Va . . - • . « -J . LES PIGEONS  l’exception de cinq individus, que leurs grandes dimensions ont obligé de réduire, tous sont présentés de grandeur naturelle. Les cinq individus réduits sont la Colombi-Galline Goura, planche i , mis au tiers. La Colombe Géant , pl. i . . . I^a Colombe Ramron , pl. 5 La Colombe Grivelée, pl. 6. La Colombe Largup, pl. 9.. Quoique le discours sur l’ordre des Pigeons finisse à la page 1 3 , et que les descriptions commencent à la page 23, il n’y a point de lacune; c’est une faute d’impression. Nota. Il faut avoir soin de placer la planche toujours en regard de l’explication. à moitié. LES PIGEONS, PAR MADAME KM P, * » fc NÉE PAULINE DE COURCELLES, LE TEXTE PAR C. J. THEMMINCK. DIRECTEUR DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES ET DES ARTS DE HARLEM, etc., ET DES MUSÉES ROYAUX DE HOLLANDE. TOME PREMIER. DEUXIÈME ÉDITION. A PARIS, CHEZ ( MME KNIP , AUTEUR DES DESSINS, ET ÉDITEUR, RUE DU BAC, N* 77 j BELUIZARD, DUFOUR ET C ,E , UIBRAIRES, RUE DE VERNEUIL, i BIS. TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, RUE JACOB, 56. ■ ■ j! I V»0 ». r 1 1 ™ P™ i , > 4,1 t C/J H 1^-6 TABLE. DISCOURS SUR L’ORDRE DES PIGEONS. LES COLOMBARS. PL n® i. COLOMB AR Commandeur, mâle. . 2. Commandeur, femelle. 3 . Maïtsou 4- Unicolor 5 . Aromatique 6- Aromatique, variété. 7. A FRONT NUD 8. Wallia, mâle. . . . 9. Wallia, femelle. 10. Jojoo,mâle 11. Jojoo, femelle. . . . (Columba Militarisa, Mihi.) (C. Australis , Latham.) (C. Psittacea, Mihi.) (C. Aromatica , Lath.) (C. Calva, Miiii.) (C .Abyssinica, Lath.) (C. Fernans , Lath.) LES COLOMBES. PL n" 1. COLOMBE Géant 2 . Ramier 3 . ■ MusciDryoTiF., mâle . 4. — Muscadivore, femelle. 5 B A MF, R ON 6 Grivelée 1 . Marine 8 . Lumachelle 0. Largttp. ... . y* 10. — A QUEUE ANNELÉE 1 1. — Colomb 1 n 12. — Biset i 3 . — — A CALOTTE BLANCHE 4 - Ramiret mâle i 5 . A NUQUE ÉCAILLÉE 16 Roussard r ri Founingo 1 J 18 Jounud, mâle TTértsséf, , mâle. A y- Rouge cap, mâle Obtcott, mâle 22. — — - Labrador (Columba Spaclicea, Lath.) (C. Palumbus , Lath.) (C, OEnea, Lath.) (C. Arquatrioc, Mihi.) (C. Armillaris , Mihi.) (C. Littoralis, Mihi.) (C. Chalcoptera , Lath.) (C. Cristata, Mihi.) (C. Cariba, Lath.) ( C. OEnas, Lath.) (C. Livia, Lath.) (C. Leucocephala , Lath.) (C. Speciosa, Lath.) (C. Portoricensis , Mihi.) (C. Guinea, Lath.) (C. Madagascariensis , Lath.) (C. Gymnophtalmos , Mihi.) (C. Franciœ, Lath.) (C. Rubricapilla , Lath.) (C. Auricularis, Mihi.) (C. Elegans, Miiii.) TABLE. ij Pl. no 2 3. COLOMBE 24. — 25. 2.5 4is ' 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 3 7 . 38. 3 9 . 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49- — 5o. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 5 7 . 58. — 5q. A CEINTURON NOIR Roussette A OREILLON BLEU , lllâle a oreillon bleu, * jeune âge. Turvert, mâle jAMBOo,mâle. Jamboo, femelle. A NUQUE VIOLETTE Turgris A MASQUE BLANC Ylouvlou . . PoUKIOBOU ** Rurukuru, mâle Kurukuru , variété. Tambourette Azurée Emeraudine, mâle *** Emeraudine, variété a double collier Vineuse Tourterelle A NUQUE PERLÉE Blonde Maillée Blanche A LARGE QUEUE **** Voyageuse, mâle Voyageuse, femelle. Tourte, mâle a moustache Maugé Tourtelette, mâle Tourtelette, femelle. Erytiiroptère a moustaches blanches Geoffroy Souris Ecaillée (C. Cincta, Miiii.) (C. Rufina, Mihi.) (C. Aurita, Mihi.) (C. Javanicci , Lath.) (C. Jambos, Lath.) (C. Violacea , Mihi.) (C. Melanocephala , Lath.) (C. Larvata, Mihi.) (C. Holosericea Mini.) (C. Superba, Mihi.) (C. Purpurata, Lath.) (C. Tympanistria , Mihi.) (C. Cœrulea, Mihi.) (C. Afra , Lath.) (C. Bitorquata , Mihi.) (C. Vincicea , Mihi.) (C. Turtur, Lath.) (C Tigrina, Mihi.) ( C. Risoria , Lath. ) (C. Cambayensis , Lath.) (C. Alba,. Mihi.) (C. Malnrensis, Lath.) (C. Migratoria, Lath.) (C. Carolinensis , Lath.) (C. Dominicensis , Lath.) (C. Maugeus , Mihi.) (C. Capensis, Lath.) (C. Erylhroptera , Lath.) (C. Mystctcea, Mihi.) (C. Gûdefrida, Mihi.) ( C . Ci ner ea . Mini.) (C. Squamosci, Mihi.) LES COLOMBI-GALLINES. PL n° 1. COLOMBI-GALLINE Goura, mâle (Columba Coronata, Lath.) 2. a camail (C. Nicobarica, Lath.) * La planche 11 " 25, de l ’ Oreillon jeune âge, doit se placer imruédialetpent après celle de X Oreillon mâle, portant aussi le 11 ° 2.5, ** La description de la calombe Poukiobou porte par erreur le n° XXXI au lieu du n° XXXIII qui est celui de la planche. *** Dans quelques exemplaires, la planche 11 ° 58, colombe Emeraudine porte le mot male-, c’est au contraire l’Émeraudine 'variété et la planche n° 5t), Emeraudine variété , devrait porter le mot mâle. **** C’est par erreur que la description de la colombe Large Queue porte le n° LXYII au lieu du n° XLA II. PI. n° - 3. - 4 - - 5 . 6 . 7* 8 . 9- 10 . 11. 12 . i3. i4* 15. 16. TABLE. COLOMBI- GALLINE a cravatte noire (C. Cyanocephala, Lath.) Montagnard (C. Montana, Lath.) Roux-violet, mâle (C, Martinica-, Lath.) — Roux-violet, femelle. a face blanche (C. Erythrotorax , Mihi.) Poignardée, mâle (C. Cruenta , Latii.) Poignardée, variété. — a front gris (C. Frontalis, Mihi.) — . a barbillon (C. Caruneulata , Mihi.) Talpacoti (C. Talpacote , Mihi.) Cocotzin, mâle (C. Passerina, Lath.) — Cocotzin , femelle. __ Hottentot (C. Hotteniotta, Mihi.) — — Pigmé (C. Minuta, Lath. ) U J DISCOURS SUR L’ORDRE DES PIGEONS. IN ou s suivrons pour l’ordre de classification des Pigeons la méthode de Latham , comme elle a été publiée dans son Index ornithologique , en établissant cependant certaines modifications nécessaires , et en rectifiant les erreurs que nous avons cru découvrir dans le traité de ce naturaliste. Pour la synonymie, nous nous sommes restreints aux auteurs les plus fidèles dans leurs descriptions , à ceux qui, faisant bien connoître les oiseaux, ne se contentent pas de les indiquer vaguement. Nous citerons à cette fin Latham, Linnæus , édition de Gmelin ; Buffon, Brisson , Edwards et Sonnerat. L’ouvrage que nous offrons au public aura cet avantage qu’il renferme tous les individus connus qui se trouvent dans l’ordre des Pigeons. J’ai visité les principaux cabinets d’Histoire Natu- relle de l’Europe, et j’y ai soigneusement recueilli tout ce qui pouvoit servir au complément de cet ouvrage. Buffon nous apprend qu’il y a peu d’oiseaux aussi propres à fournir de longues courses que les Pigeons. Il ajoute que la 2 DISCOURS plupart des races sauvages se trouvent dans presque tous les climats. Les divers voyages autour du monde nous confirment dans cette assertion. Les Pigeons sauvages se trouvent dans presque toutes les contrées, même les plus brûlantes, où ils sont toujours les mêmes, sans varier de couleur; ils habitent dans ces lieux avec les autres espèces de Pigeons dont Buffon fait autant de rejetons du Bizet ou Pigeon Fuyard, sans que cependant ces rejetons supposés s’allient jamais avec leur souche primordiale; ce qu’il ne manqueroit pas de faire, si effectivement ils en tiroient leur origine. Le Pigeon brun de la nouvelle Espagne dont parle Buffon, et que Fernandès nomme le Hoilotl ( a ) celui indiqué par le même auteur sous le nom de Hoilotl (b) ainsi que le Kacalioiiot (c), sont trop vaguement désignés; les descriptions que nous en avons sont si imparfaites, qu’il nous est impossible de distinguer les différences spécifiques. Il faudra se résoudre à rayer ces Pigeons de la liste nominale, jusqu’à ce que des indications plus exactes nous les fassent mieux cônnoître. Buffon dit plus loin : « Le Pigeon indiqué par M. Brisson « sous le nom de Pigeon violet de la Martinique (d), et qui est « représenté pl. n° 162 sous ce nom de Pigeon de la Martinique, « ne nous paroît être qu’une très légère variété de notre Pigeon « commun; celui de ce même auteur, appelé simplement Pigeon (a) Colmnba Mexicana. Laht. Ind. orn. v. 2, p. 6ui , sp. 28. (b) Columba Nævia. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 60 1 , sp. 29. Columba Hoilotl. ibid. sp. 3 o. (c) Columba Cærulea. ibid. sp. 3 i. (d'j Columba Martinica. Lcith. Ind. orn. v. 2, p. 090 , sp. 7. SUR L’ORDRE DES PIGEONS. 5 « de la Martinique, et qui est représenté dans les pi. enl. n° iZjn? « sous la dénomination de Pigeon roux de Cayenne, ne forment « ni l’un ni l’autre des espèces différentes de celle de notre Pigeon ; « on les appelle improprement Perdrix à la Martinique , ou il a n’y a point de vraies Perdrix; mais ce sont des Pigeons qui ne « ressemblent à la Perdrix que par la couleur du plumage , et « qui ne diffèrent pas assez de nos Pigeons pour qu’on doive « leur donner un autre nom. » Certes , il ne seroit guère venu dans l’idée des naturels de la Martinique de donner à cette espèce, ainsi qu’à plusieurs autres, le nom de Perdrix, si, par leurs observations, bien souvent mieux fondées que tous nos systèmes, ils n’a voient aperçu quelque ana- logie entre le genre de vie de ces Colombes et les allures des Perdrix. Ce n’est donc pas la couleur du plumage qui a donné lieu à cette dénomination de Perdrix, mais bien mieux la con- formité de mœurs entre ces Gallinacés et quelques espèces de Colombes dont nous aurons occasion de parler plus au long en décrivant les individus qui appartiennent à cette petite famille. Buffon rapporte le Ramier donné par Edwards, pl. 76 ( a ), à notre Bizet, sans prendre notice des caractères de dissemblance qu’il dit exister entre ces oiseaux. Ce Ramier, qu’Edwards nomme Pigeon brun des Indes, est plus fort de taille que notre Bizet; il a le corps plus long et plus fort; toute la région des yeux et des oreilles est dénuée de plumes , et il relève souvent sa queue. La Colombe voyageuse (b), quoique ayant la queue cunéiforme [a) Columba Leucoptera. Lath. Incl. OT'ti. v. 2, 2 q 5 , sp. 6. (b) Columba Migratoria. Lath. Incl. orn. v. 2, p. 612, sp. 70. 4 DISCOURS et la taille allongée , n’a pas même fait d’exception : à en croire Buffon , elle ne diffère de nos Pigeons fuyards et devenus sauvages que par les couleurs et par les plumes de la queue, qui sont plus longues. Il en est encore de même du Pigeon décrit par Brisson sous le nom de Pigeon vert des Philippines , et que (a) Latham nomme Pigeon Perroquet (b); il est d’un tiers plus petit que le Bizet, tout son plumage est d’un beau vert jaunâtre, relevé sur la poitrine par un large plastron d’un lilas tendre. Cet oiseau, selon Buffon, ne diffère de nos Pigeons fuyards que par la force des couleurs, qu’il attribue à l’influence des cli- mats chauds , comme si le climat de Ceylan , d’ou cette Colombe est originaire , possédoit le pouvoir magique de diminuer la taille et de changer totalement la couleur du plumage d’un oiseau qui , dans nos contrées tempérées , est d’un bleu couleur de plomb, en un vert jaunâtre éclatant et en lilas tendre. Comment se peut-il que Buffon ait attribué un si grand pou- voir à l’influence des climats chauds ? Le Pigeon vert d’Amboine (c) des pl. enl. 160 n’a pas attiré plus particulièrement l’attention de ce naturaliste, quoique ce Pigeon, ainsi que plusieurs autres qui lui ressemblent, porte des caractères bien distincts qui le séparent de tous ses congénères; caractères que nous ferons observer plus loin en établissant la division des petites familles ou sections qui se trouvent dans la nombreuse tribu des Pigeons. (a) Columba Vernans. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 5 gg, sp. 22. (b) Parrot Pigeon. Lath. Synops. v. p. n° 20. (c) Columba Aromatica. Lath. Ind. or«. v. 2 , p. 5 gg : sp. 2 . 3 . SUR L’ORDRE DES PIGEONS. 5 Le Pigeon de File de Saint-Thomas dont parle Marcgrave («) est encore une espèce particulière [b) qui appartient à la petite famille des Colombars. Je trouve dans Sonnini une note de M. Virey (c) , qui s’aper- cevant aussi de la grande confusion qui règne assez généralement dans les indications si peu vraies des divers auteurs, et présumant qu’il n’y a guère de caractères spécifiques pour les oiseaux autres que les couleurs , propose de rassembler dans la même phalange toutes les espèces du même genre qui ont une couleur fort domi- nante ; ainsi les Pigeons , continue M. Virey, seroient distingués à peu près comme les Papillons; ces groupes faciliteroient l’étude de ces animaux et soulageroient la mémoire. Ne seroit-ilpas plus aisé de distinguer ces Pigeons verts par des caractères plus évidents que celui de la couleur du plumage ? Les Pigeons dont M. Virey fait l’énumération diffèrent assez entre eux pour qu’on puisse facilement les reconnoître. Le Pigeon indiqué par Hans Sloane (d), qui est notre Colombi- Galline à balafres blanches (e), a encore été considéré comme une simple variété du Rizet. Cette Colombe diffère cependant du Rizet par son plumage d’un brun-pourpre. Elle est remarquable par cieux traits blancs qui partent de la base du bec; sa longueur (a) Marcgrave , Hist. nat. Brasil , p. 2x3. (è) Colomba Sancti Thomæ. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. Coo, sp. i!\. ( c ) Baffon, édit, de Sonnini, v. 7 , />. 21 4 , note. (d) Sloane Jamaica , p . 3 oi, pl. 261, Jig. 1. (e) Colnmba Montana. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 5 ^, sp. \. — M. Sonnini se trompe dans la synonymie de l’espèce dont il est question. Le Pigeon dont parle Buffon à cet article n’est pas le Colnmba Jamaicensis de Latham, sp. 5 , mais c’est le Columba Montana, sp. 4. 6 DISCOURS totale est de neuf pouces, tandis que le Bizet en a quatorze depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue. Buffon fait aussi dériver de notre Pigeon sauvage le Pigeon que je décrirai sous le nom de Colombe à calotte blanclie (a), malgré les différences qui existent entre ces oiseaux. Plusieurs Ramiers exotiques ont été considérés comme les descendants du Ramier sauvage d’Europe , sans prendre garde que cette espèce se rencontre aussi dans les climats brûlants , et qu’elle j porte les mêmes distributions et nuances de couleurs comme dans les régions tempérées et froides; Buffon, qui ne pouvoit ignorer ce fait, attribue à l’influence du climat des diffé- rences qui ne laissent aucun doute sur l’identité des espèces. Le Pigeon Ramier des Moluques, pi. enl. n° 16/j , auquel j’ai donné le nom de Colombe Muscadivore (b), est le premier que Buffon confond avec l’espèce indigène. «Quelque éloigné, dit « cet auteur, que soit le climat des Moluques de celui d’Europe, « il ressemble si fort à notre Ramier par la grandeur et la figure, « que nous ne pouvons le regarder que comme une variété « produite par l’influence du climat (c). » La Colombe Muscadivore ressemble, il est vrai , pour la taille et les formes au Ramier d’Europe ; mais la couleur verte dorée qui recouvre tout le bas, les ailes et la queue, l’éloigne beaucoup de ce dernier ; ajoutez à cette différence une autre bien plus importante qui réside dans la conformation des pieds; le Ramier (a) Columba Lencocephala. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 5g4 , sp. 5. (J)) Columba Æuea Lath . Ind. orn. v. 2 , p. 5g4, sp. 5. ( c ) Buffon, édit, de Sonnini, v. 7 ,p. 241 . 7 SUR L’ORDRE DES PIGEONS. Muscadivore les a plus forts, le tarse et les doigts sont plus ner- veux, et ces derniers sont plus longs. Le Pigeon à taches triangulaires d’Edwards , pl. 7 5, qui est ma Colombe Roussard (a), ne peut pas être confondu avec le Ramier d’Europe , il en diffère par des caractères trop marquants ; nous les déterminerons lorsque nous en serons à la description parti- culière de cette espèce. Le Pigeon h queue annelée de la Jamaïque (b), indiqué par Hans Sloane, est encore rapporté par fiuffon au Ramier d’Eu- rope, quoiqu’il en diffère par la totalité des couleurs, par la taille qui est de deux pouces et demi moins forte, par les jeux d’un rouge plus vif, et par deux tubercules à la base du bec; tous ces caractères font de cette Colombe une espèce bien distincte. Le Ramier de la Nouvelle Zélande (c) dont parle Latham n’est pas, comme M. Virey le croit, une variété du Ramier Caraïbe, c’est une espèce. Dans la classification de ses Tourterelles, Buffon dit : a Celle (c du Canada (d) ressemble si fort à la Tourterelle d’Europe, qu’il « ne faut la regarder que comme une variété produite par l’in- « fluence du climat.» Un peu plus loin et en parlant de la Tourte (e), qu’il dit être une espèce distincte , cet auteur est dans la suppo- sition que la Tourterelle du Canada pourroit bien être la femelle de la Tourte ou Tourterelle de la Caroline. (а) Columba Guinea. Lath. Ind. orn. v. a , p. 6 oa, sp. 35. ( б ) Columba Caribæa. Lath. Ind. orn. v. 2 ,p. 6o3, sp. 36. (c) Columba Zælandica. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 6o3, sp. 3^. ( d ) Columba Canadensis. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 61 3, sp. 72 . ( e ) Columba Carofinensis. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 6x3 , sp. 71 . 8 DISCOURS Il j a ici une double erreur ; d’abord cette prétendue Tourte- relle du Canada n’est pas une variété de notre espèce produite par l’influence du climat, et secondement elle n’est pas la femelle de la Tourte ou Tourterelle de la Caroline* mais la Tourterelle du Canada est indubitablement la femelle de la Colombe Voya- geuse ( a ); il faudra donc par la suite ajouter la synonymie de la Tourterelle du Canada à celle de la Colombe Voyageuse dont nous avons déjà parlé plus haut. La Tourte, qui a la queue longue et cunéiforme, est une espèce bien distincte, non seulement de la Colombe Voyageuse, mais encore de la Tourterelle d’Europe; Buffon se trompe quand il croit qu’il faut rapporter à la Tourte le Pigeon indiqué par Albin (b), et celui de Brisson (c), le meme que Buffon nomme Tourterelle de la Jamaïque, pl. enl. iy 4 i cet oiseau a la queue très courte et peu étagée; comparer enfin un Pigeon qui construit son nid à terre, et dont les habitudes tiennent beaucoup de celles des perdrix, à une espèce dont les mœurs sont entièrement opposées, c’est bien vouloir s’obstiner à rapprocher des espèces qui n’ont aucune analogie entre elles. La Tourterelle du Sénégal des pl. enl. de Buffon, n° i6o (ci), que nous nommerons Colombe Émeraudine, n’est pas, comme cet auteur le présume, une variété de sa Tourterelle à Collier du Sénégal, pl. enl. 161 (e) : la première de ces espèces n’a que huit (a) Columba Migratoria. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 6x2, sp. 70. ( b ) Albin, tom. 2, p. 32 , pl. l\g. (c) Turtur Jamaicensis. Bris. orn. v. 1 , p. i 65 , pl. i 3 ,y 1. (d) Columba Afra. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 6x1 , sp. 64 - (e) Columba Vinacea. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 61 r , sp. 63 . SUR L’ORDRE DES PIGEONS. 9 pouces de longueur totale ; elle a la queue courte , et deux taches de couleur d’émeraude ornent les ailes de cet oiseau; la dernière mesure dix pouces; elle est modelée sur les formes de la Tourterelle Vulgaire, et porte un collier noir sur la nuque. Nous devons encore faire observer que Buffon commet ici une seconde erreur en assimilant à la Tourterelle Vulgaire celle à Collier du Sénégal, dont nous venons de faire mention; cette dernière forme une espèce distincte, que nous considérons, d’après des naturalistes qui ont observé cet oiseau dans son pays natal, comme la souche de la Tourterelle à Collier (a), dont l’es- pèce vit et se propage en domesticité dans presque toutes les contrées de l’Europe : nous désignons celle-ci dans notre mono- graphie sous la dénomination de Colombe Blonde. Après cet exposé succinct des principales erreurs que Buffon a commises en rapportant à nos espèces indigènes la plupart des espèces exotiques, nous allons faire connoître la méthode suivant laquelle nous nous proposons de classer les nombreuses espèces qui composent cette intéressante tribu. Tous les Pigeons ont le bec droit, la mandibule supérieure plus ou moins renflée vers le bout, recouvrant l’inférieure qui forme un angle plus ou moins ouvert; à la base du bec une pro- tubérance molle et charnue dans laquelle les narines se trouvent placées; les pieds robustes, munis de quatre doigts, les trois de devant presque divisés jusqu’à leur origine, celui de derrière s’articulant fort bas sur le tarse et à niveau des doigts de devant; rr ô (a) Columba Risoria. Lath. Ind. orn. v. 2 . p. 607, sp. 5 i, 10 DISCOURS la couleur dominante des pieds est le plus souvent rouge. La plupart des espèces vivent par couples, font un nid en commun, et pondent deux œufs (a) ; le mâle couve pendant quelques heures dans le milieu de la journée, tandis que la femelle pourvoit à ses besoins; ils se partagent le soin de nourrir leur progéniture, ce qu’ils font en dégorgeant dans l’œsophage des petits des aliments qui auparavant ont été plus ou moins macérés dans leur A considérer la tribu des Pigeons, il paroît que cet ordre doit être divisé en trois familles ou sections. Cette subdivision esl principalement fondée sur les mœurs et le genre de nourriture propre aux oiseaux qui composent ces familles; les quatre espèces de Pigeons qui habitent l’Europe semblent, il est vrai, présenter entre elles quelques légères différences dans les habitudes; mais les caractères qui tiennent aux formes extérieures et aux mœurs se trouvant les mêmes, on ne sauroit, dans une monographie, se permettre de classer ces espèces indigènes dans les subdivi- sions établies par les auteurs qui nous ont précédés, d’autant plus que les nombreuses espèces exotiques qui peuvent être comparées à celles d’Europe nous ont déterminés à rejeter cette ancienne classification. Notre première division sera composée d’une petite famille de Pigeons qui se distinguent des autres espèces comprises dans les deux suivantes sections, par des caractères extérieurs très appa- rents et faciles à saisir; des différences se remarquent encore dans (a) On trouve dans la troisième division des Pigeons que nous nommons Colombi-Gallines, une espèce qui pond un nombre d’œufs plus considérable. SUR L’ORDRE DES PIGEONS. n leur genre de vie : nous les désignons par la dénomination de Colombars. Les Pigeons de cette division ont le bec épais, large à sa base, sensiblement renflé vers la pointe; la mandibule supérieure forme à son extrémité une forte courbure, et l’inférieure, en se renflant également, forme un angle ouvert ; cette partie dilatée est recou- verte d’une substance cornée très épaisse formant une sorte de pince solide; le reste du bec est engagé dans une peau molle où sont placées les narines : le tarse est court; les doigts larges sont soudés à leur origine par une petite membrane; celui de derrière a une large membrane, dont il est comme liseré; les ailes sont longues et effilées ; la première penne étant à peu près de la lon- gueur de la seconde, qui est la plus longue, la queue est toujours composée de quatre pennes d’égale longueur entre elles. Si l’on en excepte cependant l’extérieure de chaque côté, qui est un peu plus courte que les autres. Les Colombars ont le naturel très fa- rouche; ils nichent sur la sommité des arbres; le nid est composé de petites branches, la femelle y dépose deux œufs que le mâle couve durant une partie de la journée. Ces Pigeons habitent les grandes forêts et se montrent rarement en plaine; leur nourriture consiste uniquement en baies et autres fruits moux. La seconde division comprendra, sous le nom de Colombe, le Ramier, le Bizet, ou Pigeon proprement dit, et la Tourterelle, ainsi que toutes les espèces exotiques dont la manière de vivre et les formes extérieures sont analogues à celles de ces espèces indigènes. Ces Pigeons, sans distinction de taille, appartiennent à la même famille, dans laquelle nous établissons deux sections; i2 DISCOURS la première composée de Colombes dont la queue est carrée ou légèrement étagée ; la seconde ceux qui ont la queue longue et très étagée en forme de cône : tous ont le bec droit et mince, les mandibules tendres et flexibles, la supérieure légèrement renflée vers le bout, et le tarse court à doigts entièrement divisés. Ces Pigeons habitent les lieux boisés , ils nichent sur la som- mité des grands arbres ou dans des troncs vermoulus ; ils cons- truisent leur nid le plus souvent de petites branches sèches qu’ils entrelacent grossièrement : tous se perchent habituellement de jour comme de nuit; dans cette action ils empoignent, avec les doigts, une branche, et s’y affermissent en la serrant fortement. Notre troisième division comprendra, sous le nom de Colombi- Gallines, toutes ces espèces qui semblent former le passage des Pigeons aux vrais gallinacés ; nous les nommons Colombi-Gal- lines, parceque joignant des caractères mixtes des uns et des J autres , ils lient entre eux ces deux tribus. À chaque espèce il sera fait mention des caractères qui lui sont particuliers. Les Pigeons Gallines qui composent cette division n’entre- prennent point de longues courses comme les Pigeons proprement dits, ou Colombes; ils ont l’aile moins forte, leur taille est plus ramassée ; ils portent la queue basse et pendante. Le bec de ces oiseaux, quoique formé sur le modèle de celui des Colombes, est cependant plus mince , plus flexible et moins renflé vers le bout que dans ces derniers; ils ont le tarse long, le plus souvent très lisse; les écailles sont petites, et les ongles sont menus; le doigt postérieur s’articule au niveau de ceux de devant, comme dans les oiseaux de l’ordre colombar ; tandis que dans les oiseaux SUR L’ORDRE DES PIGEONS. i3 gallinacés, et particulièrement clans les Perdrix, ce doigt s’articule plus haut sur le tarse. Les ailes sont courtes et arrondies , la penne extérieure étant de beaucoup plus courte que la seconde, et celle-ci moins longue que la troisième. Ces Pigeons sont tou- jours à terre, où ils trottent comme les Perdrix : la plupart des espèces se réunissent en petites troupes composées comme celles des Perdrix; ils pratiquent leur nid à terre, le placent contre quelque buisson ou sur les branches rampantes. Les Colombi- Gallines ne se perchent point comme les autres espèces de Pigeons; ils se posent seulement sur les plus grosses branches des arbres, encore ne le font-ils cpie lorsqu’on les poursuit, ou bien pour passer la nuit : ils choisissent souvent l’enfourchure d’une branche, et s’y tiennent blottis. Nous terminons cette partie en observant que les Pigeons Colombars qui composent la première division habitent sur toute l’étendue de l’Afrique, dans les îles du vaste Archipel indien, à la Nouvelle-Hollande et dans les îles de l’Océan Paci- fique : on ne trouve point des espèces analogues à ces Pigeons, ni en Europe, ni dans le Nouveau-Monde. Les Pigeons Colombes que nous réunissons dans la seconde division vivent dans les quatre parties du monde. Les Colombi-Gallines sont propres aux climats du Nouveau-Monde, de l’Afrique et de l’Asie : on ne les trouve point en Europe. 4 Extrait du Rapport de l’Institut national Classe des Sciences physiques et mathématiques. Le Secrétaire perpétuel pour les Sciences naturelles certifie que ce qui est ci-dessous est extrait du procès-verbal de la séance du lundi i 5 juin 1807. Nous avons été chargés, M. La. Cépède et moi (Cuvier) , d’examiner douze figures coloriées de Pigeons, que mademoiselle Pauline de Courcelles se propose de faire entrer dans un Ouvrage sur l’Histoire Naturelle de ce genre d’Oiseaux, et quelle a soumis à l’approbation de la Classe. Depuis long-temps les naturalistes ont cherché à suppléer à la pauvreté du langage par des peintures qui pussent faire saisir à l’oeil les formes variées des objets peu connus. La première idée en appartient, dit-on, à Aristote; on voit encore dans quelques endroits de ses écrits des lettres qui servoient a expliquer des figures; celles-ci n’ont pas été copiées dans les manuscrits qui nous restent , et l’on doit peu les regretter si elles ressembloient à celles que l’on voit encore dans quelques manuscrits de Dioscoride. Les naturalistes du seizième siècle employèrent des gravures en bois, et les figures de Rondelet, de Gessner et d’Aldrovande ne perdent pas tout leur mérite dans la grossièreté de cette méthode de multiplication. Les gravures en taille-douce devinrent plus communes dans le dix-septième siècle, et permirent d’exprimer les plus petits détails des objets avec précision. Vers le commencement du dix-huitième siècle , les gravures enluminées devinrent nombreuses. La Hollande , et ensuite l’Allemagne exercèrent beaucoup ce genre d’industrie , et les ouvrages publiés alors dans ces deux pays sont encore à présent très utiles à la science. Cet usage d’orner les livres d’Histoire Naturelle de planches en couleurs est à présent général; et l’art de faire ces planches est devenu si parfait, qu’il est difficile de croire qu’il puisse jamais allerplus loin , quant à la vérité et la magnificence. C’est un art particulier qui doit différer en plusieurs points de la peinture ordinaire Mademoiselle de Courcelles a préseuté, il y a quelque temps, k la Classe, l’Histoire des Tangaras, des Manakins et des Todiers, dont le texte étoit rédigé par M. Desmarest; elle l’avoit orné de très belles planches, faites d’après ses dessins, et coloriées par elle. Les planches de Pigeons qu’elle vient de soumettre à votre examen nous paroissent dignes de la même approbation. Ce genre d’Oiseaux, par les envois des naturalistes voyageurs, commence à devenir riche en espèces exotiques, dont un grand nombre sont remarquables par leur grandeur ou l’éclat de leur plumage, et dont nous parviendrons peut-être à acclimater quelques uns. Ce sont ces diverses espèces que mademoiselle de Courcelles se propose de peindre, et l’Histoire Naturelle ne peut en effet que gagner k voir fixer, par de belles gravures, tant de formes et de nuances différentes. La Classe, qui a vu les figures que mademoiselle de Courcelles a mises sous nos yeux, a pu juger par elle -même de leur mérite sous le rapport de l’art. Yos commissaires les ont comparées aux originaux déposés au Muséum d’Histoire Naturelle, et peuvent vous garantir quelles ne laissent rien a désirer sous le rapport de la ressemblance et des caractères distinctifs. Ils n’hésitent donc point k vous proposer de leur accorder votre approbation. Fait au Palais impérial des Beaux-Arts, le i 5 juin 1807. Signe LA CÉPÈDE, CUVIER, Rapporteurs. La Classe approuve le Rapport, et en adopte les conclusions. Certifié conforme à l original, le Secrétaire perpétuel. Cuvier. % LES COLOMBARS. CARACTÈRES ESSENTIELS Bec épais, racorni vers la pointe et sensiblement renflé, tarse court, doigts réunis à leur base. COLOMBAR COMMANDEUR, mai. Planche /"*. Columba Militaris , Mihi. Columba S. Thomæ, Lath. Ind. orn. v. 2 p. 600 sp. od\. — Gmel. Syst. 1 , p. 778. S. Tboiuas Pigeon, Lath. Syn. v. l\,p. 63 n° 22. Je place à la tête de cette division la plus grande espèce connue. Sa longueur, depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, est de douze pouces et demi-, le bec a onze lignes, celui-ci est très épais, large à sa base, la pointe en est renflée, et les bords des deux mandibules sont échancrées. Ce carac- tère paroit indiquer que l’oiseau fait sa principale nourriture de quelques fruits, dont les noyaux très durs occasionnent des fractures à celte partie. On ignore cependant à quel fruit ce Colombar donne la préférence, ses mœurs n’étant pas encore connues. Latham fait très succinctement mention de ce Colombar sous le nom de Pigeon de file de Saint -Thomas ; Buffon en parle aussi en passant-, mais ces descriptions vagues ne permettent guère de reconnoître l’oiseau. Le Commandeur mâle a toute la tête, jusque derrière l’orifice des oreilles, d’un gris-bleu clair ; sur la poitrine est un large plastron jaune dont les extrémités se dirigent jusque sur le haut du dos, où une zone d’un gris- bleu- cendré entoure cette couleur-, le reste des parties supérieures est d’un vert- pomme sale; cette couleur prend une teinte de gris vers le croupion; les petites plumes du poignet de l’aile, qui forment une espèce d’épaulette, sont d’un beau brun -pourpré; les moyennes et les grandes I HISTOIRE H pennes des ailes sont noires-, les premières sont frangées de jaune-blanchâtre et les dernières de jaune-olivacé; ceux-ci ont un petit bord jaune-blanchâtre 5 le ventie et tout le dedans des ailes sont d un gris-bleuâtre } les cuisses sont d’un beau jaune de paille-, les couvertures inférieures de la queue sont rousses, et chaque plume est terminée de blanc. Le dessus de la queue est moitié vert et moitié gris} cette dernière couleur règne sur l’extrémité de toutes les pennes latérales, mais les deux intermédiaires sont entièrement vertes-, la queue en dessous est noire à son origine, et d’un gris -blanchâtre vers son extrémité 5 le tarse est dénué de plumes, il est rouge de même que les doigts j es ongles et la couche racornie du bec sont gris. Ce Colombar habite l’Inde, mais j’ignore quelle partie. U11 individu mâle, d’une conservation très pure, se trouve dans le beau cabinet de mon ami M. Raye de Breukelerwaert, et un autre est déposé au Muséum de Paris. C’est ce dernier individu qui a servi de modèle à made- moiselle Pauline de Courcelles. DES COLOMBARS. a5 COLOMBAR COMMANDEUR 7 Femelle. Pl. II. Columba Mililaris, Femina, Les femelles de presque toutes les espèces de Pigeons ne diffèrent, en général, guère de leur mâle; les deux sexes se ressemblent par les formes et la taille; il n’y a souvent qu’une légère différence pour les couleurs, dont les teintes sont moins prononcées dans les femelles. La femelle du Commandeur diffère cependant assez de son mâle pour mériter d’être figurée. La taille et les dimensions principales sont pareilles à celles du mâle; les couleurs de la tête, du dos et du croupion n’offrent point de différences; le plastron, qui dans le mâle est jaune, est d’un vert jaunâtre sale dans la femelle : elle a la nuque de couleur olive-foncée, et la zone sur le haut du dos est d’un gris-clair; les épaulettes sur le fouet de l’aile sont d’un ton plus tendre que dans le mâle; les scapulaires sont d’un vert-grisâtre; le ventre, qui est gris chez le mâle, est verdâtre dans la femelle ; les pennes latérales de la queue sont grises sur toute leur longueur, et les deux intermédiaires sont vertes ; le dessous de la queue est pareil à celui du mâle, mais les plumes de l’abdomen sont terminées de jaune. Il paroît que les jeunes de cette espèce sont plus ou moins de couleur grisâtre sur les parties supérieures, et de couleur olivacée sur les parties inférieures et sur la partie postérieure du cou; les pieds sont constamment d’un beau rouge. L’individu femelle qui a servi à cette description est au Muséum de Paris. 7 } 26 HISTOIRE COLOMBAR MAÏTSOU. Pl. 111. Columba Auslraljs. Lath, Ind. orn. v. p. Go/f., sp. 4o. — Gmel. Syst. i ,p. 779. Pigeon Ramier vert de Madagascar. Bujf. pl. en!. 1 1 1 . Madagascar Pigeon. Lath. Sjn. v. t± } p. 64 i. var. A Il par oit qu’il se trouve, dans l’état sauvage, des Pigeons dont les tarses sont plus ou moins garnis de plumes, à peu près comme le sont les jambes des Tétras-, ce caractère cependant ne sanroit constituer une différence générique ni même permettre une division en sous-genre. Tous ces Pigeons culottés , ou dont le tarse entier est garni de plumes, ne s’éloignent du reste en aucune façon des autres espèces de leur famille. Le Colombar auquel j’ai conservé une partie du nom qu’il porte à Mada- gascar, où les naturels l’appellent Founingo Maïtsou, diffère à beaucoup d’égards du Founingo Ména-Rabou (n), auquel Bulfon (è) l’a comparé. C’est à tort que cet auteur suppose qu’il n’existe entre ces oiseaux d’autre diffé- rence que celle du bleu au vert \ ou que peut-être ils pourroient bien varier seulement de sexe ou d’âge. Le Founingo Maïtsou et le Founingo Ména-Rabou ne se ressemblent que par le seul caractère d’avoir tous les deux le tarse couvert de plumes jusqu’à l’origine des doigts-, du reste ils diffèrent par la forme du bec, qui est en pince solide et racornie dans le premier, mince et flexible dans le dernier 5 les doigts du Founingo Maïtsou sont larges et réunis à leur origine , la plante des pieds est épatée comme dans les Calaos et les Martin-Pêcheurs-, le Fou- ningo Ména-Piabou a tous les caractères qui sont propres aux Colombes, et appartient à la classe de ceux qui ont autour des yeux un espace dénué de plumes. Le Colombar Maïtsou, dont on ignore jusqu’ici la manière de vivre et le («) Columba Madagascariensis. La/h. Ind. orn. v. i, p. 60 1\ , sp. 4 o. (b) Buffon , édit, de Sonnini , v. 7, p. 245. Pigeon Ramier bleu de Madagascar , pl. cnl. 11. DES COLOMBARS. 37 genre de nourriture , paroît cependant frugivore comme toutes les autres espèces de cette famille ; sa longueur depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue est de douze pouces et demi 5 la tête, le cou, la poitrine et le ventre sont d’un vert-olivâtre clair-, le dos, les couvertures du dessus des ailes, le croupion et les couvertures du dessous de la queue, sont d’un vert- loncé; vers le poignet de l’aile est une petite tache ou épaulette d’un brun- pourpré; les grandes couvertures sont terminées de jaune, ce qui forme une bande transversale sur l’aile ; les grandes pennes sont noires , et le rebord intérieur est légèrement liséré de jaune; le dessus de la queue est d’un gris foncé, depuis son origine jusqu’aux trois quarts de sa longueur; l’extrémité de toutes les pennes est d’un gris-clair; la queue en dessous est blanchâtre vers la pointe, et noire à son origine; les plumes qui recouvrent les cuisses et les tarses sont vertes, l’abdomen est de cette couleur avec des taches oblongues, d’un blanc pur; les couvertures inférieures de la queue sont rousses, avec les extrémités blanches. Labasedubec estrecouverte d’ui^e membrane rougeâtre, la pointe du bec est d’un gris couleur de corne; les pieds sont rouges et les ongles gris. Ce Colombar habite l’ile de Madagascar. J’ai vu deux individus de cette espèce, un dans le cabinet de M. Raye, et un autre, qui est en très mauvais état, dans le Muséum de Paris. HISTOIRE s8 COLOMBAR UNICOLOR. Pl. iv. Columba Psittacea. Mihi. Ce Colombar, quoique depuis long-temps connu, n’a cependant pas encore été décrit, soit qu’on l’ait considéré comme une variété accidentelle des espèces précédentes, ou que par rapport à F uniformité de ses couleurs il ait été regardé comme un individu qui n’avoit pas encore atteint l’état d’adulte. L’Unicolor a dix pouces et demi depuis la pointe du bec à l’extrémité de la queue, qui est arrondie et de moyenne longueur; la pointe racornie du bec, dont la courbure n’est pas très fortement prononcée en forme de croc, décrit plutôt une parabole. Ce Colombar a la tête, le cou, toutes les parties inférieures, ainsi que le dos et les couvertures alaires , d’un beau vert - clair -, les grandes et les moyennes pennes des ailes sont noires, et ces dernières sont toutes frangées de jaune foncé; la queue est d’un gris-foncé à son origine, noire vers le milieu des pennes, et blanche sur le reste de sa longueur; les deux pennes intermé- diaires sont entièrement vertes, et les deux autres, qui sont adhérentes de chaque côté à celles-ci, ont de cette couleur sur leurs barbes intérieures, ce qui fait que la queue, quand elle n’est pas étalée, paroit toute verte-, les couvertures inférieures sont vertes avec les extrémités blanches-, le bec est couleur de corne, la peau nue qui en recouvre la base est rougeâtre-, les pieds sont d’un bleu-noirâtre, et les ongles sont bruns. J’ai examiné plus de trente individus de cette espece, qui me furent envoyés de Batavia-, j’en ai vu plusieurs autres dans diverses collections; tous étoient à peu de chose près semblables , et je n’ai pu découvrir aucune différence qui caractérisât les sexes; les moins grands, et ceux qui, par la forme du bec, paroissoient être de jeunes oiseaux, avoient du gris cendré répandu surtout le plumage; le bout du fouet de 1 aile et quelques plumes des grandes couvertures étoient d’un gris-noiratre, ce qui me fait pi ésumei O . que les jeunes, au sortir du nid, sont alors couverts de plumes plusou moins grises, et qu’ils ne prennent la livrée verte qu apres leur seconde mue. Le Colombar Unicoîor habite File de Timor; il doit aussi se trouver à Java. De mon Cabinet. DES COLOMBARS. 2 9 COLOMBAR AROMATIQUE. Pl. V. Colomba Aromatica, Lath. Ind. orn. v. i , p. 5gg, sp. 23. — Gmel. Syst. < v . i , p. 778. Pigeon vert cl’Amboine, Biiffon, pl. enl. i36. Aromatic Pigeon, Lath. Syn. v. 4, p ■ 63i , n° ai. Voici une espèce de Colombar, qui, suivant le sentiment de Buffon , se trouve avoir des liaisons intimes avec le Pigeon sauvage de nos climats : cet auteur suppose assez mal à propos que le Pigeon vert d’Amboine, de Brisson, qui est mon Aromatique, n’est qu’une variété de la Colombe Biset; il ne dit cependant pas à cet endroit si les dissemblances entre ces oiseaux ( qui ne sont pas de peu de conséquence) sont le produit de l’influence du climat: cette supposition chérie de M. de Buffon n’a servi qu’à répandre l’obscurité et le doute sur les diverses espèces de Pigeons exotiques, tandis que son idée non moins ridicule de faire dériver tous les Pigeons proprement dits d’une même souche primordiale, a fait confondre jusqu’aux espèces indigènes qui n’ont aucune analogie. Je ne m’arrêterai pas ici à prouver l’identité d’espèces du Biset de nos climats et du Colombar Aromatique , les figures de grandeur naturelle suffiront pour prouver au moins expert en histoire naturelle, que ces oiseaux n’ont pas même les plus légers rapports. L’Aromatique mesure en totalité neuf pouces et demi; il a le bec plus crochu que 1 espèce précédente, et la courbure à la mandibule supérieure n’a lieu que vers la pointe, le reste de la partie cornée de cette mandibule est presque droite ; le haut de la tête jusqu’à l’occiput est gris-cendré; cette couleur prend une teinte verdâtre sur la nuque; le cou, la poitrine, le ventre, les cuisses et l’abdomen, sont d’un vert-sale, les plumes de cette dernière partie sont plus ou moins terminées de blanc; les petites couvertures des ailes, les scapulaires, et le haut du dos, sont d’un brun-purpurin; les moyennes et grandes couvertures sont d’un vert - foncé , avec de larges bordures jaunes à l’extrémité de toutes les plumes; moyennes pennes frangées de jaune, grandes pennes entièrement noires; le croupion, les deux pennes intermédiaires de la queue, ainsi que les barbes intérieures des deux plumes adjacentes, sont d’un vert-olivâtre; les autres pennes caudales sont grises sur toute leur longueur; en dessous, la queue est noire à son origine jusqu’aux cS 5o HISTOIRE DES GOLOMBARS. trois quarts j l’extrémité de toutes les pennes est d’un gris- clair -, l’iris des yeux est rouge, la partie cornée du bec est verdâtre, et la base est rougeâtre', cette couleur se trouve aussi sur les tarses et les doigts. Le Colombar Aromatique habite l’île de Java, où les insulaires lui donnent le nom de Bouron-Jouane, dénomination par laquelle ils paroissent désigner en général toutes les diverses espèces de pigeons verts-, le mot de Jouane signifie vert en langue Savane , et le mot Bouron veut dire simplement oiseau. Cette espèce se nourrit principalement du fruit que produit le Fucus Religiosus } elle fréquente ordinairement les lisières des grands bois. M. Laischenault a rapporté de Java un individu de cette espèce 5 je dois à ce voyageur des notes très intéressantes sur les diverses espèces de Pigeons et de Gallinacés qui habitent l’ile de Java. J’aurai occasion de parler encore de cet ami dans mon introduction générale. COLOMBAR AROMATIQUE 7 Variété. Pl. VI. Columba Aromatica, Par. Parmi plusieurs individus de l’espèce du Colombar Aromatique que nous avons eu occasion de comparer, il s’en est trouvé deux dont la distribution des couleurs principales varie en quelque sorte de celui que nous avons représenté dans la planche précédente ; la première de ces variétés a tout le dos d’un brun -pourpré et toutes les parties inférieures grises 5 celle que jâii figurée ici a toute la tête, le cou , et la poitrine, d’un roux-cannelle, le haut du dos et les couvertures des ailes du même brun-pourpré que dans l’individu précédent. Le ventre et le croupion sont d’un gris-bleu-, les cuisses sont jaunes, ainsi que les bords de toutes les grandes couvertures des ailes ; les plumes intermédiaires de la queue sont vertes et les latérales ont de cette couleur sur leurs barbes intérieures. La queue en dessous est noire, et toutes les pennes sont terminées de blanc-sale. Cet oiseau m’a été envoyé de Batavia avec plusieurs autres individus du Colombar Aromatique, représenté pl. 5. Ceux-ci ne varioient aucunement entre eux, ce qui me fait présumer qu’il doit y avoir peu de différence dans les couleurs entre les sexes, et que l’individu que nous figurons ici n’en est qu’une variété accidentelle. Cet oiseau est de mon cabinet. i ADDITION A L’ARTICLE DU COLOMBAR AROMATIQUE. Pendant la publication de cet ouvrage il nous est arrivé d’autres Pigeons Colombars, que nous rapportons à l’espèce du Colombar Aromatique ; nous les avons comparés tant avec les individus figurés dans nos planches 5 et 6, qu’avec un dessin d’un Pigeon qui nous a été envoyé de Londres, sous le nom de Columba Curvirostra. Cet oiseau, que nous présumions devoir former une espèce distincte dans cette famille, nous a paru, après une inspection plus exacte, ne former en effet qu’une simple variété du Colombar Aromatique , qui diffère bien sous quelques rapports des individus figurés dans nos planches 5 et 6, mais que nous ne saurions cependant admettre comme espèce. Nous allons indiquer cette variété, ainsi que quelques autres dont les Ornithologistes ont fait autant d’espèces distinctes, que nous croyons devoir rapporter à P Aromatique. Le Pigeon Pompadour, que Latham (î) et Sonnini (A) ont décrit d’après le Pompaclour-Pigeon figuré par Brown, doit être considéré comme une variété de l’ Aromatique, il n’en diffère absolument que par la couleur jaune de paille qui revêt les petites plumes qui entourent immédiatement le bec, et cjui se trouvent entre celui-ci et les yeux : car on ne doit prendre aucune notice de ce que Brown dit à l’égard de la longueur de la queue de son Pompadour - Pigeon 3 cet auteur avoue lui même que cette gravure, ainsi que la plupart de celles qui composent son ouvrage , ont été faites d’après les dessins qui lui ont été communiqués par M. Loten -, au reste ces gravures sont très défec- tueuses-, si on s’en rapportoit à celle qui représente le Pigeon dont nous parlons, on présumeroit que les ailes n’atteignent pas le croupion; il en est (1) Lath. gen. sjnop. , v. 4 ? p- 624. — Sp - 12. (2) Sonnini, édit, de Buff., v. 7 , p. 221. 9 ADDITION 52 encore cle même dans la gravure qui représente son Yellow-facecl Pigeon que Brown donne comme la femelle du Pornpadour-Pigeon, Cette dernière a en effet la queue courte, et semblable a notre Aromatique, dont nous supposons qu’elle pourvoit bien être la femelle, cependant nous ne saurions l'affirmer, n'ayant jamais vu en nature un individu tel que Brown le décrit, tandis que nous avons examiné un grand nombre de ceux à dos et couvertures des ailes couleur brun purpurin : il nous paroil donc préférable de faire simplement mention du Y ëllow-faced Pigeon de Brown , comme d’une variété du Colom- bar Aromatique. Une autre variété dont nous venons déjà de faire mention est le Hook- billed Pigeon de Latham (i), et le Pigeon à bec recourbé de Sonnini (2), celui-ci ne diffère de notre Aromatique que par une bande noire qui traverse les pennes latérales de la queue vers leur extrémité; à cette légère différence on doit encore ajouter celle dans la couleur du bec, très difficile au reste à déterminer quand on doit faire les descriptions d'après des oiseaux empaillés, la couleur des becs et des pieds changeant dans ces oiseaux lorsqu'ils sont secs. Le renflement, sensible du bec dans les Pigeons Colombars est formé par la substance cornée qui termine les deux mandibules, elle consiste dans une épaisse couche ou enveloppe qui engage l’extrémité du bec ; cette couche cornée est si peu adhérente au noyau ou à la partie osseuse du bec, que lorsque ces oiseaux sont secs, le plus léger effort suffit pour emporter cette espèce de fourreau. L'on nous fera à juste titre la remarque que le Pigeon décrit par Latham n’a que sept pouces et demi , et que notre Colombar Aromatique en a neuf et demi; il nous paroi t que l’auteur anglais se donne bien plus de licence en citant un individu de cette même espèce qui fait partie du cabinet de Sir J. Banks, et qui mesure environ dix pouces. Il nous paroît aussi que la variété du Pigeon à bec recourbé, dont Latham et Sonnini font mention, doit être assimilée au Pigeon à face jaune de Brown, et que ces diverses descriptions ont rapport à la femelle du Colombar Aromatique que nous ne connnoissons pas encore d’une manière précise. Il est encore nécessaire d’observer que le Purple-shouldered Pigeon de ( 1 ) Gen. Sjn. v. 4 , p • 032 ., I. 5 q . ( 2 ) Edit, de v. 7 , p , 227 . AU GOLOMBAR AROMATIQUE. 55 Latham (i), donné par cet. auteur comme très analogue au Pompadour- Pigeon de Brown ( qui est une variété de notre Aromatique ), na aucun rapport avec cet oiseau ; le Purple-shouldered Pigeon est de 1 espèce de notre Colombar Commandeur, et la description de l’auteur anglais doit être rap- portée à cette dernière espèce. La différence de taille que nous remarquons dans les divers individus de la même espèce est singulière; il paroi t qu’on doit attribuer cette différence à la nature de la peau, et nous sommes persuadés qu’elle dépend uniquement du plus ou moins de soins que prennent ceux qui préparent les dépouilles de ces Pigeons Golombars. La peau de ces oiseaux est extraordinairement mince et si cassante que, étant sèche, elle ne peut être maniée sans se déchirer en plusieurs pièces; elle se refuse absolument à toute extension, et il est impos- sible de rendre la forme naturelle à l’oiseau, lorsque la peau na pas été soigneusement rembourrée avec du coton ou de la filasse immédiatement après que les chairs en ont été retirées -, un individu ainsi préparé se distingue au premier coup-d'œil par la distance naturelle qu’ont entre elles toutes les plumes du corps, tandis qu’un individu qui n’aura pas subi préa- lablement une semblable préparation , aura la peau retirée, et on remarque que toutes les plumes sont compactes les unes sur les autres ; il en est généralement ainsi de toutes les dépouillés qui n’ont pas été rembourrées, mais la peau plus épaisse des autres espèces d’oiseaux souffre plus ou moins qu’on l'étende après avoir été ramollie; ce qui est impraticable pour la peau des Colombars : nous croyons devoir attribuer à cette seule cause la différence individuelle dans la taille que nous avons observée, dans les différentes espèces de Pigeons qui composent cette famille. Il en est de même pour ce qui regarde la préparation des dépouilles des oiseaux de Paradis : quelles erreurs le rétrécissement de la peau ( sans parler des autres mutilations que les sauvages font subir à ces oiseaux ) n a-t-il pas fait commettre aux naturalistes ( 2 )? Ils ont établi d’après ces dépouilles racornies des caractères génériques, que ces savants auroient été les premiers à rejeter, s'ils avoient vu un seul individu de ces oiseaux dans son état parfait; il n’est pas déplacé de donner ici les différences dans les dimensions (1) Columba Phœnicoptera. Lat. Ind. Orn. , v. 2 , p. 5 gy , sp. 1 5 ; — et G en. syn. supp. ,v. 1 , p. 201 . (2) Nous exceptons de ceux-ci M. le Vaillant, qui a donné les meilleures notions sur ces oiseaux, et qui les a décrits d’une manière à ne laisser rien à désirer. Voyez son Introduction à l’Histoire naturelle des oiseaux de Paradis. 54 ADDITION AU COLOMBAR AROMATIQUE. des dépouilles d’oiseaux de Paradis grande émeraude, telles qu’on les envoie d’ordinaire en Europe, comparées avec celles prises sur un individu de cette espèce faisant partie de mon cabinet, qui a été préparé et rembourré de la manière usitée pour les oiseaux venant des colonies françaises; cet individu unique, quant à sa pureté et à ses formes naturelles, mesure seize pouces, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, et le volume de son corps est pareil à celui de notre Corbine; tandis que sur les peaux racornies qu’on reçoit ordinairement des Mol uques, la mesure mitoyenne, prise sur une grande quantité d’individus, est de douze ou de treize pouces depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue. DES COLOMBARS. 12g COLOMBAR A FRONT NU. Pu VU. Columba Calva. Mihi. La nouvelle espèce de Colombar que nous représentons dans la planche 7 se distingue par une nudité considérable qui engage le front. Cet espace dénué de plumes est formé par le prolongement de la peau qui enveloppe la base du bec ; elle ressemble beaucoup à la plaque blanchâtre que le Foulque mâle porte sur le front ; dans l’oiseau vivant elle doit être d’une vive couleur orangée, cette teinte étant encore très apparente dans la peau séchée : le bec de ce pigeon Colombar est solide, et la pointe de la mandi- bule supérieure est fortement courbée. La longueur totale du Colombar à front nu est de onze pouces 5 son bec a dix lignes, l’extrémité des deux mandibules qui est recouverte de la couche cornée est d’un gris argentin-, la tête, le cou, la poitrine et toutes les parties inférieures de l’oiseau sont d’un beau vert-clair -, cette couleur change sur le haut du dos en gris-cendré, mais sur le reste des parties supé- rieures les teintes se nuancent en vert foncé ; le poignet de l’aile est d’un violet foncé j l’aile bâtarde, les pennes secondaires et les rémiges sont noires, ces dernières n’ont point de liseré à leurs barbes extérieures, mais les pennes secondaires ainsi que quelques unes des moyennes couvertures de celles-ci ont un petit bord d’un blanc-jaunâtre ; les pennes caudales intermédiaires sont vertes, les latérales sont d’un gris-clair depuis leur origine jusqu’aux trois quarts de leur longueur, ensuite elles ont du gris-foncé, et sont encore terminées de gris-clair; en dessous toutes les pennes sont noires, et termi- nées de gris-clair : les couvertures inférieures de la queue sont d’un roux- canelle , et terminées de blanc; le tarse, depuis l’articulation du genou i5o HISTOIRE jusque vers la moitié de sa longueur, est couvert de plumes jaunes • le reste , ainsi que les doigts , sont orangés. Cette espèce, dont nous ne connoissons que le seul individu déposé dans mon cabinet, habite T Afrique; il faisoit partie d’une collection recueillie sur les côtes de Loango et d’Angole. I DES GOLOMBARS. îoi COLOMBAR- WAALIA Mâle et Femelle. Pl. FUI et IX. Columba Abyssinica. Lath. Ind. Orn. supp. v. 2 ,p. 60. Le Colomba r. Le Vaill. Ois. d’ Afr. v. 6, pl. 276 et 277. Waalia Pigeon. — Lath. gen. Syn. suppl. v. v, p. 269. Ce Pigeon , que M. Le Vaillant a rencontré dans l’Afrique méridionale, et qu il décrit dans son ornithologie sous le nom de Colombar ou de Colombar à épaulettes violettes, est une espèce que cet auteur semble donner comme nouvelle, puisqu’il ne fait aucune mention dans son texte des auteurs qui ont indiqué cet oiseau avant lui ; cependant Bruce décrit et figure ce Pigeon sous le nom de JVaalia pigeon , et Latham en fait mention , d’après ce voyageur , dans son Index et dans son général Synop. Nous conservons a cette espèce le nom que Bruce lui a donné , d’autant plus que la dénomination de Colombar à épaulettes violettes ne lui con- viendroit sous aucun rapport, vu que la plupart des pigeons Colombars ont du violet sur le poignet de l’aile. Bruce nous apprend que ces Pigeons habitent les parties basses de 1 Abyssinie ou perchent sur les plus hauts arbres-, ils y restent sans bouger durant la plus forte chaleur du jour; aux approches de la saison pluvieuse ils quittent cette contrée, et émigrent vers les parties méridionales de l’Afrique. M. Bruce observe que ces oiseaux volent en grandes troupes, et à une prodigieuse hauteur; leur chair est un mets exquis, cependant les Abyssiniens n'en mangent pas, et ont horreur de cette nourriture. Le texte du naturaliste français nous apprend que ce Colombar cons- truit son nid dans des trous d’arbres , qu’il fréquente habituellement les bois , et vit isolément par paires, mâle et femelle , enfin que la femelle pond quatre œufs d’un blanc-fauve ou isabelle. 1 32 HISTOIRE En combinant les descriptions des voyageurs cités, nous pouvons con- clure que le Golombar-Waalia fait sa ponte, durant la saison pluvieuse > dans la partie méridionale de l’Afrique, où il vit alors isolément pour vaquer à l’éducation de sa progéniture-, qu’il se transporte vers le nord lorsque les jeunes Colombars sont en état de fournir à cette course , et que dans ces parages 1 espèce continue à vivre en grandes bandes. Nous ne pouvons passer outre sans réfuter une erreur de M. Le Vaillant : cet auteur dit « que le Ramier des Moluques, décrit par Brisson , tome I er , ce page i48, et indiqué ensuite par Bulfon comme une simple variété de cc notre Ramier d Europe , est encore une espèce qui appartient à la même ce famille des Colombars, ce que nous avons vérifié sur plusieurs individus Le Vaillant, Ornith. d’Af., v. G , p. 65, article des Colombars. DES COLOMBARS. i33 encore en ce que le ventre n'est pas jaune ; cette partie, ainsi que toutes les autres parties du corps, sont chez elle d’un vert-olivâtre uniforme ; du reste , elle a en général les teintes moins vives que dans le mâle. Dans le premier âge , le mâle ressemble beaucoup à la femelle adulte , et cette dernière , dans le même état, n’a pas encore de violet aux épaulettes : cette circonstance relative à la livrée du jeune Colombar-Waalia nous porte à soupçonner que notre Colombar-Maitsou pourroit bien être le jeune mâle de cette espèce; M. Le Vaillant est aussi de cet avis. Nous avons vu que le Colombar-Waalia habite dans toute l'étendue de l’Afrique; il est probable qu'il se trouve encore à Madagascar; il se nourrit uniquement de fruits comme toutes les autres espèces de cette famille. M. Raye de Breukelerwaert possède dans son cabinet les„ individus que nous avons figurés dans nos planches. i 54 HISTOIRE COLOMBAR JOJOO 7 Mâle et Femelle. Pi. X et XL Columba Yeniaus. Lath. hui. Orn. v. 2 , p. 5gg , sp. 22 . — Gmel. Sysf. 1 , p. 789. Pigeon Yert des Philippines. Buff. pl. enl. i38. Parrol Pigeon. Lath. g cm . , Sjn. v p. 629 et G3o. Le Golombar de cet article, à qui nous avons conservé le nom de Jojoo, que les Javans lui donnent, diffère des espèces précédemment décrites par son bec bien plus mince et moins renflé vers le bout que ne l'ont d'ordi- naire les Pigeons de cette famille; il s'approche davantage par-là des Pigeons de notre première famille ou Colombes. Latham a fait un double emploi de l’espèce en la décrivant sous le nom de Parrot pigeon , où cet auteur parle, d’après Sonnerai, du male et de la femelle; et un peu plus haut il fait encore mention du Jojoo sous le nom de Purple pigeon , en donnant sa description d'après la mauvaise figure que Brown a publiée : Sonnini décrit aussi cette espèce sous le nom de Pigeon Yert à tète grise d'Antigue; il est cependant nécessaire d’observer que cet auteur parle , à l’article cité , rie plusieurs espèces de Pigeons à tète grise, qu'il réunit en une seule espèce; c’est en quoi ce naturaliste se trompe. Brisson décrit encore notre Colombar sous le nom de Pigeon Vert des Philippines. Nous renvoyons nos lec- teurs, pour la synonymie de cette espèce, à notre index, qui termine ce volume. Le Colombar Jojoo mesure en totalité dix pouces; son bec est court, mince et peu renflé du bout; la substance cornée qui recouvre l’extrémité des deux mandibules est blanche, mais la partie molle de la base du bec est rougeâtre. Le mâle a la tète , la gorge et toute la partie postérieure du cou d’un gris-bleuâtre; sur la poitrine se dessinent deux larges ceintures; la supérieure est d’un beau lilas-clair, et l'inférieure d’un jaune-orangé; il y a DES COLOMBARS. i33 des individus sur lesquels le lilas-clair se prolonge sur les côtés du cou, et même jusque sur la nuque j le dos, les scapulaires et toutes les couvertures des ailes , tant grandes que petites , sont d'un vert-olive foncé , toutes ces couvertures sont terminées par un large espace d’un jaune-clair , ce qui forme une bande transversale sur chaque aile -, les rémiges et les pennes secondaires sont noires, ces dernières sont finement liserées de jaunâtre*, le ventre est gris-cendré, mais vers les cuisses cette couleur se nuance en teintes jaunâtres, et prend un ton d’un beau jaune jonquille sur l’abdomen; les couvertures inférieures de la queue sont rousses ; les pennes caudales , au nombre de quatorze , sont gris-foncé à leur origine , ensuite elles ont une large bande noire, et sont terminées de gris plus clair; les deux pennes intermédiaires sont grises sur toute leur longueur*, les pieds sont d’un rouge de laque ; l'iris a deux cercles : l’extérieur est rouge , et celui qui entoure immédiatement la prunelle est bleu. La femelle n’a point de lilas ni de jaune-orangé sur la poitrine comme le mâle. Cette partie, ainsi que tout le dessous de l’oiseau, est d’un vert- jaunâtre-clair ; la tête et la partie postérieure du cou est d’un gris-bleu ; et toutes les autres parties supérieures sont comme dans le mâle. Cette espèce habite aux îles de Luçon et d’Antigue; on les trouve aussi , à certaines époques, dans celle de Java. Sonnerat ne nous dit rien de leur manière de vivre et du genre de nourriture qu'ils préfèrent ; il est à présumer qu’ils se nourrissent de fruits. Le mâle et la femelle de cette espèce font partie de mon cabinet. LES COLOMBI-GALLINES. CARACTÈRES ESSENTIELS. Bec long et menu ; mandibule supérieure peu ou point renflée; tarse long et grêle; doigts entièrement divisés; ailes courtes, généralement arrondies. COLOMBI-GALLÏAE, GOURA, Mâie. Planche I nc . Golumba coronata, Lath. Ind. ovn. v. 2 , p } Sq 6 . — Gmel. Syst. 1 ^ p. 774. Phasianus cbrislatus indiens. Brisson, orn. v. 1 ,p. 27g, Le Pigeon couronné de Banda. BuJJbn, édit, de Sonnini, v. 7 ,p. 255 . — Buff. ,pL cul. 118. Le Goura de la nouvelle Guinée. Sonnerai , t r oy. p. 16g , /. ro 4 - Great crowned Pigeon, Lath. Syn. v. 4 , p. 620. — Edcs\ t. 338 . La petite famille d’entre les Pigeons que nous avons nommés Colombi- Gallines semble en effet, se rapprocher beaucoup de l’ordre Gallinace : les habitudes de ces Pigeons-Gallines, leur genre de vie et un grand nombre de leurs caractères extérieurs, ont plusieurs traits de ressemblance avec ceux des diverses familles qui composent la grande tribu des vrais Gallinacés; il semble même qu’ils ont été destinés à former le passage de ces oiseaux aux Pigeons; c’est ainsi que dans la nature tous les êtres se trouvent impercepti- blement liés par des espèces intermédiaires qui, dans ce vaste ensemble des merveilleuses productions de cette mère prévoyante, paroissent consolider l’assemblage de l’harmonie la plus admirable avec l’ordre le plus parfait. La famille des Colombi-Gallines renferme plusieurs espèces , qui se ressemblent bien moins entre elles par des caractères propres à tous les individus qui la composent, que par les rapports intimes qu’elles ont de commun avec les différentes petites tribus des Gallinacés, ce qui rend difficile la classification des espèces qui appartiennent à cette division. Pour ne 1 2 HISTOIRE pas s’y tromper, et pour décider sans balancer sur l’identité de leurs carac- tères, il seroit nécessaire qu’on connût les mœurs de ces Pigeons-, mais pour peu qu’on se soit fait un usage d’étudier la nature des oiseaux, et qu’on ait acquis l’habitude de se représenter l’ensemble des divers genres, et le plus ou le moins d’affinité qu’on y rencontre, on ne sauroit guère se tromper dans la classification des Colombi-Gallines, même en ne prenant pour guide que leur conformité extérieure. L’oiseau que nous décrivons dans cet article diffère, par beaucoup de carac- tères, des autres individus de la même section, il paroît même isolé dans cette division }sa huppe d’une forme toute particulière et sa longue queue l’éloignent entièrement des autres Golombi-Gallines, qui ont toutes la queue très courte comme les perdrix. Le Goura ressemble tellement aux Hoccos, que, pour le transformer, il ne faudroit que lui substituer le bec d’un de ces oiseaux-, sa queue alongée et arrondie, ses ailes courtes, son corps ramassé, ainsi que sa huppe, lui donnent entièrement la figure d’un Hocco, dont il a aussi les mouvements et les allures : ce n’est donc que par ces mêmes rapports que Brisson a cru devoir placer le Goura parmi les Faisans, genre que cet auteur confondoit mal à propos avec celui des Hoccos. On se tromperoit étrangement en présumant, d’après des rapports aussi intimes avec les Gallinacés, que le Goura tient plus par ses caractères et ses mœurs aux oiseaux de cet ordre qu’à ceux de l’ordre des Pigeons-, il a le bec formé comme celui des Pigeons, dont il a le roucoulement} comme eux il ne pond que deux œufs, et élève ses petits, en leur dégorgeant la nourriture d’avance macérée dans le jabot} il construit même son nid sur la sommité des arbres-, habitude par laquelle il s’éloigne non seulement des vrais Gallinacés, mais aussi de la famille des Colombi-Gallines, dont toutes les autres espèces connues pratiquent leur nid à terre. Le Goura, d’après l’énumération de la plupart de ses caractères connus, est de tous les Golombi-Gallines celui qui par sa forme extérieure ressemble le plus aux Gallinacés-, tandis que, par ses mœurs, il a bien plus de rapport avec les Pigeons que toutes les autres espèces qui composent cette section. Cet oiseau, quoiqu’ayant été souvent apporté vivant en Hollande par les vaisseaux de la Compagnie des Indes, s’accoutume difficilement à la tempé- rature humide de notre climat } il exige beaucoup de soins , et ne sauroit endurer le froid. L’Impératrice en a deux vivants, à la Malmaison, qui paroissent assez bien acclimatés. Je doute qu’on puisse jamais réussir à le rendre utile à nos basse-cours, où on est cependant parvenu à faire propager DES COLOMBI-GALLINES. les diverses espèces de Hoccos, de Pénélopes et de Faisans, ainsi que plusieurs Colombes exotiques. Sonnerat, qui a vu ces oiseaux à la Nouvelle-Guinée, ne nous donne aucun détail particulier sur leur manière de vivre; il se contente de dire qu’ils n’habitent point l’ile de Banda, mais qu’ils ne se trouvent et ne se multiplient qu’à la Nouvelle-Guinée. Cette assertion est fausse, puisque ces oiseaux se trouvent non seulement à la Nouvelle -Guinée, mais aussi dans un grand nombre d’iles de F Archipel des Moluques. Labillardière en a trouvé dans celle de Waygiou; le capitaine Forrest à Tomogui, où les naturels du pays les nomment Mu tu tu; ils habitent aussi les îles des Papous, où on leur donne le nom de Manipi. Banda est la seule île où les Hollandais vont prendre ces oiseaux pour en peupler les ménageries de Java, où ils sont très communs. Les colons de cette île nomment le Goura Kroonvogel, ce qui signifie oiseau couronné. Dans l’état de domesticité, on peut nourrir cet oiseau de maïs, dont il est très friand; il mange aussi de petites fèves de marais et de petits pois secs; il fait entendre fréquemment un bruit sourd, produit par la colonne d’air qui s’échappe de sa poitrine, espèce de beuglement ventriloque qui paroît lui être commun avec le dindon, lequel fait un bruit à peu près semblable. Je n’ai jamais été à même d’examiner la trachée artère du Goura, laquelle doit influer beaucoup sur la manière dont ce son est produit, et j’ai tout lieu de croire que cet organe a beaucoup d'affinité avec celui des Hoccos et des Pénélopes, dont nous ferons connaître les différences qui, dans ces animaux, caractérisent les diverses formes de l’organe de la voix. La longueur totale du Colombi-FIocco , prise depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, est de deux pieds trois pouces; le bec a deux pouces, le tarse trois pouces neufs lignes; les ailes ne dépassent pas l’origine de la queue qui est arrondie. La huppe, ou l’espèce de crête qui orne la tête de cet animal, est composée d’une infinité de baguettes très minces, munies de barbes soyeuses et désunies. Cette crête , que l’oiseau porte constamment relevée, est un ornement qui donne beaucoup de grâce à tous ses mouve- ments. Le bleu couleur de plomb domine sur la majeure partie du plumage; la tête, la huppe, le cou, ainsi que toutes les parties inférieures, sont aussi de cette teinte; les petites et les moyennes couvertures des ailes, ainsi que les plumes du haut du dos sont toutes terminées d’un beau brun-marron ; les grandes couvertures sont de la même couleur à l’origine et à l’extrémité, HISTOIRE 4 mais le centre de ces parties est d’un blanc pur-, ce qui produit une large bande transversale sur les ailes, lorsque celles-ci se trouvent dans l’état de repos. Les pennes des ailes et de la queue sont d’un bleu de plomb foncé-, ces. dernières sont terminées de bleu cendré-, le bec est noir et l’iris rouge-, les tarses sont couvertes d’écailles arrondies, qui ne se touchent pas-, la peau , qui isole chacune de ces écailles, est blanchâtre } les doigts, soudés à leur origine par une membrane, ont les écailles disposées de la même manière que chez les autres espèces de Pigeons. Le format de cet Ouvrage ne permettant pas de figurer cet oiseau de grandeur naturelle, M lle Pauline de Courcelles (maintenant femme KnipJ, l’a représenté au tiers de sa grandeur. DES COLOMB I-GALLINE S. 5 C O L O M B I-GAL LINE A CÀMAIL, me. Pi. ii. Columba Nicobarica , Latii. Ind. orn. v. 2 ,p. 6 o 5 , sp. [\t\. — Giiel. Syst. 1 , sp. 783 — Briss. v. 1 , p. i 53 . Pigeon des îles Nicobar. Bujfon, éd. de Sonnini, v. 7, p. 200. — Buff. pl. enl. 491. Nicobar Pigeon. Latii. Syn. v. l\ ,p. 642. — Edi-v. t. 539. — Albin, v. 5 , t. 47-48. Dans le grand ordre des Pigeons il est peu d’espèces qui, pour la richesse du plumage, puissent rivaliser avec celui dont nous faisons le sujet de cette description*, les couleurs brillantes répandues sur ce Colombi-Galline, jointes à la forme élégante des longues plumes effilées qui retombent sur les côtés du cou, lui prêtent des ornements qui récréent agréablement la vue : il char- meroit bien davantage nos yeux, si la nature avoit ajouté à ces brillantes parures, l’élégance d’une taille svelte et les mouvements légers; mais, d’ailleurs, pourvu de tous les apanages du luxe, il est loin d’avoir en partage les formes gracieuses des Colombes : son corps est ramassé, son vol est lourd, et ses mœurs ont plus de rapports avec ceux que nous remarquons dans les oiseaux gallinacés; il se tient de préférence à terre, court avec une grande célérité, et construit son nid comme les perdrix. Les longues plumes effilées qui prennent leur origine sur la partie postérieure du cou semblent rapprocher cet oiseau de la famille des Coqs. Les auteurs qui ont décrit et figuré cet oiseau lui donnent le nom de Pigeon de Nicobar ou Nicombar : nous avons changé cette dénomination défectueuse, vu que plus de dix espèces de Pigeons habitent dans cette île, et les îles adjacentes où le Colombi-Galline à camail se trouve de même qu’à celle de Nicobar. En général les noms de pays quelconques sont sujets à induire en erreur; les ornithologistes doivent éviter, autant que possible, de les donner aux oiseaux, parce qu’il est assez rare que la même espèce ne se trouve pas répandue dans plusieurs contrées, qui sont quelquefois très éloignées les unes des autres. Dans le Buffon de Sonnini, M. Yirey relève une erreur du voyageur Makinstosh (a) par une autre erreur non moins ridicule. Le voyageur cité ;Vl Makinstosh, Voyage en Europe , en Asie et en Afrique , t. x , lett. & , p. 390. 2 G H I S T O I R E imagine assez mal à propos que le Colombi-Galline à camail esi un rejeton du Pigeon sauvage et du Perroquet, sur quoi M. Virey ajoute que cette supposition est fausse, et qu’elle prouve seulement que cet oiseau a beaucoup d’analogie avec les Perroquets } j’ignore comment M. Virey réussiroit à prouver ce rapport. Albin donne deux mauvaises figures de son Pigeon de Vicobar, l’une comme le mâle et l’autre comme la femelle de l’espèce, tandis qu’en effet l’auteur n’a représenté que deux femelles 5 je ne cite, au reste, ces planches défectueuses que par rapport à cette erreur. Buffon et Edwards donnent aussi des figures imparfaites de la femelle de cette espèce } mais aucun auteur n’a encore représenté un individu mâle : celui-ci se distingue de la femelle par une petite membrane ou espèce de crête charnue , qui s’élève sur la base de la mandibule du bec, à environ la hauteur de deux lignes-, la femelle, dont les couleurs sont moins vives que celles du mâle, n’a pas cette espèce de crête arrondie. Le Colombi-Galline à camail est à peu près de la taille du Ramier-, sa longueur totale est de quatorze pouces et demi} son bec, peu renflé vers le bout, a un pouce neuf lignes-, la queue est très courte et peu étagée-, les ailes pliées atteignent à son extrémité-, les longues plumes du cou qui forment le camail ont l’extrémité de leurs barbes désunies et soyeuses comme dans les Coqs. La couleur du plumage est, en général, d’un beau vert-foncé changeant en bleu-purpurin et en cuivre de rosette - , les grandes pennes des ailes sont d’un noir-bleuâtre, à légers reflets de vert-doré} la queue est d’un blanc pur, le bec noir et l’iris de couleur noisette-, l’œil est entouré d une espace nue d’un brun-terne} le tarse couvert d’écailles exagones est d’un bleu-noirâtre ainsi que les doigts-, les ongles sont jaunes. J’ai vu vivants plusieurs oiseaux de cette espèce. M. Amershof en avoit, il y a quelques années, rassemblé seize individus dans sa belle ménagerie. Ces Pigeons ne se perchent que pour passer la nuit, encore doit-on avoir soin de placer les juchoirs qui leur sont destinés à un pied, ou tout au plusàdeux pieds de terre} ils font entendre un roucoulement sourd, qui n’est pas à beaucoup près aussi agréable que celui de nos Colombes-Ramiers} ce sont, du reste, des animaux stupides, fort tranquilles , dont le naturel peu farouche est sus- ceptible d’être cultivé en domesticité. Ils deviendroient un ornement brillant dans nos volières, si on pouvoit parvenir à les faire propagerdans nos contrées; mais jusqu’ici nous n’avons point d’exemple que ces beaux oiseaux aient produit hors de leur pays natal-, j’ai néanmoins lieu de croire qu’avec les DES COLOMB I-GALLINE S. 7 soins nécessaires rien ne seroit plus facile : la volière de mon père a fourni des exemples plus extraordinaires d’oiseaux qui y ont propagé - , diverses espèces de Loxies des Indes, plusieurs Fringilles de la Zone Torride , et quelques Pigeons exotiques y ont produit une quantité de petits \ les Paddas de la Chine, le Cardinal rouge et noir du Cap de Bonne -Espérance, y pulluloient comme dans leur pays natal. Le Colombi-Galline à camail habite l’ile de Sumatra, celle de Nicobar, située au nord de cette dernière, ainsi que plusieurs îles du vaste Archipel des Moluques. L’individu qui a servi de modèle appartient au Muséum de Paris. 8 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE A CRAVATE NOIRE. Pl. III. t Columba cyanocephale. Latii. Lui. orn. v. 2, p. 608. sp. 54 — Gmel. Sjst. 1 y p. 778. Turtur Jamaicensis. Briss. orn. v. 1, p. i 55 pl. i3 ,f 1. Tourterelle de la Jamaïque. Buff. pl. enl. 174. Turtle dove from Jamaica. Albin, v. 2 , t. 4 ) À la Malmaison on voit encore quatre de ces individus vivants, qui viennent du voyage du capitaine Baudin ; un de ces oiseaux nous a servi de modèle. 5 IO HISTOIRE COLOMBI-GALLINE MONTAGNARD. Pl. IV. +- Columba Montana. L.vtfi. Ind. orn. v. o. , p. 094 , sp. 3 . — Gmel. Syst. 1 , p. 77a. Perdis Montana. Sloane Jam.v. a ,p. 3 o 4 ., t. 261 , f. 1. — JEdn. V. 5 , 1 . 119. Partridge Pigeon. La.th. Syn. v. l\, p. G i 5 . — Id. supp. p. 197. Si les formes extérieures du Colombi-Galline Montagnard ont beaucoup de ressemblance avec celles de nos Perdrix vulgaires, et si elles ont donné lieu à la dénomination impropre de Perdrix de montagne, par laquelle Hans- Sloane désigne cet oiseau, il est en même temps certain que la manière de vivre du Montagnard n’a pas peu contribué à lui faire soupçonner des rapports plus intimes avec ces gallinacés - , il est cependant nécessaire de faire observer que , quoique un grand nombre de Colombi-Gallincs se rapprochent beaucoup de la famille des Perdrix, et qu’ils marquent évidemment le passage des Pigeons aux diverses familles des gallinacés ( de même que ces dernières se trouvent avoir des espèces qui forment la nuance, et lient entre eux leurs différentes tribus), il est néanmoins hors de tout doute que les Colombi- Gallines tiennent aux Pigeons par des caractères trop marquants pour se permettre de les en séparer par des caractères génériques propres à toutes les espèces. Nous avons déjà dit que ces oiseaux diffèrent entre eux par de très légères nuances , et que nous ne les avons réunis dans une même section , que par rapport à leur plus ou moins d'affinités avec les gallinacés. Le Montagnard est un oiseau silencieux et farouche - , il est inquiet en captivité. Sa manière d’être dans cet état indique un naturel craintif et peu sociable. Accoutumé à vivre sur les montagnes et dans les lieux isolés, il est dans une agitation continuelle } le moindre bruit ou la présence de l’homme l’effarouche 5 toujours blotti dans quelque coin reculé, il 11e sort guère de sa cachette que pour satisfaire à ses besoins. Pour passer la nuit, cet oiseau choisit de préférence une élévation quelconque, où il aime à se poser, au défaut d’un endroit convenable à cette fin - , il se perche aussi sur des bâtons peu élevés de terre. Son vol est lourd - , il doit même en état de liberté se trouver DES COLOMB I-GALLINES. i 1 peu propre à fournir à une longue course , les ailes de ce Pigeon étant courtes et arrondies comme celles des Perdrix. Hans Sloane, qui paroît avoir observé cette espèce à la Jamaïque, nous dit qu’elle vit sur les montagnes élevées et dans les bois, où elle construit son nid sur les branches basses ou recourbées vers la terre*, le nid est fait avec de petits morceaux de bois entrelacés de coton *, il est si étroit qu’au bout de quelques jours, à l’époque où les Pigeonneaux commencent à se couvrir de plumes, ils sont obligés de se laisser tomber à terre, où les parents continuent à les nourrir. Latham, qui décrit la femelle de cette espèce, place mal à propos dans sa synonymie l’oiseau indiqué par Brisson , sous le nom de Pigeon roux de Cayenne : ce dernier, d’une espèce différente, est notre Colombi-Galline roux-violet mâle, qui va faire le sujet de l’article suivant. Edwards donne une figure passable de notre Montagnard mâle, sous le nom de Perdrix de montagne. Ce Colombi-Galline est de la taille d’une Tourterelle; sa longueur, depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, est de neuf pouces et demi; le bec qui est alongé, mince et peu renflé vers la pointe, a environ un pouce; le tarse a treize lignes; celui-ci, de même que les doigts, sont grêles; la queue est courte, légèrement étagée; les ailes, d’une forme arrondie, dépassent d’un pouce seulement son origine : le mâle se distingue par deux balafres blanches qui prennent naissance à l'angle du bec; la première passe au dessous des yeux, et la seconde sur la partie supérieure du haut du cou; elles sont séparées par une bande de couleur brune; la tête et la partie postérieure du cou sont d’un vert-doré à légers reflets pourprés; la poitrine est d’un vinacé tendre; cette couleur prend une teinte de blanc-jaunâtre sur le ventre et sur les autres parties inférieures; les petites couvertures alaires, le dos et les cou- vertures supérieures de la queue, sont d’un beau violet à reflets pourprés; le dessus des ailes et l’origine de toutes les grandes pennes sont d’un brun- roux, le bout de ces dernières est noirâtre; la queue est rousse; la base du bec, le tour des yeux et les pieds sont d’un beau rouge; l’iris est brun-clair. Un individu de cette espèce, que j’ai eu vivant, m’a servi à cette descrip- tion : on trouve ces Pigeons dans l’Amérique septentrionale (a). («) N’ayant point trouvé cet oiseau clans les collections de Paris, j’ai fait mon dessin d’après celui que m’envoya M. Temminck, ( Noie du Dessinateur.') 12 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE ROUX-VIOLET, mu« « f« Pl. V et FI. T Columba Martinica. Lath, Int 1 . orn. v. i , p. 5 g 5 ., sp. 7. — Gmel. S/st. p. 781. Columba Cayennensis. Briss. orn. v. 1 , p. 1 3 1 , sp. 2 g, (Mas. ) Violacea Martinica. Briss. orn. v. 1 , p. 12g, sp. 27. (Fcmina.) Pigeon violet, de la Martinique. BtijJ. pl. dnl. n° 1G2. Roux de Cayenne. Id. pl. Martinico Pigeon. Lath. S/n. v. 4 , P- G 18. B u ff o n, guidé par le désir de diminuer les espèces nominales des divers auteurs, entraîné par son idée favorite d’atlribucr un si grand pouvoir à l’influence des climats chauds sur le plumage des oiseaux, et séduit par la supposition mal fondée que notre Pigeon sauvage auroit bien pu produire un grand nombre d’espèces qui habitent dans les divers parages des Indes, en Afrique et en Amérique-, Buffon, dis-je, ne manque pas de soupçonner l’affinité d’espèce entre notre Colombi-Galline roux-violet et le Biset sauvage. Cet auteur dit : « Qu’il y a toute apparence que l’oiseau désigné tire son « origine de nos Pigeons fuyards. » Cette comparaison fautive est une des plus ridicules que Buffon se soit permise au sujet de la majeure partie des Pigeons exotiques qu’il cite -, il n’est même guère à présumer que ce natura- liste ait jamais vu le Colombi-Galline dont nous donnons la figure du mâle et de la femelle; les planches enluminées de Buffon, n° 162 et il\.i , repré- sentent deux mâles de cette espèce; elles sont au reste calquées d après les figures que Brisson donne de son Pigeon roux de Cayenne , et de celui appelé par cet auteur Pigeon violet de la Martinique , dont le premier est le mâle, et l’autre la femelle de noire Colombi-Galline roux-violet. Latliam donne mal à propos comme une variété de cette espèce le Pigeon que Brisson nomme simplement Pigeon de la Martinique, page io 5 . Ce dernier diffère de notre Colombi-Galline de cet article, par tous les caractères de disparalie établis entre cette famille et celle des Colombes. L espèce indiquée par DES COLOMB I-GALLINE S. i3 Brisson appartient à la dernière de ces divisions, nous la décrirons sous le nom de Colombe à oreillon bleu. Ces Pigeons sont toujours à terre, où ils courent comme les Perdrix; ils vivent par petites troupes et se réunissent plusieurs couvées ensemble ; le père et la mère ne quittent guère leur progéniture qu’au renouvellement des leux de l’amour : ce sont des oiseaux trapus, à tarse long, à queue et à ailes courtes ; ils ne fréquentent les arbres que pour passer la nuit, encore se posent-ils le plus souvent sur les plus épaisses et les plus basses branches; ils pratiquent leur nid à terre, pondent deux oeufs, et nourrissent leurs petits comme les autres espèces de Pigeons; j’inclinerois beaucoup à soupçonner que les jeunes Colombi-Gallines courent plus promptement que ceux des autres familles de Pigeons; la nature, qui ne fait rien sans une cause fondamentale, n’auroit-elle placé à terre le nid de la plupart de ces oiseaux que pour faire diversion ? Ne lui supposons point des vues si peu analogues à la grandeur de ses intentions : le nid des Colombi-Gallines ne paroît construit sur la terre que pour faciliter aux Pigeonneaux (peut-être plus précoces que ceux des espèces de Pigeons-Colombes et Colombars) la faculté de répondre à cet instinct : les jeunes Pigeons sont, long-temps à se couvrir des plumes néces- saires au vol; si donc, avec l’instinct de chercher plus tôt que les autres à se rendre à terre , le nid se trouvoit placé sur la sommité d’un arbre, le jeune animal périroit infailliblement; mais à niveau de la terre il abandonne l’endroit qui l’a vu naître sans les moindres dangers, et satisfait ainsi aux vues bienfai- santes du Créateur. La longueur totale du Colombi-Galline roux-violet est de huit pouces dix lignes : le bec a huit lignes et demie, le tarse un pouce ; ses ailes, lorsqu’elles sont pliées, s’étendent un peu au-delà de la moitié de la longueur de la queue qui est courte et arrondie; le mâle a le dessus de la tête, le derrière du cou, le manteau, les couvertures des ailes, ainsi que le croupion, d’un roux- cannelle, qui, suivant les incidents de la lumière, prend un ton du plus riche violet - pourpré ; les couvertures supérieures de la queue sont de cette couleur; la gorge et les joues sont d’un roux-clair blanchissant ; cette teinte devient de plus en plus violacée en descendant vers la poitrine, et reprend son premier coloris sur le ventre et les couvertures du dessous de la queue; sur les joues se dessine une tache roux-cannelle de forme quadrangulaire de chaque côté; vers le bas de la poitrine se remarque aussi une tache d’un roux- violâtre foncé, qui semble marquer l’insertion du poignet des ailes, lorsque celles-ci sont dans l’état du repos; les grandes pennes alaires sont d’un brun- 4 HISTOIRE DES COLOMB1-G ALPINES. 4 pourpré. La femelle diffère du mâle par ses couleurs, qui, quoiqu’également distribuées, ont cependant une teinte plus brunâtre et bien moins lustrée de violet que chez ce dernier-, le mâle, ainsi que la femelle, ont le bec et les pieds d’un jaune-rougeâtre : on ignore la couleur de l’iris des yeux. Maugé a trouvé cette jolie espèce de Pigeons à Porto-Ricco. Ce naturaliste a rapporté plusieurs individus dans un état de pureté qui prouve évidemment tous les soins qudl mettoit dans ses travaux utiles } sa mort prématurée' est une perte sensible pour l’Histoire Naturelle. Les deux individus qui ont servi de modèle appartiennent à M. Dufresne, Naturaliste, attaché au Jardin des Plantes à Paris-, le Muséum de ce Jardin possède aussi un Colombi-Galline roux -violet et sa femelle. Deux semblables individus font partie de mon cabinet. HISTOIRE DES COLOMBI-GALLINES. i5 COLOMBI-GALLINE A FACE BLANCHE. Pt. ni. Columba Erythrolorax. Mihi. La longueur totale de ce Pigeon est d’environ dix pouces et demi; son bec, qui est mince et peu renflé vers la pointe, a neuf lignes; sa queue est foiblement étagée , et ses ailes sont arrondies , la penne extérieure étant la plus courte de toutes. La face de ce Colombi-Galline est d’un blanc-grisàtre ; le haut de la tête, le cou et la poitrine sont d’une belle couleur vineuse, qui prend une nuance plus foncée sur cette dernière partie; une espèce de collerette d’un violet à reflets dorés ceint la nuque du mâle ; le ventre, les cuisses, l’ab- domen et les couvertures du dessous de la queue ont un ton de rouille foncé ; le dos, les ailes, les couvertures supérieures de la queue, ainsi que les deux plumes intermédiaires de celle-ci, sont couleur de suie; les grandes pennes des ailes sont noirâtres, bordées de gris; les plumes latérales de la queue sont , en dessus , noires depuis leur origine jusqu’aux trois quarts de leur longueur, le reste est gris ; en dessous, toutes les pennes de la queue sont noires , et leur pointe est blanche ; les pieds sont rouges , de même que les papilles charnues qui entourent les yeux; le bec est noir, et les ongles sont bruns. Nous ignorons le nom du pays de ce Pigeon. M. Raye de Breukelerwaert, qui possède dans son cabinet le seul individu que nous ayons vu, dit qu’il lui a été adressé de Surinam. I HISTOIRE COLOMBÏ-GALLINE POIGNARDÉ. P l. VIII et IX. Columba Cruenlaia. Lath. Ind. Orn. v. i,p. 6 n. — Gmel. Sjst. I ,p. 785. La Tourterelle grise ensanglantée. Sonnerai, p. a 5 , t. 21. — Sonnini , v. 7 , p. 3o2. Red breasted Turtle. — Latii. Syn. v. 4 , p • 657. Sonnerat a décrit le premier cette charmante espèce, dont le caractère marquant est d’avoir , au milieu de la poitrine , une tache de sang, comme si elle avoit été blessée d’un coup de poignard. Je me suis souvent diverti de l’illusion que cette apparence de plaie a produite sur les personnes qui ont observé ces oiseaux dans les volières de mon père; là jouant dans une vaste enceinte avec plusieurs centaines d’oiseaux exotiques, il étoit lacile de croire que ces Pigeons pouvoient s’être blessés 5 il est fréquemment arrivé que les curieux venoient me faire part d’une catastrophe dont ils nad- miroient que davantage l’elfet après avoir été détrompés de l’illusion qui y donnoit lieu. Sonnini décrit aussi notre Colombi-Galline poignardé sous le nom de Tourterelle ensanglantée ; cet auteur cite encore, à la page 2,8g, à 1 article d’une variété du Turvert, un passage du voyageur Gemelli Carreri (1), qui n’a aucun rapport avec cette prétendue variété du Turvert, mais bien avec l’espèce de cet article. La longueur totale de ce Colombi-Galline est de dix pouces et demi} son bec est long et mince , et sa queue , qu’il porte pendante comme les Perdrix grises et rouges , est légèrement étagée. Le mâle et la femelle se (1) Il y a aux Philippines une sorte de Tourterelle qui a les plumes grises sur le dos et blanches sur 1 estomac , au milieu duquel on voit une tache rouge comme une plaie fraîche dont le sang sortiroit. Gmelli Carreri, t. 5 , p. 266. Il est certain que ce voyageur a désigné par ce passage notre Colombi-Galline poignardé. DES COLOMBI-GALLINES. A 7 ressemblent, à quelques légères teintes près, qui chez cette dernière sont moins pures. Le front et le haut de la tête est d’un gris-cendré*, 1 occiput et la partie postérieure du cou est d’un violet foncé à reflets verts ; le dos, les sca- pulaires , les petites couvertures des ailes , ainsi que les parties latérales de la poitrine sont d'un gris d’ardoise ; toutes les plumes de ces parties sont terminées par une bande d'un vert brillant et métallique ; la gorge, les côtés du cou et le milieu de la. poitrine est d’un blanc pur ; sur cette dernière partie se dessine cette tache qui représente une plaie fraîche ; les plumes du ventre, des flancs, de l’abdomen, ainsi que les couvertures du dessous de la queue sont couleur de chair ; les moyennes couver- tures alaires sont d’un roux pourpré depuis leur origine jusqu’aux trois quarts de leur longueur, leur extrémité est d'un cendré-clair , ce qui forme cinq bandes transversales sur chaque aile ; les rémiges sont d un gris-brun cendré finement liseré de roussàtrc *, les deux pennes intermédiaires de la queue sont gris-brun ; toutes lés latérales sont grises à leur origine , tra- versées d’une bande noire vers le milieu, et terminées de gris-cendré; le bec, les yeux , ainsi que les pieds sont rouges. Une variété accidentelle de cette espèce , dont nous donnons la figure dans notre planche 9 , a été présentée par les auteurs comme une espèce distincte : elle paroit entièrement blanche , mais en l’examinant attentive- ment on découvre les traces de toutes les distributions des differentes couleurs propres à l’espèce, foiblement tracées sur son plumage : la beauté de cette charmante variété se trouve encore relevée par la tache ensanglantée sur la poitrine , qui, dans l'individu que nous avons observé, conservoit tout son éclat. Cette espèce habite aux îles Philippines. Sonnerat l’a trouvée à Manille. PI usieurs individus du Colombi - Galline poignardé lont partie de mon cabinet. Celui qui se trouve déposé dans les galeries du Muséum de Paris est entièrement dégragé par les fumigations. i8 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE A FRONT GRIS. P L. X. Columba Fronlalis. Mi/ii. U ne autre espèce de Colombi-Galliîie , que nous présumons former une espèce nouvelle, semble propre au climat du nouveau continent. Sa lon- gueur totale est de neuf pouces et demie. Le front est d’un beau gris, se nuançant dans quelques individus en teintes plus ou moins bleues; ledos, les ailes et les couvertures supérieures de la queue sont de couleur olive foncée à légers reflets pourprés ; les grandes pennes des ailes sont d’un gris noirâtre en dehors, rousses en dedans depuis leur origine jusqu’aux trois quarts de leur longueur-, la dernière rémige est la plus courte de toutes, ses barbes intérieures sont tronquées , ce qui fait que l'extrémité de cette penne se termine en pointe; la queue est d'un brun-olivâtre, mais les trois pennes latérales de chaque côté sont terminées de blanc ; la gorge est d’un roux clair ; la poitrine et le ventre sont de couleur vineuse ; l’abdo- men et les couvertures inférieures de la queue sont blancs ; le bec est noir et les pieds sont rouges. Le mâle se distingue par un espace de couleur vineuse à légers reflets pourprés qui se dessine sur la partie supérieure du dos ; les femelles n’ont pas de ces teintes brillantes , en général les couleurs de celles-ci sont plus ternes, et l’espace blanc qui ceint le front n’est pas aussi considérable. Cette espèce se trouve à la Guiane française. Deux individus, l'un mâle, l’autre femelle , sont déposés dans les galeries du Muséum de Paris. Je possède deux individus semblables dans mon cabinet. DES COLOMBI-GALLÏNES. 4 9 COLOMBI-GALLINE A BARBILLON. Pl. XL Coluraba Carunculata. Mihi. Le Golo ni bi-Galline . Le, Paill. Ois. d'slfr. v. 6 , pl. 278. Le Vaillant nous fait connoitre, dans son Ornithologie d’Afrique, une nouvelle espèce de Colombi-Galline, qui doit attirer particulièrement l’at- tention du naturaliste, en ce que les mœurs de cet oiseau nous offrent des dissemblances remarquables avec la manière de vivre de la plus grande partie des Pigeons connus. Nous avons déjà fait remarquer ailleurs que la division de la famille des Pigeons -Gallines n’est point basée sur des caractères propres à toutes les espèces qui la composent, mais que c’est une division dans laquelle nous réunissons tous les Pigeons, qui, par leur forme extérieure aussi-bien que par leurs mœurs, ont quelque analogie avec les divers genres de Gallinacés : car si on s’en tenoit à la règle stricte de 11’admettre parmi les Colombi-Gallines que telle espèce qui auroit pour caractères une queue courte et étagée comme les Perdrix, les ailes arron- dies, ayant la penne extérieure très courte, et la troisième la plus longue de toutes, et le tarse long et lisse, on ne pourroit admettre dans cette division plusieurs Pigeons qui , par l’analogie qu'ils ont avec certaines espèces de Gallinacés, doivent nécessairement y trouver leur place. Nous avons encore des raisons bien décisives pour en agir de la sorte , si des formes extérieures de ces oiseaux nous passons aux mœurs , aux habitudes et à la manière de se nourrir. L’oiseau qui fait le sujet de cet article est , de tous les Pigeons connus de nos jours, celui qui, par son port ainsi que par ses mœurs, a le plus d’analogie avec les oiseaux gallinacés. Le voyageur cité , qui a observé ses 6 20 HISTOIRE habitudes , Payant décrit de manière à ne laisser rien à désirer , nous transcrirons en entier la partie descriptive de son texte , qui a rapport à la manière de vivre de cet oiseau. cc Notre Colombi-Galline (dit Le Vaillant) tient des Pigeons proprement « dits, ou des Colombes, par la forme de son bec, qui est absolument le « même que chez ces derniers, et par la nature de ses plumes 5 mais il en cc diffère par le barbillon nu et rouge qui pend sous son bec , par ses cc tarses plus longs que chez les Pigeons, par la forme arrondie de son corps, cc par le port de sa queue courte qu’il tient pendante comme les perdrix cc portent la leur, et enfin par ses ailes arrondies 5 caractères qui, tous, en cc le rapprochant des Gallinacés, placent naturellement cette intéressante cc espèce entre les Colombes et les Gallines , comme pour marquer et ce former le passage entre ces deux genres. cc Cet oiseau niche à terre , dans un petit enfoncement recouvert de « bûchettes et de quelques brins d herbes sèches , sur lesquelles la femelle cc pond de six à huit œufs d'un blanc-roux , que le mâle et la femelle cc couvent alternativement. Les petits, qui naissent couverts d’un duvet gris- cc roussâtre , courent au sortir de la coque *, et dès cct instant ils ne cc quittent plus le père et la mère, qui les mènent par-tout en les rap- cc pelant sans cesse et les couvrant de leurs ailes pour les réchauffer ou « les préserver de l’ardeur du soleil. Leur première nourriture est des cc nymphes de fourmis, les insectes morts, et les vers que le père et la mère cc montrent aux petits, et qu’ils mangent seuls ; bientôt ils sont en état de les cc trouver eux-mêmes ; devenus plus forts, ils se nourrissent de toutes sortes cc de graines , de baies et d’insectes : et quoiqu’ils aient acquis tout leur cc développement , ils ne se séparent par couple qu’au temps des amours, cc manière d’être qui, à quelques légères nuances près, est la même pour cc tous les oiseaux qui appartiennent au grand ordre des Gallinacés (1). » Nous avons donné à cette nouvelle espèce le nom de Colombi-Galline à Barbillon , pareeque ce caractère marquant dans cet oiseau sert très bien à le distinguer des autres espèces qui composent cette famille. Il a une plaque de peau nue qui engage son front et le tour de son bec; un mamelon charnu se dirige sur sa gorge en s’étendant vers ses oreilles. Sa taille, est à peu près celle de la Colombe Tourterelle, quoique moins élancée que cette dernière ; sa longueur totale est de dix pouces. (t) Le Taillant. DES COLOMB I-GALL IN ES. 21 La tête, les joues, le cou et la poitrine sont couverts cle plumes d un gris ardoisé ; les scapulaires et les couvertures supérieures des ailes sont d un gris argentin, terminées par un liseré blanc - , le ventre, les couvertures su- périeures et inférieures de la queue, le croupion et toutes les couvertures du dessous des ailes, ainsi que les flancs et le bord extérieur de la dernière penne de chaque côté de la queue sont d’un blanc pur} la queue, qui est légèrement étagée, est d’un brun roux en dessus et noirâtre en dessous; le bec est rouge à sa base, et noir à sa pointe ; les pieds sont d’un rouge vineux ; enfin les yeux ont un double cercle , l’un jaune et l’autre rouge. La femelle n’a pas de barbillon , elle est plus petite que le mâle , et ses couleurs seroient semblables aux siennes, si elles n’étoient plus ternes*, les couvertures de ses ailes ne sont point liserées de blanc. Le Vaillant a trouvé cette nouvelle espèce dans l’intérieur des terres, au pied des monts Herisies du pays des Namaquois. L’individu qu’il a rapporté, et qui fait partie de son cabinet , nous a servi de modèle. 22 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE TALPACOTI. Pt. XII. + Columba Talpacoti. Mihi. Le Colombi-Galline de cet article, l’une des petites espèces de cette famille, mesuré delà pointe du bec à l’extrémité de la queue, a environ six pouces et demi ; son bec est très mince, non renflé vers la pointe , ayant l’extrémité de la mandibule supérieure un peu courbée. Nous avons remarqué que ce Pigeon se distingue de toutes les autres espèces de cette famille par le tarse, dont le côté extérieur est garni dans toute sa longueur par une étroite bande composée de petites plumes duvetées et très courtes. Le haut de la tête est d’un gris-bleu, se nuançant sur le front en gris- blanc ; la gorge et les côtés du cou se lavent en gris nuancé de vineux; tout le dos, les couvertures des ailes, tant grandes que petites, celles de la queue, ainsi que le devant du cou , la poitrine et toutes les parties inférieures sont d'un roux foncé nuancé de légères teintes vineuses; sur quelques unes des moyennes et des grandes couvertures des ailes se remarquent de petites taches d’un beau, noir; ces taches sont placées sur les barbes extérieures de ces couvertures , mais leurs barbes intérieures sont d'un roux uni- forme; les rémiges et les pennes secondaires sont d’un brun noirâtre; en dessous l’aile est grise , et les couvertures inférieures ainsi que les plumes qui recouvrent les flancs sont noires ; les pennes intermédiaires de la queue sont d’un brun roussâtre ; les latérales, qui vont toutes en diminuant de longueur , sont noires ; l’extérieure de chaque côté a sa pointe rousse; le bec est d’un brun rougeâtre ; et les pieds sont d’un rouge orangé. Le Talpacoti habite l’Amérique méridionale ; il est à présumer que ses mœurs ont des rapports avec celles que nous savons être propres à quelques espèces de Colombi-Gallines qui habitent l’Afrique ; mais ne voulant rien DES COLOMB I-GALL INES. *3 donner au hasard, nous nous bornons à décrire cette espèce , ainsi que plusieurs autres , d’après les dépouilles que nous ayons soigneusement exa- minées. C’est d’après les seuls caractères extérieurs propres à celte espèce que nous lui avons assigné une place parmi les Pigeons gallines, laissant aux naturalistes qui auront occasion d’étudier ses mœurs le soin d’enrichir la science de leurs découvertes. Le Colombi-Galline Talpacoti fait partie de mon cabinet ; nous avons vu cet oiseau dans diverses collections : l’individu qui a servi de modèle fait partie du Muséum de Paris. 7 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE COCOTZIN Mâle et Femelle. P l. XIII et XI F. 4 - ColumbaPasserlna. Lath. Ind. Orn. v . 2,/). Gu. — Gmel./;. 787. Les petites Tourterelles. Bujf. , pl. enl . , J] 1 el 2. Ground dove. — Lath. Sjn. v. f\., p. 659. Cette petite espèce de Colombi-Galline semble tenir beaucoup des mœurs des Perdrix ; elle eu a les habitudes et le vol. M. Vieillot, qui a observé ces oiseaux à Saint-Domingue, m’a dit qu’aucune espèce ne se rapproche autant de la Perdrix ; c’est au point que lorsqu’on les voit à terre, la première idée qui vient est celle de les croire de véritables Perdrix ; elles cherchent leur nourriture à terre, se levant précipitamment plusieurs fois, exécutent des vols courts , et se rabattent brusquement comme le font les Perdrix ; la chair de ces oiseaux est un mets très recherché et des plus délicats : ou les prend le plus souvent dans des espèces de trappes faites de joncs. Les Cocotzins fréquentent les lieux pierreux situés près des buissons; on les trouve non seulement sur le continent de l’Amérique méridionale , mais aussi dans toutes les îles Caraïbes ; Maugé les a rapportés de Porto-Rico, où ils sont très multipliés. Les colons français désignent le Cocotzin par le nom d’Ortolan ; les Anglais le nomment Pigeon de terre, et les Hollandais Pigeon des pierres : la voix de ces oiseaux est semblable à celle de notre Tourte- relle, mais elle est plaintive et peu sonore. Le Cocotzin n’est guère plus gros de corps qu'une alouette huppée; sa longueur, depuis le bout du bec jusqu’à l'extrémité de la queue, est d’un peu plus de six pouces; son bec a sept lignes; les ailes, lorsqu’elles sont pliées, ne s'étendent qu’au quart de la longueur de la queue; les parties supérieures delà tête et du cou sont d'un beau cendré; chez le mâle, cette partie est d'une teinte plus bleue; le dos, le croupion et les couvertures du 25 DES COLOMBI-GALLINES. dessus de la queue sont d'un brun cendré foncé ; le front, la gorge , la partie inférieure du cou et la poitrine sont de couleur vineuse , avec quelques taches brunes qui occupent le milieu de chaque plume, et les font paroître écaillées ; les côtés et le ventre sont d’un vineux très clair ; les couvertures du dessous des ailes et les barbes intérieures des rémiges sont couleur de rouille ; les couvertures supérieures des ailes sont mêlées de cendré foncé et de vineux * il y a un nombre assez considérable de petites taches d un bleu d’émail sur les moyennes et sur les grandes couvertures 5 les deux pennes du milieu de la queue sont d’un brun-cendré très foncé, et les laté- rales sont presque noires 5 l’iris est orangé -, le bec est d’un rouge pâle à son origine, et noirâtre vers le bout ; les pieds sont rouges et les ongles noirs. La femelle diffère du mâle en ce que toutes les couleurs sont plus foibles , que la poitrine a plus de blanc, que les écailles de la poitrine sont moins bien prononcées , et que les petites taches des ailes 11'ont pas des reflets aussi brillants que chez le mâle. Des individus du Cocotzin se trouvent dans plusieurs collections 5 le mâle et la femelle font partie de mon cabinet. Ceux qui ont servis de modèle à madame Knip appartiennent au Muséum. HISTOIRE 26 COLOMBI-GALLINE HOTTENTOT. Pl. XV. Columba Holtentolta. Mihi. Le Colonibi-Caille. Le Vaill. Ois. d’Xfr.v. 6, pl. enl. Le vaste continent de l’Afrique, si riche en productions ornitologiques , voit aussi naître sur son sol des petites espèces de Colombi-Gallines dont les formes et les mœurs ont beaucoup de ressemblances avec celles qui habitent le Nouveau-Monde j M. Le Vaillant, qui le premier a fait connoître notre Colombi-Galline Hottentot sous le nom de Colombi-Caille , nous apprend que ces Pigeons se réunissent en très grandes troupes, composées de plu- sieurs familles, et qu'ils habitent les lieux arides et pierreux de la partie méridionale de l'Afrique j M. Le Vaillant croit cependant que l'espèce ne niche pas dans les cantons stériles et brûlés où il l'a trouvée \ il présume qu'elle ne fait qu'y passer un certain temps de l'année, et cette supposition semble d'autant plus fondée , que toutes les recherches de ce naturaliste pour découvrir le nid de ces oiseaux ont été infructueuses. Le Colombi-Galline Hottentot , que nous représentons est absolument modelé sur les mêmes formes que les petites espèces de Colombi-Gallines du Nouveau-Monde. Comme elles il a le vol court, il se rabat fréquemment, cherche sa nourriture à terre, où il se tient de préférence pendant le jour; ce n’est que vers la nuit qu'il se retire dans les buissons , où on le trouve perché sur les branches basses. Le mâle a l’occiput, le derrière du cou, le manteau , les couvertures des ailes, le croupion et les couvertures du dessus de la queue d un beau roux- cannelle ; chaque plume de ces parties est terminée de brun } le front et la gorge sont blancs ; le devant et les côtés du cou ont, sur un fond DES COLOMBI-GALLINES. ^ gris-vineux clair, des écailles noires qui sont liserées de blanc dans leur partie supérieure ; le milieu du sternum, le ventre, les cuisses, ainsique les couvertures inférieures de la queue, sont d’un roux clair; les pennes des ailes sont, en dehors, du meme roux que le dos, et noirâtres sur les barbes intérieures ; la queue , qui est courte et arrondie , est , en dessus , d’un roux-cannelle, et en dessous, gris-noirâtre; le bec est brun-jaunâtre; les pieds sont rouges ainsi que les yeux. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est plus petite , et que ses cou- leurs sont moins brillantes que celles de ce dernier. M. Le Vaillant a trouvé cette espèce sur les montagnes du pays des Grands- Namaquois. 28 HISTOIRE COLOMBI-GALLINE PIGMÉ. Pl. XVI. + Columba Minuta. Lath. I/ul. Orn. v. i, p. 612. Petite Tourterelle brune. Briss. Orn. v. r, p. 116, pl. 8 , fig. 1. Le Pigeon Nain. d’ Azara. Voj. Amer, mérid. , v. / ( , p. 187, n° 325 . Passerin-Turtle. Lath. Sjn. v 4 > p. 660. L’espèce de cet article a presque toujours été confondue avec le Cocotzin; sa petite taille et sa ressemblance apparente avec ce Pigeon ont pu en quelque sorte légitimer cette erreur. Convaincus comme nous le sommes que ces oiseaux forment effectivement deux espèces très distinctes, nous les décri- vons séparément, en nous conformant aux vues de l’excellent observateur Brisson, qui en avoit aussi jugé ainsi. Le Colombi-Galline Pigmé est décrit dans l’ouvrage deM. de Azara, lequel renferme les descriptions des oiseaux que ce voyageur a trouvés au Paraguay et sur les bords de la rivière de la Plata ; ce livre , dont la traduction fran- çaise vient de paroître, est sur-tout recommandable pour la vérité des descriptions et l’exactitude des observations : nous y avons reconnu au premier coup-d’œil quelques unes des espèces dont nous avons parlé dans cette monographie ; trois espèces de Pigeons décrits dans l’ouvrage de M. de Azara ne nous étoient point connues : c'est pour compléter , autant que possible, notre monographie, que nous faisons mention de ces oiseaux à la suite des Colombes; les naturalistes trouveront au surplus tous les détails dans l’index qui termine ce volume. Le Colombi-Galline Pigmé est en effet la plus petite espèce que nous connoissons dans cette famille; sa longueur totale n'excède pas cinq pouces et demi; la tête, le derrière du cou, le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont d’un brun-cendré très brillant; les couvertures supérieures des ailes sont de ce même brun, mêlé d’une teinte roussâtre ; DES COLOMBI-GALLJNES. 29 sur ces couvertures sont sept petites taches d'un bleu d'émail ; les plus grandes plumes de recouvrement sont terminées de blanc ; le front et la gorge sont d’un blanc roussâtre; la partie inférieure du cou et la poitrine sont d’un vineux clair; les côtes, le ventre, l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue sont d’un blanc mêlé de roussâtre; les couvertures inférieures de l'aile sont d’un beau roux; les deux plumes du milieu de la queue sont brunes; toutes les latérales sont cendrées, et terminées de noir; la penne extérieure de chaque côté est terminée de blanc; les pieds sont rouges , et le bec est brun : la femelle diffère du mâle seulement par des teintes plus foibles. Ce Pigeon habite à la Guiane française, il se trouve aussi au Paraguay, ses voyages s’étendent jusque dans les îles Caraïbes; Maugé en a rapporté de Porto-Rico, d’autres ont été envoyés de Saint-Domingue. En individu de cette espèce fait partie du Muséum de Paris; et j’en con- serve un absolument semblable dans ma collection. M. de Azara fait mention d’une petite espèce de Colombi-Galline, sous le nom de Picui; cet oiseau me paroit différer du Colombi-Galline Pigmé, non seulement parla taille, mais aussi par les couleurs du plumage; je m’en rapporte trop à la scrupu- leuse exactitude du voyageur espagnol, pour me conformer aux vues du traducteur de la partie ornithologique de son ouvrage, qui présume que son Pigeon Nain et son Picui ne sont que des variétés d’âge ou de sexe. Quoi qu’il en soit, voici la description que M. de Azara donne du Picui, qui est sans contredit du nombre des Pigeons-Gallines : ce La longueur totale du Picui est de sept pouces trois lignes; les parties « inférieures sont d'un blanchâtre un peu mêlé de brun sur le devant du cou « et les côtes du corps, avec une légère teinte vineuse à la poitrine; un noir « velouté colore les couvertures du dedans de l’aile; le front et les côtés de « la tête sont blanchâtres ; le dessus de la tête, du cou et du corps, aussi « bien que les couvertures supérieures des ailes, sont d’un brun pur, mais « il y a sur les mêmes couvertures une rangée de petites taches d'un bleu « d’émail , du noir sur quelques-unes , et un trait blanc sur d’autres ; les k pennes sont d’un brun noirâtre ; l'extérieure de chaque côté de la queue cc est blanche; les deuxième, troisième et quatrième ont du blanc vers leur « extrémité, et le reste brun comme les autres pennes; le tarse est d’un a rouge violet et obscur; le bec d’un bleu foncé; un espace nu et bleuâtre te entoure l’œil, et s’étend jusqu’à l’angle de la bouche. » M. de Azara observe que le Picui diffère également de l’espèce que nous , a 5 o HISTOIRE désignons sous le nom de Talpacoti , en ce qu’il est plus gros, en ce que ses ailes sont moins longues , qu’il préfère les lieux moins sombres , et qu'il s’éloigne davantage des forêts. On le rencontre ordinairement par paires , quelquefois en famille , et même en bandes de vingt-cinq individus 5 son nid, aplati et composé de petites branches, sans matières molles à l’intérieur, est placé sur les buissons et les arbres de moyenne hauteur \ la ponte est de deux œufs blancs. Le Picui est très commun au Paraguay et dans les contrées arrosées par la rivière de la Plata. LES COLOMBES. CARACTÈRES ESSENTIELS. Bec mince; pointe plus ou moins renflée; narines recouvertes d’une peau molle ; tarse court, lisse ou emplumé; ailes longues; queue carrée, étagée, ou en forme de cône. PREMIERE SECTION. Queue carrée ou légèrement étagée. COLOMBE GÉANT. Planche I nc . Columba spadicea , Lath. Itid. ont. supp. r. a, pl. LX , sp. 7. Chesmit-shoulderecl Pigeon, Lath. Syn .supp. r i , acid. p. 570. Lie vaste Archipel de l’Asie australe, si riche en productions diverses, vient de fixer , depuis un petit nombre d’années , l'attention particulière de quelques gouvernements intéressés aux progrès des sciences; les voyages entrepris à diverses époques autour du monde ont fait découvrir une infinité d’iles qui recèlent, pour toutes les parties de l'histoire naturelle, un nombre considérable d'objets nouveaux : ces pays, encore peu exploités, nous ont fait connoître plusieurs nouvelles espèces de Pigeons, dont la plupart se trouvent décorés de couleurs brillantes. J1 en est parmi eux qui ont certaines parties de leur plumage d'une forme particulière. L’espèce qui fait le sujet de cet article, déjà remarquable par sa grande taille, se distingue encore des autres Colombes de cette division par sa queue un peu fourchue, les plumes latérales étant de deux lignes plus longues que les intermédiaires; toutes ces plumes sont larges d’un pouce six lignes, rudes au toucher, comme le sont celles des Calaos et des Anhingas. Latham donne une description imparfaite de cette magnifique Colombe ; 1 3 HISTOIRE il se contente de nous apprendre très succinctement les couleurs de l’oiseau, sans prendre notice de la conformation des pennes caudales; à juger même d’après le peu que ce naturaliste en dit, on seroit en droit de présumer qu'il ne cite cet oiseau que sur de simples ouï-dires. La Colombe géant, mesurée depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, a environ dix-neuf pouces ; cette dernière en a sept et demi : les pennes qui la composent sont au nombre de douze; leur partie supérieure est d’un brun bistre, à reflets de vert et de pourpre foncé; l’extrémité est de couleur d’ocre; en dessous, la queue est d’un gris blanchâtre, changeant légèrement en vert métallique; vers son extrémité est une large bande d’un brun bistre. Les ailes, qui aboutissent vers la moitié de la longueur de la queue, ont les grandes pennes de couleur gris-de-lin foncé, à reflets de vert éclatant, sur les barbes extérieures; les moyennes pennes et les grandes couvertures sont gris-de-lin clair; cette couleur prend des teintes verdâtres à certaines réflexions de la lumière; les moyennes couvertures sont vertes dorées; les petites couvertures, les scapulaires et le haut du dos mordorés, à reflets métalliques; l'occiput et les parties postérieures du cou sont d'un vert rembruni; la tète, les parties antérieures du cou, ainsi que la poitrine, sont d’un beau vert foncé, à reflets éclatants; le ventre et toutes les parties inférieures sont d'un blanc pur; le bec et les pieds sont rouges. Cette belle Colombe habite les îles des Amis; il est probable quelle se trouve aussi dans d’autres parties du vaste Archipel austral. Je n’ai vu qu’un individu de cette espèce; il fait partie de mon cabinet. Le format que nous avons choisi pour cet ouvrage ne nous ayant pas permis de le figurer de grandeur naturelle, nous l'avons réduit à moitié. DES COLOMBES. 5 COLOMBE RAMIER, mau. Pl. II. Colurnba Palumbus, Lath. Ind. orn. 2, p. 601. — Gmel. Syst. i, p. 776. — Frisch. t. i 38 — Briss. Orn. v. 1 , p. 89. sp. G. Le Pigeon ramier. Buffon , 2, p. 53 1 , t. il[. — Pl. enl. 3 i 6 . Ring Pigeon, Lath. Syn. v. l\. , p. 635 , sp. 29. Id. supp. p. 198. Ringeltaube. Meyer Dents . Orn. p. 48 , pl. enl. Les quatre parties du monde nourrissent une foule d’oiseaux qui appar- tiennent au genre pigeon ; tous les pays chauds en sont abondamment peuplés : l’Europe est de toutes les contrées du globe celle où ce genre est le moins abondant : quatre espèces principales y vivent dans l'état sauvage; on peut considérer ceux-ci comme espèces vraiment distinctes les unes des autres, vu qu’il ne s’est pas encore trouvé entre eux d'exemple d’une production féconde , fruit du mélange naturel. Buffon n'admet en Europe que trois espèces de Pigeons, et deux autres qu’il regarde comme intermédiaires; il se fonde sur ce que les Grecs ne don- noient jamais des noms différents à leurs oiseaux , qu’autant qu’ils se trouvoient persuadés qu'il y avoit effectivement diversité d’espèces : à partir de ces principes, M. de Buffon se seroit donc vu dans la nécessité d’établir cinq espèces de Pigeons propres aux climats de l’Europe , puisque les Grecs désignent ce nombre par des dénominations différentes. E11 effet, Buffon s’est abusé en considérant l'Œnas des Grecs, ainsi que leur Phaps, comme espèces intermédiaires; ces deux espèces nominales ne forment effectivement qu une espèce réelle; les descriptions de ces Pigeons paroissent se rapporter au même oiseau. Nous présumons au reste, avec quelque fon- dement, que les Grecs ont bien connu notre Colombin, qu’ils ont sans doute désigné par leur Phaps. Ces Pigeons Colombins, peu abondants en individus, n’ont pas été soigneusement observés par Buffon; il a donné plus de crédit aux opinions du vulgaire, qu’il ne s’est appliqué à chercher la vérité dans la nature. On est encore assez généralement d’opinion , en France, que le Biset et le 4 HISTOIRE Colombin sont de la même espèce: lorsqu’il sera question de ces oiseaux, nous tâcherons de les mieux faire connoitre, et nous prouverons leur dissemblance spécifique. Le Ramier est la plus grande espèce d’entre nos Pigeons indigènes, il n’habite pas l’Europe dans toutes les saisons de l'année , la plupart de ces oiseaux émigrent dans le mois de novembre , et reviennent s’établir dans nos contrées vers le commencement de mars ; on ne les voit qu’en avril dans les climats septentrionaux. Bufïbn a vu plusieurs nids de Ramiers dans le com- mencement d'avril, les Ramereaux étoient déjà forts à cette époque. — Ce Pigeon fait deux pontes par an, la première est en avril 5 les Ramereaux prennent alors leur essor dans le mois de mai: la seconde ponte se fait en juillet, et les Ramereaux volent en août. Dans ces deux périodes de l’année on voit régulièrement de jeunes Ramiers. Le Ramier place son nid sur la cime des plus hauts arbres, et le construit en entrelaçant assez grossièrement une certaine quantité de branches sèchesj c'est là que la femelle dépose ses œufs, au nombre de deux, quelquefois elle en pond trois, mais ce cas est extraordinaire; le mâle et. la femelle couvent alternativement ; l'incubation est de seize ou de dix-huit jours. Ce Pigeon aime à se percher sur les branches élevées de quelque arbre mort, habitude qu'il a en partage comme presque tous les oiseaux dont le na- turel est farouche, et qui s’enfuient à la première indice du danger ; perché sur la sommité d’un arbre mort, l'oiseau aperçoit au loin son ennemi: aussi est -il très difficile d'approcher du Ramier à portée du fusil. O11 ne par- vient guère à le tirer dans les bois, même en employant toutes les ruses. Cet oiseau, très méfiant, prend son essor au plus léger bruit. Les Ramiers ont pour ennemis la Martre des arbres, qui leur ravit leurs œufs et leurs petits; le Milan et le Faucon pèlerin les guettent du haut des airs; ils paroissent ne pas craindre beaucoup la Buse, puisque, outre un fait rapporté à cette occasion par M. Mayer, j’ai été dans le cas de faire aussi une observation à cet égard. Dans une campagne voisine de la Haye, on prend toutes les années, avec de petits filets, un nombre considérable de Ramiers; les Buses sont toujours en très grande abondance dans ce lieu, que cepen- dant les Ramiers ne quittent pas. Ils ne paroissent point craindre ces rapaces. Je 11e suis pas du sentiment de M. de Bufïbn , qui présume que les plus grandes races de nos Pigeons de volière sont issues des Ramiers; si la chose étoit ainsi , on verroit certainement parmi ces Pigeons domestiques 5 DES COLOMBES, des individus dont le plumage porte quelque indice d’une telle origine : au reste , le Ramier ne propage pas avec le Biset , môme en captivité , et cela seul détruit la supposition de M. de BulFon. Il est assez connu de nos jours que le Biset doit être considéré comme le type de nos Pigeons de colombier, et que les variétés accidentelles de ces derniers proviennent, pour la plu- part , des races de nos Pigeons de volière. Nous nous étendrons plus au long sur ces pigeons soumis aux caprices des hommes , et nous ferons connoitre toutes les races constantes de ces oiseaux à l’article du Biset sauvage. Le Ramier se trouve dans plusieurs contrées de l’Asie et de l’Afrique; mais on auroit beaucoup de difficultés à reconnoître l’espèce dans toutes les indi- cations que les divers voyages autour du monde nous donnent de cet oiseau. Ces indications sont trop succinctes , non seulement pour y retrouver le Ramier de nos climats, mais même toute autre espèce exotique. On parle dans ces relations de Ramiers d’un gris plus ou moins obscur, sans autres définitions de couleurs, ou bien d’attributs caractéristiques. Dampier (1) a vu des Ramiers à la baie de Tous les Saints; il est incertain cependant si effectivement ces pigeons étoient de l’espèce qui habite en Europe, ou bien si ces Ramiers , dont le plumage est d’un gris plus ou moins obscur , étoient des espèces propres aux climats de l’Amérique; nous connoissons dans cette partie du monde plusieurs Colombes, dont les teintes principales du plumage sont d’un gris plus ou moins sombre; et ceux-ci sont néanmoins des espèces différentes de nos Ramiers d’Europe. La Colombe ramier, mesurée depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, a environ dix-sep t pouces et demi; son envergure est de deux pieds cinq pouces; la queue dépasse les ailes de deux pouces lorsque celles-ci sont dans l’état du repos. Le Ramier se distingue par une tache blanche qui se dessine des deux côtés du cou; toutes les autres parties du cou sont d’un cendré bleuâtre, avec des reflets de vert et de pourpre; les parties inférieures du plumage sont d'un gris clair; le manteau et les petites couvertures des ailes sont d’un cendré bleuâtre; le dos et le croupion ont une teinte de gris bleuâtre ; les grandes pennes alaires sont noires , avec un petit liseré blanc ; le blanc pur règne sur les barbes intérieures des couvertures les plus voisines du bord de l’aile; la queue est d’un cendré bleuâtre, passant au noir vers l’extrémité des pennes; le genou est recouvert de plumes; la partie nue du tarse et les doigts sont d’un beau ( i ) Dampier, v. 4 > P- 66. 6 HISTOIRE rouge ; le bec est d’un blanc rougeâtre à sa base , recouverte d'une carnosité molle, qui paroît saupoudrée de blanc; l’iris est d’un jaune clair. La femelle ressemble au mâle pour les couleurs, mais sa taille est plus petite; les jeunes ont une teinte de gris-cendré très foncé; le collier blanc n’est point visible dans la première année , ce n’est qu’à leur première mue qu’ils prennent ce caractère. L’individu qui a servi de modèle appartient à M. Dufresne du Jardin des Plantes. DES COLOMBES. 7 COLOMBE MUSCADIVORE 5 Mâle et Femelle Pl. III et IF. Columba auea. Lath. Incl. orn. v. •!, p. 602 . sp. 33. — Gjvtel. Syst. i j p. 780 . Palurnbus Moluecensis. Briss. orn, v. 1 , p. r48 , sp. 4i. Pigeon ramier des Moluques. Buff. v. ■>. , p. 58 pl. enl. i64- — Sonnini, éclit. de Buff. v. j , p. 2 ^ 0 . Pigeon cuivré mangeur de muscade. Sonnerat, Voy. p. 168 , t. 102 . Nutmeg. Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p • 636 ^ sp. 5o. — Id. p. 65 r i , var. A. Parmi le nombre considérable d’erreurs queBuffon a commises à l’égard de l’origine de la plupart des Pigeons exotiques, qu'il suppose mal à propos être des variétés provenues d’espèces qui fréquentent habituellement les régions de l'Europe, aucune, sans contredit, n'est plus mal fondée que celle où ce naturaliste met en doute les différences spécifiques qui caractérisent la Colombe dont nous faisons le sujet de cet article. & Quelque éloigné, ditBuffon, que soit le climat des Moluques de celui de et l’Europe, ce pigeon ressemble si fort à notre Ramier par la grandeur et la « figure, que nous ne pouvons le regarder que comme une variété produite « par l'influence du climat. » Pour faire des rapprochements semblables, il faut sans doute avoir l’esprit préoccupé d’un système qu’on tâche d’étayer indistinctement par toutes sortes de suppositions 5 on peut difficilement se persuader, en lisant d’un bout à l’autre la partie des Pigeons dans l'ouvrage de Buffon, que ce célèbre natu- raliste en soit l'auteur. S’il est prouvé que les climats chauds opèrent, par leur seule influence, des variations ou plutôt des changements si peu conformes aux gradations régulières que nous remarquons toujours dans la nature, les travaux du naturaliste doivent , dans ce cas, se borner uniquement à la connoissance des espèces qui habitent une contrée que celui-ci aura soigneusement exploitée; il sera dans la nécessité d’écarter toute étude tendant à embrasser l’ensemble des productions que lui offrent les divers climats; des recherches 8 HISTOIRE ultérieures le porteroient dans des doutes que ni lui , ni un nombre consi- dérable de ses successeurs ne seroient dans le cas de pouvoir résoudre. Nous avons donné à cette Colombe le nom de Muscaclivore, parceque dans certains temps de l’année , sur-tout aux époques où les muscades sont en maturité, elle en fait sa principale nourriture: ce Pigeon donne la préférence au macis dont les noix des grandes muscades se trouvent entourées 5 pour les petites noix , il ne se contente pas d’en enlever la pulpe, mais les avale avec l'enveloppe $ le macis servant uniquement de nourriture , se trouve trituré dans les viscères digestifs sans que la noix éprouve la moindre altération en passant dans ces organes: le Muscadivore, en parcourant les îles voisines, sème ces noix en les rendant avec ses excréments. Voies sublimes et admirables de la nature! jusque même dans les actions les plus insignifiantes en apparence qu’effectuent tes créatures, tu te proposes un but d’utilité que les hommes, ingrats pour tes bontés prévoyantes, sont loin d'imiter pour leurs semblables: tandis qu’ils abusent des riches dons de la nature, celle-ci pourvoit à maintenir la balance égale, en plaçant, pour réparer leurs dilapidations , une fugitive Colombe qui , parcourant un espace considérable de mers , vient porter , comme par un charme , l'abondance dans des lieux où l'homme se seroit gardé de faire produire la terre. Il paroît que les Muscadivores émigrent à certaines époques de l'année $ ce temps est sans doute celui où les jeunes Colombes se trouvent en état de suivre la troupe -, apparemment ces émigrations se font quand le muscadier ne peut plus leur fournir la nourriture qui leur convient. On voit arriver ces oiseaux en bandes innombrables, et peupler les forêts de l’ile de Java 5 mais vers le temps des pontes ils l’abandonnent. —Une note que mon ami M. Laischenault a eu la complaisance de me communiquer, porte que les Colombes muscadivores se nourrissent, à Java, du fruit du ficus religiosus , appelé, en langue javane, pohon vrique; c'est une petite figue de la grandeur d’une cerise que produit \e figuier bagncin. Il est étonnant que Sonnerat, qui a vu cet oiseau à la Nouvelle-Guinée, en parle dans des termes si peu propres à faire reconnoître l’espèce 3 ce voyageur dit que le Muscadivore est du double plus fort de taille que notre Ramier d’Europe. Il mé paroît que Sonnerat ne s’est pas trop bien rappelé que la Colombe ramier a déjà dix-sept pouces et demi de longueur totale. Le capitaine Forster, dans les relations de son voyage autour du monde, dit, à la page 55 a de l’édition anglaise, qu'à l’île de Tanna se trouve une espèce DES COLOMBES. 9 cle Pigeon qui se nourrit de muscades : il y a toute apparence que eetle espèce désignée par le capitaine Forster est la même que celle dont nous donnons l’histoire. Les divers individus de l’espèce de Muscadivore diffèrent assez sensiblement entre eux pour la taille ; il en est de ceux-ci comme des autres espèces de Pigeons, et c’est aussi le cas pour les diverses espèces de Perdrix; ces oiseaux varient presque toujours de taille à raison de l’abondance ou de la disette en grains ou en fruits qui leur servent de nourriture ; un terrain aride produit en général des oiseaux moins forts et plus petits , tandis qu’exposé sous le même degré, un canton fertile et abondant en toutes sortes de nourritures contribue à donner aux individus d’une même espèce une taille plus élancée, et décore leur plumage de teintes plus vives et plus fraîches. Cette espèce a le bec supérieur foiblement arqué vers la pointe; il est plus fort, d’une substance plus cornée que ne l’est d'ordinaire le bec des Pigeons. Les tarses sont robustes, très courts, et en partie emplumés: les doigts nerveux ont des rebords charnus qui forment une plante de pied épatée, comme dans les Pigeons Colombars; les pieds de cette Colombe ressemblent absolument à ceux des Calaos ; la carnosité de la partie supérieure du bec est recouverte par de petites plumes. Le mâle adulte a toute la tête, le cou, ainsi que les parties inférieures du plumage, d’un beau gris-bleuâtre; le manteau , le dos, les grandes et les petites couvertures des ailes sont d’un beau vert foncé, à reflets métalliques; les grandes pennes alaires, ainsi que les pennes secondaires, sont cl’un bleu ver- doyant; la queue, composée de douze plumes, est d’un beau bleu de roi, changeant en vert doré, en dessous ces plumes sont noirâtres; les couvertures inférieures de la queue sont d’un roux ferrugineux; les pieds sont rouges, le bec et les ongles noirs , et l’iris est d’un rouge orangé. La femelle, toujours moins forte de taille que son mâle, a en général tout le plumage d’une couleur plus terne que ce dernier ; le cou et le ventre sont d’une teinte vineuse : sur la nuque est une grande espace roussâtre foncé. Les jeunes Muscadivores sont d'un roux plus ou moins foncé par-tout où le mâle adulte a du gris; dans cet état, les ailes et le dos sont d’un brun bistre à reflets de vert; les grandes pennes des ailes et celles de la queue sont d’un noir grisonnant. Le Muscadivore habite les Moluques et la Nouvelle-Guinée; on m’a assuré qu’il se trouvait aussi dans quelques îles de l’Océan Pacifique. Un mâle de cette o 10 HISTOIRE espece, ainsi cpi un jeune individu à 1 epocjue de son passage du jeune âge à l’âge fait, m’a été envoyé de Batavia 5 j’ai vu un mâle à Londres, dans le Leverian Muséum 5 la femelle déposée aux galeries du Muséum de Paris a servi de modèle ; le mâle fait partie de mon cabinet. DES COLOMBES. i i COLOMBE RÀMRON, M*ie. Pl. V. Colomba Arquatrix. Milii. Le Ramron. Le "V aillant, Hist. natur. des Ois. d’Afrique. Le Vaillant a découvert, dans ses voyages en Afrique, vers le tropique du Capricorne, une nouvelle espèce de Colombes qui habite en grandes troupes les immenses forêts de la partie méridionale de ce continent ; c’est dans le charmant pays d’Anteniquoi que Le Vaillant vit, pour la première fois, cette belle espèce , et eut occasion d’étudier ses mœurs, qui, se rapprochent à beau- coup d’égards de ceux de nos Colombes ramiers, ils diffèrent néanmoins par des caractères trop tranchés pour se permettre de confondre ces deux espèces, lors même que la distribution des couleurs répandues sur cette Colombe ne suffiroit pas pour déterminer sa dissemblance spécifique. La dénomination de Ramron indique déjà en partie une habitude bien singulière de cet oiseau; il paroit en effet s’amuser d’une façon toute parti- culière de se jouer dans l’air. Jamais son vol n’est régulier et soutenu comme dans la plupart des Pigeons : en partant de dessus un arbre , le Ramron commence par décrire une parabole; il continue, tant que dure sa course, à former par intervalles des arcs-boutants, et c’est en faisant ce manège que l’air retentit au loin du son mélodieux de sa voix. Le Ramron a un ennemi terrible dans l’Aigle blanchard, dont nous devons aussi la découverte au voyageur cité (i); c’est dans les ébats amoureux du Ramron, lorsque cette Colombe voltige, en décrivant des cercles au-dessus de l’arbre où sa femelle est perchée, que le Blanchard part de l’endroit où il étoit en embuscade; si le Ramron n’a pas le temps de se précipiter dans l’épaisseur du bois avant que son adroit adversaire ne se soit placé entre la sommité des arbres et lui, il tombe infailliblement dans les serres de cet Aigle, qui, joignant la ruse à la vélocité de sa course, ne manque pas de s’emparer de sa proie. Le Ramron , mesuré depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue , a (i) Le Taillant, Histoire naturelle des Oiseaux d’Afrique, vol. I , à l’article du Blanchard. HISTOIRE à peu près quinze pouces; le bec a treize lignes, et le tarse en a douze. Les teintes dominantes qui décorent cet oiseau sont le bleu couleur de plomb plus ou moins foncé, et le rouge vineux; cette dernière couleur se trouve répandue sur le front, sur Je haut du dos et sur toutes les parties inférieures-, elle est d une teinte plus claire sur le cou et sur la poitrine: les plumes de cette partie ont du noir sur leur centre, et paroissent maillées. Le haut de la tète, demême que 1 occiput, est d un gris-bleuâtre-, sur les petites et sur les moyennes cou- vertures des ailes, se dessinent plusieurs taches blanches de forme arrondie; d autres de la même couleur, mais de forme triangulaire, sont semées sur le ventre: une partie du tarse est couverte de plumes, le reste est nu, d’un jaune clair ; les doigts et les ongles sont de cette couleur : le bec est jaune foncé, mais la peau molle qui recouvre les narines est orangée*, les yeux sont d’un brun orangé. Le Ramron est connu, dans la colonie du Cap de Bonne-Espérance, sous le nom de (Olyf-Duif), ce qui signifie Pigeon d’Olivier-, cet oiseau fait sa nourriture principale d’une espèce de fruit semblable à l’olive. On sera sans doute étonné de me voir décrire les moeurs de quelques Pigeons africains avant mon ami Le Vaillant, qui publie l’Histoire des oiseaux découverts par lui dans cette partie du monde : il m’est bien agréable de faire connoitre ici l’aménité de caractère de ce naturaliste, qui n’a d'autres torts envers la foule de ceux qui tâchent à lui nuire dans leurs écrits, que de posséder des talents bien supérieurs à ceux-ci en étude de la nature : tandis que ces calomniateurs, sans doute jaloux de ne pouvoir joindre ce talent à leur âpre étude de cabinet, condamnent sans réserve cette partie, à la vérité un peu négligée dans les ouvrages de M. Le Vaillant; son ornithologie d’Afrique sera nonobstant, en dépit de tous les détracteurs, une source où les soi-disant naturalistes, qui ne connoissent la nature que par les livres, seront obligés de venir compiler la partie de cette science qui leur est le plus souv ent étrangère. J’ai dit, dans l’introduction de cet ouvrage, que mon ami Le Vaillant m’a voit fait part de toutes ses notes sur les Pigeons et les Gallinacés africains, que je lui devoisdes observations intéressantes sur ces oiseaux, qui, n'ayant encore été décrits par aucun auteur, se seroient trouvés simplement figurés dans cette monographie, d’après des individus de ces espèces déposés dans mon cabinet, sans autres indications de mœurs ou d’habitudes. Le public, en joignant sa reconnoissance à la mienne, ne rendra qu’un hommage bien mérité à un désintéressement si rare. Le Ramron mâle fait partie de mon cabinet. DES COLOMBES. r? 10 COLOMBE GRIYELÉE. pl. n. Columba Armillaris. Miht. Les parages de l’Asie australe nourrissent une nouvelle espèce de Colombe, dont nous ne trouvons pas même d’indications dans les divers voyages. Nous avons rapporté de Londres deux individus de ce Pigeon, que nous désignons par le nom de Colombe grivelée, le ventre étant marqué de taches irréguliè- rement semées. Aucune particularité sur la manière de vivre de cet oiseau ne nous étant connue, nous sommes obligés de nous en tenir à la description succincte des couleurs qui caractérisent cette belle espèce. La Colombe grivelée, quoique plus petite de taille que le Ramier d'Europe, est modelée sur les formes de cet oiseau. Sa longueur, depuis le bout du bec a l’extrémité de la queue, est de quinze pouces et demie ; le bec a quatorze lignes ; la peau molle qui en recouvre la base est de couleur rosée, et paroît saupoudrée de blanc. Un bleu couleur d’ardoise règne sur le plumage supé- rieur et sur le devant du cou 5 la même teinte se trouve encore sur une espèce de ceinturon qui se dessine des deux côtés de la poitrine, mais dont les extrémités ne se joignent point; le front et la gorge sont d’un gris blanchâtre; une espèce de hausse-col prend son origine de chaque côté au-dessous de l’orifice des oreilles, et descend sur la poitrine. Il est d’un blanc pur, et paroît imiter un ornement encore de mode il y a peu de temps; toutes les élégantes avoient coutume de se parer de certains colliers qu’on désignoit par le nom d’esclavages; ceux-ci ressemblent, par la manière dont ils descendent sur la gorge, au collier qui se dessine sur la poitrine de notre Colombe. Toutes les parties inférieures de cet oiseau sont blanches; sur le milieu du ventre il y a des taches oblongues. Les plumes de flancs de l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue ont du noir en forme de fer de lance à leur centre; elles sont toutes frangées de blanc pur; les grandes pennes des ailes sont d’un brun terne, toutes ont le bord des barbes extérieures liserées d’un 4 i4 HISTOIRE brun roux j les quatre pennes latérales de chaque côté de la queue sont terminées de blanc. Nous avons figuré cet oiseau d’après un individu d’une conservation très pure qui se trouve dans ma collection. Cet oiseau, ainsi que le précédent , ont été réduits à moitié, le format ne nous permettant pas de les représenter de grandeur naturelle. DES COLOMBES. i5 COLOMBE MARINE. Pl. VII. Coluraba Lilloralis. Mi/ii. Columba Abba. Lath. Ind. orn. v. a, p. 602, sp. 34 . — Gmel. Syst. i ,p. 780. Pigeon blanc Mangeur de muscade. Sonnerai. Voy. p. i6. 266. La Tourterelle aux ailes dorées. Sonnini } édit, de BuJJ. v. n ,p. 3 09 . Une des plus belles espèces de Pigeons qu’on connoisse, est sans contredit la Colombe Lumachelle, qui fait le sujet de cet article. Des points brillants d’un éclat radieux sont semés sur les ailes de cet oiseau, dont le plumage', généralement de couleur uniforme sur tout le reste du corps, contribue encore à relever la richesse éblouissante de ces taches, qui paroissent comme autant de rubis, de saphirs et d’opales. Le capitaine Phillip, dans son voyage à la Nouvelle-Galles, et le chirurgien général White, dans son voyage au port Jackson, font mention de cette Colombe: Labillardière, qui en tua aussi à la Nouvelle-Hollande, l’avoit déjà trouvée au cap de Diemen : les naturalistes qui accompagnoient le capitaine Baudin en ont rapporté deux individus tués au canal d'Entrecas- teaux. L’espèce paroit en général très abondante dans toutes les parties de l'Océan pacifique: on les trouve aux îles Norfolk, dans les diverses parties de la Nouvelle-Hollande; ils sont principalement très communs dans les environs de Sidney-Cove et de la baie Botanique. Les Colombes Lumachelles se plaisent dans les lieux sablonneux et arides, elles aiment à se tenir à terre ou sur des branches basses ; on ne les voit à la baie Botanique que depuis le mois de septembre jusqu’à celui de février. Ces oiseaux se montrent toujours par paires ; ils pratiquent leurs nids dans les trous d’arbres peu élevés de terre , et souvent sur la terre même , et pondent deux œufs blancs; leur nourriture principale est un petit fruit ressemblant à la cerise; on trouve toujours les noyaux de ce fruit dans leurs gésiers. Il est facile de s’assurer du lieu de leur retraite, le roucoulement très sonore de cette espèce imitant à une certaine distance le beuglement des vaches. Les insulaires de 5 18 HISTOIRE la Nouvelle-Hollande désignent le Lumaclielle par le nom de Goad-Gang ; les Anglais l’appellent Grouncl-Pigeon ^ ce qui signifie (Pigeon de terre.) Nous allons décrire le mâle et la femelle, ainsi que le jeune âge de cette espèce, d’après trois individus que j’ai rapportés de Londres 5 nous n’avons figuré que le mâle dans nos planches coloriées , pour ne pas multiplier inutilement le nombre des gravures; la description mettra le naturaliste â même de reconnoître facilement les deux autres. Le mâle adulte a quinze pouces et demi , depuis la pointe du bec à l’extré- mité de la queue; le front est d’un blanc pur, et se nuance successivement par de légères teintes en rose clair; cette couleur devient plus violacée en approchant de l’occiput, et forme, en passant sur les yeux, une espèce de fer à cheval. Les orifices des oreilles sont recouvertes par de petites plumes blanches. La couleur dominante sur les parties supérieures est d’un cendré- brun; chaque plume est bordée de jaune terreux. Les grandes couvertures des ailes ont vers leur extrémité une tache d’un éclat radieux. Les reflets chatoyants du rubis et de l'opale brillent à l'envi sur ces plumes, qui par leur réunion, lorsque l'aile est dans l’état du repos, forment deux bandes trans- versales sur cette partie; ces plumes sont terminées d'un beau blanc couleur de perle. Les petites et les moyennes couvertures ont encore de ces mêmes taches brillantes , plus ou moins irrégulièrement distribuées ; elles sont terminées de gris -jaunâtre. Sur les pennes secondaires des ailes il y a de grands miroirs d’un vert-pourpré. La queue est composée de dix-huit pennes cendrées (1), avec une bande noire vers leur extrémité; les deux plumes du milieu sont de la couleur du corps: le dessous de la queue est aussi gris-cendré, mais toutes les pennes sont traversées par une barre brune. Les parties infé- rieures du corps sont grises, avec des teintes vineuses sur la poitrine. Le dedans des ailes est roux de rouille; le bec est noirâtre, mais sa base est rougeâtre; les pieds sont rouges. La femelle n’a point de blanc sur le front, toute la tête est d'un gris-cendré; cette couleur règne sur les autres parties de l'oiseau, mais les teintes sont en général plus claires que chez le mâle; les bords de toutes les plumes sont d’un blanc jaunâtre; les taches brillantes sur les ailes sont beaucoup plus petites et moins vives; leur chatoyant n’imite pas celui qui brille dans les rubis, mais les reflets sont plutôt d’un vert métallique. Les miroirs sur les plumes secondaires sont aussi moins grands et plus ternes. (1) Latham et Sonnini comptent seulement seize plumes à la queue du Lumaclielle. Ces auteurs se trompent en ne lui donnant que ce nombre ; tous les individus observés par nous avoient dix-huit pennes. DES COLOMBES. 19 Les jeunes Lumachelles ont la livrée dun cendré -noirâtre, et toutes les plumes sont bordées de couleur de terré d’ombre. Le front et la gorge sont blanchâtres, et les miroirs sont de couleur sombre, avec des légers reflets verdâtres. Les individus qui ont servi à cette description sont dans ma collection ; deux mâles dans le plus parfait état de conservation sont au Muséum de Paris; plusieurs se voyent à Londres. • ' ' . ■ 30 HISTOIRE COLOMBE-LARGUP. Pl. IX. d Columba cristata. Mihi. Columba pacifica. Lath. Ind. orn. v. i , p. 6oo_, sp. 27. — Gmel. Syst. 1 , p. 777. Pigeon cendré ferrugineux. Sonnini , nouv. édit, de Buff. , v. 7 , p. 225. Ferrugineous-vented. Pigeon. Lath. Syn. v. l\ , p. G33 sp. 2.4. Voici encore un Pigeon bien remarquable, qui se distingue de tous ses congénères par un caractère d'autant plus particulier, qu'il est jusqu'à présent unique dans les oiseaux qui composent cette nombreuse tribu. Dans presque tous les genres d'oiseaux on connoit des espèces qui, pour ornement extraordinaire , portent sur la tète des pl unies plus ou moins longues, capables d’érection : le genre columbace ne nous avoit pas encore présenté ce caractère ayant l’époque où nous écrivons. Nous avons donné le nom de Colombe-Largup à ce Pigeon, par rapport à la largeur que présente l'ensemble des plumes occipitales; celles-ci s’alongent tout à coup sensiblement, et forment une huppe touffue, qui ceint l’occiput; ce caractère très marquant dans la Colombe représentée dans nos planches paroit être échappé à Latham; le naturaliste anglais rend défectueusement les couleurs brillantes qui parent cet oiseau. Ou pourroit même présumer, avec assez de fondement, que Latham décrit notre Colomb-Largup, ou d’après quelque mauvais dessin, ou bien simplement d’après des oui-dires. Sonnini ayant traduit le texte du naturaliste anglais, n'a rien ajouté à la connoissance plus parfaite de l’espèce. Le Largup a la taille de notre Biset, il mesure en totalité treize pouces deux lignes; le bec, qui a un pouce, est fortement courbé vers la pointe. La tête, le cou, la poitrine et le ventre, sont, d'un gris nuancé en teintes de pourpre clair, à reflets métalliques sur le cou et sur la poitiioc ; au-dessous des yeux, ainsi que sur la gorge, est une grande tache d un jaune- terreux. Le manteau, les scapulaires et les petites couvertures des ailes sont d un violet- pourpré à reflets : les grandes couvertures et les pennes secondaires sont DES COLOMBES. ai noirâtres, avec de légers reflets pourprés sur les premières. Le noir verdâtre règne sur le dos et sur toutes les pennes caudales. Les cuisses, l’abdomen, ainsi que les couvertures inférieures de la queue ont une belle couleur ferrugineuse, les grandes pennes alaires sont teintes d’un roux vif 5 les pieds sont rouges, le bec et les ongles sont bruns. Cette magnifique espèce se trouve aux îles des Amis, dans la mer du Sud 5 Labillardière (1), qui ne donne aucun détail relativement aux couleurs de cette Colombe , dit qu’il tua dans ces parages un individu de cette espèce. La Colombe-Largup est de ma collection. Nous en avons vu une chez M. Raye de Breukelerwaert, et une autre à Londres. Cette espèce est encore très rare dans les cabinets. Ses grandes dimensions ne nous permettant pas de la figurer de grandeur naturelle , nous l’avons réduite à moitié. ( 1 ) Voyage à la recherche de La Peyrouse. V. i , p. io5. 6 HISTOIRE 93 COLOMBE A QUEUE ANNELÉE. Pl. X + Columba Caribæa, Lath. Ind. orn. v. 2 ,p. 6o3, sp. 36. — Gmel. Sfst. v. i, p. r -/ Le Pigeon à queue annelée de la Jamaïque. Bris s. orn. v. i , p. i38, sp. 34 - Ring-tail Pigeon, Lath. Spi. v. l\^p. 63g, sp. 33. — Brown'e Jam. p. 468. Sloane Jam. p. 3oa. Si BufFon s’est souvent mépris en prenant le Ramier vulgaire ou bien le Biset sauvage pour type de la plus grande partie des Pigeons qui habitentles climats étrangers, ce naturaliste n’a pas mal présumé en supposant l’identité spécifique de la Colombe à queue annelée, qui lui étoit connue par les descriptions de Browne et de Hans Sloane. D’après ces seules indications, Bufîbn ne balance pas à placer ce Pigeon comme une troisième variété du Ramier, et c’est en quoi il a un grand tort. Le Pigeon de cet article n’a pas les plus légères analo- gies avec notre Ramier, il ne faut pour cela que les comparer; au lieu qu’il a des ressemblances bien caractérisées avec une Colombe indigène dont nous allons nous occuper à l’article suivant , et que nous désignerons par le nom de Colombin. Outre la taille, qui est la même dans la Colombe à queue annelée et le Colombin, nous trouvons encore dans la barre qui traverse les plumes cau- dales de ces deux Pigeons un caractère de ressemblance bien constaté; ajoutez à ceci le peu de différence dans les couleurs, qui ne varient que par des teintes plus brillantes et plus fraîches répandues sur la livrée de la Colombe à queue annelée, moins pures dans le Colombin. Nous considérons donc la Colombe à queue annelée comme une espèce analogue très voisine de celle du Colombin qui habite l’Europe; les différences peu sensibles entre ces oiseaux ne nous paroissent occasionnées que par l’influence du climat; nous conservons cependant à chacune de ces espèces, ou, pour mieux nous expliquer, à chacune de ces races, une dénomination différente, vu qu’il n’en est pas de cette Colombe comme de l’espèce du Biset, qui est la même en Afrique, en Europe et en Asie: dans ces diverses contrées elle n’a subi , par l’influence des climats , qu’une très légère différence dans les DES COLOMBES. 20 teintes plus ou moins vivement coloriées des plumes du cou ; au lieu que les dissemblances observées entre le Colombin et le Pigeon de cet article sont plus considérables 5 les Colombes à queue annelée paraissent au reste propres aux régions de 1 Amérique septentrionale. Longueur totale , quinze pouces ; bec , neuf lignes ; la tête , la partie inférieure du cou et la poitrine sont de couleur pourprée 5 la partie supérieure du cou est d’un pourpre changeant en vert 5 ces couleurs ont à différentes lumières des reflets éclatants ; le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont d’un bleu-cendré ; les ailes, les scapulaires, ainsi que toutes les grandes pennes sont d’un gris rembruni 5 le ventre a des teintes de gris foncé à légers reflets pourprés ; les pennes de la queue sont , depuis leur origine jusque vers la moitié de leur longueur, d’un gris d'ardoise 5 une large bande de gris plus clair les traverse toutes; et elles sont terminées de gris- noirâtre; la base du bec est charnu, de couleur rougeâtre, la pointe est jaune. L'iris des yeux et les pieds sont d’un rouge foncé. La variété dont parle Latham, dans son supplément page 199, n’appartient pas à cette espèce; la queue de notre Colombe est carrée, tandis que l’oiseau donné par l'auteur anglais comme une variété, a la queue étagée et de forme conique. Maugé a trouvé la Colombe à queue annelée à Porto-Rico; elle y habite par grandes bandes de plusieurs centaines. Browne observa cette espèce à la Jamaïque , où elle fréquente ordinairement les lieux bas et les terrainsc ultivés. Sa nourriture principale consiste en toute sorte de grains; elle est aussi très Irlande de la baie du café. Ces Pigeons paraissent répandus dans toutes les Antilles et les Lucayes; nous ignorons s’ils fréquentent la terre- ferme des deux continents de F Amérique. Il est probable qu’ils n’entreprennent point de longs voyages , puisque Browne nous apprend que ces Colombes se trou- vent à la Jamaïque durant toute l’année. Nous avons vu plusieurs de ces individus dans divers cabinets à Londres; celui- qui a été rapporté de, Porto-Rico, par Maugé est au Muséum de Paris; il a servi de modèle à madame Knip. 34 HISTOIRE COLOMBE COLOMBIN. Pi. xi. Columba Œnas. Lath. Inet. orn. v. i, p. 58 g. sp. i. — Gmel. i Syst. i ,p. 769. — Frisch. t. 139. Le Pigeon sauvage. Brisson. orn. v. 1 , p. 86 , sp. 5 . Stock Pigeon , or Stock Dove. Lath. Syn. v. 4 , p. 6o4- — Id. supp. p. 197 . Hollztaube. Bechstein. orn. tasclienb v. 1 , p. z 3 i , sp. 2. Il existe dans nos climats deux espèces bien distinctes de Pigeons proprement dits. La première, d’où proviennent nos Pigeons de colombier, habite et niche en état de liberté dans les rochers et les vieilles masures ; au défaut d’un pareil gîte, elles s’accommodent aussi des troux vermoulus de quelque vieux arbre ; cette espèce est connue sous le nom de Biset, Une autre espèce presque tou- jours mal observée, et plus mal décrite encore par les naturalistes, vit aussi en état sauvage dans nos contrées 5 ses mœurs, bien différentes de celles que nous obervons dans le Biset, ne permetteiit en aucune manière de la confondre avec celui-ci ; elle demeure toujours dans les bois, et pose son nid sur la cime des plus hauts arbres; son naturel est farouche comme l'est celui des Pigeons Ramiers , et son genre de vie semble en général se rapprocher beaucoup de cette espèce. Dans les forêts de la Bourgogne et de la Lorraine, où cet oiseau se rend toutes les années vers le temps des pontes, les habitants lui donnent le nom de petit Ramier, et le distinguent de l’autre espèce, qu’ils nomment simplement Ramier : dans les pays boisés de l’Allemagne on lui donne le nom de Pigeon bleu ou petit Pigeon bleu des bois. Nous avons lieu de croire que ces oiseaux viennent nicher dans les grandes allées de marronniers, au jardin des Tuileries : nous y avons vu, dans le temps des pontes, deux espèces de Pi geons , dont la voix et le roucoulement très différent attira notre attention ; nous fûmes convaincus que cette supposition étoit vraie, car en voyant partir ces oiseaux de dessus les arbres, nous distinguâmes effectivement deux sortes de Pigeons; les uns étoient de l’espèce du Ramier ordinaire, les autres nous parurent de l’espèce du Colombin; ils étoient d’une taille inférieure à celle du Ramier, et n’avoient pas le croupion blanc, caractère qui distingue DES COLOMBES. a5 le Biset. Le nom de Ramiret ( petit Ramier') auroit convenu à cette Colombe, mais la dénomination de Ramiret ayant été donnée, quoique mal à propos, à une Colombe étrangère à l'Europe , nous n’avons pu en faire usage pour celle-ci. Le Colombin émigre aux approches de l’hiver. De tous les auteurs qui ont décrit cette espèce, il n’y a que Brisson dont l’exposé fidèle rend parfaitement bien l’oiseau. Ce naturaliste a décrit le Colombin avec cette vérité et cette exactitude qu’on trouve répandues dans tout son livre; on peut même, en consultant l’ouvrage de Brisson, se passer de gravures, tant ses descriptions sont calquées d’après la nature. Les oiseaux enluminés de Frisch nous présentent la seule bonne gravure qui a été donnée du Colombin; en général, la plupart des planches de cet ouvrage, quoique grossièrement exécutées, sont cependant vraies; sur-tout celles qui ont été faites d'après la nature. Un naturaliste qui veut éviter toute méprise et double emploi doit se borner à citer de pareils auteurs dans sa synonymie. Je soutiendrai toujours qu’on fait plus de tort à l’étude de la nature en citant des descriptions tronquées et des indications vagues, qu’en les vouant à un oubli éternel : on en voit une preuve dans la citation de la planche d’ Albin (i), qui, à en croire les synony- mies, doit représenter notre Colombin. Comment ces grands génies, en compilant dans les étroites limites de leur bibliothèque, n’ont-ils pas vu que cette planche d’ Albin ne ressemble en aucune manière à notre Colombe , et que l’auteur , sous un nom différent, a figuré un Ramier qui n’avoit pas encore atteint l’état d’adulte? Le Colombin est un peu plus fort de taille que le Biset; sa longueur, depuis le bout du bec jusqu’à celui de la queue, est de quatorze pouces; son vol est de deux pieds deux pouces; le bec a onze lignes; les ailes pliées atteignent , à un pouce près, l’extrémité des pennes caudales ; la tête est d’un cendré bleuâtre, la partie supérieure et les côtés du cou sont d’un beau vert, changeant en violet et en couleur de cuivre de rosette, selon qu’ils se trouvent exposés aux rayons de la lumière; la partie supérieure du dos et les couvertures des ailes sont d’un cendré obscur; la partie inférieure du dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue, d’un cendré clair; la partie inférieure du cou, depuis la tête jusque vers le milieu de sa longueur, est cendrée ; le reste du cou, ainsi que la poitrine, est de couleur de lie de vin ; le ventre, les flancs, l’abdomen et les couvertures du dessous de la queue sont (i) Albin, y. a, pl, l\Q>. 7 26 HISTOIRE d’un cendré clair $ les premières grandes pennes de l’aile sont noires, et ont leur bord extérieur blanc, toutes les suivantes, ainsi que les moyennes, sont cendrées à leur origine, et noires vers leur bout $ sur chaque aile sont deux taches noires (1), l’une sur les deux moyennes pennes les plus proches du corps, et l’autre sur les trois grandes couvertures de Faile qui tombent sur celles-là : ces taches ne sont que sur les barbes extérieures et vers le bout de chacune de ces plumes. Toutes les plumes de la queue sont cendrées depuis leur origine jusque vers les deux tiers de leur longueur $ le reste est noir, excepté la moitié des barbes extérieures de la penne latérale qui est blanche. En dessous de la queue il y a une barre d’un gris clair qui traverse toutes les pennes à un pouce de leur extrémité. Le bec est d’un rouge pâle 5 les pieds sont rouges et les ongles noirs. L’individu qui a servi de modèle fait partie de la belle collection de M. Dufresne, attaché au Muséum de Paris. Le Colombin est très difficile à se procurer. (1) Nous ignorons ce qui a pu porter Latliam à dire quç l’Œnas a sur chaque aile deux barres transversales de couleur noire : on supposerait par-là que l’auteur anglais a décrit un Biset , si , du reste, le texte de Lalham ne se rapportoit au Colombin. DES COLOMBES. COLOMBE BISET SAUVAGE. P L. XII. Columba livia, Lath. Ind. ont. v. 2 , p. 5 go , sp. 2. — Gmel. Syst. ï, p. 769 Le Biset. Bujfon, v. 2, p. 4g 8 — PI. enl. 5io. — Sonnini , édit, de Bujf. , v. 7 , p. t54- — Briss. Oi'n. v. 1 j p. 82. sp. 3 . Biset Pigeon , Lath. Syn. v. t\ , p. GoS. i\o us réunissons sous cet article, et regardons comme autant de descendants du Biset sauvage, tous les Pigeons de colombier, les diverses races de Pigeons de volière, qui, par la forme du bec et des parties principales, ressemblent à cet oiseau, le Pigeon domestique des naturalistes, la prétendue espèce de Pigeon romain, ainsi que ses variétés, etle Pigeon déroché, ou Bûcherai. Ces oiseaux produisent ensemble des individus féconds qui se reproduisent à leur tour, et forment, par l’entremise de l'homme, ces races particulières que nous remarquons dans les Pigeons de volière 5 ceux-ci se maintiennent par les soins qu’on prend de les assortir. Ce sont particulièrement ces Pigeons dont les différentes nuances sont presque innumérables. Les hommes , en les perfectionnant pour leur jouissance, ont multiplié ces races, plus par luxe que par nécessité j ils ont altéré leurs formes, et leur sentiment de liberté s’est trouvé totalement détruit. Le produit en grand nombre est la source des variétés dans les espèces. Nos colombiers, peuplés par une quantité de Pigeons accoutumés et familia- risés avec ces bâtisses , ont successivement offert des variétés accidentelles , parmi lesquelles on aura choisi les plus belles, et les plus particulièrement bigarrées 5 celles-ci, isolées de la troupe, élevées avec des soins assidus, et assorties suivant le caprice , ont successivement engendré toutes ces races particulières dont l'homme est le créateur, et qui, sans lui, n’auroient jamais existé. Nos Pigeons de colombier, captifs volontaires, abandonnent cependant quelquefois les établissements commodes que nous leur offrons, et désertent nos colombiers j ils paraissent se rendre à leur ancien état de nature, et 28 HISTOIRE choisissent des trous de vieilles tours ou des creux d’arbres pour nicher et élever leur progéniture: ceux-ci, soit par instinct ou par besoin, reviennent souvent s’installer de nouveau dans les bâtisses que leurs parents avoient fuies. Au reste , ces pigeons déserteurs , qu’on nomme aussi quelquefois Rocherais, ne diffèrent en aucune manière du Biset de colombier, ni même du véritable Biset sauvage que nous représentons dans la planche qui ac- compagne cet article. Buffon donne un exposé très clair et en même temps utile pour ce qui concerne la manière d’établir les colombiers et d’y propager les Pigeons. Voici en substance le texte de cet auteur : (c Les Pigeons de colombier ne sont qu’ à-demi domestiques, et retiennent cc encore de leur premier instinct l'habitude de voler en troupe ; ils produisent cc souvent trois fois l’année, pondent, à deux jours de distance, presque « toujours deux œufs, rarement trois, et n’élèvent jamais que deux petits, cc dont ordinairement l'un se trouve mâle, et l’autre femelle; il y en a même cc plusieurs, et ce sont les plus jeunes, qui ne pondent qu’une lois. Le pro- cc duit du printemps est toujours plus nombreux, c’est-à-dire, la quantité de cc pigeonneaux dans le même colombier est plus abondante quen automne, cc du moins dans ces climats. Les meilleurs colombiers, ou les Pigeons se cc plaisent et multiplient le plus, ne sont pas ceux qui sont trop voisins de cc nos habitations; placez-les à quatre ou cinq cents pas de la ferme, sur la cc partie la plus élevée de votre terrain , et ne craignez pas que cet éloignement cc nuise à leur multiplication; ils aiment les lieux paisibles, la belle vue, « l’exposition au levant, la situation élevée ou ils puissent jouir des premiers cc rayons du soleil. J’ai souvent vu les Pigeons de plusieurs colombiers situés ce dans le bas d’un vallon en sortir avant le lever du soleil, pour gagner un « colombier situé au-dessus de la colline, et s’y rendre en si grand nombre, « que le. toit étoit entièrement couvert de ces Pigeons étrangers, auxquels les « domiciliés étoient obligés de faire place , et quelquefois même forcés de la cc céder. C’est sur-tout au printemps et en automne qu’ils semblent rechercher cc les premières influences du soleil, la pureté de l'air et les lieux élevés. Le cc peuplement de ces colombiers isoles, elevés et situes haut, est plus facile, cc et le produit bien plus nombreux que dans les autres colombiers » (1). Le Biset sauvage est, comme nous l’avons dit, le type de nos Pigeons de colombier; il ne diffère de ceux-ci que par sa couleur tant soit peu plus bise; (i) Buffon , à l'article du Biset. DES COLOMBES. 2 g les plumes du bas du cou ont des teintes moins vives, et les reflets ne sont pas si éclatants que dans les Pigeons de colombier. Ces oiseaux sont voyageurs ; ils émigrent toutes les années de nos climats, et vont chercher sous un ciel plus doux la chaleur , qui leur paroît agréable et nécessaire. L’Europe, FAsie et - 1 Afrique nourrissent des Bisets dans Fétat sauvage; ils sont en petite quantité dans les climats exposés au froid, mais les pays chauds en sont abondamment peuplés : on trouve beaucoup de Bisets en Perse et en Egypte. Maugé observa ces oiseaux à TénérifFe , où ils habitent par grandes bandes, et nichent dans les énormes rochers qui bordent la mer dans ces parages. Près du village des Gouanches , fameux par ses momies , Maugé tua plusieurs Bisets sauvages 5 mais ces oiseaux tombant toujours entre les rochers et dans les précipices, ce naturaliste ne put se procurer qu’un petit nombre d'individus. Par cette habitude qu’a le Biset de nicher dans les trous des rochers, et de préférer ces demeures à celles qu’il pour roi t construire sur les arbres, il est facile de voir que nos Pigeons de colombier doivent leur origine à cette espèce : des oiseaux qui, dans Fétat de liberté, vont de préférence placer leurs nids dans les rochers, étoient bien plus propres à s’accoutumer à nos colombiers, que des espèces de Pigeons accoutumés à vivre dans les forêts. Une preuve sert à nous confirmer dans cette opinion : les Pigeons fuyards ou déserteurs de nos colombiers retournent à leur état primitif, donnent toujours la préférence aux vieilles tours et aux masures pour y nicher 5 ce n’est qu’à leur défaut qu’ils cons- truisent dans les trous des arbres, mais jamais sur les arbres, comme le font les Ramiers et les Colombins. Le Biset sauvage, mesuré depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue, porte treize pouces ; son envergure est de vingt-six pouces; les ailes, lors- qu’elles sont pliées, touchent presque le bout de la queue; le bec a dix lignes ; la tête, la partie supérieure du dos, les couvertures des ailes, la poitrine et le ventre sont d’un cendré tirant sur le bleu les couvertures des ailes sont d’une teinte plus foncée; la partie inférieure du dos est blanche, le cou est d’un beau vert à reflets; les grandes pennes des ailes sont noirâtres; les secondaires et les grandes couvertures sont d’un cendré tirant sur le bleu; elles sont termi- nées de noir , ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales ; la queue est du même bleu que le corps ; toutes les pennes sont terminées de noir , et la plus extérieure de chaque côté a ses barbes extérieures blanches ; le bec est d’un rouge pâle ; les pieds sont rouges et les ongles noirs. 8 5 0 HISTOIRE Un individu, rapporté de TénérifFe par Maugé, est au Muséum de Paris. Les Bisets de colombier sont d’ordinaire un peu plus forts de taille ; le cou et la poitrine sont plus brillants $ souvent le ventre a même des teintes vineuses à reflets cuivrés : ces légères variétés dépendent de l’abondance de nourriture. Pour décrire les variétés infinies qui se trouvent dans les Pigeons de volière, un volume ne suffiroit pas, comme un volume de planches ne pourroit les contenir toutes. Nous nous bornerons donc uniquement à faire connoitre et à décrire succinctement les principales races de cette grande famille, qui servent à propager tous les individus remarquables par leur taille ou leui couleur. DES COLOMBES, 3 i PIGEON DOMESTIQUE. Columba domestica. Lath. lad. orn. v. p. 58 y, sp. 2. Le Pigeon commun. Buff., v. 1 , p. Soi . — pi. enl. 4 66. White-runiped Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p ■ 60 S. Les Pigeons domestiques sont les premiers descendants du Biset sauvage: leurs couleurs varient beaucoup ; les uns sont blancs, d’autres noirâtres, d’autres roux; le plus grand nombre sont d’un gris bleu; leur cou est souvent d’un vert doré à reflets; quelques individus sont très bigarrés; mais généralement tous , de quelque couleur qu’ils soient, ont la partie inférieure du dos blanche, le bec brun; la membrane, à sa base, est rou- geâtre et comme saupoudrée de blanc; les pieds sont rouges. PIGEON ROMAIN. Columba Hispanica. Lath. Ind. orn. v. 2 ,p. 5 yo. Pigeon Romain. Buff. v. 2, p. Sio, pi. enl. 110. — Briss. orn. v. 1 , p. 71. Roman Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p. 608. La race des Pigeons Romains est de forte taille; ils ont souvent jusqu’à quinze pouces, mesure prise depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité de la queue; leur vol est de vingt-sept pouces, et les ailes pliées touchent vers le bout des pennes caudales. Le Pigeon Romain varie aussi pour les couleurs et pour les formes des plumes. Le bec est plus ou moins rouge dans les uns, noirâtre dans les autres; on en trouve de patus à plumes très longues aux doigts , qui semblent gêner l’oiseau dans ses mouvements; d’autres sont huppés , et ne diffèrent, que par les plumes de l’occiput, qui sont contournées et redressées. 02 HISTOIRE PIGEON GROSSE-GORGE. Columba gulturosa. Lath. Ind. orn. v. 2 , p . 5g3. — Gmel. p. 771 . Le Pigeon Grosse-gorge. Buff. v. 1, p. 505 ,, t. 17 , 18. — Briss. orn. v. 1 , p. 78. — Sonnini j édit, de Buff. v. 7 . — Frisch, t. ié\G. Powler Pigeon. Lath. Syn. v. 4, [>• 6i3. L e Pigeon Grosse-gorge est d'ordinaire de forte taille. Cet oiseau a la faculté toute particulière d’enfler prodigieusement son jabot; c’est en aspirant l’air, et en l’y retenant, qu’il parvient à se gonfler de telle sorte, que le jabot paroît plus grand que tout le reste du corps; il lui arrive môme de perdre l’équilibre en faisant ce manège: lorsqu’il prend son essor, il gonfle toujours son jabot. On trouve des Pigeons Grosse-gorge de toutes les livrées. Les plus beaux et les plus recherchés sont ceux qui se trouvent particulièrement bigarrés : au reste, ceci dépend souvent du caprice de l’amateur. Il y a cependant des variétés qui paroissent plus difficiles à obtenir : pour se les procurer, il faut une étude particulière. On m’a assuré que des gens pos- sèdent à un si haut degré ce talent de produire et de créer pour ainsi dire des bigarrures extraordinaires dans le plumage des Pigeons, qu’il n’est guère de variété de plumage qu’ils n’obtiennent à volonté ; mais ils sont souvent obligés, pour atteindre à leur but, de croiser une infinité de variétés, afin d’arriver à celle qu’ils désirent. PIGEON TURC OU BAGADAIS. Coluinba Turcica. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 5 () 3 . — Gmel. p. 77 1 • ^ risch , t. 1 4 {?- Pigeon Bagadais. Buff. v. 2. Pigeon Turc. Briss. v. 1 } p. 76, var. ib. Persian or Turkish Pigeon. Lath. Syn. v. 4 > p- C12. Les Pigeons qui peuvent être rapportés à cette race sont d une assez forte taille; ils sont généralement peu féconds , et soignent, pour la plupart, très mal leurs petits : les amateurs en font peu de cas, quoique ces oiseaux soient particuliers. DES COLOMBES. 55 Les plus beaux individus sont ceux dont les tubercules de la base du bec et du tour des yeux ont un volume extraordinaire. JNous avons vu des mâles de cette race avoir ces caroncules si grandes, et former une masse si pro- digieuse , que la pointe du bec étoit à peine visible , et que les yeux se trouvoient surchargés de ces chairs , au point de laisser à peine la faculté de la vue. Cette race est le plus souvent de couleur sombre ; on ne voit que très rarement des individus bigarrés-, les tout blancs sont plus abondants. Tous ces Pigeons ont des mamelons plus ou moins volumineux autour des yeux et sur la base du bec. PIGEON NO NAIN. Colomba cucullata. Lira. Ind. orn. v. 2, p. 5 gi. — Gmel. p. 770. — Frisch, t. i 5 o. Le Pigeon INonain. Buff. v. 2 , 1. 19. — Briss. orn. v. 1 , p. 79. Jacobine Pigeon. Lath. Sjn. v. \ , p. 610. Les Pigeons de la race des Nonains ont le bec toujours plus court que les autres j les plumes de l’occiput et celles de la partie supérieure du cou paroissent placées à rebours et contournées en haut ; elles forment une espece de capuchon semblable a celui des moines. Les Pigeons Nonains sont de toutes couleurs-, les plus beaux individus sont ceux qui sont noirs , mais dont les grandes pennes des ailes et la tête sont blanches : on les appelle N onains-Ma urins. Les Pigeons Coquilles Hollandais doivent être rangés avec celte race, dont ils paroissent être originaires. PIGEON A CRAVATE. Columba Turbiia. Lath. Ind. v. 2, p . 5 gi. —Gmel. p. 771. — Frisch t. 147. Pigeon à Cravate. Buff. v. 2, p. 5 i 3 , t. a 3 . — Briss. orn. v. 1 , p. 75. Turbit Pigeon. Lath. Syn. v. l\, p . 6x1. Le Pigeon Cravate est l’un des plus petits Pigeons; il n’est guère plus gros qu'une tourterelle. Buffon dit qu J en les appariant ensemble, ils produisent des mulets ou métis. On distingue le Pigeon Cravate du Pigeon Nonain , en 9 34 HISTOIRE ce que le Pigeon Cravate n’a point de demi-capuchon sur la tête et sur le cou, et qu’il n’a précisément qu’un bouquet de plumes qui semblent se rebrousser sur la poitrine et sur la gorge-, ce sont de très jolis Pigeons bien faits, qui ont l’air très propre ; mais on ne les élève guère } ils ne s’appa- rient pas volontiers avec les autres Pigeons. Cette race nous paroît avoir des caractères constants qui ne nous permettent guère de les soupçonner originaires du Biset sauvage } le bec excessivement court, gros et dur, éloignent beaucoup ces Pigeons des autres races -, les difficultés que les amateurs éprouvent à les faire propager avec les diverses races provenues du Biset, jointes à leur petite taille , détruisent en quelque sorte toute supposition à l’égard de leur identité spécifique. Nous ne saurions cependant nous permettre des conjectures sur l’origine de ces Pigeons à Cravate 5 leur esclavage , qui remonte à des temps trop reculés , sera une entrave à toute perquisition. Les Pigeons Cravates sont de toutes couleurs-, les plus beaux et les plus estimés sont ceux qui ont le plumage blanc, avec des manteaux noirs ou roux ; on en voit aussi de tout noirs et de tout roux : ceux qui ont la cravate dffine couleur tranchée sont fort estimés des amateurs. PIGEON PAON. Columba Laticauda. Lath. Ind. orn. v. a, p. 5q2. — Gmel. p. 770. — Frisch, t. i 5 i. Le Pigeon Paon. Buff. v. 2 , p. 5 i 1 , t. 22. — Briss. orn. v. 1 , p. 80. Broad and parrow-tailcd Shaker Pigeon. Lath. Sjn. v. 4 , p.61 1. Le Pigeon Paon est ainsi nommé pareequ’il a la faculté de redresser et d’étaler sa queue à peu près de la même manière que le Paon relève et épanouit ses plumes dorsales. On pourroit aussi appeler cette race Pigeons Dindons, leurs plumes caudales étant aussi placées sur un nerf érecteur capable de s’allonger et de se rétrécir à volonté : lorsque ces Pigeons re- dressent leur queue, ils la poussent en avant ; comme ils retirent en même temps la tête en arrière , elle touche la queue ; et quand l’oiseau veut regarder derrière lui, il passe la tête entre l’intervalle des deux plans qui la composent. Ils tremblent d’ordinaire pendant tout le temps de cette opéra- tion, et leur corps paroit alors agité parla contraction violente des muscles. DES COLOMBES. 55 C^est d’ordinaire lorsqu’ils sont en amour qu’ils étalent ainsi leur queue 5 mais ils se parent aussi dans d’autres temps. Ces Pigeons ne sont pas recherchés des amateurs; ils ne quittent guère les alentours de leur volière; apparemment que la crainte de se voir emportés par le vent , qui , en donnant avec force dans leur large queue, les démon- teroit infailliblement , est cause qu’ils ne se risquent pas très loin de leur domicile et n’entreprennent point de longues courses. Au reste, ces Pigeons, qui par eux-mêmes ne peuvent faire de longs voyages, ont été transportés fort loin par les hommes ; peut-être même ne sont-ils pas originaires de nos climats , car plusieurs doutes s’opposent à leur identité spécifique avec le Biset sauvage. Des caractères marquants, tel que le nombre de plumes à la queue , ne nous permettent pas de considérer le Biset sauvage comme le type des Pigeons Paons. Les Pigeons Paons sont pourvus d’un nombre considérable de pennes caudales : la plupart des espèces de Pigeons indigènes et exotiques n’ont généralement que douze plumes à la queue; la majeure partie des Pigeons Paons ont trente plumes, et cela variant du plus au moins, les plus recher- chés des amateurs ont trente-deux et trente-quatre pennes à la queue ; ils sont cependant assez rares. Les Pigeons Trembleurs, et ceux qui relèvent seulement en partie leur queue, sont originaires de cette race. PIGEON CULBUTANT. Colomba Gyratrix. Lath. Lui. orn. v. 2 , p. 592. — Gmel. p. 771. — Frischj t. l48. Le Pigeon Culbutant. Buff. v. 1, p. 5 17. — Br iss. orn. v. i, p. 79. Tumbler Pigeon. Latii. Sjn. v. !\ , p. 612. Le Pigeon Culbutant est une des plus petites espèces. Il semble, ditBuffon, que tous ses mouvements supposent des vertiges qui peuvent être attribués à la captivité; il vole très vite, et s’élève le plus haut de tous; ses mouve- ments sont très précipités et fort irréguliers ; il imite en quelque façon les gestes et les sauts des danseurs de corde et des voltigeurs; il se tourne sur lui-même comme une balle qu’on jette en l’air. On se sert de ces Pigeons pour attirer les autres; et les contorsions qu’ils font en l’air les rendent assez 56 HISTOIRE curieux ; on en élève un grand nombre : ils propagent très bien et abon- damment. Les Pigeons Culbutants, de même que les Pigeons Tournants , qui ne forment qu’une subdivision dans cette race, ont les ailes très longues^ quel- quefois elles dépassent la queue. Ces Pigeons tirent leur origine du Biset \ mais on doit considérer la race comme viciée et dégradée par la main de l’homme. Plusieurs autres races mitoyennes , un plus grand nombre encore de variétés accidentelles, se trouvent dans cette tourbe immense des Pigeons de volière. Les décrire, les connoître toutes, seroit un ouvrage aussi en- nuyeux pour l’auteur qu’il seroit de peu d’utilité pour l’étude de la nature \ ce n’est aussi qu’avec quelque dégoût que nous nous en occupons : on ne peut guère s’occuper de ces races dégradées que d’après de simples suppo- sitions , que l’on hasarde pour la plupart. Les soins de l'homme, qui, en s'étendant sur la culture et l’éducation des oiseaux, ont totalement déna- turé leur penchant à la liberté, sont les causes premières que ceux-ci ne nous offrent plus que l’image d’un esclavage très ancien, dont nous remarquons toutes les traces dans l’altération de leurs qualités intérieures. Accoutumés à vivre par les soins que nous leur accordons , ils ne quittent jamais les alentours de leur volière, où ils se laisseroient plutôt mourir d’inanition que de chercher eux-mêmes leur subsistance. Habitués à recevoir leur nour- riture, ou à la trouver toujours préparée dans le même lieu, ils ne savent vivre que pour manger. On peut donc , dit Buflon , regarder cette dernière classe , dans l’ordre des Pigeons, comme absolument domestique, captive sans retour , entièrement dépendante de l’homme. Ou ne peut douter qu’il ne soit l’auteur de toutes ces races , d’autant plus perfectionnées pour nous, qu’elles sont plus dégénérées, plus viciées pour la nature. DES COLOMBES. 37 COLOMBE A CALOTTE BLANCHE, feic. P L. XIII. 't ' Coluniba Leucocephala. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 5 t) 4 . — Gmel. Sjst. 1 , p. 772. Le Pigeon de roche de la Jamaïque. Briss, orn. v. 1 ,p. i 3 y. — Bujfon, v. 2, p. 5 aij. — Sonnini , édit, de Bitjf. v. 7 , p. 216. Pigeon à la couronne Blanche. Seligm. samm. selt. Vogel , v. 1 , t. 5 o. Bald-pated Pigeon. Sloane Jam. p. 3 o 3 , 261 , t. 2. — Browne Jam. p. 468 . White-crowned Pigeon. Cat. Car. v. 1, t. 65 . — Lath. Sj n. v. 4 . p. 616 , sp. 5 . Buffon considère encore la Colombe de cet article comme ne faisant avec le Biset sauvage qu’une même espèce; les formes générales et les couleurs principales de ces deux Colombes sont effectivement, à peu de chose près, semblables; l'habitude qu'elles ont en commun de choisir les crevasses et les trous des rochers pour y nicher paroit légitimer cette supposition de Buffon, sur-tout quand on considère que cet auteur n’établissoit des rapprochements que sur les descriptions des divers naturalistes et sur les observations de quelques voyageurs. Il en eût été bien différemment , si le célèbre naturaliste cité eût vécu de nos jours, dans ces temps où les découvertes nouvelles fournissent à l’étude de la nature des renseignements plus exacts sur les diverses espèces déjà décrites, et placent sous les yeux de l'observateur les individus qu’on ne connoissoit du temps de Buffon que par les descriptions imparfaites des voyageurs, souvent peu versés dans l’étude de la nature: en réfutant donc les idées de ce grand génie, on doit toujours considérer qu’à l’époque où il débrouilloit le cahos répandu sur l'histoire naturelle cette science ne se trouvoit encore qu’à son berceau. Nous avons vu que l’espèce de Pigeon à laquelle nous donnons le nom de Colombe à calotte blanche habite et niche dans les trous des rochers. Sa nourriture principale sont les baies du bois doux. Ces oiseaux sont, à certains temps de l’année, un gibier très recherché et de bon goût, princi- palement quand ils se nourrissent en abondance de ces baies douces. Il y a 10 58 HISTOIRE cependant des époques où la saveur de leur chair est amère: probablement se nourrissent-ils alors d’un autre fruit qui contribue à leur donner ce goût. Les Colombes à calotte blanche se trouvent à la Jamaïque, à Saint- Domingue, aux îles de Bahama et à celle de Porto-Rico. Maugé a rapporté plusieurs individus de l’espèce tués et préparés par lui dans cette dernière île, où ils sont répandus en grande abondance. La longueur de cet oiseau, depuis le bout du bec à l'extrémité de la queue, est de treize pouces 5 le bec a un pouce; les ailes, lorsqu'elles sont pliées, s’étendent jusqu’aux deux tiers de la longueur de la queue. Dans les individus adultes , toute la partie supérieure de la tête est cou- verte de belles plumes blanches, qui forment une espèce de calotte; l’occiput est ceint d’une couleur pourprée changeant en violet; la partie postérieure du cou est revêtue de plumes couchées de manière à imiter des écailles; elles sont toutes d'un beau vert à reflets métalliques, et leur bord extérieur est terminé de noir : par leurs formes, ces plumes ressemblent à celles qui dé- corent le dos du Paon. Tout le reste du corps est d’un bleu de quelques teintes plus claires que la couleur d’ardoise; les grandes et les moyennes pennes des ailes, ainsi que celles de la queue, ont une teinte plus rembrunie. Les yeux sont entourés d'une peau blanchâtre, et leur iris est jaune, le bec rouge à sa base, et blanc vers le bout. Les pieds sont rouges et les ongles gris. Des individus de cette espèce sont dans mon cabinet, dans celui de M. Raye de Breukelerwaert, à Amsterdam, au Muséum de Paris. Nous en avons vu encore dans plusieurs autres cabinets. Celui de M. Dufresne a servi de modèle. DES COLOMBES. 3 9 COLOMBE RAMIRET, Màie. Pl. XIF. J Columba speciosa. Lath. Jnd. orn. v. i , p. Go5 , sp. 45. — Gmel. Syst. i , p. 783. Le Ramiret , ou Pigeon Ramirct rie Cayenne. Buff. v. 2 , p. 54 1. pl. enï. 2l3. Scallop-Nccked Pigeon. Lath. Syn. v. \ , p. 643 , sp. 39. A l'article cle la Colombe Colombin, nous avons dit que le nom de Ramiret (petit Ramier) auroit été une dénomination plus convenable et plus analogue à cette espèce, propre à nos climats j mais nous avons fait observer en même temps que ce nom de Ramiret ayant déjà été donné par BufFon au Pigeon figuré dans notre planche XIV , il s'opposoit des difficultés pour trans- férer cette dénomination à l’espèce du Colombin. La crainte qu’un pareil changement ne puisse donner occasion à quelque erreur nous a déterminés à suivre, pour la synonymie, les auteurs qui nous ont précédés. Buffon et Latham sont les seuls auteurs qui désignent cette espèce, encore la décrivent-ils très succinctement. Le premier de ces naturalistes en a donné une figure passablement exacte dans les planches enluminées. Le Ramiret mâle mesure en totalité treize pouces deux lignes , la femelle n’en a que douze et demi ; les ailes dépassent de très peu l’origine de la queue 5 celle-ci est courte, presque carrée, et composée de douze pennes. Une espèce de capuchon, d’un brun violacé, engage toute la tête jusque derrière les orifices des oreilles} le cou et la poitrine sont couverts de plumes qui, par leur distribution, font ressembler ces parties à un tissu maillé ; toutes ces plumes ont, vers leur centre, des espèces de croissants plus ou moins blancs. Cette couleur est entourée d'un large bord, brillant, sur les plumes des parties supérieures, d’un beau pourpre changeant en violet, coloré, sur celles des parties inférieures , de vert foncé à reflets violacés. Le manteau, le dos et les petites couvertures des ailes sont revêtus de plumes d’un beau roux pourpré} les grandes pennes des ailes, ainsi que les pennes secondaires sont d’un cendré brun. La queue est d’un noir brunissant. Le ventre, l’ab- domen et les couvertures inférieures de la queue sont blanchâtres, mais les 4o HISTOIRE flancs ont des teintes violacées 5 toutes les plumes de ces dernières parties sont frangées de violet. Les pieds sont rouges, les ongles bruns, et le bec, rou- geâtre à sa base, prend une teinte de jaune blanchâtre vers le bout des deux mandibules. La femelle, dont les couleurs sont en général plus ternes, n’a pas le dos et les ailes d'un brun violacé comme chez le mâle; ces parties sont d'un gris terreux; les pennes alaires et caudales sont d’un noir brun grisonnant; les plumes du cou et de la poitrine ne brillent pas de ces reflets éclatants qui sont les apanages du mâle. Toutes les parties inférieures de la femelle sont d’un blanc sale, nuancé d’une légère teinte violacée. Les Ramirets habitent à la Guiane française ; on les a rapportés de Cayenne, où l’espèce paroît abondante. Nous ignorons absolument la manière- de vivre et le genre de nourriture du Pvamiret. Le mâle et la femelle sont dans ma collection. Le Ramiret qui a servi de modèle appartient à M. Dufresne , du jardin des Plantes. DES COLOMBES. il COLOMBE A NUQUE ÉCAILLÉE. p,.. xv. -i Columba Portoricensis. Mihi. INo us ne trouvons dans aucun ouvrage d'histoire naturelle , ni dans les relations de voyages, des détails relativement, à la Colombe de cet article. Nous la considérons, pour cette raison, comme une espèce qu’on peut ap- peler nouvelle. Mangé est le premier qui a rapporté de Porto-Rico des individus de la Colombe à nuque écaillée. Il est probable que ce zélé naturaliste n’a pas manqué d’étudier les mœurs et la manière de vivre de cet oiseau -, mais comme il ne nous reste, des nombreux travaux de ce voyageur, aucun écrit, ni même des notes (au moins qui nous soient connues), nous nous trouvons dans la nécessité de garder le silence sur la partie descriptive la plus intéressante à donner touchant les espèces nouvelles que nous faisons connoître. Cette Colombe est une de ces espèces dont le tour des yeux a une nudité plus ou moins considérable. Nous formons de ces Colombes à joues dénuées de plumes une petite section , où nous désirons placer en série naturelle toutes les espèces qui ont ce caractère : cette section sera terminée par la Colombe Oricou. Nous n’avons cependant pas jugé le caractère de nudité aux joues assez important pour former de ces Pigeons une subdivision dans la famille des Colombes. La Colombe à nuque écaillée mesure, depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue , quatorze pouces et demi 5 le bec a treize lignes ; les tarses sont robustes, et les doigts, garnis de rebords charnus, forment une plante de pied épatée. La queue, composée de douze pennes, est longue et carrée-, l’extrémité des ailes aboutit vers le milieu de la longueur des pennes caudales j Un beau gris-bleu foncé est répandu sur toutes les plumes du dos, sur les petites et les moyennes couvertures alaires, et sur les parties inférieures. Un pourpre vineux colore le devant du cou et la poitrine -, des teintes de cette 1 j 4a HISTOIRE dernière couleur sont répandues sur la tête. La nuque est richement décorée par des plumes couchées les unes sur les autres, et disposées de manière à imiter des écailles : ces plumes, suivant les incidents de la lumière, jettent des reflets de violet, de pourpre et de vert; elles sont toutes terminées de couleur mordoré mat : la réunion d’une quantité de ces plumes forme , au- dessous de l’occiput, un espace longitudinal mordoré qui imite le velours. Les scapulaires sont d’un gris terreux ; les grandes pennes des ailes et celles de la queue sont de couleur d’ardoise; les pieds sont rouges, les ongles jaunes, la base du bec rougeâtre, l’iris d’un beau rouge, et l’espace nu où l’œil se trouve placé est semé de petites papilles d’un rouge incarnat. Nous n’avons vu d’autres individus de la Colombe à nuque écaillée que ceux rapportés par Maugé : ils sont au Muséum de Paris , chez M. Dufresne , et dans ma collection. Celui de M. Dufresne a servi de modèle. DES COLOMBES. 43 COLOMBE ROUSSARD, mm*. Pi. XVI- Columba Guinea, Lath. Ind. orn. v. 2 } p. 602, sp. 35 . — Gmel. Sfst. 1 , p. 774. Le Pigeon de Guinée. Bujf. v. 2 , p. 538 . — Briss. orn. v. 1 , p. 1 3 2. — Sonnini , édit, de Buff. v. 0. , p. 2.42. La Tourterelle du cap de Bonne-Espérance. Sonnerai , voy. Ind. v. 2 , p. 17 g. Le Ramier Roussard. Le P aillant, Hist. nat. des Ois. d’Afr. i ce pi. Ti iaugular-spoued Pigeon. Edw. t. 75. — Lath. Sjn. v. l\ , p. 63g. D’après Le Vaillant, qui a observé cette Colombe clans la partie de l’Afrique qu’il a visitée, nous donnons à l'espèce le nom de Roussard, qui nous paroît plus convenable que celui de Pigeon de Guinée. Il en est encore de meme de la dénomination de Pigeon à taches triangulaires, par laquelle Edwards le désigne. Ce dernier joint à la description de son Pigeon une gravure très recommandable pour son exactitude. BufFon ne manque pas de trouver aussi à cette espèce des traits de ressem- blance avec les Pigeons de nos climats j mais cette fois-ci il établit des com- paraisons avec le Ramier. Le Biset, quoique bien plus assorti à notre Roussard, pour ce qui regarde la taille et les formes totales, n’est pas con- sidéré par ce naturaliste comme le type de ce Pigeon. Comme cette monographie est destinée à répandre une connoissance plus parfaite sur les espèces connues, nous désirons aussi, en relevant les erreurs commises par les naturalistes qui nous ont précédés , donner des preuves non équivoques de celles-ci. En comparant donc nos figures du Ramier vulgaire et du Roussard, et en confrontant notre texte avec, celui deBuffon, il ne sera pas difficile de se convaincre que l'espèce désignée sous la déno- mination de Roussard n’est pas une de ces variétés produites par l’influence des climats. Au reste, voici le sentiment de BufFon. « Le Pigeon de Guinée, dit cet auteur, étant à demi patu, et à peu près k de la grandeur du Ramier d’Europe, nous le rapporterons à celte espèce 44 HISTOIRE « comme simple variété, quoiqu’il en diffère par les couleurs, étant mar- 4°- Le Founingo est encore de la classe des Colombes qui ont un caractère marquant par la nudité plus ou moins considérable dans laquelle les yeux se trouvent placés. Ce caractère semble être échappé à Buffon, lorsque cet auteur a pu établir des ressemblances entre le Founingo Menérabou de cet article et le Founingo Maitsou, figuré dans notre planche troisième de la division des Colombars. Buffon, en parlant de ces Pigeons, dit qu’il n'y a entre eux d’autres différences que celle de la couleur verte à la couleur bleue, et que peut- être ils ne diffèrent effectivement que de sexe ou d’âge. Il seroit inutile de réfuter cette supposition à un naturaliste moins célèbre que Buffon; mais c’est par rapport à la juste renommée dont jouit ce savant que nous ne devons passer sous silence aucune de ses erreurs. La Colombe Founingo diffère du Colombar Maitsou par la taille, par les formes totales, par les couleurs, la construction du bec et des pieds, et par l’espace dénué de plumes sur les joues. Le Founingo est d’un beau bleu violacé sur tout le plumage; le Colombar Maitsou a diverses teintes de vert sur sa livrée. Le premier a le bec très long, mince et flexible, les pieds et les doigts conformés comme dans tous nos Pigeons vulgaires. Le Maitsou a le bec épais, très renflé du bout, et corné, la base des deux mandibules engagée dans une peau nue, les pieds courts, et la plante de ceux-ci épatée; il n’a point de nudité apparente à l’entour des yeux-, tandis que le Founingo a un grand espace dénué de plumes, au centre duquel les yeux se trouvent placés. En comparant nos planches enluminées, qui représentent DES COLOMBES. 4 7 ces oiseaux de grandeur, naturelle , on ne manquera pas de s’apercevoir de toutes les différences que nous venons de présenter. Le Founingo ne se trouve pas exclusivement à Madagascar, où il paroît cependant nicher j mais il est probable qu’après le temps des pontes il émigre de cette île , et vient peupler et embellir par sa présence les romantiques forêts de l’Afrique méridionale. Le Vaillant nous a dit avoir trouvé le Fou- ningo dans cette partie du monde. Le Founingo a dix pouces six lignes, mesure prise depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue j celle-ci est longue de trois pouces trois lignes $ son bec à onze lignes 5 ses ailes, lorsqu’elles sont pliées, s’étendent presque jus- qu’au bout de la queue. Cette belle espèce a la majeure partie du plumage d’un bleu foncé , nuancé de violet , et brillant. Les plumes du cou et de la poitrine sont longues et étroites 5 ce bleu est plus terne sur ces parties, et semble couvert d’une pous- sière grisâtre ; les pennes de la queue et leurs couvertures inférieures sont d’un pourpre violacé très éclatant. Les yeux sont placés au centre d’une peau nue, colorée du plus bel incarnat. Les pieds, qui sont couverts de plumes presque jusqu’à l’origine des doigts, sont rouges 5 le bec est aussi de cette couleur, mais la pointe est noirâtre $ les ongles sont noirs. Le Founingo a été rapporté de Madagascar. 48 HISTOIRE COLOMBE JOUNUD, im. Pl, XVIII. Columba Gjmnopbtalmos. Mihi. Columba Leucoptera. Latii. Ind. orn. v. p. 5 g 5 , sp. 6. — Gstcl. Sjst. i p. 7-3. Pigeon des Indes orientales. Briss. orn. v. 1 , p. lo 5 . — BnjJ. édit, de Sonrnni , v. , p. 210. — Edwards , t. 76. While-winged Pigeon. Gatii. Sjn. v. 4 , p ■ 617, sp. 6. — Id. sup. p. 197. Si l’on s’en rapportoit à ce qui a été dit de cette Colombe par les auteurs que nous venons de désigner dans notre synonymie, on auroit de la difficulté à reconnoître l’espèce. Brisson , Edwards et Latham lui donnent la taille d’une Tourterelle ; ils fixent sa longueur totale à huit ou neuf pouces, tandis qu'ef- fectivement elle approche bien plus de la taille du Colombin , étant du reste modelée sur les formes des Pigeons proprement dits. La planche d’Edwards qui représente notre Colombe Jounud est assez exacte: il paroit cependant que l’individu qu’il a figuré est une femelle, la nudité à l’entour des yeux se trouvant peu considérable. La Colombe Jounud mesure, depuis le bout du bec à l’extrémité des pennes caudales, treize pouces 5 le bec a onze lignes ; il est fortement renflé du bout 5 le tour des yeux , ainsi qu’un espace considérable des joues , est dénué de plumes ; la peau nue de ces parties est semée de papilles charnues, dont la couleur est d’un beau bleu foncé, foiblement violacé 5 la queue est composée de douze pennes. La tête, le haut du cou, la gorge et la poitrine sont d’une belle teinte vineuse 3 cette couleur est aussi répandue sur le ventre, et se nuance plus foiblement sur les cuisses 5 la nuque et les côtés du bas du cou se nuancent en bleu clair et en pourpre tendre. Deux zones ou demi-lunes se dessinent sur l’extrémité des plumes de ces parties; la zone supérieure est blanche, et l’inférieure ou celle qui termine chaque plume est bleuâtre, avec de légers reflets violacés. Au-dessous des orifices des oreilles se trouve une longue tache noirâtre, placée transversalement, composée de plumes très courtes, de façon qu’elle 11e paroît que lorsque l’animal étend un peu le cou. Le haut du dos, DES COLOMBES. 4 9 les scapulaires, les petites et les grandes couvertures des ailes sont d’un gris- brun terne 5 il y a du blanc sur le bord extérieur des ailes ; les grandes et les moyennes pennes de celles-ci sont noires , et toutes sont bordées de gris à leurs barbes extérieures; le dos et le croupion sont d’un gris-bleu clair; la queue est grise en dessus , et blanchâtre en dessous ; l’abdomen et les cou- vertures inférieures de la queue sont d’un blanc pur; le bec et l’iris sont rougeâtres, les pieds et les doigts d’un rouge rembruni. La femelle est plus petite que son mâle; elle a les couleurs du plumage d une teinte moins vive, et la nudité qui entoure les yeux n’est pas, à beau- coup près, si considérable ni si vivement colorée que dans le mâle. Nous ignorons jusqu’à présent la manière de vivre et les mœurs du Jounud. Edwards nous apprend qu'il relève souvent et subitement la queue. Le Jounud mâle qui. nous a servi de modèle se voyoit autrefois dans la collection du prince d’Orange; maintenant il appartient au Muséum de Paris. Une femelle fait partie du cabinet de M. Raye de Breukelerwaert , à Amsterdam. 5o HISTOIRE COLOMBE-HÉRISSÉE, mai*. Pl. XIX. Columba Franciæ. Lath. Inil. orn. v. 2 , y. 60 \ , sy. [\ a. — Gmel. Sjst. i , y. 779. Le Pigeon-Hollandais. Sonnerai , voy. Irai. v.2j y. ij 5 , t. 101. Le Ramier-Hérissé. Le P'aïll. Hist. nat. des Ois. d' Afr. v. 6, pl. Hackled Pigeon. Lath. Sjn. v. 4 , y- 64.1 j sy. 36 . Ce magnifique Pigeon se distingue de toutes les autres espèces de la famille colombace par la forme singulière des plumes du cou. La nature lui a prodigué ses riches dons, en décorant de couleurs fraîches et brillantes l’élégante livrée de cet oiseau. Des plumes étroites et lustrées ornent sa tête ; il porte sur le cou une large touffe composée de longues plumes qui se dessinent élégamment sur le haut du dos , où elles paroissent former une espèce de manteau nuancé de teintes d’un blanc argentin. Cette couleur opère un contraste admirable avec les diverses teintes de bleu foncé répandues sur les autres parties du corps : lorsque les doux feux de l’amour viennent, au renouvellement de la saison, aiguillonner le désir des jouis- sances, ou bien lorsqu'un objet imprévu inspire la crainte à cette Colombe, elle s’embellit encore en redressant et en faisant revenir par-dessus sa tête toutes les longues plumes dont le cou est décoré. Sonnerat est le premier voyageur qui a fait connoître l’espèce ; il dit qu’elle se trouve à File de France. On nous a assuré que la Colombe-Hérissée habite aussi à Madagascar; et ce qui paroît le prouver, c’est que Le Vaillant a rencontré de ces Pigeons par troupes nombreuses dans ses voyages en Afrique. Toutes les plumes de la tête, du cou et de la poitrine, sont longues, étroites, et se terminent en pointe. Leur forme est extraordinaire; l’extré- mité est dure, cartilagineuse et polie; elle paroît former un prolongement aplati de la baguette ; sa substance ressemble aux appendices lustrés qui terminent quelques plumes alaires du Jaseur de Bohême , ainsi qu’à ces larges lames cartilagineuses dont est pourvue une espèce de coq sauvage DES COLOMBES. 5i des Indes. Nous aurons occasion, dans la suite de cet ouvrage, de faire connoître plus particulièrement cette intéressante espèce. La Colombe-Hérissée mesure en totalité de douze à treize pouces. Sonnerai s abuse en disant que sa taille est plus forte que celle du Ramier vulgaire. Latham, en copiant le voyageur cité, commet la même erreur : le bec de notre oiseau avoit un pouce depuis la pointe jusqu’aux angles des deux man- dibules, qui se trouvent engagées dans une peau nue 5 cet espace dénué de plumes se prolonge sur les joues, et aboutit derrière l’orifice des oreilles: celles-ci sont seulement recouvertes de quelques poils 5 les ailes atteignent vers le milieu delà queue, dont toutes les pennes sont d’égale longueur 5 le tarse est couvert de plumes jusque vers l’origine des doigts. La tête, le cou et la poitrine sont d'un beau gris blanchâtre 5 le reste du corps, les ailes et le dessous de la queue sont d’un beau bleu-violet foncé 5 les grandes pennes alaires n'ont de cette couleur que sur leurs barbes extérieures, les barbes intérieures étant noirâtres. La queue, en dessus, est colorée d’un rouge cramoisi vif 5 les baguettes des pennes du centre sont d’un bleu foncé, mais celles des plumes latérales sont de la même couleur que leurs barbes 5 la partie nue des joues est couverte d’une peau lisse, colorée d’un rouge incarnat 5 les yeux, placés au centre de cette nudité, sont rouges, de même que la base du bec, dont la pointe est jaunâtre 5 les pieds et les ongles sont d’un noir bleuâtre. Deux individus de cette espèce sont au Muséum de Paris $ ce sont les mêmes envoyés par Sonnerai pour le cabinet du roi : l’état de dégradation où se trouvent ces oiseaux prouve évidemment contre l’opération destructive des fumigations qu’on employoit autrefois pour garantir les oiseaux des in- sectes rongeurs j procédé au reste bien plus dangereux et plus nuisible aux collections d histoire naturelle que les légions voraces des insectes destruc- teurs : les soins qu’on prend aujourd’hui à la conservation de ce riche dépôt font honneur à l’administration. M. Le Vaillant nous a dit posséder un individu delà Colombe-Hérissée, tué par lui dans ses voyages en Afrique. 5a HISTOIRE COLOMBE ROUGE-CAP, Màie. Pl. XX. Columba Ilubricapilla. Lath. lnd. orn. v. 2 , p. 5 gg , sp. 19. - — Gmel. Syst. i , p. 784. Le Pigeon Violet à tète rouge d’Antigue. Sonnerai , voy. Nouv. Gain. , p. 1 12 , t. 67. — Sonnini , édit, de Buff. v. 7 , p. 261. Red-Crowned Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p ■ 628 , sp. 17. La faculté de relever et de hérisser en quelque sorte les plumes de la tête et du cou est aussi une habitude propre à l'espèce de Colombe que nous nommons Rouge-Cap, dénomination bien plus simple, que nous préférons à celle de Pigeon Violet à tête rouge > par laquelle Sonnerat et Sonnini désignent cet oiseau. On peut ranger ce Pigeon dans la classe des oiseaux qui se trouvent ornés d’une manière extraordinaire par des plumes de parade capables d’érection : celles-ci, quoique ne se trouvant pas disposées sur un nerf érecteur, comme dans presque tous les oiseaux pavaneurs, ont néanmoins la faculté de se redresser , par l’attitude que ce Pigeon sait donner à son corps ; l’oiseau, en baissant la tête et en la retirant en même temps sur la poitrine, raccourcit considérablement le cou , ce qui oblige toutes les plumes à se relever; celles-ci, très longues et effilées, lui forment comme une large perruque. Le Rouge-Cap est encore remarquable par des carnosités placées sur la mandibule supérieure du bec; sa base est engagée dans une peau nue qui forme entre cette partie et l’œil plusieurs tubercules; dans les plis de ces carnosités naissent de petites plumes très courtes. Les plumes du cou ont aussi une forme particulière : la longueur totale de celles placées sur la nuque est de quinze lignes; leur baguette cependant n’a que six lignes ; le prolongement de ces plumes est occasionné par les barbes latérales, qui dépassent les baguettes de plusieurs pouces, se terminent en pointe aiguë, et forment un angle ouvert; ces barbes sont entièrement dés- unies entre elles, et soyeuses : les plumes du devant du cou sont à peu près DES COLOMBES. 53 de même nature, mais la partie excédante des barbes latérales n'est pas si allongée. Nous figurons une de ces plumes sur notre planche. Le Rouge-Cap, mesuré depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, a environ dix pouces. Cette dernière est courte, et les pennes foible- ment étagées; les ailes pliées atteignent à leur extrémité ; des plumes d’un beau noir bleuâtre, à nuances violettes, revêtent le ventre, le dos, les ailes et la queue ; sa couleur paroit comme saupoudrée de grisâtre sur les barbes des pennes caudales et alaires : des plumes fines, à barbes déliées, disposées en calotte, et d'un rouge très éclatant, recouvrent le sommet de la tète; un beau gris nuancé de bleuâtre colore le cou, le haut du dos et la poitrine; cette couleur prend des teintes claires, et devient blanchâtre en approchant du corps. Lorsque l'oiseau ne relève point les plumes de ces parties, il semble revêtu d’un camail touffu. Les pieds, dont le tarse est à moitié recouvert de plumes, sont, ainsi que les doigts et les ongles, d'un gris cendré 5 la base du bec est noirâtre, mais la pointe est jaunâtre 5 les carnosïtés sont colorées d’un beau rouge incarnat; un cercle gris-clair entoure l'iris; il est suivi d'un autre cercle d’un beau rouge. Ces Pigeons habitent aux îles Panay. Sonnera t les a trouvés à Antigue. Plusieurs individus ont été rapportés vivants en Hollande, où ils ont vécu long-temps dans la ménagerie de M. Gevers, à Rotterdam. Un des deux individus de l’espèce du Rouge-Cap , déposés dans les galeries du Muséum de Paris, nous a servi de modèle. Un mâle fait partie de mon cabinet. R n’auroit pas été inutile de représenter ce Pigeon dans l'état de parure î mais, ne voulant pas augmenter le nombre déjà considérable des planches, nous avons cru devoir nous abstenir de donner celle-ci. 1 4 - 54 HISTOIRE COLOMBE ORICOU, mu* Pl. XXI. Columba Auricularis. Miln. Si la nature a décoré et embelli à nos yeux une multitude de ses productions, en leur accordant les apanages du luxe et les ornements recherchés d’une parure élégante et gracieuse, elle semble aussi avoir pris plaisir à affubler grotesquement quelques uns d’entre les êtres que sa main a formés. Nous ne saurions souvent nous rendre raison des fins qu’elle s’est proposées en donnant à quelques oiseaux des appendices plus ou moins extraordinaires $ ce n'est, qu’en étudiant les mœurs et les diverses habitudes de ces espèces que nous pouvons espérer de parvenir à la connoissance des voies sages et bonnes qui l’ont guidée dans l'œuvre de la création. En nous appliquant à connoitre la manière de vivre des animaux, nos lumières se développeront insensible- ment sur l’état de leur organisation, ainsi que sur les causes qui y ont souvent donné lieu : ce n’est qu’en nous attachant de préférence à observer la nature animée, et en établissant les rapports qu’ont entre eux les divers êtres, que nous viendrons à bout de simplifier et d'orner en même temps de plus de charmes cette science, malheureusement trop encombrée par les idées philosophiques de savants qui s’imaginent avoir découvert du centre de leur bibliothèque les règles immuables suivant lesquelles ils pré- tendent dicter des lois à la nature. Il est peu d’oiseaux qui se trouvent aussi singulièrement décorés que l'est la Colombe de cet article. Des prolongements charnus sont adhérents à la peau nue qui recouvre le devant du cou ; ils forment trois barbillons à-peu-près semblables à celui que porte le Dindon ; unecarnosité arrondie, de la grosseur d’une cerise , semée de tubercules , s’élève sur la base de la mandibule supé- rieure du bec. Ces appendices , quoique extraordinaires, ne nuisent pas à la parure de cette Colombe ; elles ajoutent même à sa beauté, principalement DES COLOMBES. 55 lorsque ces carnosités sont décorées de leurs teintes vives et naturelles. Une troupe de ces Pigeons doit former un coup-d’œil ravissant. LOricou est à-peu-près de la taille du Pigeon vulgaire, ou Biset; sa lon- gueur, depuis le bout du bec à l'extrémité de la queue, est de onze pouces quatre lignes ; le bec a onze lignes; les pennes caudales sont d’égale longueur, et les ailes pliées atteignent jusqu'aux deux tiers de la queue. Les joues, jusque derrière l’orilice des oreilles, sont dénuées de plumes*, la peau nue se dirige sur tout le devant du cou , où elle donne naissance à trois appendices ou barbillons flottants : le premier prend son origine à la base de la mandibule inférieure du bec, et forme plusieurs plis sur le devant du cou; les deux autres se dirigent sur chacune des parties latérales de cette peau; ces dernières prennent naissance au-dessous des yeux : lec narines sont surmontées d'une épaisse carnosité d’un beau rouge. Le plumage de cette Colombe est d’un blanc uniforme; la queue seulement est. grise à son origine, et noire vers le bout; les barbes extérieures des pennes latérales de chaque côté sont blanches jusqu'aux trois quarts de leur longueur; les grandes et les moyennes pennes des ailes sont d’un gris-blanc à leur origine, et noires vers leur extrémité; la penne extérieure de chaque aile est entièrement de cette couleur; l’aile bâtarde est d’un gris noirâtre. Nous renvoyons nos lecteurs, pour les formes de cet oiseau, à la planche très exacte qui représente la Colombe Oricou de grandeur naturelle. Nous avons vu une variété entièrement blanche qui n’avoit du noir que sur la queue; d autres avoient le plumage plus ou moins marqué de taches grises et noires : ces derniers nous ont paru être de jeunes oiseaux. Les pieds sont constamment d’un beau rouge, et le bec est noir. Nous présumons que l’Oricou habite les îles de la mer Pacifique, c’est du moins par des vaisseaux venant de ces parages que quelques individus ont été rapportés en Angleterre. Le Pigeon qui a servi de modèle à notre planche coloriée est déposé dans le cabinet de M. Raye de Breukelerwaert , à Amsterdam. Cet amateur possède aussi la variété de cette espèce, dont les ailes sont entièrement blanches. 56 HISTOIRE COLOMBE LABRADOR. Pl. XXII. Columba Elegans. Mihi. Ce magnifique Pigeon, qui, par les zones brillantes disposées sur les ailes, ressemble à la Colombe que nous avons décrite sous le nom de Lumachelle , en diffère cependant essentiellement , et paroît former une espèce distincte. C’est au dernier voyage de découvertes aux Terres Australes, entrepris par ordre du Gouvernement français, qu’on doit la connoissance de cette belle espèce, dont deux individus ont été rapportés par les naturalistes qui furent de cette expédition. La Colombe Labrador est d'un tiers moins grande que la Colombe Luma- chelle 5 sa longueur totale est d’environ onze pouces ; le bec a dix lignes, le tarse a un pouce; les ailes pliées aboutissent vers la moitié de la longueur de la queue, qui est foiblement arrondie. Le front est roussâtre clair-, l'occiput est couronné d'un espace ovale de couleur gris-blanc ; une large bande couleur chocolat prend son origine der- rière les yeux, et entoure cette espèce de diadème; une autre bande plus étroite, d'un blanc pur, se dirige sur les côtés du cou; 1 espace entre 1 œil et le bec est brun ; la nuque, les scapulaires, ainsi qu un large plastron qui se dessine sur le haut de la poitrine, sont de couleur brun chocolat; les côtés du cou, la poitrine, le ventre et l'abdomen sont d’un beau gris foncé; le dos, le croupion et les petites couvertures des ailes sont d'un brun olivâtre; les moyennes couvertures forment suri aile, lorsque celle-ci est dans 1 état du repos, deux larges bandes transversales qui brillent de l’éclat radieux des pierres précieuses; la première, ou la bande supérieure, imite le chatoyant du rubis et de l’opale , tandis que l’inférieure resplendit de l’éclat du saphir et de l’émeraude. Ces plumes brillantes sont terminées d’un beau blanc-argentin: les grandes et les moyennes pennes des ailes sont rousses sur leurs barbes intérieures jusqu'aux trois quarts de leur longueur; leur pointe, ainsi que ies barbes extérieures, sont brunes; le dedans des ailes est d un roux ferrugineux. Les pennes de la queue ont leurs barbes intérieures, ainsi qu'une partie DES COLOMBES. 5 7 des barbes extérieures, grises-, elles ont une bande noire vers les trois quarts de leur longueur , et sont terminées de brun , comme les bords des barbes extérieures et les deux pennes intermédiaires: les pieds sont rouges, et le bec est noir. Deux individus de cette espèce ont été rapportés par l’expédition du capitaine Baudin : ils sont déposés dans les galeries du Muséum de Paris. Nous avons reçu un dessin de ce Pigeon , fait à Londres d’après un indi- vidu déposé dans la collection de sir Joseph Banks. La Colombe Labrador habite les rivages brumeux de la partie méridionale de la terre de Diemen. C’est dans les parages du canal d’Entrecasteaux que les naturalistes français trouvèrent cette rare et nouvelle espèce. 1 5 58 HISTOIRE COLOMBE A CEINTURON NOIR. P K. XXI IJ. Columba Gncla. Milii. La Colombe à ceinturon noir, quoique de beaucoup plus forte de taille que notre Colombe Tourterelle, paroi t cependant modelée sur les formes de cette dernière. Nous ne sommes pas instruits jusqu'à présent de la manière de vivre de cette nouvelle espèce , encore très rare dans les collections d’Histoire naturelle 5 nous n'en connoissons absolument que le seul individu qui a servi de modèle à la planche qui représente cette Colombe de grandeur naturelle. La Colombe à ceinturon noir mesure en totalité treize pouces. Un camaîl d’un blanc pur couvre la tête et le cou- le blanc prend des teintes jaunâtres sur la poitrine, où cette couleur se dessine fortement sur unlarge ceinturon d’un noir velouté qui entoure la partie inférieure de la poitrine; les angles de ce ceinturon, qui marquent l'insertion du poignet de l'aile, remontent sur le dos, où ils se lient à une espèce de manteau d’un beau noir verdoyant : cette dernière couleur prend des teintes d’un vert foncé sur les grandes plumes des ailes, dont les six pennes extérieures ont le bout arrondi , tandis que les suivantes sont coupées verticalement. Le croupion est verdâtre; la queue, composée de quatorze pennes d’égale longueur, est, en dessus, d’un noir verdâtre , et toutes les pennes ont leur bout terminé de gris tirant au vert ; en dessous, la queue est cendrée, et les extrémités des pennes sont blanches. Le ventre, les cuisses et l’abdomen sont d’un beau jaune ; les couvertures de la queue sont grises , frangées de jaune sur les bords des barbes ; les tarses se trouvent en plumes jusqu’aux doigts, qui sont d’un jaune foncé; le bec est d’un blanc jaunâtre. Cette Colombe habite l’Asie australe: nous ne saurions cependant dire avec certitude quelle partie. Le seul individu que nous avons vu de cette belle espèce fait partie de notre cabinet : il a été adressé de Batavia , sans in- dication de lieu où l’espèce se trouve répandue. DES COLOMBES. à 9 COLOMBE ROUSSETTE, Mâle. Pi. XXIV. ' Columba Rufina. Mi/ii. La longueur totale de cette nouvelle espèce est de onze pouces dix lignes. Elle paroit modelée sur les formes de notre Biset, et n’en diffère sous ce rapport que par le seul caractère d'avoir les ailes plus courtes en proportion de la longueur de la queue. La Colombe Roussette a la partie inférieure du cou, le haut du dos, ainsi que les petites couvertures des ailes, d’un roux foncé, nuancé d’une légère teinte de violet 5 cette dernière couleur domine sur le ventre , et se nuance en gris-vineux vers les cuisses. L’abdomen et les couvertures inférieures de la queue sont gris; les grandes et les moyennes pennes des ailes, de meme que celles de la queue, sont d’un gris-cendré, les premières sont liserées sur les barbes extérieures de gris plus clair. Le dos, le croupion et les cou- vertures inférieures des ailes sont d’un gris bleuâtre 5 la gorge est blanche. Les mâles de cette espèce se distinguent par un grand espace d’un vert foncé à reflets dorés, qui couronne l’occiput. Les femelles ont le plumage généralement d’une teinte moins vive; elles n'ont pas cet espace doré sur l’occiput, qui est d’un roux-violet. Le bec est de couleur livide; les pieds son trouges et les ongles bruns. Cette Colombe se trouve à la Guiane française. On en trouve aussi aux îles de Cuba, Saint-Domingue et la Jamaïque. Nous avons vu des individus de cette espèce dans plusieurs collections. Celui qui nous a servi de modèle appartient au Musée de Paris. 6 o HISTOIRE COLOMBE A OREILLON BLEU, m&. Pl. XXV, +■ Columba Aurita. Mihi. Columba Martinica. /Irisa, v. r, p. io 3 , sp. \l\. Martinico Pigeon. Var. A. — Lath. Sjii. v. !\ , p. 6x8, sp. 7 , etc. JNous avons fait observer, en décrivant le Colombi-Galline roux-violet, que Latham avoit eu tort de soupçonner à ce Pigeon quelque conformité avec celui qui fait le sujet de cet article. Nous ne saurions trouver d'autre analogie pour les réunir que la seule dénomination de Perdrix , par la- quelle on a également désigné le Colombi-Galline roux-violet (1) et notre Colombe à Oreillon bleu. Cette dénomination de Perdrix, qui peut seule être en rapport avec l'espèce de la famille des Pigeons-Gallines, n'en a pas le plus léger avec notre Oreillon bleu, ce dernier appartenant à la famille des Colombes ou Pigeons proprement dits 5 au reste, nous renvoyons les natura- listes tant à la planche annexée à cet article qu'à celle qui représente le Colombi-Galline roux-violet , persuadés qu'ils ne trouveront .guère à ces Pigeons les rapports donnés par les divers ornithologistes, et qu'ils s'accor- deront de préférence aux vues de Brisson, qui ne par oit pas soupçonner l’identi té des espèces mentionnées. Cp savant naturaliste décrit notre Colombe à Oreillon bleu avec cette exactitude et cette vérité qui font un des premiers mérites de son ouvrage \ nous allons donner en substance le texte de l’auteur français. La longueur de cet oiseau, prise du bout du bec à l'extrémité de la queue, est de dix pouces 5 le bec a dix lignes et demie-, ses ailes, lorsqu’ellessont pliées, s’étendent jusqu’aux deux tiers de la longueur de la queue ; toutes les pennes de celle-ci sont d’égale longueur. La tête, la gorge, le cou et la poitrine sont d'un marron tirant sur le (1) Le Colombi-Galline roux-violet est décrit par Latham sous le nom de Martinico Pigeon; par Brisson sous les dénominations de Pigeon violet de la, Martinique , et de Pigeon roux de Caj enuc. Bufïon en donne deux figures, pl. i/p e t 16a. DES COLOMBES. 61 pourpre ; mais les plumes qui entourent le bas du cou, c’est-à-dire la partie la plus voisine du corps, sont d’un violet doré très éclatant, et forment comme une espèce de collier : huit ou dix plumes d'un beau bleu violacé à reflets d’or, placées immédiatement au-dessous de l’orifice des oreilles, nous ont paru un caractère marquant ; c'est d’après ce caractère que nous avons établi le nom donné à l'espèce (i). Le dos, le croupion, les couver- tures des ailes et celles du dessus de la queue sont d'un brun tirant sur le roux, avec quelques taches noires sur les grandes couvertures des ailes les plus proches du corps 5 le ventre, les cuisses et les couvertures au-dessous de la queue sont d'un fauve clair et vineux $ les grandes pennes des ailes sont noirâtres et ont leur bord extérieur blanchâtre ; les moyennes sont aussi d'un brun noirâtre, et terminées d’un espace d'un gris -blanc. Les deux plumes du milieu de la queue sont de la même couleur que le dos ; les latérales sont, depuis leur origine jusque vers les deux tiers de leur longueur, d'un brun tirant sur le roux du côté extérieur, et d’un cendré foncé du côté intérieur 3 ensuite elles ont une bande transversale noire, et leur bout est gris-blanc. Le bec et les ongles sont noirs, et les pieds sont rouges. La Colombe à oreillon bleu se trouve à la Martinique. Nous ne sommes pas instruits de sa manière de vivre, ni du genre de nourriture qui lui est propre. Nous avons vu plusieurs Colombes à oreillon bleu. Celle qui a servi de modèle à notre planche colorée fait partie du cabinet de M. Raye de Breu- kelerwaert, à Amsterdam. (x) La description de Brisson, qui s’accorde en tout autre point avec la nôtre, ne parle pas de ces plumes brillantes qui forment une espèce d'oreillon ; il nous paroît probable que ce naturaliste a décrit une femelle de l’espèce, et que celui que nous figurons en est le mâle, 6a HISTOIRE COLOMBE-TURVERT, mu. Pl. xxn. Columba Javanica. Lath. Ind. orn. v. 2, p. G i o , sp. Go. — Gmel. Syst. 1 , j>. 781. Columba Cœruleocephala. Lath. Ind. orn. v. 2, sp. 61. Columba Cyanocephala. Gmel. Syst. i, p. 781. Columba Albicapilla. Lath. Ind. orn. v. 2 ,p. 097 , sp. u. Columba Indica. Ibidem, p. 5 g 8, sp. iG. — Gmel. p. Le Turvert. Buff. Ois. v. 2, p. 556 . — Sonnini, édit, de Buj'f. , v. 7, p. 288. Tourterelle de Java. Buff. pl. enl. 177. Le Pigeon Ramier d’Amboine. Brisson, orn. v. 1 , p. i 5 o, pl. i 5 , /.' i. Javan Turde. Lath. Syn. v. 4 , p ■ 654 - Blue-crowned Turde. Ibidem, p. 655 , sp. 52 . Green- vvinged Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p. 62$. — Id. siipp.p. 198. — Edwards , t. u\. Pigeon décrit par BufFon , et figuré par lui dans la planche enluminée 177, mais aussi le Pigeon ramier d’Amboine, de Brisson, ainsi que le Blue-crowned Tarde , le Grey-headed Pigeon > et le Green-winged Pigeon de Latham. Ces espèces nominales n’en forment qu’une réelle, toutes les indications mentionnées devant plutôt s’appliquer à des variétés accidentelles dans l’espèce de notre Turvert. Cependant nous ne saurions nous conformer avec les idées de quelques ornithologistes , qui réunissent encore deux autres Colombes (1) à celle de cet article. Ces espèces, quoique analogues à notre Turvert, diffèrent, sous plusieurs rapports, de ce dernier, et forment autant d’espèces distinctes dont nous aurons occasion de parler dans la suite. Sonnini, dans la nouvelle édition de BufFon, volume 7, page 219, nous donne une description qui se rapporte à l’espèce du Turvert. L’auteur cité (1) Sonnini réunit sous l’article du Turvert non seulement la Tourterelle à gorge pourpre d’Amboine, des planches enluminées de Buffon, \fi, mais aussi le Black-capped Pigeon de Latham ^ Buiïon, planche 214. Nous décrirons cette dernière espèce sous le nom de Turgris ; quant à la Colombe à gorge pourpre , nous n’avons pu nous la procurer en nature. Il est cependant certain qu’elle forme une espèce différente du Turvert, ainsi que réunissons ici sous la dénomination de Turvert non seulement le du Turgris. DES COLOMBES. 63 a eu tort d’ajouter cette description à l’article de son Pigeon vert a tête grise cTAntigue. Nous ferons connoître par la suite ce Pigeon vert à tête grise, qui est du nombre de ceux dont le bec est recouvert d’une subs- tance cornée, formant une pince solide. Nous désignons cette famille par le nom de Pigeons Colombars. Le Turvert est plus fort de taille que la Colombe Tourterelle de nos climats; sa longueur, prise du bout du bec à l’extrémité de la queue, est de dix pouces. Cette dernière est courte; les pennes sont foiblement étagées entre elles, et les ailes, dans Fétat du repos, aboutissent vers les deux tiers de leur longueur. Le devant de la tête est blanc, et cette couleur s’étend de chaque côté en une bande étroite qui passe par-dessus les yeux. Le haut de la tête, dans la plupart des individus, est d’un bleuâtre foncé ; les côtés de la tête, le cou et la poitrine sont rougeâtres, et cette couleur est plus sombre à la partie supérieure du cou. Le dos et toutes les couvertures des ailes sont d’un vert foncé éclatant et doré, qui se change, suivant que l’animal est exposé à différents jours, en une très belle couleur de cuivre de rosette; quelques unes des petites couvertures du poignet de l’aile sont ou terminées de blanc, ou entièrement blanches; ce qui forme autant de petites taches dessinées agréablement sur le fond vert doré du plumage. La partie infé- rieure du dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont cendrés; le ventre, les cuisses et les plumes de recouvrement du dessous de la queue sont bruns, avec une légère teinte de rouge. Les couvertures du dessous de Fade sont rousses; les pennes alaires sont d’un brun foncé; mais leurs barbes intérieures sont rousses; celles de la queue sont noires, excepté les deux plus extérieures de chaque côté, qui sont cendrées et ter- minées de noir. Le bec est rougeâtre , la membrane qui est au-dessus des narines bleuâtre, les pieds rouges, et les ongles d’un brun clair. On trouve des Turverts qui n’ont point de blanc au front, dont toute la tête est de couleur noirâtre. Ces individus paroissent former des variétés accidentelles dans l'espèce : leur plumage est en général d’une teinte plus sombre, la poitrine et le cou sont plus rembrunis. Dans Fétat de captivité, sur-tout lorsqu’on les nourrit de chenevis, ils se décorent de plumes noires semées au hasard sur toutes les parties : cette bigarrure est assez jolie. La Colombe Turvert paroit répandue sur toutes les îles de l’Asie australe et du vaste Océan indien ; elle est très abondante à Ceylan ; on la trouve par troupes nombreuses à Java et à Sumatra ; leurs essaims peuplent les vastes 64 HISTOIRE et antiques forêts de ces îles. Sonnerai les a rencontrés a l’ile Panaye et à celle d’Antigue ( 1 ). Les Chinois connoissent l'espèce sous le nom de Yaupuan . Les Javans lui donnent le nom de Bouron Glimouhane. Dans le séjour que firent les natu- ralistes français à Timor, lors du dernier voyage de découvertes aux Terres australes, ils y trouvèrent aussi le joli Pigeon que nous décrivons. Trois individus tués par ces naturalistes sont déposés dans les galeries du Muséum de Paris. Ces individus ne diffèrent de ceux qui nous ont été adressés, tant de Java que de Ceylan , que par leur plus forte taille. Il est probable que cette légère différence doit son origine à une plus grande abondance de nourri- ture que ces oiseaux trouvent sous le ciel fertile de file de Timor. Nous avons reçu et conservé vivants plusieurs individus de l’espèce de Turvert. Ces Pigeons, très peu remuants, s'accoutumaient facilement à la captivité , pourvu qu'on ne les privât pas de la chaleur nécessaire. Tous les moyens mis en usage pour les faire produire dans nos climats furent in- fructueux. Leur nourriture habituelle consistoit en blé de Turquie écrasé. Dans les saisons les plus froides de l’année, on doit leur donner un peu de chenevis avec le blé de Turquie. Les dépouilles de ces Colombes se trouvent dans plusieurs collections d’histoire naturelle. (i) Le Pigeon vert à tête grise d’Antigue. Sonnerai , voj. Nouv. Guin. , p. 1 12 , t. 66 . DES COLOMBES. 65 COLOMBE JAMBOO, Mâle et Femelle. Pl. XXVII et XXVIII . Colomba Jambos mas. Lath. Tnd. ont. v. 2, p. 598, sp. x8. Colomba Jambu. Gmel. Sysl. 1 , p. 784. Le Pigeon Jamboo. Sonnini , édit, de Bujjf. v. 7 , p. 26S. Jamboo Pigeon. Lath, Syn. v. 4 > p • 627 , sp. 16. Nous conservons à cette espèce une partie du nom qu’elle porte à Sumatra. Mardsen (1), qui a donné la description détaillée de cette île, est le premier auteur qui en fait mention en ces termes : cc Le Pooni-Jamboo est un bel oiseau-, il est plus petit que le Pigeon or- « dinaire ; il a le dos , les ailes et la queue verts , la poitrine et le cou « blancs , mais l’extrémité du cou a une teinte légère de rouge d'œillet; le et devant de la tête est d’un rouge d’œillet foncé semblable à la fleur du te Jamboo; le blanc de la poitrine s’étend par une bande étroite, resserrée te d'un côté par le vert, et de l’autre par le rouge d’œillet jusqu'aux yeux, et qui sont, jaunes ; le bec est également jaune. » La Colombe Jamboo , mesurée de la pointe du bec à l’extrémité de la queue, a environ neuf pouces et demi. Les ailes pliées atteignent vers le milieu de la longueur de la queue, qui est étagée; les tarses sont à moitié couverts de plumes. Une teinte vive d’œillet foncé est répandue sur les plumes de la tête et des joues (2). Sous la gorge est un espace longitudinal d’un noir mat; un plastron de forme ovoïde, coloré d’une teinte rosée, se dessine sur la poi- trine. Toutes les parties supérieures de l'oiseau sont d'un beau vert foncé, et les parties inférieures blanchâtres; le dessous de la queue est noir, mais (1) Mardsen , Hist. INatur. de Sumatra, traduc. franc., v. 2. (2) Cette couleur brillante ressemble à celle de la fleur de Jamboo , arbre dont le fruit a la forme d’une poire, et qu’on dit être un mets excellent II y en a de deux espèces. Eugenin malacensis , et Jambos. Lin. 1 7 66 HISTOIRE toutes les pennes sont terminées de blanc. Les couvertures inférieures sont d’un brunfoncé 5 les pieds sont rouges et les ongles jaunes. La Colombe Jamboo se trouve à Sumatra et à Java. Sa nourriture favo- rite est la baie du rum-pooni. En captivité, on pourra donner à ce Pigeon du riz bouilli , dont il s’accommode à merveille. Plusieurs individus nous ont été envoyés de Batavia. Ces oiseaux ne se trouvent cependant pas aux environs du chef-lieu de la colonie hollandaise ; on ne les rencontre que dans l’intérieur des terres couvertes d’épaisses forêts. Aucun auteur ne fait mention de la femelle de cette belle espèce \ elle diffère cependant beaucoup du mâle par la distribution des couleurs. Nous présumons que, sous ce rapport, il sera intéressant de joindre, planche 28, la figure de la seule femelle que nous ayons eu occasion d'examiner. Toutes les parties supérieures du corps, le cou et la poitrine, sont d'un vert uniforme, mais plus terne que chez le mâle. L'espèce de capuchon qui sur ce dernier est d'un rouge éclatant, est d'un brun-verdâtre chez la femelle 5 la gorge est brune, le ventre et le croupion sont d’un blanc-grisâtre, semé sur les flancs de taches irrégulières plus ou moins vertes ; la queue en-dessous est noirâtre, et toutes les pennes sont terminées de grisâtre. Cette espèce est encore fort rare dans les collections d’histoire naturelle. J’ai vu un mâle dans le beau cabinet de M. Raye de Breukelerwaert , à Amsterdam 3 M. Geevers, à Rotterdam, possède le mâle et la femelle. Cette dernière est figurée dans notre planche n° 28. Je conserve encore deux mâles dans ma collection. DES COLOMBES. 67 COLOMBE A NUQUE VIOLETTE. l'r. XXIX. + Col u m lui Violacca. M Ha. En ne jetant qu’un coup -d’œil superficiel sur la nouvelle espèce de Colombe représentée dans notre planche 29 , on la prendroit pour un individu de l’espèce décrite dans cet ouvrage sous le nom de Colombe- Galline roux-violet: il est nécessaire de prévenir les naturalistes que, quoique ces Pigeons semblent avoir quelques rapports entre eux pour la conformité de taille et les distributions des couleurs, il n’existe effectivement aucune analogie entre ces oiseaux qui permette de les considérer comme apparte- nant à une même espèce. En comparant notre Colombe-Galline roux-violet (famille 5 e , pl. 5 et 6) à la Colombe à nuque violette, il est facile de s’apercevoir des différences qui caractérisent ces espèces : les formes extérieures du Colombi-Galline indiquent, à ne pas s’y méprendre, tous ces caractères que nous avons jugé appartenir aux Pigeons qui composent cette famille, tandis que celui-ci a en par- tage les formes analogues propres à plusieurs espèces de Pigeons compris dans la famille des Colombes. Nous lui trouvons la taille svelte , la queue allongée et étagée, les ailes longues et le tarse court 3 caractères qui sont bien dif- férents dans les Pigeons-Gallines : les différences dans les mœurs de ces oiseaux doivent offrir encore de nouvelles preuves pour établir la certitude de leur dissemblance spécifique 3 mais la manière de vivre du Pigeon de cet article ne nous étant pas connue , nous réservons ces comparaisons à une époque plus favorable, nous bornant ici à faire connoître les formes extérieures de cette nouvelle espèce. La Colombe à nuque violette, mesurée du bout du bec à l’extrémité de la queue, a neuf pouces 5 les ailes pliées aboutissent vers le milieu de la longueur de la queue , qui est étagée. Ce Pigeon a les parties supérieures du corps, y compris les ailes et toutes 68 HISTOIRE les pennes de la queue, d’un beau roux-pourpre foncé ; les grandes pennes alaires sont rousses*, sur la nuque sont quelques plumes brillantes, qui forment une espèce de collier dun beau violet à reflets doies : le fiont, la gorge , le ventre , les côtes , l’abdomen et les couvertures du dessous de la queue sont d’un blanc pur} la poitrine est teinte d’une légère nuance de violet pourpré à reflets bronzés 5 les yeux sont entourés d’un espace nu de couleur rouge *, le bec et les pieds sont rougeâtres. Il est probable que ce Pigeon habite le Nouveau Monde 5 nous ne saurions cependant l’assurer positivement. Le seul individu de l’espèce que nous ayons trouvé occasion d’examiner, et qui a servi de modèle, est déposé dans les galeries du Muséum de Paris. DES COLOMBES. 69 COLOMBE TURGRIS. P,.. XXX. Columba Melanocephala. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 610, sp. 5 g. — Gmel. Syst. 1 , p. 781. — Fors/er , Z00L nul. p. 16 , avec une très bonne figure , t. 7 . Turvert. Buff. v. 1 , p. 535 . — Sonnini édit, de Buff. v. 7 , p. 290. Tourterelle de Batavia. Buff. pl. ml. 2 x 4 - Black-Capped Pigeon. Lath. Syn. v. 4 , p. 654 - Latham a eu raison de ne pas se conformer au sentiment de Buffon, qui réunit le Pigeon de cet article à l’espèce du Turvert, représenté dans notre planche a 6. Il en diffère effectivement sous tous les rapports, ces oiseaux formant deux espèces très distinctes, comme il est facile de s’en assurer en lisant notre description du véritable Turvert, et en confrontant nos deux gravures. M. Forster, dans sa Zoologia Indica , nous donne une très bonne figure du Turgris. Celle de Buffon est passable ; l'individu d’après lequel ce naturaliste a fait exécuter sa planche étoit totalement dégradé ; ce dont il est facile de se convaincre en comparant cette planche avec la nôtre, d’après un individu de la plus grande pureté. La Colombe Turgris porte huit pouces depuis le bout du bec à l’extré- mité de la queue , qui est foi blâment étagée ; les ailes pliées aboutissent vers le milieu de sa longueur-, les pieds ont le tarse à moitié couvert de plumes. Le Iront et les côtés de la tête sont d’un gris-cendré clair 5 une large raie ou bande noire prend naissance entre l’espace des yeux vers l’occiput, et se dirige sur le derrière du cou, où elle disparoit dans la couleur gris- cendré qui revêt encore cette partie; sous la gorge est une bande longitu- dinale d’un beau jaune-paille; la poitrine, le ventre et toutes les parties supérieures de l’oiseau sont d’un beau vert foncé et uniforme; les quatre ou cinq grandes pennes des ailes ont leurs barbes intérieures noirâtres; toute l’aile en dedans est grise ; la queue en-dessous est d’un gris foncé, avec les extrémités de toutes les pennes blanchâtres l'abdomen est d’un jaune 18 7 o HISTOIRE brillant , et les couvertures inférieures de la queue, qui aboutissent presque à l’extrémité des pennes, sont d’un rouge-cramoisi foncé (1)5 les tarses sont à moitié couverts de plumes vertes: le bec est de couleur de corne; les pieds sont d’un rouge-jaunâtre, et l’iris est d’un brun-rougeâtre. La Colombe Turgris se trouve à Java , où elle habite les grands bois. On voit ces oiseaux aux environs de Bagncinia-Vangi'ia contrée située dans la partie est de cette de. M. Laischenault a rapporté un bel individu de cette espèce que le Muséum possède maintenant : il n’est pas instruit du nom que les Javans lui donnent. On voit encore dans les galeries de cet établissement l’individu dégradé par les fumigations qui a servi de modèle à la planche de BufFon. (1) Lalham se trompe sans doute en avançant que les trois pennes latérales de la queue sont rouges : cet auteur aura peut-être été induit en erreur par rapport à la longueur des couvertures de la queue , dont les plumes laté- rales sont assez propres à favoriser une pareille méprise. DES COLOMBES. 7 1 COLOMBE À MASQUE BLANC, Mâle. Pl. XXXI. Columba Larvata. Mihi. TmirLeie.Dc à Masque blanc. La Vaillant , Hist. nat. des Ois. d’yifr. v. 6, pl. 269. On poürroit, d’après les habitudes qui tiennent aux mœurs de cette nouvelle espèce, trouver des motifs pour la classer dans notre division des Colombi- Gallines. Le Vaillant, qui découvrit cet oiseau dans la partie méridionale de l’Afrique qu’il a parcourue, nous apprend que ce Pigeon fréquente tou- jours les grandes forêts, où, se tenant le plus souvent à terre, il est difficile de le découvrir; son nid, peu élevé, est d’ordinaire pratiqué dans quelque buisson. En combinant ces habitudes avec l’extérieur de ce Pigeon, nous lui trouvons aussi quelques caractères analogues aux Colombi-Gallines; il nous a cependant paru qu'à sa taille svelte, au peu de longueur du tarse, à l'étendue des ailes qui aboutissent vers le milieu des pennes caudales, et enfin à la forme allongée et étagée de la queue; il paroissoit aussi que le masque blanc participoit aux caractères distinctifs que nous avons établis pour la famille des Pigeons-Colombes. Il semble donc (et c’est aussi le sen- timent de Le Vaillant) que l’espèce dont nous nous occupons est destinée, dans une histoire générale des Pigeons, à former le passage, et lier plus étroitement la famille des Colombes à celle des Pigeons-Perdrix ou Colombi- Gallines. Ne pouvant mieux faire, pour ce qui concerne la partie descriptive de cette espèce, que de citer le naturaliste à qui la découverte en est due, nous transcrirons en entier son texte : l - 25 . — Id. pl. enl. 394. La Tourterelle grise de l’île de Luçon. Sonnerat , Boy. p . 52 , t. 22. La Tourterelle brune de la Chine. Sonnerat , V oy. Ind. v. 2 , p. J77. Comrnon Turde. Alb. v. 1 , t. !\ r j. — Latii. Syn. v. p. 644 - Luzonian Turtle. and Chinese Turtle. Lath. Syn. v. 4 , p • 0 .\G et 647. JL o us les naturalistes ont séparé les Tourterelles des Pigeons proprement dits et des Ramiers. Ces trois divisions, dans le genre Pigeon, n’ont été jusqu’ici fondées sur aucune règle constante. On ne sauroit même trouver les causes qui ont déterminé les naturalistes à cette méthode. La seule à présumer nous paroit résider dans la différence de taille qu’ont entre elles ces prétendues familles, différence qui peut servir de base pour distinguer nos quatre espèces de Pigeons propres au climat de l'Europe, mais qui n’a pas de limites assez exactement déterminées pour servir à ranger dans ces mêmes sous-classes toutes les espèces de Pigeons exotiques que nous connois- sons dans ce genre déjà très nombreux. Rien n’est plus difficile, en faisant usage de cette ancienne méthode , que de classer les Pigeons dans les divisions Ramier -Pigeon proprement dit et Tourterelle, et d’assigner à chaque espèce sa véritable place. Le défaut de cette division est prouvé par le peu d’accord qui règne à cet égard dans la plupart des ouvrages qui traitent de ces oiseaux. Tel auteur donne le nom de Ramier à un oiseau qu'un autre a rangé dans sa division des Pigeons proprement dits, et rien n’est plus incertain que la place que doivent occuper les Tourterelles. Si on s’en étoit toujours tenu à la règle, toute défectueuse qu’elle est, de n'appeler 25 9 o HISTOIRE Tourterelle que tel Pigeon qui seroit plus petit ou de la même taille que la Tourterelle d’Europe , on auroit du moins eu une base fixe et la limite certaine des subdivisions 5 mais des naturalistes ont donné la dénomi- nation de Tourterelle à des oiseaux de la taille de notre Biset, parcequ’ils avoient la queue fortement étagée, ainsi qu’à d’autres dont la queue se trou voit carrée, caractère cependant qui auroit dû les déterminer à ranger préférablement ces oiseaux dans leur division des Pigeons proprement dits, quoique ces premiers se trouvoient être en effet plus petits que la Tourte- relle vulgaire qui servoit de type à ces auteurs. Nous avons déjà rendu compte aux naturalistes qui nous ont précédés, des raisons qui nous ont déterminés à ne pas adopter leur manière de voir sur ce point, et nous avons cru que la division des Pigeons en sous-classes se trouveroit mieux définie par la méthode que nous établissons pour cet ouvrage. Nous continuerons donc à placer tous ces oiseaux qui ont des rapports avec notre Tourterelle dans notre première famille. Celle-ci con- tiendra, comme nous avons dit ai Heurs, tous les Ramiers, Pigeons proprement dits, ainsi que les Tourterelles dont les formes extérieures ont rapport à l’espèce qui habite notre climat. Nous établirons ensuite une seconde section dans la famille des Colombes, pour ceux de ces Pigeons qui ont la queue fortement étagée en forme de cône. La Tourterelle, ou Colombe Tourterelle, est un oiseau de passage qui arrive dans les parties tempérées de l'Europe vers le commencement de mai, et dans les régions plus froides vers la moitié du même mois : elle nous quitte à la fin de l’été , à l'époque où les jeunes de l'année se trouvent en état de soutenir les fatigues du voyage ; c’est alors qu’elles vont chercher des contrées plus chaudes, afin d’y séjourner jusqu'au renouvellement de la belle saison dans nos climats. La Tourterelle est non seulement répandue dans presque toute l’Europe, mais on la trouve aussi en Chine , où elle porte le nom de Pancou. Celle dont Sonnerat (i) fait mention sous le nom de Tourterelle brune de la Chine appartient indubitablement à notre espèce. Il en est de même de la Tourterelle grise de Luçon , décrite par le même (1) Son cou , sa poitrine et son dos sont d’une teinte terreuse brunâtre , qui est plus claire vers la gorge ; de chaque côté du cou il y a quelques plumes noires , dont les extrémités sont d’un gris-cendré clair. Les pedtes couvertures des ailes sont brunes , terminées par du jaune d’orpiment ; quelques unes , sur les bords de l’aile , sont grises; le ventre et les cuisses sont teints d’un gris vineux plus clair, et blanchâtre sur les couverlutes inferieures de la queue ; l’iris , le bec et les pieds sont rouges. DES COLOMBES. 91 auteur (1). Nous voyons dans le second voyage de Siam (2) que notre espèce se trouve aussi dans ce royaume : elle est encore répandue dans tout le vaste continent de l’Inde. Nous avons reçu une Tourterelle tuée au Bengale, absolument semblable à celles qui habitent en Europe. Ce fait, et le témoi- gnage de quelques voyageurs qui ont vu notre Tourterelle dans les diverses parties de 1 Inde et sur les côtes d'Afrique nous semblent des preuves assez convaincantes à opposer au sentiment de Buffon , qui présume que les climats de la zone torride opèrent, par la seule influence de leur tempéra- ture , plus exposée aux rayons ardents du soleil, des changements dans le plumage des oiseaux. Si notre Tourterelle est effectivement le type d’un grand nombre de variétés, dont Buffon fait l'énumération, et qu’il attribue à l’influence du climat, comment se fait-il donc que l'espèce se retrouve en Chine, dans l'Inde et sur les côtes d’Afrique , revêtue de la même livrée que dans notre pays ? La Tourterelle recherche les lieux les plus retirés et les plus sauvages; elle aime la fraîcheur en été , et son nid se trouve d’ordinaire près de quelque eau limpide. Ce nid est composé de menu bois, disposé à claire- voie, tellement qu’il est facile de découvrir à travers, et du pied de l'arbre, les deux œufs blancs que l’oiseau couve. La femelle partage alternativement avec le mâle les soins de l'incubation. Les Tourterelles sont très communes en Angleterre , particulièrement dans la province de Kent; leur migration dans cette contrée a lieu vers la fin d’août ou au commencement de septembre. A l’arrière-saison, elles se répandent dans les champs de blé et d'avoine nouvellement moissonnés ; elles sont aussi très friandes de pois : on voit ces Pigeons se réunir par cen- taines dans les endroits où on a fait la récolte de ces semences. La Tourterelle mesure en totalité onze pouces ; ses ailes ont six pouces et demi de longueur ; elles s’étendent jusqu'aux trois-quarts de la longueur de la queue. La partie supérieure de la tête et la partie postérieure du cou ( 1 ) La poitrine et le ventre sont d’un gris-vineux ; la tète et le cou d’un gris-cendré; quelques plumes sur les côtés du cou sont terminées par une bande noire ; les rémiges sont noirâtres, les couvertures sont de cette couleur, mais terminées par une teinte d’un jaune brunâtre ; les plumes du dessus de la queue sont noires , celles du dessous sont blanches ; le bec , l’iris et les pieds sont rouges. ( 2 ) Nous vîmes dans le royaume de Siam deux sortes de Tourterelles ; la première est semblable aux nôtres , et la chair en est bonne; la seconde a le plumage plus beau , mais la chair en est jaunâtre et de mauvais goût. Les campagnes sgnt pleines de ces Tourterelles. (Second, voyage de Siam, p. , et Geronier , Histoire naturelle et politique de Siam , p. 35. ' 9 2 HISTOIRE sont cendrées -, le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont bruns -, les couvertures des ailes sont variées de brun et de roux. La première de ces couleurs occupe le centre des plumes , et la seconde les contours 5 le poignet de l’aile, ainsique les couvertures qui la bordent, sont grises ; les rémiges sont d’un brun noirâtre, liserées de gris-blanc; le devant du cou et la poitrine sont d’une belle couleur vineuse ; les flancs sont gris; le ventre, l’abdomen et les couvertures inférieures delà queue sont d’un blanc pur ; les pennes caudales sont gris-brun en-dessus , et noirâtres en-dessous; toutes, excepté les deux du milieu, sont terminées de blanc ; la plus extérieure de chaque côté a aussi ses barbes extérieures blanches. Sur les côtés du cou sont quelques plumes noires terminées de blanc , ce qui forme une espèce de tissu en mailles lâches ; les yeux sont entourés d’un petit cercle rouge dénué de plumes ; l’iris est d’un rouge tirant sur le jaune, le bec d’un brun bleuâtre; les pieds sont rouges et les ongles noirs. Nous terminerons la description de cette espèce, en faisant observer que toutes les plumes de la Colombe Tourterelle, ainsi que celles des individus rapportés des climats chauds , sont arrondies et parfaitement intactes du bout, tandis que dans un grand nombre d’espèces très distinctes, mais que Buffon désigne comme autant de variétés qui doivent leur origine à notre espèce vulgaire, il s'en trouve plusieurs dont les plumes de certaines parties sont échancrées du bout , en forme d'angle ouvert. Une variété dans celte espèce de Pigeon a toute l’étendue des deux côtés du cou garnie de plumes noires , terminées par une tache blanche de forme arrondie ; elle diffère en cela de la précédente, qui n’a qu'une tache peu considérable, composée seulement de dix-huit ou de vingt plumes noires à leur origine , et terminées par une bande blanche. Latham nous apprend que des individus ainsi variés ont été envoyés du Cap de Bonne-Espérance et de la Chine : ils se trouvent aussi dans nos climats. Un pareil individu tué en Angleterre est déposé dans le Leverian Muséum. Une autre variété est figurée par Albin, v. a, pl. 48 , et décrite par Brisson, v. i , p. 99, en ces termes : Tout son corps, savoir la tete, la gorge, le cou, le dos, le croupion, la poitrine, le ventre, les côtés, les jambes et les cou- vertures du dessus et du dessous de la queue, sont d’un brun foncé; de chaque côté du cou sont quelques plumes noires terminées de blanc. Les petites couvertures des ailes sont noires bordées de blanc ; toutes les autres sont d’un brun foncé bordées de jaune ; les rémiges sont noirâtres, et leur DES COLOMBES. 9 5 bord extérieur est blanchâtre : celles du milieu de la queue sont d’un cendré foncé, et terminées de blanc. Les latérales sont blanches à leur côté exté- rieur et à leur bout , et leur côté intérieur est d’un cendré foncé. L’iris est jaune, le bec noir, et les pieds rouges. Il nous paroît probable que la variété dont nous venons de faire mention doit être considérée comme accidentelle. La couleur généralement rembrunie du plumage de cet individu semble être produite par le genre de nourri- ture. La graine de chanvre, donnée en trop grande quantité aux Pigeons, ainsi qu’à tous les autres oiseaux, opère une variété singulière dans leur plumage, qui se teint le plus souvent de couleurs sombres. Quelquefois aussi elle produit une bigarrure noirâtre. 9* HISTOIPvE COLOMBE A NUQUE PERLÉE. Pl. xliii. Columba Tigrina. Midi. Columba Suratensis. La tu. ind. ont. v. 2, ]>■ 609 , sp . 55. — Gmel. Sfst. i j p. 778. La Tourterelle grise de la Chine. Son. voj. Ind. v. 2, p. 17 6, t. 102. — Sonnini , édit, de BujT. v. 7 , p. 277 noie. La Tourterelle de Surate. Son. voj, Ind. v. 2 , p. 1 79. — Sonnini, édit, de Bujf. v. 7 , p. 807. ( où ce naturaliste réunit trois especes 1res distinctes.') Chinese grey Turlle. Lath. Sjn. v. !\ , p. 649 - — Sural Turlle. Lath. Sjn. p. 65 2 , sp. 46 . Il nous paroît que Sonnini a eu tort cle réunir dans son article de la Tourterelle de Surate trois espèces bien distinctes. Sonnerat, qui le premier a décrit ces Pigeons, en fait mention comme formant autant d’espèces 5 et rien n’est plus facile, en prenant la peine de confronter ces descriptions avec les espèces mentionnées par cet auteur, que de s’assurer de cette vérité. Il est hors de tout doute que Sonnerat a fait un double emploi du Pigeon que nous décrivons à cet article. Ce voyageur le décrit et en donne une figure assez exacte sous le nom de Tourterelle grise de la Chine, et plus loin il cite encore cet oiseau comme étant la Tourterelle de Surate. Au reste, cette erreur de Sonnerat est excusable, et il n’est pas difficile d’en sentir la cause. Il n’a pas fait attention que l’espèce dont nous nous occupons se trouvoit également répandue dans tout le continent de l'Inde , ainsi qu'à la Chine. Il n’est donc pas étonnant qu’induit en erreur sur l’existence de ce Pigeon dans deux contrées très distantes l’une de l’autre, il les ait supposé former deux espèces, d’autant plus que les individus de cette Colombe qui se trouvent au Bengale ainsi que dans les îles du vaste Océan indien (où l’es- pèce est aussi répandue), diffèrent de ceux envoyés de la Chine, en ce que les premiers ont de chaque côté, sur les bords des plumes qui composent DES COLOMBES. g5 l'espèce de collier, une tache blanche carrée ( 1 ) , tandis que les individus envoyés de la Chine ont sur les parties latérales de ces plumes une tache plus ou moins arrondie : du reste , ils se ressemblent parfaitement. Il sera donc nécessaire d'ajouter dorénavant toute la synonymie du Columba Suratensis de Gmelin et de Latham à celle de la Tourterelle grise de la Chine , indiquée par Sonnerai. Nous avons donné une nouvelle dénomi- nation systématique à ce Pigeon ; parceque l'espèce ne se trouve pas exclusivement confinée dans l'Inde , et que plusieurs naturalistes ont confondu cette Colombe avec leur Columba Risoria , qui est notre Colombe blonde : il suffira de jeter un coup-d'œil sur nos planches qui représentent ces Pigeons , pour se convaincre que ces oiseaux n'ont entre eux aucun rapport. La Colombe à Nuque perlée est non seulement répandue dans le vaste empire de la Chine, mais on trouve encore l'espèce sur le continent de l'Inde et dans toutes les îles de l’Océan indien ; elle est très commune à Java, où M. Laischeneau a vu l'espèce et en a rapporté un individu. Les voyageurs qui furent de l’expédition du capitaine Baudin ont rapporté un individu tué à Timor. Plusieurs m’ont été envoyés de la Chine, d’autres m’ont été adressés de Batavia. Nous avons déjà parlé de la légère différence qui se trouve dans les individus de ces contrées; variété qui peut-être ne doit être attribuée qu’ à l’âge ou au sexe. La Colombe à Nuque perlée mesure en totalité dix pouces et demi ; ses ailes ployées ont cinq pouces deux lignes. Celles-ci atteignent environ à la moitié de la longueur des pennes caudales. Le haut de la tête et la nuque sont d'un gris-vineux ; la gorge blanchâtre prend une teinte vineuse sur le devant du cou. La poitrine est colorée de vineux clair. Sur la nuque est un collier large d'un pouce ; toutes les plumes qui le composent sont profondé- ment échancrées en forme d'angle ouvert : elles sont noires dans toute leur longueur. Celles du haut du cou ont sur la partie latérale de chaque plume une tache quadrangulaire ; celles du bas du cou ont une pareille tache , mais de couleur terreuse. Les plumes du haut du dos sont d’un gris brun, terminées par une bande d’un jaune terre d’ocre : les grandes, les moyennes (1) Ces lâches carrées ont été considérées et indiquées par Sonnerat comme des bandes blanches et rousses qui terminent chaque plume : on peut cependant s’assurer que ce ne sont pas effectivement des bandes qui terminent les plumes de la collerette. Elles paraissent telles quand les plumes sont couchées les unes sur les autres; mais quand on les relève, on voit que la tache blanche ne sc trouve que sur les parties latérales des plumes, le centre de celles-ci étant profondément échaneré. 9 6 HISTOIRE couvertures, et quelques unes des petites les plus proches du corps sont gris-brun. Les petites couvertures du poignet de l’aile et le bord extérieur de celle-ci sont de couleur gris-cendré. Sur toutes les plumes de ces parties se dessine une bande longitudinale plus sombre, qui suit la direction de la baguette j cette bande s’élargit vers l’extrémité des plumes, qui ont encore une tache couleur d’ocre sur la partie latérale de chaque barbe. Les rémiges sont noirâtres, légèrement frangées de grisâtre ; les pennes moyennes de l’aile, le croupion, les couvertures supérieures de la queue et les quatre pennes intermédiaires de celle-ci sont gris-brun, les autres sont grises à leur origine, ensuite elles ont une bande noirâtre qui les traverse vers leur centre, et les trois pennes latérales de chaque côté sont terminées de blanc. En dessous toute la queue est noire depuis son origine jusqu à la moitié de sa longueur: le reste est blanc. Le ventre, les cuisses, l’abdomen et les couver- tures inférieures de la queue, sont blancs ; les flancs ont des teintes de gris et de vineux : les petites plumes qui forment les paupières sont blanches ; le bec est noir, les yeux sont rouges et les pieds jaunes. M. Laischeneau a rapporté un individu qu’il a tué dans 1 île de Java. Il a eu la bonté de me communiquer que les Javans désignent l’espèce par le nom de Frecoucou. Ce Pigeon est commun dans les loréts -, il habite de préférence la lisière des bois. On l’apprivoise facilement. L’individu qui a servi de modèle au dessin de madame Knip est déposé dans le Muséum de Paris, ainsi que celui rapporté de Timor. La Colombe à nuque perlée que je possède m’a été envoyée de Batavia. DES COLOMBES. 97 COLOMBE BLONDE. pl. xlif. Columba Rjsoria. Lath. Ind. Orn. v. 2 , p. 607 , sp. Si . — Gmel. Syst. i , p. 787. — Fris ch , t.\l\,f. 1. Columba Yinacea. Lath. Ind. Orn. v. 2, p. 61 1 , sp. 63 . — Gmel. Syst. 1 , p. 782 Turlur Torquatus. Briss. Orn., v. I, p. g 5 , sp. 8. Turtur Senegalensis. Briss. Orn. v. x , p. 124, sp. 2^, t. 26, f. 1. La Tourterelle à collier. Buff. Ois., v. 1, p. 55 o, t. 26. — là. pl. enl. 244 - — Meyer , Dent. Orn. pl. enl. Tourterelle à collier du Sénégal. Buff. Ois. v. ■?. , p. 553 . — ld. pl. enl. 161. La Tourterelle Blonde. Le Vaill. Ois. d’Afr. v. 6 , pl. 268. Collared Turtle and Collared Sénégal Turtle. Lath. Gen. Syn. v. 4 ,p. 648 ,sp. 4 a, et p. 656 , sp. 54 . On ne sauroit se faire une idée juste des raisons qui ont pu déterminer BufFon à considérer la Colombe à collier comme une seconde race ou variété constante dans l’espèce de notre Tourterelle Vulgaire, bien moins encore ce qui a pu porter ce célèbre naturaliste à avancer qu’elle se trouve dans nos climats. Quoi qu‘il en soit, il est certain que ces Pigeons ne forment pas une race ou variété constante de notre Tourterelle commune, puisque c’est meme avec quelque difficulté que nous réussissons à tirer des métis du mélange de ces espèces, métis qui ne doivent l’existence qu’aux soins industrieux de l’homme, et que la nature n’auroit jamais pu produire. Au reste, la Tourte- relle vulgaire est propre à nos climats, et l’autre n’y est tenue qu’en cage, où elle produit par les soins que nous avons coutume de lui prodiguer. L’espèce qui fait le sujet de cet article a donc été transportée des pays chauds; ce que nous prouve son naturel sensible au froid, même encore après une domesticité qui paroit déjà fort ancienne. Nous reconnoissons cet oiseau, à ne pas s’y méprendre, dans la description que Brisson donne de la Tourterelle à collier du Sénégal, espèce que BufFon rapporte mal à propos à sa Tourterelle du Sénégal, pl. enlum. 160. Nous avons déjà parlé de cette erreur de BufFon à l’article de notre Colombe Emeraudine. Un naturaliste 98 HISTOIRE moderne, à qui nous sommes déjà redevables de plusieurs découvertes inté- ressantes pour l’ornithologie, a trouvé l’espèce qui nous occupe vivant dans une entière liberté, et pullulant dans l’état sauvage au milieu des antiques forets de l’Afrique méridionale (1). Thunberg a trouvé dans toutes les contrées australes de l’Afrique cette Tourterelle à collier : elle se plaît sur- tout dans les lieux garnis de buissons. Cet oiseau, dit-il, ne change jamais de place sans rire ensuite, d’où lui vient son nom spécifique de Risoria. Ses ris et ses hou-hou indiquent le lieu de sa retraite ; sa chair rôtie est assez sèche. On peut présumer, en combinant ces découvertes avec l’état de do- mesticité où ce Pigeon se trouve réduit par-tout ailleurs , que l’espèce est originaire d’Afrique, et considérer l’oiseau décrit par Brisson, sous le nom de Tourterelle à collier du Sénégal, ainsi que celui décrit par Le Vaillant, pl. a68, comme le type de nos Tourterelles à collier. Sonnini nous apprend qu'il a vu des Tourterelles à collier en Egypte, où les habitants les aiment beaucoup et en prennent un soin particulier. Vous ignorons si cet auteur a vu l’espèce en liberté, ou bien si elle s’y trouvoit, comme chez nous, réduite à la domesticité. La dénomination de Colombe à collier pouvant être appliquée à plusieurs autres espèces qui portent aussi de ces colliers sur la partie postérieure du cou, nous préférons de nous ranger de l’avis de Le Vaillant, et d’adopter la dénomination de Colombe Blonde, comme plus propre à distinguer cette espèce. Le Vaillant n’a rencontré des Tourterelles Blondes que sur les confins du pays des Grands-Namaquois 5 elles sont plus petites de taille que celles que nous élevons en domesticité ; mais leur roucoulement est absolument le même. Elles nichent sur les arbres, pratiquent un nid plat pareil à ceux que cons- truisent nos Tourterelles, et pondent deux œufs tout blancs. Cette espèce mesure en totalité dix pouces et demi ; ses ailes, lorsqu’elles sont en l’état du repos, ont six pouces trois lignes. Tout son plumage est d'un joli gris de perle, nué d’une légère teinte purpurine, blanchissant sur le devant de la tête et sur les parties inférieures, et prenant un ton fauve isabelle sur le dos et les ailes. Les rémiges sont noirâtres, bordées de fauve. Les pennes de la queue sont cendrées en dessus, et toutes, excepté les deux du milieu, terminées de blanc. La plus extérieure de chaque côté a aussi ses barbes extérieures blanches : la partie supérieure du cou est entourée (1) Voyages au Japon par le Cap de Bonne-Esperance , tom. i ? p. 33o. DES COLOMBES. 99 d’un collier noir d’environ deux lignes de largeur : le bec est noirâtre ; l’iris et les pieds sont rouges. La femelle diffère peu du mâle, sinon que son collier est plus étroit que celui de ce dernier, et quelle a la poitrine d'une teinte plus claire. Le mâle a beaucoup de tendresse pour sa femelle -, il se tient volontiers auprès d elle, sur-tout pendant la nuit, et cherche à lui témoigner son amour par des sons qui ressemblent assez à l’éclat de rire. Il fait encore entendre un son plaintif, mais qui n’a rien de désagréable, et qu’on peut rendre par les syllabes kukuruku. La Colombe Blonde , ainsi que plusieurs autres oiseaux , est sujette à prendre une livrée entièrement blanche. Dans cet état, il seroit facile de confondre l’espèce avec la véritable Colombe Blanche, qui est toujours de cette couleur ; mais il suffira de dire ici que, sans prendre garde à la taille ni aux formes totales de ces oiseaux, qui diffèrent sensiblement entre eux, il est malgré cela facile de reconnoître la Colombe Blonde Blanche. Outre que tout le manteau et les couvertures des ailes conservent toujours dans celle-ci une légère teinte isabelle, et que l’origine des pennes caudales est d’un ton plus grisâtre, elle se distingue encore par les petites plumes qui forment le collier, et sont toujours nuancées, vers leur extrémité, d’une teinte moins blanche, qui forme le caractère distinctif de l’espèce. ÎOO HISTOIRE COLOMBE MAILLÉE. Pl. XL F. Columba Cambayensis. Lath. Ind. Ovn. v. a } p. 609, sp. 56 . — Gmel. Sjst. x , p. 779. Turtur gutture maculato Senegaleixsis. Briss. Orn.v. 1 , p. 1 a5 , sp. a5, t. 8 , f. 3. Columba Senegalensis. Lath. Ind. OTh. v. a , p. 610 , sp. 6a. — Gmel. Sj'st. 1 , p. 782. Tourterelle à gorge tachetée du Sénégal. Buff. Ois. v. 2 , p. 55 a , à l’article de la Tourterelle du Sénégal. La Tourterelle grise de Surate. Sonnerai, Voj. Ind. 7’. 2 , p. j8o. — Sonnini , édit, de Buff. v. 7 , p. 307. La Tourterelle Maillée. Le Vaill. Oïs.d’Jfr. v. 6 , pl. 270 Sénégal Turüe. Lath. Gen. Sjn. v. 4 , p. 655 , sp. 53 . Cambayan Turllc. Id. p. 652 , sp. 4 7. ■JMous avons dit, a l’article de la Colombe Émeraudine , espèce que nous avons fait connoitre d’une manière à éviter dorénavant toute méprise, que BufFon avoit méconnu l’espèce que nous décrivons ici , en la confondant avec laTourterelle du Sénégal, de même qu’avec celle qu'il nomme Tourterelle à collier du Sénégal, trois pigeons qui forment cependant autant d’espèces très distinctes. Brisson parle de notre Colombe Maillée avec cette vérité que nous ad- mirons toujours dans les descriptions de ce naturaliste. Le Vaillant, qui a étudié les mœurs de ces Pigeons dans les parties méridionales de l'Afrique, nous en donne aussi une description très exacte. Enfin Sonnerat l’a décrit, à ne pas le méconnoitre, sous le nom de Tourterelle grise de Surate, espèce que cet auteur donne à juste titre comme différente de sa Tourterelle de la côte de Malabar, et encore différente de la Tourterelle de Surate, qui est notre Colombe à nuque perlée, pl. 45. On ne sauroit dire pourquoi Sonnini réunit sous un même article ces trois Pigeons ; certes ce n’est pas d’après un examen de leur extérieur, puisqu’il a méconnu deux de ces Pigeons qui sont déposés dans les galeries du Muséum de Paris, où cet auteur auroil pu s’assurer des différences qui caractérisent ces espèces. La Colombe Maillée semble répandue sur une grande étendue de pays du continent d’Afrique; Le Vaillant a trouvé l’espèce dans la partie méri- dionale qu’il a parcourue. Brisson nous apprend qu'un individu fut envoyé 1 O 1 DES COLOMBES. du Sénégal par M. Adanson à M. de Réaumur. Le Vaillant en a vu plusieurs venant de cette partie de l’Afrique ; et Sonnerat , au témoignage duquel nous devons ajouter foi , a rencontré l’espèce sur le continent de l’Inde , aux environs de Surate. La longueur de cet oiseau , prise du bout du bec à l’extrémité de la queue, est d environ dix pouces; ses ailes pliées s’étendent jusque vers la moitié de la longueur de la queue ; la tête et le haut du cou sont d'une belle couleur vineuse ; toutes les plumes de la poitrine sont profondément échancrées -, cette partie prend une teinte roussâtre variée agréablement de lignes noires, formant des espèces de mailles lâches; la partie supérieure du dos est d'un brun mêlé de roux, chaque plume étant brune et terminée de roussâtre clair; les couvertures les plus proches du corps sont colorées de même; les autres sont d'un gris-bleu; les moyennes pennes de l’aile sont cendrées ; les rémiges sont noirâtres ; le ventre a une légère teinte vineuse; cette couleur blanchit vers l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue; celles-ci sont d’un blanc pur. Les pennes de la queue sont noires en dessous, depuis leur origine jusque vers la moitié de leur lon- gueur, le reste est blanchâtre en dessus; les six pennes du milieu sont d’un brun-cendré, et les trois latérales de chaque côté sont plus foncées à leur origine, et le reste, vers le bout, est blanc. Le bec est d’un noir- brun jaunissant vers la pointe; les yeux sont orangés, et les pieds d’un rouge clair. La femelle est un peu plus petite que le mâle, et ses couleurs sont moins vives. cc Le Vaillant nous apprend que cette Colombe habite la côte ouest au « sud de l'Afrique : on commence à la rencontrer vers les monts Camis , « et de là jusque chez les Grands-Namaqoois. On la voit par-tout sur les cc bords du Kausi, du Swart-Doorn ; mais elle n’est nulle part aussi abon- . G7 , J. a. Nous donnons à cette espèce, bien caractérisée, le nom de Colombe Blanche , parceque effectivement elle est toujours et totalement de cette couleur. Il est étonnant qu'on ait constamment confondu cette petite Colombe avec la Colombe Blonde , planche 44 , qui est sujette à prendre une livrée blanche. Nous avons déjà parlé de cette variété ; mais il nous paroît nécessaire de réitérer à cet article notre observation , que les Colombes Blondes Blanches se distinguent du premier coup-d’œil , en ce que le manteau, les couvertures des ailes, le croupion et les deux pennes inter- médiaires de la queue conservent toujours une légère teinte isabelle, et que la partie supérieure du dessous de la queue est d'un ton plus grisâtre 5 elles se distinguent encore par la couleur plus sombre des petites, plumes qui forment le collier. En ne prenant même aucune notice de ces différences qui se trouvent seulement dans les teintes plus ou moins vives du plumage, et qui sont susceptibles à varier dans les divers individus , il sera encore facile de reconnoître l’espèce de cet article. La Colombe Blanche est moins forte de taille que la Colombe Blonde } elle a un pouce de moins sur sa longueur totale, sa queue est plus courte ; ses ailes, plus longues en proportion, atteignent aux trois quarts de la longueur des pennes caudales , tandis que les ailes de la Colombe Blonde aboutissent vers le milieu de la queue, qui, dans cette espèce, est allongée et plus étagée ; enfin la Colombe Blanche a tout le plumage d’un blanc de lait-, ses pieds sont d’un rouge rosé -, l’iris est rouge, et le bec est d’un rouge noirâtre. DES COLOMBES. io 5 Sonnini a représenté, dans sa planche 67 , fig. i re , notre Colombe Blonde, et sa fig. 2 représente la Colombe Blanche. Les caractères qui ont rapport aux formes, et qui servent à distinguer ces deux Pigeons, y sont parfaite- ment saisis. La Colombe Blanche paroît être originaire de la Chine -, elle se trouve souvent représentée sur les papiers et tapisseries travaillés dans ce pays. M. Dufresne, du Muséum d’Histoire naturelle, nous a fait voir deux figures très exactes de cet oiseau dans deux collections différentes de dessins originaux peints sur les lieux par les Chinois. Dans nos climats , l’espèce est réduite à la domesticité 5 on ne voit ces oiseaux qu’en cage. Ils sont très sensibles au froid, qu’ils paroissent supporter moins facilement que les Colombes Blondes. io 4 HISTOIRE COLOMBE A LARGE QUEUE. pl. Lxru. Columba Malacensis. Lath. Ind. Orn. v. 2, p. 612, sp . 69. — Gmel. Sjst. i ,p. 788. sp. 68. Columba Bantamensis. Lath. Ind. Orn. V . 2 , p. 6 i 5 , sp. 77. Columba Striata. Mus. Caris. Fas. 1 1 x , t. 67 — Lath. Ind. orn. v. 1 1 ,p. 608, sp. 53 . La petite Tourterelle de Queda. Sonnerai, Voy. Ind. v. 2 , p. 177. — Sonnini, édit, de Fuff. v. 7 , p. 3 o 5 . Malacca Turde. ■ — Lath. Sjn. v. \ } p. 661. Bantamese Turtle. — Lath. Supp. to. Syn. v. 2 , p. 271. Dans la presqu’île au-delà du Gange , près du détroit de Malaca , aux Moluques et dans les îles de la Sonde, habite une jolie petite espèce de Colombe dont le corps n’est guère plus gros qu’un moineau, mais qui est plus allongée: la queue est presque aussi longue que le corps et la tête prises ensemble ; elle est composée de quatorze pennes, ce qui la rend très large, sur-tout quand l’oiseau l’étale, ce qu’il a l’habitude de faire souvent. Mon ami Laischenault, qui a vu ce petit Pigeon dans Pile de Java, dit qu’il fréquente les lisières des grands bois, où il construit son nid sur les arbres. Les Javans font grand cas de cet oiseau. Ces peuples superstitieux présument que, tenus en cage dans leurs habitations, ils les préservent de l’enchantement par les sons agréables de leur roucoulement -, aussi est- il fréquent de voir payer les Javans vingt piastres pour une de ces Colombes, sur-tout si elles ont la voix belle et les signes extérieurs de bon augure ; et, ce qui doit les rendre encore plus recherchées, c’est que leur chair offre un mets très délicat. Ils sont connus en langue javane par le nom de Bouron- Percoutoute. A la Chine on leur donne le nom de Fowat. Ces jolis Pigeons ont été transportés à file de France, où ils ont pullulé : l’espèce s’y trouve maintenant en grande abondance ; nous en avons reçu DES COLOMBES. io 5 plusieurs de Batavia. On doit les mettre à l'abri du froid, sur-tout dans les premiers temps de leur séjour. Ces charmants oiseaux s’apprivoisent facile- ment -, leur roucoulement est aussi harmonieux que touchant. Le mâle et la femelle se prodiguent mille caresses, et tous leurs mouvements sont gracieux : il n'est cependant point d’exemple qu’ils aient produit dans nos climats. Deux individus de cette espèce ont vécu long-temps dans la volière de mon père. La longueur totale de la Colombe à large queue est de huit pouces -, la queue seule a quatre pouces ; les ailes, peu allongées, dépassent de fort peu l'origine des pennes caudales. Nous avons déjà fait remarquer que cette espèce a la queue large, composée de quatorze pennes ; les dix qui occupent le centre sont d’égale longueur ; mais les deux latérales de chaque côté sont beaucoup plus courtes. L'extérieure aboutit à la moitié de la longueur des pennes intermédiaires ; ce qui fait que, vue en profil, la queue paroi t forte- ment étagée. Nous terminons par cette espèce la première section dans la famille des Pigeons Colombes-, elle se lie, par la forme de sa queue à pennes latérales, étagées, aux Colombes de la seconde section, qui ont toutes les pennes d'inégale longueur, et dont la queue présente la forme d’un fer de lance. C’est pour n’avoir pas bien saisi cette conformité , que Latham décrit l’espèce sous le nom de Malacca Turtie et de Iïarred Turtie > et que, dans sa section des Pigeons à queue très étagée, il en fait encore un article séparé, sous la dénomination de Bantamese Turtie. Il nous paroît que ce naturaliste auroit dû s’apercevoir de cette méprise , ses différentes descriptions se rapportant évidemment à notre Colombe à large queue. Cette espèce a le front et la gorge d'un gris bleuâtre clair -, l’occiput est brun ; les plumes de la nuque des côtés du cou , des parties latérales de la poitrine et des flancs, sont rayées alternativement de blanchâtre et de brun noirâtre. Celles de la nuque ont une teinte plus roussâtre : tout le dos, les couvertures des ailes et le croupion sont d’un gris terreux 5 les plumes de ces parties sont terminées par une étroite bande noire \ les grandes et les moyennes pennes des ailes sont d'un brun noirâtre en dessus. L’aile est rous- sâtre ; le centre de la poitrine a une légère teinte vineuse. Cette couleur devient plus claire en approchant du ventre, qui, de meme que l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue, est d’un blanc pur 5 les pennes de la queue sont d’un noir brun : les deux intermédiaires sont d’un brun terreux. Les trois latérales, noires depuis leur origine jusqu’aux trois quarts de leur longueur, sont blanches sur le reste. La quatrième penne de chaque 27 io6 HISTOIRE côté a seulement sa pointe terminée de blanc. Le bec est noir, lavé de jaune à sa racine et à son extrémité ; Firis et les pieds sont de couleur jaune cForpiment. La femelle diffère peu du mâle ; elle a les teintes en général moins vives -, le gris bleuâtre du front et de la gorge est plus terne, et les raies transver- sales du cou et des flancs sont moins prononcées dans celle-ci. Nous avons reçu de Batavia plusieurs individus de cette belle espèce. Celui que M. Laischenault a rapporté fait partie du Muséum de Paris : M. Dufresne en possède un. Deux individus, dont l’un mâle et l’autre femelle, font partie de mon cabinet. Celui qui a servi de modèle à Madame Knip appartient à M. Le Vaillant. LES COLOMBES. SECONDE SECTION. Colombe à queue fortement étagée dans la forme d’un cône. COLOMBE VOYAGEUSE ? Mâle et Femelle. P l. XL FI II et XLIX. Mas. Columba Migraloria. Lath. Ind. Orn. v. o. , p. 612 sp. 70. — Gmel. 1 , p. 789. Œnas Americana. Briss. Orn. v. 1 ,p. ioo, sp. 12. — Frisch. , t. 1^2. Pigeon de passage. Cat. Car. v. 1 , t. 23 . — Sonnini, édit. deBuff.v. 7, p. 210. Passenger or Migra tory Pigeon. Lath. Sjn. v. 4 , p- 661. Femina. Columba Canadensis. Lath. Ind. Orn., v. 2 , p. Gi 3 . sp. 72. — Gmel. Sjst. 1, p. 780. — Briss. Orn. v. 1 ,p. 118^ sp. 21. Tourterelle de Canada. Buff. pl. enl. 176. — ■ Sonnini , v. 7 , p. 280, pi. 68 , f. 1 Canada Turtle. Lath. Syn. v. l\, p. 658 . La belle espèce de Colombe qui fait le sujet de cet article doit avoir été mal connue des naturalistes, puisque aucun d’eux ne donne de l’extérieur de ce Pigeon une description vraie que l’on puisse présumer être le fruit de la connoissance parfaite de l’espèce. Tous font mention de la femelle Colombe Voyageuse dans un article différent de celui du mâle, et forment de celle-ci une espèce distincte. Nous réunissons donc ici sous un même io8 HISTOIRE article ces deux indications (1), qui ont rapport au mâle et à la femelle de notre Colombe Voyageuse. Bufïbn , v. 2 , p. 527, fait mention de cet oiseau , que nous supposons être le mâle, puisque Fauteur cite à cet endroit le Pigeon de passage de Friscb, et celui décrit par Catesby sous le même nom, qui en effet ont donné tous les deux une figure assez exacte du mâle de notre Colombe Voyageuse. Buffon dit, à l’endroit cité : .La livrée de cette belle espèce lui vaut une place distinguée dans les oiseaux marquants qui composent le genre du Pigeon. Le blanc pur de la poitrine, de la gorge et du front contraste à merveille avec le noir pourpré qui colore le reste du plumage, tandis qu’une teinte vive d’un rouge couleur de grenat brille sur les couvertures supérieures des ailes. La longueur de la Colombe Erythroptère est de neuf pouces et demi; le front est blanc : cette couleur forme sur l'oeil une large bande ou sourcil ; elle se trouve aussi répandue sur la gorge, le devant du cou et la poitrine. L'occiput , la partie postérieure du cou , le dos et les couvertures des ailes sont d’un violet pourpré. Le ventre est noir, à reflets pourprés; les grandes couvertures des ailes, les rémiges sont noires; la queue, dont toutes les plumes sont d’égale longueur, est d’un gris foncé à son origine, et est terminée par une bande noire; les pieds sont orangés et le bec est noir. J’ai vu des individus (ceux-ci paroissent des variétés de l’espèce) qui n'a voient point de blanc sur la gorge ni sur la poitrine; d’autres, dont Latliam fait mention, diffèrent de notre individu par de très légères nuances dans le plumage, qu’on ne peut attribuer qu’au sexe ou bien à l’âge. Cette espèce a été rapportée des îles d'Eimeo, d’Otahiti et de Tanna, toutes situées dans le vaste Archipel de l’australe Asie; ce qui fait présumer que l’espèce se trouve dans la plus grande étendue de ces mers. Nous avons vu plusieurs de ces oiseaux dans les cabinets de Londres. M. Gevers, à Rotterdam, possède l'individu qui nous a servi de modèle. 124 HISTOIRE COLOMBE A MOUSTACHES BLANCHES- Pl. LVI. •/-Columba mystacea. Mihi. Comme nous ne connoissons aucun des caractères habituels de cet oiseau, nous sommes restreint aux seuls détails qui ont rapport à son extérieur. Sa longueur totale est de onze pouces et demi ; la queue , qui mesure quatre pouces, est carrée; les ailes aboutissent à la moitié de sa longueur. La Colombe à moustaches blanches se distingue en effet par une large bande de cette couleur qui, partant de chaque côté de l’angle où commence l’ouverture du bec, se dirige au-dessous des yeux vers la nuque; le haut de la tête, les petites et les grandes couvertures des ailes, le dos, le croupion et les deux pennes intermédiaires de la queue sont d’un brun foncé, chan- geant, suivant les incidens de la lumière, en couleurs métalliques; les côtes du cou, le haut du dos et la poitrine brillent d’un vert doré qui se fond par nuances imperceptibles en un violet pourpré très éclatant; elle prend une teinte vineuse sur la poitrine, où les reflets sont moins vifs. Le ventre est d’un vineux terne, et cette couleur se fond graduellement en blanc-roussâtre sur les plumes de l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue. Les rémiges, les pennes secondaires, le fouet de l’aile et toutes les pennes latérales de la queue sont d’un roux très vif; la peau nue qui entoure les yeux, ainsi que le bec et les pieds, sont d’un beau rouge; la pointe du bec est jaunâtre. Cette espèce habite l’Amérique; mais nous ignorons dans quelle partie de ce vaste continent elle est le plus répandue. Le seul individu que j’ai vu fait partie de mon cabinet. DES COLOMBES. 125 COLOMBE GEOFFROY. PL. LVII. +■ Colomba Godefrida. Nous avons donné le nom de M. Geoffroy, professeur de zoologie au Muséum de Paris, à l'une des nombreuses espèces d’oiseaux que ce savant a le premier fait connoître en France, lorsqu’à son retour de Portugal il déposa dans les galeries du Muséum d’Histoire Naturelle les nouvelles acquisitions provenantes en grande partie des provinces de l’Amérique appartenantes à ce royaume. Nous désirons que M. Geoffroy accueille favorablement cet hommage, et l’expression de notre reconnoissance, pour les facilités et les moyens de recherche et d’étude qu’il nous procura dans les galeries du Muséum. La longueur totale de la Colombe Geoffroy est d'à peu près huit pouces 3 la queue est courte et les pennes sont également, étagées entre elles, ce qui la fait paroître arrondie. Une teinte d’un gris-blanc couvre le dessus de la tête, le devant du cou, et devient d’un gris de perle mat sur le reste du corps 3 la queue est d’un blanc-bleuâtre plus clair que le dessus de la tête-, sur le haut des épaules on voit cinq ou six taches d’un noir-violet changeant au moindre mouvement en bleu ou en Y'ert5 plus bas, sur les grandes couvertures des ailes, sont sept ou huit autres taches plus grandes que les premières, dont trois sont de la même couleur que celles du haut de l'aile, et cinq d’un roux couleur de tabac d’Espagne-, chaque tache rousse est bordée d’une ligne transversale noire; les rémiges sont noires ainsi que le bec} les pieds sont rouges. Cette espèce habite au Brésil. L’individu qui a servi de modèle à madame Knip appartient au Muséum de Paris. 02 l HISTOIRE 1 26 COLOMBE SOURIS. Pi. UH I. + Columba cinerea. Mihi. La nouvelle espèce de Pigeon de cet article paroit avoir, au premier coup d’œil, quelque analogie avec celle que nous venons de décrire. Cette ressem- blance ne porte cependant que sur la conformité des couleurs du plumage de ces espèces que nous considérons comme différentes. La Colombe Souris est moins grande que la précédente, ne mesurant, en totalité, que sept pouces ; sa queue est plus longue, en proportion de ses ailes, que dans la Colombe Geoffroy. Chez celle-ci les plumes caudales sont étagées entre elles, tandis que celles de la Colombe Souris sont d’égale longueur. Le front, la gorge et toutes les parties inférieures de cet oiseau sont d’un blanc légèrement teint de gris- bleu; la tête, les côtés du cou et le haut du dos sont d’un gris-bleu plus foncé-, le manteau, les couvertures des ailes, le croupion, les deux plumes du milieu de la queue, et l’origine seulement des pennes latérales de celle - ci , sont d’un gris de souris ; les rémiges sont d’un gris-brun, et les trois quarts de la longueur des pennes latérales, de même que la partie intérieure de la queue, sont noires; le bec est jaune, et les pieds sont rouges. Cette espèce habite au Brésil. L’individu qui a servi de modèle fait partie de mon cabinet. DES COLOMBES. 1 27 4 COLOMBE ÉCAILLÉE. J’r.. LIX. + Columba squamosa. Mihi, V OICI encore une des espèces dont le Muséum de Paris doit la possession au voyage de M. Geoffroy à Lisbonne. C’est d’après l’individu déposé dans les galeries de cet établissement que nous avons représenté ce joli Pigeon. Depuis peu ma collection a aussi été augmentée par un individu de l’es- pèce que nous décrivons. Il me fut envoyé par M. le comte de Hoffansegg, de Berlin, savant amateur, dont le nom sera à jamais célèbre dans les annales de l’Histoire Naturelle. La Colombe Ecaillée mesure un peu plus de huit pouces; sa queue seule en a trois, et les ailes ne dépassent pas de beaucoup son origine. Cette queue, composée de quatorze pennes, en a dix d’égale longueur, tandis que les deux latérales, de chaque côté, sont fortement étagées. Tout le plumage de l’oiseau est couvert d’écailles noires, chaque plume étant terminée par une bande plus ou moins large de cette couleur. Les nuances sont pour le l’este d’un gris -vineux sur la tete et le derrière du cou-, d’un vineux très clair sur le devant du cou et sur la poitrine, où cette teinte prend successi- vement un ton blanchâtre en gagnant les autres parties inférieures. La couleur des pennes du dos du croupion, des pennes du milieu de la queue et des grandes couvertures des ailes, est d’un gris-brun terreux; quelques unes des petites et toutes les moyennes couvertures des ailes ont leurs barbes extérieures blanches; les rémiges sont noires, ainsi que l’origine des pennes latérales de la queue, dont les quatre extérieures de chaque côté sont termi- nées d’un grand espace blanc; le bec est noir, et les pieds sont rouges. 128 HISTOIRE DES COLOMBES. Cette espèce habite dans le territoire de Bahin au Brésil. L’individu qui fait partie de mon cabinet est un mâle; il ressemble en tout à celui du Muséum de Paris. . ■ -■ v ■ : . ■» | - W M L 1 * 1 ■ -V . I 3 . H ■I l ' ■ " $ I 9 ■E -JF * ■ * * * I. Ii:‘î .. ■ 1 Pi 2 . COLUMBA MI Jil TARIS ..1/,/u Fût/lme de Coeaee/lv /'t/i,r r de llayrrànerù de jHi'Heturt/. loj ur Marre/ Jcf-iff’/ I . . ■ ■ . * . , P. • » , I ». ' ' V /«i(> >* . v . : v .. I J ' • El; ,v m - ■ » ■ • . • . ' ■ wi :■ l : ! - » i ' . 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S, COL ITM B A AERA V AIL Pauline Je Cour cette.? 7e/n ■ Àntp Pr/i.e - Ce'j-ar 9/lacret e-cuip . * - ■ ■ !-v' .. ' v , . r ; . . ■ : - . : ■ ; ■ ' . . % * - ' ■ ■ ■ ? * ' < CW '' M'? , ■ li ’ï - ? / t s? c f 9 COLOIBA TJGRJA tS /Jn/i'ur. lo A 'P/ v'..; 'htt/tf ‘e Je C enrcelk.r &w - /ntp APùhV C 0 L TJ M B A RI S OUI A J a /A . Cé' /T « /tia/ùie t/e- CûW'ce//es Ze/ri Am/r jpr/ia: COL U MB A O A M H ATLAS LS /a//. t/e ////i/‘ /i/nerte. t/e -J/('//erot/ . César Ÿ//acrcf Setter Dniftnv Je Ccurct ’//.■•• fan /• •<■', Je : i/c J/tf/i'i,- / •J. ■ . ' ■ ■ ■ ■■ 1 Il ■ 1 ■ > > ■ ' . - ■ ■ N . . J 1 Anr/tfli'- f/e ùutn'fft'y 7 ?/h /m}> /*"■> SA '.'S COLl MT» \ MI. G JR ATORIA MAS /y///4'< Æ/// . M ■ 'Vr/ - ,*.* i i '/v aV #//«■/» • y. >vv*.v» ■ ■ j ;-j 1 * ■ i v ' . ' y-y. . ' \ ? . I \ j 1 : A'" ' ' 'K 'j * ■«*; , • . < •, , 1 • ■" • ' S : W 1 1 * ♦ . 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