^,1^ **t*t, . jNÊ< y^ f^ y.V*^v^' u < j 1 j ^H ^ KOOK &£"H-i PU J 1— Q g Al P PQ ' Oh :^'i.r'''t^ / /mKS:/g/6 ?.,;-y^^'--- :;mî" !._, -■■£^- - . '/ Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/physiologieexp01mare IB IIPI Lllliililli n m 11 TRAVAUX DU LABORATOIRE DE M. MAREY cMCHY. — iMP. PAUL DUPoxT, 12, RUE DU bac-d'asniêhes. — (685, 9-5.) ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES TRAVAUX LABORATOIRE DE M. MAREY PROFESSEUR AU COLLEGE DE FRANGE ANxNEE 1875 Avec 160 Figures dans le texte PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE l' ACADÉMIE DE MÉDECINE Place (le l'École-de-Médecine n MDC^CLXVI. A-< /¥>.. PREFACE La physiologie est restée pendant longtemps une science isolée; définie par Haller : Anatome aniniata, elle semblait n'être abordable qu'à de rares initiés. Aujourd'hui, sans négUger les études anatomiques qui lui servent de point de départ, la physiologie donne la main aux autres sciences; elle emprunte leur concours pour étudier les phénomènes physiques, chimiques ou mécaniques, dans les organes et dans les tissus vivants. Le défaut de précision était autrefois le triste caractère des études physiologiques ; on niait même que les actes de la vie fussent soumis à des lois rigoureuses, parce qu'on ne pouvait encore discerner ces lois. Mais les vi- visections habilement pratiquées montrèrent qu'un phé- nomène peut être reproduit avec certitude et toujours identique à lui-même , quand on se place dans les condi- tions voulues. L'expérimentation des physiologistes put dès lors prétendre à la même rigueur que celle des pliysi- ciens : pour l'atteindre, il fallait recourir aux méthodes et aux appareils qui donnent les mesures exactes. Il serait puéril de chercher à prouver que la physique et la chimie n'ont progressé qu'en raison des perfection- nements de leurs méthodes et de. leurs instruments ; pourquoi la physiologie n'eùt-ellepas cherché aux mêmes sources le progrès que les autres sciences ont atteint? Toutes les sciences sont sœurs, a-t-on dit; toutes les sciences n'en forment qu'une, pourrait-on dire, quand on considère que la grande loi de la conservation de la force domine à la fois les phénomènes du monde inorganique et ceux du monde organisé. Que fait donc un physiologiste de si différent d'une expérience de physique ou de chimie? Étudier des mou- vements, mesurer des efforts, des volumes, des tempéra- tures, des poids, des durées, c'est, à cela que se réduit ;toute expérimentation. Or, de tous les moyens de mesure rigoureuse que la science possède, la méthode graphique me semble être le •plus puissant, le plus simple et le plus susceptible d'un emploi généralisé. J'ai consacré bien des années à étendre l'usage des appareils inscripteurs, à les multiplier, à les ; perfectionner. On verra dans ce volume et dans ceux: qui doivent le suivre, quelle netteté surprenante peut revêtir une expérience de physiologie lorsqu'elle est faite au moyen d'une méthode qui pourtant n'est encore qu'à son enfance. Ces avantages ont frappé là plupart des sa- vants; les appareils inscripteurs se répandent partout, dans les observatoires des astronomes et des météorolo- gistes, dans les laboratoires de physique eldans ceux de physiologie. Aujourd'hui, ma conviction est faite: presque tout ce qui est phénomène objectif, c'est-à-dire changement d'état de la matière, peut être étudié par cette méthode; n'y pas recourir, se borner à l'observation pure et au témoignage insuffisant des sens, ce serait se condamner volontaire- ment à l'erreur. Cette vérité a été comprise. Après avoir été pendant longtemps l'initiateur et le seul représentant de cette méthode parmi les physiologistes français, j'ai vu cesser, enfin cet isolement pénible ; un accueil sympathique a été fait à mes travaux , l'emploi de mes instruments s'est ra- pidement répandu; enfin, le laboratoire où je travaillais seul compte aujourd'hui parmi ses élèves ou ses hôtes assidus déjeunes hommes animés d'un grand zèle pour la recherche ; grâce à leur concours, dont je les remercie, j'espère voir s'étendre rapidement le champ de nos études expérimentales. Le lecteur trouvera dans ce volume plusieurs mémoires d'où se dégagent d'importantes applications pratiques. Ainsi, comme conséquence d'études sur la fonction musculaire, sur la manière dont le travail s'engendre dans le muscle et se transmet au dehors, j'ai été conduit à pro- poser un moyen de mieux utiliser le travail des moteurs animés, c'est-à-dire de diminuer la fatigue de l'homme et celle des animaux. Dans un autre travail ayant [)our objet t'étude de la pulsation ducrcur, je montre comment on peut inscrire la forme de cette pulsation chez l'homme sain ou ma- lade et comment, d'après la forme du tracé obtenu, on peut reconnaître, plus sûrement que d'après aucun autre siffne, la manière dont s'exécute la fonction du cœur. J'ai longtemps ajourné la publication de ces recherches, sachant que toute innovation dans la pratique médicale ne doit être présentée qu'avec de grandes réserves et seu- lement lorsque l'exactitude des propositions qu'on avance peut être démontrée. Cette démonstration, je la pos- sède aujourd'hui. Elle consiste à reproduire le mécanisme du cœur, dans des conditions tout artificielles, au moyen d'un appareil qui imite, dans leur structure et leur fonc- tion, le cœur et les gros vaisseaux. Avec ce mécanisme, non-seulement on obtient la pulsation du cœur et les bruits valvulaires, tels que nos sens les perçoivent sur l'homme et sur les animaux, mais, en soumettant aux appareils inscripteurs la pulsation de ce cœur factice, on obtient des tracés identiques à ceux que donne la pulsa- tion d'un cœur véritable. Ce genre de démonstration ne s'adresse pas seulement aux physiologistes et aux médecins, mais à tout le monde, car personne ne saurait contester que reproduire un phé- nomène complexe et variable, avec tous ses détails et to.utes ses variations, c'est prouver qu'on en connaît exac- tement la nature. A propos du pouis artériel, j'ai dû reprendre, dans des conditions nouvelles, l'étude des ondes liquides qui se forment dans les conduits élastiques, lorsqu'il se produit l'RKfAGi;. des impulsions intermittentes comme celles du cœur sui- te liquide sanguin. Bien que j'eusse depuis longtemps signalé la cause du rebondissement ou dicrotisme du pouls, que j'eusse prouvé que l'existence de ce phénomène est à peu près constante et montré qu'il est d'ordre purement physique, je n'avais pas encore une connaissance complète du tra- jet des ondes sanguines dans le système artériel, j'avais même sur ce point émis certaines idées inexactes. Le mémoire n" 3 a pour objet de préciser la nature de ce phé- nomène, et d'étudier les caractères et les mouvements des ondes liquides dans toutes les conditions possibles. La fonction si importante des nerfs vasculaires devra s'éclairer beaucoup par les progrès ultérieurs de l'ana- tomie ; mais il existe, dès à présent, dans la science un grand nombre de notions dont l'importance semble par- fois avoir échappé et dont la valeur serait extrême si elles étaient coordonnées et mises en lumière. M. le D' François-Franck s'est chargé de cette tâche laborieuse; dans le mémoire ayant pour titre : Des nerfs vasculaires de la tête, on trouvera exposé clai- rement l'un des points les plus compliqués de l'anatomie humaine et comparée. Poar terminer ce qui est relatif à la circulation, je signalerai les études sur la vitesse et la pression du sang exposées dans le mémoire n*^ IX, avec les lois qui président aux changements de cette pression et de cette VI PKEKAGE. vitesse, suivant qu'il se produit une modification dans l'action du cœur ou dans la circulation vasculaire. Les physiologistes manquaient d'un moyen qui permit de discerner avec certitude la cause de certains change- ments circulatoires.; aussi, l'interprétation des résultats de leurs expériences laissait-elle place à des doutes qui n'existeront plus désormais. Dans la plupart des mémoires "contenus dans ce volume^ ; la physiologie côtoie la physique; souvent même les li- mites artificielles qui séparent ces deux sciences ont dû être franchies. C'est ce qui est arrivé particulièrement au sujet du mécanisme du vol des oiseaux à propos duquel j'ai dû faire quelques expériences sur la résis- tance de l'air. Du reste, les physiologistes se trouvent à chaque ins- tant en présence de semblables nécessités. C'est par la chimie qu'ils éclairent les phénomènes de la digestion et des sécrétions ; c'est par la physique qu'ils ont porté la physiologie des sens à un degré de précision admirable ; c'est la mécanique enfin qui seule permet de comprendre comment s'engendre au sein des tissus la force motrice qu'on voit associée à toutes les manifestations de la vie. Paris, le 30 septembre 1875. MAREY. TABLE DES MEMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. I. Marey. — Du moyen d'utiliser le travail moteur de l'homme et des animaux 1 TI. Marey. — Mémoire sur la pulsation du cœur 19 III. Marey. — Mouvement des ondes liquides, pour servir à la logie théorie du pouls 87 IV. Marey. — La méthode graphique dans les sciences expéri- mentales (I'"' article) 123 V. François-Franck. — Recherches sur l'anatomie et la physio- logie des nerfs vasculaires de la tète (l'^'^ article) 165 YI. Marey. — Expériences sur la résistance de l'air pour servir à la physiologie du vol des oiseaux ....... 215 VII. Marey. — La méthode graphique dans les sciences expéri- mentales (2« article) 255 VIII. François-Francic. — Recherches sur l'anatomie et la phy- siologie des nerfs vasculaires de la tète (2'^ article) 279 IX. Marey. — Pression et vitesse du sang 337 I BUÏ HÏ810LÛGII MPEIllliTilE Travaux du Laboratoire de M. le professeur MAREY. I DU MOYEN D'ÉCONOMISER LE TRAVAIL MOTEUR DE L'HOMME ET DES ANIMAUX Rôle de l'élasticité dans les appareils moteurs des êtres vivants. Un des points les plus intéressants de la physiologie du mouvement chez les animaux, c'est la détermination du rôle de l'élasticité des tissus. Partout où le mouvement existe dans l'organisme vivant, on voit associée à sa production l'élasticité de quelque organe. Ainsi , dans l'appareil circu- latoire ,, on trouve les vaisseaux doués d'une élasticité extrême; dans celui de la respiration, le poumon est très- élastique également ; enfin, la fibre musculaire elle-même, outre sa propriété decontractilité, possède une élasticité très- grande. Montrer que l'élasticité des organes n'a pas seulement pour effet de régulariser les mouvements dont ils sont le siège, mais qu'elle accroît le travail utile qui s'accomplit en eux, telle a été depuis longtemps m;i préoccupation ; et je (•rois avoir prouvé ([iio rlans la circiilntion du sang, aussi bien ({ue dans l'action dos iniisclos volontaires, r(';lasticité joue un l'ôlo indispensable. i.Ai;. ,MAi;i;v. 1 Dans la circulalion, l'élasticité de l'aorte et des artères n'a pas pour effet unique de transformer en écoulement con- tinu le mouvement saccadé et intermittent produit par le cœur. A cette influence depuis longtemps connue, s'en ajoute une autre plus importante encore et sur laquelle l'attention des physiologistes ne s'était pas arrêtée : Vélasticité des artères économise le travail du cœur. On prétendait prouver autrefois que, sous le point de vue dynamique, l'élasticité artérielle ne pouvait être utile, car elle n'augmente pas la production de travail; que si, pendant le repos du cœur, le sang obéit au retrait élastique des artères et continue à se mouvoir, il ne faut voir, dans cet effet, que la restitution d'une force empruntée, car c'est la force du cœur qui a distendu les vaisseaux dont le resserrement agit plus tard. On concluait donc qu'au point de vue de la quantité du travail produit, l'élasticité artérielle est indifférente. Dans ce raisonnement, on oubliait que tout problème dyna- mique présente un double point de vue : celui du travail moteur dépensé et celui du travail résistant qui lui est égal. Or, ce dernier se décompose en travail utile et en travail inutile ou même nuisible. S'il s'agit du mouvement d'un liquide, on pourra accroître le débit de l'appareil hydraulique (c'est-à-dire le travail utile), non-seulement en accroissant le travail moteur, mais en supprimant certaines résistances nui- sibles. Ce dernier rôle est précisément celui de l'élasticité artérielle. Après avoir montré que dans la circulation du sang l'élas- ticité des artères diminue certaines résistances qui tiennent à l'inertie du liquide, et pour employer une expression usuelle, à ses frottements dans les vaisseaux, j'ai vérifié la théorie par l'expérience en faisant voir que, sous l'influence d'afflux in- termittents, un tube élastique verse plus de liquide qu'un tube inerte. Enfin, puisant dans l'anatomie pathologique une vérification nouvelle, j'ai donné la raison de l'hypertrophie du cœur qui accompagne la perte d'élasticité des artères chez les vieillards. En effet, l'hypertrophie, se produisant toujours dans un muscle qui éprouve une résistance exagérée, devait arriver ECONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR. quand l'élasticité artérielle est perdue, s'il est vrai que l'élasticité diminue certaines résistances (1). Ces vues ont trouvé une application plus générale lorsqu'à propos des actes musculaires je constatai que, dans tout muscle, le mouvement s'engendre d'une manière saccadée. Que si nous pouvons effectuer un effort dans lequel nos muscles soient dans un état de raccourcissement permanent, ce n'est là qu'un effet de l'élasticité du muscle qui fusionne et emmagasine une série de secousses successives, de même que l'élasticité artérielle fusionne les afflux saccadés du cœur en une tension presque uniforme des petits vaisseaux. De cette analogie entre les phénomènes de la circulation et ceux de l'action musculaire, au point de vue de la transforma- tion du mouvement, il n'y avait pas loin à conclure qu'au point de vue de l'utilisation du travail, l'élasticité musculaire présente la même utilité que celle des vaisseaux. Sans elle^ en effet, il se produirait dans les muscles, à chacune des secousses qui tendent à les raccourcir, des chocs destructeurs du travail et des organes eux-mêmes (2). Enfin, en étudiant les phénomènes de la locomotion chez les différentes espèces animales, en constatant les saccades plus ou moins prononcées du mouvement de progression propre à chacune d'elles, je fus amené à conclure que dans la traction des fardeaux, les moteurs animés doivent éprouver de véri- tables chocs , s'ils appliquent leurs efforts saccadés à des masses considérables ; qu'une partie de leur travail moteur doit ainsi se dépenser en pure perte, et qu'il y aurait avantage à apphquer leurs efforts de traction au moyen de traits élas- tiques. Des expériences faites pendant les années 1872-73 et dont les résultats ont été exposés dans mes leçons au Collège de France (3) ont montré que le travail moteur néces- saire pour traîner une voiture est moindre quand on emploie à cet usage un trait élastique. Pour la vérification de ces faits, j'ai dû construire un dyna- momètre enregistreur spécial dont la description n'a pas (1) Physiologie médicale de la circulation du sang, p. 127. — Taris, I8G0. (2) Du Mouvement dans les fondions de la vie, p. 405. — Paris (Gormcr- Uaillière), 1868. (.'') Voy. La Machine animale, p. 120. — Paris (Germ('r-Baillii'rc\ 187'î. encore été publiée. Cet instrument a été présenté au congrès de. l'Association française pour l'avancement des sciences, session de Lille, séance du 27.aoiàt 1874. Dans cette même séance a été lu le mémoire suivant : Du moyen d'économiser le travail moteur de l'homme et des animaux. De récentes expériences sur la locomotion animale, dont le résultat a été publié ailleurs (1) avec les développements qu'elles comportent, m'ont fait voir que, chez tous les animaux, la locomotion s'effectue par mouvements saccadés. Cette irrégularité dans le mouvement de progression n'est pas également accusée à toutes les allures. La marche lente présente le maximum d'inégalité, la course, le minimum. En analysant avec soin le phénomène, on constate que le corps reçoit une impulsion nouvelle à chaque demi-pas, au moment où l'un des pieds termine son appui. Un ralentisse- ment se produit, au contraire^ chaque fois qu'un des pieds arrive au contact du sol. Lorsqu'un homme ou un animal attelé à une voiture la traîne sur un chemin, ses efforts tendront à imprimer au véhi- cule une vitesse irrégulière ; d'autre part, les résistances éprouvées dans le tirage présenteront aussi des irrégularités ; mais, chose remarquable, ces irrégularités seront d'autant plus grandes que l'allure sera plus rapide. Ainsi, l'homme qui court en liberté progresse d'un mouve- ment presque uniforme; mais s'il doit courir en traînant un fardeau, il éprouve, même sur un terrain uni, des résistances très-irrégulières qui impriment à son corps des secousses pénibles. Cela vient de ce que les efforts musculaires qu'on déve- loppe dans la course ont une intensité et une durée propor- tionnées à la masse du corps qu'ils sont destinés à trans- porter ; mais ils sont beaucoup trop brefs pour se transmettre, à la fois, au corps du coureur et à la masse additionnelle que celui-ci doit déplacer. (1) Voir la Mnchiiie nnimsle, p. 1:27, et Comptos rendus de F Arndvmic des sciences, t. LXXIX, p. i25. KCONOMIE DU TRAVAIL MÛTKUR. O Examinons un homme qui tire une voiture à bras, au moyen d'une de ces bricoles de cuir en usage à Pans. Si le terrain est plat, ou légèrement montant, on voit que la cour- roie est alternativement relâchée et tendue; que, si le mar- cheur presse le pas, les tensions de la courroie se font plus brusquement; enfin que, s'il essaie de courir, la tension de la courroie produit un coup sec, un véritable choc. Pour mieux juger de ce qui se passe, il faut s'atteler soi- même à cette voiture. En marchant sur un terrain uni on sent assez faiblement l'effet des secousses; mais si on presse l'al- lure, on éprouve, à chaque tension delà courroie, une commo- tion assez forte qui produit contre les épaules une percussion insupportable à la longue ; aussi est-il presque impossible de courir pendant quelque temps en traînant une voiture ainsi attelée. Sur un pavé inégal, la marche lente suffit pour pro- duire un effet analogue. Lorsqu'on observe une voiture attelée d'un cheval qui trotte, on constate les mêmes tensions brusques des traits, ce qui prouve que l'animal subit également des commotions in- termittentes. L'existence de ces chocs étant constatée, nous avons cher- ché à les amortir en transformant cette traction intermittente en une traction plus uniforme. La mécanique résout à chaque instant des problèmes de ce genre, au moyen d'intermédiaires élastiques placés entre la force motrice intermittente et les résistances à vaincre. C'est ainsi que dans la pompe à incen- dies la saccade du coup de piston disparaît, transformée, par un réservoir à air, en une pression constante qui donne au jet de l'eau une vitesse uniforme. Sur les chemins de fer, les wa- gons sont reliés entre eux au moyens de pièces élastiques qui suppriment, en partie, la brutalité des secousses au moment de la mise en marche. Je plaçai donc un ressort élastique entre la bricole et la voi- ture, et m'y attelant pour la traîner, je constatai la disparition presque complète des chocs qui se produisent dans la marche sur un pavé inégal, et dans la course, sur les terrains unis eux-mêmes. Non content de mon appréciation, je soumis à cette épreuve différentes personnes qui toutes furent frappées du même résultat. Ces expériences prouvent déjà qu'avec cette modification dans l'attelage, on arrive à soulager beaucoup l'homme ou l'animal qui traîne un fardeau. Plaçons-nous maintenant à un autre point de vue, et voyons si l'emploi de ce ressort élastique accroît en effet le rende- ment du travail des moteurs animés. Deux points distincts sont à considérer. 1° La production du travail par l'appareil musculaire ; 2° L'utilisation du travail produit. De la destruction du travail musculaire par les clioes. Il n'y a plus lieu de reproduire ici la description des phé- nomènes intimes qui se passent à l'intérieur d'un muscle en action, mais il faut rappeler que ce muscle effectue, dans un effort statique, les mêmes actes intérieurs que dans le tra- vail dtjnamique. Dans les deux cas, des ondes musculaires se forment; mais tandis que dans le travail dynamique ces ondes produisent un raccourcissement réel du muscle, elles ne font que l'échauffer pendant l'effort statique et mettre ce muscle dans un état de tension sans effet utile. C'est ainsi que nous pouvons commander à nos muscles un effort de traction de 100 kilogr., et dépenser inutilement cet effort, si l'obstacle à surmonter représente 110 kilogr. J'ai dit ailleurs (1) com- ment la vitesse qu'on imprime à une masse exige un effort pro- portionnel au carré de cette vitesse même. Telle force qui serait capable de soulever un certain poids, à une certaine hauteur, dans un temps donné, sera incapable d'effectuer ce travail entier dans un temps moins long. Or, l'interposition d'une transmission élastique entre le moteur et la masse à mouvoir a précisément pour effet d'accroître la durée d'applica- tion de la force motrice, et de rendre ainsi utiUsable un effort qui, brusquement produit, ne se fût pas transformé en travail. Lorsque notre volonté commande à nos muscles un acte des- (1) Du mouvement dans les fonctions delà vie, p. 457. ECONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR. tiné à imprimer au corps une certaine vitesse, l'énergie de l'effort est réglée sur les résistances actuelles ; s'il se produit un accroissement subit de ces résistances, ce changement met l'effort musculaire hors de proportion avec le nouveau travail qu'il doit effectuer, et le place dans les conditions d'utilisa- tion incomplète dont nous venons de parler. La nature a recours précisément à l'élasticité pour utiliser, à l'intérieur des muscles, les forces motrices qui s'y engendrent ])resque instantanément par des espèces d'explosions dont la durée est à peine de 3 à 4 centièmes de seconde. Placer une élasticité entre nos efforts musculaires et les masses qu'ils doivent mouvoir, c'est imiter le procédé de la nature pour la meilleure utilisation de l'action essentielle- ment intermittente des muscles. De la meilleure utilisatloa du travail extérieur des moteurs intermittents. Des considérations du même ordre que celles que nous venons d'exposer portent à croire que le travail extérieur fourni par des moteurs intermittents se trouve dans de mau- vaises conditions pour être entièrement utilisé. Ici la démons- tration n'emprunte plus rien à la physiologie ; elle est du ressort de la mécanique pure. Chaque fois que notre corps animé de vitesse vient se heur- ter par l'intermédiaire de la courroie rigide contre la résis- tance de la voiture, une force vive empruntée à notre propre masse tend à se communiquer à la masse à déplacer. Or, il est facile de démontrer, par une expérience très-simple, que la totalité du travail qui correspond à cette force vive ne sera pas employée au déplacement du véhicule. La figure 1 va nous montrer comment une force vive s'éteint dans un choc, tandis qu'elle se transforme en travail lorsque le choc est supprimé. Sur un support solidement établi est adapté une sorte de fléaude balance dont l'un des bras porto une sphère du poids de 100 grammes, tandis qu'au bout do l'autre bras une petite sphère pesant 10 grammes est suspendue })ar un til solide d'un mètre de longueur. Pour que le fléau de balance se trouve horizonlalj malgré la charge inégale de ses deux bras, on a établi sur son axe un encliquelage qui permet les mouve- ments d'ascension de la sphère, mais qui en empêche la des- cente. Une aiguille indicatrice parcourant un quart de cercle sert à mesurer exactement les déviations du tléau. Fig. 1.— Appareil destiné à montrer qu'une force vive, directement appliquée au dépla- ; cément d'une masse, s'éteint dans un choc, tandis que la même force, transmise par un intermédiaire élastique, peut effectuer du travail. (Figure empruntée à l'ouvrage intitulé: Du Mouvement dans les fonctions de la vie, 1868). Pour imiter les forces vives intermittentes qui, dans la trac- tion des voitures, tendent les traits d'une manière plus ou moins brusque, je laisse tomber, d'une certaine hauteur, la petite sphère qui est suspendue à l'un des bras du fléau, et j'utilise la force vive développée au moment de la tension du fil, à soulever la sphère pesante suspendue à l'autre bras. Si l'on prend pour la suspension de la sphère pesante un fd aussi peu extensible que possible, de façon qu'il n'y ait au- cune élasticité intermédiaire entre le corps qui perdra sa ECONOMIE UU TRAVAIL JIOTEUH. vitesse et le corps qui devrait être déplacé, on s'aperçoit, au moment où la balle s'arrête, qu'un choc sonore se produit, que tout l'appareil s'ébranle et vibre, mais que la sphère ne s'élève point. Suspendons, au contraire, la sphère àl'extrémilé d'un res- sort élastique ou d'un fil de caoutchouc et renouvelons l'expé- rience. Au moment où la balle, arrivée à la fin de sa course, produit la tension du fil, on voit le fléau s'incliner brusque- ment et faire un angle plus ou moins ouvert avec sa direction primitive. Ce déplacement s'effectue grâce à l'élasticité du ressort qui suspend la sphère pesante ; celle-ci ne subit aucun déplacement dans le premier instant, mais sous la traction du ressort qui vient d'être distendu, on la voit se soulever peu à peu. Il y a donc un travail effectué dans le cas où l'on ap- plique, par l'intermédiaire d'un ressort élastique, une force vive qui, directement appliquée tout à l'heure, se détruisait dans un choc. Cette expérience nous amène à conclure que le ressort élas- tique, placé entre une voiture et le trait qui lui transmet la force du moteur, doit produire une meilleure utilisation des forces intermittentes appliquées à la déplacer. Le dynamomètre enregistreur, qui fournit en pareil cas la mesure du travail dépensé, doit prouver l'exactitude de ces prévisions. Il doit montrer qu'avec un intermédiaire élastique on obtient une meilleure utilisation du travail moteur, soit qu'une même dépense de force produise plus d'effet utile, soit que le même effet utile s'obtienne avec une moindre dépense de force. ■.; Le travail utile sera le même dans deux expériences com- paratives, lorsque la voiture aura parcouru le même espace, dans le même temps, sur la même route. Le travail moteur sera le même lorsque, sur les tracés du dynamomètre, les aires comprises entre les courbes enregistrées et l'axe de leurs abcisses seront égales. J'ai commencé par appliquer le dynamomètre enregistreur du général Morin à une voiture que je faisais ti'aîner tantôt avec une courroie rigide, tantôt par l'intermédiaire d'un res- sort élastique. D'autre part, un compteur des tours de roues devait permettre de s'assurer que dans l'un et l'autre cas la 10 M ARE Y. traction se faisait avec la même vitesse. Mais je m'aperçus que l'instrument, formé d'un ressort d'acier dont la flexion est proportionnelle aux efforts exercés, faisait bénéficier la voi- ture qui en était munie des effets de l'intermédiaire élastique, et que je ne pourrais, avec cet appareil, faire les expériences comparatives que je me proposais. Je construisis un autre dynamomètre dont la course, très-petite, ne laissait agir l'élas- ticité que d'une manière négligeable, puis j'ajoutai à cet ap- pareil des organes amplificateurs du mouvement, afin que les indications fussent d'une lecture facile ; je recourus ensuite à la photographie pour obtenir des épreuves de dimensions plus grandes encore. Enfin, je mesurai les surfaces des tra- cés obtenus comparativement avec les deux modes de trac- tion, et constatai que pour des chemins égaux parcourus en des temps égaux, c'est-à-dire pour un même travail utile effectué, la traction élastique consomme moins de travail moteur. Voici du reste la description des appareils que j'ai employés, et les tracés qu'ils m'ont fournis. Dynamograplie ou dynamomètre inscripteur. — L'ap- pareil du général Morin, d'un emploi si avantageux toutes les fois qu'il s'agit de déterminer les variations du travail résistant quand le travail moteur reste le même, ne saurait s'appliquer à résoudre le problème inverse que je me pro- posais. Il fallait, dans la construction d'un nouvel appareil, sup- primer autant que possible l'action de l'élasticité qui trans- forme un choc brusque en un effort plus prolongé ; en même temps, je devais conserver au dynamomètre une sensibilité suffisante pour produire, dans la courbe tracée, un déplace- ment appréciable et proportionnel aux efforts déployés, La figure 2 représente la modification que j'ai adoptée. Une forte monture de fer est munie de deux anneaux, dont l'un A se fixe à la voiture et l'autre B à la courroie qui sert pour la traction. Ce dernier prolonge la tige d'un piston maintenu en équilibre entre deux ressorts-boudins, dont l'un plus résistant, supporte tout l'effort de la traction. De fautre côté du piston, la tige se continue jusqu'à une membrane de caoutchouc qui ferme une caisse métallique. Toute traction sur la tige du dynamomètre attire la mem- brane élastique et raréfie l'air de la caisse. Des alternatives ÉCONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR. H de raréfaction et de compression de l'air contenu dans cette caisse se produisent suivant que la force de traction augmente ou diminue ; cela donne naissance à une soufflerie qui se transmet à travers un tube de caoutchouc, jusqu'à un appa- reil chargé de l'inscrire sur un cylindre tournant. Fig. 2. — Dynamographe ou dynamomètre inscripteur transmettant à distance les indications des efforts de traction. Dans le tracé qu'on obtient ainsi, la courbe s'élève d'autant plus haut que l'effort de traction développé est plus éner- gique. On gradue l'instrument en le soumettant à des trac- tions connues et l'on construit l'échelle qui sert à en évaluer les indications. Sur cette échelle, les hauteurs sont très-sensible- ment proportionnelles aux poids employés à produire la trac- tion, quand l'effort varie entre 1 et 36 kilogrammes. Expériences sur la traction d'une voiture à bras. — Pour apprécier les avantages de l'emploi d'un trait élastique au lieu d'une courroie rigide, il faut faire deux expériences compa- ratives, en mesurant à la fois le travail moteur dépensé et le travail utile produit. Or, on peut dire que le travail utile a été le même dans deux cas, où une voiture a parcouru, sur la même route, des espaces égaux avec des vitesses égales. Si Ton démontre que dans l'un des cas, le dynamomètre traceur accuse moins de travail dépensé que dans l'autre, ou aura prouvé que l'un des modes d'attelage est préférable à l'autre. Les figures 3 et 4 sont les tracés fournis par deux ex- périences comparatives. La vitesse était la mémo dans les deux cas ; on s'en assure au moyen d'un appareil assez simple qui trace un signal à chacun des tours de roue ; le 12 MAIÎEY. nombre de ces signaux est le même sur une longueur donnée; la vitesse est donc égale de part et d'autre. Quant au travail moteur dépensé, sa mesure correspond, pour chacun des tracés, à la surface comprise entre la courbe et l'axe des abscisses. Cette surface est d'environ 26 0/0 moins grande Fig. 3. — Tracé du dynamographe pour une voilure tirée avec un intermédiaire élastique (Surface au planimètre de Amsler, 33). dans la figure 3 que dans la figure 4. 11 y a donc eu pour ce cas 26 0/0 de travail économisé (1). 11 s'agissait, il est vrai, d'une allure assez rapide ; la voiture était traînée, au pas gymnas- tique, sur un terrain parfaitement uni (route asphaltée à Fig. Tracés du dynamographe pour une voiture à bras traînée avec un trait rigide (Surface au planimètre de Amsler, 72). l'extrémité du jardin du Luxembourg). La différence eût été moindre avec une allure moins vive. Mais, d'autre part, sur (1) Cette évaluation a été obtenue en grandissant les tracés ci-dessus par la projection de leurs cUchés photographiques; en traçant les contours ainsi am- plifiés 20 fois et en les découpant suivant toutes leurs sinuosités; enfin en pe- sant suivant la méthode de Galilée, les papiers ainsi découpés. Le rapport des poids est sensiblement celui des aires et sert à mesurer les rapports du travail dépensé. — Les mêmes tracés mesurés au planimètre de Amsler donnent une différence un peu moindre qui réduirait l'économie de travail à 24 0/0. ÉCONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR. 13 un mauvais pavé, on trouve un écart plus grand encore entre les résultats fournis par les deux modes de traction. En somme, sur un nombre considérable d'expériences, j'ai toujours constaté l'avantage de la traction élastique au point de vue du rendement. Les mêmes résultats furent obtenus pour des voitures traînées par des chevaux. Si l'on joint à cet avantage celui qui consiste dans l'amortissement des chocs douloureux qu'une courroie rigide transmet aux épaules de l'homme ou de l'animal qui traîne un fardeau, on verra que le mode de traction au moyen d'un intermédiaire élastique est extrêmement avantageux. Quant à l'instrument que l'on doii employer pour cela, il peut être fort simple et peu coûteux, soit qu'on le construise avec des ressorts-boudins de forces calculées (1), soit qu'on emploie des lanières de caoutchouc. L'économie du travail et la diminution de la fatigue qu'on obtient à l'aide de ce moyen de traction me semble constituer une importante appli- cation de la physiologie à l'amélioration du sort de l'homme et des animaux. En exécutant les expériences qui viennent d'être rappor- tées, j'avais suivi, comme on a pu le voir, l'enchaînement naturel d'une série de recherches dont le point de départ était essentiellement physiologique. M'étais-je rencontré avec d'au- tres expérimentateurs? C'est ce que j'ai voulu rechercher. Or, j'ai pu me convaincre que maintes fois, et à différentes époques, l'emploi de ressorts élastiques pour la traction a été conseillé et employé, soit pour le lialage des bateaux sur les canaux, soit pour leur remorquage dans les ports ; ailleurs, sur les voies ferrées et sur les routes. Il est même d'usage, dans certaines localités, d'attacher les traits à un ressort pareil à ceux qui servent à la suspension des voitures. Mais, en (Ij La dispusiliou qui rn'a semblé la plus avantageuse consiste en une série de ressorts-boudins de forces croissantes introduits dans un tube de cuivre où un piston les comprime comme dans le dynamographe (fig. 2). Suivant l'cl'- fort dépensé on applique ainsi des forces élastiques variables. Supposons, pnr exemple, que le ressort le plus faible agisse entre 5 et 10 kilogr. de traction; pour des efforts plus grands, ce premier ressort sera entièrement revenu sur lui-même, cl le deuxième entrera en action jusqu'à 15 kilogi'. : de l.'j à iiO, eu sera un troisième ressort (|iii rniicliomicra, cl ainvi JusipTau dcrnic;!'. 14 MAREY. recherchant dans quel but l'emploi des ressorts élastiques pour la traction avait été conseillé, je n'ai reconnu que l'inten- tion d'amortir les chocs, afin d'empêcher leur réaction pénible pour les animaux ou leur effet destructeur du matériel. Nulle part, je n'avais trouvé mention d'expériences prouvant que l'utihsation du travail fût meilleure et son rendement plus grand avec les traits élastiques. Mais, dans ces derniers temps, on m'a donné connaissance d'un mémoire publié par M. Ferhmann, ingénieur à Berlin, qui s'est placé au point de vue du rendement favorable que procure la traction au moyen d'intermédiaires élastiques. Voici la traduction de ce travail, que je dois à l'obligeance de M. André Sanson. Station d'épreuve de Halle, pour les machines et les outils agricoles. Fehrmann's Pferdeschoner de Fehrmann et Sghwanck, de Berlin. Cet appareil, inventé depuis quelques mois pai^ l'ingénieur Fehr- mann, de Postdam, consiste en un certain nombre d'anneaux de caout- chouc, séparés par des disques de tôle, qui sont placés dans une boîte cylindrique en fer et pressés les uns contre les autres par une tige passant à travers les anneaux et fixée au dernier disque dès qu'on fixe la boîte et qu'on en tire la tige. La boîte est pourvue d'un anneau et la tige d'un crochet, de telle sorte qu'on peut attacher facilement partout l'appareil, qui a environ 30 centimètres de long. L'inventeur place cet appareil, comme ménager du cheval, entre les traits et le palonnier, de sorte qu'on emploie pour chaque cheval deux ménagers. Cette union élastique entre le cheval et le palonnier ne doit pas seu- lement, d'après les vues de l'inventeur, faciliter essentiellement le ti- rage de la voiture, mais encore rompre les chocs dans la marche sur les voies rabotteuses, et diminuer par là peut-être aussi la force de traction. Le démarrage des voitures chargées exige une force beaucoup plus grande que le tirage quand la voiture est déjà en marche. Cette force de traction devient d'autant plus grande que la voiture passe plus rapide- ment du repos à la vitesse de marche, et d'après les mesures obtenues, elle s'élève facilement jusqu'à deux et trois fois celle qui est plus tard nécessaire. Avec de lourdes charges, les chevaux qui veulent presque tou- jours tirer très-rapidement ne peuvent pas déployer la grande force nécessaire, et pour ce motif ils cherchent à agir par secousses sur la voiture en se jetant dans le harnais, mais avec cela, comme dans tous les chocs, ils consomment en pure perte une grande partie du travail total, el ils se ruinent ainsi que le harnais et la voiture. S'il était pos- ÉCONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR. 15 sible que les chevaux tirassent aussi lentement, avec autant de calme et de régularité que les bœufs, ils pourraient ainsi mettre en mouve- ment, par pure pression, maintes charges qu'ils cherchent à vaincre seulement par secousses. Le « Pferdeschoner » fournit, pour cela un moyen, parce que, avant le tirage qui doit entraîner la charge, il exige pour la compression une force d'abord tout à fait minime, puis aug- mentant progressivement, qui oblige le cheval à modérer peu à peu son impétuosité, de telle sorte que dans le tirage la charge exerce déjà une très-grande pression avec une faible vitesse, et il peut alors tirer plus facilement qu'avec sa grande impétuosité ordinaire. La principale action de l'appareil sur le cheval est toutefois morale dans la traction, parce que, au premier moment, celui-ci ressent un mouvement qui lui donne conscience qu'il est capable de suffire à sa charge et l'entraîne à employer ses forces les plus extrêmes avec calme, là où il aurait cherché, en l'absence de l'appareil, à vaincre les résis- tances seulement par des à-coups. Dans la marche même, la force de traction est très-variable sur toutes les voies, parce qu'elle consiste en élévations et abaissements, qui se traduisent dans le tirage comme de petites montées et descentes, qui, par conséquent retardent le mouvement de la voiture dans un instant et l'accélèrent aussitôt après. Ces variations rapides de la force de traction se succédant ainsi exercent sur le cheval, dans le cas d'attelage non élastique, des secousses continuelles qui, non-seulement s'ajoutent aux pertes de travail, mais encore fatiguent plus le cheval que quand il exerce la même traction avec une vitesse régulière. Par ce fait que le Pferdeschoner rompt les secousses, cessent avec lui ces pertes de travail accumulées; en outre, la force de traction moyenne devient plus faible qu'avec le mode d'attelage ordinaire. Les avantages du Pferdeschoner semblent être les suivants : 1) Tirage plus facile de la voiture; 2) Chocs faibles dans la marche, et par là moindre fatigue du cheval; 3) Force de traction moindre. La tâche de la station d'épreuve des machines est de montrer, par des recherches directes, l'existence de ces avantages et autant que pos- sible d'évaluer en chiffi'cs l'étendue de l'épargne, afin qu'on puisse, d'a- près les résultats numériques, juger si l'emploi du Pferdeschoner est à recommander. En vue de ce but il a été fait onze expériences, qui devaient mon- trer l'intluence des diverses qualités de sols sur l'appareil. Dans cha- que expérience a été d'abord déterminé le tirage d'une voiture attelée d'un seul cheval, avec un dynamomètre enregistreur; puis, entre le dy- namomètre et la voiture, on a introduit un Pferdeschoner ; on a suivi au retour exactement la môme voie et on a mesuré de nouveau le tirage. Le dynamomètre enregistreur indiquait le tirage et ses variations pour chaque point de la voie, de telle sorte qu'on pouvait obtenir de ses indications toutes les valeurs désirées et les comparer comme elles se présentent dans le tableau suivant. 16 o -^ s a 3 tti ■* c^ r- s» 00 ■=< c; 'J5 '..o 3i o so o •* M o — o 9» »- m r^ -*o:£C;t-t~ o (M ;n io " - S o S. 3cr~œc5cOi-: — coo^tMO'iaii.'îoocoaoœcot-i-!:^ o •^Sl-^-!-r-^~ — ^■^.^«^^•^-•«-(«^«■^.^■«•r" » _ _^ _« « 00 00 3 Œ> S " -^ S l-S a S ■*- « Ti ^_ c« u OJ o u o. 3 ^ < s H o 'S 5J '-3 — ©( — § 1 T- CO T- g; 5 M M 3 _^ ■^ ,^ 3 3 3 ai -<ù 3 -tu 3 -O) -ij -ai A A C t- C si 03 ri C C C^ a. o 0, a,. P. b O O "^ O O O 6 1 I •aouougdxaj gp so>i3niaNi ÉCONOMIE nu TRAVAIL MOTEUR. il Sur ce tableau on doit remarquer encore que les expériences du 1^2 et du 18 mai ont été faites avec une grande voiture ordinaire, dans la cour pavée de la sucrerie, mais les expériences du 23 et du 29 mai, avec une voiture sans ressorts, plus légère, à un seul cheval, en par- tie sur une route pavée montante, en partie sur une place à exercice. 11 a été employé d'abord un appareil plus faible (bleu) et puis un plus fort (noir). Dans les résultats de chaque expérience sont toujours présentées dans la première rangée les valeurs pour la marche avec appareil, et dans la seconde celles pour la marche sans appareil. Les expériences n"' 1 à T ont été faites au pas; celles du n°8 au n"ll, au trot. Si l'on extrait du tableau les valeurs moyennes pourle trot et le pas, qui seulement peuvent être significatives à cause des nombreuses cir constances ayant de l'influence sur les expériences, on a ainsi pour la traction avec l'appareil : Au pas Au trot. Ti action pour le liiat'v' Traftian majeane VaiialioD^ en cenliémej en cenliè.iii'i PU oentL'iiics lies de la (te la Iraft-uD raajean>- variations Iraflioii sans appjveil. sans appaiell. sans appareil. 83 82 cr. 89 80 78 D'après ces expériences, les chevaux tirent par conséquent avec l'ap- pareil de 11 à n 0/0 plus facilement; leur traction moyenne est de 18 à 20 0/0 plus faible et les à-coups s'amoindrissent de 22 à 33 0/0, de sorte que les chevaux sont de tons les côtés essentiellement épargnés: il est encore à remarquer que toutes les expériences ont été faites en montatit, sur le pavé, par conséquent qu'elles sont moins en faveur de l'appareil que des expériences en plaine. Sur la durée de l'appareil, il n'est, quant <à présent, pas encore pos- sible de porter un jugement. Les anneaux de caoutchouc doivent être l'cmplacés. Leur durée est vraisemblablement de plus de deux ans, parce que la fabrique garantit ses appareils pour ce temps. Pour les voitures à fortes charges, les appareils coûtent 10 marcs la pièce, par conséquent, pour une paire de chevaux, 40 marcs. Le Pferdeschoner est encore dans sa période de développement; il faut admettre, par conséquent, qu'il donnera encore des résultats meilleurs et qu'il méritera de plus en plus son nom. Dès à présent, il est à recommander sans restriction, parce qu'a- vec lui les chevaux peuvent non-seulement tirer et marcher plus faci- lement, mais encore aussi être garantis contre les secousses sur les voies inégales et tirer, dans le cas de nécessité, des charges plus lourdes. .Icr,. Klm.v, [)rcsideiit, C. Freytag, Hoi.tk, A. (i.nkist, Wl'st. l'.Nli'.iil ilii l''riiliii'j's Lnii'lw. /ciliiiicj. — Oclolin' iST'i. i.Aii. \lAliI;^. d8 MAREY. Les conclusions de ce mémoire sont, comme on le voit, identiques à celles que j'ai tirées de mes expériences. Les chiffres qui y sont donnés s'accordent avec les miens. Ils pré- sentent parfois des écarts assez grands dans des expériences où les conditions étaient les mêmes, mais, en l'absence de renseignements sur la nature des appareils employés pour l'estimation des vitesses et pour celle du travail effectué, on ne saurait discuter la précision de ces résultats. De nouvelles recherches sont encore nécessaires, pour déter- miner les conditions dans lesquelles la traction élastique don- nera le maximum de ses avantages. Mais, dès à présent, l'avantage de la traction élastique semble démontré. Bien que les questions de priorité me paraissent être, sur ce sujet, d'une importance secondaire, j'ai tenu à signaler, en même temps que les résultats publiés par M. Ferhmann, ceux que j'ai obtenus moi-même, avec la date de publication de chacun d'eux, afin de bien établir que dans la conduite de mes recherches, je n'ai pu être influencé par le travail de l'ingénieur allemand. IL MÉMOIRE SUR LA PULSATION DU CŒUR. De la pulsation du cœur. Valeur clinique de la pulsation du cœur. — Fausses idées sur la nature de ce phénomène. — Tracés graphiques de la pulsation du cœur; multiplicité des détails qu'ils renferment. — Importance de leur interprétation fidèle. — Car- diographie physiologique sur- les grands animaux; analyse des tracés; chan- gements de volume et changements de consistance des ventricules. — Un tracé de la pulsation du cœur renseigne sur la manière dont cet organe fonctionne. Jusqu'ici les médecins n'ont étudié la pulsation du cœur que d'une manière superficielle et n'ont pas tiré de ce signe extérieur de la fonction cardiaque tous les renseignements qu'il peut fournir. La raison du peu de parti qu'on a tiré de cet important phénomène est d'abord, et surtout, l'incertitude qui a régné pendant longtemps sur la cause qui lui donne naissance et sur le moment de la révolution cardiaque auquel il correspond. Beaucoup d'auteurs, il est vrai, professaient que le choc du cœur se produit au moment de la systole ven- triculaire, mais quelques autres le plaçaient au moment de la diastole. Les expériences de cardiographie physiologique semblent avoir contribué à faire cesser un tel désaccord. Mais le mot de choc du cœur, dont les auteurs se servent encore à peu 20 MAREY. près tous, montre bien que la nature de ce phénomène est mal connue. Un choc, en effet, est un acte très-bref, presque instantané, tandis que la pulsation cardiaque a une durée très-notable. D'ailleurs, il est presque superflu de rappeler, qu'emprisonné dans la cavité du péricarde, le cœur ne peut s'éloigner de la paroi thoracique pour venir la heurter à cha- cune de ses systoles et que, par conséquent, il ne peut y avoir choc à proprement parler. Fis. 5. — Tra('é de la pulsation du cœur chez i'iioniuic à l'ctaL iinrina!. — Les différL-iires do l'orniL's des pulsations tiennent à des influences respiratoires. Si, négligeant le mécanisme de la pulsation cardiaque, on ne s'occupe que de son moment d'apparition, ce phénomène n'a que la valeur cVuii point de rfipèrn pour l'auscultation du cœur. Au médecin qui ausculte, il sert à distinguer le premier bruit du second ; il annonce le début de la systole des ven- tricules, de même que la clôture des valvules sigmoides en Fiaf. 6. — Pulsation du rœui' duu hnmme pendant une alTeclion fébrile, — Les p;i'nndes ondulations du trace sont dues aux influences de la respiration. (Cette ligure est repro- duite par l'héliogravure.) annonce la fin. Quant aux médecins qui ont cru pouvoir mesu- rer l'énergie du cœur à celle delà pulsation cardiaque, ils ont PULSATION DU CŒUR. 21 émis une hypothèse que l'expérimentation physiologique est loin de justifier, ainsi qu'on le verra plus loin. En somme, le rôle de point de repère dans l'auscultation est le seul que la pulsation du cœur joue réellement aujourd'hui en clinique. Toute autre est la valeur que doit prendre ce signe si l'on emploie pour l'étudier les appareils inscripteurs. Fij'. 7. — Pulsation du cœur du chien. — Oa remarque les induences de la respiration su;' le rlivthmé du cœur. La variété des types que fournit le tracé de la pulsation du cœur, la richesse des détails qu'il présente dans certains cas, montrent que, dans la pulsation du cœur, on peut, on doit trouver l'expression de bien des phénomènes qui se passent dans les cavités de cet organe ; peut-être même y lira-t-on tout ce qui se passe dans le cœur : mouvement du liquide sanguin, action des muscles, jeu des valvules, etc. Qu'on examine une série de tracés recueilhs sur des su- jets différents, ou sur un même sujet dans des conditions variées. Quelle diversité ! et que faut-il pour que cette diver- sité même nous apprenne en quoi variait la fonction du cœur lorsqu'elle donnait des tracés si dissemblables ? Connaître à quoi tient chacun des détails de la courbe ainsi recueillie, et savoir comment chacun d'eux se modifie quand la fonction varie dans un sens connu. Le tracé de la pulsation du cœur, plus accidenté que celui du pouls artériel, sera aussi plus riche en enseignements quand on saura le lire et l'interpréter avec certitude. Cette tâche a été grandement facilitée par les expériences faites sur les animaux. Dans des recherches publiées en 1861, avec le professeur Chauveau, nous avons montré que les ven- tricules viennent presser contre la paroi thoracique pendant leur période de systole, et que celte pression dure autant que la systole elle-même. 22 MAREY. Je n'aurai pas à rappeler avec détails la disposition des ap- pareils qui nous fournirent, sous forme de tracés, l'expres- sion des différents actes qui se produisent dans une révolution du cœur. Ces expériences ont été exposées ailleurs (1) d'une manière complète. Rappelons seulement que nous introdui- sions par les veines ou par les artères du con, jusque dans les cavités du cœur, des appareils qui exploraient la pres- sion, à la façon de manomètres très-sensibles ; que chacun de ces explorateurs se rendait à un appareil inscripteur qui accusait par une ascension de la courbe les élévations, et par une descente les diminutions de la pression (2). (1) Physiol. méd. de la circulation du sang. 1863. p. 46 et suiv. — Diction- naire encyclopédique des sciences médicales. Art. Cardiographie. (2) Voici le principe de la transmission des pressions au moyen de tubes à air. Fig. 8. — Transmission des mouvements par un tube à air. Soit (fig. 8) deux ampoules de caoutchouc B et A pleines d'air et reliées entre elles par un long tube de caoutchouc. Si l'on comprime l'ampoule B, une partie de l'air qu'elle renferme est expulsé par le tube et passe dans l'am- poule A qui se gonfle. Si la pression cesse, l'air repasse en B et l'ampoule A se dégonfle. Admettons que l'ampoule B soit introduite dans un ventricule du cœur et que l'ampoule A soit placée sous un levier semblable à celui du sphygmo- Fig. 9. — Sonde cardiaque droite avec les détails de sa structure. graphe, les systoles du ventricule seront signalées par l'élévation, et les dia- stoles par l'abaissement du levier, Pour s'appliquer facilement aux besoins de la cardiographie, les ampoules PULSATIOiN DU CŒUK. 23 Les différentes peintes écrivantes de ces appareils étant exactement placées les unes au-dessus des autres, signalaient, par des ondulations exactement superposées les unes aux autres, tous les changements de pression qui se faisaient en un même instant dans les différentes cavités du cœur. Enfin, l'un des explorateurs de la pression se trouvait logé dans les parois thoraciques exactement en face des ventricules du cœur, de sorte qu'il inscrivait les changements de volume initiales el terminales ont éiémodlCwes dans leur forme. Les ampoules initiales qui doivent explorer la pression dans l'oreillette et dans le ventricule, ont été disposées sur une sonde à double courant qui s'enfonce par la veine jugulaire, et conduit l'une des ampoules dans l'oreillette, et l'autre dans le ventricule. La tig. 9 représente, dans son ensemble et dans ses détails, la sonde exploratrice des cavités droites. L'ampoule V, destinée au ventricule droit, communique par son tube TV avec un levier inscripteur. L'ampoule 0, destinée à l'oreillette, communique par le conduit extérieur avec le tube TO et un autre levier inscripteur. La sonde s'introduit, par la veine jugulaire du cheval, jusque dans les cavités du cœur droit. La longueur qui sépare les ampoules V et 0 est telle, que, lorsque V est dans le ventricule, 0 occupe l'oreillette. Il suffit donc, pour arriver à une bonne position des ampoules, de les enfoncer par la veine jugulaire jus- qu'à ce qu'on éprouve une résistance absolue due au contact de l'ampoule V avec le fond du ventricule droit. Pour explorer la pulsation du cœur, une ampoule pareille à celle des sondes était placée en face du ventricule, dans un espace intercostal. Chaque ampoule terminale, dans le cardiographe, est constituée par une caisse métallique plate T (fig. 10), que ferme supérieurement une membrane élastique. Dans la caisse s'ouvre un tube qui la relie à l'ampoule initiale. Un disque repose sur la membrane et supporte une arête sur laquelle est posé le levier. Chaque fois que l'air est foulé dans la caisse, la membrane se soulève et communique son mouvement au levier 11 dont l'extrémité />, disposée en plume, T Fil?. 10. — Tambour à levier enregistreur. écrit sur le papier. Toutes les pièces de ce petit appareil sont mobiles et peuvent être déplacées à l'aide des écrous ou vis de rappel E, e, v, ce qui per- met de régler à volonté l'amplitude des mouvements du levier, ainsi que la position de la plume. Nous appellerons désormais tambour à levier l'appareil qui vient d'être décrit et dont l'emploi se représentera dans d'autres expé- périences. Enfin les trois leviers inscripleurs, placés les uns au-dessus dos autres. 24 MARK Y, et de consistance des ventricules, tandis que les autres ex- plorateurs traçaient les changements de la pression du sang- dans les différentes cavités libres de l'organe. Le tracé type qui est reproduit dans la fig. 12 nous parut fournir de précieux renseignements sur la nature de la pul- sation du cœur et sur les phénomènes multiples qu'elle tra- duit au dehors. La ligne inférieure P est celle qui correspond à la pulsa- tion cardiaque. Pour en comprendre les détails, il faut se re- porter à ce qui se passe dans chacune des cavités du cœur. La ligne supérieure 0 indique, à chaque instant, l'état de la pression du sang dans l'oreillette; la ligne moyenne Y la pression dans le ventricule. Dans le tracé de la pulsation, nous voyons sur la verti- cale ponctuée qui passe par le point A un petit soulèvement qui montre que le ventricule subit un léger gonflement ou une légère augmentation de consistance. Si l'on suit la ligne comme dans la figure 11, écrivent sur une bande de papier qu'un mouvement d'horlogerie H fait passer nu devant des plumes avec une vitesse régulière. Fig. 11. — Cardiographe physiologique de Chaiivcau et Marey. (La longueur des leviers, dans cette lîgure, a été e.xagérée; elle doit êlra moitié moindre.) PULSATION DU CŒUR. verticale A, on voit que, dans le venlriciile, elle correspond à un phénomène semblable et que, dans l'oreillette, elle corres- pond aussi à un accroissement de pression qui se fait d'une manière brusque et assez énergique. Sur le tracé de l'oreil- lette 0, ce soulèvement correspond au maximum de la pres- sion que le sang éprouve dans cette cavité ; c'est évidemment l'instant où s'effectue la systole auriculaire. '•' J ^ jB i ip 1 ! . ! ! ! 1 1 i ; ; M i ! i i ; • , ! .: i ! i! i ! 1 1 i i 1 ! ! ■ A i ^ ' ■ ' ^/ ; ^!! 1 i Ai i 1 î i 1-. .1 ■ / W 1 ; ; ; %^ \ ' M— BMMWBMMWWjWpiM y . \v~-^ \A J--.— -1 T ; ^SJÊSSSrSBtlSSÊ^KKKÊSSÊÊSmnÊtÊi^ 1' 1 ' 1 i! i ' i ■ i ■ . 1 1 ! : 1 1 . ji i il' ' A . ! 1: : 1 1 ; ■ À/x/x_ j ! /Vv>. i 1 — f-* 'v — ^ ' ' ; 1 ; ;\ 1 ■ i J 1 i \ M ^ ■ 1 ' 'V i ' Mil!- ! ' \ 1 1 ; 1 : i \i i i i ! - i i \l ' ' ' \ ' 1 i ■' 1 ^ \ \ \-\'\ i ^ J ! i 1 V.i _>'''! 1 , ' 1 il ! î y^ i mKKSSSSSSêKÊ i il i 1 1 : ' i " î 1 1 I 1 ' i 1 1 ! i . 1 ! 1 ■ !; 1 i ! 1 ■ i i ^ î i M ^ M i lA „ '' ^ ) M 1: 1 i ■ n 1 i \ : 1111/ X ■ Ti^ P^ i/j 1 X li 1 1 l'jJ-^ "i^ i i \ ' '---'''^i ■' M N -L^ ; i \ U4; 1 '1 ' '1 hn^i i 1 ! 1 \ \ "i ; ' ' ^^' 1 ' ' i- i ! ; • : ; i 1 1 i ' i ! i ! i 1 1 Fil?. 12. Tracé cardiogiapliiqiie recueilli sur le clieval. iEx))eriences de rJiauveau et Marey, 1861.) Le tracé de la pulsation montre ensuite le soulèvement B brusque et énergique ; il correspond manifestement à ce que les auteurs appellent le choc du cœur ; il coïncide avec le dé- but d'un accroissement considérable de la pression dans le ventricule. C'est bien la systole de cette cavité qui commence. La courbe de la pulsation reste élevée, avec des ondulations, légères, tant que dure cette haute pression dans le ventricule; elle retombe soudainement en G lorsque la systole ventricu- laire finit. Quant aux ondulations qui se produisent, au som- met de la période systolique, dans le tracé de la pulsation, nous les avons attribuées à des vibrations de la valvule auri- culo-ventriculaire, dont le déplacement amènerait dans la pression intra-ventriculaire des variations légères qui s'étei- gnent au bout de deux ou trois oscillations. 26 ' MAREY. I Si cette hypothèse est vraie, on doit trouver, du côté de ! l'oreillette, des ondulations semblables du tracé, car les mou- j vements valvulaires changent la capacité de l'oreillette aussi i bien que celle du ventricule. La ligne supérieure 0 montre 1 qu'en effet les oscillations dont il s'agit retentissent sur la ' pression du sang dans l'oreillette. Enfin, la même explication | s'applique à la petite oscillation qui, dans tous les tracés, se \ produit au point G, après la fm de la systole ventriculaire. i Cette oscillation est due au claquement des valvules syg- ' moides ; elle retentit également dans toutes les cavités du cœur. j Jusqu'ici nous n'avons encore, dans le tracé de la pulsation | du cœur, que le signal des systoles de l'oreillette et du ven- tricule, avec la mesure de la durée de chacune d'elles et des intervalles qui séparent les divers éléments d'une révolution 1 cardiaque. Le tracé peut nous fournir des renseignements i plus importants encore : il nous montrera la manière dont le ■ cœur se vide et dont il se remplit. ; Le? explorateurs placés dans les cavités du cœur nous ; fournissent exclusivement la mesure des changements qu'é- ' prouve la pression du sang à l'intérieur de chacune d'elles ; \ ils mesurent l'effort que l'oreillette ou le ventricule exécute '\ pour comprimer le sang qu'ils contiennent et pour l'expul- \ ser par les orifices du cœur. Mais ces changements de près- ; sion ne nous indiquent point si ces efforts ont été efficaces, s'il j est sorti plus ou moins de sang pendant l'acte systolique. L'ex- l plorateur de la pulsation cardiaque est placé dans des condi- tions favorables pour fournir ce dernier renseignement. i En effet, cet appareil consiste en une ampoule élastique | pleine d'air mise en communication, à l'aide d'un tube, avec i l'appareil inscripteur. La compression de cette ampoule, quelle que soit la cause qui la produise, se traduit par le sou- lèvement de la courbe tracée. Or, par la position qu'elle occupe entre la surface extérieure du ventricule et les parois ' thoraciques, l'ampoule exploratrice de la pulsation cardiaque j peut être comprimée par deux sortes d'influences: par les i changements de consistance et par les changements de volume I du cœur. PULSATION DU CCEUR. 27 C'est ici qu'il devient nécessaire d'entrer clans des expli- cations détaillées. Les ventricules changent forcément de consistance sui- vant l'état de relâchement ou de resserrement de leurs pa- rois. La pression augmentée ou diminuée qu'y subit le li- quide sanguin se traduit par des alternatives de dureté ou de mollesse. Qu'on imagine une vessie à demi remplie d'eau ; elle sera flasque et dépressible. Qu'on la place, au contraire, dans un nouet de linge bien serré, elle deviendra globuleuse et dure, résistant à toute pression qui tendrait à la déformer. Bien plus, si avant de serrer le nouet on exerçait sur cette vessie une pression avec le doigt, celui-ci s'enfoncerait aisé- ment en déprimant les parois ; mais au moment où le nouet est serré, on peut voir le doigt repoussé et la fossette qu'il formait s'effacer avec brusquerie. De pareils changements se produisent dans la consistance des ventricules du cœur. Ces organes, en contact avec les parois thoraciques, se moulent contre elles pendant qu'ils sont relâchés. Ils présentent alors à leur surface une sorte de facette aplatie ; mais quand, par leur systole, ils durcissent et deviennent globuleux, ils pres- sent énergiquement contre le point du thorax qui est en con- tact avec leur surface. L'ampoule exploratrice interposée au cœur et à la paroi subit donc, de ce chef, des pressions al- ternativement fortes et faibles. Mais il est une autre influence qui se fait sentir également sur les parois thoraciques et sur l'explorateur de la pulsation : c'est l'influence des changements de volume des ventricules qui, tour à tour, se vident ou se remplissent. La systole des muscles ventriculaires, en admettant que les orifices du cœur fussent fermés et que le sang n'en pût sortir, se traduirait encore à l'extérieur par des changements de dureté de l'organe, comme elle se traduirait au dedans par des chan- gements de la pression du sang ; mais le volume des ventri- cules resterait invariable. Dans les conditions physiologiques, au contraire, le cœur, en même temps qu'il se durcit, se vide d'une partie de son contenu et diminue de volume ; inverse- ment, tandis qu'il se ramollit par le relâchement de i-ies pa- rois, il grossit par l'abord du sang qui coule de l'oreillette, même avant la systole do cette cavité. A égale consistance, la 28 MAUEY. masse ventriculaire presse plus ou moins conlre les organes voisins, suivant qu'elle s'emplit ou se vide. Or, ces change- ments de la pression que subira l'ampoule exploratrice mise au contact du cœur sont l'inverse de ceux qu'elle éprouve par suite des changements de consistance de cet organe. La courbe P, figure 12, traduit ces deux ordres d'influen- Fig. d3. — Tracés de la pulsation du rœur de l'iiomme recueillis, à l'aide du sphygmo- graphe, à divers instants de la journée. — Ligne l, au lit, à peine éveillé. — Ligne 2 id. plus éveillé. — Ligne 3, debout en descendant du lit. — Ligne 4 /(/., quelques instants après. — Ligne 5, après une douche froide. ces ; c'est pourquoi, dans le soulèvement systolique, de B en G, qui exprime le durcissement du cœur , on voit, en même temps, une inchnaison générale de la courbe dont la pente descendante indique une diminution de volume des ventricules. Inversement, pendant le relâchement ou diastole des ventricules, on observe une pente ascendante du tracé, pente qui correspond à l'accroissement graduel du volume des ventricules par l'abord du sang venu de l'oreillette. Ainsi, la pulsation cardiaque n'indique pas seulement la succession et la durée des actes qui se passent dans les ven- PULSATION DU CCKUR. 29 tricules du cœur, mais elle en mesure, on quelque sorte, les effets; elle renseigne sur le fonctionnement plus ou moins parfait de la pompe cardiaque, en faisant voir si l'effort systo- lique est plus ou moins eftîcace et s'il envoie dans les artères des ondées plus ou moins volumineuses. L'importance de la pulsation cardiaqu,e est donc extrême, si les interprétations qu'on vient de lire sont justes ; aussi ai-je fait de nombreux essais pour obtenir sur l'homme un tracé fidèle de la pulsation du cœur. Le sphygmoc/raphe appliqué sur la région précordiale donne des tracés parfois assez nets, fig. 13, mais cet instrument est d'une application difficile; avec des explorateurs spéciaux on obtient des tracés plus nets. On a déjà pu juger, par les figures 5, 6 et 7, de la di- versité que présentent les tracés suivant les variations physio- logiques de la circulation. II. — Choix et contrôle des appareils destinés à inscrire la pulsation du cœur. Appareil de Buisson ; inconstance de ses indications. — Stétlioscope de Kœnig. — Explorateur à coquille. — Explorateur à tambour. — Appareils inscrip- teurs portatifs : Polygraphe à cylindre ; polygraphe à bande de papier. — Tambour à levier perfectionné; diminution des résistances dans le transport du mouvement. — Choix de la vitesse du papier qui reçoit le tracé. — Né- cessité de contrôler les appareils cardiographiques. — Désaccord avec les expériences de Fick. — Contrôle du cardiographe. — Nécessité d'expériences nouvelles pour éclairer l'interprétation des tracés du cœur. — Plan de ces expériences. Pour recueillir avec facilité la pulsation du cœur, il faut se rapprocher des conditions de l'expérience faite sur les ani- maux et, au moyen d'un tube à air, transmettre à distance le mouvement du cœur à l'appareil écrivant. Déjà Buisson avait recueilli de bons tracés avec un entonnoir de verre dont le bec se continuait, par un tube de caoutchouc, avec un tam- bour à levier. La peau des parois thoraciques ferme exacte- ment le pavillon de cet entonnoir, et les déplacements qu'elle subit à chaque pulsation du cœur compriment et raréfient S3 MAREY. tour à tour l'aîr contenu dans cet espace clos mis en com- munication avec l'appareil inscripteur. Mais les courbes obtenues dans ces conditions variaient con- sidérablement, suivant la position de l'entonnoir. J'ai montré que deux de ces tracés pouvaient même être tout à fait inver- ses l'un de l'autre, si l'on comparait celui qu'on obtient en explorant la pulsation au point précis où le cœur touche les parois thoraciques à celui que donne l'entonnoir placé tout à fait en dehors du cœur. Dans ces conditions, le tracé est négatif; il donne les minima delà courbe au moment de la sys- tole et les maxima pendant le relâchement ventriculaire. Cela tient à ce que l'entonnoir, ne reposant plus sur la région du thorax qui touche les ventricules, ne peut signaler les chan- gements de consistance de ces organes, mais seulement leurs changements de volume dont l'effet se propage à une assez grande distance du cœur. Tout autour des ventricules, les parties molles sont attirées par le vide que chaque systole produit ; les espaces intercostaux se creusent, et l'air, raréfié da: s l'entonnoir, produit un abaissement du tracé. Enfin, si l'instrument est appliqué dans une position inter- médiaire, en partie sur le ventricule et en partie en dehors, les tracés prennent une comphcation extrême qui les rend tout à fait indéchiffrables. J'ai fait différents essais pour obtenir, à coup sûr, la pulsa- tion positive des ventricules. Les conditions sont à peu prés les mêmes que pour obtenir le tracé du pouls. Il faut que l'appareil explorateur déprime et déforme, à travers les parois thoraciques, le ventricule dont il doit ressentir les change- ments de consistance et de volume. Je recourus d'abord au stéthoscope de Kœnig, espèce d'entonnoir fermé par une double membrane, entre les feuillets de laquelle on injecte de l'eau, ce qui forme une sorte de lentille bi-convexe de li- quide. L'instrument s'applique exactement aux parois tho- raciques, exerçant contre elles une pression qui se localise assez exactement sur le point où la pulsation est positive. Mais cet appareil a peu de durée et n'est pas encore d'une sensibilité assez grande. Plus récemment j'ai employé d'autres explorateurs de la pulsation cardiaque dont les indications sont meilleures. PULSATION DU CŒUR. 31 La figure 14 représente une coupe d'un de ces appareils dans ses dimensions réelles. Une sorte de coquille de bois, lé^ gèrement excavée, présente des bords arrondis qui s'appliquent exactement sur les parois de la poitrine, de façon que la peau de la région précordiale enferme l'air dans cette capsule qui communique, par un tube et un tuyau de caoutchouc, avec le Fig. 14. — Explorateur à coquille pour les pulsations du cœur tambour d'un cardiographe. Au fond de la capsule se trouve un ressort que l'on peut armer plus ou moins, en tournant une vis de réglage qui fait saillie sur la surface convexe. Suivant la tension de ce ressort, on fait saillir plus ou moins une petite plaque d'ivoire destinée à exercer sur la région précor- diale une pression élastique. Cette plaque déprime la peau pendant la diastole ventriculaire, mais elle est repoussée pen- dant la systole. De là résulte un mouvement de soufflet sous l'influence duquel le levier du cardiographe entre en mouve- ment. Les tracés obtenus avec cet appareil sont identiques à ceux que fournissait le stéthoscope de Kœnig ; mais comme on peut, en tournant la vis extérieure, régler la sensibilité de l'instrument, le nouvel appareil est préférable, car il trouve moins d'individus réfractaires à l'étude graphique de la pulsa- tion cardiaque. Enfin, cet appareil est d'une solidité par- faite , ce qui est très-important. Comme la coquille ne fonctionne qu'à la condition que ses jjords soient exactement adaptés contre la peau, afin de produire une clôture hermétique, cet explorateur est difficile- 32 MARE Y. ment applicable sur les animaux, à cause des poils qui empê- chent l'adaptalion parlaite. Il faut alors mouiller la région explorée avec de l'eau de savon ou avec un corps gras qui empêche le passage de l'air sur les bords de l'appareil. Mieux vaut encore employer un explorateur dont la cavité soit natu- rellement close. Laligui'e 15 représente la disposition qui m'a le mieux réussi. Fig. 15. — Explnrateur à tamboiii- applicable sur riiommc et sur les animaux. — En tour- nant la vis de réglage, on l'ait saillir plus ou moins le bouton de l'explorateur ce qui augmente ou diminue la sensibilité de l'instrument. (La cloche de bois a été coupée pir sa moitié, pour laisser voiries pièces intérieures.) A l'intérieur d'une cloche de bois dont le fond est perforé, se trouve une capsule de métal qui s'ouvre par un tube tra- versant le fond de la cloche. La capsule, fermée en bas par une membrane de caoutchouc, renferme un ressort-boudin assez faible qui fait légèrement saillir la membrane en dehors. Un disque d'aluminium et un bouton de liège reposent sur celte membrane. Toute pression exercée sur le bouton chasse l'air de la capsule, à travers le tube qui la termine, jusque dans les appareils inscripteurs. Quand on applique par ses bords la cloche de bois contre les parois de la poitrine, de façon que le bouton saillant re- pose sur le point que l'on veut explorer, il faut pouvoir exer- cer avec ce bouton une pression plus ou moins forte sur la ré- gion cardiaque. Gela s'obtient en tournant une vis de réglage placée sur fond de la cloche de bois. Cet appareil peuts'ap- PULSATION DU CŒUR. â3 pliquer indifféremment sur l'homme et sur les animaux ; il est donc, à ce point de vue, préférable à l'explorateur à co- quille. Au reste, tous deux fournissent des tracés identiques. Les appareils inscripteurs ont subi également des modifi- cations importantes depuis l'époque où ils ont été employés aux expériences physiologiques sur les grands mammifères. Le mouvement d'horlogerie qui entraîne le papier a été rendu léger et portatif. C'est parfois un petit cylindre couvert de papier enfumé, contenu dans une boîte avec les tambours à levier qui inscriront un ou plusieurs tracés à la fois (1). D'autres fois on emploie une bande de papier sans fm, comme dans l'appareil représenté fig. 16, quand on veut obtenir des tracés de s:rande lono:ueur. Fiï. 16. Polygraphe sorti de sa boîte et muni de l'explornteur à toiiiiiiie pour la pulsation du cœur. Le papier, enroulé sur une bobine, y est tenu légèrement pressé par une baguette d'ivoire qu'un ressort appuie avec une force constante. Un mouvement d'horlogerie, invisible dans la figure, conduit uniformément la bande de papier de- vant la plume qui termine le levier, et qu'on charge d'encre ordinaire. L'appareil est monté sur une planchette rectangulaire qui (1) On inscrit alors avec une pointe sèche, sur lo noir de fumée, pui? un fixe le tracé au vernis ijhot(igrai)liiqne. I.vn. MAItl'.Y. 3 34 MARE Y. entre exactement dans une boîte où l'on peut enfermer l'ins- trument avec les différents accessoires qui servent à son usage. Je nomme ces instruments polygraphes^ à cause de la di- versité des tracés qu'ils peuvent fournir. On peut en effet, sur le même support, placer deux ou plusieurs tambours à leviers et inscrire ainsi, d'une manière simultanée, deux ou plusieurs phénomènes distincts, tels que la pulsation du cœur, celle des carotides ou de la radiale, les mouvements d'ex- pansion des tumeurs pulsatiles, la respiration, l'action mus- culaire, etc. Mais il faut alors employer des explorateurs particuliers à la place de celui que la figure 16 représente en dimensions réduites, et qu'on reconnaîtra facilement pour ce- lui qui est déjà décrit dans la figure 14 comme destiné à explo- rer la pulsation cardiaque. Le tambour à levier a subi lui-même d'utiles modifications; sa disposition nouvelle est représentée,, figure 17. Fis- 1"- Tambour à levier perleclioinié Une pièce doublement articulée au levier et à la membrane du tam]30ur assure la solidarité parfaite de ces deux parties de l'appareil et empêche que dans les mouvements brusques le levier soit projeté au loin, ce qui compromettrait la fidélité des tracés. Mais le peint le plus important, dans la cardiographie hu- maine, est d'empêcher, autant que possible, les pertes de mou- vement dans la transmission de la pulsation du cœur jusqu'au style qui doit l'inscrire. En général le déplacement qu'éprouve la paroi thoracique au devant des ventricules est peu éten- du, de sorte que, malgré sa force considérable, ce mouvement communiqué à une colonne d'air, intermédiaire éminem- ment compressible, n'arrive au style inscripteur que très- af faibli. Aussi, est-il indispensable de ne créer au déplace- PULSATION DU CCEUR. ment de l'air que très-peu de résistance, en supprimant tout passage étroit sur le trajet des tubes. Il faut en outre que la membrane du tambour à levier inscripteur soit très-souple et non tendue. Enfin on doit atténuer, autant que possible, les résistances de frottement que la pointe traçante éprouve sur le papier. Toutes les fois qu'on doit inscrire une pulsation très- faible, le mieux est de se servir du papier noirci à la fumée et d'employer un style traceur d'une flexibilité extrême, tel que ceux qu'on obtient avec de la baleine ou de la plume amincies à la lime. Ces détails techniques étaient nécessaires pour mettre les expérimentateurs qui voudront étudier la pulsation du cœur à l'abri des échecs que leur causerait l'emploi d'appareils insuffisamment sensibles. Dans les conditions qui viennent d'être décrites, on a, presque toujours, un tracé très-net. Si, parfois,' il a peu d'amplitude, il faudra l'inscrire sur un cylin- dre qui tourne avec lenteur. Ces tracés microscopiques, exa- minés au besoin à la loupe, montrent nettement tous les dé- tails de la pulsation du cœur. jW l\j\m\}\ MJ\ /uui mys" . m B ^•\ v_-. /^^ mml m: -rm ^m ^^^^^J z^—- — ^^ Fi.î. is.— l'iiisiiiiDii (lu rff'iir di' riinmmc rrrunillie siiccossivement avec S vitesses croissantes rie rolaliiiM (lu cylindn'. — l,i;,'iU' 1, petite vitesse. — Lis'ne 2, vitesse mo(l(''r('e. — Liftne 3, si'ande vitesse ; (h'iilniciiiciil cxiLréix- du trac('- d'une piiisntion. [Ucliofiravurc.) Il est fort utile, en ç,'énéi'nl, do proportionner la vitesse do rotation du cylindre a rainplilude dos mouvomonis dn levier. 36 MAREY. afin que, par une vitesse trop grande ou trop faible, le tracé ne subisse pas une déformation qui le rende méconnaissable. La pulsation du cœur prise sur un même sujet, au même instant de la journée, a fourni les trois tracés figure 18. Le meilleur choix que l'on puisse faire, dans chaque cas, pour la vitesse à donner au cylindre, serait celui qui donnerait un tracé où la phase systolique de la pulsation serait sensiblement in- scrite dans un carré, comme dans la ligne 2, figure 18. J'ai donné au cylindre ou au papier de mes polygraphcs des vitesses qui sont convenables pour inscrire la pulsation du cœur avec l'amplitude qu'elle présente dans la plupart des cas, et qui est d'un centimètre environ. La vitesse correspon- dante à cette amplitude serait à peu près de 2 centimètres par seconde. pig-. 19. _ Traré du cœur d'un lapin.— Les doux pneuuiog-astriquer. ont été coupés, ce qui ■ modifie les influences respifatoires. — Au point S, mai'qué pai' l'inflexion d'une ligne qui donne le signal de l'excitation électrique, on galvanise le bout périphérique d'un des nerfs vagues ; arrêt presque complet des mouvements du cœur. Fig. 20. — Cœur du lapin; un seul pneumogaslriquo a été coupé; au moment du signal S on galvanise le bout central du nerf vague. — Arrêt de la respiration ; conservation de? mouvements du cœur. Mais, dans les expériences physiologiques, lorsqu'on opère sur de petits animaux, on n'a que des tracés de très-petite am- plitude ; il faut, en conséquence, diminuer beaucoup la vitesse du cylindre. La figure 19 représente, inscrites sur un mou- vement lent les pulsations du cœur d'un lapin auquel, en S, on galvanise le bout périphérique d'un nerf vague. PULSATION DU CŒUR. 37 La figure 20 montre, sur un autre lapin, les effets de la galvanisation du bout central du même nerf. Cependant, s'il s'agissait d'estimer la fréquence des pulsa- tions du cœur ou de mesurer la durée de leurs différentes phases, il serait utile de choisir une vitesse plus grande, sauf à obtenir des pulsations trop peu hautes par rapport à leur longueur. La figure 21 est la pulsation du cœur d'un lapin Fis. ^1- — Pulsation du cœuf du lapin. — Ce trace serait identique à celui de lu lis. '2U; s'il n'était recueilli sur un axe plus rapide. inscrite avec une vitesse de 5 centimètres par seconde (sur le deuxième axe de l'enregistreur muni d'un régulateur Foucault). Il ne serait pas possible d'analyser les formes très- variées de la pulsation du cœur que traduit le cardio- graphe, soit à l'état physiologique, soit dans les maladies, s'il restait quelque doute dans l'esprit du lecteur sur la fidélité des indications fournies par l'instrument, ou si la réalité des théories ci-dessus exposées, relativement à la signification des tracés, pouvait être mise en doute. Au point de vue de la fidélité des tracés du cardiographe, il vient récemment de se produire des objections qui peuvent trouver crédit auprès des physiologistes, en raison de l'au- torité de leur auteur, le professeur A. Fick (1). (1) Ce savant, répétant les expériences dé cardiographie physiologiques, ne s'est pas servi des appareils que j'avais employés avec le professeur Chauveau. Il leur a substitué un manomètre à ressort (Fedci'kyrnographion) sur le modèle de celui de Bourdon ; appareil excellent pour les mesures de la pression d'un liquide, lorsque cette pression ne varie pas d'une manière très-rapide, mais incapable, ainsi qu'on va le voir, de signaler lidèlement des variations de pres- sion très-brusques et très-considérables, telles qu'il s'en produit dans les cavités du cœur. Voici le fait : Chauveau cl moi, nous avons signalé, dans le ventricule gauche et dans l'aorte du cheval, des valeurs très-voisines pour les maxima de pres- sion. Fick trouve au contraire, avec son instriimont, i|uc : s/ /es ballemenls du cœur sont rapides, les maxima de pression m -.jnt jtus égaux dans le 38 MAREY. La différence que ce physiologiste a trouvée entre ses courbes et celles du cardiographe s'accuse surtout quand les mouvements du cœur ont une grande rapidité et doit s'ex- pliquer par ujie sorte de paresse de son instrument, dans le- quel le sang pénètre. Le cardiographe, au contraire, comme tous les appareils qui transmettent, au moyen de l'air, les mouvements qui doivent être inscrits, possède une rapidité de transmission extrême (1) et une fidélité dont je ne veux d'autre preuve que l'expérience suivante. Si l'on prend, comme appareil explorateur, un tambour fermé par une membrane élastique et mis en rapport, au moyen ventricule gauche et dans l'aorte (a). Et, chose plus singulière, c'est dans l'aorte que s'observent les maxima de pression. Avec 144 battements à la minute, la pression du sang dans l'aorte oscillait de 104 à 128™"' de mercure ; la pression ventriculaire ne s'élevant pas au-dessus de SQ^'^. Pour le physiologiste alle- mand, ce résultat semble surprenant, et même paradoxal. Je n'hésite pas à y voir l'effet naturel d'une mobilité insuffisante de l'instrument. Toutes les fois qu'un manomètre quelconque reçoit la pression qu'il signale, par l'intermédiaire d'un tube plein de liquide, celte pression exige un certain temps pour se transmettre, et si la variation en est très-rapide, l'appareil donne des oscillations de plus en plus bornées dans leur étendue. Que cette rapidité devienne plus grande encore, ou bien que le tube par lequel se trans- met la pression du liquide devienne plus résistant, le manomètre n'oscillera presque plus, et signalera une moyenne entre les maxima et les minima {b) de la pression véritable. Dans l'expérience de Fick, l'appareil doit traduire une pression qui tombe au-dessous de zéro quand le ventricule est relâché et qui, pendant la systole, s'élève à 128""» ou même plus. De telles variations ne peuvent se transmettre au manomètre, c'est pourquoi sa colonne n'exécute que des oscillations incom- plètes et ne s'élève qu'à 80™™ de mercure. Par une conséquence nécessaire^ le minimum de l'oscillation ne devait pas tomber au-dessous de zéro, c'est-à-dire à sa valeur réelle, quand les mouve- ments du cœur étaient très rapides. Quant à l'élévation plus grande des maxima de la pression aortique, ce fait résulte naturellement du moindre abaissement des minima de cette pression. Celle-ci, en effet, grâce aux valvules sigmoïdes, ne tombait jamais au-dessous de 104"" de mercure environ ; la pression moyenne dans ce vaisseau se trou- vait, par cela même, très-relevée, et les maxima des courbes obtenues, s'ils n'atteignaient pas tout à fait la valeur réelle de la pression aortique, donnaient nécessairement des indications bien plus rapprochées de la vérité que pour la pression ventriculaire. a) Uber die Schwankungen des Blutdruckes in verschiedenen Abschnitten des Gefas- system {Verhandlungeii der phys. med. Gessellschaft in Wûrlzbnrg, vol. IV, p. 223). {!/) C'est sur ce principe que j'ai construit un manomètre à moyennes (manomètre com- pensateur). — {Physiol. méd. de le circuL, p. M\.) (1) Cette vitesse est voisine de celle du son dans l'air. PULSATION DU CŒLR. 39 d'un tube à air, avec le tambour à levier inscripteur, on peut obtenir le tracé de mouvements extrêmement rapides. Fig. 22. — Tracés des vibrations de divers diapasons transmises par l'air. — Ligne l, dix vibrations par seconde. — Ligne 2, 10 vibrations combinées à 80 par seconde. — Ligne 3, 50 vibrations par seconde. — Ligne 4, 100 vibrations par seconde. [Hcliofjravure.) Après avoir fait vibrer des diapasons de 10, de 50, de 100 vibrations doubles par secondes, on met l'une des bran- ches de ces instruments en rapport avec la membrane du tambour explorateur. Aussitôt, le tambour inscripteur fournit le tracé des vibrations dLi diapason employé, qLielle que soit lafréquence ou l'amptitude de ses mauvements. Dans la figure 22, on voit un tracé de 10 vibrations par se- conde, un autre de 50 ; un autre de 100 ; un autre enfin, dans lequel se trouvaient combinées des vibrations de 10 et de 80 par seconde. Il est clair que cette rapidité de mouvement ne peut être acquise qu'à la condition d'employer un levier très-léger comme inscriptoLir. En diminuant indéfiniment la masse du levier et les frottements du style sur le papier, on accroît indéfiniment aussi le nombre des vibrations qui peuvent être inscrites. Avec un levier très-léger et en écrivant sur une glace enfumée, j'ai inscrit250 vibrations doubles par seconde. Quel est le manomètre qui obéirait à des mouvements aussi rapides ? Les détails que renferme la pulsation cardiaque ne corres- pondent pas à des rapidités aussi grandes. Aucune des ondu- lations qui se trouvent dans un tracé de cœur ne correspond à un mouvement dont la durée soit moindre de 1/20 de se- conde ; on peut donc avoir une parfaite confiance dans la fidé- lité des instruments que nous avons employés. La théorie de la pulsation du cœur, telle qu'elle vient 40 M ARE Y. d'être exposée dans les pages qui précèdent, a-t-elle été suffisamment probante; le public médical et l'opinion scienti- fique l'ont-ils acceptée comme entièrement démontrée ? Sur cette question il semble qu'on doive répondre par la négative. Si l'on se reporte aux conclusions des différents rapports faits sur les expériences cardiographiques et particulière- ment à ceux de l'Académie de médecine et de l'Académie des sciences, on voit que le point qui semble le mieux éta- bli, c'est la. détermination de la succession véritable des dif- férents mouvements du cœur. Mais pour ce qui touche à la théo- rie de la pulsation cardiaque déduite de l'étude des tracés, on constate que ce point n'est pas admis sans conteste. Le rapport d'une commission nommée par l'Académie, des sciences renferme même des réserves qui montrent que de nouvelles expériences doivent être faites pour mieux éclaircir cette question (1). C'est qu'en effet il y a bien loin de la forme fort simple de l'effort systolique du ventricule à la forme très-compliquée des changements de pression qui tra- duisent au dehors la pulsation du cœur. Pour faire voir com- ment et sous quelles influences ce mouvement se transforme, il faut reprendre la question dès son origine. Il faut montrer d'abord en quoi consistent les actes musculaires qu'on ap- pelle systole et diastole des cavités du cœur ; on devra ensuite étudier ce qui arrive quand cet acte musculaire s'exerce sur -le liquide sanguin contenu dans ces cavités. Dans cette étude, passant des cas les plus simples aux cas les plus compli- qués, il faudra suivre la pulsation cardiaque chez les diffé- rents animaux, depuis ceux dont le cœur offre des mou- vements lents et faciles à saisir, jusqu'à ceux dont les pulsations présentent une rapidité et une complication très- grandes. (1). Après avoii- parlé de la succession des différents actes que signale la cardiographie, le rapporteur s'exprime ainsi : « Les auteurs du Mémoire ont rendu visibles et faciles à constater des phénomènes dont l'observation était très-difficile, et leurs expériences nous semblent devoir faire cesser toute dis- cussion sur ce point de l'histoire de la circulation du sang de l'homme et des animaux qui se rapprochent le plus de lui par leur organisation. II peut res- ter encore diverses questions à résoudre relativement à la manière dont la sys- tole ventriculaire détermine la pulsation cardiaque ; mais, dans notre opinion, il est aujourd'hui bien démontré qu'elle est la cause de ce phénomène. » PULSATION DU CŒUR. 41 Enfin, pour justifier les théories qu'il y aura lieu d'émettre relativement à tous ces actes et aux inflexions de la courbe qui les traduisent dans les tracés, je recourrai à cet ordre de preuves que je considère comme la démonstration absolue. Je veux parler de la synilièse de ces phénomènes; de la re- production, par des appareils artificiels, de tous les détails de la circulation cardiaque, y compris la pulsation elle-même. Ainsi, après avoir assigné à telle forme normale ou patho- logique de la pulsation une cause déterminée, je devrai, en introduisant cette cause dans la circulation de l'appareil factice, obtenir une pulsation dont le tracé soit identique à celui de la pulsation véritable. Tel est le plan qui sera suivi dans ce travail. III. — Du cœui' considéré connue muscle. Dissemblances apparentes entre le cœur et les autres muscles. — • Apparente spontanéité des systoles. — La discontinuité d'action n'est pas un caractère spécial au cœur. — Tous les muscles procèdent par actes discontinus. — Théo: a générale de l'action des muscles; secousses et contraction. — La systole du cœur n'est qu'une secousse; preuves tirées de la myographie ; preuves empruntées au.x phénomènes électriques qui accompagnent les mou- vements du cœur. — Temps perdu du muscle cardiaque. Au commencement de ce siècle, l'anatomie et la physiolo- gie, s'inspirant des idées de Bichat, distinguaient deux sortes de muscles, d'après leurs structures et leurs fonctions : les muscles de la vie organique et ceux de la vie animale. A cette époque, le cœur avait peine à trouver sa place dans l'un ou l'autre de ces groupes. Ces divisions factices se sont effacées peu à peu, de sorte que le système musculaire se présente aujourd'hui sous un aspect nouveau. Il faut maintenant ad- mettre une série de variétés de muscles où s'observent, au point de vue de la structure, tous les degrés de la stination de la fibre ; au point de vue de la fonction, tous les degrés de vitesse et de lenteur du moLivoincnt produit. Dans celte série, où les nuances s'échelonnent sans transition, le cœur trouve aisément sa place. Toutefois, dans la fonction musculaire du cœur, certaines particularités restaient encore. La spontanéité apparente des mouvements de cet organe, l'intermittence qui paraît être l'essence de son action, semblaient constituer des caractères particuliers au muscle cardiaque. La découverte de ganglions nerveux à l'intérieur du cœur montre que cet organe ne se comporte pas différemment des autres, et que, renfermant en lui-même les centres principaux de son innervation, il se rapproche en cela de certains autres muscles de l'économie. Quant à la discontinuité de son action, elle ne saurait, non plus, constituer un caractère spécial. Il semble aujourd'hui démontré que tout muscle n'agit que par une série de secousses qui peuvent se fusionner entre elles et disparaître à nos yeux, dans la contraction volontaire comme dans le tétanos artificiel. Ces secousses se tradui- sent, soit à l'auscultation, par un son qui les révèle, soit cà la méthode graphique qui les inscrit d'une façon évidente. Cette théorie qui s'est dégagée peu à peu des expériences physiologiques, trouve son germe dans les observations de Volta ; elle s'est développée entre les mains de Weber qui définit la nature du tétanos électrique ; Du Bois-Reymond la confirma par ses découvertes sur la variation négative des courants nerveux et musculaires, tandis que Wollas- ton, Haughton, Helmholtz, apportaient en sa faveur des preuves nouvelles tirées des sons que rend le muscle con- tracté. La myographie enfin, fit voir à Aeby la formation et le transport de l'onde musculaire, tandis que je signa- lais, dans les différents cas de tétanos des muscles, l'exis- tence de vibrations plus ou moins rapides que l'œil ne pou- vait saisir (1). Réduite à sa formule la plus simple, la théorie de l'action musculaire peut s'exposer ainsi : Tout muscle, lorsqu'il reçoit directement ou par l'intermédiaire de son nerf, une excitation unique, donne naissance à un mouvement brusque : la se- cousse (zuclamg des auteurs allemands). Cette secousse (1) Pour la théorie Je la contraction musculaire, voir: Du mouvement dans ies fonctions de la vie, p. 444, PULSATION DU CCEUR. 43 augmente ou diminue de durée sous certaines influences, telles que la fatigue ou le repos, le froid ou la chaleur. — Quand le muscle reçoit, directement ou par l'intermédiaire de son nerf, des excitations successives assez rapprochées pour que chacune des secousses n'ait pas le temps de s'accomplir avant l'arrivée delà suivante, les secousses se fusionnent et donnent naissance à un état de raccourcissement constant du muscle. Si la fusion est imparfaite, le raccourcissement du muscle est accompagné de vibrations ; si la fusion est parfaite les vibra- tions disparaissent comme dans la contraction volontaire, où la discontinuité ne se traduit plus que par le son que rend le muscle contracté. La fusion se produit d'autant plus facilement que les se- cousses sont de plus longue durée ou qu'elles se suivent à plus courts intervalles. Si, maintenant, nous abordons l'étude delà systole du cœur avec ces notions sur la fonction musculaire, la première question qui se pose est celle-ci : Quelle est la nature de la systole du cœur? Est-ce une secousse ou une contraction? Tous les auteurs emploient le mot de contraction pour l'ap- phquer au mouvement de resserrement des oreillettes et des ventricules. On a pu voir que je désignais ces actes par le vieux mot de systole, qui ne préjuge rien. Ce choix tient à ce que la systole du cœur ne me semble pas correspondre à la contraction des autres muscles, mais à leur secousse : à cet acte élémentaire qui se produit par une excitation simple. Ainsi, le cœur donnerait une série de secousses succes- sives, se rapprochant plus ou moins de la fusion ou contrac- tion, sans pouvoir l'atteindre. (Du reste, cette fusion parfaite serait mortelle, elle supprimerait tout mouvement du sang dans le cœur.) Les systoles plus ou moins énergiques corres- pondraient aux vibrations plus ou moins intenses que pré- sentent les muscles incomplètement contractés. Cette énergie serait à son maximum quand les secousses systoliques se- raient le plus éloignées les unes des autres, ou quand cha ■ cune se ferait avec plus de brusquerie. Les expériences suivantes ont pour but de vérifier cetto théorie. Elles consisteront à explorer avec le niyocfr^plic les caractères des mouvements systoliques du cœur, et à les comparer à ceux des autres muscles. Chez les animaux à sang froid, chez les mammifères hi- bernants, ou chez ceux qu'on a profondément refroidis, le cœur^ détaché du corps, continue abattre pendant longtemps. Chez les animaux à sang chaud qu'on vient de Luer, les systoles s'éteignent très-vite, en général, mais pas assez pour qu'on ne puisse inscrire quelques-uns de ces mouve- ments. On se sert, à cet effet, dumyographe représenté figure 23, appareil qui donne la forme de l'acte systolique d'après le gonflement du muscle (1). Fig. 23. — Myograplie du cœui. Le cœur de l'animal est placé dans un petit godet de cire, modelé pour le contenir exactement, et disposé sur une ta- blette de métal établie sur un support. Au-dessus du cœur, est placé un levier horizontal de bois mince et léger ; ce le- vier, dont la base est métallique, porte un curseur auquel est appendu et articulé un petit bâtonnet de moelle de sureau ; on place ce bâtonnet sur la partie du cœur dont on veut explo- rer le mouvement (2) . (1) Voir pour les différentes méthodes de myographie : Du mouvement dans les fonctions de la vie, p. 222. (2) Il est bon qu'une petite pointe soit appliquée à l'extrémilc du bâtonnet de sureau qu'elle dépasse légèrement. Celle pointe s'implante dans la sub- stance du cœur et prévient tout déplacement latéral. PULSATION DU CŒUR. La plume qui termine le levier de ce myographe trace sur un cylindre tournant des courbes, dont l'ascension correspond à la systole et la descente à la diastole du cœur. Sur toutes les espèces animales, le cœur, vide de sang et soumis à l'étude myographique, donne des courbes semblables, dont la figure 24 montre un spécimen obtenu sur la grenouille. De bas en ri?. 2i. — Systoles du cœur délaclio d'une giviiouille, i;iscntes au iiiyosraphc. — Le iraré se lil de bas en liaut; on y voit les elTets graduels de la fat'giie. — Une ligne horizon- tale sert de repère dans chaque tracé et montre que les maxima et les minima des courbes s'abaissent graduellement sous l'influence de la fatigue, ce qui tient à ce que les systoles sont moins fortes et les diastoles plus complètes. haut se lit une série de courbes correspondant à des degrés croissants de fatigue du muscle. Chez toutes les espèces ani- males, l'épuisement du cœur, bien qu'il varie sous le rap- port de la rapidité avec laquelle il se produit, s'accompagne des mêmes transformations du mouvement; les systoles por- d(;nt à la ibis leur nmiilitudo et leur fi'(''f[uonco. 46 MAREY. Or, si nous laissons de côté ce qui a rapport au rhythme du cœur et dépend de l'innervation de cet organe, pour ne considérer que la forme du mouvement cardiaque, nous trou- vons une ressemblance parfaite avec la secousse des autres muscles. La forme de la systole est celle d'une secousse musculaire: la période ascendante (qui correspond au raccourcissement du muscle) est plus brève que la période descendante (retour du muscle à sa longueur maximum). La fatigue modifie dans le même sens la systole du cœur et la secousse d'un muscle : de part et d'autre, il y a diminu- tion de l'amplitude et augmentation de la durée du mouve- ment. La chaleur et le froid impriment les mêmes caractères à la systole du cœur et à la secousse d'un muscle. La chaleur donne à ces mouvements de la brièveté et de l'énergie. Cette analogie entre la systole et une secousse musculaire ne saurait être infirmée par la différence de durée que pré- sentent ces deux actes. Sur la grenouille, la systole du cœur est beaucoup plus longue que la secousse d'un muscle volon- taire ; mais on sait que la durée d'une secousse varie sous l'influence d'un grand nombre de conditions. En refroidissant les muscles d'une patte de grenouille, on rend leur secousse aussi longue et même plus longue que la systole du cœur. D'autre part, chez les différentes espèces animales, on observe des différences énormes dans la durée de la secousse mus- culaire. J'ai trouvé que les muscles pectoraux d'un oiseau agissent à peu près 75 fois plus vite que ceux de la tortue. La systole n'a pas la même durée dans les différentes par- ties du cœur : l'oreillette accomplit la sienne beaucoup plus \'ig. 35. — Durées relatives de la systole de l'oreillette 0 et de celles du ventricule V sur un cœur de lapin refroidi. vite que le ventricule, ainsi qu'on le voit par la figure 25 recueillie sur un lapin. PULSATION DU CŒUR- 47 Ainsi, d'après la forme du mouvement qui la caractérise, d'après les effets que produisent sur elle la chaleur, le froid et la fatigue, la systole du cœur ressemble à une secousse musculaire. Toutefois, comme dans certains cas, une série de secousses fusionnées peut donner naissance à un mouvement simple en apparence, mais complexe en réalité , il ne faut pas se con- tenter de la forme d'une systole cardiaque , pour conclure absolument que ce mouvement n'est qu'une secousse. Une autre démonstration nous sera fournie par les phéno- mènes électriques qui accompagnent la systole du cœur et qui, identiques à ceux qui se produisent pendant la secousse d'un muscle, diffèrent de ceux qui accompagnent le tétanos. 26. — Pattes de grenouilles disposées à la manière de Matteurci, pour obtenir les mouvements induits. 1. Patte inductrice. 2. Patte induite. Matleucci a découvert un phénomène très-remarquable au- quel il a donné le nom de contraction itiduite{i). Si l'on prend (figure 26) une patte de grenouille préparée à la manière de Galvani et qu'on applique, sur le muscle de celle-ci, le nerf d'une seconde patte préparée de la même manière, on voit qu'en excitant le nerf de la première patte, on provoque des mouvements dans les deux à la fois. En inscrivant, avec le myographe, les mouvements qui se produisent dans chacune des pattes, j'ai constaté qu'ils sont toujours de même nature, c'est-à-dire que la secousse induit la secousse, tandis que le tétanos induit le tétanos. En outre, il importe peu que la patte inductrice ait une secousse longue ou brève, modifiée ou non par la fatigue, la chaleur, le froid ou les poisons. Pourvu que la première patte donne une secousse, la seconde donnera une secousse éga- lement. (1) Du Rois-Reyrnond prc-Cùre, pour (h'siijncr ce phi';iiomi.'ni,', cnnlr.'irlion Hornri(l:iire. . ; mol lie La figure 27 montre deux tracés fournis par deux pattes de grenouille, l'une inductrice, l'autre induite. Fiff. 27. — Tracés des mouvements produits par les deux pattes de ffrenouille disposées à la manière de Matteucei comme dans la lig. 26. Ligne l. patte iiuluclrice ; on j \oit d'uhoYd une secousse isolée, puis trois secousses presque fusionnées. — Ligne 2. patte induite: mêmes mouvements que dans la ligne 1, sauf un retard dans leur production et une moindre amplitude. (Rotation rapide du cylindre.) Si la patte inductrice est modifiée dans son action par une influence quelconque, telle que le refroidissement, fempoi- sonnement par la vératrine, etc., son tracé peut être considé- rablement changé dans sa forme ; mais celui de la patte induite reste inaltéré. Fig'. 28. — 1 secousse inductrice modifiée par l'acliou de lu vératrine. — 2 secousse in- duite dans un muscle sain; elle garde ses caractères normaux. (Rotation lente du cylindre. De même, si l'on choisit pour inducteur un muscle dont la secousse ait une longueur extrême, un muscle de tortue, par exemple, en conservant le muscle de grenouille comme induit, on voit que, malgré sa longueur extrême, la secousse de tor- PULSATION DU cœuR. 49 tue n'induit que la secousse brève qui est propre au muscle de la grenouille. Enfin, prenons un cœur de grenouille sur lequel nous plaçons le nerf d'une patte galvanoscopique et inscrivons, à la fois, le tracé de la systole et celui du muscle induit. Nous verrons que la patte de grenouille donnera une secousse à, chaque systole du cœur. i Ainsi, d'après sa forme, d'après les influences qu'exercent sur elle la chaleur, le froid et la fatigue, d'après les phéno- mènes électriques qui l'accompagnent (1) et qui , dans une palte galvanoscopique , se traduisent par la production de secousses induites, la systole du cœur se présente comme la secousse du muscle cardiaque. Elle doit donc toujours avoir cette forme simple qui caractérise la secousse musculaire, et dans laquelle la phase de raccourcissement (systole) est plus courte que celle de retour à la longueur primitive (diastole). Enfin, Helmholtz a signalé dans la secousse musculaire une particularité qu'on retrouve encore dans la systole du muscle cardiaque ; je veux parler du temps perdu. Le savant phy- siologiste allemand nomme ainsi le temps qui s'écoule entre le moment où un muscle a reçu une excitation électrique et celui où il réagit en donnant sa secousse. Ce phénomène peut être observé sur le cœur dans les con- ditions suivantes : Quand le cœur d'un animal est épuisé et ne donne plus que des systoles rares, si on l'excite par un courant induit, on (1) On pourrait objecter que ces variations électriques, étudiées au moyen du galvanomètre, ne paraissent pas être semblables dans le cœur et dans les muscles. Placé sur les coussinets d'un galvanomètre, le cœur dévie l'aiguille h chacune de ses systoles, ramenant, à chaque fois l'aiguille du côté du zéro pendant sa phase systolique. Un muscle de grenouille, placé dans les mêmes conditions, ne dévie pas le galvanomètre quand on provoque en lui une secousse isolée. Cela tient à ce que la secousse musculaire d'une patte- de grenouille et les variations électriques du muscle qui se produisent en même temps on t une durée trop courte pour vaincre l'inertie de l'aiguille aimantée. Mais si, en refroidissant le muscle, on nccrofl la durée de la secousse, on vnit i|iie l'aiguille oscille; cette oscillation est trus-prononcée quand on se sert d'un muscle de tortue dont la secousse est lente. Donders a eiinstaté ([ue lïhit élentrir[ue du erniir jinsse par de^; phases d'intensiti'- varii'es an\ divers in'^limts de la 'Aystole. Kn loucliani le eicur à l'aide d'iuie |i;il,le gaIvniHi--eii|iii|iip, un obtient des .secousses tri-'^-l'orles |H.'ndnnt la piTiode ilin^liili(|iie, Ires-l'alhles pendant la .syslole. I.Ai;. MAltlOY. " 4 50 MAREY. provoque une systole qui, par son moment d'apparition, se distingue facilement de celles qui se produisent d'une manière spontanée. Or, cette systole provoquée retarde sur le moment de l'excitation; ce retard est considérable, il atteint dans cer- tains cas '/s de seconde. Fig. 59. — Lisiie V, traré du myograplie nppliqiié sur le ventrifule. — Liçiie inférieure S moment de l'excitation électrique. — La durée du retard ou /emps perdu est de 1/3 de seconde environ. On serait porté à considérer, au premier abord, ce relard énorme comme une dissemblance entre la systole du cœur et la secousse d'une patte de grenouille dont le temps perdu n'est que de Vioo de seconde environ. Mais, si l'on opère sur des muscles dont la secousse est plus ou moins longue, on voit que le temps perdu croit en raison de la durée de la secousse elle-même. Ainsi, il est naturel que la systole du cœur retarde considérablement sur le moment de l'excita- tion, puisqu'elle représente une secousse très-longue (1). IV. Effets mécaniques ties mouvements du cœur. Débit du cœur à chacune de ses systoles. — Appareil pour mesurer les chan- gements de volume du cœur pendant qu'il fonctionne. — Expériences. — Variation du volume des ondées sysloliques en raison inverse de la fréquence des battements du cœur ; variation semblable de la pression artérielle. — Mesure du débit ventriculaire. — Estimation approximative du travail du cœur. D'après ce qu'on a vu dans le précédent chapitre, le cœur est un muscle qui ne donne jamais de contraction parfaite, (1) Si Von doit, comme cela me semble probable, assimiler à des secousses les mouvements des muscles vasculaires et ceux de l'intestin ; ces actes sont beaucoup plus longs encore que la systole du cœur, et le temps perdu qui les précède peut atteindre 20 ou 30 secondes et même davantage. PULSATION nu CŒUn. 51 mais seulement des secousses incomplètement fusionnées. La fusion peut bien tendre à se produire, ce qui diminue plus ou moins l'amplitude des systoles, mais elle ne saurait être com- plète. Une contraction prolongée des ventricules entraînerait la mort de l'animal, puisque le cœur ne pourrait plus se remplir et se vider tour à tour. Le volume des ondées sanguines envoyées par le ventricule, à chacune de ses systoles, se trouve sous la dépendance de la fusion plus ou moins complète de chacun de ces actes. Des systoles rares et bien complètes enverront des ondées volumineuses ; des systoles fréquentes ne donneront que des ondées beaucoup plus petites, de sorte que le débit du cœur ne doit pas se mesurer au nombre des systoles qu'il exécute en un temps donné, mais a pour mesure réelle le produit du nombre des systoles par le volume de sang que chacune d'elles envoie dans les artères. On peut démontrer ce fait au moyen de l'expérience sui- vante : Prenons le cœur d'une tortue, lions tous les orifices arté- riels, sauf une branche de l'aorte, et tous les orifices veineux, sauf une veine cave ; adaptons aux deux vaisseaux restés perméables des canules que nous mettrons en communica- tion avec des tubes remplis de sang dèfibriné, nous produirons une circulation continue à travers le cœur. Ludwig, qui a introduit en physiologie cette belle méthode dans laquelle on fait fonctionner des organes détachés d'un animal, en éta- blissant dans ceux-ci une circulation artificielle, a rendu à la science un très-grand service. Le savant physiologiste et ses élèves, Bowdicht, Gyon, etc., ont essayé, par ce moyen, de mesurer le travail d'un ventricule de grenouille qu'ils fai- saient agir sur un manomètre. J'ai modifié cette méthode, de façon à obtenir plusieurs indications différentes : 1° les chan- gements de volume du cœur à chacune de ses svstoles ; 2° les changements de pression du sang dans les vaisseaux où il pénètre (ce qui mesure sensiblement l'effort du cœur) ; 8" la quantité de sang versé en un temps donné. La figure 30 montre la disposition que j'adopte pour cette expérience. Le cjvw d'une lortne, pi'éparé comme il a été dit tout .'i l'bour'O. reçoit nu tube d(! verrez à rhaciin de s(^s orilices artériel et veineux. Ces tubes passent à frottement par un bouchon de caoutchouc qui ferme, à sa partie supérieure, un flacon de verre dans lequel le cœur est contenu. Dans la figure 30 on voit, par transparence, le cœur de la tortue dans le flacon de verre. Par leurs extrémités qui traversent le bou- chon, les deux tubes de verre se continuent avec d'autres conduits : le tube -veine, avec un tuyau de caoutchouc qui plonge dans un vase élevé rempli de sang défibriné ou de sérum ; ce tube, amorcé comme un siphon, représentera le système veineux et versera incessamment le sang par la veine- cave dans l'oreillette. Fig. 30. — Appareil destiné à mesurer les changements de volume du cœur pendant les pliases de systole ot de diastole avec les changements de pression que l'effort systolique produit. Quant au tube-artère, il est continué par un tuyau de caout- chouc qui, après avoir traversé un sphygmoscope dont on parlera tout à l'heure, vient, par un ajutage étroit, verser le sang que le cœur lance, dans le flacon où le tube-veine le puise continuellement. Ainsi se trouve établi un circuit ferm.é sur lui-même, dans lequel les principaux organes de l'appa- reil circulatoire sont représentés. A) Lorsqu'on veut connaître le volume des différentes ondées que le cœur envoie, on obtient ce résultat en transmettant au tambour à levier inscripteur les cliangements de volume du cœur. (11 est clair, en effet, que le cœur perd de son vo- PULSATION UU CŒUR. 53 lume pendant sa systole exactement celui du sang qu'il envoie dans les artères.) Pour cela, perçons un trou dans le bou- chon qui ferme par en bas le flacon où est placé le cœur de tortue, et plongeons dans ce flacon un tube ouvert qui se rend par son autre extrémité à un tambour à levier (celui qui, dans la figure 30, est situé en bas). Chaque fois que le cœur, en se vidant; diminuera de volume, l'air du flacon se raréfiera, et cette raréfaction, se propageant par le tube de transmis- sion jusque dans le tamJjour inscripteur, produira une des- cente de la courbe tracée. Inversement, quand le cœur aug- mentera de volume, en se remplissant pendant sa diastole, Tair sera comprimé dans le flacon et dans le tambour inscrip- teur, ce qui amènera une élévation de la courbe. On obtien- dra ainsi des tracés dans lesquels se traduiront les durées relatives de la systole et de la diastole ventriculaire; tracés dont l'amplitude plus ou moins grande signifiera que le cœur Fig. 31. Tracé des changements de volume d'un cœur de grenouille; variations de l'amptitude avec la fréquence. — Ligne i. systoles rares et grandes ; S instant de leurs débuts. — Ligne 2. systoles plus fréquentes et plus "petites. expulse des ondées plus ou moins volumineuses à chacune de ses systoles. Ce volume des ondées ventriculaires sera plus ou moins grand, suivant que le relâchement du ventricule aura eu le temps de s'accomplir d'une manière plus ou moins parfaite. On comprend que, si la fréquence des systoles s'ac- croît considérablement, le relâchement, et par suite la réplé • tion des ventricules, n'ayant pas le temps de s'effectuer, le vo- lume des ondées systoliques décroîtra beaucoup. Ainsi se justifie ce que l'on a vu plus haut: du défaut de proportionnalité du débit du cœur au nombre des systoles. 5i • MAnEY. B) Lorsqu'on veut inscrire le changement de pression que chaque systole produit dans le système artériel, on se sert de l'instrument nommé sphygmoscope, qui traverse le tube ar- tériel, et dont nous allons décrire la fonction. Ce sphygmoscope est formé d'une poche de caoutchouc fixée sur un bouchon percé de deux tubulures adaptées au tube artériel. Le sang traverse cette poche de caoutchouc comme il ferait d'un anévrysme. Il seproduit des gonflements et des resserrements alternatifs de la poche dont les change- ments s'inscrivent, de la même façon que ceux du cœur lui- même, dont on vient de voir les tracés. Le levier qui, dans la figure, est placé en haut, signale les changements de volume de l'ampoule du sphygmoscope ; ce qui «traduit, en définitive , les changements qu'éprouve la pression du sang dans l'intérieur de ces artères factices. Or ces changements de pression se lient d'une manière intime à la fréquence des systoles, attendu que l'écoulement du sang des artères se fait d'une manière d'autant plus complète qu'il a plus de temps pour s'effectuer, c'est-à-dire que les systoles sont plus rares. Aussi assiste-t-on à ce phénomène en ap- parence paradoxal, à savoir : que les pulsations artérielles sont d'autant plus énergiques que le cœur est plus épuisé et les systoles plus ralenties. Les figures 32 à 36 montrent cette transformation graduelle que subit la pulsation.. Fis. 3:2. — Pulsations artéi'ielles de la tortue au début de l'expérience. Fis. 33. — Pulsations niirès une h G) Pour estimer le travail dépensé parle cœur en un temps donné, il faudrait avoir la double notion du volume de sang PULSATION DU CŒUIÎ 55 versé par le cœur et de la résistance que cet organe a éprou- vée pour pousser ce liquide. Fig. 3't. — Après trois heures. Après cinq heures. Fig. 3f). — Apres sept heures. La mesure du débit ventriculaire est très-facile à obtenir. Il suffit de recevoir le sang qui s'échappe des artères, non plus dans le vase où le syphon veineux vient le reprendre, mais dans une éprouvette graduée qui s'emplirait peu à peu. En divisant le volume du liquide versé, par le nombre des systoles qui se sont inscrites pendant que l'éprouvette s'em- plissait, on a le volume moyen de chaque ondée sanguine. La résistance que le cœur éprouve a se vider est plus dif- ficile à mesurer d'une manière absolue. Il faudrait déterminer a chaque instant la valeur manométrique de la pression du sang dans les artères, pression contre laquelle le cœur doit lutter. On conçoit toute la difficulté d'une pareille mesure, surtout chez les petits animaux. En revanche, il est très-facile 56 MAREY. de mesurer les résistances d'une manière comparative et de les faire varier dans un sens déterminé. Ainsi, en faisant l'expérience avec l'éprouvette graduée, suivant la hauteur à laquelle on place l'éprouvette et l'ajutage d'écoulement qui s'y déverse , on fait travailler le cœur sous des charges de sang variables. On voit alors que la charge n'est pas indif- férente pour le débit du cœur, et qu'il met plus de temps pour verser cent grammes de sang sous une charge d'un mètre que pour verser la même quantité sous une charge de 0'" 50. La même expérience permet également de constater que le cœur, lorsqu'on accélère ou ralentit le nombre de ses sys- toles, n'effectue pas, pour cela, des quantités de travail qui varient en raison directe de la fréquence des systoles. Ainsi, par l'élévation de température, on constate que sous une charge constante, le cœur travaille d'abord avec plus d'énergie" quand la température s'élève, puis, que la somme du travail effectué en un même temps diminue quand la température continue à s'élever. Je n'entrerai pas dans plus de détails sur ces expériences relatives au travail du cœur, celles-ci devant trouver dans un autre mémoire les développements qu'elles comportent. Il me suffisait, pour le moment, de montrer que le cœur, consi- déré comme muscle, est soumis aux mêmes lois que les autres organes musculaires. Plus tard, il faudra faire des expé- riences comparées sur les conditions de travail maximum du cœur, et voir sous quelle charge, sous quelle température et avec quelle fréquence des mouvements s'obtient le maximum de travail en un temps donné. On a vu quelle est la forme de la secousse systolique du ventricule et quels sont ses effets sur les mouvements du sang, il reste à rechercher comment ces phénomènes se tra- duisent au dehors par la pulsation du cœur. PULSATION DU CŒUR. V. — Pulsation du cœur décomposée en ses différents éléments. Différences enlre le tracé myographique du cœur et celui de la pulsation. — Limite à la pression maximum du ventricule. — Séparation des deux élé- ments de la pulsation du cœur ; tracé des changements de volume ; tracé des changements de consistance.— L'addition de ces deux courbes reproduit celle de la pulsation. — Il faut une autre méthode pour étudier la nature des autres détails de la pulsation. — Utilité des appareils artificiels. Reprenons l'expérience décrite figure 23 sous le nom de myographie du cœur, en nous plaçant dans des conditions nouvelles. Au lieu de détacher le cœur de l'animal, laissons- le dans ses rapports normaux, et, découvi^ant seulement cet organe par une ouverture faite aux parois thoraciques, pla- çons-le sous le levier du myographe (1). Le tracé que nous ob- tiendrons aura des caractères tout différents. Il est i^eprésenté dans la figure 37. Au lieu de la courbe simple et facilement reconnaissable de la secousse du muscle cardiaque, on observe des mouvements plus compliqués dépendant de l'aiTivée et de la sortie du sang, combinées aux effets que produit l'action musculaire elle-même. Fig. 37. ,— Tracé de la pulsation du cœur d'une grt^nouille dans les conditions normales de la circulation. 0 systole de l'oreillette. V début de la systole du Vi^ntricule. Pour dédoubler ces deux influences, chargeons le levier myographique d'une petite masse de cire pesant à peine un gramme. Ce léger poids suffit pour vaincre la pression du (1) Pour bien réussir il faut étendre la grenouille sur une plaque do liège en l'y maintenant avec des épingles. Celte plaque est elle-même fixée avec de la cire à modeler sur celle du myographe. L'immobilité de l'animal est ainsi assurée; on peut alors faire une expérience de longue haleine, telle que l'étude de l'action des poisons sur le cœur, ou toute autre dans laquelle il se produit de lentes variations des mouvements de cet organe. 58 MAREY. sang dans le ventricule et pour aplatir cette cavité, en ados- sant les parois Tune à l'autre. Dès lors, on n'obtient plus que le tracé musculaire semblable à celui que donne le ventricule isolé et vide de sang (Voir figure 24). Dans le tracé de la pulsation, il est facile de montrer que l'ondulation 0 tient à la systole des oreillettes qui gonflent les ventricules déjà un peu remplis depuis la tin de leur systole. Cette ondulation coïncide, en effet, avec le resserrement des oreillettes : ce que la lenteur des révolutions cardiaques permet facilement de saisir sur les cœurs de grenouille, surtout quand ils sont relroidis. Reste à interpréter les autres éléments de la courbe d'une pulsation du cœur de la grenouille. A partir du point V, la systole ventriculaire est commencée ; pourquoi cette courbe ne présente-t-elle pas la forme à sommet arrondi qui ca- ractérise l'acte musculaire de la systole? Cela tient à ce que le levier n'obéit plus à l'épaississement des parois musculaires, mais au changement de pression du sang qu'elles compri- ment. — Or le resserrement des ventricules, s'effectuant sur un liquide qui s'échappe par les artères aussitôt qu'il a acquis une pression suffisante; cette pression atteint un maximum comme celle d'une chaudière à vapeur munie d'une soupape de sûreté. On remarquera sans doute que la pression ventriculaire, devenant solidaire de la pression artérielle, devrait s'élever un peu, du commencement à la fin de la systole des ventri- cules, attendu que le système artériel, recevant à ce moment plus de sang qu'il n'en perd, doit acquérir une tension crois- sante ; c'est en effet ce qui arrive. Mais dans la pulsation du cœur de grenouille, ce changement de la pression intérieure qui croit graduellement est plus que compensé par une in - fluence de sens contraire : la diminution de volume du ven- tricule qui se vide ; c'est pour cela que le sommet de la courbe présente une inclinaison descendante. Pour faire la part de ces deux influences, il faut les isoler l'une de l'autre et montrer les phases que traversent : d'une part, le changement de la pression intérieure du ventricule; PULSATION DU CCEUU. 59 d'autre part, le changement de volume de cet organe pendant la systole. La séparation de ces deux influences serait très- difficile à effectuer sur le cœur d'une grenouille; celui de la tortue se prête fort bien à cette analyse. L'appareil déjà représenté (figure 30) va nous servir encore. Mais auparavant, recueillons le tracé complet de la pulsation cardiaque ; il fournira la tlgure 88 : Fij'. 38. — Tracé de la pulsiiion de la Inrtue. a i> durée de la preiiiiure sysiole veatri.-ii- laire. b a' diastole, a' b' seconde systole ventriculaire. (Pour obtenir ce tracé, on a saisi le cœur de tortue entre un plan résistant et le levier horizontal du myographe). Dans cette figure, la systole ventriculaire commence en a.. La phase systolique présente une apparence qui rappelle celle de la pulsation du cœur de la grenouille. Sur ce tracé, on n'observe aucun effet de la systole de l'oreillette ; cette cavité était inerte, comme cela arrive souvent quand l'expérience dure depuis longtemps. La période diastoiique du ventricule commence en />. fig. a'J. — Courbe des chaufiements de volume du cœur de tortue placé dans l'appareil dé- crit tii,'ure "iQ. — a b période de systole ventriculaire; diminution du volume du cœur- b' a' période du diastole ; accrnissement du volume par replétion. Afin de savoir ce qui, dans cette courbe, tient aux chan- gements de volume du cœur, plaçons cet organe dans le fia- con destiné à inscrire, par le déplacement de l'air, la quan- tité de sang qui sort du cœur et celle qui y rentre (voyez expérience^ p. 52), on obtient la figure 39 déjà connue, dans 60 MAREY. laquelle a b exprime le resserrement systolique et 6 a le gon- flement ou réplétion diastolique. Pour inscrire les changements de consistmice des ventri- cules, c'est-à-dire les variations de la pression du sang qui y est contenu, il faudrait pouvoir introduire un manomètre dans leur cavité. Mais les dimensions trop exiguës de l'organe ne permettent pas d'employer ce moyen. On aura une idée très- approximative des changements de pression intra-ven- triculaire en déprimant à l'aide d'un corps mousse, mais de faible surface, la paroi des ventricules. Selon les phases de la pression intérieure, le corps comprimant extérieur s'enfoncera et sera repoussé tour à tour. Si on inscrit ce mouvement, on obtient la courbe suivante, figure 40, dans laquelle a b repré- sente la phase systolique et b a la phase diastolique. Fig. 40. — Courbe des criangeiiienls de pression des ventricules, d'après la résistance que cet organe oppose à une compression de cause extérieure ; a h durcissement systolique croissant vers la fin de la systole; b a' mollesse qui accompagne la diastole. Ce qui frappe dans cette courbe, c'est que la pression reste basse et sensiblement constante pendant le relâchement des ventricules. Pendant la systole, au contraire, la pression est élevée et monte de plus en plus jusqu'à la lin de cette systole. Ici se vérifie ce que nous disions tout à l'heure de la soli- darité qui existe entre la pression ventriculaire et la pression artérielle, aussitôt que les valvules sigmoïdes sont ouvertes et que le ventricule ne fait avec les artères qu'une seule et même cavité. A ce moment, comme la pression s'élève dans le système artériel jusqu'à la fin de la systole, il faut que le sang éprouve, dans le ventricule, une élévation de pression parallèle (on verra plus tard ces effets encore plus nettement accusés sur le cœur des mammifères). Maintenant que nous possédons les deux courbes séparées: celle des changements de volume des ventricules, et celle de changements de pression du sang dans ces cavités, combinons Ç^l.'LSATION DU CŒUR. 61 ces deux influences, et nous devrons restituer la pulsation complète. Rien de plus simple que d'ajouter ensemble les deux courbes ci-dessus. Sur la courbe des changements de volume, élevons une série d'ordonnées égales à celles de la courbe des changements de pression. Gomme cette dernière ne s'é- lève que pendant la phase systolique et reste invariable pen- dant la diastole du cœur, les systoles a. b. et a h' seront seules modifiées. La courbe totale, celle qui résulte de l'ad- dition des deux autres, suivra, pendant les périodes systoh- ques, le tracé représenté par une ligne ponctuée, tandis que, pendant la diastole, elle ne sera modifiée en rien. Or, la nou- velle courbe, figure 41, n'est autre que celle que nous avons obtenue fig. 38, en inscrivant directement la pulsation cardia- que. Il est donc prouvé que cette pulsation résulte bien réellement de la double influence des changements de consis- tance et des changements de volume des ventricules. Fig. 41. — Reproduction de la pulsation du cœur de la tortue par l'addition des courbes de changements de volume avec celles de changements de pression. — La ligne ponctuée est obtenue en ajoutant à la partie a J de la lig. 39, la portion a b de la lig. 40. On obtient, en inscrivant la pulsation du cœur des grands mammifères, une nouvelle démonstration de cette double in- fluence pour la production des tracés cardiographiques. Les expériences faites sur ces animaux sont plus impor- tantes que celles qui viennent d'être mentionnées, car elles correspondent à des tracés identiques à ceux que fournit le cœur de l'homme. Mais, pour être bien comprises, elles avaient besoin d'être éclairées par l'étude préalable de phénomènes plus simples, tels que ceux qu'on observe dans la rircnlalion des animaux inférieurs. Si le loctoiii' se reporte à la ligure li2, et s'il examine les tracés do la [)rf!Ssioii inlra-voiilriculairo V ot de la juilsation 0:2 MAREY. cardiaque P, il éprouvera, je suppose, une facilité singulière à les comprendre. Dans le tracé de la pulsation, s'il néglige les vibrations valvulaires sur lesquelles j'aurai à revenir, il verra la pente descendante qui, pendant le durcissement systolique, exprime la diminution de volume du cœur. Il remarquera également que pendant la phase diastolique, l'ac- croissement de volume du ventricule qui s'emplit s'accuse, comme sur le cœur de tortue, par' une élévation du tracé ; il constatera que dans la pression ventriculaire, on observe une uniformité à peu près parfaite, qui tient à ce que le sang s'é- chappe du ventricule par l'orifice aorlique faisant l'office de soupape de sûreté ; enfin, si par la pensée il retranche de la pulsation cardiaque ce qui tient au changement de pression systolique, il retrouvera une courbe très-analogue à celle du changement de volume du cœur dont la figure 39, obtenue sur la tortue, donne le tracé. ' Mais, pour rendre compte des éléments de la pulsation qui ne se trouvent que sur les mammifères et sont d'autant plus accusés que les mouvements du cœur sont plus rapides, il faut recourir à un autre ordre de preuves : à cette reproduc- tion artificielle des phénomènes de la circulation cardiaque dont j'ai annoncé l'emploi. C'est à l'aide d'un nouveau schéma de la circulation que j'ai réussi à reproduire des tracés identiques à ceux de la pulsation du cœur de l'homme. En modifiant la construction de l'appareil, la force motrice dépensée pour le faire agir, la pression sous laquelle lui arrive le liquide et les résistances qu'il doit vaincre, j'ai réussi à obtenir une série de variétés de la pulsation qui se rencontrent chez l'homme et dont la signification devient ainsi facile à comprendre. Enfin les lé- sions des orifices peuvent être simulées au moyen de cet ap- pareil artificiel et reproduire à la fois les bruits anormaux qu'elles entraînent et les principaux types des pulsations qu'on rencontre sur les malades. PULSATION DU CŒUR. Go \l, — I\on\'eau schéma de la fonction du cœur. Premiei^s essais de schéma de la circulation; ils ne donnaient que des résultats partiels. — Moyen de reproduire avec ses phases véritables le mouvement de systole des ventricules ; construction de la came qui engendre ce mou- vement. — Moyen de graduer la force systolique de l'appareil : intermédiaires élastiques de forces variables. — Imitation de la systole de l'oreilleltt;. — Disposition générale de l'appareil. L'idée de Weber qui, le premier, imagina de reproduire, dans un système de conduits élastiques, les phénomènes de la circulation, me semble une de celles qui seront les plus fécondes en applications à la physiologie. J'ai décrit ailleurs (1) la disposition de ce schéma primitif qui, malgré sa construc- tion grossière, rendait bien compte de certains phénomènes de la circulation du sang. L'invention moderne des tubes de caoutchouc et des membranes élastiques faites de cette même substance , a fourni le moyen de réaliser des appareils moins imparfaits. J'ai, moi-même, à plusieurs reprises, construit des schémas destinés à imiter certains détails de la circulation du sang; mais, suivant le but que je me proposais, je restreignais l'imitation à certains phénomènes, sacrifiant entièrement l'imitation des autres. Ainsi, dans un premier appareil (2), pour reproduire les bruits du cœur, j'imitais, à la façon de Rouanet, les valvules et leurs claquements ; mais le ventricule de mon appareil, placé dans un flacon de verre où de l'air était comprimé et raréfié tour à tour, était inacessible au toucher ; on ne pouvait donc percevoir sur ce schéma la pulsation cardiaque. Dans un second appareil (3), je tentai de reproduire cette pulsation dans ce qu'elle a de plus saillant : à savoir le dur- cissement du ventricule au moment de la systole, et la coïn- cidence de la pulsation avec cette phase d'activité des ven- tricules. Mais la forme de la pulsation était encore très-défectueuse ; on peut s'en convaincre d'après la figure 12. Cola tenait à (I, Pliysiol. r/]éd.,p. al. • (2) Loc. cit., p. 104- ' . (3) Journal de l'.-mot. cl de ht pliysiul.. l. 11, LSnû, p. /(17. 64 MAREY. ce que, pour produire la systole des ventricules, j'agissais au moyen d'une force dont les phases ne répondaient pas à celle de l'effort systolique d'un ventricule véritable. Dans mon appareil, en effet, je me servais, à titre de force mo- trice, d'un lourd pendule qui, à la fin de chacune de ses oscillations, exerçait une traction passagère sur des cordages chargés de resserrer la poche ventriculaire. Or, un pareil mouvement ne ressemblait pas assez à celui qu'engendre le muscle cardiaque pour qu'on pût espérer une parfaite imita- tion des phases de la pression du sang dans le ventricule du cœur. Fig. 42. — Tracés de la pulsation obtenus sur un schéma imparfait, en 18G5; on constate seulement l'existence d'un durcissement ventriculaire, pendant la période systolique a b. La reproduction parfaite de ces phases est le but que je me suis proposé dans la construction nouvelle dont on va lire la description. La myographie les fait connaître avec exactitude ; elle montre que la fibre du cœur se raccourcit d'une manière assez brusque et revient })lus lentement à sa lon- gueur primitive. En un mot, dans la courbe musculaire du cœur, la systole est sensiblement plus courte que la diastole. Lorsqu'on doit, en mécanique, reproduire un mouvement dont les phases varient d'une manière quelconque, le moyen le plus simple est d'employer une came qui, en tournant, soulève un levier qui repose sur elle et, suivant les varia- tions de son excentricité, lui imprime un déplacement va- riable (1). (1) La conslrucli'on de celte came doit être basée sur la notion préalablement acquise de la forme du mouvement musculaire du ventricule, telle que la représente le tracé myographique du cœur. Soit, figure 43, la courbe amplifiée d"une systole du cœur vide et de la diastole qui lui fait suite ; on divise l'abscisse de celte courbe en un certain nombre de parties égales, 20 par exemple ; à chacune de ces divisions on élève, jusqu'il la rencontre de la courbe, une série de perpendiculaires, cha- cune de ces ordonnées exprime l'étendue du mouvement de Iraction qui devra PULSATION DU CŒUR. 65 Sur le bâti général de l'appareil schématique (fig. 45), est établi solidement l'axe de cette came commandé par une manivelle. Un volant placé sur cet axe assure l'uniformité de sa rotation et la parfaite ressemblance du mouvement produit avec celui qu'il s'agissait d'imiter. Mais cela n'est pas encore suffisant pour reproduire, avec tous ses caractères, l'effort systolique développé par le muscle ventriculaire. L'identité de deux actes musculaires suppose que les changements de longueur s'effectuent à chaque instant, non- seulement avec des étendues égales mais avec des forces égales . Or, on sait que la force d'un muscle est limitée, et que si le mouvement qu'il produit, dans une secousse, par exemple, présente une certaine forme lorsqu'il n'y a que peu de résis- tance à vaincre, la forme ne sera plus la même si la résis- Être opéré à une série de 20 instants successifs, pour produire un mouvement semblable, par sa forme, à celui que produit la libre du ventricule en se rac- courcissant. • Fig. 43. — Courbe de la systole veiitiicu- laire avec les 20 ordonnées qui serviront à la construction de la came. Fig. 44. — Came destinée a reproduire les phases de la systole du ventricule'. Cette suite de raccourcissements devant être commandés par la came, celle- ci devi'a avoir, à chaque 20<= successif de sa révolution, des excentricité^^ égales ou proportionnelles à la série des ordonnées de la courbe. Pour remplir cette condition, on prend une planchette au milieu de laquello on inscrit un cercle, du centre duquel partent 20 rayons équidistants (fig. 44). L'un de ces rayons sera prolongé d'une quantité égale à la longueur do la première ordonnée de la courbe, le suivant le sera d'une quantité égale a la deu.vième ordonnée et ainsi de suite jusqu'au 20<= rayon dont le prolongement sera égal à la 20^ ordonnée de la courbe musculaire du cœur. En réunissant entre elles les extrémités de toutes ces lignes, on obtiendra une courbe fermée sur elle-même. C'est suivant cette courbe qu'on devra faire passer le trait de scie qui di'jcoupera la came. L'axo do celle-ci traversera le centre du cercle primitivement tracé; quant au sens do la rotation qu'on devra imprimer h la came, il est commandi; par l'ordre suivant lo(|iicl on nuru consli'uit la courljot LAD. JIAIiLY 5 66 MAREY. tance à vaincre s'accroît (1). Gela tient à l'élasticité du muscle Fig, 45. — Schéma de la ciiciilanon du sang. les points qui correspondent aux phases ï, 2, 3, etc., du tracé ventriculaire de- vant se présenter dans le même ordre à chaque tour de la came. (1) Pour les modifications de la secousse musculaire par les obstacles, voir; Du mouvement dans les fonctions de la vie, p. 361. PULSATION DU CCEUR. 67 qui, dans les cas d'effort insurmontable, se tend lui-même et ne produit aucun travail extérieur, tandis que si la résistance est surmontable, il se raccourcit d'autant plus que l'obstacle est moindre et subit d'autant moins d'allongement de son propre tissu. . Explication de la figure 45. Sur une planche verticale placée à gauche de la figure, sont disposés le cœur et les vaisseaux artificiels. — 0, oreillette formée par une poche de caoutchouc que remplit sans cesse le liquide qui descend par les conduits veineux suivant la direction de la flèche. — V, ventricule réuni à l'oreillette par un large orifice muni d'une valvule ; le ven- tricule s'ouvre par un orifice muni de sigmoïdes artificielles dans un système de tubes élastiques dont la disposition rappelle grossièrement celle de l'aorte et des principaux troncs artériels. (Ces tubes, dont on n'a représenté que l'origine, se prolongent et se ramifient comme de véritables artères.) La contractilité de l'oreillette et celle du ventricule sont imitées de la manière suivante : L'oreillette est logée dans un filet sur les mailles duquel tirent quatre cordons qui traversent la planche de l'appareil, cheminent parallèlement entre eux jusqu'à un petit rectangle au delà duquel ils se réunissent en un seul cordon qui s'attache à un ressort- boudin. Dans cette position, l'oreillette est seulement contenue dans le filet sans être comprimée. Une corde détendue SO produit la systole de l'oreillette au moment où elle se tend par le déplacement d'un levier vertical auquel elle est attachée. — Le ventricule est muni d'un plas- tron (de couleur blanche dans la figure)^ aux bords duquel sont fixés des cordons de tirage; ceux-ci contournent la face postérieure d\i ven- tricule, s'entre-croisent avec les cordons qui viennent du bord opposé du plastron et se réfléchissant sur un rouleau R qui forme le bord d'une fente verticale, s'échappent derrière la planche et vont s'attacher, comme les cordons de l'oreillette, aux bords d'un rectangle de bois. Il y a donc deux fentes, dont l'une n'est pas visible dans la figure, et deux séries de cordons dont la traction simultanée produit un resser- rement de la poche ventriculaire. Le rectangle auquel s'attachent tous les cordons de tirage du ventri- cule est tiré en arrière par une corde SV qui produit la systole ven- triculaire à un moment donné. Cette corde, interrompue sur son tra- jet, est munie de deux crochets que relient l'un à l'autre des anneaux de caoutchouc F. Grâce à cette disposition, la force avec laquelle se fait la traction sur les cordons est limitée par la force élastique du caoutchouc. En changeant le nombre des anneaux, ou change la force de traction des cordons de tirage. Les leviers verticaux, situés à droite de la figure, ont pour fonction d'agir sur les cordons SO et SV de l'oreillette et du ventricule. Munis 68 ■ MAREY. d'une charnière à leur extrémité inférieure, ils sont portés en arrière, d'un mouvement plus ou moins rapide, au moment où devra se pro- duire la systole de l'oreillette ou du ventricule. Une roue à gorge, portée par une chape adhérente au levier, roule sur le bord de la came quand celle-ci se met à tourner. Suivant le plus ou moins d'excentricité de la came aux différentes phases de sa ro- tation, le levier sera plus ou moins déplacé en arrière et exercera sur les cordons une traction plus ou moins étendue. Les cames CV pour le ventricule, et CO pour l'oreillette, sont pla- cées sur un même axe qu'une manivelle fait tourner. Un. volant régu- larise le mouvement qu'une manivelle commande. Des flèches indiquent le sens de la rotation. On peut, dans certains cas, remplacer avanta- geusement la manivelle par une poulie et un moteur mécanique. Telle qu'elle a été cléci^ite, la came qui sert de moteur dans cet appareil n'aurait pas les propriétés voulues, si la traction provoquée par ses variations d'excentricité était transmise par des organes rigides, comme des cordes inex- tensibles. Dans ces conditions, le mouvement &e ferait avec une force excessive. En cas d'obstacle à l'issue du liquide, la systole ventriculaire s'effectuerait avec la force entière du mo- teur employé à faire tourner la came, et si, pour cet usage, on se servait du bras d'un homme vigoureux, on dévelop- perait un effort hors de pi^oportion avec celui que déploie le ventricule du cœur. Pour achever d'imiter les conditions physiologiques de la systole, il faut donc imiter non-seule- ment les changements de longueur du muscle, au moyen de tractions graduées sur les cordons de tirage, mais imiter éga- lement cette élasticité du tissu musculaire qui impose une li- mite à l'effort de raccourcissement. Il suffit, pour atteindre ce but, de rendre élastique la corde qui exerce la traction sur le ventricule. A cet effet, cette corde est rompue à sa partie moyenne F (fig. 45), et les deux bouts sont munis de crochets qu'on réunit l'un à l'autre par un ou plusieurs anneaux de caoutchouc. Cette disposition présente ce grand avantage : qu'elle per- met de régler à volonté la force du ventricule. Weber a mon- tré que la force d'un muscle n'est autre qu'une force élastique, et que les phases différentes de l'effort musculaire ne sont que des variations du coefficient d'élasticité du muscle. Ces résul- tats ont été confirmés par Donders et Van Mansfeldt ; j'en ai PULSATION' DU CŒUR. 69 inoi-meiiie verille la parfaite exactitude. Or, si la force plus ou moins grande d'un muscle n'est que l'expression de son élasticité variable, rien n'est plus facile que de mettre la corde de traction dans les conditions d'un muscle fort ou faible ; il suffit de placer un plus ou moins grand nombre d'anneaux de caoutchouc sur les deux crochets en F: la force du mouvement engendré par la came croîtra en raison du nombre de ces an- neaux. On pourra ainsi produire des systoles passant toutes par les mêmes phases d'intensité relatives, mais déployant des efforts plus ou moins considérables. Quant à la systole de l'oreillette, elle est obtenue, dans le schéma, par une autre came GO dont la forme, en ellipse allon- gée et très-excentrique, permet dobtenir un mouvement de durée très-courte, comme celui qui appartient à la systole de l'oreillette 0 (figure 25). Pour cela, on relie avec l'oreillette le levier qui transmet l'action de cette came, au moyen d'une corde SO qui ne se tend qu'un instant très-court: au moment de l'excentricité maximum. Il faut ensuite placer la systole de l'oreillette au moment où elle doit avoir lieu dans la révolu- tion d'un cœur véritable. Gela s'obtient en faisant tourner la came de l'oreillette autour de l'axe qui lui est commun avec celle du ventricule, jusqu'à ce que la systole auriculaire se produise au moment voulu. Il est à peu prés inutile de reproduire la description des autres détails de l'appareil : c'est l'imitation d'un cœur simple présentant une seule oreillette et un ventricule unique. Les veines sont imitées par un tube afférent qui verse dans l'oreil- lette le liquide puisé dans un réservoir plus ou moins élevé, à peu près comme cela se voit dans la figure 30 ; l'orifice auri- culo-ventriculaire est muni d'une valvule, et l'orifice aortique en porte une à triples clapets, construite sur le modèle des sygmoïdes de l'aorte ; ces détails se voient plus clairement dans la figure 46. L'aorte elle-même se recourbe en crosse et émet des branches multiples qui, après des trajets variés, rappelant fort grossièrement ceux des artères humaines, viennent, par des ajutages étroits, se verser dans le réservoir veineux. (Pour simplifier la ligure 45, on a représenté l'aorte et ses branches coupées après un court trajet.) 70 MAREY. Sur la paroi du ventricule de l'appareil, on applique l'ex- plorateur de la pulsation cardiaque (explorateur à tambour), et l'on recueille un tracé, identique à celui que donnerait la pulsation du cœur d'un homme. Cette ressemblance est assez parfaite pour qu'on puisse admettre l'identité des phé- nomènes mécaniques produits de part et d'autre. On verra, par les expériences ultérieures, que sur ce point le doute n'est pas possible. \l\. — Vérification du scliéina. Disposition de l'appareil pour obtenir les tracés de la pression dans l'oreillette et dans le ventricule, en même temps que la pulsation du cœur et le pouls aortique. — Tracés obtenus ; leur analyse : ils sont identiques à ceux qu'on obtient sur les animaux. — Nouvelles preuves expérimentales; rôle de l'oreillette; action du ventricule; signe du resserrement ventriculaire tiré de la forme delà pulsation; A'ariation delà vacuité post-systolique et du flot de l'oreillette. Avant d'étudier sur le schéma quelles influences font va- rier les différents actes d'une révolution du cœur et en par- ticulier la pulsation, j'ai dû m'assurer d'abord que l'appareil fonctionnait bien et qu'il reproduisait l'ensemble des phé- nomènes que la cardiographie phijsiologique signale sur les grands animaux. Sauf des différences de force ou de fré- quence des mouvements, un bon schéma doit fournir les mêmes tracés que le cœur d'un cheval. La figure 46 montre la disposition de l'expérience. On introduit dans l'oreillette 0 l'ampoule d'une sonde car- diaque dont le tube passe par un conduit veineux et porte à l'em^egistreur les variations de la pression dans l'oreillette. Une autre ampoule semblable est placée dans le ventricule V, d'oii son tube s'échappe, par un conduit ménagé à cet effet, et se rend à un second levier inscripteur. Un explorateur à tambour E, presse sur le ventiùcule et re- cueille la pulsation qu'il transmet à un troisième inscripteur. Enfin, une sonde introduite dans l'aorte fournit l'indication du pouls aortique. PULSATION DU CŒUR. 71 Les quatre tracés recueillis à la fois donnent la tigure 47. Le premier mouvement qui se voit sur ces tracés (à gauche de la figure) est une systole de l'oreillette. La ligne verticale 1 , prolongée à travers les autres courbes, permet de suivre les effets de cette systole dans le tracé du ventricule V et Fis. ifi- — Di'iposition du sclioma pour rcpioduiie le.5 trncùs rie la raidioi^caphiu pliysin logiques dans celui de la pulsation cardiaque. Dans les courbes V et P, le synchronisme de la petite ondulation auricuhiire avec la systole de l'oreillette, c'est-à-dire avec le maximum d'élé- vation de la courbe 0, est manifeste. , Le phénomène qui se produit à l'instant n° 2, est le début de la systole ventriculaire. Le mouvement est ici moins brusque que chez les mammifères; en effet la came qui. dans le schéma, commande le mouvement systolique du ven- tricule a été construite sur le type de la systole de la tortue (1). Dans le ventricule, la pression s'élève et reste élevée pen- dant toute la durée de la systole-, gardant une valeur à peu près constante ; puis elle s'abaisse, annonçant que la systole est finie. On remarque la concordance parfaite du début et de la fin de la systole ventriculaire avec le début et la fin de la pulsation du cœur Mais, dans la pulsation, le tracé s'abaisse l'"ig. 47. — Reproduction sur le schéma des tracés obtenus dans la cardiographie physiolo- gique (Fig. 12), ainsi que du pouls aortique 0, tracé de l'oreillette; V ventricule; P pulsation du cœur; A, pouls aortique (Héliogravure). du commencement à la fin de la phase systolique. Cet abais- sement tient à la diminution de volume du ventricule qui se vide. L'acte qui se produit à l'instant n° 3 est le pouls aortique. On remarque le retard de cette pulsation sur le début de la systole du ventricule. Ce retard ne tient pas seulement à la lenteur de propagation de l'onde sanguine, il est dû aussi à ce que la pression dans le ventricule doit acquérir une cer- taine intensité pour surmonter celle du sang aortique qui presse sur les sygmoïdes ; alors seulement le sang peut pas- ser du ventricule dans l'aorte et le pouls se produire dans les artères même les plus rapprochées du cœur. Ce retard qui (1) Je me propose de construire prochainement un nouveau schéma avec différents perfectionnements, entre autres une série de cames donnant, à vo- lonté, différentes formes systoliques. PULSATION DU CŒUR. 73 s'observe également sur les animaux est peut-élre un peu plus prononcé sur le schéma, à cause de la lenteur un peu trop grande du resserrement ventriculaire. Le pouls aortique présente la trace de la vibration des valvules sigmoïdes 4 ainsi qu'on l'observe chez les animaux et sur l'homme. Dans le tracé de l'oreillette, on constate, après la systole de cette cavité une élévation de pression qui dure pendant toute la systole des ventricules et qui tient à ce que la valvule mitrale fermée ne laisse pas sortir le sang de l'oreillette. On n'observe pas, comme dans les tracés obtenus sur les animaux, ces ondulations que nous avons attribuées aux vi- brations des valvules auriculo-ventriculaires ; c'est qu'en effet la disposition des valvules du schéma ne se prête pas à ce genre de vibrations (1). Du reste ces vibrations ne s'observent, ni dans le tracé de la pression ventriculaire, ni dans celui de la pulsation. Cette absence de vibrations valvulaires est la seule différence qui existe entre les tracés artificiels et les tracés naturels. Quand la systole du ventricule est finie, la courbe de pres- sion du sang est à son minimum dans cette cavité. Il existe alors une déplétion à que je nommerai le vide post-s^jstolique quand je la désignerai plus tard. Ce vide est bientôt comblé par l'arrivée du sang qui vient de l'oreillette. Un flot de sang tombe dans le ventricule et signale son arrivée par un soulève- ment brusque du tracé 5. C'est ce que nous désignerons sous le nom de (loi de l^ oreillette; au moment où ce phénomène se produit, on peut voir qu'il se fait un abaissement soudain de la pression dans l'intérieur de l'oreillette dont le sang s'échappe abondamment dans le ventricule. Le tracé de la pulsation cardiaque offre, comme celui de la pression ventriculaire, le vide post-systolique et le flot de l'oreil- lette, ce qui est tout naturel, puisque les changements de pres- sion du sang s'accusent, dans la pulsation, par les change- ments qu'ils produisent dans la consistance des ventricules. Enfin, dans les trois tracés supérieurs, le reste de la diastole se traduit par une ascension lente de la courbe, ce qui exprime (1) Les valvules du schéma sont faites de petits sacs de taffetas imitant une valvule de veine; elles sont très-peu extensibles et ne forment pas de voussure du r'oii' df l'orcillnlte. .- •/' -..■--....- . f\., .. 74 MAREY. la réplétion lente et graduelle des différentes cavités du cœur sous l'influence de l'abord continuel du sang veineux. Puis, une nouvelle systole de l'oreillette arrive, signalant le début d'une nouvelle révolution du cœur» A partir du moment où les valvules sygmoides se ferment, ce qui s'accuse dans le tracé du pouls aortique par une pe- tite ondulation, on voit que la pression baisse graduellement dans le système artériel, par l'effet de l'écoulement du sang qui passe des artères aux veines, àtraversles vaisseaux capillaires. Ainsi^ dans le système vasculaire, la pression baisse pendant la durée du repos du cœur, tandis qu'à l'intérieur du cœur lui- même, la pression s'élève par l'afflux du sang veineux. En faisant cette analyse des tracés obtenus sur le schéma, j'ai eu pour but de montrer que la même interprétation s'appli- que aux tracés artificiels et à ceux que donne le cœur des ani- maux. L'inspection de ces deux sortes de courbes suffirait à donner cette conviction, pourvu qu'on ait Fhabitude de lire des tracés. Mais on ne considérera peut-être cette similitude des courbes que comme une présomption en faveur de l'identité du mécanisme qui les produits. Peut-être exigera-t-on des preuves expérimentales de l'exactitude des interprétations qu'on vient de lire. Ces preuves seront d'autant plus faciles à fournir que le schéma se prête à toutes sortes de modifications: supprimer tel ou tel mouvement, en accroître ou en diminuer l'énergie ou la durée, créer ou supprimer des résistances au devant du courant sanguin, etc., tout cela se produit à volonté et l'on peut juger aussitôt des changements du tracé qui cor- respondent à ces changements de la fonction. Nous allons passer en revue une série de ces influences expérimentales qui servent de contrôle à l'interprétation des tracés ci-dessus. Action de l'oreillelle. — Nous avons attribué à la systole de l'oreillette l'ondulation qui arrive à l'instant n" 1 , dans le tracé supérieur 0 fig. 47, et qui retentit, sous forme d'une ondu- lation analogue mais plus faible, dans les tracés Y et P. Pour démontrer la réalité de cette cause, il faut supprimer la systole PULSATION DU CCEUR. 75 de l'oreillette; on devra voir disparaître toutes les ondulations qu'elle produit dans les autres tracés. Or, quand on coupe la corde SO (fîg. 45) par laquelle se transmet à l'oreillette l'action périodique de la came qui la commande, toutes les ondulations disparaissent et l'on n'a plus que des tracés dé- pourvus de systoles auriculaires. Il n'existe plus alors dans l'oreillette que l'accroissement passif de la pression qui se pro- duit pendant la systole ventriculaire sous l'influence de la ré- tention du sang qui vient du système veineux (1). Fig. 48. — Montrant l'action de l'oreillette dont la force systolique a été accrue dans la f2« moitié du tracé, en B. — 0, tracé de l'oreillette; la phase systolique est plus haute daas la moitié B de la ligure. — P, pulsations du cœur; on voit que les effets de la systole de l'oreillette sont plus marqués dans la moitié B. — G, pouls carotidien, indifférent aux in- fluences de l'oreillette (Héliogravure). Inversement, on peut donner plus d'énergie à la systole de l'oreillette en raccourcissant la corde qui lui transmet l'action (1) Les tracés V et P dépourvus de la systole auriculaire ne constituent pas, du reste, une forme insolite chez l'homme et chez les animaux supérieurs. Souvent, tout effet de la systole auriculaire manque dans le ventricule; cela tient à la grande faiblesse de cette systole. Chez les animaux inférieurs, on la voit souvent disparaître avec une grande facilité. Ainsi, dans le tracé de la tortue repré- senté (fig. ^8) les effets de la systole de l'oreillette dans la pulsation ont disparu. 76 de la came. Il s'en suit une e^jagération des effets de Foreillette dans les tracés 0 P. La figure 48, dans sa deu?vième moitié, montre l'effet d'une augmentation de la force systolique del'o- Fig. 49. — Moitié A, force moyenne du veiitrinile. Moitié B. force considérîble du ventricule.. Effets de ces changements de force sur tous les tracés à la fois (Héliogravure). reillette, ce qu'on a obtenu en raccourcissant la corde SO PULSATION DU CŒUR. (fig. 45). Non-seulement on amplifie l'effet de la systole de l'o- reillette dans le trace 0 pris dans cette cavité, mais on ac- croît l'effet de la systole auriculaire dans le tracé P de la pul- sation cardiaque. Quant au tracé aortique A; on devait s'at- ' tendre à ne voir aucune modification dans sa forme. Action du ventricule. — On peut employer la même méthode pour s'assurer que c'était bien l'action du ventricule qui se traduisait, figure 45, dans les tracés V et P, sous forme de courbes dont le début est marqué par la ligne verticale n° 2. En rompant la communication de la came avec le ventricule, on supprime tout effet de la systole et l'action de l'oreillette subsiste seule. En accroissant ou en diminuant la force de la systole ventriculaire, on accroît l'amplitude de ses effets dans les courbes V et P, ainsi que celle du pouls carotidien et radial. On a vu que pour changer la force du ventricule, il suffit de changer le nombre des anneaux de caoutchouc dont la force élastique imite, dans le schéma, la force du ventricule. On obtient ainsi des systoles fortes ou faibles. Sous ces influences, le pouls augmente ou diminue d'ampli- tude ainsi qu'on pouvait le prévoir. Dans la figure 49, la moitié A est obtenue avec une force moyenne des systoles venlriculaires ; la moitié B, avec une force plus grande. Or, dans cette seconde moitié, la hauteur des tracés qui expriment la pression intra-ventricuiaire est plus considérable que dans la première. D'autre part l'accrois- sement de la hauteur du pouls carotidien, aussi bien que du pouls radial, prouvent également cette augmentation de l'éner- gie systolique du ventricule. Hesscri'ernent syslolique. — En analysant la figure 47, nous avons attribué à la diminution de volume du ventricule la pente descendante que présente la courbe systohque dans le tracé de la pulsation P. Si cette interprétation est vraie, on devra voir cette pente s'accentuer plus ou moins, suivant que le ventricule se vide d'une manière plus ou moins parfaite. Or, en faisant varier la force systolique, on doit en faire varier les ef- fets sur le mouvement (hi sang. Une systole forte devra s'ac- 78 2 S. S- il- M. (*, I.J 5" = c« s' t?" ? IM a. - -!; ^ C/3 n Cî) 3 O 3' A 2. Cfl* c^ c a s" Ci =i 05 ^ ^ c 3 O S 2: S 3 S -< i ■— •^ = = i s r 5 „ o f» o ^ 1 S S -s 1 ;^^ re- 3_ £^ ol m 2' » S -^3 a> a Ci ■3 - — , f^ =_ — ^. p o îi O 3 2 O o (n a. i2 -3 ^ a, =1. C- ^ Cfl o o o ^ 3 ^ » .— 2 » 3 5 1 = -- Cï 3 g O ^ " 3 05 ■ ^ H 5 5 £• PULSATION DU CŒUR. 79 compagner d'une évacuation plus complète, cest-à-dire d'une diminution plus prononcée du volume du ventricule et sur le tracé, on verra une pente plus inclinée du sommet de la pul- sation. C'est ce qui arrive en effet ; on en peut juger en comparant la forme des pulsations du cœur dans la figure 49 (1" moitié A), systole faible et (2^ moitié B) systole forte. Le raisonnement nous apprend encore que le ventricule, a force égale de sa systole, devra se vider plus ou moins, sui- vant que la sortie du sang, par l'orifice aortique, sera plus ou moins facile ; en d'autres termes, suivant que la tension arté- rielle sera petite ou grande. Pour obtenir une élévation de la pression dans les artères du schéma, oblitérons quelques-uns des tubes qui laissent passer le liquide des artères dans les veines ; nous constatons aussitôt (fig. 50) que la pression du sang s'élève, ainsi que l'exprime la hauteur croissante du tracé des pulsations carotidiennes et tibiales. Or, dans ces conditions, on peut voir que la pulsation accuse, par la pente de sa courbe systolique, des différences dans le changement de volume du ventricule. La pente, moins inclinée, pendant que la tension artérielle est forte, annonce que le ventricule se vide moins ; cette pente, au contraire, s'inclinerait davan- tage si la tension artérielle baissait et permettait au ventri- cule de se vider plus complètement. Vacuité post-systolique. — La dépression soudaine qui s'ac- cuse, à la fin de la systole, dans les tracés V et P (fig. 47), nous l'avons attribuée à l'effet de l'évacuation ventriculaire. Le ventricule, en effet, ne doit jamais avoir une pression plus basse qae lorsqu'il vient de se vider. Mais si la dépression dont il s'agit tient réellement à cette cause, il est clair qu'elle sera plus ou moins profonde, suivant que le ventricule se sera vidé d'une manière plus ou moins complète. Après une systole énergique (moitié B, fig. 49), la dépression sera plus profonde qu'après une systole faible (moitié A de la même figure). Elle sera plus profonde aussi dans le cas où une pression artérielle faible aura permis au ventricule de mieux se vider. On peut s'assurer qu'il en est ainsi en effet, l'examen de la 80 MARK Y. ligne Press. V, fig. 50, suivant que l'écoulement artériel est libre ou entravé, en fournit la preuve. Le flot de l'oreillette s'accuse, avons-nous dit, par un sou- lèvement brusque de la courbe, au moment où la dépression post-systolique cesse d'exister. Ce flot fera irruption avec d'autant plus de force et s'accusera par un soulèvement d'au- tant plus prononcé dans la courbe, que l'évacuation ventricu- laire aura été plus complète. On peut juger sur les figures précédentes, 49 et 50, qu'il en est réellement ainsi. Enfin, le schéma permet de ralentir la pénétration du flot de l'oreillette et de lui enlever la brusquerie qu'il présente dans les conditions normales. Il faut, pour cela, produire un rétré- cissement de l'orifice auriculo-ventriculaire, ce qu'on obtient aisément en invaginant avec le doigt la paroi de l'oreillette, de manière à oblitérer partiellement l'orifice auriculo-ventricu- laire. La vacuité post-syslolique n'est alors comblée que d'une manière graduelle par l'arrivée du sang de l'oreillette ; figure 51, en B. Fig. 51. — ElTels d'un rétrécissement de l'orifice auriculo-ventriculaire sur la pulsation car- diaque. — P, tracé de la puUation. — C, tracé du pouls carotidien. — A, (!'« moitié du tracé) type normal. B, (3= moitié) effets du rétrécisie:nent auriculo-ventriculaire. — c et v' vide post-systulique, / et /' Ilot de l'oreillette. Ces études préliminaires auront, je l'espère, dissipé les doutes qui pourraient rester encore sur la réalité des inter- prétations des tracés cardiographiques. Peut-être le lecteur a-t-il entrevu la direction nouvelle que ces recherches doi- vent recevoir à l'avenir. Si la pulsation du cœur traduit l'état de la circulation car- diaque en indiquant, à tout instant, la manière dont le ventri- PULSATION DU CœUR. cule se vide et se remplit, elle deviendra une source de renseignements utiles pour les physiologistes et les médecins. Il n'est pas douteux que les affections organiques du cœur ne se traduisent par des caractères graphiques d'une importance égale à ceux que l'auscultation nous livre. Aussi, ai-je, depuis longtemps, essayé de rassembler des tracés recueiUis dans les différents états physiologiques et pathologiques. Si je n'ai publié jusqu'ici que très-peu de chose au sujet des applications pratiques de cette méthode, cela tient aux diffi- cultés nombreuses que présente ce genre de recherches. On pourrait croire que les lésions organiques du cœur doivent se révéler avec des caractères très-nets ; mais ces lésions sont si rarement pures que la complexité de leur nature se retrouve dans les tracés. N'est-il pas très-rare de rencontrer une lésion qui, non- seulement se borne à l'un des orifices du cœur, mais qui ne frappe cet orifice que de rétrécissement ou d'insuffisance, sans mélange des deux effets? En outre, pour n'accepter comme valables que les cas suivis d'examen nécros- copique, on doit écarter un grand nombre de ceux qu'on a pu recueillir. Ajoutons que^ dans ces cas même, il faut que l'au- topsie ait été faite peu de temps après qu'on a recueilli le tracé, car les lésions organiques se modifient souvent avec une rapidité extrême, et la lésion constatée par l'examen cadavérique pourrait ne plus correspondre à l'état du malade au moment où il a fourni le tracé. Toutefois, l'emploi du schéma semble devoir abréger beaucoup les recherches pathologiques dont je viens déparier. On peut, sur l'appareil artificiel, produire des troubles bien déterminés du mécanisme cardiaque : faire subir à ses ori- fices des rétrécissements et des insuffisances absolument purs. Si la modification que ces lésions artificielles entraînent dans les caractères de la pulsation se retrouve au lit d'un malade, si les signes fournis par l'auscultation pendant la vie et l'examen nécroscopique s'accordent pour faire admettre l'exis- tence d'une même lésion, liée à certaines formes du tracé, alors, ce concours de preuves devient extrêmement démonstratif et permet, sur un nombre restreint d'observations cliniques, de baser des conclusions qui ne soient pas trop téméraires. Mais, je le répète, ces cas sont encore peu nombreux et ce n'est lAli. MAl;l.^. 82 MAREY. guère que pour l'insuffisance aortique, l'insuffisance tricuspide et certains anévrysmes, qu'on pourrait aujourd'hui assigner des caractères précis empruntés à la méthode graphique. Bien plus facilement s'obtiendra la signification physiolo- gique des différentes formes de la pulsation cardiaque ; aussi, dans un prochain mémoire, essayerai-je d'exposer les diffé- rents types qu'on rencontre sur l'homme sain et dont la con- naissance est le point de départ obligé de toute application à la pathologie. En terminant ce premier travail, que j'ai été forcé d'étendre plus que je n'aurais voulu, je résumerai, sous forme de con- clusions, les points principaux qui en ressortent. CONCLUSIONS. 1° Les interprétations que Chauveau et moi avions autre- fois données sur la signification des tracés du cœur du che- val peuvent être appliquées à la connaissance de la circula- tion cardiaque chez l'homme. 2° On peut recueillir presque toujours sur l'homme un tracé de la pulsation cardiaque, en se servant d'appareils inscripteurs sensibles et d'un explorateur spécial. Le meilleur, jusqu'ici, est celui que je désigne sous le nom d explorateur à tambour. 3° Le cylindre dont on se sert pour l'inscription de la pul- sation cardiaque doit avoir une vitesse de 1 centimètre 1/2 par seconde ; c'est du moins la vitesse qui convient à la plu- part des cas. 4" Certains doutes ont été émis, relativement à la fidélité PULSATION DU CŒUR. 83 des tracés du cardiographe. Ainsi, le professeur Fick a trouvé d'autres valeurs que nous, pour la pression du sang dans le cœur et dans l'aorte. Gela tient à la nature des instruments qu'il employait : instruments dont les indications n'étaient pas assez rapides. La transmission par l'air est à l'abri d'un pa- reil danger. 5" L'interprétation des tracés de la pulsation cardiaque n'a pas paru suffisamment démontrée à certains physiologistes, c'est pourquoi j'ai essayé de l'appuyer de preuves nouvelles. Ces démonstrations m'ont conduit à analyser la pulsation, dans son origine musculaire et dans les conditions mécaniques qui la modifient. 6" Le cœur, considéré comme muscle, présente, avec les autres organes musculaires, des analogies qui n'apparaissent pas au premier abord. 7° La systole brève de l'oreillette et celle du ventricule qui est sensiblement plus longue, ne doivent pas être assimilées à des contractions, mais à des secousses, c'est-à-dire à l'acte le plus simple que puisse effectuer un muscle. Il faut donc re- jeter l'expression de contraction du cœur pour exprimer sa systole. A l'appui de cette théorie concourent des preuves de divers ordres : les unes, tirées de la forme de la systole qui est celle de la secousse, les autres, empruntées à l'action du chaud et du froid sur le muscle cardiaque, au temps perdu qui précède la systole comme la secousse d'un muscle; enfin, aux phéno- mènes de contraction secondaire ou induite : la systole d'un cœur, en effet, n'induit qu'une secousse dans un muscle de grenouille. ' , ' 8° Les phénomènes mécaniques qui produisent la pulsation cardiaque sont intimement liés au mouvement du liquide à l'intérieur du cœur ; la pulsation n'a pas la même forme sur un cœur vide que sur un cœur dans lequel le sang circule. 9° Dans les conditions de la circulation du sang, la pulsa- tion du cœur se compose de deux éléments principaux qui se 84 MAREY. combinent pour lui donner naissance. Ce sont : 1° les change- ments de volume du cœur suivant qu'il se vide ou se remplit ; 2° les changements de consistance du ventricule suivant le degré de pression auquel le sang est soumis à son mtérieur par les resserrements et relâchements alternatifs des parois ventriculaires. Sur certains animaux, la tortue, par exemple, on peut isoler ces deux influences pour l'analyse de la pulsa- tion du cœur. 10" Les changements de volume du cœur s'inscrivent au moyen d'un appareil à déplacement d'air. Les changements de pression intérieure, au moyen de sondes cardiaques, de sphygmoscopes ou même d'explorateurs de la consistance du ventricule. 11° Quand on ajoute géométriquement le tracé des change- ments de volume du cœur à celui des changements de consis- tance, on reproduit le tracé de la pulsation cardiaque. 12° La méthode de Ludwig, avec certaines modifications^ permet d'estimer le débit du cœur en un temps donné et de constater que, dans la plupart des cas, le volume des ondées que lance le ventricule diminue quand la fréquence des sys- toles augmente. 13° Pour déterminer la cause de certains détails de la pul- sation qui manquent chez les animaux inférieurs, j'ai construit des appareils mécaniques au moyen desquels on peut repro- duire plusieurs de ces détails. 14 Gomme point de départ de la construction d'un bon ap- pareil schématique, il faut imiter les caractères de l'acte mus- culaire qui constitue la systole des cavités du cœur. — On imite la forme du raccourcissement musculaire au moyen d'une came, et on reproduit les caractères de force de ce mou- vement, en le transmettant au moyen d'un intermédiaire élas- tique. 15" Avec mon nouveau schéma, on peut reproduire tous les PULSATION DU CŒUR. 85 phénomènes de la circulation cardiaque : ses bruits, sa pulsa- tion et le pouls des artères. Si l'on inscrit ces phénomènes, on obtient des courbes assez approchées de celles que fournit la cardiographie sur les animaux, pour qu'il ne puisse y avoir de doute sur la parfaite analogie des phénomènes artificiel- lement obtenus avec ceux qu'on observe sur l'animal ou sur l'homme. 16° On obtient, sur l'appareil artificiel, le contrôle de toutes les théories émises sur la signification des principaux élé- ments de la pulsation du cœur. Pour cela, il n'est besoin que de modifier dans un certain sens la fonction de l'appareil ; on voit aussitôt se produire, dans les tracés, les changements que la théorie faisait prévoir. il" L'emploi de l'appareil artificiel sera d'un grand secours pour l'étude des caractères cliniques de la pulsation. Il per- met, en effet, de reproduire artificiellement les différentes lésions des orifices du cœur, et fait ainsi prévoir les carac- tères que la pulsation devra présenter sur l'homme, dans le cas où existeront les mêmes lésions organiques. III. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. POUR SERVIR A LA THÉORIE DU POULS. I. — Nature des ondes liquides. Le retard du pouls et son rebondissement ou dicrotisme, ne peuvent s'ex- pliquer que par un mouvement ondulatoire. — Théorie générale des ondu- lations ; influence de la masse en mouvement, de la force élastique et de la vitesse initiale. — Application aux mouvements des liquides dans les tubes élastiques; liquides de différentes densités ; tubes d'élasticités différentes. — Expériences destinées à signaler le passage de l'onde et différents points d'un tube élastique. Parmi les questions que soulève l'analyse des tracés du pouls recueillis sur des artères plus ou moins éloignées du cœur, dans des conditions d'impulsion cardiaque et de ten- sion artérielle différentes, il en est deux qui sont étroitement liées l'une à l'autre, et dont la solution ne peut être fournie que par l'étude des liquides en mouvement, ce sont : le relard du pouls sur la systole cai^liaque, et le rebondissement ou dicrotisme du pouls. Pour rendre compte de ce retard, qui s'accentue davantage à mesure qu'on explore une artère plus éloignée du cœur, Weber avait déjà proposé d'appliquer, à ce cas particulier de la circulation artérielle, les données fournies par l'étude des ondes liquides. Après lui, nous avons admis qu'en effet la transmission du mouvement des liquides dans des tubes élas- tiques mettant un certain temps à s'accomplir, le retard du pouls doit être proportionnel à pulsion (1). eloignenaent du centre d'ini- Fii,'. 5-2. — Moiiti-aiit, ligne 1, les débuts de la systole veiilriculaire (d'après la pression à l'intérieur du ventricule), et l'instant où se produit le pouls dans l'aorte, ligne 2, et dans la fémorale, ligne 3. La figure 52 montre les tracés de la pulsation recueillis sur différentes artères d'un cheval ; elle permet de mesurer exac- tement le retard de chacune de ces pulsations sur la systole ventriculaire. Fig. 53. Pouls obtenu sur le schéma avec fréquence croissante des systoles ventricu- hiires. Différentes formes de dicrotisme. L'existence d'ondes ou d'oscillations de la colonne de sang contenue dans les différentes artères, en même temps qu'elle explique la transmission lente du pouls, rend compte égale- ment de la production du dicrotisme. On peut prouver que ce (1) Physiologie médicale de la circulation du sang, p. 198. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 89 phénomène est purement physique, en le reproduisant dans des conditions tout artificielles. fig. Pouls (licrolc au conimciiccmout du stade de clialcur d'une fièvre intermittente. Les figures 53 et 54 représentent des tracés du pouls di- crote obtenus, lun sur l'homme, l'autre sur le schéma de la circulation (1). Il ne doit donc plus être question de certaines hypothèses émises pour expliquer le dicrotisme du pouls. Celle qui ten- dait à faire admettre l'existence de deux systoles successives du ventricule ne peut résister à l'auscultation du cœur chez les sujets dont le pouls est dicrote. Chez eux, en effet, on n'entend que les deux bruits normaux et on ne sent que la pulsation unique qui caractérise la révolution régulière du cœur, tandis que le doigt, en explorant le pouls, est frappé par deux pulsations successives. Quant a la théorie qui attribuée une systole artérielle la cause du dicrotisme, elle n'explique rien en réalité, puisque, dans l'hypothèse d'une systole arté- rielle, il devrait se produire un retrait du vaisseau et une dé- pression de la courbe tracée, au lieu d'une élévation nou- velle ; il n'y a donc pas lieu de s'attacher à cette théorie et de rechercher quelles actions nerveuses présideraient à ce rhythme régulier, à cette succession étonnante de la systole cardiaque et de la systole artérielle. Mais, s'il suffit d'admettre l'existence des ondes artérielles pour expliquer l'existence d'un retard du pouls et la produc- tion du dicrotisme, cette notion sommaire ne permettrait pas de comprendre toutes les variétés de ce retard, toutes celles qu'on rencontre dans le nombre, l'amplitude et la durée des rebondissements de la pulsation artérielle. C'est dans une connaissance plus approfondie du mouvement des ondes li- {Ij Pour la dcsfTiplion de cet nppnicil. \oy. \r mémoire II, p. Gh, fig. 4.ï. 90 MAKEY. ondes liquides, et des influences qui le font varier, qu'il faut chercher de nouveaux perfectionnements de la théorie phy- siologique. La théorie des mouvements ondulatoires est un des points les plus déhcats, mais aussi un des points les plus importants de la physique, car il constitue l'essence d'un grand nombre de phénomènes de la nature. A toutes les époques de la science, les physiciens et les mathématiciens les plus illustres se sont attachés spécialement à la connaissance de ces mou- vements; et même, en se restreignant au cas plus particulier du mouvement des ondes liquides, on trouve des travaux si- gnés des plus grands noms. Les frères E. et W. Weber, dans leur remarquable traité sur ce sujet (1), montrent com- bien de savants les ont précédés dans ces études^ qui, dans les temps modernes, n'ont pas été négligées non plus. Toutefois, les mouvements qui se produisent dans les con- ditions spéciales de la circulation artérielle : mouvements d'un liquide enfermé dans des conduits élastiques, ont besoin d'être éclairés par des expériences spéciales où se trouvent réunies toutes les conditions du phénomène physiologique. C'est ce que nous nous proposons de faire dans le présent travail. Mais avant tout, et pour l'intelligence de ce qui va suivre, qu'on nous permette de rappeler sommairement les lois qui président à tous ces mouvements alternatifs, très-analogues entre eux, qui, sous le nom de vibrations, d'oscillations, ou d'ondulations, s'observent à chaque instant dans la nature. Partout où une oscillation se produit, c'est qu'il existe une masse, animée de vitesse, soumise alternativement à deux forces de sens contraire. Prenons, pour fixer les idées, l'exemple d'une verge élas- tique de métal terminée par une balle de plomb. Si nous frappons sur cette balle, nous lui imprimons une vitesse, et le travail que nous avons dépensé pour cela passe tout entier dans la balle de plomb à l'état de force vive. Ce travail, em- magasiné, resterait indéfiniment dans cette masse et l'anime- rait d'une vitesse uniforme, de durée indéfinie, s'il n'était (1) WellenJehrc, Lcly/Àg, 1825, MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 91 dépensé par le mobile pour redevenir travail extérieur. Dans le cas choisi pour exemple, la force vive de la masse tra- vaillera contre la force élastique de la verge métallique ; nous verrons celle-ci s'infléchir et la force vive se dépensera peu à peu, ce qui s'accusera par la perte graduelle de la vitesse du mouvement. Quand la balle n'aura plus de vitesse, elle aura perdu toute sa force vive ; alors, tout le travail qu'elle contenait serapassé dans la tige infléchie. Mais, dans cette tige, le travail n'est qu'emmagasiné ; si elle est parfaitement élas- tique, elle devra le restituer à la balle. Cette masse, en effet, prend un mouvement rétrograde par le redressement de la tige ; et quand celle-ci est redevenue rectiligne, la balle a précisément la même vitesse, contient la même force vive qu'au premier instant. Cette force vive de sens inverse va se dépenser, comme tout à l'heure, à courber la verge dans l'autre sens ; les phénomènes se reproduisent indéfiniment de la même façon, jusqu'à ce que certaines pertes de travail étei- gnent le mouvement vibratoire. Toutes les oscillations sont des phénomènes de même nature ; toutes supposent l'existence d'une masse, animée de vitesse, dépensant sa force vive contre une autre force extérieure qui la lui restituera, alternativement dans un sens et dans l'autre, d'une façon plus ou moins complète. La nature de la force extérieure qui agit sur la masse d'une manière alternative peut changer sans que le phénomène soit modifié d'une manière essentielle. Ainsi, on peut assimiler aux oscillations d'une tige vibrante, celles d'un pendule danS' lequel la pesanteur joue le même rôle que l'élasticité dans le précédent exemple. Lorsqu'un manomètre à mercure est soumis à un rapide changement dépression, des oscillations se produisent, parce que la colonne de mercure est soumise à l'action de la pesan- teur qui absorbe sa force vive et la lui restitue tour à tour. On peut faire osciller une colonne liquide sous l'influence de deux forces élastiques. Si l'on empht d'eau un tube de verre (fig. 55), terminé par deux tronçons de tube élastique fermés à leurs extrémités; il suffit de frapper sur l'un de ces tubes élastiques pour imprimer au liquide une impulsion qui se traduira par des oscillations successives, La colonne d'eau s'élance contre l'extrémité du tube, la distend, perd sa vitesse et reçoit de l'élasticité une impulsion qui la ramène en arrière où le même acte se produit ; et ainsi de suite, jusqu'à ce que la résistance que le liquide éprouve dans les conduits vienne éteindre cette vitesse. Fis. 35. — Tube de verre terminé à ses deux extremiles par des tronçons de lufce de caoutchouc. Le tout rempli d'eau. Si l'on veut inscrire ces oscillations du liquide, on applique un sphygmogrophe sur l'un des manchons de caoutchouc comme sur une artère, puis, saisissant entre les doigts l'autre manchon de caoutchouc^ on le comprime et on le relâche al- ternativement. On recueille alors le tracé fig. 56, dans lequel les parties marquées du signe -j- correspondant aux moments où le tube est comprimé ce qui élève la pression, tandis que les parties marquées du signe — se produisent quand le tube cesse d'être comprimé. p-jg. 56. — Ondes produiles par les oscillations d'une colonne d'eau dans un tube, inscrites à l'aide d'un sphycfmographe. Chaque fois que la pression s'élève ou s'abaisse dans le tube, on voit se produire une série de vibrations dans le tracé ; ce sont les oscillations de la colonne liquide qui se porte al- ternativement d'un coté à l'autre. Parfois, le corps oscillant est soumis alternativement à deux forces de natures différentes, tel est le cas d'un poids suspendu à un fil élastique. Dans ces conditions, la pesanteur et l'élasticité alternent pour produire des oscillations verti- ticales. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 93 Ainsi, dans toute oscillation, deux forces antagonistes et une masse animée de vitesse sont les deux facteurs néces- saires. Dans la circulation artérielle, nous retrouvons ces deux facteurs : la masse du sang animée de vitesse distend les parois élastiques, des vaisseaux; ceux-ci réagissent à leur tour sur la masse liquide. Les lois générales des mouvements oscillatoires peuvent déjà nous faire prévoir comment cer- taines influences agiront pour modifier l'oscillation sanguine dans sa durée ou dans son amplitude. Ces lois, en effet, nous apprennent, qu'en changeant un des facteurs de l'os- cillation, on en change la durée ou l'amplitude. 1° En augmentant la masse du corps oscillant, on accroît la durée de chaque oscillation ; 2° En augmentant la force élastique on diminue la durée de l'oscillation ; 3° Enfin, en augmentant la vitesse initiale du mobile, on accroît l'amplitude de l'oscillation. Ces lois peuvent se vérifier dans les conditions déjà indi- quées fig. 56, sur les mouvements d'un liquide contenu dans un tube dont les deux extrémités sont élastiques. Pour vérifier l'influence des masses, comparons ce qui se passe quand on emplit le tube avec de l'eau ou avec du mer- cure. On constate, figure 57, que dans ce dernier cas, la du- rée des oscillations s'est accrue notablement. Fig. 57. — RopréseiUe la même expérience reproduite avec du mercure substitué à l'eau dans le tube. Les oscillations sont beaucoup plus lentes. Pour constater l'influence de la force élastique toute seule, remplissons le tube avec un même liquide ; mais, dans un cas, plaçons à ses extrémités des tronçons de caoutchouc minces, ot, dans l'autre cas, prenons du tube plus épais. De cette façon, nous ferons agir sur la colonne liquide en mouvement dos forces élastiques, tanlôt faibles, tantôt fortes. La durée 94 MAREY. de l'oscillation sera moindre quand on emploiera le tube épais, c'est-à-dire celui dont la force élastique est la plus grande. Enfin, si l'on imprime à la colonne liquide des impulsions plus ou m.oins rapides, ces impulsions, exigeant des dépenses différentes de travail, produiront des oscillations- dont l'étendue croîtra ou décroîtra comme le travail dépensé. Si incomplètes et rudimentaires -qu'elles soient, ces expé- riences montrent que les oscillations du sang dans les vais- seaux auront des intensités et des durées variables, dans cer- taines conditions faciles à prévoir. Leur intensité dépendra de la vitesse avec laquelle le cœur chasse le sang dans le système artériel. Quant à la durée des oscillations, on peut prévoir qu'elle sera surtout sous la dépendance des change- ments de l'élasticité des artères. En effet, l'expérience mon- tre que la densité du liquide employé doit varier considéra- blement pour changer la durée des périodes du mouvement. La substitution du mercure à l'eau dans les tubes ne fait guère que tripler la durée de l'oscillation; et pourtant, la dif- férence de densité de ces deux liquides est dans le rapport de 1 à 13. On conçoit que le sang, quelque modifié qu'il soit dans sa constitution, ne saurait changer assez de densité pour qu'il en résulte un changement appréciable dans la durée de ses mouvements oscillants. Mais il n'en est pas de même de l'élasticité des artères qui change avec le degré de tension de ces vaisseaux. L'expérience montre que les artères, très- extensibles tant que leur réplétion est faible, résistent de plus en plus, à mesure qu'on les distend davantage ; leur force élastique croît ainsi d'une manière rapide, surtout à partir du moment où la pression du sang atteint 12 à 15 centimètres de mercure. Ainsi, à partir de ce point, la durée des mouvements oscillatoires diminuera d'une manière progressive, à mesure que s'accroîtra la tension artérielle. C'est à peu près tout ce qu'on peut prévoir, relativement aux mouvements du sang, d'après les lois générales qui pré- sident à tous les mouvements vibratoires. Pour acquérir des notions plus complètes sur la nature de ces mouvements, il faudrait se reporter aux expériences faites dans des conditions plus approchées du phénomène que nous voulons connaître. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. VO Telles seraient, par exemple, celles de Newton, de Flau- gergues, de Poisson, de Biot, etc., sur les mouvements des ondes à la surface d'une nappe liquide qu'on agite en un point. Mais l'imperfection des moyens dont ces expérimenta- teurs disposaient, pour mesurer la vitesse et la longueur des ondes, ne permet pas d'avoir une grande confiance en leurs résultats qui, du reste, se contredisent souvent. Il m'a semblé que la méthode graphique faciliterait singulièrement cette étude. Déjà en 1858, j'ai entrepris d'inscrire le passage de l'onde en différents points d'un tube élastique remplit de liquide (1). A cet effet, je disposai l'un au-dessus de l'autre trois leviers analogues à ceux du sphygmographe et dont les pointes, pla- cées sur une même verticale, devaient écrire, chacune la pul- sation recueillie en un point différent de la longueur du tube. Celui-ci, recourbé plusieurs fois sur lui-même, venait passer sous le premier levier, puis sous le second, enfin sous le troi- sième. Le liquide était poussé dans le tube par un orifice très- étroit et y pénétrait avec une grande lenteur. On obtenait alors un tracé qui montrait que le début des courbes retarde très-peu d'un bout à l'autre du tube, mais que le sommet de l'onde présente un retard très-considérable. De ces expérien- ces, j'avais cru pouvoir conclure au mode de propagation du mouvement dans les liquides ainsi renfermés dans des tubes élastiques ; aussi, croyant que le sommet des pulsations re- tarde seul sur l'instant où le liquide pénètre, je pensais que le retard du pouls est plus apparent que réel. Buisson, dans des expériences analogues, imprima une vitesse plus grande au liquide qu'il poussait dans le tube ; il vit qu'alors les choses se passaient différemment, et qu'on doit considérer le retard du pouls comme réel, c'est-à-dire portant sur le début même des pulsations inscrites. Ces expé- riences modifièrent mes opinions et me rattachèrent aux idées de Weber sur l'onde sanguine. Plus tard enfin, les expériences d'Aeby sur l'onde muscu- (1) Voyez Annales des Sciences naturelles, ZooVoj/e, 4c série, t. VIII. — Ces expériences sont décrites et figurées in Longet, Traité de Physiologie, t. II, p. 185. 96 MADEY. laire(l) montrèrent le rôle important que le mouvement on- dulatoire paraît exécuter dans les fonctions de la vie. En repre- nant ces expériences et en modifiant les appareils destinés à signaler le passage de l'onde à deux ou plusieurs points dif- férents de la longueur du muscle, je me trouvai bientôt en possession d'instruments qui se prêtaient, également bien, à l'étude de l'onde liquide. La pince myographique que j'ai construite pour l'étude de l'onde musculaire sur les animaux supérieurs (2) peut être également appliquée à l'étude de l'onde liquide. Six pinces myographiques disposées sur le trajet d'un tube de caoutchouc plein d'eau, à des distances égales les unes des autres, sont impressionnées successivement par le passage de l'onde et comme chacune de ces pinces communique avec un tam- bour à levier qui trace sur un cylindre tournant, on obtient six tracés superposés, d'après lesquels on peut estimer la vitesse du transport de l'onde et les changements de formes qu'elle éprouve dans son trajet. Vj Fig. 58. — Montrant la disposition d'un des explorateurs de l'onde. Mais comme il est assez coûteux de se procurer un aussi grand nombre de pinces myographiques, on peut substituer à ces mstruments un petit explorateur de l'onde très-facile à construire. Un tambour métallique T (fig. 58), semblable à'celui qui fait partie de la pince myographique, est collé à l'intérieur d'une petite caisse de boisB, de façon que la membrane du tambour soit tournée en bas. La caisse est ouverte sur deux de ses côtés pour laisser passer, au-dessous du tambour, le tube l qu'on (1) Untersuchungen uber die Vorlpflanzungsgeschwindigkeit dor Reizung in der quergestreiften Muskelfaser, Braunschweig, 1862. (2) Voy. la Machine animale, p. 36, Paris, 187.S. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 97 98 -: MAREY. explore ; celui-ci repose sur une demi-gouttière de métal collée sur la face inférieure de la caisse. Une autre demi-gouttière repose sur le tube et est mise en contact avec la me'Ti- brane du tambour. Lorsque le passage de l'onde dilate le tube de caoutchouc, les deux demi-gouttières de métal ten- dent à s'écarter Tune de l'autre, et comme la supérieure est seule mobile, c'est elle qui exécute la totalité du mouvement ; elle comprime le tambour placé au-dessus d'elle et envoie au levier inscripteur le signal du passage de l'onde. La figure 59 représente la disposition de l'appareil complet. Un tube horizontal de caoutchouc est rempli de liquide ; à l'une de ses extrémités est une pompe, à l'autre un ajutage d'écoulement que l'on peut laisser ouvert ou fermé suivant la nature de l'expérience. Le tube traverse une série de six pe- tits explorateurs semblables à celui qui vient d'être décrit plus haut; ces explorateurs sont situés à une distance de 20 centimètres les uns des autres ; le tube se prolonge au delà du dernier, mais on peut, au moyen d'une pince, le fermer immédiatement après son passage sous le 6^ explorateur. De cette façon, l'onde viendra heurter, en ce point, contre l'obs- tacle formé par la pince. Les six tambours à levier, dont cha- cun est actionné par un des explorateurs de l'onde, tracent sur un même cylindre qui tourne avec une vitesse de 28 cen- timètres par seconde. Cette vitesse est contrôlée par un chro- nographe de 50 vibrations doubles par seconde. Expériences sur le mouvement des ondes. A) Premier cas. — Onde positive dans un tube fermé A SON extrémité. L'appareil étant disposé comme dans la figure 59, et le tube fermé au 6'' explorateur, on enfonce brusquement le pis- ton de la pompe ; l'eau s'élance dans le tube, les six leviers entrent en mouvement et le tracé est inscrit sur le cylindre. L'œil suffit, quand l'onde n'est pas trop rapide, pour faire MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDER. 99 constater que le déplacement des leviers est successif. Leurs pointes se meuvent les unes après les autres, comme si un souffle passait sur elles ; on voit même qu'après une déviation dans le sens de l'impulsion du liquide, elles en reçoivent une autre en sens inverse. Mais l'analyse du tracé permet seule de bien comprendre le phénomène qui s'est produit. Analyse de la figure 60 (au verso). — L'onde obtenue dans cette expérience est une onde positive, c'est-à-dire for- mée par la pénétration du liquide dans le tube ; elle s'accom- pagne donc d'une élévation de la pression sur tout son par- cours. C'est à cette pression élevée qu'est dû le gonflement du tube qui met enjeu chaque explorateur et se traduit, dans le tracé, par une élévation de la courbe. Nous aurons à con- sidérer successivement les phénomènes suivants que présente l'onde liquide : l°'La vitesse de propagation de l'onde; 2" la réflexion et l'onde de retour ; 3° les changements de hauteur de l'onde aux divers points de son parcours ; 4" les changements suc- cessifs de la forme de l'onde ; 5° la formation d'ondes secon- daires pour une impulsion unique. 1° Vitesse de propagation de l'onde. — Dans la figure 60, les tracés doivent se compter de bas en haut ; le tracé I est fourni par le 1" explorateur de l'onde, tout près de l'orifice d'entrée du liquide ; et le tracé VI appartient au dernier explorateur. Le temps qui s'écoule entre les apparitions successives de l'onde sous les divers explorateurs s'estime en cinquantièmes de seconde et en fractions de ces divisions, au moyen du tracé chronographique. A cet effet, on abaisse une perpendiculaire du sommet de chacune de ces courbes, et on la prolonge jus- que sur le tracé du chronographe. Si les intervalles qui sépa- rent deux perpendiculaires successives sont égaux, c'est-à-dire s'ils contiennent le même nombre de vibrations, on doit consi- dérer la vitesse de l'onde comme uniforme. Alors, en effet, la distance qui sépare deux explorateurs successifs est con- stante : 20 centimètres, et le temps employé à la parcourir es le même. Dans la figure 60 on voit que, pour parcourir 20 centimètres 100 Chr-on. 50V.D. Vlg. Cl). — Mouvements d'une onde positive dans un tube élasli(|ue l'enné. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 101 dans le tube, l'onde mettait 1/50 de seconde environ, ce qui porte sa vitesse à 10 mètres environ par seconde (1). Explication de la figure 60. La ligne des ubscisses représente les temps; chaque durée peut être évaluée en 50*^ de seconde et en fractions, d'après le nombre de vibra- tions doubles du chronographe. La ligne des ordonnées exprime les longueurs de tube ou les espaces parcourus par l'onde. Entre deux explorateurs il y a un in- tervalle de 0"',20. Les distances verticales I à II ; II à III, etc., corres- pondent donc à 0'",20 de chemin parcouru par l'onde. Les lettres a, h, c, a', dans les 6 tracés superposés, marquent chacune le sommet d'une même onde, et permettent d'en suivre la marche. Une flèche indique le sens dans lequel se fait la propagation. Ainsi 1 a, 2 a, 3 a... 6 a, signalent la marche de la première onde directe positive qui, parlant de l'oritice d'entrée ou elle est signalée par Texplorateur n° I. arrive à l'extrémité fermée du tube où elle se réfléchit. On peut alors suivre cette même onde pendant son retour; elle est signalée par les lettres a' 6, a' 5.... a' 1. Le lieu de la réflexion est indiqué par le changement de direction des flèches qui d'ascendantes qu'elles étaient, deviennent descendantes. Les ondes secondaires sont signalées par des lettres qui permettent également de les reconnaître ; ainsi b désigne la 2^ onde, c la troisième, d la quatrième. Ces ondes secondaires s'éteignent plus ou moins vite; l'onde b ne dépasse pas le 3« explorateur, c'est-à-dire qu'elle s'éteint après un parcours de 0"',40; l'onde c ne parcourt que de 0"\20 ; l'onde d ne parcourt pas Û'^\20. La vitesse d'une onde quelconque se déduit du temps qui s'écoule entre l'instant de son apparition sous le ï"' explorateur et le moment où elle apparaît sous le second. Comme le début d'une onde se distin- gue moins facilement que le sommet, c'est de ce dernier point qu'on a mesuré les positions successives de l'onde. A cet effet, on abaisse une perpendiculaire du sommet de chaque onde 1 a, 2 a, etc., sur l'axe des abscisses et le tracé du chronographe. La vitesse des ondes peut encore se mesurer d'après l'inclinaison d'une ligne qui joindrait entre elles les bases de chacune des perpen- diculaires abaissées du sommet de la courbe sur l'abscisse de celle-ci. Dans le cas où cette vitesse serait unifoi'me, on aurait ainsi une ligne droite, ce qui n'a pas lieu dans la figure 60. halongueur d'une onde se déduit de l'espace qui sépare les origines ou les sommets de deux ondes successives à un même instant. Gomme (1) Il ne faut pas oublier que celte vitesse correspond à un certahi .'dia- mètre et il une certaine élaslicilé du tube, et que si les conditions charfgenl, la vitesse change égalemcnl. . ■ 102 MAHEY. Mais cette vitesse n'est pas absolument uniforme ; clans le cas présent, elle est à son maximum à l'oritice d'entrée, et d'autre part s'accélère un peu au voisinage de l'extrémité fer- mée du tube. Un autre moyen d'estimer l'uniformité ou la non-uniformité de la vitesse de l'onde consiste à abaisser une ligne verticale du sommet de chacune des courbes sur l'abscisse correspon- dante et à réunir entre eux les pieds de toutes ces perpendicu- laires. Si la vitesse est uniforme, la ligne doit être une droite oblique dont l'inclinaison, selon qu'elle est plus ou moins voisine de la verticale, indique une vitesse plus ou moins grande. Dans le cas présent, cette ligne présenterait une dou- ble inflexion qui exprime un double changement de vitesse. 2° Réflexion de l'onde à l^ extrémité fermée du tube. — Onde de retour. — Arrivée à l'extrémité du tube, l'onde suit une marche rétrograde et repasse successivement sous chacun des explorateurs jusqu'à l'orifice d'entrée du liquide. Dans ce parcours inverse, indiqué figure 60 par des flèches descen- dantes, l'onde a sensiblement la même vitesse que dans son trajet direct. On peut s'en convaincre en tirant une ligne dans les conditions ci-dessus indiquées. Cette ligne aurait sen- siblement la même inclinaison que celle qui exprime la vitesse de l'onde directe ; mais elle serait inclinée en sens inverse, ce qui correspond à un mouvement du liquide en sens con- traire. Pour s'assurer de la réalité de ce mouvement rétrograde, il y a divers procédés. L'un donne la certitude absolue, c'est celui qui consiste à traduire au dehors le mouvement du liquide à l'intérieur du tube. Ghauveau, voulant résoudre ce problème sur l'artère d'un animal, planta une aiguille à tra- ies sommets des courbes sont plus faciles à saisir, nous choisirons les premiers. 11 s'agit donc de mesurer la longueur de tube qui séparé le sommet de l'onde a de celui de l'onde b qui marche derrière elle. Dans le tracé n» III, le sommet 3 a de la première onde se trouve verti- calement au-dessus du sommet b, du tracé n» 1. Ces deux sommets .sont donc signalés au même instant par des explorateurs distants l'un de l'autre de 0°",40 ; l'onde a donc 0"'\40 de longueur. On constaterait de même que du sommet 5 a, au sommet 3 6, la même longueur existe aussi. MOUVEMENT DES OiNDES LIQUIDES. 103 vers les parois du vaisseau. La partie de cette aiguille qui plongeait dans le courant sanguin subissait un entraînement dans le sens du mouvement, de sorte que celle qui se trouvait au dehors se déviait en sens inverse du mouvement du li- quide. Plongée de cette façon dans le tube sur lequel nous étu- dions le mouvement de Fonde, l'aiguille accuse, par ses dévia- tions alternatives de j^ens contraire, qu'il se produit dans le liquide des déplacements alternatifs de sens opposés. L'autre procédé, pour démontrer la réflexion de l'onde, con- siste à faire varier le point où elle se réfléchit. Dans l'expé- rience qui a fourni la figure 60, on a vu que la pince qui ferme le tube se trouvait placée immédiatement après le 6'' explor rateur ; cet explorateur se trouve donc au lieu même de la réflexion de l'onde. Il se produira, en cet endroit, une onde plus haute que dans les autres points, attendu que toute la vitesse du liquide se transformera en pression latérale qui di- latera le tube. Dès que cette pression sera arrivée à son maximum, par l'extinction de la vitesse du liquide, il se fera un mouvement rétrograde. En somme, l'onde sera simple au 6" explorateur, puisqu'il n'y aura qu'une élévation suivie d'une diminution de la pression. Enlevons l'obstacle formé par la pince et transportons le 12 centimètres plus loin; l'onde, dans son trajet direct, passera sous le 6" explorateur comme elle a déjà fait sous les autres, puis elle ira se réfléchir contre le nouvel obstacle et reviendra en arrière pour repas- ser de nouveau sous le sixième explorateur. Cet instrument aura donc signalé deux ondes distinctes au lieu d'une seule ; la deuxième est Vonde réjlêchie. La figure 64 (ligne pleine) montre cette bifurcation du som- met de la dernière courbe, qui se produit quand on place l'ob- stacle au delà du dernier explorateur. L'intervalle qui sépare le sommet de l'onde directe de celui de l'onde rénéchie permettrait même de déterminer la position do l'obstacle, si cette position était inconnue. Cet intervalle de temps correspond, en etfet, à la durée du va-et-vient de l'onde, c'est-à-dire au temps nécessaire pour que celle-ci parcoure deux fois la longueur de tube qui sépare le dernier explorateur du point de réflexion. Gomme la vitesse . do 104 MAREY. l'onde est déjà assez exactement connue par les mesures indiquées dans le précédent paragraphe, il est facile d'estimer la longueur à laquelle s'étend le du tube au delà d'un explo- rateur qui signalerait à la fois l'onde directe et l'onde réflé- chie. Dans tous les cas où l'explorateur, appliqué sur un tube, signalerait deux ondes, il est possible de savoir si l'on a affaire à deux ondes successives directes ou s'il s'agit d'une onde directe et d'une onde réfléchie. Une première solution peut être obtenue par l'implantation d'une aiguille dans le tube, selon la méthode de Ghauveau. L'autre solution peut être obtenue on comprimant le tube au-dessous (en aval) de l'ex- plorateur. Si les deux ondes sont directes, la compression les exagère toutes deux ; si l'une est directe et l'autre réflé- chie, la compression exagère l'onde directe et supprime l'onde réfléchie. 3° Cliangeineiits de haïUetir de l'onde aux différents puints de son j) ar cour. i. — On vient déjà de voir comment et pourquoi l'onde prend une plus grande amplitude au moment où elle arrive à l'extrémité fermée du tube , à l'endroit où elle se réfléchit. Un phénomène analogue se produit à l'oritice d'en- trée ; c'est là que la hauteur de l'onde atteint son maximum. Ainsi, dans un tube fermé, l'onde à ses inaThna d'intensité aux deux extrémités ; ses minima à la partie moyenne . (La figure 60 ne montre pas très-clairement ces différences d'amplitude de l'onde ; cela tient à ce que les derniers explo- rateurs n'étaient pas suffisamment sensibles). Quant à la cause de ces inégalités d'amplitude, au commen- cement et à la fm du tube, elle est la même dans l'un et l'autre cas: c'est, de part et d'autre^ un effet de Vmertic du liquide. Si, à son point d'arrivée, l'onde s'exagère, c'est, avons- nous dit, parce que sa vitesse s'éteint ; en d'autres termes, cela tient à ce que la force vive se transforme en travail de dila- tation du tube. A l'orifice initial, l'inertie se traduit par un effet inverse. Le liquide qui pénètre ne peut imprimer instantanément un mouvement de translation à toute la colonne contenue dans le tube ; celle-ci résiste par son inertie, de sorte que la péné- tration du liquide se fait par dilatation des parois. C'est à cette MOUVEMENT DES ONDES i^IQUIDES. 105 dilatation que tient la grande amplitude de l'onde qu'on ob- serve à la partie initiale du tube où elle atteint son maxi- mum. Si l'on étudiait les phases de la vitesse du liquide aux dif- férents points de la longueur du tube, on verrait qu'elle pré- sente des variations inverses de celles de la pression. Ce sera l'objet d'études ultérieures. 4° Changements successifs de la f'onne de Coude. — Si l'on compare entre elles les courbes successives que donne la sé- rie des appareils, on constate que l'onde change de forme d'un bout à l'autre du tube. Ce changement consiste essentiellement en une diminution de l'amphtude et en une augmentation de la durée de l'onde ; à mesure qu'on l'observe plus loin du point où elle prend naissance, le sommet de la courbe devient plus arrondi en même temps que sa hauteur diminue. Cela tient à l'élasticité qui tend a uniformiser la pression dans les différents points de la colonne liquide. C'est cet effet bien connu qui, dans la circulation du sang, supprime la pul- sation dans les artères éloignées du cœur. La diminution graduelle de l'onde est masquée, dans les tracés supérieurs de la figure 60, par l'augmentation qui tient à la réflexion contre l'obstacle ; mais si l'on suit l'onde réfléchie dans son cours rétrograde, on voit qu'elle continue à se transformer, perdant toujours de l'amplitude et gagnant de la durée. Il arrive parfois que l'onde réfléchie, arrivée à la région initiale du tube, s'y réfléchit de nouveau et repart dans le sens de son premier mouvement ; mais l'onde est alors peu visible, sa transformation est presque complète, ce qui se traduit par une extrême réduction de son amplitude et un très-grand accroissement de sa durée. 5° Fornialion d'ondes secondaires pour une impulsion unique du liquide. — On voit encore dans la figure 60, sur chacune des courbes superposées , que la première , onde directe , est suivie d'une série plus ou moins nombreuse de petites ondes décroissantes. Celles-ci sont directes également ; on peut les suivre plus ou moins loin dans la série des courbes, et la hgne qui exprimerait leur vitesse est sensiblement pa- rallèle à C(,'llf' (pii oxpi'inierait ('cllo dos preniièi-cs ondes. 1U6 \1 vvAAAAA/\^/^y^/\^/\A;\'^. Chron. 50 VD t'ig;. til. — Oiules de second ordre ou lianiioiii(]iies, daiii> un tube fermé. MOUVEMENT DES ONUES LIQUIDES. 101 Ainsi, de petites ondes successives se propagent dans le même sens que la première et se poursuivent, en quelque sorte, sans pouvoir s'atteindre, puisqu'elles ont la même vitesse. Il est facile de se rendre compte du mode de formation des ondes directes secondaires. Elles sont liées à la vitesse avec laquelle le liquide est poussé dans le tube élastique, et ne prennent naissance que dans le cas où la colonne liquide est poussée avec assez de brusquerie pour que sa vitesse acquise lui fasse abandonner les régions initiales du tube. La colonne liquide laisse donc derrière elle un vide relatif ; der- rière elle, la pression est plus ou moins diminuée ; aussi, dès que le liquide aura suffisamment dépensé sa force vive, verra- t-on se produire un reflux plus ou moins considérable et, à la suite de ce reflux, une réflexion qui amènera une deuxième onde directe. Celle-ci, à son tour, si elle a assez de vitesse, pourra, quoiqu'à un degré moindre, produire les mêmes phé- nomènes et donner naissance à une troisième onde directe. On conçoit que ces ondes successives, devenant de plus en plus faibles, ne puissent être très-nombreuses, ou du moins ne soient pas longtemps visibles dans le tracé. L'onde réfléchie, de son côté, se comporte comme l'onde directe. Elle peut aussi donner naissance à des ondes secon- daires dont le mécanisme ne diffère pas de celui qui vient d'être exposé. Toutefois, ces ondes secondaires réfléchies sont moins nettes et moins nombreuses que les ondes secondaires directes, à cause de l'extinction que l'élasticité du tube pro- duit dans les ondes^ su^-tout quand la longueur du tube est considérable. Enfin, quand on se sert de tubes épais, et quand l'impulsion donnée au liquide est brusque, on voit apparaître des ondes d'un autre ordre qui se superposent à celles que nous venons de décrire. Ces ondes de second ordre sont plus nombreu- ses que les ondes de premier ordre; elles constituent pour ainsi dire V harmonique de la vibration principale. Si l'onde principale était comparée au son fondamental que rend une corde vibrante, les ondes de second ordre en seraient la 2" oc- tave aiguë. ( Voj/. fig. 01 .) 108 MARKY. Fjg Gi. — Onde iicsativc dans un Uibc furnié. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 109 B) Deuxième cas. — Onde négative dans un TUBE FERMÉ. Reportons-nous toujours à la figure 59 pour la disposition des appareils, mais supposons, qu'au lieu de fouler le liquide dans le tube, nous l'aspirions, au contraire, en retirant le piston de la pompe. L'effet produit sera une diminution de dia- mètre du tube, et cet effet se transmettra de proche en proche. Ces ondes seront négatives, puisqu'elles consisteront en abais- sements du niveau de la courbe. Les lois de la transmission de la vitesse et celles de -la transformation des ondes sont les mêmes que celles qui président au mouvement de l'onde po- sitive. On en jugera par l'analyse de la figure 62 (1). 1° Vitesse de l'onde négative. — Si l'on observe la pente que présenterait la ligne qui exprimerait les vitesses de toutes ces ondes négatives successives, on voit que cette ligne se- rait sensiblement parallèle à celle qui dans la figure 60 mar- querait la vit(^sse des ondes positives; il y a donc même vi- tesse de propagation pour ces deux sortes de mouvements. L'aspiration produite à l'origine du tube crée un vide dans lequel se précipitent les tranches successives de la colonne liquide, et ce mouvement se propage jusqu'à l'extrémité du tube qui est oblitérée. 2° Réflexion de l'onde négative. — Quand le liquide a re- flué de proche en proche, et que la dernière tranche s'est mise en marche, il se produit pour elle un effet particulier qu'on peut assimiler à la réflexion de l'onde positive ; car il en est exactement l'inverse ou la réciproque. Cette dernière tranche, en effet, se porte du côté des régions initiales du tube, mais elle n'est plus suivie comme les autres par des tranches nouvelles situées derrière elle. Son reflux crée donc un vide d'aulant plus grand que rien ne vient le combler; aussi, la (1) Dans la figure 62, les lettres et les chiffres ont la même valeur que dans la figure 60 ; les flèches indiquent do même le sens du mouvement de l'onde. Comme le tube employé était plus mince, il y a un peu moins do vitesse que dons la fiL'^uri'' 6U. , . . > ■- 1,10 MAHKY. pression tombe-t-elle très-bas dans cette région. Mais cet abaissement même de la pression provoque un reflux qui lui succède bientôt et met fin à l'onde négative, dans la ré- gion du tube qui est le siège de l'oblitération. Le reflux, à son tour, fait naître une nouvelle onde négative qui se transmettra de proche en proche jusqu'aux régions initiales du tube. 3° Changements d'amplitude de Vonde négative aux différents points de son parcours. — Au point de vue de l'amplitude de l'onde, il se produit des variations identiques à celles que nous avons signalées pour l'onde positive : c'est-à-dire que les maximas se trouvent à l'origine et à la fin du tube. 4" Changements successifs de la forme de Vonde négative. — Ces transformations sont encore de même ordre que celles de l'onde positive. Il y a diminution de l'amplitude et augmen- tation de la durée des ondes ; c'est encore un effet de l'élasti- cité du tube qui éteint les inégalités de pression et de vi- tesse dans les liquides qui se meuvent à son intérieur. 50 Formation d'ondes négatives midtiples, pour une seule as- piration à V origine du tube. — Ces ondes sont moins nombreu- ses, d'une manière générale, que celles qui accompagnent les ondes positives. En effet, les ondes négatives ne recevant leur mouvement que du retrait élastique du tube se font avec moins de vitesse que les positives, pour la production desquelles peut agir une force très-grande. C'est la raison qui rend les ondes négatives plus petites et qui les fait s'éteindre beaucoup plus tôt. Du reste, il n'y a rien de particulier à dire sur ces ondes négatives secondaires et sur leur mode de production. Quand un reflux de fiquide s'est produit à l'origine du tube, la colonne, animée d'une vitesse rétrograde, vient bientôt se heurter contre l'orifice d'entrée qui n'est plus perméable. La force vive qui s'éteint alors se transforme en pression latérale, d'où formation d'une onde secondaire, positive puis négative, qui voyage à la suite de la première. C) Troisième cas. — Ondes dans un tube ouvert. Dans les tubes ouverts, il faut distinguer les cas où le tube gardant son calibre d'un bout à l'autre présente les mêmes MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 111 résistances au mouvement de l'onde sur tout son parcours, et ceux où le tube se termine par des voies plus ou moins étroites. Si le tube est largement ouvert, on observe les phénomènes suivants : 1° Il ne se produit pas d'onde réfléchie ; 2° L'intensité de l'onde va diminuant sans cesse jusqu'à l'extrémité du tube. 3° La vitesse de l'onde diminue peu à peu. Ce fait confirme l'opinion ci-dessus énoncée: que dans le cas de tnbe fermé, figure 60, l'accélération apparente du mou- vement de l'onde au voisinage de l'extrémité close tient à l'ac- croissement d'amptitude que produit la réflexion. Si le tube s'ouvre par un ajutage plus ou moins étroit, on se rapproche des conditions du tube fermé, et l'on voit appa- raître l'onde réfléchie, qui prend d'autant plus d'importance que l'étroitesse de l'orifice d'écoulement est plus grande. Ces lois s'appliquent aux ondes positives comme aux ondes négatives. R.EPRÉSENTATION STÉRÉOSCOPIQUE DE MOUVEMENTS DE l'oNDE DANS UN TUBE ÉLASTIQUE. — Pour roudro plus intelligible la signification des courbes ci-dessus enregistrées, il faudrait représenter la série d'apparences que prend le tube à des instants successifs. Il est clair, puisque le tube est parcouru par une série d'ondes qui se poursuivent, qu'on doit, s'il a une longueur suf- fisante, le voir à chaque instant présenter la forme d'une espèce de chapelet, ou celle d'une série de fuseaux placés bout à bout. Ces fuseaux auraient des renflements de moins en moins considérables : celui qui marche en tête étant le plus volumineux. Quant à la longueur de ces fuseaux^ elle serait la même pour tous, puisque les ondes se suivent à des inter- valles constants et se meuvent avec la même vitesse. Pour avoir une idée de cette disposition, il faudrait, ainsi que l'a proposé Buisson (i), construire une figure en relief établie sur une planchette rectangulaire et dans laquelle le rehef des ondes correspondrait à l'amplitude des tracés ; l'un des côtés (I) Hiii.ssoti. Tlihsf iiiniiffiinilo, p. 1S, Pnris. 11^02. /■ -.•.,;. 112 Fig . G3. — Représentation stéréoscopiquc du trajet de l'onde. MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 113 du rectangle servirait à compter les durées (ce serait l'axe des abscisses), tandis que l'autre exprimerait les longueurs de tube parcourues par l'onde (ce serait l'axe des ordonnées). Pour donner sur le papier une idée de cette construction, il faut, à l'aide de hachures, ombrer l'intervalle des courbes, et donner à cette série de tracés un relief pareil à celui d'une figure solide. La figure 63 rend compte de cette apparence. On y reconnaît la série des ondes positives, primitives et se- condaires ; on y voit aussi le relief de l'onde réfléchie. Mais, dans cette figure, l'œil embrasse à la fois des mou- vements qui se produisent à des instants successifs. Il faut donc, pour apprécier la forme que présente le tube à un ins- tant quelconque, ne voir à la fois que ce qui correspond à une même division du temps : restreindre, par exemple, le champ de la figure à ce qui serait visible par une fente verticale, ou à ce qui serait recouvert par une ligne verticale. Pour signaler la forme du tube aux instants suivants, la fente ou la ligne se transporterait de gauche à droite. Ainsi, pour savoir ce qui se passe dans le tube à une série d'instants successifs, il suffira de promener de gauche à droite une règle tenue perpendiculairement à f axe des abs- cisses de toutes les courbes. On voit alors que pendant les premiers instants A, au moment où a lieu l'impulsion de la pompe, le tube est cylindrique dans toute son étendue, sauf à l'origine, où il commence à se renfler par l'arrivée du liquide Un peu plus tard B, le renflement s'étend plus loin et dimi- nue déjà aux régions initiales. Plus tard encore G, deux ren- flements existent sur le tube : la première onde est suivie d'une onde secondaire déjà formée. On suivra de même ce qui se passe au moment de la réflexion. Notons enfin que si l'on considère, à ce point de vue, le mou- vement des ondes dans le tube, on arrive aisément à la notion de longueur de Vonde. Cette longueur, en effet, n'est autre que la distance verticale qui sépare les origines et les som- mets de deux ondes consécutives. Pour estimer la valeur réelle de cette distance, il faut se .souvenir que, sur l'axe désordonnées, l'intervalle qui sépare deux courbes successives correspond à celui qui sépare doux explorateurs du tube. Or, cet intervalle est de 20 centimètres; LAB. M.\REY. S 114 MOUVEMENT DES ONDES I IQUIDES. 115 il permettra d'obtenir la valeur réelle des longueurs d'ondes. On devra donc conclure que, dans le cas présent, la longueur de l'onde est de 60 centimètres environ. Des influences qui font varier la vitesse du transport DE l'onde. — Si l'assimilation que nous avons faite de l'onde liquide avec les autres phénomènes vibratoires est juste, on devra constater des changements dans la vitesse do cette onde toutes les fois qu'on fera varier l'un des deux facteurs du mouvement vibratoire : la masse en mouvement et la force élas- tique du (uhe. Pour changer la masse en mouvement, substituons du mer- cure à l'eau qui était employée tout â l'heure, nous obtien- drons un ralentissement considérable du transport de l'onde. Voir les tracés formés par des lignes ponctuées, ligure 64. Du reste, on voit, par cette figure, qu'il n'y a rien de change que la vitesse du transport de l'onde ; la nature du mouve- ment est la même. On en peut dire autant de ce qui arrive lorsqu'on change 1r force élastique du tube. Augmentons la force élastique, en substituant à un tube mince un autre tube à parois plus épaisses; nous obtiendrons une accélération du transport do l'onde. Enfin, si nous lançons dans un tube élastique une série d'ondes successives, nous pouvons constater, qu'à mesure que la tension du tube s'accroit, la vitesse du transport de l'onde s'accélère. Weber avait déjcà prévu que la vitesse de transmission do l'onde sanguine dans les artères doit varier avec l'état de la pression du sang. Quand cette pression augmente, les artères plus tendues deviennent moins extensibles et la vitesse de l'onde s'accroît. Avant l'emploi d'appareils ihscripteurs pour signaler le passage de l'onde en deux points différents du système arté- riel, il eût été bien difficile de vérifier l'exactitude de l'hypo- thèse de Weber ; aujourd'hui, une pareille mesure ne présente plus de difficultés. Mais on s'aperçoit, en faisant de telles me- sures, que la question est plus complexe que Weber ne l'avait supposé et ([ue la plus ou moins grande élasticité des artères n'est pas la seule condition qui règle la vilcsse de l'onde. JiG f:g. ti3. — Al'lldx abondants de liquide dans le tube. (Uotalion lonle du cylindre.) MOUVEMENT TES ONDES LIQUIDES. 11" INFLUENCE DE LA VITESSE D IMPULSION DU LIQUIDE SUR LA FORMATION DES ONDES. On a dû remarquer, dans les expériences précédentes, que le nombre et l'intensité des ondes secondaires varie notablement d'une expérience à l'autre. Gela tient à la différence des vi- tesses avec lesquelles le liquide pénétre dans les tubes. Ainsi, la fig. 60 présente, au voisinage de l'orifice d'entrée du liquide, trois ondes secondaires ; la fig. 63 n'en offre qu'une trés-faible et qui s'éteint bientôt. C'est que dans le premiercas, le liquide était poussé dans le tube avec vitesse ; on en peut juger par la brusquerie de l'ascension des tracés. La lenteur de l'im- pulsion du liquide s'accuse au contraire dans la fig. 63 où les courbes s'élèvent d'une façon moins brusque. Cette influence de la vitesse du liquide sur le nombre des ondes s'explique facilement d'après la théorie précédemment exposée. Il faut que le liquide possède une grande vitesse pour qu'en s'élançant dans le tube, il laisse derrière lui un vide qui, provoquant un reflux, fera naître une deuxième onde, celle-ci une troisième et ainsi de suite. Un fait non moins remarquable, c'est l'influence de la vitesse avec laquelle se fait la pénétration du liquide sur la vitesse du transport de l'onde. Les mêmes figures montrent que l'onde chemine plus vite quand elle est due à une brusque pénétra - tration du liquide. INFLUENCE DU VOLUME DES AFFLUX DU LIQUIDE SUR LES CARACTÈRES DES ONDES. A égale rapidité d'impulsion, si l'on envoie dans un tube une faible quantité de liquide, les tracés obtenus accusent la formation d'ondes secondaires, comme on l'a vu dans les chapitres précédents. En outre, ces ondes secondaires appa- raissent dès l'origine du tube; c'est même en ce point qu'elles ont leur maximum d'intensité. Mais si l'afflux du liquide est abondant, si, par conséquent, il présente une certaine durée, 1 18 MÂUEY. les choses se passent aulrement L'oncle proprement dite, c'est-à-dire Vcbranlement du liquide se combine à un courant qui la pousse, de sorte que, derrière l'onde, il ne se forme pas ce vide nécessaire à la formation des ondes secondaires. C'est du moins ce qui s'observe dans les tracés recueillis à l'origine du tube. La fig. 65 montre une série de colirbes obtenues avec des afflux quatre à cinq fois plus considérables que dans les expé- riences précédentes. Ces afflux, assez analogues aux systoles d'un ventricule du cœur, se traduisent, dans les courbes delà ligne I, par des formes qui rappellent assez bien celles de la pression intra-ventriculaire, fig. 50: uneascension suivie d'un sommet aplati. Toutefois, on observe un vestige d'ondes secondaires sur la courbe n" I, mais ces ondes se prononcent bien davantage sur les courbes recueillies plus loin de l'orifice d'entrée du tube : la courbe n° III les montre avec leur maximum. Ainsi, le volume de l'ondée sanguine que le sang lance dans le sys- tème artériel influe sur la forme des courbes et sur la pro- duction des ondes secondaires. Trois impulsions successives de liquide se voient dans la série des six courbes, fig. 65. L'impulsion n° 2, ligne I, n'a presque pas d'ondes secondaires ; tandis que, ligne III, elle en présente de très-nettes. Dans l'expérience qui nous occupe, à mesure que le tube reçoitdes afflux successifs de liquide, lapression s'élève à son intérieur, car le tube perd moins par le fait de l'écoulement qu'il ne reçoit de la pompe. Cet accroissement de la pression donne naissance à des phénomènes importants à constater : d'une part à l'accroissement de la vitesse de transport des ondes, d'autre part à la diminution de leur amplitude. Nous connaissons déjà le premier de ces phénomènes ; le second nous occupera plus tard d'une manière spéciale. DES ONDES LlQmDES DANS LES TUBES BRANCHÉS. Si nous imaginons que des tubes élastiques de même dia- mètre soient branchés les uns sur les autres et communi- MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. 119 quent tous entre eux, une impulsion de liquide, à l'intérieur de ce système, produira des ondes extrêmement compliquées. Chaque branche, indépendamment des ondes qui se forment en elle, en recevra des branches voisines, et il en résultera une complication inexiricable. Il semble, au premier abord, que dans la circulation du sang, cette confusion doive se produire ; qu'à travers l'aorte, les artères des bras et de la tête échangent leurs ondes entre elles et avec les artères des membres inférieurs. Il n'en est rien. L'aorte, grâce à sa capacité considérable et à sa grande élasticité, constitue une sorte de réservoir où les ondes sont à peine sensibles. C'est dans chaque artère en particuher que naissent les ondes qu'on observe dans le tracé de sa pul- sation (1). Pour en donnerlapreuve, voici l'expérience qu'on peut faire: On prend un tube élastique et de gros calibre, imitant, par ses dimensions, une aorte humaine et sur ce tube on en bran- che d'autres plus petits qui représenteront des artères. Si l'on observe la pulsation et ses ondes sur deux de ces artères, dont l'une soit très-courte et l'autre très-longue, on voit que pour une même impulsion de Hquide cà l'intérieur de laorte, les deux artères se comportent différemment ; que chacune a ses ondes propres dont la durée et l'intensité dépendent de la longueur et de l'élasticité du tube où elle se forme; enfin que les ondes formées dans un tube ne se transmettent pas dans l'autre. La figure 66 représente les tracés fournis en même temps par deux tubes branchés, cà la façon de deux artères, sur un (1) Dans mes premières éludes sur la circulation, je croyais que le pouls dicrote tenait à la réflexion d'une onde qui revenait de l'extrémité de l'aorte et des iliaques aux régions voisines du cœur. J'abandonnai bientôt cette tliéoric. Buisson interpréta à son tour le pouls dicrote d'une façon différente, mais dans sa théorie, intervenaient également des ondes qui, à travers l'aorte, au- raient passé d'une artère dans une autre. Certaines expériences semljlaient jusUfiur l'opinion de cet ingénieux physiologiste; ainsi, en comprimant les ar- tères fémorales, il supprimait une des ondes dans le tracé de la carotide. La compression des fémorales produit, dans la circulation aortique, un effet qu'il ne faut pas négliger : elle y élève considérablement la pression du sang ; elle crée à l'arrivée de l'ondée ventriculaire une résistance soudaine qui éteint la brusquerie de son afflux. C'est à ces influences (ju'il faut attribuer les cliange- nienls que présente alors le pouls de Ici carotide; j'espère en donner plus loin l'i déuionslratiun. 120 MABEY. même conduit large et élastique rappelant la disposition de l'aorte. Ces tubes-artères ont tous deux la même élasticité et le même diamètre, mais ils sont de longueurs inégales. Le Fig. 6C. — A et B, pulsations recueillies dans deux tubes branchés sur un même réservoir comme les artères sur l'aorte. — A, tube long. — B, tube court. plus long, A, donne des ondes dont la durée est considérable ; le plus courte B, des ondes très-brèves. Aucune transmission ne se fait d'un tube à l'autre, ainsi qu'on le voit clairement dans la figure, car aucune onde lente n'apparaît dans le pe- tit tube^ ni aucune onde brève dans le grand. Dos expériences précédentes résultent plusieurs notions applicables à la théorie des mouvements du sang dans les ar- tères; je les ai réunies sous forme de conclusion. CONCLUSIONS. 1° Lorsqu'un liquide pénètre avec vitesse et d'une manière intermittente dans un conduit élastique déjà plein, il se forme, dans la colonne liquide tout entière, des ondes positives qui se transportent avec une vitesse indépendante du mouvement de translation du liquide. Ces ondes semblent soumises aux lois générales des mouvements ondulatoires ; des appareils spéciaux permettent de les étudier. 2° La vitesse de transport d'une onde est proportionnelle à la force élastique du tube ; elle varie en raison inverse de la MOUVEMENT DES ONDES LIQUIDES. l'21 densité du liquide employé ; elle diminue graduellement pen- dant le parcours de l'onde; elle croit avec la rapidité d'impul- sion du liquide. 3° Vamplitiide de l'onde est proportionnelle à la quantité de liquide qui pénètre dans le tube, et à la brusquerie de sa pénétration ; elle diminue peu à peu pendant le parcours de l'onde. 4° Quand un afflux de liquide dans le tube est bref et éner- gique, il peut se faire, sous l'influence de cette impulsion unique, une série d'ondes successives qui marchent les unes à la suite des autres. Ces ondes secondaires, formées suivant les lois du mouvement vibratoire, ont des amplitudes gra- duellement décroissantes; en outre, elles peuvent être suivies plus ou moins loin sur le trajet du tube : les dernières formées, étant les plus faibles, s'éteignent les premières. 5° Quand une onde est suivie d'ondes secondaires, on peut mesurer la longueur de chacune d'elles, d'après l'intervalle qui sépare deux sommets consécutifs. La longueur d'une onde augmente quand diminuent sa vitesse et son amplitude. 6° Si, au Heu d'introduire du liquide dans le tube, on en retire au contraire une petite quantité, il se forme une onde négative qui est soumise aux mêmes lois que l'onde positive, et peut être suivie d'ondes négatives secondaires. 7*^ Lorsque le tube dans lequel se forment les ondes est fermé, ou suffisamment rétréci à son extrémité, il se forme des ondes réfléchies qui suivent un trajet rétrograde et revien- nent à l'origine du tube. Ces ondes réfléchies se distinguent des ondes directes en ce que la compression du tube en aval du point exploré augmente l'intensité des ondes directes et supprime les ondes réfléchies. Au lieu où se fait la réflexion, l'amplitude des ondes augmente, ainsi qu'on l'observe à la surface d'un bassin, quand les ondes viennent en frapper les parois. 1-- MARKY. 8° Si le liquide pénètre avec une grande rapidité dans un tube à parois peu extensibles, on voit se former ce qu'on pourrait appeler des vibrations harmoniques ; elles sont sura- joutées aux ondes principales-, leur nombre est un multiple de celui des ondes. Ces harmoniques n'apparaissent pas à l'o- rifice d'entrée du tube, mais seulement un peu plus loin et disparaissent près de l'extrémité opposée. 9" Quand le liquide pénétre dans le tube, en grande quan- tité et pendant assez longtemps, son afflux prolongé s'oppose à l'oscillation rétrograde qui fait naître les ondes secondaires. Toutefois, celles-ci peuvent apparaître aune certaine distance de l'orifice d'entrée du tube. 10° Dans les tubes branchés, de calibres et d'épaisseurs semblables, il se fait un mélange très-compliqué d'ondes qui passent d'un tube dans l'autre. Mais, dans les conditions de la circulation du sang, l'aorte ne permet pas le passage des ondes d'une artère dans une autre. L'aorte a ses propres ondes qu'elle envoie dans toutes les artères où elles se trans- forment plus ou moins, mais elle éteintet absorbe, comme un réservoir élastique, les ondes que chaque artère lui apporte et ne les envoie point aux autres. 11° Quand de petits tubes de longueurs inégales sont branchés sur un tube plus gros, comme les artères le sont sur l'aorte, chacun de ces tubes est le siège d'ondes qui lui sont propres, qui se forment à son intérieur et dont la longueur varie avec celle du tube. IV LA MÉTHODE GRAPHIQUE DANS LES SCIENCES EXPÉRIMENTALES. Sc'gnius irritant aiiiinos doinissa per aui'ein, Quaiii quœ sunt oculis subjccta lldelibus et (]u:ï Ipse tibi Iradit spectator. (Horace.) INTRODUCTION. Il n'est plus nécessaire aujourd'hui de faire ressortir les avantages de la méthode graphique dans les sciences expéri- mentales. Le développement rapide que l'emploi de cette méthode a pi4s, depuis quelques années, montre que tout le monde a compris quels services elle peut rendre partout où elle est applicable ; aussi, la voit-on s'introduire peu à peu dans toutes les branches de la science. L'exposition de cer- tains résultats numériques n'exige plus de longues pages de chiffres : la construction de quelques courbes sur le papier dégage d'une statistique ou d'une observation tous les ré- sultats qu'elle contient. Mais l'importance delà méthode gra- phi([uc est plus grande encore lorsque, au moyen d'appareils insci'i[)teurs, elle nous livre directement la courbe du phéno- 124 MARKY. mène étudié. Le nombre des appareils inscripteurs était autrefois très-restreint, et l'application de la méthode gra- phique était par conséquent fort bornée; mais aujourd'hui, chacun se préoccupe de construire de nouveaux instruments et d'inscrire des phénomènes dont l'observation demandait beaucoup de temps et beaucoup de peine, sans donner des résultats d'une précision satisfaisante. Pour ma part, j'ai cherché constamment à étendre le domaine de cette mé- thode, et si j'ai parfois découvert des faits de quelque im- portance, c'est à son emploi que je le dois. Le but de ce travail est de montrer combien on peut déve- lopper l'emploi de la méthode graphique appliquée aux sciences expérimentales, et de faire voir que bien des phéno- mènes sur lesquels autrefois elle ne semblait pas avoir prise, sont aujourd'hui de son ressort. Une tendance naturelle des méthodes expérimentales, à leurs débuts, est de multiplier considérablement le nombre des appareils dont elles se servent : pour chaque phénomène par- ticulier que l'on voulait inscrire, on construisait un instru- ment spécial ; mais cette richesse apparente était un obstacle au développement de la méthode. Réduire à son minimum le nombre des appareils nécessaires à l'expérimentateur me paraît être un des plus grands services qu'on puisse rendre à la science. Mais, pour atteindre ce but, il faudrait établir une sorte de classification des phénomènes de la nature, constituer certains groupes ne renfermant que des actes si- milaires susceptibles d'être étudiées au moyen des mêmes appareils. Chacun de ces groupes comprendrait des phéno- mènes de natures très-différentes, de sorte qu'un même instrument pourrait être employé par l'astronome, le physi- cien, le physiologiste^ le mécanicien, le chimiste, etc. Je ne me dissimule pas la difficulté que présente une classification de ce genre, la rigueur et la méthode qu'il faudrait y appor- ter, mais, au risque de ne donner qu'une ébauche fort in- complète, je crois l'entreprise si utile que je veux la tenter. L'ordre que Ton doit suivre dans cette classification de- LA MKTHODE GRAPHIQUE. J "25 vant conduire, par un enchaînement naturel, des phéno- mènes les plus shnples aux plus compliqués, nous examine- rons d'abord les applications de la méthode graphique aux phénomènes mécaniques. Lorsqu'on observe le mouvement d'un corps, on n'arrive pas, du premier coup, à la connaissance parfaite du phéno- mène qui s'accomplit. Ce qui frappe d'abord, c'est le déplace- menl proprement dit, avec son étendue : le corps occupait un point de l'espace, il en occupe un autre. Ces relations d'espace peuvent être plus ou moins complexes; ainsi, la détermina- tion d'une série de positions que le corps a occupées nous donne la trajectoire parcourue ; celle-ci peut, à son tour, être rectiligneou curviligne, inscrite ou non dans un plan, etc. A ces premières connaissances viennent s'en ajouter de nouvelles, lorsqu'intervient la notion de rapports du temps à V espace ; àe ceiiQ relation se déduisent: les durées, les vi- tesseS; l'uniformité ou les variations du mouvement qu'on observe. Ce n'est pas tout encore; le mouvement d'un objet maté- riel exige, pour se produire^ une quantité de force dont la mesure est le travail mécanique dépensé. Mais, pour produire un même mouvement, il faudra dépenser des quantités de force différentes suivant la masse du corps déplacé, suivant sa vitesse et suivant le milieu dans lequel il se meut. On appelle résistance la consommation de force à chaque élé- ment de l'espace parcouru ; le travail sera donc le produit delà résistance multipliée par l'espace. Enfin, poursavoir si ce travail s'est dépensé d'une façon uniforme ou variée, il faudra déterminer la triple relation de l'espace, du temps et de la force. On voit déjà que les difficultés s'accroissent à mesure qu'on veut mieux connaître la nature d'un phénomène mécanique, et nous n'avons encore parlé que des obstacles qui tienneii! ;i la complexité des notions dont le concours est nécessaire. Oue sera-ce quand chacune des mesui'cs d'espace, de lemps 126 MAHEY. OU de force, présentera elle-même de grandes difficultés ? C'est alors qu'interviendront ces artifices admirables qui met- tent à la portée de nos sens ce qui leur échappait, qui gran- dissent les dimensions trop petites pour notre vue, qui pro- longent les durées trop courtes, qui mesurent les forces que nous ne saurions estimer. Le but des appareils inscripteurs est de nous fournir auto- matiquement une mesure fidèle de l'espace, du temps et même de la force mécanique, avec les relations réciproques de ces trois facteurs du travail. Pour bien faire comprendre le but et le mécanisme des appareils inscripteurs, nous choisirons des exemples dans lesquels les figures tracées sur le papier, pour exprimer un mouvement, fournissent des notions de plus en plus com- plexes. PREMIERE PARTIE. PHÉNOMÈNES MÉGANIQUES. Tracé des relations d'espace. Trajectoire des corps. — Machine inscrivant ses mouvements. — Verges de Wheatston, expériences de Kœnig et do Lissajoux. — Pantographo — Trans- mission des mouvements à distance. Lorsqu'un point lumineux se déplace avec vitesse, il laisse de son passage une trace brillante; tantôt, c'est une traînée lumineuse comme celle qui persiste quelque temps dans le ciel après le passage d'un bolide ; tantôt c'est notice œil lui- même qui garde quelques instants la sensation de l'éclat qui l'a frappé. Cette lueur, réelle ou subjective, nous montre, dans son ensemble, le chemin parcouru par un charbon ardent qu'on agite ; elle nous révèle la mai^che en zig-zag de l'éclair, c'est elle, sans doute, qui a inspiré à l'homme l'idée d'expri- mer par une figure plane la trajectoire apparente des corps qui se déplacent. Cette expression du mouvement est iden- tique à celle de la forme matérielle des corps; au reste, ces deux notions, de mouvement et de foi^me, sont connexes dans l'esprit. La ligne droite n'est-elle pas définie le chemin le plus court d'un point à un autre? La géométrie n'enseigne-t-elle pas que la circonférence du cercle est engendrée par le inoiivc- mcnl d'un point qui reste toujours à la même distance d'un autre point immolnlc qui est le centre? Enfin, l'artiste (fui rc- 128 MAREY. produit la figure d'un objet ne suit-il pas avec les yeux tous les contours que son crayon retrace sur le papier. Ainsi, un même procédé suffit pour exprimer, avec une fa- cilité égale, une forme ou un mouvement ; mais il n'est pas également facile d'acquérir ces deux notions. Pour apprécier la forme, nous pouvons user du concours de tous nos sens facilité par la permanence et la fixité de cette forme. Pour apprécier un mouvement, au contraire , notre vue seule peut nous servir, dans la plupart des cas, et bien sou- vent encore le mouvement, par sa nature, lui échappe tout à fait ; il est trop lent ou trop rapide, ou n'a pas une étendue suffisante. Les appareils inscripteurs surmontent toutes ces difficultés à la fois, lorsqulils chargent le mobile lui-même de tracer la forme de son mouvement. Ce résultat n'a guère été obtenu jusqu'ici que dans certains cas spécialement favorables, mais cette méthode d'inscription autographique prend chaque jour une extension plus grande et l'on ne saurait prévoir où s'ar- rêtera son emploi. Imaginons une machine dont les organes se meuvent avec une grande vitesse ; l'œil ne peut mesurer l'étendue, ni même apprécier la forme de ces mouvements. Mais, qu'on attache un crayon à l'une de ces pièces mobiles et qu'on reçoive, sur un papier, le tracé du mouvement produit, on obtiendra des figures variables suivant le mode de déplacement de l'organe exploré : une ligne droite exprimera un mouvement rectiligne et en mesurera l'étendue; ailleurs, se traceront des figures circulaires ou elliptiques d'une régularité plus ou moins grande. On s'apercevra alors que le mouvement des pièces n'est pas toujours celui que la théorie de la machine eût fait prévoir ; que l'élasticité d'un organe ou l'imperfection .d'un ajustage suffisent pour altérer le mouvement et pour troubler les fonctions du mécanisme (1). ; (1) On raconte que Le Chatelier voulant corriger, à l'aide de contre-poids, les mouvements de lacet qu'imprime aux locomotives la vitesse acquise des pis- tons et des bielles, suspendit avec des chaînes une de ces machines et la fit mettre en marche de façon que les roues tournaient librement dans l'air. Puis, plaçant au-dessous de la locomotive un pinceau qui frottait sur une feuille de papier, il recueillit une courbe, d'apparence elliptique, d'assez grande étendue. Des contre-poids do différentes masses furent alors employés jusqu'à ce que, par LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 129 Mais le mouvement qu'on veut connaître n'est pas toujours susceptible d'être inscrit sur le papier avec ses dimensions réelles ; s'il est trop petit, il faut le grandir pour que sa trace devienne visible ; trop grand, il doit être réduit pour tenir dans les dimensions du papier (1). Les procédés d'amplifica- tion ou de réduction sont nombreux ; ils dérivent, pour la plu- part, des propriétés géométriques du levier, comme cela se voit dans le pantographe. L'amplification ou la réduction d'un mouvement peut se faire également au moyen d'engre- nages. L'un des plus grands obstacles à l'emploi de la méthode graphique pour étudier les déplacements d'un corps, c'est la difficulté qu'il y a, presque toujours, à fixer à ce corps un style écrivant, et surtout à placer une feuille de papier de fa- çon qu'elle reçoive le tracé du style. Aussi, est-il indispensable d'avoir un moyen do transmettre le mouvement à distance, l'empruntant à l'organe qu'on étudie pour l'envoyer au style qui doit l'inscrire sur le papier. C'est par des tubes à air que j'ai obtenu les transmissions les plus satisfaisantes. La disposition qui se prête à la plupart des expériences con- siste à employer deux tambours à levier (2) dont l'un reçoit le mouvement tandis que l'autre le trace. lâlonnements graduels, on eut amené le pinceau à ne plus tracer qu'une figure d'étendue extrêmement réduite ; les oscillations de la machine étaient alors sensiblement supprimées. (1) Certains actes fournissent naturellement leur expression graphique. Les roues d'un char, les pieds des chevaux, laissent sur le terrain la trace de leur passage. Plusieurs naturalistes ont utilisé ces empreintes pour étudier les dif- férents modes de locomotion. Ainsi, les insectes ou les oiseaux, quand on les place sur une surface convenablement sensibilisée, laissent des traces fort nettes des positions successives que leurs pattes ont occupées. Les animaux rampants tracent la route qu'ils ont parcourue. L'un des meilleurs moyens, pour obtenir ces empreintes, consiste à placer l'animal sur une feuille de pa- pier couverte de noir de fumée que l'on fixe avec un vernis quand il a regu les tracés. Ce procédé remplace avantageusement celui qui consiste à en- duire les pattes de l'animal avec une substance colorante; cette couleur, en effet, s'épuise bien vite et les tracés ne tardent pas à perdre leur netteté. (2) Ces tambours sont formés chacun d'une caisse métallique fermée en haut par une membrane de caoutchouc mince et très-peu tendue. Les deux tambours portent chacun un tube métallique qui s'ouvre à leur intérieur et s'adapte à un tuyau de caoutchouc qui les fait communiquer l'un avec l'autre. Si l'on appuie sur la membrane du premier tambour, on expulse une partie de l'air qu'il con- tient : cet air passe à travers le tube dan^^ le "2o tambour dont il soulève la l.AIl. MATtKY. U 130 MAKEY. La figure 67 montre une disposition qui permet de trans- mettre très-facilement le mouvement rectiligne d'un point quelconque au tambour explorateur , c'est-à-dire à l'instrument qui reçoit ce mouvement et le transmet par un tube au tambour inscripteur. Fi?. (i7. — Leviers conjugués pour la transmission des mouvements à distnnre. Il suffit d'attacher un fil à la pièce dont on veut apprécier le mouvement et de fixer l'autre extrémité de ce fil au levier disposé comme dans la figure 67. En effet, ce levier est tiré par en haut au moyen d'un ressort spiral fixé à une potence, et d'autre part tiré en sens inverse par un fil que l'opérateur tient à la main. Si la main s'abaisse, le levier, cédant à la traction du fil, s'abaissera aussi en tendant le ressort spiral. membrane. Quand on cesse de presser sur le 1«'" tambour, la membrane du 2*= s'abaisse. C'est cette solidarité d'action des deux tambours qui permet de transmettre un mouvement à distance. Pour cela, on colle sur chacune des membranes un disque d'aluminium relié avec un levier qui s'articule^ par une de ses extrémités, à un point fixe placé dans le voisinage du tambour. Celte articulation permet au levier d'exécuter des mouvements verticaux. Or, si l'on imprime un mouvement à l'un des leviers, cela produit, par l'intermédiaire du disque d'aluminium, une élévation ou un abaissement de la membrane du tambour correspondant. Il s'ensuivra un mouvement semblable, mais de sens inverse, dans le levier conjugué, et si celui-ci est muni d'une plume qui trace sur un papier enfumé, un tracé sera obtenu. I.A MÉTHODE GRAPHIQUE. 131 Si la main s'élève, le ressort spiral fera remonter le levier et le fil restera toujours tendu. Tous ces mouvements seront ré- pétés parle levier inscripteur, mais en sens inverse : l'éléva- tion d'un levier provoquant la descente de l'autre (1). Il est très-commode, dans un grand nombre de cas, de transmettre ainsi un mouvement par un simple fil que l'on peut, suivant le besoin, prendre plus ou moins long. ' - L'inscription d'un mouvement rectiligne peut seule être obtenue dans ces conditions ; elle présenterait peu d'intérêt dans la plupart des cas, mais en combinant l'emploi de deux systèmes de tambour à leviers conjugués, on peut obtenir la forme d'un mouvement quelconque, pourvu qu'il se produise dans un plan. Cette méthode, que j'ai souvent utilisée m.oi- même, est basée sur ce principe : que tout mouvement qui se passe dans un plan peut-être considéré comme formé par deux mouvements rectilignes perpendiculaires fun à l'autre. Lorsque Wheatstone, adaptant à l'extrémité d'une verge vi- brante une petite sphère brillante, montra que l'œil perçoit des images qui varient suivant le rapport de fréquence de deux or- dres de vibrations produites dans deux plans perpendiculaires l'un à l'autre, l'illustre physicien anglais ouvrit à la méthode graphique une voie nouvelle. Bientôt en effet Kœnig, armant les verges de Wheatstone d'un style écrivant, recueillit le tracé de leurs parcours dans les conditions les plus compliquées. Ces verges sont des tiges rectangulaires qui, suivant l'épais- seur qu'elles présentent dans les deux sens, peuvent exé- cuter des vibrations de nombre égal ou de nombres différents dans un sens et dans l'autre. Plus tard, Lissajoux rendit le phénomène plus facile à comprendre en construisant une machine qui, au moyen d'en- grenages, communique à une pointe écrivante deux mouve- ments rectilignes, perpendiculaires l'un à l'autre. L'appareil de Lissajoux permet de régler à volonté le rapport de fréquence des deux mouvements rectangulaires imprimés au style. En faisant fonctionner la machine avec lenteur, on voit comment la circonférence d'un cercle est engendrée par deux oscillations synchrones ayant la même amplitude ; comment l'inégalité (1) Si l'on veut que les iJeux leviers exécutent des mouvements de mê)me sens, il suffit de retourner un des deux appareils. ' ■ ' '' - i32 MAREY. d'amplitude de deux mouvements synchrones engendre une ellipse dont le grand diamètre correspond à l'oscillation la plus étendue; comment enfin, des oscillations perpendiculaires entre elles et de fréquences semblables ou inégales donnent naissance à des figures variées. L'ellipse (fig. 68, ligne su- périeure), résulte de la combinaison d'un mouvement dans le sens vertical avec un mouvement dans le sens horizontal ; la figure en forme de 8 est due à la combinaison d'une os- cillation dans le sens vertical avec deux oscillations dans le sens horizontal ; la figure représentée ligne 3, est produite nar 2 oscillations verticales et 3 horizontales ; la figure li- gne 4, par 3 verticales et 4 horizontales. Fig. C8. — Lijne siipérieui'i; : une vibration dans le seii-; vertical pour une vibration trans- versale; rappnrt de 1 a 1, en acoustique «(hw«o». Ligne 2. Une vibration dans le ssns vertical pour deux vibrations transversales ; rapport de 1 à 2, oclai'e. Ligne 3. Deux vibrations verticales pour trois vibrations transversales; rapport de 2 à 3 quinte. Ligne 4. Rapport de 3 à 4; quarte. Qu'on imagine les rapports les plus variés entre les deux ordres de mouvements auxquels la pointe traçante est soumise LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 133 et l'on obtiendra toutes les figures possibles car, ainsi que nous le disions tout à l'heure, toute figure susceptible d'être inscrite dans un plan peut-être engendrée par la combinaison de deux mouvements rectiiignes perpendiculaires l'un à l'autre. Puisqu'il en est ainsi, ne peut-on transmettre à distance un mouvement quelconque, en imprimant à la pointe écrivante les deux mouvements que le corps étudié exécute suivant un plan. Le mode de transmission par l'air se prête fort bien à cette inscription. Il m'a servi, dans un cas où il s'agissait de déterminer le mouvement que l'aile d'un oiseau exécute autour de l'articulation de l'épaule pendant le vol(i). Enfin, comme la disposition la plus commode est celle que représente la fig. 67 et par laquelle il suffît d'attacher un fil au corps mobile pour transmettre les mouvements qui se pro- duisent suivant la direction de ce fil, j'ai essayé de réaliser la transmission d'un mouvement dans ces conditions simpli- fiées ^2). L'expérience qui consistait à inscrire la trajectoire de l'aile de l'oiseau nécessitait la construction d'un appareil spécial. 11 n'est besoin, avec la disposition nouvelle, que de plusieurs tambours à levier, pareils à celui qui est représenté dans la figure 17 et que l'on combine entre eux de la manière sui- vante, figure 69. Sous le nom de pantographe à transmission, je désigne l'as- semblage de quatre tambours à leviers conjugués répartis en deux groupes. ,V Le premier groupe de deux tambours forme l'appareil ex-- plorateur du mouvement; le second l'appareil récepteur. On peut indifféremment prendre comme explorateur l'un quel- conque de ces deux groupes ; dans la description de l'expé- rience, nous supposerons que c'est le groupe de gauche qui a cette fonction. Les quatre tambours à levier sont disposés sur un support, de telle façon que leurs membranes soient dans un plan ver- tical. En outre, les leviers des deux instruments d'un même (1) On trouvera la description de l'expérience et de l'appareil (/?////. des h.tu- «e.s études, t. I, 1869, p. 228, et In Machine animale, p. 2Vi) . (2i Hautes études, t. V, p. .S9. 134 M A RE Y. groupe, situés dans un même plan horizontal, font entre eux un angle droit. Dans la figure 69 on voit que le levier explorateur a hori- zontal est conjugué avec le levier récepteur horizontal «'; il en est de même des deux leviers verticaux b et b' . On voit aussi uue si on déplace l'un des leviers manipulateurs dans un sens quelcoique, le levier conjugué récepteur exécutera un mou- vement de même sens. Fig. 69. — Pantograplie à transmission du mouvement par l'air. L'appareil est vu d'en haut. Assemblons, au moyen de tiges articulées en forme de rec- tangles, les deux tambours de chacun des groupes, et prolon- geons 1 un des côtés de ce rectangle en le terminant par une pointe écrivante. Tout mouvement imprimé dans le plan ho- rizontal à la pointe de l'explorateur sera produit par la pointe du récepteur. Dans la figure 69, la pointe de l'explorateur trace un cercle sur un morceau de verre enfumé; la pointe du récepteur trace la même figure. MÉTHODE GRAPHIQUE. 135 II. - Chronographie. Notions des relations de temps. — Chronomètres. — Pointage sur un papier qui se déplace. — Cylindres tournants et régulateurs. — Contrôle du mou- vement d'un cylindre au moyen du diapason. — Transmission des indica- tions chronographiques. — Imperfection dos signaux.— Signaux électriques. — Signaux à air. Pour l'estimation des phénomènes de courte durée , l'em- ploi des chronomètres les plus parfaits trouve sa limite pi^atique dans l'insuffisance de nos sens. Si l'aiguille d'un de ces instruments parcourt le cadran, en s'arrêtant à toutes les secondes ou à tous les quarts de seconde, on a peine à reconnaître la position exacte qu'elle occupe au début et à la fin d'un phénomène ; une erreur d'un quart de seconde est alors très-facile à commettre. On doit donc considérer comme un progrès notable l'emploi du chronomètre à pointage : l'ai- guille, chargée d'encre à sa pointe, s'applique contre le ca- dran par la pression d'une détente et laisse la trace de la po- sition qu'elle occupait à un premier instant ; si l'on provoque un second pointage à la fin du phénomène, on trouve sur le cadran deux points séparés l'un de l'autre par un nombre de divisions qui mesure le temps écoulé. Mais, si le temps à mesurer excédait un tour de cadran, s'il correspondait à un grand nombre de minutes par exemple, on risquerait de commettre une erreur sur ce nombre. Le pointage du temps doit alors se faire sur un papier qui chemine avec une vitesse connue, et dont la longueur soit fort grande (1). La difficulté principale, dans ces mesures graphiques du temps, c'est d'avoir, pour y pointer les signaux, une surface animée d'une vitesse parfaitement régulière ou parfaitement connue. Pour obtenir l'uniformité parfaite des mouvements (1) C'est ainsi qu'Eytelwein, voulant compter le nombre de coups frappés en un temps donné par un bélier hydraulique, fit défiler, au moyen d'un rouage, une longue bande de papier sur laquelle chaque coup venait laisser sa trace. On pouvait lire, a la fin de l'expérience, le nombre do coups de bélier frappés, en une heure ou en une minute, si la vitesse de translation était exaclcmeiil connue. . ' ' • ■ - 136 MAREY. d'horlogerie, on se sert des régulateurs. L'un des plus simples est celui de Foucault. La marche en est sensiblement uniforme et comme on peut en régler la vitesse , il est relativement facile d'estimer avec certitude l'intervalle de temps qui sépare deux signaux. Le régulateur de Villar- ceau semble plus parfait encore et présente un avantage : celui de pouvoir prendre des vitesses qui varient, du simple au double, suivant que l'appareil est incliné ou vertical. Enfin, Helmholtz a imaginé un régulateur électrique qui, parait-il, est également d'une. précision très-grande. Fig. 70. — .Mouvement d'Iiuiluyciie muni du le^uUleui ^lUa^ceau. Cet appareil est destiné à faire tourner uniformément le cylindre sur lequel on inscrit les signaux. Clironographes. — Gomme ces appareils sont coûteux et qu'il est parfois difficile de se les procurer, il est très-utile, en pratique, de contrôler les mesures du temps au moyen d'un chronographe à indications continues. Thomas Young imagina de faire inscrire sur un cylindre LA METHODE GRAPHIQUE. 18" tournant les vibrations d'une verge métallique munie d'un style léger ; puisque ces mouvements sont isochrones, cha-» cune des ondulations tracées sur le cylindre correspond à une division du temps toujours égale à elle-même. Du- hamel employa le diapason au même usage ; ce fut un nou- veau progrès dans la chronographie. On peut, en effet, savoir avec une exactitude extrême le nombre de vibrations qu'un diapason exécute en une seconde ; cela tient à la précision avec laquelle on compare entre eux et on règle ces ins- truments : soit par la méthode optique de Lissajoux, soit par la méthode acoustique (méthode des sons résultants) de Kœnig (1). Fig. 71. — Ti'flcés d'un diapason chioaographo. Suivant l'approximation avec laquelle on veut mesurer le temps, et surtout suivant la vitesse du cylindre sur lequel on inscrit les signaux, on doit prendre des diapasons dont les nombres varient. Les diapasons de 50 à 500 vibrations par seconde sont les plus fréquemment employés. Quelque- fois, il faut avoir des divisions du temps plus grandes ; le dixième de seconde exige des instruments en général assez volumineux et encombrants. Pour plus de commodité, on peut recourir à la méthode d'inscription indirecte des vibrations (fig. 72): On suspend, en un point quelconque, le diapason dont une des branches porte un curseur relié, au moyen d'une bielle, avec la mem- brane d'un tambour à air ; celui-ci communique par un tube avec un tambour à levier qui trace sur le cylindre une ondu- lation pour chaque vibration du diapason. Dans la plupart des cas, il est assez incommode de tracer directement les mouvements d'un diapason quelconque, surtout quand un grand nombre d'autres signaux doivent être inscrits en même temps. Pour parer à cet inconvénient, (1) M. Kœnig m'a fait constater, par la méthode des battements, le parfait accord de diapasons qui donnaient plus de 20,000 vibrations doubles par se- conde. 138 j'ai construit un appareil (fig. 73) que je nomme chronographe et qui consiste en un style léger vibrant à l'unisson d'un dia- pason entretenu par l'électricité. Trois parties distinctes constituent l'ap- pareil : une pile, un diapason interrupteur et le chronographe. Cette dernière pièce consiste en un style effilé, fixé à l'extrémité d'une lame d'acier et muni d'une petite masse de fer doux. Si le style est destiné à inscrire le centième de seconde, il faut que la lame d'acier qui le porte ait une lon- gueur déterminée. A cet effet, la lame est saisie dans un étau mobile qu'une vis de réglage permet de déplacer de manière à changer la longueur de la partie vibrante. A côté du style armé d'une petite masse de fer doux est un petit électro-aimant qui en en- tretient les vibrations en produisant une série d'attractions renouvelées cent fois par seconde. Il faut donc qu'un courant élec- trique soit envoyé cent fois par seconde dans le petit électro-aimant qui agit sur le style ; c'est à cela qu'est employé le diapa- son interrupteur. Fig. 73. — Diapason de 10 vibrations doubles Au dernier plan, sur la figure 73, on voit disposé pour envoyer ^^^ -j^ ^^^^ ^un dos fils se rend à un dia- ses vibrations a un tani- '■ bour à levier. pasou de ceut vibrations par seconde, sem- ^AAAAA/\AAAA/ A A A A' A A V V \y. y \j \j \j \j \j^.v y ^y \j\j y \j \j \y, y Fig. --2 bis. — Traces d'un diapason à transmission. 10 vibrations doubles par seconde : ligne supérieure, axe rapide; ligne inférieure, axe plus lent. blable à ceux que M. Mercadier emploie directement comme chronographes. Ce diapason n'a ici d'autre rôle que d'inter- LA METHODE GKAl'HIQUE. 139 rompre le courant de la pile. Après avoir traversé l'inter- rupteur, le fil électrique s'accole à l'autre fil de la pile et tous deux, isolés l'un de l'autre, cheminent dans un cable flexible, pénètrent dans le manche du chronographe et se terminent chacun dans l'un des bouts de la bobine électro-magnétique dont l'action entretient les vibrations du style écrivant. Fis. 73. Chi-onograplie temi à la main ut doiiiiaiit contiuu.'Uenu'nl 100 vibrations doublas par seconde. Si l'appareil est réglé de façon que le style du chrono- graphe ait des vibrations propres de même nombre que celles du diapason, aussitôt que le circuit de la pile est fermé, on voit le style du chronographe vibrer à l'unisson ; mais si le style du chronographe n'est pas soigneusement accordé pour le nombre de vibrations que le diapason exécute, celui-ci vibre seul. Il suffit alors d'un léger tâtonnement pour amener, au moyen de la vis de réglage, le style au nombre voulu de vibrations ; aussitôt on le voit entrer en mouvement, et ses vibrations durent tanl que la pile conserve une énergie suffi- sante, c'est-à-dire indéfiniment. Un même chronographe peut donner, à volonté, différents nombres de vibi-ations par seconde ; il faut alors prendre 140 MAREY. comme interrupteur des diapasons du nombre que l'on veut obtenir et régler le chronographe à l'unisson de l'interrupteur employé. Enfin, avec un même interrupteur, on peut donner au chro- nographe des nombres de vibrations qui varient du simple au double. Ainsi, avec un diapason de 100, on peut faire vibrer le chronographe deux cents fois par seconde ; il suffit pour cela d'accorder le style à l'octave aiguë du diapason. L'inscription continue du temps, au moyen de vibrations d'une fréquence connue, est si exacte et si commode que, même avec l'emploi des régulateurs du mouvement, on recourt encore à l'inscription chronographique toutes les fois qu'il faut mesurer des durées très-courtes. Il suffit alors de compter sur le tracé combien, entre les signaux qui an- noncent le début et la fin d'un phénomène, sont inscrites de vi- brations dont chacune représente Vio> Vioo ou Viooo» de se- conde. Dans certains cas, on peut rendre hsible la durée qui correspond a V20000 de seconde. Des signaux. — Quand la précision est très-grande dans la mesure du temps, l'imperfection devient relativement très- grande dans la production des signaux qui doivent indiquer le commencement et la fin d'un phénomène. Les astronomes ont reconnu, les premiers, que personne ne saurait pointer un phénomène au moment précis où il se produit ; le signal re- tarde toujours un peu sur l'instant auquel il devrait corres- pondre-, ils ont appelé équation personnelle ce retard, variable pour chaque observateur. Il est clair que notre estimation d'un instant quelconque est entachée de cette erreur. Aussi, dans les mesures délicates, faut-il recourir aux signaux au- tomatiques et forcer le phénomène lui-même à inscrire mé- caniquement son début et sa fin. Les signaux électriques senties meilleurs que l'on possède, grâce à la rapidité avec laquelle ils se transmettent, du point où le phénomène se produit, à celui où il doit s'inscrire. Ils présentent en outre cet avantage, qu'ils n'exigent, pour se produire, que la force motrice nécessaire pour rompre ou fermer un courant de pile. Il semble donc que ces signaux soient parfaits. LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 141 Mais les exigences toujours croissantes de l'expérimen- tation ont bientôt montré que l'inscription électrique, quel que fût le procédé employé, était encore imparfaite. M. Marcel Deprès s'est attaché à perfectionner les appareils électriques qui fournissent des signaux et est arrivé à des résultats d'une admirable précision (1). Pour obtenir des signaux plus nets, M. Deprès s'est servi d'électro- aimants, en s'attacbant à combattre les deux in- fluences qui diminuent l'instantanéité de leurs signaux, c'est- à-dire l'inertie de l'armature et la durée des phases d'ai- mantation et de désaimantation. Soient (fig. 74) deux bobines électro-magnétiques qui, au moment où le courant passe, attirent le fer doux placé au-dessus d'elles, et abaissent le style écrivant, de manière à tracer la li- gne horizontale inférieure ; dès que le courant sera rompu, un ressort antagoniste relèvera le levier qui tracera la ligne su- périeure jusqu'à la prochaine clôture du courant de pile. Ces alternatives d'élévation et d'abaissement de la ligne tracée semblent se traduire par des ascensions verticales, si l'on re- (1) L'auteur commence par faire ressortir les imperfections de certains signaux électriques: ceux qu'on olîtient, par exemple, au moyen de l'électrolyse , quand une électi'ode métallique, frottant sur un papier humide et imprégné de certaines solutions salines, laisse une trace colorée des instants où. un cou- rant électrique a passé. Ces signaux sont incapables de marquer avec' exacti- tude le début et surtout la fin d'un phénomène, à cause des traces vagues e diffuses qu'ils laissent sur le papier. En balistique, on doit obtenir, sur un cylindre qui tourne avec une rapidité extrême, le signal des instants où le projectile passe au travers d'une série de cibles plus ou moins éloignées les unes des autres. On s'est servi jusqu'ici, pour signaler ces passages, de l'étincelle de fortes bobines d'induction que l'on faisait éclater entre une pointe métallique et un cylindre argenté recouvert de noir de fumée. Celte étincelle, provoquée à chaque passage du projectile à travers une cible où il coupe les fils d'un circuit de pile, n'éclate pas suivant la normale entre la pointe et le cylindre, mais se dévie en divers sens, suivant le chemin où elle trouve la meilleure conductibilité dans la petite couche d'air qu'elle doit traverser. Même dans les cas où la pointe métallique touche le cylindre et frotte constamment sur sa surface, on n'est pas à l'abri de ces déviations. (Journal de physique théorique et appliquée, t. IV, n" 38, p. 39.) Ajoutons que l'étincelle d'une machine d'induction n'est pas simple, ainsi que l'a montré Nyland par le procédé de Donders * et que, sur la surface du cylindre, se trouvent souvent une série de traces multiples qui gênent l'esti- mation précise de l'instant du signal. ■ Voy. Ardtives Séerlundnise.i. t. V. p. 2(^2. - ',,:'..■ 142 MAREY. cueille les signaux sur un papier animé d'une translation peu rapide, un ou deux centimètres par seconde. Mais, si la vitesse de translation est grande, comme dans les cas où on emploie un cylindre à rotation rapide, on constate que le passage du style entre deux lignes se fait lentement. F\g. 71. — Appareil a signaux ('lectro-magnotiques inscrivant sur le cylindre Outre que le signal met à s'accomplir un temps appréciable, il retarde sur le moment de la clôture ou de la rupture du courant. Ce retard, il faut le connaître pour estimer le véri - Fig. 75. — En liaui la ligne du signal électrique : ascension du tracé ; signal de désaimanta- tion ou de rupture du courant. — Au-dessous, tracé du diapason à transmission: 10 vibra- tions doubles. (Tracés recueillis sur un axe rapide.) En bas, même signal et même tracé chronograpliique (axe plus lent). table instant du début ou de la (în d'un phénomène ; de plus, LA METHODE GRAPHIQUE. 143 il faut le réduire autant que possible, afin de multiplier le nombre de signaux que l'appareil peut exécuter en un temps donné- Dans le cas où les signaux devraient se suivre à très-court intervalle , il faut abréger la durée des périodes de désai- mantation et de réaimantation dans les appareils. C'est ce que M. Deprès a réussi à obtenir en perfectionnant les appa- reils électro-magnétiques. Ce savant a réduit à j^ de se- conde la durée de la désaimantation et du mouvement qui l'ac- compagne ; il a réduit seulement à -^ de seconde celle de la réaimantation, de sorte que ses appareils peuvent donner de 400 à 450 signaux différents en une seconde, avec un seul élément de Bunsen (1). En plaçant dans un circuit dérivé sur le courant de la pile une bobine munie d'un fer doux, M. De- près abrège encore la durée des signaux (2) ; il en peut obte- nir de 700 à 800 par seconde. AAAAAAA/JJUUUavVaUUUV/lAMMU/'JUVUUUUL/aUUUu'OUJUUJUOvAA^^ Fig. 76. — Appareil à signaux électriques de M. Deprès; Signaux de cet appareil actionné par un diapason interrupteur de 500 vibrations simples par seconde. (Héliogravure.) (1) Pour arrivera une grande rapidité dans les signaux, l'auteur diminue con- sidérablement la masse du fer doux qui sera soumis à la traction de l'électro aimant; il donne aussi une légèreté extrême au style, à toutes les pièces enfin, qui doivent, être animées de vitesse. D'autre part , il donne une force consi- dérable au ressort qui doit produire l'arrachement de l'armature au moment de la désaimantation. Ce ressort exerce une traction d'environ deux cents grammes sur une armature qui ne pèse que 120 milligrammes; il s'ensuit que la vitesse avec laquelle le signal de désaimantation se produit est extrêmement grande. (La vitesse du style, au bout d'un millimètre de parcours, serait alors de 10 mètres par seconde.) (2) Il se produit alors, aux moments de la rupture et de la clùlure des courants de pile, des extra-courants qui favorisent la désaimantation et surtout donnent à l'aimantation une rapidité considérable; onpeutainsi augmenter la rapidité des signaux. V '. , m MAREY. Dans cette figure, les signaux sont provoqués par un diapa- son qui donne 500 vibrations simples par seconde. On constate qu'un signal complet de l'instrument, c'est-à-dire une rupture suivie de clôture, dure beaucoup moins de — de seconde , puisque après chacun de ces signaux, le style reste en repos pendant une période assez longue. On eut donc pu obtenir beaucoup plus de 500 signaux par second*e. Un tel appareil sera d'une utilité extrême dans un grand nombre d'expériences. Des signaux à air. — Dans bien des cas, le signal élec- trique peut être remplacé par un signal transmis par l'air. L'appareil décrit figure 67 (les tambours à leviers conjugués) suffit pour inscrire sur le cylindre l'instant précis du début d'un phénomène et celui de sa fin. Admettons, en effet, qu'à un moment donné, une traction ou un choc fasse mouvoir le levier n** 1 ; le levier n° 2 tracera sur le cylindre le signal de ce mouvement ; un second signal se tracera de même ; on aura de cette façon, des tracés à peu près identiques à ceux que re- présente la figure 75. Enfin, le tracé d'unchronographe ou d'un diapason mesurera, d'après le nombre de vibrations qu'il a inscrites, le temps qui s'est écoulé entre les deux signaux. Mais, dira-t-on, le mouvement ne se transmet pas d'une ma- nière instantanée d'un levier à l'autre et cela peut causer une erreur dans l'appréciation du temps à mesurer. Le temps qui s'écoule entre le mouvement imprimé au pre- mier levier et celui qui est inscrit sur le second est constant, pour un même tube, à une même température. Ce retard, puisqu'il est constant, n'a donc aucune influence sur l'inter- valle qui sépare les deux signaux successifs, et par suite, n'altère pas la durée du temps à mesurer ; tout au plus pour- rait-il gêner dans la détermination de l'instant auquel s'ac- complit le phénomène qu'on observe, si cet instant devait être rapporté aux indications d'une horloge. Pour une estimation de ce genre, il faudrait évaluer le temps nécessaire à la trans- mission du signal, ce qui est facile à déterminer. Du reste, pas plus que les signaux à air, les signaux élec- triques ne sont d'une instantanéité absolue : le retard d'ai- mantation ou de désaimantation doit entrer en li2;ne de LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 145 compte dans la détermination absolue d'un instant. Nous reviendrons sur ce sujet dans le prochain chapitre, à propos des applications de la méthode graphique aux mesures du temps. Nous venons d'examiner les cas où l'on a besoin de mesurer des intervalles de temps extrêmement court ; il en est d'autres, au contraire, où la durée des actes qu'il s'agit de déterminer est considérable. La méthode graphique se prête également bien à ces deux sortes de mesures. On peut , pour tous les cas, conserver les mêmes signaux électriques : la rapidité extrême de leur fonctionnement, si elle n'est pas nécessaire dans les ex- périences de longue durée, n'est du moins pas nuisible ; mais il faut, suivant le besoin, changer la vitesse du mouvement rotatif du cylindre et lui faire développer/ non plus 4 mètres de papier par seconde, mais 1 centimètre, 1 millimètre et même moins. En effet, certains actes ont une durée si longue, qu'entre leur commencement et leur fm, il s'écoule des mi- nutes, des heures, des jours et plus encore. Rien de plus facile que de construire des appareils d'horlogerie qui don- nent au cylindre des mouvements réguliers et très-lents. Pour plus de sùreié, dans les mesures du temps, il fau- dra, en général, contrôler la vitesse du cylindre par un tracé chronographique. Mais les périodes d'oscillation du chronographe devront être d'autant plus lentes que le cy- lindre tournera avec moins de vitesse. Quand, par exemple, il ne passera que 10 ou 20 centimètres de papier par seconde, le diapason qui inscrit 1/10 de seconde sera suffisant. Pour 1 ou 2 centimètres à la minute, il suffira de pointer les se- condes, au moyen d"une horloge dont le balancier rompra et fermera tour à tour le courant de la pile qui produit les si- gnaux. Enfin, pour des rotations plus lentes encore, on ne pointera plus que les minutes ou les heures, au moyen de dis- positions appropriées. En somme, la méthode graphique, dans les mesures du temps, l'emporte sur loutes les autres ; elle supplée à l'insuf- fisance des sens dans les mesures d'actes extrêmement bi-efs, à la patience de l'observateur dans la mesure des actes de longue durée. I.AIt. MAIîKY. 10 143 III. — Applications de la chroiiograpitie. Délermination de l'instant où se produit un phénomène. — Mesure des durées. — Successions ou synchroiiisme — Fréquence. — Régularité. — Pério- dicité. La clii^onographie trouve son application partout où doit être effectuée une détermination précise de l'instant auquel se produit un phénomène, de la durée, de la fréquence ou de la réarularité de certains actes successifs. Aussi, toutes les sciences expéiimentales auront-elles à l'employer, quand elles vou- dront pousser la rigueur des mesures du temps plus loin que ne le permet l'emploi du chronomètre à cadran. A) Détermination de l'instant où se produit un phénomène. — Ce problème ne se pose guère qu'en astronomie ; pour le résoudre, il faut disposer d'une horloge qui pointe électriquement les secondes sur un cylindre tournant (1). Si Ion n'inscrit pas sur un papier sans fin, on y supplée au moyen d'un mécanisme qui entraîne le style ti^aceur de telle façon, qu'à chaque tour de cyHndre, la pointe se soit gra- duelement déplacée suivant la génératrice. De cette façon, le signal des secondes trace ses indications sur une spirale et peut écrire ainsi pendant un temps très-long. A côLé du pointeur des secondes est disposé le style qui signalera l'instant du phénomène observé. La position du signal par i^apport au ti^acé des secondes déterminera Tins-- tant du phénomène; ainsi que cela se voit dans le cas re- présenté fig. 77 : le phénomène se serait produit entre la deuxième et la troisième seconde et un peu après la moitié de cet intervalle de temps. (1) Plusieurs dispositions peuvent être employées à cet effet. Tantôt le pen- dule de l'horloge, chaque fois qu'il passe par la verticale, rencontre un petit ressort qu'il déplace, et rompt ainsi un courant électrique qui fait agir un signal pareil â celui qui est représenté fig. 77; tantôt, muni d'une lame de mica, ce pendule coupe une goutte de mercure qui se referme après son pas- sage, en rétablissant un courant de pile un instant interrompu. J'ai vu fonc- tionner ce mécanisme en Hollande, dans l'observatoire astronomique d'Utrecht, et dans le laboratoire de physiologie du professeur Donders. L\ MÉTHODE GRAPHIQUE. IH Si l'on voulait plus de précision encore, on emploierait un cylindre à rotation plus rapide, et l'on inscrirait, à côté du pointage des secondes, les vibrations d'un chronographe. L'instant où se produit le phénomène pourrait ainsi être déter- miné en secondes et fractions aussi petites qu'Userait néces- saire. Enfin, dans cette détermination absolue d'un instant, il faudrait tenir compte du retard des signnux sur l'ncte qu'ils doivent inscrire (i). Fîg. 77. — Ligne supérieure : tracé des secondes, I, 2, 3, etc., inscrile> elfciriqueiiu-iu. — Ligne inférieure : signal d'un phénomène; il se produit à l'instant S. Quand deux astronomes font une détermination de longi- tude, une horloge inscrit électriquement la seconde dans les deux observatoires à la fois. Le premier observateur signale, par rapport au temps de cette pendule, l'instant du passage d'une étoile et ce signal s'écrit dans les deux postes en mémo temps ; le deuxième observateur signale de la même façon le passage de l'étoile au méridien do son observatoire et ce signal s'écrit aussi dans les deux postes à la fois. Chaque observateur possède donc un double tracé : celui des se- condes de l'horloge commune aux deux postes et celui des deux signaux de passages: l'un fait par lui, l'autre fait par son collègue. Cet intervalle mesure, en secondes de temps, la différence de longitude des deux postes d'observation. Or, dans une pareille détermination, si les signaux élec- triques causent une erreur absolue de quelques millièmes do seconde, cela importe peu si ce relard est constant. En outre, si les retards sont inégaux pour les deux appareils à signaux employés dans les deux postes, la différence qu'ils présentent n'est rien en comparaison de l'erreur qui peut tenir à la diffé- rence de l'équation persoicnelle des deux astronomes, c'est- (1) En pralii-|ue ce retard est négligeable, soiliiu'un i'iii|)loie les signaux éiec- triques, soit qu'on se serve de la transmission [lai' l'air à Irès-courle dislanci- 148 à-dire à la différence du temps qui s'écoule entre le passage réel de l'étoile au méridien et l'instant où chacun des obser- vateurs signale ce passage. Toutefois, il peut être utile, dans certains cas, de con- naître exactement le retard de transmission d'un signal ; nous allons indiquer le mo- yen de le déterminer. Retard des signaux à air, — Ce retard est proportionnel à la longueur et à l'étroitesse Fig. 78. — Mesure de la vitesse de transmission, des signaux dans lus tubes à air. Ligne a, si ■gnal t, retard pour 1 mètre do tube Ligne/;, signal 2, ri^tard pour 31 mètres. Différence, 2 1/3 vibrations de 250 par seconde. — Vi- tesse, 323 m. des tubes employés. Quant à l'élasticité des tubes, elle est négligeable, car la pression de l'air nécessaire à la trans- mission des signaux est trop faible pour mettre en jeu cette élasticité. Pour mesurer la vitesse de transmission du mouvement de l'air dans les tubes, on prend l'appareil décrit fig. 67 et on place sur un même support les deux tambours à levier, tous deux munis de styles dont les pointes sont disposées bien verticalement Tune au-dessus de l'autre. On fait tourner le cylindre et pendant que les deux styles immobiles tracent, sur le papier noirci, deux lignes droites parallèles, on frappe sur le tube de transmission de manière à l'aplatir. L'air, expulsé du tube par cette pression soudaine, se porte dans deux directions opposées et actionne chacun des tambours à levier. Deux signaux s'ensuivent (fig. 78), qui sont superposés, c'est-cà-dire synchrones, quand le tube a été frappé au mi- lieu de sa longueur, mais qui se succèdent à certain inter- valle, si lébranlement de l'air a dû parcourir une plus grande longueur de tube dans un sens que dans l'autre. On mesure au chronographe le temps qui s'écoule entre les deux si- gnaux, et si, de chaque côté du point où le tube a été frappé, il y a, pour arriver aux tambours à levier, une différence de longueur de 1 nièlre, de 5 mètres, de 20 mètres, etc., l'in- l.A MKTHODli GRAl'HIQU!:. 149 tervalle de temps qui sépare les deux signaux mesure le temps nécessaire à parcourir ces longueurs de tube. On en déduit la vitesse de transmission des signaux à air. Cette vitesse, voisine de celle du son dans l'air, s'en ap- proche d'autant plus qu'on emploie des tubes plus larges. Pour les tubes dont je me sers habituellement (4 milli- mètres de diamètre), elle se réduit à 280 mètres par seconde. Toutes les _fois qu'on emploie deux appareils à signaux transmis par l'air, il est bon de donner la même longueur aux tubes de transmission: cela permet, en uniformisant le retard, de le négliger entièrement dans les déterminations de syn- chronisme ou de durée. Relard des signaux électriques. — Helmholtz a imaginé une méthode qui permet d'estimer, avec une précision extrême, fe retard d'un signal électrique. A cet effet, il faut, sur le cylin- dre, déterminer la position où le signal aurait lieu s'il n'y avait pas de retard, et la comparer à celle que le signal occupe réellement. On dispose l'expérience de telle sorte que le cy- lindre lui-même, à un certain moment de sa rotation, rompe ou ferme le courant électrique qui provoque le signal. Dans une première expérience, on fait tourner le cylindre avec une lenteur extrême au moment où va se produire le signal électrique. Dès lors, la vitesse du cylindre pouvant être considérée comme nulle, le signal ne subira aucun dé- placement. Dans une autre expérience, on donne au cylindre son mouvement rotatif et l'on fait inscrire le signal. Le tracé, dans ce deuxième cas, se trouve inscrit un peu plus loin que la première fois, ce qui tient à ce que, depuis le moment où la rupture du courant de pile s'est faite jusqu'à celui où le signal s'est écrit, le cylindre a tourné d'une certaine quantité. Cette quantité, mesurée au chronographe, donne exactement le retard du signal. M. Marcel Deprés a déterminé, par une méthode ana- logue, le retard d'aimantation et le retard de désaimantation de ses appareils à signaux électriques. Pour cela^ il a incrusté dans l'un dos fonds du cylindre tournant un secteur de caoutchouc durci. Deux frotteurs métalliques, en contact avec le fond du cylindre, ferment le courant tant qu'ils 150 MAREY. touchent les parties métalliques ; le courant est rompu quand le secteur isolant passe au-dessous d'eux. Après av()ir dé- terminé, sans vitesse, la position des signaux de clôture et de rupture du courant, on cherche la position nouvelle de ces signaux quand le cylindre a toute sa vitesse (i). Ghr.500 V.S. rig. 79. — ïiacé supérieur cliroiiograiihe de 50,0 vibralions simples; les chilïres 1, 2, a, 4, marquent les temps correspondant à Vsoo de seconde.— Ligne 1, R, instant de la rupture du courant de pile. Li courbe qui, jiartant de la ligne inférieure, s'élève obliquement à la ligne supérieure, est le mouvement du style au moment où la désaimantation se produit. La du- ïéd du retard mesuré sur le chronographe dépasse V500 de seconde; c'est le retard de dé- saimantation. C, clôture du courant de pile : le moment où la ligne supérieure redescend au contact de l'inférieure correspond au signal d'aimantation; son retard est de V2OO de seconde environ. — Ligne 2 et 3. Diminution graduelle des retards de désaimantation et d'ai- mantation. Dans ces déterminations, M. Deprès a trouvé (fig. 79) des retards plus ou moins grands, dont il pouvait faire varier la durée ; dans certains cas, le signal de clôture du courant re- tardait de Voooo (retard d'aimantation), tandis que le signal de rupture retardait de Vsoo (retard de désaimantation). B) Défennination de la durée d'un phénomène . — Cette me- sure n'est autre que celle du temps qui s'écoule entre deux signaux dont l'un correspond au début et l'autre à la fin du phénomène dont on cherche à connaître la durée. Dans le cas cité plus haut, où deux astronomes mesurent la différence de longitude de deux méridiens, il mesurent en réalité une durée : 11) La rupture d'un circuit de dérivation est employée pour forcer, à un mo- ment donné, le courant de pile à passer par le fond du cylindre, et a subir des clôlurcs et des ruptures alternatives. L\ MÉTHODE GRAPHIQUE. 151 celle de la rotation terrestre qui amène, en face de l'étoile ob- servée, les méridiens de deux lieux différents. En balistique, on détermine le temps qui s'écoule entre les passages d'un boulet au travers de deux cibles successives, distantes l'une de l'autre d'un intervalle connu, et de cette mesure on déduit la vitesse du projectile. Le même principe m'a servi à estimer la vitesse plus mo- deste des ondes liquidesà travers les tubes (voy. mémoire III, fig. 60 et suiv.), en mesurant le temps qui s'écoide entre les signaux du passage de cette onde en deux points du tid^e dont on connaît l'intervalle. Une autre fois (voy. mémoire VI, llg. 120), ayant à déter- miner le temps que dure l'abaissement de l'aile d'un oiseau mécanique, suivant la vitesse de sa translation horizontale, j'ai recouru à la mesure du temps qui séparait deux signaux dont l'un marquait le début de l'abaissement de l'ailC; tandis que l'autre en annonçait la fin. L'une des mesures les plus difficiles qu'on ait à faire en physique est celle de la durée d'un choc (1). On verra, à pro- pos de la mesure des vitesses, un procédé qui permet la solu- tion de ce problème. C'est à l'emploi de la méthode graphique qu'on doit les belles expériences de Helmholtz sur la détermination du temps qui s'écoule entre l'excitation électrique d'un muscle et l'apparition du mouvement provoqué. C est encore à cette méthode qu'est due la mesure de la vitesse de l'agent nerveux moteur. Dans toutes ces expériences, l'o'^gane est excité à un moment connu de la rotation du cylindre et le signal s'écrit un certain temps après. Pour l'estimation du temps perdu d'un muscle, c'est-à-dire du retard du mouvement sur l'excitation qui le provoque, une seule expérience suffit. Dans la mesure du temps qu'emploie l'agent nerveux à parcourir une certaine longueur de nerf, deux expériences sont nécessaires (fig. 80) : l'une donne le retard du mouvement (1) Dus essais ont été faits au moyen de la iinUtiodo de Pouillet, c'est-à-dire en mesurant la déviation de l'aiguille d'un galvanomètre qui traverse un courant de pile pendant le temps où le corps choiiuant et le corps choqué sont en con- tact. Nous n'avons pas à nous occuper du cette mélhodu peu précise., \oi MAHEY. sur l'excitation électrique, lorsque celle-ci porte sur un point du nerf assez voisin du muscle ; l'autre mesure le retard qui se produit quand l'excitation électrique s'adresse à un point du nerf situé plus loin du muscle et séparé du premier par une longueur de nerf qu'on a exactement mesurée. Fig. 80. — Mesure de la vitesse de l'agent nerveux. Clironographe de 230 vibrations doubles e. moment de l'excitation du nerf. — r, retard de la secousse quand on excite le nerf très- près du muscle. — r', retard quand on excite le nerf plus loin du muscle, {r' —r mesuré au chronographe, exprime le temps que l'agent nerveux a rais à parcourir la longueur de nerf qui sépare les deux points excités). Toute la rigueur de ces mesures dépend de l'exactitude des appareils chronographiques qui servent à mesurer la valeur de ces retards ; aussi, doit-on, dans ces expériences, recourir aux chronographes les plus rapides et à ceux dont les indi- cations se font par angles brusques dont la position se déter- mine d'une manière précise. C) Succession et synchronisme de deux phénomènes. — Je crois avoir introduit le premier, en physiologie du moins (1), la mé- thode qui permet d'établir les rapports de synchronisme ou de succession de deux mouvements. Nos sens ne se prê- tent que très-incomplétement à de pareilles mesures, tandis que l'emploi de signaux enregistrés les fournit aisément avec une précision parfaite. Au moyen de styles superposés, en nombre plus ou moins considérable, on peut estimer les rapports de succession ou (1) Voiries expériences sur le mouvement des liquides, Annales des Sciences naturelles 1857, 2e série, t. VIII, Zoologie, p. 330 et suiv. MÉTHODE GllAFHIQLE. — SCIENCES EXPERIMENTALES. 153 de synchronisme d'autant de phénomènes qu'il y a de styles employés. C'est avec trois leviers superposés que, Ghauveau et moi, nous avons mesuré l'intervalle qui sépare la systole des oreil- lettes de cehe des ventricules du cœur, ainsi que la coïnci- dence parfaite de la systole ventriculaire avec la pulsation cardiaque. On mesure, de la même manière, les intervalles qui séparent les moments d'apparition du pouls dans les chffé- rentes artères d'un homme ou d'un animal. Dans ces expériences, les tracés obtenus (voy. fig. i2, p, 25) faisaient plus que signaler l'instant d'apparition des diffé- rents phénomènes observés. Ces tracés renfermaient des renseignements d'un autre ordre, relatifs à l'énergie et aux phases diverses du mouvement de chaque cavité du cœur; aussi reviendrons-nous sur ces expériences, à propos de l'étude des mouvements proprement dits (i). La succession des appuis et levés des pieds, dans la marche de l'homme, et surtout dans les allures si variées des quadru- pèdes, était difficile à déterminer par, l'observation directe. Les auteurs qui avaient étudié cette question s'étaient servi parfois de signaux acoustiques, renonçant à juger au moyen de la vue cette rapide succession de mouvements. La méthode graphique m'a fourni très-simplement la solu- tion de ce problème. Deux styles inscripteurs pour l'homme, quatre pour les quadrupèdes, traçaient, sur un cylindre en- fumé, chacun les mouvements d'un pied, c'est-à-dire l'instant où ie pied frappe le sol et celui où il se soulève (2). Les signaux (1) L'emploi des signaux à air présente, dans certains cas, une supériorité mar- quée sur celui des signaux électriques : c'est lorsqu'il s'agit d'inscrire un acte dont le début serait trop faible pourmeltre en mouvement un interrupteur élec- trique; ce dernier risquerait, en effet, de n'agir qu'au moment oii le mouvement dont il doit marquer le début aurait acquis une énergie suffisante pour rompre un courant do pile. Cela pourrait donc amener un retard du signal sur le début réel du mouvement ; je m'en suis aperçu, bien des fois, dans les premières ten- tatives que j'ai faites pour étudier avec des appareils électriques la succession des mouvements du cœur. (2) Vov. In Machine' uni innlf. p. 117. ; , i 454 MAREY. étaient transmis par l'air et le retard de la transmission avait été égalisé par le soin qu'on avait pris d'employer, pour les quatre pieds, des tubes de transmission de même longueur. Pour signaler l'instant de son appui, chaque pied écrasait une petite boule de caoutchouc qui'envoyait de l'air dans les tambours inscripteurs ; le levé du pied était suivi d'une ren- trée de l'air dans la boule, ce qui produisait un nouveau signal. Fig. 81. — Marclie de l'homme. — D, ligne pleine , signaux du pied droit; les élévations de la ligne correspondent aux appuis du pied. — G, li.gne ponctuée, tracé du pied gauche. On obtenait ainsi deux sortes de tracés, appartenant au pied droit et au pied gauche, et dont les élévations et abais- sements alternaient entre eux, comme les mouvements des pieds eux-mêmes. J'ai cru donner à ces figures une forme plus saisissante en les transformant (fig. 82), en une sorte de notation musicale dans laquelle on aurait réduit la portée à deux lignes. Les appuis du pied droit s'inscrivent en blanc sur la ligne infé- rieure; ceux du pied gauche portent des hachures obliques. Dans l'allure marchée M, les appuis des pieds se succèdent sans intervalle, ce (|ui exprime que le corps pose constam- ment sur le sol, soutenu, tantôt par un pied, tantôt par l'autre. Fig. 82. — Ligne M, notation de la marche de l'Iionime. Les notations du pied droit sont en blanc ; celles du pied gauche portent des hachures obliques.— Ligne C, notation de la course; • les appuis alternatifs des deux pieds sont séparés par des instants de suspension du corps en l'air. Les expériences sur la course ont donné des tracés dont la notation G (tîg. 82), est différente de celle de la marche: METHODE GRAPHIQUE. — SCIENCES EXPERIMENTALES. 155 on y voit, qu'entre les appuis successifs des deux pieds, le corps reste un instant suspendu sans appui. Enfin, en appliquant la même méthode expérimentale à la détermination des allures du cheval, on obtient une série de rhythmes (fig. 83), qui dérivent les uns des autres. Pour Fig. 83. N" 1 Amble (tous les auteurs) N-2 ! Notation des allures du cheval. Amble rompu (MErtciiE). Pas relevé (Boulev). r Pas ordinaire du cheval d'alliue (Ma- i Amble rompu (Boli.ey). , Trafiueiiard (Lecoq;. N» 4 Pas normal (Lecoq). N° 5 Pas normal (Bouley, Vincent, Goif- FUN, SOLEVSELL, COLlN, etC.) N» 6 Pas normal (Raabe). N" 7 Trot décousu. N" s Trot oi'dinalre. en comprendre la formation, il faut, avec Dugès, considérer un quadrupède comme formé de deux êtres bipèdes marchant l'un derrière l'autre. La notation des allures du cheval est 156 MAREY. formée de quatre lignes groupées deux à deux. Les deux lignes supérieures correspondent à la notation des pieds de devant; les deux inférieures à celle des pieds de derrière. Huit allures sont notées dans la figure 83; elles dérivent les unes des autres par une anticipation de plus en plus pro- noncée des mouvements des pieds postérieurs. Ainsi, le pre- mier terme de la série est Vamblc, allure dans laquelle le pied droit d'avant se meut en même temps que le pied droit d'arrière ; il en est de même du pied gauche. Dans l'allure n" 2, amble rompu, les pieds d'arrière entrent en mouvement un instant avant les pieds antérieurs. L'allure n° 3 montre une anticipation encore plus grande des membres postérieurs, et ainsi de suite, jusqu'à la huitième allure, le trot, dans la- quelle le pied postérieur a fini entièrement son appui quand le pied antérieur du même côté se pose sur le sol. Je ne puis insister sur les détails des expériences que j'ai faites sur ce sujet, n'ayant pour but, en les rappelant ici, que de montrer une application de la méthode graphique à la dé- termination de mouvements successifs (1). Ce tableau ne renferme que les allures marchées ; celles dans lesquelles le corps ne quitte pas le sol ; encore faudrait- il retrancher de cette série le trot franc, dans lequel le cheval quitte la terre pendant un instant. Fig. 84. —Notation du yalop à droite (à trois temps). Quant aux allures sautées, leur notation montre que l'ani- mal est suspendu pendant un certain temps au-dessus du sol ; nous n'en donnerons qu'un type : la notation du galop à droite (2). (1) Voir pour plus de détails : la Machine animale, p. 144 (2) Si j'avais à reprendre aujourd'hui des expériences de ce genre, je renon- cerais à l'emploi des signaux à air, pour adopter les signaux électriques légers comme ceux de M. Marcel Deprès. De minces fils conducteurs s'aména- geraient mieux le long des jambes de l'animal que les tubes de caoutchouc et il serait plus facile, je crois, d'adapter sous le sabot un appareil qui ferme et ouvre un courant électrique pendant les appuis et levés du pied que d'appli- quer les appareils chargés de fournir les signaux à air. En outre, comme la MÉTHODE GRAPHIQUE. — SniENCES EXPERIMENTALES. 157 D) Détermination de la fréquence et de la régularité d'actes, successifs. — On a vu comment Eytelwein a déterminé, le pre- mier, la fréquence des coups d'un bélier hydraulique. La même méthode s'applique à toute espèce de phénomènes, et la pré- cision qu'on peut atteindre dans ce genre de déterminations n'a pour ainsi dire point de limite. Tout dépend de l'approxi- mation avec laquelle on évalue, en temps^ la valeur des intervalles qui séparent les signaux enregistrés. Pour revenir aux exemples précédents, supposons que chaque pas soit signalé sur un cylindre à rotation rapide, à côté du tracé d'un chronographe ; la durée d'un pas se déduira du nombre des vibrations auxquelles il correspond. La fréquence des pas s'estimera d'après la durée de chacun. On mesurera de la même manière le nombre des pulsations du cœur ou des mouvements respiratoires qui s'accomplissent en un temps donné. Cette estimation des fréquences pourra s'appliquer à des phénomènes extrêmement rapides. Ainsi, on mesure graphiquement le nombre des vibrations d'un diapason quelconque, en le munissant d'un style et en le faisant écrire à côté d'un chronographe ou d'un signal des secondes, ou bien à côté d'un autre diapason dont le nombre de vibrations soit connu. J'ai déterminé graphiquement la fréquence des battements d'ailes de différents insectes, en faisant tracer leurs ailes à côté d'un diapason chronographe (1). Prenons (fig. 85), une ou- verture de compas égale à 25 vibrations du chronographe, ce qui correspond à 1/10 de seconde, et portons cette ouverture sur le tracé des coups d'aile, nous voyons que 6 coups notation est le but véritable de ces expériences, on pourrait l'obtenir directement avec la disposition suivante. Les styles des signaux électriques seraient dis- posés sur deux séries de lignes parallèles, comme celles qui constituent la portée dans la notation des allures. Chacun des styles, terminé par un style à large bec comme une plume rognée, tracerait les signaux en venant frotter sur le papier au moment de l'appui du pied, et en s'éloignant du papier à l'instant du levé. Enfin, la forme des styles donnerait des tracés différents pour le pied droit et pour le pied gauche. La notation d'une allure se trouverait ainsi tracée directement dans des conditions très-simples et plus précises encoi'e que dans mes premières expériences. (1) \'oy. 1,1 Muchino unim.'ilc, p. 1S7. 158 d'aile y sont contenus, d'où il suit que l'aile de la guêpe bat- tait 60 fois par seconde . Fi,? 85. — TiMce de l'aile d'une guêpe cuptive (jui t'ait les mouvements du vol en frottant contre un cylindre enfumé. — Clironoyraphe, ariO V. D. Fréquence des coups d'aile: GO par seconde. Il se fait, en ce moment, dans mon laboratoire, des expé- riences dans lesquelles s'inscrivent directement les vibra- tions du larynx, au moyen de signaux électriques. On peut évaluer, d'après les tracés, la tonalité de la note chantée et apprécier la justesse du son inscrit. Ces expériences seront décrites dans un prochain mémoire. Fig. 80. — Vibrations du larynx, tonalités différentes La mesure des fréquences de certains actes permet d'obtenir indirectement des notions plus compliquées, telles que des mesures de changements de colume ou de vitesse. Quand une glande sécrète, si l'on recueillait goutte à goutte le produit de sa sécrétion et si la chute de chaque goutte était pointée sur un cylindre, la fréquence plus ou moins grande de signaux exprimerait la rapidité de la sécrétion. La figure 88 représente l'appareil fort simple qui inscrit ain^i la vitesse d'une sécrétion : soient deux tubes par les- MÉTHODE GRAPHIQUE. — SCIENCES EXPERIMENTALES. 159 quels se déverse le liquide sécrété par les deux glandes dont on rig. 8". — Mou', eiiunts de l'ailu d'un iiiacroglossi' : 50 par socoiule. veut comparer la fonction (rein, parotides) ; le liquide tombé Fi;,'. X8. — (>)in|)le-!,'oiilt('s iiT^criptciir pour cstiuiir la rapidilé des. si''ci't'tioiis. goulle à L!;ouU(; par les tubes; l'un versant le |iro(luil de la 160 MAREY. glande de droite, l'autre celui de la glande de gauche. Ces gouttes tombent sur des palettes qui terminent le levier de deux tambours explorateurs dont chacun est mis en commu- nication, par un tube à air, avec un tambour à levier inscrip- teur qui trace sur le cylindre un signal pour chaque goutte qu'il a reçue. On obtient ainsi des signaux (fig. 89), plus ou moins rap- prochés les uns des autres suivant le nombre de gouttes qui tombent en un temps donné, c'est-à-dire suivant la rapidité de la sécrétion. Fi.;;. 89. — Tracés du rorapte-gouttes : ligne supérieure, lii|uide versé par le lube dedruile; ligne inférieure, liquide versé par le tube de gauche. (Expérience faite sur deux conduits qui versaient de reau avec des débits variables.) Enfin, quand une voilure roule, chacun de ses tours de roue correspond à un espace constant parcouru par le véhicule. Inscrire ces tours, en produisant par chacun d'eux un signal, c'est obtenir, d'après le nombre des signaux tracés en un temps donné, la mesure de la vitesse de la voiture. Fig. 90. - Ligne supérieure, comptage des lours d'une roue qui avait 3 m. 20 de circonfé- rence. — Ligne inférieure, coniplage des secondes (Voy. lig. "")■ — Vitesf^e de la voiture, 2 m. C8 par seconde. Soit (fig. 90) le tracé qui représente le comptage des tours de roue d'une voiture. Si nous connaissons le périmètre de la roue, nous savons combien de chemin a été parcouru en un temps donné, d'après le nombre de tours de roue qui sont signalés sur le papier pendant une durée que mesure le chro- nographe. I.A MÉTHODE GRAPHIQUE. 161 E) De la régulnrilé des phè)iomènes et de leur rhythme. — La mesure des intervalles qui séparent une série de signaux fait connaître si le retour de chacun des phénomènes corres- pondants se fait ou non à intervalles réguliers. L'appréciation de nos sens, en pareille matière, est très-infidèle. Que de fois, en interrogeant le pouls d'un malade, n'ai-je pas cru à l'existence d'une régularité parfaite^ tandis que l'irrégularité s'accusait aux appareils inscripteurs? Pour estimer la régu- larité ou l'irrégularité des intervalles qui séparent une série de phénomènes , on mesure au moyen du chronographe l'intervalle qui sépare leurs signaux. Plus on veut obtenir de précision dans cette mesure, plus le cylindre doit tourner avec vitesse et plus aussi le chronographe doit donner des vibrations rapides. Dans les phénomènes physiologiques, on n'a pas toujours besoin de mesures très-délicates. L'inscription du pouls, sur un papier qui chemine avec une vitesse d'un demi-centi- mètre par seconde, suffit pour signaler des irrégularités qui échappent au toucher. Ainsi, dans le tracé (fig. 9i), il n'est pas besoin d'employer le chronographe pour constater l'irrégula- rité des intervalles qui séparent les pulsations.Tout le monde, à l'inspection de cette figure, verra qu'à certains instants 2 pulsations duraient plus longtemps que 3 pulsations à l'in- stant suivant. L'imperfection n'est pas aussi grande pour tous nos sens que pour le tact ; l'oreille est habituellement plus exercée à la me- sure des intervalles de temps, de sorte que, si l'on se servait des pulsations artérielles pour provoquer une série de bruits, l'irrégularité deviendrait beaucoup plus apparente. Mais aucun moyen ne peut suppléer à la chronographie, quand on veut oblenir des mesures tout à fait précises. On estime de la même façon la régularité ou l'irrégularité des mouvements respiratoires, celle des mouvements de la locomotion de l'homme ou des animaux. Il n'y a rien de particulier à dire sur le mode d'expérience usité en pareil cas; le lectonr a déjà vu romiuont on procède pour ol)tenir un signal ;i cliacnn des i»as ; nous dii-oiis, en temps et lieu, cniniiiciil on inscrit los îiionvoiiienls res[)iratoii'es. , La chronograpiiic (rouve ses npplical.ions les plus nom- I.AI!. :\IAI!KV. 1 1 162 breuses dans le domaine de la physique ; il est à peine nécessaire d'insister sur ce point. Ces applications sont si nombreuses, qu'on ne saurait en faire qu'une énumération fort incom- plète. Ajoutons que la chronographie se contrôle elle-même, et qu'elle permet de savoir avec exactitude si le mouvement des appareils rota- tifs employés est régulier ou ne Test pas. Quand on inscrit sur le cylindre enfumé les vibrations d'un diapason quelconque, comme ces vibra- lions sont parfaitement isochrones, il doit y en avoir toujours le même nombre dans une même division du temps. D'où il suit que, si la marche du cylindre est régulière, un certain nombre de vibrations du diapason devra toujours occu- per sur le papier une même longueur. Pour vérifier 1 uniformité de la marche d'un régula- teur, on devra donc procéder de la manière suivante : On inscrit les vibrations d'un chronographe pendant deux ou plusieurs tours de cylindre ; (fig. 92) puis, quand le tracé est fixé, on compte, sur une des lignes tracées, 10 vibrations du chronographe ; on prend au compas l'intervahe qui sépare les sommets des deux vibrations ex- trêmes et l'on porte l'ouverture du compas sur une autre ligne du tracé. Si la marche du régulateur est parfaite, le compas devra, sur une ligne quelconque, toucher par ses deux pointes les sommets de deux vibrations entre lesquelles existera un intervalle de 10. Sui- vant la précision que l'on veut apporter dans ce contrôle de la régularité de marche des appa- reils, on mesurera des intervalles plus ou moins grands, dans lesquels, par conséquent, sera contenu un plus ou moins grand nombre de vibrations. Dans les mouvements irréguliers, la mé- LA METHODE GRAPHIQUE. 16-^ thode graphique permet de saisir un élément fort important, je veux parler du rhythme que les irrégularités affectent dans certains cas. C'est là encore un point sur lequel nos sens nous renseignent fort mal. Pour peu que la période qui règle les re- tours d'un même rhythme soit longue et compliquée, elle nous échappe. Le souvenir fugitif des intervalles qu'on a ob- servés s'efface, et nous ne reconnaissons plus le retour d'une même période, s'il vient à se reproduire. AAA/WVWWVWVvAyVVWY Kig. 92. — Tracés du cln'onosraplie de 100 vibrations doubles obtenues à deux tours différent f du cylindre. Mais les signaux placés sur le papier se représentent à nos yeux d'une façon précise ; la vue embrasse une assez grande étendue de tracé pour saisir le retour périodique de certaines irrégularités, et quand la périodicité est bien constatée, elle nous met sur la voie de nouvelles recherches relativement à la cause qui l'a produite. Ainsi, en se reportant à la figure 93, on voit que la période qui ramène un même type de pulsation correspond à dix batteinenis du cœur. Tout le monde sait que les battements du cœur d'un chien sont irréguliers ; sait-on aussi bien que cette irrégularité est périodique? La méthode graphique fait saisir, au premier coup d'œil, cette périodi- cité ; elle nous montre en outre que le retour de chaque pé- riode est lié à certaines phases de la respiration. l-'i;,'. Ij;}. — Pulsjlion an cd'nr liu liiien ; iircgLiUinles periotliiiues. Dans certains états séniles, le pouls présente une irrégula- i8i MAItKY. rite périodique encore plus prononcée, les figures 94 et 95 en fournissent des types très-accusés. Il m'a semblé que dans la plupart des cas, c'est encore à des influences respiratoires que tenaient ces différentes périodes (1). Fig'. 94. — Pouls sénile irrégulicr périodique. Dans les phénomènes qui se modifient d'une manière lente, la périodicité est moins apparente encore, car l'observation devrait, pour la saisir, être prolongée pendant un temps très- Fig. 95. — Pouls sénile irrégulier périodique (redoublé long. Des variations liées aux périodes diurnes ou annuelles risquent de nous échapper, plus encore que celles dont le re- tour est fréquent. C'est là un ordre de phénomènes dans lesquels la méthode graphique est appelée à rendre de très- grands services. (1) Nous n'avons à considérer, dans chaque pulsation, que ie moment où elle apparaît; la courbe inscrite parle sphygmographe n'est présentée maintenant (ju'à titre de signal du pouls. Plus tard nous étudierons la forme de ces pul- sations et les influences qui la modifient. (A suivre.) V RECHERCHES SUR L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE DES NERFS VASCULAIRES DE LA TÈTE. Par le D^ FRANCOIS-FRÂNCK. A l'origine des nerfs crâniens, on trouve des branches qui doivent être considérées comme branches d'origine du grand sympathique. Cl. Bernard. Svst. nerv.. II, p. 9. INTRODUCTION. Dans ce travail, je me suis proposé de rapprocher l'inner- vation vasculaire de la tète de l'innervation vasculaire des membres, cette dernière, mieux connue, servant de point de départ. J'ai cherché à grouper les documents les plus probants en faveur de cette proposition que la règle est la même pour les vaisseaux de la tète et pour les vaisseaux des mem- bres, les uns et les autres étant innervés par des filets pro- venant de la chaîne ganglionnaire et par des nerfs cérébro-ra- chidiens, qui se distribuent avec eux dans une région donnée. La seule différence m'a semblé consister en ce que, les nerfs crâniens représentant des nerfs rachidiens dissociés, les fdets vasculaires qu'ils fournissent sont aussi plus divisés et plus nombreux ; mais on verra que, malgré cette complication dans le détail, il est toujours possible de ramener la provenance des 166 FRANÇOIS-FRANCK. nerfs vasculaires de la tête, comme celle des nerfs vasculaires des membres, à deux sources: le sympathique libre (ganglions ou plexus), et les filets contenus dans les nerfs moteurs et sensitifs, réunis dans les membres, dissociés à la tête. Il m'a paru prudent de ne point aborder la question du trajet des éléments sympathiques dans les centres nerveux cérébro- rachidiens : les recherches histologiques ne nous ont encore rien appris de précis sur ce point. Pour la partie de l'histoire du sympathique à laquelle j'ai consacré cette étude, je me suis appuyé, autant que possible, sur la notion anatomique fournie par la dissection, et n'ayant pas à produire des recherches qui me fussent propres dans une œuvre aussi impersonnelle que celle-ci, j'ai porté une atten- tion particuHère aux renseignements bibliographiques indi- quant les sources auxquelles j'ai le plus souvent puisé moi- même. Si j'ai pu me bornera l'anatomie descriptive presque seule, pour les nerfs vasculaires de la face par exemple, je me suis vu obligé, dans l'étude des filets du même ordre plus profon- dément situés, de mettre souvent l'anatomie au second plan, et la raison en est simple : il s'agit de discerner, pour ces régions profondes, la provenance des filets qui, d'un ganglion, se rendent sur des vaisseaux ; la continuité anatomique est interrompue par le ganglion à travers lequel le scalpel est impuissant à suivre les éléments nerveux. Alors, les expé- riences portant sur tel ou tel nerf afférent, avec les modifica- tions vasculaires périphériques qui les suivent, avec les dégé- nérescences révélées par l'histologie, quelquefois la clinique, souvent l'anatomie comparée, ces diverses sources ont dû être mises à contribution. Mais, quand j'y ai puisé les renseignements que l'anatomie toute seule ne me fournissait pas, j'ai nécessairement abordé des questions litigieuses, cherchant au milieu d'expériences contradictoires, d'assertions opposées, défaits cliniques com- plexes, de quel côté se trouvait la plus grande somme de pro- babilités. NERFS VASCULAIRES DE l.A TÊTE. 167 C'était une tâche toujours ingrate, fort délicate parfois ; mais la peine que j'ai pu prendre pour rassembler mes maté- riaux d'étude sera suffisamment compensée si je suis arrivé à relier entre eux des faits utiles à connaître, quelque minime que soit mon apporta l'anatomie et à la physiologie de l'inner- vation vasculaire. Les maîtres dont je commente les opi- nions ne sauraient voir dans la discussion de leurs travaux d'autre but que la recherche d'une vérité souvent bien diffi- cile à rencontrer. J'ai dit dans quel esprit ce travail était conçu ; je n'ai plus qu'à ajouter qu'il m'a été inspiré par mon excellent maitre, le professeur Marey, auquel j'ai donné un bien faible témoignage de ma reconnaissance en lui dédiant ma première œuvre. Voici quel sera le plan de ce travail : 1" PARTIE. — Étude sommaire de l'innervation vasculaire, dans les régions où se distribuent les nerfs rachidiens. •^^ PARTIE. — Étude plus détaillée des nerfs vasculaires pour les différentes régions de la face et du crâne ; revue des principaux points de physiologie qui s'y rapportent. 3^ PARTIE. — Essai de rapprochement entre les nerfs vascu- laires rachidiens et les nerfs vasculaires crâniens, fondé sur la division vertébrale du crâne, sur l'assimilation des nerfs crâniens aux paires rachidiennes ; enfin sur quelques consi- dérations d'embryologie et d'anatomie comparée. PREMIERE PARTIE. I. — Distribution générale des nerfs vaseiilaircs. Le système nerveux ganglionnaire fournit aux artères un grand nombre de branches anastomosées sous forme de plexus; mais ces vaisseaux en reçoivent aussi qui viennent du sys- tème cérél)ro spinal (1). (1) L'une des premières indications sur cette d(>uble provenance a été donnée par Wrisberg, De Norvis arterias venasqiie comitanti-bus, Gœltingne, 1784. — Pour leur trajet dans la paroi vasculaire, voir Pappenheim Die SpecieJle Gewc- bolhe-rederGehororrqanes, BvQS^Siu^iSiO. . , „ , , ... , , . .„,„ (disposition de ces nerfs dans la lu- Burî^o-raîve, Histologie, IS'aS, } . , . . ^ , , „ , -.,.. , , , nique moyenne des artei'e?. Schlemm, Encyciop. w orierbuch, Henle, Anat. générale, t. II, / nerfs sur les arlères do la pie-mère jusqu'à K6]]\kc\-, Traité d'histologie, 'i 0"i,009. Mikroskop. anatomie, t. II. — Terminaison par des extrémités libres con- statée sur les artères des batraciens ; elle n'a point été retrouvée sur celles des mammifères. Weir MittchcU. {Lésions des nerfs). — Appareil ganglionnaire des parois artérielles. Recherches plus récentes : Robin, OrdOnez, Humberg. (Fibres de Remak terminées en pointe au milieu des fibres lisses). Arnold (1869). (Extrémité renflée au milieu des fibres elles-mêmes). Frankenhauser (1867). (Filets terminés dans le nucléoleU Reale et Kleb.s (1867). (Terminaison en réseaux avec renflements en certains points). Hénocqiie (1870). (Trois variétés do terminaison dans les nucléoles, dans un point quelconque de la fibre, en dehors d'elle. Engelman et Frey. (Avouent l'inanité de leurs efforts). Legros. (Les arlères à couche musculaire mince paraissent plus riches en fibres nerveuses que les grosses artères à couche moyenne épaisse.) XF.RFS VASCULAIRES DE LA TÊTE. 169 Les nerfs de ces deux catégories se confondent à la surface et dans l'épaisseur des parois vasculaires ; c'est eux que l'on décrit depuis Stilling, sous le nom de vaso-moteurs, terme assez explicite pour indiquer leur rôle général, assez vague cependant pour ne point préciser dans quel sens les uns et les autres peuvent agir. Jusqu'à l'époque récente où la dilata- tion vasculaire active s'est introduite en physiologie, vaso- moteur est resté synonyme de vaso-constricteur; aujourd'hui que certains nerfs ont été reconnus comme déterminant la dilatation vasculaire, le terme est encore excellent, car il peut s'appliquer aux nerfs vaso-dilatateurs ; ceci dit sans pré- juger en rien du mode d'action de ces derniers, ni de la distinction fonctionnelle, admise par quelques-uns, entre les filets ganglionnaires et les filets cerébro-rachidiens. J'ai préféré cependant le qualificatif vasculaire qui indique seulement la destination de ces nerfs, sans impliquer la no- tion physiologique. La dissection la plus fine, celle qu'on fait sous l'eau, avec une aiguille, ne permet d'établir aucune différence entre les deux ordres de filets vasculaires : on arrive, par ce procédé, à des réseaux enchevêtrés dans lesquels apparaissent de petits renflements probablement ganglionnaires ; mais il est impossible de distinguer les tîlets sympathiques proprement dits, des filets cérébro-rachidiens ; d'y suivre, au delà des réseaux, les nerfs qu'on a conduits avec le scalpel jusqu'à la paroi même du vaisseau. L'histologie n'a point distingué ces nerfs les uns des autres ; elle nous a appris seulement(et c'est déjà beaucoup, comme on le verra quandje rappellerai les théories vaso-dilatatrices), que les filets vasculaires, anastomosés entre eux, aboutissaient les uns et les autres à des amas cellulaires, au delà desquels nous ne connaissons rien de précis sur leur mode de terminai- son par rapport aux éléments musculaires des vaisseaux. Il y aurait donc, dans l'épaisseur des vaisseaux contractiles, des plexus ganglionnaires, comme ceux d'Auerbach et de Meis- sner dans la paroi inlestinale, et la physiologie a tiré parti de ces notions anatomiques pour expliquer, au moins d'une ma- nière provisoire, l'influence suspensive des vaso-dilatateurs sur les vaso-constricteurs. ,. ' nu FRANÇOIS-FRANCK. i Ces détails sur les nerfs des vaisseaux ne sont pas exclu- sivement applicables aux artères de petit calibre : les veines, sans être aussi bien fournies que les artères, n'en ont pas moins un appareil musculaire (1) mis enjeu par les mêmes nerfs qui président à la conlractilité artérielle. Je ne parle point des veines caves (2), mais des veinules, jusqu'à un certain calibre. Les mêmes influences qui excitent la contractilité artérielle déterminent le resserrerrient des veines, et, depuis plus d'un siècle, le fait a été maintes fois observe (3). Il nous faudra donc tenir compte de l'influence simultanée des nerfs vasculaires sur les artérioles et les veinules, quand, dans une région comme la face, nous verrons les mêmes nerfs se jeter sur ces deux ordres de vaisseaux. Je devais rappeler ces généralités, mais je ne saurais m'y étendre plus longuement, ayant pour principal objet, dans cette première section, l'étude du trajet des nerfs vasculaires et de leurs rapports avec les nerfs voisins. Avant d'aborder à ce point de vue les nerfs vasculaires de la tête, il me parait indispensable de bien établir ce que nous savons des nerfs vasculaires des membres et de la part que prennent à cette innervation les troncs mixtes rachidiens. (1) Recherches histologie/Lies sur la slracture des veines: Saller, Veins. Todd's cyclop. of anat. and phys., t. IV. Henle, Loc. cit. KôUiker, Beitrage znr Keutniss. ■ Zeil.schiifft fur Wissenschafft, ZooL, 1849, t. I. (2) Historique complet des conti'aclions des veines caves, dans Milne-Edwards, Anat. et Physioi. comparées, t. IV. p. 305. — Note. (3) Expériences démontrant la contractilité des veines. — Irritation par le scapel. par les acides, par l'électricité, par le choc : Versclmir, Dissertatio de arteriarum venaramque vi irritabili, 1756. Marx, Diatribe anat. phys. de structura atque vita venarum, 1819 Ilastings, On the inflamm. of the mucous membr. of llie Lungs. KôUikcr, Loc. cit., etc.. 1849 : Nysten, Rech. de chimie et de phys. pathol. Gubler, Comptes rendus, Soc. Biol. : Wliarlon Jones. Discovery,.. Rhythmical contvactility. — Philosoph. tran- sact. 185!2. Vulpian, Deia contractilité des vaisseaux de ï oreille du lapin, compt. rend . Soc. Biol.. 1856. AERFS VASCULAIRES LE LA TETE. 171 II. — 3ierfs vaseulalrcs lacEiidiens. Les notions relalives aux nerfs vasoulaires rachidiens sont résumées clans les deux propositions suivantes : 1° Les racines des nerfs rachidiens contiennent les tubes nerveux qui, plus loin, se séparent en partie du tronc mixte, pour constituer le rameau communicant, et en partie conti- nuent leur trajet dans le nerf qui les emporte à la périphérie, mais le tronc mixte en reçoit aussi du ganglion. 2° Les filets qui se sont détachés du nerf mixte, pour FiG. 96. — Schéma d'un nevf mixte rachidien avec rameau communicant. — Pointillé indi- quant la présence de libres sympathiques. — S. Section du rameau communicant. — T. Section du tronc mixte. — R. Section des racines. constituer le rameau communicant, ne se rendent pas tout de suite à destination et suivent, quelquefois longtemps, le cordon sympathique, avant de se jeter dans les plexus vascu- laires auxquels ils sont affectés. J'emprunte au professeur Vulpian (i) un grand nombre des indications que j'utilise dans cet exposé. (\}Sybt. nerv., 1866, o( Lcç. sur vaso-wolcurs, 187i. 172 FRANÇOIS-FRANCK. /'■'' Proposition. a) Les racines des nerfs rachidiens contiennent les élé- ments des rameaux commmiicants. Celte proposition est aujourd'hui démontrée par la méthode wallérienne : Schiff (1), Courvoisier (2), Giannuzzi (3), ont sectionné : 1° le rameau communicant S (fig. 96) ; 2° le tronc mixte rachidien T, entre le point dé réunion des deux raci- nes et le point d'émergence du rameau communicant ; 3" les deux racines rachidiennes R . — A la suite de ces différentes sections, ils ont toujours constaté la dégénérescence du bout périphérique du rameau communicant. Ces résultats ont été confirmés, une fois de plus, par le professeur Vulpian, et sont considérés par lui comme incon- testables : il faut en effet que le doute ne soit plus permis à ce sujet, car M. Vulpian (Lee. de 18(36) considérait comme absolument démonstratives les expériences de Waller qui avaient fourni des résultats opposés, et aujourd'hui il croit « probable qu'une cause d'erreur s'est introduite dans les expériences de Waller et l'a conduit à des conclusions inexactes » (4). — Ce rapprochement a pour moi une grande valeur et suffit à lever les hésitations que j'aurais pu conser- ver s'il m'avait fallu trancher la question moi-même, en com- parant ces divers résultats expérimentaux. 6) Les fibres des rameaux communicants suivent surtout les racines antérieures. Le professeur Vulpian l'a constaté dans les recherches citées plus haut, et déjà en 1866 (5) le même physiologiste notait le fait chez les mammifères et mieux encore sur les gre- nouilles. J'ajouterai, comme preuve physiologique, l'expérience de Pflûger (6) qui, galvanisant les racines antérieures des nerfs (1) Schiff, Vicrordt's Archiv., XI. (2) Courvoisier, Beohachtungen ûber don synip., —In Max Schultze. 186(3. (3) Gianrmzzi, Del rapport! esistenti fra il widolla spinalp... roi mothodo Walleriano {Ricprehe esoguite nel Gabin. di FilioL. d. R. f/«;V. rf/S^eija, 1871-1872; Siena-Roma, 1872. (4) Vulpian. Lpç. Vaso-mot.. 1874, p. 188. (5) — Phys. sysL nerv., p. 725. (6) Pfliiger, Allgem. med. Centralzeitang, 1855. — et Canstatfs Jaresh., 1855, t. l«''. NERFS VASCUI.AIRES DE LA TÈTE. ,. 173 sciatiques de la grenouille, a pu déterminer la contraction des vaisseaux de la patte, au point d'y arrêter complètement la circulation. Inversement, quand on coupe, sur un lapin ou un chien , les racines qui, plus bas, prendront part à la formation du scia- tique, on note un certain degré d'échauffement du membre correspondant (1). c) Le passage des rameaux communicants par les racines antérieures n'exclut pas le passage par les racines postérieures. Or, il me semble très-possible d'assimiler, au point de vue fonctionnel, les fibres sympathiques qui suivent les racines postérieures à ces racines elles-mêmes, et de les considérer, elles aussi, comme centripètes, partant du ganglion de la chaîne sympathique pour se porter aux régions postérieures de la moelle. Cette interprétation me paraît rendre compte du fait suivant observé par Waller (2) : il avait sectionné les nerfs rachi- diens de la grenouille à leur sortie du canal vertébral, et, notant la conservation des branches communicantes au milieu des fibres altérées des nerfs rachidiens, il se vit engagé à conclure que les tubes respectés parla dégénérescence avaient leur centre, non dans la moelle, mais dans le ganglion dont la section les avait séparés. Waller alla évidemment trop loin dans ses conclusions, et on lui a fait assez souvent le reproche de s'être fondé uniquement sur ces expériences pour admettre l'indépendnnce du grand sympathique ; mais il n'a pu être abusé au point de trouver normaux des tubes nerveux en voie de dégénérescence. Ce que je croirais plus volontiers, c'est qu'il a conclu de la partie au tout, et qu'en effet un certain nom- bre de fibres communicantes avaient conservé leur structure normale, celles précisément qui sont centripètes, et jouent dans le système ganglionnaire le rôle de conducteurs sensitifs, celles onfmqui, plus loin, vont se jeter dans les racines postérieures. Les conducteurs centripètes existent bien, en effet, dans le sym[)<'itliifiue et si, à l'ctat normal, nous n'avons pas conscience do leur ibnclioimement, clincnn sait C(^ qu'il y a des im- (1) s<:iiirr, l'iiivi-siii-ii.... -!'■ ]i,-)i-nr, is^n. (!2j W.ilIiT, Kxir. (If r InsliLnl, n" 'Xû^. — iii Ami. sr. luiltir.. S» si'ric, vol. Wl. IX M. 174 FRANÇOIS-FRANCK. pressions viscérales, sous l'influence des troubles patholo- giques ; en outre, il est évident que certains réflexes ont leur point de départ dans les viscères : la dilatation pupillaire, par exemple, à la suite d'irritations intestinales; les troubles réti- niens dans le même cas (amaurose abdominale des Allemands) . Un grand nombre de paraplégies paraissent également avoir leur source dans des désordres viscéraux, (sans que pour cela on soit forcé de les comprendre comme l'a enseigné Brown- Séquard). Peut-être enfin les vaisseaux eux-mêmes sont-ils le point de départ de filets centripètes chargés de régler, par action réflexe, la pression sanguine, et d'équilibrer, par des contractions ou des dilatations vasculaires, la circulation périphérique. L'existence de conducteurs centripètes dans le sympathique est surtout démontrée par les expériences de Cl. Bernard et de Chauveau. Cl. Bernard, ayant coupé le cordon de communication du premier ganglion thoracique avec le second, détermina des mouvements de l'intestin en excitant le premier. On ne peut douter ici d'une incitation centripète réfléchie par le centre médullaire sur l'appareil intestinal. Chauveau (1), complétant les expériences de Budge et de Waller sur le centre cilio-spinal, excita les faisceaux posté- rieurs de la moelle, et ensuite les racines postérieures seules. Il vit se produire les mêmes phénomènes pupillaires que quand il excitait le cordon sympathique cervical, ou les régions antéro- latérales du segment de moelle indiqué, et en conclut, ajuste titre, qu'il s'agit d'un réflexe des racines postérieures sur les racines antérieures. Cette expérience, nette comme tout ce que fait Chauveau, me semble pouvoir être rapprochée du fait clinique indiqué tout à l'heure : de la dilatation pupillaire par irritation intestinale. Ce rapport fournit peut-être un nou- vel argument en faveur de l'opinion que j'ai émise au début de cette digression : à savoir que les fibres des rameaux com- municants qui suivent les racines postérieures peuvent être considérées comme des conducteurs sympathiques centri- pètes. (1) CJiauveuu. Elude sur le centre cilio-spinal, In Journ. de Phys., de Drown-Séquarl. 1801. NERFS VASCULAlRIiS DE LA TÈiE. 175 d) Les troncs mixtes rachidiens contiennent des nerfs vascu- laires qui se distribuent avec eux à la périphérie. En effet, tous les filets empruntés à la moelle par les racines ne passent pas dans le rameau communicant ; il en est un oer tain nombre qui continuent leur trajet avec le nerf mixte, et le ganglion lui-même en fournit qui remontent vers le nerf pour suivre la même route. Bidder et Volkmann (cités par Vulpian) ont constaté, sur la grenouille, qu'un grand nombre de ces filets se dirigent dans l'épaisseur du nerf rachidien, de dedans en dehors, et se por- tent avec lui à la périphérie. Vulpian (1) a confirmé l'exactitude de cette donnée, aussi bien chez la grenouille que chez le surmulot. //' Proposition. Les filets qui se sont détachés du nerf.mixte, pour consti- tuer le rameau communicant, ne se rendent pas tout de suite à destination, mais suivent quelquefois longtemps le cordon sympathique avant de se jeter dans les plexus vasculaires aux- quels ils sont affectés. Cette proposition mérite qu'on s'y arrête un instant, car elle rend compte des résultats variés obtenus à la suite de sections des racines, des troncs nerveux mixtes, du cordon sympathique et de la moelle elle-même, à des hauteurs diffé- rentes. Ainsi, on coupe d'abord les racines du sciatique, puis le tronc du nerf au delà du plexus sacré. Après la section des racines, on constate, commeje l'ai déjà mentionné, un certain degré d'échauffement du membre, car on vient de sectionner les fibres vaso-motrices passant de la moelle dans le nerf ; quand ensuite on coupe le tronc du nerf lui-même à la cuisse, la température augmente très-notablement dans le membre, parce qu'on a supprimé l'influence des anastomoses du cordon sympathique avec le plexus sacré ; on aura un degré de tem- pérature plus élevé encore, si, à ces deux sections, on ajoute celle du cordon sympathique lui-même, car on supprimera ainsi les nerfs qui se rendent directement du cordon aux vaisseaux du membre. Or, ces cléments, coiit(>nus dans le cordon syiHpathi([ue et (I) \'iili)iari, Lor-ons df l.S:;G. 176 FRANÇOIS-FRANCK. apportés soit au plexus sacré, soitaux vaisseaux du membre inférieur; proviennent de bien haut dans la moelle. Schiff (1) fait remarquer que, plus une section de la moelle est élevée, plus la température s'élève dans les membres postérieurs ; en effet, on annihile une quantité de plus en plus grande d'élé- ments nerveux vasculaires, et la dilatation étendue qui en ré- sulte s'accompagne, non point d'élévation absolue de la tempé- rature dans la région où se distribuent les vaisseaux paralysés, mais, comme le dit souvent mon maître le professeur Marey, de nivellement de la température au profit de ces régions. J'ai pu observer au mois de mars de cette année, pendant un voyage à Bordeaux (2), une luxation de la sixième ver- tèbre cervicale avec broiement complet de la moelle à ce ni- veau. L'analyse de ce cas a surtout été faite au point de vue des troubles circulatoires périphériques et trouvera sa place ailleurs, mais je puis signaler ce fait : que le malade avait une température axillaire des plus élevées ; (le chiffre de 42° noté dans les deux aisselles m'avait semblé d'abord exagéré et pou- vant être dû à un déplacement du zéro, mais le D' Brouardel m'a dit depuis avoir observé une température beaucoup plus élevée encore dans les mêmes conditions, ce qui impliquerait une production centrale de chaleur exagérée. L'examen de mon malade eut lieu peu d'heures après l'accident, sans lésion in- flammatoire des méninges, comme l'a démontré la nécropsie. Ce cas rentre tout à fait dans la catégorie des expériences de Schiff et autres physiologistes, où les sections de la moelle se sont rapidement accompagnées d'une température périphé- rique élevée. La physiologie expérimentale emploie souvent ce moyen pour mettre un lapin, par exemple, dans les conditions d'un animal à sang froid, pour le refroidir au centre, en diminuant au profit de la surface la température centrale. Marey a insisté depuis longtemps sur cette question du nivellement de la température quand une région superficielle est le siège d'une activité circulatoire exagérée, et a exprimé le regret de ne point voir recueillir dans tous les cas des me- sures comparatives des températures centrale et superficielle, (V, Schiff. IJiif.oi^svrJiunrjeii. 8'" cnncln-^ion dvi iin''nioiro, i!'' ]]miio, i85"i. (2J Dans le service du D'' Dudon, professeur suppléant à l'Ecole de méde- cine. NERFS VASCULAFRES DE LA TETE. 177 les seules, évidemment, qui puissent fournir d'utiles rensei- gnements. Cette indication de la distance considérable à laquelle s'étend l'influence du centre médullaire sur la circulation péri- phérique est ici formulée d'une manière trop générale ; il me paraît important de chercher à la mieux préciser. Les notions recueillies dans divers travaux , notamment dans ceux de Schiff, de Pfliiger et de Cyon, peuvent être uti- lisées à ce point de vue. J'ai essayé de les réunir sous forme de dessins schématiques représentant les nerfs vasculaires des membres. Fig 97. — Sclu'ina des nerfs vasculaiivs du membre supérieur. — R, racines radiidiennes (cervico-dorsaies). — N^, Nft, nerfs mixtes formant le plexus brachial. -- Cl à G7, '^an- slions du cordon sympathique fdu lei- thoracique au 7»), recevant des racines R des lilets sympathiques et en lonrnissant aux nerfs mixtes (rameaux communicants). — AH, ar- tères du membre supérieur avec lilets vasculaires provenant : i" du cordon sym|uitliiq!ie, 2'' des nerfs mixtes rachidieiis. Ces figures ne peuvent que présenter les deux limites ex- trêmes entre lesquelles est comprise la région centrale four- nissant les nerfs vasculaires des membres. Nous ne savons I.Ali. MAIIKV. 12 178 FRANÇOIS- FRANCK. pas, par exemple, jusqu'à quel niveau exact descendent les filets sympathiques du dernier ganglion dorsal, s'ils s'arrêtent au crural ou s'ils vont jusqu'au scia tique. Nous ne savons pas davantage si les filets remontant du septième dorsal au plexus brachial se jettent plutôt dans le tronc radial que dans le tronc cubital ; en d'autres termes, nous ne sommes pas en mesure de dire : la section de telle portion du cordon sym- pathique, thoracique ou abdominal, inlerrompt l'influence nerveuse de telle partie de la moelle. Fig. 98. — Schéma des nerfs vasculaires du membre inférieur, — R. Racines rachidiennes (Inmbo-sacrées). — NF. Nerf fémoral.— !NS. Nerf sciatiqjp. — GG. Ganglions du corclnii iombo-sacré recevant des filets des racines R et en fournissant aux nerfs mixtes. — A. F. Artères du membre inférieur avec filets vasciilaires provenant: l» du cordon sym- pathique; 2" des nerfs mixtes racliidiens. Ce desideratum se retrouvera certainement quand nous étudierons la provenance des nerfs vasculaires de la tête ; mais, cette fois cependant, nous aurons à tenir compte des beaux résultats expérimentaux des Cl. Bernard , Budge , NV aller, Chauveau, sur les filets émanant de la région cilio- spinale. NKRFS VASCULAIRES DE LA TETE. 179 J'insiste sur cette complexité du cordon sympathique dans les régions où il semble le plus simple, oùses ganglions et ses rameaux communicants se succèdent avec tant de régularité apparente. J'aurai en effet à revenir sur cet exemple, quand j'aborderai la question des communications des nerfs crâniens avec le sympathique, et plus d'une fois je me reporterai aux faits que je viens d'esquisser. ■- . A Fi?. 99. — Srlu'ma de la cnmposiiion du cordon sympalliif[iip d'apWs Valentin. Pour en terminer avec la constitution do ce cordon, je crois devoir réparer une omission qui m'a frappé dans les travaux que j'ai pu consulter sur ce sujet : Valentin a écrit en 1843 180 FRANÇOIS-FPANCK. des pages remarquables sur les lois de radiation prochaine et éloignée du grand sympathique. Je n'ai vu nulle part qu'il fût fait mention de ses idées sur la constitution du sympa- thique; cependant Valentin lésa développées dans un livre répandu, l'Encyclopédie anatomiqiœ, et, comme on peut s'en assurer par le dessin ci-joint, elles sont absolument confir- mées par les expériences plus récentes de Schiff, de Pflùger, de Cyon. J'ai reproduit (fig. 99) le schéma linéaire deValentin destiné à montrer la complexité du cordon sympathique, et le parcours des fibres primitives dans ce cordon. . « Cette figure, dit Valentin (1), représente idéalement la radiation éloignée, aussi simple que possible et uniforme par- tout... On suppose que les fibres primitives des racines 1, 2, 3, 4, 5, etc., s'épanouissent, à quatre distances pour les posté- rieures, à cinq distances vertébrales plus bas pour les anté- rieures. Il se produit ainsi un cordon longitudinal AA qui, on le voit sans peine, n'est pas un organe simple et n'a que l'ap- parence de la simplicité, puisqu'il résulte d'éléments succes- sivement dépendant des fibres primitives des divers nerfs rachidiens... Il résulte de ce rapport, que le caractère essen- tiel du grand sympathique (thoracique ou abdominal) consiste en ce que ses ramifications s'épanouissent plus en arrière ou en bas chez l'homme que les nerfs rachidiens d'où elles émanent, quoique la distance puisse, d'ailleurs, être plus ou moins considérable. Cette loi est appelée loi de progression.» (1) Valentin, Névrologie, trad. Jourdan, 1843, p. 57 et 58. DEUXIEME PARTIE. NERFS VASGULAIRES DE LA TÊTE. I) — Werfs de la face. Division. — La face, circonscrite en haut par la région fron- tale, en bas par la région sus-hyoïdienne dont la sépare la courbe du maxillaire inférieur, sur les côtés et en arrière par les régions temporale et auriculaire, offre à l'étude : 1° une vaste région superficielle dans laquelle sont incluses des dé- limitations secondaires (sourcillière, palpébrale, zygomatique, nasale, labiale, mentonnière, etc.) ; 2° une série de cavités (orbitaire, nasale, buccale). La circulation des couches superficielles et celle des régions profondes sont étroitement liées l'une à l'autre, soit par l'ori- gine commune, soit par l'union anastomotique des vaisseaux. Les nerfs qui se distribuent à ces vaisseaux sont fournis aussi bien à la surface que dans la profondeur, parles mêmes sources (sympathique, facial, trijumeau); mais toute physiologique que puisse être une étude d'ensemble montrant les variations circulatoires communes de parties aussi nombreuses, elle est impossible à présenter dès l'abord. Quand j'aurai successivement passé en revue chacune des parties constituantes, et donné les détails anatomiques prin- cipaux qui ont trait à l'innervation des vaisseaux, alors seule- ment je pourrai essayer de grouper les faits et de rapprocher les unes des autres ces circulations que la nécessité de l'ana- lyse m'aura forcé d'étudier isolément ; de même que plus tard, après avoir exposé dans des chapitres séparés l'inner- 182 FRANÇOIS-FRANCK. vation des vaisseaux du crâne (régions superlicielles et pro- fondes), j'aurai à rechercher l'union qui existe entre les modi- fications circulatoires intra et extra-crànienne, cérébrale et oculaire, encéphalique et faciale, etc. J'ai donc à étudier les régions de la face dans l'ordre sui- vant : A) Régions superficielles ; B) Régions profondes comprenant : les fosses nasales, la cavité orbitaire, la cavité buccale et annexes. A) — Régions superficielles de la face. Les nombreuses artères qu'on y rencontre sont fournies par la faciale, la temporale, l'ophthalmique. Chacun de ces troncs emprunte des filets sympathiques aux plexus de la carotide externe (faciale et temporale), de la ca- rotide interne (ophthalmique), et ces filets suivent toutes les branches artérielles, s'unissant chemin faisant à ceux qui viennent du facial et du trijumeau. Les nerfs vasculaires sympathiques sont décrits en même temps que les vaisseaux sur lesquels ils reposent ; il n'y a donc pas lieu de leur consacrer une étude spéciale. Chaque fois ([u'un nerf provenant d'une autre source sera indiqué comme abordant une artère, on sait qu'il se surajoute à l'élé- ment constant, le sympathique libre, et vient compliquer l'in- nervation du vaisseau, que son influence soit du reste paral- lèle ou antagoniste, question que je ne dois point aborder ici. C'est le facial qui a le rôle principal dans l'innervation des vaisseaux superficiels de la face ; il fournit, tant aux artères qu'aux veines, de riches réseaux « qui les accompagnent jus- qu'à leurs ramifications les plus déliées » (1). C'est donc ce nerf que j'ai eu surtout en vue dans la fig. sui- vante. Mais je ne dois point négliger la part que prennent à (1) Encyclopédie anatomic/ue, t. IV, p. 416. Et Meckel, dans Ludwig, Scriptores neurolog. min., t. II, tab. vi. NERFS VASCULAIRES DE LA TETE. 183 cette innervation les branches du tiijumeau : l'artère tempo- rale, à son origine; les artères frontale, nasale externe, sous- orbitaire, buccale, mentonnière sur leur trajet, en reçoivent de nombreuses ramifications : je les rapellerai, en leur lieu, pour éviter des répétitions trop fréquentes. Fig. 100. — Schéma des nerfs vasculaires de la l'ace. — NK, nerf facial fouinissant des (ilets aux artères temporale, transversale de la face (Arfr), faciale (AF),déjà couvertes de réseaux sympathiques venant du plexus de la carotide externe. A leur terminaison les branches du facial se jettent sur les artères frontale, nasale, sous-orbitaire, palpèbrales, mentonnière, déjà innervées par les branches du trijumeau T. a) Nerfs vasculaires de la juae. On voit, dans la figure schématique ci jointe (fig. 100) et dans laquelle j'ai dû beaucoup sacrifier le détail à l'ensemble, le nerf facial F fournir, au niveau de la patte d'oie, des rameaux à l'artère temporale, ainsi qu'à sa branche collatérale, la trans- versale de la face; mais, comme l'indiquent les fig. 104 et 105, la temporale reçoit en outre des filets d'un plexus formé en grande partie par les branches d'origine du nerf auriculo-tera- poral. Ce plexus sera spécialement décrit à propos des nerfs de la parotide (V. uifra).l\ suit de là que les branches émanant de cette artère si abondamment fournie vont emporter, soit à la face, soit à l'oreille, soit à la région temporale, des filets de sources multiples : la transversale de la face entre autres en est couverte. En outre, cette artère reçoit plus loin des tilets qui lui sont propres. Le nerf palpébro-nasal inférieur anastomosé avec le 184 FRANÇOIS-FRANCK. zygomatique inférieur, concourt, avec ce dernier, à entourer l'artère transversale de la face (1) et j'ajoute, toujours avec les mêmes auteurs : les rameaux supérieurs de ce nerf, de même que les rameaux les plus antérieurs, contribuent à l'enveloppe- ment (.s•^c) de la veine faciale. A sa terminaison, cette branche de la temporale s'anasto- mose surtout avec le bouquet artériel sous-orbitaire, et les nombreux rameaux qui composent celui-ci sont innervés, à la fois, par des filets du facial et du trijumeau (nerf sous-orbitaire). Ce sont spécialement les filetspalpébrauxinférieurs, fournis par ce dernier nerf, qui entourent de leurs rameaux externes l'ar- tère et la veine sous-orbitaires ; ils se prolongent sur les ter- minaisons de l'artère transversale de la face, ainsi que sur les ramifications de la faciale. Or, cette richesse dans l'innervation vasculaire de la joue explique certains phénomènes : indépendamment de ces rou- geurs fugitives qui colorent le visage, sous l'influence des émo- tions, et dont le mode de production presque soudain, la dispa- rition et le retour rapides, sont évidemment en rapport avec une influence nerveuse, il est un point sur lequel l'attention est souvent appelée en clinique, je veux parler de la rou- geur des pommettes dans la pneumonie (2), On sait aussi que la tuberculose pulmonaire s'accompagne, dans ses périodes fébriles, d'injection vasculaire des joues. Mais, si ces faits sont d'une observation facile et quotidienne, leur interprétation ne me semble point aussi simple, et, ne pouvant m'étendre sur ce point, je renvoie, pour les détails théoriques, aux ouvrages mentionnés dans la note 2; les au- teurs qui s'en sont occupés sont du reste d'accord pour rap- porter ces rougeurs localisées à des troubles de l'innervation; mais je crois, d'après les détails qui précèdent, qu'il faut tenir compte, en outre de l'influence du sympathique cervical, de celle des nerfs facial et trijumeau. Quant à la dilatation vasculaire permanente, variqueuse, qui constitue l'un des traits du faciès cardiaque, elle semble plutôt (1) Valenlin, Sœmmering, Henle, etc., loc. cit. (2) Gubler, In Journ. Phys., 1858, p. 412. — Anal, avec notes de Brown- Séquard. — Jaccoud, Clinique, 1867. NERFS VASCULAIRES DE LA. TÊTE. 185 liée à une stase veineuse mécanique amenant la perte défini- tive de la contractilité. Les nerfs qui se distribuent aux autres branches de la tem- porale seront étudiés à propos des régions correspondantes. L'innervation vasculaire de la joue est complétée par les filets qui accompagnent l'artère buccale et l'alvéolaire supé- rieure. Ces deux artères, destinées surtout aux couches pro- fondes, musculaire et muqueuse, proviennent de la maxillaire interne au niveau de son inflexion sur la tubérosité maxillaire ; elles apportent avec elles les rameaux émanés du plexus déjà signalé à l'origine de la temporale (v. fig. 104etl05), c'est- à-dire que le sympathique cervical, par le plexus carotidien, le trijumeau, par le nerf dentaire inférieur et par l'auriculo- temporal, contribuent à les innerver. Ajoutons-y des filets fournis par le nerf buccal, au delà du ptérygoïdien : « le buc- cal forme autour de la maxillaire interne des plexus provenant de l'éparpillement et de la réunion successifs de ses fais- ceaux (1). » En résumé^ les artères desjoues^ transversale de la face, fa- ciale^ sous-orbitaire, buccale, alvéolaire supérieure, reçoivent leurs nerfs duplexas carotidien, du facial etdu trijumeau. {Y. û§AOO.) b) Nerfs vascidaires des régions labiale et mentonnière. Nous avons vu tout à l'heure le bouquet artériel sous- orbitaire innervé par des filets du nerf maxillaire supérieur et du facial, les artères alvéolaire supérieure et buccale entourées de filets provenant du plexus rétro-maxillaire, à la formation duquel concourent le sympathique et le trijumeau {maxillaire inférieur par le dentaire é% l' auricido -temporal) . A la lèvre su- périeure, nous retrouvons les divisions terminales des mêmes artères accompagnées des mêmes nerfs. Le bouquet artériel mentonnier, fourni par la dentaire infé- rieure, est innervé à la fois par des filets du dentaire (V. cav. buccale, dents) et du facial (nerf labio-mental , branche moyenne) (i2). Enfin, l'artère faciale, apportant dans l'épaisseur des lèvres par les coronaires des filets sympathiques du plexus caroti- (1) VdiXcuVm, Ericyclop, anal., trad. Jourd., l. IV. 2) Ilcnle, Sœmniering, Meckel, Valenlin, Encyclop. anal. 186 FRANÇOlS-KliANClv. ' clien, reçoit en ou Ire de nombreux rameaux du nerf bucco- labial inférieur et du labio-mental, branches du facial. Ces nombreuses artères se distribuent, accompagnées de leurs nerfs, aussi bien dans les couches superficielles que dans la muqueuse des lèvres. Je n'aurai donc point à les décrire de nouveau comme faisant partie des parois de la ca- vité buccale. Pour elles, comme pour celles des joues, nous retrouvons trois sources d'innervation : le plexus carotidien, les éléments vascu- laires contenus dans le facial, et ceux qu apporte le trijumeau. c) Nerfs vasculaires de la région du nez. L'artère ophthalmique, par la nasale externe et le rameau naso-lobaire de l'ethmoïdale, l'artère faciale par la branche de l'aile du nez et celle de la sous-cloison, se distribuent aux parties latérales, au dos et au lobule du nez. La nasale externe reçoit des filets du nerf correspondant ; la naso-lobaire , terminaison de la nasale interne , est en rapport avec le filet terminal du nerf ethmoïdal(V. fosses nasales, paroi externe)', enfin, les rameaux de l'artère faciale empruntent^ comme nous l'avons vu, des filets au nerf facial (bucco-labial et labio-mental). Ici encore, triple point de départ aux nerfs vasculaires de la région .-plexus de la carotide externe pour la faciale, plexus ca- verneux pour r ophthalmique ; enfin, nerfs facial et trijumeau. La circulation du lobule du nez est très-active, comme le prouvent les congestions passagères ou chroniques dont cette région est le siège et qui se produisent sous des influences multiples, la facilité avec laquelle s'opère la cicatrisation même des parties détachées, et j'ajouterai la congélation facile du lobule, quoique cet accident ait été interprété tout autrement. Une région, exposée de tous côtés comme celle-là au refroi- dissement, cède d'autant plus de calorique que la circulation s'y fait plus activement. Personne ne nié la richesse vascu- laire de la pulpe des doigts, du lobule de l'oreille, et cependant ces régions se congèlent comme le lobule du nez. Celui-ci, il est vrai, subit en général le premier les effets du froid in- NERFS VASCUI. AIRES DE LA TÈTE. 18" tense, mais cela est dû à sa situation même qui l'expose plus que les autres parties. Je fais ici cette remarque, parce que je lis dans VAnatumie chirurgicale du professeur Richet (1) une explication inverse qui m'a semblé peu en rapport avec ce que nous savons de la vascularité de la région. d) Nerfs vascalaires des régions palpébrale el soiirciUière. La plupart des artères qui fournissent à ces deux régions connexes viennent de l'ophthalmique. . Aux paupières, les palpébrales supérieure et inférieure forment chacune une arcade : l'arcade supérieure s'anasto- mose surtout avec un rameau palpébral de la temporale super- ficielle , l'arcade inférieure, avec un rameau palpébral de la sous-orbitaire. En outre, on y trouve des ramuscules des fron- tales externe et interne, de la nasale et de la faciale. A la région du sourcil, la principale artère est la sus-orbi- taire anastomosée avec la frontale interne. Sur chacune de ces artères, existent des filets sympathiques, provenant, pour les branches de l'ophthalmique du plexus ca- verneux, pour les rameaux de la sous-orbitaire du plexus que je désignais plus haut sous le nom de rétro-maxillaire, et dont on ne doit point oublier les sources multiples ; pour les rameaux de la temporale et de la faciale des différents nerfs déjà étudiés (sympathique, facial, trijumeau). Je dois signaler comme surajoutés des filets du nasal externe (sous-trochléaire) pour les deux arcades palpébrales, et des filets du frontal in- terne, anastomosés avec ceux du frontal externe, et formant un plexus autour de l'artère sus-orbitaire (e). Dans ce qaalrième groupe, comme dans les trois précédents, il est évident cpie les artères reçoivent leurs filets tterveux des plexus carotidiens externe et interne, et des nerfs facial et triju- meau. {[j Richet, Anal, chii:, p. 302, 6d. 18U6. 188 FRANÇOIS-FRANCK. Dans cette description , je me suis borné aux détails anatomiques; tous les filets que j'ai indiqués comme nerfs vasculaires, soit artériels soit veineux, ont été suivis et minu- tieusement décrits par les anatomistes dont les noms se re- trouvent souvent dans mes notes ; Arnold, Meckel, Wrisberg, les auteurs de V Encyclopédie anatomique les mentionnent par- mi les filets musculaires du facial, et parmi les filets cutanés ou muqueux du trijumeau ; — ils insistent sur leurs rapports immédiats avec les vaisseaux. J'ai donc pu me dispenser dans ce qui précède d'invoquer, pour me fournir des rensei- gnements sur le trajet ou la provenance de ces nerfs, les don- nées de la physiologie ou de la pathologie; j'ai évité ainsi les longueurs que ne peut manquer d'entraîner tout emprunt fait à des résultats expérimentaux souvent peu d'accord entre eux, ou à des faits cliniques. Dans ce qui va suivre, au contraire, je me vois obligé d'en user autrement, pour des motifs indiqués au début de cette étude. Cette remarque explique les développements dans les- quels j'ai dû entrer au sujet de l'innervation vasculaire des régions profondes de face. B) — Régions profondes de la face. a) Nerfs vasculaires des fosses nasales. Le nerf sphéno-palatin externe (filets nasaux supérieurs), accompagne la branche externe de la sphéno-palatine sur les cornet et méat supérieurs et sur le cornet moyen (Sp fîg. 101). Le nerf sphéno-palatin interne (nerf de la cloison, nerf naso-palatin de Scarpa), « donne^ chemin faisant, des ra- meaux à l'artère de la cloison (branche interne de la sphéno- palatine) qu'il enveloppe de fins réseaux » (1) (Sp pg. 102). Les deux nerfs naso-palatins, arrivant à l'extrémité supé- rieure bifurquée du canal palatin antérieur, se termineraient [i) Wrisberg, Comment., i. l^'. NERFS VASCULAIRES DE LA TETE. 189 aux deux angles supérieurs d'un ganglion, sans arriver jusque dans la bouche (ganglion naso-palatin de Cloquet) (2). Arnold (3) nie l'existence de ce ganglion. Gruveilhier (4) n'a jamais vu d'anastomose entre les deux nerfs naso-palatins, ni entre ces nerfs et le nerf palatin anté- rieur. Le nerf palatin antérieur, (grand nerf palatin), entoure les branches nasales del'artère palatine descendante(P.D./?^. 101 et 102), et innerve, par conséquent, les vaisseaux artériels qui rampent à la surface du méat moyen, du cornet inférieur et du méat inférieur. L'artère, devenant palatine proprement dite, le nerf continue à lui fournir des réseaux, mais au niveau du canal palatin antérieur où elle remonte à la rencontre de la naso- palatine, il n'est pas démontré, comme le dit Gruvei- lhier (u. s), que les filets nerveux la suivent dans ce trajet pour s'unir aux rameaux terminaux du nerf de la cloison. En outre des artères sphéno-palatines, et palatines supé- rieures, branches de la maxillaire interne, les fosses nasales sont parcourues, dans leur région antérieure, par de nombreux rameaux artériels fournis par l'artère ethmoïdale antérieure, branche de l'ophtalmique, qui pénètre par la voûte et descend en se divisant en rameaux externes pour la partie antérieure des cornet et méat supérieurs, et en rameaux internes pour la partie antérieure de la cloison. C'est de ces derniers que part l'artère naso-lobaire ; tous s'anastomosent avec les rameaux soit externes soit internes, de la sphéno-palatine. A ce vaisseau est adjoint le filet ethmoïdal du rameau nasal {branche de V ophlJ mimique) qui accompagne d'abord le tronc de l'artère ethmoïdale antérieure, au-dessus et en avant duquel il est placé dans le canal orbitaire interne antérieur ; il lui abandonne manifestement un filet à ce niveau. Plus loin, ses divisions sont unies à celles de fartère , mais la nature ner- veuse de ces connexions ne me parait point absolument démon- trée; du reste, les anatomistes les plus minutieux (Bock, (2) Cloquet, AnaL. descript. (3) Arnold, Ahhandlung ûber den Ohrknoten, Heidelberg. 182S, et Icônes nervorum capilis, Heidelberg, 1834. (4) Cnivollliier, Anal,, dcsmipt., t. IV. 190 FRANÇOIS-FRANCK. Langenbeck, Arnold, Swann, Valentin) (1) ne décrivent comme nerf vasculaire que le premier filet. 53P GM ÎT- 101. — Nerfs vasciilaiios de ia partii externe des fosses n-isales. — GM, ganglion de Meckel fournissant des filets pour les branches de la spliéno-palatine (SI'.}, de la pala- tine descendante (PD), pour l'artère vidienne (AV), brandies de la maxillaire interne MJ. — AE, arlère etlimoVdale accompagné' par le nerf ethnioïdal. AE Fig. 102. — Nerfs vasculaires de la paroi interne des fosses nasales. — GM, ganglion de Wi'.ckel fournisçant à la branche interne de la spliéno-palatine et à la branche inférieure de la palatine descendante l'D, ainsi qu'à l'artère vidienne AV. — AE, artère ethmo'iilale (branche interne) aux lileis du nerf elliinoïdal. (1) Bock, Meissen, 1817 et 18;21. Arnold, Jcc. cit., Heidelb., 1848. Swann, cité par Valentin, Encyclop. anat., 1843. NERFS VASCUI>AIRES DE LA TÊTE. ' 191 En résumé, les artères des fosses nasales reçoivent leurs nerfs du ganglion de Meckel et de la branche ophthalmique. Or, ceux qui proviennent du ganglion de Meckel peuvent avoir leur source, soit dans le plexus carotidien qui fournit la racine sym- pathique de ce ganglion, soit dans le centre bulbaire lui- même, parle tronc du trijumeau qui, comme nous le verrons, emporte à la périphérie des éléments nerveux vasculaires pui- sés à cette origine, soit dans le facial, par le grand nerf pé- Ireux superficiel. Les nerfs vasculaires qui viennent indirectement de la branche ophthalmique, par le filet ethmoidal, peuvent égale- ment provenir, soit du centre bulbaire, soit du plexus caroti- dien dont les anastomoses avec l'ophthalmique sont très-mul- tiphées. Mais ces deux groupes de nerfs artériels sont loin d"étre les seuls auxquels les vaisseaux soient subordonnés. La maxillaire interne est couverte, à son origine, de nerfs: 1" qui font suite au plexus de l'artère carotide externe ; 2° qui nais- sent du nerf auriculo-temporal, branche du maxillaire infé- rieur, et toutes les branches de cette artère, la sphéno-palatine et la palatine descendante comme les autres, emportent dans leur trajet des filets émanant de ces deux nouvelles sources. D'autre part, l'artère ophthalmique puise un grand nombre de filets sympathiques dans le plexus qui accompagne la caro- tide interne dont elle provient, et, comme tout à l'heure, les branches de ce vaisseau, l'ethmoidale antérieure entre autres, ont leur part dans ces nombreux filets. Ces détails doivent être pris en considération, quand on étudie les troubles vasculaires de cette région. Pour l'in- terprétation des désordres survenant de ce côté, soit à la suite de lésions expérimentales du in^i\.med.u (ablations du, gan- glion sphéno-palatin, Claude Bernard), soit à la suite d'abla- tions du ganglion cervical su])érieur, il ne faut point oublier à quelles nombreuses sources les vaisseaux des fosses nasales puisent leur appareil d'innervation. Si, par exemple, on attribue comme le font quelques physiologistes, des fonctions différentes aux nerfs vasculaires provenant directement du grand sympathique et à ceux que fournissent les nerfs cérébro-rachidiens, les divisions que j'ai indiquées plus haut peuvent avoir leur intérêt; mais, au fond, 192 FRANÇOIS-FRANCK. cette innervation, si compliquée en apparence, peut être résu- mée ainsi : Nerfs provenant des plexus sympathiques, filets pro- venant des nerfs crâniens ; les uns et les autres ayant leur source dans le centre nerveux encéphalo-mèdullaire . C'est, en somme^ avec une dissociation plus marquée, la disposition que nous avons indiquée pour les nerfs vasculaires des membres. Nous avons vu {sclièma des membres) les vais- seaux de ces régions recevoir leurs filets nerveux des branches émanant des ganglions thoraciques et abdominaux, lesquelles abordent directement les vaisseaux, et des nerfs mixtes rachidiens qui les ont eux-mêmes empruntés soit à la moelle par leurs racines, soit aux ganglions. Prenons l'une des branches artérielles que nous avons suivies dans les fosses nasales, nous lui trouvons des filets provenant : l» du sympathique cervical (plexus carotidien, plexus de la maxillaire interne, etc.) ; 2" du ganglion sphéno- palatin, en rapport lui-même avec un élément crânien sensitivo- moteur (nerf maxillaire supérieur et facial par le grand pétreux superficiel) ; 3° du nerf ethmoïdal, branche de l'oph- thalmique. J'ai déjà mentionné une provenance générale identique pour les nerfs vasculaires des régions superficielles de la face, et j'aurai assez souvent foccasion de revenir sur cette as- similation de l'innervation vasculaire dans les régions les plus différentes, pour n'y point insister davantage en ce moment. h) Nerfs vasculaires des arrière- fosses nasales. Cette étude ne peut avoir d'intérêt qu'à la condition d'être reliée à celle des nerfs vasculaires du pharynx, car le réseau artériel de la partie supérieure est intimement uni au réseau artériel des parois latérales et postérieures ; mais, pour ne point abandonner l'histoire des filets vasculaires fournis par le ganglion de Meckel, je crois devoir ajouter quelques détails au sujet de ceux qui entourent l'artère ptérygo-palatine et surtout l'artère vidienne. La ptérygo-palatine est accompagnée par des filets émanant soit du ganglion, soit des nerfs palatins eux-mêmes, et ces NERFS VASCULAIRES DE LA TÊTE. 193 nerfs la suivent jusqu'à sa terminaison dans la trompe cl'Eus- tache. L'artère vidienne^ dans son trajet intra-osseux, de la fosse ptérygo-maxillaire à la paroi latérale supérieure du pharynx où elle s'épanouit autour de la trompe d'Eustache, est entou- rée de rameaux nerveux appliqués les uns contre les autres, formant à première vue un nerf unique, le nerf vidien. Mais ce nerf vidien est loin d'être simple ; il contient, à coup sûr, au moins deux ordres de filets : a), le grand nerf pétreux su- perficiel qui relie le genou du facial au ganglion de Meckel ; b) les filets sympathiques; ces derniers sont groupés d'habi- tude sous le nom de filet carotidien du nerf v-idien (1), et con- sidérés, surtout depuis Longet, comme portant au ganglion de Meckel sa racine sympathique, comme émanant du plexus ca- rotidien et se dirigeant vers le ganglion. Cette conception du nerf vidien semble bien nette et satisfait dès l'abord. On est habitué à trouver, pour chaque ganglion, un triple sys- tème convergent : le nerf vidien contient deux éléments de ce système ; le troisièaie vient du tronc maxillaire supérieur lui-même. Quand on considère quel grand nombre de filets ce nerf vidien abandonne à l'artère qui chemine dans le même canal, on peut supposer, tout d'abord, que ces filets vasculaires sont fournis par le plexus carotidien, puisque celui-ci donnerait la racine sympathique du ganglion de Meckel. Mais je ferai d'abord remarquer qu'il serait bien étrange de voir ici, par exception, des filets sympathiques abordant une artère par son extrémité pour remonter vers son origine, (et c'est ainsi qu'il faudrait les comprendre, si Ton admet que la portion vasculaire du nerf vidien prend sa source dans le plexus carotidien). D'un autre côté, cette artère vidienne se déroberait donc à la règle qui gouverne l'innervation des autres branches nées de la maxillaire interne au voisinage du ganglion de Meckel ? Elle serait seule à n'en point rece- (1) Filet carotidien du nerf vidien, dont on rapporte la découverte à Meckel {de Quinto pare nervor.); Gœttingue, 1748. (Voir Scr/p/or., Ludwig, 1791, t. I" et IV, et de Ganglio nuper deteclo, Berlin, 1749), aurait été découvei't par Duverney (suivant Lecat), 1717, ou par Heister ; Nurirabergoî, 1719 (suivant Longet, Anat. et Phys., 1842). I.AIi. MAHEY. . 13 191 FHANÇOIS-FRANC.K. voir de filets ; et sa voisine, la ptérygo-palatine qui suit un trajet parallèle, serait innervée, de son origine vers son extré- mité, par des filets récurrents du ganglion de Meckel, tandis que la vidienne ne recevrait point de fdets de cette source? L'analogie guide ici la description de ces nerfs vasculaires de l'artère vidienne; et, sans nier le trajet admis classiquement pour le fdet carotidien du nerf vidien, on ne peut se refuser à admettre des filets vasculaires, marchant en sens opposé, fournis par le ganglion sphéno-palatin et accompagnant Far- tère. C'est en partie ce que Wrisberg a longuement développé, et, si sa description contient d'autres détails sur le trajet du nerf pétreux du facial, par exemple, ceux que je viens d'in- diquer y sont consignés à un autre point de vue. Wrisberg (1)> dont les idées sont adoptées dans V Encyclopédie anatomique (2), n'a pas compris le nerf vidien comme Meckel, Bock, Hirzel, Langenbeck et Arnold (3) ; il dit que le plexus vidien tire ses fibres primitives du rameau récurrent du ganglion de Meckel et contracte ensuite d'intimes connexions avec le plexus caro- tidien. Les auteurs de Y Encyclopédie anatomique ajoutent que cette anastomose se fait par le grand nerf pétreux profond qui se détache de la partie supérieure de l'artère vidienne, et, se portant à peu près horizontalement en dehors, se continue avec les nerfs qui sont appliqués au côté externe de l'artère carotide interne. Quelquefois même (Valentin) cette branche anastomotique, très-longue, sort isolée de l'orifice inférieur du canal carotidien et va se rendre an ganglion cervical supé- rieur. J'ai insisté sur cette constitution du nerf vidien, au point de vue des nerfs vasculaires qu'il contient, cette particularité me paraissant devoir être mise en lumière, sinon pour l'intérêt physiologique de l'innervation de l'artère vidienne, du moins pour le fait lui-même. L'existence de rameaux allant du ganglion de Meckel au plexus carotidien a pour moi une im- portance spéciale, et j'essayerai bientôt de réunir des faits (1) Wrisberg, Comment., t. I33 chacun des tubes, on rétablissait la continuité de ceux-ci, et quand on avait atteint une vitesse de rotation uniforme, on amenait les styles écrivant au contact du cylindre au moyen d'une action électro-magnétique. I^HJIBI^^H — ac + A/z- big. n± Graphique «" 1. — Imlication du tube manomctrique dont le bec est tourné en avant; il i-este à zéro pendant la rotation de l'appareil. Graphique n° 2. — L'appareil accuse, pendant la rotation, une pression néi^ative : c'est la mesure de l'aspiration centrifuge; elle est fournie par le tube qui s'ouvre suivant le prolon- gement du rayon. Graphique «o 3. _ L'appareil accuse une très-forte pression négative; cette indication est fournie par le manomètre dont le tube est tourné en arrière. 2° Dangers de f enlrainement de Vair par les appareils rota- tifs. — On a vu, dans le graphique n°l, que le tracé qiu cor- respond à l'indication du manomètre ouvert en avant se confond exactement avec la ligne du zéro. Dans certaines expériences de rotation très-rapide (le bec du manomètre parcourant envi- ron 14 mètres par seconde), j'ai constaté un dédoublement de cette ligne (fig. 113), de telle sorte que, pendant la rotation, le style écrivait un peu au-dessous de zéro, accusant une légère pression négative qui équivalait à un peu moins d'un milli- mètre d'eau. Je ne savais d'abord comment expliquer ce phé- nomène, qui était très-inconstant. Mais je crus remarquer qu'il se produisait surtout lorsque 234 la rotation du manège avait été très-longtemps prolongée. Je supposai, alors, que l'entraînement de l'air devait produire cette diminution de la pression positive dans le tube ouvert en avant. Cette pression positive, étant diminuée, ne neutra- Fi?. 113. — Tracé fourni par le tube 11° 1 (lig. 6) lorsque l'air de la salle est entraîne par la rotation prolongée du manège. lisait plus complètement l'aspiration due à la force centri- fuge qui, dès lors, se manifestait partiellement. Il est bien évident que si l'air de la salle est entraîné par le manège, le bec des tubes ne possède plus, par rapport à cet air, qu'une vitesse relative moindre que celle que le manège possède réel- lement et qui produit l'aspiration centrifuge. Si cette interprétation était vraie, on devrait constater un effet analogue du côté du manomètre, dont le tube s'ouvrait en arrière. Or cette influence existait réellement; la pression négative y était moindre que, dans les conditions normales; elle n'atteignait plus le double de l'aspiration centrifuge. Mais je voulais acquérir la démonstration de l'entraînement de l'air dans les cas où les indications manomètriques présen- taient l'irrégularité que je viens de signaler. Pour cola, je plaçai la flamme d'une bougie en un point de la circonférence parcourue par le manège. Les extrémités des tubes manomè- triques passaient, à chaque fois, très-près de la flamme, qui subissait une déviation de très-courte durée à chacun de ces passages. Mais, quand le manège tournait depuis quelques instants, la flamme de la bougie prenait une déviation per- manente qui la portait en dehors du cercle parcouru et dans le sens du mouvement rotatif. Cette déviation se produisait lentement quand la vitesse n'excédait pas 5 ou 6 mètres par seconde ; elle exigeait alors pour se montrer 20 à 30 secondes de rotation. Mais, pour les vitesses qui atteignaient et dépas- saient 10 mètres,- la déviation de la flamme arrivait au bout de 5 ou 6 secondes et allait toujours en croissant. Dès lors, le moyen d'empêcher l'entraînement de l'air et ses PHYSIOLOGIE DU VOL DES OISEAUX. 235 effets nuisibles à l'estimation des pressions était tout simple- ment d'imprimer, du premier coup, la rotation au manège et d'enregistrer tout de suite la pression, dans les cas où l'on voulait étudier les effets d'une rotation rapide. En employant ces précautions, je vis cesser toutes les incohérences qui avaient altéré quelques-uns de mes résultats, 3° Mesure des pressions positives et négatives d'après l'aspira- tion centrifuge. Application à la théorie de la résistance de Vair. — Les relations constantes qui existent entre l'aspiration centrifuge fournie par le tube manométrique ouvert suivant le rayon du manège prolongé, et les pressions positives ou négatives fournies par les deux autres tubes, permettent de simplifier encore les conditions de l'expérience. Il suffira en effet de faire tourner le tube à aspiration centrifuge tout seul, pour déduire du tracé manométrique correspondant la valeur des pressions que signaleraient les deux autres manomètres. Bien plus, cette méthode est préférable, puisqu'il est évident que le tube à aspiration centrifuge est à l'abri de toute in- fluence perturbatrice de l'entraînement de l'air. Or, on a vu, dans les expériences de la première série, que l'aspiration centrifuge est égale aux pressions positives et négatives qui se produisent en avant et en arrière d'un plan tournant. On pourra donc, d'après l'aspiration centrifuge toute seule, déduire les pressions inverses qui s'observeraient sur les deux faces opposées de ce plan. En prenant deux fois la valeur de l'aspiration centrifuge, on aura la somme de ces deux pressions inverses qui agissent sur chaque élément de surface pour en retarder la translation. Enfin, si l'on multiplie, par la surface tout entière, celte résistance qui s'oppose au mouvement de chaque point, on devra obtenir la valeur de la résistance de l'air contre un plan tournant avec une vitesse déterminée. Le rapport de la résistance de l'air à la vitesse du mouve- ment est le point intéressant à étudier ; il faudra donc intro- duire dans l'expérimentation un élément de plus : la détermi- nation rigoureuse de la vitesse du mouvement rotatif du tube manométrique a aspiration centrifuge. La physique moderne s'est enrichie de méthodes très-pré- 336 MARliY. cises pour l'estimation du temps ; la chronographie peut, avec certaines modifications, se prêter très-bien à la mesure exacte des vitesses, ainsi qu'on va le voir dans le paragraphe suivant. 111. — Mesures ;>;raphiques de la vitesse du mouvement de translation dans rair. La connaissance d'une vitesse suppose la double notion de l'espace parcouru et du temps employé à le parcourir. A) Mesure des espaces parcourus. — Pour mesurer l'espace parcouru, j'ai employé le moyen suivant. Les appareils enre- gistreurs qui tracent l'indication de la pression se transpor- tent, avons-nous dit, avec le manège tout entier, tandis que le cylindre qui reçoit le tracé est immobile au-dessus de l'axe central. Il suit de là que la pointe écrivante décrit autour du cylindre un arc de cercle du même nombre de degrés que l'extrémité du manège qui porte les tubes manométriques. La longueur de la ligne tracée sur le cylindre sera donc dans un rapport constant avec l'espace parcouru par l'extrémité des tubes manométriques ; ce rapport sera celui du rayon du cy- lindre au rayon du manège. Dans mon appareil, le cylindre a 0"\06 de rayon, tandis que le rayon du manège est de 3 mè- tres ; le rapport est 1/50. Ainsi, lorsque l'on comptera sur le cylindre une longueur d'un centimètre occupée par un tracé, on saura que, pendant que cette ligne s'inscrivait, l'extré- mité des tubesmanométriques parcourait un espace de 50 cen- timètres. Reste à mesurer le temps employé par le manège pour parcourir cet espace. B) De la mesure du temps au moyen d'un nouveau chro- nographe. — Depuis que Thomas Young a introduit, en phy- sique, l'emploi de verges vibrantes, et Duhamel l'usage du diapason inscripteur pour la mesure des intervalles de temps très-courts, cette méthode chronographique a pris une exten- sion considérable. J'ai cherché moi-même à l'introduire en physiologie, où elle semble appelée à rendre de grands ser- vices. Mais, l'emploi direct du diapason n'est pas toujours facile ; souvent même il est impossible, soit à cause du PHYSIOLOGIE DU VOL UKS OISEAUX. !237 volume encombrant, soit à cause du poids de cet appareil. Ainsi, dans l'expérience qui nous occupe, il s'agit d'avoir un style, vibrant cent fois par seconde, qui vienne tracer ses vibrations à côté des lignes qui expriment l'état de la pres- sion dans chacun des manomètres. J'ai réussi à obtenir cette inscription du temps au moyen du chronographe qui sera décrit tout à l'heure. Voici un spécimen des tracés ainsi obte- nus (fig. 414). '^r\fW\J\^^NW\J^^fw\^ 0' : ■ Fi)î. H4. — Tracts de laspiratioii ciMitrifuse — ac, avec deux vitesses différentes de rotation du manège. Les courbes sinueuses inscrites en liaut de ces tracés sont fournies par le chronographe et servent à mesurer la vitesse de rotation. On n'a représenté que la lon- gueur (jui correspond à 1/5'= de seconde. Dans cette figure qui représente la valeur de l'aspiration centrifuge pour une rotation très-lente (à gauche de la figure), et pour une rotation rapide (à droite), on voit également ins- crits les tracés du chronographe qui donne cent vibrations doubles par seconde. Or, suivant la vitesse de rotation de la machine, ces vibrations occuperont des espaces bien différents. Si nous comptons, par exemple, vingt vibrations sur chacun des deux graphiques, ce qui correspond, dans les deux cas, à 1/5^ de seconde, nous verrons que ce même espace de temps correspond, dans le premier graphique à un centimètre, et dans le deuxième à 6 centimètres. Quand le chronographe est adapté avec les manomètres inscripteurs sur le manège, on se sert de frotteurs pour le mettre en communication électrique avec la pile, malgré le mouvement de rotation du système. 238 MAREY. Comme les espaces mesurés sur le cylindre sont cinquante fois plus petits que les espaces parcourus par les extrémités des tubes manométriques, nous saurons que dans 1/5^ de seconde l'espace parcouru dans le premier cas était de 50 cen- timètres, et dans le second de 3 mètres. Enfin, dans une seconde entière, les espaces parcourus dans les deux cas étaient de 2"\50 et de 15 mètres, ce qui est la mesure des vitesses de rotation. Voici la description du chronographe qui m'a servi : Un style de bois léger, terminé par une pointe très-fme, est représenté dans la figure 9 traçant sur un cylindre enfumé. Comme les vibrations doivent se répéter cent fois par seconde, il faut donner au style une disposition telle que ses vibrations propres aient précisément ce même nombre. A cet effet; on place à la base du style une lame de ressort d'acier, dont une vis de réglage permet de varier la longueur. On règle l'appa- reil de façon que le style, quand on le fait vibrer, donne cent oscillations par seconde. Reste à entretenir ces mouve- FiG. llTv — Clironograplie inscrivant cent vilivations par «oconde. ments d'une manière permanente ; pour cela on se sert de rélectricité. Une virole de fer doux entoure le style à sa partie moyenne ; PHYSIOLOGIE DU VOL DES OTSEAUX. 239 c'est sur cette virole qu'agiront tour à tour deux bobines électro -magnétiques. La tîgure montre le style F entre les deux bobines qui l'influencent. Il s'agit de lancer tour à tour dans chacune de ces deux bobines un courant électrique qui durera un demi-centième de seconde. De cette façon, à chaque centième de seconde, le si vie se portera dans deux directions opposées, c'est-à-dire exécutera une oscillation double. L'envoi alternatif des courants dans les deux bobines se fait au moyen d'un diapason de cent vibrations doubles, disposé de la manière suivante : Sur une table [iig, 116) sont représentées les pièces néces- saires à cette transmission électrique. C'est, d'une part, une petite pile de Grenet,dont l'un des fils se rend à un diapason, par le manche duquel le courant pénètre. De là, le flux élec- trique se continue par une des branches du diapason et par le ressort frotteur qui la termine. Or ce ressort, pendant la vibration du diapason, passe alternativement sur deux con- tacts de platine isolés l'un de l'autre, qui^par deux fils métal- liques, envoient le courant tour à tour aux deux bobines électro-magnétiques qui influencent le style duchronographe. Arrivé dans ces bobines, le courant s'en échappe par d'autres fils qui se réunissent bientôt en un seul. Ce fil de retour unique va rejoindre le second pôle de la pile. On voit, dans la figure 115, ces fils électriques au moment où ils sortent par trois bornes de la partie inférieure d'un disque situé à la base du chronographe et près de son sup- port. Ces fils désignés par la lettre p se rendent aux deux pôles de la petite pile. L'un s'y rend directement, c'est le fil qui porte le signe — (fil commun de retour des courants qui ont traversé l'une ou l'autre bobine). Les deux autres fils, qui portent le signe -f et qui sont représentés tordus en une spi- rale commune, se rendent indirectement à la pile en traversant chacun : un des contacts de platine, le style du diapason, et le diapason lui-même, ainsi qu'il a été dit. Les autres fils électriques et la grosse pile représentés dan.s la figure 10 sont destinés à d'autres usages dont nous allons ])nrlr'r. 240 MAREY. Lorsqu'on veut se servir du chronographe, il faut, avec l'archet, mettre le diapason en vibration. Puis, au moyen d'une clef, on amène les contacts de platine à la rencontre du frotteur du diapason ; aussitôt le chronographe se met à vibrer. FiG. 116. — Disposition générale des appareils chronograpliiques. Gomme il y avait avantage à n'écrire les vibrations du chronographe qu'à un moment donné, j'ai recouru à deux autres bobines électro-magnétiques qui produisent à volonté un mouvement de latéralité destiné à amener le style du chro- nographe en contact avec le cylindre. Ces bobines, plus volu- mineuses que les autres, sont placées en arrière des petites, comme cela se voit dans les figures 115 et 116. Un fer doux F, attiré quand le courant passe, fait baisser le style du chro- nographe, qui écrit alors sur le cylindre ; quand, au contraire, par la rupture du courant, l'aimantation du fer doux cesse, un ressort antagoniste produit un mouvement inverse qui éloigne le style du cylindre, et le tracé est interrompu. Ce chronographe, avons-nous dit, a besoin d'être réglé sur le nombre des vibrations du diapason, sans cela il serait en- tièrement rebelle à l'action des courants électriques. Dans la construction de l'instrument, ce réglage pourrait être fait physiologie! DU'. VOL DES OISKALX. i241- une fois^ pour toutes; mais comme la moindre détériaM- tion suffit pour l'altérer, il faut pouvoir le rétablir, ce que l'on fait au moyen de la vis de réglage qui change la lon- gueur de la lame vibrante. L'oreille suffit pour faire un réglage approximatif suffisant à mettre le stylo en vibration ; mais, si le réglage est impar- fait, on constate l'existence de battements que l'on fait disparaître en tournant légèrement la vis, dans un sens ou dans l'autre, jusqu'à ce que l'égalité des vibrations soit par- faite. I\". — Mesure tle l'aspiration centrifuge pour différentes vitesses de rotation. — AppHcations à la mesure de la résistance de l'air. En effectuant une série d'expériences, dans lesquelles on donne au mouvement rotatif des vitesses différentes, et dans lesquelles on recueille à la fois le tracé des vitesses et celui des aspiratiovs cenlrifuges, on obtient tous les éléments nécessaires pour la construction d'une courbe qui exprime le rapport que - nous cherchons. Mais on a vu précédemment que, de l'aspiration centrifuge, on pouvait déduire la pression qui s'exerce sur les deux faces opposées d'un plan tournant, et qu'en multipliant la somme de ces deux pressions par la surface d'un disque, on aurait la valeur totale de la résistance que l'air oppo- serait au mouvement de ce disque. If sera donc possible, avec le tracé de la vitesse et celui de l'aspiration centrifuge, d'étabhr la courbe des résistances de l'air pour une surface d'un mètre carré animée d'une série de vitesses diffé- - rentes. Parmi les tracés recueillis dans mes expériences, j'en ai pris un certain nombre qui correspondaient aune série de vitesses croissantes. Déterminant, pour chacun de ces tracés, la vitesse de rotation et la résistance de l'air, j'ai obtenu ainsi une série de points de la courbe des pressions rapportées aux vitesses. Voici le calcul fort simple qui permet de déterminer pour chaque tracé la vitesse et la résistance : Reportons-nous à la figure 114 où l'on voit deux de ces tra- LAC. ,MAni;v. 16 242 MAREY PHYSIOLOGIE DU VOL DES OISEAUX. 243 -i> _ o ■- e c « '"^ ^ .2 o « G ■o •S 'i> '3 0 0) „J o 04 0 ~ c s a> a 0 ^ J= s 3 î: 3 ç« aT '■û Q. 0 '& ^ p ^ .2 0 â. 1 ) ■c f c 0 ^ OJ tn 0 S -3 -a c s ■ï S en _« *3 0 3 oT ^ 2 t: — o o c « § a S 2 ♦J -^ 3 1^ sa j3 — — n. =« c « „ " =J ^ .i'-s 1 2 "S ;s «1 ^ ^ rt „- o c 2 -J ?^ ^ aj " zz c C 3 •ë c -p 5 5 u ç> c =0 ^ _j a "3:; ^ 3 .i' 1 c 3 « ■S 0 -b ai 3 3 ^ -a " « c c- î^ te 1:^ T3 ^ O. 2i4 M\I!EY. ces. Nous comptons sur chacun d'eux 20 vibrations du chro- nographe, et nous constatons que, sur le cylindre, ces vibra- tions occupent n centimètres. Si telle est la longueur du tracé pour 1/5^ de seconde, il sera cinq fois plus long pour une seconde entière, soit 5 X ^' centimètres. Or, comme la lon- gueur du tracé est seulement 1/50 de l'espace parcouru par l'extrémité du tube, il faudra multiplier par 50 les 5 X ^* centimètres parcourus sur lé papier pour avoir l'es- pace réellement parcouru dans l'unité de temps, c'est-à-dire la vitesse. Il s'agit ensuite de déterminer la résistance de l'air pour une surface d'un mètre carré, animée d'une vitesse de N mètres par seconde. C'est en la rapportant à l'unité de poids, le kilo- gramme, qu'on a l'habitude d'estimer cette résistance ; nous nous conformerons donc à cet usage. Portons à côté du tracé de l'aspiration centrifuge l'échelle de graduation négative (fig. 100) qui a été construite pour le manomètre enregistreur, nous verrons que la pression néga- tive est de X millimètres d'eau. Gomme la résistance de l'air, pour chaque élément de surface, est formée de deuxpressions, l'une positive, l'autre négative, qui agissent toutes deux con- trairement au sens du mouvement et dont chacune est égale à l'aspirafion centrifuge, nous aurons la valeur de la résis- tance de l'air, sur chaque élément de la surface du disque, en doublant celle de l'aspiration centrifuge, soit 2 x milli- mètres d'eau. Il faut multiplier cette pression ou résistance par la surface du plan. Or, un millimètre d'eau, répandu sur une surface d'un mètre carré, constitue un poids d'un kilogramme ; on aura donc, pour expression de la résistance de l'air en kilo- grammes, le nombre de divisions de la graduation négative multiplié par 2. Le tableau I représente une série de graphiques dont cha- cun porte l'indication delà vitesse et celle de résistance de l'air correspondante. Atin de construire, d'après ce tableau, la courbe des pres- sions de l'air pour les différentes vitesses, convenons que les vitesses seront comptées sur l'axe des x, et les pressions sur recevoir ces appareils suivant la vitesse ou l'étendue du mouvement. A) Rapports de l'espace au temps. — Nous avons considéré isolément les notions d'espace et de temps ; nous avons vu combien la méthode graphique introduit de précision dans la mesure et dans l'expression de ces deux éléments de tout phénomène, et avec quelle clarté elle les exprime. Passant à une notion plus complexe, nous allons étudier les applications de la méthode graphique à la mesure et à l'expression des rapports de l'espace au temps. Tout problème mécanique offre à considérer le déplacement de certains corps, l'espace qu'ils ont parcouru à certain instant ou la vitesse avec laquelle ils se meuvent. La géo- métrie analytique possède depuis Descartes l'expression par- faite de ces rapports. Les courbes construites dans le système des coordonnées oithoyonalcs permettent d'exprimer les positions que le corps a occupées successivement dans une série d'instants ; elles (1) Voir p. 12-2. ■• • . donnent en outre, au moyen d'une construction fort simple, la vitesse du mouvement à un instant quelconque. Dans la construction d'une courbe de mouvement, le sys- tème le plus simple, le plus clairement intelligible, est celui dans lequel la position d'un corps qui se meut dans un plan est déterminée par rapport à deux axes ou coordonnées per- pendiculaires l'un à l'autre ; d'où le nom d'orthogoaal appliqué à ce système. S~m «■■■ ■■ ÏBBBBBP' Mi«B» ■■■■■■p.^Ba EBBBiBBiBBBBBiBaBBBBBBHBaBBBBBBBBBBBB BBBBBBBBBiBBiBBBBBBBBiBBBBBBBBBBBBBBB BBBBBflBBBBBBBBaBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB Fis. 121. — Expressions grnpliiqiies de mouvements de différentes natures. — OX,' axe des X , ou des abscisses ; l, 5, 3, 4, etc., divisions du temps en secondes.— OY, axe des Y ou ordonnées; ■1,2, 3, 4, etc., divisions de Tespaca en mètres. — Ligne ponctuée AO, mouvement uniforme lent ascendant. — OB, mouvement uniforme ascendant plus rapide. — OIHA, combinaison de mouvements ascendants et d'arrêt: 01, mouvement uniforme lent; IH, arrêt ; HA, mou- vement uniforme rapide. - OA, ligne courbe : mouvement ascendant accéléré puis diminué. — YX !liîne droite), mouvement uniforme descendant. — YX (ligne courbe), mouvement' descendant diminué. ,IJe ces axes, l'un horizontal (axe des abscisses) sert cà LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 257 mesurer les temps ; l'autre vertical (axe des ordonnées), sert à mesurer les espaces parcourus. Pour prendre un exemple simple'(fig. 121), comptons les temps en secondes sur l'axe horizontal OX et les espaces en mètres sur l'axe vertical OY. Si nous voulons exprimer que le corps en mouvement parcourt un mètre par seconde, nous in- diquerons la position de ce corps à la fm de la 1"^ seconde par un point qui sera situé à l'entre-croisement de deux lignes, perpendiculaires chacune à l'un des axes coordonnés et pas- sant, l'une par la 1''^ division du temps, l'autre par la 1'" divi- sion de l'espace. Au bout de la 2" seconde, la position du corps serait définie par un 2° point placé à l'intersection de deux lignes parallèles aux précédentes et menées, l'une parla 2*^ di- vision du temps, l'autre par la 2" division de l'espace. Une sé- rie de points de ce genre définira la trajectoire parcourue par le mobile. Cette série de points OA, tendra à se transformer en une ligne continue quand les déterminations des positions successives du corps seront faites à des intervalles de temps de plus en plus courts, par exemple, à toutes les demi-secon- des ou à tous les 1/10 de seconde. Si les rapports de l'espace au temps sont différents ; si, par exemple, le corps parcourt 2 mètres par seconde, sa tra- jectoire sera exprimée par la ligne OB passant par l'inter- section des perpendiculaires!, 2,3, etc., élevées à chacune des divisions du temps avec les lignes 2, 4, 6, etc., perpendicu- laires à l'axe des ordonnées. Plus la vitesse du mouvement sera grande, plus la trajec- toire se rapprochera de l'axe des Y (ordonnées) ; plus la vi- tesse sera faible, plus la trajectoire se rapprochera de l'axe des X (abscisses). Ainsi, quand le mouvement du corps qu'on étudie est uniforme, sa trajectoire se traduit par une ligne droite, plus ou moins oblique suivant la vitesse, et s'approchant d'au- tant plus de la verticalité que la vitesse est plus grande. Mais si le mouvement est varié, la trajectoire change à cha- que instant d'inclinaison et mérite réellement le nom de courbe qu'on donne, d'une manière générale, à tous ces tracés du mouvement. Un mouvement accéléré ascendant se traduit par une courbe à concavité supérieure ; un mouvement diminué par une courbe LAIi. MAHKY. 17 âSS MArtEY. à convexité supérieure. Ainsi, clans la figure 121, la courbe OA représente un mouvement d'abord accéléré, puis diminué. Ces courbes expriment, avons-nous dit, les positions suc- j cessives du corps en mouvement ; elles fournissent directe^-/ ment la mesure de V espace parcouru, mais pour en déduire la vitesse de translation, exprimée en courbe, il faudrait faire une construction particulière, dont, nous aurons rarement besoin (1). : Si l'on convient que l'ascension de la ligne indique un dé- placement dans un sens, la descente exprimera un dépla- cement en sens inverse» Ainsi la courbe y x exprime un mou- vement diminué et descendant; la droite y x un mouvement uniforme descendant. Ce mode d'expression des mouvements et du sens dans lequel ils se produisent a reçu d'utiles applications ; aucune, toutefois, ne me paraît plus saisissante ni plus utile, que celle, qui a pour objet d'indiquer la marche des trains sur une ligne de chemins de fer, figure 122. -jj-^_ » , . (1) La vitesse est le rapport de l'espace parcouru au temps employé à le. parcourir; elle a pour formule — , tandis que l'espace parcouru aurait pour formule e t. Ainsi, l'espace parcouru est un produit, la vitesse un quotient. Dans le cas de mouvement uniforme, l'espace parcouru s'exprime par une ligne qui" s'élève sans cesse d'une quantité égale pendant des temps égaux, tandis que la r7Ïesse, étant constante, doit se traduire par une ligne qui exprime cette constance en gardant les mêmes rapports avec l'axe des ordon- nées; ce sei'a donc une ligne horizontale. Plus la vitesse sera grande, plus le niveau de cette ligne sera élevé. Enfin, si la vitesse varie, l'élévation de la ligne variera et l'on aura une courbe qui exprimera, par ses élévations, que la vitesse augmente, et par ses abaissements qu'elle diminue. Pour construire cette courbe, on se sert de celle des espaces parcourus, en procédant de la manière suivante : à chaque point de la courbe des espacés où l'on veut estimer la vitesse du mouvement, on mène la tangente à cette com'be et on la prolonge jusqu'il la rencontre de l'axe des X. De ce point de rencontre comme centre, avec une longueur quelconque comme rayon, on trace l'arc de l'angle formé par la tangente et l'axe des X; la tangente trigonomé- trique de cet angle donnera la valeur de la vitesse. Dans une série dé déter- minations successives, il faut, pour tracer la série des angles obtenus, se, servir de la même ouverture de compas. La série des tangentes de ces angles fournira les rapporls des différentes vitesses, et permettra de construire la courbe des vitesses. - Dans cette courbe nouvelle, à chaque division du temps, on ; élèvç une ordonnée égale à la tangente trigonométrique de l'angle que fait avec l'hori- zontale la tangente à la courbe des espaces, prise à la même division du temps. ! LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 259 A "la seule inspection du graphiciLie, le lecteur aperçoit le mouvement complet qui se fait sur la ligne: le nombre des trains, la situation de chacun d'eux cà un moment donné ; leur vitesse relative, les points où ils se croisent, les arrêts plus ou moins longs, etc. ; on ne saurait trop admirer la simplicité que la forme graphique a introduite dans une chose aussi compliquée. Tout le mouvement des trains de voyageurs de la grande ligne entre Paris et Lyon est compris dans ce tableau, qui cor- respond à plusieurs pages de V hicUcaleur ordinaire. A l'usage des employés de la ligne, ces tableaux comprennent aussi les trains de marchandises sous forme do lignes ponctuées. Chaque train porte un numéro d'ordre. Ces tableaux sont si précieux, qu'on ne saurait, sans leur secours, se reconnaître au milieu du mouvement, aujourd'hui si compliqué, des grandes hgnes ferrées. B) Appareils inscripleiirs da mouvement. — Les courbes dont on vient de voir quelques exemples sont construites géo- métriquement d'après les document fournis par des observa- tions successives. C'est parfois un travail considérable que de tracer des courbes de ce gen-e. Aussi, doit-on considérer comme un progrès considérable l'invention d'instruments qui tracent d'eux-mêmes la courbe des espaces parcourus. C'est à Poncelet et au général Morin qu'on doit le premier appareil de ce genre, figure 123 ; il était destiné à inscrire le mouvement des corps qui tombent sous l'action de la pesan- teur. Le corps qui tombe porte un style qui trace sur un cylindre tournant uniformément autour d'un axe vertical; la combinaison de ces deux mouvements perpendiculaires l'un à l'autre, dont l'un est uniforme et l'autre uniformément accéléré, donne naissance à une courbe parabolique, d'où l'on tire aisément toutes les lois de la chute des corps si la- borieusement dégagées des expériences de Galilée, d'Atwood et de tous les physiciens. Nous parlerons plus loin des courbes obtenues dans ces expériences. Désirant appliquer cà un grand nombre de cas la méthode d'inscription directe du mouvement, J'ai adopté quel((ues dis- positions particulières qui vont être décrites. 260 — K-^ —7--"=^ / ^ — _^^_A -yl > •v \ ^ y S / ^ \' / — ïs. ^s^ \ \ / v^ / -^^"v: ^^"K "^■v. —^ \^ — -y- ^y -7^ —^ ^ / \ \ y^ f> s ^ S N y y / V V X \ , y \ / y^ ■ ^^-^7^ — N — ^^- A — A^^ ' ,r'^ "■v —7^ — '> K / / V X / V ■/- -/-^ S. -y. X/ ^ ^-^ ^— ~~>^ / \ X y- \ / / v y ^ \ -^ — ^ N. r-' \ ? \,. -r / -/^ S^ ^^v y — V^ X \ / ^ \ ■^u / \ x^ \ 7^ / -^ x-^-^-N V — ï-sc- 7^— '^ — >e 7^ -\— X; ^V7 / •^ \ A \ / / y X X, / \ / / y / N \ X' / \ / \ y / / X / X_ \ /\ > y^ / / X / X X V \ y^\ / X X \ /' \ / /- / / X.^ / x^ / / / / \ s y^- \' \ / \ \ / \y / \ { ^ N \ / /\ \ y "^ \ ,x^ X y \ \ ^ / ! - y \ \ . / V y / \ A / V / / \ / \ / \ / \ ■■X X / \ / X ■^T / \. / y •^ /\ \ / / V / ^ \ / V \ y / x/ / / \ V ... \^ / \ "^v / / ^ \ /' ^ y / A >; / \ ;< y \ ■ /' / \ /■À _^- / V/ / / \ 7V\ — /'^\ \ — ^ -^x -z ^-z- — \ /' ■" / \ y .' \ / \/ V /' ^ ■- y < \ A- \ ( ■ ■/ / \ / \ y \ / \ / X / / '••^ s / \ \ y / \ / \ y \ X \ y \ \ /"X N y / V / y \ /^ \ T X \ \ / / \y A X \ \ /\ \ / \ / \ > \ / j' ^ ^ / y' \ / \ ■ N. ^ ' y / \ / \ / y V / / Y / \ / / / / \ ' /' \y V ./ / \ /- -/\ — /\ \ \ V / N / N~ ^ ''^-^ -\ — — v-^ Z7^ -A- X— 7^ U -V \ / ^^ / \, \ >^ /.. ^" x~7 -^T^ — \ — /- ^v- 7^ \ — \ X. , A / \ : \ V ^ . — /— \ — A \ — A 4^ \r/ \- 7^— ^w^ X- X \ r' \ \, V /\ / \ / / >c / — N^V- - V / \ \ ... / / /\ y /< V \ '^ , /A 1^ si 5*? 5 5 SI H s LA METHODE GRAPHIQUE. 261 05 I .^ o a> -o _> r^ -QJ ^ T^ t^ èi3 ;Ui ce o -CD co «^^ '~^ S & o 3 ïï (^ m o S C3 to es 'G3 "tfi .-^ «3 ' — ' O Ç^ ' '-^ 1. O -"— S 3 'S 1^ i^ o "^ =5 -^ c ■-S 3 2 ^ '-' ■^ îH ce « S ° S ^ i/D c« « s o ^ -s Cfl o CL, in ^-. o CD "^ .-ti ce ^ « ce Ch ce ce r;::; CD cî ce -Q ;h CL, s 5" r-^ ce eu O-, (ù ce rH rt S CD CO JH CD S a ce ^' o ^ CD S C ce 2 -' ^ '^ " 2 ^ .2 in ce rt i^ ■r' o Ir" i/^ ^ oj :n ce CD Si CD z: 13 — I Ca (D eu .^ ce ce C3 o CD CD .^ ce iD --^ CL, ;- '-' ce 33 " " i3 CD 9 O ■35 3 ^ '^ '^ ,^ ''J ce o — i^ 3 CL, r-H o .- ? -a3 o 3 g 5i ,T3 ■« «H ;^ ;>= - o :3 -- CDr^ ^_2 CD S^^ ce — . r- es a o '3^ te ^ CD ce a ^ "■ CD ^ CS CD 4I2 ^ O •;= ^-H -CD -CD s ^ .-_; C3 ._ r^ o ce -.^ ■ ce ce S fl '1' CL, es a tH CD 53 ." C2 CO •" , 2 ce • a -3 ' 2, -^ 0 o ce P-, ce CD ■3 <» a J2 r. -^ 'es 03 0 te Ci es 03 r^ CL, a '^ CO to 3 CO 03 OJ ;3 03 E 'cS ;h 0 X! CD CO IL, lO Ci 3 -^ CO 3 e5 0 03 3 0 cS CO 03 es ce 03 3 CD CO 03 'o es CL, CD ^ 03 > 03 p> ^ -Gj O c ;t' — 03 03 I— ! -lï "^ a s fl ^ g « i2 G ? '-. 3 -:3 n o ca ^ p* 2 ;lh ce ■;::ï 03 " &C o CO .;:, CL, g .c; O —' es :=s C3 03 -' -03 Cl 3 rj t< "p; 03 ~ "^ ^ S ►J r- ? '^ ^03 es CL, r^ 03 p '3 G ;_ S S -^ G S-i ^ > ' ' G o es es te i. ^ 3 C^ ^. .-' Qj CD O zj <0 ''^ ^ ■03 ce ._j ?^ -3 " 3 S G § ^ 03 &< CO ■3 ?^ '3 ;!; ?H ® G o es CD O '-^ ^ 'ce to w a ;^ ce 03 3 "^ ^ o es JG Oh Oh cr.:; w ._ eu - a J- s - a o g ^ o es ^ ._; Q ^ ^ "" 13 "^ .■:: 3 •-H ^ ^^ ce o ce 1^ G " i:; -« i: 03 G 'S a 5^ a .2= -es is :-, ^ CO G '•03 ^ .G 03 ce jH G J - W ■^ -G t-, es 03 '^ 3 G .57' Sd ce ' 3 "^ - ^ 3 ; a S « ^ g a OJ 03 '(^ 3 'Ci G 13 ;:; Oh te 03 0 0 a r-i '03 s > a > 03 ce a 03 3 3 -^ 0 .i.^ G C3 0 03 ^ 3 i—i ^ CT 3 tr' Ô r2 bo fH .-^ 03 o tr* 11- CO 26^2 MAHEY. Le cylindre couvert de papier enfumé, déjà employé pour la chronographie, sert aussi à inscrire ces courbes; il suffit de disposer un style de façon que le mouvement qu'on veut ins- crire entraîne la pointe écrivante, dans un sens ou dans l'au- tre, perpendiculairement au sens de la rotation du cylindre. De la combinaison rectangulaire du déplacement du style avec celui du papier, naissent des courbes variées qui expri- ment toutes les phases du mouvement enregistré. Fig. 123. - Macliino de Poncplel et Moriii pour in«;ri'irc' Ip moiivcnicnt d'un rorp; qui lonibe J'ai dit toute l'importance qu'il faut attacher à la simplifica- tion des appareils ; mais, tout en cherchant à en réduire le nombre, on ne peut, sans leur faire subir certaines mo lifica- LA MÉIHODE GKAPHIQUK. 263 tions, les employer à l'inscription de tous les mouvements. La vitesse du cylindre et l'amplitude des déplacements du style doivent être susceptibles de varier suivant les circonstances. Imaginons un mouvement très-lent qui mette une heure, par exemple, à faire parcourir au style la longueur du cy- lindre, et susposons que celui-ci fasse un tour à la minute Pendant le déplacement complet du style, le cylindre fera soixante tours et au lieu d'une courbe unique, portera soixante lignes, si peu inclinées qu'elles sembleront être parallèles à l'axe des abscisses. Pour obtenir une courbe unique qui per- mette de juger le mieux possible la nature du mouvement qu'on étudie, il faut égaler autant que possible la vitesse du papier à celle du style. L'emploi d'un cylindre faisant un tour à l'heure serait la meilleure disposition à prendre dans le cas ci-dessus. Réciproquement, quand il s'agit d'inscrire un mou- vement très-rapide, on devra donner au cylindre une grande vitesse : un ou plusieurs tours à la seconde. Quant au mouvement à étudier, son étendue plus ou moins grande impose également certaines modifications des appa- reils. — Il est bien entendu que nous n'avons en vue, pour le moment, que l'étude des mouvements simples, c'est-à-dire s'exécutant en ligne droite, dans un seul sens ou dans deux sens différents. — Pour être inscrits directement et avec leur étendue naturelle, il faut que ces mouvements n'excèdent pas la longueur du cylindre, ce qui n'arrive que dans un petit nombre de cas. Le plus souvent, pour ramener le mouvement à une étendue convenable, il faudra le réduire ou l'amplifier. Voici la disposition qui m'a paru répondre à toutes les né- cessités de l'expérimentation. Moitvemenl clu cylindre. — Au lieu de relier le cylindre à un mouvement d'horlogerie capable, tout au plus, de lui im- primer trois ou quatre vitesses différentes, je munis l'axe du cylindre d'une poulie dont la gorge reçoit une corde sans fin. Suivant la nature du mouvement qu'on veut étudier, on adapte la corde motrice à des rouages plus ou moins rapides, depuis l'horloge qui donne un tour en une journée, jusqu'au moteur rapide qu'une manivelle commande et qui peut exécuter un grand nombre de tours en une seconde. (Juand on se sert d(^ moleurs à niarcho uniforme, on peut régler la vitesse en vm- 264 riant le diamètre des poulies (1). Dans tous les cas, la préci- sion n'est parfaite qu'autant qu'on inscrit les temps sur le cylindre lui-même, soit avec le chronograplie qui donne le centième de seconde, soit par une horloge qui pointe les se- condes, les minutes ou les heures. Fig. ,124^..— ;,Appareil pour inscrire uii, ;ip,ouyemenl rectilignc .quelconque. Mouvements du style. — Ces mouvements sont rectilignes; le style, en les exécutant, doit rester à une dislance constante du cyUndre. Ce double effet s'obtient en guidant le style au moyen d'un chariot c qui court sur deux rails parallèles. La li- gure 124 montre la disposition que j'adopte (2). Le chariot c porte en dessous une pointe flexible s qai, sous l'action d'un excentrique, s'abaisse plus ou moins à volonté, de manière (1) Une disposition qui permet de régler, par tâtonnement, la vitesse du cylindre quand elle est approchée du degré convenable, consiste à employer comme moteur l'axe d'un galet qui roule par sa tranche sur un disque tour- nant. Suivant que le galet repose sur le disque moteur en un point plus ou moins éloigné du centre de ce disque, il reçoit, à chaque tour, une rotation plus ou moins rapide. Le maximum de rapidité s'obtient en plaçant le galet le .. plus loin possible de l'axe. ^oq^ib 'il (iî) Les rails /' r sont formés de bandes de cuivre à arête pour avoir le maxi^ -••-•' mum de rigidité. Des quatre galets du chariot c, deux sont portés par des res- sorts élastiques, de sorte que les galets tendent sans cesse à s'écarter les uns des autres et pressent sur le tranchant des rails. LA METHODE GRAPHIQUE. ^DÙ à toucher la surface enfumée, sans donner naissance à des frottements sensibles. Les roues du chariot sont horizontales, et la gorge circu- laire qu'elles portent reçoit l'arête des rails r rentre lesquels elles roulent, en exerçant une légère poussée latérale qui tient le chariot suspendu (1). Ce chariot curseur est fait en alumi- nium, afin d'offrir le moins possible d'inertie quand on lui im- prime un mouvement rapide. Tel qu'il vient d'être décrit, le curseur est susceptible de recevoir des mouvements dans les deux sens. Il s'agit de lui transmettre ceux que l'on veut étudier. La disposition la plus commode consiste dans l'emploi d'un fil qui tire le chariot dans un sens, tandis qu'un autre fil, attaché à un ressort an- tagoniste, exerce une traction de sens contraire (2). On a déjà vu, fig.67, les effets de cette disposition qui permet de transmettre, au moyen d'un fil, un mouvement de va et vient. Elle est d'un emploi commode dans un grand nombre de cas. Moyens d'amplifier ou de réduire le mouvement qiion veut inscrire. — Lorsqu'il s'agit de réduire à la longueur du cylindre un mouvement de grande étendue, on se sert de pou- lies ou d'engrenages disposés de façon convenable. J'ai cher- ché, autant que possible, à réduire ou à amplifier les mouve-^*^ vements suivant des rapports simples : dix fois, cent fois^s oi mille fois leur valeur réelle. ' ub Enfin, quand le mouvement qu'on doit inscrire est très-*''^^ faible, on l'amphfie au moyen d'un levier simple, ou du .' tambour à levier précédemment décrit. On l'inscrit alors di- ' rectement sur le cylindre. Les dispositions à prendre, (1) Pour rendre le chariot visible dans la fig 124. on a représenté le rail an,- '\: lérieur rompu à sa partie moyenne. '^^' \,^ (2) Quand l'étendue des mouvements doit être considérable, on doit craindre que pour une excursion aussi grande, la force du ressort ne soit pas constante, ce qui troublerait les résultats. On se sertalorsd'un contrepoids P pour rame- ner le chariot; mais afin d'empêcher les effets de l'inertie de ce contrepoids, on le dispose de manière à rendre sa vitesse presque nulle. La corde qui le sup,- porte s'enroule autour de l'arbre même de la poulie /) qui lire le fil du chariot': Si le diamètre de l'arbre est trcs-pelit et celui do la poulie Irès-grnnd, le' moment d'inertie du poids est négligeable, mais doit employer alors un poids assez lourd (200 ou 300 grammes quelquefois). • iilj 286 MAKKY. pour chacun des cas particuliers, seront exposés plus loin, à propos des applications de la méthode graphique à l'étude des mouvements de différentes natures. 37rJ3 ■ V. — Application de la méthode graphique ii l'étude - des mouTements simples (rectîlignes) . -nik iyyt.- Expériences sur la chute des corps. — Vitesse des projectiles. — Partage des vitesses entre deux corps qui se choquent. — Durée des chocs.— Tracés des actes musculaires. — Accroissement de véûjétaux. Parmi les nombreuses applications de la méthode gra- phique et des appareils décrits dans le précédent chapitre, je choisirai spécialement ce qui rentre dans le domaine de la physiologie. Je ne puis toutefois passer sous silence cer- taines expériences, physiques ou mécaniques, particulière- ment aptes à faire ressortir la puissance de ces appareils. Je mentionnerai tout d'abord la mémorable expéi^ience de Poncelet et Morin sur la chute des corps, expérience par la- quelle la méthode graphique est entrée dans la science. Fiiï. l'2-6 - Disposition de l'expérience pour cletcnniner les loi? du mouvement accéléré sous l'influence de la pesanteur ou d'autres l'orces constantes. A) Chute des corps. — Pour répéter, avec l'appareil ci-dessus représenté, l'expérience sur le mouvement d'un corps qui tombe, il suffit d'attacher le corps pesant (fig. 1i25), à un fil inextensible qui se réfléchit sur une poulie et va s'attacher au chariot. Un autre fil partant du chariot se fixe à un crochet, maintenant à la fois le chariot immobile et le poids suspendu. On fait alors tourner le cybndre; une ligne circulaire se trace sur le papier, puis, quand le cylindre a pris sa vitesse'. Oh fait écrire le chronographe, en même temps qu'on bnîle le fil qui l.A METHODE r,RAPHlQUE. 267 retenait le chariot. Aussitôt le poids est livré à la pesanteur, et tombe en entraînant d'un mouvement accéléré le chariot dont lé style trace sur le cylindre une courbe parabolique. Pour analyser cette courbe^ le chronographe fournit les me- sures du temps, pendant que les espaces se comptent sur une ligne verticale qu'on trace après coup, en faisant courir le chariot quand le cylindre est arrêté (1). Le mouvement de la chute d'un corps n'a pas besoin d'être '■ l'iK. 120. — Cnii'bo de In dnitn des cinv-. I. CliiUc so;w rinliij(iiii'i' .ih' \û prxfintfiir.^ Ciiute sous l'influence d'une force ésale U hi mui/ir de la po^nnti'iir. 3. f.liiile sons l'inliiienre d'une l'oree éfrale au ilouhie de la p.'sanleiii-. (1) 11 est commode (Jomploycr ai çeH(j,¥.Xipérienc,e du papier quadrillé divisé millimélriquemenl, soil que la couche de noir de fumée très-mince laisse voir les divisions du papier, soit qu'on n'enfume pasle papier et qu'on se serve pour tr.'icer d'une jilumc chargée d'encre. 268 M ARE Y. inscrit dans une étendue considérable ; si courte que soit la durée de la chute, elle suffit pour révéler la forme parabo- lique du tracé et pour montrer les lois des espaces et celles des temps. La disposition représentée figure 125 peut être avantageu- sement modifiée en substituant au crochet qui retient le cha- riot et au fil qu'on brûle un électro-aimant qui , par une disposition fort simple, retient le fil jusqu'à la rupture d'un courant de pile. On peut faire arriver cette rupture à un même moment de la rotation du cylindre (voir les expériences dé - crites fîg. 79) et alors on obtient, dans une série d'expériences consécutives, une série de courbes dont les origines sont toutes en un même point. C'est ainsi qu'a été obtenue la figure 126 avec ses trois courbes. Courbe du mouvement produit par la pesanteur. — On place le cylindre verticalement et on maintient au moyen de Té- lectro-aimant le curseur chargé d'un poids. On fait tourner le cylindre, et quand il a pris sa vitesse, on rompt le courant de l'électro-aimant. Le poids tombe et trace la courbe 1, fig. 126, c'est la courbe classique des effets de la pesanteur. Mais si l'on appliquait au chariot des forces plus grandes ou plus petites que la pesanteur, on aurait des accélérations plus grandes ou plus petites que celles que représente la courbe nM. ^'l^^^ . . et 'len Courbe du mouvement produit par une force plus grande ou moins grande que la pesanteur. — La pesanteur, force con- stante, est assimilable à toute autre force de même caractère,- par exemple à la traction d'un ressort dont l'élasticité ne changerait pas. On peut réaliser un ressort de ce genre. Un fil de caoutchouc de plusieurs mètres de longueur ne chan- gera pas sensiblement de force élastique pendant le mouve-^ ment du chariot. Or , ce fil, on peut le tendre avec une' force connue ; il suffit de suspendre à son extrémité un poids convenable, 10, 100, 1,000 grammes, par exemple; le fil dé- veloppera un effort de traction égal au poids dont il est chargé. Supposons l'appareil placé dans la position représentée fig. 125 et suspendons le poids, non plus à un fil rigide LA MÉTHODE GHAPHIQUE. 269 mais à un fil de caoutchouc très-long : si le poids pèse dOO grammes, le fil de caoutchouc qui le supporte dévelop- pera nécessairement sur le chariot une force qui sera aussi de 100 grammes. Cette force imprimera au mobile des vitesses variables suivant la masse du mobile lui-même. Si le chariot pesait 100 grammes, la traction du fil élas- tique lui imprimerait précisément la même vitesse que la pesanteur; mais si le chariot, au moyen de masses addition- nelles, était porté au poids deSOOgrammes, la traction du fil de caoutchouc ne lui imprimerait plus qu'une accélération deux fois moindre que celle de la pesanteur, c'est ce qui est représenté par la courbe n° 2. Enfin, si le chariot allégé et réduit au poids de 50 gram-j mes était sollicité par la traction du fil égale à 100 grammes,;? l'accélération serait double de celle que produit la pesanteur; c'est ainsi qu'a été obtenue la courbe n" 3. La machine d'Atwood et le plan incliné de Galilée permet- tent de réaliser ce ralentissement de la chute correspondant à une diminution des effets de la pesanteur, mais je ne crois pas qu'on ait encore obtenu, comme dans la courbe 3, une chute plus rapide que celle que produit l'action de la pesan-ii teur tout entière. , ' B) Vitesse des niasses en mouvement. — On peut également, sur un petit parcours comme celui du chariot sur ses rails, détermi- ner la vitesse d'une masse en mouvement. On remplace alors le chariot par la masse elle-même qu'on munit de galets pour qu'elle glisse entre les rails et d'un style qui trace sur le pa*o pier. Puis, imprimant au cylindre une vitesse de rotation con- venable que le chronographe contrôle, on donne à la masse l'impulsion dont on veut connaître les effets. Cette masse de- vient une sorte de projectile qui franchit la longueur du cy- lindre, en un temps plus ou moins long, et vient amortir sa vitesse contre l'obstacle placé à l'extrémité de sa course (1). Le tracé qu'on obtient est sensiblement une ligne droite, à (1) On emploie avec succès la disposition suivante. Le mobile se termine par une pointe peu aigué qui vient s'implanter, à la fin do la course, dans un morceau do bois tendre. Le mobile est ainsi arrûté sans choc et sans rétro- gradation ni rcbûndisscmeul. :270 jiAHKv. moins que les frottements du chariot ne soient trop grands, ce qui altérerait l'uniformité du mouvement. L'inclinaison de cette ligne mesure la vitesse du mobile. L'un des phénomènes les plus intéressants qu'on puisse étudier par cette méthode, c'est la transmission du mouvement d'un mobile à un autre et la production des chues dont on peut mesurer la durée, Fiï. 13". — Keacoiitre de deux mobiles; p.utage des vitesses; durée du chcc. C) Mesure de la durée d'un choc. —Pour faire cette expérience, on prend deux mobiles pareils à celui qui vient d'être décrit plus haut ; tous deux d'égal poids et munis de galets. Pla- cées sur le rail, ces masses portent chacune un style ; quant elles sont en contact, les styles ont leurs pointes très-voisines l'une de l'autre (1). On place le mobile d'avant au milieu de hi course à parcou- rir, tandis que le mobile d'arrière est placé sur une sorte d'ar-' halète qui le devra lancer à un moment donné. On imprime alors au cylindre une grande vitesse contrôlée par le chrono- graphe. Le style du mobile d'avant trace sur le cylindre une ligne circulaire ; à ce moment, on presse sur la détente de l'arbalète et le 2" projectile est lancé. Le choc a lieu, le 'P"" pro- jectile parcourt le resie du chemin, tandis que le ''2" reste im- mobile au lieu où le choc s'est produit; il trace alors une ligne circulaire. On arrête le cyhndre et on recueille le tracé représenté figure 127. (1) Pour obtenir ce résullat, ou donne unn grande longueur au stylo du mobile d'avant et une faible longueur à celui du mobile d'arrière. Les surfaces des mobiles qui doivent se choquer sont planes ou légèrement convexes. LA MÉTHODE (JRAf HlyUE. 271 Dans cette figure, la ligne oblique a est tracée par le mo- bile choquant ; son inclinaison mesure la vitesse du mouve- ment de translation. La ligne horizontale a' est tracée par le style du mobile choquant lorsqu'il a perdu sa vitesse. La ligne horizontale ponctuée était tracée au commencement de l'expérience par le mobile d'avant; celui-ci, après le choc, a tracé la ligne obhque 6'. .ïd'xïjsôr.i On voit que ces deux lignes obliques, droites et sensible- ment parallèles l'une à l'autre, expriment que le mouvement de chacun des mobiles était uniforme et que le corps choquant a transmis la presque totalité de son mouvement au corps cho- qué. Après la rencontre, le mobile choquant n'a plus eu qu'une faible vitesse a qui s'est éteinte bientôt (1). Quant à la durée du choc, elle se déduit de la distance hori- zontale qui sépare le point où s'arrête le mouvement du corps choquant de celui ou commence le mouvement du corps cho- qué. Dans cette figure 127, l'intervalle qui sépare le tracé de ces deux instants est d'une brièveté extrême ; l'œil a peine aie distinguer et l'on voit aisément qu'il représente une étendue bien moindre que celle qui correspond à 1/500" de seconde mesuré au chronographe. Les expériences assez nombreuses que j'ai faites à ce sujet m'ont fait voir que dans le cas où deux masses de bronze se rencontrent, la durée du choc est infé-^ rieure à 1/25000 de seconde. Quant au partage de la vitesse entre deux mobiles qui se choquent, elle n'est pas moins intéressante à étudier. Dans l'expérience précédente, les masses étant égales et l'élasticité des corps étant presque parfaite, la force vive passait presque tout entière de l'un à l'autre (2). Mais, au moyen de masses additionnelles qu'on fixe à l'un ou à l'autre des mobiles,, par de fortes vis, on peut donner à l'un d'eux une masse double de fautre; si le corps choquant est le plus lourd, les deux mobiles se mettent en marche avec des vitesses diffétf renies. Dans le cas inverse, le corps choqué prend une,,jyi^-, (1) Cotte conservation d'une partie de la vitesse de la première masse n'ar- rive qu'autant que les substances qui se choquent n'ont pas une élasticité parfaite. (2) Lé corps choquant ne parcourt plus après la rencontre qu'un espace, de quelques millimètres et accomplit ce trajet avec une vitesse très-faible, 272 MAREY. tesse moindre que celle qu'avait le corps choquant. Quant à la durée du choc, elle m'a semblé également brève dans tous ces cas, et presque inappréciable malgré l'extrême puissance des appareils (1). Ces expériences devront être répétées avec des vitesses plus grandes de rotation du cylindre et de trans- lation des mobiles. D) Vitesse des actions musculaires. — Parmi les expériences qu'on peut faire sur les mouvements rapides, il en est une, fort intéressante pour la physiologie ; c'est la mesure des vi- tesses des actes musculaires. Remplaçons le chariot qui sert aux expériences délicates par un mobile léger glissant entre les rails et muni d"un style; attachons à ce mobile une corde sur laquelle on exercera une traction plus ou moins brusque ; ce mouvement entraînera le curseur en dehors des limites de la longueur du cylindre, et une ligne sera tracée pendant le parcours du mobile sur les rails. Or, cette ligne représentera un mouvement accéléré dont la rapidité variera beaucoup suivant le "sujet qui fait l'expé- rience (2). Il semble que la rapidité du mouvement que pro- duit le bras d'un individu ne soit pas en proportion du déve- loppement musculaire, mais dépende de certaines qualité$ spécifiques de ses muscles : quaHtés qui se traduisent par une plus ou moins grande brusquerie d'action et dont nous verrons de remarquables exemples, quand nous comparerons la rapidité du mouvement produit par les muscles des oiseaux avec la lenteur que donnent ceux de la tortue. Quant aux mouvements faibles et rapides que produisent les muscles de petits animaux : les lapins, les rats, les gre- nouilles, il est préférable de les amplifier pour les inscrire; il sera question de ces mouvements à propos de l'emploi des leviers inscripteurs. (1) Je n'ai pas terminé les recherches relatives à la durée des chocs, suivant les vitesses imprimées aux mobiles, et suivant la forme et l'élasticité des sur- faces de contact; ce sera l'objet d'études ultérieures. (2) Il faut avoir soin que la corde soit bien tendue; sans quoi, au moment de sa tension soudaine, il se produirait un choc qui altérerait la forme du mouve- ment tracé, LA METHODE GRAPHIQUE. -213 E) Accroissement des végétaux. — Nous avons examiné les principaux cas où la méthode graphique se prête à l'inscrip- tion de mouvements très-rapides ; pour compléter l'exposé de ses applications, nous la montrerons aux prises avec des mou- vements d'une grande lenteur. L'accroissement des végétaux est un des exemples les plus frappants qu'on puisse choisir. Le 21 juillet 1873, je choisis une tige de Polonia dont la hauteur était de 1 m. 40, et, l'appliquant contre un solide tu- teur, j'attachai à l'aisselle d'une des feuilles les plus hautes un fil dont la traction agissait sur un style écrivant (1). L'appa- reil, après avoir fonctionné deuxjours et deux nuits consécu- tivement, donna le tracé fig. 128. On remarque, au premier ■ ~ ■ ..1.1 II t^ L - - œ ^ y •" "3 K < f t. t 1 i 3 î m I f ^ i / - ^ ^ J^ ,, _ _ _ _ ^ - ^ "" " ^ '' "" / /■ / / / -^ - r 1 _J rtidi Mmult Mioi Hlntii'. M.di Fia;. 128. — Courbe de l'accroissement d'un végétal. abord, que l'accroissement de l'arbre avait son maximum entre midi et minuit. La période du tracé qui répond à la matinée est sensiblement horizontale, pendant une grande partie de son étendue. J'ai pu me convaincre que les variations de tem- pérature n'influaient pas d'une manière sensible sur la lonrf gueur du til et par conséquent sur la forme du tracé. Enfin, pour me mettre a l'abri des influences hygrométriques, j'ai employé un fil de métal pour transmettre la traction de l'ai- bre au style. ''* (1) La (Ji^posilion do l'uini.ircii . lait un |icn dirréi'crite'de 'c'élîe ijui ronsisi, a aair sur un curseur roulant sur dos rails ; c'est a ce. (icrnii'r apiianil qm; jo recours aujourd'hui dans de nouvelles cxpi^u'icnccs. I,\I!. MAIiKY. !'"> 274 MAUEY. D'autres expériences, faites sur la même plante, m'ont donné des résultats concordants. Je recette de n'avoir pu jus- qu'ici opérer sur plusieurs espèces végétales, en variant les conditions hygrométriques et la température ; en plongeant la plante dans la lumière et dans l'obscurité; en la plaçant dans des atmosphères de différentes compositions; enfm, en faisant agir sur elle des faisceaux lumineux diversement colorés. Il y a là, sans doute, un vaste champ à explorer pour la physio- logie végétale et sij'indique, dès aujourd'hui, les résultats en- * core informes que m'ont donné ces expériences, c'est avec l'espoir de voir ces recherches reprises par d'autres physio- logistes plus préparés que moi à les poursuivre (i). Moyen de réduire les mouvements qui sont trop étendus pour pouvoir être inscrits avec leurs dimensions réelles. — La lon- gueur des cylindres dont on se sert pour inscrire les tracés est ordinairement de 25 à 30 centimètres ; quand le mouvement qu'on étudie n'excède pas ces dimensions, on peut, comme dans les expériences qui précèdent, l'inscrire directement, de façon qu'un centimètre de longueur, mesuré sur le papier paral- lèlement à l'axe des ordonnées, exprime un centimètre de chemin parcouru. Mais s'il s'agit de mouvements très-étendus, il faut les réduire dans des proportions connues : au 10", au 100% au 1000% etc, suivant le besoin. On règle, en même temps, la vitesse de rotation du cylindre, pour que le tracé présente la clarté convenable. La réduction du mouvement se fait au moyen de poulies ou d'engrenages agissant comme dans les compteurs, c'est-à- dire de façon que, dans la série des rouages, un pignon d'un certain nombre de dents agisse sur une roue dont les dents soient 10 fois plus nombreuses. Dans ces conditions, pendant que le premier mobile fait 1000 tours le second n'en fait que 100-, le troisième 10 ; le quatrièmie, 1 ; le cmquième, 1/10" de . tours seulement et ainsi de suite. • Tous ces mobiles, saillants à l'extérieur du rouage, peuvent (1) On trouve dans Sachs, Physiologie végétale, des expériences analogues ; faites) au moyen d'uu simple levier omplificateur de mouvement. Cette dispo- sition que j'avais employée d'abord m'a paru défectueuse, attendu que l'arc de cercle tracé par la pointe écrivante déforme trop le mouvement. 1,A METHODE GRAPHIQUE. recevoir des poulies à gorge. Une corde enroulée sur l'une des poulies transmet au rouage le mouvement qu'il s'agit de réduire. Un 111 enroulé dans la gorge d'une autre poulie trans- met au style inscripteur le mouvement convenablement ré- duit. Comme exemple d'inscription de mouvements réduits, je citerai des expériences faites sur la locomotion humaine, et dans lesquelles il s'agissait d'inscrire les mouvements du pied, lorsqu'il quitte le sol pour aller prendre un nouvel appui. F) Itxpérienees sur les mouvemenls du pied dans la marche et la course. — On attache à son pied un fil qui s'enroule sur une poulie placée sur le premier mobile du compteur ; une au- tre poulie, placée surle troisième mobile, porte aussi un fil qui tire sur le style écrivant déjà décrit fig. 124. On obtiendra des tracés dans lesquels l'espace parcouru par le pied sera trans- mis au style, après avoir été réduit au centième de son éten- due réelle. La fig. 129 montre cinq tracés recueillis avec des allures inégalement rapides. A correspond à la marche la plus lente; B à la marche ordinaire ; G à la course rapide. Les autres courbes sont obtenues avec des courses de moindre vitesse. Kig-. h2i). — iMouvcuK'Mls (l'un des pieds ;i dilïcrciites allures. Vcspfice tolal parcouru était >] mètres 1/2 qui,, réduits au 100", donnent 'î centimètres 12. Los tcuips employés à par- 216 MAREY. courir cet espace, aux différentes allures, se mesurent sur l'axe des abscisses, au moyen du tracé d'un chronographe de dix vibrations doubles par seconde. Ces tracés expriment tout ce qui est relatif au transport du pied dans la marche. Ils montrent le temps pendant lequel le pied est à l'appui ou au levé, le chemin parcouru dans ce dernier cas, et les phases du mouvement. 1° Allernaiives de repos et de mouvement du pied. — Il est clair que partout où les tracés montrent une ligne horizontale^ ces temps correspondent à l'appui du pied sur le sol et à son immobilité, puisque l'espace p-'ircouru est nul. La durée de ces appuis décroît, comme on le voit, à mesure que l'allure s'accélère. Le temps pendant lequel le pied se déplace est indiqué par une ligne oblique dont la projection sur les ordon- nées croit d'autant plus que l'allure est plus rapide. Gela prouve que la longueur du pas augmente en raison de la vi- tesse de l'allure. On pourrait estimer avec précision les rapports de la vi- tesse à l'étendue du pas, les variations relatives de la durée des repos et des mouvements du pied. etc. ; mais je ne saurais ici m' appesantir sur ces détails ; le point essentiel à déterminer est le suivant : 2° Nature du mouvement de translation du pied. — Ce mou- vement se traduit, presque dans son entier, par une ligne droite ; il est donc uniforme pendant presque toute sa durée ; les inflexions de la ligne, au commencement et à la fin, annon- cent que, dans les allures rapides surtout, le mouvement du pied commence et finit par de courtes périodes de vitesse va- riable. On voit combien il s'en faut que l'oscillation de la jambe soit analogue à celle d'un pendule, comme l'avaient cru les frères Weber. Ces auteurs, en effet, croyaient que dans la marche, les oscillations de la jambe qui se déplace n'étaient dues qu à la pesanteur. ^^^^^[ Il ne faudrait pas, non plus, attribuer exclusivement à l'àc-'''^ tion des muscles de la jambe ce transport à peu près uniforme du pied ; on sait que, dans ce transport, deux causes distinctes interviennent : ' '- " -:- D'une part, le mouvement angulaire que la jambe e^édutë '^ autour de l'articulation delà hanche'; * /;l: -luo-i LA MÉTHODE GRAPHIQUE. 271 D'autre part le transport horizontal du bassin lui-même, c'est-à-dire du point de suspension de la jambe, pendant qu'elle oscille. On conçoit que, par la combinaison de ces deux influences, le mouvement du pied tende à l'uniformité; cela arrivera si les minima de vitesse du premier genre de mouvement corres- pondent avec les maxima du second. Il devenait donc très- intéressant de déterminer quel est le mouvement de transla- tion du tronc k diverses allures. L'appareil précédemment décrit sert encore i\ cette détermination. G) Inscription de l'espace parcouru jxir le corps aux diffé- rentes allures. — Une corde attachée à la ceinture transmettait à l'enregistreur le mouvement de transport du tronc. En opé- rant successivement à différentes allures, on obtient la figure 130, dont l'analyse donne des résultats assez importants. Mg. 130. — Vitesses de iiaiisliitiùii du corps de riioiaiiie a difleiiiiles allures. l'itesse de l'allure. — Elle est exprimée par l'inclinaison générale de la courbe, ou par la pente d'une ligne droite qui joindrait l'origine h la lin du tracé. Dans les différentes cour- bes rassemblées fig. 130, un mémo espace (3"'50), a été par- couru en des temps variables, que le chronographe permet de mesurer d'après le nombre de vibrations contenues entre l'ori- gine de la courbe et son point d'arrivée projeté sur l'axe des .V. Ainsi, pour la marche lente, de 1 en A, on compte 13 se- condes ; pour la marclie plus lente, de 2 en B, on en compte G 12. Enlin, pour la course, de 5 enC,2 secondes seulemeul. 278 . MAREY. Les ondulations de la ligne de marche sont beaucoup plus fortes dans le cas où la marche est lente que dans ceux où elle est plus rapide. Ainsi, le mouvement de translation da corps s'uniformise par l'effet de la vitesse (1). Le nombre des saccader est double de celui des mouve- ments du pied dont la fig. 129 représentait les caractères. Cela se comprend aisément, puisque les deux pieds, répétant les mêmes actes, viennent, tour à tour, imprimer au corps une nouvelle impulsion. Pour faire comprendre cette action, on a tracé parallèle- ment à la ligne 2 les courbes P des mouvements du pied droit et du pied gauche. Ces courbes, dont l'une est ponctuée et l'autre pleine, se reconnaissent facilement comme analogues de celles de la ligne 2 B, fig. 129. EnQn, en observant la su- perposition des différentes parties de ces courbes avec les ondulations de la courbe de translation, on voit que le corps reçoit un surcroit de vitesse, vers le milieu de l'appui de chaque pied. Ce fait s'accorde avec les résultats que m'ont fourni d'autres expériences sur la locomotion humaine (2). (1) C'est l'inverse de ce qui arrive pour les oscillations verticales du corps qui croissent, en raison de la vitesse de progression, avec la longuciu- du pas (2) Voir la iMachinc animale, p. 127. ,,_..,._.,, {A suivre.) tnon I >) Virfn {i nool) ibrulfiasocJ ,'!'; VIll. RECHERCHES SUR LES NERFS YASCULAIRES DE LA TÈTE. Par le D'- FRANÇOIS-FRANCK. Suilo (i;. /') l\ci'fs vasculaircs de la camlé orbltairc Ancre opIilhal))iique. — Les réseaux neneux qui enlourenl la carotide se prolongent, comme on peut déjà le voira l'œil nu, et comme le confirme l'examen microscopique, sur les branches de cette artère qui se ramifient dans le cerveau et sur V artère ophthaimique (:2). Les nerfs de celte dernière proviennent aussi en partie du plexus caverneux, et envoient un petit filet accom- pagner l'artère centrale de la rétine (o). Ces nerfs do l'artère opththalmique viennent donc : 1° du plexus caverneux ; 2" du plexus carotidien proprement dit, et se distribuent avec les branches de l'artère ophthalmique. Entre autres iilets offrant de l'intérêt, on doit noter celui de l'artère centrale de la rétine, indiqué par Ghaussier et Ri- bes(4), décrit de nouveau par Langenbeck. Ce filet ne serait pas seul du reste à accompagner l'artère centrale du nerf optique : Ribes, en effet, en a décrit un autre, fourni, comme un nerf ciliaire, par le ganglion ophthal- mique, et Tiedemann (5) a pu, chez le bœuf, suivre jusqu'à la rétine les filets réunis autour de l'artère (iîg.l3i). Mais, comme (1) Voir mémoire V. (2) Encyclop. anat., t. IV.p.'j'd. ('J) Langenbeck {Icon. NcvroL], (ixsc. iit, tabl. XVIII. GœlUngin, 182G, 13:3'. (4) Riljcs, Mcm. Soc. môd. d'cmul., 1811, t. VII. — Langenbeck, loco cit. (.■)) Ticdr'iiniiii, Joiirii. cuinpl. de se. mec/., 1:î,2r), I. XXllI. 280 FRANÇOIS-FRANCK. le dit Valentin (1) : « On ne peut déterminer avec certitude si ces tilets pénètrent dans la substance même de la rétine et s'anastomosent avec la couche de fibres primitives. » Fig.131.— Schéma des lilets nerveux, accompiigiiant l'arlère centrale de la réiiiie 0. Artère ophlhalmique fournissant l'artère centrale de la rétine. --- Ligne pointillée in- diquant les lilets nerveux sympathiques. G. Ganglion ophlhalmique fournissant un lilet nerveux qui va se jeter sur l'artère centrale de la rétine. Leur accollementà l'artère qui fournit les rameaux du fond de l'œil rayonnant autour de la papille ferait présumer qu'ils agissent sur le calibre de ces vaisseaux, au même titre que les nerfs ciliaires en général sur celui des vaisseaux de l'iris, et que les modifications dans la circulation rétinienne peu- vent étreelles-mémes subordonnées, en qualité d'actes réflexes, à des influences multiples d'origine prochaine ou éloignée : peut-être, quelques amauroses ou amblyopies, dont la cause ne réside point dans une altération des éléments nerveux eux- mêmes, trouveraient-elles leur explication dans des troubles de f'innervation vasculaire rétinienne. Les variations du calibre des vaisseaux de la rétine doivent, en effet, exercer sur la fonction de cette membrane une in- fluence dont leurs rapports avec les éléments fondamentaux (couche granuleuse interne et couche ganglionnaire) font pres- sentir toute l'importance; celle-ci est bien prouvée du reste par les effets de l'embolie de l'artère centrale de la rétine observée quelquefois chez l'homme. «Au moment de l'accident, la suspension brusque de la circulation amène la suspension subite de la vue. Le lendemain, la vue revient parce qu'il s'est établi (2) une suppléance de la circulation centrale par la cir- culation périphérique et collatérale... Mais bientôt, vu l'in- suffisance de cette circulation supplémentaire, et peut-être (1) Valentin, Encycl. unat, t. IV, névrol. (2j Th. Lfiber. Untcrsucli. uber den Verlauf (Arc/2. fùrOphth., xi, 1). Hugel Uber collât. Krcislauf ( Ihid., ix, .S). NERFS VASGULAIRES DE LA TÈTE. 281 aussi à cause d'une artérite locale développée autour de l'em- bolie... la nutrition de la rétine et surtout celle du bout intra- oculaire du nerf optique sont définitivement altérées (1)... « Ce rapprochement entre l'anémie de la rétine par embolie de l'artère afférente et l'anémie par spasme vasculaire réflexe, est toutefois subordonné à la démonstration bien positive des filets vasculaires rétiniens. Cruveilhier considère leur exis- tence comme problématique ; le professeur Sappey aurait même acquis la certitude qu'ils n'existent pas. Je devais ce- pendant les mentionner à cause de l'autorité des auteurs qui les ont décrits. Les autres branches de l'ophlhalmique destinées au globe de l'œil sont les clliaires : Les ciliaires courtes {iivéales de Ghaussier) vont à la choroïde et aux procès ciliaires. Les ciliaires longues iiriennes, Ghaussier) abordent l'iris par sa grande circonférence, forment d'abord le grand cercle arté- riel, puis, près de l'anneau pupillaire, le petit cercle artériel. Les ciliaires antérieures, fournies par les musculaires, relient les courtes ou choroïdiennes aux longues ou iriennes dans l'épaisseur du muscle ciliaire ou de Brùcke. La circula- tion artérielle se trouve ainsi commune dans les deux mem-,.-., branes. De plus, cette circulation artérielle intra-oculaire commu- nique avec la circulation superficielle du globe de l'œil par les branches scléroticales et conjonctivales des ciliaires anté- rieures; cependant il est important, aussi bien au point de vue de la physiologie qu'à celui de la clinique, de noter que ces anastomoses n'empêchent point une indépendance réelle (2),;i .. et les chniciens insistent avec raison sur la différence carac- téristique de l'injection fine et profonde périkératique dans les affections cornéennes ou irido - choroïdiennes , et de l'injection large, superficielle, plus excentrique dans les con- jonctivites. Nous aurons occasion d'appliquer ces notions anatomiques en étudiant la marche des désordres qui suivent les lésions expérimentales du trijumeau. .ncaillii (Il \. Sichcl, in Avoh. do physioL, ISI'2. '*' (2) Dondors et van \'i:irden, Annal. d'o^Mlisliquc, 18'j'i, et S. Duiilay, Palli, "• ■ externe, t. IV. 282 FRANCO IS-FRAXCK. L'innervalion de ces artères est dévolue aux nerfs ciliaires, ainsi qu'aux filets sympa thitfues qui accompagnent les branches do l'artère ophthalmique, suivant ici la loi générale et n'aban- donnant pas les rameaux des branches sur lesquelles ils sont appliqués, si tenus qu'on puisse les supposer. Mais ce sont, disais-je, spécialement los nerfs ciliaires qui sont affectés aux artères intra-oculaires. Ces nerfs forment deux catégories : les ciliaires courts et les ciliaires longs. Les premiers, correspondant aux artères ciliaires courtes ou postérieures, fournis par le ganglion ophthalmique, complexes par conséquent, participent aux pro- priétés des trois ordres de racines de ce ganglion. Or, les racines sympathiques sont constantes, quoique variées dans leur origine, surtout dans leur trajet. Il esi fort rare que le plexus caverneux n'en fournisse pas au moins une c{ui aborde le ganglion par son bord postérieur : on a décrit ce tilet sous le nom de racine supérieure moyenne (1). Souvent aussi les nerfs sympathiques appliqués au côté externe de la carotide interne, envoient un rameau qui aboutit au même côté du ganglion ; mais ce dernier rameau se confond plus fréquemment encore avec la racine sensitive venant du nasal, et on a noté (2) que, quand le fdet nasal se détachait de l'ophthalmique avant son entrée dans l'orbite, l'anastomose sympathique se faisait presque au niveau du ganglion de Gas- ser. Ce cas mène évidemment à celui où les racines sympa- thiques du ganglion ophtlialmi(]ue ont paru manquer, et où cependant cet élément, accolé au nerf nasal, arrivait encore au ganglion. Du reste, tous les nerfs moteurs ou sensitifs de l'orbite contiennent des rameaux sympathiques empruntés soit au plexus caverneux, soit au plexus carotidien, de sorte que, quelque irrégularité qu'on puisse observer au sujet des rap- ports du sympathique avec le ganglion, on est toujours sur que cet ordre de racines ne fait point défaut. il) Arnold, Icon. ncrv.cnp., lalj. m. Fœsebeck, loco cit., lab. i. (g) IVwzeA, Zcitschrifn fiir PhysioL, i. I. Millier {Arcljiv., ISiO), Sur nerfs accessoires et variés du gani^lion ophthalmique. NEHFS VASCULAIRZS DK LA TÈIE. ' 283 Donc, au sortir du ganglion, les nerfs ciliaires ne peuvent manquer de renfermer des éléments sympathiques, et l'inner- vation des artères ciliaires est assurée de ce côté. Ces nerfs, en effet, traversent la sclérotique accompagnés d'artérioles, puis, cheminant comme celles-ci, entre la sclérotique et la cho- roïde, donnent de petits filets aux vaisseaux de celte dernière, forment un riche plexus dans l'anneau ciliaire, et, de même que les artères, constituent dans l'iris des arcades d'où pfir- tent des branches suivant la même marche que les vaisseaux sanguins. Il est bien entendu qu'en me bornant à indiquer les rapports des nerfs ciliaires du ganglion ophthalmique avec les vaisseaux intra-oculaires, je ne prétends point qu'ils leur soient unique- destinés. Bien loin de là, le muscle de Brùcke, le dilatateur et le sphincter de l'iris, sont soumis à leur influence, comme le démontrent amplement et la clinique et l'expérimentation. Quant au second ordre de nerfs ciliaires, les ciliaires longs, ils sont au nombre de deux ordinairement, proviennent du nerf nasal, en totalité ou en partie, quelquefois du nerf fron- tal ou du nerf lacrymal, et perforent la sclérotique, après s'être anastomosés avec quelques filets des ciliaires courts, surtout avec le filet supérieur et interne du ganglion ophtha- mique (1) ou avec un filet inférieur (2). Les rapports de ces nerfs ciliaires longs avec les vaisseaux intra-oculaires sont moins bien précisés que ceux des précédents, mais, comme eux, ils aboutissent cà l'anneau ciliaire, dans la partie muscu- laire duquel ils contribuent cà former le plexus nerveux que j'ai indique tout à l'heure. C'est de ce plexus, contenant de nombreuses cellules ner- " veuses (3) (ce qui, sans doute, a fait décrire à Sœmmering le muscle ciliaire sous le nom de {annulus ganglifonnis) que partent les réseaux nerveux si serrés de l'iris. — La termi- naison précise de ces filets est encore inconnue (4). Mais leur rapport intime avec les fibres musculaires ra- (1) \ iilonlin [.\cvrologic). ■ ^ ' (2) Cruvcilhicr (Anal, dcsc, l. IH). (3) Sappcy [Névrol. 1872) roiipello (juc Kraiisc cl Mullcr y ont conliriu'' l'o.Ni?- loncc de cellules t'aiicrlionnaires. ' . , 4) Cruvcilhicr, Anal, dcsc, t. III, ' '■ 284 FHANÇOIS-FHANCK. diées qui forment le muscle dilatateur de la pupille, aussi bien qu'avec la paroi des vaisseaux de Vlris^ n'en est pas moins ad- mis en physiologie. La démonstration expérimentale en a été donnée par Cl. Bernard, et, à peu près à la même époque, par Budge et Wal- 1er (1851), dont les recherches sont connues de tout le monde, et ont été répétées, toujours avec le même succès, par une foule de physiologistes. — La section du sympathique au cou, et la destruction du centre cilio-spinal, ont amené, en même temps que des phénomènes de vascularisation étendus au reste de la tète, le rétrécissement de l'iris et la dilatation des vaisseaux de cette membrane, de la conjonctive, etc. Il résulte de ces faits, que les fibres radiées de l'iris, et les fibres musculaires des parois vasculaires (1), empruntent leurs nerfs moteurs au cordon cervical du sympathique, qui lui-même les a reçus de la moelle par les racines des 3 premiers nerfs dorsaux; et, pour préciser davantage, les filets iriens proprement dits passent dans le cordon sympa- thique par les racines des 2 premières paires dorsales, les filets vasculaires par les racines de la 3' (Cl. Bernard). Mais il ne suit pas de là que les nerfs vasculaires de l'œil proviennent tous de la région de la moalle désignée sous le nom decilio-spinale (R. Wagner) (2). — Le bulbe (Schiff) (3) en fournit aussi un certain nombre qui suivent le trijumeau (nerfs cihaires du nasal, par exemple, et racine longue du ganglion ophthalmique ; de là sans doute l'existence admise par Budge (4) d'un autre centre cilio-spinal, le centre bul-., baire. Ainsi les nerfs vasculaires du globe de l'œil lui sont ap- pariés des centres soit par le sympathique isolé {racines du gan- (1) Les variations produites dans le calibre des vaisseaux de l'iris suffiraient pour expliquer les modifications du diamètre de la pupille. Les agents qui produisent le resserrement des vaisseaux font dilater la pupille ; ceux qui amènent de la dilatation vasculaire font resserrer l'iris. Des expériences ont du reste montré à Brown-Séquard la réalité de cette influence : un lapin, par exemple, étant suspendu par les membres postérieurs, les vaisseaux cé- phaliques se dilatent passivement par l'effet de la pesanteur, et l'iris se con- tracte. Ce serait, en définitive, des changements do volume de ce tissu érec- tile qui produiraient ou la dilatation ou le resserrement do l'iris? (2)R. Wagner (Mém. sur les nerfs mot. de ïiris. — In Ann. se. nat., ^bôS). (3) Schiff. Uniersucb. fur Phys. der Nervensys. — P^rankfurl am n. Mai 1855. (4) Budge [Compend. de Pbysiol., \<. 472). XERFS VASCULAIRES PE LA TETE. Z»D glion opJilhalmiquc, et filels entourant les artères), soU par le trijumeau. Les phénomènes qui suivent immédiatement les sections du trijumeau (1) semblent donc pouvoir être rapportés à la suspension d'action des fibres vaso-motrices contenues dans ce tronc nerveux. Mais quand il s'agit d'interpréter les trou- bles de nutrition consécutifs, on hésite à les faire d'emblée remonter à la même cause. Nous ne devons cependant point oubHer que les altérations graves du globe oculaire ont été notées à la suite d'hémisections du bulbe (2), à la suite de lésions de la moelle dans la région cervico-dorsale (3), c'est- à-dire après lésions des centres d'origine des nerfs vasculaires de l'œil. Dés lors les sections du trijumeau pourraient pro- duire les désordres nutritifs du côté de l'œil par la section simultanée des fibres vaso-motrices: quand la section porte sur le ganglion de Gasser ou au delà du ganglion, d'Yine part elle supprime un plus grand nombre d'éléments vasculaires à cause des anastomoses qui se font en ce point (V. S.), d'au- tre part, les désordres sont activés et plus considérables parce que les filets nerveux séparés du ganglion s'altèrent, comme Waller l'a démontré pour les nerfs spinaux. — Sans doute il faut faire, dans la production de ces altérations consécutives, une large part à l'état général de l'animal, et Cl. Bernard a mis souvent ce fait en lumière ; il ne faut pas non plus négli- ger (4) l'anesthésie de la cornée et de la conjonctive, qui, ne sollicitant plus l'occlusion des paupières, laissent le globe de fœil exposé aux influences extérieures, traumatiques ou autres, y Mais là n'est point assurément la cause fondamentale des al-"''l térations consécutives à la section du trijumeau, car après là^--'- section du facial tout seul on ne les observe pas (5). -'^'^ il) Cl. Boraard (Sysl. norv. pas«.l. 2) Schiff. Mémoire cilc. 0) Brown-Sequord {Paraplégie, \SM). (4) Brown-Sequord. J. Physiol.. IHrxS. l'Mpiiollc qu'il avuil iiiciulr,' a Map;eudie que chez les gi'onouillrs ]r« yeux l'eslaii'nl a IClal imiaual lanl. ipn' ic-^ animaux i';taient tenus dans une olmosphùrc froide, huuiidi' «l (iau-< 1 ubseiii'ili'. VA Snellen (Rech. sur l'intl. des nerfs sur rin/J-nn. trarje, \Hhl] a vu rinflamniation dr la rjuiicf ne -;' yeux exposés au conlocl de l'air. (0; Ci. lîcrriard. S,vs7. nr^rv., 1. II, p. .'W. (.\rcli. r '/. //■'_///. /A'/- ,,', pi'uiiuii'e qur dans ic^,;,] tiiii ir •^• ■I :■ J.liy i- 28G rOANÇOIS-FRANCK. L'ensemble des faits queje viens d'indiquer m'engagerait à incliner vers l'opinion développée par Schiff (1) que les altéra- tions de l'œil dépendent surtout des dilatations paralytiques des vaisseaux de Ja conjonctive, de l'iris, etc. (2). Cette interpré- tation me parait être également applicable aux troubles surve- nant dans la muqueuse nasale à la suite des mêmes sections expérimentales du trijumeau. L'écoulement observé dans ces conditions serait dû (3) à la dilatation paralytique des vaisseaux de cette membrane. Nous avons vu en effet {iiwen\ vase, fosses nasales) que le ganglion de Meckel envoie un grand nombre de fdets se distribuant aux artères sphéno-palatines, palatine descendante, etc., comme le nerf ethmoidal en fournit aux branches de l'artère correspondante. La même explication rend compte de l'écoulement muqueux qui se fait par la commissure labiale api^ès la section du triju- meau, et de la production des ulcérations des muqueuses la- biale et linguale au niveau des points mordus par l'animal. Une bonne raison pour mettre ces divers désordres oculaires, nasaux et buccaux, sur le compte de la dilatation vasculaire paralytique, c'est qu'on les observe encore à la suite de l'ex - tirpation du ganglion cervical supérieur (4^. Par cette opéra- tion que fait-on en effet ? On supprime l'influence sur l'appareil oculaire et la muqueuse nasale, des vaso-moteurs fournis par le sympathique cervical; on détruit les filets vaso-moteurs qui se rendent aux artères, soit en passant directement du gan- glion sur leurs parois, soit en suivant les branches du triju- (1) Schiff.il/e722. ancil.. pai' Bvow'nSQC[ua.vd, Journ. physiol., 08, b'^ conclus., P'^ partie. (Physiol. dig., t. II, 42.) (2) Le glaucome, attribué par de Grœfe à une dogénércsconcc des parois vas- culaires, par Donders, à une névrose des nerfs clliaircs, considérés comme nerfs sécréteurs de l'œil, semble pouvoir elre déterminé par des lésions du sympathique et du trijumeau. Wagner a constaté que l'irritation du sympa- thique au cou produit l'augmentation de la tension intra-oculaire. Hippel et Grimhagen expliquent cette augmentation de tension par le rétrécissement des vaisseaux, de plus, ils ont vu se produire par l'irritation du trijumeau un vé- ritable glaucome aigu. Or, nous savons que les vaisseaux intra-oculaires sont innervés par les nerfs ciliaires, formés eux-mêmes aux dépens du sympathi- que (plexus carolidien) et du trijumeau (racine du nasal). Duplay, auquel j'em- prunte ces détails, admet, avec les auteurs cités, que l'irritation des nerfs ciliaires peut amener des processus glaucomateux. (3) Milne-Edwards [Anat. cl Physiol. cor22/?arées.^^— ,Çir.cu]aliûn). Ci) Cl. Bernard (.S'v.s^ nerv.. t. II, p. /jG). ' ,a' ,• . II. — Webri-, lucn cil., lab. \\\\]. (2) EncycJop. anat., t. V, 287. (3) Trousseau, Clinique. 298 KHANÇOIS-Ii-RANCK. altéralions ganglionnaires, elle n'est pas suffisante quand ou rencontre une lésion valvulaire du cœur. Ce serait sortir tlo mon sujet que de dépasser cette limite, car je ne dois insister. que sur les variations circulatoires en rapport avec l'innerva- tion vasculaire. Pour terminer la question de l'innervation des vaisseaux de l'orbite, je crois devoir marquer ici la place d'un fait connu de tous les physiologistes, et souvent mis à profit par les litté- rateurs quand ils nous dépeignent les yeux comme le miroir de l'âme ; ce fait, dont la clinique tire aujourd'hui grand pro- fit pour le diagnostic des lésions encéphaliques, se résume en ceci : communauté d'origine des vaisseaux de l'œil et du cer- veau, communauté d'innervation vaso-motrice. 11 est inutile d'insister sur fimmense portée de cette notion; j'aurai du reste lieu d'y revenir en étudiant les variations circulatoires intra-cràniennes. Innervation vasculaire des régions superficielles du crâne. Pavillon de l'oreille. Les artères auriculaires antérieures sont fournies par la tem- porale superficielle, et les postérieures par l'auriculaire de la carotide. Les unes et les autres communiquent soit par des branches perforantes, soit par des anses qui contournent le bord libre des cartilages. Les nerfs se distribuant à ces artères forment quatre groupes (fig. 133) : 1° Le groupe sympathique (S) qui provient du plexus entou- rant l'artère carotide externe et par conséquent du ganglion cervical supérieur ; 2° Le groupe cervical (Brc) : le grand nerf auriculaire du plexus cervical, venant surtout du troisième nerf cervical (branche antérieure), se distribue, en s'anastomosant avec le facial et le temporal superficiel à la face postérieure du pavil- lon de foreille ; sur son trajet, il fournit aux vaisseaux de cette région. A son sujet je rappellerai que M. Armand Moreau, repre- MKliFS VAS(;ULAinES R;% L.\ TKTE. 299 liant des expériences mainles fois répétées depuis Snellen, est arrivé aux résultats suivants : il a vu que la section du nerf auriculaire cervical produisait sur les vaisseaux de l'oreille le même effet que la section du filet sympathique cervical, fait déjà observé par Scliiff ; de plus, il a pu déterminer chez le lapin la région vasculaire sur laquelle agit ce nerf (1). Fi?. 133. — Schéma des nerfs vaseulaiies du pavilloM de l'oreille. — C, ailère carotide avec plexus carotidien S, se cnntinuant sur la temporale TA, et la maxillaire interne Mn.i\ l'au- riculaire poster .\ur, et s'uni^sant sur les vaisseaux du pavillon de roreille avec les bran- ches du nerf temporal superliciel TN et du nerf auriculaire du plexus cervical Brc. Cette similitude entre les effets de la section d'un nerf rachi- dicn et ceux de la section du sympathique libre sur les vais- seaux d'une région s'explique, comme nous l'avons vu {nerfs rachidiem), -par la présence de filets sympathiques dans les ra- cines du nerf mixte ; (1) .\. Morcau {Arcliiv. PhysioL, 1872, p. GO?) a observé, comme résultat constant, que les vaisscau.x do la partie supérieure de l'oreille externe se di- latent après la section du nerf auriculaire cervical, tandis que ce sont ceux de la hase qui restent dilatés après la section du sympathique; de sorte que, pour avoir la dilatation vasculaire aussi complète que possible, il faut sectionner les deux nerfs. 300 F«ANÇOIS-KRANCK. 3° Le groupe facial : le rameau auriculaire antérieur du facial participe directement à l'innervation vasculaire du pavil- lon de l'oreille ; en outre, ce nerf s'anastomose avec le plexus du nerf suivant ; 4° Le groupe auriculo-temporal : les racines de l'auriculo- temporal(A. T, fig. 133) forment entre elles et avec des filets anastomotiques du facial, de la corde du tympan (V. Nerfs parotidiens) un plexus situé sur l'origine delà temporale et de la maxillaire interne. De ce plexus (1) partent en tous sens une multitude de rami- fications dont les unes sont des filets destinés aux nombreuses artères du voisinage ; entre autres, « le nerf supérieur du con- duit auditif, anastomosé d'abord avec les nerfs mous de l'ar- tère auriculaire profonde, se divisant ensuite en trois filets dont l'inférieur donne de nombreux ramuscules aux branches de la même artère (2).» Les branches postérieures du plexus auriculo-temporal sont donc surtout destinées aux artères auriculaires profondes. Les artères auriculaires antérieures reçoivent leurs nerfs des branches ascendantes du même plexus, et de plus, le nerf auriculaire superficiel qui s'en dégage, montant le long de la temporale, distribue de nombreux filets à cette artère. On peut réunir ces différents nerfs, provenant de l'auriculo- temporal et de «on plexus, sous le nom de nerfs vasculaires auriculo-lemporanx pour les distinguer dans la suite. J'ai décrit à propos des nerfs parotidiens les effets de l'excitation de l'auriculo-temporal et de ses branches sur les vaisseaux; j'ai rappelé les expériences de Cl. Bernard sur ce point de la physiologie vasculaire. Il n'y a pas à revenir ici sur les détails mentionnés plus haut, mais je dois compléter en quelques mots l'histoire du nerf auriculo-temporal dans sa portion superficielle. On a pensé que ce nerf agissait comme vaso-dilatateur, et (1) Pour la constitution de ce plexus elles racines multiples du nerf auriculo- tenriporal, voir Nerfs parotidiens, p. 206 et scq. (2) Arnold {Icon. nerv. cap., tabulai m, v, vi, viii. Meckel, vol. I, lab. ii. Bock {Fuenflcs, t. I, lab. ii). (Nachtrag, t. IV). Weber, Swan, cités par les Aut. Je l'EncycIop. anat. NévroJ., t. IV). NERFS VASCULAIRES DE LA TÈTE. 301 Schiff (1) a vu que sa galvanisation s'accompagnait de dila- tation vasculaire sur le lapin ; mais il fait remarquer que ce résultat n'est point constant. Cl. Bernard (2) a constaté de même que sous l'influence de l'excitation du nerf auriculo-temporal, le sang coulait avec plus d'abondance parla veine auriculaire, et que les vaisseaux se dilataient davantage, sans toutefois présenter de pulsations évidentes. Le sympathique examiné à ce moment agissait toujours en sens contraire (3). « Nous devons ajouter, dit encore Cl. Bernard, que le nerf auriculo-temporal était sensible à la galvanisation. » Ce dernier détail introduit une grande difficulté dans l'inter- prétation des résultats précédents. La question se complique de l'action réflexe produite par l'excitation des nerfs sen- sibles (4) ; tantôt ce sont des contractions réflexes^ tantôt au contraire, des dilatations vasculaires qu'on observe (5) dans des régions prochaines ou éloignées, à la suite de la galvani- sation des nerfs de sensibilité : de là un désaccord complet entre les physiologistes, aussi bien à propos des expériences sur le sciatique que de celles qui ont porté sur le nerf auricu- lo-temporal. Pour ce dernier, par exemple, je lis dans le récent ouvrage du professeur Vulpian (p. 153) a qu'il a toujours observé une constriction considérable des vaisseaux de l'oreille, chaque fois que l'auriculo-temporal ou que le rameau auriculaire du (1) Schid, Archiv. f. Physiol. Hcilkunde, 1851, ei Untevsuchungen ùher die Zuckerhildung in der Le/jer. Wurtzbourg, 1859. (Dilatation vasculaire par l'exci- tation de certains rameaux vaso-moteurs.) (2) Cl. Bernard (Liq. de l'organ., t. II, p. 381). (3) C'est sur des oppositions do ce genre qu'a été fondée la tliéorie de l'anta- gonisme entre les nerfs cérébro-spinaux et le sympathique. Cotte opinion a été présentée avec détail par Virchow. (Dessen ArciiV., 1851, 1853. Erlangen, 1854.) (4) Névralgies suivies d'iiyperémie (zona, etc). Weir Mittchell (Lésions des nerfs). Charcot (Leçons sur les maladies du syst. nerveux). John Simon (Gcn. Patholoçjy, London, 1850). Romberg (Klinik warn. u. Beohaciit, Berlin, 1851). Snellen (Arch. f. d. HoU. Beilrage, von Donders, 1857. (5) Vulpian (Leçons vasu-mot. , 1874). ètilling (Spinal irritation, 1840 et 1851). 30^2 FliANgOIS-FUANGK. facial qui reçoit une anastomose de cette branche du trijumeau, était électrisé. » Voilà donc des résultats opposés (et j'en abrège le récit), qui me laissent fort incertain sur le rôle de l'auriculo-temporal dans l'innervation vasculaire de l'oreille : la question me pa- raît devoir rester en suspens, jusqu'à ce que les conditions expérimentales dans lesquelles chacun s'est placé soient net- tement déterminées. L'oreille du lapin a joué un grand rôle en physiologie depuis les mémorables travaux de Cl. Bernard sur le sympathique cervical, et les quelques lignes qui précèdent ne résument qu'une bien faible partie des expériences dont elle a été l'objet. Ne pouvant en donner l'exposé complet, je ne veux cepen- dant point quitter ce sujet sans dire un mot d'une théorie qu'on a proposée pour la suractivité circulatoire consécutive à l'exci- tation de certains nerfs, et dont le point de départ est précisé- ment dans des observations faites sur l'oreille du lapin, comme sur d'autres membranes où les vaisseaux sont bien visibles. C'est la théorie des contractions péristaltiques, à laquelle se rattachent surtout les noms du regretté Legros et de M. Oni- mus (1). Le fait lui-même des contractions et des dilatations pério- diquen n'est pas douteux ; Schiff (2) les a vues se propageant des artères de la base de l'oreille aux ramuscules et aux veines ; mais ces alternatives de systole et de diastole se suc- cèdent-elles avec la régularité et la fréquence indiquées par Schiff? V. d. B. Callenfels a vu chaque état de contraction ou de dilatation durer une minute ou même davantage (3). C'est déjà une raison pour douter un peu de l'action efficace de ce cœur périphérique. (1) Legros, en 1865, a émis, l'un des premiers, l'opinion que les contracLions rythmiques, péristaltiques des vaisseaux activaient le cours du sang. Depuis, la même tliéorie a été développée par le même auteur (772. agrégation 1873), et par M. Onlmus [Traité d'électricité médicale, et cette année même [Congestions actives, Onimus). C'est dans ce dernier travail, destiné surtout à répondre aux objections du professeur Vulpian, que M. Onimus a présenté la tliéorie dont il s'agit avec le plus de détail. (2) Schiff. Ein accessorisehen arterien [Archiv.f. Physiol.IIeilkundc, 1854). (3) Van der Beke Callenfels [Ueber don Einlluss der vaso-mot... In Zeits- chrifft. Rcv. Mediz., 1855, t. VIII). NERFS VASCULAIHES DE LA TÈTE. 303 Mais il y a une autre raison plus sérieuse encore : en ad- mettant qu'une zone de l'artère, après s'être dilatée, revienne énergiquement sur elle-même, pourquoi poussera-t-elle le sang- plutôt dans un sens que dans l'autre ? Où est la val- vule qui s'opposera au reflux, ou, tout au moins, foumn^a un point d'appui à la colonne sanguine comprimée par la paroi ? En amont du point resserré c'est un point dilaté qui se pré- sente, c'est-à-dire qu'au lieu d'un obstacle la colonne sanguine va trouver en arrière une voie ouverte : elle tendra par con- séquent à revenir sur ses pas, aussi bien qu'à progresser. Il est probable que Milne- Edwards (1) pensait ainsi, quand il écrivit : « Les changements de calibre dans cette partie me semblent au contraire devoir retarder plutôt qu'accélérer le cours du sang.» Innervation vasculiiii-e des régions IVontalcs, temporo-pariétale et occipitale. 1. Les artères qui se distribuent aux régions frontale et temporale font suite à celles que nous avons étudiées soit à la face (régions palpébrale et sourcillière), soit à la région auri- culaire superiicielle. Par conséquent, les nerfs qu'on y rencontre ont déjà été indiqués, et je crois devoir ne point les rappeler ici autrement qu'en résumant leur provenance générale. Inlalu du sijmpathkjue libre fourni par le plexus de la ca- rotide externe pour la temporale et ses branches, par celui de la carotide interne et le plexus caverneux pour les artères frontales, branches de l'ophthalmique. Trijumeau (branche ophlhalmique pour les frontales); bran- che maxillaire inférieure pour les branches de l'artère tem- porale. Facial anastomose avec Irijumcau pour les unes et les autres. Plexus cervical (par le grand nerf auriculaire) pour les au- riculaires postérieures qui montent à la région tcmporo-pa- riétale. (1) Milnc-EdWdvds {Anal, cl l'iiy.'iiol. coinpai'âv.->^ l. 1\', ïiiy), 304 FRANÇOIS-FRAiNGK. Ces différents vaisseaux sont donc soumis aux mêmes in- fluences que ceux des régions superficielles de la face et du pavillon de l'oreille. 2. Quant à la région occipitale elle est parcourue par les branches des artères auriculaire postérieure et occipitale de la carotide, qui supportent, de leur origine à leur terminaison, les filets sympathiques empruntés au plexus du tronc d'origine. Nous connaissons déjà les filets qui suivent les auriculaires postérieures; quant aux branches de l'occipitale elles sont innervées à la fois par le facial et par les 2' et 3" nerfs cer- vicaux. « La branche postérieure du facial au dessous du trou stylo-mastoïdien donne le nerf occipital profond qui s'anastomose avec le rameau occipital du 2' nerf cervical et la branche auriculaire postérieure du S' : de ces anastomoses résultent des réseaux qui fournissent aux vaisseaux sanguins et probablement au diploé de l'os lui-même (1). » I\erfs vasculaires de la cavité crânienne. 1. \erfs vasmlaires des enveloppes de Vencéphale. Dure-mère. ■ — Des trois groupes de nerfs signalés pour la dure-mère, le groupe moyen seul paraît être en rapport avec des vaisseaux. Le groupe antérieur en effet, très-restreint du reste, est formé par quelques filets du rameau ethmoïdal qui semblent ne faire que passer sur la dure-mère pour aboutir soit au trou borgne, soit aux sinus frontaux, Le groupe postérieur, que constituent surtout des filets ré- currents de l'ophthalmique, se perd dans l'épaisseur de la tente du cervelet. A ce groupe on peut joindre des filets émanant du plexus caverneux, et formant, d'un côté à l'autre de la gouttière basi- laire, un plexus anastomotique décritsurtoutpar Hirschfeld (2) comme moyen d'union entre le plexus caverneux de droite et celui de gauche. Ces filets, déjà indiqués par Warrentrapp (1) Encyclopédie anatomique, t. IV. (2) Hirschfeld [Comptes rendus Acad. se, 1845}. NERFS VASCULAIRES DE LA TETE. 305 en 1831 et un peu plus tard par Valentin(l), sont mis en doute par le professeur Sappey. Ni l'un ni l'autre de ces deux groupes n'est affecté à des vaisseaux. Le groupe moyen au contraire, de provenance différente suivant les anatomistes, est tout entier en rapport avecl'artère méningée moyenne et ses divisions. Nous avons vu, soit à propos des nerfs parotidiens, soit à propos de la région auriculaire, à combien de sources dif- férentes le plexus temporo-maxillaire puisait ses éléments, et nous nous trouvons maintenant en présence de l'une des branches qui plongent au milieu même de ce plexus, la mé- ningée moyenne : elle apporte donc avec elle dans la cavité crânienne, à la surface de la dure-mère, de la base à la con- vexité, les éléments multiples empruntés au plexus temporo- maxillaire. Ce sont ces nerfs que M. Sappey a suivis jusqu'à la partie moyenne du pariétal, qu'il a vus, à partir de cette région, se dépouiller de leur myéline et devenir d'une telle ténuité qu'il n'a pu les suivre jusqu'au sinus longitudinal. L'innervation vasculaire de la dure-mère se borne à cette région, et du reste les vaisseaux de cette membrane sont très- peu nombreux. La dure-mère présente donc au point de vue de la vascu- larisation et de l'innervation une disposition inverse de celle qui se rencontre dans le périoste auquel on l'a souvent assi- milée. L'anatomie semble dès lors peu prêter au rapproche- ment, et la clinique, en nous montrant le mode de réparation des pertes de substance des os du crâne, n'est pas davantage favorable à la comparaison proposée entre la dure-mère et le périoste. Pie-) Itère : Etudier l'innervation des vaisseaux de la pie-mère c'est étudier celle des vaisseaux de l'encéphale, car les artères de cette membrane appartiennent en réalité à la substance ner- veuse elle-même : elles sont appliciuces immédiatement surlî tissu nerveux, et lui fournissent ses vaisseaux. On peut diviser les nerfs vasculaircs de la pie-mère cl de (1) Sappey (iVévi'oyù^/e, 1872). LAB. MAREY. 20 306 FRANÇOIS-FRANCK. l'encéphale en deux groupes : le groupe carôtidien et le groupe vertébral. Le premier, affecté surtout aux artères du cerveau propre- ment dit, et le second à celles de la protubérance, du bulbe et du cervelet, opèrent leur jonction sur le vaisseau même qui établit la continuité entre la circulation antérieure et la cir- culation postérieure, sur l'artère communicante postérieure (liS.133). lit ? ' l'ig. 134. — Schéma dos iicrfs vasculaircs de la base de l'encépliale. — PC, PC, plexus ca- rotidien; PV, plexus vertébraux, opérant leur jonction : en J' sur l'artère communicante posté- rieure; en I, sur l'artère communicante antérieure, s'unissent les plexus carotidiens. Groupe des nerfs vasculaires carotidiens. -^ ^'^'' Nous ne tarderons pas a étudier en détail les anastomoses des rânieàùx carotidiens dii ganglion cervical supérieur avec les nerfs crâniens," mais je puis dire ici, que ces rameaux sympathiques reçoivent de la plupart des nerfs crâniens des anastomoses rendant nécessairement complexes les filets qui émanent du plexus. On peut en juger en jetant un coup d'œil sur la ligui^e 135 où l'on voit les nerfs crâniens antérieurs et postérieurs envoyer de nombreux rameaux communicants aux plexus carotidiens, ainsi qu'au ganglion cpryical supérieur. Les filets qui entourent la carotide interne à partir de ces anas- ' tomoses et passent sur les artères cérébrales, apportent donc à ces vaisseaux des influences provenant, de, sources multi- ples et dont je n'ai point la prétention d'analyser >les manifes- NERFS VASGULAIRES DE I.A TÈTE. 307 talions physiologiques ; je me bornerai à rappeler d'une ma- nière générale que l'innervation vasculo-motrice dans le cer- veau, comme ailleurs, n'agit sur la fonction qu'en modifiant, avec le caliiore des vaisseaux, la quantité de sang qui arrive à l'organe. Cette question déjà soulevée à propos de l'inner- vaLion vasculaire des glandes, se retrouve au sujet de Tencé- phale et me parait comporter une solution semblable. Les iilets qui accompagnent l'artère cérébrale antérieure s'unissent aux filets du côté opposé sur la communicante an- térieure. Ribes et Béclard avaient signalé à ce niveau un rentlement ganglionnaire qui a été nié par Lobstein, et dont l'existense est restée douteuse (1). Pour l'artère cérébrale moyenne, « un tractus principal de fibres nerveuses déliées, ou un faisceau un peu i)lus fort, se dirige le long du côté antérieur et inférieur de l'artère et dis- tribue des filets à ses branches (2). » Quant à la communicante postérieure, elle serait le lieu de jonction (J^) entre les nerfs vasculaires du l"'" groupe ou ca- rotidiens et ceux du 2- groupe ou vertébraux (3). Groupe f.o-ilvvlcav on (/roiipe da larfs vcvU'braar. Les artères vertébrales pénètrent dans le crâne, apportant aux régions postérieures des Iilets nerveux vasculaires qui ont été suivis très-haut sur le tronc basilaire, les cérébelleuses, la cérébrale postérieure (4). Ces nerfs complètent l'innervation artérielle de l'encéphale en s'anastomosantavec ceux du 1'^' groupe, comme cela a été indiqué. '. La circulation encéphalique se trouve ainsi subordonnée tout entière à deux groupes de nci'fs, dont les uns sont plus " ' (1) Longcl {Annf.. et Physiol. sysl. ncvv., 18'i2). J j ,;Sappoy, loco cil. . i^l^ncyc^op.. anat., l. LV, p. 579. , ,q (3) La choroïdicnnc anlùi'ieure n'csl point siL;nal6c ici. fnulo de documciils sur les nerfs du plexus caverneux qui peuvent l'accompagner. • -r-J'^) Blandin {Nouveaux élônnuils d'analomic dcscriplhe, l. II, p. 727). ,,., 1, Wiisljcr:;' (De nervis urtcrias vcnasrjue cojnit.In LinJvifj scriptorcs, 1. 111) no mentionne rpie les fiicis rpil entourent l'arlçrc basiliiiro. ' ■ '' tJrown-Scquard. Ku>^!=niaul cl Tenncr. Sclu'ccd-^r van der Kollc {Gùivrn,], Axcnfcid, in Pa(liolu(iie de Iteifiiiii, Xvvroses.) :j\^JiiOjJ Jj <;jl.q . 308 FRANGOIS-FRANGIi. spécialement en rapport avec les vaisseaux des régions anté- rieures du cerveau, et les autres avec ceux de ses lobes pos- térieurs, ainsi qu'avec le bulbe, la protubérance et le cer- velet. Il n'est peut-être pas hors de propos de rappeler ici que la circulation intra-crânienne est intimement liée aux circula- tions oculaire et auditive, et qu'une influence nerveuse, capa- ble de modifier l'ensemble de ces circulations, en provoquant un spasme vasculaire subit et une anémie brusque, doit en- traîner en même temps que le vertige, et une foule de troubles d'origine bulbaire, l'obnubilation des sens oculaire et auditif . Si l'on ajoute à cette communauté de l'innervation vasculaire dans l'encéphale, l'œil et l'oreille, les rapports qui unissent l'innervation des vaisseaux de la face à ceux des régions intra-crâniennes (V. S.), on comprend facilement que la pâ- Fig. 135. Schéma indiquant les rapports : — 1" du ifan^lion rcrvical supérieur avec les trois premières paires cervicales (le, 2c, 3c) et les nerfs crâniens (12), grand hypoglosse (10), pneu- mo-gastrique;— 2° du rameau carotidien Rc avec le ^losso-pharynarien (9); — 3» des plexus carolidiens et caverneux appliqués sur la carotide Ac avec les nerfs moteur oculaire com- mun (:i); pathétique ('i); trijumeau (5); moteur oculaire externe (6). GP Corps pituitaire et branches de communication avec le plexus caverneux ? GC Ganglion carotidien (?) leur des téguments se produise au môme titre que la pâleur profonde : la théorie générale du début de l'attaque d'épilep- sie s'appuie sur ces données. NERFS VASCULAinES DE LA TÊTE. 309.- J'ai choisi cet exemple qui m'a paru propre à montrer l'in- fluence des nerfs vasculaires de l'encéphale pris sur les vais- seaux eux-mêmes, abstraction faite de leur provenance. Si maintenant nous voulons remonter au point de départ des deux groupes de nerfs vasculaires intra-crâniens, et étu- dier expérimentalement l'influence des plexus ou cordons qui leur donnent naissance, nous trouverons des renseignements assez précis, quoique en petit nomljre, pour ce qui concerne le groupe des nerfs vasculaires carotidiens, et au contraire la pénurie la plus complète au sujet du groupe des nerfs vascu- laires vertébraux. En effet, nous savons que le ganglion cervical supérieur, auquel aboutit le cordon sympathique prévertébral, fournit le rameau carotidien, et reçoit lui-même des anastomoses des deux premières paires cervicales, du nerf vague, du glosso- pharyngien et de l'hypoglosse; que, plus haut, les, nerfs triju- meau, moteurs oculaires commun et externe, le pathétique, envoient des filets au plexus caverneux. (V. fig. 135.) Ce sont là des origines complexes, sans doute, pour les nerfs vascu- laires du groupe antérieur; mais enfin nous les connaissons, et l'expérimentation (1) peut arriver à interpréter ses résul- tats ou tout au moins à en proposer une explication. (i) a) Expériences siu' vaisseaux de la pie-mcre cérébrale. Donders (Nedorland Lancel, p. 521). Dilatation des vaisseaux de la pie-mère après section du cordon sympathique; resserrement par excitation. Nothnagel [Des nerfs vaso-moteurs des vaisseaux du cerveau. — Virchow's Archiv. Anal, in Gaz. hebd., 1867). Dilatation des vaisseaux de la pie-mère, surtout marquée quand le ganglion cervical supérieur a été arraché. Cl. Bernard (cité par Vulpian, Leçons de 187i). Mêmes effets de vasculari- salion; élévation de la température. E. Goujon (Journal anatom., Robin. 4867, p. 107). Méningite céphalo-rachi- dienne, consécutrve à la section des filets cervicaux sympathiques (Lapin, Co- chon d'Inde). Contre-épreuve par ligature des carotides primilivcs avec fdets du sympathique qui se disti'ibucnt aux vaisseaux du centre nerveux (Chiesco). h) Expériences sur vaisseaux de la pic-mère médullaire. L'intérêt qui s'attache à l'étude des influences nerveuses sur les vaisseaux des centres eux-mêmes m'avait engagé à chercher quelques documents relatifs à l'icnervation vasculaire de la moelle: l'anatoinio ne m'a fourni sur l'origine et le trajet de ces nerfs que des renseignements très-incomplets, et je n'ai recueilli en fait d'expériences que celles de Brown-Scquard et de Gull que jo rc'sume en quelques mots : lîrown-Sequard {Pnrnplérjios, p. 101, et Lectures on llic l'aralys., 1861) rap- •.portc « iiu'il a vu se produire sous ses yeux une contraction dos vaisseaux 310 FRANÇOIS-FRANCK. Nous sommes moins en mesure d'indiquer pour les filets du groupe postérieur un point de départ certain, et cepen- dant il serait tout aussi important de connaître la source des nerfs qui desservent les vaisseaux du bulbe, de la protubé- rance, que la provenance des nerfs des vaisseaux cérébraux proprement dits. La question me semble se poser ainsi : Le nerf vertébral (ou pour mieux dire le plexus vertébral (1) est-t- il l'analogue du rameau caroticlien du ganglion ccrmcal supérieur, et pro- vienl-il réellement du ganglion cervical inférieur? L'analomie descriptive de l'homme, en nous indiquant les branches que les nerfs cervicaux envoient au nerf verté- bral (2), nous force déjà cà considérer ce nerf comme com- plexe, comme plus important qu'une simple branche fournie par un ganglion pour accompagner une artère. Cette remarque nous reporte tout de suite à la constitution du plexus caroti- saRguins de la moelle épiniëre (vaisseaux de la pie-mère), au moment où une ligature élail appliquée sur le hile du rein et irritait les nerfs rénaux, ou lors- qu'une opération semblable était pratiquée sur les vaisseaux et nerfs des cap- sules surrénales. — En général, dans ces cas, la contraction était beaucoup plus évidente sur le côté de la moelle correspondant au côté des nerfs irrités. » Gull {Gny's IIosp. Rep.) a répété avec Pavy et Durham les expériences de Brown-Sequard sur des chiens et des lapins.. — Ces physiologistes n'ont pu arriver à reproduire les faits énoncés par Brown-Sequard, et insistent même sur ce point, qu'à l'ouverture du canal rachidien, on ne voit h l'œil nu que quelques petits veinules (veines dorsales et tributaires), mais rien d'apparent du côté de la pie-mère. C'est cependant sur ces expériences qu'est fondée la théorie des paraplégies réflexes : mais l'ischémie réflexe, permanente de la moelle, admise par Brown- Sequard, n'a pas semblé à tous appuyée sur des données expérimentales suffi- santes. — Le professeur Vulpian a du reste tracé le programme des recherches à tenter d:ins cette voie, en indiquant sur quels nerfs devaient porter les sec- tions et électrisalions. Vulpian {Vaso-wotcurs, "1874, p. 190). (1) Swan. Fœsebecli. Valenlin. Loco cit. (2) Rapports du nerf vertébral avec les nerfs cervicaux : Premier nerf cervical. — « Sort non devant, mais derrière l'apophyse oblique de chaque côté, donne à l'artère vertébrale des filets qui l'accompagnent dans: le crâne... » - Asch. — Monographie du premier nerf cervical {nervus Aschianus), du primo pare nervorum medullpe spinalis. In Liulvig Scriptores nouroL min., vol. I, p. 311 à 325. — « La branche antérieure de ce tronc, avant d'aborder l'anse qu'elle forme avec le second nerf cervical, distribue de nouveaux filets à l'artèro ver- tébrale. » '^fi* i-- ,!<• {Encyclop. anat. névroi., p. Ail). Ueuxièjne nerf cervical. — « Sa branche antérieure, parmi les filets qu'elle NEIiP'S VASGCLAIIIKS DE LA TÊTE. 311 dien donl nous avons vu tout à l'heure les nombreuses anas - tomoses avec les nerfs crâniens. C'est là un point de ressem- blance, et jusqu'ici nous pouvons admettre que si le plexus carotidien apporte aux vaisseaux de la partie cérébrale de l'encéphale les influences réunies du sympathique et des nerfs crâniens, le plexus vertébral fournit aux vaisseaux de la région postérieure, en même temps que l'influence du sympa- thique, celle des nerfs cervicaux dont il reçoit des anastomoses. En outre de ce premier point de ressemblance, on en pour- rait admettre un second fourni par la présence de renfle- ments ganglionnaires sur les diverses branches du plexus carotidien (l), comme sur celles du plexus vertébral (2). Si nous ajoutons à ces raisons de rapprocher le plexus ver- tébral du plexus carotidien, la distribution de ces deux groupes de nerfs sur les vaisseaux de l'encéphale, nous sommes assez fondés pour considérer co^^n^ légitime !|e parallèle précédent, fournit aux muscles oblique, scalène, en donne un à l'artère vertébrale avant d'aborder la première anse cervicale antérieure. Troisième nerf cervical. — « Donne un fiJet à Tartère comme le précédent. Quatrième nerf cervical. — « Au niveau du trou de conjugaison donne dos filets à l'artère vertébrale. Cinquième nerf cervical. — « Peu après s'être anastomosé avec les nerfs qui montent le long de l'artère vertébrale, se partage en ses deux branches. Sixième nerf cervical. — « A sa sortie du trou de conjugaison, s'anastomose avec les nerfs vasculaires ascendants de l'artère vertébrale. Septième nerf cervical. — « Tronc s'anastomose derrière l'artère vertébrale avec les nerfs vasculaires qui remontent le long de ce vaisseau. » La branche antérieure, passant derrière le scalène antérieur, s'anastomose, par un rameau qui suit l'artère vertébrale, avec le dernier ganglion cervical et le premier ganglion thoraciquc. Huitième nerf cervical. — Tronc s'anastomose parfois avec le ganglion cer- vical inférieur et le premier ganglion thoracique. — Branche antérieure com- munique, par une double anastomose, avec le premier ganglion thoraciquc derrière le scalène antérieur. (1) F. Petit et Shmiedel signalèrent avant Laumonier (1793) et Lobstein, de petits renflements ganglionnaires sur le trajet du rameau carotidien (Longel, Anat. et Physiol. du syst. nerveux, 1842). Mais les anatomistes qui font autorité aujourd'hui (Sappey, Hirschfeld, Cru- veilhier, etc.) no sont pas d'accord sur la véritable nature ganglionnaire de ces renflements; il vaut peut-être mieux, à l'exemple de Gruvcilhier, dirci'i"C/j/7cmen< gangliforme, » ce qui ne préjuge rien. , ,, .. ' , , j,- . (2) L'existence de renflements véritablement ganglionnaires sur le trajet ^u, nerf vertébral, si elle a pu rester douteuse chez l'homme, semble bien réelle sur certains animaux. (Voy. Notes sur nerf verirhral considéra comme oétnli- nuutiou (In syiiifinUiiqne, page "èML.) 312 FRANÇOIS-FRANCK. et pour admettre la première partie de la proposition : le plexus vertébral est V analogue du plexus carotidien. Mais, si cette assimilation réunit en sa faveur des argu- ments suffisants, il ne s'ensuit pas que nous devions voir dans le nerf vertébral une simple branche émananl du ganglion eerincal inférieur . Ce nouveau point, qui, dans une étude spéciale du nerf, devrait être présenté sur le même plan, m'a paru ici hors cadre vu la nature de mon sujet, et j'ai cru préférable d'indi- quer en dehors du texte courant les notions que j'ai recueil- lies sur cette question (1). (1) Nerf ou plutôt plexus vertébral (voy. Fig, 136) considéré comme cordon du sympathique. — Cette interprétation repose en résumé sur les données sui- vantes : I. — Ganglions sur le trajet de ce plexus. — Blainville a décrit (Journal de Physique, 1821, — réimp. dans Annales d'anat. et de physiol., 1841) le nerf vertébral de l'éléphant comme une véritable chaîne ganglionnaire. Chez les oiseaux, entre autres particularités, le même nerf est incontestable- ment ganglionnaire (Longet, Anat. et Physiol. syst. nerv.). La même disposition ganglionnaire est admise chez l'homme (V. S.) par quel- ques anatomistes, mais reste douteuse pour beaucoup. ' II. — Suppléance du cordon sympathique prévertéhral par le nerf vertébral. On sait que le cordon cervical fait défaut chez les oiseaux à la région pré- vertébrale, et Cuvier, dans sa première édition , disait même que les oiseaux manquent de sympathique au cou. — Depuis, on a reconnu son existence dans le canal de l'artère vertébrale, et F. Cuvier et Laurillard (édition de 1845), l'ont admis ainsi. Le fait n'est aujourd'hui douteux pour personne (Mûller, Phys., t. II, p. .730; — Longet, • — Encycl. ana1om.,et auteurs d'anatomie comparée). III. ' — Piapport entre le développement du nerf vertébral et de l'artère correspondante. Chez les oiseaux précisément, les artères vertébrales (qui souvent pro- viennent des carotides primitives), diminuent peu à peu de calibre à mesure qu'en montant dans le canal vertébral elles fournissent des ramuscules aux parties voisines. Arrivées sous la base du crâne, elles sont considérablement réduites, et s'y terminent en grande partie dans l'occipitale, sauf un faible ra- ineau qui suit la marche ordinaire pour se terminer à la moelle allongée...' Ce sont les cérébrales, branches des carotides, qui donnent les spinales antérieures cl postérieures. « (Cuvier, Anatomie générale.) On fait alors ce raisonnement, que, si le nerf vertébral était réellement et uniquement destiné à l'artère vertébrale et à ses branches, on ne le verrait pas à son développement maximum chez les animaux mêmes où l'artère vertébrale est rudimentaire; d'un autre côté, ce nerf remplace évidemment le cordon pré-, vertébral chez les oiseaux; par conséquent l'analogie porte à conclure, qu'à des degrés divers, il joue le rôle de cordon sympathique dans la série animale. Je crois que cette conclusion doit, pour avoir une Véritable valeur, s'appuyer sur des comparaisons plus nombreuses entre le développement comparé du nerf vertébral et- de l'artère correspondante. A ce titre, le nerf en question pourrait être avantageusement étudié chez les animaux suivants : , NERFS VASCULAIRES DE LA TÈTE. 31'3 J'ai essayé de réunir dans une figure schématique les points principaux relatifs à la provenance des nerfs vascu- laires du district carotidien, comparée à celle des nerfs vascu- laires du district vertébral. On voit (fig. 136) que le plexus nerveux vertébral émane du premier ganglion thoracique, du ganglion cervical inférieur, et successivement (1,2,3, 4, etc.), des huit nerfs cervicaux (1). On voit d'autre part que le plexus nerveux carotidien est également en rapport par le cordon cervical avec le ganglion cervical inférieur et les huit nerfs cervicaux, 1, 2, 3, 4, etc., mais que, déplus que — Los ruminants ont, comme les oiseaux, une vertébrale qui semble se consumer enlièrement, soit pour fournir des rameaux à la moelle épinière et à ses enveloppes, soit pour les muscles de la nuque, et cette artère ne paraît pas contribuer à la formation de la basilaire (Cuvier, Anaiom/e conip., t. ^'I). On la trouve proportionnellement petite chez le blaireau, et s'anastomosant par une branche assez considérable avec l'occipitale. (Planche inédite de Cuvier, citée par Duvernoy. — Edition de Cuvier.) — Les hérissons (et les animaux hibernants en général) ont une artère ver- tébrale plus considérable que la carotide interne, au point qu'on a cru que ces animaux manquaient de cette dernière. L'artère basilaire, dans ce cas, forme en très-grande partie, ou même en totalité, le cercle de W^illis. et fournit les artères postérieures comme les artères antérieures du cerveau. (Orto. — Mémoire sur les vaisseaux céphaliques de quelques mammifères qui s'endorment pendant l'hiver. (Ann. se. nat., t. II, p. 200). — Chez le cochon d'Inde et l'agouti, la vertébrale forme principalement le cercle de Willis, car la carotide interne n'est représentée que par un petit ra- meau de la carotide externe qui pénètre dans le crâne par le trou ovale. (Cuvier Anat.Comp., t. VI. p.. 138.) — Chez l'écureuil, la carotide interne, tros-diviséc. très-contournée, ne four- nit que pou de sang au cerveau. — Chez le loir et la marmotte, la distribution de la carotide interne ressemble beaucoup à celle de l'écureuil. (^'oir, sur ces points d'anatomie comparée, Rapp, Mcm. sur le réseau admi- rable — Arah. anat. et Physiol., Mecke\,i827.— Barlo-w,Disquisitiones. ]\'. — Anastomoses avec tous les nerfs de la région cervicale. (Voy. plus haut Note, Rapports du nerf vertébral avec les nerfs corvicaux.) C'est surtout cette dernière disposition qui a fait admettre par Wrisbcrg (De nétVis et In Ludwig Scriptores neurol. min., t. III), — Longet [Anat. et Physiol. syst. nerv., t. II, p. 524), — Valentin (Encycl. anat.), et beaucoup d'au- tres anatomistes, que le nerf vertébral constituait un moyen d'union entre les paires cervicales et le ganglion cervical inférieur. Quels que soient les résultats fournis sur ce sujet par les rceherchesdonl il peut être l'objet, le rôle de plexus vasculaire n'en reste pas moins établi. C'est fjurlout ce point que je devais mettre à profit, mais j'ai cru devoir compléter la question en consignant en note les détails qui précèdent. (i) Voir notes précédentes IBapports du nerf vertébral avec les nerfs cervi- caux, et nerf vertébral consiiléré comme cordon sympntliique.) 314 - FRANÇOIS-FRANCK. le plexus vertébral, il est anastomosé avec les nerfs crà- ifjqB'ï ôl niens (groupes 1 et 2). •\nm Uû AV •;V >')î liiftv Fig. 130. — Schéma des rapports du nerf vertébral NV et du cordon cervical du sympathique es. (— GS, ganglion cervical supérieur, — GM, ganglion cerv. moyen, — Gl, gangl. cerv. inférieur,— GD. 1, l"'" ganglion thoracique), avec les trois premières paires dorsales D, avec les huit nerfs cervicaux C. — Le cordon cervical communiqiio de plus avec les deux grou- pes de nerfs crâniens l, 2. — AV, artère vertébrale. — AC, carotide. Resterait à déterminer: l°la part prise par ces anastomoses si nombreuses à la constitution des nerfs vasculaires crâniens quej'ai divisés en groupe cai'olidien et groupe vertébral; 2° le sens dans lequel cheminent les éléments nerveux crâniens au sein du plexus carotidien, et celui des tilets cervicaux dans l'un et l'autre plexus. Cette détermination serait assurément prématurée. Elle suppose en effet, bien connus au préalable, les rapports du sympathique avec les nerfs crâniens, et j'essayerai dans la 3' partie d'indiquer l'état actuel de nos connaissances sur ce sujet. . NERFS VASCULAIRES DE LA TETE. 315 Pour terminer ce chapitre, je rapprocherai l'innervation vasculo-motrice de l'encéphale de celle des autres régions, fidèle en cela à la méthode que j'ai suivie jusqu'ici. Je rappelais, en commençant ce travail, que les vaisseaux des membres reçoivent leurs nerfs du sympathique thoracique ou abdbmino-pelvien, et des nerfs mixtes rachidiens ; plus loin, face (régions superficielles et profondes), cfàne (régions superficielles), je résumais à la fin de chaque étude partielle la provenance des nerfs vasculaires (sympathique libre sui- vant les vaisseaux, nerfs facial et trijumeau) ; maintenant je dirai que les nerfs vasculaires de l'encéphale proviennent, pour le groupe antérieur comme pour le groupe postérieur, du sympa- thique libre [rameau carotidien, nerf vertébral) et des anastomoses cérébro-spinales [nerfs crâniens , nerfs rachidiens cervicaux) (V. fig. 136). Je justifie ainsi ce que j'avançais au début que « l'on peut toujours ramener la provenance des nerfs vasculaires crâniens, comme celles des nerfs vasculaires des membres à deux sources, le sympathique libre (ganglions ou plexus), et les nerfs moteurs et sensitifs réunis dans les membres, dissociés à la tète. » >9fï ':.. nul Olia .OO'I/JJ)'; ;ffrÔ'I088er Ji' ))ioC> "' - < v^oqqos hp.q 't TROISIEME PARTIE. Documents pour servir à l'étude du sympathique crânien. Les rapports si compliqués du sympathique avec les nerfs crâniens nécessitent une méthode rigoureuse dans les re- cherches qu'on entreprend sur ce sujet. La méthode la plus naturelle, et celle qui parait susceptible de fournir les meilleurs résultats, est actuellement employée soit par les auteurs d'ana- tomie descriptive humaine (Sappey), soit par les auteurs d'ana- tomie comparée (Gegenbaùer). Elle consiste à rapprocher les nerfs crâniens des nerfs rachidiens en se fondant sur la division vertébrale du crâne ; cette assimilation étant admise, la con- naissance, aujourd'hui assez nette, des rapports du sympa- thique avec les nerfs mixtes rachidiens, autorise à rechercher dans les filets multiples qui relient les nerfs crâniens au sym- pathique, les analogues des rameaux communicants rachi- diens. Dans cette étude on ne saurait s'entourer de renseigne- ments trop nombreux, et l'anatomie comparée, l'embryologie, la physiologie expérimentale, quelquefois la pathologie elle- mcme, doivent être tour à tour minutieusement interrogées. J'ai clierché à réunir, pour compléter le travail précédent, le.^ principaux faits sur lesquels se fonde aujourd'hui l'histoire des rapports du sympathique avec les nerfs crâniens. J'en donnerai ici le résumé en procédant dans l'ordre suivant : Chapitre L — Division vcrlébrale du crâne. — IL — Division des nerfs crâniens d'après la divi- sion dn crâne en vertèbres. — III. — RapprocJœment entre le sympathique crânien cl le sympathique rachidien. NERFS VASCULAIRES IJE LA TÈTE. 31' I. — DIVISION VERTÉBRALE DU CRANE. La division du crâne en vertèbres fut au début de ce siècle présentée au monde scientifique avec un véritable enthou- siasme par Oken, et acceptée sans hésitation par des savants de premier ordre. Oken appliquait à la tête sa conception gé- nérale de la formation vertébrale des divers segments du corps, et, saisissant dans son ensemble la valeur de là théorie sans en posséder encore les détails, il écrivait : « Le squeleltc n'est qu'un os vertébral, développé^ ramifié, et l'os vertébral est le germe préformé du squelette ; l'homme entier n'est qu'une vertèbre (1). » Quand ensuite la question fut mise à l'étude, beaucoup d'arguments favorables à la segmentation vertébrale du crâne (2) résultèrent des travaux entrepris pour l'appuyer; (1) Oken [Uher die Bedentviing der SchadelknocheiijlénB, 1807).* A l'époque où son premier travail fut publié, Oken ne pouvait connaître les idées de Goethe qui ne virent le jour qu'en 1820. — Ce dernier cependant re- cueillait depuis longtemps des matériaux d'étude, et il avait* déjà, avant 1791, compris le crâne comme formé d'os vertébraux, car, à celte époque, le hasard lui ayant fait rencontrer, dans un cimetière de Venise, une léte de mouton brisée, il étendit à la face la théorie de la dérivation vertébrale. « Là, dit-il, j'avais le fait tout entier dans sa généralité. » [Zur Morphologie, ii.) — (Cita- tion empruntée à Gcgenbaûcr.) J.-P. Franck avait, du reste, émis en 1792 l'opinion que le crâne était formé d'une seule vertèbre. Mais ces reclicrches antérieures ne paraissent point de nature à enlever à Oken le mérite d'avoir le premier insisté sur l'importance de la théorie. (2)Duméril [Magasin Encyclopédique, 1808) reprend les idées de J.-P. Franck. Blainville (Bulletin soc. Philomatique, 1810. Ostéographie). Spix {Cephalogencsis, 181.Ô). Carus (Leipsick, 1818, (cherche à étendre la théorie aux articulés V. I.) et Trailé d'anatomie comparée, 18.S5. Bojanus. Isis, 1819 d'après Gegenbaiier; 1811, d'après Milne-Edwards. .; Geoffroy-Saint-Hilaire (Annales se. nat., 1824). i Ulrich. — Meckcl. Rcichcrt (Mïiller's Arch., 1827). Développement du crâne d'après un type analogue à celui de la colonne vertébrale. Owen (Brilich associalion, 1846, et Ostéologio comparée, 1864) remanie la théorie do l'homologie. Lavocat [Tératologie, 1864). Liégeois [Physiolo'^ie, 1869) cite vices de conformation du crâne, analogues au spina bifida (Monstres oxencéphalicns, de Geoffroy-Saint-Hilairc, ^=^ Noden- cépbafie, procncéphalie, podoncéplialic). 318 FRANÇOIS-I-'RANCK. mais, comme on devait s'y attendre, les recherches actives dont elle fut l'objet mirent au jour des objections (1) qui ce- pendant ne semblent pas de nature à infirmer la théorie de la segmentation. J'adopterai donc, à l'exemple de nos auteurs classiques, la division du crâne en trois vertèbres (postérieure ou occi- pitale, moyenne ou sphéno-pariétale, antérieure ou frontale). C'est sur la description de Cruveilhier et sur la délimitation indiquée par .lui que j'ai figuré la segmentation en trois ver- tèbres, indiquée dans la figure 137, dans laquelle j'ai supposé les vertèbres crâniennes disjointes pour mieux établir, avec leur limite, la situation des (rous de conjugaison. Sans entrer dans le détail de l'analogie entre telle ou telle partie de la vertèbre crânienne, avec telle ou telle région de (I) Rathkc, Agassiz, Vogt, Virchovv, Huxley (Proced. roy. soc, 1858, et Eléments of comp. anai., 1864). Parmi ces objections, il en est une qui est assurément de nature à inspirer des doutes, et que Huxley a fort liaijilement développée : la segmentation verté- brale n'existe pas sur le crâne à son état de développement le moins avancé: ce n'est qu'à l'époque de Tapparilion des pièces osseuses qu'on commence à trouver des traces de divisions. La continuité du crâj^e primitif des vertébrés supérieurs peut cependant ré- sulter elle-même d'une réunion préalable, d'une fusion acquise par des types intermédiaires que nous ne connaissons pas tous, et que le degré de perfection des animaux supérieurs actuels nous autorise amplement à supposer. En effet, cette concentration que l'on note dans les vertèbres supérieures existant actuel- lement ne se rencontre pas encore chez Vamphioxus, le seul vestige qui nous reste des organismes vertébrés de transition. — « La contraction de quelques métamères ou même d'un nomltre assez considérable d'entre eux n'est point un fait isolé, et l'admission d'un fail de celte nature pour la partie antérieure du squelette axial des vertébrés n'est en aucune manière sans précédent : tête des insectes, céphalothorax des araignées et des crustacés, j) Oegenbatler, Anatom. comparée, p. 506. C'est surtout l'assimilation des deux segments antérieurs du crâne (fronto- cthmoïdal et sphéno-temporal) qui a soulevé, de la part des embryologistcs, les plus vives objections (Rathke, Agassiz, Vogt), pour celte raison que la cordp dot-salc, base du système vertébral, ne se prolongeait pas sous la base du* crâne au delà du segment occipital. Mais Milne-Edwards {Anal, et Physiol. conjp-, t. X) fait remarquer que cet argument n'est pas décisif, car « la gaine nolo- cordicnne plutôt que la corde dorsale elle-même joue le rôle important dans le travail organogénique dont résulte une vertèbre, et le blaslème qui donne naissance à toute la région moyenne et antérieure de la boite crânienne est évidemment en continuité de substance avec celui oii se forme cette gaine. — Donc l'absence de la corde dorsale n'est pas incompatible avec l'homotypie entre ces anneaux et les anneaux vertébraux. — Voir pour détails sur le déve- loppcnienl de la notocorbe, Ch. Hobin, Comptes rendus Acad. se, ma'i 1867. NERFS VASCLLAIHES DE LA TETE. 319 la vertèbre rachicliennc, je me con tenterai de rappeler que le corps étant représenté par la partie moyenne, le trou de con- jugaison doit se rencontrer sur le côté de ce corps : il sera t'ormé entre la vertèbre postérieure et la vertèbre moyenne par Ki^'. l'i". — SegmoiUation vertébrale du crâae. le trou déchiré postérieur, entre la vertèbre moyenne et la vertèbre antérieure par la l'ente sphénoidale et les annexes, trou grand roncl et.,l-^ou ovale (1). 1.1 M fl J?) ,0 1 ■!. - (1) Le Irou grand rond et le trou ovale sont annexes de la fente sphénbi- dale, vérilable trou de conjugaison antérieur, parce que, comme nous le ver- rons bientôt, i'is séfvônt' au passage d'éléments dissociés d'utie mijme paire crâriietmc. n i •'•• ■'■■'■n ■■■■'■ • ■ !■ -ui. im ■ L'anatuniie comparée nous dénionlre du reste que celle énieri^'onco des élé-' 320 FRANÇOIS-FRANCK. Jusqu'ici par conséquent, au point de vue uniquement os- téologique, nous trouvons deux trous de conjugaison crâniens, V antérieur et le postérieur^ ce qui implique l'existence de deux paires crâniennes, l'une antérieure^ Vautre postérieure. II. — DIVISION VERTÉBRALE DES NERFS CRANIENS. Dans cette étude, on met toujours à part les nerfs sensoriels supérieurs, l'olfactif, l'optique et l'acoustique, et l'une des bonnes raisons invoquées pour cette élimination est tirée de ce fait que chacun d'eux correspond à une pièce vertébrale intercalaire: l'une de ces pièces, l'auditive (Rocher), est dé- montrée par l'anatomie comparée et l'embryologie (1), la seconde, la pièce olfactive (Ethmoïde) et la troisième (formée par une portion de l'orbite) ont l'analogie en leur faveur (2). On pourrait aussi s'appuyer sur le fait du développement isolé de l'appareil nerveux olfactif (bulbe du cerveau anté- rieur), de l'appareil oculaire (vésicule cérébrale antérieure), de l'appareil auditif (vésicule auditive résultant d'une invagi- nation qui se fait des deux côtés de la téte^ à la hauteur du cervelet, pendant la première période embryonnaire). Quand il n'y aurait enfin que la spécialité même de leur fonction, les trois nerfs olfactif, optique, auditif, doivent être considérés comme surajoutés. Il reste donc neuf nerfs crâniens à répartir en deux groupes correspondant chacun à un trou de conjugaison : en prenant pour nerfs primitifs, fondamentaux, ceux qui se distinguent dans la série animale par leur permanence et leur dévelop- pement, nous admettrons, comme les auteurs déjà cités, le groupe trijumeau et le groupe vague ou pneumogastrique. Mais cette distinction du Trijumeau parmi les nerfs de la série antérieure, du Vague parmi ceux de la série postérieure, est ments d'une même paire par des points isolés n'est pas chose rare à la région rachidienne. Chez les Sélaciens, par exemple, les racines rachidienncs quittent séparément le canal rachidicn. De même, chez quelques grands mammifères (ruminants, solipodes), on observe le passage des nerfs spinaux par les arcs de quelques vertèbres. ^ Notes empruntées à Gegenhauer [loc^ cit-.). (1) Encyôlopédie anat., t. IV, p. 46. (2) Ibid. Ibid. NERFS VASCULAIRES HE I.A TÈTE. 321 trop imporlante pour être ainsi simplement formulée : elle mérite une sérieuse attention. Convaincu que l'anatomie comparée pouvait légitimer cette division, j'ai rassemblé un certain nombre de matériaux, tous probants au point de vue de la fusion des nerfs crâniens en deux groupes, et de la dépendance dans laquelle ils sont les uns et les autres par rapport au trijumeau et au pneumogas- trique. Ce sont ces éléments de comparaison que je reproduis dans le chapitre suivant, avant d'étudier les rapports du sympathi- que avec les nerfs crâniens. Réduction des nerfs crâniens à deux groupes représentant chacun une paire rachidienne. Dans la série animale, on trouve de nombreux exemples permettant de ramener : 1° au trijumeau les nerfs moteurs oculaires commun et externe, le pathétique, une partie du fa- cial : de là le groupe trijumeau; 2" au pneumogastrique, une partie du facial, le glosso-pharyngien, le spinal et peut-éire l'hypoglosse : de là le groupe pneumogastrique. Chacun de ces deux groupes conserve sa valeur chez les vertébrés supérieurs, où ses éléments constitutifs se présentent plus ou moins dissociés. C'est là une déduction forcée, dont le caractère légitime ne peut être mis en doute. 1" r,n)\ipe trijumeau. Facial considéré co))iine faisant partie du groupe trijumeau. — L'association de ces deux nerfs est un fait établi : l'anato- mie nous les montre tous deux se partageant l'innervation des régions superficielles de la face, d'une grande partie de ses régions profondes, dans les muscles, la peau, les muqueu- ses, dans l'épaisseur des parois vasculairos (V. détailS; iSerfs vasculaires, 2'' partie). L'analyse physiologique, entre les mains de Cl. Bernard, a montré leurs rapports par la sensibilité ré- I.AII. MAIIKY. 21 322 FRANCOIS-FR.VNCK. currente ; nous connaissons les actes réflexes que provoque dans la sphère d'innervation du facial l'excitation des ra- meaux périphériques du trijumeau ; l'histologie enfin a permis de déterminer en partie les rapports intra-bulbaires de leurs racines. L'anatomie comparée à son tour va nous fournir des preuves qui, pour être complémentaires, n'en ont pas moins une véri- table valeur. Chez les Oiseaux, l'affinité du facial avec le trijumeau ressort d'une manière évidente (1). Chez les Reptiles (ophidiens, par exemple), le facial nait isolément, mais se plonge ensuite dans le ganglion de Gassep (coluber sicculus (2), crotalus horridus (3)). Chez les Batraciens^ le facial ne constitue qu'une branche du trijumeau (fig. 138). Fig. 138. — Bulbe fournissant le trijumeau V, V, V", V", et !e pneumog.istrîquc X. — 0;i voit le facial F naîire du pneumogastrique X et d'une branche V" du trijumeau. — (Rana- pipiens, d'après Wymann, Smithsonian Instit., V). - , Chez les Poissons osseux, même disposition se rétfoiivè'(l)'.'^ Prenons maintenant quelques branches, les nerfs palatins moteurs et la corde du tympan. ''^ ^'^''^' ;î;iiiiii'JL:. nu ma'i (1) Alb. Meckcl. In Meckel's Avchiv., t. II, (2) Encyclopédie Anatomiq., t. IV. (3) Karl Vogt. Cité par Valentin. (4) Gegcnbaiier. Anatomie comp., 1874, et Travaux de Slicda (V. infra. Miiller. PhysioL, t. I, p. 730. Biichner. Mémoires Soc. d'iiist. nat. de Strasbourg, t. II (Adjonction du facial au trijumeau et au vogue). NERFS VASCULAIRES DE LA TÊTE. 323 Nous savons que chez l'homme le grand et le petit nerfs pétreux superficiels sont fournis par le facial. Chez les amphi- biens et les poissons, ils se retrouvent comme une dépendance du trijumeau, tout en ayant des rapports avec la branche repré- sentant le facial. La corde du tympan, si bien associée chez l'homme et les mammifères au lingual du maxillaire inférieur, se retrouve en connexion avec le maxillaire inférieur chez les téléostiens, chez les anoures et les urodèles (1). De ces dernières indications surtout^ découle l'association marquée du facial avec les deux branches inférieures du tri- jumeau, auxquelles il serait plus spécialement affecté comme élément moteur, tandis que les moteurs oculaires appartien- draient plutôt à l'ophthalmique. Moteurs oculaires considérés comme faisant partie du groupe trijumeau. — Mammifères. Chez les cétacés déjà, la première branche du trijumeau donne des rameaux aux muscles de l'œil (2). Batraciens. — Le nerf moteur oculaire externe passe dans le ganglion de Gasser(3), et le trijumeau donne par conséquent des fdets aux muscles de l'œil. Le nerf abducteur, chez les grands crapauds (4) (bufo pan- therinus et cinereus), traverse en partie le ganghon. Poissons. — Chez les poissons osseux, où il est distinct et séparé à l'origine, le moteur oculaire externe s'applique à une grosse branche du trijumeau pendant une partie de son trajet. Chez la lamproie il fait défaut, et le muscle droit externe reçoit ses nerfs du trijumeau (5). Le pathétique dont l'origine n'est pas distincte chez les cy- clostomes à palais perforé, se confond chez la lamproie en un seul tronc avec le moteur oculaire commun (6). ; Pour en terminer avec ce groupe, j'ajouterai, qu'au plus haut degré de réduction, chez les myxinoides, par exemple, (1) GcgenbaiieP. Loc. cit. '( J ..v^k--*' -' '■■■ '-r^'&'A (L (2) Muller. PhysJol., t. I, p. 130. .ni (i.l«/ i'iN/I ({•( (2) Yo\kmana.{Mullcrs Archiv., 1838.) ,.■ n. .^j-k» .. înn^rujprM.O Trijumeau proprement dit, Guvicr décrit le nerf vidien chez les mammifères comme 3^2 FRANÇOIS-FRANCK. fourni par le ganglion de Meckel et se rendanl au rameau caro- tidieri externe (1). . Chez les oiseaux^ Schlemm indique un rameau récurrent de la branche ophthalmiq.ue, l'analogue, d'après lui, du nerf vidien (filet récurrent chez le dindon). Le même détail est reproduit par Siebold et Stannius (2), qui résument les recherches de Weber et de Schlemm : deux rameaux ascendants partent du ganglion cervical supérieur; l'un va se réunir au trijumeau, l'autre s'engage dans le canai carotidien, s'anastomose avec des filets du glosso-pharyngien et du facial, et quitte ce canalpour se rendre, comme nerl vidien, le long de la paroi interne de l'orbite. Chez les reptiles (testudo europgea) , Bojanus (3) représente le sympathique comme accompagnant dans le crâne Vartère carotide et s'unissant au nerf vidien et au facial. Vi'^. 140. — (EmpruntL'c à Bojanus.) l, lilets nasaux du nerf vitlen. — 2, « rameau sympa lliique (Ij nerf vidien » se rendant (?) au grand sympaihifiue dans le canal carolidien. Swan (4) figure chez le caret (testudo imbricata) le cordon sympathique distinct le long du cou, envoyant une de ses branches, avec une division de l'artère carotide, dans un canal de la base du crâne, donnant un filament au facial, et commu- niquant avec le second rameau de la S*" paire. Chez les ophidiens (boa constrictor), Swan décrit deux ra- meaux paiHant du ganglion cervical supérieur et allant s'anas«, tomoser avec des rameaux de la seconde branche de la 5^ paire,,i en formant un petit renflement â chaque point d'union. On pourrait, d'aprôs^Guvier,;. assimiler au garigli9n:^,pl5i,çn£)]-Pâfe (2) Siebold el Stannius (Manuel d'ana'omie). In Jobtwt. (Ann. se. nat., \8Qd). (3) Bojanus. [Anat. Testnd. Europ., 1819, planche XXXVL) ;. -" --.. (4) Swan. (Illustrât, anat. comp., Londres 1837.) i'el b"i'ï NERFS VASCULAIRES DE LA TETE. 333 tin un de ces renflements qui donne un filet à la membrane du nez. '...p .,. Chez les poissons, le sympathique représente à la base du crâne un filet nerveux avec filets de communication pour chaque paire vertébrale. On peut suivre le sympathique jusqu'à la S*" paire aussi bien chez les poissons osseux que chez les pois- sons cartilagineux, quoiqu'on ait nié qu'il existât chez ces derniers (1). Selon Gegenbaùer (2), le sympathique commence au triju- meau chez les poissons (Y. fig. 141), avec un ou plusieurs gan- glions recevant des racines de ce nerf. i! ,1 [.•■JinqoH f, f)')iiîu!(|nî'i;, •- Oi^f/ïtH iiobioo ai (BjBoi.'iùtïu ubiijayj; rMp':) .ai .\eiiy..uijj^i|.\^; ^'r^/-^*, ., Fis- 141. — Sympathique de l'Esox Luciiis (Gegeiibauei-). "uf CI, i'^' ganglion sympathique né (!c la branche inférieure du trijumeau T. P. Ganglinn du piu'umogastr. V fournissant une racine au -2e ganglion. d bI sb G. Sympatli. lequel s'unit aux 4 premiers nerfs spinaux. — C, corJon sympathique., r..r'.r<-f Uiij.q o iJi .jU iJiJytli'iUi. ijl ■ ^ jubUpIil Cette revue, assurément 'ihcôm^plête, est suffisante cepen- dant pour montrer que les rapports, indiqués chez l'homme entre le groupe trijumeau et le sympathique, se retrouvent chez les animaux vertébrés, et, je noterai, dans les mêmes condi- tions, toujours avec des nerfs sympathiques carotidiens, ce qui justifierait dans une certaine mesure Cassimikaion que je pre- il) Carus el d'Alton. \Dc sysl. Jicry.vJia et strnctiirn in goncro. Loinsick 1853.) (Trad. latine Thicncmann.) ■ oA.J ,,ku*' (2) Gegenbaiier. (Anal, r.omp. 7)or/!s vif^rj'rmix.] 33i FRANÇO;S-FRANCK. sentais en commençant entre les plexus ca^^otidiens et un cordon cépJtalique sympathique. 2" GROUPE PNEUMOGASTRIQUE. Gomme chez l'homme, les filets d'union entre le sympa- thique et le groupe pneumogastrique sont remarquables chez les animaux par leur extrême brièveté ; souvent même il y a fusion à la base du crâne entre les divers éléments de la paire crânienne postérieure et le sympathique. ■ Quelques exemples affirmeront cette seconde série d'anas- tomoses. Chez les oiseaux, l'un des rameaux ascendants du ganglion cervical supérieur s'anastomose avec des filets du glosso-pha- ryngien et du facial (Siebold et Stannius). Chez les reptiles, Mûller indique, pour le lézard, la fusion de la portion céphalique du sympathique et du vague. Il en est de même chez les serpents (1). Chez les poissons, le sympathique est uni au vague à la base du crâne (V. fig. 141), et quelquefois on a pu croire qu'il était remplacé par ce nerf (chez la lamproie, par exemple) (2). Swan l'a fisfuré dans la raie. ' - ' Gegenbaûer a décrit le pneumogastrique comme fournissàhf ' des filets qui pénètrent ordinairement dans le 1"'' ganglion Le rapprdche'méiit dé ce nouveau paragraphe et du para- graphe correspondant de l'anatomie de l'homme nous confirme!^ encore dans cette idée (Jué le groupe vague fournit au sympa- thique des rameaux constants, comme le groupe trijumeau .' ' .'^'-' Uvufoî CONCLUSIONS. '"^^ik PREMIÈRE P.l/?™'ciGr ce ''travail^ j^ai'eSàyé de réunir les preuves anatomiques (dégénérescence wallérienne) et les preuves physiologiques et cliniques sur lesquelles re- pose la détermination des nerfs vasculaires des membres, et j'ai conclu avec Pflûger, Schiff, Cyon, Vulpian que les vais- (1) Wcber. [Anat.cowp. nerv. sywp. — Mcckd's' Archiv., 1827.) (â)i,Cam& et d'Alton. (Loc. .c-^i.)"-^ • ;';r; ,,, :-,:•;,,; , , . , , ■; ISERFS VASCULAIRES DE LA TETE. seaux reçoivent leurs nerfs : 1° des filets sympathiques libres, provenant directement des ganglions de la chaîne; 2" des filets du même ordre contenus dans les nerfs mixtes rachidiens et em- pruntés par ceux-ci à la moelle et aux ganglions. Ai Dans la SECONDE PARTIE, j'ai passé en revue les di- verses régions delà face et du crâne, indiquant, pour chacune d'elles, les nerfs vasculairesetleur provenance, d'après l'ana- tomie descriptive et l'expérimentation physiologique ; j'ai été conduit ainsi à admettre : 1° Que les vaisseaux superficiels et profonds de la face étaient innervés : ,,^^ a) Par les filets sympathiques libres provenant du ganglion cervical supérieur et du cordon prévertébral; b) Par des branches du facial et du trijumeau. . . ,,[ r-.K 2° Que les vaisseaux de l'oreille recevaient leurs nerfs : a) du sympathique libre; b) du facial et du trijumeau; c) du plexus cervical. 3° Que les vaisseaux des téguments du crâne recevaient également les leurs : a) du sympathique libre ; b) du facial et du trijumeau ; c) du plexus cervical. ,4° Que les vaisseaux encéphaliques étaient innervés : ji, a) Par le plexus carotidien, en tenant compte, pour la signi- fication physiologique de ces filets sympathiques, des anasto- moses avec les nerfs ci\àniens ; ^ p) Par le plexus vertébral, en tenant compte, au même point de vue, des anastomoses des nerfs cervicaux avec le nerf ver- tébral. Dans cette seconde partie ont été étudiés les trois points complémentaires suivants : 1° Examen des principales théories de la dilatation vascu- laire produite par l'excitation de certains nerfs (dilatation vasculaire active). . r • , ■ ... Conclusion. — « Nous ne sommés pas certain de posséder la, , véritable théorie, de J,a^,c|ila^^iQn.,^ctiyQ^j),,(ew^ a^, professeur Vulpian). 7 ,,^ ., -^ r],,] ,p v.-.;:!Vl w/f: .: n'î 2° Étude des nerfs sécréteurs. • Conclusion, — Indépendance du facteur circulation par 336 • FRANÇOIS-FRANCK. rapport au facteur sécrétion , et , selon toute probabilité, subordination du second au premier. 3° Notes sur le nerf vertébral considéré comme cordon com- plémentaire du sympathique au cou, et non comme simple branche du ganglion cervical inférieur. Conclusion. — Nécessité de recherches appuyées sur l'ana- tomie comparée. Indications à ce sujet. La TROISIÈME PARTIE, relative aux rapports du sym- pathique avec les nerfs crâniens, ne comporte que les conclu- sions restreintes suivantes : 1° La segmentation vertébrale du crâne et la réduction des nerfs crâniens (anatomie humaine, anatomie comparée), à deux groupes représentant chacun une paire rachidienne, permettent de chercher dans les anastomoses que ces nerfs présentent avec le sympathique crânien (nerfs carotidiens et ganglions) les analogues des rameaux communicants rachi- diens. 2" Mais nous ne pouvons actuellement conclure qu'en faveur de l'analogie ; l'identité serait peut-être démontrée par l'appli- cation de la méthode wallériénne aux nerfs du groupe triju- meau et du groupe pneumogastrique, ainsi qu'aux rameaux qui les unissent aux prolongements crâniens du sympathique. IX. PRESSION ET VITESSE DU SANG. I. — Pression et vitesse du sang dans les artères. Dans les expériences sur les mouvements du sang, on demande au manomètre des indications qu'il no saurait fournir. La pression du sang résulte, non- seulement de l'action impulsive du cœur, mais aussi du plus ou moins de résistance que présentent les vaisseaux capillaires au passage du sang. — Le but de ce mémoire est de clierclier un critérium qui permette de savoir d'oii provient un changement qu'on observe dans la pression du san"-. Appareils qui mesurent la pression du sang ; défauts et qualités de chacun d'eux. — Pression constante et pression variable. — Sphygmographe à transmission. Appareils destinés à mesurer la vitesse du sang. — Nouvel appareil basé sur l'emploi de deux tubes de Pitot. — Vitesse constante et vitesse variable. Les mots pression du sang clans les artères et tension arté- rielle sont à peu près synonymes ; en tout cas, on les trouve employés presque indifféremment par les divers auteurs. Ceux qui emploient le mot de pression du sa^?^ dans les artères assimilent les phénomènes de la circulation artérielle au mou- vement des liquides dans les conduits, sous l'influence de la charge ou pression d'un réservoir élevé. Mais le mot de ten- sion arlérielle exprime mieux la nature de la force qui pousse le sang dans les artères; ces vaisseaux, en effet, distendus par l'action impulsive du cœur, pressent, comme un ressort sur le sang qu'ils renferment et l'expulsent par la seule voie qui lui soit ouverte : à travers les vaisseaux ca])il]aires. i.AU. MAnicv. 22 S33 M ARE Y. Depuis que l'emploi du manomètre permet de mesurer avec précision cette force impulsive du sang, tous les physiolo- gistes expérimentateurs appliquent, à chaque instant, ces in- struments. Ainsi, chaque ibis qu'on étudie l'action des nerfs sur les mouvements du cœur, c'est le manomètre qu'on inter- roge ; c'est à lui aussi qu'on demande les effets que la respi- ration produit sur la circulation artérielle ; c'est encore lui qui, depuis la découverte des nerfs vaso-moteurs, doit rensei- gner sur l'état delà circulation capillaire. Or, pour l'interprétation des mesures manométriques, on oublie trop souvent que la pression du sang dans les artères est soumise à deux influences antagonistes : d'une part, à Vactio)i impulsive du cœur qui pousse le sang avec plus ou moins de force, d'autre part, à Yaclion modératrice des petits vaisseaux qui, suivant leur resserrement plus ou moins éner- gique, retiennent le sang dans les artères ou le laissent faci- lement passer dans les veines. Chaque fois qu'il constate une variation dans la hauteur du manomètre appliqué sur un artère, l'expérimentateur doit se demander quel est celui des deux facteurs de la tension arté- rielle qui a varié, ou bien si les deux facteurs, la puissance et la résistance, ont été modifiés à la fois. En l'absence d'un critérium qui permette de trancher en toute sûreté cette ques- tion litigieuse, bien souvent les physiologistes ont choisi l'hy- pothèse qui s'accordait le mieux avec leurs idées préconçues. Cette imprudente conclusion a donné lieu à bien des contro- verses : celles, par exemple, qui se sont élevées entre Von Bezold d'un côté, Ludwig et Thiry de l'autre. Von Bezold, voyant que chaque tronçon de la moelle épinière, suivant qu'on l'excite ou qu'on le détruit^ modifie la fréquence des mouvements du cœur, concluait que chacun de ces tronçons fournit des origines aux nerfs cardiaques. Pour les adver- saires de Bezold, c'était, au contraire, sur les vaso-moteurs qu'agissait la section de la moelle épinière, le cœur n'en éprouvant que des effets consécutifs. J'ai été moi-même en butte à des constestations du même genre, lorsque je signalai, en 1858, l'influence que la- tension artérielle exerce sur les battements du cœur. Considérant comme trop complexes les expériences où l'on PRESSION ET VITESSE DU SAXG. 339 faisait intervenir la section ou la galvanisation des nerfs, et ne choisissant que des cas bien simples où, sans faire éprou- ver la moindre douleur à l'animal, on modifiait le cours du sang dans les artères, je constatai que, sous l'influence de changements dans la tension artérielle, le cœur change secon- dairement la fréquence de ses pulsations, et formulait ainsi la loi qui préside à celte relation. « Toutes choses égales dit côté de l'innervation du cœur, la fréquence de ses battements diminue quand la tension artérielle augmente et réciproque- ment. » Cette théorie était appuyée sur un grand nombre de faits, tous assez simples, pour qu'on pût aisément se convaincre qu'en agissant primitivement sur la tension artérielle toute seule, on faisait varier secondairement la fréquence des bat- tements du cœur (1). Ma théorie fut bien accueillie d'abord ; chacun pouvait, en effet, contrôler les. expériences qui lui avaient servi de base. Mais la formule que j'avais employée était sans doute trop peu exphcite, car bientôt il ne fut tenu aucun compte de cette réserve importante : toutes choses égales du côté de l'innervation du cœur. On m'opposa des cas où la fré- quence des battements cardiaques était accrue en même temps que la pression artérielle était élevée; d'autres où les batte- ments étaient rares avec une pression faible. Il suffirait de rappeler que si la loi ci-dessus énoncée est interprétée avec soin, elle répond à toutes les objections. En effet, la tension artérielle ayant deux facteurs : la force impulsive du cœur et la résistance que le sang éprouve pour sortir des artères, je n'ai eu en vue que le cas, facile à produire^ où l'on agit sur le facteur résistance. Dans ce cas seulement, on doit trouver le rapport inverse : Pression artérielle forte, battements du cœur rares. Pression faible, battements fréquents. Si l'on envisage la condition inverse, celle où l'écoulement capillaire n'étant pas modifié, une influence nerveuse, directe ou réiïexo, accélère les mouvements du cœur, il est clair que le rapport, sera changé et deviendra : Baltcments du cœur fré- (1) De ce nombre élaicnt les elTels de la saignée, de la coui|iression cl du rclàchemcnl des troncs arlériels volumineux, des alliludes, do l'acliun muscu- laire el du repos, oie. 340 MAREY. quents, pression arlérielle farte. — Ballements rares, pression^ faible. Encore faut-il admettre que les battements du cœur, tout en changeant de fréquence, gardent leur valeur au point de vue du volume de sang que chacun d'eux envoie dans les artères (1). On voit que si l'on ne tient pas compte du siège où l'in- fluence primitive s'est produite, si l'on confond les actions nerveuses cardiaques avec les actions vaso-motrices périphé- riques, il n'est plus possible d'établir une relation entre la pression du sang et la fréquence des battements du cœur. C'est ce qui est arrivé. La tendance des physiologistes allemands était, il y a quelque temps, d'admettre, suivant'la vieille théorie de Blackley, que plus la pression est forte, plus le cœur précipite ses batte- ' ments (2). Comment, dès lors, expliquer que si l'on ouvre une artère le cœur s'accélère? Pourquoi, si l'on comprime l'aorte, les battements sont-ils moins fréquents? La discussion se prolongera sans fin, sur ce terrain, si nous ne cherchons un moyen certain de savoir, lorsque la tension artérielle varie, si c'est sous l'influence du cœur, ou par suite de changements dans la circulation périphérique. Le but des études qui vont suivre est de chercher ce critérium. Des appareils employés pour mesurer la pression du sang. La pression du sang dans les artères se mesure par les procédés mêmes que les physiciens emploient pour apprécier (1) Dans certains cas où la circulation pulmonaire entravée ne laisse arriver que peu de sang au cœur gauche, on voit des battements très-rapides s'ac- compagner de très-faible tension artérielle, parce que chaque systole du cœur aorlique n'envoie qu'une ondée incomplète. (2) Les expériences de M. Cyon tendaient à établir, entre la pression et la fréquence, une relation inverse de colle que j'avais signalée ; d'après les recherches récentes de M. Nawrocki (Leipsick, 1874), la pression artérielle forte ou faible serait sans influence sur la fréquence des battements du cœur, et il n'y aurait pas lieu de chercher entre ces phénomènes un rapport de causalité. PRESSION ET VITESSE DU SANG. 3'4t'; celle des liquides, des gaz ou des vapeurs, c'est-à-dire au moyen des manomètres. On connaît les transformations suc- cessives qu'a subies le manomètre physiologique : ce fut d'a- bord, entre les mains de Haies, un tube simple dans lequel le sang lui-même, s'élevant à une hauteur d'environ 3 mètres, indiquaitlapression sous laquelle il tend à s'échapper des artè^ res ; puis le manomètre à mercure de Poiseuille, moins embar- rassant à cause de la faible hauteur de la colonne de mercure (20 centimètres environ). Enfin, le manomètre à mercure mo-. difié par Ludwig qui, sous le nom de kymographion, en fit un appareil inscripteur, l'un des plus précieux que la physiologie possède. L'emploi des manomètres révéla tout d'abord que la pres- sion du sang dans les artères n'est pas fixe, mais qu'elle subit des oscillations qui tiennent à l'action intermittente du cœur. La colonne de mercure peut osciller, par exemple, entre 20 et 24 centimètres. On a donc admis, en pratique, deux pres- sions : \?i pression constante ç\m serait, dans le cas ci-dessus, de 20 centimètres, et la pression variable qui aurait pour valeur 4 centimètres seulement. On verra plus loin comment il faut comprendre ces deux éléments de la pression du sang, et combien il serait erroné de croire que la hauteur des oscilla- tions du mercure exprimel'énergie des systoles ventriculaires. Mais, je le répète, sans rien préjuger de leur origine, il est bon de distinguer, en pratique, la pression constante et la pression variable, d'autant plus, qu'en cela, on se conforme à l'usage établi. J'ai longuement insisté, dans d'autres publications (1), sur les inconvénients des manomètres ta mercure, lorsqu'il s'agit d'estimer la valeur de pressions qui varient d'une manière rapide. L'inertie du mercure donne naissance à des oscilla- tions qui altèrent la valeur absolue des indications de l'appa- reil et éteignent les petites variations que l'action cardiaque imprime à la pression du sang. Dans les expériences que j'ai faites avec Ghauveau, nous avons recouru à des appareils ma. nométriques basés sur l'emploi d'un corps élastique de faible (1) PJiyaiul. incJ., p. 14t!. .v.ir.i'.uw; 342 MAREY. masse substitué à celui d'un corps pesant comme le mercure. Le sphygmoscope décrit dans les mémoires qui précèdent (vpy. p. 52, fig. 30) traduit fidèlement les phases diverses de la pression variable. Le professeur Fick a publié plus récem- ment des expériences faites avec un appareil {Feder Kymo- graphion) basé sur l'emploi du manomètre à ressort de Bour- don. Mais, jusqu'ici, chacun de ces appareils a ses qualités et ses défauts : si les manomètres élastiques sont seuls capables de signaler les phases de la pression variable, rien ne saurait remplacer le manomètre à mercure lorsqu'il s'agit d'estimer la valeur absolue d'une pression constante. Avec certaines modifications, on peut faire de cet instrument un excellent indicateur despressionsmoyennes.il suffit, pour cela, d'éteindre entièrement les oscillations de l'appareil, en forçant le mercure à traverser un espace rétréci (manomètre compensateur) (1) ; une amélioration a été introduite par Setschenow (2) : elle consiste à placer, sur le trajet du mercure, un robinet qu'on ferme graduellement jusqu'à ce que les oscillations soient presque éteintes (3). Enfin, une préoccupation qui doit guider dans le choix d'un manomètre est de proportionner le volume de la colonne de mercure à celui de l'animal sur lequel on opère. L'élévation, du mercure ne peut s'effectuer qu'autant qu'il entre dans l'ap- pareil un volume de sang égal au volume du mercure déplacé ; de sorte que, si l'on appliquait sur un petit animal un mano- mètre volumineux, il se ferait, dans l'intérieur de l'appareil, une véritable hémorrhagie qui altérerait considérablement les conditions de la pression du sang. Aussi, dans l'emploi des manomètres inscripteurs qui doivent avoir de larges colonnes de mercure, faut-il s'adresser à des animaux de forte taille. La pression variable est très-fidèlement exprimée par le sphygmographe construit dans les conditions que j'ai indi- quées, c'est-à-dire avec un ressort pour exercer la pression (1) Physiol. méd. de. la circulation da sang, p. 144. (2) Henle und Pfeuffer's Zeifschr., Bd. XII, s. 33. (.S) Quand les oscillations sont très-réduites, leur forme se rapproche beau- coup plus de l'expression réelle de la pression du sang. PRESSION ET VITESSE DU SANG. 3i3 sur l'artère, et avec un levier très-léger pour amplifier les niouvements du ressort. Je n'ai, jusqu'ici, rien trouvé de plus sensible et de plus fidèle que cet instrument pour donner les caractères du pouls artériel ; mais il est avantageux, dans certains cas, de faire du sphygmographe un instrument à transmission. Voici la disposition que j'ai adoptée : Fij. ii-2. — Sphygmographe à traiisiiiission. La monture ordinaire du sphygmographe est conservée ; on la voit dans la figure 142 appliquée sur le poignet. La vis verticale qui, reliée au ressort de pression, reçoit les mouve- ments du pouls, au lieu de s'eno-renèr à la façon ordinaire avec l'axe du levier inscripteur, s'engrène avec une pièce basculante qui actionne la membrane d'un tambour à air. Ce tambour explorateur du pouls est relié par un tube avec un tambour inscripteur. L'inspection de la figure montre com- ment le soulèvement du ressort et de la vis agit, par un mou- vement de sonnette, pour comprimer la membrane du premier tambour, ce ([ui fait soulever le levier du second. Dans l'em- ploi de cet appareil, il f;iut donner aux membranes do caout- 3i4 MAREY. cliouc de lïm et de l'autre tambour une tension très-failDle et diminuer, autant que possible, les frottements du levier sur le -papier. Sans ces précautions, la pulsation inscrite serait très-affaiblie. On obtient, avec le sphygmogiaphe à transmission, des tracés d'une longueur indéfinie, si l'on écrit en spirale sur un cylindre de grande longueur. On peut, en outre, inscrire la pulsation artérielle en même temps cpie celle du cœur, ce qui fournit des éléments de comparaisons très-importants entre la forme de ces deux sortes de pulsations. Enfin, comme l'ap- pareil inscripteur est distinct de l'explorateur, le sujet en ex- périence a la liberté de prendre toutes les attitudes possibles pendant que le tracé s'inscrit. u .0 Des appareils employés pour mesurer la vitesse du sang. ^^ La première détermination de cette vitesse appartient à Vôlk- mann, dont l'ingénieux hémodromographe (1) a permis de rec- tifier les erreurs qui régnaient sur la valeur de cette vitesse. - Haies avait cru pouvoir déduire la vitesse du sang de la pres- sion à laquelle ce liquide est soumis dans les artères. On sait aujourd'hui, que la vit'esse du sang résulte de la différence qui existe entre la pression qui pousse chaque molécule de liquide et celle que cette molécule rencontre devant elle à titre d'obsta- cle à son mouvement. Ludwig modifia avantageusement la disposition imaginée par Volkmann,de façon à mesurer la quan- tité de sang qui avait traversé une artère au bout d'un temps assez long, ce qui fournissait une mesure d'autant plus exacte de la vitesse moyenne du sang (2). Mais cet appareil paraît devoir être abandonné dans la plupart des cas, pour ceux qui fournissent l'expression graphique de la vitesse du sang. C'est à Vierordt (3) qu'on doit le premier inscripteur de la vitesse du sang ; il est basé sur l'emploi du pendule hydrody- namicjue. On connaît trop la disposition de cet instrument pour que je le décrive de nouveau, je dirai seulement que, dans la (Ij Voir les Traites de pyhsiologie : LongeL, t. II, p. 205, Béclard, p. 275. (2) T)o^\e\. Arbeilen, Ludwig. [Die aiismessung Uer) Itromenden Blut volu- mina. — i8Cj8. (3) Vierordt llemadynamiclv. PRESSION ET VITESSE DU SANG. 345 transmission des mouvements du pendule à l'appareil ins- cripteur, Vierordt ne s'est pas occupé suffisamment de l'inertie des organes intermédiaires, et qu'il a obtenu, comme avec son sphygmographe, des indications déformées. Ghauveau, re- prenant le principe de Vierordt, a construit un excellent instrument qui paraît traduire, d'une manière très-fidèle, les variations les plus délicates de la pression du sang. Je ne puis m'étendre sur la description de cet appareil qui est basé sur le principe suivant : une aiguille légère plonge dans un vais- seau ; le courant sanguin la dévie, et l'élasticité de la paroi que l'aiguille traverse la ramène dans sa position, si le cou- rant cesse à l'intérieur. Cet instrument a subi des modifica- tions nombreuses entre les mains de son auteur. D'abord simple indicateur de la vitesse du sang d'après les mouvements d'une aiguille sur un cadran (1), il a été transformé en appareil inscripteur direct. Plus tard enfin, il est devenu appareil à transmission destiné à agir sur le tambour à levier. C'est, je crois, sous cette dernière forme que Ghauveau remploie au- jourd'hui. h'Hcmadromoc/yaphe de Ghauveau montre que dans la vi- tesse du sang on doit, comme dans la pression, distinguer l'état constant et l'état variable ; c'est-à-dire qu'ordinaire- ment il y a toujours un certain degré de vitesse, qui fait que l'aiguille ne revient jamais au zéro, mais que la déviation de l'aiguille augmente à chaque systole du cœur, et diminue à chaque diastole. J'ai moi-même imaginé un explorateur de la vitesse du sang qui me semble devoir être plus sensible encore que celui de Ghauveau, et qui transmet au tambour à levier ordinaire la vitesse du sang avec ses variations. •,<../, Voulant, pour résoudre certaines questions d'hémodyna- mique , inscrire la vitesse du liquide qui circule dans le schéma, je recourus à l'appareil de Ghauveau, mais je n'ob- (1) Voy. Ghauveau, Borlolus et Laroycnnc, Vitcssie de la circulation dans les artères du cheval. Journ. do la physiol. de l'homme et des animaux, t. III, 1860, p. 695. — Loriot, Recherches sur la vitesse du cours du sang. Paris, 1867, in-4". J.-B. ijaillicro. — Rcbatcl, Recherches sur la circulation dans les artères coronaires. 346 MA RE Y. tins que des indications très-faibles, ce qui tenait à ce que, dans le schéma, le cours du sang n'était pas assez rapide, et surtout à ce que les tubes qui représentent les artères étaient trop peu volumineux, trop étroits par conséquent, pour un appareil destiné à s'appliquer aux artères d'un cheval. , ; Je construisis, pour ces recherches, un instrument qui me fournit d'excellents résultats. L'appareil est basé sur le prin- cipe des tubes de Pitot{l)', ce principe est le suivant: les piézomètres (2) mesurent ce qu'on appelle, en hydraulique, la pression latérale du liquide contre les parois du tuyau d'écou- lement. Si ces tubes, au lieu d'être simplement branchés sur la paroi, se prolongeaient dans l'intérieur du tuyau, puis, se coudant à angle droit, venaient présenter leurs ouvertures, soit contre le courant du liquide, soit en sens inverse, on ver- rait que le niveau de la colonne diffère de celui des piézomè- tres : il s'élèverait plus haut dans le premier cas, moins haut dans le second. Fig. 143. — Tube T dans lequel se fait un écoulcmcnl de liquide dans le sens des fl(;^clies a, h, niveaux d'une série de iiiczoraèlres. — Pi et P2, tubes de Pitot, diversement orien- tés ; leurs niveaux diffèrent de ceux des piézomètres. Soit (tig.l4o) un tuyau T dans lequel coule un liquide, sui- vant la direction des flèches. Sur ce tube, une série de piézo- (1) Pour la théorie, rapprocher ce phénomène de ceux qui sont décrits dans le Mémoire n" YI, sur la Résistance do l'air. (2) Tubes de verre branchés sur une conduite d'eau et dans lesquels ce li- quide s'élève à différentes hauteurs. PRESSION ET VITESSE DU SANG. 347 mètres ont leurs niveaux suivant la ligne nb oblique des- cendante. Mais, parmi les piézométres, se trouvent deux tu- bes de Pitot, PI et P2. Le premier de ces tubes a son orifice coudé à l'intérieur du tuyau d'écoulement et tourné contre le courant du liquide. Le niveau de PI est supérieur à celui des piézométres ; P2, au contrante, a son niveau plus bas que les piézométres, parce que son ouverture est tournée en sens inverse du courant du liquide. Fis. 14i. Appareil destiné à inscrire la vitesse du li(]uide dans un tube ou dans une artère. Étant donné (fîg. 144) un tuyau de verre dans lequel se fait un écoulement de liquide, suivant la direction des flèches ; deux tubes de Pitot plongent dans le courant et se rendent cha- cun à un tamljour à membrane 1 et 2. Le soulèvement de ces membranes sera plus ou moins énergique suivant la pression sous laquelle coule le liquide dans le tuyau ; de plus, il y aura une différence dans l'intensité de ce soulèvement, car les deux tubes de Pilot sont orientés on sens inverse l'un de l'autre; 318 :.. , , MAREY. enfin, cette différence augmentera avec la vitesse d'écoule- ment^ quelle que soit la charge sous laquelle le liquide cir- cule dans le conduit. Il faut donc inscrire cette différence de pression pour obte- nir la mesure de la vitesse du courant. A cet effet , deux disques d'aluminium placés, comme à l'ordinaire, sur les mem- branes des tambours, sont reliés par des tiges verticales arti- culées avec un fléau transversal analogue à celui d'une balance . Ce fléau, susceptible de pivoter autour d'un axe qui traverse le bâtis de l'appareil, reste horizontal si les deux membranes sont soulevées avec la même force, mais s'incline, suivant la direction marquée par une ligne ponctuée, si la pression est plus grande dans le tambour 1 que dans le tambour 2. C'est ce qui arrive quand le liquide est animé de vitesse dans le tuyau T. On utilise l'inclinaison du fléau pour comprimer la membrane d'un 3'' tambour qui signale ainsi la vitesse, et la transmet à un tambour à levier inscripteur, suivant la méthode habituelle. Quand on arrête le courant du liquide au moyen d'un obstacle en aval de l'instrument, la pression augmente ; mais comme elle est égale dans les deux tambours, l'effort de ces deux pressions se neutralise entièrement sur les deux bras du fléau transversal. Dès que l'écoulement se produit, l'inégalité de pression apparaît et le fléau s'incline avec plus ou moins d'énergie, fiiofm.-mog soi- 'j^ On remarquera que la vitesse produit une compression de l'air dans le tambour 3, ce qui produira une élévation de la courbe tracée. ' ^ Tel est le principe d'après lequel est construit mon appa- .' reil ; j'ajouterai que si l'on place des robinets sur le trajet des ' tubes de Pitot, on éteint les variations de pression qui se pro- duisent dans les tambours. L'appareil trace alors l'indication de la vitesse moyenne, de même qu'un manomètre compen- sateur donne la moyenne de pression. Pour s'appliquer sur les artères d'un animal, l'instrument doit subir des modifi- cations particulières dont il sera question plus tard. PRESSION ET VITESSE DU SANG. 319 II. — De la pression et de la vitesse constantes. RepàrliliOTt dé iâ pre'ssibrî dans un système de conduits; lois de Bernouilli. — Pour déterminer les conditions hydrauliques de l'écoulement dans un tube, il faut y mesurer à la fois la pression et la vitesse du liquide. — Loi de Bernouilli appliquée aux conditions de la circulation du sang. — La vitesse et la pression éprouvent des changements parallèles quand ces changements tiennent à une modification de la force du cœur. — La vitesse et la pression subissent des changements de sens inverse sous l'influence de modifications dans la résistance des capillaires. — Influences réciproques des changements de l'état circulatoire en des points différents de l'appareil sanguin. Un obstacle à l'écoulement du sang, dans une partie de l'appareil, produit, dans les autres parties, le même effet qu'un accroissement da l'impulsion du cœur. .3m Réparlilion de la pression constante dans le système artériel. , r ... ■ f ' r\ • Les expériences de Bernouilli établissent d'une manière indiscutable que, dans tout système de conduits où il existe un mouvement du liquide, la pression va toujours en décrois- sant dans le sens du courant. Les traités classiques de phy- siologie rapportent tous ces expériences, qui fournissent l'une des notions pi^éliminaires les plus utiles pour aborder l'étude de la circulation du sang. Nous reproduisons ici, avec quelques variantes, ces expé- riences mémorables^ en les modifiant dans le but spécial de monti^er comment varie la pression dans le système artériel, suivant que c'est la force impulsive du cœur ou la résistance des capillaires qui change. Soit (fig. 145) un rései^voi-rR plein d'eau, communiquant avec un tube horizontal d'écoulement sur lequel sont branchés verticalement une série de tubes {piêzomèlres) équidistants, dans lesquels s'élèvei\a plus ou moins la colonne liquide, suivant l'intensité de la pression latérale au point dont cha- cun des piézométres se détache. Supposons que le niveau du liquide soit en l,dans le réser- voir, et que le tube d'écoulement soit coupé en 2, de faroii à 350 MAREY. donner issue au liquide, en ce point, par un orifice dont la largeur serait la section entière du tube; les niveaux des piézométres s'échelonneront suivant une ligne droite qui join- drait le niveau 1 du réservoir à l'orifice d'écoulement 2. Cette uiyrî Fis. 14S. — Piézométres et variations de leui's niveaux suivant les changements daiïs l'arilux ou l'écoulement du liquide. pente des niveaux tient à l'existence d'un écoulement qui, d'un piézomètre à l'autre, consomme, par les résistances dites de frottement, une partie delà force motrice que représente la charge du réservoir. Si l'écoulement était supprimé, toute résistance de frottement disparaîtrait bien vite, et il tendrait à s'établir dans tous les piézométres un niveau horizontal, d'a- près le principe d'équilibre des liquides dans les vases com- muniquants. Ainsi, la pente des niveaux, c'est-à-dire la décroissance de pression, résulte de l'écoulement lui-même ; elle est donc sous l'influence des changements.de hauteur du liquide dans le réservoir et des changements de résistance du tube (Ion gueur et dianiètre). Faisons varier la hauteur du liquide dans le réservoir R, tout en laissant 1 écoulement se faire par l'orifice 2. Si le niveau du réservoir est élevé jusqu'en A' la pente des niveaux piézométriques est plus rapide que tout à l'heure ; elle suit la ligne A' 2. Si le niveau du réservoir tombe en B' la ligne des PRESSION ET VITESSE DU SANG. 351 niveaux devient B' 2 ; elle offre une pente moins rapide. Or, comme l'écoulement croit avec la charge, on peut remarquer déjà que, plus les niveaux piézométriques s'éloignent de l'horizontalité, plus ils expriment un écoulement rapide du liquide. . . A l'inverse du cas précédent, faisons varier la résistance à l'écoulement ; les niveaux piézométriques varieront encore, exprimant les changements survenus dans la vitesse du liquide. Laissant le niveau clu réservoir en 1, prolongeons le tube d'écoulement, ce qui augmentera les résistances au mouve- ment du liquide ; la pente du niveau sera 1 A. Coupons au point B le tube d'écoulement, afin de diminuer les résis- tanceS; les niveaux suivront la ligne 1 B. Ainsi, tout changement dans la pente des niveaux piézo- métriques exprimera un changement dans la vitesse, quelle qu'en soit la cause (1). Pour déterminer cette cause, il faut, en même temps que la ponte des piézomètres, étudier les changements absolus qui se produisent dans la hauteur des niveaux. Si l'on examine ce qui se passe dans l'expérience précé- dente, suivant qu'on fait varier la pression du liquide ou la résistance à l'écoulement, on voit qu'une même pente des niveaux piézométriques, c'est- cà-dire une même vitesse d'é- coulement du liquide, peut se produire dans des conditions très-différentes. La figure 145 est disposée de façon à. présen- ter deux lignes de niveaux parallèles entre elles; 1 A et B' 2 expriment que le liquide coulait dans le tube avec la même vitesse, moindre que celle que présente la ligne 1 2. Or, cette diminution de vitesse a été obtenue dans un cas, 1 A, par l'accroissement des résistances ; dans l'autre, B' 2, par la di- minution de la charge d'afflux. Inversement, les lignes A 2 et 1 B expriment un accroissement de vitesse, mais celui-ci tient, dans le premier cas, à l'accroissement de l'afflux, dans le second à hi diminution des résistances. (i) La différence de niveau de deux piézomùlres conséculifs est proporlion- nelle au carré des vitesses d'écoulement. 352 MAREY. Pour savoir à quelle cause est dû un changement de vitesse, il suffit de voir comment varie la hauteur absolue des piézo- mètres. — Si la vitesse s'accroît ou diminue, en même temps que la pression, la modification tient à un changement dans la force d'afflux. — Si la vitesse et la pression changent en sens inverse, c'est la résistance à l'écoulement qui a varié. Enfin, si nous considérons les cas où, en un point du tube, un seul phénomène varie : soit la vitesse, soit la pression, la figure 145 nous indique les conditions qui se sont produites. Elle nous montre que la variation d'un seul phénomène sup- pose la variation des deux conditions à la fois : de l'afflux et de l'écoulement. En effet, considérons, dans cette figure, les intersections des deux lignes A' 2 et 1 A, d'une part, et celle des deux autres lignes, 1 B et B' 2, il est clair qu'à ces points d'intersections la pression est la même dans un même piézomètre, malgré des vitesses différentes. Or, on peut s'assurer que pour pro- duire une telle condition, l'intersection de deux lignes de niveaux piézométriques, il faut faire varier à la fois l'afflux et l'écoulement. On voit; par ce qui précède, que les conditions dans les- quelles se produit le mouvement des liquides, dans un sys- tème de conduits quelconque, ne sont complètement déter- minées qu'autant que l'on connaît à la fois la pression et la vitesse du liquide. Si on transporte à la circulation du sangles notions préala- blement établies dans les expériences hydrauliques, on doit conclure que, pour juger des changements qui se produisent dans le cours du sang, pour faire la part de ce qui tient à des modifications dans le travail du cœur et de ce qui dépend des changements survenus dans le diamètre des capillaires, il ne faut pas se borner à l'emploi du manomètre, mais étu- dier à la fois la pression et la vitesse du sang. J'ai résumé, dans le tableau suivant, les différentes conditions de force du cœur ou de résistance des vaisseaux qui peuvent se présenter dans la circulation. On connaîtra l'état de la circulation du sang lorsqu'il sera déterminé par ses deux facteurs : la pres- sion et la vitesse. PRESSION ET VITESSE DU SANG. co M Pd cq ^ < co c: ^ m o M 1 'o h:) ";::;; xn é « C3 iz: iZ) '** <1 C5 Jj S5 C co s ^' •^ ? s 'cT t) i: rt ^ ^ Q v: o 1 .2 ,-^ & . *s >, o ■■' ^ 3 1— 1 s o 03 i 1 « s o "m Ph ' 5" m p »2 O S5 H^ •r^ H ~ ^ CO < S ^ O 1— 1 »; Eh H < U 1— 1 tf H !» *! -« u W a m -a Cm > t. ),\li. MAP.KY 28 354 MAREY. L'assimilation de l'appareil circulatoire à celui qui vient d'être décrit dans la figure 145 est parfaitement légitime. Per- sonne ne conteste plus la décroissance de pression dans l'ar- bre artériel à mesure qu'on s'éloigne du cœur. Les expé- riences de Poiseuille, qui croyait avoir trouvé une pression uniforme dans toutes les artères de gros et de moyen calibre, ont été contredites par des expériences plus récentes, et l'on comprend, du reste, ce qui avait pu induire Poiseuille en erreur. C'est, d'une part, la difficulté d'estimer d'une manière pré- cise la pression indiquée par un manomètre qui oscille, et, d'autre part, la faible décroissance de la pression dans les artères, tant qu'elles gardent un assez gros calibre. — Ce der- nier fait tient à ce que l'obstacle maximum au mouvement du sang n'est pas dans les artères, mais plus loin, dans les ar- térioles et dans les capillaires. .Ki^. ,146. — Si'béma de la ilistribution de la pression du sang- dans 1rs diftereiits points du svstènip vasculaire. 11 -n'est pas inutile de représenter ici la ligure théorique (fig. 14:6) qui monti^e comment varie la pression du sang dans les différents points du système vnsculaire. Cette figure re- produit les conditions de l'expérience de Bernouilli, non plus, comme précédemment, en opérant sur un tube également ca- libré, offrant par conséquent des résistances constantes sur tous les points de sa longueur, mais sur un tube dont le ca- libre changeant imite les changements de résistances que le sang éprouve, suivant qu'il traverse les artères, les ca- pillaires ou les veines. Le tube d'écoulement horizontal n'est pas uniformément PRESSION' ET VITESSE DU SANG. calibré comme clans la fig. 145, mais présente, dans une par- tie, un diamètre moyen. A, correspondant au système artériel ; une autre partie plus étroite, G, correspond aux vaisseaux ca- pillaires ; une troisième enfm, V, plus large, imite les con- ditions où se trouve le système veineux. Dans cette figure, la ligne des niveaux piézomé triques n'est plus une droite, car les résistances qui font décroître la pression ne sont plus les mêmes aux différents points du tube d'écoulement. Soit T (ligne pleine) le niveau des piézomètres sur toute la longueur du tube, on voit que, dans la partie A (système ar- tériel), en amont du passage résistant que présente les capil- laires, la pression décroît très-peu. — Dans les capillaires G, la pression décroît bien plus vite, ce qui tient à la consom- mation de la force motrice, ou pression, par les résistances. — Dans la portion V veineuse, la pression est très-faible, à cause de la grande consommation produite par les résistances préa- lables, en G ; cette pression diminue très-lentement dans les veines, à cause du peu de résistances qu'elle éprouve. Si on élargit les vaisseaux capillaires, ce qui diminue la principale résistance au mouvement du sang, les niveaux se placent sur la ligne t, dont la pente plus rapide exprime une plus grande vitesse d'écoulement. — Dans la région capil- laire, au contraire, la pression décroit moins vite, puisque, sur une même longueur de tube plus large, il y a moins de résistances au passage, d'où moins de consommation de la pression. — Enfin, le système veineux reçoit le liquide avec une pression plus forte ; la région capillaire elle-même reçoit, dans la partie la plus éloignée de la source d'aftlux, une pres- sion plus forte que dans le cas d'étroitesse de la région G. Si l'on augmente la charge du réservoir, c'est-à-dire la force d'afflux, on constate une plus grande pente du niveau, c'est-à-dire une augmentation de vitesse dans tous les points du système, et une augmentation de pression, surtout dans le système artériel. Tout se passe donc connue dans les conditions de roxpé- rience représentée (ig. 145, avec cette seule différence, que les résistances au mouvement du li(|iiide no sont ]);ts uiiil'oi'- 856 MAKEY. ; mes (1), et qu'elles imitent mieux celles qu'on rencontre dans la circulation du sang (2). L'appareil schématique décrit fig. 146 représente le système capillaire comme un conduit unique, plus ou moins résistant ; mais , dans l'appareil circulatoire , les conditions sont plus complexes. La résistance totale dû système capillaire sanguin est la résultante d'une foule de résistances locales, qui peu- vent varier indépendamment les unes des autres. Si nous considérons l'aorte, réservoir commun à toutes les artères, la pression, dans ce vaisseau, variera infiniment peu lorsqu'une influence vaso-motrice s'exercera en un point très-restreint de l'appareil circulatoire. Un relâchement ou un resserrement vasculaire n'aura d'effet sur la tension aortique que s'il porte sur une région assez étendue. En outre, on peut concevoir que des troubles vaso-moteurs n'aient aucun effet sur la ten- sion aortique, s'ils se compensent entre eux ; si, par exem- ple, un resserrement des capillaires, en certain point, conicide avec un relâchement dans une autre région. Ces conditions compliquent beaucoup l'étude de la tension artérielle ; les rap- peler, c'est montrer qu'on ne doit pas, d'après une seule va- riation du niveau d'un manomètre, conclure à la production d'un changement dans l'activité cardiaque ou dans la résis- tance des capillaires. Enfin, pour terminer ce qui est relatif aux rapports de la pression à la vitesse du sang dans les artères, il faut signaler la solidarité qui existe entre les branches artérielles émanées d'un même tronc. Dans le cas d'une bifurcation artérielle, si on oblitère l'une des branches, l'autre présente une pression (1) C'est en rétrécissant le tube d'écoulement que nous avons imité l'obs- tacle que présente la région caiaillaire ; on sait que, dans L'appareil circulatoire, le système capillaire représente, au contraire, la partie la plus large de l'arbre vasculaire, mais il n'en est pas moins la parlie la plus résistante au cours du sang à cause des nombreux frotlemenls qui s'y produisent. (2) On doit remarquer, dans la figure 146, que la pente des niveaux piézométri- ques est plus grande dans la région C qui représente les capillaires, lorsque cette région est étroite que lorsqu'elle est large. Or, nous avons vu que cette pente exprime la vitesse du courant. La pente des niveaux piézométriques ne croit avec la vitesse que s'il s'agit d'un même tube, comme dans la fig. 145, mais on ne saurait comparer la vitesse d'écoulement, dans deux lubcs différents, d'après la pente des niveaux piézo- métriques. PUESSION ET VITESSE DL" SAXG. 357 plus grande et le sang y coule d'un mouvement plus rapide ; les choses s'y passent donc comme si la force impulsive du cœur avait été accrue. Ainsi, les relations indiquées dans le tableau, p. 353, entre les changements de la force du cœur ou de la résistance des vaisseaux, d'une part, et les variations de la vitesse et de la pression du sang, d'autre part, ne sont applicables à la circulation du sang qu'avec certaines restric- tions, dont le physiologiste devra tenir compte. Supposons qu'on explore la vitesse et la pression du sang dans une artère des membres thoraciques, tandis qu'on exerce une compression sur l'aorte abdominale, on constatera dans l'arlére explorée un accroissement de la pression et de la vi- tesse du sang, absolument comme s'il était survenu une aug- mentation de la force du cœur, tandis qu'en réalité c'est un obstacle à l'écoulement sanguin qu'on a produit. l'i:,'. li". — lU'iiai'titiou de la pression el do la vitesse dans un tube quand on oblitère les voies collatérales d'ecau'.emenl. Soit (ligure 147) un réservoir R versant du liquide dans un conduit qui se divise en deux branches, divergentes d'abord, puis convergentes et se réunissant de nouveau pour former un conduit unique. Dans le milieu de son parcours, le liquide aura deux chemins pour s'écouler ; prenant à la fois ces deux voies, il passera, dans chacune, avec moins de vitesse et trou- vera moins de résistance que s'il n'avait qu'un seul passage. Si des piézomètres étaient placés sur les différents points de ce conduit à douI)lo voie, leurs niveaux seraient sensible- ment sur les lignes I, t , l. 358 MAREY. Comprimons le conduit de droite en 0, de manière à l'obli- térer et à faire cesser tout courant dans cette branche, la pression se répartira d'une manière nouvelle, indiquée dans la figure 147 par une ligne ponctuée. Or, cette disposition nou- velle des niveaux dans la branche gauche ressemble à ce qui fut arrivé si on eût élevé le niveau du réservoir R. Pour juger, d'après les changements de la pression et de la vitesse du sang, s'il s'est produit un changement dans la perméabilité des vaisseaux capillaires, il faut explorer ia pression et la vitesse dans l'artère même d'où émanent les capillaires sur lesquels on agit. C'est ainsi que cela se passe lorsqu'on explore la vitesse du sang dans la carotide, en même temps qu'on agit sur le cordon cervical du grand sym- pathique, ou tandis qu'on fait faire à l'animal des mouvements de mastication. Nous reviendrons plus tard sur les diverses influences physiologiques qui font varier la pression dans les différents points du système vasculaire. III. — De la pression variable. A) Pression variable. C'csH'cffet des ondées sjsloliques envoyées par le ven- tricule ; les sphygmographes seuls traduisent fidèlement celle pression va- riable sous la forme du. pouls; — formes différentes du pouls suivant la vi- tesse de- pénétration du sang dans les artères. — Rapports de la pression constante a la pression variable : 1° Variations de même sens sous l'influence du cœur ; 2° Variations de sens inverses sous l'influence dos vaisseaux pé- • riphériqucs. — Vérification au moyen du schéma. B) Vitesse variable. Expériences sur le schéma. — Rapports de la vitesse va- riable avec la pression variable : a) quand la force du cœur change; b] quand la résistance capillaire change ; c) quand on comprime une artère collatérale; d) quand on change la fréquence des mouvements du cœur. Quand le système artériel, déjà rempli de sang, reçoit du coeur une ondée nouvelle, il en résulte un accroissement de la pression intérieure ; puis, pendant le repos du cœur, l'é- coulement qui se fait à travers les vaisseaux capillaires fait baisser la pression et la ramène à son point de départ ; une PRESSION ET VITESSE DU SANG. 359 nouvelle ondée ventriculaire la relève de nouveau pour un instant, et ainsi de suite. Quand le régime régulier de la cir- culation est établi, il s'écoule autafit de sang par les capil- laires qu'il en entre par l'orifice aortique, de sorte que la pression artérielle oscille autour d'une moyenne fixe. HaÉÉsiiHbHBlâllBH ■nBHnBimnHHr Vig. liS. — Pi'ossion du sang dans la caiptide d'un chien, mesurée avec le kyniograpliion ilc : Ludwi^. Les manomètres révèlent ces variations de la pression, mais en altérant plus ou moins la forme de la courbe ; le sphygmo- graphe et le sphygmoscope en fournissent l'expression fidèle. Or, l'emploi de ces instruments nous montre que, suivant la vitesse de pénétration du liquide, les choses se passent d'une manière plus ou moins compliquée. Si l'impulsion du cœur est lente, l'afflux sera représenté par une courbe dont l'aspect rappellera assez bien la phase systolique de la pression intra- ventriculaire. Après cette première période, on verra la pres- sion baisser régulièrement sous l'influence de l'écoulement du sang. La figure 149 montre l'état variable de la pression dans des conduits où le sang circule sous l'influence d'un cœur de torlue. Fig. liO. — Vai'iations du la pi'ession artérielle d'une ini'tnc. Si l'impulsion du cœur est brusque, aux mouvements al- ternatifs d'asi.'ension et de descente viendront s'ajouter les 360 M ARE Y. effets de Tonde liquide (voir, Mémoire III), qui compliquent la courbe de la pression variable (lig. 150), tout en permettant d'en reconnaître les différents éléments. rig. 130. — l'ouh rarotitliui) do ri:omini' (tiès-auiplilié). Ainsi, dans le régime régulier de la circulation du sang, la pression artérielle ne tombe jamais à zéro ; il reste toujours dans les artères une pression constante dont la valeur change, ainsi qu'on l'a vu précédemment, suivant les changements qui surviennent dans la force du cœur ou dans la résistance des vaisseaux. Cette pression constante n'est révélée que par les manomètres dans lesquels on fait pénétrer le sang (lig. 148). Les sphygmographes, tout en ne signalant que la pression variable, ne peuvent-ils, en certains cas, nous fournir une mesure indirecte de la pression constante ? C'est ce qu'il faut examiner. Un fait qui ressort des expériences de tous les physiolo- gistes, c'est qu'en général la pression constante et la pression variable varient en sens inverse l'une de l'autre. C'est-à-dire que si la pression constante est élevée l'amplitude des oscil- lations sera faible ; tandis que si la pression constante est basse les oscillations auront une plus grande amplitude. La quantité dont chaque systole du cœur élève la pression du sang dans l'aorte représente l'excès de la force du cœur sur la pression aortique. Cet excès peut varier sous deux in- fluences différentes : soit par une augmentation de la force du cœur, soit par une diminution de la pression du sang. En se plaçant dans des conditions simples où l'on puisse; à volonté faire varier l'un ou l'autre de ces facteurs, en opéraiit par exemple sur le schéma décrit précédemment, on constate que : Si la tension artérielle s'élève par accroissement de la force du coeur, cette élévation s'accompagne d'accroissement de l'am- plitude du pouls. PRESSION ET VITESSE PU SAN», 33 î 362 MA RE Y. Si la tension artérielle s élève par suite d'obstacle à lécoulemenl du sang par les capillaires, cet accroissemenl s'accompagne de diminuiiondeV amplitude du pouls. Ces propositions sont particulièrement faciles à démontrer dans des conditions artificielles, les seules qui permettent de modifier, à coup sûr, l'élément impulsion et l'élément résis- tance. Or, si nous nous reportons aux expériences faites sur le schéma de la circulation, nous voyons, figure 151, que tandis que le cœur développe des efforts systoliques toujours les mêmes, ce dont on peut juger par les tracés de la pres- sion ventriculaire et de la pulsation cardiaque, le pouls dimi- nue d'amplitude quand un obstacle à l'écoulement du liquide vient élever la pression dans les vaisseaux. La théorie est toute simple ; aucun doute n'est possible sur forigine du phé- nomène. En effet, la force du cœur est limitée, elle ne peut donc lutter contre la pression du sang artériel qu'autant que cette pression lui sera inférieure et il doit nécessairement ar- river un moment où, la pression, s'élevant d'une manière gra- duelle par suite de la suppression de l'écoulement, cette pression sera précisément égale à la force du ventricule. A ce moment, l'effort du cœur n'enverra plus du tout de sang dans les artères, et toute variation de pression, toute pulsa- tion, par conséquent, sera supprimée. Nous pouvons également, au moyen du schéma, savoir ce qui arrive du côté de la pression variable, c'est-à-dire de la force des pulsations artérielles, quand on modifie la force du cœur toute seule, tandis que la résistance à l'écoulement du liquide reste la même. On a vu (figure 45), à propos de la construction de cet ap- . pareil; que pour accroître ou diminuer la force impulsive du cœur, il suffit d'augmenter ou de diminuer le nombre des an- neaux de caoutchouc qui servent d'intermédiaire dans la transmission du mouvement imprimé par la came. En opé- rant dans des conditions de force du cœur graduellement croissante, j'ai obtenu des amplitudes de plus en plus grandes de la pression variable à mesure que la force du cœur crois- sait. Conformément à ce que nous avons vu dans le précédent chapitre, la pression constante augmentait également par l'effet de l'accroissement de la force du cœur. PRKSSIOX ET VITESSE DU SANG. _ 363 La figure 152 montre cet accroissement graduel dés deux . sortes de pression dans trois expériences successives : l'une faite avec un seul anneau de caoutchouc pour transmettre le mouvement au cœur, la seconde avec deux anneaux, la troi- sième avec trois anneaux. Fij.', 1d2. — Accroissement de l'amplilude du pouls quand la force di: cœur augmeiile. Les deux expériences qui précèdent, faites dans des con- ditions où l'on modifie à coup sûr la force impulsive du cœur ou la résistance au cours du sang', me semblent bien plus con- cluantes que celles qu'on pourrait faire en s'adressant à la circulation du sang d'un animal. En effet, dans l'état actuel de la physiologie, il n'est guère possible d'agir à coup sûr et d'une manière exclusive, soit sur le cœur, soit sur les vais- seaux capillaires; aussi l'interprétation des phénomènes phy- siologiques doit-elle, au contraire, découler de la parfaite con- naissance des conditions hydrauliques du mouvement d'un liquide dans des conduits élastiques, où il est soumis à des impulsions et à des résistances variables. Enfin, je ne saurais parler de l'amplitude des pulsations artérielles sans indiquer une influence qui réagit sur cette amplitude ; je veux parler de la fréquence des battements du cœur. J'ai longuement exposé ailleurs (1) le lien qui existe entre la fréquence et la force du pouls, en montrant que, sui- vant l'intervalle de temps qui sépare deux afflux successifs du sang que le cœur envoie, l'écoulement se fait plus ou moins abondamment à travers les capillaires, ce qui abaisse plus ou moins la pression artérielle. Or, une systole qui se fait dans les conditions de basse pression lance plus de sang que si la pression était forte ; c'est pourquoi, dans le pouls irrégu- lier, la pulsation qui suit un grand intervalle a plus de hauteur que les autres. (I) Pljysiol. m -il., p. ilW. 3i3i ■ MAKKY. Quand 011 opère sur le schéma, on règle à volonlé. la fré- quence des systoles du cœur ; mais il en est autrement dans la circulation du sang. S'il est vrai que la fréquence des mouvements cardiaques soit liée à la pression artérielle, de telle sorte que plus la pression est basse, plus le cœur bat vite et inversement, cette variation de la fréquence doit avoir précisément pour effet de rendre moins inégale la pression constante du sang dans les artères et moins inégales aussi les oscillations de la pression variable. • \ Mais je ne puis m'étendre davantage sur ce sujet : l'influence de la pression artérielle sur la fréquence des battements du cœur étant encore contestée, il y aura lieu, dans un prochain mémoire, d'en prouver la réalité. B) Be la vitesse varinhlc du saiiy dans les arlêres. Chauveau a montré comment chaque variation de la pres- sion produite par la systole du cœur s'accompagne d'une variation parallèle de la vitesse ; il a fait voir l'analogie qui existe entre la variation de pression qui constitue le pouls et la variation de la vitesse du sang qui se produit d'une ma- nière simultanée ; analogie telle, qu'on peut trouver dans le tracé de la vitesse variable les effets de la systole du ven- tricule, ceux de la clôture des valvules sigmoïdes, enfin l'os- cillation de l'onde qui constitue le dicrotisme du pouls. Chauveau chercha ensuite à vérifier sur les animaux cer- taines théories que j'avais émises au sujet des relations qui doivent exister entre la pression et la vitesse du sang('l). 11 vit que, dans tous les cas où la pression artérielle s'abaisse par suite d'un passage plus facile du sang à travers les petits vaisseaux, cet abaissement de la tension s'accompagne d'un ac- croissement de la vitesse du sang. L'auteur a cherché à déter- miner, au moyen d'expériences très-nombreuses, l'infiuence que différentes conditions, telles que la section de certains nerfs, la ligalure de certains vaisseaux, les hémorragies, etc., exercent sur la vitesse du sang. Dans la plupart des cas, il était tenu compte, en même temps, de l'état de la pression. (1) Journal de la physiol. do, l'homme et des animaux, t. III, 1860, p. 712. PHESSION ET VITEÎSE DU SANG. 365 Je reviendrai sur ces remarquables expériences en monirant que leurs résultats s'expliquent tous par des lois très-simples que l'emploi du schéma va permettre de saisir. On a vu, à propos de la pression et de la vitesse constantes, qu'il faut distinguer deux influences opposées qui peuvent les modifier : 1" Des influences de cause centrale : changements dans la force impulsive du cœur ; elles font varier dans le même sens, la pression et la vitesse du sang. 2° Des influences de cause périphérique : obstacle plus ou m.oins grand cà l'écoulement du sang à travers les capillaires ; ces influences agissent en sens inverse sur la pression et sur la vitesse. La même distinction doit être établie au sujet do la pres- sion et de la vitesse variables. ■u) Influence des changemenls dans la force d'af/lu.r du sang. i° Si l'on comprime l'artère en amont des instruments qui y explorent la pression et la vitesse^ on voit les deux courbes tomber à zéro (fig. 153). (C'est même le moyen dont on se Fij;. Ijj. — Piessiûii ut \ilc>5C Ou ^aiig suinnimcts toutes deux i|i;iuiil l'ailL'i'e est com- primée t'.". amont des instruments. sert pour déterminer le zéro de l'échelle des deux instruments.) 2" Si l'on change successivement la force impulsive du Fig. 151. — Pression et vitesse aiigmoiitant toutes deux avec la force du cœur 366 MAREY. cœur (en changeant le nombre des anneaux de caoutchouc. Voy. p. 362), on constate, dans la pression et dans la vitesse, des modifications de même sens. Dans la figure 15-4, la pres- sion et la vitesse variables augmentent toutes deux d'intensi- té. C'est ainsi que se comportent également la vitesse et la pression constantes quand c'est la force ducœur qui change. 3" Si l'on rend plus brusques les changements systoliques de la pression du sang dans les vaisseaux, ce qu'on obtient en diminuant l'élasticité de l'aorte, on modifie de la même manière la vitesse et la pression variables ; on leur donne, à toutes deux, une brusquerie plus grande (fig. 155) sans rien Fig. 155. — Pression et vitesse modiliées toutes deux par un ciiangeDicnt de l'élasticité tif l'aorle. changer à la vitesse ni à la pression moyenne, car on n'a pas modifié la force de l'afflux sur la quantité de l'écoulement par les capillaires. h) Influence des diançjemenls dans Ncoulemenl du mng. 1" Si l'on comprime le tube en aval des appareils, on voit, tandis que la pression s'élève, la vitesse diminuer. Ainsi, dans la figure 156, on a obHtéré entièrement le tube I-'ig. 156. — Vite5s„' suiJ|iiiiiiéc et pression augmentée par un obstacle au cours du san? en aval des appareils. PKESSION ET VITESSE DU SAXG. 36; artère ; toute vitesse a été supprimée, mais la pression variable s'est accrue sous cette influence, de même que la pression constante. 2° Si l'on diminue graduellement la perméabilité du vais- seau, on voit l'antagonisme de la pression et de la vitesse se manifester graduellement comme dans la figure 157. Fi;.;'. 157. — Compression graduelle du vaisseau en aval des appareils. 3° Si l'on termine le tube artère par des ajutages'd'écoule- ment de calibres plus ou moins larges, et si on recueille trois Fig. VM. — Ajutage d'écoulements de plus en plus large, la vitesse et la pression varient eu sens inverse. séries successives de tracés, avec trois ajutages de plus en plus larges, on constate nettement : que la pression variable, aussi bien que la pression constante, varient en sens inverse des vitesses variable et constante (0^. lo8\ hijluence dv la cuiiipressiun de hraiichea coUak'rule.'j c) A côté de ces influences, il faut placer les changements qui surviennent dans la circulation d'une artère quand on comprime des branches collatérales. Nous avons vu précé- demment que, dans ces conditions, la vitesse el la pression cou- 368 MAUKY. slantes variaient dans le même sens, s'élevant toutes deux, comme si la- force impulsive du cœur était augmentée. La fi- gure 159 nous montre ce qui se passe alors du coté de la hig. loU. — Compi'e:»sioii il'uui; braiiciic cuUatcraii;, vaiiatio.is du munie seiii tiaiis la pres- sion et la vitesse, , . pression et de la vitesse variables : toutes deux diminuent à la fois. Or, on sait, d'après les expériences précédentes, que si la force du cœur augmente, la pression variable présente des oscillations plus étendues. Il devient doncfacile de distinguer les cas où la pression s'é- lève dans une artère, par accroissement de la force du cœur, de ceux où ce phénomène est dû à l'oblitération de voies col- latérales. Dans le premier cas, en même temps que P et V constants augmentent, P et V variables augmentent aussi. ^Dans le cas d'oblitération d'une artère collatérale, l'augmen- tation de P et V constants s'accompagne de diminution de P et V variables. Effets des changemenli^ de fréquence des mouvements du cœur. d) Enfin, les effets des changements de la fréquence des systoles du cœur sur la vitesse variable sont les mômes que ceux qui se produisent du côté de la pression variable (tîg. 160) On peut formuler ainsi la loi. qui préside aux changements de la vitesse et de la pression du sang. Toutes les fols que le cœur modifie son action d'une certaine manière, il s'ensuit, dans la pression et dans la vitesse du sang^ des modifications 'parallèles. Toutes les fois, au contraire, que la circulation périphérique modifiée fait changer le mouvement du POESSION ET A'ITESSE DU SANG. 369 sang, elle amène des varialions inverses dans la pression el dans la vitesse. Fig. 160. — ElTets de raccéluration des inouvemcnts du cœgr. Nous pourrons maiulenanî prendre une à une les expé- riences de Ghauveau et de ses élèves: l'interprétation des tracés qu'ils ont recueillis ne présentera plus de difficulté. Cette étude sera l'objet d'un travail ultérieur. Le but du présent mémoire était de montrer qu'on peut, en combinant Temploi du manomètre avec celui d'un explora- teur de la vitesse du sang, savoir, lorsqu'il survient un chan- gement dans l'état circulatoire, si ce changement est ;dû à l'action du cœur ou à celle des vaisseaux périphériques.; ..,;... CONCLUSIONS. 1" La connaissance de la pression du sang dans les artères ne saurait suffire pour déterminer l'état de la circulation, car cette pression peut s'élever sous'deux influences bien dis- tinctes : soit par un accroissement de la force du cœur, soit par une augmentation de la résistance des petits vaisseaux. Inversement, la pression artérielle peut diminuer, soit par l'affaiblissement de l'action du cœur, soit par le relâchement des vaisseaux ; 2" La vitesse du sang dans une artère n© saurait non plus, à elle seule, déterminer l'état do la circulation, car cette vi- tesse, de HicnK; (\w la pression, peut varier sous doux in- fluences : soit lui cliîMi^ciiicnl dans )a foiro du cnMir, soit une l.All. MAIll-.S , 370 MAREY. modification dans la résistance que présentent les petits vais- seaux, suivant qu'ils sont contractés ou relâchés; 3° Pour savoir, en toute circonstance, à quoi tient un chan- gement qui se produit dans la circulation, il faut connaître à la fois la pression et la vitesse du sang ; 4" Les lois de Bernouilli, transportées aux conditions hy- drauliques du mouvement du sang, montrent que si une élé- vation de la pression du sang s'accompagne d'augmentation dans la vitesse de la circulation, c'est qu'il s'est produit une augmentation dans la force du cœur ; tandis que l'accroisse- ment de la pression accompagné de diminution de la vitesse exprime un resserrement des petits vaisseaux et un plus grand obstacle au cours du sang ; 5° La diminution de pression accompagnée de diminution de vitesse signifie un affaiblissement de l'action cardiaque, tandis que si elle est liée à un accroissement de la vitesse elle tient au relâchement des petits vaisseaux ; 6° Pour vérifier ces lois et pour faciliter les mesures de la vitesse du sang, et en général de tout liquide qui circule dans des conduits, j'ai construit un nouvel instrument basé sur le principe du tube de Pitot. Cet instrument semble plus sen- sible que tous ceux qu'on a employés jusqu'ici ; 7° On a l'habitude de distinguer dans la pression du sang deux éléments : l'un constant et l'autre variable ; ce dernier tient à l'action discontinue du cœur. La même distinction, déjà faite par Ghauveau, relativement à la vitesse du sang, est très-utile en pratique ; 8° J'ai montré que si la pression constante s'élève tandis que la pression variable diminue, cela indique un accroisse- ment de la résistance, c'est-à-dire un resserrement des capil- laires ; tandis que si la pression constante s'abaisse tandis que la pression variable augmente, cela exprime une dimi- nution de résistance, c'est-à-dire un relâchement des capil- PRESSION ET VITESSE DU SANG. 371 laires. C'est ainsi que la mesure de la pression toute seule peut renseigner sur l'état de la circulation, à la condition qu'on tienne compte à la fois de son élément constant et de son élément variable ; 9° Le schéma de la circulation permet de vérifier toutes ces lois dans des conditions bien déterminées de force impulsive du liquide ou de résistance à 1 écoulement, tandis que si l'on opère sur le vivant, on ne peut savoir a priori si l'action qu'on provoque s'exerce sur l'élément puissance (le cœur), ou sur l'élément résistance (les petits vaisseaux). {A suivre.) aMLiDK ma -Min ëMVU-} l^M'^iA jiOiJfc'toIqxe'I taoq glisijjqqA î le !i ::, . , ii^:;.JlVU)lqx5{ ^^^ - - . . • . , ,,,.„■• IM. t,nMK.,...^(v, ■^Hi'ffs'iîiori! L'b aûiJjsïibëo'l 'i3'i}i:(orjï'.a(oq eajjptJa.fiJo snorioi^ern fiai) .î£ u j ."!(? leq dviv o.o'.tol efiLi'fc noïit-oij.'ïilgt J ;.)i> -s.opq lo'Jfîqq/. sfioJJsi'ï.ev , ■ :inj8-3d asi^fémo TABLE DES FIGURES APPAREILS. I. Appareils pour l'exploration — DU CŒUR : Explorateur à coquille 31 Explorateur à tambour 32 Sondes cardiaques 22 Myographe du cœur. '44 Appareil pour mesurer les changements de volume du cœur et les changements de pression produits par la systole 52 Pattes de grenouilles galvanoscopiques 37 — DU POULS : . ' Sphygmographe à transmission 343 — DES ONDES LIQUIDES : Tube fermé par des manchons élastiques pour montrer l'oscillation du liquide 92 Appareil explorateur de l'onde liquide (construction) 96 Disposition de l'expérience pour l'étude des ondes liquides .... 97 — DE l'élasticité. Appareil pour démontrer la destruction d'une force vive par un choc. 8 Dynamomètre enregistreur 11 — DE la vitesse DU SANG. Piézomètres et tubes de Pitot branchés sur un même tube. — Appareil pour inscrire la vitesse du liquide dans un tube ou du sang dans une artère. — Piézomètres branchés sur un même tube; variations des niveaux. 974 TABLE DES FIGURES. — DE LA PRESSION DE l'aIB. — En avant et en arrière d'un plan tournant. 222 — Détails de construction de cet appareil 223 Tubes manomélriques à air. . . 230 — Graduation de leur échelle 232 Manomètre à deux liquides ■ • • ^^"^ II. Appareils pour la mesure. — DU TEMPS : Chronographe de Marey 139- 238 Régulateur Villarceaux 136 Appareil à signaux rapides de Marcel Deprez . 142- 143 Disposition générale des appareils chroiiographiques. . 240 , Diapason envoyant ses vibrations à un tambour à levier 138 — DES sécrétions: Compte-gouttes inscripteur , 159 m. Appareils pour la transmission à distance. Appareil pour démontrer la transmission des pressions par l'air . . <, 22 — pour la transmission - des mouvements par l'air (2 tambours à levier conjugués) 130 — — Pantographe à transmission 134 IV. Appareils enregistreurs. - Dynamomètre enregistreur 11 Polygraphe (permettant de recueillir plusieurs tracés superposés) . 33 Cardiographe de Chauveau et Marey 24 Tambour à levier Enregistreur, 1" modèle 23 — — — nouveau modèle 34 Myographe du cœur . 44 Myographes directs: Appareil enregistreur du mouvement d'un coi^ps qui tombe (Pon- celet et Morin) . 262 — d'un mouvement rectiligne quelconque . ... 264 V. Appareils schématiques. — Schéma de la circulation du sang 66 — Schéma disposé pour l'élude de' la cardiographie physiologique . 71 Came pouf reproduire la systole ventrieulaire, construite d'après les ordonnées d'une courbe de systole. ............. 65 TABLE DES FIGUHESi. 375 TABLEAUX. — Des expériences de Ferhmann et Schwanck sur la traction élas- tique avec le Pferdeschoner 16 — Indiquant l'aspiration centrifuge avec des vitesses de rotation de 3 à 15 mètres par seconde 242 — Des courbes exprimant l'accroissement de la pression de l'air au- devant d'un plan tournant . . 243 — De la durée d'abaissement de l'aile d'un oiseau artificiel .... 250 — Donnant l'expression graphique de mouvements de différente nature 256 — Graphique do la marche des chemins de fer :260 — Des variations de la vitesse et de la pression du sang dans une artère . 367, 370 ]\OTATIOI\. — De la marche et de la course chez l'homme 154 — Des allures du cheval '. 155 — Du galop à droite (à trois temps) 156 FIGURES SCHÉMATIQUES. Sc])éma du trajet des tubes nerveux sympathiques dans les racines rachidiennes et le nerf mixte 171 — Des nerfs vasculaires du membre supérieur 177 — Des nerfs vasculaires du membre inférieur ' 178 — De la composition du cordon sympathique d'après Valentin. . . 179 — Des nerfs vasculaires de la face 183 — Des nerfs vasculaires des fosses nasales 190 — Des nerfs de la glande sous-maxillaire. . 197 — Des nerfs parotidiens 206 — Des rapports de la corde du tympan avec le facial et les nerfs pétreux 207 — Général des nerfs glandulaires 209 — De l'innervation vasculaire de la rétine 280 — Des communications des nerfs crâniens avec le sympathique carolidien 296- 308 — Des nerfs vasculaires du pavillon de l'oreille 299 — Des nerfs vasculaires de l'encéphale 306 — Des anastomoses du nerf vertébral. 314 — De la division vertébrale du crâne 319 — Des rapports du facial avec le trijumeau et le pneumogastrique. 822 Schéma des anastomoses du sympathique avec les doux paires crâ- niennes 3-*^ 376 TABLE ni<:s pmguiu,s,, , — Des rapports du sympathique avec le facial 332 — — _ _- avec'le trijumeau et le pneumo- gastrique ....••'••'.■'.•..• 333 (.,— De la dislribution de la pression du sang dans les différents f;\.; points du système vasculaire,, . .... . 354 rvr- De la répartition de la pression et de la vitesse sous l'influence d'une oblitération collatérale, TRACES. I. Tracés du dynamographe pour la traction avec intermédiaire élas- tique -. 12 ^— Avec trait rigide.'. '.' 12 II. Tracés cardiographiques. — Changements de volume d'un cœur de grenouille 53 — Changements de volume d'un cœur de tortue ......... 59 — Changements de pression des ventricules 60 — Pulsation du cœur; tracé reconstruit par l'addition des courbes de changement de volume et de pression 61 — Pulsation du cœur d'un lapin (avec section du pneumogastrique). 33 — Pulsation du cœur d'un lapin sur un axe l'apide 87 — Systoles d'un cœur de grenouille isolé . -^5 — Pulsation d'un cœur de grenouille à l'état normal 57 — Pulsation d'un cœur de tortue avec le myographe 59 — Pulsation du cœur chez le chien. . 21 163 — Tracé cardiographique recueilli sur le cheval . 25 — Pulsation du cœur chez l'homme à l'état normal et pendant une affection fébrile 20 — Pulsation du cœur chez l'homme avec le sphygmographe à diffé- rents instants de la journée 28 — Pulsation ducœur recueillie avec des vitesses de rotation diffé- rentes 35 — Durées relatives des systoles de l'oreillette et du ventricule. . , 46 ~ Pulsation du cœur, sur un schéma imparfait 64 — Systole ventriculaire (courbe avec ordonnées) 65 — Tracés obtenus, sur le schéma et reproduisant ceux de la cardio- graphie physiologique 72 ^ Tracé montrant l'action de l'oreillette. 75 — Changements de force du ventricule; leur influence sur les pres- sions cardiaque et aiHérielle 76 — Effet de la compression de plusieurs artères sur la circulation intra-cardiaque et artérielle 78 ^— Effet du rétrécissement auriculo-venlriculaire 80 . TABLE DES FIGURES. 377 III. Tracés de la durée des phénomènes. — Vitesse de la chute des corps 267 — De la durée d'un choc 270 — De la vitesse d'accroissement d'un végétal. 273 — Des vitesses de translation de l'homme à différentes allures. . . 277 IV. Tracés des mouvements. — De l'aile d'une guêpe captive recueillie directement 158 — De l'aile d'un macroglosse 159 — De l'aile de l'oiseau artificiel 249 — D'un des pieds à différentes allures 275 V. Tracés myographiques. — Mouvements comparés de deux pattes galvanoscopiques .... 48 — Secousse induite provoquée par un muscle inducteur empoisonné par la vératrine 48 — Retard de la contraction du cœur sur l'excitation électrique. . . 50 VI. Tracés des ondes liquides. — Oscillations d'une colonne d'eau dans un tube 92 — Oscillations d'une colonne de mercure dans un tube 93 — Mouvements d'une onde positive dans un tube fermé 100 — Ondes de second ordre dans un tube fermé (harmoniques) . . . 106 — Mouvements d'une onde négative dans un tube fermé 108 — Trajet de l'onde (représentation stéréoscopique) . 112 — Onde liquide (influence d'afflux abondants). 116 — La différence des ondes dans deux tubes élastiques communs, l'un court, l'autre long, branchés sur un réservoir 120 VII. Tracés delà pression de l'air. Tracés des tubes manométriques pour l'exploration de la pression de l'air 233 — Du tube de Pitot dont le bec est tourné dans le sens de rotation du manège (entraînement de l'air de la salle) 234 — De l'aspiration centrifuge avec des vitesses différentes .... 237 VIII. Tracés de la pression artérielle. — Influence de la fréquence croissante des systoles sur la forme du pouls (dicrotisme) . 88 — Influence de la faible pression artérielle sur le dicrotisme. . . 89 — Ketard de la pulsation artérielle sur la systole ventriculaire. . . 88 — Rapport inverse de l'amplitude du pouls et de la pression du sang (obstacle périphérique) 361 — Rapport direct de l'amplitude du pouls et de la pression du sang (force du cœur augmentée) 363 378 TABLK DES FIGUUKS. — Pulsations artérielles de la tortue à divers instants de l'expé- rience 54 55 — Variations de la pression artérielle chez la tortue 359 — Pression du sang dans la carotide du chien 359 — Pouls carotidien de l'homme 360 — Pouls régulier avec le sphygmographe à transmission 162 — D'un pouls sénile irrégulier périodique 164 — D'un pouls sénile irrégulier périodique (redoiiblé) 164 IX. Tracés de la pression et de la vitesse des liquides. — Disparition de la pression et-de la vitesse par compression enire le cœur et l'instrument explorateur 265 — Augmentation de la pression et de la vitesse constantes par excès dans la force du cœur • 365 — Augmentation de la pression et de la vitesse variables par dimi- nution d'élasticité de l'aorte 366 — Rapport inverse de la pression et de la vitesse (influence périphé- rique) 366 367 — — — (voies d'écoulement plus larges) 367 — Rapport direct de la vitesse et de la pression (compression de collatérales) 368 — Effet de l'accélération des mouvements du cœur sur la pression et la vitesse du sang : 369 X. Tracés des signaux. — Vitesse de transmission des signaux dans les tubes à air. . . . 148 — Signal électrique rapporté au tracé d'un diapason à transmis- sion 142 — Signal électrique d'un phénomène rapporté au tracé des secondes pointées électriquement. ....... 147 — Retard des signaux électriques . . 150 — Vitesse de l'agent nerveux 152 — Signaux fournis par les tours du roue 160 — Signaux du compte-gouttes inscripteur avec pointage des secondes. 160 XI. Tracés des vibrations. — De divers diapasons transmis par l'air 39 — Des verges vibrantes avec l'appareil de Lissajoux. 132 — D'un diapason chronographe 137 — Du chronographe do 100 vibrations doubles avec deux vitesses de rotation différentes 163 — Du larynx (tonalités différentes) 158 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES A Actes mécaniques; éléments qui les constituent . . 125 Agent nerveux. Sa vitesse 451 Aile d'insecte ; ses mouvements 157 — de l'oiseau; sa vitesse 151 — ses changements de plan dans le vol 216 — résistance de l'air sous l'aile 250 — angle du plan de. l'aile dans le vol ... 217 Air. Entraînement de l'air par les appareils rotatifs. ....... 233 — Pression de l'air au-devant d'un plan qui se meut 228 — Résistance de l'air 215 — Résistance de l'air sous l'aile de l'oiseau 246 — Courbe de la résistance de l'air 243 — Signaux à air. . .' 144 Allures. Inscription des allures 154 — Notation des allures 154 Amaurose réflexe 174 Amplification des mouvements 2g4 Anastomoses du sympathique et des nerfs crâniens 328 Anatomie comparée du nerf vertébral 312 Aorte. Ondes de l'aorte ... 120 Artère centrale delà rétine; son innervation 279 Artères de l'encéphale. Leur innervation 305 — de la face; leurs nerfs _ _ 182 — Réseaux nerveux entourant les artères 169 Aspiration dans les tubes à air par la force centrifuge 226 — centrifuge; mesure 245 Auriculo-temporal. Nerf, filets vasculaires qu'il fournit î^OO — Ses rapports avec le ganglion oliquc 206 380 TAliLE DES MATIERES. eqetQ Corde du tympan et sécrétion sous-maxillaire .197 — et sécrétion parotidienno. .•..-.••» .20^ Came destinée à reproduire les mouvements sysloliques du cœur. .^,;. '. ' 64 Cardiographie de Chauveau et Marey. . 24 , . , . '^ i ' ■-.iirUC, (!!' - ^^ — physiologique , . . . . „22 — reproduction sur le schéma , . 61 Carotidiens. Nerfs vasculaires , , , . SQB „ ,.. „ , . , .! •^■;.i' ,.s !!i> '■■...i.i ,,TiT îtjiTifiinm Lerveau. ivierfs vasculaires du cerv«au _. . 3(B Cérébro-rachidiens, plexus entourant ies artères ".,'. . jl69 Centre cilio-spinal 174 Chemins de fer; graphique de chemins de fer 258 Cheval. Notation des allures du cheval 156 Chien. Pulsations irrégulières du chien 163 Chloral et phénomènes vasculaires . 205 Choc du cœur 20 Chocs. Mesure de la durée des chocs. :270 — détruisant le travail moteur 6 Chronographe l^ modèle .... 240 — électrique 139 employé au contrôle des régulateurs . . 165 Chronomètres. Insuffisance des chronomètres • 135 Chute des corps. .Appareils inscripteurs de la chute 266 Giliaire. Plexus, anneau .... 283 ''■' — Artères et nerfs ciliaires. .-..........' 281 Circulation encéphalique. Rapports avec la circulation superficielle. . . 298 — — superficielle et profonde de la face " . . . 181 — et sécrétion . jgg Cœur du chien. Irrégularités du cœur. . . • 162 — du lapin 3ij — considéré comme muscle 41 débit syslolique du cœur . . . • 52 Communicants. Rameaux communicants 171 Comptaga. des tours de roue . 159 Compte-gouttes inscripteur. . 153 Conclusions du mémoire sur les mouvements des liquides 120 — du mémoire sur la pulsation du cœur §2 — des mémoires sur les nerfs vasculaires 335 — du mémoire sur la vitesse et la pression du sang 369 Contraction induite ou secondaire 47 Contrôle des régulateurs par le chronographe igj} Cordon sympathique, sa complexité. . I77 Crâne (Cavité du). Ses nerfs vasculaires 304 — Division vertébrale du crâne 31g. — Système sympathique du crâne 317 TABLK DES MATIÈRES. 381 D Dégénérescence wallérienne .... 172 Dents. Nerfs vasculaires des dents . . . 2]3 Diapason chronographe. Invention 137 — Réelage du diapason 137 — a transmission ;.,.... . . .... . . . . ,* . r . . TSS Dierotisme. Théorie de Buisson ! -. ,■ IIQ — lliéone de Marey. ,,.'•. . . ,. . . 119 — du pouls; ses différentes formes. . . , .... . .j . . . . 88 Dilatation vasculaire active '.'."\ . '.'. 201 Dissociation des différents actes qui constituent la pulsation du cœur. . 57 Duhamel. Invention du diapason chronographe . 137 Dure-mère. Nerfs vasculaires de la dure-mère 304 Durée de l'abaissement de l'aile. ; . . 150 — détermination de la durée. 150 — d'un phénomène; sa mesure. . ....... . . . . . . . , . ._ . 250 — des signaux électriques .^ 142 Dynamomètre enregistreur , .Vi E 11. -aquTponcvx.i Échauffement des régions par section des nerfs ^hq . . . ...... 173 Élasticité dans l'appareil vasculaire ..; .i ;•; v, r.-: r ;.: : ^ ■ % — Dans les appareils moteurs des êtres vivants 1 — Du muscle cardiaque; son rôle 68 — Des conduits. — Influence sur le transport de l'onde 115 Électriques (Signaux) 141 Empreintes de la marche des animaux 129 Encéphale (Nerfs vasculaires de 1') 304 Épithéliums glandulaires et nerfs sécréteurs 198 Équation personnelle dans l'appréciation des signaux 147 Espaces parcourus (Mesure graphique des) , 238 — Inscription de ses relations 127 Étincelle électrique. Sa complexité 141 Exophthalmie. Ses causes 295 Explorateurs de la pulsation du cœur (coquille) 31 — De l'onde liquide .96 — A tambour 32 F Face Nerfs vasculaires de la) I8l Facial (Nerf). Filels vasculain-s i|ii'il ruurnit I,:2 3S2 TAULE DES MATIÈRES. Flot de l'oreillelte 73 Fréquence des coups d'aile des insectes . 158 — (iJétermination de la) 155 , — Des baltements du cœur; effets sur la vitesse et la pres- sion 368 G Ganglion cervical supérieur; ses anastomoses ,. 212 — — (Arrachement du) 287 ■ — Intrinsèque des organes 202 — De Meckel. — Rapports avec les nerfs vasculaires des fosses nasales • 188 — Ophthalmique. — Ses racines 282 — Otique et nerfs vasculaires parotidiens 206 — Sous-maxillaire et nerfs vasculaires de la glande i96 — Sublingual 202 Ganglionnaires (Renflements) dans les plexus nerveux artériels .... 168 Glande lacrymale. Ses nerfs vasculaires 291 — Sous-maxillaire. Ses nerfs vasculaires 19'i — Sublinguale. Ses nerfs vasculaires 202 Graphique (Méthode) dans les sciences expérimentales 123 H Hémadromographe de Chauveau • • ^^5 Horloge inscrivant les secondes 146 Hypoglosse (Nerf grand). Filets vasculaires qu'il contient. ....... 212 Induction des actes musculaires 47 Innervation vasculaire en général 168 ~ De la face 181 — De la joue • ■ 183 — De la langue 211 — De la parotide • 205 Inscripteurs (Appareils) 124 Inscription des allures , • • • ''^'" — Des espaces 128 — Des chemins parcourus. . . -. 160 TABLE DES MATIERE^. 383 — Des mouvements S260 — Des vitesses ... 2:^9 — Des écoulements 160 — Des coups d'aile 157 — Des secondes d'une horloge 146 — De la marche de l'homme . 154 — Des sons 131 Insectes. Inscription des mouvements de leurs ailes 157 Instant (Détermination d'un) 146 Irrégularité des mouvements du cœur d'un chien 163 — Du pouls des vieillards 164 Iris (Muscles de I') 284 — (Vaisseaux et nerfs de 1') 284 Lacrymale glande, ses nerfs 291 Langue. (Innervation vasculairc de la) 211 Lingual (Nerf). Ses filets vasculaires 211 — Ses filets sympathiques 204 Longitude (Détermination de la) 147 M Marche de l'homme. (Mouvements de pieds dans la). 153 — (Inscription de la) 154 — Des animaux. (Empreintes des pieds dans la) 129 Manomètre à deux liquides ;,...... 224 — Inscripieur de Ludwig . 338 — Inscripteur pour l'air 232 Manométriques (Tubes) 223 Membres inférieurs. Nerfs vasculaires des membres inférieurs 176 Méthode graphique dans les sciences expérimentales 123 à 250 — Etendue des applications de la méthode graphique. 124 Moelle. Lésion de la moelle 288 — Section de la moelle; phénomènes vasculaires 176 Mouvements. Inscription des mouvements 264 — Amplification des mouvements 265 — Réduction des mouvements , . . . . 274 — Transmission à dislance des mouvements 130 — du pied dans la marche; inscription t>75 — rotatifs, mesure de leur vitesse. ■ 2.'J8 — combinés; inscription des mouvements 131 — de Iranslaliijii du corps dans la niarche 277 Muscles artériels '. 168 ii TABLE DES MATIERES. — ■ Force élastique des muscles : ■ • 68 — Temps perdu des muscles , 152 Myograpbe du cœur .... 44 N Nasales. Nerfs des fosses nasale? . ..... . 189 Nerf auriculo-lemporal ........ 206 • — — — Ses filets vasculaircs ... .......... 300 — de Wrisberg 210 — hypoglosse 212 — lingual 204 — vertébral ^ 312 Nerfs de l'artère centrale de la rétine ' 279 — des glandes salivaires 209 — crânien 221 Nerfs vasculaires en général 168 — de la face 181 — des régions profondes de la face 187 — de la région palpébrale 187 — des lèvres 185 — du nez 186 — de la langue 213 — des glandes salivaires 194 — ■ des dents ' 213 — de la glande lacrymale 291 ■— de l'orbite. . . . . . . . . . . . .. .... . . . .. 279 ' — ' ' ' de l'oreille. ........... ..".'.'". . 299 — de la cavité crânienne et du cerveau. . ........ 305 Nerveux (Agent); sa vitesse , 152 Notation des allures. 154 0 Œil. Vaisseaux et nerfs de l'œil. . 279 Oiseaux. Vol des oiseaux 215 — Inscription des mouvements de l'aile des oiseaux 134 — Résistance de l'air sous l'aile des oiseaux 246 Onde liquide dans les tubes élastiques 88 Onde musculaire 95 Ondées venU'iculaires; leur mesure 51 Optiques. Figures de Kœnig 131 — — de Lisajoux 132 — — de Wheatstone 131 TABLE DES MATIÈRE?. 385 Ophthalmique (Ganglion) ... ....... t282 Orbitaires. Nerfs vasculaires . -:'I'^'J -.^.'? .'.''; J". .... - 291- Oreille. Nerfs vasculaires . . 299 Oreillette. Effets de ses changements de force 75 Pantographe à transmission 133 Paraplégies réflexes . ; «'•5.-i.::l174: Parotide. Nerfs vasculaires delà parotide ;i ■.'■'. '.''•". "ïl^SOS Pèristaltique (Dilatation), . , 202 Pétreux (Nerfs) ; .■ i. . . . 206 Pie-mère. Nerfs vasculaires de la pie-mère 305 Piézomètres 350 Plexus nerveux des artères l.e'iiJ;^/}^-/. -169 — ciliaire. . .' }'■.'^^'^ -P ilviâSS — de l'artère vertébrale 307 Pneumogastrique. Action sur le cœur. .. . -. .... ... .38 — (Groupe) •....■ .^îièf ubac? "^'ï'>SS4 Polygraphe ' 33 Pouls. Inscription des effets de la pression du: sang sur le pouls . . . 366 — sénile irrégulier 163 — ' Dicrote ; ses formes .'.'.■.■.'.'.' 88 — aorlique ' 73 Pression de l'air contre un plan qui se meut . 2i9 — de la salive 198 — du sang dans les artères. Pression constante 349 — Pression variable '. .' 359 — Pression et vitesse du sang; leurs rapports 338 Pulsation du cœur • . 19 — Ses formes diverses 21 — Inscrite au sphygmographe ....... .Aj X"SV^S'28 — Explorateurs de la pulsation du cœur. . . ...'■;• '29 — du cœur de l'homme. 35 — Analyse de ses éléments . 57 — — sur la tortue 58 — — sur la grenouille .^7 Pupillaire. Dilatation réflexe 174 Quadrupèdes. Allures des quadrupèdes . . 154 R Rachidiens. Nerfs vasculaires ; 171 Racines nerveuses; leurs rapports avec Jos nerfs vasculaires . . . . .^ . 172 8S6 TAliLE DES MATIÈRES. Réflexes (Aclcs sympathiques) .... » 174 Régulateurs • ,''36 Leur contrôle "163 Régularité. Estimation de la régularité 160 Retard du pouls 73 — des signaux électriques . 149 — des siffnaux à air 148 Rétine. Circulation de la rétine 280 Rétrécissement miiral (Tracé du) 80 Régions. (Voyez les noms en particulier.) . . ....:. Rhythme (Inscription du) 160 b Salivaires (Glandes), leurs nerfs 194 — Pression dans les conduits 198 Sang (Vitesse et pression du) 338 Schéma du cœur ....... 81 — (Tracés recueillis sur le) 78 — (Divers essais de) , 62 — (de la distribution des pressions dans les vaisseaux) 354 Sciatique (Section des racines du) 195 Secondes inscrites par une horloge 146 Secousses musculaires, leurs caractères 43 Sécrétion, ses rapports avec la circulation 198 Sécrétions (Mesure de la vitesse des) 159 — lacrymale 292 Sections du sympathique lombaire 175 — nerveuses ^ . . . 171 Signaux automatiques, leur importance 140 — électriques 142 — — .perfectionnés 140 — — (Durée des) 142 — — (à air) 144 Sons (Inscription des) 131 Sonde cardiaque 22 Sphygmographe à transmission 343 Succession des phénomènes, sa détermination '. . . 152 Suspensive (Action) des vaso-dilatateurs sur les constricteurs 203 Sympathique, son indépendance 173 — crânien 316 Synchronisme. Sa détermination graphique 152 Systole du cœur, considérée comme acte musculaire 41 Tableau des expériences de Fehrmaim 16 — de la notation des allures , . 156 TAni.E DES MATIERES. SBl — Des expériences sur la résistance de l'air 243 — Des rapports de la pression à la vitesse du sang 351 Tambours à levier -^'t' ^^^ — conjugués ^^^ — employés comme manomètres 231 Température (Nivellement de la) ^^6 — Comparées de la salive et du sang e • • - 200 — Superficielles et profondes 'l'^o Terminaison des nerfs vasculaires 109, 468 Temps mesuré au chronographe 139, 145 — perdu d'un muscle ^^^ — — — du cœur 50 Temporale (Artère) '*8<* Tétanos induit - "48 Théorie de ia fonction du cœur 25 — de la sécrétion salivaire 208 — de la dilatation vasculaire active 20o Tracés. (Voir la table des figures.) Trajet des tubes nerveux sympathiques dans les racines rachidiennes. . 172 Transmission du mouvement par l'air 39 — à dislance ^30 — par le pantographo 133 — du mouvement d'un diapason 138 Translation de loiseau. Ses effets sur la résistance de l'air 246 Travail. Moyen de l'économiser 1 — Sa destruction par les. chocs 6 Trijumeau (Groupe) 321 — (Section du) 285 -r (Lésions consécutives à la section du) 285 Troncs nerveux mixtes et filets vasculaires 174 Tubes de Pitot 347 — manométriques . . , . 223, 230 Tympan (Corde du) "197 V Vasculaire (Dilatation active). Théorie des dilatations périslaltiques . . 302 — Nerfs en général ' . 168 ■Vaso-constricteurs (Nerfs) . 169 "Végétaux (Accroissement des) 273 "Veines (Structure des). 170 — (Nerfs des) 170 Vertébral (Nerf), son importance 307 Ventricule (Effets des changements de force du) sur le schéma 76 Vératrine. Action sur les muscles 48 Vide post-systolique 78, 79 Vidien (Nerf), sa constitution 193 Vitesse d'accroissement des végétaux - 273 — des acles nuisculaires 272 388 TABLE' DES MATIERES. ■ Vitesse de l'agent nerveux, . : ;...... 152 ^- d'écoulement 159 — des masses . , , , . . ^ 267 •— du mouvement d'une aile d'oiseau 151 — du mouvement rotatif (Mesure graphique de la) 238 — et pression du sang 338 — du sang (Appareil pour mesurer la) 345 — des sécrétions (Mesure de. la) 159 — de transmission des signaux dans des tubes à air . 148 — du transport de l'onde 115 — variable du sang dans les tubes 363 — des voitures 159 Voitures (Traction élastique des) 6 Vol des oiseaux 215 Volume du cœur, ses variations pendant la fonction 52' "Wallérienne (Méthode) ■ ; 172 Clicliy. — Impi. Paul ùotufti, rue du Buc-<1 Asuièies IsJ. ((j85, O-S. r^i^-^^' "-^^T X^'V"-i/'' '^'"^^ • ^^'IC-oJ-Y^^Vî'* -> V."- ^^\^^ ^r ^ . j f e^' f V i,-;'' -yi'"^ "^ :.*■ w •• s ; '. . -^^^^^^^Î^ISJL'' ^-; f . ■■■"-^içpliT^ ■1-1 V-^ ^ <::. "-^i? v^.