H PRECIS DE CHIRURGIE VÉTÉRINAIR I VNATOMIE CHIRURC ET LA MÉDECINE PARIS ÉDrnTK JOHNA.SEAVERNS iMHHIWIHItUUlHU 3 9090 014 531 4C t*r- Webs. ■ i;3rary of Veterinary Medicine Cummini r Veterinary Medicine at rtboro Road North Grafton, MA 01 536 ^& Librairie de P. ASSELIN. Place de l"École-de-Médecine. RECUEIL MÉDECINE VÉTÉRINAIRE Journal CONSACRÉ A L'ÉTUDE & AUX PROGRÉS DE LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE ET DES SCIENCES OUI s"ï RATTACHENT ET AUX INTÉRÊTS PROFESSIONNELS Paraissant le 15 et le 80 de chaque mois el publié sons la direction île M. H. BOULEY Membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, Inspecteur général des Écoles vétérinaires de France', Secrétaire général de la Société centrale de médecine vétérinaire \\ EC LE CONCOI IIS HE AIM. BAILLET, Professeur d'hygiène, de zoologie, de bo- tanique et d'extérieur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort ; BENJAMIN père, Vétérinaire à Paris, Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire; BENJAMIN Henri), A'étérinaire à Paris, Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire ; BOULEY (Dr P.). Vétérinaire à Pans ; GHAUVEAU, Directeur de l'Ecole vétérinaire de Lyon ; GHUCHU, ex-Chef de service de l'École d'Alfort, Vé- térinaire à Paris ; ViARNIER (L.), Licencié en droit, A'étérinaire à Paris; LARCHER (IF 0.), Lauréat de l'Institut et de l'Aca- démie de médecine, Membre et secrétaire annuel de la Société centrale de médecine vétérinaire; LAVOCAT, Directeur de l'École vétérinaire de Tou- louse ; MAGNE, ancien Directeur de l'École d'Alfort; MATHIEU, .Membre de la Société centrale de méde- cine vétérinaire ; MEGNIN, Vétérinaire militaire, Lauréat de l'Institut; MENARD (St-Vves), Sous-Directeur du Jardin d'accli- matation, Professeur de zootechnie à l'École cen- trale : PRUDHOMME, ex-Chef de service des hôpitaux à l'É- cole d'Alfort ; RAYMOND D'), Interne et médaille d'or des hôpi- taux de Paris, ex-Chef de service d'anatomie à l'É- cole d'Alfort; RENAULT (Léon), Député, Avocat à la Cour .l'appel de Paris ; ROBIN D1 Albert;, ex-Interne des hôpitaux de l'aris, Lauréat de l'institut ; SIGNOL, Vétérinaire à Paris, Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire ; TABOURIN, ancien Professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon ; VEYSSIÈRE ib'), ancien Interne des hôpitaux de Pa lis. Lauréat de l'Institut; WEBER, Vétérinaire à l'aris, Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire ; ZUNDEL, Vétérinaire à Strasbourg, Secrétaire 'le la Société vétérinaire d'Alsace. MODE DE PUBLICATION Le Recueil de Médecine vétérinaire parait deux fois par mois par cahiers de is à 64 pages d'impression, et tonne, à la fin de l'année, un très- fort volume in-8. Il contient in-extenso le Bulletin des Séances de la Société centrale de Médecine vétérinaire. PRIX DE L'ABONNEMENT : j l?"" f*1"*?'. " f 5< ' ! Pour les départements. ÎO fr. Librairie de P. ASSELIN, Place de TÉcole-rte-Médecine. AGENDA -FORMULAIRE DU VÉTÉRINAIRE PRATICIEN Pour 1877 CONTENANT 1" MATIÈRE MÉDICALE, POSOLOGIE ET FORMULAIRE ; 2" NOMENCLATURE, CLASSIFICATION ET DEGRÉ D'ACTIVITÉ COMPARATIVE DES MÉ- DICAMENTS, par M. Taboubin, professeur à l'École vétérinaire de Lyon ; 3" MÉMORIAL THÉRAPEUTIQUE, par M. Trasbot, professeur de clinique à l'École vétéri- naire d'Alfort; SUIVI DE MODÈLES DE RAPPORTS ET CERTIFICATS Rédigés par MM. H. BOILEY, DELAFOND, RENAULT, etc. ET COMME PRINCIPAUX RENSEIGNEMENTS : 1" Les Écoles vétérinaires d'Alfort, de Lyon et de Toulouse, avec le nouveau Pro- gramme d'admission pour les élèves civils et militaires dans ces mêmes Écoles; 2° Le Programme pour l'admission à l'emploi d'aide-vétérinaire stagiaire à l'École de cavalerie de Saumur; 3° La Liste des Vétérinaires civils de France, par ordre alphabétique et par dé- partement; 4° La Liste des Vétérinaires militaires ; Le tout précédé d'un CALENDRIER A DEUX JOURS PAR PAGE Sur lequel on peut inscrire ses visites et prendre des noies PRIX, FRANC DE PORT DANS TOUTE LA FRANCK ET L'ALGÉRIE 1" Cartonné à l'anglaise 2 fr. » 2° Arrangé de façon à pouvoir être mis dans une trousse ou portefeuille 2 » 3° Relié en portefeuille, avec patte et crayon 3 75 4° L'Agenda dans un beau portefeuille en chagrin 6 » NOTA. Cet Agenda paraît au mois de décembre de chaque année et sert pour Tannée suivante. BOTANIQUE AGRICOLE ET MÉDICALE OU ÉTUDE DES PLANTES QUI INTÉRESSENT PRINCIPALEMENT LES MÉDECINS, LES VÉTÉRINAIRES ET LES AGRICULTEURS Accompagnée de 155 planches représentant plus de 900 figures intercalées dans le texte Par H.-J.-A. RODET, directeur de l'École vétérinaire de Lyon. 2e édition, revue et considérablement augmentée Avec la collaboration de C. BAILLF.T, professeur d'hygiène, de zoologie et de botanique à l'Ecole vétérinaire d'Alfort. UN TRÈS-FORT VOLUME IN-8 DE PLUS DE 1,100 PAGES, CARTONNÉ A L'ANGLAISE, 1872. 17 FR. COURS DE BOTANIQUE ÉLÉMENTAIRE COMPRENANT l'Anatomie, l'Organographie, la Physiologie, la Géographie, la Pathologie et la Taxonomie des Plantes Suivi d'un VOCABULAIRE des mots techniques le plus généralement usités dans la description des piaules Par M. RODET, Directeur-professeur à l'École vétérinaire de Lyon TROISIÈME ÉDITION, REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE, AVEC LA. COLLABORATION De M. E. MUSSAT, Professeur de botanique à l'École de Grignon 1 vol. gr. in-18, avec 3il fig. intercalées dans le texte; cartonné à l'anglaise., 1874 7 fr. 50 PRECIS CHIRURGIE VÉTÉRINAIRE >.: . - c »rbi u,. ryp. i>i -i-r. 'le i ai ri ^c=g>^- PRECIS CHIRURGIE VÉTÉRINAIRE in M Ml KN A.NT L'ANATOMIE CHIRURGICALE LA MEDECINE OPÉRATOIRE PEUCIÏ chef de service de clinique et [>£ chirurgi1 \ l'école vétérikaire de lyon TOUSSAINT PROFESSEUR d'àNATOMU IT DE PHYSIOLOGIE \ l'école vétérinaire dé toi loi s TOME DEUXIEME PARIS P. ASSELIN, LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE Place de l'École-de-Médecine 1877 Droits de traduction réservés AVERTISSEMENT Le second volume «lu Précis de chirurgie vétérinaire termine cet ouvrage et renferme, avec une partie du livre III, toutes les opérations spéciales qu'on pratique suc nos animaux domestiques. — Il contient, en outre, «les considérations pathologiques som- maires pour l'interprétation raisonnée des indications. J'aurais pu restreindre ma tâche et me borner, par exemple, à énumérer les indications et a étudier le manuel opératoire, comme le font la plupart dos auteurs de chirurgie humaine. Mais il m'a paru utile de faire précéder l'étude de certaines opérations de celle des caractères principaux des maladies qui les réclament, notamment pour les entorses, les luxations, les fractures, la phlébite de la jugulaire, les hernies. Il en a été de même pour les opérations de pied dont la description est étroitement liée à celle des maladies de cet organe. Si j'ai élargi le cadre de la médecine opératoire sous quelques rapports, j'ai dû, à l'exemple des auteurs de chirurgie humaine VI AVERTISSEMENT. passer sous silence une des parties de la chirurgie : l'obstétrique. — Cette branche de ta science a l'ail l'objel du remarquable ou- vrage de M. le professeur Saint-Cyr, publié en 1875, où toutes les questions d'obstétrique sont étudiées de la manière la plus complète et avec la plus grande clarté. F. PEUCII. Mai 1877. TABLE DES MATIERES DU SECOND VOLUME Avertissement vi. DEUXIÈME PARTIE MÉDECINE OPÉRATOIRE LIVRE TROISIEME (suite) CHAPITRE IX. — Ablation des tumeurs I Art. 1. — De l' ablation in;s tumeurs en générai l g 1 . — Excision I A. — — avec le bistouri 1 B. — — avec l'écraseur linéaire de Chassaignac 3 C. — — avec les ciseaux courbes ;► § 2. — Ligature en masse ;> 1° — simple 5. 2" — multiples G 3° — — sous-cutanées 8 § 3. — Ligature élastique 10 Valeur pratique des différents procédés de ligature 10 S 4. — Arrachement 11 g 5. — Ponction 11 Art. 2. — ■ De l'ablation des polypes 12 A. — Polypes des cavités nasales 12 H. — — des sinus maxillaires 1 i C. — — de l'arrière-bouche 15 1). — — du vagin , 1,\ Art. 3. — De la périostotomie 10 CHAPITRE X. — Des plaies par armes à feu et de l'extraction des corps étrangers 18 1° Plaies produites par les plombs de chasse 1S 2° — déterminées par les balles, les boulets, etc , 1S g 1 . — Moyens d'exploration l y g 2. — Extraction des projectiles et des corps étrangers 21 Pinces à extraction 22 Tire-fonds 22 VIII TABLE DES MATIERES. Débridement '22 Séton 23 CHAPITRE XI. — Des entorses 23 \MT. I. — DES ENTORSES EN GÉNÉRAI 23 Étiologie 24 Symptômes ... 25 Traitement 26 \lil. 2. — DES ENTORSES EN PARTICULIER 20 § 1 . — Écart de l'épaule 2G Symptômes 28 Causes 30 \ lia loin ic pathologique - 32 Pronostic 34 Traitement 3 £ 2. — De l'écart de la clisse 38 Étiologie 3'.) Symptômes . . . . 40 Pronostic il Traitement il J 3. — Entorse dorso-lombairf. 42 Symptômes 42 Étiologie 13 Anatomie pathologique 44 Diagnostic 45 Pronostic ... 46 Traitement 46 § 4. — De l'effort de boulet 4 8 Étiologie 48 Symptômes 49 Pronostic 51 Traitement 51 CHAPITRE \II. — Des luxations 54 Art. 1. — Des luxations en général 54 Étiologie 55 Anatomie pathologique 57 Signes et diagnostic 60 Complications et suites 63 Diagnostic différentiel 64 Pronostic 64 Traitement 65 \kt. 2. — Des luxations en particulier 66 § 1. — Luxation de la mâchoire inférieure 66 '' § 2. — — des vertèbres <>7 Luxation atloïdo-occipitale 67 S 3. — Luxation axoïdo-atloïdienne 69 § 4. — Déviation de l'encolure simulant une luxation.- "2 Étiologie , 72 Symptômes 73 Pronostic 73 Nature de la lésion. — Anatomie pathologique 73 Traitement 78 § 5. — Luxation scapulo-humérale 80 Étiologie 80 Symptômes 80 Diagnostic différentiel 81 TABLE DES MATIERES. IX Pronostic 81 ^ Traitement 82 § .j bis. — Luxation huméro-radiale 85 Etiologie 85 Symptômes. — Diagnostic 86 Pronostic 87 Traitement 88 g 6. — Luxation coxo-fémorale 91 Etiologie. — Anatomie pathologique 02 Symptômes 94 Diagnostic différentiel 90 Marche. — Terminaisons. — Complications , 97 Pronostic 99 Traitement 99 S 7 . — Luxation de la rotule 101 Causes 101 Symptômes. — Diagnostic 102 Diagnostic différentiel 104 Pronostic 105 Traitement 105 g 8. — Luxation du jarret 108 g 9. — Luxation du boulet , . 110 Etiologie 110 Symptômes 112 Pronostic 112 Traitement 113 CHAPITRE XIII. — Des fractures 115 Art. 1. — Des fractures en générai 1 15 Etiologie 115 Symptômes 118 Pronostic 120 Traitement 121 Art. 2. — Fractures de la tète 1-30 g 1 . — Fractures des os du crâne 1 30 g 2. — Fractures des cornes 131 Symptômes 132 Contention 133 Appareil Coculet 134 g 3. — Fractures des os de la face et de la mâchoire supérieure 136 g 4. — Fractures des petits sus-maxillaires 1 37 g 5. — Fractures delà mâchoire inférieure 139 Fractures du corps du maxillaire, près de la symphyse 139 — du col et des branches 139 Appareil de Barthélémy 140 Bandage de Cros 140 Appareil de Changeux 140 — de Marrel 141 Contention par les fils métalliques 142 — par des bandelettes agglutinatives 143 g 6 . — Fractures de l'hyoïde 144 Art. 3. — Fractures des vertèbres 145 a. — — des apophyses 145 b. — — des corps vertébraux 146 c. — — du sacrum et des vertèbres coccygiennes 146 TABLE DES MATIERES. Irt. 4. — Fractures des côtes 147 \ltï '. 5. — — DES MEMBRES 148 1. — — DU SCAPULUM 148 2. — — DE l'humérus 151 3. — du cubitus 155 4. — i>i radius 157 5. — — du coxai 159 G. — — du fémur ICI 7. — — DE I.A ROTULE 162 8. — — DU TIBIA . . . 163 9. — — DU MÉTATARSE ET Dl MÉTACARPE . . . 16(i ï 10. — — DES PHALANGES 167 A . — — de la première phalange 167 B. — de l*os de la couronne et de l'os du pied .... 168 LIVRE QUATRIÈME OPÉHATIONS SPÉCIALES SECTION PREMIÈRE OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LA TÊTE Cil \ PITRE PREMIER. — De la trépanation 169 Indications 169 Instruments 170 Dispositions anatomiques des sinus chez le cheval 172 Lieux d'élection ; lieux de nécessité 174 Manuel opératoire 176 Pansement. — Soins consécutifs 178 CHAPITRE II. — Opérations qui se pratiquent sur les dents 179 Art. 1. — Opérations sir les incisives, chez le cheval 179 SI. — Resection des incisives 179 § 2. — Évulsion des incisives 180 \ i; i . 2. — Opérations sur les dents molaires I so s, 1 . — Nivellement des arcades dentaires 181 S 2. — Résection des dents molaires 1 80 S ;i. — Évulsion des dents molaires 189 \. — Extraction § 2. — Extraction 2 1 5 Appréciation . . 217 Soins consécutifs. — Accidents 217 Art. 5. — Extirpation du globe oculaire 218 Application d'un œil artificiel 218 CHAPITRE IV. — Amputation des cornes 219 Dispositions ahatomiques 219 Manuel opératoire 220 Accidents 221 CHAPITRE V. — Amputation des oreilles 222 § I . — Chez le cheval 222 _-! . — Amputation partielle 222 B. — totale 22:» §2. — Chez le chien 220 Soins consécutifs "227 CHAPITRE VI. - Hyovertébrotomie '228 Indications 228 XII TABLE DES MATIÈRES. Mode opératoire 231 A. — Ponction par la partie supérieure de la poche 231 Lieu de la ponction 231 Instruments 232 Fixation de l'animal - 232 Manuel opératoire 232 Suites • 234 B. _ Ponction par la partie moyenne ou par la partie inférieure de la poche ■*"*> (,_ _ Exploration des poches gutturales par les trompes d'Eustache 230 SECTION DEUXIÈME OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ENCOLURE CHAPITRE PREMIER. — Trachéotomie 237 Anatomie de la région. — Lieu d'élection 238 Fixation de l'animal 239 Instruments • 240 § 1. — De la trachéotomie provisoire 240 1° Procédé par excision de la moitié de deux cerceaux 240 2» — par incision longitudinale 241 3" — — entre deux cerceaux ... 243 § 2. — Trachéotomie permanente 244 Tube à ressort Damoiseau 245 — Leblanc 245 — Demilly :47 Rrogniez 247 — Renault 247 Prangé 248 — Reynal 249 Charlier 249 Vachette 250 Peuch 251 — Imlin 253 — Trasbot 253 Accidents 253 CHAPITRE H. — Opération de la phlébite de la jugulaire 257 Caractère général de la phlébite 257 Phlébite adhésive 257 — suppurative 258 — hémorrhagique 259 Traitement de la phlébite adhésive 260 Réfrigérants 260 Cautérisation par le fer rouge 260 Trai/ei/n nt de la phlébite suppurative 261 Expectation 261 Débridement simple 261 Injections 261 Débridement suivi de l'emploi d'une mèche de séton 261 Débridement de la listule intra-veineuse dans toute son étendue 262 Extirpation de la veine jugulaire 263 Traitement delà phlébite hémorrhagique... 2Gi TABLE DES MATIÈRES. XIII Suture entortillée '.Gi — enchevillée 264 Ligature de la jugulaire 265 Manuel opératoire 265 CHAPITRE III. — Opérations qui se pratiquent sur l'œsophage 267 Art. 1 . — Cathétérisme de l'oesophage 267 Anatomie de la région 267 Instruments 268 Fixation de ranimai. — Manuel opératoire 269 Art 2. — Manoeuvres a employer dans le cas de jabot 269 Taxis. — Propulsion dans l'estomac 270 Art. 3. — Des manoeuvres opératoires a mettre en usage quand des corps étrangers se sont arrêtés dans l' oesophage 2*2 1 ° Taxis extérieur et extraction par la bouche 273 2° Propulsion dans l'estomac 278 3° Écrasement du corps étranger 280 4° OEsophagotomie 280 Indications, contre-indications 280 Anatomie de la région 282 Lieu d'élection. — Lieu de nécessité 283 Instruments 283 Fixation de l'animal. — Manuel opératoire 28 » Soins consécutifs. — Accidents 285 SECTION TROISIEME OPERATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LA POITRINE ET L'ABDOMEN CHAPITRE PREMIER. — Thoracentése 287 § 1 . — Thoracentése chez le cheval 288 Indications 288 Lieu d'élection 288 Instruments. — Fixation dé l'animal. — Manuel opératoire. 2S!> Quantité de liquide à extraire 290 Soins consécutifs 290 § 2. — Thoracentése chez le chien 291 CHAPITRE IL - Paracentèse 292 Indications 292 Lieu d'élection 292 Manuel opératoire 292 CHAPITRE III. — Ponction de l'intestin 294 Indications 294 Anatomie de la région. — Lieu d'élection 295 Instruments 296 Fixation de l'animal. — Manuel opératoire 298 Soins consécutifs 298 Effets 299 Accidents 299 CHAPITRE IV. — Ponction et incision du rumen 301 § 1. — Ponction du rumen 301 Anatomie de la région. — Lieu d'élection 301 Instruments : 302 Fixation de l'animal 303 MV TABLE DES MATIERES. Manuel opératoire 303 Soins consécutifs 303 Accidents 303 § 2. — Incision nr rumen 304 Il WMTRE V. — Des hernies 306 \UT. |. — Division ET CARACTÈRES ANATOMO-PATHOLÔGIQUES 1HCS HERNIES 300 \ ut. 2. — Des hernies inguinales chez les solipêdes 309 § I. — Des hernies inguinales récentes 311 Causes 311 Symptômes 311 Pronostic 313 Traitement 313 ( Taxis sous-cutané, médiat ou indirect 315 / Taxis direct 316 Débridement /ht collet de la gaine vaginale ou opération de la her- nie étranglée 317 Instruments 318 Fixation de l'animal. — Manuel opératoire 318 Herniotomie sous-cutanée 323 Phénomènes consécutifs. — Accidents 323 s, 2. — Des hernies inguinales anciennes ou chroniques 325 Causes 325 Symptômes 325 Complications - 326 Pronostic 327 Traitement 327 Réduction. — Manuel opératoire 328 \i; i . 3. — Des hernies ombilicales 329 Étiologie. 330 Symptômes. — Diagnostic 330 Pronostic 331 Traitement 33 1 Bandages 332 Bandage Marlot 332 — Massiera 332 — Delamare 333 Avantages et inconvénients 333 Règles ii .saiire /mai1 le traitement de la hernie ombilicale par les méthodes chirurgicales pi opremint dites 334 Choix de la saison 334 État sanitaire des animaux 335 Préparation et fixation de l'animal , 335 Compression du sac herniaire 336 I. — Ligature en masse du sac herniaire 336 H. — Procédé de compression par les casseaux 337 C. — — par la pince de Bordonnat ? 338 />. — — par la presse ombilicale «le Marlot 338 Sutures 339 .'1. — Suture enclie\ illée 339 li. — — entortillée 339 C. — — de Delavigne 3-10 /). — Procédé Mangot 340 E. — — Ha ni on ;iil F.— — Renard 341 TABLE DES MATIÈRES. XV G. — Procédé Mignon 342 //. — — Marlot 342 Phénomènes consécutifs aux différents procédés de compression ou de suture du sac herniaire 343 Méthode de traitement des exomphales par les topiques 344 A. — Procédé par l'acide azotique 344 Manuel opératoire 345 Soins consécutifs 347 B. — Procédé par le chromate neutre de potasse 347 C. — Autres procédés 349 Emploi du sinapisme 349 Injections adjacentes sous-cutanées i Dr Luton) 350 Art. 4. — Hernies ventrales . . . 351 Étiologie 351 Symptômes. — Diagnostic 352 Pronostic 352 Traitement 353 ' Réduction. — Contention 353 Art. 5. — Éventration 354 Étiologie 354 Symptômes 354 Traitement 355 Réduction. — Contention 355 Art. 6. — Des hernies diaphragmatiques 355 Étiologie 355 Symptômes des hernies diaphragmatiques récentes 357 — — chroniques 35K Caractères anatomo-pathologiques des hernies diaphragmatiques récentes et anciennes 359 Pronostic . 360 Traitement 360 SECTION QUATRIEME OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES ORGANES GÉNIT0-URINA1RES CHAPITRE PREMIER. — De l'amputation du pénis 381 § 1 . — Amputation du pénis chez le cheval 361 A. — Ligature . 361 B. — — élastique 362 C. — Ablation par le bistouri 362 D. — — par ratissement , 364 E. — Écrasement linéaire 364 F. — Cautérisation par le fer rouge 365 § 2. — Amputation du pénis chez le chien 365 CHAPITRE II. — Cathétérisme de l'urèthre 366 § 1 . — Cathétérisme chez le cheval 367 Instruments 367 Manuel opératoire . . 367 Accidents 369 § 2. — Cathétérisme chez la jument 369 CHAPITRE III. — Des opérations employées pour extraire ou bri- ser les calculs vésicaux 370 Pkich et Toussaint'. — Chirurgie. H. 0 XVI TABLE DES MATIERES. Art. I . — Uréthrotomie 370 Indications 3*0 § 1. — Uréthrotomie chez le chevai 370 Instruments 379 Fixation de l'animal 372 Manuel opératoire 373 Suites 374 Extraction des calculs uréthraux ou des dépôts sédimenteux de la vessie chez les femelles ; 375 § 2. — Uréthrotomie chez le boeuf 375 h. — Uréthrotomie ischiale 375 //. — Uréthrotomie scrotalc 377 Suites 378 S 3. — Cathétérisme et uréthrotomie chez le bélier 378 1° Dépôts sédimenteux dans l'urèthre .... 379 2° Magma terreux accumulé dans la vessie 379 Art. 2. — Cystotomie 380 Anatomie de la région 380 Instruments. . 380 Fixation de l'animal. 381 Manuel opératoire 381 Appréciation 381 Art. 3. — Lithotritie ... 382 Instruments 382 Position à donner au sujet 382 Manuel opératoire 384 Soins consécutifs 386 CHAPITRE IV. — Castration 386 A. — CASTRATION DES MALES 386 g 1 . — Indications 386 g 2. — Conditions favorables a l'opération 387 Castration des monodactyles 388 A. — Age auquel il convient de pratiquer la castratio 388 /?. — Fixation de l'animal 389 C — Méthodes opératoires 391 Art. 1. — Méthode par les casseaux , 391 § 1. — Instruments 391 Casseaux . 391 Casseau Brault 392 — Thierry 393 Pince ordinaire 393 Étau pour serrer les casseaux 394 Pinces Brault (modèle Salles) 395 § 2. — Manuel opératoire 396 a. — Procédé à testicules couverts 396 b. — — à testicules découverts 401 Procédé Bouillard 402 g 3. — Enlèvement des casseaux 404 A ht. 2. — Méthode par ligature 404 § 1. — Premier procédé. — Ligature a testicules couverts 405 § 2. — Deuxième procédé. — Ligature a testicules découverts 405 S 3. — Troisième procédé. — Ligature de l'artère testiculaire 406 S 4. — Ligature élastique 406 Art. 3. — Méthode par la torsion 407 TABLE DES MATIERES. XVII § J. — Procédés de torsion au-dessus de l'épididyme 407 Premier procédé ou torsion avec les mains , 407 Deuxième procédé ou torsion bornée 408 Manuel de l'opération 412 Procédé Brault 413 §2. — Procédés de torsion au-dessous de l'épididyme 414 Premier procédé ou torsion avec les mains 414 Deuxième procédé ou torsion limitée 414 Art. 4. — Méthode par arrachement 414 Art. 5. — Méthode par le feu 414 Instruments 414 Manuel de l'opération 416 Art. 6. — Méthode par l'écrasement linéaire. 417 Art. 7. — Méthode par uatissement 418 Manuel opératoire 418 Art. 8. — Méthode par excision simple 418 Art. 9. — Méthode par le bistournage 419 Age convenable 420 Fixation de l'animal 420 Manuel opératoire 423 a. — Procédé Lamarclie 426 //. — — décrit par J. Gourdon 427 C. — — Serres 427 d. — — Lelièvre 429 Résultats anatomiques de l'opération 430 Appréciation. — Difficultés. — Contre-indications 431 Art. 10. — Soins a donner aux animaux qui ont subi la castration 432 Art. 11. — Phénomènes consécutifs a la castration 432 Art. IV. — Examen comparatif des différents procédés de castration 434 Art. 13. — Accidents qui peuvent être consécutifs a la castration 437 1° Coliques 437 2° Hémorrhagie '. 437 3° Amaurose 440 4° Engorgement œdémateux des bourses 440 5" Gangrène.. 440 6° Abcès des bourses 441 7n Champignon 441 Causes 4i 1 Anatomie pathologique 443 Symptômes et pronostic 443 A . — Champignon extra-scrotal 443 B. — Champignon sous-cutané 443 1 » Champignon extra-inguinal 444 2° — intra-inguinal 444 3" — intra-abdominal 444 Traitement 445 Casseau 446 Ligature 446 — élastique • • • 448 Écrasement linéaire 448 Cautérisation 449 8° Fistules du scrotum 450 9° Hernie inguinale • 450 10° Péritonite 451 XVIII TABLE DES MATIÈRES. I 1" Tétanos i5o Castration des didactyles 454 A. — Agi; auquel il convient de pratiquer la castration 454 H. — Contention du sujet a opérer 455 C. — Méthodes opératoires 455 \ HT 1 . — BlSTOURNAGE ., 455 Manuel opératoire . 457 Difficultés. — Modifications du manuel opératoire 4G1 Suites de l'opération 402 Vin. ?. — Martelage 463 Appareil d'instruments 463 Manuel opératoire 464 Effets 464 Accidents , 465 Art. 3. — Castration a l'aiguille 465 Manuel opératoire 465 Procédé Serres 465 — Chiquot-Fontenillc 466 — Vatel 466 \rt. i. — Castration par les casseaux 466 1° Casseaux appliqués sur le cordon 467 2° — — sur les enveloppes 467 Autre procédé. — Écrasement sous-cutané temporaire de l'artère testicu- laire 468 Art. 5. — Examen comparatif des procédés de castration du taureau 469 Vht. 6. — Castration des petits ruminants 471 1° Excision simple, arrachement, torsion 471 2° Bistournage 472 3° Fouettage 472 4" Martelage 475 De la castration du verrat, (ta chien, 'ta chat et du lapin 477 Castration des animaux cryptorchides 478 Causes de la cryptorchidie 479 Caractères des animaux cryptorchides 480 Inconvénients présentés par les animaux cryptorchides 480 ?! I . — Castration des cryptorchides dans l'espèce chevaline 481 Instruments 481 Manuel opératoire 482 A. — Castration du cheval affecté de cryptorchidie inguinale 482 B. — — — — — abdominale 482 Premier procédé. — Castration par l'incision du flanc 482 Deuxième procédé. — Castration par l'incision de l'abdomen, près de l'anneau inguinal 484 Troisième procédé. — Castration par la perforation du trajet inguinal 484 Effets et soins consécutifs 486 g 2. — Castration des cryptorchides dans les espèces bovine, ovine et por- cine ...< 487 B. — CASTRATIC^ DES FEMELLES 488 \nr. I. — Castration de la vache 488 SI. — Effets, utilité et indications 489 Influence sur la sécrétion du lait 489 — sur l'engraissement 489 — sur le caractère et la santé 490 Essais défavorables , 490 TABLE DES MATIERES. XIX Conditions favorables à la pratique de l'opération 491 g 2. — Dispositions anatomiques des organes de la génération chez la vache 492 1° Vagin 492 2° Utérus 492 3° Ligaments larges 493 4° Ovaire 494 g 3. — Opération par la méthode vaginale 494 Lieu d'élection 494 Soins préliminaires 49S A. — Procédé Charlier '. 495 1" Appareil instrumental 495 2° Manuel de l'opération 501 U. — Procédé Colin 505 1° Instruments ........ 505 2° Manuel opératoire 505 C. — Autres procédés 509 a. — Ligature 509 6. — Écrasement linéaire 509 c . — Cautérisation par le fer rouge 510 D. — Circonstances anormales pouvant modifier l'opération 510 E. — Valeur comparative des divers procédés de castration 511 § 4. — Opération par incision du flanc 512 1 ° Fixation de l'animal 512 2" Incision du liane 513 3" Ablation des ovaires. ... 513 £ 5, — Suites de l'opération. — Soins consécutifs. — accidents ... 513 Art. 2. — Castration de la jument 515 1° Indications 515 2° Age favorable. — Soins préliminaires 516 3° Disposition anatomique de l'appareil génital 510 4" Manuel de l'opération 516 5° Soins consécutifs 518 6° Accidents a 19 Aiit. 3. — Castration des petites femelles domestiques 519 g 1 . — Castration de la truie 519 Indications. — Age convenable 519 Disposition anatomique de l'appareil génital 520 Opération 521 a. — Instruments 521 //. — Manuel opératoire 521 1" Castration des truies très-jeunes 521 2" — — Agées 523 Difficultés de l'opération . . . . ,'.-.«. 524 Soins consécutifs. — ■ Accidents 525 g 2. — Castration de la chienne 527 Indications 527 Disposition anatomique de l'appareil génital 527 Manuel opératoire 528 Castration des oiseaux de basse-cour 529 § 1 . — De LA CASTRATION des oiseaux MALES 529 1° Disposition anatomique de l'appareil testicuiaire 529 2° Manuel opératoire 531 S 2. Castration des oiseaux femelles . . 533 XX TAULE DES MATIÈRES. Vnatomie de la région 535 Manuel opératoire 535 CHAPITRE V. — Bouclement des femelles 53G Fixation de l'animal 53G Manuel opératoire -^36 a. — Procédé par les anneaux 537 b. — — par le grillage 537 Inconvénients 538 ' SECTION CINQUIEME DES OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES RÉGIONS COGGYGIENNE ET ANALE. CHAPITRE PREMIER. — Amputation de la queue 538 § 1. — Amputation de la queue chez le cheval 538 Manuel opératoire 539 I. — Préparation de la queue et des crins. 539 II. — Amputation 539 III. — Arrêt de I'hémorrhagie 542 Soins consécutifs 543 Suites de l'opération. — Accidents . 543 § \ — Amputation de la queue chez le mouton et le chien 544 CHAPITRE II. — Opération de la queue à l'anglaise 545 g 1 . — Soins préliminaires 546 a. — Mise à la poulie 547 h. — Fixation de la queue sur l'animal 547 §2. — Anatomie de la région 550 g 3. — Manuel de l'opération 550 a. — Fixation de l'animal 550 //. — Méthodes opératoires 551 1° Méthode par incisions transversales 551 2° — de Vatel 555 3° — de Delafond 555 V — de Bernard 555 5" — de Brogniez 55G 6" — de Wichmann 557 appréciation 557 S 4. — Soins CONSÉCUTIFS 557 S 5. — Accidents 559 CM VPITRE III. — Des opérations qui se pratiquent dans la région anale 5G3 Art. i . — Du renversement du rectum 563 1" Procidence 72 c. — Fixation de l'animal. — Hémostase temporaire 573 I. — Division des parties molles 573 a. — Méthode circulaire 573 A. — — à lambeaux 574 II. — Section de l'os ou des liens articulaires 575 III. — Arrêt de l'hèmorrhagie 576 Pansement après les amputations 576 g 3. — De quelques amputations en particulier 577 I. — Désarticulation scapulo-liumérale 577 II. — — du boulet 578 III. — Amputation de la deuxième phalange 579 IV. — — de doigts surnuméraires 580 V. — De l'éjointage des oiseaux 581 CHAPITRE II. — Du déplacement de l'ischio-tibial externe chez les ruminants et de l'opération qu'il nécessite 582 Causes 583 Symptômes 583 Section de Tischio-tibial externe 58 i Procédé Dorfeuille 584 — Castex 584 — Cruzel 585 — Bernard 585 — Ringuet 586 — Lafosse 587 — Boiteau ■• 587 Choix du procédé 588 Soins consécutifs ••• 589 Accidents 589 CHAPITRE III. - Ténotomies tarsiennes et sus-carpienne 590 § I . — Ténotomies tarsiennes 590 I. — Section de la brandie cunéenne du tibio -pré-métatarsien 590 II. — Section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges 593 g 2. - Ténotomie sus-carpienne 594 Ténotomie chez le chien. . . 595 — sur les ailes des oiseaux ... 590 CHAPITRE IV. — Ténotomie plantaire 596 1" Indications et contre-indications 596 2" Manuel opératoire 598 a. — Lieu d'élection , 598 //. — Ferrure préalable 598 c. — Procédé Rernard . . . , • 599 ,/. _ _ de M. H. Rouley 599 e . — Section du ligament suspenseur du boulet 601 XXII TABLE DES MATIÈRES. 3" Soins généraux et complémentaires 602 4° Accidents 603 CHAPITRE V. — Névrotomie plantaire 604 1° Indications 604 2" Lieux d'élection G08 3" Manuel opératoire , CIO 4° Effets consécutifs. — Accidents (;j 1 SECTION SEPTIÈME DES OPÉRATIONS ET DES MALADIES DU PIED DU CHEVAL. CHAPITRE PREMIER. — Généralités sur les opérations de pied 014 Précautions préalables. — Fixation du sujet . G14 Manuel opératoire 610 1° Mettre à nu les tissus qui doivent être extirpés 616 2° Exciser les tissus altérés 617 Pansements 017 CHAPITRE II. — Dessolure 020 Indications 620 Préparation du pied h opérer 62 1 Instruments. — Objets de pansement 623 Fixation de l'animal 624 Manuel opératoire 624 Pansement . . 628 CHAPITRE III. — Opération exigée par la carie de la troisième phalange 628 Caractères de la carie 629 Opération 629 CHAPITRE IV. — Clou de rue G31 Étiologie 63 1 Symptômes et diagnostic des blessures plantaires G3 1 a. — Rlessures de la zone antérieure 633 h. — — — postérieure 033 c. — — — moyenne 034 Pronostic 03T Traitement 638 Emploi des caustiques 639 Opération du clou de vue pénétrant 640 Indications 040 Instruments 641 Fixation de l'animal 641 Manuel opératoire 64 1 Application du pansement 644 Pbénomènes consécutifs. — Renouvellement des pansements 645 CHAPITRE V. — Enclouure 648 Causes 648 Symptômes 650 Pronostic 653 Traitement 653 CHAPITRE M. — Brûlure de la sole.. 658 Symptômes ........ 659 Étiologie 660 TABLE DES MATIERES. XXIII Traitement 661 CHAPITRE VII. — Furoncle de la. fourchette 661 Symptômes 662 Pronostic 663 Traitement 664 CHAPITRE VIII. — Crapaud 665 Étiologie 665 Symptômes 666 Nature 669 Pronostic 671 Traitement 67 1 A . — Règles générales , 672 B. — Méthodes spéciales 674 1° Emploi du goudron seul ou avec des dessiccatifs ou des caustiques. 674 2° Procédé de Solleysel 676 •3° Emploi de l'acide nitrique 677 4" — — sulfurique 678 5° — du beurre d'antimoine 678 Procédé Vivier 678 6" Emploi des sulfates métalliques 680 7° — du verdet 682 8" Méthode de traitement par le feu 083 9° Opération 683 Traitement général 684 CHAPITRE IX. — Crapaudine 684 Symptômes 684 Nature et étiologie 685 Pronostic 686 Traitement 686 CHAPITRE X. — Bleime 687 Étiologie 687 Symptômes 689 Diagnostic 692 Pronostic 693 Traitement 693 CHAPITRE XI. — Seime et kéraphyllocèle 696 Art. I. — Seime. 696 Divisions 697 Étiologie 697 Symptômes 699 Pronostic 700 Traitement 700 1 " Traitement préservatif 700 2" — curatif 701 Indications générales 701 Ferrure préalable 702 § I . — Cautérisation 702 1 " Avec le cautère actuel 703 2° — les caustiques chimiques 703 $ 2. — Emploi des bandages et barrage des seimes 704 1° Bandages 704 2° Barrages des seimes 705 a. — Procédé de Solleysel 705 h. — Premier procédé , , 706 c. — Procédé Vachette 708 XXIV TABLE DES MATIERES. Manuel opératoire "10 il. — Autres procédés 711 §3. — méthode des rainures "12 §4. — Emploi du désencasteleup. 713 § 5. — Amincissement 71 4 § 6. — opéit ation de la seime 715 Indications 715 Manuel opératoire 715 Amincissement 715 Extirpation 715 Pansement 716 Suites de l'opération 717 Art. 2. — Kéiuph yllocèle 717 Symptômes 718 Pronostic 719 Traitement 719 CHAPITRE XII. — De FEncastelure 720 § 1 . — De l'encastelure vraie 720 Étiologie 720 Symptômes 726 § ?. — De la fausse encastelure , ,,, 728 Étiologie 729 Symptômes 729 Pronostic 730 Traitement 730 A. — Traitement prophylactique 730 1° Fer à lunettes 731 2° — à étampures unilatérales 732 3° Ferrure à planche 732 4U — Charlier 733 5° — de Coleman et de Bracy-Clark 734 B. — Traitement carat if , 734 Procédé Ruini 734 — de la Brouë 734 — de Belleville 736 — de Solleysel 736 — de Laguérinière . 737 — de Gaspard Saunier , 737 — de Goodwin 737 — de Roland 738 — de Defays père 738 — de Jarrier 742 Manuel opératoire 747 Procédé de Fourès 749 — Barbier 752 — Watrin 753 — Poncet 754 Autres procédés 755 Amincissement. — Rainures , 755 Choix du procédé 756 Conclusions 760 CHAPITRE XIII. — Fourbure 761 A. — Symptômes de la fourbure aiguë 761 1" Fourbure des membres antérieurs ...... 762 *-"' — des membres postérieurs 763 TABLE DES MATIÈRES. XXV 3° Fourbure des quatre; pieds à la fois 76 i Diagnostic différentiel 765 Terminaisons et suites 7(i6 B. — Symptômes de la fourbure chronique 768 Étiologie 772 Traitement 774 A. — Traitement de la fourbure aiguë . 774 1° Saignées générales 775 2° — locales 775 3° Emploi de l'eau froide 775 4° Frictions irritantes 778 5° Débridement du sabot par des rainures 778 6° Parure du sabot 778 7° Décubitus forcé des malades 779 Méthode anglaise 780 B. — Traitement de la fourbure chronique . . 780 Fourmilière 780 Croissant 781 CHAPITRE XIV. — Du javart 782 Art. 1 . — Javart cutané 783 Causes 783 Symptômes 783 Pronostic 785 Traitement • • 785 Art. 2. — Javart tendineux 787 Symptômes 787 Pronostic 788 Traitement 788 Art. 3. — Javart cartilagineux 790 Physiologie pathologique des fibro-cartilages 790 Causes 793 Symptômes 794 Complications 798 Pronostic , 798 Traitement 799 A. — Méthode par le cautère actuel 800 B. — — par les caustiques 801 1° Procédés de cautérisation par les caustiques solides. 801 2° Procédés de cautérisation par les caustiques liquides 803 Bègles à suivre pour le traitement du javart cartilagineux par le procédé Mariage 803 Choix des agents escharotiques 805 Avantages et inconvénients 805 C. — Méthode chirurgicale ou opération du javart cartilagineux 806 Mesures préparatoires 808 Manuel opératoire 809 1° Temps préalables 809 a. — Procédé de l'extirpation d'un lambeau de la paroi 811 b. — Procédé de l'amincissement ; 812 2° Temps essentiels 813 Incision du tégument 813 Séparation du cartilage d'avec la peau 813 Extirpation du cartilage (opération réglée). 814 — — (modifications suivant l'état du cartilage après les injections escharotiques) 818 XXVI TABLE DES MATIÈRES. Extirpation du cartilage (modifications suivant, les complications) 819 Excision et cautérisation du ligament 81!) Débridement du bourrelet 819 Manuel opératoire dans le cas d'ossification du cartilage 820 Accidents 821 a. — Lésions du tégument 822 6. — — du ligament 822 C. — — des parois de la synoviale articulaire , 823 Pansement 823 Phénomènes consécutifs à l'opération du javart cartilagineux. — Indica- tions 826 FIN DE LA TABLE DES MATIERES. PRECIS DE / / CHIRURGIE VETERINAIRE CHAPITRE IX ABLATION DES TUMEURS ART. Ier. — DE L'ABLATION DES TUMEURS EN GÉNÉRAL. Les procédés chirurgicaux à l'aide desquels, en médecine humaine, on fait disparaître les tumeurs sont nombreux; mais en chirurgie vétérinaire on peut les réduire à l'excision, à la ligature en masse, à l'ar- rachement, à la ponction et à la cautérisation. (Voir pour ce dernier procédé le tome 1er de cet ouvrage, p. 639 et suivan tes.) § 1. — Excision. Elle peut être pratiquée à l'aide du bistouri, de l'écraseur de Chas- saignac ou simplement des ciseaux. A. — EXCISION AVEC LE B ISTOL'RI. L'emploi du bistouri réclame ici quelques règles générales que nous allons faire connaître en nous inspirant pour cela de ce qui a été écrit sur ce sujet par Vatel (1), Malgaigne (2) et d'autres auteurs. Pourexciser une tumeur à l'aide du bistouri, on peut se borner, quand elle est de petit volume et nettement pédiculée comme la plupart des fies ou poireaux, si fréquents chez l'âne et le mulet, à la saisir avec des pinces à dents de souris et à l'exciser en un seul temps et d'un seul coup de bistouri. (1) Eléments de patltolugie vét., 1828, t. II, p. 414. (2) Manuel de médecine opératoire. 3e édition. Paris, 1839. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. H. — J 2 ABLATION DES TUMEURS. Quand il s'agit de tumeurs volumineuses, comme celles qui se déve- loppent aux mamelles chez la chienne, l'ablation comprend alors trois temps : 1er temps. — Incision de la peau. — La forme et l'étendue de cette incision varient selon le volume, la base, les rapports de la tumeur, ses adhérences et l'état sain ou morbide des téguments. L'incision droite convient pour les tumeurs placées sous la peau, libres d'adhérences et susceptibles de s'échapper par énucléution. « L'incision sur un pli des téguments est applicable aux tumeurs enkystées que l'on craint d'ouvrir. « L'incision elliptique est employée quand on se propose d'enlever un lambeau des téguments, soitparcequela peauest maladeouparcequ'elle est trop amincie et se réunirait difficilement, ou enfin quand l'étendue des téguments dépasse de beaucoup celle de la plaie qu'ils devront recouvrir. « Les incisions cruciales, ou en T ou en Y, sont indiquées quand on veut découvrir une tumeur large sans rien enlever de la peau qui la revêt. » (Malgaigne.) Quelle que soit l'incision employée, il faut la prolonger au delà de la base de la tumeur afin de procéder plus librement à la dissection et d'enlever ensuite plus complètement les tissus altérés. Pour pratiquer cette incision, on se sert du bistouri convexe qu'on tient comme un archet ou comme un couteau de table suivant le degré de résistance et d'épaisseur de la peau. On fait agir cet instrument d'une main légère, en ménageant les vaisseaux sous-cutanés qui serpentent à la surface de la tumeur et offrent parfois un certain volume. 2e temps. — Dissection de la tumeur. — Elle a lieu au moyen du scal- pel ou du bistouri et des pinces anatomiques ; il peut être utile par- fois d'écarter les bords de la plaie avec des érignes pointues que l'on confie à un aide. On dissèque à grands coups, autant que possible en évitant d'intéresser les organes voisins, muscles, tendons, nerfs ou vaisseaux, en les écartant avec le doigt ou de toute autre manière. 3e temps. — Extirpation. — La tumeur est disséquée, les lambeaux cutanés sont rabattus de chaque côté et maintenus écartés au moyen d'érignes ; il s'agit de l'extirper. L'opérateur se munit alors d'un bis- touri droit, ou d'un scalpel, parfois même l'emploi de la feuille de sauge est nécessaire quand on a affaire à des tumeurs de consistance cartilagineuse ou osseuse. Puis on saisit d'une main la tumeur à extir- per, ou bien on la fixe à l'aide de pinces à dents de souris ou d'une érigne. Pour les tumeurs volumineuses il est souvent avantageux, comme nous l'a fait remarquer M. Bouley, de les traverser d'un ruban formant anse, à l'aide duquel on peut leur imprimer des mouve- ments dans tous les sens qui facilitent les manœuvres delà dissection. Si la tumeur n'offre qu'un faible volume, on l'excise d'un seul coup et on arrête l'hémorrhagie qui en résulte, soit par lacompression, soilparla ABLATION DES TUMEURS. 3 ligature des vaisseaux divisés (voyez Hémostase définitive, t. Ier, p. 495). Lorsque la tumeur présente de grandes dimensions, on opère avec ménagement et on lie les vaisseaux au fur et à mesure qu'en excisant la tumeur, on les divise. « Quand la tumeur est d'un volume énorme, on peut n'en découvrir et n'en enlever qu'une partie à la fois. Après quelques jours, quand la fièvre est tombée, on en enlève, une autre portion et ainsi jusqu'à extirpation complète. » (Malgaigne.) B. — EXCISION AVEC l'ÉCRASEUR LINÉAIRE DE CHASSAIGNAC. L'écraseur linéaire de M. Chassaignac se compose d'une gaîne plate renfermantune double crémaillère forméepar deux branchesmétalliques garnies de dentelures sur leurs bords externes (fig. 142). Cette double z^M°S&^> Fig. 142. — Écraseur de Chassaignac. 143. — Écraseur de Chassaignac (modifié par Méricant). crémaillère s'articule en bas avec la poignée PP'qui la met en jeu et en haut avec une chaîne métallique, G, formée d'une série de petites pièces ovalaires, semblables à celles de la scie à chaînettes i ABLATION DES TUMEURS. d'Atkcn, dont on aurait converti les dents en un biseau mousse. Deux cliquets latéraux sont destinés à s'engrener dans les dentelures des crémaillères et à en régler la marche. Quand il s'agit de procéder à l'ablation d'une tumeur, au moyen de l'écraseur de Chassaignac, on applique la chaîne de l'instrument au- tour de la hase de la tumeur que l'on a préalablement disséquée et iso- lée des tissus environnants, comme dans l'excision avec le bistouri; puis, l'opérateur, tenant dans la main gauche le manche M de la gaine métallique, saisit de la main droite la poignée PP' de l'instrument et presse alternativement sur les extrémités PP', de manière à faire des- cendre d'un cran, à chaque mouvement de la poignée, une des branches de l'appareil. On éloigneainsi les crémaillères de leur gaine. On rétré- cit, dans la même proportion, l'anse formée parla chaînette, qui com- prime graduellement et étrangle le pédicule à diviser, l'amincit, l'étiré, le réduit à un très-petit diamètre et finit par le couper entièrement en une seule séance dont la durée est en rapport avec le volume, la résistance et la vascularité des parties sur lesquelles on agit. Cet instrument, très-ingénieux, permet de pratiquer sans hémorrhagie l'ablation des tumeurs, et son emploi est particulièrement indiqué pour le champignon, comme nous le verrons plus loin. Pour éviter toute effusion de sang, il faut manœuvrer l'écraseur avec lenteur, c'est-à-dire en laissant, comme le recommande M. Chassaignac, une demi-minute et même une minute d'intervalle entre chaque mouvement imprimé à la poignée faisant office de levier moteur de la chaînette, surtout quand l'extirpation de la tumeur touche à sa fin. Méricant, fabricant d'instruments de chirurgie à Paris, a modifié l'instrument du docteur Chassaignac en substituant à la double cré- maillère une tige T (fig. 143) munie d'un pas de vis, terminée à l'une de ses extrémités par une chaîne dont les anneaux offrent de plus grandes dimensions que ceux de l écraseur de Chassaignac. Sur cette tige se meut, à la manière d'un écrou, une sorte de poignée métalli- que. La tige est enfermée dans une gaîne , munie d'un manche. Pour se servir de cet instrument, on tient le manche de la main gauche ; on enserre la base de la tumeur avec la chaîne, puis avec la main droite on fait tourner la poignée, qui avance de la sorte sur la tige T, la- quelle sort peu à peu de la gaîne, entraînant la chaînette fixée à son extrémité. Par ce moyen, l'anse formée par la chaînette se rétrécit, au fur et à mesure que la poignée avance sur la tige et comprime de plus en plus la tumeur dont le pédicule s'allonge, s'amincit, s"étire et finalement se rompt. Maintes fois nous avons employé cet instrument et nous sommes ainsi en mesure d'affirmer que l'hémorrhagie est plus à craindre avec lui que quand on fait usage de l'écraseur de Chassaignac. ABLATION DES TUMEURS. C. — EXCISION AVEC LES CISEAUX COURBES. De tous les procédés, celui-ci est le plus simple. Mais il n'est appli- cable qu'aux tumeurs d'un petit volume; telles que verrues, fies, con- dylômes et en général aux tumeurs munies d'un pédicule étroit. On saisit la tumeur avec des pinces à dents de souris, puis on l'excise à l'aide des ciseaux. L'hémorrhagie, qui en résulte, s'arrête d'elle-même habituellement; dans le cas contraire, on y remédie par l'emploi des réfrigérants, de la cautérisation ou de la ligature. § 2. — Ligature en masse. Cette opération consiste à étreindre la base de la tumeur avec un lien que l'on serre au degré convenable pour déterminer la mortifica- tion du néoplasme et en obtenir l'élimination. Nature des liens. — Les liens dont on se sert pour pratiquer la liga- ture varient suivant les praticiens. On emploie souvent en chirurgie vétérinaire de simples fils de chanvre, quelquefois même de la ficelle de fouet quand il est nécessaire d'exercer une constriction très-forte. — On rend l'emploi de ces liens plus facile en les recouvrant d'une cou- che de cire. — On a conseillé l'usage de fils de soie et nous avons vu à propos de la ligature considérée comme moyen d'hémostase (t. Ier, p. 500), qu'on s'était servi parfois; en médecine humaine, de liens con- fectionnés avec des matières animales, de cordes à boyaux notamment. Ces ligatures avec des fils organiques peuvent être laissées à demeure dans les cavités splanchniques où elles finissent par disparaître soit en éprouvant l'enkystement, soit par un autre processus régressif. 11 en est de même de l'emploi des fils métalliques, et M. H. Bouley a décrit, dans le Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, à l'article Champignon, l'emploi d'un procédé de traitement qui con- siste dans la ligature du cordon à l'aide d'un lien de plomb. — Nous reviendrons du reste sur ce procédé à propos du champignon. /Procédés opératoires. — Ils varient suivant qu'on applique une seule ligature à la base de la tumeur ou bien qu'on fragmente celle-ci en deux, trois ou quatre portions. — Quel que soit le procédé employé, on peut appliquer le lien sur la tumeur recouverte du tégument ou préalable- ment mise à nu par la dissection comme précédemment. 1° Ligature simple. — On dispose un lien à la base de la tumeur, puis on fait un nœud droit en serrant fortement. — Quelquefois on étreint la tumeur dans une anse de fil formant le nœud de la saignée et l'on arrête les bouts du fil à l'aide d'un nœud droit. On coupe ensuite les extrémités du lien à trois ou quatre centimètres de distance du nœud. On active la mortification de la tumeur en enduisant le lien d'un mélange d'axonge et de sulfure d'arsenic. — Ce procédé, où la cauté- C ABLATION DES TUMEURS. risation vient en aide à la ligature, est souvent mis en usage à l'Ecole de Lyon pour le traitement des excroissances cutanées (fies, poireaux), et, par son emploi, les récidives sont rares, ce qu'il faut attribuer, sans doute, à l'action du sulfure d'arsenic qui détruit les tissus à une cer- taine profondeur. Il est évident que tous les caustiques énergiques agiraient de la même manière. 2° Ligatures multiples. — On se sert, pour les pratiquer, de fortes ai- guilles, droites ou courbes, en acier non trempé et munies de fils cirés. On traverse de part en part la base de la tumeur avec une aiguille droite munie d'un fil doublé ; quand on a transpercé la tumeur, on re- tire l'aiguille et l'on coupe l'anse formée par le fil. On forme ainsi deux ligatures, que l'on noue séparément, l'une à droite, l'autre à gauche. Si l'on veut appliquer trois ligatures, on se munit de deux aiguilles droites unies l'une à l'autre par un fil qui forme un M majuscule, puis on implante ces aiguilles dans la tumeur de manière à la diviser en trois parties égales, on les fait sortir du côté opposé, on les retire et il suffit de couper les trois anses et de nouer les bouts. Quand on se propose de disposer quatre ligatures dans une tumeur, on emploie le procédé qui a été préconisé en chirurgie humaine pour le goitre. « On se sert de deux aiguilles : l'une femelle dont le centre est percé d'un chas, A {fig. 144), l'autre aiguille mâle porte le chas à Tune de ses extrémités, B, pour recevoir un fil double et fort. On trans- perce la tumeur de haut en bas avec la première aiguille au travers de Fig. 144. - Aiguilles pour ligatures Fig. 145. - Premier temps de lu multiples . ligature m quatre. laquelle on fait passer de droite à gauche, ou vice versa, la seconde ai- guille qui perce également la tumeur de part en part {fig. 143). On re- tire l'aiguille mâle et on laisse le fil double, engagé dans le chas de l'aiguille {fig. 146). « L'aiguille femelle poussée de haut en bas entraîne les quatre fils formant deux anses hors de la tumeur; une de ces anses est divisée et deux fils sont ainsi dégagés du chas de l'aiguille {fig. 147). On repousse ABLATION DES TUMEURS. alors cette même aiguille de bas en haut (fig. 148) et le fil est entraîné avec elles et coupé pour permettre la sortie complète de l'aiguille. La Fig. 146. — Deuxième temps de la liga- ture en quatre. Fig. 147. — Troisième temps de la ligature en quatre. vtv Fig. 148. — Quatrième temps de la ligatw en quatre. * Fig. 149. — Fils prêts à lin- et divi- sant la tumeur en quatre parties. -# Fig. 150. — Fils liés et tu- Fig. 151.— Fil armé de, trois aiguilles pour ligatures meur partagée en quatre sous-cutanées, parties. tumeur se trouve ainsi partagée en quatre segments par les quatre anses de fil {fig. 149) dont les extrémités sont réunies et serrées forte- ment par un nœud droit {fig. 150) (1). » (1) Sédillot et Legouest, Traité de médecine opératoire. Paris, 1870, t. 1, p. 123. 8 ABLATION DES TUMEURS. 3° Ligatures multiples sous-cutanées. « Un (il long et résistant est armé de trois aiguilles (fîg. 151) ; l'une, A, droite et tranchante; la deuxième, B, droite et piquante ; la troisième, C, courbe et également pointue. La tumeur étant représentée en A (fig. 152) et supposée sous-cutanée et de forme sphérique, on soulève un pli tégumentaire vertical au- dessus de son tiers supérieur, et l'on traverse la base de ce pli avec l'ai- guille tranchante. On laisse alors retomber la peau et l'on obtient un Fig. 152. — Premier temps de la ligature sous-cutanée. Fig. 153. — Deuxième temps de la ligature sous-cutanée. premier jet de ligature contournant, au-dessous des téguments, le tiers de la circonférence de la tumeur en G. On saisit à ce moment l'aiguille ronde et piquante, et on l'engage au travers de la tumeur en la faisant entrer par la piqûre C et sortir en B, en entraînant l'anse de fil D. On coupe l'anse de fil B (fig. 153) et l'on dégage l'aiguille. Il résulte de ces premiers temps de l'opération que le tiers supérieur ï'ig. 154. — Troisième temps de I" ligature sous-cutanée. Fig. 155. — Quatrième temps //<■ la ligature sous-cutanée. de la tumeur est embrassé par l'anse de fil B, C, D dont les deux chefs sortent par la même ouverture (fig. 154), tandis qu'un second fil //"est libre entre le tiers supérieur et les deux tiers inférieurs de la tu- meur (fig . 15o). On répète avec un autre fil, sur le tiers inférieur de la tumeur, la manœuvre déjà décrite pour le tiers supérieur, et le tiers moyen se trouve compris entre les deux fils parallèles aB et CD (fig. 15G). Chacun de ces fils étant fixé à l'aiguille courbe, il devient facile de faire pénétrer sous la peau l'extrémité du fil B, pour la faire ressortir en D. On fera rentrer, de la môme manière, au-dessous de la peau, le ABLATION DES TUMEURS. & chef A, pour le faire ressortir en C, où on le nouera avec le fil B. Les deux fils B, A, C, D, formeront une anse qui étreindra le tiers moyen de la tumeur dont les autres fils embrasseront les deux tiers supérieurs et in- férieurs » {fig 157)(Sédillot etLegouest) (1). 11 suffira dès lors dénouer les chefs de ligature en les serrant au degré convenable {fig. 158). Moyens d'opérer la construction. — Pour serrer le lien, on se borne, dans le plus grand nombre des cas, à faire un nœud droit en exerçant de Fig. 15G. — Cinquième temps de Fig. 157. — Fils, prêts la ligature sous-cutanée. à lier, divisant la tu- meur en troisparties. Fig. 158. — Fils liés et tumeur t/irisée en trois parties. fortes tractions sur les extrémités du lien, soit avec les mains seules, soit en fixant les extrémités du lien à un petit bâtonnet, comme dans l'opération du fouettage. Si l'on se propose de placer une ligature à une certaine profondeur, on se sert alors de divers appareils qui per- mettent d'exercer une constriction suffisante. Ces appareils, n'étant usités qu'en chirurgie humaine, nousnousbor- nons à les mentionner : ce sont les serre-nœuds de Levret, de Desault, de Grsefe, de Boderic, etc., etc., dont on trouve la description dans tous les ouvrages de médecine opératoire humaine, mais que nous nous abstenons de reproduire, attendu qu'on peut toujours les remplacer, en chirurgie vétérinaire, par un simple tube de bois ou de métal d'une longueur proportionnée à la profondeur à laquelle la ligature doit être placée. On introduit dans ce tube le lien préalablement doublé et for- mant une anse qu'on laisse sortir au dehors. On dispose l'anse autour de la tumeur, par l'intermédiaire du tube qui la supporte et qu'on in- troduit le plus profondément possible ; puis, lorsqu'elle est en place, on fait tirer en sens inverse sur les bouts du lien qui débouchent du tube par son extrémité inférieure. Quand la constriction est jugée suffisante, on dispose en travers de l'extrémité du tube et entre les deux faisceaux que forme le lien, un petit bâtonnet sur lequel on les noue. «Ce bâton- net peut faire ensuite l'office du levier d'un garrot et il suffit de le faire tourner sur le tube dans les jours consécutifs à l'opération pour ;i) Loc. cit., p. 124. 10 ABLATION DES TUMEURS. rétrécir progressivement l'anse de la ligature et la maintenir toujours étroitement appliquée autour des parties qu'elle enserre jusqu'à leur complète division (II. Bouley). » M. II. Bouley a particulièrement appelé l'attention des praticiens sur l'emploi de cet appareil pour le traitement du champignon. On conçoit aisément qu'on peut l'employer pour l'ablation des po- lypes situés plus ou moins profondément. La constriction des liens entamant une tumeur peut être immédiate ou progressive. Quand la tumeur est peu volumineuse, on se contente de serrer immédiatement, au degré convenable, les bouts du fil formant la ligature; mais s'il s'agit d'une tumeur volumineuse, il vaut mieux avoir recours à la constriction progressive, attendu que les parties placées au voisinage éprouvent un retrait sur elles-mêmes par suite de la mortifi- cation qu'elles subissent; dès lors, la compression exercée par le lien diminue, la circulation peut persister dans les parties centrales de la tumeur qui continuent à végéter, ce qu'il faut éviter, d'où l'indication d'avoir recours à la ligature progressive quand on a affaire à des tu- meurs ayant un grand volume. § 3. — Ligature élastique. On désigne, sous ce nom, une ligature formée par un tube en caout- chouc, d'un diamètre variable depuis celui d'un tuyau de plume jus- qu'à la grosseur du petit doigt. On dispose ce tube, comme un fil ordi- naire, à la base de la tumeur, puis on en réunit les deux extrémités par un nœud droit, que l'on serre fortement. Si la tumeur est volumineuse, on peut employer l'un des procédés de ligature multiple en se servant de tubes en caoutchouc comme liens. La ligature élastique exerce une pression continue et amène progres- sivement l'effacement complet des vaisseaux, d'où résulte la mortifica- tion des parties situées au delà de la ligature et finalement leur élimi- nation. Chez l'homme « le processus de séparation se fait en une durée de trois à quinze jours suivant l'épaisseur du pédicule et la densité des tissus. » (Marduel.) D'après Silvestri, la ligature élastique aurait été employée avec succès pour la castration chez les animaux ; Pedroni l'a mise en usage pour extirper « une énorme tumeur développée dans la région paroti- dienne d'un bœuf (I). » Valeur pratique des différents procédés de ligature. — La ligature simple ou en masse convient surtout pour les tumeurs de dimensions relati- vement peu considérables ; faite d'une manière progressive, elle peut avoir raison de néoplasmes volumineux ; en outre, elle est d'une exé- (I) Lyn médical, année ÎSTC, p. 71. ABLATION DES TUMEURS. il cution facile et n'exige pas d'instruments particuliers. — La ligature multiple peut rendre des services quand il s'agit d'enlever de grosses tumeurs à base large. On conçoit aisément, en effet, que la segmenta- tion de la base du néoplasme en assure la mortification et l'élimination consécutives. Aussi, avons-nous décrit avec détails ce procédé opéra- toire. Quant à la ligature sous-cutanée, elle a reçu une application dont nous parlerons à l'article Castration du taureau; toutefois nous ferons remarquer ici qu'elle nous paraît susceptible d'être employée chez les ruminants quand on se propose d'extirper une tumeur tout en ménageant la peau. — Chez le cheval, ce procédé opératoire a peut- être moins de valeur, vu la grande faculté pyogénique de cet animal. § 4. — Arrachement. C'est un procédé opératoire qui consiste à extirper les tumeurs en les saisissant d'une main ou à l'aide de pinces et exerçant des tractions plus ou moins fortes, qui ont pour résultat de séparer la tumeur des parties auxquelles elle adhérait. Par ce mode opératoire on évite une hémorrhagie, mais on conçoit qu'il n'est applicable qu'aux tumeurs d'un petit volume. On emploie, pour effectuer l'arrachement, soit la main seule, soit des pinces particulières, notamment la pince de Museux, dont les mors sont formés par deux griffes recourbées à l'aide desquelles on peut saisir la tumeur et l'arracher. L'arrachement ne permet pas toujours d'enlever entièrement la tu- meur ; dès lors, il n'est pas rare d'observer des récidives après l'emploi de ce moyen. Anginiard a obtenu de très-bons effets de l'arrachement pour le traitement des « poireaux, verrues, fies. » Il se servait de la main seule ou armée de tricoises ou de petites pinces, « proportionnant toujours l'instrument au volume des végétations et ayant bien soin que son mors fût mousse et non tranchant (I). » § 5. — Ponction. Elle peut être effectuée avec le bistouri, le trocart ou le cautère actuel en se conformant aux préceptes que nous avons indiqués au sujet de la ponction des abcès. La ponction est ordinairement insuffisante pour obtenir la dispari- tion des tumeurs ; presque toujours il faut combiner l'emploi de ce moyen, soit avec la cautérisation par le fer rouge, soit avec des applica- tions vésicantes ou l'injection de teinture d'iode (t. Ier, p. 671). (1) Recueil de médecine vétérinaire, 18G1, p. 291. M ABLATION DES TUMEURS. ART. II. — DE L'ABLATION DES POLYPES. On désigne sous le nom de polypes des tumeurs plus ou moins volumineuses auxquelles on a cru trouver, par leurs ramifications ou branches, une certaine ressemblance avec les zoophytes de la classe des polypes, d'où le nom qui leur a été donné. Les polypes siègent dans les cavités nasales, les sinus maxillaires, l'arrière-boucbe, le larynx. On en trouve également dans l'utérus et surtout dans le vagin chez la chienne notamment. On a distingué diverses espèces de polypes d'après la consistance de ces productions néoplasiques. Cette division n'a pas l'importance qu'on lui a attribuée, attendu qu'il est indiqué d'opérer quand le polype, par son volume, gêne l'accomplissement des fonctions organiques, à supposer toutefois que l'excès de développement de la tumeur ne soit pas tel que l'ablation nécessite de grands déla- brements qui rendraient la guérison plus que douteuse. Du reste, sous le nom de polypes, on a confondu et l'on confond encore bon nombre de tumeurs de nature différente, dont le microscope permet seul d'ap- précier la gravité. C'est l'examen microscopique, en effet, qui apprend si la tumeur peut se reproduire. Néanmoins nous conserverons cette dénomination de polypes, qui est généralement usitée et n'offre aucun inconvénient pour l'étude du traitement. A. — POLYPES DES CAVITÉS NASALES. On en a observé plusieurs exemples chez le cheval et le chien et les procédés d'extirpation ont varié suivant les opérateurs. Icart, chirurgien en chef de l'hôpital de Castres, a pratiqué l'extirpa- tion « d'un polype extraordinaire » qui remplissait le naseau droit chez un cheval de quatre ans. A cet effet l'animal fut abattu, puis on fendit « le naseau et la fausse narine sur une étendue d'environ quatre pouces; alors, une partie de la masse parut à découvert; je trouvai, dit Icart, le polype adhérent dans toutes ses parties; je passai à travers une aiguille enfilée d'un gros cordonnet, afin de pouvoir le sou- lever et en observer les attaches; mais, malgré la force que j'employai, il ne me fut pas possible de l'ébranler, ni de lui faire faire le moindre mouvement : il fallut la force des doigts vigoureux d'un des maréchaux pour le détacher de la partie inférieure près du naseau. Je le liai en- suite avec un large ruban do fil et par les divers mouvements et les fortes secousses d'une tenette, il se détacha et entraîna avec lui cinq petites pièces osseuses (1). » L'hémorrhagie fut arrêtée par la compres- sion et un mois après l'animal était guéri. (l) Instruction* vétérinaires, 1794, p. 303. ABLATION DES TUMEURS. 13 Gohier a observé « un polype du volume d'un petit œuf de dinde situé dans la narine gauche » chez un petit cheval de 15 à 18 ans. « Cette production fongueuse se prolongeait assez avant dans la cavité nasale, pour que l'on ne pût pas en toucher, avec le doigt, l'extrémité supérieure ou fixe » tandis que la « partie inférieure dépassait un peu l'ouverture de cette cavité. » L'extirpation de ce polype fut pratiquée de la manière suivante : « Je fendis, dit Gohier, la narine gauche de cinq pouces environ de longueur, et comme la base de ce polype ne me paraissait pas fort large, j'essayai d'en faire la ligature au moyen d'une ficelle dont je fis un nœud coulant qui fut poussé le plus haut possible au moyen d'une tige de fer qui avait une échancrure à l'extrémité introduite dans la narine. Cette échancrure embrassant successivement le nœud de la ficelle dans différents points le porta jusqu'à l'origine du polype; mais en serrant fortement ce corps, comme chaque bout de la ligature était nécessairement tiré dans une direction oblique, il s'arracha tout à coup ; l'hémorrhagie fut peu considérable. Le polype pesait une livre et demie. Les lèvres de la plaie furent ensuite réunies par la suture simple et on fit dans les naseaux quelques injections d'eau froide (I). » Vingt jours après « l'animal sortit des infirmeries à peu près guéri. » Rigot a également pratiqué l'ablation d'un polype des cavités nasales chez le cheval, en débridant l'ouverture nasale, obstruée par le polype au milieu de la fausse narine « jusqu'à l'extrémité supérieure du biseau de l'os petit sus-maxillaire. » Puis on incisa le pédoncule du polype avec le bistouri et, pour enlever les couches profondes de la tumeur, on se servit « d'une gouge recourbée en crochet, espèce de curette. » L'hé- morrhagie fut arrêtée par la cautérisation avec le fer rouge. « De simples injections d'eau tiède furent faites dans les narines pendant tout le temps du traitement, qui dura environ un mois, après lequel ranimai fut rendu à son service (2). » On voit, d'après ces faits, que l'extirpation des polypes des cavités nasales se pratique soit par ligature ou excision simple, après débride- ment préalable du naseau pour découvrir la tumeur et permettre l'ap- plication d'un lien ou l'emploi du bistouri. On pourrait également employer ici l'écrasement linéaire. Si le po- lype est situé dans les parties supérieures des cavités nasales, il est généralement incurable; on peut cependant tenter l'extirpation au moyen d'une ligature que l'on placerait le plus haut possible à l'aide du porte-nœud. Nous devons faire remarquer que les productions néoplasiques désignées sous le nom de polypes sont généralement proliférantes, c'est-à-dire qu'avec le temps elles envahissent peu à peu les régions (1) Gohier, Mémoires sur la chirurgie vétér maire, t. II, p. 77. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1827, p. 606. 14 ABLATION DES TUMEURS. environnantes, le pharynx, la bouche, les sinus maxillaires et frontaux. En pareil cas, il est préférable de sacrifier les animaux plutôt que d'avoir recours à une opération qui ne saurait être couronnée de succès. Chez le chien, les polypes des cavités nasales sont rares. Gohier en a observé deux cas. On reconnaît la présence des polypes, chez cet animal, au moyen d'une sonde en gomme élastique qu'on introduit suc- cessivement dans chaque cavité nasale. La présence du polype est décelée par la résistance que rencontre la sonde pour pénétrer dans la partie supérieure des cavités nasales et par l'aspect qu'offre cet instru- ment quand on le retire. On conçoit en effet que, quand il existe un polype en voie de ramollissement, la sonde est couverte de sang et de débris de tissus à demi putréfiés. L'extirpation n'a pas été tentée chez le chien. Gourdon conseille le procédé suivant pour lequel on emploie << un instrument analogue à la sonde de Belloc. Avec cette sonde, on conduit d'abord le fil sur un des côtés de la tumeur, en allant du nez dans la bouche, à travers le pharynx ; puis, passant la sonde de l'autre côté, on reprend l'extrémité du fil engagé dans la bouche, et, en le ramenant par le nez, le fil em- brasse la base du polype; il ne reste plus qu'à le serrer, ce qu'on fait à l'aide d'un serre-nœud (1). » B. — POLYPES DES SINUS MAXILLAIRES. On en a observé plusieurs exemples. Barthélémy (2), Kopp (3), M.Ro- bellet (4), M. Trasbot(5) ont eu l'occasion d'observer des tumeurs dans les sinus maxillaires. Les productions morbides, trouvées dans ces cavités, s'étendent géné- ralement au voisinage ; elles présentent les caractères des tumeurs que l'on qualifiait autrefois de cancéreuses. M. Trasbot a étudié avec soin, au microscope, « une tumeur du maxillaire et de la voûte palatine se prolongeant au delà des alvéoles dentaires dans les sinus maxillaires supérieur et inférieur gauches, qui ne formaient plus qu'une cavité unique sans divisions même incomplètes, remplie à peu près entière- ment par une masse de tissu nouveau (<>). » L'examen microscopique, fait par M. Trasbot, a démontré que cette masse était un cancroïde ou épùhéliôme pavimenteux lobule. Or, les tumeurs de ce genre se reprodui- sent, avec une persistance désespérante, après l'ablation; elles peuvent en outre acquérir un développement très-considérable. Barthélémy, vétérinaire à Martigues (Bouches-du-Rhône), dit avoir (1) Eléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 130. (2) Joumnl de médecine vétérinaire de Lyon, 1849, p. 525. (3) Journal des vétérinaires du Midi, 185'J, p. 12 (4) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1866', p. 63. (5) Recueil de médeci?ie vétérinaire, 1 808, p. 731). (G) Ibid., p. 745. ABLATION DES TUMEURS. 15 opéré avec succès une ânesse présentant une tumeur énorme, fluc- tuante, développée au-dessus de la crête zygomatique dans la partie correspondante au sinus maxillaire gauche. L'examen de la bouche permettait de constater « l'ébranlement des dernières molaires supé- rieures et une tumeur rougeâtre, molle, aplatie, tombant entre les dents molaires jusque sur la langue. On donne « àl'extérieur un coup de bis- touri qui fait sortir du pus à odeur cadavéreuse, » on découvre «l'éten- due du polype, qui est réellement adhérent à la muqueuse des sinus. » Après avoir disséqué en partie cette production, un aide la repousse en dehors avec la main droite introduite dans la bouche ; l'opérateur la saisit, l'attire « hors des sinus et l'excise complètement. >: La plaie est cautérisée au fer rouge. Peu à peu la plaie extérieure se cicatrisa, mais au bout d'un an la tumeur s'était reproduite avec les mêmes caractè- res. On opéra comme la première fois; « seulement on eut le soin de cautériser plus fortement.... et le mal ne s'est pas renouvelé, » dit l'auteur (I). C. — POLYPES DE 1,'aRRIÈRE-BOUCHE. Delafoy, ayant à traiter un polype de l'arrière-bouche sur une vache eut recours à l'arrachement. Pour cela, ce praticien « fit allonger de 30 centimètres les mors d'une paire de tenailles ordinaires, et en fit disposer l'extrémité en forme de cuiller, dont chaque branche était hé- rissée à sa face interne de trois petites pointes destinées à fixer solide- ment la masse polypeuse à l'instrument. L'animal abattu, le polype fut saisi sans peine, son adhérence rompue parla torsion et on le retira sans avoir d'écoulement de sang. La guérison fut très-prompte (2). » 1). — POLYPES DU VAGIN. Ils sont très-fréquents chez la chienne où ils constituent ce qu'on appelle des condylômes. Deux procédés opératoires peuvent être mis en usage suivant le volume des tumeurs. L'excision pure et simple, avec les ciseaux, quand les productions sont peu volumineuses, et la ligatureen masse si le volume des tumeurs fait craindre une hémorrhagie. Si, après l'excision, une hémorrhagie inquiétante se déclare, on y remédiera par le tamponnement avec des étoupes imbibées d'eau fraî- che ou d'une petite quantité de perchlorure de fer. Il est certaines de ces tumeurs qui, comme les épithéliômes, se repro- duisent toujours et finissent à la longue par nécessiter l'abatage des animaux; il en est d'autres, comme les papillômes par exemple, pour lesquelles l'ablation est toujours suivie de succès. (1) Journal de médeeine vétérinaire de Lyon, 1849, p. 525. (-2) Gourdon, Éléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 132. ABLATION DES TUMEURS. ART. III. — DE LA PÉRIOSTOTOMIE. La périostotomie est une opération qui consiste à diviser le périoste à la surface des tumeurs osseuses afin d'amener la résolution de celles- ci, et, comme conséquence, la disparition des boiteries qu'elles déter- minent. Ce moyen a été mis en usage pour la première fois, vers 1835, par Sewell, professeur au collège vétérinaire de Londres, qui l'a imaginé. Peu de temps après, Renault, donna, dans le Recueil, la traduction du procédé de Sewell pour le traitement desexostoses (1). Gourdon, dans son ouvrage dechirurgie,a également faitconnaîtrela périostotomie (2). Cette opération a été préconisée par Sewell, pour combattre les suros et les formes. Ce praticien pensait que ce moyen était plus efficace que les divers agents thérapeutiques auxquels on a recours habituellement pour combattre les maladies dont il s'agit. Cet auteur allait même jus- qu'à prétendre que la périostotomie donnait de meilleurs résultats que la cautérisation par le fer rouge. Mais la pratique n'a pas sanctionné cette manière de voir. Pour pratiquer cette opération, on se sert de divers instruments, qui sont renfermés dans une boîte dite à périostotomie. Ce sont d'abord les Fig. 100. — Bistouri pour la périos- totomie. Fig. 159. — Cisailles pour la Fig. 161. — Périostotome. périostotomie. cisailles (fig. 159), servant à faire l'incision cutanée. On peut les rem- placer par un autre instrument ressemblant à un petit bistouri à ser- pette {fig. 160). Puis on a le périostotome qui est une sorte de bistouri boutonné à laine étroite et convexe (fig. 161) solidement emmanchée. Deux aiguilles, plates, courtes et convexes sur plat : l'une boutonnée sert à décoller le tissu conjonctif sous-cutané; l'autre non boutonnée et à l'aide de laquelle on peut introduire une petite mèche dans le trajet de l'incision sous-cutanée lorsqu'on le juge nécessaire ; l'une et (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1835, p. 475. (2) Éléments de chirurgie vétérinaire, t. Il, p. 7 î'2. ABLATION DES TUMEURS. 17 Fig 1C2. — Deux aiguilles et leur manche pour la périostotomie, l'autre sont munies d'un œil à leur talon et se fixent à l'aide d'une vis sur un manche percé d'une ouverture dans le sens de la longueur {fig. 162). La périostotomie, pratiquée plusieurs fois à l'école d'Alfort, a été dé- crite dans une note adressée par M. Reynal à M. Gourdon auquel nous l'empruntons. «L'animal étant solidement fixé et maintenu, l'opérateur, après avoir fait un pli à la peau dans la partie la plus déclive de la tumeur, fait avec les cisailles une incision nette de 1 cen- timètre et demi environ. Il prend ensuite l'ai- guille boutonnée, l'introduit dans l'incision et la fait entrer par un léger frottement de ma- nière à détacher la peau de la tumeur osseuse. La peau séparée, l'opérateur s'empare du pé- riostotome et le glisse sur la surface de l'ai- guille ; une fois arrivé sur la tumeur, il retire l'aiguille, retourne le périostotome pour mettre le tranchant en rapport avec l'exostose; puis saisissant l'instrument à pleine main, il lui imprime un mouvement de bascule pendant lequel il incise le périoste et pénètre dans l'é- paisseur de l'exostose. D'après Sewell, l'opération est aisément exécutée en une ou trois minutes. Quand l'exostose est ancienne, Sewell recommandait de passer un sé- ton de ruban de fil dans le trajet parcouru par le périostotome. On se sert pour cela de l'aiguille non boutonnée, avec laquelle on transperce la peau comme s'il s'agissait d'appliquer un selon. D'après Sewell, la partie opérée devient, au bout de douze à vingt- quatre heures, le siège «d'un engorgement léger; » puis il ajoute: «Gé- néralement, au bout de dix à quinze jours, l'animal est propre au ser- vice. L'engorgement diminue considérablement et dans quelques cas disparaît tout à fait. » M. Reynal a observé après la périostotomie un engorgement inflammatoire plus ou moins volumineux suivant les ré- gions où elle a été pratiquée. C'est ainsi que sur les suros la périostotomie ne détermine qu'une inflammation modérée qui disparaît peu à peu, tandis que quand elle est employée sur un éparvin ou sur une forme, elle donne lieu à un en- gorgement volumineux et persistant et à une boiterie permanente. Pour ces motifs, la périostotomie n'est pas employée dans les conditions or- dinaires de la pratique. On préfère généralement, pour combattre les exostoses, mettre en usage la pommade au bichromate potassique ou la cautérisation en pointes superficielles ou pénétrantes. Peucu et Toussaint. — Chirurgie. II. - 18 DES PLAIES PAR ARMES A FEU. CHAP1TKE X DES PLAIES PAR ARMES A FEU ET DE L'EXTRACTION DES CORPS ÉTRANGERS Les plaies d'armes à feu, disent MM. Legouest et Sédillot, sont essen- tiellement conluses et l'attrition en est le caractère dominant. Les bords en sont généralement secs, noirâtres, ecchymoses, béants, et de diamètre assez variable, selon le volume des projectiles, l'obliquité du coup, la résistance des parties atteintes. L'étude de ces plaies constitue une des parties les plus importantes de la chirurgie humaine. Ii en est autrement en chirurgie vétérinaire, attendu que les lésions produites par les armes à feu offrent souvent une telle gravité qu'il est préférable d'avoir recours immédiatement à l'abatage des animaux plutôt que d'entreprendre un traitement à la suite duquel les animaux resteront infirmes ou impropres au service. Aussi les plaies dont ii s'agit n'ont-elles pas été en vétérinaire, comme chez l'homme, l'objetde nombreux travaux; mentionnons toutefois un article publié par M. Rey (1), l'article consacré à ce sujet par J. Gour- don dans son ouvrage de chirurgie, et un travail très-intéressant dû à M. Kopp, vétérinaire militaire (2). Chaque année, nous avons l'occasion d'observer, à la clinique de l'École de Lyon, quelques plaies d'armes à feu chez le chien, peu de jours après l'ouverture de lâchasse. Les plaies d'armes à feu présentent quelques caractères particuliers suivant qu'elles sont produites par des plombs de chasse, des balles, des boulets, des éclats d'obus ou la mitraille. 1° Plaies produites par les plombs de chasse. — Le tir à plomb avec le fusil de chasse de 0m,83 de longueur sur 0m,0I5 de calibre fait balle jusqu'à 2 mètres de distance (Legouest et Sédillot). Il produit alors de grands désordres, telles que fractures comminutives, écrasement des tissus, et parfois gangrène consécutive. Si le coup est tiré de loin, les plombs pénètrent dans les organes et s'y enkystent, comme on l'observe parfois sur les oreilles ; nous avons même vu, sur une vache, plusieurs plombs n° Il s'arrêter dans l'épaisseur de la cornée. 2° Plaies déterminées par les balles, les boulets, etc. — Les balles, en pé- nétrant dans les tissus, forment souvent une sorte de séton auquel on peut reconnaître deux ouvertures, l'une d'entrée et l'autre de sortie. Celle-ci est saillante, irrégulière, et, d'après les recherches dcSarrazin, elle présente, quand la balle est lancée par le fusil Chassepot, un dia- (I) Journal de méd. ve'tér, publié à l'école de Lyon, 1 8 5 i , p. 5. ['2) Journal de médecine vétérinaire militaire, t. I, p. L-Gô-123. DES PLAIES PAR ARMES A FEU. 19 mètre de sept à treize fois plus considérable que l'ouverture d'entrée. Le trajet des balles n'est pas toujours rectiligne, assez souvent ces projectiles éprouvent des déviations en contournant les parties sail- lantes des os. Quand il n'existe qu'une seule ouverture, on a lieu de penser que la balle est restée dans les tissus ; toutefois il peut arriver qu'elle se soit échappée par son propre poids ou par les mouvements de l'animal. Remarquons que « deux plaies, l'une d'entrée et l'autre de sortie, ne prouvent pas nécessairement qu'aucun projectile ne soit resté dans la blessure. Deux balles peuvent en effet avoir pénétré par le même point et une seule avoir passé outre ; la même balle peut encore s'être divisée sur un os en deux portions dont une seule aura produit l'ouverture de sortie (Legouest et Sédillot). En pénétrant dans les chairs, le projectile peut avoir entraîné avec lui des débris de harnais, ou de vêtements du cavalier. Les balles coniques, lancées par les armes rayées, ont généralement plus de force et se laissent moins dévier de leur direction par la résistance des os qu'elles brisent et font éclater en un plus grand nombre de fragments. La mitraille, les biscaïens, les boulets, les obus et les éclats d'obus déterminent des désordres affreux. Les boulets, qui frappent en plein dans le corps, déterminent immédiatement la mort: tout ce qui se trouve sur leur passage est broyé. « Rencontrent-ils les membres, dit M. Kopp, ceux-ci sont généralement enlevés complètement si c'est à lapartieinférieure, incomplètement si c'esta la partie supérieure. Alors on trouve une vaste plaie, béante, où les os, les muscles, etc., tout est confondu et le membre reste suspendu à unlambeauformépar lapeau, seule ou accompagnée de quelques débris musculaires. » A l'exemple de plusieurs auteurs, M. Kopp pense que le caractère général des plaies par armes à feu consiste dans « l'absence de toute hémorrhagie ; » tan- dis que MM. Legouest et Sédillot affirment que ceci est une erreur: « Nous avons vu, disent-ils, succomber un grand nombre de blessés à des hémorrhagies primitives et instantanées, et l'écrasement des tissus ne prévient pas toujours l'hémorrhagie des gros troncs artériels ou veineux (1). » Il est à noter que les plaies d'armes à feu déterminent, même chez les animaux, une sorte d'engourdissement local qui permet au chirurgien de pratiquer des débridements sans que l'animal cherche à se défendre; c'est du moins ce que M. Kopp a constaté lors de la cam- pagne d'Italie, en 1859. § 1. — Moyens d'exploration. Il n'est pas toujours facile, comme on pourrait le croire à priori, de reconnaître la présence d'une balle ou d'un projectile quelconque, qui (1) Legouest et Sédillot, Traité de médecine opératoire, t. I, p. 186. 20 DES PLAIES PAR ARMES A FEU. a pénétré dans les tissus, et cela môme quand le projectile est placé entre les téguments et un os : «J'ai vu, dit M. Legouest, méconnaître la présence d'une balle à la tempe, et à la dernière campagne d'Ita- lie (1859) un général d'artillerie garda un boulet dans la région axil- laire, où il ne fut découvertqu'aumomentde l'amputation de l'épaule.» 11 faut donc palper avec soin les parties dans lesquelles on suppose que la balle est logée, il faut, s'assurer, par la vue et par le toucher, qu'il n'existe aucune saillie anormale à la surface des téguments, et, à sup- poser qu'il n'y ait pas de déformation, il faut néanmoins explorer avec soin la partie blessée et rechercher s'il n'existe pas quelque corps dur donnant la sensation d'un noyau d'induration très-circonscrit. « Si les chairs sont molles, on peut les saisir entre le pouce et l'in- dicateur, ou entre les doigts des deux mains, et la résistance de- vient très- apparente ; lorsque cette ressource n'existe pas, il faut se contenter d'appuyer alternativement le bout des doigts sur le point douteux, comme si l'on cherchait un abcès, et si l'on constate réellement une dureté circonscrite, on peut être assuré que c'est la balle (1). » Si ces premières investigations sont restées sans résultats, et que l'ouverture de la plaie permette l'introduction du doigt, on a alors re- cours à ce moyen d'exploration, préférablement à la sonde, qui ne per- met pas toujours de reconnaître la nature du corps étranger. Quand l'orifice de la plaie est trop étroit pour que le doigt puisse s'y engager, comme cela s'observe parfois pour les plaies produites par les balles du fusil Chassepot, qui n'ont que 11 millimètres de diamètre, on débride au préalable l'ouverture d'entrée du projectile. Ce débridement doit être fait avec un bistouri droit ou un bistouri boutonné, conduit ou non sur le doigt ou la sonde cannelée, au moyen duquel on agrandit la plaie en incisant les tissus suivant les règles or- dinaires, c'est-à-dire parallèlement aux plis de la peau ou aux fibres musculaires dans le sens où larétractilité des tissus est le moins à crain- dre, en évitant les vaisseaux et les nerfs. Cette opération ne suffit pas toujours, attendu que le doigt explorateur peut être arrêté par des aponévroses qui se sont rabattues derrière le projectile, ou bien encore le projectile a pénétré à une telle profondeur que le doigt ne peut l'at- teindre sans avoir recours à de grands délabrements, qui peuvent deve- hir l'origine de complications funestes. Dans ce dernier cas, on introduit dans la plaie un simple stylet, une sonde en plomb, une sonde à S ou simplement une sonde en gomme élastique. Quel que soif l'instrument employé, il faut le conduire avec précaution et ménagement, en évitant d'appuyer dessus poursurmonter une résistance, et, dans le cas où la sonde est arrêtée par quelque obs- tacle, sans rencontrer le corps étranger, MM. Legouest et Sédillot (1) Loco citato, 1. 1, p. 191. DES PLAIES PAR ARMES A FEU. 21 conseillent de faire une contre- ouverture exploratrice. « On la pratique, disent-ils, de dehors en dedans sur l'extrémité de la sonde ou au moyen du procédé suivant: une sonde cannelée ordinaire, d'une longueur suf- fisante, est engagée dans le trajet de la plaie, et sert à en diriger une seconde également cannelée, mais terminée, au lieu d'un cul-de-sac, par une pointe d'acier acérée. Dès que celle-ci est arrivée au point où Ton voulait la porter, on retire la première, et l'on traverse les parties de dedans en dehors avec l'extrémité pointue de la seconde sonde qui vient faire saillie au delà des téguments tendus entre deux doigts pour faciliter cette espèce de ponction ; on engage alors, dans la cannelure de l'instrument, l'extrémité d'un bistouri droit, avec lequel on opère une contre-ouverture de 0m,04 à 0m,05 environ de longueur. Tous ceux qui ont pratiqué ces opérations, d'après les règles habituelles, savent com- bien il est difficilede faire tomber du premier coup le tranchant du bis- touri dans le trajet de la plaie, surtout si l'on veut éviter la blessure de la paroi opposée; on laisse en vain une sonde à demeure pour servir de guide, l'instrument peut s'en écarter, la dépasser ou s'y émousser, tandis que rien n'est à craindre par le procédé que nous employons, et l'opération devient plus sûre et plus rapide (1). » Ce procédé nous paraît susceptible de recevoir d'heureuses applications en chirurgie vé- térinaire pour le traitement des plaies par armes à feu, car on faci- lite de la sorte l'écoulement du pus et l'on prévient les complications qui peuvent résulter de la présence de ce liquide irritant au sein des tissus. La contre-ouverture exploratrice est donc tout à la fois un moyen de diagnostic et de traitement. Malgré les investigations les plus rationnelles,il arrive qu'on ne peut constater la présence du projectile, soit que celui-ci ait pénétré trop profondément, soit que le siège de la blessure empêche ou arrête les recherches comme M. Kopp en a observé un exemple sur un cheval qui avait reçu une balle dans l'épaule. Dans ce cas, il est indiqué d'attendre qu'une tuméfaction, la permanence d'une fistule, la gêne des mouve- ments, etc., ou tout autre indice révèlent la situation du corps étran- ger, que l'on rencontre plus tard, au milieu d'un abcès sous les tégu- ments vers lesquels il se porte naturellement par la simple résistance des tissus, qui diminue en général de dedans en dehors. Enfin, dans quelques cas heureux, mais très-rares, les balles de même que les grains de plomb s'enkystent et peuvent séjourner impunément au sein des tissus. § 2. — Extraction des projectiles et des corps étrangers. La main de l'homme constitue, comme on l'a vu, le meilleur moyen (1) Loco citato, t. I", p. 193. (2) Journal de médecine vétérinaire militaire, t. I, p. 77. 22 DES PLAIES PAR ARMES A FEU. d'exploration ; mais elle n'a plus la même supériorité comme moyen d'extraction. Dans bon nombre de cas, il est indispensable d'avoir re- cours à l'emploi d'instruments extracteurs. 11 n'entre pas dans nos vues de décrire tous les instruments qui ont été inventés pour extraire les balles. Bien que la plupart de ces instruments soient très-ingénieux, ils ne sont plus employés de nos jours, tels sont les différents tire-balles à bec de grue et de corbin, la cuvette droite et les tire-fonds de Jean de Gersdorf, la tenaille à trois branches d'Alphonse Ferry, les pinces à bec de lézard et bec de perroquet d'Ambroise Paré, Yorganum ramifi- cation d'André de la Croix, le tire-balles de Scultet, celui de Thomas- sin, le tribulcon de Percy et le tire-balles d'Ezra Miles. On ne se sert plus aujourd'hui que des pinces à pansement et du tire-fonds à canule dont nous allons parler. Pinces à extraction. — Elles sont faites de bon acier et ne sont pas beaucoup plus volumineuses que celles à pansement. Elles se compo- sent de deux branches terminées à l'une de leurs extrémités par un anneau et à l'autre par une sorte de petite cuillère, fenêtréeounon, gar- nie de dentelures à sa face interne pour mieux saisir le corps étranger. Ces cuillers sont minces, allongées, presque planes ; les tiges qui les supportent sont croisées l'une sur l'autre et s'écartent parallèlement pour n'occuper que peu de place. On en fabrique de droites et de courbes sur le côté comme sur le plat. Les pinces à dents de souris et celles à ligature servent à extraire les débris de bourres ou de harnais qui ont pénétré dans la plaie. Il peut être utile d'employer un élévatoire ou une spatule pour ébranler les balles incrustées dans les tissus. Le tire-fonds est une tige terminée à l'une de ses extrémités par un manche, et à l'autre par une vis double et à deux pointes que l'on fait pénétrer dans les corps qu'il s'agit d'extraire. Cette tige, dans les tire- fonds perfectionnés, est engaînée dans une canule, afin de ménager le trajet de la plaie. Quelques auteurs pensent que cet instrument doit être abandonné,, parce que, disent-ils, il a l'inconvénient d'exiger une pression qui en- fonce quelquefois davantage le projectile. MM. Legouest et Sédillot soutiennent une opinion opposée. D'après ces auteurs, le tire-fonds est facile à engager dansl'épaisseur des balles et permet d'exercer sur elles une traction considérable, qui suffit fréquemment pour les extraire des os dans lesquels elles se trouvent enclavées. Quand les projectiles ne peuvent être extraits à l'aide du tire-fonds et qu'ils siègent au voisinage des grandes cavités splanchniques, on emploie, en chirurgie humaine, la trépanation, mais ce moyen est ra- rement employé chez les animaux dans les cas de ce genre. Débridement. — De nombreuses controverses se sont élevées sur l'opportunité de cette opération, appliquée au traitement des plaies d'armes à feu, entre les chirurgiens de France et d'Angleterre. Actuel- DES ENTORSES. 23 lement cette question est résolue et les indications du débridement sont nettement déterminées. Nous avons vu déjà que le débridement est souvent nécessaire pour reconnaître la situation du projectile ; nous ajouterons que cette opé- ration est indiquée : 1° pour faire cesser l'étranglement de la plaie par les tissus aponévrotiques qui l'entourent. En remplissant cette indication, on fait cesser la compression qui est la source de tous les accidents dont les plaies d'armes à feu sont le siège. 2° Pour pratiquer la ligature d'une artère. 3° Afin de donner issue à un épanchement sanguin trop considérable pour pouvoir être résorbé. Séton. — Ce moyen consiste à passer une mèche, dans le trajet par- couru par le projectile dans le but de faciliter l'écoulement du pus ou d'entraîner les corps étrangers. On l'employait beaucoup autrefois. De nos jours, on en a restreint l'usage aux plaies dont le trajet, profond et étendu, donne une suppuration de mauvaise nature, dont les bour- geons sont blafards et mollasses et la cicatrisation lente. Dans ce cas, un séton animé avec de l'onguent vésicatoire, ou simplement de l'onguent digestif, modifie la nature du trajet fistuleux et en accélère la cica- trisation. «Le séton, disent MM. Legouest et Sédillot, n'agit pas, dans ce cas, comme moyen particulier de traitement des plaies d'armes à feu, mais comme stimulant des plaies suppurantes. » L'extraction des corps étrangers de diverse nature, autres que les projectiles, tels que fragments de bois, aiguilles, ustensiles ou instru- ments, ne réclame pas d'indications spéciales et ce que nous venons de dire de l'extraction des projectiles est applicable à ces divers corps étrangers, qui s'introduisent soit dans les cavités nasales, ou pénètrent avec les aliments dans le tube digestif, chez les ruminants notamment. Dans les cas heureux, ces corps finissent par se frayer une issue au dehors : un abcès se forme, on le ponctionne, puis on débride dans une étendue suffisante pour saisir le corps étranger avec des pinces et le retirer au dehors. CHAPITRE XI DES ENTORSES ART. 1er. — DES ENTORSES EN GÉNÉRAL. On désigne ainsi des tiraillements plus ou moins violents, des dis- tensions ou des dislocations plus ou moins fortes qu'éprouvent parfois 24 DES ENTORSES. les divers ligaments des articulations, sans qu'il en résulte des chan- gements de rapports ou des déformations des parties. Cet accident s'observe fréquemment sur tous les animaux domesti- ques, notamment chez ceux qui font un service pénible exigeant des efforts violents. Aussi lui donne- t-on assez communément et par mé- tonymie le nom d'effort. Toutes les articulations ne se prêtent pas également à la formation des entorses. Ainsi celles dont l'appareil ligamenteux est formé par des expansions fibreuses courtes et serrées, qui maintiennent dans une étroite coaptation les surfaces articulaires, dont les mouvements sont forcément limités, comme les articulations des vertèbres, par exem- ple, sont moins fréquemment le siège d'entorses, que celles dont les moyens d'assujettissement sont tels qu'ils permettent des mouvements étendus, comme les jointures desmembres, et plus particulièrement celle du boulet. Nous ne reviendrons pas ici sur les dispositions anatomiques des articulations, cette étude ayant été faite dans la première partie de cet ouvrage, pages 54 et suivantes. Étiologie. — En thèse générale, toutes les fois qu'une cause vio- lente exercée sur une articulation aura pour effet d'exagérer ses mou- vements dans un sens ou dans un autre, au delà des limites physiolo- giques, de telle sorte que les ligaments qui assujettissent les pièces osseuses éprouvent des tiraillements ou des distensions forcées, la con- dition sera réalisée pour que l'entorse ait lieu. C'est ce qui arrive quand l'animal fait d'énergiques efforts pour dégager un de ses membres pris sous une stalle, ou fixé aux traverses d'un travail, ou bien engagé tout à coup, pendant la marche, dans une ornière profonde et étroite, entre deux pierres rapprochées, etc., etc.; d'autres fois, un faux appui à une allure rapide sur un terrain incliné latéralement, des glissades sur des routes recouvertes par la neige, la glace, le verglas, la boue grasse; une chute brusque sur le sol alors que les articulations sont fléchies, comme cela se voit quand l'animal, lancé à une allure rapide, franchit un obstacle et tombe à faux; toutes ces causes déterminent des entorses. En effet, on conçoit sans peine que, dans ces diverses circonstances, l'équilibre physiologique des pressions que les diverses parties du corps exercent les unes sur les autres est rompu, que dès lors les ligaments éprou- vent des tiraillements plus ou moins étendus suivant la violence de la cause. On a cherché à localiser l'action de la cause, dans le cas qui nous occupe, et on a fait ainsi des entorses antérieures, postérieures ou laté- rales; mais ces divisions, bonnes tout au plus au pointde vue classique, ne peuvent être établies en réalité, dans la pratique vétérinaire, où l'on ne peut toujours se rendre compte, d'une manière certaine, du point précis où siège la lésion par suite de la diffusion ou de l'irradiation de la douleur. Bornons-nous à faire remarquer que quand la cause agit de telle sorte que les ligaments antérieurs par exemple éprouvent DES ENTORSES. 23 les tiraillements, l'entorse est antérieure, elle est postérieure dans le cas contraire, latérale quand la distension est subie par les ligaments latéraux. Symptômes. — Le symptôme primordial et dominant, par lequel s'accusent toutes les entorses, est une douleur aiguë et subite qui se traduit aussitôt soit par une boiterie des plus intenses, soit par l'atti- tude insolite de l'animal, résultant de l'immobilité momentanée et ins- tinctive de la jointure dont les liens sont distendus. Cette douleur dis- paraît parfois d'elle-même et en quelques instants, mais d'autres fois, et ce sont les cas les plus fréquents, elle persiste sans relâche et déter- mine, quelques heures plus tard, une intumescence, ou mieux un véri- table engorgement de la région affectée. Cet engorgement, surtout bien accusé dans les entorses des membres, peut passer inaperçu, cela va de soi, s'il siège dans des régions profondes; il est, comme on le pressent bien, l'expression d'un état inflammatoire engendré lui-même par les lésions physiques que l'articulation a subies. Or, ces lésions ne peuvent être, au moins à leur période initiale, étudiées sur le vivant, car l'observation apprend que les entorses simples, exemptes de frac- tures, n'amènent pas la mort. Ce n'est donc que par de nombreuses expériences sur le cadavre qu'on peut arriver, sinon à les connaître complètement, du moins à s'en faire une idée à peu près exacte. Or, un illustre chirurgien de Lyon, Bonnet, s'est livré, il va déjà longtemps, à une série de recherches dont nous allons exposer sommairement les résultats. Lorsqu'on soumet les membres à des tractions ou à des efforts sem- blables à ceux qu'ils éprouvent quand une entorse se produit, on déter- mine les lésions suivantes, qui ont été résumées dans le dictionnaire de MM. Bouley et Reynal d'où nous les extrayons : « 1° Dilacération du tissu cellulaire dans une étendue plus ou moins grande avec épanchement de sang dans sa trame, conséquence de la rupture des petits vaisseaux ; 2° Dilacération ou rupture complète des tendons qui sont juxtaposés à l'articulation ; 3" Quelquefois, déchirure des muscles dont ces tendons procè- dent ; 4° Rupture des ligaments dans leur partie moyenne, quand ils sont minces et conséquemment peu résistants; dilacération partielle de ceux qui présentent plus de ténacité ; enfin, arrachement des surfaces d'implantation de ces ligaments, lorsque l'articulation a été forcée avec une très-grande violence. Ces deux dernières lésions se trouvent souvent associées ; 5° Déplacement momentané des os, coïncidant avec le moment où l'effort se fait sentir et disparaissant avec lui ; 6° Fracture, dans quelques cas, des abouts articulaires; 1° Dans quelques cas encore, écrasement des surfaces articulaires, 26 DES ENTORSES. en un point de la jointure opposé à celui où les déchirures de ligaments se sont faites. » Ces lésions, qui se montrent dès que la cause agit, rendent bien compte des symptômes de l'entorse ; elles constituent le point de départ de tous les phénomènes inflammatoires dont on s'explique très- bien l'apparition quand on connaît les diverses modifications qui se produisent dans les articulations sous l'influence des causes violentes qui déterminent une entorse. Ces phénomènes inflammatoires peuvent varier en intensité ; dans quelques cas, ils sont faiblement prononcés et disparaissent d'eux- mêmes ; d'autres fois, ils s'accompagnent d'un engorgement qui per- siste pendant longtemps malgré un traitement énergique ; en outre, d'après M. H. Bouley, les entorses donnent.souvent lieu à des tumeurs osseuses du boulet, qui nécessitent l'application du feu. L'entorse constitue donc une lésion d'une gravité réelle, surtout lorsqu'il s'agit des chevaux de course. « Rien de plus grave que les entorses sur les poulains d'entraînement » (H. Bouley) (1). Quant au traitement, il est des plus simples. Il faut combattre les accidents inflammatoires, s'opposer à leur évolution, et cela, par l'em- ploi rationnel des réfrigérants. Quelques praticiens préfèrent les vési- cants employés sous forme de liniments ou d'onguents. Dans tous les cas, le repos est de rigueur, et, quand il est suffisamment prolongé et complet, il contribue pour une large part à la guérison. Après ces généralités, nous allons étudier avec détails les diverses entorses qu'on observe chez nos animaux. ART. II. — DES ENTORSES EN PARTICULIER. § ) . — Écart de l'épaule. Dans la pratique, on désigne communément sous ce nom une lésion de l'épaule déterminant une boiterie plus ou moins forte. Cette lésion a été diversement interprétée. Solleysel pensait que l'écart résultait de la distension ou disjonction des attaches, musculaires ou ligamenteuses, de l'épaule au thorax : c'était une sorte à'entr ouverture; aussi, cette expression était-elle employée, par les hippiàtres, comme synonyme d'écart. Barthélémy aîné, en 1821, et plus tard Gayot fils (2) ont consi- déré l'écart comme une lésion portant sur le ligament capsulaire de l'ar- ticulation scapulo-humérale, ou bien sur les tendons des muscles qui l'environnent . M . Bouley n'admet pas cette manière de voir quilui paraît trop exclusive et non démontrée; pour cet auteur, les lésions delajoin- (I) Note inédite. (2) Recueil de médecine vétfrinaire, 1 8 -J ."> . DES ENTORSES. 27 ture de l'épaule et du bras contribuent pour une large part à la manifes- tation des boiteries auxquelles le nom d'écart est réservé, mais il faut y ajouter des lésions musculaires traumatiques de l'épaule et du bras. Que faut-il donc entendre par l'expression d'écart appliquée aux boi- teries dont on place le siège dans l'épaule? J'ai eu l'occasion de faire l'autopsie d'un poulain qui avait succombé à un volvulus et qu'on m'avait montré quelques jours auparavant, alors qu'il était atteint d'une boiterie intense du membre antérieur droit, survenue après une chute que l'animal avait faite en franchissant un fossé. Cette claudica- tion présentait ceci de particulier : le membre boiteux était porté dans X abduction outrée, l'animal fauchait, pour nous servir du langage pittoresque de nos devanciers, d'une manière très-marquée du membre antérieur droit, ce qui fit penser à un écart. Or, l'autopsie a dévoilé dans les muscles sterno-trochinien et sterno-aponévrotique du côté droit, des déchirures formant de petites anfractuosités ou cavernes contenant des caillots sanguins en voie de régression et une dégéné- rescence graisseuse de la plus grande partie des muscles précités dont la teinte, pâle et jaunâtre, contrastait avec l'aspect rouge-vif nor- mal des muscles du côté opposé. L'articulation scapulo-humérale cor- respondant au membre malade ne présentait aucune lésion, ni dans les tendons qui consolident cette jointure, ni dans le manchon liga- menteux constituant le moyen de coaptation entre les surfaces arti- culaires. Cette observation démontre donc, dans la mesure d'un fait, il est vrai, que l'opinion des hippiâtres, relativement à la nature de l'écart de l'épaule, n'est pas aussi erronée qu'on l'a voulu dire. Pourtant, comme les annales de la science renferment quelques observations relatives à des écarts de l'épaule suivis de lésions sur la marge articulaire de la cavité glénoïde ou du scapulum (1), et que d'un autre côté, l'idée d'écart porte à penser â une lésion siégeant, sinon dans l'articulation scapulo-humérale elle-même, au moins à son voi- sinage, dans l'appareil complexe, ligamenteux et musculaire, qui assujettit et maintient en rapport l'humérus et le scapulum, nous avons pensé que la description de l'écart de l'épaule appartenait à l'é- tude des entorses, et, pour nous comme pour M. Bouley, l'écart de l'épaule est une lésion complexe pouvant consister à la fois dans une distension ou dilacération de l'appareil ligamenteux propre à la jointure de l'épaule, en même temps qu'un tiraillement ou une déchirure des fibres tendineuses ou musculaires venironnantes. Ainsi comprise, l'étude de l'écart de l'épaule est conforme à l'obser- vation clinique et il nous devient facile d'en faire l'histoire, au moins sous le rapport pratique. Vécart, Yento?^se, ou YeffoiH d'épaule est une maladie, qui, si l'on en jugeait par la tendance de certains praticiens à placer dans l'épaule (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1835, p. 508. 28 DES ENTORSES. le siège de beaucoup de boiteries, serait très-fréquente. Mais nous devons le dire, les difficultés ou mieux l'impossibilité dans laquelle on se trouve, dans la pluralité des cas, sur le terrain de la pratique, pour déterminer le siège d'une boiterie, portent l'observateur à placer dans l'épaule le siège d'une boiterie, qu'on ne peut trouver ailleurs. C'est donc en procédant par voie d'exclusion qu'on est conduit à fixer dans l'épaule le siège d'une claudication, plutôt que par la constata- tion désignes objectifs précis, qui, seuls, permettraient de donner au diagnostic une précision scientifique. Nous ne devons considérer comme véritables boiteries de l'épaule que celles qui sont accusées par des symptômes non douteux. Or, de par les observations détaillées, consignées dans nos recueils périodiques, nous sommes autorisé à dire que les boiteries de l'épaule sont relativement peu fréquentes. Les symptômes qui accusent l'entorse de l'épaule consistent dans une gêne prononcée des mouvements de cette région, qui sont bornés, peu étendus, de telle sorte que l'action des rayons supérieurs du mem- bre ne s'exerce plus que dans un rayon limité, qui fait dire que l'animal a les épaules froides, qu'il est pris des épaules, qu'il a les épaules chevillées. En examinant la région de l'épaule, on pourra y constater un engorgement marqué, diffus, chaud et douloureux, mais le plus souvent, à part une légère sensibilité, qui peut aisément passer ina- perçue, la région précitée ne présente aucune déformation. Soumis à l'allure du pas, l'animal, par suite de la douleur qu'il éprouve à chaque mouvement de l'épaule, entamera le terrain avec difficulté et à petits pas, le membre est souvent alors porté dans l'abduction, c'est-à-dire que l'animal fauche; toutefois ce symptôme, considéré jadis comme caractéristique, fait souvent défaut, de plus il n'appartient pas exclu- sivement à la boiterie de l'épaule, attendu qu'il se produit, et d'une manière très-nette, dans les claudications causées par un engorgement tendineux. Au trot, l'irrégularité de la locomotion est bien plus appa- rente qu'au pas et l'allure est singulièrement raccourcie surtout chez les trotteurs très-vites, et plus particulièrement chez les steppeurs. L'action de reculer est souvent difficile, le membre boiteux laboure le sol et ne se fléchit point. Dans quelques cas, la claudication est très- intense et l'animal saute sur trois jambes, quelle que soit la nature du terrain, sur lequel on l'examine ; l'appui se fait sur toute la surface plantaire, et la boiterie apparaît avec une égale intensité. Kn outre, elle n'est point de celles qui disparaissent par l'exercice ; quelque- fois, elle diminue, mais les allures restent toujours irrégulières et raccourcies. Ces symptômes ont leur raison d*être dans les fonctions de l'épaule. On sait, en effet, que les muscles puissants qui s'attachent à cette région soulèvent le membre ; celui-ci, par leur contraction, est projeté en avant, en môme temps que l'omoplate exécute un mou- vement de bascule en arrière; d'un autre côté, quand un membre anté- rieur est au soutien, son congénère supporte une plus grande partie du DES ENTORSES. 29 poids du corps, dont l'épaule ressent les effets. Aussi, comme le dit avec raison M. H. Bouley (1), « au dernier temps de l'appui, c'est-à-dire au moment où le membre congénère se dispose à se dégager de dessous le corps pour commencer son action, alors la douleur est ressentie plus intense par l'animal, parce que le scapulum est sollicité, par les pres- sions accumulées qu'il supporte, à effectuer sa flexion sur l'humérus devenu fixe relativement à lui, et c'est à cet instant que le membre en action précipite son mouvement et revient rapidement à l'appui, afin que son congénère endolori supporte le moins longtemps possible les pressions qui exagèrent ses souffrances. » Mais les signes objectifs que nous avons rapportés précédemment, manquent souvent; dès lors, les signes rationnels résultant des irrégu- larités de la fonction locomotrice ne sont rien moins qu'appréciables. En pareil cas, le diagnostic est des plus difficiles. Aussi allons-nous exposer avec soin la marche à suivre en pareille occurrence, et le mode d'exploration à mettre en usage afin de reconnaître le siège du mal. Un premier élément de diagnostic, que le praticien ne doit point né- gliger, consiste dans les commémoratifs. Il faut s'enquérir des circons- tances dans lesquelles la boiterie s'est montrée. Si l'on apprend que c'est à la suite d'une chute, d'une violente contusion sur l'épaule, d'une glissade, que la boiterie a apparu, on a quelque raison de penser qu'elle siège dans l'épaule. Toutefois, dans bien des cas, le conducteur de l'a- nimal est muet à cet égard, ou bien il ne sait rien de précis, rien enfin qui puisse mettre le praticien sur la voie de l'affection à laquelle il a affaire. Il faut alors, et dans tous les cas du reste, examiner soigneu- sement toutes les parties du membre situées au-dessous de l'épaule. On commence d'abord par le sabot qui est déferré, paré, sondé, exploré dans tous les sens. Puis il faut explorer par la vue et le toucher, la cou- ronne, le paturon, le boulet, le canon, le tendon, le genou et l'avant- bras. Toutes ces explorations successives ayant donné des résultats néga- tifs, on arrive à l'épaule. Là, il faut s'assurer si cette région ne présente rien d'anormal, sous le triple rapport de la direction, de la forme et du volume, en se servant comme point de comparaison de l'épaule du membre sain. Ensuite il faut palper méthodiquement l'épaule, dans toute son étendue exploitable, afin de s'assurer s'il existe quelques points douloureux ; on n'oubliera pas qu'il est des animaux chatouilleux, chez lesquels la sensibilité tégumentaire est en quelque sorte exaltée et qui, pendant cette exploration, se livrent à des mouvements qui peu- vent donner le change sur la nature de la lésion, d'autant que, dans beaucoup de cas, des frictions résolutives, vésicantes ou autres, peuvent avoir augmenté la sensibilité normale de l'épaule. Il est donc recom- (I) Dictionnaire de médecine vétérinaire, t. V, p. 303. 3U DES ENTORSES. mandé, pour suppléer à l'insuffisance de l'exploration parles mains, de pratiquer une légère percussion sur l'épaule avec le poing- fermé afin de rendre saisissable la sensibilité des parties profondes endolories. Sol- leysel, Barthélémy, Hurtrel d'Arboval et d'autres encore ont prescrit de faire exécuter au membre souffrant des mouvements successifs de flexion, d'extension, d'adduction, d'abduction dans le champ le plus étendu possible; mais, si l'on ne veut pas s'exposera des mécomptes, il faut effectuer ces manœuvres avec ménagement, car tout effort de distension est douloureux, pour les muscles qui l'éprouvent, et cela d'autant plus qu'il s'exerce dans une limite plus étendue, qu'il est plus souvent répété et que l'impressionnabilité des animaux est plus grande. Il est bon de faire le même examen sur le membre opposé afin d'arriver, par la comparaison des manifestations, à apprécier les diffé- rences qui peuvent exister entre eux, au point de vue de la sensibilité de la région explorée. Que si enfin on parvient, par cet examen mul- tiple, à découvrir dans l'épaule suspectée, une sensibilité manifeste et plus accusée que dans l'épaule opposée, on sera autorisé à conclure que la boiterie réside dans l'épaule. Les causes, qui peuvent engendrer les boiteries de l'épaule, sont mul- tiples et de plusieurs sortes. Les unes sont purement physiques, les autres sont l'expression d'un état général particulier. Bornons-nous d'abord à énumérer les unes et les autres, puis nous chercherons à ex- pliquer leur mode d'action. Parmi les premières, qui sont les plus ordinaires, nous trouvons les fortes glissades en dehors, comme cela se voit si fréquemment sur des routes en pente , rendues glissantes par le verglas, ou d'autres causes ; les efforts très-énergiques que fait un limonier, lorsque, dans une descente, il s'arc-boute du devant contre le sol, pour résister à l'impulsion du fardeau auquel il est attelé ; les chutes qui surviennent alors, les efforts énergiques que font les ani- maux pour se relever sous la charge ou pour dégager un membre antérieur retenu dans une excavation du sol. Pendant le cabrer, lors- qu'un des membres, porté dans l'abduction, est retenu dans cette posi- tion forcée, ou bien, quand un animal étant abattu pour une opération, le membre antérieur correspondant au côté sur lequel l'animal est couché est étendu outre mesure pour être amené en arrière et fixé sur le membre postérieur en diagonale. Les chocs, les heurts, les con- tusions de l'épaule enfin, telles sont les causes locales et déterminantes de l'affection qui nous occupe. Les causes internes sont relatives à un état morbide général dont la boiterie de l'épaule n'est qu'une manifestation locale ; parmi celles-ci, il faut placer la morve, la gourme, les affections pulmonaires, les rhu- matismes, ou, tout au moins, les inflammations synoviales consécutives à des lésions viscérales, et les modifications organiques et fonctionnelles que l'âge détermine dans toutes les parties de l'organisme. Le mode d'action des causes physiques se déduit nettement du fonc- DES ENTORSES. 31 tionnement physiologique des membres antérieurs. On sait que l'ar- ticulation scapulo-humérale est une arthrodie, remarquable par l'étroi- tesse relative et le peu de profondeur qu'offre la cavité glénoïde du scapulum destinée à loger la tête de l'humérus beaucoup plus étendue en superficie et qui la déborde ainsi de toutes parts. Cette disposition anatomique permet aux surfaces articulaires une très-grande liberté de mouvement, facilitée par le manchon capsulaire très-lâche s'atta- chant, par son contour supérieur, sur la circonférence de la cavité glé- noïde et par l'inférieur, autour de la tête numérale. Cette jointure peut en effet effectuer tous les mouvements. Le sca- pulum et l'humérus éprouvent alors divers déplacements ; l'angle qu'ils forment peut être diminué ou agrandi, suivant les mouvements qui se produisent. Lorsque l'animal entame le terrain, c'est l'humérus qui effectue le mouvement le plus étendu sur le scapulum. La tête de l'humérus glisse d'arrière en avant et de dedans en dehors dans la cavité glénoïde du scapulum contre laquelle elle se trouve maintenue par le ligament capsulaire, mais surtout par le tendon du coraco-radial, sur lequel l'humérus tout entier bascule d'avant en arrière par un mouve- ment de charnière dans le sens vertical, d'après la Sjuste remarque de Rigot. Quand le membre vient à l'appui, le scapulum s'infléchit en arrière, son extrémité inférieure se porte en avant et glisse sur la tête de l'humérus contre laquelle elle demeure appliquée par la résistance que lui oppose le tendon du coraco-radial. C'est donc, dit M. Bouley, à ce cordage fibro-musculaire qu'aboutissent en définitive tous les efforts de la flexion, car c'est lui qui a pour usage de la borner dans certaines limites qui ne doivent jamais être dépassées. Quoique doué d'une grande force de ténacité et de rétractilité, le coraco-radial est suscep- tible d'éprouver parfois une distension plus ou moins prononcée, résultant des mouvements de flexion exagérés, comme cela arrive dans une chute ou lorsque l'animal est abattu pour une opération et qu'un membre antérieur est fixé sur le membre postérieur opposé en diago- nale. Cette distension est quelquefois suivie d'altérations de la gaîne qui facilite le glissement du tendon dans la coulisse bicipitale. Dans l'extension, ce sont les muscles olécrâniens, antagonistes du coraco- radial, qui peuvent subir, quand le mouvement est exagéré, des tirail- lements excessifs et douloureux. C'est ce qui arrive quand un limonier, attelé aune lourde charge, fait une forte glissade en avant ; les membres antérieurs tendus outre mesure supportent alors non-seulement le poids du corps, mais celui de la charge, et il peut en résulter des tiraillements douloureux dans les muscles olécrâniens tendus à l'excès. Des effets semblables pourront avoir lieu quand l'animal lancé au galop et fran- chissant un obstacle, un fossé ou une haie, retombera brusquement sur un terrain incliné ou glissant, de telle sorte que les membres anté- rieurs, fortement portés en avant et étendus, auront à supporter le poids du corps, considérablement augmenté par la vitesse extrême de l'allure. 32 DES ENTORSES. Les mouvements d'adduction et d'abduction que peut effectuer l'ar- ticulation scapulo-humérale sont beaucoup plus bornés que ceux d'ex- tension et de flexion, et l'on comprend que de fortes glissades sur le côté puissent déterminer des efforts de traction et de distension, qui portent non-seulement sur les muscles de la région scapulaire interne, mais encore sur les muscles, qui, comme le sterno-trochinicn et le sterno-aponévrotique, relient l'humérus au thorax; de là, Venir' 'ouver- ture des anciens. Quand un animal est couché sur le côté, pour une opération de pied, et que le membre antérieur reposant sur le sol, est porté en arrière et fixé sur le membre postérieur opposé en diagonale, il en résulte une ad- duction extrême, et les mouvements violents auxquels l'animal se livre souvent peuvent produire des tiraillements douloureux dans le court abducteur du bras et dans le sous-épineux . Et, de fait, on voit souvent, dans les opérations de ce genre, quand les animaux sont relevés, une boiterie très-forte, ou mieux une sorte d'engourdissement du membre sur lequel l'animal avait été abattu. Toutefois, dans ce cas, il est exact de dire que le phénomène n'est pas aussi simple que nousvenonsde le supposer, il nous paraît incontestable que la compression des filets ner- veux émanant du plexus brachial doit contribuer pour une large part à produire la boiterie dont il s'agit. C'est ainsi que Rigot rapporte un cas de boiterie de l'épaule produite par une exostose comprimant le plexus brachial (1). Anatomie pathologique. — Ce n'est que dans des cas, en quelque sorte exceptionnels, qu'il a été possible d'examiner les lésions pro- duites par l'écart de l'épaule. Ces lésions peuvent exister soit dans les muscles de l'épaule, dubras, soit dans les rayons osseux eux-mêmes qui forment ces régions, soit dans le plexus brachial. Gaullet a rencontré quelquefois, dans les mus- cles de la face interne de l'épaule, une infiltration de sérosité citrine semblable à de la gélatine. Une fois il a trouvé « entre les muscles sous- scapulaires et les côtes, un dépôt assez étendu de matières grisâtres, grenues et presque desséchées, et qu'on pouvait comparer à un amas de sable un peu gros. » Cette description, qui manque de précision, • n'a pas été corroborée par de nouveaux faits; pourtant Rigot dit avoir observé plusieurs fois la déchirure de quelques-uns des faisceaux du muscle sous-scapulaire à la suite des causes ordinaires de l'écart. Il ajoute même que ces déchirures sont plus fréquentes qu'on ne le Çense, car, sur le cadavre, il suffit quelquefois, dit-il, d'une légère exagération dans le mouvement d'abduction pour les produire. Quoi qu'il en soit, ce n'est point dans le système musculaire que se trouvent les lésions les plus intéressantes. On rencontre celles-ci dans la gaîne synoviale qui facilite le glissement du tendon d'origine du coraco- (1) Recueil de médecine vétérinaire, année 1837, p. 614. DES ENTORSES. 33 radial dans la coulisse bicipitale de l'humérus. Au début, la mem- brane synoviale est fortement injectée, le liquide qu'elle sécrète a perdu sa limpidité, il reflète une teinte rouge vineuse ; les surfaces de frotte- ment sont moins lisses et leur couleur, moins éclatante, est nuancée d'une teinte légèrement rougeâtre. Plus tard, lorsque l'inflammation est devenue chronique, la synoviale est épaissie et reflète une teinte jaunâtre. La couche diarthrodiale, qui revêt la coulisse bicipitale, est diminuée d'épaisseur et sa transparence augmentée laisse voir la teinte rougeâtre de l'os sous-jacent; il y a même des places sur les reliefs de la coulisse où cet os est complètement à nu. La surface de frottement du tendon présente une teinte jaune safra- née; elle est sèche, éraillée, et offre çà et là quelques points saillants qui semblent n'être autre chose que les extrémités, rassemblées en petites pelotes, de quelques libres rompues transversalement et ré- tractées sur elles-mêmes après leur rupture. La sécrétion synoviale paraît alors presque tarie. C'est à peine si les parois de la gaîne en sont mouillées (1). Villate a même rencontré à l'autopsie d'un cheval, abattu pour cause de boiterie de l'épaule incurable, indépendamment de l'a- trophie et de la décoloration des muscles des régions scapulaire et brachiale, une large tumeur osseuse occupant tout l'espace compris en- tre le trochiter et le trochin et sous laquelle la coulisse bicipitale dis- paraissait complètement ; le tendon à son passage sur cette coulisse était rugueux et présentait une excavation modelée sur la tumeur, là les fibres tendineuses étaient excoriées (v2). M. Goubaux a eu l'occasion d'observer, dans la gaîne synoviale du tendon supérieur du coraco-ra- dial, la présence de flocons albumineux rouge-jaunâtres, plus ou moins volumineux, non adhérents. La coulisse bicipitale était presque com- plètement dépourvue de cartilage. Le corps du muscle coraco-raiikil présentait, vers le tiers supérieur de l'humérus, deux petites poches inégales contenant des caillots fibrineux jaunâtres. Ces excavations in- diquaient que le muscle dont il s'agit avait été le siège de ruptures par- tielles par suite de distensions extrêmes. 11 n'est pas rare de rencontrer des abcès dans les muscles olécrâniens,Gaul!eten a cité un exemple (3). M. Bouley en a observé quelquefois à la suite d'embarrures par-des- sus le bord d'une stalle très-élevée. Bigot a trouvé sur un cheval, qui boitait de l'épaule, une exostose située vers la tubérosité interne de l'humérus et qui exerçait une compression telle sur les nerfs voisins que le névrilemme et la pulpe nerveuse avaient une teinte rouge lie de vin (4). Cet auteur a encore signalé « la transformation éburnée totale ou partielle des surfaces articulaires. » M. Goubaux a constaté en outre, (1) H. Bouley et Reynal, Dictionnaire deméd. et de chirurgie vétér., t. V, p. 297. (2) Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 1854. (3) Recueil de médecine vétérinaire, 18-JC. (4) Ibid., 1837, p. 614. PiiccH et Toussaint. — Chirurgie. H • " 34 DES ENTORSES. dans l'articulation scapulo-humérale, la présence de corps étrangers formés par des îlots de cartilage détachés des surfaces articulaires. Re- nault a vu, une fois, sur les marges articulaires, des bourgeonnements osseux « dont quelques-uns avaient le volume d'une grosse aveline, et dont l'ensemble formait un couronnement inégalement bosselé a la naissance du ligament capsulaire (1). » Leblanc a décrit dans le Journal des haras, en 1837, des lésions observées sur des chevaux atteints de boiterie de l'épaule. Ces lésions ne diffèrent pas de celles que nous venons d'exposer Pronostic. — La boiterie de l'épaule constitue, d'une manière géné- rale, un accident grave, car il n'est pas rare de voir des claudications de ce genre, persister pendant longtemps, résister même à tous les moyens de traitement ; toutefois, la gravité du pronostic varie suivant le cas. Ainsi, quand on constate un engorgement de l'articulation scapulo- humérale ou des parties avoisinantes, que cet engorgement est dou- loureux et s'accompagne d'une boiterie récente, il y a lieu d'espérer une guérison sinon rapide, du moins complète; dans d'autres cas, si l'on ne remarque à l'épaule qu'une sensibilité anormale en même temps qu'une boiterie très-caractéristique, avec abduction manifeste du membre malade, on pourra penser encore que la cure sera facile, au moins d'une manière relative. Mais il est des cas, et ils ne sont pas rares, dans lesquels les symptômes objectifs font complètement dé- faut, alors que la boiterie persiste avec une désespérante ténacité. On devine bien qu'en pareille circonstance le pronostic est grave; quelque- fois, en effet, cesboiteries de l'épaule que rien ne décèle à l'extérieur sont produites par des lésions profondes, intra-articulaires ou intra- musculaires, ainsi que nous l'avons vu dans le paragraphe précédent. Grave encore est le pronostic lorsque la boiterie, très-ancienne, est ac- compagnée d'une émaciation des muscles de l'épaule qui indique soit une altération profonde survenue dans un ou plusieurs nerfs de la ré- gion, soit une lésion atrophique dont la cause est inconnue. Traitement. — Un grand nombre de moyens ont été préconisés pour faire disparaître les boiteries résultant d'un écart ou d'une entorse de l'épaule. Le plus grand nombre de méthodes de traitement préconisées, dans les cas de ce genre, était connu des anciens hippiàtres, et quelques- unes d'entre elles, tour à tour abandonnées et reprises, sont aujourd'hui mises en usage et conseillées par quelques auteurs. Avant d'aborder l'étude détaillée de ces divers moyens nous devons dire, d'une manière générale, que le traitement de l'écart varie suivant l'époque à laquelle remonte la boiterie. il ne faut pas oublier, en effet, que souvent au début les claudications de ce genre sont accompagnées d'une vive douleur qu'il faut bien se garder d'augmenter par des moyens irrationnels et intempestifs. (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1835, p. 509. DES ENTORSES. 35 Le procédé de traitement le plus anciennement connu est celui qui consiste dans l'entravement des membres antérieurs. Il en a été fait mention, pour la première fois en 1650, dans le Maréchal-expert, de Ni- colas Beaugrand, maréchal à Paris. Solleysel, Garsault, Bourgelat, ad- mettaient l'efficacité de ce moyen et le recommandaient dans leurs ouvrages ; mais plus tard, Lafosse, Yitet, condamnèrent cette pratique qu'ils considéraient au moins comme inutile, si ce n'est même nuisible. Aussi cette méthode était-elle complètement oubliée, lorsqu'en 1855, M. Delorme, d'Arles, la remit en honneur et fit voir que, dans tous les cas de boiterie de l'épaule, elle était susceptible de donner de bons résultats. Cette méthode consiste à appliquer à chaque membre antérieur, une entrave, soit dans le paturon, soit au-dessus du boulet ou du genou. Un lacs, fixé à l'une d'elles, passe dans l'anneau de l'entrave opposée et de cette façon on ramène le membre malade, dans la situa- tion normale. « Peu de chevaux, dit M. Delorme, s'inquiètent de l'ap- plication de l'entrave et ce n'est que dans des cas fort exceptionnels qu'on doit recourir à des précautions particulières qui consistent, lorsque les chevaux s'agitent et se tourmentent après l'application des entraves, à aborder les malades, à leur parler, à les caresser pendant quelques heures, jusqu'au moment où cesse la douleur résultant de la compression des parties intéressées, par le retour de l'extrémité dans sa ligne d'aplomb. » Ce moyen nous paraît appelé à produire d'excel- lents effets, surtout quand l'écart est récent. Par L'immobilisation du membre qu'il détermine, il maintient les rapports des rayons osseux, prévient la douleur que ces mouvements peuvent déterminer et fina- lement accélère la guérison. Afin de rendre ce moyen plus efficace, on peut pratiquer, sur l'épaule, de vigoureuses frictions avec divers lini- ments. Les hippiàtres préparaient, dans ce but, un grand nombre d'on- guents, de charges, d'emplâtres, d'emmiellures qui ont été remplacés aujourd'hui par des remèdes connus sous les noms génériques de liqueurs ignées, de baumes, de feux, etc., qui possèdent des propriétés vésicantes bien marquées et dont l'emploi mérite d'être recommandé. M. Bouley conseille concurremment avec l'emploi de l'entrave, l'application sur l'épaule de la charge de Lebas, qu'on répète au besoin, si la vésication ne paraît pas suffisante. Du reste, il en est du choix des liniments à employer pour les boiteries de l'épaule, comme de celui des prépara- tions qu'il convient d'employer pour telle ou telle autre boiterie; cha- que praticien, guidé par l'expérience, donne la préférence aux médi- caments qui lui ont donné les meilleurs résultats. L'essentiel, suivant nous, c'est de laisser au début les animaux dans le repos le plus com- plet, et l'entravement nous paraît être le meilleur moyen pour obtenir ce résultat si important. Les applications émollientes, tant vantées autrefois, sont de nos ours complètement abandonnées. 36 DES ENTORSES. L'eau froide, employée sous forme de douches lancées avec une cer- taine force, peut donner de bons résultats au début de la claudication. C'est ainsi que Reinertdit avoir guéri des écarts de l'épaule en appliquant, sur cette région, un coussin en toile rempli de rognures d'épongés que l'on imbibe d'eau froide, en ayant le soin d'interposer entre cet appareil et l'épaule des linges plies en plusieurs doubles et de recouvrir le tout d'une couverture de laine fixée au-devant du poitrail ; l'appareil est maintenu humide et laissé en place de huit à quinze jours. « Sous son influence, la partie devient d'abord chaude et moite ; puis une forte transpiration se déclare et enfin une tuméfaction plus ou moins forte se manifeste, comme sous l'influence des irritants, et détermine la résorption des produits épanchés (1). » L'hydrothérapie a été uti- lement employée encore pour les boiteries de l'épaule par un vétéri- naire prussien, Luchow, d'après les conseils du lieutenant-colonel Werdez. La méthode de traitement, préconisée par ce vétérinaire, et qui est aussi bien applicable au traitement de l'écart de l'épaule qu'à celui de la cuisse dont nous parlerons plus loin, consiste « à enve- lopper l'animal d'un camail et de doubles couvertures ; puis on fric- tionne l'épaule avec le mélange suivant : ammoniaque liquide et essence de térébenthine, de chaque, trente-deux grammes; alcool camphré et alcool de savon, de chaque, quarante-huit grammes. La friction est terminée lorsque la peau se couvre d'une mousse blanche. Alors on exerce l'animal à la plate-longe, le membre malade en dehors ; on ne le rentre que lorsqu'une abondante transpiration s'est fait jour. Placé à l'écurie et malgré la sueur dont il est couvert, on lui applique, sur l'épaule malade ; un sac trempé dans l'eau froide. Ce sac tordu, pour qu'il ne laisse pas écouler le liquide, est disposé de manière que le contact avec la région frictionnée soit intime et uniforme. De deux heu- res en deux heures, on renouvelle l'application froide. La dernière compresse, qui a été appliquée vers le soir, est enlevée vers le lende- main avec les couvertures. Pendant les huit jours suivants, on soumet l'animal, bien couvert, à une promenade aupas d'une demi-heure. A me- sure que l'amélioration fait des progrès on accélère l'allure. La guéiïson est ordinairement complète au bout de deux à trois semaines (2). » Luchow dit avoir obtenu, par l'emploi de ce moyen, des résultats remarquables. Les anciens hippiâtres ont recommandé depuis longtemps de sou- mettre le cheval atteint de boiterie de l'épaule, à un exercice plus ou moins violent comme celui de la natation, par exemple, ou bien à celui qui consiste à forcer un animal boiteux de marcher à trois jambes, le membre antérieur sain étant levé et tixé à l'aide d'un trousse- pied ; (1) F. Tabourin, Traité il,- matière médicale, 3e édition, t. Ier, p. lô'î. — Clinique, vétérinaire, 1862, j». 447. (2) Répertoire dé médecine vétérinaire de Belgique, 1349. DES ENTORSES. 37 c'est ce qu'ils appelaient faire nager le cheval à sec ; d'autres fois en- core ils appliquaient au membre sain un fer à patin et forçaient ainsi l'appui sur le membre boiteux. Ces diverses manœuvres, à l'exception toutefois de la natation proprement dite, sont, avec raison, abandon- nées de nos jours. En effet, si dans les écarts anciens de l'épaule, il peul être utile de soumettre l'animal à un exercice modéré afin de faciliter la résorption des produits morbides résultant des lésions cjui peuvent constituer l'écart, et d'exciter en quelque sorte les fonc- tions nutritives de la région pour que toutes ces parties reprennent leurs propriétés physiologiques, il est toujours nuisible d'outre-passer la limite dans laquelle il convient d'exciter la partie et au delà de laquelle il peut survenir de nouvelles lésions. On a de même laissé de côté cette méthode barbare de traitement, décrite par Solleysel, et que les hippiâtres appelaient donner les plumes. Cette méthode consiste à meurtrir l'épaule avec un corps dur, puis à dilacérer la peau dans la région de l'épaule, y insuffler de l'air pour y placer des plumes d'oie enduites de basilicum. C'est sans doute cette vieille pratique qui a donné l'idée d'appli- quer un séton à l'épaule pour les boiteries de cette région. Beaucoup de praticiens recommandent ce moyen. Les uns appliquent un séton simple, parallèle au bord antérieur de l'omoplate et s'étendant depuis la partie supérieure jusqu'à la pointe de l'épaule ; d'autres en met- tent plusieurs; il en est encore qui prescrivent de les enduire de divers topiques, onguent basilicum, essence de térébenthine,, am- moniaque. Quoi qu'il en soit, quand le séton a une longueur conve- nable, c'est-à-dire lorsqu'il embrasse le bord antérieur de l'épaule, il peut bien être parfois accompagné d'engorgements volumineux et souvent multiples, mais, en somme, il n'engendre pas, généralement du moins, d'accidents graves, tandis qu'à la suite de l'application des sétons monstres ou sétons à la Gaullet, du nom de son inventeur, on voit souvent apparaître la gangrène. Le séton Gaullet entoure pour ainsi dire toute l'épaule (Voyez tome Ier, p. 649); il est suivi d'un engorgement toujours considérable, et, comme des caillots sanguins, des débris de tissus peuvent séjourner dans les parties déclives dans lesquelles l'air a accès, les conditions existent pour que la fermentation putride prenne naissance, d'où résulte parfois la gangrène traumatique. Toutefois, M. H. Bouley nous fait remarquer qu'on peut éviter « le danger de ce long séton en l'appliquant en plusieurs temps dans des jours suc- cessifs. » (Note inédite.) Le manuel opératoire de l'application de ces divers sétons a été décrit dans le premier volume de cet ouvrage, pages 647 et suivantes auxquelles nous renvoyons le lecteur. Le séton dont il s'agit, comme tous les autres du reste, doit être laissé en place pendant lo à 20 jours ; durant ce laps de temps, l'animal est laissé en repos ou soumis seulement à un exercice modéré. 38 DES ENTORSES. Le mode d'action du séton, dit M. Bouley, est complexe : «dans les premiers jours qui suivent son application le séton, par la douleur qu'il cause, met obstacle dans une certaine limite aux mouvements de l'épaule et du bras et constitue ainsi les organes moteurs de ces parties dans les conditions les plus favorables à la réparation des lésions qu'ils peuvent avoir éprouvées. S'il existe un état inflamma- toire, le séton tend à le contre-balancer par son action révulsive. Mais ce qui fait surtout que le séton est un agent efficace en pareil cas, c'est qu'il détermine, par sa présence et par la formation continuelle du pus, un mouvement plus rapide dans les échanges moléculaires des parties au voisinage desquelles il est situé. Sous son influence, la résorption nutritive s'opère plus vite dans ces parties, des molécules nouvelles se substituent plus rapidement aux molécules anciennes ; l'état mor- bide tend à disparaître, et les tissus, après sa disparition, se recon- stituent, sous l'influence de la nutrition activée, dans leurs conditions physiologiques (1) ». Quoi qu'il en soit de cette interprétation, il est certain que, dans beaucoup de cas de boiterie de l'épaule, le séton produit les meilleurs effets et détermine la guérison alors que souvent des frictions résolutives ont été infructueusement employées. Le séton à rouelle peut aussi être utilement mis en usage pour les boiteries de ce genre. Les trockisques escharotiques, caustiques, au vitriol bleu ou au sublimé corrosif, sont depuis longtemps employés pour le traitement des boiteries de l'épaule. M. Rey a employé souvent ce caustique avec un plein succès (2). On introduit, sous la peau, au niveau de l'articula- tion scapulo-humérale un petit fragment de sublimé du poids moyen de deux grammes environ. La tuméfaction qui s'ensuit ne doit inquié- ter en rien le praticien, car elle disparaît d'elle-même. Par ce moyen, on a obtenu la guérison de boiteries très-anciennes, ainsi que M. Chaus- signand en a publié un remarquable exemple. Enfin, quand on a affaire à des boiteries rebelles, il est indiqué d'avoir recours à la cautérisation par le fer rouge ; quelques praticiens donnent la préférence au feu, appliqué par la méthode de Nanzio (Voy. t. I, p. 672). § 2. — De l'écart de la cuisse. Synonymie. — Boiterie de la cuisse. — Allonge. — Entorse eoxo- fé- morale. — On doit entendre par ces diverses appellations une affection consistant dans une boiterie résultant d'une distension de l'appareil ligamenteux ou musculaire qui forme l'articulation coxo-fémorale. De môme que l'écart de l'épaule, l'accident qui nous occupe est (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., t. V, p. 321. (2) Compte rendu de l'école vétér. de Lyon, 1841. DES ENTORSES. 39 bien moins fréquent qu'on pourrait le penser d'après les nombreux cas où le praticien, à bout d'expédients, place dans la cuisse le siège d'une boiterie qu'il ne peut découvrir ailleurs. Si l'on considère d'un autre côté, qu'on n'a rencontré que très-exceptionnellement quelques lésions dans la jointure coxo-fémorale ou au voisinage, tandis que pour l'écart de l'épaule, il arrive parfois qu'on trouve, ainsi que nous l'avons vu, des lésions très-accusées, on conviendra, ce nous semble, que les boiteries de la cuisse sont encore plus rares que celles de l'épaule. Étiologie. — L'articulation coxo-fémorale appartient au genre énar- t/trose. Ses moyens d'union et de consolidation consistent dans les liga- ments coxo-fémoral, pubio-fémoral et un manchon capsulaire;le muscle petit fessier l'affermit en dehors. Elle jouit des mouvements les plus va- riés: flexion, extension, abduction, adduction, circumduction, rotation. Les mouvements de flexion et d'extension peuvent s'exercer dans des limites relativement très-étendues, tandis que les autres mouvements, l'abduction et l'adduction notamment, sont bornés, et, lorsqu'une cause violente en exagère l'étendue, il en résulte une distension des ligaments inter- articulaires constituant l'entorse coxo-fémorale proprement dite. Les causes, susceptibles de déterminer l'accident qui nous occupe, sont les glissades, les chutes, surtout lorsque l'animal est attelé à une lourde charge et que les membres postérieurs sont en abduction outrée. Quand un animal est couché pour une opération de pied no- tamment et que le membre postérieur malade est ramené sur le mem- bre antérieur opposé en diagonale sur lequel il est fixé, il n'est pas rare de voir se produire, au moment où l'animal est relevé, surtout si l'opé- ration a été de longue durée, une boiterie ou une sorte de raideur du train postérieur qui est la conséquence de la distension éprouvée par les ligaments de la jointure coxo-fémorale. Lorsque dans une descente un limonier, qui retient seul le lourd fardeau auquel il est attelé, vient tout à coup à s'acculer sur ses membres postérieurs, ceux-ci subissent une brusque flexion d'autant plus complète que le poids de la charge est plus considérable, les ligaments de l'articulation coxo-fémorale sont alors vivement et énergiquement tiraillés et il peut en résulter une entorse. La même chose peut avoir lieu quand un animal, assujéti dans un travail, se débat énergiquement et se laisse aller de tout son poids sur le membre fixé à la barre du travail. Quelques maladies générales, telles que la gourme, la morve et le farcin, peuvent donner lieu à des boiteries des membres postérieurs, et, quand on ne trouve rien d'anormal dans les diverses parties du membre boiteux, aucun engorgement accusant une synovite sympto- matique, beaucoup de praticiens sont disposés à placer le siège du mal dans la jointure coxo-fémorale. Est-ce à tort ou à raison? C'est ce qu'il serait bien difficile de dire, par suite des difficultés en présence des- quelles on se trouve pour établir le diagnostic avec précision, c'est 40 DES ENTORSES. plutôt par analogie avec ce qui a lieu pour l'épaule qu'on admet que des causes internes peuvent jouer un certain rôle dans les boiteries de la cuisse. Quoi qu'il en soit, on a signalé, très-rarement à la vérité, des lé- sions de l'articulation coxo-fémorale aynnt déterminé des boiteries in- curables. Ainsi, Rigot parle, dans son Traité d<: Syndesmologie, de la transformation éburnée des surfaces articulaires, soit du fémur, soit . du coxal, il mentionne également l'ossification du bourrelet cotyloïdien qu'il dit avoir observée une seule fois, il signale encore l'ossification partielle du ligament capsulaire coxo-fémoral. Le même auteur a rap- porté dans le Recueil de médecine vétérinaire (année 1837) un cas de rupture des deux: ligaments internes. Ces diverses lésions résultent des tiraillements excessifs dont l'articulation coxo-fémorale est le siège par suite des causes que nous avons énumérées précédemment. Symptômes. — Diagnostic. — Les symptômes de l'entorse coxo-fémo- rale ne sont rien moins que caractéristiques, aussi le diagnostic de cet accident est-il des plus difficiles à établir. On a bien voulu donner comme signes pathognomoniques, l'émaciation des muscles de la cuisse ou de la fesse, mais il faut bien reconnaître que cette atrophie muscu- laire peut résulter de l'inertie du membre par suite d'une lésion sié- geant ailleurs que dans la cuisse, dans le sabot ou le jarret notamment. On a dit également que l'action de faucher, c'est-à-dire l'attitude du membre malade, porté dans l'abduction pendant la marche, accusait une boiteriedela cuisse; mais l'expérience a démontré qu'un engorge- ment des cordons testiculaires, des ganglions inguinaux déterminait le même effet. Il ne reste, en définitive, comme symptôme de l'allonge ou boiterie de la cuisse qu'une certaine gêne dans les mouvements de la cuisse, consistant en une diminution dans l'amplitude de la flexion de la» cuisse sur le bassin, d'où résulte un certain retard dans la pose du pied qui fait paraître l'allure comme raccourcie. A la vérité, dans quel- ques cas extrêmes, mais très-rares, on peut constater de la douleur au niveau de l'articulation coxo-fémorale en même temps qu'une boiterie très-intense présentant à- un haut degré les caractères précités. Pour établir le diagnostic de cette boiterie, on a conseillé d'appliquer une main sur l'articulation coxo-fémorale et de saisir, de l'autre main, le membre boiteux par le canon, pour lui imprimer divers mouvements d'abduction, d'adduction, de flexion ou d'extension. Par ces manœuvres, on a pour but d'augmenter la sensibilité de la partie malade afin de déterminer la région qu'elle occupe. C'est là, à notre avis, une pratique blâmable à moins qu'on agisse avec prudence ou ménagement. Dans ce cas, en effet, il est possible de reconnaître quelque point douloureux qui peut confirmer les soupçons qu'on avait sur le siège du mal, mais il est juste de dire que ce moyen peut induire le praticien en erreur, car, en exagérant les mouvements de l'articulation coxo-fémorale, notam- ment sur un animal irritable, on provoque de la douleur dans des par- DES ENTORSES. 41 tïes parfaitement saines d'ailleurs. 11 est encore recommandé de faire marcher l'animal alternativement sur un terrain dur et sur un fumier dans lequel les pieds s'empêtrent à chaque pas, ce qui l'oblige à faire de violents efforts pour les dégager ; ces efforts produisent des tiraille- ments douloureux qui augmentent la claudication. Mais ce moyen peut encore donner le change sur le siège de la boiterie, car, à supposer — ce qui est le cas le plus habituel — qu'elle provienne du jarret, elle augmentera d'intensité toutaussi bien que si elle résidait dans la cuisse. Dans tous les cas, il est indiqué d'examiner le pied avec la plus grande attention, d'y revenir même à plusieurs reprises, car il est fréquent de découvrir à une deuxième et même à une troisième exploration de la boîte cornée, ce que lesprécédentes n'avaient pu faire voir. i"ronostic. — Le pronostic des boiteries de la cuisse est grave par suite de leur persistance et de la ténacité avec laquelle elles résistent aux moyens thérapeutiques qu'on peut leur opposer. Traitement. — Le traitement des boiteries de la cuisse est des plus variés, et, quoique, dans la grande majorité des cas, on ne puisse éta- blir le diagnostic, on se comporte comme s'il n'existait pas de doutes à cet égard. Une pratique assez répandue consiste à faire de vigoureuses fric- tions sur la cuisse, avec un mélange à parties égales d'essence de téré- benthine et d'alcool camphré auquel on ajoute parfois de l'ammonia- que, de la teinture de cantharides, de la teinture de savon dans la proportion d'un cinquième ou d'un tiers suivant les cas. Quelques praticiens donnent la préférence à diverses préparations désignées sous le nom de feux, français, anglais, etc., Uniment Boyer, onguent vé- sicatoire ordinaire, onguent fondant de Lebas, etc. Quoi qu'il en soit, il faut répéter ces frictions jusqu'à ce qu'on ait obtenu une rigidité et une sensibilité de la peau avec infiltration inflammatoire suffisante. Viennent ensuite les divers sétons à mèche, à rouelle, simples ou ani- més, les trocHtsgues escharo tiques ou caustiques qu'on applique au ni- veau de l'articulation coxo-férnorale, en observant les mêmes précau- tions que quand il s'agit de l'écart de l'épaule. La cautérisation en raies ou en pointes est également recommandée ; ici encore on peut avoir recours au feu sous-cutané. On devine que ce sont là des moyens extrêmes auxquels le praticien n'a recours qu'à la dernière extrémité. Mais il est un moyen qui peut donner d'excellents résultats, pour les boiteries anciennes de la cuisse ayant résisté à tous les autres modes de traitement, et à fortiori, pour les claudications récentes : c'est l'em- ploi de l'eau froide sous forme de douches en jet, ou en pluie, peu importe, il faut seulement que l'eau soit lancée avec une certaine force. On conseille ensuite d'envelopper la région de compresses im- bibées d'eau froide et recouvertes d'épaisses couvertures de laine afin de provoquer une sudation abondante. L'animal est ensuite soumis à 42 DES ENTORSES. un exercice modéré. C'est le procédé de Luchovv que nous avons dé- crit, avec détail, dans le chapitre précédent. On peut n'employer que de simples douches sans enveloppement. Pour notre part, dans plu- sieurs cas de boiteries anciennes de la cuisse, nous les avons employées avec succès. En résumé — et d'une manière générale — il ne faut pas oublier que les boiteries de la cuisse sont de celles qui résistent le plus énergiquement aux méthodes de traitement qu'on peut leur opposer. § 3. — Entorse dorso-lombaire. Cette maladie, encore désignée sous les noms A'effort de reins, tour de reins, tour de bateau, n'est pas, comme on pourrait le penser, de par la dénomination d'entorse dorso-lombaire, constituée uniquement par une lésion simple consistant toujours dans la distension des ligaments vertébraux, ou dans la dislocation des articulations inter-vertébrales : quelquefois, en effet, elle est l'expression de lésions profondes et va- riées, telles que déchirures musculaires, oblitérations des vaisseaux, altérations ou compressions des nerfs, etc. Mais il est juste de dire que Y effort de reins est le plus souvent une véritable entorse dorso-lom- baire, qu'en d'autres termes, les lésions ligamenteuses sont les plus fréquentes. C'est pour ce motif que nous étudions ici cette affection. Symptômes. — Les symptômes de l'entorse dorso-lombaire procè- dent d'un défaut de rigidité de la colonne vertébrale, qui détermine une irrégularité prononcée de la locomotion. La marche, même à l'allure du pas, met bien en évidence la faiblesse du train postérieur. Cette région éprouve une sorte de balancement d'un côté à l'autre, que l'on a comparé aux oscillations d'un bateau tourmenté par les vagues, d:où le nom de tour de bateau que les hippiàtres donnaient à cette mala- die. Au trot, ce mouvement est encore plus accusé, parfois même le bassin oscille dans des limites si étendues qu'on voit tantôt les mem- bres postérieurs se heurter l'un contre l'autre, s'entre-croiser, se che- vaucher; tantôt, ils sont déjetés à droite et à gauche et tracent ainsi, sur le sol, des pistes tout à fait irrégulières. On pressent bien qu'en pareil cas, la chute est imminente. L'action de reculer s'effectue avec beaucoup de difficulté, l'animal l'exécute parfois avec précipitation, d'autres fois il s'accule sur les jarrets et s'affaisse sur le train posté- rieur. Pendant la station, l'animal prend une attitude qui suffit souvent à elle seule pour donner l'éveil à un praticien exercé. Tantôt en effet, dit M. IL Bouley (1), « les membres postérieurs sont portés en avant de leur ligne d'aplomb et par conséquent fortement engagés sous le centre de gravité ; tantôt l'un de ces membres est déjeté en dehors de la ligne du bipède latéral et l'autre en dedans en sorte que leurs posers (1) Dictionnaire de Médecine et de chirurgie vétér., t. V, p. 126. DES ENTORSES. 43 ne correspondent plus à ceux des membres antérieurs, la base de sus- tentation ne se trouve plus parallèle par son grand axe à la ligne de la tige cervicale, mais oblique d'un côté ou de l'autre par rapport à elle ; tantôt enfin les membres de derrière sont fortement écartés l'un de l'outre. » Le décubitus est prolongé, et parfois l'animal ne parvient à se mettre debout qu'après de longs et pénibles efforts. Étiologie. — Les causes de l'effort de reins consistent pour la plu- part, ainsi que l'indique le nom de la maladie elle-même, dans de vio- lentes actions qui ont toutes pour effet de surmonter la force de résis- tance qu'opposent les parties constituantes du dos et des reins. On sait que les vertèbres sont étroitement associées entre elles par le moyen de disques ou cartilages inter-vertébraux et d'appareils ligamenteux très- résistants et peu extensibles. Ainsi réunies, les vertèbres forment une tige à la fois flexible dans certaines limites, douée d'une extrême résis- tance, et constituant, suivant l'ingénieuse remarque de M. H. Bou- ley (1), « une arche à grande courbure jetée entre les piliers des mem- bres antérieurs et postérieurs, et destinée à associer leurs mouvements en même temps qu'à supporter la masse du tronc. » On comprend dès lors que les bêtes de somme ou de bât, chevaux, ânes ou mulets et les animaux qui, comme le cheval de gros trait et le limonier, employé pour les lourds charrois, sont très-exposés à l'effort de reins. Si l'on se rappelle, en outre, que pendant les allures la machine animale, obéissant aux lois de la mécanique, se déplace en exécutant une série d'oscillations, ou mieux de courbes paraboliques plus ou moins éten- dues suivant la vitesse qui anime l'appareil, laquelle multipliée par la masse du corps augmentée de la charge que l'animal supporte, donne un total dont le chiffre croît proportionnellement avec l'intensité de cette vitesse, on se rendra compte des conditions dans lesquelles l'effort de reins peut se produire. Mais il est d'autres causes dont l'action, pour être plus rapide, n'en est pas moins réelle. De ce nombre sont les glissades, les chutes, les sauts, les efforts auxquels l'animal se livre pour dégager son corps en- gagé sous un obstacle, ou lorsqu'il est retenu par des entraves ou fixé dans un travail. Toutes ces causes violentes, en exagérant l'étendue des mouvements du dos et des reins et en déversant sur ces régions une somme de pression trop considérable, déterminent des tiraillements dans les ligaments, des distensions plus ou moins fortes à la suite des- quelles se montrent immédiatement les symptômes de l'entorse dorso- lombaire. Telles sont les causes externes de l'accident qui nous occupe. On s'est demandé s'il n'existerait pas chez les animaux, comme chez l'homme, des causes analogues à celles qui engendrent le lumbago ; si, notamment, un refroidissement brusque ne pourrait pas amener (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. V, p. 126. il DES ENTORSES. cette maladie. 11 se pourrait que les signes passagers et intermittents d'efforts de reins qu'on observe parfois chez les vieux chevaux, fussent de nature rhumatismale. Aiiatomie pathologique. — Les lésions de l'effort de reins sont mul- tiples. M. Goubaux en a fait l'objet d'un fort bon mémoire publié dans le Recueil de médecine vétérinaire, en 1851, d'où nous l'extrayons. Les plus communes sont celles des articulations inter-vertébrales, elles siè- gent tantôt à la région lombaire, tantôt à la région dorsale, d'autres fois dans ces deux régions. Les disques intervertébraux, par suite des tiraille- ments qu'ils ont éprouvés, subissent des transformations dans leur tissu qui devient jaune verdâtre, en même temps qu'ils sont partiellement détruits ; dans des cas plus anciens même, ils disparaissent tout à fait et les surfaces articulaires, complètement dénudées, se trouvent ainsi séparées les unes des autres et offrent « l'aspect des extrémités des os longs, après la macération, lorsqu'elles ont été dépouillées de leur couche cartilagineuse diarthrodiale (1). » Quand, par l'effet d'un travail de résorption parvenu à sa période ultime, les extrémités articulaires ont subi une décortication complète, elles se recouvrent de végéta- tions ou bourgeonnements charnus, et une soudure s'établit ainsi entre elles comme entre les abouts d'un os fracturé, et les animaux, quoique ayant la colonne vertébrale inflexible et rigide, peuvent encore rendre quelques services. Ce travail morbide, qui n'est autre que celui de l'an- kylose, amène la formation de productions osseuses offrant «un aspect rocheux ou caverneux indescriptible (2). » Parfois on trouve une sorte d'ulcération plus ou moins étendue des surfaces articulaires, des abcès multiples intra et extra rachidiens. Le canal médullaire est quelquefois déformé par une exostose développée aux dépens d'une vertèbre, et la moelle est ainsi comprimée. Dans quelques cas, soit que les animaux succombent à l'intensité des douleurs qu'ils éprouvent, soit qu'on les abatte comme incurables, ou bien que les mouvements continuels dont la région est le siège, s'opposent à une réunion définitive et complète, il se forme seulement une fausse ankylose. Ces altérations articulaires sont parfois accompagnées de déchirures musculaires. Ainsi, Rigot a trouvé, une fois, dans le grand psoas «plu- sieurs caillots de sang noirâtre, flottant dans une cavité à parois assez minces et hérissées de filaments rouges, qui n'étaient autre chose que les extrémités des fibres musculaires dilacérées (.'i). » M. Goubaux a trouvé, dans la portion thoracique du long fléchisseur du cou, plu- sieurs petits abcès qui communiquaient avec un abcès principal, lequel contenait environ un décilitre de pus de bonne nature. J'ai constaté un fait analogue. M. Bouley a vu « plusieurs fois survenir des engorgements considérables des muscles ilio-spinaux, dans les ré- (1) Goubaux, Recueil de médecine vétérinaire, 1851, p. 429. (2) H. Bouley, Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., t. V, p. 377. (3) Rigot, Recueil de médecine vétérinaire, 1827, p. 195. DES ENTOKSES. 45 gions dorsale ou lombaire, à la suite des efforts énergiques et répétés auxquels des animaux s'étaient livrés dans la position décubitale forcée pendant des opérations douloureuses et prolongées. Ces engorgements, expressions probables de déchirures interstitielles dont les muscles étaient le siège, s'accompagnaient pendant tout le temps de leur durée, du reste peu longue, d'une certaine difficulté de la locomotion de l'arrière-train, qui rappelait celle de l'effort de reins, et doit donner à penser qu'à un degré plus avancé, la lésion des ilio-spinaux aurait un mode de manifestation très-analogue à celui qui appartient à la lésion de la colonne vertébrale (1). » Parfois on a rencontré sur des chevaux qui avaient présenté, pendant la vie, les symptômes de l'effort de reins, des oblitérations de l'aorte postérieure au niveau de ses divisions terminales. M. Goubaux a rap- porté un cas de ce genre (2). Ces caillots obturateurs impliquent l'exis- tence d'une artèrite interne de l'aorte. Enfin on a constaté encore la rupture des ligaments internes de l'ar- ticulation coxo-fémorale dans un cas où l'on croyait avoir affaire à un effort de reins. Diagnostic. — Le diagnostic de l'effort de reins est facile à établir. La vacillation du train postérieur pendant la marche, sa mobilité con- tre nature si l'on peut ainsi dire, la difficulté que l'on éprouve pour faire reculer l'animal, le défaut de rigidité que présente la région lom- baire jointe parfois à une sensibilité exagérée, sont autant de signes qui permettent au praticien d'établir le diagnostic. Il est vrai que, dans quel- ques cas, ces symptômes ne sont pas nettement accusés et consistent tout au plus en une certaine irrégularité dans les mouvements des membres postérieurs, et l'affection peut être méconnue. Dans tous les cas, il ne faut pas négliger les commémoratifs, car, en l'espèce, ils sont quelquefois de nature à mettre le praticien sur la voie de la maladie en présence de laquelle il se trouve. Des lésions très-différentes, quant à leur nature, peuvent donner lieu à des symptômes analogues à ceux de l'effort de reins, telles sont les tumeurs mélaniques développées dans la région lombaire ou à son voisi- nage, des oblitérations de l'aorte postérieure ou de ses branches termi- nales, mais il faut dire que les symptômes présentent alors des carac- tères différents de ceux de l'effort de reins proprement dit. Ainsi, quand on soupçonne l'existence de quelque sarcome ou autre tumeur mélani- que, l'exploration rectale vient en aide au praticien, sans compter que divers signes, tels que les commémoratifs, la couleur de la robe, et sur- tout la présence à l'extérieur de tumeurs mélaniques, peuvent contri- buer à éclairer le diagnostic. Il sera facile également de distinguer l'entorse dorso-lombaire des (1) H. Bouley, Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., t. V, p. 380. (2) Goubaux, Recueil de médecine vétérinaire, 1846, p. t>03. 46 DES ENTORSES. oblitérations artérielles ou de l'artérite. Dans cette maladie on sait, en effet, que sous l'influence d'un exercice à une allure rapide les symptô- mes augmentent d'intensité au point de déterminer la chute de l'animal, en même temps les parties du corps, auxquelles se distribuent les ar- tères oblitérées, se couvrent de sueur; les battements artériels sont presque nuls ou remplacés par une sorte de frémissement vibratoire ; les pulsations aortiques ou iliaques, que l'exploration rectale permet de constater, ont disparu ou bien sont moins prononcées que dans l'état hygide. Pronostic. — Un grand nombre de circonstances peuvent faire va- rier la gravité du pronostic de l'effort de reins. La multiplicité des lésions, qui donnent lieu aux symptômes de cette maladie, indique bien que le pronostic ne saurait, dans tous les cas de ce genre, présenter la môme gravité. Que si, en effet, l'effort de reins est récent et résulte d'une simple distension des liens articulaires par suite d'efforts de trac- tion, énergiques et réitérés, il est permis d'espérer que l'affection dispa- raîtra au bout de quelques jours sous l'influence du repos. Toutefois, comme il n'est pas possible d'apprécier exactement le degré de disten- sion, éprouvé par les ligaments, on ne peut prévoiries complications ultérieures. Dès lors, on devine, qu'étant donné un cas de ce genre, il est prudent d'attendre quelques jours, avant de se prononcer. Les symptô- mes persistent-ils avec toute leur intensité ? 11 y a lieu de penser que l'en- torse dorso-lombaire a déterminé des altérations matérielles clans les articulations inter-vertébrales, des déchirures, des ruptures de liga- ments ou de disques inter-vertébraux. Alors, à supposer, ce qui est exceptionnel, que ces désordres puissent être réparés, et que l'ankylose ne survienne pas ou soit complète, la guérison se fera longtemps atten- dre, les frais du traitement auront absorbé une partie de la valeur de l'animal. Si maintenant on a positivement constaté l'existence d'oblitérations artérielles ou de tumeurs mélaniques, c'est-à-dire de lésions incura- bles, le mieux sera de sacrifier immédiatement les animaux. 11 reste enfin les lésions nerveuses, et les altérations musculaires pro- fondes, telles que la dégénérescence graisseuse proprement dite qu'il ne faut pas confondre avec l'infiltration graisseuse qui existe sur tous les animaux gras et qui disparaît par un régime moins nutritif, tandis que les lésions précédentes doivent être, à notre avis, considérées comme incurables. Mais on conçoit sans peine qu'on ne peut recon- naître ces lésions du vivant de l'animal. Seule, la marche de la mala- die, la persistance des symptômes peut éclairer le praticien : il faut donc attendre avant de se prononcer. Traitement. — Les considérations précédentes démontrent que l'effort des reins est un accident rarement guérissable, cependant, comme le dit avec un grand sens pratique, M. H. Bouley (l), « la cura- (1) Diction?urirr de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. V, p. 389. DES ENTORSES. 17 tion en est très-souvent entreprise, parce que, d'une part, on ignore au moment où le mal se manifeste, quelle en est exactement la nature et quelles en seront les suites; et que, de l'autre, il répugne toujours aux propriétaires de ne rien faire tenter pour tâcher de sauver les ani- maux dont l'état est loin de leur paraître aussi alarmant qu'il l'est, en réalité dans le plus grand nombre des cas. » L'unique indication à remplir dans le traitement de l'effort de reins, c'est l'immobilisation de la partie malade. Pour atteindre ce but, les hippiâtres, Solleysel entre autres, recommandaient de suspendre l'a- nimal , de le fixer dans un travail pendant trente jours environ. Il n'est pas nécessaire, croyons- nous, de longs commentaires pour dé- montrer que cette méthode ne saurait donner les résultats qu'on en attend. Chacun sait, en effet, qu'un animal, fixé dans un travail, se débat violemment et que la pression des sangles sur le ventre détermine l'in- curvation par en haut de la colonne vertébrale, et, conséquemment, des tiraillements douloureux dans les jointures inter-vertébrales. Ce n'est pas à dire pourtant que la méthode des hippiâtres, défectueuse en appli cation, ne soit rationnelle en principe. En effet, il est recommandé pour le traitement de l'effort de reins, de placer l'animal dans une stalle étroite dont les montants sont rapprochés des hanches au point de les effleu- rer, et sur lesquels on a fixé des sangles qui ne portent pas sur les pa- rois abdominales, mais qui empêchent le décubitus et limitent tous les mouvements de la colonne vertébrale. Cette position quadrupéd'ale for- cée est éminemment favorable au travail de réparation organique qui doit amener la guérison. Mais il faut, pour en obtenir tous les effets dé- sirables, appliquer sur les reins, soit de l'onguent vésicatoire, la pré- paration de Lebas ou bien des charges résolutives cantharidées ; toutes préparations qui ont pour effet d'augmenter la douleur et de prévenir ainsi tout mouvement, en même temps qu'elles déterminent un engor- gement inflammatoire, sorte de bandage contentif, et produisent une augmentation de l'activité fonctionnelle de la région, qui contribue à accélérer le travail réparateur. Les frictions, avec le liniment am- moniacal simple ou additionné de teinture de noix vomique, avec les diverses sortes de feux, peuvent aussi être employées pour pro- duire des effets semblables. Le feu en pointes pénétrantes, conseillé par Solleysel, est au moins inutile ; il y a plus, indépendamment des difficultés pratiques de son application en pareil cas, il peut de- venir dangereux par les mouvements désordonnés qu'il provoque. La cautérisation transcurrente, plus rationnelle en apparence, doit également être abandonnée, surtout si l'on est obligé de coucher l'a- nimal pour la pratiquer. Pour l'entorse dorso- lombaire, on peut rem- placer cette médication, d'un emploi difficile, en l'espèce, par les di- verses préparations dont nous avons parlé. On a conseillé encore les applications émollientes, les embrocations anodines sur la région lombaire dans le but de calmer la douleur dont cette région est le siège. 48 DES ENTORSES. Or, de nos jours, la médication antiphlogistique est complètement tombée en désuétude, car les faits cliniques démontrent qu'elle est toujours impuissante dans les cas de ce genre. L'emploi de l'eau froide, sous forme de douches longtemps continuées, quand la saison le permet, est susceptible de donner, au début de la maladie, de bons ré- sultats ; mais il ne faut pas perdre de vue que les lésions de l'effort de reins sont souvent multiples et diverses et que, à supposer qu'elles soient légères, il faut toujours un long temps pour que le travail répa- rateur soit achevé. Les animaux seront donc maintenus debout pen- dant trente ou quarante jours, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait les porter à s'agiter et à retarder ainsi la restauration des par- ties blessées. Ajoutons enfin qu'il n'est pas rare de voir, même dans les conditions les plus favorables, l'effort de reins, le tour de bateau per- sister d'une manière constante et nécessiter, enfin de compte, l'abatage des animaux, § 4. — De l'effort de boulet. Encore désigné sous le nom d'entorse métacarpo ou métatarso- phalangienne, l'effort de boulet consiste dans une distension ou dilacé- rution des ligaments de l'articulation du boulet. Les hippiàtres donnaient à cette maladie les noms de mémarchure ou malemarcliure. Ces dénominations, aujourd'hui vieillies, indiquent l'idée d'une marche mal exécutée ou forcée. Elles ne sont plus employées de 'nos jours. Étiologic. — L'articulation du boulet appartient à la classe des gin- glymes angulaires ou charnières parfaites, conséquemment elle ne per- met que les mouvements de flexion et d'extension. Les mouvements de latéralité sont nécessairement très-bornés par suite de la résistance de l'appareil ligamenteux qui assujétit les abouts articulaires, ils ne peu- vent avoir lieu que dans la flexion outrée, et dans ce cas même, ils ne s'exercent que dans des limites très-restreintes à moins que la rési>- tance des ligaments soit vaincue : il y a alors entorse du boulet. On a distingué les entorses du boulet, en antérieure, postérieure, latérales. Cette distinction, qui peut avoir son utilité au point de vue classique, offre peu d intérêt sous le rapport pratique, car, dans la plu- ralité des cas, il est impossible de déterminer, avec précision, le siège de l'entorse. Les causes de l'effort de boulet sont de deux sortes : prédisposantes et déterminantes. Ainsi, les chevaux bouletés, droits sur leurs boulets, sont prédispo- sés à ce genre d'accidents. Les glissades, les faux appuis, les chutes, les violents efforts de ti- rage ou les mouvements auxquels l'animal se livre pour dégager son pied, pris dans un obstacle, sont autant de causes qui peuvent déter- DES ENTORSES. i9 miner l'effort de boulet. Le mode d'action de ces causes est des plus simples. On comprend en effet que, quand la limite physiologique de l'élasticité des ligaments est exagérée ou mieux dépassée, ceux-ci éprouvent des tiraillements, des distensions, quelquefois même des ruptures de telle sorte que les rapports des surfaces articulaires sont complètement modifiés. Les phénomènes consécutifs à l'effort de boulet se rattachent à des lésions physiques qu'éprouve l'articulation et à des accidents inflam- matoires. Ces lésions peuvent être plutôt pressenties d'après les acci- dents inflammatoires, que révélées par l'autopsie, car, dans le plus grand nombre des cas, cet accident n'amène pas la mort des ani- maux. C'est en expérimentant sur le cadavre, que Bonnet de Lyon est parvenu à les reconnaître. Les recherches de l'illustre chirurgien lyonnais ont montré que, suivant l'intensité de la cause, on pouvait observer toutes les lésions, depuis la simple dilaeération du tissu cel- lulaire jusqu'à la fracture des os, l'écrasement des surfaces articulai- res. Nous avons signalé toutes ces lésions en traitant des généralités sur les entorses . Quant aux accidents inflammatoires, ils sont proportionnés à l'in- tensité des lésions qui en sont le point de départ, et, dans quelques cas graves, ils ne sont autres que ceux de l'arthrite proprement dite, de telle sorte que s'il était possible, comme le dit M. H. Bouley, d'étudier anatomiquement l'articulation du boulet affectée d'entorse dans les jours qui se succèdent, depuis le début de la maladie jusqu'à ses terminaisons diverses, soit par la résolution, ce qui est le fait ordinaire, soit par la suppuration, chose tout à fait exceptionnelle, soit enfin par un état chronique plus ou moins persistant, on trouve- rait, à leur heure, dans les différents tissus de la jointure, la série des lésions qui appartiennent à l'arthrite. Symptômes. — L'effort de boulet se traduit immédiatement au de- hors par une douleur vive, subite. et quelquefois très-intense à tel point que l'animal marche à trois jambes. Quelquefois cette douleur per- siste et la boiterie, qui en est la conséquence, devient de plus en plus prononcée ; mais habituellement la claudication diminue d'intensité tout d'abord, au point de disparaître parfois totalement par l'exercice pour réapparaître ensuite quand l'animal s'est reposé pendant quel- ques heures. Bientôt un engorgement œdémateux, chaud et dou- loureux, envahit l'articulation malade, ce n'est autre chose qu'une in- filtration inflammatoire périphérique d'autant plus étendue que l'effort de boulet est plus violent. Au début, cet engorgement est sous-cu- tané, mais peu à peu, et dans l'espace de quelques heures, les membra- nes synoviales, articulaire et tendineuse, sont atteintes par le processus inflammatoire, elles deviennent le siège d'un mouvement fluxionnaire très-actif qui détermine une hypersécrétion dont les produits disten- dent outre mesure les synoviales enflammées et forment ainsi des mo- Pkucu et Toussaint. — Chirurgie. *l- •" KO DES ENTORSES. Icttfs aiguës, c'est-à-dire des tumeurs dures, résistantes, élastiques et douloureuses à l'excès. La locomotion es1 souvent très- difficile, l'appui se fait avec hésita- tion, et, à peine le membre malade a-t-il touché le sol que l'animal retire vivement l'extrémité souffrante, la région phalangienne se fléchit brusquement, ce qui a fait dire que le boulet décrit un mouvement de brisure que l'on considère comme caractéristique de l'effort deboulet. Au repos, le membre affecté est porté en avant et en dehors, dans une demi-flexion, l'appui n'a lieu que sur la pince. Ces symptômes locaux donnent lieu à une fièvre de réaction plus ou moins forte suivant la violence de la cause qui a déterminé l'entorse, suivant aussi le tempérament, l'âge des animaux, etc. Tous les animaux atteints d'effort de boulet ne présentent pas des . symptômes aussi nettement accusés, il va sans dire qu'on peut obser- ver tous les degrés depuis la simple distension, qui fait à peine boiter le sujet, jusqu'à l'entorse grave se traduisant par les symptômes que nous venons d'exposer. Terminaisons. — Ce sont : la résolu lion, la suppuration et l'état chronique. La résolution survient quand l'entorse est légère, qu'elle a été traitée dès le début et que l'animal a été laissé en repos. Cette termi- naison est encore possible dans l'entorse grave accusée par une boite- rie intense ; dans ce cas, elle se fait longtemps attendre et quelquefois môme, surtout si l'animal a dû faire une longue marche après que l'accident a eu lieu, la suppuration se déclare. A la vérité cette ter- minaison est exceptionnelle, et quand elle apparaît, le cas est incura- ble et nécessite l'abalage de ranimai. Mais il n'est pas rare de voir l'effort de boulet entraîner à sa suite des altérations graves des tissus de l'articulation malade. Les os, les membranes synoviales, les li- gaments et les tendons subissent des modifications profondes qui dé- terminent, en définitive, une boiteri.e des plus tenaces. C'est ainsi que les abouts articulaires sont souvent tuméfiés par suite de la périostite dont ils sont le siège. Les membranes synoviales, distendues par la sy- novie, forment des saillies sphéroïdales, ovoïdes, bosselées, qu'on dési- gne communément sous le nom de molettes. Les tendons sont plus ou moins engorgés. Toutes ces modifications, que les tissus ont ainsi éprouvées, donnent la raison d'être des symptômes que nous avons décrits. Ainsi, n'esl-il pas logique de penser que la douleur, violente et soudaine, qui se mon- tre au début doit être attribuée aux tiraillements ou mieux aux déchi- rures que subissent les ligaments? De môme, dit M. IL Bouley (I) « le gonflement des os à leur point de contact, ne peut-il pas être rationnel- lement attribué à l'effort que les ligaments tiraillés exercent sur le (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vélér., t. Y, p. 352. DES ENTORSES. ol périoste et sur la portion de l'os à laquelle ils s'attachent? L'inflam- mation de la synoviale articulaire ne s'explique-t-elle pas par la dis- tension qu'elle a subie, où les ligaments ont été tiraillés? L'engor- gement des tendons, les adhésions qu'ils contractent ne sont-ils pas le témoignage des dilacérations qu'ils ont subies sous l'influence des mouvements, forcés et excessifs, auxquels la jointure a obéi? Toutes ces questions peuvent être très-justement, ce nous semble, résolues par l'affirmative, et, malgré l'absence de renseignements positifs fournis par la nécropsie, il nous paraît que la nature des lésions, immédiate- ment consécutives à l'entorse du boulet, peut être très-légitimement déduite de l'expression des symptômes par lesquels cette maladie se caractérise dans la succession de ses phases. » Pronostic. — D'une manière générale, l'entorse du boulet doit être considérée comme une maladie grave, non pas qu'elle mette la vie de l'animal en danger, mais elle s'oppose souvent à l'utilisation de l'a- nimal pendant un temps quelquefois très-long. D'un autre côté, il arrive parfois que la résolution est suivie d'une sorte de faiblesse de la jointure, de telle sorte que, sous l'influence de la cause la plus lé- gère, l'effort de boulet se reproduit ou tout au moins l'articulation se tuméfie et devient douloureuse. Quand l'animal s'appuie franchement et avec fermeté, que la boi- terie est peu accusée et que les divers mouvements qu'on imprime à l'articulation du boulet ne sont point douloureux, le pronostic est peu grave. La conformation de l'animal, le genre de service auquel il est des- tiné sont autant de circonstances dont il faut tenir compte quand il s'agit de porter un jugement sur un cas de ce genre. Ainsi, chez les chevaux volumineux, lourds et massifs, l'effort de boulet est plus grave que chez ceux qui présentent une conformation opposée, car leur poids considérable tend à augmenter les tiraillements, les distensions dont les ligaments sont le siège. Cette particularité a surtout de l'in- fluence si le corps, volumineux, est supporté par des membres grêles et minces. Le pronostic est nécessairement plus grave pour les animaux qui font un service à des allures rapides, comme les chevaux de selle ou de trait léger, que pour ceux auxquels on ne demande qu'un ser vice au pas. Pour ces derniers même, à supposer que l'effort de bou- let soit suivi d'une boiterie persistante, ils pourront encore, dans quelques cas au moins, être utilisés, Traitement. — Il varie suivant les caractères que présente la ma- ladie au moment où le praticien est appelé. Au début, l'emploi des ré- frigérants, de l'eau froide notamment, est indiqué pour prévenir ou enrayer les symptômes inflammatoires. On emploie l'eau froide sous forme de bains, de douches, de lotions; dans quelques cas où l'indo- cilité des animaux s'oppose à ce mode d'emploi, on a recours à des bandages matelassés, imbibés d'eau fraîche et appliqués sur le boulet; 52 DES ENTORSES. l'argile détrempée et maintenue toujours humide peut aussi êlre em- ployée. Quoi qu'il en soit, et c'est là le point capital de cette méthode thérapeutique, il faut, contrairement à ce qu'on pensait autrefois, pro- longer pendant le plus long temps possible, l'application de l'eau froide, car, s'il en était autrement, il se produirait une violente réaction san- guine quifavoriseraitla marche de l'inflammation au lieu de s'y opposer. M. Delorme, d'Arles, a préconisé, en 1853, dans le Journal de l'École de Lyon, l'emploi d'un bandage inamovible formé par une bande en toile forte, de lm,75 de longueur, sur 6 à 7 centimètres de largeur. On prépare en outre des plumasseaux sur lesquels on étend une prépara- tion contentive, composée de six jaunes d'œufs exactement mélangés avec 32 grammes d'alun calciné. Ce mélange acquiert par la dessicca- tion une dureté remarquable. On entoure le boulet malade avec les plumasseaux enduits de ce mélange, et on enroule, par-dessus, la large bande de toile recouverte, au préalable, de la préparation médicamen- teuse précitée. On a le soin d'exercer une compression méthodique et régulière. Après quelques heures, ce bandage acquiert une consistance et une rigidité telles que l'articulation malade est parfaitement immo- bilisée. On laisse ce bandage en place pendant une huitaine de jours. Ce laps de temps écoulé, il est rare que l'animal ne soit pas radicalement guéri. S'il en est autrement, on renouvelle l'application du bandage. Par ce moyen, M. Delorme et après lui d'autres praticiens ont obtenu des guérisons dans des cas d'une extrême gravité où les liens articu- laires avaient subi de grandes dilacérations qui permettaient des mou- vements anormaux de la jointure du boulet. Ce mode de traitement présente de sérieux avantages. 11 est d'un emploi simple et facile, il dispense d'une surveillance assidue et constante, nécessaire pour le traitement par l'eau froide; par l'immobilisation qu'il détermine dans la jointure malade, il prévient l'inflammation et ses suites. J'ai em- ployé plusieurs fois, avec un plein succès, le bandage de M. Delorme. Dans quelques cas, on a recours à des applications vésicantes faites largement sur toute la surface des parties malades. La préparation à laquelle, en pareil cas, on donne généralement la préférence, c'est Y on- (juent vésicatoire. Quelques praticiens emploient également la teinture de cantharides ou divers feux dont le mode d'action nJest autre que celui des préparations vésicantes en général. Les effets de l'onguent vésicatoire sont complexes. Ce médicament détermine, en effet, une prompte révulsion ou dérivation qui arrête immédiatement et fait dis- paraître en peu de temps, les accidents inflammatoires ; par la vive douleur que ce médicament détermine tout d'abord, il immobilise la jointure et plus tard, quand la sérosité exsudée s'est concrétée, la peau acquiert une certaine rigidité et remplit ainsi le rôle d'un ban- dage contentif. Lorsque l'effort de boulet passe à l'état chronique et qu'il est com- pliqué des lésions dont nous avons parlé, il faut alors avoir re- DES ENTORSES. 53 cours à l'application du feu en raies, ou en pointes superficielles; l'action résolutive du feu, dit M. H. Bouley, est plus efficace contre les engorgements articulaires consécutifs aux entorses que contre ceux qui se développent graduellement et lentement, par le fait même des mouvements de la locomotion. Parfois, il est nécessaire de répéter, une ou deux fois, l'application du feu pour obtenir la résolution des engor- gements chroniques consécutifs à l'effort de boulet et qui détermi- nent une boiterie persistante. Le massage, si souvent employé en chirurgie humaine, pour le trai- Fig. 163, — Orthosôme poitr~les chevaux bouletés par suite d'entorse (Brogniez). AB D. Colonne brisée, en acier, remontant vers le boulet. H. Eerou affermissant la charnière. C. Plaque métallique, rembourrée, comprimant le boulet. F. Prolongement métallique, fixé par deux rivets à la partie mobile supérieure (B) de la colonne. G. Vis régulatrice qui permet d'abaisser, au de- gré convenable, la partie mobile supérieure de la colonne par L'intermédiaire du prolonge- ment F, et de comprimer ainsi la face anté- rieure du boulet. F.. Anneau métallique, fixé a la plaque C tement des entorses, pourrait être essayé sur les animaux, notamment, dit M. H. Bouley, « sur les chevaux de races distinguées chez lesquels les jointures sont assez étroites pour que les mains puissent facilement 54 DES LUXATIONS. les embrasser, et la peau assez fine pour que les manipulations exer- cées à sa surface se transmettent sans empêchement aux parties qu'elle recouvre (1). » Pour remédier à la bouleture, qui accompagne quelquefois l'entorse ancienne du boulet, Brogniez a imaginé un orthosôme (fig. 163) qui con- siste, comme on le voit, en « une colonne brisée en acier A, B et D, « prolongée de la pince du fer et remontant vers le boulet pour y pren- <( dre appui sur une plaque en fer, dont la face antérieure de cette partie « est revêtue; la partie fixe, inférieure de cette colonne, A, est carrée « sur 2 centimètres ; son prolongement, du fer au coude, est de 6 a 7 cen- « timètres, et sa partie montante, qui s'étend de ce dernier point jus- ci qu'au centre de la charnière, laquelle est affermie par un écrou, H, a « de 13 à 11 centimètres. La partie mobile supérieure, B, a environ « 10 centimètres du centre delà charnière à l'épaulement, E, qui touche « à l'animal ; cet épaulement est fixé à la plaque métallique précitée C. « Le prolongement F, épais de 1 centimètre et large de 2, adapté par « deux rivets, complète le levier dupremier genre, représenté par la pièce «mobile de l'appareil; la vis régulatrice G en est la puissance, la « charnière le point d'appui, et la résistance se trouve opposée contre « sa partie arrondie légèrement courbée D qui doit glisser librement <( dans l'anneau. La plaque, attachée par deux courroies, l'une passant « au-dessus du boulet, l'autre sous le fanon, doit être garnie en de- « dans de manière à éviter toute pression douloureuse (2). » CIIAP1TKE XII DES LUXATIONS ART. 1er. — DES LUXATIONS EN GÉNÉRAL. On désigne sous le nom de luxation une lésion consistant dans le changement de rapport permanent des extrémités articulaires, de telle sorte que la jointure luxée offre un aspect anormal plus ou moins pro- noncé, suivant le degré du déplacement ou de la luxation. C'est ainsi que depuis Hippocrate on distingue des luxations complètes ou incomplètes ; dans le premier cas, les surfaces articulaires ne se cor- respondent plus, et il y a nécessairement rupture des ligaments ; dans le second, elles sont encore en contact, mais leurs rapports sont chan- gés. On reconnaît aussi des luxations consécutives, symptomatiques ou spontanées. On a encore divisé les luxations en anciennes et récentes, simples eteom- (I) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., i. \. p. :!(''".'. (2j Brogniez, Journal vétérinaire de Belgique, 1848, p. 'J2. DES LUXATIONS. Sa pliquées suivant que les parties molles, environnant l'articulation, ont éprouvé seulement la contusion, — suite inévitable de l'accident, — ou bien qu'elles ont été plus ou moins fortement lésées et qu'il existe des ruptures ou déchirures des ligaments, des muscles, des vaisseaux ou des nerfs. 11 y a lieu de distinguer encore des luxations supérieures, inférieures, latérales, antérieures, postérieures, d'après le sens suivant lequel le dé- placement a lieu. Sous ce rapport, il faut remarquer que les articula- tions orbiculaires ou par énarthrose, permettant tous les mouvements, peuvent éprouver des luxations dans tous les sens, tandis que les arti- culations ginglymoïdes, représentant des charnières plus ou moins par- faites, sont ordinairement luxées dans le sens transversal ou bien d'a- vant en arrière. Du reste, ce qu'il est indispensable de bien connaître dans la pratique, ce sont les rapports nouveaux que les os ont acquis, la direction qu'affectent réciproquement les surfaces articulaires et les lésions des parties molles environnantes. Les diverses articulations ne sont pas toutes exposées au même degré à être affectées de luxation^ ; il en est qui, comme les synarth roses, pré- sentent très-rarement cette lésion. Les articulations diarthrodiales plus que toutes autres sont suscep- tibles d'éprouver une luxation et, parmi elles, les énarthroses tiennent le premier rang sous ce rapport, tandis que les arthrodies ou diarthroses planiformes ne présentent que bien rarement des changements de rap- ports qui ne peuvent se rattacher, en définitive, qu'à des luxations in- complètes. Étiologie. — Les causes auxquelles il faut rattacher cette lésion sont de deux sortes : prédisposantes et occasionnelles. Parmi les pre- mières, il faut signaler l'âge des animaux et le genre de travail auquel ils sont soumis. Dans le jeune âge, les animaux sont plus exposés aux luxa- tions que dans l'âge adulte, car, à cette époque de la vie, les ligaments présentent une grande laxité de telle sorte que les surfaces articulaires peuvent éprouver des changements de rapports; en outre, pendant la première période de la vie, les animaux témoignent souvent de leur énergie par des bonds, des sauts, des ruades, quelquefois suivies de chutes qui déterminent des luxations. Les animaux soumis à un travail qui exige des allures rapides, peuvent présenter plus souvent la lésion qui nous occupe que ceux destinés à un service au pas. Parmi les causes occasionnelles, il faut placer toutes les actions mé- caniques qui, en exerçant sur les liens articulaires de violentes trac- tions, peuvent déterminer, — soit et simplement leur élongation, ce qui constitue l'entorse — soit leur rupture ; dans ce dernier cas, les surfaces articulaires sont déplacées et parfois même brisées. Ainsi les chutes, les glissades, peuvent produire des luxations. Le mécanisme d'après lequel s'effectuent les luxations est complexe. Il y a lieu de distinguer, à cet égard, des luxations par causes directes 56 DES LUXATIONS. et des luxations par causes indirectes. Ainsi, une pression, un chue, un coup, agissant sur l'un des os, dans le voisinage de l'articulation, suivant une direction perpendiculaire à sa diaphyse, peuvent le luxer, pendant que le second os reste en place; tel peut être, par exemple, chez nos animaux domestiques, et, dans certains cas, le mécanisme de la luxation huméro-radiale . .Mais, ;\ l'impulsion directe qui peut dé- terminer une luxation, il faut ajouter un mouvement de rotation subit qui peut se produire quand une articulation est frappée obliquement par un choc violent. D'autres fois, la violence extérieure agissant pour ainsi dire sur l'interligne articulaire pousse, dans le même sens, les deux os à la fois de manière à leur faire former un angle et déchire les ligamenls comme la luxation du coude et du boulet nous en offrent des exemples. Dans les luxations par causes indirectes, qui sont les plus fréquentes chez les animaux, la violence extérieure n'agit plus au voisinage de l'articulation, mais à une distance plus ou moins grande. Dans ce cas, une forte impulsion, agissant sur l'extrémité du levier osseux, lui fait former un angle anormal avec l'os voisin. Ainsi, dans une chute sur le genou, l'avant-bras et le bras étant en demi-flexion, le radius et le cu- bitus sont poussés de bas en haut, pendant que le poids du corps press,. l'humérus de haut en bas. La théorie des leviers s'applique aux luxations. En effet dans un mouvement exagéré, l'os le plus mobile s'appuie sur le rebord de la cavité articulaire ou sur une saillie périarticulaire et représente le bras de levierde la puissance, très-long, tandis que celui de la résistance est très-court; dans ces conditions, la rupture des ligaments peut avoir lieu. Dans quelques cas, les luxations sont consécutives à la fracture d'un os ; ainsi la luxation en avant et en haut du fémur sur le coxal se combine fréquemment à une fracture de la tête du fémur. La déchirure de la capsule synoviale,, qui se produit au moment d'une luxation, résulte de la compression que l'os exerce sur elle; dans ce cas, en effet, comme l'a fait remarquer Sédillot, l'os représente un levier d'une extrême puissance. « On concevrait difficilement, dit Sédillot. comment la capsule pourrait se rompre par le seul effet de la traction, quelque énergique qu'on la supposât. La traction est nécessairement ramenée dans le sens de la résistance commune des ligaments, et ce n'est plus sur un point isolé de l'appareil ligamenteux, mais sur la tota- lité des ligaments qu'elle agit. Aussi, tout essai de rupture de la ca- psule numérale, par traction, reste insuffisante ; mais si l'on porte à faux la tête de l'os contre l'un des côtés de la capsule en imprimant au membre une forte inclinaison aidée d'un mouvement de rotation, on déchire assez facilement les ligaments qui opposaient a la traction directe une résistance insurmontable. » La déchirure des ligaments est donc le résultat de la pression des extrémités osseuses. Rôle des muscles. — Chezl'homme, le rôle des muscles pendant les dé- placements, par violences extérieures, a été vivement discuté; chez les DES LUXATIONS. o7 animaux, pareille question n'a point encore été examinée. On a bien, à la vérité, mentionné l'action musculaire, mais sans faire connaître son rôle. J. L. Petit et Cooper d'abord et Boyer ensuite pensaient que les articulations entourées de muscles résistaient mieux aux déplacements. On comprend en effet que les muscles, en se contractant énergique- ment, jouent le rôle de puissants ligaments et maintiennent les sur- faces articulaires en parfaite coaptation de telle sorte que la luxation ne peut que difficilement se produire. C'est sans doute à cette particu- larité qu'il faut rattacher, chez nos animaux, la rareté de la luxation scapulo-humérale, par exemple. Quand les muscles se contractent, ils opposent, parfois, un obstacle invincible aux mouvements exagérés et préviennent ainsi les luxations, et la force de la contraction muscu- laire peut être telle que les surfaces articulaires, étroitement rappro- chées, se brisent et s'écrasent l'une contre l'autre plutôt que de se déplacer, comme on l'observe parfois sur les vertèbres lombaires; tou- tefois la contraction musculaire peut, dans quelques cas, favoriser les luxations. Ainsi dans une chute sur les genoux, les rayons supé- rieurs des membres antérieurs se trouvent placés entre la résistance du sol et le poids du corps augmenté de la vitesse de la chute. Le coude ou l'épaule, soutenus par les muscles qui s'y insèrent, supportent la plus grande partie de la violence et subissent des déplacements qui n'auraient pas eu lieu si les muscles ne s'étaient pas contractés. Anatomie pathologique. — 11 y a lieu de distinguer sous ce rapport les luxations en récentes et anciennes. A. Luxations récentes. — La capsule et les ligaments capsulaires sont toujours fortement lésés chez les animaux, car on a vu précédemment qu'ils présentent habituellement des luxations accidentelles par violen- ces extérieures, tandis que chez l'homme les luxations peuvent sur- venir plus facilement sous l'influence de causes légères et quelquefois même on les détermine à volonté. Dès lors, on comprend que dans de semblables cas les liens articulaires subissent seulement une élon- gation sans éprouver aucune solution de continuité. Les déchirures des ligaments sont surtout très-considérables dans certaines articulations, comme les ginglymes par exemple. La dé- chirure peut être simple, linéaire, parallèle, ou bien et plus sou- vent perpendiculaire à la direction de l'os; dans la plupart des cas, elle est irrégulière avec lambeaux, enfin, dans un traumatisme violent, il n'est pas rare de remarquer des arrachements complets sur l'un des deux os. Volkmann, citéparBillroth, fait remarquer que le siège et la direction de la déchirure dépendent entièrement des conditions mé- caniques qui produisent la luxation. Les os luxés sont plus ou moins éloignés de leurs surfaces de rapport selon que le déplacement est complet ou incomplet ; en outre ils éprou- vent souvent des contusions, des écrasements ou fractures interstitielles et il n'est pas rare d'observer, chez les animaux, l'arrachement des 58 DES LUXATIONS. éminences ou des lamelles osseuses servant d'insertion aux tendons. Les cartilages présentent des lésions plus ou moins prononcées sui- vant le degré de la -violence et le mode d'application de la cause assez souvent, en raison de l'inégalité des surfaces et de la violence de la pression, on le trouve fendillé, arraché par places, contus et ecchy- mose; parfois môme il est pour ainsi dire écrasé contre le rebord de la cavité articulaire, plus ou moins affaissée elle-même dans le point correspondant. Les muscles péri-articulaires offrent des états de tension fort diffé- rents, les uns étant allongés, les autres relâchés ; ainsi dans une luxa- lion du fémur en avant et en haut, les muscles petit et moyen fessiers, vers lesquels l'os s'est déplacé, peuvent être mis dans le relâchement, tandis que le droit antérieur de la cuisse, éloigné de ses insertions sur le sourcil de la cavité cotyloïde, se trouve tendu. A la vérité les têtes osseuses soulèvent quelquefois les muscles vers lesquels elles ont été poussées et compliquent le problème en devenant, à leur tour, une cause de tension. Les muscles, en même temps qu'ils sont déplacés, subissent des déchirures plus ou moins étendues, des contusions avec écrasement des fibres musculaires, et il n'est pas rare de trouver la substance musculaire réduite en une sorte de bouillie rougeâlre, dans laquelle il est impossible ou tout au moins très-difficile de reconnaître l'organisation primitive des muscles. Cette lésion indique avec quelle force agissent les causes susceptibles de déterminer les luxations. Les tendons partagent l'état de tension et de relâchement des mus- cles ; ils sont souvent arrachés à leurs points d'attache. B. Luxations anciennes. — Toute luxation ancienne détermine généra- lement le développement d'une articulation nouvelle, pseudarthrose ou néarthrose, et la disparition plus ou moins complète de l'articulation ancienne. L'extrémité luxée s'adapte à la surface osseuse sur laquelle elle porte, augmente ses points de contact et tend à se mouler sur elle. Quand les luxations sont très-anciennes (ce qui est rare chez les animaux, car ces déplacements articulaires étant souvent incurables, on sacritie habi- tuellement les sujets qui en sont affectés), les modifications de forme •que subissent les têtes des os sont parfois considérables. Ainsi la tête du fémur, par exemple, s'aplatit et devient irrégulière. Sous l'influence, du frottement, le cartilage d'encroûtement disparaît, il est usé, et la surface devient lisse et polie dans une certaine étendue; dans quelques cas même, elle présente un aspect éburné. La véritable cavité articu- laire diminue peu à peu de profondeur par suite de la formation de végétations fibreuses ou osseuses, il est, bien rare qu'elle disparaisse complètement. En même temps que ces productions morbides pren- nent naissance, une nouvelle mais fausse articulation se forme, par suite des mouvements, sur le point où le contact de l'os déplacé a lieu. Sédillot, Langenbeck, Duguet ont montré que, chez L'homme, DES LUXATIONS. 59 pour les ïiéarthroses coxo-fémorales, la nouvelle cavité cotyloïde est- tellement parfaite que, si elle n'avait pas un siège anormal, elle pour- rait être prise pour l'ancienne, nous ne pensons pas qu'une semblable lésion puisse être observée cbez les animaux, car ils ne sont pas con- servés après un accident de ce genre, pendant un temps assez long. On s'est demandé comment se produisaient ces cavités de réception, si c'était par un amincissement du point de contact (Boyer) et le refou- lement du tissu osseux ou par des ossifications nouvelles (Loeseke). Sédillot, Malgaigne, Langenbeck et la plupart des auteurs partagent la deuxième opinion. Dès 1836, Sédillot a démontré, par de nombreuses autopsies, que la formation de nouvelles cavités articulaires se rattache à la production de matière osseuse. On trouve, en effet, dit-il, « d'une part le fond de la nouvelle cavité véritablement creusé aux dépens de l'épaisseur de l'os, et, d'autre part, on aperçoit, à l'entour de cette dé- pression, des filaments osseux très- marqués, qui semblent y prendre leur point de départ et s'étendent en rayonnant plus ou moins loin, pour constituer les bords de la cavité. » Les fibro-cartilages articulaires sont peu à peu détruits par la pres- sion que l'os luxé exerce sur l'os opposé. La preuve que le contact a déterminé en partie au moins ce phénomène, c'est que l'on observe un cercle cartilagineux comme festonné, qui borde les points où les os passent l'un contre l'autre (Sédillot); ajoutons que la disparition des fibro-cartilages articulaires s'opère par régression graisseuse. Dans quelques cas, la surface osseuse, sur laquelle la tête brisée est venue se mettre en contact, se recouvre d'un tissu fibreux ou fibroïde assez épais, qui se rapproche peu à peu de la structure du cartilage fibreux nor- mal (Sédillot, Mém. à l'Académie des sciences, 1835). Desonnaux [Bulletin de la Soc. anatomique, 1844) a aussi signalé la présence d'un fibro- cartilage sur les nouvelles cavités articulaires. Langenbeck professe la même opinion, qui a été confirmée par les recherches histologiques de Millier. Le nouveau cartilage n'est pas hyalin, comme celui qui re- couvre normalement les extrémités articulaires, mais fibreux et réticulé. Les recherches de Sédillot ont montré que « les tissus cellulaire, fibreux et musculaire contractent des adhérences avec la capsule de l'articulation lésée, s'épaississent, se transforment en une membrane solide, qui s'isole de plus en plus des parties environnantes et forme une nouvelle capsule. Le mécanisme de cette transformation est très- simple. Les parties, pressées de toute part sur la tête luxée, se moulent sur elle et se continuent ordinairement avec les anciens ligaments de manière à constituer un véritable sac qui renferme l'ancienne cavité articulaire, la tête de l'os luxé et le point sur lequel elle repose et où s'est établie la fausse articulation. » La capsule de nouvelle formation est plus ou moins parfaite; à la longue elle s'épaissit et devient très-résistante ; sa surface interne est lisse, polie, ressemble à une surface séreuse, la synovie peut même 60 DES LUXATIONS. continuer à être sécrétée, et on a pensé que ce liquide, en s' épanchant sans cesse autour de la tète osseuse, empêchait les adhérences et faci- litait la mobilité. Les observations de Sédillot ont fait voir que dans toute fausse arti- culation, il existe « une synoviale ou plutôt une trame cellulaire à sur- face unie, lisse,, humide, qui y ressemble et en tient lieu; » toutefois, l'examen microscopique n'a pas encore démontré, dans cette trame cellulaire, la présence du revêtement épithélial qu'on trouve dans les synoviales vraies. Les muscles sont le siège de phénomènes de rétraction dont la connais- sance est très-importante pour le praticien, en ce sens qu'ils peuvent constituer des obstacles très-sérieux et même insurmontables pour la réduction. Ainsi, il arrive parfois que l'élément musculaire s'atrophie et subit une sorte de transformation fibreuse; alors, le muscle se change en une sorte de ligament qui se confond avec la capsule nouvelle ou tout au moins la renforce. On a même signalé, chez l'homme, il est vrai, des traces de formation osseuse dans l'épaisseur des muscles sous l'influence des pressions et des frottements. Ces changements, dit Sédillot, s'expli- quent par la loi générale qui tend à donner à nos tissus les caractères de ceux dont ils remplissent les fonctions. Les tendons qui, par le fait d'une luxation, éprouvent des pressions continuelles, peuvent offrir des ossifications partielles ; quelquefois, ils s'épanouissent dans les nouvelles capsules, en contractant des adhé- rences tellement intimes avec les ligaments voisins qu'ils deviennent méconnaissables ; c'est de cette manière qu'ils peuvent contribuer à la fixité des os et faire obstacle à la réduction. Les vaisseaux et les nerfs présentent des déviations el des changements de toute espèce; ils sont tendus, comprimés, tiraillés, d'autres fois au contraire relâchés, ilexueux et tortueux. On les trouve parfois compris dans le travail d'organisation de la nouvelle capsule où ils peuvent con- tracter des adhérences intimes. Le repos forcé auquel l'articulation luxée est condamnée, joint aux modifications éprouvées par les vaisseaux et les nerfs, détermine l'a- trophie du membre, atrophie qui est surtout prononcée pour l'os luxé. . En résumé, de l'exposé de ces diverses lésions, il ressort très-claire- ment, ce nous semble, que quand une luxation date de quelque temps , les transformations anatomiques qu'éprouvent les tissus , s'opposent à ce qu'on puisse tenter, avec quelque chance de succès, la réduction des parties déplacées, sans compter que la puissance de la contraction musculaire chez les grands animaux constitue un obstacle tel, qu'on briserait plutôt les os que de vaincre la résistance qu'elle oppose. A la vérité, nous verrons plus loin que, par l'emploi des anesthésiques, on peut faire cesser la contraction musculaire et réduire ainsi quelques luxations. Signes et diagnostic. — Connue le diagnostic de la plupart des luxa- DES LUXATIONS. 6t tions entraîne souvent l'abatage de l'animal qui en est affecté, il im- porte d'en connaître les caractères, d'autant que ce diagnostic présente fréquemment de sérieuses difficultés chez les grands animaux du moins. Parmi les signes les plus immédiats des luxations, il faut noter une douleur souvent excessive, la gène ou l'impossibilité des mouvements, la déformation de la partie luxée, l'allongement ou le raccourcissement qu'elle présente. Quand la luxation siège sur un membre, la mobilité active est abolie, l'extrémité lésée est traînée sur le sol tout d'une pièce ; le membre luxé prend une attitude subordonnée à sa nouvelle direction et aux conditions de tension des ligaments et des muscles. On le trouve fléchi ou étendu dans l'adduction ou l'abduction, dans la rotation en dehors ou en dedans. Les changements de rapport survenus entre les os, plus ou moins éloignés l'un de l'autre, les saillies et les dépressions qui en résultent, la tension ou le relâchement des muscles produisent des modifications si tranchées dans la forme des jointures, qu'elles suf- fisent parfois pour démontrer la nature de l'accident. Mais il existe un symptôme qui se produit dès le début et dont la présence aug- mente singulièrement les difficultés du diagnostic, nous voulons parler du gonflement inflammatoire, conséquence immédiate des lésions que les luxations entraînent à leur suite. Ce gonflement peut être tel qu'il masque complètement les saillies articulaires et empêche de recon- naître, avec certitude, l'existence d'une luxation; c'est ce qui arrive quand la luxation remonte à quelque temps, deux ou trois jours par exemple. Plus tard, quand la tuméfaction inflammatoire a disparu, on constate les déformations éprouvées par les articulations luxées. C'est ainsi que dans les luxations complètes on remarque que la cavité arti- culaire reste vide: au lieu d'une saillie due à la position normale de la tête osseuse, on rencontre un creux, une dépression, un défaut de ré- sistance. Par contre, l'extrémité de l'os luxé forme, au voisinage de l'article, une tumeur anormale. En appliquant la main sur cette tumeur et en imprimant au membre quelques mouvements, on reconnaît qu'elle participe aux mouvements de l'extrémité, qu'en un mot elle jouit d'une certaine mobilité, qui indiqne qu'elle fait corps avec les autres parties du membre. Par la palpation, on peut donc recon- naître la nouvelle position de l'os luxé, et, conséquemment, l'espèce et le degré de la luxation; toutefois chez les grands animaux, chez ceux surtout dont la masse est considérable, ou bien chez ceux qui sont indociles et méchants, il est souvent difficile soit d'imprimer au membre blessé des mouvements étendus, soit d'exercer sur la tête os- seuse déplacée, des manipulations, de telle sorte que le degré de la luxation ne peut être déterminé avec précision. C'est dans ce cas sur- tout que la comparaison du membre sain avec le membre malade peut éclairer le diagnostic, comparaison qu'il ne faut jamais négliger, même dans les cas les plus simples. On sait qu'il y a, dans chaque articu- lation, un certain nombre de saillies osseuses dont la distance, la hau- 62 DES LUXATIONS. teur, la mobilité doivent être exactement appréciées. Or, si l'on par- vient à s'assurer que les principales apophyses des os d'une articulation sont dans leurs rapports normaux, on sera certain qu'il n'y a pas de luxation; s'il existe un gonflement œdémalo-inflammatoire prononcé, à tel point que la palpa lion soit difficile ou infructueuse, Malgaigne a proposé, chez l'homme, l'exploration articulaire, à l'aide d'aiguilles qu'on implante dans les tissus. Ce moyen est recommandé aujourd'hui par beaucoup de chirurgiens; on pourrait dans les cas douteux y avoir recours chez les animaux. Un des meilleurs moyens pour connaître le degré d'une luxation et déterminer la situation respective des parties, c'est la mensuration com- parative du membre malade et du membre sain. Dans toutes les luxa- lions des membres, en effet, on constate des changements de longueur dans les rayons osseux, tantôt il y a raccourcissement, tantôt allonge- ment, suivant que la tête de l'os est portée au-dessus ou au-dessous de la cavité dans laquelle elle était primitivement contenue. Pour que la mensuration puisse donner des résultats exacts, il faut avoir le soin de placer le membre sain dans une position semblable à celle du membre malade ; il faut encore, comme l'a fait remarquer Nélaton, que les deux extrémités du lien soient appliquées précisément sur les points semblables des deux membres, et que ce lien suive le môme chemin pour mesurer l'espace compris entre les deux points fixes. Ces difficul- tés ne peuvent pas toujours être surmontées dans la pratique, néan- moins nous pensons que la mensuration, quoique ne donnant dans la plupart des cas que des résultats approximatifs, est un moyen de diagnostic qui permet au praticien d'apprécier, avec quelque préci- sion, l'étendue du déplacement éprouvé par la tête osseuse, la situa- tion de celle-ci, et, comme conséquence pratique, le plus ou moins de difficultés de la réduction. L'os brisé éprouve un changement de direction dû aux changements de rapports des surfaces articulaires. Si, par la pensée, on prolonge l'axe de l'os, on voit qu'au lieu de se continuer vers la cavité articu- laire, il s'en éloigne plus ou moins selon l'étendue du déplacement. On avait pensé que ce changement était dû à l'action des muscles, mais • Busch a démontré par des expériences faites sur le cadavre humain (1) que, dans les luxations, la section de tous les muscles péri-articulaires ne détermine aucun changement dans la position du membre; Sédillot pense que la direction du membre brisé dépend de l'état de tension des capsules et des ligaments. Dans certains cas, on peut produire une sorte de bruit de crépitation beaucoup moins rude (pie pour les fractures. Ce bruit ou mieux ce cra- quement est dû au froissement de l'extrémité brisée contre les surfaces (1) Busch, Beitrùge zur Lehre von den Luxationem, in Arch. fur klinische Chirurg. t. IV, p. 23. DES LUXATIONS. 63 de rapport, telles que le périoste, un cartilage, un tendon, un caillot sanguin, mais la crépitation la plus commune est celle des synoviales qui craquent sous l'influence des pressions et des mouvements. Les renseignements fournis par le conducteur de l'animal peuvent aussi guider le praticien. Si on apprend, par exemple, que l'animal a fait une chute dans un remblais, que, par suite d'une glissade, les mem- bres ont été portés dans l'abduction à un degré extrême, ou bien que le sujet est tombé sur le sol, les jambes écartées, etc., on sera porté à penser qu'une luxation a pu se produire. Malgré tous ces signes, le diagnostic de la luxation offre souvent, chez les animaux, de grandes difficultés, car il est fréquent d'observer, en même temps que les luxations, des accidents ou complications qui ne laissent pas que d'embarrasser le praticien le plus habile. Complications et suites. — Les fractures sont les principales com- plications des luxations chez les animaux; les déchirures des muscles, des ligaments, des vaisseaux et des nerfs, les solutions de continuité des téguments ne sont pas rares non plus. Le phlegmon, l'arthrite accompagnent les luxations et déterminent ainsi de vives souffrances ; parfois l'arthrite devient suppurative, dans d'autres cas les parties sont frappées de gangrène, d'où résultent des décollements étendus, des clapiers et finalement l'infection purulente. Signalons le tétanos dont l'apparition peut avoir lieu pour les luxations comme du reste pour toutes les lésions traumatiques graves. Les suites des luxations sont variables. — Quand la réduction a été pratiquée, elles sont des plus simples, comme nous aurons occasion de le faire remarquer à propos du traitement; dans le cas contraire, c'est-à-dire quand les luxations n'ont pas été réduites, elles peuvent rester indemnes de toute complication, ou bien en présenter. Dans le premier cas, une fausse articulation se forme, la partie blessée qui, tout d'abord, était sinon condamnée à l'immobilité, du moins considérable- ment gênée dans ses mouvements, reprend peu à peu ses fonctions, pro- gressivement elle effectue des mouvements moins bornés, mais elle ne retrouve que très-rarement sa mobilité physiologique, surtout si la luxation était complète... Dans le second cas, les luxations peuvent être suivies d'arthrite suppurée, d'ankylose, et l'on sait que ces acci- dents sont incurables. Chez l'homme, on a observé bon nombre de faits démontrant la possibilité de la rédaction s/jo»tanée des luxations, mais chez les animaux nous ne sachions pas que, à part les faits de réduction spontanée de luxation incomplète de la rotule, et un cas de guérison d'une luxation coxo-fémorale, sans réduction, rapporté par M. Lafosse Journal des vétérinaires du Midi, J8j2, p. 6:2), on connaisse d'autres cas analogues; conséquemment, en vétérinaire, il n'y a pas lieu de compter beaucoup sur les bénéfices d'une réduction spontanée, et, si cette ter- minaison — de toutes la plus heureuse — se produit quelquefois, ce n'est, à coup sur, qu'exceptionnellement. Hî DES LUXATIONS. Diagnostic différentiel. -- On peut confondre les luxations avec les fractures, et surtout avec le décollement épiphysaire des os. Quand la fracture siège sur la diaphyse de l'os, qu'elle est en un mot extra- articulaire, la confusion nous paraît bien difficile, à moins qu'il n'existe une forte tuméfaction inflammatoire qui ne permette pas d'explorer convenablement les parties blessées. En effet, les rapports articulaires manquent ou sont modifiés dans les luxations, la crépitation est peu distincte, souvent nulle, les mouvements sont très-bornés, souvent la partie est condamnée à l'immobilité, tandis que, dans les fractures extra-articulaires, les articulations ne présentent aucune déformation, la crépitation est très-accusée et l'on peut faire exécuter très-facilement à l'extrémité fracturée des mouvements contre nature. Les fractures intra-articulaires présentent plus de difficultés par suite du déplacement des fragments simulant quelquefois une sorte de luxa- tion. Ici encore la mensuration peut rendre de véritables services ; nous avons vu que dans toute luxation la longueur du membre varie selon ses positions; il n'en est pas de même dans les fractures. Dès que les fragments ont chevauché l'un sur l'autre et ne se correspondent plus, le raccourcissement en est la suite constante et immédiate et il atteint des degrés beaucoup plus considérables que dans aucune luxation. Le décollement é/np/iysaire des os peut être facilement pris pour une luxation ; la distinction entre ces deux lésions nous paraît impossible à établir sur le vivant, attendu que chez les jeunes animaux les luxations, notamment celle de l'articulation coxo-fémorale, sont généralement accompagnées de décollement épiphysaire; donc, d'après l'âge des ani- maux, on pourra soupçonner l'existence d'un décollement épiphysaire simulant une luxation, mais l'autopsie seule permettra de reconnaît re la lésion. Au surplus, cette distinction est sans importance dans la pra- tique, car l'observation apprend que la séparation d'une épiphyse os- seuse est suivie d'une luxation incurable. Une tumeur osseuse, une exostose placée au voisinage d'une jointure, peut faire croire à une luxation, mais un examen attentif et des con- naissances anatomo-pathologiques sur les tumeurs des os, sur leur siège, leur forme et leur consistance éclairent le chirurgien. Pronostic. — Plusieurs circonstances peuvent faire varier la gravité du pronostic des luxations; en thèse générale, on peut dire que ces lé- sions constituent, chez nos animaux, des accidents de la plus haute gravité, souvent incurables, et comme tels obligent à sacrifier les ani- maux. L'espèce animale, l'âge, le siège de la luxation, son ancienneté, voilà autant de particularités qui influent sur le pronostic. Mais il est une question capitale, pourrions-nous dire, qu'on est porté a poser, tout d'abord, à propos du pronostic des luxations : c'est celle de la réductibi- lité des luxations. Or, l'observation apprend que, chez les grands ani- maux surtout, la réduction des luxations même récentes est souvent impossible. On a invoqué comme cause de cette irréductibilité, d'une DES LUXATIONS. G5 part, l'indocilité des animaux, qui les porte à s'agiter sans cesse, à dé- placer ou arracher les bandages contentifs qu'on pourrait leur appli- quer, et, d'autre part, la puissance extrême de la contraction muscu- laire. En outre, les travaux de Roser, Weber, Gellé, Busch, Strebel, ont démontré que la capsule et les ligaments peuvent opposer la plus grande résistance à la réduction des luxations chez l'homme, dans cer- taines conditions dont la principale paraît être, d'après Sédillot, l'inter- position de la capsule entre les surfaces articulaires luxées, interpo- sition qui dépendrait d'après M. Michel (de Strasbourg), de la pression atmosphérique. Quoi qu'il en soit, on pense généralement aujourd'hui que la contraction musculaire ne contribue pas seule à l'irréductibilité des luxations. Au surplus, nous avons vu (en étudiant l'anatomie patholo- gique des luxations) que les articulations luxées subissent des transfor- mations morbides qui opposent des obstacles insurmontables à la réduction. Traitement. — Nous nous bornons à résumer ici les indications gé- nérales du traitement des luxations, nous réservant d'en étudier les détails à propos du traitement de chaque luxation. Ces indications sont au nombre de trois : pratiquer la réduction, s'opposer au retour de la luxation, combattre les complications. La réduction consiste à ramener l'os déplacé dans sa cavité articu- laire; pour y parvenir, il est nécessaire d'employer des forces considé- rables qu'on applique, à une certaine distance de la partie lésée, de manière à produire l'extension et la contre-extension, tandis que le chi- rurgien cherche par des manipulations bien dirigées à effectuer le taxis ou la cooptation. Ces diverses manœuvres peuvent être facilitées par l'anesthésie. Après la réduction, il faut par l'apposition d'un appareil conten- tif prévenir le retour de la luxation : un repos complet est nécessaire. Ici se présente la question de savoir pendant combien de temps il faut laisser, l'appareil en place. Cette question n'a pas été étudiée en vétérinaire. Chez l'homme, quelques auteurs ont prétendu que quinze ou vingt jours étaient nécessaires pour la cicatrisation des ligaments et le rétablissement des fonctions. Sédillot pense que cette règle est trop absolue : On voit fréquemment, dit-il, les malades se servir de leur membre, immédiatement après la réduction, sans vouloir s'assujé- tir à aucun bandage et sans en éprouver d'accidents. Chez les animaux, il n'est pas permis de compter sur des suites aussi heureuses, et nous croyons que l'application d'un bandage contentif est indispensable. A la vérité, il ne faudra pas le laisser en place pendant un temps aussi long que pour les fractures; nous estimons qu'après dix ou quinze jours il est bon de l'enlever pour examiner l'état des parties et empê- cher la formation d'une ankylose, complication qui peut survenir quand le membre est immobilisé pendant un long temps. La troisième indication du traitement des luxations consiste à com- Peuch et Toussaint. — Chirurgie. !'• J OC DES LUXATIONS. battre les complications, et les moyens qu'on mettra en usage seront subordonnés a la nature de ces complications; donc le traitement n'est autre que celui de toutes les lésions traumatiques, quelles qu'elles soient. Après ces généralités, nous arrivons à l'étude des luxations en par- ticulier; nous ferons remarquer, au préalable, que cette étude est encore fort incomplète en médecine vétérinaire, probablement à cause de la rareté des luxations chez les animaux; il est môme des articulations sur lesquelles on n'a jamais constaté l'existence d'une luxation ; de ce nombre se trouvent l'articulation fémoro-tibiale, les articulations pha- langiennes. Nous ne pouvons donc rien en dire, mais il en est d'au- tres qui ont été observées quelquefois ; telles sont quelques luxations des membres, et notamment la luxation coxo-fémorale. Nous les étu- dierons avec soin ; quant aux autres luxations dont la science ne pos- sède que quelques rares exemples, nous nous bornons à analyser et résumer les faits qui s'y rapportent, sans décrire comme on l'a fait des symptômes qui n'ont jamais été observés et qui pourraient bien n'exister que dans l'imagination de certains auteurs. ART. II. — DES LUXA'IIONS EN PARTICULIER. § 1er. — Luxation de la mâchoire inférieure. Cette luxation est rare; Massot en a rapporté un cas dans le Joutinal pratique de médecine vétérinaire, année 1826. M. Lafosse en a observé trois cas sur le chien. Bubl a vu un poulain d'un mois et demi affecté de cette luxation (1). M. Lafosse a distingué plusieurs variétés dans les luxations de la mâchoire inférieure, variétés qui peuvent bien exister chez l'homme, mais qui doivent être très-rares chez les animaux, à en juger par le silence des auteurs, qui se sont occupés de ce sujet; les rares obser- vations, qui ont été publiées, portent à penser que la luxation de la mâchoire inférieure est généralement incomplète. Un des signes principaux consiste dans l'écartement permanent des mâchoires avec une déviation à gauche ou à droite selon l'articulation luxée; parfois, la mâchoire inférieure est comme pendante et portée dans la propulsion. Ce symptôme semblerait indiquer qu'on peut obser- ver la luxation des deux articulations temporo-maxillaires : il a été in- diqué par Buhl. On a également remarqué que les dernières molaires inférieures étaient fixées, et pour ainsi dire engrenées entre les deux dernières molaires de la mâchoire supérieure. Par la commissure des lèvres s'écoule une salive visqueuse et filante. L'animal est triste, son (]) Répertoire vétérinaire, publié à Stuttgard parle docteur Ilering, 18L6. DES LUXATIONS. 67 faciès exprime l'inquiétude, la fièvre de réaction est prononcée. La mastication ne peut avoir lieu, et si Ton ne parvient pas à opérer la réduction, l'animal est voué à une mort certaine. La réduction d'une luxation de ce genre est très-difficile chez les grands animaux. On pourrait, pour y parvenir avec moins d'efforts, les soumettre à l'éthérisation. Massot dit avoir réussi dans un cas de luxation incomplète de l'articulation temporo-maxillaire gauche en exerçant sur la mâchoire inférieure une forte traction dirigée à droite. Mais Buhl, malgré l'emploi de forts leviers, n'a pu parvenir à opérer la réduction du maxillaire inférieur luxé; à l'autopsie il a reconnu que toute la résistance provenait de la position des molaires inférieures entre les deux dernières molaires du maxillaire supérieur. Cette fixa- tion était si solide que les dents supérieures avaient été rayées par les inférieures. M. Lafosse conseille les manœuvres suivantes : Dans le cas de luxation d'un seul condyle, « fixer la tète, agir par pression latérale sur l'extrémité libre de la mâchoire inférieure comme sur un levier, pour l'amener en confrontation avec la supérieure. » S'il s'agit d'une luxation des deux condyles, « opérer la contre-ex- tension aux cornes ou bien aux épaules; l'extension au moyen d'un appareil consistant en un billot en bois placé sous les arrière-molaires, portant une tige prolongée hors de la bouche et fixée en arrière des in- cisives inférieures, par une courroie transversale. Portée vers les inci- sives supérieures, la tige, au moyen du billot, rejette la partie posté- rieure du maxillaire en bas; tirée en avant, elle fait avancer cet os, dont les condyles se confrontent ainsi avec les supérieurs (1). » § 2. — Luxations des vertèbres. Les vertèbres sont, comme on le sait, étroitement unies entre elles par des surfaces articulaires configurées de telle sorte et assujéties par de tels ligaments que ces os sont maintenus dans une parfaite coaptation, qui ne permet que des mouvements nécessairement très- restreints ; aussi les luxations des vertèbres sont-elles très-rares. A. — LUXATION AT1.01DO-OCC1PITALE. L'atlas est réuni à l'occipital par une articulation condylienne qui peut être le siège d'une luxation. Ainsi Lemaître a vu une jument qui, en tirant au renard, s'est luxé la première vertèbre sur l'occipital. La mort a été instantanée. « Les condyles de l'occipital étaient déboîtés d'avec l'atlas; les ligaments capsulaires étaient allongés, ruptures, et il y avait dilacération de la moelle épinière (2). » Vives, vétérinaire à (1) L. Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 032. (2) Cours complet d'agriculture, t. IV, p. 391. 68 DES LUXATIONS. Campagne (Landes), a observé un cas de luxation incomplète de l'arti- culation atloïdo-occipitale sur une mule de trois ans (1). Cette bête ayant été laissée en liberté dans un parc avec d'autres animaux, on constata, une heure plus tard, qu'elle avait la tète basse, allongée. «En soulevant la tête on la ramène à la hauteur ordinaire, mais si l'on con- tinue le mouvement d'élévation, l'animal témoigne une vive souffrance, recule, s'appuie sur les jarrets et finit par tomber.» Douleur très-intense et engorgement de la nuque ; déviation très-manifeste de la base de la tête qui est portée à gauche; prédominance de la saillie formée par l'aile droite de l'atlas, tandis que l'opposée est complètement effacée dans le sommet de l'angle obtus que forme la tête, depuis qu'elle est déviée, avec la partie gauche du cou. « La déviation, dit Vives, était trop apparente pour laisser le moindre doute sur l'existence de la luxa- tion incomplète de l'articulation occipito-atloïdienne. » Pour tout traitement on pratiqua deux saignées, à quelques jours d'intervalle, et l'on fit au début des lotions émollientes sur la nuque ; quelques jours après on appliqua une couche d'onguent vésicatoire qui produisit les meilleurs effets. On ne se livra à aucune tentative de réduction de peur de déterminer, par les violents mouvements qu'il fallait imprimer à la tête pour la ramener dans sa situation normale, une compression de la mcelle épinière qui aurait été suivie de mort. Six mois plus tard, « la tête, quoique assez libre pour opérer les flexions de gauche à droite, n'en est pas moins aussi allongée qu'au début et dans l'impos- sibilité d'atteindre la position verticale, moins encore de ^encapu- chonné r ; sa base se trouve toujours portée à gauche ; la prédominance de l'aile droite de l'atlas est on ne peut plus apparente. » La sensibilité et la motilité générales n'ont éprouvé aucune modification. La mule qui fait l'objet de cette observation « ne discontinue pas de fournir un travail aussi fort et aussi soutenu qu'avant l'époque où l'accident eut lieu (2). » L'observation de M. Vives semblerait démontrer que la luxation atloïdo-occipitale incomplète, ne s'accompagnerait pas fatalement d'une lésion de la moelle épinière comme on pourrait le penser à priori. L'absence de lésions médullaires dans la luxation incomplète de l'atlas sur l'occipital, nous paraît bien difficile à expliquer vu l'emboîtement profend des condyles de l'occipital dans les cavités diarthrodiales de l'atlas, et la saillie que forme chaque condyle, saillie telle que la moelle serait forcément comprimée s'il se produisait un déplacement quel- conque des surfaces articulaires; néanmoins nous avons reproduit l'ob- servation de M. Vives afin de mettre sous les yeux des praticiens, un exemple de la marche que peuvent suivre les lésions intra-articulaires de la région de la nuque. vl; Journal des vétérinaires iagnoBtic différentiel; — On peut confondre la luxation coxo- fémorale avec une luxation de la rotule, une luxation fémoro-tibiale et une fracture du fémur siégeant dans la diaphyse de cet os, ou bien dans l'épiphyse supérieure qui constitue la tête fémorale. Dans la luxation de la rotule, cet os forme une saillie très-accusée en dehors et, pendant la marche, le membre reste en arrière et la pince traîne sur le sol, ce qui n'a pas lieu dans la luxation coxo-fémorale. Quant à la luxation fémoro-tibiale, elle n'a point encore été observée d'une manière certaine, et, quand on rélléchit à la solidité extrême et à la multiplicité des moyens d'union qui maintiennent en coaptation les DES LUXATIONS. 97 surfaces articulaires du fémur et du tibia, on s'explique sinon l'im- possibilité absolue de cette luxation, du moins sa rareté, rareté telle que nous n'avons trouvé dans aucune de nos publications, un exemple de luxation fémoro-tibiale complète. M. Lafosse, dans un mémoire sur la luxation coxo-fémorale complète, publié dans le Journal des vétérinaires du Midi, en 1852, admet l'existence d'une luxation fémoro- tibiale incomplète dans laquelle « les deux condyles du fémur se « seraient portés, l'externe en avant, l'interne en arrière des surfa- « ces articulaires légèrement convexes du tibia; dans ce cas, dit-il, il a y aurait bien déviation de la rotule et de la pince en debors, de la ci pointe du jarret en dedans, mais le raccourcissement du membre « serait presque insensible, l'articulation coxo-fémorale ne serait ni « déformée ni douloureuse. » Nous n'insisterons pas davantage sur ces caractères différentiels puisque l'existence de la luxation fémoro-tibiale est douteuse; du reste, nous avons hâte d'arriver a l'examen des signes différentiels des fractures et des luxations fémorales. Si la fracture siège dans la diaphyse du fémur on pourra la distinguer aisément d'une luxation, par l'excessive mobilité du membre, mobilité telle qu'on peut aisément imprimer à l'extrémité des mouvements contre nature; par une cré- pitation sèche, que l'expérience apprend à distinguer du craquement sourd des luxations, mais, quand la fracture existe sur la tête fémorale elle-même, qu'elleest intra-articulaire, ou bien, comme cela a été observé chez les jeunes animaux, que l'épiphyse qui constitue cette extrémité osseuse se décolle et que le col du fémur, par suite de la contraction musculaire, vient frotter sur le sourcil cotyloïdien, formant ainsi une pseudarthrose plus ou moins parfaite, alors le diagnostic ne peut être, quoi qu'on en ait dit, établi avec précision du vivant de l'animal. L'au- topsie seule dévoilera au praticien la lésion dont il avait pu soupçonner, mais non affirmer l'existence. Marche. Terminaisons. Complications. — Si l'on abandonne à eux- mèmes les animaux atteints de luxation coxo-fémorale, il peut arriver qu'ils succombent à une sorte de marasme ou à." épuisement nerveux résultant des souffrances qu'ils ont éprouvées, comme cela a été observé dans le cas rapporté par M. Péteaux [Journal de médecine vété- rinaire de Lyon, 1867, p. 24). Lamort peut survenir au bout d'un mois. A la vérité, cette funeste terminaison constitue une exception. En effet, habituellement, une fausse articulation se forme, la cavité cotyloïde normale se remplit peu à peu de productions fibreuses ou osseuses, les tissus qui environnent la pseudarthrose éprouvent tous les change- ments que nous avons étudiés avec détails, à propos des généralités sur les luxations (voyez p. 58); le membre luxé récupère une partie de ses mouvements , mais la claudication persiste pendant plusieurs mois, souvent pendant toute la vie ; parfois, paraît-il, elle disparaît au fur et à mesure que le membre reprend sa direction physiologique, Peucu et Toussaint. — Chirurgie. U* ~~" ' 98 DES LUXATIONS. ainsi que M. Lafosse en a observé un exemple sur une jument atteinte de luxation coxo-fémorale ; neuf mois après l'accident, dit M. La- fosse, et quoique la luxation n'eût pas été réduite, « les parties éma- « ciées étaient revenues a leur volume primitif et la direction du « membre et son jeu étaient tout à l'ait physiologiques. » (Journal des vétérinaires du Midi, 18o2, p. 62.) Il n'est pas à notre connaissance que depuis l'observation rapportée par M. Lafosse, on ait observé un pareil cas, nous pensons donc que cette heureuse terminaison qui démontrerait, si elle était appuyée par de nouveaux faits, la possibilité de la réduction spontanée d'une luxation coxo-fémorale doit être aussi rare qu'elle est remarquable. On ne peut comprendre, en effet, qu'une luxation coxo-fémorale complète se ré- duise d'elle-même quand on sait combien il est difficile d'opérer la réduction d'une semblable luxation ; d'un autre côté, si l'on se re- fuse à admettre cette réduction spontanée, il est au moins extraordi- naire qu'il se forme une fausse articulation assez complète pour permettre des mouvements aussi étendus que ceux dont jouit l 'ar- ticulation coxo-fémorale normale. Nous savons bien que des faits analogues ont été observés chez l'homme, mais on conviendra que cette raison ne saurait être suffisante pour démontrer d'une manière incontestable l'existence d'un pareil phénomène chez les animaux, surtout, si comme le donne à entendre M. Lafosse, le membre a repris son « jeu physiologique », ce qui autorise à penser que l'animal dont il s'agit, pouvait fournir une course rapide, au trot ou au galop, sans boiter. Quand la luxation a été réduite, la boiterie disparaît peu à peu et le membre reprend ses fonctions. 11 nous serait bien difficile de fixer, avec quelque précision, l'époque à laquelle arrive la guérison, car, dans les diverses observations de luxation coxo-fémorale qui ont été publiées, ou bien les animaux qui en étaient l'objet ont été sacrifiés, ou bien les auteurs ne donnent que de vagues indications sur le temps nécessaire à la guérison, et comme il ne nous a pas été donné d'ob- server jusqu'à guérison complète, des luxations coxo-fémorales, chez lis grands animaux, il s'ensuit que sous ce rapport nous manquons de données certaines. Néanmoins nous pensons que la consolidation d\me luxation coxo-fémorale chez le cheval ne doit pas demander moins d'un mois à six semaines. Après ce laps de temps, si la claudi- cation a disparu, on peut remettre l'animal au travail, sans avoir à redouter une récidive. Quelques complications peuvent retarder la guérison d'une luxa- tion, ou même s'y opposer; de ce nombre sont les fractures de la cavité cotyloïde, du col de l'ilium ou du fémur, un peu au-dessous de l'extré- mité supérieure de cet os. Quant à la fracture partielle de la tête du fémur, au voisinage du point d'insertion du ligament coxo-fémoral, elle se consolide, dit-on, quand la réduction a été opérée. La luxation DES LUXATIONS. 99 coxo-fémorale est toujours accompagnée de déchirure des ligaments et des muscles, parfois ces lésions de continuité sont tellement étendues qu'elles donnent lieu à des abcès, à des fusées purulentes qui compro- mettent la guérison. Pronostic. — D'une manière générale, le pronostic de la luxation coxo-fémorale est grave ; car, à supposer qu'elle soit exempte de toute complication, il faudra toujours laisser l'animal en repos pendant un assez long temps pour obtenir une guérison durable. En outre, il y a lieu de distinguer ici la luxation coxo-fémorale en récente ou ancienne, réductible ou irréductible. — 11 va de soi qu'une luxation coxo-fémorale récente sera réduite moins difficilement que celle qui date de plusieurs jours. La gravité de la luxation augmente donc en raison du temps qui s'est écoulé depuis le moment où la luxation a eu lieu, jusqu'à celui où le praticien est appelé à pratiquer la réduction. Il n'est pas rare, qu'avec le temps, une luxation réductible dans le principe, devienne tout à fait irréductible et par conséquent incurable. Cette particularité résulte des modifications pathologiques qui se produisent dans la jointure luxée et que nous avons étudiées en leur lieu. Quand il y a complication de fracture étendue du fémur ou du col de l'ilium, la luxation coxo-fémo- rale est incurable. Enfin, toutes choses étant égales d'ailleurs, cet accident est moins grave pour les animaux destinés à un travail à allures lentes que pour ceux placés dans des conditions opposées ; il est moins grave aussi pour les sujets de petite taille que pour ceux d'une taille élevée et dont la masse est considérable. En un mot, on peut appliquer au pronostic de la luxation coxo-fémorale toutes les considérations générales dont nous avons parlé précédemment. Traitement. — Végèce recommandait d'attacher au membre malade une corde ou une courroie, puis d'exciter le cheval à marcher d'abord au pas, puis au trot ; alors, un aide saisit la corde et la tire tout à coup avec force; lorsque, dit-il, on entend un craquement, on peut être assuré que l'os est rentré dans sa place. D'autres conseillent, après avoir attaché la corde au pied, de la fixer à un arbre, à quelque dislance, puis, à coups de fouet, on excite vivement l'animal. C'est ce que l'on appelle faire tirer l'épine. Il est permis de penser que cette manœuvre a été employée, par les hippiàtres, pour combattre la luxation de la ro- tule qu'ils confondaient avec celle de la cuisse, qui est fort rare. Pour pratiquer la réduction de cette luxation, il faut coucher l'animal du côté opposé à celui où elle existe et le soumettre à l'anesthésie. On opère l'extension en fixant au membre luxé, préalablement désentravé, une ou deux plates -longes ; l'une d'elles est appliquée au-dessous du jarret, l'autre au-dessus, leurs extrémités sont confiées à des aides plus ou moins nombreux suivant la force de l'animal ; parfois même, il peut être utile, pour vaincre la résistance qu'oppose la contraction musculaire, d'avoir recours à une]'paire de mouftles ; ce déploiement de force est inutile quand on a recours à l'anesthésie. Quoi qu'il en soit, 100 DES LUXATIONS. les tractions doivent être exercées dans le sens de la direction normale du membre pendant le poser. Pour effectuer la contre-extension, on peut appliquer une plate-longe dans le pli de l'aine, ou bien, comme le conseille M. Laf'osse, un sac roulé dont les extrémités sont attachées à un point fixe. Tout étarït disposé convenablement, l'opérateur fait exercer sur l'extrémité luxée des tractions graduellement plus fortes, et il s'efforce en même temps de pratiquer la coaptation. Les manœuvres qu'il emploie varient suivant le sens d'après lequel la luxation s'est produite. A- t-on affaire à une luxation en dedans, alors il faut disposer sous le membre luxé, par conséquent entre les deux membres posté- rieurs, et dans la région inguinale un corps volumineux destiné à servir de point d'appui. Saussol et Rausson se sont servis d'un seau en bois; M. Lafosse conseille « un rondin de bois plus ou moins volumineux ». L'opérateur appuie fortement sur le jarret du membre malade qui forme ainsi un levier du premier genre. Grâce à ce moyen et à l'anesthé- sie, on parvient à réduire les luxations de ce genre. S'agit-il d'une luxation en dehors, l'opérateur applique ses mains sur la saillie que forme le trochanter et fait effort pour repousser l'extrémité supérieure de l'os en dedans et en arrière si la luxation est antérieure, et en avant, dans le cas contraire. Ces manœuvres sont plus faciles à dé- crire qu'à exécuter, même quand la luxation est récente, à plus forte raison quand elle remonte à quelques jours. Mais on pourra toujours par l'emploi des anesthésiques, sinon faire cesser complètement la con- traction musculaire, du moins la diminuer dans de telles proportions qu'une luxation coxo-fémorale qu'on aurait pu croire tout d'abord irré- ductible puisse être réduite. On reconnaît que les rapports normaux des surfaces articulaires sont rétablis, qu'en d'autres termes la luxation est réduite, à une sorte de craquement sourd qui se fait entendre au moment où la tête du fémur s'emboîte dans la cavité cotyloïde ; en même temps, l'articulation coxo- fémorale, qui était le siège de la luxation, reprend son aspect normal, et le membre, auparavant immobile ou du moins dont les divers rayons n'exécutaient que des mouvements très-bornés, peut effectuer à l'instant, des mouvements aussi étendus que dans l'état physiologique. Afin de prévenir une récidive, et pour maintenir les parties réduites dans leurs situations respectives, il faut appliquer sur l'articulation, soitun sinapisme, comme l'ont fait Saussol etRanson, soit, ce qui nous paraît préférable, une charge composée de poix noire, de poix résine, de térébenthine et de cire, le tout mêlé à des étoupes hachées. On a conseillé de laisser l'animal en position décubitale pendant plusieurs heures, une fois la luxation réduite et contenue. Cette pré- caution ne nous paraît pas indispensable, car la cicatrisation des liga- ments déchirés ne s'effectue pas en quelques heures. Mais il est essen- tiel de relever l'animal avec ménagement, et quand la chose sera pos- sible, il sera bon de l'aider à se remettre debout à l'aide d'un appareil DES LUXATIONS. 101 de suspension. Dans tous les cas, il faut éviter de faire marcher l'a- nimal après l'opération, et disposer un appareil sur lequel il puisse être soutenu pendant quelques jours ; en d'autres termes, on observera après la réduction de la luxation coxo-fémorale, les mêmes précau- tions que pour les luxations des membres que nous avons précédem- ment étudiées. Chez les petits animaux, la réduction de la luxation de la cuisse ne laisse pas que de présenter de sérieuses difficultés dont on peut tou- jours triompher, il est vrai, par l'emploi des anesthésiques; il en est de même de la contention. L'articulation coxo-fémorale étant facilement accessible aux dents, il s'ensuit que les petits animaux, les chats surtout déchirent et enlèvent toute espèce de bandage ou d'appareil avec la plus grande facilité. Dès lors la luxation se reproduit. Pour obvier à cet inconvénient, dans la mesure du possible, il faut appliquer, au ni- veau de la jointure de la cuisse, un large emplâtre agglutinatif composé de poix noire et de poix résine, ou bien des bandelettes de toile en- duites de collodion. L'animal sera ensuite muselé et surveillé avec soin pendant plusieurs heures. S'il est ensuite abandonné à lui-même, on observe que, peu à peu, la patte où existait la luxation sert à la progression, et, habituellement, après ou un deux mois, rarement plus, toute irrégularité de la marche a disparu. § 7. — Luxation de la rotule. De toutes les luxations, qui peuvent être observées chez nos animaux domestiques, celle de la rotule est la plus fréquente et la mieux connue. C'est sur le cheval qu'on la remarque le plus souvent ; on l'a cons- tatée quelquefois chez le chien. Les causes qui lui donnent naissance sont de plusieurs sortes. On peut en reconnaître de prédisposantes et & occasionnelles . Causes prédisposantes. — En première ligne, il faut citer le jeune âge. Il est d'observation que la luxation de la rotule se montre assez sou- vent sur les jeunes ; d'après quelques vétérinaires cet accident n'est pas rare dans les dépôts de remonte. En compulsant les cahiers de cli- nique de l'École vétérinaire de Lyon, depuis 1854 jusqu'à 1871, nous avons trouvé onze cas de luxation, dont sept ont été observés sur des chevaux de quatre à cinq ans. Chez les poulains, notamment sur ceux qui tètent encore, la luxation rotulienne est fréquente. C'est sans doute à la mollesse des tissus, et plus spécialement à la grande laxité des ligaments pendant la première période delà vie, qu'il faut rattacher la fréquence de la luxation rotulienne chez les jeunes. Il est vrai qu'à cette époque de leur existence, les animaux témoignent de leur vigueur, par des bonds et des ruades qui peuvent bien déterminer le déplace- ment de la rotule. A cette cause, inhérente à l'âge des animaux, il faut en ajouter une 102 DES LUXATIONS. autre tirée de la conformation anatomique delà région rotulienne : c'est, d'une part, l'emboîtement imparfait de la surface articulaire ro- tulienne sur la trochlée fémorale, et d'autre part, l'obliquité des sur- faces articulaires. Ajoutons que la débilité, la maigreur, prédisposent les animaux à la luxation rotulienne. Causes occasionnelles. — Des efforts musculaires violents, tels que ceux auxquels se livre un animal pour retirer son pied engagé dans un trou ou une ornière; une glissade, un faux pas, un faux appui, une ruade, telles sont les causes les plus communes ; un coup, un choc oblique peut aussi déterminer la luxation rotulienne. Mais il n'est pas rare d'observer cet accident dans des circonstances telles que la cause en reste indéterminée. Ainsi, on a vu le déplacement de la rotule se produire tout à coup sur un cheval à l'allure du pas ou du trot, sur un cheval monté par un cavalier ou bien attelé à une voiture. Cette luxa- tion se montre assez fréquemment pendant la période de convales- cence des maladies graves, notamment la pneumonie, la fièvre typhoïde surtout chez les jeunes chevaux; elle résulte alors d'une sorte d'état atomique ou de relâchement des muscles rotuliens. Enfin, d'après Bé- nard (1), la luxation de la rotule serait souvent congéniale. Symptômes. Diagnostic — La luxation rotulienne débute sou- dainement. Tout à coup l'animal est pris d'une boiterie intense et très- caractéristique. Le membre où siège la luxation est tendu, et depuis le jarret jusqu'au boulet, il forme comme une barre inflexible par la rigidité actuelle, du métatarse et du tibia. Pendant la progression, l'a- nimal le traîne tout d'une pièce, la pince laboure le sol, et un obser- vateur, placé en arrière, peut voir toute la surface plantaire. Si l'on jette un coup d'œil sur la région du grasset, on est frappé de la défor- mation qu'elle présente, déformation qui, on le devine, est d'autant plus prononcée que le déplacement de la rotule est plus étendu. Sous ce rapport, il y a lieu de distinguer la luxation rotulienne en complète et incomplète. Dans le premier cas, la rotule a complètement abandonné la poulie fémorale pour venir se placer tout à fait en dehors, entre le rebord externe de la trochlée du fémur et le condyle correspondant. Ceci est rare et ne s'observe guère que sur les très-jeunes animaux, les poulains de lait, par exemple, dont les ligaments peuvent être relâ- chés au point de permettre un déplacement complet. Dans le second cas, de beaucoup plus fréquent, la rotule a glissé de dedans en dehors, elle est déviée en haut de sa situation normale et s'applique sur la lèvre externe de la poulie fémorale, abandonnant ainsi la lèvre interne dont la saillie se dessine alors dans toute sa netteté, sous la peau. Ces déplacements produisent des déformations du grasset qu'il importe d'examiner, car ils permettent d'établir le diagnostic avec précision. Ainsi, quand la luxation est complète, on remarque au lieu (l) Recueil de médecine vétérinaire, 1S28, p. 87. DES LUXATIONS. 103 et place de la rotule, une dépression ou enfoncement correspondant à la gorge de la poulie fémorale, de chaque côté apparaissent deux reliefs dont l'interne est beaucoup plus élevé que l'externe ; par contre, tout à fait en dehors et en haut, se montre une saillie anormale, dure, résistante, formée par la rotule déplacée. Alors, l'inflexibilité des rayons osseux du membre luxé atteint son maximum et la claudication est on ne peut plus caractéristique; l'appui s'opère par la face anté- rieure du sabot, voire même par celle de la région coronaire et du pa- turon, qui frottent sur le sol, lorsque le membre est traîné pendant les quelques pas difficiles que l'animal peut exécuter, et la mobilité active du membre est entièrement abolie. Que si la luxation est incomplète, comme cela est habituel, la déformation du grasset, quoique bien ac- cusée, l'est cependant moins que dans le cas précédent ; une dépression existe encore au niveau de la gorge formée par la poulie fémorale ; on reconnaît très-aisément, par la palpation, la lèvre interne de la trochlée dont le relief est si prononcé, tandis qu'en dehors et sur le côté on trouve une saillie osseuse irrégulièrement triangulaire : c'est la rotule qui s'est mise en quelque sorte à cheval sur le rebord externe de la trochlée fémorale. Les caractères de la boiterie sont bien prononcés et leur interprétation est facile : ils sont analogues à ceux précédemment signalés, mais accusés à un moindre degré. Tout ce que nous venons de dire s'applique, comme on le voit, à la luxation de la rotule en de- hors et pendant longlemps on avait pensé qu'elle ne pouvait avoir lieu que dans ce sens, à cause de la saillie très-élevée que forme en dedans la lèvre interne de la poulie fémorale. Pourtant, une observation de M. Pérarnaud, publiée dans le Journal des vétérinaires du Midi (année 1861, p. 2o4), démontre la possibilité de la luxation rotulienne en de- dans. Yoici, en quelques mots, l'observation dont il s'agit. M. Pérar- naud fut appelé auprès d'une jument bretonne en état de gestation fort avancée, qui, à la suite d'une glissade, « ne pouvait s'appuyer sur le « membre postérieur gauche qui était tendu et porté en arrière. La « rotule ne faisait plus saillie à la partie inférieure du fémur, à sa « place existait une dépression. » Cet os était situé « un peu au-dessous « et en dedans du rebord interne de la trochlée fémorale. » M. Pérarnaud explique ce fait singulier en admettant l'existence d'une anomalie ana- tomique consistant dans une moindre élévation du rebord interne de la trochlée «jointe à un relâchement considérable du ligament rotu- « lien ; une rigidité extrême des muscles extenseurs, une faiblesse « prononcée des muscles fléchisseurs, un effort violent que l'état de (d'animal avait dû rendre encore plus pénible. » La réduction de cette luxation fut opérée sans trop de difficultés, et la guérison fut complète. Ce fait constitue une exception, et une rare exception peut-on dire, car, dans l'immense majorité des cas, le déplacement de la rotule a lieu en dehors par suite de la disposition anatomique de la poulie fémorale dont la lèvre interne forme un relief très-prononcé. iOi DES LUXATIONS. Disons maintenant que la boiterie produite par une luxation de la rotule peut être permanente ou intermittente. Elle est permanente quand la luxation est complète, mais il est bien rare qu'elle présente ce caractère lorsque le déplacement est incomplet. Alors, en effet, la claudication disparaît quelquefois d'elle-même quand la réduction est spontanée, pour se montrer de nouveau, subitement, sans qu'on puisse au juste en déterminer la cause. Dans la plupart des cas, il faut réduire la luxation pour que la boiterie disparaisse ; mais à peine l'animal a-t-il fait quelques pas qu'elle se montre tout à coup, aussi prononcée que la première fois ; une nouvelle réduction la fait disparaître et ainsi de suite. Cette intermittence avait fait penser à quelques-uns, qu'on pour- rait peut-être ranger la luxation intermittente de la rotule au nombre des vices rédhibitoires. Cette question, sur laquelle M. H. Bouley a appelé, en 1851, l'attention de la Société centrale de médecine vétérinaire, a été l'objet d'une discussion d'où il nous paraît résulter que cet acci- dent ne saurait être placé au nombre des vices rédhibitoires, car il finit toujours par disparaître définitivement, quoique dans quelques cas, exceptionnels à la vérité, il se montre pendant plusieurs mois et même pendant un an, comme M. Huzard en a vu un exemple (1). Du reste, cette question sortant du cadre que nous nous sommes tracé, nous ne nous y arrêterons pas plus longtemps. La luxation de la rotule peut affecter un seul membre ou bien les deux. Dans ce dernier cas, elle est ordinairement incomplète ; on la voit quelquefois débuter sur un membre et reparaître sur son congé- nère quand le premier qui a été affecté est guéri. Quand la luxation de la rotule a été réduite, elle peut être définiti- vement guérie et l'animal peut être remis immédiatement au travail ; mais parfois, elle se reproduit avec la plus grande facilité ; elle est alors intermittente, et on est obligé de laisser l'animal en repos pen- dant quelques jours. Donc cet accident, à moins qu'il ne résulte d'un traumatisme violent ayant déterminé une plaie articulaire, se termine toujours par la guérison. Dans un cas où la luxation rotulienne coexistait avec la morve chro- nique, l'animal ayant été abattu à cause de cette maladie, on a pu examiner les lésions de la luxation incomplète et récente de la rotule. La réduction avait été pratiquée quelques heures auparavant, la rotule fut donc trouvée dans sa situation normale ; les ligaments, latéral externe et moyen, ne présentaient rien d'anormal ; celui du côté interne offrait dans sa partie moyenne plusieurs ecchymoses ou suffissions sanguines, et dans sa partie supérieure quelques-unes de ses fibres avaient subi une sorte d'écartement ou de disjonction; ailleurs elles étaient rupturées. Diagnostic «îiftY-rentiei. — Iluitrel d'Arboval pensait «qu'il arrive « souvent que l'on confond la luxation de la rotule avec la fracture du (1) Recueil médecine vétérinaire, 1851, p. 033. DES LUXATIONS. 105 « fémur. » Cela ne peut arriver qu'à des personnes n'ayant aucune connaissance médicale; ainsi Berger, vétérinaire militaire, rapporte qu'ayant été appelé pourvoir un cheval atteint d'une luxation rotu- lienne , le major, commandant le dépôt de remonte, lui donna « l'ordre « de l'abattre en prétendant qu'il avait la jambe cassée (1) ». Pareille erreur ne saurait être commise par un praticien ; car, d'une part, l'atti- tude caractéristique du pied pendant la marche, les caractères de la claudication tirés de la rigidité du membre, et d'autre part la déforma- tion de la région du grasset, l'absence de crépitation, l'immobilité de l'extrémité luxée, constituent des signes tellement tranchés, qu'ils ne laissent aucune place au doute. Tout au plus une crampe pourrait- elle donner le change sur la luxation rotulienne, mais son peu de durée, et l'absence de déformation dans la région du grasset indiqueront qu'il n'y a pas de déplacement rotulien. Pronostic. — Il est variable suivant l'étendue du déplacement de la rotule, mais, d'une manière générale, il est peu grave. Quand il s'agit de se prononcer sur la gravité d'une luxation de la rotule, il faut tenir compte de l'âge du sujet et de l'ancienneté du mal. Chez les jeunes, la luxation rotulienne disparaît au fur et à mesure qu'ils prennent des forces, en avançant en âge. Quand le déplacement date de quelques jours, la réduction est toujours plus difficile qu'au début et la guérison est retardée ; néanmoins elle est encore rapide. On a vu parfois certaines luxations intermittentes se montrer pendant un an. On conçoit que, dans ce cas, cet accident, par les fréquentes interruptions de travail qu'il entraîne, présente une certaine gravité. Traitement. — Dans quelques cas, ainsi que nous l'avons dit précé- demment, on voit la luxation de la rotule disparaître d'elle-même et se réduire spontanément. Alors, pour tout traitement, il suffit de laisser l'animal en repos et de faire, au niveau du grasset, des frictions irritantes dans le but de provoquer la formation d'un engorgement con- tentif. Mais quand la luxation est complète, cette terminaison, qui est de toutes la plus favorable, ne se produit pas ; il faut nécessairement prati- quer la réduction. Enfin, il est un grand nombre de luxations incomplètes de la rotule pour lesquelles il faut intervenir. Dans ce dernier cas, il arrive fré- quemment qu'on opère la réduction très- aisément, en appliquant la paume de la main sur la rotule déplacée et faisant effort pour la repousser en dedans au moment où l'animal porte le membre en avant. Aussitôt que la rotule reprend sa position normale, on entend un craquement produit par le choc des surfaces articulaires dont la coaptation est rétablie ; en outre, la région rotulienne reprend son aspect physiologique et la boiterie disparaît instantanément ou tout au moins diminue beaucoup. Quand la réduction de la rotule présente (1) Journal pratique de médecine vétérinaire, 1826, p. 174. 106 DES LUXATIONS. quelques difficultés, il est indiqué de faire porter le membre en avant par un aide ou bien au moyen d'une plate-longe fixée dans le pli du paturon et passée autour de l'encolure. Dans cette attitude forcée du membre, l'opérateur applique la main sur la rotule et la repousse de dehors en dedans. Si l'on ne peut parvenir à remettre la rotule en situation normale, il peut être bon de faire reculer le cheval fixé ■comme il vient d'être dit, on l'oblige ainsi à s'appuyer sur le membre malade ; à ce moment, il faut appuyer vigoureusement sur la rotule pour la replacer ; d'autres fois on excite l'animal au moyen du fouet ou bien par de vigoureuses frictions avec de l'essence de térébenthine, afin de provoquer des mouvements qui ont pour effet de réduire la luxation. Quand celle-ci est ancienne, la réduction peut présenter de sérieuses difficultés, néanmoins, il est toujours possible de les sur- monter surtout en ayant recours à l'anesthésie qu'il faudra, du re.ste, tou- jours employer, pour peu que la réduction ne puisse être faite aisément. La réduction étant opérée, il s'agit de maintenir la rotule sur la trochlée fémorale. A cet effet, on emploie divers moyens dont le plus simple et partant le plus souvent employé consiste dans des frictions résolutives faites avec divers liniments, tels que le feu français, le feu anglais, la teinture de cantharides seule ou additionnée d'essence de térébenthine, le liniment ammoniacal simple ou double ; d'autres fois on applique un sinapisme sur la région du grasset. Mais il est encore un moyen employé à la clinique de l'École vétérinaire de Lyon : c'est l'emploi du séton à mèche. On applique ce séton dans la partie mé- diane de la région du grasset, et, pour augmenter son action, on enduit quelquefois la mèche qui le compose, d'une couche d'onguent vésica- toire. Ce séton est laissé en place pendant dix à douze jours ; l'engor- gement qu'il détermine constitue un excellent moyen contentif, et il est bien rare que la luxation se reproduise après l'emploi de ce moyen. Une forte application de vésicatoiie peut aussi produire les mêmes ré- sultats. D'après M. H. Bouley, le feu à la Gaullet, dont nous avons parlé dans le tome premier de cet ouvrage page 620, constitue le meilleur moyen contentif (I). Un praticien de Boulogne-sur-Mer, Bénard, a imaginé un bandage spécialement destiné aux jeunes pou- lains atteints de luxation rotulienne simple ou double. Ce bandage est composé « d'une bande de toile neuve très-forte, ourlée sur ses « deux bords, longue de 4 pieds (un mètre 3 décimètres), large de 5 « à 0 pouces (13 centimètres et demi à 16 centimètres) dans son mi- « lieu, et rélrécie graduellement de manière à ne plus conserver « qu'un pouce et demi de large (4 centimètres) à ses extrémités. Je «pratique, dit-il, sur le milieu de cette bande, une incision transver- « sale dont les bords doivent aussi être ourlés; une autre incision « est faite sur un des chefs, à 8 pouces de la première (-22 centimètres (1) Note inédite. DES LUXATIONS. 107 « environ), mais selon la largeur de la bande. Sur l'incision transver- « sale, je fais coudre par les extrémités seulement qui répondent aux « bords de la bande principale un morceau de la même toile, long de « 7 à 8 pouces (19 à 21 centimètres et demi), large de 2 pouces (5 cen- « limètres et demi), et constituant une espèce de passant. » Ce bandage ainsi préparé, Bénard procède à la réduction : « Le poulain, main- « tenu debout, un aide le tient fortement à la tête, tandis qu'un autre « porte le membre en avant, tendant le jarret et la jambe sur la cuisse ; « la réduction est alors très-facile à opérer: il suffit de placer le pouce « en arrière de la rotule et de la pousser en avant. Celle-ci étant en « place, il la recouvre d'une forte coucbe de térébenthine et applique « le bandage par-dessus, en plaçant l'éminence que forme la rotule ■ médecine et de chirurgie vétér., art. FrucTUKES, p. 460. (2) Docteur P. Bouley, de YOstcomalacie chez l'homme et tes animaux. Thèse, Paris, 1874, p. 74. DES FRACTURES. U7. Les âges extrêmes de la vie prédisposent aux fractures. Rien n'est commun comme d'observer des fractures chez les jeunes chiens, ce qu'il faut attribuer d'une part à la gracilité des os à cette période de la vie, et, d'autre part, aux chutes fréquentes qu'ils font et aux coups qu'ils reçoivent. — Les animaux avancés en âge sont exposés aux frac- tures, car, avec le temps, les os éprouvent des moditt cations qui en diminuent la solidité. « Que l'on compare, dit M. H. Bouley, pour avoir une idée de cette transformation, l'os du pied d'un vieux cheval avec celui d'un jeune. Chez le premier, les trous si nombreux qui servent de passage aux vaisseaux sont considérablement agrandis, tandis que chez le second, ils présentent au contraire une très-grande exilité; de sorte que, en définitive, la substance osseuse est plus raréfiée dans celui-là que dans celui-ci. » (H. Bouley, loc. cit.) 2° Causes efficientes. — Elles sont de deux sortes : directes ou indi- rectes. Les premières consistent dans des violences extérieures, telles que des coups de pied de cheval, des contusions parla chute de pierres ou de poutres, par des projectiles, des heurts par la roue d'une voiture, etc.; dans ces diverses circonstances, la fracture se manifeste au lieu même où l'action de la cause s'est fait sentir, elle est en un mot directe. Les causes indirectes agissent à distance, par une sorte de contre- coup. Ainsi une chute sur les incisives peut produire une fracture de l'une ou l'autre des branches du maxillaire ; un saut très-élevé peut déterminer une fracture de l'humérus ou du radius, au moment où le cheval touche terre, comme on l'observe parfois dans les steeple- chase; une chute dans un remblai est suivie quelquefois d'une fracture du coxal au niveau de la cavité cotyloïde, comme M. H. Bouley l'a observé. Les fractures produites par des causes directes sont toujours com- pliquées de lésions des parties molles, tandis que celles de causes indi- rectes en sont ordinairement exemptes, et, quand il en est autrement, les altérations des tissus environnants résultent de l'action des frag- ments osseux déplacés. Mais il est une cause qui joue un grand rôle dans la production des fractures : nous voulons parler de la contraction musculaire. Déjà nous avons eu l'occasion de signaler cette cause si active, en étudiant les accidents qui peuvent être consécutifs aux manœuvres qu'exige la contention du cheval en position couchée (voy. t. Ier, p. 474). Les effets de cette cause se manifestent, tantôt lorsque l'animal ayant arc-bouté ses membres sur le sol se livre à de violents efforts de tirage, tantôt quand il cherche à se dégager des obstacles qui le retiennent ou des liens qui l'assujettissent. Dans ces divers cas, les fractures notamment celles des phalanges ne sont pas rares. L'hippiâtre Lafosse en a observé un assez grand nombre, M. H. Bouley, également. « Rigot parle dans son Anatomie d'un cheval chez lequel les têtes des deux fémurs se dé- 418 DES FRACTURES. tachèrent de leur col, au moment où cet animal altelé à un lourd far- dier gravissait sur une route mal pavée, la pente d'un coteau assez escarpé (1). » Nous avons, pour notre part, vu se produire sous nos yeux une fracture d'un des canons postérieurs, sur un limonier attelé à une lourde charge et qui gravissait la montée du pont de Neuville-sur- Saône. Le tibia ou le radius peuvent aussi se fracturer dans les mêmes cir- constances ; « mais généralement il faut, comme le dit M. H. Bouley, pour que ce fait se produise, que déjà la force de cohésion de l'os ait été atténuée par une première commotion comme celle qui résulte d'un coup de pied ou d'une embarrure » (loc. cit.), ou d'une contusion quelconque, qui peut déterminer une fracture incomplète ou une fêlure de l'os. Celle-ci se traduit, au début, par une boiterie plus ou moins intense qui disparaît peu à peu, et l'on remet les animaux à leur travail habituel. Alors, les efforts musculaires auxquels ils se li- vrent, déterminent une fracture complète, et, chose remarquable, la fragilité de l'os frappé persiste pendant cinq et même six mois après l'action de la cause qui l'a produite, de telle sorte que, durant ce laps de temps, une fracture est imminente. Symptômes. — Les symptômes des fractures complètes consistent dans une vive douleur d'où résulte la gêne ou l'impossibilité de l'appui quand la fracture siège à un membre, une mobilité anormale qui permet à la partie fracturée d'effectuer des mouvements contre nature et une sorte de cliquetis ou de bruit de crépitation produit par le frotte- ment des abouts fracturés l'un contre l'autre. On devine qu'une fièvre de réaction plus ou moins intense accompagne les fractures. Ces divers symptômes existent à un degré plus ou moins prononcé suivant les régions où siègent les fractures. C'est ainsi que les frac- tures des branches du maxillaire, celles de l'os du pied sont parfois très-difficiles à reconnaître, il en est autrement quand on a affaire à une fracture siégeant sur les rayons détachés des membres comme le canon, le tibia ou le radius. Pour reconnaître une fracture, il faut d'une main saisir l'un des fragments et de l'autre imprimer un mou- vement au fragment opposé. Cette manœuvre en déplaçant les abouts fracturés, détermine un bruit de crépitation que l'on entend parfois très-distinctement et que l'on sent quelquefois sous la main explora- trice plutôt qu'on ne l'entend réellement, c'est ce qui arrive quand les fractures siègent sur des os situés profondément. Dans ce cas, les masses musculaires amortissent le son et l'empêchent d'arriver jus- qu'à l'oreille. Le diagnostic des fractures peut être rendu très-difficile par la présence de l'engorgement inflammatoire qui se produit presque tou- jours après les lésions de cette nature. Si la crépitation ne peut être (1) Dictionnaire de méd. et de chirurgie vétér., art. Fractures, p. 4C9. DES FRACTURES. il!» ni entendue, ni sentie comme c'est le cas pour les fractures de l'os du pied, il reste au praticien, pour se guider, la douleur souvent excessive qu'engendrent les fractures , l'impossibilité de l'appui ou tout au moins la gêne des mouvements, et dans le cas de fractures du troi- sième phalangien l'arrachement ou la déformation du fer est un signe diagnostique d'une grande valeur. Remarquons enfin qu'il est des fractures qui, parfois, déterminent sur le coup la mort des animaux, telles sont les fractures de l'occipital, des vertèbres dont la constatation ne peut être faite qu'à l'autopsie. Abandonnées à elles-mêmes les fractures peuvent se consolider même chez les grands animaux, mais cette terminaison ne peut pas toujours être considérée comme favorable, attendu qu'elle est accompagnée d'une déformation de la région qui détermine de la gêne ou de l'irré- gularité des fonctions. C'est ainsi que les fractures du bassin ren- dent l'accouchement laborieux, que celles des membres déterminent une claudication qui est parfois permanente, etc. Du reste, quand la fracture est compliquée, comminutive, le travail de réparation dont le tissu osseux est le siège est profondément modifié ; il se forme alors, surtout si la peau a été intéressée, des abcès, des fusées purulentes plus ou moins étendues ; si la fracture siège au voisinage d'une articu- lation, l'inflammation gagne celle-ci et fait naître les plus graves dé- sordres. Aussi en pareil cas est-il d'une sage pratique, surtout aujour- d'hui où la viande de cheval est entrée dans l'alimentation publique, de sacrifier les animaux plutôt que d'avoir à recourir à un traite- ment qui, s'il n'est pas suivi de la mort par l'excès des souffrances que les animaux éprouvent, les laissera estropiés pour toujours. Ce n'est que quand on a affaire à des animaux reproducteurs ou bien à des su- jets de petite taille, que le traitement peut être entrepris avec quelque chance de succès et dans des conditions économiques convenables. La consolidation des os, par la formation du cal, constitue un phé- nomène complexe qu'il n'entre pas dans nos vues d'étudier dans cet ouvrage. Il en est de même de l'anatomie pathologique des fractures. Nous devons seulement indiquer à quel moment la consolidation est suffisante pour que l'on puisse enlever l'appareil de contention. Cette question a été l'objet de quelques dissidences parmi les auteurs qui s'en sont occupés. Ainsi, dans le Dictionnaire de l'École de Lyon, il est dit que « pour les os des membres du chien on peut lever l'appareil de réunion du douzième au quinzième jour; sur le cheval, après un mois, le cal offre assez de solidité. » M. Lafosse pense « qu'en règle générale le cal provisoire est assez solide au bout d'un mois chez les carnivores et chez les herbivores après cinquante jours, deux mois, pour que les appareils contentifs ne soient plus alors nécessaires (l). » (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. I, p. 600. 120 DES FRACTURES. Les nombreuses observations qu'il nous a été donné de faire nous conduisent a partager l'opinion de M. Lafosse. Nous avons vu souvent, môme chez de jeunes chiens, la consolida- tion d'une fracture simple des membres, exiger que l'appareil de con- tention restât appliqué pendant un mois. Vers le douzième ou le quinzième jour, il existe encore de la mobilité contre nature et une crépitation très-évidente qui indiquent, à n'en pas douter, que la réunion des abouts fracturés ne s'est point encore ef- fectuée. Pronostic. — Le pronostic des fractures est variable suivant diverses circonstances qu'il importe d'examiner ici. Et d'abord, étant donné un cas de fracture, le praticien doit se demander si les frais de traitement ne dépasseront pas la valeur que présentera l'animal après le temps, toujours très-long, que nécessite la consolidation des parties fractu- rées. Pour résoudre ce problème, il faudra tenir compte de l'espèce ani- male sur laquelle on observe la fracture, du siège de celle-ci, de sa na- ture ou de sa complexité, de l'âge, de la taille, du genre de service des animaux et du temps qui s'est écoulé depuis le moment où la fracture s'est produite jusqu'à celui où le praticien est appelé à la constater. On comprend sans peine que chez les carnivores et les petits ruminants la fracture pourra être traitée avec plus de chances de succès que chez les grands ruminants ou les solipèdes. Chez ces derniers, en effet, l'immobilisation nécessaire à la soudure des abouts fracturés ne peut être que fort difficilement obtenue. Il est certaines fractures, notamment celles de la tête, des côtes, du bassin dont la consolidation peut s'effectuer sans l'intervention du chirurgien, tandis que celles qui siègent sur les membres ne peuvent se consolider régulièrement sans l'application d'un appareil. Les fractures des membres qui intéressent les rayons détachés du tronc offrent en général une gravité moindre que celles du bras, de l'épaule ou de la cuisse attendu que l'application des bandages ou ap- pareils présente alors moins de difficultés. Mais la gravité d'une frac- ture se déduit surtout de son siège par rapport aux articulations, du degré de déplacement, de la présence ou de l'absence d'esquilles, et de solutions de continuité des tissus environnants. On devine que si la fracture est intra-articulaire, esquilleuse, le tra- vail de cicatrisation des os sera accompagné de graves complications, telles qu'arthrite suppurée, ankylose, sans compter que l'animal sera obligé de rester en repos pendant un long temps et en définitive de- meurer estropié. Aussi en pareil cas, chez le cheval, n'hésite-t-on pas à ordonner l'abat âge. Toutes choses étant égales d'ailleurs, les fractures présentent moins de gravité chez les jeunes et les adultes que chez les animaux âgés. La guérison des fractures offre également plus de chances de succès sur DES FHACTUKES. 121 les animaux de petite taille, légers de formes que sur ceux présentant une conformation opposée. La raison en est « dans la différence du poids des animaux, dans la grande liberté de mouvement qui appartient à ceux qui sont plus lé- gers ; dans la facilité qu'ils ont de se déplacer en se tenant en équilibre sur trois membres sans trop de fatigue et sans être obligés consé- quemment de faire concourir à l'appui et au soutien celui qui est ac- tuellement endommagé. Ajoutons enfin que l'application des bandages contentifs peut être faite avec beaucoup plus de facilité et de sûreté sur les sujets de petite taille que sur les grands, en raison des propor- tions moindres des régions qu'il faut envelopper et de la moins grande énergie des puissances musculaires dont il faut contre-balancer l'ac- tion. » (H. Bouley) (1). Le mode d'utilisation des animaux doit être pris également en sé- rieuse considération quand il s'agit d'apprécier la gravité d'une fracture et de décider s'il y a lieu d'en entreprendre le traitement. Ainsi, par exemple, comme le dit M. H. Bouley, « les fractures d'une des branches de la mâchoire inférieure, sur un sujet de l'espèce bovine soumis à l'en- grais constitue un accident assez grave pour qu'il doive décider presque toujours le praticien à faire abattre immédiatement l'animal qui en est atteint, bien que, cependant, considéré en lui-même cet accident soit simple souvent, facilement guérissable et dans un temps assez court (cinq à six semaines) ; mais comme en empêchant le sujet de se nourrir suffisamment il doit avoir pour conséquence de le réduire à un état de grande maigreur, il y a presque toujours dans ce cas avantage pour son propriétaire à réaliser la valeur qu'il représente comme bête de boucherie. Pour un cheval, il en est tout autrement, la fracture même compliquée d'esquilles d'une branche du maxillaire est un accident dont il est indiqué d'entreprendre la guérison dans le plus grand nom- bre des cas ; l'expérience a, en effet, démontré que cette sorte de frac- ture guérissait assez vite et d'une manière assez complète pour que ce soit une spéculation bien entendue de conserver les animaux de l'es- pèce chevaline qui en sont affectés. » (H. Bouley, loc. cit.). Si l'on avait affaire à une fracture des membres, on conçoit qu'elle présente- rait plus de gravité sur un cheval employé pour un service exigeant des allures rapides que sur un bœuf d'engrais, qui est maintenu en stabu- lation permanente. S'il s'agissait d'un animal employé pour la repro- duction, la réduction de la fracture devrait être tentée, car il suffit que celui-ci conserve assez de liberté de mouvement pour exécuter l'action du cabrer nécessaire à l'accouplement. Quand le praticien a étudié ainsi le problème dans tous ses détails, il est fixé sur la question de savoir s'il doit instituer un traitement ou conseiller l'abatage. Traitement. — Il comporte trois indications : 1° opérer la réduc- (1) Dictio7Viaire de médecine et de chirurgie vétér., art. Fractures, p. 816. 122 DES FRACTURES. tion; 2° pratiquer la contention; 3° combattre les accidents inflamma- toires. Quand une fracture se produit, il est assez rare qu'on puisse appliquer l'appareil qu'elle réclame sur le lieu même de l'accident, les animaux doivent alors être transportés à une distance plus ou moins considérable, et il importe quand il s'agit de fractures des membres, de prendre certaines précautions pour prévenir des complications qui diminueraient les chances de consolidation des fractures. C'est ainsi que les grands animaux doivent être transportés sur une voiture. Mais au préalable il faut immobiliser autant que possible à l'aide d'un bandage provisoire, les fragments de l'os rompu et toute la partie du membre inférieure à la cassure. « Sans cette précaution, dit M. H. Bouley, cette partie toujours assez lourde, à cause des poids combinés du sabot et du fer dont il est garni, oscillerait incessamment et dans un champ assez étendu à chaque cahot de la voiture, et de là résulteraient pour les muscles et les autres organes situés au voisinage des fragments mobiles des meurtrissures et des dilacérations qui constituent de graves complications. La voiture la plus convenable pour cette sorte de transport est un camion suspendu à roues basses garni de ridelles solides qui permettent de maintenir et de fixer l'animal dans l'atti- tude debout. Le transport dans la position couchée, d'un cheval at- teint d'une fracture, ne peut s'effectuer sans danger de graves com- plications, parce que, d'une part, le malade se livre toujours à des mouvements violents pour échapper à la contrainte de la position dans laquelle on Ta fixé ; et que de l'autre, l'aire du plancher d'un camion étant toujours trop étroite relativement à la hauteur d'un cheval, il n'est pas possible de donner au membre fracturé une position convenable, et de l'empêcher, soit d'être heurté contre les parois de la voiture soit, si ses côtés ont été enlevés, de déborder les limites de son plancher, et d'être ballotté au dehors. Dans l'attitude debout, ces graves inconvénients sont évités ; le membre appendu sous le corps ne ressent pas autant les cahots de la voiture, et l'animal moins gêné et moins souffrant n'a pas autant de tendance à se débattre. « Mais on ne trouve pas toujours dans la pratique un camion suspendu disponible, pour charger et transporter convenablement le cheval atteint d'une fracture. Le plus souvent au contraire, le seul véhicule dont on puisse se servir pour cet usage estime charrette ordinaire, non suspen- due et à deux roues. Dans ce cas, l'exhaussement du plancher de cette voiture rend le chargement assez difficile. Deux moyens peuvent être employés pour l'effectuer : ou bien si la disposition des lieux le permet, placer la voiture dans une partie déclive de manière à mettre son plancher de niveau ou à peu près avec le terrain sur lequel le malade peut être amené de plain-pied, ou bien établir avec du fumier con- densé un plan incliné à pente douce qui s'élèvera jusqu'à la hauteur de l'essieu. Cela fait, la voiture est maintenue un peu renversée en arrière, une sorte de pont fait avec de larges planches, couvertes de DES FRACTURES. 123 paille, est jeté entre elle et le tas de fumier, qu'elle recouvre en partie, et il devient possible alors, sans trop d'embarras, de faire mon- ter le cheval jusque dans la charrette. Il suffit pour cela de le con- duire par la tête en le déterminant à l'aide de quelques coups de fouet, si cela est nécessaire, et en le faisant étayer, de chaque côté, par des hommes qui le maintiennent dans le sentier qu'il doit gravir. Si l'ani- mal s'effraye et refuse d'avancer, il n'y a qu'à lui bander les yeux, et, dès qu'il ne verra plus clair, il se montrera plus docile à exécuter les mouvements qu'on exige de lui. Une fois le cheval sur la voi- ture, il faut l'y fixer solidement, à l'aide de courroies et de harnais, comme la bricole et l'avaloire, qui mettent obstacle à ses mouvements en avant ou en arrière; et son corps doit autant que possible être im- mobilisé au moyen de bottes de paille empilées autour de lui, qui le calent, pour ainsi dire, contre les parois de la charrette, et préviennent les oscillations que les cahots pourraient lui imprimer. Quand l'animal est arrivé à sa destination, on le fait descendre de voiture de la même manière qu'on l'y a fait monter, c'est-à-dire en disposant devant lui un plan incliné solide dont il n'a qu'à suivre la pente (I). » Pour le chien, on peut toujours, comme le recommande M . H. Bouley, improviser un bandage à l'aide d'un mouchoir, et de la sorte on pré- vient les déchirures qui résultent du va-et-vient dans les chairs des ex- trémités acérées des fragments. La réduction des fractures comprend : V extension, la contre-extension et la cooptation. Ces diverses manœuvres ont pour but de restituer au membre fracturé sa longueur, sa direction et sa forme naturelles. L'extension et la contre-extension se pratiquent à l'aide de lacs qu'on fixe à une certaine distance des abouts fracturés, et sur lesquels on exerce des tractions plus ou moins énergiques, suivant la taille des ani- maux et le plus ou moins d'ancienneté de la fracture. Les expériences de Malgaigne ont démontré que l'inflammation augmente la résistance des muscles dans de grandes proportions, d'où l'indication « de pro- céder à la réduction dans le délai le plus court après la fracture, alors que l'engorgement par infiltration des liquides n'est pas encore très- développé, et que les phénomènes inflammatoires n'ont pas encore eu le temps de se déclarer; et quand ce délai est passé, que déjà ces der- nières manifestations se sont produites, de différer toute tentative de réduction jusqu'à la disparition de l'engorgement et de l'inflamma- tion (H. Bouley). » Toutefois, cette indication n'est pas absolue, at- tendu que par l'emploi des anesthésiques, on peut, chez les animaux comme chez l'homme, atténuer et annuler même la contraction mus- culaire, ce qui facilite les manœuvres de la réduction. La coaptation est effectuée par l'opérateur lui-même ; elle consiste à replacer les abouts fracturés dans leur situation physiologique. A cet (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vélér., art. Fractures. 124 DES FRACTURES. effet, l'opérateur applique ses mains sur la fracture, et apprécie de la sorte « les effets de l'extension et de la contre-extension, indique la direction et les limites dans lesquelles il faut les excercer, contribue, par les efforts de ses doigts, à les conduire à leur fin : en outre, au mo- ment opportun, il allronte les abouts suffisamment allongés, en les poussant en sens convenable et en les y fixant. Dans les fractures obli- ques, les efforts des aides doivent persister, même après que la coapta- tion est obtenue, et jusqu'au moment où l'appareil est suffisant pour empêcber un nouveau déplacement, mais ils doivent avoir pour but, non un allongement plus considérable, mais seulement une situation fixe(l). » Il importe que la réduction soit aussi parfaite que possible, car la mauvaise direction imprimée à un membre fait saillir son frag- ment, et produit ainsi une difformité incurable, accompagnée parfois d'une boiterie persistante. « Si les os sont cassés perpendiculairement à leur longueur, les abouts se soutiennent mutuellement dès qu'on les a affrontés; s'ils sont frac- turés obliquement, ils offrent souvent des irrégularités capables de s'engrener réciproquement et de s'offrir encore des points d'appui très- solides. Le périoste, les insertions musculaires, tendineuses et aponé- vrotiques sont aussi des points de soutien, mais fréquemment des fragments sont déplacés. Leur réduction est indispensable (2). » Quand les abouts fracturés sont en contact, il faut les maintenir dans cette situation, aussi exactement que possible, jusqu'à consolida- tion définitive, à l'aide d'appareils contentifs. La contention des fractures, dit M. H. Bouley, est, parmi les opé- rations de la chirurgie vétérinaire, l'une des plus difficiles à réussir, non pas à la considérer en soi, mais bien au point de vue du résultat définitif. Il est, en effet, impossible d'obtenir une immobilité complète du corps des animaux atteints d'une fracture, et quoi que l'on fasse, à quelque appareil que l'on ait recours et si bien disposé qu'il soit, il est bien difficile que dans les mouvements que ces animaux exécutent, les fragments des os ne soient pas ébranlés, et que les efforts qui leur sont transmis ne tardent pas à les faire dévier de la position régulière qu'on est parvenu à leur restituer. Les appareils contentifs que l'on emploie sont de deux sortes : les uns peuvent s'enlever aisément, ce qui permet de visiter les parties fracturées, ce sont les appareils amovibles (de amovcre, déplacer); les autres restent appliqués sur la région malade pendant tout le temps nécessaire à la consolidation de la fracture, et sont appelés pour cela inamovibles. Ces divers appareils se composent de bandes, d'étoupes, d'attelles en carton, en bois ou en fer-blanc/qui sont simplement jux- taposées dans les appareils amovibles, tandis qu'elles sont reliées les (1) Lafossr, Traité de pathologie vétérinaire, t. I, p. 591. (2) Sédillot et Legouest, Traité 'If médecine opératoire, t. 1, p.GD. DES FRACTURES. 123 unes avec les autres, à l'aide de substances agglutinatives ou durcis- santes, quand elles forment les appareils inamovibles. Les appareils amovibles sont assez rarement employés en vétérinaire, si ce n'est pourtant chez les petits animaux, chez le chien notamment qui pré- sente fréquemment des fractures par écrasement avec entamures de la peau, écrasement des os, toutes complications'qui obligentimpérieu- sement le chirurgien à visiter souvent les parties fracturées. Les ap- pareils inamovibles méritent la préférence vu l'indocilité des animaux et la nécessité dans laquelle on se trouve d'envelopper toute la partie fracturée dans une sorte de gaîne suffisamment résistante pour contre- balancer la contraction musculaire qui tend sans cesse à faire che- vaucher l'un sur l'antre les abouts fracturés, et à produire de la sorte un raccourcissement plus ou moins considérable. On a employé pour cimenter les pièces de l'appareil inamovible et leur donner la solidité désirable, diverses substances dont nous allons parler. La poix noire et la poix-résine fondues ensemble à une douce cha- leur, seules ou mélangées à la térébenthine, ont été mises en usage depuis un temps immémorial pour la confection des appareils inamo- vibles. Ces matières possèdent en effet la propriété de se solidifier en se refroidissant ; elles forment ainsi autour des parties sur lesquelles on les applique, une sorte de moule résistant qui empêche tout dé- placement au moins dans certaines limites. Huzard fils d'abord, et Delwart ensuite, ont préconisé le mélange résineux ; Delwart notam- ment a appelé l'attention sur un bandage inamovible de son invention et qu'il conseille a l'exclusion de tous les autres. Le bandage inamovible des vétérinaires, dit Delwart , se compose d'un mélange à parties égales de poix noire et de poix grasse de Bour- gogne et d'un quart de térébenthine de Venise que l'on fait liquéfier dans une bassine; de bandes de toile de différentes longueurs et d'attelles dans certaines fractures des membres des grands animaux. Ce mélange résineux a l'avantage de se figer à mesure qu'on l'applique, et acquiert à l'instant la solidité nécessaire au maintien des fragments, qui se trouvent emboîtés et fixés sans compression incommode ou doulou- reuse. — L'application de ce bandage exige une certaine habitude pour être proprement faite. Il faut avoir la précaution de ne pas em- ployer le mélange résineux à une température trop élevée ; il pour- rait s'ensuivre des brûlures plus ou moins graves. Les bandes de toile de la largeur de deux à quatre doigts et de différentes longueurs doivent être apprêtées d'avance ; on emploie les plus courtes les pre- mières pour donner plus de points d'adhérence au bandage et plus d'épaisseur à la partie de l'appareil qui répond à la fracture. Pour les petits animaux on emploie des bandes de ruban de fil de la longueur d'un pouce (1). 1) Delwart, Traité de médecine vétérinaire pratique, t. I, art. Fractures. 126 DES FRACTURES. On a reproché au mélange résineux de déterminer des brûlures, d'être d'un emploi incommode, de salir les mains, etc. ; avec un peu d'attention, il est facile d'éviter ces légers accidents et nous devons dire que ce mélange nous a donné d'excellents résultats pour le traitement des fractures de l'humérus et du fémur chez les petits animaux. Le plâtre aurait été employé, d'après Malgaigne, par les médecins arabes pour la construction des bandages inamovibles. Toutefois, c'est, en 1814, que le docteur Hendriksz se servit à l'hôpital de Grœningen en Hollande, de plâtre coulé pour la cure des fractures, et Keyl et Dieffen- bach à Berlin employèrent le même moyen. En 1839, Bernard, alors professeur de clinique et de chirurgie à l'École vétérinaire de Toulouse, employa le plâtre pour le traitement des fractures des grands animaux. Son exemple trouva bientôt de nombreux imitateurs parmi les vété- rinaires français, et aujourd'hui le plâtre est une des substances que l'on met le plus souvent en usage pour la confection des appareils inamovibles. A cet effet, on le délaye dans une certaine quantité d'eau ou mieux on le gâche de manière à former une sorte de bouillie claire avec laquelle on enduit toutes les pièces de l'appareil. Au bout de dix minutes environ, le plâtre estons, c'est-à dire qu'il forme une enve- loppe solide et résistante. Cette propriété, jointe à son prix peu élevé et à son maniement facile, le recommande tout spécialement à l'attention des vétérinaires. Mais il est bon de faire remarquer que «le plâtre a l'inconvénient de ne pas contracter avec la peau une adhé- rence assez intime et si la région sur laquelle a été placé le bandage qu'il concourt à former, présente une forme conique, comme l'avant- bras du cheval, par exemple, le poids du bandage l'entraîne vers les parties déclives et ses effets ne tardent pas à être annulés (1). » Aussi, M. H. Bouley pense-t-il « qu'il serait avantageux de combiner bandage plâtré avec le bandage à la poix. » M. H. Bouley a surtout préconisé l'emploi du plâtre d'après le pro- cédé de MM. Mathyssen et Van de Loo, médecins hollandais. Voici en quoi consiste le procédé hollandais : des bandes sont préparés avec des tissus à larges mailles efnon apprêtés, de préférence les calicots les plus communs. On les étend sur une table et l'on répand à leur surface du plâtre en poudre bien sec qu'on fait pénétrer le plus possible dans leur tissu, à l'aide de frictions à pleine main, et cela de l'un et de l'autre côté. Les bandes ainsi chargées d'une certaine quantité de poussière plâtreuse, sont roulées et prêtes pour l'usage. Quand il s'agit d'en faire l'application, on les mouille, en faisant pénétrer l'ean à l'aide d'une éponge, par les deux extrémités du rouleau, puis on s'en sert dans cet état d'humidité, comme on ferait d'une bande ordinaire. Elles sont ainsi disposées les unes par-dessus les autres, en quantité propor- (1) H. Bouley et Rcynal, Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Fractures. DES FRACTURES. 127 tionnée à l'exigence des cas, en couches d'autant plus épaisses, par conséquent, que l'on veut donner au bandage une plus grande solidité. Le chirurgien doit avoir le soin, chaque fois qu'il a passé deux ou trois tours de bande, de les égaliser en passant à leur surface une éponge légèrement mouillée (1). MM. Sédillot et Legouest ne reconnaissent pas au procédé hollandais les avantages que nous venons d'énumérer ; d'après ces auteurs, le plâtre ainsi préparé « se délite, durcit mal, salit tout et il présente trop d'inconvénients pour être adopté (2). » Nous n'avons jamais employé les bandes plâtrées préparées par le procédé hollandais, nous nous sommes borné à enduire les diverses pièces de l'appareil, de plâtre délayé dans l'eau. Il est vrai que nous n'avons mis en usage le bandage plâtré que pour les fractures du paturon chez le cheval. M. Lafontaine a préconisé une préparation qui en se solidifiant ac- quiert une dureté pierreuse : c'est un mélange à chaud d'alun cristal- lisé et d'alcool. D'après M. Lafosse, les bergers du Midi se servent d'une espèce de mastic composé de chaux et de blanc d'œufs. Un auteur arabe, Albu- casis, préparait une sorte de colle avec de la farine associée à des blancs d'œufs et il en imprégnait les étoupes formant l'appareil. « Ce procédé, dit M. H. Bouley, aujourd'hui tombé en désuétude pourrait trouver encore son application dans la chirurgie de nos petits ani- maux. » La solution concentrée de gomme arabique, recommandée de tout temps, peut également être employée avec succès. Larrey imprégnait les différentes pièces de l'appareil inamovible d'un mélange de blanc d'oeuf, d'eau, d'extrait de Saturne et d'un peu d'alcool camphré. Moscati, en 1851, s'était déjà servi d'étoupes et de compresses trempées dans du blanc d'oeuf battu pour consolider ses appareils à fracture ; mais son exemple, bien que suivi de succès, avait été peu adopté, et l'immense autorité de Larrey n'a pas mieux suffi à modifier la pratique générale (Sédillot et Legouest, loc. cit.). Sentin a préconisé la colle d'amidon que l'on prépare en faisant bouillir cette substance dans de l'eau. Velpeau a proposé la formule suivante : . Dextrine 100 parties. Eau-de-vie camphrée 60 — Eau chaude 40 — On dissout la dextrine dans l'eau chaude et on ajoute peu à peu l'eau- de-vie camphrée, en remuant sans cesse : il se for.me ainsi un mélange sirupeux avec lequel on enduit les diverses pièces de l'appareil. (1) H. Bouley, Dictionnaire de médecine et de chirurgie, art. Fractures. (2) Sédillot et Legouest, Traité de médecine opératoire, p, 74. 128 DES FRACTURES. M.Lafargue a conseillé, en 1840, un mélange de plâtre en poudre fine, cuit et pulvérisé récemment, et de colle d'amidon (empois) à par- ties égales. On obtient ainsi le mastic gypso-amylacé qui se solidifie en se refroidissant et acquiert instantanément la dureté nécessaire. M. Laugier s'est servi de papier gris amidonné. « Le docteur Léon Michel de Cavaillon a préconisé le silicate de potasse, vanté aussi un peu plus tard par Angelo Minete de "Venise. Le silicate de potasse donne des appareils très-sûrs, très-résistants et très-brillants (1). » L'application des appareils contentifs présente certaines particula- rités générales qu'il est bon d'étudier ici. Ainsi l'étoupade devra être disposée de telle sorte qu'elle remplisse exactement les vides et pro- tège les parties contre la pression des attelles. Celles-ci doivent être assez résistantes pour ne point fléchir sous le poids du corps ou se dé- placer. On les fabrique en carton, en bois ou en fer-blanc, en obser- vant de leur donner la forme et la longueur du membre fracturé. « Lorsque l'étoupade est bien moulée sur la région, on peut, dit M. La- fosse, la recouvrir immédiatement des attelles ; néanmoins le plus sou- vent il convient de rouler une bande dont les bords se superposent sans former de godets et qui la fixent en donnant à la fracture une certaine solidité, très-utile pour la bonne application des attelles. Celles-ci, disposées très-symétriquement sur les faces opposées de la région, sont d'abord maintenues par une bande en spirale écartée ; il devient ainsi plus facile de les conserver en position pendant qu'on les fixe définitivement avec la bande large qui s'enroule comme celle d'abord placée sur les étoupes, de la périphérie au centre (2). » La direction suivant laquelle on enroule la bande, est, comme on le voit, la môme que celle de la circulation veineuse ; cette direction est adop- tée pour s'opposer aux stases sanguines et aux engorgements consé- cutifs. La position qu'il convient de donner aux animaux pour l'application des appareils contentifs est variable suivant les cas ; nous l'indique- rons pour le traitement de chaque fracture en particulier. Dans tous les cas, il faut immobiliser les animaux le plus possible. A cet effet on place les sujets de grande taille dans des appareils de suspension en observant qu'ils doivent être seulement supportés et non pas sus- pendus; à l'aide de l'appareil de suspension « il devient possible au ma- lade de prendre et de conserver toutes les positions de repos dans la station debout; c'est là, dit M. H. Bouley, le bénéfice principal que l'on peut retirer de l'emploi de cet appareil. » Dans quelques cas, il peut être utile de creuser une excavation dans le sol sous le membre frac- turé de manière à empêcher tout appui ; mais alors il est prudent de soutenir ce membre à l'aide d'une sorte de culotte rembourrée en (1) Sédillot et Logoucst, loco citato. (ï) Lafossc, Traité de pathologie vétérinaire, t. I, p. 595. DES FRACTURES. 129 forte toile ou en cuir et soutenue à l'aide de courroies attachées au plafond de l'écurie ou bien aux cordages de l'appareil de suspen- sion. On veillera à ce que les diverses pièees de l'appareil de suspension ne blessent pas l'animal et l'on aura le soin de lui donner des aliments de facile digestion ; quelques lavements peuvent aussi avoir leur utilité. Les animaux, atteints de fracture, devront être fréquemment visités, et si l'on constate que la lièvre de réaction persiste et surtout si elle augmente d'intensité, si la région laissée à découvert par le bandage s'engorge et devient le siège d'une sensibilité exagérée, c'est que la compression exercée par le bandage est forte ou bien que des esquilles tendent à se faire jour au dehors par suppuration. Dans tous les cas. il importe d'examiner l'état des parties et il n'est pas rare de constater alors des complications irrémédiables, telles qu'arthrite suppurée, fu- sées purulentes dans les gaines synoviales, gangrène, qui nécessitent l'abatage de l'animal dans un bref délai. Si la réaction fébrile diminue de jour en jour d'intensité pour s'éteindre tout à fait, c'est que la consolidation de la fracture s'effec- tue sans complications. Dans quelques cas, la résorption des liquides inflammatoires infiltrés diminue notablement le volume du membre fracturé; alors un vide se produit entre lui et Tappareil contentif : il peut se former un cal volumineux, difforme, de nature à déterminer par- fois une claudication permanente. On prévient cet accident en renou- velant l'appareil de contention; dans quelques cas, il suffit de couler, entre les parois de l'appareil et le membre fracturé, une certaine quantité de plâtre gâché ou toute autre matière agglutinative. La levée du premier appareil doit avoir lieu après un certain temps, variable suivant les espèces animales que l'on considère. Ainsi, chez le cheval, quand les phénomènes de consolidation s'effectuent régu- lièrement et que l'inflammation ne dépasse pas les limites nécessaires pour une restauration normale des os fracturés, on doit laisser le pre- mier appareil en place pendant un mois environ ; chez le chien, il faut le renouveler vers le quinzième jour. En enlevant le premier appareil, il faut agir avec ménagement afin d'éviter des ébranlements qui seraient de nature à détruire les adhé- rences que les abouts fracturés ont contractées entre eux. Cette ma- nœuvre ne laisse pas que de présenter quelques difficultés, surtout quand les pièces de l'appareil ont été cimentées avec du plâtre. Dans ce cas, il faut parfois avoir recours à l'emploi d'un petit marteau pour briser l'enveloppe plâtrée et mettre à nu les parties fracturées. Les substances amylacées, telles que : farine, amidon, dextrine, sont facilement attaquables par l'eau et il suffit de plonger la partie ma- lade dans un bain ou simplement de mouiller les diverses pièces de l'appareil contentif, pour qu'elles puissent être enlevées aisément. Quant Peuch et Toussaint. — Chirurgie, H. 9 130 DES FRACTURES. . aux matières résineuses, on ne peut songer ni à les entraîner à l'aide de l'eau froide ou même tiède ni à les dissoudre dans l'huile comme cela a été recommandé, car ces moyens ne sont pas applicables à la pratique. On est donc forcé de couper les diverses pièces de l'appareil à l'aide de forts ciseaux, en évitant autant que possible d'imprimer au membre blessé, des ébranlements douloureux. L'application du deuxième appareil se fait d'après les mêmes règles ; toutefois il esta noter qu'à ce moment, on opère sur l'animal maintenu debout, du moins quand il s'agit d'un animal de grande taille. Si l'on s'est borné à appliquer un simple emplâtre résineux comme c'est le cas pour les fractures des rayons supérieurs des membres, il peut n'être pas nécessaire de le renouveler, on le laisse alors en place pendant six semaines ou deux mois. Quand on enlève cet appa- reil, l'animal est guéri et l'on peut, sans. danger, l'abandonner à lui- même. Lorsque le cal est volumineux, difforme, on peut bâter le travail de résorption par l'emploi des fondants ou mieux par la cautérisation en pointes superficielles ou en pointes fines et pénétrantes. Un travail modé- ré, sur un terrain doux et à une allure lente, est aussi une circonstance favorable a l'absorption interstitielle et à la disparition du cal. ART. II. — FRACTURES DE LA TÊTE. Les fractures de la tête peuvent se montrer sur les os du crâne,. de la face et des mâchoires. § 1. — Fractures des os du crâne. On observe quelquefois ces fractures chez nos animaux domestiques. Un certain nombre de faits ont été publiés à ce sujet: Fromage de Feugré en a signalé plusieurs (1) ; M. Goubaux en a fait connaître quatre pour servir à l'histoire de ces fractures qui, d'après lui, ne seraient pas rares (2). Hûrtrel d'Arboval a rapporté, dans son dic- tionnaire, plusieurs observations de fractures crâniennes, et il a étu- dié d'une manière générale le traitement qu'il convient d'employer pour ces lésions (3); d'autres auteurs, notamment M. Lafosse, en ont parlé (4). M. Lafosse a eu l'occasion d'observer ces fractures chez le cheval, le bœuf et le chien. Bon nombre de praticiens en ont publié des exemples dans nos recueils périodiques. Nous dirons avec Vatel que les fractures crâniennes se montrent « plus souvent à l'occipital (i) Correspondance, t. II, p. 215. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 18G4, p. 321. (!) Dictionnaire de médecine et de chirurgie, 1838, t. II, p. 559. (i) M. Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 517. DES FRACTURES. 131 qu'au frontal et au pariétal, par suite des chutes sur la nuque ; » on les a observées aussi sur le sphénoïde et l'ethmoïde ; Héring (I) et M. Goubaux (2) en ont, chacun de leur côté, constaté un cas. Par- fois ces fractures déterminent la mort immédiatement, on devine qu'elles sont alors compliquées de lésions nerveuses. Dans quelques cas, l'intensité de la cause fracturante est telle que les os sont divisés en esquilles plus ou moins volumineuses. Le traitement consiste alors a extraire les esquilles ; cette opération, qui se pratique sur l'animal couché, doit être précédée quelquefois de débridements ou de contre- ouvertures sans lesquels il ne serait pas possible d'extraire les frag- ments osseux. C'est ainsi que, sur un vieux mulet atteint de frac- ture de l'occipital avec fistule consécutive, nous sommes parvenus, après débridement préalable de cette fistule, à extraire une esquille épaisse, d'une largeur de 3 centimètres, formée par une portion de la protubérance occipitale. Quinze jours après cette opération, l'animal a été retiré des hôpitaux ; à ce moment, la plaie était en bonne voie de cicatrisation, toutefois nous n'avons pu savoir ce qu'était devenu notre opéré. Quand les os ont été enfoncés, ils peuvent comprimer les centres nerveux encéphaliques, et donner lieu ainsi à des désordres très-graves qu'il importe de prévenir. A cet effet, les auteurs ont conseillé de mettre les os fracturés à découvert, et de chercher à les redresser à l'aide de l'élévatoire ou simplement d'une sonde à spatule ; si ces moyens sont insuffisants, il est prescrit d'avoir recours à la trépanation au voisinage des parties fracturées, on introduit ensuite, par l'ouverture du trépan, un élévatoire qu'on fait agir comme un levier du premier genre en évitant de léser les organes contenus dans la cavité crânienne. On applique ensuite un bandage approprié (Voir t. 1, p. 524), mais il faut se rappeler que les plaies de la tête se guérissent très-facilement, même lorsqu'elles sont compliquées de fractures avec enfoncement des os. M. Mégnin a publié un fait qui démontre que le redressement du frontal peut avoir lieu par les seuls efforts de lanature, et que la guéri- son d'une fracture du crâne avec enfoncement des tissus frontaux, peut être obtenue en huit jours, par l'emploi de l'eau froide sous forme de lotions continues (3). § 2. — Fractures des cornes. Lafore, M. Lafosse et la plupart des auteurs qui se sont occupés des maladies des ruminants, ont fait remarquer que cet accident est fré- quent chez ces animaux. Nous avons eu l'occasion de l'observer plu- sieurs fois. (1) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1850, p. 277. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 18G4, p. 334. (3) Journal de médecine vétérinaire militaire, t, I, p. 338. 132 DES FRACTURES. Les fractures des cornes résultent assez souvent des tractions vio- lentes qui se produisent quand on attache les animaux à l'aide d'une corde passée autour de la base des cornes ; ces fractures se produisent encore quand les animaux se battent entre eux. Lafore pensait que les bœufs à cornes contournées par en bas étaient exposés « à s'écor- ner sur le timon de la charrette, surtout lorsqu'ils sont attelés à un joug commun (1). » Symptômes. — Les fractures 'des cornes n'intéressent ordinairement qu'un seul de ces organes; elles peuvent être complètes ou incomplètes et se présenter sous divers aspects. Ainsi, l'étui corné ou la corne propre- ment dite peut avoir été arraché, et le cornillon, c'est-à-dire la cheville osseuse qui lui sert de base, est ainsi mis à nu sans éprouver d'autre lésion qu'une fêlure. Ce cas, qui est des plus rares, n'offre pas beaucoup de gravité, si la membrane kératogène qui recouvre le cornillon et le bourrelet, qui existe à la base de la corne, n'ont pas été intéressés ; alors la reproduction de l'étui corné se fait régulièrement en même temps que le travail de consolidation du tissu osseux s'opère. D'autres fois, la corne et le cornillon sont fêlés, mais restent unis l'un à l'autre. On peut présumer l'existence de cet accident par la vive dou- leur qui existe à la base de la corne blessée et par l'attitude de l'animal, qui incline alors la tête du côté malade et évite instinctivement de lui imprimer des mouvements. Dans quelques cas, la fêlure de la corne est apparente, et les bords de cette solution de continuité laissent écouler une certaine quantité de sang. Lorsque la cause a agi avec une grande violence, la corne est com- plètement détachée et emporte avec elle une partie ou la totalité du cornillon. La gravité d'un pareil accident est plus ou moins prononcée suivant l'étendue dans laquelle le cornillon est intéressé. On conçoit, en effet, que quand la cheville osseuse offre encore une certaine longueur et qu'elle est recouverte de tissu kératogène, la régénération de la corne- peut s'effectuer dans des limites suffisantes pour permettre l'utilisation de l'animal au joug; mais lorsque tout le cornillon est arraché, la corne ne repousse pas, et il ne se forme plus qu'une cicatrice cornée qui rend l'utilisation au joug impossible. Quelques complications ont été signalées, notamment l'inflammation de la muqueuse des sinus, la gangrène et la méningo-encéphalite. « L'inflammation des sinus, dit M. Lafosse, peut se terminer par réso- lution dans l'espace de cinq, huit, dix jours, ou bien par une supputa- tion qui apparaît du dixième au douzième jours qui suivent l'accident et se tarit généralement en quinze jours ou trois semaines. Quant à la gangrène, elle commence vers le huitième ou dixième jours, et se ter- mine ordinairement par la mort, si elle n'est pas promptement suivie de l'élimination des caillots sanguins putréfiés, qui ont amené la mor- (1) Journal des vétérinaires du Midi, 1842, p. 408. DES FRACTURES. 133 tification de la muqueuse. Une ophthalmie plus ou moins violente, externe ou interne, accompagne assez souvent la suppuration et la gangrène. « La méningo-encéphalite, traitée convenablement en temps oppor- tun, s'arrête parfois et se résout; mais il est des cas où elle amène la mort en quelques jours (1). » Contention des fractures «les cornes. — M. Lafosse ayant formulé, dans son Traité de pathologie vétérinaire, d'excellents préceptes sur le sujet qui nous occupe, nous ne saurions faire mieux que de les repro- duire ici. A l'exemple de cet auteur, nous distinguerons donc les cas suivants : <(1° Fracture simple de la base ou divulsion avec conservation de la corne. — Chez les sujets dont la corne a déjà acquis beaucoup de longueur, il est rare que l'on puisse réussir sans recourir à l'amputation, laquelle est destinée à éviter les ébranlements que toute action mécanique exercée à l'extrémité de la corne, communique à la fracture. » Dans ce cas, l'amputation doit être précédée de l'application d'un appareil amovible ou inamovible, destiné à fixer la corne pendant l'opération. Le premier est généralement préféré, attendu que, quelle que soit la solidité du second, il peut être ébranlé ou même déplacé pendant l'amputation. L'appareil amovible se compose d'étoupe mouillée, roulée à la base de la corne en se prolongeant sur le crâne et entourée ensuite d'une ligature dirigée en spirale sur la corne fracturée, et en 8 de chiffre autour de la base des cornes et sur le crâne. Après l'amputation, on peut enlever cet appareil et panser la plaie qui en résulte , comme il a été dit précédemment, « ou bien appliquer un pansement sur la plaie de la corne en recouvrant l'appareil amovible. Si, alors, on trouve que le tronçon restant est suffisamment immobilisé, l'opération est terminée. Que si, au contraire, ce tronçon est encore mobile, on ter- mine par l'application d'un appareil inamovible » que l'on fait très-sim- plement en recouvrant les pièces du premier appareil, soit avec du plâtre gâché, soit avec un mélange d'alun cristallisé et d'alcool. L'ap- pareil doit entourer la base de la corne et se prolonger autant que possible sur le crâne et jusqu'à la base de la corne. M. Lafosse a vu souvent le plâtre réussir; mais il croit aussi « que le mélange d'alun et d'alcool plus dur encore et moins cassant serait préférable, et il ré- sulte, des expériences de cet auteur, que ce mélange se dissout assez facilement dans une solution aqueuse d'acide chlorhydrique; on ne doit par conséquent redouter nullement de ne pouvoir l'enlever lorsque arrive le moment opportun. » « 2° Fêlure de la corne et ducornillon. — L'application d'un appareil amovible ou inamovible suffit ordinairement à la guérison. Si la fêlure (1) M. Lafosse, Traité de pathologie vétér.j t. II, p. 522. 134 DES FRACTURES. était assez étendue pour faire craindre une fracture au moindre effort supporté par la corne, celle-ci devrait être amputée. » « 3° Fêlure du corn i lion et chute de Celui corné. — Application d'une étoupade imbibée d'eau pure ou additionnée d'eau-de-vie camphrée, d'extrait de saturne, d'eau sédative, d'une ligature roulée en spirale de la pointe à la base du cornillon et croisée en 8 sur le front, la nuque et le dessous de la corne opposée, le tout recouvert d'une toile taillée, au préalable, en croix de Malte, et appliquée de telle sorte que ses lobes se croisent en spirale sur le cornillon, le centre répondant à la pointe de ce dernier; cette toile maintenue par une ligature comme la précédente, voilà le pansement indiqué. Souvent même la toile s'applique directement sur l'étoupe et alors une seule ligature suffit. « A moins que la membrane kératogène ne soit lésée, le panse- ment peut rester à demeure six semaines, c'est-à-dire le temps néces- saire pour la consolidation de la fracture et la régénération d'une couche de corne. Mais si la membrane kératogène a été lésée et si le pus sécrété en abondance s'accumule sous l'étoupade, il convient de renouveler le pansement tous les quatre ou cinq jours. » « 4° Fracture du cornillon et chute de l'étui corné. — Assez ordinaire- ment, la fracture est irrégulière, dentée, en bec de flûte, à frag- ments, etc. On la régularise et on la simplifie en réséquant les dente- lures, les aspérités, avec la feuille de sauge, des cisailles ou la scie, et on applique ensuite un pansement. Si la cheville osseuse était frac- turée juste au ras du frontal, le pansement devrait être maintenu avec une rosace de toile tailladée sur les bords et collée aux parties envi- ronnantes avec un mélange de poix noire, cire et térébenthine. k 5° Corne et cornillon fracturés à une certaine distance du front. — Si la fracture est en rave, application immédiate du pansement ; si elle est dentée ou fragmentée, régularisation, simplification à l'aide de l'amputation, et puis pansement comme pour cette dernière. » Portai, par le moyen suivant, a traité avec succès un cas de frac- ture de la corne gauche sur un bœuf. « La corne était détachée aux trois quarts de sa base. Je préparai, dit-il, deux baguettes en bois de la longueur exacte de l'espace qu'offrent les cornes entre elles; ■je renversai doucement la corne de dedans en dehors et fixai les baguettes d'une corne à l'autre à l'aide de quelques pointes très- courtes. La deuxième baguette était fixée près du sommet. » Puis on appliqua à la base de la corne un emplâtre agglutinatif que l'on main- tint par un bandage en 8 de chiffre. « Trente-huit jours après, l'appareil fut enlevé, un cerceau de nouvelle corne était formé à la base; le bœuf qui fut l'objet de cette observation ne put être attelé au joug que plusieurs mois après (1). » Appareil Coculet. — Il consiste en une attelle de bois ayant la (I) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1845, p. 380. DES FRACTURES. 135 forme d'un segment de cercle (fig. 171 et 172) « mesurant la longueur des cornes chez les jeunes animaux et arrivant seulement jusqu'au deuxième contour des cornes exclusivement, chez les adultes et les vieux (1). » Cet appareil présente au milieu de l'étendue de son bord inférieur un cintre pour loger la nuque, et dans la partie médiane de la face anté- rieure de ses deux extrémités, une gouttière correspondant au dos Fig. 171. — Appareil de Coculet pour les fractures des cornes, vu isolément. du grand contour des cornes, afin de contenir ces dernières dans une certaine étendue ; à chaque extrémité existent trois crans au bord supérieur et au bord inférieur. Cette attelle s'applique sur la nuque et Fig. 172. — Appareil précédent, appliqué sur l'animal. s'attache à chaque corne au moyen de trois liens. On fixe d'abord les liens de la base des deux cornes en comprenant dans chaque tour la corne et l'appareil, puis, les liens du milieu, et finalement ceux de l'extrémité de l'attelle. Les attaches se font avec des ficelles solides de la grosseur d'un tuyau de plume, on fait quatre ou cinq tours dans chaque paire de crans. M. Coculet conseille d'appliquer un fil de fer sur les liens en corde, afin de prévenir le relâchement de l'appareil. Cette attelle s'em- ploie seule ou bien avec un pansement suivant les cas. Par son emploi, M. Coculet a constamment réussi dans les cas les plus désespérés... Le cal se forme et l'animal peut, après quarante jours, travailler sans danger. (1) Journal des vétérinaires du Midi, 1861, p. 342. 136 DES FRACTURES. § 3. — Fractures des os de la face et de la mâchoire supérieure. Les fractures des os de la face sont habituellement comminutives, elles déterminent une hémorrhagie plus ou moins abondante et par- fois le cornage. Dans quelques cas les dents molaires sont ébranlées ; elles peuvent être arrachées. On a signalé encore l'exophthalmie, le broiement de l'œil, comme des complications pouvant accompagner les fractures de l'orbite. Ces diverses fractures ne réclament pas de traitement spécial, et tout ce que nous avons dit sur les fractures du crâne peut s'appli- quer à celles de la face ; conséquemmeut, dans les fractures de cette nature, il faut surveiller le travail de restauration et favoriser la cica- trisation des parties fracturées en faisant disparaître toute cause d'ir- ritation. Pour cela les plaies résultant de ces fractures seront net- toyées avec soin à l'aide d'un courant d'eau froide pure ou additionnée de divers topiques, suivant les cas, les esquilles seront soigneusement extraites et le praticien mettant à profit les ressources dont la théra- peutique dispose, s'efforcera de prévenir ou de combattre les compli- cations qui peuvent survenir en pareils cas, telles que fusées purulen- tes, nécroses, caries dentaires, etc. On a cité bon nombre d'exemples de plaies contuses de la tète avec fractures des os du nez et de la face, pour lesquelles la guérison a été obtenue par les moyens que nous ve- nons d'indiquer et qui ne diffèrent pas de ceux mis en usage pour toutes les plaies; pourtant, les auteurs ont conseillé la trépanation au voisi- nage des parties fracturées, afin de redresser les parties enfoncées, comme pour les fractures du crâne. Cette opération peut avoir son utilité dans quelques cas particuliers, mais, le plus souvent, on peut se borner à des pansements méthodiques. Bourgelat avait imaginé un ferrement (voy. fig. 173 et 174) composé de deux lames de 34 millimètres de largeur sur 3 millimètres d'épaisseur, plus fortes à leur extrémité supérieure et dans les endroits destinés à leur servir de point d'appui et de point de compression; elles s'éten- dent depuis environ 3 centimètres au-dessus de la commissure des lèvres jusqu'à 13 centimètres au-dessus de la tête; elles sont fidèle- ment contournées sur les parties qu'elles doivent recouvrir. Une es- pèce d'anneau carré A, formé de dehors en dedans, termine leur ex- trémité supérieure, et l'application de ces anneaux l'un contre l'autre leur procure un point d'appui réciproque, tandis que le boulon B, à 12 centimètres au-dessus de cette même extrémité, les comprime d'un côté par sa tête et de l'autre par son écrou. Pour cet effet, chaque bande est coudée sur plat en dedans, et percée l'une d'un trou carré pour recevoir la tige du boulon et l'autre d'un trou rond pour en re- DES FRACTURES. 137 cevoir la partie filetée, au moyen de laquelle l'écrou E en opère le resserrement. Le plus inférieur des coudes appuie directement sur la nuque. Les extrémités des lames sont retournées en ourlet (0). Cha- Fig. 173. — Ferrement de Bourgelat Fig. 174. — Le ferrement précédent, appliqué pour les fractures des os du nez, vu sur l 'animal. isolément. cime des branches (B'B') est munie de dix à onze trous, disposés comme on le voit dans la ligure 173, destinés à donner passage à des liens dont les uns, en se réunissant à ceux du côté opposé, sont fixés sur le front, et les autres sur le chanfrein, pour contenir l'appareil placé sur la fracture (1). Cet appareil peut, à notre avis, recevoir d'u- tiles applications dans la pratique; c'est pour ce motif que nous en avons reproduit la description. § 4. — Fractures des petits sus-maxillaires. Les fractures des petits sus-maxillaires s'observent quelquefois chez nos grands animaux domestiques et chez le chien. Elles sont généra- Il) Cl. Bourgelat, Essai sur les appareils et les bandages. Paris, 1813, 2e édition, p. 136. 138 DES FRACTURES. lement irrégulières et esquilleuses, compliquées d'ébranlement ou d'ar- rachement des dents incisives. M. Lafosse a distingué des fractures transversales et longitudinales. Quel que soit le sens de ces fractures, la première indication à remplir, c'est de ramener la mâchoire dans sa direction normale, de telle sorte que les dents incisives soient parfai- tement en contact et opposées régulièrement. L'appareil contentif à mettre en usage, en pareil cas, pourrait être composé, d'après M. Lafosse, « d'une plaque en bois ou en métal de la forme du palais, garnie en caoutchouc, en gutta-percha ou en cuir épais et souple, pourvue d'une traverse assez longue pour déborder les lèvres et portant à chacune de ses extrémités, situées en dehors de la bouche, une ouverture et une courroie, l'une à boucle, l'autre percée de trous, une autre courroie partant du frontal irait se joindre à celle de la pla- que, dont elle empocherait la descente sur les naseaux. Des coussins, garnissant toutes ces courroies, préviendraient l'escharification de la peau (1). » M. Lafosse indique cet appareil comme pouvant être em- ployé pour les fractures transversales ; quant aux fractures longitudi- nales et obliques, cet auteur recommande d'employer, pour en main- tenir les abouts, des fils métalliques fixés autour des dents. MM. Sanson, Bourrel, et nous-même avons employé ce moyen d'après les conseils de M. Rey. La contention des fractures des petits sus-maxillaires se pra- tique alors de la manière suivante : A l'aide d'une lime fine(lalime dite tiers-points convient parfaitement pour cela), on pratique une échan- crure dans le bord postérieur des crochets et sur la face antérieure des incisives, puis on effectue la réduction ou mieux le redressement de la mâchoire fracturée. On engage ensuite, dans les échancrures des cro- chets et des incisives, un fil de fer fin, recuit, et l'on en tord les extré- mités, au moyen de petites pinces : le fil métallique se trouve ainsi solidement fixé surtout si l'on a eu le soin de faire des échancrures assez profondes pour qu'il soit bien encastré. On peut également en- gager le fil métallique dans des trous pratiqués au travers des inci- sives. C'est ainsi que M. Sanson a obtenu « la guérison d'une frac- ture des petits sus-maxilaires chez un cheval de poste, en maintenant les fragments au moyen d'un fil d'argent passé dans des ouvertures forées au travers des deux incicives les plus voisines de la fracture. » Après l'application de cet appareil, il est indiqué de faire dans la bou- che des injections soit avec de l'eau fraîche, soit avec la décoction d'orge vinaigrée et miellée ; plus tard, il peut être utile de soutenir les forces du malade, on lui donne alors de l'avoine cuite et écrasée, des aliments de facile digestion, des barbotages farineux suffisamment délayés. On peut enlever le fil au bout de vingt à vingt-cinq jours sans avoir à craindre une déviation de la mâchoire. (I) Lafosse, Traité de patliologie vétérinaire, t. II, p. 629. DES FRACTURES. 139 § 5. — Fractures de la mâchoire inférieure. Ces fractures ne sont pas rares chez le cheval ; elles peuvent siéger sur diverses régions du maxillaire inférieur. On les a observées sur le corps de cet os (près de la symphyse ou au niveau du col), sur les branches. Rigot a fait remarquer que les fractures du maxillaire s'ob- servent surtout au niveau du col. Fractures du corps du maxillaire près de la symphyse. — Elles peuvent consister dans un simple décollement de la symphyse avec écartement des branches de l'os comme Hurtrel d'Arboval l'a observé sur un poulain d'un mois, ou bien être comminutives, esquilleuses avec ébranlement et même arrachement des incisives, déchirure des par- ties molles environnantes. Quoi qu'il en soit, après avoir convenable- ment nettoyé la plaie, enlevé les esquilles, s'il en existe, on pratique sur le bord externe des coins et sur la face antérieure des incisives des échancrures destinées à loger le fil métallique qu'on fixe à demeure en en rapprochant et tordant les extrémités à l'aide d'une petite pince comme pour les fractures des petits sus-maxillaires. On pourrait encore, d'après M. Lafosse, «appliquer dans la bouche une plaque de métal, garnie en arrière des incisives, la fixer en avant des incisives au moyen d'un fil de fer passant dans des trous dont elle serait percée près du bord postérieur des coins. En(in une menton- nière à boucles, partant des angles postérieurs de la plaque, percée de mortaises, la fixerait sous le menton (1). » Fractures du col et des branches. — Nous décrirons ensemble les divers appareils qui ont été conseillés pour les fractures du col et des brancbes du maxillaire, attendu que la plupart d'entre eux peuvent être employés non-seulement pour les fractures des branches, mais encore pour celles du col, ainsi qu'on va le voir. 11 va de soi qu'avant i 'application de ces appareils, il faut pratiquer la réduction des frac- tures. Nous n'avons rien a dire de particulier à ce sujet ; les diverses manœuvres que comportent cette opération doivent toutes avoir pour but et autant que possible pour effet, de remettre dans leur situation normale, les abouts osseux déplacés. Fromage de Feugré rapporte que, dans un cas de fracture de la mâchoire inférieure dont il ne désigne pas le siège, Blavette a réussi « à faire tenir les fragments rapprochés au moyen d'un fil de laiton fixé d'une dent à l'autre. » Une autre fois, le même praticien s'est servi « d'un bandage fourchu, en tôle, qui embrassait le menton avec la lèvre inférieure, puis se divisait en arrière de la symphyse, chaque branche gagnait une joue et se dirigeait en arrière des oreilles où elle était nouée avec sa pareille par des liens sur la nuque. Ce bandage - (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. S31. 140 DES FRACTURES. portait aussi en arrière de la symphyse des trous pour des liens qu'on nouait entre eux sur le nez. » Rigot aîné, vétérinaire à Château- Gontier, s'est servi « d'une planche de tilleul dans laquelle il fit une rainure en V, profonde de deux travers de doigt et plus, disposée pour loger l'angle de la mâchoire et portant des trous destinés à rece- voir des cordons pour la tixer aux diverses parties de la têtière d'un licol. L'animal porta pendant cinq semaines ce bandage qui était matelassé. J'ai vu, ajoute Fromage, plusieurs exemples de fractures de la mâchoire, qui, existant avec un déplacement léger, furent traitées sans aucun bandage (1). » Appareil de Barthélémy. — Il consiste « en une têtière et une sous- gorge semblables à celles d'un bridon ; quatre montants attachés infé- rieurement à un anneau viennent se fixer, l'antérieur à la têtière, le postérieur à la sous-gorge ; l'un des deux latéraux, en passant par-des- sus la nuque, vient se fixer à une boucle que porte le montant latéral opposé, ce qui forme une seconde têtière; de distance en distance, le long de ces montants, se trouvent des muserolles, dont le nombre varie suivant la situation de la fracture et que l'on serre à volonté et au degré convenable au moyen de boucles. Pour que l'appareil ne blesse pas, il est indispensable de faire usage de coussins, et comme les muse- rolles n'exercent pas une compression égale, on peut placer par-des- sous des attelles qui transmettent régulièrement aux parties la com- pression déterminée par l'appareil (Hurtrel d'Arboval). » Bandage de Gros. — Il se compose : 1° d'un licol fait de sangle forte et large dont la muserolle peut se serrer à volonté et empêche ainsi tout mouvement des mâchoires, tout en laissant à la langue assez de liberté pour permettre la succion des liquides avec lesquels on doit nourrir le malade ; 2° d'une courroie souple et forte qui entoure le col du maxillaire et se boucle sur le côté; 3° de trois anneaux de fer. L'un de ces anneaux est fixé sur la courroie, qui embrasse le col, du côté opposé à la déviation produite par la fracture, les deux autres sont fixés également de ce côté, sur le montant du licol, l'un au niveau de la muserolle, l'autre près de la nuque. Un fort ruban de fil, noué par une de ses extrémités à l'anneau supérieur, traverse successivement les anneaux mitoyen et inférieur dans lesquels il peut glisser librement. Par ce moyen, en tirant en haut l'extrémité libre du ruban, on réduit la fracture et, en arrêtant, par un nœud à l'anneau supérieur le bout du ruban sur lequel on a tiré, les abouts osseux sont maintenus en contact (2). Appareil de Changevx. — Il est formé de deux montants en fer de la grosseur du petit doigt et de la longueur de la tête, écartés inféricure- ment.en forme de Y et réunis, en cet endroit, par une branche trans- (1) Fromage de Feugré, Co7Tespo7idance, t. II, p. 221. (2) Recueil île médecine vétérinaire, année 1831, p. 98. DES FRACTURES. 141 versale assez concave pour s'adapter à la forme du menton. Chacun de ces montants porte un anneau à l'extrémité postérieure, dans le point où les branches sont écartées. Un lien passé dans les anneaux est fixé à une têtière en cuir faisant partie d'un fort licol qui a préala- blement été appliqué au blessé ; la sous-gorge et la muserolle de ce licol portent des boucles qui servent à maintenir les branches en fer et à les relever de telle sorte que les abouts fracturés soient en con- tact permanent (1). Appareil de Marvel. — Cet appareil a « pour pièce principale une gouttière formée d'une plaque de fer mince et de forme pyramidale pour emboîter exactement la mâchoire inférieure. Quatre anneaux placés de chaque côté reçoivent des courroies, destinées les unes à ser- vir de têtière, les autres à établir la compression et le rapprochement des deux mâchoires. Cet appareil est matelassé- dans toute son étendue et échancré du côté de la gorge. Des coussins sont préparés pour pré- server les points de la tête comprimés par les courroies et bien égaliser la compression (2). » Quelque soit l'appareil auquel on donne la préférence, il est recom- mandé d'appliquer sur la fracture un emplâtre agglutinatif, composé de térébenthine et de poix noire, par exemple, en ayant le soin de dis- poser, autour de la partie malade, des plumasseaux en nombre suffi- sant pour éviter que les pièces de l'appareil contentif n'entament les tissus. L'application de l'appareil contentif se pratique sur l'animal maintenu debout, et ne comporte pas d'indications spéciales, si ce n'est toutefois que le praticien doit veiller à ce que la compression soit ré- gulière et uniforme afin de prévenir des accidents graves, comme des chutes de peau, des engorgements gangreneux, en un mot tout le cor- tège de lésions qu'entraîne l'arrêt de la circulation par suite d'une compression exagérée. Le temps pendant lequel il convient de laisser l'appareil en place est nécessairement variable suivant les cas. On devine que, quand il s'agit de fractures esquilleuses, avec broiement des tissus, il faut renouveler fréquemment les pansements sous peine de voir se former des abcès, des décollements plus ou moins étendus, des nécroses ; tandis que si l'on a affaire à une fracture simple, on laissera l'appareil en place pendant quarante jours environ. On nourrira le patient en injectant, dans la bouche, des barbotages farineux convenablement délayés et en administrant en outre des lavements nutritifs. Pendant toute la durée du traitement, l'animal doit être maintenu debout, attaché à deux longes, et le praticien devra veiller à ce que l'appareil ne se déplace point et que les diverses parties qui le compo- sent ne déterminent pas des excoriations. (1) Hurtrel d'Arboval, Dictionnaire de médecine vétérinaire, 2e édition, 1838, art. Fracture, p. 571. (2) Journal de médecine vétérinaire de l'École de Lyon, t. I, p. 510. 142 DES FRACTURES. Malgré toutes les précautions, il est arrivé souvent que les courroies et les pièces de fer composant les appareils contentifs ont déterminé des entamures profondes qui ont retardé la guérison, sans compter que la confection de ces appareils ne laisse pas que de présenter cer- taines difficultés, que les diverses conditions de la pratique ne per- mettent pas toujours de surmonter. Ajoutons que ces divers appareils ne produisent parfois qu'une con- tention imparfaite, de telle sorte que les abouts fracturés restent mo- biles l'un sur l'autre et la consolidation de la fracture ne peut être obtenue. Pour ces motifs, l'emploi des appareils contentifs que nous avons décrits précédemment est très-restreint ; on donne générale- ment la préférence à la contention par les fils métalliques. Contention par les fils métalliques. — Ce moyen a été mis en usage, en 1831, par Menot. Ge praticien, ayant à traiter une fracture en bec de flûte siégeant au col du maxillaire, employa d'abord l'appa- reil Barthélémy, mais sans succès ; il eut alors l'idée « de réunir les deux mâchoires au moyen de fils de fer, en pratiquant des ouvertu- res aux quatre dents incisives supérieures et inférieures appelées pin- ces (1). » Le cheval, qui fait l'objet de l'observation rapportée par Menot, fut préalablement couché sur un lit de paille, puis à l'aide d'un foret monté sur un vilebrequin, il lit perforer les dents. « Les fils de fer furent ensuite passés dans les ouvertures, d'abord à celles des incisives supérieures de dehors en dedans, et à celles des incisives inférieures dans le sens contraire; les deux bouts furent rivés extérieu- rement avec de petites pinces et limés ensuite, afin que les lèvres ne fussent pas lésées. L'opération terminée, les arcades dentaires se trou- vaient parfaitement en contact. » L'appareil fut enlevé au bout de qua- rante-quatre jours. Pendant ce temps l'animal fut nourri avec des barbo- tages farineux, clairs, qu'il parvenait à humer ; on donna également des lavements nutritifs; toutefois, au moment de la levée de l'appareil, le cheval dont il s'agit, avait considérablement maigri; les muscles de la tète, principalement ceux de la région maxillo-temporale, étaient atrophiés et comme paralysés, en sorte que l'animal ne put pas ouvrir la bouche pour prendre une poignée de foin qui lui fut présentée. Cet état dura pendant quatre jours et ce ne fut qu'au bout de ce laps de temps qu'il commença à écarter graduellement les mâchoires, et, fina- lement, il se rétablit complètement. Menot fait remarquer ensuite que l'appareil en fil de fer ne gêne nullement la respiration, il ne peut déterminer, comme celui de Barthélémy ou ses dérivés, aucune com- pression sur les différentes régions de la tète ; il offre, en outre, l'avan- tage de mettre l'animal dans une position telle, qu'il peut se nourrir lui-môme par aspiration, sans que l'on soit obligé de lui injecter, au moyen d'une seringue, les boissons qui doivent servir à son alimenta- (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1832, p. 293. DES FRACTURES. 143 tion, opération qui fatigue toujours l'animal, qui lui fait tenter des efforts violents et capables de déranger les abouts fracturés ; enfin, par ce procédé, les arcades dentaires se trouvent maintenues dans leur posi- tion et dans leurs rapports naturels. M. Lafosse s'est demandé si l'on ne devrait pas essayer les liga- tures métalliques sur les molaires et sur les branches du maxillaire lui-même, dans le cas de fractures de cet os loin de la symphyse. Cet auteur avait pensé que, malgré les difficultés que présente la per- foration des dents molaires par suite de la présence des joues, «rien ne s'opposerait à ce qu'on traversât celles-ci avec un trocart à ca- nule courte, qu'on y laisserait engagée après avoir retiré le poinçon et qui servirait de guide au foret. Un trou une fois fait, le lien métal- lique y serait passé, et ses deux bouts, ramenés au moyen de pinces agissant dans la bouche, en avant de la première molaire, sur la- quelle on pourrait les assujettir par torsion après avoir pratiqué une entaille à la lime ou au ciseau. » Désirant savoir si cette idée théorique serait sanctionnée par la pratique, M. Lafosse s'est livré à quelques expériences. Ainsi, « chez le mouton » il a « placé des attaches en fil de fer, » et il a vu « survenir à la suite des engorgements assez forts pour empêcher la mastication et produire l'asphyxie. Ces essais ne sont pas de nature à encourager dans l'emploi des attaches métalliques (l). » Néanmoins, nous pensons que, même dans le cas de fracture des bran- ches du maxillaire, il y a avantage à maintenir les mâchoires rappro- chées et en parfaite coaptation, au moyen de fils métalliques et cela, pour les motifs que nous avons précédemment énumérés. Si la fracture siégeait loin du col, on pourrait appliquer un fort licol dont la muse- rolle forte et large, bouclée sur le chanfrein, s'opposerait au déplace- ment des parties fracturées. Enfin si la fracture intéresse le col lui-même, elle sera traitée avec succès par la seule contention avec les fils métalliques, en supposant toutefois que l'os n'ait pas été écrasé, auquel cas la guérison ne sau- rait être obtenue. Contention par des bandelettes agglulinatives. — Delwart a conseillé l'emploi de bandelettes de toile recouvertes d'un mélange résineux, Dans le cas de fracture simple, « il suffit de borner plus ou moins les mouvements de la mâchoire par quelques tours de bande enduite de ce mélange. « La fracture des deux branches du maxillaire nécessite l'applica- tion du bandage inamovible. Pour procéder à l'application de ce ban- dage, on place d'abord dans l'espace inter-maxillaire, un tampon d'é- toupe cylindrique imprégné du mélange résineux, assez volumineux pour remplir exactement l'intervalle qui sépare les branches de l'os et pour supporter les fractures ; puis on applique une à une des bandes (i) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 534. • lii DES FRACTURES. de différentes longueurs qui embrassent toute la partie et qui viennent se croiser sur le chanfrein et le front (1). u M. Serres, de Toulouse, a employé, dans un cas de fracture incom- plète de la branche droite du maxillaire sur un cheval boulonnais, hors d'âge, des bandelettes de grosse toile neuve de A à 5 centimètres de largeur sur 10 à 15 de longueur enduites d'un mélange de poix noire ou de poix-résine et de térébenthine, fondues ensemble. Tout étant convenablement préparé et l'animal maintenu en main, on réduisit la fracture, chose assez facile, qui fut effectuée d'une seule main ; alors on plaça des handelettes d'abord à la face interne et en les dirigeant de bas en haut ; puis à la face externe en leur donnant la même direction que du côté interne ; on en mit ainsi d'obliques, de transversales, de manière à recouvrir toute la région fracturée, qui, finalement, fut badigeonnée avec le mélange précité. Après quelques minutes, cet appareil avait acquis une telle résistance qu'il n'y avait plus à craindre de déplacement des abouts osseux. On surveilla l'ani- mal pour l'empêcher de déranger l'appareil en se frottant contre les corps environnants Après 25 ou 30 jours, le malade, pou- vant se passer de tous soins, fut rendu à son propriétaire. A cette époque, une tuméfaction dure, indolore, entourait la fracture: c'était le cal (2). » M. H. Bouley a traité, à la clinique de l'École d'Alfort, un cheval affecté d'une fracture multiple de la branche droite du maxillaire inférieur; le cal volumineux développé autour des fragments était creusé de plusieurs fistules persistantes de telle sorte que la cicatrisa- tion n'a pu être obtenue qu'après avoir élargi les trajets fistuleux à l'aide de la scie et de la gouge, et extrait jusqu'à vingt-cinq fragments, dont plusieurs très-volumineux, des cavités formées par les parois d'un cal considérable dans la masse duquel ces fragments se trouvaient en- globés ; une guérison complète a suivi ces opérations faites dans des temps successifs (3). Nous ne parlerons pas des fractures de l'apophyse coronoïde et du condyle du maxillaire, car ce qui a été dit à ce sujet ne nous paraît pas suffisamment démontré pour trouver place ici. § 6. — Fractures de l'hyoïde. Elles sont très-rares. Hérard, vétérinaire anglais, en a rapporté un exemple, qui a été observé sur un poulain de deux ans. On a observé, dans ce cas, les symptômes suivants que nous repro- duisons brièvement pour mettre les praticiens en garde contre les (1) Delwart, Traité de médecine vétérinaire pratique, art. Fracture. (2) Journal des vétérinaires >/) deux observations de fractures du plancher du bassin, très-intéressantes et très- complètes, et qui dé- montrent : 1° Que cette lésion, quand elle intéresse à la fois le pubis et l'is- chium, se produit dans les points où ces os sont le moins résistants, c'est-à-dire en avant ou en arrière du trou ovalaire; 2° Que le cal qui répare cette fracture, « comprime, atrophie, dé- truit les nerfs obturateur, pelvi-cruraux et cruraux postérieurs, qui traversent le trou ovalaire ou qui passent à son voisinage ; d'où, pa- ralysie, dégénérescence, atrophie des muscles fléchisseurs de la jambe et des adducteurs du membre. » Ces lésions se traduisent à l'extérieur par une boiterie caractéristique : le membre malade se porte en avant « tout d'une pièce; seul le fémur est fléchi sur le bassin et tout le reste du membre suit passivement l'impulsion que lui communiquent les fléchisseurs de la cuisse; ce mouvement n'est pas rectiligne : le pied décrit en dehors un arc de cercle très-accusé ; arrivé à l'extré- mité de sa course, il repose sur le sol par la région de la pince, et le pas se termine par un véritable saut » (Nocard). Enfin l'exploration rectale permet d'établir avec certitude le diagnostic de la fracture. Pour remédier à ces diverses fractures, aucun appareil contentif ne saurait être employé ; il faut se borner à combattre les symptômes inflammatoires ; il peut être utile parfois de soutenir les animaux sur un appareil de suspension. Si l'on a des raisons de penser que la frac- ture est comminutive, intra-articulaire, il est préférable d'abattre im- médiatement les animaux plutôt que d'entreprendre le traitement, car, à supposer que la consolidation de la fracture puisse s'effectuer, la boiterie persistera. (1) Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyo 1848 , p. 161. DES FRACTURES. 161 § 6. — Fractures du fémur. Tous les auteurs sont unanimes pour considérer les fractures du fémur chez les grands animaux comme incurables. La situation pro- fonde de cet os et la présence des masses musculaires volumineuses qui l'entourent, rendent très-difficile l'application d'un appareil con- tentif; aussi, dans presque tous les cas, l'abatage est-il ordonné. Chez les petits animaux, on peut obtenir la guérison des fractures du fémur par l'application d'un appareil. Après avoir effectué le premier temps de l'opération, c'est-à-dire la réduction de la fracture, on procède à l'application du bandage inamovible, en se servant de bandes enduites de poix ou de plâtre ; ces bandes embrassent le pli de l'aine, se croisent sur la cuisse et vont se fixer sur le sommet de la croupe de manière à emboîter toute la cuisse ; d'autres bandes sont placées successivement sur l'articulation fémoro-tibiale et sur toute la jambe jusqu'à la partie inférieure du jarret. M. Lafosse a vu « chez plus de vingt petits animaux la guérison se produire soit par la simple application des bandages poisseux, soit môme par l'abstention. » M. Beaufils pense que l'on peut appliquer le bandage qu'il a inventé, non-seulement pour les fractures du fémur chez les animaux de petite taille, mais encore chez les animaux de grande taille. Nous allons reproduire ce que M. Beaufils a écrit sur ce sujet. « Nous sup- poserons que les fractures ont lieu à gauche. » 1° Animal de petite taille. — L'animal reste debout ; un aide est à la tète, un autre à la queue, un troisième tient la bande. L'opérateur, saisissant d'une main le grasset, soulevant avec l'autre la cuisse, porte l'extrémité inférieure de l'os fracturé dans le flanc correspondant le plus haut possible, de manière à mettre cet os autant que faire se peut dans le parallélisme du grand axe du corps. Il confie le chef de sa bande à son principal aide, situé de l'autre côté de l'animal, et il en applique l'extrémité libre à la face externe de la cuisse. Il tient de la main gauche cette extrémité et la cuisse dans sa position. Avec la main droite, il conduit la bande en avant de l'angle externe de l'ilium, sur la région des reins, en avant de l'angle externe de l'autre ilium dans le flanc opposé à la fracture, sous le ventre, en avant ou en arrière des mamelles ou du scrotum, et arrive au point de départ. Il applique de la même manière autant de tours qu'il est possible. Il serre suffisamment afin que la pression soit forte et régulière pour que la cuisse soit bien immobilisée. La région de la cuisse doit être entourée dans toute son étendue. L'articulation fémoro-tibio-rotu- lienne, le grasset, l'extrémité supérieure de la jambe, doivent être aussi immobilisés par quelques tours de bande qui les enveloppent et les maintiennent dans le flanc. Ces tours de bande ont, en outre, pour but d'opérer une pression suivant le grand axe du fémur ; ce qui facilite et PtucH et Toussaint. — Chirurgie. II. — 1 i 162 DES FRACTURES. maintient le contact des abouts osseux. Dans les limites du possible, l'opérateur fléchit les articulations du membre malade, et il soutient les rayons osseux à l'aide de grands tours de bande. Autant que faire se peut, il fait « converger les tours de bandes en avant des deux hanches....» Pour éviter que l'appareil ne glisse sur la base de la queue, l'opérateur applique sur toute la longueur de la croupe deux morceaux de la bande, enduites « sur une face de poix peu chaude. » On peut encore, pour consolider l'appareil, « appliquer à la surface de la bande une couche de poix noire au moins dans la région de la cuisse. » M. Beaufils a guéri, par ce moyen, une chèvre et un bélier. 2° Animal de grande taille. « L'animal doit d'abord être suspendu. L'application de la bande se fait comme précédemment. Les tours de bande sont tenus immobiles à leur place, par plusieurs bandelettes revêtues de poix. » Ce procédé n'a pas encore été mis en usage, que nous le sachions du moins, chez les grands animaux. Nous employons, pour les fractures du fémur chez le chien, le ban- dage de Delwart en remplaçant le mélange résineux par du plâtre dé- layé dans l'eau, et nous obtenons de bons résultats. M. Félizet conseille l'emploi d'un appareil consistant en une planche recouverte de paille et de foin sur laquelle on couche le sujet sur le côté opposé à la fracture; puis on l'assujettit « à l'aide d'une lisière de drap passant plusieurs fois autour de son corps et de ses mem- bres à demi-fléchis et se fixant de tous les côtés à une vingtaine de pointes de Paris, implantées dans ce lit coercitif. » Un chien atteint de fracture du col du fémur a été placé dans cet appareil, et on l'en a sorti, le douzième jour « avec son fémur complètement et régulière- ment consolidé. » Essayé « sur une chèvre et deux génisses, » ce pro- cédé n'a pas réussi; ces animaux ainsi fixés, « sont morts en quelques jours » (1). Nous ne pensons pas que ce procédé remplace jamais, dans la pratique, les bandages inamovibles dont nous avons parlé. § 7. — Fractures de la rotule. Ces fractures sont très-rares. L'hippiâtre Lafosse pensait que la ro- tule « se fracture par la violence du coup et quelquefois par la contrac- tion subite des muscles au moment du coup et toujours transversale- ment. » Pour Hurtrel d'Arboval, les fractures de la rotule pouvaient être longitudinale* ou transversales. M. Goubaux a publié, en 1872, dans le Recueil de médecine vétérinaire, des recherches et observations sur les fractures de la rotule; il a cité notamment une observation de Lenck, dans laquelle il s'agit d'une fracture de la rotule produite par une contusion; ce ne fut qu'après la disparition de l'engorgement (1) Bulle/ in de la Société centrale de médecine vétérinaire, année 1870, p. 194 /rapport de M. Trasbot). DES FRACTURES. 163 inflammatoire qu'on put reconnaître la crépitation. A l'autopsie, on trouva une fracture longitudinale de la rotule. Renault a fait remar- quer que la rotule s'est quelquefois partagée en deux, à la suite d'une glissade. M. Goubaux a été à même de constater trois fois la fracture de la rotule sur des chevaux destinés aux travaux anatomiques. M. La- fosse, à l'exemple delà plupart des auteurs qui l'ont précédé, considère la fracture de la rotule comme incurable, car, « à supposer la forma- tion d'un tissu fibreux ou môme osseux de réunion, l'articulation fémoro-rotulienne plus ou moins profondément lésée se trouve gênée dans ses mouvements, de là une claudication persistante ; » la convic- tion de cet auteur est basée sur un fait observé chez le chien. Delwart pense qu'on pourrait guérir cette fracture, même chez le cheval, en appliquant un bandage inamovible qui embrasserait toute la région du grasset. — Ce moyen nous paraît d'une application difficile, et, pour tout dire, nous ne croyons pas qu'on puisse l'employer chez le cheval. § 8. — Fractures du tibia. Les fractures du tibia sont fréquentes chez les animaux domestiques, elles ont été l'objet d'un grand nombre d'observations publiées soit dans nos recueils périodiques, soit dans les ouvrages spéciaux. Fromage de Feugré, Hurtrel d'Arboval, Delwart, M. Lafosse, et beaucoup de prati- ciens ont parlé de ces fractures. Quand les fractures du tibia s'observent chez le cheval, elles peuvent être, dans quelques cas exceptionnels, traitées avec succès, notamment quand on a affaire à une fracture simple chez un sujet jeune, de taille peu élevée, dont le genre de service n'exige pas des allures rapides. Du reste, quand le praticien sera appelé, en pareil cas, à statuer sur l'oppor- tunité du traitement, il devra tenir compte des particularités que nous avons exposées en parlant des fractures en général et qui se rattachent au siège de la fracture, à sa nature, à la taille des animaux, à leur genre de service ou à leur destination ultérieure. S'il s'agit d'animaux de petite taille, porcs, moutons, chiens, le traitement des fractures du tibia est presque toujours couronné de succès. Les moyens de contention employés chez les animaux ont varié suivant les praticiens. — Bettinger a obtenu la consolidation d'une fracture en bec de flûte siégeant vers la partie moyenne du tibia, sur un cheval de onze ans, de la taille de lm,44. Le cheval, qui fait l'objet de cette observation, fut placé dans un appareil de suspension de telle sorte que les pieds appuyaient sur le sol. Dans cette attitude, un aide exerça des tractions sur la partie inférieure du membre fracturé, sui- vant une direction parallèle, « afin de faire rencontrer aussi exacte- ment que possible les parties fracturées. Puis la jambe fut entourée d'un morceau de toile imbibée de poix noire tiède. » On disposa par- dessus six éclisses en bois que l'on maintint à l'aide d'une bande. 164 DES FRACTURES. Cet appareil s'étant déplacé, Betlinger fit un bandage représentant une sorte de corset, ajusté à la partie, formé de deux morceaux de toile superposés dans lesquels étaient maintenus, suivant la direction longitudinale de la jambe, des morceaux de lattes flexibles, séparés les uns des autres par une couture. La toile laissait de chaque côté une ampleur dans laquelle furent découpés des rubans delà largeur de 3 cen- timètres destinés à fixer l'appareil. De plus, ce bandage, avant d'être appliqué, fut préalablement matelassé d'une couche d'étoupes de 6 cen- timètres d'épaisseur (1). M. Lafontaine est parvenu à guérir « une fracture du tibia droit chez une jument » à l'aide d'un appareil analogue à celui mis en usage pour les fractures de l'humeras (voy. p. 151). « 11 n'est pas resté trace de l'accident. » M. Poisson jeune a eu l'occasion d'employer le procédé conseillé par M. Lafontaine sur une pouliche de neuf mois, atteinte « d'une fracture du tibia gauche, fracture en bec de flûte, sans esquilles et située dans les deux tiers supérieurs de l'os. » La consolidation s'est effectuée , mais la claudication persistait encore au moment que M. Poisson a publié son observation (2). Morin, ayant eu à traiter une « fracture en bec de flûte du tibia gauche vers son tiers inférieur sur une génisse de deux ans, » employa le procédé suivant : La malade fut couchée sur le côté droit, des aides pratiquèrent l'extension et la contre-extension pendant que l'opéra- teur effectuait la coaptation ; puis on appliqua autour du point frac- turé deux énormes plumasseaux imbibés d'une dissolution de sulfale d'alumine et de blancs d'œufs (3) ; trois attelles de bois tendre et flexible, recouvertes de vieille toile et enduites sur une de leurs faces de térébenthine grasse, furent placées ensuite, l'une à la face antérieure du membre, les deux autres sur les faces externe et interne. Une longue et forte bande de toile aussi enduite d'un côté de térébenthine, et large de plus de 5 centimètres, servait à les fixer dans cette position. Cette opération terminée, Morin fit cesser l'extension et la contre- extension, et il mit autour de l'appareil, et dans presque toute l'é- tendue de la jambe, une certaine quantité de filasse de manière a en faire une sorte de cône, assez régulier, qui fut consolidé par deux grandes attelles s'étendant depuis le milieu de la cuisse jusqu'au-dessous du jarret, maintenues elles-mêmes par une grosse bande de toile. Une petite planche de bois léger, delà largeur de 15 centimètres, longue de 35 centimètres, façonnée en forme d'arc, entourée de filasse et percée d'un trou à chacune de ses extrémités, fut appliquée à la face (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1827, p. 383. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 18G0, p. 172. (3) Il est probable que l'auteur a voulu parler de l'alun ordinaire, c'est-à-dire du sul- fate double d'alumine et de potasse cristallisé. DES FRACTURES. 165 interne du membre opposé à la fracture, près de l'aine; une petite corde ayant été passée dans les ouvertures de cette planchette et dans le trou de l'extrémité de l'attelle externe du membre gauche, les bouts en furent réunis au sommet de la croupe, par un nœud, et attachés de plus au surfaix passé autour de la poitrine. La génisse guérit radicale- ment au bout de six semaines. Delwart dit que la fracture du tibia est « toujours difficile à guérir et même incurable, lorsqu'elle est oblique, lorsqu'il y a chevauchement des fragments et quand elle a lieu vers le tiers supérieur de l'os ; au contraire, lorsqu'elle existe vers le tiers inférieur, qu'elle est transver- sale et sans déplacement, elle se guérit constamment par l'application d'un bandage inamovible qui doit partir du boulet et se prolonger jus- qu'au-dessus de la rotule. Ce bandage doit être consolidé par deux fortes attelles, l'une externe, partant de la cuisse et descendant jusqu'au houlet; l'autre interne, partant du niveau de la rotule et se dirigeant en bas également jusqu'au boulet. » M. Lafosse a mentionné, dans son ouvrage, plusieurs cas de fractures du tibia chez les diverses espèces animales, notamment chez les solipôdes; ainsi sur « un poulain dont la fracture fut réduite par M. Serres, la guérison ne laissa rien à désirer. » Si l'on se décidait à entreprendre le traitement d'une fracture simple du tibia chez nos grands animaux domestiques, il faudrait appliquer sur la partie fracturée, préalablement réduite, un bandage inamovible composé de plumasseaux, imprégnés d'un mélange agglutiuatif ou durcissant, de deux attelles en bois mesurant toute la longueur du membre et d'une large bande de toile qui maintiendrait les attelles en situation. M. Lafosse pense qu'on peut avoir recours, avec avantage ; aux' ferrements de Bourgelat, <( à la condition d'avoir sous la main un ouvrier capable de les bien confectionner. » On aura le soin de dispo- ser, autour du membre fracturé, des plumasseaux en suffisante quan- tité pour prévenir des plaies plus ou moins étendues, et plus générale- ment tous les accidents qui résultent d'une compression irrégulièrement faite. «Afin d'éviter, ajoute M. Lafosse, tous les inconvénients de l'en- lèvement et de la réapplication du fer, auquel doivent s'attacher ces ferrements, on devrait essayer de les fixer à la corne au moyen de vis à hois assez courtes pour ne pas intéresser les tissus vifs (1). h L'animal opéré sera placé dans un appareil de suspension où il restera pendant un mois environ, en observant les mêmes règles que celles qui ont été formulées précédemment. Chez les petits animaux. — Le traitement des fractures du tibia ne comporte pas d'indications spéciales. On emploie pour ces fractures les mêmes moyens contentifs que pour celles du radius. Nous ne re- viendrons donc pas sur ce qui a été dit à ce sujet. (1) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 551. 166 DES FRACTURES. §9. — Fractures du métatarse et du métacarpe. Ces fractures ont été fréquemment observées chez les animaux do- mestiques. Nos recueils périodiques, ainsi que les ouvrages spéciaux, contiennent tin bon nombre de faits, qui témoignent de leur curabilité, même chez les sujets de grande taille. Pour effectuer la réduction de ces fractures, quand elles ont lieu obliquement et que les abouts fracturés chevauchent l'un sur l'autre, on couche l'animal sur le côté opposé à la fracture, puis on fixe une plate-longe dans le pli du paturon et une autre au-dessus du genou. Plusieurs aides exercent, sur les extrémités de ces plates-longes, des tractions en sens inverse; ils effectuent ainsi l'extension et la contre- extension, en même temps que l'opérateur pratique la coaptation. Ces manœuvres présentent parfois de grandes difficultés, notamment quand la fracture est ancienne. On peut alors avoir recours utilement à l'éthérisation. Si la fracture est en rave, il suffit, pour opérer la ré- duction, d'affronter les fragments et cette simple manœuvre se pratique sur l'animal maintenu debout. Les moyens de contention, qui ont été mis en usage pour les fractures du canon, sont assez variés, chaque praticien a pour ainsi dire préconisé tel ou tel appareil, tel ou tel mé- lange agglutinatif. Nous nous bornerons à résumer les divers travaux qui ont été publiés sur ce sujet. L'appareil inamovible, conseillé pour les fractures du métacarpe ou du métatarse chez les grands animaux domestiques, se compose de deux ou quatre attelles en bois, rembourrées, à leur face interne; de longs plumasseaux ; d'une bande de toile de la largeur de trois travers de doigt et d'une longueur de 8 à 10 mètres, enroulée sur un chef; un mélange durcissant ou agglutinatif de môme nature que ceux qui ont été conseillés précédemment. Les attelles doivent avoir une lon- gueur telle qu'elles s'étendent depuis la moitié inférieure de l'avant- bras ou de la jambe jusqu'à la partie supérieure du sabot. Pour appliquer cet appareil, l'opérateur enduit les plumasseaux du mélange agglutinatif qu'il se propose d'employer, il les enroule ra- pidement autour du membre fracturé en procédant des parties infé- rieures vers les supérieures, en ayant soin de bien entourer la région du canon d'une épaisse couche d'étoupes afin d'éviter les excoriations qui pourraient se produire par suite d'une compression irrégulière. On dispose ensuite les attelles, l'une sur la face externe du membre et l'autre sur la face interne; quelques praticiens conseillent l'emploi de quatre attelles dont une antérieure qui monte jusqu'au pli du jarret, et une postérieure qui se prolonge jusqu'au niveau de la pointe du cal- canéum. Gombault, Lafontaine et d'autres se servent également de quatre attelles dont deux petites, disposées en avant et en arrière du canon et deux grandes disposées en dedans et en dehors et s'étendant DES FRACTURES. 167 du sabot à la partie médiane de l'avant-bras ou de la jambe. On main- tient ces attelles en situation à l'aide de tours de bande comme pour les fractures des autres régions des membres. Puis on dispose, par-dessus cette bande, une tresse ou ruban de fil qu'on applique méthodiquement comme cela a été indiqué pour les fractures des autres régions des membres. Pour consolider cet appareil, M. Lafosse a recommandé l'emploi du ferrement de Bourgelat (voy. fîg. 166). M. Rossignol a eu l'idée de se servir « d'une bande de fer qui prenait à crochet sous la pince du fer, se contournait sur le sabot et remontait sur l'appareil en bois auquel elle était fixée par trois courroies (1). » Delwart dit que « dans ces cas de fractures, l'animal peut rester en liberté. » Nous pensons qu'il est préférable de le placer dans un appa- reil de suspension comme pour les autres fractures des membres. M. Closiez a imaginé une sorte de béquille pour soutenir l'animal, mais ce moyen ne nous paraît pas appelé à se généraliser dans la pratique. Chez les petits animaux, l'application des appareils pour les fractures du métacarpe ou du métatarse se fait comme pour celles du radius ou du tibia, à moins que l'on ait affaire à des fractures comminutives, si fréquentes chez le chien. Dans ce cas, il faut appliquer un appareil amovible et renouveler fréquemment les pansements afin d'éviter les complications qui peuvent résulter de la présence du pus ou des parties mortifiées dans les plaies. § 10. — Fractures des phalanges. A. Fractures de la première phalange {os du paturon). — Nous avons observé deux fois cette fracture chez le cheval. Delwart fait remarquer qu'elle se consolide toujours, mais il arrive souvent, ajoute cet auteur, que l'animal reste boiteux. Dans les deux cas qu'il nous a été donné d'observer, nous avons vu la claudication persister à tel point que les animaux n'ont pu être utilisés à l'allure du trot. La gravité de cet acci- dent résulte de la complication inévitable d'arthrite, les fractures se prolongeant presque toujours jusqu'aux extrémités articulaires. Dans les fractures du paturon, il n'y a pas de chevauchement des abouts fracturés ; il suffit de maintenir ceux-ci en contact pour que la consolidation s'effectue. L'appareil inamovible auquel on donne géné- ralement la préférence, en pareil cas, consiste en une sorte de bandage enduit de plâtre gâché. On applique cet appareil sur l'animal fixé de- bout. On enroule d'abord autour du paturon une bande de la largeur de trois doigts et d'une longueur de 3 à 4 mètres, roulée préalable- ment sur un chef. Au fur et à mesure que l'on applique la bande autour de la partie fracturée, on a le soin d'étendre une couche de plâtre à la surface des parties, afin de fixer les tours de bande les uns (1) Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon, 1845, p. 519. 168 DES FRACTURES. aux autres, puis on dispose sur cette bande, une étoupade s'étendant depuis le boulet jusqu'à la couronne; cette étoupade doit être enduite de plâtre. On la maintient à l'aide d'une large bande sur laquelle on applique quelquefois un ruban de fil que l'on enroule méthodiquement des parties supérieures vers les inférieures. Enfin, on étend sur ce bandage une couche de plaire gâché et au bout d'un quart d'heure, l'appareil offre déjà une grande résistance. Puis il acquiert une dureté pierreuse et la consolidation de la frac- ture peut ainsi s'effectuer; mais en même temps une ankylose s'établit et détermine une boiterie, qui résiste souvent à tous les moyens de traite- ment. Après l'application de cet appareil, nous recommandons encore de placer l'animal dans un appareil de suspension plutôt que de le laisser en liberté. On évitera ainsi la fourbure sur le membre opposé à celui qui est fracturé ; l'appareil ne sera point déplacé par les mouve- ments auxquels l'animal se livre pour se coucher et se relever, de telle sorte que la consolidation de la fracture s'effectuera dans les meilleures conditions. B. Fracture de l'os de la couronne et de Vos du pied. — Il peut être bon d'appliquer un appareil semblable à celui que l'on emploie pour les fractures de la première phalange; toutefois, dans la plupart des cas, il faut se borner à laisser les animaux en repos et combattre l'inflam- mation par les moyens appropriés : saignées, bains simples, bains as- tringents au sulfate de cuivre et surtout les applications vésicantes réitérées. LIVRE QUATRIEME OPÉRATIONS SPECIALES SECTION PREMIERE OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LA TÊTE. CHAPITRE PREMIER DE LA TREPANATION On appelle ainsi une opération qui consiste à pratiquer, avec un instrument connu sous le nom de trépan, une ouverture à travers les parois d'un os, afin de remplir diverses indications. On l'appelle encore térébration quand elle consiste dans la perforation de la base des cornes, chez les ruminants. La trépanation a été mise en usage principalement sur les os de la tête et, dans quelques cas, sur les os des membres, chez l'homme. Nous nous bornerons à L'étudier dans son application, soit aux os du crâne, soit aux os de la face. C'est une opération employée chez l'homme depuis un temps immé- morial; elle paraît avoir été introduite, en vétérinaire, par Lafosse père qui la pratiquait, dans le cas de morve, sur les os de la face pour faire des injections, dans les sinus et les cavités nasales, afin de tarir le j étage. Indications. — La trépanation est indiquée : 1° chez le cheval, dans le cas dejetage chronique avec collection purulente dans les sinus frontaux et maxillaires supérieurs. Laréplétion des sinus par l'accumu- lation du pus est caractérisée par un jetage jaunâtre, grumeleux et sou- vent fétide, ayant lieu parfois par une seule narine, par une sorte de bombement ou de soulèvement de la table de l'os dans le point corres- pondant à la collection purulente et par la matité, à la percussion. — Si l'on a des doutes sur l'existence d'une réplétion des sinus, on doit 170 DE LA TRÉPANATION. explorer ces cavités au moyen d'une vrille, à l'aide de laquelle on per- fore les parois osseuses, en faisant agir l'instrument comme s'il s'agis- sait de percer un tonneau. On a conseillé également la trépanation dans le cas de polype naso-pharyngicn. 2° Chez le bœuf, la trépanation produit d'excellents résultats dans le catarrhe chronique des cornes. 'S0 Pour l'extraction de vers hydatiques, des cœnures notamment, qui peuvent se développer dans le cerveau du mouton, de la chèvre ou des grands ruminants, à supposer toutefois, ce qui est exceptionnel, que l'on ait pu reconnaître le point précis où le cœnure s'est développé. On ne peut guère établir le diagnostic, dans des cas de ce genre, qu'autant qu'il existe, dans quelques points des parois crâniennes, un amincisse- ment, qui résulte de la pression continuelle du liquide accumulé dans la vésicule. Ce liquide soulève alors la lame amincie de l'os et l'on voit apparaître une sorte de boursouflement qui offre, dans quelques cas, une fluctuation plus ou moins évidente. Mais il est très-rare que les animaux résistent assez longtemps pour que les vésicules hydatiques puissent déterminer l'amincissement progressif de l'os et son bour- souflement consécutif. En l'absence de ces symptômes locaux, il ne reste plus, pour reconnaître la situation du cœnure, que le sens suivant lequel l'animal tourne. Or, on sait que les lésions de l'encéphale déter- minent des actions croisées, c'est-à-dire que, quand le mal siège à la surface de l'hémisphère gauche, l'animal tourne à droite et vice versa. Toutefois, cela n'est pas absolu, aussi le diagnostic, quant à la situa- tion précise des hydatides, ne peut-il être établi dans beaucoup de cas avec assez de sûreté pour que l'on se croie autorisé à tenter la trépa- nation. La trépanation est indiquée dans les fractures des os du crâne et des os de la face avec enfoncement des parties fracturées. On a recommandé alors d'avoir recours à cette opération, -faite au voisinage des parties fracturées, pour introduire le doigt ou mieux un élévatoire sous les os enfoncés afin de les redresser. On a également préconisé son emploi, comme manœuvre prépara- toire pour l'extraction des dernières dents molaires, par repousse- .ment. Instruments. — Les instruments employés pour pratiquer la trépa- nation sont : Des bistouris pour inciser et disséquer les téguments ; Une rugine pour enlever le périoste; Des trépans. — On appelle trépans des instruments destinés à perfo- rer l'os. Ils consistent dans des tiges métalliques qui s'ajustent sur un vilebrequin auquel on donne encore le nom d'arbre du trépan. On dis- tinguait autrefois trois sortes de trépans : 1° le trépan perforatif qui est une espèce de foret formé par une tige d'acier terminée par une pointe en forme de pyramide quadrangulaire, tranchante sur les côtés; 2° le DE LA TRÉPANATION. 171 trépan exfoliatif, semblable au perçoir des tonneliers ; 3° le trépan à couronne, encore appelé couronne de trépan (fig. 176, G, G'). Il est formé par un cylindre creux, en acier, dont la surface externe présente de petits tranchants formés par des entailles et des biseaux, dirigés obli- quement par rapport à l'axe de la couronne ; chacun de ces tranchants se termine par une petite dent bien affilée dont l'ensemble forme une CJf/'Co/ef Fig. 1TG. — Instrument* pour tu trépanation. A, Vilebrequin de Bichat, à pyramide fixe. C.C, couronne de trépan. T, pyramide fixée au vilebrequin. ¥, tire-fond. L, couteau lenticulaire. I!, rugine. V, élévatoire. sorte de scie circulaire. Le diamètre de cet instrument varie, pour le cheval, entre 2 et 3 centimètres. La face interne de ce trépan est lisse et polie et présente, dans la partie opposée aux dents, une plaque circulaire qu'on nomme la culasse; celle-ci porte dans son milieu une tige quadrangulaire, acérée, appelée pyramide; la pointe de la pyra- mide dépasse de 2 à 3 millimètres le bord de la couronne ; en outre la culasse présente sur le côté un petit trou dans lequel on peut engager un stylet pour faire tomber le disque osseux taillé par le trépan. La ligure 176 représente en A, le vilebrequin, auquel se trouve fixée la 172 DE LA TREPANATION. pyramide T, et les couronnes C, C, s'adaptent sur elle au moyen d'une vis de pression, de telle sorte que la pyramide peut être plus saillante que la couronne, ou au contraire remonter à l'intérieur. La clef de la pyramide (fig. 177, C). — Cet instrument, assez sembla- ble à la clef d'une pendule, sert à dévisser la pyramide. V arbre du trépan (fig. 176, A), terminé d'un côté par une plaque légè- rement concave, et de l'autre par la couronne. Cet instrument est remplacé quelquefois par la tré- phine anglaise ou trépan à main (fig. 177. H). Un couteau lenticulaire (fig. 176, L) ; un tire-fond (fig. 176, F); des élévatoires (fig. 176-177, V, V.) ; une rugine (fig. 176, R) et une pe- tite brosse pour enlever les sciures de l'os. Ces divers instruments sont renfermés dans la boîte à trépan. Les pièces de pansement se com- posent : 1° D'un sindon ou disque de toile d'un diamètre un peu plus grand que celui de la couronne du trépan et au centre duquel on a fixé une anse de fil. 2° D'un méningophylax, c'est-à- dire d'une tige métallique termi- née par une lentille et destinée à placer le sindon dans l'ouverture du crâne. Cet instrument était sur- tout employé autrefois, quand on appliquait le sindon entre les méninges et les parois du crâne. 3° De plumasseaux et d'un bandage approprié, frontal, simple ou composé. On doit également se munir d'une bande de la largeur de deux à trois travers de doigt et d'une longueur de 7 à 8 mètres. Mais cet appareil de pansement n'est utile qu'autant que la trépanation est faite sur les parois de la boîte crânienne; tandis que, lorsque cette opé- ration porte sur les sinus, comme cela a lieu ordinairement quand on la pratique chez le cheval, le pansement consiste tout simplement en une tente que l'on introduit dans l'ouverture faite par le trépan afin d'empêcher la cicatrisation pendant quelque temps. On s'est quelque- fois servi, principalement chez les ruminants, d'un bouchon de liège pour fermer ladite ouverture. Dispositions anatoniiqucs des sinus clies le cheval. — « Les sinus Fig. 177. — Tréphine anglaise et ses accessoires . H, tréphine. T, couronne de trépan, à pyramide. C, clef de la pyramide. V, élévatoire. DE LÀ TREPANATION. 173 sont des cavités très-anfractueuses, creusées dans l'épaisseur des os de la tète, sur la limite du crâne et de la face, autour des masses ethmoïdales qu'elles enveloppent. « Ces cavités, diverticules des fossesnasales, sont paires; on en compte -M Fig. 178. — Dispositions anatomiques des Fig. 179. — Dispositions anatomîques des sinus. sbius. F'F', Sinus frontal. F, Sinus frontal. 0', ouverture de communication du sinus frontal S, sinus maxillaire supérieur, avec le sinus maxillaire supérieur. M, sinus maxillaire inférieur. S', sinus maxillaire supérieur. C, conduit maxillo-dentaire. M', sinus maxillaire inférieur. cinq de chaque côté qui sont : les sinus frontal, maxillaire supérieur, sphénoïdal, ethmoïdal et maxillaire inférieur (1). » Les sinus frontal et maxillaires méritent seuls, au point de vue de la trépanation, une description spéciale. Sinus frontal. — Cette cavité, située au côté interne de l'orbite, est (1) A. Chauveau et S. Arloing, Traité d'anatomie comparée. 2e édition, p. 47.3. 174 DE LA TRÉPANATION. creusée dans le frontal, le sus-nasal, le lacrymal, comme on peut le voir par l'inspection des figures 178 et 179, l'ethmoïde et la partie supérieure du cornet ethmoïdal. 11 communique par une large ou- verture 0' (fig. 178) percée dans une mince cloison osseuse, avec le sinus maxillaire supérieur (fig. 178, S' et 179, S). « Une épaisse lame verticale souvent déviée à droite ou à gauche, mais toujours imper- forée, sépare ce sinus de celui du côté opposé » (A. Chauveau et Ar- loing). Sinus maxillaire supérieur ((ig. 178, S' et 179 S). —Ce diverticule, le plus vaste de tous, est creusé en dessous deTorbite, entre legrand sus- maxillaire, le zygomatique, le lacrymal et l'ethmoïde. Il est divisé en deux compartiments par le conduit maxillo-dentaire qui le traverse (!ig. 179, C). dLe compartiment interne constitue une sorte de bas-fond, continu avec les sinus sphénoïdaux et présente une fente étroite qui pénètre dans le sinus ethmoïdal. Le compartiment externe est séparé, en avant, du sinus maxillaire inférieur, au moyen d'une cloison que M. Goubauxa démontré être imperforée à tous les âges de la vie. Ce compartiment offre en saillie les racines des deux dernières molaires et se prolonge dans la protubérance maxillaire. » Ce sinus communique avec la fosse nasale correspondante par une fente ordinairement étroite et disposée en ligne courbe, située dans le méat moyen, entre les cornets, près des volutes ethmoïdales. M. Chauveau a vu quelque- fois cette fente convertie en un large trou qui permettait l'introduc- tion du bout du doigt. Sinus maxillaire inférieur (fig. 178, M' et 179, M). —Cette cavité, creu- sée dans l'épaisseur du grand sus-maxillaire, est séparée du sinus maxil- laire supérieur par la cloison dont il vient d'être parlé. Ce sinus ne communique point avec les autres, mais il s'ouvre dans la cavité nasale correspondante par une fente courbe qui existe au fond du méat moyen et qui fait, du reste, communiquer tous les sinus avec la fosse nasale du même côté. Le sinus maxillaire inférieur est partagé en deux compartiments : l'un interne, prolongé dans la cavité supérieure du cornet maxillaire; l'autre externe, montrant les racines de la quatrième molaire, parfois . celles de la troisième. En résumé, chez le cheval, tous les sinus, à l'exception du maxil- laire inférieur, communiquent directement entre eux, mais ils s'ouvrent tous dans la fosse nasale correspondante, par la fente courbe qui existe dans le méat moyen. Les sinus sont tapissés par la pitui taire qui présente une grande min- ceur dans l'état physiologique, mais que l'on trouve épaissie, trans- formée en appareil pyogénique dans le cas de coryza chronique avec collection purulente ou productions polypeuses. Lieux d'élection î lieux de nécessité. — On doit éviter autant que DE LA TRÉPANATION. 175 possible de trépaner sur les angles des os et sur les parties où ces or- ganes présentent leur plus grande épaisseur; il est prudent également d'éviter les muscles, les vaisseaux et les nerfs importants. Chez le cheval, les lieux d'élection de la trépanation sont représentés parla figure i80, ci-contre. 1° L'ouverture A est pratiquée dans le centre du sinus frontal; elle se trouve sur une ligne horizontale allant du milieu de la convexité de l'orbite d'un côté, à l'orbite du côté opposé. On peut trépaner à 2 ou Fig. 180. — Lieux d'élection pour la trépanation. 3 centimètres au-dessus de ce point central, ou au-dessous sur l'ho- rizontale cpui réunirait l'angle nasal de l'œil d'un côté, avec celui du côté opposé. Dans ce dernier cas, on intéresse la partie supérieure du sus-nasal. 2° En appliquant une couronne de trépan sur le point B à peu près à égale distance de l'angle interne de l'œil et de l'épine zygomatique, on pénètre dans le sinus maxillaire supérieur; si l'on opérait au-dessus et plus en avant, on tomberait sur l'insertion supérieure du muscle sus- maxillo-labial qu'il faut éviter. 3° Pour pénétrer sans danger dans le sinus maxillaire inférieur, il faut trépaner à 1 ou 2 centimètres au-dessus de l'épine zygoma- tique, avant la terminaison de celle-ci, c'est-à-dire dans le point G. 176 DE LA TKÉPANATION. Si l'on opérait au niveau de la partie terminale de l'épine zygomatique, on courrait le risque de blesser les branches terminales de l'artère glosso-f'aciale ou ses veines satellites. Chez le bœuf, on choisit, dans le cas de catarrhe des cornes, la base de ces appendices pour pratiquer la trépanation ; on pénètre de la sorte dans les sinus frontaux, qui, chez cet animal, se prolongent dans les chevilles osseuses supportant les cornes, et jusque dans le pariétal et l'occipital. Quand les parois crâniennes sont amincies et soulevées par le liquide renfermé dans une vésicule hydatique ou dans une poche purulente, on trépane sur le point précis où existe la saillie afin de pénétrer di- rectement dans bipartie malade. Si la trépanation est employée pour redresser les portions d'os frac- turés, on applique alors une couronne de trépan au voisinage des par- ties malades, pour engager ensuite, dans l'ouverture, un élévatoire dont on se sert, comme d'un levier du premier genre, pour mettre les parties fracturées en position normale. Lorsque cette opération est employée pour guérir le coryza chronique compliqué de collection purulente dans les sinus, on pratique alors deux ouvertures, l'une dans le sinus frontal du côté correspondant au jelage, l'autre dans le sinus maxillaire supérieur du même côté. On fait, par ces ouvertures, des injections détersives, astringentes ou autres, suivant les cas. Manuel opératoire. — Pour procéder à la trépanation, l'animal doit être couché sur le côté opposé à celui sur lequel on veut opérer ; on place, sous l'encolure et la tête, plusieurs bottes de paille afin de les maintenir élevées et l'on fait contenir la tête par plusieurs aides. L'o- pérateur coupe les poils sur la partie à opérer, puis il fait généralement une incision en V ; quelques auteurs ont conseilléj l'incision en T ; d'autres, l'incision semi-lunaire ; cette incision intéresse toute l'épais- seur de la peau et le périosle. 11 dissèque les lambeaux de cette incision dans une étendue suffisante pour pouvoir appliquer la couronne de tré- pan. En pratiquant cette dissection, il s'efforce de ménager le périoste: toutefois, dans la plupart des cas, les adhérences de cette membrane sont telles qu'on se voit obligé d'avoir recours à la rugine pour bien dégarnir la surface de l'os et empêcber à la couronne de glisser sur le côté ; dans ce cas, le périoste est en partie détruit, mais il ne faut pas faire agir la rugine au delà des limites du disque osseux que la cou- ronne de trépan va circonscrire. La surface osseuse étant mise à nu, on renverse les lambeaux cuta- nés et on les recouvre de compresses pour les préserver de l'action des instruments. On choisit la couronne de trépan et, après l'avoir armée de sa pyramide, on l'applique sur le point à trépaner: on saisit avec la main gauche la plaque en bois qui surmonte l'arbre du trépan en appuyant dessus, puis on imprime à l'instrument, tenu de la main DE LÀ TRÉPANATION. 177 droite, parla boule mobile de sa partie moyenne (fig. 181), un mou- vement rapide de rotation de droite à gauche. Les dents de la cou- ronne ne tardent pas à tracer leur rainure circulaire. Lorsque celle-ci est assez profonde pour empêcher la couronne de s'échapper, on dé- Fig. 181. — Manuel opératoire de la trépanation. visse la pyramide au moyen de la clef, afin de ne pas blesser les mé- ninges et le cerveau lorsqu'on trépane sur la région du crâne ; mais il est facile de comprendre que, quand la trépanation est pratiquée pour ouvrir les sinus, celte précaution est superflue. Si l'on se sert du vile- brequin à pyramide l\xe de Bichat (fig. 176), il suffit d'abaisser la cou- ronne de trépan jusqu'à ce qu'elle soit de niveau avec l'extrémité ter- minale delà tige, qui tientlieu de pyramide. On continue ensuite l'opé- ration, en précipitant le mouvement de rotation. Il faut veiller à ce que la couronne agisse également par tous les points de sa circonfé- rence. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II. — 12 178 DE LA TREPANATION. Quand on juge que l'os est intéressé dans toute son épaisseur, il faut agir avec beaucoup de ménagements, si l'on trépane sur la boîte crânienne, afin de ne pas enfoncer l'instrument dans la substance céré- brale. On cherche alors à arracher ou tout au moins à ébranler le dis- que osseux au moyen du tire-fond. Lorsqu'enfin il se détache complè- tement, on entend un craquement bien distinct; on retire alors le trépan, et quelquefois la rondelle osseuse sort en même temps que la couronne ; dans le cas contraire, on réapplique le tire-fond, ou bien encore on la l'ait sauter avec l'extrémité d'unélévatoire employé à la manière d'un levier du premier genre. S'il existe au pourtour de l'ouverture des aspérités osseuses, on les enlève avec le couteau lenticulaire. Avec la tréphine, l'opération est également très-simple. On l'ap- plique d'abord armée du perforatif; puis, par des mouvements de ro- tation de jdroite à gauche et de gauche à droite, accompagnés d'une pression convenable, on fraye à la couronne une voie suffisante. On enlève le perforatif et on continue l'opération jusqu'à la section com- plète de l'os ; les autres règles sont les mômes. Nous pratiquons souvent la trépanation des sinus avec un vilebre- quin ordinaire, auquel nous fixons une couronne de trépan à pyramide. Quel que soit l'instrument employé, quand l'ouverture est faite, on remplit les indications pour lesquelles la trépanation a été mise en usage. S'agit-il d'une fracture avec enfoncement des os ? On redresse ceux-ci; on extrait les esquilles. Veut-on extraire une vésicule hyda- tique?On lâche d'enrouler ses parois autour des mors d'une pince fine, ou mieux, comme l'a conseillé Maillet, autour des barbes d'une plume, et, en tirant à soi, on parvient dans quelques cas à l'extraire en entier. A-t-on affaire aune collection purulente dans les sinus? On injecte alors par l'ouverture de trépan un liquide modificateur; on fait incli- ner la tète de l'animal pour favoriser la sortie du liquide. On peut ap- pliquer plusieurs couronnes de trépan, c'est-à-dire faire deux ou trois ouvertures. On en fait deux dans le cas de coryza chronique; il est rare que l'on dépasse ce nombre ; quand on trépane les parois crâniennes, on ne fait habituellement qu'une seule ouverture. Pansement. Soins consécutifs. — Le pansement que l'on emploie après la trépanation varie suivant le but qu'on s'est proposé en prati- quant cette opération. S'il est indiqué d'obtenir le plus tôt possible l'oc- clusion de l'ouverture produite par le trépan, comme c'est le cas quand on a redressé des parties fracturées ou extrait une hydatide, on ap- plique alors, au fond de l'ouverture, le sindon préalablement préparé en se servant à cet effet d'un stylet boutonné ou du méningophylax, et l'on dispose, par-dessus, une boulette d'étoupes, puis un plumas- seau que l'on maintient à l'aide d'une bande offrant une largeur de deux à trois travers de doigt et une longueur suffisante pour s'entre- croiser sous la mâchoire inférieure et remonter de chaque côté sur la nuque de manière à former un 8 de chiffre. On fixe ce bandage à OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. 179 l'aide de points de suture ou d'épingles. On pourrait également se servir d'un des bandages inventés par Bourgelat, soit le frontal simple, soit le frontal composé, suivant la région sur laquelle a porté le trépan. Après la trépanation sur les os du nez ou de la face, où l'on ne peut pas maintenir l'appareil ' à l'aide d'un bandage, Gourdon conseille de remplacer celui-ci par un emplâtre agglutinatif formé avec de la poix qu'on applique immédiatement sur les lambeaux de peau rapprochés. Si l'on a trépané les sinus frontaux ou maxillaires, pour pouvoir y pratiquer des injections, il est alors indiqué de maintenir dilatées les ouvertures faites par le trépan. A cet effet, on y introduit une tente dont le diamètre est proportionné au calibre de la solution de conti- nuité, quelquefois on se sert d'un simple bouchon de liège. Chez les ruminants ce moyen de dilatation, ce pansement divisif, est fréquemment employé après la trépanation de la base des cornes. La levée de l'appareil est subordonnée aux indications à remplir. Si l'on veut obtenir l'occlusion immédiate de l'ouverture de trépanation, on laisse le pansement en place pendant quatre ou cinq jours ; dans le cas contraire, on le renouvelle tous les jours. La cicatrisation de l'ouverture faite par le trépan a lieu par la for- mation de bourgeons charnus qui ne tardent pas à combler l'excava- tion creusée dans le tissu osseux, et subissent peu à peu la transforma- tion cartilagineuse. Ce tissu cartilagineux s*imprègne par places de sels terreux; il subit d'abord la calcification, puis une ossification vérita- ble, et les brèches pratiquées dans le tissu osseux ne tardent pas à se cicatriser complètement. CHAPITRE H OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. ART. Ier. — OPÉRATIONS SUR LES INCISIVES, CHEZ LE CHEVAL. § 1er. — Resection des incisives. Cette opération est indiquée : \° Quand il existe une ou plusieurs incisives surnuméraires, qui ac- quièrent un excès de développement, ce qui rend la préhension des aliments difficile ou même impossible ; 2° Lorsqu'à la suite d'une fracture l'incisive qui correspond à celle qui a été brisée acquiert un excès de développement ; 3° Chez les vieux chevaux dont les incisives supérieures s'accroissent 180 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. démesurément, de telle sorte que le bout de la mâchoire présente cette difformité que l'on désigne sous le nom de bec de corbin. On procède à celte opération sur l'animal maintenu debout. On se sert du coupe-dents (fig. 187) ou mieux d'une petite scie â main. Cet instrument permet de l'aire une section plus nette que le coupe-dents, mais la résection exige plus de temps. §2. — Évulsion des incisives. Cette cernent. •pération se pratique, chez le cheval, sur les dents de rempla- Elle est assez souvent mise en usage, surtout quand la dent caduque persiste au delà du temps qui lui a été assigné par la nature et gêne, par sa présence, la sortie de la dent persistante qui peut ainsi être déviée. On se sert ordinairement des tricoises pour arracher les dents de lait. En agissant avec ména- gement, aucun accident n'est à craindre, quoi qu'on en ait dit. M. Zundel a recommandé l'em- ploi de plusieurs daviers analogues à ceux em- ployés chez l'homme (1). Nous nous bornerons à faire connaître le davier représenté par la ligure IN2, qui est une sorte de pince à mors courbes et dentelés, pré- sentant une longueur de 25 à 30 centimètres environ et dont les branches sont légèrement incurvées. On peut très-bien remplacer cet ins- trument par la paire de tricoises, qu'on trouve à peu près partout. ART. II. — OI'EUATIONS SUR LES DENTS MOLAIRES. « Deux indications principales sont à remplir, dit M. H. Bouley, pour remédier aux altérations de l'appareil masticateur qui sont susceptibles de mettre obstacle à l'exécution de ses fonctions : « 1° Niveler les arcades dentaires pour en l'aire disparaître les aspérités ou les saillies anorma- les, et permettre ainsi l'exacte coaptation et le jeu libre des mâchelières des deux mâchoires, les unes contre les au- tres ; Fig. 182. — Davier j,i>m l'extraction des inci- sives caduques. (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie d'Hurtrel d'Arbova!, revu par M. Zundel, p. 542. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. 181 « 2° Extirper ceux des organes dentaires qui ont subi des altérations trop profondes pour que leur conservation soit compatible avec l'exé- cution régulière de la mastication (1). » § lor. — Nivellement des arcades dentaires. On se servait autrefois, pour niveler les dents molaires, soit de la râpe du maréchal, soit de la gouge. La râpe était employée quand la difficulté de la mastication était due à de simples aspérités des tables dentaires sur le bord externe ou le bord interne. On introduisait cet outil dans la bouche du cheval, et on l'y maintenait pendant un cer- tain temps. Alors, l'animal mâchonnait continuellement et les par- ties anguleuses des molaires s'usaient peu à peu sur la râpe. On ap- pelait et on appelle encore cette manœuvre, faire mâcher la râpe. Il fallait répéter cette sorte d'opération pendant plusieurs jours de suite jusqu'à ce que le nivellement fût obtenu. Quand la difficulté de la mastication ne tenait pas à de simples aspé- rités ou pointes, mais à la présence d'une saillie très-prononcée d'une molaire sur l'une ou l'autre des arcades, on avait recours au nivelle- ment d'emblée, au moyen de la gouge, et du maillet. On effectuait cette opération sur l'animal maintenu debout ou cou- ché suivant le plus ou moins de difficultés qu'elle paraissait présenter et l'indocilité du sujet. On maintenait la bouche ouverte à l'aide du spéculum, désigné sous le nom de pas-d'âne, puis l'opérateur saisissait la langue et la faisait maintenir au dehors. Un aide, armé d'un marteau, devait frapper sur la tète de la gouge un coup sec et bien mesuré, à chaque commandement qui lui était donné. L'opérateur appliquait le tranchant de l'instrument sur la saillie de la dent et l'aide frappait sur la tête de la gouge. « La première de ces opérations, dit M. H. Bouley, est très-simple, d'une exécution facile, sans aucun danger pour l'animal, età la rigueur elle peut dans les cas ordinaires suffire pour répondre aux indications ; mais la seconde n'est pas exempte de dangers. La gouge peut, sous l'impulsion violente du marteau, faire une échappée et aller blesser grièvement ou la langue, ou les joues, ou la voûte palatine, ou le voile du palais ; souvent aussi il arrive, sur les chevaux un peu âgés, que la dent percutée, au lieu d'être brisée, est luxée complètement au dehors de l'alvéole dont les bords se fracturent. Enfin l'opérateur lui-même peut être blessé par le marteau lorsque la gouge est dérangée subite- ment par un mouvement de l'animal, au moment où est porté le coup destiné à la frapper. « Brogniez (de Bruxelles) a donc été heureusement inspiré lorsqu'il a (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., t. IV, art- Maladies des dents, p. G48. 1S2 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. substitué à ces opérations primitives et grossières celle à laquelle il a donné le nom d'odontritie. « L'odontritie se pratique à l'aide d'un instrument Irès-ingénieusement conçu et exécuté par Grogniez lui- même, qui était un très-habile méca- nicien (I). » Cet instrument (fig. 183), appelé par son inventeur, rabot or/on triteur, se com- pose d'une tige métallique pleine, d'une longueur de 75 centimètres, portant à Tune de ses extrémités une espèce de cadre ou de châssis ovalaire (c) dont les montants arrondis sont légèrement incurvés en avant et en arrière. Cha- cun de ces montants est, creusé dans son milieu d'une mortaise pour rece- voir une forte lame munie de deux tranchants demi-circulaires, l'un anté- rieur, l'autre postérieur. Cette lame est fixée sur chaque montant de telle sorte que l'on peut la changer aisément. Ainsi encadrée, la lame peut être fa- cilement mise en rapport avec les sail- lies des dents, grâce au relevé que pré- sente en avant et en arrière le châssis qui l'entoure ; et elle n'est pas suscep- tible de faire des blessures aux parties molles, parce que ce châssis sert d'ar- mature qui les protège contre les échappées. L'autre extrémité de la tige pleine du rabot est engagée dans une tige creuse, d'une longueur de 30 cen- timètres, dans laquelle elle glisse avec facilité, sans toutefois pouvoir s'en sé- parer. Cette tige creuse se termine par une sorte de poignée transversale (p) en fer ou en laiton massif, faisant of- fice de marteau auquel elle sert pour ainsi dire de conducteur. Brogniez avait recommandé de disposer une pe- tite vis de pression (v) sur la tige creuse afin de pouvoir, si on le ju- geait nécessaire, fixer la tige pleine. (I) Loc. cit., p. 150. Tu is:i. — Rabot oâontriteur di- Brogniez. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. 183 Les rabots odontriteurs que l'on fait aujourd'hui ne sont pas munis de cette vis de pression. Pour se servir du rabot odontriteur, on opère sur l'animal maintenu debout : un tord -nez est appliqué à la lèvre supérieure. Brogniez re- commandait de maintenir la bouche ouverte à l'aide du bridon-spé- culum ; mais, comme le fait remarquer M. H. Bouley, cette ma- nœuvre n'est pas nécessaire, car les animaux maintiennent eux- mêmes leur bouche suffisamment béante lorsque la langue est extraite et fixée en dehors avec la main; d'un autre côté, l'emploi du spécu- lum détermine sur les barres des excoriations et même, dans quelques cas, la nécrose de l'os à l'endroit où les traverses de l'instrument ont porté. Aussi, réserve-t-on ordinairement l'usage du spéculum poul- ies opérations difficiles qui se pratiquent sur les dents, révulsion no- tamment. Pour maintenir la bouche ouverte, on saisit la langue et on la confie à un aide qui la maintient au dehors entre l'une ou l'autre des commissures des lèvres. Puis « l'opérateur applique le tranchant antérieur du rabot sur le bord externe de la première dent molaire supérieure, et, tenant de la main gauche sa tige pleine, il saisit de la droite la masse terminale de sa tige creuse et la met en mouvement, en la tirant et en la poussant alternativement dans un champ d'autant plus étendu et avec d'autant plus de force qu'il veut surmonter une plus grande résistance. Le rabot fait alors l'of- fice d'un ciseau de sculpteur et, à chaque coup qu'il reçoit, il fait disparaître sous son tranchant poussé en avant l'obstacle qu'il ren- contre. Lorsque tout le bord d'une arcade a été nivelé, on en fait au- tant à l'arcade opposée, et ainsi de suite pour les quatre rangées den- taires. « Maintenant, pour se servir du tranchant postérieur du rabot, l'opé- rateur, au lieu de pousser l'instrument devant soi, le ramène à soi, et il nivelle ainsi, par cette nouvelle manœuvre, les aspérités qui ont pu échapper à l'action du ciseau, poussé d'avant en arrière. « Enfin, lorsque le ciseau poussé en avant et ramené en arrière ne se heurte plus à aucune inégalité, on achève l'opération à l'aide d'une râpe qui sert à niveler exactement le bord des arcades et à faire dis- paraître les dernières aspérités sur lesquelles la muqueuse pourrait s'excorier » (H. Bouley) (1). On peut employer, à cet effet, la râpe du maréchal, mais il est préfé- rable de se servir d'une râpe spéciale dite râpe dentaire (fig. 184), qui est d'un maniement beaucoup plus commode. Elle se compose d'une plaque métallique de 4 à 5 millimètres d'épaisseur, pliée à angle droit dans toute sa longueur, de manière à pouvoir s'appliquer exactement sur le bord des arcades, munie à sa face interne d'aspérités semblables à celles de la râpe, lisse et polie à sa face externe; une longue tige, ter- (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. IV, p. G52. 18i OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. minée par un manche, supporte cette plaque. On se sert de cet ins- trument en appliquant sa concavité sur le bord des tables dentaires et en lui imprimant un mouvement rapide de va-et-vient. Par l'em- ploi de cet instrument, on est moins exposé à blesser ou contondre les parties molles qu'avec la râpe du maréchal . Pour achever le nivellement des dents, Brogniez recommandait de serrer la vis de pression de l'instrument et d'im- primer à celui-ci un mouvement alternatif de va-et-vient semblable à celui que le menuisier communique au rabot pour travailler le bois. On coupe ainsi les petites aspérités qui pourraient avoir échappé. Mais on emploie habituellement, dans ce but, la râpe dentaire. M. Charlier a modifié le rabot odontriteur de Brogniez en donnant plus de longueur au châs- sis qui termine l'instrument et en substituant une tige à choc au marteau qui termine la tige creuse, de telle sorte ^ que le poids du marteau se trouve réparti dans toute la longueur de la tige, au lieu d'être réuni en masse à son extré- mité : aussi, ajoute M. Charlier, l'instrument est-il bien plus commode, bien plus mania- ble (1). » Le rabot odontriteur muni d'une tige à choc est en effet plus commode que l'autre, mais l'a- grandissement du châssis qui encadre la lame, proposé par M. Charlier pour pouvoir entou- rer une saillie dentaire volumineuse, s'oppose, comme l'a fait remarquer M. H. Bouley, à ce que l'on puisse pousser l'instrument jusqu'à la dernière molaire, sans qu'il aille heurter et con- tondre le maxillaire au delà de la rangée den- taire. D'un autre côté, quand une dent fait une forte exubérance, l'emploi du rabot est insuffi- Fig. 184. sant pour la niveler, il faut avoir recours à l'em- Ràpe dentaire. ploi du ciseau odontriteur ou du coupe-dents dont nous parlerons plus loin. Prangé, de son côté, a apporté quelques modifications au rabot odontriteur auquel il donne le nom de coupe-dents. Ces modifications portent sur la lame et le manche. Au lieu d'une lame, comme dans l'instrument inventé par Brogniez, il en a trois diversement configurées : « celle qui est vue en place (fig. 485) dans le châssis ou le cadre de l'instrument, par sa forme spéciale, est plus particulièrement destinée (1) Recueil de médecine vétérinaire, 185'8, p. 355. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. 185 à niveler le bord des dents ; les deux autres lames sont appropriées Fig. 185. — Coupe-dents Prangé. Fig. 18G. — Ciseau odontriteur de Brogniez. 186 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES DENTS. pour agir sur les inégalités de la table dentaire. Le tranchant des lames est en biseau imitant celui du burin, disposition la plus avantageuse pour couper toute espèce de corps durs... Le manche consiste en deux tubes dont l'un se trouve fixé au moyen de deux rivets sur la tige prin- cipale placée au centre; l'autre porte une poignée en fer plein, et, à l'aide d'un mécanisme simple, il coulisse, par deux rainures, entre le tube extérieur et la tige. Ce tube fait l'office de marteau (I). » M. H. Bouley trouve que cette dernière modification a peut-être plus d'inconvénients que d'avantages. La tige percutante du coupe-dents Prangé lui paraît « trop courte, trop légère, pas assez libre dans le tube qui l'engaîne : toutes circonstances qui diminuent la force ac- tive de cet instrument et en rendent l'usage fatigant pour l'opéra- teur (2). » En résumé, le rabot odontriteur, tel qu'il est sorti des mains de Brogniez, est parfaitement approprié à son usage. § 2. — Resection des dents molaires. Quand il s'agit d'abattre des saillies dentaires volumineuses, on em- ploie divers instruments que nous allons décrire . Ciseau odontriteur. — Inventé par Brogniez, cet instrument (fig. 186) se compose de deux tiges : l'une est terminée par un Cïidre , plus large que celui du rabot odontriteur, afin d'embrasser toute une dent, et la partie antérieure présente une sorte de lame fixe dont le dos est tourné en arrière et le tranchant (a) en avant; l'autre tige offre h sa partie terminale une lame (c) qui peut glisser dans deux rainures {b) creusées sur les montants du cadre. La tige à laquelle le cadre est fixé porte à son extrémité opposée « deux prolongements en T dont un plus petit {e) est traversé par la tige mobile (/') tandis que l'autre (g) sert à recevoir le contre-coup, en y appliquant un marteau, par exem- ple (3). » Pour se servir de cet instrument, on place la dent entre les deux tranchants, on dispose un marteau contre le prolongement de la tige fixe (g) pour faire contre-appui; un aide frappe, avec un marteau, un coup sec et bien mesuré sur le bouton (h) de la lige mobile, tandis que l'opérateur maintient l'instrument de telle sorte que la portion de dent à enlever soit bien comprise entre les deux tranchants afin qu'elle soit coupée avec netteté et d'un seul coup. Gowing a perfectionné le ciseau odontriteur de Brogniez ; toutefois dans le ciseau de Gowing de môme que dans celui de Brogniez, c'est à l'aide d'un marteau que l'impulsion est communiquée à la lame mo- (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1858, p. 527. (2) Dictionnaire ) Journal de méd. vétêr. de l'école de Lyon, ISo9, p. 519. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX 211 On peut se servir encore d'un morceau de papier enroulé et taillé en pointe. § 2. — Paracentèse de la cornée. Cette opération a pour but de donner issue au liquide accumulé dans la chambre antérieure de l'œil ou d'évacuer le contenu d'un abcès de la cornée. Nous avouons n'avoir jamais eu l'occasion de la pratiquer. Si l'on se décidait à l'employer, il faudrait préalablement fixer le globe oculaire au moyen des instruments dont nous parlerons à propos de la cataracte. Cela fait, on opérerait comme chez l'homme, en enfonçant obliquement, dans la cornée, unepetite aiguille terminée en fer de lance ou bien le couteau lancéolaire (fig. 200), et, lorsque la Fig. 200. — Contenu lancéolaire. pointe aurait pénétré dans la chambre antérieure, on rapprocherait l'instrument de la face postérieure de la cornée de façon à ne pasbles- ser l'iris. Si l'écoulement de l'humeur aqueuse ne se faisait pas libre- ment, on écarterait les bords de la plaie avec un petit stylet. La ponc- tion de la cornée pourrait être pratiquée plus simplement au moyen d'une des aiguilles creuses de l'appareil Dieulafoy , ce qui permettrait d'aspirer les liquides morbides épanchés dans la chambre antérieure de l'œil ou le pus formé entre les lames de la cornée, sans produire aucun délabrement. § 3. — Opérations dirigées contre les staphylômes de la cornée. On appelle staphylôme une tumeur arrondie ou conique formée par une sorte de hernie de l'iris. Cette tumeur a quelque analogie, par sa forme, avec un très-petit grain de raisin. Elle est très-com- mune chez le chien, et se montre surtout pendant la maladie du jeune âge. Il y a longtemps que Barthélémy aîné a fait remarquer que le staphylôme est très-grave, « presque incurable, à moins qu'il ne soit pris dans son principe, car, le plus souvent, dans tout autre cas, l'ulcération s'étend bientôt, l'œil finit par diminuer de volume et s'atrophier. » On y remédie par les moyens suivants : a. Cautérisation. — Elle se pratique au moyen du crayon de nitrate d'argent avec lequel on touche le staphylôme à plusieurs reprises. Les moyens chirurgicaux que nous avons à mentionner exigent que l'animal soit préalablement soumis à l'anesthésie. •212 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. b. Ligature. — Borelli a conseillé d'employer, chez l'homme, le pro- cédé suivant : on traverse la base de la tumeur avec deux épingles, en croix, et au-dessous d'elles on jette un fil que l'on serre fortement. La portion étranglée se détache généralement au bout de trois jours. Cette opération peut donner lieu à une phlegmasie intense suivie de suppu- ration. c. Excision totale. — On l'effectue d'un seul coup de ciseaux, puis on lotionnc la plaie avec de l'eau alunée. Leblanc rapporte avoir réussi une fois, par ce procédé. ART. IV. — OPÉRATION DE LA CATARACTE. Sous le nom de cataracte, on désigne l'opacité du cristallin ou de la capsule qui l'enveloppe. Cette lésion produit la cécité. Pour rétablir la vision, on a recours, chez l'homme, à l'opération dite de la cataracte; chez nos animaux domestiques, cette opération, quoi qu'on en ait dit, n'a pas une grande importance : ce n'est guère que chez le chien et le cheval qu'elle peut être tentée dans quelques cas exceptionnels. Nous résumerons donc très-succinctement les diverses méthodes qui ont été conseillées. Mais, au préalable, nous étudierons les moyens à employer pour dilater la pupille, fixer le globe oculaire et écarter les paupières. A. — DILATATION DE LA PUIILi.E. Pour obtenir cette dilatation, on instille entre les paupières quelques gouttes d'un collyre composé de : Extrait de belladone 0er,50 Eau distillée 5 gr . ou bien : Sulfate d'atropine 0e',01 Eau distillée 10 gr. L'emploi de cette préparation doit avoir lieu une demi-heure ou une heure avant l'opération. B. — FIXATION DU GLOBE OCULAIRE. On couche le sujet à opérer, du côté opposé à l'œil malade; puis, chez le cheval, on fixe l'œil soit au moyen du stylet tricuspide de Leblanc, soit h l'aide du diaptateur de Brogniez, Le stylet de Leblanc (fig. 201) se compose de trois branches dont deux sont réunies, sur la tige principale, à la manière des dents d'une fourche et la troisième glisse à volonté dans une mortaise dont la OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. 213 châsse présente une vis de pression, qui permet de fixer la branche mobile à la distance convenable. « Les deux branches soudées s'appli- quent sur la sclérotique de l'angle interne de l'œil; elles retiennent la troisième paupière qui cherche toujours à couvrir le bulbe et en même Fig. 201. — Stylet tricuspide de Leblanc pour fixer le globe oculaire. temps elles empêchent le bulbe de se mouvoir d'un côté à l'autre. L;i troisième tige, qui est mobile, tombe sur la partie inférieure de la sclérotique, elle s'y enfonce et contribue à la fixité de l'organe (1). » Le diaptateur de Brogniez (fig. 202) se compose « d'une tige en acier d'un pouce de longueur, montée sur un petit manche en ébène, taillé Fig. 202. — Diaptateur d<- Brogniez 'pour fixer te globe oculaire. à pans ; cette tige est terminée par trois ou quatre pointes fines comme autant d'aiguilles courtes tort aiguës et inclinées en spirale comme un petit tire-bouchon (2). » On enfonce cet instrument dans la sclérotique, et, d'après Brogniez, il fixe l'œil d'une telle manière qu'il fait pour ainsi dire corps avec lui. M. Lafosse a conseillé d'immobiliser l'animal au moyen' de l'anes- thésie. Nous ajouterons que l'on ne peut guère pratiquer l'opéra- tion de la cataracte, — chez les animaux, — avec toute la sûreté et la précision désirables, si l'on n'a pas recours préalablement à l'anesthésie. Grâce à ce puissant auxiliaire nous avons opéré avec succès plusieurs Fig. 203. — Pince de Walrfan pour fixer le globe oculaire. chiens affectés de cataracte ; toutefois, pour fixer l'œil, nous nous sommes servi de la pince de Waldan (fig. 203). Avec cet instrument on (1) Leblanc, loc. cit., p. 385. (2) Brogniez, Traité de chirurgie vétérinaire , t. II, p. 435. 214 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. saisit la conjonctive à la partie interne de l'œil, et en appuyant légère- ment, le globe oculaire se trouve maintenu. C. — ÉCARTEMENT DES PAUPIÈRES. On l'obtient soit au moyen d'érignes plates, maintenues par des aides, soit avec une sorte de blépharostat (fig. 204) consistant en un fil Fig. 204. — Blépharostat. métallique disposé en anse allongée et recourbée en sens inverse à chaque extrémité. D. — POSITION DE L'OPÉRATEUR. Le chirurgien se place par côté de ranimai, en regard de l'œil à opérer : il doit être ambidextre. Après ces préliminaires, nous pouvons aborder l'étude des diverses méthodes opératoires. § i. — Méthodes opératoires. — Abaissement. On se sert, pour pratiquer cette opération, d'une aiguille courbe ter- minée par un fer de lance (fig. 205) dite aiguille de Scarpa. Pour faire Fig. 205. — Aiguille à cataracte. l'abaissement, on peut introduire l'aiguille par la sclérotique [acléroti- conyxis) ou par la cornée {kératonyxis) ; de là, deux procédés. Premier procédé. — Selérotiooiijxis. — NOUS Supposerons que l'on opère sur l'œil gauche et chez le chien ; alors l'opérateur, tenant l'ai- guille, comme une plume à écrire, avec les trois premiers doigts de la main droite, tandis qu'avec les deux derniers il prend un point d'appui sur la joue, l'opérateur, disons-nous, enfonce l'aiguille dans le côté ex- OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. 215 terne de la sclérotique à 3 millimètres au-dessous de l'équateur de l'œil, c'est-à-dire du plus grand diamètre transverse, et à 4 millimètres en arrière du bord externe de la cornée. Chez le cheval, d'après M. La- fosse, il faut faire pénétrer l'aiguille dans la sclérotique à 5 millimètres de la cornée. — Ce lieu d'élection permet de respecter l'artère ciliaire longue. Cela posé, nous diviserons l'opération en trois temps. Premier temps. — Introduction de l'aiguille et déchirure de la capsule cristalline. — L'aiguille est enfoncée obliquement de bas en haut et de dehors en dedans, la convexité dirigée en haut. Puis, lorsque la lance a pénétré dans l'œil, en imprimant à l'instrument un mouvement de rotation sur lui-même, on tourne la convexité de la lance vers l'iris et on la fait cheminer derrière la face postérieure de cette membrane. On l'aperçoit dans le champ pupillaire, et elle est alors enfoncée dans les couches corticales du cristallin. On déchire la capsule, transversalement ou verticalement, avec l'aiguille conduite dans ce sens. Deuxième temps. — Abaissement du cristallin. — L'opérateur retourne l'aiguille et en applique la face concave sur la partie supérieure de la lentille cristalline, puis il fait basculer la portion extra-orbitaire de l'instrument autour du point de pénétration dans la sclérotique, consi- déré comme centre. On maintient le cristallin ainsi abaissé pendant une demi-minute. Quand le cristallin a de la tendance à remonter, on renouvelle la même manœuvre jusqu'à ce qu'il reste en place. Troisième temps. — Sortie de l'aiguille. — On retire l'aiguille très-lente- ment en remettant successivement la lance dans les différentes posi- tions qu'on lui a fait prendre pour l'introduire. Deuxième procédé. — Ké raton > vis. — On fait la ponction de la cornée au-dessous du diamètre transverse et à 3 ou i millimètres du centre de cette membrane; on arrive sur le cristallin en passant par l'orifice pupillaire qui doit être très-dilaté, et on opère comme précédemment. § 2. — Extraction. On connaît plusieurs procédés; nous nous contenterons de décrire le suivant que nous empruntons à Dubrueil et qui nous a donné quel- ques résultats assez satisfaisants chez le chien. Les instruments nécessaires sont : le couteau de Richter modifié par Fig. 20G. — Couteau de Richter Béer (fig. 206) ou mieux le couteau inventé par de Graafe (fig. 207) ; une curette (fig. 208), un kystitome (fig. 209) et des ciseaux courbes. Premier temps. — Incision de la cornée (kératotomie inférieure). — Si 216 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. le chirurgien opère sur l'œil gauche, il tient entre les trois premiers doigts de la main droite, le couteau dont le tranchant regarde en bas, Fig. 207. — Couteau de Graafe. tandis qu'avec la main droite, il prend un point d'appui sur la joue, l'annulaire étant replié dans la paume de la main ; de la main gauche, Fig. 208. — Curette il saisit, avec la pince deWaldan, un pli de la conjonctive du côté interne et immobilise ainsi l'œil, dans une position convenable, e'est- Fig. 209. — Kystitome. à-dire regardant un peu en haut et en dehors. Le couteau est enfoncé à un millimètre au-dessous du diamètre transverse de la cornée et à un millimètre en dedans de la circonférence de cette membrane, ou mieux à la limite extrême de cette circonférence, et presque perpendiculaire- ment à sa surface. Lorsque la pointe a pénétré dans la chambre anté- rieure, on redresse l'instrument en portant le manche en dehors et en arrière, et on enfonce transversalement et horizontalement la lame en avant de l'iris, de façon que la pointe vienne ressortir sur un point diamétralement opposé à celui où a été pratiquée la ponction. Deuxième temps. — Section de la capsule cristalline. — Par l'incision faite à la cornée, l'opérateur introduit le kystitome en dirigeant la con- vexité de l'instrument vers la cornée. Lorsque cet instrument est arrivé vers le bord supérieur de la pupille, le tranchant en est appliqué sur l'enveloppe cristalloïde antérieure que l'on divise de haut en bas et au besoin en travers, en évitant que, pendant ces mouvements, la tige du kystitome vienne s'engager dans les angles de la plaie de la cornée et soulever le lambeau. La section capsulaire terminée, on retire le kystitome en répétant, en sens inverse, la manœuvre que l'on a exécutée pour son introduction. On laisse les paupières se refermer. Troisième temps. — Extraction du cristallin. — Au bout d'un instant, l'opérateur écarte doucement les paupières, en soulevant la supérieure avec le pouce d'une main et abaissant l'inférieure avec l'index et le OPERATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. 217 médius de l'autre main. Il n'en faut quelquefois pas davantage pour faire sortir le cristallin. Dans le cas contraire, on exerce une légère pression sur la partie supérieure du globe oculaire avec le doigt ou le dos de la curette, directement ou à travers la paupière supérieure. En dernier ressort, on introduira derrière le cristallin une curette sur laquelle on chargera le cristallin pour l'extraire. Il nous resterait à parler de la discision et du broiement, mais ces méthodes opératoires ne sauraient être appliquées aux animaux, avec quelque chance de succès ; pour ce motif, nous les passerons sous silence. Appréciation. — Dès deux méthodes opératoires décrites précédem- ment, il en est une qui chez les animaux, notamment chez le cheval mérite la préférence sur l'autre, c'est l'abaissement, puisque Leblanc rapporte, dans son ouvrage sur les maladies des yeux, plusieurs faits favorables à cette méthode. Nous avons pratiqué quatre fois l'extraction chez le chien, et, dans trois cas, le succès a couronné l'opération; dans le quatrième cas, la fonte purulente de l'œil est survenue. Nous avons fait une fois l'abaissement chez une vieille chienne de chasse, affectée d'une calaracte double, et, bien que les suites de l'opération aient été fort simples et chaque cristallin bien abaissé, la bête n'a pas pu être employée pour la chasse. Soins consécutifs. — Accidenta. — Dès que l'opération est terminée, on applique sur l'œil une compresse que l'on maintient avec un ban- dage monocle. On renouvelle ce pansement au bout de vingt- quatre ou quarante-huit heures. On place l'animal dans un lieu obscur et on le surveille ou on l'attache de telle sorte que la région opérée soit A l'abri des frottements. Brogniez avait même imaginé, pour remplir cette in- dication un diophthalme, sorte d'appareil formé par des tiges métalliques convexes, entourant le sommet de la tête. Les accidents surviennent pendant ou après l'opération. Dans le premier cas, nous avons observé unehémorrhagie surtout quand on opère par extraction. Alors, on a conseillé d'attendre pour terminer l'opération, que le caillot sanguin ait été résorbé. Cette précaution peut être bonne, mais elle n'est pas indispensable. Après l'extraction du cristallin, une ophthalmie intense peut se déclarer, l'humeur aqueuse, d'abord trouble, devient purulente, et les parties constituantes de l'œil peuvent être détruites par suppuration. L'opération de la cataracte n'offre chez les animaux domestiques qu'un simple intérêt de curiosité, puisqu'on ne peut, comme chez l'homme, remplacer le cristallin, de telle sorte que la vision ne peut être rétablie dans des conditions convenables pour l'utilisation des animaux. Aussi en avons-nous réduit Fétude à sa plus simple expres- sion. 218 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES YEUX. ART. V. — EXTIRPATION DU GLOBE OCULAIRE. Cette opération est indiquée dans le cas de dégénérescence cancé- reuse de l'œil, d'exophthalmie, comme on l'observe si fréquemment chez les chiens à la suite de coups de griffes qu'ils reçoivent des chats. C'est ainsi que nous avons eu plusieurs fois l'occasion de pratiquer cette opération, par le procédé suivant. L'animal étant convenable- ment fixé, les paupières écartées, on saisit l'œil avec une pince à dents de souris; puis, si cet organe a acquis un volume considérable, on fend avec le bistouri la commissure externe des paupières; on en- fonce ensuite l'instrument au niveau de l'angle interne de l'œil en longeant la paroi osseuse de l'orbite jusqu'au trou optique et on le conduit de dedans en dehors en rasant le plancher de l'orbite. Arrivé au niveau de l'angle externe, on reporte le bistouri en dedans, et cette fois, on dégage la partie supérieure du globe de l'œil, en côtoyant la voûte orbitaire. L'œil est encore retenu par les muscles droits et le nerf optique. Pour les diviser en arrière, on se sert des ciseaux courbes. Une hémorrhagie se produit; pour l'arrêter, il suffit de tamponner l'orbite avec des boulettes d'étoupe maintenues par un monocle. Cette opération réussit aussi bien sur le cheval et la vache qne chez le chien, comme le prouvent plusieurs faits rapportés par Bénard, Webb, M. Saint-Cyr, etc. Application «l'un œil artificiel. — Après l'extirpation du globe oculaire, et pour dissimuler l'affreuse difformité qui en résulte, il est indiqué, surtout chez les chevaux de luxe, de placer un œil artificiel. On s'est servi d'abord d'yeux artificiels en verre, et plus tard en corne noire; ceux-ci sont moins fragiles et moins lourds que les autres. On en fait aujourd'hui avec du caoutchouc durci, attendu que cette ma- tière ne se déforme pas comme la corne, et peut être travaillée avec plus de facilité et de perfection. L'œil artificiel, employé pour le cheval, représente une sorte de coque hémisphérique dont les dimensions en . hauteur, en longueur et en profondeur sont calculées de manière à ce que cet appareil de prothèse remplisse exactement le vide laissé par l'extirpation du globe oculaire. — La face externe de l'œil artificiel doit ressembler le plus possible à un œil naturel : c'est ainsi qu'elle doit être bien polie et présenter un trait elliptique pour simuler l'ouverture pupillaire; les bords doivent être arrondis et lisses afin de ne produire aucune douleur, qui pourrait porter l'animal à se frotter contre les corps environnants. — On ne doit appliquer cet œil que lorsque l'in- flammation a disparu, et qu'il n'y a plus ni bourgeonnement, ni sup- puration. Pour le placer, on soulève avec une main la paupière supé- rieure sous laquelle on fait glisser l'œil artificiel, tenu entre les doigts de l'autre main; on abaisse ensuite la paupière inférieure tout en in- AMPUTATION DES CORNES. 219 traduisant au-dessous d'elle le bord inférieur de l'œil ; un léger mou- vement de va et vient des paupières, que l'animal exécute parfois de lui-même, finit par mettre l'œil tout à fait en place et efface tout pli de la paupière. — Grâce à cette prothèse, le cheval qui a subi l'opération du globe oculaire, présente une physionomie qui se rapproche beau- coup de l'état ordinaire, tant la ressemblance extérieure entre l'œil artificiel et l'œil naturel est grande. — Il est à remarquer que le cheval supporte très-bien cet appareil prothétique qui a en outre l'avantage d'empêcher l'introduction de la poussière et des mouches dans l'or- bite. — On doit, de temps à autre, tous les cinq ou six jours par exemple, enlever l'œil pour le nettoyer. Pour cela, on abaisse un peu la paupière inférieure, puis on glisse en dessous une sonde mousse ou une petite tige quelconque, dont on se sert comme d'un levier pour faire sortir l'œil de la cavité orbi taire. CHAPITRE IV AMPUTATION DES CORNES. Cette opération est indiquée non-seulement dans le cas de fractures, mais encore quand les cornes présentent une direction vicieuse, une longueur démesurée, etc. Dans la plupart des contrées où on attelle les bœufs au joug, il est d'usage de couper à chacun d'eux, la corne qui répond au timon, et on a le soin de pratiquer cette opération de telle sorte que la corne amputée conserve pourtant une longueur suffisante pour que l'animal puisse être facilement attelé au joug. Dispositions anatomiques. — Les cornes ont pour base ou support des chevilles osseuses, coniques, implantées sur les côtés du frontal et faisant corps avec cet os. Ces éminences, plus ou moins longues, droites ou contournées, sont rugueuses, criblées de trous, sillonnées de gouttières qui donnent passage à des vaisseaux. On les désigne sous le nom de cornillons. Les cornillons sont recouverts à leur base par le derme cutané qui constitue, en quelque sorte, la matrice de la corne proprement dite, et qui forme dans cette partie, un bourrelet circulaire très-riche en vaisseaux et en nerfs. Les cornes sont des étuis de forme conique, de longueur et de dispositions variables, suivant les races, et qui présentent une base ou racine, une partie moyenne et une pointe. L'épaisseur de l'étui corné va en augmentant de la racine à la pointe, où l'on ne trouve plus de cavité centrale, tandis que le diamètre de la corne diminue graduellement de la base à la pointe, qui est plus ou moins effilée suivant les races. Quand le bourrelet circulaire qui entoure 220 AMPUTATION DES CORNES. le cornillon est détruit la corne ne se reproduit plus. — Notons que la sécrétion du tissu corné a lieu non-seulement par le bourrelet dont il vient d'être parlé, mais encore, et dans une certaine mesure, par la surface externe du cornillon, qui est très-vascalaire, munie de papilles coniques, constituant ainsi une sorte de membrane kératogône. Manuel opératoire. — L'amputation se pratique sur divers points de la corne, tantôt vers l'extrémité libre, et, dans ce cas, elle n'inté- resse que le tissu corné et consiste dans un simple trait de scie, tantôt vers la base de la corne ou la partie moyenne, de telle sorte que l'étui corné et le cornillon, qui le supporte, sont l'un et l'autre attaqués par l'instrument tranchant. C'est seulement de cette opération que nous allons parler. Lafosse recommandait de fixer l'animal à opérer de la manière sui- vante : «La corne à amputer est passée dans l'œil de la plate-longe; celle-ci se réfléchit ensuite sur la corne opposée, en formant une demi-clef. Ainsi saisi, l'animal est fixé de front, et on a le soin de ne comprendre la corne malade, dans le lien, qu'au premier tour. Les deuxième et troisième tours doivent embrasser l'arbre etl'autre corne seulement. Par ce moyen, la tête est serrée àfaux-équerre, et la corneàamputer étant ainsi portée en dehors, se présente bien à l'opérateur. Les quatrième et cinquième tours doivent abandonner la corne, et fixer la face contre l'arbre en passant sous le menton ; enfin, on passe ensuite, une fois ou deux, le bout de la plate-longe entre l'arbre et la tète, afin de tenir ces deux derniers tours relevés et les empêcher de glisser (1). » D'après M. Lafosse, « pour faire l'opération, on tient le bœuf à jeun ; on peut ensuite le mettre au joug et l'atteler, ou bien le mettre au tra- vail, ou encore l'attacher h un poteau : c'est ce qui est préférable. On doit avoir le soin de tenir la corne sur laquelle on opère, plus basse que l'autre, afin que la sciure et le sang ne tombent pas dans les sinus. « Toute scie à main, avec ou sans montants, pourvu qu'elle soit à lame mince, à dents fines, bien affûtée et graissée, peut servir à l'opé- ration (2). Pour que l'amputation se fasse régulièrement, et que la douleur qui en résulte soit atténuée, il importe de scier la corne cir- culairement, sans atteindre tout d'abord les parties vives, puis l'opé- rateur imprime à la scie un mouvement rapide, de manière à amputer le cornillon en quelques secondes. On néglige souvent cette précaution, car il est assez difficile qu'en pratiquant l'incision circulaire, la scie ne morde pas sur les parties vides. Aussi pratique-t-on habituellement l'amputation d'un seul trait. Le pansement réclamé par cette opération consiste, d'après M. La- fosse, à appliquer sur la plaie un tampon d'étoupes imbibé d'eau- de- vie, que l'on recouvre de plumasseaux plats dont on fait arriver les (1' Journal des vétérinaires du Midi, 1842, p. 405. (2) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 5 19. AMPUTATION DES CORNES. 221 extrémités jusqu'auprès de la base de la corne; on roule ensuite les plumasseaux longs autour de la corne pour maintenir les précé- dents. On applique sur les plumasseaux, une compresse en croix de Malte, dont on rabat et replie les bords autour de la corne, en ob- servant que le centre de la compresse comprime la partie amputée. On maintient cette étoupade à l'aide d'un ruban de fil, enroulé à deux chefs.- A cet effet, « un chef de la ligature est passé sous la base de la corne opposée, enveloppée au préalable d'un petit matelas d'étoupe; ce chef est ramené et maintenu près de la corne amputée en commen- çant un 8 de chiffre. L'autre chef est roulé en spirale, à tours imbriqués et serrés sur la compresse; lorsque la spirale arrive près de la base de la corne, on relâche et on enlève la plate-longe. Afin que l'animal ne s'échappe pas, on le fait maintenir fortement par le bout du nez, et même par un anneau nasal et par des tors-oreilles, lorsqu'il est turbu- lent ou méchant. On porte alors sous la corne non amputée, le chef en- roulé en spirale, et on l'y fait passer dans un sens opposé à celui du premier chef; on ramène sur la corne amputée, en faisant le 8; on roule un ou deux tours de spire autour de la corne amputée, et les deux bouts sont définitivement fixés sur le front ou la nuque, par un nœud solide (1). » (M. Lafosse.) Gourdon conseillait de « recouvrir l'extrémité coupée d'un emplâtre de poix qui se maintiendrait sans bande (2). » Quel que soit l'appareil de pansement employé, on ne le renouvelle qu'au bout de 4 à o se- maines, à moins que l'animal paraisse éprouver de. vives douleurs, il peut être utile alors de découvrir la plaie, de la déterger avec soin. « On éprouve souvent, dit Lafosse, des difficultés pour faire sortir le pus contenu dans la cavité de la corne ; il ne faut point chercher à le retirer autrement qu'en faisant pencher la tête de côté. Les tampons d'étoupes qu'on introduirait pourraient irriter la plaie et retarder la cicatrisation. En versant un peu d'eau dans l'oreille, on excite l'animal à secouer vivement la tête; ce moyen est excellent pour débarrasser complètement la corne du pus qu'elle contient (;{). » Accidents. — Une hémorrhogie plus ou moins forte se produit tou- jours après la section de la corne et de la cheville osseuse qui la sup- porte. Si l'application du pansement ne sufiisait pas pour l'arrêter, il faudrait avoir recours à la cautérisation. L'inflammation de la muqueuse des tissus se montre fréquemment après l'amputation des cornes. Cette inflammation ne présente habi- tuellement aucun caractère de gravité, elle se termine par résolution ou suppuration, mais, dans quelques cas, elle peut être suivie de gan- grène. (1) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 523. (2) Traité de chirurgie vétérinaire, t. II, p. C94. (3) Journal des vétérinaires du Midi, 1842, p. 408. 222 AMPUTATION DES OKEILLES. La gang) ène, dit M. Lafosse, commence vers le huitième ou le dixième jour et se termine ordinairement par la mort, si elle n'est pas suivie de l'élimination des caillots sanguins putréfiés, qui ont amené la morti- fication de la muqueuse. Une ophthalmie plus ou moins violente ex- terne ou interne accompagne assez souvent la gangrène. Festal a signalé la cicatrisation incomplète, qui se remarque princi- palement chez les animaux dont la plaie de la corne est restée long- temps au contact de l'air ou bien dans le cas d'inflammation chroni- que de la muqueuse de la corne. Il se forme ainsi une fistule centrale que les propriétaires ont l'habitude de fermer avec un bouchon qu'ils retirent de temps en temps pour donner écoulement au pus. M. Lafosse a signalé l'apparition de la méningo-encéphalitc comme une complication possible, mais rare, de l'amputation des cornes. CHAPITRE V AMPUTATION DES OREILLES. Cette opération se pratique chez le cheval et le chien. § I . — Chez le cheval. Autrefois elle était très-souvent pratiquée chez le cheval, principale- ment après l'amputation de la queue et la myotomie coccygienne. Lorsqu'un cheval avait subi cette triple mutilation, il était complète- ment anglaisé ou mis à l'anglaise. De nos jours, l'opération dont il s'a- git n'est mise en usage que pour remédier à des dégénérescences can- céreuses ou autres du cartilage conchinien ; toutefois si ces lésions ne siègent que sur une oreille et à la partie supérieure de l'organe, il peut être utile d'amputer à la même hauteur l'oreille opposée, afin que l'a- nimal présente un aspect moins disgracieux. Quand la lésion intéresse la base de la conque, il faut, comme Delafond l'a conseillé, pratiquer l'amputation complète du cartilage conchinien. On doit donc distin- guer l'amputation partielle ou la résection des oreilles et l'ablation complète. A. — AMPUTATION PARTIELLE. L'animal est maintenu debout ou bien, ce qui est préférable, assu- jetti en position décubitale. On connaît trois procédés : AMPUTATION DES OREILLES. 223 Premier procédé, dit de Gaspard de Saunier. — Il exige l'emploi du moule à oreilles. Cet appareil se compose de deux pièces en tôle, fer battu ou cuivre, ayant exactement la forme de l'oreille, mais plus pe- tites et de la grandeur seulement qu'on veut conserver à l'organe l'une de ces pièces, la plus petite, s'applique en dedans de l'oreille ; Fig. 210. — Moule à oreilles pour l'amputation de ces organes chez le cheval. l'autre, plus grande, emboîte la face externe de l'organe, de telle sorte que la conque est comprise entre elles. Ces deux pièces sont mainte- nues en situation par une espèce de pince à vis, disposée comme on Fig. 211. — Appareil de Brogniez pour l'amputation des oreilles. RI, mandrin en bois. — P, patron en tôle. le voit (fig. 210). Brogniez, dont l'esprit inventif n'était jamais en dé- faut, a recommandé l'appareil suivant, qui se compose : « 1° d'un mandrin en bois (fig. 211, M), arrondi du côté où il doit appuyer en dedans de l'oreille pour servir d'appui à la pointe du bistouri et aplati de l'autre; 2° de deux patrons en tôle (fig. 211, P), un pour chaque oreille; 3° d'un demi-cercle fixé par un pivot implanté dans la face 224 AMPUTATION DES OREILLES. plate du mandrin, et muni de l'autre côté d'une vis de pression des- tinée à porter sur la face convexe des patrons ou moules en fer. On conçoit que pour ne pas avoir la pointe d'une oreille en dedans et l'au- tre en dehors, il fallait avoir deux patrons à sa disposition, mais la première pièce qui sert de point d'appui au bistouri s'applique des deux côtés et déborde tout le pourtour des patrons ou moules (1). » La figure 212 montre l'appareil de Brogniez en place. Fig. 212. — L'appareil de Brogni appliqué. Fig. 213. — Serre-oreilles de Garsault. Quand le moule est appliqué, on excise avec un bistouri ordinaire ou un rasoir toute la portion de cartilage qui le déborde. Deuxième procédé, indiqué par Garsault. — On emploie le serre-oreilles (iig. 213). C'est une sorte de moraille en fer ou en bois, dont les bran- ches, aplaties d'un côté à l'autre, sont courbées sur plat, dans le sens de leur longueur. On les maintient rapprochées, au moyen d'une corde ou d'une vis. Cet appareil est appliqué successivement sur chaque oreille et l'on excise le cartilage qui dépasse les branches, en obser- vant de donner aux deux oreilles exactement la même longueur. L'em- ploi du serre-oreilles ne permet pas de conserver la forme naturelle de l'organe, comme quand on se sert du moule à oreilles. Troisième procédé ou de Chaumontel. — On se sert d'un emporte-pièce en forme de ciseau, dont la partie coupante présente la forme qu'on veut donner à l'oreille. L'oreille à amputer est préalablement étalée (1) Brogniez, Traité 'If chirurgie vétérinaire, t. II, p. 207. AMPUTATION DES OREILLES. 225 sur un morceau de bois épais et uni, le ciseau est appliqué sur le pavillon; on frappe alors un coup de marteau sur l'instrument et la section est faite. Quatrième procédé. — Emploi du bistouri seul. — a L'opérateur saisit le pavillon de l'oreille entre le pouce, appliqué à sa face interne, et l'index placé en dehors et répondant à la pointe de l'organe; puis il tend fortement la peau sur le bord du cartilage en la tirant en bas, et, armé d'un bistouri bien tranchant, il ampute, en commençant par en bas, toute bipartie dénudée; l'autre main suit le mouvement du bistouri pour rendre la tension de la peau uniforme et constante, et les deux mains arrivent ensemble vers la pointe. La moitié de l'oreille se trouvant ainsi coupée, on suit la même marche pour l'autre moitié, et successivement pour l'autre oreille (J. Gourdon) (I). » Appréciation. — Le premier procédé est préférable aux autres, car il permet de faire l'amputation avec la plus grande régularité, tout en conservant à l'oreille sa forme naturelle. AMPUTATION TOTALE. Cette opération étant très-douloureuse, il est bon d'avoir recours à l'anesthésie. — Procédé Delà fond. — « L'animal étant abattu, la tête portée très en arrière et bien maintenue par deux aides, l'opérateur charge un troisième aide de tenir la conque par son extrémité et de la porter dans tous les sens, selon le besoin ; muni d'un bistouri courbe, il incise complètement, et d'un seul trait, la peau qui recouvre la conque à l'extérieur, en faisant partir cette incision de l'ouverture extérieure du cartilage, en dirigeant le tranebant de l'instrument du côté de ce dernier, pour éviter la blessure des parties essentielles à ménager. Ces parties sont les deux branches de la glande parotide qui embrassent la base du cartilage à ses faces externe, antérieure et pos- térieure, ainsi que le cartilage scutiforme situé à sa partie antérieure et externe. L'incision, l'extirpation de quelques lobules glandulaires, pourraient occasionner plus tard une fistule salivaire ; la blessure du cartilage scutiforme ou la dénudation du tissu cellulaire et des parties musculaires qui l'entourent pourraient en amener la carie consécutive. « Pendant l'opération, les parties qui doivent inévitablement être coupées sont : les muscles qui font mouvoir l'oreille externe, les vais- seaux et les nerfs qui se rendent à la conque, et les deux plexus ner- veux situés à ses parties antérieures et postérieures (Voir t. Ier, p. 146). « La séparation de la peau du cartilage étant faite jusqu'à sa base, l'opérateur incise en deux ou trois coups de bistouri, et toujours en dé- dolant du côté de la conque pour ménager la parotide, les muscles cervico-auriculaires, les nerfs, la veine, l'artère et le plexus auriculaire (1) Éléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 611. PtucH et Toussaint. — Chirurgie. II. — 15 226 AMPUTATION DES OREILLES. postérieurs ; l'artère donne beaucoup de sang et doit être liée immé- diatement. Cette première partie de l'opération est très-douloureuse, et doit être faite hardiment et avec dextérilé au milieu des brusques et nombreux mouvements de la tête de l'animal. « La conque portée en arrière par l'aide, l'opérateur procède à la sé- paration du cartilage d'avec les parties adhérentes en rapport avec ses faces antérieure et externe ; il divise d'abord les muscles scuto-auricu- laire et paroti do- auriculaire, le plexus sous-cutané antérieur, le nerf et l'artère auriculaires antérieurs, vaisseau qu'il doit lier ; il arrive à la branche antérieure de la parotide qu'il isole, et parvient jusqu'à la par- tie rétrécie et arrondie du cartilage. Faisant alors porter la conque en bas, du côté du larynx, il divise le muscle pariéto-auriculaire, con- tourne la convexité du cartilage en dessous et arrive bientôt à sa partie inférieure et au ligament fibreux qui l'unit à l'annulaire, s'assurant alors, en la saisissant entre le pouce et l'index, si l'isolement de la con- que est complet, ce qu'il reconnaît à la flexibilité du ligament fibreux, il coupe ce ligament en travers, et la conque est extirpée (1). » On introduit une mèche d'étoupe dans la plaie « pour éviter l'entrée du sang dans l'oreille interne, » on en rapproche ensuite les bords par quelques points de suture. Au bout de trois jours la suppuration s'éta- blit, on coupe les points de suture et l'on retire la mèche; vers le quin- zième jour, la plaie d'opération est cicatrisée. Nous avons pratiqué l'amputation totale de la conque, d'après le procédé de Delafond, sur un mulet dont le cartilage conchinien était complètement envahi par des fies. Cette opération a été faite pendant les fortes chaleurs de l'été, et la cicatrisation n'a été complète qu'au bout d'un mois. 8 -• On pratique communément l'amputation des oreilles sur cet ani- mal, et le plus souvent sans motif réel, mais seulement pour obéir à la mode. Le chien sur lequel on se propose de pratiquer l'amputation des oreilles doit être muselé et solidement assujetti, la tête maintenue par un aide, et les pattes attachées ensemble quand il est de forte taille. On peut effectuer l'amputation des oreilles par l'un ou l'autre des procédés suivants, en ayant le soin, dans tous les cas, de ramener vers la tète, la peau de l'oreille, afin d'éviter la dénudation du cartilage qui surviendrait immédiatement après l'opération par suite de la rétracti- lité de la peau. 1C|- Procédé. — Emploi de la pince limitative. — Cet instrument est formé par deux branches, en fer ou en bois, aplaties, légèrement (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1834, p. GIT. AMPUTAI ION DES OREILLES. 227 incurvées, et qui peuvent se rapprocher ou s'éloigner l'une de l'autre par le moyen de deux vis, disposées à chaque extrémité de l'appa- reil (fig. 214). L'opérateur, placé en avant de l'animal, relève les oreilles, en réunit les bouts qu'il saisit de la main gau- che, tandis que de la droite, armée des ciseaux courbes, il fait d'un seul coup une petite entaille au bord an- térieur de chaque oreille afin qu'elles soient, après l'amputation, parfaite- ment égales en hauteur. — On ap- plique ensuite la pince limitative, en Fig. 214. — Pince limitative pour l'inclinant d'avant en arrière et de couper les oreilles des chiens. haut en bas , la convexité des bran- ches tournée en bas, de telle sorte que le cartilage soit bien taillé en pointe, puis l'on excise la conque avec le bistouri en faisant agir cet instrument au ras des branches de la pince et sur la concavité qu'elles forment. On enlève la pince pour .l'appliquer à l'autre oreille que l'on coupe de la même manière, en ayant le soin toutefois de placer préalable- ment sur la conque le lambeau renversé de l'oreille opposée, et de donner aux branches de la pince une disposition telle que les deux lambeaux soient égaux. 2me Procédé. — Emploi des ciseaux. — On se sert de ciseaux courbes ou de ciseaux droits. « Placez-vous du côté de la nuque du chien, cou- ché sur une table, renversez l'oreille de manière à mettre l'intérieur de la conque à découvert, puis incisez la peau de cette face interne et le cartilage en même temps, à partir d'un tubercule qui se trouve à la base de la partie à retrancher, séparez le cartilage de la peau interne en remontant vers l'extrémité, de manière à en conserver un lambeau en pointe et plus ou moins long, mais en observant toujours l'unifor- mité la plus exacte possible (Brogniez) (1). » Appréciation. — L'emploi de la pince limitative permet d'opérer avec promptitude et régularité, tandis qu'avec les ciseaux on est assez souvent obligé détailler le cartilage à plusieurs reprises, et les oreilles sont inégalement coupées. Soins consécutifs. — Après l'opération, il se déclare une hémor- rhagie qui s'arrête d'elle-même au bout de quelques instants ; parfois on facilite l'hémostase à l'aide de lotions d'eau fraîche. On abandonne ensuite à elles-mêmes les plaies résultant de l'opération, elles ne tar- dent pas à se recouvrir de croûtes sous lesquelles la cicatrisation se fait promptement, à moins qu'on en retarde la marche par des applica- (1) Traité de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 299. 228 HYOVERTÉBROTOMIE. lions de corps gras. — Le mieux est donc de se borner à de simples soins de propreté. CHAPITRE VI HYOVERTEBROTOMIE On désigne habituellement, sous ce nom, une opération qui consiste dans la ponction des poches gutturales qu'on pratique dans la partie supérieure, entre l'hyoïde et la première vertèbre cervicale, pour établir ensuite de dehors en dedans une contre-ouverture. A la vérité, cette dénomination est impropre et celle d'hyospondylotomie (de uoet&fc, hyoïde, crcrorôuXoç, vertèbre, et tout], section) conviendrait mieux. Cette opération se pratique exclusivement chez les Solipèdes, puisque les po- ches gutturales n'existent que chez ces animaux. La description de ces organes ainsi que l'anatomie de la région a été faite dans le tome Ier de cet ouvrage, p. 136, et un simple coup d'œil jeté sur les figures 215 et 216, qui ont été annotées par M. Toussaint, montrera les dispositions anatomiques de la partie sur laquelle on pratique l'hyovertébrotomie. Indications* — La ponction des poches gutturales est indiquée plus particulièrement chez les jeunes, à l'époque de cette crise humorale qu'on désigne sous le nom de gourm>\ el pendant laquelle la faculté pyogénique exaltée, pour ainsi dire, s'accuse, notamment, par d'abon- dantes collections purulentes dans les poches gutturales. Le volume de ces organes augmente au fur et à mesure que le pus se produit, gênant ainsi la déglutition et la respiration. Il arrive même un moment où cette gène est telle que, pour prévenir l'asphyxie devenue imminente, il faut avoir recours à la ponction des poches gutturales. Dans certains cas. les sacs gutturaux sont le siège d'une inflammation chronique résultant d'une pharyngite de même nature, ou se produi- sant sans cause appréciable. Quoiqu'il en soit, cet état morbide se tra- duit par un jetage blanchâtre, glaireux, muciforme, inodore, sans adhé- rence aux ailes du nez, intermittent, se montrant plus particulièrement, pendant la mastication, la déglutition des solides et surtout des liqui- des. Ce jetage ne détermine pas d'ulcérations de la cloison nasale, mais il persiste malgré un traitement très-actif et s'accompagne quelquefois d'un engorgement des ganglions sous-glossiens : il peut ainsi simuler la morve. 11 n'est pas toujours facile d'établir le diagnostic différentiel de ces deux maladies. On a bien fait observer que, dans l'inflammation chronique des poches gutturales, il n'existe pas de chancres; toutefois, HY0VERTÉBR0T0M1E. 229 comme il n'est pas possible d'explorer toutes les parties de la cloison nasale, on peut, en présence de l'engorgement ganglionnaire et de la persistance du jetage, admettre la formation d'ulcérations dans les «»JiJ; Fig. 215. — Région parotidienne, couche superficielle. PP, glande parotide. Mp«, muselé parotido-auriculaire. 3, artère transversale de la face. 4, artère maxillo-musculaire. 7, veine jugulaire. 8, veine glusso-l'aciale. 9, veine transversale de la face. 10, veine maxillo-musculaire. 12, veine auriculaire postérieure. 13, nerf facial. 15, branche auriculaires de la 2L' paire cervi- cale. parties supérieures. C'est donc en examinant attentivement le jetage, en tenant compte de son aspect glaireux, de l'absence d'adhérences avec les narines et des circonstances qui font varier sa quantité, qu'on peut arriver à distinguer une inflammation ancienne des poches gut- turales, de la morve. L état des ganglions sous-glossiens peut fournir des signes distinclifs d'une grande valeur. — Jamais, nous dit M. H. 230 HYOVERTÉBROTOMIE. Boulcy, ces ganglions ne présentent dans le cas de collection des po- ches gutturales, « les caractères d'induration, qui sont particuliers à la morve. » Cependant, il faut convenir que, dans les cas de ce genre, Fig. 216. — Région "parotidienne, couche moyenne. P, parotide. D, muscle digastrique. SA, muscle stylo-hyoïdien ou occipito-styloïdi Sm, muscle sterno maxillaire. T, corps thyroïde. H, bord postérieur de la grande branche l'hyoïde (os st\!oïde). 1, artère carotide primitive. t. artère carotide externe. 'i, artère transversale de la face. 4, artère maxillo-musculaire. o. artère auriculaire postérieure. 0, artère Ihyro-laryngienne. 7, veine jugulaire. s, veine glosso -faciale. 9, veine transversale de la face. 10, veine maxillo-musculaire. 11, veine auriculaire antérieure. 1?, veine auriculaire postérieure. 13, nerf facial. 14, nerf auriculaire antérieur. l'erreur est possible, et Ton comprend que des praticiens aient pu s'y méprendre. Delafond a conseillé alors de pratiquer l'hyovertébrotomie. En pareille occurrence, cette opération est, en effet, un excellent moyen HYOVERTÉBROTOMIE. 23i de diagnostic qu'il ne faut pas négliger, vu la différence de gravité d'une maladie toute locale, comme l'inflammation chronique des poches gutturales, et d'une affection générale, totius substantiœ, comme la morve, dont tout le monde connaît l'incurabilité. Il est encore une autre maladie qui détermine un jetage qu'on peut aisément confondre avec celui provenant des poches gutturales, c'est le coryza consistant en un état catarrhal chronique de la pituitaire, soit dans les cavités nasales, soit dans les sinus, ou bien dans toutes ces cavités à la fois. On a bien fait remarquer que ce jetage exhale parfois une odeur infecte, qu'il est grumeleux, caillebotté, que la percussion des sinus est douloureuse, qu'il y a matité dans les régions correspon- dantes, et on a voulu en conclure qu'on pouvait distinguer nettement cet état pathologique de celui des poches gutturales. Mais fréquem- ment ces symptômes ne sont pas tellement tranchés qu'ils ne puissent laisser place au doute. Afin d'être fixé, il faut pratiquer Fhyovertébro- tomie, et, si l'on a affaire à un état inflammatoire chronique des poches gutturales, cette opération devient, du même coup, un moyen de trai- tement dont il est permis d'espérer les meilleurs résultats. Dans le cas d'angine pharyngée ou laryngée, lorsque le jetage per- siste malgré un traitement énergique, il est indiqué d'appliquer des sétons de chaque côté des parotides, en introduisant la mèche dans les poches gutturales. M. H. Bouley a quelquefois employé ce moyen et il en a obtenu de très-bons effets. En somme, l'hyovertébrotomie est une opération qui a, comme on le voit, une valeur pratique sérieuse et incontestable. Modes opératoires. — Suivant les indications, on pratique la ponc- tion, soit dans la partie supérieure, soit dans la région moyenne ou infé- rieure des poches gutturales. Le premier mode opératoire est mis en usage quand la poche ne renferme qu'une petite quantité de liquide. Quand elle est distendue par une collection purulente formant à l'exté- rieur, dans la région moyenne ou dans la région inférieure de la paro- tide, une saillie fluctuante, on pratique la ponction dans l'une ou l'autre de ces régions, là enfin, où la sensation de fluctuation se fait sentir. Nous distinguerons donc la ponction des poches gutturales par la partie supérieure ou l'hyovertébrotomie proprement dite et celle par la partie moyenne ou inférieure. On a proposé aussi de pénétrer dans les poches gutturales par les cavités nasales. A. — PONCTION PAR LA PARTIE SUPÉRIEURE DE LA POCHE. L.ieu de la ponction. — Il importe, vu la complexité anatomique de la région, d'être bien fixé sur le point où l'on doit percer la poche gut- turale. Or, les considérations anatomiques qui ont été exposées tome Ier, p. 136, notamment la disposition des vaisseaux et l'adhérence de la mu- queuse des poches gutturales à la face interne de l'occipito-styloïdien, 232 HYOVERTÉliROTOMIE. nous montrent que c'est ce muscle qu'il faut traverser afin d'éviter une hémorrhagie. Instruments. — Ce sont : deux bistouris dont l'un convexe et l'autre droit, ce dernier à lame étroite et très-aiguë; des pinces anatomiques, une sonde en S ou un trocart courbe. Dans la prévision d'une hémorrha- gie, il est prudent de disposer aussi, à proximité de l'opérateur, tous les instruments et objets nécessaires pour faire la ligature de la carotide. Fixation de l'animal. — Le plus souvent on opère sur l'animal de- bout, en plaçant un tord-nez à la lèvre supérieure ; quelquefois on couche le sujet. Cette dernière position est préférable lorsque l'asphyxie n'est pas à craindre, car on peut alors, si on a de nombreux aides à sa disposition, limiter plus facilement les mouvements de la tête qui, en l'espèce, sont susceptibles de déterminer de graves blessures. Du reste, c'est au praticien qu'il appartient de statuer sur l'opportunité de telle ou telle position. Dans tous les cas, la tête doit être maintenue dans une moyenne extension, afin de rendre plus apparent le tendon qui sert de guide pour commencer l'incision, et pour ne pas intéresser, au moment de la ponction, les vaisseaux et les nerfs. Manuel opératoire. — Il comprend trois temps. 1er temps. — Incision de la peau et. dissection du bord postérieur de la parotide. — L'opérateur, armé du bistouri convexe qu'il tient comme un archet, pratique sur la peau bien tendue ou formant un pli trans- versal, une incision en commençant au bord inférieur du tendon commun au splénius et au petit complexus, un peu en avant de l'apo- physe transverse de l'atlas. La distance indiquée par Chabert, Fromage de Feugré, Hurtrel d'Arboval, à deux ou trois travers de doigt au- dessous de la base de l'oreille, pour le point où l'on doit commencer l'incision, est une indication vague et peu exacte. Cette incision présente 4 ou 5 centimètres de longueur; elle intéresse toute l'épaisseur de la peau et quelques fibres aponévrotiques sous-cutanées ; elle arrive sur la parotide dont le bord postérieur est ainsi mis à nu. A l'aide du bistouri droit et des pinces anatomiques, on dissèque ce bord postérieur en le contournant pour inciser immédiatement « l'aponé- vrose du mastoïdo-huméral qui fait suite au bord inférieur du tendon qui a seivi de point de départ; il suffit alors de glisser le doigt entre cette aponévrose et le muscle atloïdo-mastoïdien qu'elle sépare de la parotide, pour arriver sur le muscle stylo-hyoïdien où doit se pratiquer la ponction. 11 peut survenir, lorsqu'on pratique la première incision, une légère hémorrhagie provenant de la veine auriculaire. Elle ne doit inquiéter en rien l'opérateur. L'instrument peut aussi rencontrer le nerf auriculaire et déterminer une douleur qui occasionne des mou- vements brusques de l'animal. Il suffit de repousser ce cordon nerveux ou de le couper de suite complètement pour faire cesser cet inconvé- nient. » 2P Temps. — Ponction de la poclte gutturale à travers le muscle stylo-lnju'i- HYOVERTÉBROTOMIE. 233 dien. — « Le trajet qu'a parcouru le doigt sous la parotide l'a amené sur le centre du muscle stylo-hyoïdien que l'on reconnaît facilement, en touchant en arrière l'apophyse styloïde de l'occipital, et, en avant, la tubérosité de la grande branche hyoïdienne qui cède sous la pres- sion du doigt. C'est sur ce point central que l'on doit pratiquer la ponc- tion, afin de ne pas léser en haut l'artère auriculaire et le nerf facial, en bas l'artère carotide externe. A cet effet, l'opérateur tient le bistouri droit comme une plume à écrire, avec la main droite, si on opère à gauche, et vice versa ; dans les deux cas, la main restée libre prend un point d'appui sur le chanfrein. Puis, on introduit l'instrument sous la parotide, obliquement de haut en bas et d'arrière en avant ; ainsi di- rigé, le bistouri traverse de part en part le muscle stylo-hyoïdien, tout en pénétrant dans la poche gutturale. Cette direction oblique, que doit suivre l'instrument, est en quelque sorte commandée par l'inclinaison du passage pratiqué entre la parotide et le muscle atloïdo-mastoïdien . Elle dispense de l'extension forcée de la tête prescrite par Hurtrel et que l'animal peut bien ne pas exécuter au gré de l'opérateur; de plus , si un mouvement quelconque fait plonger l'instrument plus profon- dément que ne le voulait l'opérateur, il ne peut atteindre à la région sous-occipitale vers laquelle il se dirige que le petit muscle court flé- chisseur de la tète ou l'extrémité supérieure du trachélo-sous-occipital et la blessure de ces muscles ne présente aucun inconvénient, tandis que, si l'on plongeait le bistouri sur le milieu du stylo-hyoïdien, dans une direction perpendiculaire à la surface de ce muscle, on arriverait à une certaine profondeur directement sur l'artère carotide interne (1). » Il est encore un autre point important à examiner, c'est de savoir de quel côté devra être tourné le tranchant de l'instrument. Cette ques- tion est nettement résolue par M. Lecoq, dans la monographie qu'il a publiée ; nous reproduisons donc ce que notre ancien maître a écrit sur ce sujet. « Le tranchant du bistouri- dit M. Lecoq, doit être tourné vers le point où un mouvement involontaire de l'opérateur, un mou- vement saccadé de l'animal opéré ne peuvent le faire dévier vers des parties essentielles. On obtient ce résultat en le tournant du côté de la tubérosité de l'hyoïde, et, par conséquent, dans la direction du bout du nez de l'animal. « Le tranchant tourné vers l'oreille, comme le conseille Hurtrel d'Arboval, pourrait en effet, par suite d'un abaissement brusque de la tête de l'animal, se porter sur le nerf facial ou au moins sur l'artère auriculaire postérieure. « Dirigé en arrière du côté de l'atlas, le tranchant risquerait d'attein- dre dans la poche la carotide interne et les filets nerveux qui l'accom- pagnent. «Enfin, tourné en bas vers le larynx, il pourrait couper le nerf grand (I) Notes sur Fhyovertébrotomiè. F. Lecoq, 18 il. 23i HYOVERTEBROTOMIE. hypoglosse et, dans un cas extrême, arriver jusqu'à la carotide ex- terne. « La direction indiquée en premier lieu est donc la seule convenable, et l'unique accident qu'elle permet est le prolongement de l'incision jusqu'à la tubérosité de la branche hyoïdienne qui borne alors le mou- vement de l'instrument et préserve les parties voisines. » Remarquons encore que, quand la poche gutturale « n'est pas rem- plie par un liquide, l'instrument employé pour la ponction doit être très-aigu. S'il en était autrement, il pousserait la membrane devaotlui, en la détachant du muscle stylo-hyoïdien, et l'on pourrait croire la poche ouverte tandis qu'elle serait restée intacte. » Dès que la ponction est effectuée, on retire le bistouri et on intro- duit l'index dans l'ouverture qu'on vient de pratiquer et qu'il est facile d'agrandir avec le doigt. Si les parois de la poche sont distendues et amincies par une collection purulente, il suffit parfois d'un effort de l'index pour traverser le muscle et la muqueuse, ainsi que M. Éléouet l'a fait dans plusieurs cas. 3e Temps. — Établir une contre-ouverture. — Pour cela on se sert d'une sonde en S ou d'un trocart courbe. Quel que soit l'instrument employé, on l'introduit dans l'ouverture qui vient d'être pratiquée, on le pousse, jusqu'au fond de la poche gutturale dont, par un léger effort, on par- vient apercer la muqueuse; puis, on le dirige avec précaution pour le faire arriver au-dessous de la branche glosso-faciale de la jugulaire, un peu en arrière du bord refoulé du maxillaire. En appuyant légèrement sur l'instrument, son extrémité forme sous la peau une saillie sur la- quelle, si on emploie la sonde en S, on pratique une incision de dehors en dedans, intéressant toute l'épaisseur du tégument cutané. Si on se sert du trocart courbe, on frappe vigoureusement, avec la paume de la main, un ou deux coups sur le manche de l'instrument dont le poinçon se montre alors à l'extérieur, étroitement enserré par l'ouverture qu'on vient de pratiquer à la peau. On passe ensuite une mèche dans les ouvertures; on en réunit à l'extérieur les deux extré- mités par un nœud droit, ou bien on fait à chacune d'elles un bourdon- net, afin de maintenir la mèche à demeure. Telle est l'opération si délicate de l'hyovertébrotomie. Suites. — Ajoutons maintenant que parfois, aussitôt que l'ouverture supérieure de la poche est pratiquée, il s'en échappe un liquide puru- lent blanchâtre, plus ou moins épaissi ; le plus souvent, c'est par la contre-ouverture que le pus s'écoule. L'animal est immédiatement soulagé, et dans quelques cas de réplétion des poches gutturales déterminant le cornage, on a vu ce symptôme inquiétant dispa- raître immédiatement. Mais, d'autres fois, il a fallu avoir recours à la trachéotomie. On devine qu'alors la muqueuse laryngienne était enflammée, épaissie ou tapissée de productions pseudo- membra- neuses. Dans d'autres cas, notamment lorsque l'inflammation est an- HYOVERTÉBROTOMIE. 23o cienne et que le pus a subi une sorte à'inspissation, il existe dans les poches gutturales des masses grumeleuses, dont on peut soupçonner la présence par quelques débris caséeux détachés par la sonde et qui se montrent alors sur la mèche. Dans ce cas, il y a lieu d'élargir l'ou- verture inférieure, et de vider la poche au moyen d'une curette ; des injections tièdes facilitent cette vidange, qui demande beaucoup de temps. Quoi qu'il en soit, les produits qui s'écoulent sont toujours plus ou moins mélangés de sang ; quelquefois ce liquide s'écoule en abondance par les naseaux, avec une couleur d'un rouge rutilant caractéris- tique : c'est qu'on a blessé une artère importante : l'auriculaire pos- térieure ou la carotide interne. Pour arrêter cette hémorrhagie, qui amènerait promptement la mort de l'animal, il faut pratiquer la liga- ture de la carotide. B. — PONCTION PAR LA PARTIE MOYENNE OU PAR LA PARTIE INFÉRIEURE DE LA POCHE. Nous avons pensé qu'il n'était pas indispensable d'étudier séparé- ment, comme l'ont fait tous les auteurs, la ponction par la partie moyenne et par la partie inférieure, attendu que ces deux modes opé- ratoires sont identiques à très-peu de chose près. Les instruments dont on se sert sont : un bistouri droit ordinaire ou mieux un trocart et un cautère olivaire. Un seul de ces instruments peut suffire. Avant de pratiquer cette ponction, il faut comprimer la jugulaire de manière à la rendre bien apparente, afin de s'assurer de sa situation exacte. C'est pour avoir négligé cette précaution, qu'on a vu se pro- duire quelquefois des accidents mortels. La situation de la jugulaire étant bien reconnue, on enfonce le trocart de manière à éviter ce vais- seau et à pénétrer dans le foyer purulent. Aussitôt il s'échappe un flot de pus blanchâtre, qui jaillit quelquefois à une assez grande distance. On débride l'ouverture, dans une étendue suffisante pour introduire le doigt dans la poche, afin de la débarrasser des matières caséeuses qu'elle peut contenir. Quelquefois on pratique la ponction avec le cau- tère olivaire chauffé à blanc, que l'on enfonce dans le point précis où la fluctuation est manifeste. Par ce moyen, on évite une hémorrhagie ; on sait, en outre, que l'action de la chaleur modifie favorablement l'in- flammation; de plus, l'ouverture faite par le cautère reste béante pen- dant plusieurs jours, le pus peut ainsi s'écouler facilement; tandis que celle pratiquée à l'aide du bistouri se cicatrise rapidement, de telle sorte que le dépôt purulent peut se reproduire et nécessiter une deuxième ponction. Aussi est-il d'une bonne pratique, après avoir ouvert la poche avec le bistouri ou le trocart, d'introduire dans la plaie le cautère chauffé au rouge. 236 IIYOVERTÉBROTOMIE. Lorsque les poches gutturales sont incomplètement remplies par du pus, ou bien, si l'on a des raisons de penser qu'elles contiennent des masses caséeuses, on a conseillé de pratiquer la ponction par la par- tie inférieure, en disséquant d'abord la portion épanouie du muscle parotido- auriculaire, puis la base de la parotide qu'on soulève et qui laisse apercevoir le fond, plus ou moins distendu, de la poche gutturale. On fait alors la ponction un peu au-dessus de la veine glosso-faciale. On agrandit ensuite l'ouverture, à l'aide du doigt, et on cherche à extraire les amas, plus ou moins concrètes, qui sont contenus dans les poches gutturales. Pour cela, on peut se servir utilement, comme l'a fait Leblanc, d'une cuiller en fer étamé, ou d'une curette, comme il a éle dit précédemment. C. — EXPLORATION' DES POCHES GUTTURALES PAU LES TROMPES d'eCSTACHE. Gunther, vétérinaire à Hanovre, avait pensé qu'il était plus ration- nel de pénétrer dans les poches gutturales par leur voie naturelle, les trompes d'Eustache, plutôt que par Une voie artificielle ; Lafosse avait eu cette idée depuis longtemps comme M. Goubaux l'a fait remarquer ; il avait môme imaginé un instrument dont le tube à ponction de Gun- ther n'est qu'une imitation. Pour vider les poches gutturales, il faut introduire ce tube dans les cavités nasales, après avoir quelquefois pra- tiqué, au préalable, la trachéotomie pour empêcher l'asphyxie qui pourrait résulter de cette manœuvre. Ce procédé ne saurait être em- ployé que d'une manière exceptionnelle dans la pratique, car il est plus simple d'adopter un mode opératoire qui se borne, ainsi qu'on l'a vu précédemment, à un simple coup de bistouri, plutôt qu'une méthode consistant à pratiquer d'abord la trachéotomie, pour intro- duire ensuite, dans les cavités nasales, « un instrument qui n'atteint pas toujours le but que s'est proposé son inventeur» (Recueil de méd. vêt., année 184G, p. 756. Rapport de M. Bouley aîné sur l'instrument de Gunther). Toutefois, il y aurait lieu de faire de nouveau quelques essais pour savoir si l'on ne pourrait passe servir de cet instrument pour reconnaître l'état des poches gutturales et pour les vider sans aucun danger. TRACHÉOTOMIE. 237 SECTION DEUXIÈME OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ENCOLURE CHAPITRE V TRACHEOTOMIE « La trachéotomie, dit M. H. Bouley, est une opération qui a pour but d'ouvrir à l'air une voie artificielle, lorsque les voies naturelles plus ou moins obstruées ne permettent plus son entrée dans la poitrine en quantité suffisante pour que la respiration puisse s'effectuer librement. « Parmi les causes qui peuvent mettre obstacle à la liberté de la res- piration, il en est dont l'action rapide est si énergique que la vie est menacée, la suffocation étant, par ce fait, imminente ou plus ou moins prochaine. Les causes qui appartiennent à cette catégorie n'ont géné- ralement qu'un effet provisoire ; elles sont susceptibles de disparaître assez rapidement, et il est ordinaire qu'après leur disparition tout rentre dans l'ordre et que la fonction respiratoire revienne à son rhythme normal. Mais il est d'autres causes dont les effets sont perma- nents ; si elles ne donnent pas lieu à des phénomènes aussi accusés que les premières et ne constituent pas pour la vie une menace im- médiate, par contre, elles ont cette conséquence que, dans les condi- tions où elles placent les animaux, la fonction respiratoire ne peut plus s'exécuter avec l'ampleur qu'exige le développement de la force muscu- laire. De là l'impossibilité d'utiliser les animaux comme moteurs jus- qu'à ce que, par l'orifice d'une voie nouvelle ouverte à l'air, on fasse disparaître l'obstacle qui s'oppose à son accès dans les poumons en quantité suffisante pour les besoins de la respiration, quand il faut que son action soit proportionnée aux nécessités de l'activité musculaire. « Cette distinction entre les états morbides auxquels la trachéotomie peut être appliquée a son importance, parce que les indications à rem- plir sont remarquablement différentes, suivant que l'on a affaire à une maladie passagère ou à un état pathologique irréductible. Dans le pre- mier cas, il suffit souvent, pour que le danger d'asphyxie soit conjuré, d'ouvrir à la trachée une ouverture étroite qui ne nécessite qu'une lé- sion très-circonscrite, ce qui est une condition essentielle pour que la cicatrice ne donne lieu à aucune déformation ultérieure. Dans le se- 238 TRACHÉOTOMIE. cond cas, au contraire, la respiration ne pouvant plus s'effectuer à l'avenir, dans la mesure voulue pour l'utilisation de l'animal, que par la voie artificielle ouverte dans la trachée, il faut que cette voie soit pratiquée très-large et maintenue telle d'une manière permanente, ce qui ne peut avoir lieu qu'à la condition d'intéresser le tube trachéal dans une bien plus grande étendue que cela n'est nécessaire pour la trachéotomie provisoire (1). » Nous allons donc considérer l'opération de la trachéotomie à ces deux points de vue, c'est-à-dire suivant qu'on se propose de pratiquer à la trachée une ouverture qui ne doit être que provisoire ou une ou- verture qu'il sera nécessaire de maintenir permanente; mais, au préa- lable, nous allons examiner l'anatomie de la région, le mode de fixation de l'animal et les instruments dont on se sert pour pratiquer la tra- chéotomie. Anatomie Av la rAçion. — Lieu d'élection. — La trachée est un long tube cylindroïde, flexible et élastique, formé par une série de cer- ceaux cartilagineux, déprimé d'avant en arrière, succédant au larynx et se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches. On distingue, dans la trachée, une portion cervicale et une portion thoracique. Nous n'avons à nous occuper que de la première. La trachée est située au bord inférieur de l'encolure où elle est en- tourée de tissu conjonctif et des muscles lui formant une sorte d'en- veloppe charnue ou de gaîne. En procédant du tégument cutané vers les parties sous-jacentes, nous trouvons d'abord le peaucier du cou. Ce muscle constitue une expansion membraniforme qui recouvre les mus- cles de l'encolure et la trachée et dont les fibres charnues s'unissent en avant, sur le plan médian, par une mince bandelette, sorte de raphé fibreux. C'est dans la partie moyenne de la portion cervicale de la trachée que le peaucier présente la moindre épaisseur. Après avoir en- levé ce muscle, on trouve en avant les sterno-hyoïdiens et thyroïdiens (fig. 217), les sterno-maxillaires, situés en avant d'abord; puis sur les côtés, les omoplat-hyoïdiens en haut et au milieu des parties laté- rales; les scalônes tout à fait en bas et latéralement; le long du cou, en arrière. La trachée est encore en rapport : 1° en arrière et dans sa moitié supérieure avec l'œsophage qui se place ensuite sur le côté gauche du tube aérien ; 2° sur les côtés et profondément avec les ar- tères carotides, leurs nerfs satellites et les jugulaires qui en sont sé- parées dans le milieu de l'encolure par les omoplat-hyoïdiens. 11 est à remarquer que, chez certains sujets, il existe, entre les cerceaux de la trachée, des rameaux transverses émanant des artères carotides et qui peuvent donner lieu à une hémorrhagie, généralement peu abondante. Les cerceaux qui composent la trachée ne forment point des an- i 11 Xote inédite. TRACHEOTOMIE. 239 neaux complets, mais des cercles interrompus du côté de la face posté- rieure de la trachée. « Ce sont des espèces d'arcs constitués par une lame cartilagineuse aplatie et incurvée sur elle-même dont les extré- mités se mettent en regard lune de l'autre, en se rejoi- gnant tout à fait dans le plus grand nombre des cerceaux et en se chevauchant même dans quelques-uns. Ces extrémités sont élargies et amincies; elles se bifurquent quelquefois et se soudent souvent avec celles des arcs voisins. Dans la partie moyenne de la trachée , ces cerceaux sont généralement plus grands qu'à l'origine et à la terminaison du tube (1). » Le lieu d'élection de la tra- chéotomie est au milieu du bord inférieur de l'encolure ; dans ce point, le peaucier pré- sente son minimum d'épais- seur, les muscles sterno-hyoï- diens et thyroïdiens sont écar- tés de la ligne médiane et les cerceaux de la trachée présen- tent leur plus grand volume (-2). Fixation «le l'animal. — On pratique la trachéotomie sur l'animal, maintenu debout, la tète relevée. Si l'irritabilité présumée de l'animal à opérer inspirait quel- ques craintes à l'opérateur, celui-ci se mettrait sûrement à l'abri des atteintes du sujet, surtout des mouvements brus- ques de latéralité de la tête, en le fixant dans un travail, comme le conseillait l'hippiàtre Lafosse, avec un licol à trois longes dont deux seraient attachées aux montants du travail et la troisième à la tra- verse supérieure de cette machine. Quoi qu'il en soit, il faut éviter d'abattre l'animal, car on courrait le risque de l'asphyxier. (1) Recueil de médecine vétérinaire. (2) A. ChauveauetS. Arloing, Traité d'anatomie comparée des animaux domestiques, 2e édition, p. 485. "."Ktii.fe. Fig. 217. — Région trachéale. T, trachée. AA.', steino-hjoïdiens et sterno-thyroïdieus. SH, sous-scapulo hyoïdien. SM, sterno-maxillahe. J, jugulaire. 240 TRACHEOTOMIE. Instruments. — Une paire de ciseaux courbes, deux bistouris, dont l'un droit et l'autre convexe, une érigne pointue et deux érignes plates, tels sont les instruments employés pour cette opération. Mais un simple bistouri droit suffit dans bien des cas, surtout quand l'asphyxie est imminente. M. Va- chette a imaginé une érigne dilatatrice (fig. 218), qui est formée d'un gros fil de fer ou de laiton disposé en ressort dans son milieu et terminé par deux crochets faisant office d'érignes mous- ses. L'emploi de cet instrument permet d'opé- rer sans l'assistance d'aides pour tenir les érignes destinées à écarter les muscles. Brogniez a inventé un instrument spécial pour lg,'./. — n9ne pratiquer la trachéotomie et auquel il a donné latatnce pour opérer l ^ 1 la trachéotomie sans 'e nom de trachéotome (1). Cet instrument a été aides. modifié par M. Wehenkel ('2). M. Marty a également fait connaître un tra- chéotome de son invention (3). Malgré les avantages attribués à ces instruments, nous pensons que l'on peut toujours les remplacer par le simple bistouri droit. Pour ce motif, nous les passerons sous silence. § lBr. — De la trachéotomie provisoire. Les états morbides pour lesquels l'indication de la trachéotomie provisoire peut se présenter sont de différents ordres : inflammations très-intenses des premières voies respiratoires, telles que celles qu'on désigne sous le nom générique d'angines; abcès gourmeux profonds; obstruction des voies nasales par l'œdématie de l'anasarque, par la fracture des sus-nasaux, etc. Dans ces différents cas, l'asphyxie peut être plus ou moins mena- çante, et, pour la prévenir, il faut suppléer à l'insuffisance de la colonne d'air à laquelle les voies respiratoires, actuellement rétrécies, livrent encore passage, en permettant l'entrée d'une colonne supplémentaire par une ouverture artificielle. Mais l'expérience a démontré que celle-ci n'avait pas besoin d'être très-large, et que, conséquemment, on devait s'abstenir de faire à la trachée des délabrements susceptibles de donner lieu à des cicatrices difformes qui ont pour conséquence de substituer un état pathologique permanent à l'état très-passager, mais actuelle- ment menaçant, auquel on se proposait de remédier par l'opération. Pi'océdés opératoires. — Ils sont au nombre de trois : 1° Procède par excision «le la moitié de deux cerceaux. — 11 com- prend deux temps bien distincts. (1) Traité de chirurgie vétérinaire, t. III, p. 2G0. (2) Annales 'le médecine vétérinaire publiées à ftruxelles, 18G7, p. 308. (3) Journal de médecine vétérinaire publié à /'École de Lyon, 1850, p. 501. TRACHÉOTOMIE. 241 Premier temps. — Incision de la peau et dissection des muscles. — L'opérateur, placé en avant du poitrail et un peu à droite, tend, avec le pouce et l'index de la main gauche, la peau qui recouvre la trachée dans le lieu d'élection de la trachéotomie; puis de la main droite armée du bistouri droit tenu en archet ou en couteau à découper, il incise, d'un seul coup, la peau et l'expansion membraniforme qui con- stitue le peaucier. Cette incision suit la direction du bord inférieur de l'encolure et mesure 5 à 6 centimètres de longueur environ. Si elle est faite sur le milieu de la face antérieure de la trachée, on voit, à droite et à gauche, les muscles sterno-hyoïdiens et thyroïdiens que l'on dis- sèque par deux ou trois coups de bistouri, puis on écarte ces muscles au moyen d'érignes plates que l'on confie à des aides. On a découvert ainsi la trachée dans toute l'étendue nécessaire pour en exciser commo- dément une portion. Alors commence le deuxième temps. Deuxième temps. — Excision des cerceaux de la trachée. — L'opéra- teur implante une érigne pointue entre les deux cerceaux de la trachée que l'on veut diviser. Il saisit ensuite cette érigne de la main gauche et s'en sert comme d'un point d'appui, pendant que de la main droite, armée du bistouri droit dont le tranchant est tourné en haut et la lame, limitée par les doigts pour ne pas blesser la face postérieure de la tra- chée, il attaque d'abord le cerceau supérieur en faisant marcher le bistouri, de gauche à droite, par un mouvement de scie ; puis, et sans discontinuer, le cerceau inférieur, en conduisant l'instrument en sens inverse, de telle sorte que l'incision présente la forme d'une ellipse dont le grand diamètre serait transversal. On excise ainsi la moitié du cerceau supérieur et la moitié du cerceau inférieur. Le lambeau de tra- chée reste fixé, par son milieu, à l'érigne, que l'on retire. L'ouverture trachéale présente une forme elliptique, il importe qu'elle soit faite avec netteté et qu'elle n'offre ni angles saillants ni angles rentrants. Nous ne comprenons pas comment Gurlf et Hertwig ont pu, dans leur ouvrage de chirurgie vétérinaire, conseiller une ou- verture rectangulaire ou carrée, ce qui suppose que le tube, destiné à maintenir béante l'ouverture faite à la trachée, présente une forme sem- blable. Or on conçoit aisément qu'un pareil tube, qui offre des arêtes tranchantes et dont l'application exigerait de grands délabrements, dé- terminerait inévitablement le rétrécissement de la trachée. 2° Procédé par incision longitudinale. — Ce procédé peut se prati- quer en un seul temps. Pour cela on applique la main gauche un peu au- dessus du lieu d'élection de la trachéotomie; par ce moyen on tend la peau et l'on prend un point d'appui, ce qui permet à l'opérateur de diriger l'instrument tranchant avec toute la sûreté désirable, puis, de la main droite, tenant le bistouri droit comme une plume à écrire, le tranchant en bas, on plonge l'instrument dans la trachée en passant entre deux cerceaux et en pressant sur le dos de la lame, on coupe verticalement deux cerceaux de la trachée. On fait ensuite écarter par un aide, ou Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II. — 1" •n? TRACHÉOTOMIE. mieux, l'on écarte soi-même, au moyen du pouce et de l'indicateur gauches, les bords de la fente pratiquée à la trachée, et, delà main droite, on introduit un tube approprié. Quel que soit le procédé employé, les dimensions de l'ouverture trachéale doivent être peu considérables. Vatel recommandait de ne pas lui donner plus de 3 centimètres de largeur, afin que la trachée conserve ultérieurement son calibre primitif. Dès qu'on a pratiqué une ouverture dans la trachée, le cornage cesse et la dyspnée disparaît, à la condition de maintenir cette ouverture, béante. A cet effet, on emploie un appareil spécial dit tubeàtrachéolomi<>. Toutefois, dans les cas pressants, lorsqu'on a dû pratiquer la trachéo- tomie pour empêcher la suffocation, qui menaçait de se produire à cha- que instant; lorsqu'en un mot le temps opératoire est de nécessité et que le praticien n'a pu se procurer l'appareil dilatateur, il faut alors relever les lambeaux cutanés au moyen de deux rubans de fil, fixés dans leur épaisseur, parmi point de suture etnoués, l'un avec l'autre, surlebord dorsal de l'encolure, mais, par ce moyen, les mouvements de l'encolure, en changeant les rapports des ouvertures de la peau et de la trachée, permettent l'introduction de l'air expiré dans le tissu conjonctif sous- cutané, ce qui détermine un emphysème plus ou moins étendu; aussi ne doit-on l'employer qu'à défaut de tube. Au surplus, si l'on a à sa disposition une lame de plomb, on peul improviser un tube en découpant deux des bords opposés de cette plaque en cinq ou six languettes, puis on roule cette lame et l'on redresse les lan- guettes (fig. 219) qui doivent se trouver à l'extérieur On introduit alors cet appa- reil dans l'ouverture, et, à l'aide du doigt ou d'un petit crochet, comme une érigne plate par exemple, on rabat les languet- tes de l'autre extrémité du tube, et on les applique de la sorte à la face interne de la trachée. Pour enlever ce tube, on le tire à soi; alors, grâce à la flexibilité du plomb, les languettes se redressent et s'appliquent les unes contre les autres en éraillant, il est vrai, les bords de la plaie, et en déchirant la muqueuse. Aussi cet ap- pareil ne peut-il être considéré que comme un pis-aller que l'on n'em- ploierait qu'à défaut d'autre, bien que Gohier, qui en est l'inventeur, en ait recommandé l'emploi. Gohier conseillait de laisser ce tube à demeure et de ne l'employer qu'après que l'engorgement inflamma- toire se serait dissipé. La canule de la seringue achevai peut, à la ri- gueur, être employée provisoirement. Le tube à trachéotomie le plus connu se compose (fig. 220) : 1° d'une canule en fer-blanc, aplatie de dessus en dessous ou cylindrique, de 2 à 3 centimètres de diamètre, recourbée d'un huitième de cercle RÇx Fig. 219. — Tube improvisé pow la trachéotomie (Gohier). TRACHÉOTOMIE. 243 suivant sa longueur, qui peut varier de 10 à 12 centimètres envi- ron; 2° d'un pavillon formé d'une plaque de même métal, de forme rectangulaire, convexe antérieurement, concave postérieurement, pour s'adapter à la face antérieure de l'encolure. Cette plaque mesure environ 10 à 12 centimètres de hauteur sur 9 à 10 centimètres de lar- geur, elle est percée à son centre d'une ouver- ture au pourtour de laquelle la canule est sou- dée. Quand le tube est introduit dans la trachée, on le fixe, en place, au moyen de quatre rubans ou courroies, qui partent de chacun des angles de la plaque et vont se nouer sur le bord dorsal de l'encolure. Quand on a pratiqué la trachéotomie par inci- sion longitudinale, on se sert d'un tube à canule aplatie d'un côté à l'autre, d'un calibre propor- tionné à l'ouverture. « Ce tube, dit Vatel, a l'inconvénient de pou- voir être déplacé par suite de certains mouve- ments de l'encolure et, par sa sortie accidentelle de l'intérieur de la trachée, de permettre le rap- prochement des tissus incisés et l'occlusion de l'ouverture trachéale , qui peut être suivie de l'asphyxie de l'animal. Aussi, son usage doit-il être restreint aux seuls cas de trachéotomie pra- tiquée sur des chevaux dont les causes du cor- nage sont passagères et promptement guérissa- bles et qui doivent être surveillés pendant les quelques jours qu'ils portent le tube(l). » Quel que soit le tube employé, il faut toujours le nettoyer souvent. Pendant les deux premiers jours, qui suivent l'opération, on le laisse en place, mais le troisième jour il faut l'enlever pour le débarrasser des mucosités desséchées et des croûtes, qui en obstruent plus ou moins complètement la canule. On le nettoie ensuite tous les jours. 3° Procédé par incision entre deux cerceaux. — L'hippiàtre Lafosse le décrit de la manière suivante : l'opérateur, assisté d'un aide, pince la peau « au-dessous du larynx, entre le troisième et le quatrième anneau de la trachée, ou encore entre le cinquième et le sixième; puis, avec son bistouri, il incise la peau de la longueur d'un pouce transversale- ment vis-à-vis de l'anneau. Cette première incision faite, il prend un scalpel ou une lancette à abcès, avec cet instrument il fend la mem- brane ligamenteuse qui unit les anneaux entre eux. Alors, il introduit une canule qui doit être courbée d'un huitième de cercle et aplatie. Fig. 2'.'0. — Tube pour la trachéotomie pro- visoire. (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1848, p. 876. 244 TRACHÉOTOMIE. Cette canule porte deux petites anses auxquelles ou attache des rubans que l'on passe par-dessus le cou (1). » Un vétérinaire anglais. Gowing, a imaginé un tube à trachéotomie, essentiellement caractérisé, dit M. H. Bouley : « 1° Par la mobilité du pavillon sur la canule, ce qui permet de le rapprocher ou de l'écarter de la peau; suivant les indications du gon- llement. Une vis de pression le maintient fixé à telle distance que l'opé- rateur juge nécessaire ; « 2° Par l'aplatissement de la canule de dessus en dessous, afin qu'elle puisse être introduite et fixée avec facilité dans l'intervalle de deux cerceaux ; « 3° Par un trocart formé de pièces articulées à la manière de celles de la scie à chaîne, ce qui lui permet de suivre les contours de toutes les canules dans lesquelles on l'introduit. « Quand on veut se servir de ce tube, on découvre la trachée; puis, à l'aide d'un scalpel ordinaire, on fait, dans l'intervalle de deux cer- ceaux, une ponction suffisamment large pour permettre l'introduction de la pointe du trocart, lequel achève l'ouverture par laquelle il doit passer, et la proportionne exactement au diamètre du tube qui lui sert de fourreau. « Ce procédé opératoire, ajoute M. H. Bouley, est, £i l'exception du trocart articulé, qui appartient bien à M. Gowing, celui que conseillait Lafosse et que pratiquaient les anciens hippiâtres (2). » Il est d'une exécution facile, et il met l'animal opéré à l'abri des dé- formations cicatricielles, qui sont toujours à craindre quand on fait de grands délabrements à la trachée. § 2. — Trachéotomie permanente. Lorsque la cause qui entretient la gène de la respiration chez les chevaux affectés de cornage chronique n'est pas susceptible de dispa- raître (étroitesse des cavités nasales, aplatissement de la trachée dans les parties supérieures, paralysie de la glotte, etc.), on pratique alors à la trachée une large ouverture, qui doit être maintenue béante pen- dant foute la vie de l'animal. Le lieu d'élection de la trachéotomie permanente est au tiers supé- rieur du bord trachéal de l'encolure, afin de se réserver la possibilité de faire une autre ouverture dans le cas où la première se rétrécirait au point de ne plus permettre l'introduction du tube, par suite de l'induration et surtout de l'hypertrophie de ses bords. On pratique cette opération par l'un ou l'autre des procédés indi- qués précédemment, en ayant soin de donner à l'ouverture trachéale (1) Dictionnaire cThippiatrique,ffl5. Art. Buonchotomie, p. 161. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1851, p. 112. TRACHEOTOMIE. des dimensions suffisantes pour que l'on puisse y introduire le tube qui doit en empêcher l'occlusion. La forme de ce tube, ses dimensions, et le mécanisme à l'aide duquel on le main- tient en place, varient sui- vant les praticiens. Un ancien vétérinaire de Paris, Damoiseau, avait ima- giné un tube à ressort (1), qui n'est plus employé par suite des inconvénients qu'il pré- sente, notamment les déla- brements considérables que nécessite son application , l'irritation exagérée qu'il dé- termine par son volume et son poids ; toutes causes qui amènent le rétrécisse- ment progressif de la tra- chée. Pour remédier à ces in- convénients, Leblanc avait proposé l'emploi d'un autre instrument, dit tube en T. Tube Leblanc. — Le tube de Leblanc est en cuivre étamé ou en fer-blanc épais (fig. 222 et 223), et se com- pose de plusieurs parties, sa- voir : 1° D'une canule cylindri- que formée par deux gout- tières demi-circulaires, cour- bées à angle droit à une extrémité et terminées à l'autre par un ourlet, qui fait saillie sur leur partie con- vexe. Les bords, qui se trou- vent assemblés quand le tube est en place, présen- tent une feuillure qui en as- sure la coaptation et empê- che tout déplacement latéral. 2° D'un pavillon muni d'une sorte de collier qui embrasse la canule. (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1828, p. 585. Fig. 221. — Tube de Leblanc, démonté pour montrer les gouttières et le collier qui le com- posent. monté. "246 TRACHÉOTOMIE. Ce collier est composé de deux pièces demi-circulaires, articulées à charnière à l'une de leurs extrémités et terminées à l'autre par un tron taraudé pour recevoir une vis, qui sert à les rapprocher et à les mainte- nir réunies autour de la canule. Pour appliquer ce tube, on pratique la trachéotomie par incision longitudinale, en ayant le soin de donner à cette incision « une lon- gueur d'environ 3 centimètres en sus du diamètre du tube (Valel). » « Pour placer l'appareil, dit Vatel, on introduit dans l'incision l'index et le médius de la main gauche, appliqués l'un contre l'autre; on les retourne ensuite pour que leur largeur soit transversale à la longueur de l'incision ; on applique contre eux la face concave de la partie ho- rizontale d'une des gouttières du tube tenu par la main droite; on l'en- gage dans l'incision en la faisant glisser sur l'espèce de mandrin formé par les doigts; on retire ceux-ci, et, par un mouvement de bascule de bas en haut, on redresse la partie verticale de la gouttière, qui d'abord était inclinée vers la peau, et qui se trouve alors placée clans la trachée. La deuxième gouttière s'introduit comme la première; seulement, au lieu d'être obligé d'engager d'abord les doigts pour lui frayer un pas- sage, on la fait glisser sur les bords de la gouttière, qui est déjà en place et qui est maintenue par un aide; puis, par un mouvement de bascule de haut en bas, on l'engage dans la trachée à la même profon- deur que la première ; on tire ensuite les deux pièces ainsi juxtaposées, de manière à appliquer la face convexe des parties horizontales des gouttières contre la muqueuse de la trachée. Puis on met le collier, im- médiatement au-dessus de l'ourlet, et on le ferme à vis (1). » Nous ferons remarquer que les figures 221 et 222 représentent le tube en T modifié. Dans cet appareil, en effet, le pavillon peut glisser sur la canule. On peut de la sorte faire varier la distance qui existe entre le pavillon et les prolongements verticaux des gouttières, appli- qués contre la face interne de la trachée, et, par ce moyen, fixer soli- dement le tube en place, quelle que soit l'épaisseur des tissus. Cette particularité offre une certaine importance, attendu que le gonflement inflammatoire, consécutif à l'opération, présente dans les première jours qui suivent celle-ci, un développement parfois considérable, puis il diminue progressivement, sans disparaître d'une manière complète; il reste alors stationnaire et offre la consistance des tissus indurés. On conçoit dès lors que le tube de Leblanc, permettant de faire varier la distance qui existe entre le pavillon et les prolongements des gouttières faisant office de canule, on conçoit, disons-nous, que ce tube peut être d'un emploi avantageux quand l'engorgement consécutif à l'opération est très-prononcé. Lorsque l'engorgement reste stationnaire, on em- ploie alors un tube en T, dont la canule présente une longueur exac- tement égale à l'épaisseur des tissus. En employant successivement (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1818, p. 880. TRACHÉOTOMIE. 247 ces deux tubes, Leblanc a pu faire travailler, pendant 18 ans, un cheval corneur. Tube Demilly. — En 1836, Demilly, vétérinaire à Reims, a fait con- naître un tube auquel il a donné le nom d'aéropyle et qui, d'après Va- tel, n'est réellement qu'une imitation du tube de Damoiseau. Le même auteur fait remarquer «que le peu de volume de cet instrument ne lui permet pas d'être employé dans les cas de cornage persistant, son ou- verture extérieure n'étant pas assez en rapport avec la capacité de la trachée. » Tube Brogniez. — Brogniez a imaginé deux tubes à trachéotomie dont il a donné la description dans son Traité de chirurgie vétérinaire. L'un de ces appareils est représenté par la figure 223 ; dans celui-ci le corps du tube offre une longueur proportionnée à l'épaisseur des tissus qu'il doit traverser; l'extrémité, qui doit être introduite dans la trachée, est garnie de palettes articulées qui, étant fermées, lui donnent une forme effilée, de telle sorte qu'elle pénètre aisément entre les cerceaux de la trachée. Le pavillon a peu d'étendue, il supporte extérieurement un petit appareil à vis, au moyen du- quel on fait déployer les palettes dans l'intérieur de la trachée. « Cet instrument paraît d'abord d'un usage facile, mais il présente encore des inconvénients. L'ap- pareil mécanique au moyen duquel on renverse les palettes qui doivent le maintenir dans la trachée, ne permet pas de le nettoyer en place, et l'accumulation des mucosités desséchées peut devenir un obstacle au libre jeu de son mécanisme (Va- tel). » Nous serons plus affirmatif que cet auteur, et nous dirons que les diverses pièces qui composent cet appareil ne tardent pas à se recouvrir de mucosités, qui. en se dessé- chant, opposent un obstacle des plus sérieux au fonctionnement du tube. Tubes Renault. — Renault a fait subir, au tube de Damoiseau, diverses modifications qui en ont fait pour ainsi dire un instrument nouveau. Ce tube, représenté par la figure 2i6, est en cuivre élamé. Son pavillon n'a que l'étendue strictement nécessaire à sa réunion au corps du tube et à la fixation de l'appa- reil qui sert à le maintenir. La canule, sem- blable à celle du tube à trachéotomie or- dinaire, mais plus courte, présente, dans sa partie horizontale et sur son bord supérieur, une sorte de fenêtre rectangulaire qui donne passage à un prolongement mobile ou lan- Fig. 223. — Tubt de Brogniez. Fig. 224. Tube complet de Renault. •2 5-8 TRACHÉOTOMIE. guette, que Ton introduit après avoir préalablement placé le tube dans la trachée. Pour fixer ce tube a demeure, on se sert d'un prolongement mobile ou languette, formé par une pièce métallique recourbée à chaque bout. L'une des extrémités de cette pièce est introduite dans l'ouverture rec- tangulaire du tube, et l'autre extrémité sévisse sur le pavillon. Pour rendre le nettoyage du tube plus facile, Renault a remplacé la x^ Fig. 225. — Tube tronqué (Renault). A droite de lu Ggure, le lul>e est démonté; à gauche, les parties qui le composent sont réunies au moven d'une vis. canule par une gouttière perpendiculaire au corps du tube, et sembla- ble à celles du tube de Leblanc (fig. 225). Pour faire une distinction entre les deux tubes de l'invention de Renault, nous désignerons, à l'exemple de Vatel, le premier sous le nom de tube comjilet (fig. 224), et le deuxième sous celui de tube tronqué (fig. 225). Sur un cheval atteint de cornage chronique, nous avons em- ployé le tube tronqué, qui nous paraissait très-commode, mais, au bout de quelques jours, il a fallu renoncer à son emploi, car, pour éviter l'obstruction du tube, on était obligé de le nettoyer tous les deux jours au moine. Des mucosités s'introduisaient entre les filets de la vis, et, en se détachant, l'empêchaient de fonctionner, ou tout au moins en rendaient les mouvements très-difficiles. La fixation de ce tube était alors imparfaite, et, à plusieurs reprises, l'animal, qui était porteur de ce tube, parvint à en disjoindre les pièces en se frottant contre les bords de la mangeoire. Tube Prangé. — Prangé a imaginé un tube à pit/non, destiné à être placé après la trachéotomie faite avec perte de substance. Vatel a ap- pliqué ce tube sur un cheval, « et, dit-il, après l'avoir laissé en place pendant quatre jours, nous n'avons pu faire mouvoir le pignon. Il eul fallu inciser largement la trachée pour retirer l'instrument, si le che- val sur lequel l'expérience a été faite n'eût été destiné à être sacrifié. » Prangé a également inventé une sorte de tube recourbé en C, dit TRACHÉOTOMIE. 249 glotte artificielle, qui ne peut être appliqué qu'après une opération par- ticulière, la trachéotomie double par écartement. Nous ne décrirons pas cette opération, car nous répéterons avec Vatel « que les tubes de Prangé, considérés au point de vue de la pra- tique vétérinaire, n'offrent aucun avantage sur ceux journellement em- ployés (1). » Prangé a présenté à la Société centrale vétérinaire, en 1857, un tube à trachéotomie à clavettes mobiles, « formé d'un pavillon et d'un corps de tube recourbé en cou de cygne. A la partie supérieure, à 3 centimè- tres en arrière du pavillon, sur la courbure même, est pratiquée une ouverture qui livre passage à la partie relevée des clavettes. Le pavillon porte, dans sa moitié supérieure, un peu au-dessus de l'ouverture prin- cipale, un trou avec un pas de vis. <( Les clavettes, aplaties, au nombre de trois, de longueurs différen- tes, ont la même configuration. La plus courte a A centimètres, la plus longue ne doit pas avoir plus de 6 centimètres. Chaque clavette a ses deux extrémités coudées : l'une, postérieure, légèrement inclinée en arrière, maintient l'instrument dans la trachée, l'y fixe; l'autre, anté- rieure, relevée à angle droit, porte, dans son centre, une vis prison- nière qui fixe la clavette sur le devant du pavillon et la maintient solidement en place (2). » M. Reynal a fait remarquer qu'un an avant Prangé, il avait modifié le tube à trachéotomie comme il vient d'être indiqué. Ces tubes, comme ceux de Renault, offrent un inconvénient sérieux par suite du défaut de largeur de la languette mobile. Deux ou trois mois après l'applica- tion de l'un de ces appareils, des bourrelets cbarnus se forment au pourtour de la languette, et s'opposent à l'introduction facile de cette partie du tube. Tube Charlier. — M. Charlier a imaginé un tube à trachéotomie <( formé de deux pièces seulement, dont l'une, horizontale, pourvue d'un segment en gouttière, forme le corps ou tube proprement dit; l'autre partie, formant le second segment, est adaptée d'une manière mobile dans la première, et peut, au moyen de deux coulisseaux et d'une tra- verse en gros fil de fer, s'effacer au moment de l'introduction et se re- lever ensuite pour former un T à peu près complet avec le corps de l'instrument. » M. Charlier a placé ce tube sur une jument faisant le service des voi- tures de place, et il lui a reconnu, entre autres avantages, de s'appli- quer avec facilité, de pouvoirse nettoyer aisément et « de nepasnéces- siter l'emploi d'une plaque ou d'un collier (3). » M. Vachette, vétérinaire à Paris, a recommandé l'emploi d'un tube à trachéotomie composé de deux pièces (fig. 22G), qui peuvent s'en- (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1848, p. 891. \l)lbid., 1857, p. 773. (3) Ibid., 1860, p. 80. 250 TRACHÉOTOMIE. gainer l'une dans l'autre. Chacune de ces pièces est munie d'un pavil- lon auquel est soudé un corps de tube, légèrement aplati de dessus en dessous, d'une longueur de 2 centimètres, et d'un diamètre de 25 mil- limètres pour le tube engainant, et de 22 millimètres dans le tube en- gaîné ; ce corps de tube est prolongé par une gouttière recourbée en col Fig. 226. — Tube Vachette. de cygne. La gouttière du tube engainant offre une hauteur de 5 centimè- tres environ, tandis que celle du tube engaîné égale 8 centimètres. Les bords de ces gouttières sont repliés en dedans, de telle sorte que leurs faces latérales sont arrondies ; la largeur de la gouttière supé- rieure est de 3 centimètres et demi; cette gouttière est élargie au point où elle s'infléchit. Cette disposition a pour but de prévenir l'enchaton- nement de cette gouttière par des bourgeons charnus développés au pourtour de l'ouverture, et le rétrécissement consécutif de l'ouverture trachéale. La largeur de la gouttière inférieure est de 3 centimètres à son origine en c, tandis qu'elle mesure 3 centimètres et demi à son extré- mité terminale; les bords de cette gouttière sont renversés en dedans, de telle sorte qu'elle représente un tube dont on aurait enlevé une partie de la face supérieure. Le pavillon de la pièce a mesure 5 centimètres et demi de hauteur, et 8 centimètres de largeur ; il offre dans son milieu une ouverture ellipsoïde, dont le grand diamètre est horizontal et mesure 3 centimè- tres et demi; le diamètre vertical égale 2 centimètres et demi. 11 pré- TRACHEOTOMIE. 251 sente en d une petite goupille triangulaire, fixée au moyen d'un rivet, et de telle sorte qu'on peut la faire glisser à droite et à gauche. Cette goupille est reçue en partie dans une échancrure (V) que présente le pavillon de la pièce p. C'est par ce simple mécanisme que le tube est [\\è dans la trachée. Ajoutons que les bords latéraux du pavillon de la pièce p sont légèrement relevés afin de pouvoir enlever aisément l'in- strument. Quand les deux pièces sont fixées l'une dans l'autre, la dis- tance qui sépare le pavillon p du point où les gouttières s'infléchissent, égale 4 centimètres et demi. Pour appliquer ce tube, on fait d'abord la trachéotomie par incision elliptique, puis on fait pénétrer dans l'ou- verture trachéale la pièce a, qui fait office de gaine, et on introduit dans celle-ci la pièce p; on tourne la goupille de telle sorte qu'elle vienne se loger dans l'échancrure du tube engaîné, et, de la sorte, les deux parties de l'instrument sont reliées et fixées l'une à l'autre. Ce tube est très-ingénieux et d'un emploi facile, car le mécanisme en est fort simple. M. H. Bouley en a obtenu d'excellents effets sur un cheval affecté de cornage chronique, qui a pu travailler ensuite pendant longtemps. Toutefois, nous croyons, que les gouttières de ce tube sont trop larges et trop longues, surtout celle qui est destinée à être placée infé- rieurement. Vatel dit en effet « qu'il y a avantage, dans le cas de cor- nage persistant, à employer préférablement les tubes qui ne se prolon- gent pas dans la partie de la trachée, inférieure à l'ouverture anormale de cet organe, parce qu'on évite ainsi en partie le développement des productions osseuses, les indurations du tissu cellulaire qui peuvent se propager au delà de la portion de la trachée remplie par le tube et devenir cause du rétrécissement (1). » C'est en nous inspirant de cette idée que nous avons modifié le tube de M. Vachette, et fait fabriquer celui qui est représenté par la fi- gure 229. On voit que ce tube est moins volumineux que celui de M. Vachette : le corps du tube égale 3 centimètres; la longueur de chaque gouttière ou prolongement (GG') est de 4 centimètres, la lar- geur de la gouttière supérieure est de 3 centimètres, celle de la gout- tière inférieure égale 2 centimètres et demi; leurs bords, au lieu de se renverser en dedans comme dans le tube Vachette, sont droits et ar- rondis d'un côté à l'autre. Cette disposition rend le nettoyage du tube très-facile et permet même de l'opérer sur place. L'ouverture de chaque pavillon offre des dimensions égales à celles du tube Vachette, mais elle est disposée verticalement et le tube est légèrement aplati d'un côté à l'autre. Nous l'avons employé sur plusieurs chevaux, et nous pou- vons affirmer qu'il donne les meilleurs résultats (2). Ainsi l'irritation (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1818, p. 888. ('2) Depuis l'année 1872, j'ai appliqué mon tube à trachéotomie à plusieurs chevaux corneurs, parmi lesquels il s'en trouvait deux, employés pour un service exigeant des »:;•' TRACHÉOTOMIE. que la présence de cet appareil provoque est modérée, car il est peu volumineux et très-léger, de telle sorte que les frottements sont faibles ; on peut interposer entre le pavillon et la peau une ou deux rondelles de cuir suivant les indications fournies par le gonflement inflamma- Fig. 221 Tube Peiich. toire, et éviter ainsi que les gouttières ne portent sur la face posté- rieure de la trachée. A ce sujet, nous devons faire remarquer que le tube, dont nous pré- conisons l'emploi, doit toujours être appliqué de telle sorte que la face externe de chaque gouttière repose sur la paroi antérieure de la tra- chée, et que le pavillon soit en contact avec la peau, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une ou deux rondelles de cuir suivant le vo- lume de l'engorgement inflammatoire. Cinq à six mois après l'application de notre tube, il est nécessaire, parfois, de réséquer les bords de l'ouverture trachéale qui se transfor- .ment en une sorte de bourrelet offrant, çà et là, quelques points ossi- fiés, qui rendent l'introduction du tube difficile. C'est là, sans doute, un inconvénient que nous ne chercherons pas à dissimuler, mais nous croyons que le tube Vachette n'en n'est pas exempt, car, d'une part, les gouttières s'entre-croisent comme dans notre tube, et, d'autre part, la longueur de la gouttière inférieure et son volume provoquent, dans la trachée, une irritation plus prononcée allures rapides ; avec cet appareil, si simple et si léger, ils ont pu faire leur travail comme avant l'apparition du cornage, et cela, depuis quatre ans. — Divers praticiens en ont obtenu également des résultats favorables. — Je puis affirmer que le rétrécis- sement n'est pas à craindre, comme on pourrait peut-être le penser à priori, el j'ajoute que l'introduction de ce tube, dans la trachée, est extrêmement facile. TRACHÉOTOMIE. 253 qu'avec notre appareil. Or, cette irritation permanente peut, à la lon- gue, amener l'induration de la trachée et son rétrécissement. Enfin, le tube Vachette, modifié, convient indistinctement pour le cornage tem- poraire et pour le cornage permanent, tandis que l'instrument primi- tif, par l'inflammation qu'il entretient, peut déterminer un trachéo- cèle. Les figures 227 et 228 représentent deux tubes à trachéotomie, dé- signés, dans le catalogue de la maison Salles de Paris, sous les noms de tube Imlin et de tube Trasbot. — Le premier de ces appareils (fig. 229) est une modification du tube Vachette afin d'empêcher l'in- Fig. 228. — Tube Imlin. Fig. 229. — Tube Trasbot. troduction des bourgeons charnus au point d'entre-croisement des deux prolongements du tube ; ces prolongements sont des cylindres creux et non de simples gouttières; mais ce tube est lourd, il doit donc pro- duire une forte inflammation, ce qui augmente les chances de rétrécis- sement de la trachée. Le second est un tube à languette ayant avec le tube tronqué de Renault une certaine analogie. Accidents. — 1° Hémorrhagie. — Cet accident est fort rare après la trachéotomie. Il résulte de la division des branches collatérales de la carotide anormalement développées. Nous l'avons observé, une fois, sur un cheval atteint d'anasarque avec cornage. On y remédie en interpo- sant, entre le pavillon et la peau, des boulettes imbibées d'eau fraîche ou de perchlorure de fer si l'hémorrhagie offre un caractère in- quiétant. 2° Trachéocèle . — On appelle ainsi une tumeur ou mieux une sorte de gonflement existant au pourtour de la trachée ou dans l'intérieur de celle-ci. Ce gonflement résulte soit de l'induration des tissus, qui entou- rent le tube aérien, avec ossification plus ou moins complète des cer- ceaux, soit de végétations fongueuses développées dans l'intérieur de 254 TRACHÉOTOMIE. la trachée. Quoi qu'il en soit, le trachéocèle s'accompagne toujours de rétrécissement ou d'aplatissement de la trachée et le cornage se reproduit. Cet accident se montre deux ou trois mois après que la trachéotomie a été pratiquée. 11 est produit par diverses causes. Ainsi, d'après Vatel, « l'expérience paraît avoir démontré : 1° que les trachéocèles intérieurs et le rétrécissement de la trachée, par suite du développement de pro- ductions osseuses à la surface des cerceaux cartilagineux, reconnaissent pour causes principales les compressions, les espèces de contusions qui résultent de la présence plus ou moins prolongée de tubes trop pesants, trop 'gros ou dont les courbures à l'endroit de leur coude ne sont pas assez étendues ; et aussi le défaut de rapport entre l'ouverture tra- chéale et le volume du tube ; 2° que le chevauchement des cerceaux cartilagineux et l'aplatissement de la trachée résultent le plus souvent de trop grandes incisions ; 3° enfin, que le rétrécissement et l'aplatis- sement de la trachée, sans chevauchement de ses cerceaux, résultent évi- demment des inflammations persistantes entretenues par la présence de gros tubes dans l'intérieur du conduit trachéal (1). » Renault, M. Lafosse, ont publié des observations de trachéocèle que nous allons analyser afin que l'on soit à même de remédier à un acci- dent de cette nature. Dans le cas rapporté par Renault (2) il s'agit d'un cheval âgé de neut ans et qui avait été opéré de la trachéotomie depuis deux mois. Au mo- ment où il fut présenté à Renault, la plaie d'opération était cicatrisée, et le pourtour en était tuméfié et induré. En auscultant la trachée, on entendait, au niveau de la cicatrice, un fort sifflement, plus prononcé que dans les autres parties du conduit aérien. L'animal cornait à tel point « qu'on pouvait l'entendre à cinquante pas de distance ; » la dyspnée était extrême : il fallait opérer sur-le-champ. Pour cela, l'ani- mal fut maintenu debout et Renault incisa plusieurs cerceaux de la tra- chée au-dessous du point o^i la trachéotomie avait été pratiquée. Cette opération, commencée avec le bistouri droit, dut être terminée avec la feuille de sauge, car les cerceaux de la trachée étaient ossifiés. On parvint ensuite à placer le tube à trachéotomie ordinaire, non sans beaucoup de difficultés, «tant était rétréci le conduit trachéal et tant étaient fréquents les mouvements du cheval qui tomba deux fois pen- dant ces tentatives. » On remplaça ensuite ce tube par un autre « dont le conduit portait quatre pouces de largeur sur un de diamètre, » et, le lendemain, ce tube « avait produit son effet ; le calibre intérieur de la trachée, qui la veille avait à peine quatre à cinq lignes de diamètre à l'endroit du trachéocèle, avait alors un pouce, puisque la tumeur s'était affaissée sous la compression exercée par le tube. » On substitua ensuite (1) Recueil de médecine vétérinaire, 18*8, p. 8-17. (2) laid., 1882, p. 256. TRACHÉOTOMIE. 253 à ce ce dernier, le tube de Damoiseau. Dix jours après, le cornage se reproduisit. Renault pensa que la tumeur intérieure s'était étendue et qu'elle s'était accrue dans toutes les dimensions au delà du point où se terminait le tube, et où par conséquent cessait la compression. On plaça alors un tube « portant sept pouces de longueur afin de s'étendre au delà du tracbéocèle. » Deux mois après environ, le cornage se mon- tra de nouveau, et, un matin, on trouva l'animal mort dans son écurie. M. Lafosse a constaté la présence d'un tracbéocèle sur un poulain de trois ans d'une remarquable turbulence qui, après avoir été tra- cbéotomisé, se frotta violemment la plaie d'opération contre la crèche. Cette plaie était alors en très-bonne voie de guérison, car le tube à trachéotomie avait été enlevé depuis plusieurs jours. Un fort engor-" gement, dépassant de chaque côté la gouttière des jugulaires, attei- gnant presque les mâchoires et le poitrail, se déclara ; un traitement approprié fut mis en usage pendant trois semaines. Après ce délai, la cicatrice était presque entièrement fermée; il ne restait plus qu'une tumeur diffuse et indurée autour du point opéré. Trois mois plus tard, l'intumescence avait augmenté, elle mesurait une longueur de 24 cen- timètres, et l'auscultation permettait de reconnaître que le cornage avait sa plus grande intensité au point où la trachéotomie avait été pratiquée: ce symptôme et l'existence de la tumeur indurée firent aisé- ment reconnaître un trachéocèle interne que l'on essaya de combattre, mais infructueusement, par les fondants qui furent employés durant six semaines. L'opération fut décidée etl'on dut coucher l'animal, tant il était vif et indocile. A peine était-il étendu sur le lit de paille qu'il fallut ouvrir vivement la trachée, au-dessous du trachéocèle, pour pré- venir l'asphyxie. A cet effet, la trachée fut fendue à la partie postérieure de la tumeur, deux cerceaux, ayant encore à peu près la consistance normale, furent maintenus écartés avec des érignes, puis, M. Lafosse chercha, au moyen du bistouri droit, à prolonger, sur la partie malade de la trachée, la fente qu'il avait commencée au-dessous; mais à mesure, dit M. Lafosse, que nous avancions vers son centre, elle résistait davantage : l'instru- ment s'émoussait sur un tissu ayant la dureté osseuse. La feuille de sauge s'émoussait également, on dut achever l'incision avec un rogne- pieds mince, bien aiguisé et sur le dos duquel on donna de petits coups de brochoir vivement réitérés. «Un cylindre de liège, entouré d'étoupes, enduit d'une couche d'huile d'olive et traversé par une ficelle maintenue à l'extérieur, fut placé dans les cerceaux ossifiés et rétrécis de la trachée, dans le but de les ramener à leur calibre natu- rel. Un tube à trachéotomie fut ensuite placé dans la commissure infé- rieure de l'incision. Une étoupade maintenue par une suture à bour- donnets fut placée sur le reste de l'incision et contribua à maintenir le cylindre de liège.» Au bout d'une huitaine, le bouchon de liège fut remplacé par un tube percé à son coude d'une ouverture égale à celle 236 TRACHÉOTOMIE. du pavillon ; la douille, au lieu d'être dirigée du côté de la poitrine, fut engagée dans le rétrécissement de la trachée. Six semaines après, la l'ente trachéale, se rétrécissant déplus en plus, rendait l'introduction du tube difficile, il fut nécessaire de faire la rescision de ses bords ; on plaça désormais le tube dans la position habituelle. Quatre mois plus tard, la cicatrice était complète, mais encore entourée d'une tumeur indurée assez volumineuse. L'animal ne cornait plus (1). Enfin, cinq ans après, il mourut d'une pneumonie, et M. Serres a fait connaître les modifications éprouvées par la trachée (2). D'après ce qui précède, on voit que le trachéocèle s'est développé après l'emploi de tubes volumineux (tube Damoiseau, tube en fer-blanc ordinaire). Dès lors, on conçoit aisément' qu'en employant le tube re- présenté par la figure 227, on se place dans les conditions les plus favo- rables pour éviter cet accident, qui présente, comme on l'a vu, une sérieuse gravité. 3° Chute du tube dans la trachée. — Brogniez rapporte qu'ayant placé sur un cheval, un tube à trachéotomie qu'il avait perfectionné, des mucosités s'introduisirent entre les diverses parties du tube et, en s'y desséchant, elles établirent de telles adbérences qu'on fut obligé d'arracher le pa- villon avec des pinces ; de plus, en cherchant à démonter le reste, la moitié du tube tomba dans les bronches. Une nouvelle ouverture fut faite le plus bas possible. Brogniez y introduisit un crochet en plomb ci l'extraction du corps étranger eut lieu. M. Mollard a publié un fait analogue (3). Dans ce cas, l'accident dont il s'agit a été observé sur un cheval qui portait, depuis quatre mois, un tube à trachéotomie ordinaire , en fer-blanc, fixé par des courroies sur l'encolure. On s'aperçut, un jour, que l'animal respirait péniblement; on détacha alors le tube pour le nettoyer, mais on ne retira que le pavillon : la canule était descendue à l'entrée des bronches. On chercha à l'extraire avec de longues pinces à cystotomie. Ces mani- pulations provoquèrent un accès de toux qui chassa le corps étranger et le lança dans la partie supérieure du tube trachéal où on le maintint avec l'index. On remplaça les pinces à cystotomie par des pinces à bec decorbin, à l'aide desquelles on saisit le tube par sa partie inférieure. On ne parvint pas à l'extraire et il retomba dans la trachée. On agran- dit alors le passage en fendant le cerceau supérieur qui était ossifié. Puis, on provqua la toux, par la pression du premier cerceau trachéal. Le tube remonta alors comme la première fois; le doigt indicateur, passé dan> sa lumière, y fut fixé assez solidement, en s'arc-boutanl contre ses parois par la flexion de la dernière phalange : on opéra alors un mouvement de traction en avant et en bas et le tube fut enfin amené au dehors. A peine l'animal parut-il incommodé par cette opération. (1) Journal des vétérinaires du Midi, 1853, p. 108. (2) I/jhL, I8o8, p. lis. (3) Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon, 1SG0, p. 2 iO. OPÉRATION DE LA PHLÉBITE DE LA JUGULAIRE. 257 M. Lafosse a observé deux fois l'accident, qui nous occupe. Il a retiré les canules engagées dans la trachée, au moyen d'une sonde en fil de fer formant à son extrémité un crochet assez étroit pour passer dans le tube ou entre lui et la trachée. Le crochet étant arrivé a l'extrémité la plus profonde du tube, il a suffi de lui imprimeries mouvements néces- saires pour lui faire saisir le bord de ce tube ; on a exercé ensuite une légère traction pour l'amener à l'ouverture de la trachée. Dans les deux cas, il a fallu élargir la plaie et saisir le tube à son extrémité antérieure avec des pinces (1). CHAPITRE II OPÉRATION DE LA PHLÉBITE DE LA JUGULAIRE Nous allons étudier, sous ce titre, les divers moyens qui ont été con- seillés pour remédier à la phlébite de la jugulaire chez le cheval ; mais,, au préalable, nous ferons connaître, d'une manière sommaire, les prin- cipaux caractères de cette maladie afin que l'on puisse apprécier la va- leur pratique des différents procédés qui ont été recommandés, et les employer d'une manière rationnelle. Caractère général de la phlébite. — La phlébite de la jugulahe dans le cheval emprunte, comme Bouley jeune l'a fait observer si judicieuse- ment, un caractère tout spécial de gravité des circonstances anatomi- ques et physiologiques qui sont propres à cet important vaisseau. La jugulaire, en effet, qui ramène au cœur la plus grande partie du sang veineux des centres nerveux encéphaliques, ne présente ordinairement que des communications anastomotiques peu nombreuses et peu déve- loppées, de telle sorte que, lorsque la circulation vient à être interrom- pue dans ce canal vasculaire, la colonne liquide arrêtée dans son cours, ne trouvant pas de voie pour s'échapper, s'accumule contre l'obstacle, d'où la formation d'un caillot qui se prolonge souvent jusque dans les deux principales racines de la jugulaire. Ce caillot devient le point de départ de tous les phénomènes ulté- rieurs. Ceux-ci sont variables, aussi distingue-t-on trois variétés de phlébite : Vadhésive, la suppurative et Y hémorrhagique dont le traitement est essentiellement différent. Phlébite udhésive. — Dans la phlébite adhésive, le coagulum formé dans la veine fait office d'un véritable bouchon obturateur, et il éprouve diverses métamorphoses régressives de telle sorte que le canal veineux se transforme en un cordon plein dans une partie de son étendue. Mais, (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire , t. -III, p. 557. Peucu et Toissàim-. — Chirurgie. II- ' ' 238 OPÉRATION DE LA PHLÉBITE DE LA JUGULAIRE. pour qu'il en soit ainsi, il faut que le travail d'adhésion entre le caillot et les parois de la veine ne soit pas entravé par des frottements exté- rieurs réitérés, un travail prématuré, la pression du collier, ou bien par l'application intempestive du vésicatoire ou du feu. Dans l'un ou l'autre de ces cas, le travail d'inflammation adhésive qui s'opérait dans l'intérieur de la veine change de caractère, et la suppuration prend naissance. Alors, comme le disait très -bien Bouley jeune dans une communica- tion à l'Académie de médecine, la phlébite, à'adhésive qu'elle était, est devenue suppurative, et une partie du caillot sanguin qui devait servir à l'obturation organique du vaisseau, convertie en corps étranger, tend à être éliminée par la sécrétion de sa membrane interne, transformée en véritable membrane pyogénique. Telle est l'origine des fistules à la jugulaire. Phlébite suppurative. — Quand la phlébite est devenue suppurative, le foyer de suppuration s'étend toujours dans l'intérieur de la veine, vers les parties supérieures, depuis la piqûre du vaisseau, dans une limite qui varie entre 5 centimètres au moins et 30 au plus ; mais sur les confins supérieurs de ce foyer purulent il existe constamment un caillot obturateur qui a contracté adhérence avec les parois de la veine, et tend à s'organiser avec elles. Ces lésions se traduisent à l'extérieur par un cordon plein, dur, allongé dans le sens de la direction de la veine au point où existe le caillot obturateur; au-dessous de ce point, au niveau de l'abcès intra-veineux, il existe un bourrelet circulaire, dur, épais, résistant, plus saillant que le cordon supérieur, et constitué par l'induration des parois delà veine et du tissu conjonctif qui l'enve- loppe ; ce bourrelet s'étend jusqu'à l'ouverture de la saignée. Celle-ci est transformée en une sorte d'ulcère circulaire, à bords rouges et renversés, donnant issue à une petite quantité de sérosité trouble, puru- lente, souvent sanguinolente. Ce pus s'échappe d'une fistule péné- trant perpendiculairement à travers l'épaisseur du bourrelet induré, et, de là, dans le canal veineux pour se prolonger en haut et quel- quefois même un peu en bas, mais toujours dans une moins grande étendue. Cette fistule peut s'oblitérer, et la cavité pyogénique intra-veineuse se combler à la manière de celle de tous les abcès, quand le caillot désor- ganisé, qui entretenait la suppuration par sa présence, a été définiti- vement éliminé. Mais il faut toujours un long temps pour que cette terminaison heureuse soit achevée ; dans la plupart des cas, la fistule persiste pendant des semaines et des mois, et elle donne passage à du pus jaunâtre, mal lié, entraînant des débris de caillot. En vieillissant, la phlébite gagne généralement du terrain : c'est ainsi qu'elle envahi l peu à peu les divers rameaux d'origine de la veine ju- gulaire, nous l'avons vue se prolonger jusque dans l'angulaire de l'œil, elle peut même atteindre les veines de l'encéphale, et déterminer ainsi OPÉRATION DE LA PHLÉBITE DE LA JUGULAIRE. 259 des phénomènes analogues à ceux du vertige ou de l'immobilité, et finalement la mort de l'animal. D'autres fois, cette terminaison funeste résulte de l'infection puru- lente. Enfin, il n'est pas rare que le caillot obturateur soit en quelque sorte miné par la suppuration qui le ramollit et le désorganise, alors le sang, ne rencontrant plus d'obstacles, fait irruption dans le foyer purulent de la veine et s'écoule au dehors en grande abondance. Cette hémorrhagie peut être arrêtée par les moyens ordinaires d'hémostase, un nouveau caillot se forme ; il est détruit ultérieurement par la suppuration, et une nouvelle hémorrhagie se reproduit. Phlébite hêmorrhagique . — Il est une forme de phlébite hémorrhagi- que rare, sur laquelle M. H. Bouley a appelé l'attention des praticiens depuis longtemps. « En général, dit-il, lorsque, à la suite d'une saignée en voie de cica- trisation, est intervenue une circonstance telle qu'un frottement, une contusion, la pression d'un collier trop étroit, qui a fait rompre la ci- catrice des parois du vaisseau, et déterminé un écoulement hêmorrha- gique dans le tissu cellulaire extérieur, si la phlébite se déclare, sa pre- mière conséquence est de produire un arrêt de la circulation, juste au point où le vaisseau est déchiré, et consécutivement la formation d'un coagulum sanguin qui remplit le canal veineux depuis le point de la saignée jusqu'aux premières collatérales supérieures. La condition pour que le sang ne se coagule pas dans la veine dont le canal est intercepté, c'est qu'il rencontre une voie collatérale d'écoulement... Or, dans quel- ques cas exceptionnels, il arrive que latéralement à la jugulaire marche un vaisseau veineux secondaire, sorte de branche accessoire qui va se dégorger comme elle dans le golfe inférieur. « La présence de ce canal latéral à la jugulaire est la circonstance qui explique la fréquence et la persistance des accidents hémorrhagi- ques dans certains cas d'inflammation de ce vaisseau. u Si, par exemple, étant donnée une jugulaire accompagnée de ce canal accessoire, on vient à la piquer avec le phlébotome au niveau ou à quelques centimètres au-dessous du point où la seconde jugulaire s'échappe de la première ; si intervient ensuite la circonstance néces- saire pour produire la déchirure de la cicatrice du vaisseau, et consé- cutivement l'inflammation de ses parois, on conçoit que, dans ce cas, le coagulum sanguin ne pourra pas se former dans une grande étendue parce que le sang, arrêté par l'inflammation au point de la saignée, trouvera toujours pour voie d'écoulement le canal de la seconde ju- gulaire ouverte un peu au-dessus de la région où la principale est blessée et ulcérée. « Cette persistance de la liquidité du sang fait que l'obturation de la veine, dont le coagulum sanguin est un élément essentiel, ne peut pas s'effectuer dans une grande étendue; et comme, d'autre part, l'ouver- •260 OPERATION DE LA PHLEBITE DE LA JUGULAIRE. ture pratiquée aux parois du vaisseau par le phlébotome ne tend pas à la cicatrice, parce que le caillot de sang qui la dilate, ébranlé par le mouvement delà colonne sanguine supérieure, ne contracte pas adhé- rence avec ses lèvres, il en résulte que ce caillot est sans cesse expulsé au dehors, et que sans cesse, sous l'influence de la première cause oc- casionnelle, sous l'influence surtout des mouvements de la mastication, les hémorrhagies les plus redoutables s'effectuent par l'ouverture ulcé- rée de la veine (1). C'est pour cette forme de phlébite hémorrhagique que la ligature de la jugulaire est bien indiquée. Après ces considérations sur les divers modes d'expression sympto- matique de la phlébite, nous allons passer en revue les moyens qu'il convient de lui opposer. Traitement «le la phlébite adhésive. — Soins préliminaires. — Au début, lorsque la phlébite est adhésive, il faut placer les animaux dans les conditions les plus favorables pour que le travail d'organisation, qui s'effectue entre le caillot et les parois veineuses, suive une marche ré- gulière afin que la phlébite ne devienne pas suppurative. Pour cela, on doit chercher à limiter le plus possible les mouvements de l'encolure. A cet effet, on attache l'animal au moyen de deux longes, fixées de chaque côté aux montants de la stalle; on le met à la diète pour éviter les mouvements de la mastication, pendant lesquels la colonne san- guine, chassée avec plus de force, ébranle le caillot et le détache, déter- minant ainsi une hémorrhagie. Réfrigérants. — Ces précautions étant prises, on fait sur la partie malade de fréquentes lotions d'eau blanche, l'eau froide employée en irrigations continues donne les meilleurs résultats ; il faut proscrire l'usage des corps gras, surtout en été, parce qu'ils rancissent et devien- nent irritants, ce qui porte les animaux à se frotter. Il faut persister dans l'emploi des réfrigérants plutôt que d'avoir recours d'emblée, comme on le fait encore quelquefois, à des applications vésicantes qui produisent un prurit violent, surtout chez les chevaux à peau fine, comme nous l'avons plusieurs fois observé. Nous avons vu plus d'une phlébite adhésive devenir suppurative, sur des chevaux de luxe, par une application intempestive d'onguent vésicatoire. Cautérisation par le fer rouçe. — Sur les chevaux à peau épaisse et à tempérament lymphatique, l'inflammation tend à prendre le ca- ractère de la chronicité, de telle sorte que l'engorgement de la veine offre la consistance des tissus indurés, il faut alors recourir aux réso- lutifs : l'onguent vésicatoire, les différents feux liquides, les fondants, sont alors indiqués. En pareil cas, la cautérisation par le fer rouge produit les meilleurs résultats. A cet effet, on se sert d'un cautère co- nique, effilé, avec lequel on applique sur toute la partie malade des (1) Recueil d* médecine vétérinaire, 1849, p. 4iG. OPÉRATION DE LA PHLÉBITE DE LA JUGULAIRE. 261 pointes de feu fines, très-rapprochées, disposées en quinconce et péné- trantes de deux en deux, après qu'elles ont été toutes superficielles. Grâce à ce feu, en superficie et en profondeur, une tumeur longtemps persistante fond pour ainsi dire à vue d'oeil. Mais il ne faut pas avoir recours à ce moyen, au début de la phlébite, car on la ferait passer à l'état suppuratif. Traitement de la phlébite suppurative. — Expectation. — La phlé- bite suppurative réclame l'emploi d'autres moyens, notamment le dé- biïdement, le séton, etc. Mais il ne faudrait pas croire que cette forme de la phlébite ne puisse guérir sans l'intervention du chirurgien. L'ob- servation attentive des faits démontre que, dans beaucoup de cas, l'engorgement dont la veine est le siège, diminue progressivement, en même temps que la suppuration se tarit et que tout rentre dans l'or- dre. — Il peut arriver encore qu'un abcès se forme dans la gouttière jugulaire, près de la parotide ; cet abcès, une fois ouvert, laissera échapper, avec le pus qu'il renfermait, des détritus organiques, et la guérison naturelle se produira. A la vérité, cette terminaison heureuse est moins fréquente que la précédente. Le praticien doit donc compter beaucoup sur l'expectation, et il n'interviendra d'une manière active que quand il sera bien démontré que la phlébite fait des progrès. Déuridement simple. — Toutefois, pour faciliter l'écoulement du pus, qui entraîne les débris de caillot, on doit débrider l'ouverture faite par la flamme, dans une étendue de trois à quatre centimètres, au moyen du bistouri droit, conduit sur la sonde cannelée, ou mieux la sonde à S, préalablement introduite dans le trajet fistuleux. Cela fait, il faut attendre quelques jours et même quelques semaines, tout en observant la marche de la maladie. Injections. — Il est bon néanmoins de faciliter l'élimination des parties du caillot, dissociées par la suppuration, au moyen d'injections détersives, dans le trajet fistuleux; ces injections ont encore pour but d'activer le bourgeonnement des parois de la veine et la cicatrisation consécutive ; on les fait avec de la teinture d'iode, du perchlorure de fer, une solution de sublimé corrosif. Quand ces moyens restent impuissants et que la phlébite gagne du terrain, on a recours à d'autres moyens. Débritlemcnt suivi de l'emploi d'une mèche de séton. — Cette opéra- lion a pour but d'entraîner au dehors les débris de caillots qui remplissent le rôle de corps étrangers et entretiennent la suppuration. — Pour la pratiquer, on introduit, avec ménagement, une sonde en S, dans le trajet fistuleux, et quand elle est parvenue vers la limite supérieure de l'en- gorgement que présente la veine, au voisinage du caillot obturateur qu'il faut avoir le soin de ne pas ébranler, on incise la peau sur la saillie qu'elle forme; puis avec le bistouri droit conduit dans la canne- lure de la sonde, on débride de haut en bas, dans une étendue de deux à trois centimètres. Cela fait, on engage une mèche dans l'ouverture 262 OPERATION DE LA PHLEBITE DE LA JUGULAIRE. dont l'extrémité de la sonde est percée ; il ne reste plus qu'à retirer cet instrument et à faire, à chaque extrémité de la mèche, un nœud de séton. En imprimant ensuite à celle-ci un mouvement de va-et- vient, on débarrasse le trajet iistuleux des portions de caillot qu'il contient. Pour effectuer cette opération, M. Charlier s'est servi, avec succès, « d'une sonde creuse pourvue d'une tige à dard avec perlais à sa base, cannelée dans toute sa longueur, pour perforer la veine et la peau de dedans en dehors, débrider de haut en bas et passer une mèche dans le trajet fistuleux (1). » On pourrait aussi employer, dans ce ras, un procédé semblable à celui de MM. Legouesl et Sédillot, pour établir une contr'ouverture dans les plaies d'armes à feu avec rétention de corps étrangers et qui a été décrit, dans ce volume même, page 21. ci C'est un procédé excellent, disait M. H. Bouley dans son cours de chirurgie à l'École d'Alfort, que celui de l'application de la mèche maintenue un certain temps dans le canal, mais il ne laisse pas que d'avoir des dangers. Il faut, en effet, bien se rappeler que, entre cette partie du canal envahie par l'inflammation suppurative et la partie où la circulation est encore libre, il n'y a d'autre barrière qu'un caillot obturateur dont l'étendue est plus ou moins considérable; et si on applique la mèche trop tôt, il arrive qu'avec la sonde, on ébranle le caillot, qu'on le détache, et que, immédiatement par l'ouverture pratiquée, une hémorrhagie considérable se déclare. Cette hémorrhagie n'est pas redoutable en tant que perte de sang, mais elle le devient parce qu'elle nécessite la formation d'un nouveau caillot ascendant, très- voisin de la contre- ouverture, se trouvant en rapport avec l'air, et pouvant entrer en putréfaction, tomber en déliquium. De plus, ce caillot est situé près du crâne, et il peut s'établir, dans l'occipital et la première vertèbre, une suppuration interstitielle par suite de l'état comme spongieux du tissu qui forme ces os. « Pour éviter cette hémorrhagie, l'indication est de ne jamais pousser la sonde trop loin dans l'intérieur du canal fistuleux; il faut rester à une certaine distance du caillot, afin de ne pas l'ébranler. On peut aider l'ac- tion de la mèche, quand on voit persister trop longtemps la phlébite ou plutôt la fistule, par des injections avec des substances médicamenteu- ses, détersives, antiputrides, excitantes, corrosives même, dans une certaine mesure. » I». !.i i32. — La sonde précédente monter. /(/, baguette en bois terminée en haut par une b, bout de sonde, garniture métallique taraudée. moins un froissement très- douloureux, à cause de la disposition de ces mêmes arcades qui sont trop rapprochées (1) . » On a conseillé l'emploi d'instruments particuliers pour l'extraction de corps étrangers arrêtés dans l'œsophage. Les figures 231 et 232 (1) Journal dp médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon. 1848, p. Ô2ô. 276 OPERATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. représentent un appareil eonnu sous le nom de sonde Baujin. Cet appareil, qui peut servir soit d'instrument extracteur, soit de sonde œsophagienne, se compose de trois parties : 1° Un long tube en cuir épais, muni dans son intérieur d'une spi- rale en gros fil de fer ou de laiton dont tous les tours se touchent de telle sorte que le tube forme un cylindre creux, résistant, et possède cependant une flexibilité convenable. Ce tube se termine, à l'une de ses extrémités, par une garniture métallique, évasée en forme d'enton- noir (fig. 231 l) ; l'extrémité opposée porte un pas de vis, creusé dans l'épaisseur même du cuir sur lequel on peut visser soit la pièce, p, fig. 23i, soit le bout de sonde, b, fig. 232. Ce tube présente lm, 35 de longueur, non compris le pavillon et le bout de sonde ou l'appareil extracteur, et 0m, 016 de diamètre pour les grands ruminants. Pour le mouton et la chèvre, il offre seulement 0m, 76 de longueur et 0'", 012 de diamètre. 2° Une baguette en bois flexible (fig. 231, g, g), terminée à l'une de ses extrémités par une partie arrondie en forme de poignée et, à l'autre, par une garniture métallique dont la face interne est disposée en pas de vis, à la manière d'un écrou, pour recevoir l'extrémité du boulon (o) (fig. 231) qui se trouve au centre de la pièce (p) (fig. 231). Cette baguette glisse librement dans le tube (t) qu'elle dépasse de 7 centimètres environ, quand l'appareil extracteur est fermé. 3° Une pièce (p) (fig. 231) constituant l'appareil extracteur propre- ment dit, composée de six branches en fer doux, aplaties, d'une largeur de 0'", 006, à leur partie libre, sur 0m, 001 d'épaisseur et 0m, 07 de longueur, terminées chacune par une petite griffe à l'une de leurs extrémités et soudées, par l'autre, à une partie cylindrique (m) en mé- tal (soudure des plombiers ou laiton), taraudée à sa. face interne pour se visser sur la partie terminale du tube (t) . Les branches de cette pièce peuvent être rapprochées ou écartées au moyen d'une sorte de curseur annulaire, c, muni en dedans de sa circonférence de petites ou- vertures dans lesquelles les branches peuvent glisser à frottement doux. Au centre de ce curseur se trouve fixé, par sa tête, un boulon, terminé en pas de vis, à son extrémité libre, pour se fixer dans la gar- niture taraudée qui termine la baguette. Par ce moyen, celle-ci est unie au curseur annulaire qui règle l'écartement des branches à griffe. Avec cet instrument il faut, comme avec tous ceux du même genre, lin spéculum destiné à maintenir les mâchoires écartées. La fig. 230 représente un spéculum des plus simples, il est formé d'un morceau de bois, aplati, présentant 0m,06 d'épaisseur sur 0m,03 de hauteur dans sa partie centrale qui est percée d'un trou pour le passage de la sonde. Ce bâillon mesure 0m, 40 de longueur, il est muni aux deux extrémités de courroies qui viennent se boucler sur la nuque. On pourrait se servir d'un simple morceau de bois, cylindrique, de la grosseur du bras, percé d'un trou dans son milieu et d'un autre OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. 277 trou de moindre diamètre, à chacune de ses extrémités, pour donner passage à des liens, qui s'attacheraient en arrière des cornes. Étant donné maintenant un corps étranger à extraire de l'œso- phage d'une bête à cornes, voici comment on procède. On introduit la baguette (g) dans le tube (t), puis on visse, d'abord le bout de la baguette sur le boulon central du curseur et ensuite la pièce (p) sur l'extrémité terminale du tube. On pousse la baguette de telle sorte que le curseur annulaire auquel elle est vissée se trouve à l'extrême bout des branches, comme on le voit dans la figure 232, et l'on enduit «nsuite l'appareil d'une couche d'huile d'olive. On fait maintenir solidement la tête de l'animal par un ou deux aides ; on dispose entre les mâchoires le spéculum représenté par la figure 230. Un aide, placé à droite de l'animal, saisit la langue et l'attire au dehors ; l'opérateur, placé en avant de l'animal, introduit l'instrument dans la bouche, le l'ait glisser entre la voûte palatine et la face supérieure de la langue et arrive dans le pharynx, puis on pénètre dans l'œsophage en pous- sant l'instrument avec ménagement. Quand on touche le corps étran- ger, on tire à soi et lentement la baguette centrale, alors le curseur glisse sur les branches de l'appareil extracteur, qui s'écartent à la manière des baleines d'un parapluie. Lorsqu'on sent que le corps est saisi par l'espèce de griffe que représente l'appareil extracteur, on pousse la baguette, et les crampons métalliques pénètrent dans le corps étranger. Puis on retire l'instrument en tenant, d'une main la poignée de la baguette, et de l'autre le tube. Cet appareil peut être employé aussi, à la manière d'une sonde œsophagienne, dans le cas de météorisation. On substitue alors à l'appareil extracteur un bout de sonde (fig. 232, b.) en métal, cet ajutage est muni de plusieurs trous pour le passage des gaz ; il est taraudé à sa face interne pour se visser sur la partie terminale du tube. Chez le chien, les corps étrangers s'arrêtent rarement dans l'arrière- bouche ou le gosier. 11 est bon de rappeler que la dysphagie est un symptôme de rage, et que, presque toujours, quand un chien atteint de cette terrible maladie est présenté au praticien, le propriétaire af- firme que son chien a un os dans le gosier. Ce renseignement seul doit toujours inspirer de la défiance, et, en pareil cas, on devra prendre les précautions nécessaires pour ne pas être mordu. Si l'on découvre un corps étranger dans l'arrière-bouche, on cherchera à l'extraire au moyen de pinces à pansement ou de pinces à dents de souris. Il nous est arrivé plusieurs fois d'extraire, par ce moyen, des portions de carti- lage arrêtées à l'origine de l'œsophage, et parfois des aiguilles à coudre munies ou non d'un fil. Chez le chat, la présence de ces corps étran- gers dans l'arrière-bouche n'est pas très-rare. Si le corps étranger s'est arrêté dans la portion cervicale de l'œso- phage, on a conseillé d'administrer un liquide huileux ou mucilagineux, J7S OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUK L'ŒSOPHAGE. puis de Le faire remonter dans le pharynx où on va le prendre au moyeu de pinces. Quand ce moyen ne réussit pas, les auteurs ont conseillé de faire avaler a l'animal quelques centigrammes d'émétique afin de provoquer des efforts de vomissement, qui peuvent avoir pour effet d'ébranler le corps et d'en faciliter ainsi l'expulsion. Si l'obstruction de l'œsophage était telle qu'on ne pût administrer aucun vomitif par le tube digestif, on a conseillé de faire, des frictions sur les parois ab- dominales avec de l'ellébore blanc ou bien d'injecter de l'émétique dans les veines. Enfin, en dernier lieu, on a recours à l'œsophago- tomie. 2° PROPULSION MANS L'ESTOMAC. Cette méthode consiste à'repousser dans l'estomac, au moyen d'une tige flexible, le corps étranger arrêté dans l'œsophage. Elle est indiquée lorsque l'extraction par la bouche n'a pu être effectuée, lorsque les corps sont anguleux, et ne peuvent être déplacés parle taxis extérieur. Mais, quoi qu'en ait dit Cruzel, il ne faut pas y avoir recours quand l'œsophage est obstrué sur une grande étendue par une accumulation de grains gonflés et agglutinés par du mucus, comme c'est le cas quand il existe un jabot, car, ainsi que nous le verrons plus loin, le refoulement n'est pas sans danger. Pour pratiquer cette manœuvre opératoire, les auteurs ont conseillé de se servir d'une tige en baleine de la grosseur du petit doigt et d'une longueur de 1 mètre à lm,50, terminée à l'une de ses extrémité- par un renflement olivaire (lîg. 233, 0), ou bien par une partie conique évasée en forme de cul de bouteille, comme l'a recommandé Grissonanche (1) (fig. 233, B). Cet instrument est appelé poussoir œsophagien. — On le remplace souvent, dans la pratique, par une baguette de coudrier que l'on choisit nerveuse et souple, « une branche de saule, verte, rendue flexible, souple et non cassante, comme une sonde en caoutchouc, en la passant au feu. » (Cruzel.) On fait des entailles, à l'une de ses extrémités, afin de fixer solidement, au moyen d'une ficelle, un sorte de pelote faite d'étoupes recouvertes d'un mor- ceau de toile. M. G. Tisserant fait remarquer que l'emploi de la baguette est peu commode et expose à blesser le pharynx et l'œsophage ; il <; la rem- place avec grand avantage par un long tube cylindrique, creux, formé d'un fil de fer dont les spirales se touchent, et recouvert dans toute son étendue d'une enveloppe de cuir fin. Ce tube, élastique et très-flexible, porte à l'une de ses extrémités une olive métallique pesante, du volume d'un petit «eut de poule (2). Cet instrumenta encore l'avantage de livrer passage « aux gaz accumulés dans le rumen, » comme le fait la sonde 1) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, I8is, p. 5">);1>. 2 Journal des vétérinaires du Widi, 1814, p. 184. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. 27V» œsophagienne avec laquelle il présente une grande analogie, ainsi que M. G. Tisserant le reconnaît lui-même. Mais il n'est pas rare que le praticien soit pris à l'improviste et se trouve ainsi dans la nécessité de se servir de l'instrument qui lui tombe sous la main, car, en pareil cas. il faut se hâ- ter pour éviter l'asphyxie. Il est bien vrai qu'on a la ressource de la ponction immédiate du ru- men. Mais nous pensons que, quand on peut se passer de cette opération, les animaux sont plus tôt rétablis quoi 'qu'on en ait dit. Aussi a-t-on employé quelquefois, chez les bêtes à cornes, « un long manche de fouet, de ceux dont on se sert quand on conduit un ou deux chevaux attelés à une voiture, et qui con- vient parfaitement par sa flexibilité et sa lon- gueur (1). » Sur une vache qui avait une pomme de terre arrêtée vers le milieu de la portion cervicale de l'œsophage, nous nous somme servi, à défaut de poussoir, d'un manche de fléau que nous avons introduit par le gros bout dans l'œso- phage, la tête de la vache étant fortement re- levée et les mâchoires écartées au moyen d'un anneau de joug, introduit dans la bouche en guise de spéculum. Cette opération, téméraire, nous l'avouons, a été suivie d'un succès com- plet. Pour repousser dans le rumen les corps étran- gers arrêtés dans l'œsophage, on fixe l'animal comme pour l'extraction par la bouche et on place un spéculum ; l'opérateur saisit la langue de la main gauche et l'attire au dehors, puis, de la main opposée , il introduit le poussoir dans la bouche en suivant la voûte palatine, l'instrument arrive dans l'arrière-bouche, et, en le poussant modérément, il pénètre dans l'œsophage, et arrive sur le corps étranger. « Cette introduction, dit Cruzel, doit se faire sans secousse, mais assez vivement pour refouler le corps étranger aussitôt qu'on éprouve de la résistance (2). » Chez les solipèdes, la propulsion des corps étrangers dans l'estomac doit être effectuée avec beaucoup déménagements. Pour opérer commo- dément, il est bon de coucher le patient. Cette position, en permettant Fig. 233. I>u usso ii s œsop h mj iens . 0, poussoir avec un renflement olivaire. — B, poussoir avec un renflement en cul de bouteille. (Grissonancfte.) il) Cruzel, Traité pratique des maladies de l'espèce bovi?ic, p. 45- !■>) Loc. cit., p. 46. 280 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. le redressement complet de la tête sur l'encolure, facilite l'introduction du poussoir. En opérant de la sorte, sur un âne qui avait une pomme de terre arrêtée dans l'œsophage au point où ce conduit s'infléchit pour pénétrer dans la cavité thoracique, nous sommes parvenu, après plu- sieurs tentatives, à repousser ce tubercule dans l'estomac. Plusieurs accidents ont été observés pendant cette opération, ainsi a baguette peut être coupée par les dents de l'animal et s'arrêter dans l'œsophage, ainsi que M. H. Bouley l'a observé sur une ju- ment (I). Deux fois, M. Schaack a observé la déchirure de l'œsophage sur des bêtes bovines qu'il a fallu abattre pour la boucherie. Cruzel a vu « plusieurs fois des bœufs opérés par des empiriques et même par des vétérinaires, dont le larynx avait été brisé par les manœuvres que nécessite l'introduction de la baguette.... Cet acci- dent est mortel, on doit se hâler d'envoyer l'animal à l'abattoir (2!). » 3° ÉCRASEMENT DU CORPS ÉTRANGER. Cette méthode consiste à broyer le corps arrêté dans l'œsophage, en le martelant avec un maillet de bois, pendant qu'un aide fait contre- appui du côté opposé. Une pareille manœuvre est de nature à déterminer des accidents mortels, tels que déchirures de l'œsophage et gangrène consécutive; toutefois, en agissant avec ménagement et si le corps étranger offre peu de résistance, comme un fruit mûr, par exemple, on peut parvenir à l'écraser sans déchirer l'œsophage. — Il est indiqué également de fragmenter le corps, dans l'intérieur de l'œsophage, à l'aide d'un ins- trument à forte lame introduit par simple ponction. Si on réussit par cette opération à diviser une pomme en deux ou trois morceaux, il deviendra plus facile de la repousser dans l'estomac, et de la sorte on pourra éviter l'œsophagotomie. 4° ŒSOPHAGOTOM1E. On appelle ainsi une opération qui consiste à pratiquer une ouver- ture dans l'œsophage pour réaliser diverses indications plus ou moins importantes. Indication?, contre-indications. — L'œsophagotomie a été pratiquée chez le cheval, le bœuf, le chien et même le cochon (H). On l'a conseillée pour extraire de l'œsophage les corps étrangers qui s'y arrêtent, lorsque l'extraction par la bouche ou la propulsion dans (i Recueil de médecine vétérinaire, I8il, p. 155. (2) Loc. cit., j>. 50. (3) Recueil de médecine vétérinaire, 1826, p. îOô. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. 281 l'estomac n'ont pas réussi ou ne peuvent être pratiquées. C'est ainsi que, sur une jument, M. H. Bouley a pu retirer par une ouverture étroite faite à la double paroi du canal œsophagien une baguette de jonc. « En moins de trois semaines, » la plaie œsophagienne était cica- trisée; « la guérison de cette jument était complète, sauf la cicatrisation de la plaie cutanée. » M. H. Bouley fit alors plusieurs expériences en se plaçant dans des conditions identiques à celles du fait précédent; ces expériences « ont toujours donné le même résultat que dans le fait signalé précédemment, mais seulement dans le cas de plaies œsophagiennes étroites (1). » Plusieurs praticiens ont pratiqué l'œsophagotomie avec succès, chez le cheval, pour extraire des corps étrangers arrêtés dans l'œsophage. Ainsi Baldwinn a extrait par ce moyen « un fragment de racine qui mesurait 5 pouces de longueur et avait une forme conique (2). » M. H. Bouley a retiré de l'œsophage une dent molaire qui avait été déglutie après son extraction et s'était arrêtée au tiers supérieur de la portion cervicale de l'œsophage. Dans ce cas, l'œsophage fut incisé sur « une longueur de 3 centimètres (3). » M. Bey a pratiqué l'œsophagotomie sur un âne pour retirer un bou- chon de liège. On a conseillé l'œsophagotomie dans le cas de tétanos pour pouvoir injecter, dans l'estomac, des liquides tenant en suspension des matières alimentaires. Cette indication doit être repoussée, car, pour traiter le tétanos avec quelque chance de succès, la première chose à faire est de s'abstenir de pratiquer des opérations sur le malade; de plus, l'épan- chement inévitable du liquide injecté, dans les tissus environnants, déterminera des engorgements gangreneux. Cette opération a été recommandée aussi dans le cas de fractures des mâchoires, afin de pouvoir alimenter le blessé; elle a même été pra- tiquée avec succès, paraît-il, dans des cas de ce genre par M. Marrel (4). Toutefois, nous devons dire que les résultats si favorables obtenus par 3YI. Marrel nous paraissent surprenants, car on sait, par les expériences de Benault, entre autres, que souvent les plaies œsophagiennes sont suivies d'engorgements gangreneux mortels, aussi nous paraît-il pru- dent de ne pas employer l'œsophagotomie dans le cas de fractures des mâchoires et de se contenter d'injecter dans la bouche des liquides alimentaires. Dans le cas de jabot œsophagien, cette opération a donné quelques résultats favorables. Chez les bêtes à cornes, l'œsophagotomie a été pratiquée plusieurs (J) Recueil de médecine vétérinaire, 1841, p. 1C9. (2) Ibid., 1850, p. 1046. (3) lbid., 1852, p. 437. (4) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1815, p. 510, et 18i0, p. 273. 282 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. l'ois pour retirer des corps étrangers arrêtés dans l'œsophage. Plusieurs praticiens, parmi lesquels nous citerons Félix (1), Peyrou (2), l'ont em- ployée avec succès, paraît-il. Cruzel déclare « qu'il n'a jamais été obligé d'avoir recours à l'œso- phagotomie » dans les cas de ce genre, et il ajoute que cette opéra- tion « est praticable seulement lorsque le corps étranger s'est arrêté dans la région cervicale de l'œsophage, il est alors inutile de l'em- ployer à moins que le corps ne soit d'une forme anguleuse telle qu'on ne puisse le refouler (3). » M. Schaack pense que l'œsophagotomie « est trop évidemment oppo- sée aux intérêts des propriétaires pour mériter qu'on s'en occupe (4), » du moins quand il s'agit d'extraire des corps étrangers chez les bêtes bovines. Cette opinion est trop absolue, car plusieurs praticiens en ont obtenu de bons résultats. Ainsi M. Moisant l'a pratiquée deux fois avec succès, chez la vache, pour extraire, « dans les deux circonstances, un volu- mineux morceau du collet d'une betterave (5). » Chez le chien nous avons pratiqué deux fois l'œsophagotomie pour extraire des fragments d'os arrêtés dans la portion cervicale de l'œso- phage et enchatonnés dans la muqueuse, à tel point qu'il était impossible de les faire remonter dans la bouche. Nous avons eu un cas de mort et un succès. Anatomie de la région. — Nous n'avons à considérer ici que la portion cervicale de l'œsophage, et ce que nous allons dire s'appliquera plus particulièrement aux solipèdes. A son origine, le conduit œsophagien est d'abord placé derrière la trachée et il descend ainsi jusqu'au milieu du cou, où il commence à se dévier à gauche. Cette déviation est surtout prononcée dans le tiers inférieur de l'encolure. Sur tout son trajet cervical, l'œsophage est entouré d'un tissu con- jonctif, lâche et abondant ; il est longé de chaque côté, dans sa partie supérieure, par l'artère carotide et ses nerfs satellites, c'est-à-dire le cor- don commun au grand sympathique et au pneumogastrique et le laryngé . inférieur. Dans le tiers inférieur de l'encolure (fig. 234), il occupe une sorte d'espace triangulaire à sommet inférieur, formé en haut par le bord inférieur du sous-scapulo-hyoïdien, sur les côtés par les muscles sterno- maxillaire, mastoïdo-huméral et scalène inférieur. Dans cette région, l'œsophage est en rapport, par l'intermédiaire d'un tissu con- jonclif peu dense et abondant, en dedans, avec la trachée sur le côté de laquelle il rampe, en dehors, avec le scalène inférieur, Tarière (t) Recueil de médecine vétérinaire, 1825, p. 516 et 182G, p. 204. (2) Journal théorique et pratique, 1826, p. 301. (■$) Traité />>n!ii/ur> des maladies de l'espèce bovine, p. 48. (4) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1859, p. 177. (5} Recueil de médecine vétérinaire, année 1860, p. 840. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SLR L ŒSOPHAGE. 283 carotide et ses nerfs satellites ainsi que la veine jugulaire. Enfin ces organes sont recouverts par le peaucier et la peau. JLieu «l'élection. — Lâeu de nécessité. — Si, par la pensée, on divise la longueur de la gouttière jugulaire en trois parties égales, le lieu d'é- Fig. 234. — Anatomie de la veine jugulaire et de l'œsophage chez le cheval. J,J', jugulaire. ('.. carotide. il, H, omoplat-hyoïdien. I), œsophage. S, sterno-maxillaire. M. mastuïdo-huméral. lection de l'œsophagotomie sera au point d'union du tiers médian avec le tiers inférieur et dans la gouttière jugulaire gauche. C'est en ce point qu'il faudra commencer l'incision, à quelques millimètres au-dessus et en arrière de la jugulaire. Lorsque le corps arrêté dans l'œsophage forme une saillie, c'est sur cette saillie elle-même qu'il faut pratiquer l'incision, en opérant avec ménagement afin de respecter les vaisseaux et les nerfs. Instruments. — Deux bistouris, dont un convexe et l'autre droit, une paire de ciseaux et une sonde cannelée, tels sont les instruments nécessaires pour pratiquer l'opération dont il s'agit. On a recommandé encore l'emploi de deux érignes plates. 284 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. Une aiguille à suture, des fils cirés, simples et munis de bourdonnets, des pinces à dents de souris ou autres (pinces-tenettes à cystotomie) pour extraire le corps étranger, tels sont les instruments et objets qu'il est bon de préparer. Fixation de l'animal. — L'œsophagotomie se pratique sur l'animal, fixé debout; un tord-nez est appliqué à la lèvre supérieure et la tète de l'animal est solidement maintenue par deux aides. Il est prudent de faire lever le pied antérieur droit. manuel opératoire. — Nous le diviserons en trois temps : l°incision de la peau et dissection des tissus sous-jacents ; 2° isolement de l'œso- phage ; 3° incision de l'œsophage et débridement. Premier temps. — Incision de la peau et dissection des tissus sous- jacents. — L'opérateur se place du côté gauche de l'encolure et s'assure de la situation de la jugulaire en faisant onduler le sang dans ce vais- seau. Il coupe les poils sur le lieu de l'opération, puis il tend la peau avec le pouce et l'index de la main gauche, et, de la main droite, armée du bistouri convexe, qu'il tient comme un archet, il com- mence l'incision sur le point précédemment indiqué et la prolonge au-dessous sur une étendue de quatre travers de doigt environ, pa- rallèlement aux vaisseaux sous-jacents qu'il faut respecter. Cette in- cision intéresse toute l'épaisseur de la peau et le peaucier, elle met à découvert la jugulaire, la carotide et ses nerfs. On fait alors glisser le pouce de la main gauche dans l'incision et on l'applique à la ma- nière d'une érigne sur les vaisseaux et les nerfs précités, que l'on écarte en avant; pour faciliter cette manœuvre, les autres doigts de la main gauche font contre-appui du côté opposé, de telle sorte que la main gauche embrasse le bord trachéal de l'encolure, le pouce étant placé dans la plaie et sur le faisceau vasculo-nerveux. En écartant les vaisseaux, on aperçoit l'œsophage sur les parties latérales delà trachée. On divise, par quelques coups de bistouri, les lames de tissu conjonctif qui entou- rent le conduit œsophagien et le premier temps de l'opération est achevé. Pour découvrir l'œsophage, il peut être utile parfois de relever la lèvre supérieure de l'incision au moyen d'une érigne plate que l'on confie à un aide. Deuxième temps. — Isolement de l'œsophage. — La position de l'œso- phage étant reconnue et les adhérences conjonctives en partie détruites, on pose le bistouri, puis avec le pouce et l'indicateur de la main droite, enfoncés dans la plaie, on saisit l'œsophage et on l'attire au dehors. Alors on lâche le faisceau vasculo-nerveux et, avec la main gauche, devenue libre, on prend l'œsophage, tandis que la main opposée enfonce les ciseaux sous l'œsophage et en arrière de ce conduit en traversant, de dessus en dessous, le mince feuillet celluleux qui le relie encore aux tissus sous-jacents. On charge ainsi l'œsophage sur les ciseaux. Troisième temps. — Incision de l'œsophage et débridement. — L'opéra- OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. 28o teur, armé du bistouri droit qu'il tient de la main droite, comme une plume à écrire, le tranchant tourné en haut, les doigts appliqués près de la pointe, saisit de la main gauche l'extrémité des ciseaux, qui font office de point d'appui, et enfonce presque perpendiculairement le bistouri dans l'œsophage, puis, par un mouvement de bascule du poignet, il relève et dégage la pointe du bistouri qui fait ainsi à l'œso- phage une sorte de boutonnière intéressant toute l'épaisseur de ses parois et dans laquelle on introduit la sonde cannelée qui pénètre alors dans le conduit œsophagien et l'on débride à la manière ordinaire sur une étendue de 3 à 4 centimètres. Des mucosités, mêlées ou non de débris alimentaires, s'échappent aussitôt par la plaie œsophagienne, à chaque mouvement de déglu- tition qu'effectue l'animal. Lorsque le corps étranger arrêté dans l'œsophage forme une saillie visible à l'extérieur, on incise sur le point qui se dessine en relief en di- visant les tissus, couche par couche, en évitant les vaisseaux et les nerfs qui, du reste, sont écartés par le corps étranger. On arrive ainsi sur l'œsophage que l'on incise sur la plus plus petite étendue possible, puis l'on extrait le corps étranger. Cette partie de l'opération n'est soumise à aucune règle, il faut s'en rapporter à l'inspiration du moment. Des pinces à dents de souris ou à pansement peuvent être utiles; parfois les doigts seuls suffisent. Soins consécutifs. — Accidents. — On recommandait autrefois de pratiquer, après l'œsophagotomie, la suture de la plaie œsophagienne. Ce moyen de réunion n'a pas donné de bons résultats ; mais peut-être qu'il en serait autrement si l'on remplaçait les fils ordidinaires par des fils métalliques très-fins. — C'est ainsi que sur un vieux cheval au- quel nous avions extrait deux gros calculs salivaires, par une incision de G centimètres de longueur, faite au canal de Sténon, la cicatrisa- tion par première intention des parois de ce canal a été obtenue, grâce à une suture à points séparés, très-rapprochés, avec des fils de platine d'une grande ténuité. Actuellement, on se contente de réunir les bords de l'incision cu- tanée par quelques points de suture simple ou de suture en surjet et encore enlève-t-on cette suture un ou deux jours après l'opération. On doit ensuite déterger la plaie, afin de la débarrasser des débris ali- mentaires qu'elle renferme toujours, puis on la panse avec du vin aro- matique ou des teintures arriéres. Pour obtenir la cicatrisation des plaies œsophagiennes, il importe surtout de soumettre les animaux opérés à un régime approprié. Les expériences de M. H. Bouley ont démontré en effet « qu'il faut, dans les cas de plaies œsophagiennes, nourrir les animaux avec des aliments fibreux et ne leur donner pour boisson que de l'eau pure. En suivant cette indication, on évite, autantque possible, l'infiltration dans le tissu cellu- laire de matières putrescibles, dont la fermentation détermine souvent, 286 OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. .•sinon toujours, le développement de tumeurs gangreneuses mor- telles (1). » M. Reynal a publié un fait qui démontre que l'œsophagotomie peut être pratiquée avec succès chez le cheval (2) si « l'opérateur prend la précaution de nourrir les animaux avec des aliments fibreux, c'est-à-dire les fourrages, et d'exclure d'une manière absolue les boissons fari- neuses (3). » M. Gollin, vétérinaire à Vassy (Haute-Marne), a observé sur un pou- lain une plaie transversale de l'œsophage « d'une étendue de 1 centi- mètre et demi à 2 centimètres. Le sujet reçut pour toute nourriture du lait de vache mêlé à du thé de foin. » La guérison était complète le vingtième jour (4). M. Moisant a imaginé un appareil à l'aide duquel on obtient rapide- ment la cicatrisation des plaies œsophagiennes. Cet appareil « se com- pose de deux tiges en fer de 15 centimètres de longueur, 4 millimètres d'épaisseur, percées l'une et l'autre d'une ouverture ronde à leurs extré- mités. Les ouvertures de l'une de ces tiges étant taraudées, on les rapproche ou on les éloigne à volonté au moyen de deux petites vis à têtes mesurant 7 centimètres. M. Moisant, ayant pratiqué l'œsophago- tomie sur un cheval, appliqua son appareil de la manière suivante: « Je traversai, dit cet habile praticien, les lèvres de la plaie de deux tiges en fer rond aiguisées en trocart à l'une de leurs extrémités, et, plaçant mon appareil derrière, je rapprochai à volonté les lèvres de la plaie... Je jugeai utile de ne laisser l'appareil en place que pendant le repas du cheval; je l'enlevais aussitôt après et je laissais librement s'écouler la salive et les mucosités dégluties ; je faisais môme offrir de temps en temps de l'eau claire pour tout nettoyer...; vingt jours après l'opération l'animal était guéri. » M. Moisant a eu ensuite l'occasion de pratiquer l'œsophagotomie sur deux vaches, et, dans ces deux circonstances, l'appareil décrit précédemment a été fort utile. Nous avons pratiqué deux fois l'œsophagotomie sur le chien, pour extraire des os arrêtés dans l'œsophage, et l'un de nos opérés a suc- combé à des accidents septiques produits par l'infiltration des matières alimentaires dans les parties environnantes; l'autre a survécu, grâce à l'emploi d'un tube en caoutchouc. Ce tube, qui était de la grosseur du petit doigt, offrait une longueur de 7 centimètres ; il fut introduit dans l'œsophage et fixé dans ce con- duit au moyen d'une ligature circulaire placée à l'extérieur. Cette liga- ture fut appliquée au moyen d'une aiguille à suture, à pointe mousse, avec laquelle on contourna l'œsophage, en évitant de blesser les vais- seaux et les nerfs, et les deux bouts en furent noués sur la plaie œso- (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1841, p. 1G9. (2) Ibid., 1852, p. 439. (3) lbid., 18G0, p. 845. i) Journal'/:1 l'École de Lyon, 18.'»7, p. 151. OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR L'ŒSOPHAGE. 287 phagienne. Les bords de l'incision cutanée furent réunis par trois points de suture, et le fil de ligature dirigé vers l'angle inférieur de la plaie. Neuf jours après, on coupa la ligature qui fixait le tube en caout- chouc dans l'œsophage. L'incision cutanée était alors cicatrisée aux trois quarts, et la plaie œsophagienne complètement fermée, car au- cune goutte de liquide ne s'en échappait. Le tube fut dégluti et vomi le onzième jour après l'opération ; il a été rejeté, dans ce cas, parles seuls efforts de la nature, sans l'emploi d'un vomitif. Nous pensons que, sans l'application de ce tube en caoutchouc, qui faisait office d'oesophage artificiel, la cicatrisation de la plaie œsopha- gienne n'aurait pas eu lieu, ou tout au moins se serait peut être com- pliquée d'accidents septicémiques, car cette, solution de continuité. qui mesurait six centimètres environ, occupait presque toute l'étendue delà portion cervicale de l'œsophage de notre opéré, qui était un petit chien, âgé de 3 mois (1). Après l'œsophagotomie, on observe au pourtour de la plaie un en- gorgement inflammatoire, chaud et douloureux, qui, dans quelques cas, disparaît par résolution, et d'autres fois se termine par un abcès. Lorsque des matières alimentaires s'infiltrent au pourtour de la plaie d'opération, elles déterminent souvent des engorgements gangreneux mortels. Mais, comme l'a fait remarquer M. H. Bouley, on peut pré- venir ces accidents en ne donnant aux opérés que de l'eau pure et du foin, en les privant surtout de boissons farineuses. En pratiquant l'opération, on peut intéresser la jugulaire ou la carotide; il faut alors remédiera cet accident par l'emploi de la ligature ou de la compres- sion. SECTION TROISIEME OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LA POITRINE ET L'ABDOMEN CHAPITRE PREMIER THORACENTÈSE On appelle thoracentèse ou opération de l'empyème une opération qui consiste à pénétrer dans le sac des plèvres en traversant les parois (l) Recueil de médecine vétérinaire, 1872, p. 51. 288 THORACENTESE. de la poitrine, afin de donner écoulement au liquide qui s'y trouve ac- cidentellement contenu. Cette opération a été fort bien étudiée en médecine vétérinaire par M. Saint-Cyr (1), auquel nous empruntons ce qui va suivre. § 1. — Thoracentèse chez le cheval. Indications. — Les travaux de M. Saint-Cyr portent à penser que la thoracentèse est indiquée chez le cheval dans le cas d'hydrothorax, suite ordinaire delà pleurésie aiguë ou chronique, «dès que l'épanche- ment occupe plus du tiers de la capacité thoracique. » En pareil cas, les moyens médicaux sont impuissants et la mort des malades est cer- taine. La thoracentèse se présente alors comme le seul moyen sur lequel on puisse fonder quelque espoir. Lafosse pensait même qu'elle u de l'emploi médical et chirurgical de l'iode, p. 215-248. THORACENTÈSE. 291 1" Injection faible. ^Teinture d'iode 10 giammes. lodure de potassium 1 — Eau distillée 100 — C'est par cette dose qu'il faut commencer, sauf à en venir plus tard, s'il y a lieu, à des injections plus concentrées comme la suivante, par exemple : 2" I'ije.tion forte. ?f Teinture d'iode 3J grammes. lodure de potassium 4 — Eau distillée 125 — Après la thoracentèse, il est indiqué d'établir une dérivation puis- sante. A cet effet, on administre les diurétiques chauds, les prépara- tions de scille ou de digitale en même temps que l'on soutient les forces de l'organisme par l'emploi des toniques amers et des analeptiques, « par un régime substantiel, par des aliments très-alibiles et de facile digestion donnés avec prudence ; par des condiments propres à réveil- ler l'appétit, s'il se montre languissant. » (Saint-Cyr.) Aujourd'hui, on pratique la thoracentèse chez l'homme au moyen de divers appareils aspirateurs qui dérivent de celui du docteur G. Dieu- lafoy, que nous avons décrit dans le tome premier de cet ouvrage, page 492. Nous citerons notamment les appareils de Potain, de Castiaux, de Regnard, de Thénot, de Weiss, de Béhier, etc. Peut-être serait-il avantageux d'employer l'un de ces appareils chez le cheval dans le cas de pleurésie. La piqûre faite par le Irocart des appareils aspirateurs est insignifiante ; l'air ne peut pénétrer dans la poitrine et l'écoulement du liquide se fait avec facilité : ces appareils faisant le vide d'une manière assez parfaite. § 2. — Thoracentèse chez le chien. Cette opération est quelquefois pratiquée chez cet animal, dans le cas de pleurésie. Or, chez le chien, il existe, comme chez l'homme, deux sacs pleuraux distincts séparés par le médiastin formant une cloison incomplète. Cette disposition anatomique indique que, sur l'animal dont il s'agit, l'épanchement peut n'occuper qu'un côté de la poitrine; par consé- quent l'emploi de la thoracentèse offre plus de chances de succès chez le chien que sur le cheval. Cette opération se pratique du reste de la même manière ; toutefois, on doit employer un trocart de faible cali- bre, ou mieux, comme on le fait chez l'homme, l'appareil de Dieula- foy. C'est chez le chien surtout que les appareils aspirateurs nous pa- raissent appelés à rendre de véritables services. On conçoit aisément que la ponction des parois de la poitrine faite avec un trocart capillaire 292 PARACENTÈSE. auquel on ajuste un appareil qui, en faisant le vide, provoque l'écou- lement du liquide épanché et s'oppose à la pénétration de l'air dans le sac des plèvres ; on conçoit, disons-nous, que cetle ponction offre plus de chances de succès que quand on se sert d'un trocart ordinaire. CHAPITRE II PARACENTÈSE Le mot paracentèse (paracentesis, 7rapoc, à côté, et xev-rio), je pique) a été longtemps employé comme synonyme de ponction ; il désigne au- jourd'hui une opération qui consiste à perforer les parois abdominales au moyen d'un trocart, afin de donner issue au liquide épanché dans le péritoine. indications. — La paracentèse de l'ahdomen n'est dans le plus grand nombre des cas qu'un moyen palliatif. Elle a été pratiquée chez le che- val, le bœuf et le chien dans le cas d'ascite ou hydropisie abdominale. Or, cette lésion est rarement essentielle ou idiopathique. Elle procède fréquemment d'une maladie organique incurable. Ainsi les maladies du foie, les affections du creur, notamment les insuffisances valvulaires et plus généralement les divers obstacles à la circulation sanguine dé- terminent consécutivement des hydropisies symptomatiques. La para- centèse ne peut être qu'un palliatif en pareil cas. Si l'ascite est idiopa- thique, on peut tenter la ponction, du moins quand la maladie a résisté aux agents thérapeutiques. On a conseillé de pratiquer ensuite une injection iodée dans la cavité péritonéale afin de prévenir le retour de l'épanchement. Ce moyen réussit parfois. Lieu d'élection. — La ponction de l'abdomen doit être pratiquée, chez les grands animaux, sur la ligne blanche à peu près à égale distance du pubis et de l'appendice xiphoïde du sternum. Chez le chien, on opère dans la partie déclive de l'un ou de l'autre flanc. Manuel opératoire. — Pour pratiquer la ponction de l'abdomen, on se sert, pour les grands animaux, d'un trocart de la grosseur d'un tuyau de plume ; — chez les petits animaux, l'emploi de l'appareil Dieulafoy est pafaitement indiqué. Une paire de ciseaux courbes, un bistouri droit, peuvent être nécessaires. On se munit également d'une bande de la largeur de deux ou trois doigts d'une longueur telle qu'on puisse l'enrouler trois ou quatre fois autour du ventre. S'il s'agit d'opérer sur le cheval, on le maintient debout, à l'aide du tord-nez. On se place du côté gauche de l'animal, et, saisissant le tro- cart de la main droite, on limite l'action de cet instrument en allon- geant les doigts sur la canule à une certaine distance de la pointe ; le PARACENTÈSE. 295 manche du trocart doit être tenu solidement dans la paume de la main. Par un double mouvement de pression et de térébration, on enfonce cet instrument dans l'épaisseur des parois abdominales jusqu'à ce qu'on éprouve la sensation d'une résistance vaincue ; on retire alors le poinçon du trocart et le liquide s'écoule par la canule. Lorsque l'écoulement se ralentit ou cesse, il est indiqué d'introduire un stylet dans la canule du trocart afin de repousser les flocons albumineux ou mieux l'épiploon, qui est assez souvent entraîné dans la canule par le courant liquide. Quand on opère sur le chien, on le couche sur une table et on plonge le trocart, à peu de distance de la ligne médiane, dans la partie la plus déclive afin de faciliter l'écoulement du liquide. La quantité de liquide qu'il convient d'extraire est forcément très- variable suivant les cas. Ainsi, tandis que sur une jument affectée d'ascite M. Iley a extrait, par une première ponction, « 39 litres de liquide transparent de couleur citrine » et après la deuxième ponction pratiquée huit jours plus tard, « 35 litres » de sérosité « fortement co- lorée en rouge », M. Sain t-Cyr s'est contenté, chez le chien, dévidera moitié la cavité péritonéale et d'injecter ensuite de la teinture d'iode étendue. On remarquera que l'animal qui faisait l'objet de l'observation rapportée par M. Rey, « a succombé le lendemain de la deuxième ponc- tion (1) ; » de plus M. Saint-Cyr a constaté trois cas de mort chez des petits animaux après la paracentèse suivie d'injections iodées ; « deux fois la mort a suivi d'assez près l'opération pour qu'il soit permis de penser que celle-ci n'a peut-être pas été étrangère à l'accident (2). » Toutefois, M. Saint-Cyr a obtenu trois fois la guérison de l'ascite chez le chien par la paracentèse suivie de l'injection iodée, étendue au dixième on au quart suivant l'ancienneté de la lésion et l'irritabilité présumée de l'animal. Après l'opération, il est bon d'enrouler autour du corps une bande modérément serrée. On recommandait autrefois d'appliquer sur la piqûre faite par le trocart un emplâtre agglutinatif que l'on maintenait au moyen d'un bandage approprié. On se contente actuellement de faire un point de suture entortillée. Cette précaution, qui n'est pas indispensable, même quand on se sert d'un trocart de la grosseur d'un tuyau de plume, est absolument inutile quand on emploie l'un ou l'autre des appareils aspirateurs dé- signés précédemment. (1) Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon, 1851, p. 493. (2) Ibid., 18C3, p. 217. *29i PONCTION DE L'INTESTIN. CHAPITRE III PONCTION DE L'INTESTIN Cette opération, que l'on désigne encore sous le nom d'entérotomie, a été pratiquée depuis longtemps chez les solipèdes, pour donner issue aux gaz accumulés dans l'intestin. Bourgelat, Chabert en conseillaient l'emploi. Barrier, Hérouard, en ont obtenu de bons résultats. Néan- moins elle fut abandonnée, car on la considérait comme un moyen qui ne devait être essayé qu'en désespoir de cause. C'est à Bernard que re- vient l'honneur d'avoir réhabilité cette opération, et d'en avoir démontré l'innocuité lorsqu'elle est pratiquée dans des conditions favorables (I). Bon nombre de praticiens l'ont ensuite mise en usage, et actuellement la ponction de l'intestin est fréquemment employée, grâce aux tra- vaux de MM. Schaack, Rey, Lafosse, Aubry, Charlier. M. Charlier sur- tout doit en être considéré comme l'un des promoteurs les plus actifs. Il a préconisé un instrument, qui est dans toutes les trousses, et c'est à lui qu'on doit l'usage devenu banal de cette opération, à Paris tout au moins. Indications. — D'après Bernard, on pratiquait autrefois, à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, et «avant de tenter aucun autre moyen,» la ponction de l'intestin « dans toutes les météorisations, coliques ven- teuses, etc. Nous avons, ajoute cet auteur, des exemples d'animaux qui ont subi la ponction 3 ou 4 fois à droite et à gauche, sans en éprouver le moindre malaise {%). » M. Rey a pratiqué un grand nombre de fois, dans un but expéri- mental, la ponction de l'intestin sur des chevaux morveux en opérant dans l'un ou l'autre flanc, et même à la région inférieure de l'abdomen, sans que leur santé ait éprouvé la moindre altération (3). M. Lafosse a fait également, sur ce sujet, un grand nombre d'expé- riences qui ont donné les mêmes résultats. La ponction intestinale est indiquée chez le cheval, dans le cas de tympanite, que celle-ci résulte d'une indigestion ou de l'obstruction du tube digestif par des pelotes stercorales ; il faut avoir recours à cette opération toutes les fois que le ballonnement résiste à la médi- cation habituellement mise en usage (bouchonnements, promenade, breu- vage alcalin ou carminatif) . On ne doit pas attendre trop longtemps pour la pratiquer, car on sait que, dans le cas de tympanite, des com- (1) Recueil de médecine vétérinaire, l>S3i, p. 521, et Journal des vétérinaires du Midi, 1839, p. 235. (2) Journal des vétérinaires du Midi, 1 839, p. 235. (3) Journal de médecine vétérinaire, public à l'École de Lyon, 1855, p. 33G. PONCTION DE L'INTESTIN. 29o plications mortelles (asphyxie, rupture de l'estomac, déchirure de l'in- testin) sont à craindre. En résumé, il nous paraît rationnel d'employer la ponction de l'intes- tin dès que la météorisation prend un caractère inquiétant; en d'autres termes, quand la médication que l'on oppose ordinairement aux coli- ques avec tympanite, a échoué, il y a alors indication expresse de pra- tiquer immédiatement la ponction del'intestin sans attendre, comme on le fait encore trop souvent, que les animaux soient à bout de forces. Anatomie «le la région. — Lieu d'élection. — Ghabert Conseillait d'opérer par le rectum, et il employait à cet effet un trocart d'un fort calibre, de telle sorte que les matières stercorales pouvaient se répandre dans la cavité péritonéale et déterminer des accidents mortels. — Aussi ce procédé est-il abandonné. Toutefois, un fait rapporté par M. Abadie dans le Recueil de médecine vétérinaire (année 1875, p. 99), montre que la ponction de l'intestin peut être pratiquée avec impunité, aussi bien à travers les parois vaginales que dans celles des flancs, en se servant d'un trocart à petit diamètre. Celui dont M. Abadie s'est servi avait un diamètre de 4 millimètres à peine. A ce sujet, M. H. Bouley a fait remar- quer que l'opération de Chabert réussirait probablement de même à travers les parois du rectum, si on la pratiquait avec l'instrument con- venable. On choisit habituellement la région du flanc. Cette région est exclusivement constituée, dit M. H. Bouley, par trois muscles superposés, qui sont de dehors en dedans, le grand oblique, le petit oblique et le tranverse de l'abdomen qui remplissent le vide laissé dans le squelette sous la colonne lombaire entre la dernière côte et l'ilium. De ces trois muscles, c'est surtout le petit oblique ou ilio-abdominal qui concourt à donner au flanc la forme qu'on lui con- naît; sa portion charnue, très-épaisse, est composée de fibres qui s'étalent en éventail dans l'espace existant entre la dernière côte et l'ilium et il sert de support à la peau dans presque toute l'étendue de cette région. Le transverse de l'abdomen, qui occupe le plan profond de la région du flanc, est en rapport en dedans avec le péritoine, dont il est séparé par l'aponévrose sous-péritonéale. On pratique ordinairement la ponction de l'intestin dans la partie supérieure du flanc droit, à peu près à égale distance de l'angle de la hanche, de la dernière côte et des apophyses transverses des vertèbres lombaires, comme le conseille M. Lafosse. Dans ce point on pénètre dans la deuxième portion du gros côlon. En effectuant la ponction dans une partie plus rapprochée des vertè- bres lombaires, on arrive dans l'arc du cœcum. Mais il n'est pas rare que le dégagement gazeux s'arrête brusquement après une première ponction, soit, dit M. Lafosse, parce que le côlon au point perforé est rempli de matières solides plus ou moins durcies, soit parce qu'on a pé- nétré dans un compartiment limité à peu de distance par ces mêmes matières. En outre, il peut arriver que la canule de l'instrument, étant 296 PONCTION DE L'INTESTIN. trop courte, se retire de l'intestin lorsque celui-ci, en s'affaissant, s'é- loigne des parois du flanc. Il faut alors procéder à une seconde ponction, en ayant soin, d'après M. Lafossc, d'explorer par le rectum et d'apprécier avec la main, les points du côlon où les gaz sont accumulés, et où, par conséquent, on devra enfoncer l'instrument (1), On se contente souvent d'opérer un peu au-dessus ou au-dessous de la première ponction, dans le point où la tension des parois abdominales est le plus développée, sans avoir re- cours préalablement à l'exploration rectale. Dans quelques cas, on se voit obligé d'opérer dans le flanc gauche, par suite de la position de l'a- nimal ou du développement plus prononcé de la météorisation à gauche qu'à droite. Plusieurs praticiens ont publié des faits qui démontrent que, même dans ce cas, la ponction de l'intestin peut être suivie de succès, ce que nous avons constaté. Instruments. — On se servait autrefois d'un trocart semblable à celui que l'on emploie pour la ponction du rumen, toutefois Va tel faisait remarquer que le trois-quart doit être un peu plus grêle que celui dont on se sert pour les grands ruminants. (2). Bernard conseillait d'em-. ployer un trocart de la grosseur d'une plume à écrire, car, dit-il, tous les instruments de ce genre sont trop gros, même celui de la panse,, pour le but qu'on se propose de l'évacuation d'un gaz ou d'un liquide. Plus ils sont petits, moins ils produisent de douleurs ou laissent de traces (3). C'est à peine, en effet, si le trocart de petit diamètre dont Bernard a le premier recommandé remploi, laisse sur le péritoine une petite tache ecchymotique, tandis qu'avec un instrument semblable à celui dont on se sert pour percer le rumen, on faisait aux parois de l'in- testin une ouverture qui restait assez béante, après l'extraction de la canule du trocart, pour que les matières intestinales pussent s'en échap- per et se répandre dans la cavité abdominale où elles déterminaient une péritonite mortelle. En préconisant l'usage d'un trocart à faible diamètre, Bernard a donc fait de la ponction de l'intestin, qui avant lui était considérée comme un moyen in extremis, une opération essentiel- lement pratique, absolument inoffensive à gauche comme à droite et • qui rend tous les jours d'importants services. Brogniez a imaginé un instrument particulier, l'enlérotome gazéi- fère, pour pratiquer la ponction de l'intestin. C'est une sorte de trocart dont la canule, munie de palettes mobiles (flg. 235), se termine par une pointe lancéolée. Les diverses parties de cet appareil sont, les unes en cuivre et les autres en acier, afin de produire, par le contact, des phé- nomènes galvaniques. L'instrument de Brogniez reste invariablement iixd à l'intestin par les palettes de sa canule; déplus, et comme l'a fait remarquer M. Rey, qui a plusieurs fois employé cet instrument avec (1) Journal 'tes vétérinaires 'la Midi, 1849, p. 3ô~. (2) Eléments de pathologie vétérinaire, t. II, p. 237. (3) Journal . division de l'artère scrotale qui passe sur la gaine et se ramifie dans Les piliers du dartos. 1 (., anneau inguinal inférieur ou orifice inférieur du canal inguinal, donl la commissure interne F, est arrondie et formée par des Gbrcs blanches, qui se croisent en différents sens et vont s'in- - ht au bord intérieur du pubis. Mil, Bande charnue, qui provient du petit obli- que et forme la lèvre antérieure [et interne de l'anneau inguinal. KK, lèvre postérieure et interne de l'anneau in- guinal principalement formée par uue produc- tion aponévrotique du grand oblique. L, Artère scrotale, qui se dirige transversalement de dedans en dehors et donne diverses divisions. M, veines scrotales et péniènnes. N, portion du corps du pénis qui a été déviée et pliée eu bas. OOO, tunique abdominale. P, muscle du plat de la cuisse. DES HERNIES. Hli § 1. — Des hernies inguinales récentes. En commençant l'étude des hernies inguinales, nous rappellerons que la description anatomique du canal inguinal et de la gaîne testi- culaire a été faite dans la première partie de cet ouvrage, pages 264 et 268; toutefois nous plaçons ici la figure 239, qui montre l'orifice infé- rieur du canal inguinal, les muscles et aponévroses qui le forment et les vaisseaux qu'on y rencontre. Causes. — Les hernies inguinales sont produites par des efforts plus ou moins violents; alors, les muscles abdominaux se contractent, la capacité de l'abdomen diminue et les viscères se trouvent appliqués sur l'orifice supérieur du canal inguinal dans lequel ils peuvent s'en- gager. C'est principalement pendant les efforts de tirage, lorsque « le limonier se maintient arc-bouté sur ses membres postérieurs pour sur- monter la résistance qu'il traîne, l'orilice supérieur du canal inguinal peut se trouver dilaté dans une certaine mesure, par le fait même de l'écartemenldes cuisses, et présenter ainsi à l'intestin une voie plus facile à franchir. Il est probable aussi que l'échappement de l'intestin esl favorisé, pendant la durée de l'effort, par l'état de rigidité que donne à la lèvre antérieure de l'orifice inguinal la contraction du muscle petit oblique qui la constitue par son bord supérieur. » (H. Bouley.) Les chevaux entiers sont plus exposés que les autres aux hernies in- guinales, car, chez ces animaux, les orifices inguinaux sont plus dilatés et le poids du testicule peut avoir pour effet d'en maintenir les lèvres écartées. Or, on sait que, pendant les fortes chaleurs de l'été, les testi- cules sont pendants, ce qui produit forcément la tension des cordons; et l'observation apprend que les hernies inguinales se montrent prin- cipalement pendant celte saison, probablement par suite de la dilata- tion qu'éprouve l'orifice péritonéal du trajet inguinal, sous l'influence de la pression que les cordons, tendus à un certain degré, exercent sur la lèvre mobile de l'anneau inguinal supérieur. On peut donc dire, avec M. H. Bouley, « que l'élévation de la température est une condition très-prédisposante à la production de cet accident. » Il faut mentionner encore une prédisposition organique, héréditaire peut-être, et, dans tous les cas, exceptionnelle et fort rare, consistant en une dilatation de l'orifice supérieur de la gaîne testiculaire. Symptômes. — Ils sont de deux sortes : généraux et locaux. Les pre- miers se montrent quand la hernie s'est formée soudainement chez un sujet non prédisposé à la contracter; ils consistent dans des coliques d'abord assez faibles, qui augmentent rapidement d'intensité et pré- sentent certaines particularités de nature à faire soupçonner au prati- cien quelque étranglement intestinal. Ainsi l'animal effectue un mouvement analogue à celui qu'il exécute en bonne santé quand il encense sous les harnais. Mais alors « la tête 312 DES HERNIES. est peu à peu redressée sur l'encolure jusqu'à ce qu'elle soit portée au vent et même un peu renversée; puis elle retombe pour être redressée de nouveau et successivement ainsi pendant les quelques courts ins- tants de rérhittence où l'animal peut conserver la station debout. » (H. Bouley.) Parfois ranimai prend la position du chien assis sur son derrière ou se place sur le dos : positions tout instinctives qui ont pour résultat de rendre moins vives les douleurs de l'étranglement. Entre la quinzième et la vingtième heure qui a suivi le début des coliques, chez le cheval, tous les signes de douleurs intestinales dispa- raissent par suite de la gangrène complète de l'anse herniaire. Il ne faut donc pas considérer le calme subit qui s'est produit comme un signe favorable, car il procède de lésions incurables et mortelles. Du reste, « quand les coliques cessent, l'animal tombe dans un état d'extrême prostration; la température de son corps s'abaisse, la sueur qui le recouvre se refroidit; son pouls s'efface, son regard s'éteint; c'est à peine s'il peut se tenir sur ses membres, quand on le détermine à se mouvoir, et lorsque ses forces sont à bout, ce qui arrive en quelques heures, il tombe et meurt sans se débattre. Il est bien rare que la mort n'arrive pas dans les vingt-quatre heures qui suivent l'étranglement. Le plus grand nombre des malades meurent en deçà de celte limite extrême pour les sujets de l'espèce chevaline. » (H. Bouley.) Les symptômes locaux se reconnaissent par le toucher des bourses et l'exploration rectale. Remarquons, au préalable, que toutes les fois qu'un cheval, et un cheval entier surtout, est affecté de coliques, il est toujours indiqué de procéder immédiatement à l'examen des régions scrotale et inguinale pour s'assurer si elles ne présentent rien d'anormal. L'expérience enseigne que les hernies inguinales ont lieu plus souvent à gauche qu'à droite, par suite de la situation de l'intestin grêle; c'est donc principalement de ce côté qu'il faut diriger les recherches. Au début d'une hernie inguinale, le cordon semble épaissi, il n'a plus sa souplesse normale et « il n'est plus possible de dérouler sous les doigts, dans le sens transversal, les différentes parties qui le constituent. » (H. Bouley.) Le cordon offre une sensation de ré- nitenceplus prononcée dans les parties supérieures de cet organe qui subissent une plus forte pression. Dans le fond du sac serotal, le toucher ne fait d'abord rien reconnaître de caractéristique ; mais au bout de quelques heures, on trouve un gonflement, produit par l'exsu- dation séreuse dont l'anse herniée est le siège, gonflement qui s'étend au cordon et que l'on peut explorer sans que l'animal paraisse ma- nifester de la douleur. L'examen comparatif des bourses permettra de mieux s'assurer des changements survenus du côté malade. A ces signes diagnostiques, qui, rapprochés des symptômes généraux, pré- sentent une grande valeur, viendront s'ajouter ceux fournis par l'explo- ration rectale. DES HERNIES. 313 On sait que dans l'état physiologique, en introduisant la main dans le rectum, a on perçoit distinctement, en avant et de chaque côté de la région pubienne, la lèvre antérieure de l'orifice supérieur du canal inguinal, et il est facile, en raison de sa composition toute musculaire et de son extensibilité, de l'écarter de la lèvre postérieure, et d'intro- duire deux doigts entre elles, à côté du faisceau de l'artère et de la veine testiculaires, que l'on reconnaît très-bien à la sensation particu- lière qu'elles donnent et que l'on peut soulever dans le repli péri- tonéal qui les soutient. » (H. Bouley.) Quand il existe une hernie inguinale, la main, gantée des parois du rectum, peut toucher l'anse intestinale engagée dans le trajet inguinal; toutefois « l'intestin grêle est tellement mou, souple et dépressible qu'il peut être engagé dans la gaîne sans que tout d'abord on le perçoive dans cette situation; il faut à la main une certaine habitude tactile pour qu'elle arrive à le distinguer, et au premier toucher elle peut être mise en défaut. Mais, à supposer qu'il en soit ainsi dans les premiers moments de l'exploration, les sensations ne lardent pas h devenir pins distinctes à mesure que l'on poursuit l'examen d'une manière plus attentive, surtout si cet examen porte sur l'un et l'autre anneau alter- nativement; et, en analysant par le toucher les parties qui sont engagées dans l'un et l'autre, la ditïérence des sensations perçues est si grande, lorsqu'une hernie existe réellement, que son diagnostic peut être fait alors sans aucune hésitation. » (IL Bouley.) Au surplus, s'il reste quelques doutes dans l'esprit sur la réalité de la hernie, on peut combiner les deux modes d'exploration, et, pendant qu'une main est introduite dans le rectum, l'autre explore les parties profondes de l'aine. S'il n'existe pas de hernie, les doigts des deux mains arrivent presque au contact ; ils ne sont séparés que par l'épaisseur de la peau, des parois abdominales et des tuniques de la gaîne testiculaire; dans le cas contraire, le rapprochement des doigts n'est plus aussi immédiat, par suite de l'interposition des parois de l'intestin engagé dans la gaîne. Prono§tic. — En thèse générale, les hernies inguinales récentes, développées soudainement sans aucune prédisposition, constituent un accident d'une très-grande gravité, car, si on ne se hâte d'y remédier, elles sont suivies d'étranglement, et de mort dans un bref délai. « Il est bien rare, dit M. H. Bouley, qu'au delà de la quinzième heure quel- ques chances restent encore de sauver les animaux affectés de hernies tandis qu'en deçà les chances sont au contraire très-nombreuses pour la réussite, et d'autant plus que l'intestin est dégagé de l'étreinte du canal inguinal à une époque plus rapprochée du moment où il s'y est introduit. » Traitement. — Il comprend : le taxis et le débridement du collet de la {faîne vaginale ou hermotomie. :?!4 DES I1EKNIES. Ce mode opératoire consiste à exercer des manipulations sur la tumeur herniaire afin d'en opérer la réduction. Dans quelques cas, rares, la main suffit à elle seule" pour faire disparaître la hernie ; d'au- tres fois, et ce sont les cas les plus fréquents, le taxis ne peut être effectué qu'autant que le débridement du collet de la gaine testiculaire a été pratiqué. On exécute le taxis par deux méthodes. Première méthode. — Taxis sous-cutané, médiat OU indirect. Premier procédé. — On opère quelquefois sur l'animal assujetti de- bout, entravé des membres postérieurs. Alors, « l'opérateur, s'il s'agit d'une hernie du côté gauche, introduit sa main droite, huilée au préa- lable, ainsi que le bras dans le rectum jusqu'au niveau du pubis et, tandis que de la main gauche, passée en avant de la rotule, il exerce une pression sur le sac scrotal et repousse l'intestin vers son orifice supérieur, sa main droite soulève les deux bouts de l'anse herniée et l'ait effort pour la dégager de l'étreinte du canal en la tirant en haut; on réussit, dans quelques cas, à produire la réduction de la hernie par ces actions combinées des deux mains, lorsque l'intestin engagé dans la gaine testiculaire n'a pas encore eu le temps de se congestionner, c'est-à dire tout à fait au début de l'accident. » (H. Bouley.) Mais lorsque l'accident remonte à quelques heures, les coliques sont tellement prononcées qu'il est impossible de se livrer sur l'ani- mal, maintenu debout, aux manipulations que comporte le taxis, il faut alors le coucher et le placer sur le dos, en le maintenant dans cette situation au moyen de bottes de paille, disposées de chaque côté du corps et sous la croupe. 11 est d'une bonne pratique de soumettre les animaux à l'anesthésie. Les membres postérieurs sont ensuite main- tenus écartés à l'aide de plates-longes fixées autour des jambes, près des jarrets. Cela fait, l'opérateur exécute à l'aide des deux mains une sorte de massage sur le sac scrotal afin de refouler le sang qui remplit les ca- pillaires de l'intestin et de chasser de ce viscère les liquides et les gaz qui s'y sont accumulés. Ce massage, méthodiquement exécuté, a pour effet de diminuer le volume de l'anse herniaire et d'en faciliter ainsi la réduction. Il faut l'exécuter patiemment pendant quinze, vingt, trente minutes même, puis introduire une main dans le rectum, la droite s'il s'agit d'une hernie à gauche, et chercher à attirer à soi l'anse herniée comme précédemment, tandis que la main opposée, appliquée sur les bourses, cherche à repousser l'intestin dans la cavité abdominale. « Mais, dit M. H. Bouley, c'est une opération très- pénible que celle de la réduction d'une hernie inguinale par le dou- ble taxis ; et s'il est bon d'essayer de la mener à bien par ses seuls efforts, il est toujours prudent, quand cela est possible, de se réserver DES HERNIES. 31. S l'assistance d'un aide initié aux manœuvres que l'opération nécessite, pouvant y concourir, et capable de prendre le rôle de l'opérateur lui- même lorsque la fatigue force celui-ci à suspendre ce que l'on peut bien appeler son travail. » Quand on peut pratiquer à deux le taxis, l'un des opérateurs se cbarge du taxis scrotal et l'autre du taxis rectal. Le premier applique ses deux mains sur la tumeur herniaire afin de la refouler vers l'orifice supérieur du sac, et « le second, avec sa main introduite dans le rec- lum, exerce sur l'anse herniée des tractions qu'il fait coïncider avec les mouvements de refoulement opérés par le taxis externe, et, par ces actions bien concertées que doit diriger celui des opérateurs qui exé- cute le taxis rectal, on peut parvenir, en persistant dans cette double manœuvre, à faire rentrer enfin l'intestin dans la cavité du pé- ritoine. » (H. Bouley.) Procédé Patey. — Ce procédé consiste à exercer les manipulations, que comporte le taxis, sur l'anse herniaire recouverte seulement par la tunique érythroïde qui est mise à nu par l'incision et la dissection des enveloppes testiculaires. Par son emploi, Patey a obtenu trois succès sur quatre cas de hernie inguinale étranglée (1). L'animal étant abattu et placé sur le dos, « l'opérateur fait tirer et fixer le membre postérieur du côté malade, obliquement de côté et en arrière, en juste mesure, tandis que les trois autres, au contraire, sont fixés en avant dans le sens opposé. » Le chirurgien, placé en arrière de la croupe, « incise largement la bourse correspondante à la hernie. » Cette incision intéresse le scrotum, le dartos et la tunique celluleuse qui unit cette membrane à l'érythroïde, comme dans la castration ù testicules couverts. « L'opérateur dépouille avec précaution la tunique érythroïde du tissu cellulaire qui l'entoure et l'unit au aartos, jusqu'à ce qu'il puisse englober dans ses deux mains sa partie rétrécie où commence le col. Alors, de concert avec un aide, il fait un pli à la tunique érythroïde en la pinçant sur le pourtour de sa circonférence vers le milieu de sa longueur, et il pratique sur son tissu ainsi doublé une petite incision longitudinale, sans perte de substance, transversa- lement à la longueur des fibres, pour éviter qu'elles ne s'éraillent. A l'aide de cette petite perforation, l'opérateur injecte dans le sac her- niaire 2 ou 3 grammes d'extrait aqueux de belladone ou d'opium, délayés ou étendus convenablement dans 1 ou 2 décilitres envi- ron d'huile d'amandes douces, ou d'huile d'olives On facilite la pénétration du liquide injecté par la compression successive et ré- pétée des deux mains placées l'une et l'autre à chaque extrémité de la gaine Lorsque, par ces manœuvres, on est parvenu à obtenir une certaine vacuité du sac herniaire, l'opérateur saisit ce moment pour faire refluer par un effort brusque et soudain du fond du sac (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1847, p. 205. 310 DES HERNIES. vers son orifice, ce qui reste encore d'intestin engagé. Ce dernier effort doit être renouvelé plusieurs fois avant qu'il réussisse.... Une fois la réduction produite, l'occlusion définitive de la gaine vaginale s'obtient par l'application d'un casseau courbe, le plus haut possible sur le col de la gaine. » Deuxième méthode. — Taxis direct. — Cette méthode de réduction consiste a exercer des manipulations sur l'anse herniaire préalablement mise à nu par l'incision des enveloppes testiculaires. Cette méthode est des plus dangereuses : on est exposé à déchirer l'intestin ou les parois de la gaine vaginale au voisinage de l'orifice supérieur du canal inguinal, ainsi que nous l'avons observé. Premier procédé. — Un abonné au Recueil de médecine vétérinaire, dont le nom est resté inconnu , a fait connaître dans ce journal (année 1863, p. 843) un procédé à l'aide duquel il « sauve les huit dixièmes » de ses « sujets ». Ce procédé consiste à inciser les enveloppes comme pour la castra- tion à testicules couverts, puis à ouvrir «largement» la gaine vaginale et « à serrer fortement dans un bon nœud de solide ficelle, que l'on confie à un aide sûr, l'extrémité libre du sac herniaire. » Cela fait, on étreint « pareillement le cordon spermatique à 2 ou 3 centimètres au- dessus de l'épididyme » avec une mèche « de bon et long chanvre. » On excise ensuite « à rez organe le testicule et l'épididyme, » on verse quelques cuillerées d'huile d'olives au fond du sac ouvert, » puis on refoule « dans l'abdomen le cordon moignonné, dont on demeure maître au moyen du lien de chanvre, » après quoi, il faut « avec la main gauche chercher à dilater la poche herniaire et à élargir l'anneau, » enfin « effectuer le taxis de réduction.... L'anse réduite, tirer doucement sur la mèche de chanvre, ramener l'extrémité du cordon au dehors, le serrer au milieu des enveloppes prises aussi haut que possible entre les branches d'un fort casseau. » Deuxième procédé. — On incise successivement le scrotum, le dartos et la tunique érythroïde avec ménagement de manière à pénétrer dans la gaîne testiculaire sans intéresser l'anse herniaire que l'on met ainsi à nu. Avec la main gauche, on écarte et on porte en arrière le testicule et le cordon, tandis qu'avec la main droite on refoule l'intestin dans l'abdomen. Pendant ce temps, un aide, dont l'une des mains est in- troduite dans le rectum, cherche à retirer l'intestin engagé dans l'an- neau en exerçant des tractions modérées, comme on le fait pour le taxis médiat. Quand la réduction est opérée, on applique un casseau sur le crémaster afin d'obtenir l'occlusion de la gaîne. En opérant de la sorte, M. Itey a réussi une fois (1) ; mais nous avons été témoin d'un -cas de mort survenu après le taxis direct : dans ce cas, les manipula- tions avaient déterminé une déchirure complète des parois du canal (I) ./<>■ rn/il de médecine vétérinaire^ publié à l'École do Lyon. 1870, p. 7. DES HERNIES. ;U~ inguinal au niveau du collet de la gaine vaginale ; l'anse herniée avait été repliée et engagée dans cette déchirure qui la comprimait forte- ment. On reconnaît que la réduction est opérée par la disparition de la tumeur herniaire, et l'opérateur qui pratique le taxis rectal éprouve la sensation brusque d'une résistance vaincue « au moment où l'in- testin qu'il soulève avec sa main se dégage de l'étreinte du canal in- guinal. Enfin cette même main reconnaît facilement, par l'intromis- sion de deux doigts dans l'orifice supérieur de ce canal, que les vaisseaux testiculaires seuls, artères et veines, y sont actuellement en- gagés. » (H. Bouley.) Troisième procédé. — On opère de la manière suivante : L'anse her- niaire étant mise à découvert est préalablement lubrifiée au moyen d'huile d'olive, puis on pratique le taxis direct, recto-inguinal, comme nous l'avons indiqué plus haut ; toutefois, avant d'avoir recours à cette manœuvre, on ponctionne l'intestin hernie avec un trocart de petit calibre. L'appareil aspirateur du docteur Dieulafoy est appelé à rendre, dans ce cas, les plus grands services, il permet en effet de vider l'anse herniaire des liquides et des gaz qu'elle renferme, de telle sorte qu'on peut en opérer la réduction avec moins de difficultés et sans dangers, car la ponction de l'intestin peut être faite impunément avec un trocart de faible diamètre, comme nous l'avons fait remarquer pré- cédemment en étudiant cette opération. DEBRIDEMENT DU COLLET DE LA GAINE VAGINALE OU OPERATION DE LA IIICRNIE ÉTRANGLÉE. « L'opération de la hernie étranglée, dit M. H. Bouley, n'est pas, comme on est peut-être trop porté à le penser, une ressource ultime à laquelle il ne faut avoir recours qu'en désespoir de cause et alors que le taxis, employé au préalable, suivant ses modes différents, et avec persévérance, a été reconnu définitivement impuissant à pro- duire la réduction. Bien loin qu'il en doive être ainsi, nous croyons, au contraire, que le taxis chez le cheval n'est qu'une ressource très-acces- soire dont l'indication n'existe réellement que dans les cinq ou six pre- mières heures de la hernie inguinale; que même, dans cette première période, il ne faut pas s'y obstiner trop longtemps, de peur des acci- dents auxquels les manœuvres rectales peuvent donner lieu, et qu'enfin cette période passée, c'est à l'opération qu'il faut recourir d'emblée sans taxis préalable (1). » Au surplus, la statistique publiée par M. Benjamin (2) nous montre que l'on a beaucoup exagéré les dan- gers de l'opération de la hernie étranglée puisque sur 52 opérés on a (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires , art. Hernie. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1870, p. 165. 318 DES HERMES. obtenu 42 guérisons. II est vrai que depuis les recherches de M. H. Bou- ley, établissant que le siège de l'étranglement de l'anse herniaire n'est jamais au niveau de l'orifice péritonéal du trajet inguinal, comme le croyait Girard, mais bien à 2 ou 3 centimètres au-dessous, c'est-à-dire au collet de la gaîne vaginale ; il est vrai, disons-nous, que, grâce à ces recherches, l'opération de la hernie étranglée est grandement simpli- fiée et n'expose plus aux graves dangers que l'on redoutait autrefois quand on conseillait de pratiquer le débridement sur la lèvre anté- rieure de l'orifice péritonéal, c'est-à-dire sur le muscle petit oblique lui-même, d'où la possibilité des éventrations. Or, par le débridement effectué sur le collet de la gaîne vaginale, cet accident ne peul avoir lieu. instruments. — Trois bistouris, l'un convexe, l'autre droit, le troi- sième boutonné ou caché, une sonde cannelée, des ciseaux, une paire de casseaux courbes, des tenettes à castration, de la ficelle de fouet pour maintenir rapprochées les branches ducasseau, tels sont les ins- truments essentiels pour l'opération de la hernie étranglée. M. H. Bou- ley a fait construire, pour effectuer ladite opération, un instrument particulier désigné sous le nom de herniotome (fig. 2i0). Depuis l'in- vention de l'anesthésie, M. H. Bouley donne la préférence « au bis- touri boutonné à lame étroite et à tranchant borné dans sa longueur » (fig. 241 et 242). Fixation de l'animal. — Le sujet à opérer est couché sur une bonne litière, et, « après l'avoir soumis à une anesthésie aussi complète que possible, on le place en position dorsale ; puis le membre posté- rieur correspondant au côté de la hernie est sorti de son entrave, et, à l'aide d'une plate-longe dont l'anse est passée autour du paturon, on l'écarté du tronc et on le fixe dans une forte abduction et autant que possible dans un état de complète extension pour éviter à l'opéra- teur des détentes qu'il faut toujours prévoir malgré l'anesthésie. » Pour cela, il faut attacher l'extrémité libre de la plate-longe à un point fixe, placé à proximité du lit sur lequel est couché l'animal, soit un anneau scellé à un mur, soit une barre, un poteau, une lourde voiture, etc. Si l'opération doit être pratiquée la nuit, ce qui arrive souvent, car l'imminence du danger interdit la temporisation, deux aides doivent être chargés d'éclairer à l'aide de bougies, de lampes ou de lanternes, la région sur laquelle l'action chirurgicale va être portée. Manuel opératoire. — L'opérateur se place à genoux derrière le ma- lade, il s'infléchit fortement sur lui-même pour éviter les heurts, con- tre sa tête, du calcanéum du membre fixé dans l'abduction, puis il fait « avec le bistouri convexe une longue incision sur la tumeur her- niaire dans le sens de son grand axe, qui est celui du testicule. Cette incision doit être ménagée de manière à n'intéresser que la peau, le dartos et les premières couches du tissu cellulaire lamclleux, interposé DES HERNIES. 31! entre cette dernière tunique et l'érythroïde. Gela fait, on divise couche par couche, avec le bistouri tenu d'une main très-légère, les différentes lames de ce tissu jusqu'à ce que la tunique éry- throïde soit mise à nu dans la profondeur de l'incision ; puis, le bistouri mis de côté, avec le pouce et l'index de la main droite on dépouille cette tunique de ses couches celluleuseseton isole complètement la tu- meur herniaire comme on fait pour le tes- ticule dans le procédé de castration dit à Fig. 2i0. — Herniotome. Fig. 241. — Bistouri à lame étroite et boutonné. Fig. 242. — Bistouri hernio- tome de M. Colin. testicule couvert. Cette dissection préalable est d'une grande importance 320 DES HERNIES. pour permettre, lorsque l'opération de la hernie est achevée, d'affronter l'une contre l'autre les parois de la tunique libro-séreuse tesliculaire et de les interposer entre les branches des casseaux. Une fois que la tumeur herniaire est ainsi énucléée de sa gangue celluleuse, on éraille, avec la pointe du bistouri droit, les fibres de sa tunique fibreuse, jus- qu'à ce qu'un jet de liquide dénonce que la gaîne vaginale est ouverte, et alors la sonde cannelée, introduite dans cette ouverture, sert à con- duire le bistouri à l'aide duquel le sac herniaire est largement ouvert en avant et en arrière, c'est-à-dire dans le sens de son grand axe. Cette incision donne écoulement à un liquide séreux ou séro-sanguinolent plus ou moins abondant suivant la date de la hernie. » (H. Bouley.) On voit apparaître alors le testicule et l'anse herniée, qui, placée au côté interne du cordon testiculaire, descend rarement au-dessous du testi- cule, parfois même elle reste à l'état de bubonocèle et ne dépasse guère l'orifice inférieur du trajet inguinal. La couleur de cette anse intesti- nale peut varier depuis le rouge vif jusqu'au rouge-brun, suivant l'épo- que à laquelle remonte l'étranglement. Dès que le sac herniaire est ouvert, il faut procéder avec le doigt indicateur à l'exploration de son goulot pour reconnaître le point précis où l'étranglement a son siège, et s'assurer de son intensité. Or, les recherches expérimentales de M. H. Bouley, les nombreux faits qu'il lui a été donné d'observer démontrent très-positivement que le siège de l'étranglement dans la hernie inguinale n'est pas, comme le pensait Girard et comme quelques- uns le croient encore, à l'orifice péritonéal du canal inguinal, « mais bien à 2 ou 3 centimètres au-dessous de cet orifice, dans un point particulier où le goulot du sac vaginal forme, par son rétrécissement, une sorte de collet. » Ce point reconnu, si la hernie date de peu de temps, on peut essayer le taxis direct en opérant par le deuxième procédé. Si l'anse intes- tinale herniée offre les traces d'une vive inflammation, il vaut mieux avoir recours d'emblée au débridement plutôt que de se livrer à des manipulations qui peuvent déterminer des accidents mortels (gan- grène de l'intestin ; déchirure). Pour pratiquer le débridement, « un aide saisit de ses deux mains les bords de l'incision faite à la gaîne vaginale qui remplit l'office de sac herniaire et la dispose en enton- noir par la traction qu'il exerce sur ses parois ; un autre aide tire le testicule en dehors et en arrière, afin de tendre également le cordon. Cela fait, l'opérateur porte le doigt indicateur de la main droite au ni- veau du collet pour bien s'assurer de sa situation plus ou moins élevée; puis, quand il l'a reconnu, il saisit le bistouri de la môme main, le iixe le long de son doigt indicateur tendu, la lame appliquée à plat sur la pulpe qui la déborde dans tous les sens, et le manche maintenu dans la paume par les autres doigts fléchis ; l'opérateur fait glisser alors, le long du cordon, son doigt ainsi armé, la pulpe tournée en dehors et le dos correspondant au viscère hernie, qu'il refoule en dedans, et, lorsqu'il DES HERNIES. 321 l'a fait parvenir jusqu'au niveau du collet, il l'y introduit s'il le peut ou bien seulement la lame du bistouri, si la constriction est trop forte ; puis l'instrument est disposé sur sa main de façon que son dos appuie sur la pulpe du doigt qui le soutient et que son tranchant, tourné en dehors, corresponde à la bride du collet. Cette bride est tellement ten- due qu'elle se coupe d'elle-même sur le tranchant ou qu'il suffit, pour l'inciser, d'un très-léger mouvement imprimé par l'indicateur. L'habi- leté consiste ici à faire une incision très-bornée en étendue et n'inté- ressant dans sa profondeur que l'épaisseur de la gaine vaginale dou- blée de sa tunique fibreuse. Le crémaster qui est superposé à cette dernière du côté externe, c'est-à-dire du côté où l'on pratique le débri- dement, doit être respecté, parce qu'il est une condition de l'occlusion de la gaine, après et malgré son incision. Une fois le débridement opéré, on s'assure, par le toucher, du degré de dilatation que le collet vient d'acquérir et, si le doigt peut y pénétrer, le débridement est suf- fisant et la réduction possible. « Le manuel opératoire avec le herniotome ne diffère pas beaucoup de celui qui vient d'être décrit pour le bistouri. Quand on se propose de se servir du herniotome, on mesure et l'on arrête à l'avance le degré de projection qu'il faut permettre a. sa lame. Puis l'opérateur le l'ail glisser, ainsi préparé, sur l'index de sa main droite jusqu'au niveau du collet du sac, l'y introduit, en veillant à ce que le côté par lequel la lame doit saillir soit tourné en dehors, et, pressant sur la branche qui la met en mouvement, il la fait sortir de sa gaine dans l'étendue qui lui a été mesurée. Il suffit alors de tirer l'instrument à soi pour que la bride du collet se trouve incisée. Quand on a perçu la sensation delà résistance vaincue, la lame rentre dans sa gaine par le mécanisme du ressort qui l'y maintient, si on cesse de presser sur son levier, et l'ins- trument peut être retiré de la plaie sans danger de blessure pour le viscère hernie » (H. Bouley) (1). Dès que le débridement a été pratiqué, on procède à la réduction de l'intestin par le taxis direct combiné, si cela est nécessaire, avec le taxis rectal en opérant comme il a été dit précédemment. Après la réduction de la hernie on applique un casseau courbe (fig. 243), ou simplement un casseau droit (fig. 244), sur le crémaster, afin de mettre en contact les parois de la gaine vaginale et de prévenir la reproduction de la hernie de telle sorte que l'opération de la her- niotomie est suivie de la castration à testicules couverts. Les recherches expérimentales auxquelles M. H. Bouley s'est livré démontrent en effet que, si après l'opération de la herniotomie, au lieu de faire tomber le testicule sous l'étreinte du casseau, on voulait le conserver en l'enfer- mant dans la gaîne vaginale dont on rapprocherait les bords par une suture, cette gaîne se convertirait en un vaste foyer de suppuration (1) Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie, t. IX, art. Hernie. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II. — 21 322 DES HERNIES. qui pourrait bien être le point de départ d'une péritonite mortelle, soit par irradiation de L'inflammation, soit par épanchement du pus jusque dans le péritoine. On ne serait autorisé à employer la suture comme moyen d'obtura- tion du sac herniaire qu'autant qu'on aurait affaire « a un cheval étalon précieux dont toute la valeur résiderait dans ses facultés reproduc- tif. 243. — Casseau courbe. Fie;. 'J44. — Casseau droit. triées ; dans ce cas, il serait inutile de disséquer la tunique érhythroïde, il suffirait de l'inciser avec précaution pour ne pas blesser l'intestin. «. Une fois la herniotomie pratiquée et la réduction effectuée suivant les règles prescrites, la peau serait rabattue sur le testicule avec les tu- niques auxquelles on l'aurait laissée adhérente et les bords de l'incision faite au sac des bourses seraient maintenus affrontés l'un contre l'autre par leur feuillet séreux à l'aide d'une suture entortillée » (H. Bouley). M. Verrier a préconisé un procédé opératoire qui consisterait à in- troduire le doigt indicateur de la main gauche, la pulpe en l'air, dans le trajet inguinal pour accrocher, non pas l'orifice péritonéal du canal inguinal, comme le croit M. Verrier, mais bien, comme l'a démontré M. IL Bouley, le collet de la gaîne vaginale que l'on attire au dehors pour le débrider (1). Mais il est plus simple et plus rationnel d'opérer le débridement comme le conseille M. H. Bouley. [1) Voir Bulletin de la Société centrale vétérinaire, année 1873, p. 245, 273, 28C DES HERNIES. 323 HEKMOTOMIE SOUS-CUTANEE. « On peut, dit M. H. Bouley, concevoir la possibilité d'appliquer la méthode sous-cutanée à l'opération de la hernie. Le cordon étant maintenu bien tendu par un aide, l'opérateur pratiquerait sur son côté externe, à 2 ou 3 centimètres au-dessous de son point d'émergence de l'anneau inguinal, une ponction ménagée intéressant la peau, le dartos, le tissu cellulaire, le crémaster et la tunique fibro-séreuse qu'il recou- vre; puis une sonde cannelée, conduite dans le trajet de la ponction, le long de la lame du bistouri qui aurait servi à la l'aire, se substitue- rait à celle-ci et serait ensuite dirigée de bas en haut jusqu'au point de l'étranglement. Cette sonde, introduite entre le cordon testiculaire et le collet du sac, servirait de conducteur, soit à un herniotome caché, soit à un bistouri boutonné à l'aide duquel le débridement serait opéré. Après, on procéderait à la réduction par les taxis scrotal et rec- tal, comme il a été indiqué plus haut, avec de grandes chances de réussite, puisque le détroit du goulot de la gaîne se trouverait assez élargi pour permettre à l'intestin de céder aux efforts de pression et de traction exercés par les deux mains agissant à l'unisson pour le réinté- grer dans la cavité du péritoine. » M. Siegen, vétérinaire à Luxembourg, a opéré un cheval atteint de hernie étranglée par un procédé analogue à celui qui a été décrit par M. H. Bouley, et que nous venons de reproduire; toutefois M. Siegen ne se sert pas de la sonde cannelée pour conduire le bistouri, mais bien du doigt indicateur, comme on le fait dans le procédé ordinaire. Ainsi, après avoir incisé les parois de la gaîne vaginale, à un travers de doigt au-dessus de l'orifice inférieur du canal inguinal, on élargit cette ouverture avec le doigt indicateur, et, en se guidant sur le cordon testiculaire, on arrive dans le point où siège l'étranglement, c'est-à-dire au collet du sac que l'on débride comme il a été dit précédemment. Sur le cheval, opéré par M. Siegen, « la plaie fut bourrée d'étoupes et fermée par quelques points de suture....; douze jours après l'opéra- tion, la plaie était cicatrisée et l'animal fut de nouveau employé à son service habituel. » Malgré ce résultat, nous n'hésitons pas à dire que la herniotomie sous-cutanée est une opération difficile, dangereuse, incertaine dans ses résultats et qui ne nous paraît pas appelée à remplacer la méthode ordinaire. Si l'on se décidait à la mettre en usage, il ne faudrait pas, comme l'a fait M. Siegen, bourrer la plaie d'étoupes: ce serait augmenter, sans aucune compensation, les chances d'infection putride déjà si nom- breuses après l'opération dont il s'agit; on se bornerait à faire un ou deux points de suture entortillée. Phénomènes consécutifs. Accidents. — Coliques. — Après la rédllC-. 324 DES HERNIES. lion d'une hernie étranglée, les coliques disparaissent, toutefois; quand la réduction est suivie de la castration, on observe des symptômes indi- quant des douleurs abdominales par suite de la compression qu'éprouve le cordon testiculaire, étroitement enserré entre les branches du cas- seau. Mais ces coliques sont de courte durée, il suffit de promener l'a- nimal pour les faire disparaître comme on le fait pour la castration. Péritonite. — Elle apparaît du cinquième au dixième jour après l'o- pération, alors que tout permettait d'espérer une guérison prochaine; elle se termine souvent par la mort, surtout quand le débridement a été effectué trop tard, alors que l'intestin est gangrené sur une large surface. É cent rat ion. — Cet accident, le plus grave de tous, était commun au- trefois lorsqu'on pratiquait le débridement d'après les prescriptions formulées par Girard père. Aujourd'hui, grâce aux recherches de M. H. Bouley, cet accident est très-rare. 11 résulte soit d'une échappée, soit d'une déchirure des parois de la gaîne vaginale pendant les manœuvres delà réduction. Mais en observant les règles établies par M. H. Bouley pour effectuer le débridement et surtout en ayant le soin de ne faire agir le bistouri que sur le collet de la gaîne vaginale et non sur l'an- neau inguinal supérieur, on évitera une éventration. Or, chez le cheval, l'éventration est un accident toujours mortel. Hernie extra-vaginale. — « Quelquefois, dit M. H. Bouley, en prati- quant le débridement du collet du sac, on incise dans le sens de sa lon- gueur le crémaster lui-même qui double en dehors la tunique fibro- séreuse vaginale. Cet accident est possible surtout quand on se sert du herniotome caché, et qu'on donne à sa lame une trop grande projec- tion en dehors de sa gaîne. Cette incision, dont la plupart du temps on ne s'est pas rendu compte, étant faite, il est possible, il arrive même assez facilement que l'intestin hernie s'engage entre ses bords et vienne apparaître en dehors de la gaîne vaginale, au-dessous de l'an- neau inguinal. Si on ne sait pas au juste comment cette hernie extra- vagïnale s'est produite, et qu'on veuille, pour la faire rentrer, exercer un taxis mal dirigé dans la gaîne elle-même, l'éventration peut être la conséquence de cette manœuvre, parce qu'il est très-possible que, sous la pression de l'intestin, refoulé inhabilement par les mains, l'in- cision, qui intéresse tout à la fois les tuniques séreuse et fibreuse et le crémaster, se continue supérieurement par une déchirure jusque dans 'abdomen. Mais si on procède avec méthode, qu'on fasse rentrer l'in- testin d'abord dans le sac vaginal, et en second lieu dans celui du pé- ritoine, tout peut rentrer dans l'ordre, car les lèvres respectées de l'orifice péritonéal du canal peuvent suffire pour mettre obstacle, par leur affrontement, à une nouvelle échappée de l'intestin. » Blessures de l'intestin. — Si l'animal sur lequel on pratique le débri- dement vient à se livrer à des mouvements désordonnés au moment où l'on fait glisser le bistouri entre l'anse herniaire et les parois de la DES HERNIES. 325 gaîne, il peut arriver que le tranchant du bistouri se trouve tourné vers l'intestin qu'il entame. C'est un accident de cette nature qui a donné à M. H. Bouley l'idée d'appliquer à la herniotomie le bistouri caché du frère Côme. En pratiquant le taxis, sans aucun ménagement, l'opérateur peut érailler avec ses ongles, les tuniques de l'intestin. Il suffit de men- tionner cet accident pour l'éviter. Récidive. — Elle est à craindre lorsque la hernie a été réduite par le taxis seulement sans débridement préalable du collet de la gaîne vagi- nale, mais elle ne saurait avoir lieu quand l'opération a été pratiquée. Cette opération, dit M. H. Bouley, est radicalement curative. Les récidives finiraient par déterminer la formation d'une hernie inguinale chronique. § 2. — Des hernies inguinales anciennes ou chroniques. Les hernies inguinales chroniques sont permanentes ou intermittentes. Dans le premier cas, elles persistent pendant toute la durée de la vie de l'animal ; dans le second, elles disparaissent à certains moments pour se reproduire à d'autres, puis disparaître de nouveau suivant les circonstances dans lesquelles se trouvent placés les animaux affectés de cette sorte de hernie. Elles peuvent être simj)les ou comj>li- quées. Les complications sont : la déchirure de l'orifice par lequel la hernie s'est produite ; l'épanchement de sérosité dans le sac herniaire (hydrocèle) ; la transformation sarcomateuse du testicule correspon dant à la hernie (sarcocè/e) ; l'adhérence de l'anse herniée avec les parois du sac [hernie irréductible) ; l'engouement et Yétrangkment de l'intestin. Causes. — On a vu précédemment que la hernie inguinale récente étranglée, réduite exclusivement par le taxis, pouvait se reproduire et constituer ainsi une hernie chronique ; d'autres causes peuvent en- core contribuer à la formation de la tumeur herniaire, notamment la lenteur avec laquelle le testicule a effectué sa descente dans la gaîne vaginale. « Si ce mouvement de migration coïncide avec un âge relati- vement assez avancé, comme celui de dix à douze mois, il est possible que, dans des efforts de gambades ou de sauts du poulain, l'intestin soit déterminé par la pression des parois centrales à s'engager avec letesticuledansle détroit où l'entraîne songubernaculum » (H. Bouley). Les efforts de tirage, ceux du cabrer et de la ruade peuvent déter- miner une hernie inguinale chronique. Symptômes. — On constate, dans la région des bourses, une tumeur indolente ou peu douloureuse, qui occupe tout le sac scrotal et s'étend parfois, dans la profondeur de l'aine, sous les parois ventrales. Cette tumeur herniaire est formée par l'intestin grêle, le côlon flottant et, 326 DES HERNIES. dans quelques cas exceptionnels, par la courbure pelvienne du groscôlon. Le volume de la hernie est plus considérable après les repas ; sa consistance est variable suivant que les matières contenues dans l'in- testin sont pâteuses, liquides ou gazeuses. Quand l'intestin est vide, les hernies sont molles, souples, facilement dépressibles ; elles devien- nent plus apparentes par l'exercice et diminuent peu à peu par le repos. Parfois la tumeur herniaire est animée d'un mouvement vermiculaire, elle peut être en outre le siège de borborygmes. 11 faut ajouter à ces caractères extérieurs ceux que l'exploration rectale fournit et qui permettent d'établir le diagnostic avec précision. En effet, dans le cas de hernie inguinale, on trouve l'intestin engagé dans l'orifice supé- rieur du canal inguinal, plus ou moins dilaté. Complications. — Hydrocèle. — La hernie inguinale chronique est tou- jours accompagnée d'un épanchement séreux dans la gaîne vaginale. Lorsque le liquide épanché est en quantité considérable, il distend les parois de la poche herniaire et le diagnostic devient difficile. En pareil cas, l'exploration rectale éclaire le praticien. Si l'on conservait des doutes sur la nature de la tumeur, il faudrait placer l'animal en posi- tion dorsale ; par ce moyen le liquide contenu dans le sac herniaire s'écoulerait dans l'abdomen, la consistance des parois de la tumeur di- minuerait et par le toucher on trouverait alors la masse herniée. a Un coup de bistouri, dit M. IL Bouley, inconsidérément donné dans une tumeur scrotale qu'on a supposée être exclusivement séreuse, est presque fatalement un accident mortel, lorsqu'il s'attaque à l'intestin dont la présence dans la tumeur n'a pas été reconnue. » Sarcocèle. — Le testicule est bosselé, hypertrophié et le cordon qui le soutient est entouré du viscère hernie qui forme à l'extérieur une masse allongée, de consistance pâteuse ou parfaitement élastique sui- vant la période de la digestion. De plus, l'exploration rectale dévoilera l'existence de la hernie. Entérite aiguë. — Péritonite. — Quand l'inflammation se déclare dans le viscère hernie, la tumeur qu'il forme au dehors devient chaude, douloureuse à la pression, elle offre, en un mot, tous les caractères d'une tumeur phlegmoneuse, et le praticien est porté à en faire la ponction. Mais, au préalable, il doit avoir recours à l'exploration rec- tale ; par ce moyen il évitera une erreur de diagnostic dont les consé- quences seraient des plus funestes. Si l'inflammation reste localisée, le viscère hernie contracte des adhérences avec les parois du sac et la hernie est irréductible ; quand, au contraire, les phénomènes inflam- matoires s'irradient sur le péritoine, une péritonite diffuse se déclare et les malades succombent au bout de quelques jours. Engouement . — On appelle ainsi la distension de l'anse intestinale herniée par des matières alimentaires, plus ou moins épaisses, qui y stagnent, s'y accumulent et donnent lieu à une obstruction momenta- née du canal digestif. DES HEKNIES. 32"i Cette stase des matières alimentaires n'est le plus souvent que mo- mentanée; elle donne lieu à des coliques qui disparaissent par un traitement approprié. En pareil cas, il est indiqué de vider le rectum. Mais, dans quelques cas exceptionnels, l'engouement peut persister et les matières continuent à arriver dans le viscère hernie, celui-ci aug- mente de volume et il vient un moment où la disproportion entre les dimensions du viscère hernie et celles de l'ouverture, qui lui a livré passage, est telle que les conditions se trouvent réalisées pour que l'é- tranglement se produise. Dans ce cas, on observe les symptômes dont nous avons parlé précédemment, et on emploie les mêmes moyens pour faire cesser l'étranglement. Remarquons toutefois que dans le cas de hernie inguinale chronique, compliquée d'étranglement, le taxis méthodiquement pratiqué suffit pour rétablir le cours des matières dans l'intestin. En cas d'insuccès, il faudrait avoir recours au débride - ment du collet de la gaine vaginale. Pronostic. — La hernie vaginale chronique déprécie les animaux qui en sont affectés, néanmoins elle peut être exempte de complications el permettre l'utilisation des animaux pendant de longues années. Il est vrai que l'étranglement constitue un danger permanent auquel les ani- maux atteints de hernie sont exposés ; en outre, on ne peut remédier à cette lésion que par une opération, qui, comme le dit M. H. Bouley. a ses dangers comme opération et ses incertitudes comme moyen de traitement. Pour ces motifs, et en thèse générale, le pronostic de la hernie inguinale chronique est grave. Traitement. — 11 consiste ordinairement dans l'opération de la cas- tration à testicule couvert par la méthode des casseaux. Indications. — Contre-indications. — Chez les animaux âgés de moins de quinze mois et affectés de hernie, il faut se borner à l'expectation, attendu que cette lésion peut disparaître d'elle-même avec les progrès de l'âge. Il faut abandonner à elles-mêmes les hernies inguinales d'un petit volume et qui ne nuisent en rien à l'utilisation des animaux. L'opération est encore contre-indiquée pour les hernies inguinales chroniques, compliquées de déchirure de l'orifice supérieur du trajet inguinal, et, conséquemment de hernie ventrale, car, en pareil cas. une éventration est à redouter soit au moment oii l'on pratique l'o- pération, soit ultérieurement, quand on enlève le casseau. Cependant, dit M. H. Bouley, lorsque la tumeur herniaire a acquis dételles proportions qu'elle pend jusqu'aux jarrets, comme les ma- melles d'une vache forte laitière, et met l'animal hors de tout usage; il n'existe plus, dans ce cas, aucune contre-indication d'opérer, puis- que, en définitive, l'opération offre encore quelques chances de succès, tandis que la maladie, annulant complètement la valeur de l'animal, il ne reste plus d'autre parti à prendre que de le vendre à vil prix ou de le faire abattre. 328 DES E1ERNIES. On doit opérer quand la hernie est compliquée d'hydrocèle, de sar- cocèle ou d'engouement; l'indication est expresse et urgente dans le cas d'étranglement. Manuel opératoire. — L'opérateur doit disposer au préalable tout ce qui est nécessaire pour la castration à testicule couvert. 11 faut seulement préparer un casseau de grandes dimensions, légèrement incurvé dans le sens de sa longueur afin qu'il puisse être placé le plus haut possible dans la profondeur de l'aine. 11 est prudent de disposer, à proximité de l'opérateur, un drap ou une alèze humectés d'eau tiède afin de préserver la masse herniée des souillures de la li- tière, au cas où elle viendrait à faire irruption au dehors pendant l'o- pération. On opère sur l'animal, couché et placé dans le décubitus dorsal, le membre correspondant à la hernie placé dans l'abduction ; l'éthérisalion ne sera mise en usage qu'autant que des complications seront à redouter. L'opérateur, armé du bistouri convexe, incise avec ménagement le bord inférieur de la tumeur herniaire, suivant une di^ rection parallèle au raphé et d'avant en arrière. Cette incision n'in- téresse d'abord que la peau, le dartos et les premières couches de tissu eonjonclif sous-jacent, puis, à l'aide des mains, l'opérateur détruit les adhérences existant entre le dartos et la tunique érythroïde et cher- che ainsi à énucléer la tumeur herniaire. Ce temps de l'opération offre souvent de grandes difficultés par suite des adhérences qui se sont établies entré les membranes composant les parois de la gaine vaginale. 11 faut souvent se servir du tranchant du bistouri pour effectuer cette dissection. Quand on est parvenu à détruire les adhérences conjonctives qui unis- sent le dartos à la tunique fibreuse, il faut procéder à la réduction de la hernie. A cet effet, on exerce sur le sac herniaire des pressions ménagées et l'on parvient ainsi, dans quelques cas, à faire rentrer l'organe hernie dans la cavité abdominale, parfois même le testicule l'accompagne et le sac herniaire est ainsi vidé de tout ce qu'il contenait. Mais les choses ne se passent pas toujours aussi simplement et, dans bon nombre de cas-, il faut combiner le taxis rectal avec le taxis inguinal pour obtenir la réduction de la hernie. « Pour procéder aux taxis, sans ouvrir le sac, on fait saisir le testicule par un aide qui tend le sac et le cordon ; puis l'opérateur, s'il doit agir seul, introduit l'une de ses mains dans le rec- tum, place l'autre sur les parois du sac et, par leurs actions combinées et bien ménagées, s'efforce de faire passer graduellement toute la masse herniée delà cavité du sac dans celle de l'abdomen. L'obstacle à cette réintégration n'est pas l'étroitesse des détroits à franchir, mais bien la trop grande masse qui s'y présente à la fois; aussi est-il bon, dans ce cas, de ne pas maintenir le malade absolument sur le dos, mais de l'incliner un peu sur le flanc opposé à la hernie afin que la masse herniée ne vienne pas se présenter en bloc à l'ouverture et que l'opé- rateur ail le temps de la dévider, pour ainsi dire, avec sa main intro- DES HERNIES. 329 duite dans le rectum, tandis que l'autre, appliquée près de l'anneau inguinal, la contient en imprimant à la partie qui s'engage une impul- sion synchronique à la traction exercée sur elle à travers les parois rectales. Il y a plus de chances de réussir par ce double taxis, lors- qu'il est effectué par deux opérateurs combinant leurs mouvements. » (H. Bouley.) Si ces manœuvres échouent, on est obligé alors d'ouvrir le sac her- niaire. Ce temps opératoire se pratique comme pour la hernie récente étranglée, c'est-à-dire sur un conducteur et suivant le grand axe de la tumeur herniaire. Il faut avoir le soin de disposer l'alèze ou le drap mouillé pour rece- voir le viscère hernie qui s'échappe du sac au fur et à mesure que l'on incise celui-ci, et il est prudent d'éthériser l'animal afin que les ma- nœuvres de la réduction ne soient pas contre-balancées parles mouve- ments auxquels l'animal se livre sous l'influence de la douleur qu'il éprouve. On pratique ainsi un taxis direct en agissant avec ménage- ment, et, pour faciliter cette partie de l'opération, un aide introduit sa main dans le rectum, et saisit le viscère hernie qu'il dévide en quel- que sorte et attire dans l'abdomen. Quand l'obstacle à la réduction provient de l'engouement du viscère hernie, on devine qu'il faut tout d'abord vider pour ainsi dire ce viscère en exerçant à sa surface des pressions ménagées, ou mieux en- core en pratiquant une ponction aspiratiïce à l'aide de l'appareil Dieulafoy. « Les adhérences qui s'opposent à la rentrée de l'intestin nécessitent une dissection qui doit être faite avec une grande prudence, lorsque ces adhérences sont très-étroites et que la séreuse viscérale est unie à celle du sac par des surfaces étendues. Dans ce cas, la lame du bis- touri convexe doit être conduite en dédolant entre ces deux feuillets et la désunion doit se faire par petites incisions successives aux dépens du feuillet pariétal. » (H. Bouley.) Lorsque la réduction est pratiquée, on procède à l'occlusion du sac vaginal en appliquant un casseau courbe le plus haut possible, comme dans le cas de hernie inguinale récente étranglée. ART. III. — DES HERNIES OMBILICALES. La hernie ombilicale résulte du passage dans l'anneau ombilical, non oblitéré, de l'épiploon ou de l'intestin grêle et quelquefois de ces deux organes. On la désigne encore sous les noms génériques d'exomphale, omphalocèle ; toutefois, quand on veut indiquer par quel viscère elle est constituée, on lui donne les noms d'entéromphale, épiplomphale, suivant qu'elle est formée par l'intestin ou l'épiploon seul, et entéro-épiplomphale quand elle résulte de la réunion de ces deux organes. Mais, « sur le vivant, dit M. H. Bouley, il faut s'en tenir aux termes génériques, car :«0 DES HERMES. on ne peut pas déterminer rigoureusement si cette hernie est consti- tuée par l'intestin ou par l'épiploon ou par les deux ensemble. » Étiologie. — Les causes des hernies ombilicales sont nombreuses et variées : il en est qui tiennent à l'animal lui-même et d'autres à des circonstances extérieures. Parmi les premières, il faut citer Ykérédité dont l'influence est aujourd'hui certaine, grâce aux observations de Hamon, Bénard, Gruzel, etc., puis l'espèce à laquelle l'animal appar- tient. Ainsi, toutes choses égales d'ailleurs, la hernie ombilicale est oeau- coup plus fréquente chez le cheval et le chien que chez le bœuf et le porc, dont la masse intestinale offre bien moins de développement que sur les animaux des espèces chevaline et canine. L'exomphale peut exister au moment de la naissance, on le dit alors congénital, mais il est bien permis d'admettre, comme le fait judicieu- sement remarquer M. H. Bouley, que cette hernie dite congénitale pour- rait bien être le résultat du tiraillement que subit le cordon quand la jument met bas son poulain. Quoi qu'il en soit, les hernies ombili- cales surviennent habituellement dans les deux ou trois premiers mois qui suivent la naissance, c'est-à-dire pendant que le travail d'oblité- ration de l'anneau ombilical s'effectue et que le tissu cicatriciel se consolide. Mais elles peuvent aussi apparaître plus tard, et, dans tous les cas, elles résultent des efforts plus ou moins violents qui se produi- sent au moment où les poulains font des sauts et des gambades ; d'autres fois ces efforts ont pour cause une irritation intestinale s'ac- compagnant de diarrhée ou de constipation avec ténesmes. Or, pendant les efforts quels qu'ils soient, les muscles abdominaux se contractent et refoulent ainsi les viscères abdominaux vers les parois du ventre. Alors s'ils trouvent une ouverture ou seulement une partie faible comme l'anneau ombilical en voie d'oblitération, ils s'y engagent, et la hernie est faite. Toutes les causes traumatiques, contusions, chocs, heurts, etc., qui l'ont sentir leur action sur la paroi abdominale lorsque le travail de consolidation du tissu cicatriciel oblitérateur s'effectue, peuvent pro- . duire une hernie ombilicale. Symptômes. — Diagnostic. — On voit, dans la région ombilicale, une tumeur demi-globuleuse ou pyriforme d'un volume variable depuis celui d'un œuf de poule jusqu'aux dimensions de la tête d'un enfant. La hernie ombilicale offre une consistance variable, rénitente, élastique comme un ballon, quand elle ne contient que de l'air ou des gaz ; elle devient molle, pâteuse, au moment du passage des matières en voie de digestion. La nature du viscère hernie donne à la tumeur une consis- tance différente; on conçoit qu'une entéromphale doitdonner au tou- cher la sensation d'un corps élastique tandis qu'une épiplomphale forme une tumeur pâteuse. En explorant une hernie ombilicale, on peut entendre des borbo- DES HERNIES. 331 rygmes et reconnaître l'état des parois abdominales au point où elle existe. C'est ainsi qu'on trouve les bords de l'anneau ombilical épaissis, comme fibreux, et parfois l'ouverture qu'ils circonscrivent mesure 4, 5 , 6 et même 7 centimètres de longueur. La situation de l'exomphale porterait à penser que l'intestin doit être fréquemment le siège de froissements ou de contusions résultant du décubitus ; ces irritations répétées, si elles se produisaient, devraient amener une inflammation et des adhérences consécutives, et finalement Y irréductibilité de la hernie. Mais il n'en est rien, et l'observation dé- montre que les exomphales irréductibles sont des plus rares. Toute- fois, et sous l'influence d'actions traumatiques violentes, la hernie ombilicale devient chaude, douloureuse à la pression et s'entoure d'un engorgement œdémateux quipeut la faire confondre avec un phlegmon. En pareil cas, l'erreur de diagnostic, si facile comme on le voit, peut être suivie d'accidents mortels. C'est dans ce cas, entre autres, que l'appareil de Dieulafoy peut être très-utile pour établir le diagnostic différentiel. L'engouement et surtout l'étranglement sont des complications fort rares dans la hernie ombilicale, et cela se comprend aisément quand on considère que, dans l'exomphale, le collet du sac n'est autre, d'ordinaire, que l'ouverture ombilicale elle-même. Cependant, les complications précitées peuvent se produire, lorsque, par exception, l'anneau ombilical est trop resserré, et alors elles pré- sentent les mêmes caractères que les hernies inguinales décrites pré- cédemment. Pronostic. — En général, la bernie ombilicale ne constitue pas une maladie bien grave, ainsi elle peut disparaître spontanément après le sevrage, attendu que le volume de l'intestin grêle diminue quand la période de l'allaitement est passée. Ce n'est qu'exceptionnellement que des complications peuvent survenir. Mais il faut remarquer cependant que cette maladie enlève à l'animal une partie de sa valeur, et si, à l'exemple de M . Marlot, on évalue cette dépréciation au quart du prix de l'animal, on arrive à cette conclusion « que la hernie ombilicale occasionne à l'agriculture et au commerce français une perte annuelle de 1,067,360 francs » (Mémoire sur le traitement des hernies ombilicales , etc., 1859) (1). Le traitement de l'exomphale présente donc une grande im- portance. Traitement. — On distingue dans le traitement de la hernie ombili- cale quatre méthodes principales : 1° les bandages; 2° la compression des parois du sac; 3° les suture*; 4° les topiques irritants ou caustiques. (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Hernie. 332 DES HERNIES. Le bandage contentif de la hernie ombilicale consiste essentiellement en une ceinture bouclée autour du corps et présentant, dans le point correspondant à la hernie, un tampon ou une pelote afin d'exercer une compression sur la tumeur herniaire. Cette compression a pour but et pour effet de déterminer l'obturation de l'ouverture herniaire, du moins quand elle ne présente que de petites dimensions. Ces appareils peuvent présenter des dispositions variées; toutefois, un bandage herniaire doit réunir trois qualités : solidité, fixité et élas- ticité. Bandage iiarlot. — Il se compose « d'un double coussin lombo-dor- sal fait en forme de selle, dont les panneaux, bien rembourrés de crin bouilli, sont doux et élastiques ; des quatre angles s'échappent deux courroies qui sont reçues dans les boucles de deux ceintures, l'une anté- rieure, pectorale, qui embrasse la poitrine au niveau du passage des sangles, l'autre, postérieure, ventrale, qui applique contre l'ombilic le tampon destiné à contenir la hernie. La ceinture pectorale est en sangle douce croisée et la ceinture ventrale est formée en entier, ou à ses deux extrémités seulement, d'un fort caoutchouc qui lui donne l'élasticité voulue pour qu'elle puisse s'accommoder aux variations de volume de l'abdomen. « La ceinture ventrale est unie, au-dessous du corps, à la ceinture pectorale par une sangle longitudinale, à l'extrémité postérieure de laquelle est fixée la planchette qui porte le tampon ombilical. Cette sangle a pour office de maintenir ce tampon exactement au niveau de l'ombilic et de l'empêcher de glisser en arrière sur le plan incliné du ventre. «Deux autres courroies fixent la ceinture ventrale à la pectorale et contribuent ainsi à l'empêcher de se déplacer en arrière. Le coussin ou tampon ombilical est large, rembourré de crins, mais sans épaisseur exagérée, car, s'il était trop saillant, il serait plus difficile de le main- tenir en position fixe sur la région de l'ombilic. Enfin, pour donner à cet appareil une plus grande solidité, on peut le compléter par une courroie disposée en bricolle en avant des épaules, et soutenu sur l'en- colure par une sorte de bretelle en sautoir. » (IL Bouley.) Bandage ftiassiera. — 11 consiste en deux petits ais faits en guise d'arçons de selle dont ils remplissent l'office. Ces ais sont recouverts de crins et attachés ensemble avec une petite lame de fer. D'un côté s'attachent deux larges sangles qui, passant sous le thorax, vont rejoin- dre le-côté opposé de la petite selle, où on les assure avec des courroies et des boucles adaptées. Une lame de fer aciéré, large, mais mince, élastique, un peu recourbée dans sa partie moyenne, est Wxka le long du milieu de la région sternale et de la région épigastriquc au moyen DES HERNIES. 333 d'ouvertures, en guise de boutonnières, pratiquées à l'extrémité anté- rieure et vers le milieu de la lame, dans lesquelles on passe les san- gles ; tandis que l'extrémité opposée de cette même lame qui doit cor- respondre à l'anneau ombilical s'élargit un peu en forme de plastron, et se trouve couverte d'un coussinet de crins à sa face supérieure, et fourré avec une peau moelleuse. Bandage de Deiamare. — « 11 est composé d'une sellette, d'un cha- piteau, d'une plaque, d'une lanière de cuir et d'une cuiller. « 1° La sellette est formée de deux coussinets, bien rembourrés, aux- quels sont solidement attachées deux boucles ; dans le sens opposé à ces boucles, sont fixés deux contre-sanglons en cuir. « 2° Le chapiteau, en tôle, a la forme du chapeau de marin, le bord a 3 centimètres; le chapeau proprement dit a 5 centimètres de hauteur et 36 de circonférence. Il loge un petit mécanisme en fil de laiton ou res- sort à boudin, composé lui-même de huit tours circulaires et dont l'extrémité libre supporte un fort cuir rembourré, recouvert d'une plaque en plomb de même diamètre, légèrement concave, et s'adap- tant immédiatement à la convexité de l'abdomen ; le tout recouvert d'un cuir peu épais et fixé au pourtour du bord du chapiteau, qui est muni d'une boucle. Au milieu du fond de cette tôle est une ouverture qui donne passage à une vis de pression sur laquelle est fixé le ressort. « 3° La lanière en cuir a 75 centimètres de longueur, 10 de largeur; elle est fendue dans une longueur en rapport avec la bailleur de l'en- colure, prise de la pointe du sternum en arrière du garrot. « La sellette est appliquée sur les reins, elle est fixée par les deux contre-sanglons aux boucles du chapiteau. G. DE L'AMPUTATION DU PÉNIS. 363 le point à couper, » puis il ajoute : « Il convient généralement de com- mencer par la portion dorsale de la verge, et de faire dès le premier temps la ligature des artères de la région... » Nous ne comprenons pas quelle utilité il peut y avoir à lier les artères de la région après avoir appliqué une ligature en masse sur cette même région ; de deux choses l'une, ou cette ligature en masse est serrée au degré convenable, ou elle ne l'est pas ; dans le premier cas, il est impossible de lier les artères, qui ne sont plus apparentes, dans le second, rien n'est plus simple que d'exercer des tractions à chaque extrémité du lien constricteur. Pour amputer le pénis, Barthélémy a opéré de la manière suivante : il a d'abord introduit dans le canal de l'urètbre « une canule d'étain de la grosseur du petit doigt et de la longueur de 30 centimètres ; une compression modérée, au moyen d'une ligature plate, fut faite sur le pénis, à 4 centimètres au delà de la portion qui allait être retran- chée. » La canule devait être maintenue dans le tube uréthral par le moyen d'une bande circulaire qui entourait le corps du cheval ; elle devait s'opposer au rétrécissement pendant la cicatrisation. « Lorsque toutes ces dispositions furent prises, dit Barthélémy, que l'animal fut placé convenablement, je fis maintenir par un aide la portion du pénis com- prise dans la ligature, et je fis la section avec un bistouri droit ; mais à l'instant où cette opération fut terminée, la portion restante du pénis se retira bien au delà du fond du fourreau, en se dégageant à la fois de la main de l'aide, de la ligature et de la canule. Il n'y eut point d'hé- morrhagie; mais pendant les cinq jours qui suivirent cette opération l'émission sanguine se manifesta, quoique de courte durée, toutes les fois que l'animal voulait uriner. » Huit à dix jours après cette opéra- tion, l'animal était en état de reprendre son travail. Vers le troisième jour, l'éjection des urines devint difficile ; « par suite de la cicatrisation de la plaie et de l'obstruction de l'orifice uréthral par le tissu cicatriciel, cet orifice était réduit à une étroite ouverture fistuleuse qu'il fallait di- later sans retard, car la rétention d'urine étant presque complète, la vie du sujet était en danger. » Mais il fut impossible d'introduire un stylet dans la fistule : « la rétraction du pénis y opposait un obstacle insurmontable. » Barthélémy pratiqua alors l'uréthrotomie « à deux pouces au-dessous de l'arcade ischiale ; » par l'ouverture uréthrale, il introduisit une sonde d'étain qui fut dirigée « sur l'obstacle qui s'oppo- sait à l'émission de l'urine, » et, pendant qu'un aide la maintenait dans cette position, une large incision fut pratiquée sur la cicatrice résul- tant de l'amputation. On remplaça ensuite la sonde d'étain par « une sonde œsophagienne dont la partie inférieure était enveloppée de ban- delettes de toile et recouverte de cire blanche qui en augmentait gra- duellement le volume jusqu'à l'extrémité où se trouvaient attachés quatre cordons qui retenaient la sonde dans sa position, en passant 3G4 DE L'AMPUTATION DU PENIS. dans deux anses de cordonnet ciré qui traversaient les parties latérales du fourreau à la manière de sétons ; mais un mois après avoir fait cette opération, la peau du fourreau, qui retenait les deux anses du cordonnet, fut coupée par ces anses elles-mêmes. Barthélémy eut alors l'idée de placer, de chaque côté du fourreau, au-dessus de la portion déchirée par les points de suture et assez près de l'abdomen, deux an- neaux métalliques « figurant des espèces de boucles d'oreilles, » ces anneaux étaient formés par « deux sondes d'étain recuit de la gros- seur d'une petite plume à écrire » dont les extrémités furent réunies en les tordant. La canule resta en position pendant deux mois, on la re- tirait seulement tous les deux ou trois jours pour la nettoyer. Le che- val, qui fait l'objet de cette observation, travailla pendant plus de deux ans après cette opération, seulement il urinait dans son fourreau. De cette observation, Barthélémy conclut : « Que pour éviter l'obs- truction du canal de l'urèthre, il faudra placer immédiatement une canule légère, de dimensions convenables, et assujétie aux parties latérales du fourreau, par deux anneaux d'étain, en la maintenant dans cette position pendant deux mois au moins. » Ce praticien distingué fait remarquer en outre, « que pour éviter la difficulté de placer la canule lors de l'opération, difficulté qui provient de la rétraction du pénis et de la flaccidité du canal de l'urèthre, qui se confond facilement avec le tissu lamineux très-lâche et très-abondant de cette partie, il serait nécessaire de couper le pénis en deux fois : par la première in- cision, qui se feraitpostérieurement, le tube uréthral serait coupé trans- versalement ; le pénis maintenu hors du fourreau donnerait la facilité de placer la canule, et l'on ne terminerait l'amputation que lorsque cet instrument serait fixé aux anneaux (I). » Ce mode opératoire est préférable à celui qui consiste à amputer d'emblée le pénis, et nous le recommandons tout particulièrement aux praticiens. D. Procédé d'ablation par ratisseraient. — Ce procédé, qui a été mis en usage avec succès par Moiroud etDelafond, en 1829, consiste à amputer le pénis en raclant ou ratissant cet organe, au moyen d'un bistouri, de telle sorte que la portion restante du pénis forme un cône dont la pointe est constituée par l'urèthre. Il faut avoir le soin d'intro- duire préalablement, dans le canal uréthral, une sonde creuse que l'on assujétit comme l'a conseillé Barthélémy. Le ratissement a pour but de prévenir l'hémorrhagie résultant de l'ablation. E. Écrasement linéaire. — On se sert à cet effet, de l'écraseur linéaire inventé par M. Chassaignac. On applique la chaîne de cet instrument sur le point à amputer, et, par l'intermédiaire de la poignée on fait mouvoir, avec lenteur, le levier moteur de la chaînette, de telle sorte que l'anse formée par celle-ci se rétrécit graduellement. Par l'emploi de ce procédé, on évite toute hémorrhagic, mais il peut arriver (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1828, p. 71. DE L'AMPUTATION DU PENIS. 365 que la chaîne de l'instrument se brise pendant l'opération, par suite de la résistance qu'offre le corps caverneux. Cet accident est arrivé à M. Lapointe qui, ayant à pratiquer l'amputation du pénis sur un cheval, vit la chaîne de l'écraseur se briser deux fois sur le corps caverneux, ce qui l'obligea à terminer l'opération au moyen de la ligature. F. Cautérisation par le fer rouge. — Ce procédé, qui consisterait à amputer le pénis au moyen d'un cautère cultellaire chauffé à blanc, est très-rarement mis en usage ; on lui préfère, et avec raison, les procé- dés que nous avons décrits précédemment. Si l'on se décidait à l'em- ployer, il faudrait préalablement circonscrire entre deux ligatures la partie sur laquelle le cautère doit agir. Les deux chefs de la ligature antérieure seraient confiés à un aide, qui, par ce moyen, maintiendrait le pénis au dehors ; la ligature postérieure ferait office d'agent hémos- tatique, et l'opérateur armé du cautère cultellaire, porté au rouge blanc, inciserait le pénis jusqu'à section complète. On introduirait en- suite, d'après Zundel, une sonde dans l'urèthre pour s'opposer au ré- trécissement. C'est en cela surtout que ce procédé est défectueux, attendu que le moignon se rétracte rapidement au fond du fourreau où il est impossible de le saisir, et à plus forte raison d'introduire et de maintenir une sonde dans le canal de l'urèthre. Quel que soit le mode opératoire, l'amputation de la verge est inva- riablement suivie d'un tel rétrécissement du canal de l'urèthre par suite de la rétractilité du tissu cicatriciel, que la miction devient impossible. J'ai vu des cas, nous dit M. H. Bouley, où pour conserver le cheval, il fallait recourir à l'uréthrotomie largement pratiquée, l'urine coulait ensuite dans l'entre-deux des cuisses et donnait lieu à un érythème de la pire espèce. § 2. — Amputation du pénis chez le chien. La présence de l'os pénien nécessite, pour l'amputation de la verge chez cet animal, l'emploi de fortes cisailles ou mieux d'une petite scie à amputation . La ligature en masse, l'écrasement linéaire peuvent être employés, mais il faut toujours pratiquer la section de l'os avec les cisailles ou la scie, aussi, est-il plus expéditif et conséquemment moins douloureux pour l'animal, d'avoir recours à l'ablation immédiate pratiquée avec le bistouri. Chez le chien, comme chez le cheval, il importe de prévenir le ré- trécissement et l'oblitération consécutive du canal de l'urèthre quoique Gohier ait dit que cet accident n'est pas à craindre chez le chien. Nous avons été à même de pratiquer deux fois cette opération sur des chiens de forte taille dont le pénis était recouvert de végétations fongi- formes (eondylômes), à tel point que la miction était très-difficile et que l'odeur infecte qui s'exhalait du fourreau rendait la présence de 360 CATIIÉTÉRISME DE LURÈTIIRE. ces animaux des plus incommodes et môme intolérable. L'un de nos opérés a été retiré des hôpitaux de l'École vétérinaire de Lyon et nous l'avons perdu de vue; l'autre a été affecté, six semaines après l'opéra- tion, d'un rétrécissement de l'urèthre qui rendait l'émission de l'urine de plus en plus difficile. Nous avons remédié à cet accident en débri- dant l'orifice uréthral au moyen du bistouri droit conduit sur la sonde cannelée ; ce débridement a permis d'introduire dans le canal, une sonde en gomme élastique, fixée par des liens noués deux à deux sur les reins. Mais cette sonde ne restait jamais en place plus d'une ou deux heures, quelques précautions que l'on prît. L'animal opéré a vécu pendant six mois, puis il a été sacrifié au bout de ce laps de temps; le rétrécissement uréthral était très-accusé, néanmoins la miction avait encore lieu, mais l'urine s'écoulait par mince filet. Pour prévenir ce rétrécissement, il faudrait appliquer une sonde à demeure, au moins pendant quelques jours; on pourrait, à l'exemple de ce que Barthélémy a fait sur le cheval, fixer cette sonde à deux an- neaux implantés dans la peau de l'abdomen, immédiatement au-dessus du fourreau. CHAPITRE II CATHETERISME DE L'URETHRE On appelle ainsi une opération qui consiste à introduire un cathéter ou une sonde dans le canal de l'urèthre, pour pénétrer dans la vessie afin de donner écoulement i\ l'urine qu'elle renferme. Avec un peu d'habitude, cette opération peut être exécutée facile- ment, bien que le canal de l'urèthre offre chez le mâle une grande longueur et une courbure à angle aigu au niveau de l'arcade ischiale. Nous étudierons le cathétérisme chez le cheval et la jument. Le cathétérisme uréthral est indiqué dans le cas de rétention d'urine. Cette rétention peut tenir soit à la présence d'un calcul, arrêté dans l'urèthre, soit à une contraction spasmodique du col de la vessie comme on l'observe dans certains cas de coliques . Dans la paraplégie, cette opération est indiquée et très-utile pour soulager les animaux qui ne peuvent uriner d'eux-mêmes. Le cathété- risme constitue un des temps préliminaires de l'uréthrotomie, de la cystotomie ou de la lithotritie. Les dispositions anatomiques du canal de l'urèthre ont été étudiées dans la première partie de cet ouvrage (voyez p. 299). CATHETERISME DE L'URÈTHRE. 367 §1. — Cathétérisme chez le cheval. Instruments. — On se sert d'une sonde, en gomme élastique ou en caoutchouc, dont les dimensions sont calculées sur la longueur et la largeur du canal de l'urèthre du sujet sur lequel on va pratiquer le ca- thétérisme. Cette sonde est composée d'une partie tubulaire ou canule et d'un mandrin ou tige centrale qui se meut librement dans l'espèce de gaine que lui forme la canule de la sonde. Brogniez a décrit, dans son ouvrage de chirurgie vétérinaire, un ca- théter composé de deux parties : la sonde proprement dite et le man- drin. La sonde est formée par un tube cylindrique en cuivre (fi g. 2-49 A) portant un prolongement recourbé flexible; ce prolongement est com- posé « de ressorts longitudinaux et d'une spirale en acier; le tout est revêtu d'une sonde en caoutchouc; » cette partie flexible de la sonde est terminée par un petit renflement ovoïde en cuivre ou en corne, qui en facilite l'intromission dans le canal de l'urèthre. Le mandrin (fig. 2i'J Bj; se compose d'une tige en baleine « carrée comme un fleuret ; » cetle tige « est reçue dans l'entrée du tube égale- ment carrée, pour empêcher les mouvements de rotation, ce qui pour- rait imprimer une fausse direction au ressort boutonné, par lequel elle se termine. Ce ressort présente une certaine flexibilité pour pou- voir se redresser un peu dans le canal de l'urèthre et offre assez de résistance cependant, pour soutenir la partie élastique et l'empêcher de froisser l'urèthre entre elle et l'ischium au moment où on la retire. » Cet instrument, compliqué et coûteux, peut être remplacé avec avan- tage, par la sonde en caoutchouc, qui suffit parfaitement dans tous les cas. M an h ei opératoire. — Chez les solipèdes, le cathétérisme de l'urèthre peut être pratiqué sur l'animal debout ou assujéti en position cou- chée. Dans le premier cas, le sujet est maintenu au moyen d'un tord-nez, appliqué à la lèvre supérieure, les membres postérieurs sont fixés par des entravons, réunis par un lacs, qui passe entre les membres anté- rieurs. Cela fait, on vide le rectum, puis un aide tire le pénis hors du four- reau et le dirige vers l'opérateur, qui, placé à droite, saisit l'extrémité de l'organe, introduit la sonde, préalablement huilée et munie de son mandrin, dans le canal de l'urèthre, et la pousse lentement jusqu'au contour ischial, la convexité de sa courbure étant tournée en Las. « Pour faire franchir à la sonde le contour ischial, il faut retirer le mandrin d'une certaine longueur dès que le bout de la sonde est arrivé à la courbure de l'urèthre. — Réduite ainsi à sa partie tubulaire, qui est très souple, la sonde peut suivre aisément le contour de l'urèthre ; pour cela il suffit d'appliquer le pouce à la région ischiatique et de 368 CATHÉTÉRISME DE L'URÈTHRE. pousser ou faire pousser doucement la sonde. Cela fait, on repousse le Fig. 249. — Cathéter de Brogniez. A, sa gaîne. — B, son mandrin. — C, cathéter monté. mandrin, en l'aidant à se courber par une pression exercée dans la région périnéale. La canule de la sonde constitue un appareil protec- GATHÉTÉRISME DE L'URÈTHRE. 30!) teur du canal, en même temps qu'elle facilite l'inflexion du mandrin. Ainsi pratiquée, l'opération est facile et sans danger (1). » Dans quelques cas, on est obligé de pratiquer le cathétérisme sur l'animal couché. On le fixe alors comme pour l'opération delà castration, ou bien, on le place sur le dos. Dans ce dernier cas, l'opérateur se place à gauche du sujet et procède à l'introduction de la sonde comme il a été dit précédemment. Quand l'urine s'est écoulée, on retire la sonde en exerçant des trac- tions modérées, combinées avec un mouvement de rotation. Brogniez conseille d'opérer de la manière suivante : « Pour ôter la sonde, dit-il, l'opérateur, placé du côté droit, pousse d'abord le man- drin dans le tube jusqu'au contour ischial de l'urèthre ; puis, tenant sa poignée fixe et ferme dans la main droite, il tire sur la sonde qui sort aussitôt sans effort et sans douleur pour l'animal. » Accidents. — La sonde fait parfois fausse route et la muqueuse du canal de l'urèthre peut être ainsi déchirée, sur une étendue plus ou moins considérable, ce qui se traduit par l'écoulement d'une certaine quantité de sang, comme cela a été observé, chez le cheval, par Rous- seau, cité par Brogniez (2). Quelques injections d'eau fraîche suffisent d'ordinaire pour arrêter cette hémorrhagie. Cet accident n'est pas à craindre avec le procédé indiqué par M. H. Bouley, parce que la canule de la sonde protège le canal contre la rigidité du mandrin. § 2. — Cathétérisme chez la jument. Cette opération s'exécute plus facilement encore que chez le cheval, vu la brièveté et la largeur du canal de l'urèthre chez la jument. On se sert d'une sonde creuse ou algalie en gomme élastique de la grosseur du petit doigt et d'une longueur de 20 centimètres environ. Cet instrument étant bien enduit d'huile, l'opérateur écarte de la main gauche les lèvres de la vulve, tandis que de la main opposée il introduit la sonde qu'il fait glisser jusqu'au méat urinaire, que l'on aperçoit à 10 ou 15 centimètres des lèvres de la vulve. Cet orifice ou méat est recouvert par une large valvule muqueuse dont le bord est dirigé en arrière et qu'il faut franchir pour pénétrer dans le canal uré- thral proprement dit. Comme le trajet de ce canal ne mesure que quelques centimètres de longueur, la sonde arrive promptement dans la vessie. On reconnaît qu'il en est ainsi à l'écoulement de l'urine, qui a lieu par l'extrémité opposée. (1) H. Bouley, note inédite. (2) Traité de chirurgie vétérinaire, par Brogniez, t. III, p. 340. Pbuch et Toussaint. — Chirurgie. II • — "" 2i 370 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. CHAPITRE III DES OPÉRATIONS EMPLOYÉES POUR EXTRAIRE OU BRISER LES CALCULS VÉSICAUX Ces opérations sont au nombre de trois, savoir : l'uréthrotomie, la çystotomie et la Iithotritie. ART. Ier. — URÉTI1R0T0MIE. C'est une opération qui consiste à inciser le canal de l'urèthre, sur une certaine étendue, pour permettre l'introduction d'instruments destinés à extraire des calculs situés dans la vessie. On distingue, chez l'homme, deux sortes d'uréthrotomie, l'interne et l'externe ou périnéaie. Chez les animaux domestiques, on ne pratique que l'uréthrotomie externe, attendu que la présence des rétrécisse- ments uréthraux, qui réclament l'emploi de l'uréthrotomie interne, n'a pas été signalée sur eux, que nous le sachions du moins. Indications. — On emploie cette opération pour extraire les calculs uréthraux que l'on observe quelquefois chez le cheval, le bœuf et le mouton et permettre ainsi la libre sortie de l'urine. Elle constitue un des temps préliminaires de la çystotomie et de la Iithotritie. § 1er. — Uréthrotomie chez le cheval. On pratique cette opération au niveau de la courbure ischiatique du canal de l'urèthre. Dans ce point, ce conduit est recouvert : 1° par son enveloppe érectile qui forme un renflement épais, connu sous le nom de bulbe de l'urèthre; 2° par le muscle bulbo-caverneux ou accé- lérateur, qui présente, dans son milieu, les cordons suspenseurs ou rétracteurs de la verge, intimement unis l'un à l'autre; 3° par les deux aponévroses du périnée et la peau {fig. 250). Le sang arrive dans cette région par les artères bulbeuses dont les innombrables ramifications se plongent dans le tissu érectile du bulbe de Turèthre; ces artères ont pour satellites des veines volumineuses et souvent variqueuses. Instrumente. — Un bistouri droit, une sonde cannelée, une grosse seringue et un seau à demi plein d'eau, tels sont les instruments et objets qu'il faut préparer. La sonde cannelée n'est pas indispensable. Une pince spéciale dite tenettes à çystotomie (fig. 251 et 252). Cet instrument se compose de deux branches articulées comme des ciseaux, recourbées à l'une de leurs extrémités qui est creusée en Fig. 250. — Anatomie des régions périnéale, à Ri 1,1, la peau. 2, portion de la gaine aponévrotique des muscles coccygiens. 3, muscles sacro-coccygiens inférieurs. 4, muscles sacro-coccygiens latéraux. 5, muscles ischio-coccygiens. ligament suspenseur de l'anus. 7, artères coccygiennes latérales, veine coccygienne profonde accompagnant l'ar- tère médiane. artère coccygienne médiane. , 10, nerfs coccygiens inférieurs. , ganglions lymphatiques. 12, veines coccygiennes superficielles ou hé- analc et caudale chez le cheval (empruntée got). morrhoïdales communiquant par une anasto- mose transversale. 12', l'une des veines coccygiennes superficielles. 13, portion de l'aponévrose du périnée. 14, 14, muscles demi-membraneux. 15, le sphincter de 1 anus. 16, 16, muscles ischio-caverneuxi 17, 17, muscles bulbo-caverneux. lx, 18, ligaments suspenseurs du pénis. 19, 19, artères bulbeuses ou honteuses internes. 20, incision du canal de l'uièthre pour l'uiéthro- tomie. 21, anus. 372 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. forme de cuillers et munies, à l'extrémité opposée, d'anneaux dans Fig. 251. — Pince à cuillers pour l'extraction des calculs urêthraux. lesquels on introduit les doigts pour tenir la pince à la manière d'une paire de ciseaux. La figure 252 montre une autre tenette dont les Fig. 252. — Autre pince à cuillers pour l'extraction des calculs urêthraux. branches à double courbure s'écartent dans des limites très-étendues, sans déchirer les bords de l'incision uréthrale. Fig. 253. — Contention du cheval debout (fixation des membres postérieurs au moyen de l'cntravon porte-lacs et d'un entravon ordinaire). Fixation iTc l'animal. — En position debout, les membres posté- rieurs fixés par deux entravons ; l'un de ces entravons porte le lacs et URÉTHROTOMIE. 373 celui-ci passe entre les membres antérieurs, contourne l'épaule, passe sur le garrot, et se fixe comme on le voit figure 253. niunut'l opératoire. — Pour rendre le canal de l'urèlhre apparent, on se servait autrefois d'un instrument appelé cathéter. C'est une tige ronde en fer, de la largeur de 8 millimètres sur 80 centimètres de lon- gueur, recourbée à l'une de ses extrémités pour pouvoir franchir la cour- bure ischiatique du canal, et présentant sur sa convexité une canne- lure qui doit servir de conducteur au bistouri. Mais l'introduction de ce cathéter présente chez le cheval les plus grandes difficultés ; il est impossible de ne pas déchirer ou confondre la muqueuse uréthrale, qui est si délicate; aussi a-t-on renoncé à l'emploi du cathéter pour s'en tenir au procédé proposé par Girard père, c'est-à-dire, à l'injection du canal au moyen d'une grosse seringue remplie d'eau. A cet effet, un aide, placé vers le flanc gauche, introduit la main droite dans le four- reau, saisit le pénis et le tire au dehors. Presque toujours l'animal s'agite à ce moment, mais l'aide ne doit pas lâcher le pénis; puis, avec la main gauche, il introduit la canule de la seringue dans le canal de l'urèthre ; alors, un second aide injecte de l'eau dans ce conduit, qui ne tarde pas à former un cordon de la grosseur du doigt, que l'on distingue très-nettement dans la région périnéale. Alors l'opérateur armé du bistouri droit dont il limite la lame avec le pouce et l'index, appliqués à 4 centimètres de la pointe de cet instrument dont le tranchant est tourné en haut; alors l'opérateur, disons-nous, appuie la face dorsale de la main gauche, sur le périnée, pour tendre exactement la peau, et il enfonce le bistouri perpendiculairement dans le milieu du canal, en débridant les tissus, du môme coup, sans réintroduire l'instrument tranchant et sur une étendue de 4 centimètres environ. Tel est le procédé opératoire le plus simple et le plus expéditif. On a conseillé, pour éviter la perforation du canal de part en part, de pratiquer l'uréthrotomie en deux temps successifs et distincts. Dans le premier, on se contente de ponctionner le canal ; puis, dans le second, on introduit dans l'ouverture que l'on vient de pratiquer une sonde cannelée que l'on dirige dans le conduit uréthral et sur la rainure de laquelle on fait glisser le bistouri droit, le tranchant tourné en haut et en avant, afin d'agrandir l'incision primitive. Rigot pensait que pour ne pas ouvrir les artères bulbeuses, l'opéra- teur devait faire la ponction du canal sur la ligne médiane et en bas de la saillie formée par l'anus, en tenant le bistouri dans une direction oblique de haut en bas et d'arrière en avant, sa pointe dirigée vers la symphyse ischiale, et son tranchant tourné en arrière pour débrider en bas. La figure 250 montre la situation de l'incision d'après ltigot. Quel que soit le procédé employé, on introduit par l'ouverture pra- tiquée dans le canal de l'urèthre, les tenettes que l'on tient de la main droite, en ayant le soin de tourner le bord concave des cuillers en bas. L'instrument ne tarde pas à arriver dans la vessie. Il s'agit alors de 374 OPERATIONS POl'R EXTRAIRE LES CALCULS VESICAUX. saisir le calcul. Dans quelques cas, cette manœuvre ne présente aucune difficulté et il suffit d'entr'ouvrir les branches des tenettes pour (pie le calcul vienne en quelque sorte se placer de lui-même dans les cuillers de l'instrument. Mais d'autres fois on est obligé de se faire assister par un aide intelligent, qui introduit une main dans le rectuni, afin de faire glisser la pierre entre les mors de l'instrument. A défaut d'uu aide initié aux précautions que nécessite alors l'explo- ration rectale, c'est l'opérateur lui même qui doit exécuter cette ma- nœuvre, et, dans ce cas, il confie les tenettes à un aide qui en rap- proche les branches au moment convenable. Quand le calcul est saisi, on l'extrait en retirant les tenettes avec ménagement, et leur impri- mant des mouvements de latéralité, afin de leur faire franchir le col vésiCal d'abord et l'incision uréthrale ensuite. Lorsque les matières salines, au lieu de former un calcul résistant, constituent une masse pâteuse, molle, une sorte de magma terreux comme on l'observe dans la gravelle, il faut alors remplacer les tenet- tes par une curette à l'aide de laquelle on retire peu à peu de la vessie les dépôts calcaires qui s'y sont accumulés ; toutefois, lorsque cette masse sédimenteuse a acquis un volume considérable , l'opération dont il s'agit est contre-indiquée attendu qu'elle ne permet d'extraire qu'une quantité relativement minime de matières terreuses. Or, ce résultat ne produit aucun soulagement et même on peut dire que les manœuvres, très-longues et très-douloureuses, de l'évacuation de la vessie aggravent plutôt l'état de l'animal. Mais il n'en est plus de même quand les dépôts sédimenteux sont moins abondants; dans ce cas, après les avoir désagrégés au moyen des tenettes, on peut les entraîner au dehors par des injections d'eau tiède. Suitfs. — Une hémorrhagic, quelquefois abondante, se déclare dès que l'opération est terminée ; souvent, elle s'arrête d'elle-même ou bien sous l'influence de lotions réfrigérantes ou astringentes ; parfois l'écou- lement sanguin prend un caractère inquiétant, et l'on se voit obligé d'avoir recours au tamponnement, que l'on pratique en introduisant dans la plaie uréthrale quelques boulettes d'étoupe, imbibées de per- chlorure de fer. Au bout de quelques heures, on découvre la plaie uréthrale, et l'on introduit une sonde dans la vessie pour la vider. — Si l'hémorrhagie se reproduit, on replace de nouveau un tampon d'étoupe dans l'ouverture faite à l'urèthre. La cicatrisation de cette plaie n'est complète, en général, qu'au bout de quinze à vingt jours, quelquefois un mois. 11 n'est pas à notre connaissance qu'on ait observé, du moins chez le cheval, des rétrécissements consécutifs à cette cicatrisation, et en somme les suites de l'uréfhrolomie sont assez simples. Ajoutons que pour pré- venir le développement d'un érythème à la face interne des cuisses, par suite de l'écoulement incessant -des urines, il faut enduire cette région d'une couche de cérat ou tout autre corps gras. URÉTHROTOMIE. 375 EXTRACTION DES CALCULS URÉTHRAUX OU DES DKPOTS SÉDIMENTEUX DE LA VESSIE CHEZ LES FEMELLES. Cette opération est facile à exécuter, vu la brièveté du canal de l'urèthre et sa largeur qui permet à l'opérateur de l'explorer avec le doigt introduit dans le méat urinaire; on peut de la sorte pénétrer directe- ment dans la vessie. C'est ainsi que M. H. Bouley a extrait de la vessie d'une ânesse une masse sédimenteuse demi-concrète, en lui imprimant d'une part, un mouvement d'avant en arrière, par une main introduite dans le rectum, et en exerçant avec l'indicateur de l'autre main, qu'il avait pu introduire dans la vessie, une traction directe sur la masse calculeuse dont le volume équivalait à celui d'un petit œuf de poule. Si cette masse avait été pâteuse, on aurait pu la faire sortir par le méat, comme à travers une filière, ou encore la réduire facilement par la pression des tenettes en une boue demi-liquide, qu'un courant d'eau aurait ensuite entraînée au dehors (I). § 2. — Uréthrotomie chez le bœuf. Cette opération est indiquée, quand il existe, dans le canal de l'urè- thre, des calculs qui rendent la miction difficile et douloureuse. Dans quelques cas, il y a avantage économique à livrer les animaux à la boucherie, dès qu'apparaissent les premiers symptômes de la réten- tion d'urine. Mais, parfois, u la maladie a fait de tels progrès, que pour prévenir une rupture imminente de la vessie, qui ôterait toute valeur à la viande de l'animal, il y a urgence d'ouvrir à l'urine une voie artificielle d'échappement, grâce à laquelle on le délivre des dou- leurs auxquelles il est en proie, de la fièvre qu'elles avaient allumée et l'on peut, par un sursis de quelques jours, le mettre dans un meilleur état de vente. » (H . Bouley . ) En outre, l'uréthrotomie est indiquée, quand on veut conserver, pour le travail ou l'engraissement complet, des bœufs atteints de calculs uré- thraux. De ces deux ordres d'indications découlent deux procédés opératoires particuliers, savoir : l'uréthrotomie ischiale et l'uréthrotomie scrofule. CI. — URÉTHROTOMIE ISCHIALE. Cette opération se pratique, comme l'indique son nom, dans la ré- gion ischiale et sur le bulbe même de l'urèthre. On opère sur l'animal debout, car la vessie, étant remplie outre mesure, pourrait se ruplurer au moment de l'abatage. (I) Dictionnaire de méd. et de chirurgie vétèr., art. Gp.vvei.le, p. 409. 376 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. Dans la plupart des cas, l'uréthrotomie ischiale est une opération assez simple. On conçoit, en effet, que quand un obstacle s'oppose à l'écoulement de l'urine, la distension qu'éprouve le canal de l'urètlire le rend très-visible, surtout au niveau du bulbe, où les contractions intermittentes de la vessie impriment a l'urine des ondulations sac- cadées, désignées sous le nom de bonds uréthraux. Mais il peut arriver que le calcul s'arrête dans la portion intrapelvienne du conduit uré- thral ; alors les phénomènes dont nous venons de parler, ne se mon- trent pas. 1° Calcul arrêté dama la partie spongieuse de l'urètlire. - — « L'opé- rateur arme sa main droite d'un bistouri droit, le dos tourné à gauche et le tranchant inversement; puis il le plonge d'emblée dans la pro- fondeur du bulbe, immédiatement au-dessous de l'arcade ischiale et d'un seul coup ; après cette ponction, il opère le débridement trans- versal du canal, de gauche à droite, coupant ainsi, en môme temps, et la peau et les couches musculaires qui revêtent le bulbe et les pa- rois propres de ce renflement uréthral (1). » (H. Bouley.) L'urine jaillit aussitôt par la plaie. Par ce procédé opératoire, on peut blesser le corps caverneux. Cet accident est suivi d'accidents gangreneux et même de la chute de la verge, comme Maillet en a rapporté un exemple. Santin a conseillé d'inciser les tissus, couche par couche, parallèle- ment à la direction du pénis, jusqu'à l'enveloppe érectile. Cela fait, on ponctionne le canal de l'urètlire, en plongeant un bistouri droit dans le bulbe; puis on introduit dans cette ouverture une sonde cannelée sur la rainure de laquelle on conduit le bistouri pour débrider longi- tudinalement, et de bas en haut, le canal de l'urètlire. L'uréthrotomie ischiale pratiquée par le procédé de Santin se fait avec moins de rapidité que quand on a recours à la ponction d'emblée, pure et simple, et le praticien ne doit pas oublier que cette opération est urgente, vu l'imminence de la rupture de la poche urinaire. 2° Calcul arrêté dans la partie membraneuse du canal de l'urètlire. — M. Dupont, de Plazac (Dordogne), a observé des cas de ce genre. Alors, il faut pratiquer l'uréthrotomie dans le lieu d'élection, c'est-à dire sur la courbure ischiatique du canal de l'urètlire. Cette opération ne laisse pas que de présenter de sérieuses difficultés par suite de l'effa- cement des parois du canal. Quand l'uréthrotomie est pratiquée, on repousse le calcul dans la vessie ou bien on l'extrait au moyen de tenettes allongées. M. Dupont préfère le repoussement à l'extraction, « parce qu'il permet de ne faire qu'une petite ouverture se cicatrisant rapidement et sans complications; tandis que l'extraction nécessite- rait, au contraire, un large débridement et serait presque toujours suivie d'une fistule urinaire. » (Rapport de M. Trasbot, Bulletin de la Société centrale vétérinaire, 1870, p. 190.) (1) Dictio?inaire de méd. et de chirurgie vétérinaires, t. VIII. art. Gravelle, p. 397. URETHROTOMIE. 377 M. Dupont se sert, à cet effet, d'une sonde, en baleine ou en fil de fer, munie à son extrémité d'un renflement en plomb. Suites. — Une hémorrhagie assez forte se produit après l'opération dont il s'agit; elle résulte de la division des branches anastomotiques des artères bulbeuses à la surface et dans les parois du bulbe; toutefois, le plus souvent, l'écoulement sanguin s'arrête de lui-même en raison de la plasticité du sang chez le bœuf. On peut, du reste, y remédier par des lotions réfrigérantes ou bien par l'emploi du perchlorrre de fer. L'urine s'échappe ensuite par la plaie ischiale, et la rupture de la vessie n'est plus à craindre ; toutefois il est à remarquer que cette plaie marche rapidement vers la cicatrisation, de telle sorte qu'on est obligé de la débrider de temps à autre pour prévenir la rétention urinaire. On a même l'habitude d'enduire cette plaie avec des corps gras afin d'en empêcher la cicatrisation hâtive. b. — URETHROTOMIE SCROTALE. Pour pratiquer cette opération, il faut coucher l'animal sur le côté gauche et relever le membre postérieur droit vers l'épaule. Cela fait, on saisit le pénis en introduisant une main dans le fourreau, et on le tire au dehors afin de déplisser l'S qu'il forme. Cette manœuvre, en changeant les rapports du pénis, a pour résultat de déplacer le calcul dont on peut, alors, facilement reconnaître la présence sur la partie de la verge que l'on a extraite du fourreau; mais, d'autres fois, le calcul est situé plus en arrière, et la partie du canal, qui le renferme, reste cachée dans l'étui préputial. Dans le premier cas, l'opération est très- simple ; il suffit, en effet, d'inciser longitudinalement le canal sur la saillie formée par le calcul que l'on extrait, au moyen de pinces à mors crénelés, s'il est enchatonné dans la muqueuse. Dans le second cas, l'opérateur, après avoir coupé les poils à 2 ou 3 centimètres en avant des bourses, pince la peau de manière à former un pli transversal, qu'il coupe de son sommet à sa base, de manière à péné- trer dans la cavité préputiale elle-même. Puis, il introduit le doigt indicateur recourbé en crochet, dans le fourreau afin d'en extraire la partie de la verge où le calcul estarrêté, et il ne reste plus qu'à inciser le canal pour faire sortir le calcul. M. Dupont pratique l'incision du canal, sur le calcul, de la manière suivante : « il divise la couche fi- breuse et le tissu érectile sans intéresser la muqueuse qu'il ponctionne latéralement pour faire jaillir au dehors, par une pression des doigts, la pierre qui en obstruait la cavité. Par cette manœuvre, l'ouverture de la muqueuse et celle de la couche fibro-érectile ne se correspondant pas, l'urine suit son cours habituel, et l'on n'a pas à redouter l'appari- tion d'une fistule uréthrale. Ce danger est évité, notamment quand on complète l'opération par une fine suture de la couche fibreuse du 378 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. canal. » (H apport de M. Trasbot, Bulletin de la Société centrale vétéri- naire, 1870, p. 197.) Suites. — Quand l'opération est terminée, on abandonne le pénis à lui-même et il disparaît aussitôt, dans le fourreau, sous l'action de ses muscles rétracteurs, de telle sorte que sa double courbure se reforme immédiatement. 11 on résulte que l'ouverture faite au canal ne cor- respond plus avec celle de la peau, d'où l'infiltration de l'urine dans le tissu conjonctif périphérique. Pour éviter cet épanchement urinaire, M. Dupont conseille d'abord d'opérer comme il a été dit, puis de vider complètement la vessie. Cette précaution ne doit pas être négligée; toutefois, il ne faut pas s'exagérer les dangers de l'infiltration urinaire chez le bœuf. Ainsi, d'après M. H. Bouley, « c'est là un accident que la plasticité de l'organisme du bœuf rend sans conséquence. L'urine en pareil cas, ou bien se rassemble en un abcès scrotal, ou se fraye sa voie jusqu'à l'incision faite à la peau en avant des bourses; et, d'une manière ou de l'autre, une fistule urinaire s'établit, qui ne persiste pas longtemps, car la plaie du canal ne tarde pas à se cicatriser et le li- quide urinaire reprend sa voie naturelle (1). » M. Dupont a observé le développement de la gangrène consécutive- ment à l'infiltration urinaire. Pour y remédier, « il débride largement de chaque côté du fourreau, retire le tissu conjonctif mortifié, cauté- rise avec de l'eau de Rabel, étendue, injecte souvent des liquides anti- putrides » (Trasbot). Par cette médication, on obtient la guérison en un mois. La fistule urinaire, qui est une des suites fréquentes de l'uréthroto- mie scrotale, persiste parfois pendant quinze à vingt jours, rarement plus, et l'on prévient l'irritation causée par le contact de l'urine sur la face interne des cuisses, par des embrocations avec des corps gras. § 3. — Gathétérisme et uréthrotomie chez le bélier. Ces manœuvres opératoires sont indiquées pour les béliers de grande valeur, affectés de gravelle. Les dépôts sédimenteux, si fréquents chez les animaux de l'espèce ovine, soumis dès leur jeune âge à une alimen- tation substantielle, riche en phosphate ammoniaco-magnésien ; ces dépôts, disons-nous, peuvent se montrer dans divers points de l'appa- reil excréteur de l'urine. Ainsi, on les remarque souvent à l'extrémité terminale du canal de l'urèthre, qui, chez le mouton, est très-effilée; en pareil cas, pour rétablir le cours des urines, les bergers coupent le filet, c'est-à-dire l'extrémité du canal uréthral, au ras île la tête du pénis. Cette opération réussit assez bien au début de l'affec- tion, mais, plus tard, elle est insuffisante. Des dépôts sédimenteux se sont arrêtés dans le conduit urinaire, ou (1) Dictionnaire d: me'rf. et de chirurgie vétér., t. VIII, art. Gravelle, p. 401. URÉTHROTOMIE. 379 bien un magna terreux s'est déposé dans la vessie. Or, l'opéralion à pratiquer varie suivant l'un ou l'autre de ces cas. 1° Dépôts sédimenteux dans l'urèthre. — Cette lésion exige le cathété- risme du canal, et cette manœuvre est très-difficile à exécuter chez le bélier, en raison de l'étroitesse du canal de l'urèthreet de la double cour- bure qu'il décrit en suivant les contours de l'S pénien. Pour surmonter ■ces obstacles, on couche l'animal sur une table, et on le" place sur le dos ; puis l'opérateur fait sortir le pénis de sa gaîne et l'allonge, par une traction ménagée, pour effacer sa double courbure; il se munit ensuite d'une sonde mousse en fer flexible, qui doit servir à désobstruer le canal uréthral. Pour cela, il introduit cette tige dans le canal de l'urèthre en pratiquant préalablement, sur ce canal, une incision Iransversale au-dessous de la tête du pénis, vu l'exiguïté du tube uréthral à sa partie terminale ou filet. Une fois la sonde introduite, on l'enfonce avec pré- caution dans le magma terreux qui se laisse facilement traverser par la tige métallique, par suite delà consistance molle qu'il présente. On passe ensuite dans le conduit urinaire une sonde en caoutchouc, de di- mensions appropriées, afin de s'assurer qu'il n'existe aucun autre ob- stacle à l'écoulement de l'urine. Si l'on rencontrait un nouveau dépôt, il faudrait essayer de le détruire en agissant comme précédemment. 2° Magma terreux accumulé dans la vessie. — Pour extraire de la vessie le magma qui s'y est déposé, il faut avoir recours à l'uréthroto- mie afin de pouvoir introduire une curatte dans la vessie. On pourrait se servir de la curette courbe de Leroy d'Étiolles. Cet instrument est formé d'une canule plate, terminée par une curette articulée que l'on relève ou que l'on abaisse au moyen d'une vis. L'opérateur se munit en outre d'un fil de fer recourbé, et exactement modelé sur la courbure et la longueur du canal uréthral chez l'animal à opérer. Ce fil de fer fait l'office de cathéter. On l'introduit dans le canal, après avoir préalablement extrait le pénis du fourreau, comme il a été dit précédemment; on fait maintenir ce cathéter par un aide; puis on incise les tissus, couebe par couche, au niveau de la cour- bure ischiatique de l'urèthre, sur la saillie formée par le cathéter. Quand on a pénétré dans le canal, on le débride en se servant du bis- touri droit, conduit sur la sonde. « Une fois ce canal ainsi débridé, il est facile ensuite de faire pénétrer la curette dans la vessie et, l'animai étant fixé en position dorsale, d'extraire de cette cavité, dans des temps successifs, et en plusieurs séances s'il le faut, la plus grande partie du magma de phosphate ammoniaco-magnésien qu'elle renferme. Cette évacuation doit être facilitée par des injections de liquides tièdes, qui, en refluant, entraînent avec eux une certaine quantité du sel magné- sien que l'action de la curette a pu détacher de la masse principale, à chaque temps de l'opération (1). » (H. Liouley.) (I) Dictionnaire de méd. et de chirurgie vétérinaires, t. VIII, art. Gravei.le, p. 386. 380 OPÉHVTIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. ART. II. — CYSTOTOMIE. La cystotomie, encore appelée opération de la taille, et impropre- ment lithotonne, consiste à inciser le col de la vessie, afin d'extraire des calculs volumineux. Cette opération est très-rarement indiquée chez nos animaux domestiques, qui ne présentent, en général, que des calculs d'un diamètre assez faible, de telle sorte qu'on peut ou bien les extraire au moyen des teneltes introduites dans une ouverture pratiquée au contour ischiatique du canal de l'urèthre, ou bien les broyer dans la vessie, en introduisant par cette ouverture des instru- ments appropriés. L'opération delà cystotomie n'appartient donc plus aujourd'hui qu'à l'histoire de l'art. Elle ne paraît avoir été pratiquée que sur le cheval; aussi l'étudierons-nous seulement chez cet animal. Anatomie «le la région. — Le colde la vessieest recouvert, de chaque côté, par les lobes de la prostate. Cette glande est appliquée en travers du col vésical et supérieurement. L'extrémité postérieure de la vessie est fixée en bas, au plancher du bassin, par un ligament particulier, composé de fibres élastiques et contractiles. Cette région est parcourue par des artérioles provenant du rameau vésico-prostatique, qui émane lui-même de la bulbeuse ou honteuse interne. Instruments. — Ce sont les mômes que pour l'uréthrotomie; toutefois, quelques auteurs (Fromage de Feugré, Vatcl, etc.) ont parlé de l'emploi du cystotome caché de Barruel. Cet instrument (fig. 254) se compose de deux branches : l'une d'elles est creusée d'une fente longitudinale destinée à recevoir la branche opposée qui, à son Fig. 254. — Cystotome de, Barruel. extrémité, présente une lame dont le tranchant est tourné en de- hors. Chaque branche est munie d'un anneau, de telle sorte qu'on Lithotome simple tient l'instrument comme une paire de ciseaux. Pour limiter l'étendue dans laquelle la lame peut agir, on a disposé sur l'une des branches de l'instrument une vis que l'on enfonce plus ou moins, suivant les cas. CYSTOTOMIE. 381 On pourrait aussi se servir du lithotome employé chez l'homme (fig. 255). Cet instrument est constitué par une lame tranchante, con- vexe, coupée carrément à son extrémité et logée dans une gouttière métallique qui présente une courbure identique. Un manche en bois permet de manier facilement l'instrument dont on ouvre la lame au moyen d'une bascule. Un curseur placé sur la bascule sert à régler le degré d'ouverture de la lame, et partant l'étendue de l'incision que l'on veut faire au col de la vessie. Fixation île l'animal. — En position debout, comme pour l'uréthro- tomie (voyez p. 372). ilanuel opératoire. — A l'exemple de ce qui se pratiquait chez l'homme, quelques auteurs (Fromage de Feugré, Vatel, Brogniez) ont distingué la taille en hypogastrique ou sus -pubienne, recto- vésicale et périnéale. Nous ne nous occuperons que de cette dernière, attendu que les deux premières ne sauraient être employées avec quelques chances de succès chez le cheval. Le premier temps opératoire de la taille périnéale consiste dans l'uré- throtomie, qui a été décrite, page 370. On introduit ensuite dans la portion membraneuse du canal de l'urôthre, le cyslotome de Barruel, préalablement huilé, que l'on fait pénétrer dans le col de la vessie; il suffit alors d'agir sur les branches de l'instrument de manière à faire sortir la lame ; puis, retirant lentement le cystotome, l'opérateur prati- que de la sorte une incision dans le col vésical et sur le côté. Si la dila- tation du détroit postérieur de la vessie, obtenue ainsi, n'est pas suf- fisante pour permettre l'extraction du calcul, on pratique sur le col de la vessie une deuxième incision opposée à la première. Il faut ensuite introduire les tenettes et chercher le calcul pour l'extraire. Appréciation. — « Cette opération, dit M. H. Bouley, est dangereuse à l'excès; on n'est jamais sûr, quand on l'exécute, de l'étendue des in- cisions que l'on pratique au col ; il y a toujours à craindre, cette incision faite, qu'elle ne se prolonge par une déchirure au moment où le calcul, entraîné par l'instrument qui l'a saisi et dont les mors augmentent son diamètre, fait effort pour franchir l'orifice dilaté qu'on lui a ou- vert; l'urine, n'étant plus hermétiquement contenue dans la vessie, dont le sphincter est actuellement inerte, peut s'infiltrer dans le tissu cellulaire du bassin par la plaie béante du col et donner lieu à des ac- cidents de la pire espèce. Enfin, à supposer que cette dernière com- plication ne survienne pas, les suites de l'inflammation traumatique de la vessie sont en elles-mêmes et à elles seules extrêmement redou- tables (1). » Aussi cette opération est-elle abandonnée; et, dans les cas d'ailleurs rares où elle est indiquée, il est bien préférable, comme le conseille M. H. Bouley, d'avoir recours à la lilhrotritie. (l) Recueil de médecine vétér'mcnre, année 1858, p. 1138. 382 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. ART. III. — LITHOTRITIE. Cette opération consiste à broyer le calcul, à le diviser en plusieurs fragments, que l'on extrait avec des tenettes, ou bien que l'on expulse de la vessie au moyen d'un courant d'eau. C'est à M. 11. Bouley que revient l'honneur d'avoir pratique, le pre- mier, cette opération sur le cheval. L'animal opéré s'est parfaitement rétabli (V. Recueil de médecine vétérinaire, 1858, p. H 37). Deux autres lithotrities ont été faites, en 1863 et 1864, par M. H. Bou- ley, et, comme la première fois, cette opération a été suivie de succès. La lithotritie est indiquée chez le cheval quand il existe des calculs, volumineux et consistants, que l'on ne peut ni briser avec les mors des tenettes, ni extraire sans avoir recours à la cystotomie. Instruments. — On se sert d'un lithotriteur qui a été construit, pour le cheval, d'après les indications du docteur Guillon, de Paris. Cet ins- trument {fig. 256) se compose de deux branches métalliques, d'une longueur de 40 centimètres, rectilignes dans leur plus grand trajet, et courbes par celle de leurs extrémités qui doit être introduite dans la vessie. La branche inférieure ou branche femelle est creusée, sur sa face supérieure, d'une cannelure dans laquelle glisse la branche supé- rieure ou branche mâle, qui du côté de l'extrémité manuelle de l'ins- trument dépasse la branche femelle, et se termine par une extrémité mousse. Le mécanisme à l'aide duquel la branche mâle se meut sur la branche femelle est aussi simple que puissant : il consiste en une cré- maillère creusée sur la face libre de l'extrémité manuelle de la branche mâle ; cette crémaillère est mise en mouvement par un pignon qui s'engage dans une rondelle creuse, existant sur la branche femelle. On peut également broyer le calcul en frappant avec un marteau sur l'extrémité mousse de la branche mâle. 11 faut préparer ensuite tous les instruments nécessaires pour pra- tiquer l'uréthrotomie, attendu que la grande longueur du canal de l'urèthrechez le cheval et surtout sa courbure, que le prolongement du fourneau en avant empêche d'effacer, s'opposent complètement à ce que le lithotriteur puisse être introduit dans l'orifice uréthral. II est donc indispensable de pratiquer l'uréthrotomie en son lieu ordinaire, comme pour faire pénétrer les tenettes dans la vessie. « Ce premier temps opératoire exécuté, dit M. H. Bouley, l'animal ' doit être abattu sur un bon lit de paille, soumis à une éthérisation complète, et fixé en position dorsale, à l'aide de bottes de paille qui le calent latéralement et d'une autre qui relève la croupe. Cette position est préférable à celle de la station quadrupédale, parce que la vessie ayant alors pour support le rectum qui lui sert de plancher, le calcul est bien plus facile à saisir et à trouver que dans le bas-fond qu'elle présente lorsqu'elle repose sur le pubis. LITH0TRIT1E. 383 Fig. 256. — Lithotriteur du Dr Guillon. ^84 OPÉRATIONS POUR EXTRAIRE LES CALCULS VÉSICAUX. <( Cela fait, le lithotriteur, préalablement revêtu d'une couche d'huile, est introduit par l'ouverture faite au bulbe uréthral, en faisant corres- pondre la concavité de sa courbure au contour ischiatique du canal ; puis en le poussant avec précaution dans une position inclinée, de haut en bas, relativement à l'attitude du cheval, on lui fait franchir le tra- jet pelvien de l'urètlire et le détroit du col. « Dès qu'il est dans la vessie, on écarte ses branches l'une de l'autre, afin de permettre au calcul devenir se placer entre elles deux, puis on imprime à l'instrument des mouvements lents, d'un côté à l'autre, en le faisant glisser doucement par la convexité de sa branche femelle sur le plafond de la vessie, qui, par le fait de l'altitude donnée au cheval, en constitue actuellement le bas-fond. En glissant ainsi d'un côté à l'autre, d'une manière lente, la cuiller du lithotriteur tend à s'engager sous le calcul, qui est tombé par son poids dans la partie actuellement inférieure de la vessie ; et, comme cette cuiller est suffi- samment large et profonde, une fois que le calcul est placé sur elle, il y reste. L'opérateur perçoit sa présence par la sensation que lui donne l'instrument une fois qu'il en est chargé. Alors la branche mo- bile est rapprochée de la branche fixe par le mécanisme qui lui im- prime le mouvement dans la coulisse où elle glisse, et l'on peut mesurer exactement les divisions du calcul, grâce aux divisions métriques tracées sur la branche fixe du lithotriteur en avant de son manche (1). » Mais il n'est pas toujours facile de saisir le calcul, il peut arriver que la vessie soit vide, et que ses parois se soient rétractées, de telle sorte que la pierre est enchatonnée par les parois vésicales, comme M. H. Bouley en a observé un remarquable exemple. Dans ce cas, il suffit d'injecter une certaine quantité d'eau dans la vessie pour soulever les Fig. 257. — Spéculum bivalve pour écarter les bords de l'incision uréthrale après l" lithotritie. parois de cet organe et isoler le calcul que l'on saisit ensuite assez faci- lement. Il faut alors en opérer le broiement ; à cet effet, on maintien I le lithotriteur, en appliquant le pouce de la main gauche sur le bouton (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1858, p. 1110. LITHOTHITIE. 38^ qui termine la branche mâle, et avec la main droite, on manœuvre le pignon. La branche mâle se rapproche de la branche femelle, et il vient un moment où le calcul, comprimé de plus en plus entre les mors du lithotriteur, se brise en plusieurs morceaux. Si le calcul ré- sistait, on pourrait frapper quelques coups de marteau sur l'extrémité mousse de la branche mâle. Chez l'homme, on saisit ensuite l'un après l'autre chaque frag- ment du calcul, et on les broie comme la masse principale ; aussi dans notre espèce, la li- Ihotritie exige- 1- elle plusieurs séances pour être complète. Mais, chez le cheval, « il n'est pas nécessaire que la fragmen- tation du calcul soit très -mi- nutieuse ; les voies par les- quelles ses débris doivent être expulsés étant larges et faci- lement dilatables, ils peuvent y passer alors même qu'ils sont encore un peu volumineux. A la rigueur même, on pourrait se contenter de réduire le cal- cul en quelques fragments prin- cipaux que l'on extrairait en- suite l'un après l'autre avec les tenetles, comme on le fait dans le procédé usuel. « Quand la pulvérisation grossière du calcul est achevée, il faut en faire sortir les débris. Pour remplir cette indication, nous avons eu recours, d'après les conseils de M. le docteur Guillon, à un spéculum bivalve {flg. 257), à l'aide duquel les lèvres de la plaie uréthrale, la portion pelvienne du canal et le col de la vessie ont été main- tenus béants. Cela fait, un courant d'eau tiède a été entretenu dans la vessie, au moyen de plusieurs seringues successives, et le liquide en refluant a entraîné avec lui les débris calculeux. Pour faciliter leur expulsion plus rapide, des secousses étaient imprimées à l'organe au moment de chaque injection, à l'aide d'une main introduite dans le Fig. 258. — Tenette broijeuse de M. H. Bouley. Peucu et Toussaint. — Chirurgie. II. 25 386 CASTRATION. rectum (I). » M. H. Bouley a pratiqué avec succès une autre opération de lithotritie, en se servant d'un nouvel instrument qui n'est autre que l'ancienne pincc-tenette, transformée en lithotriteur par le méca- nisme d'une vis de rapproche appliquée aux manches (fig. 258) (2). Soin» consécutifs. — Pour prévenir le développement de symptômes généraux, notamment d'accès de fièvre pernicieuse ou putride, comme on en observe fréquemment chez l'homme, après l'opération dont il s'agit, on a conseillé l'emploi du sulfate de quinine. Ce précieux mé- dicament peut trouver son emploi chez le cheval, après la lithotritie; on le donne alors à la dose de 10 grammes, en deux fois et à jeun. C'est ainsi que M. H. Bouley en a obtenu les meilleurs résultats sur les chevaux qu'il a opérés. La fistule urinaire, consécutive àl'uréthrotomie, se cicatrise vers le vingt-cinquième jour et les urines reprennent librement leur voie normale. CHAPITRE IV CASTRATION On appelle ainsi une opération ayant pour but de priver les animaux de leurs facultés reproductrices, soit en retranchant les organes essen- tiels de la génération, testicules ou ovaires, soit en annulant leur action. Nous étudierons la castration chez les mâles et chez les femelles. A. _ CASTRATION DES MALES, § 1er. — Indications. Cette opération est de nécessitéou de convenance, suivant les indications qu'elle est appelée à remplir. Ainsi la castration est de nécessité, quand elle est employée pour remédier à certaines maladies du testicule ou de ses annexes, telles que : sarcocèle, abcès de Vêpididyme, hydrocèle, hernie inguinale étranglée, ou bien quand elle a pour but d'assouplir le caractère d'un animal indompté, et, conséquemment, dangereux; elle devient une opéra- tion de convenance, quand elle est mise en usage pour modifier l'orga- 1 1) Recueil de médecine vétérinaire, 185S, p. il il. C») Ibid., 1804, p. 040. CASTRATION. iiST nisme animal et l'approprier davantage aux exigences de la domes- ticité. La castration imprime en effet des changements très-profonds dans l'économie, au triple pointde vue du caractère, des formes et des fonctions nutritives des animaux sur lesquels on la pratique. Chacun a pu se convaincre des différences qui existent, sous ces di- vers rapports, entre les mâles entiers et ceux qui ont été privés des organes spermatiques; l'animal châtré se rapproche, par son caractère et sa conformation extérieure, de la femelle, et cela d'une manière d'autant plus marquée, que la castration a été faite à un âge moins avancé ; en outre, le sens génésique étant aboli, les animaux sont enclins au repos, l'assimilation des matériaux nutritifs est plus complète et l'engraissement se trouve ainsi favorisé. § 2. — Conditions favorables à l'opération. L'état de santé des animaux, leur âge, le choix de la saison, la cons- titution médicale ne sont pas choses indifférentes pour un opérateur soucieux de sa réputation; il est donc bon de nous y arrêter quelques instants. On peut d'abord poser comme une règle générale qui ne souffre pas d'exceptions, que les sujets à opérer doivent jouir d'une santé parfaite, conséquemment on doit rigoureusement s'abstenir de pratiquer la cas- tration si l'animal jette la gourme, ou bien si l'on craint quelque autre maladie interne. La pratique nous apprend, en effet, qu'en pareille cir- constance les plaies de castration deviennent souvent le siège d'engor- gements énormes, d'accidents phlegmoneux, de suppurations diffuses du cordon, etc., qui ne sontautre chose quedes modesde manifestation de la gourme. Le jeune âge est également favorable à l'opération, ainsi que nous l'avons dit précédemment. Lorsqu'il est loisible à l'opérateur de choisir la saison, il devra pré- férer le printemps et le commencement de l'automne, c'est-à-dire une température atmospbérique constante et modérée. Ajoutons qu'à cer- taines époques de l'année, et sans qu'on puisse en connaître la raison, sous l'influence d'une constitution médicale particulière, on voit les plaies se compliquer d'accidents gangreneux ou septicémiques, et les maladies internes présenter une tendance remarquable à revêtir la forme typhoïde. Dans de semblables conditions, il est prudent de s'abstenir de pratiquer la castration ; toutefois si, pour des raisons spéciales, on était obligé d'opérer, il serait bon, comme le conseille M. H. Bouley, de tàter préalablement le terrain par l'application de sétons sur plusieurs sujets pour éprouver leur état constitutionnel et celui de l'atmosphère. L'animal doit être à jeun le jour de l'opé- ration. L'anatomie chirurgicale des bourses, des testicules et des cordons 388 CASTRATION DES MONODACTYLES. a été faite dans la première partie de cet ouvrage (voyez pages 268 et suivantes). CASTRATION DES MONODACTYLES A. Age auquel il convient de pratiquer la castration. — On a beau- coup discuté sur ce point. Ainsi, il y a un demi-siècle environ, on recommandait d'attendre, pour pratiquer la castration, que le cheval fût âgé de quatre et même cinq ans. Des auteurs très-recommandables, tels que Huzard, Hartmann, Fromage, Tessier, et plus tard Vatel, Hurtrel d'Arboval, ont conseillé cette pratique dans leurs écrits, aussi a-t-elle longtemps servi de règle aux éleveurs de notre pays, à ceux de la Normandie notamment. On faisait valoir, entre autres motifs, que la castration effectuée tardivement, quand l'animal est entièrement développé, permet àl'éle veur de mieux apprécier ses qualités ou ses défauts et de garder con- séquemment pour la reproduction les plus beaux sujets. L'obser- vation a démontré qu'en retardant ainsi le moment où la castration doit être appliquée, loin d'améliorer les races, on nuisait à leurs qualités. Cela s'explique facilement, attendu que le choix des reproducteurs est une des opérations les plus importantes, mais aussi des plus diffi- ciles de l'élevage. « Les reproducteurs, dit M. H. Bouley, doivent être des animaux de choix, créés tout exprès, en vue de la fonction supé- rieure qu'ils ont à remplir; ils doivent être la plus haute expression, pour ainsi dire, des qualités de leurs races, concentrées en eux à force de temps, d'intelligence dans les accouplements ou les croisements de leurs ascendants, de soins assidus donnés à leur hygiène ou à leur gouverne, et quand on ne s'en rapporte qu'au hasard d'une conforma- tion plus ou moins heureuse pour assigner à un animal un rôle dans la reproduction, on ne peut constituer une race solide et durable; ces belles formes, qui ne sont que l'apanage exclusif d'un seul individu n'ayant pas assez de fixité pour être transmissibles de génération en génération, et se substituer dans les produits à celles qui appartiennent de longue date aux ascendants maternels. » D'un autre côté, il est bon de rappeler que la castration pratiquée tardivement, toutes choses égales d'ailleurs, est plus souvent suivie d'accidents que quand elle est faite dans le jeune âge. t Pour ces motifs principaux, la castration tardive doit être aban- donnée. C'est du reste l'opinion de tous les auteurs actuels-, MM. Hu- zard tils, H. Bouley, Goux, Magne, Sanson, etc.; c'était aussi celle de Re- nault, d'Yvart, de Cailloux, de Lacoste, Gourdon, etc. C'est donc une question définitivement jugée. A quel âge faut-il donc pratiquer la castration pour en obtenir les CASTRATION DES MONODACTYLES. 389 meilleurs résultats? Un auteur anglais. W. Youatt, recommande de « ne pas atlendre au delà de l'époque du sevrage » pour châtrer le cheval destiné aux travaux agricoles, « l'âge de quatre à cinq mois est le meilleur .... Si le cheval est propre au service du carrosse ou du gros Irait, le fermier ne doit pas penser de le faire châtrer avant l'âge de douze mois au moins, et encore faut-il que le poulain soit scrupuleu- sement étudié dans ses formes. S'il est mince et maigre d'encolure et bas de reins, il y aura avantage matériel à le laisser encore entier pen- dant six mois; mais si les quartiers antérieurs sont pleinement déve- loppés à l'âge de douze mois, l'opération ne doit pas être différée île peur qu'il ne devienne lourd et massif du devant et qu'il ne commence trop décidément à avoir une volonté propre. » Les préceptes formulés par Youatt sont bons à suivre. En effet, la castration exerce sur la conformation des animaux une influence d'autant plus prononcée qu'elle est pratiquée à une époque plus rapprochée de la naissance. Ainsi, elle ralentit et régularise le développement du squelette et con- séquemment des masses musculaires auxquelles il sert de support; la tête s'allégit, le corps demeure plus svelte dans ses proportions géné- rales, le train postérieur se développe davantage, en un mot le cheval châtré, jeune surtout, se rapproche de la jument. La castration assouplit le caractère du cheval et facilite ainsi le dres- sage, tandis que si on la pratique dans l'âge adulte, les animaux peuvent rester vicieux et méchants. Cette opération doit donc être pratiquée de bonne heure sur le cheval: « Neutralisé à cette époque, dans son sexe, il vit par ses ascendants et reproduit les qualités qu'ils lui ont trans- mises. Plus tard, il vit par lui-même, un foyer propre d'activité s'esl allumé en lui, et si on vient à l'éteindre, on éteint en même temps les facultés qui n'en étaient que le rayonnement. » (II. Bouley.) C'est vers l'âge d'un an à dix-huit mois qu'il convient de pratiquer la castration sur les chevaux de notre pays ; toutefois, nous ferons remar- quer, d'une manière générale, que cette opération doit être pratiquée plus tôt sur les chevaux de luxe ou de cavalerie légère qui doivent avoir des formes élancées, tandis qu'il est rationnel d'attendre quelques mois de plus, pour châtrer les poulains destinés à faire des chevaux de gros trait. B. Fixation de l'animal. — Pour pratiquer la castration, on assujétit les monodactyles en position couchée. L'animal est abattu sur le côté gauche ou le droit suivant que l'opérateur est plus habile à se servir de sa main droite pu de sa main gauche; le membre postérieur opposé au côté sur lequel l'animal est couché est relevé au niveau de l'é- paule droite afin de mettre bien à découvert la région inguinale. A cet effet, on applique dans l'anse de la plate-longe le canon du membre postérieur droit, puis on fait passer l'extrémité opposée de la plate- longe sur le bord dorsal de l'encolure, de dessus en dessous pour le ramener en arrière sur la corde du jarret qui fait office de poulie de 390 CASTRATION DES MONODACTYLES?. renvoi {fig. 259) et autour de laquelle on l'enroule une fois. On enroule également la plate-longe autour du canon et du paturon et l'on en confie l'extrémité à un aide. 11 est des praticiens qui fixent le membre Fig. 259. — Contention du cheveu en position couchée (manœuvre à exécuter pour amener un membre postérieur sur l'antérieur correspondant). postérieur droit sur l'avant-bras correspondant, mais, par ce mode d'assujélissement, on ne met pas la région inguinale aussi complète- ment à découvert que par le moyen précédent. M. Bouillard père, vétérinaire à Pont-de-Vaux (Ain), préfère opérer la castration sur l'animal debout, M. Rivière, vétérinaire à l'Arbresles (Rhône) agit de même. Quelques châtreurs de profession de la Bresse en font autant. Le fameux châtreur qui, dans le département de la Seine, était connu sous le nom de Polonais, opérait seul. Mais, dans la posilion debout, les animaux se livrent à de violents mouvements qui déterminent des tiraillements des cordons testiculaires et des champi- gnons consécutifs, comme nous l'avons observé plusieurs fois, quand nous exercions dans la Bresse; d'un autre côté, les tractions que les cordons éprouvent ont pour effet de dilater l'orifice supérieur du canal inguinal et de faciliter ainsi la formation de la hernie de castra- tion, qui n'est pas absolument rare, paraît-il, quand on opère sur l'a- nimal debout. Enfin, l'opérateur étant obligé de s'infléchir fortement sur lui-même et de se placer en quelque sorte sous le ventre de ra- nimai, est exposé à des atteintes extrêmement redoutables. Pour ces motifs, nous considérons le mode de fixation de ranimai debout comme CASTRATION DES MONODACTYLES. 391 défectueux, et des plus dangereux; conséquemment nous préférons l'assujétissement en position couchée. G. Méthodes opératoires. — La castration se pratique par plusieurs méthodes, comprenant elles-mêmes divers procédés. ART. Ior. — MÉTHODE PAR LES CASSEAUX. Cette méthode, très-anciennement connue, a fait ses preuves ; trans- mise fidèlement, dit M. H. Bouley, d'âge en âge, elle a reçu du temps une longue consécration, et aujourd'hui encore, son usage, très-géné- ralement répandu, malgré les progrès de l'art et l'invention de pro- cédés nouveaux, témoigne, sinon de sa supériorité absolue, au moins de sa bonté et des avantages incontestables qu'on s'accorde à lui re- connaître. § 1er. — Instruments. Les instruments dont on se sert pour effectuer cette opération sont : un bistouri convexe parfaitement propre et bien tranchant; une paire de casseaux et de la ficelle de fouet ; une pince dite à castration ; des ciseaux. Casseaux. — Les casseaux ou billots dont on se sert chez le cheval (fig. 260) sont de petits appareils compresseurs en bois résistant (chêne, Fig. 2G0. — Casseau pour la castration . orme, noisetier, sureau sec), formés de deux pièces demi -cylindriques qui se joignent par une surface plane et figurent, lorsqu'elles sont réunies, un cylindre droit, d'une longueur moyenne de 18 à 20 cen- timètres et de 3 à 4 centimètres de diamètre, Les extrémités sont arrondies afin de ne pas blesser la face interne des cuisses et le four- reau. A 2 centimètres de chaque bout existe une entaille circulaire, profonde d'environ 3 millimètres et destinée à recevoir le lien qui doit maintenir rapprochées les branches du casseau quand il est en place. Chaque extrémité de cet appareil présente un biseau taillé aux dépens delà surface de contact, afin de pouvoir facilement l'enlever après avoir coupé la ficelle qui en unissait les deux moitiés. La surface interne ou de contact des casseaux est habituellement creusée d'une gouttière ou rainure longitudinale, large et profonde d'un demi-centimètre, que 392 CASTRATION DES MONODACTYLES. l'on remplit de suif, saupoudré de sublimé corrosif, en ayant bien le soin de faire tomber, à l'aide d'un linge fin, la. quantité de poudre caustique qui se trouve en excès au delà des limites de la rainure afin de circons- crire son action à celle des casseaux eux-mêmes. Quelques praticiens garnissent leurs casseaux au moyen d'une pâte formée avec de la farine et qu'ils recouvrent d'un caustique pulvérisé, sublimé, vitriol bleu, arsenic blanc, etc. , d'autres se servent de casseaux à surface plane qu'ils appliquent tels quels sans aucun enduit préalable. Nous pensons qu'il vaut mieux employer des casseaux garnis, attendu que la compression et la cautérisation réunies produisent une mortification plus com- plète et plus profonde du cordon et préviennent ainsi les hémorrbagies, qui pourraient survenir au moment de l'enlèvement des casseaux. Il est bon d'avoir plusieurs casseaux de rechange afin que si l'un d'eux vient à se briser pendant l'opération, on puisse le remplacer im- médiatement. La ficelle de fouet convient parfaitement pour lier les branches du casseau, il faut en préparer une longueur de 50 centimètres pour cha- que billot. Casseau Brault [fig. 261). — M. Braulta modifié les casseaux de la ma- nière suivante : « A un centimètre de l'extrémité arrondie du casseau, Fis. -2G1. Casseau à touret de Brault. chaque branche se trouve percée d'un trou, lesquels trous se trouvent situés en regard l'un de l'autre. » En outre, dans la branche qui se trouve placée en dessous, quand le casseau est appliqué, M. Brault a fixé « un petit touret mobile autour de son axe; il peut ainsi exécuter des mouvements de semi-rotation de droite à gauche et d'arrière en avant autour des bords d'une fenêtre oblongue pratiquée dans l'axe de la branche supérieure. <( Pour exécuter ce mouvement de semi-rotation ; pour que, d'autre part, la compression du cordon soit progressive on conçoit qu'il faille que la partie du touret qui l'exerce rencontre un niveau de plus en plus élevé. Pour arriver à ce résultat, dit M. Brault, il m'a donc fallu creu- ser -une espèce de plan incliné dans toute la partie du bois que le touret CASTRATION DES MONODACTYLES. 393 devait parcourir dans sa semi-rotation, pour que, une fois arrêtée, la compression obtenue soit la plus grande possible (i). » Casseau Thierry — M. Thierry père a eu l'idée de substituer « un an- neau métallique à la ficelle ou ligature postérieure des branches du casseau. Rien n'est changé dans le casseau, sinon la suppression de la rainure circulaire externe de l'extrémité postérieure, et à la place de cette rainure, la perforation de la branche droite pour recevoir une petite cheville. On prépare le casseau à la manière ordinaire en iixant ensemble l'extrémité antérieure de ses branches. Quand il est en place, on rapproche les branches avec les pinces et l'on introduit l'extrémité po stérieure dans un anneau ajusté à l'avance; en arrière de l'anneau, on met une petite cheville de sûreté, qui n'est peut-être pas très-utile, mais enfin elle rassure en s'opposant à la chute possible de l'anneau. « Mes anneaux, ajoute M. Thierry, sont en fer doux, malléable, se pliant assez facilement aux contours des casseaux; ils sont étamés, ce qui permet de les entretenir propres. — L'anneau étant ajusté à l'avance au casseau, la compression du cordon testiculaire, d'où dépend beau- coup la réussite de l'opération, est toujours exacte et complète (2). » Pince à castration {(ig. £62). — Cet instrument, destiné à rapprocher Fig. 262. — Pince pour rapprocher les branches fies casseaux. les branches du casseau, est une sorte de tenailles à mors incurvés et dentelés à leur face interne, afin qu'ils ne puissent glisser sur l'appareil compresseur. Pour opérer convenablement le rapprochement des deux parties du casseau, les branches de la pince doivent présenter une longueur de 30 à 35 centimètres environ ; en outre, la distance qui existe entre les mors de l'instrument, lorsqu'ils sont en contact, doit toujours être plus pe- tite que le diamètre du cylindre représenté par les deux branches jux- taposées des casseaux. Les branches de cet instrument peuvent être maintenues rapprochées au moyen d'une crémaillère (fig. 263). A défaut de cette pince spéciale, on peut se servir d'une paire de tri- coises ou mieux de tenailles de maréchal, à mors un peu longs et in- curvés tout exprès. (1) Archives vétérinaires publiées à l'École d'Alfort, 187G, p. 412. ['2) Recueil de médecine vétérinaire, 1876, p. 783. 394 CASTRATION DES MONODACTYLES. ' Étau pour serrer les casseanx. — On a inventé, pour rapprocher les branches des casseaux de la manière la plus parfaite, un petit étau portatif que l'opérateur serre lui-même, ce qui lui permet d'éviter ces tractions violentes qu'un aide inhabile exerce sur le cordon et qui dé- terminent souvent des champignons. Cet ins- trument, dont M. H. Bouley a donné la des- cription (1), se compose de « deux mors conca- ves qui représentent, lorsqu'ils sont rappro- chés, une ouverture elliptique dont le plus petit diamètre est inférieur à celui du cylindre des casseaux. L'un de ces mors est fixe et disposé en manière d'arceau au-dessus de deux tiges parallèles et cylindriques qui le supportent ; l'autre, mobile, joue sur ces deux tiges qui le traversent à ses deux extrémités, et peut être rapproché ou écarté du premier, à l'aide d'une vis qui se meut dans un écrou dont se trouve taraudée la traverse de fer qui réunit l'une à l'autre, à l'opposé du mors fixe de l'instrument, les deux tiges parallèles sur lesquelles se meut le mors mobile. » « Fermé, ce petit étau n'a pas plus de 12 centimètres de longueur sur 6 de largeur, ce ;0 Fig. 263.- Pince à a-émail- «g- 264. ~ Èt™ Pour serrer les casseaux sanS aide' 1ère pour serrer les cas- seaux. qUj je rend très-portatif et d'un usage très- commode ; il mériterait d'être plus répandu. » D'après ces indications nous avons fait construire l'instrument que représente la ligure 264, et nous avons toujours eu à nous louer de son emploi, nous le recommandons aux praticiens qui n'ont pas à leur dis- position un aide habitué à la manœuvre du rapprochement des bran- ches du casseau. (1) Dictionnaire de médeciiic et de chirurgie vétérinaires, t. III, p. 11G. CASTRATION DES MONODACTYLES. 395 Pinces Brault{fi g. 265). — « Comme toutes les pinces, elles se composent de deux branches articulées à la manière de celles des ciseaux; l'une des Fig. 2C5. — Pinces de Brault avec mors de rechange. extrémités, destinée à serrer, constitue les mors, l'autre les branches. Les mors sont aplatis et rhomboïdaux ; au centre, se trouvent soudées ou simplement fixées deux pointes coniques destinées à entrer dans les 396 CASTRATION DES MONODACTYLES. trous pratiqués sur les casscaux. De cette façon, lors du rapproche- ment des branches, ces dernières sont forcées de tomber l'une sur l'autre aussi perpendiculairement (pie possible. Quant à la partie des pinces destinées à être tenues dans les mains de l'opérateur, et pour supprimer autant que possible les efforts de ce dernier, je l'ai aimée, dit M. Brault, du mors de Brogniez. J'ai donné comme longueur à mes pinces 0m,32. » (Loc. cit.) S 9 Manuel opératoire. Nous devons distinguer deux procédés : 1° le procédé à testicules cou- verts ; 2° le procédé à testicules découverts. a. Procédé à testicule» muferig. — L'animal étant couché sur le côté gauche (le plus grand nombre des opérateurs se servant de la main droite) et fixé comme il a été dit, les instruments préparés et disposés sur un plateau ou sur une vannette tenue par un aide, l'opéra- teur, placé vers la croupe de l'animal, met un genou en terre, le droit habituellement; un aide tient la queue, ou bien le chirurgien la fixe en appuyant le pied gauche dessus, et il procède à l'opération de la ma- nière suivante: Premier temps. — Préhension du testicule gauche. — On doit toujours commencer l'opération par ce testicule, qui occupe la partie inférieure lorsque l'aniinal est en position convenable; de la sorte, l'écoulement du sang et surtout le casseau qui serait appliqué sur le testicule droit, ne gênent pas l'opérateur. L'opérateur applique la main droite sur le testicule qu'il saisit vigou- reusement entre le pouce et les autres doigts, de manière à distendre à la fois les enveloppes et le cordon et à donner supérieurement prise à l'autre main. Chez certains sujets, le peu de volume des testicules, la brièveté des cordons et surtout les contractions énergiques du crémaster et du muscle blanc dont M. IL Bouley a démontré l'existence dans chaque cordon, rendent ce premier temps de l'opération fort laborieux. Alors il faut y mettre les deux mains, la gauche en avant, la droite en arrière ; on les plonge dans la profondeur de la région inguinale et l'on cherche, comme le dit M. H. Bouley, «à encercler le cordon testiculaire entre le pouce et l'indicateur de l'une et de l'autre main, de manière à soulever le testicule. » On emploie parfois un autre moyen pour faire cesser la contraction spasmodique du cordon et faire descendre dans les bourses le testicule remonte vers l'anneau. 11 consiste à donner de petits coups de verge ou de fouet sur les lèvres et le nez de l'animal et môme à les piquer avec une épingle. Ces prescriptions peuvent être mises en usage, à la condition toutefois d'user avec ménagement de la seconde qui peut n'être pas sans inconvénients ultérieurs sur un organe aussi ner- veux que la lèvre; du reste, il est de beaucoup préférable, comme nous nous en sommes assuré plusieurs fois, de recourir à des inhalations CASTRATION DES MONODACTYLES. ' 397 de chloroforme qui produisent instantanément le relâchement de tout l'appareil musculaire et préviennent la formation d'un accident formi- dable, heureusement rare mais possible sans l'emploi de I'anesthéaie, et qu'on appelle la hernie de castration. Quand on est parvenu « à soulever le testicule et à le repousser dans la partie la plus inférieure du sac scrotal, il faut l'y maintenir fixé, en serrant étroitement le pouce et l'indicateur de la main gauche, au- dessus de l'épididyme de chaque côté du cordon, de telle façon que le pouce soit toujours appliqué à un centimètre ou deux au delà du raphé, sur le sac gauche, et que le testicule demeure maintenu dans un exact parallélisme, avec cette suture, par son grand axe. De cette manière la peau est parfaitement tendue à la surface du testicule, et dans une telle situation que l'incision qui va lui être pratiquée correspondra exacte- ment au fond du sac scrotal; condition importante pour le facile écoule- ment des liquides exhalés ou sécrétés sous la plaie de castration (1). » (11. Bouley.) « Deuxième temps. — Incision des enveloppes. — L'opérateur saisit de sa main droite, devenue libre, le bistouri convexe dans le pla- teau où il est préparé tout armé, et le tenant à pleine main, comme un couteau de table, il prend un point d'appui avec son pouce sur le testicule et promène la convexité du tranchant de l.i tête à la queue de l'épididyme, en ayant soin de tenir le bistouri d'une main assez légère pour n'intéresser dans ce premier mouvement opératoire que la peau, le dartos et les couches les plus superficielles du tissu cellulaire lamel- leux qui forme la troisième enveloppe testiculaire. « Cette première incision pourrait être pratiquée en tenant le bistouri en manière d'archet ; mais dans les opérations vétérinaires, il nous parait prudent de donner un point d'appui à la main qui est armée de l'instrument tranchant, afin de prévenir les échappées dont les mouve- ments brusques de l'animal sont si souvent la cause. « Une fois la peau et le dartos incisés, leurs lèvres s'écartent large- ment en raison de la rétractilité puissante de la deuxième de ces mem- branes, adhérente intimement à la première, et le testicule toujours poussé par la compression des doigts de la main gauche, appliqués de chaque côté de son cordon, tend à s'échapper de sa gangue celluleuse, dans laquelle il demeure encore contenu par les couches les plus pro- fondes superposées à sa tunique fibreuse, et surtout par le tissu cel- lulaire condensé autour de la queue de l'épididyme. « L'opérateur achève de le dégager en promenant d'une main légère le tranchant du bistouri, de la tête à la queue de l'organe. A mesure que les couches lamelleuses sont divisées, on voit leurs bords s'écarter et le testicule saillir davantage au delà des lèvres de l'enveloppe cu- tanée. (I) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. Hf, p. 118. 398 * CASTRATION DES MONODACTYLES. « C'est surtout au niveau de la queue de l'épididyme que l'opération doit être faite avec le plus de soin et poussée'plus avant, parce que, là, le tissu cellulaire plus serré unit d'une manière plus intime la face interne du dartos à la surface externe de la tunique fibreuse. Pour vain- cre ces adhérences, l'incision doit contourner l'extrémité la j»lus pos- térieure de l'épididyme et remonter un peu au-dessus. L'opérateur est assuré que l'incision des enveloppes est assez profonde, lorsqu'il voit se dessiner la teinte nacrée de la tunique fibreuse sous une dernière couche pellucide et mobile du tissu cellulaire. « Troisième temps. — Enucléation des testicules. — L'opérateur dé- sarme sa main droite du bistouri, en le remettant sur le plateau où il l'a pris et non pas dans sa bouche, ainsi que quelques-uns le recom- mandent et le pratiquent. Cette habitude est vicieuse en ce sens qu'elle expose celui qui la contracte à des accidents graves lorsqu'il opère sur des animaux affectés de maladies contagieuses. « Une fois sa main libre, l'opérateur en applique le pouce et l'index, rapprochés l'un de l'autre, sur la grande courbure du testicule, et en exerçant sur cet organe une forte pression avec ses doigts, en même temps qu'il les écarte, il les introduit sans efforts entre la der- nière couche cellulaire et la tunique fibreuse à laquelle elle est juxta- posée. Cela fait, il promène son doigt indicateur entre elles deux et rompt facilement les lâches adhérences qui les unissent, sur toute la périphérie de l'organe, excepté au niveau de la queue de l'épididyme ; pour venir à bout de cette résistance, l'opérateur saisit le testicule de sa main droite, par ses deux faces, remonte avec la gauche les enve- loppes le long du cordon, qu'il saisit entre le pouce et l'index de cette main, appliquée directement sur la tunique érythroïde, puis avec le doigt indicateur de la main droite, disposé en crochet, il pénètre en arrière du cordon et au-dessus de l'épididyme, à travers les couches celluleuses condensées et rassemblées dans ce point, et une fois qu'il s'est frayé sa voie, il opère une forte traction en arrière, qui a pour effet de dilacérer le tissu cellulaire adhérent à la queue de l'épididyme et de permettre le dégagement complet de l'organe. (i Dans les jeunes chevaux, cette dilacération s'opère sans beaucoup d'efforts, mais dans ceux qui sont déjà avancés en âge, le tissu cellu- laire oppose une telle résistance qu'il vaut mieux se servir du bistouri droit pour pratiquer la dernière manœuvre de l'énucléation. A cet effet, une fois les enveloppes remontées, on plonge le bistouri perpendiculai- rement, le tranchant en arrière, à travers le tissu cellulaire, et on le débride transversalement (H. Bouley) (1). Telle est l'énucléation com- plète du testicule, telle qu'elle est décrite par M. IL Bouley, mais on se contente souvent d'une enucléation partielle, sans dégager la queue de l'épididyme; cette dissection est cependant suffisante, elle permet à il) Dictionnaire de médecine ei de chirurgie vétérinaires, p. 118 et 110. CASTRATION DES MONODACTYLES. 399 l'opérateur de relever les enveloppes, de telle sorte que le easseau soit appliqué au-dessus de l'épididyme sans pincer le scrotum. Quoi qu'on en puisse penser à priori, cette énucléation partielle abrège la durée de l'opération et diminue les souffrances qu'éprouve l'animal ; en outre, elle s'oppose à ce que la tunique érythroïde soit dépouillée de sa gaine celluleuse dans une trop grande étendue; en un mot, elle simplifie l'action opératoire et évite des décollements tout au moins inu- tiles. Du reste, nous opérons toujours ainsi à l'Ecole de Lyon, et nous n'avons pas constaté que ce mode opératoire déterminât plus souvent des accidents que celui qui consiste à énucléer complètement le tes- ticule. Quatrième temps. — Application et construction des casseaux. — Le testicule étant énucléé de sa gaine celluleuse, l'opérateur remonte, avec la main gauche, l'enveloppe cutanée et le dartos à 4 ou 5 centi- mètres au-dessus de l'épididyme, de manière à mettre à nu la partie inférieure de la tunique érythroïde sur laquelle les casseaux vont être appliqués. La main droite tient alors le testicule entre le pouce et les autres doigts placés au-dessous de cet organe et en opposition avec le pouce; tandis qu'avec la main gauche, l'opérateur saisit le easseau qu'un aide lui présente, et l'applique sur le cordon, au-dessus de l'épididyme, en évitant de pincer le scrotum. L'aide rapproche les deux branches du easseau au moyen de la pince, dont les mors sont appliqués à quelques millimètres en avant de l'encoche circulaire du billot. En effectuant cette manœuvre, l'aide doit tenir la pince perpen- diculairement à la direction des casseaux, et avoir le soin, non-seule- ment de ne pas tirer sur la pince, mais au contraire de pousser les mors de cet instrument vers les parois abdominales, afin de mettre le cordon testiculaire dans un état de relâchement qui prévient lesdila- cérations de cet organe, lesquelles sont d'autant plus à redouter que la douleur e->t à sonsummurn d'intensité au moment où l'on serre les casseaux, ainsi qu'en témoignent les violents mouvements auxquels l'animal se livre. Ces mouvements peuvent effrayer l'aide chargé d'o- pérer la constriction des casseaux et faire manquer la manœuvre. Aussi le petit étau que M. H. Bouley a fait connaître et dont nous avons re- produit la description, nous paraît-il d'un usage très-recommandable. Lorsque les casseaux ont été rapprochés jusqu'au contact parfait de leurs surfaces planes, par l'action des pinces, l'opérateur les maintient dans cette position au moyen de la ficelle de fouet, avec laquelle il fait le nœud de la saignée, et qu'il place dans l'encoche du billot en serrant fortement. On consolide les nœuds précités, par un ou deux tours cir- culaires définitivement arrêtés à l'aide d'un nœud droit. On procède identiquement de la même manière pour le testicule droit, et l'opération est terminée. Pour rendre la coaptation des casseaux plus parfaite, M. Gharlier se sert « d'une vis en fer dont il traverse l'un et l'autre easseau, et à l'aide 400 CASTRATION DES MONODACTYLES. de laquelle il les maintient étroitement réunis. Lorsqu'il veut les déta- cher, il coupe la ficelle placée à leur extrémité opposée, et il rompt leur superposition en les faisant mouvoir sur leur vis, comme les deux bran- ches d'un compas sur leur charnière (1). » M. Bouillard emploie également un moyen spécial pour serrer les casseaux, nous en parlerons plus loin en décrivant le procédé de ce praticien. M. Thierry se sert d'un anneau de fer, comme on l'a vu précédemment. M. Brault opère seul, en se servant de son casseau à touret et de ses pinces. Quand le casseau est appliqué sur le cordon, M. Brault introduit les pointes coniques de sa pince dans les trous qui ont été faits à l'autre extrémité postérieure du casseau et il en rapproche les mors. Par cette manœuvre « le touret est entré dans la fenêtre ; à ce moment les nerfs spermatiques sont serrés, l'animal s'agite, et l'opérateur, n'ayant à se préoccuper ni de la manière dont les branches se superposent ni de l'écartement des pinces maintenues rapprochées par les mors de Brogniez, suit les mouvements désor- donnés auxquels l'animal se livre ; par conséquent, point de tirail- lement du cordon testiculaire et par suite aucune cause d'accident. Une fois l'animal apaisé, si le casseau n'est pas assez serré, on le ra- mène à son dernier degré de constriction ; alors on fait exécuter au touret le mouvement de semi-rotation avec le pouce et l'index de la main droite ou à l'aide des pinces à anneaux au gré de l'opérateur, et cela après avoir pris les pinces de la main gauche pour les maintenir un tant soit peu fixe. Arrivé à ce moment de l'opération, j'annule, dit M. Brault, l'action du mors de Brogniez à l'aide de l'index droit, les pinces se desserrent et je les enlève. » (Luc. cit.) Ajoutons enfin, avec M. H. Bouley, que chez certains sujets « le cordon testiculaire est si court et le testicule si petit, qu'il est impossi- ble d'en faire la préhension d'après le mode que nous avons indiqué. Dans ce cas, il faut renoncer à saisir l'organe avant l'incision des pre- mières enveloppes; l'opérateur doit recourir à l'assistance d'un aide pour remplacer sa main droite, dans le premier temps opératoire, et tendrela peau, au fond de l'aine, sur le testicule rétracté, afin de don- ner à l'incision du scrotum la direction et la netteté voulues; ou bien encore, de concert avec son aide, il fait à la peau un pli transversal au raphé, et il l'entame de son sommet vers sa base. « Les enveloppes une fois incisées, l'aide maintient leurs lèvres ten- dues, en exerçant une traction avec ses deux mains aux deux commis- Mires, et l'opérateur continue la dissection jusqu'à ce qu'il soit arrivé aux dernières couches celluleuses sus-jacentes à la tunique fibreuse. C'est alors qu'il doit procéder à la manœuvre de l'énucléation. Mais si le cordon, revêtu de son crémaster, est décidément trop court pour qu'on puisse faire faire au testicule une saillie en dehors des enveloppes (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. III, p. 121. CASTRATION DES MONODACTYLES. 401 scrotales qui permette l'application libre du casseau, au-dessus de l'épididyme, mieux vaut alors pratiquer l'opération par le procédé à testicules découverts (1). » B. Procédé à testicules découverts. — Le premier temps exige les mêmes manœuvres que pour le procédé précédent. Deuxième temps. — Incision des enveloppes. — Un ou deux coups de bistouri suffisent pour diviser les enveloppes et pénétrer dans la gaîne vaginale et mettre le testicule à nu ; parfois même l'opérateur incise d'un seul coup les enveloppes et le testicule, ce qui paraît déterminer une vive douleur qu'on aurait pu éviter en agissant avec plus d'attention. Troisième temps. — Enucléation du testicule. — La gaîne vaginale étant incisée, le testicule apparaît, mais le cordon se rétracte aussitôt par l'action contractile très-énergique du muscle blanc, et la glande sper- matique peut glisser dans la main de l'opérateur. Celui-ci, dit avec raison M. H. Bouley, « ne doit pas chercher à lutter violemment contre cette rétraction, qui n'a qu'une durée passagère, la force contractile du muscle qui la produit s'épuisant très-rapidement. « L'opérateur s'empare, avec sa main droite désarmée, du testicule qu'il saisit par l'une et l'autre de ses faces latérales, opère sur lui une traction modérée, puis applique le pouce et l'indicateur de la main gauche sur le cordon testiculaire mis à nu, et, une fois le cordon fixé par cette extrémité, il annule définitivement l'action du muscle blanc, en le coupant transversalement à l'aide du bistouri droit, dont il plonge la pointe à travers leseptum postérieur de la gaîne, immédiatement au- dessus de la queue de l'épididyme, en arrière du faisceau antérieur du cordon, comprenant l'artère et les veines testiculaires. L'incision, prati- quée ainsi d'avant en arrière, intéresse le feuillet replié de l'organe qui constitue le septum postérieur, les fibres musculaires blanches comprises entre les lames de ces feuillets, l'artère petite testiculaire et le canal efférent. Une fois cette incision faite, le testicule, qui n'est plus appendu que par ses vaisseaux propres, n'obéit plus à aucun mouvement de re- trait, et peut être facilement dégagé de l'intérieur de la gaîne vaginale. (H. Bouley) (2). » Toutefois, nous ferons remarquer avec J. Gourdon, que la plupart des opérateurs négligent, sans inconvénient, cette précaution, et nous avouons même que nous sommes de ce nombre. Quatrième temps. — Application et constriction des casseaux. — On opère comme dans le procédé à testicules couverts, seulement le cordon complètement dépouillé de ses enveloppes ayant plus de longueur, le casseau doit être appliqué plus haut, mais non pas le plus haut possi- ble dans la région inguinale, comme l'a conseillé Hurtrel d'Arboval, attendu que le gonflement consécutif des enveloppes tend à repousser (1) Dictio?i?iaire de médecine et de drirurgie vétérinaires, p. 122. (2) Dictionnaire de médecine et de cldrurgie vétérinaires, p. 123. Teuch et Toussaint. — Chirurgie. II. 26 -i02 CASTRATION DES MONODACTYLES. les casseaux avec d'autant plus de force qu'ils sont plus remontés ; d'où résultent des tiraillements sur le cordon testiculaire qui se tradui- sent souvent par des hémorrhagies consécutives, ou par son induration et la formation d'abcès dans sa trame. Ajoutons que c'est surtout dans ce procédé qu'il faut manier avec beaucoup de ménagements la pince destinée à rapprocher les branches des casseaux pour éviter des dilacérations du cordon, d'autant plus à redouter, que cet organe est réduit à un simple faisceau vasculo-mem- braneux d'une texture molle et délicate. Après l'application des casseaux, on ampute les testicules au-dessous de l'épididyme, afin de diminuer d'autant le poids des parties qui, en agissant sur un organe aussi extensible que le cordon, pourrait en dé- terminer l'allongement et l'inflammation consécutive, d'où la formation d'un champignon. L'opération étant achevée, on fait relever immédiatement l'animal, ou bien on lotionne préalablement avec de l'eau fraîche la région opé- rée pour la débarrasser du sang dont elle peut être souillée. Ces soins de propreté peuvent être utiles. Mais il est toujours prudent de retrous- ser la queue ou de la maintenir fixée de côté avec une corde attachée à la sangle, afin de l'empêcher de fouetter sur la région inguinale et de s'accrocher aux casseaux sur lesquels elle pourrait exercer des trac- tions dangereuses. On doit également attacher les animaux de telle manière qu'ils ne puissent porter les dents sur la région opérée. Cette recommandation a surtout une grande importance chez les jeunes poulains dont le corps est doué d'une grande souplesse. Procédé Bouillant — M. Bouillard pratique, depuis un grand nom- bre d'années, la castration sur le cheval, maintenu debout. L'appareil instrumental qu'il emploie et le manuel opératoire méritent une des- cription spéciale. Instruments. — M. Bouillard remplace le bistouri par une lame de rasoir. Cet instrument peut être tenu facilement dans la main, il n'a pas de pointe susceptible de blesser l'opérateur ou l'animal. a Les casseaux sont en chêne, d'une longueur de 15 à 18 centimètres, formés de deux branches plates se joignant sur champ, ayant chacune une épaisseur de 10 à 14 millimètres et une largeur de 20 à 25. Les faces qui se joignent sont réduites par deux biseaux, dans l'endroit où elles doivent serrer le cordon testiculaire', à une épaisseur de 5 à fi mil- limètres, et creusées d'une petite rainure longitudinale ; elles ne doi- vent avoir aucune arête vive, afin de ne point couper les artères eu comprimant le cordon. Les deux bouts, qui doivent être réunis, sont entourés d'un fil de fer recuit, n° 16 ou 17, qui passe dans un trou fait à chacune des branches, qu'il doit empêcher de verser l'une contre l'au- tre. L'une des branches porte à l'autre extrémité un trou pareil aux deux autres, et où doit être placée une ficelle dite en trois ou lien de CASTRATION DES MONODACTYLES. 403 sac, de 50 à 60 centimètres de long, et ayant un nœud à chaque bout pour l'empêcher de sortir et de glisser dans les doigts au moment où l'on doit serrer pour rapprocher les casseaux, l'autre branche a sur le dos une petite échancrure correspondante où se noue la ficelle. Les bouts où doivent mordre les pinces peuvent avoir d'autres échancrures en forme d'escalier. Des sifflets faits à chaque branche facilitent d'un côté leur écartement, et de l'autre le passage d'un couteau quand on veut couper la ficelle. » (Bouillard) (1). Au moment de se servir de ces casseaux, on les mouille et l'on place un peu de sublimé corrosif dans leurs rainures. « Les pinces à castration sont faites comme des tricoises ; elles ser- rent les casseaux en les prenant par bout ; une petite échancrure den- telée et semi-lunaire est pratiquée à cet effet à chaque mors ; leur lon- gueur totale est de 20 centimètres, leurs mors sont à 4 centimètres et demi de l'œil ; elles se tiennent fermées au moyen d'une crémail- lère pareille à celles d'une moraille, et leur poids ne doit pas dépasser 230 grammes pour ne pas tirailler le cordon testiculaire si l'opérateur vient à les lâcher pendant l'opération. » L'animal est maintenu debout au moyen du tord-nez, « l'aide se place du côté où doit commencer l'opération, et, ayant une main contre l'épaule de l'animal, il le contraint sans secousses, au moyen du serre-nez, à tenir la tête tournée comme pour voir l'opérateur, qui, placé du même côté, près du flanc de l'animal, passe sur ce dernier une main pour le prévenir, tandis que de l'autre il touche les testicules » et saisit l'un de ces organes en le tirant un peu pour faire tendre le scrotum. Cela fait, l'opérateur « se baisse en ayant soin de ne pas tenir le bras renversé directement contre la rotule, parce que l'animal, en levant la jambe, distendrait l'articulation du coude, et on pratique l'incision d'avant en arrière avec la lame du rasoir renversée sur la première ar- ticulation de l'index... L'incision pratiquée, le testicule doit sortir à nu ; s'il n'est pas bien descendu, on le tire légèrement jusqu'à produire le relâchement du crémaster... puis on place le casseau d'arrière en avant, au-dessus de l'épididyme, en ayant soin, pendant qu'on le serre, de retenir en dessous la partie antérieure du cordon, qui, en remontant, peut faire un renflement au-dessus du casseau. » Ce renflement, dit M. Bouillard, est la cause ordinaire du champignon. On retranche ensuite les testicules, à moins qu'ils ne présentent qu'un petit volume, auquel cas il vaut mieux les laisser. « Quand un testicule est opéré, on passe de l'autre côté de l'animal, où l'aide a déjà eu le soin de se placer et on opère comme précé- demment. » (I) Journal de médecine vétérinaire publié à l'École de Lyon, 1858, p. 195. 404 CASTRATION DES MONODACTYLES. § 3. — Enlèvement des casseaux. C'est vers le troisième ou le quatrième jour qui suit la castration que l'on doit procédera cette petite opération. A cet effet, on maintient l'animal debout à l'aide d'un tord-nez, le pied postérieur droit est fixé et porté en avant au moyen d'une plate- longe ; l'opérateur, placé en arrière de l'animal, excise avec les ciseaux, au ras des casseaux, toutes les parties mortifiées placées au-dessous ; il introduit ensuite, entre les branches des billots, la lame d'un bis- touri droit ou d'une feuille de sauge avec laquelle on coupe la ficelle qui unit en arrière les deux moitiés du casseau. En écartant celles-ci avec les pouces, l'appareil compresseur se sépare du cordon et tombe sur le sol. On ne doit pas couper l'eschare produite par le casseau et le caustique dont ses faces étaient enduites, attendu qu'une hémorrhagie se produirait. Cette eschare est éliminée par la suppuration, et le prati- cien n'a pas à s'en inquiéter. Quelques opérateurs, M. Bouillard entre autres, enlèvent les casseaux au bout de deux jours. Dans ce cas, une hémorrhagie est à craindre, il vaut donc mieux attendre trois ou quatre jours pour effectuer cette manœuvre opératoire. Pour lever les casseaux à touret, inventés par M. Brault, on saisit la tête du touret avec le pouce et l'index, et, quand on éprouve une cer- taine difficulté, on se sert des pinces à anneaux. « Dans les deux cas, ajoute M. Brault, j'imprime au touret un mouvement de rotation en sens inverse du premier, c'est-à-dire d'avant en arrière et de gauche à droite. « La tête du touret se trouve alors ramenée dans l'axe de la fenêtre, et, comme il a parcouru un plan incliné, les branches du casseau se trouvent écartées au moyen de la ligature antérieure faite avec de la ficelle. A l'aide des deux pouces agissant en sens inverse ou de la tête de ma pince agissant comme un levier, je continue l'action commencée par cette ligature, et le casseau tombe de lui-même. » (Loc. cit.) Quand on a appliqué le casseau Thierry, il faut, pour l'enlever, se placer un peu en avant du flanc, le dos tourné du côté de la tête de l'animal; puis, « l'opérateur se baisse, coupe la ficelle qui réunit l'extrémité antérieure des branches, et, par le plus petit écartement de celle-ci, le casseau tombe. » (Loc. cit.) ART. II. — MÉTHODE PAR LIGATURE. Cette méthode, qui a été quelquefois mise en usage sur les pou- lains à la mamelle, consiste à étreindre, dans un lien circulaire, la to- talité ou une partie du cordon testiculaireafin d'annihiler les fonctions de la glande spermatique. On peut la pratiquer par plusieurs procédés. CASTRATION DES MONODAGTYLES. 40c § 1er. — Premier procédé. — Ligature à testicules couverts. Premier, deuxième et troisième temps. — Identiques à ceux du procédé de même nom par les casseaux. Quatrième temps. — Application et constriction du lien. — Le testicule étant complètement énucléé de sa gangue celluleuse, l'opérateur ap- plique autour du cordon une anse de ficelle de fouet, disposée comme pour le nœud de la saignée. Cette anse embrasse le cordon au-dessus de l'épididyme au point où l'on place le casseau. L'opérateur confie ensuite le testicule à un aide, et il saisit les deux bouts du lien. On a eu le soin de disposer préalablement, à chaque extrémité de la ficelle, un petit bâtonnet, ce qui permet de serrer commodément au degré con- venable, c'est-à-dire sans entamer la tunique érythroïde. La ligature étant serrée, on l'arrête par un nœud droit. On ampute le testicule, 24 ou 48 heures après l'opération, et non pas immédiatement, afin de pouvoir appliquer un deuxième lien par- dessus le premier si la mortification des organes n'était pas complète. M. Goux (d'Agen) a modifié le procédé dont il s'agit, de la manière suivante, afin de pouvoir enlever immédiatement le testicule, sans que l'on ait à redouter le glissement et la chute du lien constricteur. Le procédé de M. Goux « consiste à étreindre d'abord le cordon revêtu de sa tunique érythroïde dans l'anse d'un nœud simple, placé aussi haut que possible; puis, au moyen d'une aiguille qui tient à l'un des bouts de la ficelle, on passe cette ficelle à travers le cordon, immédia- tement au-dessous du premier nœud, autour duquel on en fait un se- cond et un troisième si on le juge convenable (1). » § 2. — Deuxième procédé. — Ligature à testicules découverts. Premier, deuxième et troisième temps. — Comme dans le procédé de même nom par les casseaux. Quatrième temps. — Application et constriction du lien. — Le testicule ét:int mis à nu, le lien constricteur peut être appliqué : 1° sur le cordon tout entier pris en bloc ; 2° sur le faisceau vasculo-membraneux anté- rieur du cordon comprenant l'artère grande testiculaire, et le canal déférent : pour cela, il faut diviser le septum postérieur de la gaîne vaginale, le muscle blanc qu'il renferme avec le canal efférent et l'ar- tère petite testiculaire ; 3° comme le conseillait Lafosse, sur la partie antérieure du cordon, en traversant à l'aide d'une aiguille courbe, mu- nie d'un fil ciré, le septum postérieur de la gaîne, à un travers de doigt au-dessus du testicule, et nouant ensuite les deux chefs du fil sur la partie antérieure du cordon. (1) Dictionnaii e de médecine et de chirurgie vétérinaires , t. III, p. 125. idli CASTRATION DES MONODACTYLES. Quel que soit le mode opératoire mis en usage, le testicule doit être coupé au-dessous de la ligature, et il est prudent, comme le conseille M. H. Bouley, « de lier ensemble les deux ligatures par-dessus le lam- beau du scrotum intermédiaire aux incisions pratiquées de chaque côté du raphé, » pour empocher « que le cordon tronqué ne soit entraîné avec le lien qu'il porte jusque dans la cavité péritonéale, par l'action rétractile de son muscle blanc. » Cet accident serait suivi d'une périto- nite mortelle, comme M. Bouley en a observé un exemple sur un pou- lain de deux ans. § 3. — Troisième procédé. — Ligature de l'artère testiculaire. Premier, deuxième et troisième temps. — Comme dans le procédé pré - cèdent. Quatrième temps. — Application de la ligature sur V artère. — L'o- pérateur divise préalablement le septum postérieur au-dessus de l'épididyme, l'action du muscle blanc est ainsi annulée, et le testicule est seulement re- tenu par le faisceau antérieur du cordon. Le chi- rurgien soulève ce faisceau au moyen du doigt indi- cateur de la main gauche, passé au-dessous, puis il pratique une incision longitudinale de 2 centimètres d'étendue sur le feuillet séreux qui l'enveloppe, afin de mettre à découvert les flexuosités de l'artère. On Fig. 2C6. — Schéma introduit alors en avant du peloton vasculaire la pour la ligature • . j» • -n 1 • ,, r>i ■ r , ,, .. r .. pointe d une aiguille courbe munie d un fil cire ; on de I artère tesheu- t ° la{ret ramène les deux chefs du fil en arrière, et on les noue sur le vaisseau en embrassant toutes les flexuo- sités qu'il forme au point où la ligature est appliquée. On conçoit aisément, que si l'on voulait se contenter de lier l'une de ces circon- volutions, il pourait se faire que la ligature ne fût placée que sur une circonvolution ascendante et qu'après la section de l'artère, au-dessous de cette ligature, l'hémorrhagie se produisît comme si de rien n'était. Un coup d'œil jeté sur la figure 266, ci-contre, fera comprendre cela. § \. — Ligature élastique. Un chirurgien italien, Grandesso Silvestri, a fait connaître, il y a plusieurs années, un procédé de castration du cheval par l'emploi d'une ligature élastique consistant en un gros cordon de caoutchouc. — Silvestri conseille d'opérer de la manière suivante: « On incise la peau sur le cordon spermatique et on tire au dehors une portion de cet organe que l'on entoure d'un fil élastique dont on noue les extrémités, on remet le tout en place et on réunit la peau par suture. CASTRATION DES MONODACTYLES. 407 « Les fils élastiques ne sont pas enveloppés de soie ; pour le cheval et l'âne, il est nécessaire de choisir un gros cordon, le n° 8, que l'on trouve dans le commerce (1). » Le procédé de Silvestri est défectueux, car l'extrême facilité avec laquelle la suppuration s'établit chez le cheval porte à penser que la présence du fil élastique autour du cordon produirait du pus dont l'écoulement ne pourrait avoir lieu au dehors, puisque l'auteur recom- mande de pratiquer une suture à la peau. Si l'on voulait pratiquer la castration des monodactyles au moyen de la ligature élastique, il faudrait opérer d'abord comme par la méthode des casseaux ; puis, au lieu de comprimer le cordon testiculaire entre les branches d'un casseaa, on se servirait de fils en caoutchouc de la grosseur d'un tuyau de plume. C'est ainsi que M. Guérin, vétérinaire à Marseille, a châtré un cheval d'une quinzaine d'années « par le pro- cédé à testicules couverts en remplaçant les casseaux par une ligature élastique. Le résultat de l'opération, dit-il a dépassé mes espérances. Point de coliques et très-peu de fièvre de réaction. L'animal s'est mis à manger aussitôt qu'il a été relevé, et la plaie était complètement cicatrisée un mois après (2). » ART. III. — MÉTHODE PAR LA TORSION. Cette méthode consiste à imprimer au testicule, entièrement dé- pouillé de ses enveloppes, un mouvement de rotation qui a pour effet de tordre le cordon sur lui-même jusqu'à ce que ses fibres, allongées au delà de leur résistance physiologique, se rompent. Le but de cette méthode est d'amputer immédiatement les testicules sans l'application d'un appareil constricteur, casseau ou lien, laissé dans la plaie. La torsion s'effectue soit au-dessus, soit au-dessous de l'épididyme, soit sur l'artère testiculaire elle-même ; on la pratique avec les mains seules ou armées de pinces spéciales, d'où plusieurs procédés. § 1er. — Procédés de torsion au-dessus de l'épididyme. Il y en a deux, nous allons les décrire successivement : Premier procédé ou torsion avec les mains. — Ce procédé estconnu de temps immémorial comme celui par les casseaux ; il comprend qua- tre temps. Premier, deuxième et troisième temps. — Comme dans les procédés à testicules découverts. Quatrième temps. — Torsion et rupture du cordon. — Le testicule étant (1) Journal de médecine vétérinaire et de zootechnie de Lyon, 1S7G, p. 5f>. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1870, p. 1180. 408 CASTRATION DES MONODACTYLES. mis à nu et le septum postérieur, incisé au-dessus de l'épididyme, pour annuler l'action du muscle blanc, l'opérateur étreint aussi forte- ment que possible, entre le pouce et l'indicateur de la main gauche, le faisceau vasculo-membraneux du cordon, à 3 centimètres environ au- dessus de la tète de l'épididyme ; puis il saisit le testicule avec la main droite et lui imprime un mouvement rotatoire de gauche à droite qui a pour résultat de tordre le cordon sous les doigts de la main gauche et de le rompre. On agit de même pour le testicule opposé, et l'opéra- tion est terminée. Il faut, en général, dit M. H. Bouley, de quinze à vingt tours complets pour que la rupture de chaque cordon soit opérée. « Pour donner plus de prise à la main droite sur le testicule qu'elle a saisi, et qui tend à lui échapper en raison de l'état lisse et toujours lubrifié de sa surface, il est souvent avantageux d'implanter le doigt indicateur, disposé en crochet, entre l'épididyme et le testicule. » (H. Bouley) (1). Ce procédé n'est pas à la portée de tous les opérateurs, attendu que pour être exécuté d'une manière convenable, il exige des mouvements de main, à la fois très-énergiques et très-rapides, qui fatiguent beau- coup le chirurgien, et lui rendraient les manœuvres opératoires que comporte ce procédé très-laborieuses s'il était dans la nécessité de les pratiquer sur plusieurs sujets, dans la même journée. Deuxième procédé ou torsion bornée. — Ce sont deux professeurs de l'école d'Alfort, Renault et Delafond, qui les premiers, en 1833, in- ventèrent des pinces spéciales, destinées à augmenter de beaucoup les forces de l'opérateur, et à faciliter ainsi mécaniquement les manœuvres de la torsion. Ces instruments ont été ensuite diversement modifiés dans leurs formes par des praticiens et des fabricants. Les figures 267 à 270 re- présentent différents modèles de pinces. Il y a lieu de distinguer deux sortes de pinces, l'une qui doit rester fixe, et l'autre qui doit être mobile dans les mains de l'opérateur : la première sert à limiter la torsion, et la seconde à la pratiquer. Pince fixe ou limitative (fig. 267). — D'une longueur de 40 à -45 centi- mètres environ, cette pince est formée de deux branches d'un centi- mètre de large sur un demi-centimètre d'épaisseur, articulées en compas. La branche femelle présente à 4 ou 5 centimètres de l'articu- lation une échancrure de forme et de dimensions variables. Ainsi, dans les pinces de Renault et Delafond (fig. 267, A), elle est ovalaire, et son contour mesure 0 à 10 centimètres; dans celles de Périer(fig. 267, B), l 'échancrure de forme rectangulaire présente 9 à 10 centimètres de longueur sur 4 à 5 de hauteur. Ce dernier instrument, dit M. Bouley, est préférable a celui de Renault et Delafond, parce que la profondeur et l'étendue de Técliancrure permettent d'y loger toute l'épaisseur du (I) Loc. cit., p. 129. CASTRATION DES MONODACTYLES. 409 cordon testiculaire, sans qu'il tende à en déborder, lorsqu'il s'étale sous la pression que lui fait éprouver le rapprochement des branches de la pince (1). » Enfin, les pinces de M. Reynal (fig. 267, C), présentent une échan- Fig. 267. — Pinces fixes pour la torsion, k, modèle Renault et Delafond. — B, modèle Périer. — C, modèle Reynal. crure rectangulaire constituée par le mors inférieur de l'instrument, re- levé à ses deux extrémités dont chacune est creusée d'une fente, sorte de mortaise, destinée à recevoir un prolongement correspondant au tenon, ménagé à chaque bout du mors supérieur. La branche mâle présente sur son bord interne, au point correspon- dant à l'échancrure de la branche femelle, une saillie de même épais- seur que la tige qui la supporte exactement modelée sur les contours de l'excavation qui doit la recevoir. On pourrait à la rigueur remplacer la pince fixe par des casseaux ou des morailles en bois, mais cette substitution ne nous paraît pas avantageuse ; la pince exerçant son action à une moindre hauteur que les casseaux, l'écrasement du cordon est limité, et les phénomènes inflammatoires consécutifs doivent être moins prononcés. Toutefois, d'après M. Brault, le casseau à touret de son invention (fig. 26o bis) pourrait parfaitement faire office de pince limitatrice. Pince mobile. — Cet instrument (fig. 268 et 269) est composé de deux branches d'une longueur de 30 à 35 centimètres environ, articulées à la manière des tenailles. Les figures précitées montrent que les mors, au lieu d'être prolongés en ligne droite, comme dans les tenailles ordinai- res, sont recourbés, à angle droit à leur extrémité, de telle sorte que, lorsque l'instrument est en position, ils saisissent le cordon transver- (1) Loc. cit., p. 133. no CASTRATION DES MONODACTYLES. salement ; par contre, les branches de la pince restent parallèles au cordon, ce qui permet à l'opérateur de manœuvrer avec toute la faci- lité désirable. L'un des mors de cette pince est relevé à ses deux extrémités et re- présente ainsi une sorte d'échancrure rectangulaire destinée à rece- voir le cordon, tandis que le mors opposé, droit, fixe exactement la Fig. 2G8. — Pince mobile pour la castration par torsion (Renault et Delafond). Fig. 2G9. — Pince mobile pour la castration par torsion (modèle Reynall). partie de cet organe, emboîtée dans l'échancrure afin de rendre la coaptation plus intime; la surface de contact des mors est crénelée. Les manches de l'une et de l'autre de ces pinces doivent présenter une cambrure suffisante pour offrir à la main de l'opérateur une prise solide quand l'instrument est appliqué et que les mors sont en contact. Enfin, pour que la constriction soit régulière et que la main ne se fa- tigue pas, on maintient, pendant toute la durée de l'opération, les branches de la pince, rapprochées au même degré, au moyen d'une vis de pression ou d'une crémaillère à ressort dont elles sont pourvues, comme on le voit dans les figures. M. Beaufils a eu l'idée de réunir les deux pinces employées pour la torsion en un seul instrument qu'il appelle pinces unies (fig. 270) et à l'aide duquel on peut opérer la torsion sans avoir recours à un aide. M. Brault a également recommandé l'emploi de sa pince (fig. 263) pour pratiquer la torsion ; à cet effet, cet ingénieux praticien a armé cet instrument « de deux mors transversaux qui s'y adaptent à la ma- nière de queues d'aronde, et qui sont fixés aux pinces par des pointes qui rentrent dans de petits trous pratiqués au centre de l'enclave des mors. Pour en faciliter l'entrée, un plan incliné est tracé sur les faces percées de trous, et ce plan incliné y conduit très-aisément les pointes CASTRATION DES MONODACTYLES. -H 1 des mors transversaux. Les pointes sont maintenues par un ressort Fig. 270. — Pinces unies de M. Beau/ils. 412 CASTRATION DES MONODACTYLES. moulé sur chacune des branches antérieures ; c'est le complément que j'ai dû ajouter à mes pinces, dit M. Brault, pour les utiliser à la torsion (1). » MANUEL DE L'OPÉRATION. Premier, deuxième et troisième temps. — Comme dans les procédés de castration à testicules découverts. Quatrième temps. — Application des pinces et torsion du cordon. — L'opé- rateur, après avoir mis le testicule à nu et détruit le septum postérieur, « embrasse d'avant en arrière entre les deux branches ouvertes de la pince limitative, le faisceau antérieur du cordon, à quelques centi- mètres au-dessus de la tête de l'épididyme, le place dans l'échancrure de cette pince, et, rapprochant ses branches, les serre, l'une contre l'au- tre perpendiculairement à la direction du cordon, en ayant soin de comprendre entre leurs morsles lèvres du scrotum. Cela fait, il change de position, et, faisant face à la région scrotale, il confie les manches de la pince limitative à un aide intelligent, en lui recommandant de les maintenir exactement serrés et toujours en contact immédiat avec le sac scrotal, quels que soient les mouvements auxquels l'animal se livre. Cette dernière prescription est importante à donner et surtout à exé- cuter, parce que, instinctivement, l'aide qui tient la pince tend à s'éloigner de l'animal au moment où il se débat, et pourrait ainsi, en se servant de la pince comme d'un levier puissant, allonger le cordon et le dilacérer dans ses parties supérieures. « L'opérateur s'empare alors de la pince mobile, saisit le cordon entre ses mors ouverts, immédiatement au-dessous de la pince fixe qui l'étreint transversalement; puis, serrant étroitement le premier instru- ment entre ses deux mains, il commence la torsion par un mouvement gradué de gauche à droite, auquel en succède immédiatement un autre, puis un troisième et successivement ainsi, toujours dans le même sens, jusqu'à ce que la résistance des fibres du cordon soit surmontée et qu'elles se rompent. Dans cette dernière manœuvre, les actions des mains s'alternent régulièrement. La main gauche, placée au-dessous et en avant, sert de support à la pince mobile et la maintient en posi- tion invariable et toujours étroitement serrée, tandis que la main droite la fait tourner dans cette dernière qui s'ouvre seulement au degré voulu pour permettre ce mouvement. Dix, douze ou quinze tours complets sont suffisants pour que le cordon soit rompu dans sa conti- nuité. C'est toujours l'artère testiculaire qui résiste le plus longtemps; sa disposition llexueuse lui permettant de s'allonger davantage que les parties qui l'entourent, elle ne cède que la dernière aux efforts que la traction lui fait éprouver. Une fois cette artère rompue, l'opérateur (I) Archives vétérinaires publiées à l'Ecole d' Al fort, 187G, p. 450. CASTRATION DES MONODACTYLES. 413 ouvre la pince fixe et laisse échapper le tronçon du cordon qui re- monte dans la gaîne vaginale sous l'influence de la rétractilité de ses fibres musculaires propres. Mêmes manœuvres sur l'autre or- gane. « Il y a des opérateurs, qui, pour éviter toute chance d'hémorrhagie même par l'artère petite testiculaire, comprennent entre les mors des pinces le cordon en bloc. Cette manière de faire n'a qu'un inconvé- nient, c'est que le cordon, trop massif, déborde quelquefois de l'échan- crure de la pince limitative, lorsqu'il est aplati par le rapprochement de ses mors. « Moins de deux minutes sont nécessaires pour que l'opération soit achevée des deux côtés. « On peut la rendre plus expéditive encore, en pratiquant d'abord et dans le même temps sur les deux testicules les incisions nécessaires pour les faire sortir de leurs gaines et isoler les faisceaux antérieurs de leurs cordons par la section du septum postérieur; de cette manière l'opérateur n'a à changer qu'une seule fois de position pour venir faire face au scrotum; tandis que, s'il tord le testicule gauche, après son énucléation, il faut qu'il revienne se placer derrière la croupe pour saisir le testicule droit, inciser les enveloppes et l'extraire de sa gaîne. Si l'on adopte le procédé plus expéditif de mettre à nu simultané- ment les deux organes, il faut alors commencer la torsion par le testi- cule droit qui est le plus superficiel, et qui gênerait par sa présence les manœuvres à exécuter sur le gauche (i). » (H. Bouley.) Procédé Brault. — M. Brault opère sans aide : « Je place mes cas- seaux, dit-il, et immédiatement j'ajuste les mors sur la pince ; pour cela, je démonte les pinces et je place les mors en mettant devant moi les numéros qu'ils portent ; la première opération faite {castration à testicules découverts), je les replace très-vivement et avec facilité, puis je les enfonce sur les branches, soit en frappant avec le poing, soit en ap- puyant sur le premier corps résistant qui se trouve à ma portée, le sol, le corps de l'animal, etc. Une fois les pinces reconstruites, mon cas- seau faisant l'office de limitatrice, je saisis le cordon testiculaire à la distance voulue pour opérer la torsion, déviant le testicule à droite ou à gauche afin de pouvoir opérer la compression qui se trouve con- stante par l'action des mors de Brogniez que portent les branches pos- térieures des pinces. Je fais une partie de la torsion en maintenant le casseau d'une main, tandis que de l'autre je tors le cordon. Les pre- miers tours faits, je reprends cette opération à deux mains afin de rupturer le cordon plus vivement. » [Loc. cit.) (1) Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétéri?iaires, t. III, p. 135 et 136. ï-li CASTRATION DES MONODACTYLES. £ 2. — Procédés de torsion au-dessous de l'épididyme. Premier procétlé ou torsion avec les mains. — Les trois premiers temps sont semblables à ceux des procédés précédents. Quatrième temps. — Désunion du testicule d'avec l'épididyme et torsion de V un sur Vautre. — L'opérateur tenant de la main gauche l'épididyme et, de l'autre, le testicule, dilacère avec les ongles de ses pouces le feuillet séreux et le tissu conjonctif qui unit la glande spermatique à l'épidi- dyme et désunit ces organes depuis la queue jusqu'à la tète de l'épidi- dyme d'où émergent les vaisseaux sanguins et les canaux séminifères. Si les adhérences conjonctives présentent trop de ténacité, on les dé- truit graduellement en les ratissant avec la lame du bistouri convexe. Cela fait, l'opérateur applique les doigts de la main gauche, qui font office de pince fixe, sur la tête de l'épididyme; et de la main droite, restée libre, il imprime au testicule un mouvement rapide de rotation jusqu'à séparation complète de l'organe. Huit à dix tours suffisent. Après quoi, l'épididyme est rentré dans la gaîne vaginale où il est maintenu à l'aide d'un point de suture disposé au milieu des lèvres de la plaie scrotale. Mêmes manœuvres pour le testicule droit. Oeuxiènie procédé ou torsion limitée. — Ail lieu de fixer l'épididyme avec la main, on se sert de la pince fixe, décrite précédemment. L'em- ploi de la pince mobile est inutile en raison des faibles adhérences qui unissent l'épididyme au testicule, la main suffit pour détacher cet organe. ART. IV. — MÉTHODE PAR ARRACHEMENT. Elle se rapproche beaucoup de la méthode par torsion dont nous venons de faire connaître les différents procédés. Ainsi, après avoir mis le testicule à nu et opéré quelques mouvements de torsion, on exerce sur le cordon testiculaire des tractions énergiques, dans le sens de ses fibres, jusqu'à ce que leur ténacité soit surmontée. Cette méthode n'est applicable que sur les très-jeunes animaux, no- tamment chez ceux qui sont encore à la mamelle. ART. Y. — MÉTHODE PAR LA CAUTÉRISATION OU PAR LE FEU. Cette méthode est une des plus anciennement connues, elle a été dé- crite par Absyrte de Nicomédie comme un procédé usuel. Elle est pra- tiquée de nos jours, en Angleterre, dans le nord de la France et dans d'autres contrées. Instruments. — Ce sont: 1° des pinces spéciales ; 2° des cautères de forme appropriée. Pinces. — Elles peuvent être simples ou doubles. La pince simple (fig.271) se compose de deux pièces de bois résistant, CASTRATION DES MONODACTYLES. 415 articulées en compas, d'une longueur totale de 30 centimètres sur un centimètre d'épaisseur, tangentes l'une à l'autre par leur bord interne sur une étendue de 12 centimètres environ. Dans toute cette partie, Fig. 271. — Pince simple pour la castration par le feu. les branches de cet appareil, aplaties de dessus en dessous, présentent une largeur de 3 à 4 centimètres, puis elles sont ensuite évidées et arrondies sur leurs carres de manière à former deux manches de 18 centimètres de long sur 5 de circonférence que l'on peut main- tenir rapprochés au moyen d'une corde, fixée à l'un d'eux, et suffisam- ment longue pour s'enrouler autour du manche opposé. En outre, chaque branche est revêtue dans sa partie élargie d'une lame de fer ou de cuivre destinée à la préserver de l'action de la chaleur. A défaut de cette pince, on pourrait se servir, à la rigueur, soit d'un long casseau en bois, soit d'une paire de morailles également en bois ou bien de la pince limitative mise en usage pour la torsion bornée ; mais ces divers instruments ne protègent que d'une manière insuffisante les parties environnantes contre le rayonnement calorifique dont le cau- tère est la source, aussi les pinces qui viennent d'être décrites sont- elles toujours préférables. M. Brault remplace la pince par ses cas- seaux « appropriés à l'opération », et il opère sans aide. La pince double est une sorte de moraille à trois branches (fig. 212 Fig-. 272. — Pince double pour la castration par le feu. décrite par Garsault sous le nom de moraille à châtrer {Y). Cette pince a été modifiée par des châtreurs de profession du département du Nord, les frères Chéret, surnommés les coupeurs de Dapaume. Elle se compose d'après la description, qui en a été donnée par M. Huart, vété- rinaire à Valenciennes (2), « d'une tige principale oumédiane de la lon- gueur de. 17 centimètres sur une épaisseur carrée de 1 centimètre et de (1) Nouveau parfait maréchal. Paris, 1741. (*2) Recueil >lr médecine vétérinaire, 1855, p. 641. 416 CASTRATION DES MONODACTYLES. deux autres branches latérales, aplaties de côté, en forme de lame de couteau d'une longueur de 30 centimètres », se mettant en contact avec la tige médiane fixe par un bord aminci ne mesurant que 5 milli- mètres d'épaisseur, de telle sorte que, la pince étant fermée, il existe au point de contact des branches latérales avec la tige une sorte de cavité ou de retraite destinée à loger la partie du cordon à cautériser. Au delà de la tige centrale, les branches latérales sont contournées en forme de manches de 12 à 13 centimètres de longueur. 2° Cautères. — Ils ressemblent aux cautères cultellaires ordinaires, toutefois la partie cautérisante, plus massive, est en continuité directe avec la tige (fîg. 273), afin que l'on soit moins exposé, en s'en servant, Fig. 273. — Cautère pour la castration par le feu. à brûler la face interne de la cuisse. Garsaultrecommandaitde se servir de cautères « carrés par leurs bouches.» M. Bouley croit « que la forme cultellaire est préférable, parce que, avec les angles de l'instrument qui la présentent, on peut pénétrer dans la profondeur de l'eschare et aller à la recherche de la bouche de l'artère qui se dérobe quelquefois sous une première couche carbonisée (1). » L'opérateur aura encore, à sa disposition, une certaine quantité de colophane pulvérisée ou de toute autre résine destinée à être brûlée sur le cordon, pour augmenter l'épaisseur et la solidité de l'eschare. Les frères Ghéret se servent, dans ce but, d'une pommade qui, d'après M. Huart, serait formée par de l'onguent populéum dans lequel on aurait incorporé du sulfate de cuivre. MANUEL DE L'OPÉRATION. Premier, deuxième et troisième temps. — Comme dans les méthodes à tes- ticules découverts ; toutefois, quand on se sert de la pince double, les deux testicules doivent être mis à nu, en même temps, afin que leurs cordons puissent être placés simultanément entre les mors de cet instrument. Quatrième temps. — Application des pinces. — Cautérisation. — L'ap- plication des pinces peut être faite sur le cordon, pris en bloc ou bien, comme le conseille M. H. Bouley, seulement sur le faisceau vasculo- membraneux antérieur après avoir préalablement incisé le septum pos- térieur de la gaine vaginale, qui comprend entre ses feuillets le muscle blanc, l'artère petite testiculaire et les canaux efférents, comme nous l'avons déjà dit. Les frères Chérct, au dire de M. Huart, appliquent leurs morailles à (1) Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. III, p. 141. CASTRATION DES MONODACTYLES. ill châtrer sur toute l'étendue du cordon ; M. Petit-Clerc fait préalable- ment subir à cet organe une torsion partielle en lui imprimant deux ou trois mouvements de rotation. Quoi qu'il en soit, l'opérateur place les pinces d'avant en arrière sur les cordons, à un centimètre au-dessus de la queue de l'épididyme, et il en maintient les branches rapprochées, soit au moyen d'une corde, soit au moyen d'une crémaillère, puis il les confie à un aide, placé vers la croupe, qui a pour mission de les soute- nir sans exercer aucun tiraillement sur le cordon. On dispose sur le scrotum et la face interne des cuisses des linges mouillés pour les pré- server de l'action de la chaleur rayonnante. Une fois le cordon fixé dans les pinces, on peut, à la manière de Fromage de Feugré, en opérer la section avec le bistouri et cautériser ensuite avec le fer chauffé à blanc, ou bien, ce qui vaut mieux, se servir exclusivement du cautère, qui agit alors tout à la fois comme agent secteur et comme moyen hémostatique. La manœuvre du cautère doit être effectuée de la manière suivante : cet instrument étant chauffé à blanc, l'opérateur « en applique le tran- chant dans une position perpendiculaire, à un centimètre en avant de la pince, sur le cordon que la main gauche maintient tendu en s'emparant du testicule ; puis il imprime avec lenteur un mouvement de scie au cautère qui entame les tissus d'avant en arrière et en produit la désu- nion. Cela fait, il saupoudre de résine le tronçon du cordon, et il achève de le transformer en eschare, en le refoulant contre la pince avec le plat d'un nouveau cautère, chauffé au même degré, qui doit être maintenu à demeure, jusqu'à ce que l'escharification soit complète, mais pas assez longtemps pour qu'il adhère en se refroidissant aux tissus car- bonisés (1). » (H. Bouley.) Quand on emploie la pince double, l'opération commence par le tes- ticule droit, qui est immédiatement à la portée de la main et se ter- mine par le testicule gauche. La cautérisation étant terminée, l'opérateur entr'ouvre les mors de la pince et s'assure qu'aucune hémorrhagie n'a lieu. Dans le cas con- traire, il remonte un peu les pinces sur le cordon, les resserre, et pro- cède à une nouvelle cautérisation. Après l'opération, on fait, sur la région scrotale, de larges affusions d'eau froide pour favoriser la formation du caillot dans l'artère dont le bout a été cautérisé. ART. VI. — MÉTHODE PAR L'ÉCRASEMENT LINÉAIRE. Cette méthode consiste à pratiquer l'ablation des testicules au moyen d'un instrument particulier : Yécraseur linéaire du docteur Chassaignac que nous avons décrit, ainsi que le mode d'emploi, à propos de l'excision des tumeurs. Nous nous bornerons donc à dire (1) Loco citato, p. 143. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II. — 27 418 CASTRATION DES MONODACTYLES. qu'aprës avoir mis le testicule à nu, comme dans les procédés précé- dents, on enroule la chaîne de la crémaillère autour du cordon en bloc, puis l'opérateur agit sur le double, levier moteur de la chaînette par l 'intermédiaire de la poignée qui le termine, de manière à produire, d'abord, la constriction graduelle, et, finalement, la division complète des parties que la chaîne enserre. Quand l'opération est bien faite, au- cune hémorrhagie ne se produit; mais, pour qu'il en soit ainsi, il faut, comme le récommande expressément M. H. Bouley, agir avec lenteur. « 11 faut, laisser écouler de quinze à trente secondes entre chaque mouvement imprimé alternativement aux deux bras du levier: ce qui n'exige pas moins de dix minutes pour la section de chaque cordon. Quand on divise les tissus trop rapidement, la section de l'artère est trop nette, et l'on doit redouter les hémorrhagies (1). » ART. VII. — METHODE PAR RATISSEMENT. Cette méthode, qui paraît être d'origine indienne, consiste à diviser complètement le cordon testiculaire en le raclant, au moyen d'un in- strument peu tranchant, de la même manière qu'on racle une racine pour en enlever l'écorce. Cette manœuvre a pour effet d'amincir et d'é- tirer les vaisseaux du cordon dont les membranes se déchirent, d'où la formation de caillots et une hémostase plus ou moins complète. Manuel opArsitoire. — Après avoir découvert le testicule et isolé le faisceau antérieur du cordon, l'opérateur se met en face de la région inguinale, et, saisissant le testicule gauche avec la main gauche, il ra- tisse le cordon jusqu'à section complète, avecle bistouri convexe tenu en archet, dans la main droite. La même manœuvre est répétée sur le testicule opposé, et l'extrémité tronquée de chaque cordon représente ainsi une sorte de pulpe rou- gcàtre, filandreuse. ART. VIII. — MÉTHODE PAR EXCISION SIMPLE. Dans cette méthode, on pratique purement et simplement la section du cordon en un seul coup, avec le tranchant du bistouri, sans avoir recours à aucun moyen hémostatique. Lafosse père a surtout préconisé ce mode de castration. Le manuel opératoire est des plus élémentaires : l'opérateur ayant mis le testicule à découvert le saisit de la main gauche, et, avec le bis- touri convexe, tenu en couteau, dans la main droite, il incise le cordon d'arrière eu avant, au-dessus de l'épididyme, et l'abandonne ensuite à lui-même. Cet organe, en vertu de sa rétractilité, remonte dans la gaine vaginale et l'on opère de la même manière sur le testicule opposé. L'hémorrhagie se produit quand l'animal est relevé. (1) Nouveau Dictionnaire de médecineet de chirurgie vétérinaires, p. 14G. CASTRATION DES MONODAGTYLES. 419 Nous/passons sous silence : 1° la méthode de ligature sous-cutanée du cordon testiculaire ou de l'une de ses parties, attendu que cette méthode de castration, appliquée aux adultes, « a pour conséquence à peu près certaine de déterminer une inflammation suppurative des testicules, qui s'accompagne de douleurs atroces et détermine la mort en peu de temps, si on ne se hâte de débarrasser les animaux, par une véritable castration, de ces organes si profondément altérés » (H. Bouley) (1) ; 2° la méthode d écrasement du testicule qui est barbare, irrationnelle et doit être répudiée à jamais chez tous les animaux. ART. IX. — MÉTHODE PAR LE RISTOURNAGE. Le bistournage est une méthode de castration qui consiste dans la torsion sous-cutanéc des cordons testiculaires. Cette opération est employée, depuis un temps immémorial, par les châtreurs de profession ; ce n'est guère que depuis 1846 que l'attention des vé- térinaires a été plus spécialement dirigée vers cette opération, par Miqueh Géraud, Goux. Toutefois, c'est M. Delorme qui, en 1855, a montré toute l'importance que présente le bistournage du cheval, qu'il considère comme un moyen d'émasculation préférable à tous les autres. A partir de cette époque, bon nombre de travaux ont été publiés sur le bistournage. Nous devons nous borner à mentionner les principaux, notamment le Mémoire de M. Reboul sur le procédé opératoire de Turon-Souverbie dit Lamarche, châtreur-bistourneur de profession : ce Mémoire, adressé à la Société centrale de médecine vétérinaire, a été l'objet d'un remarquable rapport de M. Sanson (2) ; le Traité de castration de Gourdon (3), le Guide chirurgical pour la castration par M. Serres (4), enfin le Mémoire de M. Lelièvre (5) ; nous ferons remarquer au sujet de ce dernier travail, qu'au moment où il a été publié, M. Lelièvre était élève de deuxième année à l'École d'Alfort, et qu'ayant vu opérer M. Lamarche dans l'amphithéâtre de clinique d'Alfort, il a compris immédiatement toutes les manœuvres opératoires qu'exécutait cet habile châtreur, de telle sorte qu'il a pu les effectuer ensuite, avec un succès complet, sur plusieurs chevaux. C'est à l'aide de ces documents que nous allons étudier le bistour- nage chez les solipèdes, et nous ajouterons que, grâce à l'obligeance de M. Lelièvre, aujourd'hui vétérinaire à Tricot (Oise), qui a acquis une très-grande habileté dans la pratique de cette opération, nous pouvons placer sous les yeux du lecteur trois figures, qui sont la reproduction (1) Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie, t. III, p. 184. (2) Recueil de médecine vétérinaire, I8G0, p. 227. (3) Gourdon, Traité de la castration des animaux domestiques. Paris, 1860, p. 124 à 145. (4) E. Serres, Guide hygiénique et chirurgical pour la castration. Paris, 1861. (5) Recueil de médecine vétérinaire, 1865, p. 337. i20 CASTRATION DES MONODACTYLES. de photographies faites à l'École d'Alfort, et que M. Lelièvre, avec une complaisance parfaite, a bien voulu nous adresser. Age c-oiivenablt'. — Fixation de l'animal. — On pratique ordinaire- ment le bistournage quand l'animal a atteint l'âge de dix-huit mois ; à ce moment les testicules sont bien descendus, les enveloppes peu résis- tantes, et, conséquemment, les difficultés de l'opération sont atténuées. La période la plus favorable pour pratiquer le bistournage est de deux à quatre ans. La fixation du sujet à opérer mérite une description spéciale. Ainsi, on couche l'animal et on le place sur le dos, les membres réunis en faisceau et fléchis vers les parois abdominales. A cet effet, les manœu- vres mises en usage varient suivant les opérateurs. Les châtreurs du Midi emploient, à défaut d'entraves, une corde de 7 à 8 mètres de lon- gueur doublée en anse et disposée en 8 de chiffre (fig. 274) dans chacun des anneaux duquel est passé un paturon antérieur. Les bouts li- bres des deux cordes sont diri- gés en arrière et vont embrasser chacun de dehors en dedans l'un des paturons postérieurs. Fig. 274. - Lacs employé par les châtreurs Us sont ramenés ensuite entre du midi. les membres antérieurs et con- fiés à un aide qui se place en avant près de celui qui tient la tête et du côté opposé au lit. Cet aide, en tirant les cordes à lui, rapproche les membres postérieurs des an- térieurs, et prépare ainsi la chute de l'animal qui est déterminée par l'action combinée de l'aide qui tient la tète, d'un autre tenant la queue, et d'un troisième, qui tire sur une plate-longe entourant le corps, comme dans la méthode ordinaire. L'animal est placé ensuite sur le dos, la croupe un peu plus élevée que le garrot, les quatre pieds rapprochés du ventre au moyen d'une corde quelconque ou mieux d'une plate-longe que l'on applique de la manière suivante : on fait d'abord à l'une de ses extrémités une anse que l'on fixe à l'un des pieds postérieurs retenus en l'air ; puis on passe l'autre bout sous le dos ; on ramène la corde vers l'autre pied pos- térieur que l'on embrasse avec ce même bout, et en tirant fortement on oblige les quatre pieds réunis à se rapprocher du ventre. Cela fait, la corde est nouée d'une manière solide, et les quatre membres restent ainsi fléchis. Avant de fixer cette corde, il est toujours bon d'interposer un linge épais, un sac plié en plusieurs doubles, un coussin quelcon- que, entre elle et la peau, afin d'éviter que celle-ci ne soit entamée par les frottements de la corde. Si l'on a des entraves à sa disposition, on abat le sujet à la manière ordinaire et on le place sur le dos. Pour maintenir les membres fléchis, il suffit, d'après M. Serres, « du lacs qui a servi à réunir les quatre ex- CASTRATION DES MONODACTYLES. 421 trémités et qui, après avoir passé sous le dos, est ramené à son point de départ ; » toutefois l'auteur fait remarquer que, « si l'animal était très-fort et très-vigoureux, l'opérateur pourrait, au moyen d'une plate- longe, maintenir d'une manière très-solide les membres postérieurs en avant; pour cela, il placerait d'abord la plate-longe à l'un des jarrets sur la corde du bi-fémoro-calcanéen, la ferait passer à la face interne du membre antérieur correspondant, lui ferait contourner le bord pos- térieur de l'encolure, le plus près possible du garrot, et la porterait, en lui faisant suivre une direction parallèle au premier trajet, au jarret opposé où il la fixerait solidement (1). » (Serres.) M. Lelièvre emploie un procédé d'abatage et de contention, qui diffère de ceux que nous venons d'examiner. Ainsi on applique : 1° dans chaque paturon antérieur, deux entra- vons ordinaires à chacun desquels se trouve fixé en dehors un second Fig. 275. Procédé d'abatage du dievul pour le bistournage (Lelièvre). entravon dépourvu d'anneaux (fig. 275), « destiné à recevoir le patu- ron du membre postérieur du côté correspondant, lorsqu'on réunira en un seul faisceau les quatre membres du cheval préalablement cou- ché par terre (2). » 2° On place l'entravon porte-lacs au membre postérieur gauche, et l'on fait passer la chaîne qui termine le lacs dans les anneaux des entra- vons fixés aux membres antérieurs, comme on le voit dans la figure 275. (1) Loco citato, p. 208. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1865. p. 3 .'8. 422 CASTRATION DES MONODACTYLES. 3° On dispose la plate-longe de la manière suivante : l'anse de ce cordage embrasse le paturon postérieur droit, puis la partie libre, dirigée en avant, contourne la partie supérieure du poitrail, longe de bas en haut l'épaule gauche, croise le garrot pour descendre sur l'é- paule droite où on la replie aulour de la partie ascendante du cordage, (jui fait office de poulie de renvoi (fig. 275) et on la confie à un aide, placé du côté gauche. Au signal convenu, les aides, placés comme dans le procédé ordi- naire d'abatage, exercent des tractions simultanées et en sens inverse, de telle sorte que le cheval est couché sur le côté gauche; alors on applique le crochet porte-mousqueton dans l'un des anneaux de la chaîne porte-lacs, puis le membre postérieur droit est ramené en avant au moyen de la plate-longe et fixé définitivement dans l'entravon sans anneau, dont il a été parlé. Cela exécuté, on fait pirouetter le cheval sur le dos pour mettre le côté gauche en dessus ; détachant alors le membre postérieur de ce même côté, en enlevant simplement le cro- chet porte-mousqueton, on le fixe dans l'entravon destiné à le recevoir et disposé en dehors de l'entravon principal comme il a été dit, de telle sorte que les membres du même bipède latéral sont réunis, l'un à l'autre, par les paturons, et le membre postérieur est en dehors de l'antérieur. « De plus, on réunit l'un à l'autre les deux bipèdes latéraux au moyen d'une simple courroie passée dans deux petits anneaux des- tinés à cet usage, et fixée du côté interne de chaque entravon attaché aux membres antérieurs. « Enfin une très-forte sangle en cuir, longue de lm,50, large deOm,20, munie à chacune de ses extrémités d'un fort anneau de fer, et à chacun de ces anneaux est attachée une longe en corde de même gros- seur et de même longueur qu'une longe de licol. Cette sangle résis- tante est destinée à passer sous les reins du cheval, que l'on place en position sur le dos, les membres en l'air. Chacune de ces longes, l'une droite, l'autre gauche, passe dans le pli du paturon du membre posté- rieur du côté correspondant, revient passer dans l'anneau de fer, où elle est attachée par son extrémité fixe, et sert à fléchir les membres postérieurs sur eux-mêmes. «Il faut que les membres postérieurs soient fortement fléchis sur eux- mêmes, en même temps qu'écartés, sans quoi l'opérateur ne se trouve pas dans les conditions voulues, ses mouvements et ses manipulations sont trop limités et gênés, le bistournage est rendu sinon impossible, au moins excessivement difficile (1). » (Lelièvre.) On peut remplacer la sangle de cuir dont il vient d'être parlé par une dossière, c'est-à-dire cette partie du harnais qui porte sur la sellette et transmet au limonier le poids de la charge à laquelle il est attelé. Un coup d'œil jeté sur la figure 276 montrera la disposition à donner au sujet pour pratiquer le bistournage. (1) Loco cit/ito, p. 341. castration des monodactyles. 123 Manuel opératoire. — Il comprend quatre temps. Premier temps. — Assouplissement des bourses. — L'animal étant fixé Uii à IX S ï comme il vient d'être dit, l'opérateur se meta genoux, près de la queue» 424 CASTRATION DES MONODACTYLES. et commence les manœuvres opératoires. Il lave et essuie le scrotum pour le débarrasser de la matière sébacée qui l'enduit; et dont la pré- sence augmenterait les difficultés des manipulations. Cela fait, l'opé- rateur saisit à pleines mains la masse scrotale, et, exerçant des tractions modérées sur les cordons, il fait glisser les testicules jusqu'au fond des BU»**" 277. — (Empruntée à M. Serres.) — Manuel opératoire du bistournage du cheval. (Premier temps. — Assouplissement des bourses.) bourses; puis il refoule ces organes vers l'orifice inférieur du trajet inguinal; alors, avec la main gauche, il embrasse les enveloppes le plus près possible de l'abdomen, tandis qu'avec la main droite appli- quée à plat sur les enveloppes, il froisse et malaxe ces parties comme dans l'action de savonner (fig. 277). Cette manœuvre, qui dure à peine une minute, assouplit le scrotum, le distend et détruit une partie des adhérences de la troisième enve- loppe testiculaire ou enveloppe conjonctive, avec le dartos. Deuxième temps. — Rupture des adhérences entre le dartos et la tunique érythroïde. — Ce temps de l'opération nécessite une manipulation que les bistourneurs appellent le coup de pouce, et dont l'exécution exige une grande habitude et une certaine force. La manœuvre à effectuer doit avoir pour résultat de déchirer la troisième enveloppe testiculaire, CASTRATION DES MONODACTYLES. 425 et d'agrandir cette déchirure au moyen du pouce, afin de séparer com- plètement la tunique érythroïde du dartos, à peu près comme dans l'opération delà castration à testicules couverts. Il faut se rappeler Fig. 278. — Manuel opératoire du bistournage du cheval (procédé Lelièvre;. (Deuxième temps.) que cette enveloppe conjonctive présente, en arrière, une lame de tissu cellulaire condensé [gubernaculum testis), unissant d'une manière très- intime l'extrémité postérieure du testicule avec le dartos. C'est cette lame de tissu conjonctif que l'on appelle encore bride fibreuse du tes- ticule qu'il faut transpercer et rompre sous le scrotum. A cet effet, l'opérateur se sert le plus souvent d'une seule main à la fois ; chaque main opère successivement sur le testicule qui lui correspond, l'animal étant sur le dos. En d'autres termes, la main droite opère sur le testicule gauche, et la main gauche sur le droit. D'après M. Lelièvre, la manœuvre opératoire s'exécute de la manière suivante : « Je saisis, dit-il, un testicule à pleine main, le pouce se trouve naturellement correspondre à sa face interne. Sans m'en des- saisir, je promène ce doigt (le pouce) d'avant en arrière sur l'extrémité inférieure de tout ce qui constitue le cordon testiculaire, que je tends légèrement en même temps, en tirant le testicule en dehors. Arrivé au bord postérieur du cordon, on perçoit à travers les enveloppes une lame de tissu cellulaire sous-dartoïque, plus ou moins forte suivant le 426 CASTRATION DES MONODACTYLES. sujet. Il faut faire pénétrer le pouce et les enveloppes refoulées sur elles-mêmes par ce doigt, à travers ce tissu celluleux, en poussant avec énergie d'une manière oblique en avant, en dehors et de bas en haut, pour ne pas s'exposer à déchirer l'anneau inguinal inférieur (I ). » Après cette manipulation répétée une ou plusieurs fois, nous écrit M. Lelièvre, suivant l'animal à opérer et l'habitude acquise, le pouce se fraye un passage dans la déchirure, et l'on entend un craquement comparable à celui d'une étoffe que l'on divise. Ce résultat obtenu, il s'agit d'agrandir cette déchirure et de rompre complètement la bride fibreuse sous-dartoïque, fixée à l'extrémité pos- térieure du testicule. Pour cela, M. Lelièvre ramène la masse scrotale en arrière, tout en refoulant le testicule « le plus en avant possible dans la région des bourses, » puis il replace le pouce dans la déchirure pratiquée déjà, mais en partant d'un point plus antérieur sur le scrotum, et non pas du même point où V ongle a déjà marqué son empreinte, comme le conseillait Gourdon ; car, si j'agissais de la sorte, je ne pourrais pas entraîner la bride fibreuse plus en avant que je l'ai déjà fait ; le scrotum seul sup- porterait et limiterait la traction, et, par un effort trop violent, je passerais le doigt à travers, accident qui m'est arrivé sur un cheval opéré en présence de M. H. Bouley, le 2 janvier 1865. « Le pouce ayant donc repris sa position dans la déchirure déjà pra- tiquée, j'opère une traction assez énergique sur la bride fibreuse, en poussant soit directement en avant, soit obliquement à gauche ou à droite, mais toujours de bas en haut (2) (fig. 277). » 11 est presque toujours nécessaire de répéter cette manœuvre une ou plusieurs fois pour déchirer entièrement la bride fibreuse ; le pouce s'engourdit, et il faut, de temps à autre, le plonger dans l'eau fraîche pour qu'il reprenne sa force. Ce deuxième temps terminé, le testicule déjà débarrassé de ses adhérences est devenu flottant et libre dans ses enveloppes, à la ma- nière d'un battant dans une cloche. Troisième temps. — Torsion du cordon testiculaire . — Cette partie de l'opération, qui constitue le bistournage proprement dit, s'effectue par divers procédés suivant les opérateurs (3). a. Procédé de Lamarche. — Il a été décrit de la manière suivante par M. Reboul : « Pour effectuer la torsion, il faut placer la main comme au commencement du temps précédent; on ramène d'abord le testicule un peu en arrière de façon à ce qu'il soit appuyé sur le périnée, et il est en quelque sorte abrité sous la main qui le comprime juste assez pour le maintenir en place. A l'aide de l'index légèrement recourbé, on (1) Loco citato, p. 343 (2) Lelièvre, loco citato, p. 344. (3) Recueil de médecine vétérinaire, 1800, p. 23G. CASTRATION DES MONODACTYLES. i27 saisit ensuite le cordon testiculaire, qui sert ainsi de point d'appui ; puis le pouce est porté vers la queue ou globus minor de l'épididyme, et l'on imprime au testicule un mouvement en avant, en suivant tou- jours les muscles de la région interne de la cuisse. Quand on est arrivé dans le fond de l'aine, on donne à la glande, à l'aide de la paume de la main, une petite secousse en avant, et, avec l'index, on tire subite- ment le cordon en arrière, de manière à ce que ce dernier se rap- proche le plus possible de la position que nous venons d'indiquer. Le mouvement de semi-rotation de dehors en dedans est alors opéré, et il n'y a plus qu'à continuer la même manœuvre autant de fois que le demande l'état de l'animal à émasculer. Sur le testicule droit, on exé- cute les mêmes manœuvres à l'aide de la main gauche. » b. Procédé décrit -par Govrdon. — « Avec la main droite, suppo- sant toujours qu'il s'agisse du testicule gauche, dont le pouce est engagé comme au début de l'opération, on va saisir le cordon, puis on rabat la main en dehors des bourses, de façon à laisser le testicule en saillie au-dessus du pouce et de l'index. Alors, avec l'autre main, on prend le testicule, et appuyant le pouce de cette main contre l'extré- mité postérieure de l'organe, on la pousse en dehors et en avant pour lui faire commencer un tour que l'on achève en faisant manœuvrer à la fois tous les doigts de la main ; alors l'extrémité antérieure se porte en dedans et en arrière, et l'on continue jusqu'à ce qu'il y ait un demi- tour accompli. On poursuit la manœuvre, à laquelle concourt la main droite, en empêchant le cordon de se détordre, jusqu'à ce que l'extré- mité antérieure soit revenue en avant, ce qui fait un tour complet. On recommence ainsi plusieurs fois ne s'arrêtant que lorsque le cordon a atteint le degré voulu de rigidité (1). » c. Procédé Serres. — Position de la main (fig. 279). — « Le testicule sur lequel on doit opérer est ramené au fond des bourses, et la ligne du raphé bien déterminée. La paume et les doigts de la main droite sont appuyés sur le testicule qu'ils recouvrent presque entièrement. Le cordon est placé entre le pouce et l'index, le pouce en dessous et en arrière, l'index en dessus et en avant. Le pouce allongé contre l'épidi- dyme, immédiatement au-dessous de lui (au-dessus, si l'animal était debout), est dirigé vers la partie antérieure du testicule. Ces positions une fois bien établies, on commence la torsion. Pour cela, le pouce se relève et tire le cordon d'avant en arrière et de droite à gauche ; le testicule se trouve ainsi soulevé ; la main qui l'abrite glisse vers le bord inférieur ou libre de cet organe, Je lève et le pousse doucement en avant, puis le dirige de dehors en dedans, ou de droite à gauche, et le fait parvenir au-dessus du cordon. Pendant ce mouve- ment, l'extrémité postérieure du testicule est devenue peu à peu antérieure, puis postérieure, et passe la première par-dessus le cordon. (I) J. Gourdon, Traité de la castration, p. 137. 128 CASTRATION DES MONODACTYLES. « Lorsque le testicule se trouve superposé sur l'extrémité inférieure du cordon, mais sans lui être parallèle, puisque les deux extrémités du testicule ne le franchissent que l'une après l'autre, le cordon a éprouvé un tour ; alors le pouce abandonne sa position, et, par une petite traction, d'avant en arrière et de haut en bas, exercée sur la l'ig. 279. — (Empruntée h M. Serres.) — Manuel opératoire du bistournage du cheval. (Position de la main droite avant de commencer la torsion.) glande, on remet les extrémités de cet organe dans leurs rapports nor- maux. Pour produire cet effet, on a vu quel mouvement devait opérer le pouce ; la main, qui d'abord a glissé vers le bord libre de la glande, se renverse insensiblement d'avant en arrière et de bas en haut, puis elle se dirige, en maintenant toujours le testicule et en lui imprimant l'impulsion qui a été indiquée d'arrière en avant et de dehors en de- dans (fîg. 280). Les doigts de la main droite, en agissant sur l'extré- mité postérieure de la glande devenue antérieure, ont, dans cette manœuvre, la principale action. On recommence les mômes manœu- vres jusqu'à ce que le cordon ait acquis une assez grande rigidité (1). » (1) Serres, Guide hygiénique et chirurgical pour la castratifln, etc., p. 249 et sui- vantes. CASTRATION DES MONODACTYLES. 420 d. Procédé Lelièvre. — « Le scrotum et les testicules étant à peu près dans leur position naturelle, j'isole avec le pouce, aussi profondément que possible, le cordon testiculaire des parois du trajet inguinal aux- quelles il n'adhère que par du tissu cellulaire très-lâche. J'enroule ensuite de droite à gauche pour le testicule gauche, et de gauche à droite pour le droit ; 'enroule, dis-je, d'un tour le cordon sur le doigt Fig. 280. — (Empruntée à M. Serres.) — Manuel opératoire du bistournage du cheval. (Position de, la main au moment où le testicule va être placé sur le cordon.) précité ; puis, à l'aide des doigts libres et de la paume de la main, je fais tourner le testicule autour du pouce, comme autour d'un pivot fixe, dans le sens de l'enroulement; le cordon testiculaire sert alors de véritable gubernaculum au testicule, qui, placé d'abord en dehors du pouce, passe en avant, puis du côté interne, arrive en arrière, pour se replacer en dehors. Revenu ainsi au point de départ, si on n'a rien laissé fuir, le cordon testiculaire est tordu d'un tour entier. «*On voit très -bien, en effet, pendant cette manipulation, c'est-à- dire la circumduction du testicule autour du pouse, l'extrémité posté- rieure de cet organe devenir successivement externe, antérieure, interne, et redevenir postérieure. Le tour peut néanmoins ne pas être complet à cause du glissement qu'on ne saurait toujours empêcher. 430 CASTRATION DES MONODACTYLES. Reste donc à recommencer une seconde, puis une troisième et une quatrième fois, en reprenant toujours la même position jusqu'à ce que le cordon ail acquis la rigidité nécessaire, produite par la torsion, ce qu'il est très-facile d'apprécier à travers les enveloppes. Un opérateur exercé peut savoir et compter le nombre de tours qu'il fait (1). » Quatrième temps. — Application de la ligature. — Pour empêcher les cordons de se détordre, il faut appliquer, au-dessous des testicules et sur les enveloppes, une ligature qu'on laisse en place pendant quelques heures. On se sert pour cela d'une ficelle ou d'un ruban de fil ; quel- ques châtreurs emploient un lien formé par de la filasse à demi tor- due. Pour placer ce lien, l'opérateur, après avoir refoulé les testicules vers l'abdomen, saisit les enveloppes de la main gauche, tandis qu'a- vec la main opposée il enroule la ligature autour du scrotum, tout contre les testicules en serrant avec une certaine force. A cet effet, l'un des bouts de la ligature est fixé dans la main gauche, et avec le bout opposé on fait cinq à six tours à la base des enveloppes et l'on réunit les deux chefs de la ligature par une simple boucle. Vingt-quatre ou trente heures après l'opération, un engorgement inflammatoire est survenu ; dès lors la détorsion des cordons n'est plus à craindre, et il faut enlever la ligature, ce que l'on fait très-facilement en tirant sur l'un des chefs de la boucle. Résultats anatomiques de l'opération. — On croyait autrefois que la torsion du cordon testiculaire qui constitue l'opération du bistournage s'effectuait dans la gaine vaginale elle-même, tandis qu'en réalité cette torsion se produit simultanément sur le cordon et la tunique érythroïde qui le recouvre. M. Serres a, le premier, signalé ce fait qu'il a observé en 1831 sur un poulain âgé de deux ans, qui, s'étant fracturé le fémur pendant l'opération du bistournage, dut être sacrifié, ce qui permit de constater les lésions suivantes : « Le testicule gauche, perpendiculaire à son cordon, est renfermé dans sa tunique érythroïde ; celle-ci est séparée entièrement du dar- tos ; le cordon testiculaire, y compris le crémaster, offre huit à dix tours ; les fibres de ce muscle, celles de la tunique érythroïde sont for- tement tiraillées ; le cordon testiculaire est aussi très-allongé. Les rapports du testicule et de l'épididyme ne sont nullement changés, si ce n'est que ces organes, au lieu d'être superposés, étaient paral- lèles (2). » J. Gourdon ayant eu l'occasion de faire l'autopsie d'un cheval bistourné par un très-habile châtreur des environs de Toulouse, et mort au moment où l'opération venait d'être terminée , Gourdon, disons-nous, a pu de cette manière vérifier l'exactitude des détails ana- tomiques donnés par M. Serres et reconnaître que le cordon testicu- (1) Recueil de médecine vétérinaire, 18C5, p. M5. (2) Journal des vétérinaires du Midi, 1858, p. 5S. CASTRATION DES MONODACTYLES. 431 laire, la tunique fibreuse et le crémaster se tordent ensemble pendant l'opération du bistournage. M. Reboul, qui a décrit le procédé employé par Lamarche, affirmait cependant que la torsion ne portait que sur le cordon testiculaire et se produisait clans la gaîne vaginale elle-même: mais M. Lamarcbe ayant bistourné un cheval à l'École d'Alfort, en présence de M. H. Bouley, celui-ci incisa les enveloppes, ce qui permit de constater que le muscle crémaster était enroulé dans sa longueur avec la gaîne vaginale et les vaisseaux ; en un mot, tout ce qui constitue le cordon était tordu d'environ huit demi-tours ou quatre tours complets (I). Appréciation. — Difficultés. — Contre-indications. — Le bistOUT- nage est sans contredit l'opération sous-cutanée par excellence, et à ce titre il réalise tous les avantages des opérations faites à l'abri de l'air ; ainsi les accidents gangreneux qui sont parfois la conséquence de la castration, faite parles méthodes ordinaires, ne sont point à redouter par l'emploi du bistournage, il en est de même de la péritonite. Mal- gré ces avantages incontestables, cette opération est encore peu pra- tiquée par les vétérinaires ; elle paraît être restée l'apanage presque exclusif des châtreurs de profession ; c'est qu'elle exige non-seule- ment de l'adresse, de l'habitude, mais encore une certaine force de poignet, dont les vétérinaires, même les plus habiles, peuvent n'être pas tous également pourvus. Toutefois, les manœuvres que comporte le bistournage peuvent être, dans beaucoup de cas, effectuées sans trop de difficultés. Ainsi chez les animaux jeunes, à testicules pendants et ovoïdes, la déchirure de l'enveloppe conjonctive s'opère assez facile- ment ; il en est de même, toutes choses étant égales d'ailleurs, sur les animaux à tempérament lymphatique. Chez l'âne et le mulet, l'opéra- tion présente plus de difficultés que sur le cheval. On conçoit aisément, du reste, que quand les testicules sont petits ou ronds, l'animal, avancé en âge, le bistournage demande une plus grande habitude. Néanmoins, si nous en jugeons par la pratique de M. Lelièvre, les difficultés de cette manœuvre opératoire auraient été exagérées ; en définitive, on peut les surmonter dans tous les cas où le bistournage n'est pas contre-indiqué. C'est ainsi que quand il existe des adhérences morbides entre les enve- loppes testiculaires, ou bien une dégénérescence des glandes spermati- ques, le bistournage ne saurait être mis en usage, et il faut avoir recours à une autre méthode de castration. Il en est encore de même quand on rencontre une hernie inguinale ; toutefois, dans ce dernier cas, si la hernie est réductible, on peut, après avoir fait le taxis, pratiquer le bis;tournage; alors, chaque testicule appliqué contre l'orifice inférieur du trajet inguinal, remplit le rôle d'un bandage contentif. (I) Recueil de médecine vétérinaire, 18G5, p. 355. W2 CASTRATION DES MONODACTYLES. ART. X. — SOINS A DONNER AUX ANIMAUX QUI ONT SUBI LA CASTRATION. On a beaucoup exagéré leur importance, comme en témoigne la pratique journalière. Ainsi quelques praticiens, Cailleux notamment, recommandaient une diète prolongée, des saignées successives pour prévenir la péritonite; d'autres ont prescrit des bains froids, des pro- menades quotidiennes de 2 à 3 heures. Or, dans la plupart des cas, les soins réclamés par les animaux qui ont subi la castration sont des plus simples, et même les châtreurs de profession, qui pratiquent le bistour- nage, les négligent tout à fait. 11 est certain que cette méthode sous- cutanée met l'animal à l'abri des principales complications que l'on se propose de prévenir par les soins hygiéniques dont les animaux opé- rés par les autres méthodes de castration sont l'objet. Ainsi, il faut attacher le sujet opéré, de telle sorte qu'il ne puisse porter les dents sur la région des bourses, surtout quand on a employé les casseaux; il est bon également de lui trousser la queue afin qu'elle ne s'embarrasse pas entre les casseaux, d'où résulteraient des tiraillements douloureux. Pour diminuer la fièvre de réaction, on laisse l'animal à la diète pendant deux ou trois jours; on se borne à lui donner de la paille et des boissons blanchies par la farine d'orge ; puis, les jours suivants, on le remet progressivement à sa ration habituelle. Vers le quatrième ou le cinquième jour, on enlève les casseaux, comme il a été dit précédemment. Il est préférable d'abandonner à elles-mêmes les plaies de castration plutôt que de chercher à en activer la cicatrisation par des lotions aromatiques ou autres; de môme, il faut s'abstenir d'introduire les doigts dans ces plaies sous le fallacieux prétexte d'en extraire les eschares produites par les appareils compresseurs et les caustiques; sous ce rapport encore, le praticien doit s'en remettre aux seuls efforts de la nature. Les lotions et les manipulations diverses que l'on peut pratiquer sur les plaies de castration doivent être proscrites, attendu que, dans la plupart des cas, elles aboutissent à la formation d'un cham- pignon, c'est-à-dire d'un accident qui, parfois, présente une sérieuse gravité. Après l'enlèvement des casseaux, on augmente graduellement la nourriture, et, si le temps le permet, on promène chaque jour l'animal pendant une heure ou deux. Vers le douzième ou le quinzième jour, on le remet au travail en ayant le soin toutefois de le ménager jusqu'à la cicatrisation complète des plaies de castration. ART. XI. — PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS A LA CASTRATION. Les plaies de castration ne peuvent se cicatriser par première inten- CASTRATION DES MONODACTYLES. 433 tion, car elles intéressent des tissus de nature très-diverse, tels que tis- sus séreux, fibreux, musculaire (blanc et rouge), conjonctif, cutané ; en outre, elles renferment, entre leurs bords, soit des caillots sanguins ou des débris d'eschares, soit des corps étrangers, notamment des cas- seaux, ou les liens constricteurs suivant le procédé mis en usage. On conçoit aisément que, chez le cheval surtout dont la faculté pyogé- nique est extrêmement prononcée, la cicatrisation immédiate ne sau- rait avoir lieu dans de semblables conditions. La suppuration est donc inévitable; toutefois, quand les plaies de castration suivent une marche régulière, la formation du pus s'effectue seulement, comme l'a fait remarquer M. H. Bouley, au niveau et au- dessous du point où le cordon a été coupé, c'est-à-dire dans toute la partie inférieure de la gaine et dans la plaie cellulaire et scrotale, tan- dis que, dans la partie supérieure de la gaine, au point de contact du feuillet séreux, qui enveloppe le tronçon du cordon, avec le feuillet pa- riétal qui l'entoure, l'inflammation reste adhésive. Ces phénomènes s'effectuent simultanément, de telle sorte qu'au fur et à mesure que le travail d'inflammation disjonctive s'établit dans la partie inférieure du cordon, une infiltration de sérosité plastique se produit dans le tissu conjonctif interposé entre les enveloppes, aug- mentant ainsi le volume des parties au point de mettre en contact in- time les deux feuillets séreux, pariétal et viscéral de la gaine, qui ne tardent pas à contracter entre eux d'étroites adhérences par suite de l'inflammation consécutive à l'opération. Le bourgeonnement charnu qui accompagne la cicatrisation des plaies de castration est plus ou moins prononcé suivant les procédés opératoires mis en usage. C'est ainsi que, quand la section du cordon a été faite d'une manière nette, par un simple coup de bistouri ou bien encore au moyen de la chaîne de l'éeraseur, la cicatrisation se fait avec une grande rapidité ; aussi est-il indiqué dans la méthode par la torsion de ne tordre que le faisceau antérieur du cordon, et de divi- ser le septum postérieur avec le bistouri. Lorsque l'a castration a été pratiquée par la méthode des casseaux, les lèvres de chaque plaie sont maintenues écartées; la cicatrisation se fait moins rapidement, il est vrai, mais la sérosité et le pus peuvent facilement s'écouler au dehors, et, sous ce rapport, cette méthode est préférable à la torsion, qui oblige l'opérateur à introduire les doigts, de temps à autre pendant les premiers jours de l'opération, entre les lèvres de l'incision pratiquée sur les bourses, afin d'en empêcher la réunion, d'où résulterait la rétention des produits inflammatoires, c'est-à-dire des abcès et même des accidents gangreneux. L'inflammation consécutive à la castration s'accompagne d'un en- gorgement œdémateux chaud et douloureux, qui apparaîtd'abord sur le scrotum et s'étend peu à peu sous le ventre, la poitrine et gagne parfois les membres antérieurs. Cet œdème n'offre aucune gravité tant qu'il Pevcu et Toussaint. — Chirurgie. H. 28 43i CASTRATION DES MONODAC7YLES. ne fait que progresser dans les parties inférieures du tronc, obéissant ainsi aux lois de la pesanteur : il en est autrement quand il acquiert en peu de temps des proportions considérables; en pareil cas, en effet, il constitue l'une des manifestations symptomatiques de la gangrène. La castration est toujours accompagnée d'une fièvre de réaction plus ou moins intense, suivant diverses circonstances dont les unes tiennent au sujet opéré, les autres, au procédé opératoire mis en usage et à l'habileté de celui qui l'exécute. Nous verrons plus loin, en comparant entre eux les différents procédés de castration, qu'il en est qui produisent une douleur beaucoup plus prononcée que d'autres et, par conséquent, un mouvement fébrile plus prononcé. Les symptômes de la fièvre de réaction deviennent de moins en moins manifestes au fur et à mesure que la suppuration s'établit, et, en géné- ral, ils ont entièrement disparu vers le septième jour, parfois même vers le cinquième. La cicatrisation des plaies de castration est complètement achevée au bout de vingt-cinq à trente jours ; chez quelques sujets âgés et débiles, elle se fait attendre jusqu'au quarantième et même au quarante-cin- quième jour. Dans quelques cas enfin, l'inflammation suppurative du cordon, au lieu de n'intéresser que la partie inférieure de cet organe, s'étend en hauteur, et il se produit alors un champignon. ART. XII. — EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PROCÉDÉS DE CASTRATION. Parmi les moyens d'émasculation dont nous disposons, il en est qui doivent être bannis de la pratique par suite des graves accidents qu'ils peuvent engendrer. De ce nombre se trouve Yexcision simple préco- nisée par l'hippiâtre Lafosse, dont le sens pratique a été mis en défaut dans cette circonstance. Cette méthode opératoire donne lieu à une hémorrhagie, qui, si elle n'est pas constamment mortelle, est toujours très-grave, et l'on ne comprendrait pas qu'un opérateur raisonnable pût s'exposer de gaieté de cœur à cette redoutable conséquence, si fa- cile à prévoir et à éviter. La torsion pratiquée au-dessous de l'épididyme est également une mé- thode défectueuse, qui est suivie presque inévitablement d'un cham- pignon, par suite de l'excès de longueur du cordon et des froissements que l'épididyme éprouve pendant les manœuvres nécessitées par la torsion, notamment l'application de la pince limitative. Nous en dirons autant du procédé de torsion bornée au moyen des mains seules. Ce procédé exige une force musculaire que ne possèdent pas tous les opé- rateurs, et il produit sur le cordon testiculaire des tiraillements qui peuvent être le point de départ d'une inflammation suppurative de cet organe. CASTRATION DES MONODACTYLES. 43o La ligature sous-cutanée du cordon testiculaire est, dit M. H. Bouley, difficile dans son exécution et incertaine dans ses résultats; elle ne saurait être appliquée avec quelque chance de succès que sur les jeunes animaux; chez les adultes, elle provoque une inflammation suppura- tive accompagnée de douleurs atroces exigeant à bref délai l'amputa- tion complète des testicules, c'est-à-dire une castration véritable. La ligature, directement appliquée sur le cordon mis à découvert, est certainement un procédé d'émasculation rationnel en principe ; toute- fois, il y a lieu de craindre que le cordon sur lequel on a appliqué une ligature se rétracte et remonte presque dans l'abdomen, ce qui déter- minerait une péritonite des plus graves et même mortelle, comme le prouve un fait observé par M. H. Bouley, sur un poulain de deux ans (I). On ne pourrait guère tenter la ligature du cordon avec quelque chance de succès, qu'en réservant cette opération pour les jeunes poulains, et en appliquant le lien constricteur sur le cordon recouvert du crémas- ter. Dans ce cas, la rétraction du cordon dans la cavité abdominale ne peut avoir lieu, et la ligature constitue alors un bon mode opératoire, comme en témoigne la pratique de M. Goux, d'Agen. La ligature de l'artère testiculaire, comme on la pratique chez l'homme, semble, à priori, un procédé susceptible de recevoir d'heu- reuses applications chez le cheval. Mais les expériences de M. Boulev, les faits observés par le vétérinaire anglais Thomson, démontrent « que ce mode opératoire n'est pas appelé à prendre rang parmi les procédés de notre chirurgie (2). » La torsion exclusive de l'artère testiculaire a été pratiquée, paraît-il, avec le plus grand succès, par des vétérinaires anglais, notamment Molyneux, Bichardson, Simonds, Daws etWardle. Le procédé mis en usage est analogue à celui qui a été décrit pour la torsion bornée. En employant ce mode opératoire, on s'est proposé de diminuer la dou- leur produite par la castration. Si l'on pouvait arriver à ce résultat en limitant la torsion à l'artère seule, dit M. H. Bouley, ce serait un per- fectionnement important de l'opération, puisque l'on éviterait ainsi aux animaux des douleurs, considérables et inutiles, qui sont la consé- quence de l'action violente exercée sur le plexus nerveux du cordon testiculaire. Le ratissement est encore une méthode de castration qui n'est point employée dans nos pays, quoiqu'elle soit très-répandue dans les pays chauds, notamment dans les Indes anglaises, où on la considère, dit- on, comme supérieure à tous les autres procédés d'émasculation. La méthode d' 'écrasement linéaire appliquée par M. H. Bouley à la castration du cheval est très-douloureuse, et exige un temps assez long; toutefois, elle offre l'avantage de ne pas laisser dans la plaie une partie (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Castration, p. 126. (2) Loco citato, art. Castration, p. 180. 436 CASÏKATION DES MONODACTYLES. mortifiée ou un corps étranger, comme dans la méthode par les cas- seaux, la ligature et le feu, qui entretient la suppuration et retarde la cicatrisation. Malgré ces avantages, cette méthode n'est point encore appliquée d'une manière suivie dans la pratique, et, en définitive, nous nous trouvons en présence de trois modes opératoires qui jouissent d'une faveur réelle hien qu'à des degrés différents. Ce sont : les cas- seaux, la torsion hornée et la cautérisation par le fer rouge. La méthode de castration par les casseaux est certainement la plus répandue et la plus accréditée auprès de la majorité des praticiens. D'une exécution prompte et facile, cette méthode, qui produit l'hémos- tase de la manière la plus parfaite, mérite certainement la préférence qu'on lui accorde si généralement. On l'a accusée, il est vrai, de pro- duire une douleur plus forte que celle déterminée par les autres mé- thodes d'émasculation. Nous ne savons pas au juste ce que ce reproche peut avoir de fondé, mais nous pouvons dire que. dans une pratique de quinze années, sur trois mille chevaux environ que nous avons vu châtrer ou châtrés nous-même, il ne nous a pas paru que la douleur fût aussi violente qu'on s'est plu à le dire; nous avons même constaté que, dans l'immense majorité des cas, la réaction fébrile consécutive à l'opération était très-peu manifeste ; toutefois, nous avouons qu'il ne nous a pas été donné de faire sur ce sujet des ohservations compa- ratives, les occasions nous ayant fait défaut. Des deux procédés que comporte cette méthode, celui à testicules couverts est préférable au procédé à testicules découverts, non pas parce qu'il s'oppose à l'intro- duction de l'air dans le péritoine, comme on l'a dit, attendu que ce phénomène n'est pas un danger, mais bien parce que ce procédé faci- lite l'inflammation adhésive des feuillets de la gaîne vaginale avec le cordon, ce qui prévient, dans une large mesure, la formation du champignon. La torsion hornée, pratiquée au moyen des instruments perfection- nés que nous avons décrits, a pris rang dans la pratique journalière d'un certain nombre d'opérateurs. Notons cependant que M. H. Bouley a constaté que l'engorgement consécutif est souvent plus considérable après la torsion que par l'em- ploi des casseaux, et qu'en outre, comme nous l'avons vu précédem- ment, les adhérences entre les lèvres de la plaie scrotale s'établissent avec une telle rapidité que, pour éviter la rétentiou du pus sécrété par l'extrémité tronquée du cordon, on est obligé, pendant les premiers jours qui suivent l'opération, d'introduire à plusieurs reprises les doigts entre les bords de la solution de continuité pratiquée sur les bourses. La castration par le feu jouit également d'une grande vogue, prin- cipalement dans les pays chauds et en Amérique notamment. On l'em- ploie également en Angleterre, dans quelques contrées de l'Allemagne et dans le nord de la France. Ses partisans croient que cette méthode jouirait du privilège démet- CASTIUTION DES MONODACTYLES. 437 treles animaux opérés à l'abri du tétanos. Quoi qu'il en soit, la cauté- risation du cordon testiculaire détermine parfois des brûlures de la face interne des cuisses par rayonnement calorifique, et, conséquem- ment, un engorgement consécutif quelquefois volumineux ; d'un autre €Ôté, « l'action hémostatique du cautère est moins certaine que celle de la torsion; souvent l'hémorrhagie se manifeste au moment même où l'on desserre les pinces fixées sur le cordon, ou peu de temps après que l'animal s'est relevé, ce qui s'explique par le peu d'épaisseur de l'eschare et la laxité comme la mobilité des parties aux dépens des- quelles elle est formée. » (H Bouley). (1). Il est enfin une méhode opératoire qui, pour être encore peu em- ployée par les vétérinaires, n'en présente pas moins de grands avan- tages : nous voulons parler du bistournage. Nous rappellerons que ce moyen d'émasculation, qui s'effectue à l'abri de l'air, prévient l'un des accidents les plus redoutables de la castration, c'est-à-dire la gangrène; à ce titre il mérite certainement d'être recommandé aux praticiens. ART. XIII. — ACCIDENTS QUI PEUVENT ÊTRE CONSÉCUTIFS A LA CASTRATION. Les accidents qui peuvent survenir après la castration sont : les coliques; l'hémorrhagie ; Yamawose ; Y engorgement œdémateux des bour- ses ; la gangrène; les abcès ; Y induration du cordon testiculaire ou cham- pignon ; les fistules ; la hernie; la péritonite et le tétanos. 1° Coliques. — Elles se manifestent en général, quelques minutes après que l'opération est terminée, parfois elles n'apparaissent qu'au bout de plusieurs heures. La promenade, des bouchonnements sur les parois abdominales en ont facilement raison. Ajoutons que, chez quelques sujets, les symptômes de coliques sont à peine marqués, quand on opère par la méthode des casseaux. 2° llémorrhagie. — Elle peut être primitive ou consécutive. L'hémorrhagie primitive résulte de l'insuffisance du moyen d'hémos- tase employé ; aussi esl-elle très-rare après la castration pratiquée par la méthode des casseaux. On conçoit aisément que, par l'emploi des autres moyens d'émasculation, l'accident qui nous occupe soit plus à craindre; ainsi, après l'excision simple, l'hémorrhagie est inévitable , aussi cette méthode, irrationnelle, est-elle abandonnée ; le ratissement, la cautérisation, la torsion constituent certainement des moyens d'hé- mostase; toutefois l'hémorrhagie primitive est plus à redouter après l'emploi de ces procédés opératoires que quand on a recours à l'usage des casseaux ou de la ligature. L'hémorrhagie consécutive se déclare principalement quand on em- (1) Loc. cit., art. Castiution, p. 175. 438 CASTRATION DES MONODACTYLES. ploie la méthode des casseaux, dès qu'on a enlevé ces appareils con- stricteurs. Dans ce cas, elle résulte, soit d'un défaut de compression des casseaux, soit des tiraillements exercés sur le cordon testiculaire en enlevant les casseaux, ou bien de ce que l'opérateur a coupé l'es- chare trop près des parties vives. Aussi est-il indiqué de ne pas toucher à cette eschare et de confier son élimination aux soins de la nature. L'hémorrhagie consécutive peut encore survenir quand bien môme on laisse les casseaux appliqués sur le cordon jusqu'à ce que l'inflam- mation éliminatoire les ait complètement détachés ; alors, en effet, le poids des casseaux tend à désunir l'eschare des parties auxquelles elle adhère, avant que le travail de la disjonction soit achevé entre elles deux. Cet accident peut encore survenir, si l'animal parvient à arracher les casseaux, ou bien si les crins de la queue s'embarrassent entre les branches de ces appareils, auquel cas le cordon peut être évidem- ment tiraillé pendant les mouvements qu'exécutent les animaux. L'écoulement sanguin qui s'effectue par le cordon testiculaire a lieu d'abord en un jet continu qui peut donner, d'après M. H. Bouley, jusqu'à un décilitre de liquide par minute, au début; puis cette hé- morrhagie se ralentit, le sang s'échappe goutte à goutte, et s'arrête ; toutefois, quand l'animal s'agite et trépigne par suite des douleurs ab- dominales qu'il éprouve, l'hémorrhagie se reproduit. Au fur et à me- sure que l'écoulement sanguin se tarit, des caillots se forment dans les bourses ; celles-ci augmentent peu à peu de volume et constituent une tumeur molle, pâteuse, légèrement crépitante dont le volume et la forme rappellent la disposition de la région scrofale chez le cheval en- tier. En comprimant cette tumeur, on fait sortir, parla plaie scrotale, les caillots dont elle était composée; alors l'hémorrhagie se reproduit. La gravité de cet accident varie suivant qu'il est primitif ou consé- cutif, et, dans le premier cas, selon le procédé opératoire mis en usage. On conçoit en effet que l'abondance de l'hémorrhagie est en raison du plus ou moins de perfection de la manœuvre opéraloire em- ployée ou mieux de sa valeur comme moyen d'hémostase. Ainsi, après la section nette du cordon l'hémorrhagie est très-forte et parfois mor- telle, tandis qu'elle est généralement nulle par l'emploi des casseaux. Les hémorrhagies consécutives sont plus à redouter que les pri- mitives, attendu qu'elles ont lieu par des vaisseaux enflammés dont 1;, rétractilité est sinon tout à l'ait nulle, du moins très -amoindrie, de telle sorte qu'elles peuvent se continuer pendant un long temps. Le traitement de l'hémorrhagie de castration varie suivant les cir- constances dans lesquelles cet accident se déclare. Ainsi, quand la castration a été pratiquée par les casseaux ou la ligature et que l'écou- lement sanguin se montre après l'excision des testicules, immédia- tement au-dessous de l'appareil constricteur, l'indication à remplir se présente en quelque sorte d'elle-même; on devine en effet qu'il suffit d'exercer une compression plus forte pour arrêter l'hémorrhagie. CASTRATION DES MONODACTYLES. 439 Dans la plupart des cas, de simples ablutions d'eau fraîche suffisent pour obtenir l'hémostase ; parfois on dispose dans la région des bourses une étoupade imbibée de perchlorure de fer, que l'on maintient par un bandage approprié (voyez tomel, p. 531). Lorsque l'hémorrhagie est abondante comme on l'observe dans le cas d'arrachement des casseaux, ou bien lorsqu'on se trouve dans l'impossibilité de surveiller attentivement le sujet opéré, il faut alors employer un moyen d'hémostase plus puissant. Le praticien aura le choix entre la compression et la ligature. « La compression, dit M. H. Bouley, est préférable, parce qu'elle est suffisamment efficace et qu'elle permet d'éviter les tiraillements du cordon que nécessite la ligature et l'action violente qui résulte d& sa constriction, laquelle devient trop facilement le point de départ de son inflammation diffuse et d'une péritonite consécutive. « La compression a en outre l'avantage d'être d'une exécution facile et de pouvoir être employée, môme quand on est pris au dépourvu, la nuit par exemple, alors que l'on n'a pas à sa disposition le nombre d'aides que réclame l'opération plus complexe de la ligature ; enfin la compression peut répondre à toutes les indications, tandis qu'il est des cas où le cordon est tronqué si haut, qu'il se dérobe complètement aux atteintes de l'opérateur et qu'il est par conséquent impossible de le comprendre dans un lien (1). » Pour effectuer la compression, on extrait d'abord les caillots conte- nus dans le sac vaginal que l'on bourre progressivement de boulettes d'étoupes imbibées de liquide hémostatique et antiseptique (eau de Rabel, acide phénique, perchlorure de fer). On maintient cette étou- pade en réunissant les lèvres de la plaie scrotale au moyen de la suture à bourdonnets ou de la suture enchevillée. Ce pansement doit rester en place quarante-huit heures au moins, afin d'éviter le retour de l'hé- morrhagie. Pour pratiquer la ligature, on couche l'animal et on l'assujettit comme pour* la castration, puis l'opérateur vide préalablement le sac vaginal des caillots sanguins qu'il renferme, et, avec une main intro- duite dans ce sac, il va à la recherche du cordon qu'il saisit et attire au dehors. Ce temps de l'opération est souvent fort difficile par suite de la rétraction que le cordon a éprouvée ; il peut même être nécessaire de faire sur la lèvre externe de la plaie scrotale une incision verticale pour bien mettre le cordon à découvert et faciliter l'application de la ligature. Quoi qu'il en soit, quand l'opérateur est parvenu, par une traction graduée et toujours modérée, à attirer le cordon un peu au delà de la plaie scrotale, « il plonge une aiguille à suture, munie d'un fil ciré dans le faisceau antérieur du cordon en arrière de l'artère sur laquelle (!) Loc. cit., art. Castration, p. 190. 440 CASTRATION DES MONODACTYLES. il noue étroitement l'anse du lien dont elle est ainsi enlacée. » (H. Bou- ley.) Enfin pour s'opposer à la rétraction du cordon vers l'orifice péri- tonéal du trajet inguinal, il faut le fixer aux lèvres de la plaie scrotale au moyen du lien qui l'étreint. 3° Amaurose. — Cette maladie, qui consiste en une abolition plus ou moins complète de la vision avec conservation de la transparence des milieux oculaires, a été observée parfois à la suite de la castration. Dans ce cas, l'amaurose a toujours été consécutive à une hémorrhagie de l'artère testiculaire, comme on peut s'en convaincre par les obser- vations de Fromage de Feugré, Gohier, H. d'Arboval (1), Riss et Del- wart (2). C'est généralement un accident incurable que l'on peut toutefois essayer de combattre par une médication tonique, reconstituante, une bonne alimentation ; on a aussi recommandé une médication locale, excitante, notamment des embrocations avec la pommade de Gondret, sur les paupières. 4° Engorgement œdémateux des bourses. — NOUS avons VU qu'il Sur- vient toujours, après la castration, un engorgement inflammatoire qui diminue peu à peu d'étendue au fur et à mesure que la suppuration s'établit et devient de plus en plus abondante. Dans la plupart des cas cet engorgement ne doit nullement inquiéter l'opérateur; la promenade, quelques mouchetures, l'emploi des diurétiques suffisent pour hâter la résolution. Parfois, l'œdème acquiert en peu de temps des proportions considérables, et, de chaud et douloureux qu'il était au début, il de- vient froid et insensible; en un mot, il revêt tous les caractères d'un engorgement gangreneux, et le traitement qu'il réclame n'est autre que celui de la gangrène elle-même dont nous allons parler. o° Gangrène. — Cet accident, qui n'est pas très-rare après la castra- lion, s'annonce par un engorgement volumineux de la région des bour- ses, et qui envahit en quelques heures la partie inférieure du tronc tout entière. Cet engorgement, d'abord chaud et douloureux dans le principe, devient promptement froid, insensible et crépitant ; en même temps, l'animal est triste, abattu, l'appétit est nul, la fièvre intense. La sécrétion purulente dont les plaies de castration étaient le siège avant l'apparition de la gangrène, est tarie et remplacée par un écou- lement de matière sanieuse exhalant une odeur très-fétide. Pour remédier à cette redoutable complication, il est indiqué d'a- voir recours à la cautérisation des plaies de castration avec le fer chauffé a blanc, aux injections antiseptiques, en même temps que l'on soumet l'animal à la médication phéniquée. Malheureusement, dans la plupart des cas, la gangrène poursuit sa marche envahissante et se termine rapidement par la mort de l'animal. (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1831, p. CôS. ("2) Traité de médeeme vétérinaire pratique, t. Ier, p. 24. CASTRATION DES MONODACTYLES. 441 6° Abcès des bourses. — On les observe plus souvent après l'emploi des méthodes de castration qui permettent la cicatrisation rapide des lèvres de la plaie scrotale, comme la ligature et la torsion, que quand on a pratiqué l'opération au moyen des casseaux ; en pareil cas, l'é- coulement du pus se fait avec facilité, puisque les branches de l'ap- pareil constricteur maintiennent béantes les plaies de castration. Toutefois, après l'enlèvement des casseaux, des abcès peuvent se former dans la partie déclive des bourses; nous en avons vu plusieurs exemples. Cet accident n'offre pas de gravité; en effet, il suffit d'empêcher l'occlusion trop rapide des plaies de castration en introduisant les doigts entre leurs lèvres ; par ce moyen une voie d'échappement est ouverte au pus, et la cavité qui le renferme se vide immédiatement. Dans d'autres cas, on ponctionne l'abcès d'un coup de bistouri. 7° Champignon. — On désigne sous ce nom une sorte de tumeur qui se développe à l'extrémité du cordon testiculaire ou dans l'é- paisseur même de cet organe, et sur une étendue plus ou moins consi- dérable. Quand cette tumeur se développe à l'extrémité tronquée du cordon testiculaire, elle est comme pédiculée et présente assez souvent une formé évasée, d'où le nom de champignon qui lui a été donné ; toute- fois cette dénomination s'applique également à la tumeur, plus ou moins allongée, qui résulte de l'induration du cordon sur une hauteur plus ou moins grande. Division. — Le champignon peut être limité à la partie terminale du cordon et former au dehors une tumeur bien apparente : on le dit alors extra-scrotal ; d'autres fois, il est sous-cutané, et, dans ce dernier cas, il peut être extra-inguinal, intra-inguinal ou intra-abdominal ', suivant l'étendue du cordon qui est intéressée. Causes. — Elles sont, dans la plupart des cas, bien difficiles à déter- miner, et souvent même insaisissables. On peut dire, d'une manière générale, que le champignon procède de l'excès d'inflammation dont les plaies de castration peuvent devenir le siège par suite de l'action opératoire elle-même, ou bien de diverses circonstances préexistantes ou intervenant après. On sait, par exemple, que les tractions trop violentes exercées sur le cordon au moment de l'opération favorisent la formation du champi- gnon. Il en est de même de certaines manipulations inconsidérées pen- dant la période de cicatrisation, notamment l'introduction répétée des doigts dans le sac vaginal ; ces manœuvres intempestives, détruisant les adhérences cicatricielles établies entre le cordon et les feuillets séreux de la gaîne, augmentent l'inflammation, et ainsi se trouve réalisée l'une des conditions les plus favorables au développement du cham- pignon. Dans le procédé de castration par les casseaux et à testicules décou- 442 CASTRATION DES MONODACTYLES. verts l'accident qui nous occupe est à craindre quand, d'une part, le cordon présente une grande longueur, et que, d'autre part, la tunique fibreuse n'a pas été débridée assez largement, de telle sorte que le cor- don se trouve complètement à découvert au-dessous des enveloppes. Un casscau appliqué trop haut sur le cordon ou bien un engorgement volumineux des enveloppes qui tend à repousser cet appareil constric- teur et à l'écarter des parois ventrales, détermine dans le cordon un état de tension extrême qui entretient l'inflammation dont cet organe est le siège. Ajoutons à ces causes l'insuffisance de la compression exercée par les branches des casseaux lorsqu'elles ne sont pas rapprochées au degré convenable, et, sous ce rapport, nous différons d'opinion avec M. H. Bouley, car nous avons constaté plusieurs fois des champignons dont nous avons cru pouvoir rattacher l'origine à cette cause ; aussi, dans l'opération de la castration à testicules couverts que nous faisons pratiquer journellement, avons nous le soin de faire rapprocher, jus- qu'au contact, les branches des casseaux, au moyen du petit étau por- tatif dont il a été parlé précédemment. Dans d'autres cas, le champignon se développe lorsque la castration est pratiquée, selon toutes les règles de l'art, par un opérateur habile et exercé, tandis que, dans des cas non moins nombreux, il n'apparaît pas, bien que l'opération ait été exécutée avec maladresse. Ces faits in- diquent évidemment que les causes du champignon peuvent être indé- pendantes du mode opératoire. Les dispositions individuelles des su- jets opérés, leur idiosyncrasie spéciale jouent peut-être un certain rôle dans le développement du champignon, mais nos moyens d'investi- gation ne nous permettent pas, quant à présent, de déterminer la part d'influence de ces causes générales. Tout ce que nous savons sur cette question difficile, c'est que l'induration ou les abcès du cordon lesti- culaire s'observent fréquemment quand les animaux opérés sont sous le coup de la diathèse gourmeuse ; aussi est-il contre-indiqué de pra- tiquer la castration en pareille circonstance. On croit généralement que les refroidissements influent, dans une large mesure, sur la production du champignon. Ainsi Schiitt, vétéri- rinaire à Saint-Pétersbourg', a publié un Mémoire (1) où il rapporte qu'en Russie le champignon apparaît fréquemment sur les chevaux châtrés pendant les saisons froides, quand on les promène en plein air, tandis U / Fig. 294. — Casseau, à vis, fermé vu de face (Magne). Fig. 295. — Brandie A du casseau à vis, vue de profil (Magne). de la castration du taureau, — Il faudrait se servir alors d'une sorte d'appareil compresseur représenté par une pince dont les mors se rap- procheraient comme ceux d'un étau et écraseraient ainsi, sous la peau et d'une manière instantanée, l'artère nourricière du testicule, d'où la formation d'un caillot obturateur et l'atrophie consécutive du testicule. CASTRATION DU VERRAT, DU CHIEN, DU CHAT ET DU LAPIN. 477 DE LA CASTRATION DU VERRAT, DU CHIEN, DU CHAT ET DU LAPIN On châtre le verrat à l'âge de six semaines à deux mois ; toute- fois, d'après Viborg, quand on attend jusqu'à l'âge de six mois le lard est plus ferme et plus consistant. Enfin les verrats destinés à la reproduction sont opérés à l'âge de deux ou trois ans et parfois même plus tard ; dans ce cas, le porc ne fournit qu'une chair dure, coriace, dit-on, mais la compensation est établie par les produits qu'il a procréés. Les gorets sont châtrés par l'excision seule ou complétée par la tor- sion ;les verrats, par ligature et parles casseaux. L'animal est assujéti par l'un ou l'autre des moyens qui ont été décrits tome Ier, p. 4G3. Nous ne décrirons pas ces procédés opératoires attendu qu'ils sont semblables à ceux que l'on met en usage chez les autres espèces ani- males. Le chien est émasculé par excision, torsion ou ligature suivant son âge, et après avoir subi cette opération il devient nonchalant, obèse et n'a plus pour lâchasse les mêmes aptitudes. Le chat est châtré par excision simple. Cette opération rend cet animal sédentaire ; il s'engraisse et sa fourrure devient plus touffue et plus soyeuse; en outre ses matières excrémentitielles, son urine sur- tout, perdent cette odeur si tenace et si repoussante qui rend le voi- sinage du chat entier si incommode. La castration du lapin produit de très-bons résultats ; l'engraisse- ment a lieu avec facilité; la fourrure devient plus touffue et la chair devient plus tendre et plus savoureuse. C'est à l'âge de trois mois que l'opération se pratique, chez cet animal, par le procédé d'excision sim- ple avec des ciseaux; il faut se garder d'exercer la moindre traction sur. le cordon testiculaire afin d'éviter la hernie de castration qui est à craindre, l'anneau inguinal étant très-dilaté normalement ; d'après Hurtrel d'Arboval l'émasculation par arrachement est souvent suivie de hernie mortelle. Le lapin qu'on va châtrer est tenu sur le dos par un aide 'qui tient les oreilles et les pattes de derrière ; l'opérateur saisit les testicules l'un après l'autre, sans trop les presser, avec les deux premiers doigts de la main gauche; de la droite, il incise longitudinalement le scro- tum, fait sortir les testicules, et les ampute, sans exercer de tiraille- ments en coupant le cordon. On laisse la plaie se refermer, on aban- 478 CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. donne l'animal, et, sans autres soins, en peu de temps la guérison a lieu. CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES On appelle cryptorchides des sujets appartenant soit à notre espèce, soit à diverses espèces animales, privés en apparence de testicules par le fait de la situation profonde de ces organes dans des régions où on ne les rencontre pas à l'état normal. On a donné encore à ces individus les noms d' 'anorchides ou énorchides quand les deux testicules manquent dans les bourses, monorchides quand un seul fait défaut. Ces dénominations sont inexactes, celle de cryptorchide ou crypsorchide (xpu7rrsiv, cacher, et opytÇ) testicule) con- viendrait mieux, en réservant d'ailleurs les expressions précédentes pour désigner les sujets chez lesquels il y a absence réelle d'un ou deux testicules. Vulgairement on donne les noms de pifs, riles, rots verts, etc., aux animaux affectés de cryptorchidie, quelle qu'en soit la variété. Cette anomalie paraît avoir été signalée, pour la première fois, chez les animaux par Olivier de Serres; elle a été étudiée ensuite par divers auteurs ou praticiens, notamment H. d'Arboval, qui a décrit le mode opératoire pour opérer la castration, quand le testicule n'a pas dépassé l'anneau inguinal. Brogniez, Marrel, Van-Haelst. Toutefois c'est à MM. Goubaux et Follin que la science est redevable des notions les plus précises sur la cryptorchidie (1). Ajoutons qu'en 1875, M. Degive, professeur de clinique à l'École de Cureghem-lez-Bruxelles, a publié un excellent mémoire sur la cas- tration des animaux cryptorchides. La cryptorchidie résulte d'un temps d'arrêt que les testicules subis- sent dans leur migration soit à la fin de la vie fœtale, soit après la nais- sance. On sait que, chez certaines espèces, le travail de la descente du testicule dans les bourses est effectué au moment de la parturition, tandis que chez d'autres, les solipèdes notamment, le testicule reste engagé dans le trajet inguinal plusieurs mois après la naissance (Voir tome Ier, p. 274). Les testicules peuvent s'arrêter tantôt dans l'abdo- men, tantôt à l'entrée ou dans l'intérieur du canal inguinal. Ces dif- férentes positions constituent autant de variétés de la cryptorchidie. Ce vice de conformation peut se rencontrer d'un seul côté, ou des deux à la fois, ce qui constitue la cryptorchidie simple et la cryptorchidie double. Mais ce qu'il importe surtout de connaître au point de vue chirurgical , c'est la situation du testicule. Aussi , à l'exemple de (1) Recueil de médecine vétérinaire, 185G, p. 508,599, 819. CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. 479 M. Goubaux, diviserons-nous les variétés de cryptorchidie en deux classes. Dans la première, appelée cryptorchidie abdominale par M. Degive, le testicule n'a pas franchi l'orifice supérieur du trajet inguinal et flotte dans la cavité abdominale ; dans la seconde ou cryptorchidie inguinale, le testicule a franchi en totalité ou en partie l'orifice précité et s'est en- gagé plus ou moins dans le canal. I. Cryptorchidie abdominale. — Le testicule flotte dans l'abdomen à l'extrémité d'un lien séreux analogue au ligament suspenseur de l'o- vaire chez la femelle, ou bien il contracte des adhérences soit avec l'un ou l'autre point de la paroi abdominale, soit avec les organes environ- nants (Goubaux et Follin). Dans quelques cas, fort rares, la gaine vaginale fait complètement défaut. « Elle est tout au plus représentée, dit M. Degive, par une lé- gère dépression intra-abdominale à laquelle on pourrait donner le nom de fossette vaginale, pour rappeler à l'esprit la cavité dont elle tient lieu. Dans d'autres cas, on constate l'existence d'une gaîne vaginale, plus ou moins rudimentaire qui contient une partie de l'épididyme et du gubernaculum teslis ou seulement une portion de celui-ci. II. Cryptorchidie inguinale. — Cette variété est caractérisée par la présence d'une gaîne vaginale plus développée que dans le cas précé- dent et dans laquelle se trouve le testicule. Ce testicule inguinal offre généralement un volume moindre que dans l'état normal; parfois même il est fortement atrophié et en ré- gression granulo-graisseuse. En outre, la sécrétion spermatique est profondément modifiée, à tel point que le fluide séminal ne renferme plus de spermatozoïdes; aussi les cryptorchides sont-ils inféconds, comme le prouve, du reste, l'exem- ple de l'étalon La Clôture. Cet étalon, qui fut acheté par l'administra- tion des haras, malgré l'absence de testicules apparents, a sailli, à Pompadour, quarante juments dont aucune n'a été fécondée. Causes de la cryptorchidie. — La plupart des auteurs attribuent l'ectopie testiculaire au défaut de rapport entre les dimensions du testicule et celles de l'ouverture qu'il doit franchir. D'autres pensent qu'il y a lieu de tenir compte dû mode suivant lequel le diamètre du testicule se présente à l'orifice péritonéal du trajet inguinal, consé- quemment, l'ectopie testiculaire a d'autant plus de chances de se produire que le testicule, par sa position, exige un passage plus large. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine, c'est que l'hérédité joue un grand rôle dans la production de la cryptorchidie. Ainsi, le cheval La Clôture était fils d'un étalon monorchide, Masters- Waggs, qui, outre celui-ci, eut encore, comme l'a rapporté M. Paugoué, plusieurs autres produits atteints de cryptorchidie. De plus, M. Degive, qui a opéré trente-sept chevaux cryptorchides, reconnaît que « cinq 480 CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. au moins avaient été engendrés par un étalon atteint de cryptorchidie unilatérale. » On doit donc écarter de la reproduction les sujets monorchides puis- qu'ils engendrent des produits inféconds. Caractères tles animaux cryptorenides. — 'Les signes à l'aide desquels on reconnaît la cryptorchidie sur le sujet vivant se tirent de l'examen de la région scrotale, du caractère général du sujet et de l'exploration rectale. Ainsi le sujet cryptorchide conserve le naturel du mâle entier ; comme ce dernier il entre en érection et manifeste en présence d'une femelle de son espèce, une ardeur et une impétuosité qu'on ne rencon- tre jamais au même degré chez le sujet qui a subi la castration. Mais avant de se prononcer sur l'existence de la cryptorchidie, il faut tenir compte de l'âge du sujet. Chez les solipèdes, les testicules sont géné- ralement descendus du sixième au dixième mois ; toutefois, sous ce rapport, il y a dissidence entre les observateurs. Ainsi Van-Haelst con- seille d'attendre jusqu'à trois ans pour décider si la difformité existe réellement. M. Degive pense qu'en règle générale, « la cryptorchidie doit être envisagée comme définitive vers l'âge de deux ans. » Il ne nous a pas été donné de contrôler l'exactitude de cette assertion. La question d'âge étant écartée, l'absence de cicatrices dans la région scrotaleindique évidemment la cryptorchidie, mais leur présence ne per- metpas toujours de conclure à la non-existence de l'anomalie. Use pour- rait que, dans un but frauduleux, on ait cherché à en produire. Si l'on conserve des doutes, il suffit de mettre l'animal suspect de cryp- torchidie en rapport avec une femelle, et, s'il est atteint de cryptor- chidie, il se comportera comme un mâle entier. Le diagnostic est alors établi. Comme surcroît de preuve, on pourrait examiner le sperme au microscope et constater qu'il ne renferme point de spermatozoïdes. L'exploration rectale est expressément recommandée ; elle constitue un excellent moyen de diagnostic en même temps qu'elle fait entrevoir au chirurgien les difficultés, plus ou moins grandes, que pourra pré- senter la castration. Dans le cas de cryptorchidie unilatérale, par exemple, la main, gantée des parois du rectum, reconnaît l'orifice péritonéal resté libre, tandis que du côté opposé on ne trouve pas cet orifice, et, de plus, on sent le testicule que l'on peut même faire vacil- ler. Dans un cas de cette nature, M. Lenglen a même constaté qu'en comprimant le testicule, l'animal cherchait à se défendre (1). Il est à remarquer que l'ectopie testiculaire a lieu généralement du côté gauche. (Goubaux et Diericx.) « Sur 37 cas, M. Degive ne l'a cons- tatée que trois fois à droite. Chez trois sujets elle était double. » Inconvénients i»ri'sentvs par les animaux crjptorchiiles. — Aéces- site d'y remédier /Kir In cas/ration. — Les chevaux cryptorchides sont fougueux, emportés, criards, entrent souvent en érection, et leur utili- (1) Recueil de médecine vétérinaire, ISTi, p. 501. CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. 481 sation pour les différents services qu'on exige d'eux est souvent fort dangereuse. A l'écurie, ils cherchent à frapper leurs voisins, à les mor- dre, et, sans être précisément méchants pour les hommes, ils ne lais- sent pas, vu leur caractère indocile, que d'être à redouter. Ces chevaux ne peuvent convenir au service de l'armée, car, quand des juments passent auprès d'eux, ils cherchent à s'échapper et troublent ainsi les manœuvres. « Partout enfin où ils se trouvent, dit J. Gourdon, ils deviennent un sujet d'embarras, sont dangereux, difficiles à conduire et font toujours un plus mauvais service que les chevaux entiers ordi- naires, sans qu'on puisse même espérer de les réduire par le travail, comme on a quelquefois mais vainement essayé de le faire. » Les cryptorchides appartenant aux espèces ovine et caprine ne laissent pas que de présenter également des inconvénients. Ainsi l'ani- mal de l'espèce ovine qui est affecté de ce vice de conformation est impropre à la reproduction et sa chair exhale une mauvaise odeur, semblable à celle du bélier dont il présente ainsi tous les inconvénients sans aucune compensation pour l'éleveur. Les porcs cryptorchides s'engraissent mal et leur chair possède une odeur forte et repoussante ; en outre, Festal a remarqué que ces ani- maux sautent sur les autres porcs, qu'ils mordent parfois avec achar- nement. Pour tous ces motifs, on doit donc faire subir la castration à ces animaux, d'autant plus que les résultats obtenus par M. Degive de l'École de Bruxelles et par un vétérinaire belge M. Diericx d'Aeltre, sont des plus encourageants. Ainsi M. Degive rapporte que sur 37 chevaux opérés par lui, 4 ont succombé aux suites de l'opération, les 33 autres se sont parfaitement rétablis, bien que parmi ceux-ci la plupart fus- sent atteints de cryptorchidie abdominale ; chez quatre seulement l'hétérotopie était simplement inguinale. § 1er. — Castration des cryptorchides dans l'espèce chevaline. Avant de pratiquer la castration sur un cheval cryptorchide, M. Degive le soumet, pendant huit jours, « à un régime composé de bonne paille, d'un peu d'avoine et d'eau de son légèrement salée ; il reçoit une dose quotidienne de teinture d'arnica, 30 grammes, administrée en une fois, le matin, dans un demi litre d'eau froide. » Notre collègue belge attri- bue « à l'emploi de cet agent Yabsence fréquente et tout à fait complète de réaction fébrile, à la suite des lésions très-étendues et profondes pro- duites par les manipulations chirurgicales employées. » Instruments. — Ils ne diffèrent pas de ceux employés ordinairement pour la castration ; il faut toutefois se munir des objets nécessaires pour faire une suture simple ou enchevillée suivant les cas, comme on le verra plus loin. Pblcu et Toussaint. — Chirurgie. II. — 31 482 CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORC11IDES. Manuel opératoire. — On distingue diverses méthodes, suivant qu'il s'agit de cryptorchidie inguinale ou de cryptorchidie abdominale. A. Castration du cheval affecté de cryptorchidie inguinale. — Cette opération a été décrite d'abord par Hurtrel d'Arboval, puis par Van Haelst. Elle comprend deux temps principaux. Disons au préalable que le sujet est couché et assujéti comme pour la castration ordinaire. Premier temps. Incision des enveloppes testiculaires et dissection de la gaine vaginale. — Cette incision doit être pratiquée sur la région scrotale au point où se trouve normalement le testicule. Pour cela, l'opérateur fait un large pli transversal sur le scrotum, dont il confie une des extré- mités à un aide; à l'aide du bistouri on incise, d'avant en arrière, le pli cutané et l'on pratique de la sorte une solution de continuité d'une longueur moyenne de 10 à 15 centimètres. On soulève ensuite la lèvre externe de cette plaie, et, par quelques coups de bistouri, on divise la couche fibreuse jaune et dartoïque qui s'étend sur la région de l'aine. Il s'agit de disséquer la gaine vagino-testiculaire ; pour cela, le chirur- gien introduit les deux mains dans la plaie et dilacère les tissus à l'aide des doigts légèrement recourbés en crochets. « Durant cette opération on évitera avec soin, dit M. Degive, d'appuyer sur les parois de l'espace inguinal, sur le côté interne surtout, où la résistance à la perforation est relativement assez faible. » « Lorsque la gaine vaginale a été suffisamment déchatonnée, dit le même auteur, on peut parfois placer les doigts assez haut pour pincer le testicule » et le maintenir pendant qu'on incise la gaîne comme dans le procédé de castration à testicules découverts. Si le testicule est trop profondément situé pour être saisi avec les doigts, « on peut recourir à l'emploi d'une érigne pointue ou d'une pince à dents de souris pour soulever et tendre la membrane pendant l'action de l'instrument tran- chant. » (Degive.) Deuxième temps. Ablation du testicule. — La gaîne vaginale étant ouverte le testicule apparaît plus ou moins au dehors et on opère alors soit par Y écrasement linéaire, la torsion bornée, le feu ou les cadeaux. M. Degive accorde la préférence à l'écrasement linéaire et ce procédé nous paraît très-rationnel. Les suites de cette opération sont absolument semblables à celles de la castration ordinaire : il est donc inutile d'y revenir. B. Castration du cheval atteint de cryptorchidie abdominale. — D'après M. Degive cette opération peut avoir lieu par l'un ou l'autre des procédés suivants. PREMIER PROCÉDÉ. — CASTRATION PAR L'jNCISION DU FLANC. On opère sur l'animal debout, fixé dans un travail, ou mieux sur le sujet couché sur le côté opposé à celui qui correspond à l'ectopie tes- ticulaire. CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. 483 L'opération comprend quatre temps. Premier temps. Incision du flanc. — Elle doit être pratiquée dans le creux du flanc entre la hanche et la dernière côte. Elle peut être e ffec- tuée en incisant successivement lesplansanatomiques suivant une direc- tion parallèle à l'incision cutanée ou hien, comme le conseille M. Degive, suivant la direction des fibres musculaires delà région. C'est ainsi que notre collègue de Bruxelles pratique d'abord « une incision cutanée per- pendiculaire ou transversale, » puis trois divisions musculaires à direc- tions plus ou moins opposées: « la première oblique en avant et en bas, (muscle petit oblique), la seconde oblique en arrière et en bas (muscle grand oblique) et la troisième transversale (muscle transverse) placée dans le même sens que la plaie cutanée. » « Nous avons constaté que ces divisions musculaires successives s'opèrent avec la plus grande facilité, presque sans le secours de l'instru- ment tranchant et n'occasionnent point d'hémorrhagie. » Quoi qu'il en soit, le péritoine doit être incisé avec ménagement. A cet effet, on pra- tique dans cette membrane une petite ouverture, sorte de boutonnière, soit avec les ciseaux, soit en ratissant avec la pointe du bistouri. Cela fait on introduit la sonde dans cette ouverture, et, s'en servant comme de conducteur, on débride l'ouverture péritonéale dans une étendue suffisante pour donner passage à la main. Deuxième temps. Préhension du testicule. — L'opérateur introduit la main dans la cavité abdominale : il rencontre d'abord les intestins qu'il écarte; puis il va à la recherche du testicule qui se trouve placé « plus ou moins près de la région lombaire » ; pour rencontrer le testicule il faut que la main suive, comme le conseille M. Degive, « l'un ou l'autre des trois bords libres de son ligament suspenseur : l'antérieur bordé par les vaisseaux testiculaires, le postérieur limité par le canal déférent et l'externe bordé par un dernier rudiment du gubernaculum testis. Quand le testicule est trouvé on l'amène doucement au dehors. » Troisième temps. Ablation du testicule. — Elle a lieu par l'un ou l'autre des procédés déjà signalés : écrasement, torsion bornée, ou cautéri- sation. Quatrième temps. Suture de la plaie abdominale. — Elle est à points continus ou à points séparés. D'après M. Degive les suites de cette opération peuvent être favorables et, s'il faut en croire quelques chàtreurs, le rétablissement de l'animal opéré aurait lieu assez promptement. M. Degive pense qu'une large couche d'onguent vésicatoire, appliquée sur la plaie du flanc immédia- tement après l'opération, prévient le développement de la péritonite <( infectieuse ou non. » 48Ï CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCIIIDES. DEUXIÈME PROCÉDÉ. — CASTBATION PAR L'iNCISION DE L'ABDOMEN l'RÈS DE L'ANNEAU INGUINAL. Dans ce procédé, les divers temps opératoires ressemblent à ceux que nous venons de décrire; toutefois « l'incision de l'abdomen est pratiquée un peu en avant du trajet inguinal et parallèlement au grand axe de son orifice externe — Les intestins ayant de la tendance à sortir doivent être maintenus par un aide jusqu'à la fin de l'opération (De- give).» Ce procédé, qui aurait été employé trois fois avec succès par Mar- rel, nous paraît impraticable ou tout au moins d'une exécution très- difficile, attendu qu'une éventration est inévitable. Or l'imminence d'un pareil danger est de nature à faire rejeter l'opération dont il s'agit. TROISIÈME PROCÉDÉ. — CASTRATION PAR LA PERFORATION DU TRAJET INGUINAL. Ce procédé est véritablement le seul qui nous paraisse présenter quelques chances de succès. D'après M. Degive la castration du che- val pif, par voie inguinale, est employée depuis longtemps par les chà- treurs flamands et d'après M. Van Seymortier ce procédé opératoire donnerait des résultats satisfaisants. De plus M. Degive pense « que la proportion des succès ne fera qu'augmenter et que l'on pourra bientôt mettre en parallèle la mortalité des chevaux pifs et des étalons ordi- naires châtrés. » Quoi qu'il en soit, voici l'opération dont il s'agit. Préliminaires. — Lavage du fourreau. — Quand le caractère du sujet le permet on doit laverie fourreau la veille de l'opération. Position et contention du sujet. — « Pour opérer à l'aise par la méthode inguinale, on couchera l'animal sur le dos, les quatre membres fléchis contre le tronc et fixés deux à deux (un antérieur et un posté- rieur du même côté), au niveau et en arrière de chaque coude, à deux anneaux solides reliés par une forte courroie ou un large faisceau de cordes embrassant les régions supérieure et latérale de la poitrine un peu en arrière du garrot (Degive). » Pour maintenir l'animal dans le décubitus dorsal on le cale en quelque sorte à l'aide de longues bottes de paille bien serrées. Dans cette position, l'opérateur peut introduire sa main dans le trajet inguinal sans être gêné outre mesure par la con- traction musculaire. Opération proprement dite. — Premier temps. Ouverture de l'abdomen, — A cet effet, l'opérateur incise le scrotum et le dartos comme dans le cas de eryptorchidie inguinale ; il débride ensuite l'anneau ingui- nal externe en déchirant avec les doigts le tissu cellulaire lâche et abondant qui recouvre l'orifice inférieur du trajet inguinal. « On recon- naît, dit M. Degive, que lebutest atteint quand la main peut être portée avec facilité sur l'anneau inguinal dont elle doit bien sentir la com- missure interne ou prépubienne. CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCIIIDES. 485 « On doit éviter, dans cette manipulation, de former des culs-de-sac inutiles et trop étendus dans l'une ou l'autre direction, surtout vers les parties antérieures où l'accumulation des liquides inflammatoires pour- rait amener de fâcheuses conséquences. » L'opérateur doit ensuite perforer le trajet inguinal; à cet effet il se place derrière le sujet à opérer, puis avec la main droite, par exemple, s'il s'agit d'ouvrir le canal inguinal correspondant au côté droit, il pousse « avec une douce lenteur dans la direction du trajet inguinal en appu- yant légèrement la main sur l'arcade crurale et lui imprimant, de temps en temps, de légers mouvements de torsion. Grâce à cette pression, com- binée aux mouvements de rotation, la main parvient à se frayer un pas- sage à travers l'anneau inguinal d'abord, puis dans le trajet qui lui suc cède et arrive ainsi contre le péritoine où les doigts peuvent sentir la forme des anses intestinales. L'opérateur déchire cette dernière couche par la pression d'un doigt, l'agrandit ensuite à l'aide de plusieurs doigts et lui donne une étendue variable suivant qu'il veut introduire toute la main ou une partie seulement dans la cavité abdominale. « Deux difficultés principales peuvent se montrer pendant cette ma- nœuvre opératoire : la résistance naturelle de l'anneau inguinal et la compression résultant des contractions parfois très-violentes des mus- cles de l'abdomen et du membre postérieur. » Ces différents obstacles peuvent être surmontés si l'on opère avec lenteur et tout en conservant son sang-froid. M. Degive avoue que dans un cas il fit fausse route par suite de la fatigue qu'il avait éprouvée en perforant l'entrée du trajet inguinal. « Une éventration s'ensuivit et entraîna bientôt la mort du sujet. » Depuis lors M. Degive a eu le soin de suspendre l'opération pour prendre un peu de repos afin d'éviter « une fatigue et une défaillance de la main; il nous est même arrivé plusieurs fois, dit-il, de retirer la main soit de l'espace inguinal soit de la cavité abdominale, et toujours nous n'avons eu qu'à nous féliciter d'avoir agi de la sorte. » Pour fa- ciliter l'intromission de la main dans le canal inguinal, il faut avoir le soin de rapprocher les doigts en cône après qu'on les a préalablement enduits d'huile d'olive ou bien imbibés d'eau additionnée de teinture d'arnica, comme le pratique généralement M. Degive. Deuxième temps. Préhension du testicule. — « Dans la plupart des cas il suffit d'introduire trois doigts dans l'ouverture péritonéale pour saisir le testicule ou une partie de l'épididyme et les amener au dehors par la voie inguinale. Pour peu que les doigts tardent à trouver ces organes, nous plongeons sans hésiter la main entière dans la cavité ab- dominale. « Le testicule se trouve généralement à peu de distance de l'ouverture interne. Il arrive que l'on est assez heureux pour le rencontrer immé- diatement en avant et un peu en bas de cette ouverture; d'autres fois la main est passablement contrariée par la présence des intestins ou du grand épiploon. Dans ces cas, elle commence par déplacer ces organes, 480 CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCI1IDES. puis explore tout le pourtour de l'ouverture péritonéale. Durant cette opération elle rencontre soit le testicule, l'épididyme, soit l'un ou l'autre de trois bords libres de son appareil suspenseur. De ces trois bords, le plus facile à distinguer est sans contredit le postérieur, celui qui porte le canal déférent. « Dans les cas difficiles, c'est le cordon formé par celui-ci qui sert de guide pour arriver jusqu'au testicule ou à la queue de l'épididyme. « Quand la main tient l'un ou l'autre de ces deux organes, elle l'amène au dehors par une traction lente et continue. Si l'on tire sur l'épidi- dyme seulement le testicule suit de près et apparaît bientôt dans le trajet inguinal ou à son orifice extérieur. » Troisième temps. Ablation du testicule. — Elle a lieu par l'un ou l'autre des différents procédés opératoires décrits précédemment et sur lesquels nous n'avons pas à revenir. Nous rappellerons seulement que M. De- give, qui a acquis une grande habileté pour la castration des chevaux cryptorchides, préfère l'écrasement linéaire, au .moyen de l'écraseur de Chassaignac, à tout autre procédé opératoire. Les châtreurs de profes- sion emploient la cautérisation par le fer rouge. Un praticien belge, M. Diéricx d'Aeltre, obtient de bons résultats par l'emploi de la ligature du cordon testiculaire. Quatrième temps. Réunion de la plaie extérieure. — M. Diéricx, après avoir placé sa ligature, laisse remonter le testicule dans le trajet in- guinal, puis il rapproche les deux lèvres du scrotum et les réunit par quelques points de suture en surjet. On coupe les points de suture trois jours après l'opération : le testicule ne tarde pas à être éliminé. Un châtreur belge, M. Parret, enfonce une forte tente d'étoupes imbi- bées d'huile à une profondeur de 12 centimètres dans le trajet inguinal après avoir enlevé le testicule; il termine l'opération en appliquant deux points de suture dans le milieu de l'incision scrotale, un de chaque côté de la tente qui doit faire saillie au dehors. Cet appareil de pansement doit être enlevé après quarante-huit heures; il a pour but de préve- nir l'éventration. Mais M. Degivefait remarquer que cette complication n'est pas à craindre quand la perforation du canal inguinal a été faite en exécutant méthodiquement les différentes manœuvres opératoires que nous avons reproduites ; à tel point que notre collègue de Bruxelles n'emploie plus la suture. Il se contente d'opérer l'ablation du testicule par l'écrasement linéaire ou la torsion bornée sans s'occuper de la plaie scrotale; il évite ainsi des engorgements inflammatoires quelquefois très-volumineux. « Nous avons opéré de la sorte, dit-il, nos 13 derniers sujets; tous sont guéris sans avoir présenté le moindre accident. » Effet» et soins consécutifs. — Les suites de cette castration sont semblables à celles que l'on observe, dans les circonstances ordinaires, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit d'un animal normalement conformé. Dans quelques cas pourtant l'engorgement du fourreau prend des propor- tions considérables ; il s'étend sous l'abdomen et peut même arriver en- CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES. 487 tre les membres antérieurs. Une bonne couche d'onguent vésicatoire est le meilleur moyen d'en obtenir la résolution. La hernie est un accident qui a été quelquefois constaté après la castration des che- vaux cryptorchides; elle est constituée ordinairement par l'intestin grêle , quelquefois par le grand épiploon et très-exceptionnellement par le petit côlon. Pour prévenir le développement de cette hernie, il est bon de placer l'animal opéré sur une litière inclinée d'arrière en avant. Quand la hernie s'est déclarée on y remédie par les moyens qui ont été indiqués à l'article éventration (Voyez page 351). La péritonite est une complication assez fréquente de l'opération dont il s'agit. C'est afin de la prévenir que l'on prescrit la saignée, la diète, le sel de nitre, la teinture d'arnica, quelque temps avant et après l'opération. Nous avons étudié en son lieu la péritonite de castration (page 451), nous n'avons pas à y revenir. §2. —Castration des cryptorchides dans les espèces bovine, ovine et porcine. La cryptorchidie paraît très-rare chez le taureau ; elle a été obser- vée une fois par le docteur Rayer et une fois par M. Degive. Si l'on avait à opérer un taureau cryptorchide, on pourrait avoir recours, suivant le cas, à l'un ou l'autre des procédés opératoires que nous venons de décrire pour le cheval. Nous nous bornerons à faire remarquer que la péritonite serait sans doute moins à craindre chez cet animal que chez le cheval : les chances de succès seraient donc ainsi augmentées. La castration de l'agneau cryptorchide a été pratiquée par Ancèze, vétérinaire à Villeneuve-sur- Lot. Voici le procédé qu'il a mis en usage : L'animal étant couché sur le côté droit, l'opérateur placé en arrière coupe la laine sur le flanc gauche ; puis il fait dans le milieu de cette ré- gion, à 5 centimètres de l'angle externe de l'ilium, une incision verticale de 6 centimètres par laquelle le doigt est introduit dans l'abdomen ; il le dirige vers la région lombaire où il saisit le cordon spermatique et amène au dehors le testicule. Une ligature est appliquée sur le cor» don, le testicule est amputé ; puis le cordon est refoulé dans la cavité abdominale, après quoi la plaie est fermée par une suture à points continus. L'opérateur répète ensuite la même manœuvre dans le flanc opposé, et il extrait ainsi le testicule droit. La castration du porc rite a été pratiquée d'une manière analogue par Labory, Festal, etc. On s'assure au préalable si le porc est cryp- torchide ou monorchide, ce qui n'est pas toujours facile quand on n'a d'autre guide que l'incision déjà faite. S'il s'agit d'un porc monorchide on couche l'animal sur le côté opposé à celui où existe le testicule ; on pratique dans le flanc une incision de 10 à 12 centimètres en incisant couche par couche et avec précaution surtout quand on arrive sur le 488 CASTRATION DES FEMELLES. péritoine. L'opérateur introduit ensuite 2 ou 3 doigts dans l'abdomen et cherche le testicule à la région sous-lombaire. Cette manipulation ne laisse pas que de présenter de sérieuses difficultés, car la glande sper- matique se trouve tantôt vers la partie inférieure de l'abdomen, tan- tôt à la partie supérieure. Quelquefois même, dit-on, le cordon testi- culaire acquiert une telle longueur qu'il s'entortille avec une anse intestinale. On conçoitdès lorsque l'opération estdespluscompliquées. Le testicule étant saisi, on l'attire doucement au dehors et on excise le cordon par ratissage ou râclement. Si l'on a affaire à un cas de cryptorchidie double, on peut faire passer les deux testicules par la même incision. 11 est à remarquer que chez le verrat, les suites de cette opération sont aussi simples que celles de la castration ordinaire. B. CASTRATION DES FEMELLES Cette opération consiste dans Yablation ou Yextirpation des or- ganes essentiels de la génération, c'est-à-dire des ovaires. Elle pro- duit chez les femelles les mêmes effets que chez les mâles. Ainsi les femelles castrées, soustraites à l'influence du sens génital, se mo- difient dans leurs formes et dans leur caractère et elles acquièrent de la sorte une plus grande aptitude à l'engraissement. Néanmoins la castration chez les femelles est beaucoup plus rarement pratiquée que chez les mâles en raison de la difficulté qu'elle présente par le fait de la situation profonde des organes qu'il faut enlever. Chez la truie, c'est pourtant une opération usuelle, tandis qu'elle est rarement mise en usage sur la vache et plus rarement encore chez la jument. ART. Ier. — CASTRATION DE LA VACHE, Cette opération est connue depuis longtemps. Olivier de Serres, Thomas Bartholin, l'ont mentionnée dans leurs écrits; toutefois ce n'est guère qu'en 1831 que l'attention fut appelée sur cette opé- ration parla relation des tentatives fructueuses de Thomas Winn, fermier aux Natchez dans la Louisiane (États-Unis d'Amérique). En 1832, Levrat, vétérinaire à Lausanne (Suisse), commença à pra- tiquer la castration de la vache, et, dans plusieurs mémoires, publiés à ditlerentes époques (1), il fit connaître le procédé opératoire et les résultats qu'il avait obtenus. Divers praticiens étudièrent ensuite cette opération ; nous citerons Régère, de Bordeaux, Putot, Lorin, Aubin, (I) Recueilde médecine vétérinaire, 1834, p. C5; 1838, p. 4:2; 1838, p. 357 et 42'. CASTRATION DES FEMELLES. 489 Morin, M. Rey, Roche-Lubin, Prangé , et enfin M. Charlier, alors vétérinaire à Reims, inventa une métbode chirurgicale qui diminue les chances d'insuccès de la castration pratiquée sur la vache. M. Charlier a cherché à propager cette opération et à l'introduire comme une coutume régulière dans l'économie rurale devant donner des résultats sérieux. Aussi nous inspirerons-nous surtout des écrits de ce laborieux praticien pour rédiger cet article. § 1er. — Effets, utilité et indications de la castration chez la vache. Influence de la castration sur ïa sécrétion «lu lait. — Thomas Winn avait cru pouvoir établir que les vaches castrées, les bœu- vonnes comme les a appelées ensuite M. Charlier, conservaient pen- dant plusieurs années la quantité de lait fournie au moment de l'opé- ration, attendu que l'époque des chaleurs ne vient plus interrompre cette fonction. Ce fait, exagéré par Thomas Winn, est pourtant exact ainsi que le prouvent les nombreuses observations de Levrat, de Ré- gère et surtout de M. Charlier. Ce praticien ayant châtré 67 vaches, sans en perdre une seule, chez M. Ménard propriétaire, à Huppemeau (Loir-et-Cher), on a pu constater une augmentation notable de la quan- tité de lait. Ainsi, avant la castration, M. Ménard obtenait en moyenne de chacune de ses petites vaches « 1,890 litres par an; depuis la cas- tration, dit-il, les vaches me donnent, pendant la première année, une moyenne de 3,300 litres de lait (1). » A ce fait, nous pourrions en ajouter d'autres tout aussi favorables et qui permettent de conclure que la castration pratiquée chez la vache, au moment du rendement maximum, maintient la production du lait à ce même chiffre pendant une durée moyenne de 12, 15 à 18 mois, pouvant exceptionnelle- ment aller jusqu'à 2 ans. Toutefois pour obtenir ce résultat, il est nécessaire de pratiquer la castration sur des vaches encore jeunes et en bon état, et de ne pas attendre surtout qu'elles soient revenues en rut, ce qui tarit le lait et s'oppose à l'engraissement. Le lait des vaches castrées est plus riche en beurre et en caséine que celui des vaches ordinaires. Voici les résultats de diverses ana- lyses chimiques faites par Maumené. Les analyses ont porté sur le lait de 8 vaches, dont 2 non châtrées et 6 ayant subi l'opération. Les 2 premières, sur 1000 parties, ont donné, en beurre et caséum réunis : l'une 66, l'autre 80,4. Les autres donnèrent : la plus faible 101, la plus riche 150; les 6, en moyenne 121, 6. Les analyses de Grandval con- cordent avec celles-ci et établissent, en résumé, une différence de plus d'un tiers en caséum et en beurre, en faveur des vaches castrées. Influence de la castration sur l'engraissement. — Cette influence (1) Journal des vétérinaires du Midi, 185G, p. 3S3. 490 CASTRATION DES FEMELLES. est des plus manifestes, elle a été constatée môme par les adversaires de cette opération : aussi, sous ce rapport entre autres, la castration de la vache présenle-t-elle une importance qu'on ne saurait mécon- naître. De nombreux faits démontrent que les vaches castrées, conve- nablement nourries, s'engraissent tout en donnant du lait, et que la quantité de ce liquide ne commence à diminuer sensiblement que lorsque la formation de la graisse devient plus active. On sait que dans les conditions ordinaires, pour faciliter l'engraissement, on met la vache en état de gestation. Cette pratique est certainement défectueuse, car, ainsi que l'observe M. Charlier, il vaut mieux em- ployer ses fourrages à fabriquer du lait et de la viande que de les faire servir à la formation et au développement d'un fœtus et de ses annexes, qui seront jetés à la voirie. En outre, la viande des vaches pleines est généralement de mauvaise qualité ; elle est bouffie, mo- lasse, légère, se corrompt facilement et ne donne qu'un médiocre bouil- lon. Par contre la chair de la vache castrée est « tendre, succulente ; les fibres musculaires sont entremêlées de graisse, son grain est plus tin ; elle contient, sous un même poids, plus de matériaux nutritifs, plus d'osmazôme, plus de jus; sa saveur est toujours plus agréable et la digestion en est plus facile. » (Charlier.) Influence de la castration sur le caractère et la santé des vaches. — La castration chez la vache, comme chez les autres animaux domesti- ques, modifie le caractère des sujets qui l'ont subie ; elle les rend plus dociles, plus maniables et d'un abord moins dangereux. Ces effets se font surtout remarquer quand il s'agit de vaches atteintes de nympho- manie, et quel'on désigne vulgairement sous les noms de brutes ou tau- réitères. Ces vaches, qui sont presque constamment en chaleur, sont sauvages, difiiciles, dangereuses même à conduire ; elles tracassent et attaquent sans cesse leurs voisines, et peuvent, ainsi donner lieu à de nombreux accidents. En outre ces bêtes, par suite de la surexci- tation générale qu'elles éprouvent, profitent mal de la nourriture qui leur est distribuée ; elles ne s'engraissent pas et leur viande est mai- gre, sèche, coriace, d'un goût désagréable et ne peut être vendue uni- quement que comme viande de basse boucherie. Les vaches taureliè- res sont généralement stériles. Pour tous ces motifs, la castration est indiquée dans les cas de ce genre. En effet, la castration appliquée à la vache taurelière amène chez elle le calme et la tranquillité. «La bête qui a subi l'opération, ne saute plus sur les autres, se lient à l'écart, cherche le repos pour manger et dormir. La vache, auparavant amai- grie, acquiert de l'embonpoint, devient aussi belle que les autres et donne à la boucherie autant de suif et une viande aussi belle que celle fournie par les bonnes vaches castrées dans un parfait état de santé et non moins estimée que la meilleure viande de bœuf. » (J. Gourdon.) Essais défavorables à la castration «les facbes. — Plusieurs prati- ciens, Prévost de Genève, Roche-Lubin, ont prétendu que la castra- CASTRATION DES FEMELLES. 491 tion des vaches diminue plutôt qu'elle n'augmente la production du lait et que ce liquide n'acquiert pas de qualité supérieure à celui des vaches non-châtrées. Un vétérinaire anglais, Copeman, a prati- qué la castration, par la méthode de l'incision du flanc, sur 50 vaches d'un âge variable entre cinq et douze ans. « L'opération fut faite le 8 et le 9 juin 1849. Une vache âgée, dont le système nerveux reçut une vive commotion, mourut le troisième jour; une autre succomba 42 jours après l'opération. » La sécrétion du lait diminua notablement chez les 3/a des animaux opérés, de telle sorte qu'on dut les vendre pour la boucherie quatre mois après l'opération . Les autres bêtes continuèrent à donner du lait pendant plus d'un an. « Une seule con- tinua à avoir du lait deux ans après l'opération (1). » Les résultats dé- favorables que la castration a donnés, dans ce cas, tiennent peut-être à ce que « les sujets opérés étaient probablement, comme le dit J. Gour- don, des vaches durham, race très-peu laitière, disposée surtout à la production delà graisse ; » toutefois, nous pensons que le mode opé- ratoire a dû exercer ici une grande influence. On a vu, en effet, que le vétérinaire anglais, Copeman, a opéré la castration par l'incision du flanc. Or, les faits prouvent surabondamment aujourd'hui que, grâce à la méthode d'opération par le vagin, introduite dans la pratique par M. Charlier, les suites de la castration de la vache ne diffèrent guère de celles de la castration des mâles et que les chances d'insuccès sont diminuées dans une large proportion. Au surplus, M. Charlier lui-même reconnaît qu'il est des circonstances défavorables au succès de l'opéra- tion, a S'il est, dit-il des vaches castrées qui donnent peu de lait et restent maigres, il faut en accuser les diverses (conditions où elles se trouvent et non l'opération. Ainsi j'ai opéré des vaches phlhisiques ou affectées de pleuro-pneumonie chronique, fort maigres, qui donnè- rent peu de lait et ne s'engraissèrent point. J'en ai opéré d'autres qui, épuisées par des désirs erotiques, prirent peu d'état après la castra- tion, et donnèrent peu de satisfaction à leur propriétaire sous le rap- port de la production du lait. J'en opérai une chez moi qui ne parais- sait pas malade ; elle donna d'abord passablement de lait, puis diminua sensiblement, mais ne s'engraissa pas au milieu des autres. Je la mis à part, je lui lis donner du grain cuit en sus de sa nourriture ordinaire : elle ne s'engraissa pas davantage. Enfin, je la vendis au boucher en moyenne chair, et à l'abattoir je reconnus que le foie était rempli de dépôts tuberculeux. N'en serait-il pas de même pour des bœufs qui se- raient dans de semblables conditions (2) ? » Conditions favorables à la pratique de l'opération. — L âge qui convient le mieux pour la castration est, pour les bonnes vaches, c'est-à-dire pour celles qui reviennent régulièrement en chaleurs et (1) The vetcrinorian, 1855, n° d'août, p, 449, (21 Charlier, Etude sur la castration des vaches, p. 42. i-92 CASTRATION DES FEMELLES. font veau chaque année, de 6 à 8 ans. D'après M. Cliarlicr, on con- çoit aisément, en effet, que sous le rapport de l'âge, la castration ne peut être pratiquée dans le jeune âge, comme sur la plupart des autres animaux domestiques, à toutes les époques de la vie, et qu'elle ne précède jamais que de peu de temps, de 1 an, en moyenne, le mo- ment où la bête doit être sacrifiée, attendu qu'il faut nécessairement, soit pour la conservation de l'espèce, soit pour l'établissement com- plet de la lactation, laisser la vache se reproduire plusieurs fois avant de procéder à l'ablation des ovaires. La castration doit être pratiquée dans le deuxième mois qui suit la parturition, soit -40 jours après. C'est à cette époque que la vache donne le plus de lait surtout après le deuxième ou le troisième vêlage. Enfin, pour pratiquer la castration, on doit choisir le moment où la vache ne soit pas en rut, ni en état de gestation. Dans le premier cas, en effet, les ovaires sont le siège d'une congestion sanguine pouvant déterminer une hémorrhagie plus ou moins grave ; dans le second, on a lieu de craindre un avortement. §2. — Dispositions anatomiques des organes de la génération chez la vache. Nous devons décrire ici les particularités suivantes, utiles à con- naître pour pratiquer la castration, et nous renvoyons le lecteur à la première partie de cet ouvrage (T. I, p. 313), pour l'étude générale des organes de la génération de la vache. 1° Vagin. — Cet organe présente chez la vache la forme « d'une poire allongée, d'une longueur de 25 à 30 centimètres, dont la partie la plus renflée se trouve en avant, vers le fond de l'organe. Aussi son diamètre, assez grand pour qu'on puisse y introduire un et même deux bras, est-il très-inégal; à son fond dans l'état ordinaire, il me- sure environ 15 centimètres, tandis qu'il ne dépasse pas 8 à 9 centi- mètres vers l'orifice postérieur de l'organe, resserré comme une sorte de détroit. En outre, dans sa longueur, il présente une série de plis qui lui permettent de se dilater (l). Nous ferons remarquer ici que le vagin, par ses faces latérales, qui sont très-vasculaires, touche les gros vaisseaux pelviens qui rampent à la face interne du bassin. 2° Utérm. — « Le col ou extrémité postérieure de l'utérus forme un prolongement cylindrique,! court, à parois épaisses et résistantes en saillie dans l'intérieur du vagin, dont la muqueuse l'entoure et se con- tinue avec la sienne propre. Au centre de ce prolongement est l'orifice vaginal de l'utérus, ouverture à bords froncés, radiés, toujours resserrée sur elle-même, excepté au terme de la gestation. En avant, le col est continué par le corps de la matrice à peu près piriforme, plus gros vers su partie antérieure ou base, laquelle se divise en deux moitiés laté- (I) J. Gourdon, Traité de la castration, p. 385. CASTRATION DES FEMELLES. 493 raies, se continuant parles cornes d'un volume plus considérable. Les dimensions du corps et des cornes utérines olî'rent de nombreuses variations suivant l'âge du sujet, le nombre des gestations. La lon- gueur moyenne du corps, vu à l'extérieur, est ' d'environ \o centi- mètres; celle des cornes est de 20 à 25 centimètres. » 3° Ligaments larges. — Le bord libre de chacun de ces ligament* (fig. 296, L) offre une longueur de 30 à 40 centimètres, d'après J. Gour- don, et présente une direction flexueuse surtout en approchant de la Fig. 296. — Ovaire droit de la vache avec les parties auxquelles il est attaché. U, corne droite de l'utérus. | I, ligament ovarien inférieur. L, ligament large. I A, artère ovarique. L', bord antérieur de ce ligament. I Y, veines ovarique?. 0, ovaire. | T, oviducte. R, repli péritonéal dans lequel se trouve soutenu ] P, pavillon de la trompe. l'ovaire. X, orilice supérieur de la tro:npe. S, bord libre supérieur du repli péritonéal ou li- I Z, partie intérieure de la trompe. gainent ovarien supérieur. (Empruntée au Traité de castration de J. Gourdon). corne utérine où il soutient l'oviducte et son pavillon. — Entre les deux lames séreuses, qui constituent le ligament large, se trouvent : 1° l'artère ovarique, ou utéro-ovarienne (• fig "296, A) qui, en appro- chant de l'ovaire, forme deux branches principales offrant des circon- i'.ii CASTRATION DES FEMELLES. volutions analogues à celles de l'artère testiculaire ; 2° les veines ova- riques, V, moins flexueuses que l'artère, mais beaucoup plus dévelop- pées et formant des réseaux qui embrassent l'ovaire de toutes parts. 4° Ovaire. — Cet organe {fig. 296, 0) « forme chez la vache une petite masse ovoïde, du volume d'une grosse amande, située à la face interne, près du bord antérieur du ligament large, à 5 ou 6 centimètres au- dessus de la corne utérine correspondante. En ce point, l'ovaire, appliqué sur le ligament large, se trouve sou- tenu par un repli séreux, R, détaché du feuillet interne de ce ligament, et contenant l'ovaire entre ses deux lames, près de son bord antérieur. A l'extrémité supérieure ou externe de l'ovaire ce repli forme un bord libre, renforcé de quelques fibres grises constituant un véritable liga- ment, S. A l'autre extrémité existe un ligament semblable, i, dirigé transversalement, beaucoup plus fort, plus tenace que le précédent, et qui semble formé par le prolongement des fibres mêmes de la matrice. L'ovaire, tendu entre ces deux ligaments, se trouve ainsi solidement fixé au ligament large, et n'en peut, être détaché que par un assez grand effort. « La duplicature séreuse, en se rabattant sur le ligament large, constitue une sorte de poche, dont l'ouverture est tournée en bas, ayant l'ovaire pour bord interne, et qui peut servir de guide pour la re- cherche de cet organe (I). » La castration de la vache peut se pratiquer, soit par l'incision du flanc, soit par le vagin. Cette dernière méthode est bien préférable à la première, qui aujourd'hui n'est mise en usage que chez les génisses quand l'étroitesse du vagin est telle qu'on ne peut introduire la main dans cet organe. § 3. — Opération par la méthode vaginale. Cette méthode a été introduite dans la pratique, en 1850. par M. Charlier. A la même époque, elle a été mentionnée par Prangé, qui en revendiquait la priorité. Toutefois, il est incontestable que c'est bien M. Charlier qui, le premier, a fait connaître le manuel de l'opération dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences, le 29 juillet 1850. Le procédé Charlier primitif a été diversement modifié ou perfectionné par divers opérateurs, notam.ment MM. Charlier, Colin, Prangé, Richter, Redler, etc. Lieu d'élection. — L'incision nécessaire pour aller à la recherche de l'ovaire doit être pratiquée dans le fond du vagin et en haut, à trois travers de doigt environ ou immédiatement au-dessus de l'orifice du col utérin et dans la ligne médiane, suivant qu'on ophe par le procédé Char- lier ou par le procédé Colin. En ce point, on est aussi près que possible M) J. Gourdon, loco eitato, p. 390. CASTRATION DES FEMELLES. 495 des ovaires ; partout ailleurs on pourrait faire fausse route ou bien blesser des vaisseaux, qui offrent parfois un certain volume. Ainsi, en incisant en arrière, on risquerait d'atteindre le rectum; sur les côtés, il faudrait faire une incision pour chaque ovaire; en outre, on diviserait les vaisseaux qui rampent dans l'épaisseur des parois du vagin. Soins préliminaires. — La vache qu'on se propose d'opérer doit être à jeun : il faut la traire avant l'opération ; puis vider le rectum et la vessie. Pour cela faire, on provoque la défécation au moyen d'un ou deux lavements d'eau salée tiède, et l'émission de l'urine, soit en titillant le méat urinaire avec le bout du doigt, soit en introduisant une algalie dans la vessie. La vache doit être assujétie debout, attachée et maintenue à la tête, par les naseaux et les cornes avec les doigts ou les mouchettes. 11 faut trois aides, l'un à la tête, les deux autres placés un vers chaque hanche pour empêcher la vache d'avancer et de se jeter à droite et à gauche. L'aide qui se trouve vers la hanche gauche tient, en outre, la queue relevée sur le dos pour ne pas gêner l'opérateur. Enfin, on place la vache autant que possible sur un terrain incliné, le train postérieur plus élevé que l'intérieur, afin que la masse intestinale, se portant en avant, laisse à l'opérateur plus d'aisance et de sécurité. A. — Procédé Charlier. 1° appareil instrumentai. — Les instruments employés primiti- vement dans ce procédé sont : un dilatateur ou extenseur vaginal, un bistouri à serpette, une paire de ciseaux courbes à longues branches, une paire de pinces à torsion et un poucier en acier. a. Dilatateur vaginal. — « C'est une espèce de spéculum (fig. 297) qui était formé dans le principe: 1° d'une tige recourbée présen- tant à l'endroit où doit se pratiquer l'incision , une fenêtre ovale évasée en dessous, longue de 9 centimètres et large de 3 ; 2° d'une es- pèce d'étui allongé, soudé par un bout à l'extrémité postérieure de cette tige et fixé par l'autre bout, formant virole, sur le manche F de l'instrument ; cet étui contient dans son intérieur une crémaillère re- posant sur un pignon qui sert à la faire cheminer en avant ; 3° de quatre bandes flexibles en acier trempé C'C'CC" adaptées d'une part à l'extrémité de la crémaillère , de l'autre à une pièce qui se fixe en de- dans de l'extrémité de la tige. Ces quatre bandes s'écartent progressi- vement à chaque tour du pignon, qui les pousse de telle sorte que quand l'appareil est introduit dans le vagin, les parois de cet organe se tendent, ce qui permet de faire une incision très-nette. Ajoutons qu'il existe en avant un prolongement mousse, d'une longueur de 35 millimètres, destiné à être introduit dans le col utérin pour fixer l'instrument. 496 CASTRATION DES FEMELLES. Pour obvier à certains inconvénients de cet appareil, M. Charlier en a remplacé la bande fenètrée par une sorte d'arc {fig. 298 et 301, C) Fig. 297. — Dilatateur vaginal primitif s, 187(5, p. 28. CASTRATION DES FEMELLES. 519 6° Accidents. — a. Hémorrhagie. — Elle résulte d'une torsion insuf- fisante. Or, nous avons dit précédemment que la torsion pouvait être remplacée avec avantage par l'écrasement au moyen de l'instrument de Ghassaignac ; ce procédé chirurgical nous paraît bien supérieur à l'ancien, sous le rapport de l'hémostase. b. Péritonite. — Elle se manifeste du quatrième au sixième jour, et, chez la jument castrée le. traitement de cette redoutable complication est le même que celui de la péritonite de castration, chez le cheval. c. Abcès dans le bassin — Cette complication s'annonce par une cer- taine raideur du train postérieur, parfois même, dit-on, par une boite- rie d'un membre postérieur. L'émission de l'urine et la défécation sont gênées et paraissent très-douloureuses. L'exploration rectale permet d'établir le diagnostic avec précision. On remédie à cet acci- dent en pratiquant la ponction au moyen du bistouri droit, en ayant le soin de limiter la lame au moyen d'un peu d'étoupe. Quelques soins de propreté suffisent ensuite pour amener la guérison. ART. III. — CASTRATION DES PETITES FEMELLES DOMESTIQUES. La castration ne se pratique que sur la truie et la chienne : elle est de nos jours complètement abandonnée pour la brebis, attendu qu'on est parvenu à développer l'aptitude à l'engraissement dans de telles proportions que la castration n'a plus de raison d'être chez ces femelles. Du reste, si on voulait châtrer une brebis, on emploierait un procédé semblable à celui que nous allons décrire pour la truie. § 1. — Castration de la truie. La castration de la truie, pratiquée de toute antiquité, a été décrite avec quelque précision, en 1641, par Thomas Bartholin, puis étudiée par la plupart des auteurs vétérinaires. Indications. — Age convenable. — En pratiquant la castration chez la truie, on a pour but de faciliter l'engraissement de cet animal dont l'instinct génésique est très-développé et très-précoce. Ainsi, vers l'âge de six mois, les truies commencent à entrer en chaleur; alors elles s'agitent, grognent, tourmentent les autres animaux, se nourrissent mal, dépérissent, ne prennent pas de graisse. Par la castration, on fait cesser cette cause d'excitation et la truie s'engraisse. Quand on élève les truies, exclusivement en vue de l'engraissement, cas le plus fréquent, on les châtre vers l'âge de six semaines à deux mois: les conséquences de l'opération étant alors moins à redouter. Lorsqu'on livre ces animaux à la reproduction, on les opère aussitôt qu'on cesse de les faire porter. Il est bon que la truie à opérer ait été préalablement mise à la diète i20 CASTRATION DES FEMELLES. pendant quelques heures avant l'opération. Cette précaution, qui n'a de L'importance que chez les truies âgées, est souvent négligée, sans inconvénient, pour les jeunes. On opère également en tout temps, néanmoins les chaleurs de l'été peuvent favoriser la gangrène, et le froid de l'hiver, la péritonite : il est donc convenable de choisir le printemps ou l'automne. Disposition anatomique de l'appareil génital (fig . 311). — La matrice de la truie est remarquable par les proportions considérables de ses cornes qui, dans l'état de vacuité de l'utérus, flottent au-dessus , I Fig. 311. — Organes génitaux d'une très jeune truie (coupe médiane et antéro- postérieure). 6, vessie. 7, rein. 9, intestin. 1, ovaire. 2, flexuosités de l'une des cornes de la matrice 3, corps de l'utérus. 4, rectum. 5, vagin. 10, tronçon de l'une des cornes de L'utérus des circonvolutions intestinales, par suite du grand développement en hauteur des ligaments larges, développement tel qu'on peut faire pas- ser par une môme incision latérale de l'abdomen les deux cornes uté- rines et les ovaires qui leur font suite. Les ovaires sont situés en dedans de ces ligaments, à très-peu de distance de l'extrémité terminale des cornes. Chez les truies d'un mois à six semaines, le calibre des cornes utérines est égal à celui d'une plume d'oie, tout au plus; l'ovaire pré- sente une couleur rouge cramoisi, un aspect finement granuleux et le volume d'une lentille. Dans les truies de six mois, les cornes ne se dis- tinguent de l'intestin que par l'épaisseur moindre de leurs parois et l'absence du mésentère. L'ovaire présente le volume d'une grosse ave- CASTRATION DES FEMELLES. 321 line et même d'une petite noix; il offre un aspect irrégulièrement bos- selé, dû aux nombreuses vésicules qui soulèvent son enveloppe. Opérations. — a. instruments. — Viborg conseillait l'usage d'une sorte de couteau (fig. 312), dont la lame a 3 centimètres de large sur 4 de longueur, avec le tranchant droit et le dos arrondi vers la pointe. Fig. 312. — Couteau pour l'incision du flanc (castration de la truie). Cet auteur indique également un autre instrument recommandé par le vétérinaire Helper {fig. 313) comme préférable au précédent. Quel- ques châtreurs se servent d'un rasoir. Nous nous servons d'un bistouri Fig. 313. — Bistouri de Helper pour l'incision du /hua- (castration de la truie). convexe. Il faut en outre se munir d'une paire de ciseaux courbes et d'une aiguille à suture enfilée d'un fil en double, ciré. Si l'on craint une hémorrhagie des vaisseaux ovariques, on joint à ces instruments deux pinces anatomiques pour en faire la torsion, ou un fil à ligature. b. Manuel opératoire. — Il diffère quelque peu, suivant l'âge des truies à châtrer. 1° Castkation des truies très-jeunf.s. — On considère comme telles les bêtes âgées de six semaines à deux ou trois mois. Pour pratiquer l'opération, on couche la truie sur une table ou à terre. Dans le premier cas, deux aides sont nécessaires, l'un d'eux tient la tête de l'animal et serre le groin; l'autre saisit les membres posté- rieurs et les porte en arrière afin que la région du flanc soit bien tendue.; il est avantageux, comme le conseille Yiborg, que le membre posté- rieur superficiel soit croisé en arrière sur l'autre, afin de changer les rapports de la peau du flanc avec les parties qu'elle recouvre et que le parallélisme des incisions n'existe plus quand l'animal est remis sur ses pattes. Quand l'animal est maintenu sur le sol, « l'opérateur peut contribuer à son assujettissement, comme l'indique Viborg, en se plaçant, assis sur une chaise, au niveau de son dos, un pied appuyé sur son cou, tandis que l'autre, glissé sous le flanc du côté sur lequel a lieu le décubitus, sert à soulever la masse abdominale et à tendre davantage les parois du ventre (1). » (H. Bouley.) La truie â castrer (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., art. Castration, p. 273. 522 CASTRATION DES FEMELLES. doit être couchée sur le côté droit, de manière à présenter le flanc gauche à l'opérateur, qui se place vers le dos de l'animal. Premier temps. Incision des parois du flanc. — La truie étant ainsi maintenue, on coupe préalablement les soies à l'endroit où l'opération doit être faite; puis on pratique l'incision du flanc. Celle-ci peut être verticale, transversale ou oblique. L'incision verticale doit être faite « immédiatement au-dessous du relief de l'apophyse transverse de l'avant-dernière vertèbre lombaire, à un centimètre environ de la saillie de l'angle externe de l'ilium. Viborg conseille de la pratiquer en ligne droite de cet angle, c'est-à-dire parallèlement à la ligne vertébrale, et Festal (Philippe), sur le milieu d'une ligne qui partirait de ce même angle pour aller tomber sur la deuxième mamelle abdominale (1). » De même que M. H. Bouley et M. Percheron, nous pensons que les deux premiers modes sont préférables au dernier, car plus l'incision est supérieure, plus elle facilite la recherche des ovaires. Nous pratiquons l'incision du flanc sur un pli à la peau, cette incision a une étendue de 4 à 5 centimètres ; puis, par deux ou trois coups de bistouri donnés avec ménagement, nous divisons les couches musculaires sous jacentes jusqu'au péritoine. Il s'agit alors d'ouvrir complètement la cavité ab- dominale. On peut y parvenir de deux manières : tantôt on saisit le péritoine entre les mors d'une pince anatomique ou simplement entre le pouce et l'index au moment où il s'engage entre les lèvres de la plaie pendant fes efforts expulsifs, et on le ponctionne au moyen du bistouri dans une étendue assez grande pour y introduire le doigt ; tantôt comme le pratiquent les chàtreurs de profession, on transperce, après avoir incisé la peau, les fibres musculaires et le péritoine avec l'ongle de l'index conservé un peu pointu à cet effet. Mais, par ce dernier procédé, on est exposé, comme le fait remarquer Festal, à dé- coller le péritoine, et à favoriser ainsi la formation d'une hernie dont l'étranglement serait à redouter par suite de la cicatrisation de la plaie péritonéale. Deuxième temps. Recherche et extirpation des ovaires. — Le péritoine ouvert, l'opérateur passe l'index droit dont la pulpe est tournée en haut et un peu en arrière, entre la colonne vertébrale etles intestins ; puis, il cherche à la région sous-lombaire un petit corps dur, un peu aplati, de la grosseur d'une lentille, qui n'est autre chose que l'ovaire. On accroche cet organe avec le doigt indicateur, plié à cet effet, et on le conduit, en le faisant glisser contre la face interne de l'abdomen, jusqu'à l'ouverture du flanc, en appuyant le pouce sur la peau, tout près de la plaie, afin de saisir l'ovaire au dehors. Cela fait, on tire la corne utérine correspondante jusqu'à la bifurcation, de telle sorte que la corne droite opposée arrive à l'ouverture abdominale entraînant avec elle l'ovaire qui lui fait suite. Ces manœuvres sont délicates et exigent une grande habitude. (I) Luc. cit., art. Castration, p. 273. CASTRATION DES FEMELLES. 523 On conçoit en effet que le petit volume de l'ovaire, chez les jeunes femelles, en rend la recherche fort difficile ; aussi a-t-on conseillé d'ac- crocher d'abord, à la région sous-lombaire, la corne utérine du côté de l'incision et de l'amener au dehors, où en la dévidant on amène l'o- vaire, et l'on agit comme précédemment pour trouver l'ovaire du côté opposé en se guidant sur la corne, la première sortie, qui sert en quel- que sorte, comme le dit M. H. Bouley, de fil conducteur. Dans les nombreuses castrations de truies que j'ai pratiquées, tantôt c'est l'ovaire qui a été saisi le premier, tantôt une des cornes de la ma- trice, et je dois reconnaître que quand l'incision du flanc a été pra- tiquée au point convenable, il est tout aussi facile de trouver l'ovaire que la corne utérine. Lorsque les deux ovaires sont sortis de l'abdomen, on tient les deux cornes de la main gauche, et les ovaires sont arrachés avec les doigts de la main droite. Ce mode d'extirpation est préférable à l'excision avec les ciseaux qui produit toujours une hémorrhagie. Il faut avoir le soin d'emporter bien complètement les deux ovaires afin que la bête ne puisse revenir en chaleur. Cette précaution est capitale. Chez les jeunes truies il arrive souvent qu'on arrache en même temps que les ovaires une partie et même la totalité des cornes utérines, comme je l'ai vu faire souvent à un chàtreur bressan. Cette mutilation est géné- ralement bien supportée par la truie, mais on conçoit aisément qu'elle est irrationnelle et qu'il suffit pour que la castration soit complète, que les deux ovaires soient extirpés. Pendant l'opération, la bête pousse des cris aigus, s'agite violem- ment, de telle sorte qu'il n'est pas rare de voir une anse intestinale faire hernie au dehors. Pour éviter cela, l'opérateur doit maintenir le doigt dans l'abdomen et surtout avoir le soin de ne procéder à la recherche des ovaires, au dévidement des cornes et à leur réduction que dans l'intermittence des efforts expulsifs. Troisième temps. Réduction des cornes de la matrice et suture de l'in- cision du flanc. — Les ovaires amputés, on fait rentrer les cornes de la matrice dans la cavité abdominale. Pour cela, on les refoule graduelle- ment entre les deux doigts indicateurs qui agissent alternativement et en mesure. On termine l'opération en réunissant les deux lèvres de la plaie cutanée par une suture en X ou bien par un point de suture en surjet. En pratiquant cette suture, il faut veiller à ce qu'une anse d'in- testin, refoulée dans les efforts expirateurs, ne soit traversée et fixée par l'aiguille. M. H. Bouley a vu une fois cet accident et il a eu des suites mortelles. "2° Castration des truies âgées. — Quand la truie est arrivée à l'âge de six mois et à plus forte raison quand elle est âgée de quinze à dix-huit mois, deux aides sont nécessaires pour l'assujettir, l'un tient la tête et l'autre les membres postérieurs. On pratique l'incision du flanc comme chez les jeunes truies ; toute- 524 CASTRATION DES FEMELLES. fois, dans la plupart des cas, on ne peul perforer le péritoine avec le doigt à moins d'exercer de violentes pressions qui entraînent des dé- collements étendus, aussi est-il préférable de le ponctionner avec le bistouri. La recherche des ovaires offre moins de difficultés que chez les jeunes truies, car ces organes présentent le volume d'une petite noix, leur consistance est dure; leur surface, granuleuse et comme bosselée. Quand on a saisi l'ovaire gauche on l'attire au dehors et on le détache par la torsion à l'aide des mains seules ou de deux pinces anatomiques dont l'une, appliquée sur le ligament ovarien, l'étreintet le fixe, tandis que l'autre sert à le tordre et à le rompre. Ce premier ovaire enlevé, il est une précaution essentielle à observer, c'est de ne pas tirer au dehors, comme on le fait chez les jeunes truies, les deux cornes de la matrice pour atteindre l'ovaire opposé ; car ces cornes étant extrême- ment développées, on ne pourrait plus ensuite les faire rentrer dans l'abdomen, sans des manipulations violentes et dangereuses. Donc, comme le recommande Festal, il faut « faire rentrer avec une main la partie antérieure de la corne dont l'ovaire vient d'être détachée en même temps qu'avec l'autre on dévide sa partie postérieure, jusqu'à ce que l'on soit arrivé à la bifurcation. Là, la même manœuvre est continuée en sens inverse, c'est-à-dire qu'à mesure qu'on déroule la corne droite d'arrière en avant, on la fait rentrer d'avant en arrière, en sorte que, lorsqu'on arrive à son extrémité terminale, l'organe tout entier est rentré dans la cavité de l'abdomen et l'ovaire seul reste au dehors (1). » On l'extirpe comme le premier, par une torsion mé- thodique. 11 ne reste plus qu'à pratiquer la suture en observant les mêmes précautions que chez les jeunes femelles. Difficultés de l'opération. — Dans certains cas exceptionnels, si- gnalés par M. Festal, la castration de la truie présente des difficultés que nous allons signaler. a. Brièveté du doigt. — Chez des truies âgées ou en état d'embon- point prononcé, l'index peut être trop court pour aller accrocher l'o- vaire qui est alors situé très-profondément. Dans ce cas, il faut placer sous le flanc droit de la bête couchée une botte de paille ou tout autre objet semblable, qui, en refoulant les intestins en haut, repousse l'o- vaire vers le flanc gauche et permet de le saisir. //. Excès de volume d'un ou de deux ovaires. — On observe parfois sur l'ovaire des kystes qui en augmentent le volume. Il est indiqué alors de pratiquer la ponction de ces néoplasmes et de faire écouler, hors de l'abdomen, le liquide kystique en se servant, à cet effet, d'un trocart. D'autres fois, le volume anormal de l'organe est dû à une dégénéres- cence de son tissu : il faut agrandir à l'aide du bistouri la plaie abdo- minale afin de lui livrer passage. (l) II. Bouley, toc. cit., art. Castration, p. 276. CASTRATION DES FEMELLES. 52j c. Adhérences anormales de l'ovaire. — C'est principalement avec les ligaments larges que l'ovaire contracte parfois des adhérences insolites, difficiles à vaincre, surtout quand elles sont anciennes. Pour les dé- truire, il faut agir avec ménagement par une traction lente ou bien au moyen de l'instrument tranchant. d. Etat de gestation. — Si en procédant aux premières manœuvres de l'exploration, on constate que la matrice renferme des fœtus, il faut s'abstenir d'aller au delà; l'opération est évidemment contre-indiquée pour le moment, elle doit ôlre remise jusqu'après la parturition et l'allaitement. Il peut arriver qu'après avoir extirpé l'ovaire gauche, on trouve la corne droite occupée par plusieurs fœtus, comme Sorillon (i) et Festal (2) en ont publié des exemples; on suspend alors l'opération ; et, après avoir replacé la matrice, on réunit par une suture l'ouverture des parois abdominales. Ainsi Festal rapporte que sur une truie qu'on ne savait pas pleine, on enleva l'ovaire gauche, sans que la bête en fût incommodée, et, quelques semaines après, elle mit bas six petits qu'elle allaita parfaitement. Il y a plus, Chanel a vu un châlreur enlèvera une truie pleine, en lui pratiquant la castration, trois fœtus avec une por- tion des cornes de la matrice; néanmoins cette bête guérit et put, deux mois après, mettre bas cinq petits qu'elle allaita comme d'ordinaire (3). Soins consécutifs. — La truie châtrée doit être laissée à la diète le jour de l'opération, à une demi-diète le lendemain et même les deux jours suivants s'il s'agit d'une truie âgée. Le régime est alors composé d'un mélange de son ou de farine avec du petit-lait, auquel on associe quelques racines cuites. Puis, l'animal est remis graduel- lement à son régime ordinaire. Dans tous les cas, la femelle opérée doit être maintenue enfermée sous un toit bien aéré, pour qu'elle ne puisse pas aller se baigner dans les mares bourbeuses, ce qui pourrait donner lieu à une péritonite. La plaie d'opération n'exige, dans les circonstances ordinaires, aucun soin particulier et les fds de suture tombent d'eux-mêmes. Accidents. — Dans l'immense majorité des cas, la castration de la truie, surtout chez les jeunes femelles, n'est suivie d'aucun acci- dent. — Parfois il n'en est pas ainsi et l'on constate l'un ou l'autre des accidents que nous allons passer en revue. a. Déchirure de l'une des cornes de la matrice. — Cette déchirure, qui est la conséquence du défaut d'habitude de l'opérateur, se remarque chez les jeunes femelles et se produit lorsque, après avoir fait sortir une corne, on tire sur elle pour faire venir le corps de l'utérus qui aidera à saisir l'autre corne; en effet, ce corps étant généralement (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1829, p. 628. (2) Journal des vétérinaires du Midi, 1845, p. 352, (3) Recueil de médecine vétérinaire, 1825, p. 257. 526 CASTRATION DES FEMELLES. trop court et surtout trop fixe pour arriver au dehors, il peut arriver, si la traction est peu ménagée, que, pendant un des mouvements fré- quents de la truie, la corne tenue entre les mains se déchire, et que l'on soit ainsi dans l'impossibilité de retrouver l'autre ; l'opération est manquée puisque l'animal conserve un ovaire. On évite cela en cherchant avec le doigt, et en se guidant sur la corne la première sortie, la corne opposée, sans exercer de tiraillements sur le corps de l'utérus qu'il ne faut pas chercher à sortir de l'abdomen. b. Blessure de l'intestin, de la vessie. — Nous ne faisons que mentionner ces accidents, car un observateur attentif saura toujours les éviter en se conformant aux règles du manuel opératoire. c. Hémorrhayie. — Elle a lieu par les artères ovariques, lorsque, au lieu d'avoir recours à la torsion, on excise l'ovaire pour le séparer de son ligament. Aussi, chez les truies âgées, la torsion est-elle de rigueur. Malgré cette précaution, si un peu de sang vient à s'épan- cher dans la cavité abdominale, il n'y a pas lieu de s'en préoccuper, car l'absorption ne tarde pas à le faire disparaître. d. Abcès. — Cet abcès se montre au lieu d'opération où il forme une tumeur d'abord dure, douloureuse et chaude, du volume d'une grosse noix ou du poing d'un enfant, qui se ramollit au centre, devient fluc- tuante et s'ouvre d'elle-même, laissant ainsi échapper une certaine quantité de pus. On peut hâter la sortie du pus par une ponction que l'on effectue avec beaucoup de prudence et de dehors en dedans de crainte qu'une anse intestinale ne se trouve engagée dans la poche purulente. e. Hernie. — De même que l'abcès, la hernie se caractérise par la présence d'une tumeur de volume variable; toutefois cette tumeur est indolente, élastique, réductible par la pression, sonore à la percussion, faisant entendre des bruits de borborygmes. Cette tumeur, d'abord circonscrite, s'étend quelquefois jusqu'à la région inguinale, et si l'in- testin hernie ne subit pas l'étranglement, elle peut ne pas gêner l'ani- mal, quoique cependant dans ces conditions les animaux profitent moins bien de la nourriture qu'on leur donne. Dans le cas d'étran- glement, la vie du sujet est compromise. On y remédie en procédant à la réduction de l'intestin. « L'opération consiste à inciser la peau, débrider le péritoine s'il est nécessaire, refouler l'intestin dans sa ca- vité propre et mettre obstacle à sa sortie par la suture d'abord des lè- vres musculaires des parois abdominales et ensuite de celles de la peau. Mais le plus souvent il vaut mieux faire sacrifier la bête pour la con- sommation, plutôt que de courir les chances de ce traitement incer- tain. (1)» (H. Bouley.) /'. Métro-péritonite. — Elle est la conséquence de manipulations in- tempestives ou longtemps prolongées et de l'inobservation des soins (1) Loc. cit., art. CAS'rn.vnox, p. 279 CASTRATION DES FEMELLES. 527 hygiéniques dont les truies châtrées doivent être l'objet. Cet acci- dent que nous avons observé sur de jeunes truies, qui avaient servi aux exercices de chirurgie des élèves, survient quatre ou cinq jours après l'opération; il s'annonce par de la tristesse, une diminution d'appétit et un décubijus prolongé. Puis le ventre se ballonne quelque peu, le pouls devient petit et filant, les oreilles sont froides et la mort sur- vient au bout de deux ou trois jours, soit sept ou huit jours après la castration, quelquefois vers le sixième jour. L'autopsie nous a toujours montré une vive inflammation du péritoine et de la matrice avec gangrène des tissus surtout près de l'incision du flanc ; quelque- fois nous avons trouvé dans la cavité abdominale un épanchement de liquide trouble, sanguinolent, exhalant une odeur infecte. — Le traitement a consisté en breuvages phéniqués, au — ; toutefois nous ne sommes point encore fixé sur la valeur de cette médication et nous n'oserions la conseiller définitivement aux praticiens. — Pour prévenir le développement de cet accident, on doit, par de fréquents exercices, acquérir de l'habileté afin d'effectuer rapidement l'opération en so conformant aux prescriptions qui viennent d'être étudiées dans ce paragraphe. §2. — Castration de la chienne. Cette opération, mentionnée par Olivier de Serres, Delabère Blaine, a été étudiée avec soin par M. H. Bouley et par J. Gourdon. Indications. — La castration de la chienne peut être considérée comme un moyen préventif de la rage, en éteignant les ardeurs géné- siques qui la sollicitent impérieusement à des excursions lointaines pendant lesquelles elle peut subir des morsures d'un chien enragé, morsures d'autant plus dangereuses qu'elles sont ignorées et ne se ma- nifestent que par leurs terribles effets. En outre s'il était vrai que la rage peut résulter de la privation du coït, la castration de la chienne présenterait encore une plus grande importance. — Cette opération a l'avantage de supprimer, chez les chiennes, ces écoulements séro-san- guinolents, assez abondants, qui ont lieu par la vulve pendant la pé- riode des cbaleurs, et qui ont l'inconvénient, surtout chez les chiennes d'appartements, de souiller tous les objets sur lesquels elles reposent. Ajoutons que les chiennes castrées peuvent être employées pour la garde et même pour la chasse, comme plusieurs faits nous l'ont prouvé. Disposition anatomique de l'appareil génital (////. 314). — Chez la chienne, les ligaments larges présentent un grand développement en longueur; ils s'étendentjusqu'auxhypochondres, où ils se dédoublent en deux feuillets, qui vont s'attacher, l'externe en dedans de la dernière côte, l'interne à la région sous-lombaire, derrière le diaphragme. Ces ;28 CASTRATION DES FEMELLES. ligaments diminuent de hauteur à mesure qu'ils arrivent en avant, de sorte que le bord antérieur du feuillet externe, qui porte l'ovaire, plus court que la partie moyenne du ligament, donne plus de fixité à l'ex- trémité antérieure de la corne utérine qu'il tient relevée contre l'hypo- chondre, et l'on ne peut, comme chez la truie, faire passer les deux Fig. 314. — Organes génitaux de la chienne (vue d'ensemble). 1, ovaire. 2, 2, repli du ligament large, qui est écarté pour montrer l'ovaire, lequel est logé dans une sorte de capsule que lui forme ce repli 3, feuillet interne du ligament large qui va s'in- sérer à la région sous-lombaire. 4, 4, ligaments larges. .', i. une corne de l'utérus. (i, corps de L'utérus. 7, rectum. 8, vagin. 9, rein. 10, vessie. 11, côlon descendant. ovaires par la même incision ; aussi, doit-on presque toujours, comme le conseille M. H. Bouley, en pratiquer deux, une dans chaque flanc et pour chaque ovaire. Chez la chienne, les ligaments larges se chargent très-facilement de graisse; ils ressemblent en quelque sorte à l'épi- ploon, et les ovaires se trouvent cachés sous une couche épaisse de graisse; toutefois, leur situation fixe à la région sous-lombaire, près du rein, permet facilement de les découvrir. Manuel opératoire. — La chienne à opérer, préalablement mu- selée, est couchée sur une table, un aide tient la tète et un autre, les membres ; l'opérateur, placé vers le dos de l'animal, incise les parois du flanc et le péritoine, en observant les mêmes règles que chez la truie. Cette incision doit être faite un peu plus bas que chez cette femelle et surtout plus éloignée de l'angle externe de l'ilium, par con- séquent, plus rapprochée de la dernière côte. Les autres temps opé- ratoires se pratiquent exactement comme pour la truie, ce qui nous dispense de revenir sur ce sujet. Quand on a opéré d'un côté, on re- CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 529 tourne l'animal, et, dans le flanc opposé, on répète les mêmes manœu- vres opératoires. Les suites de l'opération sont des plus simples, surtout chez les jeunes chiennes qui paraissent s'en ressentir à peine. Toutefois, il est prudent de museler l'opérée afin qu'elle ne puisse arracher préma- turément les sutures, ce qui pourrait donner lieu à une éventration. CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. De même que chez les autres animaux domestiques, la castration pratiquée sur les oiseaux de basse-cour a pour but de faciliter leur engraissement et de rendre leur chair plus tendre et plus savoureuse. Le coq châtré ou chapon se développe rapidement, et acquiert en quel- ques mois un embonpoint remarquable. Cette opération s'effectue exclusivement sur le coq et la poule; toutefois elle pourrait être faite chez les dindons, les canards et les oies, « mais elle est sur ces derniers d'une exécution beaucoup plus difficile, en raison de la plus grande longueur de leur corps, qui fait que les organes qu'il faut atteindre sont situés à une plus grande profondeur. Elle est aussi, par cela même, beaucoup plus dangereuse dans ses suites, et, pour ce double motif, d'une application plus rare que sur le coq et la poule (1). » (H. Bouley.) § 1er. — De la castration des oiseaux mâles. On pratique la castration du coq à l'âge de trois à quatre mois et même cinq mois, c'est-à-dire à la fin de l'été : les testicules étant alors assez développés pour pouvoir être saisis et extirpés. S'il s'agissait de châtrer un coq déjà adulte, il faudrait attendre, pour l'opérer, que la période du rut fûtpassée, c'est-à-dire à la fin de l'automne, les testicules ayant, pendant la saison des amours, une grosseur extraordinaire qui obligerait l'opérateur à faire de grands délabrements. 1° Disposition anatomique «le l'appareil testiculaire. — « Les tes- ticules des oiseaux sont situés dans la cavité abdominale, immédiate- ment en arrière des poumons, au-dessous de la colonne vertébrale, en avant des reins (fig. 315) qui dans ces animaux ne constituent pas deux masses conglomérées, comme dans les mammifères, mais forment des languettes, aplaties, irrégulières, prolongées de chaque côté de la co- lonne vertébrale, depuis les poumons jusque dans la cavité pelvienne dont elles occupent le plafond. Il résulte de cette disposition que, chez (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., art. Castration, p. 282. Teucii et Toussaint. — Chirurgie. II- 3^ 130 CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. les oiseaux, les testicules ne sauraient être confondus avec les reins; chez les gallinacés, le siège précis des testicules est indiqué, à l'exté- rieur, par les trois dernières côtes. Ils correspondent exactement à l'articulation de ces os avec la colonne vertébrale; c'est là qu'on les trouve immédiatement, sous cette colonne, très-rapprochésl'un de l'ait- 5— Fig. 315. — Les organes génitaux d'un coq. 1, les testicules. in, ïd, les canaux déférents. 3, ^i, les uretères. 4, le cloaque. o, 5, l'aorte postérieure. 7, la veine-cave postérieure. 8, 9, 10, les trois dernières cotes. 11, os du bassin. tre, car il n'existe entre eux que 50 millimètres environ de distance, et en contact avec l'aorte et la veine cave postérieure, qui les sépa- rent de la partie antérieure des reins au-dessous de laquelle ils sont placés. Ils sont fixés dans leur position par la toile pellucide du péri- toine, tendue au-dessous d'eux et par des vaisseaux extrêmement CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 531 ténus qui émanent de l'aorte postérieure ou se déversent dans la veine cave. « Dans les poulets de trois mois, la distance, mesurée en ligne droite, qui existe entre les testicules et l'anus, n'est guère que de 8 à 9 cen- timètres, et il n'y a que 6 à 7 centimètres à franchir pour attein- dre ces organes avec l'index par une incision pratiquée dans le flanc droit, lieu d'élection pour cette opération. a 2° Manuel opératoire. — Le jeune poulet est assujéti sur le dos, entre les mains d'un aide, le croupion tourné vers l'opérateur, la cuisse gauche maintenue contre le corps et la droite écartée en arrière, pour laissera découvert le flanc du même côté, sur lequel l'incision doit être faite de préférence, parce que à gauche la présence du gésier nuit considérablement à l'exploration. L'incision pourrait être pratiquée aussi en arrière du sternum, dans le plan médian ; mais là elle a l'in- convénient d'être plus distante de la région testiculaire que celle que l'on fait dans le flanc droit. « Premier temps. Incision des parois du flanc. — Préalablement, les plumes doivent être arrachées dans une certaine étendue, pour mettre la peau à nu, et il faut avoir soin avec un tablier de les chasser à dis- tance, de peur qu'elles n'adhèrent aux doigts de l'opérateur et qu'elles ne pénètrent dans l'abdomen, où leur présence pourrait déterminer une inflammation dangereuse. Gela fait, on pratique à la peau, avec le bis- touri convexe, un peu en arrière des apophyses latérales internes du sternum, une incision de 2 centimètres d'étendue un peu oblique de dedans en dehors et d'avant en arrière ; cette incision faite à la peau, on la continue dans le même sens et dans la même étendue, à travers les muscles très-minces qui forment les parois abdominales, et lors- qu'on arrive sur le péritoine, il faut le ponctionner, en le soulevant avee des pinces pour éviter d'intéresser les intestins. « Deuxième temps. Extirpation des testicules. — L'opérateur introduit l'index de la main droite par la plaie du ventre, le fait glisser au-dessus de la masse intestinale, et le dirige vers la région dorsale, au point d'articulation des deux dernières côtes, où se trouvent les deux testicu- les, presque juxtaposés l'un à l'autre et formant saillie au-dessous de la colonne vertébrale. Il les reconnaît facilement au toucher, car ce sont les seuls organes qui soient en relief à la région sous-dorsale. Alors, avec l'ongle du doigt demi-fléchi, il rompt les adhérences très- fragiles du testicule droit d'abord, lesquelles sont formées, comme on le sait, par la mince toile du péritoine et par les petits vaisseaux qui unissent cet organe à l'aorte et à la veine cave. Ces adhérences détrui- tes, le testicule est amené vers la plaie de l'abdomen par le doigt dis- posé en crochet et extrait de sa cavité. Après ce, l'index est rentré dans la cavité abdominale pour aller à la recherche du testicule gauche dont il opère le détachement et l'extraction de la même manière. Il arrive souvent que l'un des deux organes et même les deux à la fois o32 CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. échappent au doigt de l'opérateur après avoir été détachés de la région sous-dorsale et vont se perdre au milieu des circonvolutions de Tintes- tin, où il n'est plus possihle de les retrouver. C'est là un fait sans con- séquence fâcheuse et qui n'influe en rien sur les résultats de l'opéra- tion. L'organe égaré se greffe à l'aide de fausses membranes dans un point de la cavité péritonéale, et il finit par disparaître par résorption. « Troisième temps. Suture de la plaie. — Une fois l'opération princi- pale achevée, les lèvres cutanées de la plaie sont rapprochées par une suture en surjet, et, au bout de quelques jours elles sont cicatrisées par première intention. « Dans les jours consécutifs à l'opération, la peau de la région opérée reflète dans une assez grande étendue, autour de la plaie, une teinte marbrée de rouge, de violet et de jaune verdâtre. Cette coloration acci- dentelle, qui peut effrayer les personnes non prévenues, n'est autre chose que la trace d'une vaste ecchymose, dont les nuances variées se dessinent à travers la transparence de la peau incolore et si fine du jeune animal. Elle disparaît en quelques semaines par résorption graduelle. a On est dans l'habitude, après la castration du poulet, d'exciser sa crête, au ras de la tête. Cette pratique est fondée sur plusieurs motifs plausibles. Le premier et le plus important, c'est que la crête se flétrit après la suppression des testicules ; elle devient flasque, se décolore et tombe d'une manière disgracieuse sur l'un des côtés de la tête. En se- cond lieu, les crêtes du chapon constituant, avec ses testicules, un élé- ment assez recherché de certaines préparations culinaires, l'éleveur de volailles trouve dans leur vente un des bénéfices de son exploitation. En troisième lieu, enfin, l'excision de la crête du chapon le marque d'un signe dislinctif. « Quelquefois aussi on profite du moment où l'on vient d'exciser la crête du poulet chaponné pour implanter sur ce qui reste de cette crête l'un ou les deux ergots excisés de ses pattes, au ras de leur insertion. Les ergots se greffent dans la région nouvelle où on les a implantés, si l'on a pris les précautions nécessaires pour que l'animal ne les ébranlât pas au moment où s'opère leur soudure; et ils prennent un accroisse- ment tel, qu'ils peuvent acquérir trois à quatre pouces de longueur, au dire de Duhamel ; on en a même vu qui avaient jusqu'à neuf pouces de long(Voy. Bomare, Dict. cThist. nat.). C'est là une opération de fantaisie qui est curieuse par ses résultats, au point de vue physiologique, mais qui n'a aucune utilité. «Après l'opération, les chapons doivent, pendant quelques jours, être enfermés, à part, dans un local clos, où ils soient à l'abri des attaques des coqs de la basse-cour. Ils ne doivent pas avoir de perchoirs, pour qu'ils ne soient pas sollicités à faire des efforts musculaires qui pour- raient nuire à la réunion de la plaie du flanc et déterminer la sortie de l'intestin en dehors de la cavité abdominale. Leur nourriture doit con- sister, pendant une huitaine, dans une pâte de son ou de farine, avec de CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 533 l'eau pure à discrétion. Au bout de ce temps, ils peuvent être rendus sans danger à la liberté. » §2. — Castration des oiseaux femelles. <( C'est une croyance assez générale, que l'on pratique sur les femelles des oiseaux une véritable castration, c'est-à-dire une opération qui consiste, comme pour les femelles des mammifères, dans la destruction directe et immédiate de l'organe formateur des œufs. Cette croyance est une erreur. La plupart du temps, les poules et les autres volatiles femelles que l'on soumet à l'engraissement restent entiers. L'organe génital étant moins développé chez elles que dans les mâles de leur espèce, on parvient facilement à l'amortir par l'isolement et en les con- damnant à une presque complète immobilité dans des endroits obscurs et chauds, où on les gorge d'aliments farineux, qui, par leur composi- tion chimique, favorisent le développement de la graisse. C'est ainsi, d'après les renseignements transmis par M. Goubaux à la Société cen- trale vétérinaire {Bulletin 1850) et d'après Prangé (Les poules bonnes pondeuses, 1852), que se façonnent les fameuses poulardes du Mans, si estimées des gourmets, sans qu'on ait recours à la castration pour les préparer à acquérir l'état extrême d'embonpoint dans lequel le com- merce les livre à la consommation. «Toutefois, dans quelques localités, on pratique sur les femelles des oiseaux, les poules notamment, une opération particulière qui, dit-on, a pour résultat de les stériliser et de favoriser leur engraissement. « Voici, d'après M. Dillon (de Rennes), comment cette opération est pratiquée par les ménagères, dans le pays qu'il habite (Communie, inéd.). « Les deux pattes de la poule étant liées avec un lien de chanvre ou un ruban de fil, l'opérateur la place entre ses deux genoux, les ailes serrées contre le corps, de manière à ce que la tête de l'animal soit pen- dante entre ses deux jambes, le ventre lui faisant face. Un aide retient la queue légèrement abaissée sur le dos. L'opérateur arrache avec pré- caution les plumes qui existent entre le croupion et l'anus ; puis avec la pointe aiguë d'une paire de ciseaux de couturière, il incise la peau de droite à gauche, à un demi-centimètre au-dessus de l'anus, parallèle- ment ;i la base du croupion et complète cette incision transversale par deux petites incisions perpendiculaires à chacune de ses extrémités. Cela fait, il dissèque le lambeau cutané et le relève vers le croupion. Alors, avec une forte épingle ou une grosse aiguille à coudre, il dilacère le tissu cellulaire sous-cutané et met à nu un organe cylindrique, sus- jacent au cloaque, qu'il saisit entre les mors d'une pince, extrait dou- cement de la plaie et sépare des parties auxquelles il adhère par la torsion. Cette extirpation achevée, on rabat sur la plaie le lambeau cu- tané et on le maintient en position par quelques points de suture. » « Telle est l'opération que l'on pratique dans quelques pays, sur les 534 CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. femelles des oiseaux de basse-cour, dans le but de détruire en elles l'aptitude à la fécondation. En quoi consiste-t-elle et quels résultats produit-elle réellement? (( Ainsi que nous l'avions pressenti d'après la description que nous en a tranmise M. Dillon, et comme nous l'avons constaté par l'autopsie de deux poules nouvellement opérées qu'il a bien voulu nous envoyer, cette opération consiste exclusivement dans l'extirpation « de cette bourse membraneuse et glanduleuse, désignée sous le nom de bourse de Fabricius,, qui se trouve dans les oiseaux mâles et femelles, au- dessus de leur cloaque, et qui s'ouvre à la partie supérieure de ce sac, plus en arrière que le rectum. » (Cuvier, Anat. comp.) « Les oiseaux femelles destitués de cette bourse, dont l'usage est in- connu, deviennent-ils réellement stériles, comme s'ils avaient été châ- trés? Cela nous paraît au moins douteux; car d'après Cuvier et Duver- noy, la bourse de Fabricius semble n'être qu'un organe provisoire qui, très-développé chez les jeunes animaux, s'amoindrit peu à peu avec les progrès de l'âge, sans que les femelles cessent cependant d'être fécondes après sa disparition. D'un autre côté, la coexistence de cette bourse dans les deux sexes implique forcément que sa fonction ne se lie pas, tout au moins d'une manière exclusive, à la fonction ovarienne. 11 est donc très-douteux, nous le répétons, que l'extirpation de la bourse de Fabricius exerce sur l'organisme des femelles une influence neutralisant les aptitudes génésiques, comme celle que produit infailliblement la destruction des ovaires (1). » (II. Bouley.) Unterberger a publié un mémoire de M. Ahlvick sur la castration du coq et de la poule, dans lequel on trouve une étude très-détaillée sur la disposition anatomique de la bourse deFabricius, d'après denombreuses recherches faites à l'École de Dorpat sur des oiseaux de basse-cour, mâles et femelles. Le mémoire d'Ahlvick renferme également des don- nées très-intéressantes sur les résultats produits par la destruction de la bourse de Fabricius. Ainsi Ahlvick fait remarquer qu'après l'ablation de cet organe, sur- tout lorsqu'on remplace l'instrument tranchant par le fer rouge, il se déclare à la paroi supérieure du cloaque, une inflammation qui peut se propager jusque dans les oviductes chez la poule et dans les canaux dé- férents chez les mâles, et en déterminer ainsi l'obstruction ; d'où la cessation des fonctions de l'espèce. Mais en même temps l'inflammation peut gagner l'un des uretères, celle des deux uretères n'a jamais été remarquée; alors le rein correspondant â l'uretère oblitéré subit la dé- générescence graisseuse, tandis que l'organe opposé s'hypertrophie ; dans ce cas, les volailles ne s'engraissent pas. Si l'on voulait pratiquer la castration de la poule d'une manière cer- taine, il faudrait détruire l'ovaire gauche, le droit étant atrophié. Cet (l) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Castration, p. 287. CASTRATION DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 53^ organe, chez la poule de trois à quatre mois, est situé à la région sous- lombaire du côté gauche, et dans la partie qui correspond au testicule gauche chez le coq, c'est-à-dire qu'il est limité en haut et en arrière par le rein, en avant par le bord postérieur du poumon, en bas par le foie et les intestins (fig. 316). Il est constitué par des amas de granulations, ! Fi 1G 1317 14 13 1 g. 316. — Vue latérale des viscères abdominaux d'une -poule âgée d<' trois mois et doiii après l'enlèvement de la paroi abdominale gauche et de la cuisse correspon- dante. 1, l'ovaire gauche. 2, 2, l'oviducte. 2a, son embouchure dans le cloaque, 3, 3, le rein gauche. 4, l'uretère. 4a, son embouchure dans le cloaque. 5, bourse de Fabricius. 6, le col de cette bourse. 7, le cloaque. 8, le rectum. 9, son embouchure dans le cloaque, lu. lo, m, intestin. I 1 , gésier. 12, lapophyse gauche du sternum. 13, 14, 15, les dernières côtes. 10, 17. IS, apophyses costales du sternum. 19, le lobe gauche du foie. 20, partie postérieure du poumon gauche. formant des espèces de grappes qui sont déjà bien développées sur une poulette de trois à quatre mois. Pour pratiquer la castration, on incise le flanc gauche, un peu en arrière des apophyses latérales internes du sternum dans une étendue de 2 centimètres ; on introduit le doigt dans cette ouverture et on racle l'ovaire avec l'ongle, par un mouvement d'avant en arrière jusqu'à ce qu'on ne sente plus de granulations. Au fur et à mesure qu'on effec- tue ce grattage les vésicules tombent dans la cavité abdominale ; puis elles disparaissent par résorption. Ahlvick recommande de prendre les précautions suivantes pour ne pas endommager le rein, ni blesser des vaisseaux. Il faut, pendant le 536 BOUCLEMENT DES FEMELLES. raclage, agir dans le sens horizontal et non pas dans le sens opposé, pour ne pas perforer les parois des vaisseaux, notamment la veine qui accompagne l'aorte postérieure. Quand l'opération est terminée on réunit les deux lèvres de la plaie par une suture en surjet comme chez le coq. Après la castration, les poules doivent être placées dans un lieu chaud, séparées des autres poules; on leur donne comme nourriture de l'orge cuite et de l'eau fraîche à boire. Un doit choisir un temps sec pour pratiquer la castration. C'est ainsi qu'à l'école de Dorpat, des poules opérées par un temps humide et placées dans un local également humide furent atteintes d'une hydro- pisie abdominale. Six oies furent opérées par un beau temps ; aucune d'elles ne succomba quoique la castration eût été faite par des opérateurs inexpérimentés. Six autres oies ayant été opérées par un temps défavo- rable, quatre moururent le lendemain de l'opération par suite d'une hydropisie abdominale; les deux dernières seules survécurent (1). CHAPITRE V BOUCLEMENT DES FEMELLES On appelle ainsi une opération qui consiste à rapprocher les lèvres de la vulve, avec un fil métallique, pour empêcher la copulation. Cette opération que l'on désigne encore sous le nom d'infîbulation est très-rarement mise en, usage de nos jours. On l'emploie encore, paraît-il, dans certaines contrées où on abandonne les animaux dans les pâturages communs, et dans quelques provinces de l'ouest et du sud-ouest de la France où des animaux de sexe différent, sont élevés en commun et ne sont châtrés que peu de temps avant d'être vendus à la remonte. Dans ce cas, le bouclement a pour but d'empêcher la saillie; dans d'autres cas, il constitue un procédé chirurgical pour combattre le -renversement du vagin ou de l'utérus. L'infibulation est quelquefois employée chez la chienne pour prévenir des rapports sexuels. Fixation de l'animal. — La femelle à boucler est assujétie en posi- tion debout, en ayant soin de fixer les membres postérieurs de telle sorte que l'opérateur soit à l'abri de leurs atteintes (Voy. t. I, p. 425 et suiv.). Manuel opératoire. — On a conseillé, autrefois, d'affronter les lèvres (1) Historisch - kritische Durstrlltinf/ rfi-r vrrsrhirilown Custrationsmethoden bei Bùhnern, von Alexander-Edvard Ahlvick (Dorpat, 1SC0). BOUCLEMENÏ DES FEMELLES. 537 de la vulve, et de les maintenir rapprochées, au moyen d'une suture. C'est ainsi qu'on a préconisé la suture à points passés, à surjet, enche- villée ou la suture en x avec une mèche de chanvre, un ruban de fil ou un lien de cuir. Ces divers modes de réunion sont à peu près aban- donnés aujourd'hui, car les fils de suture entament les lèvres de la vulve et produisent ainsi des plaies très-douloureuses, accompagnées d'un prurit excessif. Les auteurs conseillent aujourd'hui deux pro- cédés debouclement que nous allons examiner. a. Procédé par les anneaux. — On se munit de plusieurs fils métal- liques de 15 à 20 centimètres de longueur; on affile l'une des extré- mités de chaque fil, et on l'implante de droite à gauche, à un centi- mètre du bord de la vulve dans chaque lèvre de cette ouverture. On recourbe ensuite les deux bouts, on les réunit et on les tord ensemble pour former l'anneau. On place de la même manière un deuxième et un troisième anneau; on les laisse le plus souvent isolés; d'autres fois, on les enlace les uns dans les autres. b. Procédé par le grillage. — Ce procédé peut être effectué de plu- sieurs manières. On peut, notamment, transpercer de part en part les lèvres de la vulve avec un fil métallique double, de manière à former à chaque extrémité une sorte d'anse dans laquelle on engage transversalement un autre fil métallique. En échelonnant ainsi plusieurs fils sur la vulve, on forme une sorte de grillage qui ferme l'ouverture vulvaire. Dans quelques localités, on se sert de petites bandes de laiton d'un à deux centimètres de largeur sur 1-2 à 15 de longueur, percées de plu- sieurs trous. On les place verticalement de chaque côté de la vulve, et on les joint par des fils métalliques qu'on passe à travers les lèvres de la vulve et dans chacun des trous des bandelettes métalliques sur lequelles on les arrête en tordant leur extrémité au moyen de petites pinces. Au lieu de bandelettes de laiton, on peut se servir de deux cylin- dres de cuivre, longs de 10 centimètres, un peu plus gros qu'une plume à écrire, creux pour être moins pesants, et percés dans leur longueur de quatre à cinq trous de 3 millimètres et à égale distance les uns des autres. On place ces cylindres verticalement de chaque côté de la vulve et on les joint par des fils métalliques qu'on dispose de différentes manières. — On peut, en effet, employer un seul fil métallique d'une longueur de 50 centimètres, ou bien autant de fils que chaque cylindre porte de trous. Dans le premier cas, on passe le fil à travers les lèvres de la vulve et dans le trou correspondant de l'autre cylindre ; on recourbe ce fil, en le ramenant du côté du point de départ ; on le fait passer dans le trou qui est en dessous du premier, puis on lui fait traverser de nouveau les lèvres de la vulve et on con- tinue ainsi jusqu'au bas des cylindres, en décrivant une sorte de spi- rale qui ferme l'entrée de la vulve. Î538 AMPUTATION DE LA QUEUE. Quel que soit le procédé employé, il faut avoir le soiu, en opérant, de ménager, à la partie inférieure de l'espèce de suture qu'on pratique aux lèvres de la vulve, une ouverture afin de permettre la libre sortie de l'urine. On aura le soin de ne pas traverser les lèvres de la vulve, trop près du bord afin de ne pas déchirer celui-ci. Le procédé par grillage est préférable à celui des anneaux, car une branche d'arbre ou tout autre corps semblable peut s'engager dans ces derniers, et produire ainsi des déchirures étendues. Du reste ces divers procédés de bouclement produisent tous une vive inflammation de la vulve, accompagnée d'un prurit très-violent, dételle sorte que, quelque précaution qu'on prenne, les animaux par- viennent à se frotter, alors les lèvres de la vulve se déchirent, s'exco- rient et ces plaies se guérissent difficilement par suite de la persistance avec laquelle l'animal se frotte. En outre ces appareils ne sont pas toujours un obstacle suffisant pour la saillie ; ils peuvent être forcés par le mâle, qui, alors, déchire la vulve et se blesse lui-même. Pour ces motifs, l'infibulation est presque généralement abandonnée aujour- d'hui, d'autant plus que la mise en culture des terrains communaux, les soins mieux entendus dont les animaux sont l'objet au point de vue de la reproduction en restreignent de plus en plus les indications. SECTION CINQUIEME DES OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES RÉGIONS COCCYGIENNE ET ANALE. CHAPITRE PREMIER AMPUTATION DE LA QUEUE Cette opération doit être étudiée chez le cheval et chez les petits animaux domestiques, le mouton, le chien et le chat. § 1. — Amputation de la queue chez le cheval. La queue est non-seulement un ornement, mais encore un organe qui sert à tous les animaux de moyen de défense contre les insectes. On ne devra donc amputer la queue qu'autant que le genre de service l'exige. C'est ainsi que sur les chevaux destinés au service du halage, il est nécessaire d'y avoir recours. De môme, chez les chevaux de voi- AMPUTATION DE LA QUEUE. b3î> ture. Il peut arriver, en effet, qu'un cheval en rabattant sa queue, trop longue sur les guides, les applique contre les fesses et parvienne ainsi à se soustraire à l'action directrice du mors, d'où la possibilité d'acci- dents fort graves, surtout dans les rues très-fréquentées des grandes villes. On coupe encore la queue aux limoniers, aux chevaux de gros trait, afin qu'elle ne se prenne pas dans l'avaloire; on agit de même à l'égard des chevaux d'omnibus lorsqu'ils l'ont trop longue pour pou- voir être facilement retroussée. Pour que la queue soit bien portée, on en retranche une partie chez les chevaux destinés aux attelages de luxe et à la selle. On coupe éga- lement cet organe, soit avant, soit après l'opération de la queue à l'an- glaise, dont nous parlerons dans le chapitre suivant, afin que les effets de cette opération soient plus évidents. La longueur laissée au tronçon n'est guère que de 20 à 25 centi- mètres chez les chevaux de halage, afin que les crins ne se prennent pas dans les cordages sur lesquels ces chevaux tirent; pour les autres genres de services, on se borne à retrancher deux ou trois nœuds de la queue, soit une étendue de 15 à 20 centimètres environ. L'amputation de la queue est contre-indiquée sur les juments pou- linières qui pourraient blesser'leurs poulains, si elles étaient obligées de se servir de la tête et de leurs membres pour se débarrasser des mouches. Manuel opératoire. — Il comprend trois temps qui sont : 1° la pré- paration de la queue et des crins; 2° l'amputation proprement dite; 3° l'arrêt de l'hémorrhagie. I. Préparation de la queue et des crins. — Après avoir peigné et épongé la queue, si cela paraît nécessaire, on sépare les crins de la partie qui doit être conservée de ceux de la partie à retrancher. Ces derniers restant pendants, on relève les premiers autour de la por- tion supérieure du tronçon de la queue, et on en réunit les extrémités par un nœud droit, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un ru- ban de fil, ou de tout autre lien, modérément serré. Quelques prati- ciens réunissent en deux nattes les crins de la partie de la queue à con- server. Dans tous les cas, il est bon de marquer le point où l'amputa- tion va avoir lieu en coupant circulairement les crins à cet endroit. II. Amputation. — Pour pratiquer l'amputation de la queue, il faut appliquer un tord-nez à l'animal et lui maintenir la tête haute afin qu'il ne puisse détacher une ruade au moment de la section de la queue. Dans le même but, on fait lever le membre antérieur droit, ou bien, ce qui est préférable, on applique une plate-longe au membre posté- rieur droit, l'opérateur devant se placer du côté gauche de la croupe. Les instruments employés pour couper la queue ont varié suivant les époques. On s'est servi autrefois d'un couperet semblable à celui des bouchers, d'un couteau analogue à celui des sabotiers, du boutoir du maréchal; mais aujourd'hui on emploie exclusivement un instrument 540 AMPUTATION DE LA QUEUE. spécial, connu sous le nom de coupe-queue, en raison de son usage. Fromage de Feugré a donné la description d'un coupe-queue qui est en bois, excepté la lame et quel- ques pièces de soutien. Cet ins- trument consiste « en une lame d'acier (fîg.317, A), dont la par- tie convexe au delà dï est seule tranchante; son épaisseur est de 3 millimètres. Elle s'ajuste dans le manche, dans un trait de scie où elle se fixe par deux clous et par une virole dont la ligne interne présente une obliquité bien marquée, afin de permettre à la clavette représentée en G, et qui est placée en i (fig. 317, B). En ôtant cette clavette, on retire la lame pour l'empêcher de rouiller quand l'instrument ne sert pas. Cette clavette est hors de la ligne du manche, afin de donner une plus grande ouver- ture avec un moindre écarte- ment des mains placées en g, g. Lorsqu'on ne se sert pas de cet instrument, on l'accroche par l'anneau. « L'échancrure a i centimè- tres et demi de diamètre. La branche échancrée de l'instru- ment porte dans sa longueur une entaille où la lame se loge; elle est d'ailleurs emboîtée par une petite bande de fer qui la fortifie. Le manche, en deçà de la virole, a 30 centimètres de longueur : la grande largeur de l'instrument, en h, est de 7 centimètres et demi ; l'épais- seur du tout est de 3:2 milli- mètres; le plus grand écartement des manches, en g, g, est de 5 cen- timètres et demi, de dedans en dedans (I). » (l) Fromage de Feugré, Correspondance sur lu conservation et l'amélioration la queue à l'anglaise (procédé par incisions transversales). 5ji OPÉRATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE. moignent l'ancienne pratique des hippiâtres et les faits observés par Bernard ; on constate alors que les portions musculaires qui apparais- sent hors des plaies deviennent noires, se raccornissent et finissent par être éliminées par la suppuration. Ce mode opératoire, adopté par La- fosse, a été pendant longtemps suivi à l'exclusion de tout autre; mais de nos jours il est complètement abandonné, et l'excision des tronçons musculaires termine l'opération de la queue à l'anglaise attendu qu'elle est de nature à assurer le succès de l'opération et à faciliter la guérison. Pour pratiquer cette excision, on saisit les muscles avec des pinces à dents de souris et on les coupe avec le bistouri convexe ou bien avec des ciseaux courbes ou une feuille de sauge comme le faisaient les anciens. Ce temps opératoire est parfois d'une exécution difficile, notam- ment lorsque les muscles coupés font à peine saillie au dehors ; dans ce cas, au lieu d'introduire à nouveau le bistouri à serpette au fond de la plaie, ce qui expose à blesser l'os ou les cartilages articulaires, on pra- tique, sur chaque section, une seconde incision perpendiculaire, se diri- geant du côté de la base de la queue jusqu'à la moitié de la distance comprise entre deux sections consécutives, et formant avec celles-ci une série d'incisions enT (fig. 326); on découvre ainsi une plus grande portion des muscles et on peut les couper plus profondément. Une fois l'opération terminée, certains hippiâtres avaient la coutume Fig. 3:20. — Disposition des incisions pour l'opération de la queue à l'anglaise (incisions on T.) Fig. 327 . — Disposition des incisions pour l'opération de lu queue u l'an- glaise (méthode do Vatcl). de donner une ou deux secousses à. la queue en la renversant fortement sur la croupe : c'est ce qu'ils appelaient donner Je coup de poignet ou casser la queue. Par ce moyen, on peut briser les articulations inter-coc- cygiennes et le succès de l'opération se trouve compromis : aussi ne l'emploie-t-on plus. OPÉRATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE. 555 2. Méthode de Vatel ou mixte. — On pratique comme précédemment trois incisions transversales ; puis on les réunit « par une incision lon- gitudinale faite de chaque côté suivant la direction des muscles sacro- coccygiens inférieurs (fig. 327) et l'on extirpe ensuite ces muscles ainsi isolés en les disséquant de chaque côté après avoir saisi chacun d'eux, vers son extrémité supérieure, au moyen d'une érigne ou d'une pince anatomique (1). » 3. Méthode de Delafond ou par incisions longitudinales. — Cette méthode fort ancienne, était tombée dans l'oubli, lorsque Delafond, en 1833, l'étudia avec soin et en fit connaître le manuel opératoire. L'animal étant fixé et la queue redressée sur la croupe comme précé- demment, l'opérateur, armé du bistouri convexe qu'il tient dans la main droite, prend un point d'appui avec le pouce de cette main sur la face inférieure de la queue, et d'un seul coup il incise la peau « dans le milieu de la saillie du muscle et sur une longueur de trois à quatre pouces, en ne prolongeant pas l'incision en bas au delà du repli de la peau, au-dessus de l'anus (2). » On découvre ainsi le muscle sous lequel on glisse la lame du bistouri, et, d'un seul coup, donné en dédolant de haut en bas, on en coupe tous les points d'insertion jusqu'à la partie inférieure de l'incision. Là, on coupe le muscle transversalement ; puis, le saisissant avec la pince à dents de souris, l'opérateur le dissè- que du côté interne en dirigeant le tranchant de l'instrument en dehors, afin d'éviter l'artère coccygienne médiane, et on achève de séparer le muscle en le coupant à la partie supérieure de l'incision. Delafond conseille ensuite de rapprocher les lèvres de la plaie au moyen de bourdonnets, placés de chaque côté et recouverts de plumas- seaux, « chevauchés en croix » ; le tout maintenu par une bande de la longueur d'une brasse et demie. Cette bande est appliquée d'abord sur la partie supérieure de la queue, puis rabattue au-dessous où on la croise en Xafin de rapprocher les lèvres de la plaie. 4. Méthode de Bernard. — Elle consiste à couper les muscles de de- hors en dedans et de dessus en dessous contrairement à ce qui se pratique dans la méthode ordinaire. A cet effet, Bernard s'est servi d'un instru- ment formé par une lame assez semblable à celle d'une flamme et en- châssée dans un manche à la manière d'une feuille de sauge. On en- fonce cet instrument dans le milieu du muscle ; il se produit alors une sorte de craquement indiquant que le corps du muscle et sa partie ten- dineuse sont coupés; l'opérateur imprime à l'instrument de légers mouvements de latéralité afin de couperles fibres qui auraientpu échap- per pendant le premier temps de l'opération. On répète la même ma- nœuvre, à deux travers de doigt plus haut, et les portions musculaires qui font hernie ne sont point excisées : elles ne tardent pas à se flétrir. (1) Vatel, Eléments de pathologie vétérinaire, t. Il, p. 48S. (2) Delafond, Recueil de médcci?ie vétérinaire, 1833, p. 437. 550 OPÉRATION DE LA. QUEUE A L'ANGLAISE. 5. Méthode de Brogniez. — Cette méthode n'est autre chose que celle de Bernard perfectionnée. On se sert de deux instruments spéciaux inventés par Brogniez; le dermotome caudal et le myotome caudal. Le dermotome (fig. 328) est formé d'une lame fixe, transversale, à deux tranchants bornés par deux prolongements latéraux ou épaule- ments ; cette lame, qui est enchâssée dans un manche, a 2 centi- mètres et demi de largeur et un peu moins d'un centimètre de hauteur dans le milieu, elle est réduite à un demi- centimètre près des épaulc- mcnls; la longueur totale de l'instrument est de 10 centimètres. Le myotome (fig. 329) est un petit bistouri à lame fixe, étroite, courbe Fig. 328. — Dermotome Fig. 329. — Myotome Fig. 330. — Disposition des inci- caudnl (Brogniez). caudal (Brogniez). sions pour l'opération de la queue A, lame à double tranchant. à l'anglaise (méthode de Brogniez). B,B> prolongements mousses des- tinés à limiter la lame. et boutonnée, mesurant 11 centimètres de longueur du bouton au bout du manche. Pour faire l'opération, on commence par pratiquer avec le dermo- tome, de chaque côté de la queue, trois ou quatre incisions, parallèles â l'axe de la queue (fig. 330). Pour cela on tient « l'instrument de ma- nière à ce que le bout du manche appuie dans la paume de la main et que le pouce, l'indicateur et la pointe touchent simultanément la sur- face à inciser (I). » On enfonce la lame et on achève la section en im- primant plusieurs secousses à l'instrument dont la lame traverse la (1) Brogniez, Traité de chirurgie vétérinaire , t. II, p. 351 OPERATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE. oa7 peau et la gaîne fibreuse sous-jacente en faisant entendre un craque- ment sourd. Cela fait, on introduit lesecond instrument ou le myotome sous cette gaîne, le bouton tourné en bas ; puis on redresse la lame de l'instru- ment pour l'opposer transversalement au muscle, et on la pousse en lui imprimant de légers mouvements de semi-rotation propres à faci- liter le passage de son bouton entre les faisceaux musculo-tendineux qui composent la couche profonde du muscle sacro-coccygien infé- rieur; enfin, tirant sur le myotome dans le sens de sa longueur, on le fait basculer de manière à ramener le bouton en dehors, ce qui déter- mine la section de toute la portion musculaire soulevée par la lame de l'instrument. La même manœuvre étant répétée dans chaque incision, les muscles coupés sortent par les ouvertures, et on termine l'opéra- tion en les saisissant avec une pince et les excisant à la manière ordi- naire. » 6. Méthode allemande ou de Wicumann. — Cette méthode, ainsi nom- mée de celui qui, le premier, paraît l'avoir fait connaître en Allemagne, se pratique de la manière suivante : « Au moyen d'un bistouri droit, à lame mince, on fait tout près de l'anus, à unpoint de la peau nue très- rapproché des poils, une incision parallèle à la longueur de la queue et grande tout au plus d'un centimètre ; puis on a un autre bistouri, res- semblant un peu au myotome Brogniez, mais moins courbé sur le tran- chant et plus étroit, ayant une lame, longue de 5 à 6 centimètres et boutonnée à son extrémité, qu'on introduit dans cette incision, en la dirigeant transversalement jusque vers la ligne médiane de la queue. On en retourne le tranchant contre le muscle, et, par des mouvements de scie et de bascule, on incise celui-ci en travers (1). » En règle générale, on ne fait qu'une seule incision de chaque côté et on n'excise pas les muscles. Mais cette opération ne produit pas un re- dressement suffisant, et, d'après Gourdon, « il faut y revenir etexciser les muscles pour avoir un résultat. » Appréciation. — La méthode par incisions transversales que nous avons décrite en premier lieu est suivie parfois de divers accidents tels que: hémorrhagie abondante, blessure des os coccygiens ou des liga- ments qui les unissent. C'est; pour éviter ces accidents, qu'on a inventé les méthodes opératoires dont il vient d'être parlé. Toutes ces méthodes nous paraissent applicables à la pratique ; toutefois celle de Brogniez est à notre avis préférable, car, elle n'exigepas de grands délabrements de la peau et l'hémorrhagie est moins abondante que par les autres modes opératoires. § -4. — Soins consécutifs. Dès que Topera tion est terminée une hémorrhagie se déclare par suite (1) J. Gourdon, Éléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 557. o.yè OPÉRATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE. de la blessure des artères coccygiennes latérales qu'il est bien difficile d'éviter quoiqu'on en ait dit. Pour y remédier, on applique des plu- masseaux un peu fermes sous la queue dans toute la longueur occupée par les incisions, et on les maintient par des tours de bandes disposés en doloires. On peut employer à cet effet une bande à un ou deux chefs, ou plusieurs petites bandes qu'on noue isolément. La bande doit être suffisamment serrée pour arrêter la sortie du sang, la compression ne doit pas être très-forte, car elle serait suivie alors d'accidents gangre- neux. On aura le soin de faire tenir la queue tendue horizontalement pendant qu'on fait le pansement afin qu'il soit exactement appliqué. Après le pansement, l'animal opéré est mis à la poulie ou bien on place le bottillon de paille ou un autre appareil porte-queue suivant le choix qui a été fait préalablement. Si on place l'animal à la poulie, cas le plus fréquent, le poids tenseur, fixé à l'extrémité de la corde, devra être tel qu'il imprime à la queue une direction un peu oblique plus rapprochée de la ligne horizontale que de la ligne verticale. On obtiendra encore ce résultat en passant la corde seulement dans la poulie qui est fixée en arrière de l'animal. Vers le troisième jour, on passe cette corde dans la poulie placée directe- tement au-dessus de la corde en même temps qu'on augmente le poids tenseur de manière à contourner la queue en arc sans la tendre d'une manière forte et directe. On laisse la queue à la poulie jusqu'à guérison des plaies d'opération, c'est-à-dire pendant vingt à vingt-cinq jours en moyenne. Pendant tout ce temps, l'animal opéré doit être attaché à deux longes de manière à ce qu'il ne puisse quitter sa place ; on lui met un collier s'il a l'habi- tude de se délivrer de son licol. On recommandait autrefois de tenir le cheval attaché très-court pour l'empêcher de se coucher et de dé- ranger l'appareil. Cette précaution peut être négligée sans inconvé- nient. L'appareil compressif, qui a été appliqué immédiatement après l'opé- ration, doit être enlevé au bout de vingt-quatre heures en ayant le soin de laisser lesétoupes se détacher d'elles-mêmes. Les soins à donner aux plaies d'opération sont des plus simples, il suffit de les recouvrir d'étoupes hachées en s'abstenant de faire des applications médicamenteuses, et en se contentant de soins de pro- preté. L'application d'un pansement, pendant plusieurs jours après l'opération, aurait l'inconvénient de s'opposer au libre écoulement du pus dont la rétention serait l'origine d'accidents. Quand les suites de l'opération sont régulières, les plaies deviennent le siège d'une exsudation plastique qui se dessèche en formant des croûtes au-dessous desquelles les tissus bourgeonnent et se cicatrisent. Afin d'éviter que les bulbes des crins ne s'irritent par la position donnée à la queue et que la peau s' échauffe, comme on le dit vulgaire- ment, il faut lotionner tous les jours, avec de l'eau fraîche, la base de OPÉRATION DE LÀ QUEUE A L'ANGLAISE. 559 la queue, la dénatter tous les trois ou quatre jours, peigner les crins et refaire les tresses. On doit également, à partir du troisième jour, promener l'animal; et, pendant la promenade, il est bon de maintenir la queue relevée en plaçant un bottillon de paille sur la croupe. Enfin, si la queue n'a pas été amputée, on doit procéder à cette opé- ration qui complète celleque nous venons de décrire, et, en coupant les crins comme on le voit (fig. 331), on lui donne la véritable forme de la queue anglaisée. S o. Accidents. Ils sont nombreux. a. Hémorrliagie. — Elle se manifeste immédiatement a- près l'opération. Elle est plus ou moins abondante suivant F*g- 331- ■ le calibre des vaisseaux di- visés. Souvent, quand l'opération a été bien faite, elle s'arrête par l'emploi d'un pansement compressif et la mise à la poulie ; dans ce but, on peut même augmenter temporairement le poids tenseur de la queue; alors il se produit, sur le contour de cet organe, une compres- sion du vaisseau qui suffit pour retenir le sang. Toutefois, il importe de ne pas trop prolonger cette tension de la queue qui pourrait, en arrêtant la circulation, déterminer la gangrène de l'organe. Si l'hémorrhagie persiste, on aura recours au tamponnement des plaies d'opération qu'on pratiquera soit avec un morceau d'amadou, comme le conseillait Vatel, soit — ce qui est préférable — avec de pe- tites boulettes d'étoupes imprégnées de perchlorure de fer, recouvertes de plumasseaux, et on maintiendra le tout à l'aide d'une bande conve- nablement serrée. On pourrait encore exercer la compression au moyen de trois attelles longitudinales appuyées à l'origine de la queue et qui seraient em- brassées par la bande. Ce moyen est indiqué quand les incisions sont très-rapprochées de l'anus, de telle sorte qu'il ne reste pas assez d'in- tervalle pour fixer la bande. Hartmann a conseillé de rabattre la queue entre les jambes de l'animal et de l'attacher sous le ventre au moyen de cordons qu'on fixe à un surfaix retenu par un poitrail. Dans tous les cas, il fautavoir le soin de desserrer, au bout de quel- ques heures, le bandage compressif appliqué autour de la queue; l'ou- bli de cette précaution pourrait entraîner des accidents gangreneux mortels. 560 OPÉRATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE. b. Gangrène. — Cet accident, qui est le plus à redouter après l'opé- ration de la queue à l'anglaise, peut être dû à des manœuvres intem- pestives, notamment l'introduction, plusieurs fois répétée, du bistouri à serpette dans les plaies d'opération, le redressement trop considéra- ble de la queue placée à la poulie et surtout une compression trop forte pour arrêter l'hémorrhagie. Les grandes chaleurs de l'été favori- sent le développement de la gangrène qui s'annonce par les signes suivants : la base de la queue devient le siège d'un engorgement qui envahit bientôt la croupe, le pourtour des organes génitaux, l'entre- deux des cuisses, etc. Cet engorgement est crépitant, emphysémateux, froid et insensible. La suppuration ne s'établit pas ou bien si elle existait déjà, le pus devient brunâtre et exhale une odeur infecte; les plaies d'opération offrent une teinte noirâtre. Alors l'appétit a cessé, le pouls est devenu petit et vite ; la bête fait des efforts pour ficnter et pour uriner, elle se tourmente et s'affaiblit. Ces symptômes généraux augmentent rapidement d'intensité et la mort survient ordinairement entre douze et vingt-quatre heures, elle peut même avoir lieu plus tôt, vers la dixième heure, comme nous en avons observé un exemple. La gangrène se déclare habituellement du troisième au huitième jour, rarement plus tard. Le traitement à opposer à cette complication est le plus souvent inefficace. Les antiseptiques, notamment les acides phénique, sali- cylique, le chlorure de chaux, le quinquina, employés intus et extra, ont été recommandés pour combattre l'accident dont il s'agit; des scarifications profondes suivies d'une cautérisation â blanc sont indi- quées pour arrêter les progrès de l'engorgement gangreneux. c. Abcès. — Dans quelques cas, notamment pendant la période de la gourme, un abcès se montre sur l'un des côtés de l'anus, quelque- fois à la base de la queue. On le ponctionne dès que la fluctuation est sensible; puis, par des injections détersives on facilite la sortie du pus. Dans le même but, on peut comprimer les parois de l'abcès d'avant en arrière avec la main passée dans le rectum. d. Fistule anale. — Cet accident se produit quand la première inci- sion est trop rapprochée de l'anus, alors le muscle coupé, en se ré- tractant, forme une poche ou un cul-de-sac au fond duquel le pus s'accumule et donne naissance à la fistule. Celle-ci s'insinue entre la queue et le rectum et pénètre dans le bassin. Parfois, on trouve une fistule de chaque côté du rectum ; leurs parois sont épaisses et comme indurées ; aussi la cicatrisation en est-elle difficile. On remédie à par Landel, sans l'emploi de la suture, nous pensons que, si l'on se proposait d'élever le jeune animal atteint de ce vice de conformation, au lieu de le livrer à la boucherie au bout de quelques semaines, il serait préférable d'avoir recours au procédé de Giraldès, afin d'éviter le rétrécissement de l'ouverture anale artificielle. SECTION SIXIEME OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES MEMBRES • CHAPITRE PREMIER AMPUTATION DES MEMBRES § 1er. — Considérations générales. — Indications. L'amputation des membres est rarement mise en usage en chirurgie vétérinaire, car, dans la plupart des cas qui en réclameraient l'emploi, il est plus avantageux de sacrifier les animaux. Toutefois, cette opé- ration ne laisse pas que de présenter une réelle importance dans cer- taines circonstances, notamment lorsqu'il s'agit de conserver la vie à des animaux qui ont une grande valeur comme reproducteurs, et qui, malgré la privation d'un membre, peuvent encore être utiles, à ce point de vue. Ainsi, un bélier ou une brebis de prix pourraient encore être employés à la reproduction, même avec un membre tronqué; il en serait de même du taureau et de la vache, dans des conditions sem- blables, et peut-être aussi de l'étalon et de la jument. On conçoit ce- pendant que l'opération ne peut être faite avec utilité que sur l'un des membres antérieurs dans les mâles reproducteurs, et que les chances de succès sont d'autant plus grandes qu'on les fait subir à des espèces animales plus petites et qu'elle est pratiquée sur une région plus éloi- gnée du tronc. En effet, le mâle qui aurait subi l'amputation d'un membre postérieur, serait dans l'impossibilité de se mettre, et surtout de se maintenir, dans l'attitude nécessaire à la copulation. S'il s'agit des grands animaux domestiques, du cheval surtout, l'am- putation n'a sa raison d'être qu'autant qu'elle est faite sur la partie inférieure d'un membre, parce qu'alors celui-ci peut encore venir à l'appui, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un appareil méca- nique. Une expérience faite, il y a plusieurs années, par M. H. Bouley^ 570 AMPUTATION DES MEMBRES. sur un cheval de forte taille, âgé de 5 ans, très-vigoureux, atteint (l'une fracture comminulivc de l'avant-bras droit, compliquée de dila- cération de la peau et des chairs, démontre que l'amputation faite à une trop grande hauteur met l'animal dans l'impossibilité de conser- ver longtemps la station verticale, à cause du poids trop considérable des parties, qui accable le membre opposé et le force à fléchir comme un étai trop faible. Ainsi, dans le cas dont il s'agit, M. II. Bouley ;i pratiqué l'amputation sur le tiers supérieur de l'avant-bras. « Pen- dant les premiers jours, tout alla pour le mieux: travail . inflam- matoire régulier à l'extrémité du moignon; fièvre de réaction mo- dérée ; conservation de l'appétit et des forces. L'animal se tenait par- faitement d'abord en position verticale; mais peu à peu le poids du thorax et de la masse des régions scapulaire et humérale, privées d'étai adroite, produisirent une remarquable déformation du membre antérieur gauche. Le scapulum de ce membre, à la face interne duquel toute cette masse était appendue, fut entraînée par elle, au point de former avec l'humérus un angle dont l'ouverture était dirigée du côté des parois thoraciques et le sommet saillant en dehors. La colonne de soutien avait fléchi par sa partie supérieure sous l'excès du fardeau qu'elle avait à supporter. Cette déformation alla en s'aggravani jus- qu'au huitième jour après l'opération, époque à laquelle l'animal épuisé tomba du côté sur lequel il penchait pour ne plus se rele- ver (1). » C'est principalement sur le chien qu'on est appelé à pratiquer l'am- putation d'un membre, car, quoique mutilé, il peut encore être ntile comme gardien de la maison; déplus, comme dans beaucoup de cas, cet animal se rattache à l'homme par des liens affectueux, « pourvu qu'en somme il vive, c'est assez et son maître est content. » Les lésions qui peuvent réclamer, chez les animaux, l'amputation des membres sont : les fractures comminutives avec contusion ou déchirure de la peau; l'écrasement des chairs autour des os et leur désunion complète d'avec eux; la gangrène étendue, comme on l'ob- serve à la suite de l'application d'un bandage de fracture trop serré ; l'arthrite suppurée ancienne; l'ostéo-sarcôme. Ajoutons que certaines anomalies, notamment la présence de membres supplémentaires, cons- tituent encore une indication de l'amputation. Au surplus, nous allons rappeler ici quelques faits qui donneront une idée du parti que l'on peut tirer de cette opération dans notre chirurgie. En 171)7. de Chaumontel, professeur à l'École d'Alfort, pratiqua l'amputation du canon sur une vache pleine de sept mois, qui s'était fracturé le canon antérieur droit, à 3 centimètres au-dessous du genou. Un bandage de fracture, mal appliqué, avait déterminé la gangrène de (I) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., art. Amputation, p. 441). AMPUTATION DES MEMBRES. oT i la partie inférieure du membre ; « de Chaumontel acheva de la séparer : elle ne tenait que par les tendons et par une petite portion de la peau (1). » Une exfoliation de l'os eut lieu; néanmoins cette vache « fit son veau très-heureusement, le nourrit et continua d'être fort bonne laitière. » Than pratiqua avec succès à Vimoutier (Orne) l'amputation d'un doigt sur un bœuf. Fromage de Feugré rapporte avoir vu une chèvre amputée d'un pied de devant jusqu'au boulet; le moignon avait une consistance cornée, « et la bête s'appuyait dessus en marchant. » « En 1827, M. W. Laing, vétérinaire à Banchory (Aberdeenshire), pratiqua sur une vache laitière d'un grand prix l'amputation du membre antérieur droit, à la région métacarpienne, un peu au des- sous du carpe pour cause de fracture compliquée. L'opération réussit parfaitement et n'empêcha pas la bête de rester à la prairie pendant toute la saison du vert, grâce à une jambe artificielle, de liège qu'on lui ajusta et dont elle savait se servir merveilleusement. Cette vache a continué à être excellente laitière, o « M. W. Shield, vétérinaire à Arbilot, donne le récit dans The Vete- rinarian (1831, p. 618) d'un autre fait d'amputation pratiquée sur le membre postérieur d'une vache pour une fracture du canon compli- quée de déchirure de la peau. On avait essayé, mais inutilement, de réduire cette fracture et de la contenir à l'aide d'un bandage approprié. Au bout d'un mois, les souffrances étaient excessives et ne laissaient aucune chance de sauver cette bête. L'amputation fut faite au-dessous du jarret. Elle réussit parfaitement. Après sa guérison, la vache put être envoyée aux champs où elle continua à s'entretenir aussi bien qu'avant sa mutilation (2). )- Chabert a pratiqué l'amputation du canon au-dessous du jarret, sur une brebis à laine superfine. Cette bête fut sauvée et donna encore plusieurs agneaux. Le membre postérieur opposé s'était considérable- ment redressé. Nous nous en tiendrons à ces faits pour le moment, car, dans le paragraphe 3 de ce chapitre nous aurons l'occasion d'en mentionner d'autres. § 2. — Manuel opératoire. Les amputations des membres peuvent être faites au niveau d'une articulation et alors le chirurgien n'a qu'à couper des parties molles {amputations dans la contiguïté ou désarticulations), ou bien au ni- veau d'une portion de membre, intermédiaire aux articulations (am- (1) Fromage de Feugré, Correspondance, t. II, p. 271. '2) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Amputation, p. 456. 572 AMPUTATION DES MEMBRES. putations dans la continuité ou amputations proprement dites) et dans ce cas, il faut scier les os. a. Lieu où V amputation doit être pratiquée. — En règle générale, on effectue cette opération, sur des parties saines, au-dessus du siège du mal, et le plus loin possible du tronc, afin de laisser à l'animal l'usage d'un moignon plus allongé et parce que l'opération intéresse, dans ce cas, des parties moins volumineuses. Fif. 332. — Couteau à amputation. b. Instruments et objets nécessaires. — On se sert en chirurgie hu- maine de couteaux particuliers, dits à amputation (fig. 332 et 333;; Fig. 333 — Contran interosseux pour les amputations. toutefois, chez les animaux, le bistouri convexe est généralement suf- fisant. Des aiguilles à suture ; des pinces anatomiques ; une scie à amputa- v. ... vV.Wv'.W. ..'...,--, . .-. . . Fig. 331. — Scie à amputation. tion (fig. 334) ou une simple scie, semblable à celle employée par les anatomistes peut suffire. Parmi les objets nécessaires, nous signalerons, en premier lieu, le garrot ou lien constricteur pour obtenir temporairement l'arrêt du sang. — Si l'on se proposait d'employer la méthode d'hémostase in- ventée par Esmarch, on se munirait alors d'un tube de caoutchouc, d'une longueur suffisante pour entourer le membre à amputer, et d'une bande en caoutchouc. Les pièces de pansement sont des plumasseaux de dimensions ap- propriées ; diverses compresses; des fils à ligature et à suture; un vase contenant de l'eau fraîche. AMPUTATION DES MEMBRES. 573 c. Fixation de l'animal. — Hémostase temporaire. — L'animal à opérer est assujéti solidement en position couchée; l'anesthésie est ici parfai- tement indiquée. On aura le soin de couper exactement les poils sur la partie où l.'on va opérer. — Il s'agit ensuite d'arrêter provisoirement le cours du sang au-dessus du lieu de l'opération. Pour cela, on exerce une compression circulaire, en masse, au moyen du garrot, mais on pourrait employer, avec avantage ce nous semble, la méthode d'Es- march, à l'aide de laquelle on obtient une hémostase parfaite, tout en permettant à l'opéré de conserver le sang contenu dans les vaisseaux delà partie du membre qui va être retranchée. — On pourrait, à l'exemple d'Esmarch, enrouler une bande de caoutchouc depuis la partie inférieure du membre jusqu'au point à amputer pour faire refluer dans la circulation générale le sang contenu dans les vaisseaux du membre, et appliquer ensuite par-dessus ce bandage, à sa partie supérieure, un tube de caoutchouc fortement serré de manière à sup- primer complètement la circulation. — Celte méthode d'hémostase permet au chirurgien d'opérer, pour ainsi dire à sec, sans qu'il s'é- €oule une goutte de sang. — La compression digitale peut aussi être employée; toutefois chez les animaux on préfère généralement le garrot hémostatique. Une amputation comprend trois temps principaux : la division des parties molles, la section de l'os et l'arrêt de i'hémorrhagie. I. BHvisioii «les parties molles. — Elle peut s'effectuer par diverses méthodes : nous devons nous borner à mentionner les principales, c'est-à-dire les méthodes circulaire, elliptique, ovalaire, à lambeaux selon que la surface de section a la forme d'un cercle, d'une ellipse, d'un ovale ou que l'opérateur taille un ou deux lambeaux. — Toutes ces méthodes ont un but commun auquel elles tendent par des voies diffé- rentes : c'est de laisser aux parties molles assez de longueur pour recou- vrir les os et empêcher qu'ils ne fassent saillie à la surface de la plaie. a. Méthode circulaire. — Cette méthode, qui est la plus ancienne, a subi, chez l'homme, diverses modifications que nous passons sous siionce. — Pour la pratiquer, l'opérateur, armé de l'instrument tran- chant, bistouri ou couteau, incise circulairement la peau, tendue à la surface de la région, soit par sa main gauche, soit par celle d'un aide. — « Cette incision doit être conduite d'un seul trait et avec rapidité, l'instrument étant tenu, soit en archet (bistouri), soit à pleine main (couteau) suivant l'épaisseur du tégument et le diamètre de la région qu'il faut contourner. » (H.Bouley.) S'il s'agit d'une désarticulation, après avoir coupé la peau, on détache de proche en proche, avec l'in- strument tranchant, ses adhérences à l'aponévrose, pendant qu'un aide la rétracte; ou bien, on la renverse en manchette jusqu'à ce qu'on ar- rive à la hauteur de l'interligne articulaire au niveau duquel on coupe l'aponévrose, les muscles, les tendons et les ligaments. La peau re- couvre alors seule les os. 574 AMPUTATION DES MEMBRES. Lorsqu'on pratique une amputation circulaire dans la continuité sur un segment de membre à deux os, on dissèque et on relève une man- chette ; puis au niveau où s'arrête la dissection de la manchette, on coupe circulairemeut et perpendiculairement l'aponévrose. et les mus- cles jusqu'à l'os. — On divise ensuite avec un bistouri ou le couteau à deux tranchants (fig. 333) les parties interosseuses. Opère-t-on sur un segment de membre à un seul os, alors on ne dissèque pas de manchette. On se contente de faire fortement rétracter la peau pendant que l'on détache ses adhérences à l'aponévrose. Lors- qu'elle a été détachée et rétractée dans une étendue suffisante, on coupe tout circulairement et perpendiculairement jusqu'à l'os. Les muscles superficiels se rétractent plus que les profonds maintenus par leurs insertions à l'os que l'on va sectionner, de sorte que ce dernier se trouve être le sommet d'un cône saillant, formé par les muscles et circonscrit à sa base par la peau. — On porte alors circulairement le couteau ou le bistouri sur les muscles placés à la base du cône, en di- rigeant le tranchant de l'instrument perpendiculairement à l'axe du membre et coupant tout jusqu'au périoste inclusivement. b. Métho'le à lambeaux. — Elle consiste à détacher d'un seul ou des deux côtés de l'os, un ou deux lambeaux de chair qui sont ensuite ra- battus sur le tronçon du membre qu'ils recouvrent. Ces lambeaux peuvent être taillés de deux façons principales, savoir: 1° De dedans en dehors, par transfixion, en enfonçant la pointe du couteau dans les chairs au niveau du point où l'on veut attaquer l'os, la faisant ressortir sur un point plus ou moins éloigné et coupant ensuite les parties en attirant le couteau à soi. 2° De dehors en dedans. — On peut dessiner d'abord le lambeau, avec la pointe du couteau, puis le disséquer, ou bien tailler ce lam- beau de prime abord avec le tranchant du couteau. Quand on se propose de tailler un lambeau par transfixion, il est bon de commencer par frayer une voie au couteau ; c'est-à-dire que lorsqu'on a pointé, avant d'enfoncer plus profondément le couteau et de faire la contre-ponction, il convient de sectionner les chairs dans une certaine étendue avec la partie du tranchant, voisine de la pointe et sur le trajet que doit parcourir le couteau dont la voie est ainsi rendue plus facile et plus sûre. Dans ce temps de l'opération, au lieu de tenir le couteau perpendiculairement à l'axe du membre comme pour la ponction, on peut le tenir dans telle obliquité que l'on voudra. Les lambeaux sont généralement arrondis, et, pour éviter qu'ils ne se terminent en pointe, il faut avoir soin pendant qu'on fait agir la lame du couteau, parallèlement à l'os, d'en maintenir le talon et la pointe à la même hauteur et de terminer la section carrément, c'est-à- dire de façon que la lame du couteau soit perpendiculaire à l'os et le tranchant perpendiculaire à la peau qui se trouve ainsi sectionnée sans biseau. AMPUTATION DES MEMBRES. 575 On dit que les lambeaux sont bien taillés quand ils sont adhérents, par leur base, à toute l'étendue de la surface osseuse à recouvrir sur laquelle ils doivent s'appliquer par leur propre poids et lorsqu'ils laissent un écoulement facile à la suppuration. Ce mode opératoire est souvent préféré pour les amputations dans la contiguïté, en raison des adhérences plus grandes de la peau autour des articulations surtout quand l'inflammation a modifié l'état des tissus. II. Section de l'os ou «les liens articulaires. — Quand il s'agit de scier un os, le périoste est d'abord coupé circulairement ; puis à l'aide d'une compresse longuette dont un des chefs présente autant de l'entes qu'il y a d'os à amputer, on protège et l'on rétracte les parties molles. — Le chef indivis de cette compresse est placé à la partie inférieure et postérieure, l'os ou les os sont embrassés dans l'extrémité de la fente ou des fentes et les chefs du coté de la division sont croisés de manière à recouvrir exactement les chairs. Un aide maintient cette compresse. Pour se servir de la scie, l'opérateur en saisit le manche avec le pouce d'une partet les trois derniers doigts d'autre part, placés sur les deux faces latérales, pendant que l'index est appliqué sur le côté su- périeur. La scie est appliquée sur le point môme où le périoste a été divisé, on la place perpendiculairement à l'axe de l'os, puis on la fait glisser sur l'ongle du pouce gauche, qui. appuyé sur l'os à amputer, empêche tout déplacement latéral de la scie. Cet instrument doit être manié lentement au début et à la fin, c'est-à-dire au moment où l'os va être divisé complètement, afin d'éviter des esquilles qu'il faudrait régulariser ensuite avec des pinces coupantes. Les mouvements doivent être communiqués à la scie par le bras seulement, le corps de l'opérateur demeurant immobile et effacé. — Il faut que l'aide qui soutient la partie infé- rieure du membre ait le soin de ne pas en relever l'extrémité ter- minale; sans cela les deux surfaces de la section pratiquée par la scie, s'appliquent sur elles, la serrent et l'empêchent de cheminer. Lorsque l'on scie un segment de membre à deux os, on doit toujours com-* mencer la section par l'os le plus résistant et le moins mobile ; puis lorsque la voie est suffisamment faite sur cet os, l'opérateur incline la scie de façon à la faire agir simultanément sur les deux os. La section de l'os le moins volumineux doit être achevée avant celle de l'autre parce que le premier de ces os pourrait se fracturer s'il avait à subir seul l'action de la scie. Ce précepte est surtout applicable à l'amputa- tion de la jambe et de l'avant-bras chez le chien. Si l'on se propose de pratiquer une désarticulation, il faut, préala- blement, être bien fixé sur l'anatomie de l'articulation sur laquelle on va opérer; en d'autres termes, on doit connaître à fond la disposition, la direction des surfaces articulaires, celles des ligaments qui les maintiennent. Les tubérosités, les saillies des os que l'on veut dis- 576 AMPUTATION DES MEMBRES. joindre ou bien celles des os voisins dont on connaît les rapports avec l'articulation, l'interligne articulaire lorsqu'on peut le distinguer, les plicatures de la peau qui se trouvent tantôt au niveau de l'articulation, tantôt à une certaine distance, les tendons insérés au voisinage, tels sont les indices sur lesquels l'opérateur se guide pour trouver l'arti- culation. Après avoir divisé les parties molles, comme il a été dit précédem- ment, l'opérateur coupe les ligaments soit au moyen du bistouri, ou mieux, avec la feuille de sauge, comme le recommande M. Bouley. 11 n'est pas nécessaire d'attaquer les ligaments au niveau de Tinter- ligne articulaire ; on peut sans inconvénient les couper en deçà ou au delà de cet interstice et toujours de dehors en dedans. Dans les articulations à surfaces osseuses multiples et à anfractuosités nombreuses, on commencera par l'un ou par l'autre des côtés latéraux et, à mesure que l'instrument tranchant entr'ouvrant un point de l'ar- ticle y pénétrera, on aura soin, au lieu de l'enfoncer, de le reporter plus loin pour éviter qu'il ne soit arrêté par les saillies osseuses. Quand les surfaces articulaires sont complètement séparées, « il faut faire quelquefois usage de la scie pour faire disparaître l'extrémité diarthordiale de l'os qui sert de base au moignon, et prévenir ainsi les obstacles qu'elle pourrait apporter au travail de cicatrisation (1). » (H. Bouley.) Quel que soit le mode opératoire suivi, la plaie d'amputation doit toujours représenter un infundibuhim dont le fond est occupé parle rayon osseux amputé et les chairs, plus saillantes que l'os, peuvent être rapprochées par dessus et former, à l'extrémité du moignon, une sorte de coussin qui protège l'os contre le contact des corps extérieurs. III. Arrêt de l'hémqrrhagie. — On emploie la ligature ou la torsion (Voir t. I, p. 500). Pour reconnaître la situation des vaisseaux, on di- minue ou bien l'on fait cesser la compression exercée par le garrot, et le sang reprend librement son cours en formant un jet qui sert de guide à l'opérateur. I»ansemeiit après les amputations. — Il est des plus simples, en chirurgie vétérinaire, tout en offrant une certaine solidité. Ce pansement consiste à rabattre les chairs sur l'extrémité de l'os et par-dessus elles la peau; l'opérateur rapproche les lèvres de cette dernière et les main- tient réunies à l'aide d'une suture. On emploie la suture à points passés ou bien la suture en surjets (Voir, t. I, p. 515) en ayant soin de ménager des issues aux extrémités de la plaie pour l'écoulement facile du pus et l'élimination des ligatures dont les fils, disposés en un seul faisceau, doivent toujours être dirigés vers la partie la plus déclive de la plaie. On applique ensuite autour du moignon une étoupade qu'on niain- (1) Dictionnaire de médecine et do, chirurgie vétérinaires, par MM. II. Bouley et Reynal, art. Amputation, t. 1er, p. 152. AMPUTATION DES MEMBRES. 577 tient à l'aide de tours de bande en spirale dirigés méthodiquement de haut en bas. Cela fait, on consolide le tout au moyen d'une espèce de chausse en toile soutenue sur le tronc par l'intermédiaire de longues bandes faisant office de bretelles. Les plaies, consécutives aux amputations chez les animaux, se cica- trisent par première ou seconde intention suivant l'espèce à laquelle appartiennent les sujets opérés. Ces plaies peuvent se compliquer d'hémorrhagie immédiate ou con- sécutive, toutefois cet accident sera évité en se conformant aux pré- ceptes qui ont été étudiés dans cet ouvrage (t. I, p. 500), d'abcès, de fusées purulentes, de septicémie. Ces divers accidents sont très-rares chez le chien qui supporte merveilleusement, peut-on dire, les amputa- tions de membres. Nous mentionnerons encore parmi les accidents la conicité du moignon. Ceci s'observe lorsqu'en opérant, on n'a pas con- servé assez de parties molles pour recouvrir l'os, qui peut même l'aire saillie au dehors et se nécroser. Signaler la cause principale de cet acci- dent, c'est indiquer le moyen d'y remédier; du reste, la déformation du moignon offre peu d'importance chez les animaux. § 3. — De quelques amputations en particulier. • Dans ce paragraphe, nous allons passer en revue les principales amputations de membres qui ont été faites chez les animaux domesti- ques et en résumer le manuel opératoire. I. Désarticulation scapulo-iiuméraie. — Fromage de Feugré l'a pra- tiquée chez le chien par la méthode à lambeau et de la manière sui- vante : « Le chien étant assujéti par deux hommes qui le tenaient cou- ché sur une table couverte de paille, je coupai d'abord la peau et les muscles qui, dans les quadrupèdes unissent le membre au thorax sous l'humérus, depuis le coude jusqu'à l'omoplate; puis, par trois incisions, l'une de haut en bas en avant et au-dessous de l'articulation scapulo- humérale, l'autre parallèlement à la première, en arrière de l'humérus et à la même hauteur, la troisième transversalement aux deux autres, à trois travers de doigt au-dessous de l'articulation précitée, je taillai un lambeau en U que je détachai de l'humérus par une quatrième in- cision. Je le fis relever par un aide, puis je coupai les parties ligamen- teuses de l'articulation et je séparai le membre en cet endroit ayant fait la ligature de deux artères qui donnaient beaucoup de sang; l'opération fut terminée après avoir duré seulement quatre minutes. Je fis alors mettre le chien debout parterre, me disposant à le nettoyer du sang et à lui ajuster un appareil; mais aussitôt que l'animal se sentit sur ses jambes, il nous échappa, s'étantmis à courir avec beaucoup de liberté... On ne fit aucun pansement, le lambeau recouvrait parfaitement la plaie et au bout d'une trentaine de jours je reconnus que la cicatrice était Pbuch et Toussaint.— Chirurgie. II. — 37 578 AMPUTATION DES MEMBRES. parfaite et tellement uniforme qu'on aurait cru que ce chien était né avec trois jambes (1). » M. H. Bouley a fait observer un analogue « sur un chien de garde qu'on pouvait considérer comme une bête féroce tant il avait les qualités de son emploi. 11 ne connaissait absolument que son maître, et, lui excepté, il se montrait pour tout le monde d'une méchanceté exces- sive le jour comme la nuit. Cet animal nous fut conduit, dit M. Bouley, pour un sphacèle de toute la moitié du membre thoracique gauche,. sphacèle déterminé par un bandage de fracture mal appliqué. L'ampu- tation était urgente. Quoique fortement assujéti dans la voiture à bras qui avait servi à le conduire, ce chien était encore dangereux à aborder; nous dûmes recourir à l'éthérisation, et l'amputation fut faite à lam- beaux dans la contiguïté du bras et de l'épaule. Après la ligature des artères, la peau fut rapprochée par-dessus les chairs et maintenue à l'aide d'une suture à surjet. A dater de ce moment, aucun soin ne put être donné à cet animal, plus que jamais dangereux à aborder. Il guérit parfaitement et reprit son service avec autant d'aptitude qu'avant sa mutilation (2). » II. Désarticulation du boulet. — Cette opération a été faite par le vétérinaire Maurette sur une jument de trait, âgée de neuf ans, de la taille de quatre pieds huit pouces, pleine d'environ huit mois. Cette jument était atteinte d'un clou de rue pénétrant avec arthrite suppurée et carie étendue du tendon perforant sur un membre antérieur; c'é- tait un de ces cas où le praticien conseille l'abatage. Toutefois, comme il s'agissait d'une jument pleine et que le propriétaire fondait de gran- des espérances sur le poulain, Maurette pratiqua l'amputation. La ju- ment étant abattue et fixée comme pour les opérations de pied, un lien circulaire ayant été appliqué au-dessus du boulet, pour obtenir l'hé- mostase, Maurette lit une incision circulaire dans le paturon, et, après avoir disséqué la peau jusqu'au centre de l'articulation du boulet, il pratiqua la désarticulation au moyen de la feuille de sauge double. Après avoir placé l'appareil de pansement, on lit relever la jument et on enleva la ligature qui avait été employée pour arrêter le cours du sang. Au bout de trente-cinq jours la plaie d'amputation était complète- ment cicatrisée. « Une bottine dont la base était en liège, d'une épaisseur à peu près pareille à la hauteur de la partie retranchée du membre, fut adaptée au moignon ; elle facilita si bien la marche de la part du membre mutilé que la jument lit trois fortes lieues en moins de six heures (3). » (1) Fromage de Feugré, Correspondance, t. II, p. 272. (2) Dictionnaire de rm decine et de chirurgie vétérinaires, t. l°r, art. Amputation, p. 455. (3j Recueil de médecine vétérinaire, 1831, p. 548. AMPUTATION DES MEMBRES. 579 « Bouley jeune a eu l'occasion de pratiquer l'amputation d'un membre antérieur droit sur une hémione du Jardin des Plantes, qui s'était frac- turé le canon au-dessous du genou. La fracture était compliquée de déchirure de la peau dans une grande étendue. Bouley jeune acheva avec le bistouri la séparation de la partie inférieure du membre qui ne tenait plus au tronçon supérieur que par quelques lambeaux de parties molles. La plaie se cicatrisa très- vite, et, chose remarquable, cette bête à demi-sauvage resta extrêmement agile après sa mutilation. Elle se lan- çait au galop avec une très-grande vitesse, et elle finit par se tuer en se brisant la tête contre une palissade (1). » III. Amputation de la deuxième phalange. — Afin de prouver qu'on pourrait conserver un étalon précieux sur lequel se présenterait l'indi- cation de faire l'ablation de la dernière phalange de l'un des membres antérieurs, M. H. Bouley a amputé la deuxième phalange sur un cheval affecté d'une arthrite suppurée de la dernière articulation phalangienne. « Pour pratiquer cette opération, on fit à la partie supérieure de la paroi et sous le bourrelet qu'on ménagea intégralement, une rai- nure profonde jusqu'à l'origine des lames podophylleuses. Lorsque le sabot ne fut plus maintenu que par des parties molles, on dirigea, à l'aide d'une bonne feuille de sauge, dans le canal de la rainure cir- culaire, une incision qui pénétra jusque dans l'articulation, en com- prenant : en avant, le tendon extenseur; en arrière, les tendons fléchis- seurs ; de chaque côté, les ligaments articulaires; et du côté opposé à l'opération du javart déjà pratiquée, le cartilage encore intact. L'os du pied enveloppé de son sabot, fut ainsi complètement désarticulé. « Ce premier temps de l'opération achevé, on extirpa rapidement le fragment de cartilage qui existait encore au-dessous du bourrelet, d'un côté de la deuxième phalange ; puis on fit faire saillie sur le niveau de la plaie à la partie inférieure de cet os, en remontant le bourrelet vers les parties supérieures et, à l'aide d'un coup de scie, on abattit la sur- face articulaire mise à nu. « La plaie qui résulta de cette opération était formée au centre et dans son fond par le tissu spongieux du deuxième phalangien ; en avant et en arrière par les extrémités des tendons coupés ; sur les côtés par la partie supérieure des ligaments latéraux tronqués ; enfin, sur toute la circonférence, au-dessous de la peau, parle tissu cellulaire, dans lequel se trouvaient les tronçons des artères, des veines et des nerfs coupés. Toute sa circonférence était bordée par le bourrelet intact et revêtu encore d'une couche mince de corne. « Deux mois après cette plaie était réduite au diamètre d'un centime, et l'animal pouvait prendre un point d'appui assez solide sur la pla- que de corne qui la revêtait ; on adapta au moignon une bottine en cuir qui facilita la marche (2). » Cl) Dictionnaire de médecine et de chirurgie téiérinaires, art. Amputation, p. 4ôS. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1842, p. 724. 580 AMPUTATION DES MEMBRES. Au bout de neuf mois, la corne qui descendait du bourrelet avait acquis une longueur de près de 15 centimètres, et formait un cylindre plein de 5 centimètres environ de diamètre, recourbé en avant comme un sabot chinois. IV. Amputation «le doigts surnuméraires. — Chez le cheval, 011 rencontre quelquefois à la face interne d'un membre antérieur exclusi- vement, un doigt surnuméraire dont la présence gêne parfois les mou- vements de l'animal. Il peut donc être indiqué d'en faire l'amputation. C'est ainsi que le vétérinaire Allard a pratiqué cette opération sur « un poulain à la mamelle, qui avait à la face interne de l'un des boulets an- térieurs une pièce superflue, composée d'un paturon et d'un pied qui partait de la face interne du canon et aboutissait à la partie supérieure de la corne du vrai pied; il remuait lorsque l'animal marchait et il était fort incommode (I). » Allard fît l'amputation de ce faux pied par un procédé qu'il n'indique pas. M. Trelut a pratiqué sur un poulain âgé de huit jours qui avait un membre supplémentaire prenant son origine à la face interne du genou droit sur le « troisième os carpien de la rangée inférieure, qui avajj, un volume double qu'à l'état normal. La région du canon paraissait simple dans sa moitié supérieure ; en la parcourant avec la main, on distinguait un sillon qui, à peine sensible près du ge- nou, augmentait de largeur jusqu'à la séparation complète des deux canons. Ceux-ci étaient continués par les rayons complets et distincts des métacarpes et des pieds. » M. Trelut opéra de la manière suivante : « L'animal étant couché sur le côté droit et fixé convenablement,, on fît une incision semi-circulaire sur l'articulation du genou, et on arriva très-justement entre les sur- faces articulaires (la partie supérieure du canon et la face inférieure de l'os carpien). Une seconde incision fut faite immédiatement après, entre les deux canons, et le membre se détacha complètement (2). » Vers le vingt-septième jour la cicatrisation était complète; mais, au bout d'un an, le pli cutané, qui séparait les deux canons, s'était trans- formé en une sorte de corde tendineuse « qui tirait le pied en haut et n'en permettait l'appui que sur le quartier interne. » M. Trelut excisa cette corde dans une étendue de 7 centimètres. « Vingt jours après la cicatrisation était complète et le pied parfaitement d'aplomb. » Après avoir communiqué ce fait à la Société centrale vétérinaire (séance du 14 juin 1855), M. Goubaux en a fait connaître trois autres, analogues, observés par M. Moreul, vétérinaire à Ballon (Sarthe) ; toutefois le procédé opératoire de ce praticien diffère de celui de M. Trelut. C'est ainsi qu'au lieu de pratiquer la désarticulation du doigt, comme ce dernier, M. Moreul fait l'amputation dans la con- tinuité du métacarpien anormalement développé. M. Goubaux et (1) Fromage de Feugré, Corespondance, t. IV, p. 153. V, Rapport de M. Goubaux inséré dans le Recueil de médecine vétérinaire, 1855, p. .'. i". AMPUTATION DES MEMBRES- 581 M. H. Bouley ont fait remarquer que ce mode opératoire est bien pré- férable à celui de M. Trelut, attendu que cette opération, pratiquée dans la continuité du rayon supplémentaire « est à peu près sans dan- ger, tandis que dans la contiguïté elle peut être mortelle. » V. De réjointage des oiseaux. — On appelle ainsi une petite opé- ration qui consiste à amputer l'extrémité de l'aile afin d'empêcher aux oiseaux de s'envoler. M. Lenglen opère de la manière suivante : il coupe d'un seul- coup « avec des ciseaux bien tranchants, droits ou courbes, l'extrémité de l'aile, à un centimètre et demi environ de l'articulation des os de l'avant-bras avec les métacarpiens, par conséquent à environ un cen- timètre de l'os du pouce qui fait saillie avec ses rémiges battantes au bord antérieur de l'aile (1) ; » puis il cautérise la plaie avec le per- chlorure de fer ou le nitrate d'argent. Pour les oiseaux de luxe, M. Bénion met en pratique deux modes opératoires que nous reproduisons : « Dans le premier mode opératoire, on plume l'aileron dans la moitié qui se rapproche le plus de l'articulation de l'avant-bras; puis, avec un bistouri ou un canif à lame convexe, on incise la peau au niveau de l'os qui représente le pouce, on détache cette peau sur une étendue d'un centimètre environ, on la relève en s'aidant du bistouri et d'une pince; enfin, on tranche l'os avec de forts ciseaux ou un sécateur au point de réunion antérieure des deux branches du métacarpien. Ceci fait, on éponge la partie mise au vif pendant deux minutes, afin d'ab- sorber le sang épanché et de refouler celui qui est contenu dans les vaisseaux; ensuite on rabat sur le moignon la peau qu'on unit, soit au moyen de trois points de suture, soit au moyen d'une ligature pure et simple avec du fil ciré. « Dans le second mode opératoire, au lieu de trancher l'os, on incise la peau à un demi-centimètre plus haut, on la relève au-dessus de l'articulation du métacarpien avec les phalanges et on désunit cette dernière (2). » M. Bénion n'a aucune préférence marquée pour l'un de ces modes plutôt que pour l'autre : tous les deux lui ont donné de bons résultats. Le premier, c'est-à-dire l'amputation dans la continuité de l'os, est peut-être plus expéditif. (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1869, p. 905. (2) Ad. Bénion, Traité de l'élevage et des maladies des animaux et des oiseaux de Lasse-cour et des oiseaux d'agrément. Paris, 1873, p. 20i. 582 DÉPLACEMENT DE L'ISCIIIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. CHAPITRE H DU DÉPLACEMENT DE L'ISCIIIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS ET DE L'OPÉRATION QU'IL NÉCESSITE Le muscle long, vaste des ruminants (fig. 335), encore appelé biceps crural, isdrio-tibial externe , s'étend de l'épine sacrée à l'extrémité supé- rieure de la jambe et sa portion antérieure peu distincte de la postérieure se confond supérieurement avec le fessier superficiel « qui ne forme avec Fig. 335. — Disposition anatomique de l'aponévrose dite fascia lata et du muscle ischio-tibial externe chez la vache. 1,1. Boni antérieur de l'ischio-tibial externe, placé en avant de l'articulation coxo-fémorale, dans l'état normal. 2,2. Aponévrose dite fascialata, à son point d'union avec le bord antérieur de Hschio-tibial externe où elle forme une sorte de tendon marginal qui maintient ce muscle tendu en avant. le long vaste qu'un seul et même muscle remarquablement développé. » (Cbauveau et Arloing.) Dans l'état normal ce muscle recouvre l'articu- lation coxo-fémorale; il ne prend point d'attaches sur le fémur; mais sa face interne glisse sur le trochanter, au moyen d'une vaste bourse muqueuse. Le bord antérieur du long vaste chez les ruminants, parfai- DÉPLACEMENT DE L'ISCIIIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. 583 tement délimité à partir de l'articulation jusqu'à l'extrémité inférieure du muscle, est uni avec l'aponévrose dite fascia lata dont les deux feuillets comprennent ce muscle entre eux en adhérant fortement à chacune de ses faces. Or, si cette aponévrose vient à être dilacérée au voisinage de l'articulation coxo-fémorale et que le membre se porte fortement en arrière, il peut arriver que le trochanter s'engage dans la solution de continuité de l'aponévrose et se trouve ainsi bridé d'une manière plus ou moins énergique en avant par l'aponévrose et en arrière par le bord antérieur du long vaste qui s'est pour ainsi dire accroché derrière le trochanter. Causes. — Cet accident, qui est connu depuis la plus haute antiquité et que l'on a confondu quelquefois avec les luxations coxo-fémorale et rotulienne, se remarque principalement chez les bêtes maigres qui ont la croupe courte et aplatie, le trochanter élevé. On l'observe également chez les bœufs fortement panards et qui, par l'effet du rapprochement des jarrets en arrière, fauchent en marchant. En outre, toutes les circonstances capables de déterminer, une ex- tension forcée du membre telles que les chutes, les faux pas, les glissa- des, les écarts, les bonds, les ruades, les efforts, les contusions, etc., sont des causes occasionnelles pouvant faire naître le déplacement du biceps. Il se produit même quelquefois sans cause efficiente directe et .par le seul fait d'une maigreur excessive, et alors, si on en opère la réduction, il est beaucoup plus sujet à récidive. Symptômes. — L'animal affecté d'un déplacement de l'ischio-tibial externe éprouve une grande difficulté pour fléchir l'articulation coxo- fémorale ; le membre malade est comme traîné, porté en dehors et en arrière de telle sorte que la pointe des onglons rase le sol. On dit alors que l'animal tire du nerf. En outre, le bord antérieur du muscle, accro- ché derrière le trochanter, forme par suite une saillie longitudinale ou mieux une sorte de corde fortement tendue que l'on sent d'autant mieux qu'on l'examine plus près de l'articulation coxo-fémorale. Cette corde, qui est très- apparente quand on lève le pied postérieur opposé à celui qui est lésé, s'étend obliquement de l'articulation coxo-fémorale à la rotule. Le trochanter n'est plus recouvert que par la peau et le muscle déplacé forme en arrière une sorte de tumeur. Ces caractères ne sont pas toujours faciles à saisir; il est même des oas où la boiterie, accompagnée du port du membre en arrière, est le seul symptôme apparent. Le déplacement est parfois temporaire ou intermittent. Il se produit notamment lorsque l'animal gravit un terrain en pente; ce qui le force à porter le membre plus en arrière. Dans ce cas, si on le met à une descente, il peut arriver que le muscle se replace en faisant en- tendre un bruit sourd, et la boiterie cesse aussitôt pour reparaître au moindre effort que fait le sujet (1). Cette intermittence de la boiterie (1) Traité pratique de maladies de l'espèce bovine, p. 849. .riS4 DÉPLACEiMENT DE L'ISCHIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. a fait quelquefois confondre le déplacement de l'ischio-tibial externe avec la luxation de la rotule, niais l'exploration du grasset permettra d'établir le diagnostic différentiel; toutefois, d'après Cruzel, «jamais, dans les cas de déplacement de l'ischio-tibial, le boulet n'est fléchi en arrière. J'insiste, dit ce praticien, sur cette circonstance, parce qu'elle importe beaucoup pour établir le diagnostic; si le boulet est renversé en arrière, c'est la rotule qui est déplacée. » A notre avis, ce signe n'a pas la valeur que lui attribue Cruzel et nous pensons avec Gourdon (pic (( la facilité que l'on a de reconnaître le changement de place de de ce dernier os (la rotule) permet suffisamment d'établir le diagnostic différentiel de ces deux affections (1). » a II est des cas, dit M. Lafosse, où une tuméfaction fluctuante indi- que une complication d'hygroma; d'autres où un engorgement chaud, douloureux, œdémateux, annonce la rupture du fascia lut a ou l'inflam- mation du tissu cellulaire. u Cette affection est essentiellement nuisible aux hôtes de travail qu'elle met complètement hors de service, lorsqu'elle a toute son in- tensité; elle est, dans la plupart des cas, persistante, bien que sujette à des rémissions passagères. Néanmoins, elle guérit parfois parle repos, surtout si, alors, soumis à un bon régime, les animaux prennent de l'embonpoint (2). » Mais quand les symptômes existent à un degré prononcé il faut avoir recours à la section partielle du muscle déplacée Section tle l'ischio-tibial externe. — On peut la pratiquer par plusieurs procédés. Procédé Dorfeuille. — « On abat le bœuf sur le côté opposé au mal; on dégage de l'entrave le pied du membre malade; on passe au paturon un lacet que deux aides tiennent tendu. Quelquefois le muscle ischio- tibial n'est pas apparent, et, afin de le reconnaître, il convient de faire tenir le membre tendu sur les membres antérieurs... On fait ensuite vis-à-vis la j/artie supérieure du grand trochanter et environ trois cen- timètres en arrière, une incision longue de sept à huit centimètres qui croise obliquement le muscle ischio-tibial externe. Alors l'opérateur introduit facilement son doigt sous le muscle, il le soulève jusqu'à la peau et l'ayant fixé avec un crochet, ou avec une corne de chamois, ou mieux avec une pince à anneau que l'on tient ouverte et entre les branches de laquelle on passe le bistouri à tranchant concave (bistouri à serpette), il coupe le muscle en travers et l'opération est finie (3). » Procédé Castex. — L'animal est fixé debout, la tète attachée à un arbre, et le membre postérieur opposé à celui sur lequel on va opérer, soulevé de terre et ramené en avant au moyen d'un lacs ou d'une plate- longe fixée autour de l'encolure. L'opérateur « recherche le point où (1) Eléments "2. (s) Correspondance mr les animaux domestiques, par Fromage de Feugré, année 1S1 1, t. III, p. 9J. DÉPLACEMENT DE L'ISCHIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. 080 la partie antérieure du muscle est la moins épaisse au-dessous de l'en- droit où il paraît être accroché; en même temps, armé de son bistouri, il fait une incision d'un pouce et demi à peu près, parallèle à la direction du muscle à sa partie antérieure et moyenne, entre son expansion apo- névrotique et le grand trochanter (1). » On dissèque les bords de l'incision de manière « à mettre à nu, dans toute la longueur de l'inci- sion, la partie antérieure du muscle. » On dilacère avec lïndex (de la main gauche si on opère à gauche et vice versa) « le tissu cellulaire entre le muscle ischio-tibial externe et les muscles sous-jacents. » On introduit ensuite « le bistouri dont la lame est recouverte sur son plat par le doigt indicateur, dans l'espace pratiqué entre les muscles. Alors un aide détache le bœuf du point iixe où il est maintenu et on dégage le pied postérieur qui a toujours été tenu levé; on fait marcher l'animal, et, au même instant, l'opérateur qui maintient la lame du bistouri dans la position indiquée précédemment, la redresse en tournant le tran- chant de son côté. » de telle sorte que le muscle vient se couper de lui-même sur le bistouri à chaque mouvement que l'animal exécute. Ce mode opératoire, dit M. Lafosse, est des plus dangereux pour l'opérateur ; il n'est pas sans danger pour l'animal vigoureux et indocile, car, en s'agitant, il peut s abattre, et on a vu des fractures se produire dans ces chutes (2). Procédé Cruzel. — L'animal étant fixé debout, « je fais, dit M. Cruzel, une incision longitudinale de 7 à 8 centimètres à la peau, au milieu de la cuisse à 10 ou 12 centimètres au-dessous et un peu en arrière de l'articulation suivant la direction de la corde tendue du muscle. J'incise également l'aponévrose sous-cutanée, je soulève la corde tendue légèrement, afin que mon bistouri à serpette la saisisse en entier sans toucher aux autres muscles; puis j'incise cette corde de dedans en dehors et transversalement en ramenant sous la peau la pointe de l'instrument et je termine en réitérant la section à plusieurs reprises tant que le muscle offre de la résistance (3). » M. Cruzel affirme « qu'il a opéré au moins deux cent cinquante fois la section du muscle ischio-tibial externe et jamais, dit-il, je n'ai observé soit des abcès pro- fonds, soit la gangrène. Ce procédé m'a constamment réussi. » Procédé Bernard. — Cet auteur fait remarquer au préalable que le lieu de l'opération est bien indiqué parla saillie que forme le bord antérieur du muscle déplacé et l'on conçoit que « plus on fera l'opération près du point de suspension, plus la corde sera facilement dégagée; mais, pour manœuvrer avec plus de facilité qu'on ne le ferait contre l'articu- lation, quoiqu'il y ait peu de chose à craindre, on préfère opérer au-dessous. Quoi qu'il en soit, le lieu étant choisi, il ne s'agit que de plonger obliquement le bistouri sous la saillie du muscle à 3 ou 4 (1) Recueil de médecine vétérinaire, t. Ie'', 1824, p. 368. (2) Traité de -pathologie vétérinaire, t. II, p. 373. (3) Traité pratique des maladies de l'espèce bovine, p. 851. o.S6 DÉPLACEMENT DE L'ISCMO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. pouces au moins de profondeur, et de faire d'un seul coup, en retirant l'instrument, une large incision qui divisera en même temps l'apo- névrose et une partie du bord antérieur du muscle... Si, ayant détaché l'animal pour le faire marcher, on suppose que l'incision n'a pas été assez profonde ou assez large, on peut y revenir sans difficulté. Dans tous les cas, il n'en résulte qu'une plaie profonde, mais simple, qui n'offre aucun danger, » ainsi que Bernard s'en est assuré (1). Cet auteur a été conduit à employer ce procédé parce que, dit-il, « les opérations les plus simples, celles qui consistent en un seul temps, ont le plus de succès. » D'un autre côté « les grandes incisions font pénétrer l'air dans des gaines très-sensibles au contact des corps étrangers. » Bernard avait? donc entrevu les avantages de la méthode sous- cutanée pour les sections tendineuses ou musculaires et il avait cherché à en faire l'application à l'opération qui nous occupe. Procédé Ringuet. — L'animal, est assujéti debout, le membre posté- rieur opposé à celui sur lequel on opère étant soulevé au moyen d'une plate-longe. On se munit d'un « bistouri convexe » et d'une « sonde cannelée. » L'opérateur, placé sur le côté et en avant du membre à opérer, incise la peau « parallèlement à la direction de la corde formée par le muscle, à 7 ou 8 centimètres au-dessous et en avant du tro- chanter... L'incision ne doit avoir que 3 ou 4 centimètres. » On sépare ensuite la peau des tissus sous-jacents, au moyen de « l'index ou le manche du bistouri... pour mettre bien en évidence la partie anté- rieure du long vaste; puis, avec l'index de la main gauche ou droite, suivant le côté duquel on opère, on détruit l'union qui existe entre le fascia lata et ce même muscle que l'on soulève pour introduire par dessous une sonde cannelée dans une direction de bas en haut; elle doit servir de guide au bistouri convexe introduit d'abord à plat mais que l'on redresse après son introduction de manière à tourner le tran- chant en haut et en dehors (2) » pour « couper le muscle dans une longueur assez considérable, ce dont on s'assure » en faisant marcher l'animal préalablement détaché. Si la section est jugée insuffisante on peut y revenir à plusieurs reprises en opérant comme précédemment. D'après Serres, c'est à M. Lafosse que revient l'honneur des modi- fications introduites dans le procédé opératoire adopté et décrit comme sien par M. Ringuet dans le Journal des vétérinaires du Midi (année 1854, pages 265 et suivantes). Nous donnons ci-après la description du procédé suivi par M. Lafosse telle qu'il l'a imprimée dans son ouvrage et le lecteur pourra se con- vaincre que ce procédé n'est pas exactement semblable à celui décrit par M. Ringuet. Nous pensons môme que le procédé de M. Lafosse est (1) Journal des vétérinaires du Mit//, 1839, p. 137. (2) Ibid., 1854, p. î>Gt>. DÉPLACEMENT DE L'iSCIIIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. 587 préférable à celui de M. Ringuet : c'est pour ce motif que nous le reproduisons. Procédé Lafosse. — « Selon que l'animal est patient ou indocile, on l'opère debout ou abattu. Cela fait, une incision de 4 ou 5 centi- mètres est pratiquée à la peau et au fascia lata, à 8 ou 10 centimètres au-dessous du trochanter ; une sonde cannelée est introduite sous le muscle, en se dirigeant en haut et en arrière, et le bistouri enfoncé à plat sous le muscle à une profondeur de 6 ou 8 centimètres et puis tourné de champ, le tranchant vers l'aponévrose, qui est coupée d'un seul coup. L'obliquité de l'incision, la seule introduction delà sonde et non du doigt, facilitent l'écoulement du liquide et limitent aux propor- tions strictement nécessaires la sûreté du manuel, les délabrements et, conséquemment, l'inflammation, suite inévitable de l'opération (I). » u II est, dit M. Lafosse, des praticiens qui font l'incision à la peau avec la flamme de la même manière que la saignée et qui ensuite in- troduisent sous le muscle une sonde cannelée qui sert de guide au bistouri. » Procédé Boileau. — M. Boiteau, vétérinaire à Villegouge (Gironde) (2), a fait connaître, dans le Journal des vétérinaires du Midi (année 1860, page 143), un procédé qui permet d'opérer « la section de l'aponévrose d'un seul coup, sans risquer de se blesser — quand même l'animal serait indocile — ni d'attaquer le muscle dans toute son épaisseur ; et, en troisième lieu, on évite les chances de couper les divisions arté- rielles. On se sert, à cet effet, d'un instrument spécial, dû à M. Boi- teau, et qui se compose de trois parties : la fige, la lame et le manche. « La tige est droite et aplatie, de 10 centimètres de longueur sur un centimètre de largeur; son épaisseur est celle d'une tige de flamme ordinaire, c'est-à-dire 2 ou 3 millimètres. Une des extrémités porte la lame ; l'autre, aplatie en sens opposé, lui permet, à l'aide d'un clou, de se fixer au manche et de se fermer sur plat. « La lame se trouve fixée à un centimètre de l'extrémité opposée au manche; mais au lieu d'être tirée perpendiculairement à l'épaisseur, elle est fixée par une rivure, sur le plat, le tranchant tourné vers le manche. Sa forme est celle d'une serpette, longue de un centimètre, large de 5 millimètres. « Le manche est en tout semblable à celui d'un bistouri ordinaire. Il peut être creux dans toute sa longueur, ou bien seulement dans la partie qui reçoit la lame, la tige se trouvant à plat sur celui-ci et sans avoir besoin d'y pénétrer. Pour plus de sûreté, on peut y ajouter un ressort qui fixe la tige et la rende immobile. (1) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 573. (2) M. Boiteau est un observateur du plus grand mérite: c*est à lui qu'on doit la découverte du lieu où le phylloxéra opère la ponte de son œuf d'hiver, et cette décou- verte a servi de base aux recherches qui ont été faites pour arrêter la marche du fléau. :;88 DÉPLACEMENT DE L'ISCIIIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. « Le procédé opératoire est simple. L'animal étant assujéti, par la tête, à un poteau ou à un arbre, je fixe, dit M. Boiteau, à l'encolure, à l'aide d'une corde, le membre postérieur opposé à celui sur lequel on veut opérer; par ce moyen, on est à l'abri des coups de pieds, et, de plus, la tension du muscle est plus considérable, ce qui facilite l'opé- ration. « Une fois le sujet en position et après avoir préalablement coupé les poils, je fais, à 7 ou 8 centimètres au-dessous de l'articulation coxo- fémorale et sur la ligne correspondant à la partie antérieure du muscle ischio-tibial externe, une incision longitudinale de 6 ou 7 centimètres d'étendue, qui intéresse la peau dans toute son épaisseur; d'un second coup de bistouri, j'incise l'aponévrose sous-cutanée; puis, à l'aide du doigt, je désunis la face aponévrotique de ce muscle d'avec les parties sous-jacentes. « La région étant préparée, il ne reste plus qu'à faire la section de la partie tendineuse. L'instrument, ouvert et tenu de la main droite, est introduit dans l'ouverture pratiquée, la lame dirigée vers la com- missure supérieure (on peut facilement juger à quelle profondeur il faut enfoncer la tige pour attaquer l'aponévrose dans toute sa largeur, en explorant au préalable avec le doigt) ; arrivé à la profondeur voulue, un n'a qu'à tourner, par un quart de révolution, la pointe de l'instru- ment vers la face antérieure du muscle, baisser le manche afin de faire une incision oblique, de dedans en dehors et de haut en bas, pour faci- liter l'écoulement du pus; puis, tirer en appliquant sur la lèvre anté- rieure le dos de l'instrument afin de faciliter sa pénétration. » M. Boiteau a pratiqué plusieurs fois cette opération, « et le patient n'a pas le temps de faire un mouvement, que la section est faite dans toute l'étendue de l'aponévrose, sans qu'on puisse craindre un délabre- ment trop considérable, puisque la lame est bornée par les parties latérales de la tige qui lui sert de support. « Par ce moyen, on peut opérer très-rapidement des bœufs d'une telle stature et tellement vigoureux, qu'il serait impossible, après avoir fait les premières incisions, d'aborder avec le bistouri, arme dangereuse pour l'opérateur et pour l'opéré. » M. Gouze a conseillé l'emploi d'un « instrument particulier à lame courbe, émoussée et à tranchant concave (fig. 336) (1) pour pratiquer la section de l'ischio-tibial externe par un procédé semblable à celui de M. Boiteau. Choix du procédé. — Il n'est pas indifférent d'employer l'un ou l'autre de ces procédés. Lorsque les animaux sont maigres et que la corde formée parle bord antérieur du muscle est bien accusée, il convient d'employer soit le pro- cédé Bernard, soit le procédé de M. Lafosse en se contentant de faire il) Journal des vétérinaires du Midi, 1 8G" , p. 309. DÉPLACEMENT DE L'iSCHIO-TIBIAL EXTERNE CHEZ LES RUMINANTS. 589 une étroite incision au moyen de la flamme. Si l'on opère sur des ani- maux en bon étal de chair et chez lesquels le relief formé par le bord antérieur du muscle déplacé est peu accusé, on choisit le procédé Fig. 33G. — Bistouri Gouze pour la'section de l'ischio-tibial externe. par incision préalable de la peau (Dorfeuille, Cruzel, Ringuet, Boiteau, Lafosse). Quant au procédé Caslex, dans lequel on confie à l'animal le soin de l'effort à faire pour opérer la section du muscle, il nous paraît offrir trop peu de sûreté pour pouvoir être conseillé. Soins consécutifs. — On se contente d'introduire dans la plaie quel- ques boulettes d'étoupe sèche, que l'on retire dès que la suppuration se manifeste; parfois on se borne à de simples soins de propreté en com- primant avec la main le pourtour de la plaie pour éviter la stagnation du pus. «En général, dit M. Lafosse, sept ou huit jours de repos, des lotions réfrigérantes acidulées dans les temps chauds, des onctions d'axonge, pendant les gelées, assurent une prompte guérison. (1) » «Au bout de quinze à vingt-cinq jours, la cicatrisation de la plaie est ordi- nairement achevée, la boiterie ayant d'ailleurs cessé aussitôt après l'opération. L'animal n'en éprouve par la suite ni faiblesse, ni embarras, même en reprenant tout à fait ses travaux ordinaires (2). » Accidents. — Hémorrhagie. — D'après M. Cruzel « il n'y a guère à s'eu préoccuper, le tamponnement avec des étoupes suffit pour l'arrêter. » On conçoit que si l'hémorrhagie présentait un caractère inquiétant on aurait recours aux hémostatiques . Abcès inter- musculaires; fusées purulentes. — Ces accidents résultent de manœuvres intempestives faites pendant l'opération, notamment la dilacération des tissus par les doigts introduits dans la plaie à plusieurs reprises, les incisions multiples pratiquées sur le muscle. Gangrène. — Cet accident est fort rare; on l'évite habituellement en opérant avec méthode et en ayant le soin de donner à la plaie d'opéra- tion une direction telle que les produits inflammatoires ou septiques puissent facilement s'écouler au dehors; il importe surtout d'éviter que des caillots sanguins ou des débris de tissus séjournent au fond de la plaie. Malgré cela, si la plaie prenait un mauvais aspect et s'entourait d'un engorgement œdémato-inflammatoire d'abord chaud et doulou- reux, puis froid et insensible, il faudrait pratiquer des injections phéni- (1) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 575. (2) Éléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 553. 590 TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CAUPIENNE. quées dans la plaie, administrer même l'acide pliénique à l'intérieur; on aurait ainsi quelques chances d'arrêter les progrès du mal. CHAPITRE III TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CARPIENNE § 1. — Ténotomies tarsiennes. On en connaît deux, savoir : la section de la branche cunéenne du tibio-pré -métatarsien, et la section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges. I. Section «le la brandie cunéenne du tibio-pré-métatarsien. — Cette opération a été inventée par M. le professeur Lafosse de l'École vétérinaire de Toulouse, qui en a donné la description d'abord dans le Journal des vétérinaires du Midi, année 1846, p. 489, puis dans son Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 505. Elle est indiquée pour combattre la boiterie produite par l'éparvin calleux. On sait que l'éparvin calleux consiste en une tumeur osseuse, qui a son siège à la face interne et à la base du jarret, « à l'endroit même où la tête du métatarsien interne, la tubérosité d'insertion ligamenteuse du métatarsien principal et le petit cunéiforme forment sous la peau un relief normal. » (H Bouley.) — Or, d'après M. Lafosse, la boiterie qu'on observe chez les chevaux affectés d'éparvin calleux serait entretenue « par la tension de la bran- che cunéenne du fléchisseur du métatarse, soulevée par i'exostose » qui constitue l'éparvin. Conséquemment, pour faire cesser la claudication M. Lafosse a eu l'idée de pratiquer la section de cette bride tendineuse. Cette opération n'est pas « infaillible dans ses résultats » ; mais elle est « très-supérieure au feu ; elle réussit alors même que ce puissant moyen a complètement échoué (1)» ; d'un autre côté, M. Bugniet, vété- rinaire à Moulins, a publié, en 1869, dans le Recueil de médecine vétéri- naire, page 897, quatre faits qui militent en faveur de l'opération dont il s'agit et que nous allons décrire. M. H. Bouley nous fait remarquer que la section de la branche cunéenne du tibio-pré-mélatarsien «ne remédie à l'éparvin que très-exceptionnellement. Elle ne peut rien, en effet, quand La boiterie, ce qui est le cas le plus ordinaire, est la consé- quence de l'ankylose des dernières rangées des os du tarse (2)-. » Opération. — Nous rappellerons, au préalable, que le muscle fléchis- seur du métatarse a été décrit dans le premier volume de cet ou- (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. -Mis. (2) Note inédite. TÉN0T0M1ES TARSIENNES ET SUS-CARP1ENNE. o9i vrage, page 349. — Nous ferons remarquer que pour mettre à découvert, sans danger, la branche cunéenne du tibio-pré-métatarsien, il faut la chercher en arrière de la saphène et inciser successivement la peau, le tissu cellulaire, la gaine fibro-celluleuse et la membrane synoviale tendineuse. «Les instruments nécessaires sont : des ciseaux, un bistouri convexe, un droit, une érigne, une pince anatomique, un petit élévatoire en forme de forte aiguille à suture, à pointe mousse et creusée d'une petite rainure longitudinale sur sa face concave. « Pour procéder à l'opération, on couche l'animal sur le côté du membre malade ; ce membre reste entravé ; il est contenu par des aides au moyen d'une plate-longe placée sur la couronne ; l'opposé est fixé sur l'avant-bras. On coupe les poils sur le trajet du tendon, en arrière de la sapbène ; parfois une dépression presque transversale, marquant la séparation de l'éparvin en deux tumeurs jumelles, l'une supérieure,, l'autre inférieure, est l'indice de la position du tendon. A défaut de ce guide et de notions d'anatomie topographique certaines, le toucher sert très-utilement pour se mettre sur les traces de l'organe. Chez les chevaux à peau épaisse, tarée par le feu, le toucher n'est plus qu'une ressource très-accessoire ; la connaissance des dispositions anatomi- ques de la région devient alors indispensable ; si l'on connaît le degré d'obliquité du tendon, on peut, en touchant son point d'émergence, dont on se sert comme jalon, discerner assez exactement le point qu'il occupe sur le jarret. « Il ne nous reste donc qu'à dire que les poils une fois coupés, l'opé- rateur, assisté d'un aide, se place en arrière de la jambe, pratique, à l'aide du bistouri convexe (tenu de la main gauche pour le jarret droit et vice versa) une incision qui commence sur laligne postérieure de la sa- phène, au niveau de la face inférieure du scaphoïde, et se prolonge en arrière en s'inclinant vers le premier cunéiforme. On lui donne une étendue de 3 à 5 centimètres, suivant l'épaisseur de la peau et les dimensions du jarret, et l'on fait en sorte qu'elle arrive jusqu'au tissu cellulaire sous-cutané. C'est à ce temps de l'opération que l'aide de la tête doit bien serrer le tord-nez, et que ceux chargés de la plate-longe fixée à la couronne doivent bien tendre le membre, afin d'éviter les grands mouvements auxquels, sans cela, l'animal ne manque pas de se livrer, et d'où pourrait résulter une incision trop profonde et trop étendue, quelque soin qu'ait l'opérateur de prendre avec le pouce un point d'appui destiné à éviter cet inconvénient. « Une fois la peau incisée, il se produit ordinairement une hémor- rhagie capillaire qui masque les tissus, bien que l'aide s'occupe acti- vement d'étancher le sang. Comme une incision trop profonde pourrait ouvrir l'articulation scaphoïdo-cunéenne, mieux vaut temporiser que d'agir en aveugle. On fait tomber pendant quelques instants une dou- che d'eau fraîche sur l'incision ; le sang s'arrête bientôt, et on continue 592 TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CARPIENNE. l'opération. A l'aide de l'index introduit dans la plaie, on cherche à sentir le tendon ; cela fait, l'aide ou l'opérateur tire avec l'érigne ou des pinces l'une des lèvres de la peau dans un sens ou dans un autre, mais toujours de manière à permettre au bistouri (tenu alors de l;i main droite ou de la gauche) d'agir vers le tiers supérieur de la largeur du tendon, car c'est là, et parallèlement à ce bord, que la gaîne cunéenne doit être ouverte dans une étendue de un centimètre environ. Un peu de synovie s'écoule alors, mais cela n'est pas constant. « Ce deuxième temps exécuté, il faut soulever et inciser le tendon. Pour cela, l'extension du membre étant interrompue, on prend l'élé- valoire de la main droite si l'on opère à droite, de la main gauche dans le cas contraire ; on le tient verticalement d'abord, et on fait reposer sa pointe mousse sur le tendon, près de la lèvre supérieure de l'incision faite à la gaîne. Alors on incline le manche vers le bas du membre, sa pointe s'insinue entre le tendon et la lèvre supérieure de la gaîne ou- verte ; dès qu'elle est parvenue au bord supérieur du tendon le manche est ramené vers le haut du membre, la pointe contourne le tendon et s'engage sous sa face interne: on pousse jusqu'à ce qu'elle soit parve- nue à son bord inférieur ; l'aide, muni d'une érigne, tire en bas la lèvre Fig. 337. — (Empruntée Ul. Lafosse). — Fig. 338. — (Empruntée à M. Lafosse). — Face nrfrrne du jarret. La peau et la Face interne du jarret, branche tendi- gaîne cunéenne sont incisées et la bran- neuse cunéenne soulevée par l'éléva- chc tendineuse cunéenne est mise à dé- toire. couvert. inférieure de l'incision et l'opérateur, au moyen d'un léger effort, fait sortir de la gaine la pointe de son instrument près de l'érigne (fig. 337 et 338). Le tendon ainsi soulevé sur la face concave de l'élévatoire, il n'y a plus qu'à l'inciser transversalement à l'aide du bistouri droit, dont la pointe est dirigée dans la rainure, tranchant en dessus, dos en dessous ; l'opération est ainsi terminée. TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CARPIENNE- 593 « Les résultats de cette opération sont dans quelques cas immé- diats. Le plus souvent, ils ne se manifestent qu'après un nombre va- riable de jours. Quoi qu'il en soit, trois semaines après l'opération, le boiteux est considérablement soulagé, sinon guéri, et souvent même il ne boite plus vingt-quatre ou quarante-huit heures après la sec- tion (1). » IL Section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges (péronéo- pré-phalangien). — Cette opération a été essayée dans le cas d'éparvin sec, et, paraît-il, avec quelque succès. L'éparvin sec est caractérisé uniquement par une flexion brusque de tout un membre postérieur, à chaque pas que fait l'animal, mouvement connu sous le nom de harper. Or, on ignore la cause qui détermine le mouvement debarper. Toute- fois, on a remarqué que chez les chevaux qui en sont affectés, les tendons extenseurs du pied forment sur le devant du jarret et du ca- non une saillie bien accusée par suite de la tension qu'ils éprouvent. C'est ce symptôme qui a inspiré à un vétérinaire belge, Boccar, l'idée de faire la section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges. Le premier essai de ce genre, communiqué à la Société de médecine vé- térinaire de Belgique (2), eut lieu sur une jument qui harpait à l'excès des deux membres postérieurs. L'animal fut abattu sur le côté gauche, et l'opérateur, après avoir pratiqué une petite incision à la peau, fit la section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges au moyen du myotome caudal de Brogniez. L'animal étant relevé ne harpait plus de ce côté ; Boccar, enhardi, fît sur-le-champ la même opération sur l'autre membre et obtint le même résultat. Quinze jours après la ci- catrisation était complète et la jument fut employée pour le cabriolet (i aussi bien que si elle n'avait jamais harpe ; cependant, du côté gau- che, qui était le plus affecté primitivement, on remarquait encore une irès-légère flexion, qui est bientôt devenue imperceptible. » Delwart et Brogniez ont pratiqué cette opération sur plusieurs che- vaux affectés d'éparvin sec, et, paraît-il, avec succès. « La ténotornie péronéo-pré-phalangienne est des plus simples, des plus faciles à pratiquer ; l'animal étant abattu, on fait une petite inci- sion, en forme de boutonnière, à la peau qui recouvre le tendon du muscle péronéo-phalangien, un peu au-dessous du jarret, et près de sa jonction avec l'extenseur principal des phalanges ; on passe un bis- touri sous le tendon, que l'on coupe, avec perte de substance, de la longueur d'un pouce. « Il arrive quelquefois que l'animal opéré harpe encore quelques jours après l'opération; il convient dans ce cas de lui donner de l'exercice pour détruire les adhérences que le tendon aurait pu con- (1) Lafosse, Traité de pathologie vétériîiaire, t. II, p. 506 et suiv. (2) Delwart, Traité de médecine vétérinaire pratique, art. Eparvin, p. 413. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II» ~ ~" 38 594 TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CARPIENNE. tracter le long de son trajet : c'est ce que nous avons été obligé de faire, et ce qui nous a réussi (1). » M. Palat a essayé la section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges sur quatre juments de selle, affectées d'éparvin sec, et il a obtenu une guérison complète, une fois (2). § 2. — Ténotomie sus-carpienne. Cette opération, qui a été pratiquée sur le cheval par M. Lafosse- dès 1843, consiste dans la section sous-cutanée des tendons des mus- cles fléchisseurs externe et oblique du métacarpe (épicondylo et épitro- chlo sus-carpiens). Elle a été indiquée pour remédier à cette défectuosité du genou qui fait dire que le cheval est arqué; dans ce cas, le genou est porté en avant de la ligne d'aplomb, de telle sorte que le membre, vu de profil, décrit une courbe plus ou moins accusée au lieu d'être rectiligne. Ce défaut d'aplomb est congénital ou acquis ; dans le pre- mier cas le cheval est dit brassicourt, et cette conformation ne nuit en rien à la solidité de son appui et à la liberté de ses mouvements ; dans le second cas, cette défectuosité est l'expression de la fatigue produite par l'âge et l'excès du travail. Elle constitue alors un vice grave auquel on a cherché à remédier par la section des tendons des muscles épilrochlo et épicondylo-phalangiens. On pratique cette opé- ration sur chaque tendon à l'endroit correspondant au plus petit dia- mètre, soit en dehors à 5 centimètres environ au-dessus de l'os sus- carpien, et en dedans à 4 centimètres. On se sert de deux instruments particuliers connus sous le nom de ténotomes, et que nous décrirons au chapitre de la ténotomie plan- taire. « Le sujet étant couché sur un côté quelconque, on saisit, entre deux doigts de la main gauche, le tendon qui se présente en dessus ; puis, le soulevant un peu, on introduit, par dessous, la lame du ténotome à plat, en perçant pour cela la peau vers le bord antérieur du tendon. On pousse la lame ainsi placée d'avant en arrière jusqu'à ce qu'avec le doigt on sente la pointe sous la peau, dans l'intervalle qui sépare les deux tendons au bord postérieur du membre. Le trajet étant fait, on retire l'instrument, on introduit à la place le ténotome courbe, et, re- levant le tranchant, on coupe le tendon d'arrière en avant en ramenant la laine à soi. Avec le ténotome droit, vu la convexité du tendon du côté extérieur, on opérerait la section avec beaucoup plus de difficulté, et l'on serait en outre exposé à blesser la peau à sa face interne. « Une première section étant faite de cette manière, on retourne l'animal et on agit de même de l'autre côté. Puis on fait relever le su- (1) Dclwart, Traite de médecine vétérinaire pratique, art. Épauvim, p. 414. (2) Journal de médecine vétérinaire militaire, t. III, année ISGi, p. 97. TÉNOTOMIES TARSIENNES ET SUS-CARP1ENNE. 595 jet, on applique un léger bandage autour du membre, et, sans autres soins, on abandonne le malade au repos. Après l'opération, si le redressement n'est pas assez complet, on peut faire faire une légère promenade. Mais, dès que le travail inflammatoire a commencé à se manifester, le repos absolu est nécessaire jusqu'au vingtième jour en- viron après l'opération. A ce moment, l'animal boite encore, l'engor- gement n'est pas entièrement dissipé ; mais bientôt tous les symptômes disparaissent, et la guérison est complète (1). » Un fait, observé par M. Brachet, vétérinaire à Orange, sur une jeune pouliche affectée d'une arqûre excessive, témoigne des bons effets de la ténotomie sus-carpienne (2). Toutefois, cette opération n'a pas été adoptée dans la pratique, car ses résultats sont des plus incertains, et, dans le plus grand nombre des cas, elle est au moins inutile. Ténotomie chez le chien. — On observe parfois sur les jeunes chiens une rétraction de l'une ou l'autre des pattes antérieures, quelquefois des deux, rétraction telle que l'angle formé par les os de l'avant-bras avec les métacarpiens au lieu d'être ouvert en avant, comme dans l'é- tat physiologique, est ouvert en arrière. Ce vice de conformation peut être porté à un tel degré que, chez quelques chiens, l'appui s'effectue sur la face antérieure des doigts et la marche a lieu par une sorte de reptation. J'ai souvent pratiqué alors, et avec succès, la section des tendons des fléchisseurs externe et oblique du métacarpe, a quelques millimètres au-dessus de leur insertion à l'os sus-carpien. Pour cela, l'animal est couché sur une table, du côté opposé au membre malade, qui est maintenu par un aide. L'opération se fait en un seul temps. On enfonce à plat un ténotome droit à lame très- étroite — un canif convient très-bien pour cette opération — sous la peau et en arrière du tendon à un demi-centimètre environ au-dessus de l'os sus-carpien, et l'on fait glisser la lame de manière à sentir la pointe sous la peau du côté opposé. L'opérateur retourne alors le té- notome de manière à en appliquer le tranchant contre la face posté- rieure des cordes tendineuses qu'il coupe d'arrière en avant en prenant un point d'appui avec le pouce de la main armée du ténotome, sur la face antérieure du membre. Une légère hémorrhagie accompagne par- fois cette opération. Le redressement de la patte n'est pas toujours bien prononcé, notamment quand la rétraction tendineuse était très- forte. Dans des cas de ce genre, j'ai fait la section du tendon perforé. Pour cela, on introduit à nouveau le ténotome sous la peau, et on en tourne le tranchant contre la face postérieure du tendon qu'on divise. Pour faciliter cette manœuvre, l'aide doit maintenir la patte, sur la- quelle on opère, dans l'extension. Quand la section du perforé est bien faite, le redressement a toujours lieu. (1) J. Gourdon, Eléments de chirurgie vétérinaire, t. II, p, 536. (2) Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 1858, p. 145. 596 TÉNOTOMIE PLANTAIRE. Après l'opération, on entoure la patte d'un plumasseau et on appli- que par dessus deux attelles, l'une en avant et l'autre en arrière ; on maintient le tout à l'aide de tours de bande en spirale. Les attelles doivent embrasser le membre, de la partie supérieure de l'avant-bras à l'extrémité terminale des doigts. On laisse ce pansement en place, pendant quatre ou cinq jours ; au bout de ce temps, la piqûre est cica- trisée ou tout au moins recouverte d'une croule épaisse et adhérente et la patte est redressée. On peut alors laisser l'animal en liberté; peu à peu, il s'appuie sur la patte opérée et la marche s'effectue réguliè- rement. Ténotomic sur les ailes des oiseaux. — Afin de pouvoir conserver des oiseaux en liberté, sans leur couper les ailes, Voigtlaender de Dresde a eu l'idée de faire la section des tendons des muscles exten- seurs du carpe et des doigts par le procédé sous-eutané. Cette opéra- tion, très-simple, se fait de la manière suivante : « l'animal, retenu par un aide, a l'aile étendue ; on enlève quelques plumes de chaque côté de l'articulation carpienne, ainsi qu'en avant du radius de manière à mettre la peau à nu. Par cela même, on peut déjà voir, à travers la peau, les tendons des extenseurs du métacarpe, qui sont au nombre de deux ; on fait une incision à la peau, on soulève les tendons avec une pince, et l'on en ampute une partie dans la longueur d'un quart de pouce. On agit de même sur la face opposée, où l'on trouve les tendons des extenseurs de la région digitée, qui sont à la face supérieure des ailes, entre le radius et le cubitus ; les deux opérations se font donc à peu près au même niveau des ailes, près de l'articulation carpienne. On opère ainsi les deux ailes sans qu'il y ait une hémorrhagie appré- ciable, et les oiseaux sont guéris au bout de deux ou trois jours (1). » (Zundel.) CHAPITRE IV TÉNOTOMIE PLANTAIRE 1° Indications et contre-indications. — La ténotomie plantaire est une opération pratiquée depuis longtemps chez le cheval et qui a été re- commandée pour remédier à la bouleture. On désigne sous ce nom, le redressement et la déviation en avant , des rayons osseux qui forment l'articulation du boulet; et l'on appelle boaktés les chevaux sur les- quels cette déviation se fait observer. A l'exemple de MM. H. Bouley etPrudhomme (2), nous distinguerons 1 : Journal ' médecine vétérinaire de l'École de Lyon, 18G4, p. 188. (2) Recueil de médecine vétérinaire, 1845, p. 21 et 139. TÉNOTOMIE PLANTAIRE. 597 trois degrés dans la bouleture. Dans le premier degré, la première pha- lange présente une direction verticale et l'angle du boulet n'existe plus. Au deuxième degré, le boulet fait une forte saillie en avant et les rayons articulaires forment un angle obtus à sommet antérieur. Enfin, dans un troisième degré, la face antérieure du boulet est tellement saillante qu'une perpendiculaire abaissée de ce point tomberait au niveau du bord antérieur de la pince et quelquefois même au delà. Ce vice d'aplomb, presque toujours acquis, résulte de causes nom- breuses. Les unes sont indirectes, c'est-à-dire qu'elles mettent en jeu la rétractilité tendineuse en forçant le membre à se tenir hors de sa ligne d'aplomb : c'est ainsi qu'agissent la plupart des maladies chroni- ques du pied, telles que les bleimes persistantes, Y encastelure , la maladie naviculaire, les seimes-quartes, les piqûres de l'aponévrose plantaire, les javarts cartilagineux anciens, \esfo)'mes. Pendant ces diverses affections, le pied n'appuyant que sur la pince, le poids du corps ne se fait plus sentir d'une manière régulière sur les os et sur les tendons suspenseurs, dont la rétractilité propre entre alors en jeu et produit des déviations du boulet. Or, quand la bouleture procède de causes indirectes, le tendon n'éprouve aucune inflammation et la ténotomie peut être pra- tiquée avec un succès complet si la maladie, cause indirecte de la dé- viation du membre, est elle-même guérie. Les causes directes de la bouleture sont les efforts énergiques et sou- vent répétés de la locomotion, les dilacérations, les blessures, les con- tusions des tendons. Ces lésions déterminent d'abord l'inflammation de ces organes, puis consécutivement leur rétraction. Alors, outre son raccourcissement, le tendon est le siège de différentes altérations ; il offre un engorgement dur, quelquefois douloureux, et, dans tous les cas, occasionnant une assez forte boiterie. L'inflammation peut s'éten- dre encore aux tissus voisins, amener l'adhérence des tendons perforé et perforant, du ligament suspenseur du boulet, des gaines synoviales et même de la peau. La ténotomie n'est pas également indiquée dans tous ces cas. Quand le tendon perforant seul est enflammé, elle est indiquée et réussit généralement. Quand il y a adhérence des deux ten- dons entre eux, elle peut encore être suivie de succès; mais si l'inflam- mation s'étend aux gaines synoviales et si le tendon se trouve entiè- rement confondu avec les tissus du voisinage l'opération ne doit pas être tentée. En résumé, la ténotomie, prescrite pour remédier à la difformité résultant du raccourcissement des tendons fléchisseurs du pied, se trouve contre-indiquée toutes les fois qu'il existe des complications pouvant empêcher le membre de reprendre son aplomb naturel ; par exemple, lorsque la maladie est ancienne, accompagnée de déformation des surfaces articulaires, d'ankylose de l'articulation du pied, d'exostoses, d'adhérences entre les tendons et les os. Toutefois, ces contre-indica- tions ne sauraient être absolues, et si la bouleture était arrivée à un 598 TÉNOTOMIE PLANTAIRE. tel degré que l'animal fût impropre à tout service, la ténotomie pour- rait être tentée car elle permettrait, au moins pendant quelque temps, d'utiliser à l'allure du pas le sujet qui l'aurait subie. 2° manuel opératoire. — On a pratiqué autrefois la ténotomie par diverses méthodes qui ont été remplacées, avec le plus grand avantage, par la méthode sous- cutanée, laquelle est employée à l'exclusion de toute autre. Cette méthode, la seule dont nous ayons à nous occuper, comprend deux procédés, savoir : le procédé Bernard, et celui de l'É- cole d'Alfort. a. i-ieu «l'élection. — Quel que soit le mode opératoire adopté, le lieu d'élection pour la ténotomie se trouve au milieu de la région du canon. En opérant, dans ce point, on évite les gaines synoviales, car- pienneet grande sésamoïdienne, qui laissent entre elles, aux membres antérieurs, un espace de 4 à 5 centimètres environ et de 10 à 12 centi- mètres, aux membres postérieurs. On doit également chercher à éviter les vaisseaux et les nerfs qui accompagnent le tendon dans son trajet (voyez t. Ier, p. 336). Pour cela, Gourdon recommande d'opérer du côté interne pour les membres antérieurs, et du côté externe pour les membres postérieurs, l'artère collatérale du canon se trouvant en de- dans sur ceux-là et en dehors sur ceux-ci. M. Lafosse pense qu'on peut opérer « indistinctement sur le côté externe ou sur le côté interne, » et que la première position est même préférable, « parce qu'il suffit de laisser les pieds fixés dans les entraves (1). » Le précepte, formulé par Gourdon, peut avoir de l'importance quand on opère par le procédé Bernard, dont nous allons parler, mais il n'en n'est plus de môme par le procédé de M. H. Bouley qui permet d'opérer indistinctement en dehors ou en dedans. Au surplus, afin d'éviter les veines et les nerfs, qui se trouvent des deux côtés du tendon, et l'artère collatérale, il faut, quand on presse le tendon perforant entre les doigts, en vue de sou- tenir et de guider l'instrument tranchant, repousser en avant, si cela est possible, nerfs et vaisseaux. //. Ferrure préalable. — Avant de pratiquer la ténotomie, il convient d'appliquer sur le pied correspondant au membre qui va être opéré, un fer à pince prolongée afin de rejeter le poids du corps sur les parties postérieures et de faciliter l'extension du tendon coupé. A cet effet, on pare le pied à fond, en abattant les talons, et on applique le fer qui a été préparé à l'avance et ajusté de telle sorte que le prolonge- ment de la pince soit relevé et dépasse le bord plantaire de la muraille, ilf I à 2 centimètres environ. On laisse ce fer en place jusqu'au mo- ment où l'on fait travailler l'animal ; alors on applique un fer ordi- naire à éponges nourries ou à petits crampons afin de soulager le tendon. On doit encore, au préalable, couper les poils dans le point où l'opé- (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 5G3. TÉNOTOMIE PLANTAIRE. 599 ration va avoir lieu, et préparer les objets de pansement, c'est-à- dire un plumasseau et une bande en ruban de fil de deux à trois bras- ses de longueur. c. Procédé Bernard. — Le sujet étant abattu, on porte le membre dans sa plus grande extension, qu'on obtient, s'il s'agit d'un membre antérieur, au moyen de deux plate-longes, tirées en sens inverse, l'une au-dessus du genou et portée en arrière, l'autre au paturon que l'on tire en avant. Si l'on opère sur un membre postérieur, on le porte « en avant sur l'avant-bras ou l'épaule comme dans l'opération de la cas- tration. » « L'extrémité étant ainsi fortement tendue, l'opérateur placé en avant du canon le saisit de la main gauche, ses doigts passés par-des- sous et le pouce en dessus, appuyé perpendiculairement sur le tendon suspenseur du boulet, pour en indiquer la limite ; de l'autre main , ar- mée d'un bistouri droit à lame très-étroite, il enfonce l'instrument dans l'intervalle qui sépare le suspenseur du perforant, le dos glissant sur l'angle du pouce gauche et le tranchant étant perpendiculaire à la di- rection du tendon que l'on va couper. Parvenu à la profondeur voulue près de la peau qu'il faut ménager, ce qu'indiquent très-bien les doigts de la main gauche passée sous le canon, il ne reste plus qu'à faire agir le bistouri comme un levier qui prend son point d'appui sur le tendon suspenseur, tandis que la lame décrit par sa pointe un mouvement de bascule en avant et coupe le tendon en un seul coup, ou en plusieurs, si cet organe est très-dur et très-volumineux; à mesure que la section avance on sent la résistance diminuer, et dès qu'elle est complète, on est averti par un fort craquement qui est produit par la rétraction su- bite des bouts divisés. Cela fait, on retire le bistouri dans la môme di- rection un peu oblique, pour ne pas agrandir inutilement la plaie exté- rieure qui n'a guère que l'étendue ou la largeur de la lame de l'instru- ment (1). cl. Procédé de M. II. Bouley. — On se sert de deux instruments spéciaux, et qu'on désigne sous le nom de ténotomes. Ce sont des es- pèces de scalpels à lame courte et étroite comme une lame de canif. L'un est le ténotome droit, à pointe aiguë; l'autre est le ténotome courbe (flg. 339) dont la lame est concave sur son tranchant et la pointe mousse; ces instruments permettent d'opérer avec plus de sû- reté et d'éviter les parties qui doivent être ménagées ; par conséquent il est avantageux de les employer quel que soit le procédé suivi. L'animal étant abattu sur le côté opposé au membre malade, l'o- pérateur se place vers le genou ou le jarret suivant le membre à opérer, et d'une main, il cherche à délimiter l'intervalle des tendons perforé et perforant, et de l'autre il fait agir successivement le ténotome droit et le ténotome courbe. Le rôle des mains est différent suivant qu'on opère (I) Journal des vétérinaires du Midi, 1839, p. 129. 600 TÉNOTOMIE PLANTAIRE. sur les membres gauches ou sur les membres droits. Dans le premier cas on tient l'instrument dans la main droite ; dans le second cas, on le tient dans la main opposée. On introduit d'abord la lame du téno- tome droit à plat entre /es deux tendons et on l'enfonce dans le tissu Fig. 339. — Ténotome (droit et courbe). conjonctif inter-tendineux jusqu'à ce qu'on sente avec les doigts, placés au-dessous, la pointe du ténotome, en évitant de traverser la peau. Cela fait, on retire cet instrument et on le remplace par le téno- tome courbe dont on engage la lame dans le trajet parcouru par celle du ténotome droit qui a frayé la voie. Alors on retourne dans la plaie le ténotome courbe en le disposant de telle sorte que son tranchant soit perpendiculaire au perforant et son dos au perforé sur lequel il doit prendre un point d'appui. Alors on fait exécuter au manche de l'instrument un mouvement lent de bascule combiné avec un léger mouvement de scie ; de cette manière, la corde du perforant est ten- due en quelque sorte sur le tranchant du bistouri, que le mouvement de scie, imprimé par l'opérateur, fait pénétrer dans son épaisseur et le tendon ne tarde pas à être rompu dans sa continuité. « Un craquement particulier, la séparation instantanée des deux bouts du tendon coupé, lesquels peuvent être sentis à distance sous la peau, enfin le re- dressement possible de l'angle métacarpo-phalangien effacé par la ré- traction, tels sont les trois signes certains qui annoncent que l'opéra- tion est terminée. Il faut surtout être sur ses gardes lorsqu'on arrive au dernier temps de l'opération: car à ce moment, lorsque la résis- tance du tendon vient à être rompue, si on faisait encore les mêmes efforts pour renverser le manche du bistouri sur le perforé, la lame s'échapperait de la plaie en coupant le nerf latéral externe du canon et en débridant la peau transversalement (I). » Pour opérer avec sû- reté, il faut toujours prendre un point d'appui avec le pouce de la main, qui tient le ténotome, sur la face antérieure du canon ; on évite ainsi des échappées; En outre, au moment où l'on pratique la section du tendon le membre sur lequel on opère, doit être maintenu en forte extension, soit par le moyen indiqué par Bernard, soit par (I) Recueil de médecine vétérinaire, J840, p. 553. TÉNOTOMIE PLANTAIRE. 601 l'emploi d'une plate-longe dont l'anse embrasse le sabot, le nœud étant placé au talon ; un aide tire fortement sur cette plate-longe en appuyant son propre pied sur la pince du pied de l'animal. Tels sont les deux procédés à l'aide desquels on pratique la ténoto- mie par la méthode sous- cutanée. Gourdon pensait qu'ils sont égale- ment applicables lorsque le tendon perforant est isolé et suffisamment détaché du perforé, comme sur l'animal sain, par exemple, quand l'opération est faite à titre d'expérience ou d'exercice de chirurgie. Mais, ajoute cet auteur, quand les deux tendons sont réunis par une forte adhérence, ou bien lorsque l'excès de la déviation nécessite la section de l'un et de l'autre, adhérents ou non, on ne peut faire usage que du procédé Bernard. M. Lafosse opère « indifféremment par tous les procédés, sans avoir jamais eu à se louer ou à se plaindre plus de l'un que des autres (I). » Il y a lieu cependant de faire un choix, car, à notre avis, le procédé décrit par M. H. Bouley est préférable au procédé Bernard, attendu que, par son emploi, l'opérateur, restant toujours maître de son in- strument, peut limiter la section tendineuse à son gré et éviter ainsi ces échappées, imminentes dans le procédé Bernard, et qui peuvent être telles que, dans un mouvement brusque de l'animal, les deux tendons et la peau soient coupés d'un seul coup. S'il existe des adhérences, il n'est pas exact de dire qu'on ne peut faire usage que du procédé Bernard ; nous avons pratiqué plusieurs fois la ténotomie en pareil cas et en employant avec succès le procédé qui consiste à couper le tendon d'arrière en avant. Il suffit dans ce cas dïnciser, avec la pointe du ténotome et dans l'étendue de quel- ques millimètres, la peau et le tissu conjonctif induré qui réunit entre eux les tendons fléchisseurs, afin de donner par cette ouverture assez de jeu à l'instrument pour pouvoir le retourner dans la plaie. Nous venons de décrire la ténotomie simple, c'est-à-dire sur le seul tendon perforant; mais on la pratique parfois sur les deux tendons fléchisseurs quand la bouleture est très-prononcée et que les tendons ont contracté entre eux des adhérences telles que la section du per- forant ne produit aucun effet. Lorsqu'on pratique la ténotomie double, on coupe d'abord le tendon perforant, puis le perforé. Enfin, dans quelques cas, on a effectué non-seulement la section des tendons fléchisseurs, mais encore celle du ligament suspenseur du boulet, et, paraît-il, avec succès, comme semblent en témoigner quel- ques observations publiées par Gaven dans le Journal de médecine vété- rinaire de Lyon (1830, p. 201). e. Section du ligament suspenseur du boulet. — Le lieu d'élection de cette opération diffère de celui qui a été indiqué pour la section du perforé et du perforant, car le ligament suspenseur du boulet ne peut (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 5G3. 602 TÉNOTOMIE PLANTAIRE. être atteint par l'instrument tranchant que vers sa portion inférieure qui s'attache aux grands sésamoïdes par les deux hranches de sa bifur- cation. Le point où il convient d'opérer se trouve vers le tiers inférieur du canon, à 4 ou 5 centimètres au-dessus du bouton terminal des mé- tacarpiens latéraux. L'opération se pratique delà manière suivante : Un ténotome droit est introduit à plat, entre le ligament suspenseur et le perforant; puis •on retire cet instrument et on le remplace par le ténotome courbe dont on retourne le tranchant vers le ligament suspenseur qu'on coupe par un mouvement de bascule et de scie. On ne doit pas tenter la section du ligament suspenseur d'avant en arrière car, si l'animal fait un mouvement un peu brusque avant que l'on ait coupé le ligament, la lame de l'instrument peut se briser entre ees deux résistances également inflexibles; en outre, si on opérait de cette manière, on couperait inévitablement les vaisseaux et les nerfs. 3° Soins généraux et complémentaires. — Dès que l'opération est ter- minée on applique un plumasseau sur la partie opérée et on le main- tient par quelques tours débande en spirale, modérément serrés. Il arrive assez souvent que le redressement du membre n'a pas lieu immédiatement après l'opération ; cela se remarque quand il existe des adhérences entre les tendons. Pour favoriser ce redressement, il est indiqué de soumettre l'animal opéré à un léger exercice, afin que l'appui du pied sur le sol achève de détruire les adhérences tendi- neuses ; parfois après que l'animal a fait seulement quelques pas, le membre reprend son aplomb naturel; d'autres fois ce résultat n'appa- raît qu'au bout de deux ou trois jours, et même plus, dix à douze jours. Si, au delà de ce terme, le membre est encore dévié, on ne peut guère •espérer qu'il reprenne son aplomb. D'autres moyens ont été conseillés pour obtenir le redressement du membre, nous voulons parler des appareils il extension. L'un de ces appareils est déjà représenté dans cet ouvrage (page 53 figure 163); on pourrait, comme le conseille Gourdon, se servir d'un autre appareil formé par une forte tige articulée, fixée aux éponges du fer et remontant jusqu'au genou (fig. 340). Cette tige, contournée suivant la direction normale du membre, est fixée au canon par des courroies à boucle, serrées sur des coussinets de manière à redresser graduellement le membre sans excorier la peau. Pour faciliter ce re- dressement, la tige articulée peut être portée plus ou moins en arrière à l'aide de la petite tige à vis, allongée ou raccourcie à volonté au moyen de l'écrou inférieur. S'il s'agissait d'empêcher le renversement du boulet en arrière comme on l'observe parfois, après la ténotomie double, on emploie- rait un appareil à lige fixe ; des coussinets ou des plumasseaux seraient interposés entre cette tige et le canon, et on les maintiendraient au moyen de tours de bande en spirale (fig. 341). TÉNOTOMIE PLANTAIRE. 603 Après la ténotomie l'animal doit être laissé en repos pendant douze à quinze jours ; au bout de ce temps, on se borne à le promener de temps à autre, et, vers le trentième ou le quarantième jour, on pourra l'utiliser à un service modéré. 4° Acciticnfg. — Ce sont-.rhémorrhagie, la blessure des nerfs, la sec- Fig. 340. — Appareil d'extension, qui pour rait être appliqué après la ténotomie. Fig. 341. — Appareil à tige fixe pour pré- venir le renversement du boulet en arrière après la ténotomie double. lion de la peau, la gangrène, la lésion des gaîues synoviales tendineu- ses, la sensibilité anormale et la reproduction de la bouleture. IShémorrhagic est un accident assez fréquent, et dont on peut tou- jours se rendre maître par un pansement compressif; toutefois, en pa- reil cas, il faut desserrer la bande qui recouvre ce pansement, douze ou vingt-quatre heures après l'opération, afin d'éviter des accidents gangreneux et des désordres irrémédiables. La blessure des nerfs est difficile et parfois même impossible à éviter vu les connexités très-étroites qui existent entre ces organes et le ten- 004 NÉVROTOMIE PLANTAIRE. don perforant. La section des nerfs est accusée par des mouvements brusques, qui exposent l'opérateur à des échappées fort dangereuses surtout quand on coupe le tendon d'avant en arrière. La section de la peau résulte d'une échappée. On y remédie par un pansement approprié, et, si le renversement du boulet survient, on ap- plique l'appareil dont il vient d'être question. La gangrène est produite par une compression trop forte, exercée sur le canon, en vue d'arrêter rhémorrhagie. — Dans ce cas, le membre opéré devient le siège d'un engorgement volumineux; l'appui est nul, l'ani- mal est en proie à une fièvre intense et la mort survient au bout de quelques jours, comme nous l'avons observé. — Toutefois, cet accident peut être évité en ayant le soin de desserrer l'appareil de panse- ment, dix ou douze heures après l'opération. La lésion des gaines synoviales tendineuses survient quand on pratique la ténotomie trop au-dessus ou au-dessous du lieu d'élection. Cet accident se reconnaît aisément à l'écoulement de synovie qui se produit tout d'abord. Puis, un engorgement phlegmoneux apparaît et des abcès se forment dans la région du canon ; ils sont suivis, dans quel- ques cas, d'une fistule synoviale difficile à oblitérer. La sensibilité anormale que Ton constate souvent dans la région du tendon, après l'opération de la ténotomie, accompagne la formation du tissu de cicatrice et entretient une boiterie parfois persistante, que l'on peut prévenir en ayant soin de ménager les animaux pendant les premiers temps qui suivent l'opération. La reproduction de la bouleture est la conséquence de la rétraction du tissu nouveau formé entre les bouts du tendon. Cette récidive est sur- tout à craindre si l'on fait travailler trop tôt le sujet opéré. Il est bien difficile d'y porter remède ; les bains d'eau courante, les applications vésicantes, le feu, échouent généralement; on a conseillé alors de ten- ter une nouvelle section du tendon ; cette opération peut être tentée si le praticien juge qu'elle peut donner des résultats économiques satis- faisants ; mais en pareil cas, il est bien rare qu'il en soit ainsi. CHAPITRE V NÉVROTOMIE PLANTAIRE La névrotomie plantaire est une opération qui consiste dans la section d'un des nerfs plantaires avec excision partielle de ces organes. 1° Indications. — Toutes les indications de la névrotomie dérivent du principe suivant formulé par M. IL Bouley : « La névrotomie plantaire est indiquée toutes les fois que la région digitale est le siège d'une ma- NEVROTOMIE PLANTAIRE. 603 ladie chronique accusée par une douleur, et conséquemment par une claudication persistante, sans que cependant les altérations matérielles qui l'accompagnent soient telles qu'elles opposent un obstacle méca- nique insurmontable au fonctionnement de l'extrémité digitale comme rouage essentiel de l'appareil locomoteur (I ). » Toutefois, il est un phénomène physiologique, d'un ordre plus élevé, que le praticien doit toujours avoir présent à l'esprit, quand il est ap- pelé à se prononcer sur l'opportunité de la névrotomie : nous voulons parler de la sensibilité récurrente dont la plupart des nerfs sont doués. — Cette propriété des nerfs, qui a fait l'objet des belles expériences de MM. Arloing et L. Tripier, a été étudiée dans le premier volume de cet ouvrage, page 110 ; nous rappellerons ici que ces expériences dé- montrent l'existence dans les nerfs plantaires du cheval de fibres récur- rentes qui établissent des relations périphériques entre les branches des nerfs plantaires. La distribution de ces fibres récurrentes a lieu d'une manière très- irrégulière, et rien ne peut, avant la névrotomie, en faire reconnaître l'existence et la situation, de telle sorte que cette opération donne les résultats les plus différents et les plus inattendus suivant qu'il se trouve, dans la région à laquelle se distribue le nerf qu'on excise, un plus ou moins grand nombre de fibres récurrentes qui établissent des communi- cations avec les nerfs voisins ou les nerfs opposés ; d'où la persistance de la douleur et de la boiterie dont elle est l'expression symptômati- que. — Les phénomènes de récurrence de la sensibilité dans les nerfs ne nous permettent pas seulement d'expliquer les effets variés de la névrotomie, ils nous fournissent pour la pratique des données impor- tantes. En effet, on comprend que la névrotomie a d'autant plus de chances de succès qu'elle est pratiquée pour une lésion plus circons- crite, car, dans ce cas, la région malade peut ne pas être parcourue par des fibres récurrentes et alors l'opération réussit, ou bien ces fibres sont en nombre moins considérable que quand la lésion à laquelle on se propose de remédier, occupe une surface étendue. D'où il résulte, en définitive, que quand on pratique la névrotomie, on ne peut jamais être assuré du succès de l'opération, car le praticien doit toujours compter avec la récurrence de la sensibilité des nerfs. Conséquemment, la névrotomie doit être réservée pour les cas qui ont résisté aux divers agents thérapeutiques habituellement mis en usage. Ces principes étant établis, examinons maintenant dans quels cas il convient de pratiquer cette opération. La névrotomie a été recommandée pour combattre la maladie navicu- laire. Cette maladie, qui est une des plus redoutables du pied du che- val, a été étudiée avec beaucoup de détails par M. H. Bouley, dans le (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1852, p. 825. G06 NÉVROTOMIE PLANTAIRE. Recueil de médecine vétérinaire (année 1852, p. 824, et année 1853, p. 161). Elle se montre sur les pieds antérieurs et consiste essentielle- ment en une destruction lente, par voie d'ulcérations sèches, du petit sé- samoïdeetdu tendon glissant à sa surl'ace ; l'os peut devenir assez mince pour se rompre par la pression du corps dans les mouvements rapides ; la sécrétion synoviale se tarit, et, à l'examen anatomique de la partie, on ne trouve ni pus, ni synovie altérée : les tissus se sont atrophiés et l'aponévrose plantaire elle-même finit quelquefois par disparaître. Ces lésions, dans lesquelles l'atrophie domine, n'accusent pas un travail inflammatoire ordinaire, et peut-être existe-t-il une certaine analogie entre la maladie naviculaire du cheval et le mal perforant de l'homme. Toutefois, dans un ouvrage de la nature de celui-ci, nous ne pouvons pas étudier une question de cette nature et nous devons nous borner à examiner sommairement les symptômes de la maladie naviculaire afin que le praticien soit à même de décider s'il y a lieu de pratiquer la névrotomie. Le premier symptôme de la maladie naviculaire est le port du membre malade en avant de la ligne d'aplomb. On dit que le cheval pointe. Dans cette attitude, l'appui a lieu principalement par la pince comme si le sujet cherchait, en mettant les phalanges dans une légère flexion, à diminuer les tiraillements du tendon malade. Ce port du membre en avant n'est pas continu ; il alterne avec la position normale, et si la ma- ladie existe sur les deux pieds antérieurs, ce qui est rare, le cheval pointe alternativement de l'un et de l'autre, plus de celui qui est le plus malade, mais jamais des deux à la fois comme dans la fourbure. Ce symptôme se montre dans la plupart des cas, longtemps avant qu'il y ait boiterie ; puis la claudication se manifeste, d'abord légère, intermit- tente, disparaissant après un certain exercice, et caractéristique, en ce qu'elle se montre sans cause apparente à laquelle ou puisse l'attribuer. Avec le temps cette boiterie augmente et finit par rendre l'animal im- propre à tout service. Quand la maladie attaque les deux pieds à la fois, a ce n'est pas toujours par une claudication, à proprement parler, que ses débuts s'accusent, mais par une sorte de raccourcissement dans les mouvements des membres antérieurs, et ce raccourcissement estd'au- tant plus frappant que l'animal chez lequelilse manifeste avait [l'épaule plus libre et entamait le terrain avec plus de franchise, avant qu'il ne subît les atteintes du mal dont il présente les premiers symptômes. » (H. Bouley .) On croirait que cette gêne des mouvements a sa cause dans les épaules qui semblent, en effet, chevillées; mais c'est là un effet de la maladie, qui, en se prolongeant, finit par amener une sorte d'atrophie des muscles dans les régions supérieures des membres, ce qui peut cau- ser des erreurs de diagnostic. Le sabot ne présente, au début de la maladie naviculaire, aucune déformation, ni aucune sensibilité anormale. Ce n'est qu'à une période assez avancée de la maladie qu'on constate un resserrement de l'un ou NÉVROTOMIE PLANTAIRE. 60T l'autre des quartiers, sinon des deux ; des cercles se montrent sur la paroi, la fourchette s'atrophie, la corne devient sèche et dure. En résumé, ce qui caractérise la maladie naviculaire au début, c'est X attitude de pointer et la claudication plus ou moins intense, en l'ab- sence de toute espèce d'altérations physiques, appréciables extérieure- ment, auxquelles on puisse rattacher ces deux symptômes. Plus tard, l'atrophie des muscles, la bouleture et la difficulté des mouvements des membres antérieurs impriment aux allures de l'animal un cachet particulier, tout à fait caractéristique. La névrotomie plantaire produit des effets certains et durables quand elle est employée au début de la maladie naviculaire et que cette ma- ladie n'attaque qu'un seul membre. On conçoit, sans peine, que lors- que l'os sésamoïde et l'épanouissement tendineux sont détruits par l'ulcération qui caractérise la maladie naviculaire, la névrotomie ne saurait être suivie de succès. Après la maladie naviculaire, ce sont les formes qui réclament le plus souvent la névrotomie. Cette opération donne d'excellents résul- tats, surtout pour le traitement des formes cartilagineuses ou ossifica- tions du libro-cartilage latéral ; on se borne alors à l'excision de la branche postérieure du nerf plantaire. S'il s'agïl de remédier à des formes coronaires, c'est-à-dire à des périostoses phalangiennes, la névro- tomie peut être tentée, comme une dernière ressource dont les effets peuvent être très-favorables, si les surfaces articulaires ne sont pas ankylosées. La névrotomie appliquée au traitement de la fourbure chronique donne souvent des résultats merveilleux. M. H. Bouley en a fait con- naître de remarquables exemples (1). On la pratique alors au-dessous du boulet, sur les branches postérieure et antérieure du nerf plan- taire. La section des nerfs plantaires est également bien indiquée, dit M. H. Bouley : « 1° Dans le cas de resserrement de l'un ou de l'autre quartier ou des deux à la fois, que ce resserrement soit à lui seul la cause de la claudi- cation, ou qu'il ne soit que l'effet d'une cause plus profonde ; a 2° Dans le cas où, à la suite de l'écrasement du sabot par la roue d'une voiture, le pied demeure le siège de douleurs persistantes, soit que la dernière phalange ait été déformée par une péiïostose périphéri- que, sous l'influence de la violence qu'elle a subie, soit que le tissu po- dophylleux enflammé ait épaissi la corne héraphylleuse et que, par l'une ou l'autre de ces causes, les tissus vasculaires et nerveux du pied demeurent sous le coup d'une étreinte constante. » A ce propos, M. H. Bouley cite l'exemple d'une petite jument de manège qui avait eu le sabot postérieur droit complètement arraché (I) Dictionnaire de médecine et de chvurgie vétérinaires, t. VII, ait. Four.Dur.E,p.343. 608 NEVROTOMIE PLANTAIRE. par une roue de voiture, avec écrasement du bord inférieur de la troi- sième phalange à sa partie centrale. Au bout de dix mois, le sabot avait repoussé; mais la jument boitait presque à trois jambes et on allait la faire conduire au marché pour s'en débarrasser à quelque prix que ce lut, lorsque M. H. Bouley conseilla la névrotomie. L'opération fut pra- tiquée sur les branches postérieures du nerf et les résultats furent tels, qu'une quinzaine après, cette jument put être remise à son service, non pas complètement droite, mais à peine boiteuse. 3° « Enfin, la névrotomie plantaire est un moyen excellent d'acbever l'action d'une opération chirurgicale pratiquée sur le pied ; lorsque, à la suite de cette opération, il reste une claudication, conséquence des conditions nouvelles de structure et de sensibilité qui ont été dévolues aux tissus par le fait du travail inflammatoire. Ainsi, il est commun de voiries animaux continuer à boiter longtemps après la cicatrice d'une blessure pénétrant à travers l'aponévrose plantaire, ou après la guéri- son de la plaie nécessitée par l'extirpation du cartilage latéral de l'os du pied, ou après l'extirpation d'un kéraphyllocèle, etc. Dans ces cas de boiteries, persistant longtemps après que le travail de la cicatrice est accompli, on peut obtenir un très-grand avantage de l'excision de la brancbe nerveuse principale, qui se rend dans le point douloureux, et la névrotomie peut être employée, en pareille circonstance, avec d'autant plus de sûreté qu'il n'y a aucune erreur possible quant à la cause et au siège de la claudication, et que la connaissance exacte de ces deux cir- constances peut permettre de localiser l'opération à un point très-pré- cis, en laissant à toutes les autres parties du pied leurs conditions normales de nervosité (I).» (H. Bouley.) 2°Iiieux d'élections. — Les dispositions anatomiques des nerfs plan- taires ont été décrites dans le premier volume de cet ouvrage, page 40G, figure 14; mais il nous reste à déterminer dans quels points il convient de faire l'opération. La névrotomie peut être faite soit sur le nerf plan- taire lui-môme, avant sa division en trois brandies, et, par consé- quent, un peu au-dessus du boulet ou bien au-dessous de cette région, dans le paturon, sur l'une ou l'autre des divisions nerveuses. En un mot, la névrotomie peut être supérieure ou haute, inférieure ou basse ; dans ce dernier cas, l'excision des nerfs plantaires peut être faite sur l'une ou l'autre des branches, postérieure ou antérieure, ou bien sur ces deux divisions nerveuses, en respectant le rameau moyen. Si l'on se propose de faire la névrotomie sur la branche antérieure et sur la branche postérieure, il faut alors opérer immédiatement au-des- sous du boulet en prenant pour point de repère le bord externe du tendon perforant ; il convient de ne faire qu'une seule incision. Veut-on exciser la branche postérieure du nerf plantaire seulement, on peut opérer dans le même point que précédemment, ou bien au- (\) Recueil de médecine vétérinaire, 1863, p. 172. NÉVROTOMIE PLANTAIRE. 609 dessous, au niveau du tiers supérieur de la première phalange, en se servant toujours du bord externe du tendon perforant comme point de repère pour découvrir le faisceau vasculo-nerveux. Excise-t-on seulement la branche antérieure, il faut alors opérer presque au niveau de l'articulation du boulet, car cette branche ne tarde pas à se ramifier et ses divisions, fort ténues, n'occupant pas une position bien fixe, seraient difficiles à rencontrer. Enfin, si l'on veut exciser le nerf plantaire, avant sa division, il faut alors le chercher immédiatement au-dessus du boulet, où il forme, en s'accolant avec les vaisseaux qu'il longe, un cordon qui roule sous la peau et qu'on peut trouver aisément en se guidant sur le bord externe du tendon perforant. Le choix entre l'un ou l'autre de ces points a une grande impor- tance, car lanévrotomie ayant pour résultat de destituer les tissus vi- vants de la sensibilité qui les protège en les prémunissant contre les violences extérieures, on doit se borner à exciser le nerf qui se distri- bue a la partie malade et dans laquelle siège la douleur qu'on veut éteindre. Quand on pratique la névrotomie haute, c'est-à-dire sur le tronc principal et sur les deux faces du membre, la sensibilité est alors complètement abolie, et les percussions du pied sur le sol s'effectuent avec une telle énergie, qu'elles peuvent être plus intenses que ne le comporte la résistance des parties ; d'où les accidents de congestion excessive et de gangrène qui ont été signalés. On excise une ou plusieurs divisions nerveuses suivant l'affection à laquelle on se propose de remédier. Ainsi, dans la maladie naviculaire, on coupe seulement la branche postérieure, mais de chaque côté du membre. Dans le cas de formes, l'opération porte sur la branche pos- térieure, quand l'ossification siège en arrière du paturon, et sur la branche antérieure quand la tumeur osseuse est située en avant. Si l'exostose existe de chaque côté de la couronne, on coupe en même temps les deux branches latérales semblables. Enfin quand il s'agit d'une forme volumineuse, on fait la section au-dessus du boulet et d'un seul côté. Dans tous les cas, on opère de manière à atteindre seulement les branches qui se distribuent dans l'excroissance osseuse anormale, et dans les parties qu'elle comprime. . En résumé, et comme le dit fort bien M. H. Bouley, « la névroto- mie inférieure est toujours préférable quand les indications la permet- tent (ce qui est le cas le plus ordinaire) à la névrotomie supérieure (I).» Toutefois, M. Zundel croit utile de faire remarquer « qu'il n'est pas toujours facile dans la pratique de déterminer exactement à quelle branche appartiennent les filaments nerveux du point douloureux. De là vient, ajoute- t-il, que les praticiens généralement préfèrent la névro- (I) Recueil de médecine vétérinaire, 1853, p, 174. Pkuch et Toussaint. — Chirurgie. H* """" "J 610 NÉVUOTOMIE PLANTAIRE. tomie au-dessus du boulet, qui est aussi plus facile à exécuter (1). » Si de pareils principes étaient appliqués dans la pratique, si la névrotomie haute effectuée de chaque côté du boulet devait être préférée à la né- vrotomie basse, on pourrait voir se produire des accidents gangreneux, irrémédiables, et l'excision des nerfs plantaires ne tarderait pas à être abandonnée. On se priverait ainsi d'une ressource précieuse à laquelle, pour notre part, nous devons de nombreux succès, que nous avons ob- tenus en nous conformant aux préceptes formulés par M. H. Bouley sur l'emploi de la névrotomie; aussi avons-nous reproduit ces préceptes qui doivent guider les praticiens. 3° Manuel opératoire. — Pour pratiquer la névrotomie, on emploie un bistouri convexe, un bistouri droit, des pinces anatomiques, une paire de ciseaux, une sonde cannelée et une aiguille courbe, munie d'un fil ciré. Quand on est très-exercé au manuel de cette opération, un bis- touri droit et des pinces anatomiques peuvent suffire. On prépare, en outre, un plumasseau et une bande en ruban de fil de 2 ou 3 mètres de longueur. On couche l'animal de telle sorte que le côté où l'on doit opérer soit en dessus, et, s'il s'agit de pratiquer la névrotomie sur un membre antérieur, on le fixe en croix sur le mem- bre postérieur opposé latéralement ou en diagonale, suivant qu'on opère sur la face externe du membre ou sur la face interne. On fixe, d'après les mêmes principes, un membre postérieur sur un membre antérieur. Ces dispositions prises, l'opérateur, guidé par ses connaissances anatomiques, cherche le faisceau vasculo-nerveux, et, quand il l'a trouvé, il coupe les poils sur la partie correspondante. Alors, de la main gauche, le chirurgien tend la peau, tandis que delà main droite, armée du bistouri, il l'incise longitudinalement sur une étendue de 4 centimètres environ. Un aide, muni d'une petite boulette d'étoupe, éponge la plaie si l'opérateur le juge nécessaire. Cette incision cutanée peut être faite d'un seul coup, mais on est exposé, en agissant ainsi, à blesser les vaisseaux ; toutefois, il ne faut pas donner un trop grand nombre de coups de bistouri, caria plaie d'opération devient saignante et l'on ne peut plus distinguer le nerf. La règle consiste donc à inciser la peau avec ménagement, puis à couper avec le bistouri, tenu en ar- chet, le feuillet aponévrotique sous-jacent, et qui recouvre immédia- tement le faisceau vasculo-nerveux que l'on met ainsi à découvert. Cela fait, on détruit avec le bec de la sonde cannelée les adhérences conjonctives du nerf avec les vaisseaux, puis on le charge sur la sonde dans la cannelure de laquelle on fait glisser une aiguille courbe mu- nie d'un fil. On retire la sonde et on noue le fil sur le nerf. L'animal s'agite alors violemment. La ligature, appliquée sur le nerf, permet à l'opérateur de soulever cet organe et de le disséquer sans courir le ris- (I) Dictionnaire d'Hurtrel d'Arboval, revu par Zundel, art. Névrotomie, p. 657. NÉVROTOMIE PLANTAIRE. 6H que de blesser les vaisseaux. La branche nerveuse étant isolée, on l'excise sur une étendue de 2 centimètres au moins, eh la coupant d'a- bord à la partie supérieure, puis à la partie inférieure; de cette ma- nière, quand la première section est faite, le nerf n'étant plus en rap- port avec les centres nerveux, l'animal ne sent pas la deuxième. Pour exciser le nerf, avec promptitude et sûreté, on le coupe de dedans en dehors, en ramenant la lame de l'instrument contre soi. Quelques opérateurs, très-habiles et très-exercés, saisissent pure- ment et simplement le rameau nerveux avec des pinces anatomiques ; ils le dissèquent et le coupent avec le bistouri droit. Ce procédé opéra- toire, rapide et brillant, ne doit être adopté que lorsqu'on est bien sûr de soi, car il expose le chirurgien à blesser les vaisseaux qui ac- compagnent le nerf par suite des mouvements, brusques et violents, auxquels l'animal se livre quand la branche nerveuse est saisie entre les mors de la pince. Après l'opération, on applique sur la plaie un plumasseau qu'on maintient par quelques tours de bande. 4° Effets consécutifs. Accidenta. — La plaie d'opération se guérit très-facilement; au bout de trois ou quatre jours, on renouvelle le pansement et la cicatrisation ne tarde pas à avoir lieu. L'animal opéré doit être laissé en repos pendant huit à dix jours; puis on le remet progressivement à son travail ordinaire. Après la névrotomie, la boiterie ne disparaît pas toujours; cette per- sistance de la claudication se montre surtout quand la lésion à laquelle on voulait remédier occupe une surface étendue; c'est que dans ce cas, comme M. Labat, de l'Ecole vétérinaire de Toulouse, l'a mis en évi- dence dans sa thèse (1), en s'appuyant sur les expériences de MM. Ar- loing et Tripier, il existe un grand nombre de fibres récurrentes dans la partie souffrante, et la douleur ne peut être éteinte, en pareil cas, que par une névrotomie complète, haute et double. Dans quelques cas, la boiterie disparaît pendant un certain temps; puis elle se montre de nouveau, ce qui peut être dû à la régénération du nerf excisé (voir tome I, p. 109). Hâtons-nous d'ajouter que les récidives à la suite de la névrotomie ne sont heureusement pas la règle; nous pourrions citer de nombreux exemples qui témoignent de la valeur curative de cette opération. La névrotomie, en privant le pied de sa sensibilité, peut, suivant la remarque de M. H. Bouley, être une cause indirecte de divers acci- dents procédant de la ferrure et dont le praticien doit être averti. Ainsi, une simple piqûre du maréchal, une bleime primitivement superficielle, ne donnent lieu, dans un pied névrotomisé, à aucune boiterie, et celle-ci n'apparaît que quand l'inflammation a produit des (1) J. L. A. Labat, De la névrotomie plantaire en face de la seyisibilité récurrente Toulouse, 1875. fil2 NÉVROTOMIE PLANTAIRE. désordres souvent irrémédiables, tels que : carie de l'os du pied, du tendon perforant', des ligaments articulaires, arthrite suppurée. Pour éviter de pareils accidents, il faut que le pied qui a subi la né- vrotomie soit l'objet d'une surveillance constante ; qu'à chaque pan- sage il soit nettoyé et curé par le palefrenier ; qu'à chaque ferrure, les différentes parties en soient examinées avec soin et que l'ouvrier, préalablement averti, broche toujours les clous avec la plus grande attention. On a signalé, après la névrotomie, deux accidents redoutables, savoir : la chute du sabot et le ramollissement du tendon perforant. Ces accidents, qui résultent de la gangrène de l'extrémité digitale, ont été observés à la suite de la névrotomie complète, c'est-à-dire haute et double, et l'on s'est demandé, tout d'abord, s'ils ne résulte- raient pas de l'annulation de l'influence que les nerfs du système cé- rébro-spinal exerceraient sur la nutrition des parties. Dès 1853, M. H. Bouley a réfuté cette opinion; « car, dit-il, on voit l'inflammation cica- trisante suivre sa marche, parfaitement régulière, dans les parties qui ont été soustraites, par la névrotomie, à l'influence du système céré- bro-spinal ; la sécrétion kératogène ne paraît pas non plus influencée par cette opération ; elle se continue et s'achève après elle comme avant (1). » En outre, «M. Chauveau a pu sectionner tous les nerfs des extrémités sans que la nutrition en fût troublée le moins du monde (2). » C'est donc ailleurs qu'il faut rechercher la cause de ces accidents gangreneux. Pour M. H. Bouley, quand la névrotomie est complète, le sabot étant dépourvu de sa faculté tactile, l'animal ne peut modérer les percussions du pied sur le sol, et ces percussions peuvent être alors « plus intenses que ne le comporte la résistance des parties; d'où les accidents de congestion excessive et de gangrène. » Et plus loin, M. H. Bouley ajoute : « La preuve qu'il en est ainsi, c'est qu'en général la névrotomie est bien plus efficace et bien plus durable dans ses effets sur des chevaux utilisés à l'allure du pas que sur ceux qui sont aptes, par leur race et par leur conformation, à suffire à des allures rapides; et, toutes choses égales d'ailleurs, l'animal névrotomisé fera un service bien meilleur et bien plus long sur la terre que sur le pavé » (loc. cit.). On pourrait encore se demander, à l'exemple de M. Labat, si dans les cas de ramollissement du tendon, qui ont été signalés par divers observateurs, Delafond et Benault(3), Beugnot et Rabouille (4), l'opé- ration n'a pas été pratiquée trop tard, alors que les lésions étaient déjà bien avancées. On conçoit aisément que si la névrotomie est faite à la dernière période de la maladie naviculaire, par exemple, lorsque (1) liecueit de médecine vétérinaire, 1853, p. 170. (2) Thèse de M. Labat. Toulouse, 187,">. (3) liecueit de médecine vétérinaire, 1834, p. 170. (4) Recueil de médecine vétérinaire, 183.Ï, p, 21 et 350. NÉVROTOMIE PLANTAIRE. 613 le tendon perforant, atrophié, est réduit à une mince lanière, elle ne peut, comme le dit M. Labat, « que hâter le dénoûment fâcheux qui se prépare, » et cela, ajouterons-nous, en supprimant totalement cette sensibilité qui, «comme une gardienne vigilante, met les tissus sous la tutelle des instincts conservateurs et s'oppose à ce qu'ils soient exposés • à des chocs trop violents, et supérieurs à leur force de résistance» (H.Bouley). C'est, sans doute, à cette cause qu'il faut attribuer les nombreux insuccès de la névrotomie, observés par M. Lafosse, car cet auteur considère la névrotomie, appliquée à la maladie naviculaire, comme « une opération extrême qui ne trouve son application utile que dans le cas où les autres moyens sont restés sans effets avantageux, et lors- que les animaux ne doivent plus être employés qu'à un léger service, aux allures les plus lentes (1). » Si l'on attend, pour pratiquer la névro- tomie, que la maladie naviculaire ait détruit en grande partie, par le travail d'ulcérations sèches qui la caractérise, l'os sésamoïde et l'épa- nouissement tendineux qui le revêt, il est clair qu'en pareil cas, cette opération ne peut donner que de mauvais résultats ; aussi est-elle alors contre-indiquée. Les moyens à employer pour prévenir le développement de ces acci- dents gangreneux, qui peuvent survenir d'une manière indirecte après la névrotomie plantaire, se déduisent des considérations dans lesquelles nous venons d'entrer. En effet, on comprend aisément qu'on aura d'autant plus de chances d'éviter des complications, qu'on prendra plus de précautions pour mettre les pieds névrotomisés à l'abri des percussions trop violentes, et des lésions traumatiques. Aussi doit-on recommander de se servir des animaux avec ménagement, pendant les deux ou trois premières semaines qui suivent l'opération, et faut-il avoir le soin de parer fréquemment le pied, d'entretenir la souplesse de la corne par des applications de corps gras sur le sabot malade. Ajoutons enfin que, quand la névrotomie haute et double est indi- quée, il est prudent de n'exciser les nerfs qu'à quelques jours d'inter- valle, et signalons, pour terminer ce chapitre, un cas de névrotomie, observé par Beugnot, et dans lequel l'animal opéré aurait été affecté ensuite du mouvement de harper. Ce fait, qui est unique, croyons- nous, dans nos annales, pourrait bien être le résultat d'une simple coïncidence, car on ne s'explique pas comment la névrotomie pro- duirait le symptôme caractéristique de l'éparvin sec. (1) Lafosse, Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 753. 614 GÉNÉRALITÉS SUR LES OPÉRATIONS DE PIED. SECTION SEPTIÈME DES OPÉRATIONS ET DES MALADIES DU PIED DU CHEVAL CHAPITRE PREMIER GÉNÉRALITÉS SUR LES OPÉRATIONS DE PIED Les opérations de pied offrent une grande importance, car elles ont pour but de remédier aux maladies qui intéressent le sabot et les parties qu'il renferme. On sait que ces maladies sont fréquentes et qu'elles peu- vent porter une grave atteinte à l'utilisation des grands animaux do- mestiques, du cheval notamment. Pas de pied, pas de cheval, dit une vieille maxime de l'hippiatrie ; en effet, toutes les qualités d'un cheval sont notablement amoindries et peuvent même être annulées par suite des altérations des parties constituantes du pied. On ne saurait donc étudier, avec trop de soin, les moyens à l'aide desquels on peut com- battre les lésions de la boîte cornée. Or, les maladies du pied présentent toutes ce caractère commun, à savoir : qu'elles prennent naissance sous une enveloppe cornée, inex- tensible, qui exerce une compression sur le tissu kératogène altéré et s'oppose au gonflement inflammatoire; de telle sorte qu'une simple piqûre du maréchal peut finir par amener la gangrène des tissus, la nécrose de la phalange unguéale. La première indication à remplir est donc de faire cesser cette compression douloureuse, en enlevant la corne qui recouvre la partie malade ou en l'amincissant jusqu'à pelli- cule. Cette opération préalable aura encore pour résultat de découvrir les tissus altérés, et de donner issue au pus qui s'est formé sous la corne, par les progrès de l'inflammation, car le pus, comme tous les liquides, est incompressible de sa nature, et, pour se loger dans les tissus, il exerce sur eux une compression incessante qui en amène la mortification. Ces prémisses étant posées, on comprend la nécessité des opérations. Nous commencerons l'étude des opérations de pied par les règles générales qu'il convient de suivre. Précautions préalables. Fixation du sujet. — Si l'opération peut être différée de quelques heures, il faut avoir le soin de ramollir la corne, en immergeant le pied dans de l'eau, ou mieux en appliquant un cata- plasme émollient, de son bouilli par exemple, sur le sabot. On facilite GÉNÉRALITÉS SUR LES OPÉRATIONS DE PIED. 615 de la sorte l'action des instruments tranchants ; toutefois, il faut avoir le soin de n'enlever le cataplasme qu'au moment même où l'on doit agir, car l'évaporation spontanée, qui se fait d'une manière très- activeàla surface de la muraille, durcit la corne avec rapidité. Dans le cas où l'opération doit être pratiquée extemporanément, il y a lieu de recourir à l'emploi du feu, pour faciliter l'action de parer le pied, soit à l'aide du fer appliqué chaud sur le pied, soit au moyen de cau- tères qu'on promène sur la corne. L'opérateur peut alors diminuer la longueur et l'épaisseur du pied, en se servant du boutoir, du couteau anglais ou de la rénette, car il ne doit pas faire usage du rogne pied, afin d'éviter des secousses douloureuses. En règle générale, le pied à opérer doit être paré à fond et la corne doit être amincie jusqu'à pellicule, surtout au voisinage des parties ma- lades, afin qu'elle se prête facilement au gonflement inflammatoire et diminue ainsi la douleur. On doit aussi le ferrer préalablement, afin de pouvoir, après l'opération, remettre les clous dans les vieux trous et éviter ainsi des ébranlements qui augmentent les souffrances de l'a- nimal. Le pied préparé, on doit se munir de tous les instruments et objets nécessaires afin de ne pas interrompre l'opération, qui doit être effec- tuée le plus rapidement possible. Donc, au préalable, l'opérateur devra mettre à sa portée, dans une corbeille ou un crible, d'une part, les instruments dont il prévoit la nécessité, tels que : instruments de fer- rure, instruments spéciaux pour agir sur la boîte cornée et les tissus vivants; et, d'autre part, les objets divers d'explorations et de panse- ments, sondes, cannelée et en plomb, seringue à injection, topiques, onguents, boulettes, plumasseaux, bande roulée, etc ; enfin, un garrot pour obtenir l'hémostase temporaire. L'animal à opérer est fixé debout ou couché. Dans le premier cas, on applique un tord-nez, et un aide tient le pied comme pour ferrer ; on peut se servir d'une plate-longe, de l'hippo-lasso ou d'un travail (t. Ier, p. 416). Dans le second cas, on fixe les membres en position croisée (t. Ier, p. 441), en ayant le soin de ne laisser l'animal dans cette attitude que le moins longtemps possible, afin d'éviter des accidents (paralysies, fractures, etc.); d'où cette indication expresse de ne cou- cher le sujet qu'après avoir paré le pied à fond, et aminci convenable- ment la corne de manière à réduire l'opération à ses temps les plus essentiels. Dans certains cas, lorsqu'on a affaire à des sujets irritables et que l'opération exige une grande sûreté de main, il faut alors avoir recours à l'anesthésie par le chloroforme ou l'éther. Ce moyen, dont l'emploi ne saurait être trop vivement recommandé, rend de grands services dans les opérations de pied, car il permet au chirurgien d'ef- fectuer de la manière la plus complète et la plus régulière, les dissec- tions si délicates que comportent ces opérations, en même temps qu'il évite des échappées, toujours graves. Enfin, l'opérateur devra agir le 646 GENERALITES SUR LES OPERATIONS DE PIED. plus rapidement possible, sans précipitation toutefois, et en se ren- dant parfaitement compte des indications que le cas exige. Manuel opératoire. — Envisagé d'une manière générale, le manuel opératoire comprend deux temps principaux : 1° mettre à nu les tissus qui doivent être extirpés; 2° exciser ces tissus. 1° Mettre à nu les tissus qui doivent être extirpés. — Pour cela, on pra- tique, dans le sabot, une brèche*, plus ou moins large, suivant l'étendue présumée du mal. En général, dans les blessures profondes de la ré- gion plantaire, dans le clou de rue pénétrant notamment, on com- mence par effectuer la dessolure, c'est-à-dire l'enlèvement complet du plancher du sabot. Il est souvent nécessaire de faire des brèches sur les parties latérales de l'ongle; dans ce cas, on doit avoir le soin d'en limiter l'étendue le plus possible, afin de ne pas retarder la guérison complète, car la corne se reproduit lentement. Pour enlever un lambeau de corne, on le circonscrit d'abord par deux ou trois rainures, suivant les cas. On pratique ces rainures au moyen d'un instrument spécial désigné sous le nom de rénette. Cet instrument consiste en une lame d'acier fixée dans un manche par l'une de ses extrémités et dont l'autre partie, tranchante sur ses deux faces, est recourbée sur le plat en formant une gorge plus ou moins large ; on distingue la rénette simple (fîg. 342), dont la lame est plate et Fig. 3i'2. — Rénette simple. la gorge étroite, et la rénette à clou de rue (fig. 343), dont la lame pré- sente, sur la face opposée à la gorge, deux biseaux séparés par une Fig. 343. — Iiéucttc 62 FURONCLE DE LÀ FOURCHETTE. Les chevaux de labour, qui ont des fourchettes échauffées on pourries, sont très-exposés à cet accident, lorsqu'on les fait travailler après les moissons, sur les terres hérissées des tronçons des tiges de graminées. Ces tiges tronquées ont assez de rigidité pour pénétrer dans le cous- sinet plantaire, dénudé partiellement, et y déterminer une inflamma- tion qui revêt presque toujours la forme furonculaire. Symptômes. — L'enveloppe cornée qui recouvre le corps pyramidal peut avoir été détruite partiellement par le corps contondant, ou bien cette enveloppe peut être restée partout continue avec elle-même. Dans le premier cas, on voit une ouverture sur le corps ou les bran- ches de la fourchette; cette ouverture, qui est alors bien apparente, devient moins apercevable quand elle siège sur les faces latérales de la fourchette, et surtout lorsqu'elle occupe le fond de la lacune médiane dont les deux lèvres sont souvent rapprochées jusqu'au contact. Quel que soit le siège de cette solution de continuité, il se produit toujours un écoulement jaunâtre, séreux, fortement odorant et très-abondant, qui ramollit la corne environnante et la décolle dans une étendue assez considérable. Lorsque la lésion date de plusieurs jours, il n'est pas rare que la partie mortifiée ou le bourbillon soit visible extérieurement entre les bords de l'ouverture cornée. Ce bourbillon se présente sous la forme d'un corps blanc jaunâtre, un peu nuancé de vert, entouré d'un sillon disjoncteur plus ou moins profond, suivant la période de la maladie. Ce sillon s'élargit de plus en plus, de manière à former une sorte de cavité circulaire dans laquelle le bourbillon est mobile. Les parois de cette cavité, tapissées par des bourgeons charnus, offrent d'ordinaire un aspect anfractueux, résultant de ce que le travail d'inflammation éliminatrice, provoqué par la présence du bourbillon, ne s'opère pas partout dans la même étendue et sur le même niveau, par suite des intersections fibreuses que présente le corps pyramidal. Il vient un moment où le bourbillon, complètement entouré^de bourgeons char- nus, se détache et tombe de lui-même, mais il peut arriver que la mortification, au lieu d'être limitée au corps pyramidal, intéresse l'a- ponévrose plantaire elle-même. Dans ce cas, le travail de bourgeonne- ment s'effectue bien encore sur les parties latérales de la cavité qui renferme le bourbillon, mais il n'a pas lieu au fond de cette cavité qui se transforme ainsi en fistule. Quand la partie mortifiée siège au fond de la lacune médiane, il faut introduire le doigt dans l'ouverture que la corne présente, afin de con- stater l'étendue du bourbillon et le plus ou moins de solidité de ses adhérences. On peut ainsi se rendre compte exactement de l'état des choses et d'une manière plus précise encore que lorsqu'on se borne à regarder sans toucher. Mais il peut arriver que la mortification du coussinet plantaire se soit produite sans que l'enveloppe de la fourchette soit intéressée, et alors il FURONCLE DE LA FOURCHETTE. 663 n'existe pas de plaie extérieure, et le pus, ne pouvant s'écouler librement au dehors, donne lieu à divers phénomènes objectifs que nous allons examiner. Si la corne de la fourchette a été amincie, le liquide purulent sécrété par les parties vives du corps pyramidal se rassemble sous la fourchette, la soulève et la désengrène du tissu velouté dans une éten- due plus ou moins considérable, en formant une sorte de tumeur fluc- tuante. Lorsque la fourchette est échauffée ou pourrie, le pus vient sourdre dans l'endroit où la corne fait défaut; enfin, si la corne forme une couche épaisse et qu'elle ne puisse céder à la pression que lui fait éprouver le pus dont la quantité augmente d'une manière incessante, il vient un moment où la matière souffle aux poils, à l'extrémité des branches de la fourchette. Dans ce cas, il n'est pas rare que l'action nécrosante du pus se fasse sentir sur les fibro-cartilages, ces organes faisant, pour ainsi dire, continuité avec le coussinet plantaire; il se produit alors un javart cartilagineux. D'autres fois, la lésion gagne l'a- ponévrose plantaire et donne lieu à des symptômes semblables à ceux qu'on constate dans les blessures profondes de la zone moyenne de la région plantaire (p. 634). Les symptômes physiologiques du furoncle furcal consistent en une boiterie dont l'intensité est d'autantplus prononcée quelapartie morti- fiée a plus d'étendue et occupe une situation plus profonde ; le membre malade est porté en avant de la ligne d'aplomb, reposant sur le sol seulement par la pince, le boulet demi-fléchi. La souffrance éprouvée par l'animal est généralement très-pronon- cée quand le sillon disjoncteur commence à se creuser; puis elle diminue graduellement, car l'appui s'effectue par toute la surface plan- taire et d'une manière ferme, surtout quand le bourbillon est complè- tement détaché. La cicatrisation de la plaie qui résulte de l'élimina- tion de cette partie mortifiée n'est complète qu'au bout de trois semaines à un mois. Si les souffrances persistent, et surtout si elles augmentent d'inten- sité, on peut être assuré que la lésion n'est pas bornée exclusivement au corps pyramidal, et l'on doit craindre qu'elle n'ait atteint l'un des fibro-cartilages latéraux, l'os du pied ou l'aponévrose plantaire. Ces complications ne sont pas rares; de telle sorte qu'étant donné un cas de furoncle de la fourchette, on ne saurait dire à l'avance quelles se- ront les limites de la mortification dont le coussinet plantaire est le siège. La marche de la maladie peut seule éclairer sur ce point ; il faut donc attendre un certain délai avant de se prononcer. Pronostic — Le pronostic de la lésion qui nous occupe, dépend de l'étendue et de la profondeur de la partie mortifiée. Quand le coussinet plantaire seul est intéressé, la maladie est bénigne, l'animal peut être remis au travail quand l'élimination du bourbillon est achevée et que la plaie est en bonne voie de cicatrisation ; tandis qu'elle revêt toute la gravité des blessures de la région plantaire qui siègent dans la zone 664 FURONCLE DE LA FOURCHETTE. moyenne, ou bien du javart cartilagineux dont il sera parlé plus loin, quand elle s'étend au-delà du coussinet plantaire. Traitement. — On pare le pied boiteux à fond, en ayant le soin d'a- mincir la corne jusqu'à pellicule au voisinage de la partie malade, afin de prévenir toute compression douloureuse, et de faciliter le gonfle- ment qu'éprouve le coussinet plantaire sous l'influence de l'inflamma- tion. S'il existe une ouverture à la fourchette, communiquant avec la cavité où la partie mortifiée du corps pyramidal se trouve enclavée, il peut être utile, comme le recommande M. H. Bouley, surtout au début, « de pratiquer un débridement longitudinal, et de la corne et de la capsule fibreuse du coussinet plantaire : l'ouverture cornée ainsi élar- gie permettra un échappement plus facile du pus, et le débridement de la capsule préviendra les étranglements. Si la fourchette ne présente aucune solution de continuité, il faut, comme précédemment, l'amincir jusqu'à pellicule; on y pratiquera ensuite une incision longitudinale pour donner écoulement au pus et empêcher ses ravages dans la boîte cornée. «Cela fait, le chirurgien doit s'abstenir jusqu'à nouvel ordre de toute autre intervention. Il vaut mieux laisser la maladie suivre sa marche naturelle, plutôt que de substituer l'action de l'instrument tranchant au travail d'élimination spontanée dont le corps pyramidal va être fatalement le siège. Celui-ci s'effectuera, en effet, dans les li- mites rigoureusement tracées par l'étendue de la mortification; tout ce que la cause déterminante de cette lésion aura ménagé sera conservé vivant, tout ce qui est mort sera éliminé. Le bistouri, quelque habile que soit la main qui le dirige, ne saurait avoir ce discernement. Il tranche dans le vif et détruit ainsi des parties qui auraient dû être res- pectées, sans compter que les chances sont grandes pour qu'il en mé- nage d'autres dans lesquelles la vitalité est déjà éteinte et dont l'élimi- nation ultérieure sera nécessaire ; sans compter encore que l'incision des couches fibreuses du coussinet plantaire alors que l'inflammation ne s'y est pas encore développée, peut devenir une condition de leur nécrose (H. Bouley) (1). » Quand le sabot est paré à fond et aminci jusqu'à la rosée au voisi- nage des parties malades, on le laisse sans fer et on le maintient dans un cataplasme émollient qui entretiendra la souplesse de la corne, et diminuera les souffrances de l'animal. On continuera ainsi pendant quelques jours jusqu'à ce que le bourbillon soit éliminé, et quand cela a eu lieu, la cavité qu'il occupait dans le coussinet plantaire doit être traitée comme une plaie simple du pied. Pour cela, on réapplique le fer, et l'on met sur la plaie, des étoupes imbibées de teinture d'aloès ou de vin aromatique et égyptiac mélangés, etc., maintenues par un pan- sement à éclisses. Un seul pansement suffit ordinairement, carie vide ^i Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétér., art. Fourchette, t. VU, p. 374. CRAPAUD. 665 laissé dans le coussinet plantaire par la chute du bourbillon se comble très- rapidement et les animaux peuvent être remis à leur travail au bout de peu de temps. Lorsque des complications surviennent, il faut alors intervenir d'une manière plus active et pratiquer, soit l'opération du clou de rue péné- trant à travers l'aponévrose plantaire (p. 640), soit celle du javart car- tilagineux. CHAPITRE VIII CRAPAUD On désigne sous ce nom une maladie du pied dont la nature n'est pas encore parfaitement connue, mais qui paraît cependant se rattacher à une inflammation chronique du tissu kératogène, sans dégénérescence carcinomateuse ou cancéreuse, comme on l'admettait autrefois. On a proposé de substituer à la dénomination de crapaud, sous la- quelle l'ancienne hippiatrie désignait la maladie dont il s'agit, celles de cancer; d'ulcère rongeant, squirrheux ou cancéreux ; de carcinome du tissu réticulaire; de dartre du coussinet plantaire; de podoparenchyder- mite chronique (Mercier) ; mais ces diverses appellations n'ont pas été adoptées, car elles expriment d'une manière trop précise et trop rigou- reuse des idées contestables sur la nature de la maladie qui est encore peu connue, et l'ancienne expression de crapaud, dont le sens est com- pris par tous les praticiens, a prévalu. Nous l'adopterons donc. Étiologie. — On s'accorde généralement à attribuer à l'humidité une grande influence dans le développement du crapaud. Ainsi le crapaud est plus fréquent dans les localités basses, marécageuses, que sur les plateaux élevés, et quand il y apparaît par exception, c'est dans les an- nées où les saisons sont pluvieuses à l'excès et d'une manière persis- tante. Les chevaux, qui sont logés dans des écuries mal .nettoyées, ayant les pieds continuellement mouillés par le purin ou le jus de fu- mier, sont plus souvent affectés de crapaud que ceux qui sont placés dans de bonnes conditions hygiéniques. Les chevaux de halage, dont les pieds sont souvent immergés dans l'eau, y sont plus sujets que ceux qui travaillent sur des terrains secs. Le crapaud se montre plus fréquemment sur les pieds postérieurs que sur les antérieurs, parce que ceux-là, bien plus que ceux-ci, sont expo- sés à l'action macérante et irritante des liquides excrémentitiels. Les chevaux à tempérament lymphatique, à peau épaisse, à crins touffus sont plus souvent affectés de crapaud que ceux dont les formes sèches, nettement dessinées, dénoncent une organisation nerveuse. 666 CRAPAUD. Il est une maladie de la peau des extrémités qui se montre dans des conditions étiologiques semblables a celles du crapaud, nous voulons parler des eauxaux-jambes; aussi voit-on fréquemment cette maladie se compliquer de crapaud. On admet généralement que des causes irritantes directes, telles que le contact longtemps prolongé des boues acres, des matières excré- mentitielles, produisent le crapaud. Le resserrement latéral du pied détermine l'atrophie de la fourchette et la transformation de la lacune médiane de cet organe en une sorte de fente étroite d'où suinte une matière épaisse, grisâtre et très-fétide. Ce suintement séro-purulent remplace en quelque sorte la sécrétion cornée, de telle sorte que l'arête de la fourchette se sépare des bran- ches furcales, laissant à sa place un vide. C'est là ce qui conslitue la fourchette échauffée ou pourrie. Dans cette lésion le tissu réticulaire du centre de la fourchette étant mis à nu, il est plus immédiatement ex- posé à l'action irritante des liquides dans lesquels les pieds macèrent, et par conséquent le crapaud peut se développer plus facilement. Toutefois, l'action des causes extérieures ne suffit pas à elle seule pour faire naître la maladie qui nous occupe, car on ne peut la faire développer expérimentalement en irritant plus ou moins fortement les tissus sous-ongulés ; d'un autre côté, si l'on considère que le crapaud affecte presque toujours les deux pieds postérieurs ou antérieurs d'un même bipède, et souvent les quatre membres, on sera porté à voir dans cette maladie la manifestation locale d'un état morbide général, préexistant, et dont la cause première nous échappe. Ajoutons que le crapaud a été considéré par la plupart des auteurs comme héréditaire. Symptômes. — Le crapaud peut débuter par une inflammation de la peau dans le pli du paturon, ou bien par une inflammation de la par- tie de la membrane kératogène qui tapisse la lacune médiane du corps pyramidal. Dans le premier cas, un engorgement œdémateux, chaud et un peu douloureux, apparaît au pourtour de la région phalangienne ; puis, la peau devient le siège d'une exhalation séreuse, opaline, qui décolore et ramollit l'épiderme dont les couches superficielles s'enlèvent facile- ment par le grattage. L'inflammation gagne de proche en proche et par une sorte de reptation les parties inférieures jusqu'à la membrane sous-ongulée plantaire. Alors les fonctions de celles-ci se modifient, la formation de la corne n'a plus lieu comme dans l'état physiologi- que, et les signes du crapaud apparaissent. Quand l'altération s'établit d'emblée dans la portion de l'appareil kératogène sous-jacente à la lacune médiane de la fourchette, le fond de cette lacune est alors soulevé par un suintement séreux qui en amène le décollement, et une fois détachée, elle ne se régénère pas, et le crapaud prend naissance. Quel que soit le mode suivant lequel cette maladie se déclare, ses CRAPAUD. 6G7 signes objectifs sont les mêmes. Au début, le crapaud passe souvent inaperçu, car cette maladie est très-lente dans sa marche et ne met pas en jeu la sensibilité des parties, de telle sorte qu'elle peut faire des progrès sans que l'animal en ait le sentiment et à l'insu de celui qui s'en sert. A la période initiale du crapaud, « le tissu velouté se pré- sente sous la forme d'une membrane lisse à sa surface, d'une teinte blanchâtre opaline, dont la couche externe, qui paraît formée d'un enduit épidermique pellucide, laisse voir, grâce à sa transparence, la couleur rouge violacée des capillaires sous-jacents. La membrane ké- ratogène ainsi modifiée a perdu la propriété de sécréter, comme dans l'état normal, une substance cornée concrescible qui adhère à sa sur- face et la recouvre d'un revêtement solide ; mais elle est devenue le siège d'une sécrétion pathologique très-active, dont le produit consiste dans une matière demi-fluide, onctueuse au toucher, d'aspect ca- séeux et d'une odeur fortement ammoniacale, que l'on détache facile- ment par le grattage, car elle n'a pas contracté la moindre adhérence avec le tissu dont elle émane » (H. Bouley;. La corne n'étant plus sécrétée comme dans l'état physiologique, il se produit au bout d'un certain temps une solution de continuité dans la boîte cornée que représente le sabot, au point correspondant à l'altération que le tissu kératogène a éprouvée. « Le crapaud se caractérise donc successivement par ces trois faits essentiels : l'aspect extérieur du tissu kératogène; la substitution à sa sécrétion normale d'une sécrétion pathologique, dont le produit con- siste dans une matière caséeuse ou concrescible et non adhérente ; enfin, la brèche du plancher de la boîte cornée, correspondant en éten- due à la surface où la sécrétion kératogène a cessé de s'accomplir normalement » (H. Bouley). Ces trois faits se succèdent fatalement; seulement le dernier est plus lent à se manifester que. les deux autres, parce que longtemps après le début du mal, la boîte cornée continue à demeurer entière jusqu'à ce que, faute d'être réparée au niveau des parties malades, elle pré- sente une perforation qui laisse à découvert les parties malades. Il faut donc se tenir en garde contre les apparences illusoires que peut présenter, dans les premiers temps, le sabot d'un pied affecté de crapaud, et ne pas croire au peu d'étendue du mal, d'après l'intégrité extérieure de la boîte cornée. Le caractère essentiel du crapaud, c'est sa tendance à se propager. Une fois que l'altération primordiale du crapaud s'est manifestée dans un point des tissus sous-cornés, elle se répand comme une tache d'huile sur toute la circonférence, elle gagne de proche en proche les parties environnantes par une sorte de reptation lente, mais continue, jusqu'à ce qu'elle ait envahi la plus grande partie de l'appareil sécré- teur de la corne si elle est abandonnée à elle-même. C'est ainsi que partant de la lacune médiane de la fourchette, elle 6«8 CRAPAUD. s'étend sur les branches et sur le coussinet plantaire ; puis elle se ré- pand sur ses côtés dans les lacunes latérales; de là elle se propage pé- ri phériquement sur le tissu velouté ; puis gagnant de proche en proche, elle envahit l'extrémité inférieure des lamelles podophylleuses et finit par grimper jusqu'au bourrelet, dernier point où, dans les degrés extrêmes du mal, le sabot conserve sa structure normale. A mesure que le mal progresse et surtout qu'il vieillit, d'autres al- térations physiques se produisent, notamment des végétations connues sous le nom de fies. Ces végétations d'une couleur blanchâtre, opaline ou rougeàtre, d'un volume variable entre celui d'un grain de chônevis et celui de la pulpe d'un doigt, présentent des formes assez variées : les plus petites sont coniques, les plus grosses sphéroïdes ou irrégulièrement mame- lonnées, et à base large ordinairement; quelquefois pourtant elles sont comme pédonculées et ne communiquent avec les tissus que par une sorte de hampe vasculaire. Elles sont surtout très-développées et comme confluenl.es sur les angles d'inflexion et dans le fond des lacu- nes latérales de la fourchette, dans les points où le gazon des villosités normales, suivant l'expression de M. H. Bouley, est le plus touffu ; tandis qu'el'es ne constituent sur les branches et le corps du coussinet plantaire que des tubercules irréguliers à peine saillants. Enfin, ces végétations sont rares à la face inférieure de l'os du pied et elles n'exis- tent jamais à la surface des lames du tissu podophylleux, si ce n'est à la partie inférieure de celles-ci où les houppes villeuses sont normale- ment très-développées. Dans les points où les végétations sont con- lluentes, elles laissent entre elles des sortes de rigoles ou crevasses sinueuses et profondes, remplies d'une matière infecte, grisâtre, de consistance caséeuse. En examinant avec attention les fies les plus volumineux, qui sem- blent au premier abord ne former qu'une masse homogène, on recon- naît qu'ils sont formés par l'accolement de végétations plus petites qui leur donnent un aspect comme velouté. Dans les crapauds anciens, la surface plantaire du sabot présente des faisceaux isolés de matière cornée solide, d'apparence filamenteuse, formant des espèces d'appendices, plies, contournés dans différents sens, ce qui donne à la partie malade un aspect étrange, que les an- ciens auteurs comparaient à celui des pattes d'un crapaud. La partie inférieure de ces productions singulières reflète souvent une teinte noire foncée, due aux boues ferrugineuses ou autres, dans lesquelles les animaux ont marché. Les sillons tortueux qui séparent ces produc- tions morbides sont remplis d'une matière noire, épaisse, de consis- tance caséeuse, d'une odeur repoussante. A une période très-avancée, le crapaud amène la déformation de la boîte cornée, dont la largeur et la longueur sont considérablement augmentées. L'excès de largeur indique d'une manière certaine que la CRAPAUD. 66& maladie s'est étendue au-dessous delà paroi des quartiers et des talons, et qu'elle a déterminé ainsi la disjonction complète des arcs-boutants de haut en bas, ce qui permet, comme le dit M. H. Bouley, au segment antérieur de la muraille de se détendre à la manière d'un arc dont la corde est rompue. L'excès de longueur des sabots affectés de crapaud tient à ce que cette maladie permettant presque toujours et pendant longtemps l'utilisation desanimaux qui en sont affectés, le maréchal ala précaution de ne pas abattre la paroi, afin qu'elle supporte seule l'appui et que les végétations de la région plantaire soient maintenues par ce fait à une plus grande distance du sol. L'augmentation en longueur du sabot ne résulte donc pas, d'une manière directe, des altérations éprou- vées par l'appareil kératogène, de telle sorte qu'au premier abord on pourrait croire la maladie beaucoup plus étendue qu'elle ne l'est en réalité. Il ne faut pas mesurer absolument la gravité et l'étendue des lésions produites par le crapaud, d'après les proportions que peut ac- quérir à la longue la boîte cornée. Signalons maintenant une particularité remarquable de cette mala- die, qui lui appartient en propre et la différencie nettement de toutes les altérations dont le pied peut être le siège : c'est l'absence complète, dans le plus grand nombre des cas, de symptômes physiologiques. Ainsi la douleur, qui est si accusée dans toutes les maladies du pied, môme dans la fourbure chronique, est à peine prononcée et souvent nulle dans le crapaud, de telle sorte que les animaux peuvent être utilisés pendant longtemps sans boiter, bien que les altérations éprou- vées par l'appareil kératogène soient très-étendues et très-profondes. Mature. — On a cru pendant longtemps que le crapaud était une dégénérescence cancéreuse des tissus du pied, et cette idée avait porté certains auteurs vétérinaires à conseiller, pour le traitement de cette maladie, des moyens violents, tels que la destruction radicale et com- plète, en une seule fois, de toutes les parties altérées, soit à l'aide d'instruments tranchants, ce qui constitue Yopération du carcinome du pied, soit au moyen de caustiques très-énergiques et môme du feu. Les faits ont démontré que cette méthode de traitement n'était que très-exceptionnellement suivie de succès, ce qui portait à penser qu'elle était fondée sur un principe erroné. Pourtant, dès 1822, Bracy-Clark avait émis sur la nature du crapaud une opinion très-remarquable qui, si elle avait été mieux comprise et mieux appréciée, aurait dû exercer une influence considérable sur la thérapeutique de cette affec- tion. Pour Bracy-Clark, le crapaud est « une simple ulcération des tissus sous-cornés, accompagnée de plus ou moins de faiblesse des parties qui président à la formation de la corne, et généralement de l'irritation de celles qui environnent l'ulcère, et, dans le traitement, il n'est pas besoin d'agents spéciiiques, mais il faut beaucoup de soins et d'attention pour détruire ces causes d'irritation et pour favoriser la formation naturelle de la corne sur les tissus qui en sont dépouillés ; 670 CRAPAUD. chose qui, dans les cas invétérés, est souvent assez difficile » (B. Clark, An essay on the canker of Horse's feet, 1822, London) (I). Cette opinion a passé inaperçue, et longtemps après, on a considéré le crapaud comme un cancer du pied et recommandé pour le com- battre une opération spéciale, presque toujours suivie d'insuccès. En 1858, M. H. Bouley a publié dans le Dictionnaire de médecine et chirurgie vétérinaires un article sur le crapaud et, à ce sujet, il a émis sur la nature de cette maladie une opinion basée sur des recherches microscopiques de M. Ch. Robin. Pour M. H. Bouley, le crapaud con- siste dans une inllammation chronique d'une partie de l'appareil kéra- togène dont la sécrétion loin d'être interrompue est au contraire plus abondante, mais « le produit sécrété n'a pas actuellement toutes les propriétés voulues pour subir régulièrement les phases de transformation en tissu corné compacte. C'est ce produit qui constitue cette matière blan- châtre, onctueuse au toucher, d'une consistance caséeuse et d'une odeur fortement ammoniacale, que l'on rencontre en si grande abon- dance dans les points du pied où les tissus sont dépouillés de leur en- veloppe cornée concrète. » Quant aux fies, ils ne sont, d'après M. H. Bouley, que des faisceaux de villosités anormales, agglutinées par l'inflammation, et considérablement hypertrophiées. Les appendices cornés qui donnent à un pied affecté de crapaud cet aspect étrange dont nous avons parlé ne sont point des productions mo?*- bides à racine fibreuse comme on le disait autrefois ; ces appendices, « loin d'être l'expression d'une altération essentielle des tissus sur lesquels ils paraissent comme implantés sont, au contraire, le signe de l'état conservé normal de ces tissus, au milieu des modifications morbides qu'ont éprouvées les parties qui les entourent; ce sont, pour ainsi dire, des bouquets de fibres cornées normales qui témoignent de l'intégrité de la fonction sécrétoire aux points auxquels ils correspondent, comme les bouquets d'arbres isolés au milieu de landes arides témoignent de la fertilité du sol aux points sur lesquels ils s'élèvent. La preuve de cette assertion est fournie par l'inspection des pieds malades, après la macération. Les tissus séparés de l'enveloppe cornée se présentent avec des caractères parfaitement réguliers dans tous les points qui corres- pondent aux pinceaux cornés, lesquels offrent à leur extrémité supé- rieure la disposition canaliculée propre à la corne normale pour la réception des villosités, tandis que dans les intervalles de ces pinceaux, on remarque, au contraire, les altérations morbides caractéristiques du crapaud. « La présence des faisceaux isolés de matière cornée, à la face infé- rieure des pieds affectés de cette maladie, doit donc être considérée comme le signe de l'intégrité de la fonction kératogène dans une cer- (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires par MM. H. Bouley etReynal, art. Cr.APAUi), p. 109. CRAPAUD. 671 taine étendue des parties envahies parle mal, et non comme le symp- tôme d'altérations essentielles que ces parties auraient éprouvées. « Cette déformation particulière de la corne tient à ce que la maladie, au lieu de s'étendre en surface, d'une partie centrale vers la circonfé- rence, a affecté une marche serpigineuse, progressant par lignes si- nueuses, irrégulières, et laissant inattaqués des îlots départies sur les- quelles la fonction sécrétoire a continué comme dans l'état normal; d'où les pinceaux de corne solide qui s'élèvent au milieu du déliquium de la corne inconcrescible que sécrètent les régions malades (H. Bou- ley) {loc. cit.). » M. H. Bouley assimilait, en 1858, le crapaud à une dartre, et M. Mé- gnin, à la suite d'études microscopiques sur le crapaud, en 1864, arri- vait à cette conclusion que le crapaud est produit par un cryptogame, de même que l'herpès tonsurant, la teigne faveuse, la mentagre. La production organisée, caractéristique du crapaud, serait, d'après M. Mégnin, « un cryptogame de la famille des Oïdiées, de l'ordre des Ai-throsporées, caractérisé par un mycélium floconneux, des tubes ré- ceptaculaires contenant des sporules, celles-ci sphéiïques, ayant à leur complet développement environ 0mm, 003 de diamètre (1). » M. Mégnin a proposé d'appeler ce végétal c ryptogamique, kéraphyton, ou bien oïdium bat?'ucosis, c'est-à-dire le parasite du mal de crapaud. Il ne pa- raît pas que de nouvelles recherches microscopiques aient confirmé sur ce point celles de M. Mégnin; nous ferons donc toutes nos réserves sur l'existence de cette production végétale parasitaire, qui, d'après M. Mégnin, serait la cause du crapaud. Peut-être cette production cryptogamique est-elle purement accidentelle comme l'acarien {glyci- /j/tagus hippopodos), signalé autrefois parHéring. Pronostic. — Le crapaud estime maladie grave, par sa ténacité et la facilité avec laquelle il se reproduit, et, de nos jours encore, il faut re- connaître que si le crapaud n'est pas resté Yopprobi'e de l'art, comme au temps de Chabert, il n'en est pas moins vrai qu'on a toujours quelque peine à s'en rendre maître, et que, parfois, cette maladie reste réfrac- taire à tous les traitements. Dans le plus grand nombre des cas, la gué- rison du crapaud exige un long temps, plusieurs semaines et même plusieurs mois; toutefois, la gravité du pronostic est atténuée en ce sens que pendant toute la durée du traitement les animaux peuvent être utilisés à leur service habituel. Nous dirons même que l'exercice exigé par le travail favorise la guérison. Traitement. — Le but à atteindre dans le traitement du crapaud, c'est de modifier la fonction kératogène, afin de la ramener à son état normal, en respectant autant que possible la structure des parties qui en sont chargées, structure qui est la condition de la parfaite adhé- rence du sabot. (t) Journal de médecine vétérinaire militaire, t. III, p. 70. 672 CRAPAUD. Pour atteindre ce résultat, le praticien peut mettre en usage divers agents pharmaceutiques, les uns doués de propriétés purement dessic- catives, et bornant leur action à la superficie des parties ; les autres plus puissants empruntés ù la classe des caustiques potentiels. Ces derniers agents dont l'action est si prononcée sur les membranes sous- onguéales saines, ne produisent plus qu'une irritation superficielle quand ces membranes sont le siège d'une sorte d'induration inflamma- toire chronique, comme c'est le cas dans le crapaud. Mais cette force de résistance a des limites et après plusieurs applications caustiques la vascularité des parties est augmentée, les voies par lesquelles s'opè- rent l'absorption et l'imbibition sont ainsi multipliées et l'action des agents caustiques devient plus puissante. Il est une autre considération importante à signaler et sur laquelle M. H. Bouley a appelé depuis longtemps l'attention des praticiens, c'est que les modifications éprouvées par l'appareil formateur de la corne n'ont pas la môme intensité ni la même ténacité dans tous les départe- ments de l'appareil kératogène. Ainsi, par exemple, sur le tissu podophyl- leux, il suffit dans le plus grand nombre des cas de quelques applica- tions modificatrices pour faire disparaître la lésion dont il est le siège, tandis que le tissu velouté considéré dans son ensemble est bien plus réfractaire à l'influence de ces agents et même des moyens plus puis- sants. C'est principalement dans les parties du tissu velouté qui cor- respondent aux lacunes médiane et latérales de la fourchette qu'on rencontre le plus de difficultés pour se rendre maître du mal, tandis que sur toute la circonférence de la sole, à la face inférieure de l'os du pied et sur les parties saillantes du corps pyramidal, ce résultat est relativement plus facile à obtenir. Ces principes étant posés, nous diviserons l'étude du traitement du crapaud en deux parties. Dans la première, nous examinerons les règles générales que le praticien doit observer dans le traitement du crapaud; dans la seconde, nous passerons en revue quelques méthodes spéciales. A. — RÈGLES GÉNÉRALES. La première chose à faire dans le traitement du crapaud, c'est d'a- battre l'excédant de corne de la paroi, dont la longueur est souvent excessive, et de préparer un fer convenable pour les pansements. On se sert habituellement d'un fer plus ou moins couvert suivant l'étendue du mal, et ajusté de manière à permettre l'adaptation facile d'éclisses ou d'une plaque à l'aide de laquelle le pansement est maintenu. Mercier recommandait de préparer le fer et la plaque de la manière suivante : « Faites un fer à dessolure un peu couvert, surtout en pince ; faites-y quatre ou six étampures; diminuez l'épaisseur de chaque . éponge dans la longueur d'un pouce, en lui conservant sa largeur, et recourbez-la comme une crosse sur la face supérieure du fer; les deux CRAPAUD. 673 éponges représentent ainsi les deux compartiments d'une charnière, dont le troisième et intermédiaire appartient à la plaque. Celle-ci ne doit être préparée que lorsque le fer est ajusté; pour la faire, prenez un morceau de tôle, découpez-le sur la forme de l'intervalle des bran- ches du fer, recourbez son bord postérieur sur sa surface inférieure, de manière à former un tube cylindroïde; examinez si la plaque peut se placer facilement sous le fer; puis construisez une cheville en fer, disposez-la de telle sorte qu'elle puisse traverser d'un bout à l'autre la charnière que vous avez faite et donnez-lui un peu plus d'étendue que celle qu'elle doit parcourir. » Dans quelques cas, on se voit obligé de faire des brèches à la paroi, et alors il faut appliquer un fer tronqué ; parfois même, on ne peut mettre de fer et on emploie alors une bottine que l'on fixe avec des courroies autour de la couronne, en ayant le soin de placer entre ces courroies et la peau une étoupade convenable pour éviter des exco- riations. La règle générale dans l'adaptation du fer ou de l'appareil qui le remplace, c'est de prendre toutes les dispositions nécessaires pour exercer sur les parties malades une compression méthodique et forte, sans être excessive toutefois. Cette première manœuvre étant accomplie, on passe à la deuxième qui consiste à détacher à l'aide d'instruments appropriés (boutoir, cou- teau anglais, rénettes et feuilles de sauge) toutes les parties de corne qui ne sont plus adhérentes aux tissus soit à la face plantaire, soit en quartiers, soit en talons, en évitant de faire saigner. Il faut avoir le soin surtout de poursuivre le mal partout où il existe et de ne laisser nulle part un seul point où la corne soit désunie par un suintement morbide. On fait ainsi à la boîte cornée des brèches plus ou moins étendues, au pourtour desquelles on doit amincir la corne jusqu'à mince pellicule afin de lui donner une souplesse qui lui permette de se prêter dans une certaine limite au gonflement des parties dénudées. Par ce moyen on évite la mortification des tissus, on diminue l'inflam- mation des parties et l'on facilite de la sorte la guérison. Une fois le mal mis à nu et la corne amincie au voisinage, mon- sieur H. Bouley conseille de raser, à l'aide de ciseaux, d'une feuille de sauge ou d'une rénette bien tranchante, tous les tics développés à la sur- face et sur la marge du tissu velouté. Cette opération est plus expédi- tive que la compression au moyen de laquelle il serait possible d'en pro- duire l'atrophie. On coupera également les pinceaux de corne au ras de leur base, mais sans intéresser le tissu qui les supporte. Si le crapaud est très-étendu, on ne doit pas enlever toutes les par- ties décollées en une seule fois, afin de se ménager la possibilité de main- tenir sous le pied au moins un fer tronqué, ce qui permet d'appliquer des pansements exerçant une certaine compression et de prévenir les altérations très-graves qui pourraient résulter de l'appui trop ferme que Peuch et Toussaint. — Chirurgie. IL *«J 674 CRAPAUD. Tanimal continue à effectuer sur son pied à peu près insensible, quoi- qu'il soit en partie ou complètement désaboté. Le fer est ensuite fixé et on applique sur la surface malade divers médicaments dont le mode d'emploi constitue les méthodes spéciales de traitement du crapaud dont il nous reste à parler. B. — MÉTHODES SPÉCIALES. 1° Emploi du goudron seul ou ayec des dessiccatifs ou «les caustique*. — L'emploi du goudron, qui avait été indiqué par Bracy-Clark, parais- sait être complètement tombé dans l'oubli, même en Angleterre, lors- que M. Reynal appela l'attention des praticiens sur la méthode de trai- tement du crapaud par l'emploi des pyrogénés, le goudron notamment. On recouvre toute la surface malade et la corne adjacente d'une couche épaisse de goudron que l'on maintient appliquée à l'aide d'une étoupade et d'un appareil convenable (éclisses, plaque et bandage circulaire) de manière à pouvoir renouveler fréquemment les pansements. Le goudron exerce sur les tissus générateurs de la corne une action modificative si puissante qu'ils se revêtent du jour au lendemain d'une pellicule de corne concrète et adhérente à leur surface, de telle façon que le grattage ne l'en détache pas, et il est à remarquer que cet effet se manifeste sur le tissu podophylleux beaucoup plus rapidement qu'à la région solaire, et qu'il est en outre sur ce tissu beaucoup plus parfait et plus durable. Le pansement doit être renouvelé tous les jours et même deux fois par jour au début du traitement. A chaque pansement, il faut gratter avec une spatule ou l'extrémité mousse des ciseaux courbes les surfaces recouvertes d'une couche de corne déjà concrète, afin de la détacher partout où elle ne tient pas ; il faut rafraîchir sa surface avec un instrument bien tranchant ou des ciseaux là où elle est adhérente, enlever complètement par le grattage oupardes frictions sèches la matière d'apparence caséeusedanslespoints où elle s'est accumulée, puis recouvrir d'une nouvelle couche de gou- dron et la corne consistante et les surfaces qui en sont encore dépouil- lées et faire un pansement compressif. Il n'est pas rare qu'au troisième pansement, c'est-à-dire le troisième jour du traitement, toute la couche de corne concrète formée sous l'influence des deux premières applications goudronnées soit désunie dans quelques parties ; c'est que l'action morbide a repris son empire. 11 faut alors enlever et la pellicule de corne que la sécrétion morbide a détachée des parties et la couche sous-jacente de matière cornée dif- fluente produite par cette sécrétion. Les tissus mis à nu se présentent soit avec une teinte blanche mate due à une nouvelle couche de corne en voie de formation, soit avec une teinte opaline rosée et un aspect lisse qui accuse un degré plus avancé CRAPAUD. 675 du mal. Nouvelle application goudronnée après avoir, comme dans le premier cas, parfaitement séché les surfaces dénudées, et rafraîchi, sur leur circonférence, la corne de bonne nature qui en forme la lisière, afin que la matière caséeuse produite par le crapaud puisse être facile- ment enlevée et ne s'accumule pas sur les parties malades, qui, si la corne n'était pas amincie, seraient placées dans une espèce d'infundi- bulum formé par la corne périphérique qu'on aurait laissée croître, et le séjour prolongé de cette matière caséeuse aurait pour conséquence la prolongation du mal et son irradiation sur une plus grande étendue. Après avoir employé ce traitement pendant 15 à 20 jours consécutifs, si l'on reconnaît que le mal reste stationnaire, M. H. Bouley recom- mande alors d'associer aux substances pyrogénées dont on doit conti- nuer l'usage sur la corne consolidée, des poudres absorbantes, comme la chaux anhydre, le chlorure de chaux bien sec ou la cendre de bois finement tamisée. En répétant leur application deux et même trois fois par jour, après avoir eu la précaution de détacher, toujours par le grat- tage ou le frottement, les croûtes incomplètement adhérentes qui dé- robaient les parties vives à l'action immédiate de ces nouveaux modifi- cateurs, on parvient incontestablement à diminuer encore le champ de la sécrétion morbide, si ce n'est à la tarir complètement. Si, malgré l'emploi persévérant de ces substances pendant une ou deux semaines, le mal résistait encore dans quelque endroit, comme dans le fond d'une lacune par exemple, il y aurait alors, et seulement alors, indication de recourir à l'usage des caustiques. Mais il ne fau- drait pas les appliquer coup sur coup, comme les poudres absorbantes et astringentes dont nous venons de parler, car si l'on agissait ainsi, loin d'enrayer la marche du crapaud, on la favoriserait en augmentant l'inflammation dont les parties sont le siège. En employant les caustiques on doit avoir pour but de produire seu- lement l'astriction des surfaces malades et non leur escharification profonde, qui aggraverait le mal au lieu de le guérir. Le secret pour maintenir l'action des caustiques dans les limites que nous venons d'indiquer, est de ne les employer qu'avec une juste me- sure et par intermittence. Le choix des agents caustiques n'a pas, comme on pourrait peut-être le croire à priori, une très-grande importance. Effectivement on peut produire une eschare avec tous les caustiques quels qu'ils soient, et si des praticiens préconisent l'un de ces agents d'une manière exclusive, c'est que par des maniements répétés du caustique préféré, ils ont ac- quis la parfaite connaissance de ses propriétés et déterminé la juste mesure dans laquelle il convient de l'employer. Mais il ne faut pas être exclusif en pareille matière, et comme le dit avec une grande justesse M. H. Bouley, « le crapaud est une maladie si souvent rebelle, quand il est confiné dans les lacunes de la fourchette, qu'on ne saurait avoir trop de cordes à son arc pour le combattre ; quand on voit le mal résis- 67« CRAPAUD. ter à l'emploi d'un agent, il faut recourir à un second, à un troisième, jusqu'à ce que les chances de l'expérimentation vous fassent tomber sur celui qui paraît actuellement le mieux convenir. » Quand les tissus malades ont été escharifiés, ce que l'on reconnaît à leur transformation en une substance sèche, de couleur foncée, adhé- rente aux parties qui l'entourent et qu'elle recouvre, il y a lieu d'atten- dre pour faire, si cela est nécessaire, une nouvelle application de caus- tique que le travail d'élimination de l'eschare soit achevé. Bien que l'eschare formée n'occupe souvent qu'une étendue limitée au centre d'une surface malade, cette escharification circonscrite peut être ce- pendant suffisante, dit M. H. Bouley, pour tarir autour d'elle la sécrétion morbide et y rétablir la sécrétion normale, et il n'est pas rare de voir les symptômes du crapaud s'amender dans une région périphérique à me- sure que s'établit autour d'une eschare centrale le travail d'inflamma- tion disjonctive et de la suppuration qui l'accompagne nécessairement. M. H. Bouley a été à même d'observer la succession de ces faits d'une manière très-frappante sur un cheval affecté d'un crapaud invétéré à un membre postérieur et qui, ayant pris un clou de rue profond, dut subir l'opération du clou de rue pénétrant à travers l'aponévrose plantaire. On appliqua un pansement goudronné qui fut laissé en place pendant quinze jours. A la levée du premier appareil, la sécrétion morbide s'était tarie autour de l'infundibulum profond creusé à l'endroit que le clou avait traversé, et partout la sécrétion cornée normale tendait à se ré- tablir, à tel point que le sujet de cette observation guérit, tout à la fois, et de son crapaud ancien et de la blessure pénétrante dont cette mala- die s'était compliquée. Ce fait remarquable indique qu'il peut y avoir avantage, dans le cas où la maladie résiste, à établir au centre des par- ties malades, et soit avec le cautère actuel, soit avec un agent potentiel, soit simplement avec le bistouri, comme dans le cas précédent, une sorte de fontanelle où se concentrerait la sécrétion morbide au grand bénéfice des parties adjacentes » (H. Bouley). 2° Procéiié de Soiicysoi. — Solleysel a formulé sur le traitement du crapaud des préceptes d'une grande justesse qui ont été complètement laissés dans l'oubli par les premiers auteurs vétérinaires. Ainsi, cet hippiatre recommandait d'abord de parer le pied, d'amincir la sole tout autour et d'appliquer par-dessus un onguent composé de : « miel, deux livres (1 kilogr.); eau-de-vie, une chopine (0',4G); vert-de-gris en poudre très-fine, 6 onces (102 gr.); couperose blanche, 6 onces (192 gr.); litharge pilée très-fin, 4 onces (128 grammes) ; deux gros (10 gr.) d'ar- senic (acide arsénieux) en poudre très-fine. Mêlez le tout avec le miel dans un pot de terre net et faites cuire sur un très-petit feu, en remuant souvent jusqu'à ce que la composition soit suffisamment épaisse. » Si en enlevant la corne, on a fait saigner, « ce qu'il faut éviter autant qu'on peut, » on mettra a pour premier appareil un restrictif fait avec la térébenthine et la suie de cheminée » que l'on maintiendra au moyen CRAPAUD. 677 d'un pansement compressif. Le sang étant arrêté, on emploiera l'on- guent dessiccatif dont la formule précède. Après avoir levé le second appareil, « qui doit toujours demeurer en place deux fois vingt-quatre heures, nettoyez bien le mal et lavez le fie avec de l'eau seconde et ap- pliquez par-dessus l'onguent pour les fies En levant les appareils, ôtez doucement avec la spatule les petites eschares ou plutôt les pelli- cules produites par l'onguent, sans faire que le moins de sang que vous pourrez : si après une ou deux applications d'onguent, le fie n'est pas assez resserré, mêlez avec la moitié de votre composition trois onces de très-bonne eau forte, et servez-vous de cet onguent comme du pré- cédent. Après vingt-quatre heures, il faut lever l'appareil, et si le fie est assez amorti, pansez-le avec le premier onguent, et dans la suite re- mettez du second, selon que vous verrez qu'il faudra resserrer ou sim- plement dessécher les chairs ; il faut en cela se conduire avec jugement et discrétion, et tout réussira bien (1). » Solleysel expose ensuite des considérations très-vraies sous le rapport pratique sur les dangers que présente l'emploi des caustiques violents auxquels il préfère l'emploi de l'instrument tranchant quand les fies sont très-volumineux. En résumé, le procédé de traitement de Solley- sel est tout à fait judicieux et n'aurait jamais dû être répudié, il prouve que le célèbre écuyer était en même temps un véritable observateur et que les prescriptions qu'il formulait lui étaient souvent inspirées par l'étude expérimentale des choses. 3° Emploi île l'acide nitrique. — 11 est des praticiens qui, au lieu d'associer l'acide nitrique à divers ingrédients comme l'a recommandé Solleysel, l'emploient seul. C'est ainsi que M. Delorme, vétérinaire à Arles, traite le crapaud avec succès au moyen de l'acide nitrique. Après avoir paré le pied, enlevé la corne décollée, aminci la corne saine au voisinage des parties malades, excisé les végétations, M. De- lorme applique, quand l'hémorrhagie est arrêtée, des tentes d'étoupe tordue, de la grosseur d'un tuyau de plume, imbibées d'acide nitrique. Ces tentes sont enfoncées dans les lacunes de la fourchette où M. De- lorme les laisse trois, quatre et cinq jours ; il faut qu'elles soient pous- sées très-profondément. Les pansements suivants se font de la même manière. Percivall préconise aussi l'acide nitrique de préférence à tout autre caustique. Pour employer cet acide, il en imbibe un tampon d'étoupe fixé à l'extrémité d'un bâtonnet et il frotte avec ce tampon toutes les surfaces malades en ayant soin de faire pénétrer l'acide dans toutes les excavations du pied et dans les interstices des fies. On fait ensuite un pansement compressif que l'on renouvelle au bout de deux ou trois jours. On alterne ensuite l'usage de l'acide nitrique avec celui de caus- tiques moins énergiques, tels que le beurre d'antimoine, le sulfate de cuivre, l'acétate de cuivre, etc. (I) Le parfait Mareschal. Liège, 1758. 1" partie, p. 209. 678 CRAPAUD. 4° Emploi de l'acide sulfiirique. — Cet acide que quelques prati- ciens proscrivent est employé pourtant par certains opérateurs renom- més par leur habileté à guérir le crapaud. Tout le secret de son emploi, dit M. H. Bouley, est « dans la juste mesure de son application, car ce caustique est beaucoup plus actif que l'acide nitrique et il détruit vite et profondément, pour peu que l'on excède les doses convenables. Il ne faut l'appliquer qu'avec un pinceau et en mouiller à peine les sur- faces malades, et dans les points seulement où elles offrent la teinte grise plombée qui dénonce qu'elles ne sont pas intéressées dans leur continuité » (loc. cit.). On a employé l'acide sulfurique mélangé avec de l'alcool (eau de Ba- bel), avec l'essence de térébenthine dans la proportion d'une partie d'acide pour quatre parties d'essence (liqueur caustique de Mercier), avec de l'alun calciné en quantité suffisante pour former une pâte (pâte caustique de Fiasse). Ces diverses préparations peuvent rendre d'utiles services en les employant conformément aux règles que nous avons indiquées pour le traitement du crapaud, suivant que cette maladie est plus ou moins avancée. 5° Emploi du beurre d'antimoine. — Le beurre ou protochlorure d'antimoine a été préconisé depuis longtemps pour le traitement du crapaud. Cet agent thérapeutique a été employé avec beaucoup de suc- cès par M. Huart, vétérinaire àjValeneiennes. Le protochlorure d'anti- moine est un corps déliquescent qui, étantappliqué à la surface des tis- sus, s'empare de l'eau qu'ils contiennent et les transforme en eschare. Pour l'employer, on peut, à l'exemple de M. Huart, étaler avec un pinceau sur les parties dénudées la liqueur caustique qu'il forme dans les flacons où il s'est réduit en déliquium sous l'influence de la vapeur d'eau atmosphérique. On fait ensuite un pansement uniformément compressif avec des plumasseaux secs et des éclisses. On répète cette application caustique toutes les vingt-quatre heures, en ayant le soin, au préalable, de dépouiller les surfaces malades des pellicules non adhérentes et de la matière caséeuse. On continue ainsi pendant un certain nombre de jours jusqu'à ce que les tissus mis à nu soient fermes et secs et que, conséquemment, la sécrétion de matière caséeuse ait cessé ou à peu près. Alors il faut substituer l'onguent égyptiac au beurre d'antimoine et achever ainsi la cure. M. H. Bouley a essayé le procédé de traitement du crapaud par le beurre d'antimoine et il en a obtenu de bons résultats : c'est, dit-il, un agent qui doit avoir et conserver sa place dans la thérapeutique du crapaud. Procédé Vivier. —M. Vivier, vétérinaire à Paris, a communiqué à la Société centrale de médecine vétérinaire, en 1864, un Mémoire sur les résultats très-favorables qu'il avait obtenus dans le traitement du cra- paud par un procédé qu'il a fait connaître. En 1875, M. H. Bouley, après avoir employé à plusieurs reprises le procédé de M. Vivier, en a CRAPAUD. 679 fait l'objet d'un rapport à la Société précitée, d'où nous extrayons les passages suivants : « Voici d'abord la description que nous donne M. Vivier de la préparation du médicament qu'il préconise : u Prenez, dit-il : « Acide chlorhydrique du commerce, 1 litre ; sulfure d'antimoine en poudre fine, quantité suffisante. « Mettez l'acide chlorhydrique dans un vase en grès, d'une conte- nance de 4 à 5 litres et largement ouvert par le haut ; ajoutez-y peu à peu du sulfure d'antimoine, en ayant le soin d'agiter sans cesse ce mélange avec une tige en bois ou en verre. Cessez d'ajouter du sul- fure d'antimoine, quand vous en aurez mis au delà de ce qu'il faut pour saturer la quantité d'acide. Vous connaîtrez que ce temps d'arrêt est venu quand la projection de la poudre de sulfure dans l'acide ne produit plus aucune effervescence. « Cette préparation doit être faite à l'air libre, et à une certaine dis- tance des habitations, car elle s'accompagne toujours d'un dégagement considérable de gaz sulfhydrique. Dans les premiers instants ce déga- gement est tellement tumultueux qu'il soulève l'acide en une écume abondante et le ferait jaillir même du vase qui le contient si ce vase n'était relativement très-grand et à large ouverture. » Ce mélange est abandonné à lui-même pendant un ou deux mois en l'agitant de temps à autre. « Après ce temps, on décante le liquide surnageant la poudre de sulfure d'antimoine et on le conserve dans un flacon bouché à l'èmeri. « La liqueur ainsi obtenue est d'une couleur légèrement citrine. Exposée à l'air, elle laisse dégager des vapeurs blanches d'acide chlor- hydrique et dégage l'odeur piquante de cet acide, et en même temps celle du gaz sulfhydrique... Abandonnée à elle-même dans le flacon, elle prend une couleur d'un jaune orangé, de plus en plus foncé, cou- leur qui plus tard encore, au bout de trois à quatre mois, devient pa- reille à celle du cognac vieilli dans une futaille neuve. » M. H. Bouley a fait analyser cette préparation par M. Albert Robin qui a constaté que c'était « une dissolution acide de trichlorure d'anti- moine ou beurre d'antimoine. » Avant d'appliquer sa liqueur, M. Vivier fait parer le pied, puis « il dégarnit les talons et les arcs-boutants, enlève les portions décollées de la sole, tous les prolongements de corne qui surmontent la four- chelte ; il nivelle les fies, en ayant soin autant que possible de ne pas aller au delà de l'épaisseur de la membrane kératogène ; enfin, il a le soin de ne laisser nulle part aucune partie de corne décollée et aucune partie vivante en relief morbide. Tout étant ainsi nivelé, il assèche bien avec l'éponge toute la surface des parties dénudées ; puis, au moyen d'un petit tampon d'étoupes, fixé à l'extrémité d'un bâtonnet, « il les bassine (c'est l'expression de M. Vi- vier) du caustique dont il a donné la formule, en ayant soin en même 680 CRAPAUD. temps d'ouvrir et de resserrer alternativement la muraille, en tirant les quartiers en sens inverse et les pressant ensuite latéralement. De cette façon il fait pénétrer le médicament jusque dans les moindres fissures de la plaie. « Deux ou trois minutes après cette application, afin de laisser au caustique le temps d'agir, il prend de la gutta-percha ramollie, ce qu'il en faut pour combler tous les vides formés par le décollement de la muraille et par la concavité de la sole; il en pétrit et façonne quelques petits morceaux qu'il fait pénétrer jusqu'au fond de la lacune de la fourchette et des décollements de la muraille en s'aidant d'une petite spatule de bois. Puis, par-dessus ces premiers morceaux de gutta, il en applique d'autres qu'il presse bien en tous sens, pour combler parfaitement la concavité du pied. Gela fait, le fer est appliqué et sert à fixer la gutta et à exercer par son intermédiaire une pression exacte sur toutes les parties qu'elle recouvre. « Quelques tours de bande servent à maintenir la partie postérieure de la plaque de gutta-percha, appliquée contre les glômes de la four- chette qu'elle recouvre. «Ce pansement est laissé en place pendant cinq jours. Au bout de ce temps on le renouvelle, en enlevant le fer et la plaque de gutta-percha. « L'aspect des parties indique que le médicament n'a pas exercé une action caustique, car ce n'est pas une eschare qui recouvre la surface mise à nu, mais bien une couche de matière cornée concrète, mais non encore adhérente, la sécrétion morbide s'étant reconstituée sous elle et l'ayant désunie des parties vives. « Le deuxième pansement consiste à enlever toutes ces parties non adhérentes, à exciser toutes les villosités exubérantes, à sécher les surfaces morbides et à les bassine?* une nouvelle fois avec le caustique. « Cette fois le fer est replacé seul et l'on n applique sur la plaie aucun pansement ni de gutta, ni d'étoupes, et ainsi de suite pour les autres pan- sements de cinq jours en cinq jours. « L'art consiste à surveiller très-attentivement tous les décollements qui tendent à se produire, et à appliquer méthodiquement le médica- ment sur toutes les parties de la surface du pied où la sécrétion mor- bide tend à se continuer, en respectant celles où de petites plaies bour- geonneuses indiquent que l'action caustique s'est produite (1). » M. H. Bouley a fait traiter à M. Vivier plusieurs chevaux affectés de crapaud, et toujours, entre les mains de son inventeur, le traitement a réussi, et il a suffi « de huit à dix pansements ou, autrement dit, de six semaines à deux mois pour que la guérison fût complète. » G0 Emploi «les sulfates métalliques. — Dans un mémoire adressé à laSociété centrale de médecine vétérinaire de Paris, en 1856, M. Délavai (1) Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, séance du 1 1 mars 1875 ; rapport de M. N. Rouley. CRAPAUD. 681' a préconisé pour le traitement du crapaud les sulfates de cuivre, e zinc et de fer, employés soit en poudre, soit en solution dans l'eau sui- vant le degré de la maladie. Au début on se contente de saupoudrer les parties malades avec du sulfate de zinc pulvérisé en faisant pénétrer avec une spatule cette ma- tière au fond de la lacune médiane. A une période plus avancée, on pare le pied, on enlève toutes les parties décollées et on l'immerge pen- dant dix à douze heures sans pansement aucun dans un bain composé de 50 grammes de chacun des sulfates indiqués et de 10 litres d'eau. Pour faire prendre ces bains, on peut se servir d'une botte de cuir, mais il est difficile de la tenir fixée sous le pied pour peu que l'animal soit indocile. On a conseillé alors de faire creuser dans le sol de l'écurie, à l'endroit où doit être placé l'animal, « une fosse quadrangulaire, trans- versale au grand axe du corps, mesurant 30 centimètres de profondeur sur 70 de longueur et I mètre de largeur, et dont les parois sont ren- dues imperméables d'une manière ou d'une autre ; des barrières laté- rales, antérieures et postérieures, fixées à hauteur du corps, doivent encadrer l'animal et l'empêcher de se déplacer une fois qu'il a les pieds immergés dans le bain. » La durée de chaque bain est, comme on l'a vu, de 10 à 12 heures. A l'aide de ces immersions répétées la guérison est rapide, dit M. Délavai, dans les points autres que les lacunes de la fourchette et le fond des arcs-boutants. Là le mal peut persister, et « ce sera alors le cas de re- courir à la cautérisation avec un acide quelconque (azotique, sulfurique ou hydrochlorique) ; puis des lotions doivent être faites sur les parties avec le solutum suivant : acide arsénieux, 2 grammes ; sulfate de cuivre, 10 grammes ; eau distillée ou pluviale, 50 grammes (1).» M. Iley a préconisé les bains caustiques de sulfate de cuivre dans la proportion de 500 grammes pour 6 litres d'eau pour le traitement du crapaud. En 1866, M. Rey avait employé ces bains cupriques contre douze cas de crapaud. Voici, dit-il, ce que j'ai observé : « Quand le mal est peu étendu, constituant ce qu'on appelle la four- chette pourrie, tout se dessèche dans l'espace d'une huitaine de jours. S'il n'a envahi qu'un pied, le crapaud disparaît dans un laps de temps de 15 à 20 jours. Enfin, lorsque l'affection existe sur plusieurs sabots à la fois, le succès est encore possible, mais on échoue assez souvent, surtout parce que l'application du caustique n'a pas été bien faite et continuée avec persévérance. Je dois ajouter qu'en cas d'insuccès il y a toujours amélioration et qu'il n'y a pas eu de temps perdu. Il est im- portant, pour prévenir les récidives, de visiter quelquefois le pied malade, afin de reprendre l'usage des bains caustiques si la corne a quel- que tendance à se ramollir (2). » (1) Dictionnaire de méd. et de chirgie vétérinaire, art. Cbapaud, p. 543. (2) Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon. 186(J, p. i99. 682 CRAPAUD. 7° Emploi du verdeft. — En 1850, M. Schaack a fait connaître, dans le Journal de l'école de Lyon, un procédé de traitement du crapaud par l'emploi d'un onguent préparé, en mélangeant à froid quatre parties de verdet (acétate neutre de cuivre), une de miel et une de vinaigre. M. Schaack observe scrupuleusement toutes les règles indiquées pour les pansements qu'exige le crapaud : enlèvement de toute la corne dé- collée sans en laisser la plus petite parcelle ; amincissement de la corne au pourtour des parties malades ; excision des parties filandreuses. Gela fait, on absterge avec un tampon d'étoupe les surfaces malades et on les enduit avec le mélange précité. « Ensuite il convient d'appliquer une étoupade que l'on maintient légèrement serrée avec des éclisses ou mieux encore avec un fer à plaque soudée aux éponges et fixée par qua- tre clous. » On panse d'abord tous les jours, en enlevant à chaque pan- sement « l'espèce d'eschare formée par le verdet.» Pendant la première huitaine, ce décollement se fait sans difficultés; bientôt après il devient moins facile : pour l'obtenir on est obligé de frotter l'eschare dans plu- sieurs sens avec un tampon d'étoupe et, avec des ciseaux, de la gratter, de l'entamer pour faire une prise et l'enlever en lambeaux. Enfin il vient un moment où le degré d'adhérence de l'eschare ne permet plus d'opérer son décollement tous les jours, sans faire saigner les villosités sur tous les points. Alors il convient de retarder les pansements de douze ou de vingt-quatre heures ou davantage, suivant les difficultés, et. d'ajouter à l'emploi du verdet une application de goudron ou de miel pétri avec de la suie. A chaque pansement les lacunes latérales de la fourchette demandent une attention particulière, non-seulement poul- ies tenir dégagées jusqu'à fond (ce qui est d'autant plus difficile que les pieds sont plus creux), mais encore pour bien établir le pansement. Il faut, après avoir enduit avec le verdet préparé, combler toute l'excava- tion en pressant des bourdonnets gradués depuis le fond jusqu'au ni- veau de la fourchette, puis disposer toute l'étoupade de manière qu'elle puisse comprimer un peu ces régions et remplir les vides seulement partout ailleurs. Nous avons employé cette méthode de traitement sur plusieurs che- vaux affectés de crapaud et nous en avons obtenu d'excellents résultats. Nous pouvons même affirmer que sur quatre chevaux et un mulet que nous avons vus pendant plusieurs années, le crapaud a été guéri radi- calement, sans récidive. Il ne nous a pas été donné de suivre les autres chevaux, au nombre de dix environ, qui ont été traités par ce moyen que nous considérons comme très-efficace. Les différentes substances dont il vient d'être question ne sont pas les seules qui aient été employées pour le traitement du crapaud. Un grand nombre de médicaments astringents ou caustiques ont été conseil- lés, sans compter les remèdes secrets, comme le topique Bauchière, et tutti quanti; il serait oiseux d'étudier chacun de ces médicaments en particulier, nous devons nous borner à les mentionner puisque nous CRAPAUD. 683 avons fait connaître, dans les pages précédentes, et les règles suivant lesquelles le praticien doit agir dans le traitement du crapaud et les principales méthodes de traitement, celles en un mot qui nous parais- sent les meilleures. Nous rappellerons donc ici que l'onguent égyptiac, la liqueur de Villatte, l'acide phénique, leperchlorure de fer, l'essence de térébenthine ont été conseillés pour combattre le crapaud. 8° Méthode de traitement par le feu. — Cette méthode consiste à brûler les tissus avec le fer rouge ou bien en enflammant un mélange de poudre de chasse et de soufre dont on les a préalablement recouverts. Elle a été recommandée par Prévost, Hurtrel d'Arboval, qui considé- raient le crapaud comme un ulcère squirrheux, une sorte de cancer, etc., qu'il fallait détruire par des moyens violents. L'observation des faits a démontré que ce mode de traitement du crapaud ne produit que de mauvais résultats, comme Solleysel l'avait déjà constaté. Il a été es- sayé à la clinique de Lyon, vers 1834, et on a dû l'abandonner. C'est en effet un moyen excessif, car la profonde destruction qui résulte de son application dépasse le but que l'on peut atteindre d'ailleurs par des moyens plus simples et surtout plus conservateurs ; aussi nous borne- rons-nous à le mentionner. 9° Opération. — De même que la métbode de traitement du crapaud par l'emploi du feu, celle par l'opération chirurgicale dite du carcinome du pied, n'a plus sa raison d'être aujourd hui que l'on s'est fait une idée plus exacte de la nature du crapaud. Cette opération, qui consiste dans l'extirpation au moyen d'instruments tranchants de toutes les parties altérées du pied, après dessolure préalable, a été préconisée d'abord par l'hippiàtre Lafosse dont la manière de voir sur ce sujet a été ensuite adoptée par Chabert. Cependant, dès 1813, Girard avait fait remarquer dans la première édition de son Traité du pied « que la plaie résultant de ce mode opératoire est très-longue à guérir, qu'elle ne détruit ordinai- rement le crapaud que pour un certain temps, et qu'elle occasionne presque toujours une telle détérioration du pied, que l'animal reste boiteux pendant très-longtemps et quelquefois même toute sa vie. L'opération du crapaud doit être simple, se borner à la section de la sole détachée et ensuite à l'amputation des parues filandreuses, fon- gueuses et sans vie. » Malgré cette observation fort juste de Girard, la pratique conseillée par Lafosse et préconisée par Chabert continua à prévaloir. Ainsi, en 1839, Brogniez, dans la première partie de son Traité de chirurgie vétérinaire — parle longuement de l'opération du carcinome du pied, qu'il considère comme le meilleur mode de traitement du crapaud ; en 1843, M. Delwart publie une brochure sur le carcinome du pied du che- val (crapaud) et ses moyens curai i fs ; il préconise également l'opération chirurgicale. Dans son Traité de médecine vétérinaire pratique, publié en 1850, il reproduit l'opinion qu'il avait émise sept ans auparavant. Les moyens locaux de traitement du crapaud consistent, dit-il, dans 68i CRAPAUDINE. l'extirpation des tissus dégénérés jusqu'aux parties saines. Pour attein- dre ce but, souvent on est forcé d'opérer la dessolure, d'enlever le cous- sinet plantaire, deruginerl'os du pied s'il est altéré, d'opérer révulsion du quartier, si le tissu podophylleux de cette partie participe à la dégéné- rescence carciuomateuse, et même d'enlever le fîbro-cartilage latéral du pied, s'il y a nécessité ; enfin on doit pousser les délabrements jusqu'au delà des tissus malades, et autant que faire se peut, chercher à amener la plaie à l'état le plus simple possible. » Tout cela est évidemment ex- cessif et irrationnel, les faits de tous les jours en témoignent, et si nous avons mentionné cette méthode de traitement, qui n'appartient plus aujourd'hui qu'à l'histoire de l'art, c'est pour montrer à quelles consé- quences peut conduire une idée erronée sur la nature d'une maladie, surtout quand on l'adopte sans aucune réserve et pour ainsi dire d'une manière systématique. Traitement général. — On a beaucoup insisté autrefois sur le traite- ment général du crapaud; les purgatifs, les diurétiques, les altérants, les toniques, ont été tour à tour recommandés. Qu'il nous suffise de dire que parmi ces diverses médications, il en estime qui semble avoir donné de bons résultats : c'est la médication arsenicale. Ainsi, M. H. Bouley a rapporté dans le Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires deux cas de crapaud rebelle, observés par M. Délavai et dans lesquels l'emploi de l'acide arsénieux, continué pendant quinze jours, à la dose quotidienne de 2 grammes, a amené rapidement la guérison. Des ré- sultats semblables ont été obtenus par M. Feuillette. « Ces résultats, dit M. Lafosse, rapprochés de ceux que nous constatons depuis longtemps, doivent engager les praticiens à faire concourir la médication arsenicale avec le traitement local contre les crapauds rebelles (1). ». Enfin, une pratique assez suivie consiste à appliquer, au poitrail ou bien à la partie supérieure du membre malade, un ou deux sétons à titre de révulsif et d'émonctoire. CHAPITRE IX CRAPAUDINE Encore appelée mal d'âne, en raison de sa plus grande fréquence chez les ânes que chez les chevaux, cette maladie consiste dans une altération de la sécrétion du bourrelet, proprement dit, ou du périople qui le recouvre. Symptômes. — La crapaudine est caractérisée par la présence de (1) Traité 706 SEIME ET KÉRAPHYLLOCÈLE. monte trop haut, et de descendre trop bas; mais il est infiniment plus petit et plus mince, car il ne le faut ni fort ni épais, que ce qui est jus- tement nécessaire pour tenir le pied en état qu'il ne se fende davan- tage.... Quand donc ce fer est bien appliqué, on ferre le cheval par- dessus comme si de rien n'était. Véritablement les chevaux feignent quelques jours, parce que cela les contraint quand ils sont nouvelle- ment ferrés; mais, les laissant un couple de jours sans travailler, ils ne boitent plus (I). » Malgré les bons effets que Solleysel dit avoir obtenus par l'emploi de ce procédé, il ne paraît pas s'être répandu dans la pratique ; on préfère généralement les rivets ou les agrafes, dont nous allons parler. b. Premier procédé. — 11 consiste à brocher d'outre en outre, à travers la corne, un clou à ferrer, comme quand on attache le fer sous le pied, mais avec cette différence que ce clou est broché transversalement à travers les bords de la seime. Ce procédé est fort ancien, car il a été décrit dans Solleysel; c'est donc bien à tort qu'on l'a qualifié de pro- cédé russe. Pour le mettre en pratique, l'animal ayant le pied appuyé sur le sol ou sur le billot du maréchal, ou bien encore levé comme pour ferrer, l'opérateur broche le clou à travers les lèvres de la fissure. Cette manœuvre opératoire exige une grande habileté manuelle, car il faut prendre assez de corne pour que le rivet tienne solidement, tout en évitant, avec le plus grand soin, d'intéresser le tissu podophylleux. On doit également brocher le clou de telle sorte que les ouvertures d'entrée et de sorlie soient sur le même niveau. L'action de barrer la seime en brochant le clou ne laisse pas que de produire dans le sabot malade des ébranlements douloureux, sur- tout pendant que la lame du clou traverse la seconde lèvre de la plaie qu'elle écarte. Pour ce motif, on doit donc encore agir avec beaucoup de ménagement. Quand le clou est broché, on en coupe la tête et la pointe de ma- nière à ménager un rivet que l'on rabat sur la paroi comme dans l'ac- tion de ferrer; puis on donne par-dessus un coup de râpe. Nous nous contentons souvent de placer un seul rivet, et cela suffit; mais si l'on craint qu'il se desserre, on en place deux et même trois, équidistants sur le trajet de la seime, en disposant le premier à 1 centimètre ou 1 centimètre 1/2 au-dessous du bourrelet. Afin de faciliter la pénétration du clou dans la corne, Solleysel con- seillait de traverser les bords de la fissure avec un poinçon ou alêne courbée que l'on a préalablement fait chauffer... « Mais, dit le célèbre écuyer, il faut connaître l'épaisseur du sabot pour ne pénétrer point trop, et ne pas prendre aussi trop peu de corne. » {Parfait mareschal, 1708, première partie, p. 200.) Ce procédé est dangereux, et il sera toujours préférable d'employer 1,1) Lr 'parfait maréchal^ lre partie, p. 200. SEIME ET KERAPIIYLLOCELE. 707 une vrille pour creuser le trajet du clou, comme on le verra plus loin. Un vétérinaire de Moscou, M. W. Haupt prescrit de faire, à 1 centi- mètre environ d'un des bords de la fissure, une petite entaille dans la muraille. Dans cette entaille, on introduit un clou ordinaire bien pointu de manière a pratiquer dans l'épaisseur de la corne un trajet qui doit recevoir le clou qu'on laisse à demeure pour former le rivet. Celui-ci doit être préparé de telle sorte que sa tête, convenablement aplatie, puisse se loger dans l'entaille faite à la corne et que sa pointe soit effilée. Le clou étant broché, « les deux bords de la fissure sont rap- prochés autant que faire se peut, le bout est rivé, et le tout est conve- nablement limé (1). » M. Lafosse applique les rivets de la manière suivante : « Ferrure neuve, corne ramollie par un cataplasme de chaque côté de laseime, rainure transversale aux fibres de la paroi, et, par consé- quent, à la seime, distante de celle-ci, par celle de ses extrémités qui s'en rapproche le plus, de 1/2 à 1 centimètre au plus; cette rainure va jusqu'à la rosée près de la seime ; elle est moins profonde à l'autre extrémité, à cause de la convexité du pied. Les deux doivent être, par leur fond, sur le même plan et sur une même ligne droite dans toute la longueur. Cela fait, à l'aide d'un clou bien raidi par le battage, par- faitement affilé et dont la pointe est enduite d'un corps gras ou de sa- von, on creuse, en brochant le clou à petits coups et le retirant alter- nativement avec les doigts ou les tricoises, le trajet que devra occuper l'attache. Après avoir creusé ainsi à peu près la moitié du trajet d'un côté, on creuse l'autre moitié de la même manière du côté opposé, et si la pointe rencontre la porte déjà pratiquée, on broche jusqu'à ce qu'elle sorte par l'entrée de cette dernière. Le trajet une fois creusé, on introduit l'attache, qui n'est autre qu'un clou à ferrer, affilé aussi, mais battu ou limé de manière à ce que, hors sa pointe, sa lame ait partout une largeur et une épaisseur égales; il doit être re- cuit, à peu près de même force que son précédent et graissé ou sa- vonné comme lui. Il s'introduit aisément lorsque le trajet qu'il doit parcourir a été bien fait. Dès qu'il est en place, ses deux extrémités sont relevées à angle droit sur les côtés de la seime, coupées avec les tricoises au niveau de la face externe de la paroi, et l'on serre l'attache ainsi faite en appuyant la pointe d'un poinçon sur l'un de ses angles, tandis que des percussions sont opérées sur un autre poinçon dont la pointe est appuyée sur l'angle opposé. On termine par un coup de lime donné sur les extrémités de l'attache, et par l'introduction dans les rainures d'un peu d'onguent de pied (2). » Il est assez facile de se servir, pour creuser le trajet du clou destiné à barrer la seime, comme on le fait à l'École de Lyon, d'une vrille (1) Recueil de médecine vétérinaire, année 1S5*>, p. 745. (2) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 788. 708 SEIME ET KERAPI1YLLOCELE. anglaise, à mèche bien graissée. L'emploi de cette vrille dispense l'o- pérateur de pratiquer des entailles ou des rainures sur le sabot. L'opé- ration se pratique sur l'animal debout et placé dans le travail, en se contentant toutefois d'entraver seulement le pied malade. On se met alors à genoux, en regard du sabot à opérer, sur le côté et en dehors; puis, par l'action combinée des deux mains, on fait agir la vrille, en ayant le soin de prendre assez de corne pour que le rivet soit solide, tout en évitant de blesser les tissus sous-ongulés. Il est à re- marquer que l'outil perforateur, agissant d'une manière régulière, ne produit, quand il est bien dirigé, aucune douleur, de telle sorteque, le plus souvent, l'animal ne fait aucun mouvement pendant ce premier temps opératoire. Le trajet du clou étant pratiqué, on y fait pénétrer une lame de clou bien effilée, repliée à angle droit à l'une de ses extrémités sur une surface de 2 à 3 millimètres, qui fait office de tête et sur laquelle on frappe de petits coups de brochoir jusqu'à ce que la lame sorte du côté opposé. On coupe alors chaque extrémité avec des tricoises et on les rabat sur la muraille en les rivant comme dans l'action de ferrer. On pourrait enfin, comme le conseillait Solleysel, remplacer la lame de clou par un fd d'archal dont on réunirait les deux extrémités en les tordant sur le sabot, au moyen d'une pince de treillageur: par ce moyen les bords de la seime seraient maintenus en contact. c. Procédé de Vachette. — En 1861, Vachette, vétérinaire à Paris, a fait connaître par la voie du Recueil de médecine vétérinaire, un nou- veau mode de traitement des seimes par le procédé des agrafes. On donne le nom d'agrafe à un morceau de fd de fer non recuit de 3 mil- limètres de diamètre recourbé à ses deux extrémités, que l'on fixe sur la seime avec une pince spéciale, après avoir creusé, dans le sabot, deux empreintes destinées à recevoir l'agrafe. Pour fabri- quer cette agrafe, Vachette se servait de fil de fer dit au bois (n° 18) qu'il rend d'abord presque demi-rond, il le recourbe ensuite aux deux extrémités, lesquelles sont ensuite légèrement aplaties en coin d'un côté à l'autre, puis taillées à la lime de manière à ménager aux parties internes des extrémités A, A' [fig. 349), une dent aiguë, de 2 à 3 millimètres de long (fig. 350); il est facile de comprendre Ù — ^ Fig. 349. — Agrafe Vachette, en Fig. 350. — Agrafe Vachette, préparation. préparée. que, lorsqu'on recourbe les extrémités des agrafes, ces dents viennent s'implanter très-solidement dans l'épaisseur de la muraille, et qu'il devient alors tout à fait impossible que l'agrafe soit enlevée. La figure 351 représente une coupe du sabot muni de l'agrafe inventée SEME ET KÉRAPHYLLOCELE. <00 par Vachette. On voit que la saillie qu'elle forme est à peu près nulle; en outre, ajoutait Vachette, avec les dents que j'ai ménagées aux extrémités de l'agrafe, j'obtiens un moyen de fixation très-puissant, et l!!||l[Illll]!iniIl!U Fig. 351. — Agrafe appliquée dam l'épaisseur de la muraille. Fig. 352. — Cautère à empreintes pour l'application des agrafes (système Va- chette). qui représente assez bien en dedans un rivet analogue à celui que l'on fait en dehors aux clous à cheval employés pour la ferrure (1). Pour appliquer les agrafes, il faut avoir un cautère à empreintes et une pince que nous allons faire connaître. Le cautère {fig. 352) est formé par une tige fixée dans un manche, et une partie cautérisante, qui consiste en un morceau de fer plat taillé et échancré à son extrémité, de manière à faire, en une seule fois, les deux empreintes destinées aux extrémités de l'agrafe, et en môme temps à marquer sur le sabot la place que doit occuper le corps de l'agrafe, sans toutefois faire autre chose que d'effacer, en les brûlant, les aspérités de la corne qui pourraient s'opposer à ce que le corps de l'agrafe soit appliqué immédiatement contre la muraille. La pince (fig. 353) est douée d'une très-grande puissance, et il le fallait afin de pouvoir recourber les extrémités de l'agrafe, en la plaçant entre ses mors. Ceux-ci sont très-courts (5 millimètres), aplatis d'un Fig. 353. — Pince Vachette. côté a l'autre et cannelés en dedans ; ils sont distants l'un de l'autre d'environ 20 millimètres, de manière à pouvoir placer, en l'ouvrant, l'agrafe entre ses mors et la recourber par la pression sur ses branches après avoir porté chacune des extrémités de l'agrafe dans les em- preintes faites préalablement au sabot. M. Salles, fabricant d'instruments de chirurgie vétérinaire à Paris, a modifié la pince de Vachette, en y adaptant des mors de re- (I) Recueil de médecine vétérinaire, 18G3, p. 95. 710 SEIME ET KÉRAPIIYLLOCÈLE. change, qui permettent de l'employer pour des agrafes de différentes grandeurs (fi g. 354). Manuel opératoire. — On fait chauffer au rouge-cerise le cautère à empreintes, puis on l'applique perpendiculairement sur le sabot, en travers de la seime, de manière à faire de chaque côté de celle-ci, et à égale dis- tance, des empreintes d'une profondeur de 2 à 3 millimètres. Cela fait, on place l'agrafe et. on la serre au moyen des pinces qui viennent d'être décrites. Toutefois, pour que l'on puisse comp- ter sur un bon résultat, Vachette re- commandait : « de faire les empreintes très-étroites, de manière que les agrafes n'y pénètrent qu'à frottement ; de laisser complètement refroidir la corne avant de fixer les agrafes ; d'en mettre un aussi grand nombre que possible, trois, qua- tre, cinq et à près de 1 centimètre les unes des autres ; ne pas les recouvrir de goudron ou de tout autre corps gras, ces agents ayant l'inconvénient de faire sauter les rivets ou les agrafes; plutôt les mouiller même avec du vinaigre ou un acide, de manière à faciliter l'oxyda- tion, qui augmente l'adhésion de la corne et du fer; recouvrir, par précaution, les agrafes nouvellement posées par quel- ques tours de bande, que vous goudron- nez moins toutefois dans la partie cor- respondante aux agrafes ; protéger le tout par une guêtre en cuir; aussitôt que l'a- val ure du sabot laissera assez de place au-dessus des premières agrafes pour en placer une nouvelle , c'est-à-dire après trois ou quatre semaines, ne pas oublier d'en profiter pour en faire une nouvelle (1). » Le procédé des agrafes est applicable non-seulement à la seime en pince, mais encore à la seime-quarte, du moins d'après Vachette. On pourrait craindre, à priori, vu le peu d'épaisseur de la muraille dans la région des quartiers, que l'application du cautère à empreintes déterminât une brûlure du tissu kératogène; mais il résulte de plu- sieurs expériences, qui ont été faites par Vachette, que l'on peut Fig. 354. — Pince à agrafe, -* Ce désencasteleur a été modifié à l'École de Saumur; les deux bran- Fig. 363. — Étau désencasteleur de Méricant. ches, au lieu d'être articulées, ont été rendues indépendantes, et leur longueur totale a été réduite à 6 ou 7 centimètres environ; l'une est Fie. 3G4. — Désencasteleur Jarrier (modèle de l'école de Saumur; fixe et l'autre mobile. On les écarte ou on les rapproche au moyen d'une vis (fi g. 364). (1) H. Bouley et Reynal, Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Encastelure, p. 644. DE L'ENCASTELURE. 74:; A cet effet, la branche fixe est percée d'un trou non taraudé dans lequel tourne la vis qu'elle supporte, tandis que l'autre est traversée d'un écrou destiné à recevoir cette vis motrice, laquelle, suivant le sens où elle tourne, la ramène ou l'écarté. Chaque branche, évidée à sa partie inférieure et contournée en dehors, se termine par une sorte de griffe, dont les dents, d'égale longueur, forment, l'instrument étant supposé en place, une série oblique d'arrière en avant et de dehors en dedans par suite d'une légère torsion, dans les mêmes sens, de la tige qui les supporte. Vues de profil, les branches de cet instrument, sup- posé en place, décrivent une courbe telle qu'elles sont convexes en arrière et concaves en avant, afin de pouvoir embrasser dans leur con- cavité la saillie des glômes de la fourchette et des bulbes cartilagineux. Au-dessus de la vis motrice et parallèlement à elle, est disposée une échelle graduée en millimètres, qui est soudée à la branche fixe et traverse librement une mortaise de la branche mobile. M. Charrière a modifié le désencasteleur Jarrier et il en a construit deux modèles. Nous ne décrirons que celui qui est représenté par les figures 365 et 366. On voit que les branches de cet instrument décrivent une courbe à leur partie supérieure, par laquelle elles s'articulent à la manière d'un compas. Au-dessus de cette articulation, l'une de ces branches est munie d'un prolongement recourbé qui est séparé de la branche sur laquelle il se projette, par un intervalle de 2 centimètres, quand l'instrument est fermé (fg. 365). Une vis, à tête plate et large, passe dans le prolongement qui fait office de coulisse et s'engage ensuite dans un trou taraudé, percé sur l'une des branches de l'instrument. En faisant mouvoir cette vis. la branche mobile se rapproche peu à peu du prolongement par sa partie supérieure, tandis que son extrémité inférieure s'écarte de celle de la branche opposée {fuj. 366). M. Salles, vétérinaire militaire, qui a vu à l'œuvre ces divers désen- casteleurs, donne la préférence à celui de Saumur, modifié de la ma- nière suivante : « Il a diminué la longueur de ses branches, et il Ta rendu moins massif, tout en lui conservant la même force ; la vis mo- trice a été placée au-dessus de l'échelle graduée, au lieu d'être au- dessous, et un curseur sur cette échelle permet d'apprécier exacte- ment le degré de la dilatation obtenue. La clef destinée à mettre la vis en mouvement a été grandie, afin que l'opérateur pût avoir sur elle une prise plus solide, et que le levier qu'elle représente étant aug- menté, le jeu de cette vis fût rendu plus facile. Cette clef peut être ôtée à volonté, ce qui permet de diminuer d'autant le poids de l'ins- trument lorsqu'il est laissé à demeure sur le pied, et ne l'expose pas à être heurté par le sabot opposé, lorsque le membre sur lequel on opère est laissé à l'appui. Enfin les griffes terminales des branches sont dis- posées de telle façon que, lorsque l'instrument est en place, leurs dents forment une série oblique d'avant en arrière et de dedans en de- 746 DE L'ENCASTELURE. hors, disposition inverse de celle qu'affectent les griffes de l'appareil de Saumur. (i Les avantages que M. Salles a reconnus au désencasteleur ainsi mo- difie sont les suivants : étant de beaucoup moins lourd que les autres, il peut être laissé en place, lorsqu'il y a nécessité de permettre à l'ani- mal sur lequel on opère de se reposer sur son membre; l'instrument Fig. 365. — Désencast 'fleur Jarrier (l'un Fig. 36fi. ■ — Le désencasteleur précédent ; des modèles Charrière). L'instrument les branches étant complètement ou- est fermé. vertes. en position ne gêne pas le maréchal dans ses manœuvres comme ceux de M. Jarrier et de M. Charrière, ses mors plus délicats, tout en ayant la puissance nécessaire, ne tiennent pas beaucoup de place dans le tond des lacunes latérales de la fourchette et ne s'opposent pas à 1 in- troduction des pinçons du fer au-dessous d'eux, chose qui arrive avec des mors plus volumineux. Enfin la disposition des griffes, qui a été mo- delée sur celle du plan incliné des barres, fait que leurs trois dents plon- gent simultanément dans la corne, et que l'instrument, étant plus soli- dement implanté, peut rester fixé sur le pied, môme quand il repose à terre, et est moins susceptible d'être ébranlé par les percussions du brochoir (I).» N'ayant pas à notre disposition l'instrument de M. Salles, nous nous sommes servi plusieurs fois, soit du désencasteleur de l'École de Sau- mur, soit de celui de Gbarrière, nous avons remarqué que ce dernier est d'un emploi très-commode. (!) H. Bouley et Reynal, Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. EnCASTELUHE, p. 645. UE L ENCASTELURE. 747 Manuel opératoire. — Nous l'empruntons à l'article que M. H. Bou- ley a consacré, à l'encastelure, dans le tome V du Dictionnaire de mé- decine et de chirurgie vétérinairee. 1° Ramollir la corne, au préalable, pendant quelques jours par l'ap- plication de topiques convenables (cataplasmes, bains, etc.). 2° Mé- nager les barres et les arcs-boutants dont la solidité est une condition nécessaire de l'adaptation du fer désencasteleur. 3° Si la corne pré- sente trop de résistance sur les quartiers, amincir la paroi avec la râpe jusqu'à ce qu'elle cède un peu sous une forte pression du pouce. 4° N'enlever de la fourchette que ses parties filandreuses. 5° Prendre l'empreinte exacte du pied paré sur une feuille de papier blanc, afin de se rendre compte ultérieurement des modifications que le sabot éprouvera. 6° Mesurer exactement la distance d'un arc-boutant à l'au- tre, et la noter en mesures millimétriques sur l'empreinte du papier. 7° Choisir un fer ordinaire, proportionné aux dimensions du pied, et lui donner au préalable la tournure du sabot. 8° Si les lacunes latérales sont assez larges pour que les griffes du désencasteleur puissent s'y introduire sans gêner l'application des pinçons du fer, ne pas y tou- cher; dans le cas contraire, creuser, avec la petite gorge d'une rénette, la loge où ces griffes doivent être reçues en intéressant le moins pos- sible l'épaisseur des barres. 9° Appliquer le désencasteleur, en embras- sant dans sa concavité, s'il est confectionné pour cela, la saillie des glômes, et le maintenir en position bien horizontale; ses deux griffes doivent correspondre, de chaque côté, exactement aux mêmes points, et prendre leur appui sur l'origine de la barre, en dedans de l'angle d'inflexion. 10° Le désencasteleur étant en place, le maintenir d'une main et faire jouer la vis de l'autre. L'écartement des branches fait d'abord pénétrer les dents des griffes dans la corne, puis, cet effet pro- duit, l'opérateur perçoit la nécessité d'un plus grand effort pour faire tourner la vis; c'est alors que l'écartement du sabot va commen- cer. Pour apprécier dans quelle étendue il va se produire, on note sur l'échelle graduée le degré actuel d'écartement des branches ; au delà de ce degré, l'espace dont ces branches vont s'écarter encore donne la mesure de la dilatation correspondante du sabot. 11° A mesure que la vis tourne, on voit peu à peu la lacune médiane de la fourchette s'élargir et les glômes s'éloigner l'un de l'autre. Il faut arrêter le mou- vement dilatateur de la vis lorsque l'écartement des branches marque sur l'échelle graduée 6 à 7 millimètres, ce qui correspond, d'après les expériences de M. Salles, à 3 ou 4 millimètres d'écartement des quartiers et 2 à 3 millimètres d'élargissement de la fourchette. 12° Faire porter sous le pied le fer non encore muni de ses pinçons ; mêmes règles pour cette partie de l'opération que celles de la ferrure ordinaire; seulement il faut que la rive interne des éponges corres- ponde exactement au bord inférieur des barres, et que leur bout ne déborde pas en arrière les arcs-boutants. 13° Le fer ayant reçu la 748 DE L'ENCASTELURE. tournure et l'ajusture convenables, lever, à la rive interne des épon- ges, des pinçons en oreille de chat, auxquels on donne une direc- tion perpendiculaire ou plus ou moins oblique suivant que les barres sont droites ou plus ou moins inclinées. Les pinçons doivent être exac- tement parallèles aux barres pour porter sur elles par toute leur sur- face et non pas en un point circonscrit. Il est préférable de lever les pinçons après que le fer est bien ajusté au pied plutôt qu'avant, parce que leur présence gêne pour donner cette ajusture. 14° Les pinçons levés, présenter le fer cbaud sous le pied, et voir s'il s'adapte exacte- ment au sabot, et si les pinçons affectent rigoureusement la direction qu'exige celle des barres ; dans le cas de la négative, leur imprimer par le martelage des modifications convenables, jusqu'à ce que tout dé- placement du fer d'un côté ou de l'autre soit impossible. 15° Quand il est reconnu que le fer est bien adapté, le refroidir, et ensuite lui resti- tuer parle martelage à froid, sur sa rive interne, le degré d'ouverture de branches que son refroidissement lui a fait perdre, car il s'est con- tracté en perdant sa chaleur, et, par ce fait, ses pinçons ne se trouvent plus en rapport exact de contact avec les barres. 16° Brocher d'a- bord et serrer les deux clous de talons de chaque côté, afin de mainte- nirles pinçons enplace etdesserrer alors le désencasteleurdont l'action est devenue inutile, puisque les pinçons remplissent l'office de ses griffes, ce dont témoigne l'élargissement persistant de la lacune mé- diane; achever ensuite la ferrure suivant les règles ordinaires. 17° Au bout d'un mois, renouveler cette ferrure en procédant de la môme manière à l'écartement des talons avec le désencasteleur et à l'appli- cation du fer à pinçons. 18° Continuer de la même manière pendant les cinq ou six mois consécutifs, jusqu'à ce que le sabot ait récupéré des dimensions suffisantes pour que les parties qu'il contient soient exemptes de toute contrainte. 19° Enfin, ce résultat obtenu, l'affirmer en continuant toujours l'usage des fers génetés qui deviennent alors des moyens préventifs de la récidive ; simultanément, employer comme auxiliaires indispensables, et d'une manière continue, les topi- ques propres à conserver la corne dans un état constant de souplesse et d'humidité. Tel est, d'après M. Salles, l'ensemble des précautions très-minutieuses qu'il faut suivre pour appliquer le procédé désencasteleur de M. Jarrier. Le plus ordinairement, quand on n'a usé qu'avec modération de l'instru- ment dilatateur, les chevaux ne manifestent pas de souffrances; sou- vent même leur allure est plus libre après l'application du fer géneté qu'avant. Mais il arrive quelquefois qu'ils en souffrent d'une manière très-accusée, au point même de boiter tout bas : cela dépend soit d'un excès de dilatation du pied, soit d'une pression trop forte exercée sur les barres par les pinçons du fer qui leur sont mal adaptés. Dans ce cas, l'indication est d'enlever le fer, de calmer la douleur par l'usage de ca- taplasmes, pendant quelques jours, et, lorsque la sensibilité anormale DE L'ENCASTELURE. 749 s'est éteinte, de réappliquer le fer avec plus de mesure et de méthode. Quand les chevaux marchent sans souffrir, il est expressément indi- qué de les soumettre à un exercice journalier afin que les pressions de la marche aident à l'action dilatante du fer. Nous avons vu employer ce procédé, mais d'une manière défectueuse, ce qui ne nous permet pas d'en apprécier la valeur. Ainsi, au lieu d'a- juster le fer et de lever ensuite les pinçons des éponges, comme le recom- mande M. Salles, on agit d'une manière inverse. Cette modification ne nous paraît pas heureuse, car, quand les éponges sont munies de pin- çons et que ceux-ci présentent le degré d'obliquité convenable pour être exactement parallèles aux bai-res et porter sur elles par toute leur surface, il devient bien difficile de donner au fer l'ajusture convenable. Procédé de Fourès. — M. Fourès, vétérinaire militaire, désigne son procédé sous le nom de ferrure à étais mobiles. Voici comment il pres- crit d'en faire l'application et ce qui justifie le nom qu'il lui a assigné : étant donné un fer à planche dont la traverse est plus épaisse que le reste de la couverture et plus large que celle du fer à planche ordinaire, on entaille cette traverse de chaque côté de deux coulisses à jour qui vont au-devant l'une de l'autre, en ayant soin de ménager entre elles une partie centrale d'un centimètre et demi de largeur qui reste pleine, et par l'intermédiaire de laquelle la tra- verse ainsi découpée forme un tout continu (fig. 367). Les bords de ces coulisses, dont la largeur doit être égale, sont taillés en aronde, c'est-à- dire qu'ils forment des plans inclinés de la face inférieure du fer vers la supérieure, de telle façon que l'ou- verture qu'ils bordent est plus large sur la première de ces faces que sur la seconde. Il doit exister entre eux un parfait parallélisme. De chaque côté de la partie pleine de la traverse, un trou de c2 à 3 milli- mètres de profondeur est pratiqué au milieu et dans l'épaisseur de son bord, lequel trou est destiné à rece- voir l'extrémité des vis motrices du mécanisme dilatateur. Le fer ainsi disposé est prêt à recevoir les étais mobiles. Ce sont deux morceaux de fer aplatis d'un côté à l'autre et taillés en biseau, d'une longueur de 3 centimètres sur 1 centimètre de hauteur en arrière, et un peu moins en avant, avec une épaisseur d'un demi-centimètre à leur base. Quand ils sont en place, ils forment, sur la face supérieure delà traverse, deux reliefs saillants qui la débordent un peu par leur extrémité antérieure. Cette partie saillante de Fêtai est supportée par Fig.*U567. — Fer à étais mobiles de M. Fourès, appliqué sur le pied. 750 DE L'ENCASTELURE. une base cuboïdale qui fait corps avec elle et qui est découpée sur ses faces antérieure et postérieure en plans inclinés parallèles à ceux des bords de la coulisse, ce qui lui permet de s'adapter exacte- ment à sa forme et d'y glisser d'un côté à l'autre. Ses faces latérales sont aussi un peu inclinées, de telle manière que ce support de l'étui a une disposition pyramidale, sa base, qui correspond à la face in- férieure du fer, étant plus large que sa partie supérieure d'où l'étai est étiré. Dans la partie centrale de ce support, un trou taraudé est pratiqué, qui le traverse d'outre en outre et d'un côté à l'autre; il est destiné à donner passage aux vis motrices. Ces vis, de la longueur exacte des coulisses, ont une tête fendue ou carrée, suivant qu'on doit se servir, pour les faire mouvoir, d'un tournevis ordinaire ou d'une clef, et elles sont terminées à leur extrémité opposée, par un bout cylindrique et uni qui doit s'engager dans le trou creusé au centre du bord de la par- tie pleine de la traverse. Il est facile de concevoir maintenant le mécanisme de cet ingénieux appareil. Le fer étant tourné, ajusté et mis en place muni de ses étais, il est clair que, en faisant tourner ses vis, l'écrou mobile que représente le support de l'étai devra s'éloigner ou se rapprocher du quartier, sui- vant le sens dans lequel ce mouvement aura lieu, et qu'ainsi on est en possession d'une force puissante, à l'aide de laquelle il sera possible de déterminer l'écartement des talons et des quartiers. Mais, pour que ce mécanisme produise ses effets de la manière la plus utile possible, il faut que le sabot ait été disposé à sa parfaite adapta- tion. La préparation du sabot consiste dans les manœuvres suivantes : enlever l'excédant de la corne dans toute l'étendue du pied, comme on le fait pour la ferrure ordinaire; amincir jusqu'à la rosée, avec la ré- nette, la sole et les barres, au niveau des talons; ménager en saillie dans cette région le bord plantaire de la paroi, à la face interne duquel l'étai mobile doit prendre son appui. La hauteur de la partie saillante de l'étai doit être proportionnée à l'élévation du bord plantaire de la paroi, au-dessus du niveau de la sole, et toujours rester en deçà, car il ne faut pas que, par son relief exagéré, cet étai soit susceptible d'exer- cer des pressions sur la sole amincie. Lorsque le fer est appliqué sous le pied ainsi préparé, on fait jouer les vis motrices dans le sens voulu pour appliquer lés étais ci mire lé bord interne de la muraille, et une t'ois qu'un rapport étroit de con- tact est établi, on est maître de produire une dilatation plus ou moins marquée, des deux côtés également, ou d'un côté plus que de l'au- tre suivant les indications. Mais avec cet appareil, pas [dus qu'avec les autres, il ne faut procéder violemment. Le secret, de la réussite est justement dans la mesure, et l'appareil de M. Fourès est parfaite- ment disposé pour permettre de satisfaire à cette prescription, car, les vis motrices avant des pas très-courts, il est possible de n'obtenir de DE L'ENCASTELUKE. 751 leur jeu que des effets parfaitement gradués, et dont les sujets n'aient pas conscience tant ils sont mesurés (I). M. H. Bouley a essayé le procédé Fourès, et il en a obtenu d'excel- lents résultats. Mais il faut remarquer que le fer de M. Fourès et ses étais complé- mentaires sont difficiles à confectionner. Ainsi quand le fer à planche est forgé, il faut l'envoyer chez le serrurier qui le découpe, suivant les prescriptions données, fabrique les étais, les taraude, les ajuste et four- nit la vis motrice. C'est là, à n'en pas douter, un assez grave inconvé- nient pour la pratique. D'un autre côté, la traverse du fer à planche, découpée comme elle est, ne présente plus, malgré son épaisseur aug- mentée, de suffisantes conditions de résistance aux pressions ; la par- tie de cette traverse, postérieure aux coulisses, est susceptible d'être forcée; il en est de même de la vis, et l'appareil peut être ainsi mis momentanément hors d'usage. M. Fourès ne s'est pas dissimulé ces in- convénients, aussi a-t-il proposé de les faire disparaître en modifiant son procédé de la manière suivante. Dans ce procédé modifié, c'est toujours le fer à planche qui doit servir de support aux étais ; mais, au lieu d'y pratiquer des coulisses qui diminuent la résistance de la traverse, M. Fourès se contente de faire creuser sur la face supérieure de cette traverse deux cannelures droites, allant au-devant l'une de l'autre, de la rive externe du fer vers le cen- tre de la planche, où leurs extrémités se trouvent séparées par une partie pleine, de 1 centimètre 1/2 de largeur, dans l'épaisseur de la- quelle elles se continuent respectivement par un trou de 2 à 3 milli- mètres de profondeur, qui suit leur inclinaison. Ces cannelures, des- tinées à loger les vis motrices, sont donc plus profondes dans la partie centrale du fer et plus superficielles vers ses bords. Elles peuvent être imprimées sur la traverse parle maréchal lui-même, à l'aide d'un mar- teau approprié, fait sur le modèle de celui que les charrons désignent sous le nom de chusse. Avec cette disposition du fer, les étais doivent être réduits à ce qui. dans le premier système, constitue leur partie saillante; mais, n'ayant plus de support qui les associe à la traverse du fer, il faut qu'ils soient eux-mêmes percés du trou taraudé dans lequel doit passer leur vis mo- trice. Et pour que cette vis ait, sous le pied, ainsi que Tétai, la fixité de position nécessaire, M. Fourès prescrit de perforer la paroi dans la partie excédante de son bord plantaire, d'un trou assez large pour que lavis puisse y passer librement sans y mordre. Ces dispositions prises, le fer est fixé sous le, pied, à la manière ordinaire ; puis l'étai, d'un côté, est engagé dans le vide laissé entre les talons et le fer, et appliqué contre le bord interne de la paroi. Lorsque son écrou correspond au trou de la corne, la vis est placée et vissée dans l'étai, jusqu'à ce que (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Encastelure, p. G51. 752 HE L'ENCASTELURE. son extrémité libre soit fichée dans le trou creusé au fond de la canne- lure du fer ; une fois arc-boutée contre ce point, son mouvement con- tinué a pour effet d'appliquer plus étroitement Tétai contre la face in- terne du bord plantaire, et enfin d'en déterminer le repoussement en dehors. L'étai étant placé de la même manière de l'autre côté, le mé- canisme dilatateur est complet (H. Bouley, loc.cit.) Procédé Barbier. — M. Barbier, maître maréchal ferrant à l'école de Saumur, a imaginé un système de désencastelure qui a été décrit par M. Hatin, dans le Recueil de médecine vétérinaire, année 1863, d'où nous l'extrayons. Dans ce procédé, la dilatation des talons s'ob- tient au moyen d'un ressort d'acier en forme de j± fixé en perma- nence au fer, comme on le voit, fîg. 368. Pour appliquer le fer muni de son ressort, on pare le pied bien droit, en abaissant cependant légèrement les talons, ménageant la force des arcs-boutants et de la sole, débar- rassant la fourchette de tous ses lambeaux, quand elle est malade, et nettoyant bien les vicies. Le pied étant préparé, on fait porter le fer comme dans la fer- rure ordinaire; puis on ajuste « le ressort suivant la longueur du pied, la largeur des talons et la direction des barres ou arcs-bou- tants, que les branches devront côtoyer aussi exactement que pos- sible par leur face externe en sui- vant la hauteur, de manière à se loger aisément dans les vides. » On fixe ensuite le ressort par sa base aplatie, au milieu de la pince du fer, à sa face supérieure, de manière à éviter la compression de la sole. 11 est à remarquerque l'ouverture des branches à leur extrémité libre doit être telle que chacune d'elles dépasse en dehors la partie exté- rieure de la base des barres, c'est-à-dire la limite de Técartement des talons, de 3 millimètres, en sorte que, lorsque ces branches seront logées à leur place, l'ouverture instantanément produite sera de 3 à \ millimètres. Dans cette disposition, la tension continuera à se produire légèrement pendant tout le temps de la ferrure, d'après M. Hatin. Pour loger les branches à leur place, on les rapprochera au moment de lixer le fer en les prenant par le milieu, au moyen d'une pince, des tricoises, ou simplement avec les doigts, puison attachera le fer comme dans la ferrure ordinaire. Fig. 3G8. — Fer muni du ressort désen- casteleur de Barbier. DE L'ENCASTELURE. 733 Dans la majorité des cas, dit M. Hatin, il sera convenable d'amincir l'a paroi des quartiers, en dehors, avec la râpe pour diminuer la résis- tance ou la trop forte contraction de ces parties, qui sont toujours sèches et dures dans les pieds encastelés. Par l'emploi de ce moyen, on a obtenu, à l'Ecole de maréchalerie de Saumur, «des effets remarquables en quelques ferrures». Toutefois, d'après M. Watrin, le ressort Barbier ne peut s'appliquer que sur des pieds creux et réclame un ouvrier habile. Il est susceptible de se faus- ser sur les pierres, de se rouiller et de perdre son action quand de la terre s'introduit sous le fer(l). Procédé Watrin. — Dans ce procédé, comme dans celui de Defays, on pratique la dilatation, quand le fer est fixé sur le pied. En voici la description telle qu'elle a été faite par M. Watrin, dans le Journal de médecine vétérinaire militaire (année 18G4). «Le pied doit être paré à plat en respectant les barres et surtout^la face interne des talons qui seront conservés un peu élevés; le vide destiné à recevoir le pinçon sera toujours fait aux dépens de la four- chette, qui peut être évidée impunément. Le fer doit être forgé en métal de bonne qualité , un peu dégagé et étampé loin des éponges. Après lui avoir donné une ajusture aussi faible que possible et l'avoir fait porter, on remet alternativement au feu l'extrémité de chaque bran- che afin de pouvoir relever sur la bigorne, et dans une étendue de deux à trois centimètres, la partie de la rive interne qui faisait saillie à l'intérieur du talon et qui doit constituer les pinçons de glissement; du reste, ceux-ci se relèvent comme les pinçons ordinaires, mais ils doivent être plus forts, légèrement amincis à l'extrémité, et avoir lon- gitudinalement la direction des arcs-boutants, qui reposeront à leur base si l'opération a été bien faite et si l'on a pris les précautions pour ne pas fausser le fer ; ils seront en outre arrondis dans leur angle rentrant pour éviter un point d'arrêt où le talon viendrait se fixer et s'immobiliser, et leur extrémité sera toujours libre et isolée de la corne pour ne pas s'y incruster {fig . 369 et 370). Le pied étant ferré de cette manière, on doit attendre deux ou trois jours avant de pratiquer la première dilatation, car, dit M. Watrin, en la pratiquant trop tôt, on risquerait de dépasser le but. La dilatation se fait en engageant le mors de l'étau contraire entre les branches du fer, le plus près possible des pinçons ; on tourne la vis jusqu'à ce que les éponges se soient écartées de deux à trois millimètres et qu'un léger écarteraient se soit produit entre le fer et le pied. Alors on frappe sur la rive externe de l'une des branches, au niveau des étam- pures, un léger coup de marteau qui empêche le métal de revenir sur lui-môme. On renouvelle la dilatation tous les quatre ou cinq jours. M. Wa- (1) Journal de médecine vétérinaire militaire, t. II, p. 281. Peucii et Toussaint. — Chirurgie. II. 48 754 DE L'ENCASTELURE. trin a retiré de l'emploi de ce procédé « les plus grands avantages ». Procédé Poncet. — Ce procédé a pour but de permettre au praticien de faire des pansements sur un pied encastelé, qui serait affecté de cra- paud ou de toute autre maladie, sans m,. être obligé d'enlever le fer, tout en ||[|| .^aûM produisant l'écartement des talons. A cet effet, M. Poncet a modifié la traverse qu'on emploie ordinairement dans les pansements à éclisses, en disposant sur cette pièce de l'appa- reil de pansement deux prolonge- Fig. 3C9. — Fer de Watrin pour combattre Fig. 370. — Fer de Watrin, appliqué l'encustelure. (Ce fer est vu par sa face sur le pied. supérieure.) ments ou oreilles qui remplacent les pinçons du fer géneté. Pour con- fectionner cette traverse, on se sert d'une plaque de tôle dite feiiillarcl, que l'on travaille à chaud, de manière à obtenir deux relèvements ou oreilles {fig. 37 \, BCD, EFG). « Le côté externe de l'extrémité postérieure des éclisses ayant été un peu échancré de manière à ne pas gêner les oreilles, on les met sur A «n F Il G —H Fig. 371. — Plaque à oreilles (procédé Poncet pour la désencastelure). le pansement, puis on introduit la traverse à désencasteler exactement comme on en eût introduit une autre. « 11 est donc inutile de dire que les portions ABCD, EFGH (fig. &7i) sont introduites entre le fer et les talons, que les éclisses reposent entre les oreilles sur le plan CDEF, et que les oreilles CD, EF se trou- vent emprisonnées entre les talons qu'elles forcent plus ou moins de dedans en dehors. DE L'ENCASTELURE. 755 « Il est évident que si l'écartement des points DE est de 7 centimè- tres par exemple, juste la distance des talons, et que l'espace CF soit de 7 centimètres et demi, lorsque la plaque sera complètement en- foncée, on aura produit, entre les talons, un écartement d'un demi- centimètre. « Que si après quelques pansements , les talons se sont élargis au point de ne plus être écartés par les oreilles, quelques coups, même à froid, donnés avec la panne dubrochoir, sur la surface comprise entre les oreilles, les écartera assez pour produire une nouvelle désencas- telure (1). » Il est à remarquer queles oreilles, dont cette traverse est munie, sont disposées de telle sorte qu'on peut introduire chacune d'elles sous la branche correspondante du désencasteleur. M. Poncet pense que cette plaque à oreilles est susceptible de rendre des services réels dans les maladies du pied, soit comme moyen préventif, en raison de la ten- dance qu'ont les pieds à s'encasteler à la suite des lésions traumati- ques et du repos. Autres procédés. — Amincissement. — Rainures. — Èvukion des quar- tiers.— L 'amincissement se pratiqueau moyen de la râpe d'abord, puis de la rénette ; il doit être fait sur les quartiers, les arcs-boutants et les barres, dans toute leur étendue, en hauteur comme en profondeur, et à un tel degré que la corne, réduite à l'état de pellicule, fléchisse par- tout sous le doigt. « Cela fait, une première couche de vésicatoire est appliquée sur la peau de la couronne et sur la cutidure, dans les points correspondants aux régions où la corne a été amincie, et lorsque l'action de cette première application est éteinte, on a recours à une deuxième, à une troisième, à une quatrième, à une cinquième, à une sixième et davantage encore, suivant les indications qui résultent de la persistance de la claudication. Sous l'influence de ces vésications répétées, le mouvement vasculaire se précipite et s'entretient plus actif dans l'organe cutidural, et cette activité plus grande du cours du sang- dans cet appareil sécréteur ne tarde pas à se traduire, aux points où elle a lieu, par une sécrétion plus abondante de la corne, et, en résultat dernier, par un élargissement notable de la boîte cornée. M. H. Bouley, après avoir essayé ce procédé, pense qu'il est bon réellement, quoique lent dans ses résultats ; il ne nous paraît bien convenir, dit cet éminent praticien, que pour remédier à l'encastelure fausse. « Lorsque le pied est véritablement encastelé, les moyens de dilatation mécanique nous paraissent devoir être préférés, parce qu'ils ont une action plus puis- sante et que leurs effets plus rapidement obtenus sont aussi plus du- rables » (H. Bouley) (2). Le procédé par les rainures, employé autrefois par les hippiâtres, puis abandonné, a été préconisé de nouveau, il y a quelques années, (1) Journal de médecine vétérinaire -militaire, t. II, p. 288. (ij Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Encasteluhe, p. 0ô9. 736 DE L'ENCASTELURE. par M. Weber, vétérinaire à Paris. Yoici comment il conseille d'en faire usage. « Lorsque je veux combattre l'encastelure sur les deux talons, dit-il, je fais parer le pied à fond, en ayant soin d'abattre les talons et les arcs-boutants presque à la rosée, de ne pas toucher à la fourchette. Je pratique ensuite une première rainure, au niveau de la mamelle, sur la muraille, et une autre en arrière, à égale distance de celle-ci et du talon. Je fais appliquer un fer à planche qui garnit en talons, et je m'arrange de telle sorte que le fer prenne son appui tout entier sur la fourchette. Quand cet organe est bien développé, la chose est facile; mais s'il est atrophié, je supplée à son manque de volume en le gar- nissant de lames de cuir. « Il est bien entendu que je'pratique les rainures des deux côtés, ou d'un côté seulement, suivant l'indication. Si les deux pieds sont ma- lades, on ne doit opérer que sur un pied d'abord, car le lendemain l'appui est souvent douloureux, et il serait imprudent d'agir sur les deux sabots à la fois; les deux rainures sont remplies avec de l'on- guent de pied et la muraille bien enduite de cet onguent. Il est im- portant que le cheval soit utilisé à un travail léger, car j'ai remarqué que l'écartement était d'autant plus rapide que l'animal travaillait da- vantage. » (Loc cit.) Ce procédé a donné à M. Weber de très-bons résultats; d'autres praticiens l'ont également employé avec succès, notamment MM. Bugniet, Liard, Zundel. M. Liard surtout en est grand partisan, et il pose en principe qu'on ne peut obtenir la guérison « en dilatant brutalement le sabot avec le désencasteleur » ; tandis qu'avec les rainures, au bout de « quatre, huit, quinze, vingt-cinq jours au plus, l'animal ne boite plus, et le sabot s'ouvre progressi- vement de plusieurs centimètres. » M. Liard proscrit en outre l'emploi du fer a planche; il recommande « de ferrer d'aplomb avec une ajus- ture plate, et quelquefois même d'appliquer un fer à éponges tronquées. On aura la précaution ensuite de tamponner le dessous du pied avec de l'argile de la consistance du beurre, et de régler l'exercice à donner selon l'intensité de la claudication (1). » Enfin, pour terminer cette longue énumération, mentionnons un procédé conseillé parM. Del\vart,et qui consiste dans révulsion des quar- tiers rétrécis ; « nous avons mis cette pratique en œuvre, dit M. Delwart, et nous n'avons eu qu'à nous en féliciter (2). » Malgré cette assertion, nous n'hésitons pas à rejeter ce procédé violent, auquel on pouvait recourir, dans des cas extrêmes, avant la découverte des moyens dilata- teurs, mais que la saine pratique réprouve formellement aujourd'hui, car il n'y a aucune raison pour que le sabot, en se régénérant, ne ré- cupère pas la forme vicieuse qu'il avait avant. Choix du procédé. — Cette question, qui présente pour la pratique (1) Recueil de médecine vétérinaire, 18G3, p. 121. (.2) Traité de médecine vétérinaire pratique ,art. E.\castelire, p. 337. de l'encastelure. To? une si grande importance, ne peut être résolue d'une manière absolue, applicable à tous les cas. Évidemment, on devra réserver pour l'encas- telure très-avancée les moyens extrêmes de dilatation dont on dis- pose, et se contenter au contraire, d'avoir recours aux procédés dont l'action est moins puissante, et surtout moins brusque, quand il s'a- gira de combattre une encastelure récente et peu avancée. Ceci posé, on peut dire d'une manière générale qu'il est préférable, pour com- battre l'encastelure, de recourir à l'usage des fers dilatateurs, plutôt qu'aux opérations sanglantes. « Mais, dit M. H. Bouley, ce serait un tort de répudier celles-ci complètement; nous croyons qu'il y a des circonstances où leur intervention est encore nécessaire et où l'on ar- rive, grâce à elles, à des résultats plus prompts et plus sûrs, et consé- quemment moins coûteux que si l'on procédait par la voie lente de la dilatation simple. Ainsi, par exemple, quand un sabot est tellement encastelé que l'un des arcs-boutants chevauche sur l'autre, n'est-il pas préférable, plutôt que de passer de longs mois à tâcher de vaincre la résistance de la muraille par un moyen mécanique quelconque, de pra- tiquer d'emblée la dessolure? Une fois que, par cette opération, la sole, les barres et la fourchette ont été enlevées, et les ares-botitants rompus, l'enceinte de la muraille cède avec une grande facilité à l'ac- tion des moyens dilatateurs ; appliquez alors sur les talons soit l'élan contraire de Defays, soit l'un des nombreux instruments que l'on a fa- briqués depuis que Jarrier a fait connaître le sien ; puis, une fois les talons écartés dans une certaine mesure, chose que vous produirez sans beaucoup d'efforts, maintenez leur écartement à l'aide d'un fer géneté, et vous obtiendrez ainsi en un quart d'heure un effet qui n'au- rait pas exigé moins de trois mois peut-être pour se produire, si vous ne l'aviez demandé qu'à la ferrure seulement. «Le sabot sur lequel la dessolure a été pratiquée se trouve, du reste, dans les conditions les meilleures pour être, soumis ensuite à l'action d'un fer désencasteleur, car la corne de nouvelle formation qui recou- vre les tissus de la région plantaire étant mince et pouvant être con- servée souple par l'emploi de topiques appropriés, oppose bien moins de résistance à l'effet de ce fer que celle qui a été seulement amincie. » (Loc. cit.) Quand l'encastelure n'est pas arrivée à un degré extrême, on a re- cours à d'autres moyens de dilatation. Il s'agit alors de décider quel est celui des procédés de désencastelure qu'il convient d'employer. Or, on ne peut hésiter qu'entre le procédé Defays et ceux de Jarrier et de Fourès, car les procédés des hippiàtres, y compris celui de M. Ro- land, n'offrent plus qu'un intérêt historique, en ne comprenant pas toutefois dans cette proscription les fers à pantoufle dont la pratique peut toujours tirer un utile profit. Voyons donc quelle est la valeur de ces moyens, nous dirons quelques mots ensuite des procédés de MM. Barbier et Watrin. 758 DE L'ENCASTELURE. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la préférence qu'il convient d'accorder, soit au procédé Defays, soit au procédé Jarrier. Ainsi M. H. Bouley est porté à penser que celui de Defays est supérieur à celui de Jarrier, et voici les raisons sur lesquelles il s'appuie pour soutenir cette manière de voir. «En premier lieu, il nous semble que le sabot, tel que Defays prescrit de le préparer, se trouve dans des conditions meil- leures pour céder à l'action du mécanisme dilatateur, qu'après la pré- paration qui lui est donnée pour l'adaptation du fer de Jarrier; dans ce dernier cas, en effet, les barres, la sole des talons et les arcs-boutants ont conservé toute leur force de résistance, ce qui doit opposer néces- sairement un obstacle considérable à l'action de la force dilatatrice, tandis que, dans le premier, au contraire, ces parties sont amincies au point de ne plus former qu'une pellicule flexible sous le pouce. « En second lieu, dans le procédé Defays, les points d'application de la force dilatante sont mieux choisis pour la production d'un plus grand effet que dans celui de Jarrier. Les pinçons du fer de Defays, agissant sur la face interne du bord de la paroi en talons, ont plus de force pour produire l'écartement des quartiers que ceux du fer de Jar- rier, qui n'agissent que contre les barres, et tendent à comprimer les tissus interposés entre elles et la paroi du quartier. « En troisième lieu, le manuel de la ferrure est beaucoup plus facile avec le procédé de Defays qu'avec celui de Jarrier. Dans le premier de ces procédés, la dilatation du sabot ne devant être effectuée qu'après la fixation du fer, il n'est pas indispensable qu'il y ait la. plus rigou- reuse adaptation entre les pinçons du fer et la partie de la muraille sur laquelle ils doivent porter. Dans le procédé de Jarrier, le fer devant maintenir le sabot dans les conditions d'écartement où il est placé un instant par les instruments dilatateurs, c'est une opération extrême- ment délicate et difficile que celle de sa très-rigoureuse adéquation au pied, et si le maréchal se trompe de quelques millimètres seulement, les effets que l'on attend ne sont pas obtenus. Or, c'est là une très- grande difficulté pratique, car il n'est pas absolument commun d'avoir toujours à sa disposition un ouvrier doué d'assez de justesse de coup d'œil et d'une suffisante habileté manuelle pour exécuter rigoureuse- ment toutes les prescriptions que Jarrier a formulées. « Enfin, dernière considération qui est principale, le fer de Jarrier une fois fixé sous le pied est immobile dans ses dimensions et doit rester tel d'une ferrure à l'autre. Impossible donc par son intermé- diaire d'agir sur le sabot dans des temps successifs rapprochés ; une fois produite une première dilatation, il faut, pour en obtenir une autre, recourir à une nouvelle ferrure. Dans le procédé de Defays, les choses se passent autrement : le fer étant lui-même l'instrument de la dilatation, il suffit, pour le mettre en jeu, d'en ouvrir les branches au degré voulu avec l'étau contraire, et cela on le fait à des intervalles de temps plus ou moins rapprochés, suivant que les indications l'exigent. DE L'ENCASTELURE. T.i'J De pareils avantages nous paraissent assigner au procédé de Defays père une incontestable supériorité sur celui du maréchal de Blois » (H. Bouley, loc. cit.). M. Lafosse professe une opinion complètement opposée, et cela pour les motifs suivants : « Avec la ferrure Defays, un cheval ne peut travailler sans être exposé à des meurtrissures et autres accidents des parties recouvertes par la corne amincie jusqu'à mince pellicule. Le fer, dépourvu d'ajusture, peut comprimer la sole. Le non-amincissement de la corne ne peut être un obstacle sérieux à la dilatation, puisque cette dilatation est pos- sible par le seul effort des pouces, en sens opposés, aux talons du pied privé de fer, surtout lorsque le pied est paré, ou lorsqu'il est au besoin ramolli par l'action de l'humidité. Du reste, si la corne est un obstacle sérieux, il n'est pas vaincu entièrement par Defays puisqu'il n'amincit pas la sole en avant de la fourchette. « Le désencasteleur Jarrier s'applique au même point que les pinçons du fer de Defays ; il agit avec autant d'avantage que l'étau ; il a en ou- tre beaucoup moins de résistance à vaincre, puisqu'il n'ouvre que le sabot au lieu d'ouvrir le sabot et le fer; les étampures à gras donnent sans doute des points d'appui plus solides aux clous ; pendant la dila- tation, elles exposent moins la paroi à éclater; mais elles rendent l'en- clouure facile. Les pinçons du fer Jarrier doivent s'appliquer non à la face interne des barres, mais en dedans du pli de la paroi, ou bien ils s'appuient tout à fait au bord inférieur des barres, où ce bord corres- pond à l'épaisseur de la sole, c'est-à-dire en des points où il n'y a pas de tissus vifs à comprimer. « L'adéquation rigoureusement exacte n'est pas indispensable, car la limite dans laquelle la dilatation du pied peut se faire avec avantage n'a rien d'absolument fixe. Mais cette limite dût-elle être très-précise, qu'il serait facile de l'obtenir, en ouvrant, en fermant le fer ou les pin- çons à froid ou à chaud. Lorsque toutes les parties du fer Defays ne sont pas dans le même plan, et que l'on ouvre le fer, si ses branches se jettent l'une en haut, et comprime le pied, l'autre en bas, et tiraille les clous, le pied éprouve une espèce de torsion et l'animal boite ; Defays a lui-même constaté cet inconvénient. « La dilatation, il est vrai, peut se faire sans déferrer l'animal ; mais, chaque fois, en risquant de tordre les branches du fer, et de reproduire les accidents qui en dépendent ; car il est rare que les deux branches du fer restent dans le même plan, lorsque l'animal l'a usé en marchant. En outre, de deux choses l'une : le pied peut supporter sans inconvé- nient une dilatation bien prononcée, soit de 1 centimètre, par exem- ple ; alors pourquoi ne pas la lui donner d'un seul coup puisque, le plus souvent, et même lorsqu'elle est moins forte, elle suffit à faire dis- paraître la claudication? Lorsqu'au contraire le pied est très-sensible, lorsque l'animal boite, il faut dilater p,eu à la fois et souvent ; mais 760 DE L'ENCASTELURE. alors le repos est indispensable, il suffit de maintenir le fer avec quatre clous, sans même les river. On a bientôt fait d'enlever le fer ; et comme alors il peut être mince et peu couvert, d'un coup de marteau à froid sur la bigorne, on l'élargit de 2, 3, 4 millimètres; avec le dilata- teur, on ouvre d'autant les talons, et quatre clous sont bientôt mis (i). » On pourrait peut-être croire, d'après cette longue argumentation, qu'il faudrait préférer le procédé de Jarrier à l'exclusion complète de ce- lui de Defays; toutefois, telle ne paraît pas être tout à fait la pensée de M. Lafosse, car, en terminant la réfutation du parallèle établi par M. Bouley entre le procédé Defays et le procédé Jarrier, M. Lafosse dit que ce dernier « mérite de se répandre plus que celui auquel M. Bouley donne la préférence. » Il est donc permis de penser d'après cela que ces deux procédés possèdent une efficacité certaine comme en témoignent, du reste, de nombreux faits. 11 ne nous a pas été donné de les essayer comparativement. Passons maintenant au procédé de M. Fourès. Nous avons vu qu'il présente quelques inconvénients, que l'inventeur a cherché à faire disparaître; toutefois, il faut reconnaître que le fer imaginé par M. Fourès, est plus coûteux et plus prompt à se détériorer que ceux de Defays et de Jarrier. Donc, au point de vue économique, le procédé Fourès est inférieur aux précédents. « Mais, dit M. H. Bouley, cet in- convénient est contre-balancé par un avantage qu'on ne trouve pas dans les deux autres : c'est la possibilité de mettre en jeu la puissance dilatatrice d'une manière toujours mesurée, à tous les instants, sans efforts de la part de l'opérateur, et enfin d'un côté ou de l'autre sui- vant les indications. » (Loc. cit.) L'emploi du fer à ressort de l'invention de M. Barbier ne nous paraît pas posséder une puissance dilatatrice suffisante pour combattre avec succès l'encastelure, et il ne semble pas que son emploi se soit géné- ralisé. Quoi qu'en ait dit M. Halin, ce procédé nous paraît bien inférieur à celui de Jarrier. Le procédé de M. Watrin est, comme on l'a vu, une modification de celui de Defays ; les pinçons des éponges, au lieu d'être perpendiculaires, sont très-obliques et s'appliquent à la face inférieure du repli des talons où ils forment deux surfaces de glissement incli- nées en sens contraire. D'après M. Watrin, la dilatation se ferait sans à coup, et conséquemment, elle serait toujours suivie de succès. Nous n'avons jamais vu employer ce procédé, et tout ce que nous pouvons en dire, à priori, c'est qu'il doit produire des effets semblables à ceux qu'on obtient par l'emploi du procédé de Defays dont il dérive. Conclusions. — On voit, d'après les considérations qui précèdent, que l'art est aujourd'hui en possession de moyens très-puissants et par- faitement appropriés à leur but, pour combattre le resserrement des (1) Traité de pathologie vétérinaire, t. II, p. 815. FOURBURE. 701 sabots. Il ne faudrait pas cependant croire que leur emploi sera suivi de succès dans tous les cas, car très-souvent l'encastelure'est un effet plutôt qu'une cause; en outre, le mouvement de retrait éprouvé par le sabot produit dans les tissus intra-cornés des modifications mor- bides profondes, incurables même, qui entretiennent ainsi une boiterie permanente. « Dans ces cas, dirons-nous avec M. H. Bouley, on a beau rendre au sabot des dimensions plus grandes, les lésions internes per- sistant, la claudication persiste elle-même, quels que soient les résul- tats obtenus par l'action des désencasteleurs. Ces moyens peuvent donc rester en défaut malgré leur efficacité physique. « Mais ces résultats négatifs possibles ne sauraient en contre-indi- quer l'emploi; et comme, après tout, étant donné un pied encastelé, on ne saurait savoir à priori si l'encastelure constitue exclusivement la maladie, ou si des complications profondes coexistent avec elle, il faut d'abord s'attaquer à elle, sauf à recourir plus tard, en dernier res- sort, à la névrotomie, dans les cas où, malgré les dimensions accrues du sabot, la boiterie persisterait aussi intense qu'alors qu'il était com- plètement resserré. La désencastelure devient, en pareilles circonstan- ces, un moyen de diagnostic différentiel d'une grande importance (1). » CHAPITRE XIII FOURBURE On appelle ainsi une maladie qui peut se montrer sur le cheval et le bœuf et qui consiste essentiellement en une congestion de l'appareil kératogène, pouvant être suivie de diverses complications que nous étudierons. Les symptômes delà fourbure sont variables suivant la période de l'état congestif qui la caractérise, et, sous ce rapport, il faut distinguer cette maladie en aiguë et chronique. Dans la fourbure aiguë, les symptômes procèdent des modifications éprouvées par l'appareil kératogène sous l'influence de la congestion dont il est le siège, tandis que, dans la fourbure chronique, ils se rat- tachent à une formation exagérée de matière cornée qui est elle-même la conséquence du travail congestif. A. Symptômes «le la fourbure aiguë. — Les signes caractéristiques de la fourbure aiguë sont toujours précédés de symptômes généraux ou de prodromes qui appartiennent à toutes les maladies inflammatoires. Ainsi l'animal est triste, abattu, indifférent à tout ce qui l'entoure. La res- (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Encastelure, p. 6G2. "62 FOURBURE. piration un peu accélérée, tremblotante; le pouls est grand, fort et dur; l'artère, tendue et roulante; les muqueuses apparentes, un peu injec- tées, la conjonctive reflétant quelquefois une teinte un peu jaunâtre. Inappétence, soif vive; bouche sèche; crottins coiffés; urines rares. La marche est chancelante, mais sans que rien dénonce encore une douleur inhérente à la région terminale des membres. La durée de cette période préliminaire n'est parfois que de quelques heures, mais elle peut être de deux et même trois jours ; après quoi la maladie apparaît avec ses symptômes particuliers. Ces symptômes varient suivant les membres qui sont attaqués, et, pour la facilité de l'étude, il y a lieu de les considérer successivement, suivant que la fourbure attaque les membres antérieurs, les membres postérieurs ou les quatre membres à la fois. Cette maladie peut aussi se montrer sur un seul membre, mais elle résulte alors de causes tou- tes locales et n'est nullement liée à un état morbide général, préexis- tant, comme on le verra dans le paragraphe consacré à l'étiologie; du reste les altérations que la boîte cornée éprouve, dans ce cas, sont sem- blables à celles qui se produisent quand la fourbure se déclare sur les deux membres d'un même bipède, antérieur ou postérieur. \a Fourbure des membres antérieurs. — Le cheval, fourbu des mem- bres antérieurs, affecte dans sa stalle une attitude très-caractéristi- que et tout instinctive ayant pour but d'atténuer les souffrances qu'il éprouve. A cet effet, les quatre membres sont portés en avant de la ligne d'aplomb : ceux de derrière fortement engagés, par conséquent, sous le centre de gravité, tandis que les antérieurs se sont soustraits le plus possible aux pressions qu'ils ont à supporter, en se plaçant en avant de la base de sustentation normale. Les uns et les autres effec- tuent leur appui principalement en talons. L'animal reste dans cette attitude sans imprimer à son corps de déplacement dans un sens ou dans un autre; mais de temps à autre il soulève, aune faible hau- teur et alternativement, chacun des membres, surtout les membres antérieurs ; il trépigne en quelque sorte sur place. L'état général de l'animal indique de vives souffrances accusées par les signes suivants : faciès grippé, narines dilatées, regard anxieux; flancs tendus et rétractés; reins inflexibles, voussés en contre-haut; respiration irrégulière, courte, tremblante; tremblements des muscles olécrâniens et rotuliens; injection des muqueuses ; pouls, grand, fort et dur donnant 60 pulsations par minute; température animale aug- mentée (38° 5 ; 39° à 40° centigr.). Les sabots des pieds fourbus sont chauds, et cela est surtout sensible quand, après les avoir touchés avec la main, on applique celle-ci sur les sabots postérieurs, ce qui permet d'apprécier comparativement la différence de température qui existe alors entre ces derniers et les sabots antérieurs. En outre, la moindre percussion du brochoir sur les sabots malades produit une vive douleur, que l'animal accuse en FOURBURE. 763 retirant vivement le pied. Enfin, dans la fourbure des membres anté- rieurs, les battements des artères collatérales des canons sont plus énergiques que dans l'état physiologique et facilement perceptibles aux doigts qui les explorent. Quand on veut faire marcher le cheval fourbu du devant, il faut l'exci- ter vivement par la parole et souvent par le fouet, le tirer fortement par la longe du licol pour le décider à se déplacer. Sa démarche est alors des plus caractéristiques : ce sont d'abord les membres postérieurs qui s'engagent sous le tronc, le plus possible ; puis l'animal relève alors vivement la tête et dégage l'un de ses membres antérieurs, puis l'autre, et leur fait exécuter successivement un pas très- raccourci, en posant le pied avec précaution et de telle sorte que l'appui s'effectue seule- ment en talons. Lorsque l'animal est doué d'une très-grande énergie, la marche a lieu par une série de sauts très-courts et surtout peu élevés; l'animal se cabre pour ainsi dire, à chaque pas, à une très-pe- tite hauteur, ce qui lui permet de dégager simultanément ses deux membres antérieurs qu'il porte ensemble à une très-petite distance. Les souffrances éprouvées par l'animal paraissent diminuer d'inten- sité après quelques instants d'exercice, à tel point que, dans quelques cas, on a peine à reconnaître en lui ce malade dont les membres sem- blaient comme cloués sur le sol quelques minutes auparavant. Mais, après quelques instants de repos, le sujet reprend son attitude maladive, et, suivant l'expression de M. H. Bouley, il se fige de nou- veau dans son immobilité. On remarquera encore que, dans les premiers jours qui suivent l'ap- parition de la fourbure aiguë, les malades restent debout, d'une ma- nière persistante, malgré les souffrances qu'ils endurent, comme s'ils redoutaient instinctivement d'en éprouver de plus fortes encore pour se relever, jusqu'à ce qu'enfin, à bout de forces, ils se laissent tomber sur la litière. Alors ils demeurent obstinément dans la position décu- bitale, étendus le plus souvent sur un côté ou sur l'autre plutôt que reposant sur le sternum ; les membres antérieurs, agités de mouve- ments convulsifs, ne tardent pas à s'excorier, ainsi que toutes les par- ties saillantes du corps. Pour faire relever ranimai, il faut l'exciter vi- vement, et quand enfin il se décide à obéir, on le voit se placer d'a- bord en position sterno-costale, puis se soulever sur les membres postérieurs comme les animaux de l'espèce bovine ; alors, par un effort puissant il effectue une sorte de cabrer en enlevant tout d'une pièce l'avant-corps, afin de poser ses pieds antérieurs avec précaution, en avant de la ligne d'aplomb. 2° Fourbure des membres postérieurs. — Elle est caractérisée par l'attitude suivante : les membres antérieurs sont dirigés en arrière de leur ligne d'aplomb, engagés sous le centre de gravité de telle sorte que le corps tout entier se trouve presque maintenu en équilibre sur les étais qu'ils constituent, et, pour assurer l'équilibre, la tète et l'enco- 764 FOURBURE. lure, inclinées vers la terre, font contre-poids à l'arrière-corps ; les membres postérieurs sont portés en avant et convergent vers les mem- bres antérieurs de telle sorte que leur appui a lieu seulement par les talons et la région de la fourchette. Dans cette attitude, où les quatre membres présentent une direction convergente, la base de sustentation est le plus rétrécie possible et l'équilibre est des plus instables. La locomotion est des plus difficiles, les membres antérieurs sur- chargés ne peuvent effectuer que des pas très-courts. Quand l'un d'eux entame le terrain, il arrive à peine au point où le sabot devrait se trou- ver dans l'aplomb régulier du membre, et aussitôt le membre posté- rieur opposé en diagonale se déplace à son tour et vient se poser le plus près possible du membre antérieur qui est resté à l'appui, lequel effectue immédiatement son action qui est suivie de celle de son con- génère diagonal. Ce qui frappe surtout, dit M. II. Bouley, dans le mode de progression du cheval fourbu du derrière, «c'est la manière, pour ainsi dire précautionneuse, dont il effectue le poser de ses pieds posté- rieurs; on comprend, en le voyant marcher, qu'il retient ses pieds en l'air et qu'il ne les rapproche du sol que graduellement et avec une sorte d'hésitation, afin qu'ils viennent à l'appui, sans se heurter con- tre lui. Leur poser ainsi calculé s'effectue toujours par la partie pos- térieure de la surface plantaire (I). » Les animaux affectés de fourbure dans les membres postérieurs restent moins longtemps debout, après le début de la maladie, que ceux qui sont atteints delà fourbure des membres antérieurs. Une fois cou- chés, ils ne parviennent que très-difficilement à se relever, car les membres de devant ne sont pas aussi favorablement disposés que ceux de derrière pour redresser la masse du corps. Dans quelques cas même, soitimpuissance, soitexcès de souffrances, ils ne peuvent y par- venir, et, après être restés quelques instants accroupis sur leurs fesses, à la manière des chiens assis, ils se laissent retomber sur un côté ou sur l'autre comme dans le cas de paralysie. Les autres signes de la fourbure postérieure sont les mêmes que ceux de la fourbure antérieure. 3° Fourbure des quatre pieds à la fois. — Dans ce cas, l'attitude des malades est la même que pour la fourbure des pieds antérieurs, car l'animal cherche toujours instinctivement à effectuer son appui par le talon. Les symptômes généraux sont encore beaucoup plus accusés dans cette Variété de fourbure que dans les précédentes, ainsi le fades est fortement grippé, les narines dilatées outre mesure. Les flancs battent comme si l'animal venait de faire une longue course, des sueurs appa- raissent en arrière des épaules, aux lianes, dans la région ingui- nale, etc. Les muqueuses sont fortement injectées, la température ani- (1) Dictionnaire tir médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Fotr.utr.E, p. 271. FOURBURE. 76o maie plus élevée que dans l'état physiologique. Le pouls, grand, fort et dur, l'artère tendue et roulante ; les battements du cœur, énergiques. Appétit nul, soif ardente. Les symptômes locaux consistent dans la chaleur du sabot et la dou- leur des parties qu'il renferme. Cette douleur se traduit soit par une sensibilité exagérée quand on percute le sabot avec le brochoir, soit par l'extrême difficulté de l'appui. C'est ainsi que le cheval fourbu des quatre membres est absolument immobilisé dans la place qu'il occupe, et, pendant les premiers jours de la maladie, il n'essaye pas de se cou- cher, mais il vient un moment où, épuisé par la douleur, il s'affaisse en quelque sorte sur lui-même et se laisse tomber sur la litière. Une fois que l'animal est couché, il est souvent impossible de le faire rele- ver, malgré les excitations les plus énergiques. Bientôt des excoria- tions apparaissent sur les parties saillantes du corps, la peau se morti- tifie sur de larges surfaces, l'animal maigrit et présente un aspect des plus misérables. La description que nous venons de donner de la fourbure aiguë s'applique aux cas dans lesquels elle est bien caractérisée. Mais on comprend que, comme toutes les maladies, elle présente des degrés, qu'elle peut être en un mot plus ou moins accusée suivant l'impres- sionnabilité des sujets auxquels elle s'attaque et surtout l'intensité du fluxus sanguin qui la produit; toutefois, sous des nuances diverses, les traits principaux de la fourbure restent les mêmes et il est facile d'éta- blir le diagnostic, du moins dans le plus grand nombre des cas. Diagnostic différentiel, — La fourbure très-aiguë des membres pos- térieurs peut simuler une paraplégie, dans le cas, par exemple, où elle est tellement intense que les animaux restent constamment couchés et ne veulentpas se relever. Mais, comme le fait remarquer M. H. Bouley, « la paralysie du derrière débute d'une tout autre manière que la fourbure; et si l'on recueille avec soin les commémoratifs, si l'on ex- plore attentivement les extrémités digitales, qui sont toujours, dans le cas de fourbure, extrêmement sensibles à la moindre percussion, on peut obtenir ainsi des renseignements certains qui permettent de for- muler un diagnostic positif. Que si, enfin, ces renseignements recueillis éloignent toute idée de paralysie, qu'on force le cheval à se remettre .en position verticale, en lui venant en aide au moyen de traverses pas- sées sous son corps, et du soulèvement de l'arrière-corps par la queue : dès qu'il sera debout, chose que l'on peut toujours obtenir, hors les cas où les sujets sont arrivés au dernier degré d'épuisement, son atti- tude particulière, le poser de ses membres, sa manière de progresser ne pourront pas laisser le moindre doute sur la nature de sa maladie. » (Loc. cit.) Quand la fourbure aiguë est peu intense, elle peut être confondue avec l'effort de reins, dont nous avons parlé (page 42). En effet, dans la fourbure peu accusée, les animaux jouissent encore d'une assez 76G FOURBURE. grande liberté de mouvements et ils peuvent môme prendre l'allure du trot; alors leur train de derrière, mal affermi, oscille d'un côté à l'autre ; toutefois, le poser des pieds s'effectue principalement par la région des talons, les sabots sont le siège d'une sensibilité anormale, et, en les déferrant, on peut constater un certain bombement de la sole dans les régions antérieures en même temps qu'une sorte d'infiltration rougeâtre entre les couches de corne qui forment la sole. Termi maisons et suites. — La fourbure aiguë est souvent suivie de la fourbure chronique ; toutefois, elle peut se terminer par résolution. La résolution est annoncée par la disparition, rapide ou lente, des symptômes de la maladie. Parfois l'amélioration s'opère avec une sorte de soudaineté; du jour au lendemain la physionomie des malades est complètement changée, et les membres reprennent leur direction nor- male en même temps que les animaux récupèrent la liberté de leurs mouvements. Mais, le plus souvent, il faut huit, dix, douze, quinze jours même pour que les symptômes de fourbure disparaissent. En outre, les tissus, primitivement congestionnés, conservent pendant quelques jours encore une certaine impressionnabilité, peut-on dire, qui facilite les récidives, de telle sorte que, pour éviter celles-ci, il faut ménager les animaux quand on les remet au travail. Quand la fourbure aiguë ne se termine pas par résolution, elle se complique de divers accidents qui produisent finalement des défor- mations irrémédiables de la boîte cornée. Ces accidents sont: Yhémor- "hayie, l'exsudation plastique, qui peut être suivie de suppuration pro- fonde, de carie oiseuse et de gangrène. Vhémorrhagie caractérise une congestion intense; le sang qui s'est échappé des capillaires vient sourdre à la surface du tissu podophyl- leux dans la région de la pince, des mamelles et de la partie anté- rieure des quartiers, et, peu à peu, ce liquide chassé par la force « tergo, qui le pousse sans cesse, s'insinue peu à peu dans les canne- lures, opposées les unes aux autres, des appareils podophylleux et kéraphylleux, et en opère progressivement le désengrènement. Mais le sang, liquide incompressible ou peu compressible comme tous les liquides du reste, ne parvient à se loger entre la corne et les tissus vifs qu'en repoussant en arrière la phalange unguéale, qui est forcée alors d'effectuer un mouvement de recul sous la puissante pression qu'elle éprouve, et son bord inférieur vient s'appuyer sur la voûte de la sole qui, plus flexible que la paroi, cède à son effort, dans une certaine mesure et facilite ainsi son" changement de position. On re- connaît plus tard ces altérations en déferrant l'animal, mais on peut présumer qu'elles se forment quand les souffrances sont vives et per- sistantes. Dans quelques cas exceptionnels, l'hémorrhagie peut être reconnue au moment même où elle se produit par un suintement san- guin à la région coronaire, ce qui arrive quand le raptus sanguin a été tellement intense que le désengrènement du sabot s'est opéré dans FOURBURE. 767 toute la hauteur du sabot, le bourrelet y compris. Eu l'absence de ce signe certain d'hémorrhagie, il faut déferrer l'animal, parer le pied, puis creuser un sillon avec la rénette dans la zone qui unit la paroi avec la sole, et, de la sorte, on pénètre d'emblée dans la cavité qui résulte de l'épanchement sanguin entre les appareils podophylleux et kérapbylleux. Mais il est presque toujours impossible d'explorer le pied de cette manière sur l'animal maintenu debout, à cause des souffrances qu'éprouve le membre resté à l'appui ; il faut alors coucher l'animal et l'assujettir comme pour les opérations de pied. L'exsudation plastique est une autre conséquence de la fourbure, et, de même que l'hémorrhagie, elle témoigne d'une congestion intense. Cette complication de la fourbure aiguë offre plus de gravité encore que l'hémorrhagie. Comme cette dernière, elle produit le désengrène- ment des feuillets de l'appareil kératogène, mais, en outre, l'inflam- mation exsudative dont le tissu podophylleux est le siège modifie ses propriétés physiologiques de telle sorte qu'une nouvelle formation de matière cornée a lieu entre l'os du pied et la face interne de la mu- raille. Nous reviendrons avec détails sur ce point, en étudiant la four- bure chronique, L'exsudat dont le tissu podophylleux est le siège peut être reconnu en explorant directement le pied, en pince, au moyen de la rénette comme dans le cas d'hémorrhagie, et en assujettissant l'animal de la même manière. On peut constater alors une infiltration jaunâtre entre les feuillets de corne, et il s'écoule par l'ouverture, pratiquée en pince, une sérosité roussâtre. Si on ne parvient pas à ouvrir une voie d'é- chappement à cette sérosité, elle finit par souffle?' aux poils, en décol- lant la corne sur une certaine étendue. Alors, si on fait marcher les animaux, l'air s'introduit sous la corne à chaque mouvement de va-et- vient du sabot décollé et la sérosité devient mousseuse. L'inflammation, qui constitue la fourbure, peut revêtir une autre forme ; elle peut être suppuratice. Dans ce cas, le tissu podophylleux, transformé en appareil pyogénique, produit du pus dont la quantité augmente sans cesse. Pour se faire sa place sous la corne, qui est inextensible, le pus exerce sur l'os du pied une pression de plus en plus forte au fur et à mesure que sa quantité augmente, de telle sorte que les souffrances éprouvées par l'animal s'accroissent graduellement et deviennent atroces. « On peut dire à la lettre qu'il est à la torture, car, dans ses sabots inextensibles, où le pus s'accumule incessamment, les parties vives refoulées sont soumises à des pressions croissantes, comme l'étaient autrefois les pieds des accusés que l'on soumettait à la question au moyen de cet instrument de supplice auquel on donnait le nom de brodequins. Ce que le cheval endure, en pareil cas, est telle- ment intolérable, qu'il est possible qu'il succombe sous la peine » (H. Bouley). Lorsque le pus parvient à se faire jour à l'origine de l'ongle, les 7f,8 FOURBURE. souffrances diminuent, car la compression que subissaient les parties vives diminue à l'instant môme. Mais il peut arriver que le décollement coronaire produit par la matière qui a soufflé aux poils occupe une telle étendue que la chute du sabot soit à redouter ou même qu'elle se produise, quand le pus a fait irruption au biseau, dans tout le péri- mètre de la boîte cornée. On devine que cette complication est au-des- sus des ressources de l'art. Toutefois, le décollement dont il s'agit est le plus souvent limité aux parties antérieures de l'ongle ; la condition existe alors pour que le sabot reste déformé, mais le mal n'est pas irré- médiable. Signalons encore une complication des plus redoutables que la four- bure aiguë peut entraîner à sa suite : c'est la gangrène. Cet accident est rare, exceptionnel, peut-on dire ; il se montre quand la sérosité ou le pus séjournent pendant longtemps dans la boîte cornée, et que, par conséquent, le décollement coronaire se produit avec beaucoup de lenteur. Dans ce cas, les tissus, comprimés jusqu'à écrasement par les liquides inflammatoires, ne peuvent plus revenir à leur état normal ; la circulation n'a plus lieu dans ces tissus, qui se mortifient alors. Cette complication est dévoilée par une amélioration apparente sou- daine dans l'état de l'animal dont les souffrances ont cessé brusque- ment par suite delà perte de la sensibilité des tissus vifs sous-ongulés, qui ont éprouvé la gangrène. Mais l'observateur expérimenté ne s'en laissera pas imposer par ce mieux trompeur, car l'état du pouls, l'a- baissement de la température du corps, le faciès grippé de l'animal, son indifférence complète aux excitations extérieures, indiquent que la vie ne peut plus se prolonger longtemps. Effectivement, au bout d'un jourou,deux, pendant lesquels les animaux, étendus sur le flanc, se débattent incessamment, la mort survient. Mais la gangrène peut être limitée, alors une inflammation élimina- trice s'établit au pourtour des parties mortifiées ; toutefois, l'exagéra- tion delà sensibilité marche de pair avec cette inflammation et, comme celle-ci persiste longtemps, il n'est pas rare que la carie de l'os inter- vienne comme une nouvelle complication de la fourbure. Nous avons fait connaître précédemment les caractères de la carie (p. 628). B. Symptômes de la fourbure chronique. — Lorsque l'inflammation, qui frappe le tissu kèratogène, donne lieu à des déformations du sabot, on dit que la fourbure est chronique. En examinant la surface pariétaire d'un pied déformé par la four- bure chronique, on est frappé du changement de direction de la paroi. Ainsi, à sa partie supérieure, elle présente plus d'obliquité que dans l'état normal et tend à se rapprocher de la ligne horizontale ; elle peut former de la sorte, quand la fourbure date seulement de quelques mois, au point de rencontre avec l'ancienne corne dont la production est antérieure à la maladie, un angle saillant. Le diamètre antéro-postérieur de l'ongle l'emporte de beaucoup- sur FOURBURE. 769 le diamètre transverse par suite de l'allongement qu'il a éprouvé dans ses parties antérieures. Sur la paroi, on remarque des reliefs circulaires, auxquels on donne le nom de cercles, échelonnés les uns au-dessus des autres et prolongés d'un talon à l'autre de telle sorte que la muraille présente un aspect ondulé. On remarquera encore que, sur les pieds fourbus depuis longtemps, les talons acquièrent une hauteur considérable. Si l'on considère maintenant le sabot du côté de sa face plantaire, on voit d'abord que son contour estfortement ovalaire par suite de l'al- longement de la paroi ; la sole, au lieu d'être concave, est au contraire convexe surtout en avant de la pointe de la fourchette. Là, on voit une sorte de bombement, qui forme parfois un relief dépassant le niveau de la paroi. Cette saillie que forme la plaque solaire et qui témoigne de la poussée qu'elle a subie sous l'influence de l'inflammation des tissus vifs sous-ongulés, constitue ce qu'on appelle un croissant, et le pied dont la sole est devenue convexe est dit comble. Il est un caractère constant de la fourbure chronique, qui a été si- gnalé par M. H. Bouley notamment, c'est le défaut de parallélisme en- tre le bord circulaire de la sole à son point d'union avec la paroi et le bord plantaire de celle-ci. « On sait que la ligne de jonction de ces parties est indiquée par une zone un peu jaunâtre, sur laquelle il est • facile de reconnaître la trace de la disposition feuilletée particulière à l'appareil kéraphylleux, et que la distance, mesurée entre la ligne excentrique de cette zone et la surface externe de la paroi, donne l'é- paisseur de cette dernière ; épaisseur qui présente quelques différences dans tous les pieds, suivant les régions. Eh bien, lorsque le pied est anciennement fourbu, on constate toujours cette particularité remar- quable que, dans les régions de la pince, des mamelles et de la partie antérieure des quartiers, et dans ces régions exclusivement, le bord inférieur de la paroi est toujours éloigné du bord circulaire de la sole qui ne lui est plus régulièrement concentrique ; au contraire, l'enceinte de la paroi décrit, au delà de ce bord qui a conservé sa forme circulaire, une courbe ovalaire très-accusée. L'espace mesuré entre ces deux li- gnes varie beaucoup suivant l'intensité et l'ancienneté de la fourbure ; il peut n'être que d'un, deux ou trois centimètres, ou bien atteindre jusqu'aux proportions d'un décimètre» (H. Bouley). Cet espace peut être plein ou vide. Dans le premier cas, il est rempli par une matière cornée formée sous l'influence de l'irritation inflam- matoire, et dont la couleur est tantôt blanche ou jaunâtre, tantôt rou- geàtre. Cette matière cornée offre une disposition feuilletée qui rap- pelle celle de l'appareil kéraphylleux. Quand il existe un vide entre la paroi et la sole, on voit alors une cavité, irrégulièrement conique à sommet tourné en haut, dont la pa- roi antérieure est formée par la face interne de la muraille du sabot Peucii et Toussaint. — Chirurgie. ]I. — 49 770 FOUliBURE. et la postérieure par une couche de corne de formation nouvelle, dont le tissu podophylleux s'est revêtu après son désengrènement. Cette cavité est d'ordinaire complètement vide, si ce n'est peu de temps après sa formation ; elle renferme alors une sorte de matière poreuse, dessé- chée, brunâtre, qui n'est autre chose que le résidu du sang, delà séro- sité ou de l'exsudat que le tissu podophylleux congestionné a laissé sortir de sa trame, c'est ce détritus organique, criblé de trous ou de porosités, qui a fait donner à cette cavité le nom de fourmilière sous lequel on la désigne habituellement, de la ressemblance qu'on a cru trouver avec le tas de matières qui sert de nid aux fourmis. Les déformations que la fourbure chronique détermine dans la boîte cornée sont plus ou moins prononcées suivant l'ancienneté de la maladie et son intensité. C'est ainsi que, dans les premiers mois, le sabot présente tout à la fois les caractères de l'état normal et ceux de l'état pathologique; on voit notamment au point de rencontre de la corne sécrétée par le bourrelet, postérieurement à la fourbure, et de celle produite avant cette maladie, un angle saillant dont nous avons parlé précédemment; cet angle disparaît peu à peu par avalure et le sabot paraît alors comme aplati de dessus en dessous. Après que l'appareil kératogène a été congestionné, les tubes cornés qui en émergent ont de la tendance à prendre une direction horizontale, et cette tendance, dont les effets apparaissent le huitième jour, est sur- tout accusée vers la quatrième ou la cinquième semaine après le début de la fourbure, par l'écartement qui s'effectue entre l'ancien biseau et la région coronaire. Entre le bord supérieur de ce biseau et la surface de la couronne existe alors, à la partie antérieure du doigt, une sorte de gouttière circulaire, assez creuse pour loger la pulpe du doigt, à laquelle M. H. Bouley donne le nom de cavité digitale. En même temps que cette cavité commence à se creuser, la sole s'aplatit, puis elle devient convexe, elle s'amincit et quelquefois même elle est perforée par le bord inférieur de l'os du pied, qui vient faire pour ainsi dire hernie à la région plantaire ; il ne tarde pas alors à se nécroser. Cette variété de croissant indique une fourbure excessive. 11 nous resterait maintenant à rechercher comment se produisent les altérations de forme que présentent les sabots affectés de fourbure chronique, mais cette question de physiologie pathologique exigerait, pour être traitée d'une manière complète, des développements qui dé- passeraient les limites que nous avons assignées à cet ouvrage. Nous devons nous bornera faire connaître, en quelques lignes, les modifi- cations fonctionnelles qu'éprouvent les divers organes de la boîte cornée , depuis le moment où la congestion de la région digitale produit une sécrétion anormale de tissu corné jusqu'à celui où la dé- formation du sabot est achevée. Sous l'influence de l'état congestif, le tissu podophylleux, dont la fonction kératogène est en quelque sorte latente dans l'état physiolo- FOURBU RE. 77 i gique, entre en action et produit, dans les parties antérieures du sabot (pinces, mamelles, région antérieure des quartiers), et d'une manière incessante, de nouvelles couches de corne qui s'interposent entre la face interne de la paroi dans les régions précitées et la face antérieure du tissu podophylleux. Cette production continue de matière cornée joue le rôle principal, par l'épaisseur de plus en plus forte qu'elle acquiert. Ainsi, 1° elle produit une déviation du bourrelet qui entraine forcément un changement de direction delà paroi, qui tend à devenir horizontale; 2° elle détermine également une déviation de la phalange unguéale en la repoussant en arrière et en bas, d'où la convexité de la sole et sa perforation possible par le bord plantaire de l'os ; 3° elle augmente l'épaisseur de la paroi et finalement elle entretient la défor- mation définitive de l'ongle dont la pousse ne résulte plus, comme dans l'état physiologique, des actions exclusives du bourrelet et du tissu velouté, mais bien encore d'un surcroît d'activité fonctionnelle du tissu podophylleux. On a vu précédemment que la fourbure chronique ne se traduisait pas toujours par la présence , entre la face interne de la paroi et la surface podophylleuse, d'une masse de corne anormale, et que dans certains cas. elle amenait la formation d'une cavité creuse dans les parties antérieures du sabot, cavité que l'on désigne, comme nous l'avons dit, sous le nom de fourmilière. Le mécanisme suivant lequel cette lésion se produit est des plus simples. Sous l'influence d'une hé- morrhagie intra-cornée, ou d'une exsudation séreuse, le tissu podo- phylleux est brusquement séparé du tissu kéraphylleux par le liquide épanché. Ce liquide, étant incompressible, fait sa place en déformant la sole et la paroi qu'il repousse, l'une en bas et l'autre en avant. Après cela, le tissu podophylleux est pour ainsi dire dénudé comme quand on arrache un lambeau de paroi ; alors il se recouvre d'une couche de corne qui forme, comme le dit M. H. Bouley, « en dedans du sabot primitif un sabot accidentel qui est séparé du premier, dans les parties antérieures du doigt, par un espace plus ou moins vaste, suivant que le liquide qui s'est épanché sous l'ancienne paroi, après la congestion du tissu, a donné lieu à un mouvement plus ou moins considérable de la phalange unguéale » (loc. cit.). Il esta remarquer que, dans le cas de fourmilière, le tissu podophyl- leux ne participe pas d'une manière incessante, anormale, à la kéralo- génèse, comme dans la variété de fourbure où le pied est plein. Une fois formée la couche de corne qui constitue comme une seconde mu- raille, l'activité fonctionnelle du tissu podophylleux se ralentit et reste ce qu'elle est dans l'état physiologique. Le désengrènement des parties constituantes de l'appareil kérato- gène, d'où procède la fourmilière, peut s'arrêter vers l'origine de l'ongle de telle sorte que la paroi reste encore adhérente au bourrelet par sa cavité cutigérale. Ce sont même les cas les plus fréquents, et, dans 772 FOURBURE. ces conditions, la fourmilière peut persister d'une manière indéfinie, car alors le bourrelet et l'appareil podophylleux, à son origine, sé- crètent isolément de la matière cornée qui forme ainsi deux masses distinctes. Lorsque la séparation des parties précitées s'effectue sur toute la hauteur de l'appareil kératogène, le bourrelet y compris , l'ongle dé- collé est entraîné par l'avalure, tandis que celui qui lui succède est formé, comme dans l'état physiologique, par les actions combinées du bourrelet et du tissu podophylleux, et la fourmilière disparaît au fur et à mesure que s'effectue la pousse de la corne. Cette variété de four- milière est donc moins grave que la précédente. Enfin, dans des cas exceptionnels, le désengrènement s'effectue dans tout le pourtour de la boîte cornée, qui ne reste plus adhérente aux tissus sous-ongulés que parla région des talons, et alors, dit M. H. Bouley, on peut voir se produire en grand le phénomène curieux de la régéné- ration, de toutes pièces, d'un ongle nouveau dans un ongle ancien. Le premier est comme séquestré dans le second. « Quand les choses sui- vent cette marche et que les animaux ne succombent pas à la peine, il est possible qu'ils guérissent complètement, et sans en conserver do traces, d'une attaque de fourbure qui aura été assez intense, cependant, pour déterminer de prime- saut la décorlication complète, si l'on peut ainsi dire, des pieds malades. Question de temps et voilà tout. Mais comme cette question n'est autre qu'une question d'argent, il arrive presque toujours, en pareil cas, que, par crainte de trop grandes dé- penses, on ne laisse pas laxmaladie suivre sa marche naturelle et que les sujets sont abattus comme incurables » (H. Èouley). Étiologie. — Tous les auteurs sont unanimes pour accorder une large pari d'action à une certaine alimentation dans le développement de la fourbure, à tel point que cette maladie est désignée sous le nom à'hordeatio (de hordeum, orge), dans les auteurs vétérinaires latins. Un grand nombre de faits démontrent que la fourbure se déclare quand les chevaux reçoivent une trop forte ration de grains, et particulière- ment d'orge et d'avoine. Les farines d'orge et de froment peuvent aussi produire cette maladie quand elles entrent pour une large part dans l'alimentation. C'est ainsi que M. H. Bouley a vu la fourbure se déclarer sur des chevaux qui, par suite d'une fracture du maxillaire inférieur, étaient nourris avec de la farine de froment. On a vu la fourbure ap- paraître sur des chevaux qui avaient mangé une trop forte ration de fa- rine d'orge, a Pendant le siège de Paris, en 1870-71, il était facile de reconnaître les chevaux que leurs propriétaires avaient nourris avec du blé, à la fourbure intense dont souvent ils étaient atteints au moment où on les conduisait à la bascule devant la commission chargée de les acheter pour la boucherie de Paris. Plus d'un propriétaire s'est trouvé interloqué de voir dévoilé par son complice inconscient Vacle peu patriotique qu'il avait commis en détournant, pour la nourriture de FOURBURE. 773 son cheval, le blé qui était en réserve pour l'alimentation de la popu- lation » (H. Bouley) (1). Après l'alimentation, il faut placer le mode d'utilisation des chevaux. C'est ainsi que ceux qui sont employés à un service exigeant des al- lures rapides sont plus fréquemment atteints de fourbure que ceux qui travaillent au pas. La fourbure se montre plus souvent en été qu'en hiver, ou bien au printemps et à l'automne. Les animaux qui ne sont pas préparés au travail par un entraîne- ment bien dirigé en ressentent davantage les effets et sont plus exposés que les autres à devenir fourbus. Un repos prolongé, ou pour mieux dire la suspension de l'entraîne- ment se traduit quelquefois chez les chevaux par la fourbure, comme on l'a constaté sur ceux que l'on transporte par mer et qui sont con- damnés à une stabulation permanente pendant toute la durée de la traversée, de môme sur ceux qui sont obligés de rester pendant une longue série de jours dans la station debout, immobiles ou à peu près dans leur stalle, comme c'est le cas quand un cheval a reçu un violent coup de pied à la face interne d'un membre, quand il est atteint de phlébite hémorrhagique, de mal d'encolure, de garrot, de plaies d'été, pour l'empêcher de se frotter. Dans les maladies de pied qui ont exigé des opérations graves, les animaux restent debout d'une ma- nière persistante de crainte d'aggraver leurs souffrances, et la four- bure peut se déclarer sur le membre sain, qui supporte la plus grande partie du poids du corps. Les arrêts subits de transpiration ont été invoqués comme causes de fourbure, mais M. H. Bouley a fait remarquer, avec une grande justesse, que rien n'était moins prouvé que l'efficacité de cette cause, car les occasions où elle peut s'exercer sont si fréquentes que bien peu de chevaux dans le courant de leur vie devraient rester exempts des at- teintes de cette maladie. Il est une cause que tous les praticiens admettent, c'est que la four- bure succède très-communément aux congestions de l'appareil intes- tinal, que ces congestions résultent d'une surcharge de l'estomac, de l'ingurgitation de l'eau froide, de l'administration d'un purgatif dras- tique ou de toute autre cause. La fourbure intervient encore comme complication des maladies de poitrine, de certaines maladies générales telles que l'anasarque sous forme maligne, le charbon. Peut-être cette maladie résulte-t-elle alors de la station quadrupédale trop prolongée ou de l'alimentation avec des substances farineuses données en trop grande abondance? On à fait jouer à la ferrure un grand rôle dans la production de la fourbure. « On a dit que l'action du fer chaud sur le sabot, les percus- (1) Note inédite. 77i FOURBURE. sions du brochoir, les pressions du fer et des clous sur les parties vives, toutes ces causes réunies avaient pour effet de rendre le pied douloureux et d'appeler, dans ses tissus constitutifs, la congestion, qui est le phénomène initial de la fourbure elle-même. Kien n'est moins iustitié que cette manière de voir; la ferrure mal faite peut bien déter- miner lendolorissement des tissus intra-cornés et par suite des clau- dications; il est possible aussi qu'en faussant les aplombs, elle pro- duise des douleurs articulaires; mais voilà tout » (II. Louley). On a invoqué encore, comme cause prédisposante de la fourbure, la conformation défectueuse des pieds. On a dit que les chevaux à pieds encastelés, que ceux à pieds plats, larges, à talons bas, étaient plus ex- posés à devenir fourbus que ceux dont les pieds offrent une confor- mation normale. Mais l'observation attentive des faits démontre que la fourbure s'attaque également à tous les sujets, quelle que soit la conformation de leurs ongles. La fourbure, quoique étant une maladie dont les lésions sont loca- lisées dans le pied, et identiques quelles que soient les conditions dans lesquelles elle apparaît; la fourbure, disons-nous, ne paraît pourtant pas prendre naissance sous l'influence de causes toujours semblables dans leur mode d'action. Il est permis de penser en effet que, dans beaucoup de cas, la fourbure succède à un état morbide général préexistant, car, de même que certaines maladies internes, telles que la pneumonie, l'entérite, elle est précédée d'une période prodromi- que que les anciens avaient observée et qui leur faisait dire, quand cette période était terminée, que la fourbure tombait dans les sabots. Peut-être que l'alimentation par les graminées, en grains ouen farines, est la cause essentielle de la fourbure et que les autres circonstances étiologiques que nous avons signalées ne sont que contingentes? Quoi qu'il en soit, l'observation apprend que, dans quelques cas, la four- bure peut naître, pour ainsi dire de prime saut, suus l'influence de causes locales, notamment des actions violentes telles que des coups, des heurts, des pressions, etc. C'est de cette manière que se produit la maladie à laquelle on a donné le nom d' ' étonnement de sabot et qui n'est autre chose, anatomiquement, que la fourbure. Il y a donc lieu de distinguer, comme l'a fait M. H. Bouley, deux va- riétés de fourbure, différentes l'une de l'autre à leur période initiale par leur mode de manifestation : l'une, qui ne serait que l'expression localisée d'un état morbide général préexistant, et l'autre, qui dépen- drait de causes exclusivement locales. Traitement. — 11 varie suivant que la fourbure est récente ou an- cienne, simple ou compliquée. A. Traitement de 1» fourbure aiguë. — L'indication à remplir con- siste à faire disparaître ou tout au moins à atténuer la congestion dont l'appareil kératogène digital est le siège. Dans ce but, on emploie les movens suivants : FOURBURE. 775 1° Saignées géné?'ales. — On peut les pratiquer aux veines du cou ou à celles des membres, carie résultat définitif est le même pourvu qu'on retire une suffisante quantité de sang. C'est ainsi que cette quantité peut s'élever jusqu'à huit, dix, quinze et vingt livres pendant les deux premiers jours. On se basera du reste, pour cela, sur l'état du pouls et le plus ou moins d'intensité de la maladie. 2° Saignées locales. — Elles ont été vivement préconisées autrefois ; on leur attribuait une action curative spéciale ; quoi qu'il en soit, elles sont parfaitement rationnelles et leur usage est même avantageux dans le cas où, les grosses veines ayant été déjà ponctionnées, il peut y avoir des inconvénients ou des difficultés matérielles aies ouvrir de nouveau. On peut pratiquer les saignées locales dans la région de la pince du pied ou bien dans la région de la couronne. Nous avons décrit dans le premier volume de cet ouvrage, pages 583 et suivantes, le manuel de ces opérations. Les sangsues ont été conseillées, mais on ne peut guère employer ces annélides que dans leur pays de production, vu leur prix relative- ment élevé. Un vétérinaire anglais a chaudement préconisé l'emploi du séton à la fourchette, que l'on pourrait appliquer en opérant comme nous l'a- vons indiqué, dans le tome premier, page 603. Mais ce moyen ne pos- sède aucune action curative. Plusieurs fois M. H. Bouley en a fait l'essai, et, dans aucun cas, il ne lui a été donné de constater les mer- veilleux résultats qui avaient été annoncés. 3° Emploi de l'eau froide. — L'eau froide constitue un excellent moyen de traitement de la fourbure ; on l'emploie sous forme de bains ou d'irrigations continues. Les bains froids, à mi-jambes, dans un cours d'eau, conviennent parfaitement pour la maladie dont il s'agit. Leur durée sera prolongée pendant plusieurs heures, et les chevaux fourbus seront plutôt mis en mouvement que laissés immobiles, afin de les empêcher de se refroidir et pour rendre la circulation plus libre à l'extrémité des membres. A défaut de cours d'eau, les étangs, les marais, les réservoirs d'eaux stagnantes et jusqu'aux fosses à purin, peuvent servir aux mêmes usages. Dans la plupart des établissements où les chevaux sont exploités en grand nombre, il existe des fosses plus ou moins vastes pour faire bai- gner les chevaux et qui peuvent être utilisées pour le traitement des animaux fourbus ; mais, comme le dit très-bien M. H. Bouley, dans ces fosses, l'immersion est trop profonde, et lorsqu'on fait tant que d'aménager un local en vue de satisfaire à toutes les exigences possi- bles de l'hygiène et de la thérapeutique du cheval, il vaut mieux faire disposer, soit en maçonnerie, soit en briques, un fossé peu profond, dont le fond soit recouvert d'une couche épaisse de sable fin, et dans lequel l'eau puisse être incessamment renouvelée, comme celle du 776 FOURBURE. bassin d'une fontaine. C'est là, ajoute M. H. Bouley, l'appareil le meilleur pour faire prendre aux chevaux fourbus des bains limités à la région des pieds exclusivement, et comme la fourbure est une maladie très-commune, cet appareil devrait exister dans tous les établissements où l'on utilise un grand nombre de chevaux. On peut improviser quelque chose qui permette d'employer l'eau froide quand les moyens précédents font défaut. Ainsi, dans une écurie, sous un hangar, on peut circonscrire un espace quadrangulaire à l'aide de madriers reposant sur le sol et former ainsi une sorte de fosse que l'on remplit soit de sciure bois, soit de sable fin, ou encore de bouse de vache, ou de crottins. On verse ensuite de temps à autre sur ces matières une certaine quantité d'eau froide et l'on maintient le cheval sur ce lit humide et pâteux dans lequel ses pieds sont immergés jusqu'à la couronne. Rien n'empêche de donner au liquide de cette espèce de bain des propriétés astringentes plus actives en y associant du sulfate de fer ou du sulfate de cuivre, par exemple. D'autres moyens peuvent être employés. Ainsi, quand le sol de l'é- curie est formé par de la terre, il est facile de creuser avec une pioche la place que le malade est destiné à occuper, puis tremper d'eau ce terrain remué, et forcer l'animal à séjourner et à piétiner dans la boue demi-liquide qui remplit la fosse creusée sous lui. Si l'écurie est pavée, le même résultat peut être obtenu, mais d'une manière plus coûteuse, par l'enlèvement des pavés. La place qu'ils oc- cupaient forme alors une sorte de fosse que l'on remplit d'eau froide, fréquemment renouvelée. Il ne faut pas condamner les malades à rester en permanence dans les bains quels qu'ils soient : il faut que, de temps à autre, ils puissent se reposer sur une litière sèche, surtout quand la station quadrupé- dale paraît devenir trop pénible. Dans ce cas, il faut à l'aide de cata- plasmes astringents, maintenus à demeure autour des sabots, continuer l'action des bains, ou y suppléer quand l'usage de ces bains, d'une manière ou d'une autre, n'est pas possible. Ces cataplasmes peuvent être faits avec des matières pulvérulentes ou poreuses, des farines, de la sciure de bois, du son, de la bouse de vache, du crottin, de la terre glaise, etc., etc, peu importe l'excipient pourvu que le sabot soit main- tenu constamment froid. Mais, pour cela, il faut renouveler fréquem- . ment le liquide qui baigne les sabots, car la chaleur de ceux-ci ne tarde pas à l'échauffer. Les irrigations continues d'eau froide peuvent être mises en usage avec beaucoup d'avantages, dans le traitement de la fourbure, car, parla réfrigération constante qu'elles produisent, elles peuvent, d'une manière plus efficace que les moyens précédents, en- rayer la marche de l'inflammation. Pour employer l'eau froide en irrigations continues, on a inventé divers appareils : nous parlerons de celui de M. Martin, qui a été décrit dans la troisième édition du Traité de matière médicale de M. Tabourin auquel nous l'empruntons. FOURBURE. « Cet appareil, représenté par la figure 372, se compose de deux par- ties distinctes : une principale et une accessoire. « La première comprend d'abord un tambour ou réservoir en cuivre 1, de 10 centimètres de hauteur et de 18 de diamètre, percé à sa Fig. 372. — Appareil Martin. circonférence de cinq trous, munis de tubes à robinets, 2, 3, et dont trois seulement sont visibles dans la ligure ; le tube impair, placé en avant, 2, est destiné à amener dans le tambour l'eau d'un réservoir situé à une certaine hauteur; les autres tubes, 3, sont garnis de boyaux en caoutchouc destinés à conduire l'eau sur les points malades ; enfin 77S FOURBUKE. de chaque côté du tambour existent des anneaux, 4, qui servent à la fixer sur la sellette dont il va être question. « Le tambour ou réservoir de cuivre est placé sur une planchette, 5, qui est placée elle-même sur un surfaix, 6, convenablement rem- bourré pour ne pas blesser la colonne dorsale. Le réservoir doit être immobile autant que possible, et, pour cela, le surfaix est muni de courroies qui passent dans les anneaux, 4, et dont le tambour est garni de chaque côté. « La partie accessoire de l'appareil comprend d'abord une crou- pière, 7, et un poitrail, 8, en cuir, destinés à consolider le surfaix et la planchette ; sur les trois courroies de la croupière et sur celle du poitrail se trouvent des anneaux ou gaines en cuir dans lesquels doi- vent passer les tubes irrigateurs en caoutchouc vulcanisé, M ; ceux-ci. à leur extrémité libre, sont garnis d'un tube en cuivre pour maintenir leur extrémité béante, 10 ; enfin, quand l'irrigation a lieu sur une ré- gion des membres, ce qui est le cas le plus habituel, on fixe au-dessus du point malade une sorte de bourrelet ou de guêtre destinée à répan- dre l'eau uniformément sur la partie lésée ; cette guêtre doit être en tissu de laine comme une genouillère et bordée de lanière de cuir, de façon que le bord supérieur, un peu plus grand, fasse godet ; l'infé- rieur doit être percé de trous pour l'écoulement de l'eau » (Tabourin). Cet appareil n'est pas indispensable. Un baquet placé dans le râte- lier ou sur un petit échafaudage quelconque, un tube de caoutchouc se bifurquant pour aboutir à des bracelets de caoutchouc percés de trous : voilà un appareil facile à improviser partout. 4° Frictions irritantes. — On les pratique avec de l'essence de téré- benthine sur les membres et la région lombaire. Sous leur influence les animaux s'agitent et leurs souffrances paraissent atténuées. Après avoir frictionné les membres, il faut toujours promener les malades; sous l'influence de la marche, la circulation devient plus active, et l'ap- pui paraît moins douloureux. On promènera les chevaux fourbus, autant que possible, sur un terrain doux et humide, comme celui d'une prai- rie, un champ nouvellement labouré, etc. 5° Débridement du sabot par des rainures. — A priori , ce moyen pa- raît très-rationnel, cependant il ne donne que de mauvais résultats, comme M. H. Bouley l'a constaté; sans doute parce que le sabot, quoi- que débridé par des rainures, ne laisse pas que d'opposer encore une grande résistance à l'effort excentrique des tissus sous-ongulés. 6° Panwe du sabot. — Quand les sabots ont une longueur exagérée, il est expressément indiqué de les raccourcir et de les parer a fond, dût- on pour cela coucher les animaux, caries souffrances qu'éprouvent les animaux sont tellement vives que, dans bon nombre de cas, ils ne pour- raient se tenir debout pendant les diverses manœuvres que comporte l'action de ferrer. — En parant le pied, on obtient un double résultat avantageux : d'une part, on rétablit les aplombs dans leur régularité, FOURBURE. 77!» et on diminue de la sorte les efforts exercés sur l'appareil tendineux suspenseur, lesquels sont toujours très-grands en raison de l'attitude calculée et tout instinctive des membres; d'autre part, quand la sole est amincie, elle se prête plus facilement au gonflement inflammatoire, et les souffrances éprouvées par l'animal sont moins fortes. On a dit que l'amincissement delà sole favoriserait le déplacement de l'os en arrière, qui ne pourrait avoir lieu, croyait-on, en conservant à la sole toute son épaisseur. C'est une erreur, car, quand la condition est don- née pour que l'activité fonctionnelle de l'appareil kératogène entre en jeu, rien ne saurait l'empêcher et cette corne dont l'épaisseur aug- mente incessamment exerce sur l'os du pied une pression permanente et de plus en plus forte jusqu'à ce qu'elle ait fait sa place, et pour cela la phalange unguéale se déplace , seulement les souffrances seront d'autant plus grandes que les résistances opposées par l'épaisseur de la corne seront plus considérables. Le pied étant raccourci et paré, on applique un fer mince et léger en brochant les clous avec ména- gement. 7° Décubitus forcé des malades. — Pour faire cesser les souffrances que les chevaux fourbus éprouvent quand ils conservent, d'une ma- nière persistante, l'attitude quadrupédale, il est indiqué de les forcer à se coucher, à l'aide d'entraves. La position décubitale n'empêche pas de continuer l'usage des topiques astringents, il faut, au contraire, persévérer dans leur emploi, au moyen de cataplasmes dont la tem- pérature est maintenue abaissée le plus possible par des irrigations intermittentes. Quant à la fièvre qui précède et accompagne la fluxion sur les pieds, il faut la combattre comme d'ordinaire par des boissons nitrées ou additionnées de sulfate de soude, par des lavements simples, des élec- tuaires opiacés ou belladones, etc. Si la persistance des douleurs indique que . des liquides (sang, sé- rosité plastique, pus) sont épanchés dans la boîte cornée, ou bien si la gangrène a envahi un point circonscrit des parties malades, il faut alors ouvrir une voie d'échappement aux produits morbides et pour cela pratiquer une ponction dans la boîte cornée, avec la rénette, au point de réunion de la sole avec la muraille, comme on le fait dans le cas de piqûre ou d'enclouure. Dans d'autres cas, il faut pratiquer une brèche dans la paroi afin de mettre à nu les tissus malades que l'on excise en empiétant sur les parties saines environnantes, comme, du reste, dans toutes les opérations de pied. Méthode anglaise. — Au lieu d'appliquer des topiques astringent? froids, les vétérinaires anglais recommandent particulièrement l'usage de pédiluves et de cataplasmes très-chauds, que l'on maintient tou- jours à la même température par des irrigations intermittentes d'eau très-chaude. Cette méthode, qui a été mentionnée par Solleysel, donne de bons résultats, tout irrationnelle qu'elle paraît. Après avoir signalé 780 FOURBURE. le contraste qui existe entre la méthode anglaise et la méthode fran- çaise, M. H. Bouley ajoute : « Quand la pratique consacre une mé- thode ou un procédé de traitement, il faut se rendre à l'évidence des faits, quoique la théorie répugne à les accepter et qu'elle se trouve insuffisante à en donner l'interprétation » (Joe. cit.). Malgré les nombreux moyens de traitement dont on dispose pour combattre la fourbure, cette maladie persiste souvent et passe à l'état chronique ; parfois, elle disparaît avec une grande rapidité. La four- bure, qui se montre le plus souvent rebelle à la médication dont il vient d'être parlé, semble procéder d'une cause générale et ne se ma- nifester qu'après une période fébrile d'une durée plus ou moins longue ; tandis que celle qui cède facilement au traitement paraît ré- sulter de causes directes comme les percussions de la marche. B. Traitement «le la fourbure chronique. — Les quelques considéra- tions de physiologie pathologique, dans lesquelles nous sommes entré, ont fait comprendre que le fait caractéristique et dominant de la four- bure chronique, c'est l'accroissement incessant de la corne produite anormalement par le tissu podophylleux, de telle sorte qu'on peut bien, à l'aide d'instruments sécateurs, couteaux anglais, rogne-pieds, rénettes, râpes, etc., diminuer l'épaisseur de cette corne, mais comme elle se produit d'une manière continue, il s'ensuit qu'il faut ré- péter souvent cette manœuvre afin que le sabot n'offre pas une défor- mation trop prononcée. On ne peut donc que pallier une lésion de cette nature. Toutefois, il faut établir une notable différence, au point de vue de la curabilité, entre les pieds fourbus suivant qu'ils sont creusés d'un fourmilière, ou bien que la corne produite en avant de la troisième phalange forme une masse compacte. Dans le premier cas, la lésion est assez souvent curable parce que le tissu podophylleux n'a pas une activité exagérée, tandis que, dans le second cas, la lésion est au-dessus des ressources de l'art. Fourmilière . — Pour guérir une fourmilière, il faut enlever, par amincissement, toute la portion de paroi qui, en pinces, en mamelles et dans les parties antérieures des quartiers, est superposée à la corne kéraphylleuse sans y adhérer. Cette dernière doit être aussi amincie dans toute son étendue. Gela fait, on applique sur cette corne des topiques propres à la préserver de la dessiccation, et lui conserver ainsi sa souplesse, notamment l'onguent de pied, les préparations gou- dronnées, etc. Un fer, couvert en pince et à forte ajusture, est appliqué sous le pied que l'on enveloppe d'un pansement protecteur, et la gué- rison n'est plus ensuite qu'une question de temps. Toutefois le bom- bement de la sole persiste pendant un long temps et nécessite l'emploi d'un fer couvert. Nous avons traité plusieurs fois, avec succès, des fourmilières sans avoir recours à l'enlèvement de la muraille antérieure ; nous nous sommes contenté de faire des pansements au goudron et d'appliquer FOURBURE. 781 pendant plusieurs mois un fer couvert en pince. Ce moyen dispense de l'application d'un pansement autour du pied. Croissant. — L'opération dite du croissant a pour but de diminuer les pressions exercées sur la partie antérieure de l'os du pied par la masse cornée que le tissu podophylleux y accumule sans cesse. On peut pratiquer cette opération, soit en amincissant à l'aide de la râpe et de la rénette, et de dehors en dedans, toute la corne parié- taire d'abord, puis toute la masse kéraphylleuse qui lui est surajoutée, et l'on ne s'arrête que lorsque cette dernière est réduite à une mince pellicule; ou bien, on peut se contenter de creuser, avec la rénette, une sorte de fourmilière accidentelle entre la face interne de la paroi proprement dite que l'on ménage et la face antérieure de l'appareil po- dophylleux sur laquelle on conserve une pellicule cornée. Ce procédé a sur l'autre l'avantage, en conservant intacte l'enceinte de la paroi, de rendre plus facile et plus solide l'application du fer qui doit servir à protéger le pied, et de permettre plus tôt l'utilisation de l'animal. Celte opération n'est que palliative, néanmoins elle produit au début de la fourbure chronique un soulagement marqué ; plus tard, quand l'os du pied est atrophié, elle n'offre plus d'utilité et n'apporte aucun changement dans l'état des animaux. Quand l'os du pied a fait hernie à la région plantaire, il est indiqué de le ruginer à fond jusqu'à ce que l'on soit arrivé dans les parties saines, il faut pratiquer, en un mot, l'opération de la carie. S'il existe un abcès sous la sole, il faut enlever toutes les parties dé- collées et ouvrir au pus une large voie d'échappement, puis, amincir la corne jusqu'à pellicule dans toute l'étendue de la région plantaire. Pour remédier à la déformation persistante que la fourbure pleine entraîne à sa suite, on a recours à l'emploi d'un fer couvert, c'est-à-dire d'un fer qui présente une largeur suffisante pour revêtir toute bipartie antérieure de la sole-jusqu'à la pointe de la fourchette, et une ajus- ture convenable pour que, dans son excavation, la partie saillante de la région plantaire soit logée librement et à l'abri de toute pression. L'ajusture peut être obtenue par le procédé français ou par le pro- cédé anglais. Dans le premier cas, l'assise du membre, quand le pied est ferré, est constituée par une surface convexe, peu favorable à la solidité de l'ap- pui, et même, dans la fourbure outrée, il est nécessaire d'exagérer à ce point l'ajusture, que le fer représente une sorte d'écuelle dont la cir- conférence est maintenue plane pour qu'elle puisse servir de support au bord plantaire de la paroi. C'est là ce qui constitue le fer à bord renversé dont la confection exige une grande habileté de la part de l'ouvrier; de plus, quand ce fer est appliqué, l'appui a lieu par une sur- face saillante et l'équilibre est mal assuré. Aussi, dit M. H. Bouley, est-il de beaucoup préférable d'appliquer, sous les sabots fourbus, des fers ajustés à l'anglaise, car, avec ce mode 782 DU JAVA HT. d'ajusture, la face supérieure du fer peut être creusée aussi profondé- ment que l'exige le bombement de la sole, sans que, pour cela, sa face inférieure cesse d'être plane. Pour compléter l'action protectrice du fer, il est utile et souvent même nécessaire d'interposer, entre le pied et lui, une semelle qui com- ble le vide de ses branches et remplisse l'office d'une sole complémen- taire. Cette semelle peut être en cuir, en gutta-percha, en caoutchouc durci, ou simplement en feutre, elle sert en outre à maintenir des étoupes enduites de topiques propres à entretenir la souplesse de la corne; de plus, elle s'oppose à l'introduction sous le fer de corps durs, tels que de la boue desséchée, des graviers dont la pression sur la sole amincie pourrait donner lieu à des accidents inflammatoires toujours redoutables dans l'état d'endolorissement que présentent les pieds fourbus. La ferrure Charlier donne de très-bons résultats, dans le cas de four- bure chronique, en ayant le soin d'appliquer un fer dont l'épaisseur soit telle que la sole ne vienne pas au contact du terrain. M. H. Bouley recommande beaucoup ce mode de ferrure. La fourbure chronique est susceptible de guérira la longue quand les chevaux sont employés exclusivement aux travaux des champs (labours, hersages). Enfin, il est une ressource extrême à laquelle on peut avoir recours quand, malgré l'emploi des opérationspalliativesdont nous avonsparlé et des fers les mieux ajustés, les animaux ne peuvent être utilisés, c'est la névrotomie. En décrivant cette opération, nous avons signalé les services qu'elle peut rendre dans le cas de fourbure chronique (Voyez page (107). CHAPITRE XIV DU JAVART Le mot javart, qui n'est employé qu'en médecine vétérinaire, dési- gne les lésions nécrosiques des tissus fibreux et cartilagineux de la ré- gion inférieure des membres, depuis le genou ou le jarret jusqu'à l'o- rigine du sabot. En commençant ce chapitre, nous devons dire que, pour le rédiger, nous nous sommes inspiré du remarquable travail deM. H. Bouley sur le javart, travail encore inédit quoique imprimé, et qui paraîtra dans le tome XI du Nouveau Dictionnaire pratique de médecine et de chirurgie vétérinaires. On dislingue le javart, en cutané, tendineux et cartilagineux ; on en DU JAVART. 783 reconnaît encore une quatrième variété, c'est: le javart ou furoncle de la fourchette, dont nous avons parlé précédemment (p. GUI). ART. 1er. — JAVART CUTANÉ. Le javart cutané peut se montrer dans toute la région du canon, mais son siège le plus ordinaire est la région des phalanges, c'est-à- dire le paturon et la couronne, où il se déclare plus fréquemment sur les faces antérieure et latérales que sur la face postérieure. « Lorsque le javart se développe sur le renflement cutané que l'on désigne sous le nom de bourrelet ou de cutidure, et qui est enclavé dans le biseau concave du bord supérieur du sabot, la particularité de son siège dans une région presque sous-cornée lui a valu une dénomina- tion spéciale, celle de javart encorné, qui implique, à l'esprit du pra- ticien, non-seulement l'idée de la situation de cette variété du furon- cle des phalanges, mais encore, ce qui est plus important, celle de la gravité exceptionnelle qui le caractérise» (H. Bouley). Causes. — Le javart cutané est en quelque sorte une maladie hiver- nale comme les engelures de l'homme. C'est presque exclusivement en hiver que celte lésion se remarque : sa cause déterminante paraît être l'action du froid humide. Ainsi les chevaux de gros trait dont la partie inférieure des membres est souvent immergée clans de l'eau boueuse et glacée, dans des ruisseaux fangeux, sont souvent affectés de javart cutané. Chez ces animaux, l'action de l'humidité se fait d'autant mieux sentir que les crins touffus dont leurs extrémités sont tapissées, pro- longent en quelque sorte le contact des boues irritantes et frpides qui ramollissent le tégument et l'enflamment. Sur les chevaux dé trait léger ces accidents sont beaucoup plus rares, ce qui tient sans doute à la précaution que l'on prend de leur faire les crins, . c'est-à-dire de couper les crins qui garnissent le bas des membres. Les chevaux de halage, dont les pieds sont souvent immergés dans l'eau, ceux qui travaillent sur des routes boueuses, etc., y sont plus exposés que ceux dont l'utilisation a lieu dans des conditions inverses. Les contusions que les chevaux se donnent à eux-mêmes dans les régions inférieures des membres ou qu'ils peuvent recevoir de leurs compagnons d'attelage donnent lieu également au javart cutané, qui est désigné alors, et par métonymie, sous le nom d'atteinte. Les chevaux qui travaillent au voisinage des fabriques de produits chimiques dont certains résidus peuvent être répandus accidentelle- ment sur le sol ou charriés avec l'eau des ruisseaux, sont exposés aux javarts cutanés. L'urine elle-même et les matières excrémentitielles. dans les<écuries mal tenues, sont susceptibles de produire les mêmes résultats. Symptômes. — Au début, les symptômes du javart cutané consistent en un engorgement inflammatoire, chaud et douloureux, qui envahit 78* DU JAVART. toute la région phalangienne et même le canon, et, quand il existe des balzanes, on peut constater que la peau est le siège d'une rougeur bien évidente. La douleur qu'éprouve l'animal est si vive parfois qu'elle se traduit par des mouvements alternatifs d'élévation et d'abaissement du membre, c'est-à-dire des lancinations . La peau devient ensuite le siège d'une exsudation inflammatoire, qui ramollit et soulève l'épiderme que l'on détache facilement parle grattage de l'ongle ; les poils sont hérissés surtout dans la partie où l'in- flammation est la plus concentrée et la peau, la plus humide ; dans ce point une exploration attentive avec la pulpe des deux doigts permet de percevoir « la sensation obscure d'une fluctuation sous-cutanée dans un cercle qui mesure 2 à 3 centimètres au plus de diamètre » (H. Bou- ley). A ce phénomène succède la mortification du tégument cutané, qui devient froid et flasque, en même temps qu'un sillon disjoncteur se creuse sur la limite des parties mortifiées et des parties vives, et le pus, renfermé sous la peau, s'échappe par ce sillon; ce pus est mal lié, d'une teinte jaune lavée et d'une odeur fétide. Puis, le travail de dis- jonction continuant, il vient un moment où la partie mortifiée, déta- chée progressivement, de sa circonférence vers son centre', par les bourgeons charnus qui se forment, autour et au-dessous d'elle dans les tissus vivants, avec lesquels elle faisait corps, finit par être complète- ment éliminée. 11 reste *alors une plaie bourgeonneuse, simple ou fistu- leuse, suivant que la névrose était superficielle ou qu'elle s'étendait profondément aux tendons, aux ligaments, aux cartilages ou aux os de la région phalangienne. Dans ce dernier cas, il s'est produit un javart tendineux et l'exfolia- tion cutanée n'est plus qu'un fait accessoire. Le javart cutané se montre souvent en même temps qu'un autre accident hivernal qu'on désigne sous le nom de crevasses. Celles-ci se produisent dans le pli du paturon, et quelquefois des javarts cutanés viennent se former à l'une ou à l'autre des extrémités de la plaie trans- versale que la crevasse représente. Quand l'inflammation, au lieu de s'établir sous la peau de la région phalangienne, prend naissance tout à fait à l'origine de l'ongle, dans le bourrelet et sous la corne périoplique, comme on l'observe à la suite d'une atteinte ou d'une contusion, on se trouve alors* en présence de cette lésion que l'on appelle javart encorné. Dans ce cas, le périople est décollé dans une certaine étendue par un suintement séreux, qui lui donne un aspect blanchâtre et turgescent, suintement qui provient de l'inflammation dont le bourrelet est le siège. Sous l'influence de cette inflammation, cet organe se boursoufle et bientôt il déborde par en haut la cavité cutigérale, devenue trop étroite pour le contenir. Le bourrelet forme alors une saillie rougeâtre et d'autant plus douloureuse que la compression du biseau sur sa base devient elle-même de plus en plus forte au furet à mesure que le gonflement du bourrelet augmente. DU JAVART. 78o Ceci explique la fréquence des accidents gangreneux dans le cas de javart encorné ; le bourrelet, sous la pression incessante du biseau, su- bit un véritable étranglement d'où résulte une mortification beaucoup plus étendue que celle dont l'action contondante a été la cause. Le javart cutané et le javart encorné s'accompagnent d'une iouleur très- vive, ce dernier surtout. Le mode d'expression des souffrances éprouvées par l'animal permet d'apprécier, à priori, si cet accident doit rester simple ou se compliquer de phénomènes nécrosiques plus profonds. Dans le premier cas, la douleur suit une marche décrois- sante, à mesure que le bourbillon, ou, pour parler le langage usité en vétérinaire, le javart se détache. Mais quand le javart cutané se com- plique de nécroses plus profondes, alors, malgré le travail d'élimina- tion qui s'est fait à la peau, les douleurs persistent et augmentent d'intensité. C'est ainsi que le javart encorné des quartiers et des talons se complique très-souvent de la carie du fibro- cartilage latéral; celui de la pince, de la nécrose du tendon extenseur à son insertion à l'é- minence pyramidale de l'os du pied et consécutivement de l'arthrite suppurée de la dernière articulation phalangienne. Il peut être en outre le point de départ de la gangrène du tissu podophylleux, et de la carie ou de la nécrose de la phalange unguéale. Pronostic. — Pour formuler un jugement sur le plus ou moins de gravité d'un cas de javart cutané, il est toujours prudent d'attendre quelques jours afin d'observer la marche de l'inflammation éliminatrice et de se rendre compte des complications qui peuvent survenir. D'une manière générale, la gravité du pronostic dépend du siège de la lésion, .ainsi le javart qui se développe, au milieu d'une crevasse, dans le pli du paturon, ne donne lieu généralement à aucun accident, parce que la peau de cette région est fine et que le tissu conjonctif sous-jacent est peu dense, de telle sorte que les foyers purulents se forment sans dif- liculté et sans que leur présence donne lieu à des compressions nécro- siques pour les tissus profonds. Par contre, lorsque la lésion siège sur les parties latérales des phalanges où le tissu conjonctif est plus con- densé, la peau plus épaisse, les chances de complications sont plus grandes, surtout quand le javart cutané est situé dans la partie anté- rieure du fibro-cartilage latéral ; nous verrons du reste, en étudiant le javart cartilagineux, que les lésions du fibro-cartilage présentent tou- jours plus de gravité dans les parties antérieures du fibro-cartilage la- téral que dans les parties postérieures. Traitement. — L'indication à remplir consiste à prévenirle dévelop- pement de l'inflammation ou atténuer ses effets. A cet effet, on a re- cours aux réfrigérants employés sous forme de bains, de lotions, ou en irrigations continues. Des applications émollientes, notamment des cataplasmes de miel, de farine de lin, conviennent quand l'inflammation est déjà déclarée, au moment où l'on est appelé à traiter le malade ; ces topiques favori- Peuch et Toussaint. — Chirurgie. II. — oO 786 DU JAVAKT. sent le travail éliminateur et hâtent ainsi la séparation de la partie mortifiée des parties saines qui l'environnent. Dans le cas d'atteinte ou de javart encorné, il ne faut pas, dit M. H. Bouley, « se hâter, à la période initiale du mal, de détacher avec l'ins- trument tranchant les parties dii sabot qui peuvent être décollées. Il y a, au contraire, avantage à les laisser en rapport avec les tissus dont elles tendent à limiter l'extumescence, et qu'elles protègent en môme temps contre le contact des appareils de pansement. Lorsque au con- traire on dépouille ces tissus prématurément de leur enveloppe cornée, souvent ils se tuméfient outre mesure sous l'influence delà congestion dont ils sont le siège, et alors la partie du sabot qui les encercle en produit l'étranglement et la gangrène (I). » Toutefois, quand les souf- frances de l'animal augmentent d'intensité, il est nécessaire d'empê- cher la compression du biseau de l'ongle sur le bourrelet, qui tend à le déborder ; pour cela, on amincit la paroi jusqu'à mince pellicule, dans une étendue en longueur et en hauteur, dont la mesure est donnée par l'état de tumescence des parties. Cette sorte de débridement opéré, on a recours aux bains ou aux cataplasmes émollients jusqu'à ce que l'éli- mination de la partie mortifiée soit achevée. La plaie qui en résulte est ensuite pansée avec des topiques légèrement excitants : teinture d'aloès, onguent égyptiac étendu de vin aromatique, que l'on maintient par des pansements appropriés. Quand la plaie a de la tendance à bourgeonner outre mesure, il est indiqué d'appliquer à sa surface un bandage méthodiquement com- pressif. Lorsque le bourrelet a éprouvé des pertes de substance, la sécrétion cornée se fait d'une manière irrégulière et il est nécessaire d'enlever de temps à autre, avec la feuille de sauge et la rénette, les couches de corne nouvelle, qui exercent une certaine compression sur les parties sous-jacentes. Il est indiqué également d'appliquer, â la surface de cette corne, de l'onguent de pied, du goudron ou du suif pour prévenir sa dessiccation et empêcher la formation de fissures, qui produisent tou- jours despincements douloureux. Quand on a à traiter un javart cutané, il est une indication expresse sur laquelle M. H. Bouley a beaucoup insisté : c'est la ponction pré- maturée de la petite collection purulente qui se forme toujours sous la peau. Par cette ponction hâtive, suivie d'un léger débridement, on donne écoulement au pus qui s'est produit profondément et on évite tous les accidents nécrosiques ultérieurs, puisqu'on fait cesser de cette manière la compression que le pus exerçait sur les tissus, compression qui devient de plus en plus forte puisque la quantité de pus augmente sans cesse. A supposer même que le bistouri ne pénètre pas d'emblée dans le foyer purulent, l'ouverture que l'on vient de faire à la peau en (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, art. Atteinte. DU JAVART. 787 produisant un écoulement hémorrhagique diminue l'éréthisme inflam- matoire, et d'un autre côté le pus peut se frayer un passage au dehors, d'une manière plus prompte que quand la peau a été laissée intacte dans sa contiuuité et son épaisseur. Quand on pratique la ponction sur un javart cutané avant que la peau soit mortifiée, le pus qui découle est d'une couleur jaune franche, épais et sans odeur ; mais, après la destruction de la peau, il est très- liquide et exhale une odeur putride par suite de l'espèce de putréfac- tion que la peau a éprouvée. Alors, la ponction n'a plus aucune utilité. A part cette ponction hâtive, le traitement du javart cutané est le même que celui du javart encorné. ART. II. — JAVART TENDINEUX. On appelle ainsi une lésion chirurgicale consistant en une ou plu- sieurs fistules qui succèdent soit au javart cutané, soit à une inflam- mation aiguë des gaines synoviales sésamoïdiennes, supérieure ou in- férieure. C'est, en un mot, l'expression des lésions inflammatoires de la peau ou des gaines synoviales lorsque, à la suite de la suppuration éta- blie dans ces différentes parties, il est resté une nécrose des tissus, apo- névrotique, tendineux ou ligamenteux. Le nom de javart tendineux doit être réservé pour désigner ces lésions flstuleuses, qui peuvent être consécutives aux abcès sous-cutanés, sous-aponévrotiques ou synoviaux, et non pas attribué à ces abcès, car ceux-ci peuvent se terminer par une cicatrisation régulière, et ne pas être suivis de la fistule qui con- stitue le javart tendineux. Toutes les causes susceptibles de donner lieu à une inflammation suppurative dans la région des tendons ou des phalanges peuvent être considérées comme des causes possibles du javart tendineux. Gonsé- quemment, on doit redouter l'apparition de cette lésion après un ja- vart cutané surtout dans la région du paturon, et, à plus forte raison, quand l'inflammation a son siège dans le tissu cellulaire sous-aponé- vrotique ou dans les gaines tendineuses. Symptômes. — Ce sont : la douleur, la tuméfaction persistante de la région, la disposition fistuleuse de la plaie, enfin la quantité et la nature du liquide purulent auquel elle donne issue. La douleur est vive, elle se traduit par la difficulté ou même l'impos- sibilité de l'appui et des douleurs lancinantes presque continuelles. Les pressions exercées avec la main donnent lieu à des manifestations de souffrances d'autant plus accusées que la formation de la fistule carac- téristique du javart tendineux est plus récente. La tuméfaction inflammatoire envahit toute la région phalangienne et remonte au-dessus du boulet, parfois jusqu'au genou ou au jarret. Cette tuméfaction est d'abord molle, œdémateuse, plus tard elle dimi- nue de volume et prend une consistance indurée au voisinage de la 788 DU JAVART. fistule. « Ce signe a une très-grande importance au point de vue dia- gnostique, car jamais il ne fait défaut ; toujours les tissus s'indurent quand ils sont traversés par une fistule, cette induration peut donner extérieurement la mesure de la profondeur à laquelle les fistules pé- nètrent » (H. Bouley). Quand la condition est donnée pour que le javart tendineux se pro- duise, la plaie extérieure peut ne pas présenter tout d'abord l'aspect fistuleux qu'elle prendra plus tard; elle est bourgeonneuse, molle, sai- gnante, et, au bout de quelque temps, elle se trouve réduite à un ori- fice étroit, entouré de bourgeons charnus saillants et d'une couleur rouge vif. Par cet orifice s'échappe du pus mal lié, bulleux, tenant en suspen- sion des grumeaux, exhalant une odeur fétide. La quantité de pus qui s'écoule permet au praticien de juger de l'étendue de la fistule. Celle-ci n'est pas toujours unique et il n'est pas rare de voir coexister plu- sieurs fistules. Dans quelques cas, une fistule se tarit et une autre prend naissance dans un point rapproché de la première, et ainsi de suite pendant de longs mois. Ces fistules sont tantôt rectilignes et la sonde peut parcourir tout leur trajet, donnant ainsi une idée exacte de leur profondeur ; tantôt elles sont sinueuses, et semblent superficielles, mais un observateur attentif qui fera entrer en ligne de compte la sensibilité et la tuméfac- tion indurée des tissus et la quantité du liquide purulent sécrété, ne se laissera pas induire en erreur par la brièveté apparente du trajet fistuleux. Le javart tendineux est une maladie à marche lente, et l'inertie pro- longée à laquelle le membre est condamné par suite des souffrances amène fréquemment la rétraction des tendons et la bouleture, en même temps que les parties supérieures du membre s'atrophient avec une grande rapidité. La douleur locale si intense que développe le javart tendineux re- tentit sur tout l'organisme et donne lieu à une réaction fébrile très- prononcée. Dans quelques cas, cette fièvre est tellement violente que les animaux meurent. Ordinairement, ils résistent mais ils maigrissent beaucoup et restent presque constamment couchés du côté opposé à celui du membre souffrant; bientôt de larges excoriations et des es- chares épaisses se montrent dans toutes les parties saillantes du corps, et l'animal présente un aspect misérable à l'excès. Pronostic. — Le javart tendineux est une lésion grave qui met tou- jours les animaux dans l'impossibilité de travailler pendant un long temps. Souvent il est suivi d'une rétraction tendineuse, d'une indura- tion périphérique, qui entrelient une boiterie permanente ou tout au moins d'une très-longue durée. Cette induration constitue en outre une tare qui déprécie notablement les animaux. Traitement. — Les considérations dans lesquelles nous sommes DU JAVART. 789 entre sur le mode de formation du javart tendineux nous montrent qu'on peut prévenir cette lésion en instituant dès le début un traite- ment rationnel. On a vu que le javart tendineux est la suite du javart cutané, et Ton conçoit que cette lésion chirurgicale se produira si le traitement institué pour combattre le javart cutané n'est pas suffisant. Que si par exemple, étant donné un abcès de la région pbalangienne, on temporise au lieu de l'ouvrir prématurément, le pus pourra faire des ravages sous le tégument et la condition, pour que le javart tendi- neux se produise, sera réalisée. On ne saurait donc trop insister, à l'exemple de M. H. Bouley, sur l'importance de la ponction hâtive des abcès de la région phalangienne. Nous dirons encore que les irriga- tions continues d'eau froide constituent un moyen préventif puissant du javart tendineux. Ces irrigations conviennent non-seulement au début, pour enrayer la marche de l'inflammation, mais encore après l'évacuation du pus, lorsque la douleur persistante, l'engorgement des parties, la nature des liquides qui s'écoulent ne laissent pas de doute sur l'existence d'une nécrose profonde, autrement dit d'un javart ten- dineux. Lorsque cette lésion s'est déclarée, il y a lieu d'intervenir chirurgi- calement. La première indication à remplir, dit M. H. Bouley, est de parer le pied à fond, de manière à prévenir les accidents qui peuvent résulter de l'excès de longueur de la corne et d'adapter ensuite au sabot un fer disposé de telle sorte qu'il étaie pour ainsi dire le membre en arrière, et s'oppose ainsi à ce que les tendons éprouvent des tirail- lements. Le fer, qui convient le mieux, est celui dont les branches très- prolongées sont relevées derrière le paturon, puis ensuite recourbées en bas, de manière que le point d'appui postérieur du pied soit sous le boulet au lieu d'être sous les talons directement. On élargit ainsi la base d'appui du membre et l'on empêche le pied de tendre à basculer en arrière, comme cela arrive lorsqu'on a disposé sous les talons des crampons trop élevés. Cela fait, on procède à l'opération du débridement des fistules du javart tendineux. A cet effet, et pour éviter les échappées, on couche l'animal et on le fixe dans cette position. L'opérateur introduit ensuite une sonde cannelée dans le trajet iis- tuleux, et, à l'aide d'un bistouri droit dirigé par ce conducteur, on dé- bride dans la plus grande étendue que permet le siège de la fistule par rapport aux vaisseaux et aux nerfs. Il faut avoir le soin,- en pratiquant cette opération, de ne laisser aucun bas-fond dans lequel le pus pour- rait se rassembler. Si, une fois le débridement effectué, on voit sortir de la plaie des tissus fibreux reflétant la teinte verte caractéristique de la nécrose, l'opération peut être considérée comme parfaitement suffi- sante. Si l'exfoliation nécrosique ne paraît pas s'effectuer, quoique les tissus profonds soient le siège d'un bourgeonnement, il est indiqué de modifier l'état des parties par la cautérisation au moyen du fer rouge, 790 DU JAVART. ou à l'aide des caustiques chimiques, du sublimé notamment, et de reprendre ensuite l'irrigation continue d'eau froide , qui aura pour effet de maintenir l'inflammation dans de justes limites. Lorsque les fistules de javart tendineux sont complètement cica- trisées, les animaux doivent être remis graduellement au travail, en commençant par l'allure du pas, et il faut, comme le dit avec une tzrande justesse M. H. Bouley, se fier au temps pour la résolution des engorgements de la partie malade et le rétablissement de ses mou- vements réguliers. On devra donc être sobre de cautérisations au fer rouge, sur les parties engorgées, afin de ne pas réveiller la douleur et obliger le propriétaire à laisser son animal en repos, en pure perte, car, quoi que l'on fasse, l'induration consécutive aux fistules du javart tendineux persiste et constitue une tare indélébile. ART. III. — JAVART CARTILAGINEUX. On appelle ainsi une nécrose partielle, lentement progressive du fibro-cartilage complémentaire de la troisième phalange, nécrose qui produit et entretient une inflammation éliminatrice rarement suffi- sante pour en opérer la disjonction. Vatel appelait cette maladie fibro-chondrite phalangienne. Cette expression n'a pas prévalu, car elle n'a pas une signification aussi précise que le mot javart cartilagineux, qui exprime l'idée de la lésion essentielle, c'est-à-dire une nécrose du fibro-cartilage latéral. La description anatomique des fibro-cartilages latéraux a été faite dans le premier volume de cet ouvrage (page 391); la structure de ces organes a été également étudiée. Nous n'avons donc pas à revenir sur ces différents points, mais nous devons examiner sommairement la physiologie pathologique des fibro-cartilages du pied, afin de nous rendre compte des divers phénomènes qui se produisent dans le cas de javart cartilagineux. Lorsque l'inflammation se déclare dans les parties postérieures du fibro-cartilage, et dans les couches profondes où prédomine le tissu fibreux et où des divisions très-ténues de l'artère digitale se ramifient en quantité considérable, elle peut être simple, et la cicatrisation rapide, car la vascularisation des tissus fait que leur activité nutritive et formatrice est plus grande, mais dans les couches superficielles et dans les parties antérieures du fibro-cartilage où la substance essen- tiellement cartilagineuse est en excès sur l'élément fibreux, l'activité nu- tritive est, dans le plus grand nombre des cas, insuffisante à la réparation et le cartilage se nécrose d'emblée au lieu de se cicatriser comme dans le cas précédent. L'inflammation du fibro-cartilage latéral peut revêtir trois formes : elle peut être adhésive, bourgeonneuse ou suppurative. L'inflammation adhésive est la plus rare ; elle ne se manifeste qu'après des blessures simples faites sans perte de substance e.t sans DU JAVART. 791 dénudation, par un instrument très-acéré piquant, ou coupant. Dans ce cas, un tissu embryonnaire prend naissance entre les deux parties divisées du fibro-cartilage, des vaisseaux se forment, et un tissu cica- triciel se produit, sans suppuration, entre ces parties et les réunit. L'inflammation bourgeonneuse du fibro-cartilage est moins simple que la précédente. 11 y a bien toujours formation d'un tissu embryon- naire, qui se vascularise, mais ce tissu, au lieu d'éprouver d'emblée la transformation en tissu cicatriciel, subit une métamorphose intermé- diaire. Il produit des bourgeons charnus, ceux-ci laissent transsuder du pus, puis ils éprouvent peu à peu la transformation en tissu de cicatrice. Ces phénomènes peuvent se montrer à la suite de toutes les lésions traumatiques du fibro-cartilage, même celles qui résultent de l'action d'instruments contondants, tels qu'un poinçon ou un clou à pointe mousse; toutefois, il y a beaucoup plus de chances pour que ces transformations cicatricielles s'opèrent régulièrement, quand les plaies du fibro-cartilage latéral sont faites par des instruments bien coupants qui pénètrent dans la substance de cet organe sans déter- miner d'écrasements. L'inflammation qui s'établit dans le fibro-cartilage latéral revêt le plus souvent la forme éliminatrice, car les actions traumatiques qui produisent le javart cartilagineux donnent lieu, dans le plus grand nombre des cas, à la nécrose partielle du fibro-cartilage, et simulta- nément l'inflammation s'y développe. Ce sont les couches superficielles de cet organe qui sont le siège d'une mortification plus ou moins cir- conscrite, tandis que les couches profondes, plus vasculaircs, bour- geonnent et se transforment en appareil pyogénique, et là, comme partout ailleurs, l'inflammation tend à détacher les parties mortes de celles dans lesquelles la vie est conservée. La nécrose cartilagineuse présente une couleur verdâtre d'autant plus prononcée que la mortification est plus limitée, d'autant plus pâle et lavée qn'elle est au contraire plus étendue. Quand la nécrose est circonscrite, elle a une teinte verte si franche qu'on a pu la comparer à celle de la plumule d'une graine en germination. Cette nécrose a une remarquable tendance à progresser, lentement il est vrai, mais d'une manière continue jusqu'à ce qu'elle ait envahi toute la couche corti- cale du fibro-cartilage latéral. L'inflammation éliminatrice qu'elle provoque suit une marche irrégu- lière, c'est-à-dire que la disjonction entre les parties mortifiées et celles qui sont restées saines ne s'opère pas d'une manière uniforme et au même moment dans toutes les parties du fibro-cartilage. La structure complexe de cet organe, la prédominance du tissu fibreux dans les parties postérieures et dans les couches profondes, la vascularité de ces parties, permettent au travail de disjonction de s'opérer sans trop de difficultés; mais, dans' les régions antérieures et superficielles du bro-carlilage, dépourvues de vaisseaux, ou tout au moins très-peu 792 DU JAVART. vasculaires, le travail éliminateur s'effectue difficilement et toujours avec beaucoup de lenteur. Ces phénomènes présentent encore quelques différences dans leur mode d'évolution suivant l'âge des animaux, re- tendue de la nécrose et son siège aux pieds antérieurs ou postérieurs. Chez les sujets jeunes, l'ulcération disjonctive mord assez, suivant l'expression de M. H. Bouley, sur la partie cartilagineuse proprement dite pour que le fragment nécrosé soit circonscrit presque partout par la tranchée de séparation et ne reste plus attenant aux parties vives que par un mince pédoncule qui, s'il vient à se rompre, sous les progrès de l'inflammation, laisse les parties malades partout franche- ment bourgeonneuses, dans les conditions d'une rapide cicatrisation. Mais ce pédoncule est souvent la voie par laquelle la nécrose se propage de plus en plus par une sorte de reptation. Dans d'autres cas, notamment chez les animaux âgés, la nécrose ne progresse pas par fragments pédoncules mais en nappe, et envahit toute la couche cor- ticale du fibro-cartilage en commençant en arrière. Alors les bourgeons charnus que forme le travail éliminateur minent en quelque sorte la couche superficielle du cartilage qui peut être ainsi détachée par frag- ments d'arrière en avant, dans quelques parties, tandis qu'ailleurs elle reste adhérente aux tissus qui l'environnent, non plus comme précé- demment par un étroit pédoncule, mais bien par une large lame qui occupe toute l'épaisseur de la couche corticale du fibro-cartilage, et ce n'est que quand l'inflammation disjonctive a enfin séparé toute la surface corticale du cartilage des parties sous-jacentes que la maladie disparait. Lorsque l'inflammation éliminatrice, qui accompagne la nécrose car- tilagineuse est impuissante à séparer celle-ci des parties vives avec lesquelles elle est en continuité, alors l'altération du fibro-cartilage s'empare successivement de toute l'épaisseur de la couche corticale de cet organe et ne s'arrête que sur les limites du ligament articulaire en avant et en bas de la phalange unguéale. Dans d'autres cas, plus graves encore, la nécrose envahit le ligament articulaire et se complique iné- vitablement de l'ouverture de l'articulation par suite de la destruction de la partie de la membrane synoviale adhérente à la face interne du ligament nécrosé. Enfin la carie de l'os du pied au point d'insertion du ligament précité peut intervenir comme conséquence ultime de la né- crose cartilagineuse. Au fur et à mesure que la mortification progresse en avant dans le fibro-cartilage, et avec elle l'inflammation éliminatrice, la destruction de cet organe se répare en arrière par le développement de bourgeons charnus, formés au voisinage des parties nécrosées. Ces bourgeons se transforment en une sorte de tissu de cicatrice, blanchâtre, d'appa- rence fibreuse, et très-vasculaire. Il est à remarquer que, quand le fibro-cartilage a été le siège d'une inflammation longtemps persistante, il a une tendance très-manifeste DU JAVART. 793 à s'ossifier. Il y a toujours à compter, dit M. H. Bouley, avec cette ten- dance marquée à l'ossification quand on pratique les opérations que peuvent nécessiter des fistules cartilagineuses d'origine ancienne, et il y a aussi à en bénéficier, car le tissu osseux en lequel le cartilage est plus ou moins transformé a toujours plus de vitalité que le tissu car- tilagineux lui-même, et peut permettre de limiter l'action opératoire dans un champ beaucoup plus circonscrit que cela n'est possible sou- vent lorsque le cartilage n'a pas éprouvé de modification dans sa tex- ture. La marche de la nécrose cartilagineuse est plus lente, et la nécrose est plus tenace peut-on dire dans les pieds antérieurs que dans les pieds postérieurs, ce qui tient à la structure des fibro-cartilages. L'élément cartilagineux domine dans ceux des membres antérieurs, tandis que c'est l'élément fibreux qui l'emporte dans les fibro-cartilages des mem- bres postérieurs. En même temps que la nécrose et l'inflammation éliminatrice s'éta- blissent dans le fibro-cartilage latéral, un mouvement inflammatoire se produit aussi à l'extérieur. Le tissu conjonctif qui environne l'or- gane malade se transforme en un tissu induré qui unit d'une manière très-intime la peau avec le fibro-cartilage. Causes. — La nécrose du fibro-cartilage du pied procède toujours d'une cause physique, telle qu'une contusion, une action traumatique directe ou indirecte. Les contusions, de quelque manière qu'elles se produisent, sont des causes fréquentes de javart cartilagineux. Il peut arriver que le corps contondant blesse le fibro-cartilage sans que la peau soit détruite ; dans ce cas, du pus se forme sous le tégument cutané, et ce liquide, dont la quantité augmente sans cesse, exerce sur le fibro-cartilage une com- pression de plus en plus forte qui en amène la nécrose ; toutefois, en pareil cas, il y a des chances de prévenir cette altération, si l'on a le soin, comme le recommande M. H. Bouley, de recourir à la ponction prématurée de l'abcès dont la contusion a été cause au lieu d'attendre qu'il soit arrivé à maturité. Quand la contusion se complique de traumatisme, ce qui est le fait le plus ordinaire dans les atteintes que les chevaux se font à eux-mêmes ou qu'ils reçoivent, la maladie qui nous occupe se produit souvent, car le cartilage est alors non-seulement intéressé dans sa continuité, mais la blessure qu'il présente est à découvert, puisque la peau est partiel- lement détruite, et cette circonstance facilite singulièrement la forma- tion d'une nécrose cartilagineuse. Les blessures, avec perte de substance du fibro-cartilage, quand bien même elles sont faites d'une manière nette avec un instrument bien tranchant, comme c'est le cas dans diverses opérations chirurgicales, la bleime suppurée et l'enclouure notamment, sont souvent suivies de javart cartilagineux, peut-être parce que les plaies consécutives sont 794 DU JAVART. exposées au contact de l'air. Toutefois, il est possible que cette lésion ne survienne pas, et la blessure faite au cartilage peut se cicatriser comme celles de l'os ou du tissu conjonctif. La compression produite par un bandage mal appliqué et surtout celle qui résulte de l'accumulation du pus dans la boîte cornée, déter- mine la nécrose du cartilage en même temps que la gangrène du tissu kératogène et la carie de la phalange unguéale. Le javart cartilagineux se montre plus fréquemment en hiver qu'en été, à cause des javarts cutanés ou encornés que l'action du froid hu- mide produit si souvent. Les chevaux qui se coupent ou qui forgent se font souvent des atteintes qui se compliquent de nécrose cartilagineuse. Le genre de service exerce aussi une influence considérable sur la fréquence du javart. Ainsi cet accident est rare sur les chevaux de luxe, tandis que sur les chevaux de gros trait qui font des charrois sur des routes mal entretenues ou dans des chantiers de construction, on l'observe souvent. Ce sont principalement les limoniers qui en offrent les plus nombreux exemples, car ils se font souvent des atteintes. Le javart cartilagineux vient souvent compliquer la bleime suppurée, l'enclouure, la seime quarte, comme nous l'avons fait remarquer pré- cédemment en étudiant ces diverses lésions chirurgicales. Symptômes. — Lejavartcartilagineux, consistant essentiellement dans une nécrose du iibro-cartilage du pied, est caractérisé par une ou plu- sieurs fistules qui aboutissent dans la région de la couronne ou dans la région plantaire et parfois môme dans l'intérieur de la boîte cornée. Cette fistule est toujours accusée par un gonflement inflammatoire qui occupe la région du fibro-cartilage dont elle est comme le grossisse- ment, suivant l'expression de M. H. Bouley. Ce gonflement peut cepen- dant rester limité à la moitié postérieure de l'organe, quand la nécrose débute par cette région et n'a pas encore progressé en avant. Cette sorte de tumeur, qui témoigne de l'existence du javart cartila- gineux, présente la disposition d'un ovoïde dont le bout le plus renflé serait postérieur. Elle forme un relief au-dessus du sabot, dont les deux parties latérales présentent alors une différence frappante. On pour- rait confondre, au premier abord, la tumeur dit javart, comme l'appelle M. H. Bouley, avec l'ossificalion de l'un des fibro-cartilages latéraux, c'est-à-dire une forme, mais la tumeur, qui constitue celle-ci, n'est pas accusée par un renflement arrondi comme celle du javart, elle est plus anguleuse et plus nettement délimitée. En outre, en explorant la tu- meur, on constate que, dans le cas de forme, cette tumeur a la dureté de l'os, tandis que celle indiquant la nécrose cartilagineuse a une con- sistance semblable à celle du tissu fibreux. La tumeur du javart ne paraît pas douloureuse à la pression, du moins dans la plupart des cas. Quoi qu'il en soit, cette tumeur a une signification diagnostique telle qu'on peut, quand elle existe, affirmer l'existence du javart cartilagineux, en l'absence de fistules visibles à la DU JAVART. 795 couronne, et que inversement, quand elle fait défaut, « il est permis d'en inférer avec une quasi-certitude que les plaies de la région du cartilage, quelles qu'en soient l'apparence et l'étendue, n'ont pas, ac- tuellement tout au moins, le caractère fistuleux » (H. Bouley). La fistule est accusée dans le point où elle s'ouvre, c'est-à-dire soit à la peau, soit sur le tissu podophylleux, soit à la région plantaire, par des bourgeons charnus proéminents. Sa direction est variable, tantôt elle est rectiligne, tantôt elle est sinueuse. Pour juger de sa profon- deur, on l'explore avec la sonde en plomb, mais les renseignements que l'on obtient par ce moyen n'ont qu'une importance secondaire et ils ne sauraient infirmer, par les caractères négatifs qu'ils peuvent pré- senter, la signification des autres symptômes du javart cartilagineux. C'est par la quantité de pus qui s'écoule du trajet fistuleux qu'on peut apprécier son étendue. Le siège des fistules ne donne pas toujours une idée exacte du siège de la nécrose ; il peut arriver qu'une fistule ou- verte dans la partie postérieure du fibro -cartilage aboutisse à une lésion située dans la partie antérieure de cet organe, c'est-à-dire que la fistule ait parcouru toute l'étendue du flbro-cartilage d'arrière en avant, suivant le sens même dans lequel la nécrose a progressé. Toutefois, dans la plupart des cas, quand la fistule débute par les parties posté- rieures du fibro-cartilage et qu'elle a creusé un certain trajet d'ar- rière en avant, elle finit par s'oblitérer en arrière par suite de la tex- ture fibreuse et de la vascularité du cartilage dans cette région, et le pus ne trouvant plus une voie ouverte pour son échappement se rassemble et forme un abcès qui s'ouvre à l'extérieur et constitue une nouvelle fistule. Celle-ci pourra s'oblitérer à son tour, et une autre se formera plus antérieurement, et par le même procédé. La longueur des fistules diminue, en règle générale, au fur et à me- sure qu'elles occupent une région plus antérieure, mais elles ne laissent pas que d'avoir une certaine étendue en raison de l'épaisseur aug- mentée du tissu conjonctif péri-cartilagineux; du reste elles peuvent avoir une direction angulaire dans les parties antérieures du fibro- cartilage, comme dans les autres parties de cet organe. Quels que soient leur siège et leur profondeur, les fistules cartilagineuses peu- vent affecter toutes les directions: horizontales, verticales, perpendi- culaires à la surface, obliques d'arrière en avant, ou encore de bas en haut. Elles peuvent être aussi multiples. Enfin, nous avons déjà fait remarquer que dans quelques cas aucune fistule n'est visible extérieure- ment, leur orifice s'ouvrant dans l'intérieur même du sabot : alors le pus s'accumule dans la boîte cornée jusqu'au moment où il parvient à s'échapper à l'origine de l'ongle après avoir soulevé et décollé le bi- seau. La présence du pus à la couronne, le gonflement inflammatoire du fibro-cartilage latéral indiquent la nécrose de cet organe. Le pus qui s'écoule des fistules cartilagineuses présente divers ca- ractères dont la signification s'ajoute à ceux des autres symptômes du 79G DU JAVART. javart cartilagineux. C'est d'abord son abondance relative, eu égard au peu d'étendue delà plaie extérieure, réduite a un orifice étroit. Ce pus est mal lié, il a une apparence comme huileuse qui le fait ressembler à de la synovie. Dans quelques cas, il est mêlé de débris verdàtres qui ne sont autre chose que des parties nécrosées du fibro-cartilage qu'il en- traîne. Pour se rendre compte de la quantité de pus qui s'écoule par l'ori- fice fistuleux, et de ses caractères, qui peuvent être masqués par la boue, la poussière, etc., on applique sur cet orifice un plumasseau et de préférence un linge qu'on maintiendra en place à l'aide de quelques tours de bande. Au bout de vingt-quatre heures, le pus retenu par cet appareil indiquera par sa quantité l'étendue de la fistule et par son aspect la nécrose cartilagineuse. Les signes fournis par la sensibilité n'ont rien de constant dans le cas de javart cartilagineux. Il n'est pas rare que cette lésion ne pro- duise aucune claudication, du moins tant qu'elle n'intéresse que le fibro-cartilage; d'autres fois elle s'accuse par l'irrégularité delà mar- che à des degrés divers ; dans quelques cas, la douleur est tellement intense que l'appui sur le membre malade est nul ou a peu près. Ces différences tiennent au siège de la nécrose, au tempérament des ani- maux et à leur genre de service. En règle générale, quand la nécrose siégedans lespartiespostérieures du fibro-cartilage, la douleur est moins intense que quand cette lésion s'est développée dans d'autres parties de l'organe dont il s'agit. A mesure que la nécrose progresse en avant, la douleur devient plus marquée, et cela d'une manière d'autant plus manifeste que les chevaux sont plus irritables et qu'ils sont employés pour un service exigeant des allures plus rapides. Il faut remarquer maintenant qu'une douleur peu prononcée n'in- dique pas inévitablement une nécrose cartilagineuse peu étendue. Pour cette sorte de lésion, dit M. H. Bouley, il n'existe pas une exacte pro- portionnalité entre sa gravité essentielle et les signes procédant de la sensibilité locale par lesquels elle peut s'accuser. Conséquemment la négation de ces signes ou leur faible degré n'a pas, dans ce cas par- ticulier, la signification pronostique qui lui appartient d'ordinaire pour des lésions du même ordre ayant leur siège dans d'autres tissus, tels que l'os du pied par exemple ou l'aponévrose plantaire. Mais quand la douleur est vive, on peut être assuré qu'il existe des lésions graves, alors même que l'écoulement purulent, voire môme la tuméfaction du fibro-cartilage serait peu prononcée. « L'intensité de la douleur indique d'une manière que l'on peut dire constante et uni- voque que la nécrose n'est plus limitée au tissu fibro-cartilagincux, et qu'elle a envahi le ligament latéral antérieur, ou bien qu'elle s'est compliquée, soit d'une carie de l'os du pied, soit d'une arthrite consé- cutive à l'une ou à l'autre de ces deux dernières lésions ou aux deux à la fois. » (IL Bouley). DU JAVART. 797 Quand le javart est ancien, le sabot éprouve une déformation qui procède tout à la fois du changement de direction de la matrice de l'ongle, c'est-à-dire du bourrelet, et de l'irrégularité de sa sécrétion. La déviation du bourrelet résulte du gonflement inflammatoire et de l'in- duration qu'éprouve le tissu conjonctif péri-cartilagineux. Sous l'in- fluence de cette poussée, la surface du bourrelet tend à devenir plus horizontale, ce qui a pour conséquence d'imprimer aux fibres cornées qui en émergent une direction plus perpendiculaire ; d'où le rétrécisse- ment de la boîte cornée dont la paroi devient verticale au lieu de suivre une direction oblique de dedans en dehors, comme dans l'état normal. En outre l'aspect extérieur de la corne devient irrégulier ; des cercles horizontaux s'y dessinent, séparés les uns des autres par des sillons parallèles. Ces cercles, qui forment des reliefs donnant à la paroi un aspect ondulé, témoignent d'une sorte d'exagération de la fonction sécrétoire du bourrelet sous l'influence de l'inflammation qui s'est établie dans le fibro-cartilage et au voisinage, inflammation dont la marche est intermittente, et dont chaque accès augmente l'activité sécrétoire du bourrelet ; d'où la formation de ces reliefs cornés circu- laires auxquels on donne le nom de cercles. En tenant compte de l'étendue de la corne qui a poussé dans une direction se rapprochant plus de la perpendiculaire que dans l'état normal, on peut déterminer avec assez d'exactitude l'époque à laquelle remonte la lésion, comme Renault l'a fait remarquer depuis longtemps. « C'est en me rappelant, dit-il, que la muraille croît de 7 à 8 lignes par mois, et en tenant compte de l'étendue de cette corne qui avait déjà pris une nouvelle direction, que plus d'une fois, en présence des élèves, j'ai fait avouer la vérité à des propriétaires qui cherchaient à m'en imposer, en m'assurant que des javarts déjà anciens n'existaient que depuis quelques semaines (1). » Quand les fistules cartilagineuses s'ouvrent à la surface même du bourrelet, elles détruisent partiellement cet organe et la paroi se creuse d'un sillon au point correspondant ; enfin il peut arriver que le sabot présente à son origine une apparence semblable à celle qu'il offre dans le cas de crapaudine ou mal d'ûne(\). 684) ; cela résulte de la modification éprouvée par la sécrétion périoplique sous l'influence de l'inflamma- tion dont le bourrelet est le siège. Enfin, dans quelques circonstances tout à fait exceptionnelles, le cartilage, au lieu d'être le siège d'une nécrose partielle, est frappé d'une nécrose totale. Ce fait peut être observé à la suite de violentes con- tusions avec écrasement du fibro-cartilage latéral dans toute son éten- due. Alors, la gangrène se déclare, des accidents généraux se produi- sent et la mort survient en peu de temps. Mais il peut arriver qu'un travail d'inflammation éliminatrice s'établisse au pourtour des parties (I) Traité du javart cartilagineux, 18-31, p. 28. 798 DU JAVART. mortifiées et que le cartilage tout entier soit éliminé par un sillon dis- joncteur qui se creuse entre cet organe et l'os, d'une part, et le ligament de l'autre, en même temps qu'à sa face interne le tissu conjonctif se tapisse de bourgeons. Ce fait rare a été observé par M. H. Bouley. Complications. — Ce sont: la nécrose du ligament latéral antérieur, la carie superficielle ou profonde de la troisième phalange, l'arthrite aiguë de la dernière articulation phalangienne. Lorsque le javart est ancien et que le mode d'appui indique des souffrances de plus en plus prononcées, il est permis de penser que cette aggravation est due à la première de ces complications. Quand la carie de la phalange unguéale intervient, la matière purulente souffle aux poils, soit à la partie antérieure du quartier ma- lade, soit en talons, soit même au talon opposé et quelquefois enfin sur toute la circonférence de l'ongle, notamment quand les parties molles éprouvent la gangrène. Enfin l'arthrite qu'entraîne inévitablement la nécrose ligamenteuse s'accuse par des douleurs très-vives, l'écoulement d'un pus synovial, contenant des caillots jaunâtres, mous et très-putrescibles. En même temps, le pourtour de la région coronaire devient le siège d'un engor- gement inflammatoire, qui s'indure rapidement, et dans lequel se creusent des foyers purulents. En un mot, on observe tous les symptômes d'une arthrite suppurative, symptômes que nous avons déjà décrits à propos du clou de rue compliqué. Lorsque le javart cartilagineux s'accompagne de carie de l'os du pied et de gangrène du tissu kératogène, il donne lieu à des phénomènes gé- néraux d'infection septique ou purulente qui entraînent la mort. Pronostic. — Les considérations précédentes montrent que le javart cartilagineux est une maladie à marche lente, qui peut être accom- pagnée de complications graves et même irrémédiables. Toutefois, depuis que les caustiques ont repris dans la thérapeutique de cette lésion la place qu'ils n'auraient jamais dû perdre, et que de nombreux faits ont prouvé que le javart cartilagineux pouvait être guéri sans avoir recours à l'opération si délicate de l'extirpation com- plète du fibro-cartilage, opération qui entraîne toujours une longue incapacité de travail, le pronostic du javart cartilagineux est devenu moins grave. Néanmoins, il faut reconnaître que le traitement par les caustiques ne réussit pas dans tous les cas, et que, d'autre part, il peut être suivi d'une ossification partielle du cartilage de nature à en- traîner une claudication, parfois permanente. Toutes choses étant égales d'ailleurs, le javart est plus grave sur les pieds antérieurs que sur les pieds postérieurs, car, dans les premiers, l'élément cartilagineux prédomine tandis que c'est l'élément fibreux qui est plus abondant dans les seconds. En outre, les membres anté- rieurs font office de colonnes de soutien et supportent une plus grande partie du poids du corps que les membres postérieurs. On remarquera DU JAVART. 799 encore que les javarts offrent plus de gravité du côté interne que du côté externe, à cause du gonflement inflammatoire qui expose l'animal à s'atteindre pendant la marche. D'après ce que nous avons dit sur la physiologie pathologique du fibro-cartilage, on conçoit que le javart est plus grave dans les parties antérieures du fibro-cartilage que dans les parties postérieures. Un javart accompagné d'une douleur intense est grave, mais l'ab- sence de claudication n'autorise pas à conclure à la bénignité du mal, car la nécrose cartilagineuse est toujours tenace et tend à progresser. Lorsque le javart est ancien, la vascularisation produite par le mou- vement inflammatoire est une condition favorable à la rapide cicatrisa- tion des tissus, de telle sorte que, quand on a à opérer un javart ancien, les chances de succès sont plus grandes que quand la lésion est récente. Enfin, le genre de service auquel les animaux sont astreints doit en- trer en ligne de compte quand il s'agit de formuler un jugement sur un cas de javart cartilagineux, comme du reste, dans toutes les maladies du pied. Sur les chevaux de gros trait, employés à des allures lentes, le javart cartilagineux est une lésion moins dommageable que sur des chevaux qui font un service exigeant des allures rapides, notamment sur les chevaux de luxe dont la régularité complète de l'allure est une condition indispensable de leur emploi. Le javart cartilagineux prend un caractère de gravité suprême, peut- on dire, quand il se complique de carie ligamenteuse ou osseuse, et d'arthrite suppurative, comme on l'observe parfois. Traitement. — Deux faits sont nécessaires, dit M. H. Bouley, pour que la fistule symptomatique du javart cartilagineux se tarisse et s'o- blitère d'une manière définitive. Il faut que la partie nécrosée du car- tilage soit éliminée et qu'à la place qu'elle occupait, le tissu dont elle a été séparée se couvre de bourgeons charnus et concoure à la cicatri- sation. On a vu précédemment que, dans quelques cas, cette inflammation éliminatrice avec cicatrisation consécutive pouvait s'opérer par les seuls efforts de la nature, notamment quand la nécrose siège dans les parties postérieures du fibro-cartilage. Il faut donc savoir se réserver les bénéfices de cette guérison naturelle et ne pas augmenter l'inflam- mation par une intervention trop hâtive. Quand les signes fournis par l'état des parties et par la sensibilité portent à penser que la nécrose est limitée, ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de faciliter la marche de l'inflammation éliminatrice, qui est en même temps cicatrisante, par des cataplasmes émollients,tièdes,'ou des bains froids. Ces moyens, en entretenant une humidité constante dans les tissus malades, favo- risent leur vascularisation, condition première de la formation à leur surface de bourgeons charnus. Si l'on a des raisons de penser que la nécrose, loin de rester limitée, 800 DU JAVART. poursuit sa marche envahissante, si le gonflement inflammatoire per- siste et que l'écoulement purulent soit plus abondant, la claudication plus intense, il faut intervenir d'une manière active, et il y aurait im- prudence à laisser plus longtemps la maladie suivre son cours naturel. A l'exemple de M. H. Boulcy, nous distinguerons trois méthodes de traitement du javart cartilagineux: 1° méthode par le cautère actuel; 2° méthode par les caustiques (solides, liquides ou pulvérulents) ; 3° méthode par l'extirpation (totale ou partielle) du fibro-cartilage. A. — MÉTHODE PAR LE CAUTÈRE ACTUEL. Cette méthode jouissait d'une certaine vogue dans l'ancienne hip- piàtrie, qui était trop ignorante de l'anatomie pour oser se servir du bistouri. Mais on recommandait de la mettre en pratique avec une telle violence qu'elle devait être suivie des accidents les plus graves. On peut cependant obtenir des effets favorables de la cautérisation actuelle en sachant l'appliquer à propos et avec mesure. Ce moyen de traitement n'est réellement indiqué qu'autant que la nécrose est limitée à la partie postérieure du fibro-cartilage, et si, par la pensée, on sépare le cartilage en deux moitiés par une ligne verti- cale, l'application du feu ne devra être tentée, dit M. H. Bouley, qu'en arrière de cette ligne et jamais en avant. La raison en est dans ce fait que dans la moitié antérieure du cartilage où prédomine l'élément non vasculaire, c'est-à-dire le cartilage proprement dit, le mode d'irri- tation causée par le feu est trop instantané et n'est pas approprié au mode de nutrition de ce tissu. Loin d'arrêter la marche de la nécrose dans les parties antérieures du cartilage, la cautérisation par le fer rouge en facilite la propagation. Pour cautériser une fistule cartilagineuse, on procède de la manière suivante : le pied malade est au préalable paré et ferré à planche afin de protéger le talon malade et de faciliter la cicatrisation. « On s'as- sure par l'exploration avec la sonde de la profondeur et de la direction de la fistule et l'on dispose ensuite deux cautères coniques, allongés, de manière à ne mesurer que le diamètre d'une plume à écrire vers leur sommet, qui doit être émoussé et arrondi. Cela fait, si l'ouverture de la fistule est étroite, il y a avantage à l'élargir à l'aide d'un petit débridement avec le bistouri conduit sur la sonde; puis, l'animal étant fixé et maintenu, debout ou couché, suivant que son caractère le com- porte, on introduit un premier cautère chauffé à blanc jusqu'au fond de la fistule et on l'y maintient un certain temps en appuyant forte- ment afin que sa pointe soit bien en contact avec le cartilage et en dé- termine l'escharification dans une certaine profondeur; cette première application doit être suivie d'une seconde faite de la même manière. Ouelques pointes de feu pénétrantes au delà de la peau et disséminées à la surface de la tumeur coronaire doivent compléter l'opération. DU JAVART. 801 Après ce, il n'y a plus qu'à en attendre les effets, en recourant à des topiques émollients et calmants, sous la forme de cataplasmes et de bains, dans les cas où l'indication de l'emploi de ces topiques ressort de l'exagération de la douleur » (H. Bouley)- Au bout de vingt-quatre heures, le travail éliminateur commence et il faut en général de huit à dix jours pour que l'eschare cartilagineuse se détache. Quand la disjonction s'opère d'une manière favorable, c'est-à-dire que des bourgeons charnus se sont développés sur le car- tilage au fur et à mesure que les parties mortifiées étaient éliminées, la marche de la cicatrisation est des plus simples et ne diffère pas de celle d'une plaie ordinaire. Si la nécrose se propage, la plaie conserve le caractère fistuleux, la tumeur coronaire persiste, le pus s'écoule en abondance et présente une couleur lavée qui dénote qu'il ne provient pas de bourgeons dans lesquels s'opèrent des transformations en tissu cicatriciel. En résumé, le cautère actuel ne constitue, dans le traitement du ja- vart cartilagineux, qu'un moyen assez incertain, qui peut trouver son application dans quelques cas exceptionnels, comme par exemple en campagne, ou sur un cheval de roulage, alors qu'un traitement médi- camenteux serait d'un emploi difficile. D. — METHODE PAR LES CAUSTIQUES. Les caustiques peuvent être employés à l'état solide ou à l'état liquide. 1° Procédés de cautérisation par les caustiques solides. — Les hippiâtres employaient les caustiques, le sublimé corrosif notamment, pour com- battre le javart cartilagineux, mais d'une manière tellement excessive que les plus redoutables complications étaient à craindre ; aussi avait- on à peu près complètement abandonné ces agents thérapeutiques. Pourtant la méthode de traitement du javart cartilagineux par les caustiques est parfaitement rationnelle en elle-même ; celle qui était recommandée par les hippiâtres péchait par un défaut de mesure dans l'application, comme Girard père l'a démontré en appelant l'attention des vétérinaires sur l'emploi du sublimé corrosif. L'action caustique dans la mesure où Girard l'employait n'avait pour effet que de développer dans le cartilage une inflammation, grâce à laquelle la disjonction pouvait s'opérer entre la partie nécrosée et les parties saines environnantes. La cautérisation potentielle, dit M. H. Bouley, quel qu'en soit l'agent, a pour effet de substituera la partie mortifiée du cartilage, qui semble nécrosante par son contact, une eschare chimique, complètement inerte, contre laquelle les parties restées vives du cartilage ont d'autant plus de tendance à réagir que l'irritation même de la cautérisation a pour résultat de les aviver pour ainsi dire, en les dotant d'un appareil Pkuch pt Toussaint. — Chirurgie. II. — jl 802 UU JAVART. vasculaire qui, normalement, fait défaut à l'élément cartilagineux pro- prement dit. Pour cautériser une fistule cartilagineuse, Girard conseillait d'abord de parer le pied et de le ferrer à planche, puis de préparer « un mor- ceau de sublimé corrosif que l'on taille en cône de la longueur de cinq à six lignes et de trois à quatre lignes de diamètre vers la base (1). » On élargit la fistule soit avec un cautère conique, soit avec le bistouri, de manière à pouvoir enfoncer facilement le caustique jusqu'au point carié qu'il faut atteindre. On tamponne ensuite l'ouverture extérieure avec des étoupes sèches ou imbibées d'eau vineuse ou alcoolisée, et l'on applique par-dessus un plumasseau et une ligature pour maintenir le caustique en place. Les phénomènes consécutifs à cette opération peuvent être plus ou moins marqués suivant l'irritabilité des sujets et suivant que l'action reste bornée au fibro-cartilage ou bien qu'elle dé- passe cet organe et intéresse les branches du plexus nerveux qui s'é- panouissent à sa surface. Dans le premier cas la douleur est à peine prononcée, tandis que dans le second elle est bien manifeste, toute- fois, comme le nerf est rapidement détruit, sa durée est courte. L'es- chare qui résulte de cette cautérisation commence à se détacher vers le cinquième jour et elle tombe du dixième au quinzième jour, quand la cautérisation a été faite dans la moitié postérieure du fibro-cartilage, tandis que dans la moitié antérieure, d'après les observations de Re- nault, l'adhérence de l'eschare est plus grande et elle ne se rompt définitivement qu'entre le quinzième et le trentième jour. Pendant que le travail d'élimination de l'eschare s'effectue, il n'y a pas autre chose à faire que d'immerger de temps à autre le pied malade dans un bain détersif, en laissant en place le pansement. « Inutile de le renouveler et de courir les chances d'ébranler l'eschare qu'il faut laisser se détacher d'elle-même. » Quand la cautérisation potentielle a arrêté la marche de la nécrose, et en a déterminé l'élimination complète, la plaie consécutive à la chute de l'eschare se cicatrise par le mode de bourgeonnement ordinaire, le gonflement coronaire, la couleur blanchâtre du pus, sa consistance épaisse, indiquent que les bourgeons charnus se transforment en tissu cicatriciel. Mais si la nécrose a continué sa marche, alors la plaie, au lieu de se cicatriser, prend le caractère fistuleux, la tumeur coronaire persiste, le pus s'écoule en quantité de plus en plus abondante et pré- sente une teinte lavée. En pareil cas, mieux vaut recourir aux injection s escharotiques, qu'on peut renouveler autant de fois qu'on le juge néces- saire, plutôt qu'à une nouvelle application de sublimé corrosif. Ce caustique n'est pas du reste le seul que l'on puisse employer : c'est ainsi que les vétérinaires anglais ont employé l'acide arsénieux, le sulfate de zinc, l'acétate de cuivre, le nitrate d'argent fondu, etc. ; (1) Girard, Traité du pied, 3e.édit., 183G, p. 217. DU JAVART. 803 toutefois, on donne généralement la préférence au sublimé. Ce caus- tique peut être employé seul ou bien mélangé avec une certaine quan- tité de farine et de mucilage, de manière à former des trochisques (voir t. Ier, p. 652). Bernard a préconisé l'emploi du nitrate d'argent pour le traitement du javart cartilagineux. Si la fistule affecte une direction rectiligne, on y introduit un bâton de nitrate d'argent de la même manière que le cône de sublimé recommandé par Girard ; quand la fistule est sinueuse, on emploie alors la pierre infernale réduite en poudre. 2° Procédé de cautérisation par les caustiques liquides. — C'est Ma- riage, vétérinaire à Bouchain, qui, le premier, en 1847, appela l'atten- tion des vétérinaires français sur un procédé de traitement du javart cartilagineux par des injections de liqueur de Yillate dans le trajet fis- tuleux. Jusqu'alors on n'employait en France que les caustiques sous forme de trochisques ou de poudre. C'est à M. Mariage que revient l'honneur d'avoir, le premier, préconisé dans notre pays les injections caustiques. Mais si, dit M. H. Bouley, « cette invention, car c'en est une, et toute petite qu'elle paraisse, elle se mesure par des millions sauvés ; si cette invention, disons-nous, revient exclusivement, dans notre pays, à Mariage, nous devons dire, pour rendre justice à qui de droit, que vingt ans auparavant un vétérinaire anglais, Newport, avait eu l'idée d'employer la solution de sulfate de zinc dans le traitement du javart cartilagineux et en avait obtenu de très-heureux résultats, affirmés par Bracy-Clark et Sewell, » et plus tard, en 1834. par Per- ciwall. Mais le procédé de Newport resta inconnu en France, et il a fallu que Mariage le retrouvât vingt ans après et le fît connaître avec retentissement pour le faire entrer dans la pratique française. Le liquide escharotique auquel Mariage a donné la préférence, est la liqueur de Villate. Cette mixture est composée de : sous-acétate de plomb liquide, 128 grammes; sulfate de zinc et sulfate de cuivre cristallisés, de chaque 64 grammes; vinaigre blanc, 1 litre. Voici les indications données par Mariage pour appliquer son pro- cédé. Nous les empruntons à l'article Javart rédigé par M. H. Bouley, pour le tome XI du Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie vé- térinaires. Règles à suivre pour le traitement du javart cartilagineux par le procédé Mariage. — « 1° Reconnaître avec la sonde la profondeur et la direc- tion des fistules. Recourir aux bains et aux cataplasmes émollients, pendant quatre ou cinq jours, dans le cas où le javart cartilagineux que l'on se propose de traiter s'accompagne d'une grande souffrance. « 2° Le pied étant paré et ferré convenablement, avec un fer à plan- che de préférence, injecter dans la fistule la quantité de mixture que peut contenir une petite seringue en plomb de la capacité d'environ 2 centilitres, et, cette première injection faite, la faire suivre im- médiatement d'une seconde. S'il existe plusieurs fistules, comme elles 80i DU JAVART sont communiquantes, car le liquide injecté par l'une sort par l'autre, il faut, dans ce cas, faire l'injection tantôt par un orifice, tantôt par un autre, et il est bon de boucher avec le doigt , pendant le temps de l'injection, l'orifice de sortie afin d'être bien sûr que le liquide introduit se sera insinué dans tous les trajets et se sera mis en contact avec toutes les parties nécrosées. « 3° Renouveler ces injections, au nombre de deux ou de trois, tou- tes les vingt-quatre heures, à moins qu'elles ne donnent lieu à une pe- tite hémorrhagie, ce qui arrive quelquefois après dix ou douze jours. « Dans ce cas, il faut substituer l'eau-de-vie à la mixture, ne repren- dre l'usage de cette dernière qu'après trois ou quatre jours, et le cesser tout à fait, si une nouvelle injection de mixture est encore suivie d'hé- morrhagie, car c'est le signe qu'il n'existe plus de nécrose et que la fistule est en voie de s'oblitérer. « 4° Après chaque pansement, appliquer sur la région malade un petit pansement d'étoupes maintenues avec quelques tours de bande. « Mariage fait observer que, pendant les huit premiers jours de ce traitement, la suppuration est généralement plus abondante, le pus qui sort de la fistule est blanc, clair et visqueux ; mais que néanmoins la tumeur coronaire commence à se résoudre et que la boiterie diminue d'intensité. Au bout de douze à quinze jours, cette suppuration de- vient nulle et les injections ne sont plus faciles à faire, à cause du ré- trécissement de la fistule, indice de son oblitération prochaine. Le pus avant de se tarir se trouve associé à de petits filaments grisâtres qui ne sont autres que les eschares déterminées dans toute l'étendue du trajet fistuleux parle contact de la mixture escharotique. Quelquefois le rétrécissement de la fistule est tel, qu'elle ne peut livrer issue à ces débris escharifiés et au liquide qui les accompagne. Dans ce cas, un petit abcès se forme et dès qu'il est ouvert, s'il reste à l'état fistuleux, quelques injections escharotiques suffisent pour qu'il s'oblitère à son tour dans un bref délai. » L'expérience a prouvé que, dans le plus grand nombre des cas, ce mode de traitement est suivi de succès, et qu'au bout de quinze à vingt jours les fistules s'oblitèrent. Quelques-unes cependant restent rebel- les, malgré les injections continuées pendant un mois et plus. Dans ce cas, il suffit souvent de faire une contre-ouverture àla fistule pour que les injections réussissent en très-peu de temps. Mariage avait constaté du reste que « les javarts cartilagineux à deux fistules qui communiquent guérissent plus promptement que ceux à fistule unique. » Ce fait ré- sulte sans doute de ce que la liqueur escharotique injectée, trouvant une issue ouverte devant elle, ne se rassemble pas dans les anfractuo- sités de la fistule et n'y détermine pas, par son séjour, des décolle- ments inutiles ou nuisibles. Ces contre-ouvertures des fistules rebelles, dit M. H. Bouley, sont surtout indiquées quand leur fond aboutit sous le bourrelet ou plus DU JAVART. 805 profondément encore dans la boîte cornée, c'est-à-dire alors sous le tissu podophylleux. Dans ce cas, on amincit ou l'on extirpe la corne dans l'étendue correspondante au javart; puis une sonde à laquelle on a donné le degré d'incurvation nécessaire étant introduite dans la fistule jusqu'à son fond, on la fait arc-bouter et l'opérateur se guide sur la saillie qu'elle fait pour pratiquer l'incision par laquelle la fistule borgne doit débouclier et être transformée en fistule complète. Cette incision, ajoute M. H. Bouley, est ensuite agrandie par l'excision de ses bords et on l'a creuse en infundibulum de manière à mettre à nu la partie cartilagineuse nécrosée qu'il n'est pas rare de trouver même complètement détachée. Si elle tient encore, ilfaut respecter ses adhé- rences et se fier à des injections ultérieures pour l'érosion de son pé- doncule, à moins que le voisinage trop immédiat du ligament n'éta- blisse l'indication de recourir à l'excision de ce qui reste du cartilage plutôt que de continuer l'usage des escharotiques qui, dans cette cir- constance, peut être dangereux. Choix des agents escharotiques. — Pour qu'un agent escharo tique soit bien approprié au traitement du javart cartilagineux, il faut que son action reste dans de telles limites que la couche de bourgeons char- nus sous-jacents à la nécrose ne soit pas détruite, mais qu'elle soit suffisante pour convertir en eschare chimique la partie de cet organe que la nécrose a frappée. « L'escharotique doit donc tout à la fois mé- nager les parties vives sur lesquelles il ne doit produire qu'une action irritante, et se combiner avec les parties mortes de manière à les transformer en substance inerte, n'ayant plus cette tendance à gagner de proche en proche qui caractérise la nécrose verte » (H. Bouley). On a vu que Mariage accordait la préférence à la liqueur de Villate. Newport se servait de la solution saturée à froid de sulfate de zinc. Collignon s'est servi avec succès de l'eau de Rabel. M. H. Bouley a essayé, à la clinique de l'École d'Alfort, la liqueur dite de Cherry (1 partie de sublimé corrosif sur 10 d'alcool), et les résultats ont été favorables. La teinture d'iode, le chlorure de chaux en solution con- centrée, le perchlorure de fer, le sulfate de cuivre, l'acide phéni- que, etc., ont été aussi signalés comme s'étant montrés efficaces entre les mains de divers praticiens. Peut-être, comme le dit M. H. Bouley, que les caustiques fluidifiants, pour employer l'expression de Mialhe, conviennent mieux dans le traitement du javart cartilagineux que ceux qui donnent lieu à une eschare sèche. Mais une pareille question ne peut être résolue que par l'expérimentation, et, jusqu'à plus ample informé, on peut se servir avec avantage, soit de la liqueur de Villate, soit simplement du sulfate de zinc en solution concentrée, dont l'effi- cacité a été constatée par de nombreux faits. Avantages et inconvénients. — Le traitement du javart cartilagineux par les injections escharotiques constitue un progrès véritable et c'est par milliers aujourd'hui que les faits portent témoignage de son effi- 806 DU JAVART. cacité. On a vu que les chances de succès sont nombreuses, même quand les fistules n'ont qu'une seule ouverture et plus nombreuses encore quand elles en ont deux, soit que les fistules communiquent, soit qu'on ait établi une contre- ouverture. Mariage était donc dans le vrai lorsqu'il attribuait à son procédé une supériorité sur tous les autres. Mais il n'est pas infaillible comme l'avait annoncé son inventeur dans un langage quelque peu hyperbolique. Il y a même des cas où son emploi est contre-indiqué. C'est ainsi que quand le javart cartila- gineux s'accuse par des souffrances vives, les injections escharotiques aggravent le mal. C'est qu'en pareil cas, la nécrose cartilagineuse s'est compliquée de celle du ligament et d'une arthrite interphalangienne ou d'une carie de l'os du pied. Alors les injections escharotiques, loin de limiter les progrès du mal et de favoriser son élimination, produi- sent une irritation des plus funestes ; elles augmentent l'inflammation et peuvent donner lieu à une arthrite suppurée, du moins quand l'ar- ticulation du pied a été ouverte par le travail nécrosique qui s'est établi dans le ligament latéral antérieur. « Donc, lorsque le traitement par les injections a déjà été commencé, pour le traitement d'une fis- tule cartilagineuse, il nous paraît indiqué d'en discontinuer l'emploi, dès que la douleur s'élève et persiste dans une mesure qui dépasse celle de ses manifestations ordinaires ; et si elle présente ce caractère avant l'application du traitement, ce nous paraît être également in- diqué de ne pas en faire usage ou tout au moins de le différer jusqu'à ce qu'on ait pu se rendre compte par un examen direct du siège exact de la nécrose et de la condition des manifestations exceptionnelles de souffrances qui l'accompagnent. En dehors même des cas où la douleur est excessive, il faut employer les injections avec beaucoup plus de mesure lorsque la fistule, quel que soit le siège de son orifice extérieur, dénonce que la nécrose a gagné les parties les plus anté- rieures du cartilage, parce qu'il y a toujours à craindre, en pareil cas, que l'action des escharotiques ne s'exerce avec trop d'intensité sur le ligament latéral antérieur » (H. Bouley). Nous signalerons encore comme conséquence possible de l'action des injections escharotiques, l'ossification consécutive du cartilage après la cicatrisation. Malgré cela, c'est toujours par le procédé Mariage qu'il faut commencer le traitement, sauf à en venir plus tarda l'opération qui ne doit plus être aujourd'hui, comme le dit M. H. Bou- ley, que Yultima ratio et qui, pratiquée dans ces conditions, est bien moins grave que lorsqu'on l'effectue d'emblée sur un cartilage qui n'a pas été profondément modifié dans sa texture par des injections irritantes répétées. C. — MÉTHODE CHIRURGICALE OU OPÉRATION DU JAVART CARTILAGINEUX. Cette opération, introduite dans notre chirurgie en 1745 par Lafosse père se substitua tout d'abord à la méthode de traitement du javart DU JAVART. 807 par les caustiques, qui était seule employée par les hippiatres, en raison de leur défaut de connaissances anatomiques. Quand les Écoles vétérinaires furent fondées, en 1762 et 1765, l'opération préconisée par Lafosse fut enseignée et préconisée à l'exclusion de tout autre mode de traitement. La méthode par les caustiques, employée par les hippiatres, fut donc abandonnée. Son application était défectueuse, il est vrai, et les hippiatres, ignorants comme ils l'étaient de l'anatomie et de la physiologie, faisaient un usage violent et excessif des caus- tiques, d'où des accidents irrémédiables, notamment la destruction du ligament latéral antérieur, des plaies articulaires, une arthrite suppurée. Mais l'expérience a prouvé que cette méthode donnait les meilleurs résultats en l'employant avec mesure et d'après les règles que nous avons formulées précédemment. Aussi, aujourd'hui, le trai- tement par les caustiques s'est-il substitué à son tour à l'opération chirurgicale, de telle sorte que les indications de celle-ci sont tout à fait restreintes. Après ce préambule, nous allons étudier l'opération du javart car- tilagineux en suivant pour cela l'ordre adopté par M. H. Bouley. Ainsi, nous en exposerons d'abord le manuel classique avec les différents procédés qu'il comporte; puis nous ferons connaître comment cette opération doit être modifiée dans ses temps essentiels, suivant les indications qui ressortent de l'état du cartilage, au moment où l'on porte sur lui l'instrument tranchant. L'opération classique du javart cartilagineux consiste dans l'extir- pation complète du fibro-cartilage affecté de nécrose. Cette définition donne immédiatement la mesure des difficultés et conséquemment de la gravité de l'opération dont il s'agit. En effet, pour extirper complètement le cartilage, il faut le séparer du liga- ment latéral antérieur avec lequel il fait corps, sans léser celui-ci, et en dirigeant la dissection avec assez d'adresse pour éviter de faire une blessure à la capsule de l'articulation du pied, qui est immédiatement sous-jacente au cartilage, et souvent même par-dessus son bord supé- rieur, quand elle est distendue par de la synovie en excès. Il faut aussi isoler le fibro-cartilage de la troisième phalange, avec laquelle il fait pour ainsi dire corps. On sait que la phalange unguéale se prolonge par son éminence basilaire dans la substance cartilagineuse qui, de son côté, remplit tous les interstices de l'apophyse rétrossale, de telle sorte que l'extirpation complète du cartilage ne peut être complète qu'autant qu'on empiète sur l'os lui-même afin d'en détacher les parties de cartilage qui s'y trouvent pour ainsi dire incorporées. Enfin, le cartilage étant recouvert par le bourrelet et le tissu podophylleux, c'est-à-dire par les deux parties essentielles de l'appareil kératogène, il faut ménager ces deux organes le plus complètement possible afin que le sabot ne soit pas déformé et que les adhérences entre ses parties constituantes soient aussi intimes qu'avant l'opération. 808 DU JAVART. Mesures préparatoires. — Avant de procéder à l'opération du javart cartilagineux, il faut préparer le pied qui doit être opéré, le fer qu'on appliquera après l'opération, les instruments et les objets de panse- ment. La préparation du pied consiste à le parer à fond; la paroi doit être raccourcie le plus possible et la sole réduite à mince pellicule; le talon, correspondant au côté de l'opération, devra être paré près du vif, et l'arc-boutant rompu dans sa continuité, afin que l'action opé- ratoire portant sur la corne soit en grande partie achevée avant que l'animal soit couché. Cette première règle, dit M. H. Bouley, est d'une importance essen- tielle. «Bien souvent, les opérations les mieux faites se trouvent com- promises faute de l'observation de ces précautions préliminaires qui, en permettant à la corne solaire de se prêter dans une certaine limite au gonflement des tissus congestionnés, préviennent les accidents de compression, de suppuration consécutive, de fusées purulentes et de gangrène que l'on voit trop communément se produire quand la boîte cornée est trop longue, trop épaisse, trop rigide et que, dans ces con- ditions, elle soumet à la géhenne les tissus congestionnés par l'inflam- mation traumatique » (H. Bouley). 11 est bon de ramollir préalablement la corne en maintenant le pied dans un cataplasme de farine de lin ou de son pendant 24 ou -18 heures. Si l'opération doit être faite sans retard, il faut diminuer la consistance de la corne, en appliquant à sa surface un fer chaud; par ce moyen on peut l'entamer sans trop d'efforts et éviter ainsi des ébranlements douloureux pour le patient. 11 faut ferrer préalablement le pied qui doit être opéré, afin de pou- voir, après l'opération, fixer le fer, qui soutient le pansement, en met- tant les clous dans les premiers trajets et éviter ainsi tout ébranlement dans le pied qui vient de subir l'opération. « Le fer convenable pour l'opération du javart doit être léger, et il y a avantage à ce qu'il déborde un peu la circonférence du sabot et se prolonge au delà de ses talons, afin que le pansement et les tours de bande trouvent dans sa garniture et dans le prolongement de ses épon- ges des obstacles qui les empêchent de glisser » (H. Bouley). BenaulL prescrivait un fer spécial, dit à javart ou à branche tronquée, parce que la branche correspondante au côté où se pratique l'opération a été re- tranchée. Un fer ordinaire, dit M. H. Bouley, est préférable, pourvu qu'il soit léger et l'on peut utiliser, à cet effet, la déferre même du pied, en lui donnant, par un martelage approprié, la longueur d'épon- gés et la garniture dont nous venons de dire les avantages. Quant à la branche correspondante au quartier malade, il est préférable de la laisser entière plutôtque de la tronquer, car elle fournit unpointd'ap- pui au pansement, qui est une condition de sa bonne fixation. Il est même des opérateurs qui ont adopté le fer à planche, comme le plus DU JAVART. 809 convenable après l'opération du javart cartilagineux. Ce fer présente l'avantage de soutenir le pansement d'une manière très-solide, en môme temps qu'il protège la partie malade lorsque l'animal commence à s'appuyer sur le pied opéré, quand la douleur produite par l'opéra- tion a diminué. Les instruments nécessaires doivent être préparés à l'avance et dis- posés dans une vannette, à portée de l'opérateur. Ces instruments sont : les feuilles de sauge à droite et à gauche, et celle à double tranchant; les rénettes à gorge de diverses largeurs ; une érigne plate; une paire de pinces à dents de souris, mais à dents courtes, afin qu'il ne soit pas nécessaire de les ouvrir grandement pour en faire usage. Les feuilles de sauge et les rénettes doivent être bien tranchantes, afin que toutes les actions opératoires soient rapides et faciles et que, sur- tout dans la délicate opération de l'extirpation des parties antérieures des cartilages, l'opérateur n'ait à exercer aucune pression pour faire pénétrer les lames des instruments dans les tissus. « Tout effort que le mauvais état des instruments pourrait nécessiter, expose en effet soit à des entamures trop profondes , soit à des échappées. On n'est bien maître que des instruments bien coupants » (H. Bouley). Indépendamment des instruments de chirurgie, il faut préparer les ou- tils de ferrure, dontquelques-uns, tels que les tricoises et le rogne-pied, font office d'instruments chirurgicaux dans un des temps de l'opéra- tion. Enfin, on doit préparer à l'avance des plumasseaux de différentes grandeurs, des boulettes, qui sont nécessaires pour le pansement, ainsi que les bandes et les enveloppes destinées à le fixer. On se munit éga- lement des substances médicamenteuses dont il peut être indiqué de faire usage (teintures diverses, alcool, onguent de pied, goudron, égyptiac , différents caustiques , etc.), suivant les indications. Enfin l'eau et les éponges nécessaires pour nettoyer les plaies, les déterger et dépouiller les tissus du sang qui les obscurcit. Tous les préparatifs étant terminés, on couche le cheval et on le fixe comme il à été dit (t. Ier, p. 44:2), de manière à placer directement sous la main de l'opérateur le quartier sur lequel l'opération va porter. Manuel opératoire. — De même que M. H. Bouley, nous distingue- rons dans l'opération du javart cartilagineux deux ordres de temps : 1° les temps préalables , comprenant la succession des manœuvres opératoires qui ont pour but de mettre le cartilage à découvert ; et 2° les temps essentiels, c'est-à-dire ceux qui sont relatifs à l'opération proprement dite. 1° Temps préalables. — On peut mettre le cartilage à découvert à sa base par deux procédés : celui de l'extirpation du quartier qui lui cor- respond, et celui de l'amincissement de ce quartier, soit dans toute sa hauteur, soit dans sa partie supérieure seulement, la paroi conservant 810 DU JAVART. toute son épaisseur à son bord inférieur. Nous mentionnerons pour mémoire les procédés d'Huzard et de Pagnier, qui consistent à faire à la peau, au-dessus du sabot, soit une incision cruciale (Huzard), soit une incision le long du bord supérieur du cartilage, le quartier élant aminci (Pagnier), et à tenter l'extirpation par ces ouvertures. « On peut concevoir de pareilles opérations quand on n'a en main qu'une plume pour les décrire ; mais quand on tient un bistouri, on ne tente même pas de les pratiquer, tant elles sont impossibles » (H. Bouley). 11 n'y a donc en réalilé que deux procédés pour découvrir le carti- lage : l'extirpation du quartier ou son amincissement. M. H. Bouley préfère l'extirpation du quartier à l'amincissement. « Sans doute, dit-il, qu'elle est pour le cheval une condition de souf- france plus grande, mais elle est pour l'opérateur une condition de plus grande sûreté pour conduire à bien la dissection si délicate en laquelle l'opération consiste dans ses temps essentiels, et ce dernier avantage doit l'emporter, ce nous semble, sur l'inconvénient d'un peu plus de souffrances à infliger au patient. Sans compter que la pellicule de corne, ménagée par l'amincissement sur le tissu podophylleux, peut bien être, par la compression qu'elle exerce sur ce tissu tuméfié à la suite du traumatisme, la condition d'une somme plus grande et plus longue de douleurs à endurer que l'exlirpation, immédiatement très-douloureuse, mais pour un temps assez court ; donc, quand on veut faire les choses tuto et cito, mieux vaut mettre à nu le cartilage par l'extirpation d'un lambeau delà paroi que de le laisser recouvert d'une carapace cornée qui, si mince qu'elle soit, ne laisse pas que d'opposer cependant des obstacles par sa rigidité au jeu libre des instruments, mais une extirpa- tion doit comprendre le lambeau complet de la paroi, de haut en bas, et non pas être bornée seulement à son bord supérieur. Pratiquée de cette dernière manière , elle serait tout à la fois une condition de graves difficultés actuelles pour l'exécution de l'opération et de graves complications ultérieures. « Quant à l'amincissement, si l'on croit devoir adopter ce procédé, il y a tout avantage, et pour la facilité de l'opération dans ses temps essentiels, et pour diminuer les dangers de la compression, parla corne, des tissus qui lui sont sous-jacents et qui se gonflent inévitablement à la suite du traumatisme; il y a tout avantage, disons-nous, à ce que l'a- mincissement soit appliqué à toute l'étendue du quartier de haut en bas et non pas borné seulement, comme le conseillait Bernard, à sa partie supérieure, dans l'étendue qui recouvre le cartilage. Le mince avantage de conserver au sabot son épaisseur à sa partie inférieure, est plus que compensé par les difficultés considérablement accrues d'exécuter l'opération dans de telles conditions. Et en vérité celles qui sont inhérentes à ses temps essentiels, sont assez grandes par elles-mê- mes pour qu'on cherche à éviter toutes celles qui peuvent résulter du mode d'exécution des temps préalables. DU JAVART. 811 « Rendre l'accès du cartilage le plus facile possible, de manière que l'opérateur soit le plus possible à l'aise pour procéder à l'opération si délicate de la dissection du cartilage : voilà, ce nous semble, ce que l'on doit se proposer dans les temps préalables de l'opération, et c'est parce que l'extirpation du quartier répond le mieux à cette indication que nous lui donnons la préférence o (H. Bouley). a. Procédé de l'extirpation d'un lambeau de la paroi. — Lafosse père enlevait presque la moitié du sabot, mais il outre-passait ainsi les exi- gences de l'opération et les délabrements éprouvés par la boîte cornée exigeaient ensuite un repos trop prolongé. Le procédé recommandé par Renault est bien préférable, car il permet de découvrir le cartilage de telle sorte que l'opération puisse être faite dans les meilleures con- ditions, tout en réduisant le lambeau corné à des dimensions beau- coup plus petites que dans le procédé Lafosse. Le procédé de Renault consiste à tracer un sillon oblique de haut en bas et d'avant en arrière, de telle sorte que le lambeau de corne limité par ce sillon ait, à son bord supérieur, une étendue double de celle de son bord inférieur. Par cette disposition, le bord plantaire de la paroi est ménagé dans une plus grande étendue que son bord coronaire, ce qui est une condition favorable pour la fixation plus facile du fer et l'assiette plus solide du pied sur le sol. Hurlrel d'Arboval avait conseillé d'exagérer cette obliquité en fai- sant aboutir au talon même l'extrémité inférieure du sillon ; mais la saillie que forme alors la partie inférieure de la paroi rend la dissection du cartilage difficile; d'un autre côté, les chances sont peut-être plus grandes pour que les feuillets à moitié découverts soient comprimés par la portion de corne qui les recouvre. D'où il résulte que le procédé de Renault est préférable. Pour l'exécuter, on creuse sur la paroi un sillon qui s'étend depuis l'origine de l'ongle jusqu'au bord plantaire, en se servant de la rénette à grosse gorge {rénette à clou de rue), et on lui donne, en largeur, une étendue presque double de celle de la gorge elle-même. La corne doit être réduite à mince pellicule au fond de ce sillon afin de se prêter au gonflement inflammatoire, et d'éviter ainsi l'étranglement que les tissus subiraient si la paroi était taillée à pic sur les limites de sa brèche, étran- glement qui donnerait lieu à des bourgeonnements ou cerises et même à des nécroses de la phalange unguéale, comme nous l'avons plu- sieurs fois observé. A mesure que l'on creuse dans la corne le sillon pariétal, et surtout quand on approche du tissu podophylleux, il faut rénetter de plus court afin d'éviter les échappées dans ce tissu. Ce premier sillon étant creusé, on en pratique un second à la région plantaire afin de rompre la continuité entre la sole et la paroi. A cet effet, on fait agir la rénette dans la commissure de la sole depuis l'extrémité inférieure du sillon pariétal jusqu'à l'extrême bout du talon 8-12 DU JAVART. en ayant bien le soin d'entamer profondément l'arc-boutant, car c'est laque la corne est le plus épaisse et oppose le plus de résistance à l'ex- tirpation. Les deux rainures étant faites, on coupe avec la pointe de la feuille de sauge la très-mince pellicule de corne qui établit la continuité avec le podophylle, et il ne reste plus alors qu'à opérer le désengrènement des lames kéraphylleuses avec les podophylleuses. Pour cela, on intro- duit le rogne-pied à l'extrémité inférieure du sillon pariétal, sous le lambeau qu'il s'agit de soulever, on le fait agir comme un levier du premier genre, en prenant un point d'appui de l'autre côté du sillon, sur la face externe de la paroi conservée ; et, en même temps, l'aide qui a saisi avec des tricoises le lambeau par son bord inférieur, exerce un effort de traction de bas en haut, qui agit (fans le même sens que l'effort du levier. Ces deux actions combinées suffisent ordinairement pour opérer le désengrènement des feuillets et le lambeau corné ne tient plus que par son biseau. Chez les vieux chevaux, les adhérences sont tellement intimes parfois qu'il faut s'y reprendre à plusieurs fois, introduire le levier plus avant, à mesure que le lambeau corné est sou- levé, mordre aussi sur lui davantage avec les tricoises pour avoir plus de prise. Quand, malgré ces efforts, on rencontre encore des résistan- ces, il faut pour ne pas arracher les lames podophylleuses, qui peuvent être plus intimement unies à la corne qu'elles ne le sont à l'os par la face interne du chorion qui les supporte, introduire à plat la lame de la feuille de sauge double sous le lambeau corné et inciser les feuillets de corne afin d'opérer la désunion qu'il n'est pas possible de produire par arrachement. Lorsque le quartier ne tient plus que par son bord supérieur où l'union résulte de l'engaînement des villo-papilles du bourrelet dans les étuis de la corne, on doit alors changer la direction de l'effort exercé sur le lambeau corné, et lui imprimer un mouvement gradué de torsion de la pince vers les talons, de manière à le renverser d'avant en arrière. Pendant ce mouvement et à mesure que le biseau tend à se détacher de la cutidure, l'opérateur doit maintenir ses doigts appliqués sur cette dernière et, en pressant sur elle, il aide au désengaînementdes villo-papilles tout en prévenant leur arrachement. Quand le javart provient d'une bleime, d'une enclouure, d'une carie de l'os, le désengrènement des feuillets s'opère avec facilité, car le pus a détruit les adhérences de la corne avec le podophylle et la simple ac- tion des doigts peut suffire pour détacher le lambeau corné, qui ne tient pas ou tient à peine par quelques feuillets, en avant et en arrière du trajet parcouru parle pus. b. Procédé de V amincissement. — Le pied ayant été paré à fond, on peut se servir de la râpe pour attaquer la couche corticale du sabot et diminuer ainsi la résistance que la corne oppose à la rénette. A défaut de râpe, on peut recourir à l'action du feu avec un cautère. L'applica- DU JAVART. 81 ï lion d'un cataplasme émollient autour du sabot, pendant plusieurs heures, ramollit la corne et facilite la tâche de l'opérateur. On creuse alors avec la rénette à large gorge, une succession de sillons tangents les uns aux autres, dans toute l'étendue du sabot cor- respondant au fibro-cartilage qu'il s'agit d'extirper, et sur toute la hau- teur de la boîte cornée depuis la couronne jusqu'au bord plantaire. Quand la corne blanche est ainsi mise à nu, on la réduit à mince pellicule en rénettant de court de manière à ne pas intéresser le tissu podophylleux. On polit ensuite avec la feuille de sauge les inégalités que la rénette a pu laisser. Une fois le quartier aminci de haut en bas, il est des opérateurs qui laissent le bourrelet revêtu de la mince couche de corne ménagée à sa surface. Mais, dit M. H. Bouley, cette couche cornée, si mince qu'elle soit, ne laisse pas que de donner au bourrelet une rigidité qui aug- mente singulièrement les difficultés des temps essentiels de l'opération. « Aussi, nous paraît-il préférable, pour éviter ces difficultés, d'enlever, avec une rénette à clou de rue bien tranchante, la pellicule cornée du bourrelet, de manière à le mettre complètement à nu et à lui restituer sa souplesse qui est une condition du jeu plus libre des instruments au-dessous de lui. Il est vrai que l'excision de la corne à la surface du bourrelet ne peut se faire sans que l'on entame les villo-papilles, mais elles se régénèrent facilement, et l'inconvénient de cette petite lésion n'est rien comparativement aux avantages que donne la souplesse plus grande du bourrelet pour l'exécution des temps essentiels de l'opéra- tion» (H. Bouley.) 2° Temps essentiels. — H y a lieu de distinguer Y incision du tégument, la séparation du cartilage d'avec la peau, l'extirpation proprement dite du cartilage. On incise le tégument, sur la zone coronaire inférieure, c'est-à-dire sur la ligne de démarcation entre le bord inférieur du bourrelet et l'origine des feuillets. On ménage de la sorte le bourrelet et le tissu podophylleux, qui sont les deux parties essentielles de l'appareil kéra- togène. Cette incision doit être faite avec la feuille de sauge double ou simple que l'on tient à pleine main, en ayant la grande précaution de prendre un point d'appui avec le pouce sur la face plantaire du pied afin d'éviter les échappées. Elle ne doit intéresser que la peau : il n'y aurait pas d'inconvénients à aller au delà dans la région postérieure du fibro-cartilage ; mais, en avant, on pourrait couper transversalement les fibres superficielles du ligament latéral antérieur, M. H. Bouley en a vu des exemples. La séparation du cartilage d'avec la peau se fait au moyen de la feuille de sauge double, que l'on tient de la main droite soutenue par la main gauche, qui est elle-même appliquée sur la face plantaire du sabot par le bord antérieur de son index. On introduit alors la pointe de la feuille de sauge dans le milieu de l'incision, faite dans le premier 814 DU JAVAKT. temps, en ayant soin de faire correspondre la concavité de la lame à la convexité de la face externe du cartilage ; puis, par de légers mouve- ments d'un côté à l'autre qu'on lui imprime, on divise le tissu conjonc- tif qui unit la peau à la plaque cartilagineuse. 11 est à remarquer que, sous l'influence de l'inflammation, les adhérences cutanées du fibro- cartilage sont devenues très-intimes, de telle sorte qu'il peut arriver que la feuille de sauge fasse fausse route, soit qu'on la plonge trop profondément dans la substance même du cartilage, — accident sans importance puisque cet organe doit être extirpé en entier, — soit qu'on l'insinue dans l'épaisseur même de la peau. Dans ce dernier cas, l'erreur de lieu, comme le fait remarquer M. Bouley, peut avoir de très-sérieuses conséquences au point de vue de l'intégrité de l'appareil kératogène, car lorsque la peau est ainsi dédoublée, la couche profonde restée ad- hérente au cartilage est extirpée avec lui, et la couche superiicielle séparée de son chorion tombe presque fatalement en gangrène ; d'où une perte de substance proportionnelle de la matrice de l'ongle. « On évite cet accident en ayant le soin, dans le cas où l'adhérence de la peau au cartilage est trop intime, de saisir avec les pinces le bord inférieur du bourrelet, et d'en commencer la dissection en le soulevant, de manière à frayer un trajet sûr à la feuille de sauge double. Une fois qu'elle est bien engagée, il n'y a plus à craindre qu'elle fasse fausse route» (H. Bouley). En manœuvrant la feuille de sauge, on aura le soin de bien limiter le jeu de sa pointe afin de ne pas transpercer la peau. Cet accident est surtout à craindre en arrière. Pour l'éviter, on aura le soin de dégager la lame de la feuille de sauge à mesure qu'on arrive vers les parties postérieures, et, quand on est au niveau du bulbe cartilagineux, il faut, pour en suivre le contour et isoler le cartilage, imprimer à l'ins- trument, en même temps qu'on élève son manche, un quart de rota- tion afin de placer sa lame de champ et d'en adapter la concavité à la convexité du bulbe. On aura le soin de ne pas entamer le bourrelet, en avant ou en arrière, ce qui est surtout à craindre quand on se rappro- che des extrémités antérieures ou postérieures du cartilage. Dans ces points, la feuille de sauge doit être maniée de très-court et tenue avec une grande sûreté de main. 11 s'agit maintenant d'extirper le cartilage. A cet effet, on se sert de la feuille de sauge simple, à gauche ou à droite suivant le siège du javart. Ainsi, quand la lésion est située à la face externe des membres gau- ches, on emploie la feuille de sauge à gauche ; inversement dans les ré- gions opposées. S'agit-il d'opérer un javart à droite, l'opérateur tenant à pleine main la feuille de sauge à droite l'introduit sous la peau, le tranchant en haut et la concavité de sa lame en rapport avec la convexité du cartilage. Puis, appliquant son pouce en talon sur la face plantaire du pied qu'il tend de la main gauche, il conduit la feuille de sauge jusqu'au bord DU JAVART. 815 supérieur du cartilage, en lui imprimant alors un mouvement de semi- rotation de telle sorte que le tranchant soit tourné en bas et entame le cartilage d'avant en arrière et de haut en bas jusqu'à la limite de son insertion à l'os. Là un nouveau mouvement de rotation doit être im- primé à la feuille de sauge de manière à diriger son tranchant de de- dans en dehors et même de bas en haut, pour faire sortir l'instrument au-dessus des feuillets de chair qu'il faut respecter. Cette manœuvre doit être faite hardiment de manière à exciser d'un seul coup presque la moitié postérieure du cartilage. « Il faut se garder toutefois, même dans ce moment le plus facile de l'opération, de tout ce qui ressemble à la prestidigitation, et, comme en définitive le cartilage est très-vivant du côté de ces couches profondes, il vaut mieux ménager ces couches et n'exciser que les exlernes. On respecte de cette manière et l'artère digitale et le plexus veineux profond, et en résultat dernier on fait une plaie d'autant plus profonde à se réparer que la perte de substance des tissus a été moins grande. Nous conseillons donc de ne pas extir- per le cartilage dans la totalité, mais d'en enlever seulement les couches superficielles, c'est-à-dire celles où l'élément fibreux prédomine » (H. Bouley). La partie postérieure du cartilage étant excisée, il s'agit d'enlever la portion antérieure de cet organe. Pour cela, voici comment M. H. Bou- ley prescrit d'opérer. « On doit d'abord reconnaître par l'exploration à l'aide de la sonde le point, précis où la carie aboutit et le mettre à nu par des débridements opérés, d'après la direction de la sonde, dans les couches superficielles du cartilage. Cela fait, le bourrelet étant main- tenu soulevé par une érigne plate, afin d'élargir cette sorte de cavité sous-cutanée dans laquelle la dissection du cartilage doit être pour- suivie, il faut enlever en dédolant, par couches successives, les parties cartilagineuses qui sont au-dessous du niveau du point nécrosé. Puis l'opérateur continue en dédolant l'excision des autres parties cartila- gineuses qui sont en avant de ce point, en ayant soin de suivre, dans ces excisions successives, le plan qui lui est indiqué par le niveau du tapetum bourgeonneux qui s'est constitué sur la couche fibreuse sous- jacente à la partie que la nécrose avait envahie. Pour faire cette sorte de nivellement, il se sert tantôt de la feuille de sauge à droite avec la- quelle il pratique les excisions de haut en bas, et tantôt de la feuille de sauge à gauche, qu'il fait manœuvrer de bas en haut, en ayant soin de ménager ses coups de manière à ménager au fond de la plaie, par-des- sus la capsule, l'espèce de membrane fibreuse à laquelle, par des dédo- lements successifs, il finit par réduire la plaque cartilagineuse dans toute son étendue. Lorsque cette membrane est réduite à la minceur qu'elle doit atteindre, elle ne se laisse plus entamer par l'instrument tranchant et elle se plie sous lui, ce qui expose à l'inciser dans sa pro- fondeur ainsi que la capsule à laquelle elle sert de revêtement. Dans ce cas, il faut se désarmer de la feuille de sauge et lui substituer une ré- 816 DU JAVART. nette à clou de rue, réduite par des repassages antérieurs à une min- ceur qui la rend plus tranchante ; avec cet instrument désarmé de sa pointe et pouvant faire l'office d'une feuille de sauge par l'acuité de son tranchant, on complète l'opération, en enlevant les noyaux de cartilage qui peuvent être restés soit à l'origine du ligament latéral an- térieur, soit à l'insertion du cartilage sur la troisième phalange, soit enfin sur la membrane fibreuse en laquelle cet organe a été réduit par des dédolements successifs. Le point principal dans cette opération c'est de faire en sorte qu'il ne reste pas de cartilage au voisinage du ligament, soit en haut, soit en bas. Quelques noyaux cartilagineux isolés restant incrustés dans la membrane fibreuse que l'on ménage seraient sans conséquence, car une inflammation éliminatrice com- plète les en aurait bientôt détachés ; mais ceux qui restent avec le liga- ment en relation de continuité peuvent être la condition de la nécrose ultérieure en se nécrosant eux-mêmes. D'où la nécessité de pratiquer sur ce point une extirpation aussi complète que possible tout en évi- tant d'intéresser le ligament lui-même. Là est la grande difficulté de cette opération. « Pour reconnaître, pendant l'opération, si les excisions sont suffisan- tes ou s'il faut les pousser plus avant, on se guide sur les caractères objectifs que présentent les tissus et sur les sensations que l'on perçoit par l'intermédiaire des instruments qui les entament. « Le cartilage est dense, homogène, non perméable au sang et non susceptible conséquemment de se laisser imbiber par sa matière colo- rante; sous le doigt, il donne la sensation de sa rigidité plus grande. « Le tissu fibreux a une teinte moins blancheetmoinsmate; sa nuance se rapproche un peu plus du jaune très-clair ; sa texture moins serrée lui permet de se laisser pénétrer par le sang épanché à sa surface et d'en recevoir une sorte de teinture rosée, résultant de son imbibition par sa matière colorante ; enfin quand on touche ce tissu on perçoit sa sou- plesse qui contraste avec la rigidité du cartilage. (( Ces caractères établissent entre les deux éléments composants du fibro-cartilage des distinctions assez nettes pour qu'elles puissent servir de guides a l'action opératoire. Les noyaux de cartilage proprement dits tranchent, en effet, par leur couleur blanche mate avec la couleur rosée des couches fibreuses où ils se dessinent, et en outre leur rigi- dité, facile à reconnaître sous le doigt, permet au tranchant delà feuille de sauge ou de la rénette de les entamer facilement ; tandis que le tissu fibreux échappe à leur action par sa flexibilité. Ce sont là dess i- gnes assez sûrs pour que l'opérateur qui sait les comprendre sache jusqu'où il doit pousser les excisions et à quelles limites il doit s'ar- rêter. » <( 11 faut être bien prévenu que c'est surtout en haut du ligament la- téral antérieur, et en bas, entre son insertion à l'os et l'éminence basi- laire, que l'on est exposé à laisser des couches trop épaisses de carti- DU JAVART. Si" lage, qui peuvent être le point de départ de nécroses ultérieures. C'est donc vers ces points particuliers qu'il faut être attentif à faire l'opé- ration aussi complète que possible, en se servant soit de feuilles de sauge de l'une ou de l'autre main, soit de la rénette à clou de rue bien tranchante. Ce dernier instrument est surtout bien adapté à l'extir- pation de ce qui peut rester de cartilage à son point d'insertion à la troisième phalange entre l'attache inférieure du ligament et l'éminence basilaire; le relief de cette éminence rend difficile à cet endroit l'usage de l'instrument tranchant, tandis que, avec la gorge de la rénette, on peut facilement détacher de l'os les parties qui lui sont encore adhé- rentes. Si l'apophyse basilaire met quelque obstacle par son trop grand développement au jeu suffisamment libre de la rénette, il est indiqué de la rugi ner pour mettre de niveau les parties qui forment le fond de la plaie et permettre d'en exciser, en avant et en arrière, tout ce qui. par la prédominance de l'élément cartilagineux, serait réfractaire au travail du bourgeonnement » (H. Bouley). On voit, par cette description, que l'opération du javart ne consiste pas, comme le voulait Renault, dans l'extirpation complète de tout le fibro- cartilage: 11 y a, en effet, tout avantage à ménager la couche fi- breuse de cet organe, dans laquelle M. H. Bouley a démontré que s'établissait le travail d'inflammation éliminatrice de la nécrose; de plus, grâce au revêtement fibreux que M. H. Bouley conseille de laisser à la surface de la capsule articulaire, non-seulement les chances de sa blessure au moment de l'opération sont diminuées, mais encore l'ar- thrite qui peut être produite par l'inflammation accompagnant la cica- trisation est évitée. En outre, ce procédé a l'avantage de faire une perte de substance moins considérable que celui de l'extirpation com- plète et conséquemment de nécessiter un temps moindre pour la ré- paration. En résumé, une fois l'opération pratiquée d'après les indica- tions quiviennent d'êtredonnées, la plaie estconstituée, dans son fond, par une couche de tissu fibreux qui s'étend du ligament latéral anté- rieur au bulbe du cartilage, avec une petite partie centrale correspon- dante àl'apophyse basilaire où le tissu osseux est intéressé; etextérieu- rement elle se réduit à une incision linéaire, conduite suivant la ligne de séparation du bourrelet et de l'appareil podophylleux. Cette opération réglée du javart cartilagineux qui était fréquemment pratiquée avant que Mariage eût fait connaître son procédé, est rare- ment effectuée de nos jours. Ce n'est guère qu'à la suite d'une bleime suppurée ou d'une enclouure compliquée, quand la gangrène menace de se déclarer, qu'il est indiqué d'y avoir recours plutôt que d'attendre la délimitation naturelle des parties nécrosées. Dans tous les autres cas, l'opération n'étant plus pratiquée qu'après l'insuccès des injec- tions caustiques, on doit la simplifier, en la réduisant seulement à l'ex- tirpation de la partie du cartilage que la nécrose n'a pas encore enva- hie. A quoi bon, en effet, dit M. H. Bouley, détruire celle que cette Pu ch et Iiiissaim. Chirurgie. II. oJ2 818 DU JÀVAKÏ. lésion a traversée, puisque actuellement elle est réparée et que, par le fait même des transformations qu'elle a subies, elle n'est plus suscep- tible de se nécroser de nouveau? Conséquemment, lorsque l'indication se présente d'en finir par une opération chirurgicale avec une nécrose qui a résisté aux injections escharotiques, soit qu'elle menace de se compliquer par sa progression en avant, soit que les symptômes in- diquent qu'une complication s'est produite, voici, d'après M. H. Bouley, ce qu'il convient de faire. «Après avoir rendu possible l'accès du cartilage, soit par l'amincis- sement de la boîte cornée, soit par l'extirpation du quartier : 1° faire l'incision entre le bourrelet et le podophylle. suivant la ligne qui le> sépare, dans une certaine étendue, au-dessous du siège de la fistule qui, généralement, en pareil cas, s'ouvre dans les parties antérieures; 2° pratiquer avec la feuille de sauge double l'incision sous-cutanée dans la môme étendue que l'incision extérieure ; 3U se guider sur le trajet fistuleux reconnu par la sonde pour diriger la feuille de sauge simple jusqu'au fond de ce trajet et inciser devant elle l'épaisseur des tissus interposés entre le fond de la fistule et la surface externe du car- tilage ; 4° cela fait, exciser en dédolant, avec l'une ou l'autre feuille de sauge, toute cette couche de tissus, et creuser ainsi dans la partie an- térieure du cartilage, aux dépensde ses coucbes superficielles, une sorte de cave dont le plancher soit au niveau du tapetum bourgeonneux, formé par le fond du trajet fistuleux ; 5° détacher, avec la gorge d'une rénette à clou de rue bien tranchante, toute la partie nécrosée, avec- la partie encore saine à laquelle elle est attenante, et continuer dans cette partie saine de nature cartilagineuse les excisions en dédolant jusqu'à ce qu'on soit arrivé au plan fibreux sous-jacent en suivant les indications précisées dans l'exposé de l'opération réglée. » Dans la plupart des cas, l'inflammation élimina trice a réduit la partie cartilagineuse aune très-petite quantité d'autant plus facile à enlever que les tissus qui l'avoisinent sont plus vasculaires que dans l'état nor- mal Quelquefois, l'action éliminatrice a lieu d'une manière com- plète, et, quand la fistule a été débridée, le fragment nécrosé du carti- lage peut être extrait tout entier sans qu'il soit nécessaire de rompre aucune attache avec les parties voisines, sa séparation s'étant effectuée naturellement. Dans ce cas, l'opération ne doit pas être poussée plus loin, et elle consiste alors dans le débridement de la fistule qui ne tarde pas à se cicatriser puisque le fragment nécrosé qui l'entretenait a été extrait. Complications. ■ — Dans certains cas, la nécrose cartilagineuse, au lieu d'être bornée par l'inflammation éliminatrice, empiète sur le liga- ment lui-même. On reconnaît qu'il est mortifié, à une teinte jaune lavée qui contraste avec la couleur vert-pomme, caractéristique de la nécrose cartilagineuse, à la dissociation de ses fibres et à leur peu de ténacité; souvent avec cette altération du ligament coïncide la carie DU JAVA HT. 81 fl de l'os au point même de son insertion. Or, il y a certitude absolue que si l'on n'intervient pas, le ramollissement gangreneux du ligament fera des progrès et que la carie osseuse gagnera du terrain. M. H. Bou- ley conseille alors d'exciser avec une feuille de sauge bien tranchante la couche déjà mortifiée du ligament et de ruginer l'os à la profon- deur voulue, de manière qu'il n'y ait plus dans la plaie que des parties vivantes. Cela fait, on peut compléter l'action chirurgicale en touchant, avec un pinceau imprégné d'un liquide approprié, la surface des tissus excisés pour éteindre la septicité dans les fibrilles mortifiées qui peu- vent avoir échappé au tranchant de l'instrument. La teinture d'iode, l'eau de Rabel, la liqueur de Villate, une solution légère de sublimé corrosif, l'eau phagédénique, voire même une simple solution de chlo- rure de chaux peuvent parfaitement convenir pour cet usage. Dans plu- sieurs cas de ce genre, nous nous sommes servi avec avantage de su- blimé corrosif pulvérisé et arrosé de quelques gouttes d'alcool de manière à former une sorte de pâte. Quand le ligament a été intéressé dans toute son épaisseur par la nécrose et que l'articulation du pied est ouverte, cela constitue la plus grave des complications, mais elle n'est pas irrémédiable dans tous les cas, et, ditM. Bouley, quelque soit son caractère actuel, il est toujours indiqué d'exciser les parties mortifiées du ligament, de ruginer l'os aux points où la carie l'a envahi, en un mot de réunir toutes les conditions possibles pour que le travail de la cicatrisation s'établisse dans tous les tissus de la plaie. On a recours ensuite à l'emploi de l'eau froide en irrigations continues. Il faut persister dans l'emploi de ce moyen tant que l'appui paraît douloureux. Parfois, il faut que l'irrigation soit pro- longée pendant quinze, vingt, vingt-cinq jours et même au delà. Le suc- cès, dit M. H. Bouley, quand il est possible, n'est possible qu'à ce prix. Nous avons vu précédemment que l'opérateur devait avoir la grande précaution de respecter le bourrelet dans les diverses manœuvres que nécessite l'extirpation du fibro-cartilage. Mais il y a des cas où il est indiqué de pratiquer le débridement du bourrelet. Étant donnée par exemple, sur un cheval de gros trait, une fistule cartilagineuse développée dans une tumeur coronaire, de consistance osseuse ou fibreuse comme on l'observe souvent après les injections escharotiques, ne sera-t-il pas préférable, dirons-nous avec M. H. Bou- ley, au lieu de pratiquer les grands délabrements que nécessiteraient la longue incision sous le bourrelet et le décollement de la peau sur toute l'étendue de la tumeur coronaire, de se borner à pratiquer le débride- ment du bourrelet, et dans toute la hauteur du cartilage, un peu en arrière de l'orifice de la fistule? Cela fait, on désunit la peau en avant de cette incision, jusqu'au niveau du ligament antérieur, et ce lambeau cutané étant maintenu relevé, on procède à l'extirpation de la partie antérieure du cartilage en pleine lumière, avec une grande aisance, et conséquemment dans des conditions de bien plus grande sécurité 820 DU JAVABÏ. qu'on n'aurait pu le faire dans la cave étroite el obscure creusée sous le bourrelet. Maintes fois, ajoute M. H. Bouley, nous avons pratiqué par ce procédé l'extirpation de la partie antérieure du cartilage d'une manière expéditiveet sûre, et avec des délabrements fort réduits, tan- dis qu'en suivant le mode classique, nous n'aurions abouti à nos fins qu'avec des chances bien plus grandes d'insuccès, infiniment plus de peine et qu'après avoir produit des délabrements que plusieurs mois n'auraient pas suffi à réparer : tous inconvénients infiniment plus graves que ceux qui peuvent résulter pour le sabot de l'incision de sa matrice. Enfin, dans quelques circonstances exceptionnelles, il peut y avoir avantage à faire une brèche dans le tissu podophylleux, comme par exemple quand la nécrose a envahi le ligament à son insertion infé- rieure et où la carie de l'os coïncide avec cette lésion. Alors on pra- tique une perte de substance dans le podophylle, dans la mesure voulue pour découvrir les parties altérées que l'on peut exciser ainsi d'une manière sûre. « Mais il ne faut pas oublier que le tissu podophyl- leux détruit ne récupère pas sa disposition feuilletée et qu'il ne se ré- génère que sous la forme d'un tissu irrégulièrement villeux, qui assure bien moins l'adhérence de la paroi que la disposition normale; d'où l'indication de limiter la perte de substance de ce tissu à ce qui est ri- goureusement commandé par les nécessités de l'opération. Nous avons essayé, dans quelques cas et avec succès, de détacher le tissu podo- phylleux de la surface de l'os et, après avoir pratiqué la rugination de celui-ci, de rabattre sur lui le lambeau conservé. Ce procédé essentiel- lement conservateur devrait, ce nous semble, être mis en pratique toutes les fois que l'intégrité complète du tissu podophylleux le per- mettrait. On aurait ainsi une garantie plus grande contre les claudi- cations qui résultent trop souvent, après les grands délabrements sous-ongulés, des adhérences trop peu solides du quartier nouveau aux tissus de cicatrice qu'il recouvre » (H. Bouley). Ossification du cartilage . — Elle commence presque toujours par la partie médiane de cet organe au niveau de l'apophyse basilaire, qui. peu à peu, par l'apport successif de nouvelles couches osseuses, grandit et empiète en avant, en arrière et en haut sur la substance cartila gineuse à laquelle elle se substitue. Le cartilage devient alors un us véritable, et, comme tous les os, il n'est plus susceptible de se laisser envahir de proche en proche par la nécrose, de telle sorte que si le car- tilage, ossifié dans sa partie médiane, est frappé de nécrose dans ses parties postérieures, l'ossification centrale de cet organe sera un obs- tacle à la reptation du mal vers les parties antérieures, à moins que cette ossification ne soit pas complète et qu'il reste encore soit au bord supérieur, soit à la face interne assez de substance cartilagineuse pour que la nécrose puisse y mordre et continuer son chemin en avant. Mais, quand la nécrose a envahi ce qui reste de cartilage en avant de l'ossification, cette transformation ne peut exercer aucune influence DU JAVART. S2I sur sa marche, puisque c'est toujours d'arrière en avant qu'elle pro- gresse et jamais en sens inverse. La marche à suivre quand on se trouve en présence d'une ossifica- tion varie suivant le siège qu'elle occupe. C'est ainsi que, lorsqu'elle s'estétablie dans les parties du cartilage situées en arrière du noyau os- sifié, si l'ossification est complète, c'est-à-dire occupe toute l'épaisseur du cartilage, l'indication, ditM.H. Bouley, est de n'extirper le cartilage que jusqu'aux limites postérieures du noyau osseux, qu'il faut entamer un peu avec la rugine pour le dépouiller des 'parcelles cartilagineuses adhérentes. Si un peu de cartilage restait au-dessus du noyau osseux, l'application d'une petite couche de sublimé corrosif en poudre, sur cette parcelle cartilagineuse, est indiquée. Cette cautérisation est pré- férable à l'action delà rugine qui laisse à nu la substance cartilagineuse entamée au milieu d'une plaie destinée à suppurer, tandis que l'eschare produite par le sublimé protège les parties vives avec lesquelles elle fait corps et facilite leur bourgeonnement, en augmentant leur vascu- 1 a ri té. « Mais la fistule peut s'engager sous le noyau osseux, grâce à la pré- sence, à sa face interne, d'une couche de cartilage non encore ossifié, sur laquelle la nécrose a trouvé prise pour continuer sa marche. Dans ce cas, il faut ruginer ce noyau, en suivant la ligne de direction indi- quée par la sonde, et creuser jusqu'à ce que l'on soit arrivé au point nécrosé sous-jacent. Là, il est possible qu'il suffise d'un coup de rénette pour le détacher et pour achever ainsi l'opération : la partie osseuse entamée ayant en elle tout ce qui faut pour réagir, et le point nécrosé se trouvant au niveau de la couche fibreuse profonde du cartilage, dans laquelle se trouvent aussi les conditions d'une réaction franche- ment inflammatoire. Mais si, après avoir mis à nu la partie nécrosée, on conslate que la couche essentiellement cartilagineuse à laquelle elle adhère est encore très-épaisse, la plus grande somme des chances exis- tant alors pour que la nécrose continue, malgré l'extirpation partielle qu'on pourrait faire, mieux vaut dans ce cas achever l'opération com- plète, après avoir fait disparaître à coups de rénette, maniée en dédo- lant, toute la partie antérieure du noyau d'ossification. Cela fait, l'opération devra être continuée et conduite dans la partie antérieure du cartilage restant, suivant les règles tracées plus haut. Quant à la partie postérieure du noyau osseux, comme il est séparé de sa base et que, suivant toutes probabilités, il se nécroserait et devrait être éliminé par suppuration, mieux vaut prévenir ce travail en le détachant par une dissection des parties sous-jacentes auxquelles il est uni. Que si enfin la fistule est située en avant du noyau d'ossification, l'opération doit être limitée aux parties antérieures, comme cela a été précisé plus haut, et facilitée même par le débridement du bourrelet » (H. Bouley). Accidents. — Us consistent dans des lésions du tégument, du liga- ment et de la synoviale articulaire. 822 DU JAVART. a. Lésions du tégument. — La peau qui recouvre le cartilage peut être perforée d'outre en outre par la feuille de sauge, soit en détruisant les adhérences cutanées du cartilage, soit en procédant à l'extirpation de cet organe. C'est là un accident sans aucune conséquence. Mais il n'en est pas de même du dédoublement de la peau et du bourrelet par la feuille de sauge double, qui fait fausse route et s'engage dans l'épais- seur même du tégument au lieu de passer entre celui-ci et la face _ externe du cartilage. Dans ce cas, le bourrelet, réduit à ses couches superficielles et dépourvu de son chorion que l'on enlève avec le car- tilage, se mortifie et se détache, d'où une déformation persistante et un défaut de solidité du sabot qui s'opposent ultérieurement à l'utilisation convenable de l'animal opéré. On évitera cet accident en ayant le soin de soulever avec des pinces l'une des lèvres de l'incision faite dans la zone coronaire inférieure pour séparer le bourrelet du podophylle, et d'engager dessous la feuille de sauge. Le débridement simple du bour- relet n'a pas de conséquences graves comme l'accident précédent, et Renault en a exagéré l'importance. C'est à peine, en effet, dit M. H. Bouley, si, lorsque la cicatrice est complète, le point où le débridement du bourrelet a été pratiqué se trouve marqué sur le sabot par un sillon longitudinal sans profondeur qui a les apparences d'une seime, mais n'en a pas la gravité. Les lésions faites au tissu podophylleux présentent toujours de la gravité, car ce tissu joue un rôle important dans la kératogénèse, et si, pendant l'opération du javart, il éprouve des pertes de substance, la régénération du sabot sera fort imparfaite et nuira par cela même à l'utilisation ultérieure de l'animal. « Le sabot qui se régénère sans le concours de l'appareil podophylleux n'a plus la configuration du sabot normal, il n'en a plus aussi les propriétés au point de vue de la con- sistance et delà ténacité de la corne: enfin ses adhérences au tissu de cicatrice qu'il recouvre ne sont plus établies que par des prolongements filamenteux, sortes de villo-papilles accidentelles qui sont loin de con- stituer des moyens d'attache aussi solides que ceux qui résultent de l'engrènement des feuillets de chair et des feuillets de corne. Toute lésion du tissu podophylleux a donc sa gravité d'autant plus grande que la perte de substance subie par ce tissu est plus considérable » (H. Bouley). b. Lésions du ligament. — Elles peuvent être produites par l'instru- ment tranchant ou bien par la nécrose qui marche sans cesse, et il y a lieu d'établir une très-grande différence au point de vue de la gravité entre ces deux ordres de lésions. Les lésions chirurgicales faites avec netteté par un instrument bien tranchant peuvent se réparer sans complications, et c'est même sur la connaissance de ce fait qu'est fondée l'indication d'enlever les couches superficielles du ligament quand elles sont envahies parla nécrose. Toutefois, comme ces lésions sont toujours suivies d'une très-vive douleur, et que les chances d'ar- UU JAVART. 823 thrite se trouvent ainsi augmentées, on aura toujours la grande pré- caution de respecter le ligament, en opérant le javart, quand cet organe n'a éprouvé aucune altération. Lorsque le ligament est né- crosé, le travail morbide dont il est le siège peut se borner aux couches superficielles, ou bien intéresser la totalité de cet organe; dans ce cas la lésion revêtune gravité extrême par la complication d'arthrite qu'elle entraîne inévitablement. La nécrose gagne le ligamentquand, en opérant le javart, on laisse derrière lui une couche trop épaisse de cartilage qui devient ensuite le point de départ de phénomènes nécrosiques qui s'étendent au tissu ligamenteux qui fait pour ainsi dire corps avec le cartilage. Il y a là un écueil qu'il faut savoir éviter. Or, « l'expérience seule peut donner sur ce point le tact voulu et faire connaître à cha- cun individuellement la limite exacte où il doit s'arrêter dans la dis- section délicate des derniers temps de l'opération » (H. Bouley). c. Lésions des parois de la synoviale articulaire. — De même que celles du ligament, ces lésions peuvent être la conséquence soit de blessures faites pendant l'opération, soit des progrès de la nécrose du ligament, et leur gravité est essentiellement différente. Dans le premier cas, la guérison peut encore être obtenue, tandis que, dans le second, la perfo- ration de l'articulation par le travail morbide constitue un accident souvent irrémédiable. La capsule articulaire est exposée à être blessée, quand l'extirpation du cartilage touche à sa fin et que l'opérateur, au lieu de faire agir l'instrument tranchant dans un champ très-limité , commet une échappée, c'est-à-dire laisse aller son instrument trop en avant et trop profondément, ou bien encore, lorsque, n'étant pas suffisamment sur ses gardes, il ne le retire pas assez tôt de la plaie, au moment où, par une brusque extension, le pied s'enferre en quelque sorte sur la pointe de l'instrument qu'il rencontre. C'est surtout quand la synoviale arti- culaire est distendue par la synovie et forme une sorte de mollette, qui fait saillie au-dessus du cartilage, que cet accident est à craindre. La blessure de la capsule articulaire est immédiatement suivie d'un écou- lement de synovie facilement reconnaissable à sa couleur jaunâtre et à son onctuosité. Quand la perforation de la synoviale articulaire préexiste à l'opération, alors ce n'est plus de la synovie pure qui sort de l'articulation ouverte, mais bien un liquide trouble, mélangé de pus et qui a par cela même une grande tendance à se coaguler. Pansement. — Le pansement que réclame le javart cartilagineux opéré a un but complexe. Ainsi il est destiné tout à la fois à protéger les tissus rendus douloureux par le traumatisme, à prévenir leur bour- souflement et à maintenir le lambeau de peau décollé, et par consé- quent le bourrelet dans une situation normale, afin que la corne, qui en émerge, ne soit pas déviée de sa direction et que le sabot ne soit pas déformé. Ce pansement a donc une grande importance, et, « de fait, cette opération complémentaire est une condition de la réussite de 824 LU: .1AVART. l'opération principale, qui peut être compromise si le pansement esl mal appliqué, de même qu'inversement un pansement bien fait peut contribuer beaucoup à réparer ce qu'il peut y avoir eu de défectueux et d'insuffisant dans l'action chirurgicale elle-même » (H. Bouley). Tous les objets de pansement ayant été préparés, au préalable, comme il a été dit, l'opérateur procède à l'application du pansement, après que le fer destiné à le soutenir a été réappliqué sur le pied et fixé au moyen de clous que l'on introduit dans les premiers trajets qui onl été frayés, et par ce moyen on évite tout ébranlement douloureux. Le fer étant placé, on éponge la plaie et l'on introduit sous le bour- relet quelques boulettes d'étoupes très-douces ou de ouate de coton. 11 n'est pas nécessaire d'en bourrer la poche sous-cutanée, il suffit de la remplir de manière à maintenir la peau au même niveau que dans l'état physiologique. Il est des opérateurs qui se servent d'étoupes im- bibées de liquides médicamenteux, d'autres emploient des étoupes sèches. Il est préférable d'agir comme ces derniers. A quoi bon, dit M. H. Bouley, ajoutera l'irritation et aux souffrances du traumatisme celles qui résultent nécessairement du contact de liqueurs alcooliques, comme la teinture d'aloès, par exemple, si fréquemment usitée autre- fois.? Évidemment ces teintures restent sans influence sur l'activité nutritive des tissus mis à nu, et leur action irritante immédiate a sou- vent l'inconvénient, sur les chevaux irritables, de les déterminer à des mouvements violents et de rendre ainsi plus difficile l'achèvement du pansemenl. Il s'agit ensuite de recouvrir le tissu podophylleux. qui a été mis à nu dans sa continuité, et d'éviter son boursouflement. Pour cela, « on commence par revêtir la surface de ce tissu d'une couche d'étoupe raréfiée et bien épluchée des fragments ligneux qu'on y rencontre quelquefois. Puis on dispose le long de la brèche faite à la paroi des bourdonnets un peu plus denses, destines à prévenir par un certain degré de pression bien ménagée l'intumescence qui, là plus qu'ailleurs, tend à se produire, parce que le bord de la corne opposant, par sa rigidité, un obstacle au gonflement physiologique qui résulte du mou- vement vasculaire plus actif dont le tissu podophylleux devient le siège après sa dénudation, ce tissu subit dans cet endroit une com- pression qui tend à le faire gonfler davantage par l'irritation qu'elle cause : d'où souvent, en résultat dernier, des accidents d'étrangle- ments et de gangrène consécutive » (H. Bouley). On recouvre ces premiers plumasseaux, découches nouvelles, for- mées par des plumasseaux graduellement plus longs et plus épais, qui enveloppent tout à la fois le bourrelet et le tissu podophylleux. L'é- paisseur qu'il convient de donnerai! pansement par ces superpositions successives de plumasseaux doit être telle, qu'après l'application de la bande destinée à maintenir le pansement,le niveau de sa surface reste au-dessus de celui de la paroi, de telle sorte que la pression exercée DU JAVART. 825 par les tours de bande soit transmise dans la mesure que L'on a jugée nécessaire aux tissus sous-jacents. Pour appliquer les tours de bande destinés à maintenir l'appareil en place, voici comment M. H. Bouley conseille de procéder. « Un pre- mier tour central doit être disposé un peu au-dessus du point corres- pondant au bord supérieur du bourrelet, et l'on fait converger les deux chefs vers le talon opposé à celui du coté de l'opération. Une fois ce tour en place, l'opérateur en confie les chefs à son aide, et, pen- dant que celui-ci exerce sur eux une traction graduelle au point où ils ont convergé, lui de son côté presse avec ses pouces, d'avant en ar- rière et réciproquement, sur la surface de la bande et réduit ainsi le volume de l'étoupade jusqu'au premier degré qu*il juge nécessaire pour la compression qu'il doit produire. Ce premier résultat obtenu, l'opérateur laisse à son aide l'un des chefs de la bande, en lui recom- mandant de le tirer en bas, dans une direction perpendiculaire à la sur- face plantaire ; puis, imprimant à l'autre un mouvement de torsion sur celui-ci, et procédant du talon, comme d'un point central, il dirige, d'arrière en avant, le deuxième tour de bande, en l'appliquant sur la partie la plus supérieure du pansement, et il le serre, de la même ma- nière qu'il a fait du premier. Alors, après avoir fait passer le chef qu'il tient entre l'éponge du fer et le chef tenu par son aide, il dispose le troisième tour en bas du pansement, c'est-à-dire juste au niveau du fer. Ces trois tours essentiels une fois appliqués, le pansement est en place, et il ne reste plus pour le fixer définitivement qu'à disposer suc- cessivement les autres circulaires. Il les dirige successivement d'ar- rière en avant, réduisant graduellement le volume des étoupades par la pression de ses pouces, jusqu'au degré voulu pour exercer la com- pression nécessaire, et s'inspirant de la disposition des surfaces pour opérer les renversés à l'aide desquels la bande peut être plus exacte- ment adaptée sur elles. L'important, dans la succession des manœu- vres que comporte l'application du pansement , est de faire en sorte que la compression soit exercée dans la juste mesure, sans être ni trop forte ni trop lâche, ce que l'on peut apprécier par sa consistance qui ne doit être ni trop dure ni trop molle. Dans un sens ou dans l'autre l'excès peut être nuisible ; mais la pratique seule peut donner sur ce point le tact voulu ; on ne peut formuler par la parole ou par la plume que des indications générales » (H. Bouley). En appliquant les tours de bande, l'opérateur aura le soin de veiller à ce qu'ils prennent leur appui exclusivement sur la corne du talon opposé, et non pas sur la peau qui revêt le bulbe du cartilage, afin d'éviter un nouveau javart cartilagineux. Le pansement étant achevé, on enlève le garrot hémostatique, placé autour de la couronne, puis il est prudent de mettre sur le pansement une enveloppe de grosse toile qui le consolide. L'opérateur doit ensuite présider lui-même aux manœuvres néces- 820 DU JAVART. saires d'abord pour délier le membre opéré de la position forcée qui lui avait été donnée, et ensuite pour désentraver les autres ; et il doit veiller attentivement à ce que, pendant ces manœuvres, le pansement ne soit pas ébranlé et surtout arraché. Une fois l'animal relevé, on le conduit à la place qu'il doit occuper, en disposant autant que possible sur le chemin qu'il doit parcourir une couche de fumier ou de paille, afin de rendre les percussions du pied opéré, sur le sol, moins douloureuses. Phénomènes consécutifs à l'opération du .javart cartilagineux. — indications. — Après l'opération du javart cartilagineux, les manifesta- tions douloureuses qui surviennent sont plus ou moins prononcées, sui- vant que la cicatrisation prend une marche régulière ou bien qu'elle s'accompagne de complications plus ou moins graves. A part les cas où la gangrène éteint la sensibilité locale et ceux où, par suite d'une complication de fourbure dans le membre opposé, l'appui sur le mem- bre opéré s'effectue avec plus de force que la sensibilité locale ne le permettrait, si les accidents précédents n'étaient pas intervenus, on peut dire que la douleur a une valeur symptômatique absolue, au point de vue de la marche de la cicatrice. La douleur consécutive au traumatisme produit par l'opération per- siste pendant quatre ou cinq jours, surtout quand l'os ouïe ligament ont été intéressés. « Lorsque l'on étudie, jour par jour, les transforma- tions que ces tissus subissent et les manifestations, procédant de la sensibilité, qui les accompagnent, on peut saisir les étroites relations qui existent entre la marche des unes et le mode d'expression des au- tres. Au bout de vingt-quatre heures, alors que la douleur est le plus intense, la couche fibreuse qui forme le fond de la plaie sous-cutanée est le siège d'une exsudation concrète qui lui donne une teinte un peu plombée, et l'os, aux points où il a été entamé, présente un pointillé rouge, signe du mouvement inflammatoire dont il est le siège. Vingt- quatre heuresaprès, l'os commence à bourgeonner, et la couche fibreuse se colore, dans ses parties postérieures, d'une teinte un peu rosée, tandis que, en avant, où le travail de vascularisation est plus lent à s'établir, elle conserve encore sa teinte jaune grisâtre. La douleur à cette période reste à peu près aussi intense que dans la période pré- cédente. Mais elle commence à décroître dans celle qui suit, où l'exa- men de la plaie fait reconnaître que les entamures de l'os sont com- plètement bourgeonneuses, que des bourgeons charnus commencent à pousser, en nombre assez grand, sur la partie postérieure de la couche fibreuse, tandis qu'antérieurement les teintes rosées s'y dessinent. Au quatrième jour, on y voit pointer çà et là des bourgeons qui tranchent, par leur couleur rouge vif, sur celle du tissu qui leur sert de support, et en arrière le tapetum bourgeonneux est presque entièrement con- stitué. Enfin dans les jours successifs, ce travail se complète uniformé- ment, et déjà, vers la fin du sixième, tout le fond de la plaie sous-cu- DU JAVA HT. 827 tanée est revêtu de bourgeons charnus. Avec l'achèvement de ce tra- vail coïncide toujours et proportionnellement l'amélioration de l'appui, qui est le signe de la douleur décroissante » (H. Bouley). La diminution de la douleur indique, avec certitude, que le travail cicatriciel s'accomplit de la manière la plus régulière, et qu'en dehors du champ de la plaie proprement dite aucune complication n'inter- vient. Dans ce cas, il n'y a pas autre chose à faire que de prévenir la dessiccation de la corne, en donnant de temps à autre quelques bains a l'animal. Quant au pansement, il faut le laisser en place le plus long- temps possible. Quand la douleur persiste au delà du temps nécessaire à la forma- lion des bourgeons charnus, quand, surtout, elle devient de plus en plus intense, que la fièvre est forte, le décubitus prolongé, etc., il n'est pas douteux qu'une complication est intervenue, soit dans la plaie elle-même, soit en dehors, et il y a lieu de procéder, sur-le-champ, aux investigations nécessaires pour en reconnaître la nature et le siège. 11 faut donc lever le pansement, l'animal étant contenu en position debout ou couchée. Cette dernière est toujours préférable quand le mode de manifestation des symptômes démontre qu'une nouvelle in- tervention chirurgicale sera nécessaire. Il est bon de ramollir préala- blement les pièces du pansement par l'immersion du pied dans un bain tiède. Cela fait, on enlève les plumasseaux avec beaucoup de précau- tions pour éviter l'écoulement du sang, qui masquerait la couleur des tissus et en rendrait l'examen difficile. La plaie étant mise à nu, il faut rechercher les complications qui se sont produites. Parfois on constate une exubérance des bourgeons charnus qui fait présumer l'existence d'une fistule. Et de fait, on ne tarde pas à découvrir, sous ces bourgeons exubérants, l'orifice d'un trajet fistuleux que l'on peut explorer avec la sonde et même avec le doigt, ce qui permet de toucher quelques parties cartilagineuses ou ligamenteuses nécrosées. Dans ce cas, il ne peut rester aucune incer- titude dans l'esprit du praticien sur la nature de la claudication qui s'est déclarée. Mais il y a des circonstances où l'aspect de la plaie est en complet désaccord avec les symptômes physiologiques. Ainsi tous les bourgeons charnus, qui composent la plaie, ont un aspect uniforme et la même teinte rose vif. Dans ces cas, dit M. H. Bouley, de deux choses l'une : ou les apparences sont trompeuses, ou c'est en dehors de la plaie que se trouve la condition de l'intensité des souffrances que dénotent l'hésitation de l'appui et les autres symptômes par lesquels la douleur se traduit. Il faut alors redoubler d'attention et ne pas s'en laisser imposer par l'aspect satisfaisant de la plaie. Il faut explorer celle-ci surtout vers les parties antérieures, où l'on trouve, si la dou- leur procède de la plaie, un tissu mou, plus dépressible que les parties environnantes, qui recouvre un trajet fistuleux que l'on peut aisément 828 un JAVART. mettre en évidence par l'exploration avec la sonde. Un reste, quand il en est ainsi, l'abondance et la fluidité du pus indiqueront au praticien quelque nécrose, bien que la plaie offre d'ailleurs une belle apparence. Si, malgré l'examen le plus attentif, on ne découvre rien du côté de la plaie, il faut alors chercher ailleurs la cause delà douleur dont l'in- tensité est en désaccord complet avec la régularité du travail cicatriciel dans la plaie sous-cutanée. Souvent cette cause n'est autre qu'une lésion du tissu podophylleux ;ui niveau de la brèche de la paroi. Là ce tissu peut être comprimé, et éprouver ainsi diverses altérations : tantôt il est simplement tuméfié, mais le plus souvent la compression de la corne entraîne la nécrose de la partie la plus dense du tissu podophylleux, c'est-à-dire de son chorion fibreux, tandis que la couche superficielle plus vaseulaire ayant continué à fonctionner comme appareil kératogène s'est recouverte d'une pellicule cornée qui masque l'aspect des tissus sous-jacents. Il y a là une cause d'erreur dont on ne saurait être trop prévenu. Nous avons fait remarquer déjà, en parlant de l'enclouure, que. quand la gangrène se déclare dans le chorion fibreux ou reticulum processige- rum, qui sert en quelque sorte de base au tissu podophylleux, elle se complique inévitablement d'une carie de l'os très-rapidement envahis- sante, tandis que les couches superficielles du podophylle conservent leur aspect physiologique. Un fait semblable peut se produire après l'opération du javart, seulement dans ce cas les couches superficielles du tissu podopbylieux sont tapissées par une pellicule cornée qui peut faire croire à l'absence de lésions dans ce tissu. Cette lésion dissimulée peut être reconnue, comme le dit avec une très-grande justesse M. H. Bouley, d'abord à la douleur que l'on détermine, lorsque avec le doigt on exerce une pression sur le tissu podophylleux, au niveau de l'enta- rnure faite à la paroi. Ensuite, au point où il est douloureux, ce tissu est gonflé et forme une sorte de bourrelet longitudinal qui s'élève par- dessus le biseau du bord de la corne vers la rainure, et même le re- couvre entièrement. En troisième lieu, la corne kéraphylleuse, à la sur- face de cette partie gonflée du podophylle, est molle, inconsistante, infiltrée de liquide, facile a détacher par la simple pression de la pulpe des doigts, et, quand on l'a enlevée, le tissu mis à nu laisse voir sa teinte, rouge, brune ou violacée, suivant qu'il est encore vivant ou que la mortification s'est étendue aux couches superficielles. L'ensemble de ces caractères, ajoute M. IL Bouley, ne peut laisser aucun doute, quand on sait y regarder, sur la nature et le siège de la lésion à laquelle, dans ce cas, cette douleur peut être rattachée. Si l'examen attentif de la plaie et du tissu podophylleux ne démon- tre l'existence d'aucune complication, il faut chercher ailleurs, en de- hors de la plaie, la cause de la douleur. C'est ainsi, par exemple, que le pus peut avoir fusé sous la sole, dans une grande étendue, même jus- que de l'autre côté du sabot. Quand la sole a été bien amincie et entre- DU .IAVAHT. 8*29 tenue souple par des applications émollientes ou autres, cet accident n'a pas de suites fâcheuses. Mais il en est tout autrement quand le pied n'a pas été paré à fond avant l'opération, et que la sole est épaisse, alors le pus fait sentir son action compressive sur les tissus vifs sous- jacents, et des lésions nécrosiques prennent naissance. Il peut arriver encore que la sole ait été brûlée par le fer que le pansement du javart exige, que le maréchal ait piqué le cheval ou bien qu'un clou de rue se soit implanté dans le pied. Enfin, un pansement mal appliqué dont les tours de bande compriment les bulbes cartilagineux peut aussi produire de la douleur en donnant lieu à un nouveau javart. Les complications que nous venons d'énumérer réclament une inter- vention active et immédiate, surtout la carie de l'os et la nécrose du cartilage ou du ligament : nous avons indiqué précédemment comment il fallait remédier à ces diverses lésions. Quand, après l'opération du javart cartilagineux ou celles exigées par les complications intercurrentes, la cicatrisation s'effectue d'une manière régulière, il faut veiller à ce que la corne du bourrelet n'effec- tue pas son avalure, avant la complète cicatrice de la plaie qui résulte de l'extirpation du fibro-cartilage et de l'incision par laquelle le bour- relet a été séparé de l'appareil podophylleux. Cette incision ne se cica- trisant jamais que par deuxième intention, les deux parties de l'appareil kératogène restent isolées l'une de l'autre, par une surface bourgeon- neuse qui s'oppose à ce que la corne du bourrelet puisse s'engager au moment de sa naissance dans les cannelures podophylleuses. Si ou laissait la corne du bourrelet effectuer son avalure dans de telles con- ditions, elle descendrait sans contracter d'adhérences avec l'appareil podophylleux, « et comme celui-ci a la propriété de se couvrir d'une couche cornée émanant de sa propre sécrétion, quand celle du bourre let fait défaut, il en résulterait que le sabot resterait comme dédouble dans le quartier opéré, le bourrelet et le tissu podophylleux continuant à fonctionner séparément » (H. Bouleyj. Ou aura donc le soin d'exci- ser la corne du bourrelet jusqu'à ce que la sécrétion cornée ait remplacé la sécrétion purulente. Le sabot peut se reconstituer dans des conditions absolument identi- ques à celles où il était avant l'opération, au point de vue de sa forme, de sa direction et de son mode d'adhérence lorsque son appareil kérato- gène a été complètement ménagé. Par contre, lorsque le tissu podophyl- leux a été détruit, en totalité ou en partie, la brèche faite au sabot peut se réparer, mais la corne qui la constitue ne présente pas ses caractères physiologiques. C'est que le tissu cicatriciel qui remplace le tissu podo- phylleux n'en répète jamais la forme; « il affecte une disposition ir- régulièrement villeuse au lieu d'être feuilletée, et, dans les parties où l'os a été creusé par la rugine, il est remplacé par une membrane ci- catricielle assez mince, presque lisse, avec laquelle la corne qui la revêt n'a «pie de très-faibles adhérences, lie là résulte que la corne cutidu- 830 DU JAVA HT. raie, lorsqu'elle a effectué sou avalure par-dessus le tissu de cicatrice qui a pris la place du tissu podophylleux détruit, est loin de lui être attachée de la manière intime qui résulte de la réception réciproque des feuillets de corne et de chair. Aussi n'est-il pas rare de voir se pro- duire de temps à autre, dans la région opérée, des décollements du quartier qui n'ont souvent d'autre cause première que les ébranlements déterminés par les percussions du sahot sur le sol, et qui se complètent ensuite par la suppuration des tissus sous-cornés irrités. Cet accident n'a pas de gravité essentielle, mais il a l'inconvénient très-sérieux d'en- traîner très-fréquemment des incapacités de travail qui diminuent considérablement la valeur du cheval. En pareil cas, nous avons re- connu que le moyen le plus efficace de prévenir la répétition de cet accident était de réduire la corne du quartier opéré à la corne kéra- phylleuse, en détruisant tout le bourrelet » (H. Bouley). Après l'opération du javart cartilagineux, et quand la cicatrisation suit une marche régulière, l'animal ne peut guère reprendre son service au pas qu'au bout d'un mois à six semaines, à moins qu'il ne soit utilisé aux travaux de la ferme ; mais il faut un temps presque double pour qu'il puisse travailler au trot. Souvent même la boiterie persiste à cette allure ; en pareil cas la névrotomie peut donner de bons résultats ; nous venons d'en observer un bel exemple. La ferrure qu'il faut employer après l'opération du javart, pour faire travailler les animaux, est la ferrure à planche, qui permet de soustraire à l'appui le talon sur lequel l'opération a porté. On peut aussi employer, mais moins avantageusement, un fer ordinaire dont la branche correspondante au quartier malade a été élargie et renforcée. On voit, par tout ce qui précède, que l'opération du javart cartilagi- neux exige, en même temps qu'une grande habileté manuelle, beaucoup de soins et d'attention, qu'elle peut être suivie de complications fort graves que le praticien doit savoir éviter ou combattre, si, malgré tout, eiles se sont déclarées. F I N TABLE DES FIGURES Abatage (Attitude du cheval et dis- position des aides au moment de 1' , I, 4-i7 ; — procédé Rohard, 1, 447 et 448 ; — procédé des châtreurs du Midi, II, 420; — procédé Lelièvre, II, 42 I . Adstricteur de Brogniez, I, 494. Agrafes Vachette pour seime, II, 708 et 709. Aiguilles à suture, I, 51 ; — à selon ordinaire. I, 595 ; — à manche, I, 595; — en trois pièces, 1, 595; — pour le chien, I, 606 ; — pour ligatures multiples, II, 6 ; — pour la périostotomie, II, 17 ; — à ca- taracte, II, 214. Anneau Roland. I, 455; — Percheron, I, 456. Aponévrose dite fascia lata et muscle iscliio-tibial externe chez les grands rumi- nants (disposition anatomique), II, 582. Appareil Vigan, I, 458; — compres- seur pour arrêter la saignée au palais, I, 5S3 ; — Coculet pour les fraclures des cor- nes (vu isolément), II, 135; le même, ap- pliqué sur l'animal, II, 135; — de Bro- gniez, pour l'amputation des oreilles chez le cheval (vu isolément). II, 223 ; le. même, appliqué sur l'animal, II, 224 ; — de Bro- uniez, pour la queue à l'anglaise, II, 548 ; — improvisé pour le même usage, II, 548 ; — d'extension qui pourrait être appliqué après la ténotomie, II, 603; — à tige fixe pour prévenir le renversement du boulet en arrière après la ténotomie double, II, 6(J3 ; — Martin, II, 777. Artères de la région digitée, I, 368 et 373 ; — pré-plantaire, I, 394 ; — digitale (distribution à la face postérieure de la région digitée). I, 396; — auriculaire pos- térieure (bœuf), I, 579; — auriculaire postérieure (porc), I, 580. Articulations de la région digitale, I, 363. B Bandages. Frontal simple, I, 524 ; — frontal composé, I, 525; — monocle, I, 525; — pour les deux yeux, I, 526; — des oreilles, I, 527 ; — pour le chien, I, b'H ; — pour les maladies des mamelles de la chienne, I, 527 ; — pour la partie supé- rieure de l'encolure, I, 528 ; — pour les parties antérieures et latérales de l'enco- lure, I, 528; — du garrot, I, 529: — poul- ie dos, I, 530; — des reins et de la croupe, 1, 530 ; — pour la fesse, I, 531 ; — poul- ie dessous du ventre, I, 532 ; — du poi- trail, I, 533; — de l'épaule, I, 534 ; — pour l'articulation même de l'épaule, I, 534 ; — du coude, I, 5H5; — pour lavant-bras, I, 535 ; — pour le genou, I, 536 ; — pour les plaies du grasset, I, 536; — pour la jambe, I, 537 ; — du jarret et du canon, I, 538 ; — de Delwartpour les fractures du scapu- lum, II, 150. Bâillon pour le chien, II, 205; — pour le cathétérisme de l'œsophage, II, 268. Bassin de la jument 'coupe longitudi- nale), II, 517. Bâton à surfaix, appliqué, I, 422; — conducteur (système Roland), I, 457. Bistouri droit et convexe, I, 479 ; — Pe position, I, 480 ; — 2e position. I, 480; — 3e position, I, 480 ; — 4e position, I, 480 ; — 5e position, I, 481 ; — pour la pé- riostotomie, II, 16; — pour l'encanthis, II, 208; — à lame étroite et boutonnée pour la herniotomie, II. 319; — herniotome de M. Colin, II, 319; — de M. Charlier pour la castration de la vache, II, 498; — de M. Colin pour la même opération, II, 504; — de Helper pour la castration de la truie, II, 52l ; — à serpette pour la queue à l'an- glaise, II, 551 ; — (manière de le tenir), II, 55V ; — Gouze, pour la section de l'is— chio-tibial externe, II, 588. Bistournage du cheval (Position a donner au sujet), II, 423; — manuel opé- ratoire, lel temps, II, 424; — 2e temps, II, 425; — 3e temps, II, 428 et 429. Bistournage du taureau. Manuel opératoire, 1er temps, II, 456 ; — 2e temps, II, 458 et 459; — 3e temps, II, 460; — li- gature appliquée sur les bourses, II, 461. Blépharostat, II, 214. Bouclement du porc (système Bla- vette), I, 466 ; — (lame à plaque trouée pour le), I, 467 ; — (armature à double lame pour le), I, 467. Brûle-queue, II, 542. Capote à œillères, I, 421. Casseau courbe, II, 322; — droit, II, 322 ; — pour la castration, II, 391 ; — à touret de Brault, II, 393 ; — à vis pour la castration du taureau (2 modèles), II, 468: 832 iABI.b; DES FIGURES. — à vis (Magne), pour la castra lion iln bé- lier, II, 475 et 47 G. Castration de la vache (manuel opératoire, incision du vagin), II, 500; — manuel opératoire, torsion du ligament et des vaisseaux de l'ovaire), II, 504. Cathéter de Brogniez, II, 368. Cautère cutellaire (modèle ancien), I, 611; — (modèle ordinaire), I, 611; — olivaire, I, 6J2; — à aiguille, I, Cil : — à bec d'oiseau, I. 671 ; — à tige, I, 671 ; — pour la castration par le feu, II, 4lG: — brûle-queue, II, 542. — à S., II. "03: à empreintes pour l'application des agrafes, II, 701). Cisailles pour la pérïostotomie, II, 16. Ciseaux droits et courbes, 1, 48*2 ; — courbes (Ohârlier) pour la castration de la vache, II, 4SI!'. Ciseau odontriteur (Brogniez), II. 185. Clef de Garangeot avec crochets de re- change, II, 191. Collier à chapelet, I. 421. Contention du cheval debout, l, 125, i26. 4»7 et 428 : — du cheval en position couchée, I, 437, 441 et 442; — du bœuf, I, i.V.': — du chien, pour l'émoussemeni des dents. II. 205. Corne (Coupe de lai, l, :;s!. Coupe-dents (Prangé), II. 185; — a vis, II, 187; — (nouveau modèle'. Il, 187. Coupe-queue (Fromage de Feugré), II, 540 : — ordinaire. Il, 541. Couronne de trépan, II, 171 et 172. Couteau lenticulaire, M, 171 ; — de Weber, II, 209 : — lancéolaire, II, 211 : île Richter, H, 21."»; — de de Graefe, II, 216; — pour la castration de la truie, II, 521; — ;i amputation, II, 572; — inter- osseux, II, 572. Curette, II. 216. Cystotome de Barruel, M. 380. Il Davier pour l'extraction des incisives caduques, II, 180; — de Lecelliei-j II. 191 ; — à bascule (vu de face), II. 19S : — />/. vu de proiil), II, 198, Davier-clef de M. H. Bouiev, II. 199. Dermotome caudal (Brogniez), II. Désencasteleur Defays, II. 730, 742 el 743; — Méricant, II, 744; — Jarrier, II- 74 i; — Jarrier (modèle Charrière). II, 7i6. Dessins des feux, I. 617. Dessolure (Manuel opératoire de la), H. 627. Diaptateur de Brogniez, II, 213. Dilatateur vaginal primitif Char lier, tî. 49(5; — autre modèle < II, }97; simplifié, II, il»; ri ',ns. E Eclisses. II. «22. Écraseur de Chassaignac, II. 3: 'modifié par Méricant), II, 3. Élévatoire. II, 171 et 172. Émoussement des dents chez le chien (manuel opératoire , II, 205. Entérotome gazéifére (Brogniez . II, 2i 7. Entravons. I. 435: Bracy-Clark, l. i i3 ; — anglais, I. 4 i i . Érigne dilatatrice pour la trachéo- tomie, II. 240. Étau pour serrer lescasseaux sans aide, II. 394 ; - contraire de Defays, II, 740; — autre modèle, il. 712; —perfectionné, II. 743 ; — désencasteleur de Méricant, II. 714. Évulseur de Brogniez, pour la desso- lure, 11. 625. Extenseur vaginal (Charlier), II, il) S. !•' Fer ,i dessolure, II. 622; — a pantou- fle de la Brouë, II, 7.'S5 ; — à demi-pan- toufle de Belleville, 11. 735; — à êtrésillou, II. 737 ; — dilatateur de Roland. II, 738 . — a pantoufle expansive de Defays, II. 740 ; — ;ï étais mobiles de M. Fouies, II, 749; — muni du ressort désencasteleur Barbier, II. 752; — de Watrin, II. 754 : — ■ appliqué sur le pied, II. 75 i. Ferrement de Bourgelat pour contenir les épaules d'un cheval qui y éprouvé une entr'ouverture, II, 84; — pour la luxation du coude. II, 90; — pour la luxation de la rotule, II, n>7; — pour la luxation du boulet, II, M3; — pour les fractures des os du nez, II. 137. Feuilles de sauge. I. 481 ; — (ma- nière de tenir la feuille de sauge simple), I, 482; — (manière de tenir la feuille de sauge double), I, 182. Feux (dessins des), I. 617. Fixateur de Brogniez pour la desso- lure, 11,624. Fixation des membres postérieurs au nioven de l'entravon porte-lacs et d'un en - travon ordinaire, I, 428 : — d'un membre postérieur sur l'antérieur correspondait (manœuvre à exécuter pour la), I, ïil ; — d'un membre antérieur sur le postérieur correspondant (manœuvre à exécuter pour li , l. 142 : — du cheval pour la castration, II. 390. Flamme ordinaire, I. 5i8; — allemande intérieur de la boîte), I. 550; — (vue de côté pour montrer la bascule), 1,550; — anglaise, I, 551 ; - de Brogniez, I, 552; — manière de tenir la), ï, 557. Fouettage du bélier (manuel opéra- toire), II, 473; — casseau h vis (Magne), II, 475 et 476. Fractures des cornes ' appareil Co- TABLE DES FIGUKES. 833 eulel pour les), II, 135 ; — des os du nez (ferrement de Bourgelat pour les), II, 13" ; — du seapulum (bandage de Delwartl, II, 130. Il Hernie (Schéma d'une), II, 307 : — in- guinale étranglée. II, 308. Herniotome, II, 319. Hippo-lasso, I, 432. Jarret (l'ace interne ; brandie cu- uéenhe du tibio-pré-métatarsien), II. 592. K Kystitome, II, 210. Lacs, employé par les cliâtreurs du Midi (castration par bistournage), II. 420. Lame à plaque trouée pour le boucle- ment du porc, I, 467. Lancettes, I. 489. Ligaments de la région digitale, I, 371. Ligature (manuel opératoire), I, 502; — nœud droit, I, 502 ; — nœud de travers, I, 50.!. Ligatures multiples (Aiguilles pour), II, 6; — 1er temps. II, 6; — 2e temps, II, 7 ; — 3e temps, II, 7 ; — 4e temps, II, 7; — (fds liés), II, 7. Ligatures sous-cutanées (Fil armé de trois aiguilles), II, 7 ; — 1er temps, II, 8 ; — 2e temps, II, 8 ; - 3- temps, II, 8 ; — 4e temps, II, 8 ; - 5e temps, II, 9 ; — (fils prêts à lier), II, 9 ; - (fils liés), II, 9. Ligature de l'artère testiculaire, II, 406. Lime pour l'émoussement des dents chez le chien, II, 2n5. Lithotome simple, II, 380. Lithotriteur du Dr Guillon, II, 383. Luxation de l'épaule (Ferrement de Bourgelat pour la), II, 84; — du coude. id., II, 9'i ; — de la rotule, id , II, 107 : — du boulet, id., II, 113. M Membre antérieur fixé sur le posté- rieur correspondant, I, 442. Morailles, I, 419 ; — en bois, I, 420. Mors d'Allemagne, I, 420. Moule à oreilles (Brogniez), II. 223. Peich et Toussaint. — Chirurg <' . Muscle iscliio-tibial externe chez les grands ruminants. II, 582. Myotome caudal (Brogniez), II. N Nerfs de la région digitée, I, 368; I. 405. Nœud droit, I, 502; — de travers, I. 502 ; — de saignée. I, 560. 0 Organes génitaux d'une très-jeune truie (coupe médiane et antéro-posté- rieure), II, 520 ; — de la chienne (vue d'ensemble), II, 528; — d'un cou, II 530. Orthosôme pour les chevaux boule- tés, II, 53. Ovaire droit de la vache avec les par- ties auxquelles il est attaché, II. 4>)3 ; — gauche et viscères abdominaux d'une poule, II, 535. Périostotome. II, 16. Périostotomie Cisailles pour la), II, 16 ; — (Bistouri pour laj, II, 16 ; — (Ai- guilles pour la), II, 17. Phlébotome de Brogniez, I, 522. Pied (Coupe transversale de la partie postérieure du), I, 3^6. Pince-collier pour saisir le chien, I 469. Pinces-mouchettes, I, 454. Pince du D' Tillaux pour la torsion des artères, I, 506 ; — à résection pour les cinines du chien. II, 20»; — à béquilles II, 207 ; —de Waldau, II, 213; — limita- tive pour couper les oreilles du chien, II, 227 ; — de Bordonnat, pour la hernie ombilicale. II, 38; — Benard, II, :i4l ; _ et plaque de Marlot, II, 343; — à cuillers pour l'extraction des calculs, II, 372 — (autre modèle), II, 372; — pour rappro- cher les branches des casseaux, H, ;j9:j ■ à crémaillère pour serrer les casseaux, II, 394; — de Brault avec mors de re- change, II, 395; — fixes pour la castra- tion par torsion (modèles Benault et Delà- fond, Périer, Heynal,, II. 409; — mobiles (Benault et Delafond), II, 410; id. (Rem- uai), II, 4i0 ; —unies (Beaufils), II, 411 ; — simple çout la castration par le feu, II 415; — double, id., II, 41o ; — Char'lier' pour la castration de la vache, II, 499 ■ — Colin (pince à torsion et pince' limitative) II, 504. — Vachette, II, 7<)9 ; — à agrafes à mors de rechange (Salles1, II, 7i0. Plaque à oreilles, pour désencasteler, II. 754. Plate-longe Ier procédé d'application de la), I, 425; — (2e procédé , I, 426; — II. — 53 834 TABLE DES FIGURES- (3e procédé), I, 427; — ('4e procédé), I, 127. Porte-épingle, I, 553. Porte-mousqueton, I, 435. Poucier, II, 5u4. Poussoirs œsophagiens, II, 279. Pyramide pour la trépanation, II, 171 : -(clef de la). Il, 172. Q Queue à l'anglaise, disposition des incisions, II. 553, 554, 556; — anglaisée (aspect de la), II, 559. 1! Rabot odontriteur de Brogniez, II, 182. Râpe dentaire, II, 18 4. Région digitale (Appareil articulaire de la), I, 363 ; — (coupe longitudinale), I, 3(;5 ; — (artères, veines, nerfs), I, 368; — (ligaments et tendons), I, 371 ; — (artères superficielles), I, 373 ; — (face posté- rieure), I, 388 ; — (distribution de l'artère digitale), I, 396; — (faces latérales, vais- seaux veineux], I, 401 ; — nerfs, I, 405. Région des sinus, II, 173. Région parotidienne, couche super- ficielle, II, 229 ; — id., couche profonde, II, 230. Région trachéale. II, 239; — œso- phagienne, II, 283; — inguinale et testiculaire, II, 310; — périnéale. anale et caudale, II, 371. Rénette simple, II, 616; — à clou de rue, II, 616. Rugine, II, 171. Sabot du poulain (face inférieure), I, 408. Scie à amputation, II, 572. Seringue Dieulafoy, I, 492 ; — à injec- tion (modèle Colin), I, 67 7. Serre-oreilles (Garsault), II, 224. Séton (Mèche de), I, 594 ; — (rondelle de cuir), I, 6(i4. Sinus (Anatomie des), II, 173. Sonde de Bowmann, II, 209 ; — Bau- jin, II, 275 ; — pour l'amputation du pé- nis, I1.3H2. Spéculum pour le porc, I, 4(i4 ; — de Lecellier, II, 192 ; — bivalve, II, 384. Stylet tricuspide de Leblanc, II, 213. Suture à points séparés, I, 512 ; — à bourdonnets. I, 513 ; — enchevillée, I, 513; — entortillée, I, 514; — à points continus, I, 515; — à points passés. I, 515; — du pelletier, I, 516 ; — en T, I, 51U ; — en X, I, 516. T Téguments de la troisième phalange, !, 381. Ténaculum, I, 501. Tendons de la région digitale, I, 371. Tenette-broyeuse de M. II. Boulev, II, 385. Ténotomes (droit et courbe), II, fiOO. Tire-fond pour la trépanation, II, 171. Tissu feuilleté (I îoupe du), I, 383. Tord-nez, I, 418 ; — pour le porc, I, 164. Travail employé pour le cheval, I, 130 ; — pour le bœuf, I, 4G0. Trépan Couronne de), II, 171, 17.'. Trépanation (Instruments pour la) II, 171, 172 ; — (lieux d'élection), II, 175 ; — (manuel opératoire), II, 177. Tréphine anglaise, II, 172. Trocart, I, 490 ; — pour la ponction de l'intestin, II, 297. Trousse-pied, I, 421. Tube à vaccin, I, 657. Tube improvisé pour la trachéotomie (Goliier), II, 242 ; — pour la trachéotomie provisoire, II, 243 ; — Leblanc, II, 245 ; — Brogniez, II, 247 ; — complet de Renault, II, 247 ; — tronqué de Renault, II, 248; — Vachette, II, 250: — Peueb, II, 252; — Imlin, II, 253 ; — Trasbot. II, 253. Y Vaisseaux de la troisième phalange, I, 381 ; — veineux de la face postérieure du doigt, I, 399 ; — veineux des faces la- térales de la région digïtée, I, 40. Veines de la région digitée, I, 368 ; — jugulaire du cheval, I, 555 ; — faciale du mouton, I, 574. Vilebrequin de Bichat, à pyra- mide fixe, II, 171. FIN DE LA TABLE DES FIGURES. TABLE ALPHABÉTIQUE ABATAGE par les entraves, I, 435 ; — sans l'emploi des entravons, I, 446. ACCÈS des bourses consécutifs à la cas- tration, II, 441. ABDOMEN, I, 255. ACCIDENTS pendant et après l'assujet- tissement chez le cheval, I, 473 ; — con- sécutifs à la contention debout, I, 474 ; — •consécutifs à l'assujettissement en position couchée, I, 474. ACUPUNCTUBE et électro-puncture , I, 665. AMAUROSE consécutive à la castration, 11,440. AMPUTATION DES CORNES, II, 219; dispositions anatomiques, II, 2 1 9 ; manuel opératoire, II, 220 ; accidents, II, 221. — DES OREILLES chez le cheval, II, 222 ; — partielle, II, 222 ; — totale, II, 225 ; — des oreilles chez le chien, II, 226 ; soins consécutifs, II, 227. — DU PÉNIS, II, 361 ; — chez le che- val, II, 361 ; ligature, II, 361 ; ligature élas- tique, II, 362; ablation par le bistouri, II, 362; ratissement, II, 364; écrasement li- néaire, II, 361 ; cautérisation par le fer rouge, II, 365 ; — chez le chien, II, 365. — DE LA QUEUE chez le cheval, II, 538; manuel opératoire, II, 5:s9; prépara- tion de la queue et des crins, II, 539 ; am- putation, II, 539; arrêt de l'hémorrhagie, il, 542 ; soins consécutifs, II, 543 ; suites de l'opération, accidents, II, 543; — chez le mouton et le chien, II, 5 44. — DES MEMBRES, II, 569; considé- rations générales, indications, II, 569; manuel opératoire, II, 571; lieu où l'am- putation doit être praiiquée, II, 572 ; ins- truments et objets nécessaires, II, 572; fixation de l'animal, hémostase temporaire, II, 573 ; division des parties molles, II, 573 ; méthode circulaire, II, 573; méthode à lambeaux, II, 574 ; section de l'os ou des liens articulaires, II, 575 ; arrêt de l'hé- morrhagie, II, 576 ; pansement après am- putations, II, 576. AMPUTATIONS (De quelques) en par- ticulier, II, 577 ; — désarticulation scapulo- humérale, II, 577 ; — du boulet, II, 57s ; — de la deuxième phalange, II, 579 ; — de doigts surnuméraires, II, 580 ; — de l'éjoin- tage des oiseaux, II, 581 . ANESTHÉSIQUES (De l'emploi des\ I, 470. appareil AUDITIF, 1, 146; différences, I, 148; — lacrymal, I, 105; — kératogène (V. Derme). APPAREIL de Barthélémy, II, 140; — de Changeux, II, 140 ; — de Marre!, II, 141. ARCADES DENTAIRES (Nivellement des;, II, 181. ARTÈRES (Des), 1, 74; — (structure et propriétés des), I, 77 ; — (ligature des), I, 680. ARTÈBIOTOMIEJ, 577. ARTICULATIONS (des) I, 54; — tem- poro-maxillaire, I, 140; différences, I, 143 ; — atloido-occipitale, I, 224; — axoido- atloïdienne, I, 225 ; — intervertébrales, I. 212 ; — scapulo-huinérale, I, 320 ; — hu- méro-radio-cubitale, I, 324 ; — coxo-fémo- rale, I, 340 ; — fémoro-rotulienne, I, 346 ; — fémoro-tibiale. I, 347 ; — du jarret, I, 355. ASSUJETTISSEMENT du cheval debout. I, 416 ; - (indications à remplir pour 1'), I. 417 ; — des animaux de l'espèce bovine, 1, 45it ; — des petits quadrupèdes domesti- ques, I, 462. avant-bras, I, 325; différences, I, 329. 15 BANDAGES, I, 523; — de Gros, II, 140. BASSIN, I, 29i ; — (parois du) (V. Paroi) . BISTOURI, I, 479. BISTOURNAGE du cheval, II, 4 19 ; — du taureau, II, 455; manuel opératoire, II, 457 ; difficultés, modifications du manuel opératoire, II, 4(>1 ; suites de l'opération, II, 4^2; — du bélier, 477. BLEIME, II, 687 ; étiologie, II, 687 ; symptômes, II, 689 ; diagnostic, II, 693 ; pronostic, II, 693 ; traitement, II, 693. 83»; TABLE ALPHABÉTIQUE. BOITE CORNÉE ou sabot, I, 375 ; pa- roi, I, 375. BOUCHE (De la), I, 173; — (arrière-) (V. Pharynx). BOUCLEMEm" du taureau, I, 456; — du porc, I, 466; — des femelles, II, 536; fixation de l'animal, II, 530 ; manuel opé- ratoire, II, 536 ; procédé par les anneaux, II, 537 ; procédé par le grillage, II, 537 ; inconvénients, II, 538. BOULET (EH'ort de). (V. Entorse). BOURRELET, I, 3-0. BOUT DU NEZ, I, 131. BB.VS (V. Région du). CANON ANTÉRIEUR (V. Méiarcarpe); — postérieur (V. Région du Métatarse). CARIE (Opération exigée par la — delà troisième phalange, II, 6^8 ; caractères, II, 029 ; opération, II, 629. CASSEAUX, II, 391 ; — Brault, II, 392; — Thierry, II, 393. CASTRATION I>ES MALES. — Indica- tions,11, 386 ; conditions favorables à l'opé- ration. II, 387. — DES MONODACTYLES, II, 388 ; âge auquel il convient de pratiquer la —, II, 388; fixation de l'animal, II, 389. — méthodes opératoires, II, 391; par les casseaux, II, 391 ; instruments, II, 39 1. — manuel opératoire, II, 3u0 ; procédé à testicules couverts, II, 396 ; procédé à testicules découverts, II, 401 ; — Bon il- lard. II, 402 ; enlèvement des casseaux, II, 40i. — MÉTHODE PAR LA LIGATLRE, II, 404 ; ligature à testicules couverts, II, 4<>5 ; — ligature à testicules découverts, II, 405 ; — de l'artère testiculaire, II, 406; — élas- tique, II, 406. — MÉTHODE PAR LA TORSION, II, 407. Procédés de torsion au-dessus de l'épidi- dï/me, II, 4 07 ; torsion avec les mains, II, 407'; torsion bornée, II, 40^; manuel opé- ratoire. II, .12 : procédé Brault, II, 413 — Procédés de torsion au-dessous de l'é- pididyme. H, 414 ; torsion avec les mains, II, 414 ; torsion limitée, II, 4 14. — MÉTHODE PAR ARRACHEMENT, II, 414. — méthode par le feu, II, 414 ; ins- truments, II, 414 ; manuel opératoire, II, 416. — .méthode par l'écrasement linéaire, II. 417. — METHODE PARLE RATISSEMENT, II, 4 18 ; manuel opératoire, II, 418. - MÉTHODE PAR EXCISION SIMPLE, 11. 4IS. ' .' — MÉTHODE PAR LE BISTOURNAGE, II, 419 ; âge convenable, II, 420; fixation de l'ani mal, II, 420; manuel opératoire, II, 4 23. Procédé Lamarcbe. II, 426; — décrit par J. Gourdon, II, 427 ; — Serres, II, 427 ; — Lelièvre, II, 429 ; résultats anatomiques de l'opération, 11,430; appréciation, diffi- cultés, contre-indications. II, 431. CASTRATION. SOINS A DONNER AUX ANI- MAUX QUI ONT SUBI LA —, II, 43.'. — PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS A LA — II, 432. — EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PROCÉDÉS DE —, II. 434. ACCIDENTS QUI PEUVENT ÊTRE CONSÉCU- TIFS A LA CASTRATION, II, 4:S7. — DES DIDACTYLES, II, 45 i : âpe auquel il convient de pratiquer la castration, II. 454 ; contention du sujet à opérer, II, 455 : méthodes opératoires, II, 4.S5 ; — à l'ai- guille, II, 4"(>5; manuel opératoire, II, .65; procédé Serres, II, 465; — Chiquot-Fon- tcnille, II, 466; — Vatel, II, ^66; — par les casseaux, II, 466 ; casseaux ap- pliqués sur le cordon, II, 467 ; — sur les enveloppes, II, 467 ; écrasement sous- cutané temporaire de l'artère testiculaire. II, 168 ; — examen comparatif des pincé dés de castration du taureau, II, 4(.9 ; — des petits ruminants, II, 47 1; excision simple, arrachement, torsion, II, 47 1 ; bis- tournage, II, 472; fouettage, II. 472; mar telage, II. 475; — du verrat, du chien, du chat et du lapin, II, 4' 7 ; — DES ANIMAUX CRYI'TOIICIIIDES. Il, 47,8; causes de la cryptorchidie. II, 479: caractères des animaux cryptorchides. II. 480: inconvénients présentés par les ani- maux cryptorchides, II, 480 ; — des cryp- torchides dans l'espèce chevaline, II, 81: instruments, II, 481; manuel opératoire, II. 482; — du cheval affecté de cryptorchidie inguinale, II, 48:; — du cheval atteint de cryptorchidiq abdominale. II, 48.'; — par incision du flanc, II, 482 ; — de l'abdomen près de l'anneau inguinal, II, 484 ; — par la perforation du trajet inguinal, II, i8'i : effets et soins consécutifs, II, 486; —des cryptorchides dans les espèces ovine, bo vine et porcine, II, 487 . — DES FEMELLES. M. 488 : — DE LÀ vache. II, 488 : effets, utilité et indications, II, 489; influence sur la sécrétion du lail.- II, 489 ; influence sur l'engraissement, II, 489 : — sur le caractère et la sauté II, 49(1 ; rss;iis défavorables, II, 490; conditions fa- vorables à la pratique de l'opération, II, 491 ; DISPOSITIONS ANATOMIQUES Dl'.s ORGANES DE LA GÉNÉRATION CHEZ LA VACHE, 11,492; vagin, II, 492; utérus, 11,492; ligaments larges, II, 493 : ovaire, II, 494 -, opération par la méthode vaginale, II, 4.91 ; lieu d'é- lection, II, 494; -oins préliminaires, 11. TABLE ALPHABETIQUE. 837 495; —procédé Chavlier, appareil instru- mental, II, 495 ; manuel opératoire, II, 501 ; procédé Colin, II, 505 ; instru- ments, II, 505; manuel opératoire, II, 505 ; autres procédés, II, 309; ligature, II, 60s> ; écrasement linéaire, H, 509 ; cauté- risation par le fer rouge, II, 510; circons- tances anormales pouvant modifier Topé- ration. II, 510; valeur comparative des divers procédés de castration, II, 511 ; opé- ration par incision du flanc, II, 51 2; fixa- tion de l'animal, II, 512 ; incision du flanc, II, 513; ablation des ovaires, II, 513; -mites de l'opération, soins consécutifs, accidents, II, 513. CASTRATION DE LA JUMEMT, II, 515; indications, II, 515; âge favorable, soins préliminaires, II, 516; dispositions anato- miques de l'appareil génital, II, 516; ma- nuel opératoire, II, 516; soins consécutifs, II, 518. — DES PETITES FEMELLES DOMESTIQUES, II, 519 ; — de la truie, II, 519 ; indications, âge convenable, II, 519; dispositions ana- lomiques de l'appareil génital, II, 520 ; opé- ration, II, 521 ; instruments, II, 521; ma- nuel opératoire, II, 521 ; — des truies très-jeunes, II, 5*2 1 ; — âgées, II, 523 ; dif- ficultés de l'opération, II, 524; soins con- sécutifs, accidents, II, 5\!5. — DE la chienne, II, 527 ; indications, II, 527 ; dispositions anatomiques de l'appareil génital, II, 527 ; manuel opératoire, II, 528. — DES OISEAUX DE BASSE-COUR, II, 529 ; — des oiseaux mâles, II, 5v9 ; disposi- tions anatomiques de l'appareil testicu- laire, II, 529 ; manuel opératoire, II, 531 ; — des oiseaux femelles, II, t>33 ; anato- mie de la région, II, 535 ; manuel opéra- foire, II, 535. CATARACTE (Opération de la), II, 212: dilatation de la pupille, II, 212; fixation du globe oculaire, II, 212; écarfement des paupières, II, 214 ; position de l'opérateur, II, 214 ; métbodes opératoires, abaisse- ment, II, 214. Premier procédé. Scléroti- conyxis, II, 214. Deuxième procédé. Kéra- tonyxis, II, 215; extraction, appréciation, II, 2i7; soins consécutifs, accidents, II, 217. CATHÉTÉRISME DE î/URÈTHRE, II, 36iî ; — chez le cheval, II, 367 ; instru- ments, II, 367 ; manuel opératoire, II, 307; accidents, II, 369; — chez la juium', II, 369 ; — chez le bélier, H, 378 ; dé- pôts sédimenteux dans l'urèthre, II, 379 ; magma terreux accumulé dans la vessie, II, 379. CAUSTIQUES (Application des),I, 649. CAUTÉRISATION (Des agents de la) actuelle, I, 610 ; — transcurrente ou en raies, I, 610; — (Règles de la), I, 612 ; — (Règles avant la), I, 612; — (Règles pendant la), I, 615; — Règles après la), I, 62 1 ; — suffisante (Signes dune), I, 620; — (Accidents de la), I, 627 ; — en surface, I, 628 ; — en pointes superficielles, I, 631 ; — • par des corps en ignition, I, 634; — par des liquides chauds, 1, 635 ; — objec- tive ou par rayonnement, 1, 636 ; — ob- jective, procédé Peyrouze, 1,638; — su- perficielle médiate, I, 639 ; — pénétrante, I, 639 ; — rapide, I, 639 ; — inhérente, I, 641; — sous-cutanée, I, 643; — transcur- rente sur l'espèce bovine, I, 646; — sur le chien. I, 64s. CAVITÉ orbitaire, I, 155 ; différen- ces, I, 156; — rachidienne (De la) et de la moelle. I, 214 ; — thoracique, I, 249; — pleurales et du poumon, I, 251 ; différen- ces, I, 255 ; — du poumon (V. Cavités pleurales) ; — abdominale, I, 277 ; anato- mie des plans, I, 278; différences, I, 279; — pelvienne, I, 306. CHAMPIGNON consécutif à la castra- tion, II, 441 ; causes, H, 441 ; anato- mie pathologique, II, 443 ; symptômes et pronostic, II, 443 ; — extra-scrotal, II, 443; — sous-cutané, II, 443; — extra-in- guinal, II, 444; — hitra-inguinal, II, 444 ; — intra-abdominal, II, 44i ; traitement, II, 4i5; casseau, II, 4't0 ; ligature, II, 446; ligature élastique, II, 148; écrasement li- néaire, H, 44s ; cautérisation, II, 449. CHANFREIN (V. Région nasale supé- rieure). CHARPIE, I, 521. CICATUISATION DES PLAIES, I, 507. CISEAUX, I, 482. CLAVEL1SATION et VACCINATION, I, 654. CLOU DE RUE, II, 631; étiologie, II, 631 ; symptômes et diagnostic des blessu- res plantaires, II, 631 ; blessures de la zone antérieure, II, 633 ; — postérieure, II, 633 ; — moyenne, II, 634 ; pronostic, H, 637; traitement, II. 638 ; emploi des caustiques, II, 639; — pénétrant (Opération du), II, 640; indications, II, 640; instruments, II, 641; fixation de l'animal, II, 641 ; manuel opératoire, II, 64 1 ; application du panse- ment, H, 644 ; phénomènes consécutifs, renouvellement des pansements, II, 645. C< CLIQUES consécutives à la castration, II, 437. COLONNE VERTÉBRALE, I, 211 ; dif- férences, I, 214. COMPRESSION DIGITALE (V. Hémos- tasie); — (V. Hémostatiques). COMPRESSION DU SAC HERNIAIRE; ligature en masse de celui-ci, II, 336 ; pro- cédé de compression par les casseaux, 11. 337 ; procédé par la pince de BordonnaL H, / 838 TABLE ALPHABÉTIQUE. 338 ; procédé par la presse ombilicale de Marlot, II, 338 ; phénomènes consécutifs aux différents procédés de — , II, 343. CONJONCTIVE (De la), 1, 158 ; différen- ces, I, 162. CONTENTION, I, 415; considérations générales, I, 415 ; — du cheval en main, I, 417 ; — du cheval couché, I, 434 ; — des hètes bovines en position debout, I, 4 50; — en position couchée, I, 4G1 ; — des ani- maux de l'espèce ovine, I, 462; — de l'es- pèce porcine, I, 463 ; — du chien et du chat, I, 468 ; — du chat (V. Contention du chien). CORNÉE. Extraction des corps étran- gers, 11,210;— (paracentèse de la), II, 211 ; (opérations dirigées contre les staphylômes de la), II, 211 ; cautérisation, II, 211 ; liga- ture, II, 212; excision totale, II, 212. CORPS CLIGNOTAIT, I, 15 i. CORPS ÉTRANGERS (V. Plaies par armes à feu et nia?iœuvres opératoires à mettre en usage quand des corps étrangers se sont arrêtés dans l'œsophage). COU, I, 216; partie supérieure, I, 217 ; partie intérieure, I, 226. COUDE (V. Région du). COUSSINIT PLANTAIRE, I, 385. CRAPAUD, II, 665; étiologie, 11,665; symptômes, II, 666; nature, II, 669 ; pro- nostic, II, 671; traitement, II, 671; règles générales, II, 672; méthodes spéciales, II, 674 ; emploi du goudron seul ou avec des dessiccatifs ou des caustiques, II, 674 ; pro- cédé de Solleysel, II, 676; emploi de l'acide nitrique, II, 67 7 ; emploi de l'acide sulfu- rique, II, 678 ; emploi du beurre d'anti- moine, II, 678; procédé Vivier, 11,678; emploi des sulfates métalliques, II, 680; emploi du verdet, II, 682 ; méthode de trai- tement par le feu, II, G83; opération. II. 683; traitement général, II. 68i. CRAPAUDINE, II, 68*; symptômes. 11. 684 ; nature et étiologie, II. 685 ; pronostic. II, 686; traitement, II, 6S6. CRVPTORCIIIDES (V. Castration des animaux). CUISSE, I, 34! ; différences, I, 344. CYSTOTOMIE. Anatomie de la région, II, 380; instruments, II, 380; fixation de l'animal, II, 381 ; manuel opératoire. II, 381 ; appréciation, II. 381. I) DAVIKR A RASCULE DE PLASSE, II, 197 ; — clef de M. II. Bouley, II, 201. DENTS, I, 188; développement, I. 191 ; - des solipèdes, I, 191 ; différences 1. 197. dents molaires (Nivellement des), II, 181 ; — (résection des), IL 186; — (évulsion des), II, 1S9 ; — extraction des molaires ca- riées, II. 193. DÉPLACEMENT DE LISCIIIO-TIBIAL EXTERNE ET DE L OPÉRATION QU'IL NÉCESSITE, II, 582; causes, II, 583; symptômes, II. 583 ; section de l'ischio-li- bial externe, II, 584; procédé Dorfeuille. H, 584 ; procédé Castex, II, 584 ; procédé Cruzel, II, 585 ; procédé Bernard, II, 585; procédé Ringuet, II, 586 ; procédé Lafosse, IL 587 ; procédé Boiteau, IL 587 ; choix du procédé, IL 588 ; soins consécutifs, II, 589;- accidents, IL 589. derme qui recouvre la troisième pha- lange ou appareil kératogène, I, 380. DÉSARTICULATION scapulo-humérale. IL 577; — du boulet, IL 578. DÉSENCASTELEUR (Emploi du), (Voir Encastehire et Seime). DESSOLURE, II, 620 ; indications, II, 620 ; préparation du pied à opérer, II, 621 : instruments, objets de pansement, II, 623; fixation de l'animal. IL 624 ; manuel opé- ratoire, II, 1.24 ; pansement, II, 628. DÉVIATION DE L'ENCOLURE SIMU- LANT UNE LUXATION (V. Ut. ration. Déviation de l'encolure). DISSECTIONS. I. 488. ÉCART de l'Épaule ; — de la cuisse (V. Entorses en particulier). ECTROPION, IL 208. EFFORT du BOULET (V. Entorsei EJOINTAGE DES OISEAUX, II, 581. ÉLECTRO-PUNCTURE OU GALVANO- PUNCTURE, I, 607- EMPLATRES AGGLUTINATIFS, I, 509. ÉMISSIONS SANGUINES, I, 545. ENCASTELURE. II, 720; — VRAIE, II, 720; étiologie, II, 720; symptômes, II, 726; — fausse, II, 728: étiologie, II, 729; symp- tômes, II, 729; pronostic, II, 730; traite- ment, II, 730; traitement prophylactique, II, 730; fer à lunettes, II, 731; — à étam- pures unilatérales, II, 732; ferrure à plan- che, II, 732; — Charlier, II, 733; — de Colemann et de Bracy- Clark, II, 734 ; traite- ment curatif, II, 734; procédé Ruini, IL 734 ; — de la Broûe, II, 734 ; — de Belle- ville, II, 736; — de Solleysel, II, 736; — de Laguérinière, II, 737 ; — de Gaspard- Saunier, II, 7 37 ; — de Goodwin, II, 737 ; — de Roland, II, 738: — de Defays père, II. 738 ; — de Jarrier, H, 742; — manuel opé- ratoire, II, 747 ; — de Fourès, II, 749; — de Barbier, 11,752 ; — de Watrin, II, 753 ; — de Poucet, II, 754 ; autres procédés, II, 755 ; amincissement, rainures, II, 755; choix TABLE ALPHABÉTIQUE. 839 du procédé, II, 756 ; conclusions, II, 76(1. ENCÉPHALE (De I') et de ses envelop- pes, I, 201 ; — (enveloppe osseuse de 1'), I, 201 ; différences, I, 204 ; enveloppes membraneuses, I, 203 ; —(De 1'), I, 207. ENCEOUURE, II, 6'»8 ; causes, II, f>49 ; symptômes, II, 650 ; pronostic, II, 633 ; traitement, II, 653. ENGORGEMENT OEDEMATEUX DES BOURSES (Suites de la castration), H, 440. ENTORSES, II, 23 ; — en gé.\éral, II, 23 ; étiologie, II, 24 ; symptômes, II, 23 ; traitement, II, 26 ; — en particulier, II, 26 ; écart de l'épaule, II, 26 ; symptô- mes, II, 28; causes, II, 30; anatomie pa- thologique, II, 32 ; pronostic, II, 34 ; trai- tement, II, 34 ; — ÉCART DE LA CUISSE, II, 38 ; étiologie, II, 39 ; symptômes, II, 40 ; pronostic, II, 41 ; traitement, II, 41. entorse dorso-lombaire,II, 42 ; symp- tômes, II, 42; étiologie, II, 43; anato- mie pathologique, II, 44 ; diagnostic, II, 45; pronostic, II, 46; traitement, II, 46; — ENTORSE DU BOULET, H, 48 ; étiologie, II, 48 ; symptômes, II, 49 ; pronostic, II, 51 ; traitement, II, 51. ENTRAVONS (V. Abatage). ENTROPION, II, 207. ÉPAULE, I, 315; différences, I, 318; — (Pointe de 1') (V. Région de là). ESPACE INTERMAXILLAIRE OU RÉ- GION DE l'auge, I, 167. ÉTAU pour serrer les casseaux, II, 394. ÉTOUPE (V. Pansements [matières de]). ÉVENTRATIOX, II, 354; étiologie, II, 354 ; symptômes, II, 354 ; traitement, II, 355 ; réduction-contention, II, 355. EXOMPHALES [Méthode de traitement des) par les topiques, II, 344 ; procédé par l'acide azotique, II, 345 ; manuel opéra- toire, II, :î45 ; soins consécutifs, II, 34 7 ; procédé par le chromate neutre de potasse, II, 347 ; autres procédés, II, 349 ; emploi du sinapisme, II, 349; injections adjacentes sous-cutanées (Dr Luton), II, 350. EXTRACTION DES CORPS ÉTRAN- GERS (V. Plaies par armes à feuel Extrac- tion des projectiles); — des projectiles et des corps étrangers, II, 21 ; pinces à ex- traction, II, 22 ; tire-fonds, II, 22 ; débri- dement, II, 2*-! ; séton, II, 23 ; — de la cor- née, II, 2i0; — de l'œsophage, II, 273. EXUTOIRES, I, 592. F FACE (De la), I, 185. FER A LUNETTES, II, 731 ; - à étam- pures unilatérales, II, 732. FERRURE A PLANCHE, II, 732 ; — Charlier, II, 733 ; — de Colemann, II, 734 ; — de Bracy-CTarck, II, 734. FEU (Application du), ou cautérisation actuelle, I, 608 ; divisions, I, 609 ; — (ap- plication du) chez les solipèdes, I, 610; — (application du) sur les animaux de l'es- pèce bovine, I, 646; —(application du) chez le chien, I, 648. FEUILLE DE SAUGE, I, 481. FISTULES DU SCROTUM consécutives à la castration, II, 450. FORCEPS (grand) de Gowing, II, 200. FOUETTAGE, II, 472. FOURRURE, II, 761 ; symptômes de la — aiguë, II, 761 ; — des membres antérieurs, II, 762 ; — des membres postérieurs, II, 763: — des quatre pieds à la fois, II, 764 ; dia- gnostic différentiel, II, 765; terminaisons et suites, H, 766; symptômes de la — chroni- que, II, 768; étiologie, II, 772; traitement, II, 774;; de la — aiguë, H, 774 ; saignées générales, II, 775; — locales, H, 775; em- ploi de l'eau froide, II, 775; frictions irri- tantes, II, 778; débridement du sabot par des rainures, II, 778; parure du sabot, H, 7 78; décubitus forcé des malades, II, 779; méthode anglaise, II, 780; traitement de la — chronique, II, 780; fourmilière, II, 780; — croissant, II, 781. FOURCHETTE, 1,379;— (furoncle de la), H, 661 ; symptômes, II, 662 ; pronostic, II, 663 ; traitement, II, 664. FOURREAU, I, 266. FRACTURES, II, 115; — EN GÉNÉRAL, II, 115; étiologie, II, 115; symptômes, II, 118; pronostic, II, 120; traitement, II, 121 ; — de la tête, II, 130; — des OS DU CRANE, H, 130 ; — DES CORNES, II, 131 ; symptômes, II, 132 ; contention, II, 133 ; appareil Coculet, II, 134; — des os DE LA FACE ETDE LAMACHOIRE SUPÉRIEURE, II, 136; DES petits sus- MAXILLAIRES, II, 137; — DE LA MACHOIRE INFÉRIEURE, II, 139; — du corps du maxillaire près de la symphyse, II, 139 ; — du col et des bran- ches, II, 139 ; contention parles fils métalli- ques, II, 1 42 ; contention par des bandelettes agglutinatives, II, 143 ; — de l'hyoïde, II, 144 ; — des vertèbres, II, 145 ; — des apophyses, II, 1 45 ; — des corps vertébraux, II, 146; — DU SACRUM ET DES VERTÈBRES COCCYGIENNES, II, 146 ; — DES COTES, II, 147; — des membres, II, 1 48 ; — du sca- pulum, II, 148 ; — de l'humérus, II, 151 ; — du cubitus, II, 155 ; — du radius, II, 157 ; — du coxal, II, 159 ; — du fémur, II, 161 ; — delà rotule, II, 162; — du tibia, II, 163: — du métatarse et du métacarpe, II, 166 ; — des phalanges, II, 1 67 ; — (de la pre- mière), II, 167 ; — de l'os de la couronne et de l'os du pied, II, 168. NÎ-0 TABLE ALPHABETIQUE. G GALVANO-PUNCTURE V. Elcdro- puncture). GANGLIONS (V. Lymphatiques, struc- turé). GANGRÈNE consécutive à la castra- lion, II, 44o. GENOU, I, 330; différences, I, 334. (.1 oui OCULAIRE, I, 159 ; différences, I, 162; — (extirpation du), II, 218. GRASSET (V. Région du). Il HANCHE, I, 338 ; différences, I, 340. HÉMorriiaGIE consécutive à la cas- tration, II, 437. HÉMOSTASIE, I. 493; — temporaire. I, 493; méthode d'Esmarch, I, 494 ; — défi- nitive, I, 495; — par compression digitale, I, 495. hémostatiques physiques, I, 496; — chimiques, I, 496; — chirurgicaux, I, 407: — compression, 1,497 ; ligature, I, 500; tor- sion.. I. 504; — (autres procédés), I, 506. HERNIES, II, 306 ; divisions et caractè- res anatomo-patholosïques, II, 306 ; — in- guinales CHEZ LES SOLIPÈDES, II, 309 ; — inguinales récentes, 11,311; causes, II. 311 ; symptômes, II, 311 ; pronostic, II, 313; traitement, II, 313 ; taxis sous-cutané mé- diat ou indirect, 11,314; taxis direct, II, 316 ; — étranglée (débridement du collet. de la gaine vaginale ou opération de la), II, oI7 ; instruments, fixation de l'animal, manuel opératoire, II, 318 ; — inguinale consécutive à la castration, II, 450 ; — in- guinales anciennes ou chroniques, II, 32,5; causes, II, 325: symptômes, II, 325; com- plications, II, 3z6; pronostic, II, .,27; trai- tement, II, 327 ; réduction, manuel opéra- toire, II, :i2s ; — ombilicales, II, 3ï9 ; étiologie, II, 330 ; symptômes, diagnostic, II, 33»; pronostic, II, 3 il ; traitement, II, 331 ; bandages, II, 332 ; bandage Marlot, II, 332; bandage Massiera. Il, 332; ban- dage Delamare, II, 333; avantages et in- convénients, II, 333;— ombilicale; rè- gles à suivre pour son traitement ; choix de la saison, II, 334 ; état sanitaire des animaux, II, 335; préparation et fixation de l'animal, II, 3J5; compression du sac her- niaire, II. f36 ; — suture enchevillée, II, 3 i9 ; suture entortillée, II. 339; suture de Dela- vigne, II. 340: procède Mangot, II, 340; procédé ïïamou, II. 311 ; procédé lïé- nard, II, 34i ; procédé Mignon,, II. 342 ; procédé Marlot. II. 342; phénomènes con- sécutifs aux différents procédés do suture du sac herniaire, II, 343; méthode de trai- tement par les topiques, II, ï44 ; — ven- trales, II, 351 ; étiologie, II, 351 ; symp- tômes, diagnostic, II, .352 ; pronostic, II. 352 ; traitement, II, 353 ; réduction-con- tention, II, 353 ; — niAPHUAUMATIQUES, II. 355; étiologie, II, 355; symptômes des — récentes, II, 357 ; symptôme des — chro niques, II, 358 ; caractères anatomo-patho- logiques des hernies diaphragmatiques récentes et anciennes, II, 359 ; pronostic. II. 360; traitement, II. 360. IIERNIOTOMIE sous-cutanée, II, 323 ; phénomènes consécutifs ; accidents, II. 323. HIPPO-LASSO, I. 432. HYOVERTERROTOM1E, II, 228; indi- cations, H, 228 ; ponclion par la partie su- périeure de la poche. II, 231 ; lieu de ponction, II, 231 ; instruments, II, 232 ; fixation de l'animal, II, 232 ; manuel opé- ratoire, II, 232; suites, II, 234 ; ponction par la partie moyenne ou par la partie in- térieure de la poche, II, 235 ; exploration des poches gutturales par les trompes d'Kuslache. II, 236. I INCISIONS. I, 4" 9; — de dehors en de- dans. I, 483 ; — de dedans en dehors, I. 485; — sous-cutahées, I, 487 ; — en dédo- lanl, t. ÎS7. INCISIVES CHEZ LE CHEVAL (Opéra- rations sur les), II, 179 ; résection, II, 179 ; évulsion. II. 180. INJECTIONS, I. 671 ; — iodées, I, 671 : — hypodermiques, I, 676 ; — dans les vei- nes. I. 678 ; — détersives, I, 680. INTESTIN (V, ]>n de V). .1 JABOT (Manœuvres opératoires à em- ployer dans le cas de), II, ".69. JAMBE, I, 348 : différences, I. 352. JARRET, l, 352 ; différences, I, 358. JAVART, II, 782 :— CUTANÉ, II, 783 ; cau- ses, II, 783: symptômes. II, 783; pronostic, II, 785; traitement, II, 785; — tendineux, II, 787; symptômes, II, 787 ; pronostic, 11, 788: traitement, II, 788 ; — cartilagineux, II, 790: physiologie pathologique des lihrn- carlilages, II, 790; causes, II, 793: symptô- mes, II, 7!)4; complications, II, 798; pro- nostic, 11, 798 : traitement, II, 799; méthode par le cautère actuel, II, 800; méthode par les caustiques, II, 801 ; procédé de cauté- risation par les caustiques solides, II, 801 : procédé de cautérisation par les caustique- liquides, II, 803: rèe-les à suivre pour le TABLE ALPHABETIQUE. 811 traitement du javart cartilagineux par le procédé Mariage, II, 803 ; choix des agents escharotiques, II, 805 ; avantages et inconvénients, II, 805 ; méthode chirur- gicale ou opération du javart cartilagi- neux, II, 80>i; mesures préparatoires, H, 808 ; manuel opératoire, ÎI, S09 ; temps préalables, II, 809 ; procédé de l'extirpation d'un lambeau de paroi, II, 811 ; procédé de l'amincissement, II, 81;' ; temps essentiels, II, 813; incision du tégument, II, 8 1 3 ; séparation du cartilage d'avec la peau, II, 813 ; extirpation du cartilage (opé- ration réglée), II, 81 i ; (modifications suivant l'état du cartilage après les injec- tions escharotiques, II, 8 18 ; modifications suivant les complications, II, 819; exci- sion et cautérisation du ligament, II, 8i9; débridement du bourrelet, II, 819; manuel opératoire dans le cas d'ossification du car- tilage, II, 820; acci lents, II, 821 ; lésions du tégument, II, 822; — du ligament, II, 822; — des parois de la synoviale articu- laire, II, 823; pansement, II, 823; phéno- mènes consécutifs à l'opération du javart cartilagineux, indications, II, 82G. K KÉRAPHYLLOCÈLE, II, 717; symptô- mes, II, 718; pronostic, II, 719; traite- ment, II. 719. LACRYMALE Caroncule) , II, 208 ; rétré- cissement et obstruction des points et con- duits, II. 209; — (Oblitération du canal). II, 209. LANGUE (De la), l, 177 ; différences, I, ISt. LIGATURE, I, 501; — des artères, I, CM); manuel opératoire, 1,681; isolement de l'artère, I, G82; — de l'artère, I, 083 ; — de linéiques artères en particulier chez le cheval, I, 685. LITHOTUITIE, II. 382; instruments, II, 382; position à donner au sujet, II, 382; manuel opératoire, II, 384 ; soins consécu- tifs, II, 386. LUXATIONS, II. 54 ; — EN GÉNÉRAL, II, 5i ; éLologie. II. 55 ; anatomie pathologi- que, II, 57 ; signes et diagnostic, II. Ou ; complications et suites, II, 03 ; diagnostic différentiel, II. o4 : pronostic. II, 6i; trai- tement. II, 05 ; — EN PARTI CU LIER, IL G0 ; — de l" mâchoire inférieure. II, G0 ; — des vertfàres, II, 67; — atîoï o-occipitate, II, g; • _ axoiilu-iillo'i'llenne, II, 09 , devi'ttion i/e l'encolure simulant une luxation, IL 72; éliolocie. IL 72 : symptômes, II, Ï3; Pr0_ nostic,H, 73; nature de la lésion; anatomie pathologique. II, 73 ; traitement, II, 78 ; — scapulo-huméra/e, II, 80 ; étiologie, II, 80 ; symptômes, II, 80 ; diagnostic diffé- rentiel, II, 81 ; pronostic, II, 81 ; traitement, II, 82 ; — huméro-radiale, II, 85 ; étiologie, II, 85; svmptômes, diagnostic, II, 86; pro- nostic, II, 87 ; traitement, II, 88; — coxn- fémorale, II, 91 ; étiologie; anatomie pa- thologique, II, 92 ; symptômes, II, 94 ; diagnostic différentiel, II, 96 ; marche, terminaisons, complications, II, 9"; pro- nostic, II. 99; traitement, II, 99. — de la rotule, II, 10 1 ; causes, II, 101 ; symptômes, diagnostic, II, 102; diagnostic différentiel. II, 104; pronoslic, II, 105; traitement, II, 105; — du jarret, II, 108; — du boulet, II, 110; étiologie,. II, 1 10; symptômes, IL 112; pronostic. II, 112; traitement, II, 113. LYMPHATIQUES (Des), I, 92; — (Struc- ture et propriété des — et des ganglions), I, 97. \l MACHOIRE SUPÉRIEURE, I, 186, — inférieure, I, 187. MARTELAGE, IL 163; appareil d'ins- truments, IL 403 ; manuel opératoire, IL 4G4; effets, II, 46 i ; accidents, II, 465; — dans la castration des petits animaux, IL 475. médecine opératoire, préliminai- res, I. 41 1. MÉIMASTIN, L 249; différences, I, 251. MEMBRES, L :sl5; — antérieur, I, 315; — postérieur, I, 338. MÉTACARPE OU CANON ANTÉRIEUR, I, 335; différences, I, 337. MÉTATARSE (V. Région du). .MOELLE (V. Cavité rachidienne). MOLAIUES (Opérations sur les), II, 180; résection. II, 186; évulsion, II, '89; — caduques, extraction, II, 189; instru- ments, IL i9'i; procédé Gênée, II, 190; procédé Jouet, II, 192 ; procédé Delamare; II, 192; — cariées, extraction, II, 193; considérations anatomiques, H, 1!)3; diffi- cultés de l'opération, II, 1 93 ; cautérisation. II, 194; évulsion, IL 195; méthode d'ex- traction. II, '95; luxation, instruments, II, 195; luxation, manuel opératoire, II, 196; évulsion directe, II, 197; — évul- sion, méthode de repoussement, II, 201 ; soins consécutifs, II, 202 ; accidents, II, 203. MOUCHETURES et SCARIFICATIONS. I, 580. MIQUEUSES (Des), I, 14. MUSCLES (Structure et propriétés des) striés, I, 63; — (Développement des), I, 73. 8i2 TABLE ALPHABETIQUE. N NASEAUX, I, 123; différences, I, 124. NÉVROTOiMIE PLANTAIRE, II, 604 ; indications, II, 604 ; lieux d'élection, II, 608; manuel opératoire, II, 610; effets consécutifs, accidents, II, 611. NEZ (V. Bout du nez). OE OEIL (Muscle de 1'), I, 157 ; différences, I, 161 ; — artificiel (Application d'un), II, 218. OESOPHAGE (Gathétérisme de 1'), II, 267 ; anatomie de la région, II, 267 ; ins- truments, II, 268 ; fixation de l'animal, manuel opératoire, II, 269; — (corps étran- gers dans 1' — ), manœuvres opératoires, II, 272; taxis extérieur et extraction par la bouche, II, 273 ; propulsion dans l'es- tomac, II, 278; écrasement du corps étran- ger, II, 280. OESOPHAGOTOMIE, II, 280; indica- tions, contre-indications, II, 280 ; anato- mie de la région, II, 282; lieu d'élection, lieu de nécessité, II, 283; instruments, II, 28;{ ; fixation de l'animal, manuel opéra- toire, II, 284 ; soins consécutifs, accidents, II, 285. 0 OPÉRATIONS, éléments, I, 479 ; — gé- nérales, I, 545; — spéciales, II, 169; — qui se pratiquent sur la tête, II, 169 ; — qui se pratiquent sur les dents, II, 179 ; — qui se pratiquent sur les dents chez le chien, II, 205; — qui se pratiquent sur les yeux, II, 20(i ; — sur les paupières, II, 206 ; — sur l'appnreil lacrymal, II, 208 ; — sur la cornée, II, 210; — qui se pratiquent sur l'encolure, II, 237 ; — de la phlébite de la jugulaire, II, 257 ; — qui se pratiquent sur l'œsophage, H, 267 ; — dans le cas de jabot, II, 269 ; — quand des corps étrangers se sont arrêtés dans l'œsophage, II, 272 ; — qui se pratiquent sur la poitrine et l'ab- domen, II, 2s7 ; — qui se pratiquent sur les organes génito-urinaires, II, 361 ; — employées pour extraire ou briser les calculs vésicaux, II, 370; — qui se pra- tiquent sur les régions coccygienne et anale, II, 538 ; — de la queue à t'on- yluise, 11,545; soins préliminaires, II, 546; mise à la poulie, II, 546 ; fixation de la queue sur l'animal, II, 547 ; anatomie de la région, II, 650; manuel opératoire, H, 550 ; fixation de l'animal, II, 550 : métho- des opératoires, II, 551 ; — par incisions transversales, II, 551 ; — de Vatel, H, 555 ; — de Delafond, II, 555 ; — de Bernard , II, 555 ; — de Brogniez, II, 556 ; — de Wichmann, II, 557; appréciation, 11,557 ; soins consécutifs, II, 657 ; accidents, II, 659 ; — qui se pratiquent dans la région anale, II, 563 ; — qui se pratiquent sur les membres, II, 569 ; — et maladies du pied du cheval, H, 614 ; — exigée par la carie de la troisième phalange, II, 628 ; — du clou de rue pénétrant, II, 640 ; — du crapaud, II, 683; — de la seime, II, 715; — du javart cartilagineux, II, K06. OREILLE EXTERNE, I, 146. ORGANES DIGESTIFS, I, 283 ; diffé- rences, I, 291. OSTÉOGÉNIE, I, 41. PANSEMENTS, I, 518; (matériel ser- vant à pratiquer les — ), I, 618 ; (instru- ments de — ), I, 518; matières de — , étoupe, I, 519 ; (objets de — ), I, 522; (ap- plication des — ), I, 5 i8 ; règles des —, I, 539 ; dispositions générales, I, 539 ; — particulières, I, 540 ; renouvellement des — , I, 541 ; effets des —, I, 542. PARACENTÈSE, II, 292 ; indications, II, 292 ; lieu d'élection, II, 292 ; manuel opératoire, II, 292. PAROIS thoraciques, I, 237 ; — abdo- minales, I, 256 ; — supérieure ou région lombaire, I, 256; différences, I, 258; — inférieure de l'abdomen, I, 258; — diffé- rences, I, 261 ; — latérale de l'abdomen, I, 261 ; — du bassin, I, 294. PATURON, I, 370; différences, I, 374. PEAU (De la), I, 1 ; — structure, I, 4 : — annexes, I, 10. PERIOPLE, I, 380. PERIOSTOTOMIE, II, 16. PERITOINE, I, 280; différences, I, 283. PERITONITE consécutive à la castra- tion, II, 451 . PHALANGES (Deuxième), I, 389 ; troi- sième — , I, 3S9. PHARYNX (Du) ou arrière-bouche, I, 18 1 ; différences, I, 183. PHLÉBITE de la jugulaire (Opération de la), caractère général, II, 257; — adhé- sive, II, 257 ; traitement, II, 260; réfrigé- rants, II, 260 ; — cautérisation par le fer rouge, II, 260; — su/ipurntive, II, 2fil ; traitement, II, 261; expectation, II, 26 1; débridement simple, II, 261 ; injections, II, 261 ; débridement suivi de l'emploi d'une mèche de séton, II, 261; débridement de la fistule intraveineuse dans toute son étendue, II, 262; — extirpation de la veine TABLE ALPHABETIQUE. 843 jugulaire, II, 263 ; — hémorrhayique, II, 264; traitement, II, 264; — suture entor- tillée. II, 261 ; suture enchevillée, II, 264 ; ligature de la jugulaire. II, 265; manuel opératoire. II, 265. PIED, I. 374 ; (os du squelette de la ré- gion du) I, 3*9; — (ligaments de l'arti- culation du), I, 392 ; — (vaisseaux et nerfs du), 1,393; — (artères du), 1,393; - (veines du), I, 398 ; — (lymphatiques du), I, 40 i ; — (nerfs du), I, 406 ; — (développement du), I, 406 ; (modifications du — ) ; diffé- rences, I, 4 09; — du cheval, généralités sur les opérations de pied, II, 614 ; précautions préalables. Fixation du sujet, II, 614; ma- nuel opératoire, II, 6l6; mise à nu des tissus qui doivent être extirpés, H, 616; excision des tissus altérés, II, 617 ; panse- ments, II, 617. PLAIES par armes à feu et extraction des corps étrangers, II, 18 ; — produites parles plombs de chasse, II, 18 ; — déter- minées par les balles, les boulets, II, 18 ; moyens d'exploration, II, 19. POITRINE, I, 237. POLYPES (Ablation des), II, 12 ; — des cavités nasales, II, U'; — des sinus maxil- laires, II, 14; — de l'arrière-bouche, II, 15 ; — du vagin, II, 15. PONCTIONS, I. 489; — simple, I, 491 ; méthode de Dieulafoy, I, 491 ; — des ab- cès, I, 608 ; — de l'intestin, II, 294 ; indi- cations, II, 294 ; anatomie de la région ; lieu d'élection, II, -.'95 ; instruments, II, 296 -, fixation de l'animal ; manuel opératoire, II, 298; soins consécutifs, II, 298; effets, II, 299; accidents, II, 299; — du rumen, II, 301 ; anatomie de la région, lieu d'élection, II, 301; instruments, II, 30.'; fixation de l'animal, II, 303; manuel opératoire, II, 303 ; soins consécutifs, II, 303 ; accidents, II, 303. POSITION, I, 509. li RACHIS (Du) en général, I, 210. RAINURES (Méthode des), (V. Seimes). RECTUM, I, 307 ; différences, I, 309; — (du renversement du), II, 5(i3; procidence de la muqueuse rectale, II, 564 ; compres- sion, II, 504 ; — incisions multiples ou sca- rifications, II, 564 ; — excision, II, 564 ; — (invagination du), II, 565; — (vices de conformation du), II, 566. RÉGION fronto-pariétale, I, 119; diffé- rences, I, 120 ; — nasale, I, 121 ; — supé- rieure ou chanfrein, I, 121 ; différences, I, 122 ; — des fosses nasales et appareil ol- factif, I, 125; différences, I, 130; — labiale supérieure. I, 132 ; différences. I, 1 32 ; — parotidienne, I, 133 ; différences. I, 133 ; — temporale, I, 139; différences, I, 140; — de la joue, I, 143 ; — massétérine, I, 143; — alvéo-labiale, I. 145; — orbitaire et appareil oculaire, I, 149 ; — sourcilière, I, 150; différences, I, 150; — palpébrale ou des paupières, I, 150; différences, I, 155; — de l'auge (V. Espace i?itermaxillaire) : — sous-hyoïdienne, I, 168; — sublinguale. I, 171; — labiale inférieure, I, 172; — su- périeure ou du palais, I, 17't ; différences, I, 175; — du palais (V. supérieure); — latérales ou des joues, I, 175 ; — des joues (V. latérales) ; — postérieure ou staphy- line. I, 176; différences, I, 177 ; — staphy- line (V. postérieures) ; — inférieure ou linguale, I, 177 ; — linguale (V. inférieu- res) ; — cervicale supérieure proprement dite, I, 217; différences, I, 2j0 ; — delà crinière, I, 221 ; différences, I, 222 ; — de la nuque, I, 223 ; différences, I, 226 ; — jugulaire, I, 226 ; différences, I, 230 ; — trachéale, I, 230 ; — proprement dite, I. 231» ; différences, I, 23'.' ; — gutturale, I, 233 ; — sus-sternale, I, 235 ; différences, I, 236; — du garrot, I, 238; différences, I, 240; — dorsale, I, 240; différences, I, 241 : — costale, I, 241 ; — sternale ou pectorale inférieure, I, 214 ; — pectorale inférieure (V. sternale ; différences, I, 2i6 ; — dia- phragmatique, I, 246 ; différences, I, 249 ; — lombaire (V. Paroi supérieure) ; — de l'hypocbondre, I, 262 ; différences, I, 262 ; — du liane, I. 263; différences, I, 264 ; — inguinale, I, ï64 ; différences, I, 267; — scrotaleou des bourses, I, 268; différences. I, 274; — mammaire. I, 275; différences. I, 276 ; — sacrée, I, 294 ; différences, I, 295 ; — coccygienne, I. 295 ; différences, I, 296 ; — anale, I, 297 ; — périnéale, I, 298 ; — chez le mâle, I, 298 ; différences, I, 302 ; — chez la femelle, I, 303 ; de la pointe de l'épaule, I, 319; — du bras, I, 321 ; diffé- rences, 323; — du coude, I, 323; — du grasset; articulations fémoro-rotulienne et fémoro-tibiale, I, 345; différences, 1,318; — du métatarse ou canon postérieur, I. 359; différences, I, 359; — phalangienne ou du doigt, I, 359; — du boulet, I, 361 ; différences, I, 369. RÉUNION, I, 507. RUMEN, incision, II, 304 ; ponction (Y. Ponction du). S SABOT (Y. Boite cornée). SAIGNÉE, I, 515; généralités, I, 515 : — chez lss solipèdes, I, 554 ; — à la jugu- laire. I, 554 ; — à la saphène interne, I. 562 ; — à la céphalique. I. 564 ; — à la sous- SU TABLE ALPHABÉTIQUE. cutanée thoracique ou veine de l'éperon, I, 565 ; — à diverses veines, I, 567 ; — c/fz les animaux de l'espèce bovine, I, 57 0 ; — à la jugulaire, I, 570 ; — à la veine sous- cutanée abdominale ou mammaire, I, 572 ; — chez le mou Ion, I, 573 ; — à la faciale, T, 573 ; — à la jugulaire, I, 574 ; — à la céphalique. I, 575; — à la saphène, I. ")75 ; — chez le porc, I, 57 5; — aux auri- culaires, t, 575; — à la saphène, I. 575; — chez le chien, I. 576 ; — à l'artère trans- versale de lu fuce chez le cheval, I. 5" 7 ; — à l'artère auriculuire postérieure chez le bœuf, I, 578; — chez le porc, I, 580 ; — ù l'artère coccygicnne médiane chez le bœuf, I, 581; — capillaires, I, 581; — ca- pillaires simples, I, 582; — au palais, I, 582 ; — coronaires, I, 583 ; — à la pince du pied, I, 584; — (accidents de la), I, 590. SANGSUES, I, 588. SCARIFICATIONS (V. Mouchetures). SEIME, II, 696; divisions, II, 697; étio- logie, II. 697 ; symptômes, II. 699 ; pronos- tic, II, 700; traitement, II, 7n0; — pré- servatif, II, 700; — curatif. II, 701 ; indi- cations générales, II, 701 ; ferrure préalable, If. 702; cautérisation, II, 702 ; — avec le cautère actuel, II, 703 ; — avec les causti- ques chimiques, II, 703; emploi des banda- ges et barrage des seimes, II, 70'« ; banda- ges, II, 701; barrage, II, 7<>5; procédé de Solleysel, II, 705; premier procédé, II, 706; procédé Vachette, II, 708 ; manuel opéra- toire, II, 71i); autres procédés, II, 711; méthode des rainures, II, 712, emploi du désencasteleur, II, 7i3 ; — amincissement, II, 714; opération, II, 715; indications, II, 715 ; manuel opératoire, II, 715; amincis- sement, II, 715; extirpation, II, 715; pan- sement, II, 715; suites, II, 7 1 7- séri: uses (Bourses), 1, 26 (des grandes ; — ou splancliniques), I, 30; — (dévelop- pement des), I, 33. SÉSAMOIDE (petit). I, 391. SÉTON dans l'espèce chevaline. T, 593 ; — à mèche, I, 593; — au poitrail, I, 596; — à l'épaule, I, 597 ; — à la cuisse, I, 599; — à la fesse, I, (00; — au grasset,I, 601 ; — au thorax, I, 601 ; — à l'encolure, I, 602; — aux joues, I, 602; — à la four- chette. 1,(103; - à rouelle, I, 603; — dans l'espèce bovine. 1, 605; — dans l'espèce canine, I, 60G; (des accidents qui suivent l'application des — ), I. 606. SINUS, chez le cheval (V. Trépanation). SOLl-:, I, 378 ; — (brûlure de la), II, 658 ; symptômes, II, 659; étiologie, II, 660; traitement, II, 66 1 . SUCCEDvNÉS DE L'ETOUPE et de la charpie, I, 521. SUTURES, I, 510; instruments et ob- jets nécessaires, I, 510; règles générales des—, I, 511; — simple, I, 512; — à haurdonnets, 1, 513; — enchevillée, 1,513; — entortillée, I, 514; — en surjet, I, 515; — à points passés, I, 515; — du pelletier, I, 515; — en T, en X, I, 516; — métalli- ques, I, 516; enlèvement (précautions à prendre pour 1'), I, 517 ; soins consécutifs. I, 517. SYNOVIALES tendineuses, I, 28 ; — articulaires, I, 29. SYSTEME conjonctif, I, 18; — sé- reux, I. 26; — osseux, I, 34 ; — cartila- gineux, I, 48; — musculaire, I, 58; — vasculaire, I, 73; — nerveux, I, 1(,0; — (structure et propriétés des), I, 103. j TÉGUMENTS (Des). 1, 1; — (développe- ment des), I. 17. TENDON, extenseur antérieur, I, 387; — fléchisseur profond des phalanges (V. Extenseur antérieur). ténotomiiîs tarsiennes, 11,590; sec- tion de la branche cunéenne du tibio-pré- métatarsien, II, 590; section du tendon de l'extenseur latéral des phalanges, II. 593; — sus-carpienne, II, 594; — chez le chien, II, 595; — sur les ailes des oiseaux. II, 596 ; — plantaire, indications et contre- indications, II, ;9<;; manuel opératoire, II, 598 ; lieu d'élection, II, 598 ; ferrure préa- lable, II, 598; procédé Bernard, II, 599; procédé de M. H. Bouley, II, 599; section du ligament suspenseurdu boulet. II, 60 1 ; soins généraux et complémentaires. II. 602 ; accidents, II, 6n;j. TÉTANOS consécutif à la castration, n, 453. TÈTE, I, 118; face antérieure, I, 118 ; faces latérales, I, 133; face postérieure, I, 167; — en général, I, 183; fractures de la — ), II, 130. THORACENTÈSE chez le cheval, II, 288; indications, II, 288; lieu d'élection, II. 288 ; instruments, fixation de l'animal, manuel opératoire, II, 2.S9; quantité de liquide à extraire, II, 290; soins consécu- tifs, II, 290 ; — chez le chien, II. 291. TISSU conjonctif, I, 19; — fibreux, 1, .2; — osseux (structure du), I, 36; — musculaire à fibres lisses, I, 58 ; — striées, 1, 60 ; — feuilleté, I, 382 ; — velouté, I, 384. TORSION, 1, 504 ; procédé du Dr Tillaux, t, 505. TRACHÉOTOMIE, II, 237 ; anatomie de la région, lieu d'élection, II, 238; fixation de l'animal, II, 239; instruments, II, 240: — provisoire, II, 240 ; procédé par exci- TABLE ALPHABÉTIQUE. 845- sion de la moitié de deux cerceaux, II, 240 ; procédé par incision longitudinale, II, 241 ; procédé par incision entre deux cerceaux, II, 243; — permanente, II, 244 ; tube à ressort (Damoiseau), II, 245 ; — Leblanc, II, 245 ; — Demilly. II, 247 ; — Brodiez, II, 247; — Renault, II, 247 ; — Prangé, II, 248 ; — Reynal, II, 24!) ; — Charlier, II, 249 ; — Vachette, II, 250 ; — Peuch, II, 252 ; — Imlin, II, 253 ; — Trasbot, II, 253 ; accidents, II, 253. TRAVAILS, I, 429 ; — pour fixer le che- val, I, 429 ; — pour fixer le bœuf, I, 459. TRÉPANATION, II, 169; indications, II, 169; instruments, II, 170; dispositions anatomiques des sinus chez le cheval, II, 172 ; lieux d'élection, lieux de néces- sité, II, 174; manuel opératoire, II. 176; pansements, soins consécutifs, II, 178. TRICIIIASIS, II, 207 ; extirpation et cautérisation, II, 207 ; excision des bulbes pileux, II, 207. TROCIIISQUE, I, G05. TRONC, I, 210; TUBES divers (V. Trachéotomie perma- nente). TUMEURS (Ablation des), II, I ; exci- sion, II, I ; — avec le bistouri, II, 1 ; — avec l'écrascur linéaire de Ohassaiimac, II, 3 ; — avec les ciseaux courbes, II, 5 ; li- gature en masse, II, 5 ; — simple, II, 5 ; — multiples, II, 6; multiples sous-cuta- nées, II, 8; — élastique, II, 10; (valeur pratique des différents procédés de liga- ture), II, 10; arrachement, II, 11; ponc- tion, II, 11. U URÉTHROTOMIE, II, 370 ; indications. H, 370; — chez le cheval, II, 370; instru- ments. II. 370 ; fixation de l'animal, II. 372; manuel opératoire, II, 373; suites. II, 374 ; extraction des calculs wéthraux ou des dépôts sédimenteux de la vessie chez les femelles, II, 375 ; — chez le bœuf, II, 375; — ischiale, II, 375; suites. II, 377; — scrotale, II, 377; suites, II. 378 ; — chez le bélier ( V. Cathétérisme chez le bélier). UTÉRUS (V. Vagin). VACCINATION, I, 664. vagin et Utérus. I, 311; différences. I, 3Uu VEINES (Des), I, 85 ; (structure et pro- priétés des — ), I, 88 ; — jugulaire, extir- pation dans le traitement de la phlébite suppurative, II, 263 ; — ligature de la — jugulaire, II, 265. VENTOUSKS. I. 587. VESSIE, I. 310 : différences. I, 311. VULVE. I. 303. FIN Dli LA TABLE ALPHABETIQUE Librairie de P. ASSELIN, Place de l'École-de Médecine. NOUVEAU TRAITE i) iî MATIÈRE MÉDICALE, DE THÉRAPEUTIQUE ET DE PHARMACIE VÉTÉRINAIRES Par M. TABOURIN PBOFESSEUH A L'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON Troisième édition, revue, corrigée et augmentée. 2 forts vol. in-8, avec près de 1U0 figures intercalées dans le texte, cartonnés à l'anglaise, 1875. — Prix : '25 fr. NOUVELLE ICONOGRAPHIE FOURRAGÈRE Histoire botanique, économique et agricole des plantes fourragères et des plantes nuisibles qui se rencontrent dans les prairies et les pâturages Par MM. GOURDON, professeur à l'École vétérinaire de Toulouse, et NAUDIN, vétérinaire en premier au 19e d'artillerie. L'ouvrage se compose de 126 très-belles planches très-bien coloriées et de près de 900 pages de texte format in-4". Prix : 100 fr. broché; 120 fr. relié en 2 vol. TABLEAUX SE COMPOSANT CHACUN D'UNE FEUILLE IN-PLANO ET COMPRENANT : I" Les Formes extérieures et l'Anatomie élémentaire du Cheval, S ligures, dont G coloriées, avec explication .« 2 IV. 50 2.° L'Age des Animaux domestiques, 42 figures noires, avec explica- tion 1 50 3e Les Tares et les Défectuosités du Cheval, 50 figures noires, avec expli- cation 1 50 i • L'Anatomie élémentaire, les Maniements et les Coupes de bou- cherie du Bœuf, 10 figures, dont 6 coloriées 2 50 5 "La Ferrure du Cheval, du Mulet et du Bœuf, 59 figures noires, avec explication 1 50 Par M. MÉGJNIN, vétérinaire en premier au 12e régiment d'artillerie ; 6° Les principales Races de Chiens et les maladies dont ils sont gé - néralement atteints, 30 figures avec texte, par E. WEBER, vétérinaire à Paris. 2 Chaque tableau se rend séparément, et quand il eut collé sur toile, il coûte 1 fr. de plus. Dans les Tableaux synoptiques ci-dessus, sont représentés, par des planches très-fidèles et quelques lignes de texte, les faits principaux que ces Tableaux ont pour but de mettre en relief. Dans ceux du CHEVAL et du BOEUF, pour ne citer que ceux-là, une série de figures permet de comparer l'animal à lui-même dans les différents états où l'anatomie peut le montrer. On le voit réduit à son squelette, puis revêtu de ses muscles, puis devenu transparent, laissant voir dans leur place les viscères, les vaisseaux et les nerfs; puis enfin l'animal apparaît sous sa forme extérieure, aussi fidèlement représenté que possible. Grâce à cette série de dessins, les personnes qui n'ont pas fait d'études spéciales de l'organisation des ani- maux peuvent en prendre une idée, et celles qui la connaissent se la remémorent. Ces Tableaux joignent aussi l'utile à l'agréable, car, appendus aux murs, ils en font l'ornement en même temps qu'ils instruisent ceus qui les regardent. Leur prix, très-peu élevé, les met à la portée de toutes les b 'ses. Librairie de P. ASSELIN, Place de l'École-de-Médecine. DICTIONNAIRE USUEL DE CHIRURGIE ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRES BEUGNOT ANCIEN CHEF DE SERVICE A L'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE d'aLFORT. MANUEL PRATIQUE OU l'u.X TROUVE EXPOSÉS AVEC CLARTÉ ET DANS UN LANGAGE ) A LA PORTÉE DE TOUT LE MONDE : 1° Tout ce qui regarde l'histoire naturelle, la propagation, l'entretien et la conservation des animaux domestiques ; 2° la description de toutes les maladies auxquelles ces animaux soDt sujets; 3° les moyens de les traiter de la manière la plus efficace et la plus économique; 4° la législation vétérinaire ; OUVRAGE RÉDIGÉ D'APRÈS LES TRAVAUX DE BOURGELAT, VITEL, HUZART, CHABERT, CHAUMONTEL GOHIER, FLANDRIN, FROMAGE, DUPUY, GIRARD, V. YVART, MilIROUD, GROGNIER, BERNARD, VATEL, IIURTREL DARBOVAL, ETC. Nouvelle édition, revue, corrigée et mise au courant de la science d'après les travaux les plus récents des professeurs et praticiens français et étrangers de l'époque. 2 forts vol. gr. in-8, avec pi. — Prix pour Paris, 1 2 fr. ; rendus franco.. . . 14 fr. Cet ouvrage est nécessaire aux propriétaires, aux fermiers, aux cultivateurs, aux officiers 0 pages, cart. avec 2'<6 fig. intercalées dans le texte, 1870. 16 fr. BOUCHARD AT. — Formulaire vé- térinaire. 2e édition, 1 volume in-18, 1 802 4 fr. 50 BOULEY(H.i, membre de l'institut, ins- pecteur général des écoles vétérinaires. — Traité de l'organisation «lu pied du cheval, comprenant l'étude de la fj structure, des fonctions et des maladies de cet organe ilrc partie : Anatomie et Physio- logie). Accompagné d'un Atlas de >4 pi. dessinées et lithographiëes d'après nature. par Ed. Pochet. Prix, lig. noires.. 10 fr. Figures coloriées 16 fr. ItOlLKV (H.). — La Rage , moyens d'en éviter les dangers et de prévenir sa propagation. I vol. in- 1 8, 1870 1 fr. KOl'LEV (H.). — Maladies conta- gieuses du bétail, peste bovine, fièvre aphtheuse, cocotte, etc.. gr. in-8. 187-J. 2 50 TRAITÉ PRATIQUE DES MALADIES DE L'ESPÈCE BOVINE Par J. CRUZEL vétérinaire à Grenade-sur-Garonne de la Société centrale de méd Cet ouvrage est épuisé, une '.c1' édition est sous presse. fours abrégé d'Hippologie rédigé par les soins de la Commission d'hygiène hip- pique et approuvé par M. le Ministre de la guerre. 1 vol. in-:i2, avec 90 figures intercalées dans le texte. lS7o.. 1 fr. 50 Cours abrégé de llaréchalerie rédigé par les soins de la Commission d'hygiène hippique et approuvé par M. le Ministre de la guerre. 1 vol. in-i2, avec figures dans le texte. 1875 I fr. 25 DEJEA.Y (Oscar), ancien Juge de paix du canton de Pessac (Gironde). — Trai- té theorique et pratique de Fac- tion rédhibitoire, dans le commerce des animaux domestiques, contenant : la légis- lation,la doctrine et la jurisprudence sur la matière, la définition des vices rédhibitoires, l'explication détaillée des règles de la pro- cédure, un Formulaire complet de tous les actes nécessaires et une table chronologique des jugements et arrêts. 1vol. in- 1 2 cart. à l'anglaise, 3e édition, revue et corrigée. 1868 4 fr. »ElilFO\l> et IiASSAIClNE. — Traité de matière médicale et de pharmacie vétérinaire, théorique et pratique, Ve édit., revue, corrigée et augmentée d'un choix de Formules publiées à l'étranger. I vol. in-8 de «44 pages, avec fig. intercalées dans le texte, i Sô ». 9 fr. iiEVII (Frédéric), professeur à l'Ecole vété- rinaire de Stuttgard. — Anatomie des animaux domestiques traduite de l'allemand sur la seconde édition, par Au- guste Zundel, vétérinaire à Mulhouse, avec additions et notes par Saint-Yves Ménard. vétérinaire, ancien élève de l'Ecole d'Al- fort, étudiant en médecine. I beau volume in-S, avec .">r> figures intercalées dans le texte ; cartonné à l'anglaise, 1871. 13 fr. SERRES, professeur à l'École vétérinaire de Toulouse. — Guide hygiénique et chirurgical pour la castration et le histournage du cheval, du taureau. de la vache, du bélier et du verrat. 1 vol. grand in-18, de ;50 pages, avec des figures intercalées dans le texte. 1861.... 4 fr. 50 — CutllJt.IL. T1T. ET STEU. DK C II h t.. er Family Libraty of Veterinary Medicine qs School of Veterinary Medicine at 200 Wes load IMorth Grafton, MA 01536 ia*itvnmu.n»«»«n»w | iumuni, ■«,-.... . ,~ .... ,. , „.i—, ,, , ,i ., — .. . — ■'"■ ■■■■«■iiiinni'-wiii r m*mmmmmmu+mmm SSssdft iwn mmm