observe des mictions fréquentes, dou- loureuses, accompagnées de pyurie ou d'hématurie. L'exploration de la vessie, en révélant sa sensibilité et sa distension, confirme l'existence de cette inflamma- tion. Un seul état pathologique pourrait être confondu avec le précédent : Vobstruction de l'urètre par un calcul. Dans ce cas, en effet, on observe, comme dans la cystite, des coliques et la réplétion de la vessie ; le diagnostic diffé- 224 VESSIE. rentiel est basé sur l'exploration négative du trajet de l'urètre et sur l'absence du bond urétral. Dans la cystite, il n'y a pas de bond urétral (Cruzel, Ringuef. Dorain). et cela tient à la paralysie complète de l'organe qui maintient hermétiquement clos le col de la vessie; il j a toujours un bond urétral dans le cas d'obstruction du canal de l'urètre. Pronostic. — Le pronostic est variable suivant la nature et le degré de l'infection vésicale et l'intensité des lésions qui se sont développées. Il ne faut pas oublier que cette maladie peut avoir une terminaison mortelle une fois sur quatre, en moyenne (Rocbe-Lubin, Ringuet), bien moins souvent si l'on fait entrer en ligne de compte les nombreux cas de cyslile bénigne qui guérissent rapidement. Traitement. — Tant que les douleurs sont très vives, le besoin d'uriner très fréquent, les calmants (sachets chauds sur les lombes et les flancs, lavements mucihigi- neux, laudanisés, administration de boissons émollienles . sont tout indiqués. A ces moyens palliatifs, il faut joindre les désinfectants de la vessie. Les diurétiques comme les boissons mucilagi- neuses, les tisanes d'orge, de pariétaire, additionnées de bicarbonate de soude, 40 à 50 grammes en plusieurs fois diminuent l'action irritante de l'ui'ine et facilitent l'éva- cuation du contenu de la vessie. Les antiseptiques qui s'éliminent par le rein tendent à rendre l'urine aseptique : le benzoate de soude, l'urotropine (i à li grammes), le camphre, l'acide salicylique 15 à 20 grammes) sont des agents très recommandables. Le lavage de la vessie, impraticable chez les mâles, est difficile et très douloureux chez les vnclies, sinon dangereux. L'extrémité de la sonde rigide (métal, gutta ou caoutchouc durci) risque de blesser la mmpieuse vésicale, enflammée, d'y déterminer des auto-inoculations très graves, de hâter la nécrose ou la perforation de la paroi. CYSTITES. 225 II. - CYSTITE CHRONIQUE. Les bovidés présentent deux formes de cystite chro- nique nettement séparées : la cystite clironique simple et la cystite chronique hémorragique. A. — Cystite chronique simple. L'infection vésicule tend à persister et disparaît diffici- lement : l'urine demeure généralement un excellent bouillon de culture des microbes qui entretiennent lirri- tation de la muqueuse. Caractérisée par le rejet d'urine purulente et l'épaississement plus ou moins considérable de la paroi vésicale, cette maladie, fréquente chez la vache, est rare chez le taureau. Symptômes. — Le début est insidieux, peu net, caché ; quand elle est bien développée, les malades urinent ra- rement, et, lorsqu'ils le font, c'est avec précaution; ils se campent, agitent la queue et expulsent un jet aminci ou une faible quantité d'une urine blanchâtre, purulente, trouble, louche, contenant des grumeaux. Si on examine au microscope, le dépôt formé par l'urine, on y trouve de nombreux globules purulents, des sels, des cristaux de phosphate ammoniaco-magnésienengrande quantité, quel- ques amas bacillaires sous forme de petits grains même visibles à l'œil nu. L'urine a une odeur fade, légèrement ammoniacale. Ces manifestations s'accusent de plus en plus ; la mic- tion devient tous les jours plus pénible ; il y a des épreintes ; les animaux tiennent le dos voussé quelque temps encore après avoir uriné. L'examen du vagin, au spéculum, démontre une inflammation plus ou moins marquée de cet organe; la main, introduite, constate l'épaississement des parois de l'urètre, qui sont rigides. La vessie, quoique vide, ne s'affaisse pas à l'exploration rectale ; elle donne 13. 226 VESSIE. même quelquefois la sensation dune tumeur dure; le col est liyperlropliié (Lewis). Quand la maladie persiste, les parois vésiralcs acquièrent un tel degré d'épaisseur que la cavité disparail ; l'urine venant du rein ne séjourne plus dans l'organe destiné à la recevoir; elle s'écoule constam- ment au dehors; il v a incontinence d'urine. Marche. — La marche de la maladie est essentielle- ment chronique; au début, aucun signe spécial ne l'annonce, puis, ])eu à peu, l'élat génc'ral devient mauvais; les animaux maigrissent, la rumination n'est plus régu- lière ; si l'on n'intervient pas, la mort survient dans la cachexie. Anatomie pathologique. — A première vue, la vessie paraît énorme, ses parois sont épaissies, rigides, ne s'affaissent pas; elles atteignent quelquefois 4 à 5 cen- timètres d'épaisseur et ne se laissent que diflicilement inciser par l'instrument tranchant. Leur coloration est jaunâtre ou blanc grisâtre, plombée. La face interne de la vessie présente des plis épaissis, volumineux, entre lesquels on trouve du pus et des sédiments urinaircs; elle est hémorragique, piquetée, gris plombé ou ardoisée, sup- purante ou bourgeonnante, sans jamais présenter les végé- tations en choux-fleurs do la cystite hémorragique. La musculeuie est épaissie, sclérosée ou infiltrée par places, résistante ou élastique. Le tissu conjonctif péri- vésical est infiltré et épaissi. '\jQS uretères sont générale- ment dilatés. Dans quelques rares cas, la muqueuse vési- cale est parsemée de vésicules transparentes ou rouges qui contiennent des gaz et crépitent sous la pression. Des dilatations gazeuses, abondantes dans la couche muqueuse et surtout volumineuses dans la sous-mu(pieuse. sont rares dans la couche musculaire. La ]>lupart paraissent consti- tuées par des lymphatiques dilatés; on peut constater, çà et là, des hémorragies interstitielles (Hunge, 4898; Troll- denier, 1903). Diagnosrtic. — La purulence des urines, l'exploration CYSTITES. 227 du méat urinaire, chez la vache, à l'aide du spéculum et l'exploration rectale permettent de reconnaître l'inflam- mation de la vessie. Pronostic. — Le pronostic est toujours grave en raison de l'incurabilité du mal et de sa tendance à déterminer l'infection des uretères et la pyélonéphrite. Traitement. — Ce sont les mêmes agents infectieux qui sont implantés sur la muqueuse : il faut en poursuivre l'asepsie à laide des mêmes moyens : l'acide benzoïque. le benzoatede soude, le camphre, l'urotropine. le bicarbonate de soude doivent être longtemps employés. Les balsa- miques et les l'ésineux sont ici particulièrement indiqués ; l'essence de térébenthine à la dose de 40 à 50 grammes par jour, en capsules ou en bols, donne de bons résultats (Caffaretti). L'acide salicylique et le salicylate de soude, les injections intravésicales de solutions astringentes d'eau blanche, de nitrate d'argent (1 à 2 p. 100 , d'eau boriquée à 3 p. 100. d'eau fluorée (0g''.50 à 1 gramme de fluorure de sodium par litre . d'oxycyanure de mercure en solution salée de 1 p. 3000 à 1 p. 10000 sont conseillées: mais ce traitement prolongé devient onéreux, de sorte qu'il est préférable d'envoyer les animaux à la boucherie avant que l'amaigrissement soit devenu trop prononcé. B. — Cystite chronique hémorragique. • La cystite chronique hémorragique est une affection spéciale aux animaux de l'espèce bovine. Elle est caracté- risée par une hématurie intermittente, un amai'jrissement progressif et généralement par des ulcérations et des néo- formations hémorragiques de la vessie et quelquefois des uretères. Sa marche lente et fatale, son caractère enzootique, l'obscurité qui entoure encore sa nature en font une maladie très importante à connaître au point de vue économique. Synonymie. — La maladie est connue sous des noms 228 VESSIE. très divers. En France, c'est la cystirrar/ie, \o pisscmcnt de sai}g, l'hématurie enzootique, Yhcmatiirie eaucntiellc , l'hciua- tiirie chronique. Les Allemands la désignent sous le nom d'hématurie vésicale, et de Stallroth ou rouge des établcs, par opposition au rouge des prairies, Wcidcroth, qui est l'hémoglobinémie ou la piroplasmose. Le nom de cystite chronique hcmorrarjique est celui qui exprime le mieux la nature et le caractère dominant de cette maladie. Historique. — Fréquente dans la Creuse, la Corrèze, la Haute-Vienne, le Cantal, le Puy-de-l)ùnw, la Ilaute-Loireet dans les départements de rOiiest de la France, elle est signalée par Vigney (18-4.^. Gillet (18Gâj l'observe dans les départements de la Mayenne, de la Sarthe et de Maine-et- Loire. L'année suivante, Pichon la retrouve dans les départements de l'Ouest. En 1864, Sinoir lui consacre un mémoin; de la plus haute importance. Après ces auteurs, il faut rappeler lesobservations deConslanlin. deMathivet, de Robcis, deButel,de MoUereau, deBoudeaud, de Morand, d'Éloire et les recherches de Detroye (1891), de Galticr (1892). En Allemagne et dans les pays du nord de l'Europe, la maladie a été très souvent observée et très bien décrite par BoU, Stiévenart, Arnold, Sakowitch et Sobornow. Ligo-Dolpopulow, Reichenbach, Ilink, Anacker. En Italie, la cystite chronique hémorragique a été bien étudiée par Cavalazzi, Rivolta. En /it'/,7((/»/(?, cette maladie a étéégalement l'objet de très nombreuses observations dont les plus intéressantes sont celles de Polet, Dessart, Van Vellendael, Durieux, Liénaux. Répartition géographique. — En France, la maladie semble localisée dans fOuost et le Centre. Observée dans les ,'^ii> Fig. 17. — Vessie de bœuf atteint de cystite chronique hémorragique. T, tumeurs vésicules : -M, muqueuse intacte. complètement séparés et inclus dans le conjonclif (fitj. 48). Ces globes subissent rapidement la dégénérescence kys- CYSTITES. 241 tique. Le kjslc est tapissé d'une couclie épithélialc qui tend à revenir vers le type vésical, et l'on distingue dans son contenu des éléments cellulaires en voie de dégéné- rescence. La végétation est donc essentiellement constituée par du tissu conjonctif semé de globes épitliéliaux ou de Fig. 48. — Coupe d'une tumeur vésicale vue à un fort grossissement. A, épithélium cylindrique simple tapissant des cavilés qui ne sont que des enfoncements de la muqueuse vésicale; B, une cavité semblant contenir un bourgeon épilhélial (Leblanc). kystes et par des vaisseaux très abondants dans les divers points : les uns en couche profonde, d'autres immédia- tement logés sous l'épithélium, formant là de véritables lacs sanguins seulement recouverts par une faible couche de cellules cylindriques. h'régulièreraent, la sous-muqueuse et le conjonctif se montrent infiltrés de cellules embryonnaires ; on en trouve même jusque dans la musculeuse. Ces amas répondent à des nids de microbes qui sont venus se greffer sur les lésions Cai>k.vg. — PallioluLMC interne. VIL 14 VESSIE. priinilives; on peut s'en assurer par la coloration de ces agents dans les coupes. A côté de ces lésions essentielles, on trouve souvent des lésions secondaires de pyélonéplirite ascendante (fig. 49). Fig. W. — Cystite clii-oiii(iiie liùmorragi(iiie liu ba-uf. I.a vessie ouverte forme une tumeur presque pliint (V) ; un des deux reins est atteint de pyélonéphrile consécutive (R). Quand la maladie est très ancienne, tous les tissus sont décolorés, pûtes, mous, peu résistants et infiltrés ; lesgrandes cavités, péricarde, plèvre, péritoine, renferment un liquide séro-Sanguinolent (Sinoir) ; on observe en même temps imc inliltration u'démateuse au niveau de la gorge, du poi- trail et du sternum. Traitement. — 11 n'existe pas de traitement curatif CYSTITES. . ;2*3 susceptible d'amener même une amélioration passagère. Les décoctions de plantes (fumeterre, plantain), les ferru- gineux, les toniques, les arsenicaux sont conseillés; mais ils peuvent être regardés comme inefficaces. Prophylaxie. — Le traitement prophylactique ne peut être institué d'une manière rationnelle en raison de l'incer- titude qui plane sur l'étiologie de la maladie. On ne peut formuler que des indications empiriques. Le drainage des pâturages humides, leur amélioration par des engrais divers tels que les superphosphates et la chaux modifient la flore de ces herbages et augmentent leurs propriétés nutritives. Vémigration du bétail malade vers des régions indemmes semble favoriser la guérison, mais on ne saurait affirmer l'efficacité de cette mesure. III. — CHIEN. 1. — CYSTITE AIGUË. Étiologie. — La cystite aiguë est une maladie toxi-infec- tieuse produite par toutes les causes qui engendrent les néphrites. Les agents infectieux ou irritants déversés dans la vessie irritent d'autant plus facilement la muqueuse de cet organe que l'urine y stagne davantage. Les prostatiques et les calculeux sont particulièrement exposés aux cystites aiguës. Les animaux âgés atteints de maladies cutanées sont traités par des solutions, des pommades irritantes ou toxiques qui engendrent l'inflammation de la vessie. Excep- tionnellement, celle-ci résulte de l'extension d'une urétrite ou d'une vaginite. Symptômes. — Le malade a des mictions fréquentes, douloureuses; les mâles sont en demi-érection continuelle. Des coliques légères apparaissent, dans l'intervalle des- quelles l'animal se campe et s'efforce d'expulser l'urine accumulée dans sa vessie ; celle-ci ne s'écoule que goutte à goutte, sanguinolente. La palpation de la vessie par les parois abdominales, par le toucher rectal ou vaginal est 244 VESSIE. douloureuse. La fièvre est élevée, l'appétit diminué ou supprimé. L'urine est devenue ammoniacale; elle renferme des débris épithéliaux, des globules blancs, du mucus, de l'albumine, des cristaux de pliosphate ammoniaco-magné- sien, des bactéries. Lanimal offre de la fièvre, de la constipation et un pro- fond abattement. Quand la miction est complètement supprimée, l'animal meurt rapidement d'urémie ou de rupture de la vessie accompagnée de péritonite. Diagnostic. — La cystite est souvent confondue avec la népluile ; mais la distension et la sensibilité de la vessie, à toute exploration, sont des signes différentiels caracté- ristiques. Traitement. — 11 faut s'efforcer de diminuer les pro- priétés irritantes de l'urine à l'aide d'un régime rafraî- chissant composé de lait coupé avec de l'eau de Vichy, de la tisane de chiendent ou d'orge. On augmente les propriétés diurétiques de ces liquides en ajoutant, aux aliments, d à 4 grammes de bicarbonate de soude. Ces agents sont des moyens mécaniques de désinfection de la vessie ; on peut en ajouter d'autres pliisactifs, pourvu qu'ils ne soient pas irritants; il faut s'adresser aux produits qui s'éliminent par le rein; le salol, le benzo-naphtol à la dose de 2 grammes par jour sont indiqués. La consti- pation est combattue à l'aide d'une cuillerée à bouche d'huile de ricin et par des lavements d'eau chaude addi- tionnée d'un peu d'huile ou de glycérine. II. — CYSTITE CHRONIQUE. Étiologie. — La cystite chronicpie est l'apanage des c/H'e«s calcuieux. prostatiques ou atteints d'un cancer delà vessie. Symptômes. — Cette maladie s'accuse par l'émission «i'iu-ine purulente et quelquefois par de l'hématurie; les mictions sont fréquentes; mais la pollakiurie par excitation CYSTITES. 245 vésicale s'accompagne de signes de douleur à chaque mic- tion. L'exploration delà vessie dénonce la dilatation de cet Fig. 50. — Distension énorme de la vessie dont les parois sont infiltrées et œdémateuses. organe qui a une consistance plus ou moins dure (fig. 50). Diagnostic. — La lithiase est caractérisée par des signes de rétention et danurie et quelquefois de rupture quand les calculs, situés au-dessus de l'os pénien, obstruent le conduit; urétral ; d'incontinence, quand les calculs sont 14. 246 VESSIE. situés dans la portion juxtavésicale de l'urètre (1). Les tumeurs malignes de la vessie se différencient géné- ralement des cystites par l'hématurie, témoignant d'une ulcération de la tumeur, par la gêne des miclions et la réplélion extrême de la vessie en raison de l'obstruction partielle de l'orifice de l'urètre et enfin par l'état apy- rétique et la maigreur du sujet, qui sont des caractères propres aux néoplasies [Daille et SulTran (2]]. Lésions. — La vessie est ferme et résistante au toucher; sa face externe est couverte d'arborisations vasculaires rougeâtres. Elle offre quelquefois de telles dimensions qu'elle remplit la cavité abdominale. L'incision de cet organe permet de constater une hypertrophie remarquable de la paroi vésicale. La muqueuse est recouverte de caillots sanguins conglomérés, quelquefois en une seule masse de la grosseur de la tète d'un enfant (Marck). A|)rès leur enlèvement, on peut constater la présence de petites saillies arrondies ou coniques, quelquefois cylindroïdes. Ces saillies molles, lisses, brillantes, de coloration rosée ou rougeâtre? ont le volume d'un grain de chénevis ou même d'un pois (fig. 51). Entre elles, on peut constater de nombreux plis et quelquefois même des ulcérations. Exceptionnellement, le tissu sous-muqueux est le siège d'une infiltration gélatineuse qui décuple l'épaisseur des parois vésicales. Cet œdème chro- nirjue peut se compliquer de sclérose. L'épithélium vésical est vascularisé ; il est traversé par les leucocytes, ou soulevé par lambeaux sous rinfiuence du processus hémorragique. Les faisceaux musculaires lisses sont hypertrophiés. La muqueuse de l'urètre est congestionnée ; la prostate est hypertrophiée dans beaucoup de cas ; les reins présentent ordinairement de la pyélonéphrite. Traitement. — En dehors des moyens préconisés contre (1) Taylor, Cystite ulcéreuse, rupture de la vessie et pyélonéphrite chez un chien (T/ie Veterinary Record, 1904). — Schmidt, Télangiectasie de la vessie (Berlinfir, I90ô). — Marek, Revue géti., 1908. — Bail, La lithiase vésicale dans l'espèce canine (./o»r;i. de Lyon, 1906, p. 19i'). (2) Daille et Suffran, Revue vdt., 1903, p. 612. CYSTITE^ 247 la cystite aigui-, il faut utiliseï" tous les agents capables de tarir la suppuration de la muqueuse vésieale, tels que le copahu. Textrait alcoolique de cubèbe. le sirop de téré- benthine, le benzoate de soude, le salol, Tu- rotropine. le biborate de soude. Le catbé- térisme et le lavage de la vessie sont égale- ment indi- qués quand l'urine de- meure pu- rulente ; la l'irrigue avec ^3 p. 100). de 0, p. 011). ALOPÉCIES. 253 Les alopécies acquises sont diffuses et régionales ou au contraire circonscrites. Celles-ci comprennent les alopécies cicatricielles consécutives à une plaie, à une brûlure, à l'action d"un caustique, et les alopécies parasitaires résultant des gales et des épidermomycoses {herpès tonsurans . (".es deux ordres de dépilation sont faciles à dis- tinguer par l'atrophie des follicules pileux et l'état de la peau qui a changé de couleur, de consistance dans les alopécies cicatricielles, tandis que le tégument subit une infiltration pigmentaire et se recouvre de débris sébo-épidermiques dans les alopécies parasitaires. En outre, dans ces dernières, les surfaces dépitées ont une forme arrondie, ovale, irré- gulière ou zébrée. Les alopécies régionales et diffuses résultent d'un affai- blissement général déterminé par une maladie infectieuse, dyscrasique, cachectisante, comme l'hydronéphrose double Barrier, lanasarque, la lièvre typhoïde, le tétanos, la fièvre puerpérale, les maladies très longues, les sueurs prolongées, la gestation, les gastro-entérites (Adam, Siedamgrotzky\ ou d'une intoxication comme l'hydrargy- risme. qui en est la cause la plus commune [Crevelle. Voinier, Puthoste, Krait. Joly . i)]. Les poils deviennent, ternes et cèdent à la moindre traction; la dépilation, dénoncée par des plaques lenticu- laires à la face intex-ne des cuisses, se dessine et progresse- d'une manière insensible: elle s'étend au tronc, au cou,, sur la moitié des membres. Cette chute complète des poils; peut survenir en quelques semaines sans prurit. En même temps, on voit apparaître des tuméfactions œdémateuses des membres, du ventre et des pai'ties inférieures de la poitrine, comme dans l'anasarque : le plus souvent, ces signes secondaires font défaut (2). (1) Joly, .\u sujet des alopécies hydrargyriques du cheval {Bull, de la Soc. reiitr., 1912, p. 61). [2) Cievelle, .\lopécie déterminée par le biiodure de mercure [./o'.trn. dex vét. milit., 1900^ C.AD.ô.\c. — Pathologie interne. VII. 15 254 TRICHOSES. L'alopécie essentielle ou hérose constitue une dystrophie cutanée, caractérisée par du pityriasis, de laséborrhéesèclio. des troubles de la nutrition du système pileux, de l'hjper- trichosect do l'alopécie. Elle aélé parliculiorenienl étudiée par Trolimow, Hoj, Hrisavoine, Dejsine. Son éliologio réelle est inconnue. Les animaux à robe claire j sont plus sujets que ceux à robe foncée. On la voit apparaître sur les animaux qui font un long séjour à Técurie ou soumis à un travail mal réglé et qui sont mal pansés : c''est une maladie d'hiver qui semble élre quelque- fois sous la dépendance d'un froid persistant (Hering. Kolhepp ; les dépilations se produisent principalement dans les régions exposées au froid. Les modilications réflexes de la circulation cutanée engendrées par un froid intense compromettent la nutrition du système pileux et entraînent l'alopécie. Son caractère enzootique a fait admettre son origine pai-asitaire ; on a invoqué l'action d'un microbacille développé dans les follicules pileux (Sabouraud); d'un champignon voisin du Trichoplnjton tonsurans (Ilollebornn), de bactéries diverses Dobesi.sans réussir à établir leur spécificité. Pourtant Roy a conslati' des cas de contagion de cIiovhI à cheval par l'intermé- diaire des instruments de pansage ou de la couverture; il est même parvenu à la communiquer expérimentalement en faisant frictionner un cheval sain avec des pellicules recueillies sur im malade. iNéanmoins, on incline ;\ penser que cette alopécie progi'cssive n'est pas contagieuse ; rien ne permet j)Ourtanl d'exclure absolument l'action des para- sites. L'apparition iires(pii' loiijonrs syiinUriquo des di-pilalions a fait rapp()rt(>r cette alojiécie à une cause nerveuse ou à des troubles Irophiqiies. D'ailleurs Max .lose|di a produit expérimentalement, chez le chat, des alopécies en aires par section des nerfs occipitaux, et Trendelenburg a observé, chez le pigeon, la chute des plumes après la sec- tion des racines sensitivesde la moelle: on a enfin cous- ALOPÉCIES. 255 taté que la déséquilibration nerveuse exerce une véritable iniluence sui" l'apparition de la pelade humaine. Dans la théorie dijstrophiqite, une violation organique complexe préside à l'apparition de cette alopécie. Elle est caractérisée par l'apparition de bandes symétriques sur le dos, le rein et la croupe, s'étendant à tout le corps en respec- tant les membres. Les poils, ternes, hérissés et cassants, sont comme coupés à 1 millimètre de leur racine et. à l'examen microscopique, ils montrent une division en un grand nombre de flbrilles,une véritable schizotrichie. Dansles points où ils né sont pas encore tombés, ils sont gonflés, noueux, comme remplis d'air, et se brisent très aisément au niveau des nodosités. 11 n'y a pas le moindre prurit. L'animal n'accuse jamais rien d'irrégulier dans ses fonctions générales: son appétit et sa vigueur se conservent intacts, et on peut l'utiliser comme d'habitude. Les poils s'arrachent facile- ment, les dépilations progressent et donnent à l'animal l'aspect le plus misérable, quoiqu'il conserve un embon- point satisfaisant. Diagnostic. — L'alopécie idiopathique est caracté- risée par l'absence de prurit,, la facilité avec laquelle les poils s'arrachent et la séborrhée qui l'accompagne. Pronostic. — Il est plus grave pour l'alopécie généra- lisée et épizootique que pour l'alopécie circonscrite. Tou- tefois, la repousse des poils est ordinairement la règle. Traitement. — Les indications prophylactiques consis- tant dans une bonne alimentation, des soins hygiéniques convenables et la précaution d'éviter l'action prolongée d'un froid intense. Les agents thérapeutiques varient avec la cause de l 'affection. V alopécie parasitaire est combattue par tous les parasiticides. L'alopécie essentielle guérit sans intervention, à l'ap- proche de la belle saison: il y a cependant lieu de sur- veiller l'application des harnais sur les parties dénudées, d'activer la pousse du poil par des frictions irritantes 256 TruciiosEs. avec : l'alcool camphi'c, la teinture de cantliarides diluée au cinquième, les pommades sulfureuses, les lotions de sulfure de potassium, le savon de potasse, la solution de chlorure de sodium à 5 p. 100, Tiode et l'alcool à parties égales, la pommade à hase de nitrate d'arj^'ont et de teinture de cantliarides (l^ov). (^n a conseillé des pulvé- risations ou des frictions de : Eau-de-vie camphrée fo i,'rainiiies. Teinture d'aloès 10 — — ûv myrrhe S — — de caulharides 2 — Chez les chevaux à nutrition languissante, le traitement curatif est complété par l'administration d'acide arsé- nieux et de toniques. III. — TRICHOSES DYSTROPHIQUES. I. — La leneotrioliio est une décoloration congé- nitale des poils qui na pas été étudiée ; la canitie est une décoloration acquise qui résulte de la sénilité ou d'ime compression locale par les harnais ou des bandages. Le pigment est détruit, soit par phagoc^'tose, soit par usure sur place. II. — La TrichorrexLs nodosa Ij est une alTection caractérisée par des renflements avec éclatements des poils dont les fibres se séparent comme deux balais enfoncés l'un dans l'autre. Elle se développe principalement au niveau des poils de la base de la queue et de la crinière, parfois même sur le tronc. Considérée comme parasitaire et contagieuse, elle résulte généralement de grattages et d'un dégraissement exagéré des poils par suite de savon- nages trop fréquents. L'abus des mêmes soins hygiéniques crée de véritables enzooties de celte maladie de cause mécanique. Les poils ébouriffés prennent un aspect {i) Willierl, De la« Trichorrexis nodosn »{/{ecueil de iném. et observât, sur l'Iiygièiie et la inéit. vét. mi/it., 1908). TRICHOSES PARASITAIRES. 25' terne, mat ; ils présentent des nodosités de couleui- jaune sale ou blanchâtre distribuées irrégulièrement sur la tige : ils deviennent cassants ; les extrémités libres sont brisées à chaque nettoyage: la queue et la crinière se dénudent; la peau devient rinle ; le prurit est absent (fig. 53). Fi 53. 1" Stade : Accumulation pigmentaire avec 2« Stade : Ècarlemenl des écrasement (sous l'action de la potasse) (d'après libres corticales. Wilbert). L'évolution de cette dépilation est très lente : elle peut durer un an. Traitement. — Les lotions sulfureuses accompagnées d'applications de corps gras après la tonte et la désinfection de la peau permettent d'obtenir rapidement la guérison. IV. — TRICHOSES PARASITAIRES. Les trichoses parasitaires comprennent les diverses variétés de teignes (Voy. plus loin : Épidermomycoses.) II. — BOVIDES. L'alopécie est la seule trichose intéressante de l'espèce bovine. 258 TRICHOSES. L'alopécie congénitale est presque loujoiirs généralisre, et les jeunes veaux qui. en sont affectés meurent peu de teni[)s après leur naissance (Laurent, Cézard. Mardii ot Lucel); quand ils survivent, leurs cornes se développent anormalement (Hering). Ordinairement la peau nue. saut" aux paupières, aux joues et aux lèvres, est tachetée de rouge. L'alopécie acquise succède généralement à l'eczéma séborrhéique, localisé à la tête, aux extrémités, aux membres, au llioi-ax sous forme do larges plaques circu- laires ou c]lipti 1 ....i5t.. l. l .-^ 4 y^'i A B Fis. 5"). — Vésiculatioii. A, par mode inlercellulaire : 1, filaments d'union distendus jiar l'œdème iiitercellulaire ; 2, cellules du corps muqueux. — B, par mode intracellulaire: 1, cellules du cori>s muqueux en altération cavilaire (Pader). Iules épidorniiques refoulées et tassées. Ces vésicules grandissent, soulèvent la couche cornée pendant qu'il s'en forme d'autres à diverses hauteurs du corps muqueux de Malpighi (lig. 55). Leur évolution est très variable; elles peuvent se ter- •minor par desssiccation, se rupturer ou s'inlecter. a. La dessiccation sanssuintemenlest suivie de cvoûtcUes ou de croules composées de sérum desséché, de lits de cellules parakératosiques et d'amas microbiens; la dessic- cation inimédiato est la caractéristique des eczémas secs. AXATOMIE PATHOLOGIQUE. •265 b. La rupture des vésicules est suivie d'un suintement qui peut se prolonger longtemps sans production de nouvelles vésicules : le liquide de la spongiose continue de s'écouler par l'effraction d«s vésicules ouvertes ; ces pores ou puits eczématiqiies sont la marque des eczémas suintants (fig. 36). m^S^:--: t.~: ■-■ W^ Ê^ l^ï^i Fig. 56. — Formatiou d une vésicule au somniel d'une papille chez le cheval affecté de crapaud. p, papille œdémaliée ; c, corps miiqueux de Malpighi; s. cellules du corps rauqueux en spongiose; v. vésicule résultant de la rupture de plusieurs cellules (Pader). C. Les infections secondaires des eczémas sont d'autant plus faciles que les microbes pvogènes trouvent là un excellent milieu de culture et y attirent les leucocytes poly- nucléaires: on a ainsi les eczémas impétiginés à sécrétion purulente et à croûtes mélicériques. 260 DEUMITES ECZEMATEUSES. (/. Lii spon — ECZKMA SEBORRHEIQUE. 279 L'acide salicjlique agit comme antiseptique, l'oxyde de zinc comme un léger astringent, la vaseline comme un enduit protecteur qui préserve la peau excoriée du contact de l'air : tous ces agents excitent, en même temps, la crois- sance des poils. On calme le prurit violent de certains eczémas à laide de pommade cocaïnée (1 partie de coca'ine pour 2,5 de parafïine ou de Uniment oléo-calcaire). Les eczémas suintants ou impétigineux sont rapidement améliorés par les lotions astringentes, les pansements humides et antiseptiques : la pommade au calomel, au pré- cipité jaune, la pommade ichtyolée ou boriquée, la solu- tion aqueuse de formol à 1 p. 2, de nitrate d'argent à 1 p. 30, ou d'acide picrique (1 p. 86 d'eau), coagulent les exsudais ; les préparations goudi'onnées connues sous le nom d'huile décade, ou le goudron végétal pur produisent une modification salutaire du tégument et rendent la sur- face aseptique. Les poudi'es de tan, d'acide borique pulvérisé, de sous- nitrate de bismuth, d'iodoforme, de tannoforme, de der- matol. de sucre suffisent à tarir le suintement, à provo- quer la guérison des excoriations et une dessiccation rapide. Les boues radio-actives agissent à la fois comme antisep- tique puissant, comme astringent et desséchant (Petit). On peut employer aussi la solution à 10 p. 100 de collodion crésylé ou ichtyolé, la gutta-percha dissoute dans 6 parties de chloroforme. Les eczémas suintants des extrémités sont combattus avec succès par les poudres antiseptiques et astringentes, acide borique, tan, iodoforme, et les pansements occlusifs. Les eczémas végétants et verriiqueux sont combattus par la teinture diode, qui réprime le bourgeonnement et désinfecte la région, par le sulfate de cuivre, l'orpiment, l'acide arsénieux ou les caustiques plus énergique?, comme les acides; il est préférable de i"aser les fies et de cauté- riser la base de leur pédicule. Les crevasses sont justiciables des antiseptiques, des pan- 280 DERMITES ECZKMATErSES. sements protecteurs; on recommande même de recourir au sérum antistreptococcique (Gaston). Soins généraux. — Ils secondent tout au plus les soins locaux : la suppression de l'irritation culani'e. facile à obtenir quand elle est d'origine externe, est ordinairement irréalisable chez les solipbdes quand elle est d'origine interne". L'arsenic est considéré aujourd'hui comme étant plus souvent nuisible qu'utile; l'hygiène est difficile à mo- difier; on ne peut supprimer entièrement l'avoine et rem- placer ce régime fortifiant et excitant par un régime éniollient. de sorte que les moyens locaux sont, dans la majorité des cas, la seule ressource dans le traitement des eczémas des solipèdes. II. — BOVIDÉS. Les lésions élémentaires prurigineuses, suintantes et squameuses se c imbinent, se succèdent ou coexistent dans l'eczéma des hoviaés comme dans celui des autres espèces animales. Son développement est relativement rare chez les ruminants. Étiologie. — Un état diatbésique préexistant, un vice de la nutrition héréditaire ou acquis allié' à une mauvaise hygiène ou des irritants physiques, mécaniques, chimiques, parasitaires ou microbiens, peuvent susciter la réaction iun;uiiiiiat()ire eczémateuse. Symptômes. — (Juand l'eczéma débute brusquement sur une surface étendue, on peut observer quelques sym- ptômes généraux fébriles accompagnés d'inappétence, de constipation et de courbature. L'éruption qui se manifeste bientôt est polymorphe; elle se compose de rougeur, de vésiculation, de suinte- ment, de croûtes, de squames qui deviennent prépondé- rantes. Les poils sont piqués, ternes, et l'épiderme est fendillé, craquelé dans les premiers foyers eczémateux pendant qu'une éruption plus récente dans le voisinage ou BOVIDÉS. ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 281 dans une autre région exsude et suinte. Le stade de suin- tement est souvent prolongé pendant des jours ou même des semaines par des frottements et des léchages. Sinon, le suintement se dessèche en croûtes ambrées ou brunes si un peu de sang a été mêlé à la sérosité; c'est le stide croùteux, qui peut devenir impétiginé par infection secondaire ; la peau se crevasse sous l'influence des mouvements de flexion, d'extension ou des grattages, et l'eczéma se complique d'excoriations, de plaies, de décollements cutanés, de lymphangites, d'adénites. Quand l'eczéma persiste longtemps, la peau devient sèche, rugueuse, squameuse ; les plis et les sillons normaux sont plus accentués, et elle tend à s'épaissir et às'indurer. Variétés. — On peut distinguer des variétés de siège et des variétés de forme éruptive. Les régions de prédilection de l'eczéma sont le front, la nuque, la base de la queue et surtout les membres. a. L'eczéma des membres affecte les membres postérieurs de préférence (Huzard, Festal, Armandier, etc.). Son in- v.ision est rapide: la peau du paturon devient rouge, chaude, tuméfiée, douloureuse ; l'animal boite; ces sym- ptômes durent trois ou quatre jours, puis la souffrance devient tellement intense que les animaux ne peuvent plus être utilisés. A ce moment, on voit apparaître de petites vésicules sous-épidermiques, du volume d'une tête d'épingle; elles sont confluentes ou disséminées, rosées; elles renferment un liquide citrin et s'accumulent de préférence dans l'espace situé entre les talons et dans le fond du pli du paturon. Ces vésicules s'ouvrent rapidement et laissent écouler leur contenu, qui se dessèche au contact de l'air et se convertit en croûtes, qui, une fois formées, s'épaississent et se détachent pour se renouveler rapidement et pour ainsi dire indéfiniment si l'on n'intervient pas. Cette éruption, qui s'opère ainsi au pli du paturon, a souvent pour conséquence un engorgement intense du 16. 282 DERMITES ECZÉMATEUSES. membre dont l'appui devient incertain, difficile, quelque- fois impossible. La peau s'épaissit, se plisse, se ride, se crevasse, et des lymphangites se développent. L'afTeclion peut devenir rhroni(|ue. se compliquer d"élé- phantiasis, de sclérose du derme et d'hypertrophie de la couche épidermique (Voy. Pathologie chirurgicale), in Ma- ladies de la peau et du tissu conjonctif sous-cutané]. b. L'eczéma interdigitéouintertrigo succède au séjour dans des étables où stagne le purin ou à la marche des animaux sur des roules boueuses ou pierreuses Honvicini, Mioardio, Gualducci) (Voy. Pathologie chirurgicale, ïa Maladies de la peau, p. 204). La peau fine de celte région se couvre de vésicules; puis des crevasses s'étendent en rayonnant du point de réunion des deux onglons vers les fiarties latérales pour se propager quelquefois vers les parties antérieures; elles sont profondes, irrégulières, à bords renversés et ulcérés ; le pus sécrète, irrite le bourrelet, produit des décollements et quelquefois même la chute du sabot. c. h' eczéma de l'extrémité de la queue envahit le toupil- lon ; il se développe chez les animaux qui vivent en stabu- lation permanente, sans pansage ni lavage. d. L'eczéma aigu des parties supérieures du corps aiîecte spécialement les animaux adultes de six à douze ans ; il se développe, principalement, pendant lété et envahit les régions dépourvues de pigment, comme les reins, le dos, le garrot, les faces latérales de l'encolure et plus rarement les mamelles des animaux à robe pie [Mouroux (1)]. 11 s'accompagne quelquefois d'une luméfaction énorme de la peau de l'encolure, du pourtour des yeux, des oreilles et d'un suintement fétide (Brégeard). e. L'eczéma chronique généralise h poussées ré'cidivantes est surtout caractérisé par la production de grandes squames lamelleuses, diaphanes, adhérentes ; l'éruption est trèsatté- (1) Mouroux, Soc. cenlr., 1904. BOVIDÉS. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 283 nuée, le suintement inappréciable; la peau rougit sous l'inlluence des grattages; elle se pigmente à mesure que les poils tombent; l'alopécie et les squames épidermiques accusent seules la persistance de la maladie, qui peut durer des années Méguin, Noack, Prietsch . f. Ueczéma séborrhéique, décrit sous le nom de sébori'hée. a été étudié par Moussu. Leblanc. Mathis, Vaché, etc. (Voy. Pathologie chirurgicale, in Maladies de la peau). Diagnostic. — Les eczémas des bovidés se difl'érencient des acariases, de la phtiriase et des teignes par l'examen microscopique, qui permet de constater l'absence de tout parasite. Pronostic. — La gravité de ces affections dépend plus de leurs récidives et de leur complication croùteuse et suppurative que de leur résistance aux agents thérapeu- tiques. Traitement. — Les soins locaux doivent varier suivant la modalité de ratfection. son siège et son étendue. Les lavages antiseptiques et les applications dessiccatives pul- vérulentes sont préférables, au début, aux pommades et aux pâtes comme aux émoUients, car toutes ces médica- tions tendent à échauffer la peau et à faire macérer l'épi- derme. Les lotions boriquées. crésvlées. ou au permanga- nate de potasse, les applications d'huile de cade ou de goudron légèrement dilués avec de la vaseline conviennent pour les eczémas légèrement suintants; les poudres d'ami- don, d'écorce de chêne, de talc, le tannoforme, l'acide borique, finement pulvéïùsé, hâtent la dessiccation. Les eczémas croùteux sont efficacement combattus avec les émollients, le glycérolé d'amidon, les lotions soufrées, les pommades émollientes et astringentes, qui toutes favo- risent le détachement des croûtes et permettent d'utiliser ensuite les antiseptiques et les astringents en lotions ou en poudres. Les badigeons à l'acide azotique à 1 p. 10 ou au nitrate d'argent à 1 p. iO suppriment généralement le suintement 284 DERMITES ECZÉMATEUSES. et lo priiri(. mais ils peuvent devenir dangereux en raison de leur énergie même. Quand la guérison est obtenue, il faut veiller à la pro- preté de la peau, entretenir ses fonctions par des savon- nages, des frictions sèches et favoriser la repousse du poil h l'aide de solutions alcoolisées ou salicylées. Le traitement général doit surtout chercher à faciliter les fonctions digeslives; les nurgiitils salins, les fourrages verts sont indiqués; le chlorure de calcium, à la dose de 15 à 20 grammes, tend à remplacer les arsenicaux, qu'on emploie de moins en moins. On peut préserver les animaux de cette maladie en les maintenant dans des étables ])ropres. i\ litière abondante, en empêchant le séjour du purin, en tirant le fumier de la place qu'il occupe. Quand les animaux y sont prédis- posés, il convient de redoubler de soins, de nettoyer les extrémités, quand les hoviiis ont dû marcher sur un sol couvert de boues acres, irritantes. III. — MOIJTOi\. Les eczémas du ninutou sont généralenienl bi-nins. Les principales variétés sont : Ucczéma squameux, qu'on observe chez les animaux affectés de distomose ou de strongylose et qu'il estsouvent impossible de différencier du pityriasis. L'eczéma des extrémités est Vintertrigo. qu'on voit appa- raître dans les bergeries humides. Les autres affections cutanées décrites comme des eczémas sont des dermites produites par des agents irritants physiquesou parasitaires. La séborrhée sèche atteint cependant le cou, le dos, les épaules, les côtes, la poitrine, et se traduit par des squames blanchâtres ou brun jaunâtre et par la chute de la laine sans prurit (Haubner). Traitement. — Les médications des bovins sont égale- mont efticaces chez le mouton. CHIEN. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 285 IV. — CHIEX. Définition. — L'eczéma du chien consiste dans une série de lésions élémentaires variables, isolées ou diver- sement combinées, qui se traduisent cliniquement par de l'éry thème, de la vésiculation, du suintement, de la liché- nisation et de la desquamation. Cette maladie offre, chez le chion, son expression la plus complète; elle peut déter- miner l'atrophie des follicules pileux, des glandes et l'hypertrophie de l'épiderme et des papilles. On l'observe à tout âge : les jeunes sont atteints principalement d'eczéma aigu des parties fines de la peau ; les vieux, d'eczéma chronique du dos. Étiologie. — L'hérédité, Varthritisme, les gastro-entérites chroniques, les néphrites, les affections du foie favorisent le développement des eczémas par insuffisance intestinale, rénale ou hépatique. Les animaux nourris d'aliments épicés, de débris de restaurants ou de pain de suif v sont particulièrement prédisposés. Les facteurs externes de l'eczéma sont presque innom- brables; ils comprennent tous les irritants locaux, qui, suivant leur activité, sont capables de réaliser toutes les formes de l'eczéma. Les excitations extérieures produites par les poussières, les saletés, les bains et les savonnages fréquents, les irri- tations déterminées par des parasites, puces, poux; les frottements répétés et les pressions soutenues sur une partie de la peau, comme celles qui résultent de l'appui du collier, agissent dans la production de l'eczéma et expli- quent la fréquence de cette maladie aux parties supé- rieures du corps et aux extrémités, c'est-à-dire dans les régions les plus exposées à ces causes d'irritation. Le grattage est eczématogène chez les animaux prédis- posés; il aggrave l'eczéma préexistant et peut le dissé- miner: les animaux galeux sont généralement eczémateux secondairement. 286 DERMITES ECZEMATEUSES. Les frictions cutani'es à l'aide île solutions alcalines ou acides et tous les irritants chimiques sont des causes d'eczéma. La température élevée, la lumière vive, les rayons solaires ardents congestionnent la peau, irritent l'ëpiderme, font éclore des eczémas ou déterminent de nouvelles poussées. Les microbes qui pullulent à la surface de la peau (sta- phylocoques, streptocoques, etc.) peuvent produire des eczémas primitifs ou secondaires; ils expliquent l'aulo- inoculation de l'eczéma par grattage, l'extension péri- phérique des placards d'eczéma, ses récidives au niveau des foyers mal éteints et l'efficacité des agents microbiens, quelle que soit la forme d'eczéma (1). Symptômes. — L'eczéma débute généralement par une rougeur vive, œdémateuse, irrégulière, chagrinée ou dis- posée par plaques ; c'est le stade crythémateux. Le stade vésiculeux, qui survient peu d'heures après, est caractérisé par un semis abondant de vésicules de la dimension d'une tête d'épingle, qui peuvent confluer en phlyctènes. Ces vésicules, très superficielles, à contenu clair, s'ouvrent spontanément ou sous l'inlluence de grat- tages (fig. 61). Le .stade de suintement est dénoncé par un liquide clair, jaunâtre ou louche, un peu filant, qui macère l'épiderme, agglutine les poils, se décompose et laisse dégager une odeur fétide. Quand les grattages ne sont pas trop intenses, le liquide exsudé se dessèche et se convertit en croûtes ambrées, ou de teinte foncée quand dos poussières ou du sang y sont mélangés : c'est Veczàma croûteux. Le prurit intense qui se manifeste souvent au niveau des plaques eczémateuses provoque la chute des croûtes, de l'épiderme et l'infection pyogène des surfaces dénudées; le [»roduit de sécrétion devient séro-purulent ou purulent et la couche papillaire apparaît l'ouge, finement granu- (1) Baer, Das Eczéma lubruni. Thèse de doctorat, Zurich, 19ul. CHIEN'. ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 287 leuse, tuméfiée et douloureuse ; l'infection à pyocoques, grelfée sur ces plaques suintantes, confère à celles-ci le caractère impétiginé . Ordinafrement le suintement diminue et se tarit, après un temps variable; les croûtes tombent, la surface s'épi- dermise ; mais l'épiderme se fend par dessiccation {eczéma ■ .^FV c ♦-^. --^ - ^ Fig. 61. — Spongiose liéminr-agiquo. a, derme œdématié et hémorragique; altération vasculaire du corps mu- queux de Malpighi ; des globules rouges g sont situés dans les vésicules ; c, épiderme dont les cellules sont en voie de spongiose. Peau de l'oreille. Chien (Roquet). craquelé), s'exfolie en lamelles furfuracées qui se repro- duisent pendant un temps prolongé [eczéma squameux). De nouvelles poussées surviennent et ramènent de nou- veauxsuintements, des croùtelles ou des croûtes. Si l'eczéma persiste longtemps, les régions atteintes se plissent, s'in- durent. se dénudent : elles deviennent sèches, rugueuses, fortement pigmentées, couvertes de ci'oûtesetde squames {eczéma lichénifié). Variétés. — 1° L'eczéma généralisé s'accompagne ordi- 288 DERMITES ECZÉMATEUSES. naireiiient de phénomènes fébriles et d'une telle fétidit('' que le voisinage de ces animaux est insupportable: il se traduit par des poussées prinlanièrcs et estivales -qui se succèdent d'une manière irrégulière. La peau de la tête, du cou, du dos, des fesses, des épaules et des parties couvertes de poils présente des parties irritées, rouges, de petites dimensions, qui s'étendent progressivement et acquièrent la largeur de la main ou même davantage. Leur surface se couvre de papules et de vésicules continentes, pendant que la peau s'œdématie légèrement, s'épaissit, devient plus sensible et plus chaude et que les poils se ht'rissent et se rassemblent en petites touffes. En même temps, on constate un prurit très intense; les grattages provoquent la chute prématurée ries poils et la formation de surfaces humides qui deviennent croi'iteuses. La maladie poursuit régulièrement sa marche. De petites vésicules, le plus souvent disséminées sur tout le corps, plus nombreuses au niveau du dos, de la tête et de la base de la queue, se forment; elles atteignent la dimen- sion d'un grain d'avoine; on les sent en passant la main sur le dos du chien, mais elles restent cachées par les poils; elles surmontent les papules; elles renferment un liquide clair qui se dessèche îi leur intérieur et forme de petites croûtes; ou bien elles sont déchirées prématuré- ment et constituent de petits foyers inllammatoires qui se dépilent rapidement. .\ ce moment, la marche de la maladie varie : tantôt l'exsudat se convertit en petites croûtes, l'épidernic se régénère et la maladie guérit; tantôt les vésicules se multiplient dans un territoire restreint, la surface devient franchement /tMTJude; un exsudât séreux ou séro-purulent s'accumule sur une surface dépouillée de poils et d'épi- derme, le derme s'enllamme; l'eczéma otTre son summum de gravité. Dès que le pruritse calme, l'exsudat se concrète en croiîtes qui se dessèchent, et la maladie guérit seule, ou sous l'inllut-nce (l'un Irailement rationnel. CHIEN. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 289 L'eczéma peut devenir chi'oniqite à toutes ses phases; les formes les plus bénignes, comme les plus graves, sont susceptibles de récidiver; mais c'est l'eczéma franchement vésiculeux qui a le plus de tendance à la chronicité. Les éruptions vésiculeuses se succèdent à divers inter- valles; la peau est hvpcrémiée; elle offre une température élevée et un épaississement considérable, surtout au niveau du dos. où elle est quelquefois trois à quatre fois plus épaisse qu'a l'état normal. A mesure qu'elle se densifie. elle devient plus sèche, plus rigide et conserve les plis qu'on lui donne; elle paraît plus brillante et se couvre de croûtes et de lamelles épidermiques blanches ou grisâtres. Les poils sont hérissés; ils tombent par places, d'une manière presque complète; souvent, ils ne repoussent plus, parce que lem* chute est suivie de l'atrophie des follicules et des vaisseaux qui entretiennent leur vitalité; cette atrophie vasculaire est la conséquence de la sclé- rose et de la rétraction du tissu conjonctif périvasculaire. On observe anss'i. pavfois.Y hypertrophie des papilles par le fait d'une irrigation permanente excessive; elles deviennent proéminentes et constituent, à la surface du tégument, des véfjétations papillaires, épaisses, qui ren- dent la peau rude, irrégulière et granuleuse au toucher. .\ ces signes locaux se joint un autre symptôme qui décèle l'existence de l'eczéma chronique sans qu'il soit nécessaire de faire un examen approfondi du sujet. C'est une odeur fétide et insupportable que répandent les chioijs malades; elle trahit l'existence de quelques vésicules disséminées sur le tégument et atteste que la guérison est incomplète. L'état général des malades est peu modilié au début; ils offrent uniquement une excitation et une inquiétude continuelles, et parfois aussi une soif très vive. La marche de l'eczéma chronique est sujette à des rémissions, à des poussées successives, à des atténuations rapides, à des retours soudains, de sorte que la durée Cadéac. — Patliolosie interm-. VII. 17 290 DERMITES ECZÉMATEUSES. est longue ; l'aniinul sV'puise peu à peu, raniaignssement est progrcssiC, l'anémie se déclare, et beaucoup de sujets jeunes ou débiles deviennent cachectiques et succombent. 2° L'eczi''ma cutcoxscuir d'une région déterminée est la manifcslalion habituelle de la maladie. Il comprend lui- même un granrurit est intense, continu; une exsudation se pro- duit ; de i-ares vésicules, appréciables seulement à la loupe, s'élèvent; elles sont vite dt''ehirées par le grattage et l'emplacées par des idcéralious toutes superficielles. Finalement, la peau devient légèrement humide aux aines et aux ars; elle est aussi plus ou moins rugueuse, chagrinée, mais il ne se l'orme jamais de croûtes (lig. G;2). C'est là toule l'aU'ection; elle peut rester longtemps stationnaire ou même guérir, se modifier heureusement sous l'influence d'un changement de régime, de tempé- rature et de sîiison, îiugmentant pendant l'hiver, cessant pendant l'été et restant toujours une all'ection bénigne. 6. L'eczéma séborrhéique ou séborrhée sèche aflccte la CHIEN. ECZEMA SEBORRHEIQUE. 291 ppau sitiK'e derrière les oreilles, le cou, les épaules, la queue d'où il s'étend peu à peu aux régions voisines, notamment vers le pli et la face interne des cuisses. Ces régions sont le siège d'une sécrétion graisseuse ou huileuse qui réunit les poils en pinceaux ou en bouquets (Schindelka). Fig. Giî. — Éruption pustuleuse de la maladie du jeune âge bien dill'érente de l'eczéma rubrum. On observe en même temps un léger prurit et la chute des poils. c. L'eczéma sec de la tête, du cou et des membres offre souvent l'image clinique de la (/rt/e sarcoptique. La maladie est exclusivement localisée à la tète, aux oreilles; elle envahit quelquefois les membres, mais elle progresse très lentement. Cette forme d'eczéma est dénoncée par de petites dépilations discrètes restant indépendantes, toujours sèches, accompagnées d'un prurit modéré; cet eczéma se 292 DERMITES ECZICMATKUSES. rapproclic ilii pHyriasis. Il en diffère {)!ir le plissement de la [)e;ui surtout sur la lèle, où elle prend un aspect froncé. Elle peut d>irer ainsi des mois: aucun suintement ne se manifeste, mais, à la longue, les poils tombent, la surface se dénude, cl la ressemblance avec la (/aie sarcoptiqiie est encore plus i)ai'l'aile. Cependant réruption acaricnue atrccle zinc, la poudre d'amidon on proportions que l'on lait varier suivant les caractères de chaque eczéma que l'on doit combattre. Ij'erzcma ruhrum est justiciable des Iriciions d'huile do cade. Il sullit de frictionner une ou deux fois pour faire disparaître cnlioreiuenl la rougeur érvlhémateuse delà ri'gion. Ouaud lirrilaliou dt'doriiiiuée pai' l'iinilo de cado est trop vive, les fridions de styrax, de vaseline, de cénit saturné. do pommade à l'oxyde de zinc produisent les iiioillonrs résultais. L'eczéma imprligincux guérit à l'aide d'une ou deux applications do pommade au calomel ; on saupoudre ensuite de jjoudre de lan. Les eczémas de la tête, dos cominissiircs des lèvres et des ouvertures naturell^'s sont traités à l'aide d'une solul ion de glycérine iodée et do pommades astringentes et anti- septicpies : Résorciiie 1 gramme. Acide salicylique 2 graiDmes. Oxyde de zinc ;i — Vaseline ."iO — Ia^s foinii'.s siiiianifitscs ^oni traitées comme la gale sar- coptiqiKV, c'ost-à-dii'c à l'aide de bains arsenicaux et do l»ommades. Les poudres d'amidon, d'oxyde de zine. de eampbi'o, de i-iz. c<)tii|)lèlent hoiu'ousomont colle nu''dicaliou. Si l'ocziMMa est croiUeux, l'huile de cade ou frictions répi'lées, puis les pommades à l'oxyde de zinc, les appli- cations de corps gras, axongo, vaseline glycérine, sui- \ies ensuite de lavages avec une soliMion de goudron, de borax, de carbonate do potasse ou «lo soude, de sul- CHIEN. — FXZKMA SÉBORRHÉIQUE. 299 lure de potasse suffisent ordinairement pour obtenir la guérison de la maladie. Les eczémas chroniques réclament des irritants suscep- tibles de raviser Tintlammation cutanée et do substituer à celle-ci une inflammation passagère. On y parvient à l'aide de frictions d'huile de cade, de teinture de cantha- ride, et l'on continue l'action de ces médicaments par des applications de goudron, employé en nature, en solution alcoolique ou sous forme do linimont. Le goudron est, avec l'huile de cade. le principal remède contre l'eczéma chronique ; il peut être employé, pendant longtemps, sans inconvénient ; il isole la peau en déterminant une croûte protectrice à sa surface; et, au-dessous d'elle, la maladie guérit ou s'atténue considérablement. Au bout d'une se- maine, on enlève ces croûtes à l'aide de corps gras ou de lavages désinfectants, et l'on renouvelle l'application de goudron. Les boues radio-actives, utiles dans le traite- ment des dermatoses, en gém-ral, sont particulièrement efficaces contre l'eczéma du chien [Petit 1 ]. Uulcére de la queue est traité par l'immersion jour- nalière dans une solution phéniquée par le saupoudrage d'iodoforme, de sous-nitrate de bismuth, de tan, et une application adoucissante, dans le voisinage, de pommade à l'oxyde de zinc. Il est quelquefois nécessaire d'appliquer un fourreau de toile ou de cuir et d'enfermer le chien dans une cage étroite afin de l'empêcher d'agiter la queue et de se blesser. L'ecz&ma de la conque et du conduit auditif nécessite un nettoyage préalable des oreilles ; on savonne à l'eau chaude ; on coupe les poils qui garnissent l'entrée du con- duit auditif; on tamponne avec du coton placé au bout d'une pince ou de bâtonnets flexibles et imbibés d'une solu- tion antiseptique crésyléè, oxygénée, iodée ou astringente, comme la solution de sulfate de zinc à 2 p. 100. On pousse (1) Petit, Recueil de méd. vct., l'.Ul, p. 552. 300 DKUMITKS ECZÉMATEUSES. à fond ces Ixilonnels iiiix(|iiL'ls on imprime un mouvomonl lent de rolation; on renouvelle les tampons jusqu'au moment où la oiiale demeure propre. Onand la douleur esl trop intense, on i)ralique des injections analgésiques iglj- cérine cocaïnée ù 2 p. 100, acide borique ou décoction d'écorce de chêne laudanisés, 3 grammes de l'audanum par demi-lilre de solution . Quand l'oreille est jiropre, on y insuffle de la poudre d'amidon, de l'oxyde de zinc, de l'acide bori(juc |)ulvérisé, du sous-nitrate de bismuth, de la poudre de tan. du (Icrniatol, duxéroforme, du thioforme, de l'aristol. 11 fautcnipècherranimal de secouer les oreilles par l'application d'un béguin. Traitkme.xt gknkhal. — On fait maigrir les chiens trop gras par im régime rafraîchissant, lacté et végétarien, par des purgations douces et un exercice régulier. 11 faut remon- ter les animaux déprimés et amaigris par une alimentation carnée ; l'administration de 1 à 5 grammes de bicarbonate de soudp, de Osr.2."^) à 1 gramme de soufre d'ime à six gouttes de liqueur de Fowler ou d'eau de La Bourboule additionnée aulaitilans la proportiond'un tiers. L'usage de ces médicaments ne peut être prolongé ; il faut alterner et changer de médication, toutes les semaines, ou cesser momenlanéjnent celle qu'on a employée. On a songi' aussi àmodilier l'état général par des injections de sérum artilicjcj (l>é(;us) : mais ce li-ailcinent est peu enq)loyé. CHAPITRE m KÉRATOSES Ces affections sont caraclérisées par un épaississement de la couche cornée de l'épiderme. Tantôt celte évolution épidermique exagérée ne se trahit que par une desquama- tion en Une poussière (pityriasis), tantôt elle se révèle par des plaques régionales couvertes de squames sèches lamel- leuses, friables, abondantes et persistantes (psoriasis), par des hypertrophies circonscrites formant tumeurs (cornes s extrémités. l>a régénération épidermique est presque p;ul ont luuiul tueuse, excessive. Les couches éi)ideruiiques accumub'es autour des orifices pilo-si'bacés déterminent la rujdure des poils. Ilsufflt dépasser la main à la surface du corps de l'animal pour entraîner ime grande quantité de poils et de pelli- SOLIPÈDES. PITYRIASIS. 303 culos. Bien que les pansages soient fréquents, le tég-unient paraît sale ; il semble saupoudré de farine. Si on le net- toie à l'aide de la brosse et de l'étrille, la dépilation est parfois très prononcée et même complète dans les régions où la maladie se localise habituellement; ailleurs, l'alo- pécie est incomplète. La peau, débarrassée de ces squames, n'est pas épaissie ; elle ne présente ni éruption, ni suintement; elle est moins douce au toucher, un peu dure et rigide, plus chaude et plus sensible, maisces changements sont peu appréciables. Du reste, l'animal ne cherche pas à se frotter, et quand il y a du prurit, celui-ci est toujours très modéré. Les poils deviennent secs, ternes et cassants ; l'alopécie, limitée, se généralise. 2° Pityriasis partiel. — La tète, la crinière, la queue et les épis sont les régions affectées. A la tête, le pityriasis occupe généralement le front, le chanfrein, les joues, c'est-à-dire les parties qui recouvrent les os; celles qui sont le plus exposées aux frottements des diverses pièces des harnais. Il débute par une sécheresse particulière de la peau, qui, au niveau des parties recouvertes parla bride, devient moins souple et moins onctueuse ; il est bientôt caractérisé par l'apparition de squames fines, grises ou blanches, qui se renouvellent incessamment. Bientôt les points primitivement envahis s'étendent, se rejoignent et se confondent; la dépilation des régions affectées commence à se produire, et celle-ci dénonce l'existence de cette affec- tion. L'alopécie est lente à se produire. Quand l'affection est caractérisée par les squames, la dépilation et un prurit modéré, elle est complète ; elle persiste sous cet état sans s'accentuer. Certaines parties, telles que les oreilles, le bout du nez, sont respectées ; il en résulte un contraste frappant entre les parties saines et les parties altérées. La maladie est très lente dans sa marche, sujette à de nombreuses récidives, stable dans ses caractères; \a peau 304 KKllATdSKS. ftiriiH'uaevesie assez souple et naiigmenle pas d'i-paissciir. Oiiainl le pityriasis occupe la crittière ei la queue ititi,!- riasis rrinalis) ou Tune de ces n'-gions. ledébul île la uiala- die passe inaperçu en raison de la longueur, de lépaisseur des crins et de la malpropreté de la peau. O n'est que lorsque ralTedion. marqure par un prurit assez intense, a fait beaucoup de [irogrès, (jue laltenlion du propriiHaire est ('veillée. La maladie progresse lentement : les crins tombent peu à peu ; ils deviennent clairsemés, coupés à des hau- teurs diverses par le frotlenient de l'animal contre la paroi de la stalle, surtout si la maladie siège au niveau de la queue. Dans cette région, la peau devient [dusépaisse. plus dense; les l'ollicnles pileux s"atro])liienl, le derme se sclérose, la perte des poils est irréparable [queue de rat). Quelquefois le pityriasis a son ])iège dans V axe des épia soit du flanc, soit de l'encolure. (>l a. par conséquent, tou- jours une forme linéaire très limitée : c'est le jiHt/riasis spiceus ou (Vcpi de !\I(''gnin. Cette varii'dé disparaît pen- dant riiivcr pour se nionirci' di' nouveau le printemps et l'été. Pronostic. — i/alTeclion esl. pai- elle-même, (b'miée de toute gravité. Elle n'empéclie Jamais l'utilisation des ani- maux et n'a aucun retentissement sur la sauté. C.epen- daid. elle olfre le grave inconvénient de déligurer les che- v;iii\, particulièrement les animaux de luxe, qui perdent leurs crins. Diagnostic. — Le pityriasis est une maladie facile à rcionuaili-e : ou ne peut la confondi'e qu'avec la j/rt/c psoroplique ou avec Vcrzcma sec île la tète. Elle se dislingue de la ju-emière jtar l'absence de suin- tement et de parasites acariens, soit à la crinière, soit h la queue; par le peu de tendance (juelle a à s'étendre. Elle se dislingue de la seconde par le défaut d'éruption à toutes les «'"poques de son évolution et le manque d'(''paississement du tégument. De plus, W'czéma procède SOLIPÈDES. PSOHIASIS. 305 par plaques peu étendues et indépendantes ; le pityriasis se d(''velop[ie en surface. Traitement. — Le traitement de cette maladie exige surtout des soins locaux. On peut modiller le régime des animaux, donner des aliments doux, laxatifs, du vert, des prép.^rationsalcalines, telles que le bicarbonate de soude ou les diurétiques, sel de nitre. afin de rendre Ihyperémie cutanée moins intense. Les médicaments a{)pliqués localement sont les plus efficaces; les soins de propreté entrent en première ligne. Il suffit très souvent de frictionner la région malade au savon noir ou au savon de potasse pour obtenir une gué- rison rapide. Sinon, on peut compléter les bons effets de ces frictions par des applications de pommade de goudron, pommade à la créosote, à la naphtaline, par des frictions à l'huile de cade,au phénol, par des lotions à l'eau phéniquée. à l'eau de goudron. O'iand ces niovens échouent, on peut recourir aux frictions de pommade boriqviée ou à l'oxyde de zinc. Enfin, quand, malgré tous* les soins de propreté, on ne peut venir à bout d'empêcher les chryniix de se frotter, il faut laver fréquemment la région malade avec le to- pique suivant : Acide salicylique o grammes . Glycérine 15 — Esprit-de-vin 300 — et appliquer journellement de la pommade à l'ox^'de de zinc. II. - PSORIASIS. Définition. — Maladie caractcrisce par l'épaississement de la 7)t'(7». la congestion du derme, la rougeur du tégu- ment, quand Vépiderme n offre pas de pigmentation, et par le développement de squames lamellemes ou de croûtes blanches rpaisses et adhérentes. 30C kKHAloSES. La congcslion dv la peau est le i)oinl de départ d'une hypertrophie des papilles et d'une multiplication des cellules du corps niufjueux, dont la croissance est exa- gérée à toi poini que ces jeunes cellules épidermiques se kératinisent avec une grande rapidité. Cliniciuement, ce lait se traduit. , chez le clievuL par la formation do squames disposées en écailles, sèches, blanc grisâtre ou noirâtres quand un épanchement sanguin ou purulent ou quand des poussières se mélangent à la sécrétion épider- mique. .Malgré leur ailhéroncc au légumont. ces sijuamos, l'on- dillées, crevassées, peuvent être détachées. C'est une ma- ladie régionale, symétrique, à caractère rebelle ou incu- rable; elle s'aggrave toutes les fois que le sang se porte abondamment à la peau, comme pendant la chaleur de l'été; elle diminue et passe inaperçuo pendant Thivor, dos que le sang se retire. Lorsqu'elle s'est implantée sur un organisme, elle j-eviont périodiquement dans les mêmes régions. La maladie \w délorniino qu'un |)rMril modéré et n'altéro jioint la santé générale. Étiologie. — Le psoriasis est une maladie Iréipiente pondant les grandes chaleurs. L'.i/k'. le nnilel puis les rJievaux communs y sont très sujets. L'induence irritante exercée par la boue, le piu-in. les poussières, la lonle des extrémités no sullisent pas à expliquer son développement. Son origine parasitaire externe n'est pas établie ; la limi- tation nette des plaques de psoriasis et leur évolidion centrifuge ne sont pas des preuves sulïisantes. La symétrie habituelle des foyers de psoriasis n'est pas un élément certain son origine nerveuse. Sa nature est inconnue. Symptômes. — Cotte maladie des extrémités et dos plis de llcxion des articulations, notamment chez r,/'//t', s'a[i- pelle mala)i plaies, il faut recouvrir celles-ci de {)Oudres astrin- gentes ou désinfectantes (tanin, poudre d'écorce de chêne, oxyde de zinc, alun, chlorure de chaux, etc.). On doit aussi badigeonner le pourtoiu- de la plaie avec de l'huile empyreumatique afin d'éloigner les mouches. Un moyen, employé avantageusement, consiste dans BOVIDÉS. PITYRIASIS. 311 rapplicalion d"un pansement antiseptique i lavage avec une solution fie sublimé corrosif, iodolorme, sous-nitrate de bismuth répandu sur la plaie) ; on obtient ainsi rapide- ment la cicatrisation des crevasses. Si raiTection tend à passer à l'état chronique, il faut la réveiller par des frictions d'huile de cade. par des appli- cations de goudron, de coaltar, qui sont d'excellents sicca- tifs; il est quelquefois nécc'^saire d'employer les caustiques (nitrate d'argent, cgvptiac, poudre de Rousselot, ferrouge) ou d'exciser même les bourgeons quand ils deviennent exubérants. Quand la maladie envahit le bourrelet et le sabot, on a recours à des applications de goudron et à divers autres moyens, III. - CORNES CUTANÉES. Ces kératomes. caractérisés par des excroissances qui ont la forme, la consistance de la corne, ont une origine embryonnaire (Voy. Mala- dies de la peau et des vais- seaux, in Pathologie chirur- gicale). Ils se développent généralement au niveau «lu cou du y^fx'u/^Forgeot) et du mouton (Even et. Reibel). II. — BOVIDÉS. I. — PITYRIASIS. Le pityriasis du bœut'esi une maladie sans gravité, qui se développe au fanon et ng. 64. _ Corne cutanée (Forgeot). àlanuque sous l'influence de la malpropreté, de l'anémie par défaut d'aliments, de maladies chroniques et de la dia- 312 KKRATOSES. thèseda ri rciise. Elle se caracti'rise.comiiio chez les au très ani- maux.parla productiond'une poussière itianchàtreel abon- daiilr, loiijourssèche, que labrosse détaclie sans difficulté. Traitement. — 11 consiste à savonner la peau, à la laver, ou il la lotionner avec du carbonate de potasse. 11. — CORNES CUTANÉES. Les cornes cutanées sont fréquentes à rencontrer clioz les niiniiiniits; elles renferment quelquefois au centre des îlots osseux (fig. 04). Nous avons étudié ces kératoses dans patliologic chirurgicale (Maladies de la peau et des vais- seaux, p. 236). III. — ICHTYOSE. ("ietleiv('ratose diffuse on presque généralisée n"aété obser- vée ipie chez le venu, qui. à la naissance, semble recouvert I ....l V '.%x\ l'ig. 6."). — llyperkëriilose ou iclityose congénitale du veau. \, derme; 2, corps muf[ueiix de Malpighi ; 3, couclic cornée considéral>le- inent é])aissie. d'une carapace épidermiipiequi empêche la sortie des poil s (fig. 63.) (V'^oy. Maladies de lapcau^l des vaisseaux, p. 231). CHIEN. PITYRIASIS. 313 III. — CHIEX. I. — PITYRIASIS Le pityriasis, ou dartre farineuse du chien, est caracté- risé par la formation au niveau de la tête, du cou, du dos, de squames blanches, sèches, qui ressemblent assez bien à de la farine ou à du son. Cette maladie s'observe de préférence chez les chiens d'appartement qui mangent beaucoup de friandises. Cepen- dant on peut rencontrer aussi des cas de pityriasis parmi les chiens de garde, et parmi tous les chiens à longs poils i terre-neuve, etc.). On ne l'observe guère chez ceux qui sont atteints d'eczéma ruhrum: c'est une affection des chiens adultes ou âgés. Symptômes. — La tête, le cou et le dos présentent une grande quantité de pellicules; elles sont toujours pulvé- rulentes et se détachent d'un fond toujours sec. Pourtant la peau se modifie : elle devient rosée ou noire et se dépile par plaques qui sont généralement bien délimitées. Quelquefois le derme reste entièrement sain, et la ma- ladie est uniquement caractérisée par une sécrétion épi- dermique exagérée, sécrétion qui est presque toujours restreinte, limitée à une surface plus ou moins étendue. C'est l'une dos fesses, un côté du corps qui sont ainsi atteints ; l'affection s'accompagne d'un prurit modéré. Pronostic. — 11 est peu grave. Traitement. — A l'intérieur, administrer des purgatifs, de l'eau arsenicale, de la liqueur de Fowler; modifier le régime, supprimer la viande, le sucre et les autres frian- dises, afin de rendre ralimentation moins excitante. Localement, le traitement peut consister dans des lo- tions alcalines de bicarbonate de soude, de potasse à 4 i». 100, dans des lotions de sulfure de potassium ou de bisulfite de soude à 3 ou 4 p. 100, dans des bains alcalins, Caué.\c. — Patliologie interne. VIL 18 314 KKHATOSES. OU siiirui'ciix, dans dos bains do son on do saponaire [)Oiir assouplir la peau. 11. — ACANTHOSIS NIGRICANS. Colle ini^Iadie osl earaelôriséo par un aceroissenieni modéré de la oouche cornée, dos végiHalions pnpilloma- teuscs disséminées ou agglomérées, par une auguH'nlalion de la pigmentation de la couche cornée, du corps papil- laire et du pourtour des glandes et des vaisseaux sanguins. Cette maladie, décrite par Schindelka et étudiée par Ilabaclicr, a été 0 hser vée trois l'ois par llutyra et Marek. Ses causes soni inconnues ; on l'observe chez les jeunes animaux. i'.lioz Vhoinine. cotle dermatose est nroscpie tou- joursTexprossion d'un cancer la- tent. Une irrita- lion de l'appareil A. nerveux svmpa- '"'"' lliiipie péricap- sulairo dos glan- des surrénales n'y est probable- ment pas étran- gère. Symptômes. — Los l'overs de prédilection de cette maladie régionale et sjmélritiue sont le creux axillaire, le pli des genoux, les laces latérales des ;fiL, 66. — C/i'ipii iMt'\ni il nra/it/iosis nigrirans (CadOac). CHIEX. CORNES CUTANEES. 315 iloigis, la peau des bourses. le voisinage de Tanus, la face inférieure de la queue, le voisinage des commissures des lèvres et des paupières. La peau de ces régions se déiiile, s'épaissit, se plisse, devient rugueuse, se fonce et prend l'aspect du cuir. La pigmentation varie du gris bleu au brun noir; les papilles végètent : la surface devient papillomateuse; les plis cutanés s'accentuent et les sillons sont ainsi de plus en plus profonds : la peau est râpeuse ; la desqua- mation est peu appréciable; mais le prurit est fréquent. Parfois le processus s'étend aux doigts jusqu'aux griffes et même aux muqueuses, mais celles-ci ne sont jamais pigmentées; elles présentent seulement des granulations blanchâtres, molles, non sanguinolentes. Diagnostic. — Ses manifestations symétriques, la pig- mentation de la peau et le peu d'intensité du prurit per- mettent de la distinguer des ac.ariases et même des verrues. Traitement. — Les soins locaux consistent dans l'em- ploi (le bains émollients (bains de son) et dans l'application de pommades, d'onguent napbtolé à 10 ou 13 p. 100. A l'intérieur, on administre des arsenicaux, de l'acide salicylique ou des salicylates. La maladie résiste souvent à tout traitement ou a une grande tendance à récidiver (1). Itl. — CORNES CUTANÉES. Ces productions ne sont pas rares chez les chiens et les cliats au niveau du front, des oreilles, du cou. du ventre, du flanc, de la région ombilicale, du prépuce. On les observe également chez les oiseaux (Voy. Maladies de la peau et des vaisseaux, in Pathologie chirurgicale, p. 278). (1) On observe souvent, dans l'oreille du c/icia/,(les acanthomes papillaires, aplatis, blanchâtres, en forme de verrues, qui proviennent d une prolifération de l'épithélium, puis du tis^u conjonctif sous-jacent (Proscholdt). Mégnin attribue ces productions aux piqûres des simulies (Habacher, Monaishefte, 1909, p. 97). CHAPITRb] IV HYPERTROPHIES CUTANÉES La fondcnsalion et répaississeincnt du donne cararlé- risent les liy|)(>i'lrophios cidanées. I. — ÉLÉPHANTIASIS. L'éléphanliasis est une maladie chronique des solipèdes qui atteint principalement les extrémités: il succède aux plaies et à divers accidents traumatiques (Vov. Pat/iolor/ic chirurgicale: Maladies de la peau et des vaisseaux, p. 112). II. — BOTRYOMYCOSE. Celte maladie, consécutive à une jilaic accidentelle ou opératoire, est caractérisée par une sclérose régionale et diffuse du tissu conjonctif sous-cutané, aboutissant ù la production de Imneurs fibreuses le plus souvent creusées de listulcs purulentes {\oy. liotryomvcose, in Pathologie chiriirgirate. t. I, p. 2()0). I. — SCLÉRODERMIE. La sclérodcrmie est marquée par l'ati-opliii' du tissu adipeux, la rigidité du t(''gument par Inperli'opliie ou hvperplasie du derme Basset). On observe celle inodili- cation chez les vcrrnls âgés (Voy. Pathologie chirurgi- cale : Maladies de la peau et des vaisseaux, j). '2^'.\). '■■f CHAPITRK V NEURO-DERMATOSES Oa désigne ainsi les démangeaisons primitives et essentielles. Les neuro-dermatoses comprennent le prurit cutané, le prurigo, le dermograpliisme et le zona. I. — SOLIPÈDES. 1. — PRURIT CUTANÉ. Le imu'it cutané ou démangeaison est une sensation particulière dépendante des nerfs sensitifs ou du sympa- Ihique et qui provoque le grattage. 11 peut s'observer en dehors de toute cause provocatrice extérieure, de toute maladie parasitaire ou eczémateuse apparente et semble constituer toute l'affection. Étiologie. — Les auto-intoxications déterminées par la néphrite chronique (Schindelka), l'urémie, les dyspepsies, les affections digestives chroniques peuvent lui donner naissance ; c'est le prurit dyscrasique. On l'a observé dans l'ictère, le diabète, dans la pneumonie, les intoxications déterminées par l'arsenic, le mais, les vesces, les aliments altérés. Les poisons modifient le système nerveux, de sorte que les prurits toxiques font intervenir un mécanisme nerveux. . Les prurits nerveux apparaissent dans le cours de diverses maladies nerveuses, comme la rage, la para- is. 318 NKriîd-IiKltMATdSES. Ijsie bulbaire infeclicusc ou pseudo-rage, dans la dourine dans la paralysie combinée de la queue et des s]diinc(ers par altération des voies sensitives ; ils ont souvent une origine réllexe comme le prurit de l'anus, déterminé par les vers du côlon flottant ou du gros intestin, ou comme le prurit du nez dans la pentastniuose du chien et l'œstrose du mouton. Parl'ois le prurit opiniâtre, qui se manifeste dans certaine région comme le ne/, les maxillaires du rlievnl (Frolmer), la queue du a/iien ou sur tout le corps des bovidés, est d'origine inconnue. Symptômes. — i.c prurit se li-aduit |)ar d(;s grattages modérés ou violents, répétés, intermittents ou continus. L'animal se frotte contre tous les objets, se gratte avec les pieds, se lèche, se mord, s'excorie les tissus ou h s arrache. Le besoin de se gratter dcvicul (juehpiefois si intense chez certains animaux (pi'aucun moyen ne parvient à les en emi)êcher. Les conséciuenees de ces grattages consistent dans de l'éry thème, de l'eczéma traumali(pie, des exco- riations linéaires, dans des infections impéligineuses, dans des pyodermites, des lymphangites et des hypertrophies ganglionnaires. II. — PRURIGO. Le prurigo conslilue ime dcuiangeaison persistante qui s'accompagne de réactions cutanées spéciales k physiono- mie eczémateuse. I^e prurigo, qui appnraît quelquefois dans une région limitée des exti'émilés après une névrotomic. olfre c(< caractère. Il se développe ordinairement un mois après l'opération, au niveau de la couronne, sur les parties latérales privées de nerfs. .\ la suite du [uurit et des grattages, on voit se dessiner une plaipie da[)parence eczémateuse, qui se recouvre de piipules, de vésicules et qui otVre bientôt im asi»ect suintant ou devient ulcéreuse si on ne la protège pas soigneusement contre les trauma- <■ à co- liii (|iie pourrait produire une l'orde passée sous Il peau. On |teut varier les dessins ot simuler les plaquesd'herpès. d'échauboulure ou d'anasarquo. ("otte réaction do la peau os! per- manente ou in- termittente . On la reconnaît en passant un stylet mousse ou le manclie d'un porte-plume sur la peau, de manière à v graver di- vers caractères qui apparaissent nettement au bout do quelques minutes et persistent plusieurs heures. Traitement. — On ne s'occupe pas de ce troui)lo, géné- ralcnicnt déi-ouvert par hasard. Kig. 68. — liermographisme du cheval (l'écus). (I) l'écus, Klude de pathologie comparée sur le deriiiograpliisiiie du clievjil el de l'homme (Société centrale, ;tO sepl. l'.U:!). CHIEN. — ZOXA. 321 II. - CHIEiX. I. — PRURIT CUTANÉ. Chez le chien, la maladie du jeune âge détermine quel- quei'ois une exagération de la sensiiMJité tactile et la dimi- nution OH l'abolition de la sensibilité à la douleur, de telle sorte que l'animal en proie à une sensation prurigineuse spontanée ou provoquée par un irritant (moutarde, etc.), peut se dévorer la queue, un membre ou une grande étendue du corps (Basset et Pécard, Marchand et Petit, Charitat, Blain etc.) ; Voy. Maladies du système nerveux). II. — ZONA. Le zona ou herpès zosler consiste dans une éruption vésiculeuse aiguë sur des plaques érvthémateuses canton- nées sur le trajet d'un nerf sensible, et développées sous l'influence d'une névralgie^ Cette alTection a été signalée chez le fhien par Hébrant (1). Symptômes. — Cet animal présente des plaques circu- laires d'eczéma au liane gauche se prolongeant jusque sous le ventre. Cette région est le siège d'un prurit violent ; le chien se mord cette région en aboyant avec fureur. Quelque temps après, il se mord le flanc droit avec la même fureur que le gauche, et, deux jours plus tard, une éruption de vésico-pustules fait son apparition. Traitement. — Les frictions légèrement vésicantes le long de la colonne vertébrale; les badigeonnages de sali- cylate de méthyle, en solution dans l'alcool, les pommades à l'extrait de belladone ont calmé l'irritation et assuré la guéi'ison. (1) Hébrant, Annales de méd. vél., l'JO.3, CHAPITRi: M DERMITES ARTIFICIELLES I. — SOLIPÈDES. Définition. — Ôndcsijiiieainsi les iiillainiu.il ions prodiiiles par (les causes mécaniques physiques ou cliiniiques. Elles se traduisent [)ar des aspects cliniques d'une extrême diversité suivant l'intensiti' ou la durée d"iuie même cause et le degré de vulnérabilité du terrain. \.o même atrent peut [U'ovoquer des ('riiplions entièrement dissemblables (érvllième. urticaire, pustules, etc. , et des dermiles sem- blables en apparence peuvent provenir d'actions nocives entièrement dilVérentes. Examinons successivement : 1" les dermites de cause mécanique; 2° les dermites de cause physique ; 'M les dermites de cause cliiiniipic. I. — DERfVlITES DE CAUSE MÉCANIQUE. Les traumalismes légers comme les frottements, l'irritation déterminée par la tondeuse, sont suivis d'cnjthémc, d'intertriijo. d'eczéma Iraiumitiqiic de la queue et des régions recouvertes par les harnais. Quand les pressions et les frottements deviennent plus éuergiques et |)lus prolongés, on voit apparaître des r.rco- ridlionx, des plaies, des crevasses, des Inmeurs saïKjiiùies, des œdèmes cliauds, des (liirillons ou callosités et des cors SOLIPÈDF.S. DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE. 323 (Voy. Pathologie chirurgicale : Maladies de la peau eL du tissu conjonclii" soiis-culané. p. 1 à 88). II. — DERMITES DE CAUSE PHYSIQUE- La chaleur, le froid, les radiations solaires engendrent de l'érjthème {érythème solaire), du lichen vésiculeux {gale bédouine), parfois de la gangrène cutanée (Voy. Patho- logie chirurgicale, p. 88 à 95). Les brûlures et les gelures peuvent déterminer l'en- semble des éruptions et des altérations cutanées (t. 1, Pathologie chirurgicale). Les rayons X produisent des radiodermites extrêmement graves. m. — DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE. Les toxiilerinies externes embrassent les éruptions pro- voquées par l'application directe de médicaments irritants (acide phénique, i'ormol, sublimé, mercuriaux, révulsifs comme la moutarde, la teinture d'iode, etc., ou même la vaseline blonde, qui exerce quelquefois une véritable vési- /^ation) [Rebeillard (1)]. Les dermites vénéneuses déterminées par l'ortie, etc., les dermites venimeuses occasionnées par les chenilles processionnaires ( Blaps mortissaga) (érythème vésiculeux . 397). SOLIPÈDES. URTICAIRE. 329 L'urticaire est une simple manifestation symptoma- tique des affections les plus diverses; c'est quelquefois un syndrome accompagné des troubles généraux ; mais ce n'est jamais une maladie. On l'observe communément chez \QssoIipcdfs, moins souvent chez les rumincinls ei le poi'i-, exceptionnellement chez \e chien. Étiologie et pathogénie. — Des causes externes comme les piqiires des moiwlies, des Inoiis-, l'application d'agents irritants comme l'essence de térébenthine, l'acide plié- nique, etc., peuvent produire l'échauboulure. Chez cer- tains sujets prédisposés, l'irritant le plus banal et le plus minime provoque cette éruption : un frottement, une friction, une modiflcation réflexe des vaisseaux cutanés engendrée par un refroidissement, une pluie, une sudation, une course rapide, l'eau, l'air, la chaleur et le froid, etc., sont des causes efficientes chez les animaux prédisposés. Elle apparaît fréquemment le printemps et l'automne chez les animaux jeunes et vigoureux ou chez les sujets vieux à peau sèche et adhérente (1). Les causes internes revendiquent les agents excitants, irritants et toxiques contenus dans les aliments comme les principes toxiques renfermés dans les fourrages artificiels : les animaux qui vivent dans les pâturages présentent fréquemment cette éruption. Les troubles digestifs (catarrhe gastro-intestinal, cons- tipation), les changements brusques de régime, sont une source de fermentations intestinales anormales, dauto- intoxications et d'échauboulure. Les sérums animaux, les sérums antitoxiques provoquent souvent de l'urti- caire. Les toxines des microbes jouent un rôle considérable dans l'apparition de l'urticaire qui accompagne la gourme; les pneumonies infectieuses, la fièvre tvphoïde. On peut la voir succéder à une injection de malléine ; elle constitue une (Il Nicolas, Urticaire et symptômes nerveux chez le cheval dus à l'action (le l'ortie (^oc. centr., 1907). 330 DERMITES ARTIFICIELLES. inanileslalion iinportanto de la doiirino et de diverses trvpanosonioses. Symptômes. — Elle (It'hiile bnisqiieinent. sans fièvre ou avec iH'ii lie lièvre, par iineèruplion de6o«li[ii-dcs i)ien portants la font inimédiatement re- connaître. Les boutons de farcin s'en distin- guent par leur dis- tribution régulière sur le trajet des vais- seaux lymplialifpies el parleur tendance à persister, à su|)pu- rer ou à s'indurer. ÏJmiasai'qiic seule engendre des érup- tions analogues à celles de l'écliaubou- lur(\ \ signaler leiu- tendance à disparaître, à se repro- s ,ill)miiinoïdes résorbées. On pent la voir siiccimIci- aussi anx. injei'lions de liibercnline. Symptômes. — L'éruption caraclérislique est quelque- fois précédée d'une salivation abondante, d'inquiétude et d'agitation et d'une lièvre intense 40,9 [Eggeling, Albreclil 3]. Puis, brusciuement. réru|)tion apparaît dans diverses parties du corps comme la tête, l'encolure, l'abdo- men, les parois thoraciqiies, les membres, les lèvres, les ailes du nez, les [jaiipières. Toutes les muqueuses voi- sines des ouvertures naturelles sont également atleinles. ]^cs paupières et le pourtour des yeux s'infiltrent; les yeux deviennent saillants et larmoyants; un oedème volumineux envahit le muffle, la tète, la gorge ; le pis enfle énormé- ment et devient ex! reniement sensible; le corps se couvre de plaques de la largeur d'une pièce de cinquante cen- times à celle d'un franc; les lèvres delà vulve présentent une inlillralion intense el deviennent iiiamelonnées ; la peau de cette région est luisante, rosée ; la muqueuse vagin;ile est également infiltrée et tendue. Parfois la nuKjueuse pliaryngo-laryngée es! envahie par l'œdème, et l'animal fait entendre un bruit de cornage intense accom- pagné de signes asphyxiques ; il peiil inêiiie succomber [Albrecht, Wysniann (i)|. LV-ro/w^ton est exIrèniiMiii'iil rapide : la mort peut sur- venir en moins d'une heui'e dans les formes graves: la durée de l'échauboulure des Ar/\ //j.s dépasse rarement plus de cinq à six heures (Luccl. Tapken, Schleg, Wysniann): les boulons disparai.sseni presque aussi vite qu'ils sont venus; ils ne laisseiil pas de trace. (l)Tn|)kcn, Mniialxliofte f. /iralct. Tipr/ipilh-., 1809. (!') iloullier et Delannoy, Jouriinl ilc I.ijon, lOÛit, p. :!5l'. (:i) .Mbrecht, Monafx/tefic f. TieiurcC, ['MO, p. iG. (4) Wysniann, Sr/ttceiscr Arch. f. Tirrheil/i, IW.i, p. 34. HÛVIDKS. TOXIDERMIE ALIMENTAIRE. 385 Pronostic. — Suivant que rinlorveution est rapide ou (ardive, le pronostic est variable ; si l'on intervient hâti- vement, il est bénin ; mais, si Ton attend trop longtemps, il devient grave et l'on peut voir mourir les vaches en moins d'une demi-hein-e ; les bètes pleines avortent quelquefois [Bedel (1)]. Diagnostic. — Le coryza gangreneux se difïérencie par la persistance de la fièvre ; Vandsarquc, par l'extension de l'œdème aux parties déclives comme le dessous du ventre et de la poitrine. La congestion pulmonaire s'accom- pagne d'une dyspnée analogue; mais on ne constate pas d'd'dènic exlérieur. Traitement. — Les cii'constances étiologiques de cette "maladie nous indiquent le traitement. La mulsion immé- s membres, quelquefois les testicules et les mamelles; il peut même s'étendre sur tout le li'onc, se localiser au bord supérieur du cou et recouvrir la poi- trine, le venti-e, le dos, la queue, l'anus. Dans toutes ces régions, le poil se hérisse, la peau se plisse, se ride, se fendille et ressemble à l'écorce rugueuse du platane: la démarche devient raide, le lever difficile. Dans les points où le tégument est congestionné, prin- cipalement vers les ])lis articulaires, il se form(> bientcM des ccsiciilcs petites, aplaties, conlluciilcs. (|ui ne lardent pas il se réunir: elles crèvent rapidemcul cl ((invertissent la surface de la peau en vastes plaques humides. La sérosité se concrète et se convertit encroides très épaisses et très étendues. En même temps, les gerçures des plis ai'ticulaires se transforment en crevasses qui s'infectent et sont suivies de lymphangites. ])arfois d'abcès cutanés, de mortification de placards cutanés et. exceptionnellement, d'infection septique et purulente, ou d'une diarrhée épuisante. Les vnclics pleines avortent fréquemment. Parfois aussi la bouche se couvre d'iilaralions de la grosseur d'une pièce de 50 centimes, situées vers le bord édenté dé la niAchoire supériem-e ; elles sont congestion- nées à la périphérie, piu"ulentes au centre, tuméfiées sur les bords. Elles ressend)lent aux apitles en voie de cica- trisation. Les stomatites pseudo-aphteuses sont l'exprès- BOVIDÉS. TOXIDERMIE ALIMENTAIRE. 339 sion d'un grand nombre d'intoxications alimentaires et microbiennes (Vov. Stomatites, t. I. Habituellement, les troubles généraux disparaissent avec la cessation du régime reculent; les crovites et les poils tombent; on observe une desquamation cutanée intense, et la guérison se complète en quelques semaines: mais tous les troubles qui pré- cèdent se reproduisent si l'on reprend ce régimenocif ;il y a aussi dos animaux prédisposés qui tombent plusieurs fois malades dans le cours d'une année pendant que d'autres, placés dans les mêmes conditions, résistent. Cbez les mou- tons, on peut observer un prurit intense sans éruption visible (Schindelka). Marche. — La marche de la maladie est lente ; elle ne dépasse pas le stade érythémateux dans les foi'mes très bénignes et guérit en deux à quatre semaines; elle se trahit par une éruption intense dans les formes graves, principalement quand l'alimentation toxique est continuée ou que les animaux sont maintenus dans de mauvaises conditions hygiéniques; elle peut durer plusieurs mois. Lésions. — Les lésions que l'on observe consistent en des altérations inflammatoires de l'intestin et de la peau. Le TUBE DIGESTIF irrité offre les caractères de Y entérite aigm ou de Ventérite chronique, suivant la rapidité de l'empoisonnement. L'intestin grêle est toujours la partie malade; les autres organes sont sains, sauf le cerveau et les méninges, qui accusent toujours un certain degré de congestion. La viande ne parait nullement imprégnée du poison; elle ne diffère de la viande des animaux sains ni par l'odeur, ni par la saveur ; elle est inôtîensive, mais quand l'intoxication remonte à une date ancienne, les chairs sont rouges, saignantes, fiévreuses, et doivent être rejetées de la consommation. Pronostic. — On a vu le nombre des victimes de cette intoxication atteindre 20 p. 100 ; mais, aujourdlnu. on évite les accidents graves par ime alimentation moins uniforme. 340 DKRMITES ARTinCIELLES. Diagnostic. — La maladie détcrminc'C par Tingostion (lo |ioiiiin<'s (le Icrre peut ("'Ire confondue : l^* avec les caux-aiix-jauibes ordinaires ; 2° avec la gale symbiotiiiiie des exliv'mités; 3° avec la fièvre ai)hleiise. 1° Eaux-aux-jambes ordinaires. — Dans les cas peu graves d'intoxication, l'image clinique est souvent la même dans les deux maladies ; mais les eaux-aux-jambes ne dépas- sent pas les genoux et les jarrets; elles se caractérisent par de la rougeur, des vésicules et une desquamation épidermique très intense. 2° Gale des extrémités, ou CjAle symbiotique. — (".cite maladie est superficielle, bénigne, ne se généralise pas, présente toujours le caractère de la (îferonicité et n'abou- tit qu'à la formation de s(|uaines. tandis que l'eczéma des pulpes de pommes de terre est plus aigu, plus profond, souvent bumide. accompagné toujours de la production de vésicules et souvent d'une désorganisation du tégu- ment. ;{" FiKVKE aphteuse. — Ottc maladie ('ruptive, conta- gieuse, se localise dans la bouclie. sur les mamelles et aux extrémités, principalement à la naissance des onglons, sur tout le pourtour de la couronne, sur le canal biflexe : elle est très contagieuse et n"a rien d(> commun avec la maladie des pommes de terre. Traitement. — Le moyen le plus simple et le plus ralion- nel pour guérir cette maladie, c'est de supprimer entière- ment cette alimentation, ou tout au moins de la réduire à des ]U"oporlions telles qu'elle devienne compatible avec la santé ;iv Veau himillanle et les vésicants. Le pemphigus n'est iiroiiahlciueut ([u'uu simiile impér tigo huileux: il représente eu etVel une sorte d'éruption et non une maladie spéciale. Signalé par Demoussy. Laiosse. H. Boulej, Barnilc et Gutzcil chez le chcvuL par Dagès chez le mulet, par Cadéac chez Vûue, le pemphigns résulte d'une infection microhicune de la peau. Symptômes. — Le premier symiitùme consiste dans l'apparition de grosses phlvctènes vers les lomhcs. la croupe, les i'esses et rarement à la face interne on post(''- rieure des cuisses et quelquefois sur tout le corps (Graf- funder). L'éi)iderme. soulevé par une sérosité limpide, incolore ou oj)aline. fait hérisser le poil sur la tuméfaction huileuse. Le li(pude ne tarde pas à s'écouler, l'ampoule s'affaisse. réi)iderme se détache avec les poils. On aperçoit une surface excoriée, unie, sccrétaul uu liipiide peu abon- dant, qui s'épaissit rapidement et forme ime croûte qui ne larde jias à tomher. laissant, pendant une longue durée, la peau polie, luisante connue celle d'un cràuc humain atteint de calvitie. L'éruption huileuse est réduite à un ou plusieurs foyers de forme ronde ou ovoïde ; chaque exanthème mesure de 5 à 12 centimètres de circonférence. Exceptionnellement, la maladie est réduite à une seule huile; le plus souvent, on en constate dç W à ."^i, rarement davantage, sur le même animal. Presque tcjujours. les bulles apparaissent suciessiveiueut de telle sorte ipie, chez le mênu' sujet, on eu rencontre à diverses périodes de leur évolution. Deux ou trois joui's suflisent pour voir rani[)0ule naître SOLIPÈDES. PYOHKMIE CASÉEUSE. 3d3 et s'étemlro: la desquamation qui lui succède est un peu plus lente, et lespèce dalopécie dont elle est suivie ne dure pas moins de trois à cinq semaines: l'irritation locale est souvent entretenue par des grattages. Traitement. — Les injections de sérum artificiel, les purgatifs permettent de lutter contre l'infection générale; les lavages à Taide de solutions de créoline. d"eau oxygé- née, d'eau iodée combattent les infections externes. Les pansements humides ou gras (pommade à l'oxyde de zinc, etc.) calment l'irritation locale et le prurit. III. — PYOHÉMIE CASÉEUSE. Définition. — Nous désignons ainsi une affection micro- bienne, inoculable, essentiellement suppurative. caractéri- sée par la production d'abcès multiples de la peau etdutissu ■'ils r%. l'ig. 71. — Bncille de la lymphadénie ou pyohémie caséeuse. conjonctif sous-cutané, de lymphangites {hjmphanfiUe ulcé- reuse] et suivie ou non de métastases suppura tives internes. 20. 334 DERMATOSES MICHOHIENNES. Microbe pathogène. — L"oxamen microscopir|no de ce pus et les ciill lires meltent en évidence un bacille extrê- mement polymorphe, parfois mince et assez long, en articles séparés ou épais, courts, trapus, coccil'ornies, ovoïdesou pirilormes, plus ou moinsgranuleux, disposés en petits amas enchevêtrés, (lilTiciles ;"\ dissocier. Toutes ses variétés iixentleGramou le(iram-Nicolle. lathionine phéni- quée, le violet degentianc(l), d'une manière intense, toutes cultivent, à la température de la chambre, à la surface des milieux liquides, en voile épais et en grains isolés dans la profondeur, et elles forment des colonies plus ou moins arrondies, parfois dentelées, difficiles à dissocier sur les milieux solides. Os microbes sont uniquement des pvogènes. très répandus, au dehors, dans les poussières, les boues, les fumiers, les cours des fermes, où ils vivent à l'état sapro- phytique ; on les trouve normalement dans le tube digestif du mouton et dans le produit caséoux (2) des écliiuocoques dégénérés, où ils ont été transportés par les embryons de ces parasites (Noack) ; iisne déterminent que des maladies locales à accidents multiples et variés, quand ils réussissent à s'implanter siu- une espèce aniuuile. l/intoxication est presque nulle : l'animal porteur de nombreux abcès paraît peu malade : il est miné par la snppuration; il n'est pas intoxi(iué. Dans les milieux liquides, comme le bouillon de peptone à "2 p. 100. ce microbe sécrète, en cinq à six joiu's, une toxine extrê- mement active. Ses effets sur les animaux ne rappellent en rien les accidents que détermine le microbe dans les infections spontanées. La toxine provoque des lésions congestives intenses et tue en quelques heures le mouton. la clii'vrc: elle détermini^ un (rdème local étendu, chaud (1) Jeiiscn, /riisr/tr. fi'ir /•'/oisr/i uni/ Milfltliijdivno, Bel. VU, IS96, p. 0. — Liimlgren, /pllsrlirifl fi'tr T/ticriiirtliriii, Bd. Il, ISÏIS, p. 401. — Herg- iiiann, Jbiil., iUl. V, l'jul. p. l'Sl, :!:!(). — Les liacillcs colorés avec le bleu de Loeffler i)arnisseiU plus fins et resseiiililent au liacillt' iliphli''iii(ue (Liveri). (L') Carré, La siippiiralion casécuso [lli'vuo (/i'nér.. 1910'. SOLIPÈDES. — PYOHÉMIE CASEEUSE. 355 et sensible chez le clievul et les hoviclés, et ne détermine aucun trouble chez le chirii et le chat (Cari'é et Bigoteau . Son action peut èlre rapprochée de celle de la diphtérie humaine Dassonville). 100 centimètres cubes de cette toxine peuvent tuer un poulnin de deux ans (Basset). Mais ce nest pas à elle qu'on peut imputer les cai'actères essentiels, ni même accessoires, de cette pyohémie micro- bienne. Les animaux infectés ne présentent pas les troubles déterminés par la toxine des bouillons de culture. De plus, les moutons, solidement immunisés contre la toxine, sont sans défense contre le microbe. Ce saprophyte ne devient donc pas pathogène en sécrétant dans l'orga- nisme la toxine qu'il élabore dans les bouillons de cultui'es(l . Dans aucun cas. ni chez aucune espèce animale, nous ne constatons la preuve de cette élaboration et les elfets de cette intoxication spontanée. Le microbe est, à notre avis, le principal élément pntho- gène de la maladie. Il jouit de propriétés plus ou moins infectieuses suivant l'espèce animale. Unie voit s'acclimater chez le clieval et produire des affections connues sous le nom d'acHé contagieuse ou de lymphangite ulcéreuse à forme plus ou moins envahissante, s'implanter sur la peau des jeunes bovidés et du porc et y déterminer des abcès multiples, des bronchopneumonies chroniques et acquérir, chez le mouton, toute sa virulence et toute son activité infectieuse et toxique pour y réaliser la. pyohémie canéeuse complète à localisations ganglionnaire et viscérale. Difïicile à identifier sous ces diverses livrées, on lui a donné des (1) Le sérum antidiphtérique modifie les propriétés île la toxine du bacille de Preisz-Guinard; il paralyse son action et en retarde les effets, parfois dune faoon indéfinie. La toxine du bacille de Preisz-Guinard jouit de propriétés qui la font classer à coté de la toxine diphtérique. Elle ne s'identifie pas avec cette dernière. .Mais on ne sait pas, jusqu'à présent, s"il s'agit de deux espèces toxiques distinctes ou de deux variétés d'une même espèce. C'est de là qu'est née l'idée de combattre par le sérum antidiphtérique les affections caséeuses du mouton, l'acné contagieuse ou la lymphangite ulcé- reuse (Vallée), la lung-disease (iSocard). 350 DKRMATOSES MICROBIENNES. noms variés: c'est Vacnc bacillns de flrawilz el Diecker- lioff (1885). le microbe de la pseudo-tuberculose de Preisz el Guinanl (1891), le microbe de la h/mphawjite ulcéreuse de iNocard (189G), puis le microbe do i'reisz et Nocard, le microbe des abcès iiiiilliples dos grands ruininants. de la bronchopneumonie des bovins do Kilt, de h\ lung-disease du venu de Nocard, de la bronchopneumonie du mouton (Sivori). de l'adônie caséoiisc de Cherry et lîulj. do l'acné conlagieusc des soli/ii'dr^. C'est lo mémo agent cpii réalise ces infections qui, sous leurs multiples aspects, consorvout un caractère permanent de parenté; c'est la suppuration et la tendance à la caséi- fication du pus formé. Acné contagieuse des solipèdes. \j'aenf conldgieuse des soJipi-dcs, connue sous les noms de deniialllr jnistuleusc ronlafjieusc canadienne, do variole anglaise, do ruriole cantulienne ou de li/rnpliangite ulcé- reuse, est caractérisée par des adénites, des cordes lympha- tiques, des engorgements, dos boutons, des ulcères, une suppuration chronique. Cotte maladie évolue, générale- ment, sans retentissement siu" l'état général de l'organisme, mais elle peut se compliquer d'abcès viscéraiix internes dos divers oigaues, comuK» chez les autres animaux. Historique. — Signalée on 18i::2 par (!oux, elle est retrouvée en ■187(1 par Hassi chez dos (■/ic\;in\ provonaul du Canada. .\xe (1879) lui donne lo nom de deimatite pustuleuse contagieuse canadienne; Schindelka (1883) dé- couvre sa nature miorobionno; Siedamgrotzky (1884 . son inoculabilité ; (irawitzot DiockerholV (I88.j) font connaître son étiologio et sa patliogénie. Les observations de Trasbot et Nocard 189(1-1897 ont démontré sa fréquence; elles ont fait connaître quelques-unes do ses localisations, notamment celle dosoxtrémités; maisNocard ainutilemont complirpié l'étude do cetlo maladie en l'appelant h/mplian- SOLIPÈDËS. — l'YOlIEMIE CASEEUSE. 357 ijile ulcéreuse et en laissant croire, bien à tort, qifil s'agit là d'une forme distincte, sinon par sa cause, du moins par son évolution. Or Vaciié contagieuse et la lymphangite ulcéreuse ne sont qu'une seule et même maladie, car elles sont dutorminées par le même microbe et ont une pbvsio- noniie clinique identique. Étiologie et pathogénie. — Les inoculations sous la peau du pus dos abcès ou des ulcères sont pathogènes pour le rhfvnl, le mulet, le lapin, le cohayc. Elles détei'minent fhez les t^olipcdes un abcès qui s'ouvre en six à dix jours, donne du pus épais, grumeleux, et se cicatrise; chez le cohavf, un abcès à évolution rapide et une orchite avec vaginalite intense et parfois des abcès caséeux enkj-stés dans la rate, quand le microbe est introduit dans le péritoine. Chez le lapin, l'inoculation sous-cutanée provoque de la rougeur, de l'œdème: l'injection veineuse, un amaigrisse- ment progi'essif; l'injection péritonéale, un abcès enkysté. Les frictions douces exercées sur la peau desquamée et même intacte avec une culture incorporée dans un peu de lanoline sont suivies de l'apparition de pustules au bout de quatre jours ;Xocard;. La poule et le pigeon sont réfractaires. L'infection spontanée résulte d'une inoculation acciden- telle. Le saprophyte peut s'introduire, accidentellement, au niveau d'une plaie des extrémités, d'une crevasse, du pli du paturon ou du jarret, de la plaie d'un séton, d'une chute de peau déterminée [tar la cautérisation ignée (Dassonville). La maladie se transmet par tous les contacts directs ou indirects que les animaux ont entre eux : harnais, selles, colliers, sangles, couvertures, etc., qui passent des sujets malades aux sujets sains. Les instruments de pansage, et particulièrement la brosse et l'étrille, dont l'emploi exige un contact plus intime avec la peau, sont fréquemment des agents de la contagion. Les conditions favorables à la contagion se résument dans toutes les circonstances qui facilitent le transport des croûtes ou du pus des sujets 358 DERMATOSKS MICIi0131KN.\ES. malades sur la pcaulrrilco, exrol'icc, déchii-éoouenllaniiiit'e des sujets sains. On s'explique ainsi la localisation Iréqucnte de cette maladie aux parties du téijumentqui sont directe- ment en contact avec les harnais, telles que le garrot, le dos, les eûtes, quelquclois les épaules, le poitrail ou les extrémités, si souvent blessées. La maladie se propage rapidement et l'acilement des (.■/je\'ini.\ malades iiuxrJievuux sains: quelques jours suffisent pour<|ije les animaux soient infectés: mais il n'est pas rare de voir des uialailes vivi'c longtemps dans des éenries nombreuses sans infecter leurs voisins. Symptômes. — Les extrémités ou les surfaces recou- vertes par la selle, les harnais et la bride sont le siège de lymphangites caractérisées par un]engorgement, des boutons, des ulcères, des adénites simides ou suppurées. L'engorgemcnl est chaud, sensible, douloureux, accom- pagné du hérissement des poils et de boileric quand il siège au niveau d'une extrémité. L'œdème se résorbe bientôt; mais les poils demeurent réunis en jtinceaux. A la base de chaque paquet de poils, on sent, dès le lendemain, de petits ljout<))is bien circonscrits, ronds ou ovales, de la grosseur d'une leulille, d'un pois ou d'une petite noix, analogues à des furoncles : ils ont quelquefois le volume du poing el sont isolés ou réunis. Ces boutons sont des foyers inflammatoires peu sensibles et peu douloureux, durs, semés à la surface du tégument en nombre variable: les foyers les plus petits présenteni d'un à trois boutons; on en constate une vingtaine dans les plus étendus. Ils évoluent lentement, deviennent saillants, se ramollissent et s'ouvrent. Les ulcères ijui succèdent à leiu" ouverture sont lantùl superliciels, tantôt profonds ; les [iremiers conslittu'nt une sorte d'excavation circulaire creusée dans réi)aisseur du dernne, comblée tout d'abord par une croûte très épaisse au centre, remplacée à son toiu" par une cicatrice ronde, dépourvue de jioils et de pigment. Les seconds atteignent SOLIPÈDES. PYOHÉMIE CASÉEUSE. 359 le tissu conjonctif sous-cutané; ils sont arrondis et iri'é- guliers, du diamètre d'une pièce d'un franc ou davantage ; leur centre est purulent ; leurs bords indurés, couverts de bourgeons charnus, saignants ; ils ressemblent à des fu- roncles et sécrètent un pus filant, jaunâtre, strié de semg; mais ils se cicatrisent facilement. Les lymphatiques, infectés d'emblée ou par résorption du pus des ulcères, s'enflamment dans toutes les régions contaminées, et l'on voit apparaître des cordes lymphatiques sinueuses et saillantes, qui se ramollissent sur leur trajet et transportent quelquefois, jusqu'aux ganglions, les germes de la suppuration ; le ramollissement ganglionnaire est or- dinairement bénin et peu appréciable. Marche. — L'évolution de la maladie est lente, chro- nique, limitée à un membre ou à une région et s"étendant progressivement par la voie lymphatique et par auto- inoculation. Les boutons et les ulcères deviennent con- fluents quand on ne s'oppose pas à leur extension. Cette maladie a souvent une allure bénigne etguérit en quelques semaines si la région malade est protégée contre toute irritation; elle persiste des mois ou même des années quand le pus stagne à la surface de la peau excoriée et engendre de nouvelles colonies de foyers purulents. La région enflammée est alors le siège permanent de boutons et d'idcères qui naissent pendant que d'autres sont en voie de cicatrisation. Des infections secondaii'es déterminées par tous les microbes de la suppuration ou les microbes septiques peuvent se produire; le microbe de la pyohémie caséeuse peut se généraliser et entraîner la mort par épuisement en cinq ou six semaines ; il peut déterminer des abcès se- condaires dans le rein et le tissu conjonctif périrénal ou dans d'autres organes. Cette terminaison est exceptionnelle ; les foyers de suppuration demeurent généralement superficiels, inter- mittents, plus fréquents pendant l'hiver, sans retentis- 3Ô0 DERMATOSES MICROHIENNES. soiiient sin- l'ôlal général ; ils n'empéclienl inêmo |ias i'utilisalion des animaux. La guérison est presque toujours l'acile à obtenir. Lésions. — Les loyers purulents, les ulcères et les lymphangites ne sont pasles seules lésions de cette maladie. L'agent pathogène peut envahir les vaisseaux lympha- ti(pies intermusculaires, les ganglions des diverses régions et dcterniiner des abcès de la mamelle, du tlanc, de la région pelvienne, lombaire, périrénale; quelquefois même, les reins sont farcis d'abcès, et le poumon présente des fo3'ers de bronchopneumonie de même origine. Diagnostic. — Le horsepox s'en distingue par la dissé- mination et la rapidité d'évolution des pustules, qui n'engendrent jamais des ulcères persistants. L'acné conta- gieuse a des analogies avec le farcln, quand elle siège au niveau des extrémités et est caractérisée par des ulcères et des cordes lymphatiques; mais elle demeure toujours facilement curable; le pus sécrété par les ulcères est jaunâtre; il est huileux dans le farci n ; les ulcères sont rebelles à la cicatrisation, el linjeclion de malléine ne provoque] aucune réaction, ni dans l'acné contagieuse, ni même dans la lymphangite ulcéreuse épizootiquc. Ladormite pustuleuse et la pycmie produites par les.V/- crococcus tetrar/cnes ont beaucoup d'analogie avec l'acné contagieuse et avec le farcin [.Mongrell (1)]. V cchauboulure s'en dill'érencie par la disparition rajiide de ses boutons sans suppuration. Traitement. — La désinfection complète des ulcères, des plaies, l'ouverture des abcès assurent la guérison rapide des malades. La solution de sublimé corrosif, l'-eau oxygénée, l'eau iodée sont les agents antiseptiques qui conviennent le mieux pour détruire les microbes infectieux. Il faut éviter de les ensemencer dans le voisinage ; les régions malades ne doivent être ni pansées, ni j)rolégées (') .M:rgrcll, Annales de inéd. vit. 1913, SOLIPÈDES. NÉCROBACILLOSE. 361 par des couvertures; mais on peut y appliquer un panse- ment occlusif pour hâter la guérison en prévenant les infections secondaires. Les malades doivent être isolés, pourvus de harnais et d'instruments de pansage spéciaux, afin de ne pas contaminer les animaux sains. Il faut dcsin- fecter aussi les écuries, les râteliers, les mangeoires, les seaux, les objets de pansage, sangles, couvertures, selle, et tout ce qui a servi aux animaux malades. Il faut tout laver, tout nettoyer à l'eau bouillante, puis à l'eau phéniquée, et de préférence avec une solution de sublimé corrosif; pour compléter cette désinfection, on peut blanchir les murs à la chaux. IV. — NÉCROBACILLOSE. Définition. — On désigne ainsi l'ensemble des altéra- ration cutanées et muqueuses déterminées par le bacille de la nécrose. Son action est caractérisée, chez tous les animaux, par la production de lésions diphtéroïdes ou de fausses membranes sur toutes les muqueuses, par des abcès à tendance persistante et par la nécrose des tissus envahis (peau, cartilages, tendons, ligaments, pou- mons, etc.). Ce microbe, connu sous le nom de bacille de Bang, de Bacillus necrophorus, est essentiellement un agent d'in- fection secondaire (Voy. Stomatite ulcéreuse, t. I, p. 36); mais il est susceptible de déterminer chez le bœuf, le mouton, le chien et le lapin des infections spéciales à caractère épidémique. Il n'est d'ailleurs pas inutile d'indiquer, dans chaque espèce, les divers processus qui sont compliqués d'infections par le bacille de la nécrose (1). Étiologie. — La nécrobacillose ne constitue pas une entité morbide chez les solipèdes; mais elle complique les gangrènes cutanées de l'extrémité des membres, le javart (1) Cuillé, Revue gén. de méd. vct., 1905, f. 1, p. 457. Cadéac. — Pathologie interne. VII. 21 362 DERMATOSES MICUOIUENXES cartilagineux, le rrupaurl, les fojers de suppuration ou de gangrène chronique, comme le mal de garrot, d'encolure ou de nuque. 1^0 bacille de la nécrose peut s'implanter sur la muciueuso digestive; il se développe dans les exsudais muco-meni- brancux du caecum, du gros intestin (Jensen, Ernsl) et dans les foyers de suppuration et de gangrène du poumon (Nielsen, Mac Fadvean). Traitement. — Les agents désinfectants qui préviennent l'invasion des microbes de la suppiu-alion et les pansements protecteurs empêchent facilc- ment son implantation au niveau des plaies. V. BOTRYOMYCOSE d). I.a holrvomycose est une lésion intlammatoire parasi- taire du derme cutané et de ses couches hypodermiques, qu'on a allribuée sucfcessive- nicnt aux spores d'un cham- pignon réuni en amas mûri- formes {Botryomyces equi). au Slaphylococcas aiirens, puis à une amibe (Lctulle). Ce parasite, Amœba Letullci, a de 30 à 60 [j.; il présenté diverses formes (fig. 72); mais son existence chez Vlioinmr et chez les animaux n'est pas définitivement établie (Voy. Patholoijie chirurgicale : Maladies de la peau). Fig. 'i. — .{iiuebn LetiiUei. .1. amibe ; I., leucocytes, d'aprè: Letulle. M) Poncet et Dor, La bolryomycose (Arch. yen. de inêd.. 1900, p. U'9 e 271). — Bail, .\rcli. gén. de rtiéd., 1904, p. lOiM. — Chaussé, Bull, elmém. de la Soc. annf., 190.5. — l.elulle, Jourii. df jilnjx. et de patli. gén.. 15 mars 1908, p. i'.">(i. BOVIDÉS. IMPÉTIGO. 363 VI- — PAPILLOMES. Les papillomes ou verrues ont une origine infectieuse et constituent une maladie inoculable susceptible de se gé- néraliser (Voy. Pathologie chirurgicale, : Maladies de l;i peau et des vaisseaux) . Ces excroissances papillaires et hy per- kératosiques ont été attribuées au Bacillus Porri; mais l'action pathogène de ce microbe n"a pas été démontrée. II.— BOVIDÉS. I. — IMPÉTIGO- Définition. — L'impétigo du bœut^ ou j^orrigo (Lafosse) est une maladie contagieuse, caractérisée par la formation de petites pustules qui se déchirent rapidement sous Vin- fluence des frottements ou sous l'action de la langue très rugueuse des bovins. Ces pustules, plus ou moins volumineuses, laissent alors écouler un liquide jaunâtre purulent. Étiologie. — L'impétigo se développe, chez les ani- maux (le travail, pendant l'hiver; la malpropreté des étables et des animaux, pendant cette saison, favorise son apparition. Mais la cause primordiale réside dans l'implantation de microorganismes pyogènes à la surface de la peau. La maladie se transmet facilement entre ani- maux de même espèce. Symptômes. — Cette affection, localisée à la base do la queue, à la nuque, au fanon, est caractérisée au début par une inflammation très intense: la peau est tuméfiée, chaude, douloureuse au toucher, principalement à la base de la queue, à la nuque, au front, au garrot, où l'affection se développe presque exclusivement. Bientôt, un suintement jaunâtre, séreux, se produit; les poils se réunissent en pinceaux et laissent apercevoir, dans les intervalles, la surface de la peau dépouillée de 364 DERMATOSES MICROBIENNES. ropiilorine et devenue rouge et humide. On aperçoit aussi de petites vésicules à la périphérie de la surface enflammée; mais elles sont déchirées par le frottement (\m résulte du prurit déterminé par l'inflammation. Les animaux se frottent avec les pieds, avec la langue et contre tous les corjts durs. Consécutivement, les poils tombent, la surface se dénude, le suintement revêt un caractère sanguinolent ou purulent ; il s'étend sur le tégument, s'écoule sur les parties saines, où il sème la contagion et fait développer une affection identique. Au centre, le suintement se dessèche et se convertit en croûtes, brunâtres ou grisâtres, toujours fendillées de manière à livrer passage au pus formé au-dessous. Du reste, les croûtes sont rapidement enlevées par les grattages, et la surface malade est transformée, à chaque instant, en plaie saignante, qui bourgeonne irré- gulièi'ement en certains points et s'ulcère dans d'autres. Uuelquefois, l'infection microbienne devient plus pro- fonde et plus compliquée; il se produit des abcès sous- cutanés aboutissant à la nécrose de quelques points de la peau par implantation du bacille de Bang. Quand le mal siège à la (]uoue, la suppuration est favorisée par les frottements, et il se produit des complications : la queue devient insensible, se mortilie, se détache; on observe quelquefois la perte des oreilles, des paupières et des yeux, (fuand la maladie envahit la tête. Traitement. — Il faut entretenir la propreté de la ré- gion malade, opérer la désinfection par des lavages à l'eau pliéniquéo, au sublimé, à la liqueur de Van Swieten. On doit toujours couper les poils, bien ras, afin de prévenir l'accumulation des produits du suintement à la surface du tégument. On a ensuite recours, avec le plus gi'and succès, à la pommade au caloinel, dont les appli- cations ne doivent pas être trop souvent renouvelées, afin d'éviter l'intoxication mercurielle. On peut remplacer ces médicaments par des pommades antiseptiques, astrin- BOVIDÉS. — PEMPHIGUS. 365 gentes, au sulfate de zinc, etc. On peut utiliser avec profit les médicaments pyrogénés, tels que le goudron ; on peut employer aussi l'huile de cade ; mais les meilleurs anti- septiques sont les plus recommandables. Quand l'infection est déjà ancienne et que le tégu- ment s'est ulcéré, on conseille la cautérisation des ulcères avec l'eau mercurielle, l'acide arsénieux, le nitrate d'ar- gent, mais, ordinairement, on obtient la guérison par le secours exclusif des pommades et des lotions antisep- tiques. Quand le suintement est si intense qu'il irrite les sur- faces du tégument avec lesquelles il est mis en contact, on saupoudre la surface enflammée avec la poudre de tan, de chlorure de chaux ou d'amidon. Il faut ouvrir les abcès qui se sont produits, désinfecter la région suin- tante et empêcher, autant que possible, les animaux de se frotter. II. — PEMPHIGUS. - Le pemphigus des bovidés peut revêtir la forme enzoo- tique (Loiset); les vaches parturientes qui en sont efîectées peuvent le transmettre au porc (Winkler) ou même à Vliomme (Ballart); mais, habituellement, on ne constate que des cas isolés (Lucet). La maladie est caractérisée par une éruption huileuse des régions des lombes, de la croupe, des fesses, du périnée, de la face interne des cuisses ou des mamelles et des trayons. Ces nodosités saillantes, à bords nets, dépilés, bleuàti'es, douloureuses, peuvent atteindre les dimensions d'une pièce de 5 francs; elles renferment une sérosité citrine et guérissent plus ou moins rapidement. Traitement. — Les antiseptiques et les poudres sicca- tives sont rapidement efficaces. 366 ItKHMATOSES MlcnOBIENNES. III. - PYOHÉMIE CASÉEUSE. Définition. — La pjoliéniie cusoousedesu'iullcs est une affection caracléi'isée par l'apparilion successive de foyers (le suppuralion variant du volume d'un pois à celui d'un (i'urdc/>o///rilans lesdiverscs régions du corps et analogues il la dermite [lusluleuse eonlagieuse du cheval [Barbe (1), Bitard (2), Besnoit (3), Liénaux (4), Leblanc (3)]. Elle peut affecter aussi le ioie, le poumon sous formé de broncbopneumonie casceusc des adultes (Kitt), mais princi- palement des jeunes atteints, à leur naissance, d'infection ombilicale seplico-pyobémique, connue sous le nom de diarrliée des veaux d'Irlande. L'agent pathogène du poumon comme de la peau est le microbe de la suppuralion caséeuse. L'inoculation au bœuf de l'acné contagieuse du cheval reproduit cette maladie (Grawitz et Dieckerboff). Quand le microbe s'est implanté dans un point du tégument, il se produit, sous rintluence des frottements et des effractions cutanées, des séries d'auto- inoculations successives; mais le microbe est moins en- vahissant que chez le cheval et le mouton; la maladie respeclelesganglionset nese propage au foie et au [)Oumon que chez les jeunes, (piand Finfection s'est effectuée par la plaie ombilicale. L'évolution cutanée et l'évolution pulmonaire consti- tuent pour ainsi dire deux maladies distinctes, quoiqu'elles soient produites par la même cause. La FORME cur.wKE, analogue à la furonculose i)ar ses poussées siiccessives, à Vacné contagieuse par sa nature, affecte tantôt un type discret, tantôt un type coniluent et (1) Barbe, Itcrueil de jiu'd. vét., 30 mars d896. (2) Bitard, Progrès vét., 1902, p. 1; Affection pyohémiqiie de la région parotidienne et cervicale chez le bmif. (3) Besnoit, /ievue vrt., I00.\ (4) Liénaux, Annales de méd. vét., 1002. (t)) Leblanc, Comnmnicalion int'dite. BOVIDÉS. — NKCRÛBACILLOSE. 367 généralisé (Voj. Maladies de la [teaii et des vaisseaux, in Pathologie chirurgicale). Traitement. — Les moyens prophylactiques qui réalisent l'antisepsie de l'extn'mité du cordon ombilical et pré- viennent son inlection empêchent l'animal de contracter la bronchopneumonie caséeuse et la septicémie des nou- veau-nés. La propreté de la litière et son renouvellement fréquent, les pansages des animaux préviennent les infec- tions cutanées. Les moyens curatifs s'adressent exclusivement aux acci- dents cutanés: favoriser la maturation des abcès àl'aidedes frictions vésicantes, és'acuer le pus par des ponctions et des débridements, désinfecter les cavités purulentes pour tarir la sourcede la suppuration, opérer la désinfection de toutes les parties (piiont été en contact avec le pus à l'aide de la solution phéniquée, crésvlée, iodée, etc., atln de prévenir les aulo-inoculations. IV. — NÉCROBACILLOSE- Chez les bovidés, le bacille delà nécrose devient l'agent essentiel de la nécrose de la bouche, du pharynx, de la panse et des exsudais diphtériques de l'intestin: il peut compliquer la plupart des maladies du tube digestif (Voy. Pathologie interne, t. Ij. Les stomatites pseudo-aphteuses sont aggravées ou déterminées par cet agent (Vigadi). L'appareil de la reproduction des femelles (vagin, utérus) présente, quebpiefois, des pseudo-membranes et des ulcères dus à ce bacille ; il n'est pas rare de voir ces mani- festations s'associer à des altérations analogues de la muqueuse buccale (EUinger). On le voit compliquer la pyosepticémie des nouveau-nés et revendiquer les foyers de nécrose du poumon, du foie, du cœur; il semble même capable de déterminer des infections digeslives, mammaires, pulmonaires et hépatiques, primitives à formes endémique 368 DKllMATOSES MICItniilKNNKS. clanslesgrandescx|tloitations[Miossnor (1). Micssnercl liar tels (2)]. Il (It'lerinino oncore plus commiint-mont la gan- grène des trajons, la nécrose enzootique de la queue (Voy. Maladie de la poau et du tissuconjonctif, in Pathologie chirurgicale), de la région périnéale et oxceptionm-lleinonl de l'anus, do la quouo et des oreilles (Elmassian et Ulizar). III. — MOITO.X. I. — ACNÉ. Étiologie. — Linllammation dos glandes el dos rolliculos pilo-sébaoés n'-sulle de toutes les causes susceptibles do troubler l'ôvolulion ôpidcrmique. d'irrilor le tégument el de déterminci' on do ]ii'éparor une inlootion secondaire. C'est ainsi que les pluies continuelles amènent l'acné en ramollissant l'épidorme, qui ne s'oppose plus à l'entrée des microbes dans les follicules pilo-sébaoés ; les moutons beaucerons (mérinos-beaucerons à toison légèrement ouverte) qui passent la nuit au parc à l'arrière-saison sont frappés chaque année en nombre variable. Les éraillures provoquées par la tondeuse, liriilalion occasionnée par les maladies parasitaires (gale psoroptique et gale sarcopliquo) roprésonlent los principales causes de cette inflammation, qui est généi-alomont de nature staphy- lococcifpie. Symptômes. — Dos boulons pou douloureux constitués par dos [)ustulos suporHoiollos ou profondes, des pa|)ulo- pustules folliculaires do volume variable, atteignant sou- vent les dimensions d'une noisette, caractc-risenl ces infoi- tions locales. L'évolution de cette éruption s'elTectue presque sans rougeur péri|diéri(pie. sans jinn-it ni douloui' aitpréciablo. (1) Miessner, Nécrobacillose épidémique des l>ovidés (HrviiP géit-, 1901, t. Il, p. 699). (2) .Miessner et Bartels, idem, 19 H, p. 70. MOLTON. ECTHYMA CONTAGIEUX DES LÈVRES. 369 Les boutons dacné situés principalement sur les parties latérales de la poitrine, aux flancs, à l'aine, sont géné- ralement peu nombreux: ils sont remplis de produits graisseux, sébacés, mais ils peuvent s'abcéder, présentai un aspect furonculeux [Tetz (1905)], engendrer des croûtes et des cicatrices; ils guérissent toujours sans difficulté. Traitement. — Le savonnage de la peau, les lotions soufrées et la ponction au bistouri des abcès folliculaires, ou des furoncles, et les lavages avec une solution crésylée assurent une prompte guérison. II. — ECTHYMA CONTAGIEUX DES LÈVRES- Sous le nom d'affection ulcéro-végétante, de papillomcs infectieux des lèvres des agneaux [Mégnin (1) et Boulier]. d'impétigo labialis [Peter (2)j ou (ïecthyma contagieux, de chancre, de becqueriau, on décrit une affection ulcéreuse des lèvres qui devient plus ou moins rapidement végétante et papillomateuse. mais qui demblée ressemble beaucoup, à la stomatite pseudo-aphteuse. Étiologie. — Cette affection ne s'attaque pas exclusive- ment aux agneatix; les adultes peuvent être également frappés ; mais elle commence toujours par les agneaux : elle sévit exclusivement pendant la saison d'été, de juin à octobre. On l'attribye à l'action traumatique des chaumes de blé ou d'avoine; mais elle frappe également les ani- maux qui demeurent à la bergerie. La transmission ne fait aucun doute; elle se propage par contact direct et par inoculation non seulement au mouton, mais encore à la chèvre (Moussu). On ignore la nature de l'agent causal; Mégnin l'attribue à des sarcosporidies; le parasite qu'il y a découvert res- semble beaucoup aux coccidies trouvées dans les diverses néoplasies. (I) Mégnin et Boulier, Soc. de Mol., 1895. {i) Berliner thierdrsl. Wockenschr., 1399. 21. 370 DERMATOSES MICROBIENNES. Symptômes. — Cette maladie débute par lappaiition sur le bord des lèvres de pustules ou de petites vésicules remplies de li(iuide clair, auxquelles succède bienlùl une érosion d'un rouge vif, de la dimension d'une leidilîe et saignant facilemenl. Celte érosion augmente progressivement et représente absolument une sorte de brûlure; elle est recouverte d'une séci'élion jaune clair qui forme une croûte brun jaunâtre ou jaune grisâtre, épaisse, dure, non suintante. Sous Tin- Vi^. 7-î. — Ecthyiiia des lèvres et de la paupière du iiioiitoii. fluence de l'irritation déterminée par les aliments, l'ulcère saigne, suppure et végète (fig. 73). On voit apparaître vers ses bords de nouvelles vésicules étendant l'ulcération qui envaliit les commissures et les parties glabres de la peau; il se forme en même temps des végétations subdivisées acquérant le volume de jtctites fèves. L'éruption se multiplie sur les lèvres et le ]iourloui- du nez; elle forme de véritables bourrelets qui peuvent par- venir à bouclier les narines. MOUTON — PVOHÉMIE CASÉEUSE. 371 En général, la muqueuse buccale et les gencives demeu- rent intactes; mais on observe quelquefois des éi'osions sur le palais. Sous l'influence de cette éruption, les lèvres inûltrées et épaissies ne peuvent prendre les aliments; les animaux se nourrissent mal et maigrissent. L'évolution de la maladie est bénigne; elle se commu- nique à presque tous les animaux du troupeau et guérit en trois semaines au plus. Elle devient plus grave (juand elle se complique de stomatite ulcéreuse. Traitement. — La désinfection réalisée par des lavages avec une solution créolinée suffit pour obtenir la guérison; on fait tomber les croûtes, on enlève les produits de sécré- tion ; on peut cautériser les ulcères et végétations au ni- trate d'argent, à la teinture d'iode, ou au sulfate de cuivre. Ces moyens suffisent pour guérir tous les malades. m. — PYOHÉMIE CASÉEUSE. Définition. — La pyohémie caséeuse du mouton est une maladie enzootique de tous les pays, caractérisée par des lymphangites, des adénites et des abcès sous-cutanés, ganglionnaires, intramusculaires, viscéraux, ai'ticulaires, renfermant un pus épais, verdàtre, dont la consistance rappelle celle de la pâte de guimauve. S3rnonymie. Historique. — Suivant le siège des foyers de suppuration, on a donné à cette maladie des noms différents, qui peuvent tout au plus servir à désigner ses localisations. Tels sont : adénite caséeuse, lymphadénic Caséeuse, bronchopneumonic caséeuse du mouton, pseudo-tu- berculose du mouton. Découverte en 1891 par Preisz et Guinard, dans le rein, les travaux de Turski. de Cherry et Bull, de Norgaard et Mohler, etc., font ressortir la fréquence des adénites externes et internes; et ceux de Sivori celle de la bron- chopneumonie caséeuse (1). (1) Carré, La suppuration caséeuse chez le mou Ion {Revue gén., 1910). 372 DERMATOSKS MICHOHIKNNES. Étiologie et pathogénie. — l/inoculation sous-cutanée reproduit la lualadie natuicllo L'injection, sous la peau de la face interne de la cuisse d'un mouton, de 5 centimètres cubes d'une émulsion obtonuo on mélangeant le contenu caséeux d'un ganij:lion sous-lombaire de lupin avec une solution isotoni(pio d'eau salée, est suivie de la production d'un abcès qui s'ouvre un mois après (Noi'gaard et Mobler). mais qui laisse persister une masse indurée creusée de petits foyers [lurulents. L'infection obtenue avec Oc'^.S à 1 centimètre cube de culture est suivie du dévelopi»ement d'un abcès caséeux et de la caséiticalion des ganglions environnants. « Sous la peau du nioulon, l'inoculation d'une trace de culture est suivie de l'apparition d'une petite nodosité dure, arronilie, sans tcndimcc à s'uuvrir à l'extérieur. Bientôt, autour de cette première nodosité et à une distance variable d'elle, on constate d'autres petits foyers indurés, identiques: puis, dans les semaines qui suivent, des abcès apparaissent aux endroits déjà signalés. Ces abcès s'ou- vrent spontanément, se vident et se cicatrisent. D'autres apparaissent dans la suite, qui évoluent suivant le même mos(in grêle sont parsemés d'abcès de la grosseur d'un pois ou d'une noix[Sérès et Guillaume (1)]. V. — CHIEX. Les dermatoses microbiennes du chien comprennent : l'impétigo, le pemphigus, l'acné, la nécrobacillose, le pur- pura. I. — IMPÉTIGO. Étiologie. — 1/impétigo est une maladie des plus commtuies des jeunes c/iioiis : les excitations extérieures Fig. 76. — Bi-rilure simulant 1 iiiipéligo. produilqupar la poussière, la saielé, les irritations déter- minées par des parasites, puces, poux, etc., les frottements répétés du collier el les pressions soutenues sur une partie de la peau, comme celles qui résultent d'un ban- dage de fracture, favorisent son apparition (lig. 7(5). Celte maladie complique toutes les variétés d'ercrwa. de ijale on do p/itiiiiise: le pi-urit occasionné par ces mala- (1) Sérès el Guilhiiiiiic, Jicriir f/ciifr.. l. I, p. 127 CHIEN. IMPETIGO. 387 dies entraîne des desquamations épidermiques profondes et linoculation de tous les germes pyogènes déposés sur la peau. On voit ainsi l'impétigo s'ajouter à la plupart des abcès cutanés. Symptômes. — L'impétigo apparaît par plaques peu Fig. 77. — Impétigo du chien en pleine période de sécrétion. nombreuses, une, deux ou trois ordinairement ; elles se montrent sur les joues, à la base des oreilles, au point otj frotte le collier, au bord supérieur des bandages de fractures, à la base de la queue, sur les cuisses (fig. 77). Les vésicules s'accumulent sur une étroite surface ; la peau devient très rouge, humide, recouverte d'un exsudât jaunâtre, mielleux, qui réunit les poils en pin- ceaux; quelquefois tous les poils s'arrachent brusque- ment, et la peau semble avoir été brûlée par l'eau 388 DERMATOSES MICROBIENNES. houillanlo. Qiielqnofois le prurit est si violent que l'in- tlamm.'ition devient phlegmoneuse en certains points ; on voit même quelquefois Vulcération se produire au centre des parties malades; une escarre molle et sèche s'éli- mine au centre pendant que l'infection continue do grandir par la périphérie. Au bout d'un temps variable, dépassant rarement deux semaines, l'afleclion rétrograde au niveau de la première surface envahie ; mais de nouvelles plaques commencent à se développer dans les points récemment inoculés. On peut rencontrer ainsi, chez le même sujet, des foyers impétigineux à diverses périodes de leur évolution, de telle sorte que l'affection se perpétue en changeant seulement de région. Cette extension est favorisée par la malpropreté et par la présence de lésions cutanées ou de maladies para- sitaires comme la gale sarcoptique. Traitement. — On obtient la guérison par une désin- fection complète de la partie malade ; il suffit de bien couper les poils, de ramollir et de détacher les croûtes à l'aide d'une ou deux applications de pommade boriquée à laquelle on fait succéder la pommade au calomel au douzième, la pommade à l'oxj'de de zinc : les lavages au crésjl à laide d'une solution chaude de permanganate de potasse à j ou 2 p. 1000, de lysol à 1 ou 2 p. 100, com- plètent le traitement antiseptique. On recouvre ensuite la surface malade d'un topique pulvérulent adhésif et des- séchant comme la poudre de tan, d'amidon, de sous-nitrate de bismuth. II. — ACNÉ. L'acné est une folliculite ou une périfolliculite furoncu- leuse qui a déj;i été décrite (Voj. Pathologie chirurgicale de la peau et des vaisseaux, p. 2()7). L'acné comédon ou acné ponctuée se traduit par de petites CHIEN. ACNE. 389 élevures arrondies, plus ou moins saillantes, mesurant 1 à 2 millimètx'es de diamètre en moyenne, souvent de la taille d'une tête d'épingle, parfois punctiformes, dans l'inter- valle desquelles la peau est normale, mais grasse, et par- fois légèrement pityriasique. Certaines élevures acnéiques dessinent de petits monti- jiiiL-Joa cl kvïtcs scbdcii:, inaltiiilc Clill: A gauche, kyste folliculaire sébacé renfermant des éléments épidermiques, clairs et graisseii'c. An milieu, deux jeunes comédons situés dans leur follicule atteint d'hyperk.ératose Oitéo-foUiculaire ; l'un d'eux contient un poil enroulé. A droite, vieux comédon (tanne) dont la tète fait saillie par l'orifice de l'ulri- cule acnéique. Entre ces productions, hyperkératose de la peau (Bail et Roquet). cules centrés par un point noir qui correspond à un comé- don. Quelques élevures sont volumineuses, très saillantes, ombiliquées, centrées par un gros point noir obturant un large orifice. Des élevures à gros comédon correspondent aux tannes de Y homme et se rapporteraient à de volumi- neuses glandes sébacées (fig. 78). La pression exercée autour du point noir t'ait saillir le comédon ou la tanne sous la forme d'un vermisseau de matière grasse, blanc jaunâtre, qui se contourne sur lui- même, coiffé d'un point noir qui semble lui figurer une 00 300 DERMATOSES MICROBIENNES. lèle. Celle partie noire est due au mélange des poussières ;\ la matière sébacée. Les microbes et quelquefois les vaisseaux sont la cause des comédons qui se logent dans une petite poche résultant de la dilatation de rinlundibulum folliculaire (1). Traitement. — 11 n'olTre rien de spécial. (Voj. Palholo- ijic chiriiri/icale de la peau et des vaisseaux, p. 272) (Bail cl Roquet). III. — PEMPHIGUS. Le pempbigus du chien, regardé comme susceptible de se transmettre à Vhoinmo (Dasch), peut revêtir une l'orme chronique. Diagnostic. — Le pemphigus est une forme d'éruption à tvpe biilleux. d'origine imj)étigineuse ou provoquée par des iiiloxicalions variées ou par diverses maladies. Traitement. — Le traitement antiseptique est le seul elïicace. IV.— NÉCROBACILLOSE. Le bacille de la nécrose détermine, chez le chien, une La femelle ovigère, longue de 600 à 700 a sur 400 à 440 \L de large, présente des soies à la troisième paire de pattes. On peut observer des larves hexapodes et des nymphes octopodes (fig. 84). Ce parasite ovipare ne creuse pas de galeries épi- dermiques. Grâce à son venin irritant, il provoque une éruption et des croûtes au milieu desquelles il vit. Il ne s'isole point comme le sarcopte, mais il vit en colonies à la surface de l'épiderme. Le psoropte se fixe à la base d'un poil et sécrète un venin plus actif que celui du sarcopte ou du symbiote. Les vésicules qui se développent correspondent toujours à la (1) Cabret, Une épizootie da gale sarcoptique {Jou/wi. des vit. milit., 1911, p. 645). 108 DERMATOSES PARASITAIRES. partie de répidernie piquée par le parasite. (Juddcn imite cette action mécanique à l'aide d'une fine aiguille, imbibée de teinture dacantliaride; ricrlacli iulrodiiil tique du lapin (Mathieu, Cagnj, Cadéac). Cette gale ne se transmet ni au bœuf, ni au mouton, ni au porc, ni au chien, ni au chat (Delafond). Symptômes. — Mâles et femelles, larves et nymphéa, ont des habitudes sédontiiiros ol vivent en colonies agglomé- rées. Ils piquent i)rorondémont l'épiderme et déterminent la production de petites papulo-vésicules do 7 millimètres à 8 millimètres de diamètre, sur 2 millimètres à 3 milli- mètres de hauteur. Chaque piqûre provoquant une papulo- vésiculc, la surface envahie est bientôt recouverte d'une éruption confluente. Les papulo-vésicules saillautos, hémisphériques, évoluent rapidement, deviennent des vésicules ou dos pustules qui s'ouvrent, et laissent suinter un produit poisseux, jau- nâtre, qui réunit les crins on pinceaux, im peu comme dans l'impétigo. Ce produit so dessèche ensuite et donne naissance à dos croûtes d'un blanc jaunAtro. dont laspect change dim moment à l'autre, sous linlliience des frot- tements et dos poussières qui s'y associent. Le prurit est intense ; le venin des psoroptes est très irritant, l'animal se frotte l'encolure et le garrot contre les corps diu's à sa portée, ou contre ses voisins. 11 fait peu de tentatives pour se mordre; il sait qu'elles seraient infructueuses et qu'il ne pourrait atteindre la queue et la crinière avec les dents. Los crins sont d'abord entre- mêlés, ébouriffés, réunis par mèches, brisés ensuite à diverses hauteurs. La surface cutanée, qui n'ost plus pro- tégée par les crins, est excoriée ; les croules sont vio- SOLIPÈDES. GALE PSOROPTIQUE. 41 i lemmeat arrachées, les poils déracinés; la surface apparaît lisse, avec un reflet brillant, graisseux ; elle est le siège d'un suintement intense, rougeâtre, qui donne aux croûtes, de nouvelle formation, une teinte rougeâtre ou noirâtre. La peau, sans cesse irritée, s'infiltre, s'épais- sit, se ride ; le bord supérieur de l'encolure est ondulé ; il présente de nombreux plis transversaux, au fond des- quels s'abritent quelques poils qui ont échappé aux frottements. Les produits d'exsudation s'y accumulent, s'y putréfient, et servent de nourriture et d'abri à des larves de mouches. Malgré ces désordres, les psoroptes désertent, lente- ment et tardivement, la place qu'ils occupent. Ils renou- vellent leurs piqûres tant que persistent des débris d'éjtiderme; puis, pressés par la faim, ils font un pas vers les parties saines ; les colons se sont reproduits, et la colonie primitive ne peut plus suffire aux besoins de tant de nouvelles générations. Ils s'étendent de proche en proche, sans laisser d'intervalles de peau saine, et multiplient leurs déprédations. Pressés sur une surface restreinte, les parasites sont toujours faciles à dénicher et à reconnaître. On les rencontre sous les croûtes, prin- cipalement à la périphérie des plaques humides qu'ils habitent. Les produits du raclage, examinés sur du pa- pier noir, à lœil nu ou à la loupe, à une douce tempéra- ture, laissent apercevoir de nombreux psoroptes à toutes les phases de leur développement ou accouplés, qui s'en détachent et se disséminent. Marche. — Durée. — Terminaisons. — Les psoroptes ont toujours un habitat de prédilection : le toupet, la crinière, la base de la queue. L'affection débute au niveau de ces régions; elle s'y maintient pendant longtemps, puis les parasites se répandent dans les régions avoisi- nantes; ils envahissent l'auge, le poitrail, les faces laté- rales de l'encolure, la face interne des cuisses et le voisi- nage du fourreau. Cette extension est très lente et très 412 DERMATOSES PARASITAIRES. rare. Il laul aux parasites cinq à six mois pour se répandre sur tout le cor[)S. On trouve rarement des pro- priétaires assez peu soigneux pour laisser la maladie se généraliser. Parfois, les i)arasiles sont transplantés par le pansage dans des parties limitées du corps ; mais ces colonies secondaires sont toujours marquées par une ligne parfaitement délimitée entre les parties malades et les parties saines. Diagnostic. — On dilTérencie la gale psoroptiquc de Veczcma de la crinière et de la base de la queue par l'examen microscopique des croûtes, qui permet d'aper- cevoir les psoroptes. (liiez un animal galeux, écliaull'é ou reposé aux rayons solaires, les psoroptes abandonnent leur abri croùteux et se promènent à la superficie des poils et des croûtes, où on peut les apercevoir à l'œil nu. La gale psoroptique se distingue aussi de la gale sar- coplunie par son peu de tendance à se généraliser. Pronostic. — Elle est beaucoup moins grave que la gale sarcoplique, en raison de sa localisation, et ne revêt jamais nu caractère épizooti ou d'un mélange de 150 grammes d'huile de ricin. 10 grammes d'essence de carvi et 10 grammes d'alcool (Schenzle) (2) sont efficaces: on peut compléter ce traite- ment par des lavages sulfureux tous les huit jours. V. - ACARIASE DERMANYSSIQUE. Cette affection est déterminée par les piqûres d'un aca- rien temporaire, le Dermanyssms gallinœ. Elle sévit chez les solipèdes placés à proximité des poulaillers. Le Dermanyssus gallinœ sort de son abri pendant la nuit, se répand sur les animaux et les pique jusqu'au jour où il regagne les Assures des poulaillers ou la paille des pigeonniers. Trasbot a cependant rencontré des der- manysses pendant le jour sur un cheval muni d'une cou- verture qui les maintenait à l'abri de la lumière ,^fig. 87). (I) Wallher, Berliner, 24 sept. 1908. (i) Schenzle, Deutsche Tierârzliche, 1909. 418 DERMATOSES PARASITAIRES. Symptômes. — Cette acariase est caractérisée par un liriuil nocliirne suivi de l'éruption de petites vésicules vite déchirées par le grattage et suivies de tonsures d'un diamètre de 5 à G millimètres, bientôt recouvertes d'une croûte. Celle-ci tombe au bout de quelques jours; ' > l'iif. 87. — Dermanysse femelle ovigère vue par la face dorsale (d'après Delafond). l'épiderme se reforme. Ouand les piqûres se multiplient, la robe de l'animal |)r(''senle, en queljptiinii. qu'on trouve en Égvpte, dans le nord de rAlrique, à la Guadeloupe, etc. ;le Dermacentor reticulaiiis, qu'on trouve en France et en divers points d'Furope et d'Asie (fig. 89 et 90). Symptômes. — Ces divers acariens se fixent sur tout le corps, mais principalement aux parties que l'animal ne peut atteindre. Parfois ils envahissent les memhres el le dessous du ventre, à tel point qu'on peut à peine introduire, enti'C eux, la pointe d'un couteau. Ces piqûres multiples sont suivies des petits boutons saillants entourés ou non d'une zone œdémateuse. Parfois même une sérosité assez abondante s'est concrélée sur les parties déclives, formant de petites croûtes jaunes d'or analo- gues à celles qui résultent d'un feu en pointes (Joveux) {i). (I) Joyeux, Au sujet de l'ixode réduve (Journ. des vél. milil., 1900, p. il-2). Tig. 89 et 90. — Ixode ré- duve femelle. a, vue de dessus ; b, vue de dessous (IJerlôsc). BOVIDÉS. — GALE PSORO!>TIQlE. 421 Parfois les ixodes réduves déterminent de véritables furoncles (Mégnin) ; ils inoculent la piroplasmose quand les tiques mères ont déjà sucé le sang des c/ie vaux affec- tés de cette maladie. D'autre part, les ixodes peuvent ino- culer, accidentellement, divers microbes pathogènes ou déterminer des plaies ouvertes à des infect ions secondaires. Les tiques peuvent provoquer des intlammations quand on les arrache; le rostre, demeurant dans la peau, déter- mine une suppuration éliminatrice. Traitement. — 11 suffit de provoquer la chute du parasite en le touchant avec de la benzine, du pétrole ou du jus de tabac. II — BOVIDÉS. Les bovidés otlrent quatre espèces de gales, dont deux seulement lui appartiennent en propre : la gale psoro- ptique et la gale symbiotique. I. —GALE SARCOPTIQUE. La gale sarcoptique est une dermatose d'emprunt ; elle résulte du passage accidentel sur la peau des bovidés des sarcoptes du cheval (Grognier, Robert Fauvet), de la cAèvre (WalraCf), du c///e/î (Delafond ou du chat (Rade- macher). II. — GALE PSOROPTIQUE. Cette dermatose parasitaire appelée gale dei'matodéciqut^- (Delafond), gale française des bêtes à cornes (Mégnin), est très rare et sans importance clinique. Étiologie. — Le Psoroptes communis (variété boiis) a été vu en 1813 par Dorfeuille, en 1814 par Gohier sur des bœufs hongrois importés par les Autrichiens, en 1836 par Delafond et Gerlach, en 1860 par Mûller. Son implantation est favorisée par la mauvaise nourri- ture, la malpropreté, le séjour à l'étable. C.VDÉAC. — Pathologie intei-ne. VII. 24 422 DERMATOSES PARASITAIHES. Les saisons infliiont sur révolution des parasites : ralVec- tion débute à la lin de l'autoninc, atteint son maximum en février et dimiuuc au printemps, époque à laquelle les parasites sont exclusivement cantonnés à la base de la (jueue et au cou. Les animaux peuvent même paraître guéris; mais, si l'on clierche bien, on peut retrouver quel- ques parasites dans les régions sus-indiquécs. Ces parasites ne se transmettent pas à d'autres animaux. Symptômes. — Le Psoroptes bovis pique l'épiderme et provoijue une exsudation au point où il a enfoncé ses man- flibules. Cet exsudât, riclie en leucocytes, se rassemble dans l'épaisseur de ré[)iderme et détermine son soulève- ment. On voit ainsi apparaître de petites nodosités dissémi- nées ou confluentes dont la déchirure est suivie d'un suin- tement séi-eux qui se concrète à l'air et agglutine les poils; il en résulte des plaques irrégulières, croùteuses, d'un reflet argenté, grisâtre, el d'une épaisseur d'une centi- mètre, provo([uant l'épaississement de la peau, plaques qui correspondent à des piqûres confluentes. Sous les croûtes, et dans leurs intervalles, pullidenl nu grand nombre de psoroptes. facilement visibles à l'd'il nu el à la loupe, après leur dépôt sur une feuille de papier noir. Ces parasites déterminent une excitation inflamma- toire très vive; il en résulte une accumulation de sérosité intra-épidermique, parfois si abondante que la couche cornée se rupture; le corps muqueux de Malpighi est détruit, et il se forme un véritable ulcère. Le prurit est continuel et violent, surtout pendant la nuit ; l'animal se gratte, se frotte contre tout ce qui l'entoure. La peau se dépile, s'épaissit, se fendille et forme de gros plis : elle est parfois excoriée, enllammée el ulcérée par places. Marche. — Durée. — Terminaison. — Les psoroptes se localisent d'abord à la base de la queue, rarement à l'encolure et au garrot. De là. ils irradient dans toutes les directions : ils gagnent la tète, le dos, les épaules et les côtés de la poitrine ; les menibros restent indenmes. BOVIDES. GALE SYMBIOTIQUK. 423 La maladie progresse lentement et s'étend graduellement en bas. Quand cette gale dure longtemps, elle amène un état cachectique très prononcé; généralement les animaux sont envoyés à la boucherie avant cette terminaison. Quand la maladie est ancienne, elle se complique de plaies ulcéreufies. Diagnostic. — On dilïérencie la gale psoroptique de la teigne tonsurante par l'examen microscopique des croûtes ; de la phtiriase hématopinique parlaprésence de ces poux; de Veczéma dartveux par la formation, à la surface du corps, de larges squamesépidermiques rappelant les écailles de la carpe. Pronostic. — La gale psoroptique du />œo/' n'est pas grave si l'animal est l'objet de soins hygiéniques rationnels. Traitement. — Cette gale cède facilement à l'emploi des antipsoriques. Il faut, autant que possible, recourir aux substances peu toxiques ou inoffensives, proscrire les mercuriaux, utiliser la pommade d'Helmerich, l'huile de cade, le pétrole, l'huile de lin, la benzine, le crésyl, l'huile phéniquée. l'huile de cévadille. On prévient les récidives par la désinfection de l'étable contaminée. m. - GALE SYMBIOTIQUE. Définition. — La gale symbiotique du bœuC est une maladie prurigineuse, siégeant à la base de la queue presque exclusivement, plus rarement dans le chignon ou dans le pli des paturons postérieurs, et déterminée par le Stjmbiotes communis variété bovis. Roll l'a appelée gale dermatophagique ; Mégnin. gale chorioptique. Signalée par Kegelaar, en 1835. elle a été étudiée par Hering (184.5), Gerlach, Delafond et Mégnin. Étiologie. — Ce parasite vit en colonies. Si on disperse les individus qui les composent, ils ne tardent pas à s'agglomérer de nouveau à l'endroit d'où on les avait 424 DERMATOSES PARASITAIRES. chassés. Le mâle est long de 270 à 300 a, large de 210 à 220 [i.; la femelle ovigcre, plus volumineuse que le niàle, a une longueiu* de 380 à 390 u et une largeur de 230 à 250 a. Celle gale est peu conlagieuse. Elle n'est pas Irans- missible à V Itomiue, ni au cheviil. Le parasite, déposé sur le paturon du clicvnl, provoque quelques papules qui disparaissent au bout de (jnelques jours. Symptômes. — Cette maladie cutanée siège presque exclusivonienl à la base de la queue, dans les fossettes latérales et au pourtour de lanus ; plus lard, les parasites remontent le long ihi dos et se réfugient dans le chignon. Les régions envahies par cet acarien présentent d'abon- dantes pellicules qui donnent à la peau une couleur jau- nâtre. Les poils tombent, elles cellules épidermiques déta- chées se rassemblent jtour foi'mer des croûtes sèches peu adhérentes. .\u-dessous des croûtes, la peau rouge, tuméliée, est le siège d'un prurit modéré, plus accentué en hiver qu'en été. La maladie reste circonscrite le plus ordinairement, mais quand les animaux sont malpropres, que les soins de la [leau sont négligés, on peut voir l'affection s'éten- dre, surtout en bas autour de la vulve, sur les fesses, les mamelles chez la vv/r/ye, le scrotum chez le /jci?«/'et remon- ter, même parfois, tout le long de la ligne médiane du dos. Cette maladie est peu grave. Marche. — La marche de celte gale est très lente : elle s atténue l'élé au moment où les animaux sont envoyés au pâturage; les symbiotes restent, à ce moment, blottis au fond des poils du toupet; mais, lorsque l'hiver revient el qu'ils ne peuvent plus vivre des exsudations naturelles de la peau, ils déchirent ré[)iderme el redeviennent de nouveau psoriques. Celte gale, non traitée, peut durer toute la vie de l'animal. Diagnostic. — La gale symbiotique, au début, ne se BOVIDÉS. — (.ALE DÉMODÉCIQUE. 425 distingue, de la gale psoroptiqiie. que par l'examen mi- croscopique des croûtes caractéristiques. La teigne tonsurante du ycaii s'en distingue par sa l'orme circulaire plus ou moins régulière. Le Trichodectes scalaris, petit pou qui habite les régions postérieures du corps et particulièrement le voisi- nage de la queue, peut déterminer une phtiriase accom- pagnée d'une éruption furfuracée, de dépilations et d'un prurit léger pouvant être confondu avec celui de la gale symbiotique; mais les dimensions du trichodecte et les caractères spécifiques de ce parasite suffîsent pour diffé- rencier les deux affections. Traitement. — Le traitement est préventif et curatif. Le premier consiste à tenir les animaux proprement, à désinfecter les écuries, à changer la litière des animaux, à isoler, si on le peut, les bêtes atteintes. Le traitement curatif est le même que celui de la gale pso- roptique. IV. — GALE DÉMODÉCIQUE. Cette gale, due au Demodex foU iculorum [wariéiQ bovis), signalée par Gros (1845). est fréquente en Amérique (Faxon, 1878), Stiles (1892), au Transvaal. à Madagascar où elle est épizootique et connue sous le nom de hoka (Geoffroy, 1907) (Carougeau , dans lEst-Africain allemand (Probst, 1911), dans les Indes anglaises où elle est appelée petite vérole sèche {drysmall po.r), par Mitter (1912) et danslaUépublique Argentine (WoltThùgel): on larencontre quelquefois en Allemagne [Grimm (1884'. Oelh (1892), Bugge (1)]. dans les Pays Scandinaves (Buschli, 1908), en Italie , Melio, 1910). Symptômes. — Cette gale, localisée souvent au mufle, au pourtour des yeux, à l'épaule, au bras, au poitrail, au fanon, au cou, à la face interne des cuisses, au périnée, à la mamelle, peut se généraliser. Elle est partout carac- (I) Bugge, Z>e«?«eAe thierdrzl. Wochensclir., 1909. — .Martin, La gale déraodècique des herbivores (Revue vétérinaire, 1913, p. 3:!3). 24. 426 DERMATOSES l'ARASITAIRES. tériséc par le dévoloppoment de nombreuses pustules au niveau des glandes sébacées dilatées. Pressées, ces pustules de la dimension d'une tête d'épingle, d'un grain de cbènevis, d'un pois d'une petite cerise, d'un œuf de pigeon, laissent écliaiiper une matière blancluUre. épaisse et visqueuse, formée en grande partie de démo- dex. La peau se recouvre de croûtes qui soulèvent les poils et dissimulent une surface rouge un peu sanguino- lente. Un prurit assez intense incommode les animaux, qui maigrissent, se drpilent. ou présentent do nombreux ulcères; ils offrent un aspect repoussant et dcvicnneni parfois cachectifpies. Cette affection altère le cuir, le déprécie quelquefois de 20 p. 100, car il présente des nodosités signalées prin- cipalement de septembre à décembre par les tanneurs ami-ricains. Elle est jiarticulièroment redoutable dans l'Afrique du Sud et à Madagiiscar, où sa propagation est très rapide. Aux Indes anglaises, 75 p. 100 des zèbres en sont atteints. Traitement. — La compression des nodosités ouvertes, le nettoyage de la peau et les frictions de pommade crésylée, de pommade soufrée, dojus de tabac, de mélange de pétrole et d'huile de coco au tiers, etc.. peuvent guérir les foyers limités. V. — ACARIASE DERIVIANYSSIQUE. Lesdermanysscsnodélcniiinent pas à ])ropronient parler de troubles cutanés chez les bovidés; mais ils. peuvent provoquer de raffolemonl, de l'agitation violente «le la tète en envahissant le conduit auditif, en perforant la membrane du tympan et en s'introduisant dans l'oreille moyenne, ou mémo dans l'oreille interne [Gassner, .Schumacher (1)]. (1) Le lapin ((iurlt), la rh/h-rc (llarz), le rhii'it et le chat (Ziirn) peiivenl avoir la peau envahie par les dermanysses ; chez les carnassiers, l'éruption est vésiculaire (Ziirn). BOVIDÉS. THROMBIDIOSE. 427 Traitement. — L'éloignement des galliuacés, la désin- fection des poulaillers assurent la disparition de cette acariase. VI. - THROMBIDIOSE. Le lepte automnal, connu sous le nom de rouget, d'acare des regains, bête rouge, bète d'août, aoûtat, vendangeur, mite rouge, présente une forme orbiculaire et une couleur rouge orangé. Il vit dans les taillis, les gazons, les herbes des prairies et détermine chez les bêtes bovines une maladie connue sous le nom de rafle, feu d'herbe ou d'érythème automnal. Symptômes. — Les lèvres, les joues, le chan- frein, l'encolure, l'exti'é- niité des membres sont le siège d'un prurit violent, qui les prive de tout repos; la peau, grattée et excoriée par places, se couvre de papules ou de papulo-vési- cules à physionomie eczémateuse. On voit ainsi les régions atteintes rougir, se tuméfier, devenir érythéma- teuses et parfois même violacées. Tous les ruminants peuvent présenter ces démangeaisons insupportables, mais passagères ; car les parasites ne vivent quequelques jours sur la peau des animaux(fig.91 . Diagnostic. — La présence des parasites dénonce la nature de l'irritation. Traitement. — La teinture d'iode, la benzine, le pétrole, l'huile en applications, la pommade crésylée à 2 ou 3 p. 100. font rapidejnent disparaître cette éruption. Fig. 91. — Larve de Tkrombidiurn ho/oserireum vue par la face ven- trale, grossie près de 100 fois (d'après Még^ninl. 428 DERMATOSES PARASITAIRES. VII. — IXODES. Le bœuf, le mouton, la chèvre, hébergent : l» VIxodes réduve et VLvodcs hexagonus, parasites essentiels des mammifèfos de France et d'Europe et agents de transmis- sion de la piroplasmose commune ; 2° Le lihipicephahis bursa. (\n\ colporte lci)iropl;isiiio du mouton ; 3° Les H. Evertsi, simus, appendiculatiia, capcnsis et nitens, agents de transmission des diverses piroplasmoses du sud de rAfriiiiie : i° Les Boop/(//«.s-. demi les variétés propagent les piro- plasmoses dans les diverses contrées de l'Amérique; 5°- h'î.rodes œgyptius ou Hyalommn vcnyptium, connu sous le nom de tique sénégalaise, colporte la piroplasmose bovine commune (Voy. Plroplai>moses). Symptômes. — Ces divers ixodes provoquent chez les ruiniiinnts, principalement chez le mouton, une irritation plus ou moins vive, due à limplanlalion de loiu" rostre dans l'épaisseur ilu tégument. Les parties lines ou dépourvues de laine, comme laisselle, laine, la partie supérieure du cou ou en arrière des oreilles, sont parti- culièrement piquées. On constate, à ce niveau, une vive démangeaison avec formai ion d'une auréole rouge autour de chaque piqûre: on observe ensuite une petite plaie qui est le siège d'une inflammation intense. Diagnostic. — Les tiques sont faciles à reconnaître ; elles oifrent une (coloration brune ou gris sale; elles sont aplaties quand elles soni i\ jeun, bombées et globuleuses quand ellessont repues. Les femelles adultes sont toujours grasses, les mAles très petits. Pronostic. — Os parasites, peu dangereux quand ils sont peu uomlu-eux, deviennent redoutables dans les pa\s chauds et humides où les hwufs en sont pai'fois couverts; ils peuvent enlin ruiner l'élevage du bétail dans les jiays n. 442 DERMATOSES PARASITAIRES. Les moutons sont baignés deux fois, à une semaine d'intervalle, pendant trois minutes chaque fois et brossés énergiquement. Les jus de tabac dilués et titrés à 1 p. 2000 de nicotine sont exclusivement employés en Argentine, Brésil et Uruguay; mais, en France, il est difficile de se procurer des jus de tabac, de sorte que le bain arsenical ou le bain crésylé sont les plus pratiques dans notre pays. m. - GALE SYMBIOTIQUE. La gale symbiotique est la moins grave et la plus rare des affections psori(iuesdu luonton: elle siège, comme chez le clieval, aux membres et dans le pli du paturon, ce (]ui lui a valu le nom de (jale des pieds. Signalée par Zùrn (1874) et Schleg (1877) sur les mou- tons de race fine, comme les Negretti, quand ils sont négligés, cette gale est déterminée par le Symbiotes com- munis (variété ovis). Mâles et femelles, en quantités h peu près égales, four- millent sous les croules dont ils provoquent la formation, sans chercher à s'en éloigner beaucoup. Les mœurs séden- taires de cette espèce de parasite expliquent sa localisation constante au niveau des extrémités, son peu de tendance à s'(''tendre et sa faillie contagiosité; 2 à 3 p. -iOO des ani- maux au plus sont contaminés. Symptômes. — Cette gale débute aux membres posté- rieurs, où elle se localise souvent, mais son extension aux membres antérieurs n'est pas rare. Elle jieut atteindre les bourses chez le bélirv ou les mamelles chez la hrehis. mais jamais elle ne s'étend aux autres régions du corps. Elle se traduit d'abord par de la rougeur et de vives démangeaisons, qui portent les animaux à remuer sans cesse les membres, à se frotter et se mordre. A une desquamation épidermique abondante, activée CHÈVRE. — GALE SARCOPTIQLE. 443 par les mouvements incessants des animaux, succède l'apparition de croûtes d'épaisseur variée. L'exsudation, intense surtout au niveau des jointures, est bientôt suivie de tissures et de crevasses plus ou moins profondes, qui gênent la marche des animaux ou occasionnent des boi- teries. Traitement. — Des soins hygiéniques favorisent la gué- rison, qu'un traitement antipsorique amène très rapi- dement. IV. —GALE DÈMODÉCIQUE. Signalée par Oschatz, cette affection est déterminée par le Demodex folliculorum (variété ovis), qui n'a été trouvé que deux fois dans les glandes de Meibomius. IV. — CHÈVRE. |. — GALE SARCOPTIQUE. Étiologie. — Le Sarcoptes Scalnei, variété caprae déter- mine une dermatose généralisée ; elle est très contagieuse et peut revêtir un caractère épizootique. Elle sévit princi- palement sur les chèvres d'Asie et d'Afrique (Henderson, MûUer, Roloff) ou de la Suisse (Walraff). Elle se commu- nique facilement aux moutons dépourvus de laine ou demeure localisée à la tête sous foi-me de noir-mitseau. Elle est transmissible à l'homme et détermine une éruption fugace chez le porc, le chien, Vàne et le lapin (Roloff); elle est susceptible de se généraliser chez la clicvve. Symptômes. — Linvasion parasitaire, révélée par un violent prurit, débute par la tête et les oreilles, gagne le tronc et se généralise sans respecter les membres. — Elle se traduit par la chute des poils, la sécheresse, l'épaissis- sement, le plissement et les gerçures de la peau, la tumé- faction du nez et des lèvres et la production de boutons 444 DERMATOSES PARASITAIRES, laissant suintei" un liquide visqueux se transformant en croûtes sèches, écailleuses, qui s'éliminent sous forme de productions furfuracées ou forment de grandes plaques épaisses, brillantes ou gris bleuâtre, au-dessous desipielies on trouve de nombreux sarcoptes. Quand la gale n'est pas soignée, elle peut déterminer l'amaigrissement et la mort des animaux. Diagnostic. — Le prurit quelle engendre, la rapiilité de sa transmission aux autres animaux sont des signes cli- niques diagnostiques. La ijalc sarcoptique se différencie de la gale symbiotique par la forme du parasite beaucoup plus que par les lésions et les symptômes, qui ont beau- coup de parente''. Traitement. — Chez les animaux préalablement ton- dus, on peut utiliser les frictions de pommade d'Helme- rich ou les bains (Tessier, Clément, etc.) employés contre la gale psoroptique du mouton. L'essence de lavande et l'essence térébenthine déterminent la chute des croiites et la guérison rapide du sujet. On applique les mêmes mesiuTS (]ue jiour la gale sarcoptique du iiiniitoii. II. —GALE PSOROPTIQUE DE L'OREILLE. La gale psorojjtique delà rlirvre est caractérisée [lar le développement de croiites com[)actes dans le conduit audi- tif sous l'inlluence du I*soroplcs communis (variété capvn'}. Celte acariase, signalée par Pezas sur une chèvre des Pyrénées, a été retrouvée au Congo par Mense ; Gedoelsl a démontré l'existence du même acarien chez les chèvres de ces deux piiys. Symptômes. — La pullulai ion ilcs psoroples. ilans la conque auriculaire, se tradiiit ]»arla formation de croûtes épaisses, compactes et brunâtres, constituant un véritable bouchon qui obture le conduit auditif. O'iand on le dé- tache, on peut découvrir les acariens dans son intérieur et constater la rougeur et les érosions de la peau de l'oreille. CHÈVRE. GALE SYMBIOTIQUE. 445 Les clié'vrrs atteintes de cette infestation parasitaire deviennent sourdes : elles cessent de manger et snccom- bent au bout de quelques mois. Diagnostic. — La présence d'un amas croùteux dans le conduit auditif fait soupçonner cette acariase, confirmée par la dt'couverte des psoroptes. Traitement. — Commencer par ramollir les croûtes avec de l'huile d'olive, puis savonner le conduit auditif avec de l'eau tiède et y introduire enfin un mélange à par- ties l'gales de benzine et d'huile pour obtenir une guérison rapide. III. — GALE SYMBIOTIQUE. La gale symbiotique de la clièvre est due au Symbiotes communis (variété caprcp). Découverte par Delafond (1854) sur des chèvres d'An- gora, elle a été retrouvée de nouveau en 1889 par MoUe- reau sur une chèvre commune. Symptômes. — La gale symbiotique de la c//èv;-e s'accuse par de nombreuses plaques dénudées. Elles sont produites par la chute du duvet seul et la persistance des poils rudes (jarre). Les régions atteintes se recouvrent bientôt de croûtes jaunâtres, dures, épaisses, sèches et très adhé- rentes. Elles peuvent revêtir l'aspect d'un manchon qui entoure le paturon à la façon d'un bandage. Sous ces croûtes, la peau est épaissie, ridée, sèche, crevassée et adhé- rente, luisante, prête à se mortifier. Ces lésions entraînent, à leur suite, l'engorgement des ganglions lymphatiques voi- sins et une boiterie intense. Les croûtes, examinées au microscope, après avoir été traitées par l'eau tiède, se montrent composées de cellules purulentes déformées et surtout de cellules épidermiques ; elles peuvent être mê- lées à des débris de paille lorsqu'elles siègent sur les patu- rons: la fourrure des chèvres galeuses perd rapidement sa souplesse, son brillant et s'agglutine en mèches qui s'arrachent facilement. 446 DERMATOSES PARASITAIRES. Marche. — Celte gale affecte (fahord les parties laté- rales du cou, le garrot, le dos, le rein ; elle peut s'étendre après deux ou trois mois, derrière les oreilles, à la base de la queue, aux parties latérales de la poitrine, aux flancs. Mollereau l'a vue localisée aux paturons diin membre postérieur. Diagnostic. — La gale symbiotique pourrait être con- londue avec Vic/ityosc, mais la présence des parasites permet de l'en dilTérencier. On la dislingue facilement de la gale sarcuptkjue par son siège, le caractère des croûtes et surtout par les parasites (|u'on rencontre d'or- dinaire sous les croûtes iraiches. Traitement. — 11 faut commencer par tondre les chè- vros atteintes; on utilise ensuite les divers aniipsoriques connus. Les bains alcidins (S'^s.riOO à 5 kilos (le carbonate de potasse ou de soude dans 100 litres d'eau), accompagnés de fric- lions vigoureuses, pendant un quart dlieurc, constituent un bon traitement I l)elalon(l) ; (k'ux ou trois bains, à quatre ou cinq jours d'intervalle, suffisent pour .^a obtenir la «uérison des malades. IV. — GALE DÉMODÉCIQUE. La gale folliculaire de la rhcvrc, observée par Nieder hœusen, Kilt (4890), Hach (190.^j), Railliet et Nocard, sur un jeune bouc est déterminée par le Dcmodcx folliciiloruin (variété caprx). Elle revêt la — iJpmo- forme contagieuse chez les chèvres de la foUiru/o- ° . I r • 11 race Saanen, mais, quelqueiois, elle ne se transmet pas par cohabitation (Hach). Symptômes. — Cette atTection est caractérisée par une éruption localisée généralement aux parties moyennes du tronc, surtout vers la région costale, les lianes, les épaules, DROMADAIRE ET CHAMEAU. GALE SARCOPTIQUE. 447 le plat des cuisses et quelquefois à la tète, au cou et aux extrémités des membres. Les pustules, de consistance assez résistante, ont un volume variant de la grosseur d'un pois à celle d'une noisette. Ce n'est qu'en les pressant fortement qu'on peut en exprimer un produit épais, de coloration jaunâtre plus ou moins foncée, renfermant un grand nombre de Demodex noyés dans ces matières demi-solides. Les bou- tons de gale sont tantôt apparents, superficiels, tantôt profonds el dépourvus de signes. On les aperçoit seule- ment à la face interne de la peau préparée pour le tan- nage. Ils sont aplatis, nettement circonscrits; ils renferment de nombreux Demodex et enlèvent à la peau sa résistance et une grande partie de sa valeur ;'fig. 97). Traitement. — Ouvrir les pustules et les désinfecter à laide de lotions antiparasitaires. Les frictions avec du baume du Pérou, du styrax, de la glycérine et de la créo- line sont inefficaces. V. — DKOMADAIRE ET CHAMEAU. GALE SARCOPTIQUE. Cette gale, signalée par tous les vétérinaires militaires qui ont vécu en Afrique, est déterminée par le Sarcoptes scahiei (variété camelis) (Paul Gervais). Étiologie. — Cet acarien se propage avec une très grande rapidité. Un troupeau de chameaux est rapi- dement infecté par un animal galeux. Ses pi-ogrès sont surtout rapides au printemps; les jeunes et les vieux sont plus gravement affectés que les adultes. La maladie se transmet à l'hoiume ; presque tous les chameliers sont contaminés par leurs animaux (Piot) (1) ; elle se propage également à l'^He et au cheval (Filliol) (2). (1) Voy. police sanitaire, in Encyclopédie vctprlnnire de Cadéac. (2) Filliol, Contagion de la gale du dromadaire à l'.ine et au cheval {Revue et., 1901, p. 303). 448 DERMATOSES PARASlTAlIiKS. Symptômes. — La inalailio envahit les aines, les ars, la l'ace inlérieure de labdonien, c'est-à-dire les parties Unes de la peau ; puis elle gagne le tronc, l'encolure, la queue, les membres, la région interdigitée. On voit apparaître dos boutons de 1 centimètre de diamètre accompagnés d'im violent prurit, de la chute des poils et de la production de ermites. La peau, épaissie, ridée, se gerce, se crevasse, s'ulcère, prend vm aspect repoussant : elle est le siège d'une sécrétion séro-purulente très fétide; on voit apparaître des Ijmjtliangites multiples, des adénites, des œdèmes, des phléi)ites des membres pos- térieurs. Enfin, l'animal, en proie à une agitation conti- nuelle, se fi'otte contre les arbres, le sol, s'excorie, se contusionne les articulations, s'inocule les divers germes, tétanos, septicémie, etc. L'affection évolue rapidement ; elle se généralise et devient souvent incurable ; son pronostic est des plus sombre ; le cluunean devient inutilisable, et très souvent on est dans l'impossibilité de se procurer les médicaments nécessaires pour le soigner. Traitement. — Les soins préventifs consistent à empê- cher le cdntact des animaux galeux, à les maintenir dans un étal de |)ropreté constante, à les bien nourrir. Quand la contagion n'a pu être évitée, il faut commen- cer par tondre les malades et utiliser les remèdes anti- psoriques préconisés contre la gale du c/icvul. Le goudron, très employé par les Arabes, mt'-langé, au savon vert, à parties égales, préserve de cette maladie et la guérit assez rapidement (1). (1) Le /nma est affecté d'une gale sarcoptique dont le parasite a été décou- vert en ISoS-lîSûO par Bourguignon et Delafond. Les caractères cliniques de celle gale se rapprochent de ceux de la gale du dromadaire el du chameau : elle se Iransmet enraiement à Vhomme. . PORC. GALE SARCOPTIQUE. 449 M. — PORC. I. —GALE SARCOPTIQUE. Lagale sarcoptique du porc, déterminée parle Sarcoptes scabiei (variété suis), peut envahir toute la surface du corps. Décrite par Viborg, Gurlt, Spinola, qui avaient observé un sarcopte chez le sanglier : elle a été découverte par Delafond 1 1857) sur deux jeunes porcs. Étiologie. — La Sarcoptes scabiei (variété suis) esi le plus grand des sarcoptes ; il est visible à l'œil nu et facilement à la loupe. Le màle est long de 250 à 350 ti., large de 190 à 300 [j ; la femelle ovigère atteint 0'"'",5 de long ; mais on trouve, quelquefois, dans l'intérieur du conduit auditif du porc\ un sarcopte plus petit, dont on ignore l'origine (Guzzoni, Gurlt, Spinola, Gerlach, Scholl). La con- tagion est favorisée par la malpropreté, les mauvaises con- ditions hygiéniques ; elle est cependant moins contagieuse que celle des autres animaux, en raison de l'habitude qu'ont les porcs de se vautrer dans l'eau, de plonger leur groin, une partie de leur tête dans les seaux, ce qui n'est pas une condition favorable à l'implantation des sarcoptes. Les animaux de race commune se défendent ainsi mieux que les sujets de race améliorée. Elle est fréquente en Hollande ; on l'observe aussi en France. Le porc contracte la gale du sanglier ; il communique une gale passagère à l'homme (Bourguignon et Delafond, Siedamgrotzkj, Scholl), au chien (Delafond, Siedam- grotzky). Le sarcopte du. porc ne détermine rien, ni chez le chat, ni chez le mouton. Symptômes. — On n'aperçoit pas de sillons sur le tégu- ment recouvert de papules rougeàtres. Cette éruption ne s'observe que dans les parties récemment atteintes ; les régions plus anciennement malades sont dépourvues de poils et l'ecouvertes de croûtes sèches, argentées ou d'un 4.n0 DERMATOSES l'AHASlTAIKES. blanc yrisàlro. do 5 à 10 milliinèlros d'épaisseur. Au- (lossoiis d'elles, la peau est plissée, exeoriéo, gercée, vtM'riiqiieuse ; les papilles hypertrophiées ressemblent ;iiix verrues des lèvres du rhini: elles ont la dimension ilune noix ou d'un pois et soidèvenl les croûtes qui les l'ecoiivrent (1). Marche. — Celte gale débute par les oreilles, le pour- tour des yeux; elle envahit le garrot, la croupe, la face interne des cuisses et se généralise. Les soies se raréfient, se réunissent en pinceaux ; la peau se dénude, se ride et se recouvre de papillomes et de croûtes surtout abon- dantes au niveau de la tête, qui paraît sau|toudrée de guano sec (Mûller). L'évolution de la maladie est très lente: elle nuit à Icngraissement et (l(''tcriniue la cachexie et la mort des /lorcclets. Diagnostic. — Cette maladie est cai'actérisée par laspoct pulvérulent des croûtes et par la présence, au- dessous d'elles, des sarcoptes quon découvre en grattant jusqu'au sang. Traitement. — Un désinlccte la porcherie ; un savonne éncrgiquement les malades pour faire tomber les croules, et on applique ensuite, chez tous les malades, une médi- cation antipsorique comme la décoction de tabac, la pommade dllelicerich, l'huile de cade. le goudron, etc. II. — GALE DÉMODÉCIQUE. Cette dermatose acarienne, due à l'invasion des glandes sébacées par le Démoder foUicidorum var. *«ùv. est suscep- tible de se généraliser et de se propager comme celle du cliicii. Décrite par Korzil, Csokor (1878), elle a été observée depuis par Neumann, Wright (1883), Lindcp-ist (1884), (I) Scholl, Une épizootic de gale saivoplique du porc {Revue vél., 1904, p. 85^. CHIEN. — (lALE SARCOPTIQUE. 451 Gallier; elle a élé signalée en Algérie par Legrain et iiegulata (d903), Galtier (1905). Geoffroy (1906). Csokor a vu cette maladie se coninumiquer à un troupeau ; 22 ani- maux sur 100 en étaient affectés. Cette maladie sévit en Allemagne, en Suède, au Canada, en France, en Espagne, en Algérie, à Madagascar (1). Symptômes. — Cette gale débute par des pustules variant de la grosseur d'un grain de sable à celle d'une noisette; elles sont entourées ou non d'un cercle inflam- matoire et résultent de l'accumulation de matière grasse à l'intérieur des glandes sébacées, qui, distendues, aug- mentent peu à peu de volume et se transforment finale- ment en abcès: elles occupent de préférence les endroits où la peau est fine : groin, partie inférieure de la poitrine, bypocondres, flancs, face interne des cuisses. Le sommet de la tète, le dos, la face externe des membres, où la peau est épaisse, restent presque toujours indemnes. L'état général de l'animal n'est nullement modifié; on a même trouvé jusqu'à 500 parasites dans les pustules sans que le povc en soit'incommodé (Csokor). Traitement. — On emploie généx'alement les mêmes médications que pour la gale folliculaire du chien, que nous verrons plus loin. Mais, le plus souvent, le traite- ment reste sans résultat. VII. — CHIEN. I. — GALE SARCOPTIQUE. La gale sarcoptique du chien est une affection pruri- gineuse dénoncée par des rougeurs punctiformes qui commencent ordinairement par la tète et envahissent ensuite le reste du corps. Signalée par les anciens auteurs (Bosc, Gohier, Hertwig, (I) Martin, Revue vétérinaire, 1913, p. 3'JI. 452 DERMATOSES PARASITAIRES. Hering), elle a été ('liKlii'c [lar (ii'i-larli, (liirll. Kiirs- teniberg. Le sarcopk' qui la ilélonnino a clé vu par Delafond et bien (l(Ti'it parMégnin ; c'est le Sarcoptes scahici {\fir. cmiis). Étiologie. — Le parasite est bien roconnaissaMe. — Les écailles dorsales de la femelle ovigère sont peu chitinisées, *mais ne laissent pas entre elles de véritables clairières. Sternitc de l'armure du mâle est lâchement uni aux épi- mères des pattes postérieures. Mâle long de 190 à 230 a, large de UO h 170 [j.. Femelle ovigère longue de 2!)0 à 380 [JL, large de 235 ;Y 285 [x. Ces acares sont la seule cause de la gale ; il n'existe ni immunité, ni prédisposition individuelle. Le passage d'une seule femelle fécondée, chez un sujet sain, assure la transmission. Cette contamination est favorisée par la iiialprnpreli', une mauvaise hygiène, la réunion d'im grand nombre de diifus dans un même local. Cette gale se propage très rapidement et fait de nom- breuses victimes dans les meutes où elle est souvent méconnue, les premiers cas de gale étant considérés comme de nature eczémateuse; elle revêt, alors, un caractère épizootique. Le chien devient encore galeux en jouant avec les chats; les sarcoptes du cJiat déposés chez le chien déter- minent une gale généralisée (Oelafond) ; les chftts, allai- lés par une chienne, lui coiuMiunifiuent la gale dont ils sont affectés. La gale sarcoptiqiie du chien est Iransmissible à Mionune [Chabert, (irognier, Viborg, Ilertwig, Marrel. Delafond, Ilébrant et Antoine (l)]ot peut-être au porc et au cliHvitl l'Ziu'n). Symptômes. — Ce parasite détermine, au di'hut. des rougeurs punctil'ormes semblables aux pi(pires de puces. Ces taches, bien délimitées, sont surtout visibles à la (I) Ilébrant et Aiitoiiu', .l;i/(. i/c mrd. fc7., janv. 1909. CHIEN. — GALE SARCOPTIQUE. 453 lace interne des membres, à la région abdominale infé- rieure, partout où le tégument est fin et dépourvu de pigment (fig. 98). La rougeur devient diffuse, érjthémaleuse à la suite de frottements ; les pétéchies primitives sont remplacées par des papules de la grosseur d'une lentille ou d'un pois, qui se convertissent en vési- = \ (•nies ou en pustules et laissent bientôt écouler une sérosité abondante; la peau est alors par- semée de plaques hu- mides, de dimensions variables, qui se re- couvrent de croûtes jaunâtres ou gris jau- nâtre qui se dessè- chent, se ti'ansforment en squames, se déta- chant abondamment. Le prurit est très intense ; il est inces- sant quand les animaux sont couchés au soleil, près du feu, dans des locaux chauds, ou quand ils viennent de faire une longue course. Ils se grattent continuellement avec les pattes postérieures et, si l'on vient à les frotter légèrement avec les doigts, on les voit manifester un véritable bien-être en agitant l'une des pattes postérieures, dont les mou- vements sont synchrones avec ceux de la main. Sous l'influence des frottements, la peau se dépile, s'excorie, s'infiltre, s'épaissit, se plisse, se ride, s'abcède, se crevasse plus ou moins profondément ; elle ressemble quelquefois Fig. 98. — Gale sarcoptique du chien. 454 DERMATOSES l'AltASITAlHKS. ;Y la poau d'un éiépliunt. Les interstices (]ni existent entre les plis sont le siège d'une sécrétion séreuse, d'odeur inlecle, qui rend l'animal repoussant. Karenient la gale reste sèche et ne détermine que des pellicules et l'alopécie. Les animau.x, en proie à un prurit intolérable, sagilent continuellement, se nourrissent mal. éprouvent tous les phénomènes toxiques dus à la suppression des fonctions cutanées et meurent dans le marasme au bout de deux ou li'ois mois. Diagnostic. — La gale sarcoptique se l'ait remarquer par son extension rapide et sa transmission aux autres animaux de même espèce. La constatation du sarcopte dans les croûtes recueillies conlirme le diagnostic. Pour mettre le parasite en évidence, il faut exposer les animaux à la chaleur, gratter la peau jusqu'au sang ou y pratiquer des divisions superficielles à l'aide des ciseaux. On peut confondre cette f/rt/c avec Y eczéma sec chronique. la (jale folliculaire , mais elle ne ressemble en rien au rouge [eczéma ruhrum du chien), ni à ïimpétigo, ni à l'eczéma du dos ou roui'icux, comme certains auteurs tendent à le faire croire. Elle se ditïérencic de la ya/c folliculaire par l'intensité des démangeaisons, la sécheresse des croûtes : la gale démodectique est essentiellement ime affection pustuleuse et acnéique. Le diagnostic différentiel de ïeczéma sec chronique et de la gale sarcoptique découle exclusivement de l'absence de parasites dans les aiîections eczémateuses. Traitement. — Le th.mtkment phéventif se résume dans l'isolement des animaux niala(ies et dans la destruction de tous les objets contaminés capables d'assurer la con- tagion : brûler la litière, laveries loges à l'eau bouillante, puis avec une solution de créoline ou de lysol ; blanchir les parois à la chaux, laisser les loges inoccupées pendant dix à quinze jours. Traite.ment CL'RATiF. — Il néccssile l'emploi de tous les soins hygiéniques susceptibles de combattre les effets CHIEN. GALE SARCOPTIQUE. 4;»") débilitants de la gale. Bien nourrir les animaux et les faire vivre au grand air sont des conditions éminemment favorables au succès du traitement. Après avoir entièrement tondu et convenablement savonné les sujets à l'eau tiède pour faire tomber les croûtes, il faut appliquer une muselière, recouvrir le corps d'une couverture et prendre toutes les précautions nécessaires pour empêcher l'animal de se lécher. Pour détruire tous les sarcoptes et les œufs, il faut traiter toute la peau : le bain arsenical est le mojen le plus efficace. On le prépare dans les proportions suivantes pour qu'il ne soit pas trop caustique pour les parties fmes de la peau, telles que celles des bourses, qu'on fera bien de recouvrir d'une pommade protectrice : Acide arsénieux 800 grainmes. Sulfate de zinc 5 kilos. Eau 100 litres. On le porte à la température du corps, on y plonge l'animal; il est frotté énergiquement à l'aide d'une brosse puis séché. Ce traitement est renouvelé trois à quatre fois à quelques jours d'intervalle. La pommade d'Helmerich est appliquée ensuite journellement pour continuer l'action du bain arsenical, principalement au pourtour des yeux et de la bouche, qui n'ont pu être convenablement baignés en raison de l'absorption du poison. On enduit seulement la moitié ou le tiers du corps ; on laisse le médicament agir un ou deux jours pour l'enlever ensuite par un lavage avant d'en appliquer sur la seconde moitié ou sur une autre partie. L'eczéma cronteux, qui complique souvent la gale, est combattu avec succès par les applications successives àliidle de cade et de pommade à Voxyde de zinc. L'huile de cade et tous les produits à base de goudron méritent la préférence. Appliquée sur des surfaces limitées, elle peut être employée pendant longtemps. Sous le vernis 456 DERMATOSES PAUASITAIHES. qu'elle forme, la peau se répare. Son mauvais goût empêche les animaux de se lécher. On la laisse agir quelques jours, une semaine au plus. On la remplace ensuite par une pommade astringente. La pommade à Voxi/de de zinc est très efficace et pou toxique. On utilise avanlagcusoincnl la suivante : laiinoforme 10 grammes. Acide salicylique IJ — Vaseline 100 — Pour les chiens d'appartement, nous recommandons beaucoup, surtout quand l'eczéma ou la gale sont peu étendus, la résorcine : Résorcine 1 partie. Vaseline 0 jiarlies. La résorcine astringente el parasiticidc convient parfai- tement pour le traitejiient des deux maladies [C-unv (1)]. On a conseillé bien d'autres médications. Trasbot recom- mande la formule suivante : Renzine 300 grammes. Huile de cade ) _ ..„ Coaltar \ "" '«*^ " On mélange, au mortier, riiuile de cade et le coaltar, et on ajoute la benzine. Cette charge pure ou additionnée d'une quantité égale de benzine est appliquée d'abord sur une moitié du corps et, sur l'autre moitié, (ptaraiile- huit heures après. .Vu bout de quelques jours, on fait un savonnage à leau tiède, on recommence la même application si l'on constate des signes accusateurs de la persistance de la gale. Les bains sulfureux ou crésylés : Sulfure de potasse ou crésyl 150 grammes. Eau 30 litres. peuvent remplacer les pommades. (I) Cuny, Journal de Lyon, 1906. CHIEN. — GALE DÉMODÉCIQUE. 457 Quand il s'agit de traiter des cljiens de luxe ou d'ap- partement atteints de gale localisée, on peut utiliser : Baume du Pérou. Alcool 11 est nécessaire d'interrompre le traitement quand les animaux sont trop débilités ; une nourriture abondante et substantielle est nécessaire pour combattre leur affai- blissement. II. — GALE PSOROPTIQUE. La gale psoroptique du chien est une maladie acci- dentelle due probablement au passage, cbez cet animal, du psoropte du lapin. Signalée pour la première fois en 1909, par Hébrant et Antoine (1) chez un chien du voisinage des halles, elle n'a pas été vue depuis. Symptômes. — L'animal, infecté sur toute l'étendue du corps, exhalait une odeur de souris prononcée; il présentait des dépilations et des croûtes renfermant des psoroptes adultes, des œufs et des larves de ces acariens. Traitement. — Un traitement antipsorique amène rapidement la guérison. III. — GALE DÉMODÉCIQUE. La gale démodécique ou gale folliculaire est une dermatose parasitaire à forme acnéique caractérisée par la présence de Demodex follicuîorum (variété canis] dans les glandes sébacées et les follicules pileux. Ce parasite, découvert par Topping (18i3). a été étudié depuis par Gruby, Haubner, Lafosse, Baillet, Cornevin, Zùrn, Saint-Cyr, Mégnin. etc. (1) Hebrant et Anloine, Un cas de gale psoroptique chez le chien (Aiin. de méd. vét., 1909, p. 696). G.ujÉ.'Vc. — Pathologie interne. VIL 26 458 DERMATOSES l'AHASlTAlHES. Étiologie. — Lo Demodex folliculorum ost un petit acarien vcrmilormo à thorax nettement dislind de l'abdomen. Le mâle, long de 220 à 250 \x sur 45 ;j de large, a un abdomen plus court et plus étroit que celui de la femelle. dont les dimensions sont de 250 à 300 ia de long sur 50 u. Kig. 'J9. — Demodex. A, l'animal vu de ventre; B, son rostre isolé; C, son œuf. de large. Le rostre, plus étroit que le thorax, est saillant en avant. Le céphalothorax donne implantation à quatre paires de pattes courtes et formées do trois articles seulement. Ces acariens pondent des œufs d'où sortent des larves hexapodes qui se transforment en nymphes non sexuées d'abord, et bientôt en Demodex parfaits (fig. 99). Mâles et femelles, larves et nymphes pullulent dans les follicules pileux et sébacés, où on les trouve avec le rostre toujours dirigé vers le fond. Quand ils sont nom- breux, ils sont susceptibles de déleruiiner une véritable pustule d'acné (lig. 100). La présence du Demodex ost la cause délerminanto de la gale follicuiaii-o. Klle s'observe i)i'esque exclusi- GALE DEMODIiCinUE. 459 vemont chez 1rs jeiinos animaux : on la voit rarement survenir chez les chiens âgés de plus d'un an. Toutes les races y sont sujettes, mais, d'une façon générale, elle est plus rare sur les chiens à loni^'s poils qije sur les chiens à poils courts (Cornevin). La maladie ne se tranV met qu'aux animaux jeunes, de sorte que les chiens adultes ou Agés peuvent vivre impunément avec les malades sans être conta- minés. Elle existe souvent avec la maladie du jeune âge, qui en favorise la diffusion, et avec la trichophytie, qui est généralement mécon- nue. Toutes les dermatoses cutanées dans . lesquelles on découvre des Demodex sont regardées comme fonction de ce parasite. La tricbophitie canine est absorbée ainsi par la gale démodécique. C-'est qu'il est inlinimcnt plus facile d'aper- cevoir le Demodex que le Trichophyton. Les formes sèches, squameuses, circinces de la gale du Demodex appartiennent à la trichobitie. Ces caractères cliniques sont ceux d'une épidermomycose et non ceux d'une acariase. Les Demodex nous paraissent étrangers à cette affection. Parasites des follicules pileux et des glandes sébacées, leur action pathogénique se trahit par des pustules d'acné et par une inflammation suppurative qui se complique, quand elle n'est pas dominée par la pullulation du bacille de la nécrose. Si les formes bénignes Fig. mu. — Disposition des Demodex dans les glandes sébacées. 460 DERMATOSES i'ARASlTAIKES. OU squaincusps do lu iîa\o dos Demodex sont gouvernées par les trichophjtons, les formes graves sont reven- diquées par la nécrobacillose. ■ Cette démarcalion étant établio, il est difiicile d'établir actuellement la part morbide du Demodex f'ollictilorum. Aiicioiinemont il était tout: artuellemeni, on a de la Fig. lui . — Tète et cou de jeune c/tifrt affecté de gale démodécique. tendance à le destituer de toute action patbogénique. Présent chez les animaux jeunes, sa multiplication dans les lésions parasitaires ou microbiennes semble n'être qu'un épipb(''nomùne : il s'établit ainsi une véritable sym- biose, d'une part, entre le Demodex et le Tric/topfn/ton. et, d'autre part, entre le Demodex et le bacille de la nécrose. De nouvelles recherches sont nécessaires pour préciser son rôle exact dans les manifestations regardées CHIEX. — GALE DÉMODÉCIQUE. 461 comme démodéciques. Certains praticiens soutiennent même l'innocuité du Demodex. Symptômes. — Au début, la gale folliculaire est ordi- nairement dénoncée par des dépilations localisées à. la tète, aux lèvres, aux joues, aux paupières, au cou et aux membres antérieurs. Elle revêt la forme squameuse ou la forme pustuleuse (fig. 101). La forme squameuse est caractérisée par la sécheresse des surfaces glabres, qui simulent des plaques d'eczéma ou d'herpès tonnurans et dues probablement à l'asso- ciation des deux parasites chez le même sujet. La peau est mince, souple, simplement pityriasique ou légèrement épaissie, hyperémiée, papuleuse sans le moindre prurit. Les plaques se multiplient, s'étendent, et l'animal paraît affecté de trichophy t ie génévalisée. Il n'est d'ailleurs pas rare de constater l'association de ces deux maladies chez le même sujet [Leumann (1)]. La forme pustuleuse est caractérisée par le développe- ment de nombreux boutons purulents, grisâtres, violacés, ou brunâtres dus à l'abcédation des glandes sébacées et des follicules pileux. Pressées à la base, ces pustules donnent issue à un liquide purulent et hémorragique. Les parties voisines, moins altérées en apparence, laissent également sourdre, par la pression d'un pli cutané, de la matière sébacée très riche en Demodex. La dermatite est alors intense ; la peau rougit, se dépile, se couvre de pustules, d'exsudats et de croûtes ; elle se plisse, se ride, s'épaissit et répand une odeur nauséabonde. Le prurit, peu marqué au début, devient intense et trouble la santé des animaux, dont l'aspect général devient misérable et repoussant. Le cou, entièrement dépilé, est recouvert de sérosité, ou les paupières sont tuméfiées; il y a de l'entropion; les lèvres suppurent ; les parois pectorales sont rouges, exco- (1) Leumann, Un cas de gale folliculaire chez le chien associée à l'herpès to/isurans {Journal de Lijo», 18î)9, p. 216). 26. 462 DERMATOSES PARASITAIRES. riées ; les pattes, saignantes on ulcérées par plares. pré- sentent (le nombreuses pustules violacées. Les sécrétions de l'œil, de l'oreille et du prépure chez les cliiens affectés de gale folliculaire renferment des Demodcx qui s'y reproduisent comme sur la peau [Uorneck (1)]. L'allection, généralisée, épuise les malades, qui devien- nent cachectiques ou succombent à l'infection purulente au bout de six mois à trois ans de soulTrances (fig. d02). Lésions. — Les Dcmodex sont répandus dans toute la peau, mais ils sont particulièrement nombreux dans les glandes sébacées et les folliculss pileux, où l'on peut en compter, jusqu'à 200, étroitement pressés et le rostre toujours dirigé en bas (Gruby, Delafond). Mais ils se répandent en dehors de cet habitat quand la maladie est invétérée; on les rencontre dans le lissu conjonctif intradermique et même sous-cutané. Divers microbes s'y trouvent associés, notamment les staphylocoques ; quelquefois aussi, on peut y découvrir le bacille de la nécrose; mais il y a pourtant des formes suppurées et pustuleuses très graves, dans lesquelles ce microbe ne peut être révélé par l'examen microscopique. Les divers organes présentent les lésions de la cachexie Diagnostic. — La forme pustuleuse est si nettement caractérisée qu'on ne peut s'y tromper. La forme squa- meuse est surtout dénoncée par sa localisation aux parties antérieures de la tète, aux pattes et à la gorge, et par le jeune âge des malades. Néanmoins l'examen microscopique est souvent nécessaire pour la différencier deVeczéma sec et de la trichophitie et même de la gale sarcoptique. Au pour- tour des yeux, on peut la confondre avec une blépharite simi)le et au niveau des extrémités avec l'eczéma interdi- gité ou avec la dermalite fistuleuse déterminée par le bacille de la nécrose. Pronostic. — La fornic pustuleuse généralisée est iocu- (1) Ilorneck, Ber/iner lierar:. W'oc/ienschr., 1901, n"» 10. GALE DEMODKGIQUE. 463 rable ; los médications ne déterminent qu'une amélio- ration temporaire. Les formes squameuses localisées sont facilement cu- Fig. 10:2. — Gale démodécique du chien à une période avancée. rables ; on peut même guérir ces formes étendues par une métlication énergique et prolongée (1). Traitement. — Les formes l^ocalisées du début sont jus- (1) Cadéac, Journal de Lyon, 1906. 464 DERMATOSES PARASITAIKES. ticiables des bains sulfureux ou arsenicaux, des lotions de solutions de sublimé, de créoline, do Ijsol et surtout de la teinture diode pure, du pétrole pur (Allinann) oude la solu- tion alcoolique de baume du Pérou. dCssenct' de carvi, 10: d'alcool. 10 et 150 grammes dhuile de ricin [(imeiner (1)]. Ces agents doivent être employés malin et soir. Parfois efficaces contre les formes sèches, ils érliouent générale- ment contre les formes pustideuses. Quand lalfection au début forme des pbupies limitées au voisinage des paupières ou sur le bord des lèvres, il convient d"cxciser le lambeau cutané, occupé par les parasites, en empiétant sur la peau saine. On [iratique autant d'ablations qu'il y a de plaques: la guérison du malade est assurée pourvu que le nombre des plaques ne soit [las trop considérable. Quand les plaques sont nombreuses, dispersées, on scarifie la peau, à leur niveau, de manière à mettre les parasites à nu et à les atteindre avec la teinture d'iode. On recom- mence ce traitement tous les cinq à six jours, jusqu'à ce que la peau soit redevenue normale. Les injections intradermiques de phénol à 1 p. 100 autour des plaques ne donnent pas des résultats aussi satisfaisants. Les vaccins antistaphjlococciquesilestinés à combattre les infections secondaires n'ont aucune action sur les Démoder. Pendant toute la durée du traitement, on doune au malade une nourriture bonne et abondante, dans laquelle on fait entrer une forte proportion de viande crue. IV. — ACARIASE AURICULAIRE DU CHIEN. Cette maladie, due au Chorioptcs auricularum. appelé encore Olodectes cynolis (variété canis). Sijtnhiolrs aiiricii- larum, dermatoplnKjus aitricularis, est caractérisée par (I) Gmeiiier, Revue vét., 1007, p. S38. — Moussu, Société centrale. i'JOi, p. i:t(3. CHIEN. — AGARIASE AURICULAIRE. 465 un violent prurit souvent accompagné de manifestations épileptiformes. Elle est souvent désignée sous le nom de gale auricu- laire, de gale symbiotique, de prurigo chorioptique auri- culaire, d'otite parasitaire ou de maladie épileptique des c/iiens de meute : mais elle peut sévir chez tous les cliiens. Étiologie. — Le Chorioptes auricularum (variété canis) a le rostre à moitié caché par l'épistome. Le mâle a toutes es pattes terminées par des ventouses : la femelle n'a pas de ventouses aux deux dernières paires de pattes, mais des soies. La quatrième paire de pattes, au lieu d'être bien développée, est rudimentaire [Hébrant et Antoine (1)]. Les parasites du conduit auditif externe contaminent principalement les cliiens de meute de tout âge. Symptômes. — Les chiens, affectés d'acariase auricu- laire, portent la tète de côté, la secouent fréquemment, se grattent la conque, sont pris d'un violent prurit quinze à vingt minutes après le début de la chasse : ils poussent alors un cri rauque et aigu, bondissent affolés à travers la forêt, l'oeil hagard, la bouche écumeuse : ils se grattent la tête avec les pattes, ou la secouent parfois: ils se mettent à tourner en cercle à deux ou trois reprises, poussent des gémissements, tombent à terre, se débattent plus ou moins violemment, présentent des convulsions épileptiformes. Si l'on examine le conduit auditif externe, on y décou- vre un petit amas de cérumen de couleur chocolat et de nombreux symbiotes à tous les états de développement. Parfois ces parasites occupent exclusivement le fond du conduit et sont difficiles à mettre en évidence. Les chiens affectés de cette maladie, principalement les chiens de meute, peuvent devenir sourds ou même succomber dans le cours d'une attaque épileptiforme. Diagnostic. — Le grattage de la tête dénonce une affection de l'oreille dont Texistence est confirmée par Tamas (1) Hébrant et Antoine, Annales de méd. véf., 1913, j>. 2&\. 4H6 DERMATOSES PARASITAI H ES. lo[)per la tricoplijtie C'.adéac). Traitement. — Les applications de pommade d'ilel- mericli, dliuile de cade, réussissent, généralement, à guérir cette maladie; le pétrole et la benzine doivent être rejetés; le baume du Pérou lui-même détermine souvent des troubles cérébraux et la morl. Il faut changer de médication tous les deux ou trois jours, alin d'éviter toute intoxication. II. - GALE DÉMODÉCIQUE. Lagale démodécique du chat, signalée parLeydig(i859), |iar Mégnin (1876), est déterminée par le Donodex foUicu- lornm (var. cati), plus petit que celui du chien. 11 se localise généralement à la tête, vers le nez. les veux, les oreilles, et ne produit jamais de bien vives démangeaisons. Son action est passagère et sans gravité. III.— ACARIASE AURICULAIRE. La gale auricidaire ou otocariase du cJiat, analogue à celle du chien, est déterminée par le Chorioptcs auricu- /rt/'um (var. cati), appelé encore Otodectes ci/notis {\i\r. cati) (Railliet et Cadiot) (1). Les animaux se frottent les oreilles contre les murs et présentent il la région occipito-teniporale. en dedans de la conque, une lésion cutanée pouvant aller depuis la dépi- "lation jusqu'à des plaies saignantes et croiileuses. Cette lésion externe, avec sa localisation particulière, est presque pathognomonique. Le toucher de l'oreille est en général moins douloinvux que dans le catarrhe auriculaire non (I) Cadiol et Railliet, C. H. de la Soc. do bioL, 6 fcvr. ISlti. FURET. — GALE SARCOPTIQUE. 473 parasitaire ; la manipulation de la conque semble faire éprouver à l'animal une sensation de plaisir (Ilébrant et Antoine). Cette gale peut s'accompagner de manifestations rabi- formes, de ti'oubles épileptiformes, de vertiges, de sym- ptômes de mcningo-encéphalite. Traitement. — Nettoyage à l'eau savonneuse tiède, par instillation journalière de glycérine iodée au l/IO ou d'huile ph(''nique au 1/100. L'excipient, huile ou glycérine, ramollit le cérumen et facilite l'action de l'agent parasi- ticide. IX. — FURET. I. —GALE SARCOPTIQUE. La gale sarcoptique du l'uvet siège aux pattes, à la tête et peut envahir tout le tronc ; elle est déterminée par le Sarcoptes sc.abiei (var. furonis). Ëtiologie. — Cette gale provient sans doute des putois galeux qui ont pénétré dans les terriers. Les furets ne peuvent transmettre leur gale ni au chien ni à Vhomme. Symptômes. — Cette gale, très commune, est caracté- risée par des vésicules dont la déhiscence est suivie d'un suintement gélatineux, un peu poisseux, qui se dessèche et se convertit en une substance grossièrement pulvé- rulente. Les croûtes prennent à la face plantaire et à la base des griffes, une grande épaisseur; les griffes, anor- malement développées, se recourbent en haut. Parfois les phalanges offrent un épaississement de la peau tel qu'elles arrivent à tripler de voliune ; les griffes restent normales (Railliet). Les poils, arrachés par le prurit violent, se renouvellent rapidement et récupèrent leurs dimensions quand les parasites ont fui la surface suintante pour se réfugier au niveau des extrémités. Traitement. — 11 faut commencer par désinfecter ou 4/4 DERMATOSES PARASITAIRES. par chanfïcr le furet du local, caisse, boUe ou fond de tonneau, qu'il habitait ; on ramollit les croûtes par des onctions de glycérine, puis on frictionne vigoureusement avec la pommade soufrée simple ou l'onguent d'Helmerich, et l'on savonne après deux ou trois friclions (I). II. — ACARIASE AURICULAIRE. Le ùiret est sujet à l'otite parasitaire déterminée par VOtodectcs cynotis (var. furonis) ou otocariase symbiotique (Mégnin), qui est très conlagiouse. Les malades éprouvent un vif prurit; ils sont assoupis, somnolents ; ils succombent au ImuiI df (pielques semaines dans riiébétudc. Traitement. — On utilise les mêmes agents anli- parasitaircs que cbez le cliieii. X. — LAPIX. I.— GALE SARCOPTIQUE ET GALE NOTOÉDRIQUE. Le lapin présente une unie sarcoptique et une gale HOtoi'driquc. a. Gale sarcoptique. — Déterminée par le Sarcoptes scabiei{\av. cm»i2cilc.. les agents de transniission de la spirocliétose îles .-SimuUum noides jGlossinalongipal- moxys calcitmns. columbalczense. pis, Glossina fusca, etc., qui toutes jouent un rôle important dans la transmission des trypanosomoses. IV. — STOMOXES. Les stomoxes ou mouches piqueuses d'automne repré- sentent les glossines dans nos pays ; elles sont communes à la fin de l'été dans le voisinage des écuries. La trompe, sem- blable à celle des tsetsés, en fait un dangereux agent de trans- mission des trypanosomes {siirra, mal de cadcra) et de microbes comme la bacléridie charbonneuse. La piqûre des stomoxes [Stomoxys calcitrans (fig. 122), Stomoxys nigra, etc.] peut être suivie d'une papule. V. — SIMULIES- Les simulies s'attaquent aux chevaux. La simulie cen- drée est très commune dans les forêts de Chantilly, de Compiègne, de l'Argonne; elle attaque les chevaux aux parties dépourvues de poils et surtout dans l'intérieur de la conque auriculaire (fig. 122). Les chevaux conservent 496 OKRMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES. souvent, pendant plusieurs jours, ù la suite de ces pi- qûres, une grande sensibilité des oreilles qui les rend difficiles à brider. VI. — TABANIDÉS. ' Le taon aveuglant ou petit taon dex pluies, taon au- tomnal, se fixe principalement aux faces latérales ver la fin du nwis de mars. Elles sortent par les mêmes Grillées oui ont servi à leur pénétration et se dirigent vers BOVIDES. HYPODERMOSE. 507 leur séjour définitif : le tissu conjonctif sous-cutané, par la voie du tissu conjonctif intermusculaire de la partie supérieure du corps. On peut commencer à les y décou- Fig. 132. — Accumulation des larves dans certaines régions sous-cutanées (d'après Boas). vrir vers la fin du mois de janvier, la plupart y arrivent de février à avril. La région qu'elles occupent, limitée à la région dorso-lombaire, est comprise entre l'avant-der- nière vertèbi-e dorsale et la dernière vertèbre lombaire. Ce lieu de rendez-vous des larves, sillonné de trajets, présente des altérationsmécaniques et toxiques très accusées : le tissu 508 DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES. conjonclif lormo une masse variqueuse, gélatineuse, avec des sull'usions sanguines, des œdèmes jaune veniàtre. (ies excréments de larves et des collections purulentes dont l'ensemble présente un aspect repoussant ; ces lésions s'étendent même jusque dans le pannicule adipeux et dans les faisceaux musculaires sous-jacents [Kailliet (1)]. La plupart terminent leur odvssée dans le tissu conjonctii" de cette région des reins : beaucoup continuent encore leurs pérégrinations, pendant huit à dix jours, pour se fixer dans la région qui leur paraît convenable ; elles s'installent de préférence sur le dos, les reins, la croupe, les épaules, les côtes et les flancs (lig. 132). C'est alors que leur extrémité anale, garnie d'épines, perfore la peau pendant que leur extrémité antériem-e est dirig(''e vers la profondeu". En même temps, et quelquefois avant, chaque larve forme, autour d'elle, une capsule de nature conjonctive résultant de l'irritation et de l'inflam- mation du tissu avoisinant. Cette néoformation conjonc- tive, de forme nodulaire, de la grosseur d'un pois, ferme et nettement circonscrite, possède, au centre, une cavité rem|)lio d'un exsudât visquMix, jaune grisâtre ou séro- sanguinolonl. Depuis le moment de l'ingestion de l'œuf ou de la larve, jusqu'à l'apparition de la tumeiu* et de la perforation de la peau, sept mois se sont écouh-s dans l'œsophage, dans le canal vertébral ou dans les divers tissus qu'elle a traversés avant d'atteindre le tissu conjonc- lif sous-cutané. Certaines larves retardataires ne pour- suivent 1 -ur évolution que l'année suivante (fig. 133). Fig. KiJi. — Perforalion de la peau de dedans en dehors. ,\spect des capsules (daju'ès Boas). (1) Railliet, L'évolution des varrons, leurs dégâts, moyens de les combattre Association françaisp ponr la ricstrurlion du varro», fiWr. 1911). BOVIDÉS. — HYPODERMOSE. 509 Le deuxième stade qui succède à la'perforation de dedans en dehors de la peau est caractérisé par une mue qui change la foi-me du corps de la larve et transforma son appareil i*(»spiratoire. Pendant un mois ou un mois et demi que dure cet état, la larve atteint 15 millimètres : la tumeur grossit, la capsule s'épaissit et l'orifice cutané s'élargit graduellement. Le troisième stade, caractérisé par une seconde mue, dure environ deux à trois mois; la tumeur se convertit en abcès ; la larve arrive à maturité en mai, juin, quelquefois en juillet ou même en août ; elle sort le matin de son habi- tat et gagne, en rampant, un abri propice. La durée de la nymphose est d'environ vingt-six à trente jours; l'insecte parfait sort de sa prison, et l'évolution recommence (1). Lhypodermose, rare chez les veaux ei chez les animaux âgés, atteint surtout les adultes bien constitués, vivantdans les pâturages ; on ne l'observe jamais chez les animaux entretenus en stabulation permanente. La contamination des animaux est favox'isée par un été sec et chaud [Lehmann et Vaney (2)]. Symptômes. — Du mois de février au moisde mars, les larves d'hypoderme, parvenues dans la région des reins, de la croupe, des épaules et des côtes, plus i*arement au niveau des cuisses ou de l'abdomen, provoquent l'appari- tion d'un nombre variable de nodosités. On peut en comp- ter ordinairement quatre à cinq, parfois vingt à cent. Les animaux infectés, à un aussi haut degré, présentent un état fébrile nuisible à l'engraissement comme à la sécrétion lactée. Cette double action malfaisante ne s'exerce pas seulement au moment delà période d'invasion, comme dans la plupart des infestations parasitaires ; elle se pour- suit pendant huit à neuf mois au minimum. Les larves exercent une action irritante permanente, source de dou- ^1) Boas, De l'œstre du bœuf et des moyens de son extermination {Asso- ciation française pour la destruction du varron, févr. 1911). (-2) Vaney, Développement de l'hypoderme du bœuf {Association française pour la destruction du varron, 1911). 510 DERMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES. leur (lui trouble rappélil : elles sécrètent, sans doute, îles substance hérnotoxiqiies comme leurs congénères du tube digestif (Weinberg) ; elles soustraient enfin par succion des principes utiles et produisent des abcès. Celte triple action irritative, spoliatrice et toxique, se traduit par la diminution du lait, l'amaigrissement et l'altération delà viande, au pourtour de ces tiuiieurs parasitaires. Lésions. — Les larves lixéesau niveau des parties supé- rieures du corps altèrent les i»rincipales parties de la peau et déterminent une dépréciation du cuir d'un tiers environ, c'est-à-dire de d6 à 17 francs et quelquefois même davantage (Kuhnau, Ormerod, Railliet). La peau, perforée, en maints endroits, comme une éciuTioire, peut devenir presque inutilisable; il y a, en effet, des peaux qui présentent jusqu ;i fwG trous (Boas). C'est qu'aux perfo- rations irrégulières, aux déchirures comparables à celles qui résulteraient de clous arrachés, dues aux varrons de l'année, s'ajoutent les cicatrices qui ont comblé les per- forations des années précédentes. Sur les cuirs prépa- rés, elles s'accusent par de petits noyaux mal reliés au tissu tégumentaire et dépourvus de toute solidité : les chaussures présentent, inévitablement, des trous à ce niveau. Parfois même, les larves, dans leurs migrations, accu- sent leur passage par des galeries sinueuses d'im vert sale ' qui oliligent à rejeter, de la consommation, la pi-esquc totalité de la viande de ces animaux (Morne). Pronostic. — La perte moyenne subie par cIiihiih' lnMe. pendant la diu-ée de celle maladie parasitaire, varie de 12 à 2.") francs (Kuhnau). L'ensemble des perles occasion- ni'es par les larves d'oestres atteint, dans chaque pays, un chiffre élevé : l'Allemagne perd chaque année de 7 à 10 milions (Ostertag) ; le Danemark, plus de 7 millions (Boas); l'Irlande, plus de 12 millions, et l'.Vngleterre bien davantage (.Miss Ormerod). Les varrons iniligent encore de sérieuses pertes dans iju'drpies contrées de l'Amérique BOVIDÉS. HYPODERMOSE. RH comme dans les divers États de l'Europe. La France est tributaire de ces parasites à un haut degré. Traitement. — On peut lutter contre les hypodermes : 1° en empêchant autant que possible le dépôt des œufs sur le corps des animaux; 2° en détruisant les larves par- semées sous la peau. La ponte peut être contrariée par l'application sur la peau de substances gluantes, grasses ou à odeur persis- tante renfermant du soufre, du goudron ou de l'acide phénique, associés à l'huile de lin ou à l'huile de baleine (Miss Ormerod). On ne peut utiliser ces agents pendant toute une saison. La destruction des larves, à mesure qu'elles apparaissent sous la peau, est le seul procédé pratique ; la suppression des varrons restreint considérablement le nombre des mouches dans une contrée; il y a ainsi une diminution notable des pertes que ces parasites infligent à l'agricul- ture. L'intoxication des varrons, obtenue en introduisant du pétrole, de l'onguent mercuriel, etc., dans l'orifice cutané, offre l'inconvénient de laisser subsister, sous la peau, un corps étranger irritant, cause d'infection, de suppuration et d'altération du tégument. V élarvement ou évarronnage est le seul procédé inof- fensif, efficace et à la portée de tout le monde. La bles- sure opératoire se cicatrise beaucoup plus rapidement que la perforation déterminée par la larve elle-même. L'évarronnage se pratique de la manière suivante : pen- dant qu'un aide maintient la bête, l'opérateur pratique l'incision du varron à l'aide d'un instrument tranchant à lame étroite connue sous le nom de pincette, puis, grâce à une légère pression, il fait sortir la larve, qu'on écrase immédiatement. Cette opération est répétée chaque fois que de nouveaux varrons apparaissent chez les animaux de l'exploitation. On doit la généraliser à tous les animaux de la région des divers pays où règne l'hypodermose. 512 DERMATOSES CAUSÉES l'AR DES INSECTES. Les résultats déjà obtenus en Danemark, en Prusse, per- mettent d'espérer l'extinclion complète de cette maladie, si l'on parvient à généraliser la méthode de lélarvement. On a même songé, en Allemagne, à rendre celte opération obligatoire par une loi : mais on a reconnu qu'il était pré- l'érable d'intéresser tous les agriculteurs à cette destruction des larves par des conférences, des causeries agricoles. L'enseignement primaire et celui des écoles pratiques •l'agriculture peuvent pojtulariser cette opération en fai- sant ressortir tous les inconvénients de ces parasites. D'autre part, la préférence accordée par les marchands sur les champs de foire aux animaux dépourvus de varrons achèvera de convaincre les esprits les plus routiniers de la nécessité de les détruire. Des primes d'encouragement distribuées aux bergers et aux éleveurs parles professeurs d'agriculture contribueraient, certainement, à diminuer rapidement le nombre d'animaux varronnés, ce qui serait tout profit pour l'agriculture et pour la tannerie (1). VIII. — DERMATOBIOSE. Nous désignons ainsi l'affection cutanée déterminée par les larves de la dermatobie nuisible. Cette dermatobie {Dcrmatobia noxialis) est une sorte d'œstre qui séjourne près des taillis et des haies de l'Amé- rique intertropicale. L'insecte jjarfait dépose ses œufs sur la peau de Vhoiuine, du hœiil\ de la clicvre, du porc et du chien; mais le bœnf ei le chien sont les mammifères préférés. La larve, connue sous le nom de ver moyoquil au Mexique, ura à Co ta-Rica, miche ou garano à la Nou- velle-Grenade, ver macaque i\ Cavenne, engendre des tumeurs |>urulentes. Traitement. — La dermatobiose est traitée comme rhjpodormose. (1) Renne. — L'hypoderirose du re/i«eest déteimini'e par VHypoderma Larandi et caractérisée par des tumeurs analogues à celles des bovidés. Cer- tains animaux maigrissent, dépérissent et finissent même par succomber. MOUTONS. — MELOPHAGE. 513 III. — MOUTOIVS. I. — PHTIRIASE- Le Trichodectes ovis ou T. sphér acéphale , de teinte fer rugineuse, se développe de préférence fhez les animaux débiles et mal nourris ; il se fixe généralement au bord supérieur de l'encoku'e et dans la région du dos et des cuisses; mais il peut envahir toute la toison et déterminer de véritables ravages. Sous l'influence de ses piqilres, la peau se couvre de plaques érjthéma- teuses et de squames épidermiques ; la laine s'altère; la peau se dénude: les trichodectes sectionnent les brins de laine à l'aide de leurs mandibules, et l'alopécie peut se produire indépendamment de toute gale (Lucet) (lig. 13i). Fig. 134. — Tri- chodectes ovis. II. — MELOPHAGE. Mélopharjus ovimis est un insecte diptère, de teinte fer- rugineuse, improprement appelé pou, parasite permanent du mouton et quelquefois de la chèvre, du chubin et de Valpaca, qui pas^e facilement des/jy-eAis à leurs agneaux. La femelle, plus grosse que le mâle, donne annuellement nais- sance à quatre ou cinq larves fixées par une de leurs extrémités aux brins de laine et qui se transforment en pupes rouge cuivré, puis noires, d'où sortent les insectes adultes. Ces larves se répandent sur toute la peau couverte de sa toison et se réfugient au niveau de la tête et du cou, après la tonte, pour être à l'abri des grat- tages (fig. 135 à 137). La piqûre, très prurigineuse, suscite des grattages et des i'rottements intenses qui rendent la laine ébouriflée, emmê- 29. 514 DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES. lée OU déterminent sa chute par places. Quand elle est tombée ou quand on l'écarto, on aperçoit, au niveau de chaque piqûre, une tache rouge de \\ dimension d'une lentille avec un point central de teinte plus foncée. On aperçoit, en même temps, les malophages adultes et les pupes fixées aux brins de laine. Certains oiseaii.\ comme les étoiirueaux et les bergeronnettes se posent fréquemment sur Fig. 13.'). — Mélophage ou hippobosquc Fig. 136 et 137. — Larve d'hippo- du mouton. bosque du mouton. A, grandeur naturelle; B, grossi. A. grandeur naturelle, la larve sus- pendue à la laine ; B, grossie. le dos des montons infestés de ces parasites et s'en nour- rissent. Quand les mélophages sont très nombreux chez les uijurnux, ceux-ci maigrissent. Traitement. — Les lotions parasiticides (crésyl i'i2 j). 100; pétrole, benzine et jus de tabac, 15 i\ 120 grammes par litre), décoction de staphvsaigre à 50 p. 100. l'eau de gaz ammoniacale en solution titrant 5» B. (Guyot), sont efficaces si l'on a préalablement tondu les animaux. Habi- tuellement, on ri'-ussit à débarrasser les montons infestés de mélophages ou de trichoilectes en tondant le liouj>eau et eu pratiquant, ensuite, un lavage au savon noir, suivi d'imc légère friction avec l'une des lotions parasiticides. MOUTONS. — MOUCHES. 515 On prévient de nouvelles infestations par l'enlèvement de la litière, le nettoyage et la désinfection complète des bergeries. III. — MOUCHES. Les mouches tourmentent les moutons dans les pâtu- rages et les empêchent de s'alimenter convenablement. Pour les en préserver, il est souvent nécessaire de rentrer les troupeaux, pendant les heures les plus chaudes de la journée, et de les maintenir dans une demi-obscurité. Les touffes de saule, de fougère pendues au plancher de la bergerie, servent de refuge aux mouches qu'on peut faire brû- ler au dehors pendant la nuit. Les larves de certaines mou- ches {Sarcophage magnifique) envahissent facilement les plaies qui ne sont pas pansées; des luciles soyeuses déposent leurs œufs au pourtour des orifices naturels, et leurs larves peuvent déterminer de l'acrobustite, de la vulvite et même delà vaginite. Quand elles sont déposées au pourtour de l'anus souillé de matières fécales, principalement chez les agneaux atteints de diar- rhée, les larves gagnent le tissu conjonctif sous-cutané et déterminent une maladie connue en Hollande sous le nom de « maladie vermiculaire » (fig. 138). Les animaux éprouvent des démangeaisons, trépignent, cherchent à se gratter; ils présentent bientôt un suintement purulent dans la région envahie et un feutrage de la laine dans le voisinage. Traitement. — Les lavages et savonnages, les badigeon- nages au crésyl à 2 p. 100, à l'huile empyreumatique, pré- viennent et guérissent ces infestations parasitaires. Fig. 138. — Mouche lucilie. a, la mouche ; b, sa larve. 516 DERMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES. IV. — IXODES- Les ixodes connus sous lo nom de li^y«--/- Traitement. — On doit, tout '.\);.\' '■';!. ^^"i^l^^^. d'abord, tondre les animaux, les / mi^jvlj^^à^^^^ nettoyer à la brosse et au peigne. Comme moyen thérapeutique,' on „^ a conseillé des bains fréquents. ff n^mi^\ Mégnin a donné la formule d'un '^ ^ de ces bains : Fig. 140. _ Hématopinus pili- Carbonate de soude 50 grammes. fère(pouduc/,!en). ^ dissoudre dans Teau tiède 1 litre. puis faire infuser dans cette solution alcaline : Poudre de stapliysaigre 10 grammes. Pour les chiens d'appartement, on doit éviter les prépa- rations qui peuvent salir les meubles ou souiller les poils; on recommande, pour ces animaux, des lavages à l'eau créolinée, au savon phéniqué, etc. Il faut toujours proscrire, dans le traitement de la pbtiriase du chien, les pommades mercurielles, car i'ani- mal peut se lécher et s'intoxiquer. II. — PUCES. Les puces sont des insectes suceurs qu'on rencontre principalement chez les chats et les chiens sédentaires, les cliicns enchaînés, les jeunes sujets à la mamelle comme chez les mères qui les allaitent. Elles se nourrissent de sang et se retrouvent, chez les animaux infestés, à l'étal d'œufs. de larves et de nymphes. CHIEN. — CHIUUE. 519 h' évolution de ces insectes s'achève en quatre à six semaines dans la litière comme sur la peau. Ces in- sectes {Pulex serraticeps) peuvent s'attaquer accidentelle- ment à V homme et au lapin (fig. 141). Les piqûres des puces occasionnent des démangeaisons, des grattages et une congestion plus ou moins prononcée de la peau, qui favorise l'apparition des dermatoses eczéma- tiformes. Aux régions dépigmentées, la peau est dépilée. excoriée, ponctuée de taches l'ouges. Si le nombre de ces parasites est très con- sidérable, les animaux sont anémiés par pri- vation de repos et de sommeil. Les puces hébergent le cysticer- coïde du Txnia cucii- merina et concourent ainsi à la propagation ^'S- '^'- ■" ^"'^'^• de cet helminthe. £^a, mâle; h, femelle; c, œuf. Traitement. — 11 consiste à écarter les parasites, en enduisant les parois des habitations et le corps des animaux de médicaments appropriés : pyrèthre. staphysaigre, absinthe, huile de lau- rier, eau créolinée ; le pétrole est excellent ; son odeur éloigne les puces et n'incommode pas les animaux. On a conseillé aussi d'entourer le chien d'une couverture de cheval ayant déjà servi, dont les émanations chassent les parasites, car ils se refusent à vivre chez les soli- pèdes et les ruminants. m. — CHIQUE DES MAMMIFERES (PULEX PENETRANS, SARCOPSYLLA PENETRANS) Répandue dans le nord du Mexique jusqu'au sud du Brésil, importée en Afrique (1872) et depuis à Madagascar, est prospère dans les habitations, les étables et les basses- f)20 DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES. cours mal tenues ; elle abonde dans les plantations, les herbes sèches et le sable (fig. i-42). Les mœurs desmAles et des femelles non lécondées sont analoguesà celles (les puces vulgaires; ce sont des parasites |tass;igers. Les leinelles lécondées s'attaquent à tous les animaux à sang chaud {chiens, chats, moutons, chèvres, bœufs, chevaux, unes, mulets, porcs surtout, oiseaux et Fig. 14:;. — Sarcopsyll/t jiciictrfuia. IVmelle lilirc (grossie 50 fois). V homme même), se fixent aux membres, s'insinuent dans la peau où elles sucent le sang. Elles grossissent: leur abdo- men acquiert la grosseur d'un pois et renferme parfois une centaine d'ceufs qui engendrent des larves vermilormes évoluant comme celles des puces proprement dites. Elles forment ainsi des tumeurs cutanées, arrondies, recouvertes [)ar lépiderme. (pii présente seulement un petit orillce d'entrée permettant d'apercevoir les «lerniei-s anneaux de l'insecte (lig. 143). Les membres, les oreilles, le corps des animaux infes- tés se couvrent quelqufois de chiques si nombreuses et tellement pressées les unes contre les autres qu'après leur extirpation la peau apparaît criblée d'alvéoles comme CHAT. — PHTIRIASE. 521 Fig. 143. — Femelle ovigère de chique, extraite d'une tumeur cutanée (Grossie 13 fois,^d'après Karsten). un gâteau de miel. La partie de peau qui les renferme présente une vive irritation, accompagnée quelquefois d'ulcérations et de gangrène; il y a des animaux qui perdent leurs phalanges ; d'autres, un mem- bre tout entier; ils présentent souvent des déformations des oreilles et de nombreuses taches cicatricielles con- sécutives aux ulcé- rations. Traitement. — Les chiques en- kystées doivent être extraites avec précaution, de ma- nière à ne pas dilacérer l'abdomen et à éviter de répandre dans la plaie les œufs très irritants. Véchiquage est opéré âyec autant de succès que d'adresse par les indigènes. L'application de parasiticides (benzine, essence de térébenthine et décoctiom de tabac) au niveau des boutons est moins etïicace. Aux Antilles, on recom- mande de plonger la patte atteinte dans une décoction d'herbe à chique [Tournefortia hirsutissima). Les puces ne supportant pas l'humidité : on débarrasse les habitations, les écuries, les élables de chiques par des lavages répétés à grande eau, en utilisant le papier englué qui sert à prendre les mouches, ou un morceau de viande crue qui sert d'appât. VII. — CHAT. PHTIRIASE. Le chat n'héberge qu'un trichodecte. Ce parasite ne détermine qu'une démangeaison modérée. On fait dispa- î')22 DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES. raître les parasites en insufflant au fond des poils de la poudre de staphjsaigre ou de pyrèlhre. VIII. — OISEAUX. Les oiseaux présentent un j^rand nombre de parasites. I- — HIPPOBOSQUES. Les liippobosques des oiseaux [Lyncliia maura), répan- dus en Algérie, vivent sur les pi(/eoiineiiiix Agés de quinze à vingt jours en nombre considérable (50 à 60) ; ils suc- combent quarante-huit heures après qu'ils sont séparés de cet hôte. Les femelles pondent des pupes ovoïdes dans la poussière sèche des colombiers, et leur éclosion s'elTectue vingt-trois h vingt-huit jours après ii une température de 2-40 à 30"; les parasites se cachent sous les plumes qui commencent à pousser et s'envolent rapidement des qu'on prend les oiseaux à la main et que ceux-ci secouent leurs plumes. Ces insectes propagent une hémosporidie du pigeon (Hœmoprotcus columbse) (Éd. et Et. Sergent). II- — MALLOPHAGES- Les gnllinaoés hébergent un grande nombre de mallo- phages ou poux. La poule hé-berge des f/oniodcs, des (joniocotes. des Upcures et des méaopoiis; le dindon nourrit un m('no])on. ungoniode et uniipeure; la pintade, des goniodes, ungonio- cote et un lipeure; le faisan, \e paon, le pigeon. Voie, le canard, le cygne sont eux-mêmes envahis par un grand nombre de ces parasites. La contagion est facilitée par l'agglomération des espèces animales dans les basses-cours et par la multi- plicité des espèces parasitaires. D'ailleurs, il y a des échanges de ces mallophages entre des animaux d'espèce dilTérentc. C'est ainsi que l'on peut rencontrer le ménopon bisérié à OISEAUX. — MALLOPHAGES. 523 la fois sur la poule, le dindon et le faisan, le trinoton sale sur Voie et le cygne. Certaines conditions favorisent l'extension de la phti- riase. Une alimentation insuffisante, avariée, un séjour dans des locaux humides, sales, étroits, mal aérés, sont des causes qui assurent la descendance des parasites. Le tempérament et la race ne sont pas non plus indifférents. Neumann a vu une poule bantam véritablement phtiria- sique. tandis que deux poules gasconnes qui vivaient avec elle étaient saines. Symptômes. — Les parasites habitent toutes les parties du corps, mais plus spécialement le tronc et le dessous des ailes, la tète et le cou; ils sont plus rares au niveau des cuisses. Ils pullulent avec rapidité hors des atteintes du bec et ne cessent d'incommoder les animaux. Ils déter- minent un prurit intense, troublent le repos des galli- nacés, les font maigrir, compromettent l'élevage des jeunes, facilitent le développement de la tuberculose et de la diphtérie. Diagnostic. — Le diagnostic de la maladie est facile, à cause des dimensions des parasites. Pronostic. — Le pronostic est plus grave que pour les mamniil'eres domestiques. Les jeunes animaux, lespigeon- naux, succombent souvent, et lorsque les nids sont infestés de parasites, les pigeons peuvent négliger leur couvée. Quelquefois, les parasites ne peuvent être détruits ; ils se perpétuent malgré tous les efforts faits pour désinfecter les poulaillers, les colombiers et les volières. Traitement. — La destruction des parasites doit être simultanément poursuivie chez les volailles, dans les nids, les planchers, les murs, les perchoirs et partout où ils s'abritent. Le traitement des volailles consiste dans des insufflations de poudre de pyrèthre du Caucase, de graines de cévadille ou de staphysaigre, après avoir eu soin de lubrifier le fond des plumes avec de l'eau savonneuse. Le bain sulfureux 524 DERMATOSES CAUSÉES PAH DES INSECTES. complet (20 grammes de sulfure de potassium par litre d'eau chaude) est employé avec succès: onii^cV oiseau par les pattes et les ailes, et on l'immerge verticalement, sauf le bec et les yeux, et on place ensuite la jioiilc lliiver dans une chambre chaude; l'été à l'ombre jusqu'à séchage complet (Éloire). On peut également faire brûler du tabac dans un endroit bien clos et étroit; on y introduit lespoulcts infestés pen- dant une demi-minute à une minute, et cette opération renouvelée deux fois encore en une semaine détruit les parasites (Chobaul. L'exterminateur Lagrange remplit aussi celte indication. C'est un coffre en bois dans lequel on introduit Voiseau immobilisé et dont la tète fait saillie au dehors par une ouverture spéciale. On brûle à l'intérieur de cette boîte une mèche soufrée, et les vapcui's qui se forment suflisenl pour tuer tous les parasites en peu de temps. Les pulvérisations de cendres insecticides, additionnées de fleur de soufre, sont efficaces : les poules se traitent elles-mêmes en prenant leurs ébats, si l'on a soin de creuser un petit bassin rempli de ces pi'oduits, situé sous un abri. La désinfection des nids est obtenue à l'aide de l'essence d'eucalyptus : on imbibe entièrement une éponge de ce produit, puis on l'introduit dans un œuf, qu'on a préa- lablement vidé en perforiint les deux pôles, qu'on ferme ensuite à la cire, et l'on place cet anif avec ceux de la cou- vée : les vapeurs d'essence qui traversent les jtores de la coquille éloignent tous les poux. Les locaux, les perchoirs, les nids sont débarrassés de ces parasites à l'aide de fumigations de sulfure de carbone, disposé dans de petites fioles réj»arties dans le poulailler (Schneider); mais ce procédé passe jtour diminuer la fécondité des poules. La poussière de chaux projetée contre le plafond et les murs de manière à produire une sorte de nuage de poussière est un procédé plus répandu et plus efficace. On n'a qu'à balayer un moment après. OISEAUX. — PUNAISES. 525 Le retour des parasites est prévenu en blanchissant à la chaux, deux fois par an, les murs et même les perchoirs des poulaillers. La laine de bois répand une odeur qui éloigne tous les parasites : on peut l'utiliser comme litière. III. — PUCES- Les puces [Pulex avium), plus abondantes l'été que l'hiver, s'attaquent principalement aux poulets, aux jeunes pigeons et peuvent piquer Vliomme ; on en trouve parfois des quantités dans les nids des poules cou- veuses. Leurs piqûres sont caractérisées par des points hémorragiques entourés d'une zone lenticulaire d'érythème qui disparaît rapidement ; elles sont suivies d'un prurit qui agite les jeunes poulets, trouble leur développement, empêche les couveuses de se tenir régulièrement dans leur nid. hes pigeonneaux dépérissent et meurentquelque- fois de consomption (Ercolani). IV. — PUNAISES. Les punaises des pigeonniers {Cime.r colombarius) sont quelquefois très abondantes dans les pigeonniers et parfois dans les poulaillers ; elles se tiennent dans les interstices des cloisons, dans la paille des niches et se répandent sur les poules et les pigeons et parfois sur Y homme lui-même (Lucet). Les poules couveuses ne peuvent résister à leurs piqûres : elles quittent à tout instant leur nid et témoi- gnent, par leur agitation et par l'abandon de leurs œufs comme par leur anémie, des souffrances et de l'épuise- ment occasionnés par ces parasites. L'examen des œufs permet de reconnaître la source de ces troubles ; on constate, à leur surface, de petites taches noirâtres for- mées par les excréments de ces insectes. Traitement. — On débarrasse les poulaillers et les pigeonniers des puces et des punaises par un blanchi- ment fréquent à la chaux pour détruire les larves: l'épan- dage dechaux en poudre sur le sol, les niches, lespondoirs. 526 DERMATOSES CAUSÉES l'AR UES INSECTES. la subslitution do copeaux à la paillede litiùre.la combus- tion de soulVe (30 grammes par mètre cube) en fermant hermétiquement toutes les issues, sont des moyens de faire disparaître les puces et les punaises des locaux. Ces insuf- flations de poudre de pyr«Mlire. les pulvérisations de pétrole, les bains sulfureux (^20 grammes de sulfure de potassium par litre d'eau chaude) débarrassent les jimilcs de ces para- sites comme des poux (Kloirc). V. — CHIQUE DES POULES (SARCOPSYLLA GALLINACEA). Celle espèce, très voisine de celle de VJiomnieel des ani- maux domestiques, est très cosmopolite. On l'a signalée dans le Turkestan, le sud des États-Unis, le Cameroun, le Cap, à Madagascar, dans les endroits ombragés, mais secs ; elle s'attaque non seulement aux poules, mais encore aux canards, aux cljats, chiens, cheva;i.\. veaux, rats et même aux entants, et recherche i)rincipalemenl les sujets jeunes. Mâles et femelles sont parasites au même degré. Contrairement à la chique pénétrante, ces insectes ne s'enfoncent pas sous la peau, et leur abdomen ne jirend pas un développement excessif ; mais ils y font pénétrer leur rostre et se fixent si solidement qu'ils ne peu- vent lâcher prise immédiatement comme les autres puces. Ces parasites se fixent en grand nombre à la tête, autour des yeux et au cou des poulets et des j)Oussins. Les oiseaux infestés perdent la voix, se dépouillent de leur duvet, se couvrent de boutons et d'ulcères et succombent bientôt. Les ravages déterminés par ce parasite dans les grands élevages, pendant la saison sèche, sont considé- rables ; c'est un fléau à Madagascar, au Cap, etc. Traitement. — Ces insectes ne supportent pas Ihumi- diti' ; il siillit de laver â grande eau les poulaillers. On réussit à en prendre un grand nombre à laide dun papier englué, analogue à celui qui est employé pour détruire les mouches. TABLE DES MATIERES LIVRE VII MALADIES DE LA' NUTRITION 1 I. — Diabète sucré 1 1. — Solipèdes, 2 2. — Bovidés 4 3. — Carnivores 4 II. — Diabète insipide 10 1 . — Solipèdes 1 ! 2. —Chien 13 III. — Obésité 15 IV. — Goutte 17 1 . — Oiseaux 18 2. — MammilÏTes 23 V. — Achondroplasie 24 VI. — Rachitisme 24 VII. — Cachexie osseuse 25 VIII. -- Maladie du reniflement 25 IX. — Ostéomalacie des équidés 26 X. — Ostéo-périostite diffuse 26 XI. — Pseudo-rhumatismes articulaires 28 LIVRK VIII MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION 29 Hémoglobinurie musculaire paroxystique 30 Solipèdes 30 528 TABLE DES MATIÈRES. LIVRE IX APPAREIL URINAIRE 80 CHAIMTRK l'HKMIKH. — Hrins 80 I . — Congestions rénales 80 1. — Solipèdes 80 A. — Congestion aiguë. — Hémorragie rénale. 80 B. — Congestion passive ou chronique 85 2. — Uutiiinanls 80 3. — Carnivores 8'J II. — Infarctus du rein 93 III. — Dégénérescence amyloïde du rein 95 IV. — Dégénérescence graisseuse 96 Carnivores 97 V. — Néphrites 100 Néphrites aiguës 102 i. — Solipèdes 102 2. — Rutninanls 115 Néphrite à macules hlanches 118 3. — Porc 121 4. — Carnivoies 122 Néphrites chroniques 125 1. — Solipèdes 126 2. — Ruminants 131 3. — Porc 137 4. — Carnivores 137 5. — Oiseaux 145 — Hydronéphroses 145 1. — Solipèdes 146 2. — Bovidés 147 3. — Porc 149 4. — Chien 151 II. — Rein polykystique 155 III. — Pyélonéphrites et pyonéphroses 160 1. — Solipèdes 162 2. — Bovidés 169 3. — Petits ruminants 184 4. — Pore 186 5. — Chien 187 TABLE DE? MATIÈRES. 529 IX. — Lithiase rénale ^^^ 1 . — Solipèdos 1^- 2. — Bovidés 1?'' 3. — Mouton 4. — Chien 5. — Oiseaux 198 199 200 X. — Cancers du relu. 200 l._Solipedes |00 2. — Ruminants -"-' 3. -Porc fj^ 4. - Carnivores 20. XI. - Rein flottant 205 XII. — Parasites -"" I. — Eustrongylose 206 II. _ Pseudo-tuberculose verniineuse 208 CHAPITRE II. — Vessie 210 I. — Cystites 210 I. — Solipèdes 211 1. — Cystite aiguë 211 2. — Cystite chronique 21fi II. _ Bovidés 219 1. _ Cystite aiguë 219 â. — Cystite chronique 225 A. — Cystite chronique simple 22.o B. _ Cystite chronique hémorragique. 227 III. — Chien 243 1. _ Cystite aiguë 243 2. — Cystite chronique 244 247 249 IV. — Chat CHAPITRE III. — Capsules surrénales. I. — Solipèdes II. — Ruminants. 249 249 LIVRE X PEAU -^* CHAPITRE PREMIER. — Trichoses 231 I. — Solipèdes 251 C.^DÉAC. — Pathologie interne. VII. 30 530 lAlU.K DKS MATIÈHES. 1. — Hyiieiirichoses 2bl 2. — Alopécies 232 3. — Triclio.ses dystrophiques 256 4. — Trichosus parasitaires 257 II. — Uovidés 2."i7 III. — Mouton 259 IV. — Chien 259 V. — Oiseaux 2(10 CHAPITRE II. — Dennitcs eczémateuses 201 I. — Solipèdes 2C8 1 . — Eczéma aigu généialisé 208 2. — Eczéma chronique sec 269 3. — Eczéma des régions pourvues de crins 270 4. — Eczémades plis articulaires du genou et du jarret 271 5. — Eczéma des e.\lrémités 271 0. — Eczéma séborrhéique 277 II. — Bovidés 280 III. — Mouton 284 IV. — Chien 285 CHAPITRE III. — Kératoses 301 I . — Solipèdes 301 1 . — Pityriasis 301 2. — Psoriasis 305 3. — Cornes cutanées 311 II. — Bovidés 311 m. — Chien 313 1 . — Pityriasis 313 2. — Acanthosis nigrieans 314 3. — Cornes cutanées 315 CHAPITRE IV. — Hypertrophies ciitauées 310 I. — Éléphantiasis 310 II. — Botryomycose 316 III. — Sclérodermie 316 CHAPITRE V. — Xeiiro-deriuatoses 317 1. — Solipèdes 317 1. — Prurit cutané 317 TABLE DES MATIÈRE?. 531 •2. — Prurigo 318 3. — Dermograpliisme 319 IL — Chien 320 Prurit cutanr 320 Zona 320 CHAPITRE VI . — Dermites artificielles 322 I. — Solipèdes 322 1. — Dermites de cause mécanique 322 2. — Dermites de cause physique 323 3. — Dermites de cause chimique 323 1° Toxidermies alimentaires 324 2° Toxidermies sériques 325 4. — Urticaire 328 II. —Bovidés 333 1 . — Urticaire 333 2. — Toxidermie alimentaire 335 III. — Mouton 341 Dermite érysipélateuso; fagopyrismë. . . . . 341 IV. — Porc 345 Urticaire 345 V. — Chien 346 Érythème ■..:.... 346 Urticaire 346 CHAPITRE VII. — Dermatoses microbiennes.. 348 I. — Solipèdes 348 1. — Impétigo 348 2. — Pemphigus 352 3. — Pyohémie caséeuse 353 Acné contagieuse des solipèdes 356 4. — Nécrobacillose 361 5. — Botryomycose 362 6. — Papillomes 363 II. — Bovidés 363 1. — Impétigo 363 2. — Pemphigus 365 3. — Pyohémie caséeuse 366 4. — Nécrobacillose 367 532 TABLE DES MATIERES. m. — iMouton 368 1. — Acné 3(i8 2. — Eclhyma contagieux des lèvres 309 3. — Pyohémie easéeus»' 371 4. — Nécrobacillose 379 IV. _ i>orc 383 1 . — Impétigo 383 2. — Pyohémie caséeuse 385 V. — Chien 386 1. — Impétigo 386 2. — Acné 389 3. — Pemphigus 390 4. — Nécrobacillose 390 5. — Purpura 392 CHAPITRE Vin. — Dermatoses parasitaires. . . 393 Dermatoses acariennes 393 I. — Solipôdes 394 1. — Gale sarcoptique. 394 — Gale psoropti()ue 407 — Gale symbiotique 413 — Gale démodéci(|ue 4IG 5. — Acariase derraanyssitjue 417 6. — Thrombidiose 419 — Ixodes 420 II. — Bovidés 421 1 . — Gale sarcoplitiue 421 2. — Gale psoroptique 421 3. — Gale symbiotique 423 4. — Gale démodécique 423 0. — Acariase dcrmanyssiipie 426 6. — Thrombidiose 427 7. — Ixodes 428 III. — Moulon 429 1. — Gale sarcopti(iue 429 2. — Gale psoroptique 433 3. — Gale symbioli(iue 442 4. — Gale démodécique .... 443 IV. — Chèvre 443 1. — Gale sarcoptique 443 TABLE DES MATIÈRES. 533 2. — Gale psoroptique de l'oreille 444 3. — Gale symbiotique 445 4. — Gale démodécique 446 V. — Dromadaire et chameau 447 Gale sarcoptique 447 VI. —Porc 449 d, — Gale sarcoptique 449 2. — Gale démodccique 450 VIL— Chien 451 1. — Gaie sarcoptique 451 2. — Gale psoroptique 457 3. — Gale démodécique 457 4. — Acariase auriculaire du chien ;. 464 5. — Thrombidiose 4G6 6. — Ixodes 467 VIII. — Chat 468 1. — Gale sarcoptique 468 Gale démodécique 472 Acariase auriculaire 472 IX. — Furet 473 1. — Gale sarcoptique 473 2. — Acariase auriculaire 474 X. — Lapin 474 1. — Gale sarcoptique et galenotoédrique. 474 2. — Gale psoroptique auriculaire 477 3. — Gale démodécique 479 XL — Oiseaux 479 1. — Gale des pattes 479 2. ^ Gale du corps ou gale déplumante.. . 483 3. — Acariase dermanyssique 485 4. — Thrombidiose 486 5. — • Argasinés 487 6. — Acariase épidermoptique de la poule. . 489 CHAPITRE IX. — Dermatoses causées par des insectes 491 I. — Solipédes 491 1. — Phtiriase 491 2. — Hippobosques (Hippobosca equina).. 493 3. — Glossines ou tsetsés 494 J3't TAHLK DES MATlKItKS. II. — — Stomoxcs — Simulies . — Tabanidi's — Larves de iiiouclics — Oclirornyio anthrojjopliago. — Ilypodermose Bovidiîs — Ptitiriaso — Flippoljosciuc — Hématobics — Taons — Simulies — Muscidés — Ilypodofiiiose — Derrnatobiose m. IV. V. VI. .Moutons , — l'hliriase.. — Mélopha^'e. — Mouches . . — Ixodes .... - Chèvres. . . Porc l'htiriase , - Chien 1. — l'hliriase 2. — Puces 3. — Chique des niaiiimilÏTes (Pulex petie- trans, Sat'cops'/l/a p^netrans) VII. — Chat Phtiriase VIII. — Oiseaux 1. — Hippobosques 2. — Mallophages 3. — Puces 4. — Punaises 5. — Chique des poules {S(ircopfi///a ijal- linacea) 495 495 490 49G 497 497 499 499 50 1 501 501 502 502 503 512 513 513 513 515 516 olfi 316 516 517 517 518 519 521 521 522 522 522 525 525 526 248n.t: ('.oKiiKib. ImpriiiuTie Cukrit. LIBRAIRIE J.-B. BAILLIËRE ET FILS ENCYCLOPÉDIE VÊTÊRIHAIRE Publiée sous la direction de C. CADÉAC Professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon. Colloction de volumes in-18, 6 fr. le volume cartonné Patholog e générale des Animaux domestiques, parC. Cadéac, :!« éditiua, 1904. 1 vol. in-18 cIl; 4o2 p., avec 37 fig., cart 6 fr. Anatomie pathologique et pratique des Autopsies, par C. Cadéac et V. Ball, prolessuurs à l'Ecole vétérinaire de Lyon 1907, 1 vol. in-18 de 475 pages, avec 100 figures, cart G fr. Sémiologie et diagnostic des Maladies des Animaux domes- tiques, par C. Cadéac. 2« édition, 1905. 2 vol. in-18 de 982 p , avec 186 (ii;., cart 12 fr. Pathologie interne, par C. Cvdéac. 1899-1914. 8 vol. in-18, eus. 3806 pages, avec o40 fig., cart 4S fr. 1. Bouche et estomac. — II. Intestin. — III. Foie, péritoine, fosse.^ n'i.'inles. sinus. — i^'. Larynx, trachée, bronches, poumons. — V. Plèvre, péricarde, çtei/r. endocarde, nrtéres. — VI. AJaladies du sang. .Maladies générales. — VII. .\/alailte< de nutrition et pnr auto-intoxication. Maladies de l'appareil urinaire . .Mal.idits de la peau et maladies parasitaires. — VIII. Maladies du système nirveui . Chaque volume se vead séparjineiil 6 f •. Pathologie chirurgicale générale, par C. Cadéac, P. Leblanc, C. Garocgeau. 1902. 1 voL in-18 de 432 p., avec 82 fig., cart. . . 6 fr. Chirurgie du pied, par Bournav et Sendrail, professeurs à l'Ecole de Toulouse. 1903, 1 vol. in-18 de 492 p., avec 135 figures, cart. 6 fr. Pathologie chirurgicale de la peau et des vaisseaux, par C. Cadéac. 1905, 1 vol. in-18 de 422 pages, avec 103 fig., cart. . 6 fr. Pathologie chirurgicale des tendons, des nerfs et des muscles, par Cadéac et Pader. 1905, 1 vol. in-18 de 477 p., avec 122 fig., cart 6 fr. Pathologie chirurgicale des articulations, par G Cadéac. 1907-1909, 2 vol. in -18 de 450 pages avec fig., cart 12 fr. Pathologie chirurgicale de l'appareil digestif, par G. Cadéac. 1909, 1 vol. in-18 de 500 pages avec fig., cart 6 fr. Thérapeutique vétérinaire générale, par Guinard, chef des tra- vaux à l'Ecole de Lyon. 1899, 1 vol. in-18 de 504 p., cart 6 fr. Thérapeutique vétérinaire appliquée, par H.-J. Gobert, vétéri- naire de l'armée. 1995, 1 vol. in-18 de 568 p., cart- 6 fr. Obstétrique vétérinaire, par Bournay, professeur à l'Ecole de Tou- .louse. 1900, 1 vol. in-18 de 524 pages, avec 72 fig., cart 6 fr. Médecine légale vétérinaire, par Gallier, vétérinaire sanitaire de la ville de Caen. 1895. 1 vol. in-18 de 502 p., cart 6 fr. Police sanitaire, par A. Conte, ancien chef des travaux à l'Ecole de Toulouse. 2« édition, 1906, 1 vol. in-18 de 532 pages, cart 6 fr. Pharmacie et Toxicologie vétérinaires, par Delaud et Stourbb, chefs des travaux aux Ecoles de Toulouse et d'A,lfort. 1900, i vol. in-18 de 496 p., cart 6 fr. Jurisprudence vétérinaire, par A. Conte. 1898, 1 vol. in-18 de 553 p., cart 6 fr. Extérieur du Cheval et Age des Animaux domestiques, par M. MoNTANÉ, professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. 1903, i vol. in-18 de 528 pages, avec 260 figures, cart 6 fr. Maréchalerie, par Thary, vétérinaire de l'armée. 1896, 1 vol. in-18 de 458 p., avec 303 fig., cart 6 fr. ENVOI FRANCO CONTRE UN MANDAT POSTAL DICTIONNAIRE VÉTÉRINAIRE DICTIONNAIRE VÉTÉRINAIRH Par P. CACNY Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire Membre correspond.jnt de la Société nationale d'Agriculture Membre du Collège royal vétérinaire de Londres ET H.-J. GOBERT viTKHINAIRE DE l'aIIUÉI 1904, 2 vol. gr. in-<5 de 1622 pages, avec 1821 fig. et 8 planches en couleurs Prix 35 fp. Cagny et Gobert onl pensé avec raison que, à côté des ouvrages classiques d'enseiy'nemenl, dus aux prolusseurs des écoles, il y avait place pour un livre de pra'Uque, qui. sans prcleution scientifique, mettrait à la dispoNJlion des praticiens et des élèves un résumé aussi exact que possible des connais- sances actuelles, en même temps que des imlicalions de Ihérapeuliqu- médicale et chirurgicale sanctionnées par l'expéiiencc. La forme de dictionnaire r|u'ils ont adoptée était la plus convenable potr un ouvrage comprenant : l'analomie, la physiologie, la médecine, la chi- rurgie, l'hvgiène. la police sanitaire, la jurisprudence, etc.. elle est d'ailleiir; justifiée par le souci de permettre au praticien de trouver inslantanémeiit le renseignement cherché. Aujourd'hui que les nouvelles méthodes pasloriennes ont pu être appré- ciées et qu'elles ont montré leur supériorité, le moment était venu de faire une séleclion parmi tous les matériaux disséminés dans les journaux, dan ■ les publications, dans les annales des soc étés savantes, pour les mettre ù lu disposition de tous ceux qui, par profession ou par goût, ont souci de l'amé lioralion et de la santé des animaux. MM Cagnv et Gobert ont cherché à faire de ce dictionnaire un répertoire véritablement mis au niveau des progrès de la science et de la pratique pouvant au besoin tenir lieu d'uni- bibliothèque complète. Aussi ont-ils fait appel à l'expérience de tous les auteurs français ei élringers les plus connus: M.\l. Chauveau, inspecteur général des écoles vétérinaires; iNocard, Trasbot, Cadiol et Almy, Moussu, Harrier, de l'Ecole d'Alfort; Arloiiig, Peiich. Caiiéac, de l'Kcole de Lyon; Leclainche, Laulanié, Neumann. de l'Ecole de Toulouse. Baillet (de Bordeaux). Gallier (de C.aeni, Detrove (de Limoges), G. Leblanc, Mégnin, Signol, A. Sanson, Jacoulet e' .lolv, vétérinaires de l'armée, Fleming (de Londres), Give {de Bruxelles), Lyiltin (de Bade), Hess et Guilbeau (de Berne), Kitl (de Munich\ Sussdorf 'de Stuttgart!, Roell et Koch (de Vienne), Schutz ide Berlin), Lanzilolti (de Milan), l'errot.cilo (de Turin), Martinez de Anguiano (de Sarragosse;, etc. Tous ces noms si haut placés dans la science soûl à eux seuls une garantie. Il faut aus>i mentionner l'addition de i 800 figures qui mett nt pour ainsi dire sous les yeux du lecteur les détails d'anatomie normale et pathologique les procédés opératoires, les instruments et les appareils : les yeux viennent apporter à l'intelligence et à la mémoire un secours précieux", en facilitant toujours .n l'auteur une explication et en permettant souvent au lecteur de la mieux comprendre. ENVOI KKANCO CONTRE UN MA,ND.\T POSTAL