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PERIAUX , Imprimeur du Rot et de l’Académie, XUAVANT. RES re nt . { le é ETL cs Ë e ss a jon HUATAQEE: eg FRANCE DRE NS PUR Eu on :HavOR RIT Ee «: ser ee, A Et DE 43834 de ? > L Et 2 > À 6e 0 MSUQU À ‘r0A 15 samy} POLE Er 7 va ; : ous sb 3e mi? ; r LU 1 È Sr . CPR 1 } i * UE k. LA LE "+ SE HO + #4) RL: CR ER \ x ia j 7 PRECIS ANALYTIQUE DES:TRAVAUX D E L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES BELLES - LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1816, D'APRÈS le comple qui en @ élé rendu par MAL. les Secrétaires, à la Séance publique du Mercredi 7 Août de la méme annee. TT DISCOURS Pronxoscé à l'ouverture de la Scance publique Le août 1816, par M. Gourvin, Président. DU L'Académie royale des Sciences , des Belles-Lettres et des Arts , de rette ville , s’est fait , depuis son ori- gine ; un devoir sacré de vous rendre un compte lidèle des travaux dont elle s’est occupée pendant A (2) l'année. C'est moins pour obtenir vos suffrages , quelque sensible qu'elle soit à votre bienveillance , que pour désabuser ceux qui ont des Académies des idées défavorables, I n’est point rare de regarder ces sociétés comme: des réunions de personnes qui ne se rassemblent guère que par une espèce de désœuvrement. Aussi w’est-il point extraordinaire qu'on se demande à quoi servent les Académies? Quels progrès ont-elles fait faire aux Sciences et aux Arts utiles? N'est-ce point elles qui ont gäté le goût de la bonne litéra- ture , puisque c’est une espèce d’axiome reçu que le style académique est celui du faux bel esprit? C'est ainsi que s'expriment trop souvent des hommes qui pensent peu, parlent inconsidérément de tout, et ne doutent de rien. Je ne viens point ici, Messieurs , faire l'éloge des Académies , j'observe seulement que ceux qui pro- noncent d'une manière aussi tranchante sur Re inutihité , ne les connaissent point. J'en appelle , Messieurs, à votre témoignage. N'est-ce point à l'Académie que cette ville doit l’établissement des écoles d'anatomie et de chirurgie, de dessin, de peinture et d’architecture , et celle de botanique ? N'est-ce point l’Académie qui a créé et entretenu loug-temps votre jardin des plantes? Aussi ne pro- noncez-vous qu'avec un sentiment de reconnaissance les noms de leurs fondateurs, des Lecat , des Descamps, des Pinard. Ceux qui attribuent aux Académies les malheurs qui ont désolé la France, dans des temps désas- teeux , les calomnient avec autant d'atrocité que d'injustice, Si quelques écrivains, malheureusement trop fameux, out perverii l'opinion publique ; s'ils ont, C5) par leurs sophismes , leurs paradoxes ou leurs sarcasmes, cherché à détruire les principes antiques et vénérables , qui font le maintien et la force des états; s'ils ont essayé de briser le lien sacré des mœurs sociales , et cela au nom de la vertu, comme alors , au nom de la patrie , on égorgeait les choyens, on assassinait des millions d'hommes en proclamant la bienfaisance et l'humanité, était-ce donc du fond du sanctuaire des Muses que sont sortis ces Cannibales et ces Vandales qui faisaient une guerre si ouverte à tous les talents, qu! en ont détruit les chef-d'œuvres, qui voulaient établir, sur la ruine des connaissances humaines , l’ignorance et la barbarie? Dans ces jours de délire, de honte et de forfaits, les Académies wexistaient plus; elles avaient été les premières victimes qu’on avait immolées. Pour faire leur apologie , il suflit de dire que, dés que l'Académie de Rouen a pu reprendre ses travaux , qu’elle a pu vous en rendre les témoins et les juges, elle vous a vu, Messieurs , accourir à sa première assemblée publique , y partager sa joie et son triomphe. H sufñit de montrer que des hommes d'état les encouragent et les protègent, et que notre Auguste Monarque, ce Prince si éclairé, si sage, si occupé du bonheur de ses sujets, a regardé , en remontant sur le Trône de ses aïeux, comme une de ses premières et de ses plus chères obligations de favoriser d'une manière distinguée les corporations savantes et littéraires ; c’est, Messieurs , qu'il s’en est formé des idées aussi justes que vraies. En effet, que sont les Académies? Des sociétés d'hommes estimables que rassemble le goût du beau et du bon, l'amour de ce qui est utile ou avantageux à leur pays, À 2 (4) ‘Un Académicien est en quelque sorte un homme public qui, par ce titre même, devient comptable envers ses concitoyens de l'emploi de ses talents, du fruit de ses veilles. 11 contracte, en entrant dans cette association, l’obligation de leur offrir le tribut de ses travaux, 1] résulte de là que le savant, le littérateur et l’artiste , ne sont plus libres de cachet leurs eflorts et leurs succès dans le sein d’une mo- este maïs inutile obscurité, qu’ils cessent d’être du ombre de ces auteurs qui, nés pour eux-mêmes plutôt que pour leur patrie, venlens qu’on ignore qu'ils ont vécu, Dans les Académies le savant apprend que ses découvertes sont un patrimoine qui lui appartient moins qu'à son pays ; le litérateur apprend que le dépôt des règles antiques, qui font le mérite des chef-d'œuvres de la Grèce et de Rome , doit se retrouver et se reconnaître dans ses écrits, et que sur-tout l'abus d’un talent qui tenterait d’attérer la sainteté des mœurs, serait un crime que ses con- frères ne pourraient lui pardonner. Car, Messieurs, dans les Académies on exerce une censure dictée par l'amitié et l'aménité, mais qui n’en vertit pas moins à l'avantage des connais- sances et au goût. Le flambeau d'une critique décente y guide les pas encore mal aflermis du jeune littérateur ; elle enseigne à celui qui entre dans la carrière des Sciences à ne se point laisser entrainer par l'esprit de systême , à soumettre ses apperçus à + expé- xiences variées et répétées. Et quand ces sociétés , qui aiment à établir entre elles des rapports de goût et de conformité, publient chaque année le Précis Analytique des objets qui ont occupé leur loisir , elles les sou- (27) mettent sans réserve au jugement du public dont elles ambitionnent les suffrages et les encourage- ments. C'est l'espoir flatteur de cette récompense qui nous porte aujourd'hui, Messieurs , à vous appeler dans cette enceinte pour y entendre le compte que, chacun dans leur classe respective , MM. les Secrétaires vont vous rendre de nos trayaux. SCIENGESYE T À RTS: A A R A P P:O:RT Fair par M. Viraus , Secrétaire perpétuel de la classe des Sciences. MESSIEURS, Enfin le retour de notre Auguste Monarque: a rainené pour jamais parmi nous le calme et la tran- quillité si nécessaires à la culture des lettres, des sciences et des arts, Semblable à ce brillant météore, à ce gage de paix qui parut autrefois dans les airs comme le signe certain de la reconciliation du ciel avec la terre, la présence de Louis XVIIL a conjuré l'orage, banni toutes les allarmes , dissipé toutes les craintes , éveillé toutes les espérances. Héritier des vertus de ses illustres aïeux , Louis le Désiré vient ajouter à l'éclat d'un trône déjà cour sacré par des siècles de gioire. A°3 (6) Sous l'empire de ses lois sages et bicnfaisantes , les muses , aflligées naguère par le triste spectacle de nos dissensions politiques, effrayées par le bruit et le tumulte des armes, quittent aujourd'hui leurs retraites, et n'auront plus à faire entendre, sur leurs lyres harmonieuses , que des chants d’allégresse , que les élans de la joie, de la paix et du bonheur. Les Sciences et les Arts protégés, encouragés par un Souverain qui leur a été autrefois redevable du charme le plus doux de ses loisirs, disons-le, Messieurs , un des plus puissants moyens de consoia- tion pour adoucir les longs malheurs dont il a été l'auguste victime : les Sciences et les Arts prendront une activité nouvelle, donneront un nouvel essor à lindustrie , et nous placeront au premier rang des peuples commerçants , manufacturiers et agricoles, Ces heureux fondements de la prospérité publique, où pourraient-ils, Messieurs, être mieux appréciés, mieux sentis, qu’au milieu d’une société savante, c'est- à-dire au milieu d'hommes accoutumés à penser et à réfléchir , convaincus , par l'étude et la méditation des principes , que le bonheur d'un peuple repose essentiellement sur l’ordre de la succession légitime de ses Princes au trône , attachés enfin autant par inclination que par devoir à l'Auguste famille qui a fourni à la France cette longue série des plus excellents Princes. En venant partager aujourd'hui avec vous le fruit de vos travaux et de vos veilles , nos concitoyens partageront aussi les nobles sentiments de fidélité et d’attachement qui vous animent pour notre vertueux monarque, et cette séance publique et solennelle prendra encore le caractère religieux et sacré d’une réunion de famille, dans laquelle des enfants res- (79 pectueux et reconnoissants , heureux du présent » riches, par avance , des trésors de l'aveñir , viennent payer le tribut de leur amour au Prince le plus chéri comme au meilleur des pères. Heureux, Messieurs, si dans le compte que je vais avoir l’honneur de vous rendre des travaux de la classe des Sciences je puis leur conserver tout l’intérèt qu’ils inspirent par eux-mêmes. ÂASTRONOMIE. M, le baron Lezurier de la Martel a commu- piqué à la Compagnie un écrit sur les taches du soleil. « Nous ignorons , dit l’auteur , pourquoi l’atten- tion du public s'est porté depuis quelque temps sur un phénomène astronomique qui ne présente rien de neuf, et qui cependant a jetté de l’inquié- tude dans beaucoup d’esprits. » « Les taches du soleil paraissent appartenir à Ja nature de cet astre , et elles ont été observées depuis long-temps. Elles ont même servi a faire connaitre sa rotation autour de son axe. » L'auteur remonte ensuite à l’origine de la décou- ‘verte des taches du soleil, et en trace l’histoire depuis l'année 555 jusqu’à nos jours. On ne peut, continue M. le baron Lezurier, former sur la nature et la cause de ces taches que des hypothèses; mais quelle que soit celle à laquelle on donne la préférence , il demeure certain que les taches du soleil ne paraissent pas avoir jamais em aucune ivfluence sur notre planète. À. 4 (8) . = M. Saxus, demeurant à Cléon , département de la Seine-Inférieure , a adressé à l Académie, 1° une petite brochure ayant pour titre: #pperçu sur lori- gine de notre alphabet commun à toutes les nations policées, anciennes ct modernes ; etc. 2° Un écrit sur un ancien Calendrier perpétuel, combiné avec la mesure de la terre à l'équateur , et que l'auteur p'ésume avoir été exécuté par les Chaldéens , l’an 4649 avant notre ère. PH VS TOUL. M. Boistard , Ingénieur en chef de première classe des Ponts et Chaussces du Département de la Seine-luférieure, membre résidant de l'Académie , a fait un rapport sur la Description d’une vis d’Archimede à double effet , destinée aux irrigations et aux épuisements , par M. Pattu , Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Département du Calvados. ; Deux vis ordinaires et concentriques forment cette nouvelle machine. L'une est longue , mince, et sert de noyau à l'autre qui est beaucoup plus courte. Les conduits ont des directions opposées, en sorte que quand le système se meut , l’eau s'élève dans une vis et descend dans l’autre. Mais sil faut em- ployer deux hommes pour monter de l’eau dans une vis quelconque, elle donnera un moteur égal à deux hommes ( abstraction faite du frottement ); lors- qu’étant libre, elle sera tenue continuellement pleine par une chute d’eau , elle sera forcée alors de tourner dans un sens contraire à celui du premier (9) | cas. Il en résulte que si l'une des vis de la nouvelle machine reçoit le produit de la chute , elle com- muniquera son mouvement à l’autre vis, qui remon- tera l’eaa qu’elle aura puisée. M L'Auteur, dittoujours M. Boistard , donne ensuite succinetement les moyens de déterminer les dimen- sions des deux vis , mais sans tenir compte, dans les ealenls, ni des frottements, ni des défectuosités qui peuvent se glisser dans le travail des ouvriers ; et M. Paitu ne craint pas d'assurer que, dans cette machine , exécutée avec de grandes dimensions , le rapport de l’effét utile à la force employée 69 100° M. Pattu distingue ensuite trois principales oc- casions où la nouvelle machine eonviendra: 1° Si lon à une faible chute d'eau dans un ruis- seau et-qu’'on veuille faire des irrigations sur des terres élevées, emplir des réservoirs de bains, de jardins , de manufactures, etes, la grosse vis servira de moteur, et sera mise au piedde Pautre qui montera Peau à une hauteur déterminée. 2° Si l’on a une source ou un ruisseau élevé , dont les eaux sont amenées par un aqueduc qui peut n'être qu’une suite d’auges en boïs posée sur des tréteaux , et si l'on veut déssécher des marais, la petite vis servira de moteur, la grosse sera encore placée au pied et montera l’eau dont on veut se débarrasser. 50 Enfin , si l’on veut tenir à sec une fouille destinée à des fondations ou à des minières, et qu’on puisse encore disposer d’un réservoir , d’une source ou d'un ruisseau, pour faire une chute, la grosse vis scra placée au haut de l’autre , sur le prolongement du noyau , et servira de moteur. M. Boistard à soin de rappeler les inconvénients sera au moins (ro) auxquels la vis d'Archimède est par elle-même sujelle, et qui ne permettent pas de lemployer généralement, et il pense qu’il faudrait se livrer à une multitude de recherches , et entreprendre un assez grand nombre d'expériences , pour déterminer la forme , les dimensions et la position qu'il con- viendrait de donner à toutes les parties de la nou- velle machine, afin que la force mouvante produisit le plus grand effet. Cette force sera nécessairement susceptible de varier comme le moteur lui-même. Déjà des expériences faites par MM. les Com- missaires de la Société d'Agriculture et de Com- merce de Caen , ont prouvé que le rapport de l'effet utile à la force employée n'est que de #, , même sans avoir égard aux frottements. M. le Rapporteur conclut que la vis à double elet, de M. Pauu , est une idée heureuse ; mais il ne partage pas , avec MM. les Commissaires de la Société d'Agriculturegde la ville de Caen, l'opinion que cette machine puisse devenir d’un usage sinon général, au moins très-multiplié. La vis d’Archi- mède à double effet pourra servir utilement dans les cas où il n’est pas nécessaire qu’elle donne le produit qu'on serait en droit d'en attendre dans un temps déterminé ; et, sous ce rapport , M. Pattu lui paraît mériter les éloges qu’il a reçus de MM. les Commissaires de Caen. = M. Revers, membre non résidant , présent à la séance du 29 mars dernier, a donné lecture à l'Académie d'une notice sur la chute des Aéroli- thes , arrivée à l'Aigle le 16 floréal an XI ( 26 avril 1805 }, = M. Periaux | membre résidant, a lu, le 22. PR tant St Dh. ete Dé een (15) mars de cette année, une note sur la navigation du Paquelbot à va l'Élise, de Londres au Havre et du Havre à Rouen , où il est arrivé le 21 du méme mois. On ne peut que savoir gré à M. Periaux de nous avoir conservé le souvenir di la première apparition d’un bateau à vapeur sur le fleuve qui arrose notre ville, On peut compter sur la plus parfaite exacti= tude dans les détails que notre confrère a récueillis de la bouche même de M. Andriel qui commandait le bâtiment. Depuis l'époque dont on vient de parler, chacun de nous a été à portée de visiter ces nouveaux bateaux , d’en examiner lingénieux mécanisme , et de se convaincre du parti utile que le commerte peut en attendre. Déjà le bateau l'Élise fait con- curremment le service avec les anciens bateaux , pour le transport des passagers et des marchandises ;, d'Elbeuf à Rouen et de Rouen à Elbeuf; et bientôt un nouveau bateau établira sa croisière de Rouen à la Bonille. La. célérité de la marche de ces nou- veaux bâtiments est d’une extréme importance pour les besoins du commerce , et suffit pour présager le plus heureux succès de l’entreprise. — Organe d’une commission, M. Pinard de Boishébert a fait un rapport sur un projet soumis à l'Académie , par le sieur Louis Amant , ancien cultivateur à Conihout, sur les moyens d’arrêter et de réparer les dégäts que produit la marée sur les rives de la Seine. La Commission a pensé, dit M. le Rapporteur , que , pour mettre l'Académie en état de juger le projet du sieur Amant, il était nécessaire de lui C12) donner une idée exacte des effets de la marte dans la rivière de Seine, k : Après avoir décrit très-exactement la manière dont la marée agit pour détruire , M. de Boishébert passe à l'exposition des moyens proposés par le sieur Amant. Le probléme à résoudre était celui-ci : Trouver un moyen de diminuer la rapidité de la premiere lame de la marée qui se verse et se porte tout-à- Coup avec violence du canal de la Seine au fond des baies qu’elle a formées par dégradation successive » et, par une conséquence nécessaire , laisser aux eauæ chargées de parties limoneuses, le soin de les y déposer. Voyons à présent, continue M. le Rapporteur , siles moyens du sieur Amant suffisent pour atteindre ce but. L’Auteur du projet propose à l’entrée de la baie un barrage à claire-voie composé de forts piquets liés ensemble par des verges qui forment un clayon- nage qu'en termes de l'art on appelle tunes. Ces tunes ne sont pas continues. Le sieur Amant y ménage des intervalles. En arrière , une seconde file de piquets est construite de la même manière, avec l'attention que les vides du premier rang répon- dent partout au plein du second ; les rangs des tunes doivent d’ailleurs s'élever les uns au - dessus des autres, à partir du premier, de manière à diviser et à rompre l'effort de la lame , et à ne lui per- mettre le passage qu’à travers des difficultés. Voilà l'esprit du projet. L'idée d’un barrage à claire-voie n’est pas neuve ; cependant on doit convenir que le sieur Amant a bien vu l’espèce de problème qu’il avait à résoudre, et sous ce rapport il mérite des éloges ; mais son barrage suflira-t-il ? Sera-t-il d’une solidité suffisante > C:15.) Ïl est permis , dit M. le Rapporteur, d’en douter, et l'expérience seule peut mettre en état d’appré- cier la validité des moyens proposés par le sieur Amant. » Cette conclusion est fondée : 1° Sur ce que les moyens proposés par le sieur Amant sont trop vagues pour permettre d’asseoir un jugement déf- nitif. 2° Sur ce que, dans la question présente, des essais tentés avec réflexion , et jugés par l'expérience , peuvent seuls! mettre en état d’ap- précier la validité de ces moyens. 5°. En admettant que les idées du sieur Amant soient fondées en raison, il se présentera nécessairement mille circonstances locales qui offriront des difficultés imprévues, et qui exigeraient des modifications importantes pour l'exé- cution. 4° Enfiu , en donnant son approbation pure et simple au projet, l'Académie s'exposerait à voir retomber sur eile les fautes que le sieur Amant pourrait commettre, CHIMIE ET ARTS CHIMIQUES. M. Dubuc , membre résidant de l’Académie , a fait le rapport dont il avait été chargé, sur un Mémoire de M. le comte Chaptal , concernant le sucre de betteraves. Ce Mémoire , qui a été lu à la première classe de l'Institut royal de France , le 25 octobre 1815 ÿ est, dit M. le Rapporteur, divisé en quatre Chapitres. Le premier a pour objet la culture de la bette- rave; le second l'extraction du suc; le troisième Je compte rendu , par dépenses.et produits, d'une fabrication de sucre de betteraves ; le quatrième offre des considérations générales sur les questions suivantes : C14) Jre, Le sucre de betteraves est-il de méme nature que celui de canne ? 2° Quels sont les avan- tages que l’agriculture peut retirer des sucreries de betteravas ? 3: Est-il de l'intérêt de la France de multiplier les fabriques de sucre de beïteraves ? 4 Quelles sont les causes qui ont déterminé la chute de la plupart des établissements qui se sont formés. Lestrois premiers Chapitres ne contiennent guére que ce que l'on savait déjà, et il en résulte , suivant M. le comte Chaptal , que la France peut fabriquer chez elle , à bas prix ( à environ 5 francs le kilo- gramme }), tout le sucre dont elle a besoin pour sa consommation. Le dernier Chapitre semble offrir plus d’intérét à raison dé l'importance des questions qui y sont traitées. : Sur la première , M. le Comte répond quil n'existe pas aujourd’hui le moindre doute, dans l'esprit des hommes éclairés , sur la parfaite identité des sucres de canne et de betteraves. Cette opinion est en eflet celle de tous les Chimistes qui ont analysé ces deux sucres, | L'Auteur du Mémoire pense aussi que l'agriculture né peut que reürer un très-grand avantage des sucreries de betteraves , parce que tout ce qui varie les récoltes et en augmente le nombre , est un bienfait pour l’agriculture. La culture de la betterave a encore l’avantage de rendre la terre plus meuble et de la nettoyer de mauvaises herbes par les sarclages. Enfin, la fabrication du sucre de bette- raves n'est pas moins utile à l'agriculture que la culture de cette plante : 1° parce que le marc des betteraves peut fournir à la nourriture des bêtes à cornes , eic, , d’un grand domaine, pendant quatre (15) mois d'hiver, novembre , décembre , janvier et février. 2° Les sucreries de betteraves ont l'avantage d'occuper les chevaux et les hommes d’un domaine pendant la morte saison. La France, continue M. le comte Chaptal , ne Pouvant avoir d'autre intérêt que celui de ses habi- tauts , il s'ensuit que tout ce qui augmente la masse du travail , tout ce qui multiplie les productions de Ja terre et de l'industrie, tout ce qui enrichit l'agri- culture, doit mériter une grande protection de la part de son Gouvernement. Par toutes ces raisons, il est donc de lintérêt de la France de mulüplier les fabriques de betteraves. Cependant la grande considération des Colonies présente ici une diff- culté que l'auteur n'a point, dit-il, la prétention de résoud:e. Enfin, M. le Comte trouve les causes qui ont amené la chute des sucreries de betteraves qui s'étaient formées dans l'ignorance des principes qui auraient dû éclairer la marche d'une industrie nou= velle. Par-tout on a formé des établissements sans cousulter préalablement , ni l'avantage du sol , ni le prix de la culture , ni la qualité saccharine de la racine. On a bâti à grands frais de vastes ateliers ; on a acheté des ustensiles dont on ignorait l'eflet , etc, etc. Toutes ces considérations, dit M. le Rapporteur , militent en faveur des établissements des sucreries de betteraves; mais le retour si désiré par les bons et loyaux Français, de leur Roi légitime , en mettant de nouveau la France en rapport avee les pays d'outre-mer, doit influer singulièrement sur ces sortes de fabriques, peut-être même les faire aban- donner. Toutefois les savants qui se sont occupés de perfectionner cette nouvelle branche d’industrie (16) auront nécessairement acquis des droits à la recon- naissance publique. M. Vitalis , Secrétaire de la Classe des Sciences , a communiqué à l’Académie la traduction d’un imprimé anglais, ayant pour titre : /nstruction sur les préparations appelées Lague lake, et Lague dye , et sur les moyens les meilleurs à employer pour en corriger les défauts et les rendre propres à étre substituées à la Cochenille , pour teindre en écarlate ; Par Edouard Bancroft, D.-M. , membre de la Société royale de Londres, et de l’Académie américaine des Arts et des, Sciences des l'Etat de Massachusset. Londres, 5 Éric 1816. Cette traduction est précédée d’une introduction dans jaquelle le traducteur fait connaitre l'origine de la Laque, ses différentes espèces , les usages aux- quels elle est employée , et particulièrement le procédé usité depuis long-temps en France, pour en tirer un parti utile dans l'art de la teinture. L'Académie a délibéré que ce travail serait im- primé en entier. (Voyez à la suite de ce Rapport.) BOTANIQUE. Organe de la Commission nommée pour cet objet, M. Marquis a rendu compte , 1° de la préface de la Flore des environs de Rouen, par M. Le Turquier Delongchamp ; 2° de la 24° classe du système Linnéen (lasCryptogamie ), dont l’auteur de la Flore» présente un court tableau où il ne fait entrer que les caractères des genres ; 30 d'un Catalogue des plantes présumées, par M. Le Turquier, croitre sponta- uément daus les environs de Rouen, avec l'indication des (16) des lieux où l’on pourrait espérer de les trouver; 4° de deux Tables des genres des plantes contenues dans la flore ‘des environs de Rouen, classées d’a- près la méthode de M. Jussieu. — M. le Rapporteur ne croit pas devoir répéter les éloges qu'il a eu st souvent occasion de donner au travail de M. Le Turquier ; mais il ne doute pas que tous les membres de la Compagnie pour qui la botanique a des char- mes ne s'empressent de contribuer à la publication d'un ouvrage qui ne peut être que fort utile aux élèves nombreux qui, chaque année, se livreat, dans cette ville, à l'étude de la botanique. L'espoir de M. Marquis n’a point été trompé ; et non-seulement l'Académie de Roüen, mais encore toutes les Sociétés savantes de notre Ville, la Société d'émulation, la Société du commerce et de l’indus- trie, la Société de MM. les Pharmaciens, se sont empressées de contribuer aux frais d'impression de l’ouvrage. (1) Un grand nombre de particuliers ont aussi voulu figurer sur la liste des souscripteurs. Enfn la Flore des environs de Rouen a paru. L’Aca- démie de Rouen, dans sa séance du 28 juin dernier , a reçu de M. Le Turquier, l'hommage de deux exemplaires de cet ouvrage , désiré depuis si long- temps, entrepris dans des vues si louables, exécuté avec tant de zèle , de soins et de courage , et si digne, à tous égards, des suffrages des botanistes. = M. Marçuis a aussi répandü beaucoup d'in- térêt sur plusieurs de nos séances, en communi- (1) Se vend à Rouen, chez P, Pertaux , Imprimeur du Roi et de l'Académie , rue de laVicomté, n° 30, ( l’un des Souscripteurs)s Prix 7 fr. broché en un ou deux volumes, B C18) quant successivement à l'Académie divers mémoires relatifs à l'historre naturelle en général , et à la botanique en particulier. Dans un premier mémoire le savant professeur a démontré les inconvénients de trop multiplier les genres en histoire naturelle et sur-tout en botanique. M. Marquis a offert ensuite des considérations sur les espèces. Ce nouveau travail est divisé en quatre parties : Dans la première , l’auteur examine si la nature nous offre quelque signe toujours certain pour distinguer les espèces ; dans la seconde , il présente le tableau de l’état actuel de la botanique, relativement aux espèces; dans la troisième, il examine d’après quels principes les espèces doivent être jugées et admises; dans la quatrième , il donne l'analyse raisonnée des espèces indigènes du genre verbascum , d'après les principes qu’il a établis. = M. Le Vieux, Commissaire du Roi, présla Monnaie de Rouen, a donné lectnre de son dis- cours de réception. | Après avoir exprimé ses remerciments à l'Aca- démie pour une faveur qu'il croit, dit-il, ne devoir qu'aux révélations trop obligeantes de son respectable ami, M. Le Turquier Delongchamp , qu'il suppose attacher trop d’importance à quelques services qu’il a rendus à sa Flore des environs de Rouen, notre confrère ajoute : « Ne pouvant étendre bien loin » mes excursions botaniques, j'ai cherché à m'en » dédommager par la recherche de ce geure de » plantes que l’on rencontre à chaque pas et par- » tout. Un saule creux, le tronc d'un vieux chêne, » un fossé profond et ombragé équivalent souvent » à de vastes contrées, pour le nombre et la variété » des espéce.- 2” (19) « L’hiver étant en général leur saison favorite ; elle semblent faites pour consoler et occuper le botaniste affligé du deuil de la nature. Moins intéressantes sans doute que les autres plantes , sous'le rapport de lagrément et de Putilité , la variété infinie de leurs formes singulières et bi- zarres , la simplicité au moins apparente de leur organisation , le voile mystérieux qui enveloppe leur mode de reproduction, sont bien faits pour piquer la curiosité du natüraliste. » Il est vrai qu'elles sont difliciles à étudier, àx reconnaitre ; les caractères qui les distinguent sont peu tranchés, et mal-aisés à saisir ; quelques-uns échappent presque, par leur petitesse , à l’obser- vation microscopique, Cependant le cahos où la Cryptogamie ‘était naguère plongée. commence à se débrouiller. D'habiles et savants méthodistes ont déjà classé un grand nombre d’espèces, en les rapportant aux genres de Linné, ou en en créant de nouveaux lorsque le besoin l’a exigé. » « Ce genre de plantes a pris encore un nouveau dégré d'intérêt depuis la formation des familles vaturelles ; elles constituent maintenant, par leurs différents grouppes, des chainons nécessaires dans l’ensemble du règne végétal. » Je m’estimerai trop heureux, Messieurs, si mes travaux peuvent fournir au savant et laborieux auteur de la Flore normande , des matériaux qu'il sait si bien mettre en œuvre , et vous donner quelque preuve de mon zèle et de ma bonne volonté. » = M, le Président a répondu en substance : C'est votre mérite , Monsieur , et à l'étendue de vos B 2 (20) connaissances en botanique que vous devez votre association aux travaux de l’Académie....... Les plantes Cryptogames, dont vous faites l'objet spécial de vos études , est l’image fidèle de la modestie de votre caractire. Nous la retrouvons cette rare et touchante vertu dans celui de nos collègues auquel vous attribuez votre admission. Le public et l'Aca- démie en particulier ne peut que vous savoir gré de seconder les travaux de M. Delongchamp , et la Compagnie le remercie de lui avoir procuré dans votre personne un collègue digne à tous égards de notre estime. — M. Loiseleur Deslongchamps , médecin à Paris, et botaniste distingué, a fait remettre à l’Académie, par M. Marquis, un exemplaire de son Flora gallica , avec le supplément de cet ouvrage. Le Ælora de M. Loiseleur est le manuel le plus commode qui ait encore été publié sur les plantes de la France. L'auteur a su y réunir, dans le moins d'espace possible, les caractères diflérentiels , la synonymie choisie des nombreux végétaux qui ornent notre Patrie, et tous les renseignements essentiels pour en faciliter la connaissances — M. Loïseleur a fait encore hommage à la Com- pagnie d’une des livraisons du Nouveau Duhamel, grand ouvrage, orné de planches superbes, dont il s'occupe depuis plusieurs années. Six volumes in folio, et quelques livraisons du septième de cet ouvrage ont déjà paru. Près de la moitié de ce vaste recueil a été rédigée par M, Loiseleur. La livraison qu'il nous a offerte contient l'histoire du Figuier traitée avec un égal intérêt sous (21) les rapports divers de la descripuon , de la culture, des usages économique , médical , etc. — Nous devons au même Savant un Mémoire , intilulé : Recherches historiques , botaniques et médi- cales , sur les Narcisses indigènes. L'auteur y fait connaître dix espèces nouvelles , les unes pour la France seulement, les autres tout-à-fait inédites. Des recherches curieuses , des expériences mé- dicales , sur la propriété émétique du bulbe du Marcissus pseudo-narcissus , et sur la propriété antispasmodique de ses fleurs, forment la parte historique de ce Mémoire, où se montrent avec un égal avantage le Botaniste exact et le Médecin observateur. = M. Mérat , D.M., à Paris, a fait hommage à l'Académie d’un exemplaire de sa Flore des environs de Paris, ouvrage digne à tous égards de servir de modéle en ce genre. ENTOMOLOGIE. M. François Revers , membre correspondant de l'Institut , demeurant à Conteville, Département de l'Eure , a offert à l'Académie quelques rensei- gnements sur deux insectes dont l'espèce , dit-il, est très-peu connue , quoiqu’elle soit extrémement nombreuse et répandue presque par-tout. Ces in- sectes, dont M. Revers a envoyé deux individus femelles et vivants, lui paraissent devoir être rangés dans la famille des Diplolèpes plutôt que dans celle des Cynips que Fabricius leur avait assignée. L'auteur B 3 RAR r p âvoue ingénuerment qu'il ne connaît point assez les mœurs de cé Diplolèpe pour qu'il lui soit encore permis de les décrire ; mais il promet de s’en occuper sérieusement l'année prochaine , et il invite les membres de l'Académie qui s'occupent de l'En- tomologie à vouloir bien le seéonder dans ce travail. | En attendant , M. Revers nous apprend les détails suiyants : 1° La femelle aptère de ce Diplolèpe pond ses œufs dans l'écorce du chevelu des racines du chêne. 2° Elle ne s'enfonce pas plus de deux pouces en terre pour trouver ce chevelu , et elle ne va pas le chercher plus loin si elle le rencontre à fleur de terre. 3° Tous les œufs qui ont été pondus ne viennent pas à terme ; beaucoup sont dévorés par des larves de Cynips qui ont été pondus à côté d'eux , et ces Cynips n’éclosent que vers la fin d'avril de l’année suivante. 4 L'insecte est en nymphe dès le commencement de septembre ; il peut alors être enlevé avec la galle et conservé dans le cabinet. La dureté que la galle acquiert n'empêche pas l’insecte de la percer et d’en sortir vers la mi-novembre, 5° C'est dans les jeunes chénaies qu'il faut aller chercher les galles qui recèlent les Diplolèpes. On peut faire utile- ment cette recherche vers le 15 octobre. 6° 11 est plusque vraisemblable que les mâles ont des aîles ; mais l’auteur ne s’en est point encore assuré, Sur 380 de ces insectes qui sont éclos dans son cabinet, il ya cinq ans , il n’a pas vu un seul mâle ; tous étaient des femelles. Ce qui fait, ajoute M. Revers , que ces insectes sont peu connus , c’est 1° qu’ils se développent dans des protubérances fongueuses excrues sur des racines d'arbres dans l'écorce desquelles l'insecte va faire er tte tr tire. mt ls mt tu mt ae ne EE (23) sa ponte sous la terre ; 2° Parce que ces insectes ne sortent de ces galles qu'après que tous les autres insectes sont ou morts ou retirés dans leur quartiers d'hiver; 3° Enfin, parce qu'au lieu de courir le jour ils ne marchent que la nuit. HELMINTOLOGIE. M. Dutrochet, D. M., à Chateau-Renault, dépar- tement d'Indre-et-Loir , a adressé à l'Académie, 19 un exemplaire de son Mémoire sur les Rotifères , qui a paru dans le dix-neuvième volume des annales du Muséum d'Histoire naturelle ; 2° des Développements sur le mécanisme de la rotation chez les Rotifères. L'accueil qui a été fait à ces deux ouvrages par les savants naturalistes de Paris, nous dispense ici de tout éloge. L'auteur a fait espérer à la Compagnie qu’il jui enverrait bientôt uu autre ouvrage intitulé : Recher- ches sur les enveloppes du fœtus, et qui a recu l'approbation de l'Académie royale des sciences de Paris. MÉDECINE HUMAINE. : M: Flaubert , au nom d’une Commission , a rendu compte de la thèse inaugurale adressée à l'Académie par M. Hartin d’Offigny, D. M. à Rouen, et in- titulée : Observations et réflexions sur quelques maladies de la Glande parotide. L'auteur , dit M. Flaubert , divise son sujet B 4 (24) ‘en deux parties. Dans la première , il donne un apperçu général des divers aspects pathologiques sous lesquels la parotide et son canal peuvent se pré- senter. La seconde offre sept observations de maladies de la glande , et une description succinete d'une épi- démie dans Jaquelle Ja parotide fut affectée. M. le Rapporteur a présenté succinctement l'ana- lyse de ‘chacune de ces deux parties. Une obser- vation qui a pour titre : Squirre d'une parotide, lui a fourni l’occasion de blamer l’emploi du mot squirre pour désigner beaucoup d’affections qui ne se res- semblent pas, et a appuyé son opinion de raison- nements aussi solides qu’ils sont bien présentés, Cette digression , ajoute M, Flaubert , ne diminve en rien les éloges que nous devons au travail de M. Martin. = M, Flaubert a aussi communiqué à l'Académie un fragment d’un mémoire sur l'inutilité et même les inconvénients des bandages | dans plusieurs fractures. L’importarce du sujet et la manière habile dont il est traité font vivement désirer à la Compagnie la suite de ce travail, = M. Saissy, D. M. , à Lyon, a fait hommage à la Compagnie d’un Mémoire sur la surdité , et sur les moyens de remédier à cette maladie de l'oreille. L'auteur annonce qu'il a imaginé des algalies propres à sonder les trompes d’Eustache ; qu’il est parvenu à pratiquer cette opération avec la plus grande facilité ; qu’à la faveur de ces instruments, il porte, par la voie des parives , dans Ja trompe d’Eustache , et de là, dans la caisse du tambour et les cellules mastoïdiennes les injections qu’il juge à propos de faire, (25) : = M. Planche, D. M., x Rouen, a communiqué à PAcadémie deux observations médicales : La pre- mière sur une fistule lacrymale causée par la présence d’un polype dans le canal nasal ; la seconde sur une démonomanie guérie par un traitement moral. Convaincus , ainsi que M. Flaubert, chargé, avec MM. Vigné et Marquis, du rapport sur ces deux observations, que l'analyse aurait ici le grave in- convénient de dénaturer les faits, nous nous bor- nerons à faire remarquer , avec les membres de la Commission, que la première observation offre des phénomènes qui tendent à faire regarder la tumeur lacrymale dont il s'agit comme digne de figurer parmi les cas rares qui, dans le sens médical, emportent avec eux l'idée d’isolement , parce qu’ils trompent tout-à-la-fois l'expérience et le raisonnement, Quant à la seconde observation , la Commission s'est conten&e de'’transcrire les faits énoncés par M. Blanche ; nous regrettons que le temps ne nous permette pas de les exposer ici. = L’'académie doit encore à M. le docteur Blanche une observation sur une anomalie des phénomènes de la respiration ; anomalie telle que la poitrine s’a- baisse dans l'inspiration et s'élève dans l'expiration. L'auteur jugeant cette maladie digne de la plus haute attention, invoque en sa faveur la sollicitude de l'Académie, et la prie de désigner parmi ses mem- bres une Commission dont les lumières et l'expérience pourraient l'aider à déterminer la nature de cette bizarre maladie, et lui fournir les moyens de la com- battre d'une manière certaine. L'Académie a pensé qu'une Commission devenait d'autant moins néces- saire dans cette circonstance, que l'auteur trouverait (26) assurément dans ses confrères les lumières que sa modestie le porte à reclamer. = M. Vigné , engagé par M. Blanche à voir la personne qui fait le sujet de cette observation , a rendu compte de ce qu’il a lui-même observé. « La femme Renard, dit M. Vigné, ne parait point malade au premier aspect ; son teint est ver- meil , son regard animé, son pouls est calme et régulier, sa peau n’est point sèche, et présente au tact une chaleur ordinaire ; mais elle ne conserve cette apparence de santé qu'en restant couchée sur le dos ; pour peu qu'elle sorte de cette attitude , le thorax et l'abdomen se meuvent avec précipiia- üon, et le pouls se ralentit au point de devenir presque imperceptible , notamment lorsqu'elle se pose sur l’un ou l’auire côté. » Si l’on presse les régions abdominales, supé- rieures et latérales, même agitation; beaucoup plus grande encore, pour ne pas dire excessive, au contact de la région suspubienne..….. k » Chez la femme Renard , la poitrine s’abaisse dans l'inspiration et s'élève dans expiration. Il y a donc interversion absolue des phénomènes ordi- naires de la respiration. » Comment , demande M. Vigné, expliquer la cause d’un pareil désordre ?... Toutes les explica- üons , dit-il, que l’on voudrait donner me paraissent ne pouvoir être fondées sur rien de certain , rien que l'on ne puisse regarder comme hypothétique, comme entièrement dénué de preuves. » Je me bornerai done à l’exposition des faits, continue M. Vigné , et je rendrai justice à M. le docteur Blanche, en louant son zèle pour l'art de guérir, les soins qu'il a prodigués à la malheu- PE SENS SR (27) reuse femme Renard , et l'exactitude de son intéres- sante observation, » — On doit encore à M. 7’igné un rapport sur deux Opuscules soumis au jugement de l'Académie , par M. Giret-Dupré , D. M., à Rouen. Le premier est une dissertation inaugurale , soutenue en 1806, aux écoles de Médecine de Paris, sur éette question: Lorsqu'une femme enceinte, à l’époque du septième au newvième mois de grossesse, se trouve dans le cas d’une mort imminente , doit-on opérer l'accou- chement par les voies naturelles avant la mort de la frmine , ou attendre sa mort pour extraire l’enfant par l'opération césarienne ? Le second est un rapport fait x M. le comte Stanislas De Girardin , ancien Préfet du Département de la Seine-Infeérieure , sur les Vaccinations opérées par l’auteur dans plusieurs Communes des environs de Rouen, rayagées par la petite vérole , en 18r4. Aprés avoir habilement analysé le travail de M. Giret, et exposé les considérations sur lesquelles il fonde la réponse à la question quil s’est proposée , dans les différents cas qui se pré- sentert à examiner , M. le Rapporteur ajoute : « Ces réflexions judicieuses nous paraissent décider complettement la question à résoudre, et prouver que leur auteur n’est pas moins habile en théorie qu’en pratique. La Commission a cru ne devoir s'occuper du deuxième Opuscule, déjà présenté l'année dernière à l'Académie par l’auteur, que pour rappeler les succès qu’il a obtenus dans ses vaccinations , et la médaille dont le Gouvernement a récompensé cet important service. (28) = L'Académie a recu de M. Boin , Médecin en chef des Hospices de Bourges, etc., un Mémoire sur la Maladie qui régna à Bourges , en 1809, chez les Espagnols , prisonniers de guerre. Voici de quelle manière s'exprime M. Vigné, au nom de la Com- mission chargée de faire connaitre cet ouvrage à l'Académie. « L'énumération des causes de la fièvre espagnole » plusieurs observations dans la plupart desquelles cette maladie a cédé au pouvoir de l’art; l'expo- sition de ses symptômes les plus fréquents , de sa marche la plus commune , de ses terminaisons les plus ordinaires , et les moyens employés pour la combattre, fixent tour à tour l'attention et l'intérêt du lecteur. » Desseize observations particulières consignées dans l'ouvrage de M. Boin, et dues aux soins de MM. Lebas, Rossignol et Lemaire, ses collaborateurs , M. Vigné a pensé qu'il suffisait d'en détailler une pour donner un exemple de la fièvre adynamique- ataxique continue qui généralement constituait la maladie espagnole , et il a choisi la douzième dont le sujet est Francisco Monto , Castillan, qui, entré 4 l'hopital le 14 janvier 1809, en sortit le 20 février suivant parfaitement guéri. M. Vigné rappelle ici, en Médecin habile , les signes précurseurs de la maladie, les phénomènes observés dans le paroxysme , lequel se termine par une faiblesse extréme et un découragement absolu ; auquel succède bientôt l'impatience , l'emportement , le délire, et quelquefois des mou- vements convulsifs des bras, des jambes , des muscles des yeux et de la face , etc. « Cette époque très-alarmante était aussi celle où se préparaient les crises salutaires au plus grand e247 nombre des malades. Après une espèce de réunion de tous les symptômes, de nouvelles craintes et de nouyeaux efforts de la nature , ces crises s'opé- raient , tantôt par l'organe cutané ou par l'appareil uripaire , tantôt par le systéme sanguin , par la membrane muqueuse gastro-pulmonaire..... » Dans quelques cas, la prédominance des symp- tômes cätarrhal et gastrique a imprimé à la maladie le caractère d'une fièvre maligne catarrhale , celui d’une fièvre maligne billieuse, ainsi qu’il résulte des neuvième et treizième observations. M. le Rapporteur remarque que ces maladies ont été signalées par l’auteur , dans un tableau nosologique , comme première et seconde sous- espèces de la fièvre continue maligne , putride, qui Jui a fourni le plus d’occasions d'exercer sa sagacité démontrée d'ailleurs parle choix et l’application des remèdes, danstoutesles circonstances de la maladie. » Cette fièvre , à laquelle a succombé le neuvième des prisonniers espagnols, parait à la Commission avoir à bon droit été considérée , par M. Boin, comme éventuellement et non nécessairement con- tagieuse, et devant être mise au rang des maladies communes accidentelles. L'intéressante monographie dont nous venons d'entretenir l'Académie , ajoute M. le Rapporteur , a le triple avantage d'offrir dans son auteur un médecin savant, un praticien habile et un ardent ami de ses semblables. MÉDECINE VÉATÉRINAIRE, M. Le Prevost, vétérinaire, Membre résidant, a fait son rapport sur deux Opuscules adressés à la Compagnie par la Société d'Agriculture du (30 ) Commerce et des Arts de Boulogne-sur-Mer. Le premier estune /nstruction sommaire sur l’Epizootie des bêtes à cornes qui s'est manifestée dans le Dépar- tement du Pas-de-Calais, publiée par M. Heuwel d'Arboval , Médecin vétérinaire amateur. Le second est une Instruction sur les moyens préservatifs contre cette Epizootie, par la même Société, M. Le Prevost donne des éloges à l'exactitude avec laquelle M. d'Arboval a indiqué les caractères , les causes, les symptômes, les autopsies et les traitements curatifs et préservatifs. Le traitement employé par M. d'Arboval, aux sétons près recommandés par l’auteur, et rejettés généralement par les praticiens, dans le traitement de cette maladie essentiellement adynamique, difière peu de celui qui a été mis en usage par-tout où PEpizootie a régné. Mais personne n’a obtenu des résultats aussi heureux que M. d'Arboval qui assure avoir sauvé au moins la moitié des individus malades. Qu'il nous soit permis de douter de ces résultais, ajoute M. Le Prevost , lorsque ma propre expe- rience , et les essais des Professeurs des Éco’es vétérinaires ; et de plusieurs bons praticiens n'ont eu que de faibles succès, encore les aitribue-t-on plutôt aux eflorts de la nature qu'aux grandes médications. Quant au traitement prophylactique , il est l'abrégé de celpi qui a été proposé par la Société, d'Agri- culture de Boulogne , lequel n’est lui-même qu’une copie de tout ce que le Gouvernement a fait publier à ce sujet. M. Le Prevost a aussi rendu compte d’un rapport fait à la Société royale d'Agriculture de Paris, par ses Commissaires, sur le concours des Mémoires et Observations de Médecine vétérinaire pratique. PUS VS PR EE (51) Ce rapport, dit notre confrère, ne contient que des notes sommaires où le titre des Memoires ou Observations qui ont été envoyés à la Société par des vétérinaires civils ou militaires. Les Commis- saires ne sont entrés dans aucuns détails sur les maladies qui en sont l'objet, chaque Observation devant être imprimée en entier et distribuée aux Sociétaires. On cite particulièrement dans ce Rapport , 1° Un. Ouvrage de M. Gohier, Professeur à l'Ecole royale vétérinaire de Lyon , sur plusieurs ma'adies des animaux domestiques , et qui, suivant notre com- frère , renferme des découvertes intéressantes qui feront partie d'un traité complet de Pathologie vétérinaire que l'auteur se propose de publier ; 2° Une Observation de M. Poncet , vétérinaire au troisième régiment des hussards, sur les bons elfets des purgatifs dans les maladies catarrhales des chevaux. 3° Des essais de trois élèves de l'École véterinaire d’Alforts pour vacciner et claveliser des troupeaux de moutons, dans le dessein de les préserver de la clavelée : 4 Une Observation de M. Cholet, vétérinaire à Narbonne , sur la perte d’une partie de l'œsophage, dans une mule qui a continué à avaler après sa i guérison ; 50 Plusieurs Mémoires et Observations »; par M. Barthelemy , Professeur à l'École d’Alfort, lorsqu'il exercait l’art vétérinaire aux armées; 79 Un Mémoire de M. Coquet père, doyen des vétérinaires du Département de la Seine-Iuférieure, et résidant à Neufchâtel, sur l’Épizootie des bêtes à cornes qui a régné l'an dernier. Le rapport Le Commissaires est terminé par (5) un résumé du concours. Des médailles d'or ont été décernées à titre de récompense , aux auteurs des trois meilleurs Ouvrages ; les auteurs des autres Mémoires ont reçu des médailles d'argent. = M. Guersent, D. M4, à Paris, a fait hommage à la Compagnie, de son Essai sur les Epizooties, un des articles les plus étendus et les plus importants du Dictionnaire des sciences médicales, Chargé, avec M. Le Prevost , Médecin vétérinaire ; de rendre compte à l'Académie de cet essai, M. Marquis a fait un rapport dans lequel il s'est attaché a en faire sentir tout le mérite, M. Guersent, en restreignant le sens du mot Epizootie, parait fixer plus exactement qu’on ne P4 fait avant lui, les bornes du cadre de ces maladies. 11 pense avec raison qu’on doit en exclure toutes les afections chroniques et même quelques maladies aigues, comme la rage, le tournis des moutons, la gale, les vers intestinaux. L'essai est divisé en cinq parties. La première traite des Epizooties des Mammifères en général ; la seconde offre le tableau de celles des Mammi- fères domestiques ; la troisième de celle des Oiseaux ; la quatrième de celle des Poissons ; la cinquième a pour objet celle des Insectes. Chacun des chapitres qui divisent ces parties est consacré à un genre particulier d’affection pathologique. En recherchant les causes générales des Epizooties , M. Guersent convient de l'impossibilité de les recon- naître avec certitude dans la plupart des cas. Quant aux moyens prophylactiques , M. Guersent insiste avec raison sur l'inutilité, le danger même des sétons et autres moyens analogues , ainsi qu'il (35) qu'il résulte de l'expérience de M. Le Prevost , notre confrère , vétérinaire distingué de notre ville. « Les bornes étroites d’un rapport, dit M. Marquis, ne me permettent en aucune manière d'entrer dans le détail des symptômes et du traitement des maladies épizootiques des animaux domestiques. Je me con- tenterai, Messieurs, de vous lire les observations de mon collègue , M. Le Prevost , sur cette parüe de l'ouvrage dont nous avions à vous rendre compte, telles qu’il me les a confiées, telles que j'aurais desiré qu'il eût bien voulu vous les communiquer |ui- méme. Les observations de M. Le Prevost portent parti- culiérement sur le typhus contagieux et sur la fièvre charbonneuse ou le charbon symptomatique des bêtes à cornes. Relativement à la 1° de ces deux maladies , M. Le Prevost remarque, 1° que le premier signe propre à la faire reconnaître est Ja cessation subite de la sécrétion du lait ; 2° que quoiqu’on ait prescrit , comme le prescrit lui-même M. Guersent ; les émollients et les mucilagineux , dans le commen- cement de la maladie, etles excitants tant intérieure- ment qu’extérieurement, quand elle a fait des progrés, cependant, d’après l'expérience des vétérinaires de bonne foi, et d'après la sienne-propre , les rernèles sont à-peu-près inutiles, et le très-petit nombre des animaux qui échappent ne doivent leur salut qu'aux seuls efforts de la nature ; 3° que l’inoculation du typhus comme préservatif ne tend ; comme le pense M, Guersent , qu'à propager la contagion ; mais ile partage pas l’opinion de l’auteur de l'essai : qu’on ne doit pas assommer les bêtes malades parce que l'expérience a démontré que pour un individu malade qui , sur cinquante, échappera à la maladie , C (54) les émanations des autres bêtes malades produiront le plus grand mal. Par rapport au charbon symptomatique des bêtes à cornes, l’auteur de l’essai établit, à quelques nuances près, sa ressemblance avec le typhus conta- gieux ; mais, dit M. Le Prevost, lPadynamie est plus marquée dans la première, d'ailleurs la fièvre charbonneuse se communique aux solipèdes , au menu bétail, et même à l’homme, ce qui n’a lieu que très-rarement dans le typhus con- tagieux. M. Le Prevost convient que les causes du charbon symptomatique sont dues quelquefois à l'influence atmosphérique , mais a eu souvent occasion d’ob- server qu’on devait les attribuer à linobservance des lois de l'hygiène. En approuvant comme le plus rationel le traitement proposé par M. Guersent, d'appeler le principe morbilique à l’extérieur par les scarifications et les vésicants , M. Le Prevost rejette les sétons au poi- trail, dont quelques auteurs, et notamment Gilbert, font leur moyen banal. L'expérience a appris à M, Le Prevost que l'application des sétons était souvent suivie d'énormes tumeurs gangreneuses et mortelles. Enfin , M. Le Prevost pense que les énoMb re sont rarement indiqués dans la fièvre charbonneuse, et que c’est sur les toniques qu’il faut fonder tout son espoir, ainsi que l’a démontré pour lépizootie du Quercy, M. Desplas, son collègue et son ami, M. Le Prevost paraît surpris que M. Guersent, qui a si bien traité de toutes les affections char- bonneuses, wait rien dit d’une fièvre charbonneuse sans tumeurs symptomatiques, dont parle Chabert, dans son traité du charbon, et qu’il a eu occasion (35,3 d'observer dans le Gatinois en 1787, et depuis dans la commune d’Yville-sur-Seine , canton de Duclair, « Aucune maladie des animaux , ce sont ses pro- pres paroles , ne nous a paru avoir un caractère plus insidieux , puisque l’animal qui, peu de minutes auparavant , paraissait gai et jouir de la santé la plus parfaite, même sauter et bondir, est tout-à-coup comme frappé de la foudre, chancelle , respire avec peine et meurt. Les autopsies cadavériques ont toujours fait voir les vaisseaux veineux remplis d’un sang.noir et décomposé , les viscères de la poitrine et de l'abdomen noirs et sphacélés, les glandes mésen- tériques tuméfiées et présentant le long des, intestins des infiltrations d’un noir jaunâtre de la grosseur du poing. On présume que cette terrible maladie, qui attaque les solipèdes et les bêtes à cornes, est due à la mauvaise qualité des aliments, et à la malpropreté des écuries. » Dans Ja troisième partie, consacrée aux épizooties des Oiseaux, on retrouve quelques unes des maladies des quadrupèdes, telles que le typhus charbonneux, une sorte de. claveau , la pustule maligne. Suit, dans la quatrième partie, l'exposition de quelques affections épizootiques observées chez les Poissons. M. Guersent donne, quant aux maladies des Oiseaux , quelques avis dont les ménagères et les habitants de la campagne qui se livrent par intérêt ou par amusement au soin des Oiseaux de basse-cour et autres, pourront proliter utilement. Quant aux Poissons , le peu de faits recueillis sur leurs maladies ne permet pas jusqu'ici d’en tirer de conséquence d'une utilité bien positive dans l’économie rurale. C 2 (56) Les épizoôties des Insectes, objet de la cinquième partie , se bornent à celles des Abeilles et des Vers à soie, leë seuls animaux de cette classe de l'éducation “desquels l'intérêt toujours industrieux de l'homme Vait porté à s'occuper. Lés maladies diverses des Vers à soie sont traitées avec assez de détail , d’après l'ouvrage de M. Rystin sur ces précieuses larves auxquelles nous devons mos plus riches tissus. L'histoire dés maladiés des Abeilles offre des “observations utiles et nouvelles, dues principalement par l’auteur à son ami, M, le doctéur Brétonneau, Médecin de l'Hopital de Tours, qui s’est, pendant plusieurs années , livré, avec un soin tout parti- culier , à l'éducation des Abeilles. _ Nous avons eu oécasion ( vous voyez bien, Méssieurs, que c'est encore môn collègue qui vous parle ici }, de traiter beaucoup de troupeaux cla- “veleux, et nous pensons avec l’auteur que là maladie ést la même que la petite verole dans l’espèce “humaine , avéc cette différence que, par plusieurs circonstances , telle est encore plus meurtrière sür lè mouton que n’est chez nous la variôle. Les grandes médications qu’on employait ancieni- nement dans le traitement de la clavelée 6nt paru à Vauteur plus nuisibles qu'avantageuses ; c’est ici le cas de faire la médeëine expectante, et d'äidér a nature quand elle manque de force. Leë éssais qu'on à faîts pour préserver les moutons dé la clavelée, par là vaccination, Ont toujours été infructueux, quoiqu’en aient dit quelques écrivains peu véridiques. Maïs on a° dû moins tiré un très- grand parti de linocülation du élèvéau pour rendre cette maladie moïns meurtrière. (37) Une Notice bibliographique des divers anteurs qui ont écrit sur les épizooties , accompagnée de remarques instructives, termine l'ouvrage, et prouve que M. Guersent a parfaitement connu les sources où il devait puiser les matériaux de son travail, Le supplément qui suit et qui termine le volume est relatif à la clavelée des moutons. Nous ne vous avons sans doute , Messieurs , offert de l'essai de M. Guersent , sur les épizooties , qu’une analyse bien imparfaite, bien insuflisante pour vous en faire apprécier tout le mérite. Je me félicite du moins de l’occasion que son envoi m’a fournie de vous entretenir de mon ami , de mon prédécesseur ; de vous rappeler un collègue dont vous estimez tous également le savoir et le caractère. = M. Cosseaume a rendu compte à l'Académie des numéros 57 , 58 , 59, 40 et 41 du Bulletin des Sciences médicales du Département de l'Eure. Ce rapport, ainsi que tous ceux que M. Gosseaume a été chargé de faire les années précédentes, sur la plupart des cahiers du Bulletin de l'Eure, se distingue par l’ordre le plus naturel dans la classifi- cation des matières, par une analyse eourte et rapide , et qui cependant ne laisse rien à désirer du côté de l'exactitude, M. Gosseaume conclut que, si tous les articles de ec recueil n'ont pas le même dégré d'utilité , il n’en est aucun qui ne se recommande à l'attention par quelque endroit estimable. Suivant M. le Rap- porteur , la sagesse de la rédaction ajoute à l’intérêg que chacune de ces productions inspire. [a] [e2 (58) AYGURTICUEITIORE, M. Pinard de Boishébert a rendu compte d'ur Mémoire sur le plan que l’on pourrait suivre pour parvenir à tracer le tableau des besoins et des ressources de l'Agriculture française | lu à la Séance particu- lière de la Société royale et centrale d'Agriculture de Paris, le 20 décembre 1815, par M. le comte François de Neufchâteau. « Rendre les rivières navigables , ouvrir de nouvelles communications , les multiplier de manière à fournir aux Cultivateurs des débouchés faciles pour la vente de leurs denrées , tels sonten somme, dit M. le Rapporteur, les moyens pro- posés par M le comte François de Neufchâteau, dont les vues sont excellentes , mais n’ofirent cependant rien de neuf. Tout a été dit sur ce sujet important ; mais il s’en faut que tout soit fait. L'article des finances a été et sera encore longtemps l'obstacle qui s’opposera à la confection des immenses travaux indiqués dans ce Mémoire. M. le Rapporteur , ajoute l’auteur , a considéra- blement chargé le tableau de nos besoins, de nos ressources et de notre insouciance à remeé- dier aux maux dont il croit que l'Agriculture francaise est afiligée , sans doute dans la vue de stimuler davantage notre zèle, et de nous exciter à faire de plus grands efforts pour amé- liorer cette partie importante de la prospérité publique. » = M. Dubuc a fait, conjointement avec M. Pavie, un Rapport sur une variété de pommes de terre (39) précoces cultivée en 1815 dans le jardin du Conservatoire des Arts et Métiers, à Paris. L'Académie a délibéré l'impression en entier de ce rapport. (#’oyez ci-après.) — S. Exc. le Ministre de l'Intérieur à fait par- venir à la Compagnie : 1° Le Rapport fait à la Société d'Agriculture de Paris , dans sa séance publique du 9 avril 18:15, sur le concours des Mémoires et Observations de Médecine vétérinaire pratique ; 2 L'Ordonnance du Roi qui autorise la même Société à prendre le titre de Société royale d'Agri- culture ; 5° Plusieurs Numéros des Annales de l’Agriculture française, Après vous avoir offert le tableau des travaux de l'Académie pour le Département des Sciences , permettez-moi , Messieurs , de rappeler à votre souvenir la mémoire d'un de vos membres que la mort nous a eulevé , et digne à tous égards de nos regrets. Le 29 décembre 1815, nous avons perdu M. Edme Mentelle , l'un des plus habiles géographes de nos jours. Il a rempli une longue carrière par cinquante ans de professorat dans l'instruction pu- blique ; il est auteur d’un grand nombre d’ou- vrages,. dont plusieurs ont eu beaucoup de succès , et d’un Atlas universel composé de 170 cartes. Parmi les nombreux élèves qu'il a faits, il a ew l'honneur de compter les enfants de France. Honoré des suflrages de S. A. R. Monseigneur le comte d'Artois, il fut nommé son premier Géôgraphe. Ainsi donc , Messieurs , les Princes de l’auguste Famille des Bourbons ont constamment honoré les C 4 (40) Sciences de teur protection, et se sont pl dans tous les temps à répandre leurs faveurs sur ceux qui les cultivent avec des succès distingués. C’est maintenant qu'il est permis d'aspirer à des récompenses, et qu’il sera glorieux de les obtenir. ‘Puissent toutes les Sociétés savantes s'entendre , d'un bout de la France à l’autre, pour porter les Siences et les Arts qui en dépendent au plus haut dégré de splendeur, rivaliser de zèle et d’ardeur pour seconder les intentions bienfaisantes et pater- nelles de notre bien-aimé Souverain, et développer tous les germes de la gloire et de la félicité publique. td de Cd PRIX PROPOSÉ POUR 1817. : L'Académie propose pour sujet de prix à décerner dans sa Séance publique de 1817, la question sui- vante : « Exposer, abstraction faite de toute espèce d’hy- » pothèse, les conséquences qui résultent naturelle. » ment des observations et des expériences faites » jusqu'à ce jour , relativement au mouvement de la » sève dans le végétal; confirmer ces résultats par » des observations et des expériences nouvelles, et » indiquer les applications utiles qu’on peut faire à la » culture de ce qu’on sait jusqu’à présent de certain » sur le mouvement des fluides végétaux. « Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 300fr., Chacun des auteurs mettra en tête de son Mémoire une devise qui sera répétée sur un billet cacheté C4) où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le eas où le Mémoire aura remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les Mémoires , écrits en français ou en latin, devront être adressés, francs de port, à M. ViTaLIs, Secretaire perpétuel de l'Académie, pour la classe des Sciences , ayant le 1°" juillet 1817, Ce terme sera de rigueur. (43) Ps MEMOIRES. Dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. LAN SYTUR UC. TA Sur les préparations appelées Zac-lake et Lac- dye, et sur les moyensles meilleurs à employer pour en corriger les défauts et les rendre propres à étre substituées à la Cochenille, pour teindre en écarlate ; par M. Edouard Bancroft, D.-M., Membre dela Société royale de Londres et de l'Académie américaine des Arts et des Sciences de l’état de Massachusset. Traduite de l’Anglais par M. Vrrarrs, Secrétaire perpétuel de l’Académie pour la classe des Sciences. MESSIEURS, Je dois à M. le baron Lézurier , membre de cette Académie , la communication d’un Imprimé anglais ayant pour titre /nstruction et Eclaircissements concernant les préparations appelées Lac- lake et Lac-dye , et les moyens les plus sûrs pour en cor- riger les défauts et les rendre propres à être subs- tituces à la Cochenille dans la teinture en écarlate , etc. | C43) Pour mettre l'Académie plus à portée d'apprécier le travail de M. Bancroft , j'ai pensé qu’il ne serait pas inutile de rappeler ici en peu de mots ce que Pon savait avant Ini de la Laque qui sert à Part de la teinture, et de la manière de l'employer. Où nomme improprement Gomme laque, dans le Commerce, une résine d’un rouge brun , demi- transparente , sèche et cassante , déposée sur des branchages autour desquels elle forme comme uñe ruche ou amas d’alvéoles qui contiennent les œufs de l'insecte appelé Coccus lacca. Ces insectes habitent quatre espèces d'arbres: 1° Ficus religiosa Linn. ; dans l'Indostan Pipal: le Figuier admirable des Pagodes ; | 2° Ficus Indica Linn, ; dans l’Indostan Bhur : le Figuier d'Inde; 5° Plaso , Hort. Malabaric; par les naturels du pays, Praso ; 49 Ramnus Jujuba Linn. ; dans l’Indostan Beyr: le Pommier d'Inde, Il paraît qu'on les trouve aussi sur le Crotor lacciferum. I est à observer que les Figuiers dont on vient de parler , lorsqu’on les blesse, rendent un suc laiteux qui se coagule à l'instant en une substance visqueuse, filante , qui, endurcie à l'air, ressemble à la cellule du Coccus lacca. Ontire , par incision , de l’arbre Plaso une Gomme médicinale si semblable à la Gomme laque qu’on pourrait aisément s'y méprendre ; d'où il résulte que ces insectes ont probablement fort peu de peine à changer la sève de ces arbres pour en former leurs cellules, On voit rarement la Gomme lacque sur le Ramnus Jujuba , et elle y est inférieure à celle qu’on trouye sur les autres arbres. C 44) On rencontre principalement la Gomme laque sue les montagnes incultes des deux côtés du Gange , où elle est si abondante que, quand même la consommation qui s'en fait serait dix fois plus grande , les marchés ne manqueraient jamais de ce petit insecte. Les Anglais distinguent quatre sortes de Laques = 19 La Laque en bâton ( Sick lac ) , ou la Laque déposée autour de petites branches ; c’est l'état naturel et dont toutes les autres décrivent. Cette espèce est aussi la plus riche en couleur ; 2° La Laque en grain (Seed lac}, ce sont les cellules séparges des bâtons ; 5° La Laque en pain ( Zump lac.) est la Laque en grain liquéfiée au feu , et formée en pains; "49 La Eaque en écailles ( Schell lac ), est la Laque en grain liquéfiée, filtrée et formée en lames. minces transparentes, par un procédé particulier qu’il n’est pas de notre objet de décrire ici. Lalkool, en dissolvant la Laque, en tire une forte teinture rouge. On assure que la Eaque est employée dans Inde pour la teinture des toiles, et au levant pour celle des peaux nommées maroquins. La Laque sert aussi à faire de la cire à cacheter. Mais ce qui rend sur-tout la Laque précieuse à l'industrie , c’est l'usage qu’on peut en faire pour teindre les étoffes de laine en écarlate. La couleur qu'on obtient de la Laque n'a pas. l'éclat d’une écarlate faite avec la Cocheuille ; Mais elle a l'avantage d’avoir plus de solidité. L'ex- périence a prouvé que si on la mélait dans cer- taines proportions avec la Cochenille , l'écarlate n’en est pas moins belle et qu’elle est plus solide. Pour séparer la partie de la Laque qui est solu- C45) ble dans l'eau , Hellot à proposé de l'extraire däns Veau avec le mucilage de la consoude , d’én précipiter la partie colorante par lalun , de a recueillir et de la sécher; il obtenait par ce procédé un précipité qui ne faisait que le cinquièmé en poids de la Lacque employée , ét c'était dé ce précipité qu'il se servait pour teindre. Maïs ce précipité est une combinaison des partiés colorantes avec l’alumine où base de l'alun. On commence par faire bouillir Ja Cochenille et la dissolution d’étain pendant un temps convenable ; après cela, on rafraichit le baîn, et l'on y mét la Laque en poudre. ‘La Laque exige uné chaleur très-modérée , ‘sañs quoi elle teint d’une nuance inégale ; ellé demande en outre une quantité de dissolution d’étain encore plus considérable. Le drap doit être lavé tres-chaëd au sortir de la chaudière, parce que les partiés réfi- neuses qüi s’y sont fixées sont difficiles à détachèr lorsqu'elles sont refroidies. On se sert de la Cochénille à la rougié ét l’on brünit à fa manière icéoutumée, Tel était, Messieurs, l’état de nos éonnaïssances sur les moyens d’employÿér la Laqué dans la teïn- ture des étoffes de laine, lorsque la compagnie dés Indes, en Angleterre , offrit äu commerce deux es- pèces de Laques artificielles, auxquels’ele a donné le nom de Zac-lake, et Lac-dye. Ces Laques sont sous la forme d’une pâte très-sèche, d’un rouge lie de vin ou brunâtre , et en petits pains rectangulaires. Dans l'instruction dont je vous soûmets anjourd’hui Ja traduction, M. Bancroft s'est proposé d'indiquer les moyens de tirer de ces laques ün parti atile à l'art de la teinture, Je laisse maintenant parler l'auteur. « Renvoyant, dit M. Bancroft , ceux qui voudraient C 46) se procurer de plus amples renseignements sur la matière colorante de l'insecte qui produit la Laque, à mon ouvrage publié depuis peu , en deux volumes, sur la physique des couleurs permanentes , et à son supplément qui va bientôt paraitre , je ne me propose ici que d'indiquer aux teinturiers de profession les moyens et les procédés les plus sim- ples, les moins dispendieux et les plus propres pour rendre les préparations dont il s’agit suscep- tibles de remplacer la Cochenille dans Part de la teinture. » La Laque lake se prépare dans les Indes-Orien- tales avec la Laque en bâton réduite en poudre , et sur laquelle on jette à diverses reprises de l'eau bouillante dans laquelle on a fait préalablement dissoudre une quantité assez considérable de soude ; mais cette addition de soude qui donne, il est vrai, à l’eau la faculté d’extraire plus abondamment la matière colorante de la Laque, entraîne la disso- lution de la plus grande partie de la résine qu'elle contient , et cette résine se précipite ensuite dans un état de combinaison intime avec la matière colorante de la Laque , au moyen de l'alun employé pour précipiter cette dernière matière. » Par conséquent cette Laque, outre sa matière colorante, contient certaines proportions de résine et d’alumine, et qui équivalent le plus ordinairement .au tiers du poids de la Laque pour la premiére, et au sixième pour la seconde. Cette Laque contient aussi une portion de matière végétale , provenant de l’écorce mucilagineuse d’un arbre qui croit aux Indes-Orientales , et qui y est connu sous le nom de ZLodu. L'introduction de cette substance dans la Laque peut avoir un but d’utilité quelconque ; mais rien ne prouve que ce but soit atteint. Les (47) manufacturiers, pour augmenter le poids de la Lake , sont aussi dans lusage d’y méler des proportions assez considérables de sable et d’autres matières terreuses insolubles. » De toutes les Laques dye, celle qui est préparée par M. Turnbull obtient généralement la préférence; cependant cette Laque elle-même contient pres- qu’autant de résine que la Laque lake de bonne qualité ; et très-peu plus de matière colorante. On y trouve aussi une portion de la matière végétale dont il°a été parlé plus haut , et quelques autres matières étrangères, Le principal avantage qu’elle a sur la Laque lake c’est qu’au moyen de quelque ingrédient particulier, ou par toute autre cause qui n’est pas généralement connue, elle devient plus sensible à l'action de Peau chaude qui la pénètre en quelque sorte, mais sans la dissoudre. Dane cet état, elle a cet avantage que les mordants em- ployés pour teindre deviennent tellement susceptü- bles d'agir sur la matière colorante , que les étoffes peuvent alors en enlever une grande partie, et qu'il s’en perd moins que dans l’emploi de la Laqu lake, } » La matière colorante de la Laque en bâton étant combinée , parle mode employé dans sa préparation , avec une portion considérable de résine, l’eau ne peut, même par une longue ébullition, en dis- soudre ni en extraire la moindre quautité, Lorsque son action est aidée par celle d'un alcali quelcon- que , elle dissout alors promptement et la matière .colerante et la résine ; mais, dans ce cas, la matière colorante ne.s’attachera plus aux étofles et ne les teindra pas , à moins que l’alcali n'ait été préalable- ment et complettement saturé. Or, en supposant que cette coudition ait été remplie, la résine qui C48) avait été dissoute reprendra ses propriétés et se rassemblera en petites masses qui envelopperont et æetiendront ünegrande partie de la matière colorante. Cette matière deviendra én pure perte si on sépare les molécules résineuses par le filtre ou le tamis , et, si on meles sépare pas , la résine s’attachera aux étoffes plongées dans la chaudière ; et nuira bean- coup à leur coloration. Ces inconvenients et quelques attres, encore sont plus que suflisants pour balancer les avantages que l’on croirait pouvoir attendre des alcalis pour extraire la partie colorante de la Laque lake ou de la Laque dye. En supposant toutefois que Îles ‘alealis puissent étre icide quelque œtilité, la soude et l'ammoniaquemeériteraientla préférence sur la potasse, parce que les deux premiers alcalis donnent de plus belles couleurs que le dernier. « De nombreuses expériences m'ont appris que les acides sont sinon les seuls agents, au moins les meilleurs que l'on puisse employer pour rendre la matière colorante de la Laque lake ou de la Laque dye dissoluble dans-un véhicule aqueux , et susceptible d’être appliquée avantageusement à la teinture én remplateient de la Cochenille. « Mais, parmi ces agents, l'acide nitrique est le moins convenable dé tous. En eflet, si on l'employe dans un certain degré de force, il affaiblit consi- dérablement da couleur, et l’amène à n'être plus qu'une faible nuance de jaune, Les acides végétaux sont en général d’un prix trop élevé ; leur action serait d’ailleurs trop faible, à moins qu’ils ne fussent concentrés. Les acides sulfurique et muriatique n’ont aucun de ces inconvénients ;, mais le second en a quelques autres que nous ferons conmaitre plus bas , et, par conséquent , C 49 ) conséquent , l’acide sulfurique est préférable à tout autre , tant par ce qu’il vient d’être dit , que parce qu’il ôte à la résine la faculté de s'attacher aux éoffes, et, par suite, de les gâter; mais pour mettre cet acide dans le cas d'exercer une action suflisante , quoiqu’employé dans les plus petites proportions possibles, ïl est de la plus haute importance de ne lui présenter la Laque /ake et la Laque dye qu'après qu’elles ont été moulues l'une et l’autre en poudre très-fine ; et, comme chacune de cés Laques, et sur-tout la Laque lake , contient des proportions trës-variables de matièré colorante ( défaut dont l’indigo lui-même n'est pas exempt), est à désirer que l’on réunisse un grand nombre d'échantillons de ces Laques, et qu'on en opère avec soin le mélange avant de les passer au moulin, Par ce moyen on obtient, de la réunion de ces échantillons divers , un échantillon unique, jouis- sant, dans toutes ses parties, de propriétés égales et uniformes. Le teinturier, à l’aide de quelques essais, sera donc en état de juger avec certitude des effets qu'il doit attendre de ces Laques, et d'obvier aux inconvénients auxquels, sans cela , il serait immanquablement exposé. Les moyens que les teinturiers de Londres em- ploient pour moudre la Laque lake et la Laque dye me paraissent aussi bons qu’aucuns de ceux que je connaisse, Ils réduisent d'abord l’une ou l'autre de ces’ Laques en poudre grossière | en les plaçant dans une auge de pierre circulaire, dans laquelle roule perpendiculairement une meule de pierre, ainsi que cela se pratique pour moudre Pécorce de chêne, Pour éviter la perte ordinaire dans la pulvérisation des substances sèches , ils humectent la poudre grossière assez pour lui don- D (50) ner la consistance et non la tenacité d’une pâte claire et légère. On fait alors passer cette pâte par la plus élevée de deux paires de meules horizontales , semblables à celles qui servent à moudre le bled , mais plus petites. De ces deux paires de meules, l'une est placée directement au-dessus de FPautre, en sorte que la matière humectée , après avoir éprouvé l’action de la paire de meules supérieure , tombe entre la paire inférieure, et s'y réduit en une poudre très-fine; Cette poudre est portée en- suite par une auge de bois dans-des vaisseaux ou cuves aussi de bois, et on la laisse déposer, afin de pouvoir en séparer l’eau incolore qui la surnage. Ceci étant fait, on met le sédiment dans un vais- seau de plomb , de capacité convenable , soit qu'on se propose d'obtenir ; par l’intermède de l'acide sulfurique alongé d'eau , une dissolu- tion claire et limpide de la matière colorante privée de toute substance résineuse ; terreuse , ou étrangère quelconque ; soit que l’on veuille simplement soumettre l’une où lautre Laque à lPaction de lacide toujours étendu d’eau , pour rendre la matière colorante susceptible d’être extraite et appliquée aux étofles , sans étre obligé de, sé- parer les substances étrangères et inutiles que contiennent les Laques, où méme sans avoir besoin d’en séparer la partie résineuse que l'acide sulfu- rique empèche de nuire, comme on l’a déjà dit : effet que l'acide muriatique est beaucoup moins propre à produire, » « Pour atteindrele premier but, on prendra 5livres d'acide sulfurique , dont la pesanteur spécifique soit de 1,845, sur 4 livres de Laque lake pesée sèche avant la mouture. Cette quantité de Laque mise dans le vase de plomb, après avoir [ C51) été humectée et moulue, ne peut retenir plus de deux fois son poids d’eau. On ajoute alors l’acida sulfurique, et on le mêle parfaitement avec la poudre humide, en agitant le mélange avec une baguette de plomb ou de verre. » Mais si la Laque a été pulvérisée sans être hu- mectée , il faudra, avant de verser l'acide par- dessus, délayer cet acide avec deux fois son poids d’eau. Après avoir fait le mélange, on laissera le tout en repos pendant vingt-quatre heures en été et quarante-huit heures en hiver. On ajoutera en- suite, sur chaque livre de Laque lake ( pesée sèche), un gallon ( quatre pintes) d’eau bouillante, que l’on mélera bien en agitant; et, après avoir laissé reposer vingt-quatre heures, on tirera la liqueur limpide maintenant en dissolution la matière colorante , dans un autre vaisseau de plomb. On verse sur le résidu la même quantité d’eau bouillante ; on agite de nouveau , on laisse reposer pendant douze heures , et on tire la liqueur à clair comme la première fois. On répète encore une fois cette opération , et même jusqu’à ce que l’eau bouillante ne paraisse plus extraire de matière colorante, » Lorsque l'on est arrivé à ce point , on ajoute au résidu la moitié de son poids de carbonate de soude, dissous dans un peu d’eau, et, s’il reste encore quelques portions de matière colorante qui n'ait pas été extraile par les opérations précédentes , l’eau prendra une couleur plus ou moins rouge. Si l'in- tensité de la couleur semblait annoncer dans le résidu une quantité notable de matière colorante j on ,mélerait avec ce résidu depuis un sixième jusqu'à un quart du poids de lacide sulfurique que l'on avait d'abord employé, et , après un repos de douze heures, on versera successivement D 2 Ch) sur le tout de l’eau bouillante , comme il a été dit, jusqu'à que ce liquide cesse d'extraire de la matière colorante. On réunira alors toutes les iqueurs colorées dans un seul et même vase, et on y ajoutera deux livres de bonne chaux vive , en poudre fine, par chaque cinq livres d'acide sulfurique contenu dans la liqueur , et on agitera le tout de manière à bien mélanger les matières. Cette quantité de chaux suffira pour neutraliser près des quatre cinquièmes de l'acide et pour déterminer un précipité qui ne contiendra pas un atôme de matière colorante, Le cinquième restant de cet acide, qui n’est pas neutralisé , servira , après que la liqueur aura été séparée du précipité ( ou du sulfate de chaux ) , à rendre la matière colorante susceptible de pénétrer les étoffes plus intimement dans l'opération de la teinture. Je désignerai par le n° r cette liqueur ou cette solution de couleur de la Laque privée des parties résineuses et des matières étrangères à la Laque. » Si, au ps d’acide sulfurique , on se servait d'acide muriatique pour faciliter l'extraction de Ja couleur , le muriate de chaux qui en résulterait étant soluble , resterait en dissolution dans Ja liqueur = et lui ôtérait la propriété de teindre en! écarlate. La potasse, la soude et l’'ammoniaque ne convien- draient pas davantage pour saturer l'acide muria- tique , parce que les sels neutres qui se formeraient alors terniraient et £âtéraient la couleür écarlate que doit donner la Jiqueur qui les t tient en disso- lution. £ » La liqueur ou solution n° 1 péut den yés comme une faible décoction de Cochenille pour teindre en écarlate , soit par une seule’ opération; ou eu deux opérations , dont la première s'appelle (55) le Bouillon , et la seconde la Rougie, comme cela se pratique avec la Cochenille , en se servant, du reste, des mordants et des moyens auxiliaires dont il sera bientôt parlé. » Pour extraire la couleur de la Laque dye, il ne faudra employer que les deux tiers de la quantité d'acide sulfurique prescrite pour la Laque lake. Mais quoique la dépense et le travail qu'exige l’ex- traction de la matière colorante, soit de la Laque lake , soit de la Lacque dye, soient peu de chose, il nous paraît cepentlant probable que la plupart des teinturiers seront portés à croire qu’il suffit de soumettre l’une ou l’autre de ces Laques à l’action de l'acide sulfurique , de manière à empécher les parties résineuses qu’elles contiennent de s'attacher aux étofles, en même temps que l’on parviendrait à rendre la matière colorante soluble dans le bain de teinture , et susceptible de s'appliquer promptement à ces étoffes, sans qu’on soit obligé de séparer des Laques les parties résineuses et insolubles qu’elles contiennent. » Pour obtenir ce second effet , il suffirait d’em- ployer une livre d’acide sulfurique concentré, pour deux livres de Laque lake pesée à l’état sec, et deux tiers dé livre du même acide pour deux livres de Laque dye. L'une ou l’autre de ces Laques, humectées d’abord , puis moulues comme il a été dit, et ne retenant que la quantité d’eau indiquée , devra être mélée dans nn vaisseau de plomb avec la quantité prescrite d’acide sulfurique. On agitera bien le mélange à diverses reprises; om laissera les matières en contact au moins pendant vingt-quatre heures en été, et pendant trois fois vingt-quatre heures en hiver. La liqueur pourra j D 1" C54) alors servir sur le champ (1), en procédant comme nous dirons par la suite. Cette préparation ne coutera que deux pences ( deux sous ) par livre , abs- traction faite des frais de mouture. Je désignerai le produit de cette seconde préparation de la Laque lake, ou de la Laqne dye, sous le n° 2. » On trouvera que deux ou trois livres de Laque lake selon la qualité, et peut-être un peu moins de Laque dye, équivalent pour l'effet à une livre de Cochenille ; mais, pour donner à la couleur le plus haut dégré de vivacité , le teinturier aura soin d'employer un sixième ou un huitième de nitro- muriate ou autre solution d’étain , de plus qu’on n'en employe avec la Cochenille, parce que l’alu- mine qui a d’abord servi à précipiter la couleur de la Laque, et dont nne portion a été redissoute et retenue par l’acide sulfurique employé dans les opérations qui ont été décrites plus haut, don- nerait une couleur eramoisie , si l'on n’ajoutait pas une assez grande quantité d’oxide d’étain pour détruire , par la supériorité de son attraction , l'effet de l'alumine, et l'empêcher de s'unir aux étolles et à la matière colorante. » Il est reconnu que la couleur de la Laque du Coccus-Lacca résiste beaucoup mieux à l’action des acides que celle de la Cochenille, et cette pro- priété lui donne l'avantage de pouvoir servir à (1) Quand on ne vent pas employer sur le champ les pré- parations de Laque lake ou de Laque dye, du n° 2, et com- binées par conséquent à l'acide sulfurique , on peut les con- server pendant plusieurs mois, sans qu’elles perdent de leurs propriétés utiles ; mais l’une ou l’autre de ces Laques gardée dans un état d'humidité, sans être combinées à l’Acide sulfurique, donne bientôt des signes de putridité, snr-tout dans une atmos- phère chaude, ( Vote de l'Auteur. ) (55) teindre très-bien et à bon marché, en écarlate, par une seule opération. » Pour cet effet, dans une chaudière d’étain fin, on versera quantité suflisante d’eau douce et pure , dans laquelle on mettra une livre de tartre , ou, ce qui vaut mieux, de crême de tartre , pour dix livres d’étoffes ; on ajoutera suflisamment soit d’écorce de quereitron en poudre, contenu dans un sac de toile , soit de bois de fustet, (Rhus cotinus) , en copeaux, enfermés aussi dans un sac de toile , pour donner la teinte de jaune nécessaire à la teinture en écarlate par la Cochenille. La liqueur chargée de ces ingrédients étant portée à l'ébulli- tion, on versera dans la chaudière le nitro-muriate d’étain (1), ou toute autre dissolution de ce métal , avec la quantité convenable de couleur de Laque n° 1, ou de couleur de Laque lake, ou de Laque dye n° 2. Ces matières ayant été bien mélées dans le bain, on y plongera l’étofle qu’on suppose bien propre et un peu humide, et on la fera mouvoir à lordi- naire sur le moulinet, jusqu’à ce que la couleur ait acquis le corps et la vivacité convenables , ce que l'on obtient ordinairement dans l’espace d’une heure si lon a soin de soutenir le bouillon, Si la quantité de la liqueur n° 1, ou n° 2, ne suffit pas , on retirera l’étofle du bain en la roulant autour du moulinet, eton la tiendra hors du bain jusqu’à ce que la liqueur qu’on vient d'ajouter soit or (1) Si, pour rendre soluble la matière colorante de la Laque , on s'était servi d’acide muriatique au lieu d’acide sulfurique , il ne faudrait pas alors employer le nitro-muriate d’étain , parce qu'il produirait le mauvais eflet qui est signalé à la page 473 de mon second volume de la Physique des couleurs permanentes. ( Vote de l'Auteur, ) D 4 (56 ) bien mélée à l’eau du bain; on abattra ensuite l'étoffe, et on procédera comme au commencement de l'opération, Mais, afin de ne point l’interrompre, il vaudra mieux employer une dose de couleur de Laque lake ou dye un peu plus forte que celle qui suflirait à la rigueur , parce que l'excédent pourra tourner au pro- fit d'autres pièces d’étoffes que l’on aurait à teindre ensuite, Quand une opération est terminée, et que les pièces d'étofles ont été enlevées et rincées à l'ordinaire , on remet dans le bain de teinture des quantités conve- nables de tartre, d'écorce de quercitron ou de fus- tet, et de liqueur colorante, n° 1 ou n° 2, comme la première fois , et on y teint d’autres pièces. On peut teindre de la méme manière encore une on deux fois » ou jusqu'à ce que le bain devienne si trouble ou si chargé des matières insolubles de Laqne lake ou dre, qu'il ne puisse plus servir. Ceci arrivera après un petit nombre d'opérations, si l’on employe seule la préparation n° 2 ; mais cet inconvenient n'aura pas lieu ayec la solution n° & employée seule. Quoiqu'il en soit, on ne doit, dans aucun cas , jetter le bain avant que la matière colorante n’ait été complettement épuisée ou enlevée par les étofles. Si l'on jugeait à propos de neutraliser une par- tie (1) de l'acide sulfurique employée dans la pré- paration n° 2, pour empécher les étoffes de devenir rudes au toucher, eflet que lon suppose produit —]—_— (1) Si au lieu de ne neutraliser qu’une partie de l'acide , on neutralisait la totalité, la matière colorante ne serait pas extraite si abondamment dans la chaudière, et elle pénétrerait moins bien les étoffes, ( Vote de l’Auteur, ) 1 in + alt © (57) par l'action des acides forts, on pourrait, durant l'opération, ajouter à la liqueur colorante , et peu à chaque fois, une livre et demie ou deux livres au plus, de carbonate de soude par chaque livre d'acide sulfurique contenu dans la préparation. Le sulfate de soude qui proviendrait de cette addition, bien loin de nuire à la couleur écarlate , ne servirait au contraire qu’à l'améliorer. Il n’en serait pas ainsi du muriate de soude, ou de tout autre sel neutre dont la formation pourrait avoir lieu ; et c’est une raison de plus pour préférer l'acide sulfurique à l'acide muriatique. En Angleterre, et dans tous les pays ou le prix de l'acide muriatique n’est pas trop élevé par les droits sur le sel marin , on pourra diminuer consi- dérablement la dépense , et sans que les étofles en souffrent le moins du monde, en remplaçant le nitro-muriate d'étain, ou la composition ordinaire des teinturiers , par le muriate du même métal. La raison en est que l'acide sulfurique employé dans Îles préparations n# 1 et 2 changera dans la chau- dière le muriate en murio-sulfate d’étain, Ce sel, que j’ai découvert le premier il y a plus de vingt ans, et que, sur ma recommandation, un grand nombre de .teinturiers de la Grande - Bretagne employent aujourd'hui avec un grand avantage , sous diverses dénominations, ne peut porter aucun préjudice. Lorsque l'acide muriatique , qu’on suppose ne con- tenir que très-peu de fer, et pesant spécifiquement 1,160 ou 1,170, a été complettement saturé d’étain, douze livres de cette solution sufliront pour teindre c?nt livres d’étofles. Si, au lieu de teindre en une seule fois, comme on vient de le dire , on voulait teindre en deux (58) fois, comme cela se pratique ayec la Cochenille ( quoique je sois bien persuadé qu’il n’y a rien à gagner ), je conseillerais aux teinturiers de com- mencer par mettre dans l'eau de la chaudière la moitié du tartre, ainsi que de la dissolution d’étain = et de la préparation n° : , ou de celle n° 2 qui est gécessaire ; d’ajouter ensuite une quantité suffisante de quercitron ou de fustet ; de bien méler tous ces ingrédients ; d’abattre les pièces dans la chau- dière , de les y manœuvrer pendant trois quarts d'heure où jusqu'à ce que la matière colorante de la liqueur fût à-peu-près épuisée ; on retirerait alors les pièces , et, sans les rincer, on les mettrait dans une autre chaudière de même métal, qu’on aurait eu soin de remplir d’eau, et dans laquelle on verserait l’autre moitié de tartre , de solution d'étain, et de liqueur colorante n° 1 ou n° 2, que Von mélerait bien , et on chauflerait ensuite , et on finirait les pièces sur ce bain suivant la méthode accoutumée. Ce qui reste du bain à chaque opération isolée pourrait servir de nouveau de la même manière, aprés qu’on y aurait ajouté une dose convenable des ingrédients nécessaires, jusqu’à ce que ce bain, surchargé des parties inutiles de la préparation n°2, devint hors d’état d’être employé. Si on diminue d’un quart la préparation n° 1: ou n° 2, et que l'on mette , vers la fin de l'opération , un quart d'once de Cochenille pour chaque livre d’étofle à teindre , on obtiendra une couleur égale en beauté et en vivacité à l’écarlate. tirée uniquement de la Cochenille, Lorsque l’on teint une étoffle ayec la Laque, æt qu'on se propose de faire virer ensuite sa nuance au rose vif, au cramoisi , ou au pourpre, On ne mn cratilets “ei, à (59) doit faire usage, ni de quercitron , ni de fustet; on ne doit employer aussi que la moitié de la quantité ordinaire de tartre. Aprés que les étoffes auront été teintes et bien rincées , on les abattra dans un vaisseau convenable rempli d’eau chaude, où l'on aura fait dissoudre un peu de carbonate de soude, ou d'eau chargée d'ammoniaque ( alcali volatil) que l’on retire du sel ammoniac ou de l'urine putréfiée. On suiyra du reste les procédés usités pour produire les mêmes couleurs ayec la Cochenille ; on les travaillera dans le bain à l'ordinaire, et, si la couleur pourpre n’était pas aussi décidée qu’on peut l'obtenir par la Coche- nille, il faudrait ajouter au bain alcalin dont on vient de parler, un peu d’orseille (1), et manier Vétoffe à l'ordinaire. | Mais comme la couleur de l’orseille n’est pas suflisimment solide , on peut obtenir des nuances tirant plus ou moins sur le pourpre , d’une beauté et d’une solidité suffisante, en ajoutant à la liqueur colorante , soit du n° 1, soit du n° 2, une propor- tion convenable de décoction de bois de campêche. On ne doit faire toutefois cette addition que sur la fin de l'opération ; et , quand on se sert de campêche , on ne doit employer ni quercitron ;, oo (1) L’orseille dont on se sert en teinture est sous la forme d’une pâte d’un rouge-violet. On en distingue particulière- ment deux espèces , l’orseille d’herbe ou des Canaries , et l’orscille de terre ou d'Auvergne , qu’on nomme aussi perelle, La première est beaucoup plus estimée ; elle se prépare avec une espèce de lichen , nommé lichen roccella, qui erois sur les rochers voisins de la mer, aux Canaries et au Cap- Verd. La deuxième espèce se prépare avec un lichen , lichen parellus , qui croit sur les rochers d'Auvergne, ( /Vote du Traducteur, ) { 6o ) ni fustet ; mais le tartre deviendra utile pour assurer un peu la couleur du campéche , et on ne pourra se dispenser d'employer la dissolution d’étain. Il faut avoir soin en outre de tirer l’étofle hors de la liqueur , en la tenant sur le moulinet, avant d’ajouter la décoction de campéche, et de bien mêler cette décoction au bain de teinture. Si, pour teindre , on se sert des préparations n° # ou n° 2, qu’on ajoute au bain assez de chaux en poudre pour neutraliser acide , et que l’on sou- tienne le bouillon pendant un quart d'heure , on pourra obtenir un cramoisi solide , sans dissolution d’étain , et sans employer les qutres ingrédients nécessaires pour produire la couleur écarlate. Dans ce cas, l’alumine redissoute par l'acide sulfurique, et le sulfate de chaux qui en résulte servent de mordants. ES 9 Cm — CG1) A ——— R'ACP PrO'RT Sur une variété de Pommes de terre hâtives connue à Paris sous le nom de Truffe d’Août , etc. ; Par MM. Duzvc et P4Arre, MESSIEURS, Vous vous rappelez sans doute une Note de M, Sageret , Membre de la Société d'Agriculture du Département de la Seine, qui vous fut commu: niquée , il y a près de deux ans; par M. Vitalis, sur une variété de Pommes de terre précoces., cul- tivée , en 1815, dans le jardin des Arts et Métiers à Paris. I Cette espèce de patate, couleur de pale io gnon, dont la chair est d’un blanc jaunâtre et souvent veinée de rouge, ne, le cède'en rien par ses qualités nutritives aux autres racines les plus connues de la famille des Solanées ; mais, à ces avantages , elle en réunit une autre très-précieux par la ressource que sa précocilé présente dans un temps de disette : car, il nous paraît prouyé quelle acquiert son dernier terme de végétation près de deux mois plutôt que les Pommes de terre ordinaires. | Les: qualités nutritives et hâtives de ce végétal , annoncées par la Société d'Agriculture de Paris, décidèrent l'Académie , en mars 1814, à se pro- curer de ces racines , et d’en propager la culture dans ce Département, En conséquence , plusieurs (62) de vos Membres en cultivèrent l'année derniére , et M. Dubuc eut l'honneur , le 10 juillet 1814 , de vous présenter de ces Pommes de terre déjà volumineuses , et provenant d’une partie de celles quil avait plantées au commencement du mois d'avril de la même année. Le 10 août suivant, toute sa récolte fut terminée, et la quantité qu’il obtint de douze de ces tubercules lui permit d’en faire des distributions assez nom- breuses pour être cultivées en 1815 , afin d’en multiplier de plus en plus l'espèce. M. Pavie, qui saisit toutes les occasions d’être utile à son pays, voulant également seconder les inten- tions philantropiques de lPAcadémie ; s’est aussi hvré avec zèle à la culture de cette nouvelle Solanée. - Un kilogramme ou environ deux livres de ces racines qu’il a semées av printems dernier, dans uÿ terrain de médiocre qualité , mais bien amendé ; lui a procuré plus de 100 kilogrammes de ces Pommes de térre. La végétation de la plante a été ptodigietsé dans son järdin comme dans le mien ; äû point qu’aû seul de ces tubercules, d'un assez petit volufnie ; en a produit jusquà soixante, la plüpart d'uné gfosseur monstraeuse. Nous avons rémarqué aÿec ättant de surprise que d’admiration que ces fruits étaient en quelque sorte superposés ëñ térre, et que, malgré leur nombre , ces racines avaient acquis en cinq mois au plus tout le déve- Ippement dont elles sont suscepübles | comme il est aisé de s'en convaincre par les nombreux échantilloñs que nous avons l'avantage de mettre sois les yeux de l’Académie, On ‘avait conça le flatteur espoir de faire produire à cette plante deux récoltes chaque année ; mais les expériences réltérées que nous avons faites (65) Fi pendant deux ans, en plantant ces racines , le 15 juillet , n’ont donné , dans les premiers jours de novembre suivant , que dés tuberculés peu nombreux , maigres, d'un trés-pétit volume , ét peu propres à servir d’aliment. 7 Peut-être cette double récolte annuelle pourrait réussir dans les contrées méridionalés de la France : à cause de la température plus élevee ; mais toujours est-il certain qu’elle nous paraît impossible dans les Départements septentrionaux de ce Royaume. Nous avons remarqué encore que pour obtenir le plus grand produit possible de cette morelle, il fallait la semer au plus tard dans les premiers jours de mars ; planter, autant que possible , les tuber- cules entiers , et les espacer au moins à deux pieds l’un de l'autre; et, si le terrain est meuble , bien orienté , un peu humide , lä végétation s'opère promptement. La floraison de la plante a lieu vers la fin du mois de mai, et, quinze jours après cette floraison , les racines sont déja volumineuses , bonnes à manger et propres à la reproduction de l'espèce, Il résulte de nos observations tant sur la culture de ce végétal que sur les qualités et les propriétés de ses racines, 1° que la T'ruffe d’Août ne peut produire, au Nord de la France, qu'une bonne récolte, chaque année ; mais qu’elle offre le précieux avantage d’une grande précocité sur le plus grand nombre des pommes de terre connues et cultivées dans ce Dé- partement ; et 2° que le sol où elles paraissent le mieux réussir est un terrein léger , bien amendé , un peu humide , et, s’il est exposé complettement à l'Orient, on peut étre sûr d'obtenir, vers la fin de juin, de belles racines de bon goût, très-farineuses et très- nutritives, (64) M. Pavie croit que la terre dite de bruyère, dont il s'est servi pour rechausser les pieds de pommes de terre precoces qu'il a cultivées, a con- tribué singulièrement à en augmenter la quantité et la grosseur. Nous pensons , d’après cet exposé , que la So- ciété d'Agriculture de Paris a rendu un nouveau ser- vice aux Français , en introduisant dans le Royaume cette nouvelle espèce de Solanée précoce , et que l'Académie de Rouen a contribué à ce bienfait en en propageant la culture dans le département de la Seine-lnférieure. SRE Ge BELLES-LETTRES (65) BELLES-LETTRES.-ET ARTS. KR A'RRORT Fair par M. N. Biexow, Secrétaire perpétuel. MESSIEURS, Avant de prendre la marche tracée pour le compte que je vais avoir l'honneur de vous rendre, j'ai cru me conformer au vœu présumé de Ja Com- pagnie en commençant par la mention d’une Séance importante, et la première de l’année , sans contredit, dans l’ordre des sentiments et des idées. Je veux parler de votre Séance du 31 mai, époque auparavant affreuse et de si horrible mémoire dans une histoire écrite en caractères de sang, mais que vous avez en quelque sorte réhabilitée par le souvenir précieux de la consécration du Buste de Sa Majesté dans le lieu de vos exercices ordi- naires, Aussi jamais votre assemblée ne fut-elle plus nombreuse ; le devoir et l'amour avaient réuni tous les membres , je dirai même la nouveauté , car c'était une sclennité sans exemple depuis la res- touration de l'Académie ; l'autel était resté vacant, et vous wayez point eu d’idole à renverser pour rétablir la divinité dans son temple. Heureux, Messieurs, en satisfaisant à la reconnaissance et au plus doux penchant de nos cœurs, d’avoir en même "4 E ( 66 ) teraps travaillé pour la gloire et l'illustration de la Compagnie ! Quoi de plus propre, en effet, à nous fournir de grandes, de nobles inspirations , que l’auguste image d'nn Prince qui serait le premier des Académiciens par ses lumières, comme il est le Père des Français parles sentiments qu’il leur porte ; d'un Monarque justement cheri , digne de nos respects comme homme , qu'on peut louer sur le trône sans flatte- vie, adorer sans bassesse | et qui épargne aux ames , même les plus fières, ces mouvements secrets de l'amour propre humilié dans le retour de l’é- garement aux principes , par l’ascendant irrésistible d'un rare assemblage de vertus sans mélange de qualités contraires ! Mais j'allais, Messieurs, vous répéter dans mon langage, tout ce qu'ont dit avec éloquence vos ora- teurs et vos poêtes ; et mes fonctions doivent se borner à l'analyse de leurs pensées. Cependant vous allez les entendre encore une fois eux-mêmes ; car vous avez arrêté de répéter ici les discours de MM. Gourdin et Boistard , ainsi que les pièces de vers de MM. Vigné, Duputel et Licquet , consacrées par l'expression de vos hommages, et de célébrer enfin dans un local plus vaste une véritable fête de la famille entière , que l’étroite enceinte de vos Séances ordivaires ne vous permettait pas de convoquer. M. le Président avait donné le signal de la mani- festation des témoignages de dévouement et d'amour envers le légitime héritier du trône de saint Louis et du grand Henri, et M. Gosseaume fit la clôture de cette mémorable Séance, par la lecture d’une traduction nouvelle du pseaume BGénédic anima mea domino , où notre collègue « a cru voir, dit-il, dans la (67) » peinture d’un bon Roi, des rapports frappants avec » un Prince révéré que l’Europe entière admire.» 1 serait inutile de vous rappeller ici, Messieurs, le souvenir de ce concert de voix et d’acclamations envers le sauveur et le soutien de la Patrie. Cet accord du langage était l'expression libre et naturelle de toutes les volontés , et la mémoire du cœur est toujours durable. Puisse seulement la divine provi- dence , qui règne sur les Rois, exaucer nos vœux en faveur d'un Prince qu'elle a si bien formé pour régner sur des hommes ! OUVRAGES 1ius À LA SÉANCE DE L'INAUGURATION pu Buste DE LOUIS XVII. Discours d’ouverture de cette Séance, prononcé par M. Gourpis, Président. MESSIEURS, La cérémonie qui nous rassemble aujourd’hui est également auguste et touchante. Elle est auguste , puisqu'il s y agit de l'inauguration du buste de notre Monarque; elle est touchante , puisque ce sont des enfants réunis autour de l’image de leur pére pour lui payer le tribut de leur amour. C’est donc une fête de famille, Ah! Messieurs, qu’elle est douce pour nos cœurs ! Trop long-temps le français égaré à éprouvé com- bien il perdait en quittant son caractère, Ce Carac- tère de fidélité et d'amour pour ses souverains, qui pendant une longue suite de siècles, a fait le bonheur des particuliers, comme la prospérité de l'Etat. Il semble qu’en tout genre le plus grand malheur E 2 (68 ) $ de l’homme soit de s'écarter du sentier de ses devoirs. Alors, ilmarche au hazard et semble rouler de précipice en précipice. Nous ne l’ayons que trop €prouve. Fatigués en quelque sorte du repos et de la félicité dont nous jouissions sous un gouyernement vraiment paternel, nous sommes devenus les jouets et les victimes de toutes les factions qui ont agité et désole notre belle Patrie, L'anarchie avait détruit les prin- cipes les plus vénérables ; elle avait anéanti les mœurs publiques et particulières ; les liens les plus sacrés de la société étaient rompus ; le titre de Royale , accordé aux Académies par des Princes mis et protecteurs des Lettres et des Arts, devint pour elles un titre de proscription. L'ignorance et la barbarie s’avançaient à grands pas à la suite du vandalisme , quand Ja tyrannie prit la place de l’a- narchie ; l'ambition d'un seul homme porta la dé- solation dans. toutes les familles ; bientôt elle eut dépeuplé toute la France , si la Providence , qui veille sur l'empire de Saint-Louis et sur ses au- gustes descendants , m’eût fait remonter Louts Le désiré sur le trône de ses ancêtres. Il est digne de s'y placer, et son cœur généreux assure aux Fran- çais une prospérité dent ils jouiront quand par la réunion de toutes les volontés ils sauront en sentir le prix. Nous touchons , n'en doutons point, Messieurs , à cet heureux moment, La sagesse et la bonté, les deux qualités qui font les grands rois, qui ont immortalisé les âges des Trajan et des Titus , sont assises sur le trône; elles font le caractère person- nel d’un Monarque qui sait unir la piété de Saint- Louis , l'amour de Louis XII pour son peuple, et la clémence d'Henri IV. € 69 y Ah ! si tous ses sujets pouvaient l'approcher, le connaitre , tous le béniraient. Pour nous qui avons eu cet avantage, nous dont il a recu la députation avec cette dignité bienfaisante qui lui est propre ;, nous à qui il a rendu le titre aussi cher que glo- rienx Académie royale, offrons lui l'hommage de nos cœurs ; et, dans la sincérité de notre âme, dans leffusion du sentiment, écrions-nous : Vive le Roit Wive l’excellent Prince qui nous gouverne ! Discovrs prononcé par M. BorsrArD , Ingénieur en chef , Chevalier de l’Ordre royal de la Légion- d’Honneur. MEessrEURS,:. Nous sommes ici rassemblés pour un sujet bien noble et bien doux..... pour rendre un hommage solennel au vertueux Morarque, au protecteur éclairé de nostravaux , que la Providence, par un trait désiré et inespéré , a daigné rendre à notre France éplorée. Je suis vivement persuadé , Messieurs, par mes propres sentiments, que les vôtres, pour être excités, n’out pas besoin du tableau que ÿaimerais à retra- cer ici, des gages que notre nouveau Titus donne chaque jour à la félicité publique. ‘Combien ils offrent déjà ! Combien offriront-ils., (on peut le prédire sûrement d'un Bourbon) com- bien offriront-ils de sujets touchants à ceux d’entre nous qui , doués de véritables talents, comprenrent que ces dons du ciel n’out de prix, ne méritent d'estime que par le noble et utile usage auquel on les. cousacre. E35 (70) Certainement , Messieurs, quiconque a été gra- tüifié de la faculté vraiment divine de faire aimer l’ordre, la justice , la solide éducation , les bonnes mœurs, toutes les vertus dont la religion est liné- puisable source , celui-là doit s’enflammer à la vue du modèle que notre excellent Monarque nous pré- sente, à Quelles récompenses ne doit - il point attendre ! Et combien seront-elles précieuses , accordées par un juge à qui rien n’est étranger de tout ce qui peut faire un véritable honneur à la Nation, et dont il a un goût si sûr, un discernement si exquis ! Que l'inconséquence est naturelle à l'homme ! On a répété sans cesse aux rois qu’ils sont des hommes; àla bonne heure, quoique plusieurs, tels qu’an Louis IX , un Louis XVI, n’aient pas eu besoin de cette leçon ; et, d'un autre côté , nous nous égarons jusqu’à juger les rois comme s'ils n'étaient pas des hommes !.. Ah! qu'ils soient passés sans retour, ces jours désastreux qu’une fausse philosophie, mére d’un fol orgueil ei d'une indépendance criminelle , avait fait éclore ; que , digne aujourd’hui de son nom, la phi- losophie répète par-tout aux hommes qu'ils doivent avoir des rois; que leurs rois légitimes sont leurs vrais pères let wallons pas chercher ailleurs que dans notre histoire , des rois vrais pères de leurs peuples. Ce sont eux qui ont affranchi les serfs , qui ont établi les communes des villes, qui ont mis un frein aux justices seigneuriales, qui ont étouflé l’a- narchie féodale ; c’est aux Bourbons, si distingués parmi ces rois, que Ja France doit ses institutions sages, ses établissements utiles ; c’est par l’encou- ragement qu'ils ont donné aux Lettres , aux Sciences et aux Arts, qu’elle est parvenue à ce degré de prospérité ei de gloire dont l'éclat n’a pu être (na) éteint par les désastres qui ont failli causer la ruine de cette belle et ancienne Monarchie. Et ce sont ces Bourbons qu’on a présentés aux peuples comme les ennemis de la liberté !....... Cruel et funeste délire qui rend encore quelques esprits les jouets de l'erreur et de la malignité, en leur inspirant des craintes que la raison réprouve e& que l'expérience dément. Insensés ! ouvrez l’His- toire des Nations et trouvez des rois qui méritent mieux que les vôtresle titre de pères de leurs peuples. Je pourrais, Messieurs, remonter plus haut que François 1% ; maisje me sens arrêter par l'éclat brillant de ce digne rival de Charles-Quint au champ d'hon- neur , et qui joint à tant de titres glorieux celui de Père des Lettres : depuis lui jusqu’à Louis XIV , dont les regards firent naître cette foule de Grands Hommes long-temps sans rivaux, et qui ont tant servi à former leurs égaux chez les nations étran- gères, je vois par-tout la France couverte de mo- numents des soins paternels de nos rois, pour faire fleurir toutes les branches de la félicité publique. Renaissez nobles fruits, sous l’empire des lis ! Revenez heureux temps , sous un autre Louts ! (1} Nouveau Solon, nouveau Titus, Et des rois le modèle, Sur son peuple fidèle Il veut régner par ses vertus. Francais ! rallions-nous autour d'un monarque, d’un père dont le ciel s’est visiblement servi pour fermer l’abyme qui menaçait d'engloutir la France (1) Ce vers est de Voltaire, L (72) et l'Europe avecelle. Qu'ilsfuient, ah ! qu'ils fuient ces hommes que l'ambition dévore , qui ont sacrifié à leur propre intérét , l'intérêt sacré de la patrie ! Qu'iis vivent loin de cette terre qu’ils ont souillée par le plus horrible des crimes, et soient livrés aux remords , si le ciel ne leur a pas fermé la voie de sa justice ! La France veut son Roi; et tout français digne de l'être va reprendre cet heureux caractère qui distingua toujours les français par leur aimable galan- terie, leur gaité naturelle et communicative ; par leur noble franchise , et sur-tout par leur amour pour leurs rois. O bonheur si long - temps désiré !.... l'étendart des lis flotte sur tous les points de la France , et roclame la paix du monde! La paix!..... après tant de malheurs, tant de souflrances et tant de sacrifices, quel français ne se sent pas ému à ce seul nom!..... Elle donne à la mère de famille l’assurance de conserver son fils , au fils, celle de mourir sur le sol où son père et ses aïeux reposent dens lear dernier asyle : elle rappelle l'industrie , le commerce et les aris, Tous ces biens , Messieurs, c’est un Bourbon qui nous les rend! Ah ! qu’il est doux, qu'il est aisé d’être sujet fidèle , respectueux, re- connaissant des Bourbons ! Comment des français ontils pa lPoublier ! Comment a-t-on pu enterdre d'autre cri que celui de vivent les Bourbons! Five le Roi!..... Wive le Roi! Vivent les Bourbons! (75) AS HOMMAGE À LOUIS LE DÉSIRÉ. bn zuz Ex, Vous, du docte Parnasse et l’amour et l’honnear ; Au son de la trompette , Des vertusde Louis célébrez la grandeur ; Une simple musette Sied mieux à mon esprit , et plait mieux à mon cœur. Mryrtile, à la fleur de son âge, _Promettait d’aimer sans partage; Il w’avait pour témoins de ses tendres serments Que la Brebis discrète et que l’Oiseau des champs ; Mais son cœur aussi pur que ses feux pour Sylvie ; N’aurait jamais connu l’affreuse perfidie, Au seul nom de parjure il eût pali d’effroi, « Plutôt cent fois mourir que de trahir ma foi, » Que de trahir ma douce amie», Disoit-il aux échos qui semblaient tour-à-tour , Prompts à le répéter au gré de son amour ! Myitile était heureux. Une loi meurtrière Vient jetter la terreur dans son humble chaumiére; Pour l’éviter , il fuit ses fertiles guérets Et , dans l’épaisseur des forêts, Cherche un impénétrable asile, / Ou dans le roc le plus stérile En frémissant dispute aux reptiles impurs Leurs repaires les plus obscurs, Hélas ! sa fuite est inutile ; On le trouve, on le traîne au milieu des combats Et sans le redouter il reçoit le trépas, (74) Mais avant d’expirer il pleure sa Sylvie ; Pour son Prince , pour elle, il eût donné sa vie; Pour elle il fait des vœux , et , fidèle sujet , Soupire et balbutie : Termine les malheurs de ma chère Patrie, Grand Dieu ! rends lui son Père , et je meurs satisfait, O Louis! 6 mon Roi! ce vœu de l’innocence, Ce vœu de tous les cœurs soumis à ta puissance, Bientôt fut exaueé, Pour la seconde fais, Pour toujours l'Éternel ta remis dans tes droits. Monarque vertueux, tu règnes sur la France Moins par les lois du sort que par ta bienfaisance. Dans ces plaines où trop long-temps La guerre accumula ses crimes , ses tourments, , Flore ramène l’espérance, Tout s’embellit par sa présence, L'air ne-retentit plus que de sons ravissantss Sur un fréle rameau Philomèle penchée S’exerce , se surpasse , élève la pensée ; Pour mieux admirer ses accents, Mille petits oiseaux cessent leur badinage, Cessent aussi leur doux ramage, Et les bosquets reverdissants , Eux-mêmes pour l'entendre avec plus d'avantage Paraissent contenir leur mobile feuillage, Et le ruisseau limpide interrompre son cours , Et la tendre fauvette oublier ses amours. Aux chants de Philomèle ensuite se marie; Des flütes , des haut-bois , la touchante harmonie. Par=tout , en diverses facons , Se reproduit et se déploie La plus délicieuse joie, Sous la garde d’Églé répétant les chansons Qu’'Atis a faites pour lui plaire, L'agneau bondit près de sa mère. (75) Derrière un saule, Âtis, témoin de son bonheur Doute s’il veille encore. Plus loin l’Agricalteur , Heureux en admirant la féconde nature Et ses charmes toujonrs nouveaux, A sa franche gaité se livre sans mesure, Certain de recueillir le fruit de ses travaux ; fais sur-tont avec alégresse , Avec des larmes de tendresse , Sur son cœur tour-à-tour il presse ses enfants : « Vous serez, leur dit-il, l'appui de mes vieux ans ; » Cet espoir enchanteur de Louis est l'ouvrage, » Sa bonté nous assure une durable Paix, » À ce Prince accompli rendons un digne hommage, » Qu'un serment à son sort nous attache à jamais ; » Jurons de le chérir , jurons de le défendre,....» O Louis! ce serment de l’amour le plus tendre, J'aime à le répéter avec tous les Français. Par M, Vicns. ODE AUX MUSES. Musxs, qui trop long-temps avez gémi captives Sous le joug odieux d’un cruel oppresseur , Cessez de confier à vos lyres plaintives L'accent de la douleur, Lorsque de toutes parts mille cris d’alégresse Par l'écho répétés , s'élèvent dans les airs, Joignez-y vos accords, et qu’une douce ivresse Anime vos concerts, Au gré de son délire, un tyran sanguinaire Ne vous forcera plus à venir désormais Brüler devant son trône un encens mercenaire En chantant ses forfaits, (76) La verta seule a droit à vos libres hommages ,. Tout l’or du crime envain les voudrait acheter , Le moyen le plus sûr d'obtenir vos suffrages C’est de les mériter, Qui les mérite mieux que ce Roi légitime De tous les vrais Français justement adoré, Et qu’ils ont surnommé, d’une voix unanime, Louis Le Désiré ? Dans ses mains la justice a remis sa balance , La sagesse l’inspire, il ne suit que ses loix , Et quand il faut punir, toujours de la clémence, Il écoute la voix. À peine a-t-il paru, le démon de la guerre Fuit loin de nos climats abjurant ses fureurs , La Paix, l’aimable Paix vient de l’Europe entière Sécher enfin les pleurs. Hätez-vous d’enlacer les Lys aux immortelles , Et d’en orner le front de ce Prince chéri ; Joignez à l’Olivier vos palmes les plus belles Pour le fils de Henri, Sur le marbre animé, sur la toile vivante, Qu’à l’envi les beaux Arts reproduisent ses traits, Eh! qui pourrait les voir d’une ame indifférente Pour peu qu’il soit Français ? Que dis-je? Au monde entier son image fidèle Présente le tableau de toutes les vertus à Il voit renaître en Jui le divin Marc-Aurèle, Et Trajan et Titus, PE nr) Daigne un Dieu favorable égaler ses journées Au nombre des heureux que son retour a faits, Et puisse-t-il sur nous régner autant d’années Qu'il versa de bienfaits ! Par M. Dururer, STANCES. De leurs antres profonds rappelant les tempêtes L’aquilon furieux a mugi dans les airs, Il a rassemblé sur nos têtes Ces nuages brülants qui portent les éclairs. Mais l’éclair a brillé, déjà la fondre gronde , Quel affreux avenir nous est donc réservé ? Verrons-nous la chute du monde.......? Le Dieu du jour paraît et le monde est sauvée D'’innombrables guerriers menacaient ma Patrie ; Ils apportaient sur nous le fer et le trépas. Qui repoussera leur furie ? La valeur ne peut rien où la vertu n’est pas, Contre tant de malheurs où trouver un égide ? Qui nous protésera dans nos sanglants revers ?...,. Louis paraît, la Paix le guide, Et l’aspect d’un seul homme a calmé l'univers. Grand Roi! je veux chanter ta plus noble victoire ; Je veux de mon amour exhaler les transports. ....3 Mais à la hautenr de ta gloire Pourrais-je de ma lyre élever les accords? (78) Le fils revient sécher les larmes de sa mère ; De ses pénibles soins trouvant enfin le prix, Autour de son humble chaumiëre Le ‘laboureur joyeux voit grandir ses épis. L’épouse ne craint plus pour l’époux qu'elle adore ; La jeune amante aussi doit bénir ton retour, Et ta présence rend encore Le bonheur à l’hymen et l'espoir à l’amour. Par tes soins, en tous lieux , la France réparée, Objet plus que jamais du respect des mortels Te doit sa morale épurée, Son honneur ,» ses vertus , et sur-tout ses Autels, O des Rois d’ici bas le meilleur , le plus sage, Toi seul d’un tel prodige opéras la splendeur ! La France devient ton ouvrage : Qui sauve les Etats en est le fondateur. Mais que dis-je? où m’entraine ane ardeur insensée ? Puis-je compter tes droits à l'amour des Français ? Lorsque l’éclair de la pensée Ne te suit qu'avec peine à travers tes bienfaits, Muse , mets donc un frein à l’orgueil qui m’égare ; Moi, d’un pompeux éloge emprunter l’appareil....! Abaisse ton vol, jeune Icare , Tu ne soutiendrais pas les regards du soleil. Par M. Théodore Licquer 2 td TRAVAUX DE L'ANNÉE. M. Courdin, président, en ouvrant les travaux de l'année, a annoncé qu’il allait essayer d’entretenir la Compagnie des prérogatives qui font l'honneur ec la douceur de la vie des Académiciens. Noble indépendance ; orgueil décent ; préférence donnée à sa propre estime sur les éloges des autres; douce égalité, sans autre différence que celle des talents, au sein d’une réunion paisible, figurée par l'inaltérable concert des Musées ; gloire sans intri- gue; généreuse ambition de servir son siècle, mal- gré lui-même , en dépit de l'ignorance et des pros- criptions ; élévation de sentiments au-dessus de Ja basse jalousie, vice ordinaire de l'impuissante mé- diocrité ; esemption des inquiétudes que donne à d’autres le soin de recueillir les périssables faveurs de la fortune ; amour de la patrie , respect aux lois, fidélité au prince; éloignement de cet esprit de parti, de ce fanatisme politique qui sème la dis- corde parmi les Citoyens : tels sont les principes professés par M. Gourdin, développés avec sagesse dans autant de paragraphes, et terminés par un vigoureux anathème contre ceux qui confondraient l'honnète indépendance avec une licence pernicieuse. CoORRESPONDANCE, Vous avez recu , Messieurs, de la Société Acadé- mique de Besancou , le Programme du Prix qu’elle se (8) propose de décerner cette année, et dont le sujet pour but de déterminer : « Quelle influence doit avoir sur nos mœurs et netre Littérature la restauraticn de la Monarchie Française ? « — De la Société d'Emulation de cette Ville, le compte rendu de sa Séance publique , pour l’année 1815 , où M. Licquet, Rapporteur , vous a fait remar- quer la sagesse du Discours d'Ouverture ; par M. Cabissol , sur l'influence des connaissances humaines ; la méthode de M. Marquis, Secrétaire de Corres- pondance ; l'élégance d’un petit Poëme Latin sur les Aventures d'Herminie , par les Elèves en Seconde du Collége Royal de Rouen; et un Apologue imité de l'anglais, par M. Brémonuer. — De M. Malandin, Avocat à Paris, un Mémoire sur l'emploi du temps chez les Romains, et des Ré. flexions sur un Ouvrage de M. Bexon, relatif à la Législation pénale. — De la Société de Commerce de Rouen, un Mémoire d’Observa'ions sur quelques impôts indi- rects proposés au budjet de 1816 ; genre de discus- sion auquel vos Statuts ne vous laissent que le droit de décerner des témoignages de reconnais- sance, pour la part que vous prenez aux intérêts de l'Etat, toujours si bien secondé par une réunion d'Hommes dont on doit respecter les lumières. — De M. Godefroy père, Graveur à Paris, une Lettre à un jeune Artiste, où l'Auteur révèle une connaissance approfondie de la théorie de son art. :— Pe M. Julien le Tertre, Membre de lAca- démie de Caen, un Choix des Poésies de Malherbe, avec C8) avec des Remarques ; ouvrage que notre confrère, M. Duapuiel , vous a fait envisager par rapport au _tèmps où écrivait Malherbe , et , par comparaison, avec les Ecrivains qui ont précédé M. le Tertre dans ce genre de travail, ainsi que sous le point de vue du but que s’est proposé l'auteur du nou- veau Recueil; d'où il résulte que si M. le Tertre n’a pas rigoureusement rempli la tâche qu’il s'était imposée, son travail n'en est pas moins un précieux témoignage de reconnaissance envers un compa- triote célèbre, et un monument estimable élevé à l'honneur du premier lyrique parmi les Français. — DeM. Camberlin d'Amongies, de Gand, deux Poëmes Latins ; l'un ayant pour titre: 4 Lowis XVIIT, le Désiré, Roi de France et de Navarre ; et l'autre: A Son Altesse, Guillaume, Prince d'Orange; tous deux contenant l'historique d’une partie de la Ré- volution Française, et des événements de la cam- pagne de 1815. On ne peut trop combler d’éloges les nobles sentiments de l'homme de lettres qui sait honorer la valeur de ses Princes , et rendre aux nôtres un libre hommage, dont leurs droits comme leurs vertus nous font à tous un devoir, qu'il nous est si doux de voir justifié par le respect des étrangers eux-mémes. — De M. Worbe, un Éloge de Blaise Pascal, où M. Dufilho!l, rapporteur, au nom d’une Com- mission dont il était l'organe, a trouvé « un plan bien concu et conduit habilement ; une dicton pure, un style élégant, une sage modération , une saine morale et quelques traits d’éloquence , » mais néanmoins un peu trop de goût pour le sel du ri- dicule. F ‘C82) « Aurait-il dû , dit notre collègne , après avoir | complimenté l’auteur de s'être bien gardé de dé- clamer contre les pieux et savants adversaires de P. R. « Aurait-il dû ( M. Worbe, ) insister autant qu'il Va fait, sur le ridicule dont Pascal couvrit les Jésuites? Cette arme perfide doit-elle être employée dans un combat où la raison seule doit décider de la victoire? N'’est-elle pas le plus souvent la der- nière ressource d’une cause désespérée? Il est vrai que c'est un moyen infaillible de se concilier le vulgaire ; mais les sages commencent par suppri- mer tout ce qui ne tend pas directement au but, Ils peuvent permettre quelquefois d'écraser sous le ridicule un vice dangereux et insolent; mais ils veu- lent que le calme et la candeur président aux discus- sions morales. Si les raisons que l’on doit opposer à ses adversaires sont capables de les abattre, à quoi bon des secours étrangers? Si elles sont in- suffisantes , le ridicule devient l'arme du mépris et de la mauvaise foi. Ce n’est donc pas sous ce rap- port que les Provinciales contribuent à la gloire littéraire de Pascal, » : — De M. Thorel de Saint-Martin, un Poëme fran- çais sur /a mort d’Alain Blanchard , premier Magis- rat de la ville de Rouen , lors du siége qu’elle essuya en 1418, de la part d'Henri V, roi d'An- gleterre. Cet hommage a plus d’un titre pour vous intéresser , Messieurs ; d’abord , le nom du Héros, dont le généreux dévoñment honore le courage des habitants de cette grande Cité, et pour la gloire duquel vous aviez vous-mêmes , il y a quel- ques années, fait un appel à nos historiens et à nos poétes; ensuite Ja jeunesse de Pauteur, dont la muse patriotique vous procure un monument (83) que vous n'aviez, pour ainsi dire, qu’en intitulé dans vos annales, et dont les premiers essais offrent une sorte de mouvement , de chaleur et de verve, conditions premières et essentielles, dans ce genre, de la bonne et véritable poësie, — De M. De Richemont , Officier supérieur da cavalerie , retraité, et Chevalier de l'Ordre de Saint- Louis , une Ode française, sur les événements rela- tifs au départ et au retour de Lovrs AVI!II, de l'année précédente. Vous en avez entendu Ja lec- ture , Messieurs , avec les sentiments du respect qu'exige l’intérêt de la matière , ét de l'estime qu’on doit au mérite connu de l'auteur. Malgré le temps qui nous presse, ce serait exige de vous un trop grand sacrifice, que de n'en pas répéter da moins une strophe. Je prends celle où le Roi comprime l’ardeur de sa Garde , déter- minée à mourir ou à le venger. « Modérez (dit Sa Majesté) cette ardeur guerriére, » De l’honneur noble vétérans ; » Un Roi qui veut résner en père, » Est avare de ses enfants, » Le Dicu qui calme la tempête, Saura de son auguste têtes Sans vous, écarter le danger ; » Et dans ses mains prenant son foudre, Il va bientôt réduire en pondre , : » Les traîtres fiers de l’outrager. » — De l’Académie royale de Lyon, le Programme d’un prix extraordinaire de poësie à décerner an meilleur poëme sur l'honorable campagne de Don- seigneur le duc d’Angoulème , dans les départements Eva (84) du midi, Le digne français qui a fait les fonds pout cette palme poëtique ne veut pas être connu; mais la réputation de l'athlète vainqueur sera sans bor- nes , puisque la France se plaira toute entière à répéter ses vers, et que son nom fortuné se rat- tachera à la gloire d’un héros et d’un Bourbon. — De la méme Académie, le résumé du con- cours extraordinaife de poësie sur-le retour de l'auguste Famille ; ouvrage assez étendu , quoique d’un style précis , et où le grand nombre des con- currents, ainsi que la qualité des citations plus ou moins longues , sout la meilleure preuve que le Parnasse Français parait avoir retrouvé son Apoilon , en recouyraut ses anciens maitres. — De M. Thomas Campbell, Professeur de poë- sie à l’Institution Royale de Londres, un Recueil de Poëmes historiques descriptifs et moraux, re- commandés par l'éloge qu’en ont faite MM. Marquis, Auguste le Prévost et Guttinguer, dans le compte qu’ils en ont rendu à la Compagnie, Aussi, Messieurs, avez-vous cru faire une conquête précieuse en ré- pondant au désir qu'a manifesté cet illustre étran- ger, d’être placé sur la liste de vos collaborateurs. — De l'Académie des Jeux floraux; 1° le Re- cueil de cette Académie pour les concours de 1814, 15et 16; 2° l'Histoire même de l'Académie des Jeux Floraux , en deux volumes, où M. Poitevin Peïtavi, Secrétaire perpétuel, a montré toute la force d'une bonne dialectique , et d’un talent müri par une: longue et honorable expérience ; et c’est pour une cause saus doute bien sacrée , puisqu'il s’agit, pour l’Académie de Toulouse, d'affermir la statue de Clémence Isaure sur ses bases. M. Duputel, notre (85) collègue , a fait sur les pièces de cet important procès un rapport très-étendu, où il discute avec beaucoup d’art et de sagacité les preuves nom- breuses alléguées par le savant historien de Clé- mence , pour confirmer , dans ses droits de res- tauratrice du collége du Gaï savoir , cette précieuse divinité du Parnasse méridional, dont l'esprit de corps , l'intérét et l'envie s'efforcent vainement de désenchanter les fleurs poétiques et les attrayantes récompenses. M. Poitevin parait sur cette arêne armé de puissants arguments ; et tous les lecteurs se rangent de son parti contre les Capitouls et leurs complaisants défenseurs , autant par la force de ses raisons que par l'attrait de cette charmante et utile institution. — De M. Goube , ancien avocat en Parlement, Y Histoire | en trois volumes, du Duché de Nor- mandie. M. Auguste Le Prevost,, chargé avec M. Licquet de vous rendre compte de cet intéressant ouvrage, après une savante aualyse , dont le temps ne nous permet de rapporterici qu’une partie des conclusions, rend hommage au zèle courageux de notre com- patriote ; « c’est avoir sû s'occuper, dit-il, d’une manière honorable, durant les années orageuses d’une longue tourmente révolutionnaire, que de consacrer les dernières années d’une existence la- borieuse à courir une carrière que personne m'avait encore complètement franchie, » M. le Rapporteur loue dans l'histoirede M. Goube, le plan, le choix des guides et les vues qui sont d'un homme de bien et d'un bon français; mais il désirerait quelquefois plus d’érudition , plus de soin dans les détails, et sur-tout plus de correction EF 3 (86) dans le style, aux défauts duquel pourtant il aime à supposer que la typographie pourrait bien n'être pas tout-à-fait étrangère: Ce rapport dé M.°Le Prevost, qui porte dans toutes ses parties le caractère de Pimpartialité, est ferminé par des réflexions où s'allie parfaitement le rigouréax ministère ‘d’une critique raisonnable » avec le sentiment impérieux, dans les âmies hon- nêtes , d’une juste reconnaissance , toujours dué à quiconque à fait de louables efforts pout la mériter: . Er en effet, quelles que soient les taches que Pon puisse trouver dans l'Histoire de Normandie, on la lit avec intérét et avec fruit, Elle devrait être dans les mains de tous les normands ; et ce serait ris- quer beaucoup que d’en attendre une-nouvelle , qui pourrait être plus parfaite sous quelques rap- ports, mais jamais plus utile, ni peut-être plus complètte, à — De l’Académie roÿale de Nismes , le jugement de son concours de 1816 , avec le programme de ses prix pour 1817 et 1818 ; le premier ayant pour sujet, un Poëme de deux à trois cents vers, sur la FVaccine ; et le second, la question de savoir com- ment on pourrait obtenir aux eaux,- de -vie du bas Languedoc, une préférence , que semblerait devoir leur garantir la supériorité non contestée des vins du Midi sur ceux de l’Ouest, — Un Essai manuscrit sur les Participes français , présenté par M. Adam, vice-président du tribunal civil, a pour objet d'établir une règle unique dans Vemploi de cette partie du discours. L'invention de cette règle n’était pas aujourd’hui la chose la plus difficile ; mais une démonstration courte et lumineuse 23 (87) du principe, avec une série méthodique d’appli- cations confirmatives , offrait encore une tâche assez honorable à bien remplir; c’est ce que M. Adam parait avoir exécuté en grande partie, d’après le vapport très - avantageux que vous en a fait M. Mar- quis, commissaire nommé conjointement avec MM. Puputel et Licquet , pour Pexamen de cet ouvrage. & L'ouvrage dont je viens d’avoir l'henneur de vous rendre compte, dit M. le Rapporteur en finissant , contient des recherches fort étendues , et suppose dans som auteur des connaissances solides et une grande persévérance dans ses travaux. » : = Vous avez reçu aussi, Messieurs, une Zlégie française sur la mort du respectable Ducis, par madame l’iccoire Baboïs , auteur d’un petit ouvrage plein de sentiment et de vérité, qui parut en 1807, sous le titre d'Ælégies à ma fille. Chacun de nous a partagé les regrets d’une femme sensible, d’une mère et d’une amie sue la' perte du dernier peut- étre de nos grands poëêtes dramatiques; homme d'honneur à -la-fois et citoyen courageux , qui re- fu.a une. des premières dignités révolutionnaires avec autant de constance que tant d’autres en mét- tient à se trainer sur.la route ; génie créateur ; même en imitant, et exemple assez rare d'un grand succès sans bâssesse et d'une brillante réputation sans intrigue, même avec un grand talent. L'Elégie de madame Babois offre des vers heu- reux , des tableaux bien tracés , quelquefois aussi uu peu d'aboudance ; mais quis desiderio sit pudor aut modus....,. Ja plaie était éncore si récente et si profonde! Peut-être , en pareil cas, serait-il plus diflicile de finir que de ne pas commencer. F 4 (38) = Parmi les monuments de la Correspondance qui méritent encore une mention très-honorable , c’est un Eloge de Lovis XWT , terminé par le récit douloureux des traitements barbares qui ont pré- cipité la mort de l'infortuné Louis XVII, si près de son berceau. L'auteur, M. Pinaud, Mainteneur de l’Académie de Toulouse, a réuni tous vos suffra- ges à la lecture, tant pour la justesse des vues et pour la liaison des faits, que pour la noblesse des pensées et Ja fermeté du style. On n’y trouve point de ces phrases parasites , de ce pathos inanimé» qui est pour ainsi dire Ja charge de l'éloquence ; mais on y distingue un sentiment profond, par-tout fondu dans l’expression des choses , et qui se com- munique à l’âme , sans ce cliquetis de mots et de figures qui ne décèle que trop souvent l'indigence des idées, = L'Académie doit encore des témoignages d’un intérêt particulier à M. Le Prevost, D. M. de cette ville, pour un Mémoire sur les rivières de Robec et d’Aubette , premiers et indispensables agents de notre industrie manufacturière, - L'auteur a pour but d'établir que les canaux de ces deux rivières existaient ayant le cardinal Georges d'Amboise , à qui l’on attribue communément cette double direction, du pied de deux côtes opposées, des eaux d’un marais qui devaient couler primitivement au fond de la vallée. Pour Robec, il invoque d’abord une charte de 996, par laquelle Richard 11 donne deux moulins pro- che les murs au chapitre de Rouen ; et une autre charte du même duc, postérieure de quelques an- nées, qui concéde à l’abbaye de Saint-Ouen un mou- lin proche la cité, avec la dime de huit autres mou- (89) lins çontigus. Ensuite , Phistoire à la main , il prouve l'identité de ces onze moulins avec ceux qui exis- tent aujourd’hui sur Robec, dans l’intérieur de la ville ; d’où suit l’existence du canal de Robec, près de cinq cents ans avant que Gebrges d'Amboise n’oc- cupât le siége archiépiscopal de Rouen. Mais à qui Ja ville de Rouen doit-elle cette belle et heureuse invention de la formation du canal ? M. Le Prevost en ferait volontiers honneur à Richard I; mais il ne prétend pas que la chose soit démontrée. Maintenant nous laisserons parler M. Le Prevost lui-même , relativement au canal d’Aubette. C’est la partie du Mémoire la plus courte pat elle-même, et la plus longue à analyser. D'ailleurs , les écrits d'un intérét local ont ordinairement dans nos an- nales cette sorte de privilége. » Aubette après avoir passé Île Choug , Continue de couler dans le milieu de la vallée ; arrivée à l'ancien clos de la Chartreuse de la Rose, elle le traverserait et se réunirait au ruisseau appelé la petite AUDEUET, si un vieux mur de cet ancien monastère n’en changeait le cours en la forçant de se diriger de droite à ganche dans un canal qui lui a été creusé pour la faire couler au pied ces côteaux du Mont-Gargan. » 11 me sera difficile d’assigner l'époque fixe où ce canal aura été fait ; le titre le plus ancien que j'aie pu me procurer, et qui me paraît avoir quel- que rapport avec Aubette , estune charte de Richard, Cœur-de-Lion, de l’année 1192, je l'ai déjà citée sous un autre rapport. Il cède dans cette charte deux villages aux relicieux de Saint-Ouen , et re- çoit d'eux en échätge les prairies, terreins et re- venus qu'ils ont sur étang qui est auprès de Rouen, JL est probable que les eaux d'Aubette formaient (90). cet étang et n’ayaient pas encore de canal à cette époque. » Cette opinion est fortifiée par la charte de Guillaume de Lestrange , archevêque de Rouen, et fondateur de la Chartgeuse de la Rose; cette charte est de l’année 1584 En faisant l'énumération des biens qu’il donne à ce monastère, dans l'endroit appelé le Nid de chien, il spécifie un grand jardin borné d’un côté par la rivière de D lee , et d’un bout par le chemin allant du Nid de chien à Saint- Hilaire, avec tous les prés, terres, viviers , arbres, EG netCe se «Qui lui appartiennent, Ceute désigna- ion de ziviers donne lieu de croire qu’ Aubeue tray ersait. cet ancien manoir , et que ses eaux ;, réunies à celles du ruisseau qui, y coule encore aujourd’ hui, se divisaient en plusieurs bras et cou- vraient le térrein en plusieurs endroits. Ce local devait être marécageux , peu productif et mal-sain. » C'est pour ces causes, sans doute , que lors- que les Chartreux auront environné leur monastère d’un mur, dont on voit encore les ruines , ils au- ront empêché la rivière d'Aubette de passer sur leur terrein en lui opposant une digue par la cons- truction de ce mur; ils auront par là rendu leur propriété plus avantageuse , et leur monastère moins. mal-sain, .» Je crois que c'est à certe époque que “* casa. d'Aubette aura été creusé, soit par les libéralités de quelque prince ou archevêque, soit même aux frais de la ville de Rouen, à cause des grands avan= tages qui devaient résulter du desséchement d’une. assez grande éiendue de terreins couverts d’eau. » Cependant, il est indubitable , comme je l'ai déjà dit, qu'Aubette avait un canal dans Rouen et daus le même endroit où elle coule aujourd'hui, ; C91) bien long-temps avant l'époque qué j'assigne. C'est ce que prouve üne chatte dé Saint Louis ; de l’an- née 12544 « I nous a plu, dit-il, donner aux frères » minears de Rouen , une partie de notre fossé qui » est situé près de leur maison , ainsi qu’elle s’é- » tend en longueur et en largeur , dépuis ‘le pont » Onfrai jasqu'à la rivière d’Aubette, etc: etc. # » J'ai déja Obsérvé que dans le douzième siètle les murs de Rouen , du côté de l’orient , s’éteñdaïent dépuis le pont de l'Arquet jusqu'à la Seïné ; les rues du Ruüissel et de là Chèvre faisaient partie des fossés de la ville , ‘et le porit Onfrai y qui s'appe- lait aussi le Poncéau , était situé dans la rue Martin- ville; l’endroit où il était y est éncore cotint sous le non de Ponchel. 1! elles ‘Les frères mineurs, où cordéliets, avaient leur maison en 1254, "dans lé clos Saint: Mare, et la rivière d’Aubette coulait tout auprès comrte-ellé, y coule encore aujourd’hui. » Cette charte de Saint Louis pourra paraître con- tradictoire à opinion que j'ai émise sur l’époque où le canal d'Aübeite a été creusé hors fa villes car, quelle peut étre Ia raison pour laquelle cette rivière aura eu un caral plutôt dans l’intérieur de la ville qu'au dehors? Jè crois qu’il en est une très-simple et toute naturelle. Les eaux de la Seine, réunies à “celles du vivier de Martinville , éouvraient autrefois üne grande partié de terréin, qui s’éte”d depuis la rue des Augustins jusqu’à là porte Martinville ; et céux qui avaiént des habitations dans les environs , “étaient appélés dans lonzième siècle ? Subarbant viti qui mala-palus dicitur, d’où et vénti lé nom de la rue Malpalu. La ville s'étant étendue par degrés de ce côté, il aura fallu exhausser ces terreins pour y bâtir ; et nécessairement, en faisait ces exhausse- Co2) ments, ON aura été obligé de laisser un espace pour Pécoulement des eaux du vivier de-Martinville; voilà l'origine du canal d'Aubette dans l'intérieur de la ville; et si son canal eût existé en 1262, de- “puis l’ancienne Chartreuse de la Rose jusqu’à Rouen, -comme il existe aujourd’hui, Saint Louis n’aurait pas désigné cette rivière sous le nom de vivier de Martinville , lorsqu'il la donné à fief à la ville de Rouen. » C'est ce contrat de fef et la charte de Guillaume de Lestrange, qui me déterminent à croire que le canal d’Aubette a été fait à deux époques différentes. » Du reste , j'avais à prouver que les rivières de Robec et d’Aubette coulaient dans la ville de Rouen, aux mêmes endroits où nous les voyons aujourd'hui, bien long-temps avant le siècle du cardinal Georges d’Amboise , jecrois avoir atteint le but que je m'é- ‘fais proposé, » Re ACADÉMICIENS NON RÉSIDANTS. Lütérature , Arts et Antiquités. M. Lebouvier - des - Mortiers a fait hommage à la Compagnie d'un Examen de la Charte de 1814, qui ne peut manquer de renfermer des vues très- sages , sortant de la plume d’un ancien magistrat connu par son amour pour la Patrie et par l’éten- due de ses lumières. = M. Pierre Duménil, d'un nouveau fragment du Poëme de Jeanne d'Arc, auquel il travaille dans C93) ce moment, C'est la narration d’un combat sin- gulier en présence des deux armées ennemies, de- vant les murs de Troyes, entre Edward Cliffort et le jeune Renaud , dont le premier expire sous les yeux de son vieux père, gouverneur de la ville, pour le parti des anglais ; et vous avez reconnu, Messieurs , que la muse de notre collègue le sert dans les combats tout aussi bien que dans les con- seils des princes, = M. G. Delarue, chanoïne de Bayeux et mem- bre de l'institut, etc., d’un Mémoire imprimé qui a pour titre : Recherches sur les poësies des Bardes de la Bretagne armoricaine , dans le moyen âge. Notre savant collègue commence par constater l'existence de la poësie bretonne armoricaine , en remontant du XV siècle jusqu'aux premiers temps de l'ère vulgaire ; il fait une grande revue d’une foule nombreuse d'écrivains de plusieurs nations , dont les autorités lui servent à établir sa preuve, sur l'existence , le mérite et l'antiquité des ais bre- tons de la petite Bretagne ; car il dispute à la grande l'honneur d'avoir concouru à cette sorte de com- position. La deuxième et dernière partie a pour objet d'éta- blix, suivant l'opinion de Huet et de Caylus , que la mythologie des Bardes armoricains n’a été era- pruntée d'aucune autre nation; qu’elle fut dans tous les temps la source des fictions, des machines poëtiques et des épopées de nos Trouveres et de nos Bardes. Ainsi, les géants , les dragons, les fées , les neuf vierges de la forêt de Brecheliant, la fontaine de Barenton, le roman de la Table ronde , l'histoire gigantesque du roi Arthur, tout cet amas de fables (94) et de merveilleux , souvent grotesque et bizarre, mais qui donne aussi quelquefois une tournure d'imagination auachante aux productions de ces temps grossiers , sont d’après M. Delarue un véri- table fruit du pays, né sur le sol même de la petite Bretagne. Ce Mémoire, lu à la classe de la littérature an- cienne de l'Institut , séance du 30 décembre 1814, semble réunir toutes les conditions qui attachent à la lecture : intérêt du sujet, étendue d’érudition, tenue d'idées , précision et clarté d’un style noble et simple , et tout-à-fait propre au genre de lhis- toire ,; que M. Delarue professe à Caen avec une distinction peu commune, — M. Tiollier , graveur des menus-plaisirs du Roi , d’une médaille représentant le jeune et infor- tuné Louis XVII, exécutée par cet habile artiste dans toute la perfection actuelle du genre. — M. Pierre-Aimé Lair , de l Académie de Caen, d’un Prospectus pour une médaille qu’il a fait frapper à l'honneur de Malherbe, avec deux médailles provenant de la même entreprise , et que vous tenez de la générosité de cet ami désintéressé des arts. Vous devez encore à M. Lair , Messieurs, le projet formé à son imitation, de rendre le même hommage au père du Théâtre français ; mais que la découverte d’une médaille déjà existante vous a forcés d'abandonner , ainsi que le plan présenté par notre confrère , M. Periaux. — Deux Mémoires pleins de savoir, l'un sur Ja véritable position de l'ancienne Rithumagus , l’autre sur les découvertes récemment faites dans les fouilles C95) du Landin, et dont M. Revers vous a donné lec- tare , ont jeté un grand intérêt snr plusieurs de vos séances ; et d’après les explications de l’auteur sur diverses antiques qu'il a mises sous vos yeux, soit en nature, soit en dessin, vous ayez été con- firmés dans cette opinion que si quelque chose peut égaler l’infatigable activité de rotre savant collègue dans ses recherches , c’est particulièrement la méthode qu'il sait employer pour meure Îles autres à portée de jouir du fruit de ses conquêtes. En Gnissant cet article, Messieurs, il me reste à remplir un ministère rigoureux et pénible ; c’est de vous rappeler la perte que nous avous faite . par la mort de M. Duval-Sanadon, digne héritier d'un nom depuis long-temps cher aux lettres, et qu'il a lui-même honoré par la manière dont il les a cultivées. Né à la Guadeloupe, en 1748 , et envoyé dés l'âge de cinq ans en France, pour ses études qu’il fit à Caen ef à Paris, M. Duval-Sanadon manifesta de bonne heure des dispositions pour la poësie. sans parier d'une foule de pièces composées dans sa jeunesse , on distingue parmi celles qu’il a Jais- sées , l'origine du Prieuré des deux amants, une Epitre à Corneille, un hommage de la Neustrie aux mânes de ce Grand Homme , une Ode sur le Pa- triotisme , au sujet de la guerre entre la France et lAvgleterre, relativement à celle des Etats-Unis ; une adresse aux Vendeéens et une autre aux Puis- sances alliées ; les trois premières de ces produc- tions, dont la plupart d’entre nous ont entenda la lecture , doivent nous avoir laissé des souvenirs très- honorables. Quant aux autres pièces, le titre seul ( 96) indique suffisamment l'esprit qui les a dictées à nt homme d’un caractère prononcé , attaché par sa naissance et par sa fortune à la prospérité de V'A- mérique , et par ses sentiments au bonheur de la France et à son Roi. M. Duval-Sanadon écrivait aussi fort bien en prose. Plusieurs ouvrages assez considérables , imprimés à diverses époques , tels qu’un Discours sur l’es- clavage des nègres , plusieurs autres sur les Colo- nies en général , sur leurs situations respectives, sur celle en particulier de Saint-Domingue , où il pos- sédait une grande fortune , que la révolution fran- çaise a détruite ; un Ecrit qu’il publia à Francfort, en 1791, durant son émigration , en opposition in- directe avec les principes de M. de Lally-Tollendal ; tous ces monuments d’un attachement sincère pour sa patrie naturelle ou adoptive , prouvent en même temps des connaissances étendues sur les lois civiles, sur l’économie politique et commerciale , et sur le danger imminent , réalisé bientôt après, dans nos malheureuses Colonies. Le zèle de M. Duval- Sanadon pour la cause de l'ancienne famille de nos Rois , ne pouvait être ignoré d’un Prince attentif à reconnaître les services ; aussi, notre honorable confrère a-t:il reçu de Sa Majesté, la croix de Saint-Louis pour récompense des siéns. Mais il n’a pas joui long-temps du plaisir tant désiré de voir un Prince légitime enfin sur le trène : une attaque de paralysie , que les plus prompts secours de l’art n’ont pu vaincre , nous a enlevé tout-à-COUp ; Messieurs , le 6 mars dernier , à sa campagne d’An- fr ville , arrondissement de Louviers, un estimable confrère qui nous promettait encore bien des jouis- sances , et que nous regarderions comme bien mal- heureux (97) | heureux d'avoir été si cruellement maltraité de la fortune , s’il ne se fût pas mis lui-même au-dessus d'elle par la considération des talents et des vertus. ACADÉMICIENS RÉSIDANTS, LiTTÉRATURE, Prose et Vers, M. le comté de Kergariou, en adressant à l’Aca- démie , pour son adoption, des remerciments et des témoignages de bienveillance, consignés dans le discours dont il a donné lecture , a regardé la gloire littéraire de la France comme un monument capable de se soutenir seul par la solidité de ses bases. En conséquence , il voudrait que les Sociétés savantes s’occupassent très - particulièrement de l'histoire et des productions de leur pays. « Ce serait le moyen, dit M. le Comte, de repousser l'imputation de lé- géreté et d’'inconséquence que les étrangers font au peuple français; d’alimenter les sciences et les arts ; de créer un véritable esprit public, de confondre toutes les divergences d'opinions dans une seule ligne , et d’anéantir cette présomptueuse philosophie , ce cosmopolisme prétendu , par le sentiment de l'a- mour de la Patrie. » C'était le vœu du bon Henri, et M. le comte de Kergariou , qui en a fait sentir éloquemment tousles avantages, seflatte, avec raison , qu’il peut se réaliser sous le Monarque éclairé que la Providence vient de nous rendre. — M. le Président a applaudi à la sagesse des vues de notre honorable collègue , en exprimant G C98 ) le désir qu’il voulüt bien dérober qnelques instants aux importantes fonctions de la Préfecture , et ajou- ter à tant de titres à la reconnaissance du Dépar- tement , celui de diriger les travaux d’une société qui tiendra toujours à honneur de suivre les con- seils d’un Magistrat dont les talents offrent la plus solide garantie. = M. Ricard, Inspecteur des forêts, a commencé, dans son discours de réception, par un coup-d’œil sur les ordonnances relatives à cette partie si es- sentielle de l’économie publique; ensuite, après avoir passé en revue l’état des semis, des réserves et des aménagements actuels dans ce Département, , il a parcouru en observateur instruit ces vastes retraites de la solitude et du silence , en les ani- mant en quelque sorte par les souvenirs de l’his- toire , par le gracieux des idées et lélégance du style, au point qu'il est permis de croire que si l’auteur se défend souvent d’être poëte, c’est qu'il sent le besoin de s'excuser de n’en pas faire profession , quand Ja nature trahit son talent. Aussi , dans sa réponse au Récipiendaire , M. le Président a-t-il particulièrement insisté sur l'intérêt des monuments historiques et des idées morales ; et sur ce talent rare de s'ouvrir de nouvelles sour- ces d'instruction , et de cueillir tant de fleurs sur une route où tant d’autres ne trouvent ordinaire- ment que des ronces et des épines. = Nous pourrions nous féliciter encore, Messieurs, d’avoir aussi fait cette onnée la conquête de M. Prosper Ribard , si l'honneur qu’il fait à l'Académie d'assister à cette séance comme Magistrat ne nous avertissait de nous féliciter particulièrement , avec les (99 ) autres citoyens, de le voir à la tête d’uhe Ville qu'il honore toute entière par un patriotisme vrai et sans ostentation , comme par {ant d’autres vertus héréditaires dans cette estimable famille, = Un Mémoire de M. Duputel a pour but de détromper la masse du peuple sur les illusions d’un flet de catoptrique remarque l'an dernier dans l'église de Gonneville, près Dieppe. Aujourd'hui que les craintes sont passées , et conséquemment les yeux éclairés , il suflira de dire que notre con- frère détruit tout le merveilleux du phénomène , en attribuant sa véritable origine à des causes pure- ment physiques, que le temps devait détruire, comme il les a détruites en ellet, = Un loge de Louis XVI, sous le titre d’Æom- mage u Roi-Martyr, composé et lu par M. Théodore Licquet ,\ a été entendu avec les sentiments d’un re- cueillement le plus profond , dans une de vos plus intéressantes assemblées. L'orateur parcourt Ja vie entière du plus doux des hommes et du plus juste des rois, depuis son premier âge , déjà même en butte à la calomnie , jusqu'au. jour fatal qui fut l'épo- que, pour la France, d’une affreuse calamité , pour ha verta du Prince , d’un éternel triomphe , et pour l'humanité, de la leçon la plus terrible. On voit Louis X VI successivement comme Dauphin, comme Monarque et comme yictime. Mais c'est sur-tout dans l’état de captivité, sur Péchaffaud et dans les derniers moments d'une inno- cente vie , que notre confrère s'attache à faire briller dans tout son éclat, fa gloire d’une vertu vraiment céleste aux prises avec le malheur, l’ingratitude , l'injustice et la barbarie. Aussi, M, Licquet s’écrie-t-il : G à (100 ) Non , ce n'est plus désormais un éloge , maïs une apothéose qu’il faut faire ; et, par cette idée conso- lante , il semble chercher à répandre quelques fleurs sur la tombe du juste, et un rayon de lumière sur le fond lugubre de cet horrible tableau. La publi- cation de cet ouvrage ne nous permet pas d’entrer dans un plus long détail , et il faudrait la plume de l’orateur pour l’analyser avec tout l'intérêt qu'il inspire. Malheur , après tout, à qui ne serait pas suffisamment ému par la nature des choses! = M. Auguste Le Prevost a donué lecture d’un Mémoire assez étendu, où l'on voit d’abord une Elégie , dont l'eriginal parait avoir été perdu, donnée par Pinkerton , dans sa collection d’ancien- nes poésies, comme traduite du français en écossais. Notre collègue suppose qu elle peut être du XV: ou du XVI: siècle, mais sans avoir néanmoins aucune sorte de certitude à cet égard. C'est une épouse aban- donnée qui se plaint de Pinfidélité de son mari, » Le style en est remarquable , dit l'auteur du Mé- » moire , par son exquise simplicité , par la noblesse » et l’ingénuité du sentiment , et par la pureté vé- » ritablement angélique de la morale qui s’y trouve » professée. » Assertion qu’il est facile de justifier par la citation de quelques passages pris en quel- que sorie au hasard dans la pièce. » Existe-t-il ou a-til existé dans le monde quel- qu'un de plus malheureux que moi ? Jamais femme a-t-elle été plus vouée aux chagrins et aux larmes que je ne le suis? Non..... Hélas ! mes douleurs ne sont point celles de Didon , atteinte au cœur par les flèches acérées du fils de Vénus’, ni rien de semblable. Les tourments que produisent les dards de laveugle enfant sont bien au-dessous du (101 ) martyre que j'endure. Ce ne sera point le nom d’un amant que vous m'entendrez méler à mes récits et à mes geémissements, comme Sapho et tant d’autres ; mais celui d'un mari, source de chagrins bien autrement désespéraute ; car l'amant et sa maitresse ne tiennent l'un à lPautre que par des liens purement volontaires, au lieu que dans la chaîne qui fait le malheur de ma vie, c’est jusqu’à la mort qu’une femme reste attachée à son époux, quel qu’il soit et quelques maux qu’il en résulte..... À Dieu ne plaise toutefois que j'ap- _pèle par mes vœux la mort sur mon époux. Tous mes désirs se réduisent à ce qu’il me traite en bon mari, comme il le doit, et à ce qu’il soit satis- fait de mon service ; car je suis toute portée à le servir et à l’honorer, parce que je sais que cela est convenable et dans l'ordre des choses, quoi- qu'il le mérite si peu et se montre si indigne de l'empire qu'il exerce sur ma personne et toutes mes facultés. Hélas! que ne s’acquitte-t-il de ses devoirs comme je m’äcquitte des miens !.... Quel- que beauté que la nature ait pu m’accorder , je la passe sous silence et ne prétends en rer au- cune vanité; je veux seulement que l’on sache que je mettrais tout mon bonheur à lui être agréa- ble ; mais il est indigne de goûter des plaisirs purs et légitimes ; de reposer dans le chaste lit d’une épouse fidèle ; de voir briller une pudique joie dans ses regards et dans son sourire, ou d’enten- dre le doux nom d’eépoux sortir de lèvres pures et caressantes..... Son cœur de pierre n’a pu s'atendrir , quelques soumissions que j'aie em- ployées pour y parvenir. Cependant le terrible lion ne lève point sa grille sur l'animal suppliant. Le féroce cœur d Auila lui-même s'est ouvert à la G 5 ( 102 ) pitié, après que Rome se fut rendue à ses armes. Le noir Pluton , moins impitoyable que mon époux , s'est laissé attendrir aux doux sons de la harpe d'Orphée..... Quand je pense aux chagrins dont je suis dévorée , ils rappellent à mon esprit la per- fidie du chasseur qui captive l'oiseau par les doux accords d’un instrument ou par des chants trom- peurs , jusqu'à ce qu'il l'ait surpris dans son nid ; puis massacre sans pitié l’innocente créature , ou la condamne aux longues douleurs de l'esclavage: Tel est mon sort; telle je fus enveloppée dans les filets de la ruse et du mensonge. Mais tandis que l'oiseau maudit à travers les barreaux de la cage celui qui l’a privé de la liberté, mon cœur, qui n’est point fait pour la vengeance , se refuse à former les vœux de la haine contre l’auteur de mes maux..... Que ferais-je? A qui aurais-je recours? À qui exposerais-je mes malheurs, sera- ce à celui qui les a causés? Mais cette démarche ne ferait que les aggraver et lui procurer un bar- bare divertissement. Quel parti prendre? Est-ce d'un amant que j'attendrai des consolations? Dois- je accepter l'empire qu'il me donnera sur lui, l’associer à toutes les impressions de mon âme , et rapporter toutes mes actions au désir de Jui plaire ?... Non : ma conscience et le soïn de ma renommée se réunissent pour m’interdire cette conduite que tant de gens regardent comme excusable. Que la terre s'entr'ouvre et s’engloutisse avant qe j'ou- blie mon Dieu et mon devoir !..... » A cette Élégie, d’un ordre d'idées et de senti- ments si gracieux et si élevés, suceèderit des rés flexions intéressantes sur le Dialecte écossais et ses principales productions ; mais ces considératious, d'un grand détail, trés- variées et très-substan- * sit ( 103 } cielles , pleines en méme temps de savoir et da goût, sont exprimées ayec tant de précision qu’elles se refusent à l'analyse. = Nous ajouterons encore ici un nouveau titre à la reconnaissance publique, bien justement ac- quis à notre laborieux confrère, par un autre Mémoire faisant suite à son Essai sur la Romance populaire du moyen âge, (lmprimé à la suite de ce Rapport, ) = M. Lecarpentier vous à fait ; Messieurs, hom- mage d’une Notice imprimée sur Watteau. Plusieurs de vos séances ont été agréablement occupées par la lecture de pièces du même genre et du même auteur. Paul V eronèse , Adrien Van Ostade , Léonard de Vinci, Jacques Jordans , Le Guerchin et Annibal Carache , ont successivement passé .sous les yeux de la Compagnie , comme autant de tableaux des- ünés à figurer dans la Galerie des Peintres célèbres , à la formation de laquelle notre confrire trouve depuis tant d'années un utile délassement qui pour- rait être un travail pour beaucoup d’autres. — Le même, M. Lecarpentier , vous a présenté un Mémoire intitulé : Coup - d'œil rapide sur la marche des Arts, depuis Henri IF jusqu'à Louis XF L. H y suit avec beaucoup de détails le dessin , l'architecture et la peinture, dans leurs progrès respectifs, entre ces deux époques , dont la pre- mière à ouvert au génie une nouvelle carrière, que l'auteur se flatte de voir bientôt parcourir avec un nouvel éclat , sous les descendants de l’auguste Dynastie, L'histoire d'un temps si rapproché de nos jours CA | Cr04) | devait nécessairement offrir une multitude de faits à la connaissance de beaucoup de monde ; cepen- dant elle a pris, sous la plume de notre collègue , ce caractère d'intérêt particulier qu'un habile paysagiste sait donner à ses tableaux, par le choix des points de vue, dans les sites même les plus ordinaires, et M. Lecarpentier signale jusque dans ses écrits ce talent pittoresque qui distingue les pro- ductions de son pinceau. — Une dernière composition , d’un grand intérét général pour cette Ville, et publié récemment par notre laborieux collègue , a été, sur la demande de Pauteur » Soumise à l'examen d'une Commission , composée de MM. Desoria, Marquis et Auguste Le Prevost : c’est Re ire de Rouen , ouvrage vraiment utile , où M. Lecarpentier réunit au mérite incontestable de Pinvention , celui d'un service im- portant rendu aux arts et à la patrie. « Ce petit » livre , dit M. Marquis, Rapporteur , destiné à » l'instruction des étrangers, peut étre’ aussi d’un » grand usage pour les citoyens eux-mêmes, car » souvent ce qu'on connait le moins est ce qu’on » a coutume de voir, » 2 On y trouve à-la-foïs les documents relatifs aux sonuments de la cité , la description des vues pitto- resques qui lenvironnent, et des voyages instruc- tifs qui ont pour terme quelques-unes des villes voisines qui offrent le plus d’attrait à la curiosité ou aux intérêts du commerce. Les planches, dessinées et gravées par l'auteur lui-même , ont fixé l'attention de MM, ies Commis- saires , pour la facilité et la promptuitude d'exécution. Cependant, en accordant à ensemble de lPouvrage out le juste tribut d’éloges que personne ne peut (108 ) Jui refuser , la Commission aurait désiré de n’y pas trouver quelques omissions qui lui paraissent remarquables ; mais elle se flatte que notre collègue s’empressera de compleiter un travail dont l'extrême précipitation, dans cette immensité de détails, ren- dait les oublis presque inévitables, et qu'il obtien- dra ce dernier degré de perfection auquel il paraît, sans contredit, devoir atteindre. = Un Discours prononcé par M. Brière , à l'ou- verture de la séance publique dernière de la Société d'Emulation , et dont notre honorable collègue a offert à l'Académie un certain nombre d’exemplaires, est encore un nouvel exemple de cette heureuse alliance des connaissances littéraires avec les talents de la haute magistrature. = La Compagnie a recu de M. Duputel un Recueil de poésies diverses, intitulé: Bagatelles poëtiques , tre modeste et qui doit toujours signifier de très-jolies choses , sous le nom d’un auteur qui a coutume d'en écrire. Mais c’est une seconde édition , et le livre a déjà fait la fortune du titre. — Deux nouvelles Fables de M. Guttinguer , in- titulées : Les Feuilles et le Vent, et les Renards et les Bucherons , ont mérité par le naturel et la *sim- plicité du style, aussi bien que par la justesse des idées , d’être mises an nombre des lectures pour la présente séance, ( Elles sont imprimées à la suite de ce Rapport.) = M. Guctinguer voyage aussi dans le pays de la Romance ; la traduction en vers français de la célèbre romance du Cid est une conquête précieuse ( 106 } de notre confrère, qui promet en ce genre des mor- ceaux d’un bon choix et des vers agréablement tour- nés, si l'on peut suflisimment apprécier le mérite des vers à la simple lecture d’un auteur qui a le talent de les faire valoir. — Le dernier ouvrage en vers dont il me reste à faire mention , est une 1dylle sur les Solanées , où M. Marquis peint, comme par-tout ailleurs, la sensibilité exquise de son âme. L'Assemblée va l'en- tendre et la juger.. ( Imprimée à la suite de ce Rap- port. ) Arts et Antiquités M. Gosseaume a fait part à l'Académie de ses réflexions et de ses recherches sur deux antiques présentées par M. Revers dans une séance précé- dente. C’étaient un vase d'argent en forme d’écuelle , et une sorte de cuiller du même métal, dont la tige se termine en pointe. M. Revers ayant témoi- gné quelque incertitude. sur lusage de ces deux ustensiles, M. Gosseaume a établi que le premier est un encensoir , et le second une cuiller destinée au service et à la combustion de l’encens. Il s'appuie de l'autorité du P. Montfaucon, et il serait difficile de ne pas sy rendre avec lui. = Un ouvrage d’une plus grande importance, dont nous sommes encore redevables à M. Gosseaume, est la rédaction du troisième tome des anciens Meé- moires de l'Académie , comprenant les dix années de 1761 à 1770 inclusiyement. M. Gourdiu , chargé d'en rendre compte, en a (ro) fait un éloge bien justifié par le goût , le style et l'ordonnance qui distinguent les deux tomes pré« cédents ; et M, Gosseaume , en cédant à MM. Meaume et Duputel tout l'honneur du travail pour ce qui concerne les mathématiques et les vers, a rendu justice à la Compagnie , auprès de laquelle il wa besoin que des services personnels qu'il continue de lui rendre pour mériter son éternelle recon- naissance et pour servir de modèle aux Acadé- miciens les plus laborieux et les plus constamment attachés à la gloire du Corps. = M. Gourdin a lu un Mémoire intitulé: Réflexions sur les Médailles de l'empereur Tacite, Regardant avec raison les médailles comme une partie essen- tielle de Phistoire , notre savant collègue accuse d’im- posture celles de Drusus, de Tibère et de Gallien, parce qu'elles supposent des vertus à la place des vices. Mais il admet Pautorité des médailles à l'égard des Empereurs dignes de la reconnaissance de leurs sujets ,; tels que Trajan et sur - tout Tacite. En- suite, M. Gourdin donne un abrégé des vertus et des belles actions de ce dernier, et finit par remer- cier la Providence, « de ce qu’elle » voulu ( dit:il » à l'exemple de Montesquieu ) qu'il obéit à ceux » qu'elle lui fait aimer. » = La démolition de la Maison abbatiale de Saint- Ouen , autrement dite Luxembourg, exécutée cette année, si près et sous les yeux de l'Académie, a excité l'intérét de tous les amis des antiquités et des arts ; et pour assurer à lPavenir une partie du moins dece qui échappe au présent, l'Académie a composé une Commission de MM. Gourdin , Des- camps, de Bois-Hébert, Vauquelin, Desoria et Au- / ( 108 ) guste Le Prevost , pour recueillir dans cet ‘ancien monument tout ce qu’il pouvait encore offrir de souvenirs intéressants. C'est M. Le Prevost qui a fait le rapport. ( Im- primé ci-après. ) Mais notre collègue ne s'est pas borné à la tâche qui lui était imposée comme Commissaire , il vient de faire tout récemment exé- euter à ses frais cinq planches de dessin d'une grande proportion , où l'on voit le plan et l'éléva- tion , avec plusieurs parties remarquables de la Maison abbatiale , et dont il a fait hommage à l'Aca- démie , en lui donnant lecture d’un Mémoire ex- plicatif des dessins , par addition au compte précé- demment rendu. ( L'Assemblée a délibéré l'impres- sion en entier de ce Mémoire à la suite de ce Rapport ). Tant de zèle et de générosité de la part de notre collègue mérite assurément les plus grands éloges ; mais la voix de votre Secrétaire, Messieurs, serait bien faible , quand vous avez ordonné que les té- moignages de votre satisfaction particulière envers M. Auguste Le Prevost seraient consigués dans vos registres. Après l’énumération de tant de services de tous les genres rendus à la littérature et aux arts, je dois me trouver heurenx de terminer ce Rapport par l'annonce d’une récompense. Le prix proposé dès 1814, pour l'Éloge de notre compatriote, £ernardin de Saint-Pierre , est enfin mérité cette année. La Nor- mandie possède un Monument littéraire consacré à la mémoire d’un de ses plus illustres écrivains, et la nature a trouvé un panégyriste pour un des plus éloquents admirateurs de ses merveilles. M, Théodore Licquet va donner lecture du Rapport ( x09 ) fait sur cet objet en séance particulière , ainsi que de l'Ouvrage couronné , sous le N° 2, Messieurs, je n’ai point commencé par solliciter une indulgence dont j'ai toujours senti le plus grand besoin; mais j'ai fait tous mes efforts pour n’en pas être indigne. RAPPORT sUR LE CONCOURS DE 1816. Par M. Théodore Licourr fils. MESSIEURS, Deux Ouvrages seulement vous ont été adressés pour le concours du prix à décerner au meilleur Eloge de Bernardin de Saint - Pierre, L'examen en a été confié à M.le Vice-président , à M. le Secré- taire des Belles-Lettres, à M. Duputel et à moi. La lecture des deux Eloges qui a eu lieu dans le sein de l'Académie, laisse bien peu de choses à dire à votre Commission , qui n’est plus , à ce moyen, que l'organe de la Compagnie elle-même, Le Mémoire ayant pour épigraphe : Il peignit la nature et brisa ses pinceaux, - yous avait été soumis an concours de l’année der- nière. Il en fut donné connaissance à l’Académie qui ne le jugea point digne du prix; mais qui lui accorda une meution honorable. Le même sujet ayant été proposé pour le concours de 1816, l’au- teur vous a de nouveau adressé son ouvrage avec des changements que l’Académie elle - même w’a { 110 } point reconnus pour des améliorations ; mais le re« proche le plus grave que vos Commissaires se sont accordés à faire à l’auteur , porte sur le style souvent guindé , quelquefois bas, par conséquent inégal. La Commission a néanmoins pensé qu’une nouvelle mention-honorable pouvait être accordée à titre d’en- couragement. Le second Æloge portant pour suscription : Fortunatus et ille, Deos qui novit agrestes, a réuni les suffrages de votre Commission , non que l'ouvrage lui ait semblé parfait dans son ensemble ; elle aurait désiré dans ce Mémoire une marche plus méthodique , un plan mieux tracé. L'auteur , en évitant l’écueil que son concurrent n’a pas appercu, a touché lui - même contre un autre écueil; il a passé sous silence tous les details que le premier a répandus avec profusion. Il a pensé sans doute qu'il pouvait s’abstenir de consigner dans son ouvrage des faits purement historiques, et qui n’ajoutaient rien à l'éloge de Bernardin de Saint-Pierre; mais il a peut-être donné à cette idée, toute naturelle qu’elle paraisse , un peu trop d'extension. La Commission a néanmoins remarqué dans ce Mémoire , un style approprié au sujet, une élocution facile sans être négligée, noble sans enflure , égale sans monotouie , des pensées pleines de force et de justesse à-la-fois. Il lui a semblé en outre que lauteut avait fait une étude approfondie des ouvrages de Bernardin de Saint-Pierre, La part de la critique se trouve à côté de celle de l'éloge; enfin, des remar- ques judicieuses donnent souvent au portrait qu’il trace de son héros , des traits de ressemblance par- faits qui ne permettent pas de le méconnaitre. (111) Chacun de vous, Messieurs, a pu s’en convaincre à la lecture qui a été faite de l’ouvrage dans l’une de vos dernières Séances. Vos Commissaires , Messieurs, vous proposent de décerner le prix à son auteur. Après la lecture du Rapport et de l’Ouvrage, VAcadémie ayant précédemment adopté les con- clusions des Commissaires, M. le Président a rompu en présence du Publie le scellé du billet attaché au N° 2, dans lequel il a lu lépigraphe : Fortunatus et ille Deos qui novit agrestes, avec ces mots : C. PariN , Maître de Conférences à l'Ecole normale , hôtel Praslin, à Paris; en con- séquence , M. Patin a été proclamé comme ayant remporté le prix. Nous n'avons dans ce moment plus rien à dire sur l'ouvrage, puisque l’auteur l'ayant fait imprimer , il a désormais le Public tout entier pour juge , etilne peut manquer d’y trouver beaucoup d’approbateurs, PRIX PROPOSÉ POUR 1817. L'Académie propose pour sujet de prix à décerner dans sa Séance publique de 1817 : » Etablir Phistoire particulière de la Neustrie » depuis le commencement de la dynastie des Car- » lovingiens jusqu’à la cession de cette Province aux #» Normands, » (112) Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 500 fr. Les concurrents mettront en tête de leur Mémoire une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où ils feront connaître leur nom et leur demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aura remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les Mémoires, écrits en français ou en latin, de- vront être adressés , francs de port, à M. B1GNow, Secrétaire perpétuel de l'Académie, pour la classe des Belles - Lettres, avant le 1* juillet 1817. Ce terme sera de rigueur. OUVRAGES C:1167) TT OUVRAGES Dont l'Académie à délibéré l'impression en entier dans ses Actes. E'SIBANRPD E VEIRINDU C T'TON DU PSEAUME 71, Lu à la Séance du 51 mai 1816 , lors de l'Inauguration du Buste de Sa Majesté , dans la salle de l’Académie. Par M. CossrAums. J'ai cru , dit l'auteur de cet Essai, que cette pein« ture d’un Prince accompli, et dont nous retrouvons le modéle vivant dans celui qui nous gouverne, concourrait à l’ornement de la fête qui nous réunit ; et qu'un hommage inspiré par le principe de toute vérité il y a plus dë vingt-huit siècles, * ne pourrait être taxé ni d’exagération ni de flatterie. nel Ce Cantique, au surplus, ne le cède enrien aux +, poesies les plus magnifiques; pour l'élévation du riquité des style , la beauté des comparaisons, la justesse des 2 métaphores; et l'emporte sur la plupart d’entre elles ?- Pezrois par la réunion de tous les charmes de l'harmonie aux principes les plus purs de la morale. I * Chrono» / emps , de C4) David, près de terminer sa carrière , venait de placer son diadéme sur le front de Salomon son fils ; tel est le sujet des derniers avis qu’il lui donne et des bénédictions dont il le comble. 1. Seigneur , répandez sur votre nouveau Roi tous les trésors de voire sagesse : répandez sur ce fils de Roi votre esprit de justice ; 2. Afin qu'il gouverne votre peuple avec équité, et vos pauvres ayec un judicieux discernement. 5. Que les montagnes (1) recoivent le bienfait de la paix et les collines le don de la justice, et que la félicité du peuple en soit le fruit heureux. 4. Le nouveau Monarque veillera donc sur ses sujets infortunés ; il sera le soutien de leurs enfants ; et le calomniateur trouvera en lui un juge inflexible. 5, Et son trône sera aussi durable que les astres du firmament ; et son règne aura la durée des siècles. 6. Sa bienfaisance se répandra comme une pluie douce sur l'herbe tendre ; elle aura la vertu de la rosée du ciel qui féconde la terre. 7. Sous son règne on verra refleurir la justice, la paix et tous les biens qu’elle procure , et cette félicité ne sera point troublée. 8. Son empire s’étendra sur les deux mers, et du grand fleuve aux limites de la terre. 9- Les nations barbares s'inclineront respectueuse- ment devant lui , et ses ennemis baiseront la pous- sière de ses pieds. (1) Les montagnes etles collines, dans le langage métaphorique de l’Écriture , sont les Roïs de la terre , et les Grands qui rendent la justice sous leur autorité, ‘ C'r059 10. Les rois de Tharsis et les Iles lui feront de riches présents : les rois d'Arabie et de Saba lui feront hommage de leurs productions les plus rares. } 11. Révéré enfin par tous les princes de la terre; tous les peuples reconnaîtront son pouvoir absolu; 12. Car il délivrera le pauvre de la tyrannie des hommes puissants, et le plus infortuné aura la pre- mière part à sa sollicitude, 13. Indulgent envers le pauvre et le malheureux, il sera le soutien de leur existence. 14. Il les aflranchira des vexations de l'usurier et de l’exacteur, et leur nom sera toujours hono- rablement placé sous ses yeux. 15. Il coulera ainsi d'heureux jours : l'Arabie partagera avec lui ses trésors, et il recevra de toutes parts des bénédictions et des hommages. 16. Dans ces jours de bonheur, on verra le fro- ment dorer jusqu’à la cime des montagnes , riva- liser de grandeur avec les cèdres du Liban, et les moissons pulluler autour des cités comme l'herbe des prairies. 17. Son nom sera béni d’âge en âge, et sa gloire aura la durée du soleil. 18. Et toutes les nations seront bénies en lui: tous les peuples le glorifieront. 19. Béni soit le Dieu d'Israël qui seul opére des merveilles. 20. Que son nom adorable soit à jamais revéré : et que sa Majesté remplisse toute la terre. Amen. Amen. Les flottes de Salomon allaient à Ophir en par- tant d'Asiomgaber , et tous les trois ans il en par- tait une autre de Joppé qui allait à Tharsis. L'une et l’autre lui rapportaient une énorme quantité d'or , H 2 Verset 10. Versets 17 [S , 20+ (€ 116) de pierreries et de parfums. (ZII Reg. €. 9- 10.) Ophir étaitune ville maritime sur la côte de Sophale , dans la basse Ethiopie. (La Martinière , Dict. géogr.) Tharsis, originairement , était la capitale de la Cilicie ; mais, dans des temps plus reculés, Tarseium en Espagne, près les colonnes d'Hercule , fut con- pue sous le nom de Tharsis. C’est à cette dernière ville que la flotte de Joppé allait chercher l'or et l'ivoire. (La Mart. Jbid.) L'Ecriture emploie souvent le mot d’iles /nsulæ, pour désigner des parties du continent de l'Europe. On était bien éloigné alors de soupçonner que ce vaste continent lui-même n’était qu'une grande ile. ( La Martinière , ibid, ) On reconnaitra facilement que plusieurs des versets de ce Cantique ne peuvent s'appliquer à Salomon et regardent essentiellement le Désiré des Nations, dont le roi d'Israël n’était alors que la figure. Le dix-buitième spécialement, est la répétition textuelle de la prédiction faite à Abraham plus 2400 ans avant la naissance du Sauveur. ( Genes. 12, 3 et 22. 18.) (117) MÉMOIRE Faisant suite à l’Essai sur les Romances historiques du moyen âge. P4r M. Avceusre Le Prsyosr. MESSIEURS, Lorsque j'eus l'honneur de vous soumettre quel- ques réflexions sur les Romances historiques du moyen âge, vous voulütes bien, en les accueillant avec indulgence ; m’encourager à continuer mes recherches sur ce genre de poësie , et me témoi- gner le désir de connaître quelques - unes de ses productions les plus remarquables. J'ai vivement regretté de ne pouvoir répondre sur le champ à une invitation aussi flatteuse, et je profite de mes premiers loisirs pour commencer la douce tâche qu'elle m'impose. Vous vous rappelez peut-être, Messieurs, les regrets que je vous ai exprimés concernant notre indigence sousle rapport des romances historiques ,etles raisons auxquelles j'ai cru pouvoir lattribuer. Pour un Français accoutumé à trouver dans sa propre lan- gue le modèle de presque toutes les espèces de compositions poëtiques, il eut été pénible d’être réduit à aller chercher chez ses voisins le type de productions plus utiles à la vérité à lhistoire de la nation ow à celle de lidiôme qu’à la littérature proprement dite ; mais que néanmoins les hommes H 5 (m8) du goût le plus sévère ont aimé à connaître et se sont quelquefois plû à imiter. Heureusement, si notre langue actuelle ne me fournit aucun monument de ce genre digne d’être mis sous vos yeux , j’en trouve dans les annales de notre monarchie quelques-uns qui, écrits dans des langues anciennement usitées parmi nous , célè- brent des faits relatifs à l’histoire de France, et qui ont à ces titres les premiers droits à notre intérêt, quelques peu remarquables qu'ils puissent étre d'ailleurs sous des rapports purement littéraires, C'est d’eux que je vais avoir l'honneur de vous entretenir aujourd’hui. Avant que plusieurs siècles de cohabitation eus- sent confondu les idiômes, les lois, les mœurs des Gaulois devenus Romains , et des Francs leurs con- quérants , chacun de ces peuples conserva long temps sa physionomie particulière , ses institutions et ses habitudes. Bien après la conquête , les lois romaines continuèrent de régir le gauiois, tandis qne le franc n'obéissait qu’à celles qu'il avait ap- portées du fond de la Cermanie, 1] en fut de méme pour le langage ; le latin, que plusieurs causes con- coururent à corrompre promptement , était parlé par les Gaulois | et sous le nom de rustique romave, devint la base du français, tandis que le francique ou théotisque , l’un des nombreux dialectes de la branche teutonique des langues gothiques , se main- tint sans altération jusqu’à la troisième race, dans le palais des rois et la demeure de leurs guerriers. Parmi les nombreuses preuves qu’on peut alléguer de cet usage simultané de deux langues , je ne citerai que l’article suivant d'un canon du Concile tenu à Tours, eu 815, par les ordres de Charle- magne. (C9) u Les évêques auront soin de faire traduire bien » intelligiblement les homélies en langue rustique » romane et en langue théodisque , afin que chacan » puisse facilement comprendre ce que l'on dit.» Ce passage nous prouve en outre , Messieurs, que le latin vulgaire avait tellement dégénéré dès le temps de Charlemagne , qw’il fallait une traduction pour faire comprendre au peuple qui le parlait les homélies des saints Pères; et on doit peu s’en éton- ner, puisqu’en 842, et vingt-neuf ans seulement après le Concile de Tours, nous trouvons dans le fameux serment des Princes carlovingiens , rapporté par Nithard , un échantillon de cette langue aussi éloigné pour le moins du latin proprement dit, que du français de nos jours, sur-tout pour les formes grammaticales. Dans un pareil état de choses, la poësie a du nécessairement se servir tour-à-tour des deux où pour mieux dire des trois langues , et c’est ce qui arriva en eflet; elle employa le francique pour les compositions qui devaient étre entendues du roi et des grands; le latin proprement dit pour ce qui intéressait les hommes d'église ou les savants; enfin, la rustique romane pour tout ce qui était destiné à l'immense partie de la population qui n’entendait que ce patois, nommé rustique moins à cause de sa grossiéreté que parce qu’il n'etait parlé que par les classes inférieures de la société, En effet, plus an. ciennement et avant sa séparation d'avec le latin, il paraît que c'était ce dernier même, la langue du peuple roi, la langue de Cicéron et de Virgile qui portait le nom de rustique. Nous pouvons l’induire d'un passage de la vie de Saint Faron , évêque de Meaux, relatif à la pre- mière romance dont nous allons nous occuper. Car + (120 }) men publicum , dit le biographe, jurt& rusticita- tem per omnium penè volisabat ora. Puis il cite deux strophes de cette romance ou chanson qui sontécrites en latin proprement dit, ainsi que nous lalions voir, et ajoute : Hoc enim rustico carmine placuit osten- dere , quantüm ab omnibus ce!eberrimus habebatur. Il est doublement facheux que la totalité de cette pièce ne soit pas parvenue jusqu’à nous. Outre qu’elle nous eût fourni un monument unique dans son genre de la poésie héroïque de nos ancêtres au VII° siècle , elle eût probablement éclairci et con frmé un point d'histoire sur léquel nos vieilles chro- niques ne nous ont transmis que des renseignements incomplets. Voici comment l'événement est rap- porté par Vely , d'après le Gesta Francorum : En 626, lorsque Clotaire II venait de partager son yaste empire avec sonfils Dagobert, «les Saxons »,méprisant la grande jeuvesse du fils et l'humeur » pacifique du père, crurent que la circonstance ». était favorable pour recouvrer leur ancienneliberté. » Bertoalde leur duc , après s'être assuré du secours » de plusieurs peuples barbares, envoya déclarer » au roi qu'il ne paierai plus le tribut. Dagobert » passa prompiement le Rhin pour aller châtier les » rebelles. L'orgueilleux duc vint fondre sur lui, » avant qu’il put étre joint pan l’armée de Clotaire. » Le combat fut opiniâtre ; maislenfin le jenne prince » français , blessé d'un coup de sabre qui lui feu- » dit le casque et lui coupa quelques cheveux, » se vit forcé d'abandonner le, champ de baiaille. » Il dépêcha aussitôt un de ses écuyers vers son » père pour lui porter les morceaux. du. casque » avec les dépouilles de ses cheveux, C'étaieni de » gloricuses preuves qu'il avait fait son devoir, #* ( 121 ) des marques non équivoques du danger qu’il avait couru. : » Le roi aussitôt se met en campagne et vole au secours de son fils avec tout ce qu’il peut ramas- ser de troupes, 1l trouva les deux armées en pré- sence : elles n'étaient séparées que par le Weser. Bértoalde , pour encourager des Saxons , avait fait répandre dans son camp le bruit que Clotaire était mort. Le monarque savanca à la vue de l'infi- dèle vassal , dta son casque et lui fit voir sa lon- gue chevelure grise. Le duc s'emporta jusqu’à l’'insulier ; le roi vivement offensé, pique son che- val, passe la vivière à la nage, et suivi d’un grand nombre de Français, court droit aux Saxons. Ber- toaide épouvanté , tâche de s’échapper par ‘la fuite. Clotaire le poursuit, l'atteint , et, d’un coup d'épée , Jui abat la tête qu’il fait mettre au bont d’uue lance. Ce ne fut plus alors qu'une horrible boucherie ; l'armée fut taillée en pièces et la nation presque entièrement exterminée. On dit que le cruel vainqueur ordonna de massacrer tous ceux de ce peuple séditieux qui.excéderaient la hauteur de son épée. L’ordre ne fut que trop fidèlement exécuté.» Voici maintenant les deux strophes qui nous res- tent de la romance gomposée à celle occasion, et que les femmes même chantaient en chœur. Ce sont s a ce qu’il parait, la première et l'une des dernières. De Chlotario est canere reée Francorum , Qui ivil pugnare ingentem Saæonunt, Quam gravitèr provenisset Missis Saronum , di non fuisset inclyÿtus Faro de gente Burgundionum, { 122) Quando veniunt Missi Saxronum in Lerram Francorum , Faro ubi erat Princeps , Jnstinctu Dei transeunt per urlem Meldorum , Ve interficiantur à rege Francorum. Ces ambassadeurs que Saint Faron sauva de la colère du roi , étaient ceux que Bertoalde avait en- voyés déclarer à Clotaire qu’il ne paierait plus le tribut ; commission qui devait être fort périlleuse dans ces siècles de barbarie. Malheureusement , le reste de la romance ayant plus un rapport direct avec la vie du prélat, son biographe a jugé inutile de le transcrire , ensorte que nous ne possédons de cette pièce que les deux chétifs fragments que je viens de rapporter. Le IX° siècle me fournit deux autres romances historiques écrites en latin , et retrouvées dans d’an- ciens mavuscrits , par l'abbé Lebœuf. La première est un récit de la fameuse bataille de Fontenay , gagnée en 841, dans les environs d'Auxerre , par Charles le Chauve et le Ger- manique sur l'empereur Lothaire leur frère. Elle a éte composée par Angelbert , témoin oculaire , et qui ÿ combattait dans les rangs de l'armée de ce dernier. L’abbé Lebœuf s’en est servi dans ses Dissertations sur la bataille de Fontenay , pour éclaircir quelques points obscurs du récit de Nithard , et avec d'autant plus d'utilité que ces écrivains appartenaient aux deux partis oppo- sés , puisque Nithard’°se trouvait dans l’armée de Charles et de Louis. « Elle était, dit cet Aca- » démicien, composée en vers trochaiques , selon » le style des complaintes de ce temps-là; aussi, » en at-elle le goût ; et l’on reconnait par quelques ( 225 ) » points qui sont sur les premiers vers; que c'é- » tait une espèce de Cantique noté ou d'Ode. » La voici telle que l'abbé Lebœuf l'a trouvée dans un manuscrit proyezant de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges : Versus De BezLa (sic) QUÆ FUIT ACTA FONTANETO. Aurora cüm primo manè Tetram noctem dividens , Sabbatum non illud fuit, Sed Saturni dolium : De fraterné rupté pace Gaudet demon impius, Bella clamant hinc etinde, Pugna gracis (1) oritur : Frater fratri mortem parat, IVepoti avunculus , Filius nec patri suo Ezxhibet quod meruit. Cœdes nulla pejor fuit Campo nec in martio ; Facta est lex Christianorum Sanguine proluvi..... Undè manus infernorum Gaudet gula Cerberi. Dezxtera prœpotens Dei Protexit Hlotharium > Vietor ille manu suä (1) Gracis. Ce mot peut être là comme synonyme ou con- traction de gracilibus : Trompettes ; en langue romane : greilles. Voyez Duc. gloss. voce : gracile, (14 Pugnavitque fortitèr ; ‘ Cæteri si sic pugnassent Moz foret coucordia. Ecce olim velud Judas Salvatorem tradidit , Wicte Rex tuique duces Tradiderunt gladio ; Esto cautus ne frauderis Agnus lupo prœævio. Fontaneto font... dicunt, Villam quoque rustici , In qua strages et ruinæ Francorum de sanguine : Horrent campi , horrent Silvæ ; Horrent ipsi paludes. Gramen illud ros et imber. IVec humectet pluvia , In quo fortes ceciderunt Prœlio doctissimi ; Plangent illos qui fuerunt Zilo casu mortui. Hoc autem scelus peractum Quod descripsi rytmicè Angelbertus ego vidi, Pugnansque sum aliis Solus de multis remansi Prima fontis acie. Ima vallis retrospezi 7 erlicemque jugeri, Ut: suos inimicos (135) . Rex fortis Hlotharius Expugnabat fugientes 3 Usquè forum rivulie Karoli de parte vero Hludovici paritèr A lbescebant campi vestes Mortuorum lineas , Velut solent in autumno Albescere avibus. Laude pugna non est digna Vec canatur melodè : Oriens , meridianus, Occidens vel aquilo Plangent illos qui fuerunt Jllic casu mortui, Maledicta dies illa Nec in anni circulis Numeretur sed radatur Æb omni memorid ; Jubar solis illi desit Aurora crepusculo. IVozxque illa, nox amara ; ANozque dura nimium , In quà fortes ceciderunt Prælio doctissimi , Pater , mater , soror, frater; Quos amici fleverunt. La seconde de ces Romances appartient à la même époque , et était pareillement notée « avec les carac- » tères dont on usait alors pour transmettre le chant, » c’est-à-dire de petits points et de petits crochets » très-difliciles à déméler, On y remarque dans les € 226 ) » troisième, septième et huitième strophes une répé- » tition des mémes paroles qui fait voir que ces » sortes de cantiques se chantaient quelquefois en » forme de rondeau. Celui-ci est une espèce de » complainte qui fut faite à l'occasion de Ja mort » tragique du prince Hugues , célèbre abbé du » IX: siècle. » F On savait que cet Hugues, fils de Charlemagne et de Régine, avait embrassé l’état ecclésiastique, et fut abbé de Saint-Bertin et de Saint-Quentin en Vermandois. Des chartes de l’'annce 840 attes- tent qu'il était à cette époque Chancelier de France. Plusieurs écrivains ont supposé qu’il était mort devant Toulouse , lorsque Charles le Chauve en faisait le siége ; mais la Romance , d'accord avec la chronique de Saint-Bertin , nous apprend qu'il fut tué en 844, dans l’Angoumois , avec plusieurs autres ecclésias- tiques dans un combat contre le jeune roi Pepin, au moment où il conduisait des renforts à l’armée assiégeante , et nous fait connaître quelques circons- tances particulières relativement à cet événement , au lieu de sa sépulture et à ses qualités personnelles. Prancrus HUGONIS ABBATIS. .! Hugo dulee nomen , Hugo propago nobilis Karli potentis Ac sereni principis, Insons sub armis Tam repentè saucius Occubuisti, nt tint C127) Sed cur adire Karolum prœsumeres Quem Hludovicus Imperator inclytus Regen libentèr Visus est ex filio Constiluisse ? Sed non ob hoc tu Perforandus lanceis ; ÎVec membra tua Lanianda fuerant Cum plus prodesse Quam nocere cuiquam S emper amares. Vam rex Pipinus Lacrymasse dicilur, Cum te vidisset Ullis absque vestibus IVudun jacere Turpitèr in medio Pulvere campi Quin immo de te Subsecutus addidit : Hunc si vidissem Sospitem nunc corpore ; Talenta centum dVon placerent aurea Hoc mihi quantum. ( 128 ) Karoff (1) honeste | Collocetur tumulo , De quo sacerdos Eztitit, à Monachis Etubi vivens Postulavit mortuum Se sepeliri. © quam venustam Quamque pulcram speciem Circumferebas ( Omnibus præ celeris ; Cum plus prodesse Quam nocere cuiquam S'emper amabass Von crimen ullum IVon rapinam quamlibet Te perpetrasse Cum fores mitissimus Cum plus prodesse Quam nocere cuiquam Semper amabass Je passe à une Romance d’un grand intérêt sous les rapports historiques et philologiques. C’est celle qui fut composée en langue francique, sous LouisINf, fils de Louis le Bègue , au sujet d’une vietoire écla- tante remportée par ce Prince sur les Normands, en 88r , à Saucourt, dans le Ponthieu. Voici ce qu’en rapporte Vely , d'aprés le Gesta Normannorum : (2) QG) Karoff. L’abbaye de Charroux en Poitou , dont le prince Hugues parait par-là avoir été abbé en même-temps qu’il l’était déjà de Saint-Bertin et Saint-Quentin, (2) Je crois devoir citer ici le Gesta ZVormannorum , que Vely n'a pas suivi exactement, ÆAnno dominice incarnationis 881, 7 kal. januarii, IVorth- » Louis (159) | & Louis ét Carloman, rois de France, ét Charles » le Gros, Empereur , assiégeaient la ville de Vienne » enDauphiné, danslaquelle s'était renfermée la prin=< » cesse Hermentrude , épouse de Boson, qui venait » de prendre le titre de roi de Bourgogne, Les rava= » ges toujours croissants des Normands forcèrent » le roi Louis de quitter le camp pour aller les re< » pousser, Maîtres de Gand, dont ils avaient fait » comme leur quartier-général , ils avaient surpris » Tournay, qu'ils mirent à feu et à sang 3 s'étaient » emparés de Conrtray, qu'ils fortifièrent , et avaient » forcé Saint-Omer, qu’ils réduisirent en cendres, » Delà ; ils avaient couru tout le pays jusqu’à la # rivière de Somme, tuant, brûlant, saccageant tout » ce qui se trouvait sous leurs pas. Cambray , Saint- » Riquier , Saint-Valery , Amiens, Corbie, Arras » furent emportés et pillés après un horrible car » nage de leurs habitants. Tant de fâcheuses nou- » velles décidèrent le roi Louis à laisser la con- ” duité du siége à Carloman son frère, pour venif manni Sithiu oppidum ingressi cum infinité multitudine À ipsum oppidum cum ecclesiis igne cremaverunt, excepté Sancti Odomari ecclesid, quæ dei Providentià Lbenë era munita, At ÎVorthmanni interfectis omnibus quos invenira poterant , omnem Lerram usquë ad Summan cxpugnaverun£ et capté prædé infinité hominum et pecudum recesserunt, Indè Cameracum ingressi, incendiis et occisionibus civitatem des- truunt et monasterium sancti Gaugerici vastantes cum præd& mazimé ad castra reversi sunt. Deindè circa Purificationem Sanctæ Marie iterummoventes , per T'eruennam iter arripiun£ etusquè Centula monasterium Sancti Richarii et sancti Wa+ derici et omnia lova circà mare et monasteria et vicos , deindë ÆAmbianis civitatem atque Corbeiani pervagantes multis onusti prædis sinè impedimento àd sua repedavere castras Posteä circà solemnitalem sancti Petri mense februaria Airebatis venerunt, omnesque quos ii invenerunt inler* I (150 } w aveC une partié dé ses troupes à la défense de ” son foyaume, Il joignit lennemi à Saucourt, dans ” le Ponthieu; le combat fut sanglant, mais enfin » la victoire se déclara pour les Français. Neuf mille » Normands demeurérent sur la place, et, avec eux; n Guüaramond leur roi, duc où commandant, » Voici maintenant la traduction de la romance qui parait avoir: été composée immédiatement après la vicioire , puisque l’auteur y forme des vœux pour la conservation des jours de Louis IE , qui D ri Pannée suivante: » Je connais un Roi puissint nommé le seigneur Louis, qui sert Dieu de tout son cœur et qui en est récompensé avec largesse. Un destin cruel lui fit perdre son père dès l’enfance ; mais’ Dieu le pro tégea , devint son guide , l’entoura de héros, de vaillants compagnons d’armes , et l’assit sur le trône des Francs; puisse-t-il loccuper long-temps! smLouis partagea sur-le-champ le royaume avec fecerunt. Interim Ludovicus rez ; gravi Lire contris= talus , convocalo exercilu, prèeparal se ad prælium: AE" Northmanni cum magno exercitu mense julio Summam flu< dim transeunt et vastando omnia usquè ad Belvagorum civi+ tatem perveniunt. Quibus Rex obvius in pago Wimau, in villé quæ Sathuleurtis dicitur commissum est præliumn. Mo INorthmanni ,'fugam , ineunt ; quos Rex insecutus, gloriosis- simè de eis triumphavit, Tunc Northmanni per Gandevuns redeuntes, reparatis navibus , terra mariqie ïler facientes' Mosam ingressi sunt, et iu Haslac sedem firmant ad hye=® mandum, esta IVormann, ante Roll, duc. p. 4% anno 881. Nepos regis Hludowicus cum Normannis dimicans nobia Litèr triumphavit. IVam novem millia équitum ex eis occii disse perhibetur, Ibid, P. 17. Except. ànn. fuld, Sathulcurtis où Saudulcourt |} comme le nomme la Chro< nique de Saint-Richard, est Saucourt en Vimeu, village situé sur la route et à-peu-près à moitié chemin d’Eu à Abbeville, - r 18r ) Kitoan son frère, loyalementet sans aucune fraudes Ce fut ensuite que Dieu , voulant éprouver comment il soutiendrait l'adversité , permit que des payens se répandissent sur son empire , et que le peuplé des Francs füt opprimé par leurs soldats, Quelques sujets de Louis s’abandonnérent immédiatement à eux ; d’autres cédèrent successivement à leurs in- trigues ; quiconque restait fidèle à son Prince etait soumis à toutes sortes d’outrages. » Un traître, profitant de ces malheurs potr accroître sa puissance, s’emparait des places fortes et usur- pait l’autorité suprême. » Le parjure , l'assassinat , la bassesse régnaient en tous lieux et procuraient le pouvoir. » Le Roï s'indigrait de désordres qui jetaient le trouble parmi tous ses sujets. Le Christ dans sa colère permettait tous ces attentats et les laissait impunis, Mais Dieu, voyant toutes les calamités qui pésaient sur a France , eut enfin pitié de son peuple. H appelle le seigneur Louis pour lui ordonner d’ailer combattre lés ennemis * « Louis, mon Roi, délivre mon peuple, si dure- » ment opprimé par les Normands. » © « Seigneur, répond Louis, je ferai ce que vous » m'ordonnez , à moins que la môrt ne m'arrète dans » l'exécution de vos vengeances, n 5 Fort de l'assentiment de Dieu, il lève son gonfanon, s'entoure des Francs et se dirige contre les Nor- mands. « Venez, Seigneur, s’écrie-t-il, exaucer notre “ Jongué espérance. » » D'une voix élevée , il parle ainsi le noble Louis ! _« Consolez-vous , mes camarades, mes chevaliers; #” c'est par l'ordre de Dieu que nous marchons ; » c’est Jui qui assurera le succès de nos armes. Je » réclame vos conseils pour la conduite de mon la (ABS * armée. Je ne m'épargnerai pas moi-mémé pour 5 parvenir à vous délivrer ; mais je veux qu’en ce » jour tous ceux qui sont restés fidèles à leur Dieu » suivent mes pas. Notre vie est la propriété du n Christ; c'est lui qui conserve nos os et à qui la » garde en est confiée. Quiconque viendra avec ar- » deur exécuter les ordres du Seigneur , sera recom- » pensé dans sa personne s’il survit, dans sa famille » s'il succombe. » Alors, prenant son bouclier et sa lance ,il marche aux ennemis dont il est impatient de se venger. Les Normands étaient peu éloignés , il les rencontre bier.* tôt. Dieu soit loué , s'écrie-t-il , en appercevant l’objet de ses désirs, Le Roi marche audacieusement à eux , entonnant un cantique sacré ; toute l’armée s’écrie à la fois : Xyrie eleison. Aussitôt que le cantique est fini, la bataille commence ; la fureur et la joie colorent les joues des Francs; chacun d’eux se rassa- sie de vengeance; mais Louis les surpasse tous en audace et en adresse , nobles qualités qu'il a héritées de ses ancètres. 11 perce les uns, renverse les autres et abreuve de l’amère boisson du trépas tous ceux que rencontrent ses coups. » Bénie soit la puissance divine pour la victoire de Louis. Rendons grâces à tous les saints pour la part qu'ils y ont eue; Louis est un heureux monarque dont la prudence égale la valeur. Conservez-le ; Seigneur , pendant de longues années , dans l’exer- cice des droits de son trône. » Ce précieux monument de la langue et de la poësie des Francs, est composé de cent dix-huit vers rimés deux à deux , la plupart de six syllabes , quelques-uns de cinq ou de sept.Schilter prétend ÿ recounaitre le glyconique libre des Anciens ; mais il me paraît bien diflicile d’avoir des idées arrêtées (133) sur la prosodie d'une langue au sujet de laquelle nous possédons si peu de renseignements, Il fut découvert dans Pabbaye de Saint - Amand, par Mabillon, qui en envoya sur le champ une copie à Schilter. Presque immédiatement après, l'original disparut sans qu'il ait jamais été possible de le re- trouver. Il a été imprimé successivement dans le Trésor d’antiquités, de Schilter; dans la Collection des écrivains de Danemarck ; dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France , par dom Bouquet ; enfin , dans le modeste et estimable tra- vail que M, Gley publia en 1814, sur la langue et la littérature des anciens Francs, Je ne saurais trop recommander aux amateurs des antiquités nationales la lecture de cet ouvrage où j'ai puisé une grande partie des matériaux du Mémoire que j'ai l'honneur de vous soumettre, La romance sur Ja bataille de Saucourt , sans avoir été aussi célèbre dans le moyen âge que la chanson de Roland , a cependant été mentionnée 74 nos historiens. « Le Roi Louis, dit la chro- » nique de Saint-Richard, étant mort à Compié- » gne au mois d'avril (879), ses fils Louis et Car- » Jloman partagèrent son royaume. C’est alors que » Dieu dans ses jugements permit qu'une multitude » innombrable de barbares pénétrât au-delà des » limites de la France. Un noble Franc, nommé » Esimbard , qui avait encouru la disgrâce du roi » Louis, eût la lâcheté de favoriser par ses intellisgen- » ces le succès des ennemis de la patrie. Ce qui ar- » riva ensuite nous a éténon-seulement transmis par ” nos annales , mas encore la mémoire s’en con- » serve dans nos chants nationaux, Nous ne ferons » donc ici que recueillir quelques circonstances particulières de cette guerre. » + (134) » Les barbares au sortir de leurs vaisseaux sé. » taient répandus dans le Ponthieu et les provinces » voisines. Le roi Louis les attaqua dans le bourg » de Vimmac , et remporta sur eux une victoire » complète. Leur roi Guaramond fut du nombre » des morts. » (1) Grâce au soin de Mabillon et de Schilter , la romance consacrée à la victoire de Louis III ne s’est point perdue comme l'hymme de Roland. Nous y pouvons encore trouver à la fois et le type in- contestable de nos anciens chants nationaux, et l'an des plus intéressants monuments de la langue de nos ancétres. Oui, Messieurs, c’est cette langue que parlaient , au sortir de leur ‘première patrie, ces généreux Francs, héritiers de la plus précieuse des dépouilles de PEmpire romain, ces Francs dont le nom, devenu celui de l'honneur et de la droiture, est allé jusqu’eu Orient servir de désignation com- mune à tous les peuples de l'Europe régénérée à quand le nom de Romain, jadis si beau, n’y peint plus que l'esclavage et la bassesse. (2) Mais cette langue que se glorifiait encore de parles le restaurateur de l'empire d'Occident (5), nous (1) Ce n’est point dans le bourg de Vimmac que la bataille s’est livrée , mais dans le village de Saucourt, situé dans le Vimeu. (In Vimiacensi pago. ) Le chroniqueur , étranger aux localités, aura facilement confondu le nom de la contrée avec celui du lieu même, (2) Les Orientaux ne se servent pas d’autre nom que de celui de Romain { Roumi) pour désigner les Grecs , et y attachent l’idée la plus forte d’infériorité et de mépris, (3) Barbaraelantiquissima carmina, quibusveterumregum actus et Bella canebantur, scripsit memoriæque mandavit, tnchoavil el grammaticam patrii sermOnis, mensibus eliam (455)? a laissé encore plusieurs autres monuments dishes de l'intérêt des savants et particulièrement de tons les Français. Une critique éclairée a reconnu dans le style de ces pièces, dont quelques-unes re sont malheureusement que des fragments , dés perfec- tionnements sensibles depuis l'entrée des Francs dans les Gaules jusqu’au règne des Rois carlovin- giens, époque de sa plus grande splendeur. Ce ne fut que vers le commencement de la troisième de nastie qu’elle disparut entièrement de la partie dc- cidentale de l'empire de Charlemagne , redevenue la France proprement dite , et qui ne conserva plus de rapports intimes avec les Provinces ger- maniques. Dans ces DRRRe même l'idiome que parlaient les Empereurs de la Maison de Souabe, et qu'ont embelli les Minnesingers, succéda au fran- cique pour être à son tour remplacé plus tard par le Saxon. Ce dernier est resté, depuis le siècle de Luther, la langue dominante de l'Allemagne. ; Le francique s’en approche beaucoup plus que de l'idiome des Minnesingers. Un allemand de nos’ jours trouverait dans la romance sur la victoire de Saucourt beaucoup de mots encore employés ha- bituellement , et souvent avec la méme orthographe. Les six premiers vers sur-tout ne s’écriraient pres- que pas autrement dans le haut allemand ‘actuel, qu'ils ne l'ont éié en francique il y a près de mille ans. juztà Patriam linguam nomina imposuit. Egiab. Vita Gestaque Carol, Magn. Louis le Débonnaire ; au contraire, prit en aversion la langue francique, Poëtica carmina gentilia quæ in juvéntute didicerat res- puil, nec legere, nec audire ,nec docere voluir, Opus Thegun. de Gest. Ludewic. Imp. : (156) Voici ces vers: Eïinen Kuning uueiz ich, Heisset herr Luduuig , Der gerne Gott dienet, UUeil er ihms lohnet. Kind uuart er uaterlos , Dess uuarth ihme sehr bos..+ On dirait maintenant en Saxon: Ginen Éônig mweif ich, Herr Ludwig gebeiffen, Der gern Gott dienet, IBeil er ibm’8 lobnet. Kind war er vaterlos ; Das war ibm febr bôfe, (1) Mais la ressemblance est bien loin d’être toujours aussi complette. Les deux langues, évidemment sœurs , n’en ont pas moins cependant chacune leur physionomie bien distincte. Le francique , moins perfectionné , moins compliqué dans ses constructions que le (1) Je crois devoir transcrire ici la totalité de la Romance # telle que M. Gley l'a donnée dans son ouvrage intitulé : Langue et Littérature des anciens Francs. Paris, 1814, in-8°, p. 258 è 242, s Æïnen Kuning uueiz ich, Heisset herr Luduuïg , Der gerne Gott dienet , UUeil er ihms lohnet, 8% Kind uuart er uaterlos , (137) #axon , est aussi beaucoup moins sourd dans sa prononciation. Ses consonnes sont quelquefois plus dures et plus aspirées, sur-tout dans les mor- TT —————]—— Dess uuarth ihme sehr Los Holoda inan Truhtin, Magaczogo uuarth her sin: Gab her ihme Dugidi , 10 Fronisce githigini , Stuel hier in Vrankon(*), So bruche er es lango, Das gedeild er thanne Sar mit Karlomanne 35 Bruder sinemo, Thia czala uuanni ana. O das uuarth al geendist , Koronuuolda sin God is ; Ob her arbeidi 20 So lang tholon mahtie Liess der heidine mann Obar sie lidan, Thiot Vrancono Mannon sin diono 35. Sume sar uerlorane, Uurdun sum erkorane | Haranscara tholota T'her er misselebeta. Ù Ther ther thanne thiob uuas , 3p Ind er thanana ginas , IVam sine uaston Sidd uuyarth her guotnan, €#) Les écrivains franciques commencent tous Le mot Frankon par un F'; Y'aureur de no:re Ode est parmi eux Le seul qui, à l'exemple des Grecs, écrire Fronkon, ( 138 } æeaux les plus anciens; mais ses voyelles sont presque toujours plus éclatantes et plus sonores. Les formes poétiques employées par les auteurs nan meme 40 45 50 *35 6o Sum uuas luginant , Sum uuas skachari , Sum falloses , Tnd er giburtha sih thes. Kuniug uuas ehruirrit Das richi al girrit, Uuas ehrbolgan Krist, Leid her thes , ni gald ir, Thoh erbarmed es God Uuiss er alla thia nod , Hiess herr Hluduuigan , T'harot sar ritan, | « Iluduuig, Kuning min , | » Hilph minan liutin, » Heigun sa Nordmann » ÆHarto biduuungan. » T'hanne sprach Hluduuig 3 « ÆHerro so duon ih » Dot ni rette mir iz, » Al thas thu gibiudist. T'ho ram her Godes urlub , Huob her gundfanon uf, Reit her thara in V’rankon , dngagan Nortmannon , Gode thancodun Thesin beidodun, Quad : « Hin al fromin, » So lango Leiden uuir thin, » T'hanno sprach Luto , Hluduuig der Guoto : C159) franciques sont tantôt la rime dont ils nous ont laissé des exemples dès le IX° siècle ; tantôt l’allité- ration ou le retour de la même consonne au com- 65 70 75 80 aa « » » » Trostet Liu, Gesellion, » Mine notstallon, Hera santa mih God , » Doh mir sello genod , Ob hiu rat thuti , » Thazih hier gefurtie Zi selbon ni sparoti , » Unzih hiu ginerrti. IVu uuil ih, thas mir uolgon » Alle godes holdon. Gisherit ist thiu hieruuist, » So lango so uuil Krist, Uuil her unsa bina uuarth, » T'hero habet giuuaht. So uuer s0 hier in ellian, » Giduat Godes uuillan , Quimit he gisund us, » 1h gilonon imos ; Bilibit her thorinne, » Sinemo kunnie. » T'ho nam her skild indi sper , Ellianlicho reit her. V’uold her uuarer rahchon d! Sina uuidarsahchon. Lo ni uuas iz buro lango Fand her thia IVorthimannon:s GODE LOZ : sageta. Her siht thes her gereda, T'her Kuning reit kuono , Sanz lioth Jrano , mencement des mots les plus importants de chaque vers qui paraît appartenir encore plus franchement aux langues gothiques et qui n'a point comme la dans la poësie moderne , si ce n’est pour quelques pièces badines de peu d'intérêt et rime passé d’étendue, 95 00 05 10 15 C140 ) Joh alle saman sungon , Kirie eleison, Sang uuas gesungen , Uuig uuas bigunnen , Bluot skein in uuangon Spilodunder Vrankon. Thar raht thegeno gelich IVichein so so Hluduuig Snel indi kuont, T'has uuas imo gekunni. Suman thuruch sluog her , $urnan thuruch stach her, Her skancta ce hanton Sinan fianton Bitteres lides, So uuehin hio thes libes. Gilobet si thiu Godes kraft , Hluduuig uuarth sighaft. Sag allin Heiligon thanc , Sin uuarth ther Sigikamf. Odar abur Hluduuig Kuning uuar salig , Garo so ser turft uuas, Suuar so ses turft uuas, Gihaldeinan, Truhtin, Bi sinan eregrehtin. C4) J'ai pensé , Messieurs, que vous ne jugeriez pas indignes de votre attention ce petit nombre de détails sur la langue et la poësie de nos ancêtres. Je m’es- timerais heureux s'ils pouvaient engager quelques personnes à s’en occuper, si je pouvais espérer de contribuer à tirer de l'obscurité et du mépris auxquels ils semblent condamnés chez la génération présente, une langue et des monuments qui de+ vraient être , pour les descendants des Francs, l’'ob« jet d'une sainte vénération et d’infatigables recher= ühes. és LOS es C:1#2) RAPPORT Fait sur l’Abbatiale de Saint - Ouen: Par M. Auguste Le PRrxyosr. Messieurs, ‘-Sar la proposition que j'ai en l’honneur dé vous faire à la séance du 14 mars, vous avez nommé une Commission pour vous rendre compte des objets précieux, sous le rapport de l’art on des antiquités, qui pourraient exister dans l'Abbatiale de Saint-Ouen , dont la démolition est commencée. Cette Commission , composée de MM. Gourdin , Descamps, de Bois - Hébert, Vauquelin , Désoria et moi, s’est empressée de s'occuper de l’examen dont vous l’aviez chargée. A cet effet , elle s'est ren: due dès le 15 à l'Abbatiale et en a parcouru avec une scrupuleuse attention toutes les parties non encore abattues, Cet édifice ; dont la construction a commencé en 1505 , d’après les renseignements historiques , est dû au cardinal Antoine Bohier , successivement moine de Fécamp, abbé de Saint-Ouen depuis 149r jusqu'en 1515, abbé de Fécamp et de Saint-Georges- de-Boscherville , garde des Sceaux de Normandie, président à l'Echiquier perpétuel ou Parlement de cette province , archevêque de Bourges, et enfin, décoré du chapeau en 1517. Ce prélat était un grand bätisseur , dit un ancien manuscrit. En eflet, sans parler des grands travaux qu'il fit exécuter dans ses autres bénéfices SRE faire dans Saint-Ouen non-seulement les constructions C145) dont nous nous occupens en ce moment, etahxquelles il consacra, dit-on, 9200 livres, mais encore, au moins quant à la grosse maconnerie , toute la partie de la superbe basilique de cette abbaye comprise entre l'entrée donnant au midi et le grand portail. Aussi, ses armes, qui sont d’or, au lion d’azur, au chef de buleN, avaient-elles été placées à la clef des voûtes et sur les vitres de cette portion de l'église commé elles existent encore au- -dessus de bruit ieurs fenêtres de P'Abbatiale. Il est probable que ce dernier édifice ne fut pas achevé sur-le-champ, ni même du vivant de l'abbé Bohier. Outre des différences très-sensibles dans le caractère d’architecture de ses diverses parties , on peut l'induire de l'inscription Suivante, placce sur l’un des bâtiments, autour d’un écusson mutilé pendant la révolution; mais que l’on dis- tingue avoir été bandé de six traits : VICARIUS: NS 41... ou 4 we R C144) Cette inscription paraît indiquer assez positives ment que le bâtiment où elle est placée n'a été construit ou terminé que de 1540 à 1545, sous les vicaires du cardinal Cibo ; alors abbé de Saint- Ouen. Sous le règne d'Henri IV, l'Abbatiale ayant été cédée par le comte de Soissons, qui jouissait des revenus de l’abbaye , à son beau-frère le duc de Longueville , gouverneur de Normandie, pour ÿ faire sa résidence , on lui donna le nom d'Hôtel de Longueville Les successeurs du duc de Longue- ville , et notamment les ducs de Luxembourg, ont continué de l’habiter jusqu’au milieu du XVIII: siècle, Ces derniers lui ont laissé le nom d'Hôtel de Luxembourg , ou Luxembourg , sous lequel elle est encore maintenant désignée par les habi- tants de Rouen. J] paraît qu’elle a été aussi occu- pée dans quelques circonstances par des premiers présidents du Parlement. L’Abbatiale a beaucoup souffert à l’époque de la constrüction du nouveau dortoir de Saint - Ouen ; tout un corps de logis carré, la chapelle et d’au- res bâtiments adjacents furent détruits alors pour donner au nouvel édifice ses dimensions actuelles: On pourra prendre une idée de ces mutilations dans le plan de lenclos de Saint-Ouen, qui se trouve joint à l'ouvrage du P. Pommeraie. Dans son état présent , l’Abbatiale se compose de trois corps de bâtiment disposés rectangulaire- ment autour d’une cour, dont le quatrième côté est fermé, au midi, par un mur, et dont l’entrée se trouvé à l'angle sud-est, Le premier construit et le plus considérable de ces corps de bâtiment , est situé à l’orient de la cour. Il est fait en briques et composé d'un rez- de C 145 ) de chaussée , d’un premier et d'un sécond engagé dans le toit. Les fenêtres, en pierres de taille, et remarquables par la profusion et la délicatesse des Sculptures plus que par leur bon goût , en font lé principal ornement. Ces sculptures, comprises dans des encadrements gothiques ;, partent du rez de chaussée et vont se terminer en aiguilles élancées à-pen-près à la hauteur du toit, dont le faite paraît avoir été autrefois revêtu dans touté sa lon- gueur d'ornements en plomb ; représentant les supports des armes de l’abbaye , savoir : une clé et une épée placées en sautoir. Les sommités des tourelles étaient en outre ornées d'énormes fleurs de lis. . Les fenêtres étaient originairement au nombre de trois à chaque étage ; il y en avait au premier une de plus qui gâtait un peu la symmétrie de l'édifice. Le bâtiment était terminé , au midi, par uve petite tourelle donnant sur le vivier; mais depuis long- temps la portion où se trouvaient la tourelle et la première fenêtre a été détruite , et le mur re: porté de beaucoup vers le. nord. On a aussi établi au rez de chaussée et au second, la fenêtre qui ne se trouvait qu’au premier. Le couronnement de la fenêtre du milieu, qui se trouve par l'effet de ces changements la der- niére vers le midi , portait les armes de France. Elles y ont pour supports des animaux que je pré- sume être des porcs-épic ,; comme celà est ordi- naire dans les monuments du siècle de Louis XII Les cavités qui se remarquent sur leur poitrail et leurs flancs auront sans doute été produites par lenfoncement, dans la pierre , d'objets destinés à représenter les dards de cet animal. Ces objets étant tombés ou détruits ayec le temps, il eu sera K C:146) résulté que les dards se trouvent maintenant repré: sentés en creux au lieu de l'être en relief. Les couronnements des deux autres fenêtres por- taient, d’après le plan du P, Pommeraie , les armes de l'abbé Bohier , avec deux anges pour supports, A l'extrémité N.-E. de la cour se trouve une tour octogone , engagée par trois de ses pans dans le bâtiment que je viens de décrire, et renfer- mant-un escalier en limaçon. Ceue tour est également construite en brique et probablement à la méme époque; mais les sculptures et ornements d’architecture de ses fenêtres supérieu- res, présentent des differences et des perfectionne- ments sensibles, au moins sous le rapport du dessin , qui ne permettent guère de douter qu'ils n’aient eté exécutés postérieurement à ceux du bâtiment principal ; et même successivement du midi au nord. Ces fenêtres sont ornées, sur leurs couronnements extérieurs , d’écussons portant alternativement les armes de l'abbé Bobhier et celles de France ou de l’abbaye de Saint-Ouen. Comme ces dernières ne différent que par leurs supports, il ne m’a été pos- sible de distinguer à une si grande hauteur si ce sont les unes ou les autres qu’on a voulu repré- senter. L’axe de l'escalier forme une rampe sillonnée de six spires longitudinales torses , ornées d’arabes- ques et de guirlandes de fleurs , parmi lesquelles se trouvent des écussons mutilés pendant la révolution, et des lettres que je transcris ici dans l’arrange- ment qu’elles m'ont paru présenter ; mais auxquelles je v’ai pu trouyer auçun sens. (147) © Hi 2 © X X X APT R À Ces lettres sont en caractéres romains, à l'excep- tion d’un lambda grec, et formées pour la plupart de guirlandes entrelassées. Je n'ai pas connaissance que personne ne se soit jamäis occupé de leur explication. Au haut de l'escalier, est une voûte ornée de culs de lampes taillés dans la pierre avec une pa- tieuce et une délicatesse infinies, et offrant quel« K 2 C148) ques ressemblances avec ceux du portail de l'ailé méridionale de l’église. Auidelà de la tour de l'escalier est une continua- tion du bâtiment principal, construite à la fin du XVI: siècle, et terminée , à son angle N.-O:; par uue tourelle hexagonale , dont les ornements sont du goût le meilleur et le plus gracieux. Dans la totalité des intérieurs de ce bâtiment ; les distributions et décorations modernes ont ellacé toute trace de la disposition primitive des appar- tements, si ce n'est pourtant l’ancienne commu- nication du prémier avec l'escalier , que noùs avons trouvé cachée derrière des pauneaux d’armoire. C’est une ouverture de porte, revêtue d’arabesques en bas relief. Ces ornements sont d’un assez bon goût et tout-à-fait conformes à ce qui se rencontre ordinairement en ce genre dans les monuments du XVI* sièêle. C'est vers le bout, et à l’orient de ce corps de logis , que se trouvaient le bâtiment carré ; la cha- pelle et autres constructions adjacentes, mentionnées ci-dessus (1), et qui occupaient à-peu-près l’em- placement de l'extrémité septentrionale de l'édifice actuel de Saint-Ouen. Le second corps de bâtiment subsistant est placé au nord de la cour de lPAbbatiale , et part à angle droit du premier à la naissance, de la tour de l'escalier, sur le pan N.-O. de laquelle il s’ap- puie obliquement. Il est construit en carrés de pierres de taille et de briques placés alternativement, et beaucoup moins élevé que lautre, dont il n’est EL (1) Page 144, C149 ) qu'un accessoire bien visiblement ajouté après coup. Ses murailles sont ornées au premier de quelques médaillons en terre cuite, et les couronnements de ses fenêtres, d’arabesques et autres ornements dans le grand goût italien du XVIE siècle. C’est sur sa face méridionale que se trouvent au rez de chaussée l'inscription et l'écusson rapportés ci-dessus (1). Peut- être l’une et l'autre se rapportent-ils à Octavian Grimaldi , l’un des vicaires du cardinal Cibo , et dont le nom et les armes ne présentent rien qui répugne à cètte hypothèse (2). Ce bâtiment servait à établir la communication entre celui de l'entrée et le corps de Pédifice. On y placa une chapelle après la destruction de celle dont j'ai décrit l'emplacement. Il ne présente plus aucune trace de sa façade du côté du jardin, I parait qu'elle était ornée d'un fronton où se trouvaient les armes de France, celles de l'abbé Bohier, et d’autres qui sont inconnues, et que le P. Pommeraie a fait graver dans son histoire de Saint-Ouen, On re peut plus rien distinguer de son ancienne décora- tion intérieure, depuis qu’on l'a tourmentée de mille manières pour l’accommoder à nos usages modernes et à nos distributions mesquines. Un dernier bâtiment sy joint à angle droit , au N.-0. de la cour, dont il occupe presque toute la partie occidentale. Une petite tourelle d’escalier oc- (1) Page 143. (2) À la vérité, les armes de la Maison de Grimaldi sont Juselées et non bandées ; mais on peut attribuer l'absence de traits dans le sens de la barre sur cet écusson dans son état actuel, à la mutilation presque complette qu'il a éprouvée, K 5 C150 ) eupe le point de jonction. Le rez de chaussée de ce bâtiment est formé à l'intérieur par quatre ar- cades ornées de pilastres cannelés , et dont les voûtes sont fort surbaissées. Ces arcades ont été de- puis impitoyablement engagées dans des murailles, et toute cette partie de l'Abbatiale n’a pas été plus respectée que les précédentes. Ve Les couronnements des quatre fenétres sont à- peu-près semblables à ceux du corps de bâtiment que je viens de décrire; je serais néanmoins porté à les regarder comme un peu plus modernes. Ce corps de logis présente à son extrémité S.-E. une figure de chimère , ou gargouille fort bizarre , et aussi remarquable par le mauvais goût dont elle porte l'empreinte, que par des details d’exé- cution assez heureux. Il a peu de profondeur, et est masqué à l'extérieur par une construction con- tiguëé et bien moins ancienne, Telles sont, Messieurs, les données beaucoup trop incomplettes qu’il nous a été possible de rassembler au sujet des bâtiments dont se compose l’Abbatiale de Saint-Ouen. J'engage les personnes qui voudraient en faire l'objet de plus amples recherches , à con- sulter les planches placées aux pages 214 et 220 de l'ouvrage du P. Pommeraie. La première fournit des renseignements très- précieux sur l'ancienne distribution de tout lenclos de Saint-Ouen. La seconde donne une image assez juste , quoique peu élégante, du principal corps de logis. Les détails que je viens d’avoir l'honneur de vous soumettre ne sont pas de nature à prouver que la démolition de'ce qui subsiste encore de V'Abbatiale de Saint-Ouen, soit une perte bien fà- cheuse pour les arts, Néanmoins, Messieurs, les (151) amateurs des antiquités nationales ne verront pas sans de vifs regrets se consommer la ruine de ce respectable Monument. Elle mettra à leurs yeux le comble à tant d’autres pertes du même genre ;, arrivées depuis un espace de temps bien court. Encore quelques années, diront-ils , et, à l'excep- tion d’un petit nombre d’édifices d’une utilité pres-. sante et immédiate , nous aurons vu disparaitre tout ce qu'ont élevé nos ancétres; ces églises , ces couvents , ces palais, ces châteaux, toutes ces constructions consacrées à la religion , à la représen- tation ou à lPuxilité publique. Une population à-la-fois superbe et frivole, dépensière et mesquine, à pris la place de ces sages et pieuses générations , austères et économes dans les détails habituels de la vie privée, mais si magnifiques dans les grandes occasions , et qui bâtissaient comme les Romains pour l'éternité, Non contente de ne laisser après elle aucune trace de son passage sur la terre , elle semble prendre plaisir à effacer tout ce qui peut rappeler les hommes et les faits des anciens jours. Ah! si quelques con- sidérations eussent pu arrêter ses Coups , n’aurait- elle pas ménagé dans l'Abbatiale de Saint-Ouen, la demeure de tout ce que la Normandie a produit ou possédé pendant deux siècles de plus illustre dans l'église , les armes et la magistrature ; le séjour honoré tant de fois de la visite de nos rois ! Nous ne pourrons plus montrer à l'étranger l'enceinte où nos aieux ont successivement reçu Henri IE, Charles IX , Henri HI, Henri IV et Louis XIII Nous n'irons plus demander des sou- venirs et des inspirations à ces voûtes vénérables que le meilleur et le plus grand de nos rois habita quatre mois entiers et où il adressa aux échevins K 4 ( 152) de sa bonne ville de Rouen , ces nobles et cheva- leresques paroles que l’histoire n'avait point re- cueillies, et que votre Rapporteur a eu le bonheur de retrouver dans une relation manuscrite : « Mes amis, soyez moi bons sujets et je vous serai » bon Roi et le meilleur Roi que vous ayez jamais » eu, (1) » QG) « Le Roi étant arrivé à Saint - Ouen , les clefs lui furent » présentées en présence de M. de Montpensier , gouverneur de » la province , sur un carreau de velours, lesquelles étaient » dorées, le Roi les prit etles mit entre les mains de M, de » Montpensier , lui disant : Mon cousin, je vous les baille » pour les rendre, qu'ils les gardent ; et , adressant la parole w aux échevins , dit : Soyez moi bons sujets et je vous serai » bon Roi et le meilleur Roi que vous ayez jamais eu, » (153) MÉMOIRE EXPLICATIF Des Dessins relatifs à l'ancienne Abbatiale de Sainte Ouen. Par M. Auguste Lr PrsrosrT. MESSIEURS, L'indulgence avec laquelle vous avez bien voulu accueillir les détails que j'ai eu l'honneur de vous soumettre concernant l'Abbatiale de Saint-Ouen, m'a engagé à profiter pour les compléter des courts moments pendant lesquels une partie de cet édifice a continué de subsister. J’ai cru sur-tout devoir m’attacher à faire reproduire les principales parties du monument dans des dessins toujours bien préféra- bles aux meilleures descriptions, et j'ai dans ce mo- ment l’honneur de vous offrir ce second tribut de mes faibles recherches. Le plan ci-joint présente la totalité des emplace- ments occupés par les bâtiments qui viennent d’être détruits. Je crois inutile de renouveler la descrip- tion que j'en ai donnée dans mon précédent Mé- moire, etau moyen de laquelle vous pourrez suivre la disposition et la succession des diverses cons- tructions dont se composait l’Abbatiale, Je vais me borner à citer dans l’ordre que j'ai suivi, les divers bâtiments , à mesure que j'aurai besoin de les rappeler à votre attention. C 154 ) 1° Premier corps de bâtiment. Cette partie de l'édifice, la plus ancienne et la plus considérable de celles qui avaient subsisté jusqu'à nos jours, offrait une façade d’un grand intérêt, et dont il eut été fâcheux de ne pas con- server de figure ; mais le P. Pommmeraie l'ayant fait graver dans son histoire de Saint-Ouen , sinon d’une manière bien élégante , au moins avec assez d'exac- titude pour en faire apprécier suffisamment le carac- tère d'architecture , même dans les détails les plus minutieux, jai cru inutile d’en faire faire un nou- veau dessin, Je me bornerai à vous parler des sup- ports qui entourent les armes de France placées sur le couronnement de la fenêtre du milieu. L’analogie avec la plus grande partie des autres monuments du régne de Louis XII et l'existence de petites cavités rondes à la tête et aux flancs des animaux qui constituent ces supports ;, m’avaient porté à vous les présenter dans mon précédent Mémoire pour des porcs-épic , originairement hé- rissés de piquants enfoncés dans les cavités et que le temps en aurait détachés. Un examen plus appro- fondi m'a convaincu que javais, rencontré juste, en m'’offrant encore attachés à la pierre quelques- uns de ces. piquants , qui sont d’acier ou de fer très-aigre. J'ai l'honneur de vous en présenter un comme une preuve irrécusable de l'existence du porc-épic. Je ne les ai pas retrouyés sans un très- vif sentiment de plaisir, et sans regretter de n’a- voir pas toujours des pièces aussi convaincantes à vous produire à l’appui de mes hypothèses. 20 Tourelle de l'escalier. L'intérieur de cette tourelle est grayée en même (1:55) temps que le bâtiment précédent, dans l'ouvrage du P, Pommeraie. La seule observation nouvelle que j'y aie faite est relative aux écussons portant trois fleurs de lis qui étaient sculptées alternative-" mert avec les armes de l'abbé Bohier , sur le cou- ronnement des fenêtres supérieures. Je n'avais point encore pu distinguer à lPépoque de la rédaction du Mémoire précédent , si l’on devait voir dans ces écussons les armes de France ou celles de l'abbaye de Saint-Ouen ; je me suis assuré depuis que c'e: taient bien certainement ces dernières. Je vous ai dépeint la rampe de l’escalier çon- tenu dans cette tourelle comme l’un des objets les plus intéressants de toute l’'Abbatiale , par les or- nements dont ses spires éont revétues, et sur-tout par les lettres qu’elles renferment et dont on n’a malheureusement pu jusqu’à ce jour trouver le sens. En examinant attentivement cette rampe avec notre savant confrère , M. Revers, nous nous sommes apperçus qu’outre les six spires apparentes, il en existait une septième de même dimension et recou- verte de plâtre. Nous avons aussitôt conçu l’espé- rance d'y trouver la continuation des lettres scuip- jées sur les six autres, et par là même un puissant secours pour leur interprétation. Dans cet espoir , nous avons fait enlever avec précaution la croute de plâtre dont elle était revétue ; malheureusement cette opération , en nous prouvant qu’en eflet la sep- ième spire avait contenu comme les autres des lettres et des ornements , ne nous a pas mis à portée d'en retrouver distinctement aucuns restes de quel- que étendue , parce que plus des trois quarts de la surface que nous avons fait mettre à nu avait üté fracassée par le ciseau pour recevoir les fer- C:156) rures et maçonneries dans lesquelles étaient en- caissées les marches de Pescalier. J'ai fait copier cette rampe avec le plus d'exac- ütude possible dans le dessin ci-joint, qui en pré- sente en même temps la disposition et le déve- loppement circonstancié, Au moyen de ce dessin, nos successeurs parviendront peut-être à interpréter les caractères dont elle est chargée. Dans le cas même où leurs eflorts à cet égard ne seraient pas plus heureux que les nôtres , ils pourront au moins se former une idée exacte d’un objet aussi digne de leurs recherches et de leur curiosité. 3° Prolongement du premier corps de bâtiment , après la tourelle de l’escalier. Ce prolongement faisait partie du plan primitif et formait pendant avec le premier corps de bâ- timent , dont il n’était séparè originairement que par Ja tourelle de l'escalier. Sa construction , commencée à la même époque, fut achevée plus tard et pro- bablement vers la moitié du XVI siècle. Elle se liait autrefois , par les extrémités E. et N., au grand corps de bâtiment carré que l'on suppose avoir été détruit à l'époque où l’on a bâti le dor- toir actuel, De nos jours , il ne restait plus d’an- ciennement construit que la muraille occidentale terminée au N. O. par une petite tourelle très- élégante que j'ai fait dessiner, et qui formait pen- dant avec la tourelle du midi , ayant que celle-ci eût été abbattue. Les charmantes arabesques dont les pilastres sont ornés , paraissent imitées de quel- ques-unes de celles du Vatican. Les rapports inti- mes qui unissaient dès cette époque la France et l'ltale pour tout ce qui concerne les Beaux-Arts, C157) suppléaient au défaut des ouvrages calcographiques qui ont depuis répandu partout le monde civilisé ces modéles incomparables de grâce et de goût, Des artistes français allaient déjà se former en Italie , et des artistes italiens , attirés par les libéralités de nos monarques , de nos prélats et de nos grands seigneurs , venaient diriger nos constructions avec tous les avantages de leur heureuse organisation, et , si j'ose m'exprimer ainsi, de leur familiarité avec l'antique. Une foule d'habitations particulières , élevées dans la ville de Rouen, pendant ce siècle , et probablement sur les dessins des directeurs des grands travaux de la Cathédrale , du Palais de Justice et de l’Abbatiale , attestent à la fois la fécondité de leur imagination et la sagesse de leur goût. Par une suite Fa la fatalité qui semble s'attacher dans notre pays aux productions des arts , la plupart de ces jolies constructions ont éprouvé :les atteintes de la hache ou du ciseau ; d’autres ont entièrement disparu ; ce qui en reste encore d’intact ne tardera probablement pas à être soumis aux mémes outra- ges, sans que personne ait songé à en conserver au moins quelques traces. 4 Deuxième et troisième corps de bâtiment, J’ai cru devoir faire dessiner ces deux parties de l'édifice |, débarrassées de toutes les additions ét mutilations modernes. Le dessinateur y a cepens dant encore laissé au rez de chaussée deux portes qui n’existaient point ou qui avaient au moins une autre forme dans l’origine. Il n’a pas non plus rendu avec toute l'exactitude desirable les carrés alterna tifs de pierres blanches et de briques dont les mu- railles étaient composées. ( 158 } Dans l'angle S.-E. du troisième corps de bâti- ment, près de la porte d’entrée de la cour, se trouvait un dragon de forme bizarre et grotesque, formant caryatide. Le petit dessin ci-joint vous offre un croquis de face et un autre de profil de cette figure , plutôt propre à entrer dans lesbambo- chades de Callot que dans la décoration d’une maison religieuse, Au XVI siècle on n’avait point encore banni des édifices les plus réguliers ces disparates inconvenantes dans lesquelles des ouvriers habiles se livraient sans frein aux inspirations d’une ima- gination fantasque et désordonnée. A l'exception de cette figure et des pilastres carrés qui soutenaient les arcades voisines , le rez de chaussée et le premier étage n’offraient guère que des surfaces planes. C'était pour les couronne- ments des fenêtres placées au niveau du toit qu'a- vait été réservé le luxe de l'architecture. Tout ce que les beaux arts pouvaient à cetie époque de splendeur produire de plus élégant, de plus riche et de plus varié avait été réuni pour décorer ces brillants accessoires de la demeure des titalaires de l'antique et vénérable abbaye de Saint-Ouen. En terminant ici ce second Mémoire, je ne vous reparlerai point, Messieurs , des regrets que la des- truction de J’Abbatiale doit inspirer aux amis des arts et des autiquités nationales, Au lieu de con- tinuer à vous entretenir des fâcheuses réflexions que peut faire naître la ruine successive d’un si grand nombre de nos plus respectables monuments , j'ap- pellerai votre attention sur nos ressources et sur nos espérances, Vingt-cinq an de malheurs ét d’agita- tions ont bien pu faire pälir le flambeau des arts et. nous enlever une partie de leurs plus précieuses productions , mais heureusement le goût n'en est C 159 ) point encore éteint parmi nous ; l'étude n’en est point assez délaissée pour que nous ne puissions pas nous flatter de les rétenir dans le pays où Louis XII, François I, Henri IV et Louis XIV les avaient naturalisés, Espérons au contraire que pendant les loisirs d'une longue paix et sous la protection d'un Gouvernement bienveillant, ils re- prendront tout leur éclat ; que le goût et l’étude sen propageront de nouveau sur tous les points de la France et dans toutes les classes de la société ; enfin , que leurs nouvelles productions effaceront les anciennes et nous dédommageront de tout ce que nous avons perdu. { 160 ) LES SOLANÉES, (1) Oo y LES PLANTES VÉNÉNEUSES, JorziLz, Aurour de ces bosquets dont Flore aime l’ombrage , Où la rose en naissant sourit sur le feuillage , Où , tombant du rocher , ce ruisseau transparent Mèle au chant des oiseaux son doux gazouillement, Quel objet , 6 Cloé , vient de frapper ta vue ? Ton front s’est obscurci , ta marehe est suspendue ; Tes yeux fixés sont prêts à répandre des pleurs . . . « Ce tombeau , je le vois , ces couronnes de fleurs * Ces lignes que l’amour sur la pierre a gravées , Ont disposé ton âme à de tristes pensées, Hélas ! sur ce tombeau quel cœur ne s’attendrit ? De la beauté naïve il est Le dernier lit, Connais son infortune, elle obtiendra tes larmes ; Mais la douce pitié n’a-t-elle pas ses charmes ? Je veux t’apprendre à fuir des poisons dangereux, Au pied du monument, sur ce terrein pierreux , À (1) Famille de Plantes la plupart narcotiques et dangereuses. La Morelle, la Belladone, la Mandragore, la Jusquiame , le Tabac, etc. , en font parties Linné ( Fragm. Meth. Natur. ) désignait les Solanées sous le nom de Luridæ é les plantes livides. Un des végétaux les plus utiles, la Pomme de terre ; 4Ps partient cependant à cette famille. 11 y a plus de quinze ans que j'avais conçu l'idée d'un Poëme sur les familles végétales, où les traits les plus frappants , les qualités les plus remarquabies de chacune devaient être rappelés dans une Idylle , tantôt en récit , tantôt dia- loguée, tantôt descriptive. Quelques patties de ce Poëme étaient ébauchées, caite Idylle en est un fragment. Prés (161) Près du Baume odorant, prés des Mauves pourprées ; Vois-tu ces végétaux croitre en touffes serrées , Teintes d’un vert obscur ?.. Approchons... Leur odeur Importune tes sens , elle attriste ton cœur. À cetaspect facheux , à cessombres livrées, Reconnais, 6 Cloë! les noires Solanées. La nature , en peignant ce feuillage, ces fleurs , Appuya ses pinceaux , rembrunit ses couleurs. Le coursier, la génisse, errants dans les prairies , Redoutent de toucher ces herbes ennemies. Près d'elles l’animal résiste à l’appétit, Et suit en s’éloignant l’instinct qui l’avertit. Malheur à l’imprudent , à l’enfant trop avide, Qui, pour calmer sa soif, cueille ce fruit perfide ! Il passera bientôt, par un funeste sort, Du délire aux douleurs , des douleurs à la mort, On vante la fraicheur de la rose nouvelle ; Anette était encore et plus fraiche et plus belle. Le jeune Alain l’aimait; tous deux dès le matin, Dans le champ paternel , la faucille à la main , Sciaient, en fredonnant, la moisson jaunissante. Mais , lorsque du midi la chaleur accablante , Loin des champs embrâsés chasse les moissonneurs ; Anette avec Alain sur le tapis des fleurs , Au bord de la forêt cherchent un doux asyle, L'amour est avec eux sous l’ombrage tranquille, La sueur en ruisseaux coulait du front d'Alain ; Pour l’essuyer , Anette a dévoilé son sein. Que ne suis-je , dit-elle , au verger de mon père ! Je l'offrirais, Alain, quelque fruit salutaire Qui pourrait rafraichir ton palais altéré ; Mais rien de bon ne croit dans ce lieu retiré, Jettant soudain les yeux sur ce qui l’environne, Près d’elle elle apperçoit la sombre Belladone, LL (162) Déjà par le frait noir son regard est fixé ? Elle en prend un , le presse, en tire un suc pourpré , L'approche de sa bouche et le trouve agréable, Recommence , et bientôt, riant d’un air aimable , En suspend un bouquet sur les lèvres d’Alain, L’innocente ignorait le crime de sa main !... Je frémis , d Cloé! de te conter le reste , De peindre les effets d’un poison si funeste. Anette la premiéreen éprouva l'horreur. Son amant interdit, pälissant ce frayeur , Essayait d’appaiser ses tourments , son délire, Quand lui-même il éprouve un semblable martyre. Le soir du lendemain vit Anette expirer ; Alain , plus malheureux , vécut pour la pleurer. Un jour, en gémissant sur leur triste aventure, Je sentis dans mon cœur s’élever un murmure, Un Dieu puissant et bon eùt-il fait les poisons ? Eut-il mis la Ciguë à côté des moissons ? Dans l’ordre universel était-il nécessaire Qu'on vit ces noirs venins s’élever de la terre 2... Me souvenant alors que du cancer rongeur Ces poisons redoutés ont calmé la douleur , Qwà leur vertu souvent on vit céder l’ulcère, J'ai reconnu par-tout l’attention d’un père ; Et des biens et des maux jai compris le lien; J'ai béni l’Éternel, et j'ai dit : Tour #sr mIEN. Par M. A.-L. Manquis. CAO Y 7 WMES FEUILLES ET LE! VENT. KReA QUE Days un obscur bourbier des Feuilles oubliées, Y languissaient humiliées. Le ventsouffle, . ... leurs bataillons Montent en légers tourbillons, Voilà mes folles dispersées, Et vers les cieux en tous sens élancées : C’étaitune ivresse, un plaisir Qu'on aurait peine à définir. Voyez! voyez donc, criaient-elles Aux oiseaux qui, comme l’éclair, Franchissaient l’espace de V’air , Nous aussi nous avons desailes, Nous irons loin. Personne n’en doutait, Du moins tant que le Vent soufflait ; Mais il cessa !. .. Leur sort changea de face, Et mon escadron triomphant Descendit si rapidement, Qu'ilse trouva... presqu’à la même place, Que d’orgueilleux sont promptement déçus ! Que de sots dont le temps nous venge, Et qui retombent dans la fange , Quand le Vent ne les soutient plus ! Par M. GUTTINGUER, F2 C:64) LE RENARD ET LES BUCHERONS. FTA’= LE, Ux vieux Renard retiré de ce monde, Dans une retraite profonde, Formait le cœur de ses enfants ; Ætait-ce donc si nécessaire : Puisqu’ils devaient comme leur père Tôt ou tard être courtisans ! Du reste , en gouverneur habile , Il saisissait la moindre occasion De donner un exemple ntile, Un conseil salutaire , une sage leçon. Dans la forêt qui leur servait d’asile ; Voilà qu’un jour arrivent à la file Vingt Bücherons. Hélas ! dirent les Renardeaux, La hache va frapper les arbres les plus beaux ; C’en est fait, pour nous plus d’ombrage Qui puisse protéger nos jeux ; Sous les coups de ces furieux , Nous allons voir tomber les rois de ce Bocage. Jls se trompaient, Aux faibles arbrisseaux , Les Bücherons firent la guerre, Pour débarrasser les rameaux Des arbres qui touchaient au séjour du tonnerre. Chacun fut biens surpris; maître Renard leur dit : Mettez cet exemple à profit, Du Monde vous voyez une image parfaite ; Souvenez-vous qu’en tous lieux , en tous temps, Quand les petits génent les grands , Leur affaire est bien vite faite, | Par le même. TABLE DES MATIÈRES. | DER prononcé à l’Ouverture de la Séance publique du 7 août 1816; par M, Gourdin, Pré- sident , page t SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Vitalis, Secrétaire perpétuel, 5 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. ASTRONOMIS. Mémoire sur les taches du soleil; par M. le Baron Lezurier de la Martel, 7 Apperçu sur l’origine de notre alphabet commun à toutes les nations , etc.; par M. Saxus, 8 Sur un ancien calendrier perpétuel ; par le même , ibid. PHYSFTOUR Rapport fait par M. Boistard , sur la description d’une vis d'Archimède à double effet , destinée aux irriga- tions et aux épuisements ; par M. Pauu, ibid. EL 3 € 166 ) Notice sur la chute des Aérolithes arrivée à Laisle en 1805; par M. Revers, 10° Notice sur la navigation du paquebot à vapeur l'Elise , de Londres au Havre et du Havre à Rouen; par M. Periaux , Il Rapport fait par M. Pinard de Boishébert , sur un projet relatif aux moyens d'arrêter et de réparer les dézäts que produit la marée sur les rives de læ Seine ; par M. Louis Amant, ibid. {CHIMIE ET ARTS CHIMIQUES. Rapport fait par M. Dubuc, sur un Mémoire concer- nant le suc de betteraves ; par M. le Comte Chaptal , 15 Traduction par M. Vitalis, d’un Imprimé anglais ayant pour titre : Instruction sur les préparations appelées Lac-lake et Lac-dye, 16 BOTANIQUE. Compte rendu par M. Marquis de la préface de la Flore des environs de Rouen, de la vingt-quatrième classe du Systême linnéen (la Cryptogamie } et d’un catalogue de plantes présumées croître spontané- ment dans les environs de Rouen ; par M. Le Turquier de Longchamp , 16 Mémoires relatifs à l’Histoire Naturelle ; par M. Marquis , 17 C:67 Y Discours de réception, prononcé par M1. Levieux, 18 Réponse de M. le Président, 19 Flora Gallica ; par M. Loiseleur-Deslongchamps, 20 Le Nouveau Duhamel ; par le même , ibid. Recherches historiques, botaniques et médicales sur les Marcisses indigènes ; par le même, ai Fiore des environs de Paris ; par M, Mérat , ibid. ENTOMOLOGHFE. Renseignements sur deux insectes de la famille des Diplolepes ; par M. François Revers , ibid. HELMINTOLOGIE. Mémoire sur les rotifères ; par M. Dutrochet , 23 Développements sur le mécanisme de la rotation, chez les rotifères ; par le même , ibid. MÉDECINE HUMAINE Rapport fait par M, Flaubert sur une thèse inaugurale intitulée : Observations et réflexions sur quelques maladies de la glande Parotide; par M. Martin- d'Offigny , ibid. Fragment d’un Mémoire sur l’inutilité et même les in- convénients des bandages dans plusieurs fractures ; par M. Flaubert , 24 L 4 C(168 ) Mémoire sur la surdité et sur Les moyens de remédier à cette maladie de l’oreille ; par M. Saissy , 24 Rapport fait par M. Flaubert sur deux observations médicales | communiquées à l’Académie par M. Blauche, | 25 Observation sur une anomalie des phénomenes de la respiration , communiquée par le méme , ibid. Compte rendu par M1. Vigué de l’observation qui pré- cède , 26 Rapport fait par M. Vigné, sur deux opuscules de M. Giret-Dupre, 27 — Fait par lemême , sur la maladie quirégna à Bourges, en 1809, sur les espagnols , prisonniers de guerre ; par M. Bouin, 28 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE,. Rapport fait par M. Le Prevost , artiste vétérinaire, sur deux opuscules adressés à la Compagnie, par la Société d'Agriculture de Boulogne-sur-Mer , 30 Compte rendu par le même , d'un rapport fait à la Société d'Agriculture de Paris , par ses Commis- saires , sur Le concours des Mémoires et Observations de Médecine vétérinaire-pratique , ibid. Rapport fait par M. Marquis , concernant un ouvrage in- Litulé : Essai sur les Epizooties; par 21. Guersent, 52 Compte rendu par D1. Gosseaume , de plusieurs numé- ros du Bulletin des Sciences médicales du départe- ment de l’Eure , et, C 169 ) ‘AGRICULTURE. Compte rendu par M. Pinard de Boishébert , d’un Mémoire sur le plan que l’on pourrait suivre pour parvenir à tracer le tableau des besoins et des res- sources de l’Agriculture française; par M. le Comte François de Neufchâteau , 38 Rapport fait par M. Dubuc, sur une variété de Pom- mes de terre précoces, 39 Notice biographique sur M1. Edme Mentelle ; par M. Vitalis, ibid. Prix PROPOSÉ pour 1816, 40 Mémoires dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. INsTRUCrION sur les préparations appelées Lac-lake et Lac-dye , et sur les moyens les meilleurs à employer pour en corriger les défauts et les rendre propres à être substituées à la Cochenille pour teindre en écar- late ; traduit de l’ Anglais, par M. Vitalis, 42 RaPPoRT sur une variété de Pommes de terres hätives, connues à Paris seus le nom de Trufles d'août , etc; par MM. Dubuc et Pavie, A 465 BELLES-LETTRES ET ARTS Rapport fait par M1. Biguon , Secrétaire perpétuel, 65 Cr70) Ouvrages lus à la Séance d’inauguration du Buste de: S. M. Louis XVIII. Discours d'ouverture de cette Séance ; par M. Gourdin ;. Président , 67 Discours prononcé par M. Boistard , 69 Hommage à Lovis le Désiré, Idylle ; par 21. Vigné , 75 Ode aux Muses ; par M. Duputel, 75 Stances ; par 11. Théodore Licquet, 77 Ouvrages annoncés ou analysés dans le Rapport sur les travaux de l’année. Discours prononcé à l'ouverture des Séances de l’année ; par M. Gourdin, 79 CORRESPONDANCE. Programme d'un prix proposé par la Socièté acadé- mique de Besancon, 79: Compte rendu des Travaux de la Société d'Emulation - de Rouen, 8o Mémoire sur l'emploi du temps par les Romains ; par M. Malandain , ibid. Observations sur quelques impôts aiPoels à par la Société de Commerce de Rouen, 8e. (1721) Lettre à un jeune Artiste ; par M. Godefroy père, Graveur à Paris , ibid. Rapport fait par M. Duputel, sur un choix de poësies #e Malherbe ; par M. Julien-le-Tertre , ibid. Poësies latines ; par M1. Camberlin d'Amongies , de Gand , &t Rapport de M. Duflhol, surun Eloge de Blaise Pascal ; par M. Worbe, ibid. Poëme français sur la mort d’Alain Blanchard, par M. Thorel de Saint-Martin , 82 Ode française sur les évènements relatifs au départ et au retour de Louis XVIII de l’année précédente ; par 21. de Richemont , Officier supérieur de cavalerie , retraité , 63 Programme d’un prix proposé par l’Académie de Lyon, ibid, Résumé du concours extraordinaire de poësies sur le retour de l'auguste Famille ; par la méme Académie , 84 Recueil de poëmes historiques , descriptifs et moraux ; par Thomas Campbell , Professeur de poësie à lInstitution royale de Londres, ibid. Recueil de l’Académie des Jeux floraux de Toulouse, ibid. Histoire de la même Académie , ibiu. Rapport fait par M. Auguste Le Prevost, sur l'Histoire du Duché de Normandie ; par M. Goube, 85 Prosramme des prix proposés par l’Académie royale de Nismes, 86 Essai sur les Participes français; par M1. Adam, ibid. (172) Elégie française sur la mort de Ducis; par M: Victoire Babois, 87 Eloge de Louis XVI, par M.Pinaud, 88 Mémoire sur les rivières de Robec et d’Aubette, 4 M. Le Prevost, D.-M., ibid. ACADÉMICIENS NON RÉSIDANTS. Littératures , Arts et Antiquités, Examen de la Charte de 1814; par M. Lebouvier des Mortiers, 9? Fragment d'un Poëme de Jeanne d'Arc; par M. Pierre Dumesnil , ibid. Recherches sur les poësies des Bardes de la Bretagne armoricaine , dans le moyen âge; par M. l'abbé Delarue, 93 Médaille réprésentant Louis XVII ; par M.Thiollier ,94 Médailles à l’honneur de Malherbe ; adressées à l'Aca- démie, par M. P.-A. Lair, ibid. Mémoires sur la position de l’ancienne Rithumagus et sur les découvertes récemment faites dans les fouilles du Landin ; par M, Revers, 95 Note Biographique sur M, Duvyal-Sanadon , ibid. ACADÉMICIENS RÉSIDANTS. Littérature , Prose et -Vers. Discours de réception de M.leComte' deKergariou, 97 (175) Réponse de M. le Président de l’Académie , 97 Discours de réception de M. Ricard, 98 Réponse de M. le Président , ibid. » Mémoire sur un effet de catoptrique remarqué à Gonne- ville ; par M. Duputel , 99 Hommage au Roi-Martyr ; par M. Théodore Licquet, ibid. Mémoire sur une Elégie ancienne ; par M. Auguste Le Prevost, 1006 Mémoire faisant suite à un Essai sur la Romance popu- laire du moyen âge ; par Le même, 103 Notice sur plusieurs peintres destinés à figurer dans la Galerie des Peintres célèbres ; par M. Lecarpentier, ibid. Coup - d’œil rapide sur la marche des Arts, depuis Henri IV jusqu'à Louis XPT; par le même, ibid. Rapport fait par M.Marquis, sur l’Itinéraire de Rouen, par M, Lecarpentier , 104 Discours prononcé à l'ouverture de la dernière Séance publique de la Socièté d'Emulation; par M. Brière, 105 Bagatelles poëtiques ; par M. Duputel , ibid, Les Feuilles et le Vent, le Renard et les Bûcherons, fables ; par M. Guttinguer , ibid. Traduction en vers français de la romance du Cid ; par le même, ibid, Idylle sur les Solances ; par M, Marquis, 106 (194) Arts et Antiquités, Recherches par M. Gosseaume , sur deux antiques pré- sentées par M. Revers, 106 Troisième volume des anciens Mémoires de l’Aca- démie ; par M. Gosseaume , ibid. Réflexions sur les Médailles de l'empereur Tacite ; par M. Gourdin, 107 Rapport fait par M. Auguste Le Prevost, sur l’ancienne Maison abbatiale de Saint-Ouen , ibid. Mémoire sur le même sujet ; par le même, 108 RapporT sur le concours de 1816 ; par M. Théodore Licquet fils, 109 Prix remporté par M. Patin, pour l’Éloge de Bernar- din de Saint-Pierre , J1r Prix proposé pour 1817 , ibid. Ouvrages dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. Essar detraduction du Pseaume 71 ; par M.Gosseaume, 115 MÉMOIRE faisant suite à l'Éssai sur les Romances histo- riques du moyen âge ; par M. Auguste Le Prevost, 117 Rapporr fait sur l’abbatiale de Saint-Ouen ; par le méme , 142 MÉmoirs explicatif des dessins relatifs à l’ancienne abbatiale de Saint-Ouen ; par le méme , 153 Corp) Les Solanées , ou les Plantes vénéneuses, Zdylle ; par M. Marquis, 160 Les Feuilles et le Vent, fable; par M. Guuinguer, 103 Le Renard et les Bücherons , fable; par le méme, 164 FrNcDr LA TABLE, NES bi NID DES MEMBRES DYE L’ACADÉMIE ROYALE | DES SCIENCES , DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN. SIGNES POUR LES DÉCORATIONS. Ordre de Saint-Michel. x Les Chevaliers. Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. (€ G. %) Grands'Croix. (C.>%) Les Commandeurs. ir % Les Chevaliers. Ordre Royal de la Légion d'Honneur. G.C.%) Grands'Croix. . X ) Les Grands-Officiers. % ) Les Commandeurs. ) . X ) Les Officiers. h LISTE DES MEMBRES D E L’'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , DES BELLES - LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, Avec indication de l'Année de leur réception: —044@@.————— OFFICIERS EN EXERCICE. PRESIDENT. | M. AucustTe LE PREVOST. VFicr-PRESIDENT. M. PINARD DE BOISHÉBERT. SECRETAIRE POUR LES SCIENCES. M. VITALIS, (2) SECRÉTAIRE POUR IES BELLES- LETTRES. M. N. BIGNON. Ar CA FES EVE. M. GOSSEAUME. TRÉSORIER. M. B: PAVIE: ACADÉMICIENS VÉTÉRANS. MM. 1762. D'ORNAY, Membre de l’Académie de Lyon; de celle des Arcades de Rome et des Georgifiles de Florence, à Saint-Martin-de- Boscherville, près Rouen: 1786. LAUMONIER , Chirurgien en chef honoraire de l'hospice d'Humanité , Correspondant de l'Institut, à Rouen, rue de Lecat. 1805. Le Comte BEUGNOT (G. C.:X}, ancien Préfet du département de Ia Seine-Inférieure , Ministre d'Etat, Membre de la Chambre des Députés , à Paris, rue Royale, n° 11. | 1805. DEU , ex - Receveur des Douanes royales , Membre del’Académied’ Amiens, à Rouen, hôtel des Douanes. iBri. 197b. 1803, 1803. 1803, | C3) MM; Le Baron FOUQUET DE FLAMMARS (OX); Procureur général du Roi à la Cour royale de Rouen, rue Morand ,n° 5. MBRES RÉSIDANTS. MM. GOSSEAUME, Docteur en Médecine, Mem- bre du Jury médical du départemeut de la la Seine-Inférieure , rue La Seillé SDS. GOURDIN, Bibliothécaire de la Ville, Mem- bre de l’Académie des luscriptions de Stockholm , de la Socicté des Antiquaires de Londres, des Académies d'Anvers , de Lyon, ete., rue Cognebert , n° 39. DESCAMPS , Conservateur du Musée de Rouen, Membre del'Académie des Arcades de Rome, rue Beauvoisine , n0 124. VITALIS (J..B.) , Docteur ès Sciences de l'Université, Professeur émérite des Scien- ces physiques du Collège royal de Rouen, Professeur de chimie appliquée aux Arts, de la méme Ville; Membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes, rue Beau- ‘ voisine; n° 11. | MATHEUS , Négociant, place de la Pucelle d'Orléans. S. Em. Méraur le Cardinal CAMBACÉRÈS (CG: C.:%), Archevèque de Rouen, en son Palais Ar hiépiscopal, 1803. 1803. 1803. 1803. 1803. 1805, 1805. 18053. 1804, 1804, 1804. C4) MM. Le Che BOULLENGER (#4), Président du Tribunal-de première instance , rue de La Chaîne , n° 10. LEMASSON, ancien Ingénieur en chef du Dé- partement , rue du Rempart Bouvreuil , n° 15. ROBERT , Pharmacien en chef de l'hospice d'Humanité, Membre du Jury médical, Correspondant de la Société médicale du département de l’Eure, à l’Hospice, PAVIE ( Benjamin), Manufacturier, Membre de la Société d'Émulation , rue du faubourg Saint-Hilaire , n°% 21 et 22. VIGNE:, D.-M., Correspondant de la Société de l'École de Médecine de Paris, rue de la $eille , n° to. LETELLIER , Officier de VJUniversité , Docteur ès Sciences, Inspecteur de l’Aca- demie , rue de Sotteville, n° 40 , à Saint- Sever. VAUQUELIN , Architecte, boulevard Bou- vreuil, n° 7. LANCELEVÉE, Négociant - Manüfacturier, rue Saint-Amrand , n° 5. À GODEFROY , D.-M., rue Saint - Éloi. BIGNON (N.), Docteur ès Lettres, Professeur émérite de Rhétorique du Collège royal de Rouen , Officier de l'Université de France , rue du Grand Maulévrier , n° 8. DESORIA , Professeur de Dessin au Collège royal, rue de l’Avalasse, n° 55. - 3805. 1805. 1805. 1805. 1808. 1808. 1808, 1809. 1810. 18171, @5") MM. Le Baron CHAPAIS DE MARIVAUX (x), Conseiller en la Cour royale, Membre de la Société d'Émulation de Rouen, rue Saint-Jacques. PERIAUX (Pierre) , Imprimeur du Roi, Membre de l’Académie des Sciences, de Caen , et de la Société d'Agriculture et de Commerce de la méme Ville, rue de la Vicomte , n° 30. LAMAUVE, D.-M., Chirurgien en chefde PHospice général , Membre de la Société d'Émulation, rue de Racine, n° 6. MEAUME (J.-J.-Germain) , Licencié ès Sciences , Professeur de Mathématiques spéciales au Collège royal de Rouen, rue Poisson , n° 17. DUBUC l’ainé, Apothicaire-Chimiste, Membre du Jury médical, Correspondant de la Société de Médecine du département de l'Eure, de celle de Pharmacie de Paris, de plusieurs autres Sociétés savantes, rue Percière , n° 20. ‘ PINARD DE BOISHÉBERT % , rue du Coquet , n° 14. Le Baron LEZURIER DE LA MARTEL (O:#), rue de Crosne, n° 2. DUPUTEL , rue de la Prison , n° 12. FLEURY, Conservateur des Forêts, rue Beauvoisine , n° 84. Le Baron DE VILLEQUIER(O#9, premier Pré- sident de la Cour royale, Membre de la So- ciété d'Emulouion de Rouen, rxede la Seille. 1813. 1813, 1813. 1813, 1813. 1814. 1814. 1815. 1815. 1815. 1815, (6) MM. MARQUIS , D.-M., Professeur de Bota: nique au Jardin des Plantes, à Rouen; Secrétaire de Correspondance de la So- ciété d'Émulation de la même Ville, Membre des Sociétés de Médecine de la Faculté de Paris, du département de la Seine et de celui de l'Eure, et de la Société d'Agriculture et de Commerce de Caen, rue de l’Amitie , n° 56, LE PREVOST (Auguste), Propriétaire , rue de Buffon , n° 17. LICQUET (Théodore } , Secrétaire adjoint à la Mairie , à l’Hôtel-de-Pille. GUTTINGUER fils, Négociant, rue Saint-Éloi. CABISSOL , Conseiller de Préfecture , Mem- bre de la Société d'Émulation, rue Moiteuse. DUFILHOL , Professeur de Mathématiques élémentaires ,sau Collège royal. LE TURQUIER DE LONGCHAMP, Botaniste » à l'Hospice général. BRIÈRE , Avocat général à la Cour royale, Membre de la Société d'Émulation , rue Saint-Patrice. BOISTARD X, Ingénieur en chef du dépar- tement, rue Suint-Patrice , n° 8. MALLET , Ingénieur en chef pour le Pont de Rouen , rue du Punneret, n° 27. FLAUBERT , D. - M., Chirurgien en chef de l’hospice d'Humanité, Membre du Jury médical , rue de Crosne, près l’Hospice. 1815. 1816, 1816. 1816. 1817. 1817. 1817. (7) MM. LE PREVOST, Artiste vétérinaire , rue S'aint- Laurent. LECARPENTIER , Professeur de l’Académie de Dessin et de Peinture ; de l'Athénée des Arts, dela Société philotechnique de Paris, de l’Académie de Caen, de la Société d'E- mulation de Rouen, etc, rue Etoupée n° 20. Le Comte DE KERGARIOU (O. :#%), Préfet du Département , Membre de la Société d’Emulation de Rouen, en son Hôtel. RICARD :#, Inspecteur des Eaux et Forêts, rue du Fieux-Palais. LEVIEUX , Commissaire du Roi près la Mon- naie de Rouen , à l’hôtel des Monnaies. RIBARD ( Prosper )}, Membre de la Chambre des Députés, Maire de la ville de Rouen, Membre de la Société d'Emalation de la même Ville, rue de la Vicomté , n° 89. ADAM , Vice-Président du Tribunal de pre- mière instance , place Saint-Ouen. DUROUZEAU , Avocat général à la Cour royale , rue Bouvreuil. LE PREVOST , D.-M., Correspondant de la Société de Médecine de Toulouse , rue Malpalu. (8) MEMBRES NON RÉSIDANTS. 1766. MM. Le Colonel TOUSTAIN DE RIHEBOURG % à Saint - Martin - du - Manoir , près Montivilliers. DANGOS, Correspondant de l'institut , à Tarbes. RONDEAUX DE MONTBRAY , Manufac- turier , à Louviers. Le Comte DE FONTANES (C.:#) Pair de France, Membre de l'Institut, à Paris, rue de la Chaussée-d’'Antin, n° 56. DANNEVILLE , à Valognes. COUSIN-DESPRÉAUX, Associé de se Rs à Dieppe. MONGEZ , Antiquaire , à Paris, hôtel des Monnaies ; n° r1. GOIS père, Sculpteur , à Paris , au palais des Arts, MILCENT , Homme de lettres, à Paris, rue du marché des Jacobins , n° 36. LAMANDÉ père x (O.% ), Inspecteur géné- ral des Ponts et Chaussées , à Paris , rue du Bac, n° 86. MOREAU le jeune , Graveur, à Paris, rue du Coq-Saint-Honoré, FES « 1803. 1803, 1803. (9) MM. LEMONNIER 3% , Peintre du Roi, à Paris, rue de Vaugirard ,n° 5. MOREAU DE SAINT -MERRY ( C. %),ù Paris, rue Saint-Guillaume | n° 16. DEMAUREY, Mécanicien , à Incarville , près Louviers. GRAPPIN , Secrétaire de l’Académie , à Besancon. LEVAVASSEUR le jeune, Officier d'artillerie, à DAVID, Graveur, à Paris, rue de Corneille ,n° 3. DELANDINE, Bibliothécaire , Correspondant de lPInstitut, à Lyon. SAGE % , Membre de l'Institut, à Paris, x Hôtel des Monnuies. Le Baron DESGENETTES (O.%), D.-M., à Paris , rue de Tournon, n° 8. MONNET, Inspecteur des Mines, à Paris , rue de l’Université, n° 6. TESSIER %, Membre de l’Institut, Inspec- teur général des Bergeries royales, à Paris, rue des Petits-Augustins , n° 26. VASTEL, Directeur de la Société acadé- mique , à Cherbourg. GUERSENT , Docteur-Médecin, à Paris, rue Saint-Avoye, n° 15. LHOSTE,, à Sartilly , près Avranches, dépar- tement de la Manche. DESCROIZILLES, à Paris. 1803. 1803, 1803. 1803. 1803. 1803. 1803. 1803. 1603. 32803, 1804. 10) MM. TARDIEU , Peintre, à Paris, rue Saint-Domi- nique-Saint-Germain , n° 72. LEBOULLENGER %, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées , à Mont-de-Marsan , département des Landes. Le Comte CHAPTAL % (G.%), Membre de l’Institut, à Paris, rue Saint - Dominique , F, S. -G, n° 70. MOLLEVAUT, Correspondant de l’Institut, à Paris , boulevart Montmartre , n° 14. DELARUE , Membre de l’Académie de Caen, Correspondant de l’Institut, à Caen. LEBARBIER l'aîné, Membre de lInstitut , à Paris, quai des Augustins , n° 55. GODEFROY père , Graveur, à Paris, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel , n° 3, Le Cher CUVIER % K, Secrétaire perpétuel de l’Institut , Conseiller d'Etat , à Paris, au Jardin du Roi. Le Comte DE LACÉPÉDE ( G. C. %) Membre de l’Institut , à Paris , rue de F’erneuil , n° 26. Le Marquis D'HERBOU VILLE (C.:#), Pair. de France , à Saint-Jean-du-Cardounay , département de la Seine-Inférieure. BOISTARD DE GLANVILLE , à Vauville, arrondissement de Pont-l'Evéque , dépar- tement du Calvados. 1804 BOIN VILLIERS , Correspondant de l’Institut, à Douay. 1804. 1804. 1805. 1805. 1806. 1806. 1806, 1806. 1807. 1808. 1808, 1808. 1608. CE.) MM. DEGLAND , D.-M.; Professeur d'Histoire Naturelle, à Rennes, Le Baron DEMADIÈRES 2% , à Paris, rue Neuve-des-Petits-Champs. LEBOUCHER , Directeur des Douanes, Cor- respondant de l’Institut, à Abbeville. DUMONT-COURSET , à Courset, par Samer, département du Pas-de-Calais. Le Baron SAVOYE-ROLLIN (O,:X), ancien Préfet du département de la Seine-Infé- rieure , Membre de la Chambre des Dé- putés, à Paris, rue Saint-Honoré , hôtel de Mayence. Le Baron DE GERANDO (O.#), Membre de lInstitut , Conseiller d'État, à Paris, impasse Ferou , n° 7, DELABOUISSE , Homme de lettres, à Paris. BOYELDIEU , Avocat , à Paris , rue de Richelieu , n° Go. PROUST :%, Membre de l’Institut, à Paris, rue de Ménil-Montant, près la barrière. LEBOU VIER DES MORTIERS , ancien Magis- trat , à Paris, rue de Seine, F. S.-G. , n° 16, SERAIN , ancien Officier de Santé, à Canon, par Croissanville , département du Cal- vados. | LAIR (Picrre-Aimé}), Conseiller de Préfec- ture, Secrétaire de la Société d'Agriculture et de Commerce, à Caen. DELANCY , Chef de bureau à la Division _ littéraire du Ministère de la Police générale, à Paris, 1809. 1809, 1809. 1809. 1810. 1810. 1810. 1810. 1810, 1810. 1810. 1810, 1810, 1810, 1810, 2e (12) MM. FRANCOEUR , Professeur des Sciences ax Collège royal de Charlemagne, à Paris. HERNANDEZ, Professeur à l’École de Méde- cine de la Marine, à Toulon. LAMOUREUX (Justin), à Bruxelles. GASTELIER %» , Médecin , à Paris, rue du Four-Saint-Germain , n° 17. ROSNAY DE VILLERS , Directeur du Dépôt de mendicité , à Amiens. Le Ch°r VALUQUELIN :%, Membre de l’Ins- titut, à Paris, au Jardin du Roi. DUBUISSON , à Paris, rue du Faubourg Saint- Antoine , n° 333. DUBOIS-MAISONNEUVE, Homme delettres, à Paris, rue de Tournon , w 14. DENIS, Docteur-Meédecin , à Tilly-sur-Seulle , département du Calvados. LEROUX DES TROIS-PIERRES , propriétaire, aux Trois-Pierres , près Saint-Romain de Colbosc, BÉRANGER ; Membre de l'Académie de Lyon, à Lyon. Le Marquis DE BONARDI DUMESNIL , an- cien Officier de Carabiniers, au Mesnil: Lieubray , canton d’Argueil, arrondisse- ment de Neufchâtel. DELARUE , Pharmacien, Secrétaire de la Société médicale , à Evreux. Le Comte DE SESMAISONS , à Paris, Petit Palais du Luxembourg. LESCALLIER , ancien Préfet maritime , au Havre. M un PR M}. DE. SES RE he a ces AR PRE Ve L'EST A a md . SR REF Pate 1810. 1810. 1810. 1810. 1811: 1811. 1817, 1811, 1812. 1912. 1912. 1812. 1812. 1813. 1815. 1815. C15) MM. CLERISSEAU , Dessinateur , Peintre et Ar- chitecte du Roi, à Paris. SAISSY , Docteur-Médecin , à Lyon. BALME,, Secrétaire de la Société de Médecine j à Lyon. LEFILLEUL DES GUERROTS , au château des Guerrots, à Hengleville, près d'Auffay, département de la Seine-Inférieure. L'Abbé LE PRIOL, Recteur de l'Académie , à Rennes. LAPORTE-LALANNE :% , Conseiller d’État , à Paris, rue Saint-Guillaume , n° 32, LE SAUVAGE, Docteur-Médecin, à Caen. LAFISSE , Docteur-Médecin, à Paris, rue Sainte-Anne , n° 48. Le Comte Sran1s1as DE GIRARDIN x(C. #0, ancien Préfet du département de la Seine- Inférieure, à Érmenonville près Paris. HELLOT %%, à Paris, rue d'Astorg, n° 17. BOULLAY , Pharmacien, à Paris, rue des Fosseés-Montmartre. LA RIVIÈRE , Professeur de Philosophie au Collège royal de Clermont , département du Puy-de-Dôme. BRIQUET , Professeur de Belles - Lettres, à Niort. LABBEY , Examinateur retraité, à Paris. Le Ch‘ DE CUBIÈRES , à Versailles, LAMANDÉ fils 2%, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à Paris, ruede Grenelle, F. S,=G,; n° 29: 1813. 1813. 1814. 1814, 1814. 1815. 1816. 1815. 1815. 1815. 1816. 1816. 1816, 1816. 1816, T C14) MM. GOIS fils, Sculpteur, à Paris ,au Palais des Arts. FLAUGERGUES, Astronome , Correspondant de l'Institut, à Viviers. TARBÉ 2%, chef de Division à l’Administra- tion des Douanes, à Paris. PÉCHEUX , Peintre > à Paris, rue Saint- Florentin , n° 14. LEMASSON DE SAINT -AMAND , ancien Préfet du département de l'Eure , à Amfre- ville-sur-Iton , par et à Louviers ; dépar- tement de l'Eure. Le Comte JOURDAN x (G.C.%), Maréchal de France , Gouverneur de la septième Division militaire ; à Grenoble. DUMESNIL , Homme de Lettres, à Vernon, PERCELAT , à Paris. GEOFFROY , Avocat, à Valognes. FABRE , Correspondant de l’Institut, Ingé- nieur en chef des Ponts et Chaussées , à Brignoles. REVERS , Correspondant de l’Institut, 4 Conteville , près le Pont- Audemer. BOUIN , Médecin en chef des Hospices de Bourges , à Bourges. LOISELEUR DES LONGSCHAMPS, Docteur“ Médecin , à Paris, rue de Jouy , n° 8. DUTROCHET, Docteur-Medecin , à Chareau, près Château-Renault ; département d'Indre et Loire. Le Ch°‘' TIOLIER x, Graveur de Médailles de la Chancellerie de France , à Paris ; à la Monnaie des Médailles. 1817. 1817. 1817. 1817. 1817, C15) MM. PATIN ; Maître des Conférences à l'École normale , à Paris, Hôtel Praslin. DESORMEAUX , D.-M. à la Faculté de Médécine , à Paris, . MÉRAT, Docteur-Médecin , à Paris , rué des Petits-Augustins , n° 15. HURTREL-D'ARBOVAL , Vétérinaire , à Montreuil-sur-Mer. MOREAU DE JONNÉS , Chef d'Escadron, Aide-de-Camp , attaché au Ministère de la Marine , Correspondant de Pinstitut, à Paris , rue Richepañse , no 2, PR ACADÉMICIENS ÉTRANGERS. 1785. 1803. 1803. MM: Le Cher DE TURNOR , Membre de la Société des Antiquaires, à Londres, Miss Anna MOOR , à Londres, ANCILLON , Pasteur de l'Église française , à Berlin, DE VOLTA , Professeur de Physique , As- socié de l'Institut, à Pavie. DEMOLL , Directeur de la Chambre des Finances , et Correspondant du Conseil des Mines de Paris, à Salzbourg. DEBRAY , Ministre du Roi de Bavière, à Berlin. GEFFROY , Professeur d’'Anatomie à l'Uni- _ versité de Glascow. 1803, 1803, 1805. 1803. 1812. 1816. 1817. (16) MM. | ENGELSTOFT , Docteur en Philosophie ; Professeur adjoint d'Histoire à l'Université de Copenhague. CAVANILLE , Botaniste , à Madrid. John SINCLAIR ; Président du Bureau d'A: griculture , à Edimbourg. FABRONT , Mathématicien | Directeur du Cabinet d'Histoire Naturelle , Correspon- dant de l’Institut, à Florence. VOGEL, Professeur de Chimie , à l'Académie de Munich. CAMPBELL , Professeur de Poësie à l’Ins- titution royale de Londres. KERCKHOFFS , Médecin militaire , à Rure- mondes: g | Ci7.Y SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. L’Institut, à Paris , au Palais des Quatre-Nations. L’Athénée des Arts, à Paris, rue des Bons-Enfants. La Société royale d'Agriculture, à Paris, à l’Hôtel de V'ille. La Société médicale d’Émulation , à Paris. La Société des Sciences physiques > tu Paris La Société des Pharmaciens , à Paris. L'Académie des Sciences , etc. , à Amiens. La Société des Sciences, Lettres et Arts, à Anvers. L'Académie des Sciences, à Besançon. La Société des Sciences, etc. , à Bordeaux. La Société des Sciences , etc. , à Boulogne-sur-Mer. L'Académie des Sciences , Arts et Belles- Lettres , à Caen. La Société d'Agriculture et de Commerce, à Caen. La Société académique, à Cherbourg. La Société médicale , à Évreux. La Société des Sciences, etc. , à Grenoble, L'Académie des Sciences , etc., à Dijon. La Société des Sciences , Lettres et Arts, à Nancy. La Société des Sciences et Arts, à Niort. La Société des Sciences physiques et médicales, à Orléans. L'Académie des Sciences, etc., à Marseille. L'Académie des Sciences, etc. à Rennes. La Société des Sciences et Arts, à Strasbourg. L'Académie des Jeux floraux ,; à Toulouse. La Société d'Agriculture , des Sciences et des Arts, à Tours, (18) ‘ La Société d'Agriculture , à Versailles. L'Académie des Sciences, etc., à Lyon. La Société des Lettres, Sciences et Arts, à Douay. La Société de Médecine , à Lyon, La Société des Sciences et des Arts , à Nantes. L'Académie du Gard, à Nismes. La Société libre d'Émulation et d’Encouragement pour les Sciences et les Arts, à Liége. aneens LE — ras nn À ROUEN. DE L'IMP. DE P. PERIAUX , IMPRIMEUR DU ROI, (1817.) PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES BELLESeLETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1817: * Die: RSC EES ja l TL , PT 4 1 AR \e anus tro | Les * 1 Sri À + re 4 wi FENTE PUR wi Sa “4 PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX L'ACADÉMIE ROYALE PES SCIENCES , DES BELLES - LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, P&NDANT L'ANNÉE 1817e A ROUEN, De l'Imp. de P. PERIAUX , Imprimeur du Roi et de l’Académie, LS 2221 1518. ERRATA; Fautes à corriger dans le volume de 1816. Page 49, ligne 14, au lieu de est.à désirer, lisez il est # désirer, Page 51 , ligne 16, au lieu de maintenant , lisez contenants Page 58 , ligne 18, et on chaufferait , effacez et. Page 60, ligne 16 , effacez ces mots qui en résulte, PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX D E L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , DES BELLES - LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1817e D'APRÈS le compte qui en a été rendu par MM. les Secrétaires, à la Séance publique du Vendredi 8 Août de la méme année. A DISCOURS PRoxoNcÉ à l'ouverture de la Séance publique le 8 Août 1817, par M. Auguste Lx PREVOST, Président. NpaneenT Depuis que l’Académie de Rouen existe, elle n'a jamais cessé de regarder comme le plus saint de ses devoirs , comme la plus douce de ses récom- penses l'usage d'appeler chaque année une portion (2) respectable et choisie defla population de cette ville à entendre le compte de ses travaux, à en juger le mérite, à en propager les fruits, à en fixer le prix dans lopinion publique. Uniquement vouée au culte du beau et de lutile, elle ne les recherche avec une ardeur infatigable que pour les commu- niquer à ses concitoyens, bien moins jalouse d’ac- croitre sa propre gloire que d'étendre et faire fleurir parmi eux l'empire des Sciences, des Lettres et des Arts; de faire briller d'un éclat de plus en plus vif dans notre belle contrée le flambeau de la civilisation ; d’y naturaliser, enfin, tout ce que les âges passés , les contrées lointaines , les idiomes étrangers , les faits peu connus ont pu produire de propre à reculer les bornes de la pensée, du savoir ou de l'industrie, de la gloire ou de la félicité humaines. Les temps ne sont heureusement plus, Messieurs, où l’embléme du Mystère était assis aux portes des temples de la Science et de la Sagesse. Les fruits des spéculations de nos Philosophes, de la verve de nos Poëtes, de l’éloquence de nos Orateurs, des recherches de nos Savants, de l'habileté de nos Artistes ne seront plus perdus pour les géné- rations futures. Lors même que ces grandes migra- tions de peuples qui renouvellent la face du Monde auront passé par dessus les monuments de notre civilisation, ce ne sera plus à de vaines conjectures sur d’inexplicables hiéroglyphes que seront réduits les mortels généreux qui voudront rallumer le flam- beau des connaissances humaines. Porté par toute la terre , multiplié sous toutes les formes , adapté à toutes les langues, nous pouvons espérer main- tenant de faire arriver sans atteinte jusqu'aux rivages les plus lointains de l'océan des âges ce que nous ( 3) avons recueilli de l'expérience et des travaux de soixante siècles. La postérité la plus reculée se plaira à proclamer les grandes obligations qu’elle aura aux pations actuellement existantes ; et leurs noms, vainqueurs du temps et de l'oubli, ne seront point perdus pour elle, comme le sont pour nous ceux de ces peuplades illétrées dont des monuments grossiers ou de vagues traditions attestent seuls le passage sur la terre. Mais te n’est pas seulement dans l'avenir , Mes- sieurs, que nous devons placer les bieufaits de la publicité et de ja diffusion universelle des connais- sances humaines. Quoi qu’en ait pu dire un Phi- losophe célèbre , quelque jugement qu’en aient porté des esprits chagrins, l'homme est né pour la civilisation , et toutes les fois qu’on augmentera avec sagesse et discrétion la somme de ses connaissances , on lui fournira de nouvelles leçons de vertu, de nouvelles chances de bonheur , de nouveaux moyens de perfectionner ses plus nobles facultés. Les sciences théologiques et morales lui apprendront la place glo- rieuse qui lui est assignée dans la grande échelle des êtres, et les obligations qui lui sont imposées envers son Créateur, ses semblables et lui-même. L’étude du droit lui fera connaître avec précision les limites les plus délicates du juste et de l'injuste. Les sciences exactes rectifieront son jugement, et mettront à sa disposition des moyens de rechercher la vérité, applicables à tout ce qu'il y a de com- mensurable dans le monde réel et dans le monde possible. Les sciences naturelles déploieront à ses yeux enchantés les merveilles de l’infiniment grand et de l'infiniment petit, et cette innombrable série de combinaisons que la sagesse divine a su tirer de la matière et du mouvement. L'art sublime de À 2 (4) guérir prolongera ses jours et les embellira par la santé, le premier de tous les biens à son usage, après la vertu et le génie. Les arts industriels met- tront à profit, pour son bien-être et ses plaisirs, toutes les ressources de son organisation , tous les agents que la nature a mis à sa disposition. Les arts libéraux charmeront ses loisirs, et l’entoureront de leurs gracieuses créations. La céleste poésie dé- veloppera dans son cœur toutes les passions géné- reuses, tous les sentiments propres à ennoblir l'exis- tence. L'histoire, enfin, lui montrera dans les sou- venirs du passé des leçons pour le présent, des probabilités pour lPavenir, et l'action quelquefois lente , mais jamais interrompue , de cette justice universelle qui confond toutes les combinaisons de la prudence humaine, et aux arrêts de laquelle pe sauraient se soustraire les Peuples ni les Rois. Si quelqu'un, Messieurs , était encore tenté de méconnaître ces bienfaits de l’étude et de l’instruc- ton, au moins ne pourrait-ce être au sein de cette terre de Normandie, si anciennement, si hautement civilisée , où, sous la protection de la gloire mili- taire et de sages institutions, les premiers accords de la poésie française se sont fait entendre , aux jours des Trouvères, comme aux jours des Malherbe et des Corneille ; de cette. Normandie, dont les heureux habitants savent allier à l'agriculture la plus variée, à l'industrie la plus active, aux plus vastes spéculations commerciales le culte et les faveurs de toutes les Muses. Les enfants du Nord n'eurent pas plutôt mis le pied sur ce sol privilégié, qu'ils se dépouillèrent de leurs habitudes féroces et déprédatrices, de leur mépris de la propriété , de leur caractère inquiet et vagabond, pour devenir les guides des peuples voisins dans les routes non (er } encore frayées de la civilisation moderne , réalisant ainsi ce qu’on racontait autrefois de ces contrées enchantées, où les animaux les plus venimeux, les plantes les plus malfaisantes perdaient leurs poisons par l'effet d’une bénigne et irrésistible influence. En fixant notre attention sur ce passage de la barbarie à l’état social, le plus rapide peut-être dont les fastes de l’histoire nous aient transmis le sou- venir, nous devons remarquer, à la louange de la civilisation et de nos ancêtres , qu’en eulevant au caractère normand tout ce qu’il avait de défectueux, il y laissa subsister, il y fortifia même cette passion de la gloire, cet amour des combats et des dan- gers, qu’ils avaient apportés de leur primitive patrie. Aussi, ne fut-ce pas assez pour eux d’avoir forcé les Monarques français, et leurs voisins les plus puissants, à respecter les limites du territoire qu'ils avaient conquis. Moins de deux siècles après leur établissement en Neustrie, la superbe Ailbion, la brillante Parthenope obéïissaient à leurs lois, et leurs drapeaux avaient flotté des premiers sur les remparts de la Cité sainte. Mais ce n’est pas seulement en pouvoir, Mes- sieurs, c’est sur-tout en magnificence et en amour des Arts que la cour de nos Princes l'emportait sur celle de leurs pairs, et le disputait à celle du suzerain. Tous les talents y étaient appelés et pro- tégés : la poésie française y essayait ses premiers chants ; l'histoire, en langue moderne, ses premiers récits, et l’on chercherait en vain dans les annales du moyen âge des bienfaiteurs des Lettres, com- parables à notre Henri 1, à notre Henri IE, et à ce Roi de chevaleresque mémoire, l'ami de Blondel, le rival des Troubadours en gaie science comme des lions en courage. A 3 (6) “Quelques désastres que la Normandie ait éprou- vés pendant la lutte longue et sanglante qui suivit ces jours de grandeur et de gloire, les Muses n'ont jamais cessé d'y avoir des autels et de nombreux adorateurs ; et nous pouyous dire avec orgueil que ce fut à juste titre et par la supériorité constante de ses habitants dans la culiure des Arts de l'esprit qu’elle mérita de donner plus tard à la France son premier poëte, à la tragédie moderne son fondateur, aux Sciences leur premier interprète. C'est à partir des géhérations contemporaines de ces trois Grands Hommes qne nous pouvons dater pour notre province une nouvelle ère non moins glorieuse, non moins fortunée que celle des Guil- laume, des Richard et des Henri. C’est depuis eux que nous ayons vu plus particulièrement se déve- lopper à-la-fois parmi nous tous les genres d'ins- truciion, tous les germes de la prospérité publique, les Lettres et les Arts libéraux , les Sciences spécu- latives et les procédés-pratiques de Pindustrie, lPArt qui fertilise notre sol, celui qui crée des produits nouveaux sous la main de l'ouvrier, et celui qui va échanger nos richesses surabondantes contre les denrées de l'Orient et de l'Occident. Enfin, si de ces considérations générales nous passons à des con- sidérations particulières , c’est encore à partir de l'un de ces Grands-Hommes que l’Académie de Rouen existe , et que , fidèle aux grandes vues d'utilité publique qui ont présidé à sa fondation, elle n’a cessé de travailler à la propagation des Jumières , au maintien du goût, à la conservation des saines doctrines, au perfectionnement de tous les genres d'industrie. Déjà, nombre d'établissements respectables sortis de son sein et dotés de ses deniers la secondaient dans cette mission , et répandaient (7) dans toutes les classes de la société une instruction solide et variée , lorsque la révolution, en l'enve- loppant dans la ruine commune des institutions les plus vénérables, y comprit aussi toutes les écoles, tous les dépôts qu'elle avait créés. Echappée seule au naufrage , mais consolée et revivifiée par la pro. tection spéciale de noire auguste Monarque, elle croira n'avoir rien perdu, tant qu'elle pourra con- tinuer de rendre les mêmes services, de concourir à rétablir l'empire des bons principes, à ranimer le culte des Muses, à perfectionner les Arts utiles; tant qu’elle pourra donner des exemples d'amour et de dévouement pour la dynastie de som fonda- teur et de son restaurateur ; tant que la bienveil- lance des Magistrats et l'estime des citoyens encou- rageront ses travaux ; tant qu'elle espérera , enfin, de pouvoir étre associée dans la pensée des amis du trône et de la patrie aux bienfaits et à l'illus- tration du règne de Louis-le-Désiré, MM. les Secrétaires vont vous présenter, Mes- sieurs , le tableau détaillé de Femploi de nos séances pendant l’année académique qui vient de s’écouler. Nous espérons que vous y trouverez constamment l'empreinte des vues que je viens d'avoir l'honneur de vous exposer. Sous ce rapport, au moins, nous croirions pouvoir réclamer quelques droits à votre attention , si l'empressement que vous avez mis à vous rendre à Pinvitation de la Compagnie, en attes- tant votre goût pour les connaissances et les Arts que nous cultivons, ne nous répondait d'avance de l'intérêt avec lequel vous recevrez cette communi- cation, de la bienveillance avec laquelle vous appré- cierez des eflorts toujours estimables , quel qu'en soit le mérite ; toujours dignes d’encouragements, quand ils ne le seraient pas de félicitations. Les A 4 (8) Juges éclairés que j'aperçois dans cette enceinte connaissent trop bien quels écueils nous avons eu à rencontrer dans des mers fécondes en naufrages, pour ne pas nous savoir quelque gré au moins de les avoir bravés. Puissent-ils souvent trouver que nous les avons heureusement franchis ! Puissent aussi nos travaux trouver grace aux yeux d'un sexe dont la présence en ce lieu est si flatteuse pour l'Académie , dont le goût est si délicat, et dont les jugements sont toujours dictés par une si aimable indulgence ! Son suffrage et le vôtre seront pour nous, je le répète, Messieurs , la plus douce des récompenses. SGIENCES:ET ARTS. A R'A PP OR T Fair par M. Virazrrs » Secrétaire perpétuel, de la classe des Sciences. MESSIEURS, Si le héros puise des titres certains à la gloire et à la reconnaissance publique dans le généreux sacri- fice qu'il fait à la patrie de ses affections les plus chères, de sa santé, de sa fortune, de sa vie méme , il est aussi dans l'estime et la considération des récompenses honorables réservées à celui qui se voue tout entier au culte des Sciences ; qui fait de leur étude l’objet unique de ses pensées, de ses (9) méditations et de ses veilles ; qui lutte avec un courage infatigable contre les obstacles et les diffi- cultés ; qui parvient, par son génie, à tirer des prineipes d'heureuses et utiles applications ; qui réussit à frayer des routes nouvelles, à ouvrir de nouveaux canaux à l'Agriculture , à l'Industrie et au Commerce. Appelés à de si douces conquêtes, et fidèles à vos engagements , vous venez encore une fois, Messieurs , donner la preuve des efforts constants que vous ne cessez de faire pour approcher de plus près du but vers lequel vous marchez sans cesse, le progrès des Sciences et le perfectionne- ment des Arts qui en dépendent. Chargé de rendre compte de la partie de vos travaux qui regarde les Sciences, je vais, Messieurs, pour me conformer à vos intentions, en parcourir le cercle le plus rapidement qu’il me sera possible. ANS TRI ON, 0} M ELLES L'Académie a reçu de M. Dagut de Betesta un Mémoire sur les taches qu’il a observées sur le disque du Soleil , en 1816 , avec un Tableau du dessin de leur configuration. Organe d’une Commission nommée pour cet objet, M. Letellier en a ainsi rendu compte : « La première découverte des taches du soleil parait avoir eu lieu , en 1610, par un géomètre allemand , nommé Fabricius, dont M. de Betesta rapporte les propres expressions dans le récit qu'il fait de cette découverte. » Sans s'arrêter aux obser- vations qui ont été faites depuis jusqu’à nos jours; è | 10 # \ et sans parler de différents faits de ce genre , parce qu'on les trouve consignés, année par année, jour par jour , dans tous les ouvrages d'astronomie, M. le Papporteur passe immédiatement aux observations de M. de Betesta. » L'auteur commença à observer les taches du soleil, le 10 juin 1816, à 7 h. 45 25! du matin, par un très-beau temps ; et, à l'aide d'une des meilleures Inneties que nous ayons en France , il aperçut cinq taches à-peu-près de même grosseur , sans nébulosité. Le 12, il en vit une sixième, envi- ron à la méme heure, Il remarqua que les cinq précédentes avaient fait un mouvement, et que la sixième commençait à entrer sur le disque du soleil. Le 16, il en observa huit, tontes differentes ca grosseur, Le 20, il n’en observa plus que deux, qui occupaient le centre de l’astre ; les six plus petites avaient disparu. Le 22, le 28 et le 29, il fit des observations analogues ; il les continua pendant une grande partie du mois de juillet, jusqu’au 5 d'août, le dernier jour de ses observations. Le 6, le disque du soleil parut pur et sans tache. » Il nous a semblé, continue M. Letellier, que l'auteur du Mémoire, au lieu de se borner au simple récit des faits, aurait pu profiter de cette série d'observations pour étudier le mouvement des taches , et en déterminer le cours. En observant, en effet, pendant plusieurs jours, les différences de déclinaison et d'ascension droite entre une même tache et le centre du soleil, il aurait pu en con- clure les différences de longitude et de latitude ; et, en répétant l'opération, il eût obtenu par-là une suite de points qui auraient représenté à-peu-près la route apparente de Ja tache sur le disque du soleil. Mais M, de Betesta a jugé à propos de s'en (11) tenir aux faits, peut-être à cause de la difficulté des détails et de la patience qu'ils exigent. » M. de Betesta termine son travail par l’exposi- tion des différentes opinions connues sur la matière des taches du soleil. Ces opinions résultent néces- sairement de la nature qu’on attribue au soleil lui- même ; elles sont également plausibles, soit qu’on regarde le soleil comme un noyau solide et obscur, environné d'une immense atmosphère lumineuse, soit qu’on l'envisage comme formé d’une matière subtile , agitée d’un mouvement rapide et continuel. C'est cette dernière opinion qu’embrasse notre au- teur. Suivant lui, les matières hétérogènes qui font partie du soleil s’en séparent par le mouvement rapide du fluide dont il est composé, ce qui trouble l’action réciproque des forces centrifuge et centri- pète. Ces matières hétérogènes sont donc portées sur la surface du soleil , où elles se réunissent comme les écumes de la mer ou celle d’un métal en fusion. Ces écumes, agitées par la matière sub- ule du soleil, prennent les différentes figures que ces taches offrent à nos regards. » M. le Rapporteur conclut que, quoique l'ouvrage de M. de Betesta n’apprenne rien de neuf et de bien piquant, cependant ses observations ne sont pas sans mérite , et annoncent un zèle digne des éloges de l'Académie. = M. le baron Lézurier de la Martel a commu- niqué à l'Académie une Notice sur la planète Vénus. Cette Notice, qui a paru il y a quelque temps dans les journaux, avait pour but de donner aux per- sonnes étrangères à l'astronomie des idées justes sur la planète Vénus , qui brillait alors d'un vif éclat, (12) — Nous devons aussi à M. Lézurier un Dialogue des Morts entre Fontenelle et M* la marquise de G.... sur Les taches du Soleil. (L'Académie a déli- Dbéré que ce Dialogue serait imprimé en entier à la suite de ce Rapport.) — L'Académie a recu de M. Gady, juge au tri- bunal de Versailles, un Précis de la Vie de M. Lieudé , baron de Sepmanville , correspondant de l'institut , attaché à la section d’Astronomie , et Membre non résidant de l'Académie de Rouen. M. Gosseaume, qui a connu particulièrement la famille de M. de Sepmanville, a bien voulu, à ma prière, se charger de faire de ce Précis un extrait qui sera lu dons le cours de cette séance et imprimé à la suite de ce rapport. MECANIQUE. M.'Pattu, ingénieur en chef au corps royal des ponts et ae du département du Calvados, a fait hommage à l’Académie de sa Description de la Vis d’Archiméde à double effet, destinée aux irrigations et aux épuisements. Chargé de faire un rapport sur cette se M. Boistard, ingénieur en chef de 1° classe au corps royal des ponts et chaussées , aujourd’ hui directeur du canal de l'Ourcq, en a développé le mérite et les avantages, en juge impartial et éclairé. = M. Tarbé, inspecteur général du corps royal dés ponts et chaussées, a adkese à la Compagnie un certain nombre d'exemplaires de son apport tte nn SE todos de , ” mat. _ PE (15) sur la Vis d’Archimède à double effet, dont il vient d’être parlé. | = M. le chevalier Pinard de Boishébert | vice- président de l'Académie , a présenté un Mémoire qui a pour objet le moyen de détruire les effets de l’inertie dans les pompes à conduite traïnante. L'Académie a délibéré que ce Mémoire serait im- primé en entier. ( ’oyez à la suite de ce Rapport.) = M. Philémon Sence, directeur d’une filature de coton au Havre, a soumis au jugement de l’Aca- démie une machine à laquelle il a donné le nom d’Æune cylindrique. Organe d’une Commission nommée pour cet objet, M. Mallet a rendu compte de l'examen qu'il en a fait avec M. de Boishébert, son collègue. Après avoir donué de la machine une descrip- tion aussi claire qu’elle est exacte et précise, M. Mallet fait remarquer que la manière dont se fait ordinairement l’opération de l'aunage ne permet à l'homme d’y employer qu’une très-petite portion de sa force ; qu’elle demande de l'exercice ; qu’elle ne peut être confiée qu’à un homme fait ; qu’elle tient les bras dans une opposition génante, et con- somme ainsi en fatigues inutiles la plus grande partie de la force. Non-seulement l'aune cylindrique fait disparaître ces inconvénients, mais elle a encore cet avantage de ne consommer inutilement qu'une très- petite portion de la force qu’on y applique ; d’abréger l’operation ; d'économiser ainsi le temps ; enfin, de pouvoir être mise en mouvement par un enfant, tandis que l’ancien aunage exige l'emploi d'un com- mis, qui est toujours cher, (14) Cependant, l’aune cylindrique ne peut être utile que pour les aunages en grand , et non pour ceux d'un débit ordinaire. Nous pensons, dit M. le Rapporteur, que M. Sence mérite vos éloges, et que vous pouvez, Messieurs, accorder votre suffrage à l’invention qu’il a soumise à votre jugement. — M. Lamandé, ingénieur en chef du corps royal des ponts et chaussées à Paris, a offert à l’Académie la description de deux ponts qu’il a construits à Paris ; le premier est le pont en fer coulé, sur la Seine, en face du Jardin du Roi ; le sécond est le pont de l'Ecole-Militaire, construit, sous sa direc- tion, sur la Seine, en face du Champ-dé-Mars. Les descriptions sont l’une et l’autre accompagnées d’une planche gravée au trait avec le plus grand soin. L'auteur annonce que ces deux notices ne sont que l'extrait d'un ouvrage beaucoup plus étendu qu’il se propose de publier. PA YASNTLONULES M. le baron Lézurier de la Martel a communiqué à l’Académie un écrit qui a pour objet d’engager l’Académie à faire des observations journalières sur la déclinaison de l’aiguille aimantée. Sans s'occuper de rechercher si, comme le vul- gaire le croit, la déclinaison progressive de l'aiguille aimantée vers l'Ouest peut contribuer pour quelque chose à la température extraordinaire qui règne depuis plus d’une année en Europe, l’auteur rap- porte les résultats des observations qui ont été faites (M$ 5 sur la déclinaison de l'aiguille depuis 1580 jusqu’à nos jours , et indique sommairement les moyens employés pour connaître ceite déclinaison. : « Il est difficile , dit ensuite M. Lezurier, de parler d’aimant, d’aiguille aimantée, sans s'arrêter un instant sur l'application qui en a été faite à l’art nautique, Quoi de plus admirable, en effet, qu'une fréle aiguille qui dirige des masses énormes à travers l'immensité des mers, et devenant le lien de com- munication entre des continents que la nature sem- blait avoir condamnés à être éternellement séparés! Quelle influence prodigieuse exerce une simple aiguille sur les destinées de l'espèce humaine ! Est-il étonnant que toutes les nations se disputent une si brillante et si heureuse application? » M. Lézurier fait voir que cette précieuse décou- verte mappartient point aux Chinois, qui wont com- mencé à faire des voyages de long cours qu'après la connaissance des Européens et de leurs instru- ments de navigation. Les Arabes paraîtraient y avoir plus de droit; cependant, l’invention de la boussole ne pourrait appartenir qu'aux Arabes qui se sont établis dans le royaume de Naples et dans la Pouille. Les voyages maritimes nécessités par les croi- sades peuvent faire présumer l'usage de cet ins- trumeut ; mais un monument historique démontre que c'est réellement à cette époque qu'il a été employé pour la première fois. IL existe à Paris un manuscrit précieux, qui con- tient un poëme en langue gauloise, composé vers le milieu du 12° siècle par Guyot de Provins, qui Y fait une mention très-expresse de la boussole, connue alors sous le nom de marinière ou marinette. M, Lézurier en cite quelques vers, qui justifient (1:16) parfaitement son opinion ; à ce témoignage , il ajoute celui de Brunettolatini, qui parle de la bous- sole comme d’un instrument employé en France de son temps, c’est-à-dire en 1555 : enfin , il adopte opinion de la plupart des auteurs qui attribuent l'invention de la boussole à Flayio Gioia d’Amalphi, vers l’an 1500. Après cette digression , M. Lézurier revient à la déclinaison de l'aiguille aimantée , et propose à l'Académie de s'occuper des moyens d’en suivre ici la marche et les variations. ETES DiONTUR EN AO TUUIREAL TUE M. le baron Zézurier de la Martel a fait don à PAcadémie de trois objets d'histoire naturelle qui Jui ont été envoyés de Cayenne par un de ses amis; savoir : une Couleuvre de Cayenne, longue de huit à neuf pieds, et deux Chats-Tigres. Il est à regretter que l’Onoré, oiseau de l’ordre des échassiers, genre du héron, qui faisait partie de l'envoi, soit devenu, pendant la traversée, la proie des animaux rongeurs. La Compagnie a accepté avec reconnaissance le présent que lui a fait M. Lézurier , et lui a offert ses remerciments par l'organe de son Président. Chargé de faire un rapport sur ces trois animaux, M. Marquis a annoncé qu’il résultait des recherches qu'il a faites et des renseignements qu’il s’est pro- curés à Paris auprès de M. Frédéric Cuvier, que de ces trois animaux , deux sont les Ocelots des zoologistes modernes, mais non les individus décrits et figurés sous ce même nom par Buflon, qui paraît les avoir représentés sous le nom de Jaguar (Suppl. tom. HI, pl. 59). Le Cry.) Le troisième animal est le Boa constrictor de Linné, Serpent devin de Lacépède et des erpéto- logistes modernes, et que quelques auteurs ont aussi désigné sous le nom de foi des Serpents. Zoologie. M. Lamouroux , professeur d'histoire naturelle à l'Académie de Caen, a fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son ouvrage sur les Polypiers corulligènes flexibles , vulgairement nommés Zoo- phytes. Après s'être arrêté un moment sur la singularité de la destinée des zoophytes, passant successive- ment d’un règne à l’autre, suivant le progrès des lumières ou la diversité des opinions, M. Marquis, rapporteur, cite le passage où M. Lamouroux dé- finit les animaux dont il écrit l'histoire , c’est-à-dire les polypiers coralligènes flexibles, car l'auteur ne s'est point occupé de ceux qui sont entièrement pierreux. ; M. Lamouroux les divise en neuf ordres. « La partie descriptive de l'ouvrage, qui est de beaucoup la plus considérable (c’est M. Marquis qui parle), échappe à toute analyse. L'esprit mé- thodique , le soin qu'on remarque dans toute: les parties de ce grand travail ne peuvent laisser de doutes sur l’exactitude des descriptions , ni sur celle de la synonymie très-ample qui précède la description de chaque espèce. » Un grand nombre des espèces décrites dans l'ouvrage sont nouvelles. L'auteur a aussi établi beaucoup de genres nouveaux. » » Pour donner une idée des nombreuses espèces ajoutées par le savant professeur de Caen, M. Mar- B (18) quis remarque que les espèces du genre éponge s'élèvent, dans son ouvrage, à cent soixante-sept , sans compter beaucoup de variétés, tandis que, dans le Systema Naturæ de Linné , édition de Gmelin (1796), on n’en trouve que cinquante, y compris même les éponges d’eau douce, dont M. Lamouroux fait un genre à part, sous le nom d’£phydracia, » Une longue liste des auteurs cités dans le cours de l'ouvrage fait voir que l’auteur a parfaitement connu toutes les sources où il devait puiser pour rendre son travail aussi complet , aussi exact qu'il le pouvait. D'ailleurs , M. Lamouroux sait laisser à propos la sécheresse didactique, et don- ner à son style tout l'agrément que peut comporter le sujet. » Dix-neufplanches gravées avec beaucoup de soin, d'aprés les dessins faits par l’auteur lui-même, sont la preuve qu'aucun des moyens qui peuvent con- tribuer à la perfection d’un ouvrage d’histoire natu- “relle ne lui est étranger, et qu'il sait joindre au mérite du savant le talent de l'artiste. | » L'ouvrage d’une haute importance dont je viens d’avoir l'honneur de vous rendre compte n’est pas, Messieurs, le seul titre de l'auteur à vos suflrages. M. Lamouroux n’esl pas connu moins avantageuse- ment per les beaux Mémoires qu'il a publiés sur les Fucus et autres plantes marines, » Votre Commission se félicite de l'occasion qui se présente d'offrir un juste tribut d’éloges à un natu- raliste aussi distingué , et elle ne doute pas que, vous ne vous empressiez de l’admettre au nombre de vos correspondants, » C:9) Botanique. M. Marquis a donné communication d'un travail intitulé : Exposé analytique des principaux Phéno- menes de la végétation. « Chargé, dit M. Marquis, pour un ouvrage élé- mentaire sur la botanique, qui s'imprime en ce moment, de faire l’article de la physiologie végé- tale, ce que je vais avoir l'honneur de vous lire en est un fragment. » Il ne peut y avoir rien de vraiment neuf, dans un pareil travail, que la manière de présenter les faits. J'ai choisi, pour vous la communiquer , l’ana- lyse des fonctions de la vie végétale, parce que je crois avoir traité ce sujet sous une forme un peu différente de celle communément usitée, plus clai- rement peut-être qu’il ne l’est dans la plupart des ouvrages publiés jusqu'ici. » Si j’ai réussi à offrir beaucoup de faits, et à les exposer clairement et sans confusion, quoique en trés-peu de mots, j'aurai rempli le seul but que je pouvais me proposer dans ce travail purement élémentaire, et qui devait, d’après le plan adopté, être très-court. » L'introduction à l’histoire générale des plantes de France ,.que vous vous rappellerez peut-être que j'ai eu l'honneur de vous lire il y a environ deux ans, et où j'oflrais le tableau d’une nouvelle mé- thode de botanique plus simple , plus facile , je crois , que celles qu’on a suivi jusqu'à ce jour, doit aussi, avec quelques changements dans la clas- silieation, convenus depuis entre M. le docteur des Longschamps.et moi, faire partie de l'ouvrage dont ie viens de lire un morceau, » Ba ? (2) = M. des Longschamps , D-M. à Paris, vous a adressé, Messieurs, un exemplaire de son Vouveau Voyage dans l’Empire de Flore, ou Principes élé- mientaires de Botanique. Cet ouvrage est divisé en deux parties: la pre- mière contient la physiologie végétale, que l’auteur déclare devoir toute entière à son ami, M. Marquis, qui en à donné communication à l’Académie ; la terminologie , l'exposition des méthodes en général , et celle en particulier d'une méthode nouvelle dont l'idée et l'exécuiion appartiennent en commun à MM. Loiseleur des Longschamps et Marquis. La seconde partie offre la distribution des familles et des genres de plantes cultivées dans les jardins de Paris, suivant la méthode du Jardin du Roi. Après avoir analysé fidèlement chacune des deux parties, M. Le Turquier de Longchamp, rappor- teur, s'exprime ainsi : « L'ouvrage dont je viens d'avoir l'honneur de vous rendre compte, Mes- sieurs, est d’une haute importance, soit qu’on le considère sous le rapport de la botanique appliquée, soit qu’on l’envisage sous le rapport de la botanique spéciale. Les vertus des plantes y sont indiquées ; les difiérentes classifications y sont expliquées ; une methode nouvelle y est proposée; l'histoire du règne végétal y est tracée ; la structure interne des végé- taux et les fonctions de Jeurs différentes parties y sont exposées ; les termes nombreux employés pour en désigner toutes les modifications y sont définis ; les organes qui servent à la conservation de l'espèce y sont analysés ; le rang qu'occupent les plantes dans l'échelle des êtres est assigné ; louvrage de M. des ! ougschamps contribuera donc aux progrès de la science, et mérite, sous tous les rapports, les suffrages de l'Académie. » (21) M. Le Turquier a soumis au jugement de l'Aca- démie, 1° le premier ordre de la cryptogamie lin- néenne, les fougères ; 2° la concordance des figures des plantes cryptogames de Dillen, Vaillant, Micheli, Bulliard, aveeles descriptions des auteurs modernes. Voici le jagement qui a été porté sur ces deux ouvrages par MM. Robert et Marquis, chargés de les faire connaitre à la Compagnie : « Les descriptions de M. Le Turquier, dit M. Marquis, rapporteur de la Commission , toujours faites d’après nature, se font remarquer, comme celles de la partie imprimée de sa Flore, par beau- coup d’exactitude. 11 en est de même de l'indica- tion des lieux habités par chaque espèce. » Avec la première partie de la cryptogamie , M. Le Turquier vous a offert un autre cahier, inti- tulé : Concordance des figures des Plantes crypto- games de Dillen, de Vaillant \ de Micheli et de Bulliard , avec les descriptions des Auteurs modernes. Dans le Discours préliminaire, M. Le Turquier an- nonce que ce dernier travail ne lui appartient pas entièrement, mais que notre digne collègue M. Le- vieux, dont le savoir égale la modestie, y a eu la plus grande part... Les bonnes figures, telles que celles de Dillen, de Micheli, sont, pour déterminer les plantes cryptogames, d'une utilité , je dirai même d’une nécessité indispensable ; mais la nomenclature qui les accompagne n’est aucunement en harmonie avec celle qu'on suit aujourd'hui le plus générale- ment. Il faut une recherche très-longue , très-fatigante et souvent ivutile pour éiablir la synonymie entre les dénominations de ces auteurs et celle des descrip- teurs modernes. C'est-là précisément le travail que MM. Le Turquier et Levieux vous offrent tout fait pi (22) dans le tableau de concordance qu'ils ont dressé, et dont l’utilité-pratique est incontestable. » Nous devons , Messieurs , des remerciments à deux Collègues qui s'occupent avec tant de per- sévérance et de succès des moyens de faciliter aux autres l'acquisition des connaissances qu’ils possèdent, » = Sur linvitation qui lui en a été faite par M. le Président, au nom de la Compagnie, M. Marquis a donné communication à l’Académie du Discours qu’il avait prononcé le 17 mai, à l'ouverture de son cours de botanique, au Jardin des Plantes de Rouen. Ce Discours a tout à-la-fois pour objet l’origine et les progrès de l’agriculture , et l'influence de l'étude de la botanique sur ces progrès. « Les anciens, dit notre Collègue, paraissent avoir encore mieux senti que nous toute la dignité, tout le charme de l’agriculture... La plupart des philo- sophes ont regardé la vie champêtre comme celle qui conduit le plus sûrement l’homme au vrai bonheur. Les poëtes de tous les âges, de toutes les nations semblent s'être accordés pour vanter ses douceurs , pour célébrer ses délices... Travailler la terre est la vocation naturelle de l'homme ; Dieu lui-même , dans l'Ecriture, l'a déclaré au premier des humains... Aussi, dans l’un des plus anciens empires du Monde, le Souverain, ouvrant lui-même chaque année un sillon, donne à ses sujets l'exemple du respeet pour l'art qui nourrit les hommes. » Las d’errer sur la terre pour chercher les lieux où croissait naturellement l'arbre qui pouvait le nourrir , l'homme imagina bientôt de transporter la jeune pousse, ou de confier le gland à la terre (225 ) près de la cabane qui lui servait d'asile, Ainsi uaquit probablement l'Agriculture. À mesure que les socictés s'étendirent , l'industrie croissant avec les besoins, l'agriculture fit des progrès. Quelques hommes , plus observateurs, plus inventifs que les autres , Introduisirent de meilleures pratiques , facilitérent les travaux par des instruments com- modes, ou apportèrent dans un pays les découvertes perfectionnées dans un autre. Yels furent Osyris, dans l'Egypte ; Triptolème et Cérés, en Grèce ; Janus, dans l'Ausonie. Devons - nous être surpris, demande M. Marquis, que la reconnaissance ait mis au rang des dieux ces premiers bienfaiteurs des hommes? Combien ces noms sont plus respec- tables, plus dignes de vivre dans le souvenir de la postérité que ceux des conquérants dont la gloire ne rappele que le sang et les larmes qu'ils ont fait couler ! » Les drogrés de l'agriculture et ceux de la civi- lisation semblent intimement liés. C'est dans l'antique Egypte que nous voyons l'une et l’autre parvenir d'abord à un haut dégré de perfection... Athènes recut de l'Egypte les préceptes de la culture, et les transmit au reste de la Grèce... Les plus nobles citoyens d'Athènes ne dédaïgnaient pas de s'occuper de la culture de leurs champs... Mais chez aucun peuple de l'antiquité , l’agriculture ne fut plus honorée , plus habilement pratiquée que chez les Romains. Varron , Columelle, Virgile, Pline , Palladius nous ont fait connaître leurs procédés. Caton ne mérite pas moins sa gloire par son traité de Re Rusticä, parvenu jusqu'à nous, que par son inflexible vertu. Les Romains connurent l'emploi des engrais , à l'usage desquels présidait le dieu Srercutius ; la pratique de semer des plantes B 4 (24) uniquement destinées à étre enfouies en verd pour engraisser le sol de leurs débris, et l'usage des prairies artificielles , si utilement étendu de nos jours. Ils ignoraient , cependant, l'utilité de la marne, qui était déja employée avec succès dans les Gaules. Heureux temps de simplicité et de verim, s'écrie ici M. Marquis, où les Serranus , les Cincinnatus quittaient la charrue pour aller gouverner l'état et commander les armées, et se hâtaient, après avoir sauvé la patrie, de descendre du char de triomphe pour reprendre leurs paisibles travaux ! Les mœurs, ajoute-t-il, valent mieux que la gloire ; et la mesure du bonheur réel pour un peuple comime pour un simple particulier, c’est la mesure de ses vertus. » L'agriculture romaine, négligée pour la gloire mi-- litaire et livrée aux esclaves, s’avilit et se perdit de jour en jour au milieu du luxe et de la corruption... Dans le moyen âge, l'ignorance, l’aveugle routine prirent la place de l'expérience éclairée, et de vé- nérables cénobites furent les seuls qui , pendant long temps, conservèrent la tradition de quelques pratiques bien entendues: » Après un sommeil dé neuf ou dix siècles, ce ne fut guères que vers le seizième que le génie de l'agriculture parut se réveiller... On vit paraitre en Espagne, en lialie, en Allemagne, en Angleterre et en France des ouvrages classiques sur l’agricul- ture, parmi lesquels on doit distinguer le Théâtre d'Agriculture d'Olivier de Serres, qui fut dédié à Henri IV. » Sous Louis XIV, l’agriculture fut moins encou- ragée, parce que son ministre Colbert faisait des manufactures l’objet de tous ses soins. » Frappée, sous la régence, d’un coup funeste, par l'esprit d'agiotage qui régnait alors, l'agricul- (25) ture ne respira que faiblement sous le ministère du cardinal de Fleury. » Enfin, de bons écrits publiés par des hommes animés de l'amour du bien public; de sages régle- ments sur le commerce des grains ; l'établissement de plusieurs sociétés d’agriculture ; des encourage- ments, des prix proposés ranimèrent le goût pres- qu’éteint de l’agriculture. Les dernières traces de la servitude et les corvées abolies furent d’impor- tants services rendus à l'agriculture par Louis XVI, Monarque si sincérement ami du bien, si digne d'un meilleur sort. L'introduction de la race des mérinos est encore un des bienfaits de son règne. » Si, malgré les orages révolutionnaires , si, au milieu des convulsions politiques, Pagriculture fran- çaise a marché constamment vers la perfection, quels progrès ne devons-nous pas espérer qu’elle fasse aujourd’hui qu’elle est favorisée par une paix solide, et encouragée par un Gouvernement sage et protecteur ? » L'heureuse position physique de la France, la température variée de ses différentes provinces, Ja pature non moins variée de son sol, l'industrie de ses habitants, donnent à notre agriculture une incon- testable supériorité sur celle de toutes les autres nations. L'agriculture trop vantée de l'Angleterre ne parait vraiment digne de sa réputation que dans trois ou quatre de ses comtés... ; encore, dans ces parties, m’est-elle réellement qu’une imitation judi- cieuse du systême agricole de nos départements septentrionaux et de la Belgique, dont la culture mérite depuis long-temps de servir de modèle. » À ces causes des progrès de l'agriculture parmi nous, on doit ajouter sur-tout l'étude de la bota- nique , devenue plus générale, plus étendue ; la (26) connaissance plus approfondie de l’organisation des végétaux , et les lumières que d'ingénieuses expé- riences ont répandues sur plusieurs points impor- tants de la physiologie végétale... » Où peut-on mieux sentir tous les avantages de cette union, de cette alliance nécessaire entre l'etude spéciale des plantes et l’art qui les muhiplie, qui les perfectionne, que dans un pays en même temps si riche de sa végétation na‘urelle, et si florissant par sa culture? La nature ne semble-t-elle pas se plaire à verser d’une main prodigue tous ses trésors sur la belle Neustrie?.. Ses vastes et antiques forêts, ses gras pâturages, ses plaines immenses où croissent en même temps les céréales, les fourrages divers, les plantes oléagineuses ou textiles ; la pomme de terre, végétal précieux, dont le respectable Mustela la gloire d'avoir le premier peut-être essayé de répandre la culture en Frauce ; le pommier, enfin, cet arbre si justement chéri dans nos campagnes, dont il fait la richesse et l’ornement : tout concourt à faire de la Normandie le pays le plus fertile et le plus délicieux. » Sur une terre si favorisée, le Ciel a placé des hommes capables, par leur industrie, de profiter de tous ses dons. Cultivateurs laborieux et intelli- gents, marins et pécheurs intrépides, commerçants habiles, fabricants ingénieux, leur esprit se porte avec ure ardeur égale vers tous les moyens de prospérité... N’avons-nous pas vu un concitoyen industrieux et zélé nous offrir un nouvel indigo comparable à celui de l'Inde? | » Jeunes élèves, vous répondrez, je n'en doute point, à l'attente des hommes éclairés et vertueux qui, au milieu des nobles et pénibles fonctions de Padministration, ne négligeant rien de ce qui est utile, daignent honorer de leur présence le com- C27) mencement de nos travaux, et promettre des récom- penses flatteuses à ceux qui s’y distingueront. Comp- tez sur tous les soins, sur le devoñment absolu de celui qui est chargé de contribuer à votre instru c- tion ; il comptera, à son tour, sur vos eflorts et sur votre attachement. » Géologie, M. Geoffroy , avocat à Valognes, vous à adresse , Messieurs, un Memoire sur la Pétrification et l’In- crustation. L ; Ce Mémoire, dit M. Vitalis dans des observations qu’il a faites sur ce travail, sera sans doute, aux yeux de l'Académie , une preuve du zèle de M. Geoffroy ; mais je dois dire ici qu'il n'offre rien de neuf, ni dans le sujet, ni dans la manière dont il est traité, On sait, depuis long-temps , que c'est à l’intérieur des corps que la pétrification s'opère, et que lin- crustation se forme à l'extérieur. Ces deux propo- sitions sont cependant les seules que M. Geoffroy se propose d'établir. J'ajouterai qu'on en trouve ailleurs des preuves beaucoup plus riches et mieux développées dans les onvrages des naturalistes, et notamment dans l'Histoire naturelle des Minéraux, de Patrin , ainsi que dans le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, aux mots Pétrification et Incrus- tation. Si, dans tout ce qui regarde l'incrustation, M. Geoffroy n’a fait que suivre la route tracée avant lui, du moins il ne s’est pas écarte de la ligne des principes. L'auteur na pas été aussi heureux dans l'explication qu'il donne du phénomène de ln pétri- fication, M. Geoffroy paraît adopter celle qui a été (28) proposée par le savant Haüy, et qui consiste à sup- poser que la matière pierreuse se substitue à la subs- tance végétale, à mesure qne celle-ci se décompose. « Si cetie substitution de molécule à molécule que j'ai » supposée, dit M. Geoffroy, pag. 5 de son Mémoire, » n’était pas réelle, comment un corps pourrait-il » en quelque sorte recouvrer en entier ce qu’il » aurait perdu ? comment acquerrait-il une nouvelle » manière d’être ? comment, en un mot, jouirait-il » d'une existence différente de celle qu'il avait » d'abord , en ce qu'elle serait beaucoup plus » durable ? » Cette théorie est très-séduisante à4 premier coup- d'œil ; mais avec un peu d'examen, et sur-tout d'après l'observation des faits, on reconnait bientôt qu'il n’est guêres possible de l'admettre. Pal'as cite des troncs d'arbres, de dix brasses de longueur, qui sont enfouis à peu de profondeur. dans des couches sablonneuses, et se trouvent par- faitement convertis en silex, depuis l'écorce jusqu'au cœur de l'arbre ; et ce qu’il est important de remar- quer , c’est que le sable qui les environne et qui les touche immédiatement est tout aussi meuble qu'ailleurs, et n'a pas le moins du monde participé à l’état pierreux du bois, Comment donc pourrait- on supposer avec quelque vraisemblance que le liquide qui tenait en dissolution la matière pier- reuse qui a pris la place des molécules du bois n'eût pas agglutiné et converti en grès quartzeux le sable qui touche à ce bois pétriñé? Quant à l’organisation même du bois qu’on sup- pose avoir été détruite, il faut remarquer que non- seulement les plus petites fibres, à peine discer- nables au microscope, ont parfaitement conservé et la forme et la situation qu’elles avaïent dans l’état (29) le plus parfait du bois, mais encore toutes Îles nuances de couleur qui leur sont propres. Un échanullon de bois pétrifié, et que Patrin a décrit ( Histoire naturelle des Minéraux, tom. V, pag. 379 et suiv.), paraît démontrer évidemment que la pétrification est une véritable transmutation des parties mêmes du corps organisé en matière siliceuse ; de sorte qu’un corps est d'autant moins susceptible de pétrification, qu’il est plus décom- posé à l’époque où il a éte enfoui. Cet échantillon présente non-seulement l’organi- sation la plus parfaite du bois avec les nuances de chaque fibre , mais encore il renferme un grand nombre de vers qui sont eux-mêmes convertis en agate. En faisant scier une plaque du morceau dont il s'agit, le bois fut coupé transversalement , et les vers qui le percaient se trouvèrent coupés longitu- dinalement. L’extérieur offrait des parties opaques et blanchâtres , et leur intérieur des zônes ondulées de différentes teintes, qui semblaient représenter leurs intestins. Le fait le plus essentiel à recueillir de ce mor- ceau , c'est que , dans la partie de l’aubier qui avail éprouvé un commencement de décomposi- tion , la couche, qui était d’un tissu spongieux, a été en partie détruite , et a laissé des vides de deux ou trois lignes de longueur , qui n’ont point été remplis par la matière siliceuse..., Le cœur de l'arbre parait avoir été détaché du morceau par la même raison, c’est-à-dire parce que le bois de cette partie, étant dans un état de décomposition , n’a pu être pétrifié, Il existe des échantillons de bois agatisé, trouvés à Naufle, près de Griguon, qui contiennent une (50 ) foule de larves d'insectes qu'on dirait encore dans leur état naturel. M. Lelièvre, membre du conseil des mines , pos- sède dans sa collection un échantillon de bois aga- tisé, d’une couleur obscure, tout criblé de gros vers blancs dont on reconnait encore l’organisation. On voit dans quelques cabinets divers échantil- Jons de ces bois agatisés, où les vers sont mobiles dans leurs alveoles, ce qui détruit absolument toute idée d'infiltration d’un fluide quartzeux ; car, daus cette hypothèse , le tout aurait fait une masse com- pacte. Saussure parle d’un morceau du cabinet de M. d’Aunone , à Bâle; c’est un crabe fossile, dont les œufs même qu’on voit sous sa queue sont pétrihies. Les noix fossiles de Lons le-Saulnier sont un ces faits les plus curieux en ce gerre. Leur coquille et leur zeste sont demeurés à l’état ligreux; mais la noix elle-même a été convertie en silex, et l'inté- rieur de la coquille n’oflre pas le moindre vestige d'infiltration. Tous ces faits, et beaucoup d'autres qu’il serait facile d'ajouter, prouvent que la pétrilication s'est opérée d’une maniére presque subite, et ils excluent absolument toute idée de décomposition et sur-tout de remplacement fait de molécule à molécule; car, dès l'instant où des substances aussi molles que des vers auraient éprouvé la putréfaction , eles auraient été tellement déformées , qu’il n’en serait pas resté la moindre apparence reconnaissable. Il est donc impossible de considérer la pétrifica- tion comme une opération mécanique Où la matière pierreuse aurait remplacé , molécule à molécule, la matière de ces corps organisés. Il faut donc de toute nécessité la regarder comme une opération (31) chimique , et une combinaison de fluides gazeux avec les principes constituants des corps organisés, opération qui change très-rapidement ceux-ci en substance pierreuse, sans toucher en aucune ma- nière à l’arrangement de leurs molécules , de sorte que ni les formes ni les couleurs ne sont nulle- ment altérées par cette modification. ( F’oyez l’ou- vrage cité plus haut. ) De ces observations je conclus, 1° que M. Geof- froy n’a rien ajouté aux connaissances déjà acquises sur la pétrification et l’incrustation ; 2° que l’expli- cation qu’il donne, d’après Haüy, de la pétrifica- tion est insuflisante et contredite par une foule de faits. — Le même, M. Geoffroy , a fait parvenir à l’Académie un Mémoire sur les Laves du FVivarais, de l’ Auvergne et du Vésuve, contenant différentes substances. M. Geoffroy a porté ses recherches sur les laves du Vivarais, de l'Auvergne et du Vésuve, et a confirmé l’existence, dans ces sortes de laves, de plusieurs substances qui y avaient déjà été décou- vertes par les naturalistes ; savoir : le fer phos- phaté , le fer spéculaire , le fer oxidé globuleux, l'olivine , le soufre , la mésotype, le piroxène, la fiorite , la tourmaline , l'arragonite , le feld-spath, la variolite , la coccolithe , l’amygdaloïde , l’analcine, la zéolithe cubique de Brochant , la zéolithe dure de Dolomieu. Eu comparant les laves du Vivarais et de l’Au- vergne , l’auteur s’est assuré, dit-il, que , soit qu’elles fussent poreuses ou compactes, elles avaient en général assez de rapports. La comparaison de (5) ces mêmes laves avec celles du Vésuve lui a fait reconnaître des différences bien sensibles. Parmi les laves du Vésuve, il en est une qu’il s’est sur-tout attache à considérer, à raison de l’as- pect qu’elle devait à une substance dont il avait ap- perçu quelques parcelles dans une brèche à petits fragments provenant d’une des dernières éruptions du Vésuve. A sor aspect nacré , il n’était pas possible de mé- connaître la stilbite. Soumise à l’action du feu , elle se change en un émail spongieux ; au chalumeau, elle fond avec bouillonnement et phosphorescence..… La lave vésuvienne qui en contient est un peu compacte , d’un cendrée obscur et foncé... Parmi les échantillons de laves du Vésuve que possède l’auteur , il y en a deux qui lui ont paru plus extraordinaires. La matière volcanique est cen- drée , non poreuse , et assez dense ; des molécules blanches y sont disséminées ; l’insufllation en dégage l'odeur de l'argile. Dans chacun des échantillons est incorporé un fragment de coquille, que ses grosses cannelures Jui out fait juger être celui d'une boucarde. Ce fait, suivant l’auteur , établit jusqu’à l'évi- dence la préformation des corps unis à la lave, et il pense qu’en général on serait peu fondé à regarder ces corps comme Ja production du feu, = M. Cuillemard, anglais, que des raisons de santé retiennent depuis quelque temps en France, a envoyé à l'Académie deux Mémoires sur la Géo- logie du département de l'Oise, et particulierement des environs de Liancourt. Ces (:53:) Ces deux écrits annoncent un naturaliste très- instruit et un bon observateur. Orrctologie, Outre les Mémoires concernant la géologie, l'Aca- démie doit à M. Geoffror, de Valognes, une Notice sur un Polypier fossite, découvert dans une carrière exploitée à Valognes. « Ce polypier, dit l'auteur, est pour ainsi dire réclamé par un genre nouveau plus intéressant que celui des méandrines , à côté desquelles on a cru devoir lui assigner une place. On l'a désigné sous le nom de monticulaire, parce qu’il a pour carac- tère d’affecter l'apparence d'espèces de monticules plus ou moins grands, plus ou moins élevés, plus ou moins rapprochés, toujours parfaitement distincts et constamment circonscrits. » Dans l'espèce trouvée à Valognes , les monti- cules en cône sont fort petits ; voilà pourquoi je Jui ai donné le nom de monticulite-petits-cônes. Ceite espèce est d’une couleur grisâtre. Ses cônes, assez égaux, ont au plus une ligne de hauteur, sur une ligne un tiers de circonférence à leurs bases ; leur sommet est très-obtus et même un peu enfoncé. Ils offrent des stries longitudinales ; quoique fort rapprochés , on les distingue aisément. J'en ai compté jusqu’à quarante-six adhérant à un fragment qui n'avait que sept ligues dans sa plus grande largeur. » Ce joli monticulite m'a paru représenter le mon- ticulaire petits cônes que MM. Peron et Lesueur ont trouvé dans la mer des Indes. Il est en petits cônes serrés, peu larges, presqu'égaux , incrustant diflé- rents corps marins, Il a été figuré par Esper, Ellis, C (54) Solander. 11 paraît que c’est le madrepora exesa de Pallas. » J'ai fait, ajoute M. Geoffroy, la découverte d’un autre monticulite, qui m’a paru différer de quel- ques-uns trouvés en France et en Russie, et avoir du rapport au monticulaire qui a mérité l’épithète polygoné. » à CH I MT Er. M. Dubuc a lu un Mémoire sur quelques propriétés comparées de diverses espèces de Charbons provenant du règne végétal, mais spécialement sur leurs qua- lités hygrométriques. ( L'Académie a délibéré que ce Mémoire serait imprimé en entier à la suite de ce Rapport. ) = M. FJitalis a communiqué à l’Académie l’ana- lyse chimique de deux liqueurs employées dans la fabrication des chandelles, pour donner au suif de la blancheur et un certain dégré de solidité. ( Cette Analyse est imprimée en entier à Ja suite de ce Rapport. }) — Le même a offert à la Compagnie la composi- tion chimique d’une liqueur propre à rendre les étoffes imperméables , et a indiqué plusieurs autres préparations du même genre , susceptibles de donner les mêmes résultats. L'Académie a délibéré que ce Mémoire serait im- primé en entier. ( Voyez à la suite de ce Rapport.) me D. de. mt ES M. fu Dee “mm me —, mm À (35) — Le méme a lu une Notice sur une substance mise dans le commerce sous le nom d’'£xtrait de l'ernambouc. Cetie substance , d’un rouge assez beau, tirant sur le cramoisi, a la forme d’un petit pain orbicu- laire, applati, d’environ trois pouces de diamètre, sur six à huit lignes de hauteur ; son tissu paraît spongieux, malgré la compression à laquelle il a évidemment été soumis. Lorsque cette substance colorante est placée entre l'œil et la lumière , on aperçoit à sa surface une multitude de petits points brillants qui décèlent la présence d'un sel à l’état de petites parcelles crys- tallines. Cette substance est spécifiquement plus légère que Peau, car elle surnage ce liquide. Elle ne m'a pas paru avoir d’odeur ni de saveur sensibles. Distüllée , elle n’a donné aucun produit caracté- ristique des substances animales, mais tous ceux qui appartiennent aux substances végétales aux- quelles on doit par conséquent la rapporter, Incinérée dans un creuset, elle a brûlé sans flamme , et a laissé pour résidu une cendre grise qui , traitée par l'acide sulfurique étendu d’eau, a laissé dégager quelques bulles d'acide carbo- nique. La dissolution d’une portion de ce résidu dans l'eau a verdi le sirop de violettes ; cette dernière expérience jointe à la précédente annonce la pré- sence d’un carbonate alcalin, L’acide sulfurique versé sur la substance , dans l'état où le commerce l'offre à nos fabriques , n'y produit aucun effet. Ca (36) Elle n’est pas sensiblement altérable à l'air. L'eau bouillante en extrait peu de matière colo- rante , et le coton, convenablement préparé en mordant , n’y prend cependant qu’une couleur maigre et terne. L'alcool bouillant en extrait une couleur et plus riche et plus abondante , et le coton , préparé comme on vient de le dire, y acquiert une nuance moins obscure et plus nourrie, mais sans arriver à la couleur qu'il reçoit dans les bains ordinaires de Fernambouc avec les mêmes mordants. Cette substance colorante, qui se montre dans le commerce depuis trois ou quatre ans, se vendait, dans l’origine , 4 francs la livre, et se donne aujour- d’hui pour 25 ou 30 sous, parce que l'expérience a appris aux teinturiers qu’il en fallait plus du double que de bois de Brésil pour en obtenir un ton de couleur passable. D'après cette considération , il n'y a point de doute que les teinturiers n’aient eu raison de l'éloi- gner de leurs ateliers, En eflet , ce qui nous est apporté sous le nom d'Extrait de Fernambouc , ne me paraît étre autre chose qu’une espèce de laque dans laquelle il entre sans doute de la matière colorante du bois de ce nom, mais dans laquelle on à introduit celle de plusieurs autres bois rouges moins estimés , tels que le Bresillet, le Santal , les bois de Sainte-Marthe , du Japon, de Sapan, etc. Un pareil mélange ne peut donner et ne donne en effet que des résultats trés-incertains en teinture. Cependant , on peut s’en servir utilement , 19 dans la fabrication des papiers peints , où elle fournit des nuances de rouge , de rose , de cra- moisi , etc. , assez jolies ; 20 dans la peinture , (37) qui, en l'employant mélée avec de la céruse et broyée à l'huile, en obtient des couleurs analogues aux précédentes. MÉDECINE HUMAINE. M. Hellis fils, de Rouen, D.-M. de la Faculté de Paris, a fait hommage à l’Académie de sa disserta- tion inaugurale , intitulée : Essai sur la Commotion du Cerveau, et quelques-unes de ses suites ; thèse présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le 29 juin 1816. M. Vigné, chargé d’en faire le rapport à la Com- pagnie, suit l’auteur de la dissertation dans la des- cription du cerveau, la commotion de cet organe, les nombreux accidents qu’elle détermine, et les moyens les plus sûrs à employer pour y remé- dier, « Cette partie essentielle de l’ouvrage est traitée, » dit M. Vigné, avec une extrême sagesse. La pres- » cription des remèdes, la distinction des cas où » tel d'entr'eux doit être admis et tel autre exclus » Sont d’une exactitude rigoureuse et confirmée par » l'expérience. » Je croirais, ajoute le savant Rapporteur, n'avoir » rendu à M. Hellis qu’une partie de la justice que » je lui dois , si, après vous avoir fait avantageu- » sement connaître sa dissertation, sous le rapport » médical, je ne donnais encore des éloges au bon » ordre qui par-tout s'y rencontre, et à la pureté » du style. » Il est digne de vous, Messieurs, d’encourager C 3 ( 38 ) » les talents que décèle cet ouvrage, et d’exciter » son auteur à de nouveaux eflorts pour l'intérêt » d'une science qu’on ne peut assez rendre utile » à l'humanité. » = M. Mullot fils, D.-M., ex-chirurgien de Îa marine et de bataillon, a adressé à l'Académie un exemplaire de sa Dissertation sur la Péritonite des Femmes en couches, présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le 5 novembre dernier. M. Vigné, rapporteur, juge que M. Mullot ra rien oublié dans l’énumération des causes nom- breuses de la péritonite, de ses signes, de ses ter- minaisons , de ses complications avec les fièvres essentielles, etc. ; mais il regarde comme trop gé- nérale la proposition avancée par l'auteur de la Dissertation, savoir que la péritonite compliquée d'ataxie est au-dessus des ressources de l'art. M. Vigné cite à ce sujet une observation qui lui est propre, et d’après laquelle les délayants, les tem- pérants, les applications émollientes, les sinapismes et de légers évacuants lui ont suffi pour triompher de cette grave maladie. « Le traitement de la péritonite puerpérale, ajoute » M. Vigné, est subordonné à la différence des tem » péraments ; à linfluénce des climats, des sai- » sons, etc., à Ja nature des maladies qui peuvent » Ja compliquer. » Les préceptes dont M. le docteur Mullot accom- » pagne chacune de ces médications prouvent qu'au » savoir il réunit la prudence, qualité si essentielle » dans l'exercice de la profession la plus épineuse. » Débuter ainsi dans la carrière, c'est déjà bien » mériter de ses semblables , et les faire avanta- (59) ” geusement présumer de son instruction et de son » caractère. » = M. Moreau de Jonnès, chef d’escadron, cor- respondant de l'Institut et votre Associé, vous a oflert , Messieurs , trois ouvrages , sur lesquels M, Marquis vous a fait un rapport. Le premier est ioutulé : Précis historique sur l’irruption de la Fièvre jaune à la Martinique , en 1802. Avant de faire connaître ce travail, M. Marquis doune sur l’auteur des détails intéressants, tirés du Dictionnaire des Sciences médicales, où les obser- vations de ce militaire savant et philantrope sont citées de la manière la plus honorable par des medecins distingués. « La description que donne M. Moreau des symp- tômes de 1 fièvre jaune ( fièvre gastro-adynamique de Pinel) me semble, dit M. le Rapporteur , très- propre à justifier le nom de Typhus icterodes que lui avait donne, il y a déjà bien des années, le célèbre nosologiste de Sauvages. On y voit, en eflet, les symptômes généraux du typhus le plus intense compl'qués et modifiés par quelques accidents par- ticuliers , dont l'affection ictérique qui se répand sur toute la superficie de la peau est le principal et le plus constant. » M. Marquis rapporte ensuite ce que dit l’auteur des causes et de l'invasion de la fièvre jaune à la Martinique. La direction des vents ne paraît pas sans influence sur cette maladie. De nombreux exemples ont donné lieu à M. de Jonuës de reconnaître combien les passions vio- lentes , les écarts de régime , les violations quel- conques des Jois de l'hygiène disposaient x cou- C 4 (40) tracter la fièvre jaune, ou du moins contribuaient à eu determiner l'invasion. Cette fièvre est-elle essentiellement contagieuse ou non { M. Moreau n'ose résoudre cette question, sur laquelle les plus habiles médecins suspendent encore leur décision. Des faits bien observés lui ont cependant appris que la fièvre jaune est con- tagieuse dans certaines circonstances, et ne l'est pas dans d’autres, Le kina, et sur-tout le kina orangé, plus aroma- tique que les autres espèces, donné dans un temps opportun, très-diflicile à saisir, quelquefois jnsqu’à la dose de huit onces en trente-six heures, a paru à M. Moreau celui de tous les remèdes dont l'effet salutaire est le moins douteux. Au reste, dans cette maladie comme dans toute autre , le traitement doit être diflérent, suivant les diverses pério'es. Le secoud des ouvrages que l'Académie doit à M. Moreau de Jonnès a pour titre : Observations sur les Géophages des Antilles. « Déjà (c’est M. le Rapporteur qui parle) Hum- bolt, sur les bords de l’Orenoque ; 1.escheuaut , à Java ; la Billardière , à la Nouvelle-Caledonie , et quelques autres voyageurs avaient vu des peu- plades malheureuses, pressées par ie besoin d'ali- ments, sausfaire ou plutôt tromper leur faim en introduisant dans leur estomac diverses substances terreuses qui ne peuvent aucunement être consi- dérées comme alimentaires, » M. Moreau de Jonnès a observé le même goût singulier parmi les nègres des Antilles, et princi- prlement à la Mariinique et à la Guadeloupe , où il est très-commun, avec cette différence que ce goût ne dépend point du besoin, mais d'une simple Chi) dépravation de l'appétit , assez analogue à celle qu'on observe quelquefois dans les femmes par suite de la grossesse ou de l’aménorrhée. » Les nègres chez qui ce goût pour la terre devient une passion insatable tombent ordinairement dans un état de marasme , auquel ils finissent par suc- comber, » Cette manie se rencontre sur-tout dans les indi- vidus éminemment lymphatiques. M. Moreau croit que la privation de toute nourriture animale et des liqueurs spiritueuses peut contribuer à développer ce goût dépravé, » Les terres qui se mangent, dans les pays dont on vient de parler , sont des terres talqueuses, onctueuses et grasses au toucher , homogènes et contenant beaucoup de magnésie et d’alumine ; des terres, enfin, du genre de la terre sigillée de Lemnos, si célèbre dans l'antiquité , et des autres terres bolaires long-temps préconisées en médecine, mais à-peu-près exclues de la thérapeutique mo- derne devenue plus sévère sur le choix des médi- caments qu’elle admet. » Le troisième ouvrage de M. le chevalier de Jonnès, que M. Marquis était chargé de faire connaître , est un Æssai sur l’Hygiène militaire des Antilles. Quoique cet ouvrage soit le plus considérable et le plus important des trois, c’est cependant celui dont M. le Rapporteur a été obligé de parler le plus succinctement, parce qu'il se compose d'une foule de détails qui se refusent tout-à-fait à l'analyse. M. Marquis se contente donc d'en exposer le plan. Après quelques observations préliminaires sur le climat et les maladies des Antilles , l’auteur suit le soldat français depuis sa patrie jusque dans ces iles. (42) Il traite successivement da choix des troupes qu’il convient d'embrquer; des précautions , des soins nécessaires lors de l'embarqnement, pendant la tra- versée , au deb2rquement, dans les garnisons ; des vivres des troupes, des marches, de la discipline intérieure, des hôpitaux militaires. Les conseils de M. Moreau sur tant d'objets divers paraissent en général fondés sur de sages principes, et confirmés par l'expérience. Des connaissances solides et variées , sur-tout relativement à l'histoire naturelle et spécialement à la botanique des Antilles, se font remarquer par- tout dans ce travail, qui paraît à M. le Rapporteur d’une haute importance pour l'administrateur mili- taire et même civil de nos Colonies. M. Moreau de Jonnès , prêt à s'embarquer pour la Guyane , offre à l’Académie de s'occuper des recherches particulières qu’elle pourrait lui deman- der sur ce pays. M. Marquis pense que, sans lui désigner aucun objet particulier, la Compagnie ne peut faire mieux que d'inviter M. le chevalier de Jonnès à lui faire part de ses observations , de quelque nature qu’elles soient ; observations qui ne peuvent être que très-utiles et très-intéressantes , à en juger par celles qu’il a dejà communiquées à l'Académie, Un quatrième ouvrage , qui a été adressé depuis par M. Moreau de Jonnès, est le Tableau du Climat des Antilles, et des Phénomènes de son influence sur les plantes , les animaux et l’espèce humaine, 7 Ce dernier ouvrage de notre savant Collègue , se recommande également à l’attention , et par le sujet et par la manière habile dont il est traité. (45) = M. Kerckhoffs, médecin militaire de 1"° classe, chargé de la surveillance du service de santé, à Ruremonde , a fait hommage à l'Académie de deux - Ouvrages ayant pour titre, le premier, Disserta- tion sur, l’Air atmosphérique ; et son influence sur l'Economie animale ; le second, Hygiène militaire. M. Vigné , qui vous a fait connaître ces deux ouvrages, a donné à lun et à l'autre des éloges jgalément mérités. Le premier de ces ouvrages se distingue, au jugement de la Commission, par une bonne mé- thode, la précision du style et la solidité des prin- cipes ; et tel est le mérite du second, que M. Vigné, rapporteur , propose aux générâäux d’armées , aux Rois eux-mêmes de le lire, de le méditer et d’en réaliser les principes , pour leur plus grand intérêt et celui de l'humanité. — C’est encore à M. Kerckhof}s que l'Académie doit l’envoi du Procès-verbal de la Séance publique de la Société libre d’Emulation et d’Encouragement pour les Sciences et les Arts, établie à Liége, pour l'année 1817. Organe de la Commission chargée d'en rendre compte, M. Duputel en a présenté un extrait qui a vivement intéressé la Compagnie, par l'élégante pre- cision avec laquelle M. le Rapporteur passe en revue les nombreux articles dont se compose l'ou- vrage qu’il avait à faire connaître. La conclusion du rapport est que la Société de Liége cultive avec un égal succès les sciences utiles et tous les arts, dont aucun ne lui est étranger. = M. Desormeaux , professeur et trésorier de la Faculté de Médecine de Paris, vous a adressé , C44) 10 son Précis de Doctrine sur l’Accouchement par les pieds (pour servir à un acte public présenté à VEcole de Médecine de Paris le G floréal an 12); 20 un imprimé ayant pour titre: De Abortu : theses quas concurrentium disputationibus submissas tueri conabitur M. 4. Desormeaux , 1{. D. P., Artis obste- triciæ Professor, die 43 mi 1511. Organe d’une Commission nommée pour cet objet, M. Flaubert vous a rendu compte de ces deux ouvrages, dans lesquels, dit-il, M. Desormeaux se ‘montre aussi bon médecin qu'habile accoucheur. — M. Vigné a communiqué à l'Académie des Idées générales sur l’étendne, la dignité de la méde- cine , et sur la possibilité, la necessite de lui appli- quer la méthode analytique. « L'analyse , dit M. Vigné, est essentielle dans toutes les sciences, puisqu'en obligeant à diviser, à décomposer chaque chose , à la réduire à ses principes, elle conduit à la découverte de la vérité. » Le vrai médecin est celui qui a étudié sérieu- sement, qui étudie sans cesse la science médicale, qui n'est pas bornée comme sa vie. » Pour le faire avec fruit, et ne pas perdre un seul des moments précieux que cette science plus qu'humaine réclame à si juste titre , il est indispen- sable d’appliquer à chacune de ses parties la mé- thode analytique. » Sans elle, Hyppocrate aurait-il posé son art sur des bases inébran!ables ? aurait-il élevé à sa gloire un monument é'ernel ? L'’anatomie aurait-elle ses Vesale, ses Spallanzani , ses Pichat ; la physiologie ses Haller, ses Dumas, ses Barthez ; la chirurgie ses Ambroise Paré, ses Petit, ses Desault ? Sans elle, l'un des plus célèbres médecins de notre (45) siècle , le docteur Pinel, aurait-il peint en traits indélébiles la plupart de nos maladies? » Mais avant d'appliquer le flambeau de l'analyse aux maladies nombreuses qui tourmentent et détrui- sent notre fréle espèce, il faut avoir pénétré dams le sanctuaire de la nature , l'avoir interrogee sur la composition intime de nos organes , l'avoir épiée dans ses opérations les plus secrètes. Et que de cou- rage , que d'application , que de soins , que de veilles exige un travail aussi long, aussi difficile ! » D'un autre côté, quel ouvrage atteste autant la toute-puissance du Créateur que l'être réunissant à toutes les propriétés de la matière mise en action par un principe vital qui lui est commun avec tout ce qui respire, le privilége exclusif de reconnaitre son auteur et de s'élever à Jui par la bienfaisance ! Quel objet plus digne des méditations et des recher- ches de l'homme que l'homme lui-même ! Quelle tâche plus noble et plus touchante que de faire succéder dans son sembiable le calme au trouble des sens, le plaisir à la douleur ! Quelle satisfac- tion, quel bonheur de triompher de la mort même en diminuant le nombre de ses victimes ! » Après avoir tracé un tableau aussi frais que gra- cieux de l'homme dans l'état de santé parfaite, qu'il est triste, s'écrie M. Vigné, de le considérer dans tous les genres, dans toutes les espèces de maladies auxquelles il est sujet ! Cependant, cette inspection, disons mieux, cet examen rigoureux devient sup- portable au médecin par le zèle qui l'anime , par le souyenir des anciens succès, par l'espoir d’en obtenir d’autres... » M. Vigne prouve ensuite la possibilité d'appliquer l'analyse à la médecine , en décrivant l'une des fièvres les plus fréquentes, la continue inflamma- (46) toire , appelée de nos jours angiotenique. Nous na suivrons point notre Confrère dans les détails de cette description qui offre des preuves nouvelles de la sagacité et des connaissances médicales de l’auteur. = L'Académie a reçu de M. Dutrochet, D.-M. à Château-Renault, un exemplaire de ses Recherches sur les enveloppes du Fœtus. L'auteur , dit M. Le Prevost , D.-M. , dans un rapport qu'il avait été chargé de faire, divise son ouvrage en quatre sections. La première est consacrée à l'étude des enve- loppes du fœtus dans l'œuf des oiseaux ; La deuxième a pour objet l’etude de l'œuf des reptiles ophidiens et sauriens ; La troisième contient l'examen de l'œuf des batra- ciens et de leurs larves qu’il considère comme de véritables fœtus ; | La quatrième, enfin, offre quelques observations sur les enveloppes du fœtus de la brebis. « L'ouvrage de M. Dutrochet, dit M. le Rappor- teur, qui en a fidèlement analysé toutes les par- ties, annonce qu’il a dû se livrer à beaucoup de recherches, et il contribuera efficacement aux pro- grès de l’anatomie comparée. Aussi l’auteur a-t-il obtenu les suffrages de l’Institut de France ; et sans doute l’Académie, en le remerciant de cet intéres- sant travail, l'invitera à Jui faire part de ses nou- velles recherches. » Physiologie animale. M. Le Prevost , D.-M., a soumis au jugement de JAcadémie un écrit intitulé : Zzamen de la théorie de la Vision. (47) « Le but de ce Mémoire, dit M. Flaubert, est de montrer que , contre l'opinion commune, les objets ne se peignent pas au fond de l’œl dans une situation renversée, » M. Le Prevost traite succinctement et avec clarté de l'anatomie de l'œil, neégligeant tontefois les petits déta ls que M. Ribes a fait connaître, et expose la théorie de la vision adoptée généralement par tous les physiciens. » L/auteur rapporte ensuite les expériences cada- vériques , à l’aide desquelles Descartes , Hailer, notre savant Lecgat et tous les physiologistes démon- trent que l’image des objets se peint renversée au fond de l'œil. M. Le Prevost a répété ces expé- riences , qui toutes lui ont donné les résultats annoncés par les auteurs qui viennent d'être cités ; mais il rejette les conséquences qu’ils en ont tirées, pour expliquer comment nous voyons droits les objets dont l'image avait été portée au foud de l'œil dans une situation renversée. » M. Le Prevost pense que le renversement de l'image dans l'œil pourrait bien n'être pas réel sur le vivant, parce qu’un œil animé du principe de la vie diflère beaucoup d’un œil mort ; que l’état de vie doit influer sur ses fonctions , au point de faire éprouver aux rayons qui traverseut l'œil une double convergence, et par conséquent un double croisement, le premier ayant lieu à la pupille, et le second sur ja retine. Ce second croisement, selou M. Le Prevost, redresse l’image qui, sans lui, eût été reuversee. » Mais, continue M. le Rapporteur, sans aban- donner les vitalistes, ne doit-on pas distinguer, dans nos fonctions , des eflets physiques et des (48) | phénomènes vitaux ? L’œil nous oftre trop évidem- ment un appareil de physique , une véritable chambre obscure , pour croire-que la lumière y suit pendant la vie une marche différente de celle à laquelle elle obéit quand l'œil a cessé d’être animé. Les propriétés vitales de l'œil doivent se borner à augmenter un peu sa force réfringente , à rendre l'image plus nette, et à faire varier la distance à laquelle la vision est la plus distincte. » Persuadé que les objets se peignent droits au fond de l'œil, M. Le Prevost étaie son opinion de plusieurs expériences curieuses, mais qui se refu- sent à l'analyse. La Commission les a répétées avec soin, mais elle a cru devoir en déduire des conséquences tout-à-fait opposées à celles que l'au- teur du Mémoire en a tirées. » Il résulte par conséquent du rapport de la Com- mission , que les faits annoncés par M. Le Prevost sont exacts, mais qu’il s’est mépris dans la manière de les interpréter, et qu’ainsi les objets se peignent réellement au fond de l'œil dans une situation ren- versée. » = Admis à partager les travaux de l’Académie, M. Le Prevost , dans son discours de réception, à jeté un coup-d’œil sur les progrès des connaissances médicales. « La succession des siècles, dit M. Le Prevost, a fait faire tant de progrès à la médecine, qu'elle est devenue aujourd’hui une science presqu’uni- verselle, Elle a mis à contribution toutes les branches des connaissances humaines pour agrandir son do- maine , devenu immense de nos jours. » L'anatomie, base fondamentale de la médecine, est ( 49) est parvenue à un dégré de perfection qui ne laisse presque plus rien à désirer. Notre Confrère tire la preuve de cette assertion de l'exactitude avec laquelle toutes les parties qui entrent dans la composition du corps humain, et qu'il passe en revue, ont été dé- crites. On ne s’est pas conienté de bien connaître la structure du corps de l'homme, on a aussi dis- séqué des animaux ; on a comparé nos organes aux leurs , et cette comparaison a été fort utile pour expliquer quelques phénomènes de la physiologie. » Cette partie de la science médicale a marché de pair avec les connaissances anatomiques. A l'aide de la physique et de la chimie soumises aux lois du principe vital, les fonctions qui s’exercent au dedans ou au dehors du corps humain ; et qui par leur harmonie constituent la santé, ont été exa- minées et démontrées dans tous leurs détails. » Ce sont les lois de la vitalité qui président à l'harmonie des fonctions, et conservent la santé. Si les hommes vivaient suivant les lois de la nature; s’ils ne se livraient jamais à aucun excès ; s'ils ne mangeaient que pour contenter la faim ; s'ils ne buvaient que pour appaiser la soif; s'ils réprimaient leurs passions, la santé serait rarement altérée. » Les maladies qui accablent l'humanité sont en grand nombre ; elles sont internes ou externes : leur classification méthodique a singulièrement con- tribué aux progrès de l'art. » Non - seulement les maladies ont été classées avec ordre, mais on a recherché avec soin leurs causes, leurs signes, leurs symptômes , leur mar- che, leur accroissement et leur déclinaison ; ce qui a rendu le traitement beaucoup plus facile. » L'attention s’est aussi portée sur les remèdes D (50) que la médecine emploie. On a soumis à un exa- men rigoureux les substances organiques et inor- ganiques, afin de pouvoir apprécier au juste leurs propriétés et les effets qu’elles produisent sur l’homme malade. » La médecine a retiré de grands avantages des découvertes de la chimie. On a reconnu dans plu- sieurs gaz des propriétés délétères , et des moyens ont été indiqués pour en combattre l’action perni- cieuse. On est parvenu à détruire complètement ces miasmes funestes qui se développent dans les hôpitaux, dans les prisons et dans les vaisseaux: Les eaux minérales, tant étrangères que nationales, ont été analysées avec un soin extrême, et on pos- sède des moyens aussi simples qu’ingénieux pour en composer d’artificielles dont on prétend retirer les mêmes avantages. » La pharmacie , éclairée des lumières de la chimie, prépare avec plus de méthode et de succès tous les médicaments nécessaires à la guérison des maladies. » Le médecin légiste trouve aussi dans la chimie des secours puissants pour déterminer la nature d'un poison introduit dans le corps humain, et en empêcher les mortelles atteintes toutes les fois que cela est possible. » L'histoire naturelle n’est pas restée au-dessous du niveau des connaissances actuelles. » La physique elle-même a offert dans lélectricité, le galvanisme et le perkinisme des moyens de gué- rison , mais dont leflicacité n’est pas toutefois bien démontrée. » La matière médicale, tant interne qu’externe, très-sévère aujourd'hui dans le choix des médica- ments qu’elle emploie ,; a rejeté impitoyablement { 61 ) tous ceux dont les propriétés ne sont pas consta- tées, ou qui pourraient devenir nuisibles à l’éco- nomie animale. » La médecine externe ou la chirurgie n’a pas moins perfectionné ses moyens de guérison. Le traitement des plaies et celui des ulcères sont deve- nus plus méthodiques et plus ratiomels..….. La chi- rurgie militaire, sur-tout , a beaucoup gagné pen- dant une guerre de vingt-trois ans... » L'art des accouchements s’est enrichi d’une foule de connaissances et de moyens précieux. » Enfin, un des plus grands degrés de perfec- tion que la science ait atteint , c’est que tous les systèmes qui ont régné tour-àtour dans l'empire médical ont disparu pour faire place à la médecine d'observation, à laquelle on doit une des plus belles et des plus importantes découvertes, celle de la vaccine. » Ce perfectionnement des connaissances médi- cales est dù tant au progrès général des lumières qu'à la méthode d’enseignement suivie dans les écoles depuis plus de vingt-cinq ans... » D'après ce tableau que je n'ai pu qu’ébaucher, continue M, Le Prevost, vous jugerez, Messieurs, combien la science médicale est immense, et com- bien je dois me féliciter d’étre admis dans le sein d'une Compagnie composée de tant d'hommes dis- tingués dans tous les genres de connaissances... Associé à leurs travaux, je m’enrichirai du fruit de leurs veilles, et il me sera facile d'acquérir les connaissances nécessaires pour remplir avec plus de distinction la tâche honorable de soulager l’hu- manité souffrante, » M. le Président à répondu en substance à ce discours : D'a ( 52 ) « Le noble art dont vous venez d'établir les difié- » rentes divisions, et de décrire les derniers per- » fectionnements, a toujours été pour l’Académie » l’objet d’une prédilection particulière ; et le tableau » que vous en avez tracé, en lui fournissant un gage » authentique de l'étendue de vos connaissances mé- » dicales, ne pouvait manquer de l'intéresser vive- » ment par le fond même du sujet... » L'Académie , favorablement prévenue par les » ouvrages dont vous lui avez déjà fait hommage, » accueillera avec un vif intérêt la communication » de vos travaux ultérieurs, certaine d'avance qu'ils » seront dignes de son attention, et par le choix des » sujets et par le talent avec lequel vous les aurez » traités. » = M. Gosseaume a rendu compte des trois der- niers numéros ( 42, 43 et 44 ) du Bulletin des Sciences médicales du département de l'Eure. « Ce recueil, dit M. Gosseaume, ne cesse de faire honneur à la plume qui le rédige. 11 avait été sus- pendu pendant plusieurs mois, et c’est avec plaisir qu’on le voit reparaître à ses époques accoutu- mées. » MINE DIET CHINE OUVUE MT EUR I UNAANIVRUE. M. Le Prevost , médecin vétérinaire, a rendu compte de la seconde édition dounée par M. Hurtrel d’'Arboval , de son Jnstruction sur l’Epizootie des Animaux de l’espèce bovine, et dont l'auteur a fait hommage à l’Académie. « Cette seconde édition, dit M. le Rapporteur, est augmentée d’un grand nombre d'articles, qui tous ont sans doute un but d'utilité réelle, Ils sont (53) relatifs à la police rurale et administrative , et aux lois hygiéniques. » Ce qui a rapport à la pathologie et à la théra- peutique est, à peu de chose près, traité comme dans la première édition. Cependant, l’auteur an- nonce que , sur l’avis du directeur de l’école vété- rinaire , il a employé, dans le traitement de l'épi- zootie , l'acétate d'ammoniaque ( esprit de Mende- rerus) avec quelque succès, comme moyen curatif. Lorsque ce sel a été administré dans le premier et même le second temps de la maladie, ses effets ont surpassé ceux des amers et même du kina, qui d’ailleurs est beaucoup plus cher. » MM. Girard , directeur de l’école vétérinaire d’Alfort , et Dupuis, professeur à la même école, ont reconnu par lPexpérience que l’acétate d’am- moniaque est, sinon le spécifique , du moins le meilleur curatif connu contre l’épizootie qui a régné l'année dernière sur les bêtes à cornes. » M. Le Prevost termine son rapport en invitant la Compagnie à admettre M. Hurtrel d’Arboval au nombre de ses Membres non résidants. « Les rap- ports de l’Académie avec M. Hurtrel d'Arboval lui procureraient, dit-il, de précieuses observations sur l’économie rurale , dont l’auteur s’occupe avec autant de zèle que de talent. » AGIR I OVUMAT UNRMES M. Le Prevost, président de la Compagnie, lui a commuiniqué sur les Plantations en massif un Mémoire très-important, dans lequel il indique le meilleur système à suivre dans ces plantations, et la manière d'en rendre l'usage simple et facile. (Imprimé en entier à la suite de ce Rapport. ) D (54) — La Société royale et centrale d'Agriculture de Paris a bien voulu transmettre à l'Académie, non- seulement les volumes de ses Mémoires qu’elle a récemment publiés, et qui font partie de sa col- lection, mais encore le programme des prix qu’ elle se propose de décerner, et un grand nombre d’ins- tructions sur différents objets d'agriculture, tels que la panification des blés avariés, quelques procédés économiques à employer pour la reproduction et la plantation des pommes de terre, etc., etc. La lecture de ces divers envois a contribué à répandre beaucoup d'intérêt sur quelques-unes des séances de l’Académie. _ Ici, Messieurs, se termine la tâche qui m'était imposée, Combien il me serait doux d'espérer que ce Rapport pourra remplir vos intentions, et qu il aura été entendu avec bienveillance par lassem- blée nombreuse et choisie qui nous honore aujour- d’hui de sa présence ! NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. FirmiN SÉNÉCHAL.(1) Par M. Sévécn Ar son Fils, Ingénieur au Corps royal des Ponts et Chaussées, à Rouen. Firmin Sénéchal, entrepreneur’ des travaux du port du Havre, reçut le jour à Montdidier, petite ville du département de la Somme , le 11 octobre (1) Cette Notice n’étant parvenne que depuis peu de temps, n’a pu être insérée dans le Précis Analytique où elle aurait dà être placée, (55) 1756. Dès sa plus tendre jeunesse , il montra d’heu- reuses dispositions pour l'art des constructions. Son père, qui était entrepreneur , le mit à même d’en étudier les premiers éléments, en lui faisant visiter souvent ses divers ateliers, et enle chargeant quelque- fois d’une besogne proportionnée à ses moyens. Dès l'âge de seize ans, Firmin Sénéchal, chargé par son père de diriger tous les travaux d'un bâtiment con- sidérable qu’un ordre de religieux faisait élever aux environs de Mondidier , fit voir qu’il était né pour diriger de grands travaux. En 1974, Firmin Sénéchal vint à Honfleur re- joindre son frère aîné, qui était employé aux tra- vaux qu'on y exécutait alors pour la construction d’un nouveau port. Chargé par les entrepreneurs de diriger une partie de ces travaux, il fut assez heureux pour mériter, par sa conduite et ses talents, Ja bienveillance de MM. les Ingénieurs des ponts et chaussées, qui , en 1776, lui confièrent la cons- truction de tous les travaux d'art à exécuter sur les routes qu’on venait d'ouvrir aux abords de cette petite ville. En 1782, il fut chargé de l'entreprise des travaux à faire, tant pour l'entretien du port d'Honfleur que pour la construction des écluses de chasse destinées à en curer le chenal. Pendant la révolution, Firmin Séneéchal, dont les principes étaient bien connus, fut persécuté. Sa maison, ses chantiers furent pillés ; il fut incarcéré, et ne dut son salut qu'au dévouement de son épouse, qui, brayant tous les dangers dont elle était menacée, se rendit à Paris, et à force de sollicita- tions obtint sa mise en liberté. En 1794, il vint s'établir dans la ville du Havre. La même année, il entreprit la construction de trois D 4 (56) docks , que les circonstances forcèrent d'abandonuer et de laisser bien imparfaits. En 1800 , il fut chargé des travaux du bassin de la Barre. L’écluse qui est à l'entrée de ce bassin était fondée depuis 1794 ; son achèvement et la construction d’une partie des murs de quai furent poussés avec une activité telle qu’en 1804 ce bassin pouvait contenir six frégates. En 1805 et les années suivantes, on a fondé et élevé jusqu'aux deux tiers lV’écluse de communication des bassins de la Barre et du Commerce. Enfin, en 1809, il eut l’entreprise de l'écluse de chasse qui doit repousser les galets que les marées apportent continuellement à l'entrée du port. Cette écluse, une des plus difficiles à construire, la ete avec une promptitude et une perfection qui fait le plus grand honneur à lentrepreneur qui en avait été chargé. ‘ Firmin Sénéchal, après une maladie longue et ai- guë, a terminé sa carrière le 9 septembre 1514. Sa famille ne peut se consoler de cette perte. Ses nom- breux amis, que lui méritèrent ses vertus, le regret- teront toujours. Jl aimait à rendre service ,-et tou- jours sans songer à ses intérêts qu'il a souvent compromis pour ne s'occuper que de ceux des autres. Constamment il a mérité l’estime des ad- ministrateurs de ce département et des ingénieurs du Havre. Toujours il a su se faire aimer de ses ouvriers. Firmin Sénéchal avait su s’élever bien au-dessus de la classe des entrepreneurs : il ap- portait dans la construction des travaux dont il était chargé autant de zèle et de soin que s’il les eût dirigés comme ingénieur ; bien faire était un besoin pour Jui. La collection complète de dessins des travaux qu’il PR Je OS UT (97 ) a fait exécuter , les modèles de ces travaux les plus intéressants , les Mémoires manuscrits qu’il a laissés après lui attestent à-la-fois, et son amour pour l’étude , et le désir de se rendre utile, désir dont il a eu la satisfaction de trouver une récompense bien agréable dans l’honneur que l'Académie de Rouen lui a fait en le recevant au nombre de ses Membres. NoTiCcE BIOGRAPHIQUE SUR M. LE BARON ps SEPMAN VILLE, £zrtraite du Précis de sa Vie que M. Gady, Juge au Tribunal de Versailles, avait adressé à l’Académie. Par M. GossxAumrs. M. François-Cyprien-Antoine Lieudé , baron de Sepmanville, ancien contre-amiral, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, de la Légion d'Honneur, correspondant de l’Académie royale des Sciences de Paris, Membre non résidant de l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, et de plusieurs autres Sociétés savantes, ex-maire de la ville d'Evreux, naquit le 2 février 1762 à Roman, canton de Damville , depar- tement de l'Eure, de M. Marin-Cyprien Lieudé de Sepmanville , ancien secrétaire du Roi, et de dame Françoise de Courcy de Mont-Morin. Il recut les premières leçons de littérature sous les yeux de son père, dont les sages instructions et les vertueux exemples inspirèrent à cet enfant chéri les plus nobles sentiments, (58) Destiné au service, il entra aux écoles d’applica- tion où son goût pour les sciences et pour les voyages se manifesta. La marine , sous ce rapport, Jui présentait de grands avantages, et il fut admis, à Brest , aspirant, le 20 mars 1779. Le 1° juillet 1780 , il fut nommé garde ‘de la marine à bord du vaisseau le Royal-Louis ; fit la campagne de Cadix et celle d'Amérique en 1784; il se livra alors particulièrement aux travaux géo- graphiques , et fut chargé de déterminer astrono- miquement les limites de la pêche entre la France et l'Angleterre. Pendant la campagne de 1786, il eut l'avantage de se lier avec le chef d’escadre, M. de Bougain- ville, qui l'encouragea à parcourir avec confiance la belle carrière dans laquelle il s'était engagé. La même année, il fut nommé lieutenant de ma- rine ; servit en cette qualité sur la Proserpine; en 1787, sur le Réfléchi, avec la destination de fixer la position de Pile de Goave , relativement à Saint- Domingue, En 1:88, étant de retour à Paris, il fut chargé de la rédaction des cartes de la partie occidentale de Saint-Domingue , et reçut à cette occasion du Roi Louis XVI un cercle répétiteur, avec cette inscription honorable : Donné par le Roi au sieur de Sepmanville, lieutenant de vaisseau. En 1791, il émigra avec le corps de la marine royale et passa en Angleterre où ses talents lui pro- curèrent une existence honorable. Il y reçut la éroix de Saint-Louis, sur la demande du comte d’Hectot, lieutenant-général des armées navales. Il se fixa à Yarmouth, où l'amiral Duncan lui confia l'éduca- tion de son fils. Il composa, à cette époque, le Manuel des Marins. (59) Get ouvrage fut approuvé au bureau des longitudes, qui en fit le rapport le plus favorable. En 1800, il fut autorisé à repasser en France. Ses biens personnels avaient été séquestrés et ven- dus ; maïs ce fut pour son cœur une perte légère, en comparaison de celle d’un père chéri, auquel il veut pas le bonheur de fermer les yeux. Il par- vint à racheter de gré à gré une partie de son héri- tage , et le partage de la succession paternelle fit passer dans ses mains le château du Fay et ses dépendances. M. de Sepmanville se fit remarquer dans sa pro- vince par la sagesse de ses vues politiques et la solidité de ses principes moraux, son esprit con- ciliateur et la variété de ses connaissances. Le 25 mai 1801, il fut nommé associé correspon- dant de la première classe de l'Institut de France, et attaché à la section d'astronomie. Il se trouvait heureux, après tant d’orages , au sein de sa famille, considéré et goûtant tous les charmes de l'amitié. Une union bien assortie mit le comble à cette félicité ; il épousa , le 29 septembre 18or, Melle Félicite- Sophie d'Ireville , fille de M. Dedun d'Ireville, ancien lieutenant-général au bailliage d'Evreux, et de M” Marie-Anne Edeline. Is avaient l’un et l’autre éprouvé trop de malheurs pendant nos troubles civils, pour ne pas préférer le séjour paisible de la campagne au tumulte des villes, et ils se fixèrent au château du Fay, à deux lieues d’Evreux. En 1812, au moment où les plus grands désastres menaçaient la France, tous les regards se tournèrent vers lui, tous les vœux l’appelèrent aux fonctions de maire de la ville d’Evreux. Le conseil général de la commune ne crut pouvoir mieux lui témoigner sa (60 ) reconnaissance de la manière distinguée dont il avait exercé cette magistrature, qu’en arrêtant à l'unani- mie que le nom de Sepmanville serait donné à la veus elle place formée près le bassin du château, En 1814, M. de Sepmanville fut nommé capitaine de vaissean. La même année, il reçut des mains de S. À. R. Mg' le Duc d Angoulême la croix de che- valier de la Légion d'Honneur. En 1815, se trou- vaut compris, sous le rapport de l'âge et en qualité de capitaine de vaisseau, dans l'ordonnance du Roi du 1° août, il fut admis à la retraite avec le grade de contre amiral, en vertu de l'ordonnance du 31 décembre. En 18:6, il supplia le Ministre de l'Intérieur de recevoir sa démission de la place de maire, fondée sur le dérangement inquiétant de sa santé. Ses enfants avaient été les plus chers objets de sa sollic'tude paternelle ; et pour travailler plus fructueusement à leur éducation , il vint fixer son domicile à Paris. Mais les désordres de sa santé ayant fait des progrès alarmants, on se flatta que l'air natal ponrrait.y apporter quelqu'allégeance..…. Ce fat une ressource vaine ; il vit arriver ses der- niers moments avec le courage et la résignation d’un philosophe chrétien , et fut enlevé à une éponse et à des enfants chéris et désolés, le 28 janvier 1817. Nous n’ajouterons aucune réflexion à ce simple récit; telle est la prérogative du vrai savant et de l'homme vertueux, que, pour le louer dignement, on nait qu'à raconter avec ingénuité ce qu’il fut en effet. La vérité suflit à son éloge. (61) PRIX PROPOSÉ POUR 1818. L'Académie avait remis au concours pour 1817 la question suivante : « Exposer , abstraction faite de toute espèce d’hy- pothèse , les conséquences qui résultent naturelle- ment des observations et des expériences fuites jusqu’à ce jour, relativement au mouvement de la sève dans le végétal; confirmer ces résultats par des observations et des expériences nouvelles, et indiquer les applications utiles qu’on peut faire à la culture de ce qu’on sait jusqu’à présent de certain sur le mouvement des fluides végétaux. » L'Académie n’ayant reçu qu’un seul Mémoire , PA MT Ar ve < qui n’a pas été jugé digne du prix, il a été arrêté que la question serait retirée du concours, et rem- placée par la suivante : « Déterminer, soit par la théorie, soit d’après des expériences précises , si, dans l’engrenage des roues dentées qui se communiquent le mouvement , les diamètres primitifs de ces roues doivent étre pro- portionnels aux nombres de leurs dents, quels que soient ces nombres de dents; et , dans le cas où cette proportion constante ne devrait pas étre suivie , trou- ver.les grandeurs relatives des diamètres primitifs de ces roues, suivant les nombres de dents dont elles doivent être garnies. » Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 500 fr. (62) Chacun des auteurs mettra en tête de son Mémoire une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aura remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les Mémoires, écrits en français onu en latin, devront étre adressés, francs de port, à M. ViTALIS, Secrétaire perpétuel de l'Académie, pour la classe des Sciences, ayant le 1° juillet 1818. Ce terme sera de rigueur. RS Le Came —— né TT hr ue MÉMOIRES Dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. DIALOGUE DES MORTS Entre Fontenelle et Mr la Marquise de G***, sur les taches du Soleil. Par M. le Baron LÉzurIFR DEF 14 MARTEt. Le: spectacle des cieux est superbe et paisible ; Il fait penser le sage, et parle au cœur sensible. Des mortels, en tout temps, il dut fixer les yeux ; P ; Sa grandeur sans limite impose à l’oryueilleux. 5 P ë L'homme heureux est frappé de sa magnificence PP 8 ; Et l’infortune en pleurs y cherche l’espérance. Gupix. FoONTENELLE ET LA MARQUISE DE G***, OT LS La marquise de G***, — Je suis bien fâchée, Mon- sieur, que vous n’ayez vécu que quatre-vingt-dix- neuf ans. Si vous étiez resté sur la terre, vous auriez peut-être calmé les inquiétudes d’une de mes arrière-petites-lilles qui vient d'arriver au (64) moment où je l’attendais le moins. Vous savez que les personnes descendues ici depuis peu ont annoncé une catastrophe affreuse ; elle n’a pu survivre à l'inquiétude jetée dans tous les esprits ; elle a cher- ché en vain à se tranquilliser par la lecture des feuilletons et des journaux, et la crainte de ne pas survivre au soleil l’a fait mourir, Que ne pouvait- elle vous entendre dans mon parc.... le soir... lorsque vous m'expliquiez si bien, dans vos entre- tiens, la pluralité des Mondes, leur nature et leur marche ! vous l'auriez sans doute rassurée sur les taches qui paraissent obscurcir le plus beau des astres. Fontenelle. — Madame, comme je ne suis plus d'âge à porter le trouble dans le cœur, je serais fort heureux de pouvoir au moins porter la tran- quillité dans les esprits; et si madame votre petite- fille, héritière de votre esprit et de vos graces..… La Marquise. — Vous avez conservé l'habitude d'une galanterie qui n’est plus guères à la mode; et si quelqu'un, derrière ces charmilles, nous en- tendait, nous aurions bien l'air de gens de l'autre Monde. Supposons donc que nous y soyions encore , et que je partageasse les inquiétudes de la Vicomtesse, que me diriez-vous pour me tranquilliser ? Fontenelle. — I est difficile, Madame , de sup- poser que l’on soit dans un autre Monde que celui où l’on a le bonheur de vous voir ; mais, puisque celui-ci rassemble un grand nombre de savants astro- nomes, permettez que je vous présente dans leur cercle, où vous êtes aussi connue que moi-même. Les voilà qui se réunissent sur cette colline. Vous (€ 65 ) Vous y trouverez la reine Christine avec Descartes ; la marquise du Châtelet , élève de Voltaire ; la belle Hipicia , qui professa les mathématiques à Alexan- drie d'Egypte , à l'âge de seize ans, et plusieurs autres personnes dont vous serez charmée de faire la connaissance , et auxquelles vous pourrez sou- mettre vos doutes et vos inquiétudes. La Marquise. — Je redoute les réunions nom- breuses , et je leur préfère nos téte-àtête. Celle-ci, cependant , est composée de personnages que je serais charmée que vous me fissiez connaître , et nous pouvons facilement les distinguer de la dis- tance où nous sommes , sans en être aperçus. Ils sont tous fort tranquilles , et il ne paraît pas qu'aucun grand événement les occupe ; tous ces astronomes paraissent fort calmes sur le sort du soleil, Je remarque même un de ces messieurs, enve- loppé de fourrures jusqu’au menton, qui se frotte les mains et a l'air fort satisfait, Fontenelle. — Ah! c'est Ticho-Brahé ; il jouit d'un certain triomphe , parce que, tandis que les pro- vinces méridionales de l'Europe se plaignent des rigueurs du temps, du froid et de la pluie, le Nord , qu’il a toujours habité , jouit de la plus douce température. La Harau — Quels sont ces deux messieurs qui paraissen®fort animés l’un contre l'autre? L'un d'eux est fortidéconcerté et descend la colline la tête baissée , tandis que l'autre gravit jusqu’au sommet, . M] Fontenelle® — Celui qui descend la colline est Ptolomée ; et Copernic, après avoir renversé sou E € 66 ) système et fait prévaloir le sien, se place au pre- mier rang. Vous voyez une réunion de savants qui font un accueil fort distingué à cette ombre qui s'approche d'eux , en cachant sons son bras le Commentaire sur l'Apocalypse ; c'est Newton , accompagné de son ami Halley. Il les remercie de lui avoir préparé les éléments du systême qui a fait sa gloire. Copernic avait fixé l’arrangement des corps cé- Jestes; Kepler avait donné les lois du mouvement ; Dominique Cassini avait fondé une vaste et nou- velle astronomie ; Descartes, en unissant l'algèbre et la géométrie , avait préparé une mesure universelle pour tout ce qui est susceptible de rapport et de comparaison ; Neyvion s’est emparé de toutes ces découvertes , et les a employées avec un génie supérieur. La Marquise. — Je les distingue tous à merveille; je vois même , derrière M. Newton, un grouppe d'hommes dans un costume que je n’ai jamais vu nulle part, qui paraissent mécontents et murmurer entr'eux. Fontenelle. — Ce sont sans doute les Chaldéens, qui prétendent avoir découvert l’attraction plusieurs siècles avant lui. Un peu à l'écart, cette ombre qui est pensive et réfléchie, c'est Galillée. Elle frappe du pied comme si elle était encore devant le tribuwal qui la con- damna à rétracter son opinion du mouvement de la Terre , et elle dit: Æ pur si move, expression simple qui peint si bien la conviction , et que ( 67 ) Racine le fils a rendu avec tant d’élégance et de précision dans son poëme de la Religion, La Terre, nuitet jour, dans sa marche fidèle, Emporte Galillée et son juge avec elle. Celle qui est en costume romain est Marcus Mani- lius ; il s’est présenté avec son poëme des Astrono- miques, mais il a été reçu assez froidement, quoique ce poëme renferme des beautés du premier ordre, et qu’il paraisse avoir été écrit au beau siècle d’Au- guste. Il est trop imbu des erreurs de l'astrologie ; les 4° et 5° livres, sar-tout, ne traitent que des décrets des astres, ou de leur influence sur les destinées des hommes. ÂAratus, dont il a imité la marche , n’a pas été beaucoup mieux traité avec son poëme des Phéno- mènes. On a jugé ici, comme Quintilien, que c'était un ouvrage froid et peu intéressant. Toutes les personnes qui fréquentent cette colline ne sont pas astronomes ; mais il suflit d’aimer l’as- tronomie, et d'en avoir quelques connaissances, pour y être bien accueilli. C'est à ce titre que je vais quelquefois m’ y récréer avec Ozanam, et avec Algarotti qui écrivit le New- tonianisme des Dames , à-peu-près dans les mêmes intentions que j'eus en écrivant nos entretiens sur la pluralité des Mondes. Vous voyez au pied de l'Observatoire l'historien de cette science, Lebailly. La Marquise. — C'est Jui qui a un livre à la main, et qui le présente à un vieillard habillé à la grecque, dont la tête est si belle, et qui lui offre à son tour un rouleau de papiers. E 2 ( 68 ) Fontenelle. — Justement. Le vieillard habillé à la grecque est Platon. Lebailly lui a offert ses Lettres sur l'Atlantide ; et lui, il lui offre son Critias, qui traite de Ja destruction de cette belle partie du Monde. Mais ce serait mal vous rassurer que d’arrêter yotre pensée sur un desévénements les pluseffrayants dont les habitants du globe aient conservé quelques souvenirs encore fort incertains. Abordons plutôt ce petit vieillard que vous voyez marcher ayec tant de précipitation, et que suit avec peine Flamstedt chargé du poids de son gros atlas céleste : c’est Lalande ; à beaucoup de savoir, il joint beaucoup de politesse , et nous lui demanderons ce que l’on doit craiudre des taches que l’on a obser- vées dans le soleil. Nous pouvons encore nous en informer au comte de Buffon que vous voyez assis sous ce pavillon , et se faisant lire à haute voix sa Théorie de la Terre, ou bien ses Époques de la Nature. La Marquise. — Non. Vous futes mon unique pro- fesseur dans l'autre Monde ; je veux que vous le soyez encore dans celui-ci. Je serai aussi docile que cette petite femme couverte de fourrures , qu’un savant conduit par la main. Ne serait-ce pas cette petite Laponne dont on parle tant dans les Champs-Elysées, et que tout le monde ya voir ? _ Fontenelle. — Oui, Madame; et le savant qui la conduit est, comme vous vous en doutez bien, Maupertuis. Il vient de quitter Huygens et La Caille. La Condamine est auprès de lui. L'un mesu- rait la forme du globe sous l'équateur, tandis que l’autre la mesurait au cercle polaire, (69 ) Pour moi, je ne sais rien mesurer que l'étendue de vos bontés et le charme de renouer des entretiens qui me furent si chers sur la Terre. Vous vous rappelez, Madame , que le premier soir où j'eus l'honneur de vous parler de nos sys- têmes, je vous dis que nous ressemblions à ce fou d'Athènes qui s’'imaginait que tous les vaisseaux qui entraient dans le Pirée lui appartenaient ; et que nous pensions de même, que tout ce qui est créé dans la nature est créé pour notre usage. Si les saisons sont pluvieuses , c’est le soleil qui se voile pour nous ; ce sont des taches qui l'obs- curcissent , et qui nous menacent d’une fin pro- chaine. Et nous ne réfléchissons pas que ce bel astre est le centre d’un immense Univers ; que ces feux éclairent et échanffent un grand nombre de pla- nètes et leurs satellites, et que, s’il a ses taches, nous qutres nous avons aussi les nôtres! La lune , notre fidèle satellite, nous présente sans cesse une figure inégale , inégalement éclairée , et nous y démélons sans peine des abîimes profondes et des montagnes fort élevées. Nous lui présentons , de notre côté , le même spectacle, n’en doutez nullement ; et l'inégalité de notre surface, l’aspérité de nos montagnes , l'im- mense étendue de notre Océan, les plaines de sable de l'Afrique, les glaciers de la Suisse , les neiges qui couvrent nos pôles une partie de l'année doi- vent paraître autant de taches aux observateurs, s’il en existe dans la lune. La Marquise. — Vous m'avez appris à croire qu’il pourrait fort bien y en avoir, et même dans les autres planètes ; mais ces observateurs et les nôtres E 3 (70) peuvent-ils admettre qu’un astre aussi majestueux, aussi imposant ait ses taches comme une obscure planète, sans en concevoir quelque souci ? Fontenelle. — Ce ne sont point des soucis de cette nature qui doivent vous agiter , et je vais me hâter de ies dissiper. Lalande, que vous venez de voir ; et quelques autres astronomes pensent que le soleil est un globe assez semblable à ceux des autres planètes, et qu’il n’en diffère que par sa grosseur et l'atmosphère phosphorique qui l’entoure. Cette atmosphère consiste en divers fluides élas- tiques, qui sont plus ou moins lucides et transpa- rents ; c’est leur lucidité qui engendre la lumière, et les taches que l’on observe sont les aspérités du globe solaire qui s'élèvent au-dessus de son atmos- phère, Herschel en a , dit-on, calcule les hauteurs; elles s'élèvent de cinq à six cents milles, c’est-à-dire de deux cents de nos lieues environ, La Marquise. — Vous m'aflligez beaucoup , tout en me tranquillisant un peu. Je vous passe tout ce que vous m'avez dit sur Ja lune et ses habitants , sur Vénus, Mars et Mercure ; mais voir abaisser le soleil à n’être qu'uue matière brute et grossière comme une simple planète, et cette immense mer de feu qui porte par-tout la chaleur et la vie à m'être qu’une atmosphère phosphorique ! non, Monsieur; ma pensée s’y refuse : je n’y consentirai jamais. Fontenelle. — 1 faut cependant vous y résoudre, Madame ; et les étoiles fixes, que nous sommes (71) convenus , lorsque nous étions dans le monde, étre autant de soleils et le centre de nombreux tourbil- lons, pourraient fort bien ne pas être d’une autre pature. Tranquillisez donc votre aimable Vicomtesse , Madame ; les taches dans le soleil ne sont pas plus inquiétantes pour son existence et celle de notre Univers, que les Alpes ou les Pyrénées ne le sont pour celle de la Terre, et il n’y a pas lieu de craindre que cet immense flambeau s’éteigne de siLÔt. E 4 MÉMOIRE Sur le Moyen d'éviter l'effet de l’inertie des Colonnes dans les Pompes. Par M. le Chevalier DE BorsHÉBERT. MESSIEURS, a Depuis long-temps, je me proposais de vous faire part d’un moyen très-simple pour rendre continu le mouvement de la colonne aspirée dans les pompes. Ayant parcouru, depuis peu, un ouvrage de M. Hachette, imprimé en 1812, sur les machines, j'y ai trouvé ( non sans surprise) mes idées indiquées par une simple figure. Dès-lors , j'avais pris le parti de me taire, regar- dant la communication que je me proposais d’en faire à l Académie comme inutile et pouvant m’expo- ser au ridicule du soupçon de plagiat. Un de nos Collègues m’ayant engagé , au con- traire , à établir mes droits à l'invertion, je m'y détermine par la considération que, dans l'ouvrage, qui n’est presque qu'un recueil , il ny a point d'explication qui en fasse sentir le résultat ; et d’ailleurs j'ai donné à la pièce que j'ajoute à l’as- piration une forme plus convenable que celle qui est indiquée dans la planche ; et je dois penser que l'auteur , ayant pris à tâche de recueillir tout ce (73) qui a pu parvenir à sa connaissance sur les machi- nes, aura tenu cette invention de M. Bossut, ou de feu M. Lévêque , mon intime ami, auxquels j'avais communiqué le résultat de mes réflexions sur l'inertie en général. Ce moyen a été exécuté en 1788 au moulin à vent des Chartreux, construit d’après les plans de celui que j'ai inventé en 1778 pour élever l’eau à soixante pieds de hauteur dans mes jardins, au Grand-Couronne. Je pense qu’en voilà assez pour établir que je suis l’inventeur du moyen que je vais décrire. Mais avant tout, et pour mieux me faire entendre, je dois fixer votre attention, Messieurs, par quelques principes. En général, j'ai remarqué que les personnes qui s'occupent des machines, et dont l'imagination facile produit aisément des idées neuves, ne se pénètrent point assez de l’importance de cette loi de la nature qui oppose une résistance à tout changement d’état. La matière, mise en mouvement, s'oppose au repos; mise en repos, elle résiste au mouvement : c’est-là ce que l’on appelle inertie. Puisqu'elle résiste au repos, l'homme instruit con- clut que des masses considérables , éloignées du centre de mouvement , donnent de la perfection au mouvement continu , préparent des ressources contre des causes d’arrêt résultant de défauts d’exé- cution , et rendent l'action plus uniforme. La plupart des faiseurs de machines emploient ces moyens-là ; ils en sentent bien le bon eflet , sans Pouvoir souvent se rendre compte du pourquoi, du comment. Il en est même qui portent l'erreur jus- qu'à préter à ces masses une énergie qui doit dimi- (74) puer et réduire presqu'à rien le besoin de la force motrice. Dans les machines à marche continue, on concoit que les grandes masses éloignées des centres, aÿant une grande quantité de mouvement acquis , il fau- drait des causes sérieuses d'arrét pour le détruire. Ces masses y sont donc ajoutées avec succès. Mais, dans les machines dont la nature st l'alter- native du repos et du mouvement, l’inertie veut que l'on emploie des moyens diamétralement oppo- sés à ceux qui facilitent le mouvement continu. Ici les plus petites masses possibles , et le plus près possible des centres de mouvement, voilà à quoi l'homme éclairé s'applique ; et dès-lors toute son attention se porte à n’acrcorder à la solidité que ce qui lui convient raisonnablement , à raison des fonctions de la machine. Telles sont en particulier les machines d'horlo- gerie, où les effets de l’inertie méritent d'être bien médités ; tellement qu'une pendule, sortie des mains de l'artiste qui en a négligé l'importance, marche difficilement par un poids donné , tandis que, rema- uiée par un homme intelligent , elle produit un résultat souvent double par la seule diminution des masses des derniers mobiles ; et cela, parce que la fonction de cette machine veut que toutes les pièces passent alternativement du repos au mouve- ment , et du mouvement au repos. | Appliquons tout ceci au mouvement des pompes qui est essentiellement alternatif. Lorsque le piston d’une pompe aspirante descend et prépare une nouvelle aspiration, la colonne reste stationhaire ; dès-lors , elle oppose une résistance d'inertie contre le retour au mouvement, résistance (75) qu'il ne faut pas confondre avec le poids de la colonne , et qui dérange d’une manière grave le calcul de lPéquilibre (1). C'est donc de cette résistance qu'il s’agit d’affran- chir la force motrice. Pour y parvenir, j'ai pensé qu’il fallait rendre la marche de la colonne en quelque sorte indépen- dante du mouvement alternatif du piston, et ména- ger une solution de continuité entr'elle et le piston, de manière à produire son mouvement ascensionnel par une simple cause physique, toujours également active. Voilà à quoi se réduisait le probléme, J'ai réussi à le résoudre d’une manière très-simple et sans ad- dition d'aucune machine mouvante (2). Soit une pompe A (fig. 1e), dont l'aspiration se fait par une traînée horizontale TV de 25 pieds de longueur , aboutissant à une colonne verticale de 25 pieds de hauteur, dont l'extrémité est plongée dans l'eau du puits, et supposons le piston P pro- duisant son action à 24 pieds de hauteur ; c’est le terme extrême auquel on doit borner l'aspiration, qui pourrait manquer son eflet à une plus grande hauteur, lorsque le baromètre est très-bas. Je coupe le tuyau horizontal le plus près possible du corps de la pompe, et je termine les extrémités de cette coupe par un arc recourbé à l'équerre, le A ————————————_———— ——— — (Gi) Sur-tout si l’on a été forcé d'établir une communica- tion un peu longue entre la machine et le puisart, précau- tion prudente lorsque le puits est creusé dans le sable. (2) La planche représente le piston au bas de sa course, et prêt à opérer une nouvelle aspiration. (76) tout soudé au fond d'un cylindre R fermé par une calotre sphérique ; c’est dans ce récipient, hermé- tiquement fermé , que va se faire l'aspiration. Ce récipient doit être d'une capacité proportionnée au volume d’eau que doit aspirer chaque coup de piston; le double est plus que suffisant. La pompe est mise en mouvement ; l'action du piston rarefie l'air que renferment le tuyau d’aspi- ration et le récipient ; l'eau monte , arrive à ce récipient, et elle s'y précipite par l'ouverture X ; elle ne peut en remplir toute la capacité, parce que le vide n’y est pas parfait. L'eau passe du récip'ent dans le corps de la pompe par l’ouver- ture S ; la portion d’air trés-raréfié qui reste dans le récipient fait équilibre avec le poids de la colonne verticale de 23 pieds, qui y reste suspendue comme le serait un poids fixé à un ressort à boudin. Voyons à présent ce qui se passera au premier coup de piston, lorsque l’eau en aura atteint la base ; remarquons qu’il est alors chargé de mettre en action une colonne de 25 pieds de hauteur ; ajoutons-y la traînée horizontale de 25 pieds ; voilà donc une masse d'eau de 48 pieds de longueur , dont linertie fatiguerait beaucoup la puissance , si le récipient, dans lequel (je le répète ) il reste tou- jours une portion d’air raréfié, ne séparait pas la partie VT de la petite portion M qui est forcée d’obéir directement au mouvement du piston. Or, cette portion ne saurait obéir sans entrainer avec elle une quantité d’eau prise dans le récipient, et par conséquent sans raréfier encore plus l'air qui y est cantonné , lequel était déjà en équilibre avec le poids de la colonne verticale de 23 pieds ; d'où il suit que cette colonne sera poussée par le poids (77.9) de l'atmosphère , et le précipitera de nouveau dans le récipient pour remplacer celle qui vient de lui être enlevée. à Ce mouvement de la colonne, comme on le voit, n’aflecte nullement la force motrice, puisque le piston fait alors sa course rétrograde pour recom- mencer l'aspiration par un nouvel emprunt dans le récipient, dont l'air, de nouveau rarelié au-delà de l'équilibre , forcera encore la colonue à continuer son mouvement et à s'épancher dans le récipient, et ainsi de suite ; de manière que le produit du coup de piston se prend toujours, moitié dans le récipient comme dans un puisart, et moitié par l'afluence continue de la colonne qui, dans le temps de l'aspiration , se précipite toujours dans le ré- cipient. En jetant un coup-d’æil sur la fig. 1°**, on voit que, lorsque le piston aspire, l’eau doit descendre en cd ; et lorsqu'il descend , l’eau doit remonter en ab. Il résulte de tout ceci que la fonction du piston se borne désormais à entretenir dans le récipient le vide nécessaire pour opérer un excédent d’équi- libre capable de faire monter la colonne d’aspira- tion par un mouvement continu. On me dira, peut-être : « Puisque vous réduisez » la fonction de la force motrice à puiser l’eau du » récipient, qui est au niveau du bas du corps de » pompe, il en résulterait donc que la colonne de » 25 pieds monterait dans le récipient par un mou- » yement continu , sans charger la force motrice, le » vide étant une fois fait, ce qui serait un véritable » prodige : or, la mécanique n’en connait pas ; elle » ue connait que l'emploi sage des forces dont elle (78) » dispose ; elle s'occupe des moyens les plus simples ‘» pour faire passer la cause à l'effet, avec le moins » de perte possible. » La réponse est facile. D'abord , il est évident que l’eau comprise dans le récipient doit céder seule sur-le-champ au coup de piston, puisque sa masse étant incomparablement moins considérable que celle de la colonne, l'effet doit s’opérer par le point de moindre résistance. Mais ensuite, que l'on fasse attention que le pis- ton , en s’élevant , agit entre le poids de l'atmosphère et l’air extrémement raréfié qui reste dans le réci- pient. Il soulève donc tout le poids de l'atmosphère , moins le faible ressort de l'air du récipient, c'est-à- dire tout le poids de la colonne verticale d’aspira- tion, qui est l'expression de cette différence ; mais ce poids , représenté par le ressort de l'air, est dégagé de tout effet sensible d’inertie. J'ai donc eu raison d'avancer que l'action du piston ne s’exerce plus directement sur la colonne d'aspiration , puisqu'elle se réduit à en préparer ; à en soutenir la marche par l'entretien du vide ; opératiou qui ne présente aucune résistance d'iner- tie, puisqu'elle esi indépendante et absolument se- parée du mouvement de la colonne. Il n'y a donc, dans cette disposition, aucune illu- sion, point d’eflet énoncé qui wait sa cause évi- dente , rien ici qui ne soit dans l’ordre des choses. Ce récipient, appliqué à la pompe de mon moulin, Y produit le meilleur effet. Lorsque je limaginai , quelques personnes me comprirent mal, et douté- rent que l'effet répondit à mon attente. Je ne pou- vais guérir leur incrédulité par une expérience faite à bras d'homme, puisque l’action était produite par (79) une machine puissante, dont la marche, variable comme le vent qui en est le moteur, ne pouvait être comparée que par moi seul ; je pris le parti de substituer momentanément , et de manière à pouvoir répéter cette substitution à volonté, de subs- tituer au récipient de cuivre un récipient de verre, dont la transparence permettrait de voir ce qui se passerait dans l'intérieur. J'y ai vu constamment l'effet que j'avais calculé ; à chaque coup de piston, l'eau baissait en cd, et, lorsque le piston cessait d’aspirer, je voyais monter l’eau en ab et remplacer exactement celle qui avait été enlevée par l'aspiration. J'ai observé qu'il se dégageait quelques bulles d’air dans le vide , espèce d’éballition semblable à celle qui a lieu dans la machine pneumatique. Ce nouvel air produit dans le reste de la pompe un très-bon effet que voici: \ Cette pompe n’est point foulante. Le piston, garni d'une soupape , élève au-dessus de lui une colonne F de 36 pieds; cette colonne est toujours en mou- vement , comme l'est celle d'aspiration , par le moyen d'un récipient B de compression, place im- médiatement au-dessus du corps de la pompe. L’air, comprimé par la grande pression de cette colonne, serait nécessairement absorbé au bout de peu de temps. Or, l'air qui se dégage sans cesse de la sur- face de l'eau du récipient R est entraîné dans le corps de la pompe, de là dans le récipient B, et remplace celui qui s y trouve absorbé, Dégagement d'air d’une part, absorption de l’autre, tout ici est compensé et tenu en bon état. Ce récipient de compression me rappelle une légère erreur qui se trouve dans l'hydrodynamique de Bossut. ( 80 ) Tout le monde sait que ce récipient est employé comme pièce essentielle dans les pompes à incendie ; c’est pour elles qu’il a été inventé pour en soutenir le jet. Dans les pompes foulantes à l'usage des par- ticuliers , on l’emploie sous un autre rapport. M. Bossut parle des pompiers de Rouen, qui, sans contredit, ont la priorité en ce genre de per- fection. Ce savant dit que ces artistes croient, par le récipient de compression, faire donner plus d’eau; qu'ils se trompent; qu’ils w’obtiennent par-là qu’un écoulement continu , mais que le produit est le méme, puisqu'ils n'ont jamais que celui d’un coup de piston. Cela est juste, si l'on ne considère que le pro- duit d’un coup de piston; mais si l’on envisage le produit dans un temps donné , il n’en sera plus de même , parce que l’effet de linertie étant détruit par l'interposition du ressort de l'air entre la cause et l’eflet, la puissance , soulagée sensiblement , ob- tient avec les mêmes efforts des résultats plus abon- dants. Je me rappelle que j'interrogeai le sieur Tillaye sur l’avantage qu'il tirait de l'application du réci- pient de compression à ses pompes foulantes ; il ve sut me répoudre autre chose , sinon qu’il s'était aperçu que cela fournissait plus d’eau dans un temps donné. Le pourquoi, il ne le connaissait pas. Je ny étais attendu ; je lui en donnai l'explication, que son élève, le sieur Cousin, comprit mieux que lui. Ce fut même par suite de cette explication que ce dernier cousentit à adapter à ma pompe aspi- rante, dont je l'avais chargé d’après mes plans, le récipient B, qu’il croyait auparavant, ainsi que tous (51) tous ses confrères, ue pouvoir convenir qu'aux pompes foulantes. Vous voyez, Messieurs, que j'ai imaginé il y a près de quarante ans deux moyens absolument opposés l’un à l’autre , avec lesquels j'obtiens le même résultat : Le mouvement continu de deux colonnes dont la longueur totale est de 85 pieds ; de manière qu'il ne reste plus rien de soumis directement à l'action du piston, et par conséquent à l'alternative du mouvement et du repos, que la petite portion d’eau contenue dans M et dans le corps de la pompe. Avantage considérable que sentira bien l'homme instruit qui sait apprécier la résistance qu’oppose au mouvement une colonne qui pèse ici plus de cent quatre-vingts livres. J'ai présenté dans la fig. 1‘"* une disposition qui n'est pas tout-à-fait celle qui est exécutée au Grand- Couronne, pour mieux faire sentir l'effet du réci- pient R, et pour parler pour ainsi dire aux yeux. La fig. 2° indique une construction plus simple et plus facile dans l'exécution. Le récipient R est im- planté sur une ouverture faite au tuyau de trainée. L'effet est absolument le même ; au lieu de deux ouvertures , il n’y en a qu’une par laquelle l’eau est alternativement tirée par l'aspiration prise dans le récipient , et réndue au récipient par le mouve- ment continu de la colonne pressée sans cesse par le poids de l'atmosphère. La cloche de verre per- met de voir la hausse et la baisse de l’eau à chaque coup de piston (1). (1) Depuis la lecture de ce Mémoire à l’Académie, plusieurs de mes Collègues invités À venir observer la marche de la ma- chine ont été témoins de son effet, — Lorsque l'aspiration cesse, F (82) Je me suis étendu , Messieurs, sur lPavantage que l’on retire de la loi de l’inertie, en faveur du mou- vement continu ; enfin, sur la nécessité de prendre les moyens d'en débarrasser les machines dites à va et vient. Je me suis étendu sur cet objet, parce que j'ai vu quantité de machines où le sens commun n'avait pas présidé sous ce rapport, quoique d’ail- leurs la conception n’en füt pas sans mérite. Ce qui m'a le plus choqué en ce genre, c’est d'avoir trouvé dans l'Encyclopédie la description la plus détaillée et la plus mal raisonnée du moulin à vent du jardin dit Trianon , au faubourg Saint- Sever. Cette machine prouve que l'auteur n’avait pas la plus légère notion des effets de l'inertie de la matière, Un attirail assez pesant fait mouvoir le piston d'une pompe, et passe brusquement du mouve- ment accéléré de descente au mouvement contraire le lus rapide , ce qui occasionne des secousses capables de briser tout, et cela pour se donner l'avantage de deux coups de piston à chaque révo- lution de l'arbre du moulin, avantage qu’il eût été facile de se procurer par des moyens que ne désa- vouerait pas la théorie. Cette machine , à mon grand étonnement, est présentée comme un modèle à copier ; ; mais il s’en faut de beaucoup que son produit ait jamais été pro- portionné à son très-grand appareil. Si l'on compäre hétite des ailes et la distance des centres d'impression au centre de la machine PS on voit tout-à-coup l’eau de la trainée déboucher à gros bouillons dans le récipient , et lui rendre ce que l'aspiration vient de lui emprunter, (85) de Trianon avec les dimensions de mon moulin de Couronne , on trouve que, lorsque ce dernier donne 3 , celui de Trianon devrait fournir 115 ; cependant , il n’a jamais donné plus de 18. Cette énorme difilérence ne peut étre attribuée qu'à l'oubli des effets de l'inertie, dont la réaction est ici incalculable. En () es F a MÉMOIRE Sur quelques propriétés comparées de diverses espèces de Charbons provenant du Règne végétal, mais spécialement sur leurs qualités hygrométriques. Par M. Druavuc. MESSIEURS, Les chimistes et les physiciens modernes donnent le nom de carbone à une matière simple ou indé- composée que renferment les diverses espèces de charbons provenant de Ja combustion et décompo- sition en vaisseaux clos des substances animales ou végétales. Nous ne parlerons dans cet ouvrage que du charbon obtenu des végétaux. De temps immémorial et chez tous les peuples Kçivilisés , il paraît certain que le charbon a servi très-utilement aux besoins domestiques, et dans une infinité d’autres circonstances ; mais ce n’est guères que depuis trente à quarante ans qu’il a été bien apprécié par les propriétés en quelque sorte mira- culeuses que lui ont reconnu des sayants du pre- mier ordre. Il est hors de doute maintenant que cette matière, vue substantivement , est un agent des plus éner- giques pour neutraliser les effets de certains gaz délétères ; qu’elle absorbe l’humidité de l'air; qu’elle décolore assez généralement les fluides aqueux et (65) spiritueux, empreints d'extractif ou autres parties colorantes végétales, etc. On emploie aussi, depuis quelques années, le charbon en médecine , soit pris intérieurement pour corriger les haleines fortes, soit extérieurement ap- pliqué sur certains abcès dans la gangrène, ainsi que pour dessécher de vieilles plaies ou ulcères ; Pour guérir la teigne , étant mélé au soufre, etc. , etc. Mais pour admettre que les charbons de toutes espèces produisent des effets constants et identiques, considérés seulement comme réactifs en chimie, ou comme substance médicamenteuse , il faudrait aussi les supposer entr’eux parfaitement similaires dans leur composition, quelle que soit l'espèce de bois ou matière végétale qui les produit ; et comme il est hors de doute que la nature des végétaux, leur âge, leur exposition, le climat, l’époque de l’année où s’en fait la coupe sont autant de causes qui con- courent à faire varier les qualités du bois, et con- séquemment celles des charbons qu’ils produisent, de ces faits positifs on en peut tirer cette induction que nous croyons juste ; savoir : « Que les charbons provenant de toutes sortes de » bois n'ont que des propriétés relatives , quoique » communes, mais diffèrent essentiellement entr'eux » par l'activité de leurs effets, en raison de la quan- » tité de carbone, peut-être plus ou moins pur, » qu'ils recélent (1). » (x) Les chimistes modernes, mais spécialement MM. Lavoi- sier, Cadet et Guiton-Morveau, ont prouvé que le diamant était le-seul carbone pur ou dégagé de tout corps hétérogène, puisque c’est la seule base acidifiable trouvée jusqu’à ce jour qui se convertisse complètement et sans résidu en pur acide carbo- F5 ( 86 ) En partant de ces principes, j'ai fait une série d'expériences et d'essais assez nombreux sur des charbons préparés avec dix à douze sortes de bois ou autres matières végétales , telles que les gommes exctiques et indigènes , afin de les comparer par leur manière d'agir dans certains cas, mais spécia- lement pour observer leurs propriétés Argromé- triques , ou leur aptitude r'ariée pour absorber des proportions d’eau en plus ou moins grande quan- té, en raison de leur espèce et dans un temps limité. Du résultat de ces essais (et par suite d'observa- tions que nous ne croyons présentées nulle part d'une manière aussi détaillée pour servir aux progrès des sciences et au perfectionnement de certaines professions ; , nons hasarderons quelques conjec- tuves sur la nécessité d'employer plutôt le charbon de telle espèce de bois, de préférence à telle autre, soit dans les arts pour décolorer plusieurs liqueurs et sirops, soit pour elarihier et conserver l’eau, soit pour absorber l'humidité de l'air et des lieux qui ont été submergés , ete. , etc. Pour parvenir , autant que faire se peut, à rem- plir la tâche que je me suis imposée en présentant ce Mémoire à l'Académie , j'ai done opéré, nique par sa combustion avec l’oxigène, tandis que les charbons les mieux préparés, quelle qu’en soit l'espèce , donnent toujours un résidu plus ou moins volumineux après leur combustion avec l’origène ou principe acidifiant. Ce qui prouve jusqu’à l’évidence que le carbone existe dans un état particulier de combinaison , à des doses variées et encore inconnues dans les diverses sortes d’oxide noir de carbone , et leur communique des propriétés , des vertus corrélalives , mais. mon identiques. ER CU NN NT TS OS (87 ) 19 Sur des charbons provenant de bois blancs légers ou d’un grain peu serré, tels que Le bouleau . . . . . , . . Betula alba. Le toudrier. . ., . . .« « « Corylus avellana. Lefsaules. .". À . . el Shlir vulrarit Le tremble , . . . . . . . Populus tremula. 2° Sur des charbons de bois plus durs et moins spongieux que les précédents, tels que 2 Le, hêtre . . . ... . .". . Fagus syivaticus. Le frène (bois blanc, mais trés-dur he...» + s + + + + Fraxinus excelsior. Le pommier et le poirier. . Pyrus, Malus. 5° Sur l’oxide noir de carbone obtenu de végétaux encore plus compactes et spécifiquement plus lourds que tous les précédents ; savoir : Le chéne . . . . , . , . , Quercus robur. Le charme... . . . . , . . Carpinus betulus. L’orme . . . . . . . . . .« Ulmus campestris. Le gayac (encore plus dur que le chêne), . . . . , . . Guuiacum. 4° Enfin, en employant des charbons préparés _avec des gommes exotiques , ou bien avec celles dites du pays. Tous les charbons qui ont servi à nos expériences réunissaient les propriétés que leur assignent les chi- mistes pour être réputés parfaits et de bonne qua- lité, c’est-à-dire qu'ils étaient tout-à-fait inodores, insipides au goût , ne colorant ni l'alcool, ni les huiles , ni l’eau par leur macération dans ces fluides, brûlant sans répandre de fumée , nageant sur l'eau , etc. F 4 ( 88 ) Expériences avec les quatre premières espèces de Charbons provenant de Bois blancs. J'ai mis dans quatre litres d'eau (huit livres ) un demi-kilogramme (une livre) de charbon de bouleau bien sec et en morceaux assez volumineux ; il a fallu à ce charbon près de vingt jours pour se saturer complétement du fluide , dont il absorba plus du double de son poids. Pour m'assurer de l'exactitude de cet essai, j'in- troduisis dans une cornue ce charbon ainsi abreuve d'eau ; et après y avoir adapté un appareil conve- pable, on retira, par la distillation, la quantité du liquide par lui absorbée , ou environ trente-deux onces. Cet oxide noir de carbone, qui, après sa satu- ration , présentait une couleur livide - blanchätre , reprit, en perdant cette humidité , la belle teinte noire luisante, sa légèreté et toutes les propriétés physiques qu'il possédait avant son immersion (1). Le charbon de coudrier, un peu plus dense que celui de bouleau ,.soumis aux mêmes expériences que le précédent , absorbe un huitième moins d’eau ; mais la saturation s’en fait plus vite. Au contraire, les charbons de saule et de tremble, bois spécifiquement plus légers que le bouleau et le qq (1) Tous les charbons végétaux , en absorbant l’eau , perdent plus ou moins de leur couleur, et finissent par se précipiter sous” le fluide ; durant cette immersion , ils augmentent de voiume jusqu'au moment de leur parfaite saturation , mais sans se déliter ; à la longue, ils se contractent de nouveau, ‘et sem- blent prendre , par leur séjour prolongé sons l'eau , un aspect qui les rapproche de certains charbons de terre. ( 89 ) coudrier, absorbent un peu plus d'humidité que ces derniers, mais plus lentement. Dans les premiers moments de leur immersion, tous les charbons bien secs, quelle qu’en soit l'espèce, produisent, avec l’eau , une sorte d’effervescence, un petit bruit et un péullement plus ou moins sen- sible , en raison de leur aptitude variée, pour absor- ber le fluide... On sait que ces phénomènes, tou- jours assez curieux , sont dus au dégagement de l'air ou des gaz que renferment les charbons , et à l'écartement de leurs molécules. Plus l’oxide noir de carbone est divisé, plus vite il se sature d’eau, moins les effets dont on vient de parler sont tranchants; ils cessent presque d’avoir lieu , si l'on opère sur du charbon pulvérisé. Ici, il est encore bon de noter que tous les char- bons ( spécialement ceux de gommes et de bois blancs mous ) communiquent à l'eau une légère teinte bleuâtre qu’on ne peut bien discerner qu’à l’aide d’une vive lumière : nous avons la certitude que cet eflet n’est dû qu'à des atomes charbon- neux tenus en suspension dans le fluide ; à la longue , ces molécules se précipitent, et l’eau re- prend sa diaphanéite ordinaire, Mais quittons cette digression que nous avons cru utile de faire ici, comme nécessaire à l'intelligence de ce travail, et reprenons la suite de nos expé- riences. La braise des boulangers de Rouen, provenant presque toujours de la combustion très-rapide de toutes sortes de bois blancs , attire encore plus d'humidité que les quatre espèces de charbons dont on vient de parler. J'ai vu de cette braise , prise tiède, absorber ( 90 ) jusqu’à deux fois et demie de son poids d'eau, avant de se précipier sous ce fluide ; eflet « qui » n’a lieu généralement que quand les charbons » végétaux sont trés-près de leur saturation. » Expériences sur les Charbons de la deuxième rie, ou sur ceux que donnent des Bois plus durs que les premiers. J'ai également plongé dans quatre litres d’eau un demi-kilogramme de bon charbon de hêtre en mor- ceaux, gros environ comme des œufs ; il fut près de huit jours avant de se précipiter sous le fluide, ét en absorba au-delà d'une fois et demie de son poids pour en être completement saturé. Je m'assurai aussi de l’exactitude de cette expé- rience, en retirant , par Ja distillation du charbon qui en fait le sujet, la quantité d’eau qui vient d’être notée, c'est-à-dire vingt-cinq onces. Le charbon de bois de frêne, d’un noir et d'un vernis superbes, varie.singuliérement dans ses effets hygrométriques..... Il absorbe presqu’autant d’eau que celui de bouleau , mais assez généralement il se comporte avec ce fluide comme le charbon de hêtre. Les charbons de pommier et de poirier absorbent environ une fpis et demie de leur poids d’eau, mais cette absorption se fait lentement et dure jusqu’à douze jours avant que ces charbons, d’une gros- seur moyenne , se précipitent sous le fluide, et en soient complétement saturés. (gr) Expériences sur les Charbons provenant des quatre espèces de Lois très-durs, compris dans la troisième serie. J'ai parcillement fait l'immersion d’une livre de charbon de chêne très-sec et en petits morceaux dans quatre kilogrammes d’eau. Ce charbon s'empara de l’eau avec une rapidité étonuante, et avec plus de force et d'energie que ne le font toutes les autres espèces de charbons soumis à nos expériences. Ï semble se produire une sorte d’elfervescence assez vive. Souvent les charbons nagent çà et là à travers le fluide, et se heurtent en tous sens ; en moins de deux jours, leur saturation est com- plète: ils n’absorbent guères que leur poids d’eau, Le charbon de bois de charme, traité comme celui du chêne, produit peu d'effets sensibles par son contact avec l’eau ; il lui faut près de huit jours pour s’en saturer complétement , mais il absorbe un huitième plus d'humidité que ce dernier. Ce que nous venons d'exposer à l'égard du char- bon de bois de charme est applicable, à peu de chose près, au charbon peu coloré que donne le cœur ligneux de lorme excru dans des terreins secs et arides, J'ai aussi préparé du charbon avec le gayac. Ce bois exotique, dont la pesanteur spécifique est près d’un quart plus grande que celle du meilleur bois de chéne, produit un charbon d’un noir brillant superbe , et nage sur l’eau comme nos charbons indigènes, Une livre de ce charbon, mise dans quatre litres (92) d’eau , n'offre presqu'aucun des phénomènes pro- duits par l'immersion du charbon de chéne ; des charbons de gaÿac ,; d’un assez mince volume , exigent jusqu’à six jours pour se saturer d'humi- té, et n’en absorbent que le quart de leur poids. J'observe encore que ces derniers se décolorent peu pendant l'absorption de l’eau , tandis que ceux de chéne éprouvent des changements de couleur très - notables par leur contact prolongé avec ce fluide, ( Expériences sur les Chharbons que donnent les Gommes colorées, \ J'ai également prépare du charbon avec les gommes arabique , du Sénégal et les gommes dites de pays, ou celles qui exsudent de nos cerisiers , abricotiers et autres arbres à fruits à noyaux. Seize parties de ces gommes, plus ou moins fon- cées en couleur, rendent, par leur carbonisation en vaisseaux clos, environ deux parties d'une matière légère, spongieuse , d'un assez beau noir et possé- dant éminemment toutes les propriétés générales attribaées aux meilleurs charbons obtenus des corps ligneux, quelle qu'en soit l'espèce. Mais une des qualités les plus remarquables du charbon de gomme est d’absorber une grande quan- tité d’eau, au point qu'il lui faut jasqu’à trois par- tes de ce fluide pour en être complétement saturé. Cette absorption a lieu lentement, et se fait sans craquement ni dégagement d’air bien sensible du mélange. J'ai remarqué encore que les charbons de gommes décolorent mieux et plus vite les liqueurs teintes par l’extractif ou autres principes immédiats des » ”»» »” » 27 »? » « Comme il jouissait d'une grande considéra- tion , il profitait auprès des grands, avec la dis- crétion d’un homme d'esprit, de l'accès que Jui donnait ses talents, pour leur faire obtenir des travaux, des encouragements honorables , suivant leur capacité respective ; et il s'était fait à cet égard une telle habitude , que rien de ce qui pouvait les rendre heureux ne lui était indif- férent. » Plusieurs traits viennent à l'appui des idées géne- rales, et M. Desoria termine ainsi cette Notice in- téressante : » 122 2 » » LL ”»” LE »” » » » 2) »2 « Messieurs, je vous ai parlé de M. Vincent avec l'intérêt d’un artiste qui a eu l'avantage de le con- naître , de vénérer sa personne et d'admirer ses travaux. » Son excellente école , son esprit, les connais- sances qu’il possédait et la bonté de son cœur, ce sont-là bien des titres pour mériter les regrets des amis des arts et de l'humanité ! Mais, dans ces pertes d’autant plus cruelles qu’elles sont irréparables , il est une sorte de consolation pour ceux qui possèdent quelques productions de l'homme de génie qui n’est plus. Heureuses les circonstances qui les ont assez favorisés pour les en rendre dépositaires ! Alors, ils contemplent ce que la mort ne peut détruire, Telle est votre situation, Messieurs, vous qui êtes en possession de deux tableaux que celui que nous perdons a laissés dans votre ville ! Je n’entrerai pas dans le détail des beautés qu'ils renferment ; je craindrais ( 153) » de m’exprimer trop faiblement. Depuis long- ” temps, au surplus, ces chefs-d'œuvres sont ad- » mirés ; ils ont obtenu la reconnaissance de l’âge » présent, et mériteront l’hommage de la postérité. TT PRIX PROPOSÉ pour 1818. L'Académie propose pour sujet de prix à décerner dans sa séance publique de 1818: ; « Etablir l’histoire de l’imprimerie et de la librairie, » à Rouen , depuis le XV® siècle jusqu'à nos jours ; » donner la liste des principaux imprimeurs et libraires, » ainsi que des éditions les plus curieuses ou les plus » importantes sorties de leurs presses ; rechercher la » cause de la diminution de cette branche d’industrie & » Rouen, où elle était très-florissante avant la révolu- » tion , et le moyen de lui rendre son ancienne splen- » deur. » Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. Les concurrents mettront en tête de leur Mémoire une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où ils feront connaître leur nom et leur demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aura remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du eoncours, (154) Les Mémoires, écrits en français ou en latin, devront être adressés, francs de port, à M. Bicnow, Secrétaire perpétuel de l'Académie , pour la classe des Belles-Lettres, avant le 1* juillet 1818. Ce terme sera de rigueur. (155) sé OUVRAGES Dont l'Académie à délibéré l'impression en entier dans ses Actes. GBSER V'ATIONS Sur la signification propre et l'origine du mot Budget. Par M, Dupurrt. MESSIEURS, C'est sur-tout lorsqu'un mot commence à s’intro- duire dans une langue , qu'il serait à désirer que Von s’occupât d'en découvrir et d’en fixer le sens propre et la véritable étymologie. Ce soin épargne- rait pour lPavenir bien des recherches, bien des conjectures, souvent même bien des erreurs. Mais il semble que l'on ne doive remonter à l’ori- gine des mots que lorsqu'elle est tout-à-fait perdue dans la nuit des temps, et qu’il en soit d'eux comme de ces médailles qui n’acquièrent de prix aux yeux de certains amateurs qu’en raison du plus ou moins d’épaisseur de la couche de rouille dont les siècles les ont revétues. Ne serait-ce point-là un des effets de cette vanité dans laquelle la Rochefoucauld a reconnu, avec rai- son, le principe de toutes nos actions? Car on ne C156 ) peut se dissimuler qu’elle doit trouver plus d'ali- ments dans les études dont l'objet principal est entouré de quelques ténèbres qui leur donne un Caractère en quelque sorte mystérieux. Ces considérations, que j'ai dû me borner à vous indiquer ici, Messieurs, m'ont fait espérer que vous daigneriez accueillir avec indulgence quelques re- marques sur un mot qui ne jouit pas encore, il est vrai, parmi nous, de ce droit de bourgeoisie que l'Académie française peut seule accorder , puis- qu’il ne se trouve pas dans son Dictionnaire, mais quia, si je puis n'exprimer ainsi, obtenu des lettres de déclaration de naturalité qui lui confèrent ce qu’on pourrait appeler une existence légale. Je veux parler du mot Budget, consacré , comme vous le savez, depuis quelques années, par plusieurs actes de l’au- torité. Son admission dans notre Vocabulaire est un des fruits de cette anglomanie qui en a tant produit parmi nous, et si peu de bons. La plus part de ceux qui l’emploient ou l’entendent prononcer tous les jours, négligeant de remonter jusqu’à son radical, se bornent à le reconnaître pour un mot étranger nouvellement adopté dans notre langue , et qui peut être un synonyme de ceux comple, état de recette et dépense, etc. Des personnes qui se piquent de parler avec plus d’exactitude et de pureté prétendent qu'on ne doit point l’employer lorsqu'il s’agit du compte d’une gestion terminée, et qu’on ne peut l'appliquer qu’à des états portant fixation de recette et de dépense pour l'avenir. Cette opinion paraît fondée sur plu- sieurs dispositions législatives , et notamment sur la distinction établie dans le projet de constitution présenté à notre augnste Monarque par le Sénat, (157) le 6 avril 1814, dont l’art. 15 portait textuellement : « Le budget de l’année suivante et les compres de » l'année précédente sont présentés, chaque année, » au corps législatif et au sénat, à l’ouverture de » la session du corps législatif. » Mais comme ce n’est qu’en remontant à la racine des mots que l’on peut avoir une idée bien précise de leur véritable signification , pour fixer mes incer- titudes sur le sens de celui qui nous occupe, je crus devoir rechercher quelle pouvait être son origine, sous le rapport de l'usage que l’on en fait actuelle- ment, dans la langue d’où nous l'avons tiré, Ne trouvant dans aucun des nombreux volumes que j'ai consultés à cet égard les renseignements néces- saires , j'ai dû, comme on a coutume de le faire, pour suppléer au silence des auteurs, recourir à la tradition, guide d’autant moins trompeur en cette circonstance , qu’il s'agissait de faits assez récents pour que le souvenir ne s’en soit pas effacé. Le hasard m’ayant procuré la rencontre d’un lit- térateur anglais très-instruit, je saisis avec empres- sement cette occasion pour lui demander lorigine du nouveau mot qui venait de faire chez nous une fortune si rapide. Voici les détails que j'ai recueillis de son entretien ; et j'ai pensé, Messieurs, que vous pourriez bien ne pas les entendre sans quelque intérêt. Il est d'usage, au parlement d'Angleterre, que le ministre qui vient y rendre le compte de son admi- nistration dépose les pièces à l’appui de ce compte sur le bureau du président, afin que chaque membre puisse en prendre communication. Ces pièces sont renfermées dans un petit sac de cuir, clos au moyen de cordons glissant dans une coulisse, à-peu-près comme les sacs dont nos dimes fout usage, et qui, Le (158) des divers noms qu’ils ont successivement portés, v'ont conservé que celui de ridicule. Or, ce petit sac de cuir n'ayant pas d’autre nom en anglais que celui de budget , on s'est accoutumé à dire que le ministre avait déposé son budget , pour dire qu’il avait déposé le petit sac contenant les pièces de sa comptabilité, L’emploi de ce mot, en Angleterre, n’est donc, comme vous le voyez, Messieurs, que l’effet d'une espèce de métonimie semblable à celles dont nous usons tous les jours dans notre langue, sans y faire attention , parce qu’elles sont consacrées par une longue habitude. C'est ainsi, par exemple, que nous disons que le Roi a retiré le porte-feuille à tel mi- pistre, pour dire qu’il l’a destitué de ses fonctions ; que tel général a reçu le béton, pour dire qu'il a été fait maréchal, etc. On ne peut cependant s'empêcher de convenir qu’il y a bien loin de l'idée d’un petit sac de cuir à celle d’un compte quelconque, soit qu'il s'agisse d’une gestion terminée , ou de la fixation des recet- tes et des dépenses pour l'avenir. D’où l’on peut con- clure que l'acquisition d'un mot qui ne présente pas plus de rapports entre son sens propre et son sens figuré n’enrichit pas beaucoup une langue, et que nous pouvions facilement, sans recourir à des em- prunts étrangers , suppléer au mot budget , d'autant plus qu'il cesse d'avoir sa véritable acception parmi nous, où les ministres ne sout pas dans l'usage d’en- fermer leurs pièces de comptabilité dans un petit sac de cuir. J'irai plus loin, Messieurs , et je crois pouvoir réussir à vous démontrer que l’adoption du mot budget , qui nous parait si neuf, au lieu d'être une innoyation dans notre langue , pourrait métrg C159) que la réhabilition d'un de ses anciens termes tombé depuis long-temps en désuétude , et qu'en nous le donnant , les Anglais, de qui nous paraissons le tenir aujourd’hui, nous font moins un présent qu'une restitution. En effet, le mot anglais budget ne semble-t-il pas être, pour ainsi dire, calqué sur celui de bougetre, conservé dans le Dictionnaire de l'Académie, quoique hors d'usage, et que nos ancêtres employaient pour désigner un petit sac de cuir qu'ils portaient ordi- nairement avec eux, sur-tout en voyage. C’est ce : qu’on peut voir dans plusieurs auteurs, entr'autres dans le Père du Cerceau, le dernier peut-être qui s’en soit servi, lorsqu'il a “ait Sp son poëme des Pincettes : Et comme dans sa poche on porte des lunettes , Aussi pour l'avenir je me fais une loi De porter par-tout avec moi Des pincettes dans mes bougettes. Que, si l'on refusait absolument d'admettre que budget dérive de bougettes, en soutenant que ces deux mots sont contemporains, ce qu’il ne m'a pas été possible de vérifier, au moins sera-t-on forcé de convenir qu’ils doivent avoir la même origine ; et cetie origine commune ne peut étre que le vieux mot gaulois bougis, en latin bulga, dont on a fait le diminutif bulgetta, si l'on en croit MM. Ménage et Ducange, Or, on ne peut douter que les Gaulois aient donné à leur mot bougis ou bulga la même signification qu’ont.eu depuis, au sens propre, chez les Français et les Anglais, ceux de bougettes et budget. C'est du moins ce qu'atteste Nonnius Marcellus, qui dit: ( 160 ) Bulga est folliculus omnis quam et crumenam veteres appellarunt , et est sacculus ad brachium pendens ; et plus positivement encore Festus, qui s'exprime ainsi : Bulgas Galli sacculos scorteos appellant. Je pourrais, Messieurs, si je voulais me targuer de cette érudition parasite qu'on acquiert à si peu de frais quand on a le temps de feuilleter des Dictionnaires , m'appuyer encore ici des autorités de Lucilius, de Varron, de Vossius, de Scaliger, d’Henri Etienne , de Pasquier et de plusieurs autres auteurs. Mais vous êtes trop instruits pour que je puisse, sans m’abuser étrangement, espérer vous en imposer par cette espèce de charlatanisme au- jourd’hui si commun, qui consiste à entasser fasti= dieusement citations sur citations, pour, comme l'a dit l'ingénieux auteur du Méchant, Composer du nouveau sur de vieilles gazettes. Je préfère donc m'arréter..... Heureux si vous ne trouvez pas que j'eusse dû le faire beaucoup plutôt ! ce À) Es MÉMOIRE (161) he de CL MÉMOIRE Concernant la porte du Bac, démolie en 1816, Par M. Auguste Ls PrRErrosT. MESSIEURS, Au moment où la démolition de l’abbatiale de Saint- Ouen m'engagea à vous soumettre quelques détails historiques et descriptifs concernant ce monument, M. Descamps conçut le projet de faire hommage à la Compagnie de deux plans et d’un dessin au lavis, représentant la porte du Bac, qu'on détruisait en même temps ; mais, occupé de travaux plus impor- tants , et particulièrement de recherches sur les antiquités de son art , qui réclamaient toute son attention , notre respectable Confrère m'a proposé de me charger de la rédaction de la Notice histo- rique à joindre à ces dessins. J’ai accepté cette offre avec grand plaisir, dans l'espérance que vous joui- riez plutôt du précieux présent que je dépose sur le bureau au nom de M. Descamps , et je vous demande la permission de vous entretenir quelques moments de l'édifice dont il constate la forme et les dimensions. L'existence de la porte du Bac dans l'emplacement qu’elle occupait contrariait trop fortement les savants. alignements qui vont élargir et embellir nos quais, pour qu’on püût la laisser subsister plus long temps, ou que sa démolitiondàt exciter de bien vifs regrets: L ( 162 ) Toutefois, l'étendue de sa masse, la pureté de ses profils, le prix peut-être exagéré qu'y attachaient les habitants de Rouen, lui donnent des droits à une mention particulière dans vos annales , vaste dépôt où doivent étre conservés tous les souvenirs locaux de quelqu'importance pour notre histoire , ou de quelqu’intérêt pour nos concitoyens. Telles sont les considérations qui m’ont engagé à vous men- tionner tout ce que j'ai pu recueillir de détails qui la concernassent. : La porte du Bac, précédemment appelée porte Saint-Cande-de-Rive, à cause de sa position entre l'église Saint-Cande et Ja Seine , recut son nom actuel vers 1564, époque où des barqnes , bares ou bacs y furent établis pour rouvrir la communication d’une rive à l’autre, détruite par la rupture du pont de pierres. Ce fut par ces bacs et par la porte qui en a pris son nom que Henri IV arriva à Rouen en 1603. Peu d’années après, on sentit le besoin de faire réparer la porte du Bac. Les échevins de Rouen s’occupèrent , dès 1609, d'en préparer la recons- truction , et chargèrent le maître des ouvrages , dont les fonctions répondaient à-peu-près à celles d'archi- tecte de la ville, de leur présenter des plans à cet effet. Deux de ces plans, composés en 1609 et 1611 par Pierre Hardouyn, entrepreneur de plusieurs travaux publics, et notamment de ceux de l'Hôtel- de-Ville, paraissent avoir été adoptés par le corps municipal. Ils font partie de Ja collection dont M. Descamps vous fait hommage, et lui ont été remis par M. Delafosse, architecte de la ville. En les examinant avec attention , vous verrez qu'ils sont presque complétement conformes à ce qui a été exécuté. Vous y trouverez, en outre, des données { 165) précieuses sur les distributions primitives , ainsi que sur Ja manière dont la porte du Bac était liée au système de fortification et de surveillance alors en usage. On y remarque, par exemple , que les troupes qui faisaient la ronde sur le mur de la ville arrivaient de là au premier étage de la porte par des galeries pratiquées exprès, et qu'elles s’y divisaient en deux corps, dont l’un passait du côté du port et l’autre par une galerie extérieure du côté de la ville, pour se réunir de nouveau à l’autre extrémité. Quelques personnes ont cru trouver dans l’iden- üté du nom de famille de Mansard le jeune (Jules- Hardouin Mansard } avec celui qui figure sur ces plans des raisons suffisantes pour les lui attribuer; mais cette opinion tombe d’elle-même , si lon se rap- pelle que Jules-Hardouin Mansard ne naquit qu’en 1647, vingt ans aprèsla confection de la porte du Bac. Pierre Hardouyn, leur auteur, qui peut très-bien avoir été de la même famille que Mansard, paraît avoir eu des connaissances étendues en architecture, si l’on en juge par la pureté de ses profils; mais la barbarie de son orthographe prouve qu'il n'avait pas, sous d’autres rapports, recu une brillante éducation. Les troubles etles malheurs qui suivirent la mort du meilleur de nos Rois forcèrent d’ajourner pendant plusieurs années la reconstruction de la porte du Bac. « C’estoit notre intention , dirent les échevins sor- » tant de charge au # juillet 1614 , de faire desmollic » la voulte et porte du Bac qui menaçoit perl par » son antiquité et decadence , ainsi qu'il apparois- », soit par le rapport des experts, et en faire cons- » truire une neufve, tant pour la fortification de » ladite ville qu'ornement d’icelle , estant la yenue » des pays de Bas, Bretagne, Anjou , le Maine et L 2 (164) » aultres. Mais les bruicts de guerre et remuements » passés nous ont faict juger:qu’il n’estoit à propos » pour la seureté de ladite ville que les murailles »n feussent abattues, ce qu’il falloit néanmoins faire » et de ladite porte et d'une portion des murailles »n des deux costés d’icelle porte , pour parvenir à » sa construction. Ceulx qui nous succederont pour- » rontse servir, s'ils voient que bien soit, du devis, » plant et elevation qui en ont esté faictz et laissés » ès mains du maistre des ouvrages (1). » Il parait que la tranquillité intérieure fut bientôt assez complétement rétablie pour qu'on ne trouvât plus d’inconvénient à démolir la porte du Bac et le mur avoisinant, car ce fut dès cette même année 1614, et dans l'intervalle du 7 juillet au 51 septembre, que la construction du nouvel édifice fut adjugée à Pierre Hardouyn, auteur de nos deux plans, qui s’'adjoignit dans cette entreprise Jacques Gosset et Michel Pochon. Le 51 septembre, il leur fut remis, sur leur demande , «les plans et elevations qui ont » esté faictes pour la reediffication de ladite porte » du Bac, pour s’en servir et aider à la conduite » desdits ouvrages, ainsi qu’il est porté par l’adju- » dication (2). » En janvier 1615, les échevins, assistés du sieur Donnest, maître des ouvrages, se transportèrent sur les lieux pour arrêter les détails d'exécution qui wayaient point été prévus par le devis (3). (1) Discours prononcé par les échevins sortant le 7 juillet 1614. (Registres des délibérations de l’Hotel-de- Ville, tom. 21, p. 539:) (2) Journal de la ville de Rouen , tom. IW, p. 571, verso, (3) Ibid, p. 383. (165) Vers la fin d'août 1615, «se sont présentés maistres » Pierre Hardouyn, Michel Pochon et Jacques Gos- » set, maistres massons, adjudicataires de l'ouvrage » de massonnerie pour la construction de la porte » du Bac, lesquels nous ont dit qu'ils estoyent près » d’asseoir sur les fondements de ladite porte la » premiere pierre de l’encoigneure de la face du » costé de la riviere de Seyne, à ce qu’il nous » pleust prendre tel jour qu’adviserions pour asseoir » ladite premiere pierre ; ce qu'ayant esté mis en » délibération entre nous, et que M. le duc de » Monthason , notre gouverneur , estoit en ceste » ville, a esté resolu par la compaignie que mondit » seigneur seroit pryé de vousloir ce faire, et ont » esté nommés MM, de ..... et de Cantelou pour » Jui en faire la demande et sçavoir de lui le jour » et heure de sa commodité, qu’il auroit donnés » au mardi 1“ de ce mois (de septembre), auquel » jour et heure se seroit ledit seigneur achemyné, » accompagné de M. de Bassompierre etautres, audit » lieu auquel estoyent MM. les conseillers eschevins » attendant la venue dudit seigneur qui estant des- » cendu de carrosse lui auroit esté presenté par le » maistre des ouvrages de ladite ville une placque » d'estain poisant trente livres ou environ, en laquelle » estoyent escripts en lettres romaines ce qui en suit : « Du regne de Loys traizieme, Roy de France » et de Navarre ; du gouvernement de très-hault et » puissant seigneur messire Hercules de Rohan, duc » de Monthason, pair et grand-veneur de France, » lieutenant général pour S. M, au pays et duché » de Normandye, vile, chateau, conté et evesché » de Nantes; » De l'eschevinat de MM. Bigod , sieur d’'Oiivet; » Hal'é, sieur de Cantelou ; Landalles Mariage, sieur EL 3 ( 166 } du Montgrimoult , Turgis et Colombe! , estant Jean Donnest , sieur du Goullet, maistre des ouvrages et fortifications de la ville de Rouen au mois d’aoust 1615. » » Et ayant ledit seigneur prins ladite placque qui lui auroit été baillée par le sieur d’Olivet et autres , conseillers eschevins de ladite ville, et posée dans une pierre de Vernon au rez des fondements, taillée et préparée pour recevoir ladite placque (1), et estoit présent Jean Donnest, maistre des ou- vrages, qui avoit deux truelles en sa main, lune desquelles il présenta audit seigneur et l'autre audit sieur ; comme aussi y estoit le maistre masson , adjudicataire desdits ouvrages, qui leur présenta du mortier estant dans une petite auge, pour cymenter ladite pierre. Ce faisant, fut ledit seigneur pryé par la compaignie de prendre Ja collation qui lui estoit préparée dans l’hotel com- mun de ladite ville, et durant que l'on posoit ladite premiere pierre furent tirés par les bour- geois estant de la garde force coups d’arquebuse, comme pareillement des navires estants devant les quays de ladite ville furent tirés les canons suivant l'injonction faicte par MM. du Bureau (2). » En juillet 1617 , il fut « baillé et mis ès mains du sieur Baillemont, maistre menuisier , quatre plans et papiers estant ceux de la porte du Bac, pour qu'il s’en servist dans la confection des ouvrages de menuiserie à y faire, et dont il s’estoit rendu adjudicataire (3). » (1) Jene réponds pas d’avoir copié exactement cette phrase presqu’illisible dans les registres de l’Hôtel-de-Ville, (2) Journal de la ville de Rouen, £om,. #, p. 419-420. (267) Vers la même époque, « marché fult faict par MM, les conseillers eschevins de la ville de Rouen au sieur Pierre Hardouym, maistre architecte , de faire une figure de la sainte vierge Marye, Pour estre posée et appliquée en la face du baty- ment que l’on ediflie à la porte du Bac, dedans la ville, au-dessus de la balustrade , au trumeau estant entre les deux croisées de pierre de Ver- non, qui sera bien et duement taillé et insculpé, à la charge de faire ladite figure qu’il fournira et mettra en place à ses dépens, laquelle aura six pieds de haulteur et sera plantée debout, une couronne sur sa teste , de douze estoiles , et tenant son petit enffant, et aura aussi un croissant de lune sous ses pieds et une nuée au-dessous, avec un entrepied pour la porter, de pierre dure, où sera insculpé une teste de seraphin, et au- dessous une petite pierre de marbre dans laquelle sera là gravé en lettres d’or l'an 1616, qui est le temps où la massonnerie a esté montée en haul- teur, et par derrière faire revestre ladite figure d'un grand soleil, taillé et inscalpé en bossage de pierre de Saint-Leu qui a esté espargné pour ce , et au-dessus ung chapiteau pour couronne- ment qui sera en forme de couronne impériale faite toute d’estoiles , le tout suivant le plan et modele qui: en.,a testé: faiels.: eme mssinh sun. Et en oultre a esté fait marché avec icelluy Har- douyn de fournir deux pierres de marbre noir ayant chascune d’icelles trois pieds trois poulces de longueur et deux pieds de largeur et d’espes- seur, lesquelles pierres seront attachées et appli- quées aux places destynces au bastiment de ladite porte du Bac en la face regardant la riviere de L 4 » » 2 » »” >» 15) LE] >» » » LL » » » 2» ( 168 ) Seyne, en l'une desquelles pierres du costé tirant vers le pont il fera graver et Insculper en lettres d’or de grandeur convenable et proportionnée à la haulteur de la place ces mots : Du regne de Louis XIII°, très-chrétien, Roy de France et de Navarre. 1616, Et en l'aultre pierre il sera aussi gravé et insculpé en lettres d’or de grandeur convenable et proportiounée à la haulteur de la place pour une devise qui lui sera par nous ou nos successeurs baillée, et qui contiendra quatre lignes faictes à l'honneur du Roy , et le tout bien et duement faire et accomplir à ses despens, selon et ainsi qu’il est conclu ci-dessus, et de le rendre prest dans deux mois de ce jour. Ledict Hardouyn s’est submys et obligé par le prix et moyennant la somme de 8 vingt livres, qui lui a esté accordée tant pour ce que dessus que pour le surplus et plan qu'il a faict pour ce (1). » I parait qu'on fut fort lorg-temps à composer «les quatre lignes à l'honneur du Roy » dont MM. les échevins s'étaient réservé le choix. Ce n’est qu’en 1620 qu’on les grava sur le morceau de marbre destiné depuis trois ans à les recevoir. Cependant, quoique les rimes en soient fort riches, elles n’ont pas dû coûter infiniment de temps ni d’eflorts au poëte investi de la confiance du corps municipal. Les voici telles que je les ai retrouvées dans unitinéraire de Be'gique et de France, publié vers cette époque : « De cet heur seule je jouis » Que quand la paix prit assurance » Par la justice de Louis » Je pris mon lustre et ma naissance, » 1620. (1) Journal de la ville, fom. 4, 27 juin 1617. (169 ) Malheureusement , l'idée principale n’en est pas plus juste que le style n'en est poétique , car c’est précisément vers cette époque, que l’auteur présente comme éminemment pacifique, que s’alluma cette terrible guerre de trente ans, l’une des plus longues et des plus acharnées qui aient jamais désolé le Monde. En 1740, on plaça sur le côté de la porte du Bac qui regarde le quai une autre tablette de marbre noir , destinée à indiquer la hauteur à laquelle s'étaient élevées les eaux pendant le mémorable hiver de cette année. Elle portait l'inscription sui- vante : luc usque sequana intumuit anno millesimo septingesimo quadragesimo. Je crois inutile, Messieurs, de vous donner une description détaillée de la porte du Bac; le dessin au lavis de M. Descamps vous en offre une image fidèle du côté de la ville, et l'élévation faite par Pierre Hardouyn, quoiqu'’elle n'ait pas été suivie complétement quant aux décorations , suflit pour vous faire apprécier l'aspect qu’elle présentait du côté du port. Ce n’était point d’ailleurs, malgré le mérite de plusieurs de ses parties, un édifice d’un goût pur, ni même d’un ellet bien remarquable. On y aurait vainement cherché ou la noble et com- mode disposition des portes antiques, ou le gran- diose de quelques portes modernes. Deux trompes placées aux angles S.-E. et S.-0., probablement pour dissimuler autant que possible sa saillie en avant du corps de muraille qu’elle interrompait; d'énormes cheminées qu’au lieu de cacher, on avait maladroitement voulu faire servir à sa décoration; des ornements lourds et appartenant à ce mauvais goût que Marie de Médicis avait apporté en France, voilà quels étaient ses principaux défauts intrinsèques. (170) De plus, bâtie à une époque d’anarchie telle que les habitants de Rouen étaient encore réduits à supplier le Roi de faire détruire les châteaux du Pont-de-l'Arche et d'Andely, comme pouvant d’un jour à l'autre devenir le refuge de perturbateurs de la tranquillité publique (1), et faisant partie d’une enceinte fortifiée qui séparait la ville du port, on avait bien plus consulté les convenances militaires que des considérations de commodité ou d'agrément pour en déterminer la forme et l'alignement. Sa des- tiruction était donc l'un des premiers et des plus indis- pensables sacrifices que réclamassenti’embellissement et l'agrandissement du port de Rouen, aujourd’hui que notre fleuve est réuni pour toujours à la ville à laquelle il apporte les richesses des deux Mondes, et que les dimensions actuelles de ses rives ne peu- vent plus suffire à l’activité de notre commerce , ni à Ja circulation de notre population. (1) Registres des délibérations de l’'Hôtel-de-Ville , tom, 21, p. 438. , ÉPITRE A UN AMI levenant dans sa Patrie après une absence de plus de trente années. O mon Contemporain, compagnon de l’enfance ! Ami si nécessaire À mon parfait bonheur! Enfin, après trente ans d'absence, Je vais donc te revoir , te presser sur mon cœur ! Qu’avec plaisir je me livre d'avance À cet espoir consolateur ! Quatre-vingt-huit hivers qui pèsent sur ma tête N'ont point éteint chez moi la source des désirs. Le cœur ne vieillit point ; chaque âge à ses plaisirs. Un jour heureux pour moi s'apprête ; Un charme se répand sur mes sens satisfaits ; Je renais au bonheur ; le Temps pour moi s’arrête. O céleste Amitié ! voila de tes bienfaits! Aimarzs Ami, qui, depuis tant d'années A la Science destinées, Entrainé par tes goûts, par l'austère devoir, Par le noble désir de connaitre et de voir, Voyageas si long-temps sur ces lointains rivages, C172) Chez ces peuples errants, encore peu connus, Plus prês de la nature et plus près des vertus, Qu'un orgueil iusensé nous fait nommer Sauvages, Tu n'as pas vu de ta Patrie en pleurs Et les fautes et les malheurs. Cette France, jadis si belle et si brillante, Ce climat fortuné, vanté par sa douceur, Bientôt se vit changée en arène sanglante ; Ce peuple généreux, si sensible à l'honneur, Toujours prèt à donner sa fortune ct sa vie Pour sa Religion, son Prince ct sa Patrie, Devenu tout-à-coup atroce, furieux, Outrageant à-la-fois la Nature et les Cieux, Dans le sang innocent plongeant sa main impie. Que de crimes furent commis! Plus de parents ! plus d’époux ! plus d'amis ! Ni l’aimable candeur de la belle jeunesse, Ni l'aspect imposant de l’auguste vieillesse, Ni les vertus, ni les talents Ne purent échapper à leurs glaives sanglants. Jours malheureux de deuil et de tristesse ! Nos saints autels furent brises, Les minisires proscrits, les temples renversés : Tout est saisi d’cffroi; à peine l’on respire ; Rien ne fut oublié, rien ne fut respecté ; Le Trône... hélas ! oserai-je le dire ? Le Trône... fut ensanglanté ; Le plus juste des Rois, le plus tendre des pères, Par ses propres sujets !..., Arrêtez, téméraires !.… RE — a ni ( 175 ) Nox, non; ils n’étaient pas Francais Les coupables auteurs de ces affreux excès ! Fléaux de leur pays, rebut de la nature, Qu'ils aillent loin de nous trainer leur vie obscure ! Le crime trop long-temps au crime fut uni. Ce tissu d’attentats devait être puni ; Il le fut, juste Ciel ! La France infortunée, Aux plus cruels malheurs long-temps abandonnée, Du Ciel, vengeur du crime, éprouva tous les coups; Chaque jour ajoutait à son sort déplorable, Mais la Divinité n’est point inexorable, Il est de sûrs moyens d’appaiser son courroux; Et ces moyens, nous les trouvons en nous. Les larmes, les remords, le repentir sinctre, Qui du Ciel irrité désarme la coltre, Et dans un cœur flétri des plus graves forfaits Peut encor ramener l'espérance et la paix. O Paix ! aimable Paix ! viens calmer nos alarmes ; Viens tarir, s’il se peut, la source de nos larmes. La vertu gémissante, ct l’innocence en pleurs, Ont obtenu le terme à nos trop longs malheurs. Le Ciel devient sensible à notre humble prière; Et pour rendre la grace entitre, Il accorde ä nos vœux, en signe de pardon, Le plus grand des bienfaits : un Lours, un Boursox. Tour change, tout reprend une face nouvelle. Reviens, à mon Ami ! Le devoir te rappelle. (174) Reviens ; le moment est heureux ; Tu verras sur Le trone un Prince vertueux, A-la-fois juste et bon ; oui, bon par excellence : Sous ses paisibles lois, la renaissante France S’achemine au bonheur. Les Lis vont refleurir, De nos calamités le triste souvenir Fait place à la douce espérance, Et l'espérance est un premier plaisir. Uxe auguste Famille, à la vertu fidèle, D’une aimable union, rare et touchant modéle, Entoure sa personne et partage ses vœux ; Heureux de faire des heureux, Et suivant de leurs cœurs la pente naturelle, Tous leurs jours sont marqués par des bienfaits nombreux. L'aurore du bonheur luit enfin sur la France. Du crime et de erreur, le règne est achevé ; Celui de la vertu commence ; L'amour du Roi renait, et l'Etat est sauvé. Pour moi, qui partageai les maux de ma Patrie, Qui préférai toujours mon honneur à ma vie ; Pour moi, depuis long-temps sur la terre oublié, Prèt à finir le cours de ma longue carritre Au scin de Ja tendre amitié, Je rends graces au Ciel, en fermant la paupière, Affaissé par Je temps et par l’âge vaincu, D’avoir encore assez vécu, Pour voir le Sauveur de la France, Mon légitime Roi, l’olivier à la main, (175) De l’affreuse Discorde étouffer le levain ; Ramener parmi nous la douce confiance, L’antique loyauté, l’heureuse indépendance ; De ma noble Patrie assurer le destin. Parracesons, mon Ami, la commune alégresse ; Payons notre tribut de joie et de tendresse ; Entretenons le feu sacré. Pour ce Roi bienfaisant, justement révéré, L'amour et l'espoir de la France, Implorons du Très-Haut la divine assistance ; Et répétons ce chant par le cœur inspiré : Vive, vive long-lemps LOUrSs-15-DÉSIRÉ ! Par M, p'Onnar. (176) ODE AU SILENCE. O Silentium omnis boni Genitrix ! SAINT-EPHREM, de Patientis, ête. Que mille autres de la Fortune Vantent les trompeuses faveurs 5 Qu'ils vantent la gloire importune Et le faux éclat des grandeurs; Un plus noble sujet m’inspire. Divin Silence ! de ma lyre Je te consacre les accents. Toi, qui procures dans la vie Des moments si dignes d'envie, Quels droits n’as-tu pas à mes chants? Par toi, que de torts on évite! Par toi, que de maux on prévient ! A te chercher le sage invite; Le sage à toi toujours revient : Si tu n'avais été son guide, Aurait-il reconnu le vide De nos ambitieux projets, Et jouirait-il à toute heure De cette paix intérieure Que, par eux, on n’obtint jamais ? Aixss (1773) Aixsi l’homme, sous ta puissance, :Sait commander à ses désirs, Et s’{loigner sans résistance Des vains honneurs, ds vains plaisirs; Rebelle envers la Providence, N'oppose-t-il qu'impatience Aux peines de l’adversité, Tu lui fais, pour un bien durable, Oublier le bien périssable Qu'il n’aurait que trop regretté. Uxe tristesse passagire S'exhale en discours super flus ; Seul et toujours l'ami sinctre Pleure son ami qui n’est plus. A l'instant où pour Artémise, Que sa tendresse immortalise, - L'hymen cteignit son flambeau, Loin d'elle uné plainte frivole, Et de l’infortuné Mausole Artémise fut le tombeau. Mas si tu peux, Silence auguste! A l'homme offrir Ia vérité, Le rendre bon, le rendre juste, Prouver sa sensibilité ; À Tu peux aussi, de son génie Digne émule de Polymnie, Rendre l'essor victorieux ; Malherbe et Rousseau qu'on admire, M (178 ) S’ils-n’avaient connu ton empire, Seraient-ils si grands 4 nos yeux ? Comme eux, l’ornrment de la France, Pascal, à ton école apprit Combien alors de la Science Le domaine était circonscrit. Là, sur une échelle sévtre, Des pesanteurs de l’atmosphire Il fixa les degrés divers ; Æt, créant la langue divine Des Despréaux et des Racine, Fit le charme de l'Univers, J'aurais voulu, dans un langage Plus digne de tes attributs, Te rendre avec plus d’ayantage Tous les honneurs qui te sont dus, Dieu des Arts, dieu de la Sagesse ! Les seuls favoris du Permesse Pourront accomplir ce dessein ; Docile à la Raison qui trace Des limites 4 mon audace, Je me recueille dans ton sein, Par M. Vicxe, D.-M. C 179) LE CHÈNE ET LES ÉPIS, FABLE — Exwewr des moissons, toi dont le front superbe Ewpeche le soleil d'arriver jusqu’à nous, Quand pourrons-nous te voir par les vents en courroux Battu de toutes parts et renversé sur l'herbe? — Ainsi parlaient un beau matin Les plantes de Céres à l’arbre de Jupin. — Téméraires ! s’écrie un Frene, Vous appelez les vents duns leur antre assoupis ! Ab ! plutot rendez grace au dieu qui les enchaine ; Si leur souffle abattait le Chêne, Sa chute abattrait les Epis. Par M. Lsrizzeuz Ds GUERROTS. ( 180 ) LE PAPILLON ET L'ENFANT, FABLE. —. Parirrox, joli Papillon, Venez vite sur cette rose : Pour vous, avec ce frais bouton, Je lai cueillie à peine éclose. — Ainsi chantait un jeune Enfant ; Et le voilà qui se dispose À saisir l’insecte brillant, Pour peu que sur elle il se pose. L'’insecte était malin ; il répond : — Serviteur; J'ai vu Le piége, ami; je ne vois plus la fleur. Par M. Lsricauz pes Guernors. (18r) POLICHINELLE ET LES ENFANTS, FABLE: MA foi, vive Polichinelle ? Il n'est pas toujours de bon ton, Mais il est gai, bon compagnon, Et sur-tout d'humeur naturelle. Puis, quand il à quelque querelle, Je le vois toujours le plus fort; Malgré moi cela m'intéresse, Car je trouve, je le confesse, Que les vainqueurs n’ont jamais tort. Ux jour, posté devant la loge De mon héros, j’admirais sa valeur, Qui passe à mon gré tout éloge. Il rossait tout, gendarme, procureur ; Se moquait du public, riait du commissaire, Et par ses propos insolents Le drôle amusait les passants, Méme aux dépens de son compire. Pris de moi, de jeunes Enfants, Ravis d’une scène aussi belle, Joignant les maius, criaient 4 leurs parents : Ah ! donnez-nous Polichinelle ! On y consent ; jugez de leur plaisir ! M 5 ( 182 ) Le marché fait, le prix du personnage , Pavé, sans tarder davantage On s'empresse de le saisir. Mais en perdant son domicile, Polichinelle a tout perdu; Il est muct. sourd, immobile 3 Comme un mort il reste tendu. Jugez de la tristesse extrème De nos Enfants ! En croiront-ils leurs yeux? Non, non, par un tour odieux Ils ont Cié trompés, et ce n’est plus le mème! Que conclure de tout ceci ? Et la morale? La voici : — Beaucoup de gens dans leur trou font merveille, Parlent, agissent bel et bien, Qui tirés de là ne sont rien. Puis l’autre sens, je le dis à l'oreille : C’est que les hommes sont ce qu’on les fait valoir 3 Le grand art est de les faire mouvoir. Par M. Gurrincuzx. (183) L'ENFANT ET LES CAILLOUX, FABLE, Coxxaïssez-vous ce jeu charmant Où, lancé par un bras agile, Le Caillou, bondissant Sur une onde immobile, Court, et dans son rapide e:sor S’abat, s'élève, tombe et se reltve encor ? Ne le méprisez pas ; car César et Pompe, Dit Montaigne, aimaient fort ce plaisir innocent, Qu'il nomme , il m’en souvient, Cornichon va devant, Ajoutant qu'il vaut mieux que celui de l’épée. Des Enfants s'y livraient avec toute l’ardeur Qu'on met à tous les jeux dans le jeune âge; Et la chose allait bien, si bien, que le rivage Retentissait des cris de leur bonheur, Quand l’un d'eux, qui plutard sans doute fut docteur, Et parlait à sept ans comme un grand personnage ; «Leur dit : Messieurs, nous sommes fous De ne choisir pour notre affaire Que de légers ct de petits Cailloux. Voyez-vous cette énorme pierre ? Je vais la lancer, moi; je suis sûr de mon fait, | Et croyez que sur la rivitre Elle sera d'un bien meilleur effet. M 4 (184) 11 s'incline à ces mots; il soulève à grand’peine, Et lance le pesant fardeau ; La pierre, que son poids entraine, Fait grand bruit, éclabousse et disparait sous l’eau. Morazes. Daws ce fait, je crois que le sage Peut entrevoir un sens profond : Où maint petit surnage, Plus d’un gros coule au fond. Par M. Gurrixcurn. CAES Re Ph L'H'O'S P'RIPAL'IT.E; CHANT GAULOIS. L'owsre descend et verse sur la terre Parfums, fraicheur et rosée et repos. Au bord du lac, le Barde solitaire De ses accents a frappé les échos : Il a chanté la Patrie et les armes, Et la Victoire et l’Immortalité. Je vois ses yeux baignts de douces larmes; Écoute ! il chante l’Hospitalité. Quaxp tn reviens à l'heure accoutumée Vers ton foyer, si quelque pélerin S’offre à tes yeux, rends graces au Destin, Et de ton toit montre-lui la fumte. Par les chagrins son esprit tourmenté Allait céder au mal qui le dévore; Mais une fois il va sourire encore Au doux accueil de l’Hospitalité. Ouvre en tout temps ta modeste chaumière Au voyageur que l’orage poursuit, Et qui, le soir, errant sur la bruytre, Marche entouré des piéges de la Nuit. Tends-lui la main, et nomme-le ton frère, À ce saint nom vois son cœur agité ; Lis dans les pleurs qui mouillent sa paupière: Rien n’est si doux que l'Hospitalité. ( 186 ) Qu’ex pétillant, une flamme joyeuse Rende la vie à ses sens engourdis ; Que d’un vin vieux la liqueur généreuse À la gaité ramène ses esprits : Des nomssacrts d'épouse et de Patrie Frappe son cœur d'ivresse transporté ; Il s’attendrit, te regarde et s’écrie : Rien n’est si doux que l’Hospitalité ! Daxs sa retraite, avec soin embellie, Conduis enfin le voyageur surpris ; Qu’ä son aspect, s’il se peut, il oublie Qu'il à quitté sa mère et son pays! Dans le sommeil la fatigue le plonge. … Que son repos sur-tout soit respecté ! ! Qu'il dorme en paix, et dise encore en songe : Rien n’est si doux que l’Hospitalité ! { Par M, Gurrimcuer. LAB E DES MATIÈRES. D, scours prononcé à l'ouverture de la Séance prbique du 8 Août 1817; par M. Auguste Le Prevost, Presiient , pige « SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Vitalis, Secrétaire perpétuel, 8 Ouyrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. ASTRONOMIF. Mémoire sur les taches observées sur le disque du Soleil , en 1816; par M. Dagut de Betesta, 9 Norice sur la planète F'énus ; par D, le baron Lézurier de ‘a Martel, IE Dialogue des Morts entre Fontenelle et A]mtla mar- g'ise de G..., sur les taches du Soleil ; par le méme , 13 Précis de la Vis de M, Lieudé, baron de Sepman- ville ; par M. Cody ibid. ( 188 ) MÉCANIQUE, Description de la Vis d’Archimède à double effet, destinée aux irrigations et aux épuisemaents ; par M. Pau, 12 Rapport sur la Vis d Archimède; par M. Tarbé, ibid. Mémoire ayant pour objet le moyen de détruire les effets de linertie dans les Pompes à conduite trafnante ; par M. Pinard de Boishébert, 13 Aune cylindrique, par M. Philémon Sens , et Rappart fait par M. Mallet, | ibid. Description de deux ponts construits à Paris ; par M. Lamandé, 14 Cu PHYSIQUE. Observations sur la déclinaison de l’Aiguille aiman= tée, 14 HISTOIRE NATURELLE. Don d’une Couleuvre de Cayenne et de deux Ocelots Jait à l’Académie par M. le baron Lézurier de la” Martel, 16 Zoologie. Ouvrage sur les Polypiers coralligènes flexibles , vulgairement nommés Zoophytes ; par M. Lamou- TOUX , #7 ‘ (189) À Botanique. Exposé analytique des principaux Phénomènes de la végétation ; par M. Marquis, 19 Nouveau Voyage dans l’Empire de Flore, par M. des Longschamps, et Rapport par M. Le Tur- quier, ibid. Sur les Fougères et les Plantes cryptogames, par M. Le Turquier, et Rapport sur ces deux Ouvrages par M. Marquis, 21 Discours prononcé par M. Marquis à l'ouverture de son Cours de Botanique , 22 Géologie. Mémoire sur la Pétrification et l’Incrustation, par M. Geofiroy , avocat à Valognes , et Rapport fait par ÀT. Vitalis, 27 Mémoire sur les Laves du Vivaraïs, de l’ Auwergne _ et du Fésuve ; par le même M, Geoffroy, 3s Mémoires sur La Géologie du département de l'Oise, et particulièrement des environs de Liancourt ; par M. Guillemard, 52 Oryctologie. Notice sur un Polypier fossile ; par M. Geolroy, 33 ‘ 190) CHimis. Démoire sur quelqres propriétés comparées de diverses espèces de Charbons provenant du règne vegetal ; par M. Dubuc, 54 Analyse chimique de deu Liqueurs employées dans la fabrication des Chandelles ; par M. Vialis, ibid. Composition chimique d’une Liquenr propre à rendre les Etoffis imperméables ; par le méme, ibid. Notice sur un prétendu Extrait de Fernambouc ; par le même , 35 MÉDECINE HUMAINE. Æssai sur la Commotion du Cerveau , par M. Hellis, et Rapport par M. Vigné, 37 Dissertation sur la Péritonite des Femmes en couches, par M. Mullot fils ,et Fapport par M. Vigné, 358 Précis historique sur l’irruption de la Fièvre jaune & la Martinique , en 1802 ; Observations sur les Géo- phages des Antilles ; Essai sur l’Iygiène militaire des Antilles, pur M. Moreau de Jonnès, et Rap=. ports sur ces trois Ouvrages par M. Marquis, 59 Tableau du Climat des Antilles ; par le méme M. Mo- reau de Jonnés, 42 Dissertation sur l’Air atmosphérique ; Hygiène mili- taire, pur M. Kerckhoffs , et Rapport par M. Vigné, Cigr) Procès-verbal de la Séance publique de la Société d’Emulation et d’Ercouragement établie à Liége, envoyé à l’Académie par le même M. Kerckhoffs, et Rapport par M. Duputel, 43 Précis de Doctrine sur l’Accouchement par les pieds ; autre ouvrage intitulé De Abortu, par M. Desor- meaux, et Rapport de M. Flaubert, ibid. Idées générales sur l’étendue, la dignité de la méde- cine, et sur la possibilité, la nécessité de lui appli- quer la méthode analytique ; par M. Vigvé, 44 Recherches sur les enveloppes du Fœtus, par MH. Du- trochet, et Rapport par M. Le Prevost, D.-M., 46 Physiologie animale. Examen de la théorie de la Vision, par M. Le Pre- vost, D.-M., et Rapport de M. Flaubert, 47 Coup-d’œil sur les progrès des connaissances médi- cales ; Discours de réception de M. Le Prevost, D.-n1., 48 Compte rendu par M. Gosseanme du Bulletin es Sciences médicales du département de l’Eure (n°' 42, 45 et 44), 52 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Instruction sur l’Epizootie des Animaux de l’espéce bovine, par M. Hurtrel d'Arboval, et Rapport par M, Le Prevost, vétérinaire , 52 (19 ) AGRICULTURE. Mémoire sur les Plantations en massif; par M, Auguste Le Prevost, 53 Norice biographique sur M. Firmin Sénéchal ; par M. Sénéchal son fils , ingénieur au Corps royal des Ponts et Chaussées, à Rouen, 54 Norice biographique sur M. le baron de Sepmanville; par M. Gosseaume, 57 Prix PROPOSÉ pour 1818, 6r Mémoires dont l’Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. DraroGuE Des Morrs entre Fontenelle et Mme la mars guise de G***, sur les taches du Soleil ; par M. le baron Lezurier de la Martel, 63 Mémoire sur le Moyen d’éviter l’effet de l’inertie dés Colonnes d'eau dans les Pompes ; par M. le chevalier de Boishébert, 72 MÉMOIRE sur quelques propriétés comparées de diverses espèces de Charbons provenant du règne végétal , mais spécialement sur leurs qualités hygrométriques ; par M. Dubuc, 54 ANALYSE de deux Liqueurs employées dans une Fabrique de Chandelles pour purifier et blanchir le Suif ; par M. Viualis, 99 Mémoir«s oh hi mt Arms C195) Mémorre sur quelques Compositions propres à rendre les Toiles imperméubles ; par 21. Vitalis, 107 Mémoire sur les Plantations en massif; par M. Auguste Le Prevost , 119 BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fuit par M, N. Bignon, Secrétaire perpé- tuel, 122 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. Discours prononcé à l’Ouverture des travaux acadé- miques; par M. Auguste Le Prevost, 122 COoRRESPONDANCE. Ouvrages et Mémoires envoyés par divers, 124 TRAVAUX DE L'ACADÉMIE: LITTÉRATURE. — Prose, Éloge de Bernardin de Saint-Pierre ; par M. Patin, 125 Vues d'un Français sur les preuves de noblesse ; par M. Toustain de Richebourg, ibid. Brochure intitulée Une Révolution doit avoir un terme; par M. le comte de Sesmaisons, ibid. Troisième volume des anciens Mémoires de l’Acadé- mie ; par M. Gosseaume, ibid. N » Ciok) Traduction du poëme anglais du docteur Amstrong, sur l'art de conserver la santé; par M. Marquis, 125 Essai sur le Paysage; par M. Lecarpentier, 126 Introduction d’un Dictionnaire des Rues et Pluces de Rouen ; par M. Periaux , 127 Pièce de vers de Barbe Verue, lue par M. Bignon , 128 Mémoire ayant pour titre : De l'origine, du progrès des Arts, des causes de leurs chutes à différentes époques, et de leur état présent ; par M. Des- camps, ibid. Observations sur la signification du mot Budget; par M. Duputel, 129 Morceau sur l'Architecture du moyen âge, traduit d’un Essai de W'hütington ; par M. Auguste Le Prevost, ibid, Mémoire relatif au mariage, en 1509 , de Guillaume de Tarcarville ; par le même, ibid. Criton et Euphémon , traduit de l'allemand ; par M. le baron Lézurier de la Martel, 15t Nouvelle traduction de Jules-César , de Shakespeor ; par le même, ibid. Traduction de plusieurs fragments du Courtisan de Balthazar Castiglione; par le méme, 152 Deuxième tome des travaux de l’Académie de Caen, et Rapport de M. Licquet, ib:d. C195) Travaux de la Société d’Emulation de Rouen, et Fapport de M. Duputel, . 133 Séance publique de la Société établie à Liége, ct Rapport de A1. Duputel, ibid. Æssai sur les Provinciales , par M. le comte Francais de Neufchâteau, et Rapport de M. Duputei, ibid, Traduction de l’Art d'Aimer, d'Ovide, par M. de Cournay, et Fapport de M. Licquet, ibid, Mémoire sur la franchise des Ports, par M. Noël, de Cherbourg, ec Rapport de M. Cabissol, 154 Puésies nationales, par A1. Viellard, et Rapport de M. Ricard, 153 Poétique secondaire, par M. Chaussard , et Rapport de M. Brière, ibid. Virginie, tragédie, par M. Saussay , et Rapport de M. Brière, 136 Mémoires contenant diverses analyses d’articles de Littérature et d’Antiquités du Journal des Savants; par M. Bignon, 137 Remarqgnes sur une tragédie allemande, de M. 4dolple Mullner ; par M. Biguon, 158 KRTS ET ANTIQUITÉS Antiques en cacheïs et en figures, découvertes à Lisieux , à Pieux , etc. ; par M, Revers, 159 N 2 € 196 ) Restauration et conservation d’un Tableau représens tant la Chambre du Commerce de Rouen devant S. M. Louis XF 1, 139 Sites et Monuments des environs du Pont-de-l'Arche , par M. Langlois, et Rapport de MM. Desoria es Lecarpeutier, 140 Deux Plans et un Dessin de la porte du Bac ; par M. Descamps, ibid. Mémoire sur la porte du Bac ; par M, Auguste Le Prerost, ibid. Discours de réception de M. Adam, vice-président du Tribunal de première Instance, 141 Discours de M. Durouzeau , avocat général, 142 POÉSIES, Thémistocle, Philippe 11 et Rutilius , tragédies ; par M. Théodore Licquet, £ 145 Extrait d’un poëme sur les Fleurs ; par M. Robert, ibid, Deux fables et un chant gaulois ; par M. Guuinguer, ibid, Epitre à un {mi revenant dans sa Patrie après plus de trente ans d'absence ; par M. d'Ornay, 144 Ode au Silence ; par M. Vigné, ibid. Premier acte de Brutus à Philippes, tragédie nous velle ; par M. Licquet, ibid: detre ce ee (197) Neuf fables, par M. Leflleul des Guerrots, 144 La Mort du Cid, romance ; la Convalescence , et l'Etoile et la Fusée volante; par M. Guttinguer, ibid. Poëme sur la camnasne de $. A. R. Mgr le Duc d’An- goulême, en 1815, dans le Midi ; par M, Licquet, ibid. ÆExrRrarT du prem'er acte de la tragédie intitulée Brutus à Philippes ; par M. Théodore Licquet, 149 Notice biographique sur M, F. À. Vincent ; par M. Desoria, 15t PRIX PROPOSÉ pour 1818, 1535 Ouvrages dont l’Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. OBSERVATIONS sur la signification propre et l’origine du mot Budget ; par M. Duputel, 155 Mémoire concernant la porte du Bac ; par M. Auguste Le Prevost, 161€ ÉPÎTRE À UN A1; par M. d'Ornay, 171 Ov au SILENCE ; par M. Vigné, 176 Le. CuÈne ET Les Épis, fable ; par M. Lefilleul des ; » } Guerrots, 179 Le PAPILLON ET L'ENFANT , fable ; par le même, 1C0Q | ( 198 ) PoLicaiNeLze Er LES ENFANTS, fable ; par 21. Gut- tinguer , 18 L'ENFANT ET Les CAILLOUx ; fable ; par le même, 183 L'HospiTALiTÉ, chant gaulois ; par le même, 185 ‘ FA j. (al aie" FIN. | + + + | cl l dé yEs #7) t : ; PE /t A A "1 | - | ; y ER Ye | Ée - 1Ce 2 ; [ei € Ce d 220 CC \E v — Lo) © Q ——— [e) (0) Lo] — M ® E L ail “té. r | D nn RE | | f A Pieds. n° | | | ll k _— ES l || EAU ALAN AL) 7 Fire. I D | AN J° = UNIT mn ‘spoid 9€ ÿŸ * S V . LA ot YuY CN Fe A PAAATENNE VU CT Ê À si : we pag ve ÉÉMÉLLE EEE MTEE D lé ANT N AN | ul iris v' "sn MANN SHARE Ab “v REVERS SVCVVEX y NC Ne WU Mi AAk {| “in sien Ho VENTE CLOUS RENNNEN ANSE EAN QE NP EEE “y Sy be TT Ÿ - Ÿ VVYY SV Ê Sa D En LL SUV NU: AA AN ANS ° ps ‘ me, 4 pti JouteÈge Ce FA ESS We LÉ V VUE SÉÉVEEUEUNE VYy | MP CM a W LL M jt = Me té, F ‘ F " ! LL MYPU ET ETVYE PRIT k vuw nv F L MAMA VPN A ‘ VYUVVUÈ tive A \ | re L UU'AAIL LEARN ”, te LU vin AMP LAVE V + ALLAIT: y vu y ÿy 2 TT W°: gE y Sd Mn à AT € Ve NUVE M \Al1iit TL EPP VER MMEPEEMER HS , “Y VV VAN VMVEU Ve PTS MAMIE Û À + .MUV VNNNY AMP ! AM AUNVOUVUUAUU UT Mi ÿ NES. 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