MER zh ES Fa = A 4 , … es À LAZELADA P1 BEREGVARDO SE ei SY 1/2 \ 5, tro | SANGNTANT Di GVALDANA PUR CHA SED 1921 Rares Book & Special Cohlectio 5 Drarv ESS GNE ANFNIE CAVAGNA || Les : NW ! FROM THE LIBRARY OF | V7: — 7 n- Res, Re TS PRAIRIES ARTIFICIELLES, SECONDE. ÉDITION. Digitized by the Internet Archive in 2012 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http;//archive.org/details/prairiesartificio0lasa Le D Pr 2 + ans VO dm E À FL, QDLM:0 3 en y 1! # PR ve RIES ARTIFICIELLES, O Moyens de perfeéionner l'Agriculture dans les terreins fecs 6 fleriles de routes les Provinces , furtour ‘en Champagne , & de encourager dans ieut le Koyaume, * SECONDE ÉDiTron augmentée 5°. D'un Eclaireiffement fur quelques Articles : 2°. D'une Differtation fur l'exportation des Rleds : 3°. D'une Réponfe à une Objeition, Az ES Æ BRUXELLES, Et fe vend A PARIS, Chez DESAINT & SAILLANT , Libraires, rue S. Jean de Beauvais. M DE CL V ELX # tt php het tb pd Idees Dese ie ÉCART RP PO E PRAIRIES ARTIFICIELLES, oU LeTrRe à Monsieur DE ***# ! Sur. les Moyens de fertilifer Les Terreins fecs & feriles dans la Champagne € dans les autres Provinces du Royaume. Vos AVEZ VOULU, Mori- fieur, que je mifle fur le pa= pier les idées que jai eu l'honneur de vous Pr 545961 * £ PRAIRIE il ÿy a quelque temps, En convetfant avec vous fur les moyens de fertilifer la Cham- pigne & les autres Provin- ces du Royaume, qui ont les mêmes caufes de ftérili- té. Je l'entreprends aujour- d'hui, parce que la moin- dre de vos volontés fera tou- _joufs pour moi un ordre ab- {olu. Vous ne vous attendez point à une diflertation élé- gante , ni à un difcours tour- ne avec agrément, vous fa. vez qu'un Culrivateur qui rend compte de çe qu'il a ARTIFICIELLES. % Bic & eflayé lui-même, n’a, pas le temps de polir un écrit ; il fe hâte de livrer fa penfée ; & tout ce qu'on peutexiger de lui, c'eftqu'il h donne avec netteté & pré- cifion; je ferai plus que fa tisfait de mon “ntréprie ; fi elle me donne auprès de Vous , le mérite de l'obéif- fance, & aupres du'Lecteur ; celui de quelque vuedu bien public. K\/2 AN A ji 4 ."PRAFRIES GRCCOPESEOCPES PREMIERE PARTIE, Des Moyens de fertilifer les Ter- reins fecs € flériles ; dans la Champagne & dans les autres ” Provinces du Royaume. | A | La CHAMPAGNE na de fertilité que dans les terroirs qui font voifins de la Seine, de la Marne, de l’Aïfne & de l'Aube, rivieres qui tra- verfent une partie de cette Province. Ces différentsterroirs n'en ARTIFICIELLES. $ compofent pas la. moitié ; cout le refte eft dans une ftérilité déplorable , & ne produit que quelques avoi- nes ,-des farrazins & crès- peu de feigles. Les caufes de la fertilité dans les cantons abondans que nous venons d'indiquer, {ont les prairies & les pâtu- rages qui accompagnent les rivieres, & qui fervent à nourrir des beftiaux def- quels proviennent les a- mendemens & les engrais néceflaires pour les terres. A il] 6 PRAIRIES Généralement parlant; dans tous les pays fertiles de cette Province, iln’ya point d'autre principe de ferti- lité , que les prairies & les paturages j' s'y trou- | vent. Il fuit de-à que , fi en ‘Champagne le fonds de ter- té, dans les endroits les plus fkériles , ©ft toujours fuf- ceptible d'amélioration par les engrais convenables, il ne s'agit plus que de trou- ver les moyens de faire ces “engrais; apres quoi, cet- ARTIFICIELLES. re Province payera avec ufure, dans fes plaines les plus arides, les travaux & les fueurs du Laboureur. FE Il y a dans la Champa- gne trois fortes de terres; les terres grifes, les terres blanches, & les terres rouf- fes; car il yen a peu de fa- blonneules. Les verres grilés ont pat elles-mêmes un fond'de fé- condité parfaite, quand: on y a répandu les engrais con venables. À iv S -HAPRAIRIES Il en eft de-même des terres blanches, qui pro- duifent le plus beau fra- ment, le plus pelant, &en grande quantité. Les terres roufles font celles qui ont le moins de confiftance & de fucs nour- riciers,même avec le fecours des engrais; mais elles ont un avantage particulier , c'eft que les fainfoins sy plaifent par préférence, & y croiffent abondamment, tandis qu'ils ne réufli- {ent que médiocrement dans ARTIFICIELLES. g les terres blanches. Ces différentes propric- tés des terreins, ont donne lieu à l'idée de rendre tou- tes ces terres fécondes les unes par les autres , en mettant en prairies de fain- foin les terres roufles, pour avoir d'abord dequoi nour- _rir des beftiaux, & enfuite tirer de ces beftiaux les en- grais néceffaires pour ferti- lifer les terres griles & les blanches. | | Voilà toute mon idée ; il ne s’agit que d'entrer dans ko PRAIRIES quelques détails fur les moyens de lexécuter. Nous allons commencer par les proportions des prai- ries au bétail, & du bétail à l'engrais. | FIL. Il eft d'expérience qu'en Champagne , il faut, pour la proportion des prairies 4 Léngrais “employer à peu pres le quart des verres que le Laboureur a à culti- ver; de maniére que fi l'on exploite une terre de 400 arpens , il y aura à peu près | ARTIFICIÉLLES. ÉE roo arpens à mettre en fain- foin , & le refte fera eni- ployé en terre de labour ; dont 100 feront en feigle ou froment, 100 en mars, & 100 en jachéres ou ver- fäihiess Car en Champagne, les terres labourables font par- tagées ainfi en trois parties, qu'on appelle Roces ; il y a la rois des bleds, qui comprend tout ce qui fe feme avant l'hiver : la roie des mars qui comprend les orges , les avoines & tout Hs PRAIRIES, ce qui {e {eme au prin- temps, & enfin la roie des verfaines où on ne feme rien, mais quon laboure putes fois pendant l'été, afin de mürir la terre & de la bien préparer à rece- voir les femences qu'on y jette en automne. Il refte à prouver , qu'on ne peut mettre moins que le quart de la ferme en prairie. AA Tout le fecret, toute lé. conomie d’une bonne & ri- ARTIFICIELLES. 13 che agriculture conffte à proportionner les amende- mens au befoin des terres c'eft-à-dire que l'objet ef- fentiel du Cultivateur eft de fe mettre en état de faire tous les ans des amen. demens en fufffante quan- tité , pour qu'ils puiflent être renouvellés lor{que leur effet commencera à dimi. nuer. Plus un pays eft fec & ftérile, plus le fiftême d'amendemens demande de pâturages & de prairies. En Champagne, les à 4 PRAIRIES mendemens font d'autant plus forts que les terres y font plus feéches que par tout ailleurs. Leur effet du- re environ neuf ans : apres quoi , les terres retombent dans leur premier état de ftérilite. Pour prévenir cette dé: cadence , il faut tous les ans amender le tiers de la roie qui fe trouve en bleds; Par ce moyen, il arrivera qu'à la neuviéme année, tout un corps de ferme » ceft-à-dire, les trois roies ARTIFICIELLES. 1$ qui le compolent, fe trou .veront amendeées entiére- ment ; & quapres cela , on n'aura plus qu'a revenir fur les mêmes terres, en fui- vant la même proportion d'amendement quon aura fuivie la premiere fois, & qui, la feconde fois, aura d'autant plus d'effet , que la terre confervera encore quelque refte de fa pre- miere amélioration. Or, ilielt_ d'expérience que pour avoir en Cham- pagne une quantité d'amen- 16 PRAIRIES demens fufffante au tiers de la roye qui fe trouvera en bleds, on ne peut pren- dre moins que la quatrié- me partie, ou portion, d'un corps de ferme, pour en faire une prairie; puifque c'eft le feul moyen de nour- rir & d'élever une quantité de beftiaux ; capable de procurer Îles amendemens qu'on vient de prefcrite. Il eft fi eflentiel de fe mettre en état de reñou_ , veller les amendemens, lorf que leur effet commence à s'affoiblir, ARTIFICIELLES. 17 Safloiblir |, qu'on n'héfite point d'avancer que f1 certe quatriéme portion qu'on propole, n'étoit pas enco- re fuffifante pour parvenir à ce point, il faudroit l'aug- menter , jufquà ce qu'on y foit parvenu. On objettera qu'en fii- fanc une diftraction fi con- fidérable dans un corps de ferme , pour la mettre en prairies , le Laboureur fe trouvera privé du produit des bleds & mars que ce Quatriémc lui rapportoit, B 24 PARATREIES & que par conféquent il louffrira un grand dom- MISE, - Mais 1°. Le feul produit quil retirera des beftiaux & moutons quil pourra nourrir en plus grande quantité , le Jédommagiré avéc ufure. 2°. Les amendemens con: fidérables quil mettra fur les terres qui lui refteront, & quil pourra renouvéller ous les neuf ans, mettront, en peu d'années, le -refte de {es terres en étar de lui rap- Ed ARTIFICIELLES. 39 porter trois à quatre fois plus qu'elles ne lui rappor- toient toutes enfemble. C'eft un proverbe en Champa- gne , que mille arpens de terres n'en valent pas cent qui font bien cultivés & bien amendés. Voyons maintenant com- ment on peut établir certe prairie à peu de frais. V. La premiereannée , il fuf: fira d'acheter ce qu'il faur de femences de fainfoin, pour Bi 20 PRAIRIES a cinquiéme portion du quart, ou environ, car il {e+ ra plus à propos de parta- ger ce quart en cinq an- nées que de le femer en moins de temps : les en- grais & Îles nourris ne pou- vant fe faire que par de- SréS. La deuxième année, il ne fera plus queftion d’a- cheter des femences de fain- foin , ce qu'on en aura re- cuciili, l'année précédente, mettra le Laboureur en état de femer le fecond cinquié- ARTIFICIELLES. 27 me, de façon qu'en cinq ans il pourra ainfi, & à très-peu de frais , avoir fa prairie complette. Le fainfoin ne dure que cinq à fix ans, après quoi il faut le retourner avec la charue. Mais il a cet avan- rage, que quand il a été pendant quelques années dans une terre, il la ne- toie parfaitement de tou- tes les mauvailes graines & racines qu'elle pouvoit con- tenir ; enforte que pour peu quon y jete d'amen- tn 22 .PRAIRTES demens, elle produira tou- jours de très-bons feigles & de bon froment , en beau- coup plus grande quantité quels ne l'auroit faic, fi elle n'eût pas été en file foin. LA - Comme :il eft néceflaire & indifpenfable de renou- veller les fainfoins tous les cinq à fix ans, il faudra fai- re ce renouvellement dans un autre quart de la ferme, & aller ainfi en continuant, jufqua ce qu'on {oit parve- ARTIFICIELLES. 23 nu au dernier quart, pour enfuite recommencer par où on aura commencé la premiere fois : de forte qu'en 20 ou 24 ans la prai- rie artificielle , {e fera pro- menée dans toute l'étendue des terres qu'on voudramet- tre en bonne culture. _ Cependant , comme il peut arriver que dans un corps de ferme fitué dans la mauvaife Champagne , il {e trouve peu de terres pro- pres au fainfoin ; il peut ar- river aufh que la prairie ne B iv + «> 24 PRAIRIES puifle point parcourir exa- tement les quatre portions de la Ferme, dans l'ordre de fucceflion que nous venons d'indiquer. En ce cas, après avoir choifi d'abord ip terres qui lui feront les plus convena- bles, on en choifira encore une portion qui feraégaleau | quart, ou à la moitié du qua- triéme ; parce qu'on pour- ra revenir l’année fuivante aux premieres terres qui au- ront déja été en fainfoin, attendu qu'il luffc qu'elles ARTIFICIELLES. 2$ ayenc été défrichées & re- nouvellées par une feule récolte d'avoine ou d'orge qu'on y aura femé. : Ainfi , en fuppofant que le quart en fainfoin eft de 100 arpens , il fufhra que dans le refte du corps de la ferme , il fe trouve environ 25 OU $o arpens pour faire le renouvellement des fain- foins , lefquels alors ne cir- culeront plus dans les 400 arpens qui compofent la to- talite de la ferme : mais dans 125 feulement , ou ‘ 26 © PRAIRIES tout au plus dans 150; les 2 5 ou les so de furplus fuffi- fant pour commencer les renouvellemens , & les con- tinuer d'année en année, {elon le befoin. Il feroit bien rare en Champagne, que dans un corps de ferme, fi peu con- fidérable qu'on püt le fup- polér , il ne fe trouvât pas des terres convenables au fainfoin & même en fuffi- fante quantité pour bien faire valoir le refte; l’ex- périence apprend qu'il vient ARTIFICIELLES. 27 facilement partout, même {ur le fommet des monta- gnes & parmi les pierres. VIT Tandis qu'on établit la prairie, il faut fonger à for- mer la baflecour , & à fe procurer une quantité de vaches, brebis & moutons proportionnée à la prairie, pour croître & augmenter avec elle, & felon les récol- tes de pailles & de foura- ges , quiaugmenteront tous les ans avec les amende- mens. 28 PRAIRIES Cet objet d'augmenta- tion coutera peu au Labou- reur propriétaire, parce qu'il n eft queftion pour augmen- cer les beftiaux en propor- tion avec la prairie &z les fourages , qui s'augmentent chaque année, pendant qua- tre ans, que d'élever & de nourrir pendant le même temps, tout ce qui naîtra dans la bañfle-cour, fans cn rien vendre. S'ilavoit quelques achars nouveaux à faire, ils ne pour- roient concerner que les ARTIFICIELLES. 29 moutons & les brebis: achats quil feroit peu à peu & par dégrés , jufqu'à ce qu'il füt arrivé à la proportion dcfes fourages. Quand il y fera une fois parvenu , il ne s'agira plus que de l'entretenir d'année en année, {elon l’ufage pra- tiqué dans la Province, qui cft de vendre les mou- tons & brebis ,lorfqu'ils ont cinq à fix ans, & d'en ache- cer d'autres quinaient qu'un an. Un laboureuren Champa- 30 PRAIRIES gne qui pofléde & fait valoir 100 arpens de terre peut bien avoir cinq à fix va: ches , & environ so à 60 brebis & moutons; que pendant quatre à cinq ans. il garde tout ce qui en pro- viendra;au bout de cetemps, il verra {a bafle cour triplée & quadruplée fans dépenie. VIIL Comme il eft important que la baffe - cour de ce la- boureur qui pofféde & fait valoir r00 arpens de terre ARTIFICIELLES. 31 foit augmentée jufqu'au tri- ple & quadruple de ce qu'el- le étoit pour pouvoir {e pro- curér les abondantes pro- duétions qui font annon- ‘ cées, il faudra qu'à propor- tion il augmente & agoran- difle fes écuries & bergeries & même fa grange, c'eft-à- dire que s'il navoit qu'une écurie ou étable pour cinq ou fix vaches ou bœufs , il lui en faut une qui puifle en contenir vingt ou tren- te; & ques il navoit qu'une bergerie pour 50 à 60 mou 32 PRAIRIES tons & brebis, il lui en fau- droit une qui puifle en con- tenir deux ou trois cens. Cette dépenfe ne fera pas aufli forte qu'on pourroit {e limaginer : elle fera même très-peu de chofe en com- paraifon des profits conf1- dérables qu'elle procurera au Laboureur. C’eft à lui de prendre {es précautions, & à ufer des reflources du P Ks qu'il habite. . En Champagne ces {or- tes de bâtiments coutent peu. La premiere année, on difpole ARTIFICIELLES. 34 difpole les bois de charpen- te qu'un Laboureur peut charrier & aller chercher lui- même. La feconde, lon fait faire les carreaux, c'elt-à-dire, des mottes de terre pêtries & durcies au fo: leil: on envoieaufhi chercher les blocailles: &, la troifiéme année, on fait la dépenfe de R main-d'œuvte. En s'y pre- - nant, ainfi & n'exécutant cette depenfe qué par par- tie,un laboureur qui eft pro- priétaire de 400 arpens peut la faire fans s'incommoder, % 34 PRAIRIES Pour ne rien hazarder, il ’entreprendra cette dépen- fe qu'après s'être afluré de la réeuflirte & du renouvelle ment de fa prairie qu'il doit regarder comme le fonde- ment & la bafe de toures {es entrepriles. Fe, À Dans les articles précé- denrs, on n’a propolé les éra- blifflemens de prairies & les augmentations de bafe- cour & d'écurie & de ber- gerie, qu'aux laboureurs qui | ARTIFICIELLES. 3$ font propriétaires ; on ne les a point propolés aux labou- reurs qui ne font que fer- micrs. Car comment pour- roient-ils entrer dans ces pro- jets & s'y intérefler, n'ayant que des baux de fix à neuf ans , au-delà defquels ils ne font pas furs de refter dans leurs fermes: Il s'agit à prélenr dé don- ner aux propriétaires qui louent à des fermiers le moyen d'améliorer leurs fer- mes en fuivant le plan que nous venons de propoferaux Ci 36 :"PRATRIES À propriétaires qui font vas loir leurs terres par eux-mê- mes. X. Quand un propriétaire . voudra faire par {on fermier les entreprifes dont il s'agit, il attendra qu'ilait à renou- veller. fon bail, pour lors il ne le renouvellera que pour fix ans. Dans le courant de ce bail , ilfera les érabliffemens de la prairie, de la bafle- cour , & les augmentations des bâtiments : & illes fera Ù ARTIFICIELLES. 37 avec les précautions & at- ventions qui ont été détail- lées ci-deflus , en parlant du Laboureur propriétaire. Pour fe rendre maître d'exécuter routes fes entre- priles, il s’en réfervera le droit dans le bail : ce quine pourra: occafionner aucune diminution, puifque, quoi- quil foit queftion dans le courant de ce bail de met- tre en prairies le quart des terres qui peuvent compo- {er la ferme, le profit de cette prairie étant employé Cii 38 : ©: PRATRIES à nourtir & à élever les béf. taux & rhoUtoHs qué le pré priétaire 4 mettra & qui augmentéront à mefure que les fainfoins, les pailles & fourages augmenteront ; il s'enfuit que le fermier fera bien dédommagé par les plus grands amendements qu'il {era en érar de fai. re, & qui lui procure ront beaucoup plus de bleds qu'il nen récueilloit aupa- ravant. Dans lé bail de fix ans, le propriétaire chargera le #7 ARTIFICIELLES. 39 fermier d'élever, de nour- rir & dé conferver tout ce qui proviendra des beftiaux & moutons qu'il aura ache- tes, & de lui en donner exa- étement le détail tous les ans, & autant de fois qu'il le réquerera. Cela n'empêcha pas ce- pendant le fermier de tirer quelque profic fur les va- ches , dont il aura lelaitage, & {ur les moutons & brebis, dont il aura la moitié des lainés , le Propriétaire pou- vant {e réferver l’autre moi- CN AO PRAIRIES à tié. Il conviendra que le propriétaire abandonne ces profits au fermier, pour l'en.- gager davantage à à CoNncOU- rir à tout ce qui pourra fa vorifer: à l'augmentation de fon corps de ferme. Ainf dans le rontsells” ment de ce bail de fix ans qui donnera tout le temps ‘au propriétaire de faire fon nouvel établiffiement, bien Join qu'il puifle être quef- - ‘tion de diminution, il n'y - aura que de l'avantage tant du côté du fermier que du ARTIFICIELLES. 41 côté du propriétaire, pour- vu que celui-ci prenne les précautions dont nous ve- nons de marquer le détail. XI. Le bail de fix ans étant fini, l'écablifflement de la prairie étant fait, la baffe- cour étant bien montée en beftiaux & en moutons, l'augmentation des if ries , écuries & de la grange étant achevée, c'eft pour Jors que le propriétaire {e déterminera à à confier fa baf- 42 Prarrtés {e-cour à un fermier qu il choifira, & qu'il trouvera d'autant plus facilement qu'il ne fera quéftion pour Je fermier que d’avoir à foi des chevaux & les uftenci- les néceflaires pour l'exploi- tation de la férmé, comme charués, charettés , chariots &c fans qu'il dapiffe pour ui q aucune autre dépenfe. Le propriétairé comprén- - dra fa baflé-cour dans le nouvéau bail & dans le loyer de fa ferme, lequel {era augmenté à proportion ARTIFICIELLES. 43 de la quantité de beftiaux & moutons qui la compo- + Dans ce nouveau bail,qui ne fera pas moins de neuf ans , il fera ftipulé 1°. Que le fermier. fera tenu d'amender tous les ans le tiers de la roie qui {e trou- ‘vera en bled , afin que fon corps de ferme puifle être amendé entiérement , dans le courant dudit bail ; 2°, Qu'il entretiendra la bafle-cour telle qu'on la lui a confiée, & dans tout le dé- 44 : PRAIRIES tail qui fera compris dans Îe bail, tant à l'égard des be- _ftiaux qu'il fera néceffaire de remplacer par des nourris lorfqu'ils viendront hors d'a- -ge, qu'à l'égard des mou- tons. & brébis dont ilentre- tiendra lemême nombre,en vendant ceux qui auront l'a: ge, & en les remplaçant par d'autres qu'il achetera, à{es _ frais fans doute, puifqu'il aura eu pour lui tout l'ar- gent & le profit de cequil aura vendu ; 3°, Qu'à la fin dd bail, la ARTIFICIELLES. 4$ bafle-cour fe trouvera dans le même état qu'elle lui au- ta été confiée, & même au- gmentée à proportion du produit des pailles & fou- rages qui doivent augmen- ter à proportion des amen- demens qu'on aura faits ; 4°. Que la prairie fera re- nouvellée & toujours entre-. tenue dans la même quan- tite ; af 5°. Que tous les ans il donnera un état de la prai- rie, de la bafle-cour & de leur renouvellement , avec 46 ‘PRATRIES les certificats d'amende: ments. Le 6°. Il ajoutera que sil manquoit à l'exécution d'au: cune de ces conditions , qui {ont toutes eflentielles, le bail ceflera, & que le Pro- priétaire aura le droit & la liberté de prendre un autre fermier. On pourra encore inférer dans le bail d'au- tres claufes & conditions, tel: les que le propriétaire les ju- gera à propos , en vüe d'af- furer davantage l'entretien de la prairie & de la baffe- cour. ARTIFICIELLES. 47 Avec toutes ces précau- tions, un propriétaire ne rif- quera rien en louant {es ter- res, & en confiant {à baffe- cour à un Fermier, parce que celui-ci aura lui-même grand intérêt de la bien en- crecenir, le produit étant pour lui. 11 eft d'ufage dans le commerce de confier des fonds confidérables à des çommerçans quon na ja- mais vüs , & qui {ont quel- quefois éloignés de plus de 3 à 400 “ame, à plus for- , te raïon peur - on fe con 48 PRAIRIES fier à un Fermier qu'on 4} pour ainfi dire, fous fes yeux, de la conduite du: quel on peut fi facilement sinftruire , & qui donne pour sûreté fes chevaux & {es uftenciles de ménage & de labourage , & outre cela une dépouille entiere de fa Fete Pauvre XII. La feule location des be- ftiaux & moutons qu'il au- ra achetés pour monter fa bafle-cour, luirapportera au Moins 15 pour roo, en comprenant ARTIFICIELLES. 49 comprenant ce produit dans le prix du bail; c'eft déja une augmentation confidé- rable, fur laquelle il peut compter : 1l eft facile de le démontrer. Dans la fuppofñition qu'il {oit queftion de 300 bêtes blanches, & d’une trentai- ne de vaches, dont il ne faut acheter d’abord qu'en- viron une douzaine, puif£ qu'en gardant les genifles qui peuvent en provenir, en trois ou quatre ans on parviendra à ce nombre, D FO. "PRAIRIE l'achapt de tous ces be- ftiaux ne reviendra pas à la fomme de trois mille livres. Cependant ces fortes de locations fe faifant tou- jours à raïfon de moitié pour les bêtes blanches , c'eftà-dire , de moitié de ce qu'elles peuvent produi- e, & d'environ 6 à 7 liv. par chacune vache, il eft évident que toute cette quantité de beftiaux doit être louée au moins 500 liv. par an. Ces fortes de locations ARTIFICIELLES. si {ont aflez ordinaires dans les campagnes. Beaucoup de perfonnes qui nont ni terres ni fermes, achetent des vaches & des moutons pour les louer à des fer- miers & à des laboureurs ; la location s'en fait tou- jours à raïfon du prix ci- deflus ; elle eft d'ufage. Ce petit commerce, qui rapporte environ 1$ pour 100 , doit d'autant plus tranquillifer le Propriétaire & le déterminer à l'entre- prendre, qu'il le fera avec Di 52 PRAIRIES fon fermier beaucoup plus sûrement qu'avec tout au- tre, & avec beaucoup plus d'avantages à tous égards , ayant par furcroît tous les fumiers qui feront portés fur {es terres, & qui feront pour Jui un objet infini- ment important. Comme il fera queftion de faire des amendemens tous les ans en fuffante quantité, & que le Fermier {era tenu dans le courant de fon bail de neuf ans, d'amender entièrement tout L ARTIFICIELLES. $3 le corps de ferme , & d'em- ployer ainfi tous les fu- miers qui proviendront des beftiaux & moutons quil tiendra à loyer de fon mai- tre il en réfultera une aug- mentation en valeur tant du fonds de la ferme, que du prix de la location. Si on veut y faire quel- que attention ; on verra qu'il n'eft point de branche de commerce, quelle qu'el- le puifle être, qui foit en état de rapporter un inté- rêt aufli folidement établi, D ii s4 PRAIRIES & auf confidérable qué celui de ce commerce de location entre le Fermier & le Propriétaire. Le Pro- priétaire ne {era pas long- temps fans jouir , puifqu'il n'eft queition que de fix années pour faire {es dif- pofitions & prendre fes ar- rangememens, comme il a été dit ci-deflus. Si tout ce que nous a- vons dit a befoin d'être con- firmé par des exemples , En VOICI. ARTIFICIELLES. $$ ACTE Un Particulier en Cham- pagne, qui pofléde un corps de ferme d'environ 225$ ar- pens , ne l'affermoit que 300 liv. par an, fomme dont il étoit même trés- mal payé. Dans ce corps de ferme il ny avoit que 10 à 12 | arpens tant prés que ma- rais. Le Fermier n'avoit que cinq à fix vaches, & envi- ron une trentaine de mou- tons ; fa bafle-cour ne pou- | D 1v 56 PRAIRIES voit être plus confidérable à caufe de la modicité des pâturages ; & tous les ans il ne pouvoit amender que deux ou trois arpens de verre , dans la quantité de 225. [l'y ‘en avôit ‘une partie qui n'étoit jamais la- bourée, parce que faute d’a- mendemens , elle auroit rapporté à peine les {e mences quon y auroit rif-. quées. Ce particulier qui faifoit quelquefois la vifite de (a ferme pour examiner le pro- ARTIFICIELLES. $ç7 duit des terres , ayant obfer- vé que celles qui étoient a- mendées rapportoient trois à quatre fois plus que cel- les qui ne l'étoient pas; & que fi on faifoit de plus grands amendemens, fa fer- me augmenteroit confidé- rablement, il prit le parti de la retirer des mains du Fermier, & de la faire va- loir par lui-même. Ayant donc compris que le produit ne dépendoit que des paturages & des amen- .demens, qu'il s'agifloit de 58 - PRAIRIES les proportionner au be- foin des terres, & de fe mettre en état de pouvoir les renouveller lorfque leur effet commenceroit à dégé- nerer ,iln'a point héfité de mettre en prairie le quart des 225$ arpens, dont fa fer- me eft compolée , en y TURC comprenant ce, qui. étoit déja en prés: il a femé du fainfoin, en obfervant ce qui a été dit à leur article. Après avoir cté bien af- furé de leur réuflite & de la pofhbilité de les renou- ARTIFICIELLES. $9 veller, ila fait l'augmenta- tion des écuries & des berge- ries , en obfervant encore ce qui a été dit à leur ar- ticle. | Enfin , au lieu de ; à 6 vaches , & d'une trentaine de moutons que fon fer- mier nourrifloit, toute cet- te quantité confidérable de pâturages artificiels l'a mis en état d'avoir 30 vaches, & juiqua 300 moutons : de façon quil eft parvenu à amender tous les ans le tiers de la roie qui fe trou- 6éo PRAIRIES ve en bleds, & à pouvoir amender dans l'efpace dé neuf ans tout fon corps de ferme, & en renouveller en- fuite les amendemens d’an- née en année, pour l'entre- tenir toujours dans la mê- me valeur. Si aujourd'hui ce parti- culier vouloit louer fon corps de ferme, au lieu de 300 liv. que fon fermier lui en rendoit avec peine, il trouveroit à l'afermer juf- qua quinze cents livres par an , en comprenant ARTIFICIELLES. 6+ dans le loyer toute la baf. {e-cour: ce qu'il n'hefite- roit pas de faire, s'il fe trouvoit dans le cas de ne pouvoir plus faire valoir par lui-même. Voilà donc un corps de ferme plus que quadruple en valeur & en revenu, au moyen des pâturages arti- ficiels. (a) (a) Quelques perfonnes qui ont 1 le Manufcrit de l’Auteur , fans fa participation , ont prérendu le criri- quer en affurant pa l'amélioration de la terre en queftion avoit été fort coùteufe au Propriétaire. Mais ils aw- 6ù PRATRIES Qu'on ne dife pas que cette augmentation n'eft que factice & fondée tou- te fur l'art & l’induftrie. Qu'importe au Proprié- taire , pourvü que l'effet. roient dû obferver que la dépenfe a été néceflairement plus confidérable pour lui qu'elle ne le fera pour tout autre ; parce qu'il à été obligé de faire les effais, & de porter tous les frais des premieres expériences dont les autres feront difpenfés. D'ailleurs , quelque coûteufe qu’on ‘fuppofe cette amélioration , l'argent sque le Propriétaire y a employé lui -a toujours : rapporté dix , douze , ‘quinze & quelquefois vingt pour cent: ce que les Critiques ne favoient AROOÉFIGEEL LES. .63 n'en foit pas moins réel, & quil puifle toujours . {e maintenir & refter dans le même état > Or il le peut, pourvü qu'on entretienne la même quantité de prairies, & la même bafñle-cour ; & un propriétaire le peut cou- jours , {oit qu'il fafle valoir, {oic quil loue fa ferme. Veut-on encore une preuve plus frappante & plus circonftanciée» Le même Particulier -a dans fon corps de ferme, une piéce de 24 arpens en 64 PRAIRIES terres blanches , c'eft-à-di- re, de la même nature que les plus mauvailes qu'il y ait en Champagne. Elle e- toit {1 ftérile & fi féche , qu'à peine elle rapportoit fa femence, foit en feigle, {oit en avoine. Quand on la femoit , on y jetoit 24 {eptiers de feigle : elle en rendoit 24 : & le:Labou- reur avoit de refte {on tra- vail & fa peine. Auelle- ment qu'elle a été amendée plufieurs fois entièrement, elle eft en état de rappot- ter ARTIFICIELLES. 6$ÿ ter jufquà 200 feptiers de froment , au moins. Si on compare ce pro- duit avec le produit anrc- rieur , qui n'étoit que d’en- viron 24 à 25 {eptiers de {eigle, en mettant le fei- g'e, mefure de Champa- one , du poids de 140 liv.; à raifon de ,-liv. & le fro- ment à rafon de ro liv. conformément au prix or- dinaire, il eft évident qu'au- jourd'hui cette piéce de ter- re peut rapporter dans les années où on l’amendera E 66 PRAIRIES pour le froment, environ quinze fois plus qu'elle ne rapportoit auparavant. Il eft donc certain par cet exemple, que ce neft point la terre qui man- que en Champagne , mais l'engrais qui manque à la terre ; & par-conléquent, que tous ceux qui ont en Champagne des domaines, dont la plus grande par- tie fe trouve inculte, en retireroient unrevenu beau- coup plus confidérable, s'ils prenoient le parti d'exécu- ARTIFICIELLES. 67 ter ce qui vient de leur être propolé. Les fuccès de ces teñta- tives , par rapport aux ter- res qui environnent les vil- lages infpireroient de la con- fiance aux Cultivateurs : bien -tôt leurs entreprifes deviendroient plus hardies, & porteroient la fécondité dans les endroits les plus dé- fefpérés pour l'agriculure, ALV. Il ÿ a dans la Champa- gne des villages dont les E 1j 68 PRAIRIES terroirs extièémement étenà dus, contiennent plufieurs lieues : ce font de vaftes plai- nes dans lefquelles on n'ap- perçoit pas même un buif- {on : prefque toutes les ter- res y font inculres, il nya que quelques avoines ifo- lées, quelques farrafins que les Laboureurs y ont rif- ques à tout évenement , lorfquun hiver peu rude leur a donné occafion d'y faire quelque labour par îMañiere d'amufement, dans un temps de repos, ARTIFICIELLES. 69 Ce n’eft pas tant la fté- rilité & la fécherefle de ces plaines qui occañonnent leur défaut de culture, que l'éloignement cans lequel elles fe trouvent des villa- ces dont elles dépendent ; il faut faire un voyage pour aller labourer , un autre pour aller femer , un autre pour aller moifflonner , c'eft- à-dire recueillir , tout au plus, ce qu'on y a jeté de femences. Il n'y a que les plus adifs des Laboureurs, OU CEUX qui NOnt QUE peu E it] Vo \PRATRIES de terres autour du villa: ge qui puiflent fe réfoudre a ces labours éloignés. Les Seigneurs ont quel- quefois plufieurs milliers d'arpents qui ne compolent aflez étdinaitétient qu'un feul corps de ferme, le fer- mier ou le Seigneur s’il fait valoir par lui-même, ne peut pas en exploitter la fixiéme partie : il ne laboure que les térres qui {ont voifines du château, le refte eft aban- donné , à caufe du grand éloignement, ou fe loue $ ARTIFICIELLES. 7s {ols l'arpent à ceux qui veu- lent bien s'en charger. L'exemple qui a été rap- porté dans l'article précé- dent fait voir qu'on pour- roit tirer parti de tous ces déferts, & qu'ils rapporte- roient prodigieufement , s’il _étoit pofhble de les amen- der conformément à leur beloin. | Or il n'eft pas impofñble d'y parvenir :il ne feroit queftion que de partager ces domaines en plufieurs corps de ferme chacun de E 1v md. > © PRAIRIES 400 arpents, dont le quart {.roit mis en prairie pour faire valoir le refte. Dans la fuppofñtion qu'un domaine feroit compolé de 1200. arpents, n'étant pas poflible qu'un fermier puifle faire valoir toute cette quan- tité ; ni de renfermer & con- fommer dans le même en- droit le produit de 300. ar- pents de prairie, on parta- Seroit ce domaine en trois: parties égales. Avant que d'y conftruire desécuries , bergeries, gran- ARTIFICIELLES. 73 ge & corps de logis , pour ne rien hazarder , on s'aflu- reroit d'abord de l’établiffe- ment de la prairie, qui eft la baze & le fondement de tout. Quand on feroit bien af- furé de fa réuflite, on bâti- roit peu à peu, enfuite on mettroit un Fermier dans chaque ferme , en ne lui fai- fant d'abord qu'un bail de fix ans, pendant lequel on continueroit l'établifiement de la prairie. _ À mefure que cette prai- 74 PRAIRIES riefe formeroit, le Proprié- taire augmenteroit le nom- bre des beftiaux & moutons qu'il auroit confié à {on Fer- mier ; en l'obligeant deéle- ver & de nourrir tout ce qui en naîtroit, &ne fe re- fervant que la moitié du produit des Jaines. _ NH loueroit à raïfon de vingt fols l'arpent , c’eft-à- dire, 300 liv. les terres de chaque corps de ferme, qui confifteroient en 300 ar- pens. Ce premier bail, avec le produit des laines, pour- ARTIFICIELLES. 7ÿ roit monter environ à 400 livres. | Le bail fuivant ne feroit encore que de fix ans. Dans le courant dé ce bail, la bafle-cour ne pourroit être complette. Car quoique pour lors, toute la prairie fût établie, il faut faire at- tention que l'augmentation de la bañle-cour dépend beaucoup encore des pail- les & des fourages; & que ces fourages ne peuvent au- gmenter quà melure que les amendemens augmente- ront. Cependant le Proprié- 36 ‘RBrRarrRres taire continuant d'obligér le Fermier à élever & nourrir tout ce qui proviendra des beftiaux, la bafle-cour s’ac- croîtra de plus en plus. Il e relervera encore la moitié du produit des laines. Le prix des terres ne pourraêtre augmenté que d'un tiers, quoique les amendemens aient pu être doubles: ainfi au lieu de 300 liv. Le bail pourra être de 450. Quon y joigne la moitié des laines qui ferontaufli augmentées, ce {econd bail pourra mon- tra $ ou 600 liv. ARTIFICIELLES. 77. Dans les deux premiers baux , il na été queftion que d'augmenter la bafe- cour & d'obliger les Fer- miers à porter {ur les ter- res les fumiers qui en font provenus. Le troifiéme bail fera dé neuf ans. Pour lors la bañle- cour pourra être complerte ; le nombre des grands be- ftiaux pourra être de 30 à 35, & celui des bêtes blan- ches, pourra aller jufquà 400. La location ayant lieu tant pour les beftiaux , que F8 © PRATRIEST A) pour les terres , & celle des beftiaux , à raifon dece qui a été dit ci-deflus & de ce qui eft d'ufage dans les cam- pagnes, pourra monter en- vironà sou 600 liv.Comme dans le courant de ce troi- fiéme bail , lesamendemens peuvent fe faire proportion: nément au beloin des terres, & que tout le corps de ferme peut être éntiérement amen- dé , le prix des cerresen au- gmentera aufli confiderable. ment, & au lieu des 450 liv. du bail précédent, il pour ARTIFICIELLES. 79 ra monter dans celui-ci juf- qu'à 1000 liv. laquelle fom- me jointe avec les $ à 600 liv. ci-deflus, provenant de la location de la bafle-cour , fera un revenu de 1 00 liv. Qu'on réduife toute cette location à roooliv.ou1200 liv. le Seigneur, de pauvre qu'il étoit, {e trouve déja riche, & dans une abondän- ce qui ne dépend que d'un peu de foin & d'induftrie, Qu'on fafle attention à un: produitficonfidérable, don- né au bout de 1 2 ans feule- 80 PRAIRIES ment, par des terres qui ne fapportoient rien. Ce troifiéme bail expiré, celui qui fera renouvellé après , fera encore de 9 ans, de même que tousiles au- tres qui fuivront. Ce qua- trieme bail, mettralecom- ble à tout ce que l'agricul- ture peur produire, & fera la fortune du Propriétaire. Dans le bail précédent, tou- tes les terres auront déja été ‘amendées; dans celui-ci les amendemens feront renou- vellés , avant que les effets de ARTIFICIELLES. 9% de l'amendement précédent ayent entiérement ceflés, la baffe-cour {era complette, tant en vaches qu'en mou- tons ; la location pourra donc être encore augmen- ée, de même que celle des terres ; & le roral des deux locations, monteraailément jufques à 2000 liv.au moins. Voilà donc au bout de vingt ans ,en commençant le qua- triéme bail, un produit pro: digieux. L'exemple du par- ticulier cité dans l'article précédent, fait bien voir F 82 . PRAIRIES qu'il n'y a point d'exagéras tion dans Je détail de Pau gmentation graduée des baux ci-deflus; fur-tout fi l'on fait attention à l'expé- rience fur la piéce de 24 ar- pens qui ne rapportoit rien & qui étoit inculre. Il eft donc évident qu'un Seigneur qui poflédeun do: maine de 1200 arpens dans un terrain{ec , ftérile , &in- culte, qu'il aura partagé en trois corps de ferme; qui aura fait des érabliflemens de prairies & de bafle-cour, ARTIFICIELLES. 83 en fe conformant à la pro: portion qui eft indiquée tant pour l’un que pour l'autre, pourra en retirer plus de 000 liv. de rentes, fans fé donner la peine de le faire valoir par lui-même, pou- vant louer & confier letout à des Fermiers, avec les feu- les précautions qu'on a dé- taillées ci-deffus. Apres avoir partagé ce domaine de ; 200 arpens en trois parties égales, pour faire trois corps de ferme, il n'eft queftion que de con- Fij 84 : PRAIRIES ftruire deux corps de bäti- mens, puilqu'il en a déja un pour faire valoir fon do- maine. Ces deux corps de bâtimens y compris l'achat des beftiaux & l’établifle- ment de la baffe-cour pour- ront revenir chacunà envi- ron 5000 liv. au plus, cequi ne fait que 10000 liv. pour mettre dans la plus haute valeur, & pour faire mon- ter jufqua 150000 liv. un domaine qui ne valoit tout au plus que 10 à 1200oliv. & qui ne rappoïtcit que $ à 600 liv. ARTIFICIELLES. 8 On voit par tout ces de- rails, qu'un particulier qui acheteroit des terres incul- ces en certaine quantité dans cette Champagne ftérile , à raifon de ; liv.environ l’ar- pent, senrichiroit confidé- rablement;, & que dans la fuppofition qu'il en achete- roit douze cens , il parvien- droit à faire un fond de 150000 liv au moins, en faifant des établiflemens de prairies & de bafle-cour pro- portionnément au befoin desterres. Fi 86 PRAIRIES D V0 Il y a quelques obferva- tions particulieres pour les autres terrains , Que CEUX de la Champagne. On 2 dit qu'avec des pa- turages proportionnés au beloin des beftiaux pour opérer lesamendemens con- venables, on étoit en état de faire monter à la plus haute valeur tout corps de ferme, toute efpéce de do- maine ; puifque la véri- table fcience de l'agricultu- | ARTIFICIELLES. 87. re ne confifte qu'à bien con- noître & à bien déterminer ces deux proportions. Cependant, il y a quel- ques différences à obferver, {elon la nature des terrains. On a vu ce qui fe doit pratiquer dans les terrains les plus fecs & les plus fté: riles , & que la proportion des prairies doit-être un quart du total des verres; parce qu'elle peut feule fournir à la nourriture des beftiaux, lefquels doivent être d'autant plus nombreux Fiv 88 PRAIRIES que les terres , plus ftériles ; exigent des engrais plus forts & plus confidérables. Dans les pays où les ter- res font bonnes ou médio- cres, les engrais doivent di- minuer à proportion de la médiocrité ou de la bonté de ces mêmes terres : ainfr, comme {ur un arpent de ter- re bonne ou médiocre, il ne faut qu'environ moitié de l'engrais qu'on donne à un arpent de terre feche & ftérile, il ne faudra qu'en- viron moitié des paturages ARTIFICIELLES. 89 dans ces mêmes endroits. La quantité des paturages {e- ra donc réglée fur ceque le Laboureur & le Proprié- taire jugeront néceflaire -pour l'entretien d'une baffe- cour , qui puifle tous les ans fournir les amendemens qui ont été prelcrits. Dans les pays médiocre- ment bons, sil ne s y trou- ve pas aflez de paturages, il fera facile d'y fuppléer par des fainfoins, créfles, ou lufernes, &c. Dans les pays gras où il 90 PRAIRIES sen trouve fufffamment , il ne fera queftion que de proportionner la bafle-cour au befoin des terres. En un mot, dans tout pays, dans tout canton, bon ou mauvais, ce fonc tou- gours les mêmes principes, les mêmes régles , & l'ap- plication en eff facile à tout Laboureur qui a le fens commun : tout fe réduit à des engrais proportionnés au befoin des terres , à des beftiaux proportionnés à la quantité des engrais, & à ARTIFICIELLES. 91 des prairies proportionnées à la quantité des beftiaux : voila route la magie de l'a- oriculture. XV. L On peut obferver que dans les pays de paturages, où les Fermiers & Labou- reurs ont facilement des be- ftiaux, un Propriétaire pour- roit s'exempter du foin & de la dépenfe de l'établiffe- ment d'une bafle-cour. Il lui fuffroit dans un renou- vellement de bail, d'aflu- ©62 : PRAIRIES jettir fon Fermier à avoir , a élever & entretenir une quantité fuffifante de be- ftiaux , pour que tous les ans il puifle amender le tiers de la roie qui fe trouve en bleds; & que dans fefpa- ce de neuf ans, qui eft le terme ordinaire de la durée des amendemens, c'eftà- dire, dansle courant defon bail, tout fon corps de Fer- me puifle être amendé. Au moyen de ces claufes, &au- tres qui ont été détaillées ci-deflus , tout fe réduiroic ARTIFICIELLES. 93 de la part du Propriétaire à faire les augmentations con- venables de bergeries, d’é- curies, & de granges, s'il en étoit beoin. Dans les pays médiocre- ment bons, où il peut fe trouver quelques paturages, un Propriétaire pourroit €n- core trouver la même faci- lité avec un Fermier qui fe chargeroit de monter la baf- {e-cour , telle qu'il la faut pour le renouvellement né- ceflaire des amendemens, en l'aflujetciffant à fuppléer 64 - PRAIRIES au défaut des paturages. Mais lorfqu'il ne trouvera point cette facilité, on croit avoir fufffammentdémontré com: bienil eft important & facile à tout Propriétaire de faire & d'ordonner les établiflemens de paturage & de bafle-cour qu'il peut enfuite louer & confier à fon Fermier. _ Ainfi, fans fe donner la peine de faire valoir, tout Propriétaire de telle condi- tion & celle état qu'il puifle être, dans tel pays & dans _ tel canton bon ou mauvais ARTIFICIELLES. 9$ que puifle être fitué {on do- maine, peut par lui-même ou par fon Fermier , fe pré- parer une baffe-cour qui lui procure tous les ans, des amendemens proportionnés au befoin de fes terres. XVIL L'agriculture ainfi exer- cée & pratiquée dans Îa Champagne, & dans les au- tres Provinces du Royaume, enrichiroit la Campagne, & tous les ouvriers & artifans qui l'habitent. 96 PRAIRIES Le Laboureur s'applique: roit davantage à la culture, il y feroit animé par les pro- duits confidérables qu'il ver- roit s'augmenter de plus en plus :il ne feroit plus que- tion d'un travail ingrat qui rebute & décourage les plus actifs & les plus induftrieux. Les enfans qui verroientve- nir l'abondance, ne feroient plus tentés d'abandonner la campagne , pour {e refugier dans les villes, en un mot, il en feroit de l'agriculture comme du commerce; ce- lui-ci ARTIFICIELLES. 07 lui-ci enrichit & peuple les villes : l'Agriculture enrichi- roit & peupleroit la campa- gne, & le Royaume en reti- reroit les plus grands avan- rages; puifque la force réelle d'un État, confifte eflentiel- lement dans la bonne cul- ture & dans la population , qui font la bafe & le fonde- ment de tout ce qu'un Gou- | vernement peut faire & en- treprendre. | + Enfin tous les impôts de taille, de capitation, d'indu- ftrie, de vingtiéme qui font G 93 PRAIRIES: aujourd’hui fi onereux, fe percevroient & fe païe- roient avec bien plus: de facilité : les milices & les corvées ne feroient plus fi à charge, puifque la po- pulation deviendroit beau. coup plus confidérable. Par la fuite des temps, de com: bien naugmenteroit - elle pas, étant l'effet néceflai- re & infaillible dé: labon:: dance & de la fertiliteer Le Royaume de France, qui eft {ous un climar fi heureux , deviendroit le’ plus puiflant ARTIFICIELLES. 99 & le plus formidable du monde entier.. ÉCLAIRCISSEMENT Sur les troifiéme & quatrie- me Arucles des Prai- res artificrelles. Quzrques PERSONNES, qui ont I ce petit Ouvra- ge, défirant en appliquer les principes à d'autres terreins que ceux pour lefquels il a été principalement defti- né, ont demande quelques dév eloppemens fur les Arti- | Gi] 100 PRAIRIES cles III &IV , concernant les engrais, & la proportion des prairies avec les beftiaux de la baffe-cour, d’où on tire les engrais. C’eft pour les fa- isfaire que nous faifons cet- ce addition, par laquelle on verra comment ce qui s'ex€- cute en Champagne, peut s'exécuter dans toutes les Provinces où il ya des ter- reins qui ont befoin du mé- me fécours pour être mis en pleine valeur. La fécondité des terres, dépend principalement de ARTIFICIELLES. 107 deux chofes, du labour & des engrais. Quoique le labour foit important, & qu'il foiceflen- iel de le bien faire; on ne pourra difconvenir que l’ar- ticle des engrais ne foit ce- lui qui mérite le plus d'at- tention,; tant parce que le laboureur n’a pas befoin d’a- vis fur la maniere de labou- rer, ni dexhortation pour l'encourager à le bien fai- re ; que parce qu'il cft tres- peu de terres, à qui le la- bour, quoi qu'on en die, fuf- G ii 102 ‘PRATRIES file pour en renouveller la fécondité. Comment peut-on con- cévoir , qu'un terrein qui fe couvre tous les ans d’une riche moiflon, ne s'épuile point avec le remps? Si c’eft le {ol même qui fournit les fels néccffaires à la végéta- tion, combien s'en emploie- t-il dans la production d'une {eule recolce? Et quel fond {era-t-il néceflaire de fuppo- {er , pour fournir toujours aux produétions qu'on exige avec la même abondance? ARTIFICIELLES. 103 L'air peut bien rapporter des {els avec les pluies. Mais l'ef- fetde l'air & de l’eau, eft bien plus encore de développer les {els où ils font, que de les porter où ils ne font pas. Il en eft de même de l'action du foleil : elle dégage les principes , elle met leurs refforts En liberté ; mais el- le ne changera jamais, non plus que l'air ni la pluie, les landes fablonneules en grafles prairies. La terre en général nerendquecequ'on lui a donné, & fi par halard G iv 104 PRAIRIES il eft quelque coin de ter- toir quine coute point den- grais à celui qui le cultive, cette terre privilégiée eft fans conféquence par fon peu détendue; ou elle eft fituée de maniere qu'elleré- pare fes pertes annuelles par l'avantage même de fa pofi- tion. Cette exception ne prouve donc rien contre le principe général de la né- ceflité & du renouvellement des engrais. Quant à la maniere dela- bourer, l'expérience ayant ARTIFICIELLES. 105$ appris au laboureur qu'une bonne culture faire à la pro- fondeur , & en la faifon con- venable, donne plus de fer- cilité, il fait ce que {on ter- rein exige. Ily a même fur cela une forte d’émularion gntre les laboureurs , qui rougiroient {1 leurs terres é- toient moins bien labourées qu'elles ne peuvent l'être ; ils favent connoître les temps, les années, les mo- mens pour labourer les dif- ferens cantons : les uns dans la fécherefle, les autres dans 106 (PRALRIVES letempsde pluie, les uns d'a bord, les autres plus tard, {e- lonlesexpofitions & les fitua- tions des lieux. Et quand il s'agit de femer, l'expérience {eule leur apprend à femer plus clair ou plus épais, felon que le grain eft gros ou me- nu, de bonne ou de médio- cre qualité, felon que la ter- re eft mieux ou moins bien préparée , que la faïfon ef plus ou moins favorable &c. _ Ce neferont donc point lés inftrutions nouvelles fur le labour & fur l'art de ARTIFICIELLES. 107 {emer , qui occafionneront de plus crands progres dans l'agriculture. Chaque pays a {a pratique locale & fes ufages confirmés par des é- preuves de temps immémo- rial&quiordinairementfont plus fürs, que les plus beaux raifonnemens de la théorie. _ Ainfi la principale étude du Culrivateur, qui raïfon- ne fur un terrein qu'il s'agit d'améliorer, doit fe rappor- rer à l'engrais, c'eft-à-di- re, aux moyens de fe le pro- curer en quantité fufifante, 108 “PRATRIES pour entretenir un corps de ferme dans la même valeur: Pour cela il faut 1°. faire attention à la durée des en- grais dansle lieudont ils agit. 2°. Combiner tellement la répartition de ces engrais, qu'ils foient renouvellés au erme précis où leur effet commence à s'affoiblir. 3°, Proportionner les en- grais annuels, aux befoins _ auf annuels des terres. La durée des engrais eft communément de 6 à 9 ans {elon les terreins. ARTIFICIELLES. 100 _ Silesengrais durent 6 ans, il les faut faire par année {ur un fixiéme des terres qui compolent un corps de fer- me; s'ils durent 9 ans, fur un neuviéme. Comme généralement parlant , tous les corps de fermes font partagés en trois tiers que nous avoñs défig- né par le nom de Rczes,dont une qu'on appelle Jachere, {e repole, la fixième partie fait exactement la moitié d'une roie, & la neuviéme le tiers. | 110 PRAIRIES S'il y a des pays où la cerre peut produire tous les ans, ces pays n'entrent point dans notre objet, qui eft uniquement de mettre en valeur la terre ftérile faute. d'engrais. : Ainfi dans un corps de fer me de 300 arpens où le ter- me des engrais feroit de fix ans, le tiers, ou laroie, étant de 100 arpens, ce“font so arpens, fur lefquels ilfaudra faire tous les ans des engrais. Il ne s'agira que d'environ 33 à 34, {ile terme des en- grais eft de 9 ans. * ARTIFICIELLES. 11# On doit obferver qu'il ne faudra guere moins d'en- grais fur ces 33 à 34 arpens que furles so ; puifque le terme de leur durée étant de 9 ans, ils doivent tou- jours être plus forts. Quoique dans lagricul- ture on emploie pour en- grais les tendres, les boues, les égouts, les terres nou- velles, les platras ou décom- brés de bâtimens , la marne &c; cependant les fumiers des beftiaux ; font d'un ufage plus général & plus facile, 112 PRAIRIES parce qu'ils font plus abon- dans, & qu'ils peuvent fe rapporter à toute forte de cerreins; quon les trouve chez foi & qu'on peut s'en procurer la quantité nécel- faire par le plus ou le moins de beftiaux, par le plus ou le moins de prairies. Il eft donc queftion, pour renouveller les engrais au beloin, d'en faire tous les ans ce qu'il en faut fur la moitié ou le tiers d’une roie: pour cela, il faut un certain nombre de beftiaux , & une certaine ARTIFICIELLES. 113 certaine quantité de prai- ries. | ÿ Avant que de determi- ner l'un & l’autre, il eft né- ceflaire d'obferver que quoi- que tous les terreins aient beloin d'engrais à la longue, ils ne les exigent pas tous dans la même quantité. Il y a des grains de terre à qui un leger engrais fufit. Com- me ces terroirs ont d'un cô- té peu de beloins, & de l'au- tre des herbages en quanti- té fuMifante, la terre même inftruit le laboureur. Il a H 114 PRAIRIES des beftiaux parce qu'il à des herbes, & des engrais parce qu'il a des beftiaux ; aufl\ ces pays ne font pas l'objet de cet ouvrage. Il y en a d'autres où le fable eft pur fur la furface de la terre: ce neft point enco- re notre objet. Quelqu'en- grais, quon y jete, biencôt les fucs détrempés par les pluies,ou brülés par l'ardeur du foleil concentrée dans le fable , s'évaporeront dans l'air, où feront tamifés à tra- vers le fable , & portés à une ARTIFICIELLES. Tif profondeur , d’où la charue ne pourra les rappeler. Quelquefois cependant lorfque la vraie terre qui a reçu de tout temps ce fuc criblé à travers le fable, fe trouve à fix pouces, un pied, ou un peu plus, de la furface, on peur, fi j ofe parler ainfi e- ventrer un champ d’un bout à l’autre, &repandre au-def- fus ce qui étoit au-deflous. Car l'attention merveilleufe de la nature eft telle , qu'el- le a placé prefque toujours le remède à côté du mal. Hij 16 PRAIRIES C'eft fous la terre glaifeu- {e qu'on trouve la marne qui refoud la glaife & la rend féconde; on trouve de mé- me fous le fable la terre glai- feufe qui lie le fable & qui peut lui donner la fertilité. Mais en France, où les bon- nes terres abondent, ou les médiocres ne demandent qu'à devenir bonnes avec quelques foins & peu de frais , nous n’en fommes pas encore aux fables. Quand les terreins plus fufceptibles d’a- mélioration feront en plei- ARTIFICIELLES. 117 ne valeur, alors l'induftrie pourra travailler fur les lan- des, & y porter les foins du pere de famille, quine laif- {e aucun coin de fon hérita- ge fans rapport. Travaillons donc à rendre & à entrete- nir bon ce qui eft médiocre, ou qui pourroit le devenir. Pour peu qu'on ait d'ufa- ge & d'expérience dans l'a- oriculture , on {çait ce qu'il faut de beftiaux & de prai- ries dans un pays, pour faire l'engrais de 9 ou 10 arpens; ainfi on peut juger de ce H ïïj | X#S , PPRATRÉRES qu'il faut de l'un & de l’au- tre, foit pour la moitié d'une roie, foit pour le tiers : iln'y à point de laboureur qui ne puifle le décider. Dans les pays ou la natu- re a donné des pâturages, fi la quantité déterminée {e trouve dans un corps de fer- me, il ne s'agira que de pro- portionner le nombre des beftiaux fur la quantité de l'engrais annuel. Si l'engrais dure 6 ans ; le Propriétaire fera des baux de 6 ans, aux termes def- ARTIFICIELLES. 119 quels tout le corps de ferme aura été fufifamment en- graiflé, par la feule précau- tion du bétail proportion- né aux engrais. Si le même engrais dure o ans, les baux aufli de 9 ans repondront, par la même fixation du nombre du bé- tail, du bon état des terres. Comme les voies les plus fimples, fur tout en fait de biensde campagne, fonttou- _joursles plus fures, & que les propriétaires, ordinairement habitans des villes, craignent | H iv 120 PRAIRIES dentrer dansles détails & plus encore de lesfuivre, il fufe qu'un Propriétaire ait fait | calculer une fois en fa vie, ce qu'il faut de pâturage à fa ferme, & ce qu'il fautde bétail , vaches, bœufs che: Vaux, moutons &c. pour fai- re les engrais : il {era afluré par le fimple coup d'œil de la baffe-cour, de tout ce qui {e fait pour la confervation ou l'amélioration de fon bien : c’eft le thermomètre de la métairie. Les étables | pleines lui diront que fes ARTIFICIELLES. 121 terres font grafles, que les ré- coltes font abondantes, que le fermier eftriche & que le maître {era payé comptant au jour de l'échéance, par- ce que tout git dans la baf- {e-cour : c'eft-elle qui donne les engrais & qui en aflure le renouvellement d’année en année : renouvellement qui eft la bafe de toutela- griculture : on ne fauroit trop appuicr fur cette idée, dont perfonne jufqu'à-pré- {ent n'a fait mention. Il ne s'agira donc que de 122 PRAIRIES calculer une bonne fois la quantité des beftiaux nécef- faires pour produire les en- grais demandés ; calcul qui doit varier {elon le dégré de bonté ou de médiocrité des terres; parce qu'il y a des cerreins qui demandent le double, d’autres le triple. Et cette quantité, qui ne peut être fixée en général, l’eft conftamment & nettement par l'expérience & par la pratique des laboureurs à la. quelle il faut abfolument sen tenir. ARTIFICIELLES. 123 Le fainfoin eft de toutes les plantes celle qui vient le plus facilement & qui con- vient le mieux aux beftiaux. La luferne & le trèfle exigent des terreins humides & qui {oient bons. C'eft au culti- vateur à voir celle qui pour- ra mieux réuflir, pour en fai- re ufage; il peut même, fi fon terrein le permet, em- ployer toutes ces efpéces dans {on établiflement de prairies pour diverfifier la nourriture des beftiaux. Si dans un corps de fer- me il {e trouvoit un cerrein 124 PRAIRIES affez humide pour y femer de l'herbe de prez, cet é tablifliement f{eroit encore bien avantageux. .. Comme le fainfoin réuf- fit très - facilement & pref- que par tout, on peut dire généralement quil n’y a point de corps de ferme où {on établiflement & {on en- cretien ne puiflent fe faire, & que puilqu'ils ont réuf fi en Champagne dans des rerres féches & maigres , ils pourront réuflir encore mieux dans toutes les autres provinces du Roïumes & ATAICLELIES. 125$ dans les pays qui font def. ticués de prairies, ou quinen ont pas aflez. Quand on fuppoferoit que dans un corps de fer- me il ne s'y trouveroit pas aflez de terres fufifamment bonnes pour former cet €- tabliffement dansla quanti- ténéceflaire indiquée ci-def- fus , il ne {e peut quil ne sen trouve quelques unes pour le commencer. Ce peu de bonne terre quon auroit mis en prai- riés, mettroit en état da- voir quelquesbeftiaux, quel- 126 APRAIRIBS ques engrais, dont on pro- fiteroit pour continuer & perfectionner {on établiffe- ment. Quand on y feroit parvenu, on fe trouveroiten état d'exécuter le renouvel- lement complet des engrais. Il ne s'agiroit que d'un ré- card qui ne doit pas décou- rager. On ne fuppolera point que dans un corps de ferme, tel qu'il foir, le fainfoin puif- {e manquer fur les meilleu- res terres , comme on ne” fuppofera point que dans un domaine fi mauvais qu'il ARTIFICIELLES 127 foit, lorfqu'il eft érigé en corps de ferme , on ne puif- fe y faire venir du bled. L'établiflement des en- grais par les prairies nous conduit à un autre avanta- ge confidérable. La culture {e fait ou avec des chevaux ou avec des bœufs. Les uns & les autres {eroient mieux nourris au moyen de ces établifiemens. On ne feroit plus dans la né- ceflité d'envoyer les bœufs à la pâture dans les bois après leur travail, on pourroit les renir renfermés & profiter 29. PRATRERES par ce moyen de leur fu- mier ; & les bois ne feroient plus endommagés par les dé- gats qu'ils y font en brout- tant la poufle nouvelle. Il y a plus: l'exploitation avec les bœufs n’aiant gé- ncralement lieu que fau- ce de fourages convenables aux chevaux, on pourroit préférer les chevaux, qui font beaucoup plus d'ouvra- ge, qui le font mieux, plus. vite, & qui n'ont pas be- {oin de deux conducteurs, à la charue. 3% à SECONDE æ 129 É gzS GENRE ip * PA AZ En . AS Lee + 4 | nina nana SE CONDE PARTIE. Moyen d’ encourager l'Apri- culture dans tout de Royaume. D Axs le petit Traité des Prairies Artificielles, on a donné le moyen qui peut être le plus genéralement & le plus urilement em- ployé, pour rendre l’Agri- culture floriffante. Ici il s’a- pit des moyens d'animer le Cultivateur,on & de lui pro- 130 PRAIRIES curer le falaire de fes “tra- vaux. % Car on a beat faire 7. | craités fur la maniere de per- fectionner l’agriculture; tant que le Gouvernementne la protegera point {péciale- ment, elle reftera. FACE telle qu'elle eft, c'eft-à- dire, qu'elle fera népligée dans une grande partie du Royaume. | L'agriculture eft le És le plus certain de: nos ‘ri- chefles réelles : on entcon- vient. | | ARTIFICIELEÉS. 135 Ce fond devient bientôt ftérile, {1 les produétions font à la chargé , & non au pro- fic: de celui qui le cultive; on en convient encore. L'exportation faite par lé commerce eft le feul remè- de à ceriniconvénient : cette croifiéme propolition n'eft pas moins évidente que les deux autres. Toute la difficulté fe ré: duit à favoir, fi ce remède ne {eroit point dangereux, & fujet à des inconvénients plus grahds que ceux dont ileltiéremede. .:2:43:100 63% ARATRIMS. Le Gouvernement par un Arrêt du Confeil du 1 7 Sep- tembre 1754, à authorilé dans l'intérieur du Royau- me, le commerce & le débit des bleds'parterre, & par les rivieres, de province à pro- vince, fans qu'il foit bé foin pour cet effet, d'obte- nir de pafleports , ni de per- miflons particulieres. L'ef- fet naturel de cette dilpofi- cion eft d'établir de proche en proche dans toutes les provinces du Royaume l'é- quilibre des prix & de l'a- bondance. ARTIFICIELLES. 133 Il faudroit que cet Arrêt fût converti en un Édit ir- revocable, & que cefüt un crime de toucher à une dif- polition {1 fage & f1 jufte ; puifqu’en effet les loix par- ciculieres font une entrepri- fe fur le droit que tous les Sujets ont également aux denrées effentielles pour la vie, & fur la foi publique, fur laquelle feule les mar- chands de grains peuvent employer leurs fonds. Un autre Édit, quiéten- droit le débit des grains juf- li. 134 PRAIRIES ques chez l'étranger, pro- curéroit aux laboureurs, & pareuxà l'Etac, des avanta- ges finguliers, & biçn fupe- rieurs à tout ce que peuvent produire les autres byan- Ghes du commerce. | L'exportarion maintenant le prix des bleds dans une valeur. raifonnable qui en- courageroit les cultivareurs, fans être aucunement char- -ge au peuple , enrichiroit les campagnes , augmenteroic ka populati On, qui fuit: tou- ‘jours l'abondance, : & ren- ARBLAICIELIMES 13$ droit la France le plus puif- {ant de tous les Royaumes du monde. Mais d'un autre côté , Li dée d'un peuple immenfe que, l'exportation pourroit expofer à, la difette, préfen- te une autre perfpectivé qui donne de l'inquiétude , & empêche qu'onne fe livreà l'idée de l'exportation. En deux, mots l'exportation eft néceflaire, mais. les. fuites peuvent en. être facheufes. I ya plus: fuppoféqu'on l'admerte, fera -c-elle libre Liv 136 ‘PRAIRIES. dans tous les temps & fans aucunes reftrictions > Sera- t-elle modifiée par le Gou- vernement felon les temps & les befoinsréels, ou pré- tendus réels du Royaume: Si le Gouvernement la modifie; nous retombons dans tous les inconvéniens des permifhons & des défen- {es particulieres. | Si elle eft libre en tout temps, & entierement af- franchie des loix particulie- res; ne peut-il point arri- ver que les marchands du ARTIFICIELLES. 137 Royaume, & ceux des païs étrangers , nous affament pour aller faire leur fortu- ne, a nos dépens, dans les pais circonvoifins ? A cet inconvénient on oppofe la concurrence , qui remédie à tout. La France très-fertile par elle-même, eft placée au centre de tous les pays, qui font fertiles _commecelle. La Sicile d’une part & la Barbarie lui ten- dent la main. De l’autre cô- té , l'Angleterre , la Hol- lande, les bleds du Nord ‘138 PRAIRIES. font à fa portée par la liai- {on des mers. L'exportation étant établie dans tous ces lieux, quand elle le fera de | même en France, on faura dans toute l'Europe où. fera le befoin : & la concurren- ce fera tous les eforts pof- fibles pour aller les foulager au plutôt, pourvü qu'aux frais du tran{port il {e ; joig- ne un gain modique fur la vente. | ésSnppolons, par de à qu à Dantzik &a Londres, le froment fe vende all ) ARTIFICIELLES. 139 de notre monoie, & que les frais de tranfport {oient de 4 liv. qu'on y joigne abv de gain {ur la vente, en tout 20 iv. Il n’eft point de Com- merçant qui ne fe hâte d'ap- porter du bled en France, -8t de prévenir,s'il le peut, 4 Anglois, les Hambourgeois ‘&:c. Le Marchand François qui aura calculé les récot- tes: de l'Europe & comparé iles prix , fera les emplettes ‘par fes correlpondans, & _tachera de prévenir encore es étrangers, pour avoir le 140 PRAIRIES gain du fécours apporté at moment du befoin. Paix où guerre, il nimporte : la guer- re füt-elle univerfelle, le commerce trouve des rou- tes, & parvient ou le gain l'appelle Nous venons de fuppo- {er la France dans lebeloin, il eft bien plus naturel de la fuppofer dans l'abondance, vû la bonté de fes terres, & l'avantage du climat. Quel argent elle tirera de fes voi- fins, qui préféreront {on bled à celui du Nord; par- ARTIFICIELLES, 141 ce qu'il eft meilleur, qu'ils l’auront à meilleur compte, &qu ileft plus proche d'eux. Voilà deux fuppofitionsdont la premiere prouve que l'ex- portation libre eft fans dan- ger ; la feconde qu'elle eft infiniment utile, & même qu elle eft néceffaire pour a- nimer le Cultivateur. Ce rai. fonnement paroît fans re- plique. Mais comme les raïfon- nemens n'ont point de pri- fes fur les ames allarmées, & quil eft permis de con- 142 PRAIRIES cevoir des allarmes , à la vue de 16 ou 18 millions d'hommes, à qui on ima- gine qu'on va enlever leur pain, prenons un milieu : _effayons de l'exportation : accordons lui la liberté peu- a-peu, & par dégrés, peñ. dant 4,5,6, 8, 10 années sille faut ; & quand l'expé- rience nous aura inftruit & rafluré, nous prendrons un parti fixe & conftamment déterminé. Pour faire certe effai, trois chofes paroiflent néceflai- ARTIFICIELLES. 143 res, la premiere eft de main- tenir rigoureufement Ja li- bérté du commerce inté- rieur de province à provin- ce. :La fecônde eft d’avoir un état à peu pres exact de routes les récoltes des pro- vinces du Royaume. La troi- fiéme, eft d'ouvrir quelques portes feulement du côté où les ‘provinces auront été a- bondantes en bleds, & d'ob- ferver la quantité des bleds quifortent,&de ceux quien- rent, à quel prix, & enquel temps ils forcent, à quel prix 144 PRAIRIES & en quel EEE ils entrent, Par la 1° operation, les provinces partageront tou- res également l'abondance ou la difette des bleds: ce qui eft de toute juftice , les citoyens étant tous. fre- res & enfans de la patrie : & de toute néceflité , pour remédier aux inconvéniens. qu'on pourroit craindre de l'exportation partielle. : … Par la 2", on faura de quel côté il faudra ouvrir les portes. | Par la 37%, verra l'es de ARTIFICIELLES. 14$ de l'exportation fur une par- tie : sil eft mauvais, tout le Royaume le partageant avec la province épuilée, l'épuifement fera peu fenfi- ble dans le lieu de l'exporta- tion : s’il eft bon & heu- _ reux; les provinces enrichies tireront des provinces cir- convoifines, & leur faifant part de leur gain, elles é- tendrontles fruits de l'ex- portation. ar Eat opération eft cen- fée faite par l'arrêt de 1754. N ne s'agit que de donner K 146 PRAIRIES. le moyen d'effectuer la 2" & de | Savoër combien de bleds en France. = Pour parvenir à favoir au jufte l'étar de la récolre de chaque annee, ileft un moyen bien fimple, & in- finiment plus sûr que tous les calculs géographiques , par lefquels on compte ce qu'on fuppole, & non ce qu'on a effectivement : : Ceft de favoir, quelle a été Ja le vée de la dixme en nature, ARTIFICIELLES. 147 dans routes les provinces & terroirs , dont eft compo- {é chaque généralité du Royaume. Par ce moyen, on aura la quantité des tas re- cueillis fur ces même tér- roirs.Îl ne s'agira plusque de {avoir ce que chacun de ces tas dé gerbes, aura pü ren- drecommunementen bleds, à raïon de la melure de chaque lieu. Pour comprendre la pof- fibilité & l'efhcacité de ce moyen, il faut favoir ce qui fe pratique dans toute l'é- K ij 48 PRAIRIES gendue du Royaume pour le paiement de, la dixme; & ce qui eft en ufage dans toutes les campagnes, chez tous les laboureurs, auflitôt apres la moiffon. Quand une moiflon ef coupée, on la mer en peti- tesbottes, ou gerbes. Enfui- te, on en fait des tas plus ou moins condiderables à raifon du paiement de la dixme. Car dans ce paie- ment, ily a plus ou moins fuivant l'ufage des lieux, “Si le paiement de la dix: ARMITIVIELTES. 140 me, eft à raïfon de la 11° de la 13%, ou de la 1e gerbe, les tas feront de 10° 12Ou 14 gerbes; & la ger- be de plus ft mife à côte du tas , pour être receuil- lie par le dixmeur. Ces tas font appellés dxuins, dou- 7ains, quatorzains &cC. Ainfi tous les tas de gér- bes, dans route l'étendue du Royaume, n'étant faits que pour rendre un compte €- xact à la dixmeïde toute la récolte, il s'enfuit que la quantité des cerbes qui {ont K ii, so PrAIRtES levées, doit être égaleà{a quantité de tas qui ont été faits ; par conféquent la fimple déclaration des dix- meurs, apprendra combien il y a eu de tas de gerbes fur chaque cerroir particulier. Il reftera à favoir ce que chacun de ces tas aura pü rendre de bleds, fuivant la melure du lieu. À peine les bleds font-ils enlevés & renfermés, que tous les habitans du lieu. favent cequon peut at. tendre de bledsde chaque ARTEFICHELLES. 198 cas. On fait par tout, fi un dixain rapportera 4, $,6 boifleaux ou plus. | Qu'on multiplie la fom- me des tas par le produit d'un d'eux, onale produit de tour un terroir. Par exemple, fuppofons que fur un terroir la le- vée de la dixme ait été de vingt-quatre mille gerbes, la quantité des dixains, douzains ou quatorzains, au- ra donc été néceflairement du même nombre. Suppo- {ons en même temps que la K iv 1$2 PRAIRIES mefure du lieu: c’eft-à-dire ‘tes eptler , {oit du poids de 140 liv. ;f1 le quatorzain qui y cft en ufage pour le paie- ment de la dixme rend com- munément deux quartels , c'eftà-dire la moîtié de ce feptier , il s'enfuivra que les vingt-quatre mille qua- torzains , produiront douze mille pété) du poids de 140 liv. En rapportant cet-. te mefure à celle de Paris, qui eft plus forte, & qui eft du poids de 240liv. étant compolée de cinq cinquié- ARTIFICIELLES. 1f4 mes de plus; ces douze-mil- le feptiers , n'en feront que {ept mille, à raifon de cette mefure de Paris. Voilà les deux points dont il sagit de s'affurer, pour a- voir au jufte la quantité des bleds de la récolre. . On s'aflurera du premier point, par le procès verbal des dixmeurs, affirmé par celui qui receuille les dix- _ mes, & qui cit ordinaire- _meñt un des plus honnêtes- hommes du lieu ; par la rai- {on qu'il eft choiïfi par la 154 PRAIRIES communauté même, pour juger à l'occafion dechaque. tas ,entre le Décimateur & le Laboureur. Quant au fecond article, on le faura par le procès ver- bal aufli affirme des trois an- ciens laboureurs, & du Syn- dic, par devant le Juge du Jde Il n'y aura point à dou- ter de la vérité du fecond procès verbal, qui ne con- tiendra que ce qui fera {ü du dernier habitant de chaque village. ARTIFICIELLES. 155$ S'il y avoit à craindre d'é- tre trompé. dans le 1%; il n'eft pas à craindre que ce {oit en plus. Les gens de la campagne nont garde de oroflir leurs richeffes dans la crainte d'attirer {ur eux une augmentation d'impôts. La déclaration {eroit donc fau- tive en moins; c'eft-à-dire , qu'elle porteroit moins de bleds qu'il n'y en a efe@i- veément. Mais 1°. cette erreur eft favorable à ceux qui craig- nent les fuites de l'exporta- tion ; puifqu'il s'enfuit qu'il F;e "PRAFTRIES 1 y auroit plus de bleds qu'on ne croiroit en avoir , & par confequent moins de dan- ger d'exporter. o Pour obliger le dix- meur à donner jufte le vrai état qu'on lui demande, on pourroit lui oppoler un vé- rificateur, dont on tireroit encore un procès verbal, af- firmé pardevant le Juge du lieu. Onne peu mieux le trou- ver, qu'en faifant choix du Mblfez- pour dreffer de fon côte , un état de tout les tas de BchbEE froment ou. fr / ARTIFICIELLES. 1657 gle, qui auront été faits fur {on terroir, dont le nom- bre doitnéceflairement qua- drer avec celui des gerbes de la levée de la dixme. _ C’eft un ufage dans tout leRoyaume, qu'iln ya point de Communauté, point de térroir qui, outre les dix- meurs, n'ait encore un garde qu'on appelle Meffier; (a) (a) Dans la fuppoftion qu'une Com- munauté n’auroit pas de Meffier , elle feroit tenue de nommer tous les ans en fon lieu & place, pour le temps de la moiflon feulement, un habi- tant qui ne feroit que manouvrier , & qui ne feroit pas laboureur. Pour engager & intérefler le Mef- fier ou celui qui le remplaceroir, & le 158 PRAIRIES dont la fonction confifte à garder les bleds &lesmars, pendanttoutel'année, & d’é- tré continuellement fur le cerroir, furtout dans le temps de la moiflon. | Dimeur , à donner chacun de leur cô- té , un état vrai, il conviéndroit de les favorifer d’une exemption de taille & de capitation. | N'étant l’ün & lautre par leur état que des manouvriers , quel tort pour- roic faire leur exemiption, en re- tombant fur la communauté, qui fe- roit tenue de la remplir ? La taille & 4 capitation d’un mañouvtier à la | campagne , n'eft que de cinquante fols ou un écu; & le fervice importänt qu’ils rendroient l’un & l'autrea l'Etat & à l’agriculture, pourroient-ils faire héfiter de leut accorder d’aufli modi- ques éxemptions. ARTIFICIELLES. 19 Ces trois états ou procès verbaux, feroient exigés par une ordonnance expreffe du Confeil, laquelle ne bleffe: roit nullement les gens dela campagne; parce quele Con- {eil auroit la précaution d'en indiquer le motif, difant que {a Majefté, |_ par une atten- tion paternelle pour {es peu- ples, & voulant procurer au laboureur un jufte falaire de {estravaux, & à l'artifan pau- vre , {on pain, à un prix rai- { TETE veut qu'on lui ren- de compte des productions 560 PRAIRIES de chaque terroir en. fro- ment ou fcigle, qui font les deux efpèces de bleds {er vant à la nourriture ordinai- re de l'homme, afin de ré: gler le commerce extérieur, {elon le beloin de {es Fe jets. Cemotif annoncé au Dr ne des Paroifles, intérefle- roit bientôt le: Labo enié à ceque la déclaration {oit fai | ce felon l'exacte vérité, {ur- tout dans les endroits, où l'Agriculture languit faute de débouché. 4 38 Il ARTIFICIELLES. 161 Il eft inutile de faire voir comment on pourroit rap- porter le produit général de chaque terroir à la mefure de Paris: c'eft une opéra- tion qui É nf trait de plume, lorfqu'on aura l’état des mefures de cha- que province. I I. Comment on peut Juger des effets de l'exportation li- bre par ceux de l’exporta- tion limitée. Il y a deux moyens de limiter l'exportation des E 162 PRAIRIES bleds, l'un rélative aux lieux, l'autre à la quantité : c'eft-à- dire ,qu'on peut permettre, ou d'exporter de certaines provinces feulement, fans li- miter la quantité du bled qu'il fera permis d'exporter; ou limiter la quantité feule- ment fans déterminer lés provinces d'où le bled fera M tire. Exportation limitée par la quantité. Voici comme on peut la Concevoir. On fait par l’article pre- L MRTIFICIENLES. 163 cédent, combien il y a de bleds dans le Royaume : on fait par l'expérience qu il faut trois feptiers, mefure de Paris, pour la nourriture de chaque homme en France. Dans la fuppofition qu'il y ait r6 millions d'hommes S ce font 48 millions de fep- tiers, froment ou feigle , qu L faut par année, peus leur" fubfiftance. Qu on fré- duife cette quantité à 4, ,à caufe de l'orge, & autres menus grains dontle pauvre Le nourrit dans certaines pro- MIHCES. à + Li 164 PRAIRIES En partant d’une récolte abondante, qui donneroit bien au-delà de ce qu'il faut pour nourrir le Royaume , on commenceroit par lever fur la récolte, 45 millions de feptiers, pour nourrir la nation pendant l'année’; 2°. 10 millions environ de 6 tiers, tant pour les femen- ces que pour les déchets des provifions; 3°. poür la HR | précaution contre une an- née médiocre ou de difette, s millions de feptiers, en. rout 60 millions. | ATIFICIELLES. 165$ Nous bornons la provi- fion de précaution, à $ mil- lions ; parce qu'il n'arrive point que la recolte man- que cotalement dans tout un Royaumetel quela Fran- ce; & qu'un plus grand a- provifionnement de précau. tion, pourroit embarrafler le commerce, & par confé- quent diminuer les avanta- oes de l'agriculture. La fup- pofition de l'Europe, de l’A- fie, &del' Afrique fans bieds eft une chimère qu'il {eroic ridicule de combattre. Bor- Liüj 166 PRAIRIES | nons-nous donc à $ millions de fepriers. Il y a même lieu de croite que l'expérience | réduira peu-à-peu cette pro- vifion,& qu'elle l'amenera à rien, parce qu'elle fera dé. montrée aufli inutile qu'em- barraffante. Ces rélerves faites, il fuit que l'exportation ne pourra être permife dans cette pré- miere année , que pour ce qui excéderoit cette quan- tité. | Dans les années fuivan- tes, on fe régleroit fur le. ARTIFICIELLES. 167 même fiftême , avec cette différence, que la provifion de précaution qu'on auroit d’ avance , feroit exportée, avec | Pare de la récolte de l'année courante, juf- qua ce qu'une année mé- diocre , ou de diferte eùt em- ployé cette même provifion. Par exemple qu'en1758, on recucille en France 6; millions de fepriers de bleds: l'exportation fera de $ mil- lions. Qu'en l'année 17$9; fai- lance attention à Ja variété TLiv 169 ‘PRAIRIES des recoltes, dont la diffé- rence eft quelque fois con- fidérable d'une année à l'au- re. il n'yait qu'une recolte de {oixante millions de {ep- tiers ; 1] y aura encore cinq millions d’excédent pour l'exportation, à caufe des cingmillions de la provi- fion de précaution prife {u la précédente recolte de l'année 1758, & remplacée {ur celle de 1359. Quen 1760, il n'y ait _ qu'une recolte de $5 mil- ® lions defepriers; alors, pour ARTIFICIELLES. 169 avoir toujours complets les 5 millions de précaution, l'exportation fera nulle. Ain- {1 l'exportation hauflera & baiffera fuivant les recoltes & elle n'aura pas lieu quand la recolte ne fera pas au-def- fus de $ $ millions;parce que ces 5; millions de recol- te, joints aux ç millions de referve , ne conftitueront que la quantité jufte des 60 millions néceflaires pour la nourriture & pour Les femen- ces annuelles du Royaume : & cependant dans ce cas, # 190 JPRAIRLES +- qui {era aflez rare, la Na tion feroit encore nourrie par elle-même , fans le fe- cours du commerce. L'exportation ne recom- menceroit que quand la re- colte excéderoit 60 millions de feptiers, & n'auroit lieu Qqu'autant que cette quanti- té {e trouveroit complette. Mais dans le temps de di- fette , où l'exportation n'au- roit pas lieu, on fent bien que l'entrée des bleds étran- gers feroit permile jufquà un certain dégrée , ne füt-ce ARTIFICIELLES. 191 que pour raflurer les efprits timides , ou pour remplir quelques lacunes occafion- nées par la négligence, ou même pour avoir une ref- {ource de plus en cas de be- loin imprévu. L'exportation ainfi bte, ne tombe plus que fur un fuperflu à charge au labou- reur, & nuifiblea l'agricul- ture, ‘si on porte ce fuperflu chez l'étranger, le labou- reur {e ranime par l'afluran- ce du débit. Il n'y a plusen France de canton, & même 17%. PRAIRIES : de province embarraffée de {es bleds, toute la campa- gne devient riche , parce que l'induftrie eft doublée _par le concert du Commer- çant avec le laboureur. Pour s'aflurer que l'ex- portation n'excéderoit pas la quantité déterminée pour la fureté des peuples, il ne s'agiroit que de mettre un droit leger par fac, fur rous les grains qui for-. tiroient du Royaume. . Ce droit, qui ne feroit pas aflez confiderable pourempêcher : ARTIFICIELLES. 173 l'exportation, ni pour la diminuer , feroit un moyen pour inftruire le Gouverne- ment de toutes les enlevées qui {e feroienc, & pour le mettre en état d'arrêter l’ex- portation , quand il verroit qu'elle auroit enlevé ce qui lui avoit été deftiné. Il y a à toutes les portes du Royaume, foit du côté de la mer, foit du côté du continent, des Bureaux pour les droits d’entrée&defortie. | Ces mêmes Bureaux, au moyen de quelques deniers 174 PRAIRIES par livre, pourroient per- cevoir ce droit {ur la traite des bleds. On les obligeroit d'envoyer tous les huit jours un état figné & certifié, qui contiendroit la datte des chargemens jour par jour, la nature des grains qui au- roient été embarqués , enfin leur quantité, qu'on connoi- croit par l'état même des droits qui auroient éte per- ÇUS. Par cet arrangement, on fauroit d'un trait de plume la maffe totale des bleds dans L.. 4 … : ARTIFICIELLES. r7$ tout le Royaume, & on pourroit à tous les inftans, ouvrir ou fermer les portes avecuneconnoiflance infini- ment plus certaine que cel- le qu'on en a lorfqu'on n'en juge que par le prix cou- rant des bleds : (a) quel fpé- sn À (a) Independamment de l'utilité de ces états & procès verbaux, pour favoir à quoi on pourra s’en tenir {ur l'exportation , ils ferviroient enco- re à raflurer le Gouvernement dans les temps de -difette ; puifque pat leur moyen , on faura où font les bleds, & combien il y en à. _ Le mal, quand ces difettes arri- “vent , provient autant de ce défaut de connoiffance que de celui des recol- tes ; l'expérience ayant toujours fait 176 PRAIRIES culateur eft aflez prévoyant pour juger par le prix des grains en mars 1758, dece qu'il vaudra en Juin ou Juil- let 1759? Quand il feroit poflible qu'il le prévit , quel miniftre feroit aflez hardi , pour rifquer fur cette fpé- culation , le pain & la vie de feize millions d'hommes? On demande où {eront placées ces provifions ? IL {ufit qu'elles foient dans le voir, que dans les plus grandes difet- tes, 11 y avoit autant de bleds en France, qu’il en falloit pour la fubfi- ftance des peuples. Royaume, Rérrte Hs ee 177. Royaume. La crainte d'une importation étrangère, ne manquera pas de le faire paroïître au moment du be- {oin. Qui les ardt juiqu'au temps du befoin ? Le mar- chand lui-même, qui fera in- téreflé plus que perfonne à conferver fes bleds, bons & fains, fous peine de. perdre fes fonds s'il les néglige, & _avec l'affurance de pouvoir les exporter avantageule- ment en cas d'abondance, ou deles vendre avec un pa- | M 178 PRAIRIES | reil avantage dans leRoyau- _me même en cas dediferte. Le commerce des bleds fe faifant au dehors & au dedans avec la même liber- té, l'induftrie & l’activité en- richiroient les marchands, & leur concurrence les em- pécheroit toujours de s’en- richir trop aux dépens du peuple. Ils ne feront plus de ces fortunes rapides, ti- rées.de la difette extrêmedes peuples. Ils ne gagneront plus 100 pour 100, coim- me ils ont fait quelquefois. ARTIFICIELLES. 179 La concurrence les réduira au gain modefte des autres Commerçans ; & sil y a des fortunes fubites à faire, comme il y Chaura quelque fois, elles feront toujours la recompenfedecelui quiaura été le plus prompt à don- _ nerdufecours aux provincés fouffrantes. Toute la fonction du Gou- vernement {e réduira donc, à permettre, à fufpendre, à graduer, à modifier les ex- portations, felon le contenu des procès verbaux, & état M ij 180 PRAIRIES ci-deflus, & à maintenir dans intérieur du Royaume le commerce libre des bleds. Car une feule loi particulie- re, contraire à l'arrêt du Con- {eil du 7 Septembre 1754, détruiroit la confiance dans tout le Royaume, fappe- roit le commerce des bleds par les fondements, & du même coup, ruineroit tous les progres de l’agriculture. Exportauon limitée : par les Lieux. L'autre moyen que nousa- vons propolé , eft de limiter ARTIFICIELLES. 198r l'exportation par les lieux. L'état des recoltes de l’an- née par province, apprend au Gouvernement , quel- les font les provinces qui a- bondent en bleds. On pour- roit apres le calcul fait de la fomme totale des bleds du Royaume, ouvrir une ou deux portes, du côté des provinces où il y a abon- dance , & tenit regiftre de tout ce qu'il {ort ou qu'il en- re de bleds parces portes. On verroir 1°. le bled à un prix plus haut, qu'il ne M 182 PRarRIES l'auroit été fans P exporta- ion; parce que la denrée diminuant de quantité, el- leaugmente néceffairemenct de prix. Let On verroit 2°. l'argent des commerçans étrangers Ou autres, fe répandre chez le laboureur, & avec l'ar- gent l'aifance & leredouble- ment de l'induftrie, par la raifon que plus le laboureur eft riche, plusileft en état de cultiver. On verroit 3°. les pro- vinces qui font à portée, ARTIFICIELLES. 183 verfer peu-à-peu leur trop plein, dans la province d'où fe fait l'exportation, & par- rager avec elle le profit que fait le laboureur, en ven- dant à l'étranger. Car celles qui font éloignées, ne pour- roient pas, fans augmenter confidérablement le prix du bled, à caufe des frais du tran{port, porter leurs bleds dans la province qui expor- te; ainfi la province expor- tante, n'attireroit les bleds _que d’une certaine diftance. On verroit 4°. que ces enle- M iv 184 PRAIRIES vemens, ne fe feroient que depuis la Saint Martin , ju. qu'aux environs de Pâques; parce qu'a Paques la recol. te sannonce, & s explique d'une façon ou d'une autre. Si elle promet peu, ceux qui ont du bled à vendre le {er- rent , pour le vendre plus cher dans un autre temps; {1 elle promet beaucoup , le marchand ne fe foucie point de faire de grofles emplet- » parce qu'il cfpere que f prix des bleds diminue- ra lorfque la recolte fera _ ARTIFICIELLES. 185$ arrivée, ainfi, plus ou peu de vente. On verroit $° comment la province exportante, fup- polé qu'elle fe trouvât épui- fée, pourroit être nourrie, par la concurrence. Nous a- vons dit, que nous fuppo- fions l'Arrêt du Confeil de 1754, exécute dans fon en- tier, par rapport au com- merce de province à pro- vince. Une augmentation du prix des bleds, capable de payer les frais de tranf- port, avec un leger bénéfice 186 PRAIRIES de furplus , feroit plus que fiffante pour attirer dans la province épuifée , tous les bleds du Royaume; du moins pour leur faire faire un mouvement enfa faveur. Suppofons que ce foit la Pi- cardie qui fouffre , & qu'on y vende dans les trois der- niers mois qui précédent la moiflon , 1 $ liv. le bled qui y auroit été vendu ro liv. dans le temps des enlevées. Si le bled eft à ro liv. en Champagne , à 8 liv. en Bourgogne , & que le com- ARTIFICIELLES. 18-> merçant foit libre de-tranf. porter fon bled par tout où il lui plaira; le bled de Rheims, de Chaalons, de Vitry , arrivera à Soiflons , celui de Langres defcendra à Vitry & à Chaalons, celui de Bourgogne, viendra à Langres, peut-être même que celui qui a été vendu reviendra au lieu de fon cru. Siceftun marchand étran- ger qui le rapporte, rout l'in- convénient eft derendre une partie du gain qu'on avoit fait fur lui, fi c'eft un mar- 188 PRAIRIES chand François, c’eft une circulation de plus qu'ilya. _eu dans les efpéces; ce n'eft que l'effet naturel & ordi- naire de tous les autres gen- res de concurrence. Peut-être même verra- t-on en peu de femaines | cette province regorger par la concurrence des com- merçans du dehors & du de- dans , que l'appas du gain aura attirés de toutes parts; de maniere qu'un befoin momentané fera comblé de lécours {uperflus, que les ÂRTIFICIELLES. 1839 frais de reportage forceront de laifler dans l'endroit où ils auront été apportés. La fpéculation prélente à l'efprit, cette fuite naturelle de la liberté de l'importa- tion , auflhi bien que de l'ex- portation. Mais on n’en veut croire que l'expérien- ce. Il faut donc avoir ré- cours à elle pour affurer l'ef- fer que la théorie promet, | & y avoir recours au plutôe, afin de jouir plutôt des biens renfermés dans ces mêmes promeffes. Il ne faut pour 190 PRAIRIES ‘aire cet eflai, que de lat- tention & de l'exactitude. Pendant que le Gouver- nement fera cette expérien- ce, ceux qui feront chargés de la'‘faire, auront le temps de perfectionner, d'étendre, d'aflurer leurs idées’ & leurs “connoiflances, par rapport aux recolres annuelles dans le Royaume, & dans lés autres pays , où le commer- ce des bleds peut avoir lieu, {oit pour acheter, foit pour véndre. Ils établiront les correfpondances néceffaires ARTIFICIELLES ‘ot pour comparer les produ- ctions & les beloins de tou- ces les parties de l'Europe encre elles, & de l'Afrique & de l'Amérique avec l'Eu- rope. Ils auront des états certains de ce que le com- merce des bléds a valu ou produit aux différentes na- cions qui l'auront fait. Ils verront les vices locaux de notre agriculture, & met- tront le Gouvernement en état d'y remédier. ÆEnun mot, afluré par l'ex périence que l'exportation 192. PRAIRIES fe fait toujours avec de grands avantages, & tou- Jours avec de petits incon- véniens , le Gouvernement _ pourra ouvrir, d'année en année, de nouvelles portes > PTE les ouvrir toutes; s'il le juge à propos, pour lai. {er aller & venir en toute li- berté, le commerçant Fran- çois ou Étranger fans diftin=- Ction. Afluré d'ailleurs com- me on le fera, par la bonté & l'étendue du {ol de Fran- ce, & par l'ardeur & l’indu- ftrie du laboureur François, qui ARTIFICIELLES. 193 qui fera triplée par les grands avantages de l'expor- tation, qu'il n'y a point de Royaume dans le monde qui produile tant de bleds; on en conclura par une con- féquence évidente, qu'il n'y a point de pays dans tout l'Univers, qui doive retirer un plus grand avantage de l'exportation des bleds, ni qui doive en reflentir moins d'inconvéniens. ES $ | 194 PRAIRIES RÉ EEE OBITECFION Contre le fiftême de l Auteur des Prairies artificielles. O N eft convenu que ri fiftêème des engrais, & de leur renouvellement dans les temps convenables, é- toit fondé fur les vrais prin- cipes de l'agriculture. Mais on a dit, que la maniére de procéder, telle que l'Auteur des prairies artificielles la propole, étoittrop lente, & qu'elle rejettoit trop loin la ARTIFICIELLES. 195$ recompenfe dûe au travail du laboureur. Reponfe. sn on propole un autre Syftème plus prompt, & qui {oit auffi für, aufli peu cou- teux , & ok per à la por- tée sn Propriétaires & des Fermiers, dont la principa- le Due eft le travail ; on en convient, riens eft fans replique. Car il ne s'agit pas ici de ce que peut faire un ri- che Financier, qui comman- dera à une plaine fablon- Nij 196 PRAIRIES neule de fe convertir en grafle prairie, & qui fera obéi fur le champ ; parce qu'il aura la force d'appla- nir les montagnes , & de combler les vallées. On parle de Citoyens peu aifés, qui ont plus de vo- lonté que de moyens, & qui pofledent par héritage des fonds médiocres, que leur _ ont laiflé leurs peres, & que le malheur des temps, joint au défaut de culture, a ren- du ftériles. On parle d'une Noblefle ARTIFICIELLES. 197 pauvre; qui, plus occupée de la gloire que de la for- tune, a négligé les moiflons de fa feigneurie, pour aller au loin cueillir des lauriers , & qui aujourdhui trouve dans {a pauvreté même, un obftacle invincible à fes gé- néreux fentimens. Ces deux clafles de Cul- tivateurs, entre les mains defquels eft la plus grande Pc des terres qui reftent à cultiver, fonc celles que doivent avoir en vue, ceux qui propolent des moyens Niij 198 PRAIRIES d'augmenter, & de perfec- tionner l'Agriculture dans le Royaume; & par conféquent ces moyens doivent être proportionnés, à leur. état & à leur foiblefte. S'ils le font ; ilsauront le double avantage de pouvoir étre exécutés également, par les petits & par les grands, avec cette feule différence, que les petits épargneront l'argent en y mettant plus de temps; & que les grands - - épargnerontle temps, s'ils le veulent. en y mettant plus d'argent. ARTIFICIELLES. 199 Suppofons une terre de | « 400 arpeñs à mettre en va- leur. Le Cultivateur riche, qui n'a qu'à puiler dans fon coffre fort , peut dés la pre- miere année , {emer, s'il le veut, 100 arpens defainfoin. Il peut acheter 300 brebis ou moutons, so vaches ou bœufs, douze chevaux de labour , & faire batir de quoi loger cette brillante bafle-cour. Il peut acheter fans attendre fesrecoltes, la quantité de paille & de fou- rage néceflaire pour la nour- 1 Na 200 PRAIRIES rir &lui faire de la litiere : c'eftunargent qu'il place; le fumier qui proviendra jour- nellement de cette bafle- cour nombreule, fe repan- dant abondamment fur fes rerres. Au bout de l'année, il recueillera avec ufure , le produit des fonds qu'il aura employées. Rien n'eftimpof- fible, tout eft aïfé à ceux qui font du fumier avec de l'or, pour faire de l'or avec du fumier. Ces cultivateurs puiffans , ont à peine befoin de méthode & d’induftrie ; ARTIFICIELLES. 01 uand la nature n'obéit pas, ils favent la fubjuguer. Il n'en eft pas ainfi du cultivateur pauvre, qui eft le principal objet de l'Au- teur des Prairies artificielles. Il faut lui donner le moyen de créer; c'eft-à-dire , de faire quelque chofe de rien. Il commence avec peu, & prend fur {on travail, fur fa peine , fur fa patience, ce que le riche prend dans fa bourfe. Ilfeme avec timidité un arpent de fainfoin , dont il recueille foigneufement 102 ‘PRAIRIE la graine pour enfemer trois. ou quatre l'année fuivante. Haunedouzaine demoutons ou brebis, dont il éleve les agNEAUX ; trois à quatre va- ches au plus, dont il fevre les veaux : voilà toutes fes. cfpérances & tous{esmoiens de parvenir. Il combine l'accroifle- ment de fa prairie avec ce- lui de fa bafle-cour. L'u- ne & l'autre, s'augmentent: comme de concert, & par la même gradation, c'eft: du temps feul, qu'il. efpere: ARTIFICIELLES. 103 & quil attend les progres de fa petite fortune. Si les fuccès repondent à fes foins & à fon induftrie. il jouira déja un peu vers la 4 ou ÿ année :ilne fcra pas encore dans la grande abondance; maisilne fera plus dans l’ex- trême pauvreté. S'il trouve {es progres trop lents, ilne tiendra qu'à lui de les hâter, en prenant fur ce qu'il a dé- ja amañé, dequoi acheter ce qui manque à {a bafle-cour & à fa prairie pour les ren- dre completes , & arriver 204 PRAIRIES par ce moyen enfix ans ; au plus en huit, au terme qui Jui étoit promis au bout de douze. Par ce moyen les Cultivateurs qui trouveront dans fon plan plus de temps qu'ilsn'en demandent pour exécuter {es idées, féront les maîtres de l'abreger. Ce que l'Auteur des Prai- ries artificielles a dit, étant un fiftême général, ila du s’écendre par préférence fur les articles qui fembloient les plus difhciles à exécuter, & qui demandoient par cet- ARTIFICIELLES. 20$ ce raïlon plus d'éclaircifle- mens. Il n'eft point de fiftême général d'agriculture, qui doive être fuivià la lettre, & dans tous fes points. Cha- que terroir a fes propriétés & {es différences , qui de- mandent des modifications particulieres. C'eft à ceux qui veulent employer les idées générales qu'on leur _préfente, a faire des reftri- étions, des exceptions, des diftinctions ; {elon les lieux, les terreins, les expofitions, 106 PRAIRIES&C. &felon les débouchés quon a dans chaque pays, pour. le débit des productions ; en un mot, c’eft au laboureur même à être l'inerprete des livres où on lui donne a théorie de fa profeflion. FIN. BR R AT À Page 129 , derniere ligne, on & de lui, effacez on. Page 144 , ligne 16 , par la 3%. verta , life7 on verra. Der ERRATSA. P Age 30 ligne 2, 100 lifez 400. Ibid. dern. lign. 100 , ff 400. Pag. 39 ; lign. 9,empècha, Zf. empèchera Pag. 40 , lign. 6 ,favorifer a , ôtez à. Pag. 123, gn. 3, & ceux, ôtez &, t FR R : + “ a ES nés ut, LE dore dant à à gr mer s EE pare die ne Eee TOUL 057764430