RARRE AA Le LANECE, AA A. AAA AAA AAA AA Py AA AAA AN AAARA Gun à nN AAA x AAC Pa AA A AANAAA AA°A| AAAAaRATA: AAA AN AAA ARE A RE A ARASARA MIRE A À ANR AAA At AMAnA 22252 > , Sr 22> 42 ca AAA A ANA APEC AA ARAADE AN Fe SANANAA AAA TARA Aya AAA AAA le) Anñ à alla AAA AANANA A À VA) nan AN À AAA A ANA® ANA FHAAPENTEE nn | À #0 LR A AA AMAR sw mu: Wu anti, UE A Fes À AAA, NARAAA AA eD2RES à \ as "A ka ia PF} pa Au à) ET Va aa ps ENT AONET l ANARA À Ja x A 22 | \ 14 M à . ay à ; / An AA Me sage M AA AA MA RAA AAR AAA AR RSA 2 e PAR. 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Th 11774 1 LL a # OCR ART Ve LSUR Q H pe L | LA 1 SNL | ‘ ASE TA ; Li hs ® y LS ? L : À Fa . # { EE ar à PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES - LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PE£NDANT L'ANNÉE 1820. < RTS À ROUEN, De l'Imp. de P. PERIAUX père, Imprimeur du Ror et de l'Académie, 1821. . rss jés eirai ane orne ER ANR HAVOr aa FE à ee ‘ass ann cunaan \ : EL EU MES L 4 PS A D aie, RAT LS Ar 3 MU r ar . s'art OS. Le MR BL é | # __ , oo | PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, pois L'ANNÉE 1820 ; D'APRÈS le comple qui en a élé rendu par MM. les Secrétaires, à la Séance publique dw F’endredi xx Août de la méme année. | RAA AT AR RARE DISCOURS PRONONCÉ à l'ouverture de l Séance publique du Vendredi 51 Août 1820, par M. Marquis, D. M. P., Professeur de Botanique, Vice-Président. Mssirvns < Moins il m'était permis de m’attendre à l’honneur d'ouvrir cette séance, plus l'embarras que je ne saurais æ empêcher d'éprouver en çe moment a de droits à votre À, (2) indulgence. Le souvenir de l’élégante facilité que vous avez soufentiadmirée, lorsque votre Président, M. le baron Malouet ,sa1dres$anttantôt au guerrier ami des lettres ; tan- tôt à l'artiste indusirieux , tantôt au médecin observateur , tantôt au littérateur savant , prépaititour-à-tour le langage de chacun et se montrait aussi familier que lui-même avec les objets de ses études , serait bien propre sans doute à m'intimider encore davantage, si lamour-propre pouvait avoir la moindre part à l'émotion que je ressens. Bien loin de là, Messieurs , si quelque chose me console aujour- d'hui de mon insuffisance, c’est l'idée qu’elle ne peut que vous xappclar: davantage le Président dont vous n'ou- blierez jamais ni les talents, ni les marques touchantes d'atiachement dont il vous a -comblés. Faire fleurir égälement dans une douce paix et le né- goce et l'industrie , sources de la richesse des nations , et Les sciences , les lettres, les'arts qui en sont la gloire la plus solide, tel est le but où tendent tous les vœux du Mônarque dont la sagesse veille surnos destinées vœux heureusement SERA) par les hommes habiles. et wer- tueux quil sait choisir pour Y'aider à faire le bonheur de ses peuples , et par le goût naturel, le génie actif et l'infatigable ardeur du Français. eue jour quelque mouyelle-lymière jaillit sur quel- que partie de la science , chaque jour quelque procédé souveaperfectiqnne , rend plusproductive quelque bran- che de l'industrie ; «et souven} Le pragédé, ce perfection nement n'est qu'une ingénieuse, application. de quelque phénomène nouvellement observé , de quelque propriété nouvellement découverte dans l’inépuisable champ de l'étude de la nature. Appliquer ainsi à des objets d’une utilité positive les résultats de ses recherches , est aujour- d'huipour le savant Pespècedé gloire qui le flatte le-plus.- “Grâce au’bierifait de éducation devenu plus général, aux ‘moyens d'inswuetion-dévenus plus nombreux , plus (3) faciles, l'homme qui s’est consacré aux arts industriels n’est plus entièrement étranger au progrès des sciences. Ce qu'il lui importe de savoir des découvertes savantes parvient bientôt à saconnaissance , et il se hâte de les tour- ner à son profit. L'agriculteur lui-même ne craint plus autani de s'écarter de-la routine qui retarda si long-temps les progrès de l’art nourricier ; il aime à venir chercher au milieu des sayants les instructions qui lui manquent et les met en pratique avec un esprit d'observation qui sou- vent lui donne à son tour occasion d'éclairer le savant. Des récoltes plus abondantes le paient de ses fatigues , et la terre semble devenue plus libérale envers le cultivateur plus instruit. Jamais les diverses branches des sciences et des arts industriels ne se sont plus-fréquemment rapprochés , ne se sont unies par plus de liens, ne se sont prêté des secours plus mulüpliés, plus utiles. Ne Trop souvent on s’est plu à considérer comme opposés , comme exclusifs , l'esprit du négoce et le goût de l’instruc- tion. C’est surtout de nos jours , c’est surtout dans notre belle patrie que ce préjugé paraît peu d'accord avec l'état des choses, et cetle province , celte ville offrent peut-être la plus forte preuve du contraire. La patrie de tant de commerçants habiles, de tant de fabricants ingénieux dont les travaux l'ont enrichie , l'ont rendue célèbre , n’est- elle pas aussi celle des Corneille, des Fontenelle, des Lémery, des Vertot , des Jouvenet ? Si mous voyons, dès le douzième siècle , Rouen se distinguer par son industrie , par ses fabriques ; même ayant celle époque, nous y voyons exister l'association pieuse et littéraire des Palinods antérieure même aux Jeux floraux de Toulouse. Le nom de Féle aux Normands, donné dès-lors à la solennité annnelle de cette confrairie poétique , prouve sa célébrité et le goût des anciens ha- bilants de cette Province pour ces sortes de joûtes litté- À 2 C4) raires. L'Imprimerie , qui ne fleurit que là où les lettres sont cultivées avec zèle, s'établit à Rouen presque dès l'origine de cette invention qui a tant influé sur la civili- sation du monde. Nulle part, peut-être, n’est moins rare lhabileté dans les affaires jointe à l'instruction. N’avons-nous pas vu plus d'une fois le fabricant, s'aidant des principes des sciences mathématiques ou physiques, perfectionner lui-même les machines qu'il emploie , et me pre : rendre plus faciles , plus sûres, ses opérations ? Instruit par l'étude et par les voyages des langues et des litté- ratures étrangères, des productions el des usages des diverses contrées, le négociant trouve dans ces connais sances de nouveaux moyens de succès, et honore sa noble profession par son savoir, comme par ses vertus. Souvent c'est dans le commerce des Muses qu'il cherche le délassement de ses travaux assidus , et les Muses ap- plaudissent à ses essais. Je n'aurais pas à chercher des exemples ailleurs que dans cette enceinte. En contemplant la prospérité de cette ville, où le fleuve royal apporte majestueusement sur ses ondes les productions des contrées les plus éloignées, où les pa- villons de tous les peuples flotient sur les navires pressés dans le port, tandis que d’autres, encore ünparfaits, reposent près de là sur les chantiers ; où le coton de l'Inde , filé par les plus ingénieuses machines , paré des couleurs les plus vives et les plus variées, se transforme en tissus également légers, élégans , solides ; où le génie du mécanicien s'exerce continuellement à diminuer, à régulariser le travail des bras ; où l'étranger, parcourant nos ateliers , d'un œil surpris, reconnaît, avoue , malgré lui-même, une supériorité qui alarme sa jalousie ; com- bien il nous est doux de penser que l'Académie n’est pas étrangère à cet état florissant , que plus d'un des per- C5) fectionnements qui ont contribué aux succès de l'industrie rouennaise est émané de son sein. Quel plus doux fruit de ses veilles peut obtenir l'homme studieux que de trouver quelque moyen d'être utile à ses concitoyens ? Combien l'avide curiosité qui porte l'homme à étudier cette multitude infinie de corps st divers dont il est entouré, à observer l'action réci- proque qu’ils exercent les uns sur les autres , à recher- cher les causes secrètes de ces phénomènes si curieux que la nature nous offre à chaque pas, ne devient-elle pas plus louable , plus noble , plus sublime ; quand elle se propose la satisfaction de nos besoins ou le soulage- ment de nos maux, quand elle a pour but d'améliorer notre élat en nous procurant de nouveaux biens , de nouvelles jouissances ? Telle est la fin que le savant doit sur-tout avoir en vue dans ses recherches. La vraie science est la science appliquée , la science utile. Mais ce but n’est pas étranger non plus à l'homme de lettres , au poëte , à l'artiste. En développant, en entre- tenant dans notre esprit l'idée du beau, en nous en présen- tant l’image ravissante sous toutes les formes, en nous en inspirant le sentiment, le goût épuré ; leurs ouvrages peuvent contribuer à la perfection de notre être moral , et nous pénétrer de l'amour de la vertu, qui n'est que le beau dans les mœurs. C’est par là que les produetions du littérateur et de l'artiste pourront rivaliser d'ullité avec les travaux du savant. Heureux ceux qui, dirigés par de pareils principes, parcourent avec quelques succès la carrière des sciences ou des lettres , parviennent à soulever quelque partie du voile mystérieux qui enveloppe les œuvres du Créa- teur, en décrivent dignement les merveilles , où en créent en quelque sorte de nouvelles, en les imitant ! Déjà payés de leurs travaux par le charme qui les ac- compagne , ils le sont encore plus par la douce satis- A 3 (6) faction d’avoir acquis de justes droits à la reconnaisance de leurs semblables. Mais n’ai-je pas trop oublié , Messieurs, que vous attendez de mes confrères des’ lectures plus dignes de vous intéresser ? Je me hâte de leur rendre ane attention dont ils sauront mieux nsér , et que l'espoir que je vous offrais de les entendre, a pu seul me mériter quelques instants. SCIENCES ET ARTS. RAPPORT Fait par M. Viraus, Secrélaire perpétuel de la classe des Sciences. MESSIEURS , L'Académie vient aujourd'hui avec un plaisir toujours nouveau , vous entretenir de ses lravaux ; el vous prier d’en agréer l'hommage. Les mathématiques , la physique, l’histoire naturelle , la médecine humaine et vétérinaire ; la chimie, l’agri- culture, léconomie rurale , les arts industriels, ou- vraient une vaste carrière à ceux des Académiciens qui se sont voués plus particuliérement au culte des sciénces. Vous jugerez, Messieurs ; de leur zèle, de leurs ef- forts , de leurs succès, par le compte que je vais avoir l'honneur de vous rendre de leurs travaux. — SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. Boucharlat , professeur de mathématiques , a donné une nouvelle preuve de son attachement à l'Académie , C7) en lui faisant hommage de la seconde édition de ses Eléments de calcul differentiel et intégral. » Cette deuxième édition ; dit M. Meaume , qui avait élé chargé d'en rendre compte ; est beaucoup plus éten- due que la première. « On distingue comme principales additions , la Lys des points singuliers des courbes, les marima et minima des fonctions de deux variables ; les courbes polaires, la théorie de la variable indépendante , les so- lutions particulières des équations différentielles, la cu- bature des corps terminés par des surfaces courbes , les conditions d'intégrabilité des fonctions de trois variables, les équations différentielles du second ordre , les équa- tions simultanées, une théorie des équations différen— tielles partielles. L'auteur regarde comme un avantage de développer toutes les opérations, afin que le, lecteur ne soil pas arrêté par la difficulté des calculs, et que l'ouvrage puisse être entendu sans le secours d'un maître. On a imprimé en plus petits caractères les sujets moins importants , et que l’on peut supprimer à la première lecture. » M, Boucharlat s'est attaché à exposer clairement les principes fondamentaux du calcul différentiel ; il a comparé la méthode des Zmites avec celle des infiniment petits, et il a fait voir que le principe de Lagrange , dont il a modifié la démonstration , prévenait les diff cultés et les objections qui se rencontrent dans les autrés manières de poser les bases du calcul différentiel. » Je ne m'arrêterai point , Messieurs, continue M. Meaume , à vous donner une analyse de tous les arti- cles de l'ouv rage : rien ne serait plus stérile , et je crain- drais de fatiguer votre attention. Il me suffira d' ajouter - qu'un trailé % calcul différentiel et intégral devant pre- parer le lecteur à l'intelligence de là mécanique céleste et de la mécanique analytique, et de tous les ouvrages À 4 (8) des géomètres modernes sur les sciences physiques ma- thématiques , ces conditions sont généralement remplies par M. Boucharlat, et que son ouvrage est utile même après ceux qui ont été publiés sur la même matière. » = M. Saint-Leger, connu avantageusement à Rouen, par les leçons de mathématiques qu'il y donne depuis long-temps avec succès , a soumis au jugement de l'Aca- démie un Tableau d’üddition et de multiplication, appli- cable à la soustraction et à la division, à l'usage des com- ? O0 mençants. Dans le rapport verbal qu'il en a fait, M. Eacaux estime que ce Tableau remplit bien son objet, et qu'il sera très-utile à ceux auxquels il est destiné. —= Admis à partager les travaux de l'Académie , M. Destigny a donné lecture de son discours de réception. « En me présentant pour la première fois dans ce sanctuaire des sciences , des lettres et des aris, a dit notre nouveau confrère , le premier sentiment dont je vous prie d'agréer l’expression , est celui d'une recon- naissance d'autant plus vive que j'étais loin de m'at- tendre à recevoir des marques aussi honorables de votre bienveillance... » En m'admettant à partager ses utiles travaux, l'Aca- démie n’a pu avoir d'autre intention que celle de m'ex- citer, par un molif aussi puissant, à continuer les recherches que déjà elle a bien voulu honorer de son suffrage , et qui désormais me deviendront plus faciles , puisque je pourrai mettre à profit les nombreuses con- naissances que la Compagnie réunit dans son sein, et qui distinguent si éminemment chacun de ses membres. » Après ce début dicté par la modestie, M. Destigny esquisse le tableau historique de l’origine et des progrès (9) de l'art de mesurer le temps ou de l'horlogerie. Nous allons en retracer ici Les principanx traits. « Si tout ce qui existe dans F Univers était sans mou- vement , il serait impossible de déterminer la durée du temps , et il s'écoulerait sans distinction de ses parties. » La révolution du soleil autour de la terre paraît être le premier moyen employé pour la mesure du temps ; ct les gnomons ont été les premiers instruments dont on ait fait usage. » L'histoire nous apprend que le premier cadran s0- laire remonte à une époque antérieure de plus de 500 ans à l’ère chrétienne , et Falconet en attribue l'inven- tion aux Phéniciens ou aux Chaldéens. Les clepsydres élaient aussi en usage avant Jésus-Christ; mais ces ins- truments , quelque parfaits qu’on les suppose, ne pou- vant suffire à tous les besoins , l'horlogerie fut bientôt créée. » La première horloge dont on eut connaissance est celle que Richard Walingfort, bénédictin anglais. in yenta et fit exécuter en 1326, pour le couvent de Saint- Albans. » La deuxième fut exécutée à Padoue , en 1344 , sous la direction de Jacques de Dundis. On y voyait déjà le cours du soleil et des planètes: Ce travail mérita à son auteur le surnom d'lorologits (quelques-uns disent A)-Horologio) , dont sa famille se fait honneur à Flo- rence , où elle existe encore. » La troisième parut en 1370. Elle fut exécutée par ordre de Charles V , qui, pour cet effet , fit venir d’Alle- magne Henri de Vic. Cette horloge fut placée à Paris, au Palais marchand, dans une tour qui porte encore aujourd'hui le nom de Tour de l'Horloge. Henri II fit exécuter celle du châtean d'Anet, où lon voyait une meute de chiens qui marchaient en (10) aboyant, et un cerf qui, avec le pied, fotngail les heures. » C’est donc au milieu du 14° siècle que l'horlogerie prit naissance. » Le premier pas fait vers la perfection de cet art fut l'application du pendule aux horloges comme régulateur. La théorie en appartient à Galilée, et l'application à Huyghens. » La longueur du pendule simple , à la latitude et à la hauteur de l'observatoire de Paris et à la température de la glace fondante , a été déterminée par MM. Borda et Cassini à 3 p. o p. 8 lig 5593 pour que la durée de chaque oscillation soit d'une seconde. L'application du pendule aux horloges n’empêchait pas que l’isochronisme de ses oscillations cessät lorsque la puissance qui entrétenait ces oscillations, venant à chan- ger, forçait le pendule à décrire des arcs plus ou moins grands. Huyghens crut pouvoir remédier à cet inconvé- niént en employant une courbe eycloïdale sur laquelle la soie servant de suspensiou au pendule s'enveloppait et com- pensait, par le raccourcissement du pendule, le retard occasionné par l'amplitude de Parc qu'il devait décrire. L’expériencé ne tarda pas à prouver que celle idée, qui séduisit d’abord tous les savants, était plus brillante qu’utile, On sentit bientôt le vice d’une lentille légère et celui de l'emploi d’un fil de soie d'une longueur indispensable dans ce système. Tous ces vices disparurent en ne faisant dé- crire au pendule que de très-petits ares de cercle, qui se confondent alors avec ceux de la cycloïde, en donnant du poids à la lentille, et en remplaçant la suspension par la soie, au moyen d’un couteau où d'un ressort. » La théorie établissait que si la longueur du pendule à se- condes changeait de la centième partie d’une ligne, Fhor- loge varierait d'environ une seconde en vingt-quatre heures ; on savait aussi que la chaleur dilate tous les corps et que (11) le froid les condense. Ce ne fut cependant que long-temps ‘après que l’on songea à remédier à cette cause de varia- tion. Graham en 1715, Hamson en 1726 , les frères Regnauld en 1733, Julien Le Roi en 1739 , Rivaz en 1749, Le Paute en 1755, et Ferdinand Berthout se sont occupés avec plus ou moins de succès de la compensation des effets de la température. M. Grenier , horloer , à Rouen , proposa et exécuia, en 1780, un système de compensation qui, suivant M. Destigny , doit l'emporter sur tous les autres. M. Destigny saisit avec empressement cette occasion de payer un juste tribui d'éloges aux talents distingués de cetartiste octogénaire , aussi recommandable, dit-il, par ses connaissances que par sa modestie. M. Gre- nier a employé son systême de compensation dans une pendule astronomique d'une exécution achevée , et dont notre confrère promet de donner la description, si Fau- teur veut bien le lui permettre. » L'invention du ressort, vers le milieu du 16: siècle, fournit le moyen de diminuer le volume des horloges et de les placer dans les appartements ; et on trouva enfin dans la fusée le moyen de régulariser son action. » La marche des montres devint elle-même plus exacte par l'application du ressort spiral, dont la première idée paraît être due à l'abbé Hantefcuille , d'Orléans. » La première pendule à répétition fut inventée, en 1676, par Barlow. À celle découverte succéda bientôt celle de l'équation de l'horloge. Ce ne fut qu'en 1717 que MM. Le Bon et Le Roi établirént quelques-unes de ces pièces en France ; on est même parvenu depuis à faire des montres. à équation. » Les progrès de l'horlogerie , pendant le cours du 18° siècle , ont été aussi très-sensibles. On a imaginé plusieurs échappements libres et à force constante tant pour les hor- loges que pour les montres. On est parvenu à réduire le frottement par l'application de rubis aux parties frottantes de Cr) l'échappement , et en perçant cette pierre pour recevoir les plus petits pivots des axts des rouages; on a aussi per- fectionné le système de compensation des effets de la tem- pérature sur la marche des montres et des horloges ; et enfin où a réussi à construire des pendules astronomiques et des montres à longitude d'une étonnante précision et dont l'utilité est si importante pour les intérêts de la physique en général, de l'astronomie , de la navigation ei du com- merce. » Mais si l'horlogerie rend d'éminents services aux scien- ces , il est juste de convenir , ajoute M. Destigny , qu'elle a aussi besoin de s’aider de leurs secours et que la con- naissance de la chimie , de la physique, des lois du mouve- ment , du calcul et de la geometrie lui sont indispensables. » Cette liaison intime de l'horlogerie avec les sciences me fournit un nouveau motif de me féliciter d'appartenir à une compagnie qui compte parmi ses membres un si grand nombre de savants distingués et qui, je l'espère , voudront bien m'aider de leurs lumières, » Si, dans les recherches que je me propose de con- tinuer, j étais assez heureux pour obtenir quelques succès , je les rapporterais à l'Académie et je la prierais d'en agréer l'hommage. » La réponse à ce discours, par M. le Président, est si remarquable par la noblesse et l’heureux choix des pen- sées, par la tournure neuve et piquante des idées , par l'élégance et la précision du style, que c’est avec un vif regret que nous nous voyons forcés de l'abréger ici. « Si les belles-lettres, a dit M. le baron Malouet, font le charme et l’ornement de la société, les arts ont en- core plus directement contribué aux progrès de la civili- sation , soit qu'on les considère sous le point de vue de leur utilité dans tous les usages de la vie , soit que s’élevant à de plus hautes pensées , ils se lient dans leur application à (13) l'étude des sciences dont ils deviennent , pour ainsi dire; les interprètes. » Les premiers pas de l'homme dans la vie ont été marqués par l'instinct des arts. C’est lorsque d'heureux succès onl égalé ou surpassé son attente, quil a dû seu- lement les célébrer et les chanter , et il n a pu être poëte qu'après avoir élé ariisan. » Si nous franchissons les siècles, nous voyons avec admiration Lutile application que lesprit humain a su faire graduellement des arts aux sciences. Nés au sein de Y Egypte , leur présence s'y manifeste encore aujourd'hui dans des ruinés colossales , débris vivants d'une grandeur éteinte. Transportés de là sous le ciel de la Grèce et de lltalie, ils fondent la gloire de deux grands peuples dont ils immortalisent le nom. Menacés de tomber avec eux, ils sont comme ensevelis au milieu de Rome expirante et semblent ne suivre qu'à regret l'empire transféré dans la ville de Constantin. Enfin, conservés par les Lialiens , ressaisis par Charlemagne , ils viennent éclairer la France dont ils expulsent la barbarie et policent les mœurs. Alors ils se fixent pour jamais sur ce sol riant et aimable qui leur rappelle la patrie de Periclès, car elle est habitée , comme elle, par un peuple léger , doux et passionné. » Cependant s'il est des arts où les anciens aient atteint une perfection que nous ne pouvons égaler , il en est beaucoup d autres qui attestent notre supériorité. Ainsi , l'horlogerie , par exemple, découverte moderne dont vous venez de nous parler, Monsieur , avec toute la simplicité d'un savant et la clarté d’un homme d'esprit, l'horlogerie, dis-je, telle que nous la concevons aujourd hui, paraît avoir été totalement inconnue des anciens. » Ce n’est pas qu'ils n'eussent aussi senti le besoin de diviser le temps, et qu'ils n y soient certainement parve- nus par de grandes sections du jour dont les intervalles devaient être ensuite igdiqués par des procédés dont ou (14) retrouve encore la trace. Mais combien ces procédés étaient éloignés de l'élégance et de la précision des nôtres! » En traçant à grands traits l’histoire de l'horlogerie , votre modestie s'est refusée à nous mettre dans la confi- dence et de vos travaux et des succès qui les accom- pagnent ; ct c’est en quelque sorte maloré vous que je viens , au milieu de tant de découvertes , Chercher ce com- pensateur ingénieux , dont le perfectionnement qui vous appartient honore l'artiste autant qu'il enrichit la science. » Me permetira-on de rappeler ici quelques faits qui tendraient à assigner à l'horlogerie une origine plus an- cienne que celle généralement reçue. Falconnet , dans les Mémoires de l Académie des inscriptions , nous parle d'une horloge à rouages que possédait T'rimalcion | vers Van 613 äe Rome. Il est vrai que cet ouvrage isolé ne se conserva point et périt sans doute avee celui qui en était l'inven- icur. De là jusqu'à lan 760 de notre ère nous n’enteri- ons plus parler de l'horlogerie. A cette époque le papé Paul Ie fit présent à Pepin-le-Bref d'une horloge égale- ment à rouages qui passa pour une chose unique dans le monde savant. Voltaire consigne aussi, dans son Essai sur les Mœurs , que le calife Aron-al-Raschid envoya en pré- sent à Charlemagne une horloge sonnante qui fut regardée comme une merveille. » Mais je ne dois pas, Monsieur, détourner plus long: temps l'aitention de l'Académie des faits si positifs, desé observations si justes dont vous lui avez présenté linté- ressant tableau. » L'Académie de Rouen, en vous donnant une place dans ses rangs , aime à vous associer à ses travaux qué vous partagerez el à des succès dont il vous reviendra une honorable part. Vous pouvez, Monsieur , choisir entre le culte des sciences , celui des letires ou des arts, car l'Aca- démie Jeur a indistinctement consacré son temple comme le Panthéon était consacré à tous les dieux. (35) = M. le baron Cachin, inspecteur général des ponts et chaussées, membre non résidant de PAcadémie, lui a adressé un exemplaire de louvrage qu'il vient de pu- blier sur le Port de Cherbourg. Ce mémoire , dit M. Mallet, qui en a rendu compte à la Compagnie , est divisé en deux sections. La pre- mière contient la description des travaux projetés ou exé- cutés ; la seconde est consacrée au parallèle de la digue de Cherbourg et de la jetée de Plymouth. Viennent en- suile un appendice et un supplément. L’appendice a pour objet de faire connaître aux navigateurs des changements opérés dans les courants par la présence de la jetée de Cherbourg. Dans le supplément , M. Cachin combat quel- ques assertions consignées dans un ouvrage. imprimé à Edimbourg sur les travaux de la rade et du port mili- taire de Cherbonre. L'auteur de cet ouvrage convient que le break-water ( brise-lame ) de Plymouth, comparé sous Îe rapport de l'étendue et des dimensions avec celui de Cherbourg , est dans le rapport de 1 à 4 ; mais il avance que le break-water est construit sur de meilleurs prin- cipes , avec moins de machines et avec un plus petit nombre de travailleurs. M. Cachin établit le contraire sur des preu- ves sans réplique. I fallait toutes les connaissances de M. Mallet pour présenter ayec intérêt et surtout avec exactitude une foule de détails d'une extrême importance , et dans lesquels nous ne pouvons nous permettre ici de descendre. Aussi l'extrait du mémoire fait par ce savant ingénieur at-il rempli par- faitement les vues de l'Académie qui a payé un juste tribut d’éloges au mérite supérieur de l'ouvrage de M. Cachin et au talent du rapporteur qu'elle avait choisi pour le lui faire connañtte. = L'Académie a reçu de la Société royale d'Agricul- culture et de Commerce de Caen le rapport fait à cette (16) Société, le 18 juin 1819, par M. Urbain Le François, au nom de la commission nommée pour l'examen d’une ques- üon relative au port de cette ville. Après avoir rendu justice à la pureté d'intention et au zèle ardent qu'ont manifesté deux des membres de la So- ciété ( MM. Lanse et Pattu) en proposant sur la même matière deux moyens différents, M. le rapporteur conti- nue ainsi : « Votre commission , animée du même esprit et des mêmes sentiments ; croit que vous ne balancerez pas à supplier S. M., par l'organe des premières autorités, de jeler ses regards sur l’état affligeant d’un port pour lequel on a déjà fait de grandes dépenses qui se trouveront en pure perte , si l’on ne remédie pas promptement à l’en- combrement des vases qui en obstruent la partie princi- pale et ne proviennent que de la mauvaise embouchure de la rivière au-dessous de Sallenelles. » Vous supplierez en même temps S. M. d’ordonnet que les mesures nécessaires soient prises incessamment pour détourner le cours de Orne et le faire déboucher à la fosse de Colleville, seul moyen bien reconnu d'épar- gner aux navires tous les dangers et toutes les difficultés qu'ils éprouvent dans l'embouchure actuelle. » Enfin, Messieurs , dans le cas où les moyens d’exé- culion proposés par notre collègue (M. Lange }ne seraient pas jugés suffisants par les gens de l'art, qui seuls peuvent déterminer le prix des ouvrages à faire , nous pensons que l'on pourrait solliciter le Gouvernement de s'intéresser pour moitié dans les dépenses avec le département pour parvenir au but que l’on se propose. Alors le département pourrait Être indemnisé par les terrains desséchés, et le gouvernement par l'augmentation des impôts sur ces mêmes terrains. » HISTOIRE Ça) HISTOIRE NATURELLE. L'Institut royal de France a envoyé à l'Académie les rapports faits aux Académies royales des sciences et des generale et particulière des mollusques terrestres et fluviatiles, tant des beaux-arts , sur l'ouvrage intitulé : Histoire espèces que l'on trouve aujourd'hui vivantes , que des dé- pouilles fossiles de celles qui n'existent plus ; classés d'après les caractères essentiels que présentent ces animaux et leurs coquilles ; dédiée à S. À. R. Ms' le duc d'Angou- lème, par M. le baron Ferussac , officier supérieur au corps royal d'état-major, membre de plusieurs Sociétés savantes. Les éloges que M. le baron Ferussac a obtenus de l'Académie royale des sciences et des beaux-arts de V'Ins- tilut , prouvent mieux que tout ce que nous pouvons dire, que son ouvrage, le plus complet qui existe sur celte matière , réunit tous les genres de mérite qui peuvent le faire rechercher des naturalistes. = M. Geoffroy , ancien avocat à Valognes , a fait par- venir une courle notice , concernant un minérai qu'il nomme fer sulfuré , lamellulaire et irise. L'examen qui a été fait de ce minérai, par M. Vitalis, l'a convaincu qu'il n’était point , comme l'annonce M. Geoffroy, un sulfure de fer lamellulaire et irisé, mais bien un fer phosphaté, azuré et luminaire , provenant d'un sulfure de fer décomposé en partie. Cette espèce de fer phosphaté bleu se trouve assez abondamment dans la nature , en Saxe , en Bavière , en Thuringe, en Ecosse, en Sibérie, en Sicile et même en France, près de Caen, sur les bords du canal; il B (18) n'est donc point étonnant qu'il ait été rencontré aux en- virons de Valognes. M. Chaptal a aussi observé celte substance dans quelques morceaux de fer sulfuré décomposé. Îlne se présente jamais en masse , ni même en amas considérables. Aussi le poids de Véchantillon envoyé par M. Geoffroy n'excède-t-il pas sept ou huit grains. Cependant ce petit échantillon a suffi à M. le Rap- porteur pour conslaler ses caractères physiques el chi- miques. Il est composé de lames très-fragiles , faciles à sé— parer et recouvertes en partie par des vestiges de sullure de fer. Sa couleur est d'un bleu somibre qui devient brun dans l'huile. Il prend au chalumeau une couleur jaune de rouille, ét se fond en un globule qui a le brillant métallique. 1 est entièrement dissoluble dans lacide nitrique affaibli, ét dans l'ammoniaque. Ces dissolutions ne conservent rien de la couleur bleue. = M. Marquis, vice-président , a donné lecture du discours qu'il a prononcé, celte année , à l'ouverture de son cours de botanique. L'auteur ÿ suit les développe- ments successifs de l'art de l'agriculture chez tous les peuples anciens et modernes, et établit l'influence de l'étude de la botanique sur la pratique de cet art. Nous ne pourrions que répéler ici les éloges que nous avons déjà eu occasion de donner à cette production. ( F’oyez le Précis analytique des travaux de l'Académie, pour l'année 1817.) = M. Marquis a aussi fait hommage à l'Académie d’un exemplaire de son Esquisse du règne végétal, ou T'ableau caractéristique des familles des plantes , précédé d’un aperçu de physiologie végétale. (19) M. Levieux, chargé de faire connaître l'ouvrage de M. Marquis , en a rendu le compte suivant : » Cet ouvrage , que le savant professeur adresse à ses élèves, renferme d’abord un apérçu d'anatomie et de physiologie végétales, dont la première pare est consacrée à faire connaître succinctement les relations des vésélaux avec les autres corps naturels , leur organi- sation intérieure el extérieure , et les phénomènes les plus remarquables de la vie végétale. » Dans la seconde partie , l’auteur traite des classi- ficalions en général ; il définit ce qu'on entend par mé- thode artificielle et nalurelle , et après avoir jeté un coup-d'œil sur les plus remarquables de ces méthodes, il passe à l'exposition de celle dont il est l'inventeur. » Une classification des familles végétales , dit M. » Marquis , d'après des caractères simples el sans am- » biguité, sujette à peu d'exceptions , et qui en rende » la détermination facile, est vraiment encore à désirer. » Nous sommes loin de nous flatter d’avoir complette- » ment atteint ce but dans l'essai que nous osons offrir. » L'auteur conserve la division du règne végétal ad- mise aujourd'hui par tous les botanistes, en trois grandes classes primitives, les dicotylédones, les monocotylé- dones, et les acotylédones, qu'il désigne par le nom de tribus. Chacune des deux premières se divise en trois autres groupes dont les caracières sont pris des organes qui accompagnent la fleur proprement dite ; ils sont compris sous Le nom générique de périanthe , et suivant que cel organe est double ou simple , ou formé d’une ou plusieurs écailles, il constitue les groupes des dipé- rianthées, des monopérianthées et des squamiliores. La position de l'ovaire, relativement an périanthe , forme les nouvelles coupes de supérovariées et inférovariées et la présence ou l'absence de feuilles partage en deux sections la tribu des acotylédones. B 2 (20) » Cette méthode se trouve ainsi composée de douze classes, dont huit sont distinguées par le nombre des cotylédons , le périanthe double ou simple , l'ovaire supère ou infère ; deux par le nombre des cotylédons' et par les écailles tenant lieu de périanthe, et les deux dernières par l'absence des cotylédons et la présence ou l'absence de feuilles. » L'incertitude des caractères propres à distinguer d’une manière tranchée le calice de la corolle , malgré les nombreuses définitions qui en ont été données , avait déjà déterminé quelques botanistes modernes à compren- dre ces organes sous l'acceplion commune de périanthe ; celui-ci est double ou simple ; dans le premier cas le périanthe extérieur est le calice , et le périanthe intérieur est la corolle. Lorsqu'il est simple , il participe souvent de lun et de l'autre; M. Marquis l'appelle périanthe calicinal s’il est de consistance herbacée , périanthe péta- loïde s'il offre la structure plus délicate et le coloris de la corolle. Notre auteur va plus loin , et s'emparant avec une heureuse audace de tous les organes accessoires de la fleur , sous la dénomination commune de périanthe , celui-ci est immédial où médiat suivant qu'il :dhère aux organes sexuels , où qu'il s’en trouve plus ou moins éloigné ; ainsi le calice et la corolle forment le périanthe immédiat, et les bractées, les spathes , les involucres deviennent des périanthes médiats. » Cette manière neuve d'envisager les diverses enve- loppes florales combinées avec la position de l'ovaire, forme la base de cette théorie, séduisante par sa sim plicité et la régularité de ses coupes. L'expérience pourra seule décider de ses avantages pratiques. » Si, dans la méthode savante el éminemment naturelle de M. de Jussieu, l'insertion des étamines est quelque- fois incertaine et présente des diffculiés dans lPobserva- tion , il est vraisemblable que des organes plus secon- (21) daires , tels que les périanthes pris dans un sens aussi étendu, n'offriront pas moins d'occasions de doute et d'indécision , même en ne les considérant que comme caractères positifs ou négatifs. Les anomalies des ovaires souvent supères ou infères dans un même genre , demi- infères dans d autres, ne peuvent manquer également de donner lieu à bien des exceptions. Mais telle est la supé- riorité des groupes naturels, qu ils fournissent , dans l’exa- men des affinités, d'abondanis moyens d'éclaircir tous les doutes et de ramener infailliblement chaque espèce à la place qu'elle doit occuper. » Je me permeltrai de faire une remarque sur une noie de l'auteur relative au lichen , genre Linnéen, dit M. Marquis, plus ambitieusement qu'utilement coupé par Acharius en soixante genres. Son dernier ouvrage en contient beaucoup moins ; mais quoiqu'il en soit, je doute que cet illusire botaniste dont nous déplorons la perte récente ait jamais eu d'autre ambition que celle de bien déterminer les espèces de Hichens , dont le nombre s est tellement accru depuis Linné qu'il est de- venu indispensable de scinder le genre , ainsi que ce grand homme avait fait lui-même pour les genres gra- men ; muscus , fungus , etc. » Je prendrai aussi la liberté de relever une assertion relative à l'auteur célèbre de l'Histoire des conferves, qui acru voir, dit M. Marquis , une espèce d'accouplement dans un genre de conferves auxquelles il a donné le nom de conjuguées ; celte observation , ainsi que celle des mou- vements sponlanés des oscillatoires qui avaient déjà été reconnus par Adanson et Desaussure sont, pour M. Marquis , des phénomènes singuliers , mais fort douteux. Pour singuliers , ils le sont en effet, mais pour douteux, ils ne peuvent plus l’être que pour ceux qui ne voudront pas prendre la peine ou plutôt se donner le plaisir de se convaincre par leurs propres yeux. B 3 (229 » Dans la description des familles, M. Marquis s'est attaché , par un choix judicieux des caractères importants et différeutiels, à donner une idée générale des végélaux qui les composent ; il indique sommairement leurs pro- priélés et leurs usages ; et les familles analogues se trouvant un peu disséminées dans sa méthode , il à soin de rappeler à la fin de chaque article celles avec les- quelles elles ont le plus d’aflinité. » Quelques citations poétiques heureusement appliquées à certaines familles , ajoutent à lintérêt particulier qu'elles inspirent, et font naître cet utile enthousiasme qui prête des charmes à l'étude. » Cet ouvrage qui, comme tous ceux qui émanent de la plume féconde de notre estimable confrère, se re- commande par un profond savoir et par l'élégance et la pureté du style, est terminé par un examen des pro- priélés médicales des végétaux et par une nouvelle classification des médicaments. Cette partie de son tra- vail est déjà connue de l'Académie et mentionnée avec éloge dans le Précis analytique de 1819. » CHIMIE. — ARTS INDUSTRIELS, M. Dubuc a lu un Mémoire sur l’encollage des étoffes en toileries au moyen de diverses espèces de parements. L'Académie a arrêté que ce mémoire serait imprimé en entier dans le Précis analytique des travaux de celte année. = Nous devons à M. Pavie un rapport sur des échan- tüllons de coutil tout coton et de coton tout fil, soumis au jugement de la Compagnie par M. Colombel, fa- bricant de coutils , à Claville, près Evreux , département de l'Eure. « M. Colombel , dit M. le rapporteur, fabrique ces | (238 ) contils par un procédé qui mérité de fixer l'attention de l'Académie. » Ce procédé consiste , x°.en ce que les chaînes de ces coutils sont préparées à l'avance de manière à ce que l'ou- vriér puisse tisser sa piécesdepuis un bout jusqu'à l'autre, sans être obligé d'interrompre son travail pour appliquer , au moyen du brossage , de la colle de farine sur la chaîne , comme cela se pratique ordinairement ; 2° en çe que Le co- ton filé qui sert de tissu est aussi préparé de manière que tous les poils de sa surface soient couchés sur le corps du fil, et ne laissent que le moins possible de duvet à la su perficie de l'étoffe. » M. Colombel déclare avec franchise que l'idée de préparer la chaîne à l'avance lui a été suggérée par M. For- tier , filateur et propriétaire , à Evreux. » La commission réunie, après avoir examiné séparé- ment les échantillons et les avoir comparés ensuile , a re- connu que les coutils de M. Colombel sont en général d’une excellente fabrication ; et que les coutils tout fil ou tout coton , fabriqués avéc les matières apprêtées , sont très-supérieurs aux mêmes tissus fabriqués sans apprêts , et ne laissent presque pas appercevoir de duvet à leurs surfaces. » D'après ces considérations , l'Académie , sur la pro- position de MM. les commissaires , a arrêié que , con- formément aux désirs de M. Colombel , ce rapport sera inscrit aux registres de la Compagnie, et que copie lui en sera délivrée par M. le Secrétaire qui sera en outre chargé d'offrir à ce fabricant les remerciments de l'Aca- cadémie pour la communication qu'il a bien voulu lui donner de son travail. » = M. Vütalis à lu un Memoire sur un sable noir qui lui arété apporté de l'Ile à Vache , voisine de celle de Saint-Domingue , par M. Sement , officier de santé à (24.9) à Rouen, et dans lequel il a reconnu l'existence du chrome en quantité assez considérable pour constituer une nouvelle mine de ce métal ; plus riche même que celle du département du Var. L'Académie a arrêté que ce Mémoire serait imprimé en entier. = M. Vitals à aussi communiqué à l'Académie un 1ra- vail qui à pour objet l'examen des pronriétés physiques et chimiques de quelques pierres qui lui avaient été présen— tées comme des diamants du Brésil, et qu'il a démentré n'être que des topazes blanches ou incolores de cette contrée du nouveau continent. Ce Mémoire est divisé en deux parties. Dans la pre- mière, l’auteur considère les caractères physiques des pierres soumises à son examen, C'est-à-dire , la couleur, l'éclat, la pesanteur spécifique Ÿ la dureté , la réfraction , la durée de l'électricité acquise par le frottement , l’élec- tricité produite par la chaleur, l’action sur laignille ai- mantée , et conclut, d'après de nombreuses expériences dont il donne le détail , que par l’ensemble des carac- ières propres aux pierreries sur la nature desquelles il avait à prononcer , et notamment par le peu d'éclat et de dureté, par la réfraction double qu’elles font éprouver à la lumière , ces pierres n’appartiennent point à la classe du diamant, mais bien à celle des topazes blanches ou incolores du Brésil. Dans la deuxième partie de son travail, l'auteur rend compte des expériences qu’il a faites dans son laboratoire , pour déterminer si les pierreries sur lesquelles il a été consulté étaient susceptibles de brûler comme le diamant. « Les conclusions tirées des caractères physiques n'ayant pas été admises par le marchand de pierreries , je lui proposai, dit l’auteur, de les soumettre à l'action du feu dans un fourneau de coupelle , et dont la tempéra- ture était au moins suffisante pour en opérer la com- (25) bustion complette , dans le cas où ces pierreries auraient élé de vrais diamants. (1) « La proposition fut acceptée , et deux pierres d’en- virôn dix à douze grains furent placées sur un petit frag- ment de fourneau de pipe, sous une petile moule, adaptée au fourneau de coupelle de l'invention de M. Darcet. Au bout de trois heures, les pierres , que l'on examinait de temps en temps, ne paraissant pas avoir perdu de leur volume, furent retirées du feu. Elles avaient perda leur poli, leur transparence , leur dureté ; elles s'étaient même un peu agglutinées , mais elles n'avaient pas subi le moindre degré de combustion , et n'avaient pas perdu sensiblement de leur poids. » Le propriétaire ayant prétendu que peut-être le feu n'avail pas été continué assez long-lemps, je consentis à répéter l'expérience qui dura cinq ou six heures, et dans laquelle le charbon ne fut pas ménagé , car le pro- priétaire s'était lui-même chargé d'alimenter le feu , le résultat fut le même que dans Pexpérience précédente. » Le marchand de diamants ayant objecté que le feu du fourneau de coupelle n’avait pas l'activité nécessaire pour opérer la combustion du diamant, je voulus bien encore me prêler à celte idée , et je lui permis de tenter une troisième expérience au feu de forge , soutenu autant de temps qu'il le voudrait : mais les pierres résis- ièrent à ce violent degré de chaleur qui m'avait autrefois suffi pour fondre le manganèse , et qu'on évalue à 160 degrés du pyromètre de Wedgwood. Les pierres perdi- (1) Suivant M. Thompson , le diamant n’exige pas , pour sa com— bustion, une très-haute température. Georges Mackensie assure, dit-il, en avoir fait brûler, dans une moule chauffée à Ja température de 149 du pyromètre de Wedgwood , inférieure de beaucoup à celle qui est nécessaire pour fondre l'argent. (26) rent encore leur poli, leur transparence , leur dureté, mais elles avaient sensiblement conservé leur volume et leurs poids. » Qui croirait que le propriétaire des prétendus dia- mants du Brésil ne se fût pas rendu à des preuves aussi multipliées el aussi évidentes. Cependant il demeura toujours incrédule , et pour le désabuser, s'il était pos- sible , il ne me restait plus qu'à lui proposer l'expérience comparalive suivante, » Cette expérience consistait à placer, sous la moufle du fourneau de coupelle de M. Darcet, dont il a été déjà parlé, une des pierres du Brésil , et à côté un véritable diamant, et de les soumettre ; pendant le même-lemps, au même degré de chaleur , qui est d'en- viron 23 degrés du pyromètre de Wedewood. » On m'apporta un petit diamant taillé en rose , qui avait élé vendu par les frères Rusconi , marchands joailliers à Rouen, el qui pesail, je crois, de un grain et demi à deux grains. L'appareil ayant été disposé , On donna le feu avec la précaution d'ouvrir, de temps en temps, la porte du laboratoire du fourneau, pour examiner ce qui se passait à l’intérieur de la moufle- Au bout de trois quarts d'heure environ , le petit dia- mant avait disparu, sans qu'il en fut resté la moindre race sur le support où il avait été placé, tandis que la pierre du Brésil, qui servait de terme de comparaison, n'avait subi d'altérations que dans son poli, sa trans- parence et sa dureté : son volume et son poids étaient sensiblement les mêmes qu'avant l'expérience. » Le résuliat de cetie dernière expérience me parais- sait décisif, et je ne fus pas médiocrement surpris d’en- iendre celui qui était venu me consulter , ‘entasser ob- jections sur objections, pour échapper aux conséquences qui découlaient si naturellement d’un fait qu'il ne pou- vait contester. Il me remit même, le lendemain, un (279 long écrit qui péchait également et contre la langue et contre la logique la plus commune. Il était possible, suivant lui, que le diamant eut disparu par leffet de la combustion, mais de ce que la pierre qui servait de terme de comparaison n'avait pas disparu de même, il pe fallait pas en conclure qu’elle n'était pas un vrai diamant , parce qu'à raison de son poids beaucoup plus considérable que celui de la petite rose de diamant , elle aurait exigé , pour se consumer, un temps beaucoup plus considérable, et dont il reculait indéfiniment les limites, d'après des principes forgés au gré de son ima- gination ou de ses désirs. Je dois observer ici que la pierre du Brésil avait été chauffée pendant plus de trois heures après la disparition du petit diamant. » Certain alors que le propriétaire des pierres du Brésil était décidé à ne pas ouvrir les yeux à la lumière, et à se refuser opiniâtrément à l'évidence , je l'abandonnai à ses illusions , toutefois après l'avoir engagé à consulter les joailliers de Paris, et surtout M. l'abbé Hany, dont le jugement, en pareille matière, devait être d'un si grand poids. » Entendu , ainsi que moi, à Paris, par le tribunal correctionnel, ce célèbre minéralogiste a émis une opi- nion conforme, en tous points, à la mienne , et le tribunal a solennellement déclaré qu’il était établi, par les expériences dont il lui avait été rendu compte , que les pierres annoncées par le vendeur pour des diamants du Brésil, n'étaient pas de vrais diamants. » En effet, l'expérience comparative faite dans mon laboratoire avec le fourneau de M. Darcet, prouve que la pierre du Brésil n’était point de la nature du diamant , et il résulte en outre des caractères physiques de cette pierre, que non-seulement elle n'appartient pas à la classe du diamant, mais qu’elle doit être classée parmi les topazes blanches ou incolores du Brésil. (28) = M. le baron Mulouet , animé d'un zèle aussi ardent qu'éclairé pour le progrès des arts utiles, a fait à la Compagnie l'envoi d'un exemplaire de l'Intruction sur la Jatrication du salpétre , publiée par le comité consultatif institué près de la direction générale du service des pou- dres et salpêtres de France , en invitant l'Académie à en répandre la connaissance par tous les moyens qui sont en son pouvoir, « En rendant libres la fabrication , ainsi que le com- merce du salpêire en France , disent les rédacteurs, et en soumettant la matière exotique à de sages restrictions , la loi du 10 mars 1819 a accordé à cette branche d'in dustrie deux moyens de prospérité dont elle ne peut manquer de ressentir lheureuse influence. Cette influence se manifestera aussitôt que l'épuisement des approvision- nements importés sous la législation précédente aura mis les arts de l'intérieur dans le cas de demander au sol un genre de produit qu'il peul incontestablement fournir en quantité supérieure à leurs besoins, » Dans cette circonstance , le comité consultatif a pensé qu'une instruction qui aurait pour objet de rectilier les principes ainsi que les procédés de l'art du salpêtrier , de les metire au niveau des progrès actuels de la chimie , et d'en répandre la connaissance dans le public , serait un ouvrage utile, propre à concourir au but que le lé- gislateur s est proposé : cel art étant du nombre de ceux qui n’ont pas moins besoin des lumières de la science que de la protection des lois. » Fidèle au vœu de son institution , l'Académie recom- mande l'instruction sur la fabrication du salpêtre à tous ceux qui voudraient se livrer à ce genre d'industrie, et se fera un devoir d'aider de ses lumières et de ses conseils les personnes qui seraient dans le cas d’avoic besoin d'y recourir. (29) MÉDECINE. Le docteur Sarlandière a fait hommage à l’Académie de la description et usage d’un appareil de son invention , qu'il nomme bdellomètre , el qui est destiné à remplacer Pemploi des sang-sues dont la dépense , suivant lui, est énorme , si l'on calcule en masse celle de tous les hôpi- taux de France , et dont la privation est si désastreuse , si l’on considère tous les pays où l’on s'efforce en vain de naluraliser ces animaux. Dans un rapport verbal sur les avantages que le bdello- mètre pourrait offrir à l'art de guérir , M. Flaubert a rendu comple des expériences qu’il a faites avee cet instrument , elil en résulte qu'il ne remplit point le but auquel son auteur l'avait destiné , puisqu'en répétant plusieurs fois les piqûres, on a obtenu à peine une petite cuillerée de sang. = L'Académie doit à M. Flaubert la communication d'une lettre qui lui a été adressée par M. Desgranges , docteur-médecin , à Lyon , et par laquelle ce médecin annonce qu'il a découvert dans le seigle ergoté la propriété de faciliter l'accouchement dans tous les cas où il est né- cessaire de stimuler l'organe. M. le Président à invité M. Flaubert à répéter les expériences de M. Desgranges, et à en faire connaître le résultat à l'Académie. = M. Blanche a fait part à la Compagnie d'une Obser- oation sur une alienation mentale guerie par une muladie aiguë. Le sujet de cette observation est la femme Painboin, âgée de 34 ans , d'une constitution éminemment sanguine , (30) que des chagrins domestiques jettèrent dans un état de dé- mence qui fut bientôt suivi de violents accès de fareurs. Six mois s'étaient écoulés sans que M. Blanche , médecin de la maison de détention de Rouen, où la femme Painboin occupait une des loges destinées aux insensés , eût obtenu aucun prix de ses efforts , lorsque cette femme fut atteinte de tous les accidents d’une fièvre putride. La malade re- poussail lous les secours qu'on lui offrait ; l’eau seule , qu'elle prenait avec un avide empressement ; semblait suffire à ses besoins. La nature cependant triompha seule après vingt-deux jours de maladie ; la convales- cence de cette intéressante malade fut signalée par un retour complet à la raison que depuis elle a toujours con- servée. Cette observation , dit M. Blanche , réunie à plusieurs auires semblables citées par les auteurs, semblerait établir que certaines maladies aiguës pourraient terminer , par une sorte de révulsion , l'aliénation mentale, lorsqu'elle ne résulte pas , bien entendu , d'une lésion organique du cerveau. L'auteur observe que les guérisons de ce genre opérées par le développement de maladies aiguës sont toutefois assez peu communes , surtout si on les compare à celles qui semblent si fréquemment résulter d’affections mo- rales , et il cite plusieurs faits à l'appui de cette asser- tion. On voit, conclut M. Blanche, jusqu'à quel point il importe , dans le traitement des diverses aliénations de. l'esprit , de rechercher les causes morales qui les ont pro- duites et peuvent les faire cesser , et combien serait faneste l'erreur qui n'aurait à leur opposer que de vaines com- binaisons pharmaceutiques. : = M. Le Prévost, docteur-médecin , a rendu verbale- ment compte de l’ouvrage adressé à la Compagnie par M. René-Georges Gastelier , docteur-médecin , à Paris, ( 31 } et qui à pour titre : Exposé fidèle de petites véroles surves nues après la vaccination. Le but de M. Gastelier , dans cet ouvrage , est de prou- ver, par des faits qu'il a pris soin de recueillir, que la variole peut survenir, après la vaccination , dans des su- jets qui ont éprouvé tous les symptômes de la vraie vaccine, Aux faits rapportés par M. Gastelier, M. Le Prévost en à ajouté huit autres dont quatre lui ont été fournis par sa propre pratique, et sur lesquels il a donné les détails les plus circonstanciés appuyés du témoignage de plusieurs de ses honorables confrères. M. Le Prévost n’a pas cru devoir insister autant sur les quatre derniers, parce qu'il n’a pas été à portée de les suivre aussi exactement que les premiers. « Loin de moi, a ajouté M. Le Prévost, la pensée de vouloir infirmer en rien utilité de la pratique de la vac- cine. En communiquant à l'Académie les faits que j'ai eu occasion d observer , j'ai voulu éveiller l'attention des médecins sur des anomalies qu'il importe d'étudier pour pouvoir les apprécier ensuite à leur juste valeur. » = M. Godefroy a rendu compte d’un discours concer- nant la médecine , et qui fait partie du Précis des travaux de l'Academie de Besançon pour l'année 1819. « Dans ce discours, M Biot , déja connu dans le monde médical ( e est M. le rapporteur qui parle ) par des succès littéraires et de bons ouvrages sur l'art de guérir , examine quel est l'état actuel de la science dans l’école de Besançon. » L'auteur , dans un exorde court et précis, fait le ta- bleau de l’ancienne faculté de médecine, de l'ancien col- lége de chirurgie de Besançon et paie un juste tribut d'eloges à ses devanciers dans l’art d'enseigner et de gué- rir. Hériuers de leurs places , voyons, dit-il , si nous l'avons été du zèle qu'ils mettaient à les remplir , de la juste renommée dont ils jouissaient; si, comme eux, (32) nous avons su entretenir , dans le pays ; le goût de Ja science la plus utile à lhurvanité. M. Biot parcourt ensuite successivement les diverses branches de l'art de guérir, l'anatomie , la physiologie , la matière médicale et la clinique... » Dans notre établissement , ajoute M. Biot, on s’oc- cupe peu de théorie; on cherche même à prévenir les élèves contre les systèmes qui ont tant retardé les progrès de l'art et coûté si cher à l'humanité... L'étude de la cli- nique ne doit pas se borner à la connaissance des mala- dies , à l'application des médicaments qu’elles réclament , la médecine morale , ou plutôt la médecine du cœur , a aussi ses maladies à étudier et des remèdes à leur appli- quer. » Pour mieux faire connaître et comme professeur et comme médecin l'auteur de l'ouvrage dont il avait à rendre compte, M. Godefroy a présenté , dans le cours de l’ana- lyse qu'il en a faite , des réflexions courtes mais judicieuses , et un heureux choix de citations a justifié auprès de l'Aca- démie le jugement favorable que notre confrère a porté du discours de M. Biot. = M. Moreau de Jonnès, chef d’escadron au corps royal d'état-major , attaché au ministère de la marine , direc- tion des Colonies , a fait hommage à l'Académie de son T'ubleau géographique des principales irruptions de la fièvre jaune, dressé d'après les autorités historiques et médicales. = M. Gailln , naturaliste , à Dieppe , a fait hommage d'un Essai sur les causes de la couleur verte dont se chargent des huîtres des parcs à certaines époques de l’année. L'Académie a délibéré que ce mémoire serait imprimé en entier dans son Précis analytique. = M. Gosseaume a rendu compte d’une série de sept numéros (33) numéros du Bulletin des Sciences médicales du départe- ment de l'Eure. Ces sept numéros comprennent vingt- neuf mémoires , des extraits de journaux, des annonces. Des vingl-neuf mémoires, un quart au moins sont des analyses plus ou moins étendues des mémoires envoyés au concours sur celle question proposée par la Société : Si- gnaler les abus qui se commettent en France dans l'exercice de la médecine, de la chirurgie et de la pharmacie. Après avoir indiqué l’objet de chacun des mémoires et les noms des auteurs, M. Gosseaume ajoute : « Quant à la rédaction du Bulletin , elle est toujours correcte , bien soignée et concourt avec l'intérêt des mémoires à assurer le succès de ce journal. » {l = M Vigné a fait un rapport très-étendu sur la dis- serlation inaugurale dont M, Dufilhol, docteur-médecin, vous a envoyé un exemplaire, et qu'il a présentée et sou- tenue à la faculté de médecine de Paris, le 21 juin 1820. Cette dissertation, qui a pour objet l'Aystérie , est divisée en g chapitres. Le premier comprend les généralités, les causes ; le second , les phénomènes précurseurs et les symptômes ; le troisième, la terminaison , le siége ei le type de la maladie ; le quatrième , les intervalles de ses attaques ; le cinquième , ses espèces simples, ses espèces compli- quées , ses variélés ; le sixième, une névrose que les hommes peuvent éprouver , el dont le caractère res- semble à celui de lhystérie ; le septième, les récidives et le diagnostic ; le huitième , le prognostic et les causes prochaines ; le neuvième , le traitement. Suivent quatre observations puisées dans la pratique de M. Fouquier de Maissemy, membre de la légion d'honneur , professeur de clinique de perfectionnement à la faculté de médecine de Paris, l’un des médecins C | Cl titulaires de l'hospice de la Charité, ete., auquel M. Duflhol a cru devoir donner un témoignage public de sa reconnaissance en Jui dédiant son ouvrage. M. Vigné, après avoir suivi Pauteur dans Jes riches développements que lui offrent son sujet , conclut que Ja dissertation de M. Duflhol se distingue par une bonne méthode , une précision rigoureuse , une grande purelé de style , et par une heureuse habileté à poser les principes, à tirer les conséquences et à fournir les preuves. : » Je cède encore , dit M. le rapporteur , au besoin d'ap- plaudir à M. Dafilhol offrant son ouvrage à lun de vos collègues qui vous est suffisamment connu par les services qu'il ne cesse de rendre aux arts. » = M. Isidore Bourdon, étudiant en médecine , élève interne des hôpitaux de Paris, élève naturaliste , pen- sionné du gouvernement, a fait hommage à l’Académie vo d'un Essai sur l'influence de la pesanteur sur quelques phénomènes de la vie; 2° Q'un Mémoire sur le vomissements. Ces opuscules, dont l'Académie a entendu la lecture avec intérêt , supposent dans l’auteur un bon esprit d'observation. — L'Académie a recu de M. Chopin , docteur en médecine , une Dissertation intitulée : Recherches histo- riques et médicales sur l'opium , dont M. Marquis a été chargé de rendré comple. Après des détails “intéressants sur l'histoire naturelle du pavot , sur ses usages mythologiques , symboliques, et sur ceux de l'opium dans l'antiquité, sur lépoque à Jaquelle il a élé introduit dans la médecine , l’auteur offre un précis bien fait de ce qu'on sait aujourd'hui de plus positif, sur la nature et les propriétés de ce pré- (35) cieux médicament , celui de tous peut-être qui est e plus souvent utile, qui soulage au moins les maux qu'il n'est point donné à l’art de guérir. Quoique cette dissertation contienne peu de choses nouvelles, on doit savoir gré à M. Chopin d’avoir ras- semblé , d'avoir réuni dans un cadre méthodique la plupart des faits qui composent l'histoire de l'opium con- sidéré sous tous les points de vue. Son ouvrage est en même-temps instructif et se lit avec plaisir. Il serait à désirer qu'on eût, sur tous les principaux médicaments , des recherches historiques faites et rédigées dans un aussi bon esprit. = L'Académie a aussi reçu de M. Bailleul, de la Mailleraie , docteur-médecin , un exemplaire de la thèse .qu'il a présentée et soutenue à la faculté de médecine de Paris, le 9 mai 1820, et qui a pour titre : Essar sur les abcès froids idiopathiques et sur leur traitement. « M. Bailleul, dit M. Blanche , chargé de rendre comple de cet ouvrage, après avoir donné la définition générale de labcès ; après avoir spécialement défini l’abcès idiopathique, celui qui se manifeste dans le lieu même où l’inflammation s’est primitivement développée ; après avoir indiqué les causes prédisposantes et déter- minantes de cette maladie, qui, selon M. Bailleul et tous les médecins, consistent dans l'usage de mauvais aliments , l'habitation dans un lieu humide et mal aéré, le tempérament lymphatique , les coups , les chutes ; et après avoir enfin tracé la marche progressive de l’abcès froid idiopathique , avoir fait connaître les signes qui le caractérisent, et le jugement qu'on doit porter sur ses conséquences ;, l’auteur atteint la partie la plus intéres- sante de son ouvrage , le traitement de cette grave ma- Jadie, * C 2 (36) » Arrêter par un régime éminemment tonique la marche de l’abcès froid ; opposer aux circonstances débilitantes qui ont préparé sa formation , les aliments sains, le vin généreux, les vêtements chauds, l'habitation dans un lieu vaste et sec; tel est sans doute le premier soin du médecin , el M. Bailleul a développé ces préceptes avec un talent digne de l’école à laquelle il a été formé. » M. Bailleul expose ensuite , avec une érudition qui lui fait honneur , les différentes méthodes selon lesquelles les chirurgiens français et étrangers pratiquent aux abcès froids idiopathiques l'ouverture sans laquelle la guérison est, en général , impossible, et fait connaître ce que chacune d'elles peut offrir d’avantageux et de nuisible. Il s'attache surtout à démontrer que les accidents re- doutables qui suivent ordinairement cette ouverture résultent bien moins de l'absorption du pus et de l'al- tération qu il éprouve du contact de l'air, que de l’exha- lation considérable dont la surface interne de labcès devient alors le siége. L'auteur soutient ce principe avec d'autant plus de confiance que la source où il l'a puisé lui paraît plus sûre. C’est, en effet, aux leçons de notre honorable confrère Flaubert, que M. Bailleul a trouvé les lumières dont il marche entouré dans une carrière qu'il semble devoir parcourir avec distinction. Fort des préceptes de son maîlre, ce jeune médecin pense aussi que , loin de ne pratiquer aux abcès froids que de pe- ütes ouvertures, on doit, au contraire, les ouvrir lar- gement et dans plusieurs directions , si les dispositions anatomiques le permettent ; puis , après l'évacuation compleite du pus, remplir de charpie sèche, et tam- ponner en quelque sorte toute la surface interne de l’abcès. Par ce moyce , l'exhalation du pus est toujours peu con- sidérable , l'inflammation se développe bientôt, les gra- nulalions charnues lui succèdent , et le malade échappe ainsi à l'épuisement et à la#mort qui suivent si fréquem- Ca ment les abondantes suppurations. M. Baiileul rapporte plusieurs observations intéressantes de guérisons obtenues par cette méthode ; il les doit encore à M. Flaubert , auquel d’ailleurs il s’est empressé d'offrir un témoignage public de sa reconnaissance. L'ouvrage de M. Bailleul nous paraîl mériter , par la méthode avec laquelle il est écrit, une place distinguée parmi les productions de ce genre. Nous lui devons ainsi la connaissance d’une théorie que la modestie de son auteur nous eût peut-être laissé long-temps ignorer. » = Un de nos membres non résidants , M. Auguste Denis , docteur-médecin , à Argentan, département de l'Orne , nous a communiqué des Observalions sur, les proprielés médicinules de l'oxigène , dans le traitement des affections syphillitiques , dartreuses et scorbutiques. Cet ouvrage a été renvoyé à M. Lamauve pour répéter les expériences de l’auteur , et rendre compte du résuitat. = M. Jiellis, docteur-médecin de la Faculté de Paris, admis à partager les travaux de l'Académie , a donné lec- ture de son discours de réception. « Messieurs, a dit notre nouveau confrère , si l'hon- neur de siéger parmi vous élait pour moi la récompense de longs services rendus à la Société, de productions sa- vantes , de découvertes heureuses , il me serait permis d'user , en ce jour , des expressions consacrées par l'usage ; mais jeune encore, à peine initié aux secrets de l'art de guérir , sans autre appui que votre indulgence et mon zèle pour l'étude , quel autre sentiment puis-je éprouver que . celui de la reconnaissance ? Non, Messieurs , mes faibles essais n'auraient pas suffi pour me concilier vos suffrages s'ils n'avaient été soutenus par la bienveillance d'une So- ciélé qui croirait n'avoir rempli qu'à moitié sa tâche si elle ne cherchait à faire naître les talents. En me montrant si C3 (38) impatient d'arriver jusqu'à vous, ce n’était pas que je me crûsse digne de cet honneur, maïs j'ambitionnais d'en tendre ceux que je m'étais proposé de prendre pour mo- dèles. Je voulais me rendre plus digne de Ja profession que j'exerce en empruntant à chacun de vous le secours des sciences devenues indispensables au médecin , mais que leurs progrès mêmes ne permettent plus à un seul homme de pouvoir cultiver. » L'agriculture, mère commune du génre humain , nous offre les premiers secours dans nos besoins comme les premiers remèdes à nos maux. C’est dans les champs, les vallées , sur les hautes montagnes que le médecin bota- niste trouve le baume salutaire qui doit calmer nos souf- frances.…… » Que de lumières, que de secours, que de richesses intarissables la chimie moderne ne fournit-elle pas au mé- decin prudent , soit qu’elle lui dévoile l'état simple ou composé des corps ; soit qu'armée de puissants réactifs , elle poursuive jusqu'aux dernières molécules des substances Yénéneuses ; soit que, se frayant des routes inconnues , elle donne naïssance à de nouveaux êtres étonnés des formes qu'ils revêtent , des propriétés qui les distinguent ; soit qu'à l’aide de la pharmacie , elle transforme en remèe- des salutaires les plus mortels poisons ! » Ainsi tout se lie, tout s'enchaîne , tout se prête un mutuel appui dans le domaine de la science. » La médecine , affranchie à jamais de la magique in- fluence des nombres , des rêves de l’astrologie , libre de la chaîne des préjugés et du joug des systèmes , a pris un nouvel essor depuis qu’elle est rentrée dans la voie que lui avait tracée le divin vieillard de Cos.….. C’est en vain qu’elle conçut quelque espoir en se livrant à de brillantes théories , fruit d'une imagination plus ardente que sage. Elle comprit bientôt que loin de pouvoir produire quel- que chose d’utile, elles ressemblaient à ces feux pertides (39) qui séduisent le voyageur imprudent et le conduisent aw precipice. ; » L'étude approfondie des lois de la nature, de sa marche , de ses efforts, de ses progrès , des terminaisons des diverses maladies ; l'observation rigoureuse des faits , leur enchaînement , leurs rapports , leurs combinaisons, leur classification ; l'analyse des symptômes selon leur apparition , leur régularité , leur ensemble, leur gravité , leur ténacité, ont porté la médecine à un degré de per- feclion qui, sur un grand nombre de points , approche de la précision mathématique. » Mais rien n'a autant contribué à Pavancement de la science que l’anatomie pathologique. Quel jour n’a-t-elle pas fait luire sur les affections les plus obscures ? Que de faux systèmes n'a-t-elle pas renversés ? Que de rai- sonnements spécieux, que d'hypothèses hasardées n’a- t-elle pas anéanties ? Mais, hélas! en révélant les dé- sordres survenus dans le corps humain, irop souvent elle convainquit l’art de son impuissance. Où puiserait-il en effet le secret de rétablir des viscères rompus , détruits ou dégénérés ? C’est alors que le médecin doit chercher dans son cœur les moyens de soulager du moins l'infor. tuné qu'il ne peut guérir ; c’est alors qu'il doit le plain- dre , le consoler, dérober à sa vue le triste aspect de la tombe , faire briller à ses yeux la lueur divine de l'espérance qui doit l’éclairer jusqu’à sori dernier moment. » Si nous portons maintenant nos regards sur la chi- rurgie, cette fille aînée de l’art Ce gaérir, que d’études, que de travaux, que de dispositions particalières n’exige- t-elle pas de ceux qui la pratiquent ? Abnégation de soi-même, sacrifice de son repos, patience à toute épreuve, fermeté sans rudesse , dextérité de la main , justesse du coup d'œil, esprit prompt à prendre un parti et prompt à exécuter, sang-froïd dans l'action , étude sévère des procédés opératoires , mémoire fidèle , connaissance C4 C4) profonde du corps humain dans son ensemble , dans ses parties ;- dans ses tissus, leur structure , leur mode de vitalité ; dans les organes par rapport à leur impor- tance , leurs usages, leurs configurations , leur siége , et leur étonnante mobilité. Comment uné science aussi précieuse a-l-elle pu être méconnue, dédaignée même avant d'être parvenue au degré de splendeur et de con- sidéralion où nous la voyons aujourd’hui ? » Après avoir, dans une esquisse rapide , tracé le tableau de l'origine de la chirurgie, de ses progrès et de ses vicissitudes, et rappellé ce qu'elle doit aux tra- vaux immortels des Paré, des Desault, des Bichat, fondateurs ou restaurateurs de la chirurgie française , «combien, Messieurs , s'écrie l’auteur , je m’estimerais heureux de pouvoir un jour marcher dignement sur les traces de ces grands hommes , et justifier ainsi la distinc- üon flatteuse que vous m’accordez aujourd'hui. » Ce n'est point une reconnaissance stérile qui peut justifier votre adoption , et si jose prendre quelque con- fiance , c'est en songeant que désormais il me sera permis de m'éclairer de vos lumières , de m'enrichir da fruit de vos veilles, et de puiser, au sein de l'Académie , des connaissances qui me rendront moins indigne de l'hon- neur que je reçois. » Dans sa réponse à ce discours, M. le baron Ma- louet, président de l'Académie , a dit, en s'adressant au récipiendaire : » Monsieur, l'instinct de la conservation est inné dans tout ce qui existe, et renferme le principe de cet art célèbre , que les connaissances humaines ont ensuite porté si loin , mais qui, sans doute, né du hasard , a dû long-temps marcher au milieu des incertitudes et des ténèbres... » Dans les premiers âges du monde, la médecine ne (#1) dévoilait ses mystères qu'aux interprètes des dieux... Il est donc facile d'entendre comment des autels avaient été dressés en l'honneur du médecin Esculape qui avait délivré plusieurs nations des meurtrières atteintes de la peste... » Rome était déjà illustrée par les chefs-d'œuvres, du génie, qu'elle ne connaissait encore qu’une médecine em- pyrique qui était loin d'être en rapport avec la civilisation des maîtres du monde. Ce n’est guère que Goo ans après la fondation de cette ville , que la médecine commença seulement à prendre un caractère d'observalion, et que les praticiens participèrent à ces distinctions honorifiques qui, seules, dans tous les temps , pouvaient dignement récompenser le talent... » Depuis long-temps la science a cessé d'être le par- tage exclusif de quelques élus. Des études plus générale ment répandues ont peu à peu mis le savoir à la portée d'un plas grand nombre. L'art de la médecine a secoué Je vain prestige dont il s'était jusqu'alors enveloppé. Le flambean des sciences est venu éclairer sa marche ; le praticien a élé, comme malgré lui , forcé d'étudier les causes et de ne plus s’en tenir aux effets. La botanique , la physique, la chimie , l'anatomie sont devenues en quelque sorte son avant-garde obligée, et ce n’est que. sous la protection de ces connaissances premières et de mille autres encore, qu'il ose aujourd'hui se présenter sur le champ de bataille. » Mais ce n’est pas seulement par l'étendue , comme par la variété de son instruction , qne le médecin ac- quiert des droits à la célébrité , et des titres à l'estime publique ; et si un sens droit , un œil exercé, une pé- nétralion rapide annoncent tout d'abord Phabile prati- cien , les qualités de lame contribuent non moins sûre- ment à fixer sa place. Un cœur compatissant , un noble désintéressement , un zèle infatigable pour le soulage- C4) ment. de l'humanité : voilà ce qui ennoblit le mieux la touchante profession du médecin : voilà le cortége avec lequel il doit paraître au chevet de la douleur. » En essayant, Monsieur , de peindre si imparfaite- ment encore le médecin vraiment digne de ce nom, nous présageons tous que vous en offrirez vous-même l'image. » Je devrais en ce moment, Monsieur, présenter à l'Académie tous les titres qui vous appelaient dans son sein , et qui justifient si bien le noble sentiment qui vous à porlé à ambilionner ses suffrages ; mais vous me pardonneriez difficilement d'imposer à votre modestie la tâche de m'entendre. En me restreignant à vous fé- liciter d'entrer dans les rangs honorables de cette Com- pagnie , je crois remplir mieux , selon votre goût , Vobligätion facile que l'usage m'imposerait, car il est des récompenses qui, seules, en disent plus que les éloges. » MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Nous devons à M. Tessier | inspecteur général des bergeries royales , ele., etc. , un mémoire concernant l'émportation en France des chèvres à duvet de Cachemire. L'Académie a entendu avec plaisir le rapport qui lui a été fait sur ce mémoire par M. Le Prévost , vétérinaire. « Après avoir démontré , dit M. le rapporteur , que c'est aux sciences que les arts doivent les progrès qu'ils ont fait de nos jours ; que c’est par elles que l’agriculture a étendu son domaine par introduction et la maltiplica- tion des moutons mérinos, et qu'elle vient de faire une nouvelle et précieuse conquête pour l'économie rurale et les manufactures, par l'acquisition d’une race de chèvres dont on extrait le duvet propre à faire les étofles des ca- (43) , chemires, l'auteur entre dans tous les détails relatifs à Vhistoire de ces animaux , à leur voyage , à leur introduc- tion en France , aux maladies rebelles qu'ils ont éprou- vées et aux soins qu'ils ont ekigés. C’est dans l'ouvrage même qu'il faut lire les détails auxquels M. Tessier se livre à ce sujet, et qui prennent sous sa plume le plus haut degré d'intérêt. » M. Tessier avait ordre de choisir dans les deux troupes conduites en France par M. Jaubert , savant orientaliste , ceni chèvres pour le Gouvernement, et de les placer de la manière la plus convenable. Après plusieurs recherches , la bergerie royale de Perpignan et les environs parurent lui promettre toutes les ressources et les facilités dont il pourrait avoir besoin. Cinquante chèvres appartenant à M. Ternaux furent réunies aux précédentes , et cette troupe d'élite fut embarquée à Marseille. Après deux jours de navigation , le troupeau débarqua à Saint-Laurent-de- la-Salanque , à une très-pelite distance de l'une des mé- tairies de la bergerie royale, sans qu'aucun animal eût souffert. Une lettre du régisseur de cette bergerie , sous la date du 30 août dernier, annonçait que les animaux étaient en très-bon état, que leur long poil qu'ils avaient perdu, par l'effet de la maladie revenait , et qu'on apper- cevait déjà le duvet. » Le surplus des chèvres est, en grande partie , dans le département du Var , sur des montagnes qui couronnent au nord ja rade de Toulon. » [l'en est resté un certain nombre dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône , où elles sont confiées à des cultivateurs zélés et iutelligents et surveillées par les autorités locales avec toute la sollicitude que méritent ces précieux animaux. » Il résulte de l'opération de MM. Ternaux et Jaubert que , sur douze cent quatre-vingt-neuf chèvres achetées chez les Kirghis , toute déduction faite des pertes quiont | C4) eu lieu jusqu'aux embarquements, à Caffa , dans les la zareths , et depuis ce temps , il existe en France quatre cents chèvres à duvet de Cachemire. » M. Tessier n'hésite pas ur instant à croire qu'elles ne se multiplient dans le royaume, Elles s'accommodent des aliments dont vivent les indigènes , elles ont des ha- bitudes semblables. I n’y a pas de doute qu'on ne puisse les élever dans les plaines comme sur les montagnes et même dans la domesticité....… On pourra les substituer aux indigènes, et à la faveur des boues , dont un suffit à un grand nombre de chèvres , faire des métis qui donne- ront un duvet moins beau , il est vrai, que celui de race pure , mais cependant propre à faire des étoffes de cer- taine valeur. » C'est, dit M. Tessier , en terminant son mémoire , un bienfait de plus dont on sera redevable à une impor— tation entreprise par l'industrie , exécutée par le zèle et les connaissances , encouragée par un Gouvernement qui sent combien il est important de favoriser l'agriculture et les arts. Si le succès répond à nos vœux ; comme on à lieu de l’espérer , on dira un jour avec reconnaissance : Louis X VI fit venir en France les mérinos ; Louis XVIII y a introduit les chèvres à duvet de Cachemire. = Chargé par la Compagnie de lui rendre compte des articles de médecine vétérinaire consignés dans les Annales de l'agriculture française | M. Le Prévost ; vété- rinaire , a entretenu l'Académie du 1° volume d'un ou- vrage de M. Volpi, professeur à l'école vélérinaire de Milan , ayant pour titre : Aérégé de Médecine vétérinaire- pratique. Ce 1° volume traite des maladies internes des animaux domestiques. L'auteur annonce qu'un second volume aura pour objet les maladies exfernes. Dans la préface qu'il a mise en têle de son ouvrage, (45) M. Volpi observe judicieusement que la médecine vété- rinaire n'est restée en arrière de la médecine humaine que parce qu'on la considéra longtemps comme une profession vile dont on abandonna l'exercice à la classe la plus ignorante de la société ; que ce furent les Fran- Gais qui, enrichis par les trésors que le génie italien avait amassés , la tirèrent de l'état d'avilissement dans lequel elle était plongée pour lélever à la splendeur scientifique... Nos plus célèbres physiologistes doivent aujourd hui à l'anatomie comparée , et aux expériences faites sur des animaux vivants, de précieuses décou- vertes qui ont beaucoup enrichi cette partie de la science médicale. Après ce court exposé de l’état actuel de la science vétérinaire , l'auteur passe à la division des maladies in- ternes. ML. le rapporteur resrette que M. Volpi n'ait pas adopté de plan uniforme dans ses descriptions , et qu'il se soit beaucoup trop écarté de la méthode noso- graphique ; mais en revanche , tout ce que l’auteur avance est presque toujours appuyé par des faits, fruits précieux de trente années d'observation, et qui sufi- raient seuls pour rendre son ouvrage recommandable, Notre confrère se plaint aussi avec raison que l’au- teur se soil contenté d'indiquer d’une manière approxi= malive et les doses des médicaments et la durée du trai- tement ; il ne voit pas non plus sans étonnement le pro- fesseur italien proscrire le quinquina de. la médecine vétérinaire , el employer Faloès dans les maladies inflam- matoires, telles que la. gastrite et l’entérite. M. Le Prévost est d'accord sur tous ces points d’éloges et de critique avec M. Barthélemy , professeur de cli- nique à l'école vétérinaire d'Alfort , qui a publié un abrégé de l'ouvrage , et qui a rendu compte à la Société royale et centrale d'agriculture des principes qui ont dirigé l'auteur dans sa composition. (46) = Enfin, M. Ze Prévost a communiqué à l'Académie une observation faite par M. son fils, vétérinaire , à Rouen , sur un corps étranger avalé par une vache, et qui est sorti entre deux côtes. L'Académie a délibéré que cetie observation serait insérée en entier dans son Précis. AGRICULTURE ET ECONOMIE RURALE. Chargé avec MM. Meaume et Marquis , de faire connaître à l'Académie le Mémoire qui lui à été adressé par M. Herpin, membre de la Société littéraire de Metz, sur la graisse des vins, les phénomènes que présente cetie maladie, etc., M. Dubuc à fait un rapport dans lequel il a analysé les réponses aux questions que l'auteur s'était proposé de résoudre. La première a pour but de déterminer la nature de la graisse des vins et les phénomènes qu'elle présente ; suivant lauteur, celte maladie , considérée chimique- ment , consiste dans une diminulion üe la quantité d'oxigène, relativement aux proportions de l'hydrogène et du carbone. Elle attaque les vins pendant leur fer- mentation insensible ; l'alcool se détruit pour donner lieu à de nouvelles combinaisons. Un vin menace de devenir gras lorsqu'il ne se précipite plus de tartre dans les tonneaux , lorsqu'il se décolore ou jaunit. Ce genre d’altéralion rend le vin indigeste et plus ou moins nui- sible à ceux qui le boivent. La seconde question est ‘relative aux causes de la graisse des vins. L'auteur établit que tant que l'équi- libre subsiste entre leurs principes constituants , les vins conservent toutes leurs qualités, mais que du moment où l’un des principes vient à dominer, les vins se dé- tériorent et tournent presque toujours au gras. Les C4sn meilleurs œnolopistes croient que cette maladie est une suite de la trop grande malurité du raisin ; aussi voit- on beaucoup de propriétaires vendanger avant que le raisin ait acquis son point de maturité. En général, les vins faibles , et ceux qui ont trop ou irop peu fermenté sont sujels à tourner à la graisse. Dans l'examen de la troisième question, qui traite des moyens de prévenir la maladie, M. Herpin pro- pose les suivants : 1° Ne point égrapper entiérement lorsque le raisin est dans un élat de maturité completie et absolue ; 2° Donner à la fermentation le temps convenable et nécessaire , en sorle qu'elle ne soit ni incomplette, ni prolongée ; 3° Laisser cuver long-temps les vins qui ont une ten- dance à tourner au gras; mais cependant toujours sou- tirer le vin de la cuve avant la disparition totale du principe sucré ; 4° Mèler en certaines proportions des vius fermes avec des vins tendres, des vins nouveaux avec des vins vieux. M. Herpin s'occupe, dans la quatrième question, des moyens de guérir la maladie graisseuse des vins. Les remèdes qu'il croit plus convenables d'employer sont : 1° D'exciter , dans les vins malades , une nouvelle fermentation ; 2° D’ajouter aux vins tournés au gras le principe salin dont ces vins ainsi altérés sont dépourvus ; ce sel est le sur-lartrate de potasse ( crème de tartre } ; 3° D’y ajouter en outre une certaine quantité de principe sucré , de sucre brut ordmaire, par exemple, ou de cassonade rouge. M. le rapporteur renvoie à l'ouvrage même pour le détail des manipulations dans l'emploi de la crème de tartre et (48) | dù sucre. À ces deux agents, M. Heypin associe quel- quefois une certaine quantité de lie fraiche d'un vin généreux, pour rétablir des vins malades ou dégénérés. L'efficacité des procédés de M. Herpin est constatée par des expériences nombreuses qu'il a faites lui-même , et qui ont été répétées avec le plus grand succès par plu- sieurs sommeliers. = M. Dubuc à aussi rendu compte d’un ouvrage qui a été adressé à l'Académie par S. Exc. le ministre de l'intérieur et qui a pour titre : Des fosses propres à la conservation des grains , et de la manière de les construire ; avec diffèrens moyens qui peuvent étre employés pour le méme objet ; par ME. le comte de Lasteyrie, membre de plusieurs Sociétés savantes , et spécialement attaché au conseil, d'agriculture établi près de S. Exec. le ministre de l'intérieur. Le principal objet de l’auteur est la solution du pro- blême proposé par Fancienne Académie des sciences et dont voici l'énoncé : « Conserver beaucoup de grains dans le plus petit espace possible , aussi long-temps qu'on voudra, avec peu de dépenses , sans perte, sans qu'il devienne la proie des insectes ou des oiseaux, des vo- leurs , et des personnes préposées à sa conservation. » Pour arriver à la solution de ce problème, M. de Lasteyrie a divisé son travail en cinq chapitres. Dans le premier, l'auteur offre des Considérations générales sur la conservation des grains , et s'attache à démontrer que de tous les moyens proposés jusqu'à ce jour , pour conserver long-temps les grains en bon état, le meilleur est celui de les emmagasiner bien secs dans des trous connus vulgairement sous le nom de fosses à bled... Les observations faites par l’auteur à Malte , en Espagne, même dans le midi de la France, sur ce geure de greniers , prouvent leur supériorité sur tout ce qui (49) qui a été imaginé ailleurs pour la conservation des ré coltes. Dans le second chapitre, M. de Lasteyrie fait voir , d'après Les témoignages de Pline, Quinte-Curce et autres savants de l'antiquité , que les fosses à blé sont en usage depuis un temps immémorial chez les Chinois , chez les Africains et mème chez les Espagnols , et il en conclut qu'à l'exemple de ces peuples , nous devons préférer les fosses à blé aux magasins établis à grands frais.sur la surface du sol , pour conserver toute espèce de graines nutrilives. Dans le troisième chapitre , l’auteur s'occupe des moyens de conservation qui, dans certaines circonstances , pourraient remplacer les fosses à grains, tels que les meules , des réservoirs ou petits magasins pratiqués dans les maisons, et privés de accès de l'air et de lhumi- dité, des caisses en bois ou de grands vases de terre. Le quatrième chapitre roule sur les avantages qu’of- frent les fosses à blé comparativement aux autres moyens de conservation , et l'auteur prouve que les fosses sou- terraines, creusées dans des terres sèches , mettant le blé à l'abri de lPaction de Pair, de la lumière et de l'hu- midité , ces fosses sont les locaux les plus convenables à la conservation de toutes espèces de graines. M. Las- teyrie fait remarquer en outre que les greniers dits d'abondance construits à Paris, et qui ont déjà coûté plus de six millions, n'atteignent nullement le but que l'on s'était proposé, et que , dans état actuel de leur construction , ils ne peuvent contenir que la quantité de grains nécessaire, pour vingi-quatre jours ; à la con- sommation de la capitale. D'après les calculs de lauteur , il faudrait environ D (50) seize éents fosses de quatre mètres de diamètre , sur six de profondeur , pour contenir la quantité de grain néces- saire à l'approvisionnement de Paris pour une année. Chacun de ces réservoirs coûterait 3,500 fr.; ce qui, pour 1600 fosses, donne un total d'environ 5,600,000 fr. ; tandis que les édifices, pour le même usage , construits hors le sol, en charpente, mâçonnerie , eic. , revien- draient à plus de 50,000,000. Dans le cinquieme et dernier chapitre , M. le comte de Lasteyrie indique la manière de construire les fosses , et les précautions à prendre pour la conservation des grains , et offre, dans deux planches gravées , les formes et les dimensions à donner aux fosses à blé , soit isolées, soit placées les unes à côté ‘des autres. M. le rapporteur estime que le travail dont il vient de rendre compte , est aussi intéressant par l'importance de son objet que par la manière habile avec laquelle il est traité. Il n’a pu être. entrepris, ajoute-t-il, que par un bon citoyen animé des vues les plus philantro- piques. = Nous avons reçu de la Société royale et centrale d'agriculture , non-seulement les Annales de l’agriculture française , et le volume de Mémoires qu’elle publie chaque année , mais encore le programme d'un prix qu'elle a proposé sur la culture du pavot, ou œrllet, ou voliette. — De la Société d'agriculture des arts et de com-!| merce des Pyrénées-Orientales , plusieurs N°° du Bulletin qu'elle publie périodiquement. — De la Société des sciences, agriculture et belles-lettres x C5r) du département de Tarn-et-Garonne , quelques N° du tome 1% de.son Recueil agronomique. — De la Société d'agriculture et d'industrie du dépar- tement de la Seine-Inférieure, douze cahiers du Meé- morial d'agriculture et d'industrie. M. Meaume , qui en à rendu un compte très-détaillé à PAcadémie , termine ainsi son rapport : « Vous voyez, Messieurs, que la Société d’agricul- ture de la Seine-Inférieure poursuit sans relâche l’objet de ses lravaux, qui est le perfectionnement de l’agricul- ture et le bien-être des habitants des campagnes ; qu’elle justifie pour sa part les espérances que le gouvérnement a fondées sur ces sortes d'institutions, et qu'ainsi elle est digne de succéder à la Société d'agriculture de lan- cienne généralité de Rouen ; qui, pendant trente années a rendu d'importants services. » — De la même Société , le compte rendu de sa séance publique tenue le 10 mai 1820. = M. Lézurier de la Martel, vice-président de la So- ciété. d'agriculture de Rouen, dans une des séances de l'Académie, a donné lecture du discours qu'il a pro- noncé à l'ouverture de la séance publique de la Société d'agriculture du département de la Seine-Inférieure. Aux agréments d’un style toujours élégant et pur, M: Lézurier a su joindre ces grandes vues d'utilité publique dont il a douné en diverses circonstances des témoignages si éclatants, et qui lui ont acquis tant de droits à l’es- time el à la reconnaissance publiques. = Enfin nous avons reçu de la Société d'agriculture et des arts du département de Seine-et-Oise, le Rapporé D 2 (52) fait à sa séance du mardi 7 mars 1820, sur les pommes de terre cultivées en 1819, par les soins d'une commis- sion spéciale , faisant suite aux précédents rapports qui ont été las à cetie société aux séances des 2 janvier 1816, 5 février 1818 , et 5 janvier 1819. = M. Lair a envoyé un grand nombre d'exemplaires des Rapports sur les Expositions publiques des produits des arts du Calvados. Ces rapports ont été entendus par l'Acadé- mie avec le plus haut intérêt. Elle à remarqué avec un plaisir bien vif que c’est M. Eair, son correspondant , qui a pris soin de rendre ces expositions dignes de la ville de Caen. Elle a surtout applaudi au sentiment de justice et de reconnaissance qui a tracé de M. Lair le portrait suivant : « M. Lair est un de ces hommes res- » pectables qui font le bien sans ostentation, un de ces » savants vertueux qui n'ont d'autre ambition que celle » d'être utiles à leur pays ». = M. Auguste Le Prévest a fait le rapport dont il était chargé, sur les Mémoires de la Société d'agriculture de Eyon. Après avoir fait quelques réflexions sur l'importance de Fart de l'agriculture vers lequel, dit-il, l’entraînent d’ailleurs ses goûts les plus chers, M. Le Prévost passe en revue les travaux de la Seciéité, el joint souvent à l'examen qu'il en fait des réflexions qui y ajoutent un nouvel intérêt. -« Le bien labourer et le bien fumer, c’est tout le seeret de l'agriculture, a dit le vénérable Olivier de Serres. C’est particuliérement de la seconde de ces opé- rations , que la Société de Lyon s’est occupée. Les expé- riénces relatives aux engrais occupent une portion notable de ses mémoires. (53) » Le Lyonnais fut la première province da royaume qui adopta l'usage du plâtre , dont un cultivateur de Suisse a le premier fait connaître les bons effets en agriculture. » Quelques années plus tard , un engrais , plus puissant encore , celui que fournissent les immondices des grandes villés, fut employé pour la première fois aux environs de Lyon. Mais le produit des fosses d'aisances étant loin de pouvoir suffire aux besoins de l'agriculture , il de- venait très-important de rechercher s'il ne serait pas possible d'y suppléer par un procédé artiliciel, et ce procédé a encore été tenté pour la première fois dans les environs de Lyon. Un grand nombre d'expériences , dont plusieurs ont été faites sous les yeux de la Société d'agriculture , ne laissent guères de doute sur l'efficacité de ce qu’elle appelle gadoue artificielle. Cependant, M. Le Prévost fait observer qu'on n’est pas encore bien d'accord .ni sur les proportions , ni sur la nature même des matières qui doivent entrer dans la préparation de ce compost, qui paraît avoir été indiqué par un soldat polonais , comme habituellement employé dans son pays. » Un membre de la Société a aussi appelé son atten- tion sur un autre engrais peu connu, el souvent perdu jusqu'ici, quoiqu'il soit fort commun aux environs des grandes villes, c’est le germon d'orge, ou résidu du grain employé à la fabrication de la bière. L'emploi de ce nouvel engrais semblerait exiger beaucoup de prudence et de discrétion , car il ressemble à ces remèdes héroïques qui font beaucoup de bien on beaucoup de mal, suivant qu'ils sont appliqués convenablement ou non. » Un autre membre de la même société s’est occupé de la théorie des engrais et des règles à suivre dans le choix à faire parmi eux, suivant la mature du terrain auquel on le destine... » Au lieu de brûler les mauvaises herbes , l’auteur veut D 5 (54) qu'on les stratifie dans des fosses ; par lits alternatifs , avec des couches de terre. De la décomposition des plantes résulte, au bout de huit à dix mois, un excel- lent compost. : » L'auteur indique encore un autre engrais qu'on trouve dans toutes les exploitations ; et qu'il regarde comme applicable à tous les terrains. C’est la terre qu’on pourrait extraire en fouillant le sol de tous les bâtiments ruraux non pavés. » Après s'être occupé du bien fumer , la Compagnie , continue M. Le Prévost, passant au bien labourer, rap- pelle le grand rôle que les labours jouent dans une cul- ture bien entendue , et décrit deux charrues qui lui ont été présentées dans le courant de l'année , et dont lune , habituellement employée äars les environs de Montéli- mart, paraît tout-à-fait digne de l'attention de lagro- nome. » De nombreux esssais promettent d'enrichir les cam- pagnes du département du Rhône de nouvelles céréales : ce sont le blé d'Ukraine , qui rend 12 pour 1 ; une autre espèce de froment , originaire de Smyrne , et acclimaté , dit-on , dans le Puy-de-Dôme, qui a rendu la quantité prodigieuse de 339 pour 1; le prétendu riz sec de la Chine, qu’on croit être le-triticum monococcum ; el dont la paille paraît devoir rivaliser avec les plus belles d'Italie, pour la fabrication des chapeaux ; plusieurs graminées originaires de Pondichéry ; enfin le maïs quarantaire que j'ai vu, dans les fertiles plaines de la Lombardie , suc- céder au blé , immédiatement après sa récolte, et par- courir, en moins de deux mois, tous les périodes de sa végélalion. » À la culture des végétaux dont se compose la cou- ronne de Cérès, se lie naturellement celle de ce pré- cieux tubercule qui offre tout-à-la-fois à l’homme une (55) nourriture saine et abondante, et un préservalif contre le fléau de la disette. Plusieurs membres de la Société de Lyon ont fait des expériences sur sa plantation à l’état de tubercules entiers , de tronçons , de tranches de deux ou trois lignes d'épaisseur, qui permettent d'en réserver l'intérieur pour l’économie domestique... » Mon intention étant de ne m'occuper que des genres de culture du Lyonnais, applicables à nos localités, je ne parlerai point des travaux exclusivement consacrés à l'extraction de ce jus brillant et doux , dont un soleil plus ardent que le nôtre gonfle les raisins du Lyon- nais, ni de ce ver industrieux Dont les nobles veilles Enrichisseut de leurs merveilles Les rois, les belles et les dieux. » J'appellerai de préférence votre attention sur les moyens de remédier à cette diminution toujours crois sante de bois de haute-futaie , qui faisait diré à Colbert, à une époque où le mal était bien moins grand que de nos jours: La France, ce pays si riche et si peuple, ne périra jamais que par la disette du bois... Deux mem- bres de la Société de Lyon ont uni leurs efforts à ceux de tous les bons citoyens qui s'en sont déjà occupés, et ont proposé des moyens pour rétablir une propor- tion convenable entre les besoins et les ressources. L'un a présenté la plantation complette des grandes routes comme l'un des moyens les plus efficaces que lon pût employer. Mais ce moyen, ordonné depuis long-temps par le gouvernement; ne pourra jamais avoir qu'une exécution partielle , parce que certains terrains offrent des difficultés insurmontables à la plan- tation, et que, dans d’autres, elle nuirait aux grandes routes, en y entretenant une humidité perpétuelle , es aux récoltes des propriétaires riverains. D 4 (56) » Le second des membres de la Société qui s'est oc- cupé du même objet, engage les propriétaires des bois- taillis à transformer graduellement ces taillis en futaies , par l'extirpation successive des cépées, du bois blanc et des autres arbres de qualité inférieure. Ce moyen me paraît offrir tant de difficultés et d’inconvénients, que je ne le crois guère praticable que sous la surveillance d'un pro- priélaire très-éclairé. » Après les arbres forestiers viennent ceux Dont les rameaux complaisants , Sous le doux poids des fruits , se courbent tous les ans. et ceux qui embellissent le voisinage de nos demeures. M. Madiot en annonce plusieurs nouvelles espèces et variétés , et décrit un grefloir de son invention. » Deux mémoires de statistique agricole proménent le lecteur dans ces contrées pittoresques à travers lesquelles le Rhône roulent ses eaux mugissantes ;, et donnent une idée complette non-seulement de leur agriculture, mais encore des circonslances physiques, des souvenirs et des observations de mœurs propres à les caractériser d'une manière précise. » L'éducation des animaux domestiques , le perfec- tionnement de leurs races , les remèdes à opposer à leurs maladies, ont aussi mérité l'attention des membres de la Société de Lyon. » L'administration ayant , à l’époque de l'échenillage , fait un appel au zèle de la Société pour la rédaction d'instructions propres à accélérer cette opération , l'un des membres sionala , dans un tableau très-bien tracé, les caractères et les mœurs des insectes ennemis des moissons el des bois. » Les arts économiques n'ont pas été négligés. Dans le recueil de mémoires dont je vous offre Panalyse , on trouve des observations sur la densité spécifique de la (57) fécule de diverses variétés de pommes de terre, des pro- cédés pour isoler et convertir en pâte savoureuse le pa- renchime de ces précieux tubercules ; un autre procédé pour extraire de leur fécule du sugçe à l'état liquide. M. Le Roy de Champfleuri à fait des expériences sur la conservation des viandes au moyen de la dessiccation. M. Tellier a communiqué des réflexions sur les moyens de tirer parti des produits de la voierie d'une grande ville. » Tels sont, Messieurs, les nombreux et importants travaux de la Société d'agriculture de Lyon. Puissent-ils exciter une noble émulation parmi ceux d’entre vous qui se livrent aux mêmes études, aux mêmes recher- ches ! Puissions-nous voir , des rives du Rhône aux rives de la Seine, des bords de l'Océan à ceux de la Mé- diterranée , une sainte alliance entre les amis des champs et de l'agriculture , féconder et développer tous les germes de prospérilé que renferme le sol de notre belle France ! — L'Académie est aussi redevable à M. Auguste Le Prévost d'un rapport sur les mémoires publiés par la Societe d'agriculture et des arts du département de Seine-et-Oise , pour l’année 1819. M. de Prouville , président de la Société , a ouvert la séance publique du 4 juillet de cette année par un exposé très-bien fait de la marche et des progrès de l'agriculture depuis les Gaulois jusqu'à nos jours. Dans l'impossibilité d’en suivre les développements , M. le rapporteur s'est borné à la citation du morceau où l'auteur venge les So- ciélés d'agriculture des attaques dé la malveillance , de la routine et de la frivolité. M. Caron, secrétaire perpétuel, a ensuite rendu compte des travaux de l'année. (58) 1 place à la tête une nomenclature des rosiers , par M. de Prouville, Une 2° édition de cette nomenclature , pré- cieuse pour les botanistes, semble justifier les éloges qui lui sont donnés par M. le Secrétaire. Une commission , prise dans le sein de la Société, après avoir cultivé un prétendu b!é d'Egypte et l'avoir observé dans les divers périodes de ses développements, conclut, quelle que puisse être réellement son origine , qu'il offre point de différence sensible avec notre blé de Mars indi- gène et ne possède aucune des brillantes qualités qu'on s'était plu à lui attribuer. En comparant les quantités et qualités de filasse pro- venant de chanvres semblables soumis respectivement au procédé ordinaire du rouissage , et au procédé de M. Chris- tian , directeur du Conservatoire des arts et métiers , Ja Société s’est convaincue qu’en faisant préalablement chauf- fer le chanvre , deux tours de cylindre suffisaient pour dé- tacher et isoler parfaitement la filasse. Deux paquets de chanvre ont donné , par le procédé de M. Christian , quatre livres six onces de filasse, tandis que la même quantité , traitée par les moyens ordinaires , n’en a pas fourni plus de deux livres. M. le rapporteur regrette que la Société n'ait pas soumis le lin, plus intéressant encore que le chanvre, aux mêmes expériences comparatives. Plusieurs commissions de la Société d'agriculture de Versailles se sont occupées de Fimportante question de la législation des cours d’eau qui ne sont ni navigables , ni flotiables. M. le rapporteur serait incliné à dire , avec M. Féburier , l'un des rapporteurs , que c’est aux tribu- naux que devrait appartenir le jugement de toutes les contestations relatives aux cours d’ean. La Société a donné le résultat de ses observations con- cernani les effets de la sécheresse de 1818 sur les pommes de terre. Elle a fait connaître des détails curieux sur la (59) bonne qualité des eaux-de-vie provenant de six distille- ries de pommes de terre établies dans le département. Enfin elle a entrepris des expériences sur les proportions de potasse que l’on peut retirer par l'incinération des fanes de cette plante , le plus précieux des végétaux dont le nou- veau monde ait enrichi l’ancien. Les heureux effets de l'emploi du plâtre comme amen- dement sont connus et constatés depuis fort long-temps ; mais à quel état convient-il davantage de s’en servir ? Est-ce an sortir de la carrière ou après une cuisson plus ou moins avancée ? En attendant que l’on ait répondu à celte importante question par des expériences positives ; NE. Jeanson , directeur des eaux de Versailles , indique une machine propre à pulvériser le plâtre dans lun et l’autre cas. Le même membre a présenté à la Société une autre machine aussi simple qu’ingénieuse pour sécher les grains et les farines. M. Poiteau a reconnu qu'un moyen d'éviter les chan- cres provenant ordinairement de l’ébourgeonnement du platane d'orient, dans la jeunesse , était de faire celte opération au printemps, parce qu'alors la plaie se re- couvrait avant l'hiver. Cette observation est, au juge- ment de M. le rapporteur , applicable à plusieurs des arbres que nous cultivons. M. le baron de Vindé a enrichi les espaliers et les vergers du département d’une nouvelle espèce de poire provenant du pays Messin, et à laquelle il donne le nom de syanche ou sylvange. M. de Plancy a communiqué à la Société une notice sur les avantages de la ruche pyramidale de M. Ducouëdic. Après une liste des Compagnies savantes avec les- quelles la Société de Versailles correspond, et dans les (Go) premiers rangs de laquelle figure l'Académie de Rouen, viennent les mémoires imprimés en entier. Une notice de M. Voisin, savant médecin , sur la petite vérole et la vaccine , présente de la manière la plus précise les avantages attachés à la découverte de Jenner, les caractères auxquels on peut distinguer la vraie vacocine de la fausse; la petite vérole volante ou variolette de la véritable variole ; enfin les moyens à employer pour débarrasser entièrement la société de ce fléau Qui , prolongeant sa rage, Grave au front des humains un éternel outrage. Plusieurs mémoires concernant les mérinos , consta- tent l'efficacité de l'inoculation du claveau , pour com- battre une maladie non moins redoutable pour les bêtes à laine que la petite vérole l'est pour l'homme. Dans un long mémoire sur l’arrosement , M. Tellier trouve qu'outre la douceur , la continuité et l'universalité de son action, c’est surtout par l'électricité dont elle s’est chargée en traversant les plaines de Pair, que l'eau de pluie l'emporte sur nos moyens artificiels d’arrose- ment , et propose de suppléer à celte circonstance, dans les expériences en petit, par l'établissement d'un appareil assez simple , dont l'effet serait d'attirer l'élec- tricité sur les plantes dont on voudrait accélérer la végé- lation. Tels sont, dit M. Le Prévost, les principaux objets qui m'ont paru mériter de vous être particuliérement signalés dans un recueil qui atteste à un haut degré le zèle et les lumières de MM. les membres de la Société d’agricullure de Seine-et-Oise. Je désire vivement avoir réussi, dans la faible esquisse que je vous soumets , à vous inspirer , pour celte honorable Compagnie , l'estime due aux efforts souvent heureux, toujours recomman- RE a, Sens (61) dables, d’une réunion d'hommes savants et d'hommes de bien. Le compte que je viens d’avoir l'honneur de vous rendre, Messieurs, des travaux de la classe des sciences, suffira sans doute pour vous convaincre sinon des succès qu'elle a obtenus, du moins de ses efforts constants à découvrir des vérités ou des applications utiles. Non contente de travailler par elle-même à étendre le domaine des sciences et des arts, elle a fait un appel honorable aux savants de tous les pays, en leur deman- dant la solution d'une question du plus grand intérêt pour un grand nombre d'arts qui se pratiquent soit dans l’industrieuse cité que nous habitons , soit dans la vaste étendue de notre département. L'attente de l'Académie n’a point été trompée, et Jai la satisfaction de pouvoir vous annoncer que le prix de la classe des sciences a été remporté, et que le nom du vainqueur sera solennellement proclamé dans cette séance. CONCOURS. Organe de la commission nommée pour cet objet, M. Meaume à fait un rapport sur les mémoires envoyés au concours qui a été ouvert , par la classe des sciences , pour l’année 1820 , sur cette question : « Quels sont les moyens , dépendants ou indépendants du é pyromètre de Wedgwood, les plus propres à mesurer , t avec autant de précision qu'il est possible , les hauts E degrés de chaleur que certains arts, tels que ceux du ver- » rier, du potier de terre, du faïencier, du porcelainier , » du mélallurgiste , etc., ont besoin de connaître ? (62) Deux mémoires seulement sont parvenus à l'Académie, le premier , coté n° 1 , avec cette épigraphe : Lperientia præstantior arte; le second, enregistré sous le n° 2, portant pour devise : » Tout s’épure et se fond au creuset de la science ; » Avec la terre impure on fait de la faïence. » Après avoir offert une analyse méthodique de chacun de ces deux mémoires et en avoir disculé les bases, M. le rapporteur a exprimé en ces termes le jugement porté par les membres de la commission sur chacun des deux mémoires soumis à son examen. « Le mémoire n° 2, quin'est pas sans mérite sur quelques points , ne renferme pas la solution de la ques- tion proposée ; la commission exprime le regret que l'auteur n'ait pas appliqué la sagacité et les connaissances dont il fait preuve, à traiter la question d'une manière plus approfondie. » La commission a reconnu , dans l’auteur du mé- moire n°1, un physicien des plus habiles. On ne sait ce qu'on doit le plus admirer en lui, ou des vastes con- naissances qu'il possède, et des profondes théories qu'il établit avec tant de talent, ou du génie inventif et pré- voyant , et de la patience à tonte épreuve qui le distingue dans la combinaison de ses expériences , dans la concep- tion de ses appareils, dans la sagesse des précautions nombreuses qu'il sait prendre pour prévenir les erreurs , et enfin dans l’heureux choix des méthodes et des pro- cédés qu'il a su employer, et qui sont le fruit de son invention. » D’après ces considérations, Messieurs, votre com- mission est unanimement d'avis que l’auteur du mémoire D° 1, porlant pour épigraphe : experientia præstantior arte , (63) mérite le prix des sciences proposé par l'Académie poar l'année 1820. L'Académie , consultée à ce sujet, a approuvé le rap- port dans tout son contenu, et en a adopté les conclusions. M. le président ayant, dans la séance publique , ou- vert le billet cacheté joint au mémoire n°1, ya lu ce qui suit : Æxperientia præstantior arte , et au-dessous : HoxoRé FLAUGERGUES, associé de l Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Rouen, à Viviers , département de l'Ardèche. Cette proclamation solennelle du nom du vainqueur a élé couverte des applaudissements de l’assem- blée nombreuse et choisie qui remplissait la salle. L'Académie a arrêté que le rapport fait par M. Meaume serait imprimé en entier dans le Précis analytique de cette année. AA AA AP AA AAA AA PRIX PROPOSÉ POUR 1821. L'Académie propose à résoudre la question suivante : » Existe-t-il un Alcool absolu, c’est-à-dire tellement pur » qu'il ne contienne aucune autre substance étrangère à » sa nalure ? Indiquer ses propriétés physiques et chimiques , (4 les éléments de sa composition , et le procédé qu’il convient d'employer pour l'obtenir. » t L'auteur du mémoire devra y joindre un échantillon de l'alcool qu'il regarderait comme absolu , et en quan- üté suffisante pour qu'il soit possible de répéter les expé- ge. Le prix sera une médaille d’or , de la valeur de 30o fr. riences principales consignées dans son ouvra Chacun des Auteurs mettra en tête de son ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté, où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne (64) sera ouvert que dans le cas où le mémoire aurait remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les ouvrages devront être adressés, francs de port, à M. Viraus , Sécrétaire perpétuel de L Académie , pour la Classe des Sciences, avant le 1° Juin 1821. Ce terme sera de rigueur. 0 À) ms MÉMOIRES (65) AAA AA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA AS MÉMOIRES Dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. MÉMOIRE Sur l'encollage des étoffes ou toileries au moyen de diverses espèces de paremenis, elc.; par M. DUBUC l'aîné, Apothicaire-Chimiste, lu dans la séance de l'Academie, le 14 avril 1820. Messieurs, Parmi les nombreux établissements dont s’enorgueillit à juste litre la belle Normandie , mais spécialement la ville de Rouen et ses environs , il en est qui méritent une attention toute particulière par l'influence qu'ils exer- cent sur la santé des ouvriers qu'on y emploie , je veux parler de ces nombreuses fabriques où se confectionnent toutes les étoffes ou toilesconnues sous lenom de Rouennerie. C’est une opinion reçue parmi les chefs de ces établis sements que la fabrication de leurs marchandises , pour être de bonne qualité , ne peut avoir liea que dans des localités sombres , fraiches ,; et à l’aide d'un encollage auquel les ouvriers donnent le nom de parement. Le désir d'être utile à cetle classe nombreuse de tis- serands et de les exhumer en quelque sorte des bas-fonds souvent mal sains où ils sont forcés de rester une partie E F (66) de leur vie par la nature de leurs travaux m’a déterminé à m'occuper , 19 De la composition des parements en usage dans les ateliers et des effets qu'ils produisent par leur application sur les fils teints en toute couleur , avant la course de la navette, pour la confection des étoffes ou toileries ; 2° À déterminer ou essayer si, an moyen d'un encol- lage hygrométrique maïs sans action sur les éissures , on pourrait fabriquer les articles de Rouennerie , bien con- ditionnés , ailleurs que dans les caves ou autres endroits analogues ; 3 À donner différentes recettes économiques , mais simples, pour la confection d’un encollage kygrometrique qui se conserve long-temps et possède en outre toutes les autres qualités que les tisserands attribuent à un bon parement. Je vais traiter en détail chacune de ces propositions et faire de mon mieux pour remplir la tâche que je me suis imposée en entreprenant cet ouvrage. Je finirai ce travail par des réflexions générales sur la fabrication des éloffes dans les bas-fonds. Ces réflexions seront ‘elles-mêmes suivies d’une proposition tendante à faire faire des essais pour déterminer si , à l’aide de pare- ments plus ou moins Aygrométriques ; on ne pourrait pas confectionner en bonne qualité les articles dits rouennerie dans des localités établies au-dessus du sol. Je ne sache pas, Messieurs, que cette partie de l'in- dusirie manufacturière ou l’encollage des fils, avant la course de la navette , ait été jusqu'à ce jour traitée avec les soins qu'elle mérite. C’est encore pour l'ouvrier une sorte de secret que la préparation d’un bon parement ; aussi en remarque-t-on de plusieurs espèces dans les ate- liers ; souvent ils diffèrent soit par le goût, soit par l'odeur ; les uns sont plus visqueux que les autres ; ceux-ci sont additionnés d'un mucilage végétal , ceux-là de gélatine ani. (67) male, ete. On conçoit que le mélange de ces substances avec la farine peut modifier l'effet de cet encollage et le rendre plus on moins propre à la confection des étoffes. En conséquence , en partant de ces diverses données , je vais m'occuper des objets énoncés dans mes proposi- tions , et si de leur solution il pouvait émaner quelque chose d’utile au commerce , à l’industrie et surtout à cette classe de tisserands dont les travaux concourent si puissamment à la prospérité de cette grande ville , j'aurai atteint le but que je nr'étais proposé. Première proposition ou question. Quel but se propose louvrier lorsqu'il enduit d’une couche de colle ou de parement les fils avant et durant la course de la navette pour fabriquer les toiles et les étoffes de toutes couleurs connues vulgairement sous le nom de Rouennerie ? Nous croyons que cette opération a pour but, 1° de donner à la chaine ou aux fils qui la composent une sorte de moëlleux et d’élasticité en les pénétrant légèrement et en augmentant leur volume. Ces dispositions, dans l'ensemble de la tissure, permettent aux fils de s’appli- quer plus uniformément et plus exactement les uns aux autres par le mécanisme du métier , et donnent aux étoffes des qualités et le coup-d'œil marchand qu'elles n'auraient jamais sans un encollage préalable ; 2° Le parement sert encore pour rabattre le duvet dont les fils ne sont jamais exempts ; ils contribuenti'un et l’au- tre par leur superposition a donner de l'intensité et de la force aux tissus , ete... Ce paré, pour être bien fait, exige de l'attention et une sorte d'intelligence de la part de lou- vrier; lencollage qu'on y emploie doit être lisse, bien homogène ou sans grumeaux , ni trop humide , ni trop sec , de manière qu'il puisse se diviser complettement dans E 2 (68 ) les brosses pour ètre ensuite appliqué en tous sens sur la partie de la chaine destinée à être mise à l'œuvre. Enfin, un parement bien appliqué , disent les tisse- rands, donnent de la force aux fils, empêche qu'ils ne rompent , le va ef vient des lames et les mouvements du métier se font mieux, la chaîne présente un plan plus uni pour la course de la navette , toutes dispositions qui contribuent singulièrement à la beauté et à la bonne con- fection des étoffes. Tels sont , Messieurs, les principaux effets produits par l’encollage sur les chaînes ourdies avant leur conver- sion en tissus de toutes espèces. Je vais maintenant vous entretenir de la deuxième et de la troisième proposition. Deuxième et troisième questions ou propositions. Peut-on espérer, au moyen de parements Aygrome- triques , fabriquer les toiles et les marchandises désignées sous le nom de Rouennerie , ailleurs que dans les caves ou autres localités analogues , et, par ce moyen, éviter aux tisserands les dangers où les expose une résidence trop prolongée dans des lieux sombres , frais et froids ? La solution de ces deux autres questions serail sans doute , Messieurs , de la plus haute importance , et j'au- rais cru rendre un service signalé à mon pays, si j'avais assez de données sur l'efficacité des encollages dont je vais donner la composition pour affirmer que , par leur emploi , l'ouvrier pourra désormais travailler sur des métiers établis au-dessus du sol, mais je croirais manquer à la prudence , si j'annonçais la bonté d’un moyen dont l'efficacité n’est pas encore démontrée d’une manière aff- mative. Depuis quelque temps on a annoncé , dans divers journaux , une sorte de parement qui semblait réunir (69 ) toutes les qualités pour atteindre le but philantropique dont nous nous occupons ; déjà les tisserands devaient , par son emploi, déserter les lieux souterrains pour établir leurs métiers dans des étages plus élevés. Cet en- collage se prépare avec la farine qu'on obtient de la se mence d'un graminée qui semble originaire des îles Ca- naries, mais qui est devenu indigène en France. Cette plante est connue des botanistes sous le nom de phalaris canariensis , ou alpiste ; c'est le millet lung des graineliers, Il paraît assez bien démontré, Messieurs ; que celte farine possède les précieuses qualités qui lui ont été alri- buées par les jouruaux et par les ouvrages périodiques qui en ont successivement parlé. J'ai fait essayer à diverses reprises cet encollage pré- paré avec la farine extraite de celle graine venant direc- tement des Canaries, ou avec celle tirée de la semence de la même plante cultivée aux environs de Rouen : l'une et l'autre ont donné un parement doux au toycher , long, moelleux, qui se divise bien dans les brosses, et s'étend parfaitement sur les fils auxquels il donne l'uni, la souplesse et la force convenables à une bonne et prompte manipulation des étoffes ; mais à côté de ces utiles qualités reconnues dans le parement que donne la graine de millet long, viennent s'opposer deux obs- tacles qui contrarient singulièrement son emploi, Le premier de ces obstacles résulte du prix trop élev de la farine de phalaris, comparé à celui de la farine de blé dont se servent assez généralement les passementiers pour faire leur encollage.…. La première farine , en supposant , année commune ; la graine d’alpiste à 40 fr. les 50 kilogrammes, revient , par le déchet qu’elle éprouve au moulin ou sous le pilon, à 60 cent. la livre, tandis que celle de froment ne coûte que 4 à 6 s., et donne, à poids égal, étant bouillie avec l’eau ; autant et même plus de parement que celle de millet long ; et comme E 3 (79) tout doit être économie dans la manutention des étoffes ; l’ouvrier adoptera difficilement l'emploi d'un parement dont le prix tend à élever celui de la marchandise et à diminuer le salaire qui lui ést accordé pour la fabriquer. Le deuxième obstacle qui Ssoppose encore à Femploi du phalaris dans les ateliers, et le plus difficile à vaincre , iient à la nature même de cette graine ; la farine qu'elle produit donne, par sa cuisson avec l'eau , un parement d’un gris terne, quelquefois jaunâtre , dont l’applica- tion nuance désagréablement'les étoffes à fond blanc, et nuit à leur vente sans pourtant en détériorer la qualité. Un autre défaut attribué à ce parement provient de ce que la farine d’alpiste m'est jamais exempte d'une portion de l'écorce de la graine qui la produit. Cette espèce de son, n'étant pas soluble dans l’eau, reste in terposé dans l’encollage, forme de petites aspérités sur les fils et en occasionne souvent la rupture par le mou- vement du métier; mais avec du soin et en donnant , disent les ouvriers, quelques coups de brosses de plus au paré, un instant après qu'il est fait , on parvient à le rendre/uni ét presqu'exempt de ce corps étranger, qui s'en sépare facilement. Après avoir examiné et décril avec soin les propriétés du parement préparé avec la farine du phalaris, je me suis déterminé à faire l’analyse de cette farine afin de reconnaître à quoi sont dues les qualités hygrométriques , le moelleux et la couleur qu'elle donne à l’encollage qu'on en prépare par sa cuisson avec l’eau , propriétés qui la distingnent essentiellement de la farine de blé et autres matières employées par les ‘tisserands pour la com- position de leurs encollages. Je me fatiguerai pas l'attention de l'Académie , en lui rapportant les essais et les expériences assez nombreuse que j'ai faites pour analyser la farine du phalaris canariensis, je crois seulement utile ‘de ‘lui affirmer que cette farine (729 contient de plus que les farines des autres céréales une quantité notable de muriate où d’hydro-chlorate de chaux (1) etun principe gommo-résineux colorant, d’une saveur amère styplique , et que c'est à ces deux prin- cipes qu'on peut attribuer les qualités hygrométriques , le moelleux et la couleur grise terne des encollages qu'elle produit et qui les distinguent si particuliérement de ceux préparés avec la farine de froment ou avec les fécules amylacées. J'ai également analysé la farine provenant du sorgho ou milletrond, milium vulgare, qui donne aussi un bon parement pour les tisserands. Cette farine contient, comme celle du millet long ou alpiste, du muriate de chaux et un principe colorant. J’ai cru seulement devoir en faire note pour démontrer son analogie avec celle du phalaris, et indiquer qu'elle peut entrer en concurrence avec cette dernière , pour la confection des encollages , si jamais le prix des farines provenant de ces deux espèces degra- mens devenait assez modique pour en permeltre l'usage dans les manufactures. Après avoir découvert, par l'analyse , les principes qui établissent les différences qu'on remarque entre le parement préparé avec les farines du millet long et rond, et celui fait avec la farine de froment, j'en ai tiré cette conséquence ; savoir : « Qu'en donnant aux parements confectionnés avec la » farine de blé , ou autres farines blanches , une éertaine » propriété hygrometrique , on parviendrait à en obtenir » des encollages de même nature que celui que donne le (1) En attendant que les chymistes soient bien d'accord sur les choses et par suite sur les dénominations qui appartiennent à chaque com- posé , j'emploierai indistinctement l’un de ces deux noms pour désigner la combinaison de la chaux ayec l'acide muriatique, etc. E 4 (72) » phalaris canariensis , et sans en avoir les défauts ni les » inconvénients. » En conséquence , j'ai préparé et fait préparer ; depuis plus d’une année , des parements avec diversessories de farines ou fécules , telles que celles de froment , de seigle, de pommes de terre , l’'amidon ordinaire , dans lesquels on a ajouté du muriate de chaux et auires ma- tières convenables. Tous ces encollages ont été successi- vement éprouvés par des ouvriers intelligents, et j en ai assez suivi l'emploi pour affirmer qu'ils égalent au moins en bonté le parement obtenu du phalaris cana- riensis , et qu'ils réunissent encore au précieux avan- tage de se conserver long-temps , celui de pouvoir être employés aux tissages des étoffes de toutes couleurs , sans nuire à leur qualité. Voici les recettes de plusieurs des parementis ou en- collages dont je viens de parler , et dont l'emploi pourra servir à la solution des deux dernières questions insérées en tête de ce mémoire , et qui possèdent en outre la pro- priété de se garder plus de deux mois sans se gâter. Parement préparé avec la farine de blé ou de seigle, et le muriate ou hydro-chlorate de chaux. Prenez de l’une ou l’autre de ces farines, bien purgées de leur son, une livre ou demi-kilogramme ; délayez-la avec soin dans suffisante quantité d’eau pure (il en faut environ quatre litres ou pintes ) ; faites cuire à petit feu, mais au bouillon , pendant huit à dix minutes, en agitant continuellement , de peur que le mélange ne brûle ou ne roussisse, ee qui nuirait à la bonté et au moelleux du parement : retirez la chaudière du feu, et ajoutez-y six gros , en hiver , et une once , en été, d’un sel connu dans les pharmaeiïes, sous le nom de muriale de chaux, préalablement fondu dans une demi-verrée (73) d'eau ; agitez le tout pour bien incorporer ce sel, puis ; déposez l’encollage dans un potde terre ou de grès. Cette dose en produit environ sept livres marc. Proprietes de ce parement. Etant ainsi préparé, ce parement est d’un beau blanc, doux au toucher , s'étend très-bien sur les brosses et mieux encore sur les fils ; il donne à la chaîne le moel- leux, la souplesse et les autres qualités qui favorisent le travail de l’ouvrier et la bonne confection de toutes sortes d’étoffes où son emploi est indispensable. Parement préparé avec la fécule ou farine de pommes de terre , le muriate de chaux et la gomme arabique. Prenez farine de pommes de terre , une livre , gomme arabique en poudre , dix gros ou quarante grammes ; dé- layez l'une et l’autre dans quatre pinies d’eau ; faites cuire avec les précautions indiquées ci-dessus ; retirez du feu , et ajoutez-y six gros ou une once de muriate de chaux , suivant la saison ; puis conservez dans un pot de terre ou de grès. Ce parement , d’un blanc superbe , possède toutes les qualités du précédent, seulement et quand il n'est pas bien cuit , il s’en sépare un fluide aqueux, mais on le rétablit dans toutes ses propriétés , en l’agitant forte- ment avant son emploi, ou mieux encore en le faisant bouillir de nouveau pendant deux à trois minutes. Parement préparé avec l'amidon de pommes de terre , ou avec l’'amidon ordinaire extrait du blé, du seigle ou de l'orge auquel on ajoute , en place de gomme , une matière gela- tineuse animale. On verse environ deux pintes d'eau bouillante’sur deux (74) onces ou soixante-quaire grammes de râpures de corne de cerf ou d'ivoire bien divisées, on couvre le vase , on laisse infuser dans les cendres chaudes l’espace de vingt-quatre heures, puis on fait bouillir quinze à vingt minutes et on coule : ensuite on délaie une livre de fécule de pommes de terre ou d'amidon ordinaire dans deux litres et demi d’eau ; on y ajoute la décoction de corne de cerf, et on procède à la confection du parement , en prenant les précautions convenables ; on retire le vase du feu, on y mêle exactement le muriate de chaux dans les proportions indiquées ci-dessus, et on conserve pour l'usage. Cet encollage, préparé avec soin , est d’une blancheur éclatante et peut servir à la confection de toutes sortes de tissus , mais il convient spécialement pour les blancs complets ou pour les étoffes où le blanc domine. On peut mettre , en place de corne de cerf ou d'ivoire, une once de belle colle forte , ou colle claire dite d'Alsace , préalablement fondue dans trois verrées d’eau ; on obtient aussi, par celle méthode , un beau et bon parement. Ici, Messieurs, il est essentiel de faire observer aux consommateurs que l'addition de corps étrangers aux fa- rines et fécules n’augmente pas sensiblement le prix des parements (x). Il est encore bon de noter avant de passer au résumé de cet ouvrage que l'amidon ordinaire , celui de pommes de terre , même la farine de seigle , produisent bien seuls, par leur décoction avec l'eau, ——_—_——— (1) Les dix gros de gomme arabique valent à-peu-près 10 c. ; la râpure ou la colle claire environ chacune 8 e., le sel 10 c., la farine de pom- mes de terre 15 c. D'après ces données exactes, il est aisé d’en con- clure que le parement préparé avec la farine dite de santé, ne reviendra pas à plus cher que celui confectionné avec la belle farine de blé, en supposant, année commune, cette dernière à 5 ou 6 8. la livre. cms C75) une sorte d’encollage , mais que cet encollage ; trop sicz catif, disent les ouvriers, est loin d’avoir le moelleux et les qualités de ceux dont nous venons de donner la composilion. Il résulte du travail que j'ai l'honneur de soumettre à l’Académie , 19 Que le parement grisâtre et quelquefois jaunâtre que donnent les farines provenant de la graine de millet long et rond, quoiqu'étant de bonne qualité, ne peut guère servir qu’à l’encollage des étoffes à fonds rembrunis, puisqu'il est prouvé que ce parement nuance désagréa- blement les tissus à fond blanc, et nuit à leur prix mar- chand ; 2° Que ce même parement, outre le défaut qu'il a de ternir les marchandises à fond blanc , revient à un prix trop élevé pour en permettre l'usage journalier aux #isserands ; 3° Qu'on obtient à un prix modéré de la belle farine de froment , en l’additionnant de muriate de chaux, un parement qui ne le cède ni en qualité, ni en bonté à celui que donne la farine du phalaris canariensis. Ce pare- ment offre en outre le précieux avantage de pouvoir ser vir à l’encollage des toiles ou étoffes de toutes couleurs ; 4° Que la fécule de pommes de terre peut également servir à la préparation d’un parement encore plus éco- nomique que celui obtenu de /a farine de blé, et de bonne qualité , surtout si on l'additionne d’une substance gom- meuse ou gélatineuse animale et d’hydro-chlorate de chaux ; que cet encollage pourra en outre suppléer en temps de disette celui que donnent la farine de froment , et les autres farines nutritives ou alimentaires destinées spécialement à la nourriture des hommes. Après avoir décrit l'effet de l’encollage sur les fils des- ünés à la fabrication des marchandises connues sous le nom de rouennerie, et indiqué plusieurs procédés pour composer des parements ygrométriques et analogues à (76) celui que donne la farine du phalaris canariensis , il reste à déterminer : si ces sortes d'encollages maintiennent assez long-temps la fraîcheur , la souplesse et le moelleux à la chaîne pour permettre à Fouvrier de travailler ailleurs que dans les caves, el y confectionner des étoffes de bonne qualité et aussi marchandes que celles fabriquées sous terre. Si l'on ajoutait une parfaite croyance à ce qui a été publié depuis quelques années dans le bulletin de la so- ciélé royale d'encouragement pour l'industrie nationale , et par suite dans d’autres ouvrages périodiques , cette question serait résolue , puisque le parement ou encollage que donnait la farine du phalaris canariensis possédait toutes ces précieuses qualités , el que son emploi laisserait désor- mais aux tisserands la faculté d'établir leurs métiers dans toutes sortes de localités... Au mois de septembre dernier on publia aussi dans le n° 3 du Mémorial d'agriculture et d'industrie du dé- partement de la Seine-Inférieure, « que le parement » préparé avec la graine du phalaris ne se desséchant pas » aussi subitement que celui de la farine de blé , que le » tisserand qui lemploie sera libre d’habiter un atelier » plus salubre, en y travaillant avec plus de perfection » et de profit... On ajoute : les essais entrepris en grand » dans les manufactures d'Erfurt et dans les états prus- » siens en général , ont confirmé la supériorité de la colle » de farine de Canarie pour les tissus fins; on croit » pouvoir latiribuer à une plus grande affinité hygro- » métrique pour l’eau, comparativement à la farine de » froment. » J'avouerai que tant d’autorités m’avaient presque con- vaincu de l'efficacité de ce parement ; mais, accoutumé à méditer sur l'importance et les avantages d’un assez grand nombre de découvertes d’abord vantées comme infaillibles, sl (77) et dont les résultats n’ont que trop souvent trompé l’es- pérance de ceux qui les ont mis en pratique, je me dé- terminai à eu faire faire les essais que j'ai rapportés dans ce Mémoire, essais qui démontrent que l'encollage du phalaris, outre son prix trop élevé, ne peut servir que pour la confection des étoffes à fonds rembrunis, ete. ;mais , comme je lai dit plus haut, reste à déterminer si les parements que j’ai in- diqués donneront les qualités éonvenables aux fils de toutes couleurs qui composent les chaînes pour être fabriquées avantageusement ailleurs que dans les bas-fonds. D’excel- lents fabricants que j'ai consultés à ce sujet semblent pour la négative; ils fondent leur opinion sur ce que les fils qui composent les chaînes, par leur séjour dans des lieux sombres, frais et d’une température presque tou- jours égale, s’y gonflent , deviennent plus poreux, d’où il résulte que lencollage les pénètre plus également, que le duvet s’en rabat mieux, et que la tissure qui en résulte est plus serrée, plus unie , toutes qualités qu’on chercherait en vain si l’ouvrier travaillait dans des lieux secs ou trop froids , et qui concourent en outre par leur ensemble à la beauté et à la qualité des marchandises. Je conviens qu'une longue pratique vient déposer en fa- veur de l'opinion des fabricants ; mais qui ne sait combien les vieilles habitudes ont d’empire sur nos pensées et sur nos actions. Il paraît donc sage , pour arriver à la solution d’une question aussi importante , surtout dans nos con- trées où une immense population est condamnée par état à vivre dans des lieux souvent mal sains, de faire des expé- riences comparatives , afin de vérifier « si es toiieries fa- » briquées au-dessus du sol et avec les parements hygromé- » triques que nous avons proposés sont d'une aussi bonne qua- » lité et aussi marchandes que celles confectivnnées dans les » caves et autres lieux soulerrains par la méthode ordi- » maire. » (78) Note generale et conclusion sur l’ensemble de ce Mémoire. Les expériences comparatives dont on vient de parler ont été faites par une commission prise dans le sein de l'Académie (x). ILest demeuré constant , par suite de ces expériences consignées dans un rapport du g août 1820 ; « Que les toileries encollées avec les parements dans » lesquels il entre du muriate de chaux se dessèchent moins » vite quec elles fabriquées avec la colle ordinaire faite de » simple farine , et qu'ils donnent en outre aux marchan- » dises plus d’onctuosité et plus de main que cette der- » nière, propriétés qui permeltent à louvrier de travailler » avec succès dans les localités élevées au-dessus du sol. » Dans le même rapport, deux des membres de cette com- mission croient à la possibilité d'obtenir de la graine du phalaris canariensis une farine entièrement purgée de corps étrangers et assez blanche pour en faire à prix modéré un parement exempt des inconvénients notés dans ce mé- moire. S ils réussissent, ce sera un nouveau service qu’ils rendront en donnant un moyen de plus aux tisserands pour travailler hors les bas-fonds , etc. Au témoignage de la commission , on peut ajouter ce- lui de M. Dubuc qui a fait expérimenter en particulier ses encollages pendant plus de quinze mois par des fabricants et ouvriers intelligents et dans diverses localités avec un succès constant. Li est encore resté prouvé, par suite de nombreux essais, que les parements additionnés de muriate de chaux n’altè- a qamtmmeretigeert (1) Cette commission , nommée dans la séance du 5 mai 1820, était composée de MM. Pavie, Marquis et Dubuc, qui se sont adjoint, pour faire ces expériences, M. Yvart, filateur et fabricant très-instruit , demeurant à Darnétal. (79) rent en aucune manière les couleurs petit teint et autres ; même à la longue , qualités qui permettent de les employer indistinctement à la fabrication de toutes sortes d’étoffes , mais particulièrement sur les fonds blancs auxquels ils donnent un lustre et un coup-d’œil qu'on chercherait en vain par l’encollage ordinaire. Telles sont les observations et déclarations de divers manufacturiers ( dont on donnerait les noms au besoin } qui ont été à même d'apprécier ces parements en les met- tant en pratique sur des métiers situés non-seulement au- dessus du sol, mais encore dans des endroits arides. Il résulte donc de toutes ces expériences : « Que les encollages ou parements additionnés d’hydro- » chlorate de chaux bien préparés permettent aux tisse- » rands de travailler sur des métiers élablis dans toutes » sortes de localités, et d'y fabriquer des marchandises qui » ne le cèdent ni en qualité, ni en bonté à celles confec- » tionnées dans les bas-fonds et autres lieux frais dont le » séjour est souvent nuisible à la santé des ouvriers. » Tel était le but que se proposait l’auteur en entre- prenant son ouvrage sur les parements. Trop heureux d’avoir pu employer utilement ses faibles connaissances en donnant au public de nouveaux procédés qui sont tout à la fois utiles aux ouvriers , au commerce et à l’industrie. on De Ent (80) L 22) MÉMOIRE Sur une nouvelle mine de chrême trouvée depuis peu dans une ile voisine de Saint-Domingue ; Par M. J. B. VITALIS. MEssiEuRs , Tous ceux qui cultivent la chimie savent que c’est à M. Vauquelin qu'on doit la découverte du chrôme , métal nouveau, ainsi nommé du mot grec xpopæ qui signifie couleur , à cause de la propriété qu'il a de cobrer diverses subslances minérales. Dans un premier travail que ce célèbre chimiste avait fait avec Macquart , en 1789, sur le plomb rouge de Si- bérie , que ce dernier avait rapporté de son voyage à Moscow , il soupçonna que ce minéral recelait une sabs- tance métallique particulière ; et, au mois de juin 1796, il publia, dans le journal des mines, n° 34, les détails de la découverte qu'il avait faite de ce nouveau métal, et des diverses propriétés qui le caractérisent. Dans le plomb rouge, le chrôme est à l’état d'acide, et M. Vauquelin fit connaître divers moyens pour en séparer cet acide métallique qu’il obtint sous la forme d’une poudre d’une belle couleur rouge orangée. Un de ces moyens consiste à faire dissoudre le plomb rouge dans l'acide hydrochlorique affaibli, qui s'empare de l’oxide de plomb et laisse libre l'acide chromique qu’on obtient concret par la dessication. M. Vauquelin parvint ensuite à réduire cet acide mé- tallique en métal par le procédé suivant : Il en mit 72 parties dans un creuset de charbon qu’il enferma dans un creuset 8 creuset de porcelame , PR. bis de poussière de charbon, et qui fut exposé, pendant une heure, à un feu de forge très-vif , animé par le vent de trois tuyères , et il eut la satisfaction de trouver, dans le creuset de charbon , une masse métallique d’un gris blanc , brillante, cassante , dont la surface offrait un grand nombre de cristaux, en barbe de plume, de la même couleur , et parfaitement métalliques. Cette masse pesait 43 parties. Richter n'ayant pu réduire le chrôme dans un creuset de charbon, a réussi de la manière suivante : il intro- duisit dans un cornet d’épreuve un mélange d’oxide de chrôme et d’un tiers ou de moitié de charbon de sucre. 11 placa le cornet bien luté dans un four de porcelaine à l'endroît où les capsules commencaient à fondre. Richter obtint de trois onces d’oxide de chrôme un peu plus d’un gros et demi de métal, Le culot métallique ayant été cassé, laissa voir , dans son intérieur , des points compacts et formés de grains serrés , et dans d’autres des aiguilles entrelacées en tout sens et séparées les unes des autres par des espaces vides, ce qui ne permit pas d’en déterminer la pesanteur spé- cifique. Quelques chimistes proposent de mêler loxide de chrôme avec du noir de fumée et de lhuile, et d'en former une boule que Pon chauffe , dans un creuset bras- qué, à un feu de forge très-violent que lon soutient ‘pendant une heure et demie. M. Vauquelin a reconnu depuis que c’est à l’acide du chrôme que le rubis spinel doit son éclatante cou- leur de feu, et que c'est loxide de ce même métal, qui est d'un beau vert, qui donne à lPéméraude du Pérou sa riche couleur verte. Ces deux derniers faits firent présumer à M. Vau- E - (CS quelin que le chrôme , soit à l’état d'oxide, soit à celui d'aride , se trouverait libre ou engagé dans quelqu'autre combinaison. Cetie prédiction d’un des plus savants chimistes dont s’honore la France ne tarda pas à se réaliser. En 1799, Pontier, minéralogiste très-instruit | découvrit , près de Gassin , dans le département du Var , une mine abondante de chrôme , que quelques chimistes regardè- rent comme un chrômate à double base de fer et d’alu- mine et qui parut à d’autres un mélange d'oxide de chrôme et d’oxide de fer. L'année dernière, à son retour de Saint-Domingue , un des anciens élèves du cours de chimie spéciale de Rouen, M. Sement, officier de santé, à Rouen, me remil une certaine quantité d’un sable noir, dont le seul aspect piqua ma curiosité. M. Sement a trouvé ce sable dans la parue sud de lle à Vache, située à.9 milles (16 kilomètres 667 ) au sud de celle de Saint-Domingue. Le seul endroit de l’île à Vache où on l'ait rencontré est une plage étroite d'environ 20 brasses (32 mètres 484 ) de longueur , bornée de chaque côté par des roches qui se continuent jusqu'à la mer. Elle est traversée par un petit ruisseau dont les eaux vaseuses débordent par mo- ments , ei déposent sur la plage un sable noir qui forme dés couches de o® 025 environ d'épaisseur, plus ou moins étendues, et mêlées de sable blanc. Auiant qu'il m'a été possible d’interprèter les rensei- gnements qui m'ont été donnés sur le gisement de ce sable, il semblerait que le ruisseau a sa source à peu de distance ; que le jet, ordinairement très-faible , aug mente tout-à-coup à certaines époques , et que les eaux entraînent alors avec elles de Pintérieur des terres, et déposent sur la plage le sable dont il s’agit; sa couleur (83) est d'un noir brillant et métallique ; son poids spérifique est de 2,100. . Il s'en faut beaucoup que ce sable soit composé de parties homogènes. On y apperçoit aisément , à l'œil nu , des parcelles quelquefois de plus d’une ligne de longueur , sur autant de largeur. Quelques-unes de ces particules sont blanches, minces, transparentes et font efferves- cence avec les acides, ce qui annonce qu’elles ne sont autre chosé que des débris de coquillages. D’autres sont diversement colorées , et proviennent évidemment du déiritus de quelques gemmes, et entr'autres de quartz améthyste (violet), ou de spaih-fluor de la même couleur. Ces diverses substances ne se trouvent qu'accidentelle- ment dans la mine , et J'ai vainement tenté de les séparer entièrement par le lavage. En soumettant le sable de l'île à Vache à la lentille du microscope , j'ai distingué de petits cristaux assez réguliers de forme octaédrique. A l’aide du barreau aimanté , j'en ai séparé quelques par- celles de couleur noire , d’un éclat presque métallique , et formant une espèce de houppe semblable à celles que forme Ja limaille de fer lorsqu'on la soumet à l’action de laimant, mais d'un volume beaucoup plus petit. Comme presque tous les sables noirs contiennent du titane, j'ai d'abord été porté à croire que la substance séparée par le barreau était de Poxide de titane de l'espèce nommée ménakanite , parce qu'elle a été trouvée dans la vallée de Ménakan en Cornouaille. M. Kiaproth a reconnu , dans ce minerai, 0,45 de titane oxidé, 0,51 de fer aussi oxidé , 0,03 + de silice et un peu d’oxide de manganèse. On sait d’ailleurs que ce minerai agit, quoique faiblement , sur le barreau aimanté, et qu'il est infusible , sans addition , au cha- lumean de Bergman ; or, celui que j'ai obtenu par Pai- mant de la mine qui fait l'objet de ce mémoire , réunit ces deux caractères. F 2 C8) Cependant la forme octaédrique des cristaux que le microscope a fait découvrir, pourrait bien ne convenir qu’au titane auquel M. Hany a donné le nom d’anatase , à cause de la forme allongée de ses cristaux. Enfin, M. Brongniart, dans son Traité de minéralogie , indique une variété encore peu connue de titane oxidé ; qui contient du chrôme. On la trouve , dit-il , en West- manie ( province de Suède }, dans une gangue de tale et de quartz, mêlés de tourmaline. Ceux qui savent combien les caractères de loxide de tilane sont peu tranchés, et combien > par conséquent , il est difficile de les isoler , ne seront point surpris de l'incertitude que nous manifestons ici sur l'espèce de tilane oxidé que contient le sable noir de l’île à Vache. Pour connaître plus exactement la nature de ce sable , j'en chauffai une portion pendant une heure > avec cinq ou six fois son poids d'acide hydrochlorique étendu de moi- tié son poids d’eau. J’obtins une dissolution de couleur jaune , dans laquelle le prussiate de potasse forma un pré- cipité abondant , d’une belle couleur bleue. La nature de ce précipité, par le prussiate de potasse , indique que le fer contenu dans le sable y existe à l’état de frituxide, L’acide hydrochlorique laissa un résidu assez considé- rable sur lequel je fis agir une quantité nouvelle du même acide. Je réiterai même encore plusieurs fois de suite la même opération , el, voyant qu'il me restait loujours un résidu inaaquable par l'acide, j'eus recours à l’action des alcalis. Je mèlai dix grammes de sable avec la moitié en poids de potasse , et je tins le mélange au rouge dans un creuset, pendant environ une heure. Après avoir laissé refroidir, je cassai le creuset, et j'en retiraï une masse jaunâtre, porense , que je réduisis en poudre, et que je fis bouillir pendant 25 à 30 minutes > dans dix à (85 ) douze fois son poids d’eau. Je décantai la liqueur , et je fis bouillir de nouveau le résidu avec de l'eau pour lui enlever tout ce qui était soluble. La liqueur filtrée ayant élé soumise à l’évaporation , il se précipita de la silice et de l’alumine à mesure que la concentration avançait. Je laissai déposer , je filtrai de nouveau, et je fis cristalliser. Pour débarrasser le sel de toute la silice et de l'alumine qu'il pouvait retenir et qui soni lemues en dissolution avec le sel, par un excès de potasse , 1e procédai à une nouvelle eristallisation , et j'oblins enfin des cristaux , en prismes rhomboïdaux , de couleur jaune. La couleur et la forme de ces cristaux, qui étaient d’ailleurs très-solubles dans l’eau , annonçaient assez, que ce sel était un chromate de potasse. En effet, il préci- pitait en jaune serin le nitrate de plomb; en rouge orangé , les sels de protoxide de mercure ; el en pourpre les sels d'argent. Certain, par ces résultats , que le sable de l'ile à Vache contenait de l’oxide de chrôme, et qu'on pou vait le regarder bien réellement comme une mine de ce nouveau métal, je crus devoir la considérer comme étant analogue à celle que fournit le département du Var, et la traiter par le procédé que M. Vauquelin a suivi pour cette dernière. Ce procédé ne diffère de celui dont je me suis servi qu'en ce que M. Vauquelin substitue le nitrate de po tasse à la potasse elle-même , et, dans la même propor- tion, l'acide nitrique , en se décomposant, fournit à l'oxide de chrôme une quantité d’oxigène suffisante pour en faire passer une portion à l’état d'acide chromique qui s’unit à la base primitivement combinée à l'acide nitrique , c’est-à-dire , à la potasse. On lessive à deux reprises la masse qui provient de la calcination , et on 3 (86 ) | traite le résidu par l'acide hydrochlorique. On décante la Tiqueur, on sèche le résidu bien lavé, et on le traite de nouveau par le nitrate de potasse, mais seulement avec ün quart en poids de ce sel, et ainsi de sute jus— qu'à ce que la mine soit épuisée de tout l'oxide de chrôme qu’elle contient. Les dissolutions de chromate de potasse ont été en-? suite traitées ‘comme je l'ai dit plus haut, pour obtenir ce sel parfaitement pur. Quant aux dissolutions par l’acide hydrochlorique , je les ai successivement examinées par dilférénts réactifs , et j'ai reconnu qu'elles contenaient du tritoxide de fer , du carbonate de chaux, de l’alumine , de la magnésie et de la silice. 2 Ainsi, la nouvelle mine de chrôme contient dé l’oxide de titane, du tritoxide de fer, de Foxide de chrôme , de la chaux carbonatée, de l’alumine , de la magnésie et de la silice ; mais on doit la regarder comme formée principalement de iritoxide de fer et d'oxide de chrôme , les autres substances n’y existant qu'accidentellement et en pelite quantité. Quant aux proportions dans lesquelles le tritoxide de fer et l'oxide de chrôme s'y rencontrent , M. Berthier, professeur de docimasie, à l'Ecole des mines , auquel j'ai fait remetire une certaine quantité de la mine, et qui s'occupe de l’analyse exacte de cette miné , m'écrit que, d’après un travail qui n’est pas encore lérminé, ces proportions sont approximalivement , tritoxide de fer 0,44 oxide de chrôme 0,50 M. Berthier ajoute que si le sable de l’île à Vache était abondant , il serait d'autant plus précieux qu'il est beau coup plus riche que le minerai ordinaire du département du Var, (87 ) L'analyse définitive de la mine , et dont je m tétais aussi proposé de m'occuper moi-même, se poursuit au labo- ratoire de l'Ecole des mines, à Paris, sous la direction de M. Berthier. J'ai accepté avec reconnaissance l'offre obligeante qui m'a été faite par ce savant professeur de m'en faire connaître les résultats, et aussitôt qu'ils me seront parvenus , je m'empresserai de les communiquer à l'Académie. , En attendant, j'ai cru devoir lui faire part de mes propres recherches. Mon,but principal était de décou- vrir la nature particulière du sable noir qui m'a été ap- porté d'Amérique, et de constater de quel genre d'utilité il pouvait être pour la science ou pour les arts: La dé- couverte de la présence de loxide de chrôme dans ce sable , découverte confirmée par les travaux de M. Ber- thier , annonce que la chimie et les arts industr iels, pour- ront en tirer un parti très-avantageux. Déjà j'ai profité de la quantité qui m'en a été remise pour me procurer , à peu de frais, un grand nombre de produits qui manquaient à mon laboratoire , et qui sont d'un prix très-élevé , tels que loxide de chrôme ; les chro - mates de potasse, de plomb, de mercure, d'argent ; etc., quelques-uns de ces produits me serviront à en préparer d'autres non moins curieux et non moins importants ;, C'est-à-dire, le chromate de baryte ; l'acide chrômique et le chrôme lui-même , à l’état de métal. Si la fragilité du chrôme à l'état métallique , et la difficulté que l'on éprouve à le fondre , ne permettent pas d'espérer qu'il puisse être employé dans :les arts, il n’en sera pas de même de son oxide ,. et de son acide combiné à certaines bases , et formant aujour- d'hui un genre de sels connu sous le nom de cAro- males. Son oxide est employé avec le plus grand succès pour E4 ( 88 ) colorer en vert la porcelaine, le verre et les émaux: On peut juger de la beauté et de la fixité du vert de chrôme, en se rappelant que c’est à l’oxide de chrôme que l’éméraude doit la nuance et la richesse de sa cou- leur, et que léméraude peut subir le degré de feu le ‘ plus violent sans se décolorer. L’acide chrômique ne rend pas moins de services aux arts, et suriout aux différents genres de peinture, en leur fornissant le chromate de mereure , d'une belle couleur rouge de cinabre ; le chromate et le sous-chro- mate de plomb, le premier, d’un beau jaune serin, et connu des peintres sous le nom de jaune de chrôme , inaltérable à l'air et à la lumière ; le second , d'un jaune orange très-agréable ; et enfin le chromate d'argent , d’une riche couleur pourpre. Le chrôme se distingue donc de la foule des nouveaux métaux dont le domaine de la chimie s'enrichit tous les jours , par des propriétés particulières dont le grand mé- rite est de pouvoir trouver des applications singulièrement utiles aux différentes branches de l’art de la peinture. Je ne puis mieux terminer ce mémoire qu'en rap- pelant ici les beaux vers dans lesquels la muse du Virgile français a pris plaisir à célébrer les utiles propriétés du chrôme et à chanter la gloire de Fillustre savant auquel nous en devons la découverte. De ces métaux récents dont l’art fit la conquête, Chacun a son pouvoir ; le chrôme est à leur tête: Peintre des minéraux , de nos plus belles fleurs H distribue entre enx les brillantes couleurs ; L’éméraude par lui d'un beau vert se colore ; Il transmet au rubis la pourpre de l'aurore ; Quelquefois du plomb vil fidéle associé, Teint d'un vif incarnat son obscur allié; (89) Tantôt rival heureux des couleurs japonaises, Avant qu'elle ait de Sève enduré les fournaises, Ï1 point la porcelaine , et lui prête 4 nos yeux Ces fonds verts et brillants qui résistent aux feux. Notre siècle en est fier; et par un juste hommage, Un jour de Vauquelin y gravera l'image. Poëme des Trois Règnes de la Nature, chant V° Cgo) ESSAI Sur les causes de la couleur verte que prennent les huîtres des parcs à certaines époques de l’année ; Présenté à l’Académie royale des Sciences de Rouen, par M. BENJAMIN GAILLON , Membre correspondant , à Dieppe , de la Société d'Emu- lation de Rouen. « Combien l’accoutumance hébète nos sens, a dit Montaigne, » elle establit en nous , peu à peu , à la desrobée , le pied de son » authorité. L'assuéfaction , ajoute-t-il , endort la veue de » nostre jugement. » En effet , est-il erreur , préjugé , conte ridicule qui , répétés chaque jour , ne finissent par prendre créance dans notre esprit, si nous négligeons de réfléchir sur les faits qu'ils supposent, qu'ils établissent ou qu'ils propagent. Notre bon Lafontaine a dit : « L'homme est de glace aux vérités ; » Ïl est de feu pour le mensonge. » N'’en inférons pas que les vérités soient moins agréables à l'esprit humain ; mais le mensonge s’avance toujours en- touré d’ornements séduisants par lesquels il captive nos sens, tandis que la vérité , dans sa noble et majestueuse simplicité, attend que nous fassions quelques efforts pour arriver jusqu’à elle. Mais , comme dit Juvénal : « Seire volunt omnes , mercedem solvere nemo. » Chacun veut acqnérir des connaissances , mais de payer le salaire tout le monde y répugne. Ce salaire n’est autre qu’une sorte de défiance de nous-mêmes , un retour sur des idées trop précipitamment acquises, l'examen des faits nombreux qui se reproduisent journellement à nos yeux. C’est à ce travail que sont dus les moyens d'acquérir une vraie connaissance des choses , et d'avancer sur la route ER VE (@L que nous -ont tracée les Bacon , les Locke, les Condillac ; et dont nous ne pouvons dévier sans mériter qu'on nous applique cette pensée de Cicéron : (1) « Quelle honte à un physicien qui doit fouiller dans » les secrets de la nature d'allésuer pour des preuves de » là vérité ce qui n'est que prévention el coutume. » Pénétré le l'importance de cette loi générale que tout se tient dans la nature, je ne négligerai Pexamen d'aucun de faits en apparence les plus minutieux , persuadé comme je le suis qu'ils se rattachent à des phénomènes d'un ordre plus élévé | et que les petites choses mal observées sont sonvent Ja cause dés erreurs que nous adoptons si facile- ment pour des choses d’une plus haute importance. Je prendrai pour exemple aujourd'hui ces productions qu'on arrache par milliers à l'océan ; qui après avoir séjourné pendant plusieurs mois dans des réservoirs d’eau salée , sont apportées sur nos tables , dépouillées devant nous de leur armure | soumises à linvestigation de nos yeux et de nolré palais, et sur lesquelles pourtant nous nous empres- sons de débiter avec légèreté et assurance une foule d’as- sertions , la plupart erronées. Les huîtres, et spéciale- ment es huîtres vertes , seront donc l’objet de ce mé- moire. Après avoir exposé , examiné et même réfuté les causes diverses auxquelles on attribne cette Viridité, je soumettrai au jugement de l'Académie une suite d’obser- vations qui ne me laisse aucun doute sur la vraie cause jasqu’alors inapperçue du changement de couleur et de goût dans la chair de ce mollusque. \ Ce changement ne s'opère que dans les pares ; c'est-à- dire dans les réservoirs d’eau salée , où sont déposées les huîtres à leur sortie de la mer pour les améliorer et leur faire perdre leur âcreté primitive. Ces pares sont de grandes fosses de quatre pieds de profondeur ; de deux cents à deux ———_—_—_—_—_—_—_—__——— (1) De natur. deor., li. 1, ch. 30, (92) cents cinquante pieds de longueur sur cinquante de lar- geur ; elles ont à leurs extrémités des conduits et des écluses pour l'écoulement et le renouvellement de l'eau, qu'on effectue assez régulièrement deux à trois fois par mois. Ces fosses sont taillées en pente sur les bords, de manière que le limon puisse s’écouler au milieu de la fosse et ne pas s’arrêler sur le glacis où l’on, dépose les huîtres. Chaque parc peut conienir cinq à six cents mil- liers d'huîtres. On en voit à Coursenle près Caen, au Havre , à Dieppe, au Tréport, etc. À certaines épo- que de l’année , particulièrement d'avril en juin et ensuite €n septembre, l'eau prend , dans quelques-uns de ces parcs, une leinie d’un vert foncé ; alors les amarcilleurs ( personnes chargées du soin des pares } disent qu’ils tour- nent en verdeur. En effet, les petits cailloux qui tapissent le fond du parc se chargent de petits points ou ébullitions verdâtres. Dès ce moment, on dispose les huîtres une à une et côte à côte, de manière à former un simple lit et à éviter que celles destinées à verdir soient l'une sur l’autre. On suspend le renouvellement de l’eau pendant un temps proportionné à l'intensité de iridité qu'on désire que ces huîtres acquièrent. Cette couleur verte, disent les uns, est produite par une maladie qui attaque ces mollusques ; non, disent lesautres, elle est due aux particules de plantes marines vertes dont ils se repaissent durant une partie du printemps et de l’'au- tomme; quelques-uns prétendent simplement que ces plan- tes verdissent l’eau à certaines époques , et que l'huître s’impréonant de celle eau, en conserve la teinte. Il est facile de répondre aux derniers, en les priant d’ob- server que les plantes qui poussent le plus communément dans Peau des parcs sont l Ua intestinalis ,Y Uloa compressa et le Conferva littoralis, que ces algues finissent par jaunir ; que mises macérer pendant ‘plusieurs jours dans des vases remplis d'eau salée et même d’eau douse, elles me leur (95 ) communiquent aucune teinte verdâtre ; de plus , elle sont en si petites quantités dans les pares, relativement à Ja masse d’eau qui les recèle, que lors même qu’il pourrait s’en détacher quelques parties colorantes, elles ne produi- raient aucun effet sensible à notre vue. Quant à la seconde assertion , son examen est un peu plus compliqué. {1 faut se rendre raison d’abord de l’'ana- tomie de lhuître et considérer ensuite la contexture des plantes marines. En consultant les ouvrages de ‘Lister , Cuvier et Poli, on n’a rien à désirer sur la connaissance des organes de l'huître , et on acquiert la conviction que leur bouche , qui se trouve au milieu de quatre petits feuil lets charnus et veineux placés à un des côlés de l'extré- mité voisine de la charnière des valves de la coquille , ne paraît point organisée pour saisir des aliments solides ; la construction et la disposition des viscères ne permet pas non plus de supposer qu'ils soient faits pour les digérer. Les plantes marines vertes dont on suppose que les huîtres pourraient faire leur pâture sont des membranes étendues , minces à la vérité, mais formées par la continuité de très- petites cellules d’une texture assez ferme , résistantes sous le doigt, même sous la dent, et quelquefois d’une con- sistance analogue à celle du parchemin ; on les nomme Ubes. Celles qu'on nomme Conferves sont des, paquets de filaments tenus comme les cheveux , qui en ont souvent l'élasticité et qui résistent encore plus que les Ulves aux organes de la mastication. Cette double considération ne permet pas de s'arrêter davantage à la supposition que les huîtr espuissent se nourrir d’Ulves , Conferves, Fucus , ele. , en un mot de T'halassiophytes. Îl nous reste à examiner la première assertion, celle qui regarde comme une maladie la Wiridité des huîtres. Cette opinion, quoique paraissant plus fondée en raison nements que les deux autres, est très-difficile à prouver tant qu'on n'aura pas une connaissance plus approfondie (94) de la physiologie de ce mollusque. Ce qui me porte à repousser celle idée, est la comparaison que j'ai faite du dépré de vitalité des huîtres vertes avec les huîtres blanches qui ne m'a offert aucune différence. Les organes des pre- mières et leur ivritabilité ne m'ont point paru dans un état d'infériorité relativement aux secondes , leur embonpoint était le même, et s'ils sont attaqués d’une maladie, on peut dire que ce n’est pas d’une maladie de Jangueur. Ceite mala- die pourrait-elle être considérée comme contagieuse? Les huîtres d’un même pare verdissant toutes en même temps permettraient un moment de le supposer , si on n'appre- nait que , dans les parcs en verdeur où les huîtres seraient mises en tas et non côte à côte sur une simple rangée , il n'y, aurait que celles de la superficie qui verdiraient, les autres conservent leur couleur primitive d'autant qu’elles sont plus couvertes par les premières. Cette maladie serait- elle parüculière aux huîtres ? Non, car d’autres mollus- ques, tels que des Actinies, que je plaçai dans ceile eau verdâtre, ne tardèrent pas à en prendre la teinte. Cette dernière observation me conduisit à supposer que la cause de la J’iridité était dans l’eau dont je pense que s’abreu- vent ou s’impreignent les huîtres, plutôt que dans le déran- gement de l’économie de leurs fonctions organiques. En réfléchissant à cette idée , ma vue se fixa machinalement , mais attentivement sur la valve supérieure d’une huître verdissant dans un parc ; j'apperçus à sa surface des agglo- méralions de petits points d'un vert foncé très-brillant. Je me fis apporter mon microscope ; je plaçai sur le porte- objet humecté d’une gouite d’eau , une parcelle de cette agelomération d'un vert éméraude foncé trouvée sur la coquille de l’huître. Quelle fut ma satisfaction quand je vis des centaines de petits animalcules linéaires atténués et pointus aux deux extrémités ! Ils étaient diaphanes dans cette parlie, teints légèrement de vert à leur centre , le- quel offrait plusieurs points contractiles. | 3 | « (95) Me doutant que les globules verdâtres que l'on apper- cevait sur les cailloux devaient être de la même nature , j'en examinai au microscope , et je vis que je ne me trompais pas dans mes conjectures ; la réunion de ces animalcules était si nombreuse qu’elle formait ces petites masses d'un vert noirâtre sensibles à la simple vue; les plantes marines s’en trouvent aussi surchargées ; l’eau du parc est innombrablement parsemée de ces animal- cules. Une goutte mise sur le microscope m'en a présenté des milliers. Ces petits êtres ont diverses allures : tantôt c'est un mouvement de déviation oblique ; tantôt ils pi- votent sur eux-mêmes, comme l'aiguille d’une boussole; souvent ils ont un mouvement prompt d'impuision en avant et un de rétrogradation ; quelquefois il s'élèvent tout droit , et se tiennent ainsi sur l’une de leurs extré- mités ; ils aiment à se grouper et à s’entrecroiser sans ordre ; je les ai vus s’élancer et attaquer de leur pointes , comme on ferait avec une lance , d’autres animalcules infu- soires à surface plus étendue que la leur. Ces animalcules pullulent à certaines époques de l’année , dans quelques parcs, d'une manière si étonnante qu'on ne peut en com- parer la quantité qu'aux grains de poussière qui, dans l'été, s'élèvent de nos grandes routes et en obscurcissent l'air. Cn trouvera que ces animalcules se rapprochent beaucoup du Vübrio tripunctatus ( Vibrion triponctué ) figuré dans l'Encyclopédie ( Bruguière } pl. 3, f. 15. Ils en diffèrent par leurs extrémités plus pointues et leur contractions cen- trales qui ne sont point formées d'un nombre de points régulièrement déterminé , et qui offrent même quelque- fois des lignes transversales et plus souvent une longitu- dinale changeant de position et de forme. Je propose de distinguer cette espèce de Vibrion par le nom de F'irro ostrearius ( Vibrion huîtrier ). Il reste maintenant à découvrir si cet moule est dù à la nature du sol; pourquoi il ne se trouve pas dans (96 ) tous les parcs ; quel est le degré d'influence météori- que nécessaire pour son développement : toutes ques- tions qu'avec le temps , l'observation et la persévérance ;, il sera facile de résoudre. L'objet de ce mémoire était de transmettre la conviction que j'ai acquise que c'était à un animalcule du genre Wibrion qu'éiaient dus /a couleur verte et le goût piquant que contractent les huîtres dans cerlains parcs, au printemps et en automne. Ces deux qualités s’'augmentent d’antant que le séjour des huîtres se prolonge dans un parc en verdeur sans renouvellement de l'eau qu'il renferme. Lorsque le renouvellement a lieu fréquemment , l'huître perd peu à peu cette intensité de nuance verte et reprend au bout de quelque temps sa couleur naturelle ; expérience qui me paraît ne laisser aucun doute sur la réalité de la cause à laquelle j'attribue la Viridité des huîtres. OBSERVATIONS ( 97 ) OBSERVATION Sur une vache qui à avalé un corps étranger, qui est sorti entre deux côtes ; lue à la séance de l'Académie , du 10 mai 1820 ; Par M. LE PRÉVOST Pine ; vétérinaire. La médecine humaine offre beaucoup d'exemples que des corps étrangers, parvenus dans les organes de la digestion , sant ressortis par un point quelconque de la cavité abdominale , et souvent même par des parties qui en sont éloignées. - Les animaux ruminants , qui avalent presque sans mâcher, vu la faculté dont ils sont doués de ruminer ou remâcher leurs aliments quand ils en ont suffisamment rempli leur panse ou rumen , sont, plus que tout autre, susceptibles d’avaler des corps étrangers qui se trouvent mêlés à leurs fourrages. On a sonvent rencontré dans la panse des vaches, des couteaux, des ciseaux , des clous, de vieux souliers , etc. , sans que ces animaux en eussent paru incommodés durant leur vie. À l’ouver- ture d’une vache morte d'une phthisie pulmonaire, j'ai trouvé le second estomac , ou réseau, attaché au dia- phragme par une épingle à friser aussi intimement que s’il l'eût été de main d'homme ; mais aucune observation de médecine vétérinaire ne constate que des corps étran- gers se soient fait jour à travers les téguments ; l'obser- valion suivante démontre cependant que dans les animaux domestiques comme chez l'homme , la nature peut choisir cette voie pour se débarrasser de corps étrangers. Dans le courant du mois de janvier dernier, le sieur Déméliers, de la commune du Petit-Quevilly , près Fouen, faisait une réparation dans une étable où était G (98) sa vache ; et comme elle le gênait dans son travail , il la repoussa par un coup de marteau porté sur les côies » ce qui occasionna la rupture d’un abcès qui rendit beau- coup de pus. Déméliers , qui ne soupçonnait pas l'exis- tence de cet abeès , explora la lésion, et rémarqua qu'il en sortait une tige de fer qu'il prit pour un clou ; s'étant armé d’une tenaille, il chercha à l'arracher, mais ne put l'obtenir. M. Le Prévost fils, vétérinaire, à Rouen , appelé pour donner des soins à la vache de Déméliers , remarqua , éntre la septième et la huitième côtes sternales , en arrière du coude, et du côté gauche , une tige de fer qui sortait de la peau dans la longueur de trois pouces ; la peau et les tissus qu’elle recouvre étaient légèrement tuméfiés ; M. Le Prévost incisa la peau pour mettre les côtes à dé- couvert, et reconnut que linstrument venait de dedans la poitrine ; ayant essayé infructueusement de l'obtenir , il jugéa, par la résistance qu'il rencontrait , que cet ins- trüument portait, à son extrémité, une Lête ou un anneau, Désirant en débarrasser l'animal , voici comme il y pro- céda : Il incisa les muscles intercostaux dans la longueur de trois pouces ; il manœuvra encore sans succès , trouvant tou— jours de la résistance : alors il engagea un élévatoire entre les deux côtes , pour les écarter , et, saisissant le moment dé l'inspiration, il obtint assez facilement une broche de fer de la longueur de huit pouces, dont l'extrémité réténue ést contournée en forme d’anneau d'à-peu-près dix lignes de diamètre ; la tige de fer qui forme cette broche est ronde et porte une ligne d'épaisseur ; l'extré- mité dé la broche qui a percé la peau est mousse et comme arrondie. On conçoit que l'extraction de cette broche n'est de- venue. possible qu'après l'avoir tournée en tous sens ; l'anneau s’est trouvé en rapport avec la d'rection des côtes. (99 ) M. Le Prévost s'est assuré , au moyen de la sonde, que le foyer où gisait cette broche de fer était entre la plèvre costale et les côtes, et ne communiquait pas dans la cavité thorachique. L'opération n’a été suivie d'aucune hémorragie ; quel- ques injections ont suffi pour obteuir une prompte gué- rison, Sur invitation de mon fils, j'ai visité l'animal, et je me suis assuré que la cicatrice était parfaite. Déméliers a bien reconnu cette broche de fer, qui avait servi à un méticr à filer du coton , déposé dans un coin de l'étable, et qu'il savait avoir perdue depuis deux ans ; elle aura sans doute tombé dans le fourrage destiné à la nourriture de la vache. Déméliers nous a fait remarquer que la tige de fer qui forme cette broche, avait perdu à-peu-près la moitié de son épaisseur et tout,son poli ; il estaisé, en effet, de juger du degré d’oxidation qu’elle a éprouvé , pendant son séjour dans le corps de la vache , par la perte de la moitié de son poids, et les rugosités dont elle est recouverte. Déméliers nous a encore observé que la vache qui fait le sujet de cette observation , toussait sonvent et mai- grissait depuis quelque temps; ce qui se conçoit aisément , par la nature de Paceident dont elle était atteinte. Depuis sa guérison, ellé fie tousse plus et reprend de lembon- point. Que conclure du trajet qu'a parcouru cet instrument pour parvenir des organes digestifs à la partie antérieure de la poitrine ? Je pense que la broche de fer, arrivée dans le réseau, ou second estomac , l'aura perforé , ainsi que le diaphragme auquel il est adossé ; et que, par les mouvements de la vie, elle aura été portée sur le point de la poitrine où elle s’est fait jour. Du reste, c’est aux physiologistes à nous expliquer , s'il est possible , les ad- mirables secrets de la nature; nous nous bornons à en exposer les résultats. G 2 ( 100 ) RAPPORT Sur les Mémoires envoyés au concours pour les prix en 1820 ; classe de sciences ; Par M. MEAUME. MESSIEURS , Vous avez mis au concours, pour la seconde fois , la question suivante : « Quels sont les moyens, dépendants ou indépendants du pyromètre de W edgwoud , les plus propres à mesurer , » avec autant de précision qu'il est possible , les hauts » degrés de chaleur que certains arts, tels que ceux du ver- » rier, du porcelainier, du faïencier , du potier de terre, » du métallurgiste, etc., ont besoin de connaître ? » Un seul mémoire vous fut adressé l’année dernière sur celte question ; vous le distinguâles par une mention honorable. Cette année il vous est parvenu deux mémoires, dont l'un, le plus volumineux, le plus important, est du même auteur que celui de l’année dernière. Selon l'usage , vous avez chargé quelques-uns des membres de la Compagnie qui s'occupent plus particulièrement des sciences physiques , d'examiner -avec soin ces deux mémoires ,; et de vous présenter le résultat du jugement qu'ils en auront porté. La commission est composée de MM. Vitalis, Letellier , Robert ; Dubuc, Mallet et Meaume.. Chacun des membres a Ju d’abord en particulier les deux mémoires ; nous avons eu ensuite plusieurs con- férences pour discuter et apprécier leur mérite relatif et absolu , et je viens vous rendre compte , au nom de votre commission , de ce qu’elle pense sur ces deux productions. Je bannirai tout ornement étranger au sujet ; je m'abs- { 101) tiendrai de réflexions préliminaires sur l'importance de Ja question proposée ; je ne dirai rien des diverses théories proposées sur le calorique, ni des instruments imaginés jusqu à présent pour mesurer les effets de la chaleur. Je crois remplir vos intentions en me bornant à faire l'analyse des deux mémoires qui nous ont été remis, à faire connaître les moyens que proposent leurs auteurs pour mesurer les iempératures très-élevées. Je finirai par exposer les motifs qui ont déterminé le jugement de votre commission. * Premier Memoïre. Je commence par le mémoire N°. 2, portant pour épigraphe : « Tout s’épure et se fond au creuset de la science; » Avec la terre impure on fait de la faïence. » Nous n'avons rien à dire sur ces deux vers, parce qu'ils sont hors de la question proposée pour le prix. L'auteur à écrit son mémoire sous la forme d'une lettre à son ami: dans le premier paragraphe , il expose la théorie de la combustion après en avoir, décrit les principaux phénomènes ; il attribue à Jean Rey d'avoir, dès le commencement du 17° siècle , pressenti les fonc- tions que l'air remplit dans la combustion ; ce même Jean Rey a aussi annoncé que l'air est pesant, et il en a donné des preuves dans un ouvrage publié en 1630, tandis que Galilée n’a fait connaître sa découverte qu'en 1640. Dans le deuxième paragraphe , l’auteur rappelle les propriétés du calorique ; il explique divers résultats d’ob- servation ou d'expérience ; il traite de la chaleur spé- cifique qui, selon lui, n’est que l’affinité plus ou moins grande des corps pour le calorique. ( ro2 ) Dans le troisième paragraphe , il fait connaître le pou- voir réfléchissant des corps polis, et cite comme mo- dèles les cheminées à la Rumford; il propose un per- fectionnement aux poëles , pour mieux échaufter les appartements : ce perfectionnement consiste à faire tra- verser le foyer par un tuyau ouvert des deux bouts , dont Fun communique à l'intérieur de l'appartement , et l'autre à l'extérieur ; le tuyau rougit dès que le feu est allumé, et l'air qui vient de dehors arrive échauffé dans la chambre, après avoir traversé le foyer embrâsé. Dans le quatrième paragraphe , l'auteur décrit le ther- momètre, sa construction , ses effets ; il fait remarquer qu'il y a des précautions à prendre pour obtenir avec certitude le terme de la glace fondante et celui de l'eau bouillante ; c'est probablement de lomission de ces précautions, que sont venues , selon l’auteur, les varia- tions du terme fixé pour le maximum de la densité de l'eau , qui a lieu , selon Rumford et Lefebvre-Gineau, à à 40,44"; sélôn Dalton et Trallés, à 4,35; selon Blagden, Hoppe et Gilpins , à 3°,88 ; selon Deluc, à 3°,43; selon Biot , d'après ses calculs, à 3,42. Biot avait émis l'opi- ‘nion que les différences provenaient des procédés !em- ployés par les divers physiciens pour fixer le terme de Vébullition ; mais Pauteur fait voir que cette cause d’er- “reur ne pourrait produire Ja Xifférence observée , ét il _croïf que cette différence provient !plutôt des procédés suivis pour déterminer le 2éro de Péchélle thermomé- ‘trique. Pouillet ayant calculé , pour tous Îles degrés du ‘thermomètre, la force élastique de’ la vapeur , d'après une formule que Biot a déduite des expériences | de Dalton, on peut, à l'aide de cette table, savoir le degré de la vapeur dont la force élastiqué est évalé au poids actuel de l'atmosphère , ce qui permet de détermiher avec exac- titude le vrai terme de l'ébullition. L'auteur dite les ob- servalions qui font admettre une chaleur centrale: (103 ) Le cinquième et dernier paragraphe donne les moyens de mesurer les hautes températures, ce qui est l'objet de la question proposée. Le nouveau pyromètre , imaginé par l’auteur, consiste dans une plaque circulaire de cuivre , surmontée d'une tige carrée , de même mélal , et d'environ un centimètre et demi de côté , et d'un mètre de hauteur; cette tige est dans un tube de verre fixé solidemeut à la plaque ; la partie supérieure de ce tube est surmontée d'une gar- niture de cuivre, qui est percée dans son milieu pour laisser passer le haut de la tige métallique , laque le fait mouvoir une aiguille d'acier , dont une extrémité est fixée au centre d'un cadran vertical de porcelaine , et dont l'autre extrémité parcourt la circonférence graduée du cadran. La pièce principale est une rondelle de platine , de porcelaine ou de fer , de deux décimètres de diamètre , que l’on place dans le fourneau dont on veut connaître la température, jusqu’à ce qu'elle l'ait acquise : alors on la retire et on la couvre de suite avec la plaque de Pins- irument ci-dessus , laquelle s’échauffant communique sa chaleur à la tige qui s'allonge et fait marcher l'aiguille sur le limbe du cadran. Pour bien apprécier le degré de chaleur , il faut attendre que l'aiguille ait fini ses oscilla- Lions. Pour graduer l'instrument , l’auteur prend pour point de départ celui où s'arrête l'aiguille lorsque la rondelle a été plongée dans du plomb fondant , et qu'elle en a pris la température qui est de 26o°. Pour déterminer de nouveaux points de l'échelle, on prend une seconde rondelle parfaitement égale à la pre- mière ; on les plonge lune et l'autre dans du plomb fon- dant , et ensuite successivement dans le même plomb fondu , qu'on a fait chauffer de plus en plus. À chaque fois on soumet une des rondelles ainsi échauffée au nou- veau pyromètre , en marquant le point où s'arrête l'ai- G 4 Premier procédé, 2: guille; et on place l'autre dans le calorimètre de Lavoi- sier, ayant soin de peser la quantité de glace qu'elle a fait fondre. Sia, a’ , a"... elc., représentent les quantités de glace fondues , : Si 260°, a’, x"... elc. , représentent les températures , on a les proportions a : a’ : : 260° : x’ a : a” : : 260° : x!” PLC. LEE Et on marquera sur le cadran les degrés de tempéra- ture indiqués par les points où l'aiguille s’est arrêtée : on marquera ensuite approximativement les degrés inter— médiaires. Il est inutile, dit l’auteur, d'observer la température du milieu ambiant, parce qu'elle n’a aucune influence sur les hautes tempéraiures de la rondelle. Au lieu du calorimètre de Lavoisier , on peut plonger la seconde rondelle dans une masse d’eau connue ; dont on observe la température -avant et après l'immersion à aide d’un bon thermomètre. Soient t, 1’, 1”... les températures avant l'immersion, Soient T, T’, T/’... celles après l'immersion, © Soient 260°, x’, x!" les températures de la seconde rondelle , on aura les proportions Bt: T'—1 :: 260 : 7 Tnt: T1: : 260% 7 etc. , etc. * Pour que l’eau reste au-dessous du terme de lébullition , on pourra avoir besoin d'augmenter son volume. Soient À , son volume dans la première expérience , A+d, son volume dans les autres expériences, alors 1", T”.. devront être diminuées dans le rapport de Aù A +d, et les proportions précédentes deviendront , » ( 105 ) T'—1v : 260 : x’ TH: A + d A AT; T1 : 2 5600 : +/! A + d etc. , elc. Pour plus d’exactitude , il convient d'évaluer , 1° Ja quantité de calorique absorbée par le vase, ce qu'on dé- duira de sa chaleur spécifique ; 2° la quantité de calorique absorbée par la portion d’eau qui se vaporise : cette por- tion s'obtient en pesant le vase avant et après l'immersion ; soit à la différence des poids. MM. Clément et Désormes ont trouvé que l’eau qui se volatilise absorbe une quan- tité de calorique capable d'élever à 100° une masse d’eau 46,6 fois plus grande ; ainsi le mélange est composé de deux portions d’eau ; l’une pèse A et est élevée à la tem- pérature T ; l’autre pèse b X 46,6 et est élevée à la tem- pérature de 100°. La température du mélange est A.T+bX 46,6 X 100 _ A.T+4660 Xb À + b X46,6 AH X46 En plongeant l'extrémité d’une barre de fer à une source de chaleur, cette extrémité prendra la température du fourneau, et la chaleur.ira en décroissant dans le reste de la longueur ; si on connaissait autrement que par la théorie la loi de ce décroissement , il suffirait de déterminer la température d’un seul point de la barre, pour en déduire la température de l'extrémité chauffée ; voici comment l’auteur propose d'opérer directement : on appliquera sur la barre une lame mince d’étain jus- qu'au point où elle commencera à se fondre , et on aura 212° pour la température de ce point. Opérant de la même manière pour une lame de plomb, on aura le 260€ degré ; on prendra de même le point de la fusion du cuivre et de plusieurs autres substances. On aura ainsi les degrés de chaleur correspondants à ceux où elles se fondent, Deuxième procédé, ( 106 ) L'auteur, en parlant du pyromètre de Wedawood , affirme que le retrait des pièces d'argile n'est pas dù l'évaporation de l'eau , puisque Saussure a remarqué qu'au delà du 29° degré, les cylindres d'argile ne dimi- nuent plus de poids : le retrait est dù à une combinaison plus intime des molécules de l'argile. Le principal défaut du pyromètre de Wedewood vient de la difficulté d’avoir des argiles bien homogènes. L'auteur propose de cor- riger la graduation de ce pyromètre , en substituant à la division en 2/0 parties., la détermination des tempéra- tures de 212°, 26o°, etc., provenant de l'immersion des ey- lindres d'argile dans l'étain et le Pre fondant et autres substances. Voici , Messieurs , les observations qui résultent de l'exposé et de la description que nous venons de faire. L'auteur de ce mémoire est, sans contredit, un phy- sicien instruit, parfaitement au courant de la science ; les moyens qu'il propose sont ingénieux et conformes aux principes , mais ils laissent trop à désirer pour l'exé- cution et l'usage. Les quatre premiers paragraphes , quoi- que présentant en raccourci toute la théorie du calorique , sont déplacés, parce que cette théorie était connue , et qu'il était inutile de la rappeler. On y lit néanmoins des observations intéressantes , notamment celles relatives à la manière de déterminer le terme auquel a lieu le maximum de la densité de l’eau. Ensuite l'auteur ne décrit pas avec assez de détails , le nouveau pyromètre qu'il a imaginé ; il ne donne pas les dimensions de sa rondelle qui est la principale pièce ; il n'indique pas sur quoi il faut la placer avant de mettre son pyromètre par-dessus ; il ne parle pas de la dissipa- tion de calorique qni se fait nécessairement par le sup- port et par Pair ambiant. La graduation de l'échelle n'offre que quelques points principaux , et ceux intermédiaires n'ont qu'une approximation incertaine. ( Il est juste de (107) dire que la substitution d’une masse d’eau au calorimètre de Lavoisier, donne lieu à une discussion très-bien pré- sentée pour évaluer la température de la masse d'eau après l'immersion de la rondelle ). Ce pyromèfre ne peut donner que des indicalions vagues qui ne suivent point la marche progressive des températures de plus en plus élevées. La barre de fer doni parle l'auteur laisse encore une plus grande incertitude... Ainsi ce Mémoire , qui n’est pas sans mérite sur quel- ques points, ne renferme pas la solution de la question pr oposée. La commission exprime le regrel que l'auteur n'ait pas appliqué sa sagacilé et ses connaissances à traiter la question d'une manière plus approfondie. "Second Memorre. Le Mémoire que nous allons maintenant analyser ; porte le N° x , et a pour épigraphe : Experientia præstantior arte, ( Phœdrus ). L'auteur annonce , dans un avertissement ;, que ce mémoire fait suite à celui qu'il adressa l’année dernière à l'Académie, sur la même question, et que les deux mémoires doivent être regardés comme un seul ouvrage. Ce dernier mémoire contient des corrections et de nou- velles recherches , telles que celles sur les vases isochorèses ou de capacité constante , semblables aux pendules com- peénsaleurs qui conservent une longueur constante pour toutes les températures. Le pyromètre à verge métallique , nommé par lPauteur caminergemètre , a été rendu sus- ceptible de mesurer tous les degrés de chaleur , en re- mettant à sa première position la branche d’un ressort au moyen d’une vis. À son principal instrument appelé therméïose , c’est-à-dire, réducteur de chaleur, Vauteur a trouvé moyen d'ajouter un thermomètre qui peut ng Avertisse= ment, ( 108 ) marquer qu'un intervalle choisi arbitrairement entre + 80° et — 26°. La théorie du therméïose est fondée , selon l'auteur, sur ce que le calorique se répand dans les pores des corps sans pénétrer leurs molécules élémen- taires, ce qui permet de substiluer Ja considération des volumes à celle des masses. Les lois d'équilibre du ca- lorique sont , d'après lui, les mêmes que pour les fluides élastiques dans des vases communiquants. Il n’y a plus, dit-il, de calorique latent ; il est tout à l'état Libre ou thermométrique ; si une livre d'eau contient huit fois plus de calorique qu'une livre de fer, c’est qu’elle présente huit fois plus de vide que vient occuper le calorique Ainsi , les additions faites à ce nouveau mémoire sont : 1° la construction des vases à capacité constante , que l'au- teur nomme vases isochorèses ; 2° le perfectionnement du pyromèlre à verge métallique ou caminergemètre ; 3° le moyen d'étendre et de varier l'usage du pyromètre ima- giné par l’auteur et qu'il appelle #herméïose ou réducteur de chaleur. Vous aurez à juger, Messieurs, si ces addi- Uons sont dignes de faire arriver l'auteur au prix que vous annoncez , lorsque déjà le premier mémoire lui a valu une mention honorable. On regretterait que l'auteur ne se fût pas borné à perfectionner la théorie et la cons- truction du troisième appareil, si les additions faites aux deux premiers procédés n’élaient dignes de l'attention de l'Académie. Je demande pardon pour les détails de description et de calcul qui vont suivre ; mais ils tien- nent au sujet et sont indispensables pour l'intelligence et la juste appréciation du travail qui vous est soumis. L'auteur commence par rappeler les imperfections du pyromètre de Wedgwood , dont les principales sont que les retraits des pièces d’argiles ne sont pas propor- üonnels aux quantités de calorique qu’elles reçoivent ; que ces re/raits sont trop peu sensibles ; que les pièces, Cr09) d'argile, pour tous les pyromètres, wétant pas homo- gènes , ne donnent pas des résultats comparables ; qu'elles acquerraient peul-être cette qualité , si on les formait d'alumine pure retirée de l'alun….... Le premier moyen que propose l’auteur est fondé sur ce principe reconnu des physiciens, et qui était l'objet du prix que vous avez décerné en 1813 , savoir que l'air se dilate proportionnellement aux quantités de calorique qu'il reçoit. Ce moyen consiste à peser le mercure con- tenu dans un tube de porcelaine fermé par un bout et exposé à la température de la glace fondante. Ce tube étant ensuite rempli d'air desséché avec de la potasse , et exposé, le bout ouvert par en bas, à la température du fourneau, on le retire promptement ét on le plonge de suite, par son extrémité ouverte, dans un bain de mercure , jusqu à ce que le tout soit descendu à la tem- pérature de la glace fondante dont l'appareil est entouré ; on enfonce le tube jusqu'à ce que la colonne intérieure du mercure soit de niveau avec la surface extérieure. On pèse alors le mercure entré dans le tube, et la différence des poids du mercure exprimée en volume donne la quantité dont l'air du tube s’est dilaté. On a eau compte de l'augmentation de capacité du tube par Ja chaleur ; on suppose la hauteur du baromètre cons- tante. Comme on sait que de o° à 8o° l'air se dilate dans le rapport de 1 à 1,37171 , il est aisé de conclure de là la température du fourneau. Voici l'expérience de l'auteur : Le tube à la tempéra- ture de la glace fondante contenait 2394 grains de mer- cure ; après avoir été vidé, rempli d'air desséché, tenu dans un bain de mercure echauffé jusqu'à l'ébullition , puis plongé , l'orifice en bas , dans du mercure soumis à la température de la glace fondante , il y est entré 1366 grains de mercure qui représentent la quantité d'air raréfié à la température du merçure bouillant ; l'air resté dans le tube Premiere méthode. Tube de porcelaine. ( 110 ) aurait donc occupé le même espace que 1028 grains de mercure. Mais comme , d’après les expériences de l’auteur, la dilatation linéaire de la porcelaine est la même que celle du verre, c'est-à-dire de 1 à 1,000833 pour le passage de o° à So, et que la température du mercure bouillant est à celle de l'eau bouillante comme 7 : 2, la dilatation linéaire du tube de porcelaine plongé dans le mercure bouillant est de o0,002g15 ; et sa dilatation cubique , ou l'augmen- tation de sa capacité , est de 0,008771. On a donc 1:1,008771 : : 2394 : 2415. Le quatrième terme exprime la quantité de mercure que le iube eût contenu à la glace fondante , s’il eût conservé les dimensions qu'il avait acquises à la température du mercure bouillant. Si de 2415 on retranthe 1366, on aura 1049 au lieu de 1028 pour représenter air resté dans le tube : done l'air se dilate depuis la température de la glace fondante jusqu'à celle de mercure bouillant dans le rapport de 10/9: 2415 2415 \ sltié ou de x :- # , ou de 1:2,30219; ainsi son augmen- 10/9 lation de volume est de 1,30219. L'augmentation de vo- lume de ce même air étant de 0,37171, en passant de o à 80°, on aura la chaleur du mercure bouillant par la proportion 0,37171 : 1,30219 :: 80° : 260°,5 ; celle chaleur est done de 280°,3. On obtiendrait de même les diverses températures auxquelles on exposerait le tube de porcelaine plein d'air desséché, Ce moyen, d'une exécu- tion longue et délicate , ne peut être employé pour mesu- rer les températures supérieures à celles qui font bouillir le mercure où fondre la porcelaine; il est d'alleurs mal-sain à cause des vapeurs mercurielles. Un tube de cuivre ou de fer né préviendrait qu'une partie de ces inconvénients. En se servant de tube de verre vert, l'auteur a trouvé par ce moyen qu'après la fusion le commencement de la coagulation de l'étain, du bismuth, du plomb et du zinc a lieu à 118, Cr) 1269 , 1749 et 18/0 du thermomètre de Deluc. Pour éviter la correction relative à la dilatat'on , l’auteur a cherché à oblenir un vase qui conservât une capacité constante à toutes les températures , et pour y parvenir il s’est fondé sur ce principe, que si les longueurs de deux règles de mé- taux différents sont en raison inverse de leurs dilatabilités , la différence de ces longueurs sera toujours la même pour toutes les températures auxquelles on les exposera en- semble, De même l'espace compris entre les parois d’un vase et la surface convexe d’un corps qui occupe une par- tic de l'intérieur sera constant pour toutes les tempéra- iures , si la capacité du vase et le volume du corps sont en raison inverse des dilatabilités cubiques qui appartien- nent aux matières du vase et du corps. D’après cela, il a implanté un cylindre de laiton dans un tube de verre de même hauteur et fermé par un bout, de manière que les axes du cylindre et du tube coïncidaient. Ce cylindre, composé de feuilles de laiton laminées , était fermé par les deux bouts, enduit de vernis de lacque et fixé au fond du tube par un mastic solide et résistant à une forte chaleur. Le volume da cylindre et la capacité du tube de verre étaient pris de manière que l’espace intermédiaire fût le même à toutes les températures , c'est-à-dire de manière que la capa- cité du tube et le volume du cylindre étaient en raison in- verse des difatabilités cubiques du verre blanc et du laiton. La dilatabilité linéaire du verre blanc de ov à 8or est dans le rapport de 1 à r,000833 , et celle du laiton dans le rap— port de 1 à 1,001933. Les capacités du tube à la tempé- è lig. cub à lg. cub. rature de o° et de 80° étaient de 719 , 045 et de ASE 790 s . 4 A lig: eub. les volumes du cylindre à o° et à 80° étaient de 300 , 158 bg. cub et Jos , 903. Les deux différences à o et à 80° étaient de lig. cub. 418 , 887. L'auteur propose de nommer vases isochorèses ces vases de capacité constanie à toutes les températures. On en peut faire diverses applications. Par exemple, on T'ase isochorèse. («12 ) peut obtenir par ce moyen un étalon invariable de me- sure de longueur ; pour cela il suffit de réunir deux règles de métaux différents, dont deux exirémités soient fixées sur un même plan et qui ne puissent se dilater que par les autres extrémités. On trouvera de la manière suivante les longueurs à donner à ces deux règles pour que leur diffé- æence soit constante et égale à une Iéngueur donnée. ga: m Soient x et y ces deux longueurs , — leur rapport , et a n A æ m à leur différence ; on aura — = —,etæ—y = a, d’où ÿ n n m : \ s Y= ———2a,x = ——— à. Les règles étant l’une m—n M,— n de fer , l’autre de laiton, dont les dilatations sont dans le rapport de 0,001258 à 0,001933 ou dans le rapport de 1238 à 1933 ; alors m = 1933 et n = 1258, et on à LE z 1933 1258 ; RUE EN RTS EL Y— T Ee 1 ITA TINER 675 avec les tubes de porcelaine ou de verre le baromètre varie, il faudra augmenter ou diminuer le volume de l'air resté dans le tube dans le rapport de 28 pouces de mercure à la quantité plus grande ou plus petite que 28 pouces obser- vée dans le tube du baromètre. L'auteur , lorsqu'il em- ployait des tubes de verre, les effilait en pointe par le bout ouvert ; il les fermait à la lampe d’émailleur et brisait la poinie pour les rouvrir. dans les expériences Le pyromètre à tube de porcelaine ne remplit pas, il est vrai, le but du programme qui est de mesurer par des moyens prompts et faciles les températures les plus élevées ; mais nous avons dù vous faire connaître ce procédé puisqu'il est indiqué dans le mémoire et qu’il est une preuve de Pha- bileté de l’auteur à concevoir des expériences, à varier les appareils , à prévoir, à calculer toutes les sources d’er- reurs. Sa théorie des vases sochorèses repose sur le prin- cipe que le rapport des dilatabilités de deux substances est le me 4 Gtx3 9 Je même à toutes les températures, ce qui n’est pas dé: montré ; mais cette loi est la plus naturelle à admettre , et si elle n’est pas entièrement exacte , elle doit s’écarter fort peu de la vérité. Dès-lors l'idée des vases isochorèses est fort ingénieuse , et leur usage est très-utile dans plu- sieurs opérations délicates de physique. Le second appareil que propose l'auteur , pour mesurer les hautes températures, consiste dans une barre de fer carrée, ou mieux cylindrique, qui, traversant le fourneau, dépasse de chaque côté ses parois d'environ trois pouces et de plus de la longueur des vis qu’elle porte à chaque bout. Cette barre est fixée solidement par une de ses extrémilés à un écrou qui tient à un support, et est vissée par son autre extrémité avec la plus grande branche d'un ressort, dont la plus courte branche est fixe , tandis que l'autre, en s'approchant plus ou moins de la première , parcourt les divisions d’un arc qui a pour centre le coude des deux branches du ressort. Le support a la forme d'une chappe de poulie; il est traversé par la barre dont la vis se meut dans un écrou circulaire placé dans celte chappe, et qui ne peut s'avancer ni d’un côté, ni de l’autre, dans le sens de la barre. En tournant cet écrou à droite ou à gauche, on fait avancer ou reculer l'extrémité de la barre qui doit être fixe pour chaque expérience. La barre de fer, en s’échauffant et s’allon- geant par son bout libre, pousse la longue branche du ressort qui fait des angles plus aigus avec la plus courte branche. Une bofie de tôle a été placée dans le fourneau , et on l’a remplie successivement de divers liquides. La barre de fer, plongée dans ces liquides, a été soumise successivement aux températures de la glace fondante , o°, de l’eau bouillante, 80° ; de l'huile à 160° et à 240° ; l'aiguille a marqué sur l'arc trois intervalles sensiblement égaux et d'une ligne et demie d'étendue , répondant chacun à la différence de température entre la glace fon- H Deuxième méthode. Caminerges meires C4) dante et l'eau bouillanté ; chacun de ces intervalles forme an degré du nouveau pyromètre , et comme il peut être divisé en huitièmes, on a des espaces qui répondent à 10° du thermomètre de Deluc. L'auteur ayant continué, la division a marqué 20, ce qe comprend 1600° de Deluc : aiguille a Whiqué la 5€ division, c’est-à-dire , 400? , Rite la barre à commencé à rongir ; lorsque cette barre était parfaitement rouge, l'aiguille indiquait la 7° division ,/c’est-à-dire, 560°. La partie de la barre contenue dans le fourneau , avait neuf pouces et demi ; son extrémité hbre appuyait sur le ressort à la distance de 14: pouce de l'origine, et la grande branche du ressort formant l'aiguille avait 1642 pouces, ensorte que l'effet de la dilatation de la verge était rendu onze fois plus grand à l'extrémité de l'aiguille. L'auteur pense que cet instrument , qui est très-com-— mode pour les opérations en petit, pourrait être nommé caminergemètre , c’est-à-dire , mesure de la force des four- neaux. bas rendre plus régulière la marche du cuminer- gemètre , l'auteur place la barre contre la paroi du four- neau opposée à la portière, afin qu'elle ne supporte rien et que le milieu du fourneau soit libre. Cette verge s'ap- puie dans toute sa longueur comprise dans le fourneau , sur une saillie que presente la paroi. Lorsque la barre de fer est usée, on peut la remplacer par une autre qui ait exactement les mêmes dimensions. Celte verge étant vissée par ses deux extrémités, ses moindres dijatations sont sensibles à l'extrémité de l'aiguille On peut , avec le même instrument, mesurer les températures supé- rieures au 20° degré, c'est-à-dire , au 1600 de Deluc. Pour cela on chauffe le fourneau jusqu'à ce que l'aiguille marque 20°. Alors on dévissera un peu la barre jusqu'à ce que l'aiguille revienne à o°. (On indique les précau- tions à prendre pour dévisser la barre sans se brûler et Sans déranger l'appareil). En continuant de chauffer la (115) barre , l'aiguille s’avance de nouveau depuis o° jusqu’à 20° ; c'est-à-dire, de 1600 à 3200 de Deluc:; en suivant le même procédé et chauffant la barre de plus en plus, l'aiguille marquera les degrés de 3200° à 4800° ; de 48009 à 6/00? ; de 6/00 à BDobGs de 8000? à g460o°, À ce dernier degré la barre de fer est tout près de se fondre. Il serait bon d’avoir des ares mobiles ma le premier de o° à 20°, le deuxième de 20 à 40 , le troisième de 40 à 607 , le dnttientre de 60 à 8, ss éHifjhiémé de 80 à 100, le sixième de 100 à 120. Le fer se dilatant de 5; de sa longueur, depuis la température de la glace fondante jusqu'à celle où il est près de se fondre , on règle sur ce rapport la longueur des vis qui terminent l’extrémité de la barre. Le caminergemètre est supérieur au pyromètre à verge métallique de Musschembroëk , en ce que les prèces qui le composent n’ont aucun jeu, que sa graduation est exacte, que sa construction est facile et peu coûteuse , que son usage n’exige aucun calcul, et qu'il donne de suite et sans correction la température cherchée. Quant à la petitesse des divisions de l'arc, on peut les amplifier à l'aide d'une loupe. Le caminergemètre offre ainsi plusieurs perfectionne- ments singulièrement remarquables, qui étaient pas mentionnés dans le premier mémoire de l’auteur. Quelqu'ingénieuses que soient néanmoins les correc- tions apportées par l'auteur au pyromètre de Musschem- broëk, déjà modifié par Désaguillers et l'abbé Nollet, nous ne regarderons pas cel instrument comme résolvant la ques- tion proposée: le caminergemètre ne pourrait servir dans les opérations en grand ; son usage nous paraît borné aux besoins d’un petit laboratoire , et il ne serait gnères pos- sible de l'employer à mesurer les hautes températures relatives aux arts méntionnés dans le programme : d'ailleurs, sa graduation demande des opérations assez délicates et des soins attentifs , dont les ouvriers et même H 2 ( 126 ) les chefs d'atelier ne sont pas ordinairement capables. Troisième Le reste du mémoire est consacré à décrire la cons- méthode, truction , l'usage, les modifications, les applications di- Therméïose. verses de l'instrument imaginé pour remplir plus parti- culièrement les'conditions du programme. Je vais essayer, Messieurs, de reproduire cette des- cription et tout ce qu'il y a d’essentiel dans cette dernière partie du mémoire , afin que vous puissiez , avec con- naissance de cause et indépendamment des observations et des conclusions de vos commissaires, apprécier le tra- vail de l’auteur , et juger s’il est digne ou non de la ré- compense promise. Le nouvel instrument que l'auteur propose pour rem- plir les conditions du programme , est nommé par lui therméïose , c'est-à-dire , réducteur de chaleur , parce qu'il ramène les plus hautes températures à être mesurées par les 80° du thermomètre à mercure. Cet instrument est fondé sur ce principe découvert par Wilke, en 1772 ;, et confirmé par Black, Crawford, Lavoisier, savoir que des corps de natures différentes qui indiquent une tem- pérature égale au thermomètre, contiennent des quan- ütés de chaleur trés-inégales ; par exemple : en plongeant une livre de fer à 36° dans une livre d’eau à zéro, la tem- péraiure du mélange est de 4°: ainsi, à masses égales , la chaleur perdue par le fer est huit. fois plus grande que la chaleur acquise par l'eau, ou bien la chaleur spécifique du fer est 0,125 celle de l’eau étant rs. Ici l'auteur reproche aux physiciens modernes d’avoir pris pour base de comparaison dans les chaleurs spécifi- ques , les masses des corps, c’est selon lui une erreur ; on doit prendre le volume: le calorique n’occupe que les pores des corps , et plus leurs molécules élémentaires sont écartées par la dilatation , plus elles laissent pénétrer de calorique ; les conditions d'équilibre du calorique sont les mèmes que celles des fluides élastiques. Mir Si le calorique qui occupe actuellement un espace n, sa densité étant T, communique avec un autre es- ? ? q pace m qui soit vide , il se répandra uniformément dans ces deux espaces el on aura sa densité nouvelle 8 par la : LE 1 AS Le * proportion m + n:n::"T:8—= - ; (1) la même m+n chose aura lieu si m et » sont les volumes formés par les pores de deux corps ; en désignant par T et t les densités ou tensions du calorique dans ces deux corps , c'est-à- dire leur température indiquée par le thermomètre , la densité du calorique en équilibre dans les deux corps ou n'T+mi leur température moyenne 8, sera 8 = m+n Ainsi , dans l'expérience de Wilke , déjà rappelée , T = 36°, t — o°, 8— 4°, prenant le volume formé par les pores d'une livre de fer pour unité , c’est-à-dire faisant n = 1 la formule donne mn =, 42. d'où m+i m.— 8; c’est à dire que dans une livre d’eau il y à huit fois plus de vide que dans une livre de fer. De même un pouce cube de fer, qui pèse 5 onces 28 grains, contient la huitième partie du vide d’une masse d’eau du même poids. La pesanteur spécifique du fer étant 7,7882 , le volume d'une masse d’eau pesant 5 onces 28 grains estde 7,7882 pouces cubes , donc dans 7,7882 pouces cubes d’eau il y a huit fois plus de vide que dans un pouce cube de fer ; et, (1) Cette théorie de l’auteur semble contraire au résultat d’une expé— xience faite par Gay-Lussac sur le calorique du vide. ( F’oyez page 304, t. 13, mars 1820, des Annales de Chimie et de Physique.) Cette expérience prouve que la compression ou la dilatation d'un espace vide ne donne lieu à aucune variation thermométrique, d’où il suit que le vide ne contient pas le calorique à la manière des corps , mais que le calorique ne fait , ainsi que la lumière, que traverser l’espace vide; c’est une quan tité infiniment petite de chaleur rayonnante. 35 ( 118 ) par conséquent , à volumes égaux, le vide de l'eau est au vide du fer comme 8 : 7,7882 : : °1:: 10272:1: 7:7882 tel est le rapport des chaleurs spécifiques de l’eau et du fer. Si les volumes de l'eau et du fer sont inégaux , l'un étant E et l’autre F, alors les capacités du calorique seront 1,0272 E, et l'autre 1 Æ ; substituant ces quantités pour ñn et m dans la formule ci-dessus, on aura : Te FT<+ 3:,0272 Et UE ins 0272 E AM Lee L'auteur a vérifié l'exactitude de cette formule par plu- sieurs expériences , el enire autres par la suivante : Il a soumis à une température de 80° un morceau de fer de quatre pouces cubes , et de suite il l’a plongé dans un vo- lume d’eau de soixante-quinze pouces cubes à 2°, et la température du mélange, après l'équilibre , a été observée de b°,8 ; toutes les précautions ont été prises pour prévenir la dissipation du calorique ; la formule donne 8 = 5°,8/9, ce qui pe diffère pas de la vinglième partie d'un degré de 59,8. On déduit de la première formule les deux suivantes : E F[T—3)] Pme Sn at 9) 1,0272(6—1) r=1°272E(6—1)+F8 n DL em ne , EF dont l'emploi est utile. La troisième a pour objet de dé- terminer la température à laquelle a été exposé un volume donné de fer qu'on a plongé dans un volume connu d’eau dont on a pris la température avant et après l'immersion : £e qui résout la question proposée par l'Académie. Par exemple : une masse de fer du poids de deux livres et du pou. cub. volume de 6,338, après avoir été échauffée à un fourneau et plongée dans une masse d’eau du poids de sept livres pou. cub. et du volume de 172,95, a élevé cette eau de 99 à 249,5. La troisième formule donne , pour la température du (119 ) fer, ou celle du fourneau qui est la même T = 436° 93 : il est remarquable qu'une température aussi élevée soit indiquée par 2/°,5 du thermomètre. On peut , à l'aide de la deuxième formule , déterminer le volume d’eau, et par conséquent la capacité du vase qui la doit contenir, lorsqu'on connaît certaines limites des autres quantités : il convient que la température de l’eau , après l'immersion, soit à-peu-près la même que celle de l'air environnant. Pour construire le therméïose d'après ce principe , l'auteur a fait exécuter un vase en cuivre de forme sphé- nique parce que de tous les solides de même volume , c'est celui qui a la moindre surface et qui, dès-lors , est le plus propre à diminuer la dissipation du calorique , cette sphère a 7 pouces 6 lignes : de diamètre ; elle est percée dans le haut d’une ouverture circulaire de 22 lignes de diamètre , autour de laquelle est soudé un rebord de 2 lignes de hauteur ; il serait plus avantageux que le vase fût d'argent , ou au moins argenté, tant à Pintérieur qu'à l'extérieur : sa capacité est d'environ 206 pouces cubes : ce vase de cuivre a été placé dans une sphère de bois tronquée par le haut, recouverte extérieurement de feuilles de papier argenté , l'intervalle entre les deux sphères est rempli de poudre de charbon bien pressée ; le couvercle est formé de deux rondelles de bois, con- tenant du charbon entr'elles et formant un cylindre de 13 lignes de hauteur et d'un diamètre égal à celui du segment sphérique retranché. À travers ce couvercle passe le tube d'un thermomètre dont la boule plonge dans l'intérieur du vase de cuivre. Ces dispositions ont pour but d'empêcher , autant que possible , la dissipation du calorique par rayonnement ou par communication. L'auteur serait parvenu au même but en enveloppant sa première sphère de plusieurs autres sphères concentri- ques, séparées par des couches d'air, et composant sor H 4 ( 120 ) couvercle de seoments sphériques aussi concentriques et séparés par des couches d'air. Enfin on a introduit et suspendu , dans la sphère de cuivre, un petit panier de fl de fer destiné à recevoir un cube de fer forgé , d’un pouce de côté, échauffé à la température du fourneau. ‘Fout l'appareil est sur un trépied. L'usage du #herméïose est facile : on met dans le vase de cuivre une suffisante quantité d'eau pure dont on con- naît le poids et par conséquent le volume : on en prend la température, on fait chauffer le cube de fer jusqu'à ce qu’il ait la température du fourneau , alors on plonge le plus promptement possible ce cube dans l'eau du vase ;, et on le couvre exactement ; après l'équilibre, on observe la température de l’eau échauffée, et la troisième formule fait connaître la température dn fourneau , ou la tem- pérature du cube avant l'immersion ; la formule (1) servira à reconnaître si la chaleur du fourneau est parvenue à un degré déterminé, en retirant du fourneau successi- vement les cubes qu'on y a mis, et les plongeant dans le vase jusqu'à ce que l'un d'eux donne la température 8 calculée d'avance. Il importe de tenir compte de la chaleur absorbée par la matière du vase, de la grille de fer et du thermomètre ; Vauteur indique en détail les moyens d'y parvenir : ces matières remplacent une certaine quantité d'eau; cette quantité étant évaluée , on la met de moins dans le vase : d’après le calcul de l’auteur, cette quantité, pour son p* cub. p* cub. appareil, est de 2,14; ainsi l’eau du vase étant 192, 5 a ab. on la comptait pour 194 ra c'est la valeur de E. L'erreur provenant de la vaporisation de la courbe su périeure de l’eau au moment de l'immersion du cube, est insensible arce aw’en fermant de suite le vase, la 2 P q ; (sa vapeur revient à l’état liquide, et qu'il ne s’en échappe rien. Le therméïose peut servir pendant un grand nombre d'années sans avoir besoin de réparations ; il est bon de le tenir échauffé à-peu-près au degré où on prévoit que doit arriver la température commune avant d'y intro- duire l’eau froide. Pour faire acquérir au thermeïose Vavantage du bon marché, du peu de volume, d'une construction simple , d'un usage général et facile, il faut combiner les cinq quantités ê, EF, E,T,t, d'une manière convenable pour le but qu'on se propose, sans atteindre certaines limites que leur impose leur nature physique. 1° [ne faut pas que le cube de fer échauffé communi- que à l’eau du vase une chaleur capable de la faire bouillir ; pour empêcher la dissipation du colorique , il convient que l'air environnant ne soit pas beaucoup au-dessous de la température que devra prendre cette eau; 20 L'eau du vase, avant d'être échauffée par le cube, ne doit pas être au-dessus de 12° à 15°: la température la plus près de zéro est la meilleure ; 3 Le cube de fer ne doit pas être trop petit, parce qu'il perdrait proportionnellement plus de chaleur en passant du fourneau dans le /hermeïose, ni trop grand, parce qu'alors il faut trop d’eau ; un cube d’un pouce de côté suffit; la forme cubique est préférable : on peut obtenir ces cubes en coupant de pouce en pouce une barre de fer d’un pouce d’équarrissage , et ajustant les morceaux avec la lime jusqu'a ce qu'ils pèsent exacte- ment 5 onces 28 grains , poids d'un pouce cube de fer. lig. . . . o 1 vaudrait mieux avoir des sphères de fer de 16, 58 de diamètre , mais l'exécution en serait difficile ; 4° La masse d’eau doit être la plus petite possible ; il suffit qu'elle ne soit pas mise en ébullition par le fer ; (122 } 5° Enfin le #hermeïose doit faire connaître les plus hautes lempéraiures auxquelles les arts ont pu atteindre. Le #herméiose ne peut plus servir au-delà de la tempé- ralure nécessaire pour fondre le fer forgé : cette fusion a lieu selon Wedewood à 158° de son pyromèlre, €'est- a-dire, 9593° + du thermomètre de Deluc , parce que selon ce même Wedgwood, le zéro de son pyromètre répond à 464° ; du thermomètre à mercure , et chaque degré du pyromètre répond à 57° T du thermomètre à mercure, Le therméïose sera plus exact et aura une échelle beau- coup plus étendue si on emploie, au lieu de fer forgé, un cube ou une sphère de platine dont la chaleur spécifique est de +, c'est-à-dire , qu'à masses égales la chaleur per- due par le platine est 29 fois plus grande que celle acquise par l'eau. Le platine ne se fond qu'à 170° du pyromètre de Wedewood , c'est-à-dire , à 10287° du thermomètre à mercure ; alors 102870 serait la limite du #herméïose. Pour rendre les formules plus exactes , l’auteur a tenu compie de la dilatation du cube de fer et de l’eau. La formule (1) (page 118), peut se mettre sous la forme ET + 1,0272 Et =F 6 +1,0272 E 6. De o° à 80° le fer se dilate de x à 1,001258 ; en supposant , quoique rien ne le confrme, que la dilatation du fer soit pro- portionnelle aux températures , on trouvera la dilatation cubique du volume F du cube de fer pour les tempéra- iures 6 et T. De même, l’eau se dilatant dans le rapport de 1 à 1,0/33, depuis la température 3° £, qui donne le maximum de densité, jusqu'à 80°, en supposant de même que les dilatations sont proportionnelles aux tem- pératures , on trouvera les dilatations cubiques du volume L de l'eau du 1herméïose pour les degrés 4 et 0. Ses formules ainsi corrigées , l’auieur a dressé, d’après ses propres expériences, ou d’après les résultats indi- qués dans divers traités de physique et de chimie, un ( 123 ) tableau des différents degrés de chaleur déterminés par son {herméïose ; ou à l'aide du pyromèlre de Wedgwood, et réduits en degrés des échelles de Farenheit et de D'eluc. On voit, par ce tableau, que le fer rougit à 465°, le cuivre fond à 2024°, l'argent à 2082°, l'or à 2313 , que la chaleur extrême d'une forge est de 7687°, et enfin que le fer forgé fond à 9593°, échelle de Deluc. L'auteur a trouvé, à l'aide du #herméïose , que la cha- leur du fourneau qui chauffe l'acier au rouge couleur de cerise , est de 505°.3 du thermomètre de Deluc. I décrit le détail de cette expérience ; il a calculé, à l'aide des mêmes formules, la quantité d’eau à mettre dans le #her- méïose , le cube de fer ayant un pouce de côlé, devant être échauffé jusqu'au point de commencer à fondre, c'est-à-dire, à 9593° de Deluc , la température de l’eau , avant et après l'immersion, élant de 3 et de 80°; et il RAT a trouvé 192, 85 ; si la température de l’eau, avant l’im- pouc. C. mersion, est de 10°, au lieu de 3°, il en faudra 193, 62 pouc. c. dont il faut retrancher 2, 14, pour l'effet du vase de cuivre , du panier de fil de fer , et de la partie du ther- pouc. eub. momètre qui plonge dans l'eau, ee qui réduit à 191, 48 la quantité d’eau à 10° à verser dans le {herméïose qui doit avoir au moins une capacité égale au volume que prend l’eau après l'immersion du cube. Le volume de pouc. eub. 191 , 48 d’eau à 10° est donné par un poids de 187 grains. _ Comme il est plus commode de peser un corps solide que de mesurer son volume, et au contraire plus facile de mesurer un liquide que de le peser , il suffira de peser une seule fois l’eau du #herméïose et d'en remplir un ma- tras à long col jusqu'à un point déterminé ; ce matras servira ensuite de mesure pour avoir le même poids d'eau, C124) Le thermeïose peut servir à déterminer les chaleurs spécifiques des corps d'une manière plus prompte et aussi exacte que le calorimèire de Lavoisier. Pour cela on exposera un corps non soluble dans l’eau a une tem- pérature connue, et, le plaçant dans le fhermeïose , connaissant son volume , on aura sa chaleur spécifique. Cette expérience exige quelques précautions que l’auteur fait connaître ; ( Voyez le 1° Mémoire), il a trouvé, par ce procédé, que la chaleur spécifique de Pargent monnoyé de France est 0,059793, celle de l’eau étant 1. Le therméïose est fondé sur des principes incontestables ; on peut objecter, il est vrai , qu'un petit nombre de degrés, dans le thermomètre du fherméïose | répond à une grande différence entre les températures absolues des fourneaux, puisque, par exemple , les températures de 45o9° et 5433 sont représentés par 36,48 et 43°,22, ce qui donne 6°,74 pour marquer une différence de 924°, c'est-à-dire , que chaque degré du thermomètre indique une température 137 fois plus grande; mais, en appli- quant à l'échelle du thermomètre , longue de 14 pouces, un »ernier qui permette d'apprécier un centième de degré, si on se trompait d'une division , on ne commettrait qu'une erreur de 1°,37 sur la température du fourneau , ce qui n’est presque d'aucune importance. Sans employer le vernier , on peut, à l'œil simple , distinguer ;; de degré, quand l'échelle de o° à 8o° est longue de 14 pouces , et alors l'erreur répondant à + de degré est de 139,7 , ce qui ne mérite que peu de considération dans une température aussi élevée. L'erreur sera beaucoup moindre si on construit des therméïoses appropriés à des usages particuliers ; par exemple, à celui des mon- noyeurs , qui n’ont besoin de connaître les températures que pour fondre l'argent et l'or, ce qui comprend un intervalle de 231°, marqués par 6°,48 sur le thermo- mètre , de sorte que l'erreur d’un dixième de degré ne (125) produira qu’une différence de 3°,6. Le pyromètre de Wedgwood est bien loin de donner la même approxi- mation. L'auteur prend de là occasion de reproduire la description et l'usage de ce pyromètre ; et d'indiquer les imperfections qu'il offre, même après les changements proposés par M. Guyton Morveau. + Le therméïose est susceptible d’une précision extrême lorsqu'on n’a besoin d'explorer que les températures in- diquées par une partie de léchelle du thermomètre , par exemple, par les degrés intermédiaires entre 70° et 80° du thermomètre. Pour cela, après avoir réglé le thermomètre à o° et à 80° à la manière ordinaire, on remplace la boule par une autre boule d'un diamètre double et d’une capacité 8 fois plus grande ; l’auteur donne les moyens de souffler et de souder la nouvelle boule. Alors la quantité de mercure contenue entre” les deux points extrêmes du tube , au lien d'être selon l'usage zx de la masse totale n’en sera que 3, Ou ;5, et au lieu de représenter 80° elle n’en représentera que 10°, c'est-à-dire que le point o marquera 70° ; la même lon- gueur de tube qui contenait 80° n’en présentant plus que 10, les divisions seront 8 fois plus grandes ; cette lon- gueur pouvant être de 10 pouces , chaque degré sera d'un pouce, et comme avec une simple ue on peut fort bien distinguer -> de ligne, il suit qu'on observera 3: de degré 4. + ta rt et, comme dans le #her- meïose général un degré répond à 157° dans les tempé- ralures correspondantes, on voit qu'on peut obtenir à 3 de degré près les températures des forges et des four- neaux, précision extrême et qu'on pourrait rendre plus grande encore en allongeant le tube gradué du thermo- mètre. Le même instrument peut être ramené à indi- quer successivement chaque dizaine de degré de 70° à Go, de Go à 50°, de 50° à 40°... el ainsi de suite, et même au-dessous de zéro , sayoir : de o°à — 10°, de — ( 126 ) 10 à — 160,6, de — 16°,6 à — 26°,6. Pour cela on coupe le tube au point marqué d’abord 8o° ; on le remplit de mercure, et on le plonge dans un bain d’eau à 70° ; il sort du mercure , et l'extrémité du tube ainsi ceupé marque 70°. On obtiendra , par le même procédé, 6o°, 5o°, 40°, 30°, 20°, 10° en plongeant l'instrument dans des bains d’eau à ces diverses températures. De plus, en. plongeant l'instrument dans la glace fondante , puis dans un mélange de deux parties de neige ou de glace pilée et d'une partie de sel marin , et ayant soin de remplir le tube de mercure jusqu'à l’orifice , on aura le terme o°, et — 16°,6 et pour chaque terme 10° au-dessous. On in- dique les précautions à prendre dans ces différentes dé- terminations pour éviter les moindres erreurs. On lit à la suite un tableau des degrés de fusion pour diverses subStances. La chaleur animale peut servir à régler le thermomètre : il suffit d’en tenir la boule dans la bouche pendant 20 à 30 minutes. Cette chaleur constante a été trouvée de 29°,9. Le Mémoire est terminé par l'indication des opéra- tions et des calculs à faire pour construire des thermo- mètres dont les divisions de l'échelle graduée soient dans un rapport donné avec celles d'un thermomètre déjà construit. Enfin, deux figures représentent l’une le caminerge- mètre et l’autre le therméïose | et sont suivies d’explica- tions pour faciliter l'intelligence de leur mécanisme. Vous voyez, Messieurs, par l'exposé ci-dessus , que le fherméiose est un instrument fondé sur des faits positifs, que sa construction est on ne peut mieux raisonnée , et qué S'il n’a pas encore atteint la perfection qu'il pourra acquérir par la suite, il n’en offre pas moins dès-à- présent l'avantage demandé , savoir : celui de mesurer les hauts degrés de chaleur, pour les arts indiqués dans le C127) programme, avec aufont de precision qu'il est possible , d’après l’état actuel de nos connaissances. L'auteur à voulu considérer les volumes plutôt que les masses dans la comparaison des chaleurs spécifiques des corps ; dans le fonds, cela revient au même, parce que, si à masses égales la capacité de l'eau pour le ca- lorique est 8 fois plus grande que celle du fer, comme la pesanteur spécifique du fer est 7:7882 , il suit de là qu'à volumes égaux la capacité de l’eau pour la chaleur sera à celle du fer dans le rapport de 8 à 7,7882 , ou dans le rapport de 1,0272 à l'unité ainsi que l’a établi l’auteur dans ses formules. On ne doit pas dissimuler que le {hermeïose est fondé sur ce que la capacité des corps pour le calorique est constante, c'est-à-dire, qu'à toutes les températures il faut 8 fois plus de calorique pour échauffer l'eau d'un degré que pour échauffer la même masse de fer aussi d'un degré. Ce principe est contesté par plusieurs phy- siciens , mais il n’y a point encore d'expériences positives qui prouvent que la capacité des corps pour le calorique varie avec la température. Crawford admet que cette capacité est constante ; Dalton pense qu'elle augmente avec le volume ; l'auteur adopte cette dernière idée, et cest pour cela qu'il a cherché à rendre ses formules plus exactes en calculant les augmentations des volumes de l'eau et du cube de fer employés dans le #erméïose. Néanmoins il restera toujours une cause d'incertitude dans l'usage de cet instrument , tant qu'il ne sera pas prouvé que les capacités de l’eau et du fer pour le calo- rique , sont dans le même rapport à toutes les tempéra- tures , ou qu'elles varient suivant une loi connue. Le therméïose offre cet avantage que lorsque cette loi sera observée et calculée, il n'y aura qu'à modifier les for- mules données par l'auteur et lPusage de linstrument restera toujours le même ; c’est ainsi que la mesure des ( 128 ) hauteurs, par le baromètre, a élé jugée comme une précieuse déconverle , et mise en pratique long-temps avant que la formule et les tables barométriques fussent perfectionnées. Il arrive souvent que les physiciens , les astronomes, les ingénieurs , les artistes adoptent des théories et emploient des instruments auxquels il manque encore un élément essentiel pour les rendre applicables à toutes les circonstances ; cet élément, qu'on nomme coefficient général, s'obtient par des corrections succes sives, déduites de l'observation , de l’expérience ou de nouvelles hypothèses faites dans le vue de perfectionner la théorie. En tout la parfaite exactitude est longue et difficile à obtenir. À Votre commission , Messieurs , a reconnu , dans l’aû- teur de ce Mémoire, un physicien des plus habiles. On ne sait ce qu'on doit le plus admirer en lui, ou des vastes connaissances et des profondes théories qu'il pos- sède, ou du génie inventif et prévoyant , et de la pa- tience à toute épreuve qui le distingue dans la combi- naison de ses expériences, dans la conception de ses appareils, dans la sagesse des précautions nombreuses qu'il sait prendre pour prévenir les erreurs, et enfin dans l'heureux choix des méthodes et des procédés aux- quels il s’est décidé à donner la préférence. Il resterait à votre commission un devoir important à remplir, c’est de répéter la totalité ou la plus grande partie des expériences de l’auteur , et d'y en ajouter de nouvelles pour confirmer les premières ; mais le temps et les moyens d'exécution nous manquent absolument ; et nous sommes forcés de trouver une garantie suffisante dans la scrupuleuse attention que l’auteur a mise à décrire toutes les parties de ses appareils , les plus petits détails de manipulation et tous les résultats observés lors même qu'ils offraient quelques anomalies. D'après ces considérations , votre commission est unanimement (129) unanimement d’avis que l’auteur du Mémoire n° 1, por- ant pour épigraphe : EXPERIENTIA PRÆSTANTIOR ARTE y merile le prix de la classe des Sciences proposé par l’Aca- démie pour la présente année 1820. Si la Compagnie adopte cette conclusion , nous émet- tons le vœu que l'auteur soit invité à refondre ses deux Mémoires pour les réunir en un seul, et à rédiger en particulier la description et l'usage du therméïose pour que le tout soit imprimé dans le Précis analytique de vos travaux. Nous demandons aussi qu'il soit accordé à l'auteur du Mémoire couronné un diplôme de membre correspondant, comme une marque particulière de l’es- time et de la satisfaction de la Compagnie pour le savant qui lui a communiqué d'aussi utiles travaux. ( 130 ) BELLES-LETTRES ET ARTS. RAPPORT Fait par M. N. BicNoN , Secrétaire perpetuel. Messieurs , IL y a long-temps qu’il est trop tard pour faire l'éloge des belles-lettres, qui se trouve tout fait dans tous les bons ouvrages, même dans ceux qui n'en parlent pas, ou qui les décrient , par cela même qu'ils méritent d’être lus. Dans le siècle dernier , un écrivain célèbre, ami du paradoxe , dressa un acte fameux d'accusation contre toutes les connaissances dont l'humanité s’honore ; mais ce n'était guères qu'un tour de force de l'esprit, ou, s'il est permis de le dire , une sorte de mystification , donnée à un corps savant, qui, sans y penser , avait mis en pro blème leur utilité déjà tant de fois prouvée et si bien reconnue. On lit ces éloquentes déclamations du partisan de l’état sauvage ; et l’on y puise tous les goûts de la ei- vilisalion , que l'ouvrage même semble destiné à détruire , à l'exemple de l’auteur, qui, s’il a dit la vérité, « devint » littérateur par sa haine même pour la littérature. » Condanmner la science pour les inconvénients qu'elle peut entraîner , ou qu’elle entraîne , c’est, à proprement parler, faire le procès au soleil, parce que la lumière sert au crime qui souille la pureté de ses rayons. Après tout , Messieurs, les attaques livrées aux connaissances humaines n’ont, de tout temps , été qu’une guerre sourde, où l’on porte des coups clandestins dans l'ombre, pour ( 131 ) câcher le bras qui les dirige ; et c’est encore un secret hommage que l’on est forcé de rendre à la science , que de n’oser s'avouer son ennemi, Laissons-la donc , Messieurs , laissons-la suivre seule ; par sa propre vertu, le cours naturel de son éternelle destinée , et se venger du blasphème , en versant , suivant la belle inspiration d'un de nos Poëtes , des torrents de lumière sur ses obscurs blasphémateurs. Je viens aux tra- vaux de l'Académie. TRAVAUX DE L'ACADÉMIE. = M. le baron Malouet, préfet du département , et président, pour cette année, a prononcé un discours d'ouverture. Des considérations sur la présidence , une mention honorable de son prédécesseur au fauteuil aca- démique , M. Brière ; un coup-d’œil rapide sur les succès antérieurs de la compagnie , et sur ceux qu'elle est en droit d'espérer. Telles sont les idées principales que M. le président a développées avec autant de clarté que de précision. = Parmi beaucoup d'ouvrages en tous genres que la classe a reçu de divers particuliers , je dois mentionner le dessin d'un bas-relief, représentant le Festin d'Hérode , üré d'un portail latéral de notre cathédrale , et dans lequel M. Langlois soutient la réputation justement ac- quise d'un talent supérieur. = L'auteur anonyme d'une pièce de vers assez joliment tournée , qui, sous le titre de Parasite, arriva Fan der- nier après la fête, a donné cette année une nouvelle composition , intitulée Ja Mauvaise Nuit, qui n’est pas en effet regardée comme son meilleur ouvrage. I a (132 ) = Danalyse, par NL Lecurizr de lu Martel, des articles rédigés par M. Nicole, dans la biographie universelle , donne une idée avantageuse du talent que ce jeune avocat doit bientôt développer dans noire barreau. — La Société d Emulation de Rouen , les Académies de Bordeaux, de Besançon et autres , dans les comptes rendus de leurs travaux de l'année précédente , ont fourni à MM. Licquet et Adam , occasion de vous faire appré- cier, de plus en plus, tous les grands avantages d’une pa- reille correspondance. — En ‘déroulant aux yeux de l’Académie toutes les richesses contenues dans les recueils substantiels, pour 1818, 19 et 20, de l'Académie des jeux floraux, M. Duputcl a justifié votre haute considération pour notre Parnasse méridional, qui, toujours fidèle à son insti- tution primitive , nous Offre constamment cette heureuse et noble alliance de l’éloquence avec la poésie, et de toutes les deux avec la morale, ' — Les membres non-résidants ont aussi fourni. leur contingent dans les travaux de cette année. Un Mémoire très-éiendu de M. /e vicomte Toustain de Richebourg ,-con- üent d'utiles conseils sur la recherche des antiquités de la Normandie , et des considérations morales , dignes d’un véfilable ami de l'humanité, de la patrie, de l'autel et du trône. = M. le comte François de Neufrhäteau a réalisé la promesse de mettre au jour son Esprit de Corneille, dédié à cette Académie, et M. Licquet , après avoir développé tous les avantages de ce complément des chefs-d'œuvres du grand homme, vous a fait voir, dans les Trois Nuits d'un Goutteux , comment « la muse de M. de Neufchâteau (133 ) » conserve encore tout l'agrément et le feu de la jeu- » nesse. » = Vous avez vu, dans une Epiütre de M, Jigée ( dont la mort a depuis quelques jours affligé les amis des lettres ) dans une Epître , dis-je, à M. Robert Lefèvre, peintre du cabinet du Roi , des compliments sans fadeur , et une suite d’originaux à peindre, décrits ayec autant de finesse que de vérité ; et, dans la Mort de Caton d'Utique , autre pièce de vers, par M. Boucharlat , vn esprit d'une trempe flexible , qui, après avoir manié avec honneur le compas d'Uranie , et tiré des sons gracieux du flageolet , essaie un air d’un ton plus grave sur la lyre de Melpomène. — On doit regretter que la multitude des travaux n'ait point permis à l'Académie d'entendre le rapport de M. Fontanier, sur le sommaire d’un cours de philosophie , adressé par M. l'abbé de la Rivière , et qui ne peut manquer d’être digne des Ecoles, s'il est digne de son auteur. = Mais de tous ces iributs payés par vos membres non résidants, Messieurs, le plus précieux est celui qui acquitte à la fois une dette sacrée pour la Compagnie entière, l Éloge de S. À. R. Monseigneur le Duc de Berri, par M. le chevalier 4/issan de Chazet. Guidés par les lectures et les analyses que M. Licquet vous a faites de ce monument funèbre élevé à la mémoire de la royale victime , vous avez suivi le Prince dans les premiers développements de ces rares qualités de l'esprit et du cœur où lesgermesde la bonté et de l'héroïsme donnaient tous les heureux présages d'un caractère noble et généreux. Les premières années de son exil, ses campagnes , sa ren- trée en France , sa trop courte existence avec l'aimable princesse qui porte dans son auguste sein l'espoir de ceux 1 3 (134) à qui la sécurité de la patrie est chère ; son amour pour les arts , son inépuisable générosité envers le malheur , toutes ses vertus signalées par une foule de trats plus ou moins connus , vous ont fait encore mieux apprécier toute l'étendue de cette calamité publique ; aussi M. le rappor - teur a-1-il justement conclu « que l'hommage de notre » confrère doit être favorablement accueilli par tout le » monde, puisqu'il n'est personne qui ne doive égale- » ment déplorer le jour fatal qui fournit une page de plus » à l’histoire des grands scélérats et des grands crimes. » = La perte de plusieurs membres qu'avait à déplorer l'Académie a été réparée cette année de la manière la plus avantageuse et en même temps la plus honorable. Mg: de Bernis, archevêque de Rouen , en vous adres- sant des remerciments pour le diplôme que vous avez offert à Sa Grandeur , a eu la bonté de vous dire que « les » saines doctrines littéraires ont irop d'influence sur les » bonnes mœurs, pour qu'il ne se félicite point d'être asso- uv » cié à une Compagnie qui les maintient et qui les pro- » page. » — Dans son discours de réception , M. Fontanier à dis- serlé , avec autant d'étendue que de profondeur , sur les avantages de la science et du talent ; a considéré l'une et l'autre par rapport aux nations et par rapport aux indivi- dus. D'un côté, il à apprécié leur influence sur les arts , sur les mœurs générales , sur la gloire des états , sur le bonheur public et sur la vertu même , qui va souvent aux plus grands crimes entraînée par l'ignorance ; de l'autre côté, notre confrère a établi un parallèle détaillé entre Vignorant et l'homme instruit dans tontes les situations de la vie; et il a produit des exemples pour confirmer ses preuves en faveur de la science et du talent. = M. Marquis, vice-président, après avoir, dans sa { (135) réponse , corroboré l'éloge de la science et du talent , s’est habilement emparé, sous un autre point de vue , du sujet éloquemment traité par le récipiendaire. Il a fait voir , par des raisonnements appuyés de faits, combien le savoir esé nécessaire à l'exercice du talent , et le talent à l'applica- tion du savoir ; enfin, combien leur réunion est avanta- geuse dans tous les produits de l'esprit humain , et leur isolement préjudiciable. = M. Le Pitre, après avoir semé des fleurs sur son en- trée à l'Académie , s’est proposé de résoudre la question de savoir « quelle est la position la plus avantageuse pour » l’homme qui cherche à se perfectionner dans les scien- » ces, les belles-lettres et les arts ? » Ce n’est point, sui- vant lui, dans la solitude du cabinet, où l’on vit exclusive- ment avec les morts, parce que le cercle des connaissances tend toujours à s'agrandir et que l'étude du passé a sa li- mite. Ce n’est point non plus dans un abandon sans réserve au tourbillon du monde, parce que le goût de la frivolité vous emporte. C’est dans une réunion d'hommes éclairés , où , placé dans un juste milieu entre les inconvénients de la frivolité et de la rudesse, on trouve , pour ses médita- tions , des conseils à la hauteur des connaissances actuelles. M. Le Pitre a terminé par des regrets aussi fortement sentis par l'auditoire que bien exprimés par lorateur sur la perte de M. le baron Malouet qui présidait à sa ré ception. = M. le Président a répondu d'abord par l’énuméra- tion des titres nombreux du récipiendaire et des garanties qu'offre un talent depuis si long-temps éprouvé; ensuite par des adieux qui ont été les derniers accents de la con- fraternité la plus franche et la plus aimable. La voix de Porateur retentit encore dans vos cœurs. Probablement vous ne l’entendrez plus jamais dans cette enceinte ; mais 14 (136) vous le regretterez tonjours. Non, Messieurs , rien n’est capable de faire oublier M. Malouet à l'Académie , pas même les rares vertus dont la renommée nous offre au- jourd'hui l'espoir si consolant , que je m'empresse d'em— brasser avec vous el avec Lous les vrais amis de cette belle. contrée, = M. le lieutenant-général comte de Rivaud la Raffi- nière , en entrant dans le sein de l’Académie , s’est pré- senté dans son discours comme un guerrier accoulumé à vivre dans le tumulle des armes, et plutôt attaché par goût aux jouissances et à l'honneur des sciences , des let- tres et des arts , qu en état, par sa position , de se livrer beaucoup à leur culture. = M. Marquis, vice-président , a prouvé par l’histoire que l’exercice de Mars s'allie dans les héros français avec le culte des Muses. Il a espéré d’en trouver une nouvelle preuve dans l'honorable récipiendaire , dont les connais- sances acquises par une longue expérience ont élé juste- ment appréciées par la Compagnie, pour laquelle la seule présence de M. le comte de Rivaud la Raffinière doit être , dans tous les cas , un grand moyen d'encouragement et un puissant motif d'émulation. = L'Académie doit à M. Marquis Yoffrande d'une tra- duction imprimée d'un fragment du quatrième livre du poëme anglais d'Armstrong sur Part de conserver la santé ; et la lecture, 1° d’un essai de traduction du même au- ieur sur l'usage des boissons ; 2° d’un article sur la partie litéraire d'Aristote , destiné à la biographie médicale, = L'Académie doit également à M. Lecarpentier la lec- ture de plusieurs notices sur Jean Jouvenet, Luc Jor- daeus ; Le Brun et Mignard ; une notice imprimée sur le C137) Giorgion ; un exemplaire de la seconde édition , revue et augmentée , de son Îtineraire de Rouen ; et en outre un prospectus de l'édition projetée de sa Galerie des peintres célèbres | ouvrage de longue haleine , où notre confrère a réuni tous les documents désirables pour l'instruction des amateurs et des jeunes arlisles. = L'Histoire , en trois volumes, de la guerre de l'indépen- dance des Etats-Unis d'Amérique, raduite dans plusieurs langues et qui compte déjà trois éditions dans l’idiôme italien , est un monument jugé qui assure à notre confrère M. Botta une place durable parmi les écrivains distingués; et le suffrage motivé de M. Auguste Le Prévost n’est qu’un nouvel hommage rendu par un connaisseur à l'histo- rien du nouveau monde. = On en peut dire autant des Études de la langue fran- gaise sur Racine et du Commentaire raisonne des Tropes de Dumarsaïs , deux ouvrages véritablement classiques par la matière et par la forme, où M. Fontanier à réuni les méditations d'une longue expérience , et qui se recom-— mandent par une foule d’illustres suffrages au nombre des- quels on doit compter celui de M. Brière , dont l'Acadé- mie a entendu l’éloquent rapport. = Nous rangerons aussi dans la classe des ouvrages pu- bliés que la Compagnie ne discute en partie que pour son instruction particulière , une pièce de circonstance , par M. Le Püre , intitulée /e Sunge du jeune Corneille, et fa- vorablement accueillie, ce mois de juin dernier , dans plu- sieurs représentations , au Théâtre des Arts de cette ville, M. Brière, qui en a rendu compte, a présenté une suite d'observations judicieuses sous le rapport de l’art et de l'histoire ; mais il a pensé qu'il ne faut pas chicaner les auteurs dramatiques , et qu'on reverra quelquefois avec (138) plaisir, aux fêtes de Corneille, cet hommage d'une con- ceplion heureuse, d'un style naturel et élégant, rendu au plus illustre favori de Melpomène. — Le Dictionnaire des Rues et Places de Rouen, par M. Periaux , est une de ces productions d’un intérêt local qui commandent la reconnaissance et permettraient la cri- tique , surtout quand elle est sollicitée par la modestie de auteur. Cependant , après quelques observations faites par M. Auguste Le Prévost , au nom de la commission nommée par l'Académie, M. le rapporteur n’en conclut pas moins que, si le travail est susceptible de quelque amélioration , facile à son auteur , « il mérite, dès ce mo- » ment, les remercîments de la Compagnie et les félici- » lations de tous les amis des lettres. » = Le manuscrit du cinquième et dernier tome du Pré- cis de nos anciennes annales , présenté récemment par M. Gosseaume , va raltacher la naissance de l'Académie à l'époque de sa restauration , et la Compagnie n'aura plus qu’à rendre d'immortelles actions de grâce à la constance et aux lumières de l'infatigable rédacteur. = M. Fontanier a communiqué un Essai de Métaphy- sique où il trace un plan d'étude de la pensée. Après avoir exposé toutes les acceptions du mot pensée, l’auteur dé- duit l'importance de cette étude de la nature même de l'être pensant , et son utilité de la propriété dont jouit la pensée de régler la marche de toutes les sciences phy- siques et morales. Quant à la manière d'étudier la pensée , M. Fontanier la fait consister dans l'analyse des facultés intellectuelles , dont il déroule le tableau en partant des premiers faits pour arriver aux opérations les plus com- pliquées de l’entendement et de la volonté. Ensuite , notre confrère esquisse l’histoire de la science de l'esprit depuis (139) la métempsycose jusqu'à l'harmonie préétablie ; depuis Leibnitz jusqu'à Lock et ses adhérants , et il finit par plaider avec chaleur la cause des sensations contre ce qu'il appelle la chimère des idées innées. = Un mémoire de M. Gosseaume offre des recherches étymologiques sur quelques localités voisines de Rouen. C'est un voyage dont le point de départ est Darnétal , que l’auteur écrit Dernétal. De là , suivant le cours des deux ruisseaux jusqu'à Rouen , où il fixe l'origine de quelques noms de rues et de quartiers du haut et du bas de la ville , M. Gosseaume prend sa route par le Mont- Riboudet, Triboudet , suivant lui, par Déville et Ma- romme ; relourne Île long des côtes jusqu'à Sahurs ; passe à Caumont, sur la rivière; et, parcourant la rive gauche , après avoir distribué un grand nombre d'étymo- logies sur son passage , il s'arrête en face du Mont-Gargan, nom qu'il croit venir des mots latins Mons et Archangelus. Les étymologies de M. Gosseaume reposent souvent sur ces deux principes, que les langues gauloise , grecque et latine sont engendrées du celtique , et que les noms hybrides , qu'il n'approuve pas , sont néanmoins très-communs , tels, par exemple, que Eauplet, Mont- Javou , Orival , etc. = M. Gosseaume a produit encore à l'Académie une traduction du Pseaume 83°, Quam dilecta tabernacula !..….. suivant la vulgate. Le traducteur voit avec Théodoret, dans l'in finem du üitre, un caractère de prophétie. En conséquence , il distingue deux parties dans le poëme sacré. La première est l'expression du bonheur et de la reconnaissance envers l'Etre suprême. Au sixième verset commence la prophétie, que M. Gosseaume , avec tous les commentateurs, applique au retour de la captivité de Babylone. Ainsi , ML. Gosseaume Cao) voit Zorobabel, dans beatus vir; le retour de la captivité, dans ascensiones ; la ville de Sichem ,-dans #7 valle lacry- marum ; le terme fixe des souffrances , dans /n loco quem posuit ; Védit d'affranchissement, dans benedictionem dabit lesislator , etc. ; et la traduetion , préparée par des rap prochements de textes et des discussions fort étendues , est couronnée par un hommage d'admiration , rendue aux grâces et à la sublimité de la poésie des livres saints. = L'Histoire des républiques du nioyen âge , par Sismonde- Sismondi , a fourni à M. Lezurier de lu Martel, un Mé- moire d’un véritable intérêt. C’est la fin de la maison de Souabe , et l'établissement de celle d'Anjou en Sicile. On y voit la suite et les causes de tous les événements qui ont signalé le court règne du jeune Conradin ; jusqu’à la mort de cet infortuné monarque , qui laissa ses états entre les mains d'un cruel usurpateur, suscité par la vengeance de la Cour de Rome. C’est Conradin lui- même qui rend compte de tous les faits à Elisabeth sa mère , après s'être jelé courageusement à la tête des affaires , lorsque Mainfroi, son oncle, eut perdu la vie avec la bataille de Bénévent. La forme épistolaire conve- nablement ajustée à ce fragment historique , sans enfaire un roman, ajoute encore beaucoup à l'intérêt du sujet. = Une Dissertation a été lue par M. Bignon, sur la ualure et la véritable signification du verbe dans la pro- position grammaticale et logique. Cette dissertation a particulièrement pour objet de combatire l'opinion publiée , sur la nature du verbe , par M. La Romiguière , professeur actuel de philosophie à la Faculté de Paris, et de rappeler , pour l'honneur des éludes , des idées saines , adoptées depuis Aristote par de grandes autorités qu’on ne lit plus depuis qu’on fait, sans penser par soi-même , des livres classiques élémentaires ; Ca4s) Lu Ù a . comme tant d’autres , avec des ciseaux. L'auteur espère, à cet égard, que l'Université de France remplira bientôt sa promesse réilérée de donner de bonnes méthodes à la _ jeunesse , et que Pautorité d’un corps si respectable formera comme ‘un son fondamental qui anéantira toutes les dissonances. | = Organe d’une commission , M. Brière a fait un rap- port sur un fragment manuscrit d’un cours abrégé de littérature , qui traite de la didactique, par M. Le Pitre ; le dessein que paraît avoir formé le professeur , de com- pletter cet important travail, est fort approuvé de M. le rapporteur , en ce qu'il offre à la jeunesse une grande économie de temps et de dépenses , et en outre un moyen de former son jugement sous un bon guide, à l'école des plus grands maîtres, que M. Le Pitre avoue lui-même qu'il met souvent à contribution. Après avoir suivi l’auteur dans sa manière d'envisager le Poëme didactique , dans les espèces qu'il en distingue , d'après l'abbé Batieux , et dans les analyses de plusieurs auteurs grecs, latins et français, M. Brière à conclu » que ce fragment donne une opinion très-favorable du » cours de littérature , que ses maximnes sont saines, ses » exemples bien choisis, et sont d'un bon augure pour » les autres parties , que la commission ne connaît pas. » = Quant aux ouvrages en vers , je suis dispensé de parler de ceux qui vont faire les principaux frais et l’orne- ment de la séance actuelle. Vous les connaissez, Mes- sieurs , et l'assemblée va les juger. Rappeler que l'Académie à entendu les cinq actes de la tragédie dos Chevaliers de Rhodes , dont M. Licquet va lire aujourd’hui le premier, c'est réveiller l'idée du plaisir que nous à procuré la pièce entière. = MM. Lefilleul des Guerrots et Guttinguer ont encore C1) earichi nos archives, chacun de plusieurs fables où l'où reconnaît la touche légère et délicate et le style précis qui les distinguent. = M. Robert a donné lecture d’une suite de son joli poëme sur les aimables sujets de Pempire de Flore , dont il anime les parterres avec tout le talent du natu- raliste et toutes les couleurs de la poésie. Je ne m'étendrai pas non plus sur une élégie pleine de poésie et de sentiment , par Mme Victoire Babois , élégie qui a pour objet la mort d'Amédée Babois, son neveu , et que , par erreur, on a indiquée aujourd'hui sur le programme. Celle du même auteur qui va être lue, absoudra, ? ’ ? , . . 1 nous l'espérons , suffisamment l'Académie , qui n admet constamment ici que des ouvrages de ses membres rési- dants, d'avoir toléré une exception en faveur d’un sexe aimable et d'une muse féconde , originaire de ce pays, que ses productions honorent. Voilà, Messieurs, le compte le plus abrégé qu'avec tant de matériaux , il m'ait été possible de rendre pour la classe dont j'ai l'honneur d’être l'organe. Je n'aurais plus qu’à réclamer l'indulgence de l'as- semblée, s'il ne me restait à lui demander encore un sacrifice de quelques minutes en faveur d'un estimable collaborateur , que la mort a enlevé à l'Académie et à l'Administration centrale de ce département. Jacques-Bazrrasar-Nicozas CABISSOL, d’une fa- mille originaire de Toulouse, naquit à Rouen en 1749. De- venu avocat , il fut à la fois procureur du Roi à la vicomté de l’eau, et secrétaire particulier de M. de Belbeuf , procureur-général au parlement de Normandie , jusqu'à (143) l'époque de la révolution. Lorsque de nouvelles adminis- trations furent instituées , les savoir et le mérite de M. Cabissol l'appelèrent successivement à celles de districtet de département; et, depuis ce temps jusqu à sa mort , au milieu des changements continuels qui se sont succédés , il n’a pas cessé d'appartenir à l’ordre administratif. I] était conseiller de préfecture depuis la création de ces conseils ; et son âge avancé , sa santé délicate, ne l'empêchaient pas de remplir avec la plus laborieuse assiduité les fonctions pénibles de secrétaire-général. Il est difficile d'offrir l'exemple d’une vie plus continuellement , plus utilement occupée que celle du digne confrère que nous regrettons : peu d'hommes ont moins connu, je ne dirai pas l’oisiveté , mais le repos. M. Cabissol ne se délassait qu'en exerçant son goût pour la littérature et pour les arts. Des connaissances so- lides , un jugement sûr, une tournure d'esprit aimable forment le caractère de tous ces écrits. On lui doit des recherches profondes sur la statistique du département et sur les antiquités de cette ville. C'est à Jumièges , dans sa propriété , que M. Cabissol , frappé d'apoplexie , a terminé , le 26 mai dernier, sa longue et utile carrière. — À tontes les vertus qui constituent l’hor- nêle homme, qui méritent la considération à l'homme public, notre confrère joignait une améniié rare , une sorte de candeur qui lui gagna toujours l'affection de qui- conque a eu des rapports avec lui. Il inspirait sans peine la bienveillance que lui-même il semblait toujours avoir pour les autres. Dans les services que ses fonctions lui donnaient l’occasion de rendre, le devoir seul mettait des bornes à l'obligeance. Le souvenir d’un homme si respectable vivra long-temps parmi nous. Jamais guirlande funèbre ne fut suspendue au tombean d’un confrère avec un regret plus sincère et mieux mérité, Cette notice, Messieurs, est de M. Marquis, notre vice- (144) président. Il a eu la complaisance de me la communiquer toute imprimée , pour y prendre des documents, et j'ai pris la pièce toute entière. On me pardonnera aisément de n'avoir pas eu la prétention de mieux dire la même chose ; et je ne me pardonnerais pas d'en avoir même eu la pensée. CONCOURS. Sommaire du jugement de la commission sur les trois pièces de vers envoyées au concours de 1820 , dont le sujet était Henri IV à Rouen en l’année 1596. La commission étant composée de MM. Bignon , Duputel , Licquet et Guitinguer , qui a fait le rapport. Le n°1, ayant pour épigraphe : « Un bon Roi est » l’image de Dieu sur la terre , » a paru dénué de tout intérêt. Le n° 2, dont lépigraphe est: « Il fat aimé, » voilà sa gloire véritable, » s’est jeté dans une fiction malheureuse , et porte un caractère d'emphase et de con- fusion qui s'accorde mal avec la simplicité du sujet, etc. Le n° 3 qui porte en tête: « Le plus beau présent que » le Ciel puisse faire aux hommes, c’est d’unir sous le » diadème le génie et la vertu, » a paru au-dessus de toute comparaison avec les deux autres. Le début avait fait concevoir des espérances , que des fautes assez con- sidérables vers le milieu et à fin, ont malheureuse- ment détruites... En conséquence, la commission a pro- posé, 1° que le prix ne soit pas décerné ; 2° que le sujet soit retiré du concours ; 3° qu'il soit accordé une men- tion honorable au n° 3. L'Académie a adopté la conclusion dans ses trois parties. Une quatrième pièce, par M. Chénier fils , de Paris , est arrivée trop long-temps après le terme de rigueur , pour Cx45) pour concourir, et se trouvait d'ailleurs exclue de droit ; comme portant le nom de son auteur. Sur la demande formée par l'auteur du n° 3, auquel la mention honorable a été décernée , le billet cacheté a été ouvert en séance. L'identité de l'épigraphe a été re- connue , et l’on alu, pour nom d'auteur , À. H. Lemon- nier ; avocat à la cour royale de Paris, ancien élève du lycée de Rouen. Le nom a été proclamé au milieu d’ap- plaudissements d'autant plus vifs que le jeune Poëte est né à Rouen et d'un peintre depuis long-temps célèbre parmi les premiers artistes de la capitale. Pour donner une idée du style de M. Lemonnier ; nous transcrirons le début du Poëme. Français , d’un roi Français honorons la mémoire ; Muses , redites-nous ses vertus et sa gloire ; Chantez encor, chantez le plus grand des vainqueurs, Henri-Quatre !....à ce nom tressaillent tous les cœurs , Et les peuples charmés ont reconnu leur père. Poète philosophe ! 8 grand homme ! à Voltaire ! Du Dieu de l'Hélicon illustre favori , Qui chantas le héros de Coutras et d'Ivri; Esprit vaste et fécond , rare et puissant génie, Toi dont le vers épique, enfant de l'harmonie, Produisit, au printemps , les fruits mdrs de l’été, Et jouit, en naissant, de l’immortalité, Ne crains pas que mes mains profanent ta couronne; À mes jeunes efforts , à Voltaire ! pardonne ; Guide mes pas errants, et, du trône des arts, Daigne abaisser sur moi de paternels regards. Clio, retrace-nous dans l'antique Neustrie » q Henri victorieux d’une ligue ennemie, Dans les murs de Rouen les états assemblés, K C146) A Îa voix du héros les peuples consolés. Rappelle dans mes vers ces discours mémorables, Qu'un prince vertueux adressait aux notables, Quand , pour mieux exprimer la bonté de son cœur, Montrant le Béarnais , il cachait le vainqueur. Assez et trop souvent , dans nos tristes annales, Ton crayon tout sanglant , sur des pages fatales Éternisa les noms d'injustes conquérants ; En peignant un bon roi, venge-nous des tyrans. C'en est assez pour prouver que l'Académie n’a pas été trop indulgente. L'ouvrage , publié par l'auteur , met le public à portée de juger si elle a été trop sévère. ce À) China (147) Li2555:3:1:42553)] ANALYSES SUCCINCTES De quelques-uns des Mémoires mentionnés dans le rapport fait à la séance publique. Les avantages de la Science et du Talent; par M. Fontanier. C’est dans les effets de l'harmonie que notre confrère voit les premiers produits de la science et du talent, non pas qu'il ajoute aucunement foi aux merveilleux dont la fable a environné le premier berceau de l'harmonie ; mais, en passant en revue toul ce qu'il a fallu d’efforts pour amener au degré de civilisation actuelle la nature physique et morale, M. Fontanier trouve que ce sont là d'assez grands miracles, et qu'ils sont le résultat de fa science et du talent, aussi bien que les progrès que les arts de l'esprit et de la main font encore tous les jours , notamment dans cette ville et dans la province , matière d’éloges souvent repris el toujours nouveaux sous la plume de l’auteur. À l'influence du talent et de la science sur les arts , M. Fontanier a ajouté celle qu'ils exercent sur les mœurs des nations , qu'ils civi- lisent par une sage direction donnée aux esprits; sur la gloire des états qu'ils illustrent par cette étendue de re- nommée , el celle perpétuité de souvenirs qu'eux seuls peuvent assurer aux belles actions et à leurs auteurs ; sur le bonheur public, par les lumières qu'ils répandent sur toutes les conditions principales de l’ordre social , pour éclairer la marche des hommes constitués en dignité, comme les yeux et les organes de la société toute entière ; et enfin sur la veriu , « sans laquelle le talent et la science K 2 (148) »ne- sont rien, mais qui, elle-même, sans le talent » et la science, mène souvent aux plus grands crimes » » au nom même de la justice et de la Divinité. » Après avoir considéré le talent et la science par rap- port aux nations, M. Fontanier les considère aussi par rapport aux individus ; et ici il établit un parallèle détaillé entre l'ignorant « qui marche à tâtons.. insen- » sible au spectacle de la nature... imhabile à tous les » emplois. qui cherche à tuer le temps , tandis que le » temps le tue »….. et l'homme formé à école des muses , autour duquel tout s’anime et respire... qui jouit, dans la solitude des vivants , d'un commerce délicieux avec les moris.… qui trouve des consolations au milieu des revers , des adoucissements à tous les maux... Et tous les temps ont fourni, parmi les gens à talent , assez d'illustres vic- times du despotisme ou de la nature, pour laisser , sur cette partie , à M. Fontanier, la faculté de bien choisir ses exemples , comme il l'a fait, pour assurer sa preuve. « Honneur donc , s’écrie M. Fontanier, honneur au » ialent et à la science ;... à ceux qui les cultivent.... à » ceux qui leur gagnent des amis!.... Honneur aux chefs des » empires qui demandent sans cesse au talent et à la » science des moyens de prospérité et de gloire pour leurs » peuples! » Et cet article est naturellement consacré tout entier à Ja louange d’un monarque éclairé , sous le règne duquel M. Fontanier voit, au sein du bonheur et de la paix, les études, les lois et les mœurs florissantes , la raison s'étendant par l’affranchissement absolu de la pensée , l'exercice le plus solennel &e tous les droits, le champ le plus vaste, ouvert à toutes les idées grandes , sublimes et généreuses , etc., et un avenir encore plus désirable , qu'il embrasse de tous ses vœux. ( 149 ) Rapport de M. Auguste LE Prévost, sw Ze Dictionnaire des rues et places de Rouen. Après un exposé du but et de l'utilité d'un pareil livre, M. le rapporteur reconnaît qu'il laisse peu de chose à désirer relativement à son titre. Un plan annexé au Dic- tionnaire achève de faciliter les recherches... Il n’a- pas la perfection de l'ouvrage de Sainte-Foix sur Paris ; mais l'écrivain n'avait pas ici les mêmes ressources, et un début aussi louable dans la carrière de l'archéologie, où la marche est toujours lente ; est d’an heureux augure pour l'édition qui doit suivre. M. Periaux a judicieuse- ment tenu compte des noms ridicules ou bizarres imposés aux rues dans le délire de 1793, à eause de l'utilité dont ils peuvent être. Mais NL. le rapporteur voudrait qu'il eût consigné un beaucoup plus grand nombre des noms du moyen âge ; qu'il eût ajouté la direction de chaque rue avec désignation de toutes celles qui y communiquent. Voilà , en substance , pour le corps de l'ouvrage. Quant aux accessoires ; M. le rapporteur en signale deux, qui lui paraissent très-imporlants : savoir ; une notice étymologique et descriptive de Rouen, et un som- maire historique qui remonte à l'an 260; mais ces deux parties lui paraissent encore susceptibles d'amélioration. Par exemple , il voit, avec regret, placés comme positifs entre l’épiscopat de S. Victrice et l'arrivée des Normands, des faits ou hypothétiques , ou appartenant au z1° siècle ; et, combattant l'étymologie de Rouen, par M. Periaux , il croit facile de prouver que ce nom vient, par une suite de contractions, de Rothomagus , en droite ligne. Sur quoi il invoque en sa faveur des probabilités, des autorités et des analogies nombreuses. Au surplus «ces observations , dit M. le rapporteur » loin d affaiblir les éloges que nous avons donnés à l'oui à vrage de M, Periaux, sout au coniraire une preuve de K 3 (150 ) » lestime que nous en faisons et du désir que nous éprou- » vons de le voir porté rapidement au degré de perfection » que son plan comporte. » Essai de métaphysique , ou étude de la pensée ; par M. Fontanier. L'importance de l'étude de la pensée se üre de Ja na- ure même de l'être pensant , qui fait tout l'homme , qui nous rapproche le plus de la Divinité, et la prouve. L'uulité, de ce que la science de la pensée est l'instru- ment essentiel de toutes nos connaissances , le régulateur unique, la méthode universelle qui régit la marche de toutes les sciences morales et physiques. Quant à la manière d'étudier la pensée, M. Fonta- nier la fait consister dans l'analyse des phénomènes in- tellectuels ; et ici, notre confrère déroule , dans son plan raisonné , le tableau de tous ces phénomènes ; procé- dant du connu à l'inconnu , dans l'analyse des deux grandes facultés de âme , lentendement et la volonté ; partant, d'un côté, d'un principe simple et incontes-— table , qui est la sensation , pour arriver, par les inter médiaires , à l'opération la plus compliquée , qui est le raisonnement ; montrant de l'autre , comment, de la simple velléité, on passe aux passions les plus violentes ; et cet article est couronné par un aperçu sur la mature de la connaissance humaine , « où se termine , dit l'auteur , » la longue chaîne des phénomènes de la pensée , et par » conséquent l'étude de la pensée » Au vaste exposé de ce plan philosophique succède une revue rapide de tous les principaux philosophes qui ont étudié la pensée, depuis la métempsycose jusqu'à Fhar- monie préétablie ; et depuis celle-ci jusqu'à l'analyse de lentendement humain , doctrine dont M. Fontanier régarde Condillac comme un des propagateurs les plus éclairés ; et il finit par plaider avec chaleur la cause des Ç 157) (sens contre la réverie insoutenable des idées innées, em rejetant loute limpiété sur l'ignorance armée d'une accu- sation banale d’athéisme , intentée à tort el à travers , contre la science irrécusable des faits, qui professe d’a- dorer l’auteur de toutes choses avec connaissance de cause dans le merveilleux mécanisme de l'esprit, c'est-à-dire de son plus bel ouvrage. Sur la nature et la véritable signification du verbe dans les propositions grammaticales et logiques. M. Bignon s'étonne d’abord qu'on ait si long-temps payé la jeunesse de mots dans les écoles ; en lui donnant , sans essayer même à les justifier , des définitions les plus bizarres et les plus opposées , que les inventeurs eux+ mêmes n'ont jamais dù comprendre. Ensuite il réfate , l’ane après l'autre , les définitions les plus généralement répandues dans les livres élémen- taires. Delà, procédant par la méthode synthétique , il s'attache à établir qu'après le sujet et l'attribut d’une proposition , il ne manque, pour la rendre complette, que d'exprimer l'idée de la relation du jugement à une époque plus on moins précise de la durée. Puis , par la mé- thode contraire , qui est l'analyse, dépouillant le verbe successivement de toutes les idées accessoires dont ses formes sont plus ou moins surchargées pour l'utilité des langues , il trouve que l'idée de la relation du jugement à une époque plus ou moins précise de la durée , est encore la seule idée dont il ne peut dépouiller le verbe sans dé- truire absolument sa nature et sa propriété essentielle , qui consiste dans l'expression des {emps , et celle identité des résultats, trouvée suivant deux marches opposées , dont chacune est la preuve incontestable de autre , cons- titue ce qu'il appelle une démonstration inattaquable , par le raisonnement ; et il la confirme encore par de grandes autorités, dont la première en date est celle d’Aristote. K 4 (152 ) NAT AAA AAA AAA AAA PRIX PROPOSÉ POUR 1821. L'Académie propose de faire un poème de telle espèce qu'il plaira aux concurrents, sur »L’ Etablissement du Christianisme à Rouen, par S. Mellon.» La conversion de MeJlon lui-même; le merveilleux qui précède et accompagne sa mission ; la peinture des mœurs pgauloises, très-peu modifiées par le séjour des Romains ; leur mythologie, qui subsistait toujours malgré les édits des Empereurs et du Sénat; enfin la persécution qui existait alors contre les Chrétiens : telles sont les sources principales où les concurrents pour- ront puiser les développements du sujet. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. Chacun des auteurs mettra en tête de son ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté, où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le poëme aurait remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. “ Les ouvrages devront être adressés , francs de port, à M. Bicxox , Secrétaire perpetuel de l Académie, pour la classe des Belles-Lettres, ayant le 1° juillet 1821. Ce terme sera de rigueur. ( :53) PRIX EXTRAORDINAIRE POUR 182r. Le Conseil général du département de la Seine-Infé- rieure ayant mis à la disposition de l'Académie royale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen des fonds pour un prix extraordinaire , l'Académie propose le sujet sui- vant : « Quelle fut, sous les Ducs de Normandie » depuis Rollon » Jusques et y compris Jean-sans-Terre, l'administration ci- » vile, judiciaire et militaire de la Province? » Le prix, de la valeur de 1000 fr., sera décerné dans la séance publique du mois d'août 182r. Chacun des auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté , Où il fera connaîlre son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l'ouvrage aurait remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du con- cours. Les ouvrages seront adressés ,» francs de port , à .M. Bicxox » Secrétaire perpétuel de l'Académie , pour la clusse des Belles-Lettres | avant le 1° mai 1821, Ce terme sera de rigueur. C154) A AA AAA AAA AAA AAA AAA An OUVRAGES Dont l'Académie à délibéré 1 zmpression en enlier dans ses Actes. ——— + DISCOURS Pour la rentrée du 19 novembre 181 : Par M. le baron MALOUET » Président. MEssiEuURs , Les suffrages qui m'ont appelé à l'honneur de présider voire Compagnie ; font naître dans mon cœur une sincère et profonde reconnaissance ; mais imposent en même- temps, je le sens, des devoirs qu'il m'est plus facile d'apprécier que de remplir dans toute leur étendue. Plus d'un motif devait donc me détourner d'accepter les fonc- tions que je tiens de votre confiance. Cependant, votre choix était arrêté, et je ne pouvais plus reconnaître la faveur dont j'étais l'objet , que par ma déférence à rem- plir les vues de l’Académie. C’est ce sentiment qui a vaincu Ja trop juste défiance qui me portait à éloigner de la place que j'occupe en ce moment. Ce n’est pas pour un homme habituellement détourné par le tumulte des affaires publiques, du doux com- merce des muses, une tâche aisée à remplir que celle de pouvoir aussi bien occuper le fauteuil, que descendre , quand il le faut , dans l'arène académique, et partout d'imiter les exemples qui l'entourent ici , en faisant preuve d'érudition, de goût et de savoir; enfin, lors- qu'il est appelé à être votre organe, d’intéresser par un C:195 style toujours nourri, souvent brillant, et de savoir même, par le mélange heureux d’une piquante originalité, en relever à propos l'éloquence sans jamais en altérer la pureté. Lelles sont, en effet, Messieurs, les qualités que vous êtes d'autant plus en droit d'exiger dans la personne d'un président de l'Académie, qu'une longue suite de talents distingués accompagne les noms qui jusqu'ici , ont été annuellement honorés de vos suffrages , el que le souvenir plus récent encore qu'a laissé mon estimable prédécesseur, nous rappelle qu'il nous offrait chaque jour le modèle du tableau dont je viens d’esquisser les traits. Ce n’est donc point assez que de m'avoir créé son successeur : votre intérêt el mon amour-propre deman- daient qu'il m'eût inslitué son héritier : car ce n’est, Messieurs , que dans mon dévouement à mes nouveaux devoirs , que je puis seulement ne pas craindre de rivaux. Vos travaux, Messieurs, vont reprendre l’ordre que vôus suivez avec un succès toujours également soutenu , depuis que la nouvelle existence de l'Académie lui a permis de donner essor au zèle éclairé qui anime tous ses membres. Ce n’est ni à votre expérience , ni à votre active sollicitude que j'aurais besoin de signaler les objets principaux dont il est, je crois, dans l'intention de la Compagnie de s'occuper sans relâche. Dans ce départe- ment , essentiellement industrieux , l'application des principes des sciences aux arts utiles est le bienfait le plus direct qui puisse attirer sur vos travaux la recon- naissance de vos concitoyens. C’est ainsi que déjà vous avez contribué à faire sortir l’industrie de l'enceinte étroite où la renfermaient de vieilles habitudes , et que vous avez agrandi sa carrière, en lui dévoilant à propos les secrets de la nature. Après avoir payé à l'industrie française , dont cette province semble être le berceau , une dette que j'äppellerai (156) en quelque sorte sacrée, il reste encore à l'Académie plus d'une palme à cueillir , plus d'une fleur à cultiver. Les sciences , considérées dans leur aspect général, la littérature et les beaux-arts, sont également l'objet de son culte, et comptent dans son sein de nombreux comme d'heureux disciples. L'agriculture voit, dans cette en- ceinte , l'exemple s'unir au précepte, et la pratique à la théorie. L'art d'Hippocrate, la science de Linnée , ‘celle de Lavoisier, se présentent ici dans tout leur éclat. Le crayon du paysagiste s'y promène avec grâce ; et lhis- toire ou la fable se sont plus d’une fois embellies sous la brillante palette des artistes distingués que vous comptez dans vos rangs. Les monuments antiques retrou- vent parmi vous de doctes interprètes. Le dieu des vers, honoré comme il doit l'être dans la patrie de Corneille , sourit aux nobles accents de l’auteur de Brutus. Enfin, l'imprimerie , dans les mains d’un habile collègue , vient prêter à tous vos travanx ce secours à la fois ingénieux et protecteur sans lequel le présent ne pourrait rien léguer à l'avenir. C'est ainsi, Messieurs, que passant alternativement d'un sujet à l'autre, embrassant également tous les genres, ouvrant la lice à tous les talents , soutenant les uns par vos exemples , les autres par vos encourage- ments, et tous par cet intérêt bienveillant qui est le ca- ractère distinctif des véritables amis des sciences, des belles-lettres et des arts, vous répandez autour de vous une action vivifiante dont les heureux effets signalent à l'estime publique lutile emploi de vos laborieux loisirs ; et, semblable à ce fleuve bienfaisant qui féconde les terres qu'il baigne périodiquement de ses eaux ; l'in {luence de l'Académie fera éclore, dans le domaine de l'esprit humain , d'heureuses découvertes qui étendront les bornes de la science, ou de brillantes inspirations qui ajouferont à la gloire des letires. (157) AI AS AA AT AT A Te ESSAI De traduction du Pseaume 83° ; Par M. GOSSEAUME. MESssIEuRs , Je viens vous entretenir de nouveau de la poésie sacrée des Hébreux , et m'efforcer de restituer à l'histoire, des stances obscures , inintelligibles même , quand on aban- donne un instant la route par laquelle elle tente de nous P q conduire. Ce cantique, d’ailleurs, est un modèle de grâces , et peut marcher de pair avec ce que le Roi pro- ête a écrit de plus soigné et de plus harmonieux. Voici phèt tde pl g t de plus | Voic le texte : « In finem, pro torcularibus, filiis core. » , Quüm dilecta tabernacula tua , etc. Observations. Trois pseaumes portent le même titre , pro torcularibus ; le 8°, le 8o° et le 83°. Le premier et le troisième sont de David , le 2° est d’Asaph. De toutes les interprétalions qu'on s’est efforcé de donner à ce titre, la plus admis- sible à mon avis est celle qui suppose que ces Canti- ques avaient été composés pour la fête des tabernacles, très-grande solemnité qui suivait de près la moisson et les vendanges , et dans laquelle on rendait à Dieu d’écla- tantes actions de graces pour les fruits de la terre que l'on venait de recueillir. Quant à ces expressions : in finem, Théodoret donne l'explication qui suit: Significat hoc in finem quod longis post sæculis, quæ prædicit perficientur , ce qui indique © 44, 28e ©, 29, 10. (:58) d'abord que ce pseaume est prophétique. Nous verrons dans un moment si cette indication générale est dénuée de preuves. Ce cantique enfin est adressé aux enfants de Coré, descendants d'un père malheureusement célèbre par sa rébellion , et la punition terrible qui la suivit de près. Les Corites occupèrent, comme lévites, les places les plus importantes sous le règne de David , et sont nommés à la tête de ceux auxquels la garde du tabernacle était confiée. Soit qu'on les considère ici comme musiciens , compositeurs, ou comme des chantres distingués, David Jeur adressa plusieurs de ses cantiques./On peut donc traduire le titre en question : Cantique prophétique pour la fête des vendanges ou des tabernacles, adressé aux en- fants de Coré. LR Passons aux observations relalives au cantique lui- même ; et d’abord je remarque que, de laveu de tous les commentateurs , il est relatif à la liberté que Cyrus rendit aux Juifs après les soixante-dix ans de leur captivité à Babylone. Il est digne de remarque que David annonçait cet événement cinq cents ans avant qu'il s’'accomplil ; que plusieurs siècles avant qu'il exisiât, Esaïe nommait Cyrus ; que Jérémie enfin annonçait, près d’un siècle d'avance , le terme fixe de la captivité. Dans les cinq premiers versets, le prophète s’identifie , pour ainsi dire, avec les israélites les plus zélés, pour célébrer le bonheur d’entourer le tabernacle de l Eternel , et d'y chanter des hymnes en son honneur. Ce n'est qu'au sixième qu'il adresse indirectement la parole à l'israélite privilégié, et qu'il le félicite d’avoir , avec l’as- sistance divine , arrangé tous les détails relatifs au retour dans leur patrie de ses compatriotes infortunés ; et st l'on prend la peine de lire le dernier verset du ch. 36 des paralipomènes, et de parcourir les livres d'Esdras , Ci59) on reconnaîtra facilement celui qui, sous ce rapport, avail mérité la confiance de Cyrus. 29 I] faut se rappeler que le verbe ascendere, et le subs- tanti£ ascensiones, qui en dérive , étaient si familiers dans ces temps-là pour désigner ; aller à Jérusalem , que l'édit de Cyrus n'emploie pas une autre expression : « Jpse » præcepit mihi Dominus Deus cœli, ut œdificarem ei do- » mum in Jerusalem que est in Judæä ; quis ex vobis est in » omni populo ejus ; sit Dominus sum cum eo, et ascendat. » Paralip. 26 , Y. 23. Remarquez, je vous prie, Messieurs , qu'ascensiones est au pluriel , et que Pédit s'adresse à tout le peuple. Ici Zorobabel joue le principal rôle. Il avait mé- rité la confiance du prince , avait été instruit de ses inten- tions favorables , et chargé de la conduite de ses compa- triotes rendus à la liberté. Il avait dà préalablement réflé- chir sur l'importance de cette commission, calculer tout ce qui intéressait l’ordre et la sûreté de la marche , pour- voir à la quantité de vivres nécessaires pour 50,000 voyageurs el à leurs nombreuses bêtes de charges. Le dénombrement avait été fait avant le départ , le recensement à l'arrivée élait d’une rigoureuse police, ou plutôt la négligence de cette opération eût été une faute capitale. Mais loin qu’une pareille faute ait été commise , nous allons voir par les détails que toutes les précautions que la sagesse peut suggérer avaient été épuisées. Et d'abord pour l'intelligence de tous les versets obs- curs qui vont suivre, il faut se rappeler qu'après la ruine de Jérusalem , la Judée était devenue une province de l'empire de Babylone , que le souverain y avait des gou- verneurs , des troupes et des forteresses pour y faire res- pecter son auiorité ; des préposés pour y lever des tributs. Un coup-d'œil jeté sur une carte de la Palestine montre ce pays séparé de la Babylonie par une longue chaîne de montagnes , qui, de Séir, s'étend jusqu'au Liban, et Astensio- nes in corde suo dispo- suil. Esdras,L, 1, Caps 2e Esdras , passim, Ascensio= nes in corde suo dispo- suit invalle Zacryma- r'UTe ( 160 ) forme entre les deux étais une barrière presque insurmo- table. De distance en distance , et surtout à la source des torrents qui, de ces montagnes, viennent se précipiter dans le Jourdain , on trouve quelques gorges qui facilitent l'entrée, et celle qui se trouve à la source du Jaser, était le passage le plus naturel pour aller de Babylone à Jérusalem. Cette gorge une fois franchie, on suivait le cours du Jaser, qu'on laissait sur la gauche , jusqu'à son embouchure dans le Jourdain , et on voyageait par un chemin facile où l’on trouvait de l’eau en abondance, avantage inappréciable dans un pays 6ù la pénurie de l’eau se faisait souvent sentir. On voit d'abord que les gorges ou les défilés, les pas- sages de rivières étaient les lieux qu'il importait surtout de fortifier. Cette attention était doublement nécessaire sur les limites des deux états, pour ôter aux Juifs cap- tifs tout prétexte , toute possibilité même de retoarner dans leur patrie. Si les postes militaires étaient nécessaires sur les fron- tüères, pouvaient-ils être négligés dans l'intérieur et sur- tout auprès du gouverneur général , que les convenances placaient dans la ville la plus importante et la plus cen- trale à la fois ? et je dirai, par anticipation, que Samarie et Jérusalem n'étant plus alors que des monceaux de ruines, Sichem était la seule ville considérable que le Satrape pût habiter. Revenons à notre texte dont nous nous étions nn mo- ment écartés. Après avoir montré le voyage des israélites, entrepris sous les auspices de la sagesse , le psalmiste en indique ici le terme à la vallée des Larmes. Les circons- tanres intermédiaires seront indiquées au verset suivant ; mais il se présente ici une question non moins impor tante que curieuse : où la vallée des Larmes est-elle située ? Je conviendrai d'abord que lEcriture nous en réfuse l'indication littérale ; que si l'on veut cependant prendre I DS (161 ) prendre la peine de conférer ensemble le livre de Josué ; et particulièrement le 24° chapitre de ce livre, avec le 2° chapitre du livre des Juges, qui semble n'être que Y'abrégé et le supplément du précédent, on verra , Je espère, les difficultés s’éclaircir , et les probabilités se multiplier au point d'équivaloir presque à la démons- tration ; les rapports en effet sont frappants. L'ange ou l’envoyé du Seigneur est délégué pour in- ümer ses volontés à son peuple. Josué, nom qui signifie Sauveur, a la mission de le conduire. L'ange vient de Galgala, Jug. 11 , Y. x. Josué vient de Galgala. C. X, YV.6, 43. L'ange se rend à la vallée des Larmes. Jug, 11, Ÿ. te Josué se rend à Sichem. Josueé XXIV , Y. 1. L'ange retrace aux israélites les bienfaits de l'Eternel, AT UES LE Josué les harangue sur le même sujet. Josué XXIV. L'ange reproche aux israélites d’avoir fait alliance avec les nations. Jug. 11, V. 5. Josué leur montre cette alliance comme un piége dan- gereux. XXIII, 15. Je prie d'observer qu'ici Josué semble reprendre son véritable nom. Jug. 11, Y. 6. La conséquence du discours de l'ange est que Josué renvoya le peuple chacun dans sa possession ; qu'Israël servit fidèlement le Seigneur, tant que les anciens vé- eurent ; que Josué mourut et fut enseveli sur le mont Ephraïm. Répétition des mêmes circonstances dans le livre de Josué. De tant de rapports et de rapports si frappants me paraît sortir cette conséquence que l'ange du Seigneur et Josué sont le même personnage, et que Sichem et Ja vallée des Larmes sont la même localité. L In loco quem posuit israélites descendraient à la vallée des Larmes. Ne con- ( legislat: videlicet }), Etenim benedictio- nem dabit legislator , 1bunt virlute de in virlutem , videbitur Deus rum Sion, deo- in Ÿ 2 (162 } On voit ici le motif du législateur en exigeant que les venait-il pas en effet de vérifier que les ordres du sou- verain avaient élé suivis dans Ja marche , de noter au gouverneur qui le représentait dans la Judée ses inten- tions favorables envers les Juifs pour en obtenir au besoin les nombreux secours qui leur étaient nécessaires. Or , nous avons montré précédemment que Sichem était la ville où toutes les convenances placaient le gouverneur- général ; nous ayons pareillement montré que Sichem et la vallée des Larmes étaient le même territoire. Je ne crois donc pas qu'il puisse rester la moindre obscurité sur le sens littéral de ce verset. Celui qui suit est un de ceux qui ont donné le plus de tablature aux interprètes, parce que l’on à pris dans un sens moral des expressions qui doivent être prises dans un sens lilléral, le seul qui puisse s’accorder avec ce qui précède. Et d’abord je ne pense pas qu'il puisse y avoir de diffi- culté sur l'expression benedictionem où bonam dictionem , et que l’on puisse disputer à Cyrus le droit de publier cet édit favorable qui brisait les fers d'une nation entière et lui confait le soin de rebâtir le temple du Dieu du Ciel ; mais il fallait retourner en Judée, et nous avons montré que les avenues en devaient être gardées. Ce verset montre clairement qu'elles l’étaient en effet. Don- nons seulement à ces expressions de virlule in virtuem , Facception littérale qui leur convient, et toutes les obs- curités vont disparaître. Or, »irtus partout , dans les livres sacrés surtont, signifie puissance, force , armée , elc.; et, dans la circonstance présente , c'est tellement l'esprit du verset que S. Jérdme a traduit la même ex- pression hébraïque que la vulgate exprime par virtus, ibunt de fortitudine in fortitudinem. Le P. Houbigant, vadunt ex muro in murum. (163) Les PP. capucins , ex agmine in agmen: Ettoutes ces variantes signifient la même chose, savoir : lés redoutes et la force armée qui s'y trouvait pour le maintien de l'ordre. Ainsi le psalmiste, en annonçant que les israélites passeraient sans obstacles par les lieux fortifiés et garnis de troupes, indiquait en même-temps qu'ils voyageaient de l’aveu du prince, et sous la protection des lois. Il ne me reste plus que quelques mots à dire sur le 10° verset. À qui doit s'appliquer la qualification de Christ, qui y est exprimée ? Est-ce à Cyrus, à Zorobabel ou à quelqu’autre ? On pourrait rigoureusement appliquer à Cyrus , et on aurait pour autorité l'écriture elle-même ; mais la con- texture du Pseaume me détermine à en faire honneur à Zorobabel. C’est lui que le psalmiste félicite au Y. 6 d’avoir arrangé tous les détails du voyage. C’est lui qui avait été chargé de son exécution ; et c’est lui encore qu'il me paraît équitable de remercier, en appelant sur lui les bénédictions du Ciel, de lavoir terminé à la satis- faction de tous. On pourrait m'objecter que cet israélite célèbre n'avait pas véritablement reçu lonction sainte ; mais les patriar- ches , mais Cyrus lui-même auxquels l Ecriture l'accorde libéralement , l’avaient-ils reçue plus positivement que Zorobabel ? Ce captif, si justement célèbre , semblerait y avoir quelques droits, étant de la race royale. Cette expression, d'ailleurs , a plus d’une acception, et se prend quelque fois pour investir d’un emploi, remplir , etc. Luc. 4. Act. Apost. 10 , ete. , etc. Or, l'importance de la fonction dont Zorobabel était chargé , spécialement celle de rebâtr le temple , Pinvestissait d’une espèce de sacer- doce, et l’assimilait en quelque manière aux ministres des autels. Après ces observations auxquelles il m'eût été facile L'2 > 19e ÆRespice in faciem Christi lui. Isaïe, c, 45, ÿ.r C164) de donner des développements beaucoup plus considéra- bles, je ne vois plus de difficultés réelles dans la version littérale de notre Cantique , lequel , si on en excepte le caractère prophétique et l'expression des sentiments re- ligieux les plus tendres , n’est plus que le mémorial d’un fait très-important, embelli de tous les charmes de la poésie. Texte suivant la vulgate. 2. Quàäm dilecta taberna- cula tua, Domine virtutum. 5. Concupiseit et deficit anima mea in atria Domini. Cor meum et caro mea , exultaverunt in Deum vivum. 4. Etenim passer invenit sibi domum : et turtur nidum sibi, ubi ponat pullos suos. Al- taria tua, Domine virintum : Rex meus et Deus meus ! 5. Beati, qui habitant in domotuä, Domine , in secula seculorum laudabunt te. G. Beatus vir cujus est auxilium abs te : ascensiones in corde suo disposuit ; Version française. Que vos tabernacles sont aimables , Seigneur Dieu des armées. Mon cœur désire et dé- périt d'impatience de revoir votre sanctuaire. Mon esprit et mon cœur ont tressailli au signal d'y révérer le Dieu vivant. Le passereau , pour sa retraite , rencontre un toit hospitalier , et la tourterelle un nid pour y élever ses petits; et vos Autels sont mon plus doux asile, Sei- gneur Dieu des armées : mon Seigneur et mon Dieu! Heureux les mortels qui habitent dans votre maison , et qui, sans cesse , ont le bonheur d'y chanter vos louanges. Heureux celui qu', avec votre assistance , a preparé dans son cœur le retour (de nos tribus captuves) (1:65 7. In valle lacrymarum , in loco quem posuit. 8. Etenim benedictionem dabit legislator , ibunt de vir- tule in wvirlutem : videbilur Deus Deorum in Sion. 9. Domine Deus virtutum exaudi orationem meam : au- ribus percipe Deus Jacob. 10. Protector noster aspice Deus : el respice in faciem Christi tur. 11. Quia melior est dies una in atrü stuis; super millia. Elegi abjectus esse in domo Dei mei magis quèm habi- tare in tabernaculis peccato- rum. 12. Qua misericordiam et veritatem diligit Deus : gratiam et gloriam dabit Do- minus. 13. Non privabit bonis eos qui ambulant in innwcentià , et leur réunion à la vallée des Larmes, terme fixé de leur voyage. Car le souverain législa- teur publiera un édit en leur faveur ; elles franchi- ront sans obstacles les postes le plus strictement gardés , et glorifieront enfin le Dieu des Dieux à Sion. Seigneur Dieu des ar- mées , exaucez ma prière ; Dieu de Jacob, daignez y prêter une oreille attentive. Divin protecteur , regar- dez-nous avec bonté; re- gardez favorablement celui qui a reçu votre onction sainte. Car un seul jour passé sous vos portiques est pré- férable à mille jours passés ailleurs. Pour moi j'ai préféré la dernière place dans la maison de mon Dieu aux emplois les plus honorables dans les palais des infidèles. Et parce que le Seigneur aime la miséricorde et la vérité , il répandra sur nous ses bienfaits et nous donnera une existence glorieuse. Pourrait-il refuser ses faveurs à ceux qui marchent L 3 | ( 166 } Domine virtutum, Lbeatushomo ‘dans les sentiers de l'inno- qui sperat in te. cence ? Dieu des armées, heureux l’homme qui espère en vous. Quelles réflexions ne fait pas naître le Cantique magni- fique dont je viens de vous offrir une bien faible traduc- tion ; quel beau tableau il présente dans son ensemble ; quelle harmonie dans les groupes accessoires qui viennent s’y rattacher ? Mais loin de moi la prétention de diriger votre admi- ration. Tout mon désir a été dé parlager avec vous le plaisir que la lecture de ce morceau lyrique na fait éprouver , et quel besoin aurais-je de préoccuper votre esprit, quand il parle si éloquemment à voire cœur. C:67) CONSIDÉRATIONS Sur le charme et l'utilité attachée à l'étude de l'Histoire ; Par M. Aucusre LE PRÉVOST. Parmi les divers genres de composition qui peuvent exercer la plume de l'homme de lettres, il n’en est point de plus utiles aux hommes , de plus dignes de leur atten- tion et de leur reconnaissance , que ceux qui sont con- sacrés aux réeits historiques : ce n’est pas que quelques uns ne fassent des impressions plus vives sur notre mé- moire et sur notre imagination, que d'autres ne nous présentent les leçons de la sagesse et de la morale, sous une forme plus rapprochée , plus positive ; que d’autres encore m'émeuvent plus puissamment notre sensibilité. Mais, après s'être rassasié de ces lectures plus où moins atirayanies, c’est Loujours aux autels de la noble Muse de l'histoire que l'homme, mûri par l’âge et l'expérience, vient apporter son encens. C'est à elle qu'il vient de- mander des émotions, des conseils et des consolations qu'il chercherait vainement ailleurs , ou qu'il n'y trouve- rail que sous une forme moins appropriée à sa nature et à ses besoins. Un des plus célèbres écrivains de notre âge l'a proclamé ; ce qu'il y à de plus intéressant pour l'homme , c’est l'homme ; ce qu'il y a de plus digne de son attention, de plas propre à satisfaire cette insatiable curiosité qui le caractérise, c’est le tableau de ce qu'ont été, de ce qu'ont fait, dé ce qu'ont éprouvé de bonne ou mauvaise fortune les générations qui l'ont précédé. Cette terre où il vit si peu de temps pour y être soumis à tant de misères , n'offrirait à ses regards qu'un désert L 4 ( 168 ) aride et désenchanté, s’il ne la peuplait de pareils sou- venirs ; s'il n'agrandissait l’espace qu’il y parcourt de tout celui que d'autres y ont parcouru avant lui; s'il ne pouvait aller chercher bien loin derrière lui l'origine des événements qui se passent sous ses yeux et intéressent son bonhenr , mais dont le cercle étroit de son existence pe saurait embrasser l’enchaînement et l'étendue. Ce n’est pas, d'ailleurs, seulement sur les événements passés el présents que se porte cette aclive curiosité que uous venons de présenter comme l'un des caractères les plus marqués de l'espèce humaine. De même qu'il aime à se reporter vers le passé par le souvenir, l’homme voudrait encore s'élancer vers lavenir pat la prévision , mais une divinité bienveillante a entouré cet avenir de nuages assez épais pour que ses regards ne puissent jamais les percer complètement. Eh bien ! de tous les moyens qu'il peut employer pour y pénétrer, c’est encore le spectacle du passé qui lui fournira les plus sûrs. « Les » événements prévus par les bons esprits ne manquent » guères d'arriver, a dit un de nos moralistes les plus » ingénieux ; la fortune ne se réserve que deux secrets , » l’époque etiles moyens. » Or, cest dans lhistoire, et dans l'histoire seulement que peuvent être puisés les éléments de pareilles probabilités. C’est ainsi , si j'ose basarder cette comparaison , que l’art qui décore nos de- meures ne connaît point de moyens plus heureux pour en agrandir les horisons , que ces fragiles et brillants ré- flecieurs qui reportent en avant de nos yeux les objets réellement placés derrière nous. Aussi ces hommes d'état, ces grands politiques pour qui le besoin de prévoir les événements futurs est encore plus impérieux que pour le reste de la société, ont-ils toujours fait leurs délices et leur principale étude de la science qui leur fait, « Aux temps passés , trouver ceux où nous sommes ; « Et sous des noms divers toujours les mêmes hommes. « __ (169 ) Les hautes leçons de l’histoire n’embrassent donc pas seulement la connaissance du passé, mais encore l'ap- préciation exacte de ce qui arrive sous nos yeux, et les bases les plus plausibles des probabilités à asseoir sur l'avenir. Tous les âges , toutes les périodes de l'existence des sociétés humaines sont donc de son ressort et tribu- taires de ses vastes spéculations. Mais ce n’est pas encore là que se bornent les services qu’elle nous rend, à ces époques surlout de civilisation avancée où des habitudes molles et paisibles, et la multiplication des jouissances factices exaltant la sensibilité, concourent , avec de grandes catastrophes politiques , à développer la mélancolie et le dégoût de la vie, où toutes ces impressions nous portent trop souvent à calomnier notre siècle, notre patrie , notre propre destinée. C’est alors que l’histoire , en nous montrant que la même somme à peu près de maux et de douleurs à toujours pesé sur le genre humain ; que les jours ont constamment été comme les nôtres, « courts et peu sereins, » pauci et mali, comme le disait déjà , il y à 4000 ans , le dernier des patriarches à l'un des Pha- raons , nous réconcilie avec notre temps , avec nos com- patrioles , avec notre propre existence , et nous fait ac cepter avec résignalion ce que nos ancêtres ont supporté, ce que nos neveux supporleront comme nous. De quel- ques infortunes publiques ou privées que nous ayons à accuser le sort , il n’en est point qu’elle ne nous montre, surpassée par de plus cruelles leçons, par de plus inat- tendues , par de moins méritées. Aussi l'influence pro- longée de pareils tableaux est-elle presque irrésistible , et a-t-elle toujours fourni la plus puissante consolation que la sagesse pât offrir au malheur. Enfin , c’est encore dans l'histoire que nous pouvons puiser les meilleurs éléments, non-seulement de cette prudence qui nous fait tirer le meilleur parti possible des hommes et des événements dans nos intérêts per- (170 ) sonnels, mais surtout de cette véritable sagesse qui, nous répélant sans cesse qu'il ya, suivant l'expression sublime du Poëte anglais, deux voies pour sortir de la vie, la honte et la mort, nous apprend à immoler , nonu-seulement ces mêmes intérêts, mais encore nos af- fections les plus chères , notre existence même aux no- bles inspirations de l'honneur et de la vertu. C’est elle dont les leçons adoucies par l'intérêt des récits, devenues plus persuasives par la forme indirecte qu’elles prennent, répélées dans cette multitude innombrable de tableaux qu'elle fait passer successivement sous nos yeux, nous convaincront mieux que tous les moralistes qu'il n’y a rien de si habile qu'une conduite irréprochable, qu'il n'est ni gloire, ni félicité durables sans vertu , et que le sort de l’homme de bien dans les fers , est encore pré- férable à celui du crime heureux et triomphant, mais sans cesse poursuivi et toujours atteint tôt ou tard par la honte et le remords. Depuis l'enfance des sociétés jusqu'aux générations les plus hautement civilisées , tous les peuples ont aimé et cultivé les récits historiques. Tous ont cherché à savoir que l’ordre de choses , quels hommes , quels événements avaient existé avant eux, et à fournir à leurs descendants les moyens de satisfaire la même curiosité. Tous ont voulu à la fois et connaître le passé et faire connaître l'avenir. La forme et le cadre de ces récits ont varié à l'infini suivant le génie du peuple et celui du siècle, tantôt embellis des prestiges de la poésie et du chant , tantôt entourés des illusions de la fable , quelquefois réduits à une aride nomenclature de noms d'hommes et de lieux , ici uniquement confiés à la mémoire, là gravés sur le marbre et l’airain , ailleurs ensevelis dans la pous- sière des chroniques monacales. Souvent les noms du solitaire obscur , du barde vulgaire, qui ont rassemblé ces premières annales des nations , sont inconnus ;, et ce (71) n’est qu'à la génération au sein de laquelle elles ont été composées qu'on peut les rapporter. Quelquefois même” c'est volontairement qu'ils ont dérobé la connaissance de leur nom à la postérité , comme si, dans l’accomplisse- ment de ce travail, ils avaient cédé au sentiment secret d'un devoir commun à toute la société, plutôt qu'à des considérations d'illustration personnelle. À mesure que les nations se perfectionnent , le cercle de celte curiosité s'étend avec leurs rapports mutuels. Ce n’est plus assez pour nous de connaître les faits do- mestiques, les annales de notre patrie. De même que la terre que nous habitons ne peat plus suffire aux con- sommations de notre luxe, elle ne saurait suffire non plus à notre avidité pour les récits historiques. Depuis que la facilité des communications et la multiplication des échanges ont établi plus de rapprochements entre les nations les plus éloignées qu'il n’en existait jadis entre les provinces d’un même empire, c’est du genre humain tout entier que nous éprouvons le désir, que nous sentons le besoin de connaître les destinées. En mêne-temps que lhorison qu'embrasse l'histoire s’est ainsi reculé jusqu'aux limites du monde , le nombre des rapports sous lesquels elle considère les hommes et les nations s’est accru , sa marche s’est régularisée , son style s’est élevé de plus en plus à la hauteur des objets qu'elle traite à la gravité , des lecons qu’elle donne. C’est alors que, contemplant des plus hauts sommets de la morale et de la politique, les faits soumis à son examen, elle en à tiré ces grandes conclusions , ces principes gé- néraux qu'elle offre aux méditations de l'homme d'état et du philosophe, ces jugements sans appel auxquels elle soumet les peuples et les rois. Toutefois, au milieu de ce champ immense que la Muse de l'histoire étale maintenant à nos regards , les aflections de famille et de patrie n’ont point perdu leur (172) empire ; et ce sera toujours vers les anciennes destinées de la terre que nous habitons , des peuples dont nous descendons , que nos yeux se porteront avec le plus d'intérêt et de complaisance. Nous ne sommes plus comme ces maîlres de l'Adriatique qui se disaient véni- liens el puis chrétiens; nous sommes hommes avant tout , mais ensuite nous sommes les fils de notre patrie et de nos aïeux. Nous rejetons ce patriotisme barbare qui , chez d’autres dominateurs des mers, ne voit plus d'hom- mes là où il ne trouve plus de concitoyens ; mais nous repoussons avec la même indignation quiconque voudrait s’isoler des siens et renoncer à la communauté d'origine et de souvenirs qui l'unit à eux. Un charme inexprimable est altaché pour nous à ces souvenirs, surloul quand nous les cherchons dans ces naïves chroniques contem- poraines, portant à-la-fois la double empreinte de la jeunesse des peuples et de la jeunesse des langues. Les titres de gloire de nos ancêtres reflètent leur éclat sur le présent et sur l'avenir, et, par le noble orgueil , par la sainte émulation qu'ils nous inspirent, deviennent la source féconde de nouvelles illusirations. Comment se fait-il qu'une étude si belle et si attrayante soit si peu cultivée autour de nous ? Pourquoi feuilletons- nous si rarement les pages des annales de notre propre province ? Pourquoi laissons-nous périr, avec les monu- ments auxquels ils se rattachaient, ou les frêles déposi- taires à qui ils étaient confiés, tant de nobles et touchants souvenirs qui auraient charmé nos loisirs, embelli notre origine et relrempé notre patriotisme ? À peine une mé- moire vague des races qui se sont succédé sur notre sol se conserve-t-elle par tradition dans nos contrées. En vain demanderait-on à la plupart même de nos conci- toyens les plus éclairés les noms des dues et des rois normands. Et pourtant, quel peuple au monde pourrait reporter avec plus d’orgueil que nous ses regards sur le A UE PS (173) passé ? Gaulois, nous avons fait trembler l'Europe et l'Asie , fait pâlir les destinées du peuple roi, et, après vingt-cinq siècles, nos voyageurs reconnaissent encore avec orgueil, dans le nom de la capitale de la Lombardie , celui qui lui fut imposé en mémoire d'une de nos cités les plus voisines (1). Français , nous marchons le premier des peuples de la moderne Europe, et le monde entier est plein de notre gloire. Normands, nous avons con- quis, par l'épée, la terre que nous habitons; la riche Albion , la riante Parthenope , la fertile Sicile , et jus- qu à ces îles délicieuses où les anciens plaçaient le siége d’une félicité éternelle ont reçu de nous des rois. Ces fiers insulaires dont la domination pèse sur toutes les mers ne sont qu'une colonie normande ; leurs pairs descendent de nos barons , leurs souverains de nos ducs. Unis de nouveau à la France, nous avons marché dans ses rangs sans nous y confondre ; nous avons entretenu depuis six cents ans la gloire du nom Normand, et au réveil de la civilisation, notre terre s’est ombragée du laurier des beaux arts, comme elle l'était depuis tant de siècles du laurier des héros. a ——————_———_———— (1) Evreux, autrefois Mediolanum aulercorum. Ca74) AAA AR AAA AE AAA AAA CHACTAS AU TOMBEAU D'ATALA. INTRODUCTION. En lisant Atala , ce touchant épisode du génie du christianisme , j'ai surtout remarqué l'instant où la Vierge du Désert, prenant pitié de Chactas, lui dit , en le détachant de l'arbre de la mort: Guerrier, vous êtes libre, sauvez-vous ; et cet aulre où, se jetant à ses genoux, elle le supplie de s'éloigner d'elle , et de fuir à jamais une terre avide de son trépas. Le désir de lui conserver la vie, et d'offrir, dans ce bel acte d'humanité , à la Religion qu'elle professe, un hommage digne d’elle , est sans contredit le seul senti- ment qui l'anime. Atala , chrétienne chez un peuple barbare , Atala , témoin de scènes contre lesquelles se révoltaient sa raison et son cœur généreux, soupirait après une contrée que n'aurait point rougi le sang de ses frères , et l'espoir de faire abjurer à Chactas l’idolâtrie qu’elle savait être une barrière insurmontable entire elle et lui, explique et justifie la confiance avec laquelle elle se détermine à le suivre , el à partager son sorl. Chactas, devant la tombe d’Atala, pleurant cette in- fortunée victime de sa tendresse pour sa mère, du vœu qu'elle avait fait sur son cœur palpitant, et de son respect pour Dieu qu'elle craignit d’offenser , parce qu'elle l'ai- mait sincèrement ; Chactas, passant des regrets les plus amers au doux sentiment de la reconnaissance , de celui-ci au désespoir , aux reproches , puis au repentir, et confessant le chris- Ca75) tianisme après la prédiction que je suppose être faite par Atala, et que j'ai cru pouvoir ajouter dans l'intérêt de mon sujel. Tel est, Messieurs, le tableau que je vais exposer à vos yeux. Puissiez-vous ne pas trouver cette copie trop indigne du modèle ! } CHACTAS AU TOMBEAU D'ATALA. ELécis. PurE comme un beau jour, comme la fleur nouvelle, Atala, tu descends dans la nuit éternelle , Et je n'entendrai plus s'élever dans les Cieux Tes plaintes, tes soupirs, tes chants délicieux, Ni l'écho des forêts redire ta prière Au Dieu que tu nomamais le vrai Dieu de la terre; Je ne sentirai plus ton cœur se ranimer Au seul nom de ce Dieu que tu me fis aimer. Ces doux traits qu’enviait la rose près d’éclore, Hélas ! ces traits chéris , la tombe les dévore, Et je pleure à-la-fois , dans ce funeste jour, Tes vertus, tes bienfaits, mes vœux et ton amour! Atala, qu'ai-je dit ? Ma perte était certaine, Mais ta pitié pour moi ne pouvait être vaine ; Ce noble sentiment qu'inspire le malheur Fut ton guide fidèle et mon libérateur ; Par lui seul opposant un courage intrépide Aux barbares desseins d'une horde homicide, Tu parus au désert, et tes doigts délicats, En rompant mes liens, m'ont sauvé du trépas. Au fer de mes bourreaux , à leur rage ceffrénée Que n'abandonnais-tu ma triste destinse ? J'aurais cédé sans plainte à des tourments affreux, Voulais-tu donc me rendre encor plus malheureux ? Cx76) Mais c'est toi que j'accuse , Ô généreuse amie ! Toi qui, bravant la mort pour conserver ma vie , Du ton le plus touchant, me faisais une loi De fuir et pour toujours me-séparer de toi! Tes yeux étaient baignés des pleurs de l'innocence. Que de maux ont, hélas! suivi ma résistance ! Ne saurez-vous jamais, implacables destins, Mesurer le supplice aux forces des humains ? Qu’entends-je ? Est-ce Atala qui soudain se réveille ? Sa voix enchanteresse à frappé mon oreille ; Ah ! j'en ai reconnu le charme, la douceur ! Et quelle autre pourrait suspendre ma douleur ? & Oui c’est-elle ; Chactas, rappelle ton courage ; De ta raison apprends à faire un autre usage. Au-delà du tombeau j'ai vu combler mes vœux, Et je t'attends , Chactas, au séjour des heureux. Au plus saint des devoirs, à tes serments fidèle, Tu serviras le Dieu qu’à tes yeux tout révèle, Pour ses lois épuisant ton sang et ta valeur , Tu rendras éternels ta gloire et ton bonheur. » Atala, quel espoir se répand dans mon ame ! Quelle subite ardeur me pénètre et m’enflamme ! Déjà je suis chrétien, et mes Dieux et ma foi Ne sont plus un obstaole entre le Ciel et moi. Divinité suprème , en toi je me confie, Toi seule peux donner la lumière et la vie; Pour toi, dès ce moment, que ne puis-je expirer, Et, vainqueur de la mort, te voir et t'adorer ! Par M. Vicné, D.-M-P. LE Ca) LE VOYAGE DE LA VIE. ON nous dit, et l'on a raison, Que notre vie est un voyage. J'admets cette comparaison ; Elle est fidèle et fait image. Pour les uns, ce voyage est rempli de douceurs ; Pour d’autres, de soucis, de chagrins , de douleurs ’ , £ ; Tous les êtres vivants sont forcés de le faire ; La nature en a fait une loi nécessaire. La belle Hortense, en son boudoir, Le fou qui rit de tout , le sage qui médite, L’infortuné qui souffre , et l’heureux Sybarite, Tous voyagent sans le savoir, Sans y penser, hélas ! sans le vouloir. A peine nous ouvrons les yeux à la lumière, Le premier pas est fait ; bientôt dans la carrière, Cédant aux dures lois de la nécessité, Nous sommes entrainés avec rapidité ; Bientôt arrive et fuit la brillante jeunesse ; L'âge mûr est suivi de la triste vieillesse ; Puis la décrépitude et le fleuve d'oubli, Et puis... et puis... le voyage est fini. Mais pendant tout le cours de ce pélerinage , Toujours trop court, au gré mème des malheureux, Que d'objets différents s'offrent sur le passage ! Quelle variété ! quel disparate entr'eux ! Aujourd'hui beau, demain affreux ; Tantôt nous traversons des campagnes fertiles, Nous cheminons sur des gazons fleuris, M . + .C 178 ) Nous pénétrons dans de superbes villes ; Des arts et des talents, les chef-d'œuvres utiles Enchantent nos regards surpris. La scène change, et la vue affligée Sur de tristes objets forcément dirigée , N'apperçoit plus que des débris affreux, Des pays dévastés, des sentiers dangereux. L'astre éclatant qui répand la lumière Commence le matin sa brillante carrière, Le Ciel, tout l'Univers , sont remplis de ses feux ; Au soir de ce beau jour, un ouragan affreux Attniste la nature entière. Les vents sont déchainés , l’abime est sous nos pas La foudre gronde | approche, et tombe avec fracas. Voilà, dit-on, la juste allésonie, Le vrai tableau de l'homme et de la vie ; Quelques moments heureux , suivis de grands malheurs, De courts plaisirs et de longues douleurs, Tel est l’ordre éternel, -la volonté suprème Du souverain de l'Univers. La nature parait sous mille aspects divers, Toujours change et varie , et toujours est la même. Encor si les humains savaient se rendre heureux ! S'ils partageaient entr'eux , les plaisirs et les peines ; S'ils se tenaient unis par d’agréables chaînes ; S'ils se prètaient des secours généreux , On verrait l'âge d’or parmi nous reparaître, Et les hommes parfaits autant qu’ils peuveut l'être. Mais, hélas ! qu'ils sont loin d’un si rare bonheur ! En proie aux passions qui dégradent leur ètre, Ils font eux-mêmes leur malheur. Créés pour vivre ensemble , ils sunt toujours en guerre ; La guerre et les combats ont seuls droit de leur plaire. …. Cx79) Chez des hommes comme eux, innocents, inconnus , & RENE dre. Qu'ils ne verront jamais, et qu'ils n’ont jamais vus, Ils portent la douleur, le deuil et le ravage. C’en est trop. Eloignons , s'il se peut, de nos yeux Ces tableaux affligeants des humaines misères, Sur les égarements de nos coupables frères - Jetons un voile officieux. Pardonnons , oublions, pratiquons la clémence ; L'être le plus parfait a besoin d'indulgence. Pour l'honneur de la vérité, Pour l'honneur de l'humanité, Pour rendre à nos esprits un calme salutaire , Croyons qu'il est encore des vertus sur la terre. Croyons qu'il est des êtres généreux Qui mettent leur bonheur à faire des heureux : De grands consolateurs, des cœurs purs et sensibles , Au cri de la douleur, en tout temps accessibles. C'est-là, c’est auprès d'eux qu'il faut se réunir ; Cest-là qu'on peut encore espérer de jouir De ce calme des sens , de ce repos de l'âme , De la pure amitié, de sa céleste flamme. C'est là que, revenu de nos folles erreurs, Des plaisirs mensongers, des préjugés trompeurs , On peut s'abandonner à la douce espérance Que les bienfaits un jour auront leur récompense, C'est là que, sans remords, sans troubles , sans regrets, Implorant du ‘Très-Haut la clémence infinie ; #Le sage voit finir, dans une heureuse pax , Le court voyage de la vie. Par M. D'Onnay, doyen des Académiciens, âgé de 92 ans, M 2 (180 ) L'ÉCUREUIL FABLE. Un gentil écureuil, innocent animal , Comme il allait un jour , parmi les dons de Flore, Buvant les larmes de l’aurore , Fat pris et transporté loin de son bois natal , Chez certain procureur. Un procureur pour maître , Pour précepteur son clerc, son chat pour commensal !.. En plus mauvaise école il ne pouvait paraître. Entouré de fripons , il essaya de l’être. Un jour , pour débuter, le drôle à son patron Veut escamoter un marron Qu'une écorce épineuse enveloppait encore. Il le couve des yeux, des yeux il le dévore : Mais à peine il y touche, un maudit aiguillon, Ensanglante, désole et punit le larron. — Funeste fruit, dit-il, serais-tu donc semblable Au remords qui déchire et poursuit le coupable ? Cette réflexion fit plus, en un clin-d'æil, Que n'aurait jamais fait la plus verte semonce : Aux exemples du chat aussitôt il renonce, Et garde, pour son bien , les mœurs de l'Ecureuil. Par M. Le FiLLEUL DES GUERROTS. ( 181 } LE BOEUF. FABLE. Que l'homme est bon! disait en ruminant JL Au milieu d’un riant herbage Le plus calme des bœufs , à son gré se couchant, Broutant , marchant, se reposant , Et comme on voit aussi réfléchissant , Eu un mot vivant comme un sage ; Que l’homme est bon ! il m'amène à grands frais De ces arides bords qu’arrose la Mayenne ; Là, maigre, sec, je végétais Dans les travaux et dans la peine, Parmi la ronce et les genèts ; Grâce à lui, me voilà dans la verte prairie Que l'Orne arrose de ses flots ! C'est-là qu’au sein d’un doux repos J'engraisse en savourant l'herbe tendre et fleurie ! Que l’homme est bon ! j'en ai l'ame attendrie! Comme il s’attendrissait on s’en vient le chercher Avec ses compagnons ; allons il faut marcher : Où ? Vraiment vers la capitale ! Bon ! se dit notre ambitieux, Je serai le Bœuf gras. j'éblouirai les yeux Dans cette marche tricmphale !.. Ainsi cheminant vers Paris, Il rêve des honneurs , des couronnes , des pnix! Cette touchante réverie Ne finit qu'à la boucherie. Surpris par l’assommoir , il crie en expirant : Ab ! mon Dieu que l'homme est méchant ! M 3 ( 182 ) Comme ce bœuf , notre crédule espèce S'abandonne aisément à la main qui caresse ; Dans des services apparents Les hommes sont trop confhants ; Loin de moi les ingrats, j'en maudirais l’engeance. Sachons pourtant si le bienfait Wien du cœur ou de l'intérêt ; La prudence , le temps , un peu d'expérience Sont bons à consulter mème en reconnaissance. Par M. Gurrmeurs. AAA AA LES ANESSES. FABLE. Au point du jour quittant Gonesses , Et trottant à travers les bois , Un modeste troupeau d'änesses Allait vers la ville des Roïs ; Elles marchaient devant leurs guides , Sans bâts, sans colliers et sans brides , Avec tant de docilité, De douceur et d'humilite , Que j'en eus , sans plaisanterie , L'ame vraimenttoute attenêrie. Aux barnères le pelotôn Arrive , et d’uniair fronique : « Où vont ces dames ? leur dit-on , » Donner des leçons de musique ? » Vous devinez que’ce propos Met en goguette fous les sots , . « Voyez la belle compagnie, » Dit un barbet , et quel air de génie ! ( 183 ) » — Est-ce pour l'opéra? s’écriait un canard, »— Non, répond un dindon, c’est pour le boulevard. » Le cirque Frauconi dès long-temps les réclame » Pour son plus prochain mélodrame. » Un rire universel éclate en ce moment. Nos änesses , paisiblement , Sans s’effaroucher du scandale, Sans y répondre seulement , Avancent dans la capitale, Marchent vers le quartier d’Antin, Puis dans Le faubourg Saint-Germain : Des hôtels renommés par leur magnicence , Elégants , vastes, somptueux, S'ouvrent à leur aspect ; avec impatience Partout on attend leur présence, Tout s'empresse , tout prend un air affectueux ; Des tasses d’or s’approchent d'elles, De blanches mains vont presser leurs mamelles , Pour le vieillard , pour la vierge, l'enfant, On recueille ce lait si pur, si bienfaisant ! C’est une sœur qui le porte à son frère, C'est Emma livrée aux douleurs, Qui, les yeux humides de pleurs, En invoquant le Ciel le présente à sa mère! Et dites-moi pendant ce temps, Ce que devenaient nos plaisants ? Rejetés par la valetaille, Les grilles se ferment sur eux , Avec cet ordre gracieux : Empèchez d’entrer la canaille ! À travers les barreaux ils virent les objets De leurs mépris | de leurs impertinences , Fétés dans de bnllants palais, Aller de pair avec des excellences ! Alors tout change de propos : M + C184) « Mon Dieu, les jolis animaux! « Quel air fin, quels charmants visages, » Qu'ils sont bien faits, qu'ils sont beaux, qu’ils sont sages ! » Et c’est ainsi qu’au milieu des bravos , Ils furent , comme des héros , Escortés jusqu’en leurs villages. On dit chez nous ces exemples fréquents, On dit, mais ce sont des méchants, Que tel homme modeste, en passant dans la rue Est regardé d’un œil impertinent , Que jusqu’à terre l’on salue S'il est bien reçu chez un grand. Par le même. A LA DOULEUR. ÉLÉc1z. Des malheureux humains compagne trop fidéle , O douleur ! tu m'appris peut-être à trop oser. Le sage sait qu'il doit subir ta loi cruelle, Et s'y soumet sans t'accuser. Ah ! quels que soient enfin ses murmures, ses plaintes ; Tant d'efforts contre toi, tant de cris superflus , L'homme , hélas ! trop souvent ne doit qu'à tes atteintes Et ses talents et ses vertus. Si son cœur, qui du monde ignore l’inconstance , Dans ce frivole essaim distingue l'amitié , C’est quand ton poids l’accable , et que de sa souffrance , Elle réclame la moitié. Si son esprit s’égare, et s'il devient coupable ; ( 185 ) S'il croit fuir le remords sur l'aile du bonheur, Dans son cœur étonné ta rigueur secourable Vient enfuncer le trait vengeur. C’est dans l'adversité qu'il connaît sa faiblesse ; Elle abaisse ses vœux, elle épure son cœur : C’est dans l'adversité qu'il puise la sagesse, Et la sagesse est le bonheur. Telle une onde insensée , avec un vain murmure, Traverse des rochers les sombres profondeurs ; Puis dans un frais vallon et plus humble et plus pure Se promène enfin sur des fleurs. Ce grand, si fier, gémit , il cède à ta puissance : Par toi tous sont égaux... il l'avait oublié. En souffrant , il apprend à plaindre la souffrance : C'est à toi qu'il doit la pitié. Ton aspect redouté qui fait palir le crime, À: l'homme vertueux révèle sa grandeur. Tu latteins sans l'abattre, et mesurant l’abime, Il est plus fort que son malheur. Le plus noble talent, à l’éclat de la gloire, Peut d'un bonheur obscur préférer les douceurs. Tombé dans l'infortune , aux filles de mémoire Il aime à confer ses pleurs. C'est ton égarement dans l'horreur des ténèbres Qui d'Young éperdu guide les pas errants , Et ta voix avec lui sous des voûtes funèbres , Entraîne nos cœurs frémissants. Qu*il a gémi long-temps celui qui sait te peindre ! Dans ton sein si profond , qu'il s'est long-temps perdu! Ah ! malheur à qui veut t’imiter ou te feindre ; Il parle et n’est point entendu. Vainement dans ses vers il croit que tu soupires ; ( 186) Tes accents n’y sont pas, et nous les oublirons ; Mais le bonheur a fui : tu l’atteins, tu l’inspires , Il est sublime, et nous pleurons. Comme toi le génle est enfant des orages ; Sur la scène à sa voix ta voix vient retentir. C’est toi qu’il va chercher sur l'océan des âges , Pour te porter dans l'avenir. A t'immortaliser son vol semble se plaire. Mère des grands travaux et des lougs souvenirs, Tu renais à sa flamme , et des pleurs de la terre, Il sait nous faire des plaisirs. Dis-nous par quels attraits , par quels funestes charmes , L'homme qui, sans regret, dissipe le plaisir, Aime à nourrir sa peine, aime à verser des larmes ; Est-il donc fait pour te chénir ? Mais si tu lui ravis l’objet de sa tendresse , Si dans son cœur toujours l'amitié doit gémir, Ah ! qu'importent les arts, les talents , la sagesse ; I n'a plus , helas ! qu'à mourir. Par Madame Victoire BABO1s, 6 M: 8 D ed DES MATIÈRES. D 1scours d’Ouverture ; par M. Marquis, Vice-Président, page = SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Vitalis, Secrétaire perpétuel , 6 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Eléments de Calcul différentiel etintégral; par M. Boucharlat, et rapport par M. Meaume, 6 Tableau d'addition et de multiplication, etc. ; par M. Saint- Leger, 8 Discours de Réception de M. Destigny , 8. — Réponse de M. le President , 12 Ouvrage sur le Port de Cherbourg , par M. Cachin ; et rap- port de M. Mallet, 15 Rapport fait à la Sucièté d'Agriculture et de Commerce de Caen, par M. Urbain Le François, sur une question relative au Port de la même Ville, ibid. HiSTOIRE NATURELLE. Rapports faits aux Académies royales des Sciences et des Beaux-Arts, sur un ouvrase intitulé : Histoire générale et particulière des mollusques terrestres et fluviatiles , elc. , 7 ( 188 ) Notice sur un minerai appellé fer sulfuré, lamellulaire et irisé, par M. Geoffroy , Avocat à Valugnes; et rapport par M. Vitalis, 17 Discours prononcé par M. Marquis , à l'ouverture de son cours de botanique , 18 Esquisse du règne végétal, par M. Marquis; et rapport de M. Levieux, ibid. Cnimi£. — ARTS INDUSTRIELS. Mémoire sur l’encollage des étoffes ou torleries, 22 Rapport par M. Pavie, sur des échantillons de coutil tout coton et de coutil tout fil, de la fabrique de M. Colombel ? à Claville, près Evreux , na Mémoire de M. Vitalis, sur un sable noir apporté de l'Ile à Vaches, près Saint-Domingue ; par M. Sement, . 23 Examen des propriétés physiques et chimiques de quelques pierres annoncées comme diamants du Brésil, el reconnues pour n’étre que des topazes incolores du Brésil; par M. V'ialis, 24 MÉDEcINE. Description d'un bdellomètre , inventé par le docteur Sar- landière ; et rapport de M. Flaubert, 29 Seigle ergoté annoncé par M. Desgranges, D. M. à Lyon, comme ayant la propriété de faciliter l'accouchement , ibid. Observation sur une aliénation mentale, gucrie par une ma- ladie aiguë ; par M. Blanche, ibid. Exposé fidèle de petites véroles survenues après la vaccination , par M. Gastelier ; et rapport par M. Leprevost, D. M., 30 Précis des travaux de l’Académie de Besançon , et compte rendu par M. Godefroy, d'un Discours concernant la Médecine, par M. Biot , de 3x Tableau géographique des principales irruptions de la fièvre jaune ; par M. Moreau de Jonnès, 32 Cr89) Essaï sur Les causes de la couleur verte que prennent les huîtres dans des parcs à certaines époques de l’année ; par M. Gaillon , naturaliste, à Dieppe , 32 Bulletin des Sciences médicales du Département de l'Eure , et compte rendu par M. Gosseaume , 33 Dissertation sur l'hystérie, par M. Dufilhol ; et rapport par M. Vigné, ibid. Essai sur l'influence de la pesanteur sur quelques phenomènes de la vie ; par M. Xsidore Bourdon , étudiant en méde- cine , 34 Mémoire sur le vomissement; par le méme, ibid. Recherches historiques el médicales sur l'opium, par D. Chopin ; et rapport par M. Marquis, ibid. Essai sur les abcès froids idiopathiques et sur leur traitement, par M. Bailleul ; et rapport par M. Blanche, 35 Observations sur les propriélés médicinales de l'oxigène, dans le traitement des affections syphillitiques, dartreuses ct scorbutiques ; par M. Auguste Denis, D. ML. à Argentan, 37 Discours de réception de M. Hellis, D. M., 37. — Réponse de M. le Président , 40 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Mémoire concernant l'importation en France des chèvres à duvet de Cachemire ; par M. Tessier; et rapport par M. Le Preyost, vétérinaire , 42 Annales de l'Agriculture française, 44 et 50 Abrège de Médecine vétérinaire pratique, par M. Volpi; et comple rendu par M. Le Prevost, vétérinaire , 44 Observation sur un corps étranger avalé par une vache , et qui est sorti entre deux côtes ; par M. Le Prevost fils, 46 (19 ) AGRICULTURE ET ÉCONOMIE RURALE. Mémoire sur la graisse des vins , ete. » par M. Herpin , membre de la Sucièté littéraire de Metz ; et rapport per M. Dubuc, 46 Des fosses propres à la conservation des grains et de la ma- nière de les construire, etc. , par M. le comte de Lasteyrie , envoyé par le Ministre de l'intérieur ; et rapport par M. Dubuc, QT: Programme d'un prix proposé par la Société royale et cen- trale d'Agriculture , sur la culture du pavot, ou œillet, ou olieite, bo Bulletin de la Société d "Agriculture, des Arts et de Commerce des Pyrénées-Orientales , .. ibid. Recueil agronomique de lu Svciété des Sriences, Agriculture et Belles-Lettres du département de Tarn-et-Garonne , ibid. Mémorial d'Agriculture et d'Industrie du département de la Seine-Inférieure ; et rapport par M. Meaume, 5x Séance publique de la Société d'Agriculture du méme dé- partement , | ibid, Discours prononce à l'ouverture de la séance publique de la méme Sociélé ,; par M. Lézurier de la Martel , vice Président de la Socreté , ibid. Rapport sur des pommes de terre cultivées en 1819, fait dans une séance de la Societé d'Agriculture et des Arts du dé- partement de Seine-et-Oise , 1bid. Rapport sur les expositions publiques des produits des Arts du Calvados, communiqués par M. Lair , 52 Mémoires de la Société d'Agriculture de Lyon ; et rapport par M. Aus. Le Prévost, ibid. ——— publiés par la Société d'Agriculture et des Arts du département de Scine-et-Oise ; et rapport par A1. Aus, Le Prévost, 57 C:91) Coxcours. Rapport sur les Mémoires envoyés au concours ; ouvert par la classe des Sciences ; par M. Meaume , Gx Prix proposé pour 1821 , 63 Mémoires dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. Mémoire sur l'encollage des étoffes ou toileries au moyen de diverses espèces de parements; par M. Dubuc l'aîné, 65 sur une nouvelle mine de chrôme, trouvée depuis peu dans une {le voisine de St-Domingue ; par M. Vitalis, 80 Essai sur les causes de la couleur verte que prennent les huîtres dans des parcs à certaines époques de l’année ; par M. Gaillon, de Dieppe, 90 Observation sur une vache qui @ avale un corps étranger , qui est sorti entre deux côtes } par M. Le Prévost, vétéri- naire , 97 Rapport sur les Mémoires envoyés au concours pour les prix proposes par la classe des Sciences, 100 BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fait par M. N. Bignon , Secrétaire perpétuel, 130 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. Discours d'ouverture des séances de l’Académie ; par DM. Malouet, 131 Le festin d’Hérode , dessin d'un bas-relief d’un portail latéral de la cathédrale, dessiné par M. Langlois, ibid. La mauvaise nuit; par un auleur anonyme , ibid. Analyse de divers articles rédigés par M. Nicole dans la Biographie universelle ; par M. Lezurier de la Martel, 152 C:92 ) Compte rendu par MM. Licquet et Adam des travaux de la Société d'Emulation de Rouen et HA Académies de Bor- deaux , Besançon , etc. , 132 Compte rendu par M. Duputel des recueils de l Académie des jeux floraux , ibid. Mémoire sur la recherche des antiquités de la Normandie ; par M. le vicomte Toustain de Richebourg, ibid. Esprit de Corneille, par M. le comte François de Neufchä- teau ; et rapport par M. Licquet, ibid. Epitre de M. Vigée à M. Robert Lefebvre = 133 La mort de Caton d'Utique ; par M. Boucharlat, ibid. Sommaire d'’uu cours de philosophie ; par M. l'abbé de la Rivière , ibid. Eloge de S. A. R. Monseigneur le duc de Berry ; par M. Alissan de Chazet ; et rapport par M. Licquet, ibid. Nomination de Monseigneur de Bernis , archevéque de Rouen , membre de l’Académie , 134. Discours de réception de M. Fontanier , el réponse de M. Marquis, ibid. Discours de réception de M. Lepitre , et réponse de M. le baron Malouet , 135 Discours de réception de M. le comte de Rivaud la Paffinière , et réponse de M. Marquis , 136 Traduction d'un fragment du poëme anglais d’ Armstrong ; par M. Marquis, ibid. Notices sur Jean Jouvenet, Luc Jordaens, Lebrun et Mignard ; par M. Lecarpentier , ibid. Seconde édition de l’Itinéraire de Rouen ; par le même, 137 Prospectus de la galerie des peintres célèbres ; par le méme , ibid. Histoire de la guerre de l'indépendance des Etats-Unis d'Amé- mérique , par D. Bolt ; et rapport par M. Auguste Le Prévost , ibid. Etude (193) Etudes de la langue française sur Racine ; par M. Fontanier ;, el rapport par AL. Brière, 137 Commentaire raisonné des Tropes de Dumarsais , par M. Fon- tanier ; et rapport par M. Brière , ibid. Le songe du jeune Corneille, par M. Lepitre ; et rapport par M. Brière , ibid. Dictionnaire des rues et places de Rouen ; par M. Periaux ; et rapport par M. Auguste Le Prévost, 138 Manuscrit du 5° et dernier volume des anciens mémoires de L'Académie ; par M. Grosseaume , ibid. Essai de métaphysique ; par M. Fontanier ; ibid. Recherches etymologiques sur quelques localités voisines de Rouen ; par M. Gosseaume , 139 Traduction du pseaume 83, par le méme ;, ibid. Histoire de Conradin , tirée de Sismonde-Sismondi ; par M. Lezurier de la Martel , 140 Dissertation sur la nature et la veritable signification du verbe , etc., par M. N. Bignon, ibid. Rapport de M. Brière sur un cours abrége de littérature ; par M. Lepitre , 14 Les chevaliers de Rhodes , tragédie ; par M. Licquet, ibid. Fables ; par MM. Leflleul des Guerrots et Guttinguer, 14: Elégie ; par Madame Victoire Babois , 1/2 Notice sur M. Cabissol , ibid. CONCOURS. Sommaire du jugement de la commission sur les trois pièces de vers envoyées au concours , 144. Extrail du poëme envoyé au concours par M. Lemonnier fils, mentionné honorablement , 142 N ( 194 ) Analyses succincies de quelques-uns des Mémoires men- tionnés dans le Rapport fait à la séance publique. Les avantages de la science et du talent ; par M. Fontanier , 147 Rapport de M. Auguste Le Prévost sur le Dictionnaire des Rues et Places de Rouen , 149 Essai de métaphysique , ou étude de la pensée; par M. Fon- tanier , 150 Sur la nature et la véritable signification du verbe dans les pro- positions grammaticale et logique ; par M. Bignon, 151 Prix proposé pour 1821, 152 Prix extraordinaire pour 1821 , 153 Ouvrages dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. Discours pour la rentrée du 19 novembre 1819 ; par DT. le baron Malouet , Président , 154 Essai de traduction du psaume 83 ; par M. Gosseaume, 156 Considerations sur le charme et l'utilité attachée à l'étude de l'histoire ; par M. Auguste Le Prévost, 167 Chactas au tombeau d'Atala ; par M. Vigné. Introduction, 174. — Elegie, 179 Le Voyage de la Vie; par M. d'Ornay, 177 L'Écureuil , fab ; par M. Le Filleul des Guerrots, 180 Le Bœuf, fable ; par M. Guttinguer , 18x Les Anesses , fable ; par le méme, 182 La Douleur , é/égie ; par Madame Victoire Babois, 184 FIN DE LA TABLE, ERRAT A. Pages. Lignes. 22 23 Au lieu de en toileries, lisez ou toileries. Ibid. 28 —— coton tout fil, Zisez coutil tout fil. 32 28 ———— couleur verte dont se chargent les huitres , lisez couleur verte que prennent, etc. 141 350 ———— dos, lisez des. JE pi aa pi j PASS Eat X gags 4 Là PUR A Vus: : rer ur: in Mie . D ] ' WT ï n OUT . A7 i è LU x » 144 nn BA ph aug a an | re Hey Mtitqnr ; EE M NE ve an rl, x 4 (ns fi ! LE % pr cd 2 ED ob dns MER à See eq Rent ne R Las inscbesux 2 cr Hip Fe LP Elie ; { ve Ve - ra à és. | Es Nage En VS A Ori, (ol SEAL a te nt | Lot-Mqfy, fole Jo BA CORAN hu: dre à 4 ù > RAI PA ,. ! PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1821. 2 MSI ap: Del jéb Dh) fi Fu FE M'A UNE EAU ET ENENTEe es "À ans, x En cAAPAAIDe M ! | Y. dy ; LA SA À ee i #5) à Le ”. PAL rond | \ 21 ù AR L + | ax k , DE “4 \ 7: Ua & sed se PL à t b - es : ” 0 La MEL 168x ue rhagrs te 4 : das :: [TE LA L | + FU: h 24 E LE) ! à é fe L TR RE 3 TARA Er OC rs k "4 £ NT AY fo À ë Vi La . «À ti $ vé AS SV RE it AE d # VS "a Re 5 0 Mere ORNE Pn LE ir EN bu v _ | Ù Vin TE L : * def : * . L: 16 CT =. « { ; ‘ +. L / APT . , F M! æ “ nue Æ 4 ai $ ONE ." . ‘ À À \ é u \ RATE : : . « ÿ Du 4 Le PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE ; CAR L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1821, À ROUEN, DE L'IMPRIMERIE DE P. PERIAUX PÈRE à IMPRIMEUR DU ROI ET DE L'ACADÉMIE. 52527 1822. FE, Se M TE te | norte DU AT PT 7 A Se OR HA TOR MX ; 42 agées | MIT or t ee “ emgoon ad 21 + ss PIN ET RATE ET 1 NME as fa soit Le JA RE À Canon 4 NES ‘ i ’ 1 * : , l Le € : 19 { . res. à { L { L à pt | Fr à ; L C4 \ 0 Le , PU a" ü MAN MEL. # # Ps » eg PT TIR TR OR ; 12) { Ryd "E, SAN " R LOST SA el « ; «4 ' ñ EeA' Dr | ' T4 p 4 L : pr! + Mn. 4x7 + r : . LA n } Ë 2 De k ; 1 + dl. , : VE LE 1 & : 1 PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES=-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1821, D'après le comple qui en a élé rendu par MM. les Secrétaires, à la Séance publique du Vendredi 10 Aout de la méme annee. DISCOURS Prononce à l'ouverture de la Séanre publique du 10 Août 1821, par M. Marquis, D. M. P. professeur de botanique au jardin des plantes de Rouen, Président de l'Academie. M ESSIEURS , Avec quelle fécondité inépuisable, quelle admirable variété, la nature a pourvu aux besoins , aux plaisirs de l'homme ! À tant de biens qu'elle lui prodigue d’elle- même , son génie a su Joindre une autre source de jouis= sances d’un ordre plus élevé : les Arts.  (2) En imitant la nature, l’art a osé rivaliser avec elle. ‘Choisissant ce qu’elle offre à nos yeux de plus parfait, rapprochant, combinant dans ses imitations les beautés éparses dans le monde sur des individus différens, il se forme l’idée d'une beauté supérieure à toutes celles que nous observons ," il crée le beau idéal; et ses tableaux, surpassant le modèle, sans lequel pourtant il ne peut rien, portent à notre ame des sensations épurées, plus douces, plus satisfaisantes que la réalité même. Mais ce n’est pasau sein d’une assemblée de savans, de littérateurs, d'artistes qui viennent aujourd'hui rendre compte à leurs concitoyens de leurs efforts pour entretenir , pour prôpager le goût des études utiles ou agréables de tout genre; ce n’est pas au milieu d'hommes dont les uns ont consacré leur vie à la culture des arts, dont les autrés y trouvent le délassement de fonctions importantes, que j'ai besoin de rappeler tout le charme qu'ils répandent sur lexis- tence. Ne la daublent-ils. pas en quelque sorte, en nous transportant dans un monde enchanté, composé de l'élite de tous les objets du monde réel, rassemblés sous les formes et dans l’ordre le plus propre à multiplier, à exalter nos plaisirs ? Dubesoin de sentir, étendu par la civilisation, naissent lesarts. Porter à notre ame desimpressians vives et choisies, voilà leur but ; imiter la nature, voilà leur moyen commun. Leurs principes généraux sont donc nécessairement les mêmes. | Mais pour imiter la nature, chaque art emploie des moyens matériels différens ; la poésie, le langage me- suré ; la musique, les sons; la peinture, les couleurs: et c’est de cette différence que découlent les principes par- ticuliers de chacun. La plupart cependant me li sont pas si particuliers que Papplication de tel de ces principes à un art, parmi les règles duquel ne figure pas d’une manière spéciale, ne soit souvent le meilleur moyen de fixer quelque point indécis de sa théorie. (3) Dans les arts dont le langage est linstrument, comme la poésie, l'éloquence, le génie s'élève quelque- fois de son premier vol jusqu'au plus haut point qu'il puisse atteindre, et l’art naissant se montre à-peu- près aussi voisin de la perfection, que lorsque de longs travaux en auront fixé les règles. [l n’en est pas de même des arts qui, tels que la peinture, la sculpture, se pro- posent une imitation plus directe, plus matérielle, et qui demandent une pratique longue et difficile, Dans ceux-ci les premiers essais sont toujours grossiers, informes , et ce n’est qu'après plusieurs siècles d'efforts continus qu'ils pro- duisent enfin des ouvrages aussi parfaits que le permettent les limites du génie de l’homme. Dans les uns comme dans les autres l'exécution précède la théorie , et les principes ue sont fixés que long-temps après que les chef-d'œuvres ont excité l'admiration. Mais si les arts du dessin, quimettent sous nos yeux l'imi- tation matérielle des objets, ne se perfectionnent qu'après ceux qui en rappellent seulement les idées à notre imagi- nation ; une fois perfectionnés, leur étude peut, sur une foule de points, porter la lumière dans les autres. S'exerçant sur des objets plus sensibles, s'adressant directement aux sens, leur portant des impressions moins vagues, moins passagères, leurs principes sont aussi plus évidens , plus fixes, et les résultats en sont plus faciles à juger. L'imitation pittoresque étant la plus directe, la plus complète, peut être considérée comme la source, comme la base de toutes les règles: de l'art d'imiter. En créant dans sa poélique la théorie générale de arts, Aristote à parfaitement fait sentir l’intime liaison de tous entre eux. Horaçe nous la rappelle également : UE pictura poësis(x) ; (Gi). De Arte poët., v. 360.— Ce n'est cependant pas tout=à-fait dans le sens générel où on Le rrend ordinairement qu'Horage dit ce mot. s q C4) Permettez-moi, Messieurs, de vous offrir quelques réflexions sur ce mot, si souvent, mais pour l'ordinaire trop vaguement cité, du poète philosophe ; d'esquisser rapidement l’application à la poésie des principales règles de la peinture (r). à 0) C'est surtout quant aux lois générales de Ja compo- sition que la peinture et la poésie se confondent. Pour que leurs productions aient tout leflet desiré, l'unité doit également s’y trouver dans la variété. Des contrastes bien entendus doivent en faire valoir réciproquement les diverses parties, en même temps que le lien de la conve- nance Îles enchaîne pour en former un tout intéressant, un ensemble harmonieux. Ainsi que la peinture, Ja poésie a son dessin, son clair-obscur , son coloris. Dans le dessin poélique comme dans le dessin pittoresque, ce n’est que sous des traits choisis, en éloïgnant avec soin tout ce qui pourraiten rapetisser l’idée, que les objets doivent être offerts. À quel ami des arts les tableaux de Virgile n’ont-ils pas souvent rappelé le grand style et la pureté de dessin de l’Apollon antique, ou du Laocoon dont lui-même paraît avoir inspiré le sujet au sculpteur Agésander ? Ce mélange heureux de lidéal et du naturel, cette grâce noble et touchante qui caractérisent le dessin de Raphaël, ne se retrouvent-ils pas de même dans la poésie du Tasse et dans celle de Racine ? L’affectation de la vigueur , lexagération des expressions sont au contraire des défauts de dessin qui frappent dans le poëme de Lucain, comme dans les tableaux de Rubens. QG) Dubos, Sulzer, Lessing, etc., paraissent en général s'être plus attachés à éclairer la peinture par la poésie que cette dernière par l’autre, ou C5) Par quel rare assemblage de qualités opposées, au dessia savant et vigoureux de Michel-Ange, Milton a-t-il sù joindre quelquefois les graces de l'Albane et du Corrège ? Le peintre qui nous effrayait de la gigantesque fierté du prince des anges rébelles, de l'immense et ténébreuse horreur de l’abîme, est-il bien le même qui nous transporté au milieu des délices d'Eden, qui déploye à nos yeux tous les charmes de Ja nature vierge et dans la fleur de sa première jeunesse, qui pénètre nos cœurs de la pure et naïve douceur des premières amours de l'homme en- core innocent , et qui ne nous intéresse que plus vivement par la certitude qu'il va bientôt , hélas ! cesser de l'être ? Les tropes , les figures , les idées particulières dont elle revêt chaque idée principale, les formes qui varient, qui animent la poésie ; voilà ses couleurs. Les parties soignées , brillantes de détails ressentis , sur lesquels l'attention est attirée; voilà ses lumières : les parties sacrifiées, indécises, que l'art exige également pour faire ressortir les premières ; voilà ses ombres. C’est de leur opposition habilement ménagée que résulte sur- tout l'effet, partie de l’art assez souvent négligée du poëte, et dont c'est dans les ouvrages des peintres qu'il apprendra l'heureux artifice. Ïls savent qu'un soin trop égal donné à toutes les par- ties, qu'un fini trop uniforme, rend moins vive l'impres- sion produite par les beautés d’un ouvrage. L’inégalité même de notre grand Corneille ne contribue-t-elle pes ainsi à l'effet des traits sublimes dont il étincelle ? Il me semble y voir, mais avec un dessin plus noble, une cou- leur plus vraie, ces vives lumières contrastées par de larges et fortes ombres qui font lamagie des tableaux du Caravage. Qui oserait appeler défaut la perfection continue du style de Racine ? Il est probable cependant que ses plus beaux traits frapperaient davantage s’il était moins unifor- mément beau. (6) \ Chaque partie d’un poëme doit avoir l'étendue relative, le dégré de fini qui convient pour l'effet du tout ; comme ‘chaque objet d'un tableau, là grandeur et le ton de couleur qu'exige sa proximité ou son éloignement de l'œil du spec- tateur. C’est ainsi que la poésie aussi à sa perspective. Dans un poëme encore comme dans un tableau , ou- tre la couleur propre et lorcle de chaque partie, doit s’observer un ton généra/, dont participent tous les tons particuliers; c’est le principe de l'harmonie. Aünsi dans l'épopée un trait gracieux, ou même léger, tiendra du ton soutenu qui caractérise le plus noble genre. La rai- son elle-même, au contraire, en se montrant dans un poëme comique aura soin de ressembler au badinage. C’est encore des peintres que le poète apprendra toute importance de la convenance du fond du tableau avec le sujet, de la scène avec l'action ; règle qu'il convient surtout de rappeler aux poèles dramatiques. Sur les théâtres de l'antiquité, c'était ordinairement sur une place publique, au milieu d’un peuple nom- breux formant le chœur, et qui ne quitiait jamais la scève, que se faisaient les aveux les plus délicats , quese confiaient les secrets les plus importans , que se tramaient les complots, qu'étaient résolus les crimes tes plus noirs. Il est impossible , maloré notre admi- raon pour les chefs-d’œuvre de Sophocles et d Euri- pide, de ne pas voir dans cet usage un vice essentiel de leurs sytème dramatique. Des traces de ce défaut ne sont pas rares sur notre théâtre même, et rendent faible, incomplet, l'effet de plus d’une scène d’ailleurs admirable. 4 Combien cependant le choix du lieu, du moment , des circonstances de tout genre qui composent ce qu'on peut appeler le fonds du tableau dramatique , n’ajoulent-ils pas à la force de l'impression qu’il produit ! (2) Veut-il nous intéresser vivement à l'infortune d'un viéux roi, chassé par des enfâns ingrats auxquels il a par- tagé ses élats ; le peintre ne manquera pas de nous lé montrer seul, abandonné dans un lieu sauvage, au milie& des ténèbres d'une nuit oôrâgeuse, exposé sans secours au tumulte des clémens déchaînés contre lui. C'est de cette manière aussi que lPEschyle anglais noùs représente le malheureux roi Lear , s’écriant au milieu du fracas de la tempête, dans l'excès d’une douleur qui tient déjà du délire où bientôt il va tomber: « Vents épuisez sur moi votre rage ; nuages , inondez-moi de vos torrens; foudre, frappe-moi de tes éclats! Puisse la nature entière $ anéantir avec la race ingrate des hommes !... Elémens furieux ! ma tête blanchie n'a point de droits à votre respect. Accablez un vieillard objet du mépris. Vous ne me devez rien. Je ne vous ai point donné de royaumes. Vous n'êtes pas mes files! » (1) $ IE. Mais s'il importe au poète de se bien pénétrer dés rap- ports de son art avéc la peinture, il né doit pas non plus en perdre de vue Les différences. La peinture ne peut offrir aux yeux qu'une seule action, ct dans un seul moment; mais elle en présente à-la-fois toutes les circonstances ; elle peut saisir une foule de détails que la poésie est obligée d’écarter. Celle-ci ne présentant que successivement à l'esprit ee que Pautre offre simultanément aux yeux, doit sé borner à tracer les traits principaux d’un sujet. C’est l'imagination de l'auditeur qui achève le tableau. I} suffit au poète de la mettre sur Là voie, de là frapper par quelques touches essentielles et vivement portées. Le tableau le plus parfait da poète n’est à l'égard de celui du peintre qu'une sorle d’esquisse. Le vague qui y (1) Shakspeare , King Lear, act. LIL. sc. 2. (8) reste, qui doit toujours y rester, dévient même un des charmes de la poésie. C’est à cause de ce vague qu’elle occupe plus activement, plus agréablement l'esprit que les auiresaris, Eu laissait toujonrs un champ plus où moins étendu à l'inogination du lecteur, elle lui procure le plaisir de contribuer en quelque sorte lui-même au per- fectionnement de Pimage qu'il admire. 1! n’a point cette jouissance en contemplant une peinture où l’artiste à tout mis sous ses yeux et ne Jui laisse rien à faire. C’est par la même raison que les dessins les moins iermines des grands maîtres sont ordinairement ceux que | amateur recherche, contemple avec le plus d'intérêt. Les finir est pour son esprit un agréable exercice. Le poèle qui veut tout peindre , tout exprimer, man- que sen but en privant le lecteur de cette satisfaction ; il le manque encore, parce que ne pouvant présenter les détails dont il surcharge ses compositions que successi- vemenl, plus il les multiplie, plus Pimpression qu'il pro- duit manque de shuulianéité, d'unité. Ovide tombe sou- vent dans ce défaut bien plus choquant encore dans le Ma- rini, celui des modernes peut-être qui lui a Je plus ressem- blé. L'Arioste lui-méme , si habile peintre en général, m'en est as exempt. Îl semble, dans son célèbre portrait d'Aicine (1), s'être prescrit à lui-même de n’omettre aucun des traiis qui penvent contribuer à la beauté. Il la décrit méthodiquement et avec le soin le plus scrupuleux de la tête aux pieds. Mais ce portrait, malgré quelques détails heureux, est réellement frappé de froideur et man- que d'effet. L'esprit ne peut lier tant de traits épars, offerts l'un après l'aire, ei en former un tout distinct, harmonique. a vu successivement chaque beauté d'Al cine, il na point vu Alcme elle-même. Combien l’infortuné chantre de Solyme a mieux connu (1) Orlando farioso, cant. VIL., stanz. JL. , ete. | (9) les limites de son art! Avec combien moins de traits il trace (1) de son enchanteresse Armice , de cette beauté si fatale aux héros de la croix, une image plus vive et pins attachante! Quelques traits choisis forment de même seuls, dans Virgile (2), l’image charmante de Vénus apparaissant à son fils, en chasseresse, sur le rivage de Carthage. En ajoutant ces mots à la fin du portrait d'Armide : « Un voile jaloux cache une partie de ses attraits, mais ne peut les dérober à la pensée qu'anime le désir », le Tasse n’a-t-il pas pris soin lui-même de nous ré- veler le secret de la peinture poétique, ‘qui ne peut se passer de l'imagination de Pauditeur , qui doit toujours Jui laisser quelque chose à terminer dans ses tableaux ? Choisir les traits les plus frappants de chaque objet, les présenter avec la couleur, sous l'aspect, et dans lor- dre le plus favorable au but particulier qu'il se propose ; les lier de manière que leur effet sur Pesprit soit un, au- tant qu'il se peut : voilà surtout l’art du poéte. C’est ainsi que la poésie, plus universelle, plus variée, plus atta- chante que la peinture, parvient encore à se rapprocher de la simultanéité d'impression qui fait Fun des principaux avantages de cette dernière. L'imitation matérielle de la peinture, parlant directe- ment aux sens, est quelque chose par elle-même. L'ini- lation indirecte de la poésie, qui ne rappelle que l'idée des choses, tire surtout son intérêt du sujet imité. Un tableau dénué d’action, qui n'offre que des objets inani- més, une campagne , où même seulement des fleurs, des fruits, plaît, remplit le but de Part, si limitation est exacte. I n’en est pas de même en poésie. La peinture poétique d’un bouquet de fleurs ne saurait faire le même plaisir qu'un tableau de Van-Haysum ou de Van-Spaendonck ; celle (1) Gerusal. liber., cant. IV., stanz. 29. etc. (2) Æneid. , lib, L x. , 313, et sex. Cao) d'une campagne restera toujours fort au-dessous d'un paysage du Lorrain. La poésie purement descriptive ne salisfait qu'impar- faitement l'esprit, et le fatigue bientôt. Thompson, dont les saisons sont encore le chef-d'œuvre de ce genre, n'a pu lui-même éviter cet écueil. C’est seulement comme servant de fond à un sujet intéressant, auquel elle se lie, que la description des objets inanimés entre heureusement dans la poésie. Quant au poéme didactique, quoiqu'également sans action , il tire de l'instruction qu'il transmet un genre d’'in- térêt qui lui est propre. Instruire est le premiér but du langage. Le rythme , Pharmonie, le coloris de la poésie ne font qu’ajouter l’agréable à l’utile. Présenter ainsi Pins- truction sous des formes plus propres à frapper l'esprit, à la faire aimer , fut même sans doute le plus ancien usage de la poésie. Les premières leçons des sages, des philo- sophes, les premières lois des peuples elles-mêmes ne furent-elles pas écrites en vers et chantéés à la lyre ? (x) $. TL. Le poéte gagnerait en général à n'être pas étranger à la peinture. Les tableaux poétiques de Gresner doivent sans doute à son talent comme peintre une partie de leur exac- titude , de leur vérité naïve. Peut-êtreeussi a-t-il parfois oublié que certains détails admis par la peinture ne peu- vent l'être par la poésie ? Il est probable que souvent ainsi le poéte-peintre serait porté à faire entrer dans ses poémes tout ce qu'il ferait entrer dans ses tableaux. Je me suis plà quelquefois à supposer le talent de Ra- phaël joint à celui de Virgile ou du Tasse ; à me réprésen- ter une suite de tableaux offrant les sujets de leurs poémes conçus par le même génie , tracés par la même main qui les écrivit. Chaque fait est mis sous mes yeux, en même temps (4) Strabo, bb. X. — Ap, Blair, lect. 38. ART Ye qu'un langage harmonieux le rappelle à mon esprit; la pein- ture supplée au défaut de la poésie , la poésie à celui de da peinture ; l'une rend plus sensibles , plus completies les images de l’autre, qui de son côté en prolonge l'impres- sion, la rend plus profonde; ei cet accord parfait des deux plus énergiques moyens d’imilation nous apprend tout ce que peut la puissance créatrice de l'art. Cette réunion de talent ne s'est point encore rencon- trée, et ne se rencontrera probablement jamais dans un degré si éminent; mais je me souviens d'avoir épronvé quelque chose de semblable en me rappelant l'admirable réponse d'Hippolite accusé, devant la Phèdre de Guérin, où respire tout l'esprit de Racine. C’est des poètes que les peintres ont emprunté la plu- part de leurs sujets, et leurs sujets les plus heureux. Quelle source féconde de tableaux de tout genre ont of- ferts les poémes d'Homère! Mais le poëte aussi peut devoir des inspirations aux peintres. C’est la description que nous à transmise Lucien (1) d’un tableau d'Aëtion re- présentant Alexandre et Roxane qui a fourni à Voliaire (2) l'image gracieuse des amours désarmant Henri aux pieds de Gabrielle. Déjà le Marini s'était emparé dans son Adonis (3) de cette idée du peintre Grec, mais en altérant le charme du tableau par l’exagération qui lui est trop or- dinaire. Quoique bornée dans chacun de ses tableaux à l’expres- sion d'un seul instant, la peinture aussi a produit de longs poémes. La galerie de Rubens, au Luxembourg , est-elle autre chose qu'un poëme en l'honneur de Marie de Médicis, rempli d’allégories ingénieuses, où, peut- être, on désirerait quelquefois un goût plus pur ; mais où tout brille du feu d'une imagination également féconde et hardie ? ee (x) Dans l'Opuseule intitulé: Hérodote on Aétion. (2) Henriade, ch. IX., v. 300, et suiv. (3) Adone, cant. XII]. , stanz: 200. etc. C12) Quel homme sensible en contemplant la suite des ta- bleaux de la vie de $t Bruno par Lesueur, n’a éprouvé les mêmes senimens qu’en lisant un poëme de la plus sublime simplicité, dont chaque chant retracerait un des actes de ce héros de l’austérité chrétienne ? Quelle poésie pourrait plus profondément pénétrer l'âme des jouissances mélancoliques de la solitude, des douceurs de la médi- tation du néant de la vie et du mystère consolateur des éternelles espérances ? Je n'ai admiré ce poéme pittoresque qu'environné de l'éclat d'une superbe galerie. Combien il devait produire plus d'effet dans l’ancien cloître des Chartreux , sous ces longues voûies dont le silence n’était que momentanément interrompu, tantôt par le bruit des pas lents et mesurés du religieux éloigné, tantôt par les sons de la cloche appellant à la prière , ou annonçant peut-être la paisible fin d'une vie consumée dans le désir d’une autre ! Je vai pu, Messieurs, dans cet essai d'application à la poésie de quelques principes de la peinture , qu'effleurer à peine un sujet fécond , que fixer un instant vos regards sur un point de vue qui mériterait je crois d'être dé- veloppe plus spécialement qu'il ne l'a été. Mais, peut- être , en vous offrant ces apperçus imparfaits , ai-je trop osé devaut des hommes bien plus versés que je ne peux l'être dans les secrets de l’art. Je terminerai ces réflexions, de même que j'ai com- mencé, par un passage du poéte observateur qui à saisi lant de vérités et les a su rendre avec une si heu- reuse précision. Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amicè. (1) C’est surtout dans un siècle tel que le nôtre, où les (1) Horar. De Arte poët. , v. 410. : | (13) lumières et le goût sont si généralement répandus ; c'est sous un monarque également ami de tout ce qui est bon et de tout ce qui est beau, qui protège les lettres après en avoir charmé ses loisirs, que les arts peuvent , doivent se prêter de mutuels secours, s’éclairer, s'étendre réciproquement par d'ingénieuses et fécondes applications des principes de l'un à l'autre, de chacun à tous. C’est de cette manière , c’est en isolant moins cha- que branche de l'art, qui est un, que le goût deviendra à-la-fois et plus sûr et moins exclusif; que quelques règles locales se fondront dans des principes plus géné- raux; que des écoles bien plus conciliables peut-être qu'elles ne paraissent d'abord, pourront se rapprocher , s'unir, épurées par une sage critique , pour rendre plus abondante, plus variée, la source de nos plaisirs. Au milieu de ces progrès de tout ce qui éclaire l'esprit, ou embellit la vie, Rouen (dans quelle circonstance pour- rai-je le rappeler plus à propos ? ) Rouen a toujours vu quelques uns de ses enfans se distinguer dans cette noble carrière. Aujourd'hui même lécole de peinture de Rouen, qui s'honore déjà de plus d’un nom célèbre, voit débuter avec éclat un jeune artiste qui lui a dû les premières leçons; et des palmes cueillies dans plus d’un genre nous promettent que de long-temps la gloire litté- raire et celle des arts ne cesseront d'illustrer la fertile et industrieuse Neustrie. SCIENCES ET ARTS. AAA AAA RAPPORT Fait par M. V ras, Secrétaire perpétuel de la classe desSciences. MEsstEURS , Grâce à l'esprit philosophique qui règne aujourd'hui dans toutes les Sociétés savantes , les Sciences ne con- C4) sisient plus dans cet amas fastidieux de vaines substilités, de systèmes frivoles , de suppositions hasardées , qui ont dominé si long-temps dans les écoles , et qui ont retardé pendant tant de siècles, les progrès de notre intelligence. Loin de nous, Messieurs , l'idée de confondre l'esprit philosophique avec cette manie déplorable d'attaquer les principes les plus certains, de chercher à répandre le doute sur les vérités les plus incontestables , de verser le mépris sur les objets consacrés par la vénération de tous les peuples civilisés , de saper les fondements de lordre social, en cherchant à ébranler les bases de la justice, de la religion et de la morale. Le véritable esprit philosophique est celui qui, exempt de passions et de préjugés, s'attache à comnaître les choses par leurs causes et leurs effets. Ses. earacières prin- cipaux sont de n'être sensible qu'à l'attrait du bon et du beau ; de ne point se laisser entraîner aux illusions de Yamour propre, aux écarts de Pimagination ; de, mar- cher constamment appuyés sur des faits, et sur des faits bien constatés, pour en déduire ensuite avec clarté et avee méthode les conséquences qui en découlent naturel lement, soit au profit des Sciences, soit pour lutilité et le progrès des Arts. C'est cet esprit, Messieurs , qui préside à vos travaux; c'est lui qui règle vos efforts, qui éclaire tous vos pas dans la vaste et difficile carrière que vous avez le courage de parcourir. Vous n’approchez du sanctuaire des Sciences qu'avec celte sage réserve, celte prudente circonspection qui éloigne de vous jusqu’à la pensée d'imposer à la na- ture le joug de vos opinions. Alors méditant les grands phénomènes que l'Univers offre à vos regards, votre unique but, votre seul desir est d'ajouter quelques an- neaux de plus à la chaîne immense qui les lie entre eux, et de faire sortir de vos recherches des résultats que vous puissiez appliquer utilement aux besoins de la société ? Des travaux entrepris dans des intentions si nobles et si (15) pures ne peuvent manquer d’être favorablement accueillis de ceux auxquels vous en offrez aujourd'hui l'hommage. SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES» M. Cabriel-Aimé Noël, ingénieur démissionnaire des ponls et chaussées , vous à fait parvenir , Messieurs, une brochure intitulée: Réc/amation, ou quelques idées produites par la lecture d'un ouvrage que vient de faire imprimer M. Cachin, sous le titre de Mémoire sur la digue de Cher- bourg , comparée avec le trise-lame de Plymouth. Æ Vous avez recu de l'Académie de Caen, l'analyse de çe même Mémoire de M. le baron Cachin, par M. Pattu , ingénieur en chef du département du Calvados. Dans ceite analyse vous avez retrouvé avec plaisir, cette méthode , cette précision , ce talent qui distinguent celle que notre confrère M. Mallet vous en avait présenté, peu de temps auparavant. = NL Periaux vous à fait hommage de six exemplaires de la seconde édition de sa Concordance des deux calendriers : depuis le 22 septembre 1793, jusqu'au 1% janvier 1806, à laquelle il a joint une Concordance abrégée depuis lan XN jusqu'en l'an XXXII , pouvant servir pour les années sui- vantes. Les remerciments qui ont été adressés a M. Pe- riaux par M. le Président de l'Académie, sont la meilleure reuve de l'utilité de cet ouvrage. p Le) = M. Heaume à fait le rapport dont il avait été chargé sur des Recherches concernant les limites des racines dans les équations numériques , et sur la solution d’un problème de physique ; par M. Vène , capitaine du génie , à Givet, an- cien élève de l'École Polytechnique. Ces ouvrages annon— cent, au jugement de M. Meaume , une grande sagacité, el des connaissances profondes dans les sciences physiques (16) et maihématiques. ( L'Académie à délibéré que ces re- cherches seront imprimées à la suite de ce rapport ). = M. Mallet vous à parlé d'une manière non moins avantageuse de la Notice du même M. Vène sur les de- blais. Dans cette notice, l’auteur s’est proposé pour but principal de déterminer d’une manière précise et rigou- reuse les prix qu'il convient d’affecter soit à la fouille des terres soit à leur transport. M. le Rapporteur à distingué dans le Mémoire de M. Vène; 1° la démonstration aussi exacte qu'élégante qu'il a donné de la méthode générale des remblais , in- sérée au mémorial n° 3 de l'officier du génie; 2° le para- graphe dans lequel il prouve que quelle que soit la nature des déblais et à quelque distance que l’on veuille les trans porter, il est toujours possible d’organiser un atelier de ter- rassiers , et de fixer la longueur des stations de manière à ce que les piocheurs , les chargeurs et les rouleurs soient constamment occupés, et qu'il y ait, suivant son expres- sion, équilibre dans le travail ; 3° des formules commo- des pour la pratique , et recommandables surtout sous le rapport de leur généralité. Par son excellente notice, dit M. Mallet, l’auteur a confirmé les avantages bien réels de l’analyse contre l'opinion de ceux qui pensent qu’elle ne s'occupe que de recherches purement spéculatives. = M. Mallet vous a aussi rendu compie d’un Mémoire soumis au jugement de l’Académie par M. Prévost, pé- piniériste, à Rouen, sur un Instrument disposé de manière à rendre prompte et facile la mesure des terreins inclinés à l'horizon. « Cet instrument, dit M. le Rapporteur , est le niveau ordinaire, connu sous le nom de niveau de maçon. La (17) La seule différence est qu'au lieu de servir seulement , comme ce dernier , a mener une ligne horizontale, il peut être employé à mesurer l'angle qu'une ligne formerait avec une autre parallèle à l'horizon. À cet effet, M. Pre- vost a substitué à la règle qui forme la base de l'instrument une portion de cercle divisée en un certain nombre de degrés, dont le centre est le point d’atiache du plomb suspendu à un fil, partie qui appartient encore au pre mier instrument. Pour rapporter sur le papier les mesures prises avec le sien, M. Prevost emploie une méthode graphique dont il a soin de donner la description. ! M, Prevost regarde son instrument comme suscep= üble de divers perfectionnements tendant à le rendre plus juste et plus portatif. Du reste , il observe que toutes les objections que l'on pourrait faire contre l'usage de son instrument sont communes à tous les autres de ce genre , et que celui qu'il propose a l'avantage d'économiser le temps sans altérer l'exactitude de opération, et il fournit un exemple à l'appui de ce qu'il avance. « Tous ceux qui connaissent M. Prevost, qui savent apprécier son caractère et les moyens dont la nature la doué, lui rendront cette justice qu'il était persuadé que son instrument est nouveau, et qu'il en regardait l’idée comme lui appartenant à lui seul. ; « Ainsi, Messieurs, nous ne croyons pas diminuer ici la part que M. Prevost mérite à votre estime, en vous annonçant que l'instrument qu'il vous présente n'est pas nouveau ; que le principe en est connu dépuis long-temps, quoiqu'il n'ait été décrit pour la 1 fois, que dans un ouvrage publié en 1805 sous le titre : Essar sur de Nivellement , et que l'on sait aujourd'hui appartenir à M. Busson, ingénieur en chef des ponts et chaussées. 1 à étéensuite mentionné, en 1807 , par M. Puissant, ingénieur géographe d’un talent distingué, dans son ou- B (18) vrage intitulé : Traité de Topographie , d’Arpentage el de Nivellement. « M. Prevost, pour nous servir de ses prapres expres- sion , convient qu'il est faiblement initié dans les secrets de la Science dEuclide , et en effet, sil eût eu quelques connaissances en Géométrie, il aurait trouvé, pour rap- porter sur de papier les résultats des opérations, une méthode beaucoup plus simple que celle qu'il emploie , et il aurait donné plus d'extension à l'usage de l'instru- ment qu il présente. « Nous ne pouvons donc, relativement aux renseigne- ments que M. Prevost desire sur les perfectionnements que l'on peut apporter et dans les dispositions de cet instrument et dans la manière de s’en servir, ainsi que sur les inconvénients qu'il présenterait et qu'il n'aurait pas prévus, que l’engager à consulter les ouvrages que nous avons cilés. | = M. Destigny à donné communication a l'Académie d’une découverte dont on est redevable à M. Le Pecqueur, chef des ateliers du conservatoire des arts et métiers, à “Paris. Cette découverte consiste dans une méthode des plus ingénieuses, au moyen de laquelle on peut avec facilité calculer et disposer un rouage pour obtenir qu'un de ses mobiles fasse, dans un temps donné, une révolution exacte quelque fractionnaire qu’on la suppose. M. Destigny remarque que la solution de ce problème a été jusqu'à présent un écueil devant lequel ont échoné les recherches des savants les plus distingués. Pour faire entendre comment ce rouage peut produire l'effet annoncé , notre confrère a emprunté les expres- sions de l’auteur, et développe avec lui les moyensde calcul qui ont été employés pour arriver à un résultat si heureux. 19 ) Ün rouage de cette espèce exécuté par M. Destigny ; lui à servi à mettre sous les yeux de l'Académie les ef- fets qu'il est destiné à produire, et chacun a été à portée de se convaincre de l'extrême régularité avec la- quelle il remplit ses fonctions. = D. Wène, capitaine au corps royal du génie , a fait part à l’Académie de la nouvelle theorie qu'il a inaginée pour expliquer les phénomènes de l'Electrécité et du Magné- lisme. M. Vène ayaut publié son ouvrage par la voie de lim pression , l'Académie , conformément à ses usages, n’a p?s cru devoir se prononcer sur cette nouvelle hypothèse. = M. Le Hot, ingénieur au corps royal des ponts et chaussées a fait hommage à l'Académie d’un petit im- primé ayant pour titre : Observations. sur le Galvarisme le Magnetisme. Où sait, dit l’auteur, que la foudre change souvent les pôles des aiguilles aimantées , et communique la vertu polaire à celles qui ne le sont pas. Franklin aimantait des aiguilles de boussole, en les soumettant à des dé- charges électriques qui les parcouraient longitudina- lement. Beccaria assigna , dans plusieurs cas , la princi- pale cause qui détermine dans ces expériences la position des pôles, en remarquant qu'elle ne dépend pas de la direction du courant électrique, mais seulement dé Ja position de l'aiguille. Si l’on piace laiguille horizontalement et dans le méridien magnétisque , l'extrémité tournée vers le nord donne loujours des signes de magnétisme austral. « Si on donne à Paigüillé” une situation verticale, éctrelhiité inférieure devint le pôle austral , ‘et l’extré- inité supérieure le pôle boréal. « Lorsque l’aiguille est perpendiculaire a EE (20) magnétique , elle ne donne pas de signes de magnétisme. Mais dans ce dernier cas , si au lieu de faire passer le cou- rant électrique dans le sens de la longueur de laiguille, on le fait passer transversalement , alors elle acquiert un très-haut degré de magnétisme , comme M. Van-Marum l'a découvert. ( Description d'une très-grande machine électrique , tome 1, page 176, publiée en 1787.) En modifiant l'expérience de M. Van-Marum , M. Le Hot est parvenu aux résultats suivants : Si l'on tend un fil de laiton horizontalement dans la direction du méridien magnétique , et si lon place au- dessus ou au-dessous, et à angle droit, une aiguille d'acier , de manière à ce que l’une de ses extrémités dépasse un peu le fil de laiton, un courant électrique produit par la décharge de la bouteille de Leyde , et passant par ce fil , déterminera l’aimantation de l'aiguille, et ses pôles seront situés de manière que , Si le courant \ passe dessous l’ai-{ 1 ° du nord au sud Sud, Due | d 20du sud au nord L’extrémité de Paiguille tour- née à l’ouest de- Nord 1 °du nord au sud ,ient un pêles Cr Nord. Si le courant passe dessus l’ai- guille d’acier , etf 20dusud au nord Sud, est dirigé, L'auteur à remarqué aussi qu'on obtenait des résultats analogues avec un courant galvanique. « L'influence des fils conducteurs contournés en hélice dans les phénomènes de l’aimantation des aiguilles d’a- cier, ne paraît être que l'effet du courant transversal observé par M. Van-Marum, puisqu'on obtient des ré- (21) sultats semblables avec un fil conducteur rectiligne , placé dans une position perpendiculaire à l'aiguille. » Les deux extrémités d’un fil conducteur formant une hélice, dont l'axe est horizontal et dirigé perpendiculaire- ment au méridien magnétique, sont parcourus, par le cou- rant électrique, en sens contraire , si l’une des extrémités est au-dessus de l'axe et l’autre au-dessous , ou, dans le même sens, si elle sont toutes deux au-dessus ou au-des- sous de cet axe , or , d’après les expériences précédentes ; dans l'un ou l’autre cas, il doit se former deux pôles con- traires, aux extrémités d’un fil d'acier placé dans l'axe de l'hélice. Lorsqu'elle sera dextrorsäm , le pôle austral sera du côté négatif, et lorsqu'elle sera siuistrorsum , les pôles auront une direction contraire. » En variant les expériences relatives à laimantation d'un fil d'acier, par l’action d’un courant électrique , M. Le Hot à découvert la loi suivante : S7 une aiguille d'acier est près d’un fil conducteur, servant à élablir une communication entre les deux armures d’une bouteille de Leyde, et est comprise dans ur plan perpendiculaire à ce fil , elle s’aimantera. Si l'observateur se met , par la pensée, à la place du fil conducteur , les pieds vers l'extrémité par laquelle le fluide vitré entre, et la face tournée vers l'aiguille, l'ex- trémité de cette aiguille qui sera à sa gauche offrira un pôle austral et l’autre un pôle boreal. M. Le Hot invite l Académie à vouloir bien répéter les expériences qui l'ont conduit à cette loi, et termine par la citation d’un passage écrit en langue italienne, et extrait d'une lettre adressée à M, Van-Mons ; voici la traduction de ce passage : M. River ayant trouvé le moyen de galvaniser les mé- taux comme on aimante le fer, et ayant reconnu que tes métaux galvanisés ont toujours deux pôles semblables à ceux d’une aiguille aimantée, fut curieux d'observer les effets qui pourraient être produits sur des aiguilles d'or (22) chargées de g2lvanisme , et posées sur un pivot. Quel fut son étonnement quand il s'apperçut que ces aiguilles avaient une certaine inclinaison et une déclinaison , et que l’an- gle déterminé par ce dernier mouvement est toujours exactement le même dans toutes les expériences. ( An- nali di chimica e Sloria naturale di L, Brugnatelli, tomo XXII, 1805 ). « Parmi les grandes découvertes modernes, on doit sans doute compier celui de la polarité des corps qui font partie du circuit galvanique , laquelle se conserve dans les fils d’or et de platine après qu’ils sont sortis de ce circuit , et la propriété dont jouissent lés corps galvanisés , d’affec- ler une direction constante par l’action du globe, pro- prié qui paraîl avoir singulièrement étonné Ritter. = M. Morin , ingénieur des ponts et chaussées au Puy, département de la Haute-Loire , a fait hommage à l'A- cadémie d’un ouvrage qui a pour titre ; Nouvelle Théorie de l'Univers. BISTOIRE NATUREÏRE. M. Le Turquier a rendu compte de l'ouvrage dont M. Marquis, professeur de Botanique, au jardin de Rouen, et Président de l Académie, a fait hommage à la compagnie. Cet ouvrage a pour titre : Fragments de philosophie bota- nique, où de la manière la plus convenable de voir et de travailler en histoire naturelle, et particulièrement en botanique, et des moyens de rendre celte science plas simple et plus facile. Présenter l'étude du règne végétal sous quelques points de vue qui ne paraissent pas avoir assez fixé attention (23) © des naturalistes, persuader à quelques-uns de s'arrêter enfin dans un chemin qui éloigne du but au lieu d'y con- duire, en indiquer un plus sûr, plus facile, tel est le but que se propose M. Marquis, et qu'il nous paraît avoir completiement atteint, par la sagesse des principes qu'il expose , au sujet de l’idée que l'on doit se faire de l'espèce, des règles qui doivent présider à la réforme des espèces , règles appuyées sur l'analyse des espèces indigènes du genre verbascum ; de la formation des genres , des familles, des tribus, des classes ; de l'ordre dans lequel il convient de tracer le tableau du règne végétal ; de la théorie de la classification, de la langue botanique ; des descriptions , de la nomenclature et des figures des plantes, de l’esprit dans lequel on doit étudier les cryptogames ; du goût, c'est-à-dire de ce sentiment exquis et raisonné du bon et du beau, qui doit diriger le botaniste dans ses recherches et ses travaux, enfin de la manière d'écrire lPhistoire des plantes. « Aucune branche de l'histoire naturelle, dit M. Marquis, dans ce dernier chapitre, ne présente plus de variété, plus de contrastes que l'histoire des plantes. Donner à chaque partie le ton, la couieur qui lui conviennent, m'en est pas la moindre diflculté. L'histoire du palmier , du cèdre , du boabab, ou celle du lis, de la violette, de la mousse ne seront point écrites du même stile. Ins- tructif sans longueurs et sans pesante érudition, varié sans incohérence, simple sans bassesse, élevé sans en- flûre, on grave sans affectation, quelquefois brillant ou gracieux comme les (leurs elles-mêmes... voilà ce qu'on voudrait que fût l'historien du règne végétal. » L'Académie a souscrit d'autant plus volontiers au juge ment très-favorable que M. Le Turquier à porté de cet ouvrage, que M. le Rapporteur en a parlé en homme, qui possède lui-même à fond les principes de la science des végétaux. (24) = Cédant aux instances de la compagnie , M. Murguis a aussi donné lecture du discours qu'il a promoncé , le 16 mai 1821, à l'ouverture de son cours de Botanique. Dans ce discours aussi intéressant par le sujet que par la manière dont il est traité , M. Marquis fait connaître d'abord les progrès de l'Histoire Naturelle médicale, de- puis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours , puis il parle des secours que le médecin peut aujourd’hui tirer de l'étude de l'Histoire Naturelle, et le naturaliste de celle de la médecine. = M. Ze Vieux vous a présenté l'analyse de la 2° li- vraison du tome 1 des Annales Européennes de physique végétale et d'économie publique , rédigées par une société d'auteurs. Cette livraison, die M. le Rapporteur , renferme plu- sieurs articles d'une haute importance, et qui sont traités avec beaucoup de talent. L'un des plus remarquables est celui des déboisements en Asie, en Afrique, en Améri- que et en Europe , et des maux physiques qu’ils entraînent à leur suite. Suivant l’auteur de cet article, l'accord de tous les éléments de la création à disparu avec les forêts destinées par l’auteur de la nature à concourir à l’ordre harmonique des météores et des climatures , à entretenir la salubrité en renouvellant sans cesse l’atmosphère ; à nourrir, à conserver des races innombrables d'animaux créés dans une admirable proportion avec les besoins de l’homme, et à étendre même leur salutaire influence sur les habitants des mers et des fleuves. L'auteur considère ensuite l'importance des forêts sous le rapport du combustible indispensable pour combattre les rigueurs des saisons, préparer nos aliments, vivier nos manufactures , et fournir aux constructions, en un mot à tous ces arls devenus nécessaires. Il signale les hommes d'état et les écrivains philosophes qui se sont. : RSA occupés de ce grand objet d'utilité publique, tels que Sully, Lamoignon , Colbert, Fontenelle , Réaumur. Cette disertation, qui paraît à M. Le Vieux rappeler sou- vent l'originalité et le coloris de lun de nos plus éloquents prosateurs , est terminée par un essai de statistique des bois de la France qui originairement devaient être de plus de 100 millions d’arpents et qu’on suppose réduits aujourd’hui à moins de 8 millions, qui ne peuvent fournir régulière- ment au sixième de la consommation, Il faudrait donc ou les détruire jusqu’à extinction pour suffire aux besoins du moment ou souffrir ou périr , ou replanter et semer. Ce dernier parti est le but de cet écrit. « Dans un article intitulé : Suite de la péche des anciens et du moyen ge en poissons de mer, l'auteur fait connaître les espèces les plus intéressantes dont la pêche était pra- tiquée par les Grecs et les Romains, le Xiphias espadon , Je Scare , la Dorade , le Sargue , le Thon , la Murène..…. C’est encore aux déboisements que l'auteur de cet article attribue la disparition de ces nombreuses colonies de pois- sons , et depuis des siècles, dit-il, on détruit sans calcul ni prévoyance, sans avoir jamais songé à conserver, encore moins à régénérer lessources les plus fécondes créées pour satisfaire à nos besoins. « Vient ensuite une courte digression sur quelques ob- servalions physionomiques.… L'auteur pense que l'opinion vulgaire qui établit que l'expression du visage et surtout des yeux est le miroir de l'âme est généralement vraie, til ne reconnaît pour belles que les figures dont tous les trails se réunissent a exprimer la bonté, parce qu'il n'ya de beau que le bon. x « Un article qui n’est pas sanS intérêt est celni qui est intitulé : Voyages annuels et abondance d’une espèce de Cra- bes dans les Antilles. Cette espèce faisait jadis la principale nourriture des Aborigènes : elle est encore la ressource ordinaire des Nègres à qui des maîtres avares ne dongent (26) qu'une partie de leur subsistance, Ces crustacés sont telle- ment abondants, à une certaine époque , que les champs en sont couverts et qu'il faut les chasser devant soi pour se faire place et ne pas les écraser. M. le Rapporteur ne croit pas devoir parier de l'ar- ücle concernant l'introduction des Chèvres de race thibe- taine en France; article sur lequel M. Prevost , vétérinaire, a fait, l’année dernière , un rapport à l’Académie. « M. Le Vieux conclut que les Annales Européennes , par le but d'utilité générale qu’elles se proposent, et par le mérite qui distingue la rédaction , ont les droits les mieux mérités à l’estime et à la faveur publiques (*). = M. Vitalis a communiqué à l'Académie l’état suivant des substances terreuses , pierreuses , métalliques et fos- siles trouvées dans la fouille faite à S'-Nicolas d’Aliher- mont, département de la Seine-Inférieure, pour la recherche d’une mine de Houille , dressé par M. le vicomte Héricart de Thury, maître des requêtes, ingénieur en chef au corps royal des mines, inspecteur général des travaux souterrains du département de la Seine, d’après les échantillons qni lui ont été envoyés par M. Vitalis , au- teur du précis historique des travaux entrepris pour cette fouille, et inséré dans les actesde l'Académie pour l’année 1808. ou Cet état a pour but de mettre en harmonie la nomen- clature des mineurs avec celle qui est adoptée aujourd'hui par les minéralogistes, et de rectifier quelques erreurs qui paraissent avoir eu lieu dans l'indication de la disposition de certaines couches de terrain. EE ns (*) Onlit, dans la Gazrite de France du 10 juillet, que le Ministre de l'Intérieur a souscrit à cet ouvrage pour 100 abonnements, et celui de la Maison du Roi pour toutes les bibliothèques de la cou ronne, (27) Etut des substances terreuses, pierreuses, métalliques et fossiles, trouvées dans la fouille faite à Saint-Nicolas d’Alihermont, com- mune de Meulers, Arrondissement de Dieppe , Département de la Seine-Inferieure, pour la recherche d'une mine de Houille, NUMÉRO 7 D 2 > _ £35œu NATURE 5 à Su 7258 CT > © ARMÉE :.° 5 °8 EE des &>| OBSERV AÆIONS. Ba" |ms3s 2 2 op) à 20 EX ME | sœur SUBSTANCES, = CES EE, ® de . © 2-2 & 1 LE » ; Cr DRE REA ES OMC RE Pieds anc, mu In Terre végétale et argile à... 5 J'ai tout lieu de croire que plusieurs echantillons- ne sont plus à leur véritable place, ou dansleur or- dre de superposition , 1 Calcaïre argileux, grisâtre | 56/et que, dans le temps, servant de ciment à Te fee il y à eu quelques dé- ments de coquilles, lumae helle rangements ou confu- grise » Calcareo — arvileuse. sion dans les premiers U Echantillon déplacé vraisem- numéros ; aussi d’après à blablement. Voir No 16. ) les couches de mème nature que j'ai vues en divers endroits, je n'hesiterais pas de les placer dans l’ordre numérique que je leur assigne par les IL. Marne calcaire. (L'échan-| 7o{|chiffres romains 1, 11, tion ne s’est pas trouvé. ) HI, IV, V,etc., a je rapporterais alors Île No 1 de l’ancienne sé rie à la lumachelle grise, No 16, à la quelle elle doit néces sairement appartenir. IV. 2 Marne argilo-calcaire, ou! 80! 8o. C’est une argile chaux & arbonatée , terreuse et| un peu calcaire, plu- argileuse. tôt qu'une marne ar- gilo-calcaire, ee | NUMÉRO "7 NATURE Le + ° Sole uw 8 S ss |S8e. des =£ | OBSERV ATIONS. (2e 1655 2e 6e -sl-— « 2 108 = À 35 B°S SUBSTANCES. 8 L | œ Chaux carbonatée, terreuse, 140. Marne argilo pure, grisätre, calcaire, grisätre et ter L reuse. VI. Marnesableuse. ( L’échantil- lon ne s’est pas trouvé. }) VII. 4 Chaux carbonatée , terreuse , grisâtre, empâtant du silex py— grossière qui contient romaque noir. quelques indices de corps marins lamelleux et spathiques, avec du silex pyromaque. x. | © Terre argilo — pyriteuse, ou] 229] 229. Je doute que lignite pyrito — argileux, tom- cette couche soit indi- bée en parue en efflorescence. quée à sa veritable place; elle me semble appartenir aux forma- tions postérieures aux crales , et, par cons quent , devoir être plus près de la surface. Peut- être y at-il eu quelque confusion dans les trans- ports. Cette argile lignito- pyriteuse a été désignée par les mineurs, comme premier tourtia. vin, | 6 Chaux carbonatée, terreuse, pure (craie-tuffeau) d’un blanc grisâtre. 7 Chaux carbonatée, terreuse , pure (craie-tuffeau), chloritée, mais dans quelques parties seu- lement. 8 Craie verdätre chloritée ou] 310| 310. Cette craie chlo- chaux carbonatée , terreuse , ritée a été désign‘e pa ‘op “o)a NUMERO ns tt — CE > - ”“ n|\3 w RÉlSSE e Fe d es |- =È == a SI ' par] Re 9 10 II 11 bis 12 13 / 14 15 NATURE des SURSTANCES. CRT MIE ES ER RCE MR DENT LES pure (craie-tuffeau), très-chlo- ritée dans toutes ses parties, à l'exception de quelques nodules assez rares. Argile-glaise fine, grise, mé- lée de petites parties micacées brillantes et de fragments de coquilles. Argile — glaise calcaire et micacée, grise et très-coquil- lère. Argile-glaise calcaire, grisà- tre et coquillère. Fragment de corne d'am— mon, inisé , trouvé dans l'argile précédente, No z1. ; Marne dure, pierreuse, sili- céo-calcaire, argileuse et fer- rugineuse, en masse vermiculée ou persillée de trous de vermi- culaires. Chaux carbonatée, argileuse et compacte, coquillère, tra= versée de veinules de carbonate calcaire , lamelleux , spathique , et accompagnée de fer pyriteux. Argile noirätre, sablense et chloritée, mélangée presque in- timement de debris calcaires, de coquillages fossiles. Chaux carbonatée, argileuse et compacte, grisètre , avec quelques veinules de calcaire lamelleux. ‘saqonos sap Jn2puo]o:4 je Pieds 318 OBSERVATIONS. Ne DR Æ SEM ME dE MERE les mineurs comme 2° tourtia. Argile pyriteuse des mineurs. Cette argile a été dé signée comme 3° tour ta par les mineurs. MER PRE NATURE * des «P ni OBSERVATIONS. Jn2puo)oiqg SUBSTANCES. ‘219 ‘s912002 sop 919 ‘ a1p “J0,Pois el iueaiug 219 ‘1040 queaingç an$oyeies CORRE RENE RON ÉD AE IE DE DNONECDNENE | À ce numéro je joins celui qui était sous le INo 1, et que je ne puis (croire étre à sa place. co Chaux carbonatée , grise , mêlée de coquilles fossiles , lu— machelle grise, à reflets bril- lants, 563, 563. Cette argile à été désignée comme 49 tourtia des mineurs. 580 Argile grise, sableuse, mélan- ée de débris calcaires de co- quilles fossiles. Chaux carbonatée, argileuse très-grand nombre de petits cristaux disseminés, et impres— sionnée de beaucoup de coquil- lages. | ll et compacte, mélangée d’uu |: | Fragment d'une grande am-[idem monite du calcaire précédent, dont il diffère cependant par une dureté moindre ; il renfer— me en outre beaucoup moins de petits cristaux disséminés. Chaux carbonatée, compacte, grise , avec petits cristaux dissé- minés et calcaire lamelleux, na- cré, provenant d'une grande coquille bivalve, blanchätre et nacrée. 20 Argile grise, mélangée de dé-| 592] 5e tourtia des mi- bris de coquillages calcaires. neurs . 21 Grès siliceo-argilo-calcaire,ou 615) 1er grès des mineurs. chaux carbonatée, grenue et saccaroïde d’un gris bleuàtre, traversée de veinules d'argile et LE fer pyriteux 22 Argile grise avec débris de| 018] Ge tourtia des mi- coquillages calcaires. meurs. 23 | Argile noirâtre, calcareo-sa-| 630! ÿe tourtia des mi- {bleuse, avec parties bitumi- neurs. “no ‘op -10,p 2196 e] iueatns ‘10au2 an$oje1eo 9] iueaing *219 1 24 bis 28 29 30 31 (31) NATURE des OBSERV ATIONS. 3n3puo;014 SUBSTANCES. Ze e & = © £ 5 a ® LEZ = 8 neuses et ferrugineuses, mêlée de coquilles fossiles et de peti- tes parties cristallines dissémi— nées. Grèssiliceo-calcaire ou chaux | 2e Grès ferrugineu carbonatée, siliceo-saccaroïde, des mineurs. d'un gns bleuâtre, veiné de beaucoup de fer pyriteux, et du calcaire argileux précédent. Fer sulfuré en cristaux , dans Cloux ou salade d les fissures de grès siliceo—cal- mineurs. caire. Fer pyriteux en masse, avec Idem. cristaux superficiels et argile. Argile noirâtre, mêlée de! 65 8e tourtia des mi parties calcaires, avec emprein- neurs. tes végétale charbonnées. Grès siliceo-argilo-calcaire , 3e grès des mineurs. ou chaux carbonatée, grenue , d'un gris verdâtre. Argile grise, calcaire, rem— 3| getourtia des mi plie de beaucoup de petits neurs. points très-brillants de mica. Marne dure et compacte, 10€ tourtia des mi argilo-calcaire, grisâtre. neurs. Chaux carbonatée, compacte, Faux poudding des d'un gris verdätré, servant de mineurs. ciment à un grand nombre de {fossiles , à l'état Jamelleux , belle lumachelle grise. Argile calcaire— grisâtre , 11e tourtia des mi- avec fer pyriteux, mélee de neurs. beaucoup de petites portions cristallines disseminées , qui pa- raissent ètre, en partie, siliceu- | "a ‘ asp -10,p 2115 &] EL UANTUS = 3 e d = ex | ES 50% des 52| OBSERFATIONS, BE À | … —® e = e& SUBSTANCES. 5 h=E J ». © RS | ARE ES CRÉES | ACC ERREE ETS ” Pieds ses, et, en partie, calcaires, 32 Chaux carbonatée, argilense,| 750! Silex dans l'argile, des ho, oo grenue, d'un grain très-inégal , mineurs. è traversee de beaucoup de vei- | nes de calcaire lamelleux, pro- venant de grandes coquilles à l'état spathique, et dont quel- ques-unes sont encore nacrées. Argile grise, calcaire , à grain 802| 12e tourtia des mi- fin, empätant quelques €o- neurs. quilles. Argile grisatre, mêlée de 850 parties calcaires , renfermant un assez grand nombre de co- quilles. Argile grise , calcaire, à, 990! 13e tourtia des mi- grain très—fin. neurs. Argile grise, uu peu schis—| g3o| 14€, tourtia feuilleté teuse, parsemée d’une infnité des mineurs. de petits points brillants, qui peuvent être du Mica. Ils ne font aucune effervescence avec \ l'acide nitrique. Argile d'un gris noirâtre,| g96) 15e tourtia d'argile mélée de parties calcaires, et ferrugineuse. d'une grande quantité de co- quilles. Argile calcaire, à grain très-| 945] 16€ tourtia d’argile fin, de couleur grisâtre. fine. Argile un peu calcaire, de! g5o|] 17° tourtia d'argile couleur gristre, et d’une struc- grisâtre. ture légèrement schisteuse, à feuillets contournés. Chaux carbonatée, argileuse,| 957 ‘219 ‘10au9, anfoyeyea © u “312 ‘asp —10,p ans ef f NUMERO | CN TS LS iueamg (33) tt Lt NATURE des SUBSTANCES. grenue et compacte, mélangée inegalement d'un grand nom- bre de petits cristaux calcaires disséminés, et de veines de chaux carbonatée lamelleuse , provenant de grandes coquilles. NOTA. Au dessous de cette dernière couche, on a donné, dans le 3e bure, üà sondage de 68 pieds , qui n’a trouvé dans toute sa hauteur, qu’une argile grise un peu calcaire. Ainsi, la profondeur totale des recherches de Saint-Nico- las d'Aliermont, a été de 1,023 pieds. OBSERVATIONS, ‘219 ‘say2n02 s2p Jnepuojosg 68 1025 = M. Gaïllon, naturaliste à Dieppe, a envoyé à la compagnie des Observations microscopiques et pie neue sur l'Uba intestinalis. « J'ai eu plus d’une fois, Messieurs, (dit NL Auguste Le Prevost, chargé par l'Académie de lui rendre compte de ces observations ) l'occasion d’appeller votre attention sur les savantes recherches de M. Gaillon; sur le zèle C (54) qu'il apporte à l’étade de ces plantes trop peu connues qui tapissent le fond des eaux, nagent dans leur sein ou floitent à leur surface. Imparfaitement observées et mal décrites jusqu’à nos jours , ces productions, peut-être abu- sivement réunies à l'empire de la déesse des fleurs, offrent encore de nombreux mystères au physiologiste comme au nomenclateur , et M. Gaillon rivalise de zèle avec deux de nos confrères MM. Lamouroux et Dawson-Turner , pour faire pénétrer le flambeau de la science jusqu’au fond de leurs humides demeures. Cette année, il ne s’est pas contenté de soumettre à une étude approfondie toutes celles que les mers de nos côtes renferment dans leurs abymes ou étalent sur leurs rivages, ni de préparer la classification qu’il se propose de vous en présenter et dont une portion notable , entièrement neuve et basée sur des recherches qui Jui sont propres ( celle qui concerne les conferves marines ), marquera à double titre dans vos annales aussi bien que dans l’histoire dé la botanique. Ses regards se sont encore portés sur ces longs tubes mem- braneux, verdâttes , ridés, boursoufilés , qui couvrent la surface des eaux saumâires et stagnanles , ei qui en cet état présentent dans leurs contours variés quelque ana-+ logie avec l'intestin colon, circonstance d’où leur est venu le nom d’ubva inlestinalis. » On doit savoir d'autant plus de gré à notre confrère de l’examen tout particulier auquel il a soumis ces produc- tions dégoûtantes , qu’elles semblent , comme il en convient lui-même, repousser les regards de l'observateur « par l'aspect boursoufflé , Écumeux , et vaseux qu’ elles revêtent à certaines époques de l’année ». Mais M. Gaillon, non moins familiarisé avec la merveilleuse organisation des algues d’eau douce qu'avec les brillantes livrées des algues marines , n'éut pas dé peine à s'élever au-dessus de sem blables dépoûts, que le naturaliste éclairé ne partage qu'un moment avéc ke vulsaire, et qui font place à l'intérêt le (35) plus vif, dès qu'il a apperçu les miracles sans nombre par lesquels la nature semble avoir voulu dédommager ces êtres obscurs de l'humble rang qu’ils occupent dans l’é- chelle de la création ; car, s’il n'est permis de vous le dire en passant, Messieurs , il n’est pas nécessaire comme on le suppose communément de se transporter dans les con- trées équatoriales, au sein de ces pays où une terre riche de fraîcheur et d'humus ést fécondée par un ciel de feu, pour connaître ce que le monde végétal peut enfanter de plus varié, de plus singulier , de plus admirable. C'est aulour dé nous, c’est sous nos pieds qu'il produit ses plus étonnantes merveilles. Le sol ombragé de vos forêts, lé tronc de vos arbres, le chaperon et le pied de vos murs , lés allées dé vos jardins, les eaux courantes et les eux stagnantes dé vos vallons, voilà les plus riches dépôts qu'il paisse offrir à votre curiosité, les asyles où il con- centré la vie et la fécondité, depuis le départ jusqu’au retour des beaux jours. Au iniliéu des innombrables habi- iahts de ces fraîches demeures, recueillez surtout ces masses verdâtres et slaireuses que vous voyez souvent flot- ser à la surface des eaux, et qui ne vous présentent à la vuë simple qu'un paquet confus de filaments, rudes au toucher, d'une organisation grossière et homogène ; sou- incttez-les à l'action du microscope , et à l'aspect dès ma- gnifiques et riants objets qui dérouleront sous vos yeux ravis leurs trasparénts annéaux, leurs rapides métamor- Huit vous bénirez la main qui les sème avec tant de profusion autour de vous, vous conviendrez que les rois de la terre dans toute leur gloire, que nos arts dans loute leur puissance, né sauraiènt rivaliser avec eux, et vous en— vierez le sort des savants qui ont consacré leurs veilles à là contémplation et au dénombrement de tant de merveilles. « C’est à la plus humble, à la plus dédaignée , mais non la moins intéressante de ces filles de l'onde, que M. Gaillon à consacré lé mémoire dont il vous a fait (36 ) hommage el que vous auriez sans doute fait insérer en entier dans votre recueil, sans l'époque tardive de sa ré- ception. « Ayant dirigé, dit-il, mes recherches sur les « animalcules qui pullulent dans les eaux des mares , des « parcs el des élangs, je me trouvai natureliement en « contact avec l'uloa intestinalis : mon dégoût cessa ; « j'examinai de plus près cette production si abondante « et trop peu connue. Mon premier soin fut de soumettre « au microscope quelques parties de la membrane, « pour en connaître le tissu; je le trouvai formé de « cellules polygones, vertes, régulières, formant les « mailles d’une sorte de réseau. Ce réseau est un plexus « résultant des points de contact et d'anastomose de la « cloison des cellules, et qui est blanchâtre ou moins co- « loré que ces cellules. » Après s'être bien convaincu de la nature completiement végétale de ces tissus, M. Gail- lon, poursuivantses observations, vil avecsurprise la mem- brane jaunie perdre sa consistance et se couvrir de points opaques de différentes formes, ces points devinrent bien- tôt des filaments élargis à leur base, très-atténués à leur extrémité, formés d’un simple rang de cellules arrondies ; le développement et l'accroissement de ces jeunes fila- ments sont le signal de la désorganisation de la membrane, et alors la plante prend un aspect tout particulier qui l'avait fait désigner comme une espèce différente par plu- sieurs auteurs. Notre confrère , après avoir décrit dans le plus grand détail toutes les formes qu'elle revêt, cite tous les ouvrages où elle est mentionnée ou figurée dans ses divers états, de manière à épuiser complettement la matière, et faire preuve d’érudition autant que de saga- cité dans ce double travail. « Après avoir mis, par les observations et les recherches que nous venons de citer, les botanistes en garde contre les métamorphoses d'une espèce trop peu étudiée jusqu'à lui, et contre le double emploi auquel elles (37) avaient donné lieu, M. Gaillon termine son instructif et curieux mémoire par des réflexions sur la nécessité des observations microscopiques, pour acquérir des notions exactes sur l'organisation et la classification des êtres. Loin de les regarder comme fournissant des moyens abusifs de subdivisions en histoire naturelle , il pense avec Sennebier « qu’elles tendent à rapprocher « ces mêmes êtres par les rapports qu’elles établissent « entre ceux qui sont déjà connus et ceux qu'on découvre « par ces nouveaux yeux, qu'elles nous procurent un nou- « veau point de vue pour considérer l'univers ;, pour re- « connaître partout le scean imposant de son divin auteur, « pour admirer l’'uniformité de ses lois, l'unité de son « plan et la liaison de tout ce qu’il renferme, en un mot, « pour étendre les bornes de cet univers , sans déranger «“ son ensemble, ou plutôt pour rendre complette l'idée « que nous en pouvons avoir. » « Nous partageons , Messieurs , l'opinion qu'émet à cet égard M. Gailion; nous pensons avec lui que c'est à la paresse des observateurs, au défaut de suite dans Îles observations et non à J'usage du microscope , qu'on doit s'en prendre des doubles emplois trop fréquents dans l’é- tablissement des espèces en histoire naturelle ; nous sommes persuadés surtout qu'entre des mains aussi habi- les et aussi exercées que les siennes, cet insitrament ne peut recevoir qu'un emploi utile pour la science autant qu'honorable pour notre jeune et savant confrère. » = M. Botia a rendu compte de la traduction de l’ou- vrage du docteur Ferrara sur l'Etna, ses éruplions , et ses produits volraniques, par notre savant confrère, M. Robert, qui a fait don de son manuscrit à l'Académie. Après un éloquent préambule dans lequel on trouve un parallèle habilement tracé entre la manière dont les anciens plus puissants par l'imagination , et les modernes (38 ) plus puissants par la raison, ont parlé tour-à-tour de cgile mouiasne fameuse, M. Botia continue en ces iermes : r « Personne n'était plus en état de nous donner une histoire complète de l'Eina, que le docteur Ferrara. Doué d'un zèle infatigable, armé de toutes les connaissances nécessaires, plein de tout ce qui avait été écrit avant li sur ce colosse formidable, habitant sur les lieux mêmes, il a tout vu, tout examiné, tout comparé, et c'est Île fruit d'une longue suite de travaux qu'il offre au public. « L'ouvrage de M. Ferrara se compose de quatre par- ties, la première contient la description de F Etna. L'élé - xation de cette terrible montagne, la nature de son sol , la température de ses diverses régions, ses particularités -les plus remarquables, ses points de vue, ses environs , tout y est peint avec un grand talent, tout y inspire un vif intérêt. « La 2e partie est toute historique; elle comprend le récit de loutes les éruptions qui ont eu lieu depuis les temps les plus anciens jusqu à nos jours. En la lisant, on se croil transporie dans un autre monde, tant est grand le contrasie de ceite nature en travail avec le calme per- pétuel de nos climats. « On trouve dans la 3° un traité complet des matières vomies par le volcan. C'est ici que la science de l'au- teur se montre dans toute sa richesse. Chaque objet y esl examiné avec beaucoup de soin , sous tous ses rapports physiques, chimiques et minéralogiques. L’auteur,quis’était fait adanirer dans les deux premières parties par une ima- gination brillante et un talent descripüf très remarquable , fait preuve dans celie-ci d'un esprit d'analyse digne des plus grands éloges. «. La 4° et dérniere parlie est remplie de. considéra- tions géologiques et physiques d’un grand intérêt. « Tel est l'ouvrage de M. Ferrara, et vous pouvez ( 39 ) juger ; Messieurs, par ce court exposé , de son impor- tance. M. Robert a voulu rendre un service à la science, en le traduisant en français, et il est évident, pour la commission chargée de vous rendre compie de son-travail, qu'il a-exécuté son utile entreprise avec un rare bonheur. Sa traduction, aulant qu'on peul en juger sans avoir l'ori- ginal sous les yeux, est claire et précise , et à coup-sûr elle est toujours facile et harmonieuse. Elle a l'air de couler de source, on n'y découvre aucune trace du travail pé- nible d'un traducteur. Otez le titre, et vous allez croire que c'est un ouvrage original. » Des citations choisies avec goût de quelques fragments de l'ouvrage, tels que la vue du sommet de l'Eina, lim cendie de 1669, la culture de la Sicile, l'opinion de l’au- teur sur le foyer de l'Elna, ont mis l Académie à portée de juger et du mérite de Fauteur et de celui du traduc- teur. Permettez-moi, Messieurs, d'acquitler iciun vœu for- mé par ME. Robert, et qui est également dans mOn CŒUr ; celui de déposer une fleur sur la tombe de M. Bidault , qu'une mort prématurée a enlevé depuis peu à sa famille et à ses nombreux amis. À 1 M. Robert devait à M. Bidault non-seulement la com- municalion de l'ouvrage du docteur Ferrara, mais en- core une note du voyage que M. Bidault a fait lui-même, à l'Eina, et que notre confrère a cru devoir consiguer toute entière dans sa traduction. Rien n'égalait la candeur, la franchise, la bonté de M. Bidault, si ce n’est un goût irrésistible pour les scien- ces, et un désirinsatiable d'enrichir son esprit de connais- sances utiles. Jamais élève. ne m'a été plus cher, parce que jamais je n’en ai rencontré qui, aient réun:, dans un degré plus éminent, les qualités de l'esprit à celles du cœur. : (40) g Infortuné jeune homme , puisse le souvenir de tes ver- tus, que je rappelle ici avec tant de plaisir, porter un rayôti de consolation dans l’ame de ta famille désolée ! Puisse la faible guirlande que je suspends ici solemnelle- ment à ton urne funéraire, épargner une larme à ta jeune veuve, tempérer lamertume de ses regrets, et suspendre, du moins pour quelques instants, la violence de sa douleur ! CHIMIE ET ARTS CHIMIQUES. M. Dubuc a donné lecture d'une Notice sur des figues reroniues dangereuses. Les 15 et 24 du mois de janvier dernier, M. Dubuc fui requis avec MM. Flaubert et Giret-Dapré, docteurs en médecine, par M. Baille, commissaire principal de police de Rouen, pour faire l'examen de six à sept milliers de figues, dites de Portugal, qui avaient été signalées à l'Administration comme dangereuses , et qui étaient dé- posées dans le magasin frais et humide du sieur Am... rue du Pére-Adam , le résultat de cet examen fut que ces fruits n'étaient plus commercçables , et que la vente de- vait en êlre interdite, parce que l'usage de ces fruits détériorés pouvait porter atteinte à la santé. En consé- quence la totalité des figues fut jetée à l'eau par Fordre de | Aministration municipale. Laissant aux savants médecins auxquels il a eu Phon- neur d'être associé, le soin de caractériser les effets nuisi- bles que les figues soumises à l'examen étaient susceptibles de produire sur l’économie animale, M, Dubuc a cru pou- voir se livrer à quelqués expériences particulières dans le dessein de rechercher et dedécouvrir, s’il était possible, la cause -des effets nuisibles qui avaient été la suite de l'usage de ces fruits détériorés. DT NT 7 (41) Voici le résamé, fait par M. Dubuc lui-même , du travail qu'il a présenté à l'Académie. Les figues trouvées dans le magasin du sieur... étaient presque dépourvues du parenchyme charnu et du principe mucoso-sucré qui caractérisent ces sortes de fruits lors- qu'ils sont de bonne qualité. « La plus grande partie de ces fruits, ainsi que la ma- tière pulvéralente qu'ils avaient fournie , renfermaient des insectes du genre des mites, qui avaient dévoré une partie de la snbstance des figues. « L'alcool en a extrait une matière résineuse , âcre au goût qui paraît provenir du suc laiteux et corrosif du fi- guier. est vraisemblable que ce suc ne conserve son âcreté dans les fruits que jusqu'au moment de leur parfaite maturité, puisqu'on ne la pas trouvé, dans de.bonnes figues, conservées même en magasin depuis plus d’une année. Les vapeurs irritantes fournies par ces fruits, étaient un mélange d'acide carbonique , d'acide hydrotyanique et d'huile aotutilé , dont les éléments ont été produits soit pus l'effet d'une végétation imparfaite, soit par l'effet de la fermentation qui a été excitée intérieurement. Les effets malfaisants de ces figues doivent donc être attribués, 1° aux insectes et aux larves qu'elles contenaient, et dont l'âcreté a quelque analogie avec celle des cantharides ordinaires; 2° au suc laiteux âcre du figuier dont partici- pent les fruits quand ils sont cueillis avant leur maturité, comme paraissent l'avoir été ceux qui font le sujet de cette notice; 2° à l'acide carbonique, mais spécialement à la- cide prussique dont les effets sont connus pour être des plus dangereux sur l'économie animale. » M. Dubuec termine sa notice en faisant observer qu'il y a près de 30 ans, il fut chargé avec M. Le Pecq de la C4) Clôture, docteur médecin, de visiter un navire amarré vis-à-vis de la Bourse, dont la presque totalité de la car- gaison consislait en figues qui exhalaient une odeur si in- supportable , que non-seulement plusieurs hommes de l'équipage en furent incommodés, mais encore les matelots des vaisseaux voisins. M. Mouchard, délégué du parlement pour être présent à l'opération, ordonna , sur le rapport de MAL. les Com- missaires , que le navire serait mis à l'instant en quaran- taine , à l'île de la Croix. Les circonstances dans lesquelles on se trouvait à celle époque ne permirent pas de donner suite à cette affaire. = Dans une lettre qu’il a adressée à l'Académie, M. Le Bouvier père, ancien négociant, annonce qu’il a lu avec le plus. grand intérêt le Mémoire de M. Dubuc l'aîné, sur l’encollage des étoffes et toileries , au moyen de di- verses espèces de parements ; que d’après un passage du voyage de Sonnerat aux Indes et à la Chine, il n'y a pas lieu de douter que le tisserand Indien ne confectionne sa toile en plein air, malgré la violence de la chaleur qui règne dans ces climats ; que l’on doit par conséquent en conclure que les Indiens font usage d’un procédé quelconque quicon- serve aux fils de coton la force , la souplesse et lélas- ticité nécessaires au tissage; que ce procédé doit être très-simple, puisqu'il n’y a point de peuple civilisé moins avancé dans les arts que le peuple Indien ; que comme , il ne croît dans l'Inde ni blé, ni seigle, ni pommes de terre, mais seulement du riz, il est porté à croire que cette dernière substance fait la base de l'apprèt des In- diens, enfin qu'il serait digne du zèle de M. Dubuc de tenter quelques essais en ce genre. L'Académie, prenant en considération les observations de M. Le Bouvier a chargé M. Dubuec, de Ini faire un rapport à ce sujet. Déjà M. Du- buc à entrepris quelques expériences, mais il a prié la (43) compagnie de Jui permettre de renvoyer son rapport à l'année prochaine. Notre confrère réserve anssi, pour la même époque, la communication des résultats d'un assez grand nombre d'expériences qu’il a commencées, en 1820, sur la fabri- cation artificielle du salpétre. — L'Académie doit encore à M. Dubur des notices sur la distillation de l'eau de mer. Dans cet écrit, notre confrère propose des moyens pour dépouiller l’eau de ner de touie substance étrangère , et la rendre propre aux usages de la vie. (L'Académie a délibéré que ce iravail serait imprimé en entier à la suite de ce rapport ). = M. Robert à rendu compte d'un Mémoire dans lequel M. Vène entreprend de résoudre la question suivante : « Prouver ou refuter la théorie de Dalton qui prétend que, dans l'atmosphère , les différents fluides aëriformes ne sont .pas chimiquement unis , imais seulement mêlés mécaniquement, et de manière que lun n'agit pas sur l'autre ; c'est-à-dire, par exemple, que les molécules d'azote ne repoussent point les molécules d’oxigène, mais exclusivement celles d'azote ». Après avoir présenté l'analyse du Mémoire de M. Vène, M, Robert couclut en ces termes : « Il est facile de voir que les raisonnements employés par l'auteur, quoiqu'ils paraissent confirmer l'opinion de Dalton n'en sont pas moins une véritable refutation masquée sous la diversité du langage. Parce que deux quantités égales de deux gaz différents supposent une pression double de celle qui est propre à chacun d'eux, Dalton conclut qu'il n'ya entre ces deux gaz ni attraction , ni répulsion. M. Vène trouve la consé- C44) quence inexacle , puisque le même effet aurait lien si les deux quantités réunies au lieu d'être de matière différente appartenaient au même gaz. Suivant Dalion et d’après l'énoncé de son opinion, le ca- lorique existant dans les gaz se trouverait placé dans l’inter- valle de leurs molécules; l'auteur établit au contraire ar'en verlu des attractions bien reconnues du calorique, ce fluide ne peut résider que sur leurs molécules materielles. Enfin Dalton veut que l'élasticité soit due à la force répulsive des molécules, tandis que M. Vène prétend qu'elle est l'effet du calorique et de l'électricité. Le Mémoire de M. Vène paraît à M. Robert marqué au coin du talent , et il regarde l’auteur comme un de ces hommes auxquels il appartient d'enrichir le domaine de la Science. — Au nom d’une commission, M. Vitalis a rendu compte de l'analyse d’un sable chrômifère de Saint-Do- mingue, par M. P. Berthier, ingénieur des mines, profes- seur de docimasie à l'Ecole royale des mines. « Ce sable, dit M. Berthier, m'a été remis par M. le professeur Vitalis qui a bien voulu me transmettre en même-temps les renseignements suivantssur son gisement. « Il ne vient pas de l’île Saint-Domingue même, mais de la partie méridionale d’une petite île nommée l'Ile à Vaches, qui se trouve à 17 kilomètres au sud de la pre- mière. On ne l'a encore rencontré dans l’île à V ches que sur une partie de la plage qui n’a pas plus de 33 mètres de longueur , et qui forme l’embonchure d’une vallée bordée de chaque côté par des rochers. Un faible ruisseau qui coule dans cette vallée apporte le sable chrômifère aux époques de ces débordements, et il le dépose sur la plage en couches de 2 à 3 centimètres d'épaisseur , pêle-mêle avec du sable blanc. « Le sable de l’île à Vaches, tel qu'on l'a apporté en (45) Europe, est composé de grains de fer chrômé, parmi les quels on distingue, soit à l'œil nu, soit à l’aide de la loupe, quelques autres grains de minéraux assez variés. Les grains les plus apparents sont des débris de coquilles calcaires et de rochers de même nature; les plus petits grains sont amorphes, translucides , fort durs, les uns blancs, les autres jaunâtres, et 2 plupart d’un rose plus ou moins foncé : tout porte à croire que ce sont des fragments de quarizet de pierres gemmes. Enfin on parvient, au moyen du barreau aimanté , à extraire du sable de l'île à Vaches x à 2 centièmes de son poids de très-petits grains d'un noir foncé presque sans éclat et que l’on a reconnus appartenir à l'espèce fer titané. « Le fer chrômé peut être débarrassé de toutes ces substances, en traitant le sable par lPacide muriatique , après en avoir séparé le fer titané par le barreau aimanté, et en le soumettant ensuite à un lavage soigné à l'augette à main. C’est le sable ainsi purifié qui a été analysé. « Les grains de fer chrômé ont tout au plus la grosseur d'une tête de camion ; ils sont tous parfaitement cristal- lisés ; leur forme est l’octaëdre régulier, sans facettes ad- ditionnelles : leurs arètes ne sont nullement émoussées par le frottement. La couleur de ces grains est le noir foncé pur, et ils sont doués d’un très-grand éclat; cet éclat ressemble plutôt à l'éclat du jayet qu'à celui d’une substance métallique , leur pesanteur spécifique est très- grande , mais on ne l’a pas déterminée ; ils sont cassants et faciles à broyer ; leur poussière est d'un brun foncé, Lorsqu'on les chauffe très-fortement, ils s’agglomèrent légèrement, et sans rien perdre de leur poids; ils de- viennent d'un gris bleuâtre très-foncé. [ls ne font pas du tout mouvoir l'aiguille aimantée. « Pour analyser ce minéral , j'ai essayé d'employer l'ac- tion des acides, mais en en faisant bouillir ro grammes pen- dant plusieurs jours avec de l’acide muriatique concentré , (46) jé n'ai pu en dissoudre qu'un gramme ; j'ai donc ét£ obligé de l'attaquer par les matières alcalines , comme les pierres. Néanmoins l'éxpérience ne m'a pas été inutile , élle m'a appris que les substances dissoutes par l'acide étaient entre elles dans le même rapport que dans la partie non dis- soute, ce qui prouve que le minéral ne renfermé, en mélange, aucuné subslance soluble dans les acides. » L'analyse définitive a été conduite comme il suit : 16 grammes dé fer chrôme , réduit en poudre impalpable , on été tenus au rouge pendant deux heures dans un creu- set d'argent , avec 16 grammes de potasse caustique, et 33 grammes de nitrate de potasse; On a délayé la matièré dans l’eau , et on a bien lavé Île résidu : on à traité celui-ci d'abord par l'acide muriatique un peu étendu afin de dis- soudre compleitément la silice qu’il contenait, et ensuite par Pacide muriatique concentré pour dissoudre tout l'oside de fer ; il est resté du fer chrômé non attaqué dans la pro- portion d'environ moitié de la quantité employée. La dis- solution muriatique a élé évaporéé à siccité, ét le résidu a élé repris par Peau, Ja silice est restée pure ; la liqueur précipitée par l’'ammoniaque a donné un mélange d’oxide de fer et d’alumine qui a été pesé, puis on l’a traité au creuset d'argent avec de la potasse caustique pour en ex- traire Palumine; Popération a fait voir en mêmée-temps qu'il ne contenait pas d’oxide de chrôme. La liqueur alca- line contenait tout le chrôme à l’état d'acidé chrômique, et la plus grande partie de Palumine a été exactement sa- turée d’acide nitrique , il s’est précipité de Palumine très- pure; on y a ajouté ensuile un petit excès d'acide et après un peu d'ammoniaque , il s’en est encore séparé quelques traces d’alumine; la liquéur ne rénfermait plus alors que de l'acide chrômique : on a ramené cét acide à l'état d’oxide vert, au moyen d’un mélangé d'hydro-sulfate d'ammonia- que et d'acide muriatique tel que la dissolution fàt toujours acide : on à fait bouillir, pour chasser l’excès d'hydrogène LS (47) sulfuré , et on a filtré, après quoi on a précipité l’oxide de chrôme par l'ammoniaque ; la décoloration complète des eaux mères a prouvé qu’elles ne contenaient plus rien. Le résultat moyen de plusieurs analyses a été : Oxide rouge de fer. . . . 0,372. contenant oxigène. 0,112. Alurmine..se 08 ss Tate ide LUS ie S 10300 Oxide vert de chrôme. . 0,360. . . . . . . . . . . 0,117. Site ns etes cc OA n +- 1; par conséquent le n I — 1! . terme x devient plus grand que la somme de tous G C98 ) : les termes négatifs , lorsqu'on fait æ — 1 — p’ sea 1. Donc la substitution de x — D + 1 doit donner un résultat positif: des substitutions plus grandes donneraient, à plus forte raison, des résultais positifs et toujours croissants ; par conséquent les valeurs positives TT = x : 4 S des racines de l'équation sont plus petites que F +1. Si l’on applique cette méthode à l'équation xt + box +60 x —gox—60o =o, on aura n=1, P=6Go, et S = go. Par conséquent on aura aussi 90 5 <= +i,our <— < 60 + ? < 2 La méthode que lon a suivie jusques ici &onnerait z Fulminar poi le torri, e i vostri temp}, » la langue court frapper la quatrième et la huilième ; dans le second , la sixième. Dans ce vers célèbre qui peint si bien Herminie se précipitant de cheval à l'aspect de Tancrède blessé et na geant dans son san we Le) » Non scese n0, precipito di sella, L'ictus linguæ se fait avec beaucoup d'énergie sur la quatrième et la huitième, mais surtout sur la quatrième. Il y a des poètes qui affectent plutôt l’une que l'autre de ces deux manières de vers. Le Tasse, par exemple, se plaît trop souvent à placer les accents sur la quatrième et lahuitième ; il s’accuse lui-même de ce défaut. Frugoni, qui à fait une grande quantité de vers non rimés qui Ca54) jouissent en Italie d’une haute estime ; plaçait trop sou- vent l'accent sur la sixième. Ces deux espèces de vers sont de l'usage le plus fréquent. à Dans ces vers de l'Arioste, « Al fulminato eucelado le spalle, » Per mezzo un bosco presero la via, » Tendon fra gli odoriferi ginepri, Et dans celui-ci d'Annibal Caro, à » Tal non fu gia d'Antenore lesilio, l'accent est sur la quatrième. Dans celui-ci de l’Arioste, » Che raro fu tener le labbra chete, Et dans cet autre d'Annibal Caro, » Qui di porre avea gia disegno , e cura, l'accent est sur la sixième et la huitième. Dans le suivant de l'Arioste, » O presso ai fonti, a l'ombre dei poggetti , Et dans celui-ci d'Annibal Caro, » Le si fé sotto e vortice, e vorago, l'accent est sur la quatrième et la sixième. Il est aisé de voir quelle source inépuisable de variétés fournissent ces différents placements des accents. Elle est si abondante qu'un poète italien qui voudrait faire quatre (a55) vers de suite qui eussent précisément la même harmonie, aurait bien de la peine à réussir, et il faudrait qu'il s’en fit une tache toute expresse. Cette variété , qui naît natu- rellement du caractère même de la langue , suffit pour la poésie rimée ; mais il n’en est pas de même pour la poésie non rimée. Pour celle-ci , elle ne doit pas être abandonnée au hasard ; elle doit suivre des règles cer- taines et être assujettie à un systême donné; elle doit y être aussi plus prononcée que dans la poésie rimée. 4° Mais il ne faut pas croire qu’une fois la place des accents donnée, l'harmonie du vers soit irrévocablement fixée , et que deux vers qui auraient les accents placés sur les mêmes syllabes , présenteraient la même harmonie. Celle des vers italiens , ayant les mêmes accents, peut encore êlre variée à Finfini, à cause des longues et des brèves dont la langue italienne abonde. Je prends pour exemple ce vers du Tasse : « Di soave liquor gli orli del vaso, qui a son accent sur la sixième. Je ne déplace pas cet accent , je change seulement le mot soave en celui de limpido ; ce qui rend la troisième syllabe du vers brève, de longue qu’elle était, et je change entièrement par-là l'harmonie du vers. L'Arioste a dit : « Timida pastorella mai si presta. Ce vers a aussi l'accent sur la sixième ; je ne le déplace point , je change seulement le mot #mida en celui de leggiadra, ce qui rend la seconde longue de brève qu'elle était, et j'obtiens une harmonie toute différente. . Je pourrais multiplier ces exemples à l'infini ; je me résume et j'établis que les longues et les brèves jouent (156) un grand rôle dans la poésie italienne , et qu'un poète qui sait s'en servir à propos, peut produire de très-grands effets d'harmonie, et la varier jusqu’à l'infini. C’est cette variété qui soustrait la langue poétique à la nécessité de la rime. 5° Une source de variété très-abondante , peut-être la plus abondante de toutes , consiste dans les repos, c'est-à-dire dans les fins de sens qu'on peut ménager au quart, au tiers, à la moitié, aux deux tiers, aux trois quarts, et quelquefois même aux quatre cinquièmes du vers. Cette ressource est presque nulle dans les vers rimés , c'est-à-dire qu'on ne peut guère en faire usage , parce que la rime détermine presque toujours et de vive force la fin de la phrase. Ces repos, ces coupures dans la tex- ture du vers , produisent un effet admirable, et font oublier à l'oreille la monotonie occasionnée par une har- monie trop uniforme. Voilà, quant à l’effet des repos au milieu des vers sur l'harmonie , mais ils en produisent un bien plus grand encore pour limitation ; mais ceci n'entre pas dans mon sujet. C’est principalement à ces repos ménagés avec art, quon reconnait le versificateur habile : personne n’a égalé, à cet égard, Annibal Caro, dans la traduction de l'Énéïde. On reconnaît cependant un grand-maître dans M. Monti , traducteur de l'Iliade. On ne saurait faire le même éloge de Cesarotti, dans la traduction du même poëme , quoiqu'il eût un très-grand talent pour les vers non rimés. En général , les Ltaliens d'aujourd'hui abusent de la faculté de ménager des repos dans le cours des vers. Ds y en mettent beaucoup trop, et presqu'à chaque vers; ce qui produit un style haché et sec, et une poésie sans harmonie. 6° Les longues périodes , si favorables, d’ailleurs, à la haute expression et au style poétique, surtout Jors- (157) qu’elles sont accompagnées d’inversions habilement mé- nagées, sont encore un moyen très-puissant dont le poète qui fait des vers non rimés, peut se servir pour faire disparaître la monotonie, et dont celui qui emploie la rime est presqu'entièrement privé. Cette faculté qu'a le poète de prolonger la phrase beaucoup au-delà de la fin du vers, et de ne la terminer que là où il le juge à propos, par des motifs tout-à-fait indépendants de l'empire de chaque vers, est une source très-abon- dante de variété. On oublie l'harmonie du vers, ou du moins on ne la sent que de loin, lorsqu'on est enveloppé dans une grande période , largement dessinée , qui forme à elle seule un tout harmonique , et qui tient, pendant long-temps , l'esprit en suspens. La langue italienne est extrêmement propre-à produire cet effet, parce qu'elle a su conserver cette marche grande et large qu’on admire dans les langues d'Athènes et de Rome. La nécessité où sont les poètes qui font des vers rimés de terminer le sens à la rime, est non-seulement un obstacle à l'imita- tion, mais encore une source de monotonie, un principe d’ennui. Cette gêne , on la sent dans le Tasse assez évi- demment ; personne n'a su mieux la déguiser que J'Arioste, mais elle est encore sensible dans les com- positions de ce grand génie. Ainsi la faculté des grandes périodes dispense de la rime, et l'absence de cette faculté la nécessite ; et si, d’un côté, les périodes écour- tées nécessitent la rime , de l’autre celle-ci nécessite les périodes écourtées. 7° On doit remarquer, en dernier lien, que le poète qui s’affranchit de la rime, est obligé à une plus grande élévation de style , à des idées et à des tours plus poétiques. À cet égard, la langue italienne offre de très-grandes ressources ; parce que son langage poétique est un lan- gage à part, extrêmement distinct de celui de la prose, el présentant un fond inépuisable de phrases et de tour- (158) nures qui n'apparliennent qu’à la poésie, et qu'on ne pourrait employer dans la prose sans se rendre ridicule. Les principes que nous venons de développer sont si vrais que si on ôle la rime aux plus belles octaves du Tasse et de l'Arioste , elles dévienment insipides, et on sent aisément que, sion l'êtait à toutes, on ne pourrait lire leurs poëmes sans dégoût, tandis qu'on lit toujours avec un nouveau plaisir la traduction de l'Énéïde par Annibal Caro. Pourquoi cela ? Parce que le Tasse et PAriaste, en faisant des vers rimés, ont suivi les règles propres à celle sorte de vers, et qu'Annibal Caro a suivi celles qui appartiennent aux vers non rimés. Il résulte de tout ce que nous venons d'exposer, qu'on peut faire des vers italiens sans rimes ; 1° À cause de Ja faculté d’enjamber ; 2° À cause de l'inversion des phrases ; 3° Par la grande variété dans le placement des accents. 4° Par l'influence des longues et des brèves ; 5° Par la faculté de prolonger la phrase au-delà de la fin du vers et de la terminer dans le cours de ce même vers, à quelqu’endroit que ce soit ; 6° Par la facilité qu'offre la langue italienne , et qui est inhérente à sa nature, de peindre la pensée , avecun grand nombre de ses accessoires, dans une seule et ample période ; 7° Par son lanoage poétique extrêmement prononcé et extrêmement abondant. € scale. ms smctsch ro tnl.até métititmainene à (159) 111112321515: 1))21 LE NOUVEAU RICHE ET LE SOLITAIRE. Ux nouveau parvenu , fier de son opulence, Son opulence acquise on ne sait trop comment, Voulant faire oublier son obscure naïssance, Et son nom trop commun qui faisait son tourment, D'une terre titrée alla faire l’emplette ; Avec deux millions l'affaire est bientôt faite. Le voilà devenu, non pas un grand seigneur, Mais ce qu’on prise autant, un très-grand possesseur : L'un vaut l’autre à présent, peut-être mieux encore. L’aveugle ambition en secret le dévore. De son nouveau domaine il emprunte le nom ; Il prend, sans balancer, le titre de baron ; Affecte les grands airs, le ton de suflisance, Le maintien dédaigneux , qu’il prend pour de l'aisancez Quelques mots plébeïens, quelques airs villageois, Le rappellent souvent à ces temps d'autrefois ; Maïs le nouveau baron est riche, c’est tout dire ; L'or fait tout pardonner, tout cède à son empire. De ces droits féodaux, qu'il eut tant en horreur, * I regrette la perte. Au nom de Monseigneur, D'un doux je ne sais quoi son âme est enivrée ; Il aurait des vassaux, des laquais à livrée, De nombreux protégés toujours environné, , A : / D un superbe écusson son char serait orné. Les temps sont bien changés, ces futiles merveilles Ne délecteront plus ses yeux et ses oreilles : I faut y renoncer , hélas! et pour toujours ; À de nouveaux hochets, il faut avoir recours. (160) Mais avec de l'argent de tout on se console. Le plaisir reparait; la tristesse s'envole. La chasse, plaisir noble, ent pour lui des attraits ; D'un brillant équipage il fait bientôt les Frais. Ce goût de vanité devint passion forte ; On le voyait, suivi de sa bruyante escorte, Traverser les guérêts, s’enfoncer dans les bois ; Par des chants redoublés annoncer ses exploits. Le son aigu des cors dans les airs se déploie: Pour ces jeunes chasseurs, du bruit est de la joie, Tout est nouveau pour eux, et s’il faut parler net, Ils font presque toujours plus de bruit que d'effet. Mais pourquoi, dira-t-on, tant de frais, d’étalage ? D'un monstre furieux faut-il braver la rage ? De sa dent carnassière arracher les enfants, Ou purger le pays d'animaux malfaisants ? Non, non; mais d'employer et la force et l'adresse, De poursuivre et gagner, s’il se peut, de vitesse, Un cerf aux pieds légers, l'ornement de nos bois, L’attaquer, le forcer, le réduire aux abois; Sans en être attendri, lui voir verser des larmes, Dans ses flancs déchirés trouver encor des charmes : Voilà le noble but de leurs ardents désirs. Hélas ! l'homme est cruel même dans ses plaisirs! Le mal avec le bien dans ce monde s’enchaine ; Le plaisir trop souvent est suivi de la peine: Notre nouveau baron, devenu grand veneur, En fit l'expérience un jour, pour son malheur. Une chasse brillante, à grands frais préparée, Attire les regards de toute la contrée. Le départ est bruyant, on chante, on boit, on rit; De leurs cris redoublés, la forêt retentit. | Bientôt (161 ) Bientôt le bruit s'éloigne, et le morne silence Inspire à nos chasseurs un peu de défiance. Le cerf, vieux habitant de ces sombres forêts, En connaît les détours et les sentiers secrets. Déjà, plus d’une fois, par vitesse ou par feintes, Il avait des chasseurs évité les atteintes ; Mais bientôt rassuré, ménageant ses moyens, I] fatigue aisément les hommes et les chiens. Chacun d'eux, épuisé d'une inutile peine, Déserte tour-à-tour, et regagne la plaine. L'intrépide baron, fougueux, plein de chaleur, Poursuit toujours sa proie avec la même ardeur. Son orgueil est blessé de tant de résistance, Qu'un timide animal sans force et sans puissance , Et ne sachant que fuir devat ses ennemis, Echappe à tant d'efforts contre lui réunis. Mais un trouble importan vient calmer son audace. 11 commence à prévoir le sort qui le menace. Dans sa course rapide il se trouve arrêté : Son coursier, de fatigue, expire à son côté. Des abîmes profonds lui ferment le passage ; Tout ce qui l’environne est d’un affreux présage. Egaré dans ces bois, isolé, sans appui, Les hommes, l'univers, tout est perdu pour lui. Qui pourra soulager son horrible détresse ? Que lui sert maintenant son immense richesse ? Où sont-ils, ces flattéurs , ces prétendus amis , Ces parasites vils à ses festins admis ? Tous l’ont abandonné : dans son malheur exutme, ’ . Il n'attend de secours, hélas! que de lui-même. Aucun ne se présente , et de son triste sort , La mort sera le terme, eh! grand Dieu, quelle mort !.… LP ( 162) En proie au désespoir, an hazard il avance. Une secrète horreur le suit et le devance ; Il lève ses regards et ses bras vers les cieux... Quel objet imprévu se présente à ses yeux !.… Ïl voit, croit voir au moins, une épaisse fumée, Dans le vague des airs aussitôt dispersée. Serait-ce le signal d'un pays habité, Ou l'affreux précurseur d'un volcan irrilé ? Quelqu’épaisse vapeur, quelque léger nuage ? Ou d’un esprit troublé, c’est peut-être l'ouvrage. Par la crainte et l'espoir tour-à-tour occupé, Il dirige ses pas vers le roc escarpé. il redouble d'efforts, de zèle et de courage ; À travers les halliers il se fraye un passage. Il parvient à la fin sur un tertre charmant... Quel air pur et serein !.. Quel heureux changement la Le calme de ces lieux pénètre dans son âme; Un nouveau sentiment, un nouveau feu l’enflamme. Il se sent soulagé de ses vives douleurs : Que le repos est doux après de longs malheurs ! Mais bientôt il prévoit de nouvelles disgrces : D’aucun être vivant il n'apperçoit les traces, Et ce site charmant, qui lui parut si beau, Ne lui présente plus qu'un immense tombeau. Soudain s'offre à ses yeux un vieillard vénérable, Grave dans son maintien, mais doux, humain, affable. Notre baron surpris, porte vers lui ses pas, Et lui tient ce discours en lui tendant les bras : « Qui que tu sois, qui vis dans ce désert sauvage, « Etre surnaturel, dont l'aspect m'encourage ; « Tu vois en ce moment un homme infortuné, « Un chasseur imprudent des sieus abandonné, ( 163 ) « Accablé de besoins, en proie à la tristesse, « Et prêt à succomber sous le poids qui l'oppresse. « Sensible à mes chagrins , daigne me secourir ! ©Mon sort est dans tes mains, faut-il vivre où mourir ? « Si tu peux soulager ma pénible existence, « Tout mon or est à toi... trop faible récompense, » Notre viellard recule , et d’un ton dédaigneux : « Garde ton or, dit-il, il est vil à mes yeux ! « Je vois en toi mon frère, un ami, mon semblable, < Malheureux par sa faute et sans être coupable : « Venir à son secours est un devoir pour moi ; 4 Soulager l'infortune est ma suprême loi. « J'ai renoncé, sans peine, au monde, à ses chimères, « Mais non pas au bonheur de soulager mes frères. E) Tes membres fatigués ont besoin de repos, “ Ce gazon émaillé se présente à propos. « Dans le vallon voisin, la source qui serpente « Peut aisément calmer la soif qui te tourmente, « Je ne pourrai C'offrir qu'un repas très-frugal , « Mais avec l'appétit, tout devient un régal. » Le baron ardemment desire de connaître Celui qui de ces lieux lui semble être le maître : Ce favori du ciel, ce solitaire heureux, Qui prodigue envers lui des soins si généreux. « Sur ce point, lui dit-il, daigne me satisfaire? » «—- S'y consens, nul motif ne m’oblige à me taire. « Je vais te présenter d'austères vérités, Puissent-elles calmer tes esprits agités! J'ai connu comme toi la grandeur, la richesse: « Au sein des voluptés, j'ai passé ma jeunesse. « Je ne refusai rien à mes bouillans desirs ; “ Maïs bientôt, fatigué de bonheur, de plaisirs, « Du dégoût, de l'ennui, les froides influences « Vinrent glacer mes sens au sein des jouissantes. « « « C 164) Le sort me réservait de plus cruels malheurs. J'ai bien souffert, mon fils, j'ai versé bien des pleurs ; Le mensonge odieux, la noire calomnie Osèrent attaquer mon honneur et ma vie. Je fus séduit, trompé, trahi, persécuté ; Par des amis ingrats cruellement traité ; Enfin je triomphai de tous leurs artifices. J'aime encor les humains, malgré leurs injustices ; Mais je conçus bientôt que, pour se rendre heureux , Il faut les oublier et vivre éloigné d'eux. Je m'imposai dès lors un exil volontaire. Le ciel guida mes pas vers ce lieu solitaire, Azile du repos et plus voisin des cieux. J'y plane sur les temps, Les hommes et les lienx. Le bonheur m’attendait dans cette solitude : J'y vis tranquille, heureux, sans nulle inquiétude ; J'y suis seul avec Dieu ; l'aimer est mon devoir, Le servir est ma loi, lui plaire est mon espoir. Je goûte en ce desert, où mon penchant m’attire , Un bonheur aussi par que l'air qu’on y respire. « D'un village voisin les pauvres habitants Versent sur moi les fruits de leurs travaux constants. Que ces présents du cœur pour le mien ont de charmes ! De mes yeux attendris qu’ils font conler de larmes ! Combien je suis sensible à leurs soins obligeants! Pour bien donner, mon fils, vivent les indigents ! Le riche donne mal; sa dure bicufaisance Fait payer chèrement les dons qu’elle dispense. Eeureux celui qui peut de son joug s'affranchir ! Modérer ses désirs, mon fils, c’est s'enrichir. «Un jardin abondant, deux chèvres familières, Et de mes bous voisins les mains hospitalières, M'ofrent des aliments simplement apprêtés : C'est ainsi qu'on vit vieux et sans infirmités. (165 ) « Depuis cent ans, mes yeux s'ouvrent à la lumière, « Et rien n’annonce encor la fin de ma carrière ; Je ne m’abuse point , je sais qu'il faut mourir... « Aux décrets éternels je suis prêt d’obéir. « Si tu te sens, mon fils, assez fort, assez sage « Pour vivre ainsi que moi dans ce bel hermitage, «< Tu pourras y goûter le suprème bonheur ; « La paix, la douce paix, régnera dans ton cœur. « Loin d’un monde pervers et des traits de l’envie, « Rien ne pourra troubler ton innocente vie ; « Et, comme ce ruisseau tranquille dans son cours, « Dans un calme parfait s'écouleront tes jours. « Tu ne me réponds pas. tu rêves. tu balances... « Il suffit. je l’entends et cesse mes instances. « O riche malheureux! va reprendre tes fers ! « Va, va de tes pareils partager les travers, « De l’aveugle fortune essuyer les caprices, « Des jaloux, des méchants subir les injustices ! « Je C'offrais un bonheur trop sublime pour toi; « I] faut nous séparer, tu vivras loin de moi. « Puisse un Dieu bienfaisant, à mes désirs propice, « De regrets trop tardifs t'éviter le supplice. » A ces mots, en pleurant, ils se dirent adieu. Le baron à regret semble quitter ce lieu : Il le quitte pourtant. Le vieillard débonnaire , Pour la dernière fois, et l’instruit et l’éclaire; D'un coup d'œil obligeant, de la voix, de la main, Pour sortir de ces bois lui montre le chemin. Enfin il disparait. Le grave solitaire, Toujours l'âme élevée au-dessus du vulgaire, Exempt de passions, et de trouble et d’ennui, Le bénit et le plaint, et va prier pour lui!!! ( 366 ) A MNIM. Les MEMBRES D£ L'ACADÉMIE. O vous qui paraissez touchés de mes récits; Des vertus, des talents, estimables amis, Qui consacrez vos jours au travail, à l'étude, Et, sans fuir les humains, aimez la solitude : Si j'ai pu pénétrer dans vos cœurs attendris, Le mien est satisfait, tous mes vœux sont remplis. Par M. »'OrNAy, Doyen des Académiciens, âgé de 93 ans. N. B. M. d'Ornay , ayant perdu l'usage de la vue, à récité de mémoire , dans la Séance publique, cette pièce écrite , sous sa dictée, par une main étrangère. (167) DITHYRAMBE SUR L’ANCIENNE ROME. Osoxs monter au Capitole, Osons renverser de nos mains Le pompeux autel de lidole Elevé par l'erreur en l'honneur des Romains. Saisis d'une juste colère, Brisons le monument de la crédulité, Et ce fantôme vain de grandeur mensongère Va fuir devant la vérité. Comparais, maitresse du monde, Au tribunal de la Raison; Dis-nous sur quel titre se fonde Le trompeur éclat de ton nom. Tu naquis des forfaits d’une troupe homicide Echappée au fer du bourreau; Et le rapt et le fratricide Ont marché devant ton berceau. Reine cruelle en ta jeunesse, Dans le sang et le deuil tu plongeas l'univers ; Vile esclave de la mollesse , Tu vieillis dans la honte et mourus dans les fers. Ne nous vante plus ta puissance, Réprime , crois-moi, ton orgueil ; L'opprobre accueillit ta naissance, Et le mépris assiége ton cercueil. Je vois encor ce roi Numide, Souillé d’un infame attentat, Obtenir, à prix d’or, de ton Sénat cupide , Le pardon d'un assassinat. ( 168 } Mais Jugurtha lui-même , Rome déloyale ! Te laisse pour adieu ce mot accusateur : Tu te vendrais, cité vénale, Si tu trouvais un acheteur ! Tu voulais, disais-tu, que l'Univers fût libre ! D'où vient que les rois enchaïnés, D'un triomphe insolent, sur les rives du Tibre, Suivaient la pompe, en esclaves trainés ? Et ces peuples nombreux subjugués par tes armes,, Qui les dépouilla de leurs droits ? Les as-tu préservés, pour prix de tant d’alarmes, De ce joug dont ta haine osait charger les rois ? Le carnage et la mort, des débris et des larmes, Ce sont-là tes bienfaits, ce sont-là tes exploits. | Quels sont ces murs dévorés par les flammes, Et s’écroulant avee fracas ? N'entends-je pas les cris des enfants et des femmes Egorgés sans pitié par de lâches soldats ? Des plaines de l'Afrique aux champs de lEbérie, Le géant de la guerre agite ses brandons ; Il sourit au vaste incendie Allumé par les Scipions ; Pourquoi cette fureur des phalanges romaines ? Pourquoi ces flots de sang, ce ravage et ces chaines... © Ah ! je le vois, noble cité, Ces remparts abattns, cette ruine immense , C'est Carthage , Astappe et Numance À qui tu rends la liberté ! Il s'arrête un moment, le torrent des batailles ; Quel peuple vas-tu dévorer . . . . ? Le tien même, le tien , au sein de tes murailles, Et ce sont leurs propres entrailles Que tes enfants vont déchirer. C:69 ) Que tardes-tn, cité marâtre ? Les athlètes sont prêts et le cirque l'attend ; Tu perdrais un plaisir en perdant un instant : On s’égorge à l’amphithéâtre. f Gladiateur stupide ! immole tes rivaux, Rome décernera des honneurs à tes crimes, Et vous, mourez , mercenaires victimes , Pour le bonheur de vos bourreaux. Mais que le vaincu s'étudie À tendre élégamment les flancs à son vainqueur, La grâce de son agonie Doit mériter l’aveu de ce peuple oppresseur , Qui dans l’exeès de sa démence , Dicta des lois à la douleur , Et fit un art de la souffrance ! Il est tombé, l’épais rideau Qui me cachait tes injustices ; Je l'ai déchiré ce bandeau Qui voilait à mes yeux tes fureurs et tes vices . Rome , je ne vois plus en toi Qu'un peuple eruel, fanatique , Peuple sans honneur et sans foi, Peuple tyran, sans doute, et non pas peuple roi ; Aveugle adorateur du pouvoir despotique , Qui commandait sans frein , sans balance et sans loi, Sous le vain nom de république. Brutus, deïtes enfants ordonne le trépas, Fais tomber sous tes yeux l’espoir de ta famille ; Et toi, Virginius , frappe au cœur de ta fille, En invoquant l'honneur que tu ne connais pas ! ‘Tribuns insolents et perfides, Outragez les consuls | insultez au sénat ! (z70) Poussez dans l'air vos clameurs homicides; Et tout fiers du succès de complots parricides, Proclamez-vous les sauveurs-de l’état ! Contre les traits du temps le crime est sans armure. Marius, tu n’es plus qu’un monstre détesté, Dont le nom seul est une injure. Tremble à ton tour, Sylla, toi qui l'as imite, L'inexorable vérité N'abdique point sa dictature. Lepide, Antoine, Octave, illustres assassins , Venez, vos sentences sont prêtes, Et ces fleuves de sang qui coulaient sous vos mains, Vont se déborder sur vos têtes ! Rome, voilà donc tes héros ! Postérité, ce sont-là tes idoles ! Mais, Ô vertu! qui verra tes symboles Dans les fureurs de ces bourreaux ? Oui, Rome, vainement j'interroge l’histoire Sur ta grandeur , sur tes bienfaits ; Ou s’il reste dans ma mémoire Quelque trace de tes hauts faits, Je n'apperçois jamais le spectre de ta gloire Qu’entre ta honte et tes forfaits ! Par M. Tuéor. Licouer. (17: ) LE CONVOI DU PAUVRE. (1) La fortune, dans son caprice, Avait porté Damon au faite des grandeurs ; Soudain de ses trésors, de ses brillants honneurs, Elle impose à Damon le cruel sacrifice, Et flétrit sans pitié sa couronne de fleurs. Sensible au milieu des richesses, Par son aménité donnant un nouveau prix À ses bienfaits, à ses largesses, Damon croyait avoir un grand nombre d’amis. Surtout en toi, Lisis, était sa confiance, Etait son espoir le plus doux , Toi, dont le rang et l’opulence , Gages de sa faveur, de sa munificence , Ne faisaient que trop de jaloux. L Hélas ! plongé dans l’indigence, Et bientôt comme elle oublié, Il éprouve que l'amitié Souvent n’est qu'un vain nom, qu’une vaine apparence ; Il s’en afflige, il s’en offense, Mais , seul touché de sa douleur , Son Chien redouble de caresse, Sur lui porte un regard où se peint la tendresse, Et la paix rentre dans son cœur. Fidelle à Damon semblait dire : « Je ne vis que pour toi, pour toi seul je respire ; (1) Le Convoi du Pauvre est le sujet d'une gravure où l’on voit seul, } 8 à la suite de son Maître, un Chien dont l'attitude exprime La douleur La plus profonde. C72) » O toi, qui fus mon bienfaiteur , » Jouis de ma reconnaissance, » Il te reste un ami, qu'il soit ton espérance; » Quand on aime , être aimé, n'est-ce pas le bonheur ? » De sa félicité, de moments pleins de charmes, Damon perdant le souvenir , Malgré lui songe à l'avenir, Et ses yeux sont baignés de larmes, Et bientôt affaiblis se ferment sans retour À la douce clarté du jour. Contemple ta victime, à fortune ennemie ! Et, lasse de frapper, du moins suspends tes coups, Réduit à détester la vie Damon peut-il encor exciter son courroux ? L'amitié jamais ne murmure, Ardente et courageuse elle prend sans mesure Les travaux, la douleur, et les compte pour rien ; Fidelle sans regret pour Damon les endure, Il est son guide, son soutien. Ingrats ! vous le plaignez peut-être, Mais Fidelle se plait à porter un lien Qui le rend utile à son Maître, Et l’attache à l’homme de bien. D'un zèle si parfait, d’une telle constance , Rs La fortune jalouse à Damon préparait De sa haine le dernier trait. Contre elle il était sans défense , Fidelle était sans méfiance ; Hélas ! dans un lieu sombre avec soin attiré, Malgré toute sa résistance , De son Maitre il est séparé, Et Damon gémit de l'absence De l’Ami dont il est pleuré. Cx73) Par sa docilité, son courage exemplaire, IL sait vaincre ses maux; mais tout-à-coup perclus, Il succombe, et laisse à la terre Le souvenir de ses vertus. Cependant, que devient Fidelle ? Il regrette Damon , par ses cris il l'appelle , Et des moyens de fuir sans relâche occupé, | Toujours grondant, toujours frappé, Mord la main qui le tyrannise , | Tourmente sa chaîne, la brise , Et, de sa prison échappé, Chez Damon il accourt tressaillant d’allégresse. Damon, hélas ! n’existe plus. . . . . Fidelle à tout perdu; l'objet de sa tendresse Pour lui devient l'objet de regrets superflus. Sous les voiles du deuil à ses yeux on emporte L'Ami que vainement il aspire à revoir : Seul il est toute son escorte, Comme il fut son unique espoir. À l'humble char qui la recèle : Deux chevaux attelés traînent avec lenteur Du malheureux Damon la dépouille mortelle ; Fidelle suit, son corps chancelle, Toujours près de céder au poids de la douleur ; Mais de son Maître il voit la demeure dernière, Et, pour s'unir à lui, faisant un vain effort, Il soupire , il gémit , il invoque la mort, Et la mort finit sa misère. Par M, VIGKé. (174) LES POTS DE FLEURS ET LES ARBRES. FE ABLE. , Bien encaissés, serrés par un grillage, Deux Rosiers, trois touffes d'OEillets, Un Jasmin et quatre Genets, Sur le bord d’un sixième étage, D'un vieux rentier formaient le paysage. Ils végétaient . . .. grâces à l’arrosoir Dont Monsieur Bonardin venait matin et soir Rafraichir leur triste feuillage ; Du reste, placés près des cieux, Ils n'avaient rien au-dessus d’eux : Je connais plus d’un personnage Qu'un tel sort rendrait envieux ! La tète de nos gens en fut bientôt perdue ; Et comme dans l'hôtel voisin Fleurissait un riant jardin, Sur lequel ils avaient la vue : Quel est, s’écria le Jasmin , A mes pieds , . . tout là-bas . . cette espèce de nain ? C’est un orme !.. et cet autre ? . . un chêne : Qu'ils sont petits ! je les plains de bon cœur ; Etre petit !.. c'est un si grand malheur ! Chacun faisait chorus , lorsqu'une planche usée Cédant au poids de nos géants, Les voilà tous de la croisée L'un sur l’autre dégringolants , Jusques sur le dos des passants. Dans le ruisseau vint expirer leur gloire, Si ce n’est pourtant qu'un journal, Sur cet événement fatal, Broda la plus touchante histoire. (175) Nos gens n’en furent pas pour cela moins perdus. Un passant dit, en voyant leurs ruines : Etre placé bien haut n’est qu'un danger de plus, Quand nous n’avous pas de racines. Par M. GUTTINGUER. FIN. a à TABLE DES MATIERES. D ISCOURS d'ouverture de la Séance publique , par M. Mar- quis , president de l Académie , page : SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Vitalis, Secrétaire perpétuel , 13 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES. Reclamation ou quelques idées produites par la lecture d'un ouvrage que vient de faire imprimer M. Cachin , sous Le titre de Mémoire sur la digue de Cherbourg , comparée avec le brise-lame de Plymouth; par M. Gabriel - Aimé - Noël, 15 Analyse du Mémoire de M. Cachin ; par M. Pattu, et rapport par M. Mallet, ibid. Seconde édition de la Concordance des deux Calendriers , depuis le 22 septembre 1793, jusqu’au 1% janvier 1806 , à laquelle est joint une Concordance abrègée depuis l'an 15, jusqu'en l'an 32, pouvant servir pour les annees sui- vantes; par M. Veriaux, ibid. Recherches concernant les limites des racines , dans les équa- lions numériques, et solution d’un probléme de physique ; par M, Vène, et rapport par M. Meaume , ibid. (178) Notice de M. Vène sur les déblais, et rapport par M. Mallet, 16 Mémoire sur un Instrument disposé de maniere à rendre promple et facile la mesure des terreins inclinés à l'horison ; par M. Prévost fils , et rapport par M. Mallet, ibid. Méthode pour calculer et disposer un rouage, pour obtenir qu’un de ses mobiles fasse, dans un temps donné, une révolution exacte , quelque fractionnaire qu’on la suppose ; par M. Le Pecqueur, et rapport par M. Destigny, 18 Nouvelle théorie pour expliquer les phénomènes de l’électri- cité et du magnétisme ; par M. Vène, 19 Oéservations sur le galvanisme et le magnétisme ; par M. Lehot, ibid. Nouvelle théorie de l'univers; par M. Morin, 22 HISTOIRE NATURELLE. Fragments de philosophie botanique ; par M. Marquis, et rapport par M, Le Turquier , 22 Analyse de la deuxième livraison du tome 1** des annales européennes de physique végétale et d'économie publique ; par M. Levieux, 24 État des substances terreuses , pierreuses, melalliques et fos- siles , trouvées dans la fouille faite à Saint-Nicolas-d Ali- hermont, pour une mine de Houïlle , dressé par A1. le vicomte Héricart de Thury, d’après les échantillons qui lui ont été envoyés par M. Viualis, 26 Observations microscopiques et physiologiques sur l’ulva intes- tinalis ; par M. Gaïllon, et rapport de M. Aug. Le- prevost, 33 Traduction de l'ouvrage du docteur Ferrara sur PEtna, ses éruptions et ses produits volcaniques ; par M. Robert, et rapport par M. Botta, 37 L4 (179 ) CHIMIE ET ARTS CHIMIQUES, A 1 ; danve ; \ Notice sur des figues reconnues dangereuses ; pur M. Dubuc, 4o Lettre de M. Le Bouvier père, ancien négociant à Rouen , relative aux parements des toiliers , 42 Notices sur la distillation de l’eau de mer ; par M. Dubue, 43 Mémoire dans lequel M. Vène entreprend de résoudre une question relative aux fluides aëriformes, et rapport par M. Robert, ibid. Analyse d'un sable chromifère de Saint-Domingue ; par M. Berthier, et rapport par M. Vitalis , 44 MÉDECINE. Solution d'une question proposée par M. Moreau de Jonnes, relative aux épidémies qui ont ravage la ville de Rouen , dans le derniers siècles ; par M. Godefroy, 49 Monographie historique et médicale de la fièvre jaune des Antilles , etc. par M. Moreau de Jonnès, et rapport par M. Godefroy, 5x De l’état du systéme nerveux sous ses rapports de volume et de masse, dans le marasme non sénile, et de l'influence de cet état sur les fonctions nerveuses, par M. Desmoulins , et rapport par M. Godefroy , 53 Apperçu philosophique sur la possibilité de perfectionner l’homme par les modifications de son organisation ; par M. Desmoulins , e4 rapport par M. Godefroy , 53 Suite des recherches sur l’état de volume et de masse, du systéme nerveux , et de l'influence de cet etat sur les fonc- tions nerveuses ; par M. Desmoulins, et rapport par M. Vigné, 54 ( 180 ) Discours sur cette question : Quelle a été l'influence de l'esprit de système sur les progrès de la médecine ? par M. Désormeaux ; analyse par M. Vitalis, 55 Traduction de l'ouvrage de Morgagny , De sedibus et causis morborum per anatomen indagatis; par MM. Désor- meaux et Destouet, et rapport par M. Hellis, 59 Travaux de la société de médecine de Lyon, depuis le mois de juillet 1818 jusqu’au mois de septembre 1820, et rapport par M. Hellis, G2 Essai sur l’hypocondrie , thèse présentée et soutenue à la faculté de médecine de Paris, le 27 juin x820 , par M. Frédéric Bouteiller , ef rapport par M. le docteur Prevost, 66 Apnéologie méthodique, ou essai sur la classification et le traitement des Apnées en general; par M. Ch. Desalleurs, et rapport par M. Vigné, ibid, Bulletin de la société de médecine d’Evreux , n° 6x , 62 et63, et rapport par M. Gosseaume , 69 AGRICULTURE. Analyse d'un rapport de BT. Sylvestre, sur les travaux de la société royale et centrale d'agriculture, pendant l'année 1819; par M. Meaume , 69 Extrait des travaux de la societé d'agriculture du département de la Seine-Inferieure, et rapport, par M. Meaume, 71 Compte rendu de la séance publique de la société d’agricullure du commerce et des arts de Boulogne-sur-mer ; tenue le 17 juillet 1820; par M. Dubuc, ibid. Recueil agronomique de la societé du département de Tarn-et- Garonne, el rapport par M. Dubuc, 73 (181 ) Travaux de la société d’agricutture et des arts du département de Seine-et-Uise , pendant l'année 1820 , et rapport par A. Prevost, vétérinaire , 74 Annales de la société d'agriculture, sciences, arts et belles- Lettres du département d'Indre-et-Loire ; et rapport par M. Vitalis, 75 Opusculs concernant l'appareil vinificateur de M\° Gervais, et rapport par M. Vialis, 73 Compte rendu des travaux de la société académique du dépar- tement de la Loire-Inférieure , et rapport par M. Gode- froy , 83 Bulletin de la société d'agriculture, arts el commerce des Pyrénces Orientales, ibid. Notice sur le traitement des arbres fruitiers, et particulièrement du pécher; par M. Dubreuil, et rapport de M. Le- vieux, ibid. Discours prononcé par M. Lezurier de la Martel, à l’ouver- ture de la séance publique de la sociète d'agriculture du département de la Seine-Inférieure, en 1821, 8/4 ARTS INDUSTRIELS. Du developpement à donner à quelques parties principales et essentieiles de notre industrie intérieure, et de l'affermis- sement de nos rapports commerciaux avec les pays étran- gers ; par M. De Moléon, 85 Analyse d'un rapport fait par le docteur Guillé, au ministre de l'interieur, sur l'état de l'institution royale des jeunes aveugles ; par M. Vitalis, ibid. Prix proposé pour 1822, 89 Norice biographique sur M. Lamauve ; par M. Leprevost, docteur-médecin , A! ( 182 ) Ouvrages dont l’Académie a délibéré limpression en entier dans ses actes. NoTe sur la limite des racines des équations ; par M. Vène, 97 Autre limite plus rapprochée ; par le méme auteur , 98 Rapport et NoTicEs sur la distillation de l’eau de mer, el moyens proposés pour obtenir de re fluide une eau exempte de corps étrangers el propres aux usages de la vie ; par M. Dubuc, 100 BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fai par M. N. Bignon, Secrétaire perpétuel, Vx+ Ouvrages annoncés ou analysés dans Le rapport. Recueil des académies des jeux floraux , de Lyon, de Dijon, de Nancy, de Bezançon et de Bordeaux, et ceux des sociétés académique de la Loire, d’émulation de Rouen et de Cambrai, et rapports par MM. Duputel, Licquet et Fontanier , xIr Élégie sur la mort d'un jeune neveu, par Mme Victoire Babois, ibid. Monuments de la Normandie , lithographiés | par M. Joli- mon , ibid. Ouvrages de grammaire française ; par M. Billon , et rap- port par M. Fontanier, 112 Traduction française de Rodéric, dernier roi des Goths , par M. Amillet, et rapport par M. Licquet, ibid, Antiquités trouvées à l'embouchure de la Saane , près Dieppe , par M. Sollicosse , ibid. Catalogue en langue hindostanique , imprimé à Calcuita ; envoyé par la sociélé d'agricultare et de commerce de Caen , ibid. ( 183 ) Le christianisme de Montaigne , par M. l'abbé Eabou- derie , ibid. Esquisse d’un essai sur la philosophie des sciences, par M. le chevalier Jullien , et rapport par M. Aug. Le- prevost , 113 Analyse d'une notice historique sur la vie ct les ouvrages de M. De Landine , hibliothécaire de Lyon, par M. Licquet, ibid. La nuit et la journée du 29 septembre 1820; par AI. Alissan de Chaset, et rapport par M. Brière, ibid. Essai critique de l'histoire de la Livonie, par M. De Bray, et rapport par M. Lezurier de la Martel, 114 Essai historique sur la ville de Caen ; par M. Delarue , ibid. Traduction française de l'Homme heureux, poëme portu- gaïs d'Alméida ; par A1. l'abbé Jamet, ibid. Mémoire sur l’enseignement des sourds-muets ; par D. l'abbe Jamet; ef rapport par M. Meaume, ibid. Epitre aux mânes de Nigée et de Lachabaussière ; par M. Boucharlat, R10 Ode sur la légitimité, par M. Molievaut , " ibid, Ode sur l'héruïsme des Rouennaïs, durant le siège de 1418 ; par M. Pierre Dumesnil, ibid. Inscriptions en vers latins pour des monumens érigès à Caen et à Cherbourg ; par M. Danneville, ibid, MEMBRES RÉSIDANTS. Consideratians sur l’état actuel des sciences, des lettres et des arts en France ; discours prononcé par M. Marquis, prési- dent , à la rentrée de l Académie, 116 (184) Discours de réception de M1. Maïllet-Lacoste; et réponse de M. le président , 117 Eloge historique de N. Poussin, et Notices sur Michel-Ange Buonaroti et sur J.-M. Vien; par M. Lecarpentier, 118. Vue de l'abbaye de Tréport, et une vue prise au Pont- St-Pierre; par le même, ibid. Ouvrage sur la critique ; par M. Maillet-Lacoste, ibid. Histoire de la Comédie ; par M. Fontanier, ibid. Notice historique sur la Henriade ; Mémoire sur les critiques de la Henriade; Jugement sur la Henriade; examen du premier chunt ; par M. Fontanier, 119 Mémoire sur la comédie des Nuées ; par M. Licquet, 119 Autre Mémoire sur le méme sujet ; par M. Bignon , 120 Etymologie du nom latin de la ville de Rouen ; par le même, ibid. Dissertations sous le titre général de D'outes sur l'Histoire ; par le même, ibid. Dissertation sur une nouvelle édition des Vaudevilles d'Olivier Basselin; par M. Duputel, 12E Observations diverses sur la peinture et les arts; par M. Des- camps, 122 Mémoire sur la question de savoir pourquoi l’on peut faire des * vers ilaliens sans rimes , ibid. Eloge de Rollin ; par M. Maillet-Lacoste, 123 Discours relatif à l'influence des auteurs grecs et latins sur l'esprit de la jeunesse dans l'instruction publique; par le méme , ibid. Notice biographique sur M. Alexandre Quesney ; par M. Le- carpentier, ibid. ( 185 ) Galerie des peintres ; par M. Lecarpentier, 123 Notice historique sur un monument celtique à Cocherelles ; par DM. Marquis, ibid. Dissertation sur le temple que l'on croit avoir existe, à Rouen , sur l'emplacement occupé depuis par l’église de Saint-Lo; par le même , ibid, Histoire de la guerre de l'indépendance des Etats-Unis d’ Ame- rique, 4° vol. ; par M. Botta, 123 Précis analytique des anciens Mémoires de l’Académie ; 5° vol. ; par AI. Gosseaume , ibid. Le Cog-d’Inde, le Héron et le Pélican, fables ; par M. Le- filleul des Guerrots, 124 Imitation de la Yarpéïa de Properce ; par M. Fontanier , ibid. Le Chien el la Chaîne , fable ; par M. Guttinguer , ibid. Imitation , tirée du poëme de Don Juan, par lord Byran ; par M. Guttinguer , ibid. Exrrair d’une [Imitation libre du petit poëme de Properce , intitulé Tarpéïa ; par M. Fontanier , 125 Eatrait d'une Fable intitulée Xe Héron et le Pélican; par D. Lefilleul des Guerrots, 127 CONCOURS. Rapport sur le Concours de l’année , pour la classe des Belles- lettres, lu en séance publique; par M. Brière , 128 Prix proposé pour 1822 , 130 Prix extraordinaire, 131 ( 186 ) Ouvrages dont l'Académie a délibéré l'impression en entier dans ses actes. Notice historique sur la Henriade, pour une edition de ce poëme , avec un Commentaire raisonné et suivi; par M. Fon- tanier, 133 Mémoire sur celle question : Pourquoi peut-on faire des vers italiens sans rime ? par M. Botta, 148 Le Nouveau Riche et le Solitaire , vers; par M. d'Ornay, 159 Dithyrambe sur l'ancienne Rome ; par M.'Théod. Licquet , 167 Le Convoi du Pauvre ; par M. Vigné, 173 Les Pots de Fleurs et les Arbres, Fable; par M. Gut- tinguer , d 174 FIN DE LA TABL&. Ta 1 J : 4 RAA a: OR ART RPAaAA ART LAN a Ne RES A n 3AR PAANT 2 É à la) AMP 2 An A A£ ONNRIA ; AAA AS À AARA Vala ARABAase. ane AGE rene VAR AAA AAARAA AAA AAA À: DAVSEETT MMigenen RÉ REA AR ARRRARERanag eat: BR" | ARR Ana na na a RSR RAT ARA ARRR 22 AAA 20 AAA RAA" | TN AAA AAA AP LIAPYA AAA AAA AR AREA A | À ANm= A AAA x A A RRRARARAARS A A'ARR Lila) mA Al AARRA RARE Ann LEYYSAAAGS RER ARR an ane | AAAAAAañ AE ARARAA Aa LA ra AAA SERIE APE A À À | ARAAAAR Len EEE A9: a = AARRARER AA AAA. nÂr D ARAREAA/ | | AAA AS PT alle TEE An. ARAPEE | ARLES LEUR ANA, An AN La r RAMA À LOPSAR AA annnn nant A A » À nr? ARAANA - An Alan AA AAA 4 RARE RAR RAA RAR © Anar RAA Anna AAA RRA TRE ARR AAA Ann NAN AR AN ANA 2 22 NYAABE MAMMA Ram LEE A 2 REA MATE ARAAANA A2 2 = AA AN Anna ! 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