>>>.. •^■f^' ^Harvard Médical Library in the Francis A. Countway Library of Medicine --Boston VERITATEM PERMEDICIXAM QU^RA/AUS Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Univers ity of Ottawa http://www.archive.org/details/prcislment02mage PRECIS ELEMENTAIRE DE PHYSIOLOGIE. DE L'IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE FILS, RT)E DU COLOMBIER, N*' 3o. PRECIS ELEMENTAIRE DE PHYSIOLOGIE, Par F. MAGENDIE, MEMBRE DE l'iNSTITDT DE FRANCE, Titulaire de l'Académie Royale de Médecine , Médecin du Bureau cen- tral d'admission aux Hôpitaux et Hospices civils de Paris, des Sociétés Philomatique et médicale d'émulation, des Sociétés de Médecine de Stockholm, Copenhague, Wilna, Philadelphie, Dublin , Edimbourg, de l'Académie des Sciences de Turin, etc. DEUXIEME ÉDITION, CORRIGÉE ET AUGMENTEE. TOME SECOND. '-MO^Br^OO^ A PARIS, CHEZ MEQUIGNON-MARVIS, LIBRAIRE EDITEUR, RUE DU JARDINET, ««> l3, QUARTIER OU l'ÉCOLE DE MEDECINE. 1825. HARVARD UNIVERSITY SCHOOL OF MEDICtNE AND PUBLIC ^HEM-TH. LIBRARY 8 0CT1936 Qr\'^x %tiSnï^ %^^l ^^ liquide manière. M. Chevreul 1 a analyse, et y a reconnu acide 1 j, , . , , de l'estomac, neaucoup a eau, une assez grande quantité de mucus, de l'acide lactique de M. Berzélius, uni à ( 1 ) Expériences sur la digestion dans Vhoinme ^ par S. de Montègre , 1804. (2I Idem. 12 PRÉCIS ELEMENTAIRE une matière animale soluble dans l'eau et insolu- ble dans l'alcool . un peu d'hydrochlorate d'am- moniaque, d'hydrochlorate de potasse, et d'une certaine quantité d'hydrochlorate de soude. Relativement à la quantité de ce liquide, M. Pi- nel a observé que si, avant de le rejeter eii vomis- sant, il avale une gorgée d'eau ou une bouchée d'un aliment quelconque , il peut en obtenir en très peu de temps jusqu'à une demi-livre. M. Pi- nel croit avoir observé que la saveur de ce même liquide varie suivant l'espèce d'aliment dont il a fait usage la veille. Digestion Lorsqu'ou cxamiiie les cadavres de personnes delà salive et > • i » > i> du mucus, mortes d accident, 1 estomac n ayant pas reçu d a- liments ni de boisson depuis quelque temps, cet organe ne contient que très peu de mucosités aci- des , adhérentes aux parois de l'estomac , et dont une partie, qui se trouve dans la portion pylo- rique du viscère , paraît réduite en chyme. Il est donc extrêmement probable que le liquide qui devrait se trouver dans l'estomac est digéré par ce viscère comme une substance alimentaire, et que c'est la raison pour laquelle il ne s'y accumule point. Dans les animaux dont l'organisation se rap- proche de celle de l'homme , tels que les chiens et les chats , on ne trouve pas non plus de liquide ^ dans l'estomac après un ou plusieurs jours d'abs- DE PHYSIOLOGIE. l5 tinence absolue ; on n'y voit qu'un peu de mu- cosité visqueuse , adhérente aux parois de l'organe vers son extrémité splénique. Cette matière a la plus grande analogie , sous le rapport physique et chimique, avec celle qu'on trouve dans l'estomac de riiomme. Mais , si l'on fait avaler à ces ani- maux un corps qui ne soit pas susceptible d'être digéré , un caillou par exemple , il se forme , au bout de quelque temps , dans la cavité de l'esto- mac une certaine quantité d'un liquide acide , muqueux, de couleur grisâti'e, sensiblement salé, qui se rapproche par sa composition de celui qui se rencontre quelquefois chez l'homme , et dont nous venons de donner l'analyse approximative d'après M. Chevreul. C'est au liquide résultat du mélange des mu- Suc cosités de la bouche, du pharynx, de l'œsophage ^^^^"^"^= et de l'estomac, avec le liquide sécrété par les fol- ^ licules des mêmes parties et avec la salive, que les physiologistes ont donné le nom de suc gastrique , et auquel ils ont attribué des propriétés particu- lières. Dans l'intestin grêle , il se forme de même une Mucus grande quantité de matière muqueuse , qui reste ^^ irTk.'*'" habituellement attachée aux parois de l'intestin ; elle diftere peu de celle dont nous avons parlé plus haut; elle est visqueuse , filante , a une saveur sa- lée et est acide ; elle se renouvelle avec une grande l4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE promptitude. Si l'on met à nu la membrane mu- queuse de cet intestin sur un chien , et qu'on en- lève la couche de mucosité qui s'y trouve en l'ab- sorbant avec une éponge , il faut à peine une mi- nute pour qu'elle reparaisse. On peut répéter autant qu'on veut cette observation, jusqu'à ce que l'in- testin s'enflamme par suite du contact de l'air et des corps étrangers. La mucosité de l'estomac ne pénètre dans la cavité de l'intestin grêle que sous la forme d'une matière pulpeuse, grisâtre, opaque , qui a toute l'apparence d'un chyme parti- culier. Manière C'cst à la suifacc de cette même portion du ca- 1°o"uk''daiî nal digestif que la bile est versée , ainsi que le li- ^^r^êk"^ quide sécrété par le pancréas. Je ne crois pas qu'on ait jamais observé sur un homme vivant la manière dont se fait l'écoulement de la bile et du liquide pancréatique. Sur les animaux , tels que les chiens , l'écoulement de ces fluides se fait par intervalles , c'est-à-dire qu'environ deux fois dans une minute on voit sourdre de l'orifice du canal cholédoque ou biliaire une goutte de bile , qui se répand aussi- tôt uniformément et en nappe sur les parties envi- ronnantes , qui en sont déjà imprégnées ; aussi trouve-t-on toujours dans l'intestin grêle une cer- taine quantité de bile. Manière L'écoulcment du liquide formé par le pancréas dcntlelluide , ^ • «i i_ pancréatique se fait d'uiic manière analogue , mais il est beau- DE PHYSIOLOGIE. l5 coup plus lent ; il se passe quelquefois un quart coule dans ,,, 1, . ,. .,1 l'intcslin d heure avant que 1 on voie sortir une goutte de grêk. ce fluide par lorifice du canal qui le verse dans l'in- testin. J'ai vu cependant, dans quelques cas, l'é- coulement du fluide pancréatique se faire avec as- sez de rapidité. Les différents fluides qui sont déposés dans l'in- testin grêle, savoir, la matière chymeuse , qui vient de l'estomac , le mucus , le fluide folliculaire , la bile, et le liquide pancréatique, se mêlent; mais, à raison de ses propriétés et peut-être de sa pro- portion, la bile prédomine et donne au mélange sa couleur et sa saveur. Une grande partie de ce mélange descend vers le gros intestin et y pénètre ; dans ce trajet , il prend de la consistance , et la couleur jaune claire qu'il avaitd'abord devient jaune foncée et ensuite verdâtre. Il y a cependant , sous ce rapport , des différences individuelles très tran- chées. Dans le gros intestin , la sécrétion muqueuse et Mucus du Sfros folliculaire paraît moins active que dans l'intestin intestin, grêle. Le mélange des fluides provenant de ce dernier y acquiert plus de consistance ; il y con- tracte une odeur fétide , analogue à celle des ma- tières fécales ordinaires : il en a d'ailleurs l'appa- rence , en raison de sa couleur, de son odeur, etc. La connaissance de ces faits permet de concevoir comment une personne qui ne fait point usage d'à- Follicules odorants de l'a nu s. Des gaz contenus dans le canal intestinal. 16 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE liments peut continuer à rendre des excréments , et comment , dans certaines maladies , la quantité de ceux-ci est très considérable , quoique le malade soit depuis long-temps privé de toute substance alimentaire , même liquide. Autour de l'anus il existe des follicules qui sé- crètent une matière grasse et d'une odeur particu- lière assez forte. On rencontre presque constamment des gaz dans le canal intestinal ; l'estomac n'en contient que très peu. Leur nature chimique n'a point encore été examinée avec soin ; mais comme la salive que nous avalons est toujours imprégnée d'air atmo- sphérique, il est probable que c'est l'air de l'atmo- sphère , plus ou moins altéré , qui se trouve dans l'estomac ; du moins je me suis assuré , par l'ex- périence , qu'on y rencontre de l'acide carbonique. L'intestin grêle ne contient aussi qu'une très pe- tite quantité de gaz ; c'est un mélange d'acide car- bonique , d'azote et d'hydrogène. Le gros intestin contient de l'acide carbonique , de l'azote et de l'hydrogène , tantôt carboné , tantôt sulfuré. J'ai vu vingt-trois centièmes de ce gaz dans le rectum d'un individu récemment supplicié , dont le gros intestin ne contenait point de matière fécale. Quelle est l'origine de ces gaz ? Viennent-ils du dehors? sont-ils sécrétés par la membrane mu- queuse digestive , ou bien sont-ils le résultat de la DE PIIYSIOLOGIE. I7 réaction des éléments qui composent les matières contenues dans le canal intestinal ? Cette question sera examinée plus tard ; remarquons cependant qu'il y a des circonstances où nous avalons , sans le savoir , beaucoup d'air atmosphérique. La couche musculeuse du canal digestif doit Couche , , 1 T/T' 1 musculaire être remarquée sous le rapport des clilterents modes du canal 1 • > n ' . T 1' 1 digestif. de contraction qu elle présente. Les lèvres , les mâchoires , dans la plupart des cas la langue , les joues , se meuvent par une contraction entièrement semblable à celle des muscles de la locomotion. Le voile du palais , le pharynx , l'œsophaere , et dans i^^ff^/ents '- ■ M. j i o ' modes de quelques circonstances particulières la lansfue , of- f^outractîon ^ ^ , ^ ^ des fibres dn frent bien des mouvements qui ont une analogie canal ./. 1 . 1 . . . digestif. maniieste avec la contraction musculaire, mais qui en diffèrent beaucoup , puisqu'ils s'exécutent sans la participation de la volonté. J'ai pourtant eu oc- casion de voir quelques personnes qui pouvaient mouvoir volontairement le voile du palais et la partie supérieure du pharynx. Ceci ne veut pas dire que les mouvements des parties que je viens de nommer soient hors de l'in- fluence nerveuse , l'expérience prouve directement le contraire. Si , par exemple , on coupe les nerfs qui se rendent à l'œsophage , on prive ce conduit de sa faculté contractile. Les muscles du voile du palais , ceux du pha- rynx, les deux tiers supérieurs de l'œsophage, ne 2. 2 l8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE se contractent guère comme organes digestifs que lorsqu'il s'agit de faire pénétrer quelques sub- Mouvement stauccs de la bouche dans l'estomac. Le tiers infé- Fœsophage. l'ieur de l'œsophage présente un phénomène par- ticulier qu'il est important de connaître : c'est un mouvement alternatif de contraction et de relâche- ment qui existe d'une manière continue. La con- traction commence à la réunion des deux tiers su- périeurs du conduit avec le tiers inférieur ; elle se prolonge avec une certaine rapidité jusqu'à l'inser- tion de l'œsophage dans l'estomac; une fois pro- duite 5 elle persiste un temps variable : sa durée moyenne est au moins de trente secondes. Con- tracté ainsi dans son tiers inférieur, l'œsophage est dur et élastique comme une corde fortement tendue. Le relâchement qui succède à la contrac- tion arrive tout-à-coup et simultanément dans cha- cune des fibres contractées; dans certains cas ce- pendant , il semble se faire des fibres supérieures vers les inférieures. Dans l'état de relâchement , l'œsophage présente une flaccidité remarquable qui contraste singulièrement avec l'état de con- traction. Mouvement Ce mouvemeiit de l'œsophage est sous la dé- de l'oesophage, pendancc des nerfs de la huitième paire. Quand on a coupé ces nerfs sur un animal, l'œsophage ne se contracte plus , mais il n'est pas non plus dans le relâchement que nous venons de décrire ; DE PHYSIOLOGIE. 19 ses fibres , soustraites à l'influence nerveuse , se raccourcissent avec une certaine force , et le canal se trouve dans un état intermédiaire de la contrac- tion et du relâchement. La vacuité ou la distension de l'estomac influent sur la durée et l'intensité de la contraction de l'œsophage (i). Depuis l'extrémité inférieure de l'estomac jus- Mouvement y\ 1 n 1 M- • 1 1. .1 péristaltique qu a la lui de 1 intestm rectum , le canal intestmal de l'estomac présente un mode de contraction qui diffère, sous intest^^ns. presque tous les rapports, de la contraction de la partie sus-diaphragmatique du canal. Cette con- (i) Le mouvement alternatif du tiers inférieur de l'œso- phage n'existe pas chez le cheval; mais chez cet animal les piliers du diaphragme ont sur l'extrémité cardiaque de ce conduit une action particulière qui n'existe point chez les animaux qui vomissent aisément. Voyez le détail des expé- riences que j'ai faites sur ce sujet, et le rapport des com- missaires de l'Institut, dans le Bulletin de la Société philo- matique y année 181 5. Depuis cette époque j'ai observé avec plus de soin l'œsophage du cheval, et j'ai remarqué que son extrémité diaphragmatique, dans une étendue de huit ou dix pouces^ n'est point contractile à la manière des muscles. L'irtitation des nerfs de la huitième paire , le galvanisme , la laissent immobile; mais elle est très élastique, et main- tient tellement fermé le bout inférieur de l'œsophage , que même long-temps après la mort il est difficile d'y introduire le doigt, et qu'il faut exercer une très forte pression pour y faire pénétrer l'air. Cette disposition est, je crois, la véritable raison pour laquelle les chevaux vomissent si difficilement, et se rompent quelquefois l'estomac en s'efforçant à vomir. 2. 20 PRECIS ELEMENTAIRE Mouvement tractioii se fait toujours lentement et d'une ma- péristaltique .,.,.. de l'estomac uicrc iiTCguliere ; il se passe quelquefois une et des iutesiins. lieure sans qu'on en aperçoive aucune trace, d'au- tres fois plusieurs portions intestinales se contrac- tent à la fois. Elle paraît très peu influencée par le système nerveux; elle continue, par exemple, dans l'estomac après la section des nerfs de la huitième paire : elle devient plus active par l'affaiblissement des animaux, et même par leur mort; chez quel- ques uns , elle prend , par cette cause , une accé- lération considérable ; elle persiste, quoique le ca- nal intestinal ait été entièrement séparé du corps. La portion pylorique de l'estomac, l'intestin grêle, sont les points du canal intestinal où elle se pré- sente le plus souvent et d'une manière plus con- stante. Ce mouvement, qui résulte de la contrac- tion successive ou simultanée des libres longitu- dinales et circulaires du canal intestinal, a été diversement désigné par les auteurs : les uns l'ont nommé vermiculaire ^ ceux-ci péristaltique j, ceux-là contractilité organique sensible^ etc. Quoi qu'il en soit, la volonté ne paraît exercer sur lui aucune influence sensible (i). Les muscles de l'anus se contractent volontaire- ment. (i) Dans le cheval, la moitié splénique de l'estomac est plus contractile que la portion pylorique ; aussi les aliments séjournent peu dans l'estomac de cet animal , et la digestion hK l'II YS 10 LOGIIÎ. 2 1 La poriion sus-diapliraj;iiialiqLie du conduit di- gestif ii'est point susceptible d eprouvei' une dila- tation considérable ; il est facile de voir, par sa structure et le mode de contraction de sa couche musculeuse , qu'elle ne doit point laisser séjour- ner les aliments dans sa cavité . mais qu'elle est plutôt destinée à transporter ces substances de h\ bouche dans l'estomac. Ce dernier organe et le gros intestin sont au contraire évidemment dispo- sés pour se prêtera une distension très grande ; aussi les substances qui sont introduites dans le canal alimentaire s'accumulent-elles et font-elles un séjour plus ou moins long à leur intérieur. Le diaphragme et les muscles abdominaux dé- terminent continuellement une sorte de ballotte- ment des organes digestifs contenus dans la cavité abdominale; ils exercent sur ces mêmes organes une pression continuelle, qui devient quelquefois se fait en grande partie dans les intestins. La panse des ru- minants, le feuillet, la caillette, sont fort peu contractiles, mais le bonnet se contracte d'une manière très active, bien que sa contraction ne prenne point le caractère de la portion sus-diaphragmatique du canal intestinal. Les oiseaux, les reptiles et les poissons n'ont de contraction brusque que dans les organes de la déglutition, tout le reste du canal di- gestif se contracte à la manière péristaltique. Ce phénomène est très frappant pour le gésier des oiseaux^ qu'on repré- sente comme un muscle très énergique ; l'irritation des huit paires ne le fait point entrer en contraction. 22 PRÉCIS ELEMENTAIRE très considérable. Nous verrons plus bas comment ces deux causes, réunies ou séparées, concourent à différents actes de la digestion. De la faim et de la soif. Delà faim La digcstiou iiéccssite de la part de l'homme et et de la soif. . i > • des animaux un certain nombre d actions pour se procurer et saisir les aliments, et les introduire dans l'estomac : cette introduction doit cesser à répoque où l'estomac est rempli , ou ne doit se faire qu'en raison des besoins de l'économie ; en général il est avantageux qu'elle ne se fasse qu'a- près que la digestion précédente est terminée ; il est aussi d'autres circonstances où elle serait nuisible. Il était donc nécessaire que l'homme et les animaux fussent avertis du moment où il est nécessaire de porter des aliments solides ou liquides dans l'estomac, et des cas où il serait désavanta- geux de le faire. La nature est arrivée à ce but important en faisant développer plusieurs senti- ments instinctifs qui nous avertissent des besoins de l'économie et de l'état particulier des organes digestifs. Ces sentiments indicateurs de nos be- soins varient suivant l'espèce de ceux-ci : ils peu- vent être divisés en ceux qui nous excitent à faire usage de telle ou telle substance , et en ceux qui nous en éloignent. Les premiers se rapportent à la DE PHYSIOLOGIE. 2,3 faim et à la soif, les seconds à ia saliélé el au De la faim. dégoût. Le besoin des aliments solides est caractérisé Deiaiaii par un sentiment particulier dans la région de l'estomac et par une faiblesse générale plus ou moins marquée. En général ce sentiment se renou- velle quand l'estomac est vide depuis quelque temps ; il est très variable pour l'intensité et pour la nature, suivant les individus, et même chez le même individu. Chez les uns, sa violence est ex- trême ; chez d'autres, il se fait à peine sentir ; quel- ques uns même ne l'éprouvent jamais, et mangent seulement parceque l'heure des repas est arrivée. Plusieurs personnes éprouvent un tiraillement , un resserrement plus ou moins pénible dans la^ région épigastrique ; chez d'autres, c'est une cha= leur douce dans la même région , accompagnée de bâillements, et d'un bruit particulier , produit par le déplacement des gaz contenus dans l'estomac , qui se contracte. Lorsqu'on ne satisfait pas à ce be- soin, il s'accroît et peut se transformer en une vive douleur : il en est de même de la sensation de faiblesse et de fatigue générale qu'on éprouve ;, et qui peut aller jusqu'au point de rendre les mou- vements difficiles ou même impossibles. de la faim. Phénomènes ^4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Phénomènes Lcs auteuFs distiiigucnt dans la faim des phéno- mènes locaux et des phénomènes généraux. Cette distinction en elle-même est bonne et peut être avantageuse à l'étude; mais n'a-t-on pas souvent décrit , comme phénomènes locaux ou généraux de la faim , des suppositions gratuites dont la théorie rendait l'existence probable ? Ce point de physiologie est un de ceux où le défaut d'expériences directes se fait le plus vivement sentir. On compte parmi les phénomènes locaux de la locaux faim le resserrement et la contraction de l'esto- de la faim. mac. «Les parois du viscère deviennent , dit -on, plus épaisses; il a changé de forme , de situation, et tiré un peu à lui le duodénum ; sa cavité contient de la salive mêlée d'air, des mucosités , de la bile hépatique , qui a reflué par suite du tiraillement du duodénum : il y a d'autant plus de ces diverses humeurs dans l'estomac que la faim est plus pro- longée. La bile cystique ne coule pas dans le duo- dénum ; elle s'amasse dans la vésicule biliaire, et y est d'autant plus abondante et d'autant plus noire, que l'abstinence dure depuis plus long-temps. Il y a un changement dans l'ordre de la circulation des organes digestifs; l'estomac reçoit moins de sang, soit à cause de la flexuosité de ses vaisseaux , plus grande alors, parcequ'il est resserré, soit à cause delà compression de ses nerfs par suite de ce même DE PHYSIOLOGIE- 9.:^ resserrement, et dont riiilïuenee sur la ciiculation serait alors dimiimée. D'un autre eôté , le foie , la rate, l'épiploon, en reçoivent davantage et l'ont l'ol- fice de diverticulum ; le foie et la rate, parceqn'ils sont moins soutenus quand l'estomac est vide , el qu'ils offrent dès lors un abord plus facile au sang; et répiploon , parcequ'alors les vaisseaux sont moins flexueux, etc. (i). » La plupart de ces don- nées sont conjecturales et à peu près dénuées de preuves; mais elles ont déjà, en partie , été réfutées par Bicliat : quelques unes des objections de cet ingénieux physiologiste ne sont pas elles-mêmes à l'abri de toute critique. Ne pouvant entrer ici dans les détails de cette discussion , je dirai seulement les observations que j'ai faites à cette occasion. Après vinat- quatre, quarante - huit et même observations . , .,.. sur l'état soixante heures d'abstinence complète, je n'ai ja- de l'estomac pendant mais vu la contraction et le resserrement de 1 esto- la faim, mac dont parlent les auteurs; cet organe m'a tou- jours présenté des dimensions assez considérables, surtout dans son extrémité splénique : ce n'est que passé le quatrième ou cinquième jour qu'il m'a paru revenir sur lui-même, diminuer beaucoup de capacité, et changer légèrement déposition; encore ces effets ne sont -ils très marqués que lorsque le jeûne a été rigoureusement observé. Bichat pense que la pression soutenue par Testo- observation (i) Dictionnaire des Sciences médicales ^ art. digestion. 20 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE suiia mac quand il est vide est égale à celle qu'il sup- soutenue ")ar portc quaud il cst distciidu par des aliments, atten- abdo'minrux ^u, dit-il, quc Ics paiois abdominales se resserrent ^^fdm! ^^ à mesure que le volume de l'estomac diminue. On peut aisément s'assurer du contraire en mettant un ou deux doigts dans la cavité abdominale, après avoir incisé ses parois ; il sera facile alors de recon- naître que la pression soutenue par les viscères est, en quelque sorte , en raison directe de la distension de l'estomac : si l'estomac est plein , le doigt sera fortement pressé , et les viscères feront effort pour s'échapper à travers l'ouverture ; s'il est vide , la pression sera très peu marquée, et les viscères au- ront peu de tendance à sortir de la cavité abdomi- nale. On sent que dans cette expérience il ne faut pas confondre la pression exercée par les muscles abdominaux lorsqu'ils sont relâchés avec celle qu'ils exercent en se contractant avec force. Aussi, lorsque l'estomac est vide , tous les réservoirs con- -tenus dans l'abdomen se laissent -ils plus facile- ment distendre par les matières qu'ils doivent re- tenir quelque temps. C'est, je crois, la principale raison pour laquelle la bile s'accumule dans la vési- cule du fiel. Quant à la présence de la bile dans l'es- tomac , que quelques personnes regardent comme l'une des causes de la faim , je crois qu'à moins de circonstances maladives la bile ne s'y introduit point , quoique son écoulement continue dans Fin- DE PU YSIOLOGIE. 27 testiii grêle , comaie je m'en suis directement assuré. La quantité de mucosité que présente la cavité de l'estomac est d'autant moins considérable , que l'abstinence se prolonge davantage. Mes expé- riences sur ce point sont entièrement d'accord avec celle de Dumas. Relativement à la quantité de sang qui se porte à l'estomac dans l'état de vacuité , à raison du vo- lume de ses vaisseaux et du mode de circulation qui existe alors , je suis tenté de croire qu'il reçoit moins de ce fluide que lorsqu'il est rempli d'ali- ments ; mais , loin d'être sous ce rapport en oppo- sition avec les autres organes abdominaux, cette disposition me paraît être commune à tous les 'or- ganes contenus dans l'abdomen. On rapporte aux phénomènes généraux de la Phénomènes faim un affaiblissement et une diminution de l'ac- de la faim. tion de tous les organes ; la circulation et la respi- ration se ralentissent , la chaleur du corps baisse , les sécrétions diminuent , toutes les fonctions , s'exercent avec plus de difficulté. On dit que l'ab- sorption seule devient plus active, mais rien n'est rigoureusement démontré à cet égard. La faim , l'appétit même , qui n'est que son pre- Sentimemsi , , , . qu'il ne fauv>, mier degré , doivent être distingués du sentiment pas , .-,,(., 11 confondre qui nous porte a nous nourrir de préférence de tel avec la faim ou tel genre d'aliment , de celui qui nous fait, dans 28 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE un repas, porter notre choix sur un mets plutôt que sur un autre , etc. Ces sentiments sont très éloignés de la faim réelle , qui exprime les besoins véritables de l'économie ; ils tiennent en grande partie à la civilisation , aux habitudes , à certaines idées relatives aux propriétés des aliments. Quel- ques uns sont en rapport avec la saison , le climat; et alors ils deviennent tout aussi légitimes que la faim elle-même : tel est celui qui nous porte vers le régime végétal dans les pays chauds , ou durant les chaleurs de l'été. Causej Certaines circonstances rendent la faim plus in- qui rendent *■ la faim teusc ct la fout rcvciiir à des intervalles plus rap- plus intense* , proches : tels sont un air froid et sec , l'hiver , le printemps , les bains froids , les frictions sèches sur la peau, l'exercice du cheval, la marche, les^ fatigues du corps , et en général toutes les causes qui mettent en jeu l'action des organes et accé- lèrent le mouvement nutritif, avec lequel la faim est essentiellement liée. Quelques substances intro- duites dans l'estomac excitent un sentiment qui a de l'analogie avec la faim, mais qu'il ne faut ce- pendant pas confondre avec elle. Causes qui H est dcs causcs qui diminuent l'intensité de la diminuent la \ faim. faim et qui éloignent les époques auxquelles elle se manifeste habituellement : de ce nombre sont l'ha- bitation des pays chauds et des lieux humides , le repos du corps et de l'esprit , les passions tristes ., uses DE PHYSTOLOGIE. 20 et enfin tontes les circonstances qui s'opposent à l'action des organes et diminuent l'activité de la nutrition. On connaît aussi des substances qui , portées dans les voies digestives , font cesser la faim , ou empêchent son développement, comme l'opium , les boissons chaudes, etc. Que n'a-t-on pas dit sur les causes de la faim? Caw Elle a été tour à tour attribuée à la prévoyance du de°iaS! principe vital , aux frottements des parois de l'es- tomac l'une contre l'autre , au tiraillement du foie sur le diaphragme , à l'action de la bile sur l'esto- mac, à i'âcreté et à l'acidité du suc gastrique, à la fatigue des fibres de l'estomac contractées , à la compression des nerfs de ce viscère , etc. , etc. La faim résulte, comme toutes les autres sensations internes, de l'action du système nerveux; elle n'a d'autre siège que ce système lui-même, et d'autres causes que les lois générales de l'organisation. Ce qui prouve bien la vérité de cette assertion , c'est qu'elle continue quelquefois , quoique l'estomac soit rempli d'aliments; c'est qu'elle peut ne pas se développer , quoique l'estomac soit vide depuis long-temps ; enfin , c'est qu'elle est soumise à l'ha- bitude , au point de cesser spontanément quand l'heure habituelle du repas est passée. Ceci est vrai, non seulement du sentiment qu'on éprouve dans la région de l'estomac , mais encore de la faiblesse générale qui l'accompagne, et qui par conséquent 3o , PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ne peut être considérée comme réelle, au moins dans les premiers instants où elle se manifeste. Plusieurs auteurs confondent la faim avec les effets d'une abstinence complète et prolongée jus- qu'à ce que la mort arrive : nous ne suivrons pas leur exemple. La faim , considérée comme phé- nomène instinctif , appartient à la physiologie : considérée comme cause de maladie , elle n'est plus du ressort de cette science et appartient à la séméiotique. De la soif. Delà soif. On uomme s^t/ le désir de faire usage de bois- son. 11 varie suivant les individus , et il est rare- ment semblable chez une même personne. En gé- néral il consiste en un sentiment de sécheresse , de constriction et de chaleur qui règne dans l'arrière- bouche , le pharynx, l'œsophage, et quelquefois dans l'estomac. Pour peu que la soif se prolonge , il survient de la rougeur et du gonflement à ces parties, la sécrétion muqueuse cesse presque en- tièrement ; celle des follicules s'altère , devient épaisse et tenace ; l'écoulement de la salive dimi- nue, et la viscosité de ce fluide augmente sensible-, ment. Ces phénomènes s'accompagnent d'une in- quiétude vague , d'une ardeur générale ; les yeux deviennent rouges , l'esprit éprouve un certain trouble , le mouvement du sang s'accélère , la res- DE PHYSIOLOGIE. 3l pi ration devient haletante , la bouche est souvent et largement ouverte . afin de mettre l'air extérieur en contact avec les parties irritées, et d'éprouver un soulagement instantané. Le plus souvent l'envie de boire se développe Causes quand , par une cause quelconque , la chaleur et la sécheresse de l'atmosphère par exemple , le corps a fait une perte abondante en liquide ; mais elle se manifeste dans un grand nombre de circonstances différentes , telles que d'avoir parlé long-temps , mangé certains aliments , avalé une substance qui s'arrête dans l'œsophage , etc. L'habitude vicieuse de boire fréquemment , et le désir d'éprouver la saveur de quelques liquides , comme le vin , l'eau- de-vie, etc. , déterminent le développement d'un sentiment qui a la plus grande analogie avec la soif. , Il y a des personnes qui n'ont jamais ressenti la soif , qui prennent , en quelque sorte , des bois- sons par convenance , mais qui vivraient très long- temps sans y songer et sans éprouver aucun incon- vénient de leur privation ; il en est d'autres chez qui la soif se renouvelle souvent et devient très im- périeuse, jusqu'à leur faire boire vingt ou trente 4itres de liquide dans vingt-quatre heures : on re- marque sous ce rapport de nombreuses différences individuelles. Pvemonterons-nous , avec certains auteurs, à la cause prochaine de la soif? dirons-nous qu'elle est 02 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE l'effet de la prévoyance de l'àme? placerons-nous son siège dans les nerfs du pharynx , dans les vais- seaux sanguins ou dans les vaisseaux lymphati- ques? Ces considérations ne doivent plus désor- mais trouver place que dans l'histoire de la physio- logie. La soif est un sentiment instinctif ; elle tient essentiellement à lorganisation , elle ne comporte aucune explication de ce genre : le sentiment de sécheresse et de chaleur qui l'accompagne paraît l'expression naturelle de l'état qui suitl'évaporation de la partie aqueuse du sang ou simplement de son excrétion ; car toutes les fois que nous perdons par une cause quelconque une grande partie de la séro- sité du sang , nous sommes tourmentés par la soif. Nous ne parlerons pas non plus des phénomènes morbides qui accompagnent et qui précèdent la mort par la privation complète des boissons ; cette étude appartient tout entière à la physiologie pa- thologique. Des aliments. Tes aliments. Oii doiiiie Cil général le nom à' aliment à toute substance qui, soumise à l'action des organes de la digestion, peut seule nourrir. Dans ce sens, un aliment est nécessairement extrait des végétaux ou des animaux ; car il n'y a que les corps qui ont joui de la vie qui puissent servir utilement à la nu- trition des animaux pendant un certain temps. DE PHYSIOLOGIE. ,).) Cette manière d'envisager les aliments paraît un peu trop restreinte. Pourquoi refuser le nom d'ali- ment à des substances qui, à la vérité, ne pour- raient nourrir seules , mais qui concourent effica- cemejît à la nutrition, puisqu'elles entrent dans la composition des organes et des fluides animaux ? Tels sont le muriate de soude, l'oxyde de fer, la silice , et surtout l'eau , qui se trouve en si grande quantité dans le corps des animaux et y est si né- cessaire. Il me paraît préférable de considérer comme aliment toute substance qui peut servir à la nutrition , en établissant toutefois la distinction importante des substances qui peuvent nourrir seules , et de celles qui ne servent à la nutrition que de concert avec les premières (i). Encore est-ce (i) On a dit, d'après Hippocrate, qu'il y a plusieurs es- pèces d' aliments f mais quil n'y a cependant qu'un seul aliment: cette proposition ne m'a jamais présenté un sens clair. En effet, veut-on dire que dans une substance alimen- taire il n'y a qu'une partie qui soit nutritive ? mais alors cette partie variera pour chaque aliment. Veut-on dire que les aliments servent, en dernière analyse , à former une sub- stance toujours la même , qui est le chyle ? on ne dira point encore vrai , car le chyle a des qualités variables suivant les aliments. Pense-t-on que les aliments servent à renouveler dans le sang une substance particulière qui seule peut nourrir, et qui serait le quod nutrit des anciens ? mais cette substance existe-t-elle ? Veut-on enfin croire qu'il y a dans tous les ali- 2. 3 54 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE une question qui n'est pas résolue , que de savoir s'il est possible de vivre long-temps en ne m an- géant qu'une seule et même substance alimen- taire , quelles que soient d'ailleurs ses qualités nu- tritives. ( Voyez Nutrition. ) Quant à une idée nette de ce qu'on doit en- tendre par aliment , pour la donner il faudrait connaître à fond le phénomène de la nutrition ; or la science n'en est point encore là. Sous le rapport de leur nature , les aliments dif- fèrent entre eux par l'espèce de principe immédiat qui prédomine dans leur composition. On peut les distinguer en neuf classes. 1 "^ Aliments féculeux : froment , orge , avoine , riz , seigle , maïs , pomme de terre , sagou , salep , pois , haricots , lentilles , etc. 2" Alimentsmucilagineux : carotte, salsifis, bet- terave , navet , asperge , chou , laitue , artichaut , cardon , potiron, melon , etc. 3** Aliments sucrés : les diverses espèces de su- cre , les figues , les dattes , l€s raisins secs , les abricots, etc. 4° Aliments acidulés : oranges , groseilles , ce- rises, pêches , fraises , framboises , mûres , raisins , prunes, poires, pommes, oseille, etc. 5° Aliments huileux et graisseux : cacao, olives , ments un principe particnlier , partout identique , essentiel- lement nutritif? rien n'est moins prouvé. DE PHYSIOLOGIE. 55 amandes douces , noisettes , noix , les graisses ani- males , les huiles , le beurre , etc. 6° Aliments caséeux : les différentes espèces de lait , les fromages. 7° Aliments gélatineux : les tendons , les apo- névroses, le chorion, le tissu cellulaire, les ani- maux très jeunes, etc. 8° Aliments albumineux : le cerveau , les nerfs , les œufs , etc. 9** A liments fibrineux : la chair et le sang; des di- vers animaux. J'ai proposé , il y a quelques années , une autre manière de distinguer les aliments entre eux ; elle consiste à les partager en deux classes , lune qui comprend les aliments qui contiennent peu ou point d'azote , et ceux qui en contiennent une grande proportion. Aliments peu ou point azotés. Les diverses espèces de sucres ; les fruits su- crés rouges , acides ; les huiles , les graisses , le beurre, les aliments mucilagineux , les céréales, le riz , les pommes de terre , etc. Aliments azotés. Les graines légumineuses , telles que les pois , les haricots , les fèves ^ les lentilles , lesépinards , les amandes douces et amères, les noix , les noisettes, ^ 5. 36 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE les aliments gélatineux, les albumineux, les fibri- neux , et surtout les divers fromages ; car le ca~ séum est de tous les principes immédiats azotés alimentaires celui où Tazote se trouve en plus grande proportion. Cette distinction des aliments en azotés et non azotés est très utile dans ses applications au ré- gime, surtout dans les maladies telles que la goutte, le rhumatisme et la gravelle (i). Médicaments Qu Dourrait aioutcr à cette liste un arand nom- nutritifs . . bre de substances qui sont employées comme mé- dicaments , mais qui , sans aucun doute , sont nu- tritives , au moins dans quelques uns de leurs prin- cipes immédiats: tels sont lamanne, les tamarins, la pulpe de casse , les extraits et les sucs végétaux, les décoctions animales ou végétales vulgairement nommées tisanes, etc. Préparation Parmi Ics alimcuts , il en est peu qui soient em- aiiments. plojés tcls quc la uaturc les offre; le plus souvent ils doivent être préparés, disposés d'une manière convenable avant d'être soumis à l'action des or- ganes digestifs. Les préparations qu'on leur fait su- bir varient à l'infini, suivant l'espèce d'aliment, suivant les peuples , les climats, les coutumes , le ( 1 ) Voyez Mémoire sur les propriétés nutritives des sub- stances qui ne contiennent pas d'azote , Annales de chimie 1816, et Recherches physiologiques et médicales sur la grofi'ellc . P n ri s , 1 8 1 8 , DE PHYSIOLOGI K. 5'J degré de la civilisation ; la mode même n'est pas sans influence sur l'art de préparer les aliments. Entre les mains du cuisinier habile, les sub- stances alimentaires changent presque entièrement de nature : forme, consistance, odeur, saveur, couleur, composition chimique , etc. , tout est tel- lement modifié, qu'il est souvent impossible au goût le plus exercé de reconnaître la substance qui fait la base de certains mets. Le but principal delà lîut de la cuisine. cuisine est de rendre les aliments agî'éables aux sens et de facile digestion ; mais il est rare qu'elle s'ar- rête là : fréquemment, chez les peuples avancés dans la civilisation , l'objet qu'elle ambitionne est d'exciter des palais blasés et dédaigneux , de con- tenter des goûts bizarres , ou de satisfaire la va- nité. Alors elle devient une véritable science , qui a ses règles et son empirisme , et qui exerce une grande influence sociale , contribue puissamment au bien-être , favorise le développement de l'in- telligence , mais qui amène aussi quelquefois des maladies douloureuses , abrutit l'esprit , affaiblit le corps , et a causé plus d'une fois une mort prématurée. Des boissons. On entend par boisson un liquide qui , lorsqu'il ^^^^^^, est introduit dans les organes digestifs , étanche la soif, et répare les pertes que nous faisons habi- 58 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tuellement de la partie fluide de nos humeurs. A ce titre , il faut considérer les boissons comme de vé- ritables aliments. Les boissons se distin^^jnent entre elles par leur composition chimique. 1** L'eau et ses différentes espèces : l'eau de source , de rivière , de puits, etc. 2° Les sucs et infusions des végétaux et des ani- ' maux: sucs de citron, de groseille, le petit-lait, le thé , le café , etc. S"" Les liqueurs fermentées : le vin et ses nom- breuses espèces , la bière , le cidre , le poiré , etc. 4° Les liqueurs alcooliques : leau-de-vie , l'al- cool, l'éther, le kirsch-wasser , lerum, le rack , les ratafias (i). Des actions digestives en particulier. Des actions Lcs actious digcstives qui, pai' leur réunion, pIrUcuHer" formcut la digcstioii , sont, i'' la. préhension des aliments ^ 2° la mastication ^ 3" Vinsalivation ^ 4° la déglutition ^ 5° \ action de l' estomac ^ ô'' Vac- tionde l'intestin grêle ^ y" Y action du gros intestin , 8° Y expulsion des matières fécales. Toutes les actions digestives ne concourent pas également à la production du chyle ; l'action de (i) Voyez V Encyclopédie méthodique et le Dictionnaire des Sciences médicales y article aliment. DE PHYSIOLOGIE. Sp l'estomac et celle de l'intestui grêle sont les seules qui y soient absolument indispensables. La digestion des aliments solides réclame le plus souvent les huit actions digestives ; celle des boissons est beaucoup plus simple : elle ne com- prend que la préhension , la déglutition, l'action de l'estomac , et l'action de l'intestin grêle. Il est très rare que les boissons arrivent jusqu'au gros intestin. Nous nous occuperons d'abord de la digestion des aliments ; nous traiterons ensuite de celle des boissons. De la préhension des aliments solides. Les organes de la préhension des aliments sont P^^^^ ^ '- préneusion les membres supérieurs de la bouche. Nous avons des aliments solides. parlé ailleurs des membres supérieurs ; disons quelques mots des différentes parties qui consti- tuent la bouche. Pour les anatomistes , la bouche est la cavité Organes de , 1 • 1 la préliension ovalaire formée, en haut, par le palais et la ma- des aliment? . , . , , I ^ solides, choire supérieure ; en bas, par la langue et la mâ- choire inférieure ; latéralement , par les joues ; postérieurement , par le voile du palais et le pha- rynx, et antérieurement par les lèvres. Les di- mensions de la bouche sont variables suivant les individus, et sont susceptibles de s'agrandir dans tous les sens; de haut- en bas, par l'abaissement 4^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE de la langue etl'écartement des mâchoires; trans- versalement, par la distension des joues; et d'avant . en arrière, par les mouvements des lèvres et du voile du palais. Ce sont les mâchoires qui déterminent plus par- ticulièrement la forme et les dimensions de la bouche ; la supérieure fait partie essentielle de la face, et ne se meut qu'avec la tête; l'inférieure, au contraire , est douée d'une très grande mo- bilité. Dos dents. Dc pctits corps très durs nommés dents garnis- sent les mâchoires ; on les envisage généralement comme des os , mais ils en diffèrent sous les rap- ports les plus importants, et particulièrement sous ceux de la structure, du mode de formation , des usages, de l'inaltérabilité au contact de l'air; mais ils s'en rapprochent sous ceux de la dureté et de la composition chimique. Tout le monde sait qu'il y a trois espèces de dents : les incisives^ qui occupent la partie anté- rieure des mâchoires; les molaires, qui en occu- pent la partie postérieure , et les canines , qui sont situées entre les incisives et les molaires. Racines des On distingue deux parties dans les dents : l'une, extérieure , ou couronne ; l'autre, contenue dans les mâchoires , ou racine. Ces deux parties ont une disposition très différente. La couronne , ap- pelée à remplir des usages particuliers dans chaqiu* dents. DE PHYSIOLOGIE. 4l espèce de dents, a une forme qui varie. Elle est cubique dans les molaires , conique dans les ca- nines, et splîénique (i) dans les incisives. Quelle que soit sa forme, la couronne est d'une dureté excessive; elle s'use avec le temps, à la manière des corps inertes qui subissent des frottements répétés. Les racines remplissant , dans les trois espèces de dents, un usage commun , celui d'assurer la solidité de la jonction des dents avec les mâchoi- res 5 et de transmettre à celles-ci les efforts quel- quefois très grands que les dents supportent , de- vaient avoir, et ont en effet une forme commune. Elles sont reçues dans des cavités nommées al- Alvéoles. véoles ; elles les remplissent exactement. Il parait que les parois de ces cavités exercent sur les racines des dents une pression assez considérable ; on peut du moins le conjecturer, car ces cavités se resserrent, s'effacent même quand elles ne con- tiennent pas la racine des dents ou quelque chose qui en ait la forme et la résistance. Les dents incisives et les dents canines n'ont qu'une racine ; les molaires en ont ordinairement plusieurs. Mais , quel que soit leur nombre , les racines ont toujours la forme d'un cône , dont la base correspond à la cauronne et le sommet au fond de Falvéole ; dans certains cas , elles présen- (i) En forme de coin. 4^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tent des courbures plus ou moins prononcées (i). <îencives. Le bord alvéolaire est revêtu d'une couche épaisse, fibreuse, résistante, qu'on appelle gen- cive. Cette couche environne exactement la partie inférieure de la couronne des dents , y adhère avec force , et ajoute ainsi à la solidité de la jonc- tion des dents avec les mâchoires. Elle peut sup- porter sans inconvénient des pressions très fortes : on verra les avantages qui résultent de cette dispo- sition. On doit compter au nombre des parties qui concourent à la préhension des aliments , les mus- cles qui meuvent les mâchoires , et particulière- ment l'inférieure. Il en est de même pour la langue, dont les nombreux mouvements influent beaucoup sur les dimensions de la bouche. Mécanisme de la préhension des aliments. Rien n'est plus simple que la préhension des aliments ; elle consiste dans l'introduction des substances alimentaires dans la bouche. A cet effet, les mains saisissent les aliments, les parta- gent en petites portions susceptibles d'être conte- nues dans la bouche, et les y introduisent soit direc- tement , soit par l'intermédiaire d'instruments commodes pour cet usage. (i) Voyez quelques autres détails relatifs aux dents, à l'article Mastication. DE PHYSIOLOGIE. 4^ Mais, pour qu'ils puissent pénétrer dans cette Mouveniems cavité, il tant que les mâchoires s écartent , au- des trement dit , que la bouche s'ouvre. Or on a '"''^ ^^^^^' discuté long-temps pour savoir si dans l'ouverture de la bouche la mâchoire inférieure seule se meut, ou bien si les deux mâchoires s'éloignent en même temps l'une de l'autre. Sans entrer dans cette dis- cussion , qui ne mérite peut-être pas toute l'impor- tance qu'on y a attachée, nous dirons que l'obser- vation la plus simple a bientôt fait voir que la mâchoire inférieure se meut seule quand la bouche s'ouvre médiocrement. Quand elle s'ouvre large- ment, la supérieure s'élève, c'est-à-dire que la tête se renverse légèrement sur la colonne verté- brale ; mais , dans tous les cas , la mâchoire infé- rieure est toujours celle dont les mouvements sont le plus étendus, à moins qu'un obstacle physi- que ne s'oppose à son abaissement. Alors l'ouver- ture de la bouche dépend uniquement du renver- sement de la tête sur la colonne vertébrale , ou, ce qui est la même chose, de l'élévation de la mâ- choire supérieure. Dans beaucoup de cas , lorsque l'aliment est introduit dans la bouche, les mâchoires se rap- prochent pour le retenir et prendre part à la mas- tication ou à la déglutition ; mais fréquemment l'élévation de la mâchoire inférieure concourt à la préhension des ahments. On en a un exemple Action des dents incisives. 44 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE quand on veut mordre dans un fruit : alors les dents incisives s'enfoncent, chacune en sens op- posé , dans la substance alimentaire , et , agissant comme des branches de ciseaux , elles détachent une portion de la masse. Ce mouvement est principalement produit par la contraction des muscles élévateurs de la mâ- choire inférieure , qui représente un levier du troisième genre , dont la puissance est , à l'inser- tion des muscles élévateurs, le point d'appui dans l'articulation temporo -- maxillaire , et la résis- tance , dans la substance sur laquelle agissent les dents. Le volume du corps placé entre les dents inci- sives influe sur la force avec laquelle il peut être pressé. S'il est peu volumineux, la force sera beaucoup plus grande , car tous les muscles élé- vateurs s'insèrent perpendiculairement à la mâ- choire , et la totalité de leur force est employée à mouvoir le levier qu'elle représente; si le vo- lume du corps est tel qu'il puisse à peine être introduit dans la bouche, pour peu qu'il pré- sente de résistance , les dents incisives ne pour- ront l'entamer, car les muscles masséters, crota- phites et ptérygoïdiens internes s'insèrent très obliquement à la mâchoiie , d'où résulte la perte de la plus grande partie de la force qu'ils dévelop- pent en se contractant. DE PHYStOLOGIE. 4^ Quand l'efl'drt que les muscles des mâchoires Manière , I ' 1 dont on peut exercent n est pas sumsant pour détacher une aideri'action Il I . . , . . des dents portion de la masse anmentaire, la mam agit sur incisives Il . 1 ' \ \ ^ ' Il ^. . avec la main, celle-ci de manière a la séparer de la portion rete- nue par les dents. D'un autre côté , les muscles postérieurs du cou tirent fortement la tête en ar- rière , et de la combinaison de ces efforts résulte l'isolement d'une portion d'aliment qui reste dans la bouche. Dans ce mode de préhension, les dents incisives et canines sont le plus ordinairement em- ployées ; il est rare que les molaires y prennent part (i). Par la succession des mouvements de préhen- Accumuia- 111 1. X . Il tien des sion, la bouche se remplit, et, a raison de la sou- aliments dans plesse des joues et de la facile dépression de la langue, une assez grande quantité d'aliments peut s'y accumuler. Quand la bouclie est pleine ^ le voile du palais est abaissé , son bord inférieur est apphqué sur la partie la plus reculée de la base de la langue , en sorte que toute communication est interceptée entre la bouche et le pharynx. (i) Dans les animaux carnassiers, où ce mode de préhen- sion est fréquemment mis en usage, les trois espèces de dents y participent,. mais surtout les canines. 4^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Mastication et insalivation des aliments. Fluides Indépendamment de ce que nous venons de dire vtTsés^Xns sur la bouche, à l'occasion de la préhension des ouche. ^.,iji^iei^ts, pour concevoir les usages qu'elle remplit dans la mastication et l'insalivation, il est utile de remarquer que des fluides provenants de di- verses sources abondent dans la bouche. D'abord la membrane muqueuse qui en tapisse les parois sécrète une mucosité abondante ; de nombreux follicules isolés ou agglomérés, qu'on observe à l'intérieur des joues, à la jonction des lèvres avec les gencives , sur le dos de la langue , à la face antérieure du voile du palais et de la luette , versent continuellement le liquide qu'ils forment à la surface interne de la bouche. Il en est de même des glandes muqueuses qui existent en grand nombre dans l'épaisseur du palais et des joues. Dr la salive. Enfui c'cst daus la bouche qu'est versée la sa- live sécrétée par six glandes , trois de chaque côté, et qui portent les noms de parotides ^ de sous- maxillaires , et de sublinguales. Les premières , placées entre l'oreille externe et la mâchoire , ont chacune un canal excréteur qui s''ouvre au niveau de la seconde petite molaire supérieure ; chaque glande maxillaire en a un qui se termine sur les DE PHYSIOLOGIE. 4? côtés du filet de la langue ; près de là s'ouvrent ceux des glandes sublinguales. Il est probable que ces fluides varient de pro- priétés physiques et chimiques selon l'organe qui les forme; mais la chimie n'a pas encore pu en établir la distinction d'après des expériences di- rectes : le mélange seul , sous le nom de salive ^ a été analysé d'une manière exacte (i). Parmi les substances alimentaires déposées dans changements la bouche, les unes ne font que traverser cette aîhiients cavité , et n'y éprouvent aucun changement ; les ^^XnT" autres, au contraire, y font un séjour assez pro- ^» ^o"^'*^- longé et y éprouvent plusieurs modifications im- portantes. Les premières sont les aliments mous ou presque liquides, dont la température s'éloigne peu de celle du corps ; les secondes sont les ali- ments durs, secs , fibreux , et ceux dont la tempé- rature est plus ou moins éloignée de celle qui est propre à l'économie animale. Les uns et les autres ont cependant ceci de commun , qu'en traversant la bouche ils sont appréciés par les organes du goût. On peut rapporter à trois modifications princi- changement pales les changements que les aliments éprouvent température. dans la bouche : r changement de température; 2* mélange avec les fluides qui sont versés dans la bouche , et quelquefois dissolution dans ces fluides; ( ' ) Voyez Sécrétion de la salive. 48 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE 3" pression plus ou moins forte , et très souvent division , broiement qui détruit la cohésion de leurs parties. En outre, elles sont facilement et fréquem- ment transportées d'un point de cette cavité dans un autre. Ces trois modes d'altération ne s'effec- tuent pas successivem'ent , mais simultanément et en se favorisant réciproquement. Le changement de température des aliments re- tenus dans la bouche est évident ; la sensation qu'ils y excitent pourrait seule en fournir la preuve. S'ils ont une température basse , ils produisent une impression vive de froid, qui se prolonge jusqu'à ce qu'ils aient absorbé le calorique nécessaire pour approcher de la température des parois de la bou- che ; le contraire a lieu si leur température est plus élevée que celle de ces parois. Il en est des jugements que nous portons dans cette occasion, comme de ceux qui ont rapport à la température des corps qui touchent la peau : nous y mêlons , à notre insu , une comparaison avec la température de l'atmosphère et avec celle des corps qui ont été antérieurement en contact avec la bouche; de manière qu'un corps, conser- vant le même degré de chaleur, pourra nous pa- raître alternativement froid ou chaud , suivant la température des corps avec lesquels la bo^iche aura été précédemment en rapport. Le changement de tem^pérature que les aliments exerce sur les ments. DE PHYSIOLOGIE. 49 éprouvent dans la bouche n'est qu'un phénomène accessoire ; leur trituration et leur mélange plus ou moins intimes avec les fluides versés dans cette cavité , sont ceux qui méritent une attention par- ticulière. Aussitôt qu'un aliment est introduit dans la pression bouche , la langue le presse en l'appliquant contre ^^ hn^ue le palais ou contre telle autre partie des parois ^^^^^ buccales. Si l'aliment a peu de consistance , si ses parties ont peu de cohésion , cette simple pression suffit pour l'écraser ; la substance alimentaire est- elle composée d'une partie liquide et d'une partie solide; par l'effet de cette pression le liquide est exprimé , la partie solide seule reste dans la bouche. La langue détermine d'autant mieux l'effet dont . nous parlons, que son tissu est musculaire, et qu'un grand nombre de muscles sont destinés à la faire mouvoir. On pourrait s'étonner qu'un organe aussi mou que la langue puisse exercer une action assez forte pour écraser un corps même peu résistant; mais, d'une part , elle durcit en se contractant comme tous les muscles, et, en outre, elle présente au- dessous de la membrane muqueuse qui revêt sa face supérieure , une couche fibreuse , dense et épaisse. Tels sont les phénomènes qui se passent si les aliments ont peu de résistance ; mais s'ils en pré- z. 4 5o PKÉCIS ÉLÉMENTAIRE s^.ntent davantage, ils sont alors soumis à l'action des organes masticatoires. Organes Les agents essentiels de la mastication sont les mastication, muscles qui mcuvcnt les mâchoires, la langue, les joues, et les lèvres : les os maxillaires et les dents y servent comme de simples instruments. Quoique les mouvements des deux mâchoires puissent concourir à la mastication, presque tou- jours ce sont ceux de l'inférieure qui la produisent. Cet os peut être abaissé , élevé et pressé très forte- ment contre la mâchoire supérieure , porté en avant , en arrière , et même être dirigé un peu sur les côtés. Ces divers mouvements sont produits par les muscles nombreux qui s'attachent à la mâ- choire. Mais les mâchoires n'auraient jamais pu rem- plir l'usage qui leur est confié dans la mastication, si elles n'avaient été garnies de dents, dont les pro- priétés physiques sont appropriées particulièrement à cette action digestive. Remarques Quclqucs remarques sur ces corps sont néces- saires pour l'intelligence de ce qui suit. Les dents molaires sont celles qui servent le plus à broyer les aliments ; elles sont au nombre de vingt, dix à chaque mâchoire, cinq à droite et cinq à gauche. La forme de leur couronne est celle d'un cube irrégulier; la face, par laquelle elles se correspondent est hérissée d'aspérités pyrami- sur les dents. DE PHYSIOLOGIE. 5l dales, en nombre variable, selon qu'on les exa- mine dans les molaires antérieures ou petites^ ou bien dans les postérieures ou grosses. Ces aspérités sont disposées de façon que celles des dents supé- rieures s'engrènent aisément entre celles des infé- rieures , et réciproquement. A la partie inférieure et au centre de la cou- ronne , il existe une cavité remplie par l'organe qui , dans le jeune âge , a sécrété la dent. La ra- cine est creusée d'un canal que traversent une artère, un filet de nerf, une veine, destinés au bulbe de la dent. . La substance qui forme les dents est d'une Composition dureté excessive, particulièrement la coucbe ex- des'^deïts. térieure, ou émail ( i ) ; et cette disposition était bien dentaire! nécessaire. D'abord, destinées à écraser des corps dont la résistance est quelquefois très grande , il fallait qu'elles présentassent une dureté propor- tionnée ; de plus, comme elles exercent cet office pendant toute la durée de la vie, ou à peu près, il fallait qu'elles ne s'usassent qu'avec beaucoup de lenteur. Sous ce dernier rapport, leur extrême dureté était indispensable ; car aucun corps , quel- que dur qu'il soit, n'échappe à l'usure causée par des frottements répétés ; à plus forte raison , les (i) Cette couche est tellement dure, qu'elle fait feu au briquet. 4- 52 PllÉCIS ÉLÉMENTAIRE corps dont la dureté est moindre, à frottement égal , doivent-ils s'user plus promptement. l^a matière qui forme le corps et la racine des dents paraît homogène dans toutes ses parties; rémail qui revêt la couronne , au contraire , pré- sente des fibres disposées en général perpendicu- lairement à la surface de la dent et très adhérentes entre elles. Le phosphate et le carbonate de chaux forment presque entièrement la dent de l'homme : sur 100 parties on en trouve 996 de ces sels ; le surplus €st delà matière animale (1). L'émail en est presque entièrement dépourvu : c'est à cette cause qu'on doit attribuer sa blancheur et sa du- reté plus grandes. Nous avons déjà fait voir combien est sohde l'ar- ticulation des dents avec les mâchoires; les dents molaires , en raison de leur usage , devaient en pré- senter une plus solide encore : aussi ont-elles plu- sieurs racines, ou, si elles n'en ont qu'une, elle est plus grosse. Du reste, soit qu'elles soient sim- ples ou multiples , leur forme est conique , et elles sont reçues dans des alvéoles de forme semblable. (1) Des expériences m'ont appris que la proportion de la matière animale est beaucoup plus grande dans les ani- maux herbivores , et plus grande encore dans les carnassiers. La quantité proportionnelle de carbonate de chaux est plus grande dans les herbivores que dans les carnassiers et dans l'homme. DE PHYSIOLOGIE. 55 Chaque racirie représente un eoia qui serait en- foncé dans les mâchoires. L'ensemble des dents propres à chaque màchaire forme ce qu'on appelle , en anatoniie , les arcades dentaires. La forme de ces arcades est demi-parabolique ; l'inférieure est un peu plus grande que la supé- rieure ; la face inférieure de celle-ci est un peu in- clinée en dehors, tandis que la face supérieure de l'inférieure l'est en dedans. Ces faces présentent , dans la partie formée par les dents molaires , un sillon central, bordé par deux rangées d'éminences. Lorsque les mâchoires sont rapprochées , les dents incisives et canines inférieures sont placées en par- tie derrière les supérieures ; le bord saillant ex- terne de l'arcade dentaire inférieure s'enfonce dans le sillon de l'arcade supérieure. Dans les circon- stances où les incisives se rencontrent par leur bord, il reste un intervalle entre les molaires. Pour ajouter à la solidité de la jonction des dents avec les mâchoires , la nature les a disposées de façon qu'elles se touchent presque toutes par leurs côtés, qui présentent à cet effet une facette parti- culière. 11 résulte de cette disposition que quand une dent supporte un effort quelconque , une partie de cet effort est supportée par toute l'arcade dont elle fait partie. 54 PHÉCIS ÉLÉMENTAIRE Ces faits étant connus, lexplication du méca- nisme de la mastication ne présente plus de dif- ficulté. Mécanisme de la mastication. Mécanisme de la mastication. Pour que la mastication commence, il faut que la mâchoire inférieure s'abaisse , effet qui est pro- duit par le relâchement de ses muscles élévateurs et par la contraction des abaisseurs. Les aliments doivent être ensuite poussés entre les arcades den- taires , soit par la langue, soit par toute autre cause : alors la mâchoire inférieure est élevée par les muscles masséters, ptérygoïdiens internes et temporaux , dont l'intensité de contraction est me- surée sur la résistance que présentent les aliments. Ceux-ci , pressés entre deux surfaces inégales , dont les aspérités s'engrènent , sont divisés en petites portions, dont le nombre est en raison de la facilité avec laquelle ils ont cédé. Mais un seul mouvement de ce genre n'atteint qu'une partie des aliments contenus dans la bou- che, et il faut qu'ils y soient tous également divi- sés. C'est ce qui arrive par la succession des mou- vements de la mâchoire inférieure , et par la con- traction des muscles des joues , de ceux de la langue et des lèvres , qui portent successivement et avec promptitude les aliments entre les dents , pendant DE PHYSIOLOGIE. 55 récartement des mâchoires , afin qu'ils soient écra- sés lorsqu'elles se rapprocheront. Quand les substances alimentaires sont molles Mastication . f. .1 \ ' i , . . , des aliments. et laciles a écraser , deux ou trois mouvements de mastication suffisent pour diviser tout ce qui est contenu dans la bouche ; les trois espèces de dents y prennent part. Il faut une mastication plus pro- longée quand les substances sont résistantes , fi- breuses , coriaces : dans ce cas , on ne mâche qu'avec les dents molaires , et souvent que d'un seul côté à la fois , comme pour permettre à l'autre de se reposer. En employant les dents molaires , on a l'avantage de raccourcir le bras de levier que représente la mâchoire , et de le rendre ainsi moins désavantageux pour la puissance qui le fait ' mouvoir. Dans la mastication , les dents ont à supporter des efforts quelquefois très considérables , qui les auraient inévitablement ébranlées ou même dépla- cées sans l'extrême solidité de leur articulation avec les mâchoires. Chaque racine agit comme un coin , et transmet aux parois des alvéoles la force avec laquelle elle est pressée. L'avantage de la forme conique des racines n'est Transmission point douteux. En raison de cette forme, la force mâchoires qui presse la dent , et qui tend à l'enfoncer dans çg-^^^g^ ^^ la mâchoire , est décomposée; une partie fait ef- supportent fort pour écarter les parois alvéolaires , l'autre pour 56 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE les abaisser ; et la transmission , au lieu de se faire à l'extrémité de la racine , ce qui n'aurait pas man- qué d'arriver si elle eût été cylindrique , se fait sur toute la surface de l'alvéole. Les dents molaires , qui avaient des efforts plus considérables à soute- nir, ont plusieurs racines , ou au moins une racine très grosse. Les dents incisives et canines , qui n'ont qu'une seule racine assez grêle, n'ont jamais de pression très forte à supporter. Si les gencives n'avaient point oiïert une surface lisse et un tissu dense, placées comme elles le sont autour du collet des dents , et remplissant leurs intervalles , à chaque instant elles auraient été dé- chirées ; car, dans la mastication des substances dures et de forme irrégulière , elles sont à tout mo- ment exposées à être pressées fortement par les bords et les angles de ces substances. Cet incon- vénient survient en effet chaque fois que leur tissu se ramollit , comme on le voit dans les affections scorbutiques: Usage Pendant tout le temps que dure la mastication , du voile du ^ i t .1 •\ i -ii palais dansia 1^ Douclie cst close cu amcrc par le voile du pa- raastication. j^j^ ^ ^q^x la facc antérieure est appliquée contre la base de la langue ; en avant , les aliments sont retenus par les dents et les lèvres. Insaiivation des aliments. Lorsqu'on éprouve l'appétit, la vue des aliments DE IMIYSIOLOGIE. 5^ détermine un afflux plus considérable de salive dans ^nsaiivaiion desaliincnls. la bouche ; chez quelques personnes il est assez fort pour que la salive soit lancée à plusieurs pieds de distance. J'ai actuellement sous les yeux un exemple de ce genre. La présence des aliments dans la bouche entretient, excite encore cette abondante sécrétion. Tandis que les aliments sont broyés et triturés par les organes masticateurs , ils sont imbibés, pé- nétrés de toutes parts par les fluides qui sont con- tinuellement versés dans la bouche, etparticulière- ment par la salive. On conçoit que la division des aliments et les nombreux déplacements qu'ils éprouvent durant la mastication, favorisent singu- lièrement leur mélange avec les sucs salivaires et muqueux. A leur tour, ces sucs facilitent la masti-. cation en ramollissant les aliments. La plupart des substances alimentaires sou- mises à l'action de la bouche se dissolvent ou se suspendent , en tout ou en partie , dans la salive ; et dès ce moment elles deviennent propres à être in- troduites dans l'estomac , et ne tardent pas à être avalées. A raison de sa viscosité , la salive absorbe de l'air, avec lequel elle est en quelque manière bat- tue dans les divers mouvements qu'exige la mas- tication; mais la quantité d'air absorbé dans cette circonstance est peu considérable et a été en gé- néral exagérée. 58 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Utilité delà De quelle utilité est la trituration des aliments mastication l T '^ T7 x • i et de et leur mélange avec la salive P bst-ce une simple l'insalivation ,. . . fi .1 i 1 desaliments, division OU uu mélange qui les rendra plus propres aux altérations qu'ils doivent subir dans l'estomac , ou bien éprouvent-ils dans la bouche un premier degré d'animalisation ? On ne sait rien de positif sur ce point , mais la première supposition paraît la plus vraisemblable. Remarquons que la mastication et l'insali- vation changent la saveur et l'odeur des aliments ; qu'une mastication suffisamment prolongée rend, en général , la digestion plus prompte et plus facile ; qu'au contraire , les personnes qui ne mâchent point leurs aliments ont souvent, par cette seule cause , des digestions lentes et pé- nibles. De quelle Nous sommcs avcrtis que la mastication et manière on |,. 1. .. . t 1 . i j reconnaît 1 msalivatiou sout poussccs asscz loin , par le de- isticaiion Z^^ ^^ résistance que présentent les aliments et la saveur qu'ils excitent ; d'ailleurs les parois de la sont poussées bouche étant douées du tact, et la lansfue d'un assez loin. véritable toucher , peuvent très bien apprécier les changements physiques qui surviennent aux aliments. Quelques auteurs attribuent cet usage à la luette (1) ; je doute que leur opinion soit fondée. (1) C'est, disent-ils, une sentinelle vigilante, qui juge de l'instant où le bol alimentaire peut être avalé sans incon- mastication et l'insalivation DE IMIYSIOLOGIE. Sq car la luette , par sa situation, n'a aucun rapport avec les aliments pendant la mastication. J'ai ob- servé plusieurs fois des personnes qui avaient per- du entièrement la luette, soit par un ulcère vé- nérien , soit par une excision , et je n'ai jamais remarqué que leur mastication éprouvât le moin- dre dérangement, ni qu'elles avalassent hors de propos. De la déglutition des aliments. On entend par déglutition le passage d'une sub- Déglutition, stance solide , liquide ou gazeuse , de la bouche dans l'estomac. La déglutition des aliments so- lides est la seule qui doive nous occuper en ce moment. Fort simple en apparence, la déglutition est Appareil cependant la plus compliquée de toutes les actions déglutition. musculaires qui servent à la digestion. Elle est produite par la contraction d'un grand nombre de muscles , et exige le concours de plusieurs organes importants. Tous les muscles de la langue , ceux du voile du palais , du pharynx , du larynx , et la couche musculaire de l'œsophage, prennent part à la dé- glutition. On doit en avoir une connaissance exacte vénient; elle tient en éveilles organes de la déglutition et l'estomac, qui, selon l'impression qu'il en a repue, se dis-' pose à les bien recevoir ou à les rejeter. 6o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et détaillée , si Ton veut se faire une juste idée de cet acte. La nature de cet ouvrage ne nous permet pas d'exposer des détails anatomiques de ce genre; nous nous contenterons de présenter quelques observations sur le voile du palais, le pharynx, et l'œsophage. Du voile du Le voile du palais est une sorte de soupape P^^^'^" attachée au bord postérieur de la voûte palatine ; sa forme est à peu près quadrilatère ; son bord , libre ou inférieur, se prolonge en pointe, et forme la luette. Semblable aux autres valvules du canal intestinal , le voile du palais est essentiellement formé par une duplicature de la membrane mu- queuse digestive ; il entre dans sa composition beaucoup de follicules muqueux , surtout à la luette. Huit muscles le meuvent : les deux ptéry- goidiens internes l'élèvent; les deux ptérygoïdiens externes le tendent transversalement ; les deux pha- ryngo-stap/iylins et les deux glosso-staphylins le portent en bas. Ces quatre derniers s'aperçoivent au fond de la gorge , où ils soulèvent la membrane muqueuse, et forment les piliers du voile du pa- lais, entre lesquels sont situées les tonsilles ou amygdales^ amas de follicules muqueux. L'ouver- ture comprise entre la base de la langue en bas , le voile du palais en haut , et les pihers latérale- ment , s'appelle isthme du gosier. Au moyen de cet appareil musculaire , le voile DE PHYSIOLOGIE. 6l du palais peut éprouver plusieurs changements de position. Dans l'état le plus ordinaire, il est placé verticalement , l'une de ses faces est antérieure et l'autre postérieure ; dans certains cas, il devient horizontal : il a alors une face supérieure et une inférieure, et son bord libre correspond à la con- cavité du pharynx. Cette dernière position est déterminée par la contraction des muscles élé- vateurs. Bichat dit que l'élévation du voile peut aller au point qu'il s'applique contre l'ouverture des na- rines postérieures : ce mouvement paraît impos- sible ; aucun muscle n'est disposé de manière à pouvoir le produire, et la disposition des piliers s'y oppose évidemment. L'abaissement du voile se fait par la contraction des muscles qui forment les piliers. Nous avons déjà dit que ces mouvements n'étaient pas , chez le plus grand nombre des indi- vidus, soumis à la volonté. Le pharynx est une cavité dans laquelle viennent Du pharynx. s'ouvrir les fosses nasales , les trompes d'Eustache, la bouche, le larynx et l'œsophage , et qui remplit des fonctions importantes dans la production de la voix, dans la respiration, l'audition et la di- gestion. Le pharynx s'étend, de haut en bas, depuis l'apophyse basilaire de l'occipital, à laquelle il s'at- tache, jusqu'au niveau de la partie moyenne du 62 PRÉCIS ÉLÉMEKTAIRE COU. Ses dimensions transversales sont détermi- nées par l'os hyoïde, le larynx et l'aponévrose ptéry go-maxillaire s où il est fixé. La membrane muqueuse, qui le revêt intérieurement, est remar- quable par le développement de ses veines, qui forment un réseau très apparent. Autour de cette membrane est la couche musculeuse, dont les fi- bres circulaires forment les trois muscles constric- teurs du pharynx j et dont les fibres longitudinales sont représentées par les muscles stylo-pharyngiens et pharyngo-staphyUns. Les contractions que pré- sentent ces différents muscles ne sont pas, en gé- néral , soumises à la volonté. 53g U œsophage fait suite immédiate au pharynx , l'œsophage. ^^ ^^ prolougc jusqu'à l'cstomac , où il se termine. Sa forme est cylindrique ; il est uni aux parties en- vironnantes par du tissu cellulaire lâche et exten- sible, qui se prête à sa dilatation et à ses mouve- ments. Pour pénétrer dans l'abdomen, l'œsophage passe entre les piliers du diaphragme, avec lesquels il est intimement uni. La membrane muqueuse de l'œsophage est blanche , mince et lisse ; elle forme des plis lon- gitudinaux, propres à favoriser la dilatation du canal. En haut, elle se confond avec celle du pharynx. M. le docteur Rullier a dernièrement rappelé à l'attention des anatomistes qu'en bas elle forme plusieurs dentelures, terminées par DE PHYSIOLOGIE. 63 un bord frangé, libre clans la cavité de l'esto- mac (i). On rencontre dans son épaisseur un assez grand nombre de follicules muqueux, et l'on aperçoit à sa surface l'orifice de plusieurs canaux excréteurs de glandes muqueuses. La couche musculeuse de l'œsophage est assez épaisse , son tissu est plus dense que celui du pharynx ; les fibres longitudinales sont les plus externes et les moins nombreuses ; les circulaires sont placées à l'intérieur, et sont très multi- pliées. Autour de la portion pectorale et inférieure de l'œsophage , les deux nerfs de la huitième paire forment un plexus qui embrasse le canal et y en- voie beaucoup de filets. . , La contraction de l'œsophage se fait sans la participation de la volonté ; mais elle est suscepti- ble d'acquérir une grande énergie. Mécanisme de la déglutition. Pour en faciliter l'étude , divisons la déglutition Division en trois temps. Dans le premier^ les aliments pas- déluHtion (i) Il y a entre la muqueuse de l'œsophage et celle de l'estomac, chez l'homme, une différence aussi frappante que celle qui existe pour cette même membrane, entre la moitié splénique et la moitié pylorique de l'estomac du cheval. 64 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE en sent de la bouche dans le pharynx ; dans le se- condy ils franchissent l'ouverture de la glotte, celle Premier i /. . . ?\ i? temps de la des fosscs nasalcs , et arrivent jusqu a 1 œsophage ; déglutition. i t • «^ m i . r dans le troisième ^ ils parcourent ce conduit et pé- nètrent dans l'estomac (i). Supposons le cas le plus ordinaire , celui où nous avalons en plusieurs fois les aliments qui sont dans la bouche , et à mesure que la mastication s'effectue. Aussitôt qu'il y a une certaine quantité d'ali- ments suffisamment mâchés, ils sont, par l'effet même des mouvements de mastication , placés en partie sur la face supérieure de la langue , sans qu'il soit nécessaire , comme quelques uns le croient, que la pointe de cet organe parcoure les différents recoins de la bouche pour les rassem- bler. Alors la mastication s'arrête ; la langue est élevée et appliquée à la voûte du palais , succes- sivement de la pointe vers la base. La portion d'a- liments placée sur sa face supérieure , ou le bol alimentaire j n'ayant pas d'autre voie pour échap- per à la force qui le presse , est dirigé vers le pharynk ; il rencontre bientôt le voile du palais appliqué sur la base de la langue, et en détermine l'ascension ; le voile devient horizontal , de ma- nière à faire suite au palais. La langue, continuant (i) Voyez, pour la division de la déglutition par temps, ma Thèse soutenue à TÉcole de Médecine de Paris, en i8o8. DE PHYSIOLOGIE. 65 de presser les aliments, les porterait vers les fosses nasales , si le voile ne s'y opposait par la ten- sion qu'il reçoit des muscles péristaphylins ex- ternes, et surtout parla contraction de ses pi- liers : il devient ainsi capable de résistera l'action de la langue, et de contribuer à diriger les ali- ments vers le pharynx. Les muscles qui déterminent plus particulière- ment l'application de la langue à la voûte palatine et au voile du palais , sont les muscles propres de l'organe , aidés par les milo-hyoïdiens. Ici se termine le premier temps de la dégluti- tion. Les mouvements y sont volontaires , à l'ex- ception de ceux du voile du palais. Les phéno- mènes y arrivent successivement et avec peu de promptitude ; ils sont en petit nombre et faciles à saisir. Il n'en est pas de même du second temps : là, second les phénomènes sont simultanés , multipliés , et déglutition.'' se produisent avec une promptitude telle que Boërrhaave les considérait comme une sorte de convulsion. L'espace que le bol alimentaire doit parcourir dans ce second temps est très court , car il doit seulement passer de la partie moyenne du pha- rynx à sa partie inférieure ; mais il devait éviter l'ouverture de la glotte et celle des fosses nasales , où sa présence serait nuisible. En outre , son pas- 5 QQ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE sage devait être assez prompt pour que la libre communication entre le larynx et l'air extérieur ne fût que momentanément interrompue. Voyons comment la nature est parvenue à ce ré- sultat important. Second Le bol alimentaire n'a pas plus tôt touché le pha- temps de la ta» i i i déglutition, rynx , que tout entre en mouvement. D abord le pharynx se contracte , embrasse et serre le bol ; le voile du palais, tiré en bas par ses piliers, agit de même. D'un autre côté, et toujours dans le même instant, la base de la langue , l'os hyoïde, le la- rynx, sont élevés et portés en avant, et vont à la rencontre du bol , afin de rendre plus rapide son passage sur l'ouverture de la glotte. En même temps que l'os hyoïde et le larynx s'élèvent , ils se rap- prochent l'un de l'autre, c'est-à-dire que le bord supérieur du cartilage thyroïde s'engage derrière le corps de l'os hyoïde ; la glande épiglottique est poussée en arrière ; l'épiglotte s'abaisse., s'incline en arrière et en bas, de manière à couvrir l'entrée du larynx. Le cartilage cricoïde fait un mouvement de rotation sur les cornes inférieures du thyroïde, d'où il résulte que l'entrée du larynx devient obli- que de haut en bas , et d'avant en arrière. Le bol glisse à sa surface , et , toujours pressé par la con- traction du pharynx et du voile du palais , il par- vient à l'œsophage. Il n'y a pas encore long-temps que l'on considé- DE PHYSIOLOGIE. 67 rait la position que prend dans ce cas 1 epiglotte comme le seul obstacle qui s'opposât à l'entrée des aliments dans le larynx au moment de la déglu- tition; mais j'ai fait voir, par une série d'expé- riences, que cette cause ne devait être considérée que comme accessoire. On peut en effet enlever en totalité l'épiglotte à un animal, et la déglutition n'en souffre aucun dommage. Quelle est donc la raison pour laquelle aucune Second , . temps de la parcelle d'aliment ne s introduit dans le larynx au dégiutitîon. moment où l'on avale? La voici : dans l'instant où le larynx s'élève et s'engage derrière l'os hyoïde, la glotte se ferme avec la plus grande exactitude ( i ). Ce mouvement est produit par les mêmes muscles qui resserrent la glotte dans la production de la voix ; en sorte que si l'on coupe à un animal les nerfs laryngés et récurrents , en lui laissant l'épi- glotte intacte , on rend sa déglutition très difficile, parcequ'on a éloigné la cause principale qui s'op- pose à l'introduction des aliments dans la glotte. Immédiatement après que le bol alimentaire a franchi la glotte , le larynx descend , l'épiglotte se relève, et la glotte s'ouvre pour donner passage à l'air (2). (1) Voyez mon Mémoire sur l'épiglotte, lu à l'Institut ; Paris, 18 14- (2) J'ai deux observations d'individus qui manquaient entièrement d'épiglotte, et chez qui la déglutition se faisait 5. 68 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE D'après ce qui vient d'être dit , il est facile de concevoir pourquoi les aliments avalés arrivent à l'œsophage sans pénétrer dans aucune des ouver- tures qui aboutissent au pharynx. Le voile du pa- lais , qu'embrasse en se contractant le pharynx , protège les narines postérieures et les orifices des trompes d'Eustache; l'épiglotte , et surtout le mou- vement par lequel la glotte se ferme, garantit le larynx. Ainsi s'accomplit le deuxième temps de la dé- glutition, par l'effet duquel le bol alimentaire par- court le pharynx et s'engage dans la partie supé- rieure de l'œsophage. Tous les phénomènes qui y coopèrent se passent simultanément et avec une grande promptitude : ils ne sont pas soumis à la volonté ; ils diffèrent donc, sous plusieurs rapports, des phénomènes qui appartiennent au premier temps. Troisièaie Lc troisième temps de la déglutition est celui temps de la •'.''. t ' i • J • i, déglutition, qui a ete étudie avec le moins de soin , proba- blement à cause de la situation de l'œsophage , qui n'est facile à observer que dans sa portion cervicale. sans aucune difficulté. Si dans les phthisies laryngées, avec destruction de l'épiglotle, la déglutition est laborieuse et im- parfaite, c'est que les cartilages arythénoïdes sont cariés, et les bords de la glotte ulcérés, au point de ne plus pouvoir fermer exactement l'ouverture de la glotte. DE PHYSIOLOGIE. 69 Les pliéiiomènesqui s'y rapportent n'ont rien de Troisième , , ^ ^ J 1 1 temps de la compliqué. En se contractant, le pharynx pousse déglutition, le bol alimentaire dans l'œsophage avec assez de force pour dilater convenablement la partie supé- rieure de cet organe. BientiVt ses fibres circulaires supérieures , excitées par la présence du bol , se contractent, et poussent l'aliment vers l'estomac, en détruisant la distension de celles qui sont plus inférieures. Celles-ci se contractent à leur tour , et la même chose se répète jusqu'à ce que le bol par- vienne à l'estomac. Dans les deux tiers supérieurs de l'œsophage , le relâchement des fibres circulaires suit immé- diatement la contraction par laquelle elles ont dé- placé le bol alimentaire. Il n'en est pas de même pour le tiers inférieur; celui-ci reste quelques in- stants contracté après l'introduction de l'aliment dans l'estomac. On s'abuserait si l'on croyait rapide la marche du bol alimentaire dans l'œsophage i j'ai été frappé , dans mes expériences , de la lenteur de sa pro- gression. Quelquefois il met deux ou trois minutes avant d'arriver dans l'estomac ; d'autres fois il s'ar- rête à diverses reprises , et fait un séjour assez long à chaque station. Je l'ai vu , dans d'autres circonstances , remonter de l'extrémité inférieure de l'œsophage vers le col , pour redescendre en- suite. Lorsqu'un obstacle s'oppose à son entrée dana yO PRECIS ELEMENTAIRK l'estomac, ce mouvement se répète un grand nombre de fois avant que Taliment soit rejeté par la bouche. N'est-il pas arrivé à tout le monde de sentir distinctement les aliments s'arrêter dans l'œ- sophage, et d'être obligé de boire pour les faire descendre dans l'estomac? Quand le bol alimentaire est très volumineux , sa progression est encore plus lente et plus difficile. Elle est accompagnée d'une douleur vive , produite par la distension des filets nerveux qui entourent la portion pectorale du canal. Quelquefois le bol s'arrête et peut donner lieu à des accidents graves. M. le professeur Halle a observé sur une femme atteinte d'une maladie qui permettait de voir l'in- térieur de l'estomac , que l'arrivée d'une portion d'aliment dans ce viscère était immédiatement suivie de la formation d'une sorte de bourrelet à l'orifice cardiaque. Ce bourrelet était produit par le déplacement de la membrane muqueuse de l'œ- sophage, que poussait dans l'estomac la contrac- tion des libres circulaires de ce conduit. La mucosité Toutc l'étenduc de la surface muqueuse que le favorise la i i i- . i . .1 , déglutition. l30l alimentaire doit parcourir dans les trois temps de la déglutition , est lubrifiée par une mucosité abondante. Chemin faisant le bol presse plus ou moins les follicules qu'il rencontre sur sa route ; il les vide du fluide qu'ils pouvaient contenir? et glisse d'autant plus facilement sur la membrane mu- DE PHYSIOLOGIE. 71 queube. Reiiiarquons qu'aux endroits où le bol doit passer rapidement et être pressé avec plus de force , les organes sécréteurs de la mucosité sont beaucoup plus abondants. Par exemple , dans l'étroit espace où le second temps de la déglutition a lieu , on trouve les tonsilles , les papilles fongueuses de la langue , les follicules du voile du palais et de la lunette , ceux de l'épiglotte , et les glandes ary- thénoïdes. Dans ce cas, la salive et la mucosité remplissent des usages analogues à ceux de la synovie. Le mécanisme par lequel nous avalons les autres bouchées d'aliments ne diffère point de celui que nous venons d exposer. Rien de plus aisé que d'exécuter la déglutition, influence et cependant presque tous les actes qui la compo- sur la sent sont hors de l'influence de la volonté et du do- ^^ u^'t^on. maine de l'instinct. Il nous est impossible de faire à vide un mouvement de déglutition. Si la sub- stance contenue dans la bouche n'est pas suffisam- ment mâchée, si elle n'a point la forme, la con- sistance et les dimensions du bol alimentaire , et si l'on n'a point fait les mouvements de mastica- tion qui précèdent immédiatement la déglutition , quelque effort que nous fassions , il nous sera sou- vent impossible de l'avaler. Combien ne rencontre- t-on pas de personnes qui ne peuvent avaler une pilule ou un bol médicamenteux, et qui sont obli- ^,-^2 PRECIS ELEMENTAIRE gées de recourir à divers moyens pour parvenir à les introduire dans l'œsophage? Influence Pour prendre une idée de la part que peut avoir de la volonté , iifi*» r»« sur la la volonté dans la déglutition, on peut taire sur déglutition. . ^ ,, , . . . r'• ' 1 ' ^ ^ distension de tait remarquer plus haut 1 épaisseur considérable l'estomac. de la couche musculeuse de ce canal , et la grande 2, 6 82 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE quantité de nerfs qui s'y rendent ; il ne faut rien moins que cette disposition pour rendre raison de la force avec laquelle les aliments distendent l'es-r tomac. Pour plus de certitude , on n'a qu'à intro- duire un doigt dans l'œsophage d'un animal par son orifice cardiaque, on sera frappé de la vigueur de sa contraction. Mais si les aliments exercent une influence aussi marquée sur les parois de l'estomac et de l'abdomen, ils doivent éprouver eux-mêmes une réaction proportionnée , et tendre à s'échapper par les deux ouvertures de l'estomac. Pourquoi cet effet n'a-t-il pas lieu ? On dit généralement que le cardia et le pylore se ferment , mais je ne vois nulle part que ce phénomène ait été soumis à des recherches spéciales. Voici ce que mes expériences m'ont appris à cet égard. Cause qui C'cst Ic mouvcmeut alternatif de l'œsophage empêche les . , i t i •. ' aliments qui S opposc au rctour des aliments dans sa cavité. poussés dans Plus l'cstomac cst disteudu , plus la contraction l'œsophage, ^gyjgj^t intensc et prolongée , et le relâchement de courte durée. La contraction coïncide ordi- nairement avec le moment de l'inspiration , où l'estomac est plus fortement comprimé. Le re- lâchement arrive le plus souvent dans l'instant de l'expiration. On aura une idée de ce mécanisme en mettant i)i; PII V si()LO(; 1 1;. 83 à iiu l'estomac d'un chien , et en chercijant à faire pénétrer les aliments dans l'œsophage, en compri- mant l'estomac avec les deux mains. Il sera à peu prés impossible d'y réussir, quelque force qu'on emploie, si l'on agit dans l'instant de la contrac- tion de l'œsophage; mais le passage s'effectuera en quelque sorte de lui-même, si l'on comprime le viscère dans l'instant du relâchement. On peut encore faire l'expérience en distendant l'estomac avec de l'air: le fluide comprimé par les parois du viscère fait effort continu pour passer dans l'œso- phage , il s'y engage et dilate ce conduit par inter- valle ; mais il est aussitôt repoussé dans l'estomac par la contraction du canal. Si l'animal est vigou- reux , à peine l'air a-t-il commencé à pénétrer l'œ- sophage, qu'il est refoulé; mais si l'animal est fai- ble, quelquefois l'air remonte jusque vers le cou avant que l'œsophage se contracte et le repousse vers l'estomac. La résistance qu'oppose le pylore à la sortie des c-iusc pom i. I, ' T\ t • laquelle aliments est d une autre espèce. Oans les animaux u^h HUmcutu vivants , que l'estomac soit vide ou plein , cette trav«rsrnt ouverture est habituellement formÔAt par le rcH- ^'^' ''P^^^^^'* serrement de son anneau fibreux et la contraction de ses fibres circulaires , et si exactement fermée, que, si on pousse de l'air par IV/^sophage , il faut que l'estomac soit distendu et que l'on emploie un effort considérable pour pouvoir surmonter la ré- 6. 84 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE sistance du pylore. Il n'en est pas de même si on introduit l'air par l'intestin grêle en le dirigeant vers l'estomac. Dans ce cas, le pylore n'offre au- cune résistance, et laisse passer l'air sous la plus légère pression. Indépendamment de ces deux ouvertures, on voit fréquemment à l'estomac un autre resserre- ment, à un ou deux pouces de distance (i), qui paraît destiné à empêcher les aliments d'arriver jusqu'au pylore; on aperçoit des contractions irré- gulières et péristaltiques, qui commencent au duo- dénum et se prolongent dans la portion pylorique ■ de Testomac , dont l'effet est de repousser les ali- ments vers là partie splénique. D'ailleurs, quand le pylore ne serait pas naturelle- ment fermé, les aliments auraient peu de tendance à s'y introduire ; car ils ne cherchent à s'échap- per que pour passer dans un lieu où la pression serait moindre ; et elle serait tout aussi grande dans l'intestin grêle que dans l'estomac , puis- qu'elle est à peu près également répartie dans toute la cavité abdominale. 'Vuires Au iiombrc des phénomènes produits par la pré- phénomènes - ^ * 11 2;ardés seucc dcs alimeiits dans l'estomac , il en est plu- comme pro- duits parla sicurs doiit 1 existciice , quoique généralement ad- distensionde . ^ p„ , f n l'estomac, mise, uc parait pas sumsamment démontrée : telle (i) CeUe disposition est très évidente dans les animaux carnassiers et dans les herbivores à un seul estomac. DK PHYSIOLOGIE. 85 est la dim million de volume de la rate et celle des vaisseaux sanguins du foie , des épiploons , etc. ; tel est encore un mouvement de l'estomac nommé par les auteurs péristole^ qui présiderait à la réception des aliments , les répartirait également, en exerçant sur eux une pression douce , de manière que sa dilatation, loin d'être passive, serait un phénomène essentiellement actif. J'ai souvent ouvert des ani- maux dont l'estomac venait d'être rempli d'ali- ments ; j'ai examiné des cadavres de suppliciés, peu de temps après la mort : je n'ai jamais rien vu qui fût en faveur de ces assertions. L'accumulation des aliments dans l'estomac Sensations , , - . . I «1 /? internes qui S accompagne de plusieurs sensations dont il taut accompa- >.i>i 11 .. . ' ffnentl'accn- tenir compte : c est, d abord, le sentiment agréa- * nmiation ble ou le plaisir d'un besoin satisfait, La faim '^''' da^"""^' s'apaise par degrés , la faiblesse générale qui l'ac- compagnait est remplacée par un état dispos et un sentiment de force nouvelle. Si l'introduction des aliments continue, on éprouve un sentiment de plénitude et de satiété qui indique que l'estomac est suffisamment rempli ; et si , malgré cet aver- tissement instinctif, on persiste à faire usage d'a- liments , le dégoût et les nausées ne tardent pas à survenir , et bientôt elles sont suivies elles-mêmes de vomissement. Ce n'est pas seulement au volume des aliments qu'il faut rapporter ces diverses impressions : toutes i'estomac. 86 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Seusations çj^Qg^g ésfalcs d'aillcuis , un aliment nutritif internes qui o lésuitent amène plus promptement le sentiment de satiété. de 1 accumu j. j. i iation des Une substauce peu nourrissante calme difficilement aliments dan s l'estomac, la faim 5 même lorsqu'elle a été prise en quantité considérable. La membrane muqueuse de l'estomac est donc douée d'une sensibilité assez développée , puisque nous pouvons acquérir quelques notions sur la na- ture des substances mises en contact avec elle. Cette propriété se manifeste d'une manière bien évidente, si l'on a avalé une substance vénéneuse irritante : on ressent alors des douleurs intolérables. On sait aussi que l'estomac est sensible à la température des aliments. A la rougeur de la membrane muqueuse , à la quantité de fluide qu'elle sécrète , au volume des vaisseaux qui s'y portent , on ne peut guère douter que la présence des aliments dans l'estomac n'y dé- termine une excitation très grande, mais utile pour le travail de la chymification. Cette excitation de l'estomac influe sur l'état général des fonctions , comme nous le dirons plus bas. Le séjour des aliments dans l'estomac est assez long, ordinairement il est de plusieurs heures; c'est pendant ce séjour qu'ils sont transformés en chyme. Etudions les phénomènes de cette transforma- tion , sur laquelle on n'a que des données fort in- complètes. DE PHYSIOLOGIE. 87 Altérations des aliments dans l'estomac. Il se passe ordinairement plus d'une heure avant que les aliments subissent aucune autre altération apparente dans l'estomac que celle qui résulte de leur mélange avec les fluides perspiratoires et muqueux qui s'y trouvent et s'y renouvellent con- tinuellement. Pendant ce temps , l'estomac reste uniforme- Formation ment distendu ; mais ensuite la portion pylorique ^^^ ^ ^^^' se resserre dans toute son étendue , surtout dans le point le plus voisin de la portion splénique , où se trouvent repoussés les aliments. Dès lors on ne rencontre plus dans la portion pylorique que du chyme , mêlé à une très petite quantité d'aliments non altérés. Mais qu'entend-on par chyme ? Les auteurs les du chyme. plus recommandables s'accordent pour le regarder comme une substance homogène , pultacée , gri- sâtre , d'une saveur douceâtre , fade , légèrement acide , et qui conserve quelques propriétés des aliments. Cette description laisse beaucoup à dé- sirer. En effet, dans quel cas a-t-on vu le chyme avec ces caractères ? quels étaient les aliments dont on avait fait usage ? On n'en fait aucune men- tion , et cependant il était très important de le déterminer. chyme. 88 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences J'ai cru Que dc lîouvelles expériences sur ce sur la ^ ., . . formation du point pourraient être utiles : je ne puis consigner ici tous les détails de celles que j'ai faites ; j'en rapporterai les résultats les plus importants. A. Il y a autant d'espèces de chyme qu'il y a d'espèces d'aliments , si l'on en juge par la cou- leur, la consistance, l'aspect, etc. , comme on peut aisément s'en assurer en faisant manger à des chiens différentes substances alimentaires sim- ples 5 et en les tuant pendant le travail de la diges- tion. J'ai plusieurs fois constaté le même résultat chez l'homme , sur des cadavres de suppliciés ou d'individus morts d'accidents. B. En général , les substances animales sont plus aisément et plus complètement altérées que les substances végétales. Il arrive fréquemment que ces dernières traversent tout le canal intestinal en conservant leurs propriétés apparentes. J'ai plu- sieurs fois vu 5 dans le rectum et dans l'intestin grêle , les légumes qu'on ajoute au potage , les épinards , l'oseille , etc. , ayant conservé la plu- part de leurs propriétés : leur couleur seule pa- raissait sensiblement altérée par le contact de la bile. C'est particulièrement dans la portion pylorique que se forme le chyme. Il paraît que les aliments s'y introduisent peu à peu , et que , pendant le séjour qu'ils y font , ils subissent la transforma- DE PHYSIOLOGIE. 89 tion. 11 m'a semblé cependant voir plusieurs fois Expériences ^ sur la de la matière ciiymeuse à la surface de la masse formation du 11 . , , , . . chyme. d'aliments qui remplit la moitié splemque ; mais le plus souvent les aliments conservent leurs pro- priétés dans cette partie de l'estomac. Il serait difficile de dire pourquoi la portion pylorique est plus apte à la formation du chyme que le reste de l'estomac ; peut-être le grand nom- bre de follicules qu'on y observe apporte-t-il quel- ques modifications dans la quantité ou dans la nature du fluide qui y est sécrété. La transformation des substances alimentaires en chyme se fait , en général , de la superficie vers le centre. Il se forme , à la surface des portions d'aliments avalées , une couche molle , facile à détacher. Il semble que les substances soient atta- quées , corrodées par un réactif capable de les dis- soudre. Un morceau de blanc d'œuf durci , par exemple , se comporte à peu près comme s'il était plongé dans du vinaigre faible ou dans une disso- lution de potasse. Si la substance alimentaire est enveloppée d'une couche peu ou point digestible , on voit la dissolution s'opérer dans la cavité tandis que l'enveloppe reste intacte. G. Quelle que soit la substance alimentaire dont on ait fait usage , le chyme a toujours une odeur et une saveur aigres , et rougit fortement le papier de tournesol. C)0 P RK C T S K LE M E N J A l l\ K Gazconinnus D. Oii n'obscrvc qu'une très petite quantité de l'esiomac ^^'^'Z- claiis lestomac pendant la formation du chyme; fonnafiondu quclqucibis même i) n'en existe pas. Ils y forment ri.ynic. ordinairement une bulle peu volumineuse , à la partie supérieure de la portion splénique. Une seule fois , sur un cadavre de supplicié , et peu de temps après la mort, j'en ai recueilli, avec les précautions'convenables, une quantité assez grande pour être analysée. M. Chevreul l'a trouvée com- posée de : Oxijçènc I !,()o Acide carbonique i4,oo Hydrogène pur 3,55 A/Ole 7 1^45 Total ioo,0() Il est rare que l'on rencontre des ^az dans l'es- tomac du chien. On ne peut donc croire, avec M. le professeur (Uiaussicr, qu'à chaque mouvement de déglutition nous avalons une bulle d'air , poussée dans l'es- tomac par le bol alimentaire. S'il en était ainsi , on devrait trouver dans cet organe une quantité con- sidérable d'air après le repas : or on vient de voir le contraire. A]().ivri.i E. Jamais une p;rande quantité de chyme ne p< nda!!"!-/ s'accumule dans la portion pylorique ; le plus que riivrnc. ) *''^ '^'<^ ^'i' cquivalail a perne , en volume , a deux ou trois onces d eau. Il parait que la contraction de l'estomac inllue sur la production du chyme : voici ce que j'ai observé à cet égard. Après avoir été quelque temps immobile, l'extrémité du duo- dénum se contracte, le pylore et la portion pylo- rique en font autant ; ce mouvement repousse le chyme vers la portion splénique ; mais ensuite il se fait en sens inverse, c'est-à-dire qu'après s'être dis- tendue et avoir permis au chyme de rentrer de nou- veau dans sa cavité, la portion pylorique se con- tracte de gauche à droite, et dirige vers le duodé- num le chyme , qui franchit aussitôt le pylore et pénètre dans l'intestin. Le même phénomène se ré- pète un certain nombre de fois, puis il s'arrête pour se montrer de nouveau au bout d'un certain temps. Quand l'estomac contient beaucoup d'ali- ments , ce mouvement est borné à la partie de l'or- gane la plus voisine du pylore; mais, à mesure qu'il se vide, le mouvement s'étend davantage , et se manifeste même dans la portion splénique quand l'estomac est presque entièrement vide. En géné- ral, il devient plus prononcé sur la fm de la chy- mification. Quelques personnes en ont distincte- ment la conscience à cet instant. On a fait jouer au pylore un rôle très important Usa^^cs dans le passage du chyme de l'estomac à l'intestin. ^" rv'orf' il juge, dit-on. du degré de chymification des ali- ments ; il s'ouvre pour ceux qui ont les qualités re- <^'2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE quises, se ferme devant ceux qui ne les présentent pas. Cependant, comme on observe journellement que des substances non digérées et même non di- gestibles , telles que des noyaux de cerises , du verre pilé ou seulement concassé , le traversent fa- cilement, on ajoute que, s'accoutumant à une substance non chymifiée qui se présente à plusieurs reprises , il finit par lui livrer passage. Ces considé- rations , en quelque sorte consacrées par la signifi- cation du mot pylore (portier)^ peuvent plaire à l'esprit, mais sont purement hypothétiques (i). (i) Le pylore jouit si peu des fonctions imaginaires dont on l'a revêtu, que certains animaux n'ont jamais l'ouver- ture intestinale de l'estomac fermée. Le cheval est dans ce cas ; son pylore est toujours largement ouvert : aussi les aliments séjournent peu dans ce viscère, et n'y sont que faiblement altérés. Le véritable pylore du cheval est à l'ouverture cardiaque de l'estomac ; son usage paraît être de s'opposer à ce que les aliments et les boissons remontent dans l'œsophage. Si l'on ne fait point attention à la libre communication de l'estomac avec les intestins, on ne pour- rait pas comprendre comment l'estomac du cheval, qui, dans sa plus grande extension, contient à peine douze li- tres d'eau , peut cependant recevoir , dans un temps très court, des masses volumineuses de fourrage et de liquide , une botte de foin et vingt-quatre litres d'eau , par exemple. Le phénomène de la digestion, dans le cheval, paraît se faire en même temps dans tout le canal intestinal,, et même dans le gros intestin. Ce phénomène mériterait une attention particulière et des recherches spéciales.. DE PHYSIOLOGIE. gZ) F. Toutes les substances alimentaires ne sont pas Expériences transformées en chyme avec la même promptitude, formation du En général , les substances grasses , les tendons, *^'^y"^*^- les cartilages , l'albumine concrète , les végétaux mucilagineux et sucrés , résistent davantage à l'ac- tion de l'estomac , que les aliments caséeux, fibri- neux , glutineux. Quelques substances paraissent même réfractaires : tels sont les os , l'épiderme des fruits, leurs noyaux, les graines entières, etc. Ce- pendant il y a des faits bien constatés qui prouvent quelestomac de l'homme peut dissoudredes os. G. Dans la détermination de la digestibilité des Remarques aliments, il faut avoir égard au volume des portions formation du qui ont été avalées. J'ai souvent observé que les ^ ^"™^' morceaux les plus gros , quelle qu'en fut d'ailleurs la nature, restaient les derniers dans l'estomac : au contraire, une substance même non digestible, pourvu qu'elle soit très divisée, comme des pépins de raisins, des grains de plomb , ne s'arrête pas dans l'estomac, et passe promptement, avec le chyme, dans l'intestin. Sous le rapport de la facilité et de la prompti- tude de la formation du chyme , on observe presque autant de différences qu'il y a d'individus. M. Astley Cooper a fait diverses expériences sur la digestibilité de plusieurs substances; il donna à des chiens une quantité déterminée de porc , de mouton , de veau , de bœuf, en tenant compte de g4 PKECIS ELEMENTAIUE la figure des morceaux avalés , et de l'ordre d'intro- duction dans l'estomac ; en ouvrant les animaux au bout d'un certain temps , et réunissant avec soin ce qui restait dans leur estomac , il s'assura que le porc était la substance la plus vite digérée , ensuite vint le mouton, le veau, enfin le bœuf, qui lui sembla être la substance la moins digestible. Dans quelques cas, le porc et le mouton étaient entièrement disparus , Expériences quc Ic bœuf était eucorc intact. Il trouva , par d'au- d'Astley ^ , . ^ . 1 . Coopersuria trcs expcrienccs , que le poisson et le tromage sont digestion. . i i \ t -i i t i aussi des substances très digestibles. — La pomme de terre l'est à un degré moindre ; la peau qui recouvre ce légume passait dans le duodénum sans éprou- ver d'altération : il tenta aussi quelques essais avec la même substance , préparée de différentes maniè- res, et il vit que le veau bouilli est des deux tiers plus digestible que la même substance rôtie. Diverses autres substances furent aussi soumises aux mêmes expériences,et il trouva que la chair musculaire était plus tôt digérée que la peau ; que la peau l'était un peu plus que les cartilages ; ceux-ci plus que les tendons , ceux-ci enfin plus que les os. Quant à ces derniers il trouva que l'omoplate était un des plus digestibles ; cent parties de cet os furent digérées en six heures , tandis que trente parties du fémur le furent dans le même espace de temps. {Voyez Scu- damore, on goût j rheumatisme and gravelle^ etc. London , 1817, pag. Sog, deuxième édition.) DE riiysiOLOGiE. 95 D'après ce qui vient d'être dit , il est évident que, pour fixer le temps nécessaire à la chymifi- cation de tous les aliments contenus dans l'esto- mac, on doit tenir compte de leur quantité, de leur nature chimique, de la manière dont la mastica- tion s'est exercée sur eux, et de la disposition indi- viduelle. Cependant, quatre ou cinq heures après un repas ordinaire , il est rare que la transforma- tion de la totalité des aliments en chyme ne soit pas effectuée. On ignore la nature des changements chimiques Systèmes I > r^ 7 sur la que les aliments éprouvent dans l'estomac. Ce n'est digestion, pas qu'à différentes époques on n'ait tenté d'en donner des explications plus ou moins plausibles. D'anciens philosophes disaient que les aliments se putréfiaient dans l'estomac ; Hippocrate attribuait la digestion à la coction; Galien donnait à l'esto- mac les facultés attractrice ^ rétentrice^ concoctrice et expultrice ; et par leur secours il pensait expli- quer la digestion. La doctrine de Galien a régné dans les écoles jusqu'au milieu du dix-septième siècle, où elle a été attaquée et renversée par les chi- mistes fermentateurs , qui établirent dans l'esto- mac une effervescence , une fermentation particu- lière , au moyen de laquelle les aliments étaient macérés , dissous , précipités , etc. Ce système n'eut pas une longue vogue ; il fut remplacé par des idées beaucoup moins raisonnables. On établit g6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Systèmes que la digestioD n'était qu'une trituration , un écra- ciig"estion. sèment, opéré par la contraction de l'estomac; on. supposa une multitude innombrable de petits vers qui attaquaient et divisaient les aliments. Boerhaave crut rencontrer la vérité en alliant les diverses opinions qui avaient régné avant lui. Haller s'écarta des idées de son maître ; il regarda la digestion comme une simple macération. Il savait que les matières végétales et animales qui sont plongées dans leau ne tardent pas à se couvrir d'une couche molle et homogène ; il crut que les aliments éprouvaient des phénomènes analogues en macérant dans la salive et le fluide sécrété de l'es- tomac. Si l'on applique à ces divers systèmes la logique sévère, qui seule désormais doit régner en physio- logie , on ne peut y voir qu'un effet du besoin qu'a l'homme de satisfaire son imagination , et de se faire illusion sur les choses qu'il ignore.. Etait-on en effet beaucoup plus avancé pour avoir dit que la digestion était une coction , une fermentation , une macération , etc. ? Non , puisqu'on n'attachait aucun sens précis à ces mots. Expériences ^^ ^^'^^t poiut cu suivaut ccttc métliodc que ^® et de'""' procédèrent Réaumur et Spallanzani. Ils firent des Spaiianzani expéricuccs SUT Ics animaux , et démontrèrent la sur la ^ ^ formation du fausscté dcs anciciis systèmes; ils firent voir que cbvme. ^ ^ des aliments , renfermés dans des boules creuses , DE PHYSIOLOGIE. 97 métalliques, et percées de petits trous , étaient di- gérés comme s'ils étaient libres dans la cavité de l'estomac. Ils constatèrent que l'estomac contient un fluide ])articulier, qu'ils nommèrent suc gas- trique, et que ce fluide était l'agent principal de la digestion ; mais ils en exagérèrent beaucoup les propriétés , et ils s'abusèrent quand ils crurent avoir expliqué la digestion en la considérant comme une dissolution; car, n'expliquant point la dissolu- tion , ils n'expliquaient point davantage l'altération des aliments dans l'estomac. Au lieu de nous arrêtera l'exposition et à la réfu- tation faciles de ces différentes liypotbèses , ce qui d'ailleurs se trouve dans tous les ouvrages , nous ferons sur le phénomène de la formation du chyme les réflexions suivantes i Il faut avoir égard , dans la formation du chyme. Réflexions sur la 1° aux circonstances dans lesquelles se trouvent les formation du , , ^ , chyme. aliments contenus dans 1 estomac , 2° a la nature chimique des substances alimentaires. Les circonstances au milieu desquelles se trou- vent les aliments pendant toute la durée de leur séjour dans l'estomac , et qui doivent être remar- quées, sont peu nombreuses. 1° Ils éprouvent une pression plus ou moins forte, soit de la part des pa- rois abdominales , soit de celle des parois de l'esto- v mac ; 2° ils sont mus en totalité par les mouvements de la respiration ; S"* ils sont exposés à une tempé- 2 '^ q8 pkécis élémentaire Réflexions ratuFC de trente à trente-deux degrés de Réaumur ; formation du 4" îls sont exposés à l'action de la salive, des mu- ci^ynie- cosités provenant de la bouche et de l'œsophage , ainsi qu'à celle du fluide sécrété par la membrane muqueuse de l'estomac. On se rappelle que ce dernier fluide est légère- ment visqueux , qu'il contient beaucoup d'eau , du mucus, des sels à base de soude et d'ammoniaque, et de l'acide lactique de M. Berzélius. Quant à la nature des aliments , nous avons déjà vu combien elle est variable , puisque tous les prin- cipes immédiats , animaux ou végétaux , peuvent, sous des formes ou des proportions différentes , être portés dans l'estomac , et servir utilement à la formation du chyme. Maintenant pouvons -nous , en tenant compte de la nature des aliments et des circonstances où ils sont placés dans l'estomac , arriver à nous rendre raison des phénomènes connus de la formation du chyme ? La température de trente à trente-deux degrés , la pression et le ballottement que supportent les aliments , ne peuvent point être considérés comme causes principales de leur transformation en chyme; il est probable seulement qu'elles y coopèrent : res- tent l'action de la salive et celle du fluide sécrété dans l'estomac ; mais, d'après la composition con- nue de la salive, il n'est guère possible qu'elle at- artificielles. DE PHYSIOLOGIE. 99 taque et qu'elle change la nature des aliments ; elle peut tout au plus servir à les diviser, à les imbi- ber , de manière à écarter leurs molécules ( i ) : c est donc à l'action du fluide formé par la membrane interne de l'estomac qu'il faut s'arrêter. Il paraît certain que c'est ce fluide qui , agissant chimique- ment sur des substances alimentaires , les dissout de la surface vers le centre. Pour en donner une preuve palpable, on a tenté, Digestions avec le fluide dont nous parlons , ce qu'on appelle en physiologie , depuis Réaumur et Spallanzani , des digestions artificielles; c'est-à-dire qu'après avoir mâché des aliments, on les mêle à du suc gastrique , puis on les expose dans un tube ou tout autre vase , à une température égale à celle de l'es- tomac. Spallanzani a avancé que ces digestions réussissaient , et que les aliments étaient réduits en chyme; mais, d'après les dernières recherches de M. Montègre , il paraît positif qu'il n'en est rien , et qu'au contraire les substances employées n'é- prouvent aucune altération analogue à la chymifi- (i) M. Krimer a tenu dans sa bouche un morceau de jambon, pesant un gros, pendant trois heures. Après ce temps ce morceau était blanc à sa surface , et avait aug- menté de douze grains. Le même physiologiste croit que les larmes contribuent à la digestion , et coulent dans l'arrière- bouche jusque dans l'estomac. ( P^ersuch einer Physiologie des Blutes f Leipsic, 1823.) 7- 100 PRECIS ELEMENTAIRE Digestions eatioii ; ce qui est conforme à quelques expériences artificielles. •'• faites par Réaumur. Mais de ce que le suc gastrique ne dissout pas les aliments avec lesquels il est renfermé dans un tube, il n'en faut pas conclure, avec quelques per- sonnes , que le même fluide ne peut point dissoudre les aliments quand ils sont introduits dans l'esto- mac : les circonstances sont loin en effet d'être les mêmes ; dans l'estomac , latempérature est égale , les aliments sont pressés et secoués , la salive et le suc gastrique se renouvellent continuellement; à mesure que le chyme est formé, il est emporté et poussé dans le duodénum. Rien de tout cela n'a lieu dans le tube ou dans le vase qui contient les aliments mêlés au suc gastrique ; par conséquent le non-succès des digestions artificielles ne prouve ni pour ni contre l'explication de la formation du chyme par l'action dissolvante du suc gas- trique. . ^ Mais comment se fait -il qu'un même fluide puisse agir d'une manière analogue sur le grand nombre des substances alimentaires , végétales ou animales? L'état de la chimie organique ne permet pas de répondre à cette question ; cependant , de tous les agents dissolvant des matières animales , l'acide acétique est celui qui paraîtrait remplir le plus complètement cette condition : si l'on prend une portion de chacun des tissus du corps, et qu'on DE PI1\SI(>L0GI1Ï. 101 les soumette ensemble ou séparément à l'action de l'acide acétique , ils se dissolveront tous. En général , l'action par laquelle le chyme se Hénexions sur la forme empêche la réaction des éléments constitu- formation du •r- 1 T ï 1 . chyme. tus des aliments les uns sur les autres : mais cet effet n'a lieu que dans les bonnes digestions ; il pa- raît que dans les mauvaises , la fermentation , ou même la putréfaction , peut avoir lieu : on peut le soupçonner à la grande quantité de gaz inodores qui se développent dans certains cas, et à l'hydro- gène sulfuré qui se dégage dans d'autres. Quelque- fois ces gaz produisent un effet singulier durant le sommeil;, ils remontent dans l'œsophage, le distendent , compriment le cœur par sa face pos- térieure , et nuisent assez à la circulation pour produire une anxiété très fatigante. Je connais une personne qui se débarrasse de ces gaz en mettant un doigt dans le pharynx , ouvre ce canal, et permet ainsi au gaz contenu dans l'œsophage de sortir avec une sorte d'explosion qui le soulage immédiatement. Depuis long-temps on regarde les nerfs de la hui- inauence tième paire comtne destinés à présider à l'acte de la imitiéme^ la chymification : en effet, si on lie ou si l'on forn^ationdu coupe ces nerfs au cou, les matières introduites ^-^y^^e. dans l'estomac n'y subissent en général qu'une altération bien inférieure à celle qu'ils éprouve- raient si les nerfs étaient intacts. Cet effet se re- 102 PRECIS ELEMENTAIRE Influence iiiarquc plus voloiitiers chez les animaux herbivores Irhurtïèmt'' et a été observé avec beaucoup de soin par M. Du- fomi^atioudu P^J ^ profcsscur à l'école vétérinaire d'Alfort. La chyme, difficulté OU la diminution de la digestion stoma- cale dans ce cas paraît tenir à la diminution ou à la cessation de la sécrétion du suc gastrique. Mais on a conclu d'une manière générale que la section de la huitième paire abolissait le pouvoir chymi- fiant de l'estomac. Cette conséquence nous paraît trop étendue ; car la section de la huitième paire apporte un tel trouble dans la respiration , une telle gène dans la circulation pulmonaire , qu'il pourrait bien se faire que le dérangement de la digestion ne fût que l'effet du trouble de la respiration et de la cir- culation. (Voyez De l* Influence de la huitième paire sur la respiration. ) Pour lever cette difficulté j'ai coupé ces nerfs, non pas au cou comme dans les expériences précé- dentes, mais dans le thorax, iuimédiatement au- dessus du diaphragme. Pour faire cette section , je coupe une des côtes sternales , je lie l'artère inter- costale, et, introduisant mon doigt dans la poi- trine , je soulève l'œsophage et les nerfs qui mar- chent à sa surface; il m'est facile alors de les cou- per sans crainte d'en laisser échapper. Immédiatement après la section, je force l'animal à manger des aliments dont la chymification m'est 1)K PHYSIOLOGIE. 10.> coriime, des corps gras par exemple , et je m'as- influence , , , , des nerfs de sure , après avoir laisse écouler le temps con- la huitième 11 1 1 !•/-•' paire sur la venable , que les substances sont chymiliees, et formation du qu elles fournissent ultérieurement un chyle abon- ^^y'"^- dant. D'ailleurs, dans les oiseaux , la section des nerfs de la huitième paire n'influe pas d'une manière très apparente sur la chymification. Comme il ne paraît pas que ces animaux aient un véritable chyle , on ne peut rien dire de l'influence nerveuse sur la production de ce fluide. Quelques personnes ont prétendu que l'électri- cité pourrait bien avoir part à la production du chyme , et que les nerfs de l'estomac pourraient en être les conducteurs. M. Wilson Philipp est celui qui a soutenu cette opinion avec le plus de persévérance , en s'appuyant d'expériences nombreuses. Il coupe les nerfs pneu- mo-gastriques à deux animaux après les avoir fait manger. Il abandonne l'un à lui-même , et soumet l'autre à un courant galvanique qui parcoure l'œ- sophage et l'estomac. Chez le premier la digestion est abolie , chez le deuxième elle se fait comme si les nerfs n'étaient pas coupés. Tels sont du moins les résultats qui se sont offerts à M. Wilson Phi- lipp ; mais on doit observer que ces résultats ne sont pas constants , et qu'ils ont souvent manqué à M. Wilson lui-même, ce qui certes n'arriverait 104 PRÉCIS ÉLÉxMEîNTAlRE pas si la digestion était un simple phénomène physique. Ensuite la section simple des nerfs , même au cou , n'interrompt pas toujours la chy- mification. Des expériences qui viennent d'être faites récemment à Paris par MM. Breschet, H. Ed- wards et Vavasseur ont porté les auteurs à croire qu'elles ne faisaient que l'affaiblir. L'influence de la huitième paire sur la chymi- iication n'est donc pas encore bien connue, et la propriété galvanique de ce nerf plus que dou- teuse. Un usage plus probable des nerfs de la huitième paire est d'établir des relations intimes entre l'esto- mac et le cerveau , d'avertir s'il s'est glissé quelques substances nuisibles dans les aliments , et s'ils sont de nature à être digérés. Chez une personne robuste , le travail de la for- îDternes matiou du cliymc se fait à son insu ; seulement qui accom- pagnent la elle s'aperçoit que le sentiment de plénitude et la Ibrmation du ^ . . ^ . i i • chyme. gcnc de la respu^ation , produits par la distension de l'estomac , disparaissent par degrés : mais il est très fréquent , surtout parmi les gens du monde d'une complexion délicate , que la digestion s'ac- compagne d'affaiblissement dans l'action des sens, d'un froid général, avec de légers frissons ; l'intel- ligence elle-même diminue d'activité et semble s'engourdir; il y a disposition au sommeil : on dit alors que les forces vitales se concentrent sur l'or- Sensations DE PHYSIOLOGIE. 105 gaiie qui agit , et qu'elles abandouiient momen- tanément les autres. A ces effets généraux s'ajoutent la production de gaz qui s'échappent par la bouche, un sentiment de poids , de chaleur , de tournoie- ment , et d'autres fois de brûlure, suivi d'une sen- sation analogue le long de l'œsophage , etc. Ces effets se font particulièrement sentir vers la fm de la chymiflcation. Ils paraissent l'effet d'une véri- table fermentation qui s'établit alors dansTestomac. Des phénomènes analogues se développent quand on laisse dans une étuve à trente-deux degrés des matières alimentaires. Il ne paraît pas cependant que ces digestions laborieuses soient beaucoup moins profitables que d'autres. Action de l'intestin grêle. L'intestin grêle est la portion la plus longue du De iiotestia ffrêlc. canal digestif; il établit une communication entre l'estomac et le gros intestin. Peu susceptible de distension , il est contourné un grand nombre de fois sur lui-même , ayant une longueur beaucoup plus considérable que le trajet qu'il doit parcourir. Il est fixé à la colonne vertébrale par un repli du péritoine , qui se prête à ses mouvements , tout en y donnant des limites ; ses fibres longitudi- nales et circulaires ne sont point écartées comme à l'estomac; sa membrane muqueuse , qui présente 106 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE beaucoup de villosités et une assez grande quantité de follicules muqueux , forme des replis irréguliè- rement circulaires , dont le nombre est d'autant plus grand , qu'on examine l'intestin plus près de l'orifice pylorique. On nomme ces replis valvules conniventes. L'intestin grêle reçoit beaucoup de vaisseaux sanguins; ses nerfs naissent des ganglions du grand sympathique. A sa surface interne , s'ou- vrent les orifices très nombreux des vaisseaux chy- liferes. On a divisé cet intestin en trois parties , distin- guées par les noms de duodénum^, àe^ jéjunum ^ et à'iléum; mais cette division est peu utile en phy- siologie. Sécrétion ^6 même que la membrane muqueuse de l'es- ^^ grê£^*'" tomac , celle de l'intestin grêle sécrète une muco- sité abondante : je ne crois pas qu'elle ait jamais été analysée. Elle m'a paru visqueuse, filante, d'une saveur salée , et rougissant fortement le papier de tournesol ; toutes propriétés que nous avons déjà remarquées dans le fluide sécrété par l'estomac. Haller donnait à ce fluide le nom de suc intestinal; il estimait à huit livres la quantité qui s'en forme en vingt-quatre heures. Non loin de l'extrémité stomacale de l'intestin qui nous occupe , on remarque l'orifice commun des canaux biliaire et pancréatique , par lequel cou- DE PHYSIOLOGIE. I O7 lent dans la cavité de l'intestin les fluides sécrétés par le foie et le pancréas (i). Sila formation du chyme est encore un mystère, la nature des phénomènes qui se passent dans l'in- testin grêle n'est pas mieux connue. Ici nous sui- vrons encore notre méthode habituelle , c'est-à-dire que nous nous bornerons à décrire ce que l'obser- vation fait connaître. Nous allons d'abord parler de l'introduction du chyme et de son trajet dans l'intestin grêle ; nous traiterons ensuite des altérations qu'il y éprouve. Accumulation et trajet du chyme dans l'intestin grêle. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de voir, sur des Accumula- chiens 5 le chyme passer de l'estomac dans le duo- chyme dans dénum. Voici les phénomènes que j'ai observés. ^grïie!'^ A des intervalles plus ou moins éloignés , on voit un mouvement de contraction se développer vers le milieu du duodénum ; il se propage assez rapi- dement du côté du pylore : cet anneau lui-même se resserre , ainsi que la partie pylorique de l'es- tomac ; en vertu de ce mouvement, les matières contenues dans le duodénum sont poussées vers le (1) Voyez Sécrétion de la bile et Sécrétion du fluide pancréatique. du pylore. 108 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE pylore , oi\ elles sont arrêtées par la valvule , et celles qui se trouvent dans la partie pylorique sont repoussées en partie vers la partie splénique ; mais ce mouvement , dirigé de l'intestin vers l'estomac , est bientôt remplacé par un mouvement en sens opposé , c'est-à-dire qui se propage de l'estomac vers le duodénum , et dont le résultat est de faire franchir le pylore à une quantité de chyme plus ou moins considérable. Mouvement Lc mouvcmcnt qui vient d'être décrit se répète ordinairement plusieurs fois de suite , avec des modifications pour la rapidité , l'intensité de la contraction , etc. ; puis il cesse pour reparaître au bout de quelque temps. Il est peu marqué dans les premiers moments de la formation du chyme; l'extrémité seule de la partie pylorique y participe. Il augmente à mesure que l'estomac se vide , et , vers la fin de la chymification , j'ai plusieurs fois vu tout l'estomac y prendre part. Je me suis assuré qu'il n'est point suspendu par la section des nerfs de la huitième paire ; et ce fait est d'une haute importance relativement à l'action nerveuse. Il montre que les fonctions de ces nerfs ne peuvent être comparées , comme on le fait généralement , à celles des nerfs moteurs ordinaires. La paralysie suit immédiatement la section de ceux-ci; rien de semblable n'a lieu pour l'estomac , les con- tractions de cet organe ne perdent rien de DE PII YSIOLOGIE. 1 OQ leur activité , du moins dans les premiers mo- ments. Ainsi , l'entrée du chyme dans l'intestin grêle Passage du , f ( chyme n'est point continue. A mesure qu elle se répète , à travers u^ le chyme s'accumule dans la première portion de py^^*^* 1 intestin , il en distend un peu les parois et s'en- fonce dans les intervalles des valvules ; sa pré- sence excite bientôt l'organe à se contracter , et , par ce moyen , une partie s'avance dans l'intestin ; l'autre reste attachée à la surface de sa membrane et prend ensuite la même direction. Le même phénomène se continue jusqu'au gros intestin ; mais comme le duodénum reçoit de nouvelles portions de chyme , il arrive un moment où l'in- testin grêle , dans toute sa longueur , est rempli de cette matière. On observe seulement qu'elle est beaucoup moins abondante dans le voisinage du cœcum qu'à l'extrémité pylorique. Le mouvement qui détermine la progression du Progression 1 V 1». • 'M 1 1 1 du chyme chyme a travers 1 mtestm grêle a la plus grande dans Pintes^ analogie avec celui du pylore : il est irrégulier , revient à des époques variables , se fait tantôt dans un sens et tantôt dans un autre , se manifeste quelquefois dans plusieurs parties à la fois. Il est toujours plus ou moins lent ; il détermine des chan- gements de rapports entre les circonvolutions in- testinales. Il est entièrement hors de l'influence de la volonté. 110 PRECIS ELEMENTAIRE Progression Qn s'en formerait une fausse idée si Ton se bor- du chyme ^^ dans Pintes- naît à examiner 1 intestin grêle sur un animal tin grêle. récemment mort ; il a alors une activité qu'il est loin d'offrir pendant la vie. Cependant , dans les mauvaises digestions j, il paraît acquérir une vitesse et une énergie qu'il n'a pas ordinairement. Quelle que soit la manière dont ce mouvement s'exécute , le chyme paraît marcher très lentement dans l'intestin grêle : les valvules nombreuses que l'on y remarque et qui ont, dans l'état de santé , un relief et une épaisseur qu'elles sont loin de conserver après la mort par maladie , la multitude d'aspérités qui hérissent la membrane muqueuse , les cour- bures multipliées du canal , sont autant de circon- stances qui doivent contribuer à ralentir sa progres- sion, mais qui doivent favoriser son mélange avec les fluides contenus dans l'intestin , et la produc- tion du chyle , qui en est le résultat. Changements qu éprouve le chyme dans l'intestin grêle. Ce n'est guère qu'à la hauteur de l'orifice du canal cholédoque et pancréatique que le chyme commence à changer de propriétés. Jusque là il avait conservé sa couleur , sa consistance demi- fluide 5 son odeur aigre , sa saveur légèrement acide; mais , en se niêlant à la bile et au suc pan- DE PHYSIOLOGIi:. 1 1 1 créatique , il prend de nouvelles qualités : sa cou- leur devient jaunâtre, sa saveur amère, et son odeur aigre diminue beaucoup. S'il provient de matières animales ou végétales, qui contenaient de la graisse ou de l'huile, on voit se former çà et là, à sa surface, des filaments irréguliers, quelque- fois aplatis, d'autres fois arrondis, qui s'attachent promptement à la surface des valvules , et parais- sent être du chyle brut. On n'aperçoit point cette matière quand le chyme provient d'ahments qui ne contenaient point de graisse ; c'est une couche grisâtre, plus ou moins épaisse, qui adhère à la membrane muqueuse , et qui paraît contenir les éléments du chyle. Les mêmes phénomènes s'observent dans les Altérations deux tiers supérieurs de l'intestin grêle; mais, dans^rl^es- dans le tiers inférieur, la matière chymeuse de- '"g"^^^* vient plus consistante, sa couleur jaune prend une teinte plus foncée ; elle finit même quelquefois par devenir d'un brun verdâtre , qui perce à tra- vers les parois intestinales, et donne à l'iléon un aspect distinct de celui du duodénum et du jéju- num. Quand on l'examine près du cœcum , on n'y voit plus ou très peu de stries blanchâtres chy- leuses ; elle semble, dans cet endroit, n'être que le résidu de la matière qui a servi à la formation du chyle. D'après ce qui a été dit plus haut sur les variétés tjn erêle. 112 PRECIS ELEMENTAIRE Altérations que présciite le chyme , on doit pressentir que les d^ns^n^tes- changements qu'il subit dans l'intestin grêle sont variables suivant ses propriétés : en effet, les phé- nomènes de la digestion dans l'intestin grêle varient avec la nature des aliments (i). Cependant le chyme y conserve sa propriété acide ; et s'il contient des parcelles d'aliments ou d'autres corps qui ont résisté à l'action de l'esto- mac 5 ceux-ci traversent l'intestin grêle sans y éprouver d'altération. Les mêmes phénomènes se manifestent quand on a fait usage des mêmes sub- stances. J'ai pu récemment m 'assurer de ce fait sur les cadavres de deux suppliciés, qui, deux heures avant la mort, avaient fait un repas commun , où ils avaient mangé des mêmes aliments à peu près en quantité égale : les matières contenues dans l'estomac , le chyme dans la portion pylorique et dans l'intestin grêle , m'ont paru entièrement iden- tiques pour la consistance , la couleur , la saveur , l'odeur, etc. Le docteur Prout s'est occupé récemment de la composition du chyme ; ses expériences ont été faites sur diverses espèces d'animaux. Il a comparé avec soin la digestion de deux chiens , dont l'un avait mangé uniquement des matières végétales , (i) Nous avons fait sur ce point beaucoup d'expériences ; mais il aurait été peu utile d'en consigner les détails dans un ouvrage élémentaire. DE PII YSIOLOGIE. 1 1 5 et le second des matières animales. Le résultat de ses analyses comparatives se voit dans le tableau qui suit. NOURRITURE VÉGÉTALE. NOURRITURE ANIMALE. 1° Chyme extrait du duodénum, 2° Chyme extrait du duodénum. Semi-fluide , opaque, composé Plus épais et plus visqueux que d'unepartie blanche-jaunâtre, me- celui de matière végétale ; sa cou- lée à une seconde partie de même leur se rapproche davantage du couleur, mais de consistance plus rouge. 11 ne coagule pas le lait, considérable. Coagulant le lait complètement. Il est composé de A. Eau 86,5 80,2 B. Chyme, etc 6,0 i5,8 C. Matière albumineuse , . . . . i,3 D. Principe biliaire. ... 1,6 1,7 E. Gluten végétal? . . . 5,o F. Sels 0,7 0,7 G. Résidu insoluble. . . . 0,2 o,3 100,0 100,0 Un aliment qui n'aurait pas été soumis à l'action de l'estomac et qui se trouverait sous l'influence de l'intestin grêle, serait-il digéré? J'ai tenté quel- ques essais sur cette question intéressante , parti- culièrement sous le point de vue médical. Et d'a- bord remarquons que les personnes dont l'estomac est complètement désorganisé vivent assez long- temps pour qu'on puisse supposer que la cessation de l'action de l'estomac n'interrompt pas tout-à-fait le travail digestif. J'ai placé un morceau de viande crue dans le duo- dénum d'un chien bien portant : au bout d'une 2. 8 lll^ PRÉCIS ELEMENTAIRE heure ce morceau de viande était arrivé dans le rec- tum , son poids était peu diminué, et il n était altéré qu'à sa surface qui était décolorée. Dans une autre expérience , j'ai fixé le morceau de muscle avec un fil de manière à ce qu'il ne sortît point de l'intestin grêle ; trois heures après l'animal a été ouvert : le morceau de viande avait perdu environ la moitié de son poids , la fibrine avait particulièrement été attaquée; ce qui avait résisté, presque entièrement cellulaire, était d'une fétidité extrême. Quoi qu'il en soit , la propriété dissolvante existe donc dans- l'intestin grêle. Gaz contenus H ^st rai'c quc l'on uc reucoutre pas de gaz rintTstin ^^i^s l'intestin grêle pendant la formation du chyle. ^^^^' M. Jurine, de Genève, est le premier qui les ait examinés avec attention , et qui ait indiqué leur nature; mais, à l'époque où ce savant médecin a écrit , les procédés eudiométriques étaient loin de la perfection qu'ils ont acquise en ce moment. J'ai donc cru nécessaire de faire de nouvelles recher- ches sur ce point intéressant; M. Chevreul a en- core bien voulu s'associera moi pour exécuter ce travail. Nos expériences ont été faites sur des corps de suppliciés, ouverts peu de temps après la mort, et qui, jeunes et vigoureux, présentaient les conditions les plus favorables à de semblables recherches. Sur un sujet de vingt-quatre ans , qui avait mangé , deux heures avant son supplice , du pain et Dli PHYSIOLOGIE. 1 l5 du fromage de gruyère , et bu de Teau rougie , Gazcoatenus dans nous avons trouvé dans l'intestin grêle : l'intestin grêle. Oxigène . . . . 0,00 Acide carbonique ^4?59 Hydrogène pur. 55,55 Azote 20,08 Total 100,00 Sur un second sujet , âgé de vingt-trois ans , qui avait mangé des mêmes aliments à la même heure , et dont le supplice avait eu lieu en même temps , nous avons rencontré : Oxigène 0,00 Acide carbonique 40? 00 Hydrogène pur 5 1,1 5 Azote 8,85 Total 100,00 Dans une troisième expérience, faite sur un jeune homme de vingt-huit ans, qui, quatre heures avant d'être exécuté , avait mangé du pain , du bœuf, des lentilles > et bu du vin rouge , nous avons trouvé dans le même intestin : Oxigène. .......... 0,00 ' Acide carbonique 25,oo Hydrogène pur 8,40 Azote. . 66,60 Total 100,00 8. Il6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Nous n'avons jamais observé d'autres §:az dans l'intestin grêle. Origine des Ces gaz pourraient avoir diverses origines. Il se- sraz contenus . ., , ,., . . i i» . i dans rait possible qu ils vinssent de 1 estomac avec le grêle." cbyme , il serait possible qu'ils fussent sécrétés par la membrane muqueuse intestinale , enfin ils pour- raient naître de la réaction réciproque des ma- tières contenues dans l'intestin : cette dernière source est sans doute la plus probable; car, d'a- près des expériences encore inédites de M. Che- villot, quand on recueille des matières, de l'intes- tin grêle , et qu'on les laisse fermenter quelque temps dans une étuve à la température du corps, on obtient exactement les mêmes gaz que ceux qui se trouvent dans l'intestin. D'ailleurs , si l'on voulait que les gaz intesti- naux vinssent de l'estomac , il faudrait remarquer que cet organe contient de l'oxigène et très peu d'hydrogène, tandis que nous avons presque tou- jours rencontré beaucoup d'hydrogène dans l'in- testin grêle, et jamais d'oxigène. Il est en outre d'observation journalière que , pour peu que l'esto- mac renferme des gaz, ils sont rendus par la bouche, vers la fin de la chymification , probablement par- cequ'à cet instant ils peuvent plus aisément s'en- gager dans l'œsophage. La probabilité de la formation des gaz par la sécrétion de la membrane muqueuse ne serait tout DE PHYSIOLOGIE. 1 \J au plus admissible que pour l'acide caibouique et l'azote , qui semblent être formés de cette manière dans la respiration. Quant à l'action réciproque des matières ren- fermées dans l'intestin , je dirai que j'ai vu plusieurs fois la matière chymeuse laisser échapper assez rapidement des bulles de gaz. Ce phénomène avait lieu depuis l'orifice du canal cholédoque jusque vers le commencement de l'iléon ; on n'en aper- cevait aucune trace dans ce dernier intestin, ni dans la partie supérieure du duodénum , ni dans Festomac. J'ai fait de nouveau cette observation sur le cadavre d'un supplicié, quatre heures après sa mort : il ne présentait aucune trace de putréfac- tion. Le mode d'altération qu'éprouve le chvme dans Nature des , ^ . " changements I intestin grêle est inconnu ; on voit bien qu'elle ré- que le chyme 1 ii>- iii.i/\i r éprouve dans suite de 1 action de la bile (i), du suc pancrea- (i) Un habile physiologiste anglais, M. Brodie, vient de faire des recherches sur l'usage de la bile dans la digestion. II a lié à cet effet le canal cholédoque sur des chats nouveau- nés, et il a remarqué que cette ligature s'opposait à toute formation du chyle. Le chyme passait dans l'intestin grêle sans y laisser déposer ce que j'ai nommé le chyle brut. Les vaisseaux lactés ne contenaient point de chyle, mais seulement un fluide transparent, que M. B. suppose com- posé partie de la lymphe et partie de la portion la plus li- quide du chyme. J'ai répété cette expérience, qui est déjà ancienne, sur 1 1 8 * P R É C I s É L É M E N T A. I R E l'intestin tique , et du fluide sécrété par la membrane mu- queuse sur le chyme. Mais quel est le jeu des affi- nités dans cette véritable opération chimique, et pourquoi le chyle vient-il se précipiter à la surface des valvules conniventes, tandis que le surplus reste dans l'intestin pour être ultérieurement ex- pulsé? Voilà ce qu'on ignore complètement. On est un peu plus instruit sur le temps néces- saire pour que le chyme soit suffisamment altéré. Ce phénomène ne se fait pas très promptement : sur les animaux , trois ou quatre heures après le repas , il arrive souvent qu'on ne rencontre point encore de chyle formé. D'après ce qui vient d'être dit , on voit que dans Tintestin grêle le chyme est partagé en deux par- ties : Tune , qui s'attache aux parois , et qui est le chyle encore impur ; l'autre , véritable résidu , est destinée à être poussée dans le gros ^'ntestin , et en- suite lejetée tout-à-fait au dehors. Ainsi s'accomplit le phénomène le plus impor- des animaux adultes; la plupart sont morts des suites de l'ouverture de l'abdomen et de la manœuvre nécessaire pour lier le canal cholédoque. Mais dans deux cas où les animaux ont survécu quelques jours, j'ai pu m'assurer que la digestion avait continué , que du chyle blanc avait été formé, et des matières stercorales produites; ces dernières n'étaient pas colorées comme à l'ordinaire , et cela n'a rien de sur- prenant, puisqu'elles ne contenaient point de bile: du reste , les animaux n'offraient aucune teinte jaune. DJ'l PII YSIOLOG lE. 1 K) tant de la dij^estioii , la prodactiori du chyle : ceux qui nous restent à examiner n'en sont que le com- pléuîent. Aclion du orros intestin. o Le L^ros intestin a une étendue considérable; il P]^ .- forme un long circuit pour parvenir de la fosse iliaque droite , où il commence , jusqu'à l'anus , où il se termine. On le divise en cœcam , en colon et en rectum. Le cœcum est situé dans la région iliaque droite; il est abouché avec la fin de l'intestin grêle. Le colon est subdivisé en portion ascendante ^ qui s'é- tend du cœcum à riiypochondre droit ; en portion transversale j, qui se porte horizontalement de l'hy- pochondre droit au gauche ; et en portion descen- dante ^ qui se prolonge jusqu'à l'excavation du bas- sin. Le rectum est très court ; il commence où finit le colon , et se termine en formant l'anus. Dans ce trajet , le gros intestin est fixé par des structure replis du péritoine , disposés de façon à permettre gros intestin, aisément les variations de volume. Sa coucbe mus- cuîeuse a une disposition toute particulière. Les fibres longitudinales forment trois faisceaux étroits, fort éloignés les uns des autres quand l'intestin est dilaté. Ses fibres circulaires forment aussi des fais- ceaux, beaucoup plus nombreux, mais tout aussi écartés. Il résulte de là que . dans un grand nom- 120 PRECIS ELEMENTAIRE bre de points , l'intestin n'est formé que par le péri- toine et la membrane muqueuse. Ces endroits sont disposés ordinairement en cavités distinctes, où s'accumulent les matières fécales. Le rectum seul , ne présente pas cette disposition ; la couche mus- culeuse y est très épaisse , uniformément répan- due 5 et jouit d'une contraction plus énergique que celle du colon. La membrane muqueuse du gros intestin n'est point recouverte de villosités comme celle de l'in- testin grêle et de l'estomac ; elle est au contraire lisse. Sa couleur est d'un rouge pâle ; on n'y re- marque qu'un petit nombre de follicules. A l'en- droit de sa jonction avec l'intestin grêle , il existe dans le cœcum une valvule évidemment disposée pour permettre aux matières de pénétrer dans cet intestin , mais pour s'opposer à leur retour dans l'intestin grêle. Beaucoup moins d'artères et de veines se rendent au gros intestin qu'au grêle : il en est de même pour les nerfs et les vaisseaux lymphatiques. Accumulation et trajet des mattèrps fécales dans le gros intestin. Accumula- C^est la contractiou de la portion inférieure de tion des leces ^ daas le l'Héon qui détermine la matière qu'il contient à pé- gros intestin. nétrer dans le cœcum. Ce mouvement, fort irré- gulier, revient à des intervalles éloignés : il est DE PHYSIOLOGIK. 12 1 rare qu'on l'aperçoive sur les animaux vivants; on le voit plus fréquemment surles animaux qui vien- nent d'être tués. 11 ne coïncide en aucune manière avec celui que présente le pylore. A mesure que ce mouvement se répète , la ma- tière qui vient de l'iléum s'accumule dans le cœ- cum : elle ne peut refluer dans l'intestin grêle, car la valvule iléo-cœcale y met obstacle ; elle n'a d'issue que par l'ouverture qui communique avec le colon. Une fois introduite dans le cœcum, elle prend les noms de matière fécale ou stercorale ^ de fèces , à' excréments j etc. Au bout d'un certain temps de séjour dans le cœcum , les matières fécales passent dans le colon , dont elles parcourent successivement les diverses portions , tantôt en y formant une masse conti- nue , et tantôt y formant des masses isolées qui remplissent une ou plusieurs des loges que présente l'intestin dans toute sa longueur. Cette progression, qui presque toujours est très lente, se fait sous l'influence de la contraction des fibres musculaires et de la pression que supporte l'intestin , comme organe contenu dans l'abdomen : elle est favorisée par la sécrétion muqueuse et fol- liculaire de la membrane interne. Arrivée au rectum , la matière s'y accumule , distend uniformément les parois , et y forme quel- quefois une masse de plusieurs livres. Elle ne peut Ï22 PRÉCIS ELEMENTAIRE aller au-delà, car l'anus est habituellement fermé par la contraction des deux muscles sphincters, La consistance des fèces dans le gros intestin est très variable ; cependant , chez un homme en bonne santé , elle est toujours plus considérable que celle de la matière qui sort de l'intestin grêle. Ordinai- rement sa consistance s'accroît à mesure qu'elle approche du rectum; mais elle s'y ramollit en absorbant les fluides que sécrète la membrane mu- queuse. J Itérations des matières fécales dans le gros intestin, Ghangemenis Avant de pénétrer dans le gros intestin , la ma- les fèces ticre excrementicUe n a aucune odeur letide propre ^intestm°^ aux excrémciits humains ; elle contracte cette odeur pour peu qu'elle y ait séjourné. Sa couleur brune- jaunâtre prend aussi une teinte plus foncée ; mais , sous le rapport de la consistance, de l'odeur , delà couleur . etc. , il y a des variétés nombreuses , qui tiennent à la nature des aliments digérés, à la ma- nière dont se sont faites la chymification et la chy- lification , et à la disposition habituelle , ou seule- ment à celle qui existait pendant le travail des di- gestions précédentes. Analyse ^1^ rctrouvc dans les excréments toutes les ma- ^^^^fé^aks^'"^' tières qui n'ont point été altérées par l'action de l'estomac : aussi y voit-on souvent des noyaux, des graines , et d'autres substances végétales. DE PHYSIOLOGIK. 123 Plusieurs chimistes célèbres se sont occupés de Gazcontenus *■ dans le l'analyse des excréments humains; M. Berzélius gros intestin. les a trouvés composés de : Eau. . 7^?^ Débris de végétaux et d'animaux. . . . 7,0 Bile. , . . 0,9 Albumine O59 Matière extractive particulière. ... 2,7 Matière formée débile altérée, de résine, de matière animale, etc. .... 145O Sels ï»2 Total 100,0 Suite de Vexpërience comparative du docteur Prout ( 1 ) . NOURRITURE VÉGÉTALE. NOURRITURE ANIMALE. Matières prises dans te cœcutn. Matières prises dans le cœciim. D'une couleur brune-jaunâtre , D'une couleur brune , d'une d'une consistance dure el un peu consis.tance très visqueuse. Coa- visqueuse. Ne coagule pas le lait, gule le lait. A. Eau , quantité indéterminée. A. Eau , quantité indéterminée. B. Mélange de principes muqueux B. Mélange de principes muqueux et de matières alimentaires alté- et de matières alimentaires alté- rées , insoluble dans l'acide acé- 1 ées , insoluble dans l'acide acé- tique, et forrnant la plus grande tique , et formant la plus grande partie de la subistance. partie de la substance. G. Matière albumineuse, pas de C Matière albumineuse , destra- traces. ces. D. Principes biliaires, altérés pour D. Principes biliaires, altérés pour ia quantité, presque comme ci- la quantité, presque comme ci- dessus, dessus. E. Gluten végétal? pas de traces ; E. Gluten végétal ? pas de traces ; contenait un principe soîublc contenait un principe soluble dans l'acide acétique , et se pré- dans l'acide acétique , et se pré- (1) Voyez page 1 15. 124 PRECIS ELEMENTAIRE NOURRITURE VÉGÉTALE. NOURRITURE ANIMALE. Dans le eœcum. cipitant abondamment parl'oxa- late d'ammoniaque. F. Matières salines , comme ci- dessus. G. Résidu insoluble , en petite quantité. Matière du coloji. D'une couleur jaune-brunâtre , Je la consistance de la moutarde , contenant beaucoup de bulles d'air, d'une odeur faible , mais particulière , analogue à celle de la pâte fraîche. Ne coagule pas le lait. A. Eau , quantité indéterminée. B. Mélange de principes muqueux et de matières alimentaires alté- rées , cette dei^nière en excès , insoluble dans l'acide acétique, et formant la principale partie de la substance. G. Matière albumineuse , pas de traces. D. Principes biliaires comme ci- dessus , sous tous les rapports. E. Gluten végétal ? pas. Contient un principe soluble dans l'acide acétique, et se précipite abon- damment par l'oxalate d'am- moniaque ^ comme dans le eœ- cum. F. Sels , comme précédemment. Dans le cœcum. cipitant abondamment par l'oxa- late d'ammoniaque. F. Matières salines , comme ci- dessus. G. Résidu insoluble , en petite quantité. Matière du colon . Gonsisiant en un fluide brunâ- tre tremblant , et coinme mij- queux , où nagent quelques ma- tières blanchâtres analogues à de l'albumine coagulée; odeur faible, peu fétide, comme la bile. Goa- gule le lait. A. Eau , quantité indéterminée. B. Mélange de matières alimen- taires en excès et de principes muqueux , insoluble dans l'a- cide acétique , et formant la plus grande partie de ces sub- stances. G. Matière albumineuse, pas de traces. D. Principes biliaires comme ci- dessus. E. Gomme dans le cœcum ci- dessus mentionné. F. Sels, comme ci-dessus, en outre quelques traces d'un phosphate alkalin. HE PII YSIOrOGf K. l 25 INOUIÎRITURE VÉGÉTALE. NOURRITURE ANIMALE. Dans le colon. Dans le colon. G. Résidu insoluble, moindre que G. Résidu insoluble, matière so- dans le cœcum. lidc , en très petite quantité. Dans le rec lum. Dans te rectum. D'une consistance ferme, et Fèces dures, d'une couleur brune d'une couleur brune -olive tirant tirant sur le cbocolat, odeur très sur le jaune, odeur fétide. Ne coa- fctide ; Teau dans laquelle on en gule pas le lait. dissout coagule le lait. A. Eau , quantité indéterminée. A. Eau , quantité indéterminée. B. Combinaison ou mélange de B. Combinaison ou mélange de substances alimentaires, alté- matières alimentaires altérées en rées , en plus grand excès que dans le colon , et d'un peu de mucus , insoluble dans Tacide acétique, et formant la majeure partie des fèces C. Matière albumineuse ? beaucoup plus grand excès que dans aucune autre analyse, et d'un peu de mucus ; insoluble dansl'acide acétique, et formant la plus grande partie des fèces. C. Matière albumineuse ? D. Principes biliaires, en partie D. Principes biliaires , plus consi- cbangés en résine. dérables que dans les fèces de végétaux , et tout-à-fait changés en matière résineuse. E. Gluten végétal? pas. Contient E. Gluten végétal ? pas de traces . un principe semblable à celui Contient un principe semblable du cœcum et du colon. à celui du cœcum et du colon. F. Sels, comme çi-dessus. F. Sels, comme cidessus. G. Résidu insoluble , consistant G. Résidu insoluble , consistant principalement en fibres végé- principalement en poils. taies et en poils. Ces analyses , faites dans le but d'éclairer le mys- tère de la digestion , ne peuvent nous être en ce moment que d'un faible secours ; car , pour qu'elles pussent offrir cet avantage , il faudrait les varier beaucoup, tenir compte de la nature et delà quan- 126 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tité des aliments dont on a précédemment fait usage , avoir égard à la disposition individuelle , n'agir d'abord que sur des excréments provenants de substances alimentaires très simples ; mais un travail de ce genre suppose une perfection de moyens d'analyse à laquelle la chimie animale n'est peut-être point encore parvenue. Gazcontenus H existc aussi dcs gaz dans le gros intestin, gros intestin, quaud il rcnfcrmc des matières fécales. M. Jurine a depuis long-temps déterminé leur nature , mais il n'a fait qu'une seule expérience satisfaisante sur ce sujet. Dans le gros intestin d'un fou , trouvé mort de froid le matin dans sa loge , et ouvert aussitôt, il a reconnu l'existence de l'azote, de l'acide carbonique , de l'hydrogène carboné et sulfuré. Nous avons , M. Chevreul et moi, examiné avec soin les gaz qui se trouvaient dans le gros intestin des suppliciés dont j'ai parlé à l'article de Y intestin grêle. Dans le sujet de la première expérience citée , le gros intestin contenait , sur cent parties de gaz , Oxigène . . 0,00 Acide carbonique 45,5o Hydrogène carboné et quelques traces d'hydrogène sulfuré. . 5,4" Azote. . . . . 5i,o5 Total. ....... 100,00 DE PHYSIOLOGIE. l 2'J Le sujet de la seconde expérience présentait , dans le même intestin : Oxigène 0,00 Acide carbonique 70,00 Hydrogène pur et hydrogène carboné. . 11,60 Azote 18,40 Total 100,00 Sur le sujet de la troisième expérience , nous avons analysé séparément le gaz qui se trouvait dans le cœcum et celui qui se rencontrait dans le rectum. Nous avons eu pour résultat : Cœcum. Oxigène. 0^00 Acide carbonique 12, 5o Hydrogène pur. ^ 7?5o Hydrogène carboné . i2,5o Azote 67,50 Total . 100,00 Rectum. Oxigène 0,00 Acide carbonique. ^2,,S6 Hydrogène carboné 1I518 Azote. 4'%96 Total 100,00 Quelques traces d'hydrogène sulfuré s'étaient manifestées sur le mercure avant l'instant où ce gaz fut analysé. 128 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Ces résultats , sur lesquels on peut compter , puis- qu'aucuD des moyens d'éloigner les erreurs n'ont été négligés , s'accordent assez bien avec ceux qu'a- vait obtenus depuis long-temps M. Jurine , relati- vement à la nature des gaz ; mais ils infirment ce qu'il avait dit à l'égard de l'acide carbonique, dont la quantité y suivant ce médecin, allait en décrois- sant depuis l'estomac jusqu'au rectum. On vient de voir qu'au contraire la proportion de cet acide s'accroît d'autant plus qu'on s'éloigne de l'estomac. Origine des L^s mêmcs doutcs quc uous avous exprimés à groflnte^tin, l'occasiou de l'origiiie des gaz contenus dans l'in- testin grêle doivent être reproduits pour ceux du gros intestin. Viennent-ils de l'intestin grêle? sont- ils sécrétés parla membrane muqueuse? se for- ment-ils aux dépens de la réaction des principes constitutifs des matières fécales ? ou bien provien- nent-ils de cette triple source ? Il n'est point fa- cile de faire cesser l'incertitude où l'on est à cet égard ; mais , d'après ce qui a été dit à l'occasion des gaz de l'intestin grêle, il est très probable qu'ils viennent en grande partie de la fermentation des matières contenues dans le gros intestin. Remarquons cependant que ces gaz diffèrent de ceux de l'intestin grêle. Dans ces derniers , Thy- drogène pur prédomine souvent, tandis qu'on n'en trouve point dans le gros intestin , mais bien de l'hydrogène carboné et sulfuré. J'ai vu d'ailleurs DE IMl VSIOLOGIE. 1 29 plusieurs fois des gaz sortir abondamment , sous la forme d'une multitude innombrable de petites bulles , de la matière que contenait le gros in- testin. D'après ce qu'on vient de voir, on peut con- clure que l'action du gros intestin est de peu d'importance dans la production du chyle. Cet organe remplit assez bien les fonctions d'un ré- ' servoir , où vient se déposer , pour un certain temps, le résidu de l'opération chimique diges- tive , afin d'en être ensuite expulsé. On conçoit même que la digestion pourrait s'effectuer d'une manière complète, quand même le gros intestin n'y prendrait aucune part. La nature présente cette disposition chez les individus porteurs d'un anus artificiel , où vient aboutir l'extrémité cœ- cale de l'intestin grêle , et par lequel s'échappent les matières qui ont servi à la formation du chyme. Expulsion des malières fécales. Les principaux agents de l'excrétion des ma- Sentiment , qui annonce tières fécales sont le diaphragme et les muscles la nécessité abdominaux ; le colon et le rectum y coopèrent , les ^STtières 1 > • ^ r ' 1 on fécales. mais dune manière en gênerai peu emcace. Tant que les matières fécales ne sont point en grande quantité dans le gros intestin , et surtout tant qu'elles ne se sont pas accumulées dans le ^. 9 ^ l3o Pr.ÉClS ÉLÉ3IENTAIRE rectum , on n'a point la conscience de leur pré- sence ; mais quand elles sont en proportion con- sidérable et qu'elles distendent le rectum , alors on éprouve un sentiment vague de plénitude et de gêne dans tout l'abdomen. Ce sentiment est bien- tôt remplacé par un autre beaucoup plus vif qui nous avertit de la nécessité de nous débarrasser des matières, fécales. Si l'on n'y satisfait pas, dans quelques occasions, il cesse pour reparaître au bout d'un temps plus ou moins long; et dans d'autres il s'accroît avec promptitude , commande impé- rieusement, et déterminerait, malgré tous les ef- forts contraires , la sortie des excréments , si l'on ne se hâtait d'y obéir. La consistance des matières fécales modifie la vivacité de ce besoin. Il est presque impossible de résister au-delà de quelques instants quand il s'agit de l'expulsion de matières molles ou presque li- quides, tandis qu'il est facile de retarder beaucoup celle des matières qui ont plus de dureté. Mécanisme Ricn de olus aisé à comprendre que le méca- de l'expulsion . ii> i-i ' ^ 'n des matières uismc de 1 cxpulsiou dcS cxcrcments : pour qu eiïe ^'^^'^^' s'effectue, il faut que les matières accumulées dans le rectum soient poussées avec une force su- périeure à la résistance que présentent les muscles de l'anus. La contraction du rectum seule ne pour- rait produire un semblable effet, malgré l'épais- seur assez considérable de sa couche musculaire ; DK PHYSIOLOGIE. 101 d'autres puissances doivent intervenir : ce sont, d'une part , le diaphragme, qui pousse directe- ment en bas toute la masse des viscères, et de l'autre , les muscles abdominaux , qui les res- serrent et les pressent contre la colonne verté- brale. De la combinaison de ces deux forces ré- sulte une pression considérable , qui porte sur la matière stercorale amassée dans le rectum; la résistance des sphincters se trouve surmontée ; ils « cèdent , la matière s'engage dans l'anus et se di- rige bientôt au-dehors. Mais comme la cavité du rectum est beaucoup Expulsion plus spacieuse que 1 ouverture de 1 anus, qui d ail- fécales. leurs tend continuellement à se rétrécir , la ma- tière, pour en sortir, doit se mouler sur le diamètre de cette ouverture : elle passe d'autant plus aisé- ment , qu'elle a moins de consistance ; aussi , lorsqu'elle en a davantage, faut-il employer beau- coup plus de force. Si elle est liquide , la seule contraction du rectum paraît suffisante pour la rejeter. Un phénomène analogue à celui qui arrive à l'œsophage , lors de l'abord des aliments dans l'es- tomac , a été observé au rectum par M. Halle. Ce savant professeur a remarqué que , dans les efforts pour aller à la garde-robe, la membrane interne de l'intestin est déplacée, poussée en bas, et qu'elle vient former un bourrelet près de l'anus. Cet effet 9- IÔ2 PRECIS ELEMENTAIRE doit , en grande partie , être produit par la con- traction des fibres circulaires du rectum. Époques de Le besoin de rendre les matières fécales se re- l'expiilsion des matières nouvclle à dcs époqucs variables, suivant la quan- fécales. . , i i t i r» • tite et la nature des aliments dont on lait usage , et suivant la disposition individuelle. Ordinaire- ment il ne se manifeste qu'après plusieurs repas consécutifs. Chez quelques personnes, l'évacuation se fait une fois ou même deux fois dans vingt- quatre heures ; mais il en est d'autres qui sont jusqu'à dix ou douze jours sans en avoir aucune, et qui jouissent eependant d'une santé parfaite. L'habitude est une des causes qui ont le plus d'influence sur le retour régulier de l'excrétion des matières fécales : dès qu'elle est une fois con- tractée, on peut aller à la garde-robe exactement à la même heure. Beaucoup de personnes, surtout les femmes , sont obligées de recourir à des moyens particuliers , tels que des clystères , pour parvenir à se débarrasser des matières contenues dans le gros intestin. Expulsion Les gaz ne sont pas soumis à cette expulsion des gaz que , . ,. • > i f t \ .1 i contient le periodique et en gênerai régulière ; ils marchent gros intestin. -, . i . -r r. 1 ^ t \ o plus rapidement. Leur déplacement étant très la- cile , ils arrivent promptement à l'anus par le seul effet du mouvement péristaltique du gros intestin; cependant il faut y joindre le plus souvent la con- traction des parois abdominales pour en détermi- DE PHYSIOLOGIE. l7)T) ner la sortie, qui alors se fait avec bruit : ce qui n'arrive que rarement quand ils sont expulsés par la seule contraction du rectum. Du reste , la sortie des gaz par l'anus n'a rien de régulier ni même de constant. Beaucoup de personnes n'en rendent jamais, ou très rarement; d'autres, au contraire, en chassent à chaque in- stant. L'usage de certains aliments influe sur leur formation et sur la nécessité de les expulser. En général , leur développement est considéré comme un indice de mauvaise digestion. En santé, comme en maladie , la sortie répétée des vents par l'anus annonce le besoin prochain d'aller à la garde- robe. Par l'expulsion des matières fécales s'accomplit cette fonction si compliquée dont le but essen- tiel est la formation du chyle ; mais nous n'en aurions qu'une idée fort incomplète, si, à l'exem- ple des auteurs les plus estimés , nous nous bor- nions à traiter de la digestion des aliments. Un autre genre de considération se présente à notre étude : c'est la digestion des aliments liquides ou des boissons. De la digestion des boissons. 11 est assez singulier que les physiologistes, qui Digestiondcs se sont tant occupés de la digestion des aliments solides , qui ont tant fait de systèmes pour l'ex- l54 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE pliquer , et même tant d'expériences pour 1 éclai- rer, n'aient jamais donné une attention spéciale à celle des boissons; cependant cette étude pré- sentait moins de difficultés apparentes que la pre- mière. Les boissons sont, en général , moins com- posées que les aliments , quoiqu'il y en ait de très nourrissantes , et presque toutes se digèrent plus aisément. Cette seule circonstance, que nous digérons des liquides, aurait dû faire rejeter les systèmes de la trituration, de la macération, etc. En effet , on ne voit rien à broyer ni à macérer dans les boissons , et pourtant elles satisfont la faim , réparent les forces , en un mot nourrissent. De la préhension des boissons. Préhension La préheusion des boissons peut s'exécuter d'une boissons, multitude de manières différentes; mais Petit (i) a fait voir qu'on pouvait les rapporter toutes à deux principales. Suivant la première , on verse le liquide dans la bouche; il y entre par l'effet de sa propre pesan- teur. On doit y rapporter la façon la plus ordinaire de boire , dans laquelle les lèvres étant en contact avec les bords du vase , le liquide est versé plus ou moins lentement; l'action de sabler^ qui con- (i) Mémoires de l'académie des sciences^ années 1710 et 1716. Action de humer. DE PHYSIOLOGIE.' I 35 siste à projeter en une seule fois dans la bouche tout ce que contenait le verre ; et l'action de boire à la régalade , dans laquelle la tête étant renversée et les mâchoires écartées , on laisse tomber d'une certaine hauteur et d'un jet continu le liquide dans la bouche. Suivant le second mode de préhension des bois- sons , on fait le vide dans cette cavité , et la pression de l'atmosphère force les liquides à y pénétrer : telles sont l'action d'aspirer^ celle de humerj celle de sucer ou de té ter ^ etc. Lorsqu'on aspire ou que l'on hume , la bouche est appliquée à la surface d'un liquide ; on dilate ensuite la poitrine , de manière à diminuer la pres- sion de l'atmosphère sur la portion de la surface du liquide interceptée par les lèvres. Le liquide vient aussitôt remplacer l'air qui a été soustrait de la bouche. Dans l'action de sucer ou de téter, la bouche Action de , . , sucer ou de représente assez bien une pompe aspirante , dont téter. Vouverture est formée par les lèvres , le corps par les joues , le palais , etc. , et le piston par la langue. Yeut-on la mettre en jeu , on applique exactement les lèvres autour du corps dont on doit extraire un liquide*, la langue elle-même s'y adapte; mais bientôt elle se contracte , diminue de volume , se porte en arrière , et le vide est en partie produit entre sa face supérieure et le palais : le liquide con- l36 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tenu dans le corps que l'on suce, n'étant plus égale- ment comprimé par l'atmosphère , se déplace , et la bouche se remplit. N'ayant besoin ni de mastication ni d'insali- vation , les boissons ne séjournent point dans la bouche; elles sont avalées à mesure qu'elles y ar- rivent. Les changements qu'elles éprouvent en tra- versant cette cavité ne portent guère que sur leur température. Si cependant la saveur en est forte ou désagréable , ou bien si , la trouvant agréable , nous nous plaisons à la prolonger, il arrive que la présence de la boisson dans la bouche y détermine l'afflux d'une plus ou moins grande quantité de sa- live et de mucosité, qui ne manque pas de se mêler à la boisson. Déglutition des boissons. uégiuiitîon Nous avalons les liquides par le même méca- cs oissons. j^jgjjig qjjjg ]gg aliments solides ; rnais comme les boissons glissent plus aisément à la surface de la membrane muqueuse du palais , de la langue, du pharynx , etc. ; comme elles cèdent sans difficulté à la moindre pression , et qu'elles présentent tou- jours les qualités requisespour traverser le pharynx, elles sont , en général , avalées avec moins de diffi- culté que les aliments solides. Je ne sais pourquoi l'opinion contraire est géné- ralement répandue. On établit que les molécules DE PHYSIOLOGIE. l'S^ des liquides , ayant continuellement une tendance à s'abandonner , doivent présenter plus de résis- tance à l'action des organes de la déglutition ; mais l'expérience dément chaque jour cette asser- tion. Chacun peut avoir sur lui-même la preuve qu'il est plus aisé d'avaler les liquides que des aliments solides , même quand ils sont suffisamment atté- nués et imprégnés de salive (i). On appelle gorgée la portion de liquide avalée dans chaque mouvement de déglutition. Les gor- gées varient beaucoup pour le volume ; mais , quelque volumineuses qu'elles soient, comme elles s'accommodent à la forme du pharynx et de l'œso- phage , il est rare qu'elles produisent la disten- sion douloureuse dans ces conduits , comme on le voit pour les aliments solides. Dans la manière la plus ordinaire de boire , la déglutition des liquides présente les trois temps que nous avons décrits ; mais quand on sable ou qu'on boit a la régatadejle liquide étant directement porté dans le pharynx , les deux derniers temps seuls s'ef- fectuent. (i) On n'alléguera point, sans doute, la manière dont la déglutition s'exerce dans les maladies; car, pour peu qu'il y ait une inflammation intense de la gorge, les malades ne peuvent avaler que des liquides. l38 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Accumulation et durée du séjour des boissons dans l'estomac. AccunmJa- La manière dont se fait l'accumulation des bois- boissons dlns sons dans l'estomac diffère peu de celle des aliments; estomac, ^jj^ ^^^ ^^ général plus prompte , plus égale et plus facile ^ probablement parceque les liquides se répartissent et distendent l'estomac plus unifor- mément. De même que les aliments, ils occupent plus particulièrement sa portion gauche et moyen- ne ; l'extrémité droite ou pylorique en contient toujours beaucoup moins. Il ne faut pas cependant que la distension de l'estomac soit portée trop promptement à un degré considérable, car le liquide serait bientôt rejeté par le vomissement. Cet accident arrive fréquemment aux personnes qui avalent coup sur coup une grande quantité de boisson. Quand on veut exciter le vo- missement chez une personne qui a pris un émé- tique 5 un des meilleurs moyens est de faire boire brusquement plusieurs verres de liquide. La présence des boissons dans l'estomac produit des phénomènes locaux semblables à ceux que nous avons décrits à l'article de V Accumulation des ali- ments imèmes changements dans la forme et dans la position de l'organe , même distension de l'abdo- men, même resserrement du pylore, et même con- traction de l'œsophage , etc. DE IMIYSIOLOGIK. 1 O9 Les phénomènes généraux sont différents de ceux qui sont produits par les aliments : ce qui tient à l'action des liquides sur les parois de l'estomac, et à la promptitude avec laquelle ils sont portés dans le sang. Passant rapidement à travers la bouche et l'œso- phage, les boissons conservent , plus que les ali- ments , la température qui leur est propre jusqu'au moment où elles arrivent dans l'estomac. 11 en ré- sulte que nous les préférons à ceux-cj quand nous voulons éprouver dans cet organe un sentiment de chaleur ou de froid : de là vient la préférence que nous donnons en hiver aux boissons chaudes , et en été à celles qui sont froides. Chacun sait que les boissons restent bien moins Séjour des ^ ^ ^ boissons dans long-temps dans l'estomac que les aliments; mais restomac. la manière dont elles sortent de ce viscère est en- core peu connue. On croit généralement qu'elles traversent le pylore et qu'elles passent dans l'in- testin grêle , où elles sont absorbées avec le chyle ; cependant une ligature appliquée sur le pylore , de façon qu'elles ne puissent pas pénétrer dans le duo- dénum , ne ralentit pas beaucoup leur disparition de la cavité de l'estomac. Nous reviendrons sur ce point important en parlant des agents de l'absorp- tion des boissons. l4o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Altération des boissons dans l'estomac. Altération Soiis le rapport des altérations qu'elles éprou- ^%ans*^^°"^ ^Gi^t dans l'estomac , on peut distinguer les bois- estomac. ^^^^^ ^^^ dcux classes .* les unes ne forment point de chyme, et les autres sont chymifiées en tout ou en partie. Boissons -^ 1^ première classe se rapportent l'eau pure, ment pohît l'^^cool asscz faible pour qu'il puisse être considéré de chyme, commc boissûii , Ics acides végétaux , etc. Pendant son séjour dans l'estomac , l'eau se met d'abord en équilibre de température avec les parois de ce viscère ; en même temps elle se mêle avec la mucosité , le suc gastrique et la salive qui s'y trouvent ; elle devient trouble , et disparaît ensuite peu à peu sans subir d'autre transformation. Une partie passe dans l'intestin grêle , l'autre paraît absorbée directement. Après sa disparition , il reste une certaine quantité de mucosité , qui est bientôt réduite en chyme à la manière des ali- ments. On sait , par l'observation , que l'eau privée d'air atmosphérique , comme l'eau distillée , ou l'eau chargée d'une grande quantité de sel , comme l'eau de puits , restent long-temps dans l'estomac et y produisent un sentiment de pesanteur. ^ L'alcool a une tout autre manière d'agir. D'abord on connaît l'impression de chaleur brûlante qu'il DE PHYSIOLOGIE. l4l cause en passant dans la bouche , le pharynx , l'œsophage , et celle qu'il excite dès qu'il est arrivé dans l'estomac : les effets de cette action sont de déterminer le resserrement de cet organe, d'irriter la membrane muqueuse , et d'augmenter beaucoup la sécrétion dont elle est le siège; en même temps il coagule toutes les parties albumineuses avec les- quelles il est en contact ; et comme les différents liquides qui se trouvent dans l'estomac contiennent une assez grande proportion de cette matière, il en résulte que , peu de temps après qu'on a avalé de l'alcool 5 il y a dans ce viscère une certaine quantité d'albumine concrétée. Le mucus subit une modification analogue à celle de l'albumine ; il se durcit , forme des filaments irréguliers , élastiques , qui conservent une certaine transpa- rence. En produisant ces phénomènes , l'alcool se mêle avec l'eau que contiennent la salive et le suc gas- trique ; il dissout probablement une partie des élé- ments qui entrent dans leur composition , de sorte qu'il doit s'affaiblir beaucoup par son séjour dans l'estomac. Sa disparition est extrêmement prompte ; aussi ses effets généraux sont-ils rapides , et l'ivresse ou la mort suivent-elles presque immédiatement l'introduction d'une trop grande quantité d'alcool dans l'estomac. Les matières qui ont été coagulées par l'actioïi lZ|2 PRECIS ÉLÉMENTAIRE de l'alcool sont , après sa disparition , digérées comme des aliments solides. Boissons qui Parmi les boissons qui sont réduites en chyme , sont réduites . , en chyme. Ics uncs Ic sout en partie et les autres en totalité. L'huile est dans ce dernier cas ; elle est transfor- mée, dans la partie pylorique, en une matière qui a de l'analogie , pour l'apparence , avec celle que l'on retire de la purification des huiles par l'acide sulfurique : cette matière paraît être le chyme de l'huile. A raison de cette transformation , l'huile est peut-être le liquide qui séjourne le plus long- temps dans l'estomac. Boissons Personne n'ie-nore que le lait se caille peu de quï forment «j x a du chyme, tcmps après qu'il a été avalé ; ce caillot devient alors un aliment solide , qui est digéré à la manière or- dinaire. Le petit-lait seul peut être considéré comme boisson. Le plus grand nombre des boissons dont nous faisons usage sont formées d'eau ou d'alcool, dans lesquels sont en suspension ou en dissolution des principes immédiats animaux ou végétaux , tels que la gélatine , l'albumine , l'osmazome , le su- cre 5 la gomme , la fécule , les matières colorantes ou astringentes, etc. Ces boissons contiennent des sels de chaux , de soude, de potasse , etc. Expériences H résultc de pluslcurs cxpérienccs que j'ai faites sur la 11* formation du sur dcs animaux, et de quelques observations que chyme , , , , .,, ,,, »•! des boissons, j ai etc a même de recueillir sur 1 homme , qu il se DE PHYSIOLOGIE. \ /\7) fait dans l'estomac un départ de l'eaù ou de l'alcool d'avec les matières que ces liquides tiennent en suspension ou dissolution. Celles-ci restent dans l'estomac , où elles sOnt transformées en chyme , comme des aliments , tandis que le liquide avec le- quel elles étaient unies est absorbé , ou passe dans l'intestin grêle ; enfin elles se comportent comme nous l'avons dit tout à l'heure à l'occasion de l'eau et de l'alcool. Les sels qui sont en dissolution dans l'eau n'a- bandonnent point ce liquide , et sont absorbés avec lui. Le vin rouge , par exemple, se trouble d'abord par son mélange avec les sucs qui se forment ou qui sont apportés dans l'estomac ; bientôt il coa- gule l'albumine de ces fluides et devient flocon- neux ; ensuite sa matière colorante , peut-être en- traînée par le mucus et l'albumine , se dépose sur la membrane muqueuse : on en voit du moins une certaine quantité dans la portion pylorique ; la partie aqueuse et alcoolique disparaît assez promp- tement. Le bouillon de viande éprouve des changements analogues. L'eau qu'il contient est absorbée ; la gélatine, l'albumine, la graisse, et probablement l'osmazome, restent dans l'estomac, où ils sont réduits en chyme. l44 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Action de L'intestin grêle sur les boissons. de ViniTstin I^'api'ès ce qu'oii viciît de lire , il est clair que grêle sur jçg boissons pénètrent sous deux formes dans Fin- ies boissons, ^ testin grêle : Tsous celle de liquide ; 2'' sous celle de chyme. A moins de circonstances particulières , les li- quides qui passent de l'estomac dans l'intestin n'y séjournent que très peu ; ils ne paraissent point y éprouver d'autre altération que leur mélange avec le suc intestinal , le chyme , le liquide pancréa- tique et la bile. Ils ne donnent lieu à la formation d'aucune espèce de chyle; ils sont ordinairement absorbés dans le duodénum et le commencement du jéjunum ; rarement en voit-on dans l'iléum , et plus rarement encore parviennent-ils jusqu'au gros intestin. Il paraît que ce dernier cas n'arrive que dans l'état de maladie, pendant l'action d'un pur- gatif par exemple. Le chyme qui provient des boissons suit la même marche , et paraît éprouver les mêmes changements que celui des aliments; par conséquent il sert à produire du chyle. Tels sont les principaux phénomènes de la di- 2;estion des boissons : on voit combien il était im- portant de les distinguer de ceux qui appartiennent à la digestion des aliments. Mais on ne digère pas toujours isolément, ainsi DE PHYSIOLOGIE. l45 que nous l'avons supposé, les alinments el/les bois- sons; assez souvent les deux digestions se font en même temps. Les boissons favorisent la digestion des aliments : Digestion 1 T 1 '11 1 • pf ^ simultanée il est probable qu elles produisent cet effet de plu- des aliments sieurs manières. Celles qui sont aqueuses ramollis- boissons. sent , divisent, dissolvent même certains aliments ; elles aident de cette façon leur chymification et leur passage à travers le pylore. Le vin remplit des usages analogues , mais seulement pour les sub- stances qu'il peut dissoudre ; en outre il excite , par son contact , la membrane muqueuse de l'esto- mac , et détermine une sécrétion plus grande de suc gastrique. La manière d'agir de l'alcool se rap- procbe beaucoup de ce dernier usage du vin, seu- lement elle est plus intense. C'est aussi en excitant l'action de l'estomac que sont utiles les liqueurs dont on fait usage à la fin des repas. Des liquides nourrissants , tels que des bouil- lons , du lait , etc. , sont souvent , quand l'esto- mac est malade , introduit dans le gros intestin , avec l'intention de soutenir les forces , et même de nourrir. Je ne connais aucun fait bien con- staté qui établisse la possibilité d'atteindre ce but , mais je ne vois rien non plus qui en écarte la possibilité; ce serait un sujet intéressant de re- cherches. Il serait curieux de savoir ce qui arrive à un liquide nourrissant quand il est placé dans 2. 10 l46 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRli: , le gros intestin. INous l'ignorons entièrement au- jourd'iiui. Remarques sur la déglutition de l'air atmosphérique. Déglutition Indépendamment de la faculté d'avaler des ali- atmosphé- mcnts et des boissons , beaucoup de personnes peu- *'^"^' vent j par la déglutition , introduire dans leur esto- mac assez d'air pour le distendre. On a cru long-temps que cette faculté était très rare, et l'on citait M. Gosse , de Genève , comme l'ayant présentée à un degré remarquable ; mais j'ai fait voir, dans un travail particulier (i), qu'elle était beaucoup plus commune qu'on ne le croyait. Sur une centaine d'étudiants en médecine, j'en ai trouvé huit ou dix qui en étaient doués. Peisonoes Daus le même travail , j'ai montré qu'on pouvait qui avalent . . l'air distmguer en deux classes les personnes qui avalent aisément. i i> • i > \ p «i de 1 air : pour les unes , c est un acte très lacile , et les autres n'y réussissent qu'avec des efforts plus Personnes OU moiiis grands. Quand ces dernières veulent l'o- qui avalent r .1 p > i i l'air perer, il faut, en premier lieu, quelles chassent difficilement. ,, . . «^ i • • ^ . t 1 air que contenait la poitrine ; après quoi , remplis- sant leur bouche d'air, de manière que les joues soient un peu distendues, elles exécutent la déglu- , tition en rapprochant d'abord le menton de la poi- (1) Mç'fjioire sur la déglutition de l'air atmosphérique ^ lu à l'Institut. i8i5. DE }Mf YSIOLOGIE- li\'J trine , et en réloi^nnnt ensuite brusquement de cette partie. Cette déglutition pourrait être com- parée à celle des personnes dont la gorge est en- flammée, et qui avalent des liquides avec douleur et difficulté. Quant aux personnes qui ne peuvent point avaler Personnes !>• >ii 1 1 .1.. qui "^ P6u- d an' , et c est le plus grand nombre , je du'aj , pour vent point 1, . -i , • /^ . 1 avaler d'air. 1 avon^ observe sur moi-même et sur un assez grand nombre de jeunes étudiants, qu'avec un peu d'exer- cice on peut y parvenir sans trop de peine. Pour ma part , au bout de deux ou trois jours de tenta-- tives, j'y suis parvenu. Il est probable que si l'on trouvait en médecine une application utile de la déglutition de l'air , ce ne serait pas une chose très longue ni très difficile que d'apprendre aux malades à l'exécuter. Dans l'estomac, l'air s'échauffe, se raréfie et Changements qu'éprouve distend l'organe. Il excite chez quelques personnes l'air dans 111 1 .1 1 i> l'estomac. un sentiment de chaleur brûlante ; chez d autres, il produit des envies de vomir ou des douleurs très vives. Il est probable que sa composition chimique s'altère , mais on ne sait rien encore de positif sur ce point. Son séjour est plus ou moins Ions;; ordinaire- Manières f r O ' ^ dont l'air sort ment il remonte dans l'œsophage , et vient sortir de ^ ^ ^ ^ restomac, par la bouche ou par les narines ; d'autres fois il traverse le pylore , se répand dans toute l'étendue du canal intestinal , jusqu'au point de sortir par 10. 1/^8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE l'anus. Dans ce dernier cas , il distend toute la cavité abdominale, et simule la maladie nommée tympanite. J'ai observé que, dans certaines affections mor- bides , les malades avalent quelquefois involon- tairement. et sans s'en apercevoir, des quantités considérables d'air atmosphérique. Un jeune médecin de mes amis , dont la di- 2'estion est habituellement laborieuse , la rend moins pénible en avalant, à plusieurs reprises, deux ou trois gorgées d'air. Remarques sur l'éructation , la régurgitation , le vomissement , etc. Nous avons vu comment la contraction de l'œ- De l'éructation, gophagc cmpêclie les matières contenues dans l'es- tomac, et comprimées par les parois abdominales, de remonter dans ce conduit. Ce retour se fait quelquefois ; et , suivant que ce sont des gaz ou des aliments qui s'engagent dans l'œsophage , et selon que les parois de l'abdomen y participent ou non, on désigne cette sorte de reflux par les ïnoU éructation ^ rapport j, régurgitation ^ vomisse- ment , etc. Le retour des substances que contient l'estomac ne se fait pas avec une égale facilité. Les gaz sortent plus aisément que les hquides, et ceux-ci plus faci- lement que les aliments solides. En général, plus DE PU Y SI 0 1.0 (JIK. l/(9 restoiiiac est dislendu, plus cette anti-déglutition se fait avec facilité. Quand ce viscère contient des ^a-A , ceux-ci en occupent nécessairement la partie supérieure; par conséquent ils sont habituellement en pré- sence de l'ouverture cardiaque de l'œsophage. Pour peu que cette ouverture se relâche , ils s y engagent ; et comme ils sont plus ou moins com- primés dans l'estomac, si l'œsophage ne les re- pousse point en se contractant, ils arriveront bientôt à sa partie supérieure , et ils s'échapperont dans le pharynx , en faisant vibrer les bords de l'ouverture de ce conduit : c'est ce qu'on nomme éructation. 11 est présumable que l'œsophage, par un mouve- ment en sens opposé à celui qu'il exécute dans la^ déglutition , détermine en partie la sortie des gaz par le pharynx. Lorsqu'une certaine quantité de vapeur ou de iiappon. liquide accompagne le gaz qui sort de l'estomac , l'éructation prend le nom de rapport. 11 n'est pas nécessaire, pour que l'éructation ait éructation ^ ^ ^ volontaire. lieu , que les gaz viennent directement de l'esto- mac ; les personnes qui ont la faculté d'avaler de l'air peuvent, après lui avoir fait franchir le pha- rynx , le laisser remonter dans cette cavité. C'est ainsi qu'on peut avoir une éructation volontaire : dans les cas ordinaires, elle n'est point soumise à la volonté. l5o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE De la Si, au lieu de gaz, ce sont des liquides ou des régui'gitation involontaire, parcellcs d'alimcRts solides qui remontent de l'es- tomac dans la bouche, ce phénomène est appelé régurgitation. Il arrive souvent chez les enfants à la mamelle, où l'estomac est habituellement dis- tendu par une grande quantité de lait; il se voit fréquemment chez ceux qui ont avalé des aliments et des boissons en abondance , surtout si l'estomac est fortement comprimé par la contraction des mus- cles abdominaux; par exemple, si les personnes font des efforts pour aller à la selle. Régurgita- Quoique la distension de l'estomac soit favo- restomTc^est rablc à la régurgitatioii , elle arrive aussi l'estomac trop p ein. ^^^^^^ vide , OU à pcu près : il n'est pas rare de ren- contrer des individus qui rejettent le matin une ou deux gorgées de suc gastrique mêlé à de la bile. Ce phénomène est souvent précédé d'éructations qui donnent issue aux gaz que contenait aussi l'estomac. Quand ce viscère est très plein , sa contrac- tion doit être pour peu de chose dans le passage des matières dans l'œsophage ; lapression qu'exer- cent les parois de l'abdomen doit en être la cause principale. Régurgita- Mais quaud l'estomac est à peu près vide, il est l'^stomar^st présumable que le mouvement du pylore doit être presque vide. |^ causc quî poussc Ics fluidcs daus l'œsophage. Cela est d'autant plus probable que les liquides DE riIYSrOLOGIE. l5l qu'on rejette alors sont toujours plus ou moins mélangés avec de la bile , qui ne peut guère arriver dans l'estomac sans un mouvement de contraction du duodénum et de la portion pylo- rique de l'estomac. On se rappelle que l'œsophage se contracte avec peu d'énergie quand l'estomac est vide. Chez la plupart des individus , la régurgitation régurgita est tout-a-iait involontaire , et ne se montre que volontaire, dans des circonstances particulières ; mais il y a des personnes qui la produisent à volonté , et qui se débarrassent par ce moyen des matières so- lides ou liquides contenues dans leur estomac. En les observant dans le moment où elles exécutent cette régurgitation , on voit qu'elles font d'abord une inspiration par laquelle le diaphragme s'a- baisse ; elles contractent ensuite les muscles ab- dominaux, de manière à comprimer l'estomac ; elles aident quelquefois leur action , en pressant fortement aVec les mains la région épigastrique ; elles restent un moment immobiles, et tout-à-coup le liquide ou l'aliment arrive dans la bouche. On peut présumer que le temps où elles sont immo- biles, en attendant l'apparition des matières dans la bouche , est en partie employé à déterminer le relâchement de l'œsophage , afin que les matières que renferme l'estomac puissent s'y introduire. Si la contraction de l'estomac contribue à produire , 102 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE dans ce cas , l'expulsion des matières , ce ne pourra être que d'une manière très accessoire. Cette régurgitation volontaire est le phénomène que présentent les personnes qui passent pour vo- mir à volonté. lUimination. Il j a dcs iudividus qui , après les repas , se complaisent à faire remonter les aliments dans la bouche, à les mâcher une seconde fois , pour les avaler ensuite ; en un mot , ils offrent une véri- table rumination , analogue à celle de certains animaux herbivores. Du vo- Le vomissement se rapproche sans doute des prienomenes que nous venons d examiner , puis- qu'il a pour effet l'expulsion par la bouche des ma- tières que contient l'estomac; mais il en diffère sous plusieurs rapports importants, entre autres sous celui du sentiment particulier qui l'an- nonce , des efforts qui l'accompagnent , et de la fatigue qui le suit presque toujours. Des nausées. On nommc nawsee la scusatiou interne qui pré- cède le besoin de vomir ; elle consiste en un malaise général , avec un sentiment de tournoie- ment, soit dans la tête, soit dans la région épi- gastrique : la lèvre inférieure devient tremblo- tante , et la salive coule en abondance. A cet état succèdent bientôt , et involontairement , des con- tractions convulsives des muscles abdominaux, et simultanément du diaphragme ; le? premières ne DE PHYSIOLOGIE. 10.) sont pas très intenses, mais celles qui suivent le sont davantage; enfin elles deviennent telles, que les matières contenues dans l'estomac surmontent la résistance du cardia , et sont , pour ainsi dire , lancées dans l'œsophage et dans la bouche : le même effet se reproduit plusieurs fois de suite ; il cesse ensuite pour reparaître au bout d'un temps plus ou moins long. J'ai observé sur les animaux que, dans les efforts de vomissement, ils avalent de l'air en quantité considérable : cet air paraît destiné à favoriser la pression que les muscles abdominaux exercent sur l'estomac II est proba- ble que le même phénomène a lieu chez l'homme. Au moment où les matières chassées de l'esto- piiéaomènes mac traversent le pharynx et la bouche, la glotte missemeut. se ferme, le voile du palais s'élève et devient ho- rizontal comme dans la déglutition ; cependant , chaque fois que l'on vomit , il s'introduit presque toujours une certaine quantité de liquide , soit dans le larynx , soit dans les fosses nasales. On a cru long -temps que le vomissement dé- influence des muscles pendait de la contraction brusque et convulsive abdominaux Sur le VO" de l'estomac; mais j'ai fait voir, par une série d'ex- missement. périences , que ce viscère y était à peu près passif, et que les véritables agents du vomissement étaient, d'une part, le diaphragme , et de l'autre , les mus- cles larges de l'abdomen ; je suis même parvenu à le produire en substituant à l'estomac, chez un l54 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE chien , une vessie de cochon , que je remphssais ensuite d'un liquide coloré (i). Dans l'état ordinaire , le diaphragme et les mus- cles de l'abdomen coopèrent au vomissement ; mais ils peuvent cependant le produire chacun sé- parément. Ainsi un animal vomit encore quoi- qu'on ait rendu le diaphragme immobile en cou- pant les nerfs diaphragmatiques ; il vomit de même, quoiqu'on ait enlevé avec le bistouri tous les mus- cles abdominaux , avec la précaution de laisser in- tacts la ligne blanche et le péritoine. Jamais je n'ai vu l'estomac se contracter dans l'instant du vomissement; on conçoit cependant qu'il n'est pas impossible que le mouvement du pylore ne se montre dans cet instant. Ce cas s'est présenté à Haller dans deux expériences ; et c'est ce qui faisait penser à cet illustre physiologiste que la contraction de l'estomac était la cause essen- tielle du vomissement. Modifications de la digestion par l'âge. Organes ^a plupart dcs auteurs représentent les organes "^'f^fœtar^^ digestifs comme inactifs chez le fœtus , et comme et l'enfant (i) Voyez les détails de ces expériences, et le Rapport des commissaires de l'Institut, dans mon Mémoire sur le vo- missement. Paris, an 18 13. Voyez aussi un mémoire inté- ressant de M. Piédagnel , sur le même sujet, dans moé Jour- nal de physiologie expérimentale , tom. 3, Paris, 1822. DE PHYSIOLOGIE. l55 ayant, à l'époque de la naissance, un dévelop- pement proportionnel, considérable, nécessak'e, dit-on , atin qu'ils puissent fournir les matériaux nécessaires à la nutrition et à l'accroissement du corps. Si l'on entend par inactifs que les organes di- gestifs du fœtus n'agissent point sur des aliments, nul doute qu'on ait raison ; mais si l'on entend par ce mot inaction absolue ^ je crois qu'on a tort, car il est très probable que, même chez le fœtus, il se passe dans les organes digestifs quelque chose de très analogue à la digestion. Nous aurons occa- sion de nous en convaincre en faisant l'histoire des fonctions du fœtus. Il en est de même pour le développement du système digestif à l'époque de la naissance. Si l'on n'entend parler que des oraanes contenus Organes »^ i. o digestifs de dans l'abdomen , il est clair qu'ils sont proportion- l'eafant naissant. nellement plus volumineux que dans un âge plus avancé ; mais si l'on désigne collectivement tout l'appareil digestif, l'assertion sera fautive; car les organes de la préhension , de la mastication des aliments , et ceux de l'excrétion des matières fé- cales, sont, à l'époque delà naissance, et même assez long-temps après , loin du développement qu'ils acquerront avec le progrès de l'âge. Qu'on ne croie pas que l'énergie des organes abdominaux remplace la faiblesse de ceux dont nous venons l56 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE de parler : bien loin de là, il faut à l'enfant une nourriture choisie, délicate et de très facile di- gestion : celle qui lui convient par excellence , c'est le lait de sa mère ; quand il en est privé , on sait combien il est difficile de remplacer avec avantage ce premier aliment. Au lieu donc de considérer les organes digestifs de l'enfant naissant , ou même très jeune , comme doués d'un surcroît de force, il faut les considérer comme beaucoup plus faibles qu'ils ne le seront par la suite. Oi'^anes ^^ l'appareil digestif de l'enfant est comparati- '^Ten'S''^ vement moins bien disposé que celui de l'adulte, tout y est ou ne peut mieux combiné pour le genre d'action qu'il est appelé à remplir. La succion est le mode de préhension propre aux enfants ; les parties qui doivent l'exécuter ont chez lui un développement considérable. La langue est très grosse, comparée au volume du corps; l'absence des dents donne aux lèvres la facilité de se prolonger beaucoup en avant , et d'em- brasser plus exactement que ne pourraient le faire celles de l'adulte le mamelon dont le lait doit être extrait, iriuption. Pendant la première année, l'enfant manque d'organes masticatoires. Les mâchoires sont très petites, dépourvues de dents; l'inférieure n'est point courbée, et n'offre pas d'angle comme celle de l'adulte; les muscles élévateurs, agents princi- des dénis. DE rriYsioror. lE. i;)^ ?paux de' la mastication, ne s'y insèrent que très obliquement. Un bourrelet assez dur, forméparle tissu des gencives, tient lieu de dents. Sur la fin de la première année et dans le couis de la seconde , les premières dents , ou dents de lait^ sortent de leurs alvéoles et viennent garnir les mâ- choires. Leur irruption se fait assez régulièrement par paire ; d'abord les deux incisives moyennes in- férieures se montrent , puis les supérieures , Tien- nent ensuite les incisives latérales inférieures , bien- tôt après les supérieures, et successivement et dans le même ordre les canines et petites molaires (i) : la sortie de ces dernières n'arrive souvent que dans la troisième année. A l'âge de quatre ans, quatre nouvelles dents se manifestent : ce sont les pre- mières grosses molaires ; elles complètent le nom- bre de vingt-quatre dents , que l'enfant conserve jus- qu'à sept ans. Alors se fait l'irruption de la seconde dentition. Les dents de lait tombent, en général, Seconde dans l'ordre de leur sortie des mâchoires ; elles sont successivement remplacées par les dents qui sont destinées à rester toute la vie. A cette époque sortent en sus quatre autres grosses molaires. Quand celles-ci ont paru , on a vingt-huit dents. Enfin , vers vingt ou vingt-cinq ans , quelquefois beaucoup plus tard , on voit pousser les quatre (i) Assez souvent la première petite molaire sort avant la canine. l58 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE dernières molaires , ou dents de sagesse ^ et le nombre de trente-deux dents propres à l'homme est complété. Ce renouvellement des dents à sept ans est né- cessité par l'accroissement qu'ont éprouvé les mâ- choires. Les dents de lait deviennent proportion- nellement trop petites; celles qui leur succèdent sont plus grosses et d'un tissu plus solide. Leurs racines sont plus longues et plus nombreuses; elles sont plus solidement fixées dans les alvéoles ; dis- positions bien favorables aux fonctions qu'elles ont à remplir. Change- En même temps que les mâchoires augmentent mâchoire cu dimciision , elles changent de forme ; l'inférieure inférieure. -, -, i j • . j.* i se courbe , ses branches deviennent verticales , son corps prend une direction horizontale, et l'angle qui les réunit se prononce. A l'époque où elles sortent des os maxillaires , les dents sont des instruments tout neufs. Les in- cisives sont tranchantes , les canines ont une pointe acérée , les molaires sont hérissées d'aspérités co- / niques ; mais ces dispositions avantageuses dimi- nuent avec l'âge. Les dents , frottant continuelle- ment les unes sur les autres dans les mouvements de mastication , ou bien se trouvant en contact avec des corps plus ou moins durs , s'usent et per- dent peu à peu de leur forme. On pourrait donc juger de l'âge de l'homme par l'examen de ses I)K P 11 YSIOLOGIK. 109 (lents , et l'on y parvient jusqu'à un certain point; mais il est si rare que les dents aient une dispo- sition parfaitement régulière et un égal degré de dureté, qu'on n'arrive par ce moyen qu'à des données peu approximatives. En général , l'u- sure des dents se manifeste d'abord dans les in- cisives inférieures ; elle se montre ensuite dans les molaires, et c'est beaucoup plus tard qu'on l'aperçoit dans les dents de la mâchoire supé- rieure. Mais l'usure des dents n'est pas le changement Altération le plus défavorable qu'amène l'âge ; dans les pre- ^ l'Age. miers temps de la vieillesse confirmée , elles sont, par les progrès de l'ossification des mâchoires , re- poussées de leurs alvéoles ; elles deviennent vacil- lantes et finissent par tomber. La manière dont cette chute s'opère est loin d'être régulière comme la sortie des dents ; il y a , sous ce rapport , de nombreuses différences indivi- duelles. Les personnes qui ne perdent leurs dents qu'à l'époque dont je viens de parler doivent être con- sidérées comme privilégiées : car le plus souvent les dents tombent de bien meilleure heure, soit par accidents, tels que des coups ou des chutes qui les fracturent ou les arrachent, soit parcequ 'elles ne peuvent supporter impunément le contact de l'air ou celui des substances qu'on introduit habituelle- l6o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ment dans la bouche : alors leur tissu s'altère ; il présente des taches, se ramollit , change de couleur, et finit par tomber en fragments. Ce sont ces altéra- tions chimiques qu'on appelle assez, improprement maladies des dents , puisqu'on les voit survenir dans les dents artificielles. Organes Après la chutc totale des dents , les gencives se masïcition durcisscut , Ics ouverturcs qu'elles présentaient se , ?^.^f , ferment , les bords alvéolaires s'amincissent , de- le vieillard. ^ viennent tranchants ; et cette nouvelle disposition supplée en partie aux corps qui remplissaient les alvéoles. Modifica Telles sont les modifications qu'entraînent les digestion progrès de l'âge dans les organes de la mastication : par g*^' celles qui arrivent aux autres organes digestifs ne sont point assez importantes pour que nous en fassions mention. Nous terminons cet article en faisant remarquer que beaucoup de muscles volontaires concourent à la digestion, et subissent, par l'effet de l'âge, les mêmes changements que nous avons indiqués en traitant des modifications qu'éprouvent par cette cause les organes de la contraction musculaire. Nos connaissances sont assez bornées relative- ment aux modifications qu'éprouve la digestion dans les différents âges ; ce qu'on en sait se rapporte particulièrement à la manière dont s'exercent la préhension des aliments, leur mastication , et l'ex- DE PHYSIOLOGIE. l6l crélion des matières fécales : les changements qu'éprouve probablement l'action des organes di- gestifs abdominaux sont à peu prés inconnus. La faim paraît être très vive chez les enfants et Digestion , ^ . , . T . chez les cn- n être pas soumise au retour périodique qui se fants. voit chez l'adulte; elle se renouvelle à des inter- valles si rapprochés , qu'elle semble continue : il est certain du moins qu'elle se manifeste quoique l'estomac soit loin d'être vide. La succion est le mode de préhension qui est propre aux enfants ; ils l'exécutent d'autant plus aisément , que les lèvres et la langue sont plus développées. Chez eux , cette action , au moins dans les premiers mois . paraît entièrement instinctive. Jusqu'à l'apparition des Masticatioa clioz dents, et même pendant une partie du temps que les enfants. dure le travail de la dentition, toute mastication est impossible. Si l'enfant comprime les substances introduites dans sa bouche , c'est plutôt pour en extraire le suc qu'elles contiennent ou pour fa- voriser leur dissolution , que pour exercer sur elles un véritable broiement. On peut présumer que l'abondance de la salive chez les enfants remplace, jusqu'à un certain point , la mastication. Il faut passer à l'excrétion des matières fécales pour avoir quelque chose de positif sur la digestion des enfants très jeunes , comparée à celle de riiomme ; et l'on voit que cette excrétion se fait très fréquemment ; que les excréments , pres- 2. Il l62 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE que liquides et de couleur jaunâtre, n'ont pas l'odeur qu'ils prendront quand l'enfant fera usage d'aliments autres que le lait : les muscles abdomi- naux , à cet âge , n'auraient pas probablement assez d'énergie pour expulser des matières fécales solides. La sortie des dents incisives , et même des ca- nines , ne procure à l'enfant qu'une mastication très imparfaite ; il faut que les molaires aient fait irruption pour que cette action devienne plus efficace , encore ne peut-elle s'exercer sur des sub- stances dont la résistance est un peu considérable , caries muscles élévateurs de la mâchoire inférieure sont trop faibles , et s'y insèrent trop obliquement pour que des substances d'une certaine dureté puissent être écrasées entre les dents. Ce n'est que passé la seconde dentition , et même quelque temps après, lorsque l'angle de la mâchoire est bien prononcé , que la mastication acquiert toute la perfection dont elle est susceptible. Elle se maintient dans cet état , sauf les modifications que cause l'usure ou la chute accidentelle des dents , jusqu'à la vieillesse , époque où elle s'altère constamment , soit parceque les dents sont très usées ou en grande partie tombées , soit que leur chute étant complète on ne mâche plus qu'avec le bord alvécflaire. A ces causes , qui , chez le vieillard , rendent DE PII YSCOLOGIK. 1 65 laborieuse la mastication , se joignent , i° la trop Mastication grande étendue des lèvres, qui , dès que les dents vieillards. incisives sont tombées , ont plus de longueur qu'il ne faut pour aller d'une mâchoire à l'autre , et qui , se touchant par la face interne , au lieu de s'appli- quer par les bords , ne peuvent plus retenir la salive ; 2" la diminution de l'angle de la mâchoire , qui 5 sous ce rapport , se rapproche de celle des enfants , et la courbure du corps de cet os , qui obligent le vieillard à mâcher par la partie anté- rieure et moyenne du bord alvéolaire, seul endroit où ces bords puissent se rencontrer; 5° l'absence des dents, qui le met dans la nécessité de mâcher ayant constamment les lèvres en contact , ce qui donne encore un caractère particulier à sa mas- tication. L'action des muscles qui concourent à la diges- Excrétion .. f -, A 1 des matières tion éprouve les mêmes changements que nous fécaieschez „_ *J'' liJT'j^ Ja lesvieillards. avons, indiques en pariant de 1 miluence des âges sur la contraction musculaire. D'abord faibles chez l'enfant , puis actifs et vigou- reux dans la jeunesse et l'âge adulte, ces muscles diminuent d'énergie dans la vieillesse, et finissent par s'affaibhr beaucoup dans la caducité. Les actions digestives qui dépendent de la contraction muscu- laire parcourent les mêmes périodes , comme on peut s'en assurer en examinant la manière dont s'exécutent la préhension des aliments , la mastica- 11. l64 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tion et l'excrétion des matières fécales aux diffé- rentes époques de la vie. A cause de Fextrême faiblesse des muscles chez certains vieillards habituellement constipés , il peut y avoir impossibilité d'expulser les excréments, ac- cumulés quelquefois en quantité énorme dans le gros intestin. On est obligé, dans ces cas , d'avoir recours à une opération chirurgicale pour en procu- rer la sortie. On n'a que des données très générales sur les modifications qu'éprouvent dans les différents âges l'action de l'estomac et celle des intestins : elles pa- raissent plus rapides et plus faciles pendant tout le temps que dure l'accroissement; elles semblent se ralentir ensuite : mais , de toutes les actions vitales , ce sont peut-être celles qui conservent le plus long- temps , et jusqu'aux derniers moments de la vie , une grande activité. Nous n'entrerons dans aucun détail relativement aux modifications qu'apportent les sexes , les cli- mats , les habitudes , les tempéraments , la dispo- sition individuelle. Ce genre de considération est sans doute très intéressant ; mais, comme il est plus particulièrement du ressort de l'hygiène , nous nous contenterons de dire que, sous bien des rap- ports , il existe presque autant de différentes ma- nières de digérer qu'il y a d'individus, et que , chez une même personne . il est rare que la digestion Dli PHYSIOLOGIE. 1 65 n'éprouve pas quelques eliangements jouiiialiers , à tel point qu'on digérera parfaitement aujourd'hui la substance qu'il avait été absolument impossible de digérer hier. Rapports de la digestion avec les fonctions de relation. Une fonction aussi importante que la digestion , Rapports de la digestion et à laquelle coopèrent un si grand nombre d or- avec , , . ,. , les sens. ganes différents , devait être étroitement hee avec les autres fonctions , et particulièrement avec celles de relation. Cette liaison existe en effet ; elle est même tellement intime , que , dans la plupart des animaux , la connaissance d'uii ou de plusieurs organes de la vie extérieure apprend de suite la disposition des organes digestifs , et , réciproque- ment , la simple inspection d'une partie de l'appa- reil digestif fait connaître la disposition des organes des sens et des mouvements. Les sens nous avertissent de la présence des influence aliments, nous aident à les saisir, nous en font digestion sm connaître les propriétés physiques et chimiques , ainsi que les qualités utiles ou malfaisantes; et comme c'est surtout sous ce dernier genre de rap- port qu'il nous importe le plus d'apprécier les ali- ments, on considère l'odorat et le goût , qui sont chargés de cet examen , comme ayant avec la di- gestion des relations plus intimes que les autres les sens. l66 PRÉ C [S ÉLÉMENTAIRE sens. Quelques auteurs les ont classés parmi les actions digestives. Souvent l'aspect ou l'odeur d'un mets excite l'appétit et dispose favorablement l'appareil de la digestion; mais la même cause peut produire un effet entièrement opposé , c'est-à-dire faire ces- ser la faim , et même amener un sentiment de dégoût. En général , un appétit modéré donne aux sens plus de finesse et d'activité ; mais si la faim se pro- longe , nous avons vu plus haut que les sens perdent de leur action , se troublent au point de ne trans- mettre que des impressions inexactes. Pendant le travail de la chymification, ils ont aussi moins d'activité , surtout si l'estomac est distendu par une grande quantité d'aliments. Rapports de Lcs rapports de la contraction musculaire avec la digestion . , . . . , . , ^ avec la la digcstion uc sont pas moins évidents. Un a vu contraction i> • i i i i fi musculaire, commcut 1 actiou des muscles sert dans la préhen- sion des aliments, dans la mastication , la déglu- tition , et dans l'excrétion des matières fécales ; en outre , ces mouvements nous mettent à même de nous procurer les aliments ; ils excitent l'appétit , et nécessitent , quand ils sont souvent répétés , une nourriture plus abondante. A leur tour ils sont in- fluencés par les phénomènes digestifs, la faim les rend plus faibles et plus difficiles ; et lorsque l'esto- mac est plein d'aliments , il j a , surtout dans les Dli l'HYSlOLOG JE.. 167 pays chauds et chez les personnes d'une santé dë- hcate , disposition au repos et presque impossibi- Hté de se mouvoir ; mais , dans les pays froids et chez les hommes robustes, la présence des aliments dans l'estomac est au contraire une cause d'ac- croissement, de force et d'agilité. On se rend aisément raison de la difficulté que l'on éprouve à parler , et surtout à chanter , après un repas copieux ; le volume de l'estomac s'oppose à l'introduction de l'air dans la poitrine et aux mouvements du diaphragme , et met ainsi un ob- stacle très grand à la production de la voix^ C'est surtout entre les fonctions du cerveau et la Rapports de !.. ,.1 1 . . T-1 la digestion digestion qu il y a des rapports intimes. Dans cer- avec T n ■ 1 T .. ,' i'\ les fonctions tains cas , la laim donne une direction particulière cérébrales. aux idées, les porte vers les aliments ; dans d'autres, une forte contention d'esprit, un chagrin violent, une frayeur subite , font cesser la faim pour plu- sieurs jours , et même rendent toute digestion im- possible , au point que les aliments qui précé- demment avaient été introduits dans l'estomac n'y subissent aucune altération. Combien ne voit- on pas de personnes dont les affections tristes ont perverti les facultés digestives ! La satisfaction mo- rale , la gaieté , le rire , favorisent au contraire la digestion : les grands mangeurs sont ordinairement peu accessibles au chagrin. Qui n'a pas fait la remarque de l'influence de la l68 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE digestion sur l'état de l'esprit ? Combien de gens sont incapables d'application pendant la digestion? Qui ne sait que l'accumulation des matières fé- cales a l'effet le plus marqué sur la disposition morale ? Influence Sous uu poiut dc vuc puremcut pliysiquc . on a deJamoeïir prétcudu quc la digestion était sous l'influence im- ^^su'r^ médiate du cerveau , que si on enlevait les hémi- la digestion, gplières , la digestion était abolie. Je n'ai jamais vu ce phénomène; j'ai vu au contraire la digestion continuer dans des animaux auxquels j'avais en- levé le cerveau presque en totalité. Des canards auxquels j'avais enlevé le cerveau et une grande partie du cervelet ont survécu huit ou dix jours, et leur digestion se faisait très bien. Mais ils avaient perdu l'instinct de chercher les aliments , et même plusieurs celui qui fait exécuter la déglutition ; j'étais obhgé de les faire avaler artificiellement. Les blessures de la moelle alongée et de la moelle épinière lèsent bien davantage la digestion ; mais, comme elles altèrent la respiration et la circula- tion , il est peu probable qu'elles influent directe- ment sur la digestion , mais au contraire d'une manière indirecte, par l'intermédiaire des grandes fonctions indispensables à la vie. Influence du grand sympathique sur la digestion. influcncodu L'orgauc m3^stérieux que les anatomistes nom- DK PHYSIOLOGIE. 1 69 ineiîtle nerf grand sympatliiqiiea son principal gan- Riand 1- 4. 1 / 1 -T 11 J - 1' sympathique glion et son plexus le plus considérable derrière 1 es- sur -, . . 1 1 1 /»i la (litreslion. tomac et les intestins ; un grand nombre de seslilets se rendent dans les organes digestifs : il est donc pro- bable que la digestion est influencée par le grand sympathique ; mais on n'est point encore sur la voie de l'espèce d'action que cet organe exerce sur cette fonction. Des suppositions , des hypothèses , des opinions , voilà tout ce que contiennent les ouvrages sur une des questions les plus intéres- santes de la physiologie (i). J'ai tenté quelques expériences pour m'assurer Expériences si les filets du 2:rand sympathique donnent de la grand sym- " .^ i X patbique. sensibilité à l'estomac. Je coupe les deux huitièmes paires à un animal au-dessus du diaphragme, puis je lui fais avaler quelques grains d'émétique , et peu de temps après le vomissement a lieu. Le phénomène ne peut dépendre de l'absorption , car il s'écoule à peine cinq minutes entre son dé- veloppement et l'introductioLi de l'émétique dans l'estoniac : il paraît probable qu'ici le grand sym- (i) J'aurais bien désiré faire mie honorable exception en faveur du magnifique ouvrage que vient de publier M. Lob- stein; mais le mérite de cette production importante s'arrête à la partie anatomique. La physiologie y est bornée à une collection d'opinions là où il faudrait des faits et des expé- riences. (Voyez De nervi sjtnpatheticihumanifabrica^ usa et morbis j auetore J. P. Lobstein, Parisiis , 1820.) 1^0 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE pathique a transmis au cerveau l'impression pro- duite parle sel d'antimoine sur la membrane mu- queuse de l'estomac. Les intestins sont quelquefois, surtout dans l'état de maladie, d'une exquise sensibilité, et causent souvent des douleurs atroces. Gomme ils ne reçoi- vent point , pour ainsi dire , de nerfs cérébraux: , il est très probable qu'ils doivent leur sensibilité aux filets du grand sympathique : toutefois au- cune expérience directe ne l'a prouvé jusqu'ici. DE l'absorption ET DU COURS DU CHYLE. En vain les organes digestifs formeraient du chyle : si celui-ci restait dans le canal intestinal , il n'y aurait pas de nutrition. Le chyle doit être transporté de l'intestin grêle dans le système vei- neux : ce transport est le but principal de la fonc- tion que nous allons examiner. Pour conserver autant que possible la méthode que nous avons suivie jusqu'ici dans l'exposition des fonctions , nous allons d'abord parler du chyle d'une manière générale. Dit c/iyle. Du chyle. On pcut étudicr le chyle sous deux fornies dif- férentes : r lorsqu'il est mêlé au chyme dans l'in- testin grêle , et qu'il a les caractères que nous avons décrits en parlant des phénomènes de sa DE PIIYSIOLOdlE. , 171 formation ; 2° sous la forme liquide , circulant dans les vaisseaux chylifères et le canal tliora- cique. Personne ne s'étant spécialement occupé du '^^" ^^'y''' chyle pendant son séjour dans l'intestin 2:rêle , contenu dans nos connaissances sur ce point ne vont guère au- grêle. delà de ce que nous avons dit en parlant de l'ac- tion de cet intestin dans la digestion ; en revan- che , le chyle hquide , contenu dans les vais- 5^^>^*i ^ J i ■' contenu dans seaux chylifères , a été examiné avec beaucoup de ^^^ vaisseaux soin. Pour s'en procurer , le meilleur moyen consiste Manière de *■ ^ recueillir le à donner des aliments à un animal , et, quand on chyle. suppose que la digestion est en pleine activité, on l'étrangle ou on lui coupe la moelle épinière derrière l'occipital. On incise aussitôt la poitrine dans toute sa longueur ; on y enfonce la main de manière à passer une ligature qui embrasse l'aorte, l'œsophage et le canal thoracique le plus près pos- sible du cou ; on renverse ou l'on casse ensuite les côtes du côté gauche , et l'on aperçoit le canal tho- racique accolé à l'œsophage. On en détache la partie supérieure , qu'on a soin d'essuyer pour ab- sorber le sang ; on l'incise , et le chyle coule dans le vase destiné à le recueillir. Si on se contentait d'agir ainsi, on n'en obtiendrait qu'une fort petite quantité , mais en pressant à diverses reprises la masse intestinale et le système 1^2 PRECIS ÉLÉMENTAIRE chylifère abdominal , on en fait continuer l'écou- lement quelquefois un quart d'heure. Les anciens avaient reconnu l'existence du chyle , mais ils s'en formaient des idées peu exactes ; aii commencement du dix ~ septième siècle , on l'observa de nouveau ; et comme il est blanc opaque dans certains cas , on le compara au lait : on nomma même les vaisseaux qui le contiennent vaisseaux lactés ^ expression tout- à-fait impropre , puisqu'il n'y a guère d'autre rap- port entre le chyle et le lait que celui de la cou- leur. C'est seulement de nos jours , et par les travaux de MM. Dupuytren , Vauquelin, Emmert , Mar- cet et Prout , que l'on a acquis des notions positives sur le chyle. Nous allons rapporter les observations faites par ces savants , en y ajoutant celles qui nous sont propres. Chyle Si l'animal dont on extrait le chyle a mangé des provenant do , . ^ r r i i madères suDstauccs grassés animales ou végétales , le liquide que l'on retire du canal thoracique est d'un blanc laiteux , un peu plus pesant que l'eau dis- tillée , d'une odeur spermatique prononcée , d'une saveur salée , happant un peu à la langue, et sensi- blement alcalin. Très peu de temps après qu'il est sorti du vais- seau qui le contenait, le chyle se prend en masse, et acquiert une consistance presque solide : il se grasses. matières non grasse DE riT YSioroGiE. 17.) sépare, au bout de quelque temps, en trois parties: l'une solide , qui reste au fond du vase ; l'autre liquide, qui est placée au-dessus ; et une troisième, qui forme une couche très mince à la surface du liquide. En même temps le chyle prend une teinte rosée assez vive. Quand le chyle provient d'aliments qui ne con- chyiede tenaient point de corps gras , il présente des pro- priétés semblables ; mais , au lieu d'être blanc opa- que, il est opalin, presque transparent : la couche qui se forme à sa superficie est moins marquée que dans la première espèce de chyle. Jamais le chyle ne prend la couleur des sub- stances colorantes mêlées aux aliments , comme plusieurs auteurs l'ont avancé. M. Halle s'est assuré du contraire par des expériences directes ; je les ai répétées récemment , et j'ai obtenu un résultat par- faitement semblable. Des animaux auxquels j'avais fait manger de l'indigo, du safran , de la garance, etc. , m'ont fourni un chyle dont la couleur n'avait aucun rap- port avec celle de ces substances. De nouvelles expériences ont été tentées sur ce sujet par MM. Tiedemann et Gmelin , en Alle- magne ; Andrews , à Edimbourg ; Lawrence et H. Coates , en Amérique ; et les résultats se sont p a rtout confirmés . Des trois substances dans lesquelles se partage 1^4. PllECIS ELEMENTAIRE Nature des le chylc abaiidoniië à lui-même, celle de la surface, trois parties , , , , , , du chyle. Qc coulcuv blanclie opaque, est un corps gras ; le caillot ou la partie solide est formé de fibrine et d'un peu de matière colorante rouge ; le liquide est analogue au sérum du sang (i). La proportion de ces trois parties varie beau- coup suivant la nature des aliments. Il y a des chyles , tels que celui du sucre , qui ne contiennent que très peu de fibrine ; d'autres , tels que celui de chair, en contiennent davantage. Il en est de même pour la matière grasse , qui est extrêmement abondante quand les aliments contiennent de la graisse ou de l'huile , tandis qu'on en voit à peine quand les aliments sont tout-à-fait dépourvus de corps gras. MM. Prévost et Dumas ont observé dans le chyle de lapin , de chien , de hérisson , des globules d'un . trois-centième de millimètre de diamètre, fort ana- logues à ceux que l'on aperçoit dans le sang. Les mêmes sels qui existent dans le sang se rencontrent aussi dans le chyle. Nous donnerons tout à l'heure quelques autres détails relatifs au chyle. Appareil de l' absorption et du cours du chyle. Vaisseaux Qgt appareil se compose, i° des vaisseaux lym- chylifères. ^^ ^ (i) Y oyez Composition chimique du sang. DE IMI Y.ST()rO(;iK. 1-^5 phatiques propres à l'intestin grêle , et nommés , à cause de leur usage, chyliferes ; 2" des glandes mésentériques ; 7f du canal tlioracique. Les vaisseaux chyliferes sont fort petits , mais très nombreux. Ils prennent naissance par des ori- fices imperceptibles à la surface de villosités de la membrane muqueuse intestinale , et se prolongent jusqu'aux glandes mésentériques , dans le tissu des- quelles ils se répandent. Dans les parois et à la surface de l'intestin grêle, ces vaisseaux sont très déliés , très multipliés ; ils communiquent fréquemment entre eux, de ma- nière à former un réseau à mailles assez fines : disposition qui est surtout visible quand ils sont remplis d'un chyle blanc opaque. Ils grossissent et diminuent de nombre en s 'éloignant de l'intestin , et finissent par former des troncs isolés qui mar- chent au voisinage des artères mésentériques , et quelquefois dans les intervalles qui les séparent. C'est en affectant cette forme qu'ils arrivent aux glandes mésentériques. On appelle glandes mésentériques de petits corps Glandes mé- irrégulièrement lenticulaires dont la dimension Fluide j . 1 , • !• • ■>\ propre aux varie depuis deux ou trois lignes jusqu a un pouce glandes mé- et plus. Ils sont très nombreux , et sont placés en ^'*^"*'^"^"<î^- avant de la colonne vertébrale , entre les deux lames ' du péritoine qui forment le mésentère. Leur structure est encore peu connue. Ils reçoi- 176 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Yent, proportionnellement à leur volume, beaucoup de vaisseaux sanguins ; ils sont doués d'une sensi- bilité assez vive. Leur parenchyme est d'une cou- leur rose-pâle ; la consistance n'en est pas très grande. On en extrait, en le comprimant entre les doigts , un fluide transparent , inodore , qui n'a jamais été examiné chimiquement. Il est surtout abondant dans le centre de ces corps. J'en ai vu une quantité remarquable dans les cadavres de suppliciés. Les vaisseaux sanguins et chylifères qui se portent dans ces corps s'y réduisent en canaux d'une extrême ténuité , communiquant ensemble sans que l'on puisse dire comment ils s'y compor- tent. Ce qui est certain, c'est que les injections , poussées dans les uns ou dans les autres , traversent le tissu de la glande avec la plus grande facilité. Racines du j] naît dcs 2:landes mésentériques un srrand nom- canal ^ ^ îhoracique. brc dc vaisscaux de même nature que les chylifères, mais en général plus volumineux : ce sont les ra- cines du canal thoracique. Ils se dirigent vers la colonne vertébrale , en s'accolant à l'aorte , à la veine cave , etc. Ils s'anastomosent fréquem- ment , et finissent par se terminer tous au canal thoracique. Diicsnai Qn appelle ainsi un vaisseau du même genre thoracique. que les précédents , mais du volume d'une plume ordinaire , qui se prolonge de la cavité abdomi- nale, où il commence , jusqu'à la veine sous-ela- DK PHYSIOLOGIE. I77 vière gauche , où il se termine. Dans son trajet , il passe entre les piliers du diaphragme , placé à côté de l'artère aorte ; ensuite il s'applique sui la colonne vertébrale , jusqu'au moment où il se dirige vers la veine sous-clavière gauche. On l'a vu souvent s'ouvrir dans les deux veines sous- clavières , et quelquefois uniquement dans la droite. A l'intérieur du canal thoracique et des vaisseaux lactés , on trouve des valvules disposées de ma- nière à permettre aux fluides de se porter des vaisseaux chylitères vers la veine sous-clavière , et à empêcher tout mouvement en sens inverse. Ce- pendant l'existence de ces véritables soupapes n'est pas constante. Deux membranes entrent dans la composition structure 1 .1 . 1 Ti>^ 1 11 des vaisseaux des parois des vaisseaux chylireres et du canal tiio- chyiifères racique: l'une interne , mince , dont les replis for- thoracique. ment les valvules ; l'autre externe , fibreuse , dont la résistance est de beaucoup supérieure à celle qu'annoncerait son peu d'épaisseur. Avant de passer à l'exposition des phénomènes de l'absorption et du cours du chyle, il faut faire quelques observations sur les organes qui en sont chargés. Après douze , vingt-quatre et même trente-six heures d'abstinence absolue , les vaisseaux chyli- fères d'un chien contiennent une petite quantité 2. 12 1^8 PRECIS ELEMENTAIRE Chyle du d'un fluidc demi-traiisparent , avec une teinte lé- deSomac gèrcment laiteuse, et qui d'ailleurs présente les la taUve. propriétés les plus analogues au chyle. Ce fluide , qu'on ne rencontre que dans les vaisseaux lactés et dans le canal thoracique , et qui n'a jamais été analysé , paraît être un chyle qui provient de la digestion de la salive et des mucosités de l'estomac : cela paraît d'autant plus probable , que les causes qui accélèrent la sécrétion de ces fluides , comme les boissons alcooliques ou acides, augmentent sa quantité. Quand la privation de toute nourriture s'est prolongée au-delà de trois ou quatre jours , les vaisseaux chylifères sont dans le même cas que les lymphatiques ; on les trouve tantôt remplis de lymphe , tandis que d'autres fois ils sont parfaite- ment vides. Il résulte de ces faits que le chyle des aliments qu'on extrait des vaisseaux chylifères . est tou- jours mêlé soit au ckyle du mucus digestif dont nous venons de parler , soit à la lymphe ; le ré- sultat est le même si l'on extrait le chyle du canal thoracique , car celui-ci est constamment rempli de lymphe , même après huit jours et plus d'abstinence. Ainsi donc , la matière qui , sous le nom de chyle ^ a été examinée par les chimistes , est loin de devoir être considérée comme extraite en entier DE PHYSIOLOGIE. l 79 des substances alimentaires ; il est évident que celles-ci n'y entrent que pour une certaine pro- portion. Absorption du chyle. Quoi qu'il en soit , il n'est pas moins certain Absorption 111 11 • ' 1 !>• • -1 du chyle. que le chyle passe de la cavité de 1 intestin grêle dans les vaisseaux chylifères. Comment se fait ce passage ? Il semble , au premier aperçu , qu'il est facile de se rendre raison d'un phénomène aussi simple ; mais il n'en est rien. On a vu plus haut que la disposition des orifices des vaisseaux chyli- fères n'est point connue ; leur mode d'action ne Test pas davantage : cependant on en a donné plusieurs explications. Ainsi l'on a attribué l'ab- sorption du chyle à la capillarité des radicules chylifères , à la compression du chyle par les pa- rois de l'intestin grêle , etc. Dans ces derniers temps , on a prétendu qu'elle se faisait en vertu de la sensibilité propre des bouches absorbantes et de la coîitractiilté organique insensible dont on les supposait douées. On a peine à concevoir comment des hommes d'un mérite éminent ont pu proposer ou admettre une pareille explication : quant à moi , elle me paraît l'expression pure et simple de l'i- gnorance où nous sommes de la nature de ce phénomène. Un fait qu'il ne sera peut-être pas inutile 12. l80 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE L'absorption d'ajoutcr, est que cette absorption continue assez du chyle , , . a > • • i » continue long- tcmps Qpics la mort. Apres avoir vide par quelque -, • -, . . , temps après lî^ comprcssiou uu OU plusicurs vaisscaux chy- la mort. |jf^j.çg q\^qj^ uu animal récemment mort, on les voit se remplir de nouveau. On peut répéter plu- sieurs fois de suite cette observation ; je Tai faite quelquefois deux heures après la mort de l'animal. Mécanisme Tout scmblc doiic aiiiioncer qu'il y a quelque l'absorption chosc de pliysiquc dans l'absorption du chyle, duc ye. Qç^^g jj^g acquiert une forte probabilité par les nombreuses expériences qui ont été faites récem- ment sur l'imbibition des tissus vivants. En examinant avec soin la membrane mu- queuse de l'intestin au moment de l'absorption du chyle, on reconnaît que chaque villosité est blanche et gonflée par le chyle : on dirait une éponge fine qui s'est remplie par du lait. Elle a quelquefois une épaisseur double de celle qu'elle aurait si l'absorption ne s'exécutait pas. Si on la presse mollement entre les doigts , on en exprime une certaine quantité de chyle; si on en met dans l'eau et qu'on l'y secoue un peu, une multitude de petites pointes apparaissent ; elles sont molles , spongieuses , faciles à déchirer ; ce sont elles qui sont les premiers agents de l'absorp- tion du' chyle. La forme de ces pointes ou villosités varie beau- DE PHYSIOLOGIE. l8l coup suivant l'espèce d'animal, etmême suivant les individus d'une même espèce. Peut-être cela tient-il au genre de nourriture ? Sur un chien dont la di- gestion avait fourni un cbyle abondant et très blanc , elles étaient coniques ; on y apercevait distinctement à l'œil nu , mais mieux avec une loupe, plusieurs petits orifices. Les mêmes papilles d'un autre animal ( oiseau ) n'offrirent rien de semblable : examinées au microscope , on vit clai- rement des vaisseaux sanguins, très nombreux, qui se perdaient dans une espèce de tissu cellulaire d'une finesse extrême ; on n'aperçut nulle autre trace de vaisseaux. Une petite portion de la mem- brane interne de l'intestin grêle du chien dont nous venons de parler fut examinée avec le même microscope. Les vaisseaux sanguins y étaient moins nombreux , on apercevait de plus quelques lignes tortueuses , blanches , qui commençaient près la superficie des papilles aux petites ouvertures dont nous venons de parler, et qui allaient se l'endrc, en grossissant un peu, dans les vaisseaux chylifères. Sont-ce là les origines de ce genre de vaisseaux? Cela est probable. Si les vaisseaux absorbants du chyle commen- cent par des orifices visibles , on peut comprendre comment le chyle s'y engage , tandis qu'il n'entre pas dans les vaisseaux sanguins. Le chyle présente , avons- nous dit , des globules ; or ces globules l82 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE seraient trop gros pour passer à travers les simples porosités des parois vasculaires, tandis qu'ils trou- veraient toutes facilités pour entrer dans les ou- vertures par lesquelles commencent les vaisseaux chylifères. Cours du chyle. Nous avons déjà indiqué le trajet du chyle : il parcourt d'abord les vaisseaux chylifères , traverse ensuite les glandes mésentériques , arrive au canal thoracique , et se jette enfin dans la veine sous- clavière. Causes qui Les causcs qui détenninent son mouvement déterminent ,,,,../ . -, ,.«, le cours sont 1 clasticitc propre aux vaisseaux chylifères , ^^^^' la cause inconnue qui en produit l'absorption, la pression des muscles abdominaux, surtout dans les mouvements de respiration , et peut-être les battements des artères qui se trouvent dans l'ab- domen. Vitesse Si Ton veut prendre une idée juste de la vitesse " Jhyk. "" ^^^^ laquelle le chyle coule dans le canal thora- cique, il faut, comme je l'ai fait plusieurs fois, ouvrir ce canal , sur un animal vivant , au mo- ment où il arrive dans la veine sous-clavière. On reconnaît alors que cette vitesse n'est pas très grande , et qu'elle s'accroît chaque fois que l'ani- mal comprime les viscères de l'abdomen , en fai- sant contracter les muscles abdominaux. On pro- DE PHYSIOLOGIE. 1 83 duit un effet semblable en comprimant le ventre avec la main. Toutefois la vitesse avec laquelle circule le Expérience» ^ sur le cours chyle m'a paru en rapport avec la quantité qui du chyic. s'en forme dans l'intestin g;rêle. Cette dernière est elle-même en rapport avec la quantité de chyme : de sorte que si les aliments sont abon- dants et de facile digestion , le chyle devra marcher plus vite; si, au contraire, les aliments sont en petite quantité , ou , ce qui produira un effet pareil , s'ils se digèrent difficilement , comme il y aura peu de chyle formé , sa progression sera plus lente. Il serait difficile d'apprécier exactement la quan- tité de chyle qui se forme pendant une digestion donnée , cependant elle doit être considérable. Sur un chien d'une taille ordinaire, mais qui a mangé à discrétion des aliments animaux, l'incision du canal thoracique au cou (l'animal étant vivant) laisse écouler d'abord au moins une demi-once de liquide en cinq minutes , et l'écoulement continue, mais beaucoup plus lentement, tant que dure la formation du chyle. J'ignore si , dans le cours d'une même digestion, il y a des variations dans la rapidité de la marche du chyle ; mais , en la supposant uniforme , on voit qu'il entrerait six onces de chyle par heure dans le système veineux. Dans l'homme, où les organes chylifères sont plus volumineux , et où la l84 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE digestion se fait en général plus vite que dans le chien, on peut présumer que la proportion du chyle est plus considérable. Le sang qui coule dans la veine sous-clavière ne peut pénétrer dans le canal thoracique , car il existe à l'orifice de celui-ci une valvule dispo- sée de manière à prévenir cet effet. De même le chyle ne peut refluer vers le canal intestinal, à raison des valvules que présentent presque con- stamment le canal thoracique et les vaisseaux chy- lifères. Action des Plusicurs pliysiologistcs pensent que le chyle seniériquts» subit uuc altération particulière en traversant les glandes du mésentère : mais les uns croient que ces corps produisent un mélange plus intime des matières composant le chyle ; d'autres pensent qu'ils y ajoutent un fluide destiné à rendre le chyle plus liquide ; il y en a qui soupçonnent que ces glandes , au contraire , enlèvent quelques uns des éléments du chyle pour le purifier. La vérité est qu'on ignore l'influence des glandes mésenté- riques sur le chyle. De même on a beaucoup parlé des qualités va- riables de ce liquide, suivant que la digestion est bonne ou mauvaise; et, suivant l'espèce d'aliments dont on a fait usage, on a attribué à la formation d'un mauvais chyle le dépérissement qui arrive dans certaines maladies : mais on connaît très peu les DE PHYSIOLOGIE. 1 85 modifications qu éprouve le chyle dans sa aom- position. On a parlé aussi de certaines parties des ali- ments qui, sans être altérées par les organes di- gestifs , passent avec le chyle dans le sang ; mais cette idée est une conjecture qu'aucune expé- rience positive n'appuie. M. Marcet (i) , dont la science déplore la perte récente , a comparé le chyle des matières animales avec celui des matières végétales. Il a trouvé que ce dernier contient trois fois plus de carbone que le chyle provenant d'aliments ani- maux. INous devons à M. le professeur Dupuytren des recherches ingénieuses, qui prouvent que le ca- nal thoracique est la seule route par laquelle le chyle doit passer pour servir utilement à la nutri- tion. On savait par une expérience de Duverney , Expériences . suil'actioa par quelques cas ci obstructions du canal tnora- des vaisseaux chvliièrc&o cique , et surtout par les expériences de Flan- drin , dont nous parlerons ailleurs , on savait , dis-je, que le canal thoracique pouvait cesser de verser le chyle dans la veine où il aboutit, sans que la mort s'ensuivît. On savait, il est vrai, que, dans certains cas, la ligature du canal thoracique avait produit la mort; mais on ignorait la cause (i) Annales de chimie, 1816. l86 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE de cette diversité de résultats : les expériences de M. Dupuytren en ont donné une explication des plus satisfaisantes. Cet habile chirurgien a lié le canal thoracique sur plusieurs chevaux ; les uns sont morts au bout de cinq à six jours , et les autres ont conservé toutes les apparences d'une santé parfaite. Sur les animaux qui ont succombé à la ligature , il a toujours été impossible de faire passer aucune injection de la partie inférieure du canal dans la veine sous- clavière ; il est très probable , par conséquent , que le chyle a cessé d'être versé dans le système veineux aussitôt après la ligature. Au contraire, dans les animaux qui ont survécu, il a toujours été facile de faire par- venir les injections de mercure ou d'autres sub- stances de la portion abdominale du canal jus- qu'à la veine sous-clavière. Les matières injec- tées suivaient le canal jusqu'au voisinage de la ligature ; là elles se détournaient pour s'engager dans des vaisseaux lymphatiques volumineux qui allaient s'ouvrir dans la veine sous-clavière. Il est donc évident que, dans ces animaux , la ligature du canal n'avait point empêché le chyle de se mêler au sang veineux. De ce que les vaisseaux chylifères absorbent le chyle et le transportent dans le système veineux , on s'est persuadé qu'ils remplissent le même usage pour toutes les substances qui sont mêlées aux ali- DE PHYSIOLOGIE. 1 87 ments, et qui, sans être digérées, passent cependant dans le sang. La plupart des auteurs disent, par exemple, que les boissons sont absorbées avec le chyle; mais, comme ils n'ont point fait d'expé- riences qui puissent servir de fondement à cette idée, on pouvait, par ce seul motif, la considérer comme fort douteuse. J'ai voulu savoir à quoi on devait s'en tenir sur ce point, et je me suis assuré, par des recherches sur les animaux vivants, que, dans aucun cas, les boissons ne paraissent se mê- ler au chyle. On peut en avoir la preuve en fai- sant avaler à un chien , pendant qu'il digère des aliments , une certaine quantité d'alcool étendu d'eau. Si , une demi-heure après , on extrait son chyle delà manière que nous avons indiquée, on verra que ce liquide ne contient point d'alcool, tandis que le sang de l'animal en exhale une odeur très forte , et qu'on peut le retirer du sang par la distillation. On obtient des résultats semblables en faisant l'expérience avec une dissolution de camphre ou d'autres liquides odorants. Les modifications que subissent l'absorption et Modifications le cours du chyle dans les différents âges n'ont tlonerdS point encore été étudiées ; on a seulement remar- ^i^'^Z^y^sI^ que que les glandes mésentériques changent de iesexe,etc» couleur, diminuent de volume, et semblent s'obli- térer chez les vieillards. Quelques auteurs en ont conclu qu'elles ne se laissaient plus traverser par l88 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE le chyle ; mais cette assertion paraît très hasardée, et d'ailleurs n'est point appuyée de faits bien con- statés. On ignore complètement les modifications que cette fonction éprouve par le sexe , le tempéra- ment , l'habitude , etc. On n'est pas plus instruit sur les rapports qui existent entre cette fonction et celles que nous avons déjà exposées , et celles qui nous restent à examiner (i). DE l'absorption ET DU COURS DE LA LYMPHE. Nous venons de voir combien il reste à faire pour avoir une connaissance exacte de l'absorption et du cours du chyle : la fonction dont nous allons faire l'histoire est encore bien moins connue. On sait , d'une manière générale , qu'elle existe, mais son utilité dans l'économie animale est à peine en- trevue : son but le plus apparent est de verser la lymphe dans le S5^stème veineux. On peut présumer (i) Tous les anatomistes, depuis Hewson et Monro, re- connaissent que les oiseaux , les reptiles et les poissons ont un appareil chylifère; cependant personne, que je sache, n'a parlé du chyle de ces animaux: les chimistes et les phy- siologistes qui ont fait des expériences sur le chj^me d'oi- seaux, par exemple, ne disent rien du chyle. Si je m'en rapporte à mes dissections, les mammifères et quelques rep- tiles auraient seuls un système chylifère, et seuls auraient du chyle. ( Voyez mon Mémoire sur les vaisseaux lympha- tiques des oiseaux, tom. I" de mon Journal de physiologie. ) DE PHYSIOLOGIE. 1 89 que ce phénomène n'est qu'une circonstance de son utilité ; cependant, si l'on veut rester dans les li- mites du positif, il est impossible d'en reconnaître d'autres en ce moment. De la lymphe. Rien ne prouve mieux l'imperfection de la Diverses ^ ^ _ opinions sur science, relativement à la fonction qui nous oc- la lymphe, cupe , que les idées des physiologistes sur la lym- phe. Les uns donnent ce nom au sérum du sang , ceux-là au fluide qui se voit dans les membranes . séreuses , d'autres à la sérosité du tissu cellulaire , tandis que quelques uns considèrent comme lym- phe le fluide qui coule de certains ulcères scrophu- leux. Il faut réserver le nom de lymphe au liquide que contiennent les vaisseaux lymphatiques et le canal thoracique. Il est d'autant plus nécessaire de fixer ainsi le isens de ce mot, qu'en admettant les autres signifi- cations on consacre comme vraie une opinion qui n'est rien moins que démontrée , savoir que les fluides des membranes séreuses , du tissu cellu- laire , etc. , sont absorbés par les vaisseaux lympha- tiques , et transportés par ces vaisseaux dans le système veineux. Pour se procurer de la lymphe , on peut em- Manières de ployer deux procédés. L'un consiste à mettre à de découvert un vaisseau lymphatique , à l'inciser et à ^ ^"^^ ^* igO PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE recueillir le liquide qui en sort ; mais cette méthode est très difficile à exécuter , et d'ailleurs , comme les vaisseaux lymphatiques ne sont pas toujours rem- plis de lymphe, elle est peu sûre. L'autre procédé consiste à laisser jeûner un animal pendant quatre ou cinq jours , et à extraire , comme nous avons dit en parlant du chyle, le fluide contenu dans le ca- nal thoracique. Propriétés Lc liquide qu'on obtient de l'une ou l'autre ma- physiquesde ., j' i. " i i ' l ' ^ * la lymphe, nicre a d abord une couleur rosée , légèrement , opaline. Il a une odeur de sperme très prononcée ; sa saveur est salée ; quelquefois il présente une teinte jaunâtre décidée , et , dans d'autres cas , il présente une couleur rouge garance. J'insiste sur ces détails , car ils ont probablement induit en erreur dans les expériences que l'on a faites sur l'absorption des matières colorées. Mais la lymphe ne reste pas long-temps liquide ; elle se prend en masse. Sa couleurrose devient plus foncée, il s'y développe une multitude de "filia^ ments rougeâtres, disposés en arborisations irrégu- lières et fort analogues, pour Tapparence , àiii vaisseaux qui se répandent dans le tissu des or- ganes. -^^ Lorsqu'on examine avec soin la masse de lym- phe coagulée , on voit qu'elle est foriinée de deux parties, dont l'une, solide, forme des cellules multi- pliées qui contiennent ràutrè , qui est liquide. Si DE PHYSIOLOCxIE. I9I l'on sépare la partie solide, le liquide se prend de nouveau en masse. Soumise au microscope , la lymphe , extraite Globule de 1 11 . ., i> • 1 la lymphe. soit du canal tlioracique , soit d un vaisseau lym- phatique , soit même d'une glande cervicale , pré- sente une multitude de petits globules qui sont semblables à ceux du sang, mais qui sont moins abondants que dans ce dernier fluide. {Voyez Globules de sang. ) La quantité de lymphe que l'on recueille d'un seul animal est peu considérable; à peine en re- tire-t-on une once et demie d'un chien de forte taille. Il m'a semblé que sa quantité augmente à mesure que le jeûne se prolonge ; je crois aussi avoir observé que sa couleur devient plus rouge quand depuis long-temps l'animal est privé d'ali- ments. La partie solide de la lymphe , et qu'on peut caiiiot de h îiommer son caillot , a beaucoup d'analogie avec ^"^^^ ^" celui du sang. Il devient rouge écarlate par le con- tact du gaz oxigène , et rouge pourpre quand on le plonge dans l'acide carbonique. La pesanteur spécifique de la lymphe est à celle de l'eau distillée :: 102^,, 28 : 1000,00. J'ai prié M. Chevreul d*analyser la lymphe du Propriétés chimiques chien; je lui en ai remis une quantité assez con- delà .j , 1 1 • >^4. • ' j' ^1 lymphe. siderable que je m étais procurée a après le pro- cédé que j'ai indiqué plus haut, après avoir fait 192 ' PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE jeûner des chiens pendant plusieurs jours. Voici les résultats qu'a obtenus cet habile chimiste. Sur 1 000 parties , la lymphe contient : Eau 926,4 Fibrine. . . . . . . . , . . . , 004,2 Albumine 061,0 Muriate de soude. ..♦..,.. 006, 1 Carbonate de soude . 001,8 Phosphate de chaux. . . ) Idem de magnésie. . . > 000, 5 Carbonate de chaux. . . J Total 1000,0 appareil de L'absorption et du cours de la lymphe. Cet appareil a la plus grande analogie, pour la disposition et la structure , avec celui de l'absorp- tion et du cours du chyle , ou plutôt , à ne les envisager que sous le rapport anatomique , ils ne forment qu'un même système. Il se compose des vaisseaux lymphatiques , des glandes ou gan- glions lymphatiques , et du canal thoracique , dont nous avons déjà parlé en traitant du cours du chyle. Des vaisseaux Lcs vaîsseaux lymphatiques existent dans pres- phatiques. quc toutcs Ics parties du corps : ils sont peu volu- mineux , s'anastomosent fréquemment , et ont presque partout une disposition réticulaire. Aux membres ils forment deux plans , l'un superficiel DE PHYSIOLOGIE. IQO et l'autre profond. Le premier est placé dans le tissu cellulaire , entre la peau et les aponévroses d'enveloppe ; en général , il accompagne les veines sous-cutanées. Quand les vaisseaux qui forment ce plan sont remplis de mercure et que l'injection a bien réussi , ils représentent un réseau qui envi- ronne de ses mailles le membre tout entier. Le plan profond des lymphatiques des mem- bres se voit principalement dans les intervalles des muscles , autour des nerfs et des gros vais- seaux. Les lymphatiques superficiels et profonds se di- Vaisseaux rigent vers la partie supérieure des membres , ques des diminuent dénombre, augmentent de volume, ^^"^ ^^^' et s'engagent bientôt dans les glandes lymphati- ques de l'aisselle , de l'aine , etc. , d'où ils s'en- foncent aussitôt, soit dans l'abdomen, soit dans la poitrine. Au tronc , les vaisseaux lymphatiques forment de même deux couches, l'une sous- cutanée , l'autre placée à la face interne des parois des ca- vités splanchniques. Chaque viscère a aussi deux ordres de lymphatiques ; les uns occupent la suiv face , les autres semblent naître de son paren- chyme. C'est en vain qu'on a cherché jusqu'ici ces vais- seaux dans le cerveau , la moelle épinière , leurs enveloppes, l'œil , l'oreille interne, etc. 2. i5 I 94 P ^» 1^ ^' l '^ ^^ ^' ^' '^' E N T AI ïï E Terminaison Lcs VcUsseaux lympliatiques du tronc et des des vaisseaux i i • i i • lym membres aboutissent au canal tnoracique ; mais p.Ki ]qiuï. ç^^^ ^g l'extérieur de la tête et du cou se termi- nent , savoir, ceux du côté droit dans un vais- seau assez volumineux , qui s'ouvre dans la veine sous-clavière droite, et ceux du côté gauche dans un vaisseau analogue, mais un peu plus petit , qui s'ouvre dans la veine sous-clavière gauche, un peu au-dessus de l'embouchure du canal thoracique. Origine Ou igiiorc la disposition que les lymphatiques des vaisseaux , . . p • \ • i lym ont a leur origine ; on a tait a ce sujet beaucoup p îa iquei,. ^^ conjectures , également dénuées de fondement. Ce qu'on peut dire de plus plausible , c'est qu'ils naissent par des racines extrêmement fines dans l'épaisseur des membranes et du tissu cellulaire , et dans le parenchyme des organes , où ils paraissent continus aux dernières ramifications artérielles. îl arrive souvent qu'une injection poussée dans une artère passe dans les lymphatiques de la partie où elle se distribue. Dans leur trajet , les lymphatiques n'ont rien de régulier ; ils augmentent et diminuent de vo- lume , sont tantôt arrondis et cylindriques , et tantôt ils présentent un grand nombre de renfle- ments placés très près les uns des autres. Leur structure ne diffère pas sensiblement de celle des vaisseaux rhylifères ; ils sont de même garnis de valvules. ]) i: rM\sioj.O(;iE. 196 Dans riiomnie , chaque vaisseau lymphatique , Glandes avant d'arriver au système veineux , doit traverser phatiques. une glande lymphatique (1). Ces organes , qui sont très nombreux , et qui , pour la forme et la structure , ressemblent entièrement aux glandes mésentériques , se trouvent plus particulièrement aux aisselles, au cou, aux environs de la mâchoire inférieure, au-dessous de la peau de la nuque, aux aines , dans le bassin du voisinage des gros vaisseaux. Les vaisseaux lymphatiques se com- portent à leur égard absolument comme les vaisseaux chylifères avec les glandes du mésen- tère. De l' absorption de la lymphe. Afin de nous livrer avec avantage à l'étude de Action l'absorption de la lymphe , il est indispensable lym- d'examiner les idées reçues relativement à l'ori- p-^*'^"^"- gine de ce fluide , et à la faculté absorbante attri- buée aux radicules des vaisseaux lymphatiques. Ici , nous avons besoin de beaucoup de réserve • et en même temps de sévérité ; car , indépen- damment de la difficulté propre au sujet , nous aurons à discuter une opinion généralement ad- mise , et appuyée des autorités les plus respecta- bles ; mais comme le seul désir de trouver la vérité (i) Cette disposition n'existe pas dans les autres animaux qni ont des glandes lymphatiques. i3. ig6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE nous anime , et non celui d'innover, nous espé- rons qu'on ne nous saura pas mauvais gré d'avoir pris ce parti. Origine de Vovous d'abord l'origine attribuée à la lymphe, la lymphe , d'après les Si l'ou cu cToit Ics mcilleurs ouvrages , la lymphe est le résultat de l'absorption qu'exercent les radi- cules lymphatiques à la surface des membranes muqueuses , séreuses , synoviales , des lames du tissu cellulaire , de la peau , et même dans le paren- chyme de chaque organe. Cette manière de voir comprend deux idées dis- tinctes : savoir, i" que la lymphe existe dans les diverses cavités du corps ; 2° que les vaisseaux lymphatiques sont doués de la faculté absorbante. De ces deux idées, la première est tout-à-fait inexacte , et l'autre mérite un examen particu- lier. En effet , quoiqu'il y ait de l'analogie en apparence entre les fluides qui se voient à la sur- face des membranes séreuses , du tissu cellulaire , des membranes synoviales , etc. , et la lymphe , nous ferons voir ailleurs que ces fluides eii diffè- rent sous les rapports physiques et chimiques; et, comme ces divers fluides varient eux-mêmes entre eux , en admettant cette origine de la lymphe , on devrait en avoir observé de plusieurs espèces : or, jusqu'ici, la lymphe a toujours été trouvée sensiblement la même dans toutes les parties du corps. phatiqucs. DE PHYSIOLOGIE. I97 11 est vrai que certains physiologistes, qui se complaisent dans les subtilités , font une réponse par laquelle ils prétendent lever cette difficulté; ils disent que ces fluides , au moment de leur absorption , subissent une élaboration particulière qui les transforme en lymphe; et la preuve qu'ils en donnent , c'est que la lymphe diltère des fluides absorbés. Cette réponse pourrait avoir quelque valeur s'il était prouvé que les fluides sont ab- sorbés ; or nous allons voir qu'on est loin d'être arrivé à une telle conséquence (i). Examinons maintenant la faculté absorbante Absorption des vaisseaux attribuée par les auteurs aux vaisseaux lympha- ^ lym- tiques. Les liquides introduits dans l'estomac et dans les intestins sont absorbés avec assez de promp- titude ; le même effet arrive dans quelque cavité de l'économie que l'on porte les liquides : la peau (1) La logique employée dans cette circonstance est vraiment singulière. Il s'agit de savoir si les lymphatiques absorbent ou non. La question est tout entière là; on semble ne s'en pas douter, et la propriété absorbante n'est pas un instant mise en doute. Après quoi on dit gravement qu'au moment où les vaisseaux absorbent, ils élaborent les fluides absorbés , et qu'ils les Uxinsforment en lymphe. Or, dans les sciences de faits, direqu'un phénomène existe sans le prouver équivaut à ne rien dire. D'ailleurs l'expérience prouve que beaucoup de substances, telles que l'eau, l'alcool, l'éther, le camphre , sont absorbées sans être élaborées. ig8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et la surface muqueuse du poumon jouissent aussi d'une propriété semblable. Les anciens , qui avaient remarqué plusieurs de ces phénomènes , et qui ne connaissaient point les vaisseaux lymphatiques , croyaient que les veines étaient les agents de l'absorption : cette croyance s'est maintenue jus- qu'au milieu du siècle dernier , où la connais- sance de ces vaisseaux s'est beaucoup perfec- tionnée. Guillaume Hunter, l'un des anatomistes qui ont le plus contribué à faire connaître ces vais- seaux , est aussi celui qui a le plus insisté pour leur faire reconnaître la faculté absorbante. Sa doctrine a été propagée et même étendue par son frère , par ses élèves , et en général par tous ceux qui se sont occupés de l'anatomie des vaisseaux lymphatiques. Il s'en faut beaucoup que les preuves sur les- quelles ils fondent leur doctrine aient la valeur qu'ils leur attribuent. A raison de l'importance du sujet , nous allons entrer dans quelques dé- tails. Pour établir que les vaisseaux lymphatiques sont absorbants et que les veines n'absorbent point , on a fait des expériences ; mais , en les supposant exactes , ce qui . comme on va le voir, est loin d'être vrai, elles sont en si petit nom- bre , qu'il est vraiment étonnant qu'elles aient suffi DK l'M Y S lOLO G II:. 1 99 pour renverser une doctrine très ancieniieiiieiil admise. De ces expériences, les unes ont été faites pour prouver directement que les vaisseaux lyniplia- tiques absorbent, et les autres pour établir que les veines n'absorbent point. Nous nous occuperons seulement ici des premières , nous renverrons les autres à l'article de V absorption des veines, JeanHunter, l'un des premiers qui aient nié positivement l'absorption des veines et admis celle des lymphatiques , a fait l'expérience suivante , qui lui a paru très probante. 11 ouvrit le bas-ventre à un chien ; il vida promp- Expériences tement quelques portions a intestins des matières s^r rabsorp qu'elles contenaient, en les comprimant suffisam- ^^'^"iaùef ment : il y injecta aussitôt du lait chaud , qu'il retint au moyen de ligatures. Les veines qui ap- partenaient à ces portions d'intestins furent vidées par plusieurs piqûres faites à leur tronc ; il em- pêcha qu'elles ne reçussent du nouveau sang, en appliquant des ligatures aux artères qui leur cor- respondaient , et il remit en cet état les parties dans le bas-ventre. Il les y laissa pendant environ une demi-heure , les retira ensuite , et , les ayant examinées scrupuleusement , il trouva que les veines étaient presque désemplies , comme quand il les avait retirées pour la première fois , et qu'elles ne contenaient pas une goutte de fluide J. Hunter. 2O0 PRECIS ELEMENTAIRE blanc , pendant que les lactés en étaient entière- ment pleins (i). )bjections à L'état d'impcrfection OU était l'art des expé- de riences physiologiques a 1 époque ou J. llunter a fait celle-ci peut seul excuser ce célèbre anato- miste de n'avoir pas senti combien il y manque de circonstances importantes pour que l'on puisse, en la supposant exacte , en tirer quelques consé- quences. En effet , pour que cette expérience pût être de quelque utilité , il faudrait savoir si l'animal était à jeun lorsqu'on l'a ouvert , ou s'il était dans le travail de la digestion ; il aurait fallu examiner l'état des lymphatiques au commencement de l'expérience : étaient-ils ou n'étaient-ils pas pleins de chyle ? quels changements sont survenus au lait pendant son séjour dans l'intestin ? enfin, sur quelles preuves établit-on que les lactés étaient remplis de lait à la fin de l'expérience ? le fluide qui les remplissait n'était-il pas plutôt du chyle ? Au reste , cette expérience a été répétée , à di- verses reprises , par Fîandiin , professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort , homme très versé dans la pratique des expériences sur les animaux vivants , sans qu'il en ait obtenu aucun succès , c'est-à-dire sans qu'il ait aperçu de lait dans les vaisseaux (i) A natomic des vaisseaux absorbants f etc. , par Cruiks- liiink, trad. par Petit-Radel. DE PHYSIOLOGIE. 201 lymphatiques. J'ai inoi-meme fait plusieurs fois cette expérience , et les résultats que j'ai obtenus sont parfaitement d'accord avec ceux de Flandrin, et par conséquent opposés à ceux de Hunter. Ainsi la principale expérience où un auteur digne de foi ait dit avoir vu l'absorption d'un fluide autre que le chyle par les vaisseaux lactés paraît être, sinon illusoire, du moins insignifiante. Les autres expériences de J. Hunter étant en- core moins concluantes que celle-ci, je les passe sous silence. D'ailleurs , elles ont été infructueu- sement répétées par Flandrin , et elles ne m'ont pas mieux réussi (i). J'ai cru nécessaire de faire quelques essais, afin de savoir si réellement les vaisseaux chylifères et les autres lymphatiques du canal intestinal absor- bent d'autres fluides que le chyle. J'ai d'abord constaté que si l'on fait avaler à un (i) Telle est l'aptitude de l'esprit humain à recevoir des erieurs : Hunter fait une fausse théorie sur l'une des fonc- tions les plus importantes de îa vie , il l'étaie à peine de quelques expériences inexactes , et dans tous les cas insuf- fisantes ; ses idées sont aussitôt généralement admises; elles sont encore défendues aujourd'hui avec une chaleur et un zèle qu'inspire rarement la vérité. Harvey, qui a fait de si belles et de si nombreuses expériences pour démontrer la circulation du sang , a combattu trente ans pour ne pas passer pour un visionnaire, et pour faire admettre une des belles découvertes dont s'honore l'intelligence humaine. 202 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE chien quatre onces d'eau pure , ou mêlée à une cer- taine quantité d'alcool, dematièrecolorànte, d'acide ou de sel , au bout d'environ une heure la totalité du liquide est absorbée dans le canal intestinal. 11 était évident que si ces différents liquides étaient absorbés par les vaisseaux lymphatiques des intestins, ils devaienl traverser le canal thora- cique ; on devait donc en rencontrer une quantité plus ou moins considérable dans ce canal , en re- cueillant la lymphe des animaux une demi-heure ou trois quarts d'heure après l'introduction des liquides dans l'estomac i''*' EXPÉRIENCE. Un chien a avalé quatre onces d'une décoction de rhubarbe; une demi-iieure ensuite , on a extrait la lymphe du canal thora- cique. Ce fluide n'a présenté aucune trace de rhu- barbe ; et cependant à peu près la moitié du liquide avait disparu du canal intestinal , et l'urine conte- nait sensiblement la rhubarbe. 2*" EXPÉRIENCE. Oiî a fait boire à un chien six onces d'une dissolution de prussiate de potasse dans l'eau; un quart d'heure après, l'urine conte- nait , d'une manière très apparente , le prussiate : la lymphe extraite du canal thoracique n'en pré- sentait point. 5^ EXPÉRIENCE. Trois onces d'alcool étendu d'eau (i) furent données à un chien; au bout (î) L'alcooi pur tue promptement les chiens. DE PUYSlOLOGli:. 203 d'un quart d'heure, le sang de l'aniiDal avait une Exiniiienccs (jueur d alcool prononcée : la lymphe n olirait rien tion lympha de semblable. ^^"^' 4^ EXPÉRIENCE. Le canal thoracique ayant été lié au cou sur un chien , on lui fit boire deux onces dune décoction de noix vomique, hquide très vénéneux pour ces animaux. L'animal mourut tout aussi promptement que si l'on avait laissé le canal thoracique intact. A l'ouverture du cadavre, on s'assura que le canal de la lymphe n'était pas double 5 qu'il n'avait qu'un débouché dans la veine sous-clavière gauche, et qu'il avait été bien lié. 5^ EXPÉRIENCE. On lia de même le canal thora- cique à un chien , et on lui injecta deux onces de décoction de noix vomique dans le rectum : les effets furent semblables à ceux qui seraient . survenus si le canal n'eût point été lié, c'est-à-dire que l'animal mourut très promptement. La dispo- sition du canal était analogue à celui de l'expé- rience précédente. 6^ EXPÉRIENCE. M. Delille et moi nous fîmes sur un chien qui , sept heures auparavant , avait mangé une grande quantité de viande , afin que les lymphatiques chylifères devinssent faciles à apercevoir; nous fîmes, dis-je, une incision aux parois abdominales, et nous tirâmes au-dehors une anse d'intestin grêle , sur laquelle nous appli- quâmes deux ligatures, à quatre décimètres l'une 204 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences ^6 l'autre. Lcs Ijiupliatiques qui naissaient de t^on^ympha cctte portioii d'intcstiii étaient très blancs et très tique. apparents, à raison du chyle qui les distendait. Deux nouvelles ligatures furent placées sur cha- cun de ces vaisseaux , à un centimètre de dis- tance, et nous coupâmes ces vaisseaux entre les deux ligatures. Nous nous assurâmes en outre, par tous les moyens possibles, que l'anse d'intes- tin sortie de l'abdomen n'avait plus de communi- cation avec le reste du corps par les vaisseaux lymphatiques. Cinq artères et cinq veines mésen- tériques se rendaient à cette portion intestinale ; quatre de ces artères et autant de veines furent liées et coupées de la même manière que les lym- phatiques; ensuite les deux extrémités de notre anse d'intestin furent coupées et séparées entière- ment du reste de l'intestin grêle. Ainsi nous eûmes une portion d'intestin grêle longue de quatre dé- cimètres, ne communiquant plus avec le reste du corps que par une artère et une veine mésenté- riques. Ces deux vaisseaux furent isolés dans une longueur de quatre travers de doigt; nous enle- vâmes même la tunique celluleuse, de peur que des lymphatiques n'y fussent restés cachés. Nous injectâmes alors dans la cavité de l'anse intesti- nale environ deux onces de décoction de noix vomique, et une ligature fut appliquée pour s'op- poser à la sortie du liquide injecté. L'anse , enve- DE PHYSIOLOGIE. 205 loppée crun linge fin, fut replacée clans l'abdo- Expériences ^ ^ , ^ sur l'absorp- raen. Il était une heure précise; à une heure six tion lympha minutes , les effets du poison se manifestèrent avec leur intensité ordinaire : en sorte que tout se passa comme si l'anse d'intestin eût été dans son état naturel. M. le docteur Ségalas vient de faire la contre- épreuve de cette expérience ; je transcris littérale- ment les faits suivants de son mémoire. « i''^ Expérience. J'ai pris une anse intestinale. Expériences de que j'ai isolée des parties intestinales voisines par m. Ségaks deux mcisions ; ] ai lie les artères et les veines qui s y l'absorption. rendaient , avec la précaution de ne pas embrasser dans mes ligatures les vaisseaux chylifères rendus apparents par la présence du chyle ; j'ai appliqué une ligature à une extrémité de l'anse intestinale, j'ai injecté dans sa cavité le poison dont je m'étais déjà servi, une dissolution aqueuse d'extrait al- coolique de noix vomique ; je l'ai maintenue dans cette cavité par une seconde ligature ; j'ai replacé l'anse intestinale dans le ventre, et je n'ai pas obtenu d'empoisonnement pendant une heure en- tière que j'ai observé l'animal. Cependant j'avais employé un demi-gros d'extrait , préparé avec soi a par M. Labarraque , et éprouvé déjà par plusieurs expériences antérieures^, où quelques grains de cette substance avaient suffi pour faire périr les animaux sur lesquels j'opérais, les chiens. 206 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences » A ccttc expérience , on peut objecter que la cir- M. Séc^aïas culatîon étant interrompue dans l'anse intesti- l'abw tion. i^^lc , l'absoiption a pu y être suspendue par le défaut seul de l'excitation sanguine ; et qu'en con- séquence le non-empoisonnement , en ce cas , ne prouve pas la non-absorption , dans l'état naturel , par les vaisseaux chylifères. » Sans m'arrêter ici à examiner rinfluence de la circulation sur l'absorption , influence qu'on ne peut du reste apprécier au juste sans déterminer antérieurement quels sont les véritables agents de l'absorption, je me bornerai à faire observer que les partisans de l'absorption par les vaisseaux lym- phatiques citent plusieurs expériences analogues , faites par Hunter, et dans lesquelles ce physiolo- giste dit avoir reconnu, après l'isolement de l'anse intestinale et la ligature des artères et des veines , le passage, dans les vaisseaux chylifères, d'une certaine quantité de lait , d'eau tiède , d'eau mus- quée , de dissolution d'empois coloré , etc. ; et que si mon expérience est rejetée à cause de la mort présumée de l'anse intestinale, les expériences semblables de Hunter doivent l'être aussi par la ' même raison. D'ailleurs ces expériences, qui parais- sent être les plus favorables de toutes à l'absorption par les vaisseaux lymphatiques, sont susceptibles chacune d'objection particulière : on peut dire, par exemple , que le fluide blanc que Hunter a DE PII V siOL o(;ii-:. 1^0-7 vu dans les vnisseaux chylifères un quart d'heure Expériences après avoir mis du lait dans l'anse intestinale , n'é- m. Ségaïas sur tait que du chyle, préparé avec ce lait, ou du nnu- l'absorpiion. eus intestinal , déposé antérieurement dans les radicules chylifères , dans l'espèce de tissu spon- gieux que constitue leur ensemble; on peut dire que les vaisseaux chylifères vides présentant , à cause de leur transparence , une couleur variable , selon celle des corps que l'on voit au travers , Hunter a pu s'en laisser imposer , et croire gratui- tement à la présence , dans ces vaisseaux , de l'eau tiède , de l'eau colorée , etc. ))2^ Expérience. Pour éviter l'objection, assez fondée, de la mort de l'anse intestinale , j'ai , sur un second chien , pris une autre intestinale , que j'ai de même isolée du reste du tube digestif et du système circulatoire , en laissant seulement une grosse artère pour y porter le sang. Le résultat a été le même que dans le cas précédent ; il n'y a pas eu d'empoisonnement. » Mais encore ici on peut objecter que la stase du sang veineux dans l'anse d'intestin a pu donner lieu à une sorte d'asphyxie locale qui , relative- ment à l'absorption , équivaut peut-être à la mort réelle ; et qu'il n'est pas étonnant que cette absorp- tion n'ait pas eu lieu. ' i>y7f Expérience. Pour répondre à cette nouvelle objection , j'ai , sur un troisième chien , pris une i!08 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE * Expériences iiouvclle ansc intestinale , que j'ai disposée comme M. Ségaïas la précédente , avec cette différence, que j'ai isolé Pabsorption ^^ vcinc Correspondante à l'artère conservée, et que je l'ai maintenue au-dehors , après l'avoir dé- tachée du mésentère avec les précautions conve- nables. Par cette veine , j'ai donné issue à l'excé- dant du sang veineux, et cependant le poison porté dans l'anse intestinale n'a pas agi. »0n pouvait soupçonner que quelque circon- stance accidentelle ou individuelle s'était opposée à l'absorption ; j'ai , pour éloigner cette idée, fait une dernière épreuve. ))4^ Expérience. Après avoir vainement essayé d'empoisonner un chien , comme dans le cas pré- cédent, et avoir attendu pendant une heure en- tière , j'ai rétabli la circulation naturelle en dé- liant une veine , et l'empoisonnement a eu lieu au bout de six minutes. » Ces résultats , qui d'ailleurs écartent l'objection que l'on prétendait tirer contre votre expérience de l'anse intestinale (i) , des anastomoses entre les radicules veineuses et lymphatiques , me sem- blent annoncer que l'absorption intestinale est opé- rée exclusivement par les veines^ du moins sur la substance que j'ai employée. » Ces expériences ont toutes été répétées devant "* (i) Ces recherches m'ont été adressées, sous forme de lettre , dans mon Journal de physiologie , tom. II. DE PHYSIOLOGIE. 209 moi; je les ai fait varier de diverses manières, et les résultats ont toujours été les mêmes. Réunies à celles que j'ai rapportées plus haut , elles me semblent suffire pour établir positivement que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas les seuls agents de l'absorption intestinale , et qu'elles doivent rendre au moins douteux que l'absorption de ces vaisseaux s'exerce sur d'autres substances que le chyle (i). C'est plutôt par analogie que sur des faits posi- tifs que l'on a admis l'absorption lymphatique dans les surfaces muqueuses génito-urinaires et pulmonaires , dans les membranes séreuses et sy- noviales, dans le tissu cellulaire, à la surface de la peau et dans le tissu des organes. Toutefois nous allons examiner le petit nombre de preuves sur lesquelles les auteurs se sont appuyés. Les vaisseaux lymphatiques du canal intestinal ^^^^^ ^^^^ sont les seuls organes de l'absorption qui s'y iy^^pj^atique opère ; donc les vaisseaux lymphatiques du reste membranes A ... muqueuses. du corps 5 qui présentent une disposition sem- blable ou très analogue aux chylifères , doivent jouir de la même faculté ; tel est le raisonnement des partisans de l'absorption par les lymphatiques; (1) Ces diverses expériences viennent d'être récemment répétées et variées par MM. ïiedmann et Gmélin , avec des résultats tout- à-fait identiques, 2. 14 210 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et comme il est connu que toutes les surfaces extérieures et intérieures de l'économie absor- bent , on en a conclu que les vaisseaux lympha- tiques étaient partout les instruments de l'ab- sorption. Si la faculté absorbante des lymphatiques du canal intestinal était bien démontrée pour d'autres substances que le chyle, ce raisonnement aurait en effet beaucoup de force ; mais , comme on a vu tout à l'heure que rien n'est moins certain , nous ne pouvons l'admettre, et nous sommes obligés de recourir aux autres faits ou aux expériences qui, à ce qu'on croit généralement, démontrent l'absorption lymphatique. Absorption Sur dcs auimaux morts à la suite d'hémorrhagie ^^^des^^'^ pulmonaire ou abdominale, Mascagni a trouvé les lymphatiques des poumons et du péritoine rem- plis de sang ; il en a conclu que ces vaisseaux avaient absorbé le fluide qui les remplissait : mais j'ai souvent rencontré, soit sur des animaux, soit chez l'homme , des lymphatiques distendus par du sang , dans des cas où il n'y avait aucun épanche- ment de ce fluide ; et d'ailleurs, dans certains cas, il y a si peu de différence entre la lymphe et le sang, qu'il serait difficile de les distinguer. Ainsi le fait de Mascagni est peu important pour la question. J, Hunter, après avoir injecté de l'eau colorée membranes séreuses séreuses. DE PHYSIOLOGIE. 21 1 par de l'indigo dans le péritoine d'un animal , dit avoir vu les lymphatiques, peu de temps ensuite, remplis d'un liquide de couleur bleue (i) ; mais ce fait a été démenti par les expériences de Flandrin sur les chevaux. Cet auteur a injecté dans la plèvre et dans le péritoine, non seulement une dissolu- tion d'indigo dans de l'eau, mais d'autres liqueurs colorées, et jamais il ne les a vues passerdansles lymphatiques, quoique les unes et les autres aient été promptement absorbées. Nous avons , M. Dupuytren et moi, fait plus de Expériences cent cinquante expériences, dans lesquelles nous l'absorption avons soumis à l'absorption des membranes se- membranes reuses un grand nombre de fluides différents, et jamais nous ne les avons vus s'introduire dans les vaisseaux lymphatiques. Les substances qu'on introduit ainsi dans les cavités séreuses produisent des effets très prompts, à raison de la rapidité avec laquelle elles sont absorbées. L'opium assoupit, le vin produit l'i- vresse, etc. Je me suis assuré, par plusieurs expé- riences , que la ligature du canal thoracique ne (i) M. Herbert Mayo, qui publie un ouvrage périodique fort intéressant sur l'anatomie et la physiologie, a trouvé récemment la cause de l'illusion de Hunter. Dans l'état or- "dinaire, et sans qu'un animal ait pris d'indigo, les lympha- tiques chylifères prennent une teinte bleuâtre peu de temps après la mort« i4. 212 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE diminue en rien la promptitude avec laquelle ces effets se manifestent. Il est donc très douteux que les vaisseaux lym- phatiques soient les organes qui absorbent dans les cavités séreuses. Ajoutons que l'arachnoïde, la membrane de l'humeur aqueuse, l'hyaloïde, dont la disposition et la structure sont très analogues à celles des membranes séreuses, et dans lesquelles on n'a jamais aperçu aucun vaisseau lymphatique, jouissent d'une faculté absorbante tout aussi ac- tive que celle des autres membranes du même genre. Absorption Quaiid OU applique une ligature fortement ^^utissu serrée sur un membre, la partie de celui-ci la cellulaire. , 'i • ' j n a. i ' «a ' plus éloignée du cœur se gonile , et la sérosité s'accumule dans le tissu cellulaire. Il arrive un phénomène analogue après certaines opérations du cancer de la mamelle , où l'on a été obligé d'emporter toutes les glandes lymphatiques de l'aisselle. On a expliqué ce phénomène en disant que la ligature ou l'ablation des glandes de l'ais- selle s'oppose à la circulation de la lymphe , et surtout à son absorption dans le tissu cellulaire. Voyons jusqu'à quel point cette explication est satisfaisante. D'abord , la lymphe est un fluide très différent de la sérosité cellulaire ; ensuite , l'accumulation de cette sérosité ne peut-elle pas dépendre d'autres causes que de l'empêchement DE PHYSIOLOGIE. 2l5 de l'action absorbante des lymphatiques , de la gêne de la circulation ou du cours du sang vei- neux, par exemple? En outre, la soustraction des glandes de l'aisselle ne produit pas constamment l'effet dont nous venons de parler, et l'on voit fréquemment des engorgements squirrheux , et même des désorganisations complètes de glandes de l'aisselle ou de l'aine , qui ne sont accompa- gnées d'aucun œdème (i). On donne des preuves plus nombreuses de l'ab- Absorption • 114.- ^ 1 lymphatique sorption des vaisseaux lymphatiques a la peau. de la peau. Une personne se pique le doigt en disséquant un cadavre putréfié; deux ou trois jours après, la piqûre s'enflamme , les glandes de l'aisselle cor- respondante se gonflent et deviennent doulou- reuses. Dans quelques circonstances assez rares , ces effets sont accompagnés d'une rougeur vive et d'une petite douleur dans tout le trajet des troncs lymphatiques du bras. On dit alors que la matière animale putréfiée a été absorbée par les lympha- tiques du doigt , qu'elle est transportée par eux jusqu'aux glandes de l'aisselle, et que son passage a été partout marqué par l'irritation et l'inflamma- tion des parties qu'elle a traversées. Il est certain que cette explication a pour elle objections . . I . . .1 . aux preuves toutes les apparences , et je ne prétends pas nier de (i) Nous verrons tout à l'heure que. l'œdème des membres dépend de roblitération totale ou partielle des veines. 2l4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ^absorption qu'cllc HC soit boDiie ; je veux croire même qu'un ^d™kpea^.r jour Texactitude en sera reconnue : mais quand on réfléchit qu'elle est en ce moment l'une des bases de la thérapeutique , et que souvent elle décide de l'emploi de médicaments énergiques , je pense qu'on ne saurait porter trop loin le doute à son égard. Je ferai donc sur cette exphcation les Objections réflcxious suivantes : Dans un grand nombre de eux ^r^euves ^^^ ^^^ ^^ piquc avcc uu scalpcl imprégné de ma- lympha?^^^^^^ tièrc putréfiéc , sans qu'il en résuUe aucun acci- de la peau. ^^^^^^ lj ^rrivc fréquemment qu'une piqûre faite avec une aiguille parfaitement nette produit exac- tement les phénomènes décrits ; un coup qui a légèrement contus l'extrémité du doigt amène quelquefois des effets semblables. La simple im- pression du froid aux pieds détermine souvent le gonflement des glandes de l'aine, et la rougeur des lymphatiques de la partie interne de la jambe et de la cuisse; il en est de même d'une chaussure trop étroite. On peut ajouter encore qu'il est fré- quent de voir les veines s'enflammer à la suite des piqûres . et même concurremment avec les lym- phatiques.' J'en ai vu un exemple frappant et bien malheureux sur le cadavre du professeur Leclerc. Cet estimable savant mourut des suites de l'ab- sorption de miasmes putrides , qui se fit par une petite écorchure qu'il avait à l'un des doigts de la main droite. Les lymphatiques et les glandes de DE PHYSIOLOGIE. 2x5 l'aisselle étaient enllanimés ; ces glandes avaient une couleur brunâtre , évidemment maladive ; mais la membrane interne des veines du bras droit présentait des traces non équivoques d'inflamma- tion 5 et les glandes lymphatiques de tout le corps offraient la même altération que celles de l'aisselle droite. On rapporte encore comme preuve de Tabsorp- Absorption tion lymphatique plusieurs faits de pathologie. ^^j"eî^peau.^ Après un coït impur, il se développe un ulcère sur le gland , et , quelques jours plus tard , les glandes de l'aine s'engorgent et deviennent dou- loureuses 5 ou bien ces mêmes glandes s'enflam- ment sans qu'il y ait eu précédemment d'ulcéra- tion sur la verge. Ce gonflement arrive fréquem- ment dans les premiers jours d'un écoulement blennorrhagique. On attribue, dans ces différents cas 5 l'engorgement des glandes à l'absorption du virus vénérien , qui a été pris , dit-on , par les ori- fices lymphatiques et transporté jusqu'aux glandes. De même , parceque des glandes de l'aine engor- gées reviennent quelquefois à leur état naturel après des frictions mercurielles sur la partie in- terne delà cuisse correspondante, on a conclu, que le mercure est absorbé par les lymphatiques de la peau, et qu'il va traverser les glandes de l'aine. Ces différents faits sont , il est vrai , de nature à faire soupçonner l'absorption par les vais- 2l6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Absorption seaux Ijmphatiques , mais ils ne la démontrent lymphatique . . t^,, . • ' n delà peau. Certainement pas. hlJe ne sera jamais réellement démontrée que lorsqu'on aura trouvé dans ces vaisseaux la substance qu'on supposera avoir été absorbée ; et comme on n'a jamais vu, dans les cas cités , ni le pus des ulcères vénériens et des blen- norrhagies , ni le mercure dans les vaisseaux lym- phatiques , il est clair qu'ils ne donnent pas une preuve démonstrative de l'absorption lymphatique. Il y a plus , quand même on rencontrerait, parla suite s soit du pus , soit de l'onguent mercuriel , ou toute autre substance administrée en friction, dans les vaisseaux dont nous parlons , il faudrait encore s'assurer si elles y ont pénétré parla voie de l'absorption. Nous verrons plus bas avec quelle fa- cilité les substances mêlées au sang passent dans le système lymphatique. Mascagni cite une expérience qu'il lit sur lui- même et qui lui paraît des plus concluantes ; \e la traduis textuellement. « Ayant conservé pendant quelques heures mes pieds plongés dans l'eau , j'ai observé sur moi-même un gonflement un peu douloureux des glandes inguinales et de la trans- sudation d'un fluide à travers le gland. Je fus saisi ensuite d'une fluxion de la tête ; un fluide acre et salé s'écoula de mes narines. Voici comment j'ex- plique ces phénomènes : lorsqu'une quantité ex- traordinaire de fluide remplissait les lymphatiques DE PHYSIOLOGIE. 21'] des pieds , et que les glandes inguinales en étaient Absorption gonflées, les lymphatiques du penis s en ciiar- j,,!;, juau. geaient plus difficilement. Les vaisseaux sanguins continuaient à séparer la même quantité de fluide ; mais les vaisseaux lymphatiques ne pouvaient pas l'emporter en entier, car le mouvement de leur propre fluide était retardé : c'est pourquoi le reste du fluide sécrété transsudait à travers le gland. De même , par l'absorption abondante des lymphatiques des pieds, le canal thoracique se trouvait distendu avec une grande force , les lymphatiques de la pituitaire ne pouvaient plus absorber librement les fluides déposés sur la sur- face ; et de là coryza. » Cette expérience apprend que Mascagni eut les glandes de l'aine gonflées après avoir laissé quelque temps ses pieds dans l'eau : l'explication qui la suit est tout-à-fait hypo- thétique. C'est encore l'induction seule qui a fait admet- tre l'absorption par les vaisseaux lymphatiques dans la profondeur des organes : aucune expé- rience ne vient à l'appui ; et les faits que l'on donne comme preuve , tels que les métastases , la résolution des tumeurs, la diminution de volume des organes , etc. , établissent bien qu'il y a une absorption intérieure , mais ils ne prouvent nulle- ment que les vaisseaux lymphatiques l'exécutent. Je dois enfin citer un fait qui , à mon avis , est obseivatioB 2l8 PRÉCIS ÉLÉ3IENTAIRE relative à bcaucouD plus favorablc à la doctrine de l'absorp- l'absorption , . , lymphatique, tioii par les vaisseaux lymphatiques qu'aucun de ceux que j'ai rapportés jusqu'ici : on le doit à M. Dupuytren. Une femme qui portait une tumeur énorme à la partie supérieure interne de la cuisse , avec fluc- tuation , mourut à l'Hôtel-Dieu en 1810. Peu de jours avant sa mort, une inflammation s'était mon- trée dans le tissu cellulaire sous-cutané, à la partie interne de la tumeur. Le lendemain , M. Dupuytren fit l'ouverture du cadavre. A peine eut-il divisé la peau qui revêtait la tumeur, qu'il vit se former des points blancs sur les lèvres de l'incision. Surpris de ce phénomène , il dissèque avec soin la peau dans une certaine étendue , et voit le tissu cellulaire sous-cutané parcouru par des lignes blanchâtres , dont quelques unes étaient grosses comme des plumes de corbeau. C'étaient évidemment des vaisseaux lymphatiques remplis par une matière puriforme. Les glandes de l'aine auxquelles ces vaisseaux allaient se rendre étaient injectées de la même matière ; les lymphatiques étaient pleins du même liquide , jusqu'aux glandes lombaires ; mais ni ces glandes , ni le canal thoracique , n'en présentaient aucune trace. îiûHesione.. Il s'agit maintenant de savoir si l'on peut con- clure de ce fait que les lymphatiques ont absorbé DE PHYSIOLOGIE. 219 le fluide qui les remplissait : cela est probable ; mais, pour le rendre évident, il aurait fallu que l'identité du fluide que contenaient les lympha- tiques et du pus qui remplissait le tissu cellu- laire eût été constatée : or on s'en est tenu à l'apparence. M. Cruyeilhier, qui rapporte ce fait , s'exprime ainsi : « J'ai dit que le liquide était du pus ; il en avait l'opacité , la couleur blanche , la consistance. » Or, dans de semblables circonstances, la simple apparence est si trompeuse , qu'on risque beaucoup à s'en contenter. N'a-t-onpas , en suivant cette méthode , confondu long-temps deux liquides très différents , le lait et le chyle, par la seule raison qu'ils avaient tous deux une même apparence? D'ail- leurs , s'est-on assuré si le pus ne provenait pas des lymphatiques eux-mêmes, qui auraient été enflan:i- més, car c'est ce qui arrive quelquefois aux veines ? Dans beaucoup de circonstances analogues au cas que je viens de citer, c'est-à-dire à la suite d'inflammation érysipélateuse avec suppuration du tissu cellulaire des membres , je n'ai aperçu aucune trace de matière purulente da^s les vaisseaux lym- phatiques ; et d'ailleurs il n'est pas rare que l'on trouve , dans les cas de ce genre , les veines qui nais- sent de la partie malade remplies d'une matière très analogue au pus (i). (1) Dans un cas récemment observé à FHôtel-Dieu de Paris, on a trouvé, à la suite d'une fracture compliquée 220 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE En nous résumant sur la faculté absorbante des lymphatiques , nous pensons qu'il n'est pas im- possible qu'elle existe, mais qu'elle est loin d'être démontrée ; et, comme nous avons un grand nom- bre de faits qui nous paraissent établir d'une ma- nière positive l'absorption par les radicules vei- neuses , nous renvoyons l'histoire des différentes absorptions à l'époque où nous traiterons du cours du sang veineux. Les connaissances acquises aujourd'hui sur l'im- bibition des tissus vivants nous permettent d'ajou- ter une considération nouvelle et importante à celles qui viennent d'être présentées, et qui se trouvent en grande partie dans la première édition de cet ou- vrage. Nul doute qu'une substance solide ou liquide, susceptible d'être absorbée , ne puisse s'imbiber dans les parois des vaisseaux lymphatiques , et arriver , par une action purement physique , à l'intérieur de ces vaisseaux; mais l'absorption ne se compose pas uniquement d'un pareil phéno- mène , il faut encore que la substance qui a pé- nétré dans la cavité des vaisseaux soit transportée dans le torrent de la circulation : or, le plus sou- vent les lymphatiques sont vides , ils n'offrent aucun courant qui puisse entraîner les matières d'abcès considérable , du pus dans les veines et dans les vais- seaux lymphatiques qui naissaient du lieu malade. DE l'II YSIOLOGIE. 221 i'IîïlUC qu'ils pourraient absorber. Ce défaut de eourant pourrait seul s'opposer à ce qu'on regardât le sys- tème lymphatique comme le système absorbant. Revenons maintenant à l'origine de la lymphe , o 1 . -, 1 • 1 • , prol)ablo de admise par les pliysioJogistes. la lymphe. Si 5 d'un côté, les fluides qu'on suppose absorbés par les vaisseaux lymphatiques s'éloignent de la lymphe par leurs propriétés physiques et chimi- ques ; si, d'un autre côté, la faculté absorbante des vaisseaux lymphatiques est un phénomène dont l'existence est fort douteuse, que penser de l'o- pinion reçue touchant l'origine de la lymphe ? N'est-il pas évident qu'elle a été bien légèrement admise , qu'elle réunit en sa faveur bien peu de probabilité ? D'où vient donc le fluide qu'on rencontre dans les vaisseaux lymphatiques Pou, en d'autres termes, quelle est l'origine , sinon véritable , du moins la plus probable , de la lymphe ? En considérant, i" la nature de la lymphe, qui Absorption a la plus grande analogie avec le sang , 2° la com- j^ lyfnphc munication que l'anatomie démontre entre la terminaison des artères et les radicules des lym- phatiques , 3° la facilité et la promptitude avec laquelle les substances colorantes ou salines s'in- troduisent dans les vaisseaux de la lymphe (1) , il (1) J'ai constaté ce fait par des expériences directes dont je rendrai compte plus bas. v 222 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE devient, selon moi. très probable que la lymphe est une partie du sang , qui , au lieu de revenir au cœur par les veines , suit la route des vaisseaux lymphatiques. Cette idée n'est pas entièrement neuve ; elle se rapproche beaucoup de celle des anatomistes qui les premiers découvrirent les vais- seaux lymphatiques , et qui pensaient que ces vais- seaux étaient destinés à rapporter au cœur une partie du sérum du sang. Cette idée prend une probabilité plus forte quand on sait que la pléthore artificielle du système san- guin augmente beaucoup la quantité de lymphe que contient le système lymphatique. ( Voyez les considérations générales sur la circulation du sang.) Cette discussion sur l'origine de la lymphe a pu paraître un peu longue ; mais elle était in- dispensable pour faire éviter les opinions fausses sur l'absorption de ce fluide. Il est clair qu'il faut s'en former une idée tout autre que celle qui se trouve consignée dans les Ouvrages de physiologie , et se borner à la consi- dérer comme l'introduction de la lymphe dans les radicules lymphatiques. Mais quelle obscurité en- vironne ce phénomène ! On ignore sa cause , son mécanisme , la disposition des instruments qui l'exécutent, et jusqu'aux circonstances dans les- quelles il a lieu. En effet , comme nous le dirons tout à l'heure , il paraît que c'est seulement dans DE PHYSIOLOGCE. 29.5 des cas particuliers que les lymphatiques contien- nent de la lymphe. Cette obscurité n'a rien qui doive nous sur- prendre ; nous avons déjà vu et nous aurons encore plus d'une fois l'occasion de voir qu'elle règne sur tous les phénomènes de la vie auxquels on ne peut appliquer les lois de la physique , de la chi- mie ou delà mécanique, par conséquent sur tous ceux qui se rapportent aux actions vitales et à la nutrition. Cours de la lymphe. Nous n'avons que peu de mots à dire sur le Cours de X . la lymphe. cours de la lymphe ; les auteurs en font a peine mention, encore est-ce d une manière très vague , et nos observations sur ce sujet sont loin d'avoir été assez multipliées. Ce serait un sujet de recherches bien intéressant et tout-à-fait neuf. D'après la disposition générale de l'appareil lymphatique , la terminaison du canal thoracique et des troncs cervicaux aux veines sous-clavières, la forme et l'arrangement des valvules , on ne peut douter que la lymphe ne coule des diverses parties du corps d'où naissent les lymphatiques , vers le système veineux; mais les phénomènes particuliers de ce mouvement , ses causes , ses variations , etc. , n'ont point été jusqu'ici étudiés. 2^4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Voici le peu de remarques que j'ai été à même de faire à cet égard. Observations A. Sur l'iiomme et les animaux vivants , il est \e ccmrs de ^^'^^ rarc quc les lymphatiques des membres , de la lymphe, i^^^^g ç^ du COU coiitienneiit de la lymphe; seu- lement leur surface intérieure paraît lubrifiée par un fluide très ténu. Dans certains cas , cependant , la lymphe s'arrête dans un ou plusieurs de ces vaisseaux, les distend, et leur donne un aspect fort analogue aux veines variqueuses , à l'exception de la couleur. M. Sœmmering en a vu plusieurs dans ^ cet état sur le dos du pied d'une femme , et j'ai eu occasion d'en observer un autour de la couronne du gland. On trouve plus fréquemment sur des chiens , des chats, et autres animaux vivants, des vaisseaux^ lymphatiques pleins de lymphe , à la surface du foie, de la vésicule du fiel, de la veine cave du tronc , de la veine porte , dans le bassin et sur les côtés de la colonne vertébrale. Les troncs cervicaux sont aussi assez souvent remplis de lymphe ; cependant il est loin d'être rare qu'on les en trouve entièrement privés. Quant au canal thoracique , je ne l'ai jamais rencontré vide , même quand les vaisseaux lymphatiques du reste du corps étaient dans l'état de vacuité le plus par- fait. B. Pourquoi ces variétés dans la présence de la 13 E PHYSIOLOGIE. 22f6 lymphe dans les vaisseaux lymphatiques ? pourquoi ceux de l'abdomen en contiennent-ils plus souvent que les autres ? et pourquoi le canal thoracique en contient-il constamment? Je crois impossible de répondre maintenant à aucune de ces questions. Le seul fait que je crois avoir observé , mais que je ne voudrais pas garantir , c'est que la lymphe se trouve plus fréquemment dans les troncs lym- phatiques du cou quand les animaux sont depuis long-temps privés de toute espèce d'aliments et de boissons. C. A mesure que l'abstinence se prolonge chez observations un chien , la lymphe devient de plus en plus le cmirs de rouge. J'en ai vu qui avait presque la couleur du ^^^y^P'^^- sang sur des chiens qui avaient jeûné huit jours. Il m'a paru aussi que dans ces cas sa quantité est plus considérable, D, La lymphe paraît marcher lentement dans ses vaisseaux. Si l'on en pique un sur l'homme vivant ( je n'ai eu l'occasion de le faire qu'une seule fois), la lymphe ne s'écoule que lentement et sans former de jet. M. Sœmmering avait déjà fait une observation semblable. Quand les troncs lymphatiques du cou sont rem- observations plis de lymphe , on peut aisément les isoler dans le couTs de une étendue de plus d'un pouce. On peut observer ^^^^""p^^- alors que le liquide qui les remplit n'y coule que très doucement. Si on les comprime de manière à 2. i5 226 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE faire passer la lymphe qui les distend dans la veine sous-clavière , il faut quelquefois plus d'une demi- heure avant qu'ils se remplissent de nouveau , et souvent ils restent vides. E. Toutefois les vaisseaux lymphatiques ont la propriété de revenir sur eux-mêmes par l'effet de l'élasticité de leurs parois ; ils se vident souvent d'eux-mêmes quand ils sont exposés à l'air. Il est probable que c'est parcequ'ils se sont contractés qu'on les trouve presque toujours vides, sans en excepter le canal thoracique , sur les animaux récemment morts. Cette faculté est sans doute l'une des causes qui déterminent la lymphe à s'in- troduire dans le système veineux. La pression que les lymphatiques supportent par l'effet de la con- tractilité du tissu de la peau et des autres organes, de la contraction musculaire , du battement des artères , etc. , doit être pour quelque chose dans le cours de la lymphe. Cela paraît évident pour les lymphatiques contenus dans la cavité abdo- minale. Usage des F. On igiiore complètement l'usage des glandes fflâDQ.cs Ivm- phatiques. lymphatiques , et c'est peut-être pourquoi elles ont été l'objet de beaucoup d'hypothèses. Mal- pighi les regardait comme autant de petits cœurs qui donnaient à la lymphe son mouvement pro- gressif ; d'autres auteurs ont avancé qu'elles ser- vaient à affermir les divisions des vaisseaux lym- DE PHYSIOLOGIE. 22^ phatiques , à s'imbiber , comme des éponges ^ des humeurs superflues , a donner aux nerfs un suc nourrissant, à fournir la gr(f,isse ^ etc. ; en- fin , chacun a donné un libre essor à son ima- gination (i). Nous n'en dirons pas davantage sur le cours de la lymphe ; on voit combien il reste à faire pour éclaircir ce phénomène, et en général pour con- naître tous ceux qui se rapportent aux fonctions du système lymphatique et à son utilité dans l'écono- mie animale. Si nos connaissances positives sur ce sujet sont aussi bornées , quelle confiance peut-on accorder aux théories médicales dans lesquelles on parle de ïépaississement de la lymphe , de Yobstruction^ de Vembarras des glandes lymphatiques , du défaut d'action des bouches absorbantes lymphatiques , lequel donne lieu aux hydropisies , etc. ? et com- ment se décider à administrer des remèdes quel- quefois violents d'après des idées de ce genre ? Les changements de structure et de volume qui arrivent aux glandes lymphatiques par les progrès de l'âge, doivent faire présumer que l'action du sys- (i ) J'omets à dessein de parler du moui^ement rétrograde des fluides dans les vaisseaux lymphatiques; ce qu'ont dit Darwin et autres sur ce sujet paraît imaginaire. Il ne peut y avoir de mouvement rétrograde que par l'effet des anasto- moses , et alors ce mouvement n'a rien que de très simple. i5- 22S PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tème lymphatique éprouye des modifications aux différentes époques de la vie ; mais rien de positif n'est connu sous ce rapport. COURS DU SANG VEINEUX. Transporter le sang veineux de toutes les par- ties du corps aux poumons , tel est le but de la fonction que nous allons étudier. En outre , les organes qui l'exécutent sont en même temps les agents principaux de l'absorption qui s'exerce , soit à l'extérieur , soit à l'intérieur du corps ( l'absorption du chyle , de la lymphe , et celle qui se fait à la surface muqueuse du poumon exceptées ). Du sang veineux. On donne ce nom au liquide qui est contenu dans les veines, le côté droit du cœur et l'ar- tère pulmonaire, organes qui, par leur réunion, forment l'appareil propre au cours du sang vei- neux. Pro riétés ^^ liquide est d'une couleur rouge brun, assez physiques du forcée pour qu'oii lui ait appliqué l'épithète in- veineux, exactc de sang noir : dans quelques cas, sa cou- leur est moins foncée , et même peut-être écar- late. Son odeur est fade, et sut generis; sa sa- veur est aussi particulière : cependant on recon- naît qu'il contient des sels, et principalement le DE riIYSIOLOGII". 229 rauriate de soude. Sa pesanteur spécifique est un peu plus grande que celle de l'eau. Haller Ta trouvée, terme moyen, :: 1,0527 : 1,0000. Sa capacité , pour le calorique , peut être exprimée par 934? celle du sang artériel étant 921. Sa tempé- rature moyenne est de 5i degrés de Réaumur. Vu au microscope dans le moment où il se meut dans les vaisseaux , le sang veineux présente un nombre infini de petits globules , dont les dimen- sions , la forme et la structure ont été examinés avec soin par MM. Prévôt et Dumas. [Voyez sang artériel. ) Le sang veineux, extrait des vaisseaux qui lui coagulation sont propres, et abandonné à lui-même, forme, veineul. au bout de quelques instants , une masse molle. Peu à peu cette masse se sépare spontanément en deux parties : l'une liquide, jaunâtre, transpa- rente, appelée sérum; l'autre molle, presque so- lide, d'un brun rougeâtre foncé, entièrement opaque ; c'est le cruor vènni au caillot. Celui-ci oc- cupe le fond du vase, le sérum est placé au-des- sus. Quelquefois il se forme à la superficie du sérum une couche mince, molle, rougeâtre, à laquelle on a donné fort improprement le nom de couenne ou croûte du sang. Dans l'instant où il se coagule , le sang laisse dégager quelques petites bulles de gaz qui , pour arriver à la superficie, se creusent un petit canal veineux. 23o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE à travers le caillot. Ce phénomène est beaucoup plus apparent dans le vidé. Cette séparation spontanée des éléments du sang n'a lieu promptement qu'autant qu'il est en repos. Si on l'agite , il reste liquide , et conserve beaucoup plus long-temps son homogénéité. Propriétés Mîs cu coutact avcc Ic gaz oxigène ou l'air chimiques du i r . i • i • sang atmosphérique , le sang veineux prend une teinte rouge vermeille; avec l'ammoniaque , il devient rouge cerise ; avec l'azote , rouge brun , plus foncé, etc. (i) : en changeant de couleur, il ab~ sorbe une quantité assez considérable de ces diffé- rents gaz ; conservé quelque temps sous une cloche placée sur le mercure, il exhale une assez grande quantité d'acide carbonique. M. Vogel vient tout récemment de faire de nouvelles recherches à ce sujet (2). Le sérum est un liquide transparent , légèrement jaunâtre, ce qu'il doit à une matière colorante ; son odeur et sa saveur rappellent l'odeur et la sa- veur du sang , son alcalinité est très prononcée. A 70° il se prend en masse comme l'albumine; il forme , en se coagulant, de nombreuses cellules qui contiennent une matière très analogue au mu- (1) Voyez, pour les changements de couleur que subit le sang veineux avec les autres gaz, le tome III de la Chimie de M. Thenard, page 5i5. (2) Annales de Chimie , année î8i6. DE PHYSIOLOGIE. sSl eus. Il conserve encore sa propriété de se coagu- ler en une seule masse , bien qu'il soit étendu d'une grande quantité d'eau. D'après M. Brande, le sériim serait de l'albumine liquide presque pure unie à la soude , qui la maintiendrait liquide. Par suite tout réactif qui enlèverait la soude au sérum produirait sa coagulation , et par l'action de la chaleur la soude transformerait une partie de l'al- bumine en mucus. L'action de la pile galvanique coagulq le sérum et y développe des globules qui ont beaucoup d'analogie avec ceux du sang. D'après M. Berzelius, looo parties de sérum de Compositioa ... du sérum. sang numam contiennent : Eau. . 903,0 Albumine 80,0 c, , , / Lactate de soude et matière \ bubstances so- \ J , , , 1 j ; extractive 4 I lubies aans< l 10,0 ,, , , j Muriate de soude et de po- / ' tasse 6 J Substances so- ( Soude et matière animale, j lubies dansx phosphate de soude. . . 4 / 7>o l'eau. (Perte . 3 ) Total. ....... 1000,0 Quelquefois le sérum présente une teinte blan- châtre, comme laiteuse, ce quia pu faire croire qu'il contenait du chyle : la matière qui lui donne cette apparence paraît être de la graisse (1). (1) Le docteur Hewart Traill a analysé le sérum du sang 2^2 PRÉCIS ELEMENTAIRE Composition Le caillot-,di3 sang est essentiellement formé de du^caiUot. fibrine et de matière colorante. Séparée de la matière colorante, la fibrine est solide, blanchâtre, insipide, inodore, plus pe- sante que l'eau, sans action surjes couleurs végé- tales; élastique quand elle est humide, elle devient cassante par la dessiccation. Elle fournit, à la distillation , beaucoup de car- bonate d'ammoniaque, etc. ,- et un charbon très volumineux, dont la cendre contient une grande quantité de phosphate de chaux , un peu de phos- phate de magnésie , de carbonate de chaux et de carbonate de soude. Cent parties de fibrine sont composées de Carbone. 53,56o Oxigène 19,685 Hydrogène 7,021 Azote » . . . . 195954 Total 100,000 Matière. La matière colorante est soluble dans l'eau et d'un individu qui ayait une hépatite aiguë , il a trouvé , sur cent grains de ce sérum , Eau ;'8,9 AlbuDfiine. lô^y Huile. . . 4?^ Sels. . 0,9 Ces sels étaient 9,7 de muriates et 0,2 de lactates; ce sérum était couleur d'eau de gruau, et ressemblait à une émulsion. DE PHYSIOLOGIE. 235 dans le sérum du san^, desséchée et calcinée colorante du ensuite au contact de l'air, elle se fond, se bour- soufle, brûle avec flamme, et donne un charbon qu'on ne peut réduire en cendre qu'avec une ex- trême difficulté. Ce charbon, pendant sa com- bustion, laisse dégager du gaz ammoniaque, et fournit la centième partie de son poids d'une cen- dre composée d'environ : Oxide de fer. . . . . . . . . • 55,0 Phosphate de chaux et trace de phosphate de magnésie 8,5 Chaux pure 17, 5 Acide carbonique 19? 5 Il est important de remarquer que dans au- cune des parties du sang on ne trouve de gélatine ni de phosphate de fer, comme on l'avait cru d'abord. Les rapports respectifs de quantité du sérum et Composition ^ '^ ^ ^ chimique du caillot , ceux de la matière colorante et de la du sang. fibrine, n'ont point encore été examinés avec tout le soin désirable. D'après ce qu'on verra par la suite , il est à présumer qu'ils sont variables sui- vant une infinité de circonstances. La coa^fulation du sans: a été tour à tour attri- Causes de la '^ ^ coagulation buée à son refroidissement, au contact de l'air, du sang. à l'état de repos, etc. ; mais J. Hunter et Hewson ont démontré, par des expériences, qu'on ne pouvait rapporter ce phénomène à aucune de ces 234 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE causes. Hewson prit du sang frais , et le fit geler en l'exposant à une basse température. Il le fit ensuite dégeler : le sang se montra d'abord fluide, et peu après il se coagula comme à l'ordinaire. J. Hunter a fait une expérience analogue, avec un semblable résultat. Ainsi ce n'est point parce- qu'il se refroidit que le sang se coagule. Il paraît même qu'une température un peu élevée est fa- vorable à sa coagulation. L'expérience a aussi constaté que le sang se prend en masse , privé du contact de l'air et agité ; cependant , en général , le repos et le contact de l'air favorisent sa coagu- lation. Mais , loin de rapporter la coagulation du sang à aucune influence physique, il faut au contraire la considérer comme essentiellement vitale , c'est- à-dire comme donnant une preuve démonstra- tive que le sang est doué de la vie. Nous verrons bientôt de quelle importance est, dans plusieurs phénomènes de nutrition, la propriété qu'ont le sang et d'autres liquides de se coaguler. Phénomènes Pour prendre une idée plus précise de la coagu- coaguiation lation du saug veineux, j'ai placé au foyer d'un microscope composé une goutte de ce fluide. Tant qu'il a été liquide , il s'est montré comme une masse rouge ; maïs dès qu'il a commencé à se coaguler, les bords sont devenus transparents et granuleux ; la partie solide , presque opaque , a DE PHYSIOLOGIE. 235 formé un nombre infini de petites mailles ou cel- lules , qui contenaient la partie liquide , beaucoup plus transparente : c'est cette disposition qui donnait au bord de la goutte de sang l'aspect granuleux. Peu à peu les mailles se sont agrandies par la ré- traction des parties solides ; dans plusieurs endroits elles ont disparu entièrement, et il n'est plus resté, entre la^ circonférence extérieure de la goutte de sang et le bord du caillot central, que des arbo- risations tout-à-fait analogues à celles que nous avons décrites dans la lymphe. Leurs divisions communiquaient entre elles à la manière des vais- seaux ou des nervures des feuilles. Ces observations doivent être faites à la lumière diffuse ou artifi- cielle , car la lumière directe du soleil produit un dessèchement sans coagulation. Dans beaucoup de circonstances le sang se coa- gule quoique contenu dans les vaisseaux qui lui sont propres ; mais , en général , ce phénomène appartient à l'état de maladie. Quelques auteurs avaient cru remarquer que le sang en se coag^ulant devenait plus chaud ; mais J. Hunter, et tout récemment M. J. Davy , ont prouvé qu'il n'y avait point élévation de tempéra- ture. A l'époque où l'on s'occupait beaucoup en France Expériences 11. , y . sur la fibrine au galvanisme , on a avance qu en prenant une du sang. portion de caillot récemment formé , et en le sou- ii36 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE mettant à un courant galvanique , on le voyait se contracter à la manière des fibres musculaires : j'ai plusieurs fois essayé de produire cet effet, en sou- mettant des portions de caillot, au moment même de leur formation , à l'action de la pile. Je n'ai jamais rien vu de semblable. J'ai varié ces essais de diverses manières , et je n'ai pas été plus heu- reux.Tout récemment, j'ai répété cette expérience avec M. Biot : le résultat a été le même. L'analj'se du sang veineux , telle que nous ve- nons de l'indiquer , fait connaître les éléments propres de ce liquide ; mais , comme toutes les matières observées dans le canal intestinal, les membranes séreuses, le tissu cellulaire, etc., se mêlent immédiatement au sang veineux , il en ré- sulte que la composition de ce liquide doit varier à raison des matières absorbées. On y trouvera , dans diverses circonstances, de l'alcool , de l'éther, du camphre , des sels qu'il ne contient pas habi- tuellement , etc. , lorsque ces substances auront été soumises à l'absorption dans une partie quelconque du corps. La plus ou moins grande promptitude avec la- quelle le sang se prend en masse , la solidité du caillot, la séparation du sérum, la formation d'une couche albumineuse à sa surface , la température particulière de ce liquide , soit dans les vaisseaux, soit hors des vaisseaux, etc., sont autant de phé- es veines. DK PHYSIOLOGIE. 2J7 nomènes que nous examinerons à l'article du sang artériel. Appareil du cours du sang veineux. Cet appareil se compose , i** des veines; 2** de l'oreillette et du ventricule droits du cœur ; 3" de l'artère pulmonaire. Des veines, La disposition des veines dans le tissu des organes d échappe aux sens. Lorsque l'on commence à les apercevoir, elles se présentent sous la forme d'un nombre infmi de petits canaux , d'une excessive ténuité , communiquant très fréquemment entre eux , et formant une sorte de lacet à mailles très fines ; bientôt les veines augmentent de volume , tout en conservant la disposition réticulaire. Elles arrivent de cette manière à former des vaisseaux , dont la capacité , la forme et la disposition va- rient suivant chaque tissu , et même suivant cha- que organe. Quelques organes paraissent presque entière- Origine „ , , T 1 . 1 <^6s veines. ment tormes par des radicules veineuses : tels sont la rate , les corps caverneux de la verge , le clito- ris , le mamelon , l'iris , l'urètre , le gland , etc. Quand on pousse une injection dans l'une des veines qui sortent de ces divers tissus , ils se rem- plissent entièrement de la matière injectée ; ce qui ^58 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE n'arrive point, ou rarement, quand l'injection est poussée par les artères. L'incision des mêmes par- ties sur l'homme ou sur les animaux vivants en fait sortir un sang qui a toutes les apparences du sang veineux (i). Les racines des veines sont continues avec les ar- tères et les vaisseaux lymphatiques , l'anatomie ne laisse aucun doute à cet égard ; d'autres radicu- les 5 dont la disposition est moins connue, parais- sent ouvertes aux différentes surfaces des mem- branes du tissu cellulaire, et même dans le pa- renchyme des organes. M. Ribes ayant poussé du mercure dans l'une des branches de la veine-porte , a vu les villosités de la membrane muqueuse intestinale se remplir de ce métal , et celui-ci se répandre dans la cavité de l'intestin. En poussant de l'air dans les veines des troncs vers les racines , et en forçant la résis- tance des valvules (ce qui est très facile sur les cadavres qui ont éprouvé un commencement de putréfaction ) , le même anatomiste a toujours vu l'air s'épancher avec la plus grande facilité dans le tissu cellulaire , quoique aucune rupture sensible des parois veineuses n'ait eu lieu. J'ai fait des remar- ques semblables en poussant de l'air ou d'autres (i) La communication du tissu caverneux de la verge avec les veines se fait par des ouvertures de deux ou trois millimètres de diamètre. DE PHYSIOLOGIE. ^7)^ fluides dans les veines du cœur. Ces faits, qui sont postérieurs à mes expériences sur l'absorption des veines , dont je parlerai bientôt, s'accordent parfai- tement avec elles. Les veines du cerveau l'environnent de toutes parts, forment en grande partie la pie -mère, pénètrent dans les ventricules , où elles contri- buent à former les plexus choroïdes et la toile c/ioroïdienne. Celles du testicule représentent un lacis très fin , qui recouvre les vaisseaux spermi- fères ; celles des reins sont courtes et volumi- neuses 5 etc. En abandonnant les organes pour se porter Trajet vers le cœur , les veines affectent encore des dis- positions très différentes. Au cerveau , elles sont logées entre les lames de la dure-mère, protégées par elles , et portent le nom de sinus. Au cordon spermatique , elles sont flexueuses , s'anastomosent . fréquemment et forment le corps pampini forme. Autour du vagin , elles constituent le corps réti- forme. A l'utérus , elles sont très volumineuses et offrent de fréquentes flexuosités. Dans les mem- bres , à la tête et au cou , on peut les distinguer en profondes , qui accompagnent les artères , et en superficielles , qui sont placées immédiatement au- dessous de la peau , au milieu des troncs lympha- tiques qui s'y trouvent. A mesure que les veines s'éloignent des organes s4o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et se rapprochent du cœur , elles diminuent de nombre et augmentent de volume , de telle manière que toutes les veines du corps , qui sont innombra- bles 5 se terminent à l'oreillette droite du cœur par trois troncs , la veine cave inférieure , la supé- rieure , et la veine coronaire. Anastomoses J'ai dit quc Ics pctitcs veines communiquent des veines. ensemble par des anastomoses fréquentes : cette disposition existe aussi dans les grosses veines et dans les troncs veineux. Les troncs superficiels des membres communiquent avec les veines pro- fondes , les veines de l'extérieur de la tête avec celles de l'intérieur, les jugulaires externes avec les internes , la veine cave supérieure avec l'infé- rieure , etc. Ces anastomoses sont avantageuses au cours du sang dans ces vaisseaux. Structure Bcaucoup de veines présentent dans leur cavité Valvules * dcs rcplis de forme parabolique ? nommés valvules. Elles ont deux faces libres et deux bords , dont l'un est adhérent aux parois de la veine, tandis que l'au- tre est flottant : le premier est plus éloigné du cœur , l'autre en est plus rapproché. Le nombre des valvules n'est pas partout le même. En général, elles sont plus multipliées là où le sang marche contre sa propre pesanteur , où les veines sont très extensibles , et n'ont qu'une faible pression à supporter de la part des parties circon- voisines : elles manquent au contraire dans les DE PHYSIOLOGIli. 2l^\ parties où les veines sont exposées à une pression habituelle qui favorise la circulation du sanj^; , et dans celles qui sont contenues dans des canaux non extensibles ; on en trouve rarement dans les veines qui ont moins d'une ligne de diamètre. Tantôt la largeur des valvules est assez grande pour oblitérer complètement le canal que la veine repré- sente , et d'autres fois elles ont évidemment trop peu d'étendue pour produire cet effet. Tous les anatomistes avaient pensé que cette disposition dépend de l'organisation primitive ; mais Bichat a cru reconnaître qu'elle tient uniquement à l'état de resserrement ou de dilatation des veines au mo- ment de la mort* J'ai voulu m'assurer par moi-même de l'exacti- tude de l'idée de Bichat , et j'avoue qu'il m'est . impossible de la partager. Je n'ai point vu que la distension des veines influât sur la grandeur des valvules : il m'a semblé au contraire qu'elle reste toujours la même ; mais la forme change par l'état de resserrement ou de dilatation , et c'est probablement ce qui en aura imposé à Bichat. Trois membranes superposées forment les pa- structure 1 • T 1 ' . 11 1 des veines. rois des veines. La plus extérieure est celluleuse ^ assez dense , et très difficile à rompre. Si l'on en croit les ouvrages d'anatomie , celle qui vient en- suite est formée de fibres disposées parallèlement * 2. i6 l[\2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE selon la longueur du vaisseau , et d'autant plus faciles à apercevoir, que la veine est plus grosse et plus resserrée sur elle-même. J'ai cherché vaine- ment à voir les fibres de la membrane moyenne des veines : j'y ai toujours observé des filaments excessivement nombreux , entrelacés dans toutes les directions , mais qui prennent l'apparence de fibres longitudinales quand la veine estplissée selon sa longueur , disposition qui se voit souvent dans les grosses veines. Les veines sous-cutanées des membres dont les parois sont très épaisses sont celles où l'on peut le plus facilement étudier la disposition de cette membrane. On ignore la nature chimique de la couche fibreuse des veines : d'après quelques essais , je soupçonne qu'elle est fibrineuse. Elle est exten- sible , assez résistante ; elle ne présente d'ailleurs aucune propriété , sur l'animal vivant ^ qui puisse la faire rapprocher des fibres musculaireSc Irritée avec la pointe d'un scalpel, soumise à un courant galvanique, etc. , elle ne présente point de contrac- tion sensible (i). (i) Malgré ces faits, que chacun peut aisément vérifier , certaines personnes soutiennent que les veines ne sont pas seulement élastiques , mais qu'elles sont encore contractiles d'une autre manière : cette dernière propriété des veines me paraît une chimère. I) Il IMl Y S I O L O G'I E. 243 La troisième membrane des veines, ou la tuni- que interne , est extrêmement mince et fort lisse par la face qui est en contact avec le sang. Elle est très souple , très extensible , et cependant elle pré- sente une résistance considérable; elle supporte, par exemple , sans se rompre , la pression d'une ligature fortement serrée. Quelques veines , telles que celles des sinus céré- braux , les canaux veineux des os , les veines susbé- patiques , ont seulement leurs parois formées par cette membrane , et sont presque entièrement dé- pourvues des deux autres. Les trois tuniques réunies forment un tissu très Propriétés '1 • r\ 1 1 1 physiques élastique. Quel que soit le sens selon lequel on des veines, àlonge une veine , elle reprend promptement sa forme première , et je ne sais sur quel fonde- ment Bicliat a avancé qu elles étaient dépourvues d'élasticité : rien n'est plus aisé que de s'assurer qu'elles possèdent cette propriété physique à un degré éminent. Une autre propriété physique qu'offrent à un haut degré les parois des veines , est celle de l'im- bibition : elles se comportent à cet égard, après la mort et durant la vie , comme des éponges à cellules très fines , et se remplissent de tous les li- quides mis en contact avec elles. Un assez grand nombre de petites artères , de veinules . et quelques filaments du grand sympa- 16. ' ^44 PRÉCIS É LÉ ME IN TAIRE tliique , se répandent dans les veines ; aussi sont- elles loin d'être toujours étrangères aux désordres maladifs qui surviennent dans l'économie animale. Quelquefois elles paraissent affectées d'inflamma- tion. ^ Des cavités droites du cœur. Le cœur est trop connu pour qu'il soit néces- saire d'insister sur sa forme et sur sa structure , j'en rappellerai seulement les circonstances princi- pales. Dans l'homme, les mammifères et les oiseaux, il est formé de quatre cavités , deux supérieures ou oreillettes , et deux inférieures ou ventricules. L'oreillette et le ventricule gauches appartiennent à l'appareil du cours du sang artériel ; l'oreillette et le ventricule droits font partie de celui du sang veineux. ' Il serait difficile de dire quelle est la forme de l'oreillette droite : son plus grand diamètre est transversal ; sa cavité présente en arrière l'ou- verture des deux veines caves et celle de la veine coronaire : en dedans , elle offre un petit enfon- cement nommé fosse ovale , qui indique le lieu qu'occupait dans le fœtus le trou Botal. En bas , l'oreillette présente une large ouverture qui con- duit dans le ventricule droit. La surface interne de l'oreillette présente ses colonnes charnues , c'est- à-dire un nombre infini de prolongements arron- DE IMI Y 8 1 0 I. 0 G 1 K . ^45 dis OU aplatis , entre-croisés dans tous les sens de manière à présenter une sorte de tissu aréolaire ou spongieux , répandu à la face interne de To- reillette , y formant une couche plus ou moins épaisse. A l'endroit où la veine cave inférieure se joint à l'oreillette , on observe quelquefois un repli à la membrane interne , appelé valvule d'Eastaclie. Le ventricule droit a une cavité plus spacieuse Veiiiiicuie et des parois plus épaisses que l'oreillette ; il a la forme d'un prisme triangulaire , dont la base cor- respond à l'oreillette et à l'artère pulmonaire , et le sommet à la pointe du cœur ; toute sa surface «st couverte de saillies alongées et arrondies , qui . sont aussi nommées colonnes charnues : la dispo- sition en est fort irréguîière. Comme celles de l'oreillette , elles forment un tissu réticulaire ou * caverneux dans toute l'étendiie du ventricule , et particulièrement vers la pointe. Les colonnes du ventricule , étant généralement coiouaes plus grosses que celles de l'oreillette 5 donnent ^^veirtHcuic** aussi lieu à un réseau dont Ips mailles sont moins ^^^*^" fines. Quelques unes , nées de la surface des ven- tricules , se terminent en formant un ou plu- sieurs tendons , qui vont s'attacher au bord libre de la valvule tricuspide , placée à l'ouverture par laquelle l'oreillette et le ventricule communiquent ensemble. ^46 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE A côté , et un peu à gauche de celle-ci, est l'o- rifice de l'artère pulmonaire. Les parois de Toreillette et du ventricule sont formées de trois couches : l'une , extérieure , de na- , ture séreuse; l'autre, interne, analogue à la mem- brane interne des veines ; et la moyenne , de na- ture musculaire, essentiellement contractile. Cette couche, peu épaisse à l'oreillette, l'est bi^n da- vantage au ventricule. Les fibres innombrables qui la composent ont un arrangement très difficile à démêler. Beaucoup d'auteurs très recommandables en ont fait l'ob- jet de travaux assidus ; mais , malgré leur pa- tience et leur adresse , la disposition de ces fibres est encore peu connue : heureusement qu'il n'est pas nécessaire d'en avoir une idée exacte pour comprendre l'action de l'oreillette et celle du ven- tricule. Le cœur a des artères , des veines et des vais- seaux lymphatiques ; ses nerfs viennent du grand sympathique, et se répandent, soit dans les parois des artères, soit dans le tissu musculaire. De l'artère pulmonaire. Artère Elle uaît du ventricule droit et se porte aux pulmonaire. t\> i i n p i poumons. D abord elle ne lorme qu un seul tronc : bientôt elle se partage en deux branches, dont l'une va au poumon droit, et l'autre au poumon I)K IMTYSIOLOGIE. ^4? gauche. Chacune de ces hranches se divisie et se subdivise jusqu'au point de former une muhitude inlinie de petits vaisseaux , dont la ténuité est telle, qu'ils sont à peu près inaccessibles aux sens. Les divisions et subdivisions de chacune des branches de l'artère pulmonaire ont ceci de re- marquable, qu'elles n'ont point de communication entre elles avant d'être devenues d'une petitesse excessive. Les dernières divisions sont continues immédiatement avec les radicules des veines pul- monaires ; elles commencent ce qu'on nomme les vaisseaux capillaires pulmonaires , qui sont com- plétés par les racines des veines qui du poumon vont se rendre au cœur. Le calibre de ces vaisseaux suffit à peine pour laisser passer les globules du sang, qui n'ont cependant qu'un cent-cinquan- tième de millimètre , et paraît dans un rapport in- time avec la viscosité naturelle du sang , au point que si celle-ci augmente ou diminue, il en résulte des troubles graves dans le passage du sang à tra- vers les capillaires du poumon. L'artère pulmonaire est formée de trois tuni- ques : l'une, extérieure, fort résistante, de nature cellulaire; l'autre, interne, très polie par sa face interne, et toujours lubrifiée par un fluide ténu; et une moyenne , à fibres circulaires , très élas- tique, que l'on a crue long-temps musculaire, mais qui n'a rien moins que ce caractère. Sa na- . ^48 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ture chimique vient d'être déterminée avec préci- sion par M. Ciievreul. Elle est formée par le tissu jaune élastique, principe immédiat distinct de tous les autres. C'est à ce tissu que l'artère doit princi- palement son élasticité; mais cette propriété ne s'y maintient qu'autant que le tissu est pénétré d'eau; quand il en est privé pendant quelque temps , il devient friable. Il est donc très probable que la membrane jaune de l'artère pulmonaire s'imbibe continuellement de la partie aqueuse du sang qui la traverse, et qu'elle conserve ainsi la grande élasticité qui la caractérise. Le tissu des parois de l'artère et des capillaires pulmonaires s'imbibe facilement de toutes les matières avec lesquelles il se trouve en contact. Comme toutes les membranes il se laisse aisé- ment traverser par les gaz. Cours du sang veineux. Cours du ^^ l'aveu des physiologistes les plus estimés, le '^"vefne's^ ^^^ cours du sang vclucux cst encore peu connu. JNous n'en décrirons ici que les phénomènes les plus ap- parents , nous réservant d'entrer dans les questions délicates lorsqu'il sera question du rapport du cours du sang dans les veines avec celui du même liquide dans les artères. C'est alors que nous par- lerons de la cause qui détermine l'entrée du sang dans les radicules veineuses. DE PHYSIOLOGIE. 2^g Pour prendre une idée générale, mais juste, du cours du sang dans les veines , il faut se rappeler que la somme des petites veines forme une cavité de beaucoup supérieure à celle des veines plus grosses, mais moins nombreuses, dans lesquelles elles vont se rendre ; que celles-ci présentent le même rapport relativement aux troncs où elles se terminent : par conséquent , le sang qui coule dans les veines des racines vers les troncs passe tou- jours d'une cavité plus spacieuse dans une qui l'est moins. Or le principe d'hydrodynamique suivant peut parfaitement s'appliquer ici : Lorsqu'un li- quide coule à plein tuyau ^ la quantité de ce liquide qui, dans un instant donné j, traverse les différentes sections du tuyau doit être partout la même : ainsi quand le tuyau va en s' élargissant, la vitesse dimi- nue ; elle s'accroît quand le tuyau va en se rétrécis- sant. L'expérience confirme parfaitement l'exactitude du principe et la justesse de son application au cours du sang veineux. Si l'on coupe en travers une très petite veine , le sang n'en sort qu'avec une extrême lenteur; il sort plus vite d'une veine plus grosse, et enfm il s'échappe avec une certaine rapidité d'un tronc veineux ouvert. Plusieurs veines sont ordinairement chargées de transporter vers les gros troncs le sang qui a traversé un organe, A raison de leurs fréquentes 25o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE anastomoses, la compression ou la ligature de l'une ou de plusieurs de ces veines n'empêche point et même ne diminue pas la quantité de sang qui retourne vers le cœur ; seulement il ac- quiert une vitesse plus grande dans les veines qui restent libres. C'est ce qui arrive quand une ligature est ap- pliquée sur le bras pour l'opération de la saignée. Cours du Dans l'état ordinaire, le sang qui est apporté à • ang dans les . . ^ , . . , veines. I avaut-Dras et a la main revient vers le cœur par quatre veines profondes, et au moins autant de superficielles ; une fois le lien serré , le sang ne passe plus par les veines sous - cutanées , et très difficilement traverse -t -il les profondes. Si alors on ouvre une des veines du pli du bras , il s'é- chappe en formant un jet continu , qui dure tant que la ligature reste serrée, et qui cesse dès qu'elle est enlevée. A moins de causes particulières, les veines sont très peu distendues par le sang; cependant celles où ce liquide a plus de vitesse le sont bien da- vantage : les très petites veines au contraire le sont à peine. Par une raison facile à saisir , toutes les circonstances qui accélèrent la vitesse du sang dans une veine causent aussi une augmentation dans la distension du vaisseau. L'introduction du sang dans les veines ayant lieu d'une manière continue, toute cause qui met DJ: PHYSIOLOGIE. 25 1 obstacle à son cours produit la distension de la veine et la stagnation d'une quantité plus ou moins considérable de sang au-dessous de l'obstacle dans sa cavité. Les parois des veines ne paraissent avoir qu'une induenriv ^ des parois des influence très faible sur le cours du sang ; elles veines . , -, . sur le cours cèdent très facilement quand la quantité de celui- du sang. ci augmente, et reviennent sur elles-mêmes quand elle diminue : mais ce resserrement est limité; il n'est point assez fort pour expulser entièrement le sang de la veine, aussi en contiennent - elles presque constamment dans les cadavres. J'ai plu- sieurs fois vu des veines vides , sur des animaux vivants j sans qu'elles fussent pour cela contractées; et d'autres fois j'ai observé que la colonne de liquide était loin de remplir entièrement la cavité du vaisseau. Un grand nombre de veines , telles que celles des os, des sinus de la dure-mère, du testicule, du foie , etc. , dont les parois sont adhérentes par leur superficie à un canal inflexible , ne peuvent avoir évidemment aucune influence sur le mouve- ment du sang qui parcourt leur cavité. Toutefois , c'est à l'élasticité des parois des veines , et non à une contraction qui aurait de l'analogie avec celle des muscles , qu'il faut at- tribuer la faculté qu'elles ont de revenir sur elles-mêmes quand la colonne de sang diminue : 202 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE aussi ce retour est-il beaucoup plus marqué dans celles où les parois sont plus épaisses , comme les superficielles. Si les veines ont par elles-mêmes peu d'influence sur le cours du sang, plusieurs causes accessoires en exercent une des plus manifestes. Toute com- pression continue ou alternative , portant sur une veine, peut, lorsqu'elle est assez forte pour aplatir la veine , empêcher le passage du sang; si elle est moins considérable , elle s'opposera à la dilatation de la veine parTeftort du sang , et favorisera ainsi le mouvement de celui-ci. Chconstan- La pi'cssion habituelle que la peau des membres ces qui favorisent le cxcrcc sur Ics vciucs qui rampcut au - dessous cours du sang • i i i- «i i délie est une cause qui rend plus lacile et plus prompt le cours du sang dans ces vaisseaux; on n'en peut douter, car toutes les circonstances qui diminuent la contractilité du tissu de la peau sont tôt ou tard suivies de la dilatation considé- rable des veines , et , dans certains cas , de la pro- duction des varices ; on sait aussi qu'une com- pression mécanique , exercée par un bandage ap- proprié , rétablit les veines dans leurs dimensions ordinaires, ainsi que le cours du sang à leur in- térieur. Dans l'abdomen , les veines sont soumises à la pression alternative du diaphragme et des muscles abdominaux, et cette cause est également favo- veineux. DE l'IIYSïOLOGIE. 20O rable à la marche du sane; veineux de cette partie. Les veines du cerveau supportent aussi une pression considérable, qui doit avoir le même résultat. Toutes les fois que le sang veineux coule dans le sens de sa pesanteur, sa marche est d'autant plus facile; c'est l'opposé quand il marche contre sa pesanteur. Ne négligeons pas de remarquer les rapports de Rapports 11. ... , de l'épaisseur ces causes accessoires avec la disposition des des parois veines. Là où elles sont très marquées, les veines aveckHau- ne présentent point de valvules et leurs parois sont ygiaïdenT i très minces, comme on le voit dans l'abdomen, co"rs ' du sang. la poitrine, la cavité du crâne, etc.; là où elles ont moins d'influence, les veines offrent des val- vules, et ont des parois un peu plus épaisses ; en- fin , là où elles sont très faibles , comme aux veines sous -cutanées, les valvules sont multi- pliées , et les parois ont une épaisseur considé- rable. Si l'on veut prendre une idée comparative exacte dans ce genre, on n'a qu'à examiner la veine saphène interne, la crurale et le commencement de l'iliaque externe, au niveau de l'ouverture de l'aponévrose fémorale, destinée au passage delà saphène : le contraste pour l'épaisseur des parois sera frappant. J'ai fait dernièrement cette comparaison sur le 254 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE cadavre d'un supplicié très musculeux : les parois de la sapliène étaient aussi épaisses que celles de l'artère carotide; la crurale, et surtout l'iliaque externe, avaient des parois beaucoup plus minces. Prenons garde cependant de confondre parmi les circonstances favorables au cours du sang dans les veines des causes qui agissent de toute autre manière. Par exemple, il est généralement connu que la contraction des muscles de l'avant-bras et de la main pendant la saignée détermine l'accé- lération du mouvement du sang qui s'échappe par l'ouverture de la veine ; les physiologistes disent que les muscles, en se contractant, compriment les veines profondes et en expulsent le sang, qui passe alors dans les veines superficielles. S'il en était ainsi, l'accélération ne serait qu'instantanée ou tout au moins de courte durée, tandis qu'elle dure , en général , autant que la contraction. Nous verrons plus loin comment on doit se rendre rai- son de ce phénomène. Causes qui Quaud Ics picds sont plongés quelque temps leToîume^du daus l'cau cliaudc , les veines sous -cutanées se ^^"^dTns*^"" gonflent , ce qui est généralement attribué à la ra- ies vomes. réfaction du sang. La véritable cause me paraît être l'augmentation de la quantité du sang qui se porte aux pieds, mais surtout à la peau , augmen- tation qui doit naturellement accélérer la vitesse du mouvement du sang dans les veines, puisque, DE PHYSIOLOGIE. 255 dans un temps donné , elles sont traversées par une plus grande quantité de sang. D'après ce qui précède , on conçoit sans peine ^J"^'/ j! que le sanj^ veineux doit être fréquemment arrêté coursdusang OU gêné dans son cours , soit par une trop forte compression qu'éprouvent les veines dans les po- sitions diverses que prend le corps , soit par celle des corps étrangers qui appuient sur lui , etc. : de là la nécessité des anastomoses nombreuses que nous avons dit exister non seulement entre les petites veines , mais entre les grosses et même entre les plus gros troncs. A raison de ces fréquentes com- munications , une ou plusieurs veines étant com- primées de manière qu'elles ne puissent pas livrer passage au sang , ce fluide se détourne et arrive au cœur par d'autres routes : un des usages de la veine azygos paraît être d'établir une communication facile entre la veine cave supérieure et l'inférieure. Peut être cependant que sa principale utilité est d'être l'aboutissant commun de la plupart des veines intercostales. Il n'y a rien d'obscur dans l'action des valvules Usage des veines : ce sont de véritables soupapes qui des veines, s'opposent au retour du sang vers les radicules vei- neuses , et qui remplissent d'autant mieux cet office qu'elles sont plus larges , c'est-à-dire plus favora- blement disposées pour fermer entièrement la ca- vité de la veine. veineux. 256 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Le frottement du sang contre les parois des veines , son adhésion à ces mêmes parois , le dé- faut de fluidité , doivent modifier le mouvement du sang dans les veines , et en général tendre à le ralentir; mais il est impossible , dans l'état présent de la physiologie et de l'hydrodynamique , d'assi- gner avec précision l'effet de chacune de ces causes en particulier. ModiCca- Ce qui vient d'être dit sur le cours du sang vei- tions du ■•• ^ coursdusang ncux doit faire pressentir qu'il éprouve de grandes modifications , suivant une infinité de circon- stances; nous aurons occasion de nous en convain- cre davantage par la suite lorsque nous envisagerons d'une manière générale le mouvement circulaire du sang , abstraction faite de ses qualités artérielles ou veineuses. Quoi qu'il en soit , le sang veineux de toutes les parties du corps arrive à l'oreillette droite par les trois troncs que nous avons déjà nommés : savoir, deux très volumineux , les veines caves ; et un fort petit , la veine coronaire. Il est très probable que le sang marche dans chacune de ces veines avec une vitesse diffé- rente : ce qu'il y a de certain , c'est que les trois colonnes du liquide font effort pour pénétrer dans l'oreillette , et que cet effort, dans certains cas, est très considérable. DE PHYSIOLOCrlli;. 257 absorption exercée par les veines. Non seulement les radicules veineuses reçoivent Absorption veineuse. immédiatement le sang des dernières ramifications artérielles , mais elles présentent encore un phéno- mène bien remarquable. Toute espèce de gaz ou de liquide mis en contact avec les diverses parties du corps ( la peau exceptée ) passe aussitôt dans les petites veines , et arrive bientôt au poumon avec le sang veineux. La même chose a lieu pour toutes les substances solides susceptibles de se laisser dissoudre par le sang ou par les fluides sé- crétés. Au bout de très peu de temps , elles s'intro- duisent dans les veines , et sont transportées au cœur et au poumon. Cette introduction est nommée absorption veineuse. Si l'on veut prendre une idée de cette pro- priété , commune à toutes les veines , on n'a qu'à introduire une dissolution aqueuse de camphre dans l'une des cavités séreuses ou muqueuses du corps , ou bien enfoncer dans le tissu d'un organe un morceau de camphre solide : peu d'instants après , l'air qui sort du poumon de l'animal a une odeur de camphre très prononcée. Cette observa- tion est facile à faire sur l'homme après l'adminis- ^ tration des lavements camphrés ; il est rare qu'après cinq ou six minutes l'haleine ne présente pas une odeur de camphre très forte. 2. 1^7 258 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Presque toutes les substances odorantes qui ne se combinent pas avec le sang produisent des effets analogues. Dans les expériences que j'ai faites sur l'absorp- tion des veines 5 j'ai reconnu que la promptitude de l'absorption varie suivant les divers tissus : elle est , par exemple , beaucoup plus rapide dans les membranes séreuses que dans les muqueuses , plus prompte dans les tissus abondants en vais- seaux sanguins que dans ceux qui en contiennent moins , etc. La qualité corrosive des liquides ou des solides soumis à l'absorption n'empéclie pas celle-ci de s'effectuer ; elle semble , au contraire , être plus prompte que celle des substances qui n'attaquent pas les tissus (i). Expériences Ce sout Ics villosités intestinales , formées en sur l'absorption partie par les radicules veineuses , qui absorbent dans l'intestin grêle tous les liquides, à l'exception du cliyle. Il est facile de s'en convaincre , en intro- (i) On parle beaucoup, dans les ouvrages modernes de physiologie, de la sensibilité propre aux bouches absor- bantes; elles sont douées, dit-on, d'un tact fin et sûr, par lequel elles discernent les substances utiles et s'en emparent, tandis qu'elles repoussent les substances nuisibles. Ces sup- positions ingénieuses, qui ont un charme particulier pour notre esprit avide d'images , sont détruites aussitôt qu'elles sont soumises à l'expérience. veineuse. 1>E PHYSIOLOGIE. 2Dg duisant clans cet intestin des substances odorantes ou fortement sapides , susceptibles d'être absor- bées. Dès que l'absorption commence,, jusqu'à ce qu'elle soit achevée, les propriétés de ces sub- stances se reconnaissent dans le sang des branches de la veine porte , tandis qu'on ne les distingue dans la lymphe qu'assez long-temps après que l'ab- sorption en a commencé. Nous ferons voir ailleurs qu'elles arrivent au canal thoracique, non par la voie de l'absorption des vaisseaux chylifères, mais par les communications des artères avec les lym- phatiques. Chacun sait que toutes les veines des organes digestifs se réunissent en un seul tronc , lequel se divise et se subdivise dans le tissu du foie. Cette disposition mérite d'être remarquée. A raison de l'étendue considérable de la surface Expériences muqueuse , avec laquelle les boissons ou autres i'abso"ption liquides sont en contact, et de la rapidité de leur ''*^^"^"'^- absorption par les veines mésaraïques , une quan- tité considérable de liquide étranger à l'économie traverse le système veineux abdominal dans un temps donné , et altère la composition du sang. Si ce liquide arrivait de cette manière au poumon, et de là à tous les organes , il pourrait en résulter des inconvénients graves, comme le démontrent les expériences suivantes. Un gramme de bile poussé brusquement dans Usage *.7- 260 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE particulier la vciiie cruialc fait ordinairement périr un ani- veine porte, mal en peu d'instants. Il en est de même d'une certaine quantité d'air atmosphérique introduit rapidement dans la même veine. L'injection faite de la même manière dans l'une des branches de la veine porte n'aura aucun inconvénient appa- rent. Pourquoi cette diversité de résultats ? Le passage des liquides étrangers à l'économie à tra- vers les innombrables petits vaisseaux du foie aurait-il pour effet de les mêler plus intimement avec le sang , et de les répartir sur une plus grande quantité de ce fluide , de manière que sa nature chimique en fût peu altérée ? Cela devient d'autant plus probable, que la même quantité de. bile ou d'air injectée tiès lentement dans la veine crurale ne produit pas non plus d'accidents sen- sibles. Absorption H sc pouiTait doiic quc le passage des veines de la peau, uécs dcs orgaucs digcstifs , à travers le foie , fût nécessaire , afin de mêler intimement avec le sang les matières absorbées dans le canal intestinal. Soit que cet effet ait lieu ou non , il n'est point douteux que les médicaments absorbés dans l'es- tomac et les intestins ne passent immédiatement à travers le foie , et qu'ils ne doivent avoir sur cet organe une influence qui me paraît mériter l'at- tention des médecins (i)- (») Il serait curieux de savoir pourquoi , de tous les vais- DE TMiYsioroGii:. 261 Nous avons dil: tonl à l'heure que la j)eau fai- sait exception à cette loi générale , que les veines absorbent dans toutes les parties du corps. Cette proposition mérite un examen particulier. Lorsque la peau est privée de 1 epiderme , et que les vaisseaux sanguins qui revêtent la face externe du chorion sont à découvert, l'absorption ïîy fait comme partout ailleurs. Après Tapplica- tion d un vésicatoire , si l'on couvre la surface dépourvue d'épiderme avec une substance dont les effets sur l'économie animale soient faciles à remarquer , quelques minutes suffisent souvent pour qu'ils se manifestent. Des caustiques appli- qués sur des surfaces ulcérées ont souvent produit la mort. Pour que l'inoculation de la petite-vérole ou de la vaccine ait un plein succès , il faut avoir soin de placer la substance au-dessous de l'épiderme , et par conséquent de la mettre en contact avec les vaisseaux sanguins sous-jacents. seaux du foie, les branches de la veine porte sont les seules qui , par la disposition de leur membrane extérieure ( capsule de Glisson), puissent revenir sur elles-mêmes quand la quantité de sang qui les parcourt diminue. Peut-être cette disposition est-elle favorable au cours du sang veineux, qui, dans cette portion delà veine porte, marche d'un en-' droit plus étroit dan^ un endroit plus large, tandis que par- tout ailleurs il passe d'un lieu, plus large dans un plus étroit. 262 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Les choses se passent bien différemment quand la peau est revêtue de son épiderme. A moins que les substances en contact avec celui-ci ne soient de nature à attaquer sa composition chimique , ou à exciter une irritation dans les vaisseaux sanguins correspondants , il n'y a pas d'absorption sensible. Ce résultat, je le sais , est contraire aux idées géné- ralement admises. On pense , par exemple , que le corps, étant plongé dans un bain, absorbe une par- tie du liquide qui l'environne : c'est même sur cette idée qu'est fondé l'usage des .bains nourrissants de lait , de bouillon , etc. Expériences Daus uii travail publié récemment , M. Séguin l'absorption vicut de mettre hors de. doute , par une série e a peau, j'gxpériences rigoureuses, que la peau n'absoibe point l'eau au milieu de laquelle elle est placée. Pour s'assurer s'il en serait de même pour d'autres liquides , M. Séguin a fait des essais sur des per- sonnes affectées de maladies vénériennes. 11 leur a fait plonger les pieds et les jambes dans des bains composés de seize livres d'eau et de trois gros de sublimé; chaque bain durait une heure ou deux, et était répété deux fois par jour. Treize malades soumis à ce traitement pendant vingt-huit jours ne présentèrent aucun indice d'absorption ; un quatorzième en présenta d'évidents dès le troisième bain, mais il avait des excoriations psoriques aux jambes : deux autres qui étaient dans le même cas Di: PHYSIOLOGIE. 203 offrirejit des phénomènes semblables. En général, l'absorption ne s'est manifestée que chez les sujets dont l'épiderme n'était pas entièrement intact ; cependant, à la température de dix-huit degrés , il y a eu quelquefois du sublimé d'absorbé , mais jamais d'eau. Parmi les expériences de M. Séguin , il en est une qui me paraît jeter un grand jour sur la faculté absorbante de la peau. Après avoir pesé séparément un gros de mer- Expériences cure doux, un gros de gomme gutte, un gros de l'absorption scatnmonée, un gros de sel alembrotli, et un gros p * d'émétique, M. Séguin fit coucher un malade sur le dos, lui lava avec soin la peau de l'abdomen , et appliqua avec précaution sur des endroits écartés les uns des autres les cinq substances désignées ; il les recouvrit chacune avec un verre de montre , et maintint fortement le tout avec une bande de linge. La chaleur de la chambre fut entretenue à quinze degrés ; M. Séguin ne quitta pas le patient, afin de l'empêcher de remuer : l'expérience dura dix heures un quart. Les verres furent alors retirés et les substances recueillies avec le plus grand soin; elles furent ensuite pesées. Le mercure doux était réduit à soixante -onze grains un tiers; la scam- monée pesait soixante -onze grains trois quarts; la gomme gutte, un peu plus de soixante-onze grains; le sel aîembroth était réduit à soixante- de la peau. 264 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE deux grains (beaucoup de boutons s'étaient déve- loppés sur la place où il avait été appliqué ) ; l'émé- Absoiption tique pesait soixante-sept grains. 11 est évident que, dans cette expérience, les substances les plus irri- tantes et les plus disposées à se combiner avec l'é- piderme furent en partie absorbées , tandis que les autres ne le furent pas sensiblement. Mais ce qui n'arrive point par la simple appli- cation survient quand on fait des frictions sur la peau avec certaines substances. On ne peut douter que le mercure , l'alcool . l'opium , le camphre, les vomitifs , les purgatifs , etc. , ne pénètrent par ce moyen dans le système veineux. Il paraît que ces différents médicaments traversent l'épiderme, soit en passant par ses pores, soit en s'insinuant dans les ouvertures par lesquelles sortent les poils ou la transpiration insensible. Ainsi , en résumant ce qui a rapport à l'absorp- tion de la peau , on voit que cette membrane ne diffère des autres surfaces du corps qu'en ce qu'elle est revêtue par l'épiderme. Tant que cette couche reste intacte et qu'elle ne se laisse pas tra- verser par les substances mises en contact avec la peau , il n'y a point d'absorption ; mais , dès l'instant qu'elle est altérée ou seulement qu'elle est traversée , l'absorption a lieu comme partout ailleurs. Je n'ignore pas que beaucoup de personnes DE riIYSIOLOGIE. 265 seront étonnées en voyant que je n'hésite pas à attribuer aux veines la faculté absorbante, tandis que l'opinion générale est que toute espèce d'ab- sorption se fait par les vaisseaux lymphatiques ; mais, d'après les faits rapportés à l'article de Vab^ sorption de la lymphe, et quelques autres que je vais ajouter , il m'est impossible de penser autrement. D'ailleurs, l'opinion que je soutiens n'est pas nou- velle ; Ruysch , Boerhaave , Meckel , Swam mer- dam, l'ont professée; et Haller l'a soutenue, quoi- que les travaux anatomiques de J. Hunter* ne fussent pas ignorés de lui. M. Delille et moi, nous séparâmes du corps la Expérience cuisse d'un chien assoupi précédemment par l'o- rabsorpUou pium ( afin de lui éviter les douleurs inséparables d'une expérience laborieuse ) ; nous laissâmes seu- lement intacts l'artère et la veine crurale, qui conservaient la communication entre la cuisse et le tronc. Ces deux vaisseau:!^ furent disséqués avec le plus grand soin , c'est-à-dire qu'ils furent isolés dans l'étendue de quatre centimètres ; leur tu- nique cellulaire fut enlevée, dans la crainte qu'elle ne recelât quelques vaisseaux lymphatiques. Deux grains d'un poison très subtil (l'upas tieuté) furent alors enfoncés dans la patte : les effets de ce poi- son furent tout aussi prompts et aussi intenses que si la cuisse n'eût point été séparée du corps ; en sorte qu'ils se manifestèrent avant la qua- 266 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE trième minute , et que l'animal était mort avant la dixième. On pouvait objecter que , malgré toutes les précautions prises , les parois de l'artère et de la veine crurale contenaient encore des lymphati- ques, et que ces vaisseaux suffisaient pour donner passage au poison. Pour lever cette difficulté , je répétai sur un autre chien l'expérience précédente , avec cette modification, que j'intioduisis dans l'artère cru- rale un petit tuyau de plume, sur lequel je fixai ce vaisseau par deux ligatures ; l'artère fut en- suite coupée circulaire ment entre les deux liga- tures , j'en fis autant pour la veine crurale : par là il n'y eut plus de communication entre la cuisse et le reste du corps, si ce n'est par le sang arté- riel qui arrivait à la cuisse , et le veineux qui re- lournait au tronc. Le poison introduit ensuite dans la patte produisit ses eifets dans le temps ordinaire , c'est-à-dire au bout d'environ quatre minutes. Cette expérience ne laisse point douter que le poison n'ait passé de la patte au tronc à travers la veine crurale. Pour rendre le phénomène encore plus évident , il faut presser cette veine entre les doigts au moment où les effets du poison com- mencent à se développer : ces effets cessent bien- lot; ils reparaissent dès qu'on laisse la veine libre, DE PHYSIOLOGIE. 267 et cessent encore si on la comprime de nouveau. On peut ainsi les graduer à volonté. Ajoutons à ces faits, qui me paraissent décisifs, des observations intéressantes faites par Flandrin. Dans le cheval, les matières que contiennent le Expérience plus souvent 1 intestin grêle et le gros intestin l'absorption sont mêlées à une grande quantité de liquide, qui est d'autant moins considérable , que l'on s'avance davantage vers le rectum : il est donc absorbé à mesure qu'il parcourt le canal intesti- nal. Or Flandrin ayant recueilli le liquide con- tenu dans les vaisseaux cliylifères , n'y reconnut aucune odeur analogue à celle du liquide de l'in- testin : au contraire , le sang veineux de l'intestin grêle avait une saveur herbacée sensible ; celui du cœcum avait un goût piquant et une saveur uri- neuse légère ; celui du colon avait les mêmes caractères , à un degré encore plus marqué. Le sang des autres parties du corps n'offrait rien de semblable. Une demi-livre d'assa-fœtida dissous dans une Expérience égale quantité de miel fut donnée à un cheval ; pabsorption l'animal fut ensuite nourri comme à l'ordinaire , et tué seize heures après. L'odeur d'assa-fœtida fut distinguée dans les veines de l'estomac , de l'in- testin grêle et du cœcum ; elle ne fut point remar- quée dans le sang artériel, non plus que dans la lymphe. veineuse. 26S PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE J'ai parlé , à l'article des Vaisseaux lympha- tiques , des expériences que J. Hunter a faites pour prouver que ces vaisseaux sont les agents ex- clusifs de l'absorption : cet auteur en a fait aussi pour démontrer que ces veines n'absorbent point; mais ces dernières ne sont guère plus satisfai- santes ni plus exactes que celles dont il a déjà été fait mention. Expérience « Je pris , dit J. Huntcr j une portion de l'intes- rabsorption tî^^ d'uu mouton , après lui avoir incisé les parois veineuse, abdominales ; je la liai par les deux extrémités, et la remplis d'eau chaude : le sang qui revenait par la veine de cette partie ne parut nullement plus délayé ni plus léger que celui des autres veines ; alors je liai l'artère et toutes ses communications, et j'examinai l'état de la veine. Elle ne se gonflait point, son sang ne devenait pas plus aqueux ; elle ne donnait ainsi aucui>e indication de la présence de l'eau dans sa cavité. Donc les veines n'absorbent point (i). » Combien d'objections se présentent pour qui- conque veut de la précision dans les expériences! Comment J. Hunter a-t-il pu juger, sur le simple aspect, que, dans les premiers moments, l'eau n'a pas été absorbée et ne s'est point mêlée avec le sang de la veine ? Ensuite, comment cet auteur, d'ailleurs si recommandable, a-t-il pu croire que (i) Médical conimeataries , chap. Y. ion veineuse. DE J'IIYSlOLOGIli. 269 îa veine continuerait son action , l'artère étant liée? Il aurait dû déterminer d'abord l'effet de la ligature d'une artère sur le cours du sang dans la veine qui y correspond, et c'est ce qu'il n'a point fait. Dans une autre expérience, le même physiolo- Expé .giste a injecté du lait chaud dans une portion l'absmpt d'intestin; quelques instants ensuite, il a ouvert la veine mésentérique , recueilli le sang qui s'est écoulé ; et de ce qu'il n'y a pas reconnu de trace de lait, il en a conclu qu'il n'y a pas eu d'absorp- tion de ce liquide par la veine. Mais , du temps de Hunter, on était loin de pouvoir s'assurer par aucun moyen de l'existence d'une petite quantité de lait dans une certaine quantité de sang; à l'époque actuelle, où la chimie animale est bien plus avancée , on saurait à peine surmon- ter cette difficulté. Ces deux expériences ne peuvent porter aucune Raisonne- atteinte à la doctrine de l'absorption veineuse. Les "^Tem^de ^ autres , au nombre de six , loin d'être concluantes, ^'vpfnpnlp^" sont, au contraire, bien plus défectueuses. Eniin , s'il était nécessaire de déduire du rai- sonnement de nouvelles preuves en faveur de la propriété absorbante des veines , je rappellerais que , dans beaucoup d'endroits du corps où l'ana- tomie la plus exacte n'a jamais pu découvrir que des vaisseaux sanguins et point de vaisseaux lym- veineuse. 2'JO PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE phatiques, tels que l'œil, le cerveau, le placen- ta , etc. , l'absorption s'y fait avec autant de promp- titude que partout ailleurs; j'ajouterais que tous les animaux non vertébrés qui ont du sang ne pré- sentent point de lymphatiques , et que cependant l'absorption y est manifeste. Je dirais , enfin , que le canal thoracique est beaucoup trop petit pour donner aussi promptement passage aux matières absorbées dans toutes les parties du corps , et par- ticulièrement aux boissons (i). Tous ces phéno- mènes s'entendent sans difficulté , dès que l'ab- sorption des veines est reconnue. Les faits , les expériences et le raisonnement concourent donc en faveur de l'absorption vei- neuse (2). Tel était l'état de la question lorsque j'ai publié la première édition de cet ouvrage ; mais depuis cette époque la science a fait un pas important , elle a (1) Quelques personnes boivent jusqu'à douze litres et plus d'eau minérale en quelques heures , et les rejettent à peu près dans le même temps en urinant. (2) Pour résumer tout ce qui a rapport aux organes de l'absorption, considérée en général, on peut dire, 1° qu'il est certain que les vaisseaux chylifères absorbent le chyle ; 2° qu'il est douteux qu'ils absorbent autre chose; 5° qu'il n'est pas démontré que les vaisseaux lymphatiques soient doués de la faculté absorbante , et qu'il est prouvé que les veines jouissent de cette propriété. ( i"^^ édit. ) DE PHYSIOLOGIE. 2^7 1 perdu un préjugé et acquis un fait général d'un extrême intérêt. On croyait ( il a été un temps où la physiologie était tout entière composée de croyances ) , on croyait, dis-je , que les tissus vivants, et particu- lièrement les membranes , les parois des vais- seaux , etc. 5 par cela seul qu'ils étaient vivants , ne pouvaient point s'imbiber des diverses substances par lesquelles ils s'imbibent aisément après la mort; et l'on partait de cette idée pour recourir à un phénomène vital , dès qu'il s'agissait d'expli- quer l'absorption. On n'avait pas même songé à y chercher un phénomène physique , et moi-même qui ai travaillé vingt ans sur ce sujet, l'idée ne m'en était pas venue (i). (i) La répugnance extrême à convenir de notre ignorance, et le penchant à créer des romans pour remplir les vides de la science, sont des phénomènes intellectuels aussi remarquables qu'ils sont nuisibles aux progrès de nos con- naissances. On ignorait comment se fait l'absorption : au lieu d'en convenir tout simplement ^ ce qui aurait excité à faire des recherches, quelqu'un s'est avisé de dire ^we les tissus vivants ne se laissaient pas imbiber comme après la mort, qu'il y avait des bouches absorbantes qui prenaient avec dis- cernement certaines substances , et repoussaient les autres. Cette petite histoire a beaucoup plu aux physiologistes, ils l'ont répétée, y ont cru fermement , et dès lors personne n'a su que le mécanisme de l'absorption n'était point connu , et par conséquent personne n'a même pensé à en faire un 2^2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences J'ai prouvé par une série d'expériences que tous l'îmbibition les tissus vivaiits s'imbibent de toutes les matières tissus vivants. Hquides qui les touchent; le même effet se produit avec les substances solides, pourvu qu'elles soient solubles dans nos humeurs et particulièrement dans le sérum du sang. Ce fait général étant établi , l'absorption qui a tant occupé les physiologistes , qui a tant exercé leur imagination , produit tant de disputes , devient un phénomène des plus simples et presque entière- ment physique. On ne discutera plus si ce sont les veines ou les lymphatiques qui absorbent , puisque tous les tissus sont doués de cette pro- priété. Voici toutefois quelques expériences qui met- tent , je crois , la question hors de doute. Je les extrais de mon mémoire sur le mécanisme de l'absorption (i). Dans une leçon publique sur le mode d'action des médicaments , je montrais , sur l'animal vivant , quels sont les effets de l'introduction d'une certaine quantité d'eau à 4o" centigr. dans les veines. En faisant cette expérience , il me vint dans l'idée de objet de recherche. Tel est le mal que font, sans s'en dou- ter , ceux qui , dans les sciences , se livrent à leur imagi- nation ; tel est le mal que font à l'humanité les médecins qui tombent dans les mêmes erreurs. (i) Voyez mow Journal de physiologie , tom. I, cahier i. DE Pin SIOLOGIF,. ' '2^^^ . voir quelle serait l'influence de la pléthore artifi- Expériences cielle que je produisais , sur le phénomène de l'imbibition. l'absorption. En conséquence , après avoir injecté près d'un litre d'eau dans les veines d'un chien de taille moyenne, je mis dans sa plèvre une légère dose d'une substance dont les effets m'étaient bien connus. Je fus frappé de voir ces effets ne se mon- trer que plusieurs minutes après l'époque où ils se montrent ordinairement. Je refis aussitôt l'expé- rience sur un autre animal, et j'obtins un résultat semblable. Dans plusieurs autres essais les effets se montrè- rent bien' à l'époque où ils devaient se développer; mais ils furent sensiblement plus faibles que ne le comportait la dose de la substance soumise à l'ab- sorption , et ils se prolongèrent de beaucoup au-delà de leur terme ordinaire. Enfin , dans une autre expérience où j'avais in- Effet delà pléthore sur troduit autant d'eau ( environ deux litres ) que l'a- l'absorption. nimal pouvait en supporter sans cesser de vivre , les effets ne se manifestèrent plus du tout : l'ab- sorption avait probablement été empêchée. Après avoir attendu près d'une demi-heure des effets qui ne demandent qu'environ deux minutes pour se développer, je fis le raisonnement suivant : si la dis- tension des vaisseaux sanguins est ici la cause du défaut d'absorption , la distension cessant , l'absorp- tion doit avoir lieu. Aussitôt je fis faire une large sai- '2. 18 274 PRÉCIS ÉLÉMENTAIBE Expériences giiée à la vcine jugulaire de l'animal soumis à mon l'imbibltion. expérience , et je vis , avec la plus grande satisfac- tion, les effets se manifester à mesure que le sang s'écoulait. Je pouvais d'ailleurs faire l'expérience opposée , c'est-à-dire diminuer la quantité du sang et voir si l'absorption serait plus prompte : c'est ce qui arriva exactement comme je l'avais prévu. Un animal fut saigné , et privé ainsi d'une demi-livre de sang en- viron : des effets qui n'auraient dû arriver qu'après la deuxième minute se montrèrent avant la tren- tième seconde. Cependant on pouvait encore soupçonner que c'était moins la distension des vaisseaux sanguins que le changement de nature du sang qui s'était opposé à l'absorption. Pour lever cette difficulté je lis l'expérience suivante : une grande et large saignée fut pratiquée à un chien ; on remplaça le sang qu'il venait de perdre par de l'eau à4o°cent. , et on introduisit dans sa plèvre une quantité dé- terminée de dissolution de noix vomique : les suites en furent aussi promptes et aussi intenses que si la nature du sang n'avait point été chan- gée. C'était donc à la distension des vaisseaux qu'il fallait attribuer le défaut ou la diminution de l'ab- sorption. Dès lors je devins , pour ainsi dire, maître d'un phénomène qui jusque-là avait été pour moi un DK PlïYSIOLOr, ÎK. 2^5 mystère impénétrable. Pouvant m 'opposer à son î'xpéii.ncco développement , le produire , le rendre prompt , limbibition. tardif , intense , faible , il était difficile que sa nature échappât entièrement à mon investigation. En réfléchissant sur la constance et la régularité du phénomène , il n'était guère possible de le rapporter à ce que les physiologistes nomment ac- tion vitale ; telle que l'action des nerfs , la con- traction des muscles , la sécrétion des glandes, etc. Il était beaucoup plus raisonnable de le rapprocher de quelque phénomène physique ; et , parmi les conjectures que l'on pouvait se permettre à cet égard, celle qui ferait dépendre l'absorption de l'attraction capillaire des parois vasculaires , pour les matières absorbées , était sans doute la plus probable : elle réunissait en effet tous les faits ob- servés. Car, en supposant que cette cause préside à l'absorption , les substances solides , non solubles dans nos humeurs , ne pouvant pas traverser les parois des petits vaisseaux , devaient résister à l'ab- sorption; ce qui est exact. Les solides capables, au contraire, de se combiner avec nos tissus, ou seulement de se dissoudre dans le sang , devaient être aptes à être absorbés ; ce qui est encore con- forme aux faits. La plupart des liquides pouvant mouiller ou imbiber avec promptitude les parois vasculaires , quelle que fût d'ailleurs leur nature chimique , devaient éprouver une absorption ra- 18. 2^6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences picîe ; cc cfuc doiine l'expérience , même pour les sur ■ '■ rimbibitJou. liquides caustiques. Dans la même hypothèse, plus les vaisseaux seraient distendus , et moins leur pouvoir absorbant serait marqué , et il pouvait arriver un moment où ce pouvoir ne serait plus sensible. Plus les vaisseaux seraient nombreux , plus ils seraient ténus , plus l'absorption serait ra- pide , puisque les surfaces absorbantes seraient plus étendues. Cette action des parois une fois reconnue , rien n'était plus facile que de comprendre comment les substances absorbées sont transportées vers le cœur, puisque dès qu'elles sont parvenues à la sur- face intérieure des parois , elles doivent être aussi-, tôt entraînées par le courant sanguin qui existe dan s les plus petits vaisseaux. J'étais d'autant moins éloigné de repousser cette supposition , que je me rappelais claire- ment qu'en empoisonnant un animal en lui en- fonçant une flèche de Java dans l'épaisseur de la cuisse , toutes les parties molles qui environnent la blessure se colorent en jaune brunâtre à plu- sieurs lignes d'épaisseur, et prennent la saveur amère du poison. Mais une supposition qui lie le mieux un certain nombre de phénomènes connus n'est au fond qu'une manière plus commode de les exprimer ; elle ne prend le caractère de théorie qu'autant qu'elle DK P 11 YS f O LOGIK. 1^77 ^ est conlirmée par des expériences surfisamment Expériences ' ^ur variées. rimhibition. Je dus par conséquent faire de nouvelles recher- ches pour voir à quel moment ma supposition ne serait plus admissible. L'affinité des parois vasculaires pour les matières absorbées étant supposée la cause , ou . si l'on veut, lune des causes de l'absorption, cet effet devait se produire aussi bien après la mort que durant la vie. Ce fait pouvait être facilement con- staté pour les vaisseaux d'un certain calibre ; mais en tenant compte de leur diamètre , de l'épaisseur et de la moindre étendue de leurs parois , relati- vement à la capacité du canal , l'expérience devait donner une absorption faible à la vérité , mais ap- préciable. Je pris donc un bout de la veine jugulaire externe d'un chien ( cette portion de vaisseau , dans une étendue de plus de trois centimètres , ne recevait aucune branche). Je la dépouillai du tissu cellu- laire environnant , j'attachai à chacune de ses ex- trémités un tube de verre , au moyen duquel j'éta- blis un courant d'eau tiède dans son intérieur. Je plongeai alors la veine dans une liqueur légère- ment acide , et je recueillis avec soin le liquide du courant intérieur. On voit , par la disposition de l'appareil , qu'il ne pouvait y avoir aucune communication entre le 2'jS PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences couraiit intérieur d'eau tiède et le liquide acide l'imbibition. extérieur. Les premières minutes, la liqueur que je recueil- lais ne changea pas de nature ; mais après cinq ou six minutes l'eau devint sensiblement acide. L'ab- sorption avait eu lieu. Je répétai cette expérience avec des veines prises sur des cadavres humains ; l'effet fut le même. Le phénomène se montrant sur des veines , rien ne s'opposait à ce qu'il ne se manifestât sur des artères. Je fis donc l'expérience avec une ar- tère carotide d'un petit chien mort la veille, et j'obtins un résultat absolument semblable : en outre je remarquai que plus l'acidité de la liqueur extérieure était grande, plus la température était élevée , et plus le phénomène se produisait promp- tement (i). Si l'absorption capillaire était produite sur de gros vaisseaux morts, pourquoi n'aurait-elle pas lieu sur les mêmes vaisseaux vivants? Si l'expérience ne donnait pas ce résultat , tous mes raisonnements allaient être confondus et ma supposition détruite. J'étais d'autant moins rassuré sur la réussite de l'expérience , que j'avais présent (i) Ce résultat n'est exact cependant que dans certaines limites; car si la température est voisine de celle de l'eau bouillante, si l'acidité devient un peu forte, le vaisseau se racornit, et l'absorption est beaucoup plus lente. DE IMIÏSIOLOGIK. 2^79 à l'esprit ce qu'on entend dire chaque jour sur les Exp.-iHMices changements que la vie apporte dans les propriétés l'imbibiHon. physiques de nos organes. Cependant , comme je me suis souvent bien trouvé dans mes recherches de douter des idées généralement reçues , je ne me décourageai point, et fis l'expérience que je vais dire. Je pris un jeune chien d'environ six semaines ; à cet âge , les parois vasculaires sont minces , et par suite plus propres à la réussite de l'expérience. Je mis à découvert l'une des veines jugulaires, je l'isolai parfaitement dans toute sa longueur ; je la dépouillai avec soin de ce qui la revêtait , et sur- tout du tissu cellulaire et de quelques petits vais- seaux qui s'y ramifiaient : je la plaçai sur une carte , afin qu'elle n'eût aucun contact avec les parties environnantes. Alors je laissai tomber à sa surface , et vis-à-vis le milieu de la carte , une dis- solution aqueuse , épaisse , d'extrait alcoholique de noix vomique , substance dont l'action est très énergique sur les chiens ; j'eus soin qu'aucune par- celle de poison ne pût toucher autre chose que la veine et la carte , et que le cours du sang fût libre à l'intérieur du vaisseau. Avant la quatrième minute les effets que j'attendais se développèrent, d'abord faibles , mais ensuite avec assez d'activité pour que je dusse m 'opposer à la mort de l'animal par l'in- sufllation pulmonaire. 28o J*1\ÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences jg dcvais répéter cette expérience ; mais je ne l'imbibition. pus me procurcr qu'un animal adulte , beaucoup plus gros que le précédent , et dont , par consé- quent , les parois des veines étaient plus épaisses. Les mêmes effets se montrèrent ; mais, comme on devait le présumer, ils furent plus tardifs, et ne se développèrent qu'après la dixième minute. Satisfait de ce résultat pour les veines , je dus m'assurer que les artères présentaient des pro- priétés analogues. Cependant les artères ne sont pas sur l'animal vivant dans les mêmes condi- tions physiques que les veines. Leur tissu est moins spongieux , il est plus consistant ; les parois sont beaucoup plus épaisses à diamètre égal, et, de plus, elles sont incessamment distendues par l'effort du sang poussé par le cœur. Il était donc facile de prévoir que si le phénomène de l'absorption se montrait , il serait plus lent à se développer que dans les veines. C'est ce que l'expérience confir- ma dans deux gros lapins , dont je dépouillai , avec le plus grand soin , l'une des arières caro- tides. Il fallut plus d'un quart d'heure avant que la dissolution de noix vomique pût traverser les parois de l'artère. Bien que j'aie cessé de mouiller le vaisseau aus- sitôt que je vis les effets se manifester, un des la- pins mourut. Alors , pour m'assurer que le poison avait réellement traversé les parois artérielles, et DE PHYSIOLOGIE. 281 qu'il n'avait point été absorbé par de petites veines Expériences X -f. . . 1 r sur qui auraient pu se soustrane a ma dissection , je de- l'imbibuion. tachai avec soin le vaisseau qui avait servi à l'expé- rience , je le fendis dans toute sa longueur , et je fis p;oùter aux personnes qui m'assistaient le peu de sang qui était resté adhérent à la surface intérieure : elles y reconnurent toutes, et j'y reconnus moi- même, l'extrême amertume de l'extrait de noix vomique. 11 était donc bien positif que les parois des gros vaisseaux absorbent , soit pendant la vie , soit après la mort. Il ne s'agissait plus que de donner des preuves directes que les petits vaisseaux jouis- sent de la même propriété : leur extrême ténuité , leur multiplicité , le peu d'épaisseur et l'étendue considérable de leurs parois, étaient autant de con- ditions propres à favoriser la production du phé- nomène. Pour le développer après la mort, il fallait trou- ver une membrane dans les vaisseaux de laquelle on pût établir un courant intérieur qui simulât le cours du sang. J'avais d'abord choisi une portion d'intestin ; mais je fus obligé de renoncer à cette entreprise , parcequ'il se faisait une extravasion considérable dans le tissu cellulaire , et que le liquide ne passait que très difficilement de l'artère dans la veine. Je pris le cœur d'un chien mort de- puis la veille ; je poussai dans une des artères co- '^.S2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ExpéiiencGs ronaircs de l'eau à oo" centis-rades. Cette eau sur ^ ^ rimbibitioD. revint facilement , par la veine coronaire , jusque dans l'oreillette droite, d'où elle s'écoulait dans un vase. Je fis verser dans le péricarde une demi- once d'eau légèrement acide. D'abord l'eau in- jectée ne donna aucun signe d'acidité ; mais il suffit de cinq à six minutes pour qu'elle en présen- tât des traces non équivoques. Le fait était donc évident pour les petits vaisseaux morts ; quant aux petits vaisseaux vivants, je n'avais pas besoin de recourir à de nouveaux essais , ni de sacrifier de nouveaux animaux. Les expériences que j'ai consignées dans mon Mémoire sur les organes de r absorption dans les mammifères ne laissent aucun doute à cet égard , d'après le jugement de l'acadé- mie elle-même. Une seule objection pouvait encore être offerte : c'est que les membranes, qui sont perméables après la mort, ne paraissent pas l'être durant la vie. Sur le cadavre , la bile transsude dans le péritoine , colore en jaune les parties qui environnent la vé- sicule du fiel ; ce qui ne paraît point avoir lieu sur le vivant. Le fait de la perméabilité des mem- branes sur le cadavre est vrai , je l'ai trop souvent vu pour le nier ; mais en conclure que les mem- branes sont imperméables durant la vie ne me paraît point indispensable; car, en supposant que les parois de la vésicule vivante se laissent traverser ' DE PHYSIOLOGIE. 283 par la bile , le courant sanguin qui existe dans les Expùrienccs petits vaisseaux qui Ibiment en grande partie ces l'imbibUion. narois doit entraîner la bile à mesure qu elle les imprègne; ce qui n'a pas lieu après la mort , puis- que la circulation ne se fait plus , et que rien ne peut enlever la matière qui imbibe les vaisseaux. D'ailleurs j'ai souvent observé que, même sur les animaux vivants, les membranes se pénètrent et se colorent des matières avec lesquelles elles sont en contact. Par exemple , si l'on introduit dans la plèvre d'un jeune chien une certaine quantité d'encre , il faut à peine une heure pour que la plèvre , le péricarde ^ les muscles intercostaux et la surface du cœur elle-même , soient sensiblement colorés en noir (i). Il me paraît donc hors de doute que tous les vaisseaux sanguins , artériels et veineux, morts ou vivants , gros ou petits, présentent, dans leurs pa- iois , une propriété physique propre à rendre par- faitement raison des principaux phénomènes de l'absorption. Affirmer que cette propriété est la seule qui les produise , ce serait aller au-delà de ce que commande une saine logique ; mais du moins, dans l'état présent des faits , je n'en con- nais point qui inftrme cette explication : ils vien- (i) On voit encore mieux ce phénomène sur des animaux plus petits, tels que lapins, cochons-d'inde, souris, etc. 284 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expérienws ncnt tous , au Contraire , se ranger d'eux-mêmes sur l'imbibition. autour de ce fait principal. Par exemple , Lavoisier et M. Séguin ont prouvé, par une suite d'expériences intéressantes , que la peau n'absorbe point l'eau, ni aucune autre sub- stance, tant qu'elle est revêtue de son épiderme. Mais l'épiderme n'est point de la même nature que les parois vasculaires ; c'est une sorte de vernis qui ne se laisse point imbiber, ce que chacun peut voir sur lui-même quand il prend un bain : mais aussitôt que l'épiderme est enlevé, la peau absorbe comme toutes les autres parties du corps, parce- que les parois de ses vaisseaux sont en contact im- médiat avec les matières destinées à être absorbées. De là la nécessité de placer sous l'épiderme les substances que l'on veut faire absorber, dans l'ino- culation et la vaccine ; de là aussi la nécessité de longues frictions , et souvent l'emploi des corps gras, pour faire absorber certains médicaments par la peau revêtue de son épiderme; de là encore la préférence que l'on donne pour faire des frictions aux parties de la peau où l'épiderme a le moins d'épaisseur (i). (i) Cependant avec le temps l'épiderme peut aussi s'im- biber ; cela se voit- tous les jours après l'application d'un cata- plasme, il devient blanc, opaque, et s'épaissit beaucoup ; l'imbibition s'y fait même assez facilement de la face externe à l'interne. Si vous prenez l'épiderme d'un doigt , et que vous DE PHYSIOLOGIE. 285 Je citerai encore pour exemple l'absorption qui Expériences se fait dans toutes les parties du corps sur les sub- l'imbibition. stances les plus irritantes, et même sur les substan- ces capables d'altérer chimiquement nos tissus. Ce fait est entièrement contraire à l'idée que l'absorp- tion a une action purement vitale , et qu'il y a une sorte de choix exercé par les orifices absorbants ; mais il n'a plus rien de particulier dès l'instant que l'on rapproche l'absorption d'une propriété phy- sique. Celle-ci aurait besoin d'être étudiée d'une ma- nière spéciale , d'être suivie dans chaque tissu pen- dant la vie et après la mort , d'être examinée sous le rapport des diverses matières qui s'imbibent. Jusqu'ici les membranes séreuses et le tissu cel- lulaire m'ont paru, surtout durant la vie, proba- blement à cause de la température élevée , être les meilleurs agents d'imbibition. Une goutte d'encre, par exemple, mise sur le péritoine, s'y imbibe aussitôt, s'étend en une large plaque arrondie, qui n'occupe, en profondeur, que la membrane le retourniez de manière à ce que la face externe devienne interne, si vous remplissez d'eau la cavité, et que vous fer- miez avec un fil l'ouverture, l'eau transsudera prompte ment à la surface, et s'évaporera en quelques heures; si, au contraire, vous laissez la face externe en dehors, l'eau ne s'évapore qu'avec une extrême lenteur, et le doigt rempli d'eau et exposé à l'air ne perdra que quelques grains en vingt-quatre heures. ( Voyez Transpiration cutanée. ) Z86 P HÉ Cl s ÉLÉMENTAIRE séreuse; il faut beaucoup plus de temps pour que les tissus sous-jacents se pénètrent des substances absorbées. Influence Un fait très important qui a été observé par galvanisme l'uu de iiics collaboratcurs , M. Fodéra , c'est que l'imbibition. ^^ galvanismc accélère singulièrement l'absorption, ou plutôt l'imbibition. Du prussiate de potasse est injecté dans la plèvre , du sulfate de fer est introduit dans l'abdomen d'un animal vivant: dans les conditions ordinaires , il faut cinq ou six mi- nutes avant que les deux substances se soient mises en contact par leur imbibition à travers le dia- phragme ; mais le mélange est instantané si l'on soumet le diaphragme à un léger courant galva- nique. Le même phénomène s'observe si l'un des liquides est placé dans la vessie urinaire , et l'autre dans l'abdomen ou bien dans le poumon et dans la cavité de la plèvre. (Voyez mon Journal de phy- siologie , tom. 3, page 35.) La théorie que j'ai exposée sur l'absorption par les veines vient d'être confirmée d'une manier e remarquable par les observations pathologiques de M. le docteur Bouillaud. En étudiant avec atten- tion les œdèmes partiels des membres , il a reconnu qu'elles coïncidaient constamment avec l'oblitéra- tion plus ou moins complète des veines de la par- tie infdtrée. Ce, sont ordinairement des caillots fibrineux qui obstruent les vaisseaux ; quelquefois DE IMI YSIOLOG TE. 287 les veines sont comprimées par des tumeurs cir- indnencc ^ ^ ^ de 00 a voisines. D'après quelques observations analo- lobstniciion , ^ des veines j^ues, M. Bouillaud est porte a supposer que les sur les hydropisies du péritoine sont dues à la difficulté '^ '^op''''^^- du passage du sang à travers le foie; et en effet, il est bien rare que les ascites un peu considé- rables et anciennes ne soient pas liées avec une lésion apparente de cet organe (i). (1) J'ai récemment ouvert, à l'hôpital de la Pitié , le corps d'un homme qui avait succombé à un cancer du foie ; il y avait ascite peu considérable, ce qui rentre dans les idées de M. Bouillaud , et de plus , chose très remarquable , il y avait une très grande quantité de liquide dans l'intestin grêle ; on aurait dit qu'il y avait hydropisie en dehors et en dedans de cet intestin. Je fis introduire un tube dans la veine porte , et par ce tube je fis pousser une injection d'eau à travers le foie ; ie liquide arriva sans trop de difficulté jusqu'à l'oreillette droite ; le foie n'était donc pas complètement obstrué : mais aussi la désorganisation n'était pas très profonde, on recon- naissait encore le tissu de l'organe ; çà et là se voyaient seu- lement quelques traces de dégénérescence lardacée; le reste du parenchyme était granulé et jaune, le foie était revenu sur lui-même , et comme racorni. Je ne regarde pas ce fait comme opposé à l'explication de M. Bouillaud , car il se peut que le foie , encore perméable à une injection d'eau, ait cessé , en tout ou en partie, de l'être au sang; or, d'après mes expériences sur l'absorption, il suffit d'une simple dis- tension des vaisseaux sanguins pour ralentir et même pour empêcher l'absorption , ou , en d'autres termes , i'imbibition de leurs parois : il se peut encore que la force avec laquelle 288 PRÉCIS ÉLÉMENTAIUE Passage du sang veineux à travers les cavités droites du cœur. Action Si le cœur d*un animal vivant est mis à décou- ^^^drofte's*^^ vert , on reconnaît aisément que l'oreillette et le du cœur, ventricule droits se resserrent et se dilatent alter- nativement. Ces mouvements sont tellement com- binés que le resserrement de l'oreillette arrive con- curremment avec la dilatation du ventricule , et , vice versa ^ la contraction du ventricule a lieu dans l'instant de la dilatation de l'oreillette. Ni l'une ni l'autre de ces cavités ne peuvent se dilater sans être remplies aussitôt par le sang, et, quand elles se resserrent , elles expulsent nécessairement une partie de celui qu'elles contenaient. Mais tel est le jeu des valvules tricuspides .et sygmoïdes, que lé sang est obligé de passer successivement de l'oreil- lette dans le ventricule , et de celui-ci dans l'artère pulmonaire. l'injection a été poussée à travers le foie ait été de beau- coup supérieure à celle qui faisait marcher le sang dans la veine porte chez le sujet dont il est ici question. Dans tous les cas on ne peut guère se refuser à penser qu'une lésion générale du foie , dans laquelle son tissu est sensiblement modifié , ne soit un obstacle à la circulation du sang à travers ce viscère. DK PHYSIOLOGIE. 289 Entrons dans les détails de ce curieux méca- nisme. J 'ai dit que le sang des trois veines qui aboutissent Action ^ -,, .11 1 ' r • or • 1 ' 1 1 (lel'oreilletto a 1 oreillette droite tait un ellort assez considérable droite. pour y pénétrer. Si elle est contractée , cet effort est sans effet; mais aussitôt qu'elle se dilate, le sang se précipite dans sa cavité , la remplit complètement , et distend les parois ; il péné- trerait immédiatement dans le ventricule si celui- ci ne se contractait pas à cet instant. Le sang se borne donc à remplir exactement la cavité de l'oreillette; mais bientôt celle-ci se contracte, comprime le sang , qui s'échappe dans le lieu où la pression est moindre; or, il n'y a que deux issues ; i° les veines caves , 2° l'ouverture qui conduit dans le ventricule. Les colonnes sanguines qui arrivent à l'oreillette opposent une certaine résistance à son passage dans les veines caves où il reflue. Il trouve au contraire toute facilité pour entrer dans le ventricule, puisque celui-ci se dilate avec une certaine force , tend à produire le vide , et par conséquent aspire le sang de l'oreillette , loin de le repousser. Tout le sang qui sort de roreillette ne passe Reflux du dt 1 1 • 1 i> 1 . sano[ dans les ^ ^ ant dans le ventricule ; 1 observation a veinescaves. appris depuis long -temps qu'à chaque contrac- tion de l'oreillette , une certaine quantité de li- quide reflue dans les veines caves supérieures et 2. 19 290 PKÉCIS ÉLÉMENTAIRE inférieures. L'ondulation produite par cette eause se fait quelquefois sentir jusqu'aux veines iliaques externes, et dans les jugulaires; elle influe sen- siblement, comme on verra, sur le cours du sang dans plusieurs organes , et surtout dans le cerveau. La quantité de sang qui reflue de cette manière varie suivant la facilité avec laquelle ce liquide pénètre dans le ventricule. Si , à l'instant de sa dilatation , le ventricule contient encore beaucoup de sang qui n'a pu passer par l'artère pulmonaire , il ne pourra recevoir qu'une petite quantité de ce- lui de l'oreillette, et dès lors le reflux sera plus considérable et s'étendra plus loin. Pouls C'est ce qui arrive quand le cours du sang dans l'artère pulmonaire est ralenti, soit par quelques obstacles résidants dans le poumon, soit parceque le ventricule a perdu de la force avec laquelle il se contracte. Le reflux dont nous parlons est la cause du battement qui se voit dans les veines de certains malades , et qui porte le nom de pouls veineux. Il ne peut rien se passer de semblable dans la veine coronaire, car son embouchure est garnie d'une valvule qui s'abaisse dans l'instant de la contraction de l'oreillette. Action L'instant où l'oreillette cesse de se resserrer duventricnle 1 • \ i • i droit. est celui OU le ventricule entre en contraction ; le sang qu'il contient est pressé fortement, et !>K IMl YSIOLOGIE. 2^1 tend à secliappor de tous côtés : il repasserait Action a autant plus aisément dans 1 oreillette , que . d.oii. comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois , elle se dilate dans cet instant ; mais la valvule tricuspide 5 qui garnit l'ouverture oriculo- ventri- culaire , s'oppose à ce reflux. Soulevée par le liquide placé au-dessous d'elle, et qui tend à passer dans l'oreillette , elle cède , jusqu'à ce qu'elle soit devenue perpendiculaire à l'axe du ventricule ; alors ses trois divisions ferment à peu près complètement l'ouverture ; et comme les colonnes charnues tendineuses ne leur permet- tent point d'aller plus loin , la valvule résiste à l'effort du sang, et l'empêche ainsi de passer dans l'oreillette. Il n'en est pas de même du sang qui , pendant la dilatation du ventricule , correspondait à la face oriculaire de la valvule ; il est clair que dans le mouvement de celle-ci il est soulevé et reporté dans l'oreillette , où il se mêle avec celui qui vient des veines caves et coronaires. INe pouvant vaincre la résistance à la valvule tricuspide, le sang du ventricule n'a plus d'autre issue que l'artère pulmonaire, dans laquelle il s'engage en soulevant les trois valvules syg- moïdes qui soutenaient la colonne de sang con- ' tenu dans l'artère pendant la dilatation du ven- tricule. 19. droites du cœur. iiga PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Je viens d'exposer les phénomènes les plus ap- parents et les plus connus du passage du sang vei- neux à travers les cavités droites du cœur ; il en est plusieurs autres qui me paraissent mériter une attention particulière. Remarques A. On aurait une idée inexacte si l'on croyait descavUéT qnc , daus la coiitractioii du ventricule ou de l'o- reillette, ces cavités se vident complètement du sang qu'elles contiennent : en observant le cœur d'un animal vivant, on voit bien dans l'instant la contraction , l'oreillette ou le ventricule diminuer sensiblement de dimension ; mais il est évident qu'à l'instant où la contraction s'arrête , une cer- taine quantité de sang se trouve encore soit dans l'oreillette, soit dans le ventricule. Il n'y a donc qu'une partie du sang de l'oreil- lette qui passe dans le ventricule quand elle se contracte. Il en est de même pour le sang du ven- tricule , dont une portion seulement passe dans l'artère pulmonaire lorsque le ventricule entre en contraction ; et ces deux cavités sont donc réel- lemi^nt toujours pleines de sang. Comment déter- miner la proportion du sang qui se déplace, et celle du sang qui reste? Elles doivent être variables suivant la force avec laquelle se contracte le ven- tricule ou l'oreillette , la facilité du passage du sang dans l'artère pulmonaire , la quantité de sang con- tenu dans l'oreillette ou le ventricule, l'effort des Dli PHYSIOLOGIE. .290 trois colonnes sanguines qui débouchent dans Fo- reillette, etc. L'effort que fait la colonne de sang veineux qui arrive à l'oreillette est quelquefois si considérable , que celle-ci ne peut plus se contracter ; elle reste distendue fortement pendant des heures entières; c'est seulement dans l'instant où le ventricule se relâche qu'en raison de son élasticité elle revient un peu sur elle-même. Ce phénomène arrive par- ticulièrement dans les moments de grande disten- sion du système veineux. Il donne une nouvelle preuve que l'élasticité peut remplacer la contrac- tilité, et vice versa. Dans plusieurs maladies de l'oreillette , la circulation doit s'y faire de cette manière. B. Dès que le sang veineux est arrivé au cœur, Remarques ^ sur l'action il est continuellement agité, presse, battu par les des cavités 1 A •! rt 1 1 droites mouvements de cet organe; tantôt il reilue dans les du cœur, veines caves , ou se précipite dans l'oreillette ; tan- tôt il passe avec rapidité dans le ventricule , et en ressort bientôt pour revenir dans l'oreillette , et retourner immédiatement dans le ventricule ; tan- tôt il pénètre dans l'artère pulmonaire , rentre ensuite dans le ventricule , et éprouve de violentes secousses à chaque déplacement (1). (1) Il suffit d'avoir pu toucher une seule fois le cœur d'uu animal vivant, pour avoir une idée de l'énergie de sa con- traction. 5294 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Agité . pressé de tant de manières et avec tant de force , le sang doit , pendant son séjour dans les cavités du cœur et dans l'artère pulmonaire , éprouver un mélange plus intime dans ses parties constituantes. Le chyle et la lymphe , que reçoivent les veines sous-clavières , doivent se répartir égale- ment dans le sang des deux veines caves. Ces deux espèces de sang doivent aussi se confondre et s'iinir complètement. €. Je suis tenté de croire avec Boerhaave que Remarques ■■■ sur l'action Jes colouncs chamucs des cavités droites , indé- des cavités droites peudamment de leurs usages dans la contraction du cœur. . , i . de ces cavités , doivent avoir une assez grande part dans cette collision , ce mélange des divers éléments du sang. En effet, le sang qui se trouve dans l'oreil- lette et le ventricule en occupe non seulement la cavité centrale , mais encore toutes les petites cellules formées par les colonnes ; par conséquent, à chaque contraction il est chassé en partie des cellules , et il est remplacé à chaque dilatation par du nouveau sang. Obligé de se partager ainsi en un grand nombre de petites masses afin de pouvoir occuper les cellules , pour se réunir en- suite lorsqu'il sera expulsé , le sang est agité de manière que les divers éléments éprouvent un mélange plus intime et bien nécessaire dans ce liquide , dont les parties constituantes ont une aussi grande tendance à se séparer. Par la même \Mi PHYSIOLOGIE. 2y5 raison , le chyle , la lymphe , les boissons , qui sont Remmques sur l'action apportés au cœur par les veines , et qui n'ont pu descavité» droittîS encore se mêler assez intimement avec le sang , du cœur. doivent éprouver ce mélange en traversant ces cellules. Si Ion veut prendre une idée de Tinfluence du côté droit du cœur sous ce rapport , on n'a qu'à pousser brusquement une certaine quantité d'air dans la veine jugulaire d'un chien , et examiner le cœur quelques instants après; on verra l'air agité battu dans l'oreillette et le ventricule, y former une mousse volumineuse dont les aréoles sont très fines. J'ai souvent observé ces phénomènes sur les animaux vivants ; j'ai pu dernièrement les con- stater de nouveau sur un cheval , dont le cœur avait été mis à découvert par une incision aux parties latérales du thorax et par la section d'une côte. Passage du sang veineux à travers T artère pulmonaire. Malgré les travaux nombreux des physiologistes sur le mouvement du sang dans les artères , ii reste encore beaucoup à faire sur ce sujet. Ici l'expérience et l'observation sont encore les seuls guides fidèles ; les explications doivent êtr« très restreintes , car la science qui pourrait les four- 296 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE nir, l'hydrodynamique , existe à peine dans tout ce qui a rapport au mouvement des fluides dans les canaux flexibles (1). Action de Je n'adoptcral pas, pour la description du mou- l'artère puimonaiie. vemeut du saug daus l'artère pulmouaire, la marche k suivie par les auteurs ; je préfère parler d'abord du mouvement du sang dans cette artère au mo- ment du relâchement du ventricule droit , et voir ensuite ce qui arrive quand ce ventricule se con- tracte et qu'il pousse du sang dans l'artère. Cette méthode me paraît avoir l'avantage de mettre dans tout son jour un phénomène dont l'importance ne me paraît pas avoir été suffisamment appréciée. Supposons l'artère pleine de sang et abandonnée à elle-même, le liquide sera pressé dans toute l'é- (1) Je ne puis m'empêcher de citer ici les propres expres- sions de d'Alembert : « Le mécanisme du corps humain, la vitesse du sang, son action sur les vaisseaux , se refusent à la théorie; on ne connaît ni l'action des nerfs , ni l'élasticité des vaisseaux , ni leur capacité variable, ni la ténacité du sang, ni ses divers degrés de chaleur. Quand même cha- cune de ces choses serait connue, la grande multitude d'élé- ments qui entreraient dans une pareille théorie nous condui- rait vraisemblablement à des calculs impraticables : c'est un des cas les plus composés d'un problème, dont le plus simple serait fort difficile à résoudre. Lorsque les eifets de la nature sont trop compliqués , ajoute l'illustre géomètre, pour pou- voir être soumis à nos calculs, l'expérience est la seule voie qui nous reste. >j DE PHYSIOLOGIE. 297 tendue du vaisseau par les parois , qui tendent à revenir sur elles-mêmes et à effacer la cavité ; le sang , ainsi pressé , cherchera à s'échapper de tous cotés : or il n'a que deux voies pour fuir, l'orifice cardiaque, et les vaisseaux infiniment nombreux et ténus qui terminent l'artère dans le tissu du poumon. L'orifice de l'artère pulmonaire au cœur étant Action très large , le sang se précipiterait facilement dans pulmonaire. le ventricule s'il n'existait à cet orifice un appa- reil particulier , destiné à empêcher cet effet : je veux parler des trois valvules sygmoïdes. Appliqués contre les parois de l'artère au moment où le ven- tricule y pousse une ondée de sang , ces replis de- viennent perpendiculaires à son axe ; aussitôt que le sang tend à refluer dans le ventricule , ils se placent de telle façon qu'ils ferment complètement l'orifice de ce vaisseau. A raison de la forme en cul -de -sac des val- Resserre- , "11 • 11 ment de vules sygmoïdes , le sang , qui entre dans leur rartère cavité 5 les gonfle , et tend à donner une figure ^" "^°^ * circulaire à leur fibre. Or, trois portions de cer- cles adossés laissent nécessairement entre elles un espace. Il devrait donc rester entre les valvules de Usatre l'artère pulmonaire , quand elles sont abaissées sygmoïdes. par le sang, une ouverture par laquelle ce liquide pourrait refluer dans le ventricule. 29^ PRÉCIS ÉLÉMENTAiRt Adossement H cst Certain que si chaque valvule était seule , valvules ^lle prendrait la forme demi-circulaire; mais il svgmoi es. y ^j^ ^ ^j,^-g . pQygg^çg pgj. \q sang , elles s'ap- pliquent l'une contre l'autre ; et comme elles ne peuvent s'étendre autant que leurs fibres le leur permettraient . elles se pressent l'une l'autre , à cause du petit intervalle où elles sont renfer- mées , et qui ne leur permet pas de s'étendre. Les valvules prennent donc la figure de trois trian- gles , dont le sommet est au centre de l'aitère et dont les côtés sont juxta-posés de manière à intercepter complètement la cavité de l'artère. Peut-être que les nœuds ou boutons qui se trou- vent alors au sommet de chacun des triangles sont destinés à fermer plus exactement l'artère dans son centre (i). Pour bien voir cet adossement des trois val- vules , il faut pousser doucement de la cire ou du suif fondu dans l'artère pulmonaire , en dirigeant l'injection du côté du ventricule ; celle-ci , une fois arrivée aux valvules , les remplit et les appli- que l'une contre l'autre ^ et Torifice du vaisseau se trouve fermée avec assez d'exactitude pour qu'il ne pénètre pas une goutte d'injection dans le ven- tricule. Quand la cire ou le suif sont solidifiés par le refroidissement, on peut examiner comment les valvules ferment l'ouverture de l'artère. ^ {i) Senac, Traité de la structure du cœur, etc. DE PHYSIOLOGIE. 299 INe pouvant refluer dans le ventricule , le sang Usaf,-e , , T 1 1 • 1 • ^6S valvules passera dans les radicules des veines pulmonaires, sygmoidcs. avec lesquelles les petites artérioles qui terminent l'altère pulmonaire se continuent ; et ce passage durera tant que les parois de l'artère presseront avec assez de force le sang qu'elles contiennent , effet qui , à l'exception du tronc et des principales branches , a lieu jusqu'à ce que la totalité du sang soit expulsée. On pourrait croire que la finesse des petits vais- Action seaux qui terminent l'artère pulmonaire est un ^^, l'artère ^ ^ pulmonaire. obstacle à l'écoulement : cela pourrait être s'ils étaient en petit nombre , et si leur capacité totale était moindre ou même égale à celle du tronc ; mais comme ils sont innombrables, et que leur capacité est beaucoup plus considérable que celle du tronc , l'écoulement s'y fait avec facilité. Il est cependant vrai de dire que l'état de disten- sion ou d'affaissement du poumon rend plus ou moins facile ce passage , comme cela est exposé plus loin. Pour que cet écoulement puisse s'effectuer avec facilité , il faut que la force de contraction des dif- férentes divisions de l'artère soit partout en rapport avec leur grosseur. Si celle des petites , au con- traire , était supérieure à celle des plus grosses , dès que les premières auraient expulsé le sang qui les remplissait , elles ne seraient que peu disten- 500 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE dues par le sang provenant des secondes , et Té- coulement du liquide serait très ralenti : oi' l'expérience est directe aient contraire à cette sup- position. Si l'artère pulmonaire d'un animal vivant est liée immédiatement au-dessus du cœur , pres- que tout le sang* contenu dans l'artère au moment où la ligature sera faite , passera assez prompte- ment dans les veines pulmonaires et arrivera au cœur. Action Yoilà ce qui arrive quand le sang contenu dans pulmonaire, l'artèrc pulmouairc est exposé à la seule action de ce vaisseau; mais, dans l'état ordinaire, à chaque contraction du ventricule droit , une certaine quan- tité de sang est poussée avec force dans l'artère; les valvules sont instantanément soulevées ; l'artère et presque toutes ses divisions sont distendues , d'au- tant plus que le cœur s'est contracté avec plus de force, et qu'il a poussé une plus grande quantité de sang dans l'artère. Immédiatement après sa con- traction , le ventricule se dilate , et dès cet instant les parois de l'artère reviennent sur elles-mêmes ; les valvules sygmoïdes s'abaissent et ferment l'artère pulmonaire , jusqu'à ce qu'une nouvelle contrac- tion du ventricule les soulève. Telle est la seconde cause du mouvement du sang dans l'artère qui va au poumon; elle est, comme on voit , intermittente : cherchons à en apprécier les effets; pour cela , voyons les phéno- DE PHYSIOLOGIE. 5oi mènes les plus apparents du cours du sang dans l'artère pulmonaire. Je viens de dire que dans l'instant où le ventri- cule pousse du sang dans l'artère, le tronc et toutes les divisions d'un certain calibre éprouvent une dilatation évidente. On nomme ce phénomène la pulsation de l'artère. La pulsation est très sensible près du cœur ; elle va en s 'affaiblissant , à mesure qu'on s'en éloigne; elle cesse quand l'artère, par suite de sa division , est devenue très petite. Un autre phénomène , qui n'est qu'une suite du phénomènes précédent , s'observe quand on ouvre l'artère. Si du s"ang"dans c'est près du cœur et dans un lieu où les batte- pj^onaire. ments soient sensibles , le sang sort par un jet sac- cadé ; si l'ouverture est faite loin du cœur, et dans une petite division , le jet est continu et uniforme; enfin , si on ouvre un des vaisseaux infiniment pe- tits qui terminent l'artère, le sang sort, mais sans former de jet : il se répand uniformément en nappe. Nous voyons d'abord dans ces phénomènes une nouvelle application du principe d'hydrodynami- que déjà cité, relatif à l'influence de la largeur du tuyau sur le liquide qui le parcourt : plus le tuyau s'élargit , plus la vitesse se ralentit. La capacité du vaisseau allant croissant à mesure qu'il avance vers le poumon , il est nécessaire que la vitesse du sang diminue. Ô02 PRECIS ELEMENTAIRE Cours Quant à la pulsation de l'artère et à la saccade du sang dans l'artère du sang qui s'en échappe quand elle est ouverte , pulmonaire. . , . , , , ^^ . ^ on voit évidemment que les deux effets tiennent a la contraction du ventricule droit et à l'introduc- tion d'une certaine quantité de sang dans l'artère, qui a lieu par cette cause. Pourquoi ces deux effets vont-ils en s'affaiblissant à mesure qu'ils se pro- pagent, et pourquoi cessent-ils tout-à-fait dans les dernières divisions de l'artère? Il n'est pas impos- sible, je pense, d'en donner une raison mécanique satisfaisante. Explication j^ii cffct, coiiccvons uii canal cylindrique d'une de la . , . cessation des longucur qUclcouquc, à parois élastiques, et plein pulsations o i ^ dans de liquide : si l'on y introduit tout-a-coup une cer- les Dctites artères, taiuc quantité de nouveau liquide, la pression sera répartie également sur tous les points des parois , qui seront également distendues. Supposons main- tenant que le canal se divise en deux parties, dont les sections réunies forment une surface égale à celle de la section du canal ; la distension produite par l'introduction brusque d'une certaine quantité de liquide se fera moins sentir dans les deux divi- sions que dans le canal ; car la circonférence totale des deux canaux étant plus considérable que celle du canal unique , elle résistera davantage ; et si l'on suppose enfin que ces deux premières divisions se divisent et se subdivisent à l'infini , comme la somme des circonférences des petits canaux sera DE IMIYS (OLOC IK. ?)()/) (le beaucoup supérieure à celle du canal unique, la même cause qui produira une distension sen- sible dans le canal et ses principales divisions n'en produira plus d'appréciable dans les dernières divi- sions , à raison de la résistance plus considérable des parois (i). Le phénomène sera encore plus marqué si la capacité des divisions, au lieu d'être égale , est supérieure à celle du canal. Cette dernière supposition est réalisée dans l'ar- Explication tère pulmonaire , dont la capacité augmente à me- cessation des sure qu'elle se divise et se subdivise ; par consé- ^"dans°"^ quent il est évident que les effets de l'introduction ^^^ petites ^ T- artères. de la quantité de sang à chaque contraction du ventricule droit doivent diminuer en se propa- geant , et cesser tout-à-fait dans les dernières di- visions du vaisseau. Ce qu'il ne faut pas omettre , c'est que la con- tractioi] du ventricule droit est la cause qui met continuellement en jeu l'élasticité des parois de (i) Pour bien concevoir ceci, il faut se rappeler que les surfaces des cercles sont proportionnelles aux carrés de leurs circonférences. Ainsi, dans la division du canal en deux autres, que nous avons supposée, si chaque circonférence devenait seulement moitié de la circonférence primitive, les surfaces de chacun des canaux secondaires ne seraient que le quart de la surface du canal primitif; et ces surfaces réunies ne formeraient que la moitié de celle du canal. Pour que l'égalité ait lieu , il faut donc que les circonférences réunies des deux divisions excèdent la circonférence du canal principal. 3o4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE l'artère , c'est-à-dire qui les maintient distendues au point qu'en vertu de leur élasticité elles font toujours effort pour revenir sur elles-mêmes et expulser le sang. D'après cela , on voit que des deux causes qui font mouvoir le sang dans l'artère pulmonaire , il n'en existe réellement qu'une seule; c'est la contraction du ventricule , celle de l'artère n'étant que l'effet de la distension qu'elle a éprou- vée dans l'instant où une certaine quantité de sang a pénétré dans sa cavité, pressée par le ventricule. Des auteurs ont cru voir dans le resserrement de l'artère pulmonaire quelque chose d'àrialogue à la contraction des muscles; mais, soit qu'on l'irrite avec la pointe d'un instrument ou des caustiques, soit qu'on la soumette à un courant galvanique , jamais aucun mouvement analogue à celui des fi- bres musculaires ne s'y fait apercevoir. Ce resserre- ment doit donc être considéré comme un effet de l'élasticité des parois du vaisseau. Utilité Pour faire bien sentir l'importance de l'élasticité des parois dcs parois de l'artère, supposons un instant qu a- vec ses dimensions et sa forme ordinaires elle de- vienne un canal inflexible : aussitôt le cours du sang est complètement changé; au lieu de traver- ser le poumon d'une manière continue, il ne pas- sera plus dans les veines pulmonaires que dans l'instant où il sera poussé par le ventricule ; encore faut-il supposer que celui-ci enverra toujours assez DE rnYSlOLOGIK. 3o5 de sang; pour tenir l'artère parfaitement pleine ; s'il en était autrement , le ventricule pourrait se contracter plusieurs fois avant que le sang traversât le poumon. Au lieu de cela , voyons ce qui se passe réellement : que le ventricule cesse , pour quelques instants , d'envoyer du sang dans l'artère, le cours du sang dans le poumon n'en continuera pas moins , car l'artère se refermera à mesure que l'é- coulement s'effectuera , et il faudrait qu'elle eût le temps de se vider complètement pour que le cours du sang s'arrêtât tout-à-fait : cette sus- pension ne peut arriver pendant la vie. Le pas- sage du sang à travers le poumon est nécessai- rement continu mais inégalement rapide , sui- vant la quantité de sang que le ventricule en- voie dans l'artère pulmonaire à chaque contrac- tion. A diverses reprises, on a cherché à déterminer Quantité la quantité de sang qui entre dans l'artère pulmo- ^^ sort ^lu*^"* naire à chacune des contractions du ventricule; ^'^"^t"*^"^^ ^ ' chaque en général , on a pris pour mesure la capacité de contraction. celui-ci , croyant que tout le sang qui s'y trouve passe dans l'artère au moment de la contraction; on l'a estimée assez considérable; mais ce qui a été dit plus haut fait assez voir combien cette apprécia- tion est inexacte, et puisqu'il n'y a qu'une partie du sang qui entre dans l'artère , et qu'il est impossible de savoir combien passe et combien reste , il est évi- 2. 2 0 3o6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE dent que tous les calculs ne conduisent pas à la connaissance de la vérité. Au reste , c'est bien plutôt le mécanisme par lequel le sang passe du ventricule dans l'artère , et celui de son cours dans ce vaisseau , qu'il im- porte de connaître ; connaîtrait-on avec précision la quantité de sang qui passe dans un temps donné , aucune conséquence importante ne s'en déduirait. En parcourant les petits vaisseaux qui terminent l'artère et qui commencent les veines pulmonaires, le sang veineux change de nature par l'effet du contact de l'air ; il acquiert les qualités de sang artériel : c'est ce changement dans les propriétés du sang qui constitue essentiellement la respiration. DE LA RESPIRATION, TRANSFORMATION DU SANG VEINEUX EN SANG . ARTERIEL. Nécessité L'une des conditions indispensables à notre du contact . , . , de l'air cxistcnce , c cst quc le sang soit sans cesse en " '^"^' contact avec l'air par une surface équivalente , pour l'étendue , à la superficie du corps. Dans ce con- tact l'air enlève au sang quelques uns des éléments qui le compose , et réciproquement le sang s'em- pare des éléments de l'air. L'échange chimique qui s'établit ainsi entre le sang et l'air, constitue la res- DE PHYSIOLOGIE. 507 piraiion on la transformation du sang veineux en sang artériel. Des auteurs estimés en ont une autre idée; plu- sieurs la définissent l'entrée et la sortie de l'air du poumon, mais ce double mouvement peut s'effec- tuer sans qu'il y ait pour cela respiration. D'autres croient qu'elle consiste dans le passage du sang à travers le poumon ; mais il arrive souvent que ce passage se fait quoiqu'il n'y ait pas respi- ration. Pour étudier avec fruit cette fonction , il faut avoir une connaissance exacte de la structure du poumon 5 des notions précises sur les propriétés physiques et chimiques de l'air atmosphérique ; il faut savoir par quel mécanisme cet air peut péné- trer dans la poitrine ou en sortir. Quand nous au- rons fait connaître chacun de ces points , nous dé- crirons le phénomène de la transformation du sang veineux en sang artériel. Des poumons. Dans la structure des poumons , la nature a ré- idée solu un problème mécanique d'une extrême dif- d/t^o^umon. ficulté : il s'agissait d'établir une immense surface de contact entre le sang et l'air, dans l'espace peu considérable qu'occupent les poumons. L'artifice admirable employé consiste en ce que chacun des petits vaisseaux qui terminent l'artère pul- 20. 3o8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Disposition monaiie et commencent les veines du même nom ^ P^oimon. " est environné de tous côtés par l'air. Or , en ad- ditionnant les parois de tous les capillaires du poumon , on aura une surface extrêmement éten- due , où le sang n'est séparé de l'air que par la paroi mince des vaisseaux qui le co^itiennent. Si cette paroi était imperméable , comme le serait , par exemple , une lame métallique , ce serait en vain que l'air se trouverait si près du sang , il n'y aurait aucune réaction chimique des deux corps l'un sur l'autre ; mais toutes les membranes de l'économie , particulièrement celles qui sont min- ces, sont facilement perméables aux gaz , et même aux liquides peu visqueux , en sorte que les parois des capillaires pulmonaires , suffisamment épaisses pour retenir toute la partie visqueuse du sang, ne mettent que fort peu d'obstacle au passage des gaz et à celui de la sérosité du sang ; elles se . laissent également traverser par les liquides ou vapeurs qui sont accidentellement introduites dans les poumons. Tous les 11 ne faudrait pas cependant supposer que le petits vais- , . . , seaux sont poumoii a , relativement a la respiration , des pro- respiratiou! priétés tout-à-fait spéciales à l'exclusion des autres organes ; car tous les petits vaisseaux qui con- tiennent du sang veineux , et qui se trouvent ac- cidentellement en contact avec l'air, deviennent le siège du phénomène de la respiration. Le pou- DE PHYSIOLOGIE. SOQ mon est seulement beaucoup mieux disposé qu'au- cun autre organe pour la production du phéno- mène. Sous le rapport anatomique , les poumons sont deux organes vasculaires , d'un volume consi- dérable, situés dans les parties latérales de la poi- trine. Leur parenchyme est divisé et subdivisé en lobes et en lobules , dont le nombre , la forme et les dimensions sont difficiles à déterminer. L'examen attentif d'un lobule pulmonaire ap- structure dj.i . p f . • . 1 , des lobules ^. qu il est lorme par un tissu spongieux , dont pulmonaires. les aréoles sont si petites qu'il faut une forte loupe pour les voir distinctement ; ces aréoles communi- quent toutes entre elles, et sont ensemble enve- loppées par une couche mince de tissu cellulaire , qui les sépare des lobules voisins. Dans chaque lobule viennent se rendre une des divisions des bronches et une de l'artère pul- monaire ; cette dernière se distribue dans l'épais- seur du lobule ; elle s'y transforme en un nom- bre infini de radicules des veines pulmonaires. Ce sont ces nombreux petits vaisseaux par les- quels se termine l'artère et commencent les veines pulmonaires , qui , en s'entre-croisant et s'anas- tomosant de diverses manières , forment les aréo- les du tissu des lobules (i); la petite division (i) Cette disposition existe d'une manière on ne peut plus évidente dans les poumons des reptiles. 3io PRECIS ELEMENTAIRE Structure broncllique qui aboutit au lobe ne pénètre pas des lobules , . , . p • i «a pulmonaires, clans son intérieur , et iinit brusquement aussitôt qu'elle est arrivée au parenchyme. Cette dernière circonstance me paraît remar- quable ; car, puisque la bronche ne pénètre pas dans le tissu spongieux du poumon, il est peu probable que la surface des cellules avec lesquelles Tair se trouve en contact soit revêtue par la mem- brane muqueuse. L'anatomie la plus exacte ne pourrait du moins en démontrer lexistence dans cet endroit. Une partie du nerf de la huitième paire et des filets du sympathique se répandent dans le poumon, mais sans qu'on sache comment ils s'y comportent. La surface de l'organe est recouverte par la plèvre, membrane séreuse , analogue au péritoine pour la structure et les fonctions. Autour des bronches , et près du lieu où elles s'enfoncent dans le tissu du poumon , existent un certain nombre de glandes lymphatiques dont la couleur est à peu près noire, et auxquelles viennent se rendre les vaisseaux lymphatiques peu nombreux qui naissent de la surface et de la profondeur du tissu pulmonaire. L'art des injections fines nous fournit, relative- ment au poumon, quelques renseignements qu'il ne faut pas laisser échapper. Si l'on pousse une injection d'eau colorée dans Glandes des poumons. DE PHYSIOLOGIE. 3l 1 l'artère pulmonaire , la matière injectée passe aus- Expériences A sur sitôt dans les veines pulmonaires ; mais en même le poumon, temps une petite partie pénètre dans les bronches. Si l'injection est faite par une veine pulmonaire , le liquide passe de même en partie dans l'artère, et en partie dans les bronches. Enfin , si l'on in- troduit l'injection par la trachée, on la voit quel- quefois pénétrer dans l'artère et dans les veines pulmonaires , et même dans l'artère et la veine bronchique. - Les poumons remplissent en grande partie la cavité de la poitrine , s'agrandissent et se resserrent avec elle ; formés presque en totalité par des vais- seaux sanguins ou aériens très élastiques , ils sont eux-mêmes doués d'une très grande élasticité ; et comme ils communiquent avec l'air extérieur par la trachée-artère et le larynx , chaque fois que la poitrine s'agrandit , ils sont distendus par l'air , qui est expulsé quand la poitrine reprend ses di- mensions premières. Il est donc nécessaire que nous nous arrêtions un instant à l'examen de cette cavité. La poitrine , ou le thorax , a la forme d'un co- ï)^ thorax, noïde , dont le sommet est en haut, la base en bas; en arrière, la poitrine est formée par les ver- tèbres dorsales , en avant par le sternum , et laté- ralement par les côtes ; ces derniers os sont au nombre de douze de chaque côté : on distingue 5l2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Des côtes, les côtes en vertèbro-sternales ^ et en vertébrales. Il y en a sept des premières et cinq des secon- des. Les vertébro -sternales , ou les vraies côtes , sont les plus supérieures ; elles s'articulent en ar- rière avec les vertèbres , comme les vertébrales ; en avant , elles s'articulent avec le sternum , au moyen d'un prolongement appelé cartilage des cotes. C'est la longueur , la disposition , et les mou- vements des côtes sur les vertèbres , qui déter- minent la forme et les dimensions apparentes de la poitrine. Le même muscle que nous avons vu former la paroi supérieure de l'abdomen, forme aussi la paroi inférieure du thorax ; il s'attache , par sa circon- férence , au contour de la base de la poitrine ; mais son centre s'élève dans la cavité pectorale, et forme, lorsqu'il est relâché , une voûte dont la partie moyenne est de niveau avec l'extrémité inférieure du sternum : en sorte que la cavité du thorax se trouve partagée en deux portions , l'une supérieure pectorale , et l'autre inférieure ou abdominale. En effet, c'est dans la première seulement que sont logés les organes pectoraux , tels que les poumons , le cœur , etc. La seconde contient le foie , la rate ^ l'estomac , etc. Des muscles nombreux s'attachent aux os qui forment la charpente du thorax : de ces muscles, DE PHYSIOLOGIE. 3 l 5 les Lins sont destinés ù rendre les côtes moins obliques sur la colonne vertébrale ou à agrandir la .capacité de la poitrine ; les autres abaissent les cotes , les rendent plus obliques sur les vertèbres , et diminuent ainsi la capacité du thorax. Il importe que nous prenions connaissance du mécanisme par lequel la poitrine s'agrandit ou se resserre , plusieurs phénomènes de la respiration étant liés intimement avec ses variations de ca~ pacité. La poitrine peut se dilater verticalement, trans- versalement et d'avant en arrière , c'est-à-dire sui- vant ses principaux diamètres. Le principal , et pour ainsi dire le seul agent ^|^cn?dT° de la dilatation verticale, c'est le diaphras-me, t^^orax paria i- o ^ contraction qui , en se contractant , tend à perdre sa forme ,. , i • u*i deux pièces (i) articulées par symphise mobile au niveau du cartilage de la deuxième côte. Cette dis- position , permettant à l'extrémité supérieure de la pièce inférieure de se porter un peu en avant, concourt à l'agrandissement de la poitrine d'une (i) Ce fait anatomique est indiqué dans l'anatomie de M. H. Cloquet. DE PHYSIOLOGIE. Ùig manière qui, je crois, n'avait pas encore été re- marquée. Mais quels sont les muscles qui élèvent le ster,- Muscles qui ^ -^ ^ élèvent num et les côtes, et qui par conséquent dilatent les côtes etie sternum. la poitrine? Si l'on en croit Haller, les inter-cos- taux sont les principaux agents de cette élévation. Les premiers inter-costaux , dit -il, trouvent un point fixe sur la première côte qui est immobile, et élèvent la seconde côte; et successivement tous les autres inter-costaux prennent leur point fixe sur la côte supérieure et élèvent l'inférieure. Nous venons de voir tout à l'heure que la pre- mière côte est loin d'être immobile; l'explication de Haller tombe donc par cela même, et je ne pense pas que les inter-costaux-internes ou externes puissent seuls, quoi qu'on en ait dit, produire l'élévation des côtes. Les muscles qui me paraissent destinés à cet usage sont ceux qui, ayant une extré- mité fixée médiatement ou immédiatement sur la colonne vertébrale, la tête ou les membres supé- rieurs, peuvent agir par l'autre directement ou in- directement sur le thorax, de manière à l'élever. Parmi ces muscles, je citerai les scalènes antérieurs et les postérieurs , les sur-costaux , les muscles du cou qui s'attachent au sternum, etc. J'y ajouterai ^sa edu un muscle auquel on n'a point jusqu'ici attribué diapi^ragme cet usa^e ; je veux dire le diaphrasfme. En effet, ce l'élévation , 1 o 'du thorax. muscle s'attache par sa circonférence à l'extrémité O20 PRECIS ELEMENTAIRE inférieure du sternum , à la septième vraie côte et à toutes les fausses ; quand il se contracte , il refoule en bas les viscères; mais, pour cela, le sternum et les côtes doivent présenter une résistance suffi- sante à l'effort qu'il fait pour les tirer en haut. Or , la résistance ne peut être qu'imparfaite, puisque toutes ces parties sont mobiles ; c'est pourquoi chaque fois que le diaphragme se contracte, il doit toujours élever plus ou moins le thorax. En général, l'étendue de l'élévation sera en raison directe de la résistance des viscères abdominaux et de la mo- bilité des côtes. Influence 11 cst uuc autic causc de la dilatation du tho- piessionat- rax à laquelle on a donné jusqu'ici peu d'atten- mosphérique . . a. j . . > • j. s. sur la tion , et qui me parait cependant très importante , ^'^thorax."^" je veux parler de la pression atmosphérique qui s'exerce dans toute la surface intérieure de la ca- vité par l'intermédiaire des poumons. Cette pres- sion a une telle influence , que , si par une cause quelconque elle cesse d'avoir lieu , la poitrine ne se dilate plus : en vain les muscles élévateurs des côtes agissent sur ces os , en vain le diaphragme se contracte ; la partie du thorax qui n'est pas pressée intérieurement par l'air atmosphérique ne se dilate pas. Ce phénomène est très marqué dans les affections de la poitrine , les pneumonies , les œdèmes , les emphysèmes des poumons , et les divers épanchements; tantôt il se voit dans DE PHYSIOLOGIE. 02 1 tout un côté du thorax et dans une partie du côté Dilatation partielle opposé , d autres fois il ne s observe que dans une du thorax. étendue de trois ou quatre côtes d'un seul côté , les autres côtes du même côté continuant à se mouvoir. 11 est si vrai que la pression atmosphérique est pour beaucoup dans la dilatation du thorax , que si elle cesse d'agir pendant un certain temps, le côté qui en est privé se resserre , et finit par s'oblitérer , non sans qu'il en résulte un grand changement dans la taille et dans la conformation générale du thorax. Une autre preuve que l'on peut ajouter se voit dans la facilité avec laquelle on dilate la poitrine d'un cadavre en soufflant par la trachée , et dans la difficulté qu'on éprouve en cherchant à la dilater en soulevant les côtes et le sternum. Il n'est pas indispensable que cette pression s'exerce par l'intermédiaire des poumons , comme le prouve l'expérience suivante : fermez par une ligature la trachée-artère à un animal, aussitôt il se consumera en efforts impuissants pour dilater la cavité de la poitrine ; faites une ouverture dans un espace intercostal , aussitôt l'air se précipitera dans le côté de la poitrine ouvert , et ce côté s'a- grandira facilement à chaque inspiration ; faites une ouverture du côté opposé , et vous oberverez le même effet. On peut même ^remarquer que l'é- lévation des côtes est plus complète et plus facile 2. 21 ,022 PRECIS ELEMENTAIRE que dans la respiration ordinaire ; on en conçoit aisément la raison. Changements Dans l'élévation générale du thorax, la forme du'thorax'Ls cle ccttc cavité change nécessairement, ainsi que 'Kvatimi l^s rapports des os qui la composent; c'est parti- culièrement pour se prêter à ces changements que paraissent destinés les cartilages des côtes : dès qu'ils sont ossifiés , et qu'ils perdent par consé- quent leur souplesse, la poitrine devient presque immobile. Pendant que le sternum est porté en haut , son extrémité inférieure est dirigée un peu en avant ; il éprouve ainsi un léger mouvement de bascule ; les côtes deviennent moins obliques sur la colonne vertébrale ; elles s'écartent tant soit peu l'une de l'autre, et leur bord inférieur est dirigé en dehors , en raison d'une petite torsion qu'éprouve le carti- lage. Tous ces phénomènes ne sont bien apparents que dans les côtes supérieures , ils le sont à peine dans les inférieures. Pour bien juger du mécanisme de l'inspiration, il faut l'étudier sur un individu maigre , et âgé de moins de trente ans; tous les phénomènes que je viens de décrire seront visibles, mais ils deviendront bien plus apparents si l'individu est atteint d'une difficulté de respirer. C'est alors que paraîtra dans tout son jour le jeu des puissances qui élèvent le thorax , que les scalènes se gonfleront à chaque DE PHYSIOLOGIE. 520 iiivSpiration (i), et se relâcheront à chaque expi- ration ; quant aux muscles intercostaux, dans les respirations laborieuses , tantôt ils se contractent dans l'instant de l'inspiration , et tantôt , au contraire , ils se relâchent . et alors il se produit un enfoncement remarquable dans chaque espace intercostal. Il résulte de l'élévation du thorax un agrandisse- ment général de cette cavité, soit d'avant en arrière, soit transversalement , soit même de haut en bas. Cet agrandissement est nommé inspiration; il ^rois degrés offre trois degrés bien marqués : i'* l'inspiration p^^^ f^ation ordinaire, qui se fait par l'abaissement du dia- phragme et une élévation presque insensible du thorax ; 2"" l'inspiration grande , dans laquelle il y a élévation évidente du thorax , en même temps qu'il y a abaissement du diaphragme ; 3° enfin , l'inspiration forcée , dans laquelle les dimensions du thorax sont augmentées dans tous les sens , autant que le permet la disposition physique de cette cavité. A la dilatation du thorax succède l'expiration^ c'est-à-dire le retour du thorax en sa position et à ses dimensions ordinaires. Le mécanisme de ce mouvement est justement l'inverse de celui que (i) J'appelle cette contraction des scalènes le pouls res- piratoire j et en effet , le doigt appliqué sur l'un des scalènes donne une idée de l'effort que fait le malade pour respirer. 21. 324 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Puissances nous veiioiis de décrire. 11 est produit par 1 elas- expiratrices. , i t i ticite des cartilages et des ligaments des côtes, qui tendent à revenir sur eux-mêmes , par le relâche- ment des muscles qui avaient élevé le thorax , et enfin par la contraction d'un grand nombre de muscles disposés de façon qu'ils abaissent le tho- rax, et le rétrécissent. Parmi ces muscles, qui sont très nombreux et très forts, il faut distinguer les muscles larges de l'abdomen, le dentelé posté- rieur et inférieur, le grand dorsal, le sacro-lom- baire , etc. Trois degrés Lc resseiTemeiit du thorax, ou l'expiration, pré- l'expiration, scutc aussi trois dcgi'és : \° V expiration ordinaire ^ 2"" y expiration grande; ?>° et V expiration forcée. Dans l'expiration ordinaire, le relâchement du diaphragme, refoulé par les viscères abdominaux, pressés eux-mêmes par les muscles antérieurs de cette cavité, produit la diminution du diamètre vertical. Le relâchement des muscles inspirateurs et une contraction légère des expirateurs , permet- tant aux côtes et au sternum de reprendre leurs rapports ordinaires avec la colonne vertébrale , produisent l'expiration grande. Mais le rétrécissement de la poitrine peut aller au-delà. Si les muscles abdominaux et les autres muscles expirateius se contractent avec force, il en résulte un refoulement plus marqué du dia- phragme , un abaissement plus grand des côtes DE IMlYSrOLOGIK. «)2^ et lia létrécissement de la base de la poitrine , et par conséquent nne diminution plus considérable de la capacité thoracique. C'est ce qu'on nomme expiration forcée. Pour faire comprendre comment le poumon se Gommerit je dilate et se resserre avec le thorax, Mayow com- s,/diîatc'oi. parait le poumon a une vessie placée a I intérieur " ^^^^ d'un soufflet , et qui communiquerait avec l'air ex- ^^ n^oiax. térieur par le tuyau de l'ipstrument. Cette compa- raison , juste sous plusieurs rapports , est inexacte sous un point de vue très important : la vessie est une membrane inerte qui se laisse distendre par la pression de l'air, et qui ne revient sur elle-même que par la compression des parois du soufflet. Le pou- mon est dans une condition bien différente: il tend continuellement à revenir sur lui-même , à occu- per un espace moindre que la capacité de la cavité qu'il remplit; il exerce donc une traction surtous les points des parois thoraciques. Cette traction a peu d'effet sur les côtes, qui ne peuvent céder, mais elle a une grande influence sur le diapbragme ; par elle ce muscle est toujours tendu , et tiré en haut de ^ manière à prendre la forme de voûte ; quand le muscle s'abaisse en se contractant , il est obligé d'entraîner les poumons vers la base de la poitrine ; ces organes se trouvent aussi de plus en plus dis- tendus, et, en vertu de leur élasticité , ils tendent avec d'autant plus d'énergie à revenir sur eux- Ù26 PR;ÉC1S ÉLIÊMENTAIRE mêmes, et à ramener le diaphragme enhaut. Le dia- phragme serait en effet brusquement rétabH dans la forme voûtée dès qu'il cesse de se contracter, par un mouvement particulier de la glotte, dont nous parlerons plus bas , et qui oppose quelques difficultés à la sortie de Tair de la poitrine. L'as- cension du diaphragme, dans l'expiration, est en outre favorisée par l'élasticité , ou même la con- traction des muscles de l'abdomen, qui ont été dis- tendus par le refoulement des viscères au moment de la contraction du diaphragme. Expérience Pour jugcr de cettc action réciproque du dia- dîa^iî ^^^^ ^" phragme et du poumon , il faut , sur un jeune ani- mal, mettre à découvert les muscles intercostaux d'un des côtés de la poitrine , et alors on voit à tra- vers ces muscles le poumon et le diaphragme mon- ter et descendre de concert, et sans qu'il existe aucun intervalle entre ces deux organes ; on voit aussi que le poumon est toujours appliqué contre lès parois du thorax , et qu'il glisse sur ces parois dans ses divers mouvements. Il est encore facile de remarquer que, durant l'expiration, une assez grande étendue de la face supérieure du diaphragme s'applique contre les parois du thorax , et occupe l'espace que le poumon remplissait pendant l'inspiration. Ici se présente une question importante : lîous voyons bien que le diaphragme, en s'abaissant , tire en bas le poumon , mais il le tire encore après DE PHYSIOLOGIE. 027 l'expiration; car si, à cet instant , les parois du Exponcnce thorax sont ouvertes, et que l'air extérieur ait diaphragme" accès direct sur le poumon , celui-ci s'affaisse beaucoup. Le diaphragme s'opposait donc à cet affaissement avant l'ouverture ; en effet , le re- lâchement du diaphragme n'est jamais complet durant la vie , et je le prouve par l'expérience que voici : rendez visibles les mouvements du poumon sur un jeune lapin ; remarquez le point où s'arrête l'ascension du diaphragme dans les expira- tions les plus complètes ; dans l'instant d'une ex- piration de ce genre , coupez la moelle épinière au cou; au moment de la section , vous verrez le dia- phragme remonter d'un ou même deux intervalles intercostaux. Il y a donc , durant la vie , dans le moment où le diaphragme semble relâché autant que possible , une certaine force qui ne lui permet pas de céder à la tendance qu'ont les poumons à revenir sur eux-mêmes , et cette force paraît sou- mise à l'influence nerveuse. Mais la question n'est qu'en partie résolue : Antagonisme après la mort même , l'antagonisme du diaphragme "^ïïu^^" et du poumon est loin d'être détruit ; le dia- diaphragme * ^ après la moi ) phragme est voûté , le poumon est distendu , et la preuve est à la portée de chacun : une ouver- ture faite aux parois ihoraciques a pour effet d'af- faisser les poumons, et de les confhier (quand ils sont sains) sur les côtés de la colonne veité- :)2S PRECIS ÉLÉMENTAIRE brale , et de rendre le diaphragrne flasque et flot- tant , dès qu'il n'est plus soutenu par les viscères abdominaux. Voilà ce qui existe chez l'individu qui a respiré , voilà ce qui n'existe pas chez le fœtus qui n'a point exécuté la respiration. Gom- ment le double effort du diaphragme sur le pou- mon et du poumon sur le diaphragme s'est-il éta- bli ? J'avoue que je l'ignore. Ce serait un sujet de recherches curieuses. De l'air. Propriétés De toutes parts , et jusqu'à i5 ou 16 lieues de physiques de. i , -. ' . f i > « • i ' Pair. nauteur, la terre est environnée d un fluide rare et transparent que l'on nomme air ^ et dont la masse totale forme Vatinospkere. L'air est un fluide élastique, c'est-à-dire qui par lui-même a la propriété d'exercer une pres- sion sur les corps qu'il entoure et sur les parois des vases qui le contiennent. Cette propriété sup- pose dans les particules dont l'air se compose une tendance continuelle à se repousser les unes les autres. Une auti'e propriété de l'air est la compressi- bilité ^ c'est-à-dire que son volume change avec la pression qu'il supporte. L'expérience apprend qu'une même masse d'air, soumise successivement à des pressions différentes , occupe des espaces ou dçs volumes qui sont en raison inverse des près- DE PHYSIOLOGIE. 5:29 sioiis; en sorte que la pression devenant double, Propiidôs .1 11 1 »i«\i ..f physiques du triple, quadruple , ce volume se réduit a la moitié, Vuh. au tiers , au quart. Dans l'atmosphère, la pression que supporte une masse quelconque d'air provient du poids des couches qui sont au-dessus d'elle ; le poids dimi- nuant à mesure qu'on s'élève , l'air doit être de plus en plus dilaté, ou, en d'autres termes, sa densité doit diminuer à mesure que l'élévation augmente. A la surface de la terre, la pression de l'air est le résultat du poids total de l'atmosphère. Cette pression est capable de soutenir une colonne de mercure de 2S pouces ou 76 centimètres de hauteur : l'instrument employé pour fournir cette mesure se nomme baromètre. Différentes circonstances physiques font légère- ment varier la pression atmosphérique ; elle est , par exemple , moins forte sur le sommet des mon- tagnes que dans les vallées ; plus forte quand t'air est sec que quand il est chargé d'humidité. Ces variations sont exactement appréciées au moyen du baromètre. Comme tous les autres corps, l'air se dilate par la chaleur; son, volume augmente de 1/266 pour un échauffement d'un degré du thermomètre cen- tigrade. L'air est pesant; c'est ce dont on s'est assuré en pesant d'abord un ballon plein d'air, et en pesant ^ 53o ' PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE ensuite le même ballon , dans lequel on a fait le vide au moyen de la machine pneumatique. On a trouvé ainsi qu'à la température o, et lorsque le baromètre est élevé de 76 centimètres , un litre d'air, c'est-à-dire un décimètre cube d'air, pèse 1 gramme et 3/io; un même volume d'eau pèse- rait 1 kilogramme. L'eau est donc 770 fois plus pesante que l'air. propiiéiés L'air est plus ou moins chargé d'humidité. Cette physiques de ^ ^ ^ l'air. humidité provient de l'évaporation continuelle des eaux qui recouvrent la surface de la terre. En effet , l'expérience nous prouve qu'à toutes les températures l'eau forme des vapeurs d'autant plus abondantes que la température est plus éle- vée. De plus , pour chaque température , l'air ne peut contenir qu'une certaine quantité de vapeur. Lorsqu'il en est saturé j, l'humidité est extrême. Plus il approche de l'être , plus l'humidité est grande. C'est là ce qu'indiquent les hygromètres. Enfin, quand, par l'effet d'un refroidissement ou de toute autre cause , l'air se trouve contenir plus de vapeur qu'il n'en peut renfermer à la tempéra- ture où il se trouve, l'excédant de cette vapeur se rassemble d'abord sous forme de brouillards et de nuages, et se précipite ensuite à l'état de pluie, de neige , etc. La vapeur d'eau étant plus légère que l'air , el Fobligeant d'ailleujs à se dilater quand elle se DE PHYSIOLOGIE. 001 mêle à lui, il en résulte que l'air humide est plus lé^er que l'air sec. Malgré sa rareté et sa transparence , l'air réfracte, intercepte et réfléchit la lumière. En petite masse , il nous renvoie trop peu de rayons pour que sa couleur produise sur nos yeux une impression sen- sible ; en grande masse , cette couleur est d'un bleu très visible. Aussi l'interposition de l'air co- lore-t-elle d'une teinte bleuâtre les objets éloignés. L'air joue un grand rôle dans les phénomènes chimiques ; regardé long-temps comme un élé- ment , sa composition , soupçonnée par Jean Rey dans le i^*' siècle , fut clairement établie par La- voisier. L'air est composé de deux gaz très différents par Composition , . , , chimique leurs propriétés. de l'aii. i'* L'oxigène : gaz un peu plus pesant que l'air dans le rapport de 1 1 à lo, se combinant avec tous les corps simples ; élément de l'eau , des* matières végétales et animales , et du plus grand nombre des corps connus; nécessaire à la combustion et à la respiration. 'i'' L'azote : gaz un peu plus léger que l'air ; élé- ment de l'ammoniaque et des substances animales ; éteignant les corps en combustion. Les proportions d'oxigène et d'azote qui entrent dans la composition de l'air se déterminent à l'aide d'instraments qu'on nomme eadiometres. 552 PRÉCIS ELEMENTAIRE Dans ces instruments, on produit la combinaison de l'oxigène avec quelque corps combustible ,t tel que l'hydrogène ou le phosphore , et le résultat de cette combinaison fait connaître la quantité d'oxigène que l'air renfermait. On a trouvé ainsi que 1 00 parties d'air, en poids, contenaient 2 1 par- ties d'oxigène et 79 d'azote. Ces proportions sont les mêmes dans tous les lieux et à toutes les hau- teurs , et n'ont point changé sensiblement depuis environ quinze ans , que la chimie est parvenue à les établir d'une manière positive. L'air contient , mitre l'oxigène et Tazote , de la vapeur d'eau en quantité variable , comme nous l'avons déjà dit , et une très petite quantité d'acide carbonique , dont la proportion varie suivant di- verses circonstances. Presque tous les corps combustibles décompo- sent l'air à une température particulière pour cha- cun d'eux. Dans cette décomposition ils se com- binent avec l'oxigène, et laissent l'azote libre. Inspiration et expiration. Entrée de Lcs poumons sout toujours remplis par l'air. * poifimms!"' tt^ais ce fluidc s'y altère promptement par l'acte même de la respiration ; il est donc nécessaire qu'il s'y renouvelle à des époques assez rappro- chées. Ce renouvellement s'effectue par les deux DE p II Y S I o L 0 r. 1 1: . 5v35 phénomènes de l'inspiration et de l'expiration : dans le premier l'air arrive dans les poumons , les distend, et pénèti-e jusqu'aux cellules aériennes; durant le second , une partie de l'air contenu dans le poumon est chassée au dehors. Dans ces deux actes physiques la pression at- mosphérique et la contraction musculaire jouent les principaux rôles. Si nous examinons la poitrine après une expi- ration ordinaire , nous voyons que l'air qui presse sur la surface extérieure de cette cavité fait exacte- ment équilibre à celui qui presse sur la surface intérieure du poumon. La pression de ce dernier s'exerce par l'intermédiaire de la colonne qui se trouve dans la cavité de la bouche ou du nez, du pharynx , du larynx de la trachée et des bronches. Le moindre effort des puissances qui dilatent le thorax , ou de celles qui le resserrent, suffit pour faire pénétrer l'air dans le poumon ou pour l'en faire sortir. Il est donc bien facile de comprendre le mécanisme de l'inspiration: dès que les mus- cles dilatateurs du thorax agissent, aussitôt l'air extérieur se précipite dans la glotte , la trachée et les poumons , va remplir les vésicules pulmonaires, où le vide tendait à se produire par le fait de l'a- grandissement du thorax. Nous pouvons ici nous re^ndre raison de la du- reté et de l'élasticité des parois du canal que 354 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Avantagesde l'air paiTOurt pour arriver jusqu'au poumon : sup- l'élasticité , , , . des parois posoHS pour uii momeut que la trachée ou le la- des conduits -, . -, ,. aériens. rjnx cusscut cu des parois membraneuses au lieu des cartilages qui les forment, alors, dans le mo- ment de la dilatation du thorax, l'air, qui presse également sur tous les points à la surface du corps, aurait affaissé les conduits aériens au cou , et l'air n'aurait pu pénétrer dans la poitrine. Rien de cela ne peut arriver dans la réalité ; les anneaux de la trachée, les parois du larynx , celles du nez et de la bouche, résistent à la pression de l'air, qui n'agit que sur la face intérieure de ces canaux. Il existe un tel rapport entre la pression de l'at- mosphère et les cartilages des conduits aériens , que là où la pression ne peut s'exercer , les carti- lages ne se rencontrent plus , comme on le voit à la face postérieure de la trachée , et dans les pe- tites divisions bronchiques. Si l'on se rappelle la disposition des lobules pul- monaires , l'extensibilité de leur tissu , leur com- munication avec l'air extérieur par le moyen des bronches , de la trachée-artère et du larynx , on concevra aisément que, chaque fois que la poitrine se dilate , l'air se précipite aussitôt dans ce tissu pulmonaire , en quantité proportionnée au degré de dilatation. Quand la poitrine se resserre , une partie de l'air qu'elle contient est expulsée et res- sort par la glotte. DE PHYSJOLOGIK. 555 Pour arriver à la flotte dans l'inspiration , ou Position 11 1 1» • . 1, . "i" ^'oile du pour se porter au deiiors dans 1 expiration , 1 air palais dans ^.^.l r 1 iAj.A^ii l'inspiration traverse tantôt les tosses nasales et tantôt la bou- et che : la position que prend le voile du palais dans ^'^'i'"^^^'^"- ces deux cas mérite d'être connue. Quand l'air traverse les fosses nasales et le pharynx pour entrer dans le larynx ou pour en sortir, le voile du palais est vertical et appliqué par sa face anté- rieure sur la partie postérieure de la base de la langue , de manière que la bouche n'a aucune communication avec le pharynx. Lorsque l'air tra- verse la bouche dans l'inspiration ou l'expiration , le voile du palais est horizontal , son bord posté- rieur est embrassé par la face concave du pharynx , et toute communication est interdite entre la partie inférieure du pharynx et la partie supérieure de ce canal , ainsi qu'avec les fosses nasales. De là la nécessité de faire respirer les malades par la bou- che , si l'on veut faire l'inspection des tonsilles et du pharynx. Ces deux voies , par lesquelles l'air peut arriver à la glotte , ont l'avantage de pouvoir se suppléer mutuellement : quand la bouche est remplie d'a- liments , la respiration se fait par le nez ; elle se fait par la bouche quand les fosses nasales sont obstruées par du mucus , un léger gonflement de la pituitaire ou toute autre cause. La glotte est loin d'être inactive dans les mou- 356 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Mouvements vemeiits d'cxpiratioii et d'iiispiratioiî , elle s'ouvre glotte dansia ct sc ferme alternativement. Sa dilatation, qui respna ion. çQJjT,çj(jg ^yç^ l'inspiratiou , favorise l'entrée de l'air dans les organes respiratoires ; le mouvement par lequel elle se ferme arrive dès que l'expiration commence , de sorte qu'elle met toujours un cer- tain obstacle à la sortie de l'air des poumons , et que ses bords sont toujours plus ou moins agités par la colonne expirée. Nous pouvons même . en la fermant complètement, empêcher toute issue de l'air, quels que soient les efforts des puissances expiratrices. Dans ce cas , les petits muscles con- stricteurs de la glotte luttent seuls avec avantage contre les immenses puissances qui servent à l'ex- piration (i). (i) Il y a des maladies qui semblent principalement con- sister dans le défaut de dilatation de la glotte durant l'inspi- ration; il en résulte une gêne extrême dans la respiration , et des efforts inouïs pour attirer l'air dans les poumons. J'en ai eu la preuve dans un enfant sur lequel j'ai fait l'opération de la laryngotomie. Je croyais que la suffocation qu'il éprou- vait tenait à une fausse membrane qui bouchait la glotte : l'opération faite, l'air arriva au poumon par la plaie, et la suffocation cessa aussitôt; ce qui prouve que l'obstacle était bien à la glotte , cependant celle-ci était parfaitement libre. J'essayai de fermer la plaie, et de faire respirer l'enfant par le larynx, la suffocation reprit aussitôt, et je fus obligé de faire tenir les bords de l'incision ouverts pendant vingt-quatre heures par un aide. DE PHYSIOLOGIE. O/)^ Il paraît que le nombre d'inspirations faites dans ^,.^"mbr ^ ^ * a inspirât re piiatiuns un temps donné diffère beaucoup d'un liomme à ^»"s 24 heures. un autre. Haies les croit de 20 dans l'espace d'une minute. Un homme sur lequel Menziès fit des expériences ne respirait que i4 fois dans une minute. M. H. Davy nous apprend que dans le même temps il respire 26 à 2^ fois ; M. Thomson dit qu'il respire ordinairement 19 fois ; je ne res- pire que i5 fois. En prenant 20 fois pour moyenne dans une minute , on aurait 28,800 inspirations dans 24 heures. Mais il est probable que ce nom- bre varie beaucoup suivant une foule de circon- stances , telles que l'état de sommeil , le mou- vement , la distension de l'estomac par les ali- ments , la capacité de la poitrine ? les affections morales , etc. Quelle quantité d'air entre dans la poitrine à chaque inspiration? quelle quantité en sort à cha- que expiration ? et combien y en séjourne-t-il ha- bituellement ? D'après le docteur Menziès , la quantité moyenne Volume J' • • 4- J 1 > 1 • • ^'air inspiré. a air qui entre dans les poumons , a chaque inspi- ration , est de six cents cinquante-cinq centi- mètres cubes. Goodwin pense qu'après une expi- ration complète le poumon contient encore mille sept cent quatre-vingt-six centimètres cubes ; Men- ziès assure que cette quantité est plus forte, et qu'elle s'élève à 2923 c. c. 2. 22 338 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Suivant Davy, après une expiration forcée , ses poumons retiennent encore 672 c. c. , et , Après une expiration naturelle. . . , iQ^S c. C. Après une inspiration naturelle. . . . 2212 Après une inspiration forcée 6412 Après une expiration forcée après une in- spiration forcée, il sortit des poumons. . 3ii5 Après une inspiration naturelle. . . . 1286 Après une expiration naturelle. . . . 1106 Quantité M. Thomson croit qu'on ne s'éloignerait pas d'air contenu i i i ' -x ' xi habituel- beaucoup de la vente , en supposant que la quan- ^L"m)"uiiion"^ tité ordinaire d'air contenu dans les poumons est de 4588 centimètres c. , et qu'il en entre et qu'il en sort à chaque inspiration ou expiration, 655 c. c. Quantité Ainsi 5 en supposant 20 inspirations par minute , ^'^\Y^^^^'^ on aura, pour la quantité d'air entré ou sorti des Shem^e^s poumons dans cet intervalle de temps, 1 3 1 00 c. c. ; ce qui , pour une heure, fait 786 décimètres c. , et pour les ^4 heures environ 19 mètres c« , ou à peu près 24 kilogrammes. Les chimistes ont fait un grand nombre d'ex- périences pour déterminer si le volume de l'air diminue par son séjour dans le poumon. En tenant compte des expériences les plus récentes, par MM. Dulong etDespretz, cette diminution est as- sez considérable ; M. Despretz ayant fait respirer six petits lapins dans quarante-neuf litres d'air DE PHYSIOLOGIE. OOg pendant deux heures , trouva une diminution d'un litre. En traversant suecessivement la bouche ou les changement» cavités nasales , le pharynx , le larynx , la tra- ^ ^dT^^ chée-artère et les bronches , l'air inspiré prend ^^^^ inspire. une température analogue à celle du corps. Dans la plupart des cas , il s'échauffe , et par conséquent se raréfie , de sorte que la même quantité d'air en poids occupe dans le poumon un espace beau- coup plus considérable que celui qu'elle occupait avant d'être introduite dans ce viscère. Outre ce changement de volume , Tair inspiré se charge de la vapeur qui s'élève continuellement delà membrane muqueuse des voies aériennes , et c'est ainsi que , chaud et humide , il arrive aux lobules pulmonaires ; enfin la portion d'air dont nous parlons se mêle à celle que contenaient les poumons. Mais l'expiration succède bientôt à l'inspiration : il ne s'écoule guère ordinairement entre elles plus de quelques secondes; l'air que contient lepoumon, pressé par les puissances expiratrices , s'échappe en parcourant , en sens inverse de l'air inspiré , le canal respiratoire. Il faut remarquer ici que la portion d'air expi- Eenouveiie- rée n'est pas précisément celle qui avait été inspirée ^^dei^alr^'^^ précédemment , mais une partie de la masse que V^ contient *r ^ i 1 ie poumon. contenait le poumon après l'inspiration ; et si l'on 22. 340 PRÉCIS ÉLÉMENÏxVIRE compare le volume d'air que contieiiuent habi- tuellement les poumons , avec celui qui est inspiré et expiré à chaque mouvement de respiration, on supposera avec raison que l'inspiration et l'expira- tion ont pour but de renouveler en partie la masse considérable d'air renfermé dans les poumons. Ce renouvellement sera d'autant plus considé- rable , que la quantité d'air expiré sera plus forte, et que l'inspiration qui suivra sera plus com- plète. Propriétés physiques et chimiques de l'air qui sort des poumons. Propriétés A sa sortic du poumon, l'air a une température ^chimiques voisine de celle du corps ; avec lui s'échappe de la de l'air des . . , . . • . ' i ' poumons, poitriuc uuc Certaine quantité de vapeur nommée transpiration pulmonaire j en outre sa composition chimique est différente de celle de l'air inspiré. Au lieu de 0,21 d'oxigène et d'une trace d'acide carbonique que présente l'air atmosphérique , l'air expiré offre 0,18 ou 0,19 d'oxigène; de 0,2 à o,3 centièmes d'acide caibonique. En général , la quantité d'acide carbonique est inférieure à celle de l'oxigène disparu : d'après les dernières expériences de MM. Dulong et Despretz , cette différence pour- rait aller jusqu'au tiers pour les animaux carni- vores , et seulement au dixième , terme moyen , pour les animaux herbivores. Quantité d'oxigène absorbé. DP. PHYSIOLOGIE. j/f 1 Pour évaluer la quantité d'oxî^ène consumé par un homme adulte en ^4 heures , il ne faut que se rappeler la quantité d'air respiré pendant cet intervalle. D'après Lavoisier et H. Davj^ , 5i2 centimètres cubes sont consumés en une minute, ce qui , pour ^4 heures , donne 745 décimètres cubes. Il n'est pas plus difficile d'apprécier la quantité Quantité d'acide d'acide carbonique qui sort du poumon dans le carbonique même temps , puisqu elle représente au moms les deux tiers de l'oxigène disparu. M. Thomson l'éva- lue à 655 c. c. , quoiqu'elle soit , dit-il , probable- ment peu moindre: or, cette quantité d'acide carbonique représente environ 54o grammes de carbone. Quelques chimistes disent qu'il y a disparition Exhalation d'une petite quantité d'azote pendant la respiration; il^oumln,^ ce fait ne s'est pas vérifié dans les recherches ré- centes. D'autres pensent , au contraire , que la quantité de ce gaz est sensiblement augmentée ; ce dernier résultat vient d'être mis hors de doute par les travaux de MM. Edwards , Dulong et Despretz , qui ont toujours trouvé un accroissement sensible de l'azote dans l'air où des animaux avaient res- piré un certain temps. Nous sommes avertis du degré d'altération que instinct qui subit l'air dans nos poumons par un sentiment ."""resph-er^ qui nous porte à le renouveler : a peine sensible 542 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE dans la respiration ordinaire, parceque nous nous hâtons d'y obéir, il devient douloureux s'il n'est pas assez promptement satisfait ; à ce degré , il est ac- compagné d'anxiété et d'effroi , avertissement in- stinctif de l'importance de la respiration. Tandis que l'air contenu dans les poumons est ainsi modifié dans sfes propriétés physiques et chimi- ques , le sang veineux traverse les ramifications de l'artère pulmonaire , qui forment en partie le tissu des lobules du poumon ; il passe dans les radicules des veines pulmonaires , et bientôt parcourt ces veines elles-mêmes; mais, en passant des unes dans les autres, il change de nature, et de vei- neux il devient artériel. Examinons les phénomènes de cette transfor- mation. Changement du sang veineux en sang artériel. Transforma- Au momcut OU le sang vclucux traverse dans sang veineux Ics petits vaisscaux dcs lobules pulmonaires , il sang artériel, prend unc coulcur écarlatc , son odeur devient plus forte , sa saveur plus prononcée; sa tempéra- ture s'élève d'environ un degré ; une partie de son sérum s'échappe sous la forme de vapeur dans le tissu des lobules , et se mêle à l'air. Sa tendance pour se coaguler augmente sensiblement , fait exprimé généralement en disant que sa plas- DE PHYSIOLOGIE. 343 ticité devient plus forte; sa pesanteur spécifique diminue , ainsi que sa capacité pour le calorique. Le sang veineux ayant acquis ces caractères est du sang artériel. Afin de rendre plus évidentes les différences du sang veineux et du sang artériel , nous les opposons dans le tableau suivant : Différences principales du sang veineux et du sang artériel. SANG VEINEUX. SANG ARTÉRIEL. - Couleur. rouge biun rouge vermeil. Odeur. faible forte. Température ^ . 3i° R près de 32" R. Capacité pour le calorique. 802 (1) ^^9' Pesanteur spécifique. . . . io5i (2) 1049. Coagulation, probablement moins prompte. . . plus prompte. Sérum, probablement. . . plus abondant. . . moins abondant. J'ai décrit plus haut les changements que l'air éprouve dans les poumons , je viens de dire ceux qui arrivent au sang veineux en traversant ces organes : voyons maintenant quelle liaison peut être établie entre ces deux ordres de phéno- mènes. La coloration du sang dépend bien évidemment Coloration de son contact médiat avec l'oxigène ; car , si tout °* autre gaz se trouve dans le poumon, ou seulement si l'air atmosphérique n'est pas convenablement (1) L'eau étant 1000. J. Davy, Trans. philos. 18 15 (2) L'eau étant 1000. Loc. cit. 544 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE renouvelé , le changement de couleur n'a plus lieu. Il se manifeste de nouveau aussitôt qu'on permet l'introduction de l'oxigène dans les lobules pulmonaires. Il est facile de voir le phénomène de la colora- tion du sang veineux , même sur le cadavre. Sou- vent , aux approches de la mort , le sang veineux s'accumule dans les vaisseaux du poumon ; les lo- bules bronchiques étant dépourvus d'air, il conserve les propriétés veineuses long-temps après la mort. De l'air atmosphérique poussé dans la trachée , de manière à distendre le tissu du poumon , fait aussi- tôt changer la couleur rouge brun du sang accumulé en rouge vermeil. Le même phénomène arrive toutes les fois que le sang veineux est en contact avec l'oxigène ou l'air atmosphérique. Du sang tiré d'une veine et exposé à l'air rougit d'abord à sa surface , et en- suite la couleur rouge gagne peu à peu toute la masse , le contact immédiat n'est pas même né- cessaire ; contenu dans une vessie , et plongé dans du gaz oxigène , le sang devient écarlate. Ainsi 5 la paroi vasculaire très mince qui , dans le poumon , est placée entre l'air atmosphérique et le sang ne peut être considérée comme un obstacle à la coloration de celui-ci. Mais comment le gaz oxigène produit-il le chan- gement de couleur du sang veineux ? Les chimistes DE PIIYSIOLOGli:. 545 ne sont pas d'accord sur ce point. Les uns pensent que le gaz se combine directement avec le sang ; les autres croient que c'est en enlevant au sang une certaine quantité de carbone ; et quelques uns ne sont pas éloignés de croire que ces deux effets ont lieu en même temps; mais aucune de ces explications ne rend raison du changement de couleur. Plusieurs chimistes ont attribué la coloration du sang au fer. Cette opinion est rejetée main- tenant , comme très douteuse ; cependant elle se- rait d'autant moins invraisemblable , que , si l'on sépare ce métal de la partie colorante du sang, cette substance , dont la couleur est rouge , vineuse , perd la propriété de devenir écarlate par le gaz oxigène (1). On conçoit plus aisément la déperdition de se- Transpiration rum qu'éprouve le sang dans la respiration : cela ^" "^^naire. tient très probablement à ce qu'une certaine quan- tité de sérum s'échappe des dernières divisions de l'artère pulmonaire , et vient se vaporiser dans l'air que contiennent les lobules. Cette vapeur sort en- suite avec l'air expiré 5 sous le nom de transpiration 'pulmonaire. (1) Il ne faut pas confondre la matière colorante du sang, décrite par M31. Brande et Vauquelin, avec Vhëmatiiie ^ qui est la matière colorante du bois de campêche , et qui a été découverte par M. Chevrcul. 54t) PRÉCIS ÉLÉMENTAIUE Il ne faut pas croire cependant que toute la vapeur qui sort dans l'expiration provienne du sang de l'artère pulmonaire ; je ferai voir plus tard qu'une partie assez considérable de cette va- peur est formée aux dépens du sang artériel qui est distribué à la membrane muqueuse des voies aériennes. Expériences Daus SCS premières recherches sur la respiration, transpiration Lavoisicr avait cru qu'il pouvait y avoir combus- pulmonaire. tion d'hydrogène dans les poumons , et formation d'une certaine quantité d'eau. Cette eau aurait formé une partie de la transpiration pulmonaire. Mais cette idée n'est plus admise aujourd'hui , et la transpiration du poumon est considérée , ainsi qu'il vient d'être dit, comme le résultat du pas- sage dans les vésicules bronchiques d'une partie du liquide qui parcourt l'artère pulmonaire. L'anatomie met sur la voie de ce phénomène. Une injection d'eau poussée dans l'artère pulmo- naire passe sous la forme d'une innombrable quan- tité de gouttelettes presque imperceptibles dans les cellules aériennes , et se mêle à l'air qu'elles con- tiennent. Expériences Sur Ics auimaux vivants , on augmente à volonté sur la ^ ^ ^ transpiration la quantité de la transpiration pulmonaire , en pulmonaire. . . i i» t «n ' \ injectant de 1 eau distillée, a une température voi- sine de celle du corps, dans le système veineux, comme le prouve l'expérience suivante : prenez un DE PHYSIOLOGIE. 547 chien de petite taille , injectez à diverses reprises un volume considérable d'eau : l'animal sera d'abord dans un état de véritable pléthore, ses vaisseaux seront même tellement distendus, qu'il aura peine à se mouvoir ; mais , au bout de quelques instants, les mouvements respiratoires s'accéléreront sensi- blement, et de tous les points de la gueule coulera en abondance un liquide dont la source est évi- demment la transpiration du poumon, considéra- blement augmentée. Ce n'est pas seulement la partie aqueuse du Expériences , , 1 1 . . 1 sur la sang qui s échappe par la transpiration pulmo- transpiration . j . . f 1 , . . . pulmonaire. naire : j ai montre , par des expériences particu- lières, que plusieurs substances, introduites dans les veines par l'absorption ou par une injection directe , ne tardent pas à sortir par le poumon. De l'alcool faible , une dissolution de camphre , de réther,ou autres substances odorantes, introduites dans la cavité du péritoine ou ailleurs, sont bien- tôt absorbées par les veines, transportées au pou- mon ; elles passent dans les vésicules bronchi- ques , et se font reconnaître par leur odeur dans l'air expiré. Le phosphore se comporte de même ; non seu- lement son odeur est sensible dans l'air expiré , mais sa présence est facile à constater d'une ma- nière encore plus positive. Injectez dans la veine crurale d'un chien une 548 PRÉCIS ÉLÉMENTAIIIE demi -once d'huile dans laquelle du phosphore aura été dissous : à peine aurez -vous fait l'injec- tion , que l'animal rendra par les narines des flots d'une vapeur épaisse et blanche , qui n'est autre chose que de l'acide phosphoreux. Si vous faites l'expérience dans l'obscurité, ce sont des flots de lumière qui s'échappent avec l'air expiré (i). Il résulte d'expériences intéressantes faites par M. le docteur Nysten , que les gaz se comportent a peu près de la même manière, c'est-à-dire qu'a- près avoir été injectés dans les veines, ils sortent avec l'air expiré. Quantité Quelques tentatives ont été faites pour détermi- transpiration ncr la quantité de vapeur qui s'échappe du pou- pulmonaire. i> i i i • i mon a un homme adulte en vingt -quatre heures. Les dernières , qui sont dues à M. Thomson , la mettent à environ Sgo grammes ; Lavoisier et Sé- guin l'avaient estimée autrefois à 56o grammes : il est probable qu'elle doit être très variable , sui- vant une multitude de circonstances. Formation On n'cst pas d'accord sur la manière dont se carbonique, foi'ïiï^ l'acidc carbouiquc que contient l'air expiré. Ceux-ci croient qu'il existait tout formé dans le sang veineux , et qu'il est exhalé au moment du (i) L'idée de faire cette expérience dans l'obscurité ap- partient à M. Armand^de Montgarnj, jeune médecin de Ijcaucoup de mérite ._, que la mort vient de frapper au milieu de ses premiers travaux. DE PIIYSIOLOGIlî. 3/|9 passage à travers le poumon; ceux-là pensent qu'il résulte de la combustion directe du carbone du sang veineux par loxigène : ni l'une ni l'autre de ces deux opinions ne sont suffisamment démon- trées ; peut-être les deux effets ont -ils lieu en même temps. Par la raison qu'on n'est pas instruit sur le mode de formation de l'acide carbonique , on manque de données sur le rôle que joue l'oxi- gène dans la respiration. Les uns disent qu'il est Action employé à brûler le carbone du sang veineux ; les autres veulent qu'il passe dans les veines pulmo- naires, et d'autres enfin pensent qu'il remplit à la fois les deux offices. Toute cette partie de la chimie animale de- f mande de nouvelles recherches. Tant qu'on n'aura pas des notions plus positives Éi<^vation sur la formation de l'acide carbonique, et sur la température disparition de l'oxisfène , il sera difficile de se *?" '^"^ '^""■'' ^ ^ les poumons, rendre raison de l'élévation de température qu'é- prouve le sang en traversant ces organes. Cepen- dant, comme il est très probable que l'oxigène se combine avec le carbone du sang , et comme toute formation de ce genre est accompagnée d'un dégagement considérable de calorique , il devient probable aussi que c'est là la source de la chaleur plus grande du sang artériel. En supposant même que l'oxigène soit absorbé et passe dans les veines pulmonaires , et qu'il se combine ensuite directe- 350 PKÉCIS ÉLÉMENTAIRE ment avec le sang , on pourrait encore conce- voir l'élévation de température du sang; car toute combinaison de i'oxigène avec un corps combus- tible est accompagnée de dégagement de cba- leur (i). La diminution légère dans la pesanteur spéci- fique et la capacité pour le calorique tiennent probablement à la perte d'eau qui s'est effectuée à la surface des vésicules pulmonaires. Quant aux autres propriétés qu'acquiert le sang veineux en traversant le poumon , telles que la plasticité, l'odeur, et la saveur plus forte, pour arriver à des notions satisfaisantes sur ce point , il faudrait qu'une analyse exacte et comparative du sang veineux et du sang artériel en eût fait con- naître très exactement les différences : or la phy- siologie attend encore ce service de la chimie. Respiration des gaz autres que l'air atinospliérique. On ne s'est point contenté d'étudier les effets de la respiration de l'air atmosphérique , on a voulu savoir quels seraient les résultats de la res- piration des autres gaz. Des animaux y ont été plongés, des hommes en ont volontairement ou involontairement respiré , et il a été bientôt reconnu que l'air atmosphérique seul peut servir (i) Voyez l'article Chaleur animale. DE PHYSIOLOGIE. 35 1 à la respiration ; tous les autres gaz font périr plus ou moins promptcment les animaux ; l'oxi- gène lui-même, quand il est pur, est mortel; et son mélange avec l'azote, mais dans des propor- tions différentes de celles de l'air, finit tôt ou tard par produire la mort des animaux qui le res- pirent. En faisant ces diverses expériences , on est ar- rivé à distinguer les gaz , sous le rapport de la res- piration, en deux classes : i° les gaz non respirables^ 2" les gaz délétères. Les premiers, auxquels il faut rapporter l'a- Action des zote , le protoxide d'azote , l'hydrogène , etc. , font resphahiès. périr les animaux seulement parceque leur action ne peut remplacer celle de l'oxigène; parmi ces gaz, il en est un , le protoxide d'azote , qui pro- duit des effets singuliers , qui peut-être devraient le faire rapporter à la seconde classe. M. Davy est le premier qui ait osé en étudier Gaz non les effets sur lui - même : après avoir expiré l'air de ses poumons il respira environ quatre litres de gaz protoxide d'azote. Les premiers sentiments qu'il éprouva, furent ceux du vertige et du tour- noiement; mais, au bout d'une demi-minute, con- tinuant toujours de respirer , ces effets diminuèrent par degrés , et furent remplacés par une sensation analogue à une douce pression sur tous les muscles, accompagnée de frémissements très agréables, par- délélères. 552 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE * ticulièrement dans la poitrine et les extrémités. Les objets environnants lui parurent éblouissants , et son ouïe devint plus fine; vers les dernières respi- rations l'agitation augmenta, sa force musculaire devint plus grande, et il acquit une propension irrésistible au mouvement. Ces effets cessèrent dès que M. Davy eut discontinué de respirer le gaz , et dans dix minutes il se retrouva dans son état naturel. Ces effets ne sont cependant pas constamment les mêmes. MM. Yauquelin et Thenard , qui ont aussi respiré ce gaz , n'ont pas ressenti tous les phé- nomènes décrits par M. Davy , mais d'autres phé- nomènes analogues. Gaz Les gaz délétères sont ceux qui, non seulement ne peuvent entretenir la respiration , mais tuent avec plus ou moins de promptitude l'homme ou les animaux qui les respirent purs , ou même mêlés en certaines proportions à l'air atmosphérique. De ce nombre sont tous les gaz acides , le gaz ammo- niac, l'hydrogène sulfuré, l'hydrogène arseniqué, le gaz deutoxide d'azote , etc. Influence des nerfs de la huitième paire sur la respiration. Influence Lcs ucrfs dc la huitième paire étant les seuls €les nerfs de^,,, . . t ni i i lahuitième ncris ccrebraux qui envoient des mets clans le paire sur la . , m i -v ' a. > t -^ respiration, tissu des poumous , il a du se présenter a 1 esprit DE PHYSIOLOGIE. 555 des physiologistes d'en faire la section , afni d'exa- miner les effets qui en résulteraient. Cette expé- rience facile a été faite plusieurs fois par les anciens, et il est peu de physiologistes modernes qui ne l'aient répétée. Tout animai auquel on coupe simultanément les deux nerfs dont il est question , périt plus ou moins promptement , quelquefois même immédiatement après la section. Jamais il ne survit au-delà de trois ou quatre jours. La mort avait été attribuée tour à tour à la cessation des mouvements du cœur , au défaut de digestion , à l'inflammation . des poumons, etc. On doit aux travaux de plusieurs physiologistes, eten dernier lieu à ceux de MM. Wil- son Philipp et Breschet , etc. , des éclaircissements précieux sur ce sujet. Je vais donner un résumé général de leurs recherches et des miennes. La section des nerfs de la huitième paire au cou , à la hauteur de la glande thyroïde ou même plus bas , influe , 1° sur le larynx , 2° sur les poumons. Ces deux genres d'effets doivent être distingués. En traitant de la voix , nous avons dit que la influence . . 1 p ' 1 • 1 • de la sectica section des neris récurrents produit subitement des nerfs de 1 aphonie : le même phénomène a lieu par la sec- pahe sur 1» tion de la huitième paire , ce qui est aisé à con- '^n'"^- cevoir, puisque les récurrents ne sont que des divisions de ces nerfs. Mais , outre l'abolition de la 2. 2J 554 PRÉCIS ÉLÉMENT AIllE voix y il n est pas rare que la section des nerfs de la huitième paire détermine un rapprochement tel des bords de la glotte , que l'air ne puisse plus pénétrer dans le larynx, et que la mort arrive aussitôt , comme cela a Keu toutes les fois qu'un animal ne peut renouveler l'air de son poumon. Dans les cas ordinaires , le rapprochement est assez inexact pour que l'air s'introduise dans le larynx pour entretenir la respiration ; mais comme la glotte a perdu ses mouvements propres, l'entrée et la sortie de l'air de la poitrine sont toujours plus ou moins gênées. A l'époque où ces observations ont été faites , des nerfs de jj n'était £;uère possible de se rendre ri2:oureuse- la huitième o i paire sur le mcut raisou de ces divers phénomènes ; mais , de- larynx. • \ i i puis que j'ai fait connaître la manière dont les nerfs récurrents et laryngés se distribuent aux muscles du larynx , cela ne présente plus de dif- ficulté. Par la section de la huitième paire à la partie inférieure du cou , les muscles dilatateurs de la glotte sont paralysés ; cette ouverture ne s'élargit plus dans l'instant de l'inspiration , tandis que les constricteurs , qui reçoivent leurs nerfs des laryngés supérieurs , conservent toute leur action, et ferment plus ou moins complètement la glotte. Quand la section de la huitième paire ne déter- Influence DE PHYSIOLOGIE. 355 mine point Tin resserrement tel de la glotte que la influence , - . ,, , de la section mort arrive immédiatement, d autres phénomènes des neiis de 1 ' 1 . L 1 . «.11 la huitième se développent , et la mort ne vient le plus souvent pai.- sur le » 1 , 1 . ^« ^ . • poumons. qu au bout de trois ou quatre jours. ^ La respiration est d'abord gênée , les mouve- ments d'inspiration sont plus étendus , plus rap- prochés , et l'animal paraît y donner une attention particulière; les mouvements de locomotion sont peu fréquents , ils fatiguent évidemment ; souvent même les animaux gardent un repos parfait : tou- phénomènes tefois la formation du sang artériel n'est point em- la sectTon des A 1 f j 1 • . . 1 . nerfs de la pechee dans les premiers moments ; mais bien- huitième tôt, le second jour par exemple, la gêne de la '^^"^' respiration augmente , les efforts d'inspiration deviennent de plus en plus considérables. Alors le sang artériel n'a plus tout à-fait la teinte ver- meille qui lui est propre ; il est un peu plus foncée sa température baisse ; enfin , tous les symptômes s'accroissent , la respiration ne se fait qu'avec le secours de toutes les puissances inspiratoires ; le sang artériel est d'un rouge sombre , et presque semblable au sang veineux , les artères en con- tiennent peu ; le refroidissement est manifeste , et l'animal ne tarde pas à périr. A l'ouverture de la poitrine , on trouve les cellules bronchiques , les bronches , et souvent la trachée elle-même , remplies par un liquide écumeux , quelquefois sanguinolent; le tissu du poumon est engorgé, 2?). 356 PRECIS ELEMENTAIRE inauence volumineux ; les divisions et même le tronc de des^nerfs'de l'artèrc pulmonairc sont fortement distendus par la huitième . \ f > . • •i'j.i?*jLi paire sur la im sang trcs loncc et presque noir : il s est lait des respiiation. ^pr^j^c}^e,r^ei^ts considérablcs de sérosité ou même de sang dans le parenchyme du poumon. D'un autre côté, les expériences ont appris qu'à mesure que cette série d'accidents se montre , les animaux consomment de moins en moins d'oxigène , et qu'ils forment de moins en moins d'acide carbo- nique. On a conclu avec raison que , dans ce cas , les animaux périssent parceque la respiration ne peut plus s'effectuer, le poumon étant tellement altéré que l'air inspiré ne peut arriver jusqu'aux lobules bronchiques. Je crois que l'on doit ajouter à cette cause , la difficulté du passage du sang de l'artère dans les veines pulmonaires , difficulté qui me paraît être la cause de la distension du système veineux après la mort , et de la petite quantité de sang que contient le système artériel quelque temps avant qu'elle ait lieu. Effet de la L^ scction d'un seul nerf de la huitième paire , section ■•■ d'un seul nerf ne produisant ces divers effets que sur un pou- huitième mon , et la vie pouvant continuer par l'action d'un seul de ces organes , ne fait point périr les ani- maux. Plusieurs auteurs dignes de confiance ont avan- cé, sur la section de ces nerfs, des faits que je Î)E PHYSIO LOGIE. ^5" n'ai jamais pu yérifier. Laisse-t-on , disent-ils, un mois ou deux d'inteiTalle entre la section d'un nerf et la section du second , les animaux sur- vivent , il s'est formé une réunion entre les bouts divisés , et cette cicatrice transmet , comme le nerf lui-même, l'influence nerveuse. Coupez cette cicatrice , divisez une seconde fois le nerf , et au même instant les effets de la section simultanée des deux nerfs se manifesteront. Je ne prétends pas nier ces résultats , mais j'ai cherché à les voir par moi-même sans pouvoir y réussir. J'ai coupé à des chiens la huitième paire d'un côté , trois mois après j'ai coupé celle du côté opposé ; les ani- maux sont morts trois ou quatre jours après cette dernière section. A l'ouverture j'ai trouvé le pou- mon auquel appartenait le premier nerf coupé dans un état d'altération tel qu'il ne pouvait servir à la respiration. Comment la section du second nerf n'aurait-elle pas produit la mort? Selon quelques physiologistes , la simple sec- tion de la huitième paire diffère beaucoup , quant à ses résultats , d'une section où une certaine lon^ gueur du nerf est retranchée , et un intervalle plus ou moins considérable laissé entre les bouts divi- sés. En général , disent-ils , les effets sont beaur coup plus prononcés, et les animaux meurent plus vite. îl en est de même si , sans retran- cher une portion du bout inférieur du nerf, on se 508 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE contente de la renverser , afin de l'éloigner du bout supérieur. Enûn, ici comme pour la diges- tion , on assure qu'un courant galvanique remplace l'influence nerveuse. Mes expériences ne s'ac- cordent point avec ces divers résultats. De la respiration artificielle. Respiration ^^s mouvemeuts du thorax ont pour principal aitificieiie. ^j^j^^ d'attirer l'air dans les poumons , et de l'ex- pulser ensuite de ces organes. Toutes les fois que ces mouvements s'arrêtent, l'air du poumon n'étant pas renouvelé, la respiration ne se fait plus , et la mort ne tarde point à arriver. Mais on peut sup- pléer pour un certain temps à l'action du thorax, en introduisant artificiellement de l'air dans les poumons. Plusieurs fois les anatomistes anciens et modernes ont mis ce moyen en pratique. L'air a été tour à tour introduit avec un soufflet , une vessie , etc. Maintenant on se sert d'une se- ringue percée d'un petit trou sur les côtés de son canon. L'extrémité du canon est d'abord intro- duite dans la trachée artère, et fixée par une ligature ; ensuite on tire le piston , afin de rem- plir d'air la seringue , puis on applique un doigt sur le petit trou , pour empêcher l'air de sortir ; le piston est alors poussé , et l'air de la seringue passe dans le poumon ; on retire bientôt le piston , et l'air du poumon vient remplir la seringue. On DE rilYSIOLOGIK. OÔQ lève le doi{j;t placé sur le trou , et on pousse le piston pour chasser en dehors Tair qui a servi à la respiration ; on le retire immédiatement afin de remplir l'instrument d'air pur, et on bouche le trou , etc. En répétant convenablement ces mouvements, on parvient à entretenir vivant un animal dont le thorax est devenu immobile , soit parcequ'on a coupé la moelle épinière derrière l'occipital , soit parcequ'on a tout-à-fait retranché la tête ; mais il ne remplace cependant qu'imparfaitement la respiration naturelle , et ne peut être prolongé au-delà de quelques heures. Le plus souvent les poumons s'engorgent par le sang, ou bien ils sont déchirés par l'air; ce fluide s'introduit dans les veines pulmonaires, et s'épanche dans le tissu cellulaire de manière à empêcher la dilatation des lobules. COURS DU SANG ARTERIEL. Cette fonction a pour but de transporter le sang artériel du poumon à toutes les parties du corps. Da sang artérieL Le sang artériel est le liquide le plus essentiel à l'entretien des fonctions. Un physiologiste célèbre y attachait une telle importance , qu'il avait défini 56o r RÉGI s ÉLÉMENTAIRE la yie , le contact du sang artériel avec les organes , et particulièrement avec le cerveau. Nous n'avons rien à ajouter ici à ce que nous avons dit du sang artériel à l'article respiration. Je citerai seulement plusieurs faits importants re- latifs au sang en général, et qui compléteront l'histoire de ce liquide. Notre savant professeur Yauquelin a trouvé ré- cemment dans ce fluide une assez grande quantité d'une matière grasse d'une consistance molle , et qui d'abord a été regardée comme de la graisse ; mais M. Chevreul , par une suite d'expériences très ingénieuses , vient de faire l'importante dé- couverte que cette matière est celle du cerveau et des nerfs. Sa composition chimique est très re- marquable, c'est un corps gras azotée opposé en cela à tous les autres corps de cette espèce qui ne renferment point d'azote. MM. Prévost et Dumas viennent aussi de dé- montrer 5 dans le sang des animaux auxquels les reins sont soustraits , la présence de l'urée. Ainsi , à mesure que les analyses du sang se mul- tiplient 5 à mesure que les procédés d'examen se perfectionnent , on arrive à trouver dans le sang tous les éléments des organes , aujourd'hui on y peut signaler avec confiance la ûbrine comme la même matière que la fibre musculaire; l'albumine, qui forme un si grand nombre de membranes DK PHYSIOLOGIE. 56 1 et de tissus ; la matière grasse dont je viens de parler, et qui, réunie à l'osmazome et à l'albu- mine, forme le système nerveux; les phosphates de chaux et de magnésie , qui constituent une grande partie des os; l'urée, l'un des éléments excrémentiiiels de l'urine les plus remarquables , la matière jaune de la bile et de l'urine , la même qui s'étend par imbibition dans le tissu cellulaire, autour des contusions , etc. Quand , à l'aide d'une forte loupe ou d'un micro- Giobu]«is du scope , on observe les parties transparentes des ani- ' ''* maux à sang froid , on voit dans les vaisseaux san- guins une multitude innombrable de petites molé- cules arrondies qui nagent dans le sérum, et roulent les unes sur les autres , en parcourant les artères et les veines. Ce sont les globales du sang. La découverte inattendue de ces globules doit Découverte ,,,,.,. . , . . ded g'.obulcs- etre rapportée a i\lalpigiii , qui le premier en a si- du sang. gnalé l'existence. Leev^^enhoeck vint peu de temps après à s'en occuper de son côté , et très proba- blement il les reconnut sans avoir fait grand^ attention à la notion vague que Malpighi en avait pubJiée. Il en décrivit un grand nombre , et laissa des travaux très précis sur ce sujet. Depuis lors une foule d'auteurs ont entrepris leur examen ; mais il n'existe que trois écrits détaillés et com- parables par le soin avec lequel ils ont été exé- cutés, et l'habitude connue de leurs auteurs animaux. 5()2 niÉGlS ÉLÉMENTAlllE relativement à l'emploi du microscope. Ce sont d'a- i)ord les observations de Leewenhoeck lui-même , celles de Hewson , et celles que viennent de publier ^ MM. Prévost et Dumas. Comme elles s'accordent dans les faits principaux, et que les derniers ont pu faire usage des faits indiqués par les autres , nous nous bornerons à offrir leurs résultats. Les globules Ils out trouvé dcs globulcs daus le sang de tous existent dans tous les Ics auimaux. Pour s'en assurer il suffit de placer une petite gouttelette de sang sur une lame de verre, en ayant soin de l'étendre légèrement sans l'écraser. Sur les bords on trouvera toujours des globules iso- lés , faciles à voir et à mesurer. Avec les lentilles faibles on n'aperçoit d'abord que des points noirs ; ceux-ci prennent ensuite l'apparence d'un cercle blanc , au milieu duquel on voit une taclie noire , lorsqu'on augmente en- core le pouvoir amplifiant ; enfin, cette dernière prend d'elle-même l'aspect d'une tache lumineuse, lorsqu'on atteint trois à quatre cents fois le dia- mètre. Quand l'œil s'est familiarisé avec cette image, il en conserve la perception avec des grossissements plus faibles. Ainsi le sang humain , vu de prime abord avec le n° 176 , offre l'apparence (voye::^ la planche 1 ) , tandis qu'en l'examinant avec des verres supérieurs, et descendant graduellement à celui-ci , on conserve sans difficulté la possibilité de saisir la tache lumineuse centrale n° 2 ; ce fait DE PHYSIOLOGIE. 365 donne la clef de la plupart des opinions émises à ce sujet , et sert à les concilier. Lorsque le sang circule dans les vaisseaux , les État ,., ^ ,1, des globules particules qu n renterme n ont d autre mouvement dans que celui qui leur est imprimé par le liquide; mais '^ duTang. dès qu'on vient à en ouvrir un, elles s'agitent vive- ment, et la gouttelette présente alors un frémisse- ment particulier qui cesse au bout de quelques secondes. M. E. Home a émis sur ce point une opinion particulière : il suppose que le sang con- tient des globules qui sont renfermés à l'état sain dans une couche de matière colorante dont ils se- raient comme le noyau ; au bout de trente secondes à dater de sa sortie du vaisseau , cette matière ex- térieure se rassemble , et forme une espèce de colle- rette autour du globe central. MM. Prévost et Du- mas diffèrent essentiellement de lui sur ce point, en ce qu'ils considèrent comme l'état habituel ce qu'il a envisagé comme un effet de la mort. Leurs preuves semblent irréfragables , puisqu'elles repo- sent sur l'observation de la circulation dans l'aile de la chauve-souris , la patte de la grenouille , le mésentère de quelques poissons, la queue du têtard, et le poumon de la salamandre. Ils ont pu s'assurer par de nombreuses observa- Apparence des 2rlol)urcs. tions que l'apparence et le diamètre des globules dansrétatde' étaient les mêmes au dedans et au dehors des vais- et^derep^u" seaux. Ils ont vu qu'ils n'étaient pas doués d'un ^"^^"o- 364 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE mouvement de rotation sur leur centre, comme l'a- vaient pensé quelques auteurs , mais qu'ils suivaient tout simplement la direction du sang. On aperçoit , avec une grande facilité , dans la patte de la gre- nouille et la queue du têtard, les diverses phases des globules , et il est facile de s'assurer ainsi de leur aplatissement. Tantôt on les voit de champ , tan- tôt d'une manière plus ou moins oblique , tantôt enfin c'est leur tranchant qui se présente à l'obser- vateur; ils se balancent dans le liquide qui les charrie , et quelquefois on peut les voir tourner len- tement sur eux-mêmes, ce qui permet d'apprécier leur forme avec exactitude. Passage Bicu plus , OU pcut voir le passage des artères du sang des , ^ ^, . r i • • artères aux vclucs S effectuer sans aucun intermédiaire dans . 1, ^ r les veines, quclconquc ; et le sang arrive a un cote et retourne de l'autre, après avoir parcouru quelques anses vas- culaires. C'est ce que MM. Prévost et Dumas ont es- sa^^é d'exprimer dans la figure (planche i) qui re- présente la circulation dans la queue du têtard. On voit dans cette figure en même temps toutes ces va- riétés de positions qui rendent si claire la véritable forme des globules du sang. Cette disposition des vaisseaux permet de concevoir cette alternative qu'on remarque quelquefois dans le cours du sang , et ce mouvement rétrograde de la circulation mou- rante sur lequel Spallanzani et Haller ont tant' insisté. DE PnYSIOLOGIK. 565 Ces diverses observations suffisent pour démon- Mouvement trer que les globules du sang sont les mêmes pen- lopomuoa dant la vie et quelques instants après la sortie salamandre du vaisseau, elles établissent aussi qu ils sont microscope. aplatis dans l'un et l'autre cas ; mais elles laissent encore en doute s'ils sont douéj d'élasticité, et s'ils consistent, comme le croyait Hewson, et comme l'avaient établi MM, Prévost et Dumas, en un globule renfermé dans un sac membraneux. Depuis la publication de leur mémoire, ces derniers ont examiné le poumon de la salaman- dre avec un grossissement de trois cents dia- mètres, et le spectacle qui s'est offert à leurs yeux peut difficilement être compris du lecteur, même avec le secours du dessin dans lequel ils ont es- sayé d'en donner une idée (planche i ). Les globules sanguins se meuvent avec une vélocité telle, lorsqu'on commence l'expérience, que l'ob- servateur en éprouve d'abord une espèce de vertige: ^mais bientôt la circulation se ralentit, les vaisseaux capillaires n'offrent plus qu'un cours tranquille, et l'on voit les globules se traîner avec effort dans le liquide qui les charrie ; ils rampent dans les petites ramifications vasculaires , s'alongent si l'espace est trop étroit pour eux, et restent souvent engagés dans ces couloirs , jusqu'au moment où les ef- forts successifs de ceux qui les suivent soient par- venus à leur faire franchir l'obstacle. Quelquefois 7)66 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE il leur arrive de rencontrer une arête vive de l'es- pace compacte qui sépare deux vaisseaux ; on croi- rait voir alors une outre flottante très flexible, qui vient heurter par son centre de gravité un ob- stacle quelconque qui s'oppose à son cours. Comme elle, le globule s'arrête et se moule sur le corps qui lui ferme le passage ; le courant du liquide con- tinue à le pousser dans le même sens, mais il oscille pendant long-temps, incertain s'il se dirigera dans le vaisseau qui est à sa droite ou dans celui qui Mouvement se trouvc à sa gauclic. On le voit souvent rester du sani; dans , . . i i • le poumon uaus ccttc situatioii pendant plusieurs minutes; et salamandre îl ^st probable quc soii séjour se prolongerait da- miI"oscope. vautagc cucorc si de nouveaux globules, qui sui- vent le même chemin, ne faisaient pencherla ba- lance en faveur de l'une ou l'autre des issues. Ces mouvements variés ne peuvent laisser aucun doute sur la vraie conformation des globules du sang : ce sont des sacs, comme ils l'avaient avancé; et, quoi- que à l'époque où ils avaient écrit leur mémoire sur ce sujet, ils fussent bien éloignés d'avoir à cet égard des preuves aussi décisives que celles-ci, nous voyons avec plaisir qu'il n'y a rien à changer dans les conclusions auxquelles ils avaient été conduits. Nous sommes donc persuadés maintenant qu'en prenant du sang extrait fraîchement d'un ani- mal quelconque, et l'étendant par couches minces, on peut procéder à des déterminations applicables DE PIIYSIOrOGIE. 567 à l'état de ce même sang pendant la vie. C'est précisément la méthode employée par MM. Pré- vost et Dumas; ils ont décrit dans leur mémoire la manière dont ils ont procédé à la mesure des globules: elle offre quelque difficulté, sans doute; cependant il est permis d'espérer qu'un long usage du microscope les a mis en mesure de l'exécuter avec une certaine précision. On peut voir dans Hal- 1er ses propres tentatives et celles des auteurs qui l'avaient précédé (1). Yoici quelques unes de celles que nous connaissons relativement au sang hu- main. Jurin y^Yï de pouce anglaisz=:Y77 ^c millimètre. Diamètre Ici. d'après de nou- des globules velles expériences , ' , . ^ sang humain.. qui furent revues et approuvées par Lee- wenhoeek — '^ id =T>~ '^ Young yÔ-^ id =^- id Wollaston -~— id =:-— id Bawer — '— id .=^ id Kater. ........ ^'— id =7rr id. Id -r;:'— id =-^ id MM. Prévost et Dumas ont constamment trouvé un cent cinquantième de millimètre. Ils ont exami- né une vingtaine de sangs sains et une quantité bien plus considérable de sangs malades. Jusqu'à présent il leur a été impossible de percevoir quelque dif- (1) Elern. physiolog. ^ t. îï , p. 55. 568 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Diamètre féreiice due à l'âge, au sexe, ou à l'état morbide; ^^d/sang ^ ii est probable qu'il en existe, et les dernières re- '''"Teuf'"'' cherches de M. Bawer peuvent metti^e sur la voie de maladie. pQ^^j, 1^ découvrir. Toutcs les personnes qui ont eu la curiosité de s'assurer de leurs principaux résultats n'ont pas hésité à donner deux millimètres de dia- mètre aux globules du sang humain, dans les cir- constances où ils les avaient mesurés. L'erreur ne pourrait donc provenir que de la valeur adoptée pour exprimer le pouvoir amplifiant de leur mi- croscope. Quant à l'inégalité des particules dans le même sang, ils ne peuvent pas croire qu'elle soit réelle, au moins dans celui qu'on tire des parties du corps très excentriques. Hien n'est plus régulier que le sang humain sous ce point de vue : il faut chercher avec beaucoup de soin pour ren- contrer des molécules qui s'écartent du diamètre ordinaire ; et ils ont presque toujours trouvé en dé- finitive qu'une illusion d'optique, une différence dans le foyer, ou une altération mécanique du globule, causaient cette variation. On voit donc quela méthode adoptée par MM. Pré- vost et Dumas nous offre des résultats au moins très comparables, si l'on veut se refuser à les envisager comme absolus. C'est là tout ce que réclament pour le moment les besoins de la science, et sous ce rapport il est utile de présenter ici le tableau qu'ils ont tracé d'après leurs expériences. DE PHYSIOLOGIE. 069 animaux à globules circulaires. NOM DE L'ANIMAL. Calli triche d'Afrique. Homme, chien, lapin, \ cochon , hérisson, ca- > biais, muscardin. . . J Âue Chat , souris grise et ^ blanche, surmulot. . j Mouton , oreillard , (^ cheval , mulet, bœuf. ) Chamois, Cerf. . . . Chèvre DliMETRE ippar. avec un pi-os. de 3 00 l'ois le diamèt. nlAMKTnB réel en frac, lions vulgui- rcs. DIAUKTHE réel en fractions décimales. mm 2,5 mm TTo mm o,oo833. Animaux 2 1,85 167 0,00666. 0,00617. qui ont les globule» du sang circulaires. 1,75 ~h o,oo583. / i,5o TW o,oo5oo. 1,37 1 i a88" o,oo456. o,oo386. Animaux à globules alongés. niAMËTRES appar. avec un NOM DE L'ANIMAL. gros, de 3oo foiiile diamèt. grand. petit, mm mm Orfraie, pigeon.. . . 4iO" 2,0 ) Dinde, canard. . . . 3,84 id. Touiet 3,67 — Paon 3,52 — Oie , chardonneret , l - / corbeau , momeau. . ' ' ' Mésange 3,oo — Tortue terrestre. ... 6,1 5 3,85 Vipère 4^97 ^»"t> Orvet -iî^o 2j6o Couleuvre de Razo- 1 r o r. ^ 1 v5,So 0,00 mousky ) ' Ijézard gris 4?55 2,71 Salamandre ccintu- ^ rée >8,5o 5,28 Id. à crête .' Crapaud commun > \ Grenouille commune, >6,8o 4^ '* Id. à tempes rousses. ' Lotte, véron, dormille. i , ,/ Anguille.. p, » 2,44 2. DliMETBES DIAMÈTRES réels en frac- réels en fractions lions \nlgai- décimales. res. grand. petit. grand. petit. m m mm m m mm To~ 1 1 5o 0,0 1 333 0,00666 Animaux "tT 0,01266 — qui ont "âr 0,01223 — les globules "sT •~— 0,01 173 — du Te" — o,oii56 — sang alongés, 1 1 00 — 0,01000 ""s" 77 0,0 205 0,0128 ~6~a' 7^ o,oi65 0,0100 ~ÎT 1 \b o,oi5o 0,0866 T"i~ f _ 0,0193 0,0100 "6T~ 7fr o,oi5i 0,0090 Tï 1 56" 0,0285 0,0176 ' 0,0228 o,oi33 o,oi33 o,o8i3 24 SyO PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Il est à remarquer que MM. Prévost et Dumas sont parvenus à déterminer avec assez de précision la nature de la courbe dans ces derniers, et qu'ils ont pu s'assurer qu'elle devait être rapportée à l'ellipse. Leurs observations comprennent aussi quelques mollusques et quelques insectes. Ils se proposent de les publier, et ils ont toujours rencontré dans ces classes des globules circulaires, mais quelquefois très irréguliers. D'ailleurs les résultats que nous venons de par- courir parlent d'eux-mêmes, et montrent que les globules du sang sont très nettement dessinés et circulaires dans les mammifères , elliptiques au con- traire dans les oiseaux et les animaux à sang froid. On voit aussi qu'ils sont aplatis dans tous les animaux, et composés d'un noyau central renfermé dans un sac membraneux. Appareil du cours du sang artériéL Il se compose, i*" des veines pulmonaires , 2" des cavités gauches du cœur, 3" des artères. Veines pulmonaires. Veines EUcs uaisscut, à la manière des veines propre- pu on u . ^g^^^ dites, dans le tissu du poumon, c'est-à-dire qu'elles forment d'abord un nombre infmi de ra- dicules qui sont la continuation immédiate de DE riIYSIOLOGlE. oyi l'artère pulmonaire. Ces radicules se réunissent pour former des racines plus grosses, puis plus grosses encore; enfin, elles se terminent toutes eu quatre vaisseaux, lesquels viennent, après un tra- jet très court, s'ouvrir dans l'oreillette gauche. Les veines pulmonaires diffèrent des autres veines en ce qu'elles ne s'anastomosent plus entre elles dès qu'elles ont acquis une certaine grosseur : on a vu une disposition analogue dans les divisions de l'ar- tère qui se distribue au poumon. Les veines pul- monaires n'ont point de valvules, et leur struc- ture est semblable à celle des autres veines ; leur membrane moyenne est cependant un peu plus épaisse,etparaîtiouir d'une élasticité plusmarquée Cavités gauches du cœur. La forme, la grandeur de l'oreillette gauche dif- Oreillette fèrent peu de la droite ; seulement sa surface est jraaches. lisse et ne présente aucune colonne charnue, si ce n'est dans l'appendice nommé oricule. Elle com- munique par une ouverture ovalaiie avec le ven- tricule gauche, que l'épaisseur plus grande de ses paroisj le nombre, le volume et la disposition de ses colonnes charnues, distinguent du droit : l'ou- verture par laquelle l'oreillette et le ventricule com- muniquent est garnie d'une valvule nommée mi- trale^ très analogue à la tricuspide. Le ventricule donne naissance à l'artère aorte,, dont l'orifice pré- M- 372 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE sente trois valvules semblables aux sygmoïdes de .; l'artère pulmonaire. Des artères. De l'aorte L'aorte cst au ventricule gauche ce que l'ar- et de ses di- , , . • i i • * n visions, tcrc pulmonaire est au ventricule droit, mais elle en diffère sous plusieurs rapports importants : sa capacité et son étendue sont de beaucoup plus considérables; presque toutes ses divisions sont considérées comme des artères, et ont reçu des noms particuliers; ses branches s'anastomosent entre elles de diverses manières, plusieurs présen- tent des flexuosités nombreuses et très prononcées ; elle se distribue à toutes les parties du corps, et affecte dans chacune une disposition particulière; enfin, elle se termine en communiquant avec les veines et les vaisseaux lymphatiques. Du reste, la structure de l'aorte est fort analogue à celle de l'artère pulmonaire, seulement sa membrane moyenne est beaucoup plus épaisse et élastique. Dans presque toute son étendue, l'aorte est ac- compagnée par des filaments provenants des gan- glions du grand sympathique : ces filaments pa- raissent se répandre dans ses parois. Cours du sang artériel dans les veines pulmonaires» Passage Nous avons fait voir, en traitant du cours du DE PHYSIOLOGIE. 373 sans: dans Tartèrc pulinonairc, comment ce liquide ^" ^^,"S * '^ 1- A travers les ca« arrive jusqu'aux dernières divisions de ce vaisseau ; piHaires ^ du poumon. le sang ne s'arrête pas là, il passe dans les radi- cules des veines pulmonaires, et bientôt parvient jusqu'au tronc de ces veines elles-mêmes ; dans ce trajet, il présente un mouvement graduellement accéléré, à mesure qu'il passe des petites veines dans les plus grosses ; du reste son cours n'est point saccadé, et paraît à peu près également ra- pide dans les quatre veines pulmonaires. Mais quelle cause détermine la progression du sang dans ces veines ? Celle qui se présente natu- rellement à l'esprit est la contraction du ventri- cule droit et le resserrement des, parois de l'artère pulmonaire; en effet, après avoir poussé le sang jusqu'aux dernières divisions de l'artère du pou- mon, on ne voit pas pourquoi ces deux causes ne continueraient pas à le faire mouvoir jusque dans les veines pulmonaires. Telle était l'opinion d'Harvey qui, le premier, démontra le véritable cours du sang; mais les physiologistes plus modernes l'ont, à ce qu'il pa- raît, trouvée trop simple; et il est généralement admis aujourd'hui qu'une fois arrivé dans les der- nières divisions de l'artère pulmonaire et dans les premières radicules des veines, ou, selon le lan- gage adopté, dans les capillaires du poumon, le sang ne se meut plus sous l'influence du cœur , 574 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE mais bien par ractioii propre aux petits vaisseaux qu'il traverse. Cette idée de l'action des vaisseaux capillaires sur le sang est capitale dans la physiologie actuelle ; elle fascine assez l'esprit pour qu'à son aide les phénomènes les plus obscurs et les plus inex- plicables paraissent s'expliquer facilement. Examinons-la donc avec attention; et d'abord, cette action des capillaires a-t-elle été vue par quelques observateurs? tombe-t-elle sous les sens? Non, personne ne l'a jamais vue; on la sup- pose (i). Passa^^e Mais admcttous pour un instant cette action des traversîesca- capiUaircs : cu quoi la fait-on consister? Est-ce du^'^^unrn "ïi6 coutractiou plus ou moins forte, par laquelle ils chassent le sang qui les remplit? En se resser- rant, ils chasseront, je veux le croire, le sang; mais il n'y a aucune raison pour qu'ils le dirigent plutôt du côté des artères que du côté des veines. Ensuite, une fois le petit vaisseau vidé, comment se remplira-t-il de nouveau? Ce ne peut être qu'au- (i) Cette action des vaisseaux est même directement con- traire à l'observation. Dans le poumon des reptiles , à l'aide d'une simple loupe, on voit le sang passer des artères dans les veines sans jamais apercevoir aucun mouvement des vais- seaux. Cependant le moindre changement de dimension se- rait très apparent ; il en est de même dans les animaux à sang chaud, où l'on peut voir le sang traverser les capil- laires. DK PHYSIOLOGIE. ÔJ^ tant que le cœur y poussera de nouveau sang, ou bien qu'en se dilatant il attirera le liquide placé dans les vaisseaux voisins : dans cette supposition, il attirera tout aussi bien celui des veines que celui des artères. Ainsi, en admettant, ce qui assuré- ment est une supposition bien gratuite, que les vaisseaux capillaires se contractent et se resserrent alternativement, on n'aurait pas encore une ex- plication de la fonction qu'on leur attribue. Pour qu'ils puissent avoir cet usage, il faudrait que chaque capillaire fut disposé d'une manière ana- logue au cœur; qu'il fut composé de deux parties, dont l'une se dilaterait tandis que l'autre se con- tracterait, et qu'entre elles il y eût une valvule pareille ou analogue à la mitrale; encore, avec cette disposition, ne pourrait-on pas se rendre rai- son du cours uniforme qu'a le sang dans ces vais- seaux et dans les veines pulmonaires. Il en est de même d'un prétendu mouvement péristaltique que l'on s'est plu à supposer. De quelque côté qu'on envisage cette action des Passage capillaires, on n y voit que vague et contradiction ; traversas ca- d'ailleurs, dans les reptiles, où, à l'aide du mi- d/poumon. croscope, il est facile de voir le sang de l'artère pulmonaire passer dans les veines, on n'aperçoit aucun mouvement dans le lieu où l'artère se trans- forme en veine; et cependant le cours du sang y est très manifeste et même assez rapide. 5^6 PRÉCIS ÉLÉiAIENTAiRE Concluons donc que l'action des capillaires pul- monaires sur le mouvement du sang dans les veines pulmonaires est une supposition gratuite, un jeu d'esprit , en un mot une chimère , et que la véri- table cause du passage du sang de l'artère dans les veines pulmonaires est la contraction du ventri- cule droit. Je suis loin de penser que les petits vaisseaux se prêtent toujours également bien au passage du sang ; nous avons la preuve du contraire à chaque inspiration ou expiration. Quand le poumon est distendu par l'air, le passage est facile ; la poi- trine est-elle resserrée, le poumon contient-il peu d'air, il devient plus difficile. Il est en outre ex- trêmement probable qu'ils sont dilatés ou res- serrés suivant la quantité de sang qui traverse le poumon, et probablement par plusieurs autres circonstances. J'admets très volontiers que, sui- vant qu'ils sont distendus ou contractés, ils doi- vent influencer la marche du liquide qui les tra- verse; mais il y a loin de les croire susceptibles de modifier le cours du sang, à les considérer comme les seuls agents de son mouvement. Influence Toutcfois la huitième paire paraît avoir une de la hiiitiè- i . « i i > me paire graudc inuuence sur le passage du sang a travers du sangXns ^^s poumous. 11 cst très probable qu'elle modifie poumons. ^^ disposition des capillaires de ces organes. Sur les cadavres, lorsqu'on pousse une injection DE PHYSIOLOGIE. 'S']'] d*eau dans l'artère pulmonaire, elle passe aussi- État des capillainîs tôt dans les veines ; il s'en échappe cependant une pulmonaires partie qui passe dans les cellules bronchiques, où ic cadavre, elle se mêle à l'air, et forme avec ce fluide une mousse peu considérable; et si l'injection est ré- pétée un certain nombre de fois , une autre por- tion [s'épanche et s'infdtre dans Je tissu cellulaire du poumon. Au bout d'un certain temps, quand cette infil- tration est devenue un peu considérable , il de- vient impossible de faire passer l'injection dans les veines pulmonaires ; des effets analogues arrivent quand, au lieu d'eau, c'est du sang qui est injecté dans l'artère pulmonaire. Ces phéno- mènes, comme on voit, ont beaucoup d'analogie avec ceux que produit la section de la huitième paire sur les animaux vivants (i). C'est en ayant égard à l'extrême étroitesse du (i) Dans les maladies où il y a altération du tissu pul- monaire^ les pneumonies, les hépatisations grises, etc. , je me suis assuré que le passage d'une injection aqueuse est impos- sible ou très difficile de l'artère pulmonaire aux veines; dans certains cas où il existait, avant la mort _, une expectoration abondante, l'injection passait dans les bronches. Enfin j'ai de fortes raisons pour soupçonner que la plupart des lésions or- ganiques du poumon consistent dans un empêchement plus ou moins grand du passage du sang, à travers les capillaires pulmonaires , et par suite dans un épanchement des divers éléments du sang dans le parenchyme des poumons. m 378 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE La ténuité calibre des capillaires des poumons qu'il est nos- cxtrcmP des particules siblc dc compreiidrc l'utilité des globules du sang indispensable et la ténuité dc leur volume. Si la partie solide et son ^passage ^^^n solublc du saug n'avait pas été partagée en les^cr^iiaircs ^^'^sscs aussi petitcs 5 elle n'aurait pas pu traver- du poumon, g^y |çg vaisscaux qui joignent les artères et les vei- nes. L'expérience le prouve : j'ai injecté dans les veines d'un animal de la poudre impalpable de soufre et de charbon, suspendue dans un peu d'eau gommée ; les animaux sont morts très prompte- ment , et à l'ouverture de leur corps j'ai trouvé les capillaires pulmonaires bouchés par la poudre in- jectée , et qui s'était trouvée trop grossière pour les traverser. Expériences Si même le sang est trop visqueux , et que le passage du s^s particulcs se séparent avec une ceTtaine dif- à travers le ^iculté , la circulatiou s'arrêtc , parceque le sang poumon, j^g traverse plus le poumon; il s'y engorge et s'y épanche. PlusieiMS maladies graves doivent peut-être leur origine à cette cause ; on fait du moins périr presque immédiatement des animaux en introduisant des liquides plus visqueux que le sang dans la circulation ; tels sont l'huile , le mucilage, et même le mercure métallique, comme l'a observé M. Gaspard. (Y ojez mon Journal de Physiologie , tome i . ) DE PHYSIOLOG.IE. 379 absorption des veines pulmonaires. De même que les autres veines, les pulmonaires Absorption absorbent, et transportent au cœur les substances pJaJna^^e^s. qui se sont trouvées en contact avec le tissu spon- gieux des lobules du poumon. Il suffit d'inspirer une seule fois de l'air chargé de particules odorantes, pour que les effets s'en manifestent dans l'économie animale. Les gaz délétères , les substances médicamen- teuses répandues dans l'air, les miasmes putri- des , certains poisons ou médicaments appliqués sur la langue, produisent de cette manière des effets qui nous étonnent par leur promptitude. Lk manière dont s'exécute cette absorption , long-temps inconnue , et objet d'une multitude de suppositions et d'hypothèses , est extrêmement simple ; tout dépend des propriétés physiques des parois vasculaires : si un gaz ou une vapeur pé- nètre dans le poumon , ces corps traversent les membranes qui forment les parois des petits vais- seaux 5 et se mêlent au sang ; si c'est un liquide , il s'imbibe dans les mêmes parois, arrive jusque dans la cavité des vaisseaux , il y est bientôt entraîné par le sang qui s'y meut, et comme ces parois, sont très minces , le passage ou , ce qui est la même chose , l'absorption se fait très rapidement. Dans les cas d'épidémies , de fièvres dites conta- 38o PllÉCIS ÉLÉMENTAIRE gienses il est d'une haute importance de rechercher les matières qui, sous forme de vapeur, gaz, miasme , jetc. , peuvent se répandre dans l'air et arriver dans le poumon. Le médecin qui visite des malades atteints de maladies graves où il y a des émanations fétides , fait toujours bien d'éviter de les respirer. Passage du sang artériel a travers les cavités gauches du cœur* Action Le mécanisme par lequel le sang traverse de l'oreillette ,, .„ , . , , i a etdu 1 oreillette et le ventricule gauches est le même ventricule i • i i i • i gauches, que cclui par lequel le sang veineux traverse les cavités droites. Quand l'oreillette gauche se di- late , le sang des quatre veines pulmonaires s'y précipite et la remplit ; quand elle vient ensuite à se contracter, une partie du sang passe dans le ventricule , une autre partie reflue dans les veines pulmonaires ; quand le ventricule se dilate , il re- çoit le sang qui vient de l'oreillette , et une petite quantité de celui de l'aorte ; quand il se contracte , la valvule mitrale est soulevée , elle ferme l'ouver- ture oriculo - ventriculaire , et le sang ne peut re- tourner dans l'oreillette , il s'engage dans l'aorte en soulevant les trois valvules sygmoïdes , qui avaient été abaissées pendant la dilatation du ventricule. Il faut remarquer cependant que les colonnes charnues, n'existant pas dans l'oreillette gauche, ne DE PHYSIOLOGIE. 38 1 peuvent avoir sur le san^ riiifluence dont nous avons parlé pour la droite , et que le ventricule artériel étant beaucoup plus épais que le veineux, comprime le sang avec une force bien plus grande que le droit , ce qui était indispensable . à raison du trajet qu'il doit faire parcourir à ce liquide. Cours du sang dans l* aorte et ses divisions. Malgré les différences qui existent entre cette q^^^^ artère et la pulmonaire , les phénomènes du cours , ^^ ,?"S ^ *• dans 1 iiurtf . du sang y sont à peu près les mêmes : ainsi une ligature étant appliquée sur ce vaisseau près du cœur, sur un animal vivant, il se resserre dans toute son étendue, et le sang, à l'exception d'une certaine quantité qui reste dans les principales ar- tères, passe dans les veines en peu d'instants. Quelques auteurs mettent en doute le fait du Expériences resserrement des artères ; pour les convaincre , faites l'expérience suivante : Mettez à découvert l'artère carotide d'un animal vivant, dans une éten- due de plusieurs pouces ; prenez avec un compas la dimension transversale du vaisseau , liez-le en même temps à deux points différents , vous aurez ainsi une longueur quelconque d'artère pleine de sang; faites aux parois de cette portion d'artère une petite ouverture , aussitôt vous verrez le sang sortir presque en totalité , et même être lancé à une certaine distance. Mesurez ensuite la largeur resserrement des artères. OS'2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Cours avec le compas , et vous ne clouterez pas que l'ar- du sansr ^ -.ii ' «i>i dans l'aorte. tere iic sc soit cie Dcaucoup resserrée, si 1 expul- sion prompte du sang ne vous avait déjà con- vaincu. Cette expérience prouve aussi , contre l'opinion de Bichat , que la force avec laquelle les artères reviennent sur elles-mêmes est suffisante pour expulser le sang qu'elles contiennent; j'en donnerai tout à l'heure d'autres preuves. Pendant la vie , cette expulsion presque totale ne peut arriver , parceque le ventricule gauche envoie à chaque instant de nouveau sang dans l'aorte , et que ce sang remplace celui qui passe continuellement dans les veines. Chaque fois que le ventricule pousse du sang dans l'aorte , elle est distendue , ainsi que ses di- visions d'un certain calibre; mais la dilatation va en s'affaiblissant à mesure que les artères devien- nent plus petites ; elle cesse tout-à-fait dans celles qui sont très peu volumineuses. Ces phénomènes sont , comme on voit, les mêmes que nous avons décrits en parlant de l'artère pulmonaire ; l'expli- cation que nous en avons donnée doit être repro- duite ici. Le poli de la surface intérieure des artères doit être très favorable au mouvement du sang : on sait du moins que s'il diminue, comme cela arrive dans certaines maladies , le cours du liquide est plus ou moins gêné , et peut même cesser entièrement. courbures dos artères. DE PHYSIOLOGIE 583 C/est probablement aussi la raison pour laquelle le sang ne coule pas long-temps à travers un tube où Ton a introduit l'extrémité d'une artère ouverte. Il est très probable que le frottement du sang contre les parois des artères , son adhésion à ces parois , sa viscosité , etc. , doivent avoir aussi une grande influence sur son mouvement ; mais il est impossible d'apprécier ces diverses causes réunies ou séparées. Indépendamment de ces phénomènes communs y^ff^^^ ^es aux deux artères , il en est quelques uns de parti- culiers à l'aorte , et qui dépendent des anasto- moses existantes entre ses branches , et des cour- bures multipliées qu'offrent la plupart d'entre elles. Partout où une artère présente une courbure, il y a , chaque fois que le ventricule se contracte , une tendance au redressement ou même un re- dressement véritable du vaisseau, tendance qui se manifeste par un mouvement apparent, nommé par quelques auteurs locomotion de i' artère ^ et qui a été regardé comme la cause principale du pouls. Ce mouvement est d'autant plus marqué, qu'on Fobserve plus près du cœur et dans une plus grosse artère. La crosse de l'aorte est le lieu où il est le plus apparent : il est facile de s'en rendre raison. Une conséquence à déduire de ce fait, c'est qu'il est mécaniquement impossible que les courbures 584 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE des artères , particulièrement quand elles sont anguleuses , ne ralentissent pas le cours du sang. Bichat s'est entièrement trompé à cet égard, quand il assure que les courbures artérielles ne peuvent tn rien l'influencer. Cela ne pourrait arriver , dit- il , qu'autant que les artères seraient vides quand le cœur y envoie du sang ; et comme elles sont constamment pleines, cet effet ne peut avoir lieu. Mais, puisque chaque courbure entraîne une dé- pense de force employée à redresser le vaisseau , ou seulement à tendre à le redresser, il y a nécessaire- ment moins de force pour le mouvement du li- quide , et par conséquent ralentissement de son mouvement. Effets do.« ^^ ^^^ beaucoup plus difficile d'expliquer l'in- anastomoses. fluence dcs divcrscs anastomoses ; on voit bien qu'elles sont utiles , et que , par leur secours , les artères se suppléent mutuellement dans la distri- bution du sang aux organes ; mais on ne saurait dire avec exactitude quelles modifications elles impriment à la marche du sang. Si les dimensions, les courbures, et probable- ment les anastomoses des artères, ont une aussi grande influence sur le cours du sang , il est im- possible que tous les organes , où chacune de ces choses présente une disposition différente , reçoi- vent du sang avec la même vitesse, et par consé- quent avec la même force. Le cerveau, par exemple, DE PHYSIOLOGIE. 585 a quatre artères volumineuses pour lui seul ; mais Les organes ces artères font de nombreux circuits, présentent le .sang avec Al. r 1 . T une vitesse même plusieurs courbures anguleuses avant de ciuéiente. pénétrer dans le crâne , et quand elles y sont par- venues, elles s'anastomosent très fréquemment; et enfin , elles n'entrent dans le tissu de l'organe que lorsqu'elles sont devenues d'une petitesse ex- trême : le sang ne doit donc s'y répandre que lentement. L'expérience le prouve : lorsqu'on en- lève une tranche de substance cérébrale; il n'y a presque point d'écoulement de sang. Le rein, au contraire , a une seule artère courte et volumineuse , qui s'enfonce dans soai parenchyme \ alors que ses divisions sont encore très grosses : le sang doit donc le traverser avec rapidité , aussi ce liquide coule-t-il en abondance de la plus lé- gère blessure faite au rein. Ainsi, par le concours des circonstances qui mo- difient le cours du sang artériel , se trouve résolu un problème d'hydraulique très compliqué, sa- voir , la distribution continue y et très variée pour la quantité et la vitesse, d'un même fluide contenu dans un seul système de tuyaux dont les parties sont très inégales pour la longueur et pour la capacité, et au moyen d'un seul agent alternatif d'impulsion. Au nombre des phénomènes du cours du sang artériel , nous avons placé la dilatation et le resser- rement des artères. '2. 25 586 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Eicliat n'admet pas 1 existence de ces pliéno- mènes. Cet auteur ne veut pas que ies artères se dilatent dans l'instant où le ventricule se con- tracte , et il nie formellement qu'elles se resser- rent pour pousser le sang dans toutes les parties ; je crois cependant qu'avec un peu d'attention il est possible de voir distinctement sur une artère mise à nu ces deux phénomènes. Us "sont , par exemple , évidents dans les grosses artères , telles que l'aorte pectorale ou abdominale, surtout dans les grands animaux ; mais , pour les rendre appa- rents sur des artères plus petites, il faut faire l'ex- périence suivante. Expériences Mcttcz à découvcrt sur uu cliicn l'artère et la cours dusancr veiuc crurale dans une certaine étendue , passez dans l'aorte, çj-^gui^e derrière ces deux vaisseaux une ligature dont vous nouerez fortement les extrémités à la partie postérieure de la cuisse ; de cette manière le sang artériel n'arrivera au membre que par Tartère crurale , et ne retournera au cœur que par la veine ; mesurez avec un compas le dia- mètre de l'artère , puis pressez-la entre les doigts, pour y intercepter le cours du sang , et vous la verrez peu à peu diminuer de volume au-des- sous de l'endroit comprimé , et se vider du sang qu'elle contenait. Laissez ensuite le sang y pénétrer de nouveau en cessant de la comprimer, vous la verrez bientôt se distendre à chaque contraction t DE PHYSIOLOGIE. 387 du ventricule , et reprendre les dimensions qu'elle avait précédemment. Mais , tout en considérant comme certaines la Dilatation fct contraction et la dilatation des artères , je suis rossenenK'ni; loin de penser, avec quelques auteurs du siècle dernier , qu'elles se dilatent d'elles-mêmes , et qu'elles se contractent à la manière des fibres mus- culaires ; je suis certain , au contraire , qu'elles sont passives dans les deux cas, c'est-à-dire que leur dilatation et leur resserrement ne sont qu'un simple effet de l'élasticité de leurs parois , mise en jeu par le sang que le cœur pousse continuellement dans leur cavité. Il n'y a , sous ce rapport , aucune différence Expériences 1 1 • > T> « sur entre les grosses et les petites artères. J ai con- les artères, staté , par des expériences directes , que dans au- cun point les artères ne présentent d'indices d'irri- ^ tabilité , c'est-à-dire qu'elles restent immobiles sous l'action des instruments piquants , des causti- ques et du courant galvanique (i). Ne reconnaissant point la contractilité des parois Opinion (1) Le docteur Hastings, crEdiral)ourg , ne trouve pas moins de quatre espèces de contractions dans les grosses ar- tères, 1** V annulaire ; 3° la rampante -, 5° la crispation , et iine quatrième , caractérisée par une contraction et une dilatation alternative. Enfin ,'^selon le même auteur, le cœur n'aurait point ou peu d'influence sur la circulation. Il est difficile de s'abuser plus complètement. 25. 588 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE de Bîchat artérielles , Bichat a dû nécessairement rejeter le cours dusang phénomène important qui en est l'effet. Il ne croyait donc pas que le sang coulât ou se mût d'une manière continue dans ces vaisseaux; il pensait que la masse entière du liquide était dé- placée dans l'instant où le ventricule se contracte , et immobile dans l'instant de son relâchement^ comme il arriverait si les parois des artères étaient inflexibles. Cette opinion vient d'être soutenue tout récem- ment par un médecin anglais , M. le docteur John- son ; il a même fait construire une machine qui , selon lui , rend la chose évidente : mais il sufïit d'ouvrir une artère sur un animal vivant pour voir que le sang sort par un jet continu-saccadé ^ si l'artère est grosse, et continu-uniforme ^ si l'artère est pe- tite. Or, l'action du cœur étant intermittente , elle ne peut produire un écoulement continu. Il est donc impossible que les artères n'agissent pas sur le sang. Élasticité L'élasticité des parois artérielles représente celle artérielles! ^^ réscrvoir d'air dans certaines pompes à jeu alternatif, et qui pourtant fournissent le liquide d'une manière continue ; et en général on sait, en mécanique , que tout mouvement intermittent peut être transformé en mouvement continu , en employant la force qui le produit à comprimer un ressort qui réagit ensuite avec continuité. DE PHYSIOLOGIE. ^89 Passage du sang des artères dans les veines. Quand une injection est poussée , sur le ca- passa-e , , , Il • . X ^ 4. ^11 sanpr des davre, dans une artère , elle revient promptement artères dans par la veine correspondante^:' la même chose a ^^s vemes. lieu , et encore plus facilement , si Finjection se fait dans l'artère d'un animal vivant. Sur les ani- maux à sang froid , et même sur des animaux à sang chaud , on voit, à l'aide du microscope , le sang passer des artères dans les veines ; la communication entre ces vaisseaux est donc di- recte et extrêmement facile ; il est naturel de penser que le cœur, après avoir poussé le sang jusqu'aux dernières artérioles , continue de le faire mouvoir dans les radicules veineuses , et jus- que dans les veines. Harvey et un grand nombre d'anatomistes célèbres le pensaient ainsi. Eichat, dans ces derniers temps , s'est élevé avec force contre cette doctrine; il a donné des limites à l'influence du cœur ; il veut qu'elle cesse tout-à- fait à l'endroit où le sang artériel se transforme en sang veineux , c'est-à-dire dans les innombrables petits vaisseaux qui terminent les artères et com- mencent les veines. Selon lui , à cet endroit , l'action seule des petits vaisseaux est la cause du mouvement du sang. Nous avons déjà combattu cette erreur en parlant du cours du sang dans le poumon ; les .>9^ l^REGIS ÉI.ÉMENTAÏ11E Action ' mêmes raisonnements s'appliquent parfaitement capillaires î^î- I^îchat dit que cette action des capillaires le saînff. consistc dans une espèce d'oscillation ^ de vibra- tion insensible des parois vasculaires. Or, je de- mande comment une oscillation , ou une vibra- tion insensible des parois peut déterminer le mouvement d'un liquide contenu dans un canal ? ensuite , si cette vibration est insensible , qui en a révélé l'existence ? Ne compliquons donc pas une question simple, par des suppositions vagues et dénuées de preuves , et admettons l'explica- tion qui se présente naturellement à l'esprit ; sa- voir , que la cause principale qui fait passer le sang des artères dans les veines est la contraction du cœur (i). (i) Voici comment s'exprime sur ce sujet l'auteur de l'ar- ticle le plus récent sur la circulation : « Nous croyons donc que les artères agissent dans la cir- »culation, non par une action d'irritabilité du genre de celle «qu'on observe dans le cœur, non par une simple élas- «ticité, mais ^ht une action de contraction qui est en quel-^ nque chose organique et vitale. Cette action de. contraction » est plus grande dans les petites artères que dans les grosses, y) qui semblent davantage ne développer qu'une pure ëlasti- »çf7e , et elle fonde une seconde cause de la circulation arté- »rîelle. Sans contredit le cœur est la principale, puisque «c'est lui qui imprime la première impulsion au liquide, et «que de plus, en dilatant l'artère, il met en jeu sa force y) d'élasticité et de contractilité } mais enfin cette dernière doit DK piiysiOLO(; ii:. 091 Yoic'i crailleurs quelques expériences qui me pa- raissent rendre le phénomène évident. Après avoir passc^ une ligature autour de la Expérience sur cuisse d'un chien , comme je l'ai indiqué tout passage du \ T 1 • i> sang^ des à l'heure 5 cest-a-dire sans comprendre ni 1 ar- artères dans . , ,. ,. les veines. tere ni la venie crurales , appliquez une ligature séparément sur la veine près de l'aine , et faites ensuite une légère ouverture à ce vaisseau : aussi- tôt le sang ;s'échappera en formant un jet assez élevé. Pressez ensuite l'artère entre les doigts pour empêcher le sang artériel d'arriver au membre , le jet de sang veineux ne s'arrêtera pas pour cela , il continuera quelques instants ; mais il iraen'dimi- iiiiant , et l'écoulement finira par s'arrêter, quoi- que la veine soit pleine dans toute sa longueur. Si pendant la production de ces phénomènes on examiné l'artère , on verra qu'elle se resserre peu à peu , et qu'elle finit par se vider complètement; c'est alors que le sang de la veine s'arrête : à cette époque de l'expérience , cessez de compri- mer l'artère j le sang poussé; par le cœur s'y pré- cipitera , et aussitôt qu'il sera arrivé dans les dernières divisions , le sang recommencera à cou- ler par l'ouverture dç la veiiie , et petit à petit n aussi entrer en ligne de compte,. » (Nouveau Dict. de ine- decine ^ toin. v, psig. 52o. ) Ce langage peut -il êhe ceiui de la yérité? ôg'2 PRÉCIS ÉLÉMi'NTAIRl^ le jet se rétablira comme auparavant. Mainte- nant comi^rimez de nouveau l'artère jusqu'à ce qu'elle se soit vidée , ensuite n'y laissez pénétrer que lentement le sang artériel : dans ce cas, l'écou- lement du sang par la veine se fera , mais il n'y aura pas de jet , tandis qu'il se développera dès que l'artère sera entièrement libre. On obtiendra des résultats analogues en poussant une injection d'eau tiède dans l'artère , au lieu d'y laisser le sang pénétrer ; plus l'injection sera poussée avec force , et plus le liquide sortira avec promptitude par la veine. Commnnica- J'ai dit , cn parlant des vaisseaux lymphatiques, tion entre ,., . , , , les artères et qu ils commuuiquent avec les artères, et que les vaisseaux iujcctions passeut aisément des unes dans les au- ^ques?^ très ; cette communication devient encore plus évidente quand on injecte quelques substances salines ou colorantes dans les veines d'un animal vivant. Je me suis assuré plusieurs fois que ces substances passent dans les lymphatiques en moins de deux ou trois minutes , et que leur présence est facile à démontrer dans la lymphe qu'on extrait de ces vaisseaux. Gonflement Tant que les veines qui sortent des organes '^^onJTnes'^^ sout librcs , le sang qui y arrive par les artères pari'accumu- traversc leur parenchyme , et ne s'y accumule du sang, point ; mais si les veines sont comprimées , ou ne peuvent se vider du sang qu'elles contiennent , le DE PHYSIOLOGIE. 595 sang arrivant toujours par les artères , et ne trou- vant plus à s'échapper dans les veines , s'accumule dans le tissu de l'organe , en distend les vaisseaux sanguins , et augmente plus ou moins son volume, surtout si ses propriétés phj^siques peuvent se prêter à ces changements. Ce phénomène peut être observé sur beaucoup d'organes ; mais comme il est plus apparent au cerveau , il y a été plus souvent remarqué. Ce gonflement du cerveau par la gêne de la circulation arrive chaque fois que le cours du sang est plus difficile dans le poumon , et, comme cela a lieu en général dans l'expiration , le cerveau se gonfle dans cet instant , d'autant plus que l'ex- piration est plus complète et plus prolongée. Dans les jeunes animaux , où le cerveau reçoit propor- tionnellement plus de sang artériel , le gonflement est plus marqué. (Voyez De l'infuence des muscles inspirateurs et des expirateurs sur le mouvement du sang,) Remarques sur les mouvements du cœur, A. L'oreillette et le ventricule droits , l'oreillette Mouvement et le ventricule gauches , dont nous avons étudié séparément l'action , ne forment réellement qu'un même organe , qui est le cœur. Les oreillettes se contractent et se dilatent en- semble ; il en est de même des ventricules, dont les mouvements sont simultanés. Quand on parle de la 094 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Contraction du cœur , c'est celle des ventricules que l'on désigne ; leur resserrement est aussi nom- mé systole ; leur dilatation , diastole. ^ La contraction des oreillettes est généralement rapide et brusque , souvent elle a lieu deux fois pour une seule contraction des ventricules. Leur dilatation est plus lente, parcequ'elle dépend de l'abord du sang des veines caves ou pulmo- naires; mais si ces veines sont pleines, le sang s'y précipite , et les distend avec promptitude. L'effort des colonnes sanguines qui cherchent à s'introduire dans les oreillettes est quelquefois si considérable , que toute contraction cesse dans lés parois oriculaires , et qu'il n'y a plus que leur élasti- cité de mise enjeu. J'ai vu souvent ce phénomène chez des animaux, et je me suis plusieurs fois as- suré qu'il arrive aussi chez l'homme. Ici , comme dans maintes autres circonstances , l'élasticité remplace avec avantage la contractilité. B. Chaque fois que les ventricules se contrac- tent, la totalité du cœur est brusquement por- tée en avant , et la pointe de cet organe vient frapper la paroi latérale gauche de la poitrine , vis-à-vis l'intervalle des sixième et septième vraies côtes. Ce déplacement en avant du cœur dans la sys- tole a donné lieu à une longue et vive contro- verse ; les uns prétendaient que le cœur se raccour- DE PHYvSIOLOGIE. SqJ cissait en se contractant ; les autres soutenaient qu'il s'alongeait, et qu'il devait nécessairement le faire : car sans cela il n'aurait pas pu frapper la paroi du thorax , puisqu'il en est éloigné de plus d'un pouce dans la diastole. Un grand nombre d'animaux furent inutilement sacrifiés pour étu- dier le mouvement du cœur ; dans le même instant ceux-ci voyaient le cœur se raccourcir, et ceux-là le voyaient s'alonger. Ce que les expériences ne purent faire, un raisonnement très simple le fit. Bassuel intervint dans la dispute, et montra que, si le cœur s'alongeait dans la systole , les valvules mitrales et tricuspides , retenues abaissées par les colonnes charnues , ne pourraient fermer les ouver- tures oriculo-ventriculaires. Les partisans de l'a- longement ne persistèrent plus ; mais il restait à démontrer comment, les ventricules se racourcis- sant , le cœur se porte en avant. Senac fit voir que cela dépendait de trois causes, 1** la dilatation des oreillettes qui se fait pendant la contraction du ventricule; a** la dilatation de l'aorte et de l'artère pulmonaire, par suite de l'in- ' troduction du sang que les ventricules y ont poussé; 3** le redressement de la crosse de l'aorte par l'effet de la contraction du ventricule gauchcv G; Le nombre des battements' du cœur est cou- ,, , J\ ombre des sîdérablcj il est en général d'autant plus grand mouvements ^ ^ 1 a du cœur er» qU on est plus jeune. * ijl^- une minute. 0Ç)6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE A la naissance 5 il est de. . i3o à i4o par minute. A 1 an 120 i5o A 2 ans loo i lo A 5 ans go lOO A 7 ans. . 85 90 A 14 ans 80 85 A ITige adulte 75 80 A la première vieillesse. . 65 76 A la vieillesse confirmée. 60 65 Mais ces nombres varient suivant une infinité de circonstances, le sexe, le tempérament, la dis- position individuelle, etc. L' Les affections de l'âme ont une grande influence sur la rapidité des contractions du cœur; chacun sait qu'une émotion, même légère, modifie aussi- tôt les contractions, et le plus souvent les accélère. Les maladies apportent aussi de grands change- ments à cet égard. Force avec D- -Bcaucôup de reclierclies ont été faites pour ventricules" savoir qucllc cst la force avec laquelle les ventri- cules se contractent. Pour apprécier celle du ven- tricule gauche, on a fait une expérience qui con- siste à croiser les jambes, en posant sur un ge- ' nou le jarret de l'autre jambe, et à suspendre au bout du pied de cette dernière un poids de 25 kilogr. Ce poids considérable, quoique placé à l'extrémité d'un aussi long levier, est sou- levé à chaque contraction du ventricule, à rai- se contractent. DE PHYSIOLOGIE. Z^'J son du redressement qui tend à s'opérer dans la courbure accidentelle qu'éprouve l'artère popli- tée quand les jambes sont croisées de cette ma- nière. Cette expérience montre que la force de con- traction du cœur est assez grande; mais elle ne peut donner cependant aucune évaluation exacte. Les physiologistes mécaniciens ont fait de grands efforts pour l'exprimer en nombre : Borelli com- pare la force qui entretient la circulation à celle qui serait nécessaire pour soulever un poids de 1 80,000 liv.; Haies le croit de 5i liv. 5 onces; et Reil le réduit de 5 à 8 onces. Où trouver la vérité dans ces contradictions? Il paraît impossible de savoir au juste la force que le cœur développe en se contractant; car elle doit varier suivant une multitude de causes , telles que l'âge, le volume de l'organe , la taille de l'individu , sa disposition particulière , la quantité de sang , l'état du système nerveux ^ l'action des organes, l'état de santé ou de mala- die, etc. Tout ce qui a été dit sur la force du cœur n'a Dilatation rapport qu'à sa contraction ; sa dilatation a été re- ^^ ^^'^^' gardée comme un phénomène actif, et j'ai moi- même professé cette opinion. Je ne la partage plus aujourd'hui; en étudiant de nouveau avec soin la dilatation du cœur, il m'a semblé que la contrac- /)g8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Dilatation tioii compiime les fibres de cet organe , que leur élasticité est mise en jeu sous cette influence , et qu'aussitôt qu'elle cesse , les fibres reprennent leur * longueur naturelle avec d'autant plus d'énergie qu'elles ont été plus comprimées : il se développe , comme on a vu , un phénomène de ce genre im- médiatement après la contraction d'un faisceau de fibre musculaire par l'effet du courant galva- nique. A cette cause physique de la dilatation des cavités du cœur 5 il faut joindre, pour les oreil- lettes 5 l'effort de la colonne de sang qui tend à s'in- troduire dans leur cavité , et qui est sans contredit la raison la plus puissante de l'écartement de leurs parois. Pour les ventricules , il faut tenir compte de la contraction des oreillettes , qui poussent avec plus ou moins de force le sang dans leur cavité. La contraction du ventricule droit est donc , par l'intermédiaire de l'artère et des veines pulmo- naires, l'une des causes de la dilatation de l'oreil- lette gauche. La contraction du ventricule gauche agit de même pour la dilatation de l'oreillette droite , par l'intermédiaire du sang qui remplit les artères et les veines. Enfin la contraction de chaque oreillette contribue à élargir le ventri- cule auquel elle aboutit. Cause dos B. Dcpuis Ics premiers jours de l'existence de mouvements ,, ,,. i i i ' ' du cœur, l'embryon jusqu a 1 instant de la mort par décré- pitude, le cœur se meut. Pourquoi se meut-il? DE PIIYSIOLOGIli. 399 Telle est la question que se sont faite les pliilo- cause des soplies et les physiologistes anciens et modernes, ""du^œur"^'' Le pourquoi des phénomènes n'est pas facile à donner en physiologie; presque toujours ce que Ton prend pour tel n'est que l'expression des phé- nomènes en d'autres termes; et c'est une chose remarquable que la facilité avec laquelle nous nous laissons abuser sous ce rapport : les diverses explications du mouvement du cœur en sont une des preuves les plus palpables. Les anciens disaient qu'il y avait dans le cœur une vertu pulsifiquej, un feu concentré qui donnait k mouvement à cet organe. Descartes imagina qu'il se faisait dans les ventricules une explosion aussi subite que celle de la poudre à canon. Le mou- vement du cœur fut ensuite attribué aux esprits animaux y au fluide nerveux ^ à rame , au président du système nerveux (1), à l'arcliée : Haller le consi- déra comme un effet de l'irritabilité. Tout récem- ment M. Legallois a cherché à prouver, par des Expériences ^ ' • 1 • • 1 1 de Legallois expériences, que le prmcipe ou la cause du mou- sm les vement du cœur avait son siège dans la moelle "^""dacZT épinière. Ces expériences de M. Legallois consistent à dé- truire successivement, sur des animaux vivants, la moelle épinière par l'introduction d'une tige mé- tallique dans le canal vertébral. Le résultat est que (1) Wepfcr, Pvœses syslematis nen'osi. 400 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences la fovce avcc laquelle le ventricule gauche se con- ^fiur^ks^ ** tracte diminue à mesure que la destruction de la "du'cœu^r?*' moelle est plus considérable, et, quand elle est com- plète, le cœur n'a plus assez de force pour entre- tenir la circulation, et pousser le sang jusqu'aux extrémités des membres. De ces expériences, qui ont été multipliées et variées d'une manière très ingénieuse, M. Legal- lois conclut que la cause du mouvement du cœur est dans la moelle épinière; et, comme on lui fai- sait remarquer que cet organe se contracte encore long-temps après la destruction complète de la moelle, que même ses mouvements continuent ré- gulièrement après qu'il a été tout-à-fait séparé du corps, M. Legallois répondait que ces mouvements n'étaient plus la contraction véritable du cœur, qu'ils n'étaient qu'un simple effet de l'irritabilité de l'organe. Pour faire admettre cette explication, M. Legal- lois aurait dû montrer, par des expériences, en quoi diffère l'irritabilité des fibres musculaires de leur contraction : cette distinction importante n'ayant pas été^ établie, on ne peut, selon moi, conclure du beau travail de M. Legallois autre chose, sinon que la moelle épinière influe sur la force avec laquelle le cœur se contracte ; mais on ne peut en déduire qu'elle est la cause du mouve- ment du cœur. DE PHYSIOLOGIE. 4<^ 1 Les organes qui transmettent au cœur l'in- fluence de la moelle épinière et du cerveau sont des filaments nerveux , provenants de la huitième paire, et peut-être un grand nombre de filets des ganglions cervicaux du grand sympathique. J'ai , à diverses reprises , cherché à déterminer expériences par Fextraction des prandions cervicaux, et même ies ganglions . . ^^ du premier thoracique , si réellement ces organes grand sym- pathique, avaient une action sur le mouvement du cœur , mais je n'ai rien obtenu de satisfaisant; les ani- maux sont presque tous morts des suites de la plaie inévitable pour une opération aussi labo- rieuse. Je n'ai jamais remarqué aucune influence directe sur le cœur. Remarques sur le mouvement circulaire du sang ou la circulation. INous connaissons maintenant tous les anneaux de la chaîne circulaire que le système sanguin re- présente; nous savons comment le sang est porté du poumon vers toutes les autres parties du corps, et comment de ces parties il revient au poumon. Examinons ces phénomènes d'une manière géné- rale , afin de faire ressortir les plus importants. A. La quantité de sang contenu dans le système Quantité sanguin est très considérable. Plusieurs auteurs ^" ^^"^" l'ont estimée de vingt-quatre à trente livres. Il ne 2. 26 402 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE peut y avoir rien d'exact dans cette évaluation, car la quantité du sang varie suivant un grand Volume nombre de causes. La jeunesse et l'enfance doi- du corps en > -i rapport vcut avou' plus de sang que 1 âge avance ; il est Titédus\ng. plus que probable que les individus replets, dont le corps est bien développé et la vie active , ont plus de sang que les personnes débiles , dont le corps est maigre; de même les personnes que Ton nomme pléthoriques , sujettes à des saignements de nez ou à des flux hémorroïdaux , doivent aussi , selon toutes ces apparences , avoir une dose de sang plus considérable que les personnes qui ne présentent pas les mêmes dispositions. Des expériences que j'ai faites sur des animaux m'ont donné des résultats fort analogues à ces conjectures relatives à l'homme. Un chien de taille moyenne ne fournit , par une hémorragie rapide qui le fait périr , qu'environ une livre de sang , s'il est maigre et faible ; s'il est vigou- reux et en bon état, il peut en fournir plus du double. On a quelques données sur le rapport de la masse du sang artériel et celle du veineux. Ce dernier, contenu dans des vaisseaux dont la capacité totale est supérieure à celle des artères, est nécessaire- ment plus abondant, sans qu'on puisse dire au juste de combien sa masse est plus considérable que celle du sang artériel. DE PHYSIOLOGIE. 4o5 B. Le volume des or{2:aries, et même celui de Voiumo tout le corps , est généralement en rapport avec la e^if r^p^poiT quantité du liquide qui circule. Les hommes re~ ^^^*^^.^,%"^^" marquables par les dimensions considérables du corps offrent une énorme quantité de sang, comme il est facile de s'en assurer par les nombreuses sai- gnées qu'ils supportent dans certaines maladies , et par l'examen de leurs vaisseaux sanguins après leur mort. Chez ce genre de personnes, l'aorte et ses divisions , le système veineux sont quelque- fois deux ou trois fois plus spacieux que les mêmes organes dans une personne de même taille , mais d'une corpulence médiocre. Sur les animaux vivants , les dimensions de plusieurs organes peuvent être augmentées à vo- lonté. Prenez , par exemple, les trois dimensions de la rate d'un chien , puis, l'abdomen étant ou- vert , injectez une pinte de sang d'un autre chien dans ses veines , vous verrez la rate grandir gra- duellement , et avoir acquis , à la fin de l'injec- tion , un tiers ou une moitié en sus de ses dimen- sions premières. Faites l'expérience opposée: après avoir mesuré Volume la grandeur delà rate d'un animal, saignez- le rapport jusqu'à défaillance , et vous verrez la rate dimi- ^^^^sang" * nuer sensiblement de volume à mesure que le sang s'écoulera. Des observations analogues peuvent être faites sur le foie , mais comme le tissu de cet organe 26. 4o4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE est moins extensible que celui de la rate , les chan- gements de volume sont moins marqués. Rapport II est facile de s'assurer que la longueur du du canal di- gestif avec canal intestinal et Tépaisseur de ses parois sont le volume . . • • i i^i i du sang, aussi eii propoitiou du sang qui circule. Chez les individus forts et vigoureux , pléthoriques , où l'abdomen est très développé , les intestins ont des parois fort épaisses , une cavité large , et une longueur qui peut dépasser douze mètres ; chez les hommes maigres , dont le ventre est creux au lieu de faire saillie , et chez lesquels le sang est fort peu abondant , les parois du canal digestif sont minces , la cavité est très étroite , et la lon- gueur totale du canal n'excède quelquefois pas cinq mètres. On peut faire aisément des observa- tions analogues sur la peau. C. Ce qui vient d'être dit sur les dimensions de la rate , par rapport au volume du sang , est de nature à jeter quelques lumières sur les fonctions de ce singulier organe. D'après ce que nous avons dit , la rate est un véritable réservoir à parois élas- tiques , qui presse incessamment sur le sang qu'il contient, et qui tend à le faire passer dans le système Influence (Je la vciuc portc. Le peu d'épaisseur et d'élasticité de la rate sur ^ la des parois de cette veine, l'absence des valvules à circulation. . , . son intérieur , doivent permettre facilement au sang pressé par la rate d'y pénétrer. La rate doit d'autant plus facilement expulser le sang qu'elle DE PHYSIOLOGIE 4^^ contient , que non seulement elle est très élas- tique , et tend ainsi physiquement à revenir sur elle-même, mais qu'en outre elle est douée d'une force contractile d'un genre particulier , et qui se met en évidence sous l'influence de cer- taines substances , la noix vomique , par exem- ple. D. Le cercle circulatoire du sang étant continu , et la capacité du canal étant très variable, la vi- tesse de ce fluide doit être très différente ; car la même quantité doit passer par tous les points dans un temps donné : c'est ce que l'observation con- firme. La vitesse est grande dans le tronc et les principales divisions des artères aorte et pulmo- naires ; elle diminue beaucoup dans les divisions secondaires; elle diminue encore au moment du passage des artères dans les veines; elle va ensuite en augmentant à mesure que, des racines des veines, le sang passe dans des racines plus grosses, et enfin dans les grosses veines; mais jamais la vitesse ne peut être aussi grande dans les veines caves que dans l'aorte. Dans les troncs et les principales divisions ar- térielles, le cours du sang est, non seulement con- tinu sous l'influence du resserrement des artères, mais il est en outre saccadé par l'effet de la con- traction des ventricules. Cette saccade se mani- feste dans les artères, par une dilatation simple Vitesse du mouvement du sansr. DifiPérents modes du mouvement du sang. 4o6 PKÉCIS ÉLÉMENTAIRE dans celles qui sont droites, et par une dilatation et un mouvement de redressement dans celles qui sont flexueuses. Du iouU -^^ premier phénomène, auquel se joint quel- quefois le second, forme le pouls. 11 n'est facile de 1 étudier sur l'homme ou les animaux qu'aux en- droits où les artères sont accolées à un os, parce- qu 'alors elles ne fuient point le doigt qui s'ap- plique dessus, comme le font celles qui flottent entre les parties molles. Le plus souvent, le pouls fait connaître les mo- difications principales de la contraction du ven- tricule gauche, sa promptitude, son intensité, sa faiblesse, sa régularité ou son irrégularité. On con- naît aussi, par le pouls, la quantité du sang. Si elle est grande, l'artère est ronde, grosse et résis- tante ; si le sang est peu abondant, l'artère est petite et se laisse facilement déprimer. Certaines dispositions dans les artères influent aussi sur le pouls, et peuvent le rendre différent dans les prin- cipales artères. influence , Lc battement des artères se fait nécessaire- présumée du , . , . . battement mcut scutu' aux OTgancs qui les avoisinent , et des artères sur d'autaiit plus quc les artères sont plus volumi- neuses , et que les organes cèdent moins facile- ment. La secousse qu'ils en éprouvent est généra- lement considérée comme favorisant leur action , quoiqu'il n'en existe aucune preuve positive. l'action des organes. DE PHYSIOLOGIE. 4^7 Sous ce rapport , aucun ori::ane ne doit être in- influence 11' c> présumée du fluencé davantage que le cerveau. Les quatre artères battement cérébrales se réunissent en cercles à la base du antres sur l'action crâne , et soulèvent le cerveau à chaque contrac- des organes. tion du ventricule , comme il est facile de s'en convaincre en mettant à nu le cerveau d'un ani- mal, ou en observant cet organe dans les plaies de tête. C'est probablement pour modérer cette secousse que sont utiles les nombreuses courbures anguleuses des artères carotides internes et des vertébrales, avant leur entrée dans le crâne; cour- bures qui doivent aussi nécessairement ralentir le cours du sang dans ces vaisseaux. Quand les artères pénètrent encore volumi- neuses dans le parenchyme des organes , comme au foie , au rein , etc. , l'organe doit aussi recevoir une secousse à chaque contraction du cœur. Les organes où les vaisseaux ne pénètrent qu'après s'être divisés et subdivisés ne doivent éprouver rien de semblable. E. Depuis le poumon jusqu'à l'oreillette gauche, Nature du , ., . sang dans les le sang est de même nature ; cependant il arrive di&rentes quelquefois qu'il n'est pas semblable dans les quatre cercle qu'il veines pulmonaires (i). Si , par exemple , un pou- p^^^°" mon est altéré au point que l'air ne puisse péné- trer dans ses lobules , le sang qui le traverse ne » sera pas changé de veineux en artériel ; il arrivera (i) Voyez les expériences de Legallois. 4o8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE au cœur sans avoir subi cette transformation ; maîs, par son passage à travers les cavités gauches , il se mélangera intimement avec celui du poumon opposé. Du ventricule gauche jusqu'aux dernières divisions de l'aorte, le sang est nécessairement ho- mogène ; mais, arrivé à ces petits vaisseaux, ses Séparation éléments sc partagent : il existe du moins un *^dusln'^dcl^ grand nombre de parties , telles que les membranes capillaires, géreuscs , Ic tissu cellulairc , les tendons , les apo- névroses , les membranes fibreuses , etc. , où l'on ne voit jamais pénétrer la partie rouge du sang , et où les capillaires ne contiennent que du sérum. Ce partage des éléments du sang ne se fait cepen- dant que dans l'état de santé ; quand les parties que je viens de nommer deviennent malades , il arrive souvent que leurs petits vaisseaux se remplissent de sang avec tous ses éléments. On a cherché à expliquer cette analyse particu- lière du sang par les petits vaisseaux. Boerhaave, qui admettait dans le sang plusieurs espèces de globules de grosseur différente , disait que les glo- bules d'une certaine grosseur ne pouvaient passer que dans des vaisseaux d'un calibre approprié : nous avons vu que les globules , tels que Boerhaave les admettait , n'existent point. Bichat croyait qu'il existait dans les petits vais- seaux une sensibilité particulière par laquelle ils DE PHYSIOLOGfE. L[Og ne se laissaient pénétrer que par la partie du sang en rapport avec elle. Nous avons déjà combattu plusieurs fois des idées de ce genre ; elles ne sont pas plus admissibles ici, car les liquides les plus irritants , introduits dans les artères , passent aus- sitôt dans les veines sans que les capillaires s'op- posent à leur passage. F. L'une des idées les plus singulières qu'ait en- Effet de la pesanteur fantées l'imagination des physiologistes , est que les sur la ... , circulation. corps Vivants ne sont point soumis aux lois physiques^ que la vie est en opposition constante avec ces lois ; comme si une telle opposition était possible, comme si un phénomène pouvait être opposé à un phénomène. Pour cette raison , que le simple bon sens re- pousse , l'influence de la pesanteur , et par consé- quent celle des diverses positions du corps sur la circulation , a été peu étudiée ; cependant nul doute que cette influence n'existe , et qu'elle ne soit très puissante. L'empirisme médical ou chirurgical est forcé de la reconnaître. Dans une foule de cas il est de toute évidence que le sang se meut plus difFici- lement quand il marche contre sa propre pesan- teur , tandis que ce liquide arrive et séjourne plus facilement dans les parties où il est porté par son propre poids. Durant le sommeil et dans la position horizon- tale , le sang se dirige vers la tête en quantité plus L^IO PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE considérable. Un jeune médecin , M. Bourdon , a remarqué sur lui-même qu'étant couché sur un côté, le sang s'accumulait dans les parties les plus déclives de la tête, gonflait la pituitaire de ce côté 5 et interceptait le passage de l'air par la na- rine correspondante ; qu'en se retournant sur le côté opposé , la narine précédemment obstruée redevenait libre , tandis que celle qui était devenue la plus déclive offrait les phénomènes énoncés. Ainsi les puissances qui font circuler le sang ont . souvent à surmonter les effets de la pesanteur de ce liquide , ainsi la gravitation universelle exerce une influence remarquable sur la circulation. Ce fait mérite toute l'attention des médecins , car, pour peu que les fonctions se dérangent , les effets des lois physiques s'y font plus manifestement sentir. Éléments ^' ^^^ traversant les petits vaisseaux, le sang se du sang dépouillc dc SCS éléments ; tantôt c'est le sérum qui qui s échappe ^^ • T- des petits s'échappe et se répand à la surface d'une mem- brane , tantôt c'est la matière grasse qui se dépose dans des cellules; ici c'est le mucus, là c'est la fibrine ; ailleurs ce sont les substances étrangères qui avaient été accidentellement mêlées au sang artériel. En perdant ces divers éléments , le sang prend les qualités de sang veineux. En même temps que le sang artériel fournit à ces pertes , les petites veines absorbent les sub- stances avec lesquelles elles sont en contact. Par vaisseaux. DE PII Y S lOLOGIE. 4' ' exemple , dans le canal intestinal elles s'emparent des boissons ; d un autre côté , les troncs lympha- tiques versent la lymphe et le chyle dans le système veineux ; il est donc certain que le sang veineux ne peut être homogène , et que sa composition doit varier dans les différentes veines ; mais arrivés au cœur , par les mouvements de l'oreillette et du ventricule droits , et la disposition des colonnes charnues, tous les éléments se mêlent, et, lorsqu'ils sont intimement mélangés , ils passent dans l'artère pulmonaire. H. C'est une loi générale de l'économie, qu'aucun iniiuence 1, . ,. . 1 d"' système organe ne peut continuer d agir s il ne reçoit du nerveux sur le sang artériel ; il en résulte que la circulation tient mouvement sous sa dépendance toutes les autres fonctions ; mais , à son tour, la circulation ne peut continuer sans la respiration , qui forme le sang artériel , et sans l'action du système nerveux , qui a la plus grande influence sur la vitesse du cours du sang et sur sa répartition dans les organes. En effet , sous l'action du système nerveux , les mouvements du cœur se précipitent ou se ralentissent , et par con- séquent la vitesse générale du cours du sang ; en- suite , quand les organes agissent volontairement ou involontairement , l'observation apprend qu'ils reçoivent une plus grande quantité de sang , sans qu'il y ait pour cela accélération du mouvement de la circulation générale ; et si leur action de-» du sang. 4l2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE vient prédominante , les artères qui s'y portent prennent un accroissement considérable ; si , au contraire, l'action diminue ou cesse entièrement, les artères se rétrécissent , et ne laissent plus par- venir à l'organe qu'une petite quantité de sang. Ces phénomènes sont manifestes pour les muscles : la circulation y devient plus rapide quand ils se con- tractent ; s'ils sont souvent en contraction , leurs artères croissent en volume ; s'ils sont paralysés , les artères deviennent très petites et le pouls s'y fait à peine sentir. Influence Le Système nerveux peut donc influencer la cir- du système , tp i nerveux culatiou dc trois mauicres : i° en modifiant les mouvement mouvemeiits du cœur; 2° en modifiant les capillaires du sang. des organes, de manière à y accélérer ou ralentir le cours du sang; 5*^ enfin en produisant les mêmes effets dans le poumon , c'est-à-dire en rendant plus ou moins facile le cours du saiïg à travers cet organe. Sentiments L'accélératiou des mouvements du cœur devient jnstinctirs *îV^ sensible pour nous par la manière dont la pointe avertissent ^ desmodifîca- dc cct orsTanc vicut frapper les parois pectorales ; tionsdela ^ , -n • r • circulation, la gêuc de la circulation capillaire se lait recon- naître par un sentiment d'engourdissement , de fourmillement particulier ; et enfin , quand la cir- culation pulmonaire est difficile, nous en sommes avertis par une oppression , une suffocation plus ou moins forte. DE PHYSIOLOGIE. 4*^ Il est probable que la distribution des filets du grand sympathique dans les parois des artères a quelque usage important ; mais on ignore complè- tement cet usage : aucune expérience n'a encore éclairé sur ce point. La composition du sang doit exercer une grande influence influence sur le mode d'action des organes, mais composition nous n'avons encore que des notions fort impar- suH'acti^a faites sur les variations chimiques que ce liquide ^^* organes. peut éprouver. Si l'on s'en rapportait même à quel- ques travaux sur le sang, ce fluide serait con- stamment le même. Probablement que les progrès de l'analyse animale nous sortiront bientôt de ces idées inexactes ; quelques faits semblent du moins l'annoncer. Introduisez dans la veine jugulaire d'un chien Expériences quelques gouttes d'eau qui aura séjourné sur des composition matières animales en putréfaction, une heure "*^"^- après cette introduction l'animal sera abattu , cou- ché ; une fièvre ardente l'agitera; il vomira des matières noires et fétides; ses évacuations alvines seront de même nature ; son sang aura perdu la faculté de se coaguler , il s'extravasera dans les divers tissus ; enfin la mort ne se fera pas long- temps attendre. Ces phénomènes , qui ont la plus grande ana- logie avec certaines maladies de l'homme , telles que^e vomissement noir des contrées méridio- 4^4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIÎIE nales , la fièvre jaune , etc. , paraissent bien avoir pour source commune une altération de la com- position chimique du sang; je crois même avoir remarqué que les dimensions des p;lobules dimi- nuent à mesure que les accidents se développent, ce qui serait en harmonie avec le passage du sang à travers les parois des petits vaisseaux et les di- verses hémorragies qui en sont l'effet. ( Voyez mon Journal de physiologie , tom. i et 2. ) Expériences H cst uu modc d'altération que l'on peut faci- composUion Icmcut apprécier, je veux dire les proportions res- «sang. pectives du sérum et du caillot. J'ai voulu voir sur des animaux quels seraient les effets de la di- minution graduelle de la partie solide et non so- luble du sang. A cet effet j'ai pris un chien bien- portant , et je lui ai fait une saignée de huit onces: le sang , examiné le lendemain , offrait fort peu de sérum , un huitième environ. J'ai remplacé le sang tiré par une injection d'une demi-livre d'eau à 3o°E.. dans la veine jugulaire : l'animal n'a rien offert de particulier. Le lendemain j'ai répété la saignée et l'injection ; le sang offrait un quart de sérum et trois quarts de caillots. Deux jours en- suite, j'ai fait encore et la même soustraction de sang et la même introduction d'eau, et j'ai con- tinué de cette manière de deux jours l'un jusqu'au dixième jour ; alors le sang de l'animal ne pré- sentait plus qu'à peine un quart de caillot pour DE PHYSIOLOGIE. f\l^ trois quarts de sérum ; mais aussi l'animal était faible , se remuait avec peine , semblait avoir perdu son instinct , ses habitudes caressantes ; ses facultés cérébrales étaient diminuées, et sem- blaient engourdies , enfin il n'était plus le même. Nul doute donc qu'une certaine composition du sang ne soit une des conditions importantes de l'exercice des diverses fonctions. Ce sont les diverses remarques que j'ai faites sur ce sujet qui m'ont conduit à essayer sur l'homme l'injection de l'eau dans les veines. L'individu sur lequel j'ai fait cet essai était hydrophobe , et sur le point de mourir ; l'introduction d'environ une pinte d'eau à 50" a calmé , comme par enchan- tement, l'état de fureur et de rage où il se trou- vait. (Voyez mon Journal de physiologie , t. 3. ) De l'influence des muscles inspirateurs et des expira- teurs sur le mouvement du sang. Le cœur , avons-nous démontré «, est le prin- iniiuence cipal agent de la circulation ; dans la plupart des mouvements cas, sa force motrice est la seule qui détermine la respiradon progression du sang, mais il existe d'autres puis- je cours du sances qui interviennent souvent avec énergie , et ^^°^' qui exercent une grande influence sur le cours du sang jusqu'au point de le suspendre complètement. Ces puissances sont les mêmes qui attirent l'air dans la poitrine, et qui l'en font sortir. sur ours sans. 4l6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE inQuence Daiîs la dilatation du thorax , le sang des veines des ^ mouvements caves supedeures et des veines caves inférieures et de la , 1 1 . 1 respiration cle proclie en proche celui des autres veines est ift cours du attiré vers le cœur. Le mécanisme de cette aspira- tion est semblable à celui qui attire l'air dans les poumons; c'est, pour ainsi dire, une inspiration du sang veineux ; au contraire , durant l'expira- tion, tous les organes pectoraux étant comprimés, le sang veineux est repoussé , il reflue dans les veines jusque vers les organes, et le sang artériel arrive à sa destination avec plus de promptitude , parcequ'à la pressi'on du ventricule gauche s'a- joute celle des muscles expirateurs. Ces divers phénomènes sont peu marqués dans la respiration calme, mais ils deviennent très ma- nifestes dans les respirations forcées ou dans les grands efforts musculaires qui s'accompagnent sou- vent de la contraction énergique des forces expira- trices et du resserrement de la glotte. La connaissance de ces faits résulte des travaux de Haller (i), Lamure (2) et Lorry (3); elle donne le moyen d'expliquer plusieurs phénomènes qui ont beaucoup embarrassé les physiologistes. Je vais entrer dans quelques détails à raison de l'im- i^i) Elementaphysiol. y tom. 2. (2) Académie des sciences, année i749« {7)) Savants étrangers , tom. 3. ou saiin;'. DE PHYSIOLOGIE. 4*7 portance du sujet. Je les extrais d*un Mémoire imprimé dans mon Journal de Physiologie. Si on observe pendant quelque temps la veine Expériences sur jugulaire externe d'un individu dont le cou est l'influence maigre, ou, mieux encore, si l'on met à décou- la respiration vert cette veine sur un chien , on a bientôt reconnu que le sang se meut dans sa cavité, sous diverses influences. En général, quand la poitrine se dilate pour inspirer, la veine se vide brusquement, s'a- platit, et ses parois s'appliquent quelquefois exac- tement l'une contre l'autre. Lav^eine , au contraire, se gonfle et se remplit de sang quand la poitrine se resserre. Ces effets sont d'autant plus marqués que les mouvements respiratoires sont plus étendus. Ceux qui dépendent de l'expiration sont beaucoup plus prononcés si l'animal fait des efforts (i). (i) Les mouvements respiratoires ne sont pas les seules causes du mouvement du sang dans les jugulaires ; avec un peu d'attention on reconnaît que les contractions de l'o- reillette droite y influent sensiblement, ce qui produit une espèce de palpitation irrégulière dans le vaisseau. Quand l'oreillette se contracte, le sang est repoussé vers la tête; le sang est au contraire attiré vers le coeur par sa dilatation. Quand le hasard fait coïncider la dilatation de la poitrine et de l'oreillette ou le resserrement de ces parties, le mouvement du sang dans les jugulaires est régulier, c'est- à-dire que le vaisseau se vide ou se remplit brusquement. Mais comme les mouvements de l'oreillette sont bien plus fréquents que ceux du thorax , il arrive nécessairement défaut 2. 27 4l8 PllÉCIS ÉLÉMENr Alite Mécanisme L'cxplication de ces phénomènes, telle qu'elle l'influence a été donnée par Haller et Lorry, est très simple mouvements et Satisfaisante au premier aperçu. Quand la poi- la rcspi'l-atiûn triue se dilate, elle aspire le sang des veines caves , circuïatîon. ^t dc prochc cu proclic celui des veines qui y abou- tissent. Le mécanisme de cette aspiration est à peu près semblable à celui par lequel l'air est attiré dans la trachée-artère. Quand la poitrine se res- serre, au contraire, le sang est refoulé dans les veines caves par la pression que supportent tous les organes pectoraux, vaisseaux, cœur, poumons et autres y de la part des puissances expiratrices , et de proche en proche aussi parvient aux veines qui s*y terminent. De là l'alternative de vacuité et de plein qu'offrent les jugulaires. Pour montrer que ce phénomène est exactement en rapport avec un phénomène semblable qui se passe dans les veines caves, j'introduis une sonde de gomme élastique dans la veine jugulaire , et je la fais pénétrer jusqu'à la veine cave, ou même jusque dans l'oreillette droite: on voit alors que le sang coule par l'extrémité de la sonde, seulement dans le moment de l'expiration. Dans l'inspiration, au contraire , l'air est brusquement attiré dans le de coïncidence entre eux, et dès lors les battements des ju- gulaires deviennent très irréguliers, phénomène qui est sur- tovit apparent dans les maladies graves , et que Haller a nommé pouls veineux. DE PHYSIOLOGIE. 4^9 cœur, et donne lieu à des accidents particuliers, Mécanisme dont il sera question plus tard. On obtient des ré- nnflJence sultats entièrement analogues si on introduit la mouvements sonde dans la veine crurale , en la dirigeant vers j^ resph-ation l'abdomen. . ^"\" h circulation i Aucun doute donc touchant le genre de modifi- cations que la respiration exerce sur le cours du sang dans les principaux troncs veineux. On peut de même facilement reconnaître, en ouvrant une artère des membres, par exemple, que l'expiration accélère sensiblement le mouve- ment du sang artériel , particulièrement dans les grandes expirations et dans les efforts ; et comme on ne peut pas faire faire à volonté de grandes ex- pirations ou des efforts aux animaux soumis à Tex- périence, on peut, suivant le procédé de Lamure, comprimer avec les mains les côtés du thorax, et l'on voit le jet du sang artériel grandir ou dimi- nuer, en raison de la pression que l'on exerce. Puisque la respiration produit cet effet sur le cours du sang dans les artères , il devenait probable qu'elle pouvait influencer la marche du sang vei- neux, non plus par l'intermédiaire des veines, comme nous venons de le voir tout à l'heure, mais par le moyen des artères. Une pareille conjecture méritait d'être soumise à l'expérience. Je plaçai donc une ligature sur l'une des veines jugulaires d'un chiçn; le vaisseau se vida au-des- ^7- 420 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences SOUS de la ligaturc 5 et se gonfla beaucoup au-des- rinfîuence SUS , commc ccla arrive constamment. Je piquai des „.*>nt« léerèrement avec une lancette la portion disten- ^^ .. due , de manière à faire une très petite ouverture : la respiration ' a '*"'," . l'obtins de cette manière un iet de sans: que les la circulation J ... du sang, rnouvements ordinaires de la respiration ne modi- fiaient pas sensiblement, mais qui triplait ou qua- druplait de grandeur si l'animal faisait^ quelque effort un peu énergique. On pouvait objecter que l'effet de la respiration ne s'était pas transmis par les artères à la veine ouverte, mais bien parles veines qui étaient restées libres, et qui auraient transporté le sang repoussé des veines caves vers la veine liée , au moyen des anastomoses ; il était facile de lever cette difliculté. Le chien n'a pas, comme l'homme, des veines jugulaires internes volumineuses , qui reçoivent le sang de l'intérieur du crâne; chez cet animal, la veine jugulaire interne n'est, pour ainsi dire, qu'un vestige , et la circulation de la tête et du cou se fait presque entièrement par les veines jugulaires ex- ternes , qui sont en effet très grosses , proportions gardées. En liant à la fois ces deux veines, j'étais bien sûr d'empêcher , en très grande partie , le reflux dont il vient d'être question ; mais bien loin que cette double ligature diminuât le phénomène dont je viens de parler, le jet devint au contraire plus étroitement en rapport avec les mouvementsde DE PHYSIOLOGIE. /^2\ la respiration, car il était évidemment modifié Expùricuccs même par la respiration ordinaire; ce qui, comme l'influence on a TU, n'avait pas lieu dans le cas d'une seule mouvomcms lisrature. Pour rendre la chose plus évidente , ie , ^? ,. " r ' J la respiration pouvais d'ailleurs ae^ir sur la veine crurale : cette , .^"\. ■•■ ^ la circulalion veine et toutes ses branches étant garnies de val- ^^ ^^"S- vules qui s'opposent, pour ainsi dire, à tout re- flux ; si le phénomène de l'accroissement du jet se montrait durant l'expiration , on pouvait être bien sûr que l'impulsion serait venue du côté des artères. C'est en effet ce que j'observai dans plusieurs ex- périences. La veine crurale étant liée et piquée au- dessous delà ligature, le jet qui se forma s'accrut sensiblement dans les grandes expirations, dans les efforts et les compressions mécaniques des pa- rois du thorax avec les mains. Ces expériences , ainsi que les précédentes, ap- portent nécessairement un changement notable dans l'explication du gonflement des veines durant l'expiration. D'après Haller , Lamure et Lorry , ce gonflement a lieu par le simple refoulement du sang des veines caves dans les branches qui s'y ou- vrent médiatement ou immédiatement ; mais il est clair qu'il faut y joindre l'arrivée dans la veine d'une plus grande quantité de sang provenant des artères. La même modification devra être introduite dans l'explication des mouvements du cerveau, en rap^ 422 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences P^^* ^^^^ ^^ respiration. 11 ne faudra donc plus l'innuenc attribuer le gonflement de cet organe , dans le mo- ^^s ment de l'expiration , au seul reflux du sans: dans de les veines , ni son affaissement , dans le moment de la respiration sur l'inspiration , à la seule aspiration du même fluide la circulation . . • i <• i /> du sang, vcrs la poitrmc ; mais il faudra faire entrer, comme élément important de cette explication, l'influence de la respiration sur la marche du sang artériel , et sur celle du sang veineux, par l'intermédiaire des artères. On devra , ce me semble , comprendre le phéno- mène de cette manière : dans le moment d'une forte expiration ou dun effort, tous les organes pectoraux ou abdominaux sont comprimés , le sang artériel est chassé plus particulièrement dans les branches de l'aorte ascendante (i). Ce sang arrive donc avec plus d'abondance vers la tête, et tend à passer plus promptement dans les veines qui doivent le ramener vers le cœur; ce qui arriverait aussitôt si les veines étaient libres. Mais loin de là, la pression exercée sur les organes pectoraux a aussi fait refluer le sang veineux dans les vaisseaux qui le contiennent, bien que ce mouvement rétro- grade ne s'étende pas très loin. Cependant le sang qui reflue dans les veines a (i) L'aorte abdominale est aussi comprimée , et admet le sang avec une difficulté relative au degré de pression qu'elle éprouve, comme l'a bien décrit Lorry. Mém. cité. DE VIIYSTOLOGIE. 4^^ bientôt rencontré le sang qui arrive du côté des Expériences artères; le vaisseau se distend, et le cours du li- i'i„Quencc quide est généralement suspendu dans les veines, mouvements Dès lors , il est tout simple que le cerveau se gonfle lafcs^^iration et se distende. , . ^"'; . la circulation Mais ce qui se passe dans le cerveau doit aussi se du sang, passer dans les autres organes , avec les modifica- tions en rapport avec la disposition de leurs vais- seaux sanguins : la moelle épinière tout entière grossit , la rate s'alonge , la face rougit et se gonfle dans les cris , la course prolongée , les efl^orts mus- culaires , les passions violentes ; les veines des membres se gonflent dans les mêmes circonstances; et si vous engagez une personne que l'on saigne à souffler fortement, le jet du sang de la veine ou- verte augmente sensiblement. Un individu affecté d'un phlegmon dans un membre, ou même d'un simple panaris , éprouve une douleur vive dans la partie malade, s'il veut soulever un fardeau, courir, crier, etc. Tous ces phénomènes, et beaucoup d'au- tres analogues, dépendent évidemment de l'accu- mulation du sang dans les organes, par l'expiration qui y pousse le sang artériel, et qui s'oppose à ce que le sang veineux puisse en sortir. Il résulte de ces faits , que l'une des conséquences des grandes expirations et des violents efforts est la suspension plus ou moins prolongée de la circula- tion; suspension d'autant plus complète que Tex- 4^4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences piratioFi OU l'effort est plus violent. De là probable- rinfiuence lUGut l'impossibilité de soutenir de grands efforts mouvements au-dclà de quclques secondes , et la nécessité des la resprration g^andcs iiisplrations qui les suivent immédiate- , . ^""^ . ment. la circulaticn du sang. Plusicurs pliéiiomènes circulatoires paraissent liés avec cette stagnation momentanée du sang dans les divers tissus : les hémorrhagies nasales ou au- tres qui suivent quelquefois un effort violent ; les sueurs abondantes des bateleurs durant leurs exer- cices ; les céphalalgies instantanées qui suivent ^ chez certains individus , l'expulsion des matières fécales ; l'érection à peu près constante qui accom- pagne le supplice de la corde , etc. Il n'est pas nécessaire , pour que les effets de l'ex- piration se manifestent , que la glotte se ferme her- métiquement, ainsi que plusieurs auteurs l'ont pensé, car souvent des efforts considérables ont lieu concurremment avec des cris formés de sons graves, qui permettent une issue facile à l'air expiré. On en trouve encore une preuve palpable dans la pratique vétérinaire, où l'on introduit une ca- nule métallique assez large entre les cartilages thy- roïde et cricoïde des chevaux corneurs , afin de leur rendre la respiration plus facile. Malgré cette voie toujours libre pour l'entrée et la sortie de l'air des poumons , ces animaux n'en continuent pas moins leurs pénibles travaux. Une autre preuve pourrait DE PIIYSIOIOGIi:. l[2S se tirer des expériences dans lesquelles on com- Expérience* prime avec les mains les côtés du thorax, et où j.j^^ sur uonce Ton accélère par ce moyen le cours du sans: arté- ^^^ , 1 - o mouvements riel ou veineux. Dans ce cas , rien n'annonce que la , ^5 . ••• la respiration 2:lotte se ferme dans l'instant où l'on rétrécit la poi- sur ^ ^ .. ^ la circulation trine. Je me suis d'ailleurs assuré de ce fait par du sang. une expérience que voici. Je pratiquai une ouverture de plus d'un pouce de long et de quatre à cinq lignes de large, à la trachée-artère d'un chien ; je liai ensuite une de ses veines jugulaires, et je fis au-dessus de la liga- ture une petite ouverture par laquelle il s'établit aussitôt un jet continu assez considérable de sang veineux. Ce jet augmenta sensiblement chaque fois que l'animal faisait des efforts, ou que je compri- mais le thorax (i). (i) Mon confrère de Kergaradec vient de faire sur lui- même les expériences suivantes ; elles s'accordent parfaite- ment avec les faits que je viens de rapporter. « J. J'ai réuni 5 poids de 20 kilog. =^ 100 kilog. au moyen ^ d'une corde , et je les ai soulevés de terre en respirant, et sans respirer. Dans l'un comme dans l'autre cas , j'ai eu be- soin de m'aider de mes coudes arc-boutés contre mes ge- noux. C'était le maximum de la force que je pouvais dé- ployer sans imprudence. vB, Dans une balance dont les plateaux sont soutenus par des chaînes de fer, j'ai placé successivement, et j'ai enlevé de terre, en tirant sur l'autre extrémité du fléau, un poids de 69 kilog. 5 hectogrammes, pendant que je suspendais ma 4^6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences Je doîs prévenir, en ternriinant cet article, que rinffuence l^s divcrs phénomènes décrits sont d'autant plus «îouvements ^pp^reiits quc la quantité du san^ est plus consi- larésph-aiion ^^rable. Si VOUS cherchez à les étudier sur un lacircuiation ^^^i"^*^^ ^^" ^ naturellement peu de sang ou qui en xlu sang^ respiration; lorsque je respirais, je ne pouvais plus en en- lever que 69 kilog. 3 hect. » C, J'ai placé entre mon bras et ma poitrine cinq planches métalliques pesant ensemble 85 liv. 10 onces. A grande peine je lésai enlevées déterre en respirant. J'éprouvais peut- être un peu moins de difficulté lorsque je retenais ma res- piration ; la dififérence n'était pourtant pas très grande. »Z?. Les pieds arc-boutés contre un corps solidement fixé, j'ai poussé avec force un meuble très pesant que repoussait sur moi une personne dont les pieds étaient également arc- boutés. Je respirais, et pourtant j'ai pu vaincre une résis- tance assez grande. ))£". J'ai saisi avec les mains un corps fixé à une hauteur telle qu€ j'avais peine à y atteindre en m'élevant.sur la pointe (des pieds. Je me suis ensuite enlevé de terre en fléchissant les bras sur les avant-bras, sans qu'il me fût nécessaire d'in- terrompre ma respiration. J'ai obtenu le même résultat, soit que je m'aidasse de mes genoux pour grimper contre le plan près duquel je m'exerçais, soit que je m'élevasse directement, sans autre moyen que la contraction des muscles du bras. »F. Je me suis assuré que, sans recourir à l'occlusion de la glotte, il est très possible, en sautant, de parvenir à une grande hauteur perpendiculaire ou de franchir un espace assez considérable. » Voyez Biblioth. médic, décemb. 1820. DE PHYSIOLOGIE. 4^7 a perdu accidentellement une certaine dose , à peine pouvez-vous les reconnaître , et vous pour- riez douter même de leur réalité , comme cela est arrivé à plusieurs auteurs estimables. Mais injec- tez , en proportion convenable , de l'eau dans le système circulatoire , et vous verrez aussitôt tous les phénomènes devenir évidents. Ce fait , que j'ai plusieurs fois montré dans mes cours, est important à connaître sous le point de vue des phénomènes dont je viens de parler ; il donne en outre une nou- velle preuve des soins qu'on doit apporter à noter toutes les circonstances physiques quand il s'agit d'étudier une fonction animale. De la transfusion du sang et de l*infusion des médicaments. Telle est l'opposition que les hommes de génie Transfusion rencontrent quelquefois dans leurs contemporains , g^^^ ^ur des qu'il fallut trente années à Harvey avant qu'il pût faire admettre sa découverte , dont les preuves les plus évidentes perçaient de toutes parts ; mais , dès que la circulation fût reconnue, une sorte de délire s'empara des esprits , on crut avoir trouvé le moyen de guérir toutes les maladies , et même de rendre l'homme immortel. La cause de tous nos maux fut attribuée au sang : pour les guérir, il ne s'agissait que d'ôter le mauvais sang, animaux. 4^8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et de le remplacer par du s an 2^ pur , tiré d'un ani- mal sain, Les premières tentatives furent faites sur des animaux ; elles eurent un plein succès. Un chien ^' ayant perdu une grande partie de son sang , reçut, par la transfusion , celui d'une brebis , et s'en trouva bien. Un autre chien , vieux et sourd , recouvra , par ce même moyen , l'usage de l'ouïe , et sembla rajeunir. Un cheval de vingt-six ans, ayant reçu dans ses veines le sang de quatre agneaux, reprit de nouvelles forces. Transfusion Qn ne tarda pas à tenter sur l'homme la trans- du san£^ ■■- suri'houime. fusiou. Deuys et Emerez , l'un médecin , l'autre chirurgien de Paris , furent les premiers qui osèrent l'essayer. Us introduisirent dans les veines d'un jeune homme imbécile le sang d'un veau , en quan- tité supérieure à celle qu'on avait tirée des veines du jeune homme , ,qui parut recouvrer la raison. Une lèpre , une fièvre quarte , furent aussi guéries par ce moyen ; et plusieurs autres transfusions furent faites sur l'homme sain sans qu'il en résultât au- cune suite fâcheuse. Cependant de tristes événements vinrent calmer l'enthousiasme général causé par ces succès répé- tés. Le jeune idiot cité tomba , peu de temps après l'expérience , dans un état de frénésie. U fut sou- mis une seconde fois à la transfusion , et mou- rut aussitôt, atteint d'un pissement de sang, et DE PHYSIOLOGIE. 4^9 dans un état d'assoupissement et de torpeur. Un jeune prince du sang royal en fut aussi la victime. Le parlement de Paris défendit la transfusion. Peu de temps après , G. Rira ayant fait en Italie la transfusion sur deux individus qui en moururent, le pape fit la même défense. Depuis cette époque, la transfusion a été regardée comme inutile et même dtmgereuse ; cependant, puisqu'elle paraît avoir réussi dans certains cas , il serait très intéressant que quelqu'un d'habile en fît l'objet d'une série d'expériences. J'ai eu occasion d'en faire un certain nombre , et je n'ai jamais vu que l'introduction du sang d'un animal dans les veines d'un autre eût des inconvénients graves , même quand pnaugmentebéaucoup,parcemoyen, la quantité de sang. Mais pour que les transfusions se fassent sans conditions inconvénients , il faut que le sang passe immé- ^°ransfu"1ol^ diatement du vaisseau de l'animal qui donne dans celui de l'animal qui reçoit. Si le sang est reçu dans un vase ou dans une seringue , et injecté en- suite , il se coagule plus ou moins , et devient dès lors une cause de mort pour l'animal sur le- quel la transfusion est faite , parcequ'il bouche les vaisseaux pulmonaires. Toutes les expériences où l'on n'a pas tenu un compte scrupuleux de celte circonstance, ne peuvent avoir aucune valeur. J'ai vu la transfusion manquer , et causer la mort , réussisse. 430 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE parceque le sang avait à traverser un petit tube de deux pouces de long, où il se coagulait en partie avant de passer dans la circulation nouvelle qui devait le recevoir. Infusion Peu dc tcuips après la découverte de la circula- des 111 édi— canients. tioii , 011 cssaja de porter directement les médica- ments dans les veines : il en résulta des avantages dans certains cas et des inconvénients dans d'autres; ce moyen tomba bientôt dans l'oubli , mais il a été et est encore employé avec succès dans les expé- riences sur les animaux. C'est un excellent artifice pour juger promptement du mode d'action d'un médicament ou d'un poison. C'est par ce procédé qu'on administre les médicaments aux grands animaux à l'école vétérinaire de Copenhague ; on y trouve l'avantage d'une action très prompte et d'une grande économie dans la quantité des médi- caments employés. Un médecin américain vient de donner au monde savant l'exemple d'un beau dévouement pour les progrès des connaissances : il s'est injecté dans les veines une certaine quantité d'huile pur- gative; heureusement que le hasard a mis quelques difficultés dans l'introduction du liquide, car il aurait été infailliblement victime de son amour pour la science (i). La quantité d'huile intro- (ij Nous avons dit que les liquides visqueux, tels que honinu;. DE PHYSIOLOGIE. 45' diiite peut être évaluée , d'après le récit de l'au- teur , à environ deux gros. Pendant les premiers moments qui suivirent ihjeciîoir l'injection, M. Haies n'éprouva rien de particulier, de ricin dans « La première sensation extraordinaire que j'é- veines d'un prouvai, dit-il, était un sentiment particulier, un goût huileux à la bouche. Un peu après midi, pendant qne je lavais le sang de mes bras et de mes mains , et que je parlî^iis de très bonne hu- meur , je sentis un peu de nausée , avec des éruc- tations et de l'ébranlement dans les intestins , puis une sensation singulière impossible à décrire me sembla monter rapidement à la tête ; au même instant je sentis une légère roideur des muscles de la face et de la mâchoire , qui me coupa la parole au milieu d'un mot, accompagnée d'un sentiment de frayeur et d'un léger évanouissement; je m'as- sis , et au bout de quelques instants je me trouvai un peu rétabli. A midi un quart j'avais toujours le^oût d'huile , avec un peu de sécheresse dans la bouche ; je pris l'air , ce qui me fit du bien ; après m 'être reposé quelques moments , mon pouls bat- tait soixante- quinze pulsations par minute. A midi trente-cinq minutes le dérangement des in- testins continue et augmente; légères douleurs y l'huile, ne peuvent traverser les capillaires pulmonaires y qu'ils arrêtent ainsi la circulation , et causent immédiate- ment la mort. ( Voyez Journal de Physiologie, t. I. } 452 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE comme si j'avais pris un purgatif; forte nausée, étourdissement ; mon bras est enroidi , ce que j'attribue au bandage. A midi et trois quarts dé- rangement plus grand encore des intestins; nau- sée plus forte , encore plus de goût d'huile ; bouche moins sèche ; cinq minutes plus tard , envies d'al- ler à la gardé-robe , mais sans effet; légères dou- leurs de tête. A une heure vingt minutes la dou- leur des intestins augmente , elle est aggravée par la pression ; besoin urgent d'aller à la garde-robe, sans aucun effet , semblable à celui que procure une purgation ; la nausée continue. A deux heures mieux , presque plus de nausée ; besoins con- stants d'aller à la garde-robes , mais inutiles ; ils se répétèrent encore deux fois très forts dans le courant de la journée. Cet état se dissipa plus tard. » M. Haies resta malade pendant près de trois se- maines , et fut long-temps à recouvrer ses forces et sa santé. L'injection des médicaments dans les veines peut être regardée aujourd'hui comme la seuje ressource efficace pour quelques cas extrêmes où les secours ordinaires de la médecine sont insuffisants. Sur r introduction de l'air dans tes veines. Je ne puis comprendre par quelle inadvertance Bichat répète , dans vingt endroits de ses ouvrages, DE PHYSIOLOGIE. l^^O qu'une bulle d'air entrée accidentellement dans les veines produit inopinément la mort. Rien n'est plus inexact que cette assertion ; chacun peut aisé- ment s'en assurer en poussant avec une seringue del'aîr dans une veine. J'ai annoncé ce fait dès l'an- née 1809, dans un Mémoire lu à la première classe de l'Institut ; et depuis cette époque Nysten a pu- blié un travail spécial sur cette question. Il a non- seulement injecté de l'air atmosphérique dans le système veineux, mais encore la plupart des gaz connus. Il a constaté que plusieurs gaz , tels que i'oxigène , l'acide carbonique , qui se dissolvent dans le sang , peuvent être portés dans la circula- tion en assez grande quantité sans inconvénient grave, qu'au contraire les gaz peu ou point solubles causent souvent des accidents , et même la mort. J'ai montré fréquemment dans mes cours une différence importante qui résulte du mode d'intro- duction de l'air dans les veines. S'il est introduit len- tement , rien de fâcheux n'en résulte ; s'il est poussé d'un seul coup, l'animal ne tarde pas à éprouver une accélération remarquable de la respiration ; on en- tend un bruit particulier dans sa poitrine , effet des chocs que l'air épouve dans les veines caves , l'o- reillette droite , le ventricule et l'artère pulmo- naire ; bientôt l'animal pousse des cris aigus , et ne tarde pas à mourir. L'ouverture de son corps montre que le cœur y surtout à droite , l'artère 2. ' . ^8 /j.54 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE pulmonaire, etc. sont distendus fortement par de Fairou par une mousse sanguine légère , presque entièrement formé parle gaz. Celui-ci se retrouve dans le tissu cellulaire du poumon , où il a pro- duit l'emphysème de cet organe , et dans les ar- tères de toutes les parties du corps , et particuliè- rement celles du cerveau (i). Ces effets mortels de l'introduction brusque de Fair dans les veines se sont vus plusieurs fois sur l'homme : dans certaines opérations chirurgi- cales , une veine du cou est ouverte , au moment de l'inspiration l'air extérieur est attiré dans la (i) Certains animaux reçoivent des quantités énormes d'air introduits brusquement dans leur veine sans périr. Je me rappelle en avoir poussé, avec toute la force et toute la promp- titude dont je suis capable 5 jusqu'à vingt ou vingt-quatre litres dans les veines d'un très vieux cheval sans qu'il mou- rût de suite; mais il succomba enfin. En l'ouvradt nous trou- vâmes tout le système circulatoire plein d'air mêlé au sang , et, ce qui nous frappa, le système lymphatique distendu par une énorme quantité de lymphe légèrement colorée en jaune, et mêlée à un peu d'air. J'ai répété plusieurs fois cette obser- vation , qui est de nature à jeter quelques lumières sur l'utilité encore ignorée du système lymphatique. On pourrait croire, d'après ces faits , qu'il sert de réservoir pour le trop plein du système circulatoire dans certaines circonstances. Cepen- dant dans les pléthores artificielles , que j'ai souvent produites avec l'eau ^ je n'ai jamais observé la distension du système lymphatique. DE PHYSIOLOGIE. /p.") veine ouverte en quantité plus ou moins considé- rable , le bruit de Tair agité et choqué dans le cœur se fait entendre , et le malade meurt. L'ou- verture montre les phénomènes décrits ci-dessus. Pareil accident se voit quelquefois dans les saignées qui sont faites à la jugulaire du cheval , au mo- ment où le vétérinaire soulève la veine pour la piquer avec une épingle, et fermer l'ouverture précédemment faite. (Yoyez Journal de Physio- logie ^ tom. I. ) DES SÉCRÉTIONS. En parcourant les innombrables petits vaisseaux sécrétions, par lesquels les artères et les veines communiquent entre elles , une partie des éléments du sang se ré- pand à toutes les surfaces extérieures et intérieures du corps 5 une autre est déposée dans de petits or- ganes creux situés dans l'épaisseur de la peau et des membranes muqueuses ; une troisième enfin s'en- gage dans le parenchyme d'organes nommés glan- des ^ y subit une élaboration particulière , et vient se répandre ensuite, dans certaines circonstances, à la surface des membranes muqueuses ou de la peau. On donne le nom srénérique de sécrétions à ,> . o 1 Fartage • ce phénomène par lequel une partie du sang «^eseKinents s'échappe des organes dé la circulation pour se ^'"gf^ansics ^ capillaires. répandre au dehors ou au dedans , soit en con^ 28. Division /|.36 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE servant ses propriétés chimiques , soit après que ses éléments ont éprouvé un autre ordre de com- binaisons. On distingue ordinairement les sécrétions en , ^^^^ trois espèces : les exhalations . les sécrétions folli- iticrelions. A ' culaires , et les sécrétions glandulaires ; mais cette division , sous le rapport des organes sécréteurs et des fluides sécrétés , laisse beaucoup à dé^si- rer. Plusieurs organes qui sécrètent ne peuvent être rapportés ni aux follicules ni aux glandes , et ce qu'on appelle généralement glandes ou folli- cules sont des organes si différents les uns des autres , par leur forme , leur structure et les fluides qu'ils séparent du sang, qu'il eût peut-être été avantageux de ne pas les confondre sous la même dénomination. Toutefois , pour ne pas trop nous -éloigner des idées reçues ^ nous allons parler des sécrétions d'après cette classification. Nous serons courts sur cet article; car si nous lui donnions toute l'extension dont il est susceptible , nous dépasse- rions de beaucoup les bornes auxquelles nous nous sommes astreint dans cet ouvrage. Des exhalations. Exhalations, Lcs cxhalatious ont lieu, soit au -dedans du corps , soit à la peau et aux membranes muqueu- ses ; de là leur distinction en intérieures et en extérieures. DE IMIYSIOLOGIE. k^'] Exhalations intérieures. Partout où des surfaces , grandes ou petites, sont Exiiahiioii* . ^ inlériciirtrs. en contact , il se fait une exhalation ; partout ou des fluides sont accumulés dans une cavité sans ouverture apparente , c'est par exhalation qu'ils y ont été déposés : aussi le phénomène de l'exha- lation se manifeste-t-il dans presque toutes les par- ties de l'économie animale. 11 existe dans les membranes séreuses , les synoviales , les mu- queuses 5 le tissu cellulaire, l'intérieur des vais- seaux , les cellules graisseuses, l'intérieur de l'œil, de l'oreille , le parenchyme de beaucoup d'organes, tels que le thymus, la thyroïde , les capsules sur- rénales , etc. 5 etc. C'est par l'exhalation que l'hu- meur aqueuse, l'humeur vitrée, le liquide labyrin- tliique , se forment et se renouvellent. Les fluides exhalés dans ces diverses parties n'ont pas tous été analysés ; parmi ceux qui l'ont été, plusieurs se rapprochent plus ou moins des éléments du sang, et particulièrement du sérum : tels sont les fluides des membranes séreuses, du, tissu cellulaire, des chambres de l'œil; d'autres en diffèrent davantage : tels sont la synovie, la graisse , etc. Exhalation séreuse- Tous les viscères de la tête , de la poitrine et de 4*^^ PP.ÉCiS ÉLÉMENTAIRE Exhalations rabdomeii sont recouverts d'une membrane sé- séreiises. .a . i • i . , ^ reuse qui revêt aussi Jes parois de ces cavités , de manière que les viscères n'ont de contact avec les parois ou avec les viscères voisins que par l'in- termédiaire de cette même membrane; et comme la surface en est très lisse, les viscères peuvent facilement changer de rapport entre eux et avec les parois. La principale circonstance qui entretient le poli de leur surface , c'est l'exhalation dont elles sont le siège; il sort continuellement de chacun des points de la membrane un fluide très ténu , qui se mêle à celui des points voisins , et forme avec lui une couche humide qui favorise le glissement que les organes exécutent. Il paraît que cette facilité de glisser les uns sur les autres est très favorable à l'action des organes, car aussitôt qu'ils en sont privés par une maladie de la membrane séreuse , leurs fonctions sont • troublées, et cessent même quelquefois entière- ment. Dans l'état de santé , le fluide sécrété par les membranes séreuses paraît être le sérum du sang, moins une certaine quantité d'albumine. Exhalation séreuse du tissu cellulaire. Le tissu qu'on nomme cellulaire est générale- ment répandu dans l'économie animale ; il y sert Dli PHYSIOLOGIE. 4^9 à la fois à isoler et à réunir les divers organes , et les parties des mêmes organes. Partout ce tissu est formé d'un très grand nombre de petites lames très minces qui , s'entrecroisant de mille manières, forment une sorte de feutre. La grandeur et l'ar- rangement des lames varient suivant les diverses parties du corps. Là, elles sont plus larges, plus épaisses , et forment de grandes cellules ; ici , elles sont très étroites , très minces , et forment des cel- lules extrêmement petites; dans quelques points le tissu est extensible ; dans d'autres il prête peu , et offre une résistance considérable. Mais quelle que soit la disposition du tissu cellulaire , ses lames exhalent par leurs deux surfaces un fluide qui a la plus grande analogie avec celui, des membranes séreuses, et qui paraît avoir les mêmes usages, c'est-à-dire de rendre faciles les glissements des lamelles les unes sur les autres, et par suite de fa- voriser les mouvements réciproques des organes, et même les changements de rapport des diverses parties qui les composent. Exhalation graisseuse du tissu cellulaire. Indépendamment de la sérosité , on trouve , Exhalations 1 1 1 iji'i' n du tissu dans un grand nombre d endroits du tissu cellu- cellulaire. laire, un fluide d'une nature très différente, qui est la graisse. , Sous le rapport de la présence de la graissé, le uraisseiises. 44o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tissu cellulaire peut être divisé en trois espèces ; celui qui en contient constamment , celui qui en contient quelquefois , et enfin celui qui n'en con- tient jamais. L'orbite , la plante du pied , la pulpe des doigts , celle des orteils , présentent toujours de la graisse ; le tissu cellulaire sous-cutané , et celui qui revêt le cœur , les reins , etc. , en pré- sentent souvent ; enfin , celui des paupières , du scrotum , de l'intérieur du crâne , n'en contient jamais. Ceiiuits La graisse est contenue dans des cellules dis- tinctes qui ne communiquent point avec les cel- lules voisines ; cette circonstance a fait penser que le tissu qui contient et qui forme la graisse était différent du cellulaire qui produit la sérosité ; mais, comme on n'a jamais pu montrer ces cellules graisseuses , à moins qu'elles ne fussent pleines dégraisse, cette distinction anatomique me paraît encore douteuse. La grandeur, la forme, la disposition de ces cellules ne sont pas moins variables que la quan- tité totale de graisse qu'elles contiennent. Chez quelques individus à peine en existe-t«il quelques onces, tandis que chez d'autres on en trouve quel- quefois plusieurs centaines de livres. D'après les dernières recherches de M. Chevreul, la graisse humaine est presque toujours colorée en jaune. Elle est inodore ; elle se fige à des tempe- DE PHYSIOLOGIE. 44' ratures variables. Elle est composée de deux parties , l'une fluide et Tautre concrète , qui sont composées elles-mêmes, mais en proportions différentes , de deux nouveaux principes immé- diats , découverts par M. Ghevreul , Vélaïne et la stéarine. C'est principalement par les propriétés pli y- Usages 1 . ^. ^ x. i'i J^ 1'^ de la eraisse. siques que la graisse parait être utile dans 1 e- ^ conomie animale ; dans l'orbite, elle forme une sorte de coussin élastique sur lequel l'œil se meut avec facilité; à la plante du pied, aux fesses, elle forme une couche qui rend moins défaA^orable à la peau et aux autres parties molles la pression qu'exerce le corps sur le sol ou les sièges , etc. ; sa présence au-dessous de la peau concourt à arron- dir les contours , diminuer les saillies osseuses et musculaires, et à embellir les formes; et comme tous les corps gras sont de mauvais conducteurs du calorique , elle contribue à conserver celui du corps. En général les personnes replètes souffrent peu en hiver par le froid. L'âge, le genre de vie, ont beaucoup d'influence sur le développement de la graisse ; les enfants très jeunes sont ordinairement gras. Il est rare que la graisse soit abondante chez le jeune homme ; mais vers l'âge de trente ans , surtout si la nourriture est succulente et la vie sédentaire , la quantité de graisse augmente beaucoup; l'abdomen devient 44^ - PÎIÉCIS ÉLÉMENT A LUE saillant, les fesses grossissent, ainsi que les ma- melles chez les femmes. La graisse est d'autant plus jaune qu'on est plus avancé en âge. Exhalation syyioviale. Exhalations Autouf dcs ai tlculatious mobilcs, on trouve une synovialey. membrane mince qui a beaucoup d'analogie avec les séreuses , mais qui en diffère cependant en ce qu'elle a de petits prolongements rougeâtres con- tenant des vaisseaux sanguins nombreux : on les nomme franges synoviales ; elles sont très visibles dans les grandes articulations des membres. On a cru long-temps , et bien des anatomistes croient encore , que les capsules articulaires se replient sur les cartilages diarthrodiaux, et revêtent les surfaces par lesquelles ils se correspondent ; mais je me suis plusieurs fois assuré que les membranes ne vont point au-delà de la circonférence des cartilages. Nous avons fait connaître les usages de la syno- vie en traitant des mouvements. Exhalation intérieure de l'œil. Exhalations G'cst aussi par exhalation que se forment les diverses humeurs de l'œil ; elles sont , chacune en particulier , enveloppées par une membrane qui paraît être destinée à les exhaler et à les absorber. Les humeurs de l'œil sont l'humeur aqueuse. DE PHYSIOLOGIE. ^l\T) dont la formation est en ce moment attribuée aux procès ciliaires ; l'humeur vitrée , sécrétée par riiyaloïde ; le cristallin ; la matière noire de la choroïde , et celle de la face postérieure de l'iris. La composition chimique de Thumeur aqueuse du cristallin et de l'humeur vitrée a été exposée ^ à l'article Vision; la matière noire de l'iris et de la choroïde a été analysée par M. Berzélius : elle est insoluble dans l'eau et les acides ; les alcalis caustiques la dissolvent , et les acides la précipitent de cette dissolution. Elle brûle comme une matière végétale, et laisse une cendre ferrugi- neuse. L'expérience a appris que les humeurs aqueuse et vitrée se renouvellent avec rapidité ; quand du pus , du sang a été épanché dans l'œil , on le voit disparaître en quelques jours, et les humeurs repren- dre peu à peu leur transparence. Il ne paraît pas que la matière du cristallin ni celle de la choroïde puissent ainsi se reproduire ; rien du moins ne semble l'annoncer. Exhalations sanguines. Dans toutes les exhalations dont il vient d'être Exhaiati question , c'est seulement une partie des principes du sang qui sort des vaisseaux ; le sang lui-même paraît se répandre dans plusieurs organes , y rem- plir l'espèce de tissu celluleux qui en forme le ons sanguines. 444 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE parenchyme ; tels sont les corps caverneux de la Yerge et du clitoris , l'urètre et le gland , la rate , le mamelon , etc. L'examen anatomique de ces divers tissus apprend qu'ils sont habituelle- ment remplis de sang veineux , dont la quantité varie suivant diverses circonstances , particuliè- rement suivant l'état d'action ou d'inaction des organes. Il existe encore beaucoup d'autres exhalations intérieures , parmi lesquelles je citerai celles des cavités de l'oreille interne, celle du parenchyme du thymus , de la thyroïde , celle de la cavité des capsules surrénales, etc. ; mais on connaît à peine les fluides qui sont formés dans ces diverses parties, ils n'ont jamais été analysés et les usages en sont inconnus. Explication Plus d'uiic fois Ics physiologistes ont cherché à exhalations, sc rciidrc raisou du phénomène de l'exhalation ; chacun a donné son explication : ceux-ci ont ad- mis des bouches exhalantes; ceux-là des pores latéraux. Bichat a créé des vaisseaux particuliers qu'il nomme les exhalaiits. Je dis créé , car il convient lui-même que ces vaisseaux ne peuvent point être vus. L'existence de ces pores , de ces bouches ou de ces exhalants ne suffisant point pour expliquer la diversité des exhalations , on leur suppose une sensibilité et des mouvements particuliers , en vertu desquels ils ne laissent passer DE PHYSIOLOCxIE. 44'^ que certaines parties du san^ et se refusent au pas- sage des autres. Nous savons à quoi nous en tenir sur les explications de ce genre. Ce qui paraît beaucoup plus certain , c'est que la disposition physique des petits vaisseaux influe sur l'exhalation , comnae les faits suivants paraissent l'établir. Quand oli injecte , sur le cadavre , avec de l'eau Expériences tiède, une artère qui se rend à une mennbrane l'exhalation, séreuse , dès que le courant est établi de l'artère à la veine, il sort de la membrane une multitude de petites gouttelettes qui se vaporisent prompte- ment. Ce phénomène n'a-t-il pas beaucoup d'ana- logie avec l'exhalation ? Si l'on se sert d'une dissolution de gélatine colorée avec du vermillon pour injecter un ca- davre entier , il arrive fréquemment que la géla- tine est déposée autour des circonvolutions et dans les anfractuosités cérébrales , sans que la matière colorante se soit échappée des vaisseaux ; l'injec- tion entière se répand , au contraire , à la surface externe et interne de la choroïde. Si l'on se sert d'huile de lin colorée aussi par le vermillon , on voit souvent l'huile dépouillée de matière colo- rante se déposer dans les articulations à grandes capsules synoviales , tandis qu'il n'y a aucune trans- sudation cl la surface du cerveau ni à l'intérieur de l'œil. Expériences sur Texhalatlon. 446 niÉCIS ÉLÉMENïAinE Ne sont-ce pas là de véritables sécrétions post mortem^ qui dépendent évidemment de la disposi- tion physique des petits vaisseaux ; et n'est-il pas très probable que cette même disposition doit, du moins en partie , présider à l'exhalation durant la vie? La théorie de l'exhalation a du nécessairement '="'■ changer de face depuis que la propriété de s'imbi- ber est reconnue pour appartenir aux divers tissus ; avant de chercher dans ce phénomène l'influence spéciale de la vie , ou , comme le veut le langage reçu , l'effet des propriétés vitales , il faut com- mencer par y étudier les influences physiques. Or, nous savons , par l'expérience , que les vais- seaux sanguins ou autres se laissent traverser de dedans en dehors , aussi bien que de dehors en dedans. M. Fodéra a fait plusieurs expériences qui ne laissent aucun doute à cet égard ; une sub- stance vénéneuse a été mise à l'intérieur d'une artère liée à deux points différents ; peu de temps L'imbibition après le poison s'était imbibé dans les parois estunecau-se j^^ ^^^gg^^^ ^ s'était répaudu en dehors, et l'ani- l'exhaiation. ^^^ en a été promptcmcnt victime. S'il était pos- sible de faire cette expérience sur de très petits vaisseaux , nul doute qu'on aurait un résultat en- core plus rapide. (Yoyez, Journal de Physiologie ^ tom. 5 , page 55 , un travail de M. Fodéra, ayant pour titre Recherches expérimentales sur l'absorp- tion et l'exhalation, ) DE PHYSIOLOGIE. [\l\-j Une première cause physique de l'exhalation est donc justement la même que celle de l'absorp- tion , c'est-à-dire l'imbibition. Une autre cause tout aussi physique que la La pression première se trouve dans la pression que le sang "^"ï,! san^'**' éprouve dans le système circulatoire; cette près- ^^"^ ^^? 1 *' 1 vaisseaux in- sion doit contribuer puissamment à faire passer la „ «"««v^ *- A i exbalation:» partie la plus aqueuse du sang à travers les parois des vaisseaux. Ce phénomène se voit aisément après la mort , et même durant la vie. Quand avec une seringue on pousse avec force une injection d'eau dans une artère , alors toutes les surfaces où le vaisseau se distribue , ses branches et le tronc lui-même laissent de toutes parts sourdre le li- quide injecté avec d'autant plus d'abondance que l'injection est poussée avec plus de force. Il est une autre manière de mettre ce curieux Expériences- 1 r X 1 . . . Il sur phénomène dans tout son jour : injectez dans les l'exbaiaiion. veines d'un animal assez d'eau pour doubler ou tripler le volume naturel de son sang , vous pro- duirez une distension considérable des organes circulatoires , et par suite vous augmenterez beau- coup la pression que le fluide qui circule éprouve. Alors , examinez une membrane séreuse, le péri- toine, par exemple , et vous verrez s'écouler ra- pidement de sa surface de la sérosité qui s'accu- mulera dans la cavité , et y produira sous vos yeux une véritable hydropisie. J'ai vu quelcpiefois même 44^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE la partie colorante du sang s'échapper de la surface de certains organes , tels que le foie , la rate , etc. Les efforts ^c qui arôvc quand les veines sont comprimées /'"^IV^u.:!!!! ou obstruées , c'est-à-dire les œdèmes et les épan- cliements séreux , dépend , sans aucun doute, de la cause physique qui vient d'être indiquée. En- fin , toute cause qui rend plus forte la pression que supporte le sang accroît l'exhalation. J'ai ob- servé plusieurs fois cet accroissement d'exhalation dans le canal vertébral , sur l'arachnoïde de la moelle épinière , et voici dans quelles circon- stances ; j'ai dit ailleurs que la cavité de cette membrane est souvent , sur l'animal vivant , rem- plie par de la sérosité. J'ai remarqué plusieurs fois que dans certains moments où les animaux font des efforts violents , cette sérosité augmente sen- siblement ; la même chose peut être vue à la sur- face du cerveau , où il existe aussi habituellement une certaine quantité de sérosité. Exhalations extérieures. Elles se composent seulement de l'exhalation des membranes muqueuses , et de celle de la peau , ou transpiration cutanée. Exhalation des membraiies muqueuses. Il y a deux membranes muqueuses : l'une revêt membranes \^ surfacc de l'œil , Ics voics lacrymales , les cavités muqueuses. Exhalation des Du mucus. DE PHYSIOLOGIE. 449 nasales, les sinus , l'oreille moyenne , la bouche, tout le canal intestinal , les canaux excréteurs qui s'y terminent , enfm le larynx , la trachée et les bronches. L'autre membrane muqueuse recouvre la sur- face des organes de la génération et de l'appareil urinaire. " Ces deux membranes sont continuellement lu- brifiées par un fluide qu'elles sécrètent , et qu'on nomme le mucus. Ce fluide est transparent , vis- queux , filant , d'une saveur salée ; il rougit le pa- pier de tournesol , contient beaucoup d'eau , du muriate de potasse et de soude , du lactate de chaux , de soude , et du phosphate de chaux. Se- lon MM. Fourcroy et Vauquelin , le mucus est le même dans toutes les membranes muqueuses. M. Berzélius le croit au contraire variable , sui- vant les points d'où il est extrait. Beaucoup de personnes pensent que le mucus est formé exclu- sivement par les follicules que contiennent les membranes muqueuses ; mais je me suis assuré , par des expériences récentes , qu'il se forme même dans les lieux où il n'existe point de follicules. J'ai Jl?,Jîl"f"^ ^^' remarqué aussi qu'il se produit long-temps encore ^p*'"^*, '^ après la mort. Ce fait mérite une attention parti- culière de la part des chimistes. Le mucus forme une couche plus ou moins épaisse à la surface des membranes muqueuses ; 2. , 29 45o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Exhaiaiion il s'j reiiouvelle avec plus ou moins de prompti- muqueuse. i i» vi ^ • .^ > ' i tude ; 1 eau qu il contient s évapore sous le nom d'exhalation muqueuse ; il protège aussi ces mem- branes contre l'action de l'air , des aliments , des différents fluides glandulaires , etc. ; en un mot, il est en quelque sorte . pour ces membranes , ce que l'épiderme est poiîr la peau. Indépendam- ment de cet usage général , il en a encore d'autres particuliers , qui varient suivant les parties des membranes muqueuses : ainsi le mucUs nasal favorise l'odorat , celui de la bouche facilite le goût , celui de l'estomac et des intestins con- court à la digestion , celui des voies génitales et urin aires sert dans lagénération et la sécrétion de l'urine , etc. ' Il est probable qu'une partie du mucus est résor- bée par les membranes mêmes qui le sécrètent ; qu'une autre est portée au dehors , soit seule , soit mêlée avec la transpiration pulmonaire , soit enfin mêlée avec les matières fécales , l'urine , etc. Transpiration cutanée. Traaspiraiion Uii Hquidc tianspaient , d'une odeur plus ou insensible. i i • n \ moins forte, sale , acide, sort nabituellement a travers l'épiderme. Le plus souvent ce liquide est vaporisé dès qu'il €st en contact avec l'air, et d'au- tres fois il coule à la surface de la peau. Dans le premier cas il est imperceptible à la vue , et porte DE PHYSIOLOGIli:. 4^1 le nom de transpiration insensible ,* dans le second , on le nomme sueur. Quelle que soit la forme qu'il affecte , le liquide ^«"ip'»'^'''*^'" ^ cliimic{uc de qui s échappe de la peau est composé, d'après lu suem. M, Thenard , de beaucoup d'eau , d'une petite quantité d'acide acétique , de muriate de soude et de potasse , de très peu de phosphate ter- reux , d'un atome d'oxide de fer et d'une trace de matière animale. M. Berzélius regarde l'acide de la sueur non comme l'acide acétique , mais comme l'acide lactique de Schèele. La peau ex- hale en outre une matière huileuse odorante et de l'acide carbonique. Un grand nombre d'expériences ont été faites Expériences , . . . ^^^^ '^ ' pour déterminer la quantité de transpiration qui hanspimtion se torme dans un temps donne , et les variations que cette quantité peut subir suivant les circon- stances. Les premières tentatives sont dues à Sanc- torius , qui , pendant trente ans , pesa chaque jour, avec un soin extrême , ses aliments , ses boissons , ses excrétions solides ou liquides , et qui enfin se pesa lui - même avec autant de précautions. Malgré son zèle et sa persévérance , Sanctorius n'arriva qu'à des résultats assez peu précis. De- puis cet auteur , plusieurs médecins et plwsiciens s'occupèrent du même sujet avec plus de succès ; mais le travail le plus remarquable en ce genre est cehii de Lavoisier et Séguin. Ces savants sont i 29. cutanée. 4^2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expéiieuces les premiers qui aient distingué la perte qui se fait transpkation P^r 1^ transpîration pulmonaire , de celle qui a lieu par la peau. M. Séguin se renfermait dans un sac de taffetas gommé , lié au-dessus de la tête , et présentant une ouverture , dont les bords étaient collés autour de la bouche avec un mélange de té- rébenthine et de poix. De cette manière l'humeur seule de la transpiration pulmonaire était rejetée dans l'air. Pour en connaître la quantité , il lui suffisait de se peser avec le sac , au commencement et à la fin de l'expérience , dans une balance très sensible. En répétant l'expérience hors du sac , il déterminait la quantité totale de l'humeur trans- pirée ; de sorte qu'en retranchant de celle-ci la quantité qu'il savait être sortie par le poumon , il avait la quantité de l'humeur exhalée par la peau ; il tenait d'ailleurs compte des aliments dont il faisait usage , de ses excrétions solides et liquides , et en général de toutes les causes qui pouvaient avoir de l'influence sur la transpira- tion. Voici quels sont les résultats auxquels sont arrivés MM. Lavoisier et Séguin en suivant ce procédé (i). 1° La quantité la plus considérable de transpi- ration insensible (y compris la pulmonaire) est de 52 grains par minutes, et par conséquent 5 (i) Annales de Chimie y tom. XC. DE PHYSIOLOGIE. 4^^ onces 2 gros 48 grains par heure , et de 5 livres en 24 heures. 2° La perte la moins considérable est de 1 1 grains par minute , conséquemment 1 livre 1 1 onces 4 gros en 24 heures. 3° C'est pendant la digestion que la perte de poids occasionée par la transpiration insensible est à son minimum. 4° C'est immédiatement après le dîner que la transpiration est à son maximum. 5" Le terme moyen de la transpiration insensible est de 18 grains par minute ; sur les 18 grains, terme moyen , 1 1 dépendent de la transpiration cutanée , et 7 de la pulmonaire. 6° La transpiration cutanée est la seule qui varie pendant et après les repas. 7^ Quelque qualité d'aliment que l'on prenne , quelles que soient les variations de l'atmosphère , le même individu , après avoir augmenté en poids de toute la nourriture qu'il a prise , revient tous les jours après 24 heures au même poids à peu près qu'il avait la veille , pourvu toutefois qu'il ne soit pas dans un état de croissance et qu'il n'ait pas fait d'excès. Il aurait été bien à désirer que ce beau travail fut continué , et que les auteurs ne se fussent pas bornés à étudier la transpiration insensible, mais étendissent leurs observations sur la sueur. 454 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE De la sueur, Toutcs Ics fois que l'iiximeur de la transpiration n'est point réduite en vapeur aussitôt qu'elle est en contact avec l'air , elle paraît à la surface de la peau sous la forme d'une couche liquide , plus ou moins épaisse. Or cet effet peut arriver , soit parceque la transpiration est trop abondante , soit parceque la force dissolvante de l'air a diminué : nous suons facilement dans un air chaud et hu- mide, par Imfluence des deux causes réunies; nous suerions bien plus difficilement dans un air aussi chaud , mais sec. Certaines parties du corps trans- pirent plus abondamment et suent plus facilement que d'autres : telles sont les mains et les pieds , les aisselles , les aines , le front , etc. En général la peau de ces parties reçoit proportionnellement une plus grande quantité de sang , et dans quelques unes, l'aisselle , la plante du pied et les intervalles des orteils , le contact avec l'air n'est point facile. La sueur ne paraît point avoir partout la même composition ; chacun sait que son odeur varie suivant les diverses parties du corps , il en est de même de son acidité , qui paraît beaucoup plus forte aux aisselles et aux pieds qu'ailleurs. Nous avons vu quelle influence le volume du sang , sa composition et même la pression qu'il éprouve dans les vaisseaux , exercent sur les exhala- tions intérieures ; les mêmes circonstances agissent d'une manière analogue suj- la transpiration cuta^ cutanée. DE PHYSIOLOGIE. 4^^ née ; les personnes replètes et celles qui ont beau- coup de sang transpirent abondamment. Après l'u- sage d une boisson chaude qui, facile à absorber, devra également être exhalée facilement, la trans- piration augmente. Enfin les efforts soutenus, la marche rapide, la course , sont bientôt suivis de la sueur si la saison est chaude. Je connais une per- sonne qui se fait suer à volonté dans son lit , en con- tractant avec force et pendant quelques instants son système musculaire. La transpiration cutanée a des usages multi- usages plies dans l'économie animale , elle entretient la transpiration souplesse de l'épiderme et favorise ainsi l'exercice du tact et du toucher. En se vaporisant, elle est, avec la transpiration pulmonaire, le moyen de re- froidissement principal par lequel le corps se main- tient dans de certaines limites de température; il paraît en outre que son expulsion de l'économie est très importante, car, chaque fois qu'elle est dimi- nuée ou suspendue , des dérangements plus ou moins graves en sont la suite , et beaucoup de maladies ne cessent qu'au moment où une grande quantité de sueur a été expulsée. SÉCRÉTIONS FOLLICULAIRES. On appelle follicules de petits organes creux lo- sécrétions TOI I ir*iil«îiTPS gés dans l'épaisseur de la peau ou des membranes 456 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE muqueuses, et que, pour cela, on distingue en muc/ueux et en cutanés. Les follicules sont en outre distingués en sim- ^ pies et en composés. Sécrétions folliculaires muqueuses. SccnHion Lcs folliculcs muqucux simples se voient sur l'olliciilaiie. ,, , ■. -, -, niuqueii?e. prcsquc toutc 1 étendue des membranes muqueu- ses , où ils sont plus ou moins abondants ; il existe cependant des points assez étendus de ces mem- branes où on n'en aperçoit point. Les corps qui portent le nom de papilles fon- » gueuses de la langue , les amygdales , les glandes du cardia, les prostates, etc. sont considérés par ks anatomistes comme des amas de follicules sim- ples : peut-être cette opinion n'est -elle pas suffi- samment fondée. On connaît peu le fluide qu'ils sécrètent ; il pa- raît être analogue au mucus et avoir les mêmes usages. Sécrétions folliculaires cutanées. Sécrétion bans presque tous les points de la peau il existe ■ folliculaire . i «i^ i .•. cutanée, dc pctitcs ouvcrturcs qui sont les orilices de petits organes creux , à parois membraneuses , habi- tuellement remplis d'une matière albumineuse et grasse, dont la consistance, la couleur, l'odeur, et même la saveur, varient suivant les diverses parties DE l'HYSIOLOGIE. 4^7 du corps , et qui se répand continuellement à la surface de la peau. Ces petits organes sont appelés les follicules de la peau; il en existe au moins un à la base de chaque poil , et , le plus souvent , les poils tra- versent la cavité d'un follicule pour se porter au dehors. Ce sont les follicules qui forment cette matière micacée et grasse qui se voit à la peau du crâne et à celle du pavillon de l'oreille ; ce sont aussi des follicules qui sécrètent le cérumen dans le con- duit auditif; c'est dans des follicules qu'est con- tenue la matière blanchâtre assez consistante que l'on fait sortir, sous la forme de petits vers, delà peau du visage en la comprimant; c'est la même /[vî^^f"" matière qui , par sa surface en contact avec l'air , cutanée. noircit et produit les taches nombreuses qui se voient à la figure de quelques personnes, particu- lièrement aux ailes du nez et aux joues. Il paraît aussi que ce sont des follicules qui sécrètent la matière blanchâtre odorante qui se renouvelle continuellement à la surface des par- ties génitales externes. En se répandant à la surface de l'épiderme , des cheveux , des poils , etc. , la matière des follicules entretient la souplesse et l'élasticité de ces parties , rend leur surface lisse et polie , favorise les glisse- ments qu'elles exercent les unes sur les autres : 458 PllÉCIS ÉLÉMENTAIRE , Il raison de sa nature onctueuse , elle les rend moins perméables à l'humidité , etc. Sécrétions glandulaires. Sécrétions On nomme glande un organe sécréteur qui verse le fluide qu'il forme à la surface d'une membrane muqueuse , ou de la peau , par un ou plusieurs canaux excréteurs. Le nombre des glandes est assez considérable ; Faction de chacune porte le nom de sécrétion glan- dulaire. Il y a sept sécrétions de ce genre^: celle des larmes, celle de la salive, celle de la bile, celle du fluide pancréatique, celle de l'urine, celle du sperme , et enfin celle du lait ; on peut y joindre l'action des glandes muqueuses et celle des glandes de Cowper. Sécrétion des larmes. Sécrétion La glande qui forme les larmes est fort petite; c.^ armet.. ^^^^ ^^^ situéc daus l'orbitc au-dessus et un peu en dehors de l'œil ; elle est composée de petits grains réunis par du tissu celluleux; ses canaux excréteurs, petits et très multiples, s'ouvrent der- rière le côté externe de la paupière supérieure ; elle reçoit une petite artère , branche de l'oph- talmique , et un nerf , division de la cinquième paire. Nature D^ius l'état dc sauté, les larmes sont peu abon- dts larmes. * DE J'H YSrOLOGlE. l\ôC) dantes ; le liquide qui les forme est limpide , sans odeur , d'une saveur salée. MM. Fourcroy et Vauquelin , qui l'ont analysé , l'ont trouvé com- posé de beaucoup d'eau , de quelques centièmes de mucus, de muriate et de phosphate de soude, d'un peu de soude et de chaux pure. Ce qu'on appelle larmes n'est point cependant le fluide sé- crété en entier par là glande lacrymale ; c'est un mélange de ce fluide avec la matière sécrétée par la conjonctive , et probablement avec celle des glandes de Meibomius. Les larmes forment une couche au devant de usages la conjonctive oculaire , et la défendent du contact ^^'-^ larmes. de l'air ; elles facilitent les frottements des pau- pières sur l'œil , favorisent l'expulsion des corps étrangers , et s'opposent à l'action des corps irri- tants sur la conjonctive ; dans ce cas, leur quantité augmente promptement. Elles sont aussi un moyen d'expression des passions : le chagrin , la douleur, la joie et le plaisir font couler les larmes ; leur sécrétion est donc influencée d'une manière par- ticulière par le système nerveux. Cette influence a lieu probablement au moyen du nerf qu'envoie à la glande lacrymale la cinquième paire des nerfs cérébraux (i). (i) Voyez, pour ies autres usages des larmes, tome 1"^ article Vision. . /\60 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Sécrétion de la salive. Sécréiion Les daiîdes salivaires sont, i° les deux paro- de la salive. *-* ' tides j situées au devant de l'oreille et derrière le col et la branche de la mâchoire ; 2° les sous- maxillaires , situées au-dessous et à la face du corps de cet os ; 5° enfin les sublinguales , pla- cées immédiatement au-dessous de la langue : les parotides et les sous-maxillaires n'ont, chacune qu'un canal excréteur ; les sublinguales en ont plusieurs. Toutes ces glandes sont formées par la réunion de granulations de forme et de vo- lume différents ; elles reçoivent des artères consi- dérables relativement à leur masse; plusieurs nerfs provenants du cerveau ou de la moelle épinière s y distribuent. La salive que sécrètent ces glandes coule con- tinuellement dans la bouche et va en occuper la partie inférieure ; elle se place d'abord entre la partie antérieure et latérale de la langue et la mâchoire , et lorsque l'espace est rempli , elle se loge entre la lèvre inférieure , la joue et le côté externe de la mâchoire ; en se déposant aussi dans la bouche , elle se mêle avec les fluides sécrétés par la membrane et les follicules mu- queux. Composition Jamais on n'a analysé directement le liquide' chimique . .i> ii t- 'j.a* i de la salive, qui soi't d uiie glande salivaire ; c est toujours le DE PHYSIOLOGIE. /|6l fluide qui se trouve dans la bouche , et qui , à la vérité 5 est composé presque entièrement de salive. 11 a été trouvé limpide , visqueux , sans couleur ni odeur, d'une saveur douce, un peu plus pesant que l'eau. M. Berzelius le dit ainsi formé : eau, 992,9; matière animale particulière, 2,9; mucus, i,4; muriate de potasse et de soude , 0,7; tartrate de soude et matière animale , 0,9 ; soude, 0,2. Il est probable que cette composition de la salive varie , car dans certaines circonstances elle est sensible- ment acide. La salive est un des fluides digestifs les plus Usages utiles , elle favorise le broiement et la division des aliments , elle aide leur déglutition et leur transformation en chyme, elle rend aussi plus faciles les mouyements de la langue dans la parole et le chant. La plus grande partie du fluide est portée dans l'estomac par les mouvements de dé- glutition , une autre partie doit se vaporiser et sortir avec l'air expiré quand celui-ci traverse la bouche. Sécrétion du suc pancréatique. Le pancréas est situé transversalement dans l'ab- Sécrétion domen, derrière l'estomac; il a un canal excréteur '^créat-quo!" qui s'ouVre dans le duodénum à côté de celui du foie : la structure granuleuse de cette glande l'a fait considérer comme une glande salivaire ; mais 4^2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE elle en diffère par la petitesse des artères qu'elle reçoit, et en ce qu'elle ne paraît recevoir aucun nerf cérébral. Moyen ^Q Graaf , anatomiste hollandais, adonné au- ^suc*^i"an- ^ trefois un procédé pour recueillir du suc pan- creatique. çj^^^tiquc ; il cousistc à introduire dans le canal excréteur du pancréas, par son extrémité intes- tinale, un petit tuyau de plume qui irait se rendre dans une petite bouteille attachée sous le ventre de l'animal. J'ai essayé plusieurs fois ce procédé, je le crois impraticable. Le tuyau de plume ou tout autre tube déchire la membrane muqueuse in- terne du canal , le sang coule , et le tube est bientôt bouché. Je me sers d'un moyen beau- coup plus simple : je mets l'orifice du canal à nu sur un chien, j'essuie avec un linge fin la mem- brane muqueuse circonvoisine , et j'attends qu'il sorte une goutte de liquide ; sitôt qu'elle paraît , je l'aspire avec une pipette., instrument employé en chimie. De cette manière, je suis parvenu à recueillir quelques gouttes de suc pancréatique, mais jamais assez pour pouvoir en faire une ana- lyse en règle. J'y ai reconnu une couleur légère- ment jaunâtre, une saveur salée , point d'odeur ; j'ai vu qu'il était alcalin, et qu'il était en partie d!'?ufpï.- coagulable par la chaleur (i). Ce qui m'a le plus créatiqno. (i) Dans les oiseaux, où il y a deux pancréas , j'ai remar- qué que les canaux excréteurs sont doués d'un mouvement DE PHYSIOLOGIE. 4^^ frappé , en cherchant à me procurer du suc pan- créatique , c'est la petite quantité qui s'en forme; le plus souvent à peine en sort-il une goutte en une demi-heure , et quelquefois j'ai attendu plus long- temps avant d'en voir paraître. L'écoulement n'en paraît pas plus rapide pendant la digestion ; au contraire , peut-être est-il à cet instant plus lent. En général , je le crois plus abondant dans les animaux très jeunes. Il est impossible de dire aujourd'hui à quoi peut servir le liquide du pancréas. Sécrétion de la bile, La plus grosse de toutes les glandes est le foie; Sccréiion de ia iîile. elle se distingue encore par la circonstance, unique parmi les organes sécréteurs, qu'elle est habituelle- ment traversée par une très grande quantité de sang veineux , indépendamment du sang artériel qui y arrive comme partout ailleurs. Son parenchyme ne ressemble en rien à celui des autres glandes , et le fluide qu'elle forme ne diffère pas moins des autres fluides glandulaires. Le canal excréteur du foie se rend au duodé- num; près de s'y engager, il communique avec péristaltique presque continu; le suc pancréatique est aussi beaucoup plus abondant : il est presque entièrement albumi- neux, du moins il durcit comme l'albumine par la chaleur. 464 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE une poche membraneuse qui se nomme vésicule du fiel; la communication est établie au moyen d'un petit canal nommé cystique , qui est garni à l'intérieur par une petite valvule spiroïde récem- ment découverte par M. Amussat. La vésicule du fiel est presque toujours remplie par la bile. Propriétés Peu de fluides sont aussi composés et aussi dif- ^c'himiques^ férents du sang que la bile. La couleur en est . ^ ^ ^^' verdâtre, la saveur très amère ; elle est visqueuse, fdante , tantôt limpide et tantôt trouble. Elle con- tient de l'eau, de l'albumine, une matière que quelques chimistes nomment résineuse , un prin- cipe colorant j aune ( i ) , de la soude , des sels ; savoir , dumuriate, du sulfate, du phosphate de soude, du phosphate de chaux, et de l'oxide de fer. Ces propriétés appartiennent à la bile contenue dans la vésicule du fiel; celle qui sort directement du foie , et qu'on nomme bile hépatique^ n'a jamais été analysée ; elle est en général moins foncée en couleur , moins visqueuse et, dit-on, moins amère que la bile cystique, La formation de la bile paraît continue. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles se trouve un animal , si l'orifice du canal cholédoque est mis à découvert, on voit ce Hquide couler goutte à goutte à la surface de l'intestin. Il paraît (i) Il est probable que la matière jaune de la bile est aussi celle qui colore le sérum du sang, l'urine , etc. DE PHYSIOLOGIE. 4^5 que la vésicule se remplit plus particulièrement quand l'estomac se vide , et que la pression abdo- minale est moindre. Il m'a toujours semblé qu'elle était plus distendue à cet instant ; mais elle ne se vide pas entièrement dans la distension de l'esto- mac. La cause qui contribue le plus à en expulser la bile est le vomissement. Je l'ai souvent trouvée vide et flasque sur des animaux morts par l'effet d'un poison vomitif; mais dans aucun cas je n'ai aperçu de traces de contractilité , soit dans la vésicule , soit dans les conduits hépatiques ou cj'stiques; ce- pendant j'ai essayé sur ces parties tous les excitants qui mettent en jeu les contractions intestinales , vésicales , etc. (i). Quant à la raison pour laquelle la bile qui sort du foie chemine vers la vésicule et finit par la dis- tendre en s'y accumulant , il paraît que cela tient à la disposition du canal cholédoque , qui se rétré- cit beaucoup au moment qu'il perce les parois in- testinales ; la bile éprouvant ainsi quelque diffi- culté à couler dans le duodénum , reflue vers le canal cystique , qui offre moins de résistance. Cet effet se produit encore sur le cadavre quand on pousse doucement une injection par le canal hé- patique, c'est-à-dire que le hquide passe en partie dans l'intesiin et en partie dans la vésicule. Proba- (i) Dans les oiseaux la vésicule et les conduits biliaires sont contractiles. 2, 3o 466 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE blement que la valvule spiroïde dont nous avons parlé joue un rôle de quelque importance, soit pour l'entrée de la bile dans la vésicule, soit pour sa sortie de ce réservoir. Excrétion de Le foîe recevant en même temps du sang vei- neux par la veine porte , et du sang artériel par Opinions sur l'artère hépatique , les physiolodstes se sont fort la seci'etion l x ^ x j «j de la bile, jnquiétés pour savoir quel est celui de ces deux sangs qui sert à la formation de la bile. Plusieurs ont dit que le sang de la veine porte , plus car* honé et plus hydrogéné que celui de Tartère hé- patique , était plus propre à fournir les éléments de la bile. Bichat a combattu avec avantage cette opinion ; il a montré que la quantité du sang ar- tériel qui arrive au foie était plus en rapport avec la quantité de bile formée que celle du sang veineux ; que le volume du canal hépatique n'était point en proportion avec la veine porte ; que la graisse, fluide très hydrogéné , était sécrétée aux dépens du sang artériel , etc. : il aurait pu ajouter que rien ne prouve que le sang de la veine porte ait plus d'analogie avec la bile que le sang artériel. Nous ne prendrons point parti dans cette discus- sion : les deux opinions sont également dénuées de preuve. D'ailleurs, rien n'éloigne l'idée que les deux sangs servent à la sécrétion ; l'anatomie semble même l'indiquer ; car les injections mon- trent que tous les vaisseaux du foie, artériels, DE PHYSIOLOGIE, * 4^7 veineux, lymphatiques et excréteurs, commu- niquent ensemble. La bile concourt à la digestion d'une manière très utile , mais dont le mode est inconnu. Dans l'ignorance où nous sommes relativement aux causes des maladies , nous attribuons à la bile des propriétés malfaisantes que probablement elle est loin d'avoir. Sécrétion de l* urine. La sécrétion dont nous allons nous occuper Sécrétion de Puriiic» diffère à plus d'un égard des précédentes: le li- quide qui en est le résultat est beaucoup plus abondant que celui d'aucune autre glande; au lieu de servir à quelques usages intérieurs, il doit être expulsé ; sa rétention aurait les suites les plus fâcheuses. INous sommes avertis de la nécessité de son expulsion par un sentiment particulier, qui, semblable aux phénomènes instinctifs de ce genre, devient très vif et douloureux . s'il n'est point assez promptement satisfait. Peu d'appareils de sécrétion sont aussi compli- Organes qui qués que celui de l'urine; il est composé des deux rine. reins , des calices , des bassinets , des uretères, de la vessie et de l'urètre ; en outre , les muscles ab- dominaux concourent à l'action de ces diverses parties , parmi lesquelles les reins seuls forment 5o, 468 ■ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE lurine ; les autres servent à son transport et à son expulsion. Des rejns. Situés dans l'abdomen , sur les côtés de la co- lonne vertébrale . au-devant des dernières fausses côtes et du muscle carré des lombes , les reins sont peu volumineux relativement à la quantité de fluide qu'ils sécrètent. Us sont ordinairement entourés de beaucoup de graisse; leur parenchyme est com- posé de deux substances , l'une extérieure , vas- cul^irt ou corticale ^ l'autre, nommée îiibuleuse ^ disposée en un certain nombre de cônes dont la base correspond à la surface de l'organe, et dont les sommets se réunissent dans la cavité membra- neuse appelée ^«ssm^f» Ces cônes paraissent for- més par une grande quantité de petites fibres creuses , qui sont des canaux excréteurs d'un genre particulier, et qui sont habituellement remplies d'urine. Quantité Aucun oraane ne reçoit, en avant égard à son de sang qui ° vaaurein. volumc , autaut dc saug que le rein. L'artère qui s'y porte est grosse , courte , et naît immédiatement de l'aorte ; elle a des communications très faciles avec les veines et avec la substance tubuleuse , comme on peut s'en assurer au moyen des in- jections les plus grossières, qui , poussées dans l'artère rénale , passent dans les veines et dans le bassinet , après avoir rempli la substance cor- ticale. DE PHYSIOLOGIE. 4^9 Les filets du grand sympathique sont les seuls qui se distribuent au rein. Les calices, le bassinet , l'uretère, foriiieiit en- excrétèuJdu semble un canal qui part du rein , où il embrasse ^eio. le sommet des mamelons, et va se rendre, pla- cé sur les côtés de la colonne vertébrale, dans le fond du bassin , à la vessie^ où il se ternn'ne. Ce dernier organe est une poche extensible et con- ^^ J» jessxe tractile, destinée à être remplie par le fluide que de l'urètre, sécrète le rein, et qui communique avec l'exté- rieur par un canal assez long chez l'homme, très court chez la femme, nommé Varetre. L'extrémité postérieure de l'urètre est, chez Prostate et l'homme seulement , entourée par la glande pros- "cowper. tate y que certains anatomistes considèrent comme un amas de foUicules muqueuses. Deux petites glandes, placées au-devant de l'anus, versent un fluide particulier dans ce canal. Deux muscles , qui descendent du pubis vers le rectum, passent sur les côtés de la partie de la vessie qui s'abouche à l'urètre , se rapprochent l'un de l'autre en ar- rière , et forment ainsi une arcade qui embrasse le col de la vessie , et le porte plus ou moins en haut. Si l'on incise le bassinet sur un animal vivant , Expérience sur la sortie on voit l'urine suinter lentement par le sommet tierurinedes reins. des cônes excréteurs. Ce liquide se dépose dans la cavité des calices , puis dans celle du bassinet , 470 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE et peu à peu s'engage dans l'urètre , qu'il par- court dans toute sa longueur. Il arrive ainsi jus- que dans la vessie , où il pénètre par un suinte- ment continuel, comme il est facile de l'observer chez les personnes affectées du vice de confor- mation nommé rétroversion de la vessie j, où la face interne de cet organe est accessible à la vue. Une légère compression sur les cônes urinifères en fait sortir l'urine en quantité assez considé- rable: mais 5 au lieu d'être limpide comme lors- qu'elle sort naturellement , elle est trouble et épaisse. Elle paraît donc être filtrée par les fibres creuses de la substance tubuleuse. Causes qui Lc bassiuct ni l'uretère n'étant pas contractiles, produisent l'accumula- il cst probable que la force qui y détermine la tion de i i i> • n i l'urine dansmarcliede 1 urine est, d une part , celle par la- quelle elle est versée dans le bassinet (i) , et de l'autre , la pression des muscles abdominaux , à quoi peut se joindre , quand on est debout , la pesanteur du liquide. Sous Tinfluence de ces cau- ses , Furine s'introduit dans la vessie , et peu à peu distend cet organe, quelquefois à un degré con- (i) Puisqu'il est prouvé que le cœur et le resserrement des artères ont une influence marquée sur le cours du sang dans les capillaires et dans les veines, pourquoi ces mêmes causes n'agiraient-elles pas sur le mouvement des fluides dans les canaux excréteurs? DE PHYSIOLOGIE. l^Jl sidérable , l'extensibilité des diverses membranes permettant cette accumulation (i). Comment l'urine s'accumule-t-elle dans la ves- sie? pourquoi ne coule-t-elle pas immédiatement par l'urètre? et pourquoi ne reflue-t-elle point dans les uretères ? La réponse est facile pour les (i) Depuis long-temps les physiologistes comparent l'in- troduction de l'urine dans la vessie à celle d'un liquide dans une cavité à parois résistantes, par un canal étroit, ver- tical et inflexible; mais la comparaison n'est point exacte. Dans le canal supposé, le liquide coule, et presse continuel- lement le liquide contenu dans le vase qui le reçoit. L'urine ne coule point dans l'uretère; elle y suinte, et, sous ce rapport , son influence sur la distension de la vessie ne peut être comparée à celle que produirait le poids d'un liquide. La pression abdominale doit avoir une grande part dans la dilatation de la vessie par l'urine. Si la vessie et les ure- tères sont également pressés , cette cause suffit pour que l'urine s'introduise dans la vessie. En supposant la pression égale dans tous les points de l'abdomen, si la surface du bassinet et des artères est supérieure à celle de la vessie , l'urine doit entrer encore plus facilement dans cette dernière ; mais la pression abdominale paraît être beaucoup plus faible dans le bassin que dans l'abdomen proprement dit ; en sorte qu'il est facile de concevoir comment l'urine passe des ure-^ tères dans la vessie. Cependant la distension de la vessie par l'abord de Turine a des bornes. Quand elle est portée au point que l'organe contient un litre et plus d'urine, la distension s'arrête, et les uretères se dilatent à leur tour de la partie inférieure vers la supérieure. 472 PRECIS ÉLÉMENTAIRE uretères : ces conduits font un trajet assez long dans l'épaisseur des parois de la vessie. A mesure que l'urine distend cet organe , elle aplatit les ure- tères , et les ferme d'autant plus exactement qu'elle est plus abondante. Cet effet a lieu sur le cadavre comme sur le vivant; aussi un liquide , ou même de l'air, poussé avec force dans la vessie par l'u- vètre , ne peut jamais s'introduire dans les ure- tères. C'est donc par un mécanisme analogue à celui de certaines soupapes que l'urine ne re- monte pas vers les reins. Il n'est pas aussi facile d'expliquer pourquoi Turine ne coule pas par l'urètre ; plusieurs causes paraissent y concourir : les parois de ce canal , surtout vers la vessie , tendent continuellement à revenir sur elles-mêmes et à effacer sa cavité; M Amussat vient de démontrer , par des recher- ches anatomiques et physiologiques fort curieuses, que la partie de l'urètre que l'on nomme mem- braneuse est formée à l'extérieur par des fibres musculaires , et que ces fibres sont douées d'une contractilité très énergique. Je me suis assuré de l'exactitude de ces faits. Mais la cause qui doit être la plus efficace pour retenir l'urine dans la vessie, c'est la contrac- tion des muscles releveurs de l'anus (i) , qui, soit (i) Je comprends dans le releveur de l'anus le faisceau DE PHYSIOLOGIE. 4?^ par la disposition des fibres musculeuses à se rac- courcir, soit par leur coutraction sous l'influence cérébrale , pressent du bas en haut l'urètre, appli- quent avec plus ou moins de force contre elles- mêmes ses parois, et ferment ainsi son orifice postérieur. Excrétion de l* urine. Dès que l'urine est accumulée en certaine quan- Expulsion de .ri, . , 1 1 • 1 l'urine. tite dans la vessie, nous éprouvons le besom de nous en débarrasser. Le mécanisme de cette ex- pulsion mérite une attention particulière , et n'a pas été toujours bien compris. Si l'urine n'est pas plus fréquemment expulsée ^ il ne faut pas l'attribuer à la vessie , car cet or- gane tend toujours , plus ou moins , à se rétrécir ; mais, par l'influence des causes qui viennent d'être indiquées, l'oriiice interne de l'urètre résiste avec une force que la contraction habituelle de la ves- sie ne saurait surmonter : la volonté amène ce résultat, r en ajoutant à la contraction de la vessie celle des muscles abdominaux; 2" en re- lâchant les releveurs de l'anus qui fermaient l'u- rètre. Une fois la résistance de ce canal vaincue ^ la contraction de la vessie suffit pour l'expulsion complète de l'urine qu'elle contenait ; mais l'ac- muscLilaire qui embrasse directement l'urètre, et qui, clans ces derniers temps, a été nommé muscle deWilson. 474 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tiori des musclés abdominaux peut s'y ajouter, et alors le jet de l'urine est beaucoup plus considé- rable. ]Nous pouvons aussi arrêter tout-à-coup l'é- coulement de l'urine, en faisant contracter les re^ leveurs de l'anus. Contraction j^r^ coiitraction de la vessie n'est point volon- de la vessie. a taire , quoique nous puissions , en agissaiït sur les muscles abdominaux et les releveurs de l'anus , la produire quand nous voulons. Cette contraction suffit pour expulser l'urine. J'ai vu souvent des chiens uriner l'abdomen ou-* vert et la vessie hors de la portée d'action des mus- cles abdominaux. Si même on détache sur un chien mâle la vessie avec la prostate et une petite portion de la partie de l'urètre dite membraneuse, après quelques instants, la vessie se contracte et lance l'urine avec un jet prononcé jusqu'à ce que le liquide soit entièrement expulsé. Ce qui reste d'urine dans l'urètre quand la vessie cesse d'y en pousser est expulsé par la contraction des muscles du périnée , et particu- lièrement par celle des balbo- caverneux. Quoique la quantité d'urine soit très abon- dante , et que ce fluide contienne plusieurs prin- cipes immédiats qui ne se trouvent pas dans le sang , et que par conséquent il se passe une action chimique dans le rein , la sécrétion de l'urine est cependant très rapide. Aclîon des reins. DE PHYSIOLOGIE. 47^ Dans l'état de santé , l'urine a une couleur jaune plus ou moins foncée ; sa saveur est salée et un peu acre ; son odeur lui est particulière. Elle est composée d'eau , de mucus provenant probable- ment de la membrane muqueuse des voies uri- naires , d'une autre matière animale , d'acide urique , d'acide phosphorique , d'acide lactique , de muriate de soude et d'ammoniaque, de phos- phate de soude, d'ammoniaque, de chaux, de magnésie , de sulfate de potasse , de lactate d'am- moniaque , et de sihce. Ses principales propriétés sont dues à l'urée , matière très azotée et putré- fiable à un très haut degré. Les propriétés physiques de l'urine sont sujettes propriétés à de grandes variations. Si l'on a fait usage de ^^pùriae.^^ rhubarbe ou de garance , elle devient jaune très foncé ou rouge sanguin; si l'on a respiré un air chargé de vapeurs d'essence de térébenthine , ou si Ton a avalé un peu de résine , elle prend une odeur de violette : chacun connaît l'odeur dés- agréable qu'elle acquiert par l'usage des asperges. Sa composition chimique n'est pas moins va- j^io^igcations riable. Plus on fait usage de boissons aqueuses , et proprTétés plus la quantité totale et la portion d'eau deviennent P^J-j^^^^g^'^ considérables ; le contraire arrive si l'on boit peu. ^^ ^'' L'acide urique devient plus abondant quand le ré- gime est très substantiel et l'exercice peu considé- rable;, cet acide diminue et peut même dispa^ urine. 47^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE -raître totalement par Tiisage soutenu et exclu- sif d'aliments non azotés, tels que le sucre, la gomme, le beurre, l'huile, etc. Certains sels portés dans l'estomac, même en petite quantité , sont retrouvés au bout de très peu de temps dans l'urine. La promptitude extrême avec laquelle se fait ce transport a donné lieu de croire qu'il existait une voie directe de communication de l'estomac à la vessie ; aujourd'hui même cette opinion compte un assez grand nombre de partisans. Passage H n'y a pas long-temps encore qu'on supposait boissons de l'existcuce d'un canal qui irait de l'estomac à la àSTvTs^sie. ^'^ssie, mais ce canal n'existe point; d'autres ont pensé , mais sans en donner aucune preuve , que le passage s'effectuait par le tissu cellulaire, par les anastomoses des vaisseaux lymphatiques , etc. Expériences Darwiu , ayant fait prendre à un de ses amis la sécrétion quclques grains de nitrate de potasse , recueillit de l'unne. g^^^ urine au bout d'une demi-heure , et le fit sai- gner : le sel fut reconnu dans l'urine et ne put l'être dans le sang. M. Brande a fait des observa- tions analogues avec du prussiate de potasse ; il en conclut que la circulation n'est pas la seule voie de communication entre l'estomac et les organes urinaires , sans s'expliquer sur le moyen qui pour- rait exister. M Everard Home est aussi de ce sen- timent. DE PHYSIOLOGIE. ' 477 J'ai fait des expériences dans la vue d eclaircir cette importante question, et j'ai reconnu , r que toutes les fois que l'on injecte du prussiate de po- tasse dans les veines , ou qu'on le fait absorber dans le canal intestinal ou dans une membrane séreuse, il passe bientôt dans la vessie, où il est facile de le reconnaître mêlé à l'urine ; 2'* que si la quantité de prussiate injecté est très considé- rable , les réactifs peuvent le démontrer dans le sang ; mais que si la quantité est petite , il est im- possible d'y reconnaître sa présence par les moyens usités ; 5"* que la même chose a lieu en mélaii- geantdans un vase du prussiate et du sang; 4"* que l'on reconnaît le sel en toute proportion dans l'u- rine. Il n'y a donc rien d'extraordinaire que Dar- win et M. Brande n'aient point retrouvé dans le sang la substance qu'ils apercevaient distinctement dans l'urine. Quant aux organes qui transportent les liquides de l'estomac et des intestins dans le système cir- culatoire , d'après ce que nous avons dit en parlant des vaisseaux chylifères et de l'absorption des veines , il est évident que ce sont les veines qui absorbent directement les liquides , et qui les transportent aussitôt au foie et au cœur ; en sorte que la route que suivent ces liquides pour arriver aux reins est beaucoup plus courte et plus di- recte qu'on ne le pensait, c'est-à-dire les vaisseaux 478 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE lymphatiques , les glandes mésentéiiques et le canal thoracique. L'expérience a donné relativement à la sécré- tion de l'urine plusieurs résultats que je ne dois pas passer sous silence. L'extraction d'un rein sur un chien n'altère pas la santé de l'animal, il semble seulement que la sécrétion de l'urine est augmentée et qu'elle se fait avec plus de promptitude. La soustraction des deux reins fait périr im- manquablement les animaux dans l'espace de 2 , 3,4 0^ ^ jours ; j'ai remarqué il y a fort long- temps que dans ce cas la sécrétion de la bile aug- mente dans une proportion vraiment extraordi- naire, l'estomac et les intestins en sont remplis. , Un fait de la plus haute importance qui vient d'être découvert par MM. Prévost et Dumas , c'est qu'après l'extraction des deux reins on trouve une quantité notable d'urée dans le sang, de sorte que les reins ne sont pas les organes créateurs de cette substance, comme on le croyait généralement, mais qu'ils la séparent simplement du sang où elle se forme. Ce fait a été vérifié récemment par MM. Vau- quelin etSégalas ; ce dernier a de plus observé que l'introduction de l'urée dans le sang excite la sé- crétion de l'urine , au point qu'il regarde l'urée comme un excellent diurétique. C'est pour expliquer les sécrétions glandulaires, DE PHYSIOLOGIE. 479 que les physiologistes ont donné toute liberté à Expiicatious leur imagination. Les glandes ont été successi- sécrétions vement envisagées comme des cribles , des filtres, s^^"^"^^"^^* des foyers de fomentation. Bordeu , et plus ré- cemment Bichat, ont attribué à leurs molécules une sensibilité et un mouvement particulier ,, par lesquels elles choisissent dans le sang qui les tra- verse les particules propres à entrer dans les fluides qu'elles sécrètent (i). On leur a donné des atmosphères ^ des départements ; on les a crues susceptibles à! érection :, de sommeil ^ etc. Malgré g^ ositîons les efforts d'un ffrand nombre d'hommes de mé- relatives *-' aux secre- rite 5 la vérité est qu'on ignore tout-à-fait ce qui tion^giandu- ^ ^ laires. se passe dans une glande quand elle agit. 11 s'y développe nécessairement des phénomènes chi- miques. Plusieurs fluides sécrétés sont acides , tandis que le sang est alcalin ; la plupart con- tiennent des principes immédiats qui n'existent pas dans le sang , et qui sont formés dans les glan- des : mais le mode particulier de ces combinaisons est inconnu. Ne confondons pas cependant parmi ces hypo- thèses sur l'action des glandes une conjecture ingénieuse de M. Wolaston. Cet illustre savant soupçonne que l'électricité , même très faible , peut avoir une influence marquée sur les sécré- (i) Bordeu convient que ces idées ne sont que des méta- phores. — Voyez Recherches sur les glandes. 48o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE tions ; il s'appuie sur une expérience curieuse que nous allons rapporter. Expériences M. Wolaston prit un tube de verre , haut de sur les sécrétions dcux pouccs , ct de trois quarts de pouce de dia- glandulaires. , ., „ . ' •. ' mètre ; il en ferma une extrémité avec un mor- ceau de vessie. Il versa dans le tube un peu d'eau; avec 1/240*" de son poids de muriate de soude ; il mouilla la vessie en dehors , et la posa sur une pièce d'argent ; il courba ensuite un fil de zinc , de manière qu'une de ses extrémités touchait la pièce de métal et l'autre pénétrait dans le liquide? à la profondeur d'un pouce. Au même instant la face externe de la vessie indiqua la présence de la soude pure ; en sorte que, sous cette influence élec- trique très faible , il y eut décomposition du sel ma- rin , et passage de la soude , séparée de l'acide, à traders la vessie. M. Wolaston pense qu'il n'est pas impossible que quelque chose d'analogue arrive dans les sécrétions; on sent que, pour admettre cette idée, il faudrait beaucoup d'autres preu- ves (1). I Plusieurs organes , tels que la thyroïde, le thy- mus , la rate, les capsules surrénales, ont été nommés glandes par beaucoup d'anatorpistes. M. le professeur Chaussier a substitué à cette dé- nomination celle de ganglions glandiformes. On (1) Pour la sécrétion du sperme et pour celle du lait, yoyez Génération, DE PHYSIOLOGIE. 4^1 ignore entièrement les usages de ces parties. Comme elles sont en général plus volumineuses chez le fœtus , on pense qu'elles y ont quelques fonctions importantes , mais il n'en existe aucune preuve. Les ouvrages de physiologie contiennent un grand nombre d'hypothèses faites dans la vue d'expliquer leurs fonctions. DE LA NUTUITION. Nous savons que le sang fournit à toutes les se- ncmarqHc» ,.. • . ' • t. ^' • l'A sur cretions mteneures et extérieures ; que lui-même se la nutrition, répare par l'absorption générale , et par celle du chyle et des boissons : il nous reste maintenant à étudier ce qui se passe dans le parenchyme des organes et des tissus pendant toute la durée de la vie, c'est-à-dire la nutrition proprement dite. Depuis l'état d'embryon jusqu'à la vieillesse la plus avancée , le corps change presque continuel- lement de poids , de volume , etc. ; les parenchy- mes et les tissus présentent des variations infinies dans leur consistance , leur couleur , leur élasti- cité , et quelquefois leur composition chimique. Le volume des organes augmente quand ils sont fré- quemment en action; leurs dimensions diminuent beaucoup , au contraire , quand ils restent long- temps en repos. Par l'influence de l'une ou l'autre de ces causes , leurs propriétés physiques et chi- miques offrent des variations remarquables. Un 2i 3i 482 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE grand noDibre de maladies produisent souvent , dans un temps très court, des changements mar- qués dans la conformation extérieure et dans la structure d'un grand nombre de parties. Si l'on mêle de la garance à la nourriture d'un animal , au bout de quinze ou vingt jours les os présentent une teinte rouge qui disparaît bientôt si Ton en cesse l'usage. Il existe donc dans la profondeur des organes un mouvement insensible qui produit toutes ces modifications. C'est ce mouvement intestin, in- connu dans sa nature, que l'on a nommé nutri- tion _, ou mouvement nutritif. Remarques Ce phénomène , que l'esprit observateur des an- la nutrition, cicns n'avait pas laissé échapper , a été pour eux l'objet de plusieurs suppositions ingénieuses qui sont encore répandues aujourd'hui. On dit , par exemple, qu'au moyen du mouvement nutritif , le corps entier se renouvelle , de sorte qu'à une certaine époque il n'est plus formé d'une seule des molécules qui le composaient auparavant. On a même assigné des limites à cette rénovation to- tale : les uns l'ont étabhe après trois ans ; d'autres veulent qu'elle ne soit complète qu'au bout de sept; mais rien ne justifie ces conjectures, au contraire , quelques faits bien constatés semblent devoir en éloigner l'idée. Tout le moiîde sait que les soldats , les matelots DE PHYSIOLOGIE. 483 et plusieurs peuplades sauvages se colorent la peau j^emarque» avec certaines substances qu'ils introduisent dans , \"v:^n ■i la nutrition. le tissu même de cette membrane : les figures tracées ainsi conservent leur forme et leur cou- leur toute la vie, à moins de circonstances parti- culières. Comment allier ce phénomène avec le renouvellement qui, d'après les auteurs, arriveroit à la peau (i) ? En s'appuyant sur les suppositions dont nous venons de parler, il est reçu, dans Je langage métaphorique employé dans quelques ouvrages de physiologie, que les molécules des organes ne peu- vent servir qu'un certain temps à les composer, qu'elles s'usent à la longue, et finissent par devenir impropres à entrer dans leur composition, et qu'a- lors elles sont absorbées et remplacées par des mo- lécules neuves provenant des aliments. On ajoute que les matières animales qui com- posent nos excrétions sont le détritus des organes, (i) L'emploi récent du nitrate d'argent à rintérieur, pour le traitement de l'épilepsie, a fourni un nouveau phénomène de ce genre. Après quelques mois de l'usage de cette sub- stance , la peau de plusieurs malades s'est colorée en bleu grisâtre, probablement parceque le sel a été déposé dans le tissu de cette membrane, où il se trouve médiatement en contact avec l'air. Quelques individus sont dans cet état de puis plusieurs années, sans que la teinte se soit affaiblie; chez d'autres, elle a diminué peu à peu, et a fini par dispa- raître au bout de deux ou trois ans. 3i. 484 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Remarques et qu'elles sont principalement composées des !a murUion. moléculcs qui 116 peuYcnt plus servir à la compo- sition de ceux-ci , etc. , etc. Au lieu de discuter ces hypothèses ou plutôt ces rêveries, disons le peu de faits qui donnent quel- ques notions sur le mouvement nutritif. A. En ayant égard à la promptitude avec la- quelle les organes changent de propriétés physiques et chimiques dans les maladies et par Fâge , il pa- raît que la nutrition est plus ou moins rapide suivant les tissus. Les glandes , les muscles , la peau, etc. , changent de volume , de couleur, de consistance , avec une très grande promptitude ; les tendons , les membranes fibreuses, les os , les ligaments , paraissent avoir une nutrition beau- coup moins active , car leurs propriétés physiques ne changent que lentement par l'effet de l'âge et des maladies. B. Si l'on tient compte de la quantité d'aliments consommée , proportionnellement au poids du corps , il semble que le mouvement nutritif est plus rapide dans l'enfance et la jeunesse que dans l'âge adulte et la vieillesse ; qu'il s'accélère par l'ac- tion répétée des organes , et se ralentit par le re- pos. En effet, les enfants et les jeunes gens con- somment davantage d'aliments que les adultes et les vieillards : ces derniers peuvent conserver tou- tes leurs facultés en n'usant que d'une très petite DE PHYSIOLOGIE. 4^5 quantité d'aliments. Tous les exercices du corps, Remarques sur les travaux de peine, nécessitent des aliments plus la nutrition; abondants ou plus nutritifs ; un repos parfait , au contraire, permet une abstinence prolongée. C. Le sang paraît contenir la plupart des prin- cipes nécessaires à la nutrition des organes; la fi- brine, l'albumine 5 la graisse, l'osmazome , la matière nerveuse , les sels , etc. , qui entrent dans la composition des tissus et des organes, se trouvent dans le sang. Ils paraissent être déposés dans les parenchymes au moment où le sang les traverse : la manière dont se fait ce dépôt est entièrement igno- rée. Il existe un rapport évident entre l'activité de la nutrition d'un organe et la quantité de sang qu'il reçoit : les tissus à nutrition rapide ont de grosses artères ; quand l'action d'un organe a déterminé une accélération de nutrition, les artères et les veines grossissent. Quelques principes immédiats qui entrent dans la composition des organes ou des fluides ne se trouvent point dans le sang : tels sont la gélatine , l'acide urique, etc. Ils se forment donc aux dépens des autres principes, dans le parenchyme des orga- nes , par une action chimique dont le mode est inconnu , mais qui n'en est pas moins réelle , et qui doit nécessairement avoir pour effet un déve- loppement de chaleur et d'électricité. D. Depuis que l'analyse chimique a fait con- 486 PRÉCIS ÉIÉMENTAIRE Remarques naître la nature des divers tissus de l'économie ani- sur , ,., là nutrition* malc , On a reconnu qu ils contiennent tous une assez grande proportion d'azote. Nos aliments étant aussi composés en partie de ce corps simple , il est probable que c'est d'eux que vient l'azote des organes ; mais plusieurs auteurs estimés pensent qu'il a sa source dans la respiration , et d'autres croient qu'il est formé de toutes pièces par l'influence de la vie. Les uns et les autres s'appuient sur l'exemple des herbivores , qui se nourrissent exclusivement de matières non azo- tées ; sur l'histoire de certains peuples qui vivent seulement de riz et de maïs ; sur celle des nègres, qui peuvent vivre long- temps en ne mangeant que du sucre ; enfin sur ce qu'on raconte des ca- ravanes , qui , en traversant les déserts , n'ont pendant plusieurs semaines que de la gomme pour toute nourriture. Si ces faits prouvaient en effet que des hommes peuvent vivre sans aliments azotés , il faudrait bien reconnaître que l'azote des organes a une autre origine que celui des aliments; mais il s'en faut de beaucoup que les faits cités conduisent à cette conséquence. En effet , pres- que tous les végétaux dont se nourrissent l'homme et les animaux contiennent plus ou moins d'azote; par exemple, le sucre impur que mangent les nègres en présente une assez grande proportion ; et quant aux peuples qui se nourrissent , dit-on , DE PHYSIOLOGIE. 4^7 avec du riz ou du maïs, des pommes de terre, il est Expciiences connu qu'ils y ajoutent du lait ou du fromage : or la nutrition. le caséum est , de tous les principes immédiats animaux , le plus azoté. J'ai pensé qu'on pourrait acquérir quelques no- tions exactes sur ce sujet en soumettant des ani- maux , pendant le temps nécessaire , à une nour- riture dont la composition chimique serait rigou- reusement déterminée. Les chiens étaient propres à ce genre d'expé- riences; ils se nourrissent, comme l'homme, éga- lement bien de substances végétales et animales. Chacun sait qu'un chien peut vivre long-temps en ne mangeant que du pain ; mais, en le nour- rissant ainsi , on n'en peut rien conclure relative- ment à la production de l'azote dans l'économie animale , car le gluten que contient le pain est une substance très abondante en azote. Pour ob- tenir un résultat satisfaisant, il fallait nourrir un de ces animaux avec une substance réputée nu- tritive , mais qui ne contînt pas d'azote. A cet effet, j'ai mis un petit chien âgé de trois ans , gras et bien portant, à l'usage du sucre blanc et pur pour tout aliment, et de l'eau distillée pour boisson : il avait de l'un et de l'autre à discrétion. Les sept ou huit premiers jours il parut se bien trouver de ce genre de vie ; il était gai , dispos , mangeait avec avidité et buvait comme de cou- 488 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences tume. Il comiiieDça à maigrir dans la seconde se- sur , , " ^ \^ \ nutrition, iiiaine , qiioique son appétit fût toujours fort bon. et qu'il mangeât jusqu'à six ou huit onces de sucre en Tingt-quatre heures. Ses excrétions alvines n e- taient ni fréquentes ni copieuses ; en revanche , celle de l'urine était assez abondante. La maigreur augmenta dans la troisième se- maine ; les forces diminuèrent , l'animal perdit la gaieté , l'appétit ne fut pas aussi vif. A cette même époque il se développa , d'abord sur un œil , et ensuite sur l'autre , une petite ulcération au cen- tre de la cornée transparente ; elle augmenta assez rapidement, et au bout de quelques jours elle avait plus d'une ligne de diamètre ; sa profondeur s'ac- crut dans la même proportion ; bientôt la cornée fut entièrement perforée , et les humeurs de l'œil s'écoulèrent au dehors. Ce singulier phénomène fut accompagné d'une sécrétion abondante des glandes propres aux paupières. Cependant l'amaigrissement allait toujours crois- sant, les forces se perdirent; et, quoique l'animal mangeât, par jour, de trois à quatre onces de sucre , la faiblesse devint telle , qu'il ne pouvait ni mâcher ni avaler; à plus forte raison tout autre mouvement était-il impossible. Il expira le trente-deuxième jour de l'expérience. Je l'ouvris avec toutes les précautions convenables; jy re- connus une absence totale de graisse ; les muscles DE PHYSIOLOGIE. 4^9 étaient réduits de plus des cinq sixièmes de leur Expériences . • . f . sur volume ordinaire ; l'estomac et les intestins étaient la nutriiion, aussi très diminués de volume et fortement con- tractés. La vésicule du fiel et la vessie urinaire étaient distendues par les fluides qui leur sont propres. Je priai M. Chevreul de vouloir bien les exami- ner ; il leur trouva presque tous les caractères qui appartiennent à l'urine et à la bile des animaux herbivores , c'est-à-dire que l'urine , au lieu d'être acide comme elle l'est chez les carnivores , était sensiblement alcaline , n'offrait aucune trace d'a- cide urique ni de phosphates. La bile contenait une proportion considérable de picromel, caractère particulier de la bile de bœuf, et en général de celle des herbivores. Les excréments , qui furent aussi examinés par M. Chevreul , contenaient très peu d'azote , tandis qu'ils en présentent ordinairement beaucoup. Un semblable résultat méritait bien d'être vé^ rifié par de nouvelles expériences : je soumis donc un second chien au même régime que le précé-*- dent, c'est-à-dire au sucre et à l'eau distillée. Les phénomènes que j'observai furent entièrement analogues à ceux que je viens de décrire ; seule- ment les jeux ne commencèrent à s'ulcérer, que vers le vingt-cinquième jour , et l'animal mourut avant qu'ils eussent eu le temps de se vider j 49^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences comme ccia était arrivé chez le chien suje* de la sur ., , . J X ^ • • la nutrition, première expérience: du reste, même amaigris- sement , même faiblesse , suivis de la mort le trente-quatrième jour de l'expérience ; et , à Tou- verture du cadavre , même état des muscles et des viscères abdominaux , et surtout même caractère des excréments , de la bile et de l'urine. Une troisième expérience me donna des résultats tout-à-fait semblables , et je considérai dès lors le sucre comme incapable, seul, de nourrir les chiens. Ce défaut de qualité nutritive pouvait être par- ticulier au sucre ; il était important de s'assurer si d'autres substances non azotées , mais| considérées généralement comme nourrissantes, produiraient des effets pareils. Je pris deux chiens jeunes et vigoureux , quoi- que de petite taille ; je leur donnai pour toute nourriture de très bonne huile d'olive et de l'eau distillée ; ils parurent s'en bien trouver pendant environ quinze jours ; mais ensuite ils éprouvèrent la série d'accidents dont j'ai fait mention en par- lant des animaux qui mangeaient du sucre. Ils n'éprouvèrent point cependant d'ulcération de la cornée; ils moururent tous deux vers le trente- sixième jour de l'expérience ; ils présentèrent, sous le rapport de l'état des organes et sous celui de la composition de l'urine et de la bile , les mêmes phénomènes que les précédents. DE PHYSIOLOGIE. 49^ La ffomme est une autre substance qui ne con- Expériences tient pas d'azote, mais qui passe pour être aussi u nutrition, nourrissante. On pouvait présumer qu'elle agirait comme le sucre et lliuile, mais il fallait s'en as- surer directement. Dans cette vue , j'ai nourri plusieurs chiens avec de la gomme, et les phénomènes que j'ai observés n'ont pas différé sensiblement de ceux dont je viens de rendre compte. J'ai tout récemment répété l'expérience en nour- rissant un chien avec du beurre , substance ani- male privée d'azote : il a d'abord, comme les ani- , maux précédents , très bien supporté cette nour- riture ; mais, au bout d'environ quinze jours , il a commencé à maigrir , et a perdu ses forces : il est mort le trente-sixième jour , quoique , le trente- deuxième je lui aie fait donner de la viande à discrétion , et quoiqu'il en ait mangé pendant deux jours une certaine quantité. L'œil droit de cet animal m'a offert l'ulcération de la cornée dont j'ai parié à l'occasion de ceux qui ont été nourris avec du sucre. L'ouverture du cadavre m'a présenté les mêmes modifications de la bile et de l'urine. Quoique la nature des excréments rendus par les différents animaux dont je viens de parler an- nonçât bien qu'ils digéraient les substances dont ils faisaient usage , j'ai voulu m'en assurer plus 49^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences positivement; c'est pourquoi , après avoir fait m an- sur ^ ^ i X X la nutrition, gei' Séparément à plusieurs cliiens de î'iiuile , de la gomme ou du sucre, je les ai ouverts, et j'ai reconnu que ces substances étaient réduites cha- cune en un chyme particulier dans l'estomac, et qu'ensuite elles fournissaient un chyle abondant : celui qui provient de l'huile est d'un blanc laiteux prononcé ; le chyle qui provient de la gomme ou du sucre est transparent , opalin et plus aqueux que celui de l'huile. Il est donc évident que si ces diverses substances ne nourrissent point , on ne doit point l'attribuer à ce qu'elles ne sont pas di- gérées. Ces résultats paraissent importants sous plus d'mi rapport ; d'abord ils rendent très probable que l'azote des organes a primitivement sa source dans les ahments ; ils sont en outre propres à éclairer les causes et le traitement de la goutte, de la gra- velle, etc. (i). Depuis la publication de ces faits dans la pre- (i) Les personnes atteintes de ces malarlies sont ordinai- rement de grands mangeurs de viande, de poisson, de fro- mage et autres substances abondantes en azote. La phipart des graviers, une partie des calculs urinaires, les topbus ar- thritiques sont formés par V acide urique , principe qui con- tient beaucoup d'azote. En diminuant dans le régime la pro- portion des aliments azotés, on parvient à prévenir et même à guérir la goutte et la gravelle. Voyez mon Traité de la Gravelle, Paris, 1820. DE PHYSIOLOGIE. 49^ mière édition de cet ouvrage, j'ai pu en constater Expériences 1 . . . sur quelques autres non moins miportants , et qui la nutrition, montrent combien nos connaissances sont encore restreintes touchant le phénomène de la nutri- tion. 1. Un chien mangeant à discrétion du pain blanc de froment pur, et buvant à volonté de l'eau commune, ne vit pas au-delà de cinquante jours; il meurt à cette époque avec tous les signes de dé-»^ périssement notés plus haut. 2. Un chien mangeant exclusivement du pain bis militaire ou de munition vit très bien, et sa santé ne s'altère en aucune façon. 5. Un lapin ou un cochon d'Inde nourris avec une seule substance, telle que froment, avoine, orge, choux , carottes , etc. , meurent avec toutes les apparences delinanition, ordinairement dès la première quinzaine, et quelquefois beaucoup plus tôt. Nourris avec les mêmes substances données concurremment ou successivement, à de petits in- tervalles , ces animaux vivent et se portent bien. 4. Un âne auquel j'ai fait donner du riz sec et ensuite cuit à l'eau , parcecju'il refusait le premier, n'a survécu que quinze jours : les derniers jours il a refusé constamment de manger ie riz. Un coq s'est nourri de riz cuit pendant plusieurs mois en conservant sa santé. 5. Des chiens nourris exclusivement avec du 494 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE fromage, et d'autres avec des œufs durs, ont vécu long-tem}3S, mais ils étaient faibles, maigres; ils perdaient leurs poils , et leur aspect annonçait une nutrition incomplète. 6. La substance qui , donnée seule, laisse vivre le plus long-temps les animaux rongeurs est la chair musculaire. 7. L'un des faits les plus remarquables que j'aie constatés est celui-ci : Si un animal a vécu pendant un certain temps avec une substance qui, prise seule , ne peut le nourrir, de pain blanc, par exemple , pendant quarante jours , en vain à cette époque changera-t-on sa nourriture , et le rendra- t-on à un régime ordinaire ; l'animal mangera avec avidité les nouveaux aliments qu'on lui présente ; mais il continuera à dépérir, et sa mort n'en arri- vera pas moins à l'époque où elle serait arrivée s'il avait soutenu son régime exclusif. 8. La conséquence la plus générale et la plus importante à déduire de ces faits, qui mériteraient d'être suivis et examinés de nouveau , c'est que la diversité et la multiplicité des aliments est une règle d'hygiène très importante, qui nous est d'ailleurs indiquée par notre instinct et par les va- riations que les saisons apportent dans la nature et l'espèce des substances alimentaires. E. Les expériences que j'ai faites récemment sur la cinquième paire de nerfs m'ont conduit DE PHYSIOLOGIE. 49^ à des résultats singuliers relativement à la nutri- tion de l'œil. Quand le tronc de ce nerf est coupé dans le crâne , un peu après son passage sur le rocher , vingt-quatre heures après la section , la cornée devient trouble à sa surface ; il s'y forme une large taie. Après quarante-huit ou soixante heures , cette partie est complètement opaque, la conjonctive s'enflamme ainsi que l'iris. Il se dépose dans la chambre intérieure un liquide trouble et des faus- ses membranes provenantes de la face intérieure de l'iris ; le cristallin lui-même et l'humeur vitrée com- mencent à perdre leur transparence et finissent , au bout de quelques jours , par la perdre entiè- rement. Huit jours après la section du nerf, la cornée se détache de la sclérotique , et les humeurs de l'œil qui sont restées liquides s'échappent par l'ou- verture. L'organe diminue de volume et tend à s'atrophier, et fmit en effet par devenir une sorte de tubercule rempli d'une matière analogue à du fromage pour l'aspect, etc. La nutrition de l'œil est donc évidemment sous l'influence nerveuse. Il n'en est pas de même de la glande lacrymale , qui cependant reçoit une branche spéciale de la cin- quième paire, sous le nom de nerf lacrymal. Cette branche j au lieu de s'atrophier et de se détériorer 49^ PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE comme l'œil , semble acquérir une nutrition plus active , du moins son volume est augmenté sen- siblement quinze jours après la section du nerf. Remarques F. Un asscz grand nombre de tissus dans l'éco- la nutrition, nomic paraissent ne point éprouver de nutrition proprement dite : tels sont Tépiderme , les ongles , les poils , les dents , la matière colorante de la peau , et peut-être les cartilages. Ces diverses par- ties sont réellen:ient sécrétées , soit par des or- ganes particuliers , comme les dents et les poils , soit par des parties qui ont en même temps d'autres fonctions . comme les ongles et l'épiderme. La plu- part des parties formées de cette matière s'usent par le frottement des corps extérieurs , et se re- nouvellent à mesure qu'elles se détruisent ; enle- vées complètement , elles peuvent se reproduire en entier. Un fait assez singulier , c'est qu'elles con- ' tinuent à croître plusieurs jours après la mort : nous avons vu un phénomène semblable à l'occa- gion du mucus. G. Certaines substances, mais particulièrement l'iode, paraissent avoir une influence marquée sur la nutrition. Leur usage l'accélère ou la diminue. Ce dernier effet est très manifeste pour l'iode, et mériterait une attention spéciale. Après ce peu de mots sur les principaux phé- nomènes nutritifs , il faut examiner un phénomène très important, qui paraît intimement lié avec la DK PHYSIOLOGIE. 497 nutrition , mais qui a aussi des rapports étioits avec la respiration : je veux parler de la production de la chaleur dans le corps de Thomme. De la chaleur animale. Un corps inerte , qui ne change point d'état , placé au milieu d'autres corps, prend bientôt la même température que ceux-ci , à raison de la tendance qu'a le calorique à se mettre en équilibre. Le corps de l'homme se comporte tout autrement: environné de corps plus chauds que lui, il con- serve , tant que la vie dure , sa température infé- rieure ; entouré de corps dont la température est plus basse que la sienne, il maintient sa tempé- rature plus élevée. Il y a donc dans l'économie animale deux propriétés distinctes et différentes , Tune de produire de la chaleur , et l'autre de pro- duire du froid. Examinons ces deux propriétés; voyons d'abord comment se produit la chaleur. La principale , ou, si l'on veut , la plus évidente p^ncipaie source de la chaleur animale paraît être la res- jeiTchaî piration. L'expérience nous a démontré , eii effet , animale, que le sang s'échauffe d'environ un degré en tra- versant les poumons ; et comme du poumon il est réparti dans tout le corps , il porte partout de la chaleur , et la dépose dans les organes ; car nous avons vu aussi que le sang des veines est un peu. moins chaud que celui des artères. 2. 32 leur 49B PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Ce développement de chaleur dans la respira- tion paraît être dû , comme nous l'avons déjà dit, à la formation de l'acide carbonique, soit qu'elle ait lieu directement dans le poumon , soit qu'elle n'ar- rive qu'ultérieurement dans les vaisseaux ou dans le parenchyme même des organes. De très belles expériences de Lavoisier et de M. de Laplace con- duisent à cette conclusion : ils placèrent dans un calorimètre des animaux , et comparèrent la quan- tité d'acide formé par la respiration , avec la quan- tité de chaleur produite dans un temps donné. A une petite proportion près , la chaleur produite était celle qu'avait nécessairement entraînée la quantité d'acide carbonique formée. Chaleur ^^^ cxpéricnces de MM. Brodie , Thillaye et Le- ammaie. g^Hois out aussi pi'ouvé que si l'on gêne la respira- tion d'un animal , soit en le mettant dans une position fatigante , soit en le faisant respirer arti- ficiellement, sa température baisse , et la quantité d'acide carbonique qu'il forme diminue. Dans les maladies , quand la respiration est accélérée , la chaleur augmente, à moins de circonstances par- ticulières. La respiration est donc un foyer où il se développe du calorique. La science vient d'acquérir , sur la question de la chaleur animale , une précision qui n'avait point encore été atteinte dans ce genre de recherche. Expériences M. Despretz a fait une série nombreuse d'expé- 1)K PHYSIOLOGIE. 499 riences sur la comparaiscii de la chaleur émise par j,. les animaux et de la chaleur dégagée par la com- s^ri^SV-m bustion opérée au sein des poumons. ammaio. Il paraît bien démontré aujourd'hui que la res- piration produit en général les quatre cinquièmes de la chaleur chez les animaux herbivores , les trois quarts chez les animaux carnivores ; les oiseaux présentent à peu près le même rapport. C'est donc dans les poumons qu'est la princi- pale source de la chaleur animale , ainsi que l'in- diquaient les essais de Lavoisier et de M. Laplace ; mais, dans ces essais, la comparaison n'avait pas été établie sur le même animal: un cochon- d'inde avait fourni l'acide carbonique , et un autre animal du même genre avait servi à la me- sure de la chaleur ; il restait donc à faire des expériences nombreuses et précises , pour ne plus laisser d'incertitude sur le rôle des poumons dans cet important phénomène : c'est ce qui a engagé l'académie des sciences à proposer en prix cette question. M. Despretz l'a remporté. L'académie avait demandé en outre qu'on déterminât avec pré- cision la chaleur dégagée dans la combustion du carbone ; M. Despretz a résolu ces deux questions avec succès : nous ne rapporterons ici que ce qui a rapport à la physiologie. L'animal est placé dans une boîte en cuivre as- sez grande pour qu'il n'y soit pas ^èné; cette boîte 32. 500 TRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences a UD rcbord dans lequel plonge le couvercle; i'iu- M. Despretz tcrvalle entre la boîte et le couvercle est rempli '^"anlmaV."^ de mercurc ; la petite boîte renfermant l'animal est fixée dans une caisse en cuivre ; on connaît exactement le poids de tout le cuivre employé , et de l'eau pure qui enveloppe la boîte dans laquelle est l'animal; tout cet appareil est placé sur des supports en bois très sec; l'animal est d'ailleurs séparé du cuivre par des baguettes d*osier, afin qu'il ne lui cède pas de sa chaleur propre ; l'air est fourni par un gazomètre exactement gradué ; cet air passe d'abord dans la boîte assez de temps pour qu'il s'y trouve au moment où l'on prend la température de l'eau dans le même état qu'à la fin de l'expérience ; la température de l'eau est connue avec une grande précision. Pendant toute la durée de l'expérience , qui est ordinairement de deux heures , l'air arrive sur l'animal avec une vi- tesse constante. Le gaz qui a été respiré contient ordinairement six pour cent d'acide carbonique; on en détermine la quantité en traitant l'air par la potasse; l'air, dépouillé de son acide carbo- nique, est ensuite analysé par l'hydrogène. Le volume d'air fourni à l'animal pendant deux heu- res 5 est de quarante-cinq à cinquante litres. I" EXPÉfilENCE. Trois cochons-d'inde , femelles adultes. Durée de l'expérience, i h. 45 m. DE PHYSIOLOGIE. 5oi 100 Ion de l'acide ^ ....... 69,6^89,0 tion de l'eau. 19,43 ,, ,^,. - ', io,oS5 oxigène. Expériences Volume d air fourni à. . c . . . 9°,44 — 4o"'02b } 57,^41 azote. de 2,587 acide. , , ' , 6 -'^q oxi"-ène surla clialcur 39;6x6azo°e. * animale. litres. Acide formé 2,687 Oxigène disparu 0,709 Azote dégagé 1567^ Ces trois animaux ont élevé la température de a53ioS,5 d'eau, de o°,65 ; d'où l'on déduit : Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation carbonique. . . . Chaleur due à la formatior L'oxigène disparu =: -/^ de l'acide formé. L'azote dégagé = ^ de l'oxigène disparu . -rr^de l'acide formé. Les frugivores présentent souvent une exhalation d'azote supérieure à l'absorption de l'oxigène. II« EXPÉRIENCE, Chienne de 5 ans environ. Durée de l'expérience, 1 h. 3i m. (■10,008 oxigène. Volume d'air fourni à 8°,6o ~47'^'-657 1 37,649 azote. Volume d'air, après l'expérience, ramené à la ( 3,768 acide. môme température. . 47.2i4 j 4,424 oxigene. '^ ^09,022 azote. litres. Acide formé.- 3,768 Oxigène disparu. ■ 1,806 Azote dégagé '^i^7i L'oxigène disparu = ;^ de l'acide formé. L'azote dégagé ,=^de l'oxigène disparu = j^ de l'acide formé. Élévation de la température de 203878,5 d'eau, i°,ïo. Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation de l'acide "i carbonique 54,9 ^Oj^ Chaleur due à la formation de l'eau. 26^9 ) III« EXPÉRIENCE. Chat mâle, âgé de deux ans. Durée de l'expérience , 1 h. 5o m. Volume d'air fourni à. ...... 90,44 — 47,883 [jï'^SaS azo^e^^ 502 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences r 3,069 acide. ^^ Volume après la respiration 48,022 < 7,'i22 oxigène. M. Despretz (38,84i. sur la chaleur . . , « , animale. ^''l^^ ^o^î^^. 2,069 Oxigene disparu 0,074 Azote dégagé i,oi3 L'oxigène disparu =: -^ de l'acide formé. L'azote dégagé = ^ de l'oxigène disparu , = jf de l'acide formé. Elévation delà température de 25587^,5 d'eau, o°,57, d*où Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation de l'acide i carbonique 57^8\8o,8 Chaleur due à la formation de l'eau. 23,o t Les nombres qui représentent la partie de la chaleur animale due à la respiration sont un peu forts; en voicâ quelques uns qui le sont moins. .,^:| ^,| IV"^ BXPÉaiEWCE. Deux jeunes chiens de cinq à six semaines. Chaleur animale loo Chaleur due à la formation de l'acide / carbonique 4S}5 ■ 70,7 Chaleur due à la formation de l'eau. 22,2 \ V^ EXPÉRIENCE. Chienne de six mois. Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation de l'acide ) carbonique 49,6) 74,1 Chaleur due à la formation de l'eau. 24,5 j VI« EXPÉRIENCE. Six petits lapins. Chaleur animale. .......... loo Chaleur due à la formation de i'acide 'ï carbonique o . . . . 58,5 [-82,1 Chaleur due à la formation de l'eau. 20,63 VII^ EXPERIENCE. Trois cochons-d'inde, mâles, adultes. Chaleur animale. loo' Chaleur due à la formation de l'acide carbonique 59,1^81,5 Chaleur due à la formation de I' ... 100 acide } . . . 59,1 [; l'eau. 22,4 J DE PHYSIOLOGIE. 5o3 Ces exemples sufTisent pour faire voir que dans le développement de Expériences la chaleur animale h respiration produit chez les mammilV'res frugi- de vores une portion plus considérable de la chaleur animale totulc que M. Despretz chez les carnivores. sur la chaleur animale. "Ville EXPÉRIENCE. Trois pigeons mâles , adultes. Durée de l'expérience , i h. 3» m. C'io,()î2 oxigène. Volume d'air fourni à 9"57^ — 47iu-674 1 07,062 azote. xT 1 1, • .1 • ^' X A y - i 2,45 1 acide. Volume d air après la respiration] ramené a g°,-à 1 g g^g oxigène = !7»65o. ^38',372 azote. litres. Acide carbonique formé. . 2,45 1 Oxigène disparu 0,755 Azote dégagé 0,710 L'oxigène disparu = ^ de l'acide formé. L'azote dégagé =: ^3 de l'oxigène disparu. Élévation de la température de la masse d'eau, 25587g, 5, oe,644 ? d'oii Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation de l'acide 1 carbonique 60, 5 /^78,8 Chaleur due à la formation de l'eau. 18, 3 ! IX^ EXPÉaiENCE. Grand duc de Virginie adulte. Durée de l'expérience, x h. 25 m. •%7 I jj • !• • - ,n n^ ( 10, loo oxigène. Volume dair fourm a 7%oo , - 48ii..,i56 ) 38,027 azote. Tr I '1 ' ^' . y 1 . i 1,601 acide, volume après la respiration ramené à la tempe- ; „ /o-i „„;„x„„ i j / i-x A^prr. \ 7î4'J>J oxiçene. ^^^^'^'i^ 7%o-47i'S838 |3i;!5|azo1e. litres. Acide formé 1,601 Oxigène disparu i,025 Azote dégagé Oj727 L'oxigène disparu = || de l'acide formé. L'azote dégagé = ^ de l'oxigène disparu , =^ de l'acide formé. Élévation de la température de la niasse d'eau 251870,5, 0°, 55 . d'où Chaleur animale 100 Chaleur due à la formation de l'acide carbonique 47»4 77 Chaleur due à la formation de l'eau. 29,63 On voit qu'il y a, relativement à l'exhalation d'azote , la même dif- férence que pour les mammifères. 5o4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences Dans les expérîeiîces envoyées à l'académie, le M. Despretz ^az provenant de la respiration était reçu dans un sur la chaleur , animale, gazomètre OU il était séparé de l'eau par un flotteur en fer-blanc ; cependant, comme l'intérieur du ga- zomètre était nécessairement humide, une certaine quantité d'acide aurait pu être dissoute. C'est afin d'avoir des résultats nets et à l'abri des objections que M. Despretz a fait construire un appareil dans lequel le gaz respiré est reçu sur le mercure. On peut donc admettre maintenant comme vé- rités incontestables : i° que la respiration est la principale cause du développement de la chaleur animale. 2° Qu'outre l'oxigène employé à la formation de l'acide carbonique, une certaine quantité, quel- quefois très considérable relativement à la pre- mière , disparaît aussi : on pense généralement qu'il est employé à la combustion de l'hydrogène ; mais cette explication n'a pas encore été prouvée directement. 3** Qu'il y a exhalation d'azote dans la respira- tion des mammifères carnivores ou frugivores , et dans la respiration des oiseaux ; et qu'en géné- ral la quantité d'azote exhalée suit la quantité d'oxigène employée à la respiration. En considérant pour un moment le poumon comme l'unique source de chaleur dans l'écono- mie , nous voyons que le calorique doit se distri^ DE PHYSIOLOGIE. 5o5 buer aux différentes parties du corps d'une manière chaiour inégale; les plus éloignées du cœur, celles qui re- çoivent moins de sang , ou qui se refroidissent le plus facilement, doivent être généralement plus froides que celles qui présentent les dispositions contraires. C'est en partie ce qui existe. Les membres sont plus froids que le tronc; souvent ils n'offrent que 25 ou 26** , et quelquefois beaucoup moins , 4 ou 5** par exemple, tandis que la cavité du thorax ap- proche de 32°; mais les membres ont une surface considérable, relativement à leur masse; ils sont plus éloignés du cœur , et reçoivent moiïis de sang que la plupart des organes du tronc. A raison de l'étendue considérable de leur surface et de leur éloignement du cœur, il est probable que les pieds et les mains auraient une température encore plus basse que celle qui leur est propre , si ces parties ne recevaient proportionnellement une quantité de sang plus grande. La même disposition existe pour tous les organes extérieurs dont la surface est très grande , comme le nez. , le pavillon de l'o- reille, etc. : aussi leur température est-elle plus élevée que ne semble l'indiquer leur surface et leur éloignement du cœur. Malgré cette prévoyance de la nature , les par- ties à larges surfaces perdent plus facilement leur calorique, et non seulement sont habituellement 5o6 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Chaleur plus froiclcs quc les autres , mais éprouvent sou- animale. n ' t • i ' i i i • vent des reiroidissements considérables : les mains et les pieds, en hiver , sont fréquemment sujets à une température voisine de o. C'est la raison pour laquelle nous les exposons plus volontiers à la chaleur de nos foyers. Parmi les moyens que nous employons instinc- tivement pour empêcher ou pour remédier au re- froidissement , il faut remarquer les mouvements, la course , la marche , les sauts , qui accélèrent la circulation ; les pressions , les chocs sur la peau 9 qui attirent dans le tissu de cette membrane une plus grande quantité de sang. Un autre moyen, aussi efficace, consiste à diminuer la surface en contact avec les corps qui nous enlèvent du calo- rique. Ainsi nous fléchissons les différentes parties des membres les unes sur les autres , nous les appliquons fortement contre le tronc quand la température extérieure est très froide. Les enfants et les personnes faibles adoptent souvent cette po- sition lorsqu'ils sont couchés (i). Sous ce rapport, il serait avantageux de ne pas renfermer les très jeunes enfants dans des maillots qui les empêchent de se fléchir ainsi sur eux-mêmes. Nos vêtements conservent notre chaleur , car les tissus qui les forment étant mauvais conduc- (i) Voyez, sur ce sujet, un Mémoire de M. Brès, dans le Journal de Médecine^ année 1817. DE rHYSIOLOGIE. 507 teurs du calorique ne laissent point échapper chaleur *■ animale. celui du corps. D'après ce qui vient d'être dit, la combinaison de l'oxigène de l'air avec le carbone du sang satis- fait seule à la plupart des phénomènes que pré- sente la production de la chaleur animale; mais il en est quelques uns qui , s'ils sont réels , ne sauraient être expliqués par ce moyen. Des ob- servateurs estimables ont avancé que, dans cer- taines maladies locales , la température du lieu malade s'élève de plusieurs degrés au-dessus de celle du sang , prise à l'oreillette gauche. S'il en était ainsi , l'abord continuel du sang artériel ne pourrait suffire pour rendre raison de cet accroisse- ment de chaleur ; mais je doute de l'exactitude „ , ' ' beconde du fait: l'ai moi-même fait des recherches suivies source ^ de la chaleur sur ce sujet, en me servant de thermomètres très animale. sensibles, et je n'ai jamais vu la partie enflammée avoir une chaleur au-dessus de celle du sang. J'ai vu , par exemple, une main malade être de 8 ou 10" plus chaude que la main saine, mais cette température pathologique était cependant au-des- sous de celle du sang , elle n'était que de 29 à 50** R. Toutefois , d'après les expériences de M. Despretz , dans les circonstances les plus favo- rables , et seulement dans les animaux herbivores, la respiration ne fournit que 89** sur 100 de cha- leur animale , et dans les carnassiers elle ne donne 5o8 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE que 80°. 11 existe donc d'autres sources de cha- leur dans l'économie ; il est probable qu'elles existent dans les frottements des diverses parties, le mouvement du sang , le roulis de ses globules les uns sur les autres , et enfin dans les phéno- mènes nutritifs. Il n'y a rien de forcé dans cette supposition , car la plupart des combinaisons chimiques don- nent lieu à des élévations de température , et l'on ne peut douter que , soit dans les sécrétions , soit pour la nutrition , il ne se passe des combinaisons de ce genre dans la profondeur des organes. Au moyen de ces deux sources de chaleur , la vie peut se maintenir quoique le corps soit exposé à une température très basse , telle que celle de l'hiver dans les pays voisins du pôle , et qui des- cend quelquefois à 54° R^ En général , nous sup- portons difûcilement un froid aussi rigoureux, et il arrive souvent que les parties qui se refroidissent le plus aisément sont mortifiées et tombent en gangrène : un grand nombre de militaires ont éprouvé ces accidents dans les guerres de Russie. Cependant , puisque nous résistons facilement à une température beaucoup plus basse que la nôtre , il est évident que la faculté de produire de la chaleur est très développée en nous. Moyen par ^ellc dc produire du froid , ou , en termes plus lequel nous g^acts , de résistcr à une chaleur étrangère qui résistons a ' c? j. DE PHYSIOLOGIE. SoQ tend à s'introduire dans nos ororanes , est plus res- «ne forte ^ ^ chaleur. treinte. Dans les pays équatoriaux, il est arrivé que des hommes sont morts subitement quand la température approchait de 4o^ Mais , pour être restreinte, cette propriété n'en est pas moins réelle. MM. Banks , Blagden et Fordyce , s'étant exposés eux-mêmes à une cha- leur de près de loo'' R. , ont constaté que leur corps avait conservé , à peu de chose près , sa même température. Des expériences plus récentes, de MM. Berger et Delaroche , ont fait voir que la cha- Expériences sur leur du corps pouvait , par cette cause , monter de la chaleur , . 1 r .1 ? A f • animale. plusieurs degrés : il n est pas même nécessaire , pour que cet effet ait lieu , que la température ambiante soit très élevée. S'étant placés l'un et l'autre dans une étuve à 39** , leur température s'éleva de 5° environ. M. Delaroche ayant séjourné seize minutes dans une étuve sèche à 61^ , trouva une augmentation de 4° dans la sienne. Franklin , à qui les sciences physiques et mo- rales sont redevables de plusieurs découvertes im- portantes 5 et d'un grand nombre d'aperçus ingé* nieux , est le premier qui ait trouvé la raison pour laquelle le corps résiste ainsi à une forte chaleur. Il a fait voir que cet effet était dû à l'évaporation de la transpiration cutanée et pulmonaire , et que, sous ce rapport , le corps des animaux ressemble aux vases poreux nommés alcarrazas. Ces vases , 5lO PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE en usage dans les pays chauds , laissent suinter l'eau qu'ils renferment , ont une surface constam- ment humide , où se fait une évaporation rapide qui refroidit le liquide qu'ils renferment. Pour vérifier cet important résultat , M. Dela- roche a placé des animaux dans une atmosphère chaude , et tellement saturée d'humidité qu'au- cune évaporation ne pouvait s'y produire. Ces animaux n'ont pu supporter , sans périr , qu'une chaleur un peu plus élevée que la leur , et se sont échauffés comme s'ils n'avaient plus aucun moyen de se refroidir. Ainsi , point de doute que l'éva- poration cutanée et pulmonaire ne soit la cause pour laquelle l'homme et les animaux résistent à une forte chaleur. Cette explication est encore confirmée par la perte considérable de poids qu'é- prouve le corps après avoir été exposé à une cha- leur élevée. D'après les faits qui viennent d'être exposés , il est évident que les auteurs qui ont représenté la chaleur animale comme fixe se sont fort éloignés de la vérité. Pour en juger sainement , il faudra tenir compte de la température et de l'humidité ambiante ; il faudra prendre le degré de chaleur des diverses parties , et ne point juger la tempé- rature de l'une par celle de l'autre. Chakuv Nous avons peu d'observations bien faites sur la température propre au corps de l'homme ; les anima le. DE PHYSIOLOGIE. 5l 1 plus récentes sont dues à MM. Edwards et Gen- til. Ces auteurs ont observé que le lieu le plus propice pour juger de la chaleur du corps est l'aisselle. Ils ont remarqué une différence de près d'un degré entre la chaleur d'un jeune homme et celle d'une jeune fille : celle-ci ne présentait à la main qu'un peu moins de 29° ; la main du jeune homme marquait 29° 1/2. Les mêmes ont observé des différences remarquables pour la chaleur dans les différents tempéraments. Il existe aussi des variations diurnes ; la température peut varier de deux ou trois degrés du matin au soir. En gé- néral, ce sujet aurait besoin de nouvelles obser- vations. DE LA GÉNÉRATION. . Les fonctions de relation et les fonctions nutriti- ves établissent l'existence individuelle de l'homme; mais , comme tous les animaux , il est encore ap- pelé à en exercer une autre très importante , qui est la création d'êtres semblables à lui , et à con- courir ainsi à l'existence de l'espèce. Par son but , la génération est déjà très diffé- rente des fonctions de relation et nutritives; mais elle en diffère encore en ce que les organes qui y coopèrent n'existent pas sur le même individu, et établissent la principale différence des sexes. 5l2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE appareil de la génération* Il se compose des organes propres à rhomme , et de ceux qui sont particuliers à la femme. Organes génitaux de L'homme, Orf^anes ^^^ orgaucs sout les testicules j les vésicules génitaux de spermatîques ^ la prostate ^ les glandes de Gowper et le pénis» Testicules. H Y ^ deux testicules. Les cas rapportés dans les auteurs , où l'on dit en avoir vu trois et même quatre , sont fort incertains. Leur forme est ovoïde et leur volume peu considérable ; leur paren- chyme consiste en un nombre infini de petits vaisseaux repliés et contournés sur eux-mêmes , nommés spermiferes ^ et se dirigeant tous vers un point de la surface , nommé la tête de l'épididjme : là ils se rapprochent , s'anastomosent , diminuent de nombre, et finissent par ne plus former qu'un canal contourné qui règne au-dessus de l'organe , et y prend le nom à'épidldyme; si par la dissection ou autrement on détruit le tissu cellulaire qui ^ maintient plissés les vaisseaux spermifères, on peut s'assurer qu'ils ont une longueur très consi- dérable, qu'ils forment 5 en s'anastomosant, des mailles de plus d'un pied de diamètre. Le canal qui leur succède , ou qui résulte de leur réunion , se détache de l'organe sous le nom DE PUYSIOLQGIE. 5l5 de conduit déférent, remonte vers les anneaux in- guinaux , se plonge dans le bassin, et arrive enfin à la partie inférieure et antérieure de la vessie ; là il communique d'une part avec les vésicules sper- matiques , et de l'autre avec la portion prostatique de l'urètre. Le parenchyme du testicule est enveloppé par une membrane fibreuse et résistante ; il est en outre recouvert, i° par une membrane séreuse, nom- mée tunique vaginale , qui dans le fœtus a fait partie du péritoine ; 2" par une membrane mus- culaire qui peut élever le testicule et l'appliquer contre l'anneau inguinal ; 3" par le dartos , couche de tissu cellulaire fort lâche qui paraît être contractile ; 4" enfin , par la peau rugueuse et de couleur foncée qui forme le scrotum ou les bourses. Cette portion de peau a la propriété re- marquable de se contracter à la manière des tissus musculaires non soumis à la volonté. Le sang artériel arrive au testicule par une pe- tite artère qui naît de l'aorte à la hauteur des rénales. Les veines de cet organe sont grosses , flexueuses , et multipliées ; elles ont des anasto- moses fréquentes , et portent ensemble le nom de corps pampiniforme. Quoique la sensibilité des testicules soit des plus vives , il ne paraît pas qu'on ait pu y suivre aucun nerf, soit du cerveau, soit des ganglions. 2. 33 sper- m a tiques 5l4 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Vésicules On donne le nom de vésicule spermàtique ix deux petits organes celluleux situés au-dessous du bas-fond de la vessie , et qui paraissent desti- nés à contenir le fluide sécrété par le testicule. Les parois en sont minces, recouvertes en dedans par une membrane muqueuse , et en dehors par une lame fibreuse : on ignore si la membrane in- termédiaire est ou n'est pas contractile. L'extré- mité antérieure de ces petites vessies communique avec les canaux déférents de l'urètre par l'inter- médiaire d'un canal très court et très étroit j appelé éjacLilateur, M. Amussat vient de s'assurer , par une dissec- tion attentive et délicate , que les vésicules sont formées par un canal étroit , d'une longueur assez, considérable , et replié plusieurs fois sur lui- même en divers sens. Ses contojirs sont rendus fixes par des brides cellulaires , à la manière des vaisseaux spermifères. Enfin , la verge ou pénis est au nombre des or- ganes génitaux mâles. Elle est principalement formée par les coiys caverneux , la portion spon-- skieuse de l'urètre , et le gland. Corps Les corps caverneux déterminent en grande pcirtie la forme et les dimensions de la verge ; ils commencent sur la partie interne des branches de l'ischion, se rapprochent bientôt, et finissent par s'adosser pour former le corps de la verge. Ils Pénis. caverneux. DE PHYSIOLOGIE. 5l5 sont séparés run de l'autre par une cloison fibreuse caverneux, percée de beaucoup d'ouvertures. Ils ont une mem- brane extérieure fibreuse , dure , épaisse , et très résistante. A leur intérieur, il existe un très grand - nombre de filaments , de lames entre-croisées en divers sens, et qui, par leur réunion, produi- sent une sorte d'épongé , au milieu de laquelle le sang est épanché. Ce tissu communique libre- ment avec les veines , ainsi que j'en ai plusieurs fois acquis la preuve directe (i). L'urètre et le gland , qui font aussi partie essentielle de la verge, ont un parenchyme analogue , mais ils ne sont pas entourés d'une membrane fibreuse. Six artères se rendent à la verge. Cette partie reçoit aussi plusieurs nerfs qui naissent des paires sacrées. Les organes génitaux de l'homme ne consti- sécrétion tuent réellement qu'un appareil de sécrétion glan* " sperme. dulaire, dont le testicule est la glande, les vésicules le réservoir , le conduit déférent et l'urètre le canal excréteur. Cette sécrétion est indispensable pour la génération. (i) Pour bien voir celte communication du tissu caver- neux de la verge avec les veines, j'insuffle et je fais sécher le pénis; alors, au moyen de quelques coupes fort sim- ples, on voit les veines faire suite immédiate aux cellules caverneuses. Dans le cheval , la communication se fait par des ouvertures assez grandes pour contenir le doigl, 35, 5l6 l'ilÉCIS ÉLÉMENTAIRE On nomme sperme le fluide sécrété par les testi- cules. Le petit volume de ces glandes, le nombre et la ténuité des conduits spermifères , la petite quantité de sang qu'y apportent les artères sper- matiques , la longueur et Tétroitesse extrême des canaux déférents , rendent probable que sa quan- tité est très peu considérable, et qu'il ne se dirige vers les vésicules qu'avec une extrême lenteur. II est probable aussi que la sécrétion du sperme se fait d'une manière continue , mais plus rapide , si l'on éprouve des excitations voluptueuses , si l'on a fait usage de certains aliments , et si l'on répète souvent l'acte vénérien. Sécrétion Ou couçoit asscz difficilement comment la li-* spv.in. . q^gyj, sécrétée par le testicule chemine à travers les canaux spermifères et l'épididyme , et com- ment ^lle parcourt de bas en haut le canal défé- rent. Peut-être y a-t-il dans ce canal un effet de capillarité que rend probable son étroitesse, ainsi que l'épaisseur et la résistance de ses parois. Il est un peu plus facile de comprendre comment le sperme , arrivé à l'extrémité du canal déférent , peut pénétrer dans les vésicules : les canaux éjacu- lateurs , embrassés avec le col de la vessie par les releveurs de l'anus , doivent résister à l'abord du liquide , qui trouve un plus libre accès dans le col de la vésicule spermatique. Jamais le sperme n'a été analysé tel qu'il sort DE PHYSIOLOGIE. 617 du testicule ; le fluide qui a été étudié sous ce nom est formé par le sperme, le liquide sécrété par la membrane muqueuse des vésicules, celui de la glande prostate , et peut-être celui des glandes de Cowper. Au moment où il sort de l'urètre , ce fluide mixte propriétés est composé de deux substances, l'une liquide , lé- ^chf^qu^s^' gèrement opaline , l'autre épaisse , presque opa- *^" «perme. que. Abandonnées à elles-mêmes , ces deux ma- tières se mêlent , et la masse se liquéfie en quel- ques minutes. L'odeur du sperme est forte, et sut generis ; sa saveur est salée et même un peu acre. M. le professeur Yauquelin, qui l'a analysé, l'a trouvé composé de, eau , 900 ; mucilage animal, 60 ; soude ,10; phosphate de chaux , 5o. Examiné au microscope , on y aperçoit une multitude in- nombrable de petits animalcules qui paraissent ;v T I Animalcules avoir une tête arrondie et une queue assez Ion- spermaiiques gue : ces animalcules se meuvent avec une cer- taine rapidité ; ils semblent fuir la lumière et se plaire davantage à l'ombre, Pour les voir, il suf-^ fit de faire une légère piqûre au testicule d'un animal en âge de féconder, de recueillir sur un porte-objet une parcelle du liquide qui s'écoulera de la piqûre , de délayer avec de l'eau tiède , et de placer ensuite sous le microscope avec un faible grossissement. Ces animalcules n'existent que chez les individus aptes à la fécondation ; 5l8 ' PRÉCIS ÉLl^jMEN TAIRE les alïections tristes (i),les maladies, les excès, les font disparaître : chez les animaux , on ne les trouve que durant le temps du rut. Les mulets , qui sont inféconds , n'en offrent point , bien qu'ils aient du sperme. ' L époque à laquelle commence la sécrétion du sperme est celle de la puberté; avant ce temps, l'es testicules forment un fluide visqueux transpa-^ rent qui n'a jamais été analysé, mais qui, à en jugerpar l'apparence , diffère beaucoup du sperme. D'après des observations récentes, ce fluide ne con- tiendrait pas d'animalcules. ^"dc7r" -^^^ modiflcations de l'économie qui arrivent à sécrétion du j.^ même époque, telles que la mue de la voix, le S"' développement des poils , l'accroissement des mus- .rét jnomic. des et des O:^ , etc. , sont liés avec l'existence des testicules et au fluide qu'ils sécrètent. En effet, la soustraction de ces organes avant la puberté s'op- pose à leur développement. Les eunuques conser- vent d'abord les formes de l'enfance ; leur larynx ne s'accroît pas, leur menton ne se couvre point de poils, leur caractère reste timoré; plus tard , leur physique et leur moral se rapprochent beau- coup de ceux de la femme : cependant la plupart (i) M. Bory-Saint-Yincent a en vain cherché ces ani- malcules sur deux individus jeunes el vigoureux qui avaient subi la peine capitale; il les a trouvés, au contraire, suc des militaires tués par le boulet. DE PHYSIOLOGIE. 5l9 se plaisent dans le commerce de celles-ci , et se li- vrent avec ardeur à un acte qui ne peut jamais tour- ner au profit de l'entretien de l'espèce. Dans l'état de santé, pour que l'émission du De , , rércction. sperme puisse avoir lieu , le tissu spongieux de la verge doit être distendu en tous sens, durci, plus chaud , en un mot , être en érection. Dans cet état, tout annonce que le sang arrive en plus grarnie abondance à la verge , ses artères sont plus gros- ses et battent avec plus de force, tout annonce aussi qu'il en sort avec plus de difficulté, ses veines sont gonflées , et la température est sensiblement augmentée. Ces divers phénomènes sont évidem- ment sous l'influence du système nerveux. Diverses explications ont été proposées pour l'é- rection. Elle a été rapportée tantôt à la compres-r sion des veines honteuses ou des corps caverneux par les muscles intrinsèques de la verge, tantôt à - la constriction des veines par l'influence ner- veuse , etc. ; de ces explications , celle qui attri- bue l'érection à la compression des veines du pénis paraît la plus probable. Les principales veines sont disposées de manière à être compri- , > II .111. Expériences mees au moment ou elles rentrent dans le Das- .u^ sin , tandis que rien ne peut produire un sem- blable effet sur les artères. Pour m'assurer. de l'influence delà compression des veines sur le gonflement du pénis , j'ai lié , sur un chien , les l'érection.. 020 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE deux grosses veines qui marchent sur la partie supérieure des corps caverneux , et sur-le-champ ]e pénis s'est gonflé , et est entré dans une sorte d'érection assez prononcée ; mais comme les deux vaisseaux liés ne sont pas les seules veines du pénis du chien , on ne peut rien affirmer de cette expérience , qui montre cependant l'influence de la compression des veines sur l'état du pénis. Quoiqu'il en soit, l'érection est amenée par plu- sieurs causes très différentes , telles que des excita-, lions mécaniques, les désirs vénériens, la pléni- tude des vésicules, l'usage de certains aliments, de quelques médicaments, et même de quelques poi- sons : elle est encore excitée par plusieurs maladies, la flagellation , etc. De toutes ces causes, l'imagi- nation est celle dont l'effet est le plus rapide. Parmi les phénomènes de l'érection, l'un des plus re- marquables est sans doute la promptitude avec laquelle elle se reproduit ou cesse dans certains cas. Ordinairement l'érection est accampagnée de l'écoulement d'un liquide visqueux, qu'on dit ve-. nir de la prostate. Excrétion Les circonstances qui amènent l'excrétion du d-u sperme. . , Sperme, ainsi que la sensation qui 1 accompagne , sont connues; le mécanisme même de son éva- cuation l'est beaucoup moins. Les vésicules se \ident-€lles en toul ou en partie dans le moment DE PHYSIOLOGit. 521 de 1 ejaculation ? est-ce leur tunique moyenne qui se contracte, ou bien sont-elles comprimées par quelques autres causes ? les faisceaux muscu- laires (i), qui, de l'orifice des uretères, se por- tent à la crête urétrale, y concourent^-ils? le mus- cle releveur de l'anus doit-il être relâché à cet instant ? est-ce le contact du sperme sur la partie membraneuse ou spongieuse qui excite la sen- sation qui accompagne son expulsion? etc. Nous ne savons rien de positif sur ces diverses questions. Organes génitaux de la femme. Les ovaires j les trompes, V utérus pu la. matrice , organes et le vagin , tels sont les organes qui servent essen- ^la'^'fj.n^nie *^ tiellement à la génération chez la femme. Depuis Stenon, on donne le nom d'ovaires à Des ovaires. deux petits corps situés dans l'excavation àa bas- sin , sur les côtés de l'utérus. Chaque ovaire est formé par une membrane extérieure fibreuse , et à l'intérieur par un tissu cellulaire particulier, au iT^lieu duquel se trouvent quinze ou vingt vési- cules, dont ordinairement plusieurs sont plus vo- lumineuses et correspondent par un de leurs côtés à la membrane extérieure , qui e^t plus mince à cet endroit. Ces vésicules paraissent contenir lea (i) Décrit? récemment par IVK G^iarlcs Bell, 522 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Des aufs rudîmeiits du srerme et être ainsi pour la femme ce de la temme. ^ ^ que les œufs sont pour les oiseaux, les reptiles , et les poissons. Elles sont formées par deux envelop- pes membraneuses , et par un fluide qui se prend en masse et durcit comme l'albumine. Le défaut de développement des ovaires, qui arrive quelquefois chez la femme , exerce sur l'en- semble de l'économie une influence non sembla- ble, mais analogue à celle de la soustraction des testicules. La femme stérile par cette cause a or- dinairement les formes masculines : son menton et le pourtour de sa bouche présentent des poils; ses goûts et son caractère se rapprochent de celui de l'homme ; sa voix est grave et sonore ; son clitoris a souvent une étendue considérable. Dans cette espèce de femme incomplète , nommée sou\ent vtrago ^ se rencontre un penchant qui ne devrait se trouver que chez l'homme , et que les mœurs réprouvent, mais qui n'en est pas moins remarquable sous le point de vue physiologique. Des tromijcs Lcs troîiipes de Fallope ou utérines sont deux utérines. , . .n? \ i -, i>. > i canaux étroits qui, 1 un a droite , 1 autre a gauche,, établissent une communication entre l'ovaire et la matrice. Elles sont évasées et frangées par leur extrémité externe , étroites et arrondies dans le reste de leur étendue. Leur tissu , surtout du côté de l'utérus , a de l'analogie avec celui du canal dé- ' férent. DE l'II YvSlOLOGlK. 523 Dans l'excavation du bassin, devant le rectum p^I'»^^-^"^- €t derrière la vessie, se trouve la matrice, organe pirifoime peu volumineux dans l'état ordinaire , mais destiné à éprouver une extension considé- rable pendant la grossesse. On distingue dans la matrice le corps ^ qui est supérieur; le col ^ qui est inférieur, embrassé par le vagin, et une cavité, laquelle a trois orifices , deux supérieurs , qui cor- respondent aux trompes , et un- inférieur , qui com- munique dans le vagin. Le tissu propre de l'utérus est seul de son genre suuctme fie dans 1 économie anmiale; il a cependant quelque analogie avec celui du cœur : sa structure est inex- tricable dans l'état ordinaire ; elle est plus facile à étudiçr dans la grossesse avancée ; deux prolonge- ments de ce tissu se rendent, sous le nom de liga- ments ronds, aux anneaux inguinaux, et se ré- pandent dans le côté externe des grandes lèvres; une grande partie de la surface externe de l'utérus est recouverte par le péritoine, qui forme autour de cet organe plusieurs replis remarquables. La face interne n'est recouverte par aucune mem- brane. En regardant cette surface avec une forte loupe , on y aperçoit une multitude de petites ou- vertures , dont les unes -, moins nombreuses et plus grosses, appartiennent abx veines , et les autres^ bien plus multipliées, paraissent propres aux ca- pillaires artériels. 524 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Les artères de l'utérus sont flexueuses et très considérables , relativement à son volume : les veines sont aussi multipliées et volumineuses ; elles forment dans l'épaisseur de son tissu ce que les anatomistes ont improprement nommé sinus ute^ vins : les nerfs sont moins nombreux et viennent du plexus hypogastrîque. Du vagin. La cavité de l'utérus communique au dehors par le vagin ^ canal membraneux placé à peu près verticalement dans le petit bassin. Sa longueur est de six à sept pouces ; sa largeur est variable , sui- . vaut que la femme a fait ou non des enfants. Sa - face interne présente, surtout inférieurement, un grand nombre de plis transversaux qui permettent dans la grossesse au vagin de s'alonger. Dans la femme vierge , son extrémité inférieure est garnie parl'Ajmen, membrane mince, en forme de crois- sant, qui en ferme en grande partie l'entrée. Des fibres grisâtres , entre^croisées en tous sens, assez analogues à celles delà matrice, composent le tissu du vagin. En bas, il est entouré par de nombreuses veines qui ont l'aspect du tissu des corps caverneux , et qui forment le plexus rétiforme. On croit cette partie du vagin susceptible d'érec- tion. Toute la surface interne de cet organe est re- vêtue par une membrane moyenne qui contient beaucoup de follicules muqueux et sébacés, génitales L^s parties génitales externes de la femme com- DE PHYSIOLOGIE. 525 prennent les grandes et les petites lèvres^ replis exteiitesdeU destinés à s'effacer pendant l'accouchement , et le clitoris , espèce de petit pénis imperforé , composé ' de deux corps caverneux, et d'une sorte de gland recouvert d'un prépuce. Cette partie jouit d'une grande sensibilité et d'une érection semblable à celle de la verge. De la menstruation. tioii. Dans le plus grand nombre des femmes, l'apti^ Menstma- tude à la génération ou la fécondité est marquée par un écoulement sanguin, périodique, qui a lieu par la face interne de la matrice , et qui est une véritable exhalation sanguine ; il porte les noms de règles, de menstrues ^ de menstruation, etc. , parce- qu'il revient assez régulièrement tous les mois. Ce- pendant bien des femmes ont leurs règles tous les quinze jours, d'autres tous les deux mois, d'autres à des époques qui n'ont rien de fixe , d'autres enfin ne sont jamais réglées. Quelques signes particuliers , tels qu'un senti- ment de pesanteur dans les lombes , de lassitude dans les membres , de picotement , de douleur dans les mamelles, annoncent l'approche des règles. Cette apparition est quelquefois marquée par des accidents beaucoup plus graves; d'autres fois l'é- coulement s'établit brusquement sans aucun in- dice précurseur. 526 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE La durée totale de l'écoulement, son mode, la quantité de sang exhalée , la couleur, la consistance de ce sang, ne sont pas moins variables. Chez quel- ques femmes, la quantité du sang menstiTiel est considérable, s'élève à plusieurs livres ; les règles durent huit ou dix jours sans discontinuer ; le sang a toutes les qualités artérielles: chez d'autres, à peine sort -il quelques gouttes d'un sang tantôt aqueux et dépourvu de fibrine, et qui, d'autres fois, a toutes les apparences de sang veineux ; l'é- coulement dure à peine un jour , ou se suspend à diverses reprises. Tant que dure la menstruation , les femmes sont d'une susceptibilité extrême ; le moindre bruit les effraie, la moindre contrariété les affecte, elles sont plus irascibles. La régularité ou l'irrégularité du retour des rè- gles, la nature et la quantité du sang évacué, la du- rée de l'évacuation, sont étroitement liées avec l'état de santé ou de maladie de la femme, et méritent toute l'attention du médecin. On s'est assuré , par l'ouverture de cadavres de femmes mortes pendant l'époque de leurs règles, que le sang s'échappe de la face interne de la ma- trice, dont les vaisseaux ont été trouvés rouges et remplis de sang, qu'il était facile de faire couler dans la cavité de l'organe par une légère pres- sion. tiun. nE PHYSIOLOGIE. 627 Quoique presque toujours Técoulement mcn- Menstma- struel se fasse par l'utérus, cet organe n'est cepen- dant pas exclusivement destiné à le produire : sou* vent des femmes ont été réglées par la membi'ane muqueuse du gros intestin, de l'estomac, du pou- mon , de l'œil , etc. Les divers points de la peau donnent aussi quelquefois issue au sang des règles : ainsi on a vu le sang sortir tous les mois par un ou plusieurs doigts, par la joue, la peau de l'abdo* m en , etc. Groirait-011 que des auteurs estimés se sont oc- cupés de trouver la cause immédiate des règles , et qu'elles aient été attribuées à l'influence de la lune , à la position verticale de la femme, à sa nourriture trop abondante , etc. ? L'époque à laquelle se fait la première men- struation arrive dans nos climats vers treize à qua- torze ans ; elle est plus tardive dans le nord et plus précoce dans les pays chauds. Dans les régions équatoriales j les filles sont souvent nubiles à sept ou huit ans. Vers cinquante ans, plus tard dans le nord , plus tôt dans les pays chauds, les règles ces- sent , et avec elles finit l'aptitude à la génération. Cette époque, nommée âge de retour y temps critique^ est quelquefois marquée par le développement de maladies graves. Mais il a été récemment reconnu, par des relevés de mortalités faits avec beaucoup de soin par I*J. Benoiston de Château-Neuf, que 5l8 PRÉCIS ÉLÉMISNTAIRE cette époque de la vie , loin de leur être fatale , comme on l'a cru long-temps , est au contraire un temps où la mort semble les ménager , pour porter ses rigueurs sur les hommes. Ce que nous venons de dire sur la menstruation souffre de nombreuses exceptions. Des jeunes fdles ont quelquefois conçu avant d'être réglées; des femmes, chez qui les règles avaient cessé à l'époque ordinaire , les ont vues reparaître , et sont devenues mères; enfin, des femmes chez qui la menstrua- tion ne s'est jamais montrée n'en ont pas été moins fécondes. Copulation et fécondation, c uiation. jNous avous dit quels sentiments instinctifs pro- tègent notre existence individuelle ; un sentiment de la même nature, mais plus vif et plus impérieux parceque sa fin est plus importante, assure la con- servation de l'espèce en portant les sexes à se rap- procher et à se livrer à la copulation. Le rôle de l'homme , dans l'acte reproducteur , consiste à déposer le sperme dans la cavité du vagin plus ou moins près de l'orifice de l'utérus. La part qu'y prend la femme est beaucoup plus obscure ; un grand nombre ressentent à cet instant des sensa- tions voluptueuses très vives ; d'autres y paraissent tout-à-fait insensibles , et quelques unes , enfin , n'éprouvent qu'un sentiment pénible et doulou- DE PHYSIOLOGIE. 5^9 reux. Il en est qui répandent une mucosité abon- dante au moment où le plaisir est le plus vif , tandis que la plupart n'offrent rien de semblable. Sous tous ces rapports , il n'y a peut-être pas deux femmes qui se ressemblent entièrement. Ces divers phénomènes sont communs aux co- pulations les plus fréquentes , c'est-à-dire qui ne sont point fécondantes, et à celles qui sont suivies de la fécondation. Que se passe-t-il de plus dans ces dernières ? S'il faut en croire les ouvrages de physiologie les plus récents (i) , la matrice s'entr'ouvre, aspire le sperme et le dirige jusqu'à l'ovaire au moyen des trompes > dont l'extrémité frangée embrasse étroi- tement cet organe. Le contact du sperme déter- mine la rupture d'une des vésicules, et le fluide qui en sort, ou la vésicule elle-même, passe dans l'utérus, où se développera le nouvel individu. Quelque satisfaisante que paraisse cette expli- cation , il faut pourtant se garder de l'admettre ; car elle est purement hypothétique et même con- traire aux expériences des observateurs les plus exacts. Dans les nombreuses tentatives faites sur les Fécondation. (i) Je passe sous silence les systèmes des anciens et des modernes sur la génération; à quoi bon surcharger l'esprit des élèves de ces brillantes rêveries, qui nuisent plus qu'on ne pense aux progrès de la science. 2. 34 550 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Fécondation. aniDiaux 'par Harvey, de Graaf, Valisnieri, etc. , jamais le sperme n'a été aperçu , même dans la ca- vité de l'utérus , encore n;ioins a-t-il été vu dans la trompe, à la surface de l'ovaire. Il en est de même du mouvement par lequel la trompe em- brasserait la circonférence de l'ovaire; jamais il n'a été reconnu par l'expérience. Quand même on supposerait que le sperme pénètre dans l'utérus au moment du coït , ce qui n'est pas impossible , quoi- qu'on ne l'ait point observé , il serait encore très difficile de comprendre comment le fluide passe- rait dans les trompes et arriverait à l'ovaire. \^ matrice , à l'état de vacuité , n'est point contractile , l'orifice utérin des trompes est d'une étroitesse extrême, et ces conduits n'ont aucun mouvement sensible connu. C'est à cause de la difficulté de concevoir le transport du sperme à l'ovaire que quelques au- teurs ont imaginé que ce n'était pas cette matière qui y était portée , mais seulement la vapeur qui, s'en exhale, ou Vaiira seminalis. D'autres pensent que le sperme est absorbé dans le vagin , passe dans le système veineux, et arrive aux ovaires par les artères (i). Les phénomènes qui accompagnent la fécondation de la femme sont donc à peu près (i) Si cette idée a quelque fondement, une femelle pourrait être fécondée par l'injection du sperme dans les veines. Celte expérience serait curieuse à tenter» DE PPIYSIOLOGIE. 55l inconnus. Une obscurité pareille règne sur la fé- condation des autres femelles mammifères. Ce- pendant , chez celles-ci , il serait plus facile de concevoir le passage du sperme aux ovaires , puisque l'utérus et les trompes sont doués d'un mouvement péristaltique semblable à celui des intestins. Toutefois la fécondation chez les poissons , lies reptiles et les oiseaux , se faisant par le contact du sperme avec les œufs , il n'est guère présumable que la nature emploie un autre mode pour les mammifères; il faut donc considérer comme très probable que le sperme parvient, soit à l'instant même du coït , soit plus ou moins long-temps après 5 jusqu'à l'ovaire, où il porte plus spéciale- ment son action sur la vésicule plus développée. Mais quand il serait hors de doute qu€ le sperme arrive jusqu'aux vésicules de l'ovaire , il resterait encore à savoir comment son contact anime le germe qu'elle contient. Or ce phénomène est un de ceux sur lesquels nos sens , ni même notre es- prit , n'ont aucune prise : c'est un de ces mystères impénétrables dont nous sommes et dont nous serons peut-être toujours environnés (i). (i) La même obscurité environne ce qui regarde la res- semblance physique et morale du père avec les enfants, Ja transmission des maladies héréditaires, le sexe du nouvel individu, etc. • 34. 552 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE . Expériences Nous avons pourtaiit sur ce sujet des expériences très ingénieuses de Spallanzani , qui ont reculé la fécondation. ^ .^>^ difficulté aussi loin qu elle semble pouvoir 1 être. Ce savant a constaté par un grajid nombre d'essais, i" que trois grains de sperme, dissous dans deux livres d'eau, suffisent pour donner à celle-ci la vertu fécondante; 2** que les animalcules sperma- tiques ne sont point nécessaires à la fécondation , comme beaucoup d'auteurs , et en dernier lieu Buffon , l'avaient pensé ; 5'' que la vapeur du sperme n'a aucune propriété fécondante; l\ que l'on peut féconder une chienne en injectant du sperme dans son vagin avec une seringue , etc. (i). Il faut aussi considérer comme conjectural ce que disent les auteurs sur des signes généraux de la fécondation. Au moment même de la concep- tion la femme éprouve , dit - on , un tressaille- ment universel , accompagné d'une sensation vo- luptueuse qui se prolonge quelque temps ; les (i) D'après des expériences récentes de MM. Prévôt et Dumas, les animalcules seraient indispensables pour la fé- coudation ; ils parviendraient jusqu'à la partie supérieure de l'utérus, mais n'entreraient point dans les trompes; un très petit grain contenu dans la vésicule de l'ovaire en sortirait au moment où celle-ci se déchire, c'est-à-dire quelques jours après le coït; ce grain, déjà signalé par de Graaff, descendrait dans la trompe, et viendrait ren- contrer les animalcules , qui le féconderaient plusieurs jours après le rapprochement des sexes. DK PHYSIOLOGIE. 553 traits se décomposent , les yeux perdent leur bril- lant , les pupilles se dilatent, le visage est pâle , etc. Sans doute la fécondation est quelquefois accom- pagnée de ces signes ; mais combien de mères ne les ont jamais éprouvés, et parviennent jusqu'au troisième mois de leur grossesse sans soupçonner leur état. On a des notions plus exactes sur les cliange- ments qui se passent dans l'ovaire après la fécon- dation. Tous les bons observateurs ont décrit un corps de couleur jaunâtre qui se développe dans le tissu de l'ovaire chez les femelles fécondées, et qui , d'abord assez volumineux , va en diminuant de dimension à mesure que la grossesse avance ; mais ces phénomènes appartiennent à l'histoire de la gestation , dont nous allons nous occuper. ' Grossesse ou gestation. Le temps qui s'écoule depuis le moment de la fécondation jusqu'à l'accouchement est appelé grossesse ou gestation ; il est ordinairement de neuf mois , ou deux cent soixante-dix jours: tout ce temps est employé au développement des or- ganes du nouvel individu. Pour prendre des notions exactes sur la gros- sesse , il faut étudier successivement les phéno- mènes qui se passent dans l'ovaire après la fécon- dation , ceux qui ont lieu dans la trompe , ceux qui Grossesse ou gestation. 534 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE appartiennent à l'utérus et à ses annexes , ceux qui se voient dans l'économie entière , et enfin ceux qui sont particuliers au fœtus. . Malgré les nombreux travaux des anatomistes et des physiologistes sur les changements qui ont lieu dans l'ovaire après la fécondation , on est en- core loin d'être suffisamment instruit à cet égard. Action La difficulté consiste à savoir ce qui se détache de 1 ovaire. ^ de l'ovaire pour passer dans l'utérus : les uns di- sent avoir vu une petite vésicule se détacher de l'ovaire et passer dans la trompe, et les autres soutiennent n'avoir jamais rien observé de sem- blable. Je vais dire ce que mes observations m'ont appris sur ce point. Expériences Yingt^quatrc OU trente heures après un coït sur ^^ p, -, , -, , génération fecondaut , Ics vésiculcs de l'ovaire qui étaient les dans l'ovaire, -y ^ , -t , .i i i plus développées augmentent sensiblement de volume ; le tissu de' l'ovaire qui les environne devient plus consistant ; il change de couleur et devient gris jaunâtre. Dans cet état , le tissu de l'ovaire prend le nom de corps jaune , corpus luteum. La vésicule conti- nue de grossir les deuxième, troisième et quatrième jours. Le corpsjaune croît dans la même proportion à cette époque : il contient dans ses aréoles un liquide blanc , opaque, analogue au lait pour l'ap- parence. Au-delà de ce terme, la vésicule rompt la tunique externe de l'ovaire et se porte à sa sur- DE PHYSIOLOGIE. 555 face , où elle adhère cependant par un de ses côtés. Expéiknc*;:, J'ai vu sur des chiennes des vésicules ainsi sorties l'aciion de , ,, . . . , , I, . l'ovaire. de 1 ovaire , et qui avaient le volume d une noisette ordinaire. A cet état, elles ne présentent rien à leur intérieur qui puisse être considéré comme un germe; leur surface est lisse; le liquide qu'elles contiennent ne se prend plus en masse , comme cela arrive avant la fécondation. Après la sortie de la vésicule , le corps jaune reste dans l'ovaire; il offre dans son centre une cavité d'autaiît plus grande qu'on est plus près de l'époque de la conception. A mesure qu'on s'en éloigne, cette cavité diminue ainsi que le corps jaune lui-même; mais la diminution de celui-ci est très lente , et l'ovaire contient toujours ceux de la génératioii précédente, ce qui en a imposé plu- sieurs fois aux observateurs. Ainsi les premiers effets de la fécondatîoiï se passent dans l'ovaire et consistent dans le déve- loppement d'une ou plusieurs vésicules , et d'au- tant de corps jaunes. Quelquefois on trouve des vésicules qui sont remplies de sang ; elles semblent avoir été trop fortement affectées par le sperme. 11 paraît aussi que dans certains cas la vésicule d'un ou plusieurs corps jaunes se rompt avant leur entier développement ; car il n'est pas rare de trouver plus de corps jaunes dans l'ovaire que de vésicules à sa surface. 536 PliÉCIS ÉLÉMENTAIRE Action de la trompe. Parmi- les vésicules développées attachées à la surface de l'ovaire, il y en a ordinairement une qui adhère à Torifice évasé et mu queux de celle- ci , dont le tissu est d'ailleurs ramolli et gorgé de sang, et présente un mouvement péristaltique évi- dent. Je n'ai jamais aperçu directement la vésicule dans la trompe ; mais j'ai vu plusieurs fois une vésicule descendue jusqu'à la partie la plus infé- rieure de la corne de l'utérus , tandis qu'une autre avait déjà contracté des adhérences avec l'extré- mité de la trompe. A cet instant, le corps de celle- ci était élargi au point d'avoir près d'un demi- pouce de diamètre : il avait par conséquent bien assez de largeur pour laisser passer les vésicules. Aciion. Le moment où les vésicules ^passent à travers la de la trompe utérine, trompe paraît variable suivant les espèces. Dans les lapines , il paraît se faire du troisième au qua- trième jour ; dans les chiennes , du sixième au hui- tième. Il est probable qu'il est encore plus tardif dans les femmes, et qu'il ne se fait guère avant le douzième. M. le docteur Maygrierm'a assuré avoir vu le produit de la fécondation rendu par un avor- tement le douzième jour de la grossesse : c'était une petite vésicule légèrement tomenteuse à sa surface , et pleine d'un fluide transparent. Les appendices vasculaires par lesquels la trompe DE PHYSIOLOGIE. b'5'J se termine dans l'espèce humaine ont probable- ment pour usage de contracter des adhérences avec la vésicule qui se détache de l'ovaire , et de verser sur elles un fluide qui favorise son dévelop- pement. Après le passage de celles-ci , la trompe se resserre et reprend son étroitesse ordinaire. Arrivé dans la cavité de l'utérus , l'œuf s'unit intimement avec la surface intérieure de cet or- gane ; il y puise les matériaux nécessaires à son accroissement , et y acquiert un volume considé- rable. L'utérus se prête à cet accroissement , change de forme , de position , etc. Changements de l'utérus dans la grossesse. Durant les trois premiers mois de la grossesse changementg le développement de l'utérus est peu considérable ^ dans et se fait dans l'excavation du bassin, mais dans ^^ g^^^^^^^^®* le quatrième l'organe croît plus rapidement et davantage ; il ne peut plus être contenudans cette cavité 5 il s'élève et vient se loger dans l'hypo- gastre. L'organe continue de croître en tous sens pendant les cinq, six, sept et huitième mois; il occupe un espace de plus en plus considérable dans l'abdomen , comprime et déplace les organes circonvoisins , refoule les intestins dans les flancs et les régions iliaques. A la fin du huitième mois il remplit presque à lui seul les régions hypogas- trique et ombilicale , son fond approche de la 538 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE région épigastriqiie ; passé cette époque , le fond baisse et se rapproche de l'ombilic. État du col Le col de l'utérus éprouve peu de changements de l'utéius 1 1 . -, \ durant clans ics scpt prcmicrs mois de la gestation , et la "rossesse. i» i ,> 1 organe conserve durant ce temps une ligure conoïde; mais alors le col diminue de longueur, s'entr'ouvre , et finit par s'effacer presque entière- Tnent : alors la matrice a une forme ovoïde pro- noncée , et son volume est , selon Haller , près de douze fois plus considérable que dans letat de va- cuité. Rapports ^ ^st impossiblc que l'utérus change ainsi de *^dur"ant"^ formc , dc volume et de situation sans que ses rap- la grossesse. ^Qy-f^ ^vcc SCS aniiexcs nc soient modifiés ; en effet, les lames péritonéales qui forment les ligaments larges s'écartent , le vagin est alongé dans le sens de sa longueur. Les ovaires , retenus par leurs ar- tères et leurs veines, ne peuvent point s'élever avec le fond de l'utérus; ils sont appliqués, ainsi que les trompes , sur ses parties latérales. Les ligaments ronds se prêtent à son élévation , autant que le per- met leur longueur; ensuite ils y mettent plus ou moins d'obstacle , et tendent à porter le fond de l'utérus en avant , ce qui doit avoir un efPet avan- tageux pour la circulation abdominale, en dimi- nuant la compression des gros vaisseaux. Les pa- rois abdominales éprouvent une extension con- sidérable; de là les vergetures qui se voient sur DE PHYSIOLOGIE. 559 rabdomeii des femmes qui ont eu plusieurs en- fants. A mesure que l'utérus se développe, son tissu changements dans perd de §a consistance ; il prend une couleur rouge la structure (. , T . . . de l'utérus assez foncée et une disposition spongieuse; sa struc- pendant ture fibreuse devient plus évidente. On y voit à ^ g^^o^sesse. l'extérieur des fibres longitudinales, qui, du fond, se rendent au col , où elles sont coupées à angle droit par des fibres circulaires. Au-dessous de cette couche , le tissu de l'utérus présente un entrelace- ment inextricable de fibres où Ton ne peut distin- guer aucun arrangement régulier; dans cet état l'organe paraît doué d'une contractilité particulière qui, dans les animaux, a la plus grande analogie avec le mouvement péristaltique des intestins; sa surface intérieure présente , presque aussitôt après la fécondation , une couche albumineuse qui y est très adhérente. Cette couche croît avec l'organe dans les premiers temps de la grossesse , mais dis- paraît ensuite en grande partie. G. Hunter (i), qui le premier l'a décrite avec soin, la nomme mem- brane caduque. Elle paraît destinée à favoriser l'ad- hérence de l'œuf avec la face interne de la ma- trice. Ces changements dans le volume et la structure Circulation de l'utérus nécessitent des modifications dans sa dans l'utérus circulation. En effet , les artères subissent une di- \^ crross'essc.. (i) Voyez son magnifique ouvrage De utero grai^ido , etc. 54o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE latatioiî très considérable; les veines grossissent aussi beaucoup , elles forment dans le parenchyme de Torgane ce qu'on a improprement nommé les sinus utérins ; les vaisseaux lymphatiques devien- nent aussi très volumineux. Il est évident que la quantité de sang qui traverse l'utérus dans un temps donné est en rapport avec les changements qu'il a éprouvés et les nouvelles fonctions qu'il est appelé cl remplir. Phénomènes généraux de la grossesse. Tandis que tous ces phénomènes se passent dans l'utérus, d'importantes modifications arrivent dans I les fonctions de la mère , et commencent souvent à se manifester immédiatement après la féconda- tion. Phénomènes j^^ femme Qui a conçu ne voit plus d'écoulement généraux ^ " ^ " - de la menstruel reparaître ; ses mamelles se gonflent ; grossesse. si elle allaite , son lait devient séreux et cesse d'être profitable à l'enfant; ses paupières sont gonflées et bleuâtres ; le visage est décoloré ; la transpiration X prend une odeur particulière ; une pâleur générale se montre , et avec elle des dégoûts pour la plupart des; aliments , qui coïncident quelquefois avec des appétits bizarres ; des nausées continuelles , de violents maux de tête , se font sentir et sont suivis de vomissements très fatigants ; l'abdomen de- vient d'une sensibiUté extrême , s'aplatit d'abord DE PHYSIOLOGIE. 5/} I pour se gonfler ensuite; quelques femmes perdent le sommeil , et cependant ne peuvent quitter le lit sans une extrême fatigue ; en revanche, des femmes délicates, valétudinaires, voient leur santé deve- nir prospère : souvent des maladies graves sont ar- rêtées dans leur cours , et ne reprennent leur marche qu'après l'accouchement, etc. En général, chez les femmes enceintes les fa- État cultes intellectuelles sont affaiblies; elles s'affec- "chlT^ tent sans raison; les événements les plus ordinaires ^^Jo™e?^ produisent chez elles des impressions profondes et presque toujours tristes ; de là la nécessité des soins de tous genres , dont la femme doit être l'ob- jet, et la sollicitude qu'elle inspire à chacun. A ces différents accidents , qu'il est impossible d'expliquer , se joignent des phénomènes qui tien- nent évidemment à l'augmentation du volume de l'utérus: tels que des crampes dans les membres in- férieurs , le gonflement des veines superficielles des cuisses et des jambes , un sentiment d'engourdis- sement, de fourmillement né de la gêne qu'é- prouve la circulation. Dans les derniers temps de la grossesse , la vessie et le rectum étant fortement comprimés , les envies d'uriner et d'aller à la garde- robe sont fréquentes. Ne joignons pas à ces phénomènes, dont l'exis- tence est certaine, des suppositions dénuées de fondement: telles, par exemple, que les fractures 5f[2 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE des femmes enceintes guérissent plus difficilement que celles des autres femmes : l'expérience prouve directement le contraire. Développement de l* œuf dans l'utérus. Développe- Dans les premiers moments du séjour de l'œuf ment de i i> r -i ti i x j'œuf dans daus 1 utcrus , il j est libre ; son volume est a peu près celui qu'il avait en abandonnant l'ovaire; mais, dans le cours du second mois , ses dimensions aug- mentent , il se couvre de filaments longs d'environ une ligne , qui se ramifient à la manière des vais- seaux sanguins , et qui s'implantent dans la mem- brane caduque. Dans le troisième mois on ne les aperçoit plus que d'un seul côté de l'œuf, les autres ont à peu près disparu; mais ceux qui restent ont acquis plus d'étendue, de grosseur et de consis- tance , et se sont implantés plus profondément dans la caduque : le tout ensemble forme le pla- centa. Dans le reste de sa surface , l'œuf ne pré- sente qu'une couche molle tomenteuse, nommée caduque réfléchie. L'œuf continue de croître et de se développer jusqu'à la fin de la grossesse , où son volume égale à peu près celui de l'utérus ; mais sa istructure éprouve des changements importants que nous allons examiner. D'abord ses deux membranes se sont prêtées [à son agrandissement , tout en devenant plus épaisses <ît plus résistantes : l'extérieure a pris le nom de DE PIIYSIOLOGIIL. 54^ chorion; l'autre est nommée am/2W.9. Le liquide que Dévdoppc- - . , - ment de contient cette dernière augmente dans la propor- l'œuidans tion du volume de l'œuf. D'après M. le professeur Vauquelin, il présente à la fois les propriétés acides et alcalines. Il est formé d'eau , d'albumine , de soude , de muriate de soude , et de phosphate de chaux : M. Berzelius dit y avoir reconnu de l'acide fluorique; peut-être n'est-il pas identique aux diffé- rentes époques de la gestation. Il existe aussi une certaine quantité de liquide entre le chorion et l'amnios dans le second mois de la grossesse, mais il disparaît pendant le troisième. Jusqu'à la fm de la troisième semaine , l'œuf n'of- De fre rien qui indique la présencedu germe; le liquide qu'il contientest transparent, et en partie coagulable comme il était auparavant. A cette époque on com- mence à apercevoir, du côté où l'œuf est adhérent à l'utérus, quelque chose de légèrement opaque, gélatiniforme , dont toutes les parties paraissent ho- mogènes ; bientôt quelques points deviennent plus opaques , il se forme deux vésicules distinctes , réunies par un pédicule , et à peu près égales en volume, dont l'une est adhérente à l'amnios par un petit filament. Presque en même temps se montre au milieu de cette dernière un point rouge, d'où l'on voit partir des filaments jaunâtres : c'est le cœur et les principaux vaisseaux sanguins. Au commencement du second mois la tête est bien l'embryon. 544 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE visible , les yeux forment deux points noirs très gros relativement au volume de la tête; de petites ouvertures indiquent la place des oreilles et des narines; la bouche, d'abord fort grande, se rétrécit ensuite par le développement des lèvres , qui arrive vers le soixantième jour, avec celui des oreilles, du nez , des membres, etc. Du fœtus. Successivemeiit , jusqu'au milieu environ du quatrième mois, se fait le développement de tous les principaux organes; alors cesse l'état d'embryon et commence celui de fœtus j, qui se prolonge jus- qu'au terme de la grossesse. Pendant ce temps, toutes les parties croissent avec plus ou moins de rapidité, et se rapprochent de la disposition qu'elles doivent présenter après la naissance. Nous avons fait connaître les principales particularités qui regardent les fonctions de relation; il faut dire quelques mots des organes de la vie nutritive. Avant le sixième mois les poumons sont très petits ; le cœur est volumineux , mais ses quatre cavités sont confondues, ou du moins difficiles à distinguer; le foie est considérable et occupe une grande partie de l'abdomen ; la vésicule biliaire n'est point pleine de bile, mais d'un fluide inco- lore et non amer ; dans sa partie inférieure , l'in- testin grêle contient une matière jaunâtre , peu abondante, nommée méconium; les testicules sont placés sur les côtés des vertèbres lombaires supé- DE ni YSIOLOGIE. 545 rieures ; les ovaires occupent la même position. A la fin du septième mois, les poumons prennent une teinte rougeâtre qu'ils n'avaient pas aupara- vant; les cavités du cœur deviennent distinctes; le foie conserve ses dimensions considérables , mais il s'éloigne un peu de l'ombilic ; la bile se montre dans la vésicule ; le méconium est plus abondant, et descend plus bas dans le gros in- testin ; les ovaires se rapprochent du bassin ; les testicules se dirigent vers les anneaux inguinaux. A cette époque le fœtus est viable , c'est-à-dire que , s'il vient à être expulsé de l'utérus, il pourra respirer et vivre. Tout va encore en se perfection- nant dans le huitième et le neuvième mois. Nous ne pouvons suivre ici les détails intéres- sants de cet accroissement des organes , ils sont du ressort de l'anatomie : occupons-nous des phé- nomènes physiologiques qui s'y ra^pportent. Fonctions de l'œuf et du fœtus. Dès qu'il yest arrivé , l'œuf croît dans la cavité Fonctions T 1 . (. 1, , . , . de l'œuf et du de la matrice , sa suriace se couvre d aspérités qui fœtus. se transforment promptement en vaisseaux san- guins : la vie existe donc dans l'œuf. Mais nous n'avons aucyne idée de ce mode d'existence ; pro- bablement que la surface de l'œuf absorbe les fluides avec lesquels elle se trouve en contact , et que ceux-ci, après avoir subi une élaboration 2, 35 546 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE particulière de la part des membranes , sont en- suite versés dans la cavité de Tamnios. Fonctions Qu'était le £:erme avant son apparition ? exis- du germe et ^ *^ -"^ •■ ^6 tait-il ou s'est-il formé à cet instant ? La petite l'embryon. * masse légèrement opaque qui le compose con- tient-elle les rudiments de tous les organes du fœtus et de l'adulte , ou bien ceux-ci sont-ils créés à l'instant où ils commencent à se montrer ? Quelle peut être une nutrition aussi compliquée , aussi importante , qui se fait sans vaisseaux , sans nerfs , sans circulation apparente ? Comment le cœur commence-t-il à se mouvoir avant l'apparition du système nerveux? D'où vient le sang jaunâtre qu'il contient d'abord ? etc. , etc. Il est impossible dans l'état actuel de la science de répondre à aucune de ces questions. On n'est guère instruit sur ce qui se passe dans l'embryon , où les organes ne sont encore qu'é- bauchés; cependant on y reconnaît une sorte de circulation. Le cœur envoie du sang dans les gros vaisseaux et dans le placenta rudimentaire ; pro- bablement que du sang retourne au cœur par des veines, etc. Mais quand le nouvel être est parvenu à l'état de fœtus, que la plupart des or- - ganes sont bien apparents , alors il est possible de reconnaître quelques unes des fonctions particu-/ lières à cet état. Fonctions j)çg fonctious du fœtus , la circulation est la du foetus. DE PHYSIOLOGIE. 5/J^n mieux connue ; elle est plus compliquée que celle de l'adulte 5 et se fait d'une manière tout-à-fait différente. En premier lieu, il serait impossible de la par- tager en veineuse et en artérielle ; car le sang du fœtus a sensiblement partout la même apparence, c'est-à-dire une teinte rouge brunâtre : du reste., il se comporte à peu près comme le sang de l'a- dulte , il se coagule, se sépare en caillot et en sé- rum , etc. Je ne sais pourquoi de savants chimistes ont cru qu'il ne contient pas de fibrine. L'organe le plus singulier et l'un des plus im- Du placenta, portants de la circulation du fœtus est le placenta; il succède à ces filaments qui , durant le premier mois de la grossesse , recouvrent l'œuf. D'abord fort petit , il acquiert promptement une étendue considérable. Par sa face extérieure , il adhère à l'utérus, présente des sillons irréguliers , qui in- diquent sa division en plusieurs lobes ou cotylé- dons y dont le nombre et la forme n'ont rien de fixe. Sa face fœtale est recouverte par le chorion et l'amnios , excepté à son centre, qui donne inser- tion au cordon ombilical. Des vaisseaux sanguins , divisés et subdivisés , forment son parenchyme. Ils appartiennent aux divisions des artères ombi- licales et aux radicules de la veine du même nom. Les vaisseaux d'un lobe ne communiquent point avec ceux (Tes lobes voisins ; mais ceux du même 55- 548 PRECIS ÉLÉMENTAIRE cotylédon ont des anastomoses fréquentes , car rien n'est si facile que de faire passer des injec- tions des uns dans les autres. Cordon ^^ cordoïi ombUical s'étend depuis le centre du ombilical, piaccuta jusqu'à l'ombilic de l'enfant ; sa longueur est souvent de près de deux pieds ; il est formé par les deux artères et la veine ombilicale réunies par un tissu cellulaire très serré ; il est recouvert Vésicule par les deux membranes de l'œuf. Dans les pre- ombihcaie. ^^^8 mois de la grossesse , une vésicule , à laquelle viennent se rendre de petits vaisseaux , prolonge- ment de l'artère mése^ntérique et de la veine mésa- raïque , se trouve dans l'épaisseur du cordon , entre le chorion et l'amnios , non loin de l'ombi- lic. Cette vésicule n'est point l'analogue de l'allan- toïde ; elle représente la membrane du jaune des oiseaux et des reptiles , et la vésicule ombilicale des mammifères (i\ Elle contient un fluide jau- nâtre qui paraît être absorbé par les veines répan- dues dans ses parois. Veine ^'^^ ^^ placcuta , et parvenue à l'ombilic, la ombilicale, yging onft)ilicale s'engage dans l'abdomen , et par- vient jusqu'à la face inférieure du foie; là, elle se divise en deux grosses branches , dont l'une se (i) Voyez le Mémoire de M. Dutrochet, sur les enve- loppes de Vœuf ^ inséré parmi ceux de la Société médicale d'Émulation, tom. YIIÎ, et les belles recherches de M. Cu- vier sur le même sujet [Annales du Muséum, 1817). DE PHYSIOLOGIE. 549 distribue dans le foie de concert avec la veine porte , tandis que l'autre se termine brusquement à la veine cave , sous le nom de canal veineux. Canai Cette veine a deux valvules , l'une à l'endroit de sa bifurcation , et l'autre à sa jonction avec la veine cave. Le cœur et les gros vaisseaux du fœtus viable Cœur sont bien différents de ce qu'ils seront après la naissance ; la valvule de la veine cave est très dé- veloppée ; la cloison des oreillettes présente une ouverture très large , garnie d'une valvule en crois- sant, et nommée trou Botal. L'artère pulmonaire, XrouBotai. après avoir envoyé deux petites branches aux pou- mons, se termine presque aussitôt dans l'aorte, à la partie concave de sa crosse : elle est nommée , dans cet endroit , canal artérieL artériel. Un dernier caractère propre aux organes circu- latoires du fœtus ) c'est l'existence des artères om- Artères bilicales qui naissent des iliaques internes , se °°^^^^^*^f.' portent sur les côtés de la vessie , s'accollent à l'ouraque , sortent de l'abdomen par l'ombilic , et vont gagner le placenta , où elles se distribuent comme il a été dit plus haut. D'après cette disposition de l'appareil circula- Circulation toire du fœtus, il est évident que le mouvement du sang doit y être tout autre que dans l'adulte. Si nous supposons que le sang part du placenta , , il est clair qu'il parcourt la veine ombilicale jus^ 55o PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Circulation qu'au foie ; là , une partie du sang passe dans le foie , et l'autre dans la veine cave ; ces deux routes le conduisent au cœur parla veine cave inférieure; arrivé à cet organe , il pénètre dans l'oreillette droite et dans la gauche , en traversant le trou Botal au moment où elles se dilatent. A cet instant, le sang de la veine cave inférieure se mêle inévi- tablement avec celui de la supérieure. En effet , comment deux liquides de même nature , ou à peu près , pourraient-ils rester isolés dans une cavité où ils arrivent en même temps, et qui se contracte pour les expulser ? Je n'ignore pas que Sabatier , dans son beau Mémoire sur la circula- tion du fœtus y a soutenu l'opinion contraire; mais j'avoue que ses raisons, ne changent pas mon sen- timent à cet égard. Quoi qu'il en soit , la contraction des oreillettes succède à leur dilatation ; le sang est poussé dans les deux ventricules au moment où ils se dilatent ; ceux-ci, à leur tour, se resserrent et chassent le sang ; le gauche dans l'aorte , et le droit dans la pulmonaire ; mais comme cette artère se termine à l'aorte , tout le sang des deux ventricules passe dans l'aorte, à l'exception d'une très petite par- tie qui va aux poumons. Sous l'influence de ces deux agents d'impulsion , le sang parcourt toutes les divisions de l'aorte et revient au cœur par les veines caves ; mais en outre il est porté au DE PHYSIOEOGIE. 55 1 placenta par les artères ombilicales, et il revient au fœtus par la veine du cordon. Il est facile de concevoir l'utilité du trou Botal et usaî?e du du canal artériel : Toreillette gauche , ne recevant *^°" ^°*^'' point c .i ne recevant que très peu de sang du pou- mon , ne pourrait point en fournir au ventricule gauche, si elle n'en recevait par l'ouverture de la cloison des oreillettes. D'un autre côté , le poumon n'ayant aucune fonction , si tout le sang de l'artère pulmonaire s'y était distribué , la force d'impulsion du ventricule droit aurait été inutilement consu- mée , tandis que par le moyen du canal artériel la force des deux ventricules est employée à faire mouvoir le sang dans l'aorte ; sans cette réunion ' de l'action des deux ventricules , il est probable que le sang n'aurait pu parvenir jusqu'au placenta et revenir ensuite au cœur. Les mouvements du cœur sont très rapides chez le fœtus ; ordinairement ils dépassent cent vingt par minute : la circulation a nécessairement une vitesse proportionnée. Maintenant se présente à examiner une question Rapports délicate. Quels sont les rapports de la circulation circulation 1 \ ni '^T» •^ ,dela mère de la mère avec celle du fœtus ? Pour arriver a quel- avec celle du , . • -1 c . • fœtus. que notion précise sur ce point , il laut examiner d'abord le mode de jonction du placenta et de l'utérus. Les anatomistes ont varié k cet égard. On a cru 552 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE long-temps que les artères utérines s'anastomo- saient directement avec les radicules de la veine ombilicale, et que les dernières divisions des ar- tères du placenta s'abouchaient avec les veines de la matrice ; mais l'impossibilité reconnue de faire passer dans la veine ombilicale des injections pous- sées dans les veines utérines , et réciproquement à faire parvenir des matières liquides , injectées dans les artères ombilicales jusque dans les veines de l'utérus , a fait renoncer à cette idée. Il est assez généralement admis aujourd'hui qu'il n'existe point d'anastomose entre les vaisseaux du placenta et ceux de l'utérus. J'ai fait quelques recherches sur ^ cette question ; en voici les principaux résultats : Expériences J'^î d'abord répété les tentatives d'injections du iaoircuîaiion pl^ceuta par Ics vaisseaux de l'utérus , mais sans du fœtus, aucun succès; je les ai même faites sur des animaux vivants sans mieux réussir ; je me suis servi de ma- tières vénéneuses dont les effets m'étaient connus, de matières odorantes , et rien ne m'a fait soup^ çonner une communication directe. Dans les chiennes , vers le milieu de leur gesta- tion , on voit un grand nombre d'artérioles qui, sortant du tissu de l'utérus , s'enfoncent dans le placenta , où elles se divisent en plusieurs ramifi- cations. A cette époque , il est impossible de sépa- rer ces deux organes sans déchirer ces artérioles et produire une hémorrhagie considérable; mais à la DE PHYSIOLOGIE. 555 fin de la gestation , en tirant tant soit peu l'utérus, Expcricuces / j 1 sur ces petits vaisseaux se séparent du placenta avec la circulation leur division , et il n'y a aucun écoulement de sang. Quand on injecte dans les veines d'un chien une certaine quantité de camphre , le sang prend aussi- tôt une odeur camphrée très forte. Après avoir fait cette injection sur une chienne pleine , j'ai extrait un fœtus de l'utérus , au bout de trois ou quatre minutes son sang n'avait aucune odeur de cam- phre ; mais celui d'un second fœtus, extrait après un quart d'heure , avait une odeur de camphre prononcée. Il en fut de même des autres fœtus. Ainsi , malgré le défaut d'anastomose directe en- tre les vaisseaux de l'utérus et ceux du placenta , il est impossible de douter que le sang de la^mère, ou quelques uns de ses éléments , ne passe au fœ- tus avec une certaine promptitude ; il est proba- blement déposé par les vaisseaux utérins à la sur- face ou dans le tissu du placenta , et absorbé par les radicules de la veine ombilicale. Il est beaucoup plus difficile de savoir si le sang du fœtus revient à la mère. Sur les animaux , parmi les petits vaisseaux qui vont de l'utérus au placenta , on n'en voit aucun qui ait l'apparence de veine. Chez la femme, de larges ouvertures qui communiquent avec les veines utérines se voient sur la partie de l'utérus, où est adhérent le pla- 554 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Expériences ccnta ; mais on isfnore si ces orifices veineux sont sur *-' lacircuiation dcstinés à absorbcp le sans: du fœtus ou à laisser du fœtus. ^ échapper le sang de la mère à la surface du pla- centa : j'admettrais plus volontiers cette seconde idée, mais il n'en existe cependant aucune preuve. J'ai souvent poussé dans les vaisseaux du cor- don ombilical , en les dirigeant vers le placenta , des poisons très actifs ; je n'ai jamais vu la mère en éprouver les effets, et si celle-ci meurt d'hé- morrhagie, les vaisseaux du fœtus restent pleins de sang. Puisque l'anastomose des vaisseaux de l'utérus n'existe point , il n'est guère présumable que la circulation de la mère influe sur celle du fœtus autrement qu'en versant du sang dans les aréoles du placenta : le cœur du fœtus serait alors le prin- cipal mobile du sang chez celui-ci. On cite cepen- dant des fœtus bien développés venus au monde sans cœur; mais ces observations sont-elles bien exactes ? Il existe des cas bien constatés de pla- centas entièrement séparés de fœtus mort, et qui ont continué seuls à se développer. M. Kibes vient d'en observer récemment un cas où le cordon ombili- cal était rompu et parfaitement cicatrisé. Comment s'était faite alors la circulation dans cet organe? Concluons que les rapports de la circulation de la mère avec celle du fœtus demandent de nou- velles expériences. DB PHYSIOLOGIE. 555 Quelques auteurs ont avancé que le placenta était au fœtus ce qu'est le poumon à l'enfant qui respire; d'autres ont cherché à expliquer le vo- lume considérable du foie en lui attribuant la for- mation du sang. Ces assertions n'ont aucun fonde- ment. Une épaisse obscurité environne ce qui re- garde les fonctions des capsules surrénales , du thymus , de la thyroïde , dont le6 dimensions sont considérables dans le fœtus ; ce sujet a souvent exercé l'imagination des physiologistes sans aucun profit réel pour la science. Malgré l'autorité imposante de Boerhaave, il Digestion est impossible d'admettre que le fœtus avale con- tinuellement l'eau de î'amnios , qu'il la digère et s'en nourrit. Son estomac contient, il est vrai, une matière visqueuse en quantité assez considérable; mais elle ne ressemble en rien au liquide amniotique ; elle est très acide , gélatiniforme ; du côté du pylore elle est grisâtre et opaque ; il paraît qu'elle est chymi- fiée dans l'estomac , qu'elle passe dans l'intestin grêle, où, après avoir subi l'action de la bile et peut-être du suc pancréatique, elle fournit un chyle particulier. Le résidu descend ensuite vers le gros intestin , où il forme le méconium , qui est évi- demment le résultat de la digestion qui s'est opé- rée pendant la grossesse. D'où vient la matière di- gérée? Il paraît probable qu'elle est sécrétée par 556 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE l'estomac lui-même, ou qu'elle descend de l'œso- phage ; rien ne s'oppose cependant à ce que dans certains cas le fœtus n'avale quelques gorgées d'eau de Tamnios, les poils analogues à ceux de la peau , qui se trouvent dans le méconium , sem- bleraient l'indiquer. 11 est important de remarquer que le méconium est une substance très peu azotée. Rien n'est encore connu touchant l'usage de cette digestion dans le fœtus ; il n'est pas probable qu'elle soit essentielle à son développement , puis- qu'il est né des enfants qui ne présentaient point d'estomac ni rien qui le remplaçât. Chyle et Quelqucs pcrsonncs disent avoir vu du chyle lymphe chez ^ ^ . , . . . le fœtus, dans le canal thoracique du fœtus ; je n ai jamais rien aperçu de semblable : sur les animaux vivants, ce canal et les lymphatiques contiennent un fluide qui paraît être analogue à la lymphe , et qui se coagule spontanément comme elle. Ahsorption J'ai fait quelques tentatives pour m'assurer di- veineuse du . .-ti •• • -j.!,! fœtus. rectement si 1 absorption veineuse existe criez le fœtus encore contenu dans l'utérus. J'ai injecté dans la plèvre, dans le péritoine, et dans le tissu cellulaire, des substances vénéneuses très actives; mais je n'ai obtenu aucun résultat satisfaisant; car le système nerveux des fœtus qui n'ont pas res- piré ne paraît pas sensible à l'action des poisons, exhalations H paraît certain que les exhalations ont lieu du fœtus. DE PHYSIOLOGIE. 667 chez le fœtus , car toutes les surfaces sont lubri- fiées à peu près comme elles le seront par la suite; la graisse est abondante , les humeurs de l'œil existent. Il est aussi très probable que la tran- spiration cutanée s'effectue , et qu'elle se mêle continuellement à la liqueur de l'amnios. Quant à cette dernière liqueur , il est difficile de dire d'où elle tire son origine ; aucuns vaisseaux sanguins apparents ne se portent à l'amnios, et cependant il est probable que c'est cette membrane qui en est l'organe sécréteur. Les follicules cutanés et muqueux sont dévelop- sécrétions pés, et paraissent avoir une action très énergique, ^^^^Xez^^^^ surtout à dater du septième mois, alors la peau est le fœtus, recouverte d'une couche assez épaisse de matière grasse sécrétée par les follicules : plusieurs auteurs l'ont considérée , mais à tort , comme un dépôt de la liqueur de l'amnios. Le mucus est aussi très abondant dans les deux derniers mois de la gestation. Toutes les glandes qui servent à la digestion Sécrétions ont un volume considérable , et paraissent avoir ^ du fœtm^^ une certaine activité; on sait peu de chose de l'action des autres. On ignore, par exemple, si les reins forment de l'urine, et si ce fluide est rejeté parl'urèthre dans la cavité de l'amnios. Les testi- cules et les mamelles paraissent former un fluide qui ne ressemble ni au lait, ni au sperme , et qui 558 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE se trouve dans les vésicules séminales et dans les canaux lactifères. Que dire sur la nutrition du fœtus ? Les ouvra- ges de physiologie ne contiennent que des conjec- •tures plus ou moins vagues sur ce point ; il paraît certain que le placenta puise chez la mère les ma- tériaux nécessaires au développement des organes, mais nous ignorons quels sont ces matériaux, et comment ils se comportent. Chaleur La rcspiratiou n'ayant pas lieu avant la nais- animalecbez i i i • ^ i p . . i ' le fœtus, sance , la chaleur animale du lœtus ne peut en dé- pendre. L'expérience a démontré qu'elle ne s'élève pas au-dessus de 27 ou 28 degrés ; elle est plus élevée , dit-on, quand le fœtus est mort dans l'u- térus. Si ce fait est exact , le fœtus aurait un moyen de refroidissement qui n'existe plus après la nais- sance. Voilà le peu qu'on sait touchant les fonctions nutritives du fœtus ; ce qui a rapport aux fonc- tions de relation a déjà été exposé. Rapport Puisque la mère transmet au fœtus les maté- des fonctions . , , ■^ . . n • r de la mère l'iaux ncccssaires a sa nutrition , celle-ci est neces-' fœtus!^ ^ sairement liée ave<î la nature et la quantité des matériaux transmis : s'ils sont de bonne nature , et si la quantité en est suffisante , l'accroissement se fera d'une manière satisfaisante; mais si la pro- portion en est trop faible , ou si les qualités n'en sont pas convenables , le fœtus se nourrira mal , DE PHYSIOLOGIE. SSq cessera de se développer , ou même périra. Or , rétat du moral de la mère pouvant modifier la proportion et la nature des éléments qui passent au placenta , il est vrai de dire que son imagina- tion influe sur le fœtus. C'est ainsi qu'une terreur subite 5 un chagrin violent, une joie immodérée, peuvent causer la mort du fœtus ou ralentir son accroissement. Des causes physiques , telles que des coups , des chutes , l'action de certains médicaments , la mauvaise qualité des aliments, ^ peuvent avoir le même résultat , parcequ'ils nuisent de même à la transmission des maté- riaux nutritifs du fœtus. Si la mère est affectée d'une maladie contagieuse , le fœtus en pré- sente bientôt les symptômes ; ainsi la vie du fœtus est dans une dépendance évidente de celle de la mère. Indépendamment des lésions qui lui viennent Maladies do de cette source, le fœtus est fréquemment atteint ^**"'^- de maladies spontanées, telles que des hydropisies, des fractures , des ulcères , des gangrènes , des éruptions cutanées , la séparation d'un ou plu- sieurs membres , et beaucoup d'autres lésions in- térieures , locales ou générales. Souvent ces ma- ladies le font mourir avant de naître , ou , si elles permettent qu'il a:rive vivant jusqu'à la naissance, elles le mettent dans l'impossibilité de pouvoir vivre au-delà. Les membranes de l'œuf, le pla- Vices de conforma- tion. t Monstruo- sités. Grossesses multiples. 560 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE centa , la liqueur de l'amnios , ne sont pas tou-- jours étrangers à ces désordres. Par l'effet de causes inconnues , les diverses par- ties du fœtus se développent quelquefois d'une manière vicieuse ; une ou plusieurs des ouvertures naturelles de son corps peuvent ne point exister , ou être closes par des membranes ; les poumons , l'estomac, la vessie , les reins , le foie , le cerveau, manquent quelquefois entièrement ou présentent des dispositions inaccoutumées ; en général , selon la remarque deM. Béclard, quand un nerf manque, la partie où il se distribue principalement n'existe point. D'autres malformations ou monstruosités , qui arrivent aussi sans causes connues, paraissent dé- pendre delà confusion de deux germes ; d'où ré- sultent des enfants à deux têtes avec un seul tronc, ou à deux troncs avec une seule tête ; quelques uns ont quatre bras et quatre jambes bien ou mal conformés. On a trouvé plusieurs fois un fœtus non développé dans l'abdomen d'individus déjà avancés en âge, etc. Il n'y a aucune raison de croire que l'imagination de la mère puis6e influer sur la formation de ces monstres ; d'ailleurs des productions de ce genre s'observent journellement dans les animaux et jusque dans les plantes. Il n'est pas rare qu'au lieu d'un seul fœtus l'utérus en contienne deux. En France ce cas ar- DE PHYSIOEOGIE. 55l rive une fois sur quatre-vingts ; il paraît encore plus fréquent en Angleterre. La gestation de trois fœtus est beaucoup plus rare : sur 56 mille accou- chements qui ont eu lieu à Jl'hospice de la Mater- nité de Paris , il n'a été observé que quatre fois. On a quelques exemples bien authentiques de femmes qui ont porté à la fois quatre et même cinq fœtus ; mais au-delà de ce nombre les récits des auteurs paraissent fabuleux. Dans ces gros- sesses multiples , le volume et le poids des fœtus sont en rapport avec leur nombre : les jumeaux sont plus petits que les fœtus ordinaires; les tri- jumeaux et les quadrijumeaux le sont bien davan- tage ; mais , quelle que soit leur dimension , ils sont chacun entourés par un amnios et un chorion particulier , et ont un placenta distinct. Aussi leur existence est-elle indépendante , au point que l'un peut mourir à une époque peu avancée de la grossesse , tandis que les autres continuent à se développer. Rien ne porte à croire que dans les grossesses multiples la fécondation ait eu lieu en deux ou trois fois différentes , et qu'il existe réellement des super f étalions. Les histoires que l'on raconte à cette occasion sont loin de présenter le degré de certitude nécessaire dans une science de faits, -/i 36 ment. &§â PRÉ CIS ÉrrÉMENXAIRE De t accouchement. Accouche- Après sept mois révolus de grossesse le fœtus a toutes les conditions pour respirer et pour exer- cer sa digestion , il peut donc se séparer de sa mère et changer de mode d'existence ; il est rare cependant que l'accouchement arrive à cette épo- que : le plus souvent le fœtus reste encore deux mois entiers dans l'utérus , et ce n'est qu'après neuf mois révolus qu'il sort de cet organe. On cite des exemples d'enfants qui sont nés après dix mois entiers de gestation ; mais ces cas sont fort douteux , car il est très difficile de savoir au juste l'époque de la conception. Notre législa- tion actuelle consacre cependant le principe qu'un accouchement peut avoir lieu le 299^ jour de la grossesse. Rien de plus curieux que le mécanisme par le- quel le fœtus est expulsé ; tout s'y pass^ a:vec une précision admirable 5 tout semble avoir été calculé , prévu 9 pour favoriser son passage à travers le bas- sin et les parties génitales. Les causes physiques qui déterminent la sortie du fœtus sont la contraction de l'utérus et celle des muscles abdominaux ; sous leur puissance , le liquide de l'amnios s'écoule, la tête du fœtus s'en- gage dans le bassin ^ le parcourt de bas en haut . et sort bientôt par la vulve , dont les rephs se sont effacés ; ces divers phénomènes ne se passertt qûé successivement et durent un certain temps : ils sont accompagnés de douleurs plus ou moins vives, du gonflement et du ramollissement des parties molles du bassin et des parties génitales externes, et d'une sécrétion muqueuse abondante dans la cavité du vagin. Toutes ces circonstances , cha- cune à sa manière , favorisent le passage du fœtus. Pour faciliter l'étude de cet acte compliqué , il laut le partager en plusieurs temps ou périodes. Première période de i' accouchement. Elle se com- pose de signes précurseurs. Deux ou trois jours avant l'accouchement il se fait un écoulement mu- queux par le vagin ; les parties génitales externes se gonflent et deviennent plus molles ; il éiï est de même des ligaméîits qui réunissent lés àÉ du bassin; le col de l'utérus s'aplatit, son ouverture s'agrandit, ses bords deviennent plus minces; de légères douleurs, connues sous le nom de mouches , se font sentir dans les lombes et dans l'abdomen. Deuxième période. Des douleurs d'un genre par- ticulier se développent : elles commencent dans la région lombaire, et semblent se propager vers le col de l'utérus ou vers le fondement ; elles ne Se renouvellent qu'à des intervalles assez longs , tels qu'un quart d'heure ou une demi-heure. Chacune d'elles est accompagnée d'une contraction évidente du corps de l'utérus , et d'une tension manifeste 36/ X'« période de i'accou- chement. 2^ période de Taccou- chement* 564 PRÉCIS ÉtÉMENTAIRE de son col, avec dilatation de l'ouverture; le doigt, porté dans ?e vagin, fait reconnaître que les enveloppes du fœtus font une saillie qui devient de plus en plus considérable et se nomme poche des eaux : bientôt les douleurs deviennent plus fortes et les contractions de l'utérus plus éner- giques ; cette poche se rompt et une partie du liquide s'écoule ; l'utérus revient sur lui-même et s'applique à la surface du fœtus. s« période Troisième période. Les douleurs et les contrac- de Taccou- . i d r chement. tious de 1 utcrus prennent un accroissement consi- dérable : elles sont instinctivement accompagnées de la contraction des muscles abdominaux. D'ail- leurs la femme, qui reconnaît leur efficacité , est portée à les favoriser en faisant tous les efforts musculaires dont elle est capable : son pouls de- vient alors plus élevé , plus fréquent ; sa figure s'a- nime ; ses yeux brillent ; son corps tout entier est dans une agitation extrême ; la sueur coule en abondance. La tête s'engage alors dans le bassin; l'occiput, placé d'abord au-dessus de la cavité cotyloïde gauche , est porté en dedans et en bas , et vient se placer au-dessous et derrière l'arcade du pubis. 4« période Quatrième période. Après quelques instants de chement. rcpos , les douleui's et les contractions expulsives reprennent toute leur activité ; la tête se présente à la vulve, fait effort pour passer, et y parvient DE PHYSIOI-OGIE. 565 quand il arrive une contraction assez, forte pour amener cet effet. Une fois la tête dégagée, le reste ' du corps suit facilement, à raison de son volume moindre. On pratique alors la section du cordon ombilical , et on en fait la ligature à peu de dis- tance de l'ombilic. Cinquième -période. Si l'accoucheur n'a pas pro- 5e période cédé à l'extraction du placenta immédiatement ^chemeDtJ" après la sortie du fœtus, au bout de quelque temps de petites douleurs se font sentir , l'utérus se con- tracte faiblement , mais avec assez de force pour se débarrasser du placenta et des membranes de l'œuf : cette expulsion porte le nom de délivrance. Pendant les douze ou quinze jours qui suivent l'accouchement , l'utérus revient peu à peu sur lui-même ; la femme éprouve des sueurs abon- dantes , ses mamelles sont distendues par le lait qu'elles sécrètent ; un écoulement d'abord san- guinolent, puis blanchâtre, nommé lochies ^ ^m se fait par le vagin , est l'indice que les organes de la femme reprennent peu à peu la disposition qu'ils avaient avant la conception. Aussitôt qu'il est séparé de sa mère , et quel- quefois même auparavant, l'enfant dilate sa poi- trine , attire l'air dans ses poumons , qui se laissent graduellement distendre à mesure que les mou- V vements d'inspiration se répètent : dès ce moment Itt respiration est établie et durera toute la vie^ La |Ç6 PRÉCIS ÉIÉMENTAIRE distensipri' du poumon par l'air permet au sang 4^ l'artère pulmonaire de s'y diriger, et il en passe d'autant moins parle canal artériel, qu'il se rétrécit peu à peu , ainsi que le trou Botal , et finit par s'oblitérer. Le même phénomène a lieu à la partie abdominale de la veine et des artères ouibiUcales , qui se transforment en une espèce de ligament fibreux. L'enfant naissant a de dix-huit à vingt pouces de longueur , et pèse de cinq à six livres. En gé- néral , le nombre des naissances des garçons est supérieur à celui des filles. La quantité d'enfants qui peuvent naître de la même mère n'excède point le nombre des vésicules contenues dans Vovaire , c'est-à-dire environ quarante. De r allaitement. L'acte douloureux que nous venons d'étudier ne termine point le rôle que la nature a confié à la femme dans la génération ; d'autres soins doi- vent être donnés par elle au nouveau-né : il faut qu'elle le garantisse contre les intempéries de l'air et des saisons ; qu'elle veille à sa conservation et à son éducation physique et morale ; enfin , elle doit lui fournir son premier aliment , le seul qui soit en rapport avec la faiblesse de ses organes. Des Cet aliment est le lait; il est sécrété par les mamelles , dont le nombre , la forme et la situa- mamelles. DE PHYSIOtOGIE. 667 tîon sont des caractères distinctifs de l'espèce hu- maine. Leur parenchyme est tout-à-fait distinct de cehii des autres organes sécréteurs. Chaque mamelle a douze ou quinze canaux excréteurs qui s'ouvrent au sommet et sur les côtés du mamelon» Les artères qui se rendent aux mamelles sont peu volumineuses , mais très multipliées ; les vaisseaux lymphatiques y abondent , ainsi que les nerfs : aussi jouissent-elles d'une vive sensibilité ; le ma- melon en particulier est très sensible et susceptible d'un état analogue à l'érection. Jusqu'à l'époque de la fécondation, les mamelles sont inactives, ou du moins n'exercent aucune sécrétion apparente ; mais dès les premiers temps de la grossesse la femme y ressent des picote- ments , des élancements particuliers , ces organes se gonflent. Au bout d'un certain temps , surtout quand la fin de la gestation approche , le mamelon laisse écouler un fluide séreux , quelquefois très abondant , et qui est appelé colostrum, La sécrétion a souvent les mêmes caractères pendant les deux ou trois jours qui suivent Taccouchement , mais le lait proprement dit ne tarde pas à paraître , et c'est le liquide que fournissent les mamelles jus- qu'à la fin de l'allaitement. Le lait est une des liqueurs glanduleuses les plus azotées ; sa couleur , son odeur et sa saveur sont connues de tout le monde : d'après M. Berz,elius , 568 PRJÉCIS ÉIÉMENTAIRE il est composé de crème et de lait proprement dit. Ce dernier contient : eaii^ 928,75 ; fromage avec une trace de sucre, 28,00; sucre de lait, 55, 00; muriate de potasse , 1 ,70 ; phosphate , o,25; acide lactique, acétate de potasse et lactate de fer, 6,00; phosphate de chaux , o,3o. La crème contient : beurre, 4?^î fromage, 3,5; petit-lait, 92,0, où Ton trouve 4^4 ^^ sucre de lait et de sel. Depuis long-temps on a observé que la quan- tité et la nature du lait changent avec la quantité et la nature des aliments , et c'est ce qui a donné lieu à l'opinion bizarre que les lymphatiques étaient les vaisseaux destinés à apporter aux ma- melles les matériaux de leur sécrétion ; mais il en est du lait comme de l'urine, qui varie de pro- priété suivant les substances solides ou liquides introduites dans l'estomac. Par exemple , le lait est plus abondant , plus épais , moins acide , si la femme est nourrie avec des matières animales; il est moins abondant, moins épais et plus acide, si elle a fait usage de végétaux. Le lait prend aussi des qualités particulières si la femme a pris des substances médicamenteuses; il devient purgatif, par exemple, si elle a fait usage de rhubarbe ou de jalap, etc. Sécrétions Lasécrétion du lait se prolonge jusqu'à l'époque où les organes de la mastication de l'enfant auront acquis le développement nécessaire à la digestion du lait. DE PHYSIOLOGIE. 669 des aliments ordinaires; elle ne cesse que dans le courant de la seconde année. Quoique la sécrétion du lait semble propre à la femme accouchée, elle a été vue quelquefois sur de jeunes vierges, et même chez l'homme (i), DU SOMMEIL. En terminant l'histoire des fonctions do rela- tion , nous avons dit que ces fonctions étaient pé- riodiquement suspendues ; nous avons ajouté que, durant cette suspension, les fonctions nutritives et génératrices étaient modifiées : le moment est venu d'examiner ces phénomènes. Lorsque Tétat de veille s'est prolongé seize ou dix-huit heures nous éprouvons un sentiment général de fatigue et de faiblesse; nos mouvements deviennent plus difficiles , nos sens perdent leur activité, l'intelligence elle-même se trouble , re- çoit avec inexactitude les sensations , et com- mande avec difficulté à la contraction muscu- (1) Je n'ai pas cru convenable d'introduire dans cet ou- vrage , simple abrégé de la science , une description spéciale des âges, des sexes, des tempéraments, des caractères zoo- logiques del'bomme, des variétés de l'espèce humaine, etc.; ces considérations sont du ressort de l'hygiène et de l'his- toire naturelle. — Voyez les articles hygiène de VEncy- clopédie méthodique , et le nouvel ouvrage de M. Cuvier sur le Rè^à animal Du sommeil ^^ ., laire. A ces signes nous reconnaissons la néces- sommeil. ^ ^ité de nous livrer au sommeil ; nous choisissons une position telle , qu'il faille peu ou point d'ef- forts pour la conserver; nous recherchons l'obs- curité et le silence , et nous nous abandonnons à V assoupissement. L'homme q,ui s'assoupit perd successivement l'usage de ses sens ; c'est d'abord la vue qui cesse d'agir par le rapprochement des paupières , l'odo- rat ne s'endort qu'après le goût , l'ouïe qu'après l'odorat , et le tact qu'après l'ouïe ; les muscles des • membres se relâchent , et cessent d'agir avant ceux qui soutiennent la tête, et ceux-ci avant ceux de l'épine, A mesure que ces phénomènes se passent, la respiration devient plus lente et plus profonde , la circulation se ralentit, plus de sang se porte à la tête, la chaleur animale baisse , les diverses sé- crétions deviennent moins abondantes. Cepen- dant l'homme plongé dans cet état n'a point en- core perdu le sentiment de son existence ; il a la conscience de la plupart des changements qui se passent en lui , et qui ne sont pas sans charmes ; des idées plus ou moins incohérentes se succèdent dans son esprit ; enfin il cesse entièrement de sen- tir qu'il existe : il est endormi. Pendant le sommeil la circulation et la respi- ration restent ralenties , ainsi que les diverses se* crétions; par suite la digestion se fait avec moins sommei DE tHYSIOtOGIE. 67! de promptitude. J'ignore sur quel fondement plau- Dn sible la plupart des auteurs disent que l'absorp- tion seule acquiert plus d'énergîe. Puisque les fonctions nutritives continuent dans le sommeil , il est évident que le cerveau n'a cessé d'agir que comme organe de l'intelligence et de la contrac- tion musculaire , et qu'il continue d'influencer les muscles de la respiration , le cœur , les artères, les sécrétions et la nutrition. Le sommeil est profond quand il faut employer des excitants un peu forts pour le faire cesser ; il est léger quand il cesse facilement. Tel qu'il vient d'être dée-rit, le sommeil est com- plet, c'est-à-dire qu'il résulte de la suspension d'action des organes de la vie de relation , et de la diminution d'action des fonctions nutritives ; mais il n'est pas rare que plusieurs organes de la vie de relation conservent leur activité pendant le sommeil, comme il arrive quand on dort debout; il est fréquent aussi qu'un ou plusieurs sens res- tent éveillés, et transmettent au cerveau des im- pressions que celui-ci perçoit ; il est encore plus fréquent que le cerveau prenne connaissance des diverses sensations internes qui se développent pendant le sommeil, tels que besoins, désirg, dou- leur, gêne, etc. L'intelligence elle-même peut s'exercer chez l'homme endormi , soit d'une ma- nière irrégulière et incohérente , comme dans la 1. 572 PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE Du plupart des rêves ; soit d une manière conséquente sommeil. ^ i.> et reguliei^ , comme cela se rencontre chez quel- ques individus heureusement organisés. La direction que prennent les idées dans le som- meil, ou la nature des rêves, dépend beaucoup de l'état des organes : l'estomac est-il surchargé d'aliments indigestes , la respiration est-elle diffi- cile par la position ou d'autres causes , les rêves sont pénibles , fatigants ; la faim se fait-elle sentir , on rêve qu'on se repaît d'aliments agréables ; est- ce l'appétit vénérien , les rêves sont erotiques , etc. Les occupations habituelles de l'esprit n'ont pas moins d'influence sur le caractère des songes ; l'ambitieux rêve ses succès ou ses disgrâces , le poëte fait des vers , l'amant voit sa maîtresse , etc. C'est parceque le jugement s'exerce quelquefois dans toute sa rectitude durant les rêves relative- ment aux événements futurs , que dans des temps d'ignorance on a accordé à ceux-ci le don de la divination. B-ien de plus curieux dans l'étude du sommeil que l'histoire des somnambules. Ces individus , d'a- bord profondément endormis , se lèvent tout-à- coup , s'habillent , entendent , voient , parlent , se servent de leurs mains avec adresse, se livrent à différents exercices , écrivent , composent , puis se remettent au lit, et ne conservent à leur réveil aucun souvenir de ce qui leur est arrivé. ^Quelle DE PHYSIOIOGIE. S'jZ différence y a-t-il donc entre un somnambule de Du *^ , ^ 1 r . sùmmeil. cette espèce et un homme éveille ? une soûle bien évidente , l'un a la conscience de son existence , Tautre en est privé. Nous n'irons point, à l'exemple de certains au- teurs , rechercher la cause prochaine du sommeil , et la trouver dans l'affaissement des lames du cer- velet 5 l'afïlux du sang au cerveau , etc. Le som- meil 5 effet immédiat des lois de l'organisation , ne peut dépendre d'aucune cause physique de ce genre. Son retour régulier est une des circon- stances qui contribuent le plus à la conservation de la santé ; sa suppression , pour peu qu'elle se prolonge , a souvent des inconvénients graves , et dans tous les cas ne peut être portée au-delà de certaines limites. La durée ordinaire du sommeil est variable ; en général elle est de six à huit heures : les fa- tigues du système musculaire 5 les fortes conten- . tions d'esprit, les sensations vives et multipliées le prolongent , ainsi que l'habitude de la paresse , l'usage immodéré du vin et des aliments trop sub- stantiels. L'enfance et la jeunesse , dont la vie de relation est très active , ont besoin d'un repos plus long ; l'âge mûr , plus avare du temps et plus tourmenté de soucis, s'y abandonne moins; les vieillards présentent deux modifications opposées, ou bien ils sont dans une somnolence presque 5^4 PRÉCIS ÉIÉMENTAIRE Du continuelle^ ou bien ils dorment peu et d'un sorfl- meil très léger , sans qii il taille en trouver la raison dans la prévoyance qu'ils ont de leur fin prochaine. Par un sommeil paisible , non interrompu , et restreint dans les limites convenables, les forces se réparent et les organes récupèrent l'aptitude à agir avec facilité ; mais si des songes pénibles , des impressions douloureuses troublent le som- meil 5 ou simplement s'il est prolongé outre me- sure, bien loin d'être réparateur, il épuise les forces , fatigue les organes , et devient quelquefois l'occasion de maladies graves, telles que l'idio- tisme et la folie. DE LA MORT. jDelamort. ; L'existeuce individuelle de tous les corps orga- nises est temporaire; aucun n'échappe à la dure nécessité de cesser d'être ou de mourir ; l'homme subit le même sort. L'histoire particulière des , fonctions nous a fait voir que dès les premiers temps de la vieillesse , et quelquefois auparavant $ les organes se détériorent, que plusieurs cessent complètement d'agir, que d'autres sont absorbés et disparaissent ; qu'enfin , dans la décrépitude , la vie est réduite à quelques restes des trois fonc- tions vitales, et à quelques fonctions nutritives détériorées : dans cet état , la moindre cause exté- DE PHYSIOLOGIE. 5^5 rieure , le plus petit coup , la chute la plus légère , Delà mort, suffisent pour arrêter l'une des trois fonctions in- dispensables à la vie • et la mort arrive immédiate- ment, comme le dernier degré de la destruction des organes et des fonctions. Mais un très petit nombre d'hommes arrivent à cette fm, qu'amènent les seuls progrès de l'âge. Sur un million d'individus, à peine quelques uns y parviennent : le reste meurt , à toutes les époques de la vie , d'accidents ou de maladies , et cette grande' destruction d'individus par des causes en apparence éventuelles paraît entrer aussi bien dans les vues de la nature que les précautions prises par elle pour assurer la reproduction de Tespèce. FIN. TABLE DES MATIÈRES DU SECOND VOLUME. DES FONCTIONS NUTRITIVES. pag. i Considérations générales sur les fonctions nutriti- ves. 1 Classification des fonctions nutritives. 5 De la digestion. [^ Organes digestifs. 5 Rapports des organes digestifs avec les alinjents. 5 Canal digestif. Ç Structure du canal digestif. % Vaisseaux du canal digestif. .j Nerfs du canal digestif. " y Organes qui versent des fluides dans le canal di- gestif. ' 8 Remarques sur les organes digestifs de l'homme ET des animaux VIVANTS. g Mucus du canal digestif. g Liquide qui se rencontre quelquefois dans l'esto- mac, lo Liquide acide de l'estomac. lo Liquide non acide de l'estomac. 1 1 Composition du liquide acide de l'estomac. 1 1 Digestion de la salive et du mucus. 1 2 2. 57 5^8 TABLE Suc gastrique. pag. i5 Mucus de l'intestingrêle. i5 Manière dont la bile coule dans l'intestin grêle. i4 Manière dont le fluide pancréatique coule dans l'in - testin grêle. 1 4 Mucus du gros intestin. j5 Follicules odorants de l'anus. 16 Des gaz contenus dans le canal intestinal. 16 Couche musculaire du canal digestif. 17 Différents modes de contraction des fibres du canal digestif. 1 7 Mouvement de l'œsophage. 18 Mouvement péristaltique de l'estomac et des intes- tins. 1 9 De la faim et de la soif. 22 De la faim. 20 Phénomènes de la faim. 24 Phénomènes locaux de la faim. 24 Observations sur l'état de l'estomac pendant la faim. 20 Observation sur la pression soutenue par les viscères abdominaux pendant la faim. 25 Phénomènes généraux de la faim. 27 Sentiments qu'il ne faut pas confondre avec la faim. 27 Causes qui rendent la faim plus intense. 28 Causes qui diminuent la faim. 28 Causes prochaines de la faim. 29 De la soif. 3o 'Causes de la soif. ^1 DES MATIERES. 679 Des aliments. pag. 32 Des aliments peu ou point azotés. 35 Des aliments azotés. 55 Médicaments nutritifs. 36 Préparation des aliments. 36 But de la cuisine. Sj Des boissons. 07 Des actions digeslives en particulier. 38 De LA PRÉHENSION DES aliments solides. §9 Organes de la préhension des aliments solides. 39 Des dents. l^o Racines des dents. 4^ Des alvéoles. I^i Des gencives. 4'^ Mécanisme de la préhension des aliments. 4^ Mouvement d'écartement des mâchoires. 4^ Action des dents incisives. 44 Manière dont on peut aider l'action des dents inci- sives avec la main. 45 Accumulation des aliments dans la bouche. 4^ Mastication et insalivation des aliments. ^ 4^ Fluides qui sont versés dans la bouche. 4^ De la salive. 4^ Changements que les aliments éprouvent dans la bouche. 47 Changements de température. 4? Pression que la langue exerce sur les aliments. 49 Organes de la mastication. 5o Remarques sur les dents. 5o Composition chimique des dents. Arcades den- taires. 5i 580 TABLE . w Mécanisme de la mastication. pag. 54 Mastîcalion des aliments. 55 Transmission aux mâchoires des efforts que sup- portent les dents. 55 Usage du voile du palais dans la mastication. 56 Insalivation des aliments. 56 Utilité de la mastication et de l'insalivation des ali- ments. 58 De quelle manière on reconnaît que la mastication et l'insalivation sont poussées assez loin. 58 De la déglutition des aliments. 59 Appareil de la déglutition. 59 Du voile du palais. 60 Du pharynx. 61 De l'œsophage. 62 Mécanisme de la déglutitjon. 65 Division de la déglutition en trois temps. 63 Premier temps de la déglutition. 64 Second temps de la déglutition. 65 Troisième temps de la déglutition. 68 La inucosité favorise la déglutition. 70 Influence de la volonté sur la déglutition. 71 De l'abdomen. 72 Divisions de l'abdomen, 76 Epigastre. 74 Hypocondres. 74 Ombilic. . 74 Flancs. 74 Hypogastre. 74 Régions iliaques. 74 DES MATIÈIIES. 58 l Parois abdominales. pag, 74 Action de l'estojiac sur les aliments. 76 De l'estomac. 76 Orifices de l'estomac. 77 Structure de l'estomac. 77 Valvule pyloriquc. 78 Bîuscle pylorique. 78 Vaisseaux et nerfs deFestomac. 79 De l'accumulation des aliments dans l'estomac. 79 Phénomènes de l'accumulation des aliments dans l'estomac. 79 Accumulation des aliments dans l'estomac. 80 Changements qui se passent dans l'abdomen par la distension de l'estomac. 81 Influence de la contraction de l'œsophage sur k distension de l'estomac. 81 Cause qui empêche les aliments d'être repoussés dans l'œsophage. 82 Cause pour laquelle les aliments ne traversent pas le pylore. 83 Autres phénomènes regardés comme produits par la distension de l'estomac. 84 Sensations internes qui accompagnent l'accumula- tion des aliments dans l'estomac. 85 Sensations internes qui résultent de raccumulalîon des aliments dans l'estomac. 86 Altération des aliments dans l'estomac. 87 Formation du chyme. 87 Du chyme. 87 Expériences sur la formation du chyme. S8 582 TABLE Gaz conlenus dans l'estomac pendant la formation du chyme. pag. 90 Mouvements de l'estomac pendant la formation du chyme. go Usage du pylore. 91 Expériences sur la formation du chyme. gS Remarques sur la formation du chyme. gS Expériences d'Astley-Cowper sur la digestion. g4 Systèmes sur la digestion. g5 Expériences de Réaumur et de Spalîanzani sur la formation du chyme. g6 Réflexions sur la formation du chyme. g7 Digestions artificielles. gg Réflexions sur la formation du chyme. 101 Influence des nerfs de la huitième paire sur la formation du chyme. ^ loi Sensations internes qui accompagnent la formation du chyme. io4 Action de l'iktestin grêle. io5 De l'intestin grêle. io5 Sécrétions de l'intestin 2:rêle. 106 Accumulation et trajet nu chyme dans l'intestin GRÊLE. 107 Mouvement du pylore. 108 Passage du chyme à travers le pylore. log Progression du chyme dans l'intestin grêle. log Changements qu'éprouve le chyme dans l'intestin GRÊLE. 110 Altérations du chyme dans l'intestin grêle. 111 Gaz contenus dans l'intestin grêîe. ii4 DES MATlÈRJiS. 58 J Origine du gaz contenu dans l'intestin grêle, pag. 116 Nature des changements que le chyme éprouve dans l'intestin grêle. 117 Action du gros intestin. 1 19 Du gros intestin. 119 Structure du gros intestin. 119 Accumulation et trajet des matières fécales dans LE GROS intestin. 120 Accumulation des fèces dans le gros intestin. 1 20 Altérations des matières fécales dans le gros intestin. 122 Changements qu'éprouvent les fèces dans le gros intestin. 122 Analyses des matières fécales. 122 Gaz contenus dans le gros intestin. 125 Origine des gaz du gros intestin. 128 ExPULSioN DES MATIIiRES FÉCALES. I29 Sentiment qui annonce la nécessité d'expulser les matières fécales. 129 Mécanisme de l'expulsion des matières fécales. i5o Époque de l'expulsion des matières fécales. 162 Expulsion des gaz que contient le gros intestin. 102 De LA digestion DES BOISSONS. i35 De LA préhension DES boissons. i34 Action de humer. . i35 Action de sucer ou de téter. i55 Déglutition DES BOISSONS. ï36 Accumulation et durée du séjour des boissons dans l'estomac. i38 Accumulation des boissons dans l'estomac 1 38^ 584 TABLE Séjour des boissons dans l'estomac. pag. i5q ALTâRATION DES BOISSONS DANS i/eSTOMAC» i4o Boissons qui ne forment point de chyme. i4o Boissons qui sont réduites en chyme. 142 Boissons qui forment du chyme. 142 Expériences sur la formation du chyme des bois- sons. 142 Action de l'intestin grêle sur les boissons. i44 Digestion simultanée des aliments et des boissons i45 Remarques sur la déglutition de l'air atmosphé- rique. 146 Personnes qui avalent l'air aisément. i46 Personnes qui avalent l'air difficilement. 1 46 Personnes qui ne peuvent avaler d'air. 147 Changements qu'éprouve l'air dans l'estomac. 147 Manière dont l'air sort de l'estomac. 147 Remarques sur l'éructation, la régurgitation, le VOMISSEMENT , etc. 1 48 De l'éructation. i48 Rapport. i49 Éructation volontaire. ,i49 Delà régurgitation involontaire. i5o De la régurgitation quand l'estomac est trop plein. i5o Régurgitation quand l'estomac est presque vide. i5» Régurgitation volontaire. ' i5i Rumination. i52 Du vomissement. 102 Des nausées. i52 Phénomènes du vomissement. i53 DES MATIIÎUES. ' 585 Influence cies muscles abdominaux sur le vomisse ment. pag. i55 Modifications de la digestion par l'âge. i54 Organes digestifs chez le l'œtus et l'enfant naissant. i54 Irruption des dents. i56 Seconde dentition. 167 Changements de la mâchoire inférieure. i58 Altération des dents par l'âge. 169 Organes de la mastication chez le vieillard. 160 Modification de la digestion par l'âge. 160 Digestion chez les enfants. 161 Mastication chez les enfants. 161 Mastication chez les vieillards. iGo Excrétion des matières fécales chez les vieil- lards. i65 Rapports de la digestion avec les fonctions de relation. i65 Rapports de la digestion avec les sens. 160 Influence de la digestion sur les sens. 1 65 Rapports de la digestion avec la contraction muscu- laire. 166 Rapports de la digestion avec les fonctions cérébra- les. 167 Influence du cerveau et de la moelle épinière sur la digestion. 168 Influence du grand sympathique sur la diges- TioN. 168 Expériences sur le grand sympathique. 169 DE L'ABSORPTION ET DU COURS DU CHYLE. 170 rr • 536 Tx\BLE Du CHYLE. pag. Du chyle encore contenu dans l'intestin grêle. Chyle contenu dans les vaisseaux lactés. Manière de recueillir le chyle. Chyle provenant de matières grasses. Chyle des matières non grasses. Nature des trois parties du chyle. Appareil de l'absorption et du cours du chtle. Vaisseaux chylifères. Glandes méseniériques. Fluide propre aux glandes mésentériques. Racines du canal thoracique. Du canal thoracique. Structure des vaisseaux chylifères et du canal tho- racique. Chyle du mucus de l'estomac et de la salive. Absorption du CHYLE. L'absorption du chyle continue quelque temps après la mort. Mécanisme de l'absorption du chyle. Cours du chyle. Causes qui déterminent le cours du chyle. Vitesse du cours du chyle. Expériences sur le cours du chyle. Action des glandes mésentériques. Expériences sur Faction des vaisseaux chylifères. Modifications de l'absorption et du cours du chyle par l'âge, le sexe, etc. DE L'ABSORPTION ET DU COURS DE LA LYMPHE. DES MATIÈRES. 587 De la lymphe. pag. 189 Diverses opinions sur la lymphe. 1 89 Manière de se procurer de la lymphe. 1 89 Propriétés physiques de la lymphe. 190 Globule de la lymphe. 191 Caillot de la lymphe. 191 Propriétés chimiques de la lymphe. 191 Appareil de l'absorption et du cours de la lym- phe. 192 Des vaisseaux lymphatiques. 192 Vaisseaux lymphatiques des membres. 190 Terminaison des vaisseaux lymphatiques. 1 94 Origine des vaisseaux lymphatiques. 194 Glandes lymphatiques. 196 De l'absorption de la lymphe. ^9^ Action des vaisseaux lymphatiques. 1 96 Origine de la lymphe d'après les auteurs. 196 Absorption des vaisseaux lymphatiques. 197 Expériences de J. Hunter -sur l'absorption lym- phatique, j 99 Objections à l'expérience de J. Hunter. 200 Expériences sur l'absorption lymphatique. 201 Expériences de M. Ségalas sur l'absorption. 2o5 Absorption lymphaliqne des membranes muqueu- ses. 209 Absorption lymphatique des membranes séreuses. 210 Expériences sur l'absorption des membranes sé- reuses. 2 1 1 Absorption lymphatique du tissu cellulaire. 2 1 2 Absorption lymphatique de la peau. 2 1 5 588 TABLE Objections aux preuves de l'absorption lymphatique de la peau. pag. 210 Absorption lymphatique de la peau. 2 1 5 Observation relative à l'absorption lymphatique. 217 Réflexions. 218 Origine probable de la lymphe. 221 Absorption de la lymphe. 221 Cours de la lymphe. 225 Observations sur le cours de la lymphe. 224 Usage des glandes lymphatiques. 226 COURS DU SANG VEINEUX. 228 Du SANG VEINEUX. 2 28 Propriétés physiques du sang veineux. 228 Coagulation du sang veineux. 229 Propriétés chimiques du sang veineux. 200 Composition du sérum. 261 Composition chimique du caillot. 232 Matière colorante du sang. 202 Composition chimique du sang. 253 Causes de la coagulation du sang. 235 Phénomènes de la coagulation du sang. 254 Expériences sur la fibrine du sang. 255 Appareil du cours du sang veineux. 257 Des veines. 357 Origine des veines. 257 Trajet des veines. 259 Anastomoses des veines. 240 Structure des veines. 240 Valvules des veines. 240 Propriétés physiques des veines, 240 nES MATIÈRES. 689 Des cavités droites du cœur. , png. 244 Oreillette droite du cœur. 244 Ventricule droit. . 245 Colonnes charnues du ventricule droit. 245 De l'artère pulmonaire. 24^> Cours du sang veineux. 24^ Cours du sang dans les veines. 25o Influence des parois des veines sur le cours du sang. 201 Circonstances qui favorisent le cours du sang vei- neux. 202 R^apports de l'épaisseur des parois des veines avec les causes qui retardent le cours du sang. 255 Causes qui augmentent le volume du sang contenu dans les veines. 254 Modifications du cours du sang veineux. 255 Usage des valvules des veines. 255 Absorption exercée par les veines. 257 Expériences sur l'absorption veineuse. 2 58 Usage particulier de la veine porte. 209 Absorption veineuse delà peau. 260 Expériences sur l'absorption de la peau. 262 Absorption de la peau. 264 Expérience sur l'absorption veineuse. 2 65 Raisonnement en faveur de l'absorption veineuse. 269 Expériences sur l'imbibition des tissus vivants. 272 Effet de la pléthore sur l'absorption. 276 Expériences sur l'imbibition. 274 Influence du galvanisme sur l'imbibition. 286 59 0 TABLE Influence de l'obstruction des veines sur les hydro- pîsies. pag. 287 Passage du sang veineux a travers les cavités droi- tes DU COEUR. 288 Action des cavités droites du cœur. 288 Action de l'oreillette droite. 289 Reflux du sang dans les veines caves. 289 Pouls veineux. 290 Action du ventricule droit. 290 Remarques sur l'action des cavités droites du cœur. 292 Passage du sang veineux a travers l'artère pul- monaire. 295 Action de l'artère pulmonaire. 296 Resserrement de l'artère pulmonaire. 297 Usage des valvules sygmoïdes. 097 Adossement des valvules sygmoïdes, 298 Usage des valvules sygmoïdes. 299 Action de l'artère pulmonaire. 299 Phénomènes du cours du sang dans l'artère pulmo- naire. 3oi Cours du sang dans l'artère pulmonaire. 3o2 Explication de la cessation des pulsations dans les petites artères. 002 Utilité de l'élasticité des parois artérielles. 5o4 Quantité de sang qui sort du ventricule à chaque contraction. 3o5 DE LA RESPIRATION, OU TRANSFORMATION DU SANG VEINEUX EN SANG ARTÉRIEL. 5o6 Nécessité du contact de l'air et du sang. 5o6 DES MATIÈRES. Sc)! Des poumons. pag. 807 Idée générale du poumon. 807 Disposition physique du poumon. 3o8 Tous les petits vaisseaux sont aptes à la respira- tion. 3o8 Structure des lobules pulmonaires. 609 Glandes des poumons. 3io Expériences sur le poumon. 5i 1 Du thorax. 3i 1 Des côtes. 5i2 Agrandissement du thorax par la contraction dudia-^ phragme. 3i5 Mécanisme du mouvement des côtes. 3i4 Idée de Haller sur le mouvement des côtes. 5i4 Degrés de mobilité des côtes. 3i6 Raisons anatomiques pour lesquelles la première côte est plus mobile que les autres vraies côtes. 317 Rapport de la mobilité des côtes avec leur lon- gueur. Jeu des deux pièces du sternum. Muscles qui élèvent les côtes et le sternum. Usage du diaphragme pour l'élévation du thorax, lufîuence de la pression atmosphérique sur la dila- tation du thorax. Dilatation partielle du thorax. Changements déforme du thorax lors de son éléva- tion. Trois degrés de l'inspiration. Puissances expirairices. 3i8 5i8 319 319 320 3'2i 32 2 323 324 592 TABLE Comment le poumon se dilate ou se resserre avec le thorax. pag. 525 Expérience sur le jeu du diaphragme. 526 Antagonisme du poumon et du diaphragme après la mort. 027 De l^air. 528 Propriétés physiques de l'air. 628 Composition chimique de l'air. 33 1 Inspiration et expiration. 332 Entrée de l'air dans les poumons. 332 Avantages de l'élasticité des parois des conduits aériens. ' 334 Position du voile du palais dans l'inspiration et l'ex- piration. 335 Mouvement de la glotte dans la respiration. 336 Nombre d'inspirations dans vingt-quatre heures. 337 Volume -d'air inspiré. 337 Quantité d'air contenu habituellement dans le pou- mon. 338 Quantité d'air qui sert à la respiration en 24 heures. 338 Changements physiques de l'air inspiré. 339 Renouvellement partiel de l'air que contient le pou- mon. 339 Propriétés physiques et chimiques de l'air qui SORT des poumons. 34o Quantité d'oxigène absorbé. 34o Quantité d'acide carbonique formé. * 34i Exhalation de l'azote par le poumon. 54 1 Instinct qui nous porte à respirer. 34 1 Changement du sang veineux en sang artériel. 342 DES MATIKRES. 7)Ç)J Coloration du sang. pag. 345 Transpiration pulmonaire. 5/j5 Expériences sur la transpiration pulmonaire. 34G Quantité de la transpiration pulmonaire. 348 Formation de l'acide carbonique. 348 Action de l'oxigène. 349 Élévation de température du sang dans les pou- mons, 349 Respiration des gaz autres que l'air atmosphé- rique. ^ 35o Action des gaz non respirables. 35 1 Gaz non délétères. 35 1 Gaz délétères. 352 Influence des nerfs de la huitième paire sur la respiration. 302 Influence de la section des nerfs de la huitième paire sur le larynx. 355 Influence des nerfs de la huitième paire sur le la- rynx. 354 Influence de la section des nerfs de la huitième paire sur Je poumon. 355 Phénomènes qui suivent la section des nerfs de la huitième paire. 355 Influence de la section des nerfs de la huitième paire sur la respiration. 35G Effet de la section d'un seul nerf de la huitième paire. 356 De la respiration artificielle. 358 COURS DU SANG ARTÉRIEL. 359 Du SANG artériel, 359 2. 58 594 TABLE Globules du sang. pag. 36 1 Découverte des globules du sang. 56 1 Les globules existent dans tous les animaux. 362 Etat des globules dans la circulation du sang. 363 Apparence des globules dans l'état de mouvement et de repos du sang. 363 Passage du sang des artères dans les veines. 364 Mouvement du sang dans le poumon de la salaman- dre vu au microscope. 365 Diamètre des globules du sang humain. 367 Diamètre des globules du sang humain dans l'état de maladie. 368 Animaux qui ont les globules du sang circulaires. 369 Animaux a globules allongés. 669 Appareil du cours du sang artériel. 370 Veines pulmonaires. 370 Cavités gauches du cœur. 371 Oreillette et ventricule gauche. 371 Des artîîres. 372 De l'aorte et de ses divisions. 372 Cours DU SANG ARTÉRIELDANSLES veines PULMONAIRES. 572 Passage du sang à travers les capillaires du poumon. 372 Influence des nerfs de la huitième paire sur le cours du sang dans les poumons. 376 Etat des capillaires pulmonaires dans le cadavre. 377 La ténuité extrême des particules de sang est indis- pensable pour son passage à travers les capillaires du poumon. 378 Expériences sur le passage du sang à travers le pou- mon. 378 DES MATIERES. 09.) Absorption des veines pulmonaires. pag. 079 Passage du sang artériel a travers les cavités GAUCHES DU CŒUR. 38o Action de l'oreilletle et du ventricule gauches. 58o Cours du sang dans l'aorte et ses divisions. 38 1 Expériences sur le resserrement des artères. 38 1 Effets des courbures des artères. 383 Effets des anastomoses. 384 Les organes reçoivent le sang avec une vitesse diffé- rente. 385 Expériences sur le cours du sang dans l'aorte. 386 Dilatation et resserrement des artères. 387 Expériences sur les artères. 387 Opinion de Bichat sur le cours du sang artériel. 387 Élasticité des parois artérielles. 388 Passage du sang des artères dans les veines. §89 Action des capillaires sur le sang. Sgo Expériences sur le passage du sang des artères dans les veines. 091 Communication entre les artères et les vaisseaux lym- phatiques. 392 Gonflement de quelques organes par l'accumulation du sang. 392 Remarques sur les mouvements du coeur. 395 Mouvement du cœur. 393 Nombre des mouvements du cœur en une minute» SgS Force avec laquelle les ventricules se contractent. 396 Dilatation du cœur. 397 'Cause des mouvements du cœur. 098 59^ TABLE Expériences de Legallois sur les mouvements du cœur. pag. 099 Expériences sur les ganglions du grand sympathique. 4o 1 Remarques sur le mouvement circulaire bu sang ou LA circulation. 4^1 Quantité du sang. 4oi Volume du corps en rapport avec la quantité du .' sang. ' 4o2 Volume des organes en rapport avec celui du sang. 4o3 Volume de la rate en rapport avec celui du sang. 4o3 Rapport du canal digestif avec le volume du sang. 4^4 Influence de la rate sur la circulation. 4^4 Vitesse du mouvement du sang. 4^5 Différents modes du mouvement du sang. 4^5 Du pouls. 4«6 Influence présumée du battement des artères sur l'action des organes. 4°^ Nature du sang dans les difî'érentes parties du cer- cle qu'il parcourt. 4^7 Séparation des éléments du sang des capillaires. 4^8 Effet de la pesanteur sur la circulation. 4o9 Éléments du sang qui s'échappe des petits vais- seaux. 4^0 Influence du système nerveux sur le mouvement du sang. 4^ i Sentiments instinctifs qui avertissent des modifica- tions de la circulation. 4^2 Influence de la composition du sang sur l'action des organes. 4*5 DES MATIKRES. l>()n Expériences sur la composition du sang. pag. 4^3 De l'influence des muscles inspirAlTeurs et des expirateurs sur le mouvement du sang. /^l5 Influence des mouvements de la respiration sur le cours du sang. /\\5 Expériences sur l'influence de la respiration sur le cours du sang. 4i 7 Mécanisme de l'influence des mouvements de la res- piration sur la circulation. 4i8 Expériences sur l'influence des mouvements de la respiration sur la circulation du sang. 420 pE LA TRANSFUSION DU SANG ET DE l'iNFUSION DES MÉ- DICAMENTS. 427 Transfusion du sang sur des animaux. 427 Transfusion du sang sur l'homme. 4^8 Conditions pour que la transfusion réussisse. 4^9 Infusion des médicaments. /{^o Injection d'huile de ricin dans les veines d'un homme. 45i Sur l'introduction de l'air dans les veines. 4^2 DES SÉCRÉTIONS. 435 Partage des éléments du sang dans les capillaires. 435 Division des sécrétions. 436 Des exhalations. 436 Exhalations intérieures. 437 Exhalation séreuse. 437 Exhalation séreuse du tissu cellulaire. 438 Exhalation graisseuse du tissu cellulaire. 439 Exhalations du tissu cellulaire. 439 Cellules graisseuses. 44<^ 5gS TABLE Usages de la graisse. pag. 44 1 Exhalation synoviale. 44^ Exhalation intérieure de l'œil. 44^ Exhalations sanguines. 445 Explication des exhalations. 444 Expérience sur l'exhalation. 445 L'imbibition est une cause de l'exhalation. 446 La pression que supporte le sang dans les vaisseaux influe sur l'exhalation. 447 Expériences sur l'exhalation. 44? Les efforts influent sur l'exhalation. 44^ Exhalations extérieures. 44^ Exhalation des membranes muqueuses. 44^ Du mucus. 449 Le mucus se forme encore après la mort. 449 Exhalation muqueuse. 4^0 Transpiration cutanée. 4^0 Transpiration insensible. ABo Composition chimique de la sueur. 4^1 Expériences sur la transpiration cutanée. 4^1 De la sueur. 4^4 Usage de la transpiration cutanée. 4^5 Sécrétions, folliculaires. 4^5 Sécrétions^folliculaires muqueuses. 456 Sécrétions folliculaires cutanées. 4^6 Sécrétions glandulaires. 4^8 Sécrétion des larmes. 4^8 Nature des larmes. 4^8 Usages des larmes. 4^9 Sécrétion de la salive. 46o DES MATIÈRES. SqQ Composition chimique de la salive. pag. 4^0 Usages de la salive. 46 1 Sécrétion du suc pancréatique. 46 1 Moyen d'obtenir le suc pancréatique. 4^2 Propriétés du suc pancréatique. 4^2 Sécrétion de la bile. 4^3 Propriétés physiques et chimiques de la bile. 4^4 Excrétion de la bile. 4^6 Opinions sur la sécrétion de la bile. 4^6 Sécrétion de l'urine. 4^7 Organes qui sécrètent l'urine. 4^7 Des reins. 4^8 Quantité de sang qui va au rein. 4^8 Canal excréteur du rein. 4^9 De la vessie et de l'urètre. 4^9 Prostate et glande de Cowper. 4^9 Expérience sur la sortie de l'urine des reins. 4^9 Causes qui produisent l'accumulation de l'urine dans la vessie. 47^ Excrétion de l'urine. 47^ Expulsion de l'urine. 47^ Contraction de la vessie. 474 Action des reins. 474 Propriétés physiques de l'urine. 47^ Modifications des propriétés physiques ou chimiques de l'urine. 47 5 Passage des boissons de l'estomac à la vessie. 47^ Expérience sur la sécrétion de l'urine. 47^ Explications des sécrétions glandulaires. 479 Suppositions relatives aux sécrétions glandulaires. 479 600 TABLE Expériences sur les sécrétions glandulaires. pag. 4^0 De la nutrition. 4^1 Remarques sur la nutrition. 4^1 Expériences sur la nutrition. 4^7 Remarques sur la nutrition. 49^ De la chaleur animale. 497 Principale source de la chaleur animale. 497 Chaleur animale. 49^ Expériences de M. Desprelz sur la chaleur ani- male. 498 Ghalenr animale. 5o5 Seconde source de la chaleur animale. Boy Moyen par lequel nous résistons à une forte cha- leur. 5o8 Expérience sur la chaleur animale. 609 Chaleur animale. 5io DE LA GÉNÉRATION. ^ ^'i Appareil DE LA GÉNÉRATION. 5i2 Organes GÉNITAUX DE l'homme. » 5i2 Testicules. 5i2 Vésicules spermatiqaes. 5i4 Du pénis. 5i4 Corps caverneux. 5i4 Sécrétion du sperme. 5 1 6 Propriétés physiques et chimiques du sperme. 617 Animalcules spermatiques. 5 1 7 Influence de la sécrétion du sperme sur l'économie. 5i 8 De l'érection. 619 Expériences sur l'érection. ^19 Excrétion du sperme. 52 o DES MATIÈRES. 6o l OnCiS-NES GÉNITAUX DE LA FEMME. pag. 52 1 Des ovaires. 621 Des œufs de la femme. 622 Des trompes utérines. 022 De l'ulérus. 023 Structure de l'utérus. 525 Du vagin. .524 Parties génitales externes de la femme. 624 De la menstruation. 525 Copulation et fécondation. 528 Expériences sur la fécondation. 532 Grossesse ou gestation. 553 Action de l'ovaire. 534 Expériences sur la génération dans l'ovaire. 554 Expériences sur l'action de l'ovaire. 535 Action de la trompe. 536 Changement de l'utérus dans la grossesse. 537 État du col de l'utérus durant la grossesse. ^ 558 Rapports de l'utérus durant la grossesse . 538 Changements dans la structure de l'utérus pendant la grossesse. 539 Circulation du sang dans l'utérus durant la gros- sesse. 539 Phénomènes généraux de la grossesse. 54o État du moral chez la femme grosse. 54i Développement de l'ceuf dans l'utérus. 542 De l'embryon. • 54^ Du fœtus. 544 Fonctions de l'oeuf et du fœtus. 545 Fonctions du germe et de l'embryon. " 546 602 TABLE Fonctions du fœtus. " pag. 546 Du placenta. 547 Cordon ombilical. 548 Vésicule ombilicale. 548 Veine ombilicale. 548 Canal veineux. 549 Cœur du fœtus. 549 Trou botal. 549 Canal artériel. 549 Artères ombilicales. 549 Circulation du fœtus. 549 Usage du trou botal. 65! Rapports de la circulation de la mère avec celle du fœtus. 55 1 Expériences sur la circulation du fœtus. 552 Digestion du fœtus. 555 Chyle et lymphe chez le fœtus. 556 Absorption veineuse du fœtus. 556 Exhalation du fœtus. 556 Sécrétions folliculaires chez le fœtus. 667 Sécrétions glandulaires chez le fœtus. b5j Chaleur animale chez le fœtus. 558 Rapport des fonctions de la mère avec celle du fœtus. 558 Maladies du fœtus. 669 Vices de conformations. 56o Monstruosités. 56o Grossesses multiples. 56o De l'accouchement. 562 Première période de raccouchement. 563 DES MATIERES. U():> Deuxième période de l'accouchement. pa^. 505 Troisième période de raccouchement. 564 Cinquième période de l'accouchement. 565 De l'allaitement. 566 Des mamelles. 566 Sécrétions du lait. 568 DU SOMMEIL. 569 DE LA MORT. 574 FIN DE LA TABLE. ^^^^^dcU^ /'/:/: Veiu ^^ i.c/ .. 5c. . <^ àv caC. ., jûj caC. 3SS 'r'^ CiCO /^ eme Veine . o a e _ o o o O O O O O O O ® o o o COUNTWAY LIBRARY r\ r\r\ a a a •* a r\(2^rr ~7r-r\ piGEST OF THE X /^ LIBRARt REGULAPIÔNS. .-\ — / No book shall be takeà^ from thé Library without tlie record of the Librarian. \ No person shall be allowe4, to retain more than five vclumes at any one time, excèpt by spécial vote of the Council. ■' V. Books may be kep;fc ont one \calendar month; no longer without renewal, and renewai may not be grant- ed more than twice. \ A fine of five cen-ts per day incurred for every volume not retumed within the time specified by the rules. The Librarian may demand the reti^rn of a book after the expiration of ten! day s from the date of borrowing. Certain books, so designated, cannot betaken from the Library without spécial permisbioni _ AU books must be returned at least two week s pre- vious to the Annual Meeting. Each member is responsible for ail injury or loss of books charged to his name. COUNTWAY LIBRARY OF MEDICINE QP 31 M27 1825 RARE BOOKS DEPARTMENT ':MS' ' -'v^l^^';;-^'^ ^'-t; ., : .:,Kvin.';/V- 'i • : . "-i^-^^^-^i ''■;•■