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Es À, EE PRECIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1826, À ROUEN, DE L'IMPRIMERIE DE NICÉTAS PERIAUX JEUNE, RUE DE LA VICOMTÉ , N° 55. L132:1492) 1026. Ra: rs = ; L4è LS $ _ ———_— of a RU OI) a TAN Er eR FER RURET cs cp y é (ALES LS D LA A o | (à Le " Le su wi sa! PRECIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1826, D'APRÈS LE COMPTE QUI EN À ÊTÉ RENDU PAR MM. LES SECRÉTAIRES, A LA SÉANCE PUELIQUE DU 7 AOUT DE LA MÈME ANNÉE, —chhiS DS 'oucie—— DISCOURS PRONONCÉ A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE, Par M. L'A88é GOSSIER , PRÉSIDENT. Mssuns À La vue seule d’un corps littéraire dont le Président est revêlu du caractère sacerdotai fait naître tout d'abord, et comme spontanément, une grande pensée : l'alliance des lettres et de la religion. Elle s’est assurément pré- senlée à tous ceux qui honorent cette solennité de leur présence, quoique peut-être quelques-uns n'ont pu se x (2) rendre comple à eux-mêmes de l'impression qu'ils ont éprouvée en nous voyant pénétrer dans celle enceinte. Plus cette pensée a frappé votre esprit, plus aussi, sans doute, vous aimerez à vous y arrêter. La religion et la littérature ne peuvent être considérées , même chacune séparément, sans exciter le plus vif intérêt : l'aspect de leur union et de leurs rapports mutuels re peut manquer de pénétrer des ames sensibles et généreuses. Quel beau sujet pour un ministre des autels appelé en ce jour à faire l'ouverture de la Séance publique annuelle d’une Société scientifique et littéraire! Qu'il est d'ailleurs consolant d’avoir à le développer en présence de chefs d'administration , protecteurs par devoir, et plus encore par goût et par sentiment , des lettres et de la religion, dans une assemblée aussi brillante de ver- tus que de talents, et au sein d’une ville qui, supé- rieure , après la capitale , à presque toutes cellés de la France , par son étendue et sa population, se distingue éminemment par ses honneurs héréditaires et sa gloire propre dans les différentes branches des lettres, des sciences et des arts, et s’est acquis, dans des temps de trouble et de délire, de si éclatants mérites aux yeux de la religion et de ses ministres ! Religion , littérature : l'union, Pharmonie, les rapports qui règnent entre ces deux grands pouvoirs, les secours mutuels qu'ils se prêtent et qu'ils se rendent, voilà donc le sujet qui, je ne dirai pas, se présente à moi, mais que les circonstances semblent m'imposer. Il n’est pas entièrement de mon choix, et vous en êles témoins, Messieurs; je le saisis cependant, et sans considérer mes forces. Oser est pardonnable et même méritoire quand l'entreprise est glorieuse et peut devenir ulile. La religion n’a pas besoin d'éloges , ni la littérature de louanges. Mais des hommages ne sont pas des services : ce sont C3» des devoirs; et ces devoirs sont d'autant plus sacrés et indispensables que lobjet auquel ils se rapportent est el plus grand et plus relevé. Mères pieuses et instruites, qui, avant lout , cherchez à former le cœur de vos enfants ; pères verlueux ct lettrés , qui donnez principalement vos soins à l'ornement de leur esprit; administrateurs, magistrats, toui à la fois religieux et savants, qui voyez, dans un culte public sage el imposant ;. la plus sûre garantie du bon ordre social, et, dans une littérature saine et noble, Passu- rance de la plus haute gloire de la Patrie ; professeurs, instructeurs , ecclésiastiques , qui, au milieu d’un siècle quelquefois entraîné à l'irréligion par l'ignorance, et quelquefois ignorant par manque de religion , vous ef forcez de relever la piété par la science et de sancüfier la science par la piété; vous encore , portion intéressante de la société, qui devez un jour vous rendre des com- pagnes agréables par une modeste et discrète instruction , et faire le bonheur de vos époux par une religieuse allention à vos devoirs ; el vous aussi, jeunes hommes, espérance de notre Patrie, vous qui, irouvant encore la vertu si belle et sa pratique si douce, préludez aux différents genres de gloire qui vous attendent par la gloire littéraire ; vous tous , enfin , embrâsés d’une ardeur hono- rable pour tout ce qui est beau et bon, pour tout ce qui est sacré devant Dieu et grand aux yeux des hommes, tous, sans disunciion de sexe , d'âge, de condition, de caractère , vous daignerez accorder une bénévole attention à des rapprochements qui, en dépit de touie la faiblesse de celui qui les présentera, ne pourront manquer de toucher votre ame en charmant votre esprit. Que voire indulgence, tontefois, n’attende qu'une indication succincte de quelques idées principales. Plusieurs discours suffiraient à peine pour un développement satisfaisant d’un si grand Fr | C4) sujet. Hâtons-nous : déjà trop d’instants ont été dérobés aux rapports dela religion et de la littérature. Dans tout le cours du moyen âge, et même durant plusieurs des siècles qui l'ont immédiatement ou pré- cédé ou suivi, la religion et la littérature n’eurent qu'un temple et un asile. Les lettres, effrayées du bruit des armes , que les épaisses ténèbres de la barbarie rendaient encore plus affreux, allaient quitter la terre et retourner dans le sein de la Divinité, lorsque la religion leur offrit une retraile. Sourde à la voix de timides scrupules, elle n'hésita point de leur ouvrir son sanctuaire et de les appeler à partager avec elle les veilles de l'ascétique, le culte des adorateurs privilégiés du vrai Dieu. L'ardeur de sa charité hospitalière leur pardonna l’encens qu'elles avaient brûlé sur des autels profanes, dans Babylone et dans Memphis, dans Athènes et dans Rome ; elle parut ne se souvenir que de ces chants sublimes dont elles avaient autrefois fait retentir les bords de la mer de Suph, les profondeurs du désert de Pharan et les rochers de la sainte montagne de Sion. Quelques modernes paraissent ne pas apprécier suf- fisamment le mérite et le désintéressement de cette généreuse hospitalité. Que les cloîtres aient recueilli les monuments précieux de la littérature judaïque, nous n'avons pas lieu d'en être étonnés. Le chrétien y trouvait les documents de sa foi, le chœur des ministres y puisait les cantiques qu'au nom des fidèles il adressait sept fois le jour à l'Éternel ; mais , qu'ils devaient avoir de grandeur d'ame et de goût, ces cénobites qui , malgré le double préjugé de siècles aussi grossièrement et superstitieuse- ment religieux que profondément et orgneilleusement isnoranis ; conservaient avec soin les restes d’une liuté- rature toute profane , toute païenne , souvent licen— cieuse et quelquelois même impie! Assurément ces C5) hommes qui, dans les intervalles des exercices d’une religion chaste et jalouse , transcriwaient pour la postérité, et sans distinction quelconque, Homère, Anacréon et Sapho, Virgile et Ovide, Catulle et Lucrèce , devaient être doués d’une raison bien ferme, d'un bon sens bien solide .et bien vigoureux : ils devaient être bien supé- rieurs à tous les petits scrupules d'un esprit faible et borné. Si, vers les temps de la plus épaisse obscurité mo- rale et litéraire , ils n’ont pas empêché la perte de quelques écrits; si, lorsque l'encre rendait, en pâlissant, presque illisibles les caractères autrefois tracés sur les anciens volumes, ils se sont servis du parchemin antiqu pour interligner les productions de quelques scolastiques obscurs; ne soyons point surpris que les ténèbres, loujours croissant, aient à la fin gagné les monastères eux-mêmes. Souvent, au moment même où dé vastes plaines sont couvertes d'an brouillard impénétrable , il arrive que les pics des plus hautes montagnes jouissent d'une lumière vive el pure; mais quelquefois encore le voile des nuages, s’élevant de plus en plus, parvient enfin à envelopper aussi les lieux qui. avaient long-temps paru lui être. inaccessibles, D'ailleurs , la milice des cloîtres ne pouvant être recrutée que dn dehors, com- ment s’élonner que ceux qui y cutraient n'y fissent à la fin prévaloir les préjugés apportés du sein d'une po- pulation qui ignorait autant qu'elle méprisait les lettres ? Si, entre les chrétiens depuis le quatrième jusqu'au huitième siècle et ceux des premières années de notre ère, nous remarquons, maloré l'identité du dogme et de la morale, une si étrange différence , la cause s’en trouve dans Péiat différent de Ha littérature. Les bienfaits dont la religion que nous professons avait comblé la terre à sa première apparition, étaient, par suite d'une + ND ignorance presque générale, en partie oubliés, et en partie corrompus. L'inondation des barbares du Nord, qui avait fait crouler les corps politiques de l'Europe, avait aussi bouleversé les habitudes littéraires des peuples, vicié leurs idées morales et religieuses. Ces nations exotiques , qui entrèrent dans léglise du Christ en s’accommodant extérieurement à la religion des peuples conquis , y introduisirent presque toute leur rudesse originaire , presque toute leur naturelle ignorance. Hu- mainement parlant, il semble que la croyance, en quelques- uns des articles les plus essentiels, ne put être préservée que par larlifice grossier de cérémonies soil puériles , soit ridiculés, dont on s’avisa de déshonorer la majesté d'un culte auguste. Sans la religion , la nuit de l'âge que nous appelons. moyen parce qu'il se trouve entre la littérature ancienne et la littérature moderne, n'aurait peut-être été suivie d’aucun jour ; mais aussi la religion , pour ramener dans tout son éclat la lumière dont nous jouissons aujourd'hui, s’associa la littérature. Les miracles éclatants et solennels qui avaient brillé sur son divin berceau ne devaient pas être renouvelées : le ciel avait fait choix de moyens nouveaux. Les lettres humaines devaient, en civilisant les peuples barbares , metire le caractère de l’homme en. harmonie avec une religion de paix et de charité ; elles devaient le disposer à en sewtir la beauté , à en recevoir l'influence. Leur flambeau, quoiqu'allumé sur la terre, fera ressortir les traits célestes de cette fille de l'Éternel , et, sans y rien changer, elle les développera et les montrera sous le point de vue le plus propre à lui concilier le respect et l'amour. Au temps voulu, un génie extraordinaire paraît sur lhorison , et, à sa puissante voix , les nuages d’ignorance et de barbarie qui avaient pesé si long-temps sur l'Europe, commencent tout-à-coup à s’éclaircir pour se (72 dissiper ensuite graduellement. C’est à la France , c’est à l’un de nos Rois que la terre doit ce bienfait. Charlemagne , religieux à la manière de son temps, et lettré pour son siècle, fit refleurir la religion et la littérature ; il connut qu'elles ne devaient point , qu'elles ne pouvaient point être séparées. La réciprocité des secours que ces deux grandes puissances se commu- niquent toujours, parut peut-être plus remarquable encore dans ce siècle que dans tout autre. La marche rapide de chacune semblait tout à la fois la cause et l'effet des progrès de Pautre. Si la littérature faisait un ps, elle semblait ne le faire que pour la religion, à laquelle elle donnait la main, et qni, de son côté, trouvant de nouvelles forces dans cette assistance fraternelle , n’en faisait elle-même un autre que pour porter en avant la litérature, dont elle devait encore recevoir bientôt un semblable secours. Le sens droit du genre humain , même dans les temps les plus reculés, a toujours, ce semble | reconnu l'al- hance naturelle entre la religion et la littérature. La politique des Égyptiens , qui avait divisé la population en autant de castes ou classes que l’administration du gouvernement , le maintien des lois, la défense du pays ; les sciences , les arts, les différents besoins de la société ÿ offraient de branches diverses , n’avait point séparé le culte des lettres du culte de la Divinité. Le prêtre qui sacrifiait à l'autel de l'Étre suprême , sacrifait à celui des muses. Habile, par la constitution de son pays , à entrer dans l’un et dans l’autre sanctuaire ; il chantait, dans les cérémonies religieuses , les vers que la littérature lui avait dictés, et il enrichissait la littérature des concep- tions sublimes que lui suggérait la religion. Pareillement ; chez tous les peuples anciens, la poésie , fille aînée et long-temps unique de la littérature , était vouée aux dieux - son langage était regardé comme leur langage ; c'était (8) des dicux que le poète recevait ses inspiralions, c'était pour eux aussi qu'il accordait sa lyre : la littérature était la partie principale de la religion , et toute la religion était, pour ainsi dire, daus la littérature, Ne croyons pas, Messieurs, que l'accord entre les letires humaines et d'vines, ne se trouva autrefois que dans les religions païennes, dans ces religions formées ou pluiôt defigurées par l'homme ; le peuple d'Israël , conservateur fidèle des anciennes traditions et des divines promesses , n'est point ici un peuple à part. Chez lui, comme chez les autres nations anciennes, le caractère de poèle rarement séparé de celui de chef, de prince où de roi, parail presque inséparable du carac- ière sacerdotal, Chez lui encore , aussitôt, du moins, qu'il a pris une station fixe, nous voyous, d'une part, la poésie, jointe à la musique, former la partie la plus noble et la plus populaire du culte religieux, et, de l'autre , la religion donner à la poésie de ce peuple extraordinaire une sublimité qui n'a jamais été surpassée, n'a jamais été même égalée chez aucune autre nation. C'est sans doute la vérité de leur religion qui imprima, dans tous les temps, à la littérature des Juifs , ces traits de dignité et d'élévation que ; malgré le voile peu souple de nos traductions modernes , l'œil le moins exercé y distingue encore. ; Depuis que la terre est habitée par l'homme, cet &ire à qui seul il appartient et d’honorer là Divinité et de cultiver les lettres, quelques courtes années seulement se font remarquer où la véritable religion se montra sans avoir pour compagne la litiérature , et sans paraître même avoir besoin dé son secours. Mais ce lut 1h, Messieurs, une des plus grandes merveilles du Tout-Puissant. Une religion qui, sans l'assistance des lettres ,; s'élève tout-à-coup sur les ruines de la religion (9) religion de Moïse et de toutes celles du paganisme , porte, sur son front, une marque incontestable d’une puissance surnaturelle ; on y découvre le doigt de celui à qui rien west impossible et qui peut tout par lui- même. Aussi, après ces jours d'une exception que demandait l’honveur dû à la présence de l'Homme-Dieu sur la terre, la main de la providence replaça la religion sous l'influence des causes secondes, et conséquemment de Ja littérature, Alors les leitres humaines rentrèrent dans les fonctions de leur honorable office ; alors elles suscilèrent le génie des Tertullien, des Origène , plus tard celui des Lactance, des Minutius Félix, et succes- sivement celui des Irenée, des Basile, des Jérôme, des Augustin et de tant d’autres lumières de la littérature chrétienne. Si la littérature n’a pas toujours paru favorable au progrès et au maintien de la religion, que cela ne soit point un scandale pour le liliérateur chrétien. Jusqu'où n’a pas été l'erreur, ou de quoi la malice n’a-t-elle pas abusé? N’a-t-on pas aussi voulu proscrire la littérature au nom de la religion? Ce ne sont pas les seuls exemples que le monde ait donnés de dissentions semées entre des sœurs. De nos jours encore, Messieurs , à quels soins pa- raissent être particulièrement confiés les intérêts de la religion sainte que tout l'univers éclairé professe ? assurément c'est aux soins de la littérature, L'Eternel n'a pas craint d'abandonner aux lettres humaines la tutelle de cette fille aînée de son amour pour l’homme. Ce sont elles qui la défendent contre les attaques réitérées de ses nombreux ennemis. Elles sont sa euirasse et son bouclier ; cela suffit à une religion qui n’a pas d'épée el qui ne se sert point d'armes offensives. Ce sont les lettres aussi qui, au besoin, tantôt dissipent les ténèbres de l'incrédulité, tantôt éclaircissent les doutes 2 (ww) de l'incertitude, tantôt encore donnént un éclat inattendu au flambeau de la vérité. Soit qu'elles parlent du haut des chaires chrétiennes, soit qu'elles animent une feuille muellé, soit en public, soit en particulier, elles nous mènent à la religion, en la faisant mieux connaîlre , € nous igspirant son amour, el en versant des flears pour couvrir les aspérités quelquefois fortement adhérentes au sentier des vertus domestiques et sociales , morales et religieuses. Ces services éminents, que la littérature prête à la religion, ne sont point sans de justes retours. C est à la religion que la hitérature doit ses plus grandes beautés : elle ne parait jamais plus merveilleuse et plus sublime que quand elle suit le cercle des vérites révélées et s'em- pare des articles mèmes de notre croyance. La religion évoque tons les enchantemens de lima- gination ; elle appelle toutes les forces de Fesprit, tous les intérêts du cœur. Dans Ja sublime simplicité de ses préceptes et de ses conseils, elle présente le beau idéal des mœurs. Ses dogmes, ses myslères, ses sacre- mens nous découvrent les rapports les plus intimes et les plus touchants entre le ciel et la terre, entre Dieu et lhomme, et, ainsi, offrent au poète, à l'écrivain , à l'orateur , les plus attendrissantes images, les sentiments les plus élevés, les plus nobles inspirations, les plus grands mouvements. id Les esprits de lumière et eeux des ténèbres; le néant et un être nécessaire éternel ; la création de lunivers et un mouvement infatigable imprimé anx globes qui sillonnent l’espace ; les mystères, soit de là vie, soit de la reproduction , et le souffle de la Divinité qui anime celui pour qui tout est fait; l’état originel d'une inno- cence parfaile ; une désobéissance subséquente qui change \ Cr) la terre et ébranle les cieux; dans Funité de Dieu , une triniié de personnes qui rend possible à l'homme une expiation compétente ; les eaux du baptême , le pain eucharistique, ce bois qui, nous rappelant ce que nous devons croire el aimer, est encore le gage de ce qne nous avons à espérer ; une providence infinie el des anges tutélaires ; ces prières à un Dieu de miséricordes , qui, dans sa nature divine, réclame le nom: du père, el, dans sa nature humaine, prend celui de frère; cette vie qui cominence quand la présente finit ; ce commerce touchant entre ceux qui ont quitlé la terre et ceux qui y sont encore restés ; l'immortalité de Fame ; les pro- fondeurs de Péternité, des joies célestes dans le sein d’un Dieu qui se donne pour récompense , el qui, comme s'il eût craint que le bienfait ne ft pas assez graml, veut que nous le partagions avec ceux que nous avons le plus chéri sur la terre... quelles sources, pour un littérateur sensible, d'images tendres ou terribles , tristes. ou gracieuses, fortes ou sublimes ! La Religion agrandit tout ; elle ennoblit lont, l'homme et ses deslinées, l'autorité et la soumission, les droits et les devoirs, nos peines et nos plaisirs, nos travaux et nos éludes. Le poète, le littérateur, pour plaire, pour &tre goûté. pour trouver des tons qui érmeavent le cœur , est obligé d'emprunter le langage de la religion; il faut qu'il soit religieux, et, s’il ne Lest pas, il fant qu'il feiane de l'être. Cette hypocrisie littéraire n’a malheureusement pas éte chez nous sans exemple. Ua auteur célèbre, qu'il n'appartient pas à la charité de juger, mais qui, fans plusieurs de ses ouvrages presqu'innombrables, s'est montré plus d'une fois sous le caractère du eynique et de l'impie, a cependant baissé sa tête altière devant la reli- gion ,ela imploré ses inspirations toutes les fois qu'il voulut écrire pour sa gloire et pour l'immortalité; mais il + (12) n'était pas vrai, dit-on : la froide incrédulité de son cœur arrêta les élans de son génie, et, comme le déclare un auteur (1), bon juge en littérature et en religion, les ouvrages de Voltaire restèrent au-dessous de son talent, Il n'appartient qu'à bien peu d'hommes de se donner pour les apologistes de leur siècle; il n'appartient à per- sonne d'en être le détracteur. Dans tous les temps, que des circônstances particulières n'ont pas jelés bien loin hors des temps communs, un esprit difficile trouvera toujours autour de lui beauconp à blämer, et un specta- teur indulsent y trouvera toujours assez à louer. Sans nous aveugler sur ce qu'on pourrait reprocher au siècle où nous vivons, ne nous sera-l-il pas permis de rendre justice à quelques-uns des principes qui l’animent ? Rare- ment , peut-être, semble-t-on avoir mieux senti qu amjour- d’hui l'union mystérieuse et ineffable de la littérature et de la religion; rarement s’est-on plus efforcé de favori- ser, entre ces deux filles du ciel, un heureux accord, une harmonie parfaite. L'une et l’autre, dans des jours né- fastes , avaient paru chez nous descendre ensemble dans l'oubli du tombeau; mais, après un court et léger som- meil, lareligion et la littérature, se réveillant sur la même couche, se sont donné le baiser de sœurs. La France en tressaillit; elle éleva un cri de joie qui suscita le génie, ranima le talent, convoqua et réunit les membres épars des institutions littéraires et des établissemens religieux, Ce mouvement, une fois imprimé, s’est maintenu, et il continuera. Déjà un sexe qui autrefois ne cherchait à plaire que par des charmes extérieurs, se met courageusement, et non sans l'approbation du nôtre, au-dessus des cen- (1) De Chäteaubriand, (13) sares du salirique lalin et du satirique français. Il ne craint plus le titre de savant; il aspire généreusement aux distinctions de la science proprement dite, à la pratique de presque tous les arts, aux honneurs de pres- que toutes les branches de la littérature, et, connais- sant, comme par instinct, la connexité qui existe entre la religion et les lettres, sans cesser d’être pieux, il veut encore être instruit, Des écrivains qui ont acquis plus d’un droit à l'estime générale , ont, de nos jours , aspiré à la gloire d’unir en- core plus étroitement que jamais les palmes de la reli- gion à celles de la littérature. Qu'ils auraient mérité de notre siècle, si, sans vouloir trop rudementet trop sévère- ment condamner des manières reçues et des habitudes existantes, ils se fussent contentés de donner doucement, et par la force seule de talens reconnus, une direction toute sentimentale et toute religieuse à notre poésie! Le littérateur chrétien et français , toujours franchement loyal, les aurait vus avec plaisir allier dans leurs chants la patrie et une sage liberté à la religion; il leur aurait même par- donné de paraître chercher à se concilier de la faveur chez un sexe sensible, en ajoutant à ces trois grands objets un quatrième qui, toujours sûr d’intéresser, n’est pas toujours chaste, Mais pourquoi une scission explicite ? pourquoi se déclarer en opposition à une littérature qui, malgré des restes de formes un peu antiques, et maloré des traiis qu'elle a contractés dans sa course à travers les siècles payens, admet cependant tous les genres , et offre des modèles pour lexpression juste et animée de toutes les affections naturelles , sociales et religieuses ? Pourquoi sciemment créer des préjugés et indisposer sans motif le monde classique, en adoptant, où même seulement, peut-être, en ne repoussant pas une appellation aussi ri- dicule qu'éloignée de nos mœurs, et en s’élevant sans ménagement contre des principes universellemert reçus, C14) respeelés et admirés jasqu'ici par le goût par des plus beaux siècles? Avec un peu plus d'un bon esprit de mo- dération et de conciliation, la littérature et la religion, toujours amies, resserreraient chez nous de plus en plus les nœuds sacrés qui les unissent. Un siècle qni vient à peine de terminer un quart de sa course, prend, mais seulement aprés Pavoir mérité, le titre de siècle de Findustrie. .…. C'était peut-être la seule gloire qu'aucun des âges passés n'avait pu s'approprier, el nous nous sommes hâtés de nous en emparer. Il appar- tenait à la France de contribuer au mouvement général, plutôt que de s’en laisser entraîner ; elle ne s'est pas man- qué à elle-même. Son ardeur nouvelle ne lui fera cepen- dant pas abandonner ses anciennes el glorieuses habitudes ; elle sera ce qu'elle n'était pas, mais sans cesser d’être ce qu'elle était, littéraire et religiense, À l'exemple du com- merce, qui a souvent rendu des services importants à la littérature et à la religion, industrie, n'en doutons pas, leur en rendra aussi, et dejà elle l'a promis. Les arts in= dustriel; , cultivés avec sagesse et discrétion , donnent un exercice convenable À l'esprit et au corps, et ainsi contribuent à exlirper une dangereuse oisiveté ; elles inspirent une prudente économie , el, par une suite naturelle , conduisent à"nne vie régulière et exemple de pernicieux excès. C'est leur privilege de répandre, dans les classes moyennes de la societé, une heureuse aisance qui amène toujours avec elle , par des degrés sûrs quoiqu'insensibles, un sentiment mtime de ce qui est beau, juste et bon. Les peuples, sous lenr tutelle, acquièrent un goût habitnel pour une élégance, une délicatesse de manières, de coutumes, de conceptions qui favorisent les prosrès des lettres , l'amélioration des mœurs, la pureté de la religion. La ville dont le nom distingue notre Académie, peu contente de suivre , dans la carrière nou- (15) velle, de grands exemples, se charge d'en donner elle- même ; elle ajoute , de uos jours, à ses antiques honneurs ceux de presque tous les arts, et déjà Rouen peut se glo- rifier des héros de son industrie comme elle se glorifie de ses saints pontifes et de ses savants liltérateurs. Dans toute l'étendue de notre belle et chère patrie, que de consolations nous offre le présent et que d'espé- rances planent sur l'avenir! La religion est assise sur le trôae et sur les premiers degrés du trône; la littérature fleurit, non-seulement dans la capitale, mais encore dans les provinces ; les princes de 1 Eglise s'asseyent sur le fauteuil académique, et les académies placent à leur tête les iministres des autels; les chefs d'administration politique, civile et militaire joignent la piété à la science; la masse de la population chérit de plus en plus les prin- cipes religieux el donne plus que jamais ses soins et son temps aux belles-lettres : la France continuera donc de remplir ses glorieuses destinées; elle ne cessera jamais de donner des exemples dignes du titre qu elle tient de la recoanaissanee du chef de la hiérarchie chrétienne; digne du rang qu'elle occupe parmi les nations lettrées, toujours elle embellira, elle honorera la relision par la littérature, toujours elle ennoblira, elle sanctifiera la lit- térature par la religion. Pet Ai mi MesiEe ET FLE | A | hi Eos re Teri W ù RTE Hçus ALTITTUS LE niet SE ) 888 [TOPES À dm FA a PL 1 on ALT FSU 11 SE 6 CRÉES bn pe 2198, Fr BSe7e ai DE à { tac? . ‘ … ns # XL bg TT © Agé LL JE F2 RNegetA l'efoA É ne \PAT Tr: d |" par ISA TS L 3 # 7 DRE (E4 4 dé ÿ faux 4 ibÿ pr pe ut HIS, nu de: 2: 2 AUS Eté MP LT à da: GLS TE ORNE gun AC YS ke? NUL ACREI (ya wi de (s (1 sk mu SH ÈS pt Re. AL UT sr es Fer Ste es j bd abus ce 2 * ‘ S'Énngi on TR "21832 sh Jasit (a dr AUS CUS LA “43 vd “At 4, F: {ana tiou h eue cl 20” LE Ra “ae “ps +" ; 4,42 Lu te ra À pe 4 KR es Cu da. 4 CUT LE p'enet' FR STE #6 COS (7 g HOIMil (7410 DET émail 4 Lui Shane) À Na à NL LA ta radis Husfe % 8 aifct da (TE Éee É: condo 4 (| 1 De, « À +R ‘ Lire « [a ‘ pe ih Hors nr" + | Hate "#"{ A7 IDE AA Pa LL AT ER ? Te hi à | Le a: ( 4 L AS « h DD A "MTS L LA 4 oi RE r à Leaf TRE "y ' CLASSE DES SCIENCES ET ARTS. 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Après quelques détails historiques sur les divi- sions du jour en usage chez les différents peuples, notre confrère expose les motifs qui lui font regarder comme avantageux que les horloges publiques ne marquent que le temps moyen, comme cela est adopté à Genève et pres- que généralement en Angleterre, et non le temps vrai, dont les divisions inégales d’une saison à l’autre entrai- nent des inconvénients, et qu'on ne peul, d’ailleurs, faire indiquer , par presque tous ces instruments, construits pour marquer uniquement Je temps moyen, que par des QU R (20 ) dérangements continuels , d’où résulte nécessairement une fâcheuse discordance dans leurs indications. Il donne le modèle d’une table d'équation du temps moyen avec le temps vrai , qu'il propose de placer auprès de toutes les horloges. Plusieurs lettres sur le même sujet, maïs dont les con- clusions sont différentes, adressées à l’Académie par le respectable pasteur d’une des églises de cette ville, ont été entendues avec un vif intérêt. Une commission chargée de l'examen de cette question, et au nom de laquelle M. Lévy a fait un rapport, partage en tout l'opinion de M. Destigny; quoiqu’elle ne paraisse pas éloignée de penser qu'on pourrait admettre dans une grande sille une seule horloge marquant le temps vrai, qui pourrait, en quelque sorte, remplacer les méridiennes dans les cas où l'état nébuleux de l'atmosphère les rend inutiles. (Le mémoire de M, Destigny se trouve imprimé à la suite de ce rapport. } = M. Cazalis a lu un rapport sur la deuxième partie de l'ouvrage de M. Bourgeois, intitulé : Manuel d'optique experimentale. En rendant justice à l'habileté de M. Bourgeois dans l'art des expériences, M. Cazalis reste persuadé que ces expériences s’espliquent d’une manière plus satisfaisante d'après les principes généralement admis, que par la nou- velle théorie qu'en donne l’auteur. = M. Cazalis a rendu compie aussi des Oëservations sur le calorique et la lumière , offertes à l'Académie par M. Pugh. M. Pugh admet comme principes les trois propositions suivantes : « 1° Les rayons solaires sont composés de calorique et de lumière. (21) » 2° La lumière renferme toutes les couleurs primitives. Elle est, par conséquent, composée d'autant d'éléments qu'ily a de couleurs simples, chacune devant avoir une base particulière démonstrative de sa couleur ; » 3° Le calorique est un élément qui paraît devoir être considéré comme la cause de la visibilité de la lumière. » Suivant M. Pugh, le calorique et la lumière existent dans tous les corps combustibles, en y comprenant les métaux oxidables ; on, du moins, quelques rayons de lu- mière, dans leur état d'inertie, entrent dans la composition de ces corps. Le mémoire adressé à l’Académie par M. Pugh, mal- gré les objections très-fortes qu'on peut opposer à sa doc trine, n’en paraît pas moins, à M. Cazalis, intéressant par le grand nombre de faits curieux qui y sont ras- semblés. = M. ZLéoy a donné lecture d’un rapport sur l'ouvrage de M. Benoît, correspondant, intitulé : Notire sur la construction des roues à augets cylindriques. M. le Rapporteur ne croit pas que l'avantage du nou- veau sysième de roues proposé puisse être aussi grand que l’auteur paraît le penser, comparativement aux roues perfectionnées du même genre, qui existent déjà. —= L'Académie a encore reçu de M. Benoît la suite de sa Topographie. = L'Académie a reçu de M. Bérigny un ouvrage in- tütulé : Navigation maritime du Havre à Paris, et une Réfutation de la réponse déjà faite à ce mémoire. L'Académie attend, sur ces deux écrits du plus haut intérêt local, un rapport de M. Schwilgue. (22) Caaue. — M. Dubuc à donné lecture d’un mémoire intitulé : Notice et Observations sur les degrés de pureté de l’eau ordi- naire, elc. Ce travail étendu offre d’abord l'analyse de Peau d’un puits de M. de Boishébert, à Couronne, et d’une in- cruslalion qui se forme dans le bassin qui la reçoit; en- suite l'analyse de l'eau de la Seine, naturelle et clarifiée; enfin celle de l’eau de différentes fontaines de Rouen. De ses nombreuses expériences notre confrère tire les conclusions suivantes : « L'eau ordinaire, employée comme aliment ou dans les arts, n’a réellement qu'une pureté rélative. La meilleure est celle qui donne le moins de résidu par son évapora- ton. » Il suffit, pour que l’eau soit salubre, qu’elle ne soit pas trop chargée de matières hétérogènes, surtout métal- liques. » On peut partager les eaux en deux classes. » 1° Celles qui ne donnent qu'environ un décigramme ,, ou deux grains, de résidu terreux par litre de fluide. Ce sont celles-ci qui doivent être préférées comme boisson. et pour servir aux préparations alimentaires et dans les arts. » 2° Celles qui donnent deux décigrammes et au-delà de résidu par litre. » On remarque, entre autres , dans le travail de M. Du- buc, l'expérience relative à leau de la mer rendue potable par un procédé qu'il a indiqué dans un autre mémoire, et qui ne para point avoir perdu celle qualité après une conservation de plus de 8 ans. (L'Académie a délibéré que ce mémoire serait impri- mé en entier dans ses acles. ) (23) = Nous avons reçu de M. Germain, pharmacien à Fécamp , un Mémoire sur l'eau de la Seine, et particu- lièrement sur le point où cesse son mélange avec celle de la mer, qui donne une idée favorable des connais- sances chimiques de l'auteur, d’après le compte qu'en a rendu M. Dubuc. Les analyses faites par M. Germain indiquent en lui un chimiste instruit et d’une exactitude scrupuleuse. = M. Dubuc nous a aussi communiqué une Notice sur une hurle volatile qui lui a été remise par M. de Blosseville, et qui est extraite du cayou-ponti, ou bois blanc, arbre qui croît dans les îles de l'Archipel asiatique , et particu- lièrement dans celle de Bourou. Cetie huile, fort analogue à celle de camomille et de sabine, a la propriété remarquable de nager sur l’eau, au lieu de s'y précipiter comme la plupart des huiles volatiles exotiques. Ses qualités portent M. Dubue à penser qu’elle provient de quelque végétal de la famille des conifères. — Nous devons au même membre deux rapports, lun sur un Mémoire manuscrit ‘adressé à l'Académie par M. Julia-Fontenelle, correspondant, sur le soufre natif hydraté decouvert dans le département de l Aude ; L'aatre sur un Manuel des eaux minérales, également de M. Julia-Fontenelle, qui paraît, à M. Dabuc, un ouvrage vraiment utile et sagement rédigé. = M. Godefroy a rendu compte d'un Mémoire manus- crit sur du sang épanché dans la poitrine, à la suite de la rupture d'un anévrisme , adressé à l Académie par M. Morin. « H résulte des recherches de M. Morin, que le sang, soumis à son examen avait subi, par suite de la maladie, (24) une altération très-évidente, et que la matière colorante du sang est bien une substance particulière , tout à fait exemple de fer, ainsi que l'établissent les expériences de MM. Brande et Vauquelin ; qu'enfin les 100 grammes de serum contiennent : gran, centigre Hausse mis stbio taie cisiornle mb ridotaisints 95 — » Matière huileuse..........e ee D. —" 30 Chlorure de sodium ,..sssssse » — 40 Lactate de soude et osmozome. . re 60 Matière animale précipitable par létanninte. A4 RON SE 0 Alhuminetiten ligue, LA. ES PGO 00 — ,:» M. Godefroy reconnaît, dans analyse de M. Morin, une exactitude, une précision, un caractère de vérité propre à faire maître la plus haute idée du talent et de la véracité de l’auteur. Hi1STOLRE NATURELLE. — M. Marquis a lu un Mémoire intitulé : Considéra- tions sur quelques végétaux du dernier ordre. Resserrer dans de plus justes limites les distinctions de genres et d'espèces dans la famille des algues, et appré- cier les opinions nouvellement émises sur l’animalité ou la semi-animalité de ces productions , tel est le double but que l’auteur s’est proposé dans ce mémoire. I fait plus particulièrement l'application de ses prin- cipes aux genres oscillaria, vaucheria, conjugata, dont il propose , d'après une analyse raisonnée, la réduction à un nombre d'espèces beaucoup moindre. Le (25) = Le même membre a donné lecture d’un Discours sur les familles végétales, prononcé à l'ouverture du cours de botanique. = MM. Dubue et Meaume ont rendu compte d'un Mémoire géologique sur quelques terrains de la Normandie occidentale, adressé à l'Académie par M, de Caumont, secrétaire de la Société linnéenne du Calvados , ouvrage qui prouve à la fois et l'ardeur infatigable et la variété des connaissances de l’auteur. —= Nous devons à M. Morlent un Travail estimable sur Guérande, le Croisic et leurs environs , que M. Dubuc nous a également fait connaître par un rapport. = M. 4. Le Prévost a entretenu l’Académie des résultats importants du voyage d'observation exécuté dernièrement sous les ordres de M. Duperrey, et de la part trés-active que M. Jules de Blosseville , jeune Rouennais, qui faisait lui-même partie de Pexpédition, a prise aux recherches fructueuses que les sciences naturelles doivent à ce voyage. = Un Mémoire géographique sur la Nouvelle-Zélande, offert à l'Académie par M. Jules de Blosseville, a fait l'objet d’un rapport de M. Lévy. Ce mémoire, qui a pour but principal de faire mieux connaître les rivages arides et sabloneux de l'Est de cette Île, et où plusieurs noms sont rectifiés, contient, en outre, une foule d'observations intéressantes. = M. Levieux a donné lecture d’un Mémoire sur Les espèces du genre, Elatine , adressé à l'Académie par M. Degland, correspondant. Ce qui paraît résulter des observations de M. Degland , c’est que les Ælatine hexandra, DEc. , ettriandra, HOFFM., ne doivent être considérés que comme de simples variétés de FÆlatine hydropiper ; L. C’est un des cas très- 4 (26) fréquents en histoire naturelle , où l'embarras où l’on s’est jeté par des distinctions vagues el inutiles, disparaît de lui-même, dès qu'après avoir apprécié ces vaines distinctions, on en revient au point de départ, à la nomenclature linnéenne. — M. Dubreuil a rendu compte d'un ouvrage de M. Loiseleur des Longchamps, correspondant de l Aca- démie , intitulé : Essai sur l’histoire des müriers et des vers à sure. Ce travail, qui contient tout ce qu'on peut désirer de savoir sur le mûrier et sur le précieux insecte qu'il nour- rit, se recommande surlout par une suite d'expériences du plus grand intérêt, par lesquelles l’auteur démontre la possibilité d'obtenir deux récoltes de soie dans une même année. = Le compte rendu des travaux de la Société Jin- néenne de Paris, par M. Thiébaud de Berneaud , a été reçu par l'Académie, qui attend le rapport que M. Levieux est chargé de lui en faire. . ES MÉDECINE. Plusieurs Observations médicales , communiquées par M. des Alleurs, offrent des cas d’une singularité remar- quable. Un vomissement de sang, offrant le caractère de lin termiltence , a paru céder surtout à l'usage du sirop de quinquina. Un écoulement critique accompagné d'un froid glacial, produit par un vésicatoire pratiqué pour com- battre une affection catarrhale ancienne ayant pour cause des aspersions froides sur la tête, a prouvé à l'auteur qu'il s'était trop pressé de regarder comme chimériques des écoulemens de même nature mentionnés par Cabanis. (27) Une troisième Observation confirme la grande utilité des applications de glace sur la tête, dans les apoplexies violentes, pour favoriser l’action des moyens révulsifs. (L'ouvrage de M. des Alleurs est un de ceux qui se trouvent imprimés à la suite de ce rapport.) = M. Godefroy a rendu comple de deux ouvrages divossse à l'Académie par M. Chaussier, EU) L'an, intitulé : Tableau synoptique de la lithotomie et de la lithomylie | offre un modèle de l'art de resserrer méthodiquement dans le plus étroit espace une multitude de faits et de préceptes. L'autre est le Discours prononcé par M. Chaussier à Pouverture du cours de M. le docteur Demercy, sur la doc- trine d’Hippocrute. Une appréciation raisonnée des progrès récens de la médecine, et une juste admiration des anliques monumens de l'art, élevés par l'observation, et qui en sont encore la base la plus solide, se remarquent également dans ce dis- cours plein de choses, que M.le rapporteur regarde comme un des écrits les plus propres à diriger les jeunes médecins dans leurs études. = M. des Alleurs a donné lecture d’un rapport sur le Mémoire de M. Hellis, sur Les effets comparés de la saignee et des sangsues ;, auquel une médaille à été décernée par la Société royale de médecine de Marseille. L'Académie n'a pu voir sans une vive salisfaction le succès obtenu dans ce concours par un de nos confrères. = M. Le Prévost a lu un rapport sur l'ouvrage de M. Hellis, intitulé : Clinique médicale de L'Iétel- Dieu de Rouen, pour l'année 1824. L'introduction de cet ouvrage important offre une topo- graphie médicale abrégée de la ville de Rouen, où se 4 x (28) trouvent exposées les causes diverses qui rendent les ma- ladies des habitans bien plus souvent catarrhales ou bi- lieuses qu'inflammatoires. Après un aperçu de tout ce qui a été fait depuis qua- ranie ans pour rendre la ville de Rouen plus salubre, M. Hellis paye un juste tribut d'éloges et de recon- naissance aux administrations qui, dans ce moment sur- tout, s'occupent avec tant de zèle et d'activité de l'assainissement et de l'embellissement de cette vaste et industrieuse cité. Quelques généralités sur la température, la direction des vents, etc., précèdent encore les observations de M. Hellis sur les maladies. Il décrit avec un soin scru- puleux les désordres de divers genres que lui ont fait reconnaîire seize ouvertures de cadavres. M. le rapporteur ne doute pas que la Clinique médicale de M. Hellis ne soit accueillie avec intérêt par tous les médecins qui sont imbus des vrais principes de la médecine hippocratique. = M. Vigné, dans un rapport méthodique et étendu, a rendu compte du Recueil de la Société de médecine de Caen, et nous a fait connaître les droits de cette compa- gnie à l'estime et à la reconnaissance publique. = Un rapport sur le Bulletin publié par la Société de médecine de Rouen, a été lu par M. Hellis. Le nombre et l'importance des travaux d’une société formée de con- citoyens , et en partie de confrères également instruits et zélés, qui réunissent leurs efforts pour le soulagement de l'humanité, ne pouvaient manquer d'intéresser vivement l'Académie. — M, Gosseaume, dont la voix vénérable est toujours entendue, dans le sein de l'Académie, avec un nouvel intérêt, nous a entretenus des travaux de la Société de (29) médecine et d'agriculture de l'Eure, dont le zèle pour le progrès des sciences utiles ne se ralentit point. —= M. des Alleurs à fait un rapport sur une thèse in- titulée : De la folie ou aliénation mentale, adressée à l'Académie par M. Bonfils, de Nancy. — M. Le Prévost a rendu compte des Æ/oges de Bellef et de Mortier, Vun médecin , et l’autre chirurgien en chef de l'hôtel-dieu de Lyon , adressés à l'Académie par M. Pichard. LI = Un ouvrage intitulé : De la lithotritie ow broyement de la pierre dans la vessie, par M. Civiale, correspondant, nous a été adressé par l'auteur. L'Académie attend, sur ce travail, un rapport de M. Flaubert. AGRICULTURE. —= M. Dubreuil à donné lecture d’un Mémoire inti- tulé : De l'enfance des végétaux. Notre confrère rappelle d’abord au cultivateur qu'il ne peut espérer de réussir qu'en imitant, autant qu'il lui est possible, les procédés de la nature; et que, lorsqu'il manque ses opérations, €'est presque loujours parce qu'il s’est écarté de cette marche. Il doit, en conséquence, lorsqu'il confie des semences à la terre, bien se garder de déranger, par des labours mal calculés , la disposition naturelle des couches du sol ; lhu- mus et les débris de végétaux qui couvrent sa surface, et qui sônt nécessaires à la germination, ne doivent surtout point être enfouis et recouverts par les couches plus pro- fondes. Le volume des semences donne à-peu-près la mesure de la profondeur à laquelle elles doivent être mises en terre. (30 ) Les semences très-fines ont à peine besoin d'être recou- verles. M. Dubreuil rassemble plusieurs observations pour prouver que c’est là précisément ce qui s'opère dans l’ordre naturel. L'enveloppe de beaucoup de semences ne paraît qu'un des moyens employés par la nature pour favoriser leur développement. Les fruits du cocotier en offrent un exemple remarquable. L’enveloppe fibreuse qui recouvre la noix, en se pénétrant d'humidité, devient le premier milieu et en quelque sorte lhumus où se développe la radicule. Cette enveloppe fibreuse remplace ainsi la terre dans laquelle un fruit aussi gros pénétrerait difficilement à la profondeur convenable pour qu'il puisse germer. = M. Dubuc a lu deux Nofices sur le puceron lanigère , el en particulier sur les propriétés tinctoriales de cet insecte, el sur les moyens de le détruire. ( Un extrait détaillé de ces deux notices se trouve imprimé à la suite de ce rapport. } = Le même membre donne lecture d'un Mémoire in- titulé : Analyse d'une terre arable du Lieuvin, considérée comme de première qualité. Ce mémoire offre un nouvel exemple de l'utile appli- cation que M. Dubuc se plaît à faire de ses connaissances chimiques à l’agriculture. La terre qu'il a analysée, spongieuse , grasse, douce au toucher, ni trop aride, ni trop hygrométrique , Jui paraît, par l'heureux mélange des quatre terres pri- mitives et de l’humus qu’elle présente, une des plus propres à la culture des céréales et surtout du froment, dont elle rend, tous les deux ans, jusqu'à vingt mesures pour une de semence. Notre confrère pense qu'il existe naturellement, dans. toutes les terres, une substance particulière , soluble dans (31) les alcalis caustiques , qui paraît ce qu’on doit appeler Au- mus, lerme trop vaguement employé par les chimistes et les agronomes. C'est l'abondance de cet Aumus combiné à la chaux qui rend surtout un sol propre à la culture du froment. Il partage les terres arables, d'après leur composition el leurs produits, en quatre grandes classes. I! croit enfin qu'on pourrail avoir recours, dans bien des cas, à l'analyse approximative des fonds agraires, pour en déterminer la nature, la qualité, et, par suite, en apprécier la valeur, soit pour les cadastrer, soit pour en fixer le prix vénal. ( L'importance de ce mémoire en à fait voter l'impres- sion en entier daus les actes de l'Académie ). = M. Goss'er, président, a rendu compte d'un Nouveau procédé employé, pour faire le cidre, par notre honorable confrère M. Pavie. Une cuve et un instrument pour écraser les pommes, formé de deux cylindres cannelés mus par deux où même par un seul homme, au moyen d'une manivelle , sont les seuls ustensiles nécessaires pour ce nouveau procédé, Les pommes écrasées par celte machine sont disposées dans la cuve, dont le fonds est garni d’une claie, en lits séparés par de la paille d'avoine. AL Pavie préfère cette paille, parce qu'il a observé qu’elle donne une couleur plus agréable au cidre et corrige l'amertume des pommes. De l'eau versée à plusieurs reprises sur les pommes ainsi disposées, donne, après 24 heures d’infusion , des moûts de différentes forces. Les plus faibles sont versés ensuite sur de nouvelles pommes broyées et stratifiées de même ; et, du mélange de ces divers moûts, résulte enfin un cidre d'excellente qualité. Ce procédé offre, surtout relativement à la propreté, un grand avantage sur les manipulations souvent dégoù- k (32) tantes par lesquelles on fabrique le cidre dans les pressoirs, « Je regarde, dit en finissant M. le rapporteur, comme une véritable amélioration dans l’économie domestique, tout procédé qui augmente la propreté des manipulations, et qui salisfait et entretient une délicatesse tonjours si favorable à la santé du corps, à l'élévation de l'esprit et à la pureté des mœurs. » = M. Le Prévost, vétérinaire, nous a fait connaître un rapport fait à la Société d'agriculture sur une Nouvelle presse propre à tirer le miel des gâleaux de cire. = M. Dubuc a donné lecture d’un rapport sur Îles Mémoires de la Société royale et centrale d'agriculture de Paris. Ce précieux recueil offre une nouvelle preuve des efforis de cette Sociélé pour continuer de justifier sa célébrité, en portant, chez nous, le premier des arts au degré de perfection dont il est susceptible. — Un grand nombre d’autres sociétés savantes avec lesquelles l’Académie se plaît à entretenir une active correspondance, nous ont adressé les recueils de leurs travaux. Je dois rappeler avec reconnaissance les noms de MM. Meaume, Periaux, Duputel, Lévy, Prévost, Dubuc, Cazalis, des Alleurs , qui ont bien voulu , par des analyses substancielles, nous metire à portée de profiter des lumières éparses dans ces différents recueils. Après vous avoir enirelenus de nos travaux, c’est-à- dire de nos plaisirs, il me reste à remplir un devoir plus triste, celui de vous entretenir de nos regrets. L'Académie reprenait à peine le cercle de ses occupa- tions, quand elle a appris la perte d’un membre cher à ses confrères, et dont ils regrettaient depuis plusieurs aunées l’absence. M. (33) M. Robert, pharmacien en chef de l'hôtel-dieu de Rouen, avait souvent enrichi notre recueil annuel d’ex- cellents mémoires sur divers sujets de chimie et d'his- toire naturelle. Des connaissances variées et solides, présentées avec clarté et intérêt, l'art des analyses, Pes- prit d'observation se font remarquer dans toutes ces productions Familier avec les langues anglaise et italienne, M. Ro- bert a traduit de la dernière l’histoire de l'Elna, par Fernara, ouvrage important, de la traduction duquel il fit hommage à l’Académie. IL s'était livré avec un goût particulier à l'étude de la botanique, et peu d'hommes étaient plus versés dans celte-science. Pendant plusieurs années, à l’époque de la disiribution des médailles que la ville accorde aux élèves du cours de botanique, il voulut bien concourir à leur examen, et cet examen était ioujours pour eux une nouvelle source d'instruction. La littérature , la poésie même, ne lui étaient pas plus étrangères que les sciences. Divers morceaux d’un poëme didactique sur les plantes, communiqués par lui à lA- cadémie, en sont la preuve. | C’est souvent avec succès qu'il a essayé, dans ces frag- ments, de rendre sous des formes poétiques jusqu'aux détails de la science qui en paraissent le moins suscep- tibles. Les longs services de M. Robert , dans l'administration des hospices et au comité de vaccine, dont il était se- crétaire, lui avaient acquis une juste considération. Ses qualités personnelles, l'amabilité de son caractère, son savoir et la modestie avec laquelle il en faisait usage , lui conciliaient infailliblement l'estime et l’attachement de tous ceux qui avaient des rapports avec lui. 5 N (34) Le sentiment pénible que j'éprouve en déposant au- jourd'hui, au nom de mes confrères, une couronne funèbre sur la tombe où il repose, est, j'en suis bien sûr, partagé par tous; et l’ame de plus d’un de nos au- diteurs y répond sans doute. Si, dans l'aperçu rapide que j'ai mis sous vos yeux, je n'ai pu vous intéresser aulant que je l'aurais désiré, la cause n’en est point dans les travaux de mes confrères ; elle ne peul être que dans la brièveté avec laquelle il m'est permis de vous en parler, et surtout dans l'insuffi- sance de l’interprète qu'ils ont choisi. Remplir autant qu'il dépend de nous, en cultivant avec ardeur les sciences et les arts, en propageant les découvertes uliles, en encourageant les recherches, les essais des hommes laborieux, les intentions du sage Monarque qui nous gouverne, voilà notre but. Puisse l'honorable public qui daisne m'écouter voir au moins dans le compte que je viens de lui rendre, la preuve de notre zèle et de nos efforts ! TS (35) AAA AAA AAA AAA AAA AAA AA AAA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA PROGRAMME DES Paix QUI SERONT DÉCERNÉS DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DE 1827. L'Académie royale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen propose, pour sujet d'en Prix qui sera décerné dans sa séance publique de 1827, la question suivante : Déterminer, d'après la théorie et l'expérience, le moyen le plus prompt et le moins codteux pour mettre en Ebulli- tion une quantité connue d'Eau , soit en chauffant directe- ment, Soit par l'intermédiaire de la vapeur , en employant divers combustibles. Le Prix sera une Médaille d’or de la valeur de 300 fr. , L'Académie décernera en outre, dans la même séance publique du mois d'août 1827, un Prix extraordinaire, de la valeur de 1500 francs , à l’Auteur qui aura pré- senté un Travail satisfaisant sur Ja Statistique minéralogique du Département de la Seine- Infer.eure. On devra faire connaître les différentes couches minérales qui constituent le sol du Département , indi- quer l'ordre de superposilion de ces couches, les dé- crire séparément ou par groupes, en indiquant les minéraux accidentels et les restes de corps organisés fossiles qu’elles renferment , ei faire ressortir l'influence que la conslitulion intérieure du sol exerce sur sa con- 5 (36) figuration extérieure , sur la distribution et la nature des eaux, sur la végétation en général et sur l’agriculture. On s’attachera à faire connaître, avec précision , les gissements des substances utiles dans les arls que ren- ferme ce département , à décrire sommairement les éta- blissements qu'ils alimentent comme matières premières, et indiquer ceux qui pourraient encore y être introduits avec avanlage. Le Mémoire sera accompagné d’une Carte en rapport exact avec Le texte , et d’un nombre de coupes de terrein suffisant pour la parfaite intelligence du travail. IL serait bon qu'on indiquât , avec précision , la hau- teur, au-dessus du niveau de la Mer, des points qui présentent un intérêt quelconque pour la géologie. L'Académie désirerait aussi, mais sans en faire une condition expresse, qu'on fit connaître les rapproche ments auxquels les observations contenues dans le mé- moire pourraient conduire entre les divers terreins qui se rencontrent dans le Département et ceux qui ont été observés et décrits dans d’autres contrées. Chacun des Auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera, répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l'Ouvrage aurait obtenu le Prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les ouvrages des concurrents devront êlre adressés, francs de port, à M. Marquis, Secrétaire perpetuel de l'Académie , pour la classe des Sciences, avant le 35 mars 1827, pour le prix extraordinaire , et avant le 1° juillet, pour le prix ordinaire. Ces termes seront de rigueur. (37) 0 0 A A TS OR AN AN OO OR CRT OR A ON AE 2 PE A ® MÉMOIRES DONT L'ACADÉMIE A DÉLIBÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. RÉFLEXIONS SUR LA MESURE DU TEMPS, Par M. Desriexy. MESSIEURS, LE lemps est pour nous l'impression que laissent dans la mémoire les événements que nous savons avoir existé successivement. Rien dans la nature ne peut se soustraire à ses lois. La naissance comme la destruction de tous les êtres s’opère dans le temps. Les païens avaient raison de peindre Saturne avec une faulx et dévorant ses propres enfants , pour marquer que le temps détruit tout. En effet, rien n’est à l'abri de ses ravages ; le fer, l’airain, le marbre ne peuvent lui résister, et, dans son cours rapide et uni- forme , il nous entraîne avec lui, ce qui a fait dire à Boi- leau : Hätons-nous , le temps fuit et nous tralne après soi ; Le moment où je parle est déja loin de moi. Dès la plus haute antiquité, vhez tous les peuples, le soleil, étant l'objet le plus frappant, a dû servir et a servi en effet à mesurer le temps. Les premières divisions ont été les jours marqués par ses apparitions; ensuite les mois, (38) les années ont servi à compter les temps éloignés, et le jour fut subdivisé en heures. Cet art de la division exacte du temps, dont la connais- sance est d'un si grand intérêt pour régler les actions de notre vie, élait ignoré dés anciens, puisque l'histoire nous rapporte qu'au 12° siècle, le sacristain de l'abbaye de Cluny était obligé de sortir la nuit pour regarder la hau- teur des étoiles, afin d'éveiller les religieux à l'heure de l'office ; el que, suivant Falconnet, ce ne fut que vers le commencement du 14° siècle que l’on exécuta des hor- loges mécaniques (1). Jusqu'alors les clepsydres et les cadrans solaires étaient les seuls moyens employés pour la mesure du temps. La division du jour en 24 parties égales est attribuée aux égyptiens, et l'on en raconte une origine plaisante (2). « Quelques auteurs disent qu'Hermès ou Mercure-Fris- » mégisle, ayant observé le, premier qu'une espèce de » singe, appelé cynocrphale, consacré à Sérapis, rendait » son urine douze fois par jour el autant la nuit, en des » intervalles égaux, s’en servil ensuile pour mesurer les » heures du jour. Ils font même dériver le mot henre d'an » moi grec qui signifie urine. Il est vraisemblable que » l'observation d'Hermès donna l'idée des clepsydres, » qui sont de l’antiquité la plus recule. » Les Chinois ont fort anciennement l’usage des cleg- » sydres ei du gnomon. Les usages des gnomons sont ———_—_—— l (1) L'époque de l'invention de ces instruments est assez douteuse, mais, en supposant qu’elle fdt antérieure à celle fixée par Faleonnet, il est certain, du moins, que ces horloges ; jusqu'au momeat où le célèbre Huyghens , vers le milieu du 17e siècle, leur appliqua le pendule comme régulateur, ne pouvaient diviser exactement le jour en heures, minules et secondes. (2) A. Janvier, ( Manuel chronométrique , pag: 7.) D. “mem A ne À | (39) » détaillés dans un ouvrage écrit 206 ans avant J. C., » où l'on recueillit les anciennes connaissances après Ja » guerre qu'un empereur barbare fit à la lumière et aux » livres de science. » L'art de diviser la journée ne parut que tard à » Rome, car on n’y connut, jusqu’au delà du cinquième » siècle de sa fondation, que le lever et le coucher du » soleil avec le midi. Ce dernier était marqué par lar- » rivée du soleil entre la tribune aux harangues et un lieu » nomimé Grærcpstasis. Alors un hérault, préposé à guetter » le moment, le proclamait au peuple. Les gens de qua- lité, à limitation des Grecs, avaient des esclaves qui » leur en apportaient l'aunonce. » Les heures , chez les Juifs et les Romains , étaient néces- sairement inégales, puisqu'ils divisaient le jour naturel ou le temps que le soleil est sur l'horizon en douze par- ties, el la nuit en douze autres parües. Ils employaient, en outre, quatre autres principales divisions : prime , qui commençait au lever du soleil ; tierce, trois heures après; sexle, à midi; et none, trois heures avant le coucher. Les Perses et la plupart des Orientaux commençaient à compier les heures au lever du soleil; les Athéniens, au contraire, commençaient au coucher. Tous les peuples Européens comptent le jour de minuit à minuit. Chez un grand nombre, les 24 divisions indiquées par les horloges publiques sont inégales pour tous les jours de l’année, en leur faisant marquer le temps vrai, temps réglé par le mouvement du soleil, et conséquem- ment inégal, puisque le jour vrai se compose de l'inter- valle de deux retours du soleil au mème méridien, et que, pendant cel intervalle , il passe au méridien 360° de l'équateur céleste, plus un arc de cercle variable, répon- dant au mouvement diurne du soleil en ascension droite. A Genève, et presque généralement en Angleterre, on a adopté l'usage de faire marquer aux horloges le temps (40) moyen. On sait que ce temps est celui qui divise l'an- née en parties égales, et qui, conséquemment , précède et suit tour-à-tour le temps vrai , avec lequel il ne coïncide que quaire fois l’année, et dont il diffère quelquefois de plus de 16 minutes; celui, enfin, qu'une bonne horloge marquerait à tous les instants, si on la supposait assez bien réglée pour que, mise d'accord avec le midi vrai le ze" janvier, elle s’y retrouvât encore le 1% janvier suivant. Quelques horloges publiques, à l'aide d’un mé- canisme parliculier, loujours d’une exécution difficile et assez coûteuse, suivent d’eiles-mêmes le temps vrai. On en compte plusieurs à Paris, mais aucune à Rouen, et cependant on exige en France que la généralité de ces instruments suive la marche irrégulière du soleil, quoique, par leur nature, ils ne puissent avoir qu'une marche uniforme. Delà naît cette diversité d'heures qu'ils indiquent, suivant que les personnes chargées de les avancer ou retarder le font avec plus ou moins d’exac- titude, ou sont plus instruites; quelques-unes raccour- cissant ou allongeant le pendule alternaüvement, suivant que le soleil avance ou retarde. J'ai souvent remarqué, et particulièrement pendant l'hiver, une différence de plus de 15 miputes entre les horloges. La société, en général, depuis l'homme le plus élevé en dignité jusqu'au simple artisan, souffre de cet ordre de choses. Permettez-moi, Messieurs, de vous si- gualer quelques-uns des inconvénients qui en résultent. Par exemple, les magistrats , nevoulant et ne devant pas se faire attendre, conviennent entr'eux de l'heure à laquelle ils doivent se réunir, et, quoiqu'ils soient d'accord sur quelle horloge ils se guideront, celui qui se trouve éloi- gné de cette horloge , que je suppose avoir élé avancée, d'un jour à l’autre, de 15 minutes, sans qu'il en aitété prévenu, sera nécessairement en retard ; les employés des diverses administrations se trouvent souvent dans le même cas; les (41) les commerçants peuvent éprouver un grand dommage, si, par la même cause, le départ de leur correspon- dance est remis au lendemain, et si, lorsqu'ils doivent voyager par la diligence, ils la trouvent partie en ar- rivant au bureau; ce qui est arrivé il y a quelque temps. Un huissier , à cette occasion , vint chez moi pour cons- tater l'heure qu'il était réellement : celle indiquée ce jour- là par deux horloges, celle de la Ville et celle de la Cathédrale , différait de 10 minutes. Toutes les personnes qui ont des moutres et des pendules attribuent souvent à leur mauvaise qualité une différence subite qu'ils remar- quent entr'elles et les horloges de la ville, tandis qu’au contraire cela provient de ce que ces dernières ont été avancées ou relardées pour les mettre d'accord avec le temps vrai; enfin je dirai que ceux qui font travailler sont presque toujours dupes de l'usage que je combats, les ouvriers se guidant souvent sur 1 horloge qui retarde pour arriver au travail, et se réglant, au contraire, sur celle qui avance lorsqu'il s’agit de le quitter. Avoir signalé ces divers inconvénients, c’est en même- temps avoir démontré les avantages qui naîtraient d'une auire méthode que celle suivie jusqu'à ce jour, celle de faire marquer le temps moyen aux horloges publiques. Cette idée d’interyailes égaux pour les heures et les jours est très-nalurelle. Aussi depuis long-temps, et à diverses époques, plusieurs savants ont émis le vœu de voir s’é- tablir cet usage contre lequel une seule objection a été présentée, celle de linutilité des cadrans solaires, qui , dans ce cas, ne devraient être d'accord avec les horloges que quatre fois l'année. On a dit qu'au mois de novembre, par exemple, où l'équation est la plus forte, et dans le cas où un cadran d'horloge se trouverait en regard d’une ligne méridienne , il devrait paraître extraordinaire à un grand nombre de personnes qu'à l'instant où celle-ci marquerait midi, l'horloge n'indiquât que 11 h. 44 m. 6 (42) Cette objection peut être combattue avec avantage. Les personnes inslruiles connaîtraient la cause de cette diflé- rence, comme elles reconnaissent aujourd'hui qu'elles sont obligées de tenir comple. de l'équation lorsqu'elles veulent s'assurer si la marche de leur montre est régulière ; d'ailleurs il y aurait un moyen de s'entendre et de lran- siger, si je puis m'exprimer ainsi : ce serait de placer au pied de chaque monument où il se trouverait soit une horloge, soit une ligne méridienne, une table qui marquerait, de 2 en 2 jours seulemeni, l'heure qu’une horloge suivant le temps moyen devrait indiquer à l'instant du midi vrai ; cette table pourrait être en marbre et scellée dans le monument. J'en ai tracé un modèle (pour les six premiers mois de l’année) que je mets sous les yeux de la Compagnie. Messieurs, le haut intérêt que présente la solution de la question dont je viens d’avoir l'honneur de vous entretenir, m'a porté à vous proposer qu’une commis- sion fût nommée. pour l'examiner ; j'ai pensé que si son avis était conforme à l'opinion que je m'en suis formée moi-même, l'énoncé qui en serait fait dans le rapport général des travaux de l'Académie serait comme un jalon-placé en avant, vers lequel se dirigeraient les vues bienfaisantes de l'administration. TABLE indiquant de 2 en 2 jours l'heure que doit marquer, à linstant du midi vrai, üne Horloge réglée sur le temps moyen. ———— RE JANVIER. Février. Mars. AVRIL. Mar. L fr $ ee ON mm tt dt Pme PDT LL PLLELLCLLES eh mois.| Heur. Min. Sec. Heur. Min. Sec. | Heur. Min. Sec. Heur. Min. Sec. Heur. Min. Sec. L 0 5 49 0 12 56 0 12 A 0 4 FAT 56 57 5 0 4 4b 0 14 10 0 12 16 () 3 27 xx 56 43 ù 0 5 4 0 14 SE 0 11 50 0 2 51 | 1x 56 30 7 0 6 54 o 14 30 0 11 21 0 2 TOAÏMET 56 20 er ee GE Sn en 9 0 7 25 0 14 34 0 10 52 a I 420] 11 56 12 IT 0 $ 14 0 14 36 0 10 20 0 1 9 | 56 7 13 0 9 0 0 14 35 0 9 43 o o 37 Ra 56 4 A 9 44 0 14 30 0 9 14 | -o 0 6 tit 56 3 RES æ PERRE HA 17 0 10 25 Q) 14 22 0 8 39 | tr 59 36 | 1r 56 4 19 0 11 À 0 14 12 0 8 $ |Mxr 59 8 rx 56 $ 1 o IL 39 0 13 59 fe) 7 27 IL 5$ A IL 56 13 23 o 12 11 0 13 4 ; [a] 6 50 | IL 58 27 17 56 21 Le) Le) o Q Jun. — hp Heur. Min. Sec 11 57 21 Il 57 39 (I 57 59 LL 58 2 11 58 43 11 59 6 11 59 31 17 59 56 0 0 21 0 0 46 0 1 12 0 I 38 x co EVA EL \ NE e . G #: # C4 " » Ne v à po 2 | F # ft * { “* ' - 4 NE. 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MESSIEURS , Le travail que je vais communiquer à FAcadémie ne lui offrira peut-être qu'un faible intérêt, vu les objets qu'on y traite ; néanmoins je le crois encore de nature à mériter l'attention de ceux qui voudraient avoir quelques notions sur un fluide généralement employé soit comme aliment, soit dans les arts, etc. Il s’agit, dans ce petit mémoire, 1° De l’analyse d'une eau provenant d'un puits situé au Grand-Couronne, sur une propriété appartenant à un de nos anciens collègues, l'honorable M. de Boishébert, maire de cette commune, et où l’eau de la Seine afflue dans les fortes marées ; 2° De l'analyse d'une incrustation pierreuse retirée d’un vaste bassin fourni d’eaa par ce même puits; 3 De l'analyse de l'eau de la Seine, soit prise dans son état naturel, soit après avoir été clarifiée et épurée par le procédé suivi, à cet effet, à l'établissement situé dans un des faubourgs de cette ville: à Saint-Séver ; 4° Enfin, de Panalyse de l’eau prise à plusieurs fon- taines publiques de cette ville. M. de Boishébert ayant conçu de l'inquiétude sur la (46 ). salubrité de l’eau de son puis, dont il fait usage, et sur celle d’un grand bassin alimenté par ce même puits, m’en- gagea, l’année dernière, à faire l'analyse chimique de celle eau, et du dépôt s’alactite qui se forme dans le réservoir solaire dont on vient de parler, et enfin, de lui dire mon opinion sur le tout. J'ai donc procédé à l'examen physique et analytique de l’eau et de l'incrustation terreuse provenant du puits et du bassin de M. de Boishébert. Cette eau est insapide, inodore, incolore, cuit bien les légumes et les racines alimentaires; dissout complète- ment le savon, sans caillebotter ; enfin sa pesanteur spéci- fique diffère peu de celle de l’eau de la Seine , puisée dans un temps calme , au milieu du fleuve. Un litre d’eau de ce puits, évaporée à siccité dans une capsule de verre, a fourni un résidu pesant environ deux grains et demi, et qni s’humecte légèrement à l'air. Ce résidu, analysé par les réactifs et par les moyens connus , s’est trouvé composé, 1° pour les deux tiers de son poids, de carbonate de chaux, que l’eau naturelle tient eu dissolution au moyen d’un léger excès d'acide carbonique seulement interposé dans le fluide aqueux ; 2° D'un demi grain de muriate de soude et de chaux ; 3° D’un peu d'alumine mêlée d’une fraction d’extractif animalisé. | Ainsi, soit que cette eau provienne de source, ou qu’elle se trouve mêlée de celle de la Seine dans les fortes marées, toujours est-il certain, d’après ses propriélés. physiques et chimiques, qu’elle peut être rangée au nombre des eaux potables, et servir , par conséquent, à tous les besoins de la vie. Maintenant, je passe à l'analyse de l’incrustalion ra- massée par M. de Boishébert, dans son grand bassin solaire. Cette incrustation, dont j’expose un échantillon aux M, É - C47) regards de la Compagnie , est d’une couleur blanche jaunâtre, son grain très-serré , et présentercit la dureté ordinaire d’un bon mortier hydraulique, si elle était en forte masse. Cent parties en poids de ce ciment naturel, se com- posent , très-approximalivement, 1° D’eau interposée................. 8 parlies. 2° De carbonate de chaux neutre..... 60 (ou environ 30 d’oxide de calcium.) 30 D'’alumine très-tenue ............, 20 4° De silice très-divisée, et de matières extractives animalisées......... 12 TOTAL...+++ 100 parties. On peut s'assurer, par un essai extrêmement simple, que cette incrustation est empreinte d’une matière animale : il suffit, pour ceïa, d'en jeter une forte pincée sur des charbons incandescents ; bientôt il émanera du foyer une fumée noirâtre qui répand une forte odeur de corne qui brûle. D’après cet examen , on voit que cette incrustation est composée à peu près des mêmes éléments que ceux trouvés dans leau du puits qui la produit, plus de quelques grains de silice très- tenue, qui, je crois, ne s’y trouve que fortuitement et peut provenir de la poussière si- liceuse qui émane de la grande route qui avoisine la propriété de M. de Boishébert. La formation du dépôt dans le bassin en question se conçoit facilement..... Le carbonate de chaux n’est soluble dans l'eau qu'au moyen d’un léger excès d’acide carbonique interposé ; ainsi, si une azitalion quelconque, une chaleur moyenne, où mème un froid subit, à à 3 degrés au-dessus de zéro par exemple, viennent à rompre l'équilibre, ou mieux, laffinité d'attraction entre ces deux corps, alors le sel calcaire privé, de son principe (48) dissolvant, se précipite en tous sens, et forme, avec les autres matières dont on a parlé, des incrustations plus ou moins solides. 1 Deux causes concourent encore à la formalion de cette incrustation, ... La première, a lieu par le mouvement d'oscillation occasionné par le jeu de la mécanique établie à Couronne pour faire arriver l’eau du puits, très- profond , dans le grand réservoir solaire, mouvement qui seul serait capable d'occasionner le dépôt (a); La deuxième provient de l'exposition de l’eau carbo- nalée aux influences du vent, du chaud et du froid; cela s'explique encore de soi-même. Enfin, les stalagmites ou concrétions terreuses calcaires et souvent d’une forme si bizarre que l’on voit dans cer- taines grottes , doivent également leur formation à de l’eau imprégnée de carbonate de chaux avec excès d'acide, et elles ont lieu à peu près par les mêmes causes que celles qu'on vient d'indiquer dans les paragraphes précédents. Ainsi, il résulte de celte dissertation que l’eau du grand bassin solaire en question est propre aux usages de la vie, aux arts et à l’agriculture, vu la nature et la pelite quantité de matières hélérogènes qu’elle récèle , même en sortant du puits. L'analyse de l’eau prise à Couronne, et les obser- vations qui en ont résulté , m’amènent naturellement à parler de ce fluide puisé dans la Seine, à Rouen, (a) Cette can est élevée du puits à près de quatre-vingts pieds, au moyen d’une mécanique très-simple, mue par des ailes à vent, et parcourt une grande distance avant d'arriver dans le grand bassin solaire où elle séjourne et dépose. On trouve la description de cette mécanique , exécutée il y à plus de quarante ans par M. de Boishébert , ancien oflicier du génie militaire, dans le Précis analytique des travaux de l'Académie de Rouen, pour l’année 1817. el (49) et de celle qui jaillit des meilleures fontaines publiques de cette ville. En 1823, une compagnie conçut lutile projet de for mer un établissement, dans un des fanbourgs de Rouen, à Saint-Sever, pour y clarifier ei épurer l’eau de la Seme afin de rendre ce fluide plus propre aux usages de la vie et des arts; mais bientôt des préventions se répandirent contre l'innocuité des matières clariliantes et contre la bonté de l’eau fournie au public par cet établissement, Les entrepreneurs de l’usine nouvelle ayant donc à lutter contre une opinion qui s accréditait, au grand détriment de la prospérité de leur entreprise, réclaméreut une com- mission pour examiner la nature des substances à travers lesquelles l’eau du fleuve filtre pour se débarrasser des corps hétérogènes qui la rendent plus ou moins trouble, en raison des gros temps, des fortes marées, elc. (4) En conséquence, M. des Alleurs fils, médecin chimiste, et moi, fûmes chargés de cette utile mission, et, après avoir examiné attentivement les moyens et la nature des substances employées dans l'établissement pour y épurer et clarifier l’eau de la Seine , nous examinâmes aussi, avec le même soin et chimiquement, l’eau épurée ettelle qu'on la livre journellement au public. Notre inspection et nos expériences prouvèrent que l’eau épurée sortant dudit établissement était tout bonne- ment l’eau ordinaire du fleuve , moins les différents corps (4) L'eau de la Seine, prise au port de Rouen, est rarement très- claire; cela tient, non-seulement aux causes que nous venons d’in- diquer, dont le mouvement répété interpose dans le fluide divers corps terreux, mais encore à l’afluent de plusieurs rivières dont l'eau toujours chargée de débris de matières tinctoriales, contri- bue également à l'impureté de l’eau de ce fleuve et à lui donner uñ aspect désagréable, surtout sur sa rive droite. (50) hétérogènes qu’elle tient en suspension et dont elle est purgée en totalité en filirant à travers des matières abso- lument insolubles dans le fluide aqueux. Nous fimes donc un rapport très-avantageux sur cet établissement, en déclarant que l’eau qui en sort égale au moins en pureté et en salubrité celle que donnent la plupart des fontaines de Rouen, provenant de diverses sources. Ce rapport fut imprimé, le 12 septembre 1823, dans le journal de Rouen; et concourut à faire cesser les préventions qui s'élèvent presque toujours contre les éta- blissements les plus utiles, et celui de Saint-Sever , pour y clarifier l'eau de la Seine, peut être mis au nombre de ces derniers. : Ces essais sur l’eau clarifiée à Rouen farent suivis, pour mon comple particulier , d'expériences, 1° Sur l’eau de Seine, prise au milieu de ce fleuve en temps calme ; 2° Sur ce même fluide, clarifié; 3° Sur l’eau qui jaillit de trois des principales fontaines publiques de cette ville. La première me donna, par son évaporation, un résidu très-analogue à celui obtenu de l'eau provenant du puits de M. de Boishébert, mais pesant un tiers de plus. Cet excédent de poids provient uniquement de quelques atômes d'alumine et de silice tenus en suspension dans l’eau non store rl “ques 100 Hortag ETC ES Dr, 1 pv ssil “ut. URSS #3 li 89 x dinar. n AT Lt ICT ENSRnE mini OA. re s Zu CRLAL IN | 4 ae iris «le 30e y! soir 14 TLR so tres LE ee LA ns tnt CRT | PI) LEUR 2: Fo on ss hate à par Pre ba ss | " CHAMETPIETEETS APS EN 0 Je. Gé 4 SEE LE te és vil bunak à cost LE + | * he #9 Mir qua nt RUE D ai ln cel UE NE RE "0 5 pds tr cpbe & ) parler d do rat ist LA ir RES Te t Leg à . n ( Les à TA . 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MEssiEURS , Réunir un grand nombre d'observalions , dans chaque saison , sur les maladies qui ont le plus particulièrement règné ; donner, de leur marche et de leur traitement, des descriptions simples, exactes, précises, est une chose fort avantageuse pour la médecine et pour les médecins qui pratiquent dans le même lieu, ou dans des circons- tances analogues : mais, pour rassembler des masses de faits semblables, car c’est dans leur grand nombre que consiste le principal mérite de ces recueils, puisqu'il permet plus de rapprochements, pour rassembler, dis-je, des masses semblables , il faut avoir une pratique fort étendue , ou être à même de visiler un grand hépital, N'étant point dans cette position, les résultats que j'ai obtenus pourraient confiriner les observations faites dans ces grands établissements, mais mes recherches > SOUS ce rapport, ne seraient pas de nature à fixer l'attention de l’Académie ; jai donc dû me borner à vous présenter , Messieurs, les faits singuliers que j'ai rencontrés dans ma pralique depuis plus d’une année : ils sont peu nombreux , mais Je les crois dignes de fixer l'attention des hommes de l’art. Les cas exceptionnels doivent être d'autant plus connus el éludiés qu'ils sont plus embarrassants : il est rare, d'ailleurs, que, pour le médecin observateur, leur irrégularité même ne soit une occasion de remarques in- 8 (58) iéressantes sur la marche habituelle de la nature , dans les cas ordinaires. PREMIÈRE OBSERVATION. Intermittente larvée. Dans les premiers jours d'avril dernier, je fus appelé dans la rue des Ramassés , vers un endroit très-resserré, à cette époque , dans une maison où le soleil ne pénètre qu'avec peine , située, en outre , près d’un égoût , et ayant une cour commune, mal aérée , et dans laquelle de nom- breux locataires peu aisés accumulent une grande quan- tité d’immondices. C'était pour voir un nommé Pierre, camionneur, de l’âge de 38 à 40 ans, fort sanguin, d’une bonne constitution. Il avait été pris, sur les 10 heures du soir, après une journée faligante, d’un vomissement de sang très-abondant ; depuis quelques jours il était mal à son aise : il avait perdu l'appétit; il se plaignait d’avoir souvent froid et de suer ensuite outre mesure. Le soir de son accident , il n'avait point voulu souper en rentrant de son travail; il n'avait, dans l’après-dinée, pris qu’un verre d’eau-de-vie. Je m'informai s’il en faisait un usage démesuré : je sus qu'il en prenait habituellement un ou deux verres par jour. Lorsque j’arrivai, le vomissement était passé; je remarquai, dans un pot de nuit, plus de la moitié de sa capacité remplie d’un sang rouge très-spu- meux. Le malade était pâle, abattu, très-effrayé; il se plaignait d'un sentiment de froid très-vif ; le pouls était petit et serré; le malade avait encore quelques nausées, avec un-goût de sang qui faisait craindre à chaque instant de voir le vomissement se renouveler. Une saignée ré- vulsive était indiquée : cependant, vu l’état de faiblesse du malade , je n’osai la pratiquer ; sachant qu’il était hémor- roïdaire , je préférai faire au siége une application de 20 sangsues ; une potion rendue légèrement styptique lui fut (59) administrée, et il fut mis à l’usage d’une infusion de feuilles de roses avec le sirop de grande consoude. * Le lendemain , sur les 10 heures du matin, je revis le malade; les vomissements n'avaient point reparu; les sangsues avaient saigné modérément ; les forces s'étaient relevées, le pouls était fort, même un peu dur, le visage animé ; le malade avait repris courage; il demandait à manger. J'ordonnai une nouvelle application de sangsues au siége, continuation de la tisanne, deux bouillons dans la journée. Le soir , le malade était bien , les sangsues avaient beaucoup saigné. Le lendemain, sur les 2 heures, il éprouva un malaise; je soupçonnai quelque imprudence dans le régime; on me jura qu'il n'avait mangé qu'une soupe légère , d’après ma permission. À 5 heures , on vint me chercher : le malade éprouvait un vif sentiment de froid , il était très-abaltu, et avait des nausées avec un goût de sang très- prononcé. Je fis reprendre la potion avec une nouvelle addition d’eau de rabel; à 9 heures, il y eut un vomissement de sang, moins abondant que le premier, mais de même nature. Continuation &es mêmes moyens. Il était évident que le sang venait de l’estomac; la poitrine ne donnait aucun symptôme : elle était sonore dans toute son étendue, la respiration entièrement libre; le malade désignait lui- même la région de l'estomac comme le siége du mal; le tact ne laissait reconnaître aucun engorgement contre na- ture, ni dans l’épigastre, ni dans tout l'abdomen. Le qua- irième jour, le malade se trouva mieux, il demanda de nouveau à manger ; je ne permis qu'un seul bouillon. Le cinquième jour, retour des accidents ; la position du ma- lade devenait grave; ces pertes de sang réilérées mena çaient d'une issue fâcheuse. Je fis préparer un opiat avec le quinquina orangé et le sirop d’écorces de grenade, et j'ordonnai au malade d’en prendre, toutes les deux heures, 8 * (60) plein une cuiller à café. 11 obéit ponctuellement pendant tout le sixième jour et le septième; le soir de celui ci il y eut du malaise et point de vomissement ; le régime fut rendu moins strict. L'opiat répugnait beaucoup : j'en fis prendre deux fois dans la journée seulement, mais je fis ajonter dans la tisanne du sirop de quinquina. Les vomissements ne se sont plus renouvelés, le malade a repris ses forces , sa gaîlé, son appétit; il se livre à son travail et se porte bien. Je lui ai conseillé des ap- plications de sangsues au siége de temps en temps, €t de s’abstemir de café, d’eau-de-vie et d’aliments stimulants et épicés : une stimulation trop prononcée ou trop fré- quente chez un pareil sujet, serait, je crois, une cause occasionnelle de maladies organiques graves. TI est impossible de méconnaître ici une intermittente pernicieuse. Le succès du traitement en est , suivant nous, la preuve complète; c’est, nous l’avouons, le premier exemple de celte natre que nous ayions non-seulement vu, mais même entendu. Nous avons eu l’occasion d’en observer de bien des espèces dans les hôpitanx de Mont- pellier , mais nous n’aurions jamais pu penser qu'il s'en présentât sous cette forme. DEUXIÈME OBSERVATION. Ecoulement froid calarrhal. Un des écrivains médicaux les plus distingués de ce siècle, Cabanis, dans un petit ouvrage sur les affections catarrhales, a donné plusieurs observations intéressantes , et il les a rapportées avec une simplicité et une bone foi remarquables. Cette petite brochure n’est pas son moindre ütre à l'estime des praticiens et des médecins hippo- craliques. Beaucoup de jeunes docteurs ne manqueront pas de vous dire que Cabanis est un assez bon écrivain, ie (61) mais que, comme pralicien , c’est un radoteur. Je ne nierai pas qu'en lisant pour la première fois l'ouvrage dont je vous parle, quelques-unes des observations qui y sont relalées , me parurent propres à faire accuser l'au- teur de crédulité. Un fait qui s'est passé sous mes yeux m'a appris à me défier de moi-même, et m'a fait suspendre mon jugement définitif sur l'ouvrage de Cabanis. Voici ENT : Mademoiselle D***, âgée de 25 ans environ, était restée jeune confiée aux soins d’une sœur plus âgée qu'elle, et qui, livrée à la carrière des arts, oubliait un peu trop les devoirs que la parenté et la simple humanité lui impo- saient. Cette jeune fille, très-négligée, avail beaucoup de vermine ; sa sœur avait imaginé, pour l’en débarasser, de la placer sous une pompe, et d’inonder sa tête d’eau très- froide. Jusqu'à l'âge de 14 à 15 ans ces bains économiques furent mis en usage ; il en résulta, chez la jeune personne, des douleurs de tête , des affections catarrhales fréquentes , une mensiruation irrégulière. À 17 ans, mademoiselle D*** fut séparée de sa sœur ; les agiiations et les inquié- tudes inséparables de sa position et de sa profession, ne contribuèrent pas à améliorer sa santé. Elle vint à Rouen l’année dernière, et là elle ne tarda pas à être prise d’une de ces affections catarrhales si communes chez nous, et à laquelle elle était si bien prédisposée. Je fus appelé : il y avait une fièvre catarrhale générale, mais, de plus, une douleur de tête qui devenait parfois insupportable ; j’ap- pris que cette douleur était antérieure à la maladie , qu’elle revenait fréquemment, qu'elle produisait alors de la sur- dité, et mettait quelquefois la malade hors d’état de rem- plir ses devoirs. La fièvre catarrhale guérit assez prompte- ment, mais la douleur de tête persista. Les règles, quoi- que peu abondantes, étaient cependant régulières depuis quelque temps ; l'appétit était assez bon , toutes les fonc tions se faisaient à peu près bien ; mais la malade, fatiguée (62) et inquièle de ces longues douleurs, était triste et abattue. Instruit des circonstances qu: j'ai relatées plus haut, je conseillai un vésicatoire à la nuque : on me dit que l'on en avait déjà mis un, ensuite un séton , et que rien n’y avait fait. J'engageai la malade à appliquer un nouvel exutoire à la nuque, à se couper les cheveux , et à se couvrir la tête continuellem nt d’une coiffe de flanelle : elle hésita quelque temps ; une de ses amies que je voyais malade, et chez qui uue douleur de tête, d'une nature différente, n'avait cédé à aucun moyen rationnel, ni à l'acupuncture, pratiquée par M. Cloquet , et ensuite par mot, Jui ôtait toat espoir. Je parvins à la convaincre que les deux affections, quoiqu’occupant le même lieu, étaient cependant bien loin d’avoir la même cause. Elle céda : un vésicatoire fut appliqué à la nuque, la tête fut rasée, des friclions sèches y furent pratiquées trois fois par jour; on mettait ensuite la coiffe de flanelle, qu’elle gardait nuit et jour. Les douleurs causées par le vésicatoire devinrent intolerables pour la malade : elle demanda à le supprimer ; je fus forcé de céder, quoiqu’à regret, et je fis appliquer au bras ua autre vésicatoire, en même temps que je supprimais celui du col. J'étais bien loin de prévoir ce qui arriva. ()n continuait toujours les frictions sur la tête avec une flanelle sèche; tout-3-coup le vésicatoire du bras, qui avait peu donné d’abord, coula abondamment ; mais, en même temps, mademoiselle D*** éprouva, dans tout le bras droit, un sentiment de froid insupportable; ce froid était sensible même pour les autres ; la peau était vio- lacée, présentant sans cesse l'aspect de la chair de poule; l'humeur qui s’écoulait du vésicatoire avec abondance, prenait l'aspect d’une couenne blanchâtre également froide. Nile feu, nila laine, ni lesfrictions pratiquées sur le bras, ne pouvaient y ramener la chaleur ; la malade, dans le lit même, en souffrait au point d'être privée de som- meil; elle me pressait de porter remède à ce nouveau (63) symptôme. Je m'en gardai bien, Messieurs; son étrangeté même me le fit regarder comme favorable ; et, obser- vant que les douleurs de tête diminuaient successivement, et étaient presque entièrement disparues , je n’hésitai pas à regarder ce travail comme critique. Je n’ai point été trompé dans mon altenle ; cet élat a duré près de 15 jours, mais surtout 5 à 6 avec une grande intensité. La douleur de tête a entièrement disparu. Mademoiselle D**# a recouvré sa gaîté et sa fraîcheur. Elle partit pour Nancy, où elle s’est mariée. Je lai revue il y a 15 jours, dans ce pays-ci, où elle a passé avec son mari; sa santé est florissante et promet de l'être long-temps. Cette guérison , où je n’ai d'autre mérite que celui de l'avoir observée, m'a surpris, sans doute; mais je lai trouvée moins étonnante en relisant Cabanis, et j'ai vu que je l’avais jugé trop légèrement, en regardant comme des chimères ces écoulements froids critiques qu'il a observés dans quelques affections catarrhales. TROISIÈME OBSERVATION. Apoplexie. Je finirai, Messieurs, par une remarque pratique que j'ai été à mème de faire plusieurs fois depuis quelques mois. Les recherches faites, dans ces derniers temps, sur les maladies de l'encéphale , ont été nombreuses, et, si elles se sont un peu ressenties de l'influence systématique , sous le rapport de la théorie des irritations, il n’en est pas moins vrai que ces recherches ont tourné, en quelques points , au profit de la médecine pratique. Les applications à la glace sur la tête ont produit souvent de grands effets, et j'avouerai que je les ai vues fréquemment agir d’une manière très-efficace, et aider beaucoup au succès des autres moyens révulsivement employés, dans (64) l’une des plus graves affections cérébrales, dans l'apo= plexie. Dans les apoplexies dites foudroyantes, c’est-à-dire, dont l’action est tellement brusque et forte que la réac- tion est souvent nulle et toujours tardive , la glace et les applications froides ont déterminé souvent cette réaction avec assez de prompiitude ; c’est-à-dire , que peu de temps après son application, dans ces cas, j'ai vu se développer des couvulsions que je regarde comme favorables, en ce qu’elles annoncent une réaction que tout l'art du médecin tend à solliciter, pour la diriger ensuite convenable- ment. J'ai eu d'assez fréquentes occasions d'observer des apo- plexies depuis 15 mois; quelques-unes ont été graves, et, parmi celles qui semblaient devoir être mortelles, j'ai vu souvent des symptômes favorables suivre l’applica- tion de la glace sur la tête conjointement avec les autres moyens. Parmi plusieurs faits, je choisirai l’ur des plus concluants. Dans le mois de février dernier, un de mes voisins, M. B***, âgé de 65 ans, cominerçant, rue Saint-Eloi, travaillant dans son grenier le matin, à jeûn, 1ombe tout-à-coup sans connaissance. Je fus appelé sur-le-champ; je trouvai le malade assis sur une chaise et soutenu par plu- sieurs personnes. Une sueur froide couvrait tout le corps, la bouche était fortement déprimée à droite. Il y avait perte absolue de sentiment et de mouvement. Je fis transpor- ter le malade dans son appartement : la syncope était complète; les paupières entr'ouvertes laissaient voir l’œil fixe, la pupille-dilatée et insensible à la lumière ; Les traits prirent bientôt cel aspect qui annonce une fin prochaine ; la mâchoire infér'eure tomba abandonnée à son propre poids. Je regaräais la mort comme certaine , surtout lorsque je sus que le malade, qui avait perdu son épouse deux mois auparavant par une apoplexie foudroyante , avait été — aimait. tt (65) élé vivément affecté de cette perte et de l'idée qu'i périrait de la même manière. La famille éplorée sollicitait des secours ; je les admi- nistrai, les croyant pourtant inutiles. Le malade fut promptement débarrassé de ses vêtements ; je fis appli- quer aux extrémités de larges synapismes s'étendant jus- qu'aux mollets; des frictions avec une liqueur stimu- lante furent pratiquées continuellement sur la région du cœur. J’aperçus avec joie un frémissement sensible dans les carotides et les autres vaisseaux du col; la bouche de . vint moins béante, la figure colorée. Le malade était ro- buste, sanguin et hémorroïdaire; je pratiquai sur-le- champ une large saignée au bras droit : le sang sortit en nappe d’abord, bientôt après en jel. Je fis de suite lap- plication de deux larges vésicatoires aux cuisses ; une po— tion émétisée fut préparée, et je parvins à en introduire deux fortes cuillerées environ. Le côté droit était entière- ment paralysé; mais, du côté gauche, le malade exécuta quelques mouvements. La tête du malade était chauve; jy fs appliquer , sans discontinuer , un mélange fait avec de la glace pilée, de l’eau et de l'acide acétique ; j'ordonnäi que cette application fût continuée sans inter- ruption. Une heure après, des mouvements convulsifs se manifestèrent dans le côté gauche , bientôt après dans l'extrémité inférieure droite. Le malade contenu par des assistans , on continua les applications froides ; le calme succéda à ces secousses violentes et réitérées, et aussitôt l'estomac fut débarrassé, par un vomissement abon- dant, d’une énorme quantité de glaires et de bile. Les jambes ne tardèrent pas à rougir. Un lavement purgatif fut administré ; le malade , devenu plus calme , portait fréquem- ment sa main à sa tête ; dans un mouvement un peu brus- que , l'appareil de la saignée tomba, etle sang coula de nouveau ; j'en laissai sortir encore une poêlette et demie environ. Le malade ouvritles yeux; j’ordonnai de continuer 9 (66) les applications froides et la potion stibiée, mais plus étendue. Le soir la connaissance revint, le lendemain la parole; d’abord difficile, elle devint de jour en jour plus nette; le traitement fut continué par les moyens ordi- naires. Chose incroyable, après une attaque aussi vio- lente , le sixième jour, M. B*#** était levé et dicta quel- ques lettres. Au bout de 15 jours il était complétement rétabli; la paralysie avait tout à fait disparu , et le ma- lade sortit, à la grande surprise de ses voisins, témoins de son accident, J'ai obtenu des mêmes moyens des succès semblables , dans plusieurs autres cas , et je ne doute pas que les applications froides n'aient beaucoup activé laction des révulsifs, en coopérant à leur effet, par leur action directe sur La partie malade. J'aurais désiré, Messieurs, pour achever d’acquitter ma contribution académique, vous communiquer les résultats d'expériences que j'ai entreprises avec M. Drap- pier, l'un des ingénieurs les plus distingués de ce dé- partement, sur la cloche à plongeur. Le désir de donner à ce travail plus d’étendue et d'importance, et à ses résultats plus de précision, nous a engagés à remeltre cette publication à l’année prochaine. se 7 Ce (67) TRAVAIL CHIMICO-GÉORGIQUE MÉMOIRE SUR LA COMPOSITION ET SUR LES DIFFÉRENTES PROPRIÉTÉS DES TERRES ARABLES , Lu à l'Académie, le 23 décembre 1825, par M. Duuc. Nec verd terræ ferre omnes omnia possunt, (Géonc.)} Messieurs, Avant d'exposer les motifs qui m'ont déterminé à en- treprendre le travail que j'ai à soumettre à l’Académie sur les terres dites arables, nom qu’elles ont reçu comme faisant opposition à celui des sols arides, je dois partir de ce principe, savorr : qu'il m’existe point, comme les anciens naturalistes le croyaient, de terre su generis, ou servant uniquement de base aux sols agraires cultivables. Cette idée ne peut être comprise de nos jours, puisque la chimie expérimentale a démontré qu’on rencontre au-delà de neuf malières terreuses dans le composé géologique naturel sur lequel s’implantent, germent et eroissent les nombreux produits du règne végétal, depuis l'humble mousse, le modeste gramen, jusqu’au hardi cèdre du Liban et l’étonnant baobab, Ainsi, en agriculture, point de terre unique, mais bien des mélanges terreux d’où ré- sultent les différents fonds arables propres à diverses productions, selon la nature de leur composition, D'après ce court exposé, et sur la demande qui m'en a été faite par divers propriétaires ruraux normands, j'ai 9 * (68) analysé une bonne terre à blé, prise dans la belle et riche contrée du Lieuvin, sur un fonds excellent appartenant à notre honorable et savant confrère M. Auguste Leprévost. Le but de cette analyse chimique a pour objet prin- cipal, x De connaître les éléments d’un sol fertile en blé et réputé de première qualité ; 2° De servir comme de type pour évaluer les terres agraires entre elles, vu la nature de leur composition ; 3° Enfin, de pouvoir servir de base, dans bien des cas, à l'opération cadastrale des différentes terres labou- rables, et aux partages entre héritiers , etc. Pour atteindre ce triple but, mes regards se sont na- turellement portés sur plusieurs points. J'avais à choisir, en Haute Normandie, spécialement sur cinq à six contrées où la terre est riche en productions de bien des sortes, mais surtout en céréales fromentacées. Ainsi le Lieuvin, le Roumois, le Vexin Neustrien, le canton de Goderville, arrondissement du Havre, la belle plaine dite du Neuf- Bourg, et vers Louviers, m’offraient parlout une terre à blé ou éminemment arable, pour faire mes expériences ; mais, parmi ces fonds de terre, j'ai dû donner la préfé- rence à celui du Lieuvin, car, d’après le célèbre agronome Arthur Young, ce sol peut être regardé comme étant un des plus fertiles du monde, et il ne craint pas, dans ses ouvrages, de le désigner sous le nom de ferre promise ; the promesed land. Cette analyse sera suivie de diverses observations chi- mico-géorgiques, dont l’explication pourra servir, non- seulement à comparer et à distinguer la nature et la valeur yénale des sols entr'eux, mais encore à régulariser les opérations du cadastre, opérations qu'on poursuit en France, et dont les résultats seront toujours très-éven— tuels, du moins d’après l'opinion de bons agronomes, et surtout si ce gigantesque travail continue à être fait par (69) Ja simple inspection physique des fonds de terre, et pat les produits actuels des récoltes qu’on ÿ remarque. Afin d’abréger ce travail, je n'y consignerai que les principales opérations analytiques, et dont les résultats me serviront de base pour en faire le résumé... Je com- mencerai par décrire les propriétés physiques et chi- miques de la terre du Lieuvin, puis je soumettrai cette terre aux expériences nécessaires pour en reconnaître les principes constituants. C’est en opérant ainsi que j'es- père atteindre le but qui fait l’objet de cet ouvrage et répondre, en outre, à l’atiente des agronomes qui me Pont demandé (a). Propriétés physiques de la terre du Lieuvin. Elle est de couleur jaune sombre, inodore, douce et moëlleuse au toucher sans rayer le verre , propriétés qui indiquent que les molécules qui la composent s’y trouvent dans un grand état de division et intimement unies entre elles; pétrie avec de l’eau, elle répanë une odeur aroi- leuse et happe à la langue, comme les terres alumino- siliceuses. Elle absorbe environ un cinquième de son poids d’eau, pour avoir le delité convenable à être emblavée, et pour se bien diviser par l'opération du hersage. (a) Toutes les expériences dont on va rendre compte ont eu lieu, sur la terre en question, prise à l’état pulvérulent, c’est-à-dire privée d'environ un cinquième de son poids d’eau interposée, qu’elle retient dans son état agraire, ou propre à être emblavée, circonstance qu'il est bon de noter pour mieux comprendre le résumé de nos opéra- tions à son égard; car, outre cette eau interposée, tous les sols contiennent un humide radical inhérent à la nature et à la compo sition des terres arables, et dont nous parlerons ailleurs. C7o ) Sa pesanteur spécifique, comparée à celle de l'eau ordi- paire, est de plus du double que celle de ce fluide, c’est- à-dire, qu'un vase qui renferme un kilogramme d’eau, contient 2064 grammes de cette terre. Tels sont les principaux caractères physiques de la terre soumise à mon examen, caractères que présentent, à peu de chose près, deux autres échantillons de terre que Jai également analysés, l’un pris dans le Roumois, et l’autre dans le Vexin, vers Gisors. Propriétés chimiques de la terre du Lieuvin. Elle éprouve des altérations très-notables par l’action du feu, soit à vase clos, soit à feu nud dans un creuset. Les acides dits minéraux l’attaquent, mais sans effer- vescence sensible, circonstance qu'il est bon de noter, et qu'on remarque rarement dans l'espèce. Les alkalis, l'alcool , l’eau chaude agissent également, chacun dans leur genre, sur la terre du Lieuvin. Elle répand une forte odeur de corne qui brûle et phosphoracée, étant mise sur des charbons incandescents. Après ces notions préliminaires acquises, et qui servent en général à diriger les opérations analytiques des terres, nous allons décrire les principales expériences faites sur celle du Licuvin, pour en déterminer les principes cons- tituants. Première experience. Un demi-kilogramme marc de cetie terre a été chauffé jusqu’au rouge dans un creuset ouvert, pendant une heure; elle perdit environ un huitième de son poids par cette opé- ration, Cette perte a lieu par l’évaporation de l’humide radical du sol, et aussi par la décomposition de l’humus et de quelques portions de matières animalisées que recèlent (CU LT2 tonjours les terres arables amendées avec les fumiers ordinaires. Sa couleur déclina au rouge clair par l'action du feu, effet dù au peu de fer qu’elle contient , et qui passe à l’état de per-oxide par la caleination. Il est aussi à noter que la terre du Lieuvin ne prend ni retrait, ni cohésion moléculaire , par la force de la chaleur, ce qui prouve qu’elle n’est pas de nature glaiseuse , etc. Deuxième expérience. On a mis à distiller, dans une cornue, munie d’un appareil convenable pour en recevoir les produits, 500 grammes de la terre du Lieuvin ; lon obtint, par la force du feu; 1° un fluide aqueux d’abord incolore, mais un peu acide; 2° une autre liqueur rougeâtre, d’une odeur ammoniacale ; 3° enfin, quelques gouttes d'huile empy- reumalique. Le résidu resté dans la cornue avait une couleur noirâtre et pesait environ 436 grammes : c’étaient les terres inaltérables par l’action du feu, mêlées de charbon et d’oxide de fer. Ce résidu, chauffé à feu ouvert, dans un creuset, prit, comme dans l'opération précédente, une couleur rosacée par la combustion du charbon et par l’oxidation du métal, etc. Les résultats de cette expérience, réunis à ceux obte- nus de l'essai n° 1, prouvent que cette terre contient très-approximalivement un huitième de son poids de matières volatiles qui lui sont enlevées par l'intermède du calorique, et que ces matières sont de nature végéto- animales. Maintenant nous allons procéder à son analyse par la voie des réactifs liquides et salins. Troisième experience. On mit à macérer 250 grammes de la terre dans son (739 poids égal d'alcool à 36 degrés : après 24 heures de macéralion , l'esprit de vin prit une couleur opale fon- cée, un goût âcre et amer; moitié de cette espèce de teinture fut évaporée à siccité dans une capsule de verre, et donna environ 3 décigrammes ou 6 grains d’un résidu brunâtre qui s’humectait à Pair. Ce résidu, traité par l'acide sulfurique concentré , donna des signes non- équivoques d'acide hydrochlorique. L'autre portion de teinture fut en partie décomposée , en la mêlant à trois fois son volume d’eau ordinaire, et laissa déposer à peu près un demi-oramme d’une ma- tière grasse, floconneuse , resiaoïde ; le fluide surnageant, précipiltait fortement par les nitrates d'argent et de mer- cure. C’était un véritable muriate calcaire. II résulte de cette expérience que la terre en question contient une malière extractive grasse résinoïde, insoluble dans l’eau, du muriate de chaux et peut-être quelques atomes de sel marin ordinaire. Ces deux derniers sels sont aussi enlevés à la terre du Lieuvin par l’action de l’eau chaude ordinaire. Ces sels, et la matière grasse ex- tractive , contribuent à lui donner le moëlleux et la douceur dont on a déjà parlé. Quatrième experience. On mit à bouillir, pendant une demi-heure , 250 grammes de la terre, privée de ses sels et de son extractif par les moyens qu'on vient d'indiquer , dans de l’eau rendue alkaline par la lessive des savonniers. Ce fluide se colora bientôt en rouge brun; on décomposa cette espèce de savon végéto-animal , avec de lacide sulfurique faible. Cet acide s’empara de la soude et mit Phumus (4) à nu; (2) Les idées, comme on le verra dans le courant de cet ouvrage, ne sont pas fixées, eu agriculture , sur la valeur du mot Æuwmus, et celle (73) celte matière est de couleur brun-marron et plus légère que l'eau ordinaire. La quantité en était d'environ 6 grammes. Cet humus répand en brûlant une odeur de matières animales et de gaz hydrogène phosphoré. La cendre grise et onclueuse quil produit contient une quantité assez notable d’alkali végétal et minéral. IL résulte de cette expérience deux choses utiles à con- naître en agronomie ; la première, qu'une bonne terre à blé contient environ 25 grammes d humus par kilogramme de ce sol pris dans l’état pulvérulent, ou 20 grammes dans l’état où la terre est propre à ètre exubiavée, au temps de la semaille. La deuxième, que l'alkali caustique a plus d'affinité pour l'humus proprement dit, que n'en a le calcaire avec lequel il se trouve spécialement combiné dans les terres agraires de première qualité. Cette combinaison de l'hu- mus avec l’oxide de calcium forme, selon nous, la ma- tière essentiellement végétative, que beaucoup d'agro- nomes désignent par l’heureuse épithète de pabulum vilæ des terres de labour. Nous croyons que ces deux dernières observations sont neuves, ne les ayant vues consignées dans aucun des ouvrages qui traitent de l’agriculture , ét qu'elles pourront être utiles à ceux qui s'occupent de la science agricole et de ia décomposition des terres, etc. Cinquième experience. La terre épuisée, par les opérations précédentes, de sels, d'humus et d’extractif, fut ensuite traitée par l'acide encore moins sur la nature de cette substance; mais nous croyons que le véritable humus végétal est la matière dont nous venons de parler, et qu'on peut extraire des terres à blé, au moyen de l'alcali caustique , etc. Nous y reviendrons. 10 (74) : bydrochlorique aqueux : ce réactif en sépara le calcaire, un des éléments de ce sol, mais sars effervescence. Le même acide en dissout aussi un peu de fer qu'on y re- connut au moyen du prussiate de potasse, etc. L’acide niltrique faible , mis également en contact avec cette terre, prend bientôt une couleur laitense, effet qui indique qu'elle recèle de la magnésie , mais la quantité en est faible et peut être évaluée, d’après nos essais, à environ pour un centième, dans ce composé agraire Les résultats de cette expérience m'ont prouvé que la terre du Lieuvin, contient plus d'un dixième de son poids de chaux pure, oxide de calcium. Cette chaux précipitée de son dissolvant par les alkalis, s'offre dans un éiat de tenuité extrême et possède au plus haut degré toutes les propriétés physiques et chimiques qui lui sont particu- lières. = , | Sixième experience. Le résidu de l’expérience précédente , pesant 215 gram- mes, fut trailé par l’acide sulfurique faible. Après trois immersions, cet acide avait dissout toute l'alumine pure que recélait ce résidu. J’obtins cetie argile en saturant l'acide employé , au moyen de l’ammoniaque , etc. Il résulte de cet autre essai que la terre du Lieuvin contient environ un cinquième de son poids d’alumine pure, oxide d'aluminium, qui s'y trouve aussi dans un état de grande division moléculaire. La matière insoluble , dans l'alcool , dans l’eau chaude, dans les alkalis et dans les acides, où le résidn des opé- rations précédentes forme à lui seul environ moilié en poids du total de la terre du Lieuvin. Ce résidu est un sable siliceux, un peu rosacé, très- tenu et presqu'impalpable ; ce sable uni, au moyen C75) de l'humide radical (e), aux autres éléments dont on a parlé sert merveilleusement à diviser et à amender les terres à blé, et les rend ni trop arides, ni trop hu- mides. Telle est l'heureuse composition des terres arables du Licuvin, du Vexin-Normand, d’une partie de’celles du pays de Caux, etc., que nous avons aussi analysées. Ainsi, en résamant les produits des essais et des expériences qui précèdent, on voit que r000 grammes de la terre du Lieuvin , prise dans l’état pulvérulent, se composent très à peu près des éléments suivants, savoir : ; 1° Hamide radical..,............. 120 grammes. 20 Humus ou matières solubles dans les alkalis caustiques.......... 25 3° Chaux pure très-divisée......... 125 4° Alumine ou argile pure très-tenue. 160 5° Sable $ilicéux rosacé d’une grande finesse. 40/20 26002 F8, GOLF 560 6° Magnésie pure, muriate de chaux, oxide de fer, fibres végétales et sélémarine. RTS 76 Total...... 1000 grammes. Tels sont, Messieurs , les principaux éléments que ren- (c) I faut ici entendre par humide radical, non leu ordinaire, mais un fluide particulier ou espèce de syrovre végétale qui sert à lier entre elles tontes les molécules terreuses qui composent un sol arable. On ignore comment s'opère cette heureuse réunion de prin- cipes végétatifs, mais combien de choses la nature nous laissera toujours ignorer pour le bonheur du genre humain! C’est déjà beaucoup que d’être parvenu à pouvoir différencier les sols entre eux, et de leur faire rapporter dés végétaux divers en raison des mélanges terreux qui les composent ! E0 À (76) ferme un so là blé de première qualité, éléments qui ont beaucoup d'analogie avec ceux trouvés par le chimiste an glais Davy, dans l'analyse qu il fit d'un excellent terrein à fromen , situé près Drayton en Middlesex (voir à ce sujet, sa Chimie agricole, tome z°', page 213 ). Seulement, dans la terre du Lieuvin, on ne rencontre point le calcaire uni à l'acide carbonique, comme dans celle de Drayton ; mais au contraire à l’humus, chose essentielle à noter , car il nous paraît démontré que plus un fonds sera riche en humus combiné à La chaux , mieux il conviendra à la culture de la plante éternelle, le tritieum hibernum, et à celles de ses congénères , et plus le blé sera riche aussi en gluten, base principale de bonnes farines. Voici d’autres observations, qui font suite au travail précédent, dont l'application servira pour estimer la va- leur des terres entr'elles, soit sous le rapport agricole, soit dans l'opération du cadastre, etc. Nous posons en principe que, pour bien apprécier la valeur des sos, il convient , 1° d'en connaître les éléments constitutifs; 2° dans quelles proportions ils s'y trouvent eombinés ; 3° quel est leur degré de ténuité ; 4° leur ky- gromicilé. Avec ces notions, l’estimateur pourra agir sciemment , suriout en prenant pour modèle de ses opérations la terre du Lieuvin, que nous avons analysée, et qu'on peut classer comme terre arable de première qualité. (d) (2) Cette terre, d’après M. Leprévost, donne , tous les deux ans, une quantité d’excellent blé, représentant environ vingt fois la semence, et nous sommes convaincus qu'elle ne doit sa grande fer- uilité qu'à l'heureuse propartion et à la ténuité des éléments qui la composent , car c’est un axiome reçn en chimie comme en physique, » Que plus les corps ou molécules organiques sont divisés entre DUR nn (77) - Un autre sol composé à peu près comme celui du Lieu vin, mais où le calcaire est uni à l'acide carbonique, et non à l'humus, devrait être, selon nous, rangé dans les terres de seconde classe, car ses récoltes en blé n'en seront jamais aussi abondantes que dans le premier. Ce dernier fonds convients pécialement àla culture des plantes à fourrages , à fleurs légumineuse. Il convient aussi mer- veilleusement à la production des végétaux à graines oleracées. On peut reconnaître facilement le carbonate de chaux, dans un sol, par l'effervescence ou bouillon nement qu'on y remarque, en versant dessus un acide quelconque. Les fonds agraires composés, pour les trois quarts , d’un sable grossier, de calcaire combiné à l'acide carbo- nique, et mêlés d’ocre , ne rapportent guère qu'à force d'engrais, et ne conviennent qu'à la culture des menus grains, à celle des pommes de terre , des navets, elc. ; par ces motifs, nons croyons qu'on peut les ranger dans les terres dé troisième classe. La quatrième classe des terres, dites de labour, est connue aux champs sous le nom de terre glaiseuse ; elle est composée généralement d'argile ocreuse et d’un peu de sable rouge. Ce sol est de diffeile culture ; ses produits sont médiocres; néanmoins on en tire encore parti dans les années favorables ; mais en iout c'est un mauvais fonds. Nous ne parlerons pas, dans celte classification cadas- trale, des prairies ni des terres d’alluvion. Ces fonds pro- » eux, plus ils:sont propres à l'agrégation, à la nutrition, à l’assi- » milation, et, par conséquent , à l'accroissement et à la productien » des êtres ”; et, sous tous es rapports , la terre du Lieuvin et plusieurs autres en Normandie possèdent éminemment ces précieuses qualités, CAO duisent toujours des récoltes en foin, presqu'assurées , et leur valeur réelle peut être facilement déterminée. J'ignore, en partie, quelles sont les bases qui servent aux agents du Gouvernement, pour cadastrer les terres en général. On sait , néanmoins , que les récoltes comparées entr'elles, ou de canton à canton, dans un temps donné , est une de ces bases ; que l'inspection et le toucher des sols en est une autre, etc. Ici, je conviens que des agronomes instruits, et bons praticiens , peuvent , par approximation, évaluer et classer les fonds de terres entr'eux; mais celte opération, quoi- que faite loyalement, manque, néanmoins, de ce degré de perfection qu’on a droit d'exiger d'experts chargés d'une mission aussi délicate , et dontgla décision influe si puis- samment sur la répartition de Pimpôt foncier, etc., etc. Car on peut bien, à force d'engrais , d'amendements et de soins, rendre un sol médiocte très-productif ; mais on n'en changera pas la nature, et il n’égalera jamais en valeur un fonds arable, tel que celui du Lieuvin, etc, parce que les éléments primitifs dont il est composé s’y opposent naturellement. Nous croyons donc, (c'est d’ailleurs l’opinion debien des agronomes}), que, dans bien des cas, on doit avoir recours à l'analyse des terres pour pouvoir en apprécier la valeur réelle ; d’ailleurs, cette opération est facile et peu dispendieuse, et peut se faire partout... Quelques con- naissances en chimie, deux ou trois flacons d'acides , un d'alkali, et un vase bien jaugé: voilà, à peu près, tout l'attirail d’un laboratoire chimico-agricole. Au reste, en émeltant cette opinion, je suis bien loin de chercher à jeter de la défaveur sur les opérations cadas- trales déjà si avancées; mais je persiste à croire qu’elle n'est pas dénuée de raison, et que , dans bien descas, on pourrait s’aider de l’analyse des terres pour servir de base à leur estimation vénale, etc. C79} » J'ajouterai encore, que je ne suis pas du nombre de ceux qui regardent l'opération cadastrale des terres comme inutile. Je crois, au contraire, que si celte grande opéra- tion étai! faite avec tout le soin et l'exactitude qu’elle com- porte, elle serait non-seulement de la plus grande utilité pour la répartition exacte de l'impôt; mais qu'elle servi- rait aussi de base générale pour le partage des héritages , et éviterait bien des procès, etc Nous terminerons ce mémoire par une nolice sur l'humus végétal, matière sur laquelle les idées des agro— nomes sont bien loin d’être fixées, et qui joue pourtant un si grand rôle dans la composition et dans les proprié- tés végélatives et productives de certains fonds agraires. Les uns entendent pargumus , la couche de terre végé- tale qui existe sur une parle de la surface du globe. Ainsi, d’après cette définition, tout terrein où il croît un brin d'herbe ou un misérable gfamen , contiendrait de l'humaus ; cependant on voit quelques végélaux pousser et prospérer dans des fonds purement sableux ou quarizeux, et qui semblent tout à fait dénués de ce principe; mais on sait que certaines plantes naturellement hygrométriques se nourrissent de l'humidité et des gaz répandus dans Pat- mosphère , et que le sol ne leur sert guère que de support. D'autres, et c’est le plus grand nombre, appelent Au- mus, un amas terreux, brun noirâtre, qui résulte de Ja décomposilion spontanée d’un mélange de matières végé- tales et animales. Les fumiers ordinaires entassés donnent à la longue cet humus par leur putréfaction. Mais ce com- pôt, quoique très-bon engrais, n’est point lhumus tel que nous le concevons. D’après M. Bosc, l’humus serait une matière noire végélo-animale, spongieuse et soluble dans l’eau, idée assez étrange, puisque celle matière serait enlevée aux terres en pente par les averses, par les neiges qui la refou- leraient au-dessous de la couche terreuse végétale , etc. (80 ) Enfa, M. Chaptal, auteur de la chimie appliquée à l'agriculture (voir cet ouvrage, tome 1°", page 43), trouve l'homus dans le détritus des galets et du sable fin, liés ensemble par du limon. Ainsi, lhumus de M. Bosc n’est point de la même nature que celai de M. Chaptal, car ce dernier est inso- luble dans l'eau, etc. Tant qu'à nous, nous pensons que l’humus propre- ment dit n’est point le produit immédiat des fumniers pourris, ni encore moins l’amalgame siliceux et limo- neux dont parle M. Chaptal; mais on a lieu de croire, au contraire, que celte matière existe toute formée par la nature dans certains sols, et que plus une terre sera riche en humus naturel , pluskelle doit être recherchée des cultivateurs qui mettent au premier rang la récolte du blé. D'après nos expériences, nous regardons lhumus comme un être suf generis ou particulier, dont voici les principales propriétés physiques et chimiques : Cette matière est de couleur brunâtre, poisseuse, sans odeur, plus légère que l’ean, d’une saveur fortement amère. Avec la chaux pure elle forme une combinaison insoluble dans l’eau , ou le pabulum vitæ des terres. L'hu- mus, en brûlant, offre tous les caractères d'une matière animale. En outre, il est noirci et charbonné par l'acide sulfurique concentré, et devient jaune par son contact avec l'acide nitrique à 40 degrés ; l’alkali caustique le sa- ponifie , et le rend soluble dans l'eau, etc. D'après ce court exposé, on voit que lhumus, tel qu'on le trouve dans la terre du Lieuvin, et dans les fortes terres arables, diffère essentiellement, par ses diverses proprié- tés, de l’'amas terreux connu sous le nom de terreau par les jardiniers , et qu'il s'éloigne encore plus des deux espèces d'humus dont parlent MM. Bosc et Chaptal, dans leurs traités agronomiques. Je (81) Je pourrais donner une grande extension à celle nolice , sur la présence de l’humus naturel dans certains forls agraires, et sur ses qualités éminemment végétatives, sur- tout étant combiné à l’oxide de calcium pur , autre matière dont la présence joue aussi un grand rôle dans la compo- silion et dans l'amendement des terres; mais cette disser- tation, quoiqu'utile, m'entraînerait hors les limites que je me suis prescrites dans la rédaction de ce mémoire. Peut-être y reviendrai-je un jour, car ici le champ est vaste et peut être exploré de bien des manières, et lou- jours à l’avantage de la science agricole. En résumapt succinctement l’ensemble de cet ouvrage, on voit : 1° Que la terre du Lieuvin que nous avons analysée, recèle, dans son ensemble, tous les éléments d’un excellent fonds agraire ; que ce sol, tout à la fois spongieux , gras et doux au toucher, doit particulièrement ses qualités à l’état moléculaire des quatre terres primitives dont il est composé, et à l'humus qu'il contient naturellement. Heureux sol! dont les propriétés, ni trop arides , ni trop hygrométriques, le rendent très-propre à la culture des plantes culinifères ; mais spécialement de la plus utile, le triticum hibernum ; 20 Qu'il existe une substance particulière dans les fortes ‘terres , inhérente à leur nature , qu’on esi convenu d’appe- ler humus, et dont nous avons fait connaître les princi- pales propriétés; 3° Que la terre du Lieuvin, et plusieurs autres qui lui sont analogues en Normandie, peut être regardée, par * J'heureux assemblage des molécules terreuses qui la com- posent, comme étant un fonds arable de première qualité; 4e Que les terres productives peuvent se diviser en quatre grandes classes, vu la nature de leur composition , et aussi en raison des récoltes qu'elles donnent ; 5° Enfin, qu’on peut avoir recours, dans bien des cas, 11 (8) à l'analyse chimique des fonds agraires, pour en détermi- ner la nature , la qualité, et, par suite, en apprécier la va- leur, soit pour les cadastrer, soit pour en fixer le prix vénal dans les héritages, etc. Tel est, Messieurs, l’ensemble de l'ouvrage chimico- géorgique qu'on m'a demandé, et qui ne devait être, en principe , qu'une simple analyse de la terre du Lieuvin ; mais auquel j'ai ajouté , par goût , et dans l'intérêt de la science agricole , diverses observations et remarques qui pourront trouver plus d’une utile appli- cation en agronomie et en économie rurale, (85 ) EXTRAIT DE DEUX NOTICES SUR LE PUCERON LANIGÈRE ;, Lues, en 1826, à l’Académie, par M. Dusuc. Dans ses notices, M. Dubuc rapporte des expériences dont les résultats lui ont prouvé que le puceron lanigère ramassé sur les pommiers, contient un principe colorant tout à fait analooue à la carmine que fournit la cochenille étrangère. Il croit que les arts pourraient tirer le même parti de cette espèce de cochenille indigène, qu'il nomme coccus mali, que de celle qui nous vient à grand frais du Mexique. Il n’est pas loin de penser que insecte qui ronge nos pommiers, el qui résiste à un froid de 10 degrés et au- delà (l'hiver dernier prouve celte assertion ), pourrait être récolté sous la zône tempérée, non sur l'arbre à cidre, mais sur d’autres végétaux moins précieux, pour servir à la teinture , etc. Les larges et belles feuiles de pavot, du phytolacca decandra , la betterave ordinaire, etc. lui semblent des plantes convenables à cette culture, et sur lesquelles il se propose de tenter quelques essais pour y élever le puceron lanigère. Dans ses notices, M. Dubuc fait entrevoir que le puceron-cochenille a été vu, en Normandie, sur les arbres à cidre, il y a plus de 30 ans, et que ses ravages sur le pyrus malus ne sont pas aussi dangereux qu’on le croyait d’abord ; néanmoins, il indique les deux moyens suivants pour anéanlir el détruire cet insecte sur les arbres qui en sont atteints. Le premier consiste dans l’extirpation et la combustion , vers la fin du mois de juin , des jeunes branches et pousses in (84) sur lesquelles l'insecte stationne et se multiplie, particu- lièrement lors des fortes chaleurs. Le deuxième consiste à imbiber, au moyen d'un pin- ceau ou d'une brosse, les parties chancreuses et caver- neuses des poinmiers où le puceron se rassemble , sur- tout vers lautomne , avec une solution cuivreuse acide, composée de : sulfate de cuivre ou vitriol bleu, 8 onces, huile de vitriol ordinaire, 4 onces , le tout fondu dans 8 litres d'eau. Une seule imbibition de ce fluide salin suffit pour détruire le puceron. L'expérience faite en grand, dans une cour située aux environs de Rouen, et dans laquelle on remarqua ; au mois de juin dernier (1826), plus de 300 pommiers infestés de cet insécle, a prouvé, d’une manière non équivoque, que les deux moyens indiqués atteignent parfaitement le but qu'on s’en propose. Ces moyens , d'ailleurs, sont faciles d'exécution, et en outre, peu dispendieux. Dans sa seconde notice, lue à l'Académie le 14 juillet de cette année, M. Dubuc rapporte plusieurs observa- tions d'où il résulte que divers pommiers qui étaient couverts de puceron lanisère, en avril de la même an- née, eu étaient complètement délivrés trois mois plus tard, et que ces mêmes pommiers, tant à haut vent. qu'en éventail, avaient repris leur vigueur et portaient fruit. De ces remarques, et appuyé d'observations que lui ont fourni d'anciens agronomes à cet égard, M. Dubuc ter- mine ses nolices par déclarer qu'il croit que le puceron lanioère finit, en se multipliant trop , par se détruire de lui-même, ou est détruit par d’antres insectes dévoraleurs comme cela a lieu dans bien des cas; et tout porte à croire que l'existence du puceron sur les pommiers ne sera que passagère en Normandie, etc. (85) Telle est la substance des deux notices présentées à l’'Academie, par M. Dubuc, sur une partie vraiment in- téressante pour notre agriculture, et qui fait voir, en outre, que le puceron dit /anigère , n’est qu'une espèce de cochenille sauvage, dont les principes colorants sont congénères de ceux que donne la cochenille récoltée au Mexique, sur la raquette, l'opuntia, etc. d'a 27 d A he ) ) Las CA i | & | ; 2er: né 1 PUR ‘ 4 DM 20 PR LR. A RTE NT OUT OS à ÉLUS UN ES, A pére NC D 4 Km MN Le to OU m1 " EN PONS Ra De Vie LA pit mt NY k ML LS bus Hg pfittenbet Le Tin! | rer se Sdr-prapesr. 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(y [ M do: & à ; nur D (EN “ C | » l RCA L a 2 A i e « vd ñ . 0 1 "3 \ x \ , # _ x È » r PA Ÿ à Li ] à e ti L f * [ "4 N* Î Li “ 3 : | Le in . ) ] (89) CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS. RAPPORT Fuir par M. LICOUET , en l'absence de M. BIcxo» ; Secrétaire perpétuel de la Classe des Belles-Lettres. Messieurs, Informés au dernier moment, pour ainsi dire, de la maladie de M. le Secrétaire des Lettres , et de l'impos- sibilité où il se trouvait de rédiger son rapport sur les travaux de l’année, vous m'avez chargé de vous présenter au moins un aperçu de ces travaux. Vous avez déjà pensé, Messieurs, que je ne devais point chercher à vous sou- mettre ici, dans un plan méthodique, et le résultat de vos relations au dehors, et l'analyse développée de vos propres ouvrages. Ne pouvant arriver à ce bui dans le court espace de temps à ma disposition, j ai dû propor- tionner ma tâche au peu de moments qui me restaient pour la remplir ; et, puisqu'il fallait un sacrifice, j'ai cru devoir le faire tomber sur la correspondance de P'Acadé- mie , plutôt que sur le travail qui appartient à ses membres. J'indiquerai, néanmoins, succinctement , les principaux ouvrages parvenus pendant l’année. M. Féret, de Dieppe, vous a fait hommage, 1° d'un Mémoire intéressant relatif à des établissements romains ou gallo-romains par lui découverts à Bonne-Nouvelle sous Neuville, à un quart de lieue de Dieppe; 2° d’un extrait 12 0 (90) de son travail sur le Camp de César, ou cité de Limes, près la même ville. = M. Moreau, vice-consul à Londres, vous a offert trois grands Tableaux relaüfs, le premier, au Commerce de la Grande-Bretagne avec toutes les parties du monde ; le second , aux Rapports politiques et commerciaux de l Angleterre avec des Indes vrientales, dans l'intervalle de plus de deux siècles; M. le Président, au nom d’une commission, vous en à rendu un comple très-avantageux. Le troisième tableau est intitulé : Commencement et progrès du cummerce de la soie en Angleterre, depuis les temps les plus reculés jusqu’à ce jour, fevrier 1826. = Vous avez reçu de M. Albert Montemont, sa Tra- duction en vers de deux poèmes anglais. L’un a pour titre : les Plaisirs de la mémoire, el pour auteur, Samuel Rogers; l’autre , les Plaisirs de l'espérance, est de Thomas Campbell. M. Blanche, organe d’une commission, vous a fait con- naître le mérite réel de ces traductions; De M. Victor, sa tragédie intitulée : Harald ou les Scandinaves. Dans un rapport sur celte œuvre dramatique, M. Hellis s’est estimé heureux de pouvoir confirmer les éloges qu’elle avait déjà obtenus du public; De M. Joseph Bar, des Considerations pour servir à l’histoire du développement moral et littéraire des nations. M. Dumesnil vous a fait un rapport détaillé sur cet ouvrage. M. Bar vous a aussi adressé un écrit ayant pour titre : Lettre à une Académie de province sur l’école romantique en France; De M. Boucharlat, un Cours de littérature faisant suite au Lycée de La Harpe. C’est encore M. Dumesni! qui vous a entretenu de cet ouvrage , et de l'intérêt qu'il présente; De Mue Céleste Vien, une Traduciion nouvelle des (91) odes d’Anacréon; j'ai eu l'honneur, Messieurs , au nom d’une commission, de payer à Mme Vien un tribut d'é- loges mérité ; De M. Morlent, un ouvrage en deux volumes intitulé : Le Havre ancien et moderne. M. Ballin, conGemant lopi- nion générale sur cette production, a justement pensé qu’elle devait occuper une place distinguée dans la biblio- ihèque de l'Académie ; De M. Fontanier, La Religion, poème de Louis Racine, mis à la portée d’an plus grand nombre de lecteurs, et en- richi, à la suite de chaque chant, d'un appendice contenant divers morceaux de prose ou de poésie, par M. Fontanier. Dans un grand nombre de notes, dit M. Duputel, chargé de Fexamen du livre, les personnes instruites retrouveront avec plaisir écrivain à qui on doit le Manuel classique pour l'étude des tropes, et la Clé des étymologies ; De M. Jonquois, sergent au 6m résiment d'artillerie à pied, un manuscrit ayant pour titre : La Langue naturelle, ou Système de grammaire philosophique, appliqué à de nou- veaux éléments d'expression. M. Ballin vous a la, sur cet ouvrage, un savant rapport qu'il termine ainsi : « le sys- tème de l’auteur repose sur une hypothèse dénuée de la moindre chance de succès; mais la connaissance de plu- sieurs langues anciennes et modernes, l'aptitude et la ré- flexion que suppose un pareil travail, exécuté à 26 ans, au milieu des distractions de l’état militaire, sont des titres qui méritent à M. Jonquois toute l'estime de l'Académie et la mention la plus honorable. » = M. Grappin vous a fait parvenir trois opuscules de sa composition, ayant pour titre : 1° Lettre sur feu M. Lecoz, archevéaue de Besançon ; 2° Notice historique sur la vie et les ouvrages du général Toulougeou ; 3° Notice sur M, Demeuntier. 12 * (92) M. Raimond, une première Lettre sur les antiquités de la Normandie. M. Dupias, sa tragédie d'Alain Blanchard, et une pièce de vers intitulée : La vérité à Charles X. = L'Académie royale des sciences, inscriptions et belles- lettres de Toulouse, la Société des antiquaires de Nor- mandie, vous ont aussi envoyé, l’une, le Précis de sa séance publique tenue le 25 août 1825; Vautre, les deux premiers volumes de ses Mémoires, avec un atlas. MM. Du- putel et Ballin ont analysé ces deux Recueils, dans le cours de vos séances particulières. = Vous avez encore reçu de M. Marquis, le Discours par lui prononcé à l'ouverture de la séance publique de la Société d'agriculture de Rouen ; de M. Duputel, un exem- plaire de sa Notice biographique sur feu M. l'abbé Baston, qui à laissé parmi nous tant de souvenirs honorables, et dont le nom est revendiqué, tout ensemble, par la reli- gion, les lettres et l'humanité. — À la suite de tous ces hommages, Messieurs , me permettrez-vous de rappeller le moins digne de vous? Je veux dire le deuxième volume du Voyage ill aphique $ archéologique et pilloresque en Normandie, traduit par moi, de l'anglais, du révérend Th. Frog. Dibdin. M. Crapelet vous a offert les 3e et 4e volumes, relatifs à Paris et à quelques autres départements. Ici, Messieurs, ma lâche devient plus douce à remplir, puisque j'ai à parler de nos confrères résidants. La première pièce est le Discours de rentrée prononcé par M. Pabbé Gossier, président. L’orateur commence par marquer le passage des beaux jours d'été à des jours d’une température plus sévère. Il prouve, par des développements, que si les premiers sont plus propres à (93) donner l'essor à l'imagination, les seconds sant aussi plus favorables à la composition, non-seulement dans lés sciences et les lettres, mais encore dans tous les arts et dans toutes les professions; en un mot, nous recueil lons perdant l'été les malériaux que nous mettons en œuvre pendant l'hiver. (x) = J'ai dit, dans la première partie de cet exposé, que M. Raimond avait adressé à l'Académie une brochure intitulée : première Lettre sur les antiquités de la Normandie. M. À. Le Prevost vous a fait, à celte occasion, un rapport(2) plein d'intérêt que l’on peut regarder comme un méi moire sur le sujet même, dont la HAURR offre un double but d'utilité, sous le rapport du fond , que personne mieux que M. Le Prevost n’était en état de traiter, el sous le rapport de la forme , qui paraît avoir été un peu néoligée par M. Raimond. = M. Delaquérière a communiqué des Réflevions sur la langue française. Après avoir rappelé que la parole est le plus noble at- tribut, la plus précieuse faculté de l'homme, M: Dela- quérière admet la supériorilé des peuples modernes dans toutes les connaissances ; mais il décerne aux anciens Grecs la palme du langage, que , d'après le sentiment de quelques philologues , il ne conteste. pas même à leurs des- cendants actuels. C’est à l’heureuse organisation physique et morale des Grecs que l’auteur attribue les nombreux chefs-d'œuvyre qu'ils nous ont transmis. M. Delaquérière jelte ensuite un coup-d'œil.sur, l'origine de | la, langue française, sur ses progrès et les causes diverses qui l'ont rendue la langue de L Europe. « Avec un si beau privilége, (x et 2) Ces-deux discours se trouvent imprimés à la suite. de ce rapport, ( 94) dit-il, ne doii-on pas s'étonner qu’elle obtienne si pe d'estime de la part des Francais eux-mêmes? » Et à cette occasion , il renouvelle ses plaintes fondées sur l'injuste préférence accordée au latin pour le style lapidaire , auquel le français se prêterait tout aussi bien qu'une langue morte. Il remarque en outre que le français n’est point, en général, dans les colléges , l'objet d’éindes assez spéciales ; que la prosodie est négligée ; que la plupart de ceux qui parlent en public semblent avoir oublié le préceple de Démosihènes, ele. En résumé , notre confrère ne pense pas que la langue française ait reçu tous les perfectionnements dont elle est susceplible. = M. Delaquérière à aussi donné lecture d’un Mé- moire intitulé : petit Traité de prosodie normande. Cet ou- vrage ayant élé rendu public, il n’est plus nécessaire de le faire connaître par l'analyse. — Manifeste d’un simple citoyen contre la Monomanie , tel est le titre d’un mémoire communiqué par M. Guttinguer. Dans ce Mémoire, l'auteur a eu pour but principal d'appeler l’atiention des magistrats et des médecins sur cetié nouvelle disposition de l’homme. Il a commencé par rappeler que, déjà, dans le sein de P'Académie, il avait eu mission de rendre compte des œuvres d'un philantrope qui proposait, par simple rai- son d'humanité, l'abolition de la peine de mort. « J'ai dit alors, ajoute l’auteur, qu'il me semblait que c'était bien mal prouver sa sensibilité, que de laisser aux homicides une vie qu’ils ne manquent presque jamais de consacrer à l’atrocité, lorsqu'ils parviennent à éviter la vengeance des lois. » Etranger à ces fortes études, à ces connaissances des (95) codes et des droits des peuples, qui permettent de compa- rer, d'approfondir des questions si importantes à la con= servation des sociétés, à leur repos, à leur bonheur, je me permis de juger l’affaire comme un simple juré l’au- rail fait en consultant son honneur et sa conscience. Je me rappelle que je tronvai que la perfectibilité humaine avait fait d'assez beaux progrès en abolissant, successive- ment, la question, la torture, les commissions et les Supplices , en environnant le prévenu d'un crime de toutes les précautions, de toutes les garanlies , de toute la res ponsabilité d’une procédure publique, pour ne pas aller plus loin sans risquer de manquer son but, le seul que je lui suppose, celui de soutenir et d'améliorer l'édifice social. » Car, je le pense encore aujourd'hui, si nous voulons des lois plus douces, il faut, avant , rendre les hommes meilleurs, et cela vaudrait bien mieux sans doute: mais bien que les masses me semblent améliorées , et qu’à tout prendre notre temps vaille bien celui du Bas-Empire, celui de la Jacquerie ou des guerres de religion, il n’est que trop prouvé qu'il existe au fond du cœur de l'homme un principe féroce el pervers, qu’on ne peul arrêter, lorsque la religion et la raison sont impuissantes , que par Peffroi de la plus terrible des peines, la privalion de cette vie, pour le bien-être, pour l'intérêt de laquelle le scé- lérat se porte au plus grand des crimes parmi les hommes, celui de la destruction de son semblable. » Toutes les pensées qui me vinrent alors, et que j'aurais retrouvées, sans doute, dans une foule d'excellents ou- vrages, sont revenues me visiter depuis que je vois nos journaux pleins d’un mot qui ne s'était point encore présenté, el que les médecins, les philosophes et les lé- gistes s'accordent à accepter, pour définir une nouvelle et affreuse disposition de notre nature, la Monomante. » Hélas, mon Dieu! qu'est-ce donc que l'espèce hu- (96) maine? Le monde a / ou 5 mille ans; en voilà 1826 que nous vivons sous l’ère chrétienne , que les états s'élèvent, s'écroulent, que les savants écrivent, que les hommes étudient, et nous ne nous connaissions pas encore? Et voilà qu'on nous dit qu’une bonne ou mauvaise diges- tion (x) peut nous donner , à nous , gens de mœurs douces et raisonnables, l'envie irrésistible de tuer l'enfant de notre voisin dans les bras de sa mère, bien que de sang- froid et avec tout notre bon sens; que, dans ce cas, nous ne serons point des monsires, mais simplement des in- fortunés qui, comme le dit le peuple, auront eu une idée. » Vraiment, si l’atrocité a un côté ridicule , c’est bien en pareille circonstance ; mais les conséquences d’un pa- reil système s'offrent à l’imagination sous un aspect si effroyable, il en résulle une si pénible incertitude, un rêve si douloureux, un désordre, une confusion tels, qu’on ne saurait prendre la chose trop au sérieux, ni demander trop de consultations aux gens compétents en pareille matière. » » Sans oser rien préjuger de la monomanie, de sa réalité, de l'intérêt, de la pitié que peuvent inspirer ceux qui, dit-on, en sont atteints, je me hasarderai pourtant, en ma qualité d'homme, à demander à quels signes on la reconnaîira, quelles limites lui seront don- nées , quel traitement ou quelle peine vous lui oppose- rez, quel préservatif vous donnerez contre elle à la so- ciété affligée déjà par elle de meurtres si atroces que notre imagination en est conslernéc! (2) Nos trouvons, dit le docteur Marc, dans l’histoire bien observée des Monomanies avec penchant à l’homicide, que ces maladies s’annoncent par des secrétions ou des excrétions habituel- lement pénibles. Pauvres humains ! » Qu'on (97 ) » Qu'on y prenne garde , Messieurs! De la monoma- nie à la fatalité ou au fatalisme il n'y a pas si loin que l’on pense, et , de tous les articles de journaux que je lis, je conclus que leurs auteurs, les uns imprudemwment, les autres par un système destructeur de toute morale et de toute religion, nous mènent à penser que l’homme n’est pas responsable de ses actions et qu'il est poussé au mal par un pouvoir plus fort que lui. Ce principe admis , on sait qu'il y a des crimes et point de coupables, de la matière et point de Dieu. » À l’occasion du meurtre épouvantable commis par Henriette Cornier , trois ouvrages remarquables ont paru; ceux de MM. Michu, Grand et Marc, et leurs auteurs sont d'opinions différentes sur les causes d’une action aussi révoltante. « Le Globe qui en à rendu compte avec le talent et Ja conscience qui caractérisent ses rédacteurs, ajoute enfin M. Guttinguer, penche pour labsolution des mono- manes ; il veut plaindre notre nature au lieu de la punir, et il discute les questions de médecine, d'humanité et de philosophie avec une profondeur qui inquièlé et refroi- dit mon indignation. Il refuse, dans tous les cas, de se prononcer jusqu’à ce qu’on ait éclairci les trois questions suivantes : » Quelles sont les conditions organiques de l'apparition de la monomanie homicide ? » Quelles sont les conditions organiques qui s'opposent à ï existence de la liberté morale ? » Les premières peuvent-elles, insurmontablement, entraîner les secondes ? » En attendant, il entre en fureur contre le docteur Grand qui soutient que si les prétendus monomanes qui, d’après le témoignage unanime des médecins , sont aver- tis de leur situation par une sombre et taciturne tris- tesse, au lieu de s'abandonner à leur idée homicide, 13 (98 ) récouraient à la grâce divine, aux conseils, aux conso lations de la religion, ils seraient détournés des crimes qu'ils méditent , car , ajoute-t:il, Dieu n’abandonne jamais ceux qui ont recours à lui dans les tentations. » Et le Globe appelle cela du fanatisme ! Nous trou- vons , nous, que c’est de la boune raïson, de la pure et vraie morale, et que, hors de là, il n’y a plus que dé- sordre, que confusion, et qu'il Faut pour ainsi dire, l'impunité à tous les crimes. Car il n’est pas plus difficile à tous les scélérats qu'aux monomanes, de prouver qu’ils ont été entraînés au meurtre, au vol contre leur volonté. Ce crime était dans ma constitution, diront les mono- manes ; il était dans ma destinée, diront les autres. Ma santé en avait besoin , diront les premiers; mes passions, bien autrement insurmontables, m'y ont poussé, diront les seconds. » Remarquons un peu, jusqu’à présent, quels étaient les monomanes. * » Quel était ce Léger ? un monstre adonné à l’oisiveté , aux plus ignobles débauches. » Henriette Cornier était une fille de mauvaise vie, qui, dit l'instruction, n’avait aucune confrance en Dieu, aucune habitude de relision. » En y réfléchissant avec attention, toutes les mono- manies s'expliquent. » Philosophes ou chrétiens que nous sommes, nous avons nos moments de noire mélancolie. Nos amères ré- solutions, nos passions contrariées , nos desseins com- battus, notre ambition humiliée peuvent échauffer nos imaginations , brûler notre sang et nous donner des idees fixes de ressentiment ou de vengeance. Mais la raison, la religion sont là pour mettre un intervalle immense entre la pensée du crime et son exécution, » Celui qui sort vaincu de ce combat mérite pitié, (99 ) peut-être, suivant les circonstances , mais appartient à la. justice des hommes. » En me résumant , j'ai besoin de dire encore, ajoute l'auteur, qu'il y a dans l’homme un bon et un mauvais principe. » Si le dernier est le résultat de notre organisation, brûlez vos lois, abolissez les supplices : vous serez, à coup- sûr , injustes en punissant. » Vous dites que le châtiment des monomanes les rendra plus nombreux : le contraire peut se soutenir avec plus d'avantage encore. Mais, direz-vous, l’exécution de Léoer n’a pas empêché le crime de la fille Cornier! Et qui vous dit qu'elle n’a pas arrêté le bras de beaucoup d’autres? et, d’ailleurs, prouvera-t-on que la peine de mort est inutile à la société, parce que , malgré elle , il y a encore des assassins ? » De nouveaux monomanes se sont montrés depuis l'impunité de Ja fille Cornier; n'est-il pas au moins sin- galier qu'on vienne nous dire , à cette occasion, que si elle eût été exécutée, il en aurait paru un bien plus ‘grand nombre ? Comment prouver une proposition si contraire à l'évidence ? » La monomanie est un fruit nouveau de l’oisiveté, de la dépravatlion ; le cerveau s’exalte dans la débauche et dans les excès ; delà les mauvaises pensées, l'incon- duite et le crime. » Au reste, mon opinion ne devant exercer aucune in- fluence, je ne me suis pas refusé de la laisser voir dans celte question importante et toule nouvelle, et n’ai eu d'autre but que d'attirer sur elle les lumières de mes confrères. » = M. Descamps vous a communiqué une Notice biogra- phique dans laquelle il rend un juste hommage à feu ME. Le- barbier, membre correspondant de l'Académie. 13 * ( 100 ) = La poésie a aussi contribué au charme de vos séances particulières. L’héroïde, l’ode et la fable ont fourni à MM. Guttinguer, Dumesnil et Le Filleul des Guerrots, d'heureux sujets, traités avec le talent dont nos confrères ont déjà donné tant de preuves. La séance pu- blique devra une partie de son éclat et de sa variélé à la lecture de plusieurs de ces poëmes. Enfin, Messieurs, quatre pièces de vers vous ont été adressées sur le sujet de poésie mis au concours; elles ont été l’objet d’un rapport spécial qui sera lu à la fin de cette séance. Nous sommes heureux de pouvoir annon- cer d'avance que le prix a été mérité. Entre la séance publique de l’année dernière, et celle qui nous réunit en ce moment, l’Académie s’esl vue ap- pelée à l’une de ces faveurs dont le souvenir ne s’efface jamais ; je veux parler de la présentation de la Compa- gnie à S. À. R. Madame, duchesse de Berri. Vous avez décidé que le discours prononcé par M. le Président serait inscrit dans vos actes. Ce document, Messieurs , appartient en quelque sorte à deux années. Îl sert comme de transition de l’une à l’autre, et l’Académie royale peut saisir ayec empressement cette nouvelle occasion de manifester les sentiments dont elle est animée pour la famille de ses Rois. A l'heure même où nous parlons, V’auguste princesse reçoit les hommages de nos compa- triotes, dans une ville voisine. S'il ne nous est point donné de partager leur bonheur, nous mêlons de loiu nos voix à ces accents d’une joie nationale, à ces témoi- gnages de respect et d'amour, à ces concerls de vœux et de bénédictions unanimes. V (rom) L'Académie ayant été présentée à S. À. R. Madame, duchesse de Berri, le 14 septembre 1825, le Président a prononcé le discours suivant : MapaME, Heureuse est la province qu’adoptent vos plaisirs et yos bienfaits! Tout s'anime à votre aspect, et cet empressement des peuples témoigne encore plus de votre bonté que de voire puissance. Chacun des”pas de Votre Altesse Royale est marqué par des fêtes; mais telle est votre noble popularité, qu’on ne sait qui de vous ou des sujets les donne ou les reçoit. C'en est une bien grande pour cette Cité fidèle, que votre passage dans nos murs. L'Académie royale de Rouen ose venir en réclamer sa part, en déposant à yos pieds l'hommage de ses sentiments respectueux et dévoués. On rappelait naguères, parmi nous, que la conquête de la Sicile avait été l’œuvre des chevaliers Normands : il semble que vous veniez prendre aujourd'hui votre revanche ; mais, qu’il nous soit permis de le dire, votre conquête est plus facile sans être moins glorieuse; ce ne fut qu'après de longs combats que nos ancèires restèrent maîtres de votre belle patrie, et vous n'avez eu qu'à vous montrer dans la nôtre, pour y ranger à jamais tous les cœurs sous vos lois! DE ht moi rat #4 Ge drone an Ki re nine PU “ ë + 0 PARIS Es de » at un Ce fR AE Mien /e? 1 ON 7 tal or tint AS rc te CON PORTE DURS: tin NES ché ET 3 (n AREA De te er ÉTEURILTEE SH D l LE Ha Nm a + Pre mn We phone Vies Aro REA 5 aa MO, nérie au PAT TUE 1H DASTATER dou pre CET LE 308 12 À LEA Ar &ià tre i Ki L'un Pi UE D ve à PVR 79 ne ay FN Frs À nt HET 4 FT AR te "4 ur | Mae DiabER Er pis da JG ee A és LUN CE DATE AUD HOU 1 à | ptasdt traduire "é, 3 “gi Fr Cha Sue.» , TN QU SE MA ete ve m1 1 4069 Ha 5 PRE AE abéfiaës 4 Sanrio Had à É Er GNT ‘at, PARU 06 Es UT R BE Be Hart MAR GAL "A NEA *AÏE: dObr : dément pur Æ by bp 308: ‘aan . | SAT IN TETE PEER RAA di" 4 0 Fa “ati r FU Fée nd tes CNT STE re Fe: LACRRET EL C7 44 Aie nr be : nr SNA ETATS “18 HSE Bu suor NM ane fe à var À HE 49 à D été RE CV “ Ne 4 M un y n° Palo net: 1104 HN ES 20: REmÉE. | % # \ rl J c4 : , Lei) ï — ( 103 ) DISCOURS PRONONCÉ A LA SÉANCE DE RENTRÉE, Le 18 Novembre 1825, Par M. l'abbé Gossrer, Président. Messieurs , L'été est déjà bien loin de nous, et ses chaleurs sont passées. L'automne même, l'automne , séduisante par l'abondance et la variéié de ses produits , a, depuis quel- que temps, abandonné nos campagnes; elle s’est retirée après avoir versé, dans nos granges, dans nos fruitiers et dans nos magasins, toute la richesse de ses trésors. La saison où le corps énervé et affaibli soit par les influences d’une molle atmosphère , soit par des jouissances qui, en captivant nos sens, sont autant de distractions pour l’es- prit, a déjà presque fait place à une autre qui, plus rigoureuse , amène avec elle une nouvelle aptitude, aussi bien qu’une nouvelle ardeur , pour de plus sévères études, Les mois dans lesquels nous entrons ont, pour le monde littéraire, quelques avantages fort précieux sur ceux qui viennent de s'écouler. Ils sont beaucoup plus propres que les derniers à la fatigue de toutes les opérations qui demandent de la patience, de la persévérance , une appli- calion intense et continue. L'esprit, alors, moins distrait, moins détourné du travail par le charme des objets exté- rieurs, se concentre plus aisément en lui-même ; trempé, pour ainsi dire, par un air plus pur et plus vif, il est plus capable d’études fortes; il pourra plus exactement sou- mettre son style à la lime, et ses pensées à un minu- ( 104 ) tieux examen, vérifer la justesse de ses raisonnements et suivre , au besoin, des conséquences éloignées le long des anneaux d'une chaîne compliquée de propositions iden- tiques peut-être, mais abstraites. Si l'imagination ne trouve pas, dans les jours froids et courts de l'hiver, les mêmes secours qu’elle reçoit des brillantes matinées du printemps , des soirées délicieuses de l'été, et de ces crépuscules ravissants qui, dans l’automne , tempèrent la lumière par les ombres et la chaleur par le frais; ce- pendant les obligations de la science, au ciel sombre et aux longues veilles de la saison qui s’avance, ont été de tout temps reconnues avec gratitude, et quelquefois célébrées avec enthousiasme. L'été est plus particulière- ment le temps de l'invention et de la composition; l'hiver convient mieux à celui qui veut examiner, appro- fondir et retoucher. Les conceptions premières et originales sont souvent le résultat du jeu des organes excité par un air libre, une douce atmosphère et un exercice modéré du corps. Elles se présentent souvent, alors, comme des images éthérées qui, floltant, pour ainsi dire, dans le vague, ne font que passer, et dont l'impression serait peut-être perdue pour loujours, si, sur le champ même, et sans un exa- men trop sévère , elle n’était fixée par la plume du poète ; le pinceau du peintre, ou la composition du musicien. C'est surtout dans les heures consacrées au loisir, c’est dans les semaines accordées, par toutes les institutions civiles ei littéraires, au délassement et à un repos ho- norable , que lesprit semble agir avec plus de force et déployer plus d'indépendance, plus de véritable origina= lité. N’étant plus préoccupé, harassé par le retour cons- tant et indispensable d'un travail jusqu’à un certain point obligé, ne souffrant plus ancune gêne d’une succession constante et uniforme aulant que nécessaire d’occupa= tions professionelles , n’éprouvant aucune dislracüon de la / (-x0h9 la vue d'objets qui réclament impérieusement de l'atten- tion et des soins, il respire à l'aise ; enfin, débarrassé pour ainsi dire d’un poids qui l’empêchait de s'élever et qui le fixait sur des objets matériels, il s'échappe de ses entraves , et fait des excursions dont il rapporte des connaissances, des vérités, ou du moins des pensées qui sont inconnues à celui qui ne sait que travailler et étudier. On n'avait peut-être d'autre intention que celle de jouir du frais du matin ou des riches scènes que la nature présente si souvent au coucher du soleil; on ne cherchait qu'à faire de lexercice et à se donner le plaisir d’une promenade solitaire; mais l'esprit, éprou- vant une liberté entière, s’élance comme en se jouant, et sans aucune réflexion , dans des champs aussi nouveaux qu'immenses, et il les peuple d'êtres de sa création. Évo- quant le passé, appelant le futur , plaçant devant lui ce qui existe et ce qui n’existera peut-être jamais, il donne une forme à ce qui n’est que possible, pour le combiner avec ce qui a l’existeuce. Dans ces excursions de l'imagi- nation, combien de fois ne lui arrive-t-il pas d’aperce- voir des rapports jusques-là inobservés , de concevoir des pensées hardies, de vaincre des difficultés qui avaient toujours paru insurmontables, de découvrir, sans, pour ainsi dire, la peine d'aucune recherche, des moyens neufs pour l'avancement des sciences, la perfection des arts, les intérêts généraux de la patrie, le bien uni- versel de l'humanité. Alors, le poète et le littérateur, le philosophe et le magistrat, le géomètre et le mécani- cien trouvent de nouvelles images , de nouvelles pensées, de nouvelles ressources. C’est souvent, alors, que, tan- dis que les uns font des découvertes utiles, soit dans l'administration publique, soit dans l'établissement et l'application des lois, d’autres améliorent la théorie et la pratique de l’art de guérir, quelques-uns étendent la 14 ( 106 ) sphère de l'étude de l'antiquité ou reculent les bornes de l'histoire nalurelle, d’autres accélècent la marche des sciences exactes , plusieurs encore, perfeclionnant cellg industrie qui a pour but notre bien-être, nos plaisirs, et un luxe innocent et aimable, s'efforcent d'élaborer les productions de la nature , d’embellir la résidence. de l'homme, et de rendre plus précieux encore le premier bienfait du Créateur , la vie. Mais ces pensées mères et fécondes ont besoin d'être soumises à un examen sévère, dans le retirement du ca- binet. Il faut en considérer la source, en suivre le cours, en étudier les conséquences, examiner leur valeur in- trinsèque , leurs rapports et leur convenance avec des vérités connues et incomestables; enfin, il faut les co- ordonner et les revêlir de ces formes reçues du lan- gage » qui, en les introduisant au public, les rendent capables de contribuer, soit au plaisir, soit à l'instruction, soit aux besoins de nos semblables. Sans ces dernières opérations toujours nécessaires, quoique souyent un peu mécaniques , les idées les plus justes, les plus vraies, les plus fertiles, que le génie a recueillies dans ses courses vagabondes, mais savantes, et qu'il a saisies dans les mo- ments rapides de l'inspiration, demeureraient inutiles pour sa gloire, inuliles aussi pour l'honneur et le bien du genre humain. Les notes, même que le littérateur, l'homme, d'étude a, dans les temps de vacance, dans les jours de délassement , confiées à son porte-feuille pour soulager sa mémoire, ne sont souvent, à son relour, nos légères, pâles et presque informes esquisses ; auxquelles il manque, sinon des traits plus libres, plus fermes et plus francs, du moins plus de régularité et de c syméirie , ou, peut-être encore, des touches plus fortes. Si elles, doivent quelque mérite d'originalité à un mo- ment, heureux, ou à la vue soit, de quelque spectacle frappant de la nature, soit de quelque noble produc- ( 107 ) tion de l'industrie de l'homme, c'est à l'art qu'elles devront ce fini, cette perfection qui leur donne une valeur courante; c'est au travail, et à un travail opi- niâtre, qu’elles devront cetté beauté idéale que Partiste saisit de temps en temps , au-delà même de l'empire de la nature, et dont il sait fixer l'empreinte sur ses ou- vrages. En reprenant, Messieurs, le cours de nos assemblées académiques, vous ne revenez pas les mains vides. Les beaux jours et le loisir dont vous avez joui ont tourné à l'avantage de vos recherches et de vos études , et bientôt ils contribueront à remplir agréablement et utilement nos séances hébdomädaires, avant de contribuer plus géné- ralement au bien de leurs semblables. Ceux même pour qui le temps de nos vacances n'a été, en grande partie, qu'une continualion de leurs occu- pations ordinaires, ceux-là mème n’ont pas élé privés de jouissances , de ces jouissances que, par un conseil admi- rable ét miséricordieux, l’auteur de tout ce qui existe a lui-même attachées d'une manière inséparable à Pexercice du bien. Ils ne seront aussi pas moins prêts que les autres à payer leur dette, soit d'instraction , soit de plaisir raison- nable. Si, pendant le cours des derniers mois, ils se sont trouvés dans des circonstances moins favorables à essor rapide de la peusée, aux excursions excentriques de lim- ginalion et à l'enthousiasme d'inspirations soudaines et originales, nous pouvons être certains qu'ils ont pour- suivi constamment, régulièrement et sûrement, la car- rière dans laquelle le zèle du bien public les a conduits et les soutient. Le travail opiniâtre qui surmonte tout, aura lenu lieu, pour eux, de tous les avantages d'un autre genre. Ï’ailleurs, ils n'auront rien à revoir, rien à examiner ; ils n’ont point élé, comme les preuniers, exposés à de trompeuses rêveries; tout est chez eux le fruit d’un examen tranquille, d’une applicalion sévère et AS ( 108 ) d'une réflexion profonde ; tout ne demande que la rentrée, pour animer nos séances, les rendre agréables et inté- ressanles. Vous n'atiendrez pas, Messieurs, je le souhaite et je l'espère, vous n'allendrez pas de celui qui aura lhon- neur d'y présider, pendant l'année académique qui ouvre aujourd'hui, les talents brillants que nous avons admirés dans celui qui, poète et littérateur, occupait le fauteuil avant les vacances. Dans ces départements même de littérature, où voire indulgence pourrait imaginer possible quelque rapprochement entre lun et l’autre , vous n’établierez aucune Comparaison , si vous désirez ne troubler en aucune manière le plaisir que vous avez éprouvé en votre der- nier choix. Vous avez paru vous y complaire , el assu- rément un corps formé comme le vôtre , an corps composé de personnes si respectables par des talents reconnus, si éminentes pour toutes les qualités aimables du cœur et de lesprit, si raisonnables dans leur conduite et dans toutes leurs actions, n’a pu faire une démarche frappante sans des motifs suffisants, justes et louables. Aussi rien ne pourrait jamais me porter à la plus indirecte animadversion contre une promotion qui m'attriste toutefois, et qui, dans presque loute autre occasion, aurait été fortement censurée par le public. Mais ne craignons pas qu’on s'y méprenne : il ne verra ici qu’un hommage rendu par la première Société savante d’une grande ville , à une religion sainte et auouste. Il apprendra de vous à donner aux ministres d'un culte sacré, des marques édifiantes de distinction, et à leur rendre un honneur qui, dans un siècle comme le nôtre, sont propres à leur concilier presque autant de respect et de crédit que la science de l’évangile, la pureté des mœurs et une conduite irréprochable. Il est beau d'appuyer de tout le poids, et de votre respectabi- lité personnelle et de la réputation de votre corps, un caractère reconnu par les institutions nationales, consacré ( 109 ) par l’auteur d'ane révélation divine, et qui existe dans la société pour le maintien de la morale publique, la tranquillité intérieure des états, le commerce de l’homme avec Dieu, et les intérêts de la portion immortelle de notre être. Tandis que la Religion et ses ministres sont ainsi de nouveau honorés en France, et que la gloire militaire y relient son ancien lustre , les belles-lettres aussi, accom- pagnées, comme elles se montrent toujours, des sciences el des arts, y sont cultivées avec succès. Le Français a toujours compris que les lauriers cucillis dans le champ de Mars ne sont pas ceux qui honorent le plus un pays; non-seulemeut leur éclat souffre du sang dont ils sont couverts, mais leur texture est fragile. Une tourmente survient-elle , aussitôt elle les brise jusque sur leurs racines, elle en disperse les rameaux, elle en fait dis- paraître les fragments, et parvient à effacer jusqu'à leur trace sur le sol qui les avait vu naître. Rome en avait récolté une moisson abondante; qu’en reste-t-il pour ses modernes habitants, pour nous-mêmes, pour le monde entier, pour tant de généralions passées, pour toutes les générations à venir? D’aillears la gloire d’une bataille remportée est balancée par une bataille perdue ; une victoire est neutra- lisée, dans son effet, et aussi sans doute dans son éclat, par une défaite. Aussi, que nous présente l'histoire de tous les peuples, sinon une succession presque alternative de triomphes et de revers ? Celui qui paraît le plus fort ou le plus courageux aujourd'hui, paraîtra demain le plus faible ou le plus timide ; et le maître suprême, en trans- portant successivement la couronne d’un côté à l'autre, et en l’arrachant tour à-tour à tous les deux, apprend au monde quil n'appartient à aucun parti de se glorifier de la force de ses armes. Quelle différence entre ces lauriers et ceux que la poésie etla muse de l’histoire ont cueillis dans les plaines de la ( z10 }) Grèce et du Latium! Sans tache et d’une vigueur immor- telle, ils ont survécu dans toute leur beauté, dans toute leur force, à tous les événements qui ont bouleversé le sol, changé les mœurs et le langage, détruit les vestiges et quelquefois même la mémoire du lieu où ils avaient fleuri. Les torrents des barbares versés des montagnes glacées du Nord ne les ont arrachés de leurs natives plaines que pour les disséminer sur la surface du globe et les porter jusqu'aux contrées les plus éloignées. Parmi les plantes les plus vgoureuses, pas une seule de leurs feuilles n’a été perdue. Les anciennes racines se sont étendues et affermies dans un sol étranger, elles ont poussé au loin de nombreux el vigoureux rejetons, et les fruits des nouveaux rameaux ont fécondé une terre adoptive. C’est à cette fertilité que sont ds les lauriers de la littérature moderne ; ils ressemblent , en beauté et en valeur , à ceux de Pantiquité; ce sont des plantes qui, acclimatées dans un autre pays, n'ont point changé de caraclère et ne présentent que quelques différences dans la forme ou la couleur. Quelques génies enireprenants ont , dans ces dernières années, tenté d'inoculer sur ces plantes exotiques, des fruits indigènes. Rassasiés jusqu’à plénitude des richesses de la littérature ancienne et de celles des siècles derniers, ils se sont efforcés de produire des espèces différentes. Nous applaudissons à leurs efforts, sans vouloir porter un jugement sur leurs succès. Convives bénévoles et recon- naissants, nous nous asseyerons volontiers au banquet qu’ils nous préparent. Amis raisonnables de tout ce qui peut créer et satisfaire de nouveaux plaisirs, nous ne refuserons pas les fruits nouveaux ; nous demandons seule- ment qu’il nous soit permis de ne pas rejeter les anciens, ne fût-ce que pour comparer les uns avec les autres. Si la li- berté du choix nous est accordée, si un ancien goût, un préjugé, peul-être, pour ce qui a contribué aux innocents délassements et aux éludes charmantes d’un âge moins (1079) avancé, n’est pas trop brusquement contrarié ; si on n’accuse pas de ridicule, de barbarie, ce que la pratique de tant d’âges passés et limitation de tant d'hommes illustres a consacrés, nous prendrons gaîment part à la joie de Pamphytrion qui triomphe en produisant quelque chose de nouveau. Nous louerons ses intentions, et nous lui souhaiterons franchement le succès le plus complet. Sar le Parnasse et dans les vastes plaines où l’on cultive les belles-leitres, il y a encore des places vides; en littéra- ture, comme dans le monde naturel, il existe déjà plus d'une espèce de laurier ; de plus, l'existence d'espèces nouvelles est possible, et, dans le long cours des âges à venir, elle est plus que probable. Ces sentiments ne seront, j'en suis assuré, ni désa- voués , ni mal interprêtés par aucun de nos membres ; les controverses littéraires , et nous n’en connaissons point d'autres dans notre corps, sont ordinairement d’une utilité publique , et elles font honneur à toute Société savante, en même temps qu’elles animent et égayent les séances. La joie de se retrouver avec des confrères dans une carrière honorable, a déjà, dès le premier abord, éclaté sur tous les visages ; la première réunion paraît une fête, une fête de famille ; elle semble, aux yeux de tous ceux qui ont la possibilité de sy rendre, une espèce de devoir. El était encore plus strict pour celui qui a l'honneur de vous parler, que pour aucun des membres ici présents. Dans toute autre circonstance, j'aurais assurément cédé aux pressantes sollicitations d'amis d'outre-mer, et passé l'hiver sous un ciel que la gratitude embellit peut-êire à mon imagination, mais qui, assurément, est bien peu connu de ceux qui n'ont visité, et cela en passant encore, que la capitale de l'ile voisine et ses environs. Les devoirs de l’académi- cien, ceux surlout dun président, l'ont emporté; ils ont prévalu sur les plaisirs de l’amitié, sur la jouissance de (zxr2) tous les alentours de l’aisance et du luxe, sur le charme des jardins et des belles demeures rurales de l'Angleterre. La reconnaissance envers vous, Messieurs, demandait mon retour en France; l'honneur de présider aux séances d’un corps savant et littéraire méritait de tels sacrifices ; et si les circonstances l’eussent demandé, il en aurait, selon moi, mérité de plus grands encore. — 23) TC de— (1930 RAPPORT LU A L'ACADÉMIE, LE 3 MARS 1826, Par M. Aug. LEPREVOST. Messieurs, La Compagnie nous a chargé de lui rendre compte d'une brochure intitulée : Première Lettre sur les antiquités de la Normandie, dont M. Raymond, ancien professeur de l'Université, lui a fait hommase. C’est un des faits les plus remarquables, nous croyons pouvoir même ajouter, les plus honorables de notre époque, que l’ardeur et l'unanimité du mouvement qui porte , dépuis 10 ans, nos contemporains et surtout nos compatriotes vers l’étüde de l’histoire et des monuments locaux. Trois lustres ne sont pas encore écoulés depuis le moment où quelques voyageurs anglais exploitaient seuls nos trésors archéologiques de la Seine-Inférieure: Si ML. Rever, Delarue et de Gerville, se livraient ail- leurs à des recherches de ce genre, c'était isotément, sans que personne daignât y prendre garde , sans qu’au- cune circonstance leur permît d'espérer d'en répandre autour d'eux le goût et la connaissance. Cependant, à force de voir des étrangers instruits venir dessiner nos monuments , en recueillir les dates et en vanter les beautés avec enthousiasme , on a fini par penser qué nous aussi pourrions bien trouver dans cette étude quelque charme et quelque intérêt. On a eu le courage, bien rare en France, de revenir sur les arrêts sévères portés, pendant les deux derniers siècles, contre nos antiquités locales ; car il faut s’empresser d’en faire l'observation, Messieurs, 15 (4) à l'honneur de notre époque , dont on se plaît à relever avec tant d’aigreur les moindres taches. Ni le siècle de la philosophie, ni, ce qui vous paraîtra probablement bien plus extraordinaire, ni le siécle de la poésie, ne paraissent avoir compris l'attrait ineffable attaché à nos antiquités, et surtout à leur portion la plus nombreuse et la plus brillante. Les amés les plus tendres, les plus expansives étaient elles-mêmes tellement faussées par la contemplation exclusive des Grecs-et des Romains, qu'elles avaient perdu la faculté d'apprécier les mo- numents de leur propre pays et de leur propre culle, « N'avez-vous pas remarqué , écrivait Fénélon, cesroses, ces point$, ces petits ornemenis coupés el sans dessin suivi, enfin tous ces colifichets dont.est pleine l’architec- ture de nos vieilles églises ? Voilà, en architecture, ce que les antithèses et les autres jeux de mois sont dans l’é- loquence. L'architecture grecque est-bien plus simple; elle n’admet rien que de grand, de proportionné, de mis en sa place. Cette architecture, qu’on appelle gothique, nous est venue des Arabes; ces sortes d’esprits étant fort vifset n'âyant ni règles, ni culture, ne pouvaient manquer de se jeter dans de fausses subtilités. De là leur vint ce mauvais goût en toule chose. » . Quoiqu’on en puisse dire, Messieurs, il est difficile de méconnaître que le bon sens et le bon goût, plus intime- mentliés ensemble qu’on ne le pense communément, ont fait quelques pas depuis le jour où un prince de l'église manifesla, avec l’assentiment général, une opinion que personne n'oserait déjà plus avouer aujourd'hui. Nous n’entrerons point dans la recherche des causes qui ontpu préparer ün si grand changement. Il nous suffira, pour le moment, de vous rappeler avec quelle rapidité, avec quelle unanÿnilé il s’est opéré. À peine quelques amis de nos antiquités avaient-ils élevé les premiers la voix en leur faveur ,-que l'élite de la population normande s'est ras- (43150) semblée autour d'eux; des communicalions se sont promptement établies d’un bout de la province à Pautre ; des ouvrages plus ou moins savants, plus ou moins at- trayants, sont venus faire face au besoin de renseisnements historiques et archéologiques qui se manifestait, pour la première fois, sur tous les points du territoire, et dans tous les rangs. De grandes et dispendieuses publications, que personne n’eûl osé entreprendre à à d’autres époques, ont été couronnées d’un succès qui tenait de P enchante- ment. Les anciens livres descriptifs , si long-temps dédai- gnés, Ont été recherchés ayec avidité, et il en a été com: posé un grand nombre d'autres. Toutes les classes de la société ont payé leur tribut à ce mouvement patriotique : à Écouis, un simple cordonnier a arraché à [a destruc- ion de précieux objets d'art, et les conserve depuis 30 ans, avec une constance et un désintéressement admi- rables. À Domfront, un épicier, à Vire, un mercier ont écrit l'histoire de leur ville, Sans dante Ja part dn mé- rite et du talent est fort inégale dans les nombreux tra- vaux dont notre .proyince. a. été. labjet; sans doute des spéculateurs merrantiles, des, voyageurs peu familiarisés avec les lieux, des écrivains étrangers à la critique des faits ep à la connaissance de nos annales, .ont irop souvent mêlé de livraie au bongrain, dans une récolté si abon- dante.et si rapide. Néanmoins ; c’est un fait qui nous paraît incontestable, qu'on s’est plus activement et plus efficacement occupé de nag antiquités normandes depuis dix ans, que pendant tout le temps qui s'était écoulé depuis la renaissance des Jetires jusques-là. On ne sau- rait disconvenir: non,plus que Jes progrès de la raison bumaine p’aient, en général, imprimé une direc üon infinement plus méthodique et Vins sûre que par le passé, à des études trop Jongemps étouflées sous un vain duxe d'érndilion indigesis et d'interminables hypothèses. Tel est le dy gt généreux mouyement auquel on 19 7 ( 116 ) peut supposer que M. Raymond a voulu s'associer , et personne ne paraît avoir été placé dans des circonstances plus favorables que lui, pour tenir, s'il l’eût voulu, un rang distingué parmi les laborieux explorateurs de nos annales et de nos monuments. Né en Normandie, sor- tant de l'honorable carrière de l'instruction publique, cet écrivain a en outre vu beaucoup de lieux et feuilleté beaucoup de livres. Nous avions donc toutes sortes de raisons pour nous attendre à trouver à la fois, dans sa bro- chure , et des discussions lumineuses, et ce respect pour les opinions et les travaux d'autrui, que l’usage de la bonne compagnie et l'expérience des difficultés attachées aux études archéologiques doivent inspirer à un homme mâûri par l’âge et les voyages. Une lecture de quelques pages suffira pour faire juger jusqu’à quel point cette at- tente a été réalisée. « Vous désirez que je parle des antiquités de Lil'e- » Bonne. Que voulez-vous que j'en dise dans le moment » actuel? Votre statue en bronze doré est toute rapiéce- » tée: les anomalies fourmillent dans votre cousiruction » théâtrale, Je n'ai pas inventé cela. Ce sont les savants » eux-mêmes qui, après avoir compté les pièces de l'une »-et les irrégularités de l’autre, en ont instruit le public. ÿ Je n'aurais à vous offrir sur le reste que des peut-étre, » des probablemeut, des j'ai lieu de croire, qui ne vous # apprendraient rien. À la bonne heure, dans soixante » ans d'ici, quand le déblai de vos ruines antiques sera > en partie terminé, on saura s’il ya de quoi admirer. .» Ne m'accusez pas de reculer trop loin cette époque » fortunée : la sage nation normande se hâte lentement. » Son désintéressement dédaigne les vils trésors des » Romains. Elle rougirait de se parer des bijoux de » limpératrice Faustine. Ce n’est cependant pas pour » rien que Ja dame a acheté le terrein du théâtre. En » lachetant, elle semblait dire, Je le fouillerai. La (#17 promesse en à été solennellement prononcée sur les débris de l’édifice romain, en présence de madame la duchesse de Berri. Oui, mais promettre et tenir sont deux. Au Mémoire de M. Pever sur les ruines de Lillebonne, comment les antiquaires de la Haute- Normandie ont-ils répondu” par les Énervés de Ju- miège, par Incendie de lu flèche de Rouen , et par des maisons dont M. Delaquérière aura de la peine à reti- rer ses loyers, tous ouvrages excellens , sans doute, mais, après la grande découverte d’un théâtre romain en Normardie, c'était bien d'énervés qu'il s'agissait! Ah! belle normande, vous ne nous y prendrez plus avec vos séduisantes promesses. = Maudit censeur , te tairas-lu? ignorestu que tu parles à un normand ? 5 Oser accuser mes compatriotes de manquer de parole! Ne sais-tu pas que, tous les ans, administration du département de la Seine-Inféricure, faisant pour les arts les plus grands sacrifices, a la générosité de tirer de ses coffres une centaine de beaux écus pour l'extraction de vieilles ferrailles et de mauvais tessons à Lillebonne ? Comment n’es-tu pas touché des soins et du zèle qu’a voués à l'archéologie une Commission d’antiquités qui, ardente à favoriser les progrès de la science, s’assemble au moins une fois tous les deux ans! {ngrat quetues, on ne t'a pas trompé. Il y a quelques années, j'en con- » viens, dès les premiers jours de l'apparition des beautés scéniques de Juliobona, la Renommée, embouchant la trompette héroïque , fit retentir cette nouvelle jusque dans Paris. 1 n’était bruit alors que de Lillebonne : avez- vous vu Lillebonne? Malheureusement, les objets qu’on y a trouvés depuis ce temps sont frustes, rapiécetés, de peu de valeur. Le théâtre n'était pas grand'chose dès l’origine : on le voit à ses anomalies de cons- traction. Vers le moyen âge, la partie que nous nom- mons amphithéâtre fut encombrée de terres rapportées \ - (118) pour en faire un fort. Puis l'orchestre , utilisé à son tour, devint un vivier, un réservoir seigneurial. Du temps de Caylus, le théâtre avait, je ne sais trop pour- quoi, la figure d'un fer à cheval. — Pauvre théâtre, comme on l'arrange ! Ce que c’est que de nous, quand nous ne sommes plus! Je l’ai vu, ce monument qui a pris tant de formes ; c’est pour cela que vous voulez que j en parle. Mais MAI. les académiciens de Rouen, qui se taisent, le voudront-ils bien ? souffriront-ils que, franchissant la barrière départementale qui entoure votre terre savante, je mette la faulx dans la moisson d'autrui ? Prenez garde, vous allez m'aitirer un procès, Quand les auteurs de l Annuaire de la Seine-Inférieure ont rendu comple des fonilles de votre enceinte dramatique, ils ont exposé les faits et s’en sont tenus là. C'était prudent à eux. Pouvaient-ils mieux faire ? Je ne sais si c’est ma faute ; mais toutes les fois que l’on a voulu m'expliquer , par des conjectures ingénieuses, l'emploi d’une foule de choses découvertes chez vous, je n’y ai jamais rien compris. Aussi exeusé-je les nouvelles incroyables que l'on a débitées sur Lilichbonne. » Permis aux habitans de ce bourg de croire à l’esis- tence d'un grand trésor caché dans leur commune, et d'appeler à cor et à cri la baguette divinatoire des sor- ciers. Je pense, moi, je soupçonne , il me semble que le trésor, c’est le théâtre, Vos compatriotes ont là , comme ils le disent, un bâtiment qui vaut de l'argent, et qui ne leur coûte pas cher, sans qu’on puisse craindre la cla- meur de haro. _» Permis à Orderic Vital de bapliser Lillebonne du nom de la bonne Julie, Juliam bonam. Le bon moine qui se permet de travestir ainsi les noms, n'est guère écoulé, au tribunal de la nouvelle archéologie, que pour les événements et les croyances de son temps. Les chroni- queurs du moyen Âge furent souvent malheureux dans leurs étymologies. » | | | l | 1 (119) « Vous voyez, M. Davois , que je parle de tout cela en » jonorant, en homme qui ne trouve rieû de bon. Vos » ruines de Lilleboune ont leur historien, Que vous faut-il » de plus ? Je sais que je dois payer ma dette à ma patrie, » et que je ne pourrai plus le faire si j'attends que vos » déblais soient terminés. Je n’attendrai pas. Dès aujour- » d'hui je vais, par obéissance, vous confier ce que l’on » dit de vos monuménts dans le monde. Ces on dit seront » bien, si vous voulez, assaisonnés de quelques grosses » bétises. Riez-en tant qu’il vous plaira; critiquez-les à » votre aise, je vous les livre. » Vous avez pu remarquer, Messieurs, que, dans ce feu roulant de plaisanteries et d’épigrammes, il y avait des paquets à loules les adresses. Administration départe- mentale, Commission d’antiquilés, Académie de Rouen, antiquaires du pays, auteur du Mémoire sur Lillebonne, personne n’est épargné. Tout le reste est rédigé sur le même ton et avec la même bienveillance. La plus grande partie de la brochure est consacrée au récit d'une discus- sion archéologique de diligence, vraie ou supposée, entre un Normand, un Toulousain et lauteur. Il serait fort long de vous rendre compte de toutes Îles argamentations et les facéties plus ou moins heureuses de ces trois per- sonnaes. IL s’agit, d'abord , de savoir quelle était l’origine du nom de Juliobona , ei si cette ville a été élevée au rang de Colonie romaine. On discute ensuite l’époque de sa destruction , lépiscopat de Betto, l'origine et la date du château et des églises de Lillebonne, la destination de l'äqueduc de la fontaine Pernel , l’état d'avancement de la fonte en bronze chez les Romains, la possibilité de trans- former le théâtre en naumachie, et enfin le nom qu'il faut donner à la fameuse statue dorée. Cette dernière question , d’un intérêt plus général, est en même-temps celle qui est traitée avec le plus de développements. L'au- ( 120 ) teur y fait preuve , comme en beaucoup d'autres endroits de son livre, de connaissances archéologiques variées et étendues. Malheureusement il ÿ conserve ce Loan tranchant, ce despotisme d'opinion dont il n’est presqu'aucune de ses pages qui ne porte l'empreinte. Nous n’entrerons point dans le détail et l'examen de ses arguments. Nous nous contenterons de dire que quand même ses opinions pré- vaudraient , nous ne lui envierions pas l'avantage d’avoir si orgueilleusement raison. La statue, dans son état actuel de mutilation, présente, au reste, une absence si com- plète de caractères posilifs, que c’est l’une des questions où , n’en déplaise à M Raymond, chacun est le plus libre de penser ce qu'il voudra. La circonstance même sur la- quelle il s'appuie avec le plus de complaisance pour en faire un Mercure (l'absence de sexe) est tout-à-fait in- exacte. Suivant lui, ce fut en vain qu'il en chercha les traces à plusieurs reprises. « La statue avait été fracturée » à l'endroit le plus curieux; brisure de forme irrégulière » et insignifiante, qui n'avait pas l'air d’une mutilation » et se prêlait à tous les soupçons. » Nous sommes loin, Messieurs, d'attaquer la bonne foi ou la justesse du coup- d'œil de M. Raymond; il est possible que les traces du sexe masculin aient disparu pendant l'intervalle qui s’é- coula entre la découverte de la statue et son transport à Paris; mais, ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’elles existaient de la manière la plus authentique lorsque nous visitâmes la slatue sur place, et nous invoquerons, à ce sujet, le témoignage de MM. Rever, Langlois et Dela- quérière qui les ont observées comme nous. On voit, d’a- près cela, que les asserlions du voyageur ne sont pas plus à l'abri de la discussion que celles qui avaient été, avant lui, présentées avec modération et entourées de formes dubitatives. Comme nous avons déjà eu l'honneur de vous le dire, Messieurs, tout le monde a sa part dans les plaisanteries de (1289 de M. Raymond, et l’Académie de Rouen n’y est pas épargnée. Il est probable, même , qu’en vous envoyant sa brochure, il a eu l'intention de vous donner une leçon plutôt que de vous rendre un hommage. Nous ne suppo- sons pas, cependant, qu’il s'agisse ici d’une leçon de poli. tesses, ni que le savant professeur ait voulu vous présen- ter comme des modèles de style les phrases suivantes : « Ayez soin, avant tout, de paver votre bassin de » pierres mises de champ, sur un lit épais de béton , tel » que le béton dont la rigole de l’aquéduc romain était » composée long-temps avant l’épiscopat de Berro; en » bélonnant ainsi, vous aurez, sauf respect, solidement » bélonné. » Cp. 43—44.) « Laissons lui ses raccommodages dont la cause est » inconnue. On raccommode partout aujourd’hui, et on » raccommodera encore long-temps, si l’on raccom- » mode autant que le monde a besoin d'être raccom- » modé. » Quelques-uns de nos confrères les plus laborieux, et qui ont rendu Île plus de services aux antiquités de la Haute-Normandie, ne sont pas plus ménagés que Ja Compagnie en masse. L'administration départementale, à laquelle Lillébonne à de si grandes obligations, et qui entoure chaque jour nos monuments de nouveaux soins protecteurs, la Commission d’antiquités , qui a déjà ras- semblé plus de matériaux précieux qu'il n’en existe peut-être dans aucun autre département du Royaume, ne trouvent point de grâce devant notre voyageur , qui, dans son Court passage, a eu le temps de prendre en faute et de redresser lout le monde. Nous croirions faire injure aux pérsonnes et aux compagnies qui ont été l’objet des altiques de M. Raymond, si noûs nous allachions à relever et à combattre sérieusement des jugements portés avec tant de précipitalion et de légèreté. Nous n'avions point encore vu des hommes habiles et instruits des- 16 (122) cendre à de pareilles plaisanteries, et nous croyons en- trer mieux que lui dans ses propres intérêts, en nous abstenant de les reproduire ici. Mais nous ne pouyons envelopper dans le même silence la sévérité inconve- nante autant qu'injuste avec laquelle il à traité les longs et utiles travaux de l’un de nos plus vénérables confrères. Sans doute il avait le droit de contester les opinions de M. Rever , et personne n’a jamais pensé à le Jui refuser ; noire savant confrère est bien éloigné lui- même de prétendre ayoir toujours rencontré juste dans des recherches entourées de tant de ténèbres : c’est sous les formes les plus modestes, les moins exclusives, qu'il a présenté le résultat de douze années de travaux assi- dus; mais, s’il a poussé au plus haut degré le respect pour l'indépendance des opinions , il avait droit, à son tour , aux égards et à la reconnaissance de quiconque s’oc- cupera jamais des monuments de Lillebonne. C’est avec une profonde douleur que nous avons vu M, Raymond omeltre toute mention des obligations qu'il avait à son vénérable devancier, pour ne parler que de quelques passages sur lesquels il croit pouvoir lattaquer. Vous partagerez, sans doute , Messieurs , l'impression que nous a fait éprouver celle conduite, quand vous saurez qu'un désagrément si peu mérilé peut retarder, arrêter même la publication de l'important ouvrage de M. Rever , sur le vieil Evreux, que, depuis si long-temps , les amis de nos antiquités appellent de tous leurs vœux. Quels que soient, du reste, le talent et l’érudition dontelles sont as- saisonnées, les plaisanteries de NL Raymond n’ébranleront point votre haute eslime pour un savant que vous vous glorifiez de compter au nombre de vos confrères, votre confiance dans des trayaux auxquels on trouverait bien peu de points de FORApATAeR dans toute autre parlie de la France. Quand notre voyageur aura pris un ton moins léger SE = "RSS ( 123) pour parler d’études sérieuses et de personnes respectables, la Compagnie pourra recevoir avec intérêt les résultats de la comparaison de nos monuments avec ceux qu'il a eu occasion d'observer dans ses longs voyages. « Sire, disait » Je vieux Sully à Louis XIIT, lorsque le roi votre père, » de glorieuse mémoire , me faisait l'honneur de me con- » sulier sur les affaires de son royaume , il commençait » par faire retirer les bouffons et les baladins. » « Docte » étranger , » pourriez-vous dire de même à M. Raymond, « si vous voulez être accueilli avec intérêt » parmi nous, il faudra commencer par bannir de vos » écrits les quolibets et les calembourgs. » tete !/ ( 12B ) NOTICE BIOGRAPHIQUE, SUR M. J. J. LEBARBIER , Par M. Descamrs. L2 Messieurs , J. J. Lebarbier naquit à Rouen , en 1738. Il fut l'aîné de trois garçons. Ils perdirent leur père étant encore en bas âge ; la mère, ne sachant à quoi employer ses trois enfants, et réduite elle-même à vivre du travail de ses mains , fit quelques efforts pour leur éducation , jusqu’à ce que, parvenus à l’âge de raison , elle eut alors le bonheur d’intéresser en leur faveur des êtres bienfaisants qui, témoins des heureuses dipositions que manifestaient pour le dessin , non-seulement l'aîné , mais ses deux jeunes frères, les firent agréer parmi les disciples que M. Des- camps formait avec tant de zèle, C’est à cette école que Lebarbier l'aîné eut les premiers éléments de cette savante manière de dessiner, tant au crayon qu à la plume, qu'il exerça dans la suite avec tant de succés. Après avoir parcouru avec persévérance les différents degrés de l’enseignement d’après le dessin, l'antique d’a- près la nature morte, et enfin le modele vivant, il obtint, au concours de l'année 1755, le 1% prix de dessin; en 1756, il eut celui de la classe la plus élevée, le prix de composition ; et, l’année d’ensuite, les trois frères par- tirent pour Paris. Celui dont nous parlons fut placé chez Le Bas , gra- veur du cabinet du Roi, avec lequel M. Descamps lui avait fait contracter un engagement linité, ( 126 ) La gravure n'était pas le genre d'occupation que notre compatriote eût adopté, s’il n’eût été dirigé par un guide qui avait le rare mérite de juger des dispositions de ceux qui, sous sa direction, annonçaient des moyens plus ou moins étendus pour le genre qui leur convenait. Notre jeune graveur demanda en grâce la liberté de suivre le goût qui le domivaït pour la peinture; rendu à lui-même , il fut admis au nombre des élèves de M. Pierre, premier peintre du Roi. Là, il se fit remarquer par sa douceur, son application et ses progrès. Il était heureusement né avec um esprit naturel et Venvie d'apprendre, qui, lorsqu'elle se déclare de bonne heure , est accompagnée de cette mtelligence précoce qui, em sé développant , prépare Padolescence à des idées justes et sérieuses. Aimant la lecture, et particulièrement celle de l’histoire en général , il n’a cessé d'entretenir tout le temps de sa vie cette innocente et instructive jouissance, dont il & laissé tant de fragments dans le grand nombre d'ouvrages qu'il a composés. Il s'était exercé de bonne heure au venré de l'aquarelle , et était parvenu au point de mériter le suffrage dés ama- teurs; il fut, dans le temps, mis au premier rang parmi ceux qui traitaient le mieux cette partie agréable de Part. Bien que d’une faible constitution , il travaillait une partie des-nuits, pour parvenir à donner le plus stricte nécessaire à une réunion dont il était le chef et le seul soutien. En 1765 , un richegentilliomme , nommé M. de Merval, habitant Paris, où il avait rassemblé des tableaux, des sculptures , etc. témoigna le désir d'être’ guidé pour le choix et lentretient de son cabinet : Eebarbier l'aîné lui fut présenté comme un sujet distingué dans les arts, et pour la pureté de ses mœurs; il lé nomma conservateur de son établissement avec d’honnètes lio- noraires. ( 127) C'est de ce moment qu'il se livra avec plus de ferveur à l'étude de la peinture à l'huile, sans toutefois pouvoir atteindre le but de ceux qui, ainsi que lui, voulant traiter l’histoire en grand , tentent le seul moyen de mé- riter, au concours, le prix qui, au jugement des profes- seurs , élablit pensionnaire de l'Etat à Rome, pendant cinq ans, Notre confrère, après avoir été admis plusieurs fois au concours , sur ses esquisses bien composées, ne put par- venir à être du petit nombre des heureux. Vers 1768, il épousa une jeune personne très-intéres- sante sous le rapport des vertus sociales, vivant, ainsi que sa mère, du travail de ses mains , habile et très- laborieuse dans un état recherché par l’opulence; non- seulement elle contribua à l’aisance de l’intérieur, mais, par Sa grande économie , elle put encore lui aider à salisfaire le projet qu'il avait depuis long-temps dans la pensée de parcourir lftalie , afin d'y admirer les chefs-d’œuvres de l’art qui sont distribués sur différents points de cette terre classique. En 1987, il partit de Paris, avec le second de ses frères, qui peignait le paysage. À son relour en France, il se livra entièrement à l'étude de l'histoire, unique objet de toutes ses médita- Uons. Je ne vous entretiendrai point du nombre des sujets qu'il a exécutés, et dont la plupart ont été bien gravés, tels qu'Horatius Coclès faisant couper le pont sur le Tibre, derrière lui ; le Combat des Horaces et des Curiaces; un Sacrifice chez les Indiens, etc., etc. En 1785, il fut reçu à l'Académie royale de peinture de Paris; son morceau de réceplion représente Jupiter endormi sur le Mont-Ida. Ce tableau faisait partie des morceaux réunis dans les salles de l'Académie ancien- nement élablies dans l’enceinte du Louvre, et actuelles ( 128 ) ment déposés dans le palais de Versailles. Ce tableau lui ayant été rendu pendant la révolution, il en fit hommage à l'Ecole royale des ponts et chaussées , où on le voit placé dans la salle d’assemblée, Vers 1788 ou 1789 , il termina, pour la ville de Beauvais, le tableau qui lui avait été commandé par le corps municipal : le sujet est le siége de cette ville ea 472, défendue par les femmes ayant à leur tête la célèbre Jeanne Hachette. Ce tableau, généralement accuéilli, valut à son auteur, de la part des administrateurs et des administrés, outre une honnête rétribation, l'honneur d’être inscrit au nombre des notables bourgeois de Beauvais, et, de la part de lin- tendant général des bâtiments du Roi, un logement au Louvre. En 1819, le Ministre de la maison du Roi le char- gea de faire un tableau pour décorer une des chapelles de Saint-Denis. Je crois que c’est son dernier ouvrage en peinlure. Notre confrère a accumulé des preuves d’un talent du premier ordre, dans l'art de composer la vignette, avec autant d'esprit que d’érudition ; il en a enrichi les différentes branches de notre littérature. Jusques dans les derniers instans de sa vie, toujours laborieux et sé- dentaire , il n’a cessé ce genre d'occupation aussi lu- cratif qu'amusant pour un artisle qui y avait acquis une grande pratique, de la réputation et une honnête aisance. Il a laissé deux filles : une a épousé M. Bouyère, inspecteur général des ponts et chaussées. La seconde n’est point mariée; elle peint bien la miniature. ae À is aememmree ( 129 ) PAPA AAA AAA AAA AAA AE \ EDITH ov LE CHAMP D’'HASTINGS, Par M. GUTTINGUER. «“ Le corps du roi Harold fut bumblement demandé au Duc par les religieux du monastere de VValthain. Le Duc le leur octroya , et ils allerent à l amas des corps morts, les examinèrent soigneusement l'un après l'autre ,etne reconnurent joint celui qu'ils cherchaient ,« tant ses blessures l'avaient défiguré. Tristes et désesperant de réussir seuls dans cette recherche , ils s’adressèrent a une femme qu'Harold, avaut d'être roi, avait entretenue comme maitres e , et la prieren’ de se joindre à eux. Elle s'appelait Edith , et on la’ surnommait poéliquement /a belle au cou de cygne. Elle consentit à suivre les moines, et fut plus habile qu'eux à découvrir ke cadavre de celui qu’ellé avait aimé. (Turrnnx). » Harold , Dieu bénisse tes armes ! Du champ d'Hastings reviens vainqueur ! Reviens, je veux âvec des larmes Te presser encor sur mon cœur. Sauve notre belle Angleterre ; Chasse le Normand de ces bords, Et, sous mon abri solitaire, Reviens vivre de mes transports. Oh! quand j'apprendrai la victoire Qui m'annoncera ton retour , Comme ils viendront dans ma mémoire, Tous les noms chéris de l'amour! 7 (13 ) Harold, Dieu bénisse tes armes ! Du champ d'Hastings reviens vainqueur ! Reviens , je veux avec des larmes Te presser encor sur mOn Cœur. Qu'il soit vaillant, celui qui m'aime ! Disais-je dans mes jeunes ans; Et tu m’aimas! gloire suprême, Vous valiez des jours innocents ! Pour toi j'ai quitté la demeure Où ma mère me tend les bras; Et pourtant, Harold , je ne pleure Que lorsque je ne te vois pas! Harold, Dieu bénisse tes armes ! Du champ d'Hastings reviens vainqueur ! Reviens , je veux avec des larmes Te presser encor sur mon Cœur. Au sein de la retraite à l'amour consacrée , Ainsi chantait Edith , durant les longues nuits ! Aux regrets, aux terreurs sa jeune ame livrée , Des heures sans amour trompe ainsi les ennuis ; Et l'oreille attentive aux bruits de la tourmente, Tantôt belle d'espoir , tantôt pâle d’effroi , Elle chante en pleurant, sourit ou se lamente ; Puis, avec un soupir : « Pauvre Harold ! il est Roi ! » Si tu n'étais pas Roi, tu serais, à cette heure, » Joyeux à mes côtés ! Je ne frémirais pas » À ces pressentiments qu'autour de ma demeure , » Semblent, quand je V'attends , m'apporter tous les pas. (131) » Ta ravissante voix éloignerait les craintes ; » Je sentirais Lon cœur battre contre le mien. Qu'il est doux le pouvoir de ces mâles étreintes ! » Appuyé sur ce cœur qui craindra jamais rien ! » Et cependant la nuit venait sombre et terrible ; Le tonnerre grondait et la pluie en torrens Frappait sur les vitreaux de la chambre paisible Où le sommeil fut plein de songes dévorans. Quand l'heure du matin vint dissiper les ombres, Un funèbre brouillard s'arrêta sur les fleurs; Le ciel luttait en vain contre les vapeurs sombres, Il ne put soalever son voile de douleurs. Edith, du beau manoir parcourut l'étendue , Chercha les lienx témoins des mystères d'amour, Y pleura , puis revint , et, d'une voix émue, Interrogea les siens sur les rumeurs du jour. On lui dit qu'un Saxon, qui venait de l’armée, Avait vu les Normands attaquer les Anglais ; Que tenant dans son camp sa phalange enfermée, Harold avait laissé s'épuiser tous leurs traits ; Puis s'était élancé prompt comme la tempête, Avait ouvert les raugs des Normands confondus ; Que Guillaume fuyait, ordonnant la retraite, Et laissant ses Barons sur la terre étendus. Edith, dans un souris qu'embellissaient les larmes, Remercia le Ciel en élevant ses mains. Mais, vers le soir, on vit des guerriers en alarmes, Epuisés et sanglants , tomber sur les chemins ; Ils étaient tous Anglais ! Avec la mort dans l'ame Elle vole vers eux , et dit : « Où fuyez-vous ? » Qu'avez-vous fait du Roi ? que devient-i1?..,——0 femme! » La Patrie et le Roi, il n’en est plus pour nous! » * 37 (3x9 @ — Malheureux! la terreur aujourd’hui vous abuse, » Car les Normands ont fui! — Ce n'était qu'une ruse. » Rien n’a pu résister à leur terrible effort. » — Et l'armée? — Est vaincue. — Et le Prince? — Ilest mort ! » — Ï] est mort!» Oh! laissez, en son malheur extrême, Edith, la pauvre Edith, chercher en vain des pleurs ; Je connais le tourment de perdre ce qu’on aime, Et ne tenterai pas de dire ses douleurs. Un autre jour naissait!... fl était sans nuages! Les parfums s'exhalaient dans les airs répandus. Hélas ! comme autrefois, ces forêts, ces bocages, Tout vit, tout est heureux, et pourtant il n’est plus! Sous la voûte du saule , immobile et glacée , Edith , silencieuse , attend l'ombre du soir, Fixe les yeux sur l'onde, et, toute à sa pensée , La regarde couler sans l’entendré ou la voir. Des torches , cependant, autour de sa demeure, L'éclat au loin l’étonne! A travers les jardins , £ Elle voit son Emma qui court, l'appelle, pleure , L’aperçoit, et sans voix vers elle étend les mains. « Que voulez-vous, Emma ? — Dans le parloir, Madame, » Les Moines de Waltham attendent!... — Je ne puis! » =—— La douleur de leurs yeux dit celle de leur ame. D — Harold! ]J] les aimait! — Il est vrai! Je vous suis. » Le Prieur. 1 1 Edith, an con de cygne , au regard plein de charmes, » Un funeste devoir nous conduit près de vous ! A » Nous venons à sos plenrs mêler aussi nos larmes, » Et prier pour celui qui n’est plus avec nous, » Harold fut notre appui, notre Roi , notre père ; » T1 a comblé de biens notre saint munastère, (133) » On ÿ priera pour lui, tant qu'un vainqueur cruel » N'aura pas promené sa torche incendiaire ; » Tant qu'un de nous assis sur la dernière pierre, » Pourra nommer Harold et regarder le ciel. » Nous arrivons du camp ! au conquérant farouche » Nous avons demandé le Héros qui n'est plus ! » Un dur consentement est sorti de sa bouche : » C'est la seule faveur qu'il accorde aux vaincus, » Voulant qu'Harold repose en notre saint asile, » Sur le champ du carnage aussitôt dispersés , » Nos pas à le chercher se sont en vain lassés ; » Pour retrouver son corps tout soin est inutile ! A Vous qui l'avez aimé , voulez-vous Y venir ? » —— Oui, moi seule connais celte sanglante roule ; » Le ciel qui sait mon cœur, au bien-aimé, sans doute, Dans la vie et la mort voudra me réunir. ? Il est prêt le coursier à la marche rapide Qu'un héros autrefois l'instruisit à dompter ; L regarde, il hennit, mais une main timide , Comme aux jours du bonheur, ne vient pas le flatier. Il sent qu'avec fureur on tourmente ses rènes , Et que d’un pied hardi son flanc noir est pressé ; Son noble instinct répond , et franchissant les plaines, Les torrents et ls monts, il bondit élancé. Par l'éclat des lambeaux sa course est animée , Et bientôt, devançant ses guides étonnés, Edith, au jour naissant, voit le camp et l'armée Des vainqueurs que le sort aux Anglais a donnés. Les voilà ! quel spectacle , et quelle horrible fète ! Sur les corps des vaincus les cavaliers normands , Par de terribles jeux célèbrent leur conquête Au milieu des sanglots et des gémissements. Des chants, des cris, des feux éclatent dans la plaine ; Les rires insultants des vainqueurs enivrés Frappent le cœur d'Edith, qui les entend à peine Et porte sur les morts des regards éplorés. (134) (Du malheur d’une femme , à quelle est la puissance! ) Elle parait , les rangs s'ouvrent à sa présence. Jnterdits et charmés, ils cessaient leurs clameurs , Ils disaient : « qu’elle est belle! » et respectaient ses pleurs ! Tout-à-coup, immobile , elle s’est arrêtée : « C'est ici! C’est ici! Je le sens à mon cœur.! » Sur le tertre sanglant alors précipitée , Et par un cri terrible écartant le vainqueur : « Levez ces corps sanglants et couverts de blessures , » Ces drapeaux déchirés, ces pesantes armures , 4 Harold ! mon bien-aimé !1u n’es pas loin de B! » Tenez, picux amis : n'est-ce pas sa bannière ? » Voilà son bouclier , son glaive, sa visière ! » Harold !! » Elle mourut en criant : « Le voila! » LL LES (135 ) PARA AS AAA AA GRANDEUR D’AME DE SAINT LOUIS DANS SA CAPTIVITÉ, CD. Oe; Par M. Pierre DumEsxir. Héros dont les grandeurs guerrières N'éclatent que dans les succès, Qu'en ce jour vos ames altières De leur orgueil calment l'excès : Plein du vif transport qui m’anime, Je chante un héros magnanime Qui sut, même de ses revers, Tirer une immortelle gloire, Et, grand au sein de la victoire, Le fut plus encor dans les fers. O Louis, que sont devenues Tes anciennes prospérités ? Naguère volait jusqu'aux nues Le renom de tes faits vantés : Damiette avait vu ton courage Fondre, vainqueur , sur le rivage Où tu venais venger la croix; Témoin des succès de tes armes, La Massoure dans les alarmes Avait admiré tes exploits, (136 ) Chaque jour ton bras invincible Foudroyait les fiers Sarrasins : Mais la peste , fléau terrible , La famine , pour les humains Aussi redoutable ennemie , Ensemble unissant leur furie, Ont dévoré tes preux guerriers ; Et des chaines trop odieuses Ont chargé tes mains glorieuses Qui moissonnaient tant de lauriers. Pour montrer aux regards du monde Tout l’héroïsme de son cœur , O Dieu, ta sagesse profonde Permet qu'il tombe en ce malheur. S'il suffit aux héros vulgaires De briller, dans des jours prospères, D'un éclat qui frappe nos yeux; Du Très-Haut la bonté suprême Veut illustrer ce Roi qu'il aime, R Par des vertus dignes des cieux. Louis, vainqueur de l'infortune , Soutenait en paix, sans efort , Des maux qu'une vertu commune Eût redoutés plus que la mort. Soudain , chez ce peuple barbare , Pour lui quel péril se prépare ® Se souillant d’un crime exécré ; Des factieux , de sang avides, Frappent de leurs glaives perfides Leur Soudan bientôt massacré. Au (137) Au sein de l'horrible liceace Qui suit ce forfait inhumain , Des traîtres un groupe s’avance , Teint du sang de leur souverain , Vers la tente où , ferme et paisible, Aux coups du sort inaccessible , Vivait prisonnier leur vainqueur : Ils entrent ; leurs regards farouches ,. Les cris que proférent leurs bouches , Ne peuvent troubler son grand cœur. . Le plus fouguenx de ces sicaires S'approche du noble héros , Et, vantant ses, faits sanguinaires , Ose lui parler en ces mots : « » » » » J'ai, de mon glaive redoutable, Percé le tyran détestable Qui te retenait prisonnier : Si tu veux éviter ma rage ;, Pour prix de mon ferme courage , Louis, arme-moi chevalier. » Emu d'horreur, mais sans colère, Sas trouble en cet alireux danger, Louis , levant son front sévère , Répond au barbare étranger : « » » » » Des preux l'ordre rempli de zèle Ne peut adinettre un infidèle, Moins encore un lache assassin De qui la fureur sacrilège ; Des rois brayant le privilège , De son maitre a percé le sein, » 18 (138) À ces mois, écumant de rage, Le Sarrasin audacieux Sur lui, pour venger son outrage, Vient lever un bras furieux. Irrités de la même injure, Avec un horrible murmure , Tous ses compagnons frémissants Le suivent ; et bientôt le juste À vu contre son sein auguste Briller vingt glaives menaçants. Grand Dieu, si, des palais célestes, Un ange , prompt comme l'éclair , Ne vient parer ces coups funestes , Le héros tombe sous le fer! — Dieu lui refuse ce miracle : Mais quel admirable spectacle Tout- à-coup étonne mes yeux ! De sa grande ame la constance Seule suffit à la défense D'un monarque si glorieux. Sourd aux cris-féroces du crime , Affrontant la mort sans fierté, Sur son front le Roi magnanime Montre une calme majesté : À regret les traîtres admirent Les nobles vertus qui l'inspirent ; : Le respect glace leur courroux ; Et soudain ces monstres perfides , Baïssant leurs glaives homicides, Louis , tombent à tes genoux. (139) Quels héros , chers à la victoire, Jamais sur leur char triomphal Resplendirent d'autant de gloire Qu: toi dans ce péril fatal ? Ils savent , guidant au carnage De leurs guerriers le fier courage, Dompter des peuples abattus ; Mais toi, seul, la main désarmée, D'une troupe au meurtre animée Tu triomphes par tes vertus. ne EYE 18 * Cx4o ) AS AAA AAA AAA AAA LE PAYSAN ET LE NID, table. Pour avoir un nid de corneille, Au faite d’un grand arbre un rustre élait grimpé. Il venait un peu tard : les petits, dès la veille, Tous ensemble avaient décampé. | Notre homme, mécontent, se hâta de descendre, En jurant, si jamais il montait aussi haut, De s’en aviser assez tôt Pour trouver dans le nid l'oiseau qu'il voudrait prendre. , Par 21. Le FizceuL DES GUERROTS. AAA AAA AAA AAA AT L'HIRONDELLE, LE PAPILLON ET LE LIMACÇON, CR. » GCY able, À tous les yeux un jeune papillon Aimait à déployer ses ailes. « Regarde comme elles sont belles! » Dit-il un jour à certain limaçon, « Comme le bleu céleste avec l'or s'y mélange ! » Le ciel est ma patrie, et j'en revêts l’azur. » Pour toi, tu rampes dans la fange, > Et ta couleur répond à ton séjour obscur. » En ce moment une lirondelle Voltigeait à côté de lui : « Avant de mépriser autrui , » Sunge au peu que tu vaux , dit-elle. » Qu'es-tu, pour te vanter ainsi ? » Un papillon de fraiche date , » Et le céleste azur qui sur ton aile éclate > Ne peut faire oublier que tu rampas aussi. » Par le même. (142) AAA PSS PPT PPS PA YOUNG ET L'ENFANT, able. SANS souvenirs et sans regrets , Foulant l'herbe d’un cimetière , Un enfant se jouait à l'ombre des cyprès, Lugubres habitants de l'enclos fanéraire , Courait de tombe en tombe , et, d'une main légère, Y cueillait en riant les fleurs Qui devaient le parer de leurs fraîches couleurs. Assis au seuil du presbytère , Un vicillard le suivait des yeux Dans cette enceinte solitaire : C'était le pasteur de ces lieux, C'était des Murfs l'auteur célèbre, Qui, soudain inspiré par sa muse funèbre : « Viens, Lorenzo (1), dit-il; contemple ce tableau, » Et dis-moi si les jeux de cet enfant volage » N'offrent pas de ta vie une fidele image. Tandis qu'à tout moment, dans la nuit du tombeau » ‘Tu vois tes semblables descendre , » Tu respires en paix les roses de l'amour, » Tu folètres, tu ris.... sans songer qu'à ton tour » À leurs cendres demain tu dois méler ta cendre. » Par le méme. G) Young apostrophe souvent son lecteur dans le personnage allé- gorique de Lorenzo. (143) RAA RAS PAPAS PAPA AAA LE CHAT ET LES RATS, Ex courant un jour, comme un fou, Sur les pas d’une jeune chatte , Du haut d’un toit tomba certain matou. Parmi les rats soudain la joie éclate : Chacun croit fermement qu'il s'est rompu le cou, Et franchit librement le seuil de ses pénates. Mais on fut très-surpris, quelques instants plus tard, Lorsque l’on revit Rodilard, Bien d'aplomb sur ses quatre pattes, L'œil étincelant, l'air hagard , Courant après les rats, jurant de les détruire , De ne pas faire grâce au moindre souriceau , Pour apprendre à ces gens à rire De la chute de leur bourreau. Lar le même. ET TES C144) AAA PAIE PART AAA : LE CHARDON ET LE CHARDONNERET ; ] CSY able: VS A Ox m'a raconté qu'un malin, À l'aspect d’une plante aux ânes toujours chère ; ‘ Un Bouriquet, nommé Martin, S'avisa de chanter, je veux dire, de braire. « Que je te plains d’être d'objet » Des chants d’un ridicule et stupide baudet ! » Au chardon, son voisin, dit alors la buglose : « À plus d’un fcheëx quolibet » Le malheur de lui plaire expose.» & — Un moment, repart le chardon ; » Regarde : sur ma tige un chardonneret plane ; » Cet élégant oiseau, cet aimable Amphion, » À son goût pour moi doit son nom, » Et je suis consolé d’être du goût d’un âne. » Par le méme. sos LES (145 ) AAA PAT STAR PAT PATATE LES DEUX MOUCHES, GYable. Par la vitre d’une croisée Découvrant les lambris d’un superbe salon , « Oh! que ne puis-je entrer ! » disait un moucheron. Sur la même vitre posée , Une mouche disait : « que ne suis-je dehors ! » De ces naissantes fleurs qu'embellit la rosée » J'irais, en bourdonnant , caresser les trésors. » Ainsi la sœur et le frère, Un matin, l’un de l’autre enviaient le destin, Du salon ou du jardin; Séparés seulement par l'épaisseur du verre : Mais quoi ? pour tous les deux c'était un mur d’airain. Le bonheur , je ne sais comment la chose arrive , Aux moucherons, ainsi qu'au genre humain, Ne vient jamais s'offrir qu'en perspective. Par le méme. nn ee — 7 (146) RAR, ROC ES SECTE) LE PAPILLON ET LA ROSE. bte. Sous un ciel pur et tempéré Décembre commençait d'éclore. Un papillon décoloré , Une rose pâle , inodore , À tous les papillons comme à toutes les fleurs S’enorgueillissaient de survivre , Et, du jour qui naissait trop heureux spectateurs , Osaient encor compter sur ceux qui devaient suivre. Leur espoir fut déçu : dès Je soir l'aquilon , ( Comme la vie échappe et tient à peu de chose! ) D'un souffle fit périr le dernier papillon “Sur le sein effeuillé de la dernière rose. \ Par le même. pe — (47) PRIE AAA AAA AAA LATE LE CORBEAU A BONNES FORTUNES, Cable. « Voxez-vous, dans son nid, la blanche tourterelle! » Disait , sortant de sa tourelle, L'habitué d’un vieux manoir. « Je suis corbeau, je suis vieux ; je suis noir, » Et cependant... — Après... = Eh! bien, la belle » Ne me voit pas d'uh mauvais œil. » — Malgré votre manteau de deuil, » Peut-être êtes-vous bon pour elle ; » Conseiller sûr, ami prudent ? » Lui dit alors son confident. » — Non, ce n'est pas cela. Pour moi c’est uné amie » Qu'à tout moment je pourrais visiter , » Et que la nuit... = Que venéz-vous conter ? » Vous! — Moi. = C'est donc coquettérie ? y » — Non pas. + C'est dont désœuvrement, » Ennui, dépit? == 11 en ést autrement. » C’est de l'amour , et la belle m'adore ! » — Ah! pour l& Coup, vous mentez bel et Lien, » Dit l'inteflocuteur , &et jé ne crois plus rien. » Pauvré colombe ! ali ! j'en rougis encore , » J'âllais de mes soupçons térnir votre pudeur , » Mais ce noir calomniateur » En à trop dit, ce dont je lui rends grâce. » Comme à croire lé mal nôs esprits sont tout prêts! » Indigne oiseau , méchante race! » Un mot de moins, hélas! je le croyais ! Par M. GUTTINGUER. = 19 * (148) AE AAA AAA ARTE LE CHAMPIGNON ET LA VIOLETTE, able. I est des temps où le champignon donne ; Et c’est, en général , pendant le mauvais temps. Si leur triste éclat nous étonne , Il faut bien qu'on le leur pardonne : Cela ne dure pas long-temps ! Je leur pardonne aussi volontiers, j£ vous jure : Seulement, quand j'entends leur langage orgueilleux, Je le redis, voilà toute l’injure Que je leur fais. Sont-ils si malheureux! Un d'eux venait d’éclore , et c'était un prodige ! «Superbe, il redressait sa tige Que recouvraient la pourpre et l'or. Des fleurs de son printemps la forêt dépouillée , Considérait émerveillée Ce parvenu brillant lui montrant son trésor. Mais il parle ! écoutons : « Plante abjecte et chétive, » Tu te prétends discrète , et tu n'es que craintive. » Combien de temps encor aitendrons-nous tes fleurs ? » Je te prenais pour une mauyaise herbe. Que tu dois m’envier mon front noble et superbe, LA » Mon port altier, mes brillantes couleurs ! » Cacheras-tu toujours ainsi ta vie ? Tu le dois , il est vrai; ton sort est de languir. Ë x Violette, jamais tu n'as su l'enrichir; » Tu fais pitié! je fais envie! v C149 ) — « Non pas à moi, du moins, » dit l'innocente fleur Au parfum doux et pur comme un premier bonheur ; » Chaque printemps je dois renaître à » Et, d'ici là, quelqu'un me l'a prédit, > Que de messieurs de votre habit » Je verrai croître et disparaître ! » Par le même. 4 pe mm ( 150 ) AAA AAA RAA AAA AAA LES CIERGES ET L'ÉTEIGNOIR, able. Au milieu de l’encens , des chants et des prières, Dans un jour solennel des Chrétiens révéré, Des cierges inondaient de leurs vives lumières Le temple au Seigneur consacré ; Cependant qu’en un coin de la demeure sainte, Un petit éteignoir au bout d’un long bâton, Semblait, étranger dans l'enceinte , Sans but aucun assister au sermon. Un cierge de la veille avait sur lui des craintes, Et de sa peur avertit ses voisins; Il prévoyait de dangereux desseins , Et racontait les perfdes étreintes Dont pouvaient de ce lieu témoigner tous les saints. » Quoi, cette perche à tête noire, ( Disaient les cierges triomphants), » Aurait des eflets si puissants ! » Mon frère , une pareille histoire » Est bonne à dire à des enfants. » Voilà que, cependant, le service s'achève, Que tout se tait, l’orgue, les chants , les voix , Et que l’humble morceau de bois Orué de son armet, sc redresse, s'élève, Et, de la vaste nef parcourant le contour, Sur chacun tombe tour-à-tour. Caïn Rendons lui bien justice : il n'oublia personne. Le vieux cierge, pourtant, de lui-même expirait. « La leçon n'est-elle pas bonne ? » Disait-il an dernier que le bedeau coilait: « Brillantes et saintes lumières, » Les éteignoirs ne vous effrayaient gnères ! » Et maintenant vous pensez comme nous, » Qu'il n'en faut qu'un pour vous éteindre tous. » Pur le même. pe (153) AAA AAA AAA AAA AAA AAA CONCOURS. et 0 PARA AAAAANAAN RAPPORT Sur les Pièces envoyées au Concours , pour le Prix de Poesie , Par M. Licquer. Messieurs , Vous avez proposé, pour sujet du Prix de Poésie à décerner cette année, le fait historique suivant : Arthur de Bretagne est assassinée dans la vieille tour de Rouen, par Jean Sans-Terre, son oncle, roi d’Angteterre ‘et duc de Normandie; Constance, mère du jeune Prince, sollicite la vengeance de Philippe- Auguste. Quatre pièces vous ont élé adressées ; yous en avez confié l'examen à MM. Vigné, Duputel, Gnitinguer, Dumesnil et Licquet ; votre Commission vient vous soumettre le résultat de son travail, et vous entretiendra de chacune des pièces, dans l'ordre de leur réception. La pièce cotée n° 1° porte pour épigraphe : Ezxoriare aliquis nostris ex ossibus ultor. Vinc., Encide, lib. &. À l’imitation de Shakespeare, l’auteur suppose d'abord que Châtillon a été envoyé , par Philippe-Auguste, au roi Jean, pour traiter de la paix. Le monarque anglais 20 (154) rejetie les conditions qui lui sont offertes; Châtillon revient en France, et rend compte à Philippe-Augusté de son ambassade. La guerre est résolue. Le jeune Arthur se met à la-tête des soldats dont le commandement lui est confié par Philippe, et leur adresse une harangue militaire. Les deux armées sont bientôt en présence; la bataille se livre sous les murs de Rouen. Arthur y fait des prodiges de valeur; mais il est enveloppé, pris, etamené devant son ennemi, qui le fait plonger dans la tour. Le jeune guerrier s'endort; il a un songe; il croit voir sa mère et son épouse qu'il serre tour-à-lour dans ses bras. Tout entier au bonheur qui Penivre, il se croit libre ; ses fers sont brisés, son cachot s'ouvre, il s'élance.. Mais tout-à-coup il s’éveille : il ne voit à ses côtés que Jean Sans-Terre armé d’un poignard. A la suite d’une vive altercation, le monarque anglais assassine son pri- sonnier. La nouvelle du crime se répand; elle arrive jusqu’à Constance, qui court se jeter aux pieds de Phi- lippe. Le discours de la princesse termine le poème. La Commission à reconnu dans cet ouvrage un plan simple, naturel, développé sans effort. Elle n’a point fait un reproche à l'auteur de quelques infractions à l'histoire, telles que la bataille sous les murs de Rouen, et la prise d'Arthur à la fin de ce combat. Elle a tenu compte des sentiments nobles, des vers heureux, des intentions poétiques ; elle a surtout approuvé l’idée d’avoir donné un senge au jeune Arthur, dans sa prison; mais elle n’a point trouvé, dans l’ensemble de la pièce, les conditions suffisantes d’un succès. L'auteur a prodigué les discours; il en résulte une certaine froideur qui domine sa com- position. Ses personnages ne sont cependant point inac- tifs : ils agissent assez; mais ils parlent trop. Si sa versification est généralement facile , elle n'offre pas non plus cet éclat, cette variété dont elle a besoin; en un mot, l'auteur nous paraît avoir manqué le Prix, tout Cas en produisant des titres jusqu'à un certain point légi- times ; ‘et, s’il succombe, qu’il sache du moins que ce n’est pas sans honneur. La pièce cotée n° 2 porte cette épigraphe : Ma muse à l'Éternel consacre ses essais. La lecture de cet ouvrage vous a donné à penser que l'auteur avait manqué du temps nécessaire pour le revoir avec soin; vos commissaires n’avaient donc point à s’en occuper d’une manière plus spéciale. Le poème n° 3 se présente ici dans son ordre de réceplion; mais la Commission devant provoquer, à son égard, une décision particulière de l’Académie, nous le réservons pour le dernier, et nous vous entretiendrons ici du n° 4. LE d L'épigraphe est celle-ci : Magnus ab integro sæclorum nrascilur ardo. Vinc., Egl 4. L'auteur divise son sujet en deux parties. La première est une introduction historique. El est nuit. Un jeune prisonnier parait sur le faîte de la tour; c’est Arthur. Il rapproche dans sa pensée, et les malheurs qu’il en- dure, et ses espérances déçues, et la gloire dont se couvrirent antrefois ses ancêtres. Son cœur se brise à ces souvenirs; mais il élève ses regards vers le ciel, et rentre plus calme dans sa prison. Minuit sonne. Un esquif sans rameurs remonte le fleuve. Un guerrier le dirige et le conduit au pied de la tour. 11 s’élance sur le rivage , pénètre dans le fort, et se présente devant Arthur. Ce guerrier, c'est Jean Sans- Terre. Il offre à son prisonnier la liberté, des honneurs, mais au prix d’une renonciation complète au trône d’An- gleterre et au duché de Normandie. Arthur indigné se ac 7 (:56) révolte, et rejette avec mépris les propositions de l'usur- pateur, qui poignarde sa victime et BR jette ensuite dans le fleuve. Ici commence la seconde partie. Constance, mère d'Arthur, demande vengeance à Philippe-Auguste. Le jour succède à la nuit; l’affreuse nouvelle se répand. La voix publique accuse Jean Sans-Terre , qui ne cherche point à se justifier. La noblesse et le peuple, les vieillards et les femmes, la Bretagne toute entière, poussent un cri de vengeance. La Fe éplorée d'Arthur se rend au- près à Philippe , et lui adresse un discours qui termine Vouvrage. Tel est, Messieurs, le plan suivi par l’auteur. Ce plan est-il heureux? Votre Commission ne l'a point pensé. Cette division en deux parties a entraîné le concurrent en des longueurs qu'il eût été mieux d'éviter. Dans une espèce de monologue, qui n'a pas moins de 50 vers, le jeune Arthur rappelle, sans qu'il en rejaillisse beau- coup d'intérêt sur lui-même, ce qu'ont fait les ducs ses prédécesseurs. Arthur ressemble ici à un personnage dramatique qui se présente sur la scène , récite une tirade, et se relire sans que l'entrée, le discours, et la sortie soient suffisamment motivés. Le défaut capital de cette composition, celui qui la domine dans son ensemble, cest une accumulation de détails trop peu liés à l’action principale, trop peu nécessaires au sujet. Nous ne voulons pas dire, cependant, Messieurs, que l’auteur n'ait aucun droit à vos éloges Au milieu de ces récits, de ces descrip- tions et de ces discours, on rencontre avec plaisir de la sensibilité, de gracieux tableaux, des couleurs fraîches , des idées poéliques, des vers harmonieux. La seconde partie , surlout, écrite en vers libres, a paru à vos Commissaires réunir souvent ces divers avantages. Re- grelions que l'auteur ait donné au sujet des développemens qu'il ne paraît point comporter, et offrons lui toujours C157) des félicitations pour les beautés qu'il a su parfois y répandre. Il nous reste à vous parler, Messieurs, de la pièce n° 3, portant cette épigraphe : Le crime, tôt ou tard , porte des fruits amers. Puisque nous avons pardonné aux autres concurrents d’avoir mêlé des fictions à l'histoire, nous ne ferons point à celui-ci un reproche de s'en être écarté. Par une nuil orageuse, un chevalier, du haut de la tour, promène ses regards sur le rivage, et prête une oreille attentive au bruit des vagues. Peut-être attend-il cette barque légère qui vogue dans l'ombre et se dirige vers le pied du fort. Une femme , un guerrier, conduits par le pêcheur, voguent seuls sur cet esquif. Cette femme, c’est Constance elle-même; ce guerrier, c’est Clisson. Ts viennent, à la faveur de l'orage , arracher, s’il se peut, Arthur à son tyran. Tancarville agit d'intelligence avec eux, et c'est lui qui veille sur la tour. Le frêle esquif allait aborder ; un obstacle flottant le repousse : le pêcheur s'arrête, il jette un cri; la princesse frissonne, s'approche , aperçoit un cadavre, reconnaît son fils, et tombe évanouie, Le pêcheur a placé les-restes d'Arthur sur sa nacelle. Rappelée à la vie par les soins empressés. de Clisson , la mère inconsolable se jelte sur ce cadavre glacé, le baigne de ses larmes, et lui adresse de tou- chantes , mais inutiles paroles ; elle ne peut plus douter de la mort de son fils. Cependant la nef aborde ; Fan carville se présente et révèle à Constance les détails de Paffreuse catastrophe. El attendait le signal que devait lai donner le béfroi, pour arracher le jeune prince à la fureur de son ennemi. Un éclat de lumière frappe tout-à-coup sa vue, c'est Jean Sans-Terre qui s'avance armé d’un poignard. En ce moment, Arthur embrassait (158 ) la chimère d'un heureux songe; sa bouche était animée d’un doux sourire ; il s’éveille en murmurant des paroles de joie et de liberté : vain prestige! IL se 1 Juve en face du tyran. Arthur veut fuir. Le roi l’arrête, et lui pro- pose de signer un désistement à ses droits. La vie d'Arthur est à ce prix. Le jeune prince refuse ; il meurt sous le poignard ; son corps est précipité dans les flots par l'assassin. À cet affreux récit, Clisson veut se frayer une route jusqu’au tyran, et le punir du crime qu’il vient de com- mettre. Constance l’arrête ; elle ne veut pas que le monstre périsse de la main d’un brave. C’est par un honteux supplice qu’il doit expier son forfait. Elle donne un dernier baiser au cadavre de son fils, monte un coursier rapide, et vole auprès de Philippe-Auguste. Le monarque revenait des champs de Bovines , et recueillait, dans les témoignages de la publique allégresse, le prix de sa valeur et de sa victoire. Constance paraît, fait parler sa douleur, et demande vengeance. Cette pièce, Messieurs, l'emporte, sans contredit, sur les trois autres: On y trouve de l'imagination, de la poésie, du mouvement. La versification en est générale- ment facile, harmonieuse, élégante; des pensées éner- giques , d'agréables descriptions, de fraîches images, voilà ce que votre Commission a remarqué au premier abord, el ce que vous avez pu remarquer vous-mêmes.à la lecture de l'ouvrage. Comme l’auteur de Ja pièce n° a“, il a donné un songe au fils de Constance; comme son émule encore , il a emprunté des situations à Shakespeare. Peut-être le récit de Tancarville ne produit-il qu’une partie de l’effet que le concurrent s’en était promis. Mais il n'en pouvait être autrement, celle narration, tout animée qu'elle soit d’ailleurs , venant après la scène terrible du cadavre heurtant la nacelle. Nouvelle preuve que l’action est plus puissante que la parole , et que C159) Tœil, plutôt que l'oreille, est le chemin qui conduit au cœur. D'un autre côté, Messieurs, vous avez vu que l’auteur fait revenir Philippe-Auouste des plaines de Bovines; c’est un anachronisme d'environ quatorze ans: circonstance assez indifférente, toutefois, dans une composition où l'histoire pouvait n'être pas soumise à une précision rigoureuse ; et nous en faisons la remarque, moins pour noter une faute dans l'ouvrage que pour démontrer le soin que nous avons mis à l’examiner. Peut-être même serait-il à regretter que l'auteur n'eût point commis cet anachronisme, sans doute volontaire , puisque cette licence lui a fourni la ter- minaison la plus satisfaisante et la plus heureuse. Enfin, Messieurs, vous ne vous êtes point arrêtés à quelques taches légères ça et là répandues dans le poème, négligences que le bon goût dont l'auteur paraît doué fera sans peine disparaître. En jugeant l'ouvrage dans son ensemble, vous avez pensé qu'il réunissait tous les éléments nécessaires d’un succès, et vous avez décerné la couronne. Le nom du vainqueur reste seul maintenant à proclamer. — hr DCE e-<— L'Académie ayant adopté les conclusions de la Com- mission, AL. le Président a ouvert le billet cacheté du n°3, et a proclamé le nom de M. Fossé ( Alexis NE capilaine de recrutement à Rouen, auquel le prix a été décerné. (161 ) PTIT AAA PARA AAA AAA AA LAMORT D'ARTHUR DE BRETAGNE, ES sème ; Par le Capitaine Alexis Fossé. * Le crime, 1ôt ou tard, porte des fruits amere. » Le soleil, déjà loin des champs de la Neustrie , Ne couvrait plus de feux la colline fleurie Où , du trône des airs , il donne à Canteleu Et son premier regard et son dernier adieu. L'ombre regnait alors. Comme une nef légère Que le souffle des vents pousse sur l'onde amère, De la reine des nuits l’astre silencieux Montait paisiblement sur la voûte des cieux, t, le front obscurci d’un bandeau de nuages, De ses pâles rayons éclairait nos rivages. L’airain muet encor n'avait point appelé Des filles du Seigneur le cortège voilé ; Et la lampe sacrée , au fond du sanctuaire, Versait sur les autels sa pieuse lumière. Le murmure des vents, le bruit lointain des flots, Juvitaient les mortels à goûter le repos. Cependant sur le fort qui, roi de la vallée, Elève jusqu'aux cieux sa tête erénelée , 21 ( 162 ) On voit un chevalier , parcourant les remparts, Vers le rivage obscur promener ses regards , Suivre des yeux les flots qui roulent sur la rive, Et prêter à leur voix une oreille attentive. À cette heure lugubre , où le crime sanglant Peut seul percer la nuit d’un œil étincelant, Peut-être qu’il attend cette barque légère Qui des murs de Raoul s'approche avec mystère. Une femme , un guerrier taciturne et pensif, Seuls , avec le pêcheur , voguent sur cet esquif. Eu. vain le vent, qui siffle et bouleverse l’onde, Méle ses cris aigus à la foudre qui gronde; En vain les flots bruyants, l’un par l’autre heurtés, Sur l’abime entr'ouvert se dressent irrités ; Constance ne voit point le courroux de l'orage : Lant l'amour maternel inspire de courage ! Aux éclairs redoublés qui déchirent les cieux, C’est la prison d'Arthur que demandent ses yeux ; C'est là qu'un doux espoir et l'attend et la guide, Là que l'onde et les vents poussent sa nef rapide. Soudain le ciel s'entr'ouvre, et la foudre en éclats Du nuage enflammé s'échappe avec fracas ; Le feu sillonne au loin la nue étincelante ; Et l’on voit tout-à-coup , sur la plage sanglante , La tour où ke tyran garde Arthur dans les fers, Comme un spectre hideux, se dresser dans les airs. « Voilà donc ces remparts , s’écrie alors Constance , » Où mon fils traîne encor son affreuse existence ! » Un despote ombrageux le cache à mon amour : » Dieu ! fais qu'à sa fureur je l’arrache à mon tour!» C:163) Et, l'œil toujours fixé sur les murs de la ville, Elle interroge l'ombre et cherche Tancarville ; Mais la nuit autour d’elle a redoublé d'horreur, Et de profonds soupirs s'échappent de son cœur. La cloche sainte, alors, gémit dans les ténèbres, Et, du haut de la tour, jette des cris funèbres Qui , longtemps prolongés en lugubres accords ,. Demandeut aux vivants la prière des morts. Ces sinistres accents , cette voix sépulcrale Que l’airain agité pousse par intervalle, Dans l'ame de Constance éveille ses douleurs , Et sur des maux plus grands semble appeler des pleurs. Tandis que son esquif , protégé par l'orage , Voguait furtivement sur les bords de la plage, D'un obstacle flottant le choc inattendu Le repousse , et soudain l'arrète suspendu. Le pêcheur qui s'étonne y porte un œil avide : O surprise! à terreur! un cadavre livide Se roule, et, par la nef lui-même repoussé , Semble tourner vers lui son visage glacé. Le pécheur jette un cri. La princesse éperdue Frissonne , et sur les eaux, qu’interruge sa vue, Le cadavre sanglant que la barque a heurté Frappe lui-même enfin son œil épouvanté. « Arthur ! dit-elle, Arthur! » et pâle , chancelante, Dans les bras de Clisson elle tomhe mourante, Tandis que le pêcheur, encor glacé d'effroi, Place sur son esquif les restes de son Roi. Sous le poids de ses maux Constance anéantie Dans des soins empressés retrouve enfin la vie “4 21 (164) Se jette sur son fils, le couvre de ses pleurs Et par des cris plaintifs exhale ses douleurs : | « Arthur! Mon fils !,.. Réponds à ma voix gémissante...? | » Ouvre les yeux... C'est moi... C’est ia mère expirante... Mais je veux vainement méconnaitre la mort : ; © Presse, presse ma main, si tu m’entends encor!... > Le sommeil du trépas a fermé ta paupière, | À » Et sans toi désormais je verrai la lumiere ! » Elle a parlé : sa voix expire, et sa douleur, Comme un fardeau pesant, retombe sur son cœur. Les vagues, cependant, se taisent sur la plage , PE Et la nef plus rapide a gagné le rivage. Ils descendent. Soudain, à l'ombre des remparts, Un guerrier, Tancarville a frappé leurs regards. Plein de trouble et d'horreur , il vole vers Constance , tn mener. Et tremble, en la voyant, de rompre le silence. « Fuyons, dit-il enfin. Le prince infortuné » Sous le poignard de Jean est mort assassiné. v Mes yeux ont vu le Roi massacrer sa victime , » Et d’un pied dédaigneux la pousser dans l’abime! » J'attendais, sur ces murs, le signal du beffroi » Pour arracher le prince à la fureur du Roi : » Soudain le verrou crie, et la porte pesante » Pousse dans les cachots une voix gémissante, » Mon oreille attentive interroge ce bruit , » Et d'un æil plus ardent j'examine la nuit. » Échappé des remparts, un éclat de lumière » Eblouit tout à coup ma tremblante paupière ; » J'approche; dans la tour je plonge un long regard, » Ei le Roi. dans sa main il pressait un poignard... » Dès qu'il revoit le prince , une féroce joie » Sur son front pälissant éclate et se déploie. Y LA (165) Long-temps sur votre fils il arrête ses yeux; Mais il ne voit en loi qu’un rival odieux Qui, du fond des cachots, lui dispute le trône, Et qui, peut-être , un jour portera sa couronne, Cette horrible pensée enffamme son courroux , Et Jean cherche la place où tomberont ses coups. Le sommeil, cependant , à cette heure tranquille Fermait du jeune Arthur la paupière immobile ; Et, lui versant l'oubli des peines qu'il ressent, Imprimait à ses traits un souris caressant. Soudain un cri siuistre échappe de sa bouche ; Il lutte, il se débat contre un monstre farouche, Le terrasse, et, les bras vers le ciel étendus : Je suis libre!» dit-il — « Tu ne le seras plus! » Ces terribles accents tonnent à son oreille ; Et le prince éperdu tout-à-coup se réveille. Ïl fuit; un bras puissant l’a sans peine arrêté, Et, du fond de la tour, ces mots ont éclaté : Trop long-temps sur nos bords la Bretagne indocile A vomi la révolte et la guerre civile Je veux de ces complots suspendre enfin le cours Et soustraire mes droits aux périls que je cours, Renonce au fol espoir de ceindre la couronne : Mon glaive l’a conquise, Albion me la donne; Je saurai la garder , mais je ne prétenës pas La disputer encor dans le champ des combats, Signons entre nous deux un traité nécessaire : Je te rendrai peut-être aux baisers de ta mère. Mais si, comme autrefois, soulevant mes sujets, Tu nourris dans tou cœur de coupables projets ; ( 166 ) Si, prompt À m'opposer des excuses nouvelles , Tu baignes mes genoux de larmes éternelles : Tes prières, tes pleurs ne me toncheront plus, Et ce fer à l'instant punira tes refus. Signe ou meurs ! »—A l'aspect du poignard sanguinaire , Cet enfaut put frémir d'un trouble involontaire. La mort est devant lui... Ses lèvres quelquefois Ont effleuré la coupe où s’enivrent les rois ; À l’épuiser encor le bonheur le convie, Et, riche de jeunesse , il faut quitter la vie. Arthur versait des pleurs : mais, sourd à ses sanglots, Le Roi, le bras levé, lui répète ces mots: Signe ou meurs ! » Tout-à-coup reprenant sou audace , Votre fils de son cœur lui désigne la place. — Tu le veux? Ehbien , meurs!» — Etle vil assassin À coups précipités lui déchire le sein. Mais c'est peu qu'à ses pieds il l'ait jeté sans vie : Sa rage dans le sang ne s’est point assouvie, Pour ajouter encor à tant d'atrocité, Lui-même daus les flots il la précipité, Et, d’un nouveau forfait outrageant la nature, Aux monstres de ces eaux l’a donné pour pâture. » Clisson, à ce récit, immobile d'horreur , Prétendrait vainement maitriser sa fureur. Il veut, n’écoutant plus qu'un aveugle courage , Jusqu'au sein du tyran se frayer un passage q ) » Lui ravir à la fois et le sceptre et le jour , Et livrer son cadavre à la faim du vautour. « » Non, dit Constance , non! C’est d’un honteux supplice ,, C’est chargé de mépris que je veux qu'il périsse ; Qu’errant et fugitif au sein de ses états, H n'ait plus un ami qui lui tende les bras ; LE (167) % Que, repoussé de tous , odieux à lui-même, » Les peuples indignés brisent son diadème ; » Que le cercueil enfin soit pour lui sans repos, » Et que des chiens impurs se disputent ses os. « Jurons , s'écrie alors le prenx de la Neustrie, » D'arracher de son front la couronne avilie, » Et de ne déposer le glaive des combats » Qu'au jour où le tyran recevra le trépas!» Et comme si le Ciel, embrassant leur querelle, Eût prononcé du Roi la sentence mortelle, Le tonnerre poussait de sourds mugissements Quand les restes d'Arthur recevaient leurs serments. Ï Prête à quitter d’un fils la dépouille sanglante, Constance à ce penser se trouble et s’épouvante. Vingt fois elle s'éloigne ; et vingt fois sur ses pas, Plaintive, elle revient en lui tendant les bras. Enfin elle reprend un courage sublime, Donne encor un regard à l’auguste victime , Presse son corps livide une dernière fois, Et court à sa querelle associer des rois. Un coursier généreux a reçu la Princesse, Et l'emporte , en volant, aux remparts de Lutèce. C'était là que Philippe, au milieu de sa cour ; Goûtait dans les plaisirs la fête du retour ; Là, des champs de l'Escaut ramené par la gloire, 11 trouvait dans la paix le prix de la victoire ; Et, content de régner sur des peuples heureux, De son propre bonheur se reposait sur eux. Toute entière livrée à sa douleur mortelle , Constance est à ses pieds. « Votre fils, lui dit-elle, ( 168 ) Arthur n’est plus, Seigneur ! Vengez-moi, vensez-vous Du perfde assassin qui l’a percé de coups ; Qui , dès long-temps couvert du sang de sa famille, Plongea dans un cachot l'époux de votre fille, Arma contre ses jours les peuples révoltés , Le traîna sur ses pas de cités en cités, Et, flétrissant en lui tous les rois de ja terre ; Des malheurs de son maître effraya l'Angleterre. Non content, aujourd’hui, de l'avoir dépouillé D'un vil assassinat il s’est encor souillé. » Toujours ivre de sang, toujours prêt pour le crime, Jean-sans-Terre à ses pieds a frappé sa victime ; Et son malheureux Roi, par un forfait nouveau ; Dans les flots de la Seine a trouvé son tombeau. Ah! si jamais Constance à pu vous être chère : Si vous portez, Seigneur, des entrailles de père, Je n'aurai point en vain embrassé vos genoux Et des droits d'une mère armé votre courroux. Portez dans ses états et le fer et la flamme ; Ecrasez sous vos pieds l’usarpateur infàme Qui, de meurtres, de sang, de carnage altéré, Sur le front de son Roi ne voit rien de sacré , Méconnait les devoirs qu'il s'impose lui-même, Et souille de forfaits l'éclat du diadème. Partez ! Qu'attendez-vous ponr voler sux combats ? Le fer des chevaliers arme encor votre bras. Dans des temps plus heureux , les couleurs de Constance Brillaient dans les tournois et paraient votre lance : Reprenez-les encor ; et qu'un roi détesté De son trône avili tombe précipité. » Avez-vous CRT En (169) Avez-vous oublié qu'aux champs de la Neustrie ; Contre un frère irrité vous sauvâtes sa vie? Qu’au mépris des liens de l’hospitalité, Il tourna contre vous son glaive révolté, Et, massacrant d'Evreux les guerriers magnanimes, Acheta son pardon du sang de ses victimes ? Fatigué de languir , de ramper sous les lois D'un sujet revêtu de la pourpre des rois, D'un long abaissement le Poitou se relève Et, pour briser ses fers , implore votre glaive, Limoges, Nantes, Blois, libres des léopards, Des couleurs du tyran ont purgé leurs remparts. Clisson dans la Bretagne, Harcourt dans la Neustrie, Ont ressaisi l'épée au nom de la patrie. Secondez, à ma voix, leurs efforts généreux ; » Joignez à leurs drapeaux l’élite de ves preux ; € Et que la France, enfin cessant d’être incertaine, Affranchisse à jamais et la Loire et la Seine, Qui , lasses de fléchir sous le joug des Anglais, Veulent rouler aux mers des flots toujours français. Au sein d’Albion même allez porter la guerre, Et qu’un nouveau Guillaume apparaisse à la terre ! » Constance avait parlé : Philippe recueilli Dans des pensers profonds demeure enséveli ; Mais bientôt un regard à trahi son silence, Et le preux de Bovine a demandé sa lance. 22 { da}: Caen ol 35 iqueds on" uprhidno smo7-ssré * 1% 0 ne: Soir ce entire mov iii SE Dee duo de: . tleiiquodt-55 aioil 265 im 0 « lors oviels nie avor sito emiaat 1 « abiosnein ciorviasng af ro lama 1 © | se. ; Tesrritair asë ab gun 2h anbnsg 208 césdrA « nt aol as acor moquer 16 loge! «5 Bygitsf à à io ab paquet À 40 mere 1 au « 53 _,2t5lox où JoNOE 4! susmandiede gaol Œu'tt ’ $ sovioly sé gtoni AN mt. srèt anne, 8 + abiaqui| : L. 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SIGNES POUR LES DÉCORATIONS. % Ordre de Saint-Michel, % Ordre royal et militaire de Saint-Louis. % Ordre royal de la Légion d'honneur. x %ù Ordre de l’Epéron d'or de Rome. "0. signifie Offcrer. C — Commandeur. lg, 14 Grand-Offcier. G. C.— Grand-Croin TABLEAU DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, POUR L'ANNÉE 1826. 0 dé bp OFFICIERS EN EXERCICE. M. DE VANDEUVRE (O K), Président. M. Licquer , Vice-Président. M. Marquis , Secrétaire perpétuel pour la classe des Sciences. M. Biexox ( N.), Secrétaire perpétuel pour la classe des Belles= Lettres et des Arts. M. Gosseaume, Bibliothécaire-Archiviste honoraire. M. Dueuc, Bibliothécaire-Archiviste. M. Pavre (Benjamin), Trésorier. ACADÉMICIENS VÉTÉRANS, MM. ANNÉES ANNÉES de d'admis- recep- sion à la tion. Vétéran- 1803. Le Comte Beucxor (G. C. X), Ministre d'état, 1806. ancien Préfet du département de la Seine-Inférieure, à Paris , rue neuve du Luxembourg, n° 31. 1763. D'Onxay (Jean-François-Gabriel), doyen des Acadé— 18037. miciens, membre de l’Académie de Lyon , de celles des Arcades de Rome et des Georgifiles de Florence, à St-Martin-de-Bocherville. 1811. Le Baron FouquET DE FLammanrs ( O. # ), ancien 1815. Procureur général, Président honoraire à la Cour royale , 4e Morant, n° 5. 811, Le Baron Asseuin De Vircequien ( O. X), premier 1819. Président de la Cour royale , rue de la S'eille , n° 10. 1503. 5 803. 1804. 1805. 1808. (174) Vrraus 2% , ancien Secrétaire perpétuel de l'Académie 1832: pour la classe des sciences; Docteur ès sciences de V'Université; Professeur émérite des sciences phy- siques au Collége royal de Rouen; ancien Professeur de chimie appliquée aux arts; membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes , à Paris, rue de Paradis-Poissonnière, n° 11. l Brière K, Conseiller à la Cour de cassation , à 1822. Paris, rue de Bondy, n° 44. Le Baron Lezurter DE LA Martez (O. 2), à 1823. Hautot. Dsscames ( Jean-Baptiste) , Conservateur du Musée 1824. de Rouen, membre de l’Académie des Arcades de Rome, re Beauvoïsine, n° 31. Gosseauve , Docteur-Médecin, Bibliothécaire-Archi- 1826. viste honoraire, rue de la Seille, n° 2. ACADÉMICIENS RÉSIDANTS, MM. Pavie (Benjamin), Manufact., faubourg St-Hilaire, n° 55. View ( Jean-Baptiste), D.-M., correspondant de la So- ciété de médecine de Paris, rze de la Seille, n° 4. Lererirer , Inspecteur de l'Académie universitaire, rue dg Sotterille , n° 7, à St-Sever. Gongrroy, D-M., ue des Champs-Maïllets, no 11. Brexox (N.), Docteur ès-ettres, Professeur émérite de rhétorique au Collége roval de Rouen et à la faculté des lettres , officier de l'Université de France, r. Sénécaur, n°55. Le Baron Crapais ve Marivaux XK, Conseiller à la Cour royale, rie Saint-Jacques, n° 10. Periaux ( Pierre), ancien Imprimeur du Roi, membre de VArsadémie de Faën et des Sociétés d'agriculture et de Commerce de Rouen et de Caen, 4ou/. Beauvoisine , n° 54. Maaume(Jean-Jacques-Germain ), Professeur de mathéma- tiques spéciales au Collége royal, ve Poisson, n° à. Doeuc l'aîné, Apothitaire-Chimiste, meinbre du Jury mé- Le 4 *809. 1813. 2814. a815. 1816. 1817. 1818. a81o. 2820. C175) -dieal du département de la Seine-Inférieure, correspon- dant de la Société de médecine du département de l'Eure , de celle de Pharmacie de Paris, membre correspondant de la Société royale de médecine, de plusieurs autres Socictéa savantes, 71e Percière, n° 20. Dururez (Pierre), rve de la Prison, n° 2r. Marquis, Professeur de botanique , membre de plusieurs Sociétés savantes, rue de l'Amitié, n° 33. Le Prévost (Auguste), de la Société des antiquaires de Londres; de la Société royale des antiquaires de France ; des Sociétés d'agriculture de Rouen, Caen, Evreux et Bernay ; de la Commission des antiquités de la Seinc-— Inférieure , rue de Buffon, n° ar. Licquer ( Théodore), Bibliothécaire, à Z'Hôtel-de-V'ilte. GUTTINGUER fils, rue de Fontenelle. L'Abbé LerurQuierR DE LonccnAmp, à l'Hôpital général. FcAUBERT, Docteur-Médecin, Chirurgien en chef de l'H6-— tel-Dieu, rze de Lecat, n 3. Leprevosr , Vétérinaire, rze S/-Laurent, n° 3. Levreux, Commissaire du Roi près la Monnaie de Rouen, à l'Hôtel des Monnaïes. RisarD ( Prosper) #, membre de la Chambre des Députés, rue de la Vicomté, n° 34. Anam #, Président du Tribunal de première instance , Place S1-Ouen , n° 23. Durouzeau # K , Conseiller à la Cour royale, place St- Eloi , n 6. Lerrevosr , Docteur-Médecin, rve Malpalu, n° 12. LerILLEUL DES Guerrors X , rue de Florence , n° xer, BLANCRE , D.-M. , rue Bourgerue vis-à-vis l'Hospice général, Tai , Avocat, rue Dinanderie, n° 15. Desriéxy , Horloger, place de là Cathédrale. Hecus fils, D.-M., Médecin adjoint à l'Hôtel-Dieu, Zo7- levart Cauchoïse, n° 69. Le Comte De Rivaup-La Rarrière (C. 3%) (G, O. #4), 1820. 1822. 1823. 3824. C176) Lieutenant- Général commandant la 15e division militaire, boulevar! Cauchoise, n° 43 È Le Baron pe Vaxssay ( C. 2% ), Conseiller d'état, Préfet de la Seine-Inférieure , ex son Hôtel. Le Marquis De Manrarsvie XX, Gentilhomme de la chambre du Roi, membre de la Chambre des Députés , Maire de Rouen, rve du Moulinel, n° vx. DezAQuéRiÈRE, Négociant, rve du Fardeau, n° 24. Hovez , Avocat, rue Senécaux , n° 10. Cazaus, Professeur de sciences physiques au Collége royal, place de la Hiougemare, n° 29. Levx, Professeur de mathématiques et de mécanique ; des Académies de Dijon et Bordeaux; des Sociétés académiques de Strasbourg, Metz, Nantes et Lille; Maitre de pension, rue Saint-Patrice, n° 36. Le Pasquren X, Chef de division à la Préfecture, 72e Porte-aux-Rats. Des-Azceurs fils, D.-M. associé de la Société royale aca- démique des sciences de Paris, ve des Charrelles, n° va. VanDEuvRE (O0. 2%), Procureur général, ve de la Chaîne ,n° 12. L'Abbé Gossier , Chanoine honoraire à la Cathédrale, rue du Nord, n° 1. Marer-Dugourcay, Architecte en chef de la Ville, rue de Hacine , n° 6. Paevosr fils, Pépiniériste, au Bois-Guillaume ( son adresse à Rouen, rue du Champ-des-Uiseaux , n° 68 f Dusreurz, Directeur du Jardin des plantes, ax Jardin des plantes. Laxezois (E.-H.), Peintre, rve Coigneber!, ne 6. S. A S. Mgr le Cardinal Prince pe Croy , grand Aumônier et Pair de France, Commandeur de l'Ordre du St-Esprit, Archevèque de Rouen, er son Palais archiépiscopal. Le Tecurer X, Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées , rue du Guay-T rouin. 1824. 2824. 1825. (177) Reiser X, Receveur général des finances, guai d’'Harcozrt. Scawircué, Ingénieur, Zoulevart Beauvoïsine , n° 72. Hourou-LanisLARDIÈRE, Professeur de chimie appliquée aux arts , rue Beauvoïsine, n° 108. Bazunw, Chef de division à la Préfecture , r#e Ecuyère, n° 78. Dumesniz ( Pierre) , rue de la Chaine, n° ax. ACADÉMICIENS CORRESPONDANTS, MM. 1766. NT 1786. 1787. 1788. 1789. 1803. Le Colonel Vicomte TouSTAIN DE RICHEBOURG K, à St- Martin-du-Manoir, près Montivilliers. DANNEVILLE , à Valognes. GrapriN , Secrétaire de l’Académie, à Besançon. Levavasseur le jeune , Officier d'artillerie à Le Baron Descexettes (C. %#), Médecin, à Paris, gai Vollaire, n°1. Moxxer , Inspecteur des mines , à Paris, rue de l'Université, n° Gt. Le Chevalier Tesster XX 2, membre de l'Institut, Inspec- teur général des Bergeries royales, à Paris | 7e des Pelits-Augustins, no 26. Vasrez , ancien Directeur de la Société académique , à Cherbourg. GuERsExT , Docteur-Médecin , à Paris, rue du Paradis , n° 16, au Marais. Lnosre , à Sartilly, près Avranches, départt de la Manche. LesouLrenGer X, Ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Melun , département de Seine-et-Marne. Le Comte Cnaprar % (G. %X), Pair de France , membre de l'Institut , à Paris, rve de L'Université, n° 45. MozcevauLcT (C.L.), correspondant de l’Institut, à Paris, rue de Belle-Chasse, n° 6, faubourg St-Germarn. De £a Rue, membre de l’Académie de Caen, correspondant de l’Institut, à Caen. Le Baron Cuvrer (C. %#) , Conseiller d'Etat | Særétaire perpétuel de l'Institut, à Paris, ax Jardin du Roi. 23 C176) 2803. Le Marquis D'Hensouvizce (C. #K), Pair de France , à St-Jean-du-Cardonnay , département de la Seine-Inférieure. 1804. Borsvisuiers , correspondant de l'Institut, à Versailles. Deccaxp, D. M., Professeur d'histoire naturelle, à liennes. 1804. Le Baron DemaADiERES #, à Paris, rue des Fossés-Mont- marre. ; * 1805. LErouCRER, correspondant de l'Institut, Directeur des Douanes, à Abbeville 1806. Le Baron ne Géranpo (C. #), Conseiller d'Etat, membre de l’Institut, à Paris, passe Férou, n° 3. Decagouisse, Homme de lettres , à Paris. BoxeLpieu , Avocat, à Paris, rue de Vaugirard, m 19, au Luxembourg. 1808. Lesouvier pes MontTIERS, ancien Magistrat , à Rennes. Serarn , ancien Ollicier de santé , à Canon, près Crois- sanville. “Lan (Pierre-Aimé }, Conseiller de Préfecture, Secrétaire de la Société d'Agriculture et de Commerce , à Caen. Decancr, Chef de Division au ministère de l'intérieur , à Paris , re de Grenelle-S aint-Germain, n° 10 1809. Francœur X , Professeur à-la faculté des Scienres, à Paris , rze Cherche-Midi, n° 25. Hzrxanpez, Professeur à l'Ecole de médecine de la Ma- - rine, à Toulon. Lamoureux ( Justin), à Bruxelles. : Gasrecrer X, Médecin, à Paris, rue du Four-$aint- Germain, n° 17. 1810. Rosxay DE Vizcers, Directeur du Dépôt de mendicité , à Amiens. Le Chevalier VAUQUELIX % €, membre de l’Institut, a Jardin du Roi Doxvursson , médecin , à Paris, rze du Faubourg-St-Antoine , no 333. Dosors-MarsoxxEuvE , Homme de lettres, à Paris, re de Ÿ : augirard, n° 36. 1810. Crr9) Denis , D.-M., à Tilly-sur-Seulle , département du Cat+ vados. Le Marquis De Boxarn-Dumesniz , ancien Officier de ca— 811. 1812. 1813. rabiniers, au Mesnil-Lieubray , canton d’Argueil, arron— dissement de Neufchâtel. Decanue, Pharmacien Secrétaire de la Société médicale, à Evreux. Le Comte ne Sesmaisoxs ( Donatien ) X ( O. # ), Gen- tilhomme de la chambre du Roi, à Paris, rue de l'Echi- quier, n°-27. LesCALLIER , ancien Préfet maritime, au Havre. Saissx, Ducteur-Médecin, a Lyon: BazmE, Secrétaire de Ja Société de médecine, à Lyon. Leroux pes Trots-Pierres, Propriétaire, aux Trois-Pierres, près St-Romain-de-Colbose. L'Abbé Lepmioz , ex-Recteur de l'Académie de Rouen, à Rennes. DELAPORTE-LALANNE 2, Conseiller d'Etat, à.Paris , ve du Pot-de-Fer-St-Sulpice, n° 20. LEsAuvAGE , D.-M., à Caen. Larisse, D.-M., à Paris, rue Neuve-des-Peti(s-Champs , n° 54. Le Comte DE GirarpiN ( Stanislas ) %e ( C. 2), ancien Préfet du département de la Seine-Inférieure , à, Paris , rue Blanche, n° 25. Heccor %£, à Paris, rue d'Astors, n° 15. Bourrax %#, Pharmacien, à Paris, rue des Fossés-Mont- marire ; n° 17. L'Abbé La Rivière, inspecteur de l'Université, à Strasbourg. BRiQuET , Professeur de Belles-Lettres, à Niort. LamManDÉ 2, Inspecteur divisionnaire des Ponts et Chaus- sées, à Paris , rue du Bac, n° 06. Gois fils, Sculpteur , à Paris, quai Conti, n° 23. FLAUGERGUES, Astronome, correspondant de linstitut , à Viviers. 23.* 1814. 1815. 1815. 18:16. 1817. 1818. Cito) Tangé pes Saszons K, Chef de division À l'Administration des Douanes, à Paris, rve du Grand-Chantier, n° 12. Pèceeux, Peintre , à Paris, rte S/-Florentin, n° 14. Lemasson DE SarNr-AmanD, ancien Préfet du département de l'Eure, à Amfréville-sur-Iton, par et à Louviers , département dé l'Eure. Le Maréchal Comte Jouspax % ( G. C: % ), Pair de France , Gouverneur de la ze Division militaire, rve de Bourbon, n° 5. PercecaT, ancien Recteur de l'Université de Rouen, à Paris. = G£orrRoy , Avocat, à Valognes. Faëre , correspondant de l'Institut, Engéniear en chef des Ponts et Chaussées | à Brignoles. REver , correspondant de l'Institut, à Conteville, près le Pont-Añdemer. j Bouix, Médecin en chef des Hospices, à Bourges. Lorsrseun pes Loncomames %, D. M., à Paris, rve de Jouy , n° 10. Durrocner |, D-M., à Chareaux , près Château-Renault ( Indre-et-Loire ). Paix ; Conservateur de la Bibliothèque de St-Denis, à Paris , ve Cassette, n° 15. Désonweaux , Docteur-Méderin à la Faculté de Méde- cine, à Paris, rue de l'Abbaye, n° 16. Mérar, Médecin, à Paris | rte des Pelits-Augüstins , no 15: Hurrrez p’ArBovaL, Vétérinaire, à Montreuil-sur-Mer. Mor£au pe JonnÈs % 3%, Chef de bataillon, correspondant de-PInstitut, à Paris, rvé ZE l'Université, n° 98. Le Comte François ve Nevrcnareau ( G. #<), membre de l'Institut, à Paris, re SY=Mure , no 14. D£ Gounñxay, Avocat, à Caen: Parru, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à Caen. Borra, Homme de lettres, à Paris, place de l'Abbaye, n° 3, ( 181) 1818. Le Cointé pe KerGariou ( O. K), ancien Préfet du dé- partement de la Seine-Inférieure, Conseiller d'état, à Paris, rue T'aranne , n° 8. Le Chevalier Azrssan DE CHazer ( O #), Homme de Lettres, à Paris, rze Neuve-des-Petits-Chäamps, n° 39. Le Comte DE MonrTaurT #, à Nointot, par et à Bolbec. Le Marquis Eupes DE Minvirze % , Maire, à Gommer- ville, par et à St-Romain. 1819. BoucranLat ; membre de la Société philotechnique , à Paris, quai des Auguslins, n° 11. Pe Baron Marourr ( C. #), ancien Préfet de la Seire- Inférieure , à Paris, rze de Richelieu, w 70. Drrauris, Graveur , à Paris, ve des Grands-Augustins , n° 1. F 1820# Garon, Naturaliste, à Dieppe. Le Baron Cac %e ( O. XK ), Inspecteur général des Ponts et Chaussées, à Paris, Æ/ô7e/ de la Monnare. 1821. VÈNE, Capitaine du génie, a Givet. BervHrer , Professeur de docimasie à l'Ecole royale des Mines, à Paris, rve d'Enfer, n° 23. L'Abbé Jamer, Recteuc-Instituteur des sourds et muets, à Caen. 1829, Cnauury , Inspecteur des Ponts et Chaussées , en retraite , à Paris. L'Abbé Lapounerre, Chanoine honoraire de St-Flour, à Paris, coitre Notre-Dame , n° 20. Le Moxxter ( Hippolyte ), Avocat, à Paris, rze de Vau- girard, n° 9. Mavuzéon , Rédacteur dés Annales des arts, ete., à Paris. | Tarépaurx DE BERNEAUD, Secrétaire de la Société linnéenne, à Paris, rve des Saints-Pères, no (6. Bevexor (Arthur), Avocat, à Paris, rve Joubert, ne 4x. Desrover , D.-M., à Paris, rze S'e-Marguerite, no 34. 1823. Caaumerte pes Fossés, ancien Consul de France en Suède, à Paris, quai des Augustins, no 17 6. 1824. SOLLICOFFRE, Inspecteur des Douanes , en Corse. 1824. 1825. 1826. (182 ) EsTancezix , Inspecteur des forêts de S. AR. Mg: le Dix d'Orléans, à la ville d'En. Foxtanier , Homme de lettres, à St-Flour, département du Cantal. Marcer X, Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées , à Paris, rue du Regard, n° 14. Jourpax %, D.-M., à Paris, re de Pourgogne, n° 4. Moxrarcon, D.-M., à Lyon. Bounseots (Ch), Peintre en portraits, à Paris, place Dauphine , n° 24. Janvier , Horloger ordinaire du Roi, à Paris, gwañConty , n° 23. DELAQUESNEREE , propriétaire-agriculteur, à St-André-sur- Cailly. Descnamps , Pibliothécaire— Archiviste des Conseils ée guerre , à Paris, re Cherche-Midi, n° 39. Sarçues, Médecin, à Dijon. Le Baron Bourrexcer # , Procureur général à la Cour royale de Douai. Pixec X, Juge de paix , an Havre. D'AxGremonr ( Edouard ) , à Paris,rze Hautefeuille , n° 5. Le Chevalier Cuaussrer %< X, D. M., membre de l’Insti- tut, à Paris, cu/-de-sac St-Dominigque-d'Enfer, n° 6. Dssmarest , Professeur à l'Ecole royale d’Alfort, à Paris, rue S't-Jacques, n°9 164. Bexorsr, Lieutenant au corps royal d’Etat-Major, à Paris. Jucra-FonreneLzLE, D. M., Chimiste, à Paris, rve de l'E- cole-de-Médecine | n° 12. Civrace, D. M., à Paris, rve Gaudot-de-Mauroy, n° 30. FereT , Antiquaire , à Dieppe. Paven, Manufacturier, à Paris, rue des Jeuneurs, n° 4. Moreau ( César), Vice-Consul de France , a Londres. Moxtemoxr (Albert), Humme de lettres, à Paris, 7ue du. Four-St-Germain, n° 13. Lapgveze, D.-M., à Bordeaux. SAVIX , D.-M., à Montmorillon, (1835) 2826. LenormanD , Rédacteur des Annales de l'Industrie nationale, à Paris, re Percée-St-André-des-Arts, n° v1. Boïecpreu 2 , membre de l’Institut, à Paris, Zowlevart Montmartre, n° 10. Bencasse, Procureur général près la Cour royale de Montpellier. CORRESPONDANTS ÉTRANGERS, MM. 2783. Le Chevalier ne Turnor, membre de la Société des Anti- quaires , à Londres. Miss Anna Moor, à Londres. 1785. ANCILLOX , Pasteur de l'Eglise française, à Berlin. 3803. Le Comte De Vozra, Professeur de physique, associé de Plnstitut, à Pavie. Demorr, Directeur de la Chambre des finances, et corres- pondant du Conseil des mines de Paris, à Salzbourg. Degray , Ministre du Roi de Bavière, à Berlin. Gerrnoy, Professeur d'anatomie à l'Université de Glascow. Escersrorr , Docteur en philosaphie , Professeur adjoint d'Histoire à l'Université de Copenhagne. Cavanicre, Botaniste, à Madrid. John SincLAIR , Président du Bureau d'agriculture , à Edimbourg. Farront, Mathématicieu, Directeur du Cabinet d'histoire uaturelle, correspondant de l’{ustitut, à Florence. 1812. VoGer, Professeur de chimie , à l'Académie de Munich. 1816, Camvserc , Professeur de poésie à l'Institution royale de Londres. 1817. Kercknorrs, Médecin militaire, À Ruremonde. 1818. Dawson Turner, Botaniste, à Londres. Le R. Th. Frocxazz Dienix, Antiquaire , à Londres. 1825. Le Comte VixcENZO DE ABsATE, Antiquaire , à Alba. SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. L'Institut, à Paris, au Palais des Quatre-Nations. L'Athénée des Arts, à Paris, re des Bons-Enfants. (184) La Société royale d'Agriculture, à Paris, à /’AHôtei-de-Ville. La Société médicale d'Emulation, à Paris La Société des Sciences physiques, à Paris. La Société des Pharmaciens, à Paris. dy L'Académie des Sciences, etc. , à Amiens. La Société des Sciences, Lettres et Arts, à Anvers. L'Académie des Sciences, à Besançon. La Société des Sciences, etc , à Bordeaux. La Société des Sciences, etc. , à Boulogne-sur-Mer. L'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Caen. La Societé d'Agriculture et de Commerce, à Caen. La Société académique , à Cherbourg. La Société médicale, à Evreux. La Société des Sciences, etc. , à Grenoble. L'Académie des Sciences , etc. , à Dijon. La Société des Sciences, Lettres et Arts, à Nancy. Ja Société des Sciences et Arts, à Niort. La Société des Sciences physiques et médicales, à Orléans. L'Académie des Sciences, etc. , à Marseille, L'Académie des Sciences, etc. , à Rennes. La Société des Sciences et Arts , à Strasbourg. L'Académie des Jeux floraux » à Toulouse. La Société d’Agrieulture , des Sciences et des Arts, à Tours. La Société d'Agriculture, à Versailles. L'Académie des Sciences , ete., à Lyon. La Société des Lettres, Sciences et Arts, à Douay. La Société de Médecine, à Lyon. La Société des Sciences et des Arts, à Nantes. L'Académie du Gard, à Nismes. La Société libre d'Emulation et d'Encouragement pour les Sciences et les Arts, à Liége. La Société d'Agriculture, Sciences ek Arts de la Haute-Vienne , à . Limoges. TABLE DES MATIÈRES. RÉ D ISCOURS prononcé à l'ouverture de la Séance publique, par M. l'abbé Gossier, Président, page 5 SCIENCES ET ARTS. RapporT fait par M. Marquis, secrétaire perpétuel de la Classe des Sciences , 19 OUVRAGES ANNONCÉS OU ANALYSÉS DANS CE RAPPORT. PuysiQue ET MATHÉMATIQUES. Reflexions sur la mesure du temps, par M. Destigny ; et - rapport par M. Lévy, 19 Manuel d'optique expérimentale ; par M. Bourgeois ; rapport par M. Cazalis, 20 Observations sur le calorique et la lumière, par M. Pugh; . rapport par M. Cazalis , ibid. Notice sur la construction des roues à ‘augets rylindriques, par M. Benoît ; rapport par M. Lévy, 21 Topographie (suite), de M. Benoît, ibid. Navigation maritime du Havre à Paris, et réfutation de la réponse déjà faite à cet ouvrage, par M. Berigny ; ibid. Caoue. Notice et observations sur les degrés de pureté de l’eau ordinaire, par M, Dubuc, 22 ( 186 ) Mémoire sur l’eau de la Seine, par M. Germain; et rapport par M. Dubuc, 23 Notice sur une huile volatile, par M. Dubuc, ibid. Memoire manuscrit sur le soufre nat!f .Lydraté découvert dans le département de l'Aude, par M. Julia-Fontenelle ; rapport par M. Dubuc, ilil. Manuel des eaux minereles, par M. Julia-Fontenelle ; rapport par M. Dubuc n 1bid. Mémoire manuscrit sur du sang épanché dans la poitrine, à, la suite de la rupture d’un aneovrisme ; par M. Morin ; rapport par M. Godefroy, ibid. HistoiRE NATURELLE. Considerations sur quelques végétaux du dernier ordre, par M. Marquis, 24 Discourssur les familles végétales, par le même, 25 Mémorre géologique sur quelques terrems de la Normandie ocridentale ; par M. de Gaumont; rapport par MM. Dubuc et Meaume, ibid. Mémoire. sur Guérande, le Crosic et deurs environs , por M. Morlent ; rapport par M. Dubne, ibid. Fapport de. M. Aug. Leprévost sur un voyage d’obser- vation exécuté sous les o-dres de M. Duperreÿ ; ibid. Mémoÿre géographique sur la Nouvelle-Zélande, par M. Jules de Blosseville ; rapport par M; Lévy, voudbics Mémoire sur les espèces du genre Élatine , par M. Deglon ; rapport par M. Levieux , ibid. Essai sur l’histoire des nüiriers et des vers à soie, por M, .Loiseleur ‘des. Longchemps ; hier par M. Du- breuil , ». a1bid, Comet rendu des travaux de la Société linnéenne de Paris, par M. Thicbaud de Berneaud, 26 (67) MÉDECINE. Observations médicales communiquées par M. des Alleurs fils, 26 Tableau synoptique de la lithotomie et de la lithomylie, par M. Chaussicr ; rapport par M. Godefroy , 27 Discours prononcé par M. Chaussier à l'ouverture du cours de M. le docteur Demercy, sur la doctrine d Hippocrate; rapport par Ni. Godefrcy, ibid. Mémoire sur les effe's comparés de la saïgnée et des sangsues, par M. Heilis; et rapport par M. des ÂAïlleurs, ibid. Clinique médicale de l'hôtel dieu de Rouen, pour L'année 1824, par M. Hellis; et rapport par M. Le Prevost, ibid, Rapport sur le recueil de la Socielé de medecine dé Cûe, par M. Vigué, 28 Rapport sur le Bulletin publie par la Société de Médecine de Rouen, par M. Hellis, ibid. Rapport sur les travaux de la Societé de médecine et d’asri- culture de l'Eure, par M. Gossezume , ibid. De la folie ou aliénation mentale , par M. Bonfils ; et rapport par M. des Alleurs, 29 Eloges de Bellet et de Mortier, par M. Pichard ; et rapporte par M. Le Prévost, ibid... De la lithotritie ou broyement de la pierre dans la. vessie, par M. Civiule , ibid. AGRICULTURE. De l'enfance des vézetaux, par M. Dabreuil, ACŸS Nütices sur, le puceron lanisère , et en particulier sur les propriétés tincloriales de cel insecte, et sur les moyens de le détruire, par M. Dubuc, 30 Analyse d'une terre arable du Lieuvin , considérée coinme de première qualité, par le même, 1H 14. 24 À ( 288 ) Nouveau procédé employé pour faire le cidre, par M. Pavie ; rapport par M. Gossier, 3x Rapport sur'vne nouvelle presse propre à tirer le miel des gâleaux de cire, par M. Leprevost, vétérinaire, 32 Rapport sur les mémoires de la Sovisté royale et centrale d'agriculture de Paris, par M. Dubue, ibid. Travaux des Sociétés correspondantes , 1bid. Notice sur M. Rolert, 33: Programme des prix qui seront décernés dans la séance puèlique de 1825, 35 MÉMOIRES DONT L'ACADÉMIE A DÉLIPÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. \ RÉFLEXIONS sur la mesure du temps, par M. Destigny, 37 Norices et 02SFRY ATIONS sur les differents degrés de pireté de l'eau ordinaire servant aux usages de la vie, dans. des Ar!s, etr., par M. Dubuc, 45 Observations lues à l’Académie de Rouen, en 1826, par DL. des Alleurs fs, 57 Intermillente larvée, 58 : + Æcoulement froid cararrkal, 60 Apoplexie, 63 . - TRAVAIL chimico-georgique , ou Mémoire sur la compo- sition et sur les differeñtes propriétés des terres arabes, per M. Dubuc, 67 Propriétés de la terr: du Lieuvin, Cg ÜWotice sur l'humus végétal, 79 ExTnair de deux notices sur le puceron lanigère, par M. Dubue, 83 CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS. Rarronr fait par M. Licquet, en l'absence de M. Bignon, | secrciaire perpétuel de la Classe des Belles-Lettres, 8g ( 289) OUVRAGES ANNONCÉS OU ANALYSÉS DANS CE RAPPORT. Mémoire relatif à des établissements romains ou gallo-romains découverts à Bonne-Nouvelle-sous-Neuville , par M. Feret , 89 Extrait d'un travail sur le camp de César ou cite de Limes, près Dieppe, par le même, 90 Sur Le Commerce de la grande Bretagne , par M. Moreau , ibid. Bapports politiques et commerciaux de l Angleterre avec les Indes orientales , par le même , ibid. Commencement et progrès du commerce de la soie en Angle- terre, par le méme, 1bid. Traduction en vers de deux poèmes anglais, intitulés : lun, les plaisirs de la mémoire, ef le second , les plaisirs de l’espérance, par M, Albert Montemont ; et rapport par M. Blanche, ibib. Harald ou les Scandinaves , tragédie, par M. Victor, et rapport par M. Hellis, ibid- l Considérations pour servir à l’histoire du développement mora et litteraire des nations, par M. J. Bar; et rapport par M. Dumesnil, ibid, Lettre à une Académie de province sur l’école romantique en France, par M, Joseph Pur , ibid, Cours. de litérature, par M. Boucharlat ; et rapport par M. Dumesail, ibid, Traduction nouvelle des odes d’Anacréon, par madame Céleste Wien; et rapport par M. Liequet, ibid- Le Havre ancien et moderne, par M. Morlent ; et rapport par M. Ballin, 91 La Religion, poème de Louis Racine, mis à la portce d’un plus grand nombre de lecteurs , et enrichi, à la suite de . chaque chant, d’un appendice contenant divers morceaux de prose ou de poésie, par M. Fontanier ; et rapport par M. Duputel, ibid. (190 ) La langue naturelle , ou Système de grammaire philosophique appliqué à de nouveaux elements d'expression , par M. Jonquoïs ;: et rapport par M. Ballin , gr Loitre sur feu M. Lecoz, archevéque de Bezançon, par M. Grappin , ibid. Notice historique sur la vie et, les ouvrages du général Tiulougeou, par le méme, ibid. Noixe sur M. Demeunier, par le méme, ibid - Première lettre sur les antiquités de la Normandie, par M. Raymond, 92 Alain Blanchard, tragédie, par M. Dupias, ibid. La vérité à Charles-X, par le même, ibid. Precis de la Séance publique de l’Académie de Toulouse , . tenue le 25 août 1825 ; et rapport par M. Dupatel, ibid. Premieret second volumes des mémoires de la Société des Auti- quaires de Normandie ; el rapport par M. Ballio, ibid. Discours prononcé à l'ouverture de la séance publique de la Societe d'agricullure, par M. Marquis , ibid. Notice biographique sur feu M. l'abbé Baston, par M. Dupuiel, ibid, Deuxième volume du voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en Normandie , traduit de l'anglais, du révérend Th. Frog.; Didin, par M. Licquet, ibid. Troisième et quatrième volumes du méme vuvrage, traduits par AL. Crapelet, ibid. Discours de rentrée prononcé par M. l'able Gossier , ibid. Rapport de M. À. Le Prevost sur la premiere lettre sur les antiquites de la Normandie, de M. Raymond, 93 Réflexions sur la langue française, par M. Delaquérière, ; ibid. Petit traité de prosodie normande , par le méme, 94 Manifeste d’un simple citwyen contre la monumanie , par JH. Guttinguer , ibid. Notivebivgraphique sur M. Lebarbier, par A. Descamps, 99 (@:::2) Poèmes et fables, par M. Guttinguer, Dumesnil et Le Filleul des Guerrots, 100 Discours de M. Gutünguer à $. À. R. Madame, Du- chesse de Berry, 101 OUVRAGES DONT L'ACADÉMIE À DÉLIBÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIÉR DANS SES ACTES. Discours prononcé à la séance de rentrée, le 18 novembre 1825, par M. l'abbé Gossier ,. 103 Rarporr lu à l’Académie, le 3 mars 1826 , par M. Aug. Le Prévost, 115 Norice biographique sur M. J. J. Lebarlier, par M. Descamps, 125 Epirx ou LE CHAMP D'ITASTINGS, poème, par M. Guttinguer , 129 GRANDEUR D'AME DE SAINT-LOUIS DANS SA CAPTIVITÉ, ode, par M. Dumesnil, 135 Le Parsan ET LE Nip, fable, par M. Le Filleul des Guerrots, 140 L'HIRONDELLE, LE PAPILLON ET LE LIMAÇON, fable, par le même, 145 Younc ET L'ENFANT, fable, par le méme, 142 Le Car ET LES RATS, fuble, par le même, 143 LE CHARDON ET LE CHARDONNERET, Juble, par le méme , 144 Les prux MoucHES, fable, par le même, 145 LE PAPILLON ET LA ROSE, fable, par le méme, 146 Le CORBEAU A BONNES FORTUNES, fable, par M. Gut- tinguer , 147 LE CHAMPIGNON ET LA WIOLETTE , fable , par le même , 148 Les CIERGES ET L'ÉrrIcNoIR, fable, par le même, 150 (292 ) CONCOURS. Rapport sur les pièces envoyées au Concours , pour le prix de poésie, par M. Licquet, : 153 La Monr D'ARTUUR DE BRETAGNE , poème , par le capi- laine Alexis Fossé , 16: Tableau de l'Académie royale des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Rouen, pour l’année 1826, 171 Fin DE LA TABLE. PRECIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1827. PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ; BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1827. A ROUEN, DE L'IMPRIMERIE DE NICÉTAS PERIAUX JEUNE, RUE DE LA VICOMTÉ, N° 55. 52:13:12) 1027. AAA AA AAA AAA A AAA AAA AN AAA AAA A AAA L'Académie déclare que les propositions et les opinions consignées dans les Ouvrages pré- sentés ou lus à ses Séances , appartiennent à leurs Auteurs , qui en sont seuls responsables. AAA AAA A AAA AA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA AA AAA AAA PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1827, R ne ; D'APRÈS LE COMPTE QUI EN À ÉTÉ RENDU PAR MM. LES SECRÉTAIRES , A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 7 AOÛT DE LA MÊME ANNÉE. "+ Qi —— DISCOURS PRONONCÉ A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE, Par M. LICQUET, Vice-PRÉSIDENT. Mssreurs à ENTRE tous les services rendus par les Sociétés sa- vantes, il en est un qui mérite éminemment de fixer l'attention publique , s’il ne faut pas dire la reconnais sance nationale ; je veux parler de ces Recueils scienti- 1 C2) fiques et littéraires publiés pour la propagation des con- naissances humaines: mines fécondes où 1ious les genres d'instruction se trouvent réunis ; flambeaux lumineux pla- cés dans les voies souvent ténébreuses qui conduisent à la vérité. Parmi tous les trésors accumulés dans ces Re- cueils, j'y remarque notamment , parce que mes goûts particuliers m'y ramènenl, ces nombreuses dissertations destinées à porter la lumière sur des époques obscures de notre histoire ; à établir des faits douteux , à relever des erreurs accréditées, à nous donner enfin une idée f- dèle des usages et des mœurs de ces générations mal con- nues, qui s'agitèrent autrefois sur le sol aujourd'hui foulé par nous-mêmes. En effet, Messieurs, quel objet plus antéressant de nos médilations et de nos études, que lhistoire du pays qui nous à vu naître ? Surtout quand les hommes qui nous ont précédés se présentent avec des traits qui leur sont propres, un caractère particulier, une physionomie qui ne ressemble à aucune autre. Tels sont, Messieurs, ces fameux normands nos ancêtres ; et ils ont laissé chez nous plus de traces peui-être qn'on ne le pense encore aujourd’hui. Choisissons un exemple entre tous; prenons- le dans cet usage militaire connu depuis sous le mom de chevalerie ; et voyons si le berceau de cette institution n'est pas dans la patrie du premier de nos ducs. On a dit beaucoup de mal de la chevalerie ; on en à dit aussi beaucoup de bien : tout le monde a eu raison ; ilne fallait, pour s'entendre, que déterminer les épo- jues. Il paraît que M. de Sainte-Palaye s’est trompé quand il a dit : « À regarder la chevalerie comme une dignité qui donnait le premier rang dans l'ordre militaire, et qui (3) se conférait par une espèce d'invesliture , accompagnée de certaines cérémonies et d’un serment solennel, il serait dificile de la faire remonter au-delà du XI siè- cle. » L'écrivain connaissait cependant ce passage de Tacite sur les mœurs des Grermains : « Ils sont toujours armés, soit qu'ils vaquent aux affaires publiques ou à leurs affaires particulières. Mais aucun d’eux ne peut porter les armes avant que la cité l'en ait jugé digne. Alors, au sein même de l'assemblée, le chef, ou le père, ou un parent, revêlait le jeune homme du bou- clier et de la framée, » Voilà bien , ce nous semble, une dignité conférée par une espèce d’investiture , et ac- compagnée de certaines cérémonies. Tout au plus serait- on fondé à dire que Tacite ne fait pas mention du ser- ment. Mais on peut le supposer naturellement ici, puis- que l’usage en était fréquent chez les Scandinaves. Ils juraient par le tour du bouclier, par le trenchant de l'épée, par le câble du navire, par l’épaule du coursier, par le soleil couchant, par l'anneau d'Ullar. D'autres ser- ments encore étaient usités parmi eux, et des peines sévères attendaient les parjures. Quoiqu'il en soit, nous croyons pouvoir affirmer aujourd’hui que l’institu- tion de la chevalerie, dont le principe, d’ailleurs , dut exis- ter simultanément chez toutes les nations guerrières , nous est venue des contrées seplentrionales. À cet égard, les romains n’ont rien appris aux gaulois ; et quand il se- rait vrai que nos chevaliers eussent quelques traits de res- semblance avec leurs milites, nous reconnaïñtrons tou- jours de plus, dans les anciens monuments littéraires du nord , ces personnages fantastiques dont abondent nos ro- mans. La sont des géans et des fées, des enchanteurs et des nains. Là aussi se retrouvent les chevaux ailés, les bagueties magiques , les armes enchantées. Ces nom- breux exemples de chevaliers blessés et guéris par la E C4) main des belles, ont encore leur source dans les anti- ques habitudes et dans la croyance des Scandinaves. Chez eux, la beouté devenait souvent le prix de la va- leur. Les tournois même, dont on à également fixé l'origine en France au onzième siècle, sont indiqués dans l'Edda, et nous pouvons en dire autant des combats singuliers en champ clos. Les anciennes poésies d'Es- lande ne laissent aucun doute à cet égard. De sorte que cette prétendue institution de la chevalerie, au moyen âge, n’était réellement que l'adoption définitive et lé- gale , si nous pouvons le dire , des anciens usages de nos pères. L'erreur vient peut-être aussi de ce qu'on aura confondu la chevalerie proprement dite avec la chevalerie errante. Les normands n’ont point porté cet usage en Angle- terre : il existait dans les deux pays avant la conquête ; mais la cérémonie d’investiture différait chez les deux peuples. L'anglo-saxon qui voulait être reçu chevalier , devait , avant tout, faire une confession générale de ses pé- ‘chés à un évêque, un abbé, ou iqut autre religieux. L'absolution obtenue , il passait la nuit en prières dans l'église. Le lendemain matin, il déposait son épée sur Vautel, et entendait la messe. Après l’évangile , le prêtre prenait l'épée , et la tenait placée sur le cou du pour- suivant, en récitant des formules de bénédictions. Le guerrier communiait ensuite , et se trouvait enfin légale- ment chevalier. Les normands, au contraire, avaient horreur de ce cérémonial , et tenaient pour lâche et dégénéré quicon- que s’y soumettait. En effet, la tapisserie de Bayeux représente le duc Guillaume recevant Harold chevalier, el rien n'annonce que la religion eût quelque part à l'in- C5) vestiture. Au-dessus des deux.personnages on lit seule ment celte inscriplion laconique : Hic : FVillelm : dedit arma Haroldo. D’autres historiens normands rapportent le même fait, sans entrer dans de plus grands détails. Ajoutons néanmoins que cette horreur des normands pour la cérémonie religieuse céda bientôt à de nouvelles con- sidérations , puisque Guillaume-le-Roux , second fils du Conquérant, fut armé chevalier par le primat Lanfranc. Cette investiture, dont M. de Sainte-Palaye n’a point trouvé de traces avant le onzième siècle , existait évidem- ment vers la fin du neuvième, puisque nous voyons, en Angleterre , Je roi Alfred revêtir son petit-fils OEthel- stan de la chlamide de pourpre , lui donner un baudrier orné de pierres précieuses , lui ceindre l’épée saxonne au fourreau d’or , enfin l'armer chevalier. Après avoir établi, nous le croyons du moins, que Pinstitution de la chevalerie est d’origine septentrionale, et qu'elle existait chez nous, comme dignité , avant le onzième siècle, voyons ce qu’elle était en Normandie et en Anpleterre, à cetie dernière époque, et d abord jelons un coup d’œil rapide sur Pétat des deux pays à la mort du Conquérant. Tout changea de face en Normandie. L’effroi s'em- para du peuple; les grands se livrèrent impunément à leur ambition. Robert de Bellême se rendait à Rouen : il apprend la mort de Guillaume en entrant à Brionne ; tourne bride sur-le-champ ; gagne Alençon ; surprend la garnison, et la chasse du château. Il en fait autant à Bellême et dans ses autres possessions. Ses voisins éprou- vent aussi sa violence, Îl s'empare de leurs châteaux, ou les détruit pour plus de sûreté. Les autres nobles suivi- C6) rent cet exemple. Toutes les garnisons placées par le roi furent expulsées ; le duché se couvrit de forteresses, et les châtelains devinrent autant de despotes indépendants, qui couvrirent la Normandie de ruines , de dévastations et de misère. Robert, fils et successeur de Guillaume, en Norman- die , n’était malheureusement pas de caractère à réprimer ces violences. Brave au combat, intrépide au milieu des périls , il manquait des qualités nécessaires au gouverne- ment intérieur de l’état. Il souffrit le brigandage dans la campagne et la dépravation dans les villes. C’était chaque jour de nouveaux incendies, de nouveaux meurtres , de nouveaux et affreux attentats à la pudeur. Les châ- eaux élaient transformés en cavernes de scélérats. Les seigneurs ne connaissaient plus de rivalité que celle de la rapine et du pillage ; quelques évêques, restés purs au milieu de la corruption générale, lançaient contre les malfaiteurs des excommunications impuissantes ; le crime étail partout, aussi bien que le deuil et les lar- mes. Un sexe qui ne revendique aujourd’hui que notre protection et nos hommages, s’érigeait alors en émule de nos fureurs. Au temps de Robert, et sous les murs de Rouen , pour ainsi dire, on vit des femmes prendre part aux sanglants démêlés des hommes. La lance des combats était devenue légère pour la main des grâces. Le casque de la guerre froissait le front de la beauté. Un sein réservé par la nature aux émotions douces , aux sentiments tendres, s'étonnait de battre pour la haine , sous l’armure de fer des héros. Nous citerons ici la com- tesse Héluise; nous citerons surtout Isabelle de Con- ches, qui, sur les pas de son époux, guidait un fier destrier dans le tumulte des batailles, C7) Enfin , dit le vieil annaliste, la province entière tom- bait en dissolution; et ces brigands dont nous ve- nons de parler, étaient en grande partie les chevaliers de l’époque. Les excès que Robert laissait commettre en Normandie, son frère Guillaume-le-Roux les encourageait en Angle- terre. Tout ce que nous avons dit d’un pays , peut s’ap- pliquer à l’autre, Les faits sont pareils ; les noms seuls et les lieux diffèrent, Un puissant châtelain , peu content de lever des con- tributions arbitraires sur ses voisins, poussa l'avarice et la cupidité jusqu’à faire enchaîner son épouse, dans un cachot, pour la forcer à abondonner l’héritage qu’elle tenait de sa famille. Telle était même la férocité de cet homme , qu’il portait ordinairement un poignard nu sous ses habits, afin de pouvoir égorger plus à son aise, quand l’humeur lui en prenait, tous ceux qui se trou- vaient à sa portée. Et qu’on ne croie pas que la fu- reur étincelât en ce moment dans ses regards; c'était un simple passe-temps que le châtelain se donnait; le bour- reau éclatait de rire en voyant tomber ses victimes. Robert de Bellême , dont nous parlions tout à l’heure, laissait mourir ses captifs en prison plutôt que de les rendre à la liberté. 11 aimait à faire sauter les yeux des enfants avec le pouce; et quiconque lui déplaisait , quel que fût d’ailleurs le sexe de son ennemi, pouvait s’at- tendre à cet effroyable supplice, qui n'aurait jamais dû repaître que la brutale férocité d’un turc. La mollesse de notre duc Robert n’était donc pas la cause principale des désordres qui affligeaient la Norman- (8) die, puisque les mêmes excès désolaient l'Angleterre sous Guillaume-le-Roux, prince non moins despote peut-être que son père. Cette cause principale, il faut l'aller chercher dans l’épaisse ignorance des grands de cette époque, qui savaient se battre et ne savaient pas lire. Telle est la vérité de cette assertion, qu’on n’enten- dit plus parler de violences de cette nature , lorsque les deux pays eurent été réunis sous le sceptre de Henri E*, troisième fils du conquérant ; Henri 1, l’ami des lettres, et qui les cultiva lui-même avec assez de succès pour mériter le surnom de Beau-Clerc. Ce n’est pas qu'un prince illettré ne puisse maintenir l’ordre dans ses élats ; mais il faut alors qu’il possède une volonté forte, un ju- gement sain ; qu’il soit doué d’une raison solide , à dé- faut d’un esprit éclairé ; que la politique lui ait ensei- gné ses mystères , si la littérature ne lui a pas révélé ses secrets; il faut enfin qu’il ressemble à ce Raoul que nous envoya la Norwège, ou à ce Guillaume que la Nor- mandie imposa jadis aux anglais. Et malgré tout, les actes de ce prince se ressentiront de la rudesse de son génie ; sa raison lui parlera souvent dans les ténèbres ; sa justice même fera quelquefois gémir l'équité. Quoi qu’il en soit, tous les maux que des chevaliers , indignes de ce nom , avaient fait peser sur les deux pays, au temps de Guillaume-le-Roux et de Robert, y repa- rurent sous Etienne de Boulogne , successeur de Henri. C’est que Etienne n'avait ni l'instruction du Beau-Clerc, ni le despotisme vigoureux du conquérant. Les chroniqueurs font un tableau déplorable des ca- lamités qui désolèrent les deux pays à cette époque. Les (9) thâtéaux abattus par Henri If* se rélévèrent tout-à-coup sous Etienne. Les châtelains redevinrent ce qu’ils avaient élé au temps de Robert et de Guillaume-ie-Roux. Les chemins furent infestés ; le faible sé vit encore dépouillé par le plus fort; la cupidité fit commettre d’abominables excès. De jour comme de nuit, les seigneurs se mettaient à la tête des brigands à leur solde, dévalisaient les passants, pillaient les villages , mettaient le feu partout, soumettaient à d'horribles tortures les malheureux dont ils voulaient s'approprier les dépouilles; les biens ecclésiastiques n’é- taient point épargnés. On eût dit que les poursuivants d'armes, en déposant leur épée sur lautel, au moment de l'investiture , déclaraient ainsi la guerre à Dieu et à ses ministres. Les femmes elles-mêmes, tant la che- valerie d’alors était peu semblable à ce qu’elle fut de- puis, les femmes elles-mêmes devinrent les martyres de l'autre sexe ! Plusieurs sortes de supplices étaient réservés aux vic- ümes, pour les obliger à livrer leurs trésors ou les empêcher de les redemander par la suite. Les uns étaient suspendus par les pieds au-dessus d’un bûcher allumé, dont la fumée ne tardait pas à les suffoquer. C'était par les pouces que lon suspendait les autres, après leur avoir attaché aux pieds de pesantes armures. Ceux là se voyaient plongés au fond de noirs souterrains, rem- plis à l'avance d'animaux immondes dont ils devenaient bientôt la pâture. Geux-ci étaient enfermés dans des cof- fres étroits, remplis de cailloux aigus qui déchiraient leurs membres. Un grand nombre d’infortunés furent condamnés à périr dans les tourments de la faim. Parmi tous les instruments de mort et de souffrance, 2 (10) dont on se servait à cetie époque, il en est un dont les normands paraissent avoir porté l’usage en Angleterre , et qu'un écrivain anglo-saxon nomme sachentege. C'était une masse énorme de fer , que trois hommes pouvaient soulever à peine, et que l’on faisait peser sur la vic- time , assujélie par un double carcan qui lempêchait de s'asseoir et de se coucher. L'esprit de rapine et de brigandage s’était emparé de ceux-là même qui auraient dû réunir tous leurs efforts pour le détruire. On vit des prélats, armés de pied en cap, montés sur de vigoureux coursiers qu’ils maniaient avec adresse, commettre tous les désordres dont les sei- gneurs châtelains se rendaient coupables , se croyant suf- fisamment justifiés ; quand ils avaient rejeté le crime sur les gens à leurs ordres. Il arriva enfin , comme une con- séquence inévitable, que le paysan abandonna sa char- rue , que la terre demeura sans culture , que la disette s'établit, puis la famine et l’émigration. Cet état de cho- ses dura dix-neuf hivers, pour parler le langage de la chronique ; le peuple s’écriait, dans son désespoir , que tous les saints dormaient , et le Christ avec eux ! Le propriétaire paisible sentit la nécessité de chercher des appuis. La faiblesse dut se ménager des secours con- tre la force et l'injustice ; la beauté elle-même eut besoin d’un protecteur armé pour sa défense. Des chevaliers soldés s’établirent sur les grands chemins , parcoururent la campagne, attaquèrent les châtelains félons et déloyaux, rendirent des captifs à la liberté, redressèrent les torts, réprimèrent enfin les excès dont le hasard les rendait té- moins, ou que leur activité leur faisait découvrir, et voici la chevalerie errante en usage ; institution néces- - ar Car) saire d'abord, long-temps utile, source de compositions littéraires qui contribuent encore aujourd'hui à charmer nos loisirs, et qui ne tomba en désuétude qu'au jour où le monarque devint assez puissant pour faire plier les grands vassaux sous le joug salutaire de la loi. Plusieurs exemples démontrent que lon pouvait ap- partenir à la chevalerie sans avoir préalablement appar- tenu à la noblesse ; mais la noblesse n’en briguait pas avec moins d'empressement une distinction qui jetait un nouvel éclat sur tous ses titres. Les priviléges attachés à la dignité étaient d’ailleurs assez considérables pour faire désirer de l'obtenir. Bientôt presque tous les nobles furent chevaliers ; il en résulta parmi eux une espèce d'égalité qui flattait l’amour-propre des uns en blessant la fierté des autres. Les seigneurs se crurent en quelque sorte obligés d'afficher une pompe qui avait paru jusque là réservée aux rois et aux princes. l fallut créer des distances de fait, à défaut d’une hiérarchie légale, et la richesse vint ici au secours de la vanité, Chacun voulut surpasser ses émules par le luxe des habits et l'éclat de son armure. La lance et le bouclier sortirent des ateliers du décorateur et du peintre ; de brillantes écharpes laissèrent apercevoir , à travers leur tissu diaphane, une cuirasse étincelante de pierreries ; Pargent façonné en pointes aigues pressait les flancs du coursier vêtu de soie, dont l'écume blanchissait un frein d’or. Fils de la vanité, le luxe eagendra la mollesse, La grâce et l'élégance devinrent Pétude favorite des cheya- liers. Peu leur importait l'honneur et la gloire. S'ils re- "n (12) vêlaient leur armure , ils semblaient des gens parés pour une fête, et non des braves équipés pour le combat, Île se croyaient des héros, quand ils étaient parvenus à imiter les formes, à se donner les airs d’Apollon. Au milieu d'une armée de chevaliers , dit un moraliste con- temporain, on se serait cra dans le camp de Thaïs bien plus que dans celui d'Alexandre. Du reste, un lan- gage fanfaron leur tenait lieu de valeur et d'exploits, et s’il fallait s’en rapporter à l'écrivain dont nous par- lons , ils auraient encouru un reproche beaucoup plus grave encore , reproche le plus cruel, le plus injurieux que puisse entendre un guerrier. Deux traits principaux caractérisent donc la chevale- rie des onzième et douzième siècles : une violence bru- tale d’abord, puis le luxe etla mollesse. Mais au com- mencement du treizième siècle, la Normandie échappe à l'Angleterre, et redevient francaise sous Philippe-Au- gnste. Une royauté forte réunit autour d’elle les élé- ments de l'administration générale. Sous une main ferme et habile , les ressorts de la machine politique reçoivent le mouvement simultané dont elle attendait l'harmonie ; la justice reprend ses droits, les rivalités disparaissent ou se taisent devant l'autorité souveraine du monarque, et la chevalerie régénérée ne va plus poursuivre que la gloire dans une carrière où l'honneur seul peut entrer. C’est à partir de ce règne que nous verrons des che- valiers relever généreusement un adversaire abattu ; dé- cerner le prix de la valeur à l'ennemi même dont ils avaient triomphé dans le combat; affronter, en petit nombre , une multitude innombrable , pour délivrer un sexe dont ils étaient devenus les plus ardents, les plus nobles défenseurs. C’est cette chevalerie qui combattait C1) avec Duguesclin sous Charles V, avec Dunois sous Char- les VIT, avec Bayard sous François L#, et partout avec Henri IV ; c’est cette chevalerie dont le caractère pé- nétrant insensiblement dans les diverses classes de la so- ciété, a fait du peuple français le plus poli de tous les peuples ; cette chevalerie enfin dont nous admirons au= jourd’hui le modèle sur le trône antique de nos rois, à ol auas »Û iloq sl! st des nv NiTE voribi LUILE pb Hat CHEN PETTE) tés bior sos sh 4 itar sans st LE CET 4 2 no 4 CLASSE DES SCIENCES ET ARTS. Ds CAT A à. PET ANTNE TR bé Le Mén ( re à L ‘ » 192 eH4 4} r'T nt Fit LA LL GA CEA ©TAA TT Car) CLASSE DES SCIENCES ET ARTS. CL, LES RAPPORT Fair par M. Marquis, Secrétaire perpétuel de la Classe des Sciences. Messieurs, Toujours empressée à s'associer ceux de nos conci- toyens qui se font remarquer par leur savoir et par les utiles applications qu'ils en font, l’Académie a , dans le cours de cette année , admis au nombre de ses mem- bres M. Morin, dont elle avait reçu plusieurs mémoires sur divers sujets de chimie. Son discours de réception a été pour l'Académie un nouveau gage de tout ce qu’elle a droit d’en attendre. M. Morin a parlé en homme qui se ressent vivement de ce besoin de savoir qui paraît naître avec l’homme, qui l'accompagne jusqu’à la fin de sa carrière, dont il lui aide à supporter les maux. Mais le motif le plus noble qui puisse porter l’homme à l'étude, c’est le désir d'acquérir par elle la faculté d’être utile à ses semblables et d'ajouter à l'excellence de son être. « Ce principe que les sciences rendent les hommes meilleurs, est, dit-il, aujourd'hui consacré chez tous les 3 (18) peuples civilisés. Plus un peuple est instruit, plas il de- vient puissant, ét moios il doit être tributaire de l’étran- ger. Ne doit-on pas alors ; juger en quelque sorte du de- gré de civilisation des mations par les progrès que les sciences et les arts ont faits chez elles ? » M. Morin rappelle ce qué Pespèce hümaine a dû , dans les temps modernes, aux progrès de la science dont il s'occupe particulièrement, la chimie , « qui se trouve en contact avec tous les arts, sans en dédaigner aucun. » Le discours de M. Morin à prouvé de plus à l’Aca- démie que s'il fait des sciences physiques sa princi- pale occupation , la littérature ne lui est pas non plus étrangère. Dans sa réponse, que caractérisent la solidité des pen- sées et l'élésanie concision de l'expression, M. Je pré- sident a fdicité M. Morin d'entrer dans l'Académie déjà pénétré de l'esprit qui l'anime. « Ceite unité d'esprit, dit M. le président , cette con: formité de sentiments, cette heureuse sympathie de be- soins et de goûis, qui est à: la fois le plus doux attrait et lé lien le plus puissant des suciéiés savarites, est entore le g'pc le plus-assuré deJeurs succès. L'émulation est pour la science ce que l'exemple est pape les mœurs. On fait mieux et avec plus de fruit ce qu'ont fait sous les yeux d'autrui. » « Vous ne mañgneré# ici, 4-1-il ajouté en finissant, ni d'encourasements ni de môdèles ; et, ce qui est peut- être plus dés rable pour quieôngäe à là noble ambition de rendre ses travaux profitables à Ja société, vous y trouverez des juges bienvéillants , des amis éclairés, et qui sont formés dès longtemps # fa plos difficile comme à 14 plus utile des sciences, celle d'approuver säns flauérie et de critiquer sans amérlutie, » (19) Screxces MATHÉMATIQUES. Des considérations sur le temps vrai et le iemips moyen ont élé lues par M Gossier. L'adoption da temps moyen pour les horloges de Paris paraît à notre confrère rendre la même me- sure nécessaire pour tous les lieux qui ont avec la capi- tale des correspondances fréquentes et promples. Il croit que , dans ces circonstances , il serait convena- ble d'ajouter aux méridiennes publiques, telles que celles du jardin de la Ville, une ligne d'équation indiquant le temps moyen. Cette dernière lui paraît même devoir être Ja principale. Il propose d'appeler sur cet objet laiten- üon des autorités. Une commission chargée d’un rapport sur ce sujet, qui a été lu par M. Destigny, ne pense pas que la struc- ture de la méridienne indiquée puisse permettre Paddi- tion d’une ligne d’équation ; mais qu'une pareille courbe méridienne indiquant le temps moyen pourrait très- utilement être tracée sur quelque autre monument public. = M. Léoy a donné lecture d'un rapport sur une No- tice relative à une comète découverte à l'observatoire de Viviers , le 29 mars 1626, par M. Flaugergues , corres- pondant, De ses observations M. Flausgerpgues déduit les élé- D 9 ments de l'orbite parabolique de cetie comète , qu'il re- garde comme nouvelle, ou du moins comme ne ressem- blant à aucune de celles du catalogue de M. BDelambre, ( Cette Notice se trouve au nombre des Mémoires imprimés à la suile de ce rapport. ) = M. Léoy a fait on rapport sur la JT partie du Cours. de Fopographie et de Géodcsie, par Al. Benoît. 3, (20) — M. Meaume a fait un rapport sur plusieurs Wémotres envoyés par M. Hourcastremé. Cinq de ces Mémoires sont relatifs à des problèmes de géométrie , regardés comme insolubles , et qui, sui- vant le rapport, restent encore sans solution malgré le travail de l’auteur. Ses laborieuses recherches sur le zodiaque de Dendérah, ne nous donnent pas des notions plus certaines sur l'antiquité de ce monument el sur celle du monde. = M. Delaguérière a donné lecture d’un rapport sur une brochure intitulée : Observations sur Paris port de mer et sur la navigation de la Seine , par M. Dupont-Bois- Jouvin. M. le rapporteur fait ressortir les importantes consi- dérations présentées dans ce Mémoire sur les avanta- ges de répandre, par la multiplication des canaux naviga bles , les bienfaits du commerce et de l’industrie dans toutes les parties d’un empire, au lieu de les concentrer dass un seul point. PuysiQue. — À l'occasion d'un rapport sur les paragréles, fait à la Société linnéenne de Paris, M. Gossier nous a en- iretenus, dans plusieurs séances, de ces appareils, sur les- quels son travail paraît laisser peu de choses à dire. Notre confrère ne paraît pas juger les paragrèles aussi favorablement que les membres de la Société linnéenne. Il rappelle et discuie les diverses opinions émises sur ces appareils, sur les effets qu’on leur attribue, et sur la manière dont on explique ses effets. Suivant les uns ( MM. Tollard et Lapostole), ils ré- solvent en eau la grêle déjà formée ; suivant d’autres ( comme M. Lehaîire }, ils lempêchent de se former. C21) Notre confrère, après avoir examiné successivement ces deux opinions d’après la théorie la plus généralement admise de la formation de la grêle, ne pense pas que ni June ni l’autre puisse être considérée comme satis- - faisante. Il parle ensuite de la construction des paragrêles , d’a- bord faits de bois et de paille, ensuite armés d’une pointe et d'un conducteur métalliques. Les effets de ces deux constructions , tantôt considérés comme très-diffé- rents , tantôt confondus par les observateurs, lui pa- raissent également peu prouvés par les faits. De judicieuses réflexions sur ce qu'on appelle quel- quefois fort légèrement faits en physique, le conduisent à l'examen des prétendues faits cités en faveur des para- grêles, dont aucun ne lui paraît pouvoir soutenir une crilique raisonnée. M. Gossier conclut que les faits, relativement aux pa- ragrèles , refusent de venir au secours de la théorie, et ne sont pas moins incertains qu'elle. L'auteur achève , dans la dernière partie de ce travail, de démontrer combien est chimérique l'espoir que quel- ques personnes avaient osé concevoir de mettre , à l'aide de ce moyen, notre agriculture à l'abri de l'un des fléaux les plus r:doutables. = M. Dubuc, dans un Mémoire dont le sujet se rap- proche du précédent, nous à communiqué ses doutes sur l'effet réel des paratonnerres. Îl ne croit pas que la science ait encore acquis le droit de se vanter d’avoir arrache La foudre au ciel X'effet préservatif des paratonnerres lui paraît, au contraire, fort incertain , et leur multiplicité sur certains édifices avoir de graves inconvénients pour les lieux voisins. Il est très-porté à croire que les arbres élevés ont, sur le Auide électrique de l'atmosphère , une bien plus grande C?2) influence que les paralognerres et les paragrêles. W re- marque que les pays boisés sont rarement ravagés par la grêle. Il en donne pour exemple la Normandie, et surtout le pays de Caux, sur la millième partie de la surface duquel il ne pense pas qu'il tombe de la grêle, année commune. Les plantations d'arbres de haut jet, répaudues ça et là autour des fermes, lui paraissent , par leur propriété d'attirer le fluide électrique, contribuer à préserver ces campagnes de Ja grêle, ainsi que les. habitations de la foudre , qui frappe plutôt ces arbres que les bâtiments voisins. = ML Cuzsalis a lu un rapport sur un ouvrage adressé à l'Académie par M. Morin, ingénieur, relatif au pro- jet d'une correspondance météorologique , qui paraîl, à BE. le rapporteur , ne pouvoir être qu'ulile. Cuimie. = M. Dubuc a lu un Mémoire intitulé : Observations chimico-commerciales sur la céruse ou carbonate de plomb. Notre confrère attire l'attention de l'Académie sur la céruse qui, depuis quelque temps, se fabrique à Rouen ef w'il a été engagé à examiner , par le juri départemental, à l'occasion de l'exposilion des produits d'industrie qui doit avoir lieu. Cette céruse , au moins aussi belle, mais moins pesante que celle de Hollande, ne paraît pas d'un usage aussi avantageux pour la peinture. C’est ce qui résulte des observations pratiques des peintres qui se servent journellement de ces substances ; majs ils sont portés à la regarder comme préférable à celle de Clichy. M. Dubuc finit par inviter la Compagnie de proposer up prix pour le perfectionnement de la fabrication de la céruse en France. ( L'Académie a délibéré l'impression de ce Mémoire à là suite de ce rapport). (23) = La lecture du Mémoire de M. Dubuc à donné lieu à quelques observations de M. Labillardière suc la dif- férence de la céruse de Clichy avec celle de Hollande. H croit que cette différence ne dépend que de Ja plus grande quantité d'eau én état de combinaison que la première contient, et qu'en la lui faisant perdre par là éaleination elle devient aussi bonne que celle de Hoilande. —= Dans une courte Notice, M. Dubuc a annoncé à la Compagnie un travail qu'il se propose de lui communi- quer , sur le phytolacca decandr a , dans lequel il a reconnu beaucoup de tannin, et des fruits et même des feuilles rougies duquel il croit passible de préparer une teinture utile et solide. = M. Labillardière a lu un Mémoire intitulé: Déscription d'un Colorimètre, et du moyen de connaître là qualité rela- tive des indigos et des matières colorantes en général. Notre confrère fait connaître en détail l'instrument ingénieux qu'il a inventé pour remplir un but dont l'uti- lité né peut manquer d'être sentie en cette ville. Des quantités égales de matière coloranté , dissoutes dans des quantités égales d’eau, donnent la même nuance dans deux tubes qui les contiennent. La différence que présentent les nuances lorsqu'on a employé deux matières différentes, donne la mesure de leur qualité, qu'indique avec précision la quantité d’eau ajoutée à la nuance la plus forte pour la rendre égale à la plus faible, ét que rend sensible l'échelle de 100 degrés tracée sur les tubes: Tel est le principe sur lequel est fondé l'instrument proposé par M. Labillardière. Le détail de la manière de s'en servir en général , et en particulier pour essayer les indigos , remplit le reste de ce Mémoire. (24) M. Labillardière suppose la qualité du meilleur indigé qu'il ait observé égale à 100, et exprime en centièmes toutes les qualités inférieures. L'auteur a mis sous les yeux de l’Académie divers échantillons d'indigo, dont il a déterminé les qualités par le moyen de son colorimètre. Le colorimètre peut faire reconnaître l’altération des matières colorantes , lors même qu’elle a lieu par des malières qui donnent elles-mêmes une couleur plus ou moins analogue à celles des matières à éprouver. — Un autre Mémoire, intitulé : Essaï sur le sulfure rouge d’arsenic , ou réalgar , considere comme substance tinc-— toriale , a été lu par M. Laëillarditre. Par le sulfure rouge d’arsenic , combiné avec l’oxide de plomb , selon les proportions des matières qui servent à fixer ce composé, selon la température à laquelle se fait la teinture en quelques autres circonstances, M. La- billardière a obtenu , sur le coton , une grande variété de couleurs solides, telles que le jaune , le rouge-orangé , le rouge-brun , le brun, le noir, qui résistent toutes parfaitement au savon, à l'air, au frottement, et sont susceptibles d'être appliquées avec avantage à la fabrica- tion des indiennes. Il espère que des essais plus en grand confirmeront les résultats qu'il à obtenus. MM. Pavie et Dubuc ont été chargés de se joindre à M. Labillardière pour faire, sur un sujet si important pour l’industrie rouennaise , de nouvelles expériences dont ils rendront compte à l'Académie. À l'appui du Mémoire précédent, M. Labillardière a présenté à l'Académie une pièce d’'indienne d’un bon effet, teinte avec le sulfure d arsenic. — Le même membre nous a communiqué une No- sice sur l’oxide rouge de plomb, ou minium. | (25) Les essais que notre confrère a eu l’occasion de faire sar du minium cristallisé en paillettes et très-pur , lui paraissent rapprocher les analyses très-différentes que MM Berzelius et Longchamp ont données de cet oxide Il pense qu'il existe deux oxides rouges de plomb dif- férents par la proportion des substances qui les forment , l’un tel que celui de Berzelius, l’autre cristallisé, et qui contient plas abondamment le protoxide de plomb. ( Les Mémoires de M. Houtou-Labillardière se trou- vent imprimés à la suite de ce rapport ). = M. Dubuc à fait un rapport sur le Manuel pratique de l’art du dégraisseur, par M. Lenormand, adressé à l'Académie par l'auteur. En rendant justice aux recherches et aux expériences dont cet ouvrage offre le résultat , il exprime la crainte que les opérations indiquées ne puissent pas être exécutées convenablement par la classe d'hommes gé- néralement peu instruits à laquelle il est spécialement destiné. = M. Dubuc a lu à la suite de ce rapport une Notice sur l’art du degraisseur, fruit des essais qu'il a tentés lui- même sur ce sujet, et dont le succès le porte à croire qu’on peut, dans beaucoup de cas, simplifier les procédés tendant à enlever les taches sur diverses substances. Il finit en promettant à la Compagnie un travail plus étendu sur cetle matière. = M. Dubuc a rendu compte de trois ouvrages adres- sés à l’Académie par M. Julia - Fontenelle, corres- pondant. Dans le premier, M. Julia examine, sous le double rapport de lhstoire naturelle et de la chimie, diverses subsiances animales et végétales trouvées en Egypte dans des tombeaux , par M. Passalacqua, et faisant partie de 4 (26) | sa précieuse collection. La conservation de plusieurs fruits , graines , etc., pendant trois mille ans , offre un fait remarquable , et la preuve que la végétation de cette contrée est encore la même que dans ces temps reculés , puisqu'ils s’y trouvent encore aujourd'hui communs et entièrement semblables. Le second est une Notice traduite de l'espagnol , de M. Bascelss, sur la singulière propriété qu'ont le pofas- sum et le sodium de brûler sur l’eau ou dans l’eau. M. Dubuc ne pense pas qu’on doive regarder comme un bien la découverte de ce nouveau feu grégeois. Le troisième ouvrage de M. Julia, dont M. Dubuc a rendu compte, intitulé : Manuel de physique amusante, paraît, a M. le rapporteur , remplir plus que son ütre, et ce recueil, destiné seulement à amuser , lui paraît également propre à instruire. — M. Houtou-Labillardière a fait un rapport sur deux brochures de M. Chevalier , l’une sur les chlorures , Vau- tre sur l'usage de l’arsenite de cuivre pour colurer quelques sucreries. M. le rapporteur regarde le premier de ces Mémoires comme un recueil bien fait des applications des chloru- res alcalins , comme désinfectants et anti-putrides , mais n’y voit rien de neuf, et rapporte à Guiton de Morveau tout l'honneur de la découverte de ce moyen. L'autre avait, au moment de sa publication, un but positivement utile que M. Labillardière avait déjà, de son côté, rempli a Rouen, ayant lui-même analysé de pa- reilles sucreries et fait part à l'Académie et à l'admi- aistralion de ses observations. = Un Mémoire sur la prompte oxidation des clous de la jeté: en bois du port de Fécamp a été adressé à l’'Aca- (27) démie par M. Germain, lun de ses correspondants. M. Labillardière, au nom d’une commission , à fait nn rapport sur ce Mémoire. M. le rapporteur regarde le travail de M. Germain comme renfermant des observations très-importantes , puisqu'elles sont en quelque sorte la confirmation de ce que Davy a avancé sur la corros on des métaux par l'eau de mer , et sur les moyens de les en préserver. Mais il ne croit pas que la partie théorique de l'ouvrage de M. Germain soil tout-à-fait satisfaisante. Il pense que les mêmes faits s'expliquent plus heureusement , d’après les principes que lui-même expose, et qu' se rattachent à l’oxidation qui résulte du développement de l'électricité qui a lieu par le contact de deux substances métalliques , théorie par laquelle notre confrère à dejà heureusement expliqué loxidation profonde de Ja statue dorée de Lillebonne. — M. Blanche à fait un rapport sur l'Analyse d’une concrétion trouvée dans le cerveau d’un homme mort d’une inflammation aiguë de l'estomac , faite par M. Morin, et adressée par lui à l'Académie ; et M. Leprevost, sur un autre Mémoire du même auteur , contenant Analyse du riz de veau. (Ce dernier Mémoire est du nombre de ceux qui sont imprimés à la suite de ce rapport ). Histoire NATURELLE. = M. 4. Le Prevost a renda compile des Observations botaniques et zo0logiques adressées à l Académie par M. Des- mazières , Correspondant. Il y décrit plusieurs espèces nouvelles ou mal détermi- nées de divers genres. Dans toutes ses observations, M. Desmazières se montre également rempli de sagacité 4. (28) et de bonne foi. Ses recherches microscopiques sur les mycodermes sont celles qui présentent le plus d'a- perçus vraiment neufs. Ce nouveau genre lui parait , ainsi qu'à notre estimable correspondant M. Gaillon, formé d’animalcules agorégés. M. Marquis a exposé les motifs qui ne lui permettent pas d’adopier celte opinion, dans ses considérations sur les végétaux du premier ordre, dont il à fait hommage à l'Académie. = M. Le Turquier a présenté à l’Académie la suite de sa concordance de la nomenclature des plantes cryplogames, travail pénible dont tous ceux qui s'occupent de celte partie de la botanique doivent lui savoir gré. = Dans une brochure qu'il nous a offerte , intitulée : Discussion sur l'antiquité de la decouverte et de l'usage du platine, M. Rever , par de nouvelles recherches, a rendu très-probable l'opinion qu'il avait déjà émise que le plomb blanc des anciens n’est autre chose que le platine. = Nous avons dû à un autre correspondant , M. Lair, un Mémoire intéressant sur le parcage et le commerce des huîtres , et une Notice sur une nouvelle variété de pommes, découverte en 1526 , dans le département du Calvados. MÉDECINE. = M. Flaubert à mis sous les yeux de l’Académie la partie supérieure du fémur d’un homme chez qui il avail reconnu , il y a plusieurs années , une fracture du col de cet os, qui s'était guérie en peu de temps sans qu'il eu eût résullé de claudication. M. Flaubert conclut de cette observalion que, contre l'opinion de la plupart des chirurgiens et particulière _ (29) ment des chirurgiens anglais, les fractures du col du fé- mur peuvent, dans quelques circonstances ; se réunir immédiatement et aussi complètement que celles de la parte moyenne du même os, el sans que la marche pa- raisse ensuite plus gènée qu'avant cet accident. = M. Hellis a donné lecture d'une Notice sur un hoquet accompagné de phénomènes nerveux très-singuliers ;. dont il a suivi la marche dans un malade confié à ses soins, et qui a élé présenté à l'Académie par M. Hellis. — Cette observation curieuse a engagé M. Des Alleurs à communiquer à l Académie une autre observation qui lui paraît avoir une grande analogie avec la précédente. li s’agit d’un mouvement convulsif de la jambe, ou danse de S. Gui, guérie par suite d’une inflammation chro- nique de la paupière. = Dans un rapport sur le bulletin des travaux de la Société de médecine de Rouen , M. Godefroy donne une idée avantageuse des efforts de cette Compagnie pour le progrès des sciences. Un travail de M. Pihorel sur l'humidité , et plusieurs Mémoires intéressants de MM. Leprévost , Couronné, Des Alleurs, Vingtrinier , ont surtout fixé son attention. = M. Godefroy à rendu compie d'un Mémoire de M. Ladevèze, correspondant, sur l'éducation physique des enfants, qui a partagé, en 1821, un prix proposé par la Société de médecine de Bordeaux. L'ouvrage de M. Ladevèze paraît à noire confrère celui d’un médecin éclairé et d’un praticien judicieux. = Un rapport de M. Des Alleurs sur les Annales de la Societé royale des sciences, lettres et arts d'Orléans , (30 ) lui à fourni l'occasion de communiquer à l’Académie quelques réflexions sur le traitement de la colique des plombiers, proposé par M. Ranque, et que notre confrère recommande à l’attention des praticiens. = Une thèse de M. Bonfils, sur la jurisprudence mé- dicale relative aux alienes , a été offerte par l’auteur à VAcadémie, et M. Des Alleurs a fait connaître à l’Acadé- mie le mérite de ce Mémoire , dans le compte qu'il en a rendu. AGRICULTURE. = M. Marquis a fait hommage à l’Académie de plu- sieurs exemplaires du discours qu’il a prononcés à l’'ouver- ture de la séance publique de la Société d'agriculture de Rouen. = M. Dubuc nous a lu une nouvelle Notice sur l’ap- plication du chlorure de chaux à la culture des plantes tex- tiles, suivie d’'Observations sur l’emploi en agronomie de plusieurs matières salino-terreuses. Des essais faits par M. Dubuc , dans les deux années dernières , confirment la propriété d'activer la végétation qu'il a reconnue dans le chlorure de chaux , et sur la- quelle il nous a déjà communiqué deux Mémoires. Il résulte de ses essais que le chanvre ordinaire, cultivé dans un terrain arrosé seulement deux fois d'une so- lution de chlorure , prend plus d’accroissement , et donne des semences plus abondantes et plus grosses que cul- tivé dans un sol non chloruré. D'autres expériences le portent à penser que ce sel n’agit pas sur la végétation seulement comme hygromé- trique , ainsi qu'on l'a cru , mais probablement par (31) absorption, comme le gypse sur les trèfles et autres fourrages. Notre confrère pense que le lin et les plantes oléa- gineuses, telles que le colza , le sinapis, sont du nombre decelles à la culture desquelles conviendrait particulière- ment l'emploi du chlorure, sur l'effet duquel plusieurs essais ont déjà été tentés par d’autres observateurs , d'a- près ceux de M. Dubuc. (Le Mémoire de M. Dubuc se trouve imprimé à la suite de ce rapport ). = Le même membre à lu une autre Notice sur l'inu- tilité des silos pour la conservation des grains en France. Les expériences faites par M. Ternaux n’ont fait , par leur peu de succès , que confirmer M. Dubuc dans l'opinion qu'il avait déjà plusieurs fois émise , que ce moyen de conservation des grains ne peut réussir dans notre climat. — En rendant compte du Bulletin de la Société d’A- griculture de Limoges, M. Leprevost , vétérinaire, a relevé plusieurs erreurs qui s’y trouvent sur les moutons à longue laine de l'Angleterre , et fait part à la Compa- gnie de l'introduction de l’une des plus belles races de ce genre, qui vient d'être faite en Normandie par M. Bille. = M. Hurtrel d'Arboval , correspondant, a adressé à l’Académie le deuxième volume de son Dictionnaire de medecine et de chirurgie vélerinaire. = Parmi les nombreux rapports que l’Académie a en- tendus sur les Recueils des Compagnies savantes avec lesquelles elle entretient d’utiles relations | celui de M. Duputel sur les travaux de la Société d’ Emulation de Rouen ne pouvait manquer d’être entendu avec ua intérêt particulier. (32) Il en à été de même des rapports de M. Mraume, sur les travaux de la Société d'agriculture de Rouen , et de M. Dubuc sur les Mémoires de la Société royale et centrale d'Agriculture. = Diverses autres Sociétés savantes, qui nous ont également fait part de leurs travaux , telles que celles de l'Eure, d'Indre-et-Loire, de Tarn-et-Garonne, du Jura, de Strasbourg, de Metz, du Puy, etc., doivent trouver ici Fexpression de la reconnaissance de l'Acadé- mie , ainsi que MM Dubuc, Leprevost , médecin , Preoost, pépiniériste, Leprevost, vétérinaire , Meaume, qui ont pris soin de nous en rendre compte. Messieurs, j ai commencé ce rapport en vous faisant part de l'acquisition qu’a faite l'Académie d’un membre sur le- quel elle fonde de justes espérances : pourquoi faut-il qu'en le finissant j'aie à vous rappeler la perte qu'elle a faite presque en même temps d'un de ses membres les plus anciens , les plus chers, objet, depuis bien des années, de la vénération de tous ses confrères, Mon- sieur Gosseaume. Payer à sa mémoire , dans celte séance solennelle , le tribut de regrets et d’éloges qu'il a si bien mérités, est l'un des devoirs qui m’élaient imposés. Un de mes con- frères, que vous n’avez jamais entendu qu'avec intérêt , a bien voulu se charger de remplir cette tâche. Le por- trait du médecin habile et bienfaisant, du savant, de l’homme recommendable à tant d'égards, que nous re- gretions , ne pouvait être plus dignement tracé que par un élève, un ami, qui, dans la même carrière, marche si honorablement sur ses traces. (33) AAA AA AA AAA AAA NA A AV AAA A AA AA AA AAA AAA A A MÉMOIRES DONT L'ACADÉMIE A DÉLIBÉRÉ L IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. NOTICE SUR UNE COMÈTE DÉCOUVERTE A L'OBSERVATOIRE DE VIVIERS , LE 29 Mars 1826, Par M. FLAUGERGUES, Astronome. M. Gambart , directeur de l'observatoire de Marseille, connu par la découverte de plusieurs comètes , et par des observations astronomiques bien intéressantes, eut la bonté de m'écrire, le 22 mars dernier, qu’il avait dé- couvert le 9, dans la Baleine, une comète (a), qui se trouvait alors dans la constellation du Taureau; je cher- chai cette comète le 29 mars au soir , et en parcourant cette partie du ciel, j'aperçus, sous le bras gauche d'O- rion, une nébulosité ronde, blanche et à peine visible. Je crus que c'était la comète annoncée par M, Gam- bart, et comme mes instruments n'étaient pas bien disposés, je me contentai de dessiner la configuration qu’elle formait avec les étoiles voisines, Je la revis le 30 (a) M. Biela à observé cette comète dès le 28 février , et c’est à cet astronome que l’on doit sa découverte, (34) et le 31 mars; son mouvement , assez considérable, était dirigé contre , l'ordre des signes en s’'élevant vers le nord. Cette comète avait beaucoup diminué de clarté , et à peine pouvait-on l’apercevoir avec la lunette de mon équatorial, dont lobjectif a vingt-trois lignes et demie de diamètre ; elle disparaissait même totalement pour peu qu'on éclairât cet objectif , et il ne me fut pas possible de faire une seule observation. Le seul de mes instruments avec lequel cette comète fût bien visible , était une lunette achromatique, dont l'objectif a deux verres à quarante pouces six lignes de foyer et trente lignes et demie d’ou- verlure. Cette lunette, garnie d'un oculaire de deux pouces de foyer , est d’une clarté admirable; elle est montée sur un pied parallatique , mais elle n'avait pas de micromèlre, et, pour en faire usage dans le cas présent, il fallait au moins y appliquer un micromètre circulaire. La construction de ce petit instrument , où j'appelai tous Jes soins et toute la précision qu'il «exige pour être par- fait, n'empêcha, pendant deux jours, d'observer la nouvelle comète , et ce ne fut que le 3 avril que je pus faire quelques observations passables ; mais le 4, le 5 et le G avril, je fis de très-bonnes observations ; la comète s’affaiblissait continuellement ; le 6 avril elle était à peine visible, et le 7 je ne pus la retrouver : quelque peine que je pris pour y parvenir , je ne l’ai pas revue depuis, Dans la persuasion où j'étais que la comète que j'ob- servais était la même que celle que M. Gambart m'a- vait annoncée , je ne m'occupai pas de la réduction de mes observations, que je regardais comme devant êlre probablement inutiles. La comète de M, Gambart étant alors connue de tous les astronomes et observée avec des instraments bien meilleurs que les miens, je fus bien surpris lorsque je vis, par les observations de cette co- mèle, que M. le baron de Zach a publiées dans le nu- méro 4 da 14° volume de sa Correspondance astrono- Û (35) mique , que la comète que j'avais observée éiait diffé- rente de celle de M. Gambart, et qu'on ne pouvait les confondre ensemble, En effet, le mouvement de cette dernière était direct ; elle ne s'était presque pas écartée du parallèle du dixième degré de déclinaison boréale , et n'avait disparu qu'au commencement du mois de mai. La comète que javais observée était rétrograde (en ap- parence ); elle s'était élevée , dans peu de jours, de six degrés vers le pôle nord, et n’était plus visible dès le 7 avril. Aussitôt que j’eus remarqué cette différence , je recueillis mes observations , et je les envoyai toutes brutes, le 15 juillet dernier, à M. le baron de Zach : j'ignore encore quel usage cet astronome célèbre en aura fait, n'ayant pas reçu les cahiers de la Correspondance astronomique depuis le premier du 15° volume. Je ne rapporterai ici que les abservations des 4, 5 et 6 avril, qui sont les plus exactes et les plus sûres ; la comète fut comparée, ces jours-là, aux étoiles bien connues 7, y, et la 48° du Taureau respectivement ; ces étoiles sont placées dans le Catalogue de M. Piazzi, édition de 184, à Ja IVe heure, sous les n° 79, 39 et 21. C’est dans cet excellent catalogue que j'ai pris les ascensions droites moyennes , les déclinaisons moyennes , ainsi que les mouvements propres de ces étoiles , et j'ai calculé rigoureusement leurs positions ap- parentes, les jours des observations , au moyen des tables d’aberratiog , de nutation et de précession, publiées par M. le baron de Zach (Marseille 1812 et 1813 ) : enfin j'ai supposé l’obliquité apparente de l’écliptique au temps de ces observations = 28° 27" 41° , telle qu’elle ré- sulte des observations et de la théorie de feu M. De- Jambre. (36) ‘6x 0 9 ‘OI Ly ÿx ‘ct gg 19 ge Œ + 9 LEE S tea OX t9 A 1Ë où 3 #8 o1 mn 185 °€9 oo “ALAWO9D VT 44 ‘AAWOD VI 34 “ALAWOD VI 4q “ALHINOD VI 44 auasedde auasedde auoiedde aquosedde AGNLILVT HGALIONOT NOSIVNTTIHE HLIOUŒ NOISNAHISV "TT o1 — ‘ 6 + 9) + NP o8f "95 Or g ‘Iuar 9 6 8 — ct + ‘8 a np ÿg 12 SG ‘IUAV S » : A . 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Sens du mouvement direct, ce n’est que dans ce der- nier élément que ceite comète ressemble à la comète annoncée par M. Gambart. Ces éléments ne sont qu'approchés ; je travaille ac- tuellement à les rectifier, ce qui n'exige que du temps et de la patience; mais dans leur état présent , ils sont suffisants pour qu'on puisse reconnaître que la comète que. j'ai observée est nouvelle, ou du moins qu’elle ne ressemble à aucune de celles du Catalogue des comètes de M. Delambre, (Astronomie, tome 3, page 409 ). L3 ci | gi ” 4 2 nd : L | Lu Poucet. : l > L- fe L LU hramatersnrt ‘ , L< ni in rt (1 np ” 47 ms TL US E Z . . n “be. de | . L Les 7 à 3 &- En —, de . —- 26: EE LL Rd + | de Ci à * “ d r . … -0 - a | > - ee su ere +- À cit >. : Q 2! "3 LT nr 4- 5. : EL MOTTE TT. RS net ONTAURIS “ DUB fe Nhemtéra (39) ESSAIS SUR LE SULFURE ROUGE D'ARSENIC, OU RÉALGAR , ï Considéré comme matière colorante , applicable à la fabri- cation des toiles peintes ; Par M. Hourou-LaABILLARDIÈRE. L'art de la teinture et de l'impression marche avec tant de rapidité vers leur perfection, depuis que la chi- mie à pris place parmi les sciences exactes , que le plus habile manufacturier de la fin du siècle dernier serait aujourd’hui bien en arrière sur cet art, dans lequel tout consistait alors dans l'application de quelques ma- tières colorantes végétales ou animales. Non-seulement les moyens d'exécution se sont perfectionnés , mais en- core le nombre des matières colorantes a considérable- ment augmenté. Plusieurs prises parmi les substances minérales, regardées autrefois comme impropres à la tein- ture , figurent maintenant sur les plus beaux produits de notre industrie , dont la nécessité de varier et d’assortir les couleurs dans l’iudienne en fait journellement recher- cher l'application ; les résultats prouvent qu'il est encore possible d'en angmenter le nombre et d'espérer les mêmes avantages. Les essais que j'ai faits dans ce but sur le sul- fure d'arsenic comme colorant, et dont je vais avoir l'honneur d'entretenir l’Académie , en sont une nouvelle preuve, par les nombreuses couleurs qu'il développe avec plusieurs substances, et la solidité de ces teintures , qui pourrait en quelque sorte lui faire donner le nom de garance minérale. (40) Déjà M. Braconnot, dans une note publiée dans le tome 12 des Annales de chimie et de physique, a pro- posé le sulfure jaune d'arsenic ou orpiment comme ma- tière colorante jaune , en le fixant sur les objets, après l'avoir dissout dans l'ammoniaque ; la laine , la soie et le colon imprégnés de cette dissolution, et séchés en- suile , se trouvent leints en jaune par le sulfure d’arse nic que l'ammoniaque laisse déposer en s’évaporant (a). Depuis assez long-temps je m'occupe de recherches sur l'application des matières minérales colorées sur les tissus de coton , et les résultats auxquels je suis par- venu me paraissent assez importants pour les publier , sans cependant avoir la prétention d'indiquer des pro- cédés bien exacts et des couleurs irès-précieuses. Les moyens complets d'exécution w’élant pas en mon pou- voir, et le succès des couleurs dans l’indienne dépen- dant du caprice et du goût des consommaleurs , j'espère néanmoins , en publiant ces observations , attirer l’at- tention des manufacturiers de toiles peintes sur un grand nombre de couleurs solides et très-peu dispendieuses. Aujourd’hui je me bornerai à rapporter les résultats remarquables que j'ai obtenus par le sulfure rouge d’ar- senic combiné avec l’oxide de plomb, qui, selon les proportions des matières qui servent à fixer ce composé, la température à laquelle se fait la teinture et quelques autres circonstances , peuvent donner une grande variété de couleurs solides , telles que le jaune , le rouge-orangé , le rouge brun , le brun , le noir, et beaucoup de nuances intermédiaires entre ces couleurs, qui résistent toutes parfaitement au savon , à l'air , au frottement, et suscep- tibles d’être associées à beaucoup de genres d’indienne. ————_—_—_—_—_—_—————E (a) Cette teinture ne résiste pas aux substances alcalines. C4r) Le composé où plutôt les composés colorés avec les- quels j'obtiens ces différentes teintures, peuvent être covsidérés , d’après un travail récent de M. Berzélius, ( Annales de chimie et de physique , tome 32 } tomme des combinaisons de sulfure d’arsenic et d’oxide de plomb, dans lesquelles le sulfure joue le rôle d’acide, et ayant par leur propriété beaucoup d’analogie avec les sels. Depuis longtemps on connaît la propriélé que la potasse et la soude ont de dissoudre le sulfure d'arsenic, et les acides de précipiter le sulfure de ces dissolutions ; mais on ignorait , avant le travail de M. Berzélius , que la dissolution du sulfure d’arsenic dans un alcali , mê- lée à une dissolution de cuivre, de plomb , de fer, ete., y déterminât un précipité composé du sulfure d’arsenic et de l’oxide métallique du sel employé, comme cela a lieu, pour le mélange de deux dissolutions salines, desquelles il peut résulter de leur décomposition mu- tuelle un sel insoluble. C’est sur ce principe que re- pose le moyen de fixer ces couleurs, et consiste à ap- pliquer sur la toile un sel de plomb, et à la passer en- suite dans un bain formé par la dissolution du sulfure d’arsenic (réalgar) dans la potasse; Ja décompo-ition de ces matières se faisant au contact de la toile , le nou- veau composé insoluble et coloré s’y combine ou y ad- hère avec assez de force pour être employé comme co- lorant , en donnant des nuances différentes , dépendantes de quelques circonstances et des proporlions des ma- tières. J’emploie l’acétate de plomb pour composer la base ou le mordant de ces couleurs , mélangé avec un peu d’acide acélique pour permelire de lépaissir à l'amidon grillé et d'être imprimé à la planche ou au rouleau. Le colorant ou Ja dissolution de sulfure d’arsenic rouge se prépare en faisant bouillir dans un pot d’eau, pendant une heure, trois onces de réalgar, deux onces de potasse , une once 6 C#2) äe chaux éteinte, le liquide forme la base du colorant, qui, étant modifié , donne avec le même mordant d’a- cétate de plomb, les différentes couleurs dont j'ai parlé. Le calicot imprimé avec l’acéiate de plomb , plongé à froid dans ce bain , prend une nuance jaune ; en ajou- tant à ce même bain une certaine dose de potasse or- dinaire , que l’expérience apprend à connaître , on ob- tient du rouge-orangé ; la potasse caustique , également en certaine proportion, donne du rouge-brun , en plus forte dose du brun, en ieignant toujours à froid, et avec ce dernier bain employé chaud, on développe du noir et des variétés de couleurs suivant les proportions des matières, la quantité d’eau et la température. J'ai aussi cherché à fixer ces couleurs en fond uni et à ronger sur la teinture; les résultats de lapplication de ces matières colorantes sont aussi moins beaux que par l'impression , surlout pour lPuni et la vivacité de la teinture; dans ce cas c’est le sous-acétate de plomb qui sert de mordant, et les colorants sont les mêmes que pour l'impression; mais ces couleurs résistant aux acides et aux alcalis, m'ont occasionné beaucoup de re- cherches pour parvenir à les ronger parfaitement. Le procédé le prouve assez par lui-même, car la théorie chimique ne le prévoit pas ; il consiste à imprimer sur l'objet teint une dissolution épaissie de chromate de ‘polasse, et à le passer ensuite dans une eau acidulée par l'acide muriatique ; les places imprimées devien- nent d'abord jaunes ( chromate de plomb), puis quel- ques, minutes après blanches, sans que le fond soit al- téré. ; Ces résultats, quoique obtenus sur une petite échelle, me permellent cependant de croire qu'ils peuvent être exécutés avec succès sur une plus grande , ayant réuni dans leur exécution les circonstances qui se présente- raient dans la pratique. (45) AAAAAA AAA IAA NAN AAA AAA AAA AAA AAA ANA ANA RAA AAA RAA AN AAAAATE AGRONOMIE. p NOUVEAU MEMOIRE SUR L'EMPLOI DU CHLORURE DE (CHAUX EN AGRONOMIE, Par M. Doruc. (Séance du 18 Mai 1827.) Avertissement. MESSIEURS, L'ouvrage que je vais communiquer à l'Académie fait, en quelque sorte, suite à ceux dont je lai entretenue les années précédentes sur l'usage du chlorure de chaux considéré comme engrais. Je devais lui donner beaucoup plus d'extension qu'il n’en a, car les sujets qu'on y traite sont vastes, surtout depuis que les chimistes se sont occupés de l'analyse des sols arables et de celle des plantes avec des moyens inconnus aux anciens auteurs agrono- miques ; mais j'ai préféré rendre cet ouvrage moins longet moins scientifique en le mettant plus à la portée de ceux qui se livrent à l’agriculture... Je me suis dit : « La terre, » pour être mise et tenue en valeur, n'a besoin que » de l'influence du ciel et de la main des hommes, » et, avec des labours et des engrais appropriés à sa » nature, elle donne toujours de belles récoltes. » L’ex- périence prouve la vérité de cette assertion. Ainsi, faisant abstraction de toutes les théories nou- velles sur la science agricole , théories qui sont d’ail- leurs bien loin d'avoir acquis la sanction du temps et da 6, (449 l'expérience, je me suis livré à quelques essais pour tâcher de justifier l'action électro-organique du nouvel engrais que je propose; mais en limitant toutefois son effet, seulement à l’égard de certains végétaux. Ces essais sônt suivis dé nouvelles observations sur diverses matières salino-terreuses en agriculiure. Je crois que cei ouvrage renfermé dans son eusemble quel- que chose d’utile en agronomie. Vous allez en juger : Nouvelle Notice sur l'application du Chlorure de chaux à la culture des plantes textiles , suivie d'observations A n , . Le LD s 7 ;] — _ . chimico-géorgiques à l égard de l'emploi de plusieurs matières salino-terreuses en agronomie. Déjà deux fois, en 1821 et 1822, j'exposai à yos regards bon nombre de planies d’un accroissement plus qu'ordinaire ; et j'attribuai la cause de cetie espèce de superfétation végétale à leaiploi du chlorure de cali- cium dissous dans l'eau; dont je me servis alors pour humecter la terre où ces plantes végélèrent. Cette singulière découverte ayant reçu une grande pu- blication, depuis quelques années , dans les nombreux ouvrages qui traitent particulièrement de la science agri- cole, x été commentée de bien des manières, et cela dévait êtfe, car tout ce qui paraît nouveau trouve tou- jours dés approbateurs et des contradicteurs ; mais, En définitif , il est resté prouvé que le chlorure de chaux ési maintenant regardé comme un puissant agent yégér tatif à l'égard &e certaines plantes, et nôus! ne craignons pas d'avancer que, parmi toutes les découvertes seienti= fiques qai honorent ces dérniers temps, celle de l’ém- ploi du chlorure de chaux en agricuhure doit y ténir une place distinguée comme utile au monde ; et surtout L C45) comme étant sans danger dans son application ni rüi- ñeuse dans ses usages. Lors de la publication de mon premier mémoire sur l'emploi de cet autre compost én agronomie , j'expri- mai fortement le désir d'en voir faire l’essai à la cul- ture des plantes textiles , surtout pour celles du lin et du chanvre, comme étant les plus utiles à eultiver em France après le blé. Moi-même je devais tenter ces! éssais en rase campagne, sur des térreins variés, dans un fairé valoir où je voulais finir ma carrière ; mais dés circonstances imprévues ont neutralisé ce projet. Néan- Moins, j'ai fait, en petit , aux environs de Rouen , quel- ques téntatives, en y cultivant le chanvre ordinaire , cannabis sativa. Les résultats que j'en ai obtenus ne sont pas sans quelque intérêt, ét peuvent jeler un nouveau jour sur l'emploi et les propriétés du chlorure de calcium, soit comme engrais, soit comme stimulant végétatif. Je vais donc succinctement rapporter ces essais et dire leurs résultats. HS seront suivis d'observations sur l’usage du gypse et de quelques sels à bases terreu- ses en agriculture. J'ai cru pouvoir ajouter ces autres observations aux premières , parce qu’elles ont beaucoüp d'analogie agricole. entre elles. Le 12 avril 1815 , je semai plusieurs graines de chan- vre ordinaire, à un pied d'intervalle l’une de l’autre, dans une planche de terre de jardin, préalablement arrosée de Ja liqueur végétative dont on trouve la com- position dans le Précis analytique de vos travaux, année 1822 (a). (a) Pour éviter les recherches , voici cette composition : On fait fondre ur kilogramme de chlorure de chaux calciné dans soixante litres ou environ six seaux d'eau ordinaire ; le sel s'y dissout presqu'en totalité, et le fluide salin étant refroidi doit (46) Je fis également un semis de chanvre à côté du pre- mier, mais ici la terre ne fut arrosée qu'avec de l’eau de citerne. On arrosa de nouveau les deux plants de chenevis le 24 juillet suivant, le premier avec le fluide salin , et l’autre d'eau de pluie ordinaire , en observant d'y répandre la liqueur végétative à environ quatre pouces du collet de la racine ; puis on abandonna ces plantes à l'influence atmosphérique jusqu’au 20 septembre, où ce chanvre avait acquis son dernier degré d’accroissement et de maturité. Le chanvre chloruré présentait, dans son ensemble, un liers plus d’accroissement et de force que n’en avait le même chanvre excru dans le même sol , mais sans influence étrangère. Mais voulant vérifier de plus en plus l’effet électro- organique du chlorure de calcium à égard de Paccroisse- ment du chanvre, j'ai, en conséquence , répété ces deux essais en 1826, dans un fonds plus argileux que le pre- mier, quoique de médiocre qualité ; à cet effet, le 17 avril, jen emblavai deux carrés avec de belle graine provenant d’un des plus forts brins de chanvre excra l’année précédente dans de la terre arrosée de la liqueur végélative. L'an des carrés fut traité deux fois avec le chlorure liquide ; l’autre fut arrosé simplement aussi deux fois avec de l’eau de pluie. marquer à peu près un degré et demi au pèse-sel. C’est ce mélange que j'appelle Zyveur végétative , et dont je me suis toujours servi pour faire mes essais agricoles, en l’employant aussitôt qu'il est fait. J'entends par chlorure de chaux la combinaison, jusqu’à parfaite saturation, de l'acide muriatique et de la craie, puis filtrée et éva- porée jusqu’à siccité par une forte chaleur, afin que ce sel se trouve complètement privé d’eau, me de (47) Le chanvre soumis à l’action du chlorure fit des progrès rapides , el se montra toujours plus foncé en couleur et plus vigoureux dans son ensemble que le chan- vre cultivé par la méthode ordinaire, et donna en ou- tre une quantité énorme de grosse et belle graine que nous regardons comme supérieure au chenevis commun pour la reproduction de l'espèce. Je crois faire plaisir à l’Académie en exposant à ses regards quelques pieds de chanvre tels que je les ai récoltés dans mes deux derniers essais , afin qu’elle juge par comparaison de la différence notable qui existe en- tre eux , quoique excrus sur un sol de même nature. 11 devient inutile, je crois, d'entrer dans les minu- tieux détails qu'exige la culture du chanvre, mais cette plante, comme le lin, veut un terrein bien meuble, bien amendé, et surtout privé des plantes insolites qui nuisent à son accroissement et l'empêchent de taler , etc. Il résulte donc de ces essais : 1° Que le chanvre ordinaire, semé dans un terrein arrosé seulement deux fois de chlorure de chaux liquide, y acquiert plus d’accroissement que cultivé dans un sol non chlorure ; 2° Que la graine provenant de ce chanvre, vu sa beauté et ses autres qualités, doit être préférée au che- nevis ordinaire pour la reproduction de l'espèce , etc. (4). (4) Ceux qui cultivent le chanvre en grand , en terre ordinaire , pourraient à peu de frais se procurer de beau chenevis au moyen d'un léger semis de cette graine, seulement dans une perche de terre chlorurée, et en suivant le procédé indiqué aux essais pré- cédents : je suis convaincu qu’on y récolterait assez de semences pour en emblaver une acre de terre (environ un arpent et demi) l'année suivante. Cette petite pépinière aurait donc l'avantage de (48) Voici d’autres considérations géorgiques , non-seale- ment sur le chlorure de chaux en agronomie, mais en- core sur diverses substances salino-terreuses aussi em- ployées aux champs, soit comine eugrais, soit comme stimulants végétatifs à l'égard de certaines plantes. Et d'abord il est certain que la chaux ordinaire, employée seule ou caustique , nuit presque toujours aux végétaux qu’elle touche : ce n’est donc que dans un état de combinaison ; soit avec le chlore, soit ayec les acides, ou encore avec l'humus, etc., que de calcium (la chaux pure ) agit sans danger réel pour favoriser l’ac- croissement et la formation de telle ou telle plante... Ici on ignore et on ignorera probablement toujours le mode d'action des compositions calcaires à l'égard des végétaux ; mais leur effet est certain en agronomie ; voilà ce qui est important à savoir : faisons-en la meilleure application possible à l'espèce. On a dit encore, car nous vivons dans un temps où Jon yeut tout expliquer, que le chlorure calcaire tant vanté n’agissait en agriculture que comme tout autre sel de nature hygrométrique et nou comme engrais ; c’est- a-dire qu'il entretenait les radicules ou le chevelu des grosses racines d'une humidité prolongée qui favorisait le développement et l'accroissement du végétal, etc. Je parlageai d’abord cette idée ; mais bientôt j'en re- vins, et, après un mûr examen , je reslai convaincu que l'effet de ce stimulant satin sur certaines plantes était dù à plusieurs causes occultes. fournir de beau cheneyis, mais encore de donner un chanvre, mème culiivé à l'ordinaire, plus fort dans son ensemble que Je chanvre produit par une graine moins belle et moins propre à la reproduction de l'espèce. I |! C49) Les expériences suivantes vont appuyer mon opinion à cet égard. A cet effet, j'ai mis à sécher, par une chaleur de qua- rante à cinquante degrés, de la terre végétale prise au pied du chanvre, arrosée de chlorure depuis 20 jours. La même epéralion eut lieu avec la terre voisine non ghlorurée. Ces deux échantillons d'un sol de même nature et où végé- tait le chenevis , renfermaient exactement le même poids d'humidité... Ensuite on les exposa au grand air pendant deux mois, sous un hangar, pour observer leur degré d'hygrométricité réciproque. Le résultat de ces essais fut que ces deux terres avaient absorbé la même quantité d’eau atmosphérique, Donc , ici, le chlorure de chaux avait été détruit dans l’action végétative ; car, s’il en était autrement , la terre qui en fut primitivement arrosée aurait retenu plus d'humidité que celle non chlorurée. Nous croyons cet argument sans réplique ; mais une autre expérience va encore confirmer celte assertion. Je lavai à l’eau distillée les deux terres desséchées dont je viens de parler ; le fluide en sortit presque in- colorée et sans goût sensible. Essayé avec le nitrate d’ar- gent, il ne donna que de faibles traces de sel à base muriatique ; la baryte n’y décéla non plus aucun sel sulfurique. Ainsi , mêmes résultats entre ces terres, par conséquent point de différence entre elles, considérées comme terre végétative dans les circonstances que nous avons rapportées. Il résulte donc encore de ces derniers essais que le chlorure de chaux, dans son effet agraire , n’agit pas simplement comme agent hygrométrique à l'égard du chanvre , mais qu'il est décomposé et absorbé par cette plante dans l'acte de la végétation, comme le gypse 7 (30) e$t absorbé par les plantes dites #rifoliarées où à four- rage , dont il augmente évidemment le produit par un surcroît d'aécroissement qu'il lewt procure. Enfin si le muriale de chaux calciné n’agissait que mécaniquement ou comme porteur d’eau , à l'égard du chanvre et autres plantes soumises à son action depuis long-temps , son emploi alors deviendrait inutile en agriculture das les années humides ; mais le contraire est prouvé par lex- périence. Vouloir expliquer le mode d'absorption et d’assimila- tion, par les plantes, du chlorure de chaux, du plâtre, de la marne , etc. , c'est vouloir égaler en vain le créa- teur de toutes choses. Contenlons-nous donc de bien observer les effets agraires des stimulants végétatifs ; employons utilement ces matières pour augmenter le produit des récoltes, mais ne cherchons. pas trop de lumières, de peur d'en renconirer de semblables à ces feux follets qui conduisent le voyageur dans des préci- pices au lieu de les faire surgir au port. Je continue mes observations. Si l’on en juge par analogie , tout porte à croire que. les sels nitriques à base calcaire et le chlorure de chaux conviennent aussi à la eullure du lin et des plantes di- tes oléracées , telles que le: colza, les synapis, elc. ; ce qui milite en faveur de celle opinion , c’est qu'en gé- néral les végétaux à fleur cruciforme prennent plus d’ac- croissement vers le littoral des mers et dans des terres un peu nitreuses que parlout ailleurs, Les cultiva- teurs zélandais, les normands, ete. , voisins de l'Océan, ont fait cette remarque depuis long-temps ; aussi font- ils un grând usage des goémons , des varecks et autres plantes marines empreintes de muriate de chaux et de matière animale pour amender les terres destinées spécialement à la culture des plantes textiles et à graines C5) huileuses (c). On a observé aussi que les déblais des cayes, des écuries, etc., éparpillés sur les chenevières , favorisaient encore l'accroissement du chanvre , effet que je n'hésite pas d'attribuer, dans celte circonstance, aux sels terreux nitriques et muriatiques dont ces déblais sont toujours plus où moins chargés. Mais la meilleure méthode d: ‘aire usace du chlorure de chaux et autres sels analogues à la fumure des terres , où pour les amender, n’est rien moins que déterminée ; c'esl une matière neuve en agriculture qu'il faut étudier afin d'en régler l'emploi suivant les circonstances. Par exemple : Quelle est la quantité en poids de chlorure de chaux sec qu'il faut mettre sur un arpent de terre à fonds ar- gileux,, destiné à la culture du lin, du chanvre , etc. ? Les terres où le calcaire domine pourraient-elles s’ar- ranger de cel engrais salin ? Les terres dites d’alluvion , ou celles qui sont périodi- quement submergées par le débordement des fleuves , des rivières , etc. , en ont-elles besoin ? Faut-il employer le chlorure de chaux sec, en le mêlant aux fumiers ordinaires, ou dans l’état liquide ? on doit-on . varier son usage selon lescirconstances et la nature des sols ? Quels sont les végétaux, soit ligneux , soit herbacés, sur lesquels le chlorure de chaux et les nitrates terreux eut Spécialement de l'action comme favorisant leur ac- croissement ? (c) Dans le Grand-Caux, vers le littoral de la mer, an amende de temps immémorial , les terres destinées à la culture du lin et du. chanvre, avec un compost résultant d'algues et de fumier ordinaire, bien hachés ensemble. Ce mélange est encore regardé aujourd’bni , dans cette contrée, comme le plus puissant agent végctauf quon, puisse employer pour favoriser l'accroissement de ces deux précieu- ses plantes textiles. (52) Enfin , et dans tous les cas, quelle serait la méthode la plus simple comme la plus -économique de répanûre le chlorure de chaux sur des terres arables ? Toutes ces questions sont à résoudre ; leur solution, n’en doulons pas, doit rendre de nouveaux services à la science agricole, et en étendre les progrès. Moi, j'ai employé à mes peiiies expériences ce sti- mulant salin {le chlorure de calcium } dans l’état li- quide ou nouvellement fondu dans Peau : mais je con- viens que cette méthode est peu praticable dans un grand faire valoir. J’ai pourtant lu dernièrement, dans un journal du royaume des Pays-Bas, contrée où l’agronomie excelle, qu'un cultivateur belge en avait fait usage , en 1826, avec succès, sur plusieurs arpents de terre; mais on n’y dit pas quei moyen ce cultiva- ieur employa pour répandre ce sel en terre, ni les plantes qui firent le sujet des essais. _ Un autre agronome , habitant du Périgord , M. A.B., m'a écrit qu'encouragé par des essais précédents, il ailait faire l'emploi en grand , en 1827, du chlorure de chaux sous la forme sèche , à l'instar du plâtre, sur des plantes priniannières , en le mêlant, avant sa dispersion sur le sol, avec une matière sèche. Il doit en mettre huit kilogrammes par arpent de terre. Ce cultivateur, ancien médecin principal des armées, paraît très zélé pour les progrès de l'agriculture, et a promis de me faire connaître les résultats de ses essais. Ici, Messieurs , je crois pouvoir assurer que les ma- tières Îles plus conveuables pour faciliter la dispersion du chlorure de chaux et du nitrate calcaire sur Îles terres, vu lhygrométricité naturelle de ces sels, sont la tannée, la charrée, le charbon , la sciure de bois, les vieux platras, le sable , ou touies autres subs- tances pulvérulentes qu'on peut se procurer parlout, Les proportions seront d’une de sel, et de deux à trois (53) d'une ou de plusieurs des matières qu'on vient de ciier. Ce mélange doit avoir lieu à l'instant même de sa dis- persion sur le sol. L'on m'a aussi objecté qu'il n’était pas toujours fa- cile de se procurer du chlorure de chaux pour en faire un usage étendu en agronomie réglée... Je crois cette objection plus spécieuse que réelle dans son application, car si jamais l'emploi de cet engrais chimique se propage aux champs, on verra bientôt s'établir partout , et parti- culièrement chez les pharmaciens, des ateliers pour y fabriquer en grand le chlorure de chaux et le livrer à prix modéré aux agriculteurs et à ceux qui se livrent à lhorticuliure. J'ajoute qu'une fabrique de ce sel, même en lui donnant une extension suffisante pour en fabri- quer Boo kilogrammes par jour, ne coûterait pas 600 francs à monter, soit dans une ferme, soit partout ail- leurs , où elle ne formerait qu'une annèxe d’un autre établissement (d). Ainsi, jamais un pareil établissement , dont il n’é- mane d’ailleurs aucune odeur ni fluides élastiques dan- gereux, ne peut compromettre ni la vie, ni la santé , ni la foriune de celui ou de ceux qui le formeront : avantage précieux qu'on ne rencontre pas toujours dans les inventions modernes. On peut apprendre en deux heures à faire du chlo- rure de chaux, et ce sel préparé en grand revient au plus à 30 sous le kilogramme. Supposons donc qu'il en faille 15 kilogrammes pour amender une acre de terre (un arpent et demi } destinée à la culture du chanvre ou du (d) L'Académie de Marseille, dans sa Séance du 31 Août 1827, à proposé un prix pour le meilleur ouvrage qui lui parviendra sur l'emploi en Agriculture du muriate de chaux, vu qu'on obtient ce sel en quantité énorme dans les fabriques de soudes artificielles, etc. (54) lin, la dépense sera ici de 22 fr. bo c.; mais si, en résultat, le cultivateur récolte dans son champ seu- lement un cinquième plus de ces plantes que d'usage, ne sera-t-il pas bien dédommagé de cette faible dé- pense? D'ailleurs, qui sait encore si la terre chlorurée ne conservera pas au-delà d’une année l'infinence végé- tative de cet autre fumier ? C’est une nouvelle question à résoudre et à ajouter à celles dont j'ai parlé an- térieurement , concernant l'emploi agricole des sels dé- liquescents à bases terreuses. Ne fit-on pas aussi tomtes sorles d’obiections , il y a cinquante à soixante ans, contre l'emploi da plâtre en agriculture ? Les uns disaient que cette matière sulfatée brûlerait ou effriterait les terres arables, D’autres, qu'il enrichirait le père pour ruiner les enfants, parce que la terre, après des récoltes forcées , cesserait de pre- “duire. D’autres enfin croyaient que les fourrages gypsés étaient mal-sains pour les ruminans, et rendraient poussifs les chevaux qui en seraient nourris , elc.; elc. Mais malgré tous ces fâcheux pronostics , le plâtre oru ou calémé est maintenant un des composts de plus utile et le plus employé en agronomie, En définitif, tont fait espérer que l'emploi agraire du chlorure de chaux étant une fois régularisé par suite d'essais et d'expériences faites avec intelligence et saus partalité , aura des résultats non moins avantageux pour l’aoricuiture que ceux obtenus du plâtre, dont Vusage a au moins tiercé les récoltes des plantes à fourrages ou trifoliacées dans nos campagnes. Je termine ces observations agronomiques par expri- mer à l’Académie mon regrei de n'avoir pu moi-même donner plus d'extension à une découverte dont je suis, je crois, le principal auteur. Né à la campagne, ce genre d'expériences était tout-à-fait dans mes goûts ; mais, comme je l'ai déjà ditailleurs , l'âge et ma position (55) me privent pour toujours de cette autre occasion d’être utile à mon pays. Néanmoins je prends ici l'engage- ment de fournir, à ceux qui me le demanderaient , tous les renseignements qui sont en mon pouvoir, concernant la fabrication du chlorure de chaux, et sur son emploi appliqué à l’agriculture. (56) PA AN AAA AR AAA A AAA AA AAA AAA NOTICE SUR L'OXIDE ROUGE DE PLOMB, OU MINIUM , Par M. Hourou-LaAaBiLLARDIÈRE. MEss'EURS, Les oxides métalliques , dont le nom seul indique la composition , ne paraissent cependant pas ous formés par la combinaison directe de l’oxigène avec les mé- taux. Quelques uns semblent l'être par la combinaison de deux oxides du même métal; aussi ces sortes d’oxi- des mexistent-ils que pour-les métaux qui forment au moins trois oxides. Cette manière de considérer ainsi certains oxides, vient de ce qu'ils ne se combinent point avec les oxacides ; qu’au contraire, par leur action , ils se décomposent en deux autres oxides qui se compor- tent à l'égard des acides selon leurs propriétés. L’oxide rouge de’plomb ou minium, le deutoxide de fer, le deutoxide et le tritoxide de manganèse se comportent ainsi avec les acides, et leur composilion peut être ex- primée non seulement par la quantité réelle d’oxigène qui en fait partie, mais encore par le rapport entre les oxides qui les composent ou que l’on peut isoler par l’action des acides. L'oxide rouge de plomb , qui fait le sujet de cette no- tice , est formé, d’après M. Berzélius , de 100 de plomb et de 11,587 d'oxigène, ou de protoxide de plomb partie , et d’oxide puce partie, qui, en somme, contiennent la même quantité d’oxigène et de métal. (57) M. Longchamp , tout récemment, a publié ( Annales de chimie et de physique , tome 34, page 105 ) quel- ques observations sur le nombre des oxides de plomb ei sur la composition du minium, qu'il a trouvée très- dificrente de celle que M. Berzélius a indiquée € An- nales de chimie, tome 78). M. Longchamp re- garde le minium comme formé de cinq parties de pro- toxide de plomb et une partie d’oxide puce. Le talent de ces deux célèbres chimistes ne permet pas d'élever de doute sur le résultat de leur analyse ; cependant il existe une différence si grande dans les résultats, qu'il n’est possible de s’en rendre compte, dans l’état actuel des choses, que comme Pa fait M. le rédacteur des An- nales de chimie, en observant que le minium est tou- jours un mélange de protoxide de plomb et de minium en proportion variable, et qu'a cette cause on peut at- tribuer la grande différence entre l’analyse de M. Long- champ et celle de M. Berzélius. Je suis loin de vouloir attaquer en aucune manière les analyses de ces Messieurs, mais je puis peut-être concilier cette énorme différence qui existe entre ces deux analyses ; le hasard m’a fourni le moyen d'y par- venir, en me procurant de l’oxide rouge de plomb cris- tallisé en petites paillettes , qui, dans cet état , ne laisse aucun doute sur sa pureté , et formé très-lentement dans les cavités d’un four qui servait à cetle préparation. Cet oxide, analysé par lacide nitrique , donne sensible- ment un quart de son poids d’oxide puce de plomb et trois quarts de protoxide ; ce résultat , qui ne coïncide pas avec ceux de ces Messieurs, se rapproche cepen- dant plus de celui de M. Longchamp que du résultat de M. Berzélius; mais, en comparant le rapport qui existe entre les oxides de plomb formant le minium, d'après M. Berzélius, qui est de un de protoxide el un d’oxide puce, on voit que, dans l’oxide rouge cristallisé 8 (58) que j'ai analysé, il y a précisément la moitié moins d’oxide puce que dans celui de M. Berzélius, d’où je puis couclure qu'il existe detix oxides rouges de plomb, l'un formé , d'après le célèbre chimiste suédois , de protixide de plomb, x re { plomb , 100 oxide püce........11 oxivène 11 587 et Pautre, le minium cristallisé, de protoxide de plomb. 3 Ha { plomb, 100 oxide puce........ 1 oxigène 9 655. ce qui porte le nombre des oxides de plomb à quatre, sans y comprendre l’oxide gris admis par M. Berzé- lius comme un véritable oxide ; dans lesquels l’oxigène se trouve dans les rapports de 1,x 1/4, x 1/2 et 2 pour ces quatre oxides, et que si ces deux oxides rouges ont été confondus jusqu'à présent , cela tient à leur cou- leur analrss et à la diffenlié de les isoler, (59) AAA AAA AA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA AAA AA ARS AAA AAA AAA AAA AA AA AAA OBSERVATIONS CHIMICO - COMMERCIALES , SUR LA CÉRUSE , OU CARBONATE DE PLOMB , Communiquées à l’Académie par M. Dunuc, Le 6 Juillet 1825. MEssreurs, Une matière objet d'un grand commerce , connue dans les arts sous le nom de céruse, et des chimistes sous Je celui de carbonate de plomb, va faire l'objet de !a courle notice que je vais communiquer à lAca- démie. Appelé le 16 du mois deraier par le juri départemental, pour l'aider dans l'examen et l'appréciation de quelques produits de l’industrie destinés à figurer à l'exposition publique à Paris, je fixai particulièrement mon atten- tion sur plusieurs pains d’une cérase fabriquée à Rouen et présentée À ce juri sous le nom de carbonate de plomb ou de céruse façon d Hollande. Mais à l'égard de cet ingrédient , il faut se rappeler , afin de mieux entendre l’objet de cette Notice, que la Holiande semble encore exclusive pour la fabrication de la céruse dite commerciale, et qu'elle en fournit pres- que de temps immémorial à toutes les nations, Il est bon de noter aussi que la Hollande fut occu- pée naguère militairement pendant dix à douze ans par les Français... Pendant ce laps de temps nos ar- 8. (60 ) tistes, nos savants même ont dû visiter à loisir les nombreux ateliers de cette industrieuse contrée, €l y apprendre à faire du carbonate de plomb 1el que les hol- Jandais le livrent an commerce. Néanmoins , Ja fabrication de la céruse des peintres en bâtiments et marchands de peinture à l'huile est restée indigène chez la nalion batave Je dis à regret indigène, car je ne sache pas qu'aucune des fa- briques de ce genre établies en France depuis 20 ou 30 ans livrent au public une cérase parfaitement similaire dans ses principes constituants avec celle que le com- merce tire du royaume des Pays-Bas et parfois de Ve- nise, et dont la consommation est énorme en France. Ici, Messieurs , on peut voir une anomalie assez étrange par le temps où nous vivons. Qu'il me soit permis d'en iémoigner mon étonnement, et cela dans l'intérêt de la science, dé l'industrie et da commerce. Quoi! la céruse marchande ést une préparation plom- bifére tonte chimique : on peut donc la décomposer pièce à pièce el en examiner avec soin les différentes parties censtituantes , l’état ‘où ‘chacune d’elles s'y trouve combinée, ef arriver’enfin, au moyen de ces premiers documents, à faire de la céruse vrañnent fa- çon de Hollande ; et pourtant les français, qui possè- dent , dit-on , les premiers chimistes de l'Europe, n'of- frent pas encore aux arts de cérasé d’une qualité égale à cellé que fabriquent nos voisins. 2 Mais j'en reviens à mon objet principal ; le juri dé- partemental m’avail donc invité de lui dire mon opinion sur Ja qualité et sur l'importance de divers produits chimiques qui lui étaicut présentés afin de faire choix de ceux de ces produits qui seraient jugés dignes de la grande exposilion. La céruse fabriquée à Rouen par M. PV. Z. était de ce nombre; j'en fis l'examen (61) avec la plus scrupuleuse attention, et j'aurais été bien dédommagé des soins que je mis à en faire l'analyse si j'avais reconnu en elle un composé parfaitement analogue avec la céruse hollandaise. Mais ne voulant pas m'en rapporter à moi seul pour son appréciation, je la fis essayer à plusieurs peintres en bâtiments , qui la com- parèrent dans ses effets et à l’user avec la céruse du commerce ou celle tirée de Hollande. Leur opinion à cet égard fut unanime, et ils décla- rèrent que la céruse préparée à Rouen était belle , fine, et se travaillait bien avec l'huile, mais qu’elle n’égalait pas encore en bonté et qu'elle foisounait moins avec l'huile, c’est-à-dire qu'elle faisait moins /ong à l’user que la véri- table céruse hollandaise... D'ailleurs, dirent-ils encore, la céruse de Rouen est moins lourde que la céruse ba- tave, et ils en attribuent la cause à ce qu’elle contient moins de plomb que cette dernière. Cette déclaration d'artistes vieillis dans l'emploi de la céruse, et pour qui expérience passe science , explique bien des choses, et nos chimistes fabricants pourraient en profiter pour établir une céruse égale en qualité à celle qu'on prépare en Hollande. On trouve bien dans les livres des chimistes anciens et modernes plusieurs procédés pour la fabrication de la céruse ; mais, maloré le mérite de ces procédés, la France v’offre pas encore aux arts ni aux marchands de couleurs broyées une céruse similaire en tout avec la céruse hollandaise et vénitienne. Néanmoins , je conviens que la céruse préparée à Rouen, et qui a fait l’objet de mon examen, appro- che beaucoup de cette dernière... Comme celle de Ve- nise , elle est très-blanche et peut-être trop blanche ; son grain est serré et fin; elle est bien homogène dans son eñsemble , et au premier aspect on serait tenté de (62 ) lui accorder, chimiquement parlant, la préférence sur la céruse exotique , mais , dans cette circonstance comme dans bien d’autres, le mieux est souvent l'ennemi du bon et du bien, puisque cette céruse ne peut, malgré sa beauté , soutenir la concurrence commerciale avec les céruses étrangères. Sans doute, au moins on peut le présumer, nous touchons au moment où la France ces- sera d'être tributaire de ses voisins pour ce genre d’in- dusirie; mais jusqu'à ce jour elle ne peut soutenir la concurrence pour la préparation de la céruse marchande avec celle que le commerce tire de la Hollande , etc. (a) Les observations générales que je viens de vous sou- mettre sur la céruse et sur son emploi dans les arts, -'ont suggéré un projet que j'ai cru devoir vous pré- seuter; le voici : l'Académie Pappréciera à sa juste valeur, et quelque soit son jugement , je la prie de ne voir dans son auteur qué le désir d’être utile à la France retà sa ville. DR Par les molifs ci-dessus exprimés, l'Académie ne pourrait-elle pas proposer «un grand prix pour le per- ‘feciionnement de la céruse? Ce sujet de récompense , tout à Ja fois ulile an pays-et à son industrie, nous pa- -waîl.dine d'une société établie dans une grande ville commerciale et au milieu d'une contrée,où se consomme uue énorme quanlilé de carbonale de plomb , et, si son programme élait couronné de succès ; la France ne pair- rait plus aux nations étrangères plusieurs millions qu'il ! El om (a) J'ai exposé à vos regards un échantillon de céruse d’'Hpl- lande et un de céruse préparée à Ronen par M. Vallers , afin qu'on . puisse au simple aspect en juger la différence. Peut-être que celte céruse pourrait être supérieure, à l'user, dans quelques circons- tances , à celle de Hollande; mais c’est aux peintres à en juger, elc. (63) lui en coûte annuellement pour se procurer la céruse utile à ses ateliers , etc. Peut-être dira-t-on : pourquoi proposer un prix sur la céruse, puisque sa composition est connue , puisque dès fabriques de cetté matière exisient depuis long-temps à France ? ctc. NS répondrions : oui, ces fabriques existent chez nous, mais nonobstant la céruse étrangère est partout préférée à la vôtre parce qu’elle est meilleure à Pem- ploi, et souvent à un prix plus modéré. Je dirais encore : on a aussi décomposé le cinnabre , les sulfures d’arsenic, etc.; et cependant les fabriques françaises ne font pas le cinnabre aussi beau ni aussi mar- chand que celui qui vient de Hollande et d’ Allemagne. Toutes ces anomalies scientifiques résultent souvent d'un coup de main, permettez Pexpression , ou dans le modus agendi que nous ignorons pour la préparation de ces substances. Ne sait-on pas, d’ailleurs, combien , dans les arts, une pratique suivie contribue à leur perfectionnement? N'est ce pas ainsi qu'en Chine, au Japon, même aux Go- belins à Paris, où une branche d'industrie quelconque passe héréditairement de père en fiis , elle s'y perfectionne, ets y perfectionne au point que d'autres nations, malgré leur habileté et leur industrie, font souvent des cas prolongés avant de la connaîire dans tous ses détails? On peut donc dire à nos artistes , en leur propo- sant pour sujet de prix le perfectionnement de la céruse en France : « Cherchez , examinez, décomposez la céruse bataye - » afin d'agir scientifiquement dans vos opérations. Enfin » donnez à la France un procédé certain pour y faire » de la céruse aussi bonne pour les arts et aussi »* commerçable que celle des hollandais et des vénitiens. (64) » À ces conditions, l’Académie vous décernera une » juste et honorable récompense, » Voilà, Messieurs, les principales raisons qui m'ont engagé à vous présenter mes observalions sur la céruse, objet d'un intérêt vraiment national, et digne, je crois, en tout, de votre sollicitude. J'aurais pu donner plus de développement à ma pro- position, mais, d’une part, j'ai craint d'abuser de vos moments ; de l’autre, j'ai pensé que ce sujet se recom- mande assez de lui-même, et qu’il suffisait d’en signaler Vutilité pour vous engager à le prendre en considéra- tion, AA AA AA RAA AA AAA AAA AAA AAA AAA AA AAA AAA RECHERCHES CHIMIQUES SUR LE RIS DE VEAU, Par M. Mon, Pharmacien, Correspondant de l'Académie royale de médecine, de la Société de chimie médicale de Paris, de la Société linnéenne ét des S'ciences physiques et chimiques de la même ville, de la Société académique de Nantes et de plusieurs autres Sociétés savantes. Messieurs , Si la composition chimique des végétaux médicamen- eux est intéressante pour la thérapeuthique, la con- naissance des principes qui constituent les substances animales alimentaires ne doit pas être moins importante sous le rapport de la bromatologie. Peu de chimis- tes se sont occupés de celte partie importante de l'hy- giène. On doit à Geoffroy le jeune quelques travaux sur les aliments tirés du règne animal; mais de pa- reilles expériences sont surannées aujourd'hui que l’ana- lyse ne se borne plus à la décomposition des corps par le feu. Quelques antres chimistes modernes ont porté leur investigation sur plusieurs substances animales ali- mentaires , telles que le cœur , le foie, l’éperlan , etc. ; mais le nombre de celles qui restent encore à analyser est tellement grand , qu'il y a beaucoup à faire. Je me propose d'entreprendre ce travail; et je m’occuperai d'abord de celles qui sont le mieux accueillies sur nos, tables. 9 C 66 ) Le ris est un organe assez analogue au thymus par sa structure et par son siége. C’est un aliment qu'on trouve généralement d’un goût fort agréable, et qui doit ire d’une digestion très-facile. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Acadé- mie les résultats de mon travail, en réclamant la bien- veillance qu'elle a accordée à mes précédents travaux. Deux cents grammes de ris de veau, débarrassé de toutes les parties graisseuses qui lFenvironnaient, fu- renl coupés par pets morceaux et enfermés dans un nouet de linge pour être malaxés dans l’eau pure. Il en résulta un liquide trouble qui ne passa que très-dif- ficilement à travers le filtre sans acquérir de transpa- rence. On continua de malaxer , jusqu'à ce que la ma- üère ne parût rien céder à Peau. Par ce traitement, le ris de veau fui réduit en une matière pultacée qu’on soumit à l’action de l'alcool froid. La liqueur aqueuse portée à ébullition laissa apparaître des flocons blancs qu'on eut soin de séparer au fur et à mesure qu'ils se déposaient. On les recucillit sur un filtre et on les lava abondamment avec de l’ean froide ; leur poids, après la dessiccation , était de 24 grammes. Ïls avaient une cou- leur grisâtre, et se dissolvaiént facilement dans la solu- tion de polasse caustique ; la teinture ‘aqueuse de noix de galles , versée dans la liqueur, occasionna un précipité insoluble dans l’eau. L’acide hydrochlorique produisit des flocons blancs qui se rédissolvaient dans un excès d’a- cide. Ces caractères établissent l'existence de lalbumine. Exposés à l'action du calorique dans un creuset de pla- tine, ils devinrent pâteux , et brulèrent en exhalant une odeur fétide. Le charbon qu'ils ont fourni était volumi- neux et très-difficile à incinérer ; en soutenant l’action du feu, on obtinto, 65 grammes d’un résidu blanc qui ramenait au bleu le papier de tournesol rougi par un acide, (67) On le traita par l'eau qui a dissous un sel alcalin , faisant effervescence avec les acides, Sa dissoluiion concentrée ne précipitait point par l'hydrochlorate de platine ; ce sel élait du sous-carbonate de soude. Le ré- sidu, insoluble dans lPean , se dissolvait sans effervescence dans lacide nitrique. L'eau de chaux versée dans la so- lution, donna naissance à un précipité gélatineux, et loxa- late d'ammoniaque à un précipité grenu. À ces caractères on reconnaît le phosphate de chaux. La liqueur qui avait fourui les flocons qu'on vient d'examiner fut réduite en consistance de miel épais. On soumit l’extrait obtenu à l'action de l'alcool à 360 jus- qu'à ce qu'il n’agît plus. Le liquide alcoolique évaporé presqu'à siccité à donné 36 grammes d’un résidu brunà- ire d’un goût agréabie de bouillon, rougissant le tour- nesol et précipitable par la teiniure de noix de galles. Cal- ciné dans un creuset de platine, cet extrait laissa des cendres du poids de 0, 6 grammes. En les traitant par l'alcool à 360, à diverses reprises, on er isola 0, 2 d’hydrochlorate de potasse , car ce sel donnait, avec le ni- trate d'argent, un précipiié caséïiorme insoluble dans Pacide nitrique. Sa dissolution concentrée, mêlée à l’'hy- drochlorate de piatine, produisit un précipité grenu solu- ble dans une certaine quantité d’eau. Le résidu que lPal- coo! n'avait pu dissoudre verdissait les couleurs bleues végétales. I s'élevait à o , 4 grammes. Saturé par l'acide acétique, il a fait une vive effervescence et a fourni par le trailement alcoolique et l'évaporation 0 , 3 d’acétate de potasse qui représente un poids éval de lactate de po- tasse que je présume exister dans le ris de veau (x). L'alcool laissa indissous environ o, 2 gram. de phos- (a) FH est inutile de noter que le lactate de potasse est regarté 9. (68 ) phate de potasse , car ce sel triluré avec cet agent prit un aspect gommeux. Îl précipitait d’ailleurs en flocons l’eau de chaux et l'hydrochlorate de cette base, agite avec une dissolution de sulfate d’alumine , il laissa déposer des cristaux d'alun. L'extrait aqueux qui avait subi l’action de l'alcool , repris par l’eau , s’y est dissous à l'exception de quelques flocons d’albumine , qui, séchés et pesés , s'élevaient à o, 4 grammes ; en évaporant le liquide aqueux, on obtint 12 grammes d'une matière extractive qui jouissait des propriétés suivantes : mise en contact avec l'eau froide , elle s’y est dissoute sans s’y gonfler , comme le fait la gélatine desséchée. La dissolution , évaporée con- venablement et abanbonnée au refroidissement, s’est convertie en une masse gélatineuse qu'il était facile de rompre par une légère agitation. Dissoute dans l'eau, elle est précipitée en blanc par le sublimé corrosif. Si l'on verse de l'acide hydrochlorique dans la dissolution, il se forme un précipité blanc qui se redissout dans un excès d'acide. L’infusum aqueux de noix de galles produisit un précipité blanchâtre insoluble dans l’eau froide , et qui ne se réduisit point en masse , comme cela arrive avec la gélatine des vieux animaux ; en portant la liqueur à ébullition , le précipité s’est dissous et re- parut de nouveau par le refroidissement , quelle que fût d’ailleurs la proportion de la matière animale. Le sulfate de fer ne la précipite point. De ce qui précède il résulte que celte matière exiractive diffère , sous certains rapports, de la gélatine des vieux animaux, mais la différence qu’elle présente ne provient sans doute par M. Berzélins comme de l’acétate de cette base, combiné à une matière animale. (69) que de l’âge de l'animal qui l’a fournie et de la partie d'où on l’a extraite. Six grammes de matière gélatineuse furent placés dans un creuset de platine au milieu des charbons rouges ; ils se réduisirent très-difficilement en cendres. Pour en hâ- ter l'incinération, on versa sur le charbon quelques gout- tes d'acide nitrique pur, et on le laissa exposé à l’action d'une forte chaleur pendant quelque temps. Le résidu de la calcination pesait 2 grammes. On le traita par l'eau qui a enlevé la presque totalité de Ja matière sa- line , à l’exception de 0, 4 grammes de phosphate de chaux. On évapora jusqu'à siccité la liqueur, et on ob- tot un résidu qu'on mit en contact successivement ayec l'acide acétique et l’alcoo! à 40° ; celui-ci, évaporé, laissa de lacétate de potasse qui donna par la calei- nation O0, 2 de sous-carbonate. Le résidu insoluble dans l'alcool s'élevait à 1,4 grammes ; c'était du phos- phale de potasse, qu'on reconnut à la propriété de pré- cipiter en flocons gélatineux l’eau de chaux et l’hydro- chlorate de cette base , et de former avec le muriate de platine un précipité cristallin. Après avoir subi l'action de l’eau, le ris de veau fut mis en contact avec l'alcool. On renouvela le menstrue jus- qu'à ce que l’action parût nulle. L'alcool séparé par l'éva- poration au bain -marie, laissa un résidu d’une odeur fade particulière. Réduit en consistance de miel, son poids était de 1 gram. On le traita par l’eau froide ; celle-ci en sépara 0, 3 gram. d'une malière jaunâtre dont l’odeur et la saveur rappelaient l'osmazôme. L'eau en séjournant sur la substance extraite par l'alcool , la fit gonfler et en opéra ensuite la dissolution. La teinture de noix de galles versée dans la liqueur y produisit un précipité qui se rassembla difficilement. En soumettant la dissolution à l'action da calorique , il se déposa des pellicules qui, mises en contact avec l’eau, augmeniè- (7o) rent de volume et conservèrent la propriété de se re- dissoudre dans ce véhicule. Cette matière nous paraît être intermédiaire entre la gélatine et l’albumine. Son poids était de o, 3 gram. L'eau, en agissant sur le ré- sidu de l’évaporation alcoolique , avait isolé o, x gram. d’une matière grasse, concrète , rougissant les couleurs bleues végétales, et se combinant immédiatement avec les alcalis, d’où il résultait de véritables savons. La petite quantité de cette matière ne nous a pas permis de la soumettre à un examen plus approfondi ; cependant nous n'hésitons pas à la regarder comme de l'acide margari- que. Peut-être nous objectera-t-on que cette matière grasse a été formée par la réaction de l'alcool sur la ma- tière animale, ainsi qu'il résulle des expériences de M. Berzélius ; mais nous répondrons que lacidification de cette matière grasse n’a pu être déterminée par l'al- coo!, en admettant toutefois qu’elle n'y existât pas pri- milivement, Par ces divers traitements, le ris de veau fut réduit au poids de 16 gram. Cette matière , mise en contact avec l'acide acétique concentré, à angmenté de volume et a acquis un certain degré de transparence. Ainsi gonflée par l'acide acétique , elle s’est dissoute dans l’eau bouillante d'où elle est précipiiée par Pacide sulfarique. La solution acétique de cette matière est fortement troublée par le ferrocyanate de potasse. Du reste, cette substance possède toutes les propriétés qui caractérisent ja fibrine. Soumnice à l'action du feu, elle se contracta d’abord, puis elle augmenta singulièrement de volume , en exha- lant ane odeur de matière animale fétide. En soutenant l'action du feu, on ne parvint point à l’incinérer com- p'étement. En lessivant par l'eau le résidu, on obüint des traces de phosphate de soude; le charbon traité par l'acide nitrique donna du phosphate de chaux qu'on pré- cipila par l'ammouiaque. (728) Îl résulte des faits ci-dessus énoncés que le ris de veau est composé de gram. An moe e 00 MARMITE... 140,00: Albumine desséchée............,,..... 28,00. Osmazôme contenant lactate et hydrochlo - ARS TR uses 0e Gélatine contenant phosphate de potasse.. 12,00. Matière animale particulière..........°. 0,60. Matière grasse acide (acide margarique ).. 0,10. Fibrine contenant phosphates de soude et ACTE RE» de > demo emeicescscss 10,00! a ——_—— 200,00. (73) PAPA AAA AAAAAA AAA AAA AAA AA AAA AAA AAA AAA A AAA AAA AA AA AAA AAA COLORIMÈTRE. EREPP T7 ST CIE DESCRIPTION LUN COLORIMÈTRE, ET DU MOYEN DE CONNAITRE LA QUALITÉ RELATIVE DES INDIGOS, Par M. Hourou-LaBiLLARDIÈRE. Messrurs, Les matières tinctoriales varient tellement de qualité par la plus ou moins grande quantité du principe colo- rant qu'elles contiennent, qu'il est très-difficile pour quelques unes , telles que les indigos , les garances , ete. , dont il existe de nombreuses variétés, d'apprécier exac- tement leur valeur par la simple inspection et les moyens ordinairement employés pour chacune d'elles; les qua- lités apparentes sont si variées et les moyens pour les reconnaître si imparfaits , que depuis longtemps on sent le besoin de moyens plus précis pour apprécier leurs qualités , et l’on a proposé à cet effet de les essayer en décolorant les dissolutions de ces matières par le chlore, et établissant une comparaison entre leur qua- lité et la quantité de chlore employé pour en décolorer des poids égaux. Le chlore est loin de remplir le but, par la difficulté de l'avoir toujours dans le même élat de concentration et de saisir avec précision le point de décoloration , qui varie par la rapidité avec laquelle on verse le chlore et les nuances que prennent les liqueurs par la décomposition du principe colorant. Une autre EAU (74) raison , qui à elle seule ferait rejeter ce moyen, esi que presque toules les matières colorantés végétales sont ac- compagnées, dans leur dissolution, de quelquesautres prin- cipes sur lesquels le chlore à de Faction , et qui occa- sionnent l'emploi d’une plus ou moins grande quantité de chlore pour détruire la même quantité de matière co- lorante existant dans ces sortes de dissolutions. J'ai pensé qu'un moyen simple et précis de recon- naître la valeur réelle de ces matières sérait d’une im- portance majeure, et das cette intention je me suis li- vré à des recherches dont les résuliais me paraissent déjà assez précis pour les publier, et dans lesquels j'ai suivi la marche raturelle qu’on doit prendre pour apprécier la qualité de ces matières destinées à à téintaré , puis- que c’est en comparant l'intensité de couleur qu'elles fournissent en les dissolvant comparativement , intensité de couleur qu’elles réproduisent dans le même rapport sür les objels téints avec Cés matières. Quoique la chose soit assez simple par elle-même ; elle né laisse pas que d'exiger de nombreuses recherches que je n’ai encore pu terminer complèlement pour toutes les matières tinclo- riales, et pour mettre les essais par mon ins(rument , auquél j'ai donné le nom de cotorimètre, à l'abri des erreurs qui pourraient résulier du mélange de matières colorantes étrangères avec celles que l’on essaie en me- surant l'intensité de couleur qué ces mélanges arbiträires peuvent fournir, Cependant , par quelques contre-épreu- ves à l'aide du coloriméitre et de quelques réactifs , j'ai lieu d'espérer parvenir à recounaître non-seulément là qualité de ces matièrés, mais encore Jeur mélange avec des matières colorantes étrangères. Des expériences sur la garance m’autorisent à penser qué ce que j’avancé pourra sé réaliser en continuant més recherches sur cet objet. C75) Description du Colorimètre. Cet instrument se compose de deux iubes de verre bien cylindriques, de 14 à 15 millimètres de diamètre et de 33 centimètres de longueur environ, bouchés à une extrémité, égaux en diamètre el en épaisseur de verre (1), divisés dans les 5/6 de leur longueur , à partir de l'extrémité bouchée, en deux parlies égales en capacité, et la seconde portant une échelle ascen- dante divisée en 100 parties. Ces deux tubes se placent dans une petite boîte de bois (2), par deux ouvertures pratiquées l’une à côté de l'autre à la partie supérieure et près d'une des extrémités , à laquelle se trouvent deux ouvertures carrées du diamètre des tubes , pratiquées en regard de leur partie mférieure, et à l'autre extrémité un trou par lequel on peut voir la partie inférieure des tubes en plaçant la boîte entre son œil et la lumière, et juger très-facilement , par cette disposition , la diffé- rence ou l'identité de nuance de deux liqueurs colorées iniroduiles dans ces tubes. Principe sur lequel repose le Colorimètre. L’appréciation de la qualité relative des matières tinctoriales est fondée sur ce que deux dissolutions , faites comparalivement avec des quantités égales de la même matière colorante dans des quantités égales d'eau (3), paraissent, dans les tubes coloriméiriques , de la même nuance, et que des dissoutions faites avec des pro- portions différentes présentent des nuances dont l'in- tensité est proportionnelle aux quantités de matière co- lorante employée ; ce qu'il est possible d'apprécier en introduisant dans les tubes coloriméiriques 100 parties ou jusqu’au zéro de l'échelle de chaque dissolution, et 10. (76) en ajoutant de l’eau à la plus intense jusqu’à ce qu’elle se confonde par la nuance avec la plus faible ; le vo- lume de la liqueur affaiblie indiqué par la graduation des tubes se trouve dans le même rapport avec le volume de l’autre que les quantités de matière colorante em- ployée ; l'intensité de couleur d’une liqueur affaiblie par l'eau étant proportionnelle aux volumes des liqueurs avant et après l'addition de l'eau , et les matières tincioriales variables en qualité , traitées convenablement et compa- ralivement , fournissant des liqueurs dont les nuances ont des intensités proportionnelles à la qualité du principe colorant qu'elles contiennent. Manière de se servir du Colorimètre. Après avoir traité ou dissout comparativement dans l'eau, ou tout autre liquide convenable , des quantités éga- les de matières lincloriales, on introduit de ces dissolu- tions dans les tubes colorimétriques jusqu'au zéro de l'échelle , ce qui équivaut à 100 parties de l’échelle su- périeure ; on les place (4) ensuite dans la boîte par les deux ouvertures pratiquées à cet effet, et, après avoir comparé leur nuance, si on trouve une différence , on ajoute de l’eau à la plus foncée et l’on agite ensuite le tube (5) après avoir bouché l'extrémité avec le doigt; si après celte addition d’eau on remarque encore ure différence, on continue d’en ajouter jusqu’à ce que les tubes paraissent de la même nuance. On lit ensuite sur le tube dans lequel on a ajouté Peau le nombre de parles de liqueur qu’il contient ; ce nombre, comparé au volume de la liqueur contenue dans l'autre tube ( qui est égal à 100 }, indique le rapport entre le pou- voir colorant ou la qualité relative des deux matières ünctoriales; et si, par exemple, il faut ajouter à la liqueur la plus intense 25 parties d'eau pour l’amener C77y à la même nuance que l'autre, le rapport en volume des liqueurs contenues dans les tubes sera dans ce cas comme 125 : 100, et Ja qualité relative des matières co- lorantes sera représentée par le mêine rapport, puis- que la qualité de ces matières est proportionnelle à leur pouvoir colorant. ; Les matières tinctoriales donnant des dissolutions di- versement colorées , il est ulile, pour bien apprécier l'identité de nuance avec cet instrument , de choisir une lumière convenable pour chaque couleur (les unes en exigent une intense, les autres une faible ou par ré- flexion sur un corps blanc) , et de se placer de manière à ce qu'elle arrive régulièrement sur l'extrémité de la boîte vers laquelle se trouvent les tubes (6). Pour les liqueurs bleues , il faut se placer à une fenêtre ou de- hors et regarder les tubes au travers de la boîte, en la tenant sous un angle de 45 degrés , en se tournant du côté opposé au soleil (7). L’appréciation se fait ainsi pour cette couleur avec assez d’exactitude pour ne pas commettre une erreur de plus de deux centièmes; ce dont il est facile de se convaincre en opérant avec une liqueur colorée en bleu , dont une partie est affaiblie avec une quantité connue d’eau, el établissant, comme je viens de l’exposer, l'identité de nuance entre ces deux liqueurs (8) ; il est même indispensable de répéier deux ou trois fois cet essai avant de se livrer à ce genre d’épreuve , afin de bien saisir l'identité de nuance de deux liqueurs, sur laquelle repose ce moyen métrique. Procede pour essayer les indizos. On prend un échantillon moyen de chaque espèce d'indigo (g) que l'on veut essayer, on le réduit en poudre et on le passe entièrement au tamis fin (ro) ; après en avoir pesé exaciement un gramme, que l'on in- (78) troduit dans un pelit matras sec, On y verse 20 gram- mes d'acide sulfurique de Saxe (11) , et quelques frag- ments de verre (12), pour faciliter par l'agitation le mé- lange et la dissolution de lindigo ; ensuite on chauffe au bain-marie à 4o à 50 degrés pendant une heure , en agitant (13) de temps en temps; le matras étant re- froidi, on verse la dissolution d’indigo dans un grand verre d'eau, en remuant constamment avec un tube de verre; puis on verse celte liqueur dans un bocal (14) de la capacité de trois litres. On passe ensuite de l'eau à plusieurs reprises dans le matras, dans le verre et sur le tube, jusqu’à ce qu'il n’y reste plus d’indigo ; toutes ces eaux de lavage sont introduites dans le bocal (15), que lou remplit ensuite d’eau pour compléter les trois litres de liqueur que le gramme d'indigo doit fournir. On agite bien le vase pour opérer le mélange, ensuite on verse de cette liqueur dans un auire vase ( d'un litre par exemple) pour la laisser déposer pendant quelques heures (16); le reste devenant inutile, on le jette pour recommencer la même chose sur les autres essais, qui doivent se faire en même temps et absolu- ment de la même manière. Les liqueurs étant bien reposées, on compare leur nuance avec le colorimètre (17), comme je lai exposé précédemment ; la qualité relative de chaque échantillon s'exprime par le nombre de parties que chaque liqueur donne comparativement après les avoir amenées à la même nuance dans les tu- bes colorimétriques, et si on opère sur un nombre de plus de deux, on compare les autres essais avec un de ceux qui ont servi dans la.première comparaison , dont la qualité relative est déjà connue (18). Notes et observations sur le Colorimètre et sur le moyen d'essayer les indigos. (1) On se procure facilement deux tubes de diamètre (79 ) égaux, en coupant à la lampe un tube de longueur con- venable et bouchant les deux extrémités qui se touchaient; vers ces parties, le diamètre des tubes et l'épaisseur du verre sont sensiblement égaux, et cela suffit, puisque c'est dans ces parties que se fait l'appréciation de l'iden- tilé de nuance des liqueurs colorées. (2) La boîte de bois dans laquelle on place les tubes peut avoir 14 pouces de longueur , 5 pouces de hauteur et 3 pouces de largeur , et ne laisser pénétrer la lumière que par les ouvertures pratiquées aux extrémités ; et, pour la rendre plus convenable , il est bon de la noircir in- lérieurement ou d'y coller du papier noir, et de donner une épaisseur de à: pouce et demi à la partie supérieure où se trouvent les trous par lesquels on introduit les tubes , pour éviter qu'il ne pénètre de lumière par ces ou- verlures. (3) Toutes les malières colorantes ne se dissolvant pas dans l’eau , il est necessaire , selon leurs propriétés , d'employer les agents chimiques convenables pour les dis- soudre , tels que les acides , les alcalis , l'alcool , etc. (4) I faut bien essuyer les tubes avant de les intro- duiré dans la boîte, et les tenir par la partie supérieure, pour évilér que les mains y déposent de l'humidité, qui ternirait le tube et augmenterait l'intensité de la li- queur dans les parties qui en seraient recouvertes. (5) Pour éviter la mousse qui se formerait en agitant rapidement le tube pour mélanger l’eau avec la liqueur colorée ; il faut l'incliner lentement et à plusieurs re- prises. (6) Si la lumière arrivait obliquement sur l'extrémité de la boîte, le tube opposé sé trouvant plus éclairé, pa” raîlrait moins intense que l’autre, et avant de conclure il faut vérifier l'identité , en changeant les tubes de place, (80) pour éviter les erreurs que la lumière pourrait occa- sionner. (7) On peut apprécier l'identité de nuance des li- queurs bleues aussi bien quand le ciel est couvert que lorsque le soleil paraît; dans ce dernier cas, ilest bon, s'il y a des nuag-s isolés, de s'arranger de manière à ce que l'extrémité de la boîte soit dirigée vers une par- tie du ciel qui présente de l’uniformité. (8) Cela se fait très-facilement en introduisant de la même liqueur dans les tubes jusqu’au zéro de l'échelle, et ajoutant dans un des tubes une quantité quelconque d’eau. (9) Les caisses d’indigos contenant des morceaux de nuances différentes et de la poussière , il est utile de détacher des fragments de plusieurs morceaux et de prendre de la poussière à peu près dans le même rap- port que cela se trouve. Les caisses d’indigo étant tou- jours conservées à la cave ou dans des endroits humides, l'indigo poreux contient souvent une grande quantité d'humidité, qui se perd surtout dans l'été ; si on n’a pas la précaution d'opérer de suite sur l’échantillon ou de le conserver dans un vase bien bouché avant de l'essayer. (10) Les indigos, même ceux qui offrent une belle nuance , contiennent souvent du sable qui reste sur le tamis ; par celte raison il est bon, pour obtenir un échan- tillon moyen d'indigo, de pulvériser convenablement toute la partie , de la passer entièrement au tamis, et de bien mélanger ensuite la poudre qui en résulte. On se sert à cet effet d’un pilon de porcelaine ou de verre , et d’un tamis de soie de 3 à 4 pouces de diamètre. On emploie des matras de 4 onces, desséchés en les chauffant et y soufflant de l'air, pour éviter que (81) que l'humidité qu’ils pourraient contenir ne retienne de l’indigo le long du col. (1x) La quantité d'acide que j'emploie peut paraître beaucoup trop forte pour dissoudre une aussi petite quantité d’indigo ; mais il est plus convenable d'en ein- ployer vingt fois le poids de l'indigo, puisque la disso- lution s’en fait beaucoup mieux et plus exactement qu'avec une quantité moindre, et que les résultats sont les mê- mes , pour l'intensité de couleur , qu'avec de plus petites quantités ; ce dont je me suis assuré par des expérien- ces comparatives, ainsi que pour la tempéraiure que j'indique. On trouve dans le commerce un acide sulfurique de Saxe qui donne des dissolutions violettes avec tous les indigos ; il est préférable de choisir celui qui dissout l'indigo en bleu , quoique le premier puisse également servir. (x2) I suffit que les fragments de verre aient la gros= seur d’un pois. (13) Il est convenable d’agiter les matras en leur don- pant un mouvement circulaire horizontal, en les tenant verticalement, pour que la matière reste toujours dans la moitié inférieure de la capacité du matras. (x4) A la place d'un bocal ordinaire , il est plus com mode de se servir d’une carafe de 3 litres, au col de laquelle on fait un trait pour indiquer la capacité. La mousse qui se forme en versant les liqueurs dans les va ses de cette forme , se rassemble mieux et plus promp- tement à la partie supérieure. (15) Pour éviter de répandre des liqueurs en les ver sant dans le bocal , on se sért d'un grand entonnoir et on frotte avec du suif le bord du verre. 11 (82) (:6) Une des choses les plus importantes pour l’exac- titude de ces essais esl de nopérer que sur des li- queurs bien claires, les corps en suspension augmentant leur intensité ; on parvient à les avoir ainsi en les lais- sant reposer du jour au lendemain , mais ce temps, sou- vent trop long, peut être abrégé en filtrant les liqueurs sur du verre pilé, disposé convenablement dans un en- tonnoir de verre, ou en se servant de filtres de papier égaux , et en filtrant toute Ja liqueur ou une assez grande quantité égale , pour chaque essai. Ce moyen d'obtenir les liqueurs claires a l'inconvénient, par la matière qui compose le filtre, de retenir un peu d’indiso ; ce dont on acquiert facilement la preave en filtrant une liqueur et comparant les portions qui passent les premières avec celles qui filtrent les dernières. Néanmoins, lorsque la matière du filtre est saturée de couleur, ce qui passe ensuite a sensiblement la même intensité. Les indigos de bonne qualité donnent des liqueurs assez limpides ; mais ceux qui sont inférieurs contiennent souvent beau- coup de sable et de matières terreuses, et quelques uns des substances végétales qui se charbonnent par l’acide sulfurique en laissant un dépôt brun que l’on serait porté à regarder comme de l’'indigo non dissout, si la preuve du contraire n'avait pas lieu. Autant que possible , il est bon de mettre les liqueurs déposer dans des vases plus hauts que larges, de pren. dre la liqueur avec une pipeite ou un tube effilé pour ne pas la troubler , et de laver les tubes avec les disso- lutions sur lesquelles on doit opérer. (18) La comparaison des indigos de basse qualité avec d’auires de très-bonne , exige souvent, pour arri- ver à l'identité de nuance, plus d’eau que ne peut en contenir le tube jusqu a E extrémité de la graduation ; dans ce cas, on en mel jusqu’au centième degré. Onre- (85) tire de la liqueur encore trop intense et on n’en laisse dans le tube que jusqu'au zéro de l'échelle, comme si on commençait ; on continue d'ajouter de l’eau jusqu’à éga- lité de nuance, et on double le nombre de parties que lon trouve en second lieu ; mais il est préférable de ne former, pour les essais de ces indigos, d’ailleurs fa- ciles à reconvaître, qu’un litre ou deux de liqueur, à la place de trois comme je l'indique , et de tenir compte du volume de dissolution que lon forme , par rapport à celle qui sert de comparaison. J'ai recherché si quelques substances pouvaient aug- menter l'intensité de la couleur de lindigo ; je n’en ai trouvé aucune qui produise cet effet, et qui puisse appor- ter, dans les circonstances ordinaires, de l'incertitude dans l'appréciation de la qualité relative des indigos par ce moyen métrique. La qualité relative des échantillons que j'ai ütrés par ce moyen, et que j'ai l'honneur de présenter à l’Acadé- mie , est exprimée par des centièmes, supposant à l'échan- tillon que j'ai trouvé le meilleur une qualité égale à 100. 15. % ia à ip 157, Snpihait dos “EF 96 lg st Mid sy NA Mu eo DAT md: 1 ps n L nero Tr SAP ip os w Me obpfonpe modneqael | part mit" 6 lues af 36 ittnnbat} salée | À Bug Éup 5 909 19 ivhong np pétoik à ao! 86 in de ETAT TMSECTS id QU sb géitussique/ het L FU Dutote NTa UT intbm ipsyplnasà.. a ts Jiülaig de, Br 4h udanEt Éet sup Fapdar …. 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Griel, architecte, en faisant faire une tranchée pour les fondements d’une maison rue du Renard , à Rouen, à l’ouest de cette ville, et à huit pieds environ de pro- fondeur sous terre. Parmi les objets que renfermait ce sarcophage, on remarquait des os colorés d’un vert assez brillant, et à ce sujet plusieurs académiciens penchaient pour attri- buer cette couleur verte au cuivre qu'ils soupçonnaient entrer en partie dans la composition du cercueil où les ossements trouvés existaient depuis plus de quinze cents ans (voir , à cet égard , le Journal de Rouen du 5 août 1827). Et en effet, les oxides gris, rouge, verdâtre et blanc que présentent les débris de ce cercueil, sem- blaient, vu leur couleur, autoriser cette opinion. Pour éclaircir ces doutes , j'ai analysé la matière très- oxidée formant la base de ce cercueil, afin d'en détermi- ner la nature et la composition. L'échantillon de ce métal revivifié, et que je mets sous les yeux de l'Académie, m'a prouvé, au moyen d’ex- périences exactes que j'ai faites , que ce sarcophage ne (86 ) contient pas un atome de cuivre dans sa composiliom D'autres essais m'ont aussi convaincu que les oxides qu'on rencontre sur la surface rusueuse de ce cercueil sont de nature plombifere ek staniftre. Aiosi, et d’après ce qui précède , il reste à cher- cher une autre cause que celle de la présence du cuivre pour déterminer à quoi est due la couleur verte dont sont empreints les ossements trouvés dans le sarco- phage provenant de la fouille de la maison rue du Re- nard , n° 20. Il résulte encore de cette analyse que le cercueil ro- main n'est pas de plomb pur, mais bien un alliage de plomb et d’étain , mélange moins oxidable et moins altérable par le temps que le plomb seul, motif qui dé- termina probablement les anciens à faire cet alliage afin de rendre leurs tombeaux plus durables, en conser- vant aussi plus long-temps l’objet de leurs affections (a). Enfin ces essais prouvent de plus en plus que les mélaux sont indestructibles ; seulement plusieurs d’entre eux s'oxident avec le temps , soit à Pair , soit sous terre ; mais, en s'oxidant , ils ne changent que de couleur et ja- mais de nature; de manière que , par des procédés très- simples et que la chimie indique, on peut toujours leur rendre leur éclat métallique primitif et les reconnaître partout où ils existent. J'ai cru , Messieurs , que cette courte Notice pouvait vous présenter quelqu’intérêt; ce motif seul m’a déter- miné à vous la communiquer. (a) Le cercueil en question se compose à pen près de deux parties de plomb et d’une d’étain. Cet alliage, qui n’est pas for- tuit, prouve que les peuples anciens avaient déjà de grandes con- naissances en métallurgie. (87) RAA AS AN AAA AAA AAA AV AAA A A AAA AAA AAA HISTOIRE D'UN HOQUET SPASMODIQUE ;, Accompagne d'une espèce daura qui se fuisait sentir dans diverses parties , Par M. Heuuss, Médecin de l'Hôtel-Dieu de Rouen. Messieurs, Le nommé Auzout, né à Sotteville-sur-Mer , s’oc- cupait à l’âge de 7 ans à remuer du fumier dans l'écurie de son père, lorsqu'il éprouva, vers la dernière ver- tèbre du dos, un sentiment de fatigue qui n’alla pas jusqu'à la douleur. Bientôt la même sensation retentit à l'épigastre , et il fut pris d'un hoquet peu fréquent, et qui dura peu. Pendant deux ans ce hoquet se renou- vela à des époques plus ou moins éloignées , et précédé de la même sensation, qui alors se portait du dos à lépigastre , sans dépasser ces deux points. Bientôt après ce sentiment, que le malade compare au passage d’un léger nuage, au frottement d’un tissu soyeux , et que nous nommerons désormais aura, pour éviter toute pé- riphrase, abandonna l’épigastre pour se faire sentir, pen- dant les accès, dans les diverses régions du corps. De l'épigastre elle se portait d'ordinaire en remontant jus- qu'à la partie supérieure du col, après quoi elle errait 12 (88) indistinctement dans toutes les parties, sans que pour cela le hoquet cessât. Ce n’est même qu'à dater de celle époque qu'il acquit toute son intensité. À l’excep- tion de la tête , cette aura se faisait sentir à la poitrine, au ventre , aux cuisses, aux jambes, mais elle semblait surtout se fixer vers les extrémilés supérieures ; le ma- lade la sentait descendre le long du bras, de Pavant- bras, arriver jusqn'aux doigts, où il éprouvait un léger sentiment de roideur : el, dans celle position, ayant machinalement fermé la main, il ne fut pas peu sur- pris de voir le hoquet cesser à l'instant, pour recom- mencer dès qu'il la rouvrit. On pense bien qu'il usa fréquemment de ce moyen pour suspendre des accès qui, rares d'abord, se rapprochaient au point de venir toutes les semaines, et qui ne cessaient que lors du relour de cetle aura au dos, point d’où elle était pri- mitivement partie, ce qui se faisait attendre d’une demii- heure à trois heures, lorsque la flexion des doigts ne suspendait point l'accès. C’est en vain qu’il ferimait ja main lorsque l'aura n’y était point descendue ; le hoquet persistail. Cette condition était de rigueur pour que le spasme cessât, ce qui exclut toute idée d'attribuer sa suspension au pouvoir de l'imagination rassurée par cetle précaution. L'aura ainsi fixée, le hoquet ne reparais- sait point; mais la gêne qui résultait de la privation d’une main fit qu'il ne la tint jamais fermée plus &e quinze jours. Pendant ce temps, il entourait les doigts avec un mouchoir, pour ne point céder aux mouvemens involontaires , et c’est surtout aux approches de la nuit qu'il prenait cetle précaution. C’est ainsi qu'il passa l'espace de neuf ans, après quoi il fut envoyé à Rouen pour faire ses éludes. Le séjour de la ville ne tarda pas à rendre ses accès plus longs et plus fréquens. Il me fut adressé par le curé de la paroisse de Notre-Dame, daus le courant de 1822; depuis plusieurs jours il re- (83) tenait son hoquet par la flexion des doïgts ,- qu'il entou»- rait d'un mouchoir. Je m'assurai du fait, et, l'ayant trouvé curieux, je priai MM. Godefroy, Blanche et Vigné, membres de PAcadémie royale de médecine, d'étudier avee moi cette singulière névrose. Ce jeune homme , examiné dans son ensemble, nous parüt d’une bonne constitution ; le col court , les épau- les larges, l'appétit et le sommeil francs; aucune ma- ladie, aucun exanthême, aucun accident n'avait précédé Yinvasion ; seulement depuis deux ans il était averti de l'approche du hoquet par un sentiment de tension, de gonflement à la région du dos; celle partie examinée attentivement nous offrit une cicatrice ronde déprimée , de la largeur d’un centime, placée à gauche et à un pouce de la ligne médiane; nous n'en pûmes connaître lorigine. Depuis trois jours le hoquet éiait suspendu par la flexion des doigts de la main gauche , qui étaient fortement contractés sur la paume de la main et le pouce par dessus, sans que celle roideur l'empêchit d'exécuter les mouvemens du poignet, sous l'influence de la seule volonté. H n'était pas besoin d'ouvrir la main en entier pour ramener le hoquet; l'extension d’une seule phalange était suffisante : celle du petit doigt ayant été saisie et redressée par M. Godefroy, avec la rapidité de l'éclair, laura retentit à l’épigastre et le hoquet reprit de suite. Pénible à entendre, autant par sa nature que par le mal-aise qu'il causait au malade, il se répétait de cent à cent vingt fois par minute ; si au milieu de l'accès le moindre obstacle entbarrasse la respiration, soit le besoin de tousser, une tentative d'avaler un liquide, alors survient une gêne inconceva- ble ; les efforts de la toux se réunissent aux angoisses du hoquet, le corps se roïdit, la figure s'anime , Îes yeux deviennent fixes, et l’on observe des symptômes qui pourraient promptement devenir inquiétans. Le dé» 12, Cg0 ) sir du calme et le besoin du repos font qu'il manque rarement de fléchir les doigts lorsque l'aura s’y porte; mais iln’y est nullement forcé : s’il les tient étendus, elle remonte le long du bras pour errer de nouveau dans d’autres régions. C’est ainsi que nous la vimes parcourir successivement la poitrine, le ventre, les jambes, les cuisses et les articles ; lorsqu'elle fut dans cette dernière partie, on fléchit fortement la jambe sur Ja cuisse, et le hoquet fut de suite arrêté, pour recommencer dès que la jambe se détendit. Le malade indiquait avec le doigt la marche que suivait cette aura, en portant successivement l'index vers chaque point où il la ressentait. La flexion des articulations suspendant l'accès quand Vaura séjournait aux extrémités , il nous parut curieux de vérifier si la ligature aurait le même pouvoir; en conséquence ; laura élant dans un pied , une forte liga- ture fut placée aù tiers inférieur du même côté, sans produire aucun résultat. Ce fut avec aussi peu de suc- cès que l'aura étant dans la main, le garrot fut appli- qué au bras jusqu'à abolir le mouvement et le sen- tment. « | Le hoquet n'ayant lieu que Îorsque cette aura cir- culait librement, et cessant dès qu’elle était emprison- née , je ne pus me défendre de la regarder comme cause ou condition nécessaire du spasme , quelle que fût sa nature, que je ne pouvais encore pénétrer, C’est pourquoi j'engageai le malade à la retenir captive dans la main un temps indéfini, pour voir ce qui en arri- verait ; je m’occupai aussi des moyens d’agir sur l’en- nemi ainsi cantonné , soit par un vésicatoire , un MmOxa, ou de toute autre manière. Un nouveau phénomène vint changer mes idées et me faire renoncer à ce projet, Depuis quinze jours l’accès était suspendu par la flexion de Ja main gauche, lorsqu'une nouvelle sensation, en (91) tout semblable à la première , se fait sentir à la région du dos; une seconde aura s'en échappe et fait naître le hoquet ; mobile et vagahonde comme la première , elle détermine les mêmes accidens; après de longues courses elle descend dans la main droite qui est libre : le malade la ferme et le calme renaît aussitôt. Par un mouvement de curiosité, je lengageai à ouvrir les deux mains ensemble ; aussitôt il sentit deux aura isolées, distinctes, parcourir librement les diverses ramifications nerveuses, suivant leur caprice : elles paraissaient s’at- tirer, se fuir, s'enire-croiser sans jamais se nuire, se joindre où se confondre. Pendant ce temps le hoquet était d'une violence extrême ; chaque aura semblait agir séparément , en déterminant un spasme particulier. Une d'elle retourna au dos et disparut ; de suite le hoquet reprit son type primiüf, et la seconde aura s'étant poriée dans une main , il la ferma ét recouvra le calme dont il avait grand besoin, Celte double aura s'était déjà fait sentir plusieurs fois, et toujours lorsque la première avait été long-temps retenue captive. En vain donna-t-il, en ouvrant la main, la liberté à celle qui reslail, elle le tourmentait sans relâche, et, évitant le dos , elle retournait constamment dans la main, ce qui mellait ce jeure homme dans l'alternative gênante, eu d'être privé de son usage, ou de voir renaître son hoquet. Il n'avait point encore éprouvé d'accès aussi pénible. Soit cette raison, soit ennui de ne pouvoir se livrer aux études qui l'appelaient à la ville, il devint morose ; 1l éprouvait de la douleur à Pépigastre, des vertiges fréquens : alors je me hâtai de le renvoyer à la charrue de son père, pour espérer de la nature une guérison qu’il pourrait trop attendre des secours de la médecme. De retour chez lui, le hoquet ne cessa pas de suite ; pendant deux ans encore il en fut tourmenté, avec celte différence que le hoquet était plus souvent (92) double que simple, et les accès moins longs. Uné année entière s'étant passée sans qu'il en ressentit les atteintes , il crut-pouvoir en toute sécurité venir re- prendre à la ville le cours de ses études. Il vint me voir ; il avait grandi beaucoup et annonçait un jeune homme fort et bien constitué. Je crois sa guérison so- lide, par la remarque qu'après la cessation du hoquet , l'articulation moyenne de l'index de la main droite est devenue le siège d’un nodus comme arthritique, et que de semblables déformations se sont bientôt montrées à deux doigts de la main gauche. Dans les changemens de temps il éprouve des douleurs vagues dans les membres, et surtout dans les articulations déformées. Cette terminaison me paraît fort remarquable et bien propre à jeter du jour sur le caractère de cette sin< gulière affection , ainsi que sur l’affinité qu’elle sem- blait avoir pour les articulations, et notamment pour celles des exirémités supérieures. (93 ) AAA AAA AAA AAA AAA AAA AAA AAA AAA AAA NOTE Communiquée par M. Des Auceurs, D.-M. Messieurs, Arrivé trop tard, à la dernière Séance, pour en- tendre M. Hellis vous exposer l’histoire de la maladie curieuse dont il vous a présenté le sujet, je ne de- mandai point la parole sur le champ pour citer un fait qui a une grande analogie avec celui observé par M. Hellis. Il avait communiqué cette même observation à la Société de Médecine de Rouen, il y a plus de trois ans. Îl avait désigné , à cette époque, la maladie sous le nom d’aura singultioa. Nulle réclamation , nulle remarque contradictoire ne s’éleva dans le sein de la Société ; parce que, à défaut de faits qui leur fussent per- sonnels, tous les membres se rappelaient d’avoir lu dans les auteurs des exemples de maladies nerveuses analogues, guéries également par des crises inattendues, et qui s'opéraient sur des organes dont l’analogie de struc- ture ou la correspondance de fonctions avec l’encéphale et le système nerveux directement, semblaient tout- à-fait incompréhensibles. On accueillit donc l’observa- tion de M. Hellis avec l'intérêt qu'elle méritait, et je sais que j'en demandai moi-même à l'archiviste une (94 ) communication particulière, parce qu’elle avait des rapports directs avec quelques remarques pratiques que je communiquai à un Journal de Médecine de Paris, auquel j je travaillais à ceue époque. Je n'ai pas été peu surpris que M. Bertrand, dont les principes médicaux, puisés à une bonne source, ont fait un médecin hippocratique , ait trailé avec celle légèreté une observation aussi curieuse, et ait sacrifié à # coutume ridicule de quelques journalistes, en im- molaut un médecin de province à la critique qu’il désirait faire d’un autre médecin de la capitale, dont les talens reconnus et la position personnelle commandaient d'ailleurs des ménagements. Il a fait preuve d'esprit en prenant ce moyen, el, il faut l’avouer , en écrivant son article. Mais nous sommes déjà convenus plus d’une fois, Messieurs , de regarder l'esprit appliqué exclusi- vement aux sciences, comme un hors d'œuvre , et quel- quefois même comme quelque chose de plus. M. Hellis a répondu sérieusement à la plaisanterie , en vous pré- sentant le malade , et cependant je crois que maintenant il doit avoir les rieurs de son côté, L'observation que je vous ai annoncée , est celle-ci : Mie A... , âgée de vingt-six ans, d’une constitution ljéibhäiicéuéévesse , d'une santé assez bonne , quoique délicate , d’un physique agréable, avait éprouve vers sa dix-huitième année des peines vives , par la perte de personnes qui lui étaient chères. Après une fièvre catharrale qui fut compliquée de quelques symptômes nerveux qui pouvaient simuler une fièvre de mauvais caractère, elle fut prise tout-à-coup, lorsque la con- valescenee était presque achevée, d'un mouvement spasmodique dans la jambe gauche. Ce mouvement me parut Être de la nature de celte ‘névrose surnommée C95) danse dé Suint-Gui. La jambe se contractait avec une vivacité très-grande, et exerçait un mouvement non interrompu de fléxion et d'extension. Ce moave- ment était si rapide que le talon de la malade, lors- qu'elle était couchée , usait bientôt le drap du lit dans l'endroit correspondant au pied. Tous les moyens que M. Bertrand qualifie plaisamment du nom de kirielle des antispasmodiques furent employés, ainsi que les bains chauds et froids , ceux de mer, les vésicatoires, etc. Rien n’y fitt Des médecins de la capitale, consultés, échouèrent dans leurs tentatives de guérison. Le ma- riage fut conseillé à la malade; elle ne voulut pas en entendre parler; et, je dois le dire, il est heureux qu'une circonstance pareille ne se soit pas rencontrée dans observation de M. Hellis : je ne doute pas qu’elle n’eût fourni à la narration de M. Bertrand quelques nouveaux trails plaisans. Quoiqu'il en soit, Mile A... était tourmentée depuis trois ans de celte maladie in- commode et rebelle ; elle avait renoncé, pour ainsi dire, aux secours de la médecine , lorsqu'elle fut prise tout- à-coup d'une ophtalmie peu intense. Les antiphlogis- tiques furent employés. La douleur cessa au bout de peu de jours; mais le bord libre des paupières prit un aspect rougeâtre et poli et une certaine dureté qui semblaient caractériser une palpébrite chronique. De ce même instant la danse de Saint-Gui a cessé complètement ; la malade n’a point eu, depuis plus de trois ans, de rechute ; il n’a point reparu d’ophtalmie aigue ; les fonctions se font régulièrement. Elle a quitté notre ville et s’est mariée; la rougeur et l’engorgement des paupières n’ont point cessé, et il m'est impossible de ne pas regarder cet engorgement comme la crise directe et complète de l'affection nerveuse. Quant aux explications, je prie l’Académie de me dispenser de 13 (96) Jui en donner ; j'avoue ingénuement que je n’en connais pas de satisfaisantes ; mais c’est. un fait curieux à joindre à celui non moins curieux observé par notre confrère. (97 ) EE —_——— —— 12 "5. CONCOURS. nanas RAPPORT DE LA COMMISSION, Par M. Aug. LEPREVOST. MEsseurs, La Compagnie a chargé une commission composée de MM. Meaume, Lévy, Schwilgué , de Labillardière , et A. Leprevost, de lui rendre compte du concours qu’elle avait ouvert concernant la géologie de la Seine- Foférieure. Nous venons, au nom de la commission, nous. acquitter de ce devoir, et nous espérons que vous vou- drez bien nous permettre de commencer par vous fé- liciter de lheureux choix de la question proposée. Trop long-temps les concours de ce genre, heureuse inno—. vation de Ja civilisation moderne, et l’un des leviers les plus efficaces que les connaissances humaines puissent appe- ler à leur aide, furent abandonnées à des ergoteries lit- téraires plus propres à fausser l'esprit qu’à le fortifier, à, éparpiller des clartés trompeuses qu’à jeter un jour franc et vigoureux sur les objets les plus véritablement di- gnes des méditations du savant et du philosophe. C’est en général une chose difficile, plus difficile qu’on ne le pense , que le choix et la rédaelion d’une question acadé- mique, 11 faut, autant que possible , qu’elle. offre à la fois un intérêt assez puissant pour. exciter l'attention gé- nérale et l’émulation des concurrents , des, obstacles da nature à donner du prix à. la victoire sans dégodler du combat ; une application utile et appropriée autant que possible à quelque besoin présent et pressant de la sos ciété , de la science ou de la littérature; un cadre- Ve OR (98 ) d'une étendue proportionnée à son importance, aussi bien qu'aux résultats d'honneur ou de profit attachés aa succès ; enfin une clarté ei une précision d'expression qui ne permettent à aucun esprit éclairé de se tromper sur la direction et les limites des travaux demandés. Le génie proprement dit, et surtout le génie poé- tique , si difficile à conduire et à régler dans ses sou- daines inspirations , ne sauraît , Messieurs, être bien à l'aise dans les concours académiques , où l’on a l’ha- bitude non-seulement de lui fournir un sujet déterminé , mais encore de lui dire comme de créatear à Ÿ Océan stabis hic, et non ibis ampliüs. Aussi , à d'exception des jeux floraux, où des maîtres du gai savoir ont eu le bon esprit de laisser une indépendance complète aux ins- pirations des muses, les concours poétiques n’ont-ils guères produit en France , depuis une centaine d'années , que ce qu’on est convenu d’appeler des vers estimables, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus inutile et de moins poé- tique au mogde. Les questions hitéraires n’ont pas, à notre connais- sance , produit de plus heureux résultats. Non que les académies n'aient toujours eu la prétention d’être , l’une Varbitre en dernier ressort, etles autres, plus modestes, les dépositaires exclusives du goût, ni que beaucoup d'honnêtes gens ne soient encore humblement sou- mis à cette prélention; mais aujourd'hui on peut déjà, grâce au grand mouvement qui s'opère dans les es- prits, dire sans scandale , même au sein d’une Société savante , que le goût est une fleur mobile et délicate qui ne croît guère dans les lieux soumis au dogme de l'au- torité ou à l'esprit de systême ; que ses décisions , fruit d'éléments pour la plupart fort variables , ne seront ja- mais plus sûres que quand elles résulteront de l'impres- sion naturelle des œuvres du génie sur des cœurs sen sibles, que les agitations du monde , l'élégance des mœurs (99 ) où le calme de la retraite auront défendu du dangereux prestige des beautés de tradition et de convention. Parmi une foule d’autres raisons, nous nous contenterons d'en citer une bien forte pour que les jugements littéraires des Académies ne puissent jamais être d'accord avec ceux de l'opinion publique, telle qu’elle existe dans nos Sociétés modernes : c’est que les femmes sont exclues des Académies , et en particulier de celle devant laquelle nous avons lhonneur de parler, et qu’elles exercent , au contraire, hors de là, sur la direction des arts de l'esprit, une influence toujours croissante à mesure qu'une éducation soignée développera de plus en plus les trésors de leur juste et heureux instinct littéraire. L'exemple de l’Académie française est fait d’ailleurs pour inspirer, sous ce rapport, un juste effroi à toutes les Compagnie savantes. Qu'est-il resté, que restera-t-il sur- tout de ce qu'elle a fait ou encouragé à faire , pour im- primer le sceau de l’immutabilité à ses doctrines lité raires , pour les couler en bronze , si nous Os0ns nous exprimer ainsi? Rien, ou à peu près rien, si ce n’est l'accusation trop fondée peut-être d’avoir pris une mis- sion qui ne lui appartenait pas, pour imposer à noire siècle une littérature qui n’était plus, qui n'avait ja- mais bien franchement été son expression. lin’en est heureusement pas ainsi, Messieurs, dans le domaine des sciences. Là, quand on marche ou qu'on fait marcher les autres , C'est, comme dans nos glorieuses armées françaises , jamais de côté ou à reculons, mais toujours en avant; là, près des apothéoses réservées aux génies créaleurs et aux grands services, il y a de douces et modestes illnstrations secondaires toujours of- fertes au mérite des hommes zélés et laborieux ; là, on peut demander et recevoir ce qu'on veut, parce que tout a une mesure précise et bien connue ; là, soit qu'il s'agisse de faire revivre de nobles et touchants souve- ( 100 }) nirs , ou de rechercher les bases de la législation et de- la prospérité publiques, de décrire les merveilles du monde que nous habilons, ou de soumettre au calcul de nouveaux tributaires, d'ouvrir des chemins non en- core frayés à l’agriculture ou à l’industrie manufactu— rière , il n’est point de services sans récompense , parce qu'il n’est point de services sans utilité plus ou moins. immédiatement populaire et pratique. On ne veut plus, parmi nous, que de la poésie ou de l’éloquence d’ins- piralion ; mais on y accueille avec un intérêt toujours. croissant les travaux scientifiques, à quelque origine qu'ils appartiennent, et surtout quand ils sont suscep- tibles d'applications locales. Le mot de Cicéron : nosce patriam, poslea viator eris, est devenu la devise uni- verselle de la génération qui nous entoure. Aussitôt que l’homme peut s'élever au-dessus de l'atmosphère des simples travaux et des grossiers besoins dans laquelle un si grand nombre de ses semblables sont condamnés à rester toule leur vie, c’est sur lui-même et sa patrie qu'il porte ses premiers et ses plus constants regards. On ne pouvait donc , nous le répétons, faire un choix plus heureux que celui d’une question d’un si hant in- térêt local, et pour les sciences physiques, et pour la sta- tistique , et pour l'industrie. S'il y avait à s’étonner de quelque chose, ce serait qu’on ait encore si pen fait pour ce genre de recherches ; que cette terre sur laquelle tant d'hommes ont déjà passé, qui a été l’objet ou le point d'appui de tant de spéculations et de travaux, soit encore si mal connue. À voir ce que nous en savons, il semble, d'une part, que, voyageurs d'un jour, ce. ne soit que d'hier que nous y ayons planté nos.tentes, et , de l’autre , que sa nalure soit enlièremert indifférente à notre agriculture et à nos arts. Il n’y à malheureusement point de pays moins avancé, moins versé que notre Seinez Inférieure dans les recherches géologiques. Tandis qu'ail- ( rot ) leurs des hommes, suppléant par le zèle à l’ancienne imperfection de la science, ont fourni des matériaux utiles à nos contemporains, quand le sol de la Basse- Normandie est scruté depuis long-temps par d’habiles et infatigables observateurs, nous ne possédons que quel ques fossiles recueillis jadis par Pabbé Bacheley et per- dus dans les greniers du collège, que quelques échan- tillons précieux recueillis à d'immenses profondeurs par M. Vitalis, et dont la Compagnie paraît ignorer com- plètement le prix, peut-être même l'existence, à en juger par le peu de soin et d'intérêt dont ils sont en- tourés. C’est en vain que , depuis quinze ans , nous cher- chons à entraîner quelques uns de nos compatriotes vers un genre d’études qui se recommande à la fois par tant d'utilité el tant d’attrait, qui nous révèle en quoi con- siste la terre que nous habitons , et par quelles révo- lutions elle a passé depuis l’époque reculée où, à la voix de l'Eternel, la vie et le mouvement en em- bellirent pour la première fois la surface. La géologie est donc une science tout-à-fait exotique parmi nous, et il ne faudra rien moins, pour l'y naturaliser, que le prix que la Compagnie à doté avec une munificence toute particulière , et dont nous avons à vous rendre compte. Nous commencerons par vous rappeler le programme tel qu'il a été établi par vous; et cette lecture suffira pour vous faire apprécier tous les genres d'intérêt qui se rattachent à la question proposée. Copie du programme. « L'Académie décernera un Prix extraordinaire à l’Au- » teur qui lui aura présenté un Travail satisfaisant sur la » Statistique mineralogique du Departement de la Seine- » Inferieure. » On devra faire connaître les différentes couches mi- EE» LU { 103 ) nérales qui constituent le sol du département , indiquer l’ordre de superposition de ces couches, les décrire séparément ou par groupes ; en indiquant les minéraux accidentels el les restes de corps organisés fossiles qu’elles renferment , et faire ressortir l'influence que la cons- titution intérieure du sol exerce sur sa configuration estérieure , sur la distribution et la nature des eaux , sur la végétation en général et sur l'agriculture. » On s’attachera à faire connaître , avec précision , les gisements des substances utiles dans les arts que renferme ce département, à décrire sommairement » les établissements qu'ils alimentent comme malières » premières , et à indiquer ceux qui pourraient encore y » être introduits avec avantage. » » Le mémoire sérà accompagné d’une carte en rapport exact avec le texte , et d'un nombre de coupes de terrein suffisant pour la parfaite intelligence du travail. » Il serait bon qu’on indiquât, avec précision, la hau- teur au-dessus du niveau de la mer, des points qui présentent un intérêt quelconque pour la géologie. ». L'Académie désirerait aussi, mais sans emfaire une condition expresse , qu’on fit connaître les rapproche- ments auxquels:les observations contenues dans le. mé -moire pourraient conduire enire les divers terreins qui se rencontrent dans le département el: ceux qui, ont été observés et décrits dans d'autres: contrées., » Sur cette importante question , il. vous a été adressé un seul Mémoire portant la devise suivante : » RES « Qui de natur&, tanquam de re exploralä , pronun- liare ausi sint, sive hoc ex animi fiducia fecerint , sive s ambitiosè et more professorio + maximis il philoso- » phiam et scientias detrimentis affecere. Nov. Org. , pref., B,60. ( 103 ) Ce Mémoire est l'ouvrage d’un naturalisie bien au courant de l’état de la science , et qui paraît avoir mis un soin particulier à connaître la situation des recherches géologiques dans la partie méridionale de l'Angleterre. Nous ne saurions trop l’en féliciter à cause de Pidentité et de la correspondance des terrains, beaucoup plus grande entre ce pays et le nôtre qu'entre ce dernier et les deux contrées voisines, telles que les environs de Paris ou la Basse Normandie. IL nous a paru avoir fait des recherches particulièrement neuves et heureuses sur cette dénudation des couches inférieures qui constitue le pays de Bray, et à laquelle on ne trouve d’analogues bien étudiés que dans le Bas-Boulonnais , et encore dans quelques contrées d'Angleterre. La division de son tra- vail nous à paru convenable ; il est semé de réflexions judi- cieuses qui appartiennent souvent à l’auteur en propriété, et écrit dans le style approprié à la matière, autant du moins que les imperfections de la copie nous ont permis d’en juger. Enfin tout ÿ révèle un géologue bien en état de concevoir et de traiter la question , mais tout y prouve aussi qu'il n’a fait que l’effleurer , et c’est ce dont il ne nous sera que trop facile de vous fournir des preuves. Aiosi, nous trouvons , dès le début, l’aveu suivant : « Nous n'avons pensé qu'à présenter un tableau exact » des formations. » Or il est manifeste que votre pro- gramme demande bien autre chose. Et à la page suivante : « Nous nous proposons de publier plus tard une » carte spéciale pour la géologie , et nous nous bornons » à présenter une carte ordinaire coloriée , afin d’indi- » quer l'étendue et surtout les limites des différents ter- » rains. » Or, ce n’est point la promesse d’une carte géo- logique future et éventuelle que vous avez demandée, 14 (104) mais bien cette carle mêine toute faite el prête à être gravée, et, quelque confiance que puissent mériter les engagements pris par lauteur, comme il vous est en- core inconnu , ils ne doivent vous offrir aucune garantie, En général, ce n'est, si nous osons parler ainsi, qu'après une sorte d'incubation plas où moins prolon- gée , que l'on peut connaître la constitution du sol d’un pays aussi élenda que le département de la Seine-In- férieure. C’est cette incubation , c’est le temps:néces- saire pour observer et décrire, qui paraissent avoir manqué principalement à lauteur , et vous en serez peu surpris quand vous vous rappellerez les limites étroites dans lesquelles il était renfermé par votre pro- gramme même, sous ce dernier rapport. Ea supposant, comme cela paraît probable, que ce ne soit qu'après la publication de voire question qu'il sera allé chercher des renseignements spéciaux dans un pays que la mer sépare aujourd'hui de nous, les jours qu'il a pu con- sacrer à la recherche et à la deseripüon de nos terrains n'auront pu être que bien courts et bien peu nombreux. Nous ne lui en ferons donc point un reproche:person- nel, el nous pensons que son Mémoire est déjà un ou- vrage assez estimable pour qu'il doive: être encouragé à le terminer par ja prorogation du terme précédemment assigné au concours. Nous ne perdons point l'espoir , d’ailleurs, que la nouvelle publication qui va en être faite ne réveille le désir d'y prendre part chez quel- ques uns des géologues que des travaux da même genre dans d'autres contrées, ou l’élnde déjà faite de quelque portiou de noire territoire , mettrait à portée de traiter plus promptément la question proposée. De quelque manière enfin qne ce résultat soit obtenu, il faut que vos nobles et bienfaisantes intentions soient remplies ; ce n'est point, nous dsons vous l’affirmer , ce n’est point dans un siècle de lumière et de rechér- (zo5 ) ches , ce n’est point au milieu des deux foyers principaux des connaissances modernes ( Paris et Londres ) que votre appel aux amis de la géologie aura retenti en vain ; il ne faut que du temps et de la publicité pour jui faire porter tous ses fruits. Comme c’est, néanmoins, sur l'auteur du Mémoire reçu que doivent principalement porter vos espé- rances,; nous €royons devoir revenir à ce Mémoire pour vous sigmaler quelques unes des principales omis- sions qui nous ont particulièrement frappés dans son examen ; parce que nous supposons qu'il pourrait pro- fier de la publicité que vous jugeriez à propos de don- ner à ces remarques: 1° Aucun département n'offre pent-être plus de fa- cilité que le nôtre pour Vinvestigation de ses roches , à cause des escarpements à pic qu'elles présentent tout le long du bassin de la Seine et du littoral de l'Océan. Un voyage géologique depuis Elbeuf jusqu'au Tréport nous paraît un chapitre indispensable dans le travail que vous avez demandé. 2 es fouilles immenses faites à Meulers > près Dieppe, nous offrent en profondeur (grâce aux échan- tillons recueillis par M Vitalis), le mème intérêt et les mêmes ressources d'exploration que nous signalions tout à l'heure dans les falaises , sous le rapport de l'é- tendue. 3° Le département renferme plusieurs sources d'eaux minérales qui ont joui jadis d’une célébrité plus ou moins grande, plus ou moins mérilée. Celles de For- ges altirent encore de nos jours de nombreux malades. L'auteur s’est contenté de nommer ces dernières, et n’a pas même indiqué les autres, bien loin d’en faire conraître- la nature, C’est encore un chapitre important à réclamer. 4° On à demandé pour chaque couche de terrain la liste des principales espèces et surlout des espèces ca- 14 ( 106 ) ractéristiques de fossiles qu’il renferme, et non une vague indication de genres, qui ne peut fournir aucun rensei- gnement précis. Parmi ces fossiles, il en est quelques uns de particuliers au pays ou au moins de très-rares ailleurs, tels que les scaphites, les turrilites, Pammo- nite de la montagne Sainte-Catherine , qui réclament des explications de eldée étendue. 5° La Po des productions minérales de la Seine- Inférieure n’ont point encore étélanalysées ; quelques unes offrent cependant un intérêt et des caractères par- ticuliers qui semblent appeler ce genre de recherches d’une manière toul-à-fait spéciale. L'auteur ne paraît avoir rien fait et rien provoqué sous ce rapport ; celie négligence est d'autant moins excusable qu'il eût trouvé à Roten même toutes les lumières et toute l’obligeance qu'il pouvait désirer pour suppléer à ses propres tra- vaux chimiques. 6o Enfin, l’une des portions les plus essentielles de ce grand travail, celle des applications déjà faites ou pouvant être faites des produits de notre sol aux sarts et à l'agriculture , nous paraît fort incomplète. Apfès nous avoir fait bien connaître la charpente et les matériaux du territoire de la Seine-Inférieure , il fallait, ce mous semble , terminer l’ouvrage par une liste raisonnée de ses produits, indiquant ce qu'on en recueille, les pro- cédés qu’on suit et les valeurs oblenues, puis ce qu'il reste à créer ou à perfectionner , d’après les rensei- gnements fournis par la science ou par l'expérience de ce qui se fait ailleurs. Nous ne: trouvons, au lieu de cela , que des renseignements épars et visiblement insuf- fisants. | Nous ne porterons point plus loin , Messieurs, cette énumération. Nous ne nous appesanlirons point, par exemple, sur ces rapports curieuxqu'on peut: observer entre les. circonstances géologiques et les races. d’hom- Cro7 ) més qui habitent chaque pays ; ceux d’entre vous qui s'occupent de travaux médicaux savent pourtant bien qu'il existe de grandes et notables différences entre le cauchois , l'habitant du pays de Bray et celui des rives de la Seine. Mais nous ne doutons nullement qu’en ce point comme sur tant d’autres , ce ne soit le temps seul qui ait manqué à notre auteur , et qu'il ne juge son travail beaucoup plus sévèrement que nous. Ce sera donc à ses propres méditations que nous l’aban- donnerons , bien convaincus que nous sommes qu’elles ne pourront que le conduire honorablement et sûre- ment au terme de la carrière dont il a déjà franchi une partie d’une manière si dislinguée. La Commission vous propose à l'unanimité de pro- roger le concours jusqu'au 15 mars 1829, et de donner à cette mesure la plus grande et la plus prompte pu- blicité possible, PROGRAMME DES Prix. L'Académie adoptant les conclusions du rapport qui précède, a prorogé le Concours jusqu'au 15 mars 1829. Le Prix sera une Médaille d'or de la valeur de 1500 francs, et sera décerné dans la Séance publique du mois d'août de la même année. L'Académie propose, en outre, pour sujet d’un Prix qui sera décerné dans sa Séance publique de 1828, la question suivante : Indiquer un Moyen simple, peu dispendieux, et appli- cable à tous les fourneaux, pour briler ou détruire la fumée qui émane de la houille, du charbon de terre, et autres combustibles analogues. : Le prix sera une Médaille d’or de la valeur de 300 francs. (x08 ) Chacun des Auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l’'Ouvrage aurait obtenu le Prix. Les académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les ouvrages des concurrents devront être adressés, francs de port, à M. Marquis, Secrétaire perpétuel de l'Académie pour la classe des Sciences, avant le 1°" juillet 1828, pour le Prix ordinaire , et avant le 15 mars 1829, pour le Prix extraordinaire. Ces termes seront de rigueur, CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS. (zx) 2 —Ù ———————————— ——— —————— D VC CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS. ANA AA AN RAPPORT Fair par M. BiGNoN, Secrétaire perpétuel de la Classe des Belles-Lettres. MESSIEURS , Le compte que je vas avoir l'honneur de vous rendre n’est pas moins satisfaisant par la qualité que par le nombre des sujets qui en font la matière. Les Mémoires des Sociétés d’'émulation de Rouen, de Cambray et de Valenciennes, et ceux des Académies de Dijon et de Besançon , analysés par MM. Duputel, Guïtin- guer, Delaquerière et Ballin, ont fait, plus que jamais, sentir a l’Académie tout le prix de ces utiles communications. = Vous avez reçu, De M. Dupias, percepteur des contributions dans cet arrondissement , un Recueil dé Messéniennes , auquel notre confrère M. Guitinguer a donné des éloges, tant pour le choix des sujets, tirés des événements remar- quables de notre histoire , que pour les espérances que permet de concevoir la supériorité de la dernière pièce sur toutes les autres productions de l'auteur ; De M. Dudouit, avocat à Paris, un Essai sur l’accen- 15 ( 1x2 ) tuation, où l’on peut trouver dès aujourd'hui des inten- tions louables , sans qu’il soit facile de fixer encore l’épo- que du succès De M. Thuret aîné, membre de l'Académie de Caen, un extrait manuscrit de ses Zudes poétiques , où la douce philosophie de ce vieil Horace parle également à l'esprit et au cœur de l’homme d'un goût raisonnable, sans mettre la pensée à la torture ; De M. Ledoux, instituteur à Elbeuf, un Traité ma- nuserit de l'écriture métrique, dont MM. Meaume et Levy ont trouvé les principes extrêmement compliqués dans la théorie et d'ane application très-difäcile dans la pra- tique, quoiqu'ils se soient fait un devoir, disent-ils , de reconnaître, dans les exemples de tous Îles genres, la main d'un maître eapable de former de bons élèves ; De M. le docteur Vingtrinier , médecin des prisons de la ville, une Notice sur l'état de ces établissements , dans laquelle on voit, toutes les améliorations exécuiées ou espérées en faveur de ces asiles du délit, du crime, souvent aussi du malheur, et qui honore l’auteur par les sentiments d'hamanité qu'il y développe, par la sa- gesse des observaiions médicales , et par la noble sim- plicité d’un style qui peint une ame sensible et compa- tissanLe. È Membres, corespandants — Plusieurs pièces de vers. d’une poésie légère el facile, par M. le comte Blanchard de la Mise , ont plus d’une fois excilé parmi vous le doux sourire , el confirmé à l'auteur toute la considération due à ur ancien magistrat qui, sorti de la pénible carrière de (118 ) T'hémis, a su se faire une retraite honorable dans le paisible sein des muses. = En vous offrant un exemplaire de la riche édition des partitions de sa Dame blanche , notre célèbre com- palriole el confrère vous a fait ajouter l'idée d’une munificence rare au sentiment d’une admiration profonde pour un talent sans rival, el vous avez renvoyé ce bel ouvrage au jugement de l'Europe avec lapplaudisse- ment de la France. — Une Notice sur le R. P. de Colonia, auteur de la Religion chrétienne autorisée par le témoignage des au- teurs payens , suivie d’une nouvelle éditiou de cet ouvrage; le livre de Ruth, traduit en patois auvergnat sur Voriginal hébreu ; la parabole de l'Enfant prodigue, traduite en patois nahrte auvergnat , sur la version sy- riaque ; une édition soignée et plus exacte du célèbre sermon de Michel Ménot, sur cette même parabole, avec des notes curieuses tirées du sermon de F. Oli- vier Maillard sur le même sujet: tel est, pour celte année , le contingent académique de M. l'abbé Labou- derie, dont la plume, féconde en productions religieuses de tous genres, semble avoir pour objet de rendre les écritures sacrées plus populaires, en gravant dans les esprits ce complément sublime de la loi naturelle gra- vée par Dieu dans le cœur de tous les hommes. = M. François Rever, qui poursuit loujours avee autant de succès que de constance la découverte de nos antiquilés , a communiqué un Âémoire sur le véritabie emplacement de la station romaine nommée Uggade, en- tre Rouen et Evreux. = Une lettre du savant antiquaire à la Société de 15. (114) celte dernière ville, dont il nous a fait offrir un exem- plaire, contient l'explication et la lithographie de treize figurines trouvées dans l’enclave de la forêt d Evreux , et des conjectures pleines de sagacité et d’érudition sur quelques autres objets du moyen âge, dont il place l'origine entre le 7° siècle et le ro®. = Les poésies de M. Victor Hugo ; le Passage des Alpes par Annibal, de M. Deluc ; l'Histoire des juifs, depuis leur premier établissement jusqu'à l'époque de Napoléon, par M. Charles Malo, sont des ouvrages bien connus de tous les amateurs d'histoire et de poé- sie; et le seul hommage que nos Annales puissent au- jourd’hui rendre à leurs auteurs , doit se borner à dire que, sur les rapports de MM. Gurlinguer et Blanche, l'Académie à cru digne d'elle de s'associer à leurs suc- cès, en les associant elle-même à ses travaux. Pour ce qui regarde l'ouvrage de M. Deluc, comme les observations consignées à fin du rapport de M. Blan- che , au nam de la commission dont il était l’organe, peuvent être de quelque importance pour la solution définitive du preblême , si toutefois il n’est pas résolu ; comine une explication uliérieure de la part de M. Deluc pourrait tourner au profit de son honneur et de Pinstruction du public, dont il a promis de dis- siper tous les doutes, lintérêt de la vérité nous fait un devoir de le mettre , autant qu'il est en nous, à poriée de compléter l'exécution de sa promesse. « M. Deluc, dit M. Blanche, est-il parvenu à » prouver que Ja marche d'Annibal ait éte en effet » telle qu'il le pense? Nous n’oserions l’assurer. Le Y » y » plus léger examen de la carte dressée pour servir à » l'histoire du passage des Alpes par l'armée carthagi- ÿ noise, est bien propre à faire naître des doutes à cet U : > ÿ ( 2159 égard. On y voit, en effet, qu'après le passage du Rhône, entre Orange et Avignon, circonstance sur laquelle les historiens sont d'accord , elle ne pouvait arriver au pelit Saint-Bernard qu'après de longs et nombreux détours ; tandis qu'il s’offrait à elle moins d'espace à parcourir, moins de résistance à surmon- ter en se dirigeant versle mont Genèvre. Des objections pressantes ont été faites à M, Deluc, auxquelles il n’a pas répondu. Ainsi le chevalier de Folard, d'An- ville , le marquis de Saint-Simon , le comte de For- tia d'Urban, et plus récemment M. Letronne , nous semblent avoir démontré, conformément à l'historien latin, que l’armée carthaginoise ne franchit point les Alpes au petit Saint-Bernard , mais bien au mont Genèvre. M. Leironne surtout, dans un Mémoire inséré au Journal des savants, pour janvier 1819, nous semble avoir victorieusement réfuté M. De- luc, et avoir porté au plus haut dégré de vraisem- blance la démonstration que la marche d'Annibal a été en tout conforme à ce qu’en a écrit Tite-Live. Nous regrettons que M. Deluc, qui a connu celte réfuta- tion , n'ait pas voulu y répondre, et nous regardons comme indécise encore la question qui a été l’objet de ses travaux. Quoique nous ne partagions pas son opinion, c'est un devoir pour nous de vous dire, Messieurs, que, comme écrivain, comme érudit, M. Deluc s’est montré, dans le livre dont il vous a fait hommage , digne des suffrages de l'Académie , et capable de concourir à son illustration. » Membres résidants. M. Vandeuvre, procureur général du Roi, a signalé son entrée en exercice de la présidence de celte an- née , par le discours suivant : (116) « Je suis trop flatté du choix qui m'appelle à la présidence de cette illustre Compagnie, pour n’en pas accepter l'honneur avec une profonde reconnais- sance. (Jue ne m'est-il permis de réponëre comme je le devrais à ce témoignage de votre estime ? L'exemple des académiciens que j'ai vus assis à ce fauteuil m'a montré à quelles conditions on peut justifier une pareille faveur; et, sans ambitionner la gloire de nie placer à côté de ces modèles, j'aurais voulu , au moins, me donner le mérite de conserver à la Compagnie les traditions de zèle et d’'assiduité qu'ils nous ont transmises. Je sens que ce n’elût pas été trop de lous mes efforts et de tous mes instants pour obtenir ce mérite. Malheureusement, il est dans ma position de ne pouvoir y aspirer. Vous connaissez , Messieurs, les nécessités de cette position : elles bor- nent à de bien courts intervalles mon séjour dans une résidence à laquelle je tiens par tant de liens, et que vos bouiés me rendent encore plus chère ; et ces intervalles se trouvent absorbés par les soins d’ün ministère aussi laborieux dans ses détails que sévère dans ses exigeances. Vous le saviez lorsque vous m'’a- vez honoré de vos suffrages ; il n'est donc permis d'espérer en votre indulgence. J'en ai déjà recu une preuve dans le choix du coopéraleur que vous m’a- vez donné ; ei je ne crains pas de vous avouer, Mes- sieurs , que mon respect pour le vœu de la Compa- guie et le prix infini que j'y attache ne m'auraient pas délerminé à souscrire à votre choix sans l'appui que je trouve dans le zèle, dans les lumières, et dans la bienveillance de ce digne collaborateur, el des ho- norables membres qui siégent à votre bureau. Souf- frez donc, Messieurs, que je reporte sur ces collè- oues bienveillants, nne bonne part de la reconnais- sance que je vous dois. J'aime à reconnaître que leur (:r7) » 1érile seul à pu motiver le choix de voire président, » et je sens lrop que tout mon dévouement ne suffirait » pas pour le justifier, » — Les Ouvrages imprimés offerts par les membres résidants, sont : quelques Réflexions sur la langue fran- çaise, et un petil Traite de prosodie normande , par M. Deluquerière ; r 0 ” + . Nouveau Recueil de pocsies, par M. Guttinguer ; Examen sur le caractère distinctif de La poésie ; et Con- sidérations sur l’art d'écrire, par M. Marquis ; Précis de l’histoire de Rouen, son commerce et son industrie , par M. Théodore Licquet ; Kecherches sur l'his- toire religieuse , morale el liliéraire de Rouen, ouvrage couronné an concours de noire Société d'émulation , l’année précédente, par le même auteur; Essai historique sur l’abbaye de Saint-V'andrille, par M. Hyacinthe Langlois ; Nouvelle traduction des pseaumes, par M. Gosseaume ; Grammaire italienne de Vincent Peretti, perfectionnée par M. Bullin, seconde édition. Tous ouvrages placés, par leur publication, dans ie domaine de l’opinion des lecteurs , et que l'Académie a accueillis avec tous les témoignages de satisfaction qu'elle se plaît à décerner à des talenis et à des pro- ductions qui Fhonorent. Les deux derniers ouvrages ont été chacun lobjet d’un rapport ; le premier par M. l'abbé Gossér, et le second par M. Aug. Leprevost. Suivant la conclusion du savant théologien , malgré quelques anomalies, etc., « la tradu-iion des pseaumes » sera consultée avec fruit par ceux qui chercheront à ( 118 ): » résoudre cerlaines difficultés , ou à trouver la connexion » » » des idées, qui ne se découvre pas loujours aisément dans la plupart des pseaumes ». Quant à la grammaire perfectionnee, ouvrage élémentaire, et d’une utilité générale , après un préambule qui a pour objet des considérations critiques sur lusurpaieur du nom de Vénéroni; la défaveur actuelle de la langue italienne, frappée de deux préventions également injustes ; quelques PP l 5 plaintes sur la ionqueur et le sujet des études de col- lège ; et la prédiction d’études plus fortes, ainsi que d'un avenir prochain plus heureux pour la caliure des langues étrangères, M. le rapporteur entre ainsi dans sa matière : « En même temps que la grammaire de » 2) M. Ballin offrira , aux personnes non encore familia- risées avec l'italien, le meilleur guide à suivre dans celte étude , elle sera toujours feuilletée avec intérêt et avec fruit par celles qui en ont le plus d'habitude, et leur fournira des renseignements plus sûrs et plus complets que ceux qu’elles pourraient péniblement se procurer par leurs propres recherches. En effet , ce n’est pas seulement le résultat des travaux d'un homme aussi profondément versé que M. Ballin dans les études gram- maticales, qu’il faut s'attendre à rencontrer ici, mais encore la substance , le résumé de tout ce qui a été fait de plus satisfaisant sur ceite matière, tant en France qu’en ltalie. Chez nous , à la vérité , les travaux utiles et consciencieux de ce genre ne datent pas de loin, et ce n’est qu’à notre contemporain Vincent Peretti que M. Ballin les fait remonter. Nous profiterons de cette circonstance pour vous faire remarquer que loin de suivre lusage aujourd'hui si répandu d’attacher son nom à des ouvrages dont on est souvent plus ou moins complètement innocent , notre confrère proclame avec une loyauté devenue bien rare tout ce qu'il a em- prunté à ses devanciers et collaborateurs , et ne donne (119) » même sa grammaire que comme une révision de celle » de Peretti, dont le nom se trouve en première ligne dans son titre. Cependant une marche beaucoup plus méthodique et plus analytique, un remaniement com- plet dans lequel on à pris un juste inilieu entre la langue de la grammaire scolastique et celle de la grammaire philosophiqne ; un tableau synoptique des conjugaisons, celte partie si irrégulière de la langue ilalienne ; deux traités complets, Fun des pronon- cialion et l’autre de poésie ; enfin une excellente table des matières ; un volume presque double malgré Île retranchement de plusieurs développements superflus, étaient des titres bien suffisants pour lever les scru- pules de M. Baïlin à cet égard , et donnent un nou-- veau prix à sa modestie. La complaisance qu'a eue notre confrère de nous prêter la grammaire de Peretti, et le rapprochement que nous en avons fait avec la sienne, nous ont mis à portée de savoir de la ma- nière la plus précise à quoi nous en tenir là-dessus. Que l’on compare, par exemple , le texte des deux ouvrages dans le chapitre si important en italien des diminutifs et des augmenlatifs , et l’on verra que plu- sieurs explications intéressantes qui sont omises ou n'existent qu'en germe dans le livre de Peretti, ont élé ou ajoutées ou heureusement développées dans celui de son successeur, de manière à lui donner une physionomie toute nouvelle. Nous voudrions pouvoir vous citer ces deux chapitres l’un après l'autre , mais cette lecture serait malheureusement trop faiigante pour les personnes étrangères à la connaissance de F'ita- lien pour que nous osions nous la permettre ; nous nous contenterons de citer une remarque bien impor- tante de quelques lignes, qui appartient en entier à M. Ballin, et dont l’omission , dans les écrits même de ses meilleurs devanciers, vous prouvera mienx que 16 ( 120 ) nos observalions avec quelle négligence l'italien a éié enseigné en France jusqu'à nos jours. » Nous féliciterons M. Ballin d'avoir exclu de son ouvrage ces dialogues, historicties et apologues qui ont fait jusqu'à nos jours l’ornement obligé des gram- maires de langues vivantes, pour les remplacer par deux traités soignés, l’un de prononciation ei l'autre de poésie italiennes. La prononciation de cette lan- gue, qu’on regarde ordinairement comme très-aisée, ne peut , au contraire, dit-il avec raison, s’acquérir que par une allention soutenue, el il faut uu long exer- cice pour surmonter les nombreuses difficultés qu'elle présente. Déjà, dans un chapitre préliminaire sur ce sujet, et bien supérieur à celui de Peretti, il avait fort habilement distingué l'accent , la qualité et l'in- tonation. Il acheve ici de traiter cette matière, sur la- quelle nous n'avions jamais rien vu de si complet. » Nous en dirons autant de la portion de son ou- vrage consacrée à la poésie italienne. Après une no- menclature courte mais judicieuse des principaux poë- tes italiens, il expose le mécanisme des diverses sor- tes de vers, la manière de placer l’accent, de compter les syllables, les règles relatives à la césure , à la rime, à l’enjambement, aux licences poétiques de toute espèce , au style et à la phrase” poétique , cux figures de mots et de pensées. Nous croyons qu'on pourrait supprimer sans inconvénient ce dernier cha pitre, et qu’il serait mieux à sa place dans un traité de rhétorique générale que dans une grammaire ita- lienne , où il ne doit enirer que des spécialités relati- ves à cette langue, tandis que la synecdoque et la mélonymie sont les mêmes dans tous les idjômes de la terre; mais le chapitre VI et dernier; sar les diverses sories de composilions en vers, est au con- traire de l'intérêt le plus vif et le plus local. C’est Crrzmi) là qu’on trouve les règles et des exemples choisis de ces diverses formes poétiques nées en Hialie , et dont quelques unes, telles que le sonnet, loc- tave , la ferza rima, ont passé dans la plupart des langues de l'Europe , tandis que la canzone , la canzunelta , Va sestina, ele. , créations plus frèles et plus délicates, w'ont porté de fleurs que sous le beau ciel de lHtalie. Nous soumettrons encore ii une observation à M. Ballin : c’esi que lapologue et le madrigal ne sont pas des formes poétiques, mais des compositions sur un sujet particulier , comme lidylle, lépltre, etc... Nons aurions mieux aimé trouver quelque exemple remarquable d'odes italiennes. Nous conviendrons aussi que, malgré la célébrité de l'horrible récit d'Ugolin, nous aurions désiré rencontrer ici quelque passage d’un genre moins repou:sant, par exemple le doux récit de Françoise de Rimini, que tous les amis de la poésie devraient savoir par cœur en France, comme ils le savent en Italie et ailleurs. À cela près, nous n’a- vons que des éloges à donner à cet important cha- pitre comme au reste de l'ouvrage ; nous y joindrons même nos remerciments particuliers pour avoir trans- crit tout le début si frais et si pur du septième chant de la Jérusalem délivrée, où nous voyons la fuite d'Erminie et l'asile qu’elle trouve chez un solitaire, Vous vous rappelez, Messieurs, ce caractère ravis- sant d'Erminie, alliance céleste de tout ce que la grâce et l'amour, la pudenr et la faiblesse peuvent offrir de plus enchanteur ; et sans doute vous trou- verez comme nous que le jugement de Boileau sur le poète qui a créé un tel caractère est l'une de ces injustices grossières et maladroites qui ne font de fort qu'à ceux qui ont le malheur de s’en rendre coupables, ou celui de jurer trop légèrement êx verba magistré, 16, ('za2,3 » Quant à nous, Messieurs, que le souvenir de cette » admirable poésie entraînait déjà bien loin du monde » grammalical, nous nous hâterons d'y revenir pour » vous dire que le livre de M. Ballin est le meilleur guide » qu'un homme judicieux puisse choisir pour prendre » une counaissance approfondie du doux et brillant lan- » gage de la moderne Halie, et que la Compagnie » doit à la fois des remerciments et des félicitations à » l’auteur qui en enrichit sa bibliothèque. » = Dans l'analyse qu'il a présentée de la Séance pu- blique, pour 1826 , de la Société d'émulation de Rouen, M. Dupuiel à trouvé occasion de rappeler l'attention de PAcadémie sur une question de date relative au jour de la naissance de Pierre Corneille. Comme tout ce qui regarde les grands hommes acquiert par cela même ur plus haut degré d'importance , la Compagnie a nommé une commission de cinq membres, qui, par l'organe de M. Jfouel, a fait un rapport dont les principes et la conclusion en faveur du 6 juin ont été approuvés. Cette déclaration formelle d’'an semiment depuis long-temps manifesté dans nos séances, et même dans nos mé- moires, a élé adressée à l'autorité compétente avec une invitation respectueuse de faire réformer Pinscripuon gravée à la facade de la maison qui fut dans nos murs le berceau de l'iliustre poète ; si toutefois l'administration trouvait la réforme convenable. = Leméème M. Duputelà luun Mémoire, où , d’abord, il passe en revue tous les établissements et édifices pu- blics exécutés, commencés ou projetés depuis un petit nowbre d'années dans la ville de Rouen. Ensuite, « à » une époque , ditil, où tout le monde , avec ou sans » vocation, semble s'être donné le mot pour ne rêver » que d'antiquités, » notre confrère invite l'Académie (239 À prendre l'initiative pour recueillir les antiquités qui peu- vent et doivent se rencontrer dans l’état actuel de notre ancienne église de Saint-Paul, ainsi que dans la démo- lition de quelques parties de cet édifice , que l'adminis- tration municipale paraît avoir irrévocablement arrêtée. L'Académie , prenant en considération l'avis de M. Du- putel, a nommé une commission «d hoc, à laquelle M. le marquis de Martainville , maire, a donné toutes les assurances d’une protection spéciale pour fovoriser des recherches dont ses lumières le mettent à portée d'en connaître tout le prix. = C'est encore à M. Duputel que l'Académie doit un autre Mémoire qui, sous le titre de Notices biblio- graphiques , paraît bien propre à rendre les érudits plus attentifs sur les incertitudes , les erreurs et les omissions des bibliographes , auxquels on s’en rapporte trop com- munément sur parole. ( Ce Mémoire se trouve imprimé à la suite de ce Rapport. ) — Parmi toutes ces utiles remarques, qui sont plus particulièrement le propre de lâge mur, M. Duputel a aussi, dans un apologue intitulé : l'Enfant et l'Oiseau, donné, avec une leçon de juste méfiance à l'égard des serments des hommes, un témoignage de fidélité et de bon souvenir aux muses , pour les faveurs qu'il en a ob- tenues dans sa jeunesse. = M. Marquis a donné lecture d’une dissertation où il traite de la délicatesse dans les arts. L'auteur ne défi- nit point la délicatesse dans son essence propre, mais il en tire la notion de ses rapports avec d’autres idées. « C’est la grâce qui ajoute à la beauté, qui s'allie au » joli, ete. La simple délicatesse dans les petites choses (124) n pourrait être du sublime dans les grandes... » De là ML Marquis passe à l'application de ses principes dans des considérations d’un grand détail sur la langue fran- çaise, sur la liltéralure en général, sur la poésie, le théâtre, la peinture , la sculpture.….., et il appuie suc- cessivement ses théories diverses d’exemples. Des aper- çus fins et délicats, des nuances de sentiment, de style ei de goût, habilement saisies, prouvent partout la com- pétence de l’auteur en semblable matière, = Dans une Notice sur les vues de Rouen, gravées par Bachelet, M. Delaquerière à payé un tribut à la mémoire d'un talent estimé des bons artistes. = À Ja suite de quelques observations sur la manière de conduire la plume, M. Lévy a signalé des mconvé- niens assez graves dans le mode d'enseignement de l'écri- ture anglaise, depuis quelque temps à la mode en France ; et, en même temps , il a fait l’apologie de la méthode brévelée de M. Bernardet, dont il a expliqué lingénieux procédé, après en avoir fait, dit-il, l’ex- périence sur un grand nombre de ses élèves et sur lui- même, = M Prevost, pépiniériste, a exposé, dans un Mé- moire, qu'ayant visité, à Sainte-Maronerite proche Bieppe et à Pourville, deux des tombeaux trouvés sur le bord de la mer en 1820, ainsi que les restes des deux squeleties humains qu’ils renfermaient, il a jugé incomplets et inexacts les détails jusqu’à présent com- muniqués à l'Académie, En conséquence , il a donné d'abord la description et le dessin linéaire des deux tombeaux, et, n’ayant trouvé de longueur que 5 pieds Q pouces 2 lignes dans l'un et dans l’autre, il en a conclu qu'ils n’ont pu contenir (125) des squelettes que l’on a dit avoir été d’une taille ec- lossale. Quant aux squelettes en particulier, après un exa- men anatomique des dimensions des paries qui en restent , notre confrère a présumé qu'elles ne peuvent avoir appartenu qu'à des corps de 5 pieds 3 ou 4 pou- ces. Ainsi voilà encore une merveille de l'antiquité ré- duile à la mesure commune : moins d'admiration et plus de vérité. — Un travail immense dans ses détails , inapprécia- ble sous le rapport de Putilité, fruit pénible et souvent fastidieux d’un grand nombre d'années de soins ét de veilles, capable d’effrayer la consiance d’un courage et d'un zèle plus qu'ordinaires , c’est le Tableau bibliogra- phique général et divisionnaire de toutes les matières trat- tées, analysées ou simplement annoncées dans les Mémoï- res de l’Academie, avec indication des volumes, des pages et des auteurs , depuis 1744 jusqu’à l’année 1825. Or, ce complément essentiel des travaux de la Com- pagnie, lequel a pour but de faciliter les recherches dans cette collection de matériaux épars de lous les genres, ouvrage de notre confrère NL. Periaux, à été présenté sur la fin de cette année, et reçu avec iouies les marques d'une satisfaction bien légitime : il n'a manqué que du temps pour prendre à cel égard une délibération définitive qui assure le succès du travail et la gloire de son auteur. En atiendant , on doit tenir compte à M. Ballin, rapporteur , du témoignage que Jui rend M. Periaux de avoir beaucoup aidé dans les détails de son entreprise. = M. Deville, lune des conquêtes de l'Académie pour celte année, a fait présenter une collection de gravures lithographiées faisant partie d’un ouvrage qu'il se ( x26 }) dispose à publier sur les antiquités de l'abbaye de Saint- Georges. C'est cette ancienne basilique qui à fourni aussi à notre nouveau confrère le sujet de son discours de réception : il se compose de quelques uns des faits qui se rattachent à la fondation et à l’histoire de ce bel édifice ; de la description de quelques unes de ses par- ties et de plusieurs découvertes nouvelles que l'auteur lui-même a faites et habilement interprétées. Cette dou- ble épreuve du crayon et de la plume n'a pu que don- ner un augure favorable au succès de la publication d’un Recueil historique et monumental sur celte abbaye, célèbre non moins par elle-même que par le nom de ses illustres fondateurs. — Dans sa réponse au récipiendaire, M. le procu- reur-général Vandeuvre , président , a embrassé toute l'étendue du sujet dans un cadre resserré d’une élo- quence compacle , sous un point de vue moral , et avec la noble gravité d’un magistrat à qui la dignité des per- sonnes ne fait pas illusion sur la qualité des faits. « Je me plairais, dit en finissant M. Vandeuvre, à » franchir avec vous la distance des siècles , à retrouver » sous la pierre sépulcrale les écus de ces chefs intré- » pides qui marchaient à la conquête d'un royaume » comme on va à une fêle guerrière, et à deviner, dans » ces images symboliques où vous lisez si habilement ;, » lame d’un Grent-Menil ou d’un Tancarville : j'aime- » rais surlout à évoquer, sous les arceaux de Saint- » Georges, ces noms éclatants et terribles des Guil- » laume et des Richard, de ces fiers conquérants à qui » des provinces ne pouvaient suffire , et qui se trouvent » au large dans un tombeau; de ces princes magnifi- » ques dont l’église a recueilli les dons mais déploré les » vices, el dont les peuples ont si chèrement payé la » gloire et expié l'ambition. Considérés sous ce point » de vue philosophique , les monuments du moyen âge EN ( 127 » n'auraient-ils pas aussi quelqu'intérêt ? Mais il serait à » craindre que ce jour douteux ne jetât une teinte trop sombre sur vos tableaux, et je ne me pardonne- » rais pas d'avoir fait perdre à l’Académie , ni d’avoir perdu moi-même fa moindre partie du plaisir qu'elle » y a trouvé... » = Mais, Messieurs, ce n’est pas seulement un an- fiquaire et un écrivain élésant que lon doit voir dans M. Deville ; il s'est encore inilié dans Part des vers, et même de bonne heure : témoin la communication d’une Épitre imprimée , dédiée à son professeur de rhé- lorique au retour de ce dernier d’un voyage en Grèce. = Une collection d’antiques , découvertes en cette ville parmi des décombres rue du Renard, n° »0, présentée par notre confrère M. Langlois, offre , entre autres curiosités, un problème à résoudre sur quelques ossements humains empreints d’une teinte verte qui paraît inhérente à la substance. = M. le docieur Vigne à communiqué une Notice biographique dont la lecture dans ceite séance sera le tribut académique si légitimement dû à la mémoire de notre vénérable archiviste, M. le docteur Gosseaume. = Les deux Habits; c'est le sujet d’un apologue de M. le docteur Des Alleurs fils, dont la première expo- silion est conçue en ces termes : » Au Temple, ce vaste Bazar, » Où l’on peut acheter du luxe de hazard, » Près d’une robe de marquise, » D'un vieux manchon, d’un casque de pompier, don) nuit ouis 6:16 Raltat "ete". et 5) 19 Let" te. 7e »* Figuraient deux habits de couleur différents, a ( 128 ) »* L'un, chamarré de broderies, » D'un beau drap rouge de Sédan, » Avait trois mois aux Tuileries » Habité sur un Chambellan, » L'autre, d'une conleur vert sombre » Et de simples galons orné, C'était à l'époque des revers de Napoléon. Le cour- üsan, par économie, mais voulant conserver la belle apparence , avait substitué le paillon à Por fin. L'habit rouge , qui ne soupçonnait pas l’imposture , conserve son insolent orgueil au milien de la friperie. Arrive un acheteur pour les valets d’un nouveau ministre : le ga- lon part, l’oripeau reste. L’habit vert reprend son rôle à la cour ; le rouge, après avoir pâli sur létalage , passe pour un louis sur le dos d’un pauvre comédien; pour 6 fr. en gage, puis pour moins dans la garde-robe d'un ba- teleur ; enfin, Chez un danseur de corde il faisait la parade, quand lhabit vert le rencontra ; et il convint alors que Tout ce qui brille n’est pas or. Telle est la moralité de cet apologue, dont les applica- tions sont très-communes et les nombreux détails assez piquants. — Dans une ode sur la défaite des Sarrasins par Charles Martel, M. P'* Dumesnil suit poétiquement la marche de cette expédition glorieuse , et débute ainsi : » Les Sarrasins ont dit, dans leur avide rage : » La France à ses vainqueurs offre d’heureux climats; ‘» Conduits par Abderame aux terribles combats, » Dans ses champs portons le ravage. ( 129) » Déjà la fière Espagne a plié sous nos coups; » Qne la France à son tour devienne notre esclave ; » Qu'en tombant , un peuple si brave » Force toute l'Europe à trembler sous nos coups. Cette première strophe est suivie de douze aulres où l'auteur soutient sa verve palriotque avec autant de noblesse dans l'expression que de chaleur daus les idées. — Une autre ode de M. Dumesnil, sur le fameux Com- bat des trente, est un second hommage que l’auteur de Jeanne-d’Arc a rendu celle année à la valeur francaise. ( Cette pièce est imprimée à la suite de ce Rapport )- = La Soirée d'automne, par M. Guttinguer, est un petit drame de salon bourgeois en vers, dans leqnel » sous des couleurs légères et pourtant demi-sérieuses » l'auteur met successiveinent en scène quelques unes des variétés de l'esprit du temps, sans épargner le sien. Nos Aunales perdront ici un grand nombre de jolis vers que nous aurions pu transerire , si notre confrère n'avait pas borné les jouissances de l'Académie à la simple lec- ture qu'il en a donnée. Son Ejétre à un jeune ami de 15 ans; sa fable des Deux Nids , et une de M. Lefilleul des Guerrots , la Fermière et La Volaille , seront lues dans cetle séance. Ainsi, Messieurs, maloré le système général de divi- sion qui s’est propagé jusque dans la paisible république des lettres , ne quid incorruplum. relinquerent , suivant l'expression d’un grand peintre des mœurs ; malgré le prosélytisme des modernes doctrines , ou même avec elles, ( car le goût aussi a ses réactions, et l'art souvent tire un grand parti même de lexaltation des faux sys- têmes ; } vous voyez que la littérature prospère , par les efforts communs de tous ceux qui la cultivent. Oui, Nles- sieurs, il en est de la littérature comme de la science 17. (155 j agricole , avec laquelle elle a plus de ressemblance qu'on ne paraît communément se l’imaginer. L'une est le pre- mier besoin da corps, l'autre, dans la civilisation, le premier besoin de l'esprit ; car penser , pour l'esprit cul- tivé , c'est encore vivre : toutes deux dans leur marche suivent des lignes parallèles, Egaleinent sujelles aux ca- prices du temps et à liniemperie des saisons, des deux côiés la nature esi là pour vaincre les obstacles et ré- parer les perles : indestractibles par leur essence , il n'y a qu'un fleau universel et continu qui puisse suspendre leurs progrès. Le sol devient ingrat? Pindusirie natu= relle tire des subsistances du sein même des roch ‘rss une ombre jalouse intercepte les rayons du soleil des arts? à Ja clarté intuitive de son propre flambeau, le génie , quis'alimente de sa substance , enfante des chefs- d'œuvres sous les nuages, alieudant en- silence et avec Sécurité liufaillible retour de la lumière. Quelles espérances douc, Messieurs , ne sont pas permises à ious les amis de la littérature, avec cette garantie de la force des choses , sous les auspices sacrés d'un monarque jaloux de tout ce qui peut accroître l'erlat d'un trône illustré par tant de beaux règnes et taut de si rares vertus? Et que peut désirer ! Académie pour le succès de ses fravaux , sous la tuielle protectrice de deux adininistrations principales aussi éclairées que bienveil- lanies, qui donnent sans cesse de nouveaux gages de leur amour pour les sciences, les lettres et les arts, ainsi que d'intérêt en faveur des hommes laborieux qui ne cherchent, dans leurs études , après l'utilité publique, que d'innocentes et paisibles jouissances ! a ont € 131 ) AAA AAA AAA AAA APS AA ANA AA AAA AAA AA AA A A AA AAA AAA AA MÉMOIRES DONT L'ACADÉMIE À DÉLIBÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. R'APP'O'ECT Fait par M. Hover , Au nom d'une Commission nommee par l’Académie pour s'assurer du jour de la naissance de Pierre Corneille. Messieurs , Rechercher et constater la date de la naissance d’un grand homme n’est pas une chose stérile. y a pre— que autant d'utilité à bien fixer cette époque qu'à savoir le lieu où il est né. L'anniversaire de la naissance , plus souvent que tonte autre éphéméride , a occasionné un triomphe, une grâce, un noble dévoñment ; et les célèbres de la terre ont mis un soin parliculier à consacrer la mémoire du jour natal. L'Académie , pénétrée de ces vérités, en regretlant que Pierre Corneille n’eût laissé aucun document sur le jour où il est venu au monde, avait déjà, il y a quelques années, fait des démarches pour en fixer l’anniversaire ; mais des doutes sérieux ayant été élevés depuis quelque temps, elle à nommé une commission pour faire dis- paraître, s'il est possible, toute incertitude. Je vais vous rendre compte du travail de cette commission. La première pensée qui nous a dirigés a élé de nous assurer s'il exisie une date suivie habituellement , des do- cuments de famille, et, pour ainsi dire, une possession d'état. Nous avons procédé comme s'il s'agissait d’enle- ( 132 ) ver à Pierre Corneille ou de rendre douteuse cette pos- session; mais nous avons compris qu'il ne fallait négli- ger aucun des arguments contraires à la fixation habi- tuelle , bien persuadés que les choses qui ont été crues long-temps ne sont pas pour cela la vérité. L'acte de l’état civil que lon trouve sur les registres de la paroisse de Saint-Sauveur, pour lan 1606 , re- latif, non pas à la naissance, mais au baptême de Cor- neille, est ainsi conçu : « Le neuvième jour de juin 5606, Pierre, fils de » M. Pierre Corneille , aété baptisé ; le parrain, Mon- » sieur Pierre Lepezant, secrétaire du roi, et Barbe » Houel ». On ne trouve pas, comme vous venez de le remar- quer , l’énonciation né d'avant-hier , ré d'hier, né d’au- jourd'hui, comme cela aurait dù être si l’on se fût con- formé à l'ordonnance de 1539 alors existante. Mais il fant dire que cette inobservation d’une chose aussi essentielle a duré jusqu'à l'ordonnance de 1688, et que l'habitude de baptiser quelques jours après la naissance était autorisée par un concile de Rouen , rap- porté dans Durand de Maillane, Dictionnaire de droit canonique , édition de 1787, 1° vol., page 462. Ainsi la même chose est arrivée pour Thomas Cor. neille dont nous avons l'acte de bapiême. On trouve, sur les registres de la paroisse, qu'il a été baptisé le 24 août 1625 ; on ne voit pas la date de la naissance, el cependant on sait bien certainement qu'il est né le 20 août 1625, Cette date nous est transmise par lui-même. Ainsi Fontenelle est baptisé le 14 février 1657, et il est irrécusable qu’il est né le rx. Nous avons vérifié que tous les actes de baptême de cette époque sont faits sans relation du jour de la nais- sance. Il ne faut donc pas conclure de ce que la date de (L493P) la naissance n’est pas énoncée, que Corneille ait été baptisé le jour où il est né. On doit même croire que, selon Pusage, et à cause des préparatifs du baptême, ce sacrement a été donné à Corneille quelques jours après sa naissance. Il existe un autre document : c’est un ouvrage de Tho- mas Corneille ; nous voulons parler de son Dictionnaire géographique in-folio. Cet ouvrage a été fait avec beaucoup de soin ; en effet, on trouve dans l’histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, tome 1 , page 392, ce qui suil : « M. Thomas Corneille, tout aveugle qu'il était, et » accablé sous le poids des années, ne laissa pas de faire » encore d'heureux efforts en faveur du public : il mit » sous la presse son grand dictionnaire , etc. Il en corrigea » lui-même toutes les épreuves ; il avait dressé exprès » un lecteur dont il s'était rendu la prononciation si fa- » milière qu'à lentendre lire ïl jugeait parfaitement » des moindres fautes qui s'étaient plissées dans la ponc- » luation où dans l'orthographe. » Dans ce Dictionnaire, au mot Rouen, nous lisons : « La même ville a été la patrie du fameux Pierre Cor- » neille , qu'on nomme ordinairement le Grand Cor- » neille, né le 6 de juin 1606, » Ï1 mourut le dimanche 1°" jour d'octobre 1684. » Voilà donc un acte de famille pour ainsi dire, ré- digé par un homme instruit, doné d'une mémoire pro- digieuse, par l’auteur d’un dictionnaire, genre de travail qui demande de l'exactitude , par un frère qui fesait consister une partie de sa gloire à chérir son aîné, et, sans doute, par suite, à recueillir les faits qui concernaient cet ami de toute sa vie. On connaît de nombreux actes qui ont suivi celui-ci, et qui l'ont peut-être copié. s (134) a C'est le Dictionnaire de Moréri, éditions de 1704, 1752 el 1759 : au mot Corneille, nous trouvons que Pierre est né ie 6 juin 1606. Cest} Encyclopédie méthodique, tome 2, page 2/6. Cest la Biographie universelle, volume 9, page 6o8. L'arucle est . AL Victorin Fabre. C'est le Dictionnaire de Chaudon et Delandine. Cest l'inscription qui se voit au pied de la statue dans le musee de Rouen, qui accuse le 6; c'est le buste da foyer de la Comédie française; cest le portrait gravé en 1790, par Dupin, c'est la gravure de Lejeune, en 1780. Ces deux estampes sont à la bibliothèque royale. ( Voyez lettre de M. Duchesne, conservaieur des es- tampes, à M. Hoüel.) C'est lépitaphe mise en 1821 contre un des piliers de l'église Saint-Roch à Paris, par les soins du duc d'Orléans ; on y lit ces mots : Pierre Corneille, né à Rouen , le 6 juin 1606 , mort à Paris , rue d'Argenteuil, le °° octobre 1684. Après ces autorités , plusieurs écrivains, sans donner Ja date du jour, se sont contentés de donner celle de l'année. C'est Fontenelle lui-même , dans l’éloge de Corneille. C'est Voltaire, siècle de Louis XIV. C'est Palissot, Mémoires sur la littérature , etc., etc. Enfin la médaille de la Galerie métallique ne porte autre chose que l'année. Mais , loin de contrarier la date recueillie par Thomas Corneille, cela signifie seulement que si ces autorités biographiques ont mis moins d'importance à S'assurer de la date du jour , ils en out usé pour Corneille comme pour beaucouy d’autres, et cela ne veut pas dire qu'ils aient regarde la date dictée par Thomas Corneiile comme douteuse. er» Pour nous , Messieurs , nous avons découvert un document qui nous paraît très-grave, et nous nous étonnons qu'il ait été omis jusqu'ici; il est antérieur à toutes les biographies que nous venons de parcourir , antérieur à l'ouvrage de ‘Thomas Corneille, antérieur à toutes les inscriptions. Pierre Corneille venait de mourir ; les journaux du temps annonçaient au monde littéraire la perte qu'il venait de faire ; ils avaient sans doute , comme cela s’est toujours pratiqué , demandé des notes à la famille et aux amis de l’illustre décédé ; Thomas Corneille, son frère, n'avait que 59 ans ; Fontenelle, son neveu, n’en avait que 27 ; le père Delarue, son ami, était jeune encore ; ils étaient tous dans la force de leur mémoire ; et on lit, dans la Notice nécrologique du Mercure galant d’oc- tobre 1684 , que Corneille était né à Rouen le 6 juin 1606. On assure même que Thomas Corneille travaillait au Mercure. Nous ne pensons pas que l’on puisse rien trouver de plus concluant que cette Notice. Voyons cependant les autorités qui portent au jour du baptême la date de la naissance , et qui tendent à détruire ce que nous avons appelé la possession de Pierre Corneille ; ce sont : 1° L'inscription en marbre qui est placée sur la maison rue de la Pie ; 2° La Société d'émulation de Rouen, qui , ayant eu l'heureuse pensée de fixer sa Séance publique au joar anniversaire de la naissance du plus illustre de nos concitoyens, couronne son buste le 9 juin de chaque année. Quant à l'inscription , en voici l'historique. M. Legendre , aujourd'hui employé dans les bureaux de l'administration des domaines, et très-versé dans les antiquités de Rouen , avait découvert, en l'an 10, le lieu 18 ( 136 ) où était né l'auteur de ARodogune ; il en avait fait part à M. Chaptal, alors ministre de l’intérieur , et celui-ci Jui en avait adressé ses reimerciments dans une autre let- tre du 9 thermidor an 10, que M. Legendre nous a confiée. Ce bon citoyen, zélé pour la mémoire du grand homme, ne s'était pas borné là. Il avait proposé d'élever un momument sur la maison même dans laquelle Corneille avait reçu le jour , et le même ministre lui avait écrit , le 17 frimaire aû 11, qu'il avait invité le préfet du département à se concerter avec lui pour l'exécution du monument dont le premier il avait concu la pensée. L'année suivante enfin , le conseil général prit une dé- libération en date du 9 juin 1804, par laquelle il décida : Qu'il serait placé sûr la maison une inscription én lettres d'or, sur uh marbre blanc; laquelle serait conçue en ces termes : Lei est ne, le. … 1606, Pierre Corneille. Mais qui fournit alors la date ? ce fut encore M. Le- gendre : el comme il savait que les anciens conciles vou- laient que le baptême eût lieu le jour de la naissance ; comme il trouvait sur Îles registres de la paroisse de Saint-Sauveur le baptême fixé au 9, il ne vit pas de raison de reporier la date de la naissance à quelques jours au-delà. Au surplus, il a déclaré an rapporteur de votre commission qu'il n'avait pas fait les recher- ches auxquelles cette commission s’est livrée, et qu'elles lai paraissent concluantés. C’est donc de cette façon que l’on avait été déter- miné à placer le chiffre Q sur le marbre monumental, d'où lon peut conclure que cette autorité ne saurait balancer les renseignements que nous avons recueillis. Quant à la société d'Emulation , nous devons entrer aussi dans quelques détails. Cette Société, au sein de laquelle nous voyons plu- sieurs de nos Confrères , el à laquelle personnellement tt tr» Ca37) le rapporteur de votre Commission doit des souvenirs remplis de reconnaissance , voulut se placer pour ainsi dire sous le patronage de Corneille. Elle adopta, il y a quelques années, le g Juin pour le jour de sa Séance solennelle. Elle ne fit pas faire de recherches critiques sur la différence de ja naissance au baptême ; elle prit la date de Pacte déposé aux archives. Elle apprit l'année passée que des doutes étaient élevés sur cct anniversaire ; elle eut le désir d'obtenir des documents certains ; elle nomma aussi une Commission, et le Rapporteur fut M. Corneille , professeur d'histoire. La Commission obtint une partie des faits que nous vous offrons , et elle raisonnait ainsi : « Thomas Corneille, qui avait dix-neuf ans moins » que son frère, ne se maria que Jonglemps après lui. » Les deux frères épousèrent les deux sœurs; ils ha- » bitèrent ensemble la même maison, et il n’y eut de » séparation qu’à la mort de Pierre Corneille, en 1684. » Pendant plus de vingt ans que les deux familles res- » tèrent ensemble , elles durent fréquemment célébrer » l'anniversaire de la naissance de l'aîné. Quoique l'acte » de baptême portât le g juin, toute la famille devait » savoir que la naissance était antérieure de trois jours, » et.ces anniversaires souvent répélés ont dû graver » celte circonstance dans la mémoire de Thomas Cor- » neille, qui, le premier , a donné, dans son Diction- » naire historique, époque du 6 juin pour la naissance » de son frère. » Votre Commission pense que toutes les proba- » bilités font présumer que Pierre Corneille est né le » 6 juin 1606. » Après celte explication, voici pourlant sa conclusion : « Quoique votre Commission soit au fond persuadee » que la naissance réelle est le 6 juin, néanmoins elle » ne pense pas que les motifs énoncés ci-dessus soient 18. { 138 ) suffisants pour vous proposer quelques changements dans vos usages , ni pour vous engager à en provoquer » auprès de l'Administration dans les inscriptions qui » peuvent se trouver dans notre ville, et qui portent » la seule date appuyée sûr un acte authentique. » En sorte qu'il résulterait de cette conclusion, non conforme à lacte authentique, qui ne parle que du baptème , et contraire à tant de documents, un état d'incertitude ; il jetterait des nuages pour ainsi dire sur le berceau du père de la tragédie française. Mais les autorités citées par Phonorable Rapporteur, et qui avaient persuadé la Commission que la naissance réelle est du 6 juin, devaient-elles donc produire un pareil résultat ? Nous avouerons qu'il ne nous paraît pas satisfaisant. Nous sommes portés à croire que là Société d'Emulation à partagé notre avis, puisque depuis ce Fapport, malgré qu’elle continue de tenir la Séance publique le 9, elle n’annonce plus que c’est à cause de l'anniversaire , maïs er mémoire du Grand Corneille. Tirons de là cette reconnaissance, c’est qu'aux yeux de tous désormais , aux yeux même de ceux qui avaient fait naître Je doute, la vraie date du jour à jamais férié où Corneille est né ici, est le 6 juin 1606. Tel est du moins le sentiment unanime de vos Commissaires. Ce rapport, et votre opinion, Messieurs, doivent avoir deux résultats, c'est d'empêcher que désormais l'erreur se répète, et de l’effacer où elle existe. Nous vous proposons donc d'adresser la décision que vous devez prendre par suite de ce rapport à l'Autorité administrative, pour que lerreur qui subsiste notam- ment sur le marbre de la maison de Corneille, soît incessamment rectifiée, dans le cas où l'Autorité parta- gerait la conviction de l’Académie. ÿ ë (139) AAA AAAAANAAA A AAA AAA AA AAAAAAAANA AAA PARA AAA AAA RAAASAAANAAA AAA NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES , Lues dans la Séance du 30 Mai, Par M. Dupuret. Rogert ANGOT. — Louis PETIT. MESSIEURS , Si la découverte de l'imprimerie n'a pas, à propre- ment parler , donné seule naissance à la bibliographie , il est du moins incontestable qu’ellé en a considérable- ment étendu le domaine. Aussi cette science, à peine connue des anciens, est-elle une de celles qui, par le nombre et la variélé des objets dont elle s'occupe, présente aujourd'hui le plus de difficultés à celui qui voudrait en embrasser tous les détails. Delà vient sans doute que, quoique beaucoup d'écri- vains , également savans et laborieux, aient enrichi notre littérature de plusieurs bibliographies, nous n'en possé— dons pas encore d’absolument complète , et que dans toutes, sans en excepter la plus parfaite, il est facile de trouver plus où moins d'erreurs. Il y aurait peut- être plus que de la témérité à prétendre, je ne dis pas corriger , mais seulement signaler toutes ces erreurs. En effet , pour le faire avec succès, il faudrait vérifier chaque article en comparant les notices avec les livres qu’elles ont pour objet. Et certes les recherches im-— menses qu'exigerait un pareil travail ne pourraient se circonscrire dans le cercle étroit de la vie d'un seul homme, quand toutes les heures en seraient consacrées à l'étude. 11 existe d’ailleurs une foule d'ouvrages que (140 ) on ne pourrait mentionner que sur la foi des auteurs qui en ont parlé, en se copiant les uns les auires, puisqu'ils mauquent aux bibliothèques les mieux four- nies de ces sortes de rarelés. On en peut mème citer dont l'existence, tour à tour attestée et contestée, est encore un problème presqu'impossible à résondre. Mais si l'entreprise d’une bibliographie aussi com- plète qu'exempte de fautes, surpasse et de beaacoup l'étendue des forces et la durée de l'existence d’un seul homme, du moins peut-il être permis à ceux qui se sont engagés, plus ou moins avant, dans la carrière épineuse de celte science, de planter ça et là sur leur roule quelques jalons propres à diriger ceux qui vien- dront essayer, après eux, d'en fixer ou d’en reculer les Bimites. Ayant conçn , Messieurs, dès ma plus tendre jeu- nesse , le plan d'un grand ouvrage que des oceupalions d'un autrè genre m'ont forcé depuis d'abandonner , après y avoir consacré plus de dix années, et dont vue petite partie des matériaux a trouvé place dans la ueuvième édition du Dictionnaire universel, historique , critique et biblivgraphique, Yai eu occasion de consulter une immense quantité de volumes, ei je ne l’ai jamais fait sans prendre des notes propres à rectifier les idées que je m'en étais formées, d’après l'opinion, souvent erronée , des auteurs qui en avaient fait mention, ou à remplir les lacunes que j'avais remarquées dans les ouvrages des bibliographes aux recherches desquels ils avaient échappé. Je me propose d’avoir lPhonneur de vous commu- niquer , de ‘temps en lemps, quelques-unes de ces notes âcnt il re n'est plus permis d'espérer faire aujour- d'hui l'usage auquel je les avais d’abord destinées. Je ne me dissimule pas toute leur insuffisance pour m’ac- quitier du tribut annuel que vos règlemens imposent à Crér ) chacun des membres de cette Compagnie: mais vons savez, Messieurs, que lon supplée quelquefois au nu- iméraire par des signes de Convention qui n'ont de väleïr qu'autant que veulent bien leur en attribuer ceux qui les reçoivent. Mon paiement, sans éire réel, n’en sera donc pas moins libératoire si vous daignez lac- cueillir avec cette indulgence dont jai iant de fois éprouvé les heureux effets, et qui pourra seule m'en— gager à le continuer. Je vais commencer à vous entretenir d'un Recueil de vers de Robert Angot, sieur de Léperonnière, échappé aux recherches de tous les bibliographes qui out fait mention de cet auteur. Rogerr ANGor, dont les poésies ne sont pas infé- rieures à celles de plusieurs de ses contemporains , plus connus que lui aujourd'hui , tels que Bertaut, Despor- tes, Vauquelin de Lafrenaye , etc., ayant appartenu à la province de Normandie, peut être regardé comme un de nos compatriotes, et c’est à ce titre que j'ai cra devoir lui consacrer ma première observation. L'illustre évêque d'Avranches ( Pierre-Daniel Huet), dans ses Origines de Caen, 2° édition, pages 357 et 358, ne fait guères que constater en passant l'existence de Robert Angot, sans entrer dans aucun détail sur sa personne ou ses ouvrages, el se borne à dire qu'il a fait plus d'honneur à Caen, sa patrie, par ses vers, que cette ville ne lui en a fait par son souvenir ; car, ajoute-t-il, son nom y est presqu'inconuu. M. l'abbé Goujet en parle un peu plus longuement dans sa Bi- bliothèque française , tome 14, page 313; mais il ne cite de lui que le Prélude poëetique , recueil de poésies diverses, telles que sonnets, élégies, odes, épigram- mes , elc., imprimé à Paris en 1603, et à la tête duquel se trouve un portrait de l’auteur, gravé à Pâge de vingt-deux ans. M. Weiss, qui s'est chargé de la rédaction de l'article qui le concerne dans la Biographie C142) ancienne et moderne, publiée par les frères Michaud, paraît n'avoir consulté à son égard d'autre guide que M. l’abbé Goujet. Mais il ne se contente pas de ne citer, à son exemple, que le Prélude poétique ; il va plus loin, et affirme que c’est Ze seul ouvrage que Yon connaisse de Robert Angot. Il ajoute même qu'il renonça de bonne heure à la poésie, sans qu’on sache par quels motifs, et finit par conclure qu’i/ a dû mourir fort jeune. En meitant un peu plus de soin dans ses recherches, M. Weiss eût pu éviter les erreurs dont cet article fourmille. En effet , il existe, et j'ai en ma possession un volume in-12, imprimé à Rouen, chez Michel Lallemand, en 1637, sous le titre de Nouveaux satires et exercices gaïllards de ce temps, divisés en neuf livres , auxquels est adjouté l'Uranie ou Muse céleste, dédié à M. Deshameaux, etc., par Robert Angot, sieur de Lépe- ronnière , ete. Or, l'existence de ce volume prouve , 1° que le Prélude poétique n’est pas le seul ouvrage publié par Fobert Angot ; 2° que cet auteur n’a pas renoncé de bonne heure à la poesie, puisqu'il a donné au publie son second Recueil trente-quaire ans après le premier ; 3° enfin, qu'il n’a pas dit mourir fort jeune : car en sup- posant qu'il n'eût que vingt-deux ans lorsqu'il fit pa- raître son Prélude poétique, il en avait cinquante-six à cinquante-sept au moment où il publia ses Satyres nouveaux et exercices gaillards, et rien ne prouve qu’il n’a pas survécu, plus ou moins long-temps, à cette publication. Ce serait peut-être ici, Messieurs , l’occasion de vous donner une analyse ou des extraits du Recueil assez curieux dont je viens de vous révéler en quelque sorte lexistence. Mais je craindrais que cela ne me conduisit trop loin , el que les citations que je serais obligé de multiplier ne parussent trop peu intéressantes à ceux des membres de cette Compagnie qui ne s'occupent pas particulièrement de notre littérature, surtout de celle C:43) des siècles antérieurs à l’époque où elle à commencé à briller de tout son éclat. Je me hâte donc de passer à une seconde obser- vation. L'auteur qu’elle doit avoir pour objet nous ap- partient encore plus directement que Robert Ansot, puisque, né dans nos murs, il fut le contemporain, ami de notre grand Corneille, et le premier éditeur de ses chefs-d’œuvres. Il parut en 1713, en Hollande, sous l'indication de Paris, un volumein-12, intitulé Œuvres diverses du sieur D***, Ces mêmes œuvres furent réimprimées l'année suivante, chez Frisch et Bohn, à Amsterdam , en deux volumes du même format, augmentées de Rome, Paris et Madrid ridicules, avec des remarques historiques et un Recueil de poesies choisies, par M. de BX*x*, Le premier de ces volumes se compose de satires, épîtres, stances et diverses imitatious d Horace, Martial et autres poëtes latins. Le second contient une traduc- tion en vers de l’art d'aimer et du remède d'amour d'Ovide, et de fables et contes que lon reconnaît aisé- ment pour être de la même main que les pièces du premier volume ; viennent ensuite les autres opuscules indiqués sur le titre. Ce recueil a été l’objet de beaucoup de recherches, toutes infructueuses, pour découvrir le véritable auteur des poésies reufermées dans le premier volume et une grande partie du second. M. Barbier lui-même, aux laborieuses investigations duquel on doit tant et de si précieuses découvertes en ce genre, après avoir, dans la première édition de son Dictionnaire des ano- nymes, sous le n° 5164, relevé l'erreur de M. l'abbé Goujet, qui attribua d’abord ces poésies à M. de Monchesnayÿ , erreur qu'il ne tarda pas lui-même à rétracter , et démontré le peu de fondement des auteurs de l'Histoire liuéraire de France, pour les supposer 13 Cs464) composées par M. de Blainville , s’autorisant du silence de l'habile bibliographe Barrois, dans Le Catalogue de Gi- raud de Moncy, finit par avouer qu'il est porté à croire que le nom de l'auteur des Œuvres diverses est inconnu. IL est vrai que, dans la seconde édition de son dic- tionnaire , cet infaligable scrulateur des anonymes ; sous le numéro 13276, oubliant les raisons quil avait eues de combattre d’abord l'opinion des auteurs de l'Histoire littéraire de France, se détermine à ladopter sur la foi d'une nole que contenait un exemplaire ayant ap- partenu à M. Maccarthy-Reag, et indicalive que cet exemplaire lui avait été donné par M. de Blainville, à le Haye. Je vous avoue que cetle raison ne m'a pas semblé bien concluante, surtont lorsqu'un examen altentif du recueil qui fait lebjet de “cette observation m'eut prouvé que M. de Blainville, qui est désigné par la lettre initiale de son nom et sa qualité de ci-devant secrétaire d’ambassade en Espagne, n’était réellement l’auteur que du poëme de Madrid ridicule et de la plupart des poésies qui terminent le second volume, à partir de la page 323 seulement. L’'inuülité des recherches de ceux qui m’avaient pré- cédé ne me découragea pas, et, bien convaincu qu'au- cun d'eux n'avait découvert la vérité, je tentai de nou- veaux efforts pour déchirer le voile qui l'avait cons- tamment dérobée à leurs yeux. Je n’eus pas à me re- pentir de cette espèce de témérité. En lisant les satires, épftres et stances qui compo- sent le premier volume du recueil dont il s'agit, je ne lardai pas à m'apercevoir qu'elles m'étaient pas tout-à-fait nouvelles pour moi, et que la plupart au- raient, comme on dit, usé le chapeau de Piron. J’in- terroseai donc ma mémoire qui, en général assez fidèle , me rappela bientôt que ces pièces, malgré des chan- (ll C145) gements et corrections assez considérables, n'étaient que les mêmes que celles que javais précédemment lues dans un petit volume in#x2 , assez rare aujourd'hui, imprimé à Rouen, chez Richard Eallemard , en 1686, sous le ütre de Discours saliriques et moraux, ou Satires générales. Je m'occupai alors de la comparaison des deux re- cueils, et elle acheva de me convaincre que celui pu- blié en Hollande n'était en quelque sortie que la réimpression de Fautre. H ne me resta plus, dès ce mément, aucun doute sur le nom de son véritable auteur, qui est Louis PEtiT, ancien receveur des domaines et bois du oi, mort à Rouen, sa patrie, en 1693, âgé d'environ 79 ans. 1 faut bien se garder de: confondre ; ainsi que l'ont fait MM. Titon-Dutillet et Ladvocat, ce Lois Petit, qui fut, comme je l'ai déjà remarqué , intime ami de Pierre Corneille et le premier qui donna au public une édition de son théâtre, avec Pierre Petit, docteur en médecine, connu par plu- sieurs dissertations savantes et des poésies latines géné- ralement estimées, et encore moins avec un autre Prerre Petit, avocat à Paris, sa pairie, où il fut brûlé vif en place de Grève pour avoir composé un poëme abomi- nable dont je ne pourrais sans rougir vous citer ici même le ütre. Les vers de Louis Petit ne sont guères plus connus aujourd’hui que ceux de Robert Angot. Ils m'ont semblé cependant de nature à ne pas mériter un pareil oubli, qu'ils ne doivent sans doute qu'à ce caprice du sort qui à fait dire, avec tant de vérité : habent sua fata libelli. Pour justifier mon sentiment à cet égard et venger la mémoire de notre compatriole , je crois ne pouvoir mieux faire que de vous rappeler , en ter- minant l'observation qui le concerne , le jugement qu’en a porté un critique aussi judicieux que sévère. « Ses 19. (146) » poésies, dit, en parlant de Louis Petit, M. l'abbé Sabatier de Castres, consistent en des satires dont » le sujet est moral et critique, en plusieurs épigrammes , » madrigaux , slances , ballades, parmi lesquelles on » trouve plusieurs pièces d'un très-bon goût, si l'on » fait grace à quelques expressions surannées. » Puis , après avoir cité en entier une de ces pièces , pleine de grâce et de sentiment, il ajoute : « Ceux qui se sont » occupés à compiler des vers médiocres ou frivoles , » sous les litres d'Ælite de Poésies, du plus joli des Re- » cueils, du Porte-Feuille d’un homme de goût, compila- » lions qui toutes démentent leurs titres, auraient dû » s'attacher à faire revivre les premiers fruits de notre » bonne littérature. Par là ils auraient rendu un véri- » table service aux lettres et aux auteurs ignorés qui » valent quelquefois mieux que biendi:s auteurs connus. » ; (1479 AAA AS AAA AAA AAA AAA AAA AAA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA ÉLOGE DE M. GOssEAUME, Lu à la Séance publique de l'Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen, le 10 aout 18237, Par M. Vixé, D.-M. MESSIEURS, Organe de vos sentiments, je viens honorer la mé- moire d’un savant qui toujours parut mettre son bon- heur à vous témoigner son estime, à mériler la vôtre. Ainsi, Messieurs, se rendent justice les amis des sciences, et du noble désir d’être utiles, résultent, pour la société , le plus heureux effet, et pour eux, la douce satisfaction de lavoir obtenu , l’occasion toujours nou- velle de se rechercher davantage. Combien donc est douloureux Pinstant qui les sépare irrévocablement ! et pourrais-je ici, Messieurs, expri- mer toute lamertume de vos regrets ? Payer le tribut que lon doit au talent, est une tâche encore plus difficile à remplir ; mais en vous obéis- sant, j'ai compté sur votre indulgence qui m'est aujour- d'hui si nécessaire. Pierre-Laurent-Guillaume GossEAUME naquit à Fer- rière- Saint-Hilaire , département de l'Eure, le 25 octobre 1738. Dans ses premières années, la mort lui ravit les auleurs de ses jours. C 148 ) Alors il devint l'objet des soins particuliers d’un oncle, ecclésiastique d'une grande piété, d'un profond savoir. L'enfance qui, pour la plupart des hommes, est un temps perdu sans ressource, ne pouvait l'être pour son pupille. hez lui, lavenir semblait se confondre avec le passé, le préstut, iaut ses progrès étaient rapides. Confié à Fun des meilleurs collèges de Paris, M. Gos- seaume , dans son entière soumission à la règle, donna la mesure de ses obligations à son premier instituteur. Regardent l'homme oisif comme n’existant plus, le travail et le plaisir comme une seule et même chose, il mettait à profit tous les instants, et he croyait pas faire un sacrifice en utülisant ses loisirs. Les historiens, les poëtes, les orateurs* anciens et modernes Poccupèrent tour à tour, puis if se livra: sans réserve à l'étude des livres saints, dé’ léurs: divins in terprèles , el tout portait à croire qae bientôt il serait promu aux ordres sacrés; mais la main invisible qui , par des voies secrètes, nous conduit à son bub, le dé- tourna de celle-ci dans l'intérêt de l'art médical. Cet art, qui n’a d’autres limites que celles du temps, el qui, ne se révélant qu'à ses zélés sectateurs, par eux seuls fait éclater ses miracles, devint pour M, Gos- seaume un sujet perpétuel de travaux, de méditations el de veilles. Le besoin de connaître la structure du corps humain, pour apprendre à le traiter, à le guérir, lui fit vaincre lhorreur que naturellement on éprouve à la vue de son semblable privé de la vie. Passant ensuite à la recherche des phénomènes par lesquels celle-ci se manifeste , il fut ravi d’admiration en observant le jeu varié , la foree et la ductilité des ressorts dont la réunion nous constitue, dont l’action (149) nous multiplie, dont le repos absolu est le lerme de notre existence. Puis, dans l'asile de la charité chrétienne où sont réunis tous les talents, toutes les ressources de la bien- faisance , il vit le grand art se partager en deux vastes domaines, la chirurgie, la médecine proprement dite, et la difficulié de les cultiver à la fois avec avantage pour elles et pour nous mêmes. Obligé donc de choisir entre lune et l'autre, également honorables parce qu’elles sont également utiles, M. Gosseaume préféra la seconde , et irouva dans Hippocrate tous les moyens d'apprécier à leur juste valeur ces nombreuses sectes qui, se disputant l’empire médical, auraient causé sa perte si l’oracle de Cos ne l’eût à jamais défendu con- tre ses redoutables ennemis, l'incertitude et l'erreur. Quelle différence de sa doctrine avec celle théorie corpuseulaire dont à peine oserait-on citer les auteurs! et quelle pénétration, quelle sagesse on découvre , on admire dans cet homme extraordinaire, réunissant Îles principes de la médecine et de la philosophie, par les seuls points de vue qui leur soient réellement communs ! Habile à profiter de l’aide que se prêtent muluel- lement l’art de raisonner, l’art de guérir, M. &osseaume jugeait chaque affection par ses causes, par l'effet de ces mêmes causes sur nos humeurs, nos tissus, nos organes, par l'effet du traitement, et d’une puissance qu'Hippocrate appelait la nature. Or, cette puissance est la force vitale qui, sans cesse, tend à maintenir l'harmonie de nos fonctions; et nier son influence sur la marche et la terminaison des maladies, c'est fermer les yeux à la lumière , s’en- gager dans une fausse médication , et s’exposer à ne faire que des victimes. Donc le médecin doit suivre avec une scrupuleuse exactitude les indications qu’elle lui donne à remplir, (tr50 et telle était l'opinion de M. Gosseaume, déjà digne d'être proposé pour modèle, car apprendre et soi- même enseigner, être en mème temps élève et maître, fut son heureux partage. Aussi la Faculié de médecine de Caen, après lui avoir déféré le titre de docteur, s’empressa-t-elle de l'associer à ses travaux, à sa gloire, qui, dans ses suc- cesseurs , brille encore aujourd’hui de son premier éclat. Toutes les sciences sont tributaires de la médecine, mais, en considérant le parti qu’elle peut en tirer, on voit combien sont exagérées, sont ridicules les idées de certains enthousiastes, par conséquent à quoi se réduisent celles des pneumatiques, des alchimistes , de quelques médecins géomèires , physiciens, mécaniciens ; de quelle nécessité, pour l'explication de tous les actes de la vie, il est d’avoir égard à leur unique source ; et, dans ses examens , M. Gosseaume discuta ce grave sujet de la manière la plus lumineuse. Ensuite, parcourant chacun des règnes de la nature, il en avait fait l'application la plus juste à la thérapeu- tique , l'espérance , le but, le complément de la mé- decine. Avec tous ces avantages, M. Gosseanme fut établir sa résidence à Evreux, où il s’est acquis l'estime gé- nérale. Puis il vint se fixer à Rouen; et c’est l’occasion de faire observer que notre ville, à cette époque , parmi les praticiens les plus recommandables, en possédait deux qui, sans contredit, avaient un droit égal à sa vénération , à sa reconnaissance. Recevez donc aussi mon humble hommage, vous modeste Pinard, que les médecins et les naturalistes les plas renommés désiraient de connaître, s'empres- saient de visiter ; et vous Lepecq de la Clôtare, dont les observations sur les maladies et constitutions épidé- ii (151 ) miques seront toujours chères à ma patrie , à la science médicale, à l'humanité. els étaient les hommes avec lesquels M. Gosseaume devait rivaliser d’érudition, de zèle et de talent. À peine agrégé au collège de médecine , il fut nommé Y'adjoint de M. Pinard, professeur au jardin des plan- tes , se montra digne de cet excellent botaniste, et, de- venu membre titulaire de l'Académie, voulut l’adopter au point de lui rapporter tous ses travaux, de l'en établir l'unique dépositaire. La première pensée de M. Gosseaume, archiviste de cette Académie , fut de faire connaître les moyens, les motifs de son institulion, et comment elle à su contribuer à la prospérité publique. L'entreprise était difficile, mais avec une extrême patience, de rares talents, et le désir de bien faire, pouvait-il douter du succès ? En possession d’une grande quantité de mémoires , observations, éloges faits par l'Académie , depuis 1744, année de sa création, jusqu'en 1793, M. Gosseaume les parcourt, les met en ordre, leur donne une atten- tion toute particulière , fait l'extrait de la plupart d’entre eux, et, de tous ces travaux, devenus , par tant de soins, en quelque sorte son propre ouvrage , il compose cinq volumes précieux aux sciences et aux lettres, précieux à l’Académie dont elles sont les délices. Le premier de ces volumes contient l’histoire exacte de la compagnie reconnaissante à jamais envers M. l'abbé Legendre, son généreux bienfaiteur , et, dès son ber- ceau, tant illustrée par Fontenelle, Cideville, Lecat, Delaroche, de Prémagny , Guérin, Descamps, Pinard, Delaisement, tous vainqueurs de la faux du temps, car les grands hommes ne meurent jamais : ils sont la propriété , l'exemple , l’ornement de la postérité. 20 (1527) En lisant les anciennes productions de l'Académie, on voit, Messieurs , toute l'étendue de fa perte que M. Gosseaume a su vous épargner. : Aussi, dans plusieurs de vos séances, lui avez-vous adressé par MM. Gourdin, Vitalis, Botua, Meaume et Marquis, vos honorables confières, les éloges, les remerciments les plus mérilés, les plus flatieurs, Mais, pour me sérvir des expressions da célèbre Le- cat, relativement à Fontenelle, qui lui-même avait renda à l'Académie des sciences le service important d'analyser et réunir toutes les productions de cette illus- ire compagnie depuis son établissement, je dirai de M. Clean : « il à voulu contribuer à la collection par ses ouvrages, et n'êire pas accusé d’avoir unique- » ment arrangé les ouvrayes des auires. » En effet, six observaiions médicales: des réflexions sur quelques unes des causes de la nhihisie pulmonairél, sur quelques améliorations à faire dans les prisons, des mémoires sur la botanique et sur le besoin d’uné analyse méthodique des végéiaux; les éloges de Berrard de Jussieu et d'Angerville, offerts à l Académie par M.'Gos- scanme, entrent dans la composition du précis que vous devez à cet ivfatigable et vénéré collègue, Mais, depuis 1804, il enrichit vos aunales de pro- dactions bien plus nombreuses. Celles qu'il à intitulées : Discours sur les sciences, sur Île langage français, sur l'utilité et les charmes de l'étude , sur les convenances ; Discours d'ouverture de sl’examen pour l'admission à l'Ecole polytechnique ; Dis- ertations sur la douleur et le plaisir ; Observations sur deux manuscrits du célèbre Boschard, $ur la différence qu'il y a cuireles mots precis et analyse, sur la poësie des [fébreux , sur le voyage des Esraélites , depuis leur sortie d'Egypte jusqu'à leur ‘entrée dans la terre de (153) Chanaan, sur l’oripine des anciens empires ; Mémoire pour servir à l’histoire des connaissances des anciens, en physique et en histoire naturelle; Essai et recher- ches sur Mithras ; recherches sur l'origine des Philistins, et la situation de Jiîle de Caphtor ; dissertations sur l'Hécatombe de Pithagore, sur le passage des Alpes par Apnibals méwoire sur l'orthographe du mot Ko- thomagus ; Recherches étymologiques sur quelques lo- calités voisines de Rouen, forment Ja première classe ; À la seconde appartiennent un mémoire explicalif d'un monument de Doyéveri, près Nimègue; un rap- port sur une notice faite par M. Gourdin des ouvrages imprimés dans le 15° siècle; et des recherches sur la topographie de Rouen ; La troisième se compose d’un mémoire sur les poids el mesures, d'un autre sur la couleur noire ; de notices biographiques sur MM, Ballière, Lepecq, Thouret , de Sepmanville ; d'observations sur le calarrhe épidé- mique qui a régné.en 1803, et de rapports sur l’ana- lyse des eaux thermales de Borcette, sur deux mémoires relaifs à aliénation mentale, et sur le précis des utiles travaux de la Société de médecine du département de l'Eure. De tous les ouvrages que je viens de citer, et qui , dans M. Gosseaume , attestent un grand savoir, une: manière aisée de le produire, je ferai surtout remar= quer ses réflexions, observations et disseriations médi- cales, où l'exactitude des faits répoud à la maturité de l'expérience , à la sagcsse du raisonnement; son discours sur les sciences, dans lequel on voit qu'aucnne d'elles ne Jui était étrangère ; son mémoire sur Jes connais- sances des anciens; ses observalians relatives au voyage des Israélites, et ses recherches sur l'origine des Phi- listins » Sur ÂMithras, qui le mettent au rang des meil- 20. (154) leurs antiquaires, sans en excepter le plus érudit peut- être, et que je plains amèrement parce qu'il a fait du talent le plus brillant, le plus rare, l’usage le plus inconcevable , le plus malheureux, le plus incompati- ble avec son génie, avec la douceur de son caractère. À ce juste sentiment pour lun de mes premiers maîtres, succèdent tous ceux que je dois à vos manes révérés , illustre Corvisart , illustre Pinel, professeurs, praticiens supérieurs à tous mes éloges, dont la voix me semble encor agréablement frapper mon oreille attentive , et dont lés leçons cliniques m'ont été du plus grand secours. En même temps, pour ainsi dire, et après avoir institué à l’hospice général de Rouen l’enseignement de l’anatomie , à laquelle m'’avaient initié moi-même Laumonier , Billard et Duret , je l’étudiais de rechef avec Chanssier, Desault, Portal et Boyer; j'étudiais la chimie avec Déyeux, la physique avec Thillaye, la physio- logie avec Leclerc, l'hygiène avec Halké, la botanique et la matière médicale avec M. Gosseaume , qui pre- nait aussi le soin de me faciliter l'intelligence des prin- ces de la médecine , et des auteurs qni après eux l'ont illustrée le plus , notamment depuis le 17° siècle. Mais surtout, parmi ces derniers, j'admirais Syden- ham écrivant sous la dictée de la nature ; Stahl, dont la Théorie générale est aussi l’une de ses plus belles inspirations ; Boerhaave faisant consister l'honneur du médecin à ne consulter qu’elle , et recommandant, avec une sublime éloquence, d’étudier et de suivre la doc- trine d'Hippocrate; et plus était profonde ma véné- ration pour ces heureux génies, plus élait sincère mon attachement pour M. Gosseaume , plus était vive ma reconnaissance que jose dire avoir été sans bornes. J'apprenais, à leur école, à le juger lui-même. (155) Une extrême réserve, une grande sagacité, prési- daient à ses explicatious, à ses commentaires, et de nombreuses citations décelaient tontes les ressources , toutes les richesses de sa mémoire. Son langage était simple, clair et précis, en un mot conforme aux règles du beau, si bien exposées par Barthès, qui, dans tous ses ouvrages, en esl le mo- dèle, comme il est et sera toujours l'honneur de l'an- tique et célèbre Faculté de Montpellier. Mais, s'il est indispensable au médecin de bien con- vaître ses auteurs; s'il est encor agréabie pour ini de pouvoir avec facilité, de pouvoir avec grâce parier du bel art de guérir, il est d’une autre importance de l'exercer au plus grand avantage de l'humanité souf- franie, et je prends tous mes concitoyens ; tous mes collègues pour juges des trails sous lesquels, à cet égard, je vais essayer de peindre M. Gosseaume. Donner la plus grande attention aux signes que l'on peul tirer de loules les fonctions du corps et des divers mouvements de lame, aux causes et au raractère de iontes les maladies; distinguer les sympiômes essen- tiels d'avec ceux qui n’en sont que les acc:ssoires ; parmi les remèdes, choisir en genéral les plus sim- ples, les appliquer selon les indications, les circons- tances, par conséquent selon le vœu de la nature pro- clamée par Vinimilable Pope, la source, la fin et la règle de tous les arts, telle est la conduite du vrai médecin , et telle a toujours été celle de M Gosseaume, marchant à travers les théories, les erreurs systéma- tiques de tous les siècles, comme un pilote habile au milieu des écueils, et par une pratique heureuse parce qu'elle fut toujours éclairée, toujours sage, vengeant Île premier, le plus grand des médecins, de laveugte- ment, de l'injustice de ses détracteurs. (156 ) {1 regardait les médications hardies comme autant de calamités, autant de sources d’inutiles regrets; se Imé- fait des innovations, encore bien que toute espèce de recherches lui parût nécessaire au progrès des scien- ces; reprochait à cerlains auteurs l’éirange manie de tout blâmer, sans respect pour leurs maîtres, au-dessus desquels, sans raison , ils croyaient s'élever; pour la médecine elle-même dont ils osaient nier l’esistence, dans l’espoir de paraître l'avoir tirée dn néant; et, comparant l’état actuel de cette science avec celui dans lequel nous l’a transmise Hippocrate, ilne suivit d'autre méthode que celle du divin vieillard. Or, cette méthode exclut toute vaine prétention, toute pensée plus brillante que solide, toute doctrine évidemment subversive, et repose uniquement sur l'ob- servation des faits, sur les conséquences que l'on doit en lirer. Les faits appartiennent à la nalure, les conséquences a la raison. Voir ei présenter les faits ainsi que les offre la na- ture , les juger, les expliquer selon les lumières de la raison, voila donc, en peu de mots, toute la mé- decine; voilà donc de tous les arts le plus certain, puisque ses principes sont constants, sont immuables ; le plus utile, puisqu'il a pour but la conservation de la santé, de la vie des hommes. Le public est toujours juste, et, malgré tous Îles pièces que la cupidité, la jactance , la nouveauté , 1en- dent à sa confiance, il finit par laccorder , et la con- serve à ceux qui la méritent. | À ce titre, M. Gosseaume devait l'obtenir, et lors- que ; de toutes paris, on invoquait son expérience , plusieurs Sociétés savanies de Paris, d'Evreux el de Caen, se l'attachaient de la manière la plus honorable pour elles et pour lui. (197) Chargé par l'autorité supérieure de missions relati- ves à la salubrité publique, appelé par ses collègues à toules leurs consultations, par lous les corps médi- caux, scientifiques et littéraires de cette ville, à l’hon- neur de les présider, il a toujours rempli leur attenteg et, dans nos deux principaux hospices, on la vu s’ac- quitter, avec la même distinclion, de ses devoirs comme médecin en chef et premier serviteur des mal- heureux. Chaque jour, au moins pendant une heure, sa mai- son restait ouverie à d’autres indigents qui venaient ré- clamer ses conseils et toujours le quittaient avec Île doux espoir d'une prompte guérison. Sa vie fut consacrée toute entière à l'étude, et la Version nouvelle des Pseaumes qu'il a publiée dans sa qualre-vingt-neuvième année prouve que le temps à qui l’on accorde le fatal privilège de tout détruire, vou- drait en vain l'exercer sur les facultés de notre ame, sur l'amour du travail, sur l'amour de la gloire. Cette version , soumise à Fexamen de M. l'abbé Gossier, ne pouvait avoir un juge plus savant, plus intègre, el je me fais un devoir de rappeler ici la conclusion de son rapport : « M. Gosseaume, dit ce vé- » nérable collègue , a rempli religieusement et heureuse- » ment sa tâche. Sa traduction sera consultée avec fruit » par ceux qui chercheront à résoudre certaines difficul- » tés, ou à trouver une connexion d'idées qui ne se dé- » couvre pas aisément dans la plupart des pseaumes, » L'espèce d’impatience avec laquelle M. Gosse aume suryeillait l'impression de cet ouvrage, était de mau- vais augure. En effet, à peine fut-elle achevée que ses forces parurent décliner , les jambes commencèrent à s’enfier, ce gonflement fit des progrès, la respiralion devint (158) laborieuse, intermittente, plaintive, et le danger plus amininent. Alors, M. Gosseaume reçut toutes les consolations, tous les secours de la religion, et, le 25 avril dernier, six aus après la mort de son estimable épouse, il ex- pira, comme elle, dans les bras de l'amitié. (x59 ) AAA AAA 7 CONSEILS A UN JEUNE AMI DE QUINZE ANS. Sur tes quinze ans supporte un sermon romantique, Lauréat encor frais des rives du classique ; Il ne sera pas long : je l'espère du moins; Nous n’avous pas le droit d’endormir en trois points: Bannissant du discours l'antique périphrase, La forme aux pas réglés, nous voulons un pégase Sans frein, sans martingale, et d’un rapide essor. Quinze ans ! On te dira que c’est là l’âge d’or; « Le tems libre de soins, paré d’insouciance , » Où l'étude et les jeux charment l’adolescence ; » Que tu regretteras plus tard de si beaux jours ! — » Je te vois remuer la tête à ce discours, Et quand le souvenir du thème grec m'assiège, L'âge d'or, dis-je aussi, ne va point au collège. C'est, comme tout le reste, une épreuve à subir, Des jours entremélés de peine et de plaisir; Mais à qui sort vainqueur de ces premières chaines, Un avenir plus grand, des faveurs plus certaines, Ami, sont réservés pour prix de nos travaux. Ils s'avancent ces jours où des plaisirs nouveaux, Ou de nouveaux besoins vont poursuivre lon ame! Qu'ils viennent , réponds-tu ! Jeune cœur plein de flamme, Hs viendront, ils viendront! Sur ton destin changé, Tremble de nous répondre , un jour interrogé : Quoi, le devoir partout! Des peines à tout âge! N'avons-nous fait, hélas, que changer d’esclavage ? Quel fardeau que la vie! et comment le porter ? Des faux pas d’un ami tâche de profiter; f Ecoute : ce fardeau , j'en ai l'expérience ; Ce qu'il lui faut surtout, c’est de la patience. 31 ( 160 ) Si tu venx avec lui marcher trop lestement, Ju tomberas bientôt, tu Lomberas souvent; Si ta marche est trop lente , il se peut qu'il t'écrase ; Trop de tiédeur éteint, trop d’ardeur nous embrâse ; Entre ces deux excès choisis bien ton chemin. Veux-tu pour un instant me confier La main ? Le guide n'est pas sûr! Tu te trompes peut-être ; J'ai tombé tant de fois que je dois m'y connaitre. Prends garde! Sous tes pas un abyme est ouvert. Sitôt ? — Au premier pas ! C’est là que tout se perd! Autour du gouffre , vois quel Dieu charmant fultre, Suivi dans tous ses jeux d’une foule idolâtre : De la voix, du regard, il les caresse tous. Son nom est le Plaisir « Que ces.regards scnt doux! » Comme son pied léger vole autour de l’abyme !.. » Ils vont bien près du bord! O ciel! une victime! » Puis deux, puis vingt, puis mille ! I] les 4 tous poussés! » Le traître! il vient à nous, fuyons à pas pressés ! —v Non pas, non pas, enfant! Le monstre est fort aimable , Tachons de l'éloigner de l’antre redoutable ; Comme de tant de gens, je crois qu’il faut de lui Faire une connaissance et jamais un ami. Avec une ame pure aborde-le sans crainte. Très-bien ! Ne souffre pas une trop vive étreinte, Si tu veux ne pas voir naître de longs regrets ; Qu'il te suive toujours, el ne le suis jamais. Poursuivons notre marche, et laissons ce perfide. Le grand monde paraît! Son aspect l'intimide, Peut-être ? Eh bien, tant mieux! Vois-tu les Passions. Voilà le Jeu, l'Amour et ses illusions ! Evite-les toujours. La chose est bonne à dire, Mais un pareil avis m’a souvent fait sourire. 11 semble entendre encor je ne sais quel docteur Qui, voyant un malade en proie à la douleur, ( 16x } Dont le brûlant frisson faisait trembler la lèvre, Lui disait : Mon ami , n'ayez donc pas la fièvre. Les passions ! Il faut, malgré les beaux discours, Les ressentir par fois pour les dompter toujours ; De ce combat l'issue est heureuse ou funeste : Sois honnête homme, et puis le sort fera le reste. Pourtant , regarde, vois! Parmi ces ennemis Du repos des mortels, un Dieu prudent a mis Un guide aux pas certains, soutien de la faiblesse, Refuge des périls, ami de la jeunesse. Les traits des passions, ou perdus ou brisés, Sur son robuste corps se sont tous émoussés ; Reconnais le Travail : c’est à lui de l'apprendre Comment, partout, toujours Lu pourras te défendre Du chagrin, des revers et même du bonheur! Le travail! Je l'ai fui comme un persécuteur, Je me promettais bien d’en affranchir ma vie ; A ce tyran cruel la voir un jour ravie Etait de mes quinze ans le séduisant espoir ! J1 se réalisa! Que n’as-tu pu me voir ! Dans mon oisiveté que de fautes commises ! De projets dangereux, de vaines entreprises ! Par l'espoir du bonheur de jour en jour trompé, Je marchais le cœur plein, l'esprit inoccupé ; Aux jeux des passions livré comme une proie, Afin d'alimenter leur déplorable joie , Du trouble, du désir, je cherchais les tourments ! Dans ces longs jours perdns il était des moments Où, portant sur moi-même un œil triste et sévère, J'enviais Le macon attaché sur sa pierre ; Mais j'admirais surtout, passant autour de moi, L'intègre magistrat, organe de la loi ; L'avocat entouré de clients honorables, Et protégeant encor l'honneur des misérables ; (162) L'artiste, le gnerrier; jusqu'à l’humble commis , | Calme , exact, atlentif, à la règle soumis, Du débit, du crédit allant remplir les pages. | Voilà les vrais heureux, les vérilables sages , | Disais-je; ils ont un but, un devoir, un emploi ! Avec douleur alors me repliant sur moi, De l'imposant Recteur regreltant les journées, Les heures d’autrefois me semblaient fortunées , Près du vagne tourment où languissait mon cœur A J'implorais du devoir l’infexible rigueur... Mais il n’était plus temps ! incertain, inhabile, J’embrassai tristement l'état d'homme inutile ; J'inventai le travail qu’on ne m'imposait pas, Le travail de mes jours adoucit les combats ; Je séchai sur un vers, je pälis sur la rime : Semblable à l'écrivain que le besoin opprime , À la tâche du jour je sus me condamner, Comme si du succès dépendait mon diner, Quoiqu'un peu consolé, je sens toujonrs le vide ; Et veux que de mon sort l'exemple t'intimide ; Du monde si tu veux fuir l'écueil dangereux, Si tu veux être bon » Si tu veux être heureux, Chuisis vite un état : arrive par Pétude À prendre du travail une douce habitude. Le conseil est vulgaire » il a ses embarras!... 1! n'est point de parti qui n'en ait ici-bas ; Mais crois d'un paresseux le conseil salutaire : Le plus pesant de tous, encore , est le rien-faire, Par M. Gurnicure. (163) AA AA AAA AMV VU ODE SUR LE COMBAT DES TRENTE. « QueLce aveugle et lâche vengeance » T'arme, cruel Bembro , contre des villageois ? L4 Bornes-tu désormais ta gloire et tes exploits » À répandre le sang de pâtres sans défense , » À ravager leurs champs déserts , » Y À brûler en brigand leurs asiles rustiques ? » L'objet de tes regrets pervers L 1 Est-il mort sous les coups de leurs mains pacifiques ? » De si sanguinaires excès , r « Chevalier déloyal, déshonoreut tes armes. » Agerworte (1) a péri dans les nobles alarmes : ÿ Si tu veux le venger dans le sang des français, » Que ce soit aux champs de la gloire. LA Je t'offre Le combat. Terrible aux laboureurs, » Ose disputer la victoire LA À de vaillants guerriers qui bravent tes fureurs. » De Beaumanoir le fier langage Ainsi lui reprochait sa noire cruauté. Le défi menaçant est soudain accepté. Guidant de vingt-neuf preux le superbe courage , Chacun de ces braves guerriers Doit, au jour convenu, près du chêne mi-voye (2) Disputant d'illustres lauriers , Combattre dans le champ que ce lieu leur déploie. (1) Agerworte, frère d'armes de Bembro , avait été tué dans un combat, et celui-ci, rendu iuhumain par la douleur que lui causait la perte de son ami, avait commis loules sortes de brigandages dans les campagnes voisines de la place où il commandait. (2) Ce chène avait été ainsi appelé, parce qu'il se trouvait à moilié chemin de Josselin à Plocrmcel, (164) Soudain accourt, pleine d’ardeur , De chevaliers bretons une élite guerrière, Qui d'entrer avec lui dans la noble carrière Auprès de Beaumanoir brigue l’insigne honneur : Leur foule en son choix l’emberrasse ; Mais il désigne enfin le nombre de héros ; Et leur impatiente audace Soupire après le jour des périlleux travaux. Chassant au loin la nuit obscure, Le soleil vient ouvrir un jour si glorieux. Charmés de son aspect, Beaumanoir et ses preux Se couvrent à l’envi de leur brillante armure. Revétus d’un terrible éclat, Sur leurs fougueux coursiers tous ces héros s’élancent , Et, vers la lice du combat, Des murs de Josselin à la hâte s’avancent. Bembro ne fût point parvenu À compléter des siens le nombre nécessaire, S'il n’eût tiré des rangs de sa troupe insulaire Un simple combattant, brave, mais inconnu. Rempli d’un sinistre présage, Enfin de Pioermel il quitte le rempart, Et vient, dans le champ du carnage , Déployer le dernier son superbe étendard. Pour voir cette lutte prochaine Décider de l'honneur de deux peuples rivaux, De nombrenx chevaliers , désertant leurs châteaux, Déjà s'étaient placés près de la noble arêne. Des combats l'appareil fatal Tout-à-coup vient s'offrir à leur impatience ; Et, prêts au belliqueux signal, Les deux partis, rangés, s’observent en silence. (165) Tandis qu'aux éclatants exploits Bembro de ses guerriers encourageait le zèle, Beaumanoir aux transports de sa troupe lidelle Avec peine imposait de salutaires lois. Par son ordre la charge sonne : Soudain ces fiers lions s’élancent furieux ; Des spectateurs le sein frissonne À l’effroyable aspect du choc impétueux. Il semble que le sort contraire En ce premier assaut trahisse les Bretons ; Deux sont pris, deux percés de coups sûrs et profonds, Un cinquième, expirant, se débat sur la terre; Les Anglais frémissent d'espoir : Mais, loin que cet échec ébranle le courage De l’invincible Beaumanoir , Il le rend plus terrible en redoublant sa rage, Ce chef illustre des Français Sait réparer sa perte à force de vaillance ; Et ses preux chevaliers, toujours pleins d’assurance , Par d’insignes efforts secondent ses hauts faits. Enfin, s'écartant dans la plaine, Les deux partis, lassés de si rudes travaux , Sont contraints, pour reprendre baleine , De suspendre un moment leurs terribles assauts, Mais déjà leur vigueur première, Après un court repos, se ranime en leurs corps ; Déjà , pour s'illustrer par de nouveaux efforts , Je les vois, plus fougneux, rentrer dans la carrière : S’'entrechoquant avec fracas ; Les casques, les pavois , les armures mugissent ; La terre tremble sous les pas Des superbes coursiers qui dans les airs hennissent. € 166 } Contre le heros des Bretons , Bembro , pour le frapper, plein de fureur s'avance : Kéranneiz le prévient, et l’abat sous sa lance ; Bembro tombe expirant. Pour ses fiers compagnons Quel présage plein de menace ! Mais, quoique son trépas trouble en secret leur sein, Ils montrent-une ferme audace , Et le sort du combat flotte encore incertain. Tout-à-coup des rangs de la France Montauban se retire ; il semble s'éloigner : Beaumanoir l'aperçoit, et, prompt à s’indigner, Lui crie : « Où t'enfuis-tu? Que devient ta vaillance ? » Chevalier sans cœur et sans foi , » Au moment du péril tu nous es infdelle ! » Ta fuite imprimera sur toi » Et sur toute ta race une tache immortelle. » — « Combats vaillamment, Beaumanoir , Lui répond Île guerrier insensible à l’outrage , » Tu verras à l'instant si, fidelle au courage, » Je sais de mon côlé faire aussi mon devoir. » À ces mots, il s'éloigne encore, Tourne bride, et, pressant son coursier vigoureux Qu’une bouillante ardeur dévore, Sur le flanc des Anglais dirige un choc affreux. Surpris-par ee choc redoutable , Sept guerriers d’Albion vident les étriers ; Leurs rangs sont confondus ; nos braves chevaliers , Ardents à profiter d’un trouble favorable , Entre eux fondent avec fureur , Et de se rallier leur ôtent l'espérance : Bientôt sous le glaive vainqueur Les Anglais en désordre expirent sans défense. (167) O France ! que tes cris joyeux À la fière Albion qu'abaissera ta gloire ; Aillent , au sein des flots, annoncer ta victoire Et le sanglant revers de ses fils belliqueux ! De ce jour la palme honorable Décide pour jamais que d’aucuns chevaliers La vaillance , ailleurs formidable , Ne saurait égaler celle de tes guerriers. Por M. Pre DumEsxir. 22 Ÿ (1:68) ANA SA RAR AA CAE L'ENFANT ET L'OISEAU, > y F able. « VA , ne érains rien : jamais dans une cage » Je ne t’enfermerai. Vive la liberté ! | » Elle fait ton bonheur... Je jure, en vérité, | » De t'en laisser jouir. » | Tel était le langage Un enfant qui , charmé de son brillant plumage Que tenait à certain oiseau | | ? | Cherchait à l’attirer dans un fatal réseau. L'imprndent, que rassure une telle promesse , Se laissa prendre un beau matin ; Mais dès qu’il le vit.sous sa main ( Escobar n'aurait pas employé plus d'adresse } Notre espiègle, d'un ton bien patelin, bien faux, Lui dit : » À mes serments je veux être fidèle : » Sois donc libre ! » Et soudain s’armant de longs ciseaux Tour-à-tour lui rogne chaque aîle. Je ne sais trop pourquoi, mais un de mes amis, Qui rédige un journal, voudrait me faire accroire Qu'on peut prendre ( sans doute à Maroc ou Tunis) Cette Fable pour une Histoire. Par M. Durvurer. (169) AAA AAA AA AAA LA FERMIÈRE ET LA VOLAILLE, ES : Cable. L'ALOUETTE , au chant matinal, Des rustiques travaux redonnail le signal , Et, dans leur étroite demeure , Un coq et son cortége ailé Après la ménagère attendaient sous la clé. « Que devient donc Thérèse ? A-Lelle oublié l'heure ? » Jamais de ses lenteurs nous n'avons tant souffert, » Dit bientôt un chapon peu patient, pour cause ; Chez ces gens-là souvent l'appétit est ouvert Que l'aurore n’est pas éclose. La rosée avait fui devant l’astre au front d’or, Et pour nos prisonniers point de Thérèse encor. De ce peuple affamé figurez-vous la rage. « Morbleu ! disait le coq, hérissant son plumage ;, » Qu'elle vienne à présent, qu’elle approche du seuil; » Soudain je lui saute au visage, » Et je lui crève au moins un œil. » Un poulet, furieux , tenait pareil langage. « Et moi, pour la faire enrager , » S'écriait un dindon, je ne veux plus manger, » Je veux mourir de faim... » Sur ce parait Thérèse, La corbeille à la main : ceci change la thèse. Coq, poules , chapons, tous, avec des cris joyeux, Se précipitent sur ses traces ; Et, loin d'en vouloir à ses yeux, Viennent en caquetant briguer ses bonnes grâces. 22. Cigo) J'ai vu maint affamé de richesses, d’honneurs Maudire, en un revers, ou bouder la fortune. ? Mais reparaissait-elle apportant des faveurs ? Oh! je n’ai jamais vu qu’on lui gardât rancune. Par M. Le Firreuc DES GUERROTS. (171) AAA AA AAA L'OISEAU PHILOSOPHE , J'ESTIME la sagesse autant que chose au monde, Mais voudrais qu'on la prit par choix, Non par nécessité, comme on voit à la ronde, Tant de gens qu'on dit d’un grand poids. Il n’était bruit, dans la forêt prochaine , Que d’un sage, habitant dans le creux d’un vieux chène : Il avait tout appris, il avait tout prévu. C'était un oiseau rare , admirable en sagesse, Sans passions, sans erreur , sans faiblesse , Mais que personne n'avait vu Grand ennemi de l'intrigue et des belles, Personnage superbe et vain, Il avait tous pris en dédain ; C'était de ces vertus qui font tant parler d'elles, Qu'on leur croit quelque chose au-dessus de l'humain. Il en fut tant parlé, tant redit à la ronde, Que le peuple chanteur, comme un autre empaumé Décida qu’on irait troubler la paix protonde De ce misantrope emplumé. Ce n’élait en chemin que récits admirables : Il avait fui la gloire , il avait fui la cour ; Ses façons étaient adorables , Il était beau comme l'amour ! On arrive , et le jour, qui commençait à peine , Laisse voir au fond du vieux chène, Triste , immobile, dans son trou , Un hibou ! C172) La foule éclate en rires, en murmures, Si ce n’est certaines figures , Qui, pour bonne raison, Soutenaient le parti de l’admiration. Lors, un chardonneret au gracieux plumage, Lui chanta ce petit sermon : « A toutes vos vertus, Seigneur, je rends hommage, » Mais n’en soyez point fanfaron ; » Vous n'êtes, je le sais, ni trompeur , ni volage, » Je m'en réjouis avec vous ; Mais de vous admirer ne serions-nous pas fous ? Que diable seriez-vous si vous n’étiez pas sage ? » Par, M. GUTTINGUER. (175) LES DEUX FAUVETTES, CATable. Au temps où rit le Ciel, où la terre est en fleurs, Où l'on voit les gazons parés de primevères ; Deux fauvettes, tout près du bonheur d’être mères, Cherchaient pour leurs petits des abris protecteurs. A leurs yeux s'offrent deux asiles. L'un est un buisson noir, aux abords difhciles, Au front d’épine couronné, Et du passant abandonné. L'autre est un blanc rosier, tout fier de ses guirlandes, Qui parfume à l’entour les airs , Où l'amant vient cueillir ses plus douces offrandes , L'amante ses dons les plus chers. La plus jeune fauvette avec ardeur s’élance Au sein du riant arbrisseau, Qui, sous son poids léger, s’agite, se balance, Et cache dans les fleurs le nid du tendre oiseau. Sa compagne prudente au buisson solitaire Conlia son trésor, non sans quelque dépit, Mais en voyant le calme el le mystère Régner dans son asile , elle s’en applaudit. Tandis que toi , fauvetie, au milieu de tes roses, Ni jour, ni nuit tu ne reposes. À chaque instant rôdant autour de toi, Des bonnes, des enfants les bandes curieuses, Avançant leurs mains envieuses , | Viennent glacer ton cœur d’elfroi, Le maitre plus humain en vain l'a préservée , Eu vain il ordonnait que l’on te laisse en paix ; (174) Le chat de la maison , connu par ses forfaits, Un matin se glissa sur les pas des valets , EL sous tes yeux dévora ta couvée. Un hasard te sauva, car tu voulais mourir ! Vers le soir, tu pleurais, errante et désolée, Quaud tu vis dans les airs fraichement envolée Une autre famille accourir. De ta compagne plus heureuse, C'étaient tous les enfants joyeux , Troupe sautillante et nombreuse , Chantant le printemps et les cieux. On avait du buisson craint les dards redoutables , ( Les gens armés sont toujours respectables. }) Pour l'éviter chacun avait fait un détour , Et des mains et des dents coupables Son seul aspect sauva le maternel amour. Témoin de cette scène et de chants et de larmes, Je révais sur le sort de ces êtres légers. Pour mes enfants mon cœur était tout en alarmes, D'un sort trop doux pour eux je craignais les dangers ; Par de funestes coups trop de joie est suivie ; Le malheur va toujours vers la plus belle vie. Ah! pour les défendre des pleurs, Pour que le méchant les ignore, Pour mille autres raisons encore , N'élevons pas nos enfants dans les fleurs. Par le même. ( 275) AAA AAA AANAAAAANANSS Prix PROPOSÉ PGUR 1828. L'Académie royale des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen, propose, pour le concours d'un Prix qui sera décerné dans sa séance publique de 1828, le sujet suivant : Examen critique des Ecrivains normands , depuis le commencement du x1° siècle jusqu'à la fin du 13°. Le prix sera une M aille d’or de la valeur de 300 francs. Chacun des auteurs meltra en tête de son ouvrage une devise, qui sera répélée sur un billet cacheté où ül fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l'ouvrage aurait obtenu le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du concours. Les ouvrages devront être adressés , francs de port, à M. N. BiGNon , Secrétaire perpétuel de l’Académie ; pour la classe des Belles-Lettres, avant le 1° juillet 1828. Ce terme sera de rigueur. man tds : F ‘ el : % / : En % . : Es { “ r r + a" sésétd hs fétédiéé tb bit à ? { n ee € | va) t . l \ , L 151" L 1! è : : une « je . . = LE : ” di CHA * +116 TABLEAU L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, BELLES-LEFTRES ET ARTS DE ROUEN x POUR L'ANNÉE 1827—1828, SIGNES POUR LES DÉCORATIONS % Ordre de Saint-Michel. % Ordre royal et miktaire de Saint-Louis. XK Ordre royal de la Légion d'honneur. % Orure de l'Eperon d’or de Rome. 1 O. Sigiife, Offérar],l .21 (4 G. — Grand-Offcier. “ WrS G. C. — Grand-Crorx. Commandeur. TABLEAU DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, POUR L'ANNÉE 1827—1828. di ét. OFFICIERS EN EXERCICE. M. Licquer (Théod ), Président. M. Leprévosr , D. M., Vice-Président. M. Marquis , Sécrétaire perpétuel pour la classe des Sciences. M. Bicnon (N.), Secrétaire perpétuel pour la classe des Belles- © Lettres et des Arts. M. Puzuc, Bibliothécaire-Archiviste. M: Pavie (Benjamin), Trésorier. ACADÉMICIENS VÉTÉRANS, MM. ANNEBS ANNERS de d'admis- récep- sion à la tion, Vitéran- ce. 1803 Le Comte Beucxor ( G C. #X), Ministre d'état , 1806. ancien Préfet du département de la Seine-Inféricure, à Paris , rue neuve du Luxembourg , n° 3x. 1962. D'Onvay (Jean-François-Gabriel) , doyen des Acadé- 1807. miciens , membre de l’Académie de Lyon, de celles des Arcades de Rome et des Georgililes de Florence, a St-Martin-de-Bocherville. 1811. Le Baron Asseuix De Viccequier ( O. X), premier 1819. Président de la Cour royale, ve de la Seïlle, n° 10. 1803. Virazis X, ancien Secrétaire perpétuel de l'Académie 1822. pour la classe des sciences; Docteur ès sciences de Université; Professeur émérite des sciences phy-— siques au Collége royal de Rouen ; ancien Professeur 1815. 1808. 1803. 1804. 1805. 1808. Lai 1001. ( 180 } de chimie appliquée aux arts; membre de plusieurs: Académies et Socictés savantes, à Paris, 72e de Paradis-Poïssonnitre, n° 1x. Briène %, Conseiller à la Cour de cassation, à 1822: Paris, rve de Bondy , n° 44. Le Baron Legurier pe LA Manrez ( O. # ), X 1823. Hautot. Descamps ( Jean-Baptiste}, Conservateur du Musée 182/. de Rouen, membre de l'Académie des Arcades de Rome, zue Beauvoisine, n° 31. ACADÉMICIENS RÉSIDANTS , MM. Pavre (Benjamin), Manufact., /avdourg St-Hilaire, n° 55. Vixé (Jean-Baptiste), D.-M., correspondant de la So- ciété de médecine de Paris, zze de la S'eille, n° 4. Leverster, Inspecteur de l’Académie universitaire, rue de Softerrlle, n° 7, à St-Sever. Goperroy , D.-M., 7e des Champs-Maillets, n° 11. Bréxox ( N.), Docteur ès-lettres, Professeur émérite de rhétorique au Collége royal de Rouen et à la faculté des lettres , officier de l'Université de France, 7. S'érécaux , n° 55. Le Baron Cuapais DE Marrvaux #, Conseiller à la Cour royale, rac S1-Jacques, n 10. Perraux ( Pierre), ancien Imprimeur du Roi, membre de l'Académie de Caen et des Sociétés d'agriculture et de commérce de Rouen et de Caen, Zo»/. Benavofsine, n° 54. MEaumrE ( Jéan-Jacques-Germain), Professeur de mathéma- tiques spéciales au Collége royal, rué Poïsson, n° 31. Duzuc l’ainé, Apothicaire-Chimiste, membre du Juri mé- dical du département de la Seine-Inférienré, eorrespon- dant de la Societé de médecine du département de l'Eure, de ceilé de pharmacie dé Paris, membre correspondant dé la Société roçale de médecine , et de plusieurs adtres Sociétés savantes, 72e Perrière, n° 30. Dovurez ( Picrre), rue de là Prison, no àr. 1812. 1814. 1815. 1810. 1817. 1818. 1819. 1820. ( 181 ) Marquis, Professeur de botanique , membre de plusieurs Sociélés savantes, rve de l'Amitié, no 37. Le Prévost (Auguste), de la Société des antiquaires de Londres; de la Société royale des antiquaires de France ; des Sociétés d'agriculture de Rouen, Caen, Evreux ei Bernay ; de la Commission des antiquités de la Seine- Inférieure , 71e de Luffon, no an. Licquer (Théodore), Bibliothécaire, à l'Hütel-de-Ville. GUTTINGUER fils, rue de Fontenelle. L'Abbé LeTURQUIER DE LoxGcriamp , à l'Hôpital générat. FcaugerT, Docteur-Médecin , Chirurgien en chef de l'Hô— tel-Dieu , rue de Lecat, no 7 LEPREVOST , Vétérinaire , 74e St-Laurent, no 3. Levieux, Commissaire du Roi près la Monnaie de Rouen, à l'Hôtel des Monnaies. Risanp ( Prosper) >, membre de la Chambre des Députés, rue de la Vicomté, n° 34. ADam %X, Président du Tribunal de première instance , place S1-Ouen, n° 23, Durouzeau # #, Conseiller à la Cour royale, place S1- Ælor, no 6. Leprevosr , Docteur-Médecin, re Malpalu, n° 12. Lericceur pes Guerrors K » 7e de Florence , no ver, BLaxcne, D.-M., re Bourgerze , vis-à-vis LH, ospice générat. Truz , Avocat, 7e Dinanderie, n° 15. Dssriexx , Horloger, place de la Cathédrale. Hecus fils, D.-M., Médecin adjoint à l'Hôtel-Dieu, Zou- levart Cauchoïse, no 69. Le Comte De Rirvaup-La RAFFINIÈRE (C. X) (G. 0. X), Lieutenant-Général commandant la 15e division militaire , boulevart Cauchoise, no 49 Le Baron DE Vanssay (C. # ), Conseiller d'état, Préfet de la Seine-Inférieure ,», en son Hôtel. Le Marquis DE MARTAINVILLE 3H > Gentilhomme de Ja chambre du Roi, membre de la Chambre des Députés , Maire de Rouen, rue du Moulinet, n° 11. 1822. 1823. 182 18: E 1927. _ 5Y (182) DriaquémÈène (E.), Négociant, rve du Fardeau, n° 24. Hour, Avocat, rue Sénécaur , n° 10. Cazar:s, Professeur de sciences physiques au Collége royal, place de la Bougemare, n° 20. Lévx, Professeur de mathématiques et de mécanique ; des Académies de Dijon et Bordeaux, des Sociétés académiques de Strasbourg, Metz, Nantes et Lille; Maître de pension, rue Saint-Parrice. n° 56. Le Pasquier #K, Chef de division à la Préfectnre, 72e Porte-aux-Rars. Dess-Azreurs fils, D.-M., associé de la Société royale aca- démique des sciences de Paris , rue des Charrelles, n° 121. VanDEUvRE (O. 2%), membre de la Chambre des Députés, Procureur général, re de la Chaïne, n° 12. , L'Abbé Gossi£r , Chanoine honoraire à la Cathédrale, rue du Nord, n° 1. Maucer-Dugourcax, Architecte en chef de la Ville, gzar de la Romaine , n° 52. Prevosr fils, Pépiniériste, au Bois-Guillaume , ( son adresse à Rouen, 7ze du Champ-des-Oiseaux , n° 68 ). Dusreuiz, Directeur du Jardin des plantes, au Jardin des plantes. Lavçzors (E.-H.), Peintre, rue Corgreber! , n° 6. S. A. S. Mgr le Cardinal Prince p£ Crox , grand Aumônier et Pair de France, Commandeur de l’ordre du St-Esprit, Archevêque de Rouen, ez son Palais archiéprscopal. Le Terrvrer X, Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées , rue du Guay-Troufz. L Reiser #X , Receveur général des finances, gzar d'Harcourt. Souwireué , Ingénieur, Zoulevar! Beauvorsine , n° 92. Hourou-LaBrLLARDIÈRE , Professeur de chimie appliquée aux arts, rue Beauvoisine, n° 198. Baron, Chef de division à la Préfecture , ve de Crosne, n° 6. Domesxie (Pierre), rve de la Chaïne , n° 21. Morin , Pharmacien , correspondant de l'Académie royal de médecine, de la Société de chimie médicale de Paris © 1827. (1673) de la Société linnéenne et des sciences physiques et chi- miques de la même ville; de la Société académique de Nantes, et de plusieurs autres Sociétés savantes, rze Bou- vreuil, n° 27. Device (Achille), membre de la Commission des anti- quités du département de la Seine-Inférieure, de la So- ciété des antiquaires de Normandie , et de la Société d’ému- lation de Rouen, ve de Fontenelle, n° 2 bis. ACADÉMICIENS CORRESPONDANTS , MM. 2766. 1803. Le Colonel Vicomte TousTaIN DE RICHEBOURG X, à St- Martin-du-Manoir , près Montivilliers. Le Comte BLancHarD DE LA Musse, ancien Conseiller au Parlement de Bretagne, à Montfort , dépt d’Ille-et-Villaine. Levavasseur le jeune, Officier d'artillerie. . Le Baron DEsGexEeTTESs ( C. #), Médecin, à Paris, gzæeë Vollaire, n° 1. Moxxer , ancien Inspecteur des mines, à Paris, ve de l'Uni- versilé, n° 61. Le Chevalier Tessrer >% Ÿ , membre de l’Institut, Inspec- teur général des Bergeries royales , à Paris, ve des Petits-Augustins , n° 26. Vasrec , ancien Directeur de la Société académique , à Cherbourg. GuersenT , Docteur-Médecin , à Paris, rve du Paradis, no 16, av Marais. Lnoste , à Sartilly, près Avranches, départt de la Manche. LesouLLeNGER X, Ingénieuren chef des ponts et chaussées, à Melun , département de Seine-et-Marne. Le Comte Crapraz % (G. #X), Pair de France, membre de l’Institut, à Paris, ve de Grenelle, n° 85. Morrevaucr (€. L.), correspondant de l’Institut, à Issy, près Paris De LA Rue, membre de l'Académie de Caen, correspondant de l’Institut, à Caen. 24 1803. 1 808. 1809. 1810. (18) Le Baron Covrer ( C. K ), Conseiller d'Etat , Se-rétaire perpétuel de l'Institut, à Paris, av Jardin du or. Le Marquis D'Herpouvizse (C. #7), Pair de France, à St-Jean-du-Cardonnay , département de la Seine-Inférieure. Borvicuiers, correspondant de l'Institut, à Versailles. Deccaxo, D. M., Professeur d'histoire naturel'e, à Rennes. Le Baron DemaprÈres 2%, à Paris , re des Fossés-Mont- marire. Bovcaer , correspondant de l’Inst'tur, Directeur des Douanes, à Abbeville. Le Baron de GÉraxpo ( C. # ) , Conseiller d'Etat, membre de l'Institut, à Paris, éwpasse Férou, n° 3. Derasouisse , Homme de lettres, à Paris. Boï:rpreu, Avocat, à Paris , rze de Vaugirard, w° 19, au Lurembourz. ; Lesouvrer pes Monriens , ancien Magistrat, à Rennes. Serarx, 2ncien Officier de santé, à Canon, près Crois- sanville Larr ( Pierre-Aimé), Conseiller de Préfecture, Secrétaire de la Société d'Agriculture et de Commerce, à Caen. Derancx , Chef de division au Mivistère de l’intérieur, à Paris , rue de Grenclle-S aint-Germain, m° ox. Fraxcœur 2 , Professeur à la faculté des sciences , à Paris, rze Cherche-Midi, n° 25. Hsrvaxpez, Professeur à l'Ecole de médecine de la Ma- rine, à Toulon. Lamoureux (Justin), à Bruxelles. Gasrezrern 3%, Médecin, à Paris, 74e du Four-Sairt- Germain , n° 17. | Rosxar pe Viicers , Directeur du Dépôt de mendicité, à Amiens. Le Chevalier Vauçueurs Xe %X, membre de l’Institut, az Jardir du Ror. Dusvissox , médecin, à Paris, rue du Faubourg SI-Antoine, no 333. RÉ une +810. 1811. 1812. 1813. 1814 ( 1890) Dünors-Marsoxneuve, Homme de lettres, à Paris, rve de Vaugirard, no 36. Dexis, D.-M., à Tilly-sur-Seulle , département du Calvados. Le Marquis pe Bonanpr-Dumesnit, ancien Oficier de ca-. rabiniers, au Mesnil-Lieubray, canton d’Argucil, arron- dissement de Neufchâtel. Decanue , Pharmacien, secrétaire de la Société médicale : à Evreux. Le Comte ne Sesmaisoxs ( Donatien ) %( O. X), Gen- tilhomme de la chambre du Roi, à Paris, rve de Vaugi- rard , n° où his. LEsCALLIER , ancien Préfet maritime, au Havre. Saissy , Doctenr-Médecin, à Lyon. Bazme, secrétaire de la Société de médecine, à Lyon. Lenoux nes Trors-Prsnres , Propriétaire , aux Trois-Pierres, près St-Romain-de-Colbose. L'Abbé Lepmo, ex-Recteur de l'Académie de Fouen, à Rennes. De Laporte-LaLaAnxE # , Conseiller d'Etat, à Paris, rve du Pot-de-Fer-S1-S'ulpice, n° 20. Lesauvage, D.-M., à Caen. Larisse , D.-M., à Paris, re Neuve-des-Petits-Champs , n° 54. Heucor 2, à Paris, rve d’Astorg, n° 17. Bouzcav 2, Pharmacien, à Paris, rze des Fossés-Mont- martire , n° 17: L’Abbé £a Rivière, inspecteur de l'Université, à Strasbourg. Briquer, Professeur de Beiles-Lettres, à Niort. LamanLÉ #, Inspecteur divisionnaire des Ponts et Chaus- sées, à Paris, rue du Regard , no x. Gois fils, Sculpteur, à Paris, guar Conti, no 23. FLAUGERGUES , Astronome , correspondant de l'Institut , à Viviers. Targé Des Sagroxs 2%, Chef de division à l'Administration des Douanes , à Paris, rue du Grand-Chantier, no a. Pécueux, Peiotre, à Paris, r2e S4-Florantin, n° 15. 24: 1814. 1815 1816. 3317. 1818. ( 186 ) Lemasson DE SArNT-AmanD, ancien Préfet du département de l'Eure, à Amfréville-sur-Iton , par et à Louviers, dé- partement de l'Eure. Le Maréchal Comte Jourpax % ( G. C. XK ), Pair de France, Gouverneur de la 7e Division militaire, rve de Bourbon, n° 52. PerceLar, ancien Recteur de l'Université de Rouen , à Paris. GEorFroy , Avocat, à Valognes. Fasre , correspondant de l’Institut, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à Brignoles. Rever, correspondant de l’Institut, à Conteville , près le Pont-Audemer. Bouin, Médecin en chef des Hospices, à Bourges. Loiseceur Des LonccuAmrs %X, D.-M., à Paris, rue de Jouy , n° 10. Durrocner , D.-M., à Chareaux, près Château-Renault ( Indre-et-Loire ). Pari, Conservateur de la Bibliothèque de St-Denis , à Paris, rue Cassette , n° 15. Drssormeaux , Docteur-Médecin à la Faculté de Méde- cine, à Paris, rve de l'Abbaye, n° 16. Mérar , Médecin, à Paris, ve des Pelits-Augustins , n° 15. Hurrrez p'ArBOvAL, Vétérinaire, à Montreuil-sur-Mer. Morsau pe Jonnès X 2 , Chef de bataillon, correspondant de l’Institut, à Paris , rve de l'Université, n° 28. Le Comte François pe NEUFCHATEAU (G.'X), membre de l’Institut, à Paris , ze S-Marc, no 14. DE Gournay , Avocat, à Caen. Parru , Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées , à Caen, BorTa , Homme de lettres , à Paris, place S1-S'ulpice, n° 8. Le Comte ne Kerçarou (O0. #), ancien Préfet du dé- partement de la Seine-Inférieure, Conseiller d'Etat, à Paris, ze du Pelit-V'augérard, n° 5. Le Chevalier Aussan DE Cnazer ( O. #K ), Homme de Lettres, à Paris, rve Godot, n° 33. Le Comte ve Monraur # , à Nointot, par et à Bolbec. 1818. 1819. 1820. 1821. 1822. 1823. 182/. (187 ) Le Marquis Eunes DE Mrrvizce Xe, Maire, À Gommer- ville, par et à St-Romain. . BoucnarLaT, membre de la Société philotechnique, à Paiis, quai des Augustins, n° 1x. Le Baron Mazouer ( C. :#), ancien Préfet de la Secine- Inférieure , à Paris, rze Godof, n° 5. Dspauis, Graveur, à Paris, rue des Grands-Augustins , n° x. Gaicrox, Naturaliste, à Dieppe. Le Baron Cacmin % (0. X), Inspecteur général des Ponts et Chaussées, à Paris, /d/el de la Monnaie. VÈNE, Capitame de génie, à Givet. Berrnrer, Professeur de docimasie à l'Ecole royale des Mines, à Paris, rze d’Enfer, n° 23. L’Abbé Jamer, Recteur-Institutenr des sourds et muets, à Caen. Cuauërx, Inspecteur des Ponts et Chaussées en retraite , à Paris. L'Abbé Larounente, Chanoine honoraire de St-Flour , à Paris , cloitre Notre-Dame , n° 20. Le Moxnrer (Hippolyte), Avocat , à Paris, ve de Vau- girard , n° 9. Mauzéon, Rédacteur des Annales des arts, etc, à Paris. Tuiégaur DE BerneauD , Secrétaire de la Société linnéenne, à Paris, ve des S'aints-Pères, n° /6. BeuGnor (Arthur), Avocat, à Paris, re Joubert, n° 4x. Desrouer , D.-M., à Paris, rze S2e-Marguerite, no 34. CHaumerre pes Fossés , ancien Consul de France en Suède, à Paris, guaï des Augustins , no 17 bis. SOLLICOFFRE , Inspecteur des Douanes, en Corse. EsranCELIN , Inspecteur des forêts de S. A. R. Mgr le Duc d'Orléans, à la ville d'Eu Foxranter , Homme de lettres, à St-Flour, département du Cantal. Macrer % , Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, à Paris, rue du Regard, n° 14. ( 188 ) 1824. Jourpan %, D.-M., à Paris, rue de Bourgogne, n° 4. Monrazcox, D.-M., à Lyon. BourGeoïs ( Ches), Peintre en portraits, à Paris, place Dauphine, n° 24. Janvier, Horloger ordinaire du Roi, à Paris, guar Conty, n° 23. DerAQUESNERNE, propriétaire-agriculteur , à St-Audré-sur- Cailly. 1825. Descamps, Bibliothécaire-Archiviste des Conseils de guerre, à Paris, rze Cherche-Midr, n° 39. SazGuEs, Médecin, à Dijon. Le Baron BourrenGEr 2 , Procureur général à la Cour royale de Douai. Pixez % , Juge de paix, au Havre. D'Axcremont ( Edouard), à Paris, re Hautefeuille ,n° 5. Le Chevaiier CaaussterR % #K, D.-M., membre de l’{nsti- tut, à Paris, cu/-de-sac St-Dominique-d'Enfer, w 6. Desmarest, Professeur à l'Ecole royale d’Alfort, à Paris, rue St-Jacques, n° 161 Bexoisr , Lieutenant au corps royal d’Etat-Major , à Paris. Juzra-FowrexerLe, D.-M., Chimiste, à Paris, rze de l’Ecole-de-Médecine, n° 12. Crviaze, D.-M., à Paris, ve Godot-de-Mauroy , n° 3o. Ferer, Antiquaire, à Dieppe. Paxex, Mauufacturier, à Paris, rue des Jeüneurs, n° 4. 1820. Moreau ( César ), Vice-Consul de France, à Londres. Mowremonr (Albert), Homme de lettres, à Paris, ve du Four-St-Germainr, n° 137. Langveze, D.-M., à Bordeaux. Saw, D.-M. , à Montmorillon. Levormanr, Rédacteur des Annales de l'Industrie mationale, à Paris, rve Percée-St-André-des-Arts, n° 11. Boïscoreu 2, membre de l'institut, à Paris, éow/evart Hontmar're , n° 10. PErG:S5E, Procureur général près la Cour royale de Montpellier. 1827. GEnMaAIN, Pharmacien, à Fécamp. 1827. (189) Huco (Victor), Littérateur, à Paris DE Brossevisre (Ernest), à Amfreville, dépt de l'Eure. DE Bcossevicce (Jules), à Paris, 7ve de Hichelieu, no sx. Demasière, Botaniste, à Lille, zve des Lossés. M:L10 (Charles), Littérateur , à Belleville , près Paris. CORRESPONDANTS ÉTRANGERS, MM. 92 L 782. e 1785. 1803. 1812. 1816. 1817. 1818. 1825. 1827. Le Chevalier De TurNor, membre de la Société des Anti- quaires, à Londres. Miss Anna Moon, à Londres. ANCILLON, Pasteur de l'Eglise française , à Berlin. Le Comte De VorrAa, Professeur de physique , associé de Institut, à Pavie. Dsmorz, Directeur de la Chambre des finances , et corres- pondant du Conseil des mines de Paris, à Salzbourg. Desray, Minisire du Roi de Bavière, à Beriin. GerFroy , Professeur d'anatomie à l’Université de Glascow. ExGeLsrort , Docteur en philosophie , Professeur adjoint d'Histoire à 1 Université de Copenhague. Cavanizze , Bolaniste, à Madrid. John Sinc£AIR, Président du Bureau d'agriculture Edimbourg. Fawront, Mathématicien, Directeur du Cabinet d'histoire > à nalurelle, correspondant de l'Institut, à Florence. Vocez , Professeur de chimie à l’Académie de Munich. Campsgcz, Prof. de poésie à l'Institution royale de Londres, Kercknorrs , Médecin militaire, à Ruremonde. Dawson Turner , Botaniste, à Londres. Le R. Th. FroGxaLL Dignin , Antiquaire , à Londres. Le Comte VIKCENZO DE ABB4%E, Antiquaire, à Alba. Dzruc, Littérateur, à Genève. SOCIÈTÉS CORRESPONDANTES. L'Institut , à Paris, au Paluis des Quatre-Nations. L’Athénée des Arts , à Paris, rue des Bons-Erfants (190 ) La Société royale d'Agriculture, à Paris, à /'Hôtel-de-Ville. La Société médicale d'Emulation, à Paris. La Société des Sciences physiques, à Paris. Ta Société des Pharmaciens , à Paris. L'Académie des Sciences , etc., à Amiens. La Société des Sciences, Lettres et Arts, à Anvers. L'Académie des Sciences , à Besançon. La Société des Sciences, etc., à Bordeaux. La Société des Sciences, etc., à Boulogne-sur-Mer. L'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Caen. La Société d'Agriculture et de Commerce, à Caen. La Societé académique, à Cherbourg. La Société médicale, à Evreux. La Société des Sciences , ete. , à Grenoble. L'Académie des Sciences, etc., à Dijon. La Société des Sciences , Lettres et Arts, à Nancy. La Société des Sciences et Arts, à Niort La Société des Sciences physiques et médicales , à Orléans. L'Académie des Sciences , etc. , à Marseille. L'Académie des Sciences , ete., à Rennes. La Société des Sciences et Aits, à Strasbourg. L'Académie des Jeux floraux , à Toulouse. La Société d'Agriculture, des Sci nces et des Arts, à Tours. La Société d'Agriculture, à Versailles. L'Académie des Sciences , etc., à Lyon. La Société des Lettres, Sciences et Arts, à Douay. La Société de Médecine, à Lyon. La Société des Sciences et des Arts, à Nantes. L'Académie du Gard, à Nismes. La Société libre d’Emulation et d'Encouragement pour les Sciences et les Arts, à Liége. La Société d'Agriculture , Sciences et Arts de la Haute-Vienne, à Limoges. TABLE DES MATIÈRES, Discours d'ouverture de la Séance publique , par M. Licquet, Vice-Président, page 1! SCIENCES ET ARTS. Rapporr fuit par M. Marquis , secrétaire perpétuel de la Ciasse des Sciences , 17 Ouy RACES ANNONCÉS OU ANALYSÉS DANS CE RAPPORT. Discours de réception de M. Morin, et Reponse de M. le President , ibid. SGiENCES MATHÉMATIQUES. Considéralions sur le temps vrai et le temps moyer, par M. Gossier ; rapport par M. Destigny , 19 Notice relative à une comète découverte à l'Observatoire de Viviers , par M. Flaugergues ; rapport par M. Lévy, ibid. Cours de topographie et de géodésie (2° partie), par M. Benoît ; rapport par M. Lévy, ibid. Rapport sur plusieurs mémoires de M. Hourcastreme, par M. Meaume , 20 Observations sur Paris port de mer et sur la navigation de la Seine, par M. Dupont-Boisjouvin ; rapport par M. Delaquérière, ibid PuysiQue. Rapport sur les paragréles , par M, l'abbé Gossier, 21 25 (192) Memoire sur les effets des puratonnerres, par M. Dubuc, 21 Projet d'une correspondance météorologique | par M. Morin , cénieur ; rapport de M. Cazalis, 22 ing Carre. Qbservations chimico-commerciales sur la céruse ou carbonate de plomb, par M. Dubuc, 22 Observations sur la difference de la céruse de Clichy avec celle de Hollande, par M. Houtou-Labillardière , 23 Notice sur le phytolacca decandra, par M. Dabuc, ibid. Description d'un colorimètre et du moyen de connaître la qualite relative des indizos et des matières colvrantes en général, par M. Houtou-Labillardière, ibid. Essai sur le sulfure rouve darsenic , ou réalgar, considéré comme substance tincloriale, par le méme, 24 Notice sur l’oxide rouge de plomb, où minium , par le méme , ibid, Manuel pratique de l'art du dégraisseur ; par M. Lenor- mand ; rapport par M. Bubuc, 25 Notice sur l’art du dégraisseur , par M. Dubuc, ibid. Notice sur diverses substances animales el végétales trou- ces par M. Passalacqua en Egypte, par M. Julia- Fontenelle ; rapport par M. Dubuc, ibid. Notice sur la proprièté qu'ont le potassium et le sodium de bruler sur l'eau ou dans l'eau, par M. Julia-Fontenelle ; rapport par BI. Dubuc , 26 Manuel de physique amusante, par D. Julia-Fontenelle ; rapport par M. Dubuc, ibid. Mémoire sur les chlorures, par D. Chevalier ; rapport par M. Houtou-Eabillardière , ibid. Mémoire sur l'usage de larsenite: de cuivre pour colorer quelques sucreries ; par M. Chevalier ; rapport par M. Houtou-{abillardière. ibid. — C193) Mémoire sur la prompte oxidation des clous de la jetée en bois du port de Fécamp, par M. Germain; rapport par W. Houtou-Labillardière , 27 Analyse d'une concrétion trouvée dans de cerveau d'un homme mort d'une inflammation aiguë de l'estomac , par M. Morin; rapport par M. Blanche, ibid. Analyse du riz de veau, par M. orin.; rapport par M. Leprevost , ibid. HiSTOIRE NATURELLE. Observations botaniques et zoologiques, par M. Desma- zières; rapport par M. À. Leprevost , 27 Considérations sur les végétaux du premier ordre, par M. Marquis, 28 Concordance de la nomenclature des plantes cryptogames , par M. Le Turquier de Longchamp , ibid. Discussion sur l'antiquité de la découverte et de lusage du platine, par M. Rever , ibid. Mémoire sur le parcage et le commerce des huilres, par M. Lai, ibid. Notice sur une nouvelle variété de pommes decowerte en 1826, dans le dép. du Caivados , par le même, ibid. MÉDECINE. Observation sur une fracture du col du fémur guerie sans qu'il en soit resulté de claudication , par M. Flaubert, ibid. Notice sur un hoqnet accompagné de phénomènes nerveux très-singuliers, par M. Hellis, 29 Observation sur un mouvement convulsif de la jamhe, ou danse de Saint-Guï, par M. des Alleurs, ibid. Rapport sur le bulletin des travaux de la Societé de mé- decine de Rouen, par M. Godefroy, 29 Mémoire sur l'éducation physique des enfants, par M. La- devèze ; rapport par M. Godefroy, ibid. 2 (LE (194) Rapport sur les annales de la Société royale des sciences, éettres et arts d'Orléans, par M. des Alleurs, 29 De la jurisprudence médicale relative aux alienés, thèse par M. bonfiis ; rapport par M. des Alleurs , 30 AGRICULTURE. Discours d'ouverture de la sranre publique de la Societe d'agriculture de Rouen, par M. Marquis, ibid. Notice sur l'application du chlorure de chaux à la cul- dure des plantes textiles, et observations sur l'emploi en agronomie de plusieurs matières salino-terreuses , par M. Dubuc, ibid. Notice sur l’inutil.te des silos pour la conservation des grains en France, par le même, 3x Rapport sur le bulletin de la Societé d'agriculture de Limoges, par M. Leprevost, vrtérinaire, ibid. Dictionnaire de médecine et de chirurgie veterinaire , (2° vol.), par M. Hurtrel d’Arboval , ibid, Ropport sur le recueil des travaux de la Societe d’émula- tion de Fouen, par M. Dupniel, 32 Rapport sur le recueil des travaux de la Societé d’agri- culture de Rouen, par M. Meaume, ibid. Rapport sur les mémoires de la Societé royale et centrale d'agriculture , par M. Dabnc, ibid. Travaux des autres Sociétés correspondantes , ibid. Décès de M. Gosseaume , ibid. MÉMOIRES DONT L'ACADEMIE À DÉLIBÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. NOTICE sur une romète découverte à l’Observaloire de Viviers, le 29 mars 1826, par M. Flaugergues, 33 Essais sur le sulfure roue d’arsenic , ou réalgar , considéré comme matière colorante applcable à la fabrication des toiles peintes, par M. Houtou-Labillardière, 39 Cr95 NourEeAv MÉMOIRE sur l'emploi du chlorure de chaux en agronomie, par M. Dubuc, 43 Norice sur l’oxide rouge de plomb ou minium , par M. Houtou Labillardière , 56 OBSERVATIONS chimico-commerciales sur la céruse ou carbonate de plomb, par M. Dubuec, 59 RECHERCHES chimiques sur le ris de veau, par M. Morin, 65 DESCRIPTION d’un colorimètre e! du moyen de connaître la qualité relative des indigos , par M. Houtou-Labil- lardière , 73 Description du colorimètre , 7b Principe sur lequel il repose , ibid. Manière de s'en servir, 76 Procédé pour essayer les indigos, 77 Notes et observations , 78 ANTIQUITÉS ROMAINES. Communication faite à l’aca- démie par M. Dubue, 85 IisrorrE d'un hoquet spasmodique accompagné d'une es- pèce d'aura qui se faisait sentir dans diverses parties, par M. Hellis, 87 NOTE sur un mouvement conoulsif de la jambe , ou danse de Saint-Gui, par M. des Alleurs , 93 « CONCOURS. RAPPORT de la commission, par M. Aug. Leprevost, 97 PROGRAMME des prix proposés pour 1828 et 1029 , 107 BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fait par M. Bignon, secrétaire perpétuel de la classe des lettres , 11H OUVRAGES ANNONCÉS OU ANALYSÉS DANS CE RAPPORT. Travaux des Socictes correspondantes , XII Recueil de Messéniennes, par M. Dupias; rapport per M. Gutiinguer, ibid. (196) Essai sur l’accentuation , par M. Dudouit , 11H Etudes portiques, par M. Thuret ane , 112 Traité de l'écriture métrique, par M. Ledoux ; rapport par MI. Meaume et Lévy, ibid. Notice sur les prisons de Rouen , par M. V. ingtrinier , ibid. Poésies de M. le comte Blanchard de la Musse , 112 Partitions de la Dame Blanche , par M. Boïeldieu, 143 Notice sur le R. P. de Colonia, par M. l’ablé Eabou- derie , ibid. Le Livre de Ruth traduit en patois auvergnat, par le méme, ibid. Purabole de lP Enfant prodigue traduite en patois narhte auvergnat , par le méme, ibid. Sermon de Michel Ménot sur la méme parabole, publie par le méme , ibid. Mémoire sur le véritable emplacement de la station ro- maine, nommée Uggade, entre Rouen et Evreux, par M. Rever , ibid. Explication et lithographie de figurines trouvées dans la Jorét d’Evreux, |, 114 Poésies de M. Victor Hugo, ibid. Passase des Alpes par Aanibal, par M. Deluc ; rapport par A. Blanche, ibid. Histoire des Juifs, par M. Ch. Malo, ibid. Discours prononcé à la rentrée de l'Académie, par M. Van- deuvre , président, ibid. Quelques réfléxions sur la langue française, par M. E. De. laquérière , ErT Petit traité de prosodie normande , par le méme, ibid. Nouveau recueil de poësies, par M. Guuinguer , ibid. Examen sur le caractère dictinctif de la poésie, par. M Marquis, ibid. Consideralions sur Part d'écrire, par le même, ibid. Précis de l’histoire de Rouen , par M. Th. Licquet, ibid. Rerherches sur l'histoire religieuse , morale et littéraire de Rouen, par le méme, ibid. ( 197 ) Essai historique sur l’abbaye de Saint-WWandrille , par M. H. Eanglois, 115 Nouvelle traduction des psaumes , par M. Gosseaume ; et rapport par M. l'abbé Gossier , ibid. Grammaire italienne de Vincent Perelti , perfertiornce par M. Ballin ; et rapport par M. Aug. Leprevost , ibid, Rapport sur la Séance publique de la Société d’émulation , pour 1826, par M. Duputel , 122 Rapport sur une question de date relative au jour de la naissance de P. Corneille, par M. Houel, ibid, Mémoire sur la recherche des ant'quites de l'ancienne église de St-Paul de Rouen, par M Duputel, ibid, Notices bibliographiques, par M. Dupuiel, 123 L'Enfant et l'Oiseau , apologue, par le même, ibid. Dissertation sur la délicatesse dans les arts, par M. Mar- quis , ibid. “otice sur les oues de Rouen, gravées par Bachelet, par M. Delaquérière , 124 Observations sur la manière de conduire la plume , et sur la méthode de M. Bernardet , par M. Lévy, ibid. Memoire sur. deux tombeaux trouves, en 1820 , à Sainte- Marguerite proche Dieppe, et à Pourville, sur le bord de la mer, par M. Prevost, pepiniériste , ibid. Tableau bibliographique , general et divisionnaïre de toutes des. matières traitées, analysées ou simplement annon- cées dans les mémoires de l Académie ; par M. Periaux; et rapport par M. Ballin, 129 Collection de lithographies , par M. Deville, ibid. Discours de réception de M. Deville; et réponse de M. le President , 126 Epitre dédice , par M. Deville, à son professeur de rhélo- rique, au retour de ce dernier d'un voyage en Grèce , 127 Collection d’antiques découvertes à Rouen , rue du Re- nard, n°20, présentée por M. Langlois, ibid. Notice biog'aphique sur M. Gosseaume , par M. Vigné, ibid. Cr198) Les Deux Habits, apologue , par M. des Alleurs fils, 127 Ode sur Li defuite des Sarrasins par Charles-Murtel, par M. P. Dumesnil, 129 Ode sur le Combat des Trente, par le méme, ibid. Le Soirée d'Automne, par M. Guttinguer , ibid. Epitre à un jeune ami de quinze ans, par le même, ibid. Les Deux Nids, fable, par le méme, ibid, La Fermière et la Volaille, fable, par M. Lefilleul des Guerrots , ibid. MÉMOIRES DONT L'ACADÉMIE À DÉLIBÉRÉ L'IMPRESSION EN ENTIER DANS SES ACTES. Rarponrr fait par M Hoüel, au nom d’une commission nom- mée par l'Académie pour s'assurer du jour de la naissance de P. Corneille , 131 Norices Br2110CR4PHIQUES. Robert Angot et Louis Petit; par M. Dupuiel, 139 Eioce De M. GossEAUME , par M. Vioné, 147 Poës:e. CONSEILS A UN JEUNE AMI DE QUINZE ANS, par M. Gutiinguer, 159 Oo sur LE CompAT DES TRENTE, par M. Pierre Dumesnil , 163 L'Enranr ET L'OISEAU, fable, par M. Duputel, 168 La FenuièrEe Er LA VOLAILLE, fable, par M. Le- filleul des Guerrots, 169 L'OrseAau Pu11050PHE, fable, par M. Gutiinguer, 171 Les Deux FAurErTES , fable, par le même, 175 PRIX proposés pour 1828, 175 TABLE AU de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pour Pannée 1527 103 , 179 FIN DE LA TABLE. SUPPLÉMENT. D es MÉMOIRE SUR LES PARAGRÈLES, Par M. PAbbe J.-F. Gossier. — 2h} 0 101etoe— 26 ( 20t ) AAA AS AAA AS AAA AAA AT AAA AAA AA ANA AAA MÉMOIRE SUR LES PARAGRÊLES;, Par M. l'Abbé Gossren. Messreurs, Depuis quelques années la France et plusieurs pays voisins sont partagés sur une question qui se recom- mäude tout d’abord par son importance. Originaire d'Amé- riqne (1) suivant un petit nombre de physiciens ob- servateurs , mais plus souvent considérée chez nous comme indigène, elle tient, par sés principes, aux sciences naturelles, et elle se rattache, dans ses conséquences ulté- rieures, au plus utile des arts, à l’agriculture. On annonça qu'il serait désormais possible de soustraire les moissons aux ravages de la grêle , et que, pour produire un effet aussi extraordinaire qu'utile, des appareils fort simples suffisaient : l'expérience a, disait-on, suivi où même devancé et fait naître la théorie. Quelques personnes doulèrent, d’autres accueillirent les promesses don- nées ; le bruit de la découverte s’étendit, quoique irrégu- lièrement , et il s'était déjà fait entendre au -delà des Alpes et du Rhin, lorsqu'on n’en avait presqu'aucune connaissancé dans beaacoup de nos communes, et même peut-être dans plusieurs de nos départements. Cependant les plus curieux ou les plus zélés lui donnèrent chacun selon me cree ares mtirergerrmemnthoremttreeees tentait ertegegettetetttle (x) Bon Cultivateur ; juillet 1826, page 116, 26, ( 203 ) sa situation sociale et ses habitudes quelques moments d'at- tention. Ici, des propriétaires ruraux faisaient élever dans leurs champs des perches, selon les instructions comm. niquées ; là, des savants soumettaient ces espèces d'ins- trüments à l'épreuve critique d’expériences de cabinet. En général, les plus ardents partisans de Ja nouvelle docirine s’appuyaient principalement sur des accidents météorologiques observés dans des Hieux où des para- grêles avaient été élevés ; ce n’était qu'avec timidité et réserve qu'ils abordaient la théorie , et même ‘quelques- uns d'entr'eux la rejetaient ouvertement et entièrement ; au contraire , €’était dans les théories de nos écoles que leurs antagonistes cherchaiemt des moyens d'oppo- silion, amenaut à un examen scientifique ce que les premiers annonçaient comme des faits prouvés ct irré- cusables. Quelques Sociétés d'agriculture , en France, ayant demandé au Ministre de intérieur les moyens de tenter; sur une grande échelle, des expériences sur les paragrèles, l'académie des sciences fut consultée. La section de phy- sique, chargée de l'examen, déclara, dans sa réponse, que les espérances de réussjle n'étaient pas assez ap- puyées par la science pour que les autorités civiles pussent intervenir dans la dépense de cette opération ; mais une Société savante de Paris s'efforça, quelque temps après, de détruire l'impression que celte décision était capable de produire, et dans lesprit des chefs de l'administration , et dans l'opinion publique. Le 6 juillet 1826, elle écrivit à MM. les Ministres de l'intérieur et de la maison du Roi, une lettre suivie d’un rapport sur la nécessilé, pour le gouvernement, d'accorder sa protection à l’érablissement général en France des paratonnerres écono- miques, et particulièrement des machines paragréles. ans cette pièce, que déparent malheureusement des insinua- tions peu gracieuses, on ne tente pas de renverser ni ( 203 ) même d’infrimer les raisons dont l'académie s'était servie pour moliver sa réponse ; on se contente seulement d’énoncer l'incertitude de théories qui ne nous ont point encore révélé tous les secrets de la nature, et on professe de n'invoquer en faveur des paragrêles que des Jaits. La lettre, avec son appendice , ayant été tirée à plusieurs milliers , un exemplaire en a été envoyé à tous les bureaux des différentes administrations dans toute Pétendue de la France , à toutes les Sociétés savantes du royaume , et aussi à plusieurs semblables Sociétés dans les états voisins. Ainsi un appel formel a été fait au monde littéraire et savant, aussi bien qu'aux autorités civiles ; et l'académie de Rouen, en s’occupant des paragrèles, n’a fait que remplir une dette envers la science et envers son pays. Celui de ses membres auquel Pexamen de la question a élé plus particulièrement renvoyé , avait déjà, comme membre de la Société d'agriculture de la même ville, reçu, à plusieurs reprises , de ce second corps savant, l'honorable commission de faire des recherches et d'émettre les résultats de ses études sur le même sujet, afn de donner quelque direction à lPopinion des agro- nomes et à la conduite des cultivateurs du département. Ce premier honneur lui a coûté , au dehors du moins, quelques désagréments, et il craint beaucoup de ne pou- voir répondre maintenant aux vues de lacadémie sans indisposer de nouveau lesprit de quelques personnes dont il aimait à se croire estimé. Ilest vrai que, dès le commencement , il n’a pas cru devoir conseiller l’adop- tion et l'usage des paragrèles dans son département ; mais il s’appuyait uniquement sur des considérations locales qui n'avaient aucun rapport avec le fond de la question. Dans nos heureuses campagnes, disait-il, la grêle est rarement, très-rarement un fléau ; l'érection de paragrèles serait, comme préservatif, absolument inutile, ( 204 ) et comme expérience, elle serait entièrement inconclu- sive : cependant , el il en appelle ici au manuscrit dans les archives de la Société , il ajoutait : nous ne perdrons pas de vue des moyens de préservation recommandés par des savanis ; nous portons intérêt à tout ce qui regarde lagri- culture , l'humanité et la science, et nous encourage- rons, quoique de loin, et par nos suffrages , des essais qui mériient d'être tentés. Il avait alors, comme on voit, :s espérances, ou du moins elles n'étaient point trop faibles, et elles Jui dictaient encore d'encourager de nouvelles tentatives dans des lieux opportuns. Cenx qui savent les insinuations inconvenantes qu'on s'est, à plusienrs reprises , permises contre l'Institut à eause de sa décision, devraient, ce semble, se garder d'entrer dans la disenssion présente , à moins qu'ils ne se sentissent prêis à conseiller l'éreetion de paragrêles sur tonie Ja surface de la France , et à faire au gou- vernement une nécessité de favoriser activement cette opération. Maïs la virulence des premiers moments d’op- position est, nous l'espérons , entièrement passée ; el par- fanl, si nous sommes conduits à des conséquences nm peu opposées à celle de la lettre imprimée, notre modé- ration nous fera peut-être trouver quelque grâce ; sinon, nous serons ebligés de chercher , et bien sûrs de trouver guelque consolation. Pour traiter la question des paragrêles d’une manière complète, sans cependant entrer dans un détail inutile de discussions accessoires , il faut , ce semble, la consi- dérer dans ses rapnorts , d’abord avec la théorie, et ensuite avec la pratique. Dans nn siècle commie le nôtre, siècle de connaissance, d'examen et de réflexion, l'homme qui se donne pour avoir produit de grands eflets par ur Bioyiu quelconque, ne doit point siétonner de trouver queiqu'opposiion et quelqu'incrédulité, surtout s'il ne peut, ni récencilier ces effets avec les connaissances de ( 205 ) "époque , ni assigner quelques lois de la nature , reconnues ou probables, auxquelles ils puissent se rattacher, D'um autre côté toutefois une découverte qui promet de grands avantages, a, par cela même, des litres à un exameu franc, de la part surtout de personnes convaineues que les théories ont plus souvent suivi que précédé des decou- vertes. Avant d'expliquer les théories et d'étudier les fais qui se rapportent à notre question , il sera utile d'exami- ner ou plutôt assez probablement de rappeler à 05 lecteurs en quoi consiste , ou peut, selon quelques physiciens, consisler cet appareil auquel 6n à donné le nom de paragrêle. De longues perches surmontées d’un pelit morceau de bois dur et revèêtues de quelques poignées de paille, furent les premiers paragrêles proposés, en Europe, à notre agriculture ; Je morceau de bois duc était terminé en pointe, et les perches étaient maintenues dans une position verticale. Le nombre de ces perches, pour un espace donné, assez arbitraire d’abord, reçut, dans Îa suite, des sciences physiques, une déterminalion fixe, fondée sur la sphère d'activité attribuée aux paratonner- res. Bientôt à la pointe de bois dur on en subsütua une de métal; peu après, un ou plusieurs fils de lin écru furent ajoutés à fa paille dans toute la longueur de Ja perche ; enfin on voulut établir une communicstion complète entre la pointe de métal dont la perche était terminée et le sol, par des fils de fer ou de laiton, ct ainsi le paragrêle devint, dans son dernier état, un vé- ritable paratonnerre. Sans pervertir l’ordre déjà indiqué pour la marche de cette discussion , il ne sera pas inutile d'observer ici que les premiers, et partant, pourrail-on peut-être dire, les plus ardents patrons des paragrêles , ne recommandaient, ne connaissaient guère que les pre- miers, c’est-à-dire les plus simples appareils. Pendant . vb) plusieurs années , on n’entendail par paragrêle qu'une perche enveloppée de paille , et tout au plus armée d'une pointe de métal; ceux qui parurent dans les plaines avoisinant les Pyrénées, et dont les effets, non-seulement furent si vantés , mais sont encore restés comme preuves principales de tout le système, étaient de cette nature. Aussi , c'était principalement sur les pouvoirs conducteurs de la paille qu'on se disputait si chaudement , en Italie, pendant notre voyage au-delà des Alpes en 1822 et 1823; el ils y étaient alors positivement regardés, par plus d’un paragréliste, comme plus grands que ceux qu’on reconnaît dans les métaux. Les paragrèles maintenant ne sont guère ce qu'ils étaient alors, ils sont changés ; ne disons point qu’ils sont améliorés, car nous sommes cerlains que le physicien qui le premier signala ces appareils, ne voudrait pas donner le nom d'amélioration à des changements qui, selon lui, n’ont amené que des dépenses plus considérables, Il est incon- testable que ce qui a été dans la suite annoncé au public, par voie de journaux ou autrement, comme effet dû à des paragrèles, qu'on appelle quelquefois perfectionnés, ne surpasse point, n'égale point peut-être les effets atiribués tout d'abord à des instruments plus simples; la réputation de cetle invention repose encore presque toule entière sur les premières expériences , sur les premiers appareils. À quoi bon donc, peut-on dire, ces changements récents? que pouvaient chercher ceux qui les méditaient? quelle était l'intention de ceux qui les ont introduits ? Questions difficiles assurément, que nous ne prétendons pas résoudre pour les autres, mais auxquelles nous trou- vons une raison qui nous suffit pour le présent, et qui contente notre esprit; la voici : en donnant aux para- grêles une apparence plus scienufique que celle qu'ils avaient à leur origine, il nous semble qu'on agissait , quoique peut-être sans le savoir , sous l'influence d’une (207 ) espèce d'insüncl; on éprouvait, à tort peut-être, quel que honte à supposer et attribuer tant de vertu à des machines si grossières. On avait cru d’abord, et on voulut ensuite se justifier à soi-même sa croyance. Quel- ques-uns aussi qui n’osaient aller aussi loin que beaucoup des premiers adeptes, et assurer avec eux que la paille était , soit par son pouvoir conducteur , soit par son pou- voir de dissipation , meilleure que du métal pour soutirer l'électricité, tous ceux encore qui ne voulaient point, sur des déposilions étrangères , recommander des appareils dans lesquels leur raison ou du moins le raisonnement ne pouvait admettre aucune verlu, toutes ces personnes enfin s’appliquèrent à les rapprocher des paratonnerres ; ils essayèrent à toute force, ce nous semble, de réconcilier aux connaissances actuelles des effets que leurs devanciers avaient youlu soustraire au domaine dè la science, et dont la réalité était un objet de doute pour le monde savant; mais tous leurs efforts eurent le résultat auquel ils auraient pu s'attendre. Si quelque variété s’est introduite dans le matériel des paragrêles , il y a eu aussi quelque divergence d’o- piuion par rapport aux siluations à choisir pour leur érection. D'abord, ils furent placés dans les plaines, dans les lieux sur lesquels la grêle, quelque soit le sein où elle puisse se former, verse le ravage et la destruc- üon ; ensuite, quand la science s’en mêla, alors des doutes survinrent sur les avantages de cette disposition ; on crut qu'il valait mieux, qu'il était peut-être plus aisé d'empê- cher le mal que de l’arrêter : c’était, il est vrai, prendre la question à rebours de ce qu’on avait fait jusqu'alors , mais le raisonnement à ses droits. Les premiers avaient dit : les paragrêles sont utiles, l'expérience est toute en leur faveur ; ils ont toujours élé une sauve-garde pour tous les champs où on les avait placés, et la grêle se fond en les approchant ; les seconds, au contraire, paraissent 22 ( 208 ) d'abord prendre sur parole Futilité des paragrêles ; en- suite, sans faire attention aux bases sur lesquelles elle s'ap- puyait, ils se metlent à en chercher une, et celle qu ils trouvent et novs annoncent ne ressemble aux premières en aucun point. Ainsi, ayant cru à l'utilité des paragrèles, sur le témoignage de ceux qui croient que ces apparetis fondent la grêle déjà formée , ils veulent nous faire croire par d'autres motifs à cette utilité, el à'cet effet ils nous montrent comment des perches armées peuvent empêcher la formation de la grêle. Cependant, pour être conséquents, tandis que leurs maîtres paragrêlent dans la plaine, sur les guérels mêmes, eux , disciples émancipés on sans mémoire, conseillent, pour cette opération, les lieux élevés, les moa- tagnes placées peut-être à quelqne distance des champs en culiure , mais où la grêle le plus ordinairement se forme, Cette divergence d'opinions quant au choix du lieu où les paragrêles doiveut être placés, tenant à une différence dans les théories adoptées, nous conduit naturellement à la considération de ces théories elles- mêmes. Celui qui, le premier, ainsi que nous le croyons, écrivit pour les paragrètes, ne chercha guère un appui dans la théorie ; il se fondait principalement sur ce qu'il regardait comme des preuves de fait; il erut toutefois pouvoir déclarer que, pour expliquer les phénomènes électriques, 1} se contentait des explications données par les philosophes da dernier siècle. Assurément , tous ceux qui, après avoir suivi la marche des sciences et s'être informés des raisons qui ont fait abandonner les théories de Franklin et de l'abbé Nollet, ont embrassé celle qui prévaut maintenant, avoueroni volontiers que cette nou- velle théorie n’est pas incontestable ; et plus ils sont véritablement insiruits, moins ils trouveront de répu- gnance à faire cet aveu Cependant, tout homme qui adopte des systèmes délaissés et les reproduit crèment D a ( 209 ) sans les étayer de nouveaux raisonnemeuts ou de nou- velles expériences , et se contente d'un mépris superbe et contempteux pour les physiciens modernes , est certain d'indisposer les esprits contre lui-même , contre ses opi- nions, et aussi contre l'étendue de son savoir. La simpli- cité d’une théorie est, de nos jours, considérée comme un bien mince argument , et celui qui s’en montre trop jaloux s'expose à des préjugés qu’il n’est point en notre caracière d’insinuer. Quoiqu'il en soit, la reprise de la théorie surannée n'eut point de succès ; elle tomba sans avoir même l'honneur d'une opposition : cependant , chose assez singulière, la cause des paragrêles ne parut point en souffrir ; ou on les adopta sans rapporter leurs effets à aucune théorie , ou on s’efforca de réconcilier ces effets avec les récentes théories de l'électricité et des phénomènes météorolosiques. : Un anteur, entre autres , que , Contre noire coulume , nons nommerons, parce que nous pouvons en parler avec éloge, M. Lchañre (1), parfaitement au courant des connaissances actueiles, et d’ailleurs persuadé de l'efficacité des paragrêles , déclare avoir la conviction in- time que les faits sur lesquels on la base concordent parfaitement avec les principes maintenant reçus de la physique. Voici à peu près comme il développe sa pensée : dans l'opinion actuelle, la vapeur, ou si lon veut l’eau qui se gèle dans l'atmosphère, n’acquiert la grosseur , plus ou moins grande , d'un grêlon , qu'en conséquence d’un pouvoir universellement reconnu dans les corps soumis à l'influence de l'électricité. Si, par exemple , une goutte- Jette d'eau ou une petite portion de vapeur se gelant dans un courant d'air très-froid, se trouve dans la sphère d'activité d'un nuage inférieur et fortement élec- a ——— — ————————— "© "î"@" (2) Bon Cultivateur, juillet 1826. 27. { 510 ) trisé, alors elle sé chargera de l’éléctricité du même nom que celle dont le nuage est lui-même chargé: mais, d'après une loi qui n’est point contestée, elle sera bientôt repoussée en haut par le nuage , et elle ne redescendra que lorsqu'elle aura perdu l'électricité qu’elle avait reçue, ou peut-être seulement quand la force dé répulsion sera vaincue par la gravité. Maintenant si, dans sa descente, êlle rencontre encore le nuage électrisé, et ne peut, par son poids, vaincre le pouvoir répulsif que l'électricité , én la chargeant de rechef, lui communique , alors encore élle remontera pour redescendre, et peut-être ensüile pour removler encore et redescendre une troisième , une quatrième fois et plus. Le même phénomène aurait lieu, à plus forte raison, si la petite gouttelelte se trou- vait entre deux riuages différemment électrisés. Dans ce mouvement de bas en haut et de haut en bas, le petit, le très-petit grélon traversant la couche d’air hu- mide ei froide où il a commencé à se former, se couvre de coucties consécutives d'eau ou de petits grêlons avec lesquels il viént en contact ; ainsi il se grossit en pro- portion, d’abord de la quantité de vapeur ou d’eau qui se trouve dans Je courant d’air qu'il traverse et par lequel il passe et repasse , en proportion aussi du temps plus ou moins long où il reste sous l'influence de l’élec- tricité. On se tend, par là, raison des couches concen- triques dont résultent le grêlon et des aspérités qui quel- quefois en déforment la surface. Assurément , dans cette hypothèse , que la science ad- met de nos jours , et conséquemment d’après laquelle il est permis de raisonner, on conçoit que des appareils tels que ceux qu'on 4 récommandés peuvent être uüiles, moyennant certaines conditions. Les paragrêles , bien armés de pointes métalliques et en communication con- venable avec le sol, soutireront l'électricité de latmos- phère, et si un nuage électrisé se trouve dans la sphère (511) de leur action , ils pourront, en contribuant au réla- blissement de l'équilibre dans l'air, détruire le pouvoir répulsif, empêcher le mouvement que nous avons décrit, el arrêter ou même prévenir la formation de la grèle. M. Lehaitre , cerlainement , a bien pris sa position sur le côté le plus tenable. En se bornant strictement à de simples possibilités; on est autorisé, par les connais- sances et les opinions actuelles, à dire que des paragrèles convenablement travaillés et convenablement placés pourraient peut-être prévenir la formation des grêlons qui quelquefois désolent nos campagnes. Toutefois ce côlé, que nous regardons comme le plus tenable , n’est point celui qui nous semble le plus généralement dé- fendu ; et ce n’est point là où nous trouvons les membres de la Société de Paris dont nous avons déjà parlé comme auteurs de la lettre au Alinistre de l'intérieur. Cette Société, malgré les réclamations de quelques bons physiciens, est fidèle aux premiers maîtres et aux premiers praticiens en paragrêlage; elle croit ce qu'ils ont cru, elle recommande la pratique qu'ils ont indiquée. Son secrétaire perpétuel l’admet franchement dans son rapport des travaux pour l'année 1826 ; il y professe de rechef la doctrine d’une lettre qu'il avait autrefois signée conjointement avec plusieurs de ses plus marquants confrères; il nous dit explicitement que lorsqu'un nuage chargé de grêle rencontre en sa marche quelques lignes de perches armées de pointes , alors la grêle se résout en neige sur les premières lignes et en eau sur les sui- vanies. Comme, dans la Société dont il est l'organe , on ne prétend point confirmer celte proposilion par des rai- sonnemenis, mais par des faiis, nous aurons à considérer les faits qu'ils apportent en preuve, après que nous aurons mis en avant quelques remarques gréliminaires. (KaT13?) Quoique pour admettre l'existence d'un fait il ne soit pas juste de requérir que ceux qui l’annoncent puissent l'expliquer d'après les théories en vogue , cependant, ce sera toujours un terrible préjugé’ contre des faits, et sarlout certains faits, de les trouver en contradiction avec des lois naturelles universellement reconnues. Dans la question présente ; nous avons, il est vrai, paru assez prêts à ne pas contester la Ihéorie qui regarde lélec- tricité comme contribuant à la formation de la grêle ; mais, dans celte théorie à même , elle n’y contribue qu'indirectement; c'est le froid, c'est une basse tem- péralure, et non l'électricité qui fait geler Veau et Famène à l’état de grélon. Nous dirons pareillement : si l'électricité, en plus où en moins, contribue jamais à la fonte de la glace, elle ne peut y contribuer que d'une manière indirecte; il ny à qu'une haute tem- pérature qui puisse dissoudre de la glace on amollir de la grêle. Un morceau de glace peut conduire ane quantité d’éleeiricité suffisante pour enflammer de l'esprit de vin, et il restera glace ; cet effet est bien constaté, et la loi na‘ urelle qu'on en déduit ne peut assurément être contestée. Nous sommes donc antorisés à dire que l'électricité n'agit point sensiblement sur la glace ; elle ne Ja fond point, où du moins ‘elle ne la fond point d’une manière sensible dans un court intervalle de temps , excéplé peut-être dans ces terribles décharges spontanées dont les effets sont tout autres qne ceux dûs an fluide électrique tranquillement sontiré par des pointes. Si on prouvait que dé la grêle se précipitant sur la terre s’est dissoute lorsqu'elle s’est approchée d'un appareil de para- g'êle, nous pourrions encore dire : cet effet west point un effet direct de l'électricité en plus où en moins, il est hors du pouvoir de l'électricité; mais d'ailleurs la rapi lité de lopération est contraire à tout ce que nous remar- quons dans la nature. (:223)) Tout le monde connaît les phénomènes qui signa- Jent où plulôt qui consliluent un ora;e accompagné de grèle, Un nuage épais, assez rarement annoncé par le tonnerre, et rarement aussi venant de nuit, s'avance ; il se précipite avec toute la rapidité que peut Jui imprimer un vent impétueux. Le terrein qu'il couvre n'est pas d'une grande élendue ; mais comme , en un lemps assez courL, il traverse un assez grand espace, sa marche se trouve marquée, par une longue ligne de dévastation. Dans tous les lieux où il exerce ses ravages , on voil d'abord tomber des grêlons assez rares ; ils deviennent bientôt plus serrés, puis leur nombre diminue jusqu’à ce que le nuage soit entièrement passé ou complètement épuisé. Leur grosseur est plus ou moins grande , selon les deux circonstances que nous avons indiquées plus haut (1) ; la force avec laquelle ils tombent dépend de leur poids et du mouvement qui leur a été imprimé ; la ligne de leur descente , rarement perpen- diculaire, à d'autant plus d'obliquité que le vent souffle avec plus de violence. Le nuage , après avoir déversé sur une longueur de terrein assez considérable des grêlons bien secs et solides , fiait, dans le cours de sa marche , à en verser plus loin d'autres à demi fondus, puis enfin ii ne projette que de l'eau. Maintenant supposons qu’une des communes traversées par un semblable orage soit garnie d'un appareil préser- valeur , et qu'un certain nombre de longues lisnes de paragrêles ait été planté dans une directiou perpendiculaire à la marche du nuage , alors, dirons-nous, en vertu de quelle loi physique connue pouvons-nous espérer que ces paragrêles fondront les grêlons et le réduiront en neige sur les premières lignes et en eau sur les secondes ? ou (1) Page 210. C214) plutôt, afin de continuer l'argument d'une manière positive comme il a été commencé d'abord, nous demanderons si des lois physiques incontesiées ne s'opposent pas à l'effet que , dans les circonstances ei-dessus exprimées , on attend des nouveaux appareils ? Avec quelle rapidité tout ne se passe-t-il point? En un instant , les grêlons ont franchi l’espace qui se trouve entre les lignes les plus avancées des paragrèles, et, °à cause de l’obliquité souvent fort grande de leur chute, ceux qui lombent au pied de la seconde et peut-être en- core de la troisième ligne , n’ont point élé soumis à l'effet des pointes de la première ; ils ont passé plus bas que l'extrémité des perches ; déja cependant ils ont, dit-on , perdu là de leur consistance ; ils sont déjà mous ; c’est déjà une substance spongieuse, c’est de la neige. Ceux qui, en tombant , atteignent les lignes plus éloignées , peuvent à la vérité s'être trouvés dans la sphère d’aclivité de quelques-unes des pointes, mais elles n’y ont été qu'un moment , un instant presque de raison , et on veut que des pointes de métal ou même de bois dur, soit en communication, soit même sans communication avec le sol par un fil de métal ou par quelques brins de fil de lin éeru , ou simplement même de la paille, aient produit un effet qu’auraient à peine produit des lignes de fournaises ardentes. Un quart d'heure ne suffit quelquefois pas, maloré le contact immédiat d'un sol relativement fort chaud, pour fondre la grêle , et ici on veut que quel- ques secondes suffisent. Îl est vrai qu’il ne faudrait qu'un moment pour décharger l'électricité des grélons; oni, mais encore faudrait-il qu'ils se soient tronvés immédia- tement au-dessus d’une pointe ou du moins dans la sphère d'activité d'une pointe , el celte sphère , nous la croyons fort circonscrite, surtont dans sa dimension horizontale ; d’ailleurs soutirer de l'électricité avec une pointe n’est point ajouter du calorique; peu, très-peu de calorique hide. nt. {r235,) est développé dans une opération si tranquille, et les g'èlons ne peuvent devenir eau que par un calorique communiqué. La rapidité avec laquelle il faut suppo- ser cette conversion de glace en eau surpasse aussi tout ce que nous connaissons , tout ce que nous admettons comme possible. Le système de Volta sur la formation de la grêle fut, en partie du moins, conçu pour trouver le temps nécessaire à l’agglomération de l'eau et à la soustraction du calorique ; aussi tout Îà est gradué, mesuré, tandis qu'ici tout ést brusque; et il faut supposer réuni , dans un petit espace et en un seul instant , assez de calorique pour mettre en danger, s’il s'y trouvait véritablement développé, et les appareils eux-mêmes , et les moissons qu'ils étaient élevés pour préserver. N'en voilà-t-il pas assez pour faire excuser , pour jus- üifier même des doutes, ou, si l’on veut, des préjugés contre une opinion nouvelle, contre une découverte récente, contre des résultats qu’une faible voix de la renommée a publiés d’un ou de deux points de la France? Pouvaii-on exiger que l’homme instruit, que l'homime accoutumé à réfléchir et à comparer les effets avec les causes, reconnût sans examen un pouvoir sans exemple dans les phénomènes de la nature et dans les prodiges de l'art ? En réclamant, au nom de la science et des personnages illustres qui la cultivent, le privilége du raisonnement, et, jusqu'à un certain point aussi, celui de l'induction, l'homme juste et qui cherche consciencicusement la vérité ne négligera point cependant d'examiner les moyens de preuve dont un adversaire croit pouvoir se servir. On doit toujours donner quelqu’aitention à ce qui est avancé come fait. C’est sur des faits que se base toute théorie raisonnable, et, lorsqu'ils présentent l'es- pérance de quelque résultat utile à l'humanité, ils ont un 20 ( 216) double droit à la justice d'une franche discussion. Entrons donc avec candeur dans l'examen de ceux que les parti sans des paragrêles avancent en preuve de leur croyance. On est ordinairement assez porté à croire qu'une controverse sera aisément terminée quand ou l'aura ré- duite à la position d'un fait. Le raisonnement, tout le monde l’avoue, peut tromper; une théorie séduit , mais les faits sont, dit-ox , d’une nature trop réfractaire pour être ployés au gré de l'adresse et de la subtilité. Ceci paraît incontestable , et cependant , dans l'usage de la vie, dans l’étude des sciences, dans la pratique même des arts, qui n’a pas souvent éprouvé la nécessité du doute , de l'examen , d’une nouvelle expérience, alors ‘même que des faits étaient apportés en preuve ? Cette méfiance-que des faits ne peuvent guérir, que les faits quelquefois inspirent , n'a pas nécessairement son origine dans la crainte d'un manque de bonne foi dans celui qui les annonce ; quelquefois une apparence de mer- veilleux pourra seule la faire naître tout d'abord. Il esi aussi des faits qui, de leur nature , ont quelque chose de vague et d’indéterminé, quelque chose qui laisse une place assez grande, soit à l’imagination , soit à des interprétations différentes , et qui, par conséquent, se prêtent indifféremment à des opinions différentes et à des systèmes opposés; ce sont des faits qui, par eux- mêmes , sont trop mobiles, trop peu décidément pro- noncés pour opérer une conviction complète et iné- branlable, et qui , pouvant donner lieu à des doutes et à des contestations , méritent peu le nom de fait, parce que ce nom semble réservé pour tout ce qui est si absolument positif qu'on est obligé de se rendre à l'évidence qu'il crée immédiatement et irrésistiblement. Des milliers de grélons, par exemple , tombent du sein d’un nuage, qui, poussé avec violence par le vent, et qui, n’ayani pour l'ordinaire que des contours peu sensible (217) ment pronontés, change continuellement et de place et de figure. Rares d’abord , ils deviennent ensuite plus abondants ; mais le nuage , bientôt épuisé, n'en jeile plus que quelques-uns ici et là comme au hazard , el sou- vent il finit par ne plus donner que de la pluie. En tout ceci, j'appellerais fait la chute de la grêle ; sur ce point il ne peut y avoir aucune contestation. ‘out le reste ne sera qu'un amas de circonstances accessoires, sur le détail et le narré desquelles les spectateurs de la meil- leure foi différeront à coup sàr. Au milieu des accidents divers qui accompagnent un orage , accidents mobiles et fugitifs de temps , de lieu, d'intensité , naîtra infailliblement l'impossibilité de mar- quer la ligne précise qui divise le plus et le moins le commencement, le milieu et la 6n du phénomène. De là, quel champ ouvert, nous ne dirons jamais à la mauvaise foi, mais à des préventions , mais à un esprit de système , mais à cette opiniâtrelé naturelle avec laquelle on veut se maintenir dans son opinion, et qui fait que l'homme quelquefois se trompe lui-même! Ne voulant ni céder ni reculer , ik avance toujours sans re- garder derrière lui ni autour de lui , et il poursuit quelquefois un argument jusqu'à l'absurdité sans s'en apercevoir, Dans beaucoup de circonstances , il est rare que deux spectateurs d’un même fait voient exactement la même chose; il est plus rare encore qu'ils en parlent exactement dans les mêmes termes ou dans des termes équivalents. Ajoutez encore à cela que le théoricien, le physicien, qui recueiile leurs témoignages dans un rapport travaillé, rendra aussi leur déposition à sa manière. Ceux qui ont le mieux observé se trouvent quelquelois embarrassés quand ils veulent se rappeler ce qu'ils ont vu et examiné , plas embarrassés encore quand on leur en demande compte dans l'intention de tirer parti de leur réponse. Vous trouverez que les plus consciencieux 28, (218 ) craindront de prononcer trop positivement ; un mot de contradiction suffira pour les ébranler, pour renverser presque les idées qu’ils s'étaient formées. Dans celte es- pèce de doute et d'incertitude on est presque étonné de soi-même , on se trouve capable presque de dire tantôt oui et iantôl non ; on avouera sans avoir aucune Convic- viction , on se rendra sans pouvoir se croire vaincu. l'est permis, sans doute, aux paragrêlistes de regretter que les faits qu’ils annoncent, que ceux même qu'ils produisent avec le plus de confiance, soient rarement capables de créer une conviction parfaite; mais qui peut chamger la nature des choses? Pour eux l’onus probandi est un fardeau bien pesant, Une démonstration rigoureuse est absolument au-delà de tous leurs efforts et de toute leur sagacité. Un champ muni d'appareils préservateurs n’a poini été, assurera-t-on, endommagé comme quelques uns qui lavoisinaient, mais pourra-i-on évidemment et inconstestablement prouver qu'il était exactement sur la ligne plus ou moins droite suivie par le nuage , ou pourra-t-on mettre entièrement en évidence que le nuage n'élait pas épuisé de grêlons quand il a passé au zénith du lieu ? Dans l'automne de 1826, par exemple, quelques communes à Fouest de la capitale de noire département ont beaucoup souffert de la grêle, qui s’est montrée jusqu'au boulevart nord-ouest de la ville, Eh bien! voilà un fait dont les paragrêles auraient pu réclamer l'honneur si nous eussions été environnés de paragrèles ; et la vérité pourtant est qu£ le nuage n'avait plus ici que de la pluie à verser. Un physicien, qui a obtenu de la réputation dans la présente question, est, depuis bon nombre d’an- nées , exempt de grêle dans un beau jardin situé , nous dit un ami, sur les fortifications de la ville d'Amiens. Il croit devoir le bonheur de ce fait à des paragrêles qu'il a fait ériger : mais n'est-il pas permis d'observer que, dans le département de la Somme comme dans le nôtre, (219) la grêle ne ruine peut-être pas une fois en trente ms un champ ou jardin quelconque paragrêlé ou non para- grêlé ? Les faits sur lesquels on veut établir la vertu des nouveaux appareils, nous voulons dire leur pouvoir de liquélaëtion , sont d'une leile nature que, fussent-ils pro- duits par centaines , alors, à peine encore alors, pour- raient- ils, par leur nombre, leur répétition et leur fréquence, amener une pleine conviction. Ceux, au contraire , qu'on a publiés en négative , tous, et chacun d'eux isolément, sont concluants. Bien de plus positif qu'un champ désolé malgré des paragrèles, En considérant sous un point de vue général les faits en faveur d’une découverte qui promettait tant, et qui devait s'attendre à tant de contradictions, ne doit-il pas paraître tout d’abord étonnant que presqu'aucun , ce nous semble , ne soit revêtu de cette authenticité qui, de nos jours peut-être plus que jamais, paraît indispensable quand on veut être cru? Le phénomène des aërolithes n’est plus contesté parmi les savants , parceque les faits qui constatent la chute des pierres de l’atmosphère ont reçu toute lPévidence possible. Nous qui éprouvons queique difficulté à croire ceux qui sont invoqués par les paragrélistes, ne pouvons-nous pas raisonnablement demander pourquoi ces nouveaux faits n’ont point pa- reïllement Pappui que donnent des formalités juridiques et des dépositions publiques après une descente d'experts et après des enquêles et des témoins convoqués , entendus, confrontés ? Pourquoi encore, d’une autre part, vouloir attribuer à l'envie, à la calomnie, à la malveillance, à des passions basses, une opposition, ou plutôt une hésitation et un doute dont l’origine s'aperçoit tout d’abord? Plus ce qu’on avance est extraordinaire , plus il est utile, plus aussi on est obligé d'accumuler toutes les preuves que le sujet comporte; c'est véritablement un devoir. Et de quel front soupçonner des personnages respectables, des savants ( 220 }) illustres , une société recommandable? pourquoi fénr at- tribuer Vlintention d’étouffer une invention que dans leur conscience ils sauraient être d’une grande utilité publique ? Comment un tel soupçon peut-il trouver un instant sa place dans le cœur d’un français, d’un homme ? Il ne sera pas muule de présenter ici comme un modèle , poar ainsi dire, l'application/de ces observations générales aux faits particuliers mentionnés dans la lettre adressée à MM. les ministres. Ils composent le corps le plus imposant levé jusqu'à présent pour défendre la cause des paragrêles; nous pouvons nous en rapporter sur ce point au talent et aux connaissances de celui qui a écrit la lettre, et de ceux qui, en preuve d’assen- timent, l'ont ornée de leurs signatures. L'ordre qu'ils ont suivi sera ici scrupuleusement adopté. Par le premier document, page 10, nous apprenons d'abord que vingt-une communes qui avaient élé grêlées sept années conséculives, ne le furent point en 1821, année où, pour la première fois, on y avait établi des paragrèles. Que conclure de faits dans lesquels il n’y a véritablement rien d'étonnant que la circonstance de vingl-une communes grêlées sept années conséculive- ment ? C’est ce point pour lequel on pourrait demander des preuves bien authentiques ; mais, du resle , qui dira qu'un canton, pour avoir été grêlé sept années, doit l'être toujours, doit l'être une huitième? et, si on ne peut le dire, que devient la conclusion? « H y a plus, » ajoute-t-on cependant , la commune d’Ibos, située à » 5 kilomètres de Tarbes, fut ravagée, vers le mois de » juin 1821, par un nuage orageux qui apporla , en petite » quantité, de la grêle à Tarbes et dans la première ligne » des paragrêles de la commune d’Aureilhan ; la seconde ligne fat à peine touchée , et la troisième ne le fut point du tout ; Peau tombait avec plas d'abondance à mesure que la quantité de la grêle diminuait, J'ai vu ( 221 ) », des nuages oragenx traversant la région dominante » du canton paragrêlé, rallentir leur marche, d’autres » se dévier un peu de leur direction pour se soumettre à l'influence des paragrêles. On nv'a assuré que , pen- » dant toute la saison des orages , il était tombé plus ÿ » d'eau dans les communes paragrèlées. Ce fait, que je » me propose de vérifier , ne fait qu'augmenter les preuves » de l'efficacité des paragrêles en corde de paille. Certains cautons de la Suisse et de l'Amérique se préservent des » effets de la grêle par le même moyen. » (Page 10.) D’après cet exposé , la commune d’Ibos, qui n’était point encore paragrêlée en 1622, fut alors ravagée. Le nuage qui causa ce dommage , était, si nous consultons la » carle annexée au rapport, poussé par un vent d'ouest ou un vent d'ouest sud-ouest , et conséquemment il $e dirigeait vers la commune d’Aureilhan , en passant toute- fois, et d'abord , au dessus de Tarbes, qui lui barrait presque tout le chemin. La commune d'Aureilhan ne fut point, dit-on, endommagée , mais Tarbes ne le fut pas non plus , ce semble, et la commune de Tarbes qui fut traversée la première n'avait point de paragrêles. Qu'en conclure, sinon que le nuage s’épuisa sur la commune d'Ibos et qu'il ne pouvait plus apporter qu'une petite quantité de grêle même sur les champs qui précédaient les lignes de paragrêies ? Que dire, d’ailleurs , que penser d’une déposition où on représente des nuages qui viennent se soumettre à l'influence de paragrèles , c’est-à-dire qui, n'étant pas encore dans la sphère de leur action , viennent d’eux- mêmes s’y placer ? Est-ce là, de bonne foi, de la phy- sique ? Comment encore un fait qu’on croit avoir besoin de vérification est-il dit rondement ne faire gu’augmenter une preuve ? Enfin, n'est-ce pas supposer la question, ou vouloir l'emporter d'emblée, que d'avancer posilive- ment que des cantons en Suisse sont préservés de la grêle ({ 222 ) par un moyen dont le pouvoir est l'objet même de 'a controverse ? Quant à l'Amérique , elle ne figure dans ce détail que pour arrondir la phrase. Une proposition fortement énoncée n’a pas besoin de preuves pour produire de l'effet. C’est une tactique bien connue. Suivent, en second lieu, p. 12, les essais faits par le même physicien en 1823. La saison du printems avait été pluvieuse ; peu de communes avaient paragrêlé d'assez bonne heure , et les orages vinrent dans un tems où on ne s'y attendait pas encore, « ce qui, dit-on, prouve aux propriétaires la nécessité de paragréler ici ( au pied des Pyrénées ) dans le mois de mars. » Conclusion ex- cellenie sans doute, mais seulemeut lorsqu'on a-déjà établi ce qui est er litige , l'utilité des paragrêles. Toutefois ces essais faits en 1823 ne peuvent opérer aucune convic- tion; il y a , dans le détail qu’on en donne, un tel manque d'ordre , de précision et de clarté, qu’il paraît impossible d’en rien conclure. On avait à produire d’heureux effets, et on se trouve obligé de pallier des dégâts et de les attri- buer à des érections incomplètes. Dès 1821, il y avait vingt-el-une communes paragrêlées et sauvées par ce moyen ; maintenant, en 1823, on déclare ie paragrêlage insuffisant. Cette insuffisance est d’ailleurs une ressource générale et fort commode. Quelquefois un petit nombre de ces appareils, même deux ou trois, revendiquent la gloire d’avoir sauvé quelques acres de terre , une coinmune peut- être, qui sans eux n'auraient vraisemblablement pas été grêlées ; mais quelques communes ont-elles souffert , aussitôt les paragrèles sont disculpés , leur nombre n’était pas assez considérable. Ici quatre orages effroyables se succèdent dans le cours de moins de cinquante jours, sur un espace indélerminé ; loutes les communes y sont, ce semble, paragrélées , et toutes cependant , excepté trois, (aa ) sont ravagées : il fallait bien trouver que ces trois seules l'étaient convenablement. Tandis aussi, dirons-nous # tandis qu'une carte est placée au commencement du rap- port pour meltre sous les yeux les communes de la vallée de Tarbes, et distingner celles qui avaient des appareils de celles qui n’en avaient pas , comment arrive-1-il que , des trois respectées par les orages , deux, savoir, Farasteix el Monco ne s’y voient pas , ni le bourg de Brie, auprès duquel est située la troisième commune qu'on n'a pas jugé à propos de nommer? Cependant on tire , avec tonte as- surance , de ces faits , la conclusion la plus hardie el la plus positive ; « ils prouvent, dit-on, que ces machines » (les paragrêles ), bien construites et placées en nombre » suffisant , doivent reressairement préserver les campagnes » des funestes effets de la grêle. » Le lecteur remarquera en passant que ces paragrèles qui avaient sauvé Farasteix, Monco et cette autre commune anonyme, étaient en paille. Et voilà pourtant que M. Orioli, qui d'ailieurs croit en la vertu des paragrêles , s'étonne qu’on ait recours à des cordes de paille, beaucoup moins hons conducteurs d'électricité que des fils de métal ; et M. Crud, que nous croyons paragrêliste aussi , nous dit que les paragréles en paille, formés de perches, ne méritent aucune confiance (x); et encore MM. Tessier et Bosc, qui paraissaient avoir d'abord embrassé la cause de la découverte, nous ap- prennent , le 30 septembre 1826, que, malgré des para-. grêles en corde de paille, tout le canton de Spaichingen. avait élé entièrement ruiné le 25 août de la même année. Probablement on cherchera, dans le nombre plus ou moins grand ,;un moyen de défense. Cette excuse a ————— (1) Mémoires de la Société centrale du département du Nord, 1826, page 114. 29 (224 ) se trouvera toujours toute prête , sartoul quand on n'aura pas des pièces authentiques, des dépositions lé- gales, des témoins jurés. De plus, qui déterminera le nombre requis pour une étendue donnée ? qui dira aussi quelle surface de 1terrein doit être dûment paragrèlée pour produire un effet sûr? Car queïques-uns demandent de grandes, de bien grandes masses de paragrèles placés à la distance de 200 mètres chacun , d’autres ont attribué de grands phénomènes à quelques perches seulement , et les membres de la société à laquelle MM. les ministres doivent le rapport paraissent d'opinion qu'un petit nombre de lignes de paragrêles réduit tout en eau. Dans cette dernière opinion , qui nous concerne plus que les autres , ne doit-il pas paraître étonnant que sur la surface de vingt-uné communes , lout insuffisam- ment paragrélées qu'on les suppose, il ne se soit pas trouvé au moins deux ou trois lignes de ces appareils , ou même que les trois communes sauvées n'aient pas, en quelque endroit qu’elles fussent , protégé les autres , ou du moins quelques-unes d'elles , en faisant fondre la grêle qui passait à leur zénith. Comparons le ravage occasionné dans tant de communes , malgré un nombre probable- ment déjà assez grand de paragrêles, et ce qu'on nous dit page 17. On nous y apprend que, dans la province de Boschi ,; un espace est armé de cinquante de ces in - tramentsseulement; eh bien ! quo‘que beaucoup de grêle tombe hors de leur enceinte, déjà entre la première et la deuxième ligne des perches il n’en tombe que peu, et puis entre la deuxième et la troisième ligne ce n’est plus qu’une sorte de neige demi fondue. Puis encore , examinons ce qui est dit page 20: une fois, deux fois, il tombe de la grêle dans la commnne de la Thuile, et deux fois la grêle se limite régulièrement à La ligne des conducteurs. Ici, et à deux reprises, elle n'a pas besoin, comme d'ordinaire, de l'action de deux ou trois lignes (1488 :) pour se résoudre en eau ; peut-être même ne se dissont- elle pas du tout, mais elle ne passe point de l’autre côté de la ligne : probablement elle la respecte et reste en dehors. Bientôt nous verrons la grêle tourner com- plètement, ce semble, hors l'enceinte formée par les perches. En attendant , comparons, dis-je, et jugeons: formons-nous, si nous le pouvons toutefois, une opinion précise sur l'utilité des paragrêles, sur les faits dont on veut l’appuyer , sur les condilions qu'on demande pour assurer d'heureux résultats, et sur les excuses par lesquelles on pallie les mauvais. La tâche n’est pas aisée. Aux essais de M. Thollard succèdent, dans le rapport, page 14, ceux de M. Beltrami ; faits dans la même année sur les plaines de Lodi. Le physicien italien étonne lout d'abord , et indispose presque par la grandeur même des espérances qu'il voudrait faire concevoir, Elevons des perches sur nos champs, et, selon lui, non-seulement nous les préserverons du tonnerre et de la grêle, mais encore très-vraisemblablement des brouillards du printemps si funestes à l’agriculture ; il y a dejà, conlinue-t-il , de grands dégrés de probabilité. Ve pro- bable , supposons le pour ne pas nous arrêter, et passons aux faits. La grêle, cette année, a, dit M. Beltrami, occasionné de grands dommages dans toutes les provinces de la Lombardie, maïs tous les points paragrélés ont été préservés comme par miracle. Assurément quand , au nom de l'humanité , on annonce de tels résultats d'une expé- rience qui a eu lieu en tant de points et en plein air, il serait bon qu'ils fussent prouvés de la manière la plus incontestable. Ne pouvant discuier des preuves qu’on ne vous fournit pas, considérons les détails qu'on nous donne. Plus de cent établissements de paragrèles se trou- vent, dit-on, en 1823, dans la Lombardie; doutes les provinces de ce beau pays éprouvent de grands dommages en celte année, et {ous les points paragréles en sont exempts, 29. (356 ) Ne nous permetira-t-on pas de denrander ici : comment un semblable fait n'a-t-il point ému, converti tout le monde ? pourquoi si peu lont-ils cru ? pourquoi si peu J'ont-ils conna ? De plus, c'était en cette même année, en 1823, que nous traversions; pour la seconde fois, la riche plaine qu’atrose le P8. Alors aussinous suivions avec intérêt, et dans les lieax mêmes, de chaudes discussions élevées parmi les savants de lhiaälie sur cette question là même , et toutefois nous assurons ici solemnellement que nous n'avons alors enteudu faire mention , ni de ces grands dommages , ni de ces espèces de miracles. Que le lecteur ne conclue pas de notre ässertion que nous prétendons äccuser la véracité de M, Beltrami , mais qu'il voie en Loul ceci un nouvel exemplé de la facilité avee laquelle, comme nous Pavons remarqué plus haut, certains faits se laissent manier et plier par différentes mains pour soutenir des opinions contraires. Les dommages occasionnés par la grêle , en 1823 , furent, je le crois, sur le rapport de M. Belirami , grands én Lombardie, dans toute la Lombardie ; mais très- probablement ils me furent point plus grands qu'ils në le sont 'sonvent, qu'ils me le sont peut-être presqué tons les’ Ans :aiñnsi on n’en parla poiñit à un voyageur come d'un évènement extraordinaire. Maintenant , quant à tous ces points paragrèlés qui furent préservés , ÿ at-il là quelque chose qi ,'évidemment et nécessäire- ment , tienne du miracle? Ces cent poinis et plus où sé trouvaient dés établissements de paragrêles furent pré- servés : oni, mais ils furent préservés comme cent mille et plus autres points non paragrêlés lé furent en cette même année , dans celte mêine plaine de la Lontbardie. Des faits plus décisifs , ce semble , ont , dit-on , eu lieu dans une grande parlie du Boulonais ; couverte de paragrêles à fils métalliques, qui ayant, suivant M. le Rapporteur, page 16 , une conductibilité électrique beaucoup (227 ) p'üs énergique que la paille, produisent des effets encore plus satisfaisants. (x) Après ce préambule , on avait droit d'attendre que , dn moins, le premier résultat annoncé n'aurait pas été attribué à des paragrêles de paille. Par quelle erreur ou par quelle méprise la première expé- rience dont on rend compte page 17, est-elle donc faite avec des paragrêles à la Thollard, car ces mots sont, dans le rapport, comme ici, imprimés en caractères italiques ? Veut-on argumenter @ furtiori ? Quoiqu'il en soit, suivant /’#atologia Fiorentina du mois de juin 1823, un orage se concentre sur une vasle propriété armée de paragrêles. Observons d'abord que si lorzge s'y était concentré par la vertu attractive des paragrêles , alors toutes les propriétés à l’entour auraient été sauvées, et les paragrêles seraient déclarés utiles, comme nous le demandions un peu plus haut , non-seulement aux champs qui en étaient armés , mais encore el plus particulièrement peut-être aux champs adjacents. Non pourtant: rien de cela n’arriva ; au contraire , malgré cette concentration , la grêle fit de grands dommages à tous les champs circon- voisins. À quoi donc le pouvoir des paragrèêles à la Thol- lard s'étend-il où se borne-t-il ici ? À quoi? à faire tourner la grêle autour des perches !! En écrivant ceci, nous craignons que le lecteur ne suppose que uous voulons donner un tour ridicule au récit. Qu'il lise et qu'il se salisfasse , voici le texte. La gréle tomba en abondance et fit de grands dommages à tous les champs limitrophes, lour- nant autour de l’espace armé sans l’offenser. Si quelqu'un voalait insinaer que les paragrêles avaient du moins éloigné des champs confiés à leur protection l'orage qui, d'abord, soit en conséquence de leur vertu attractive , ou autrement , s'élait concentré au-dessus (1) On n’a pas toujours accordé ce point; il était le sujet d'une contestation très-vive en Italie, pendant que nous traversions ce pays en 1822 et 1825. ( 238 ) d'eux , nons observerions que, dans ce cas ; ils seraient de fort mauvais voisins. Notre première intention était de continuer cet examen et de létendre à tous les faits, à toutes les expériences; à tous les essais contenus depuis la g° jusqu'à la 21° page du rapport ; nous avions même promis de le faire , et, pour tenir complètement parole, nous n'avions qu'à suivre jusquà la fin les notes que nous avons réga- lièrement prises dans une seconde et une troisième lecture. Mais à quoi servirait une discussion continuée plus loin ? Le lecteur, après nous avoir accompagné dans Vapplication de quelques-unes des règles de la critique à ce que M. le Rapporteur met en avant comme ses forces principales, saura bien , sans doute ,; la continuer et Pappliquer à tout ce qui suit. Quand on entend d'abord parler de paragrêles, si, à force de raison , on parvient enfin à vaincre la première impression qui porlerait à un sourire de mépris ou de pitié, si, ea considération des espérances données ét du caractère de quelques-unes des personnes qui les font naître, on consent à écouter la liste assez maigre et sans cesse re- produite des accidents appelés en preuve de l'utilité de la découverte, alors un mouvement de surprise se fait sentir: bientôt on souhaite que les nouveaux appareils ayent ‘a vertu qui leur est attribuée ; on se trouve prêt à sacrifier toules ses connaissances acquises pour seconder des efforts qui peuvent amener quelqne grand bien ; on craint même de paraître, en élevant des doutes; moin$ brûlant que les autres pour la belle cause de Fhuma- nité. Ainsi, peu-à-peu, on parvient, si non à se convaincre ; du moins à se persuader presque où même à se tromper soi-même. Mais lorsqu'on à et le loisir et le courage de revenir sur le récit, de le considérer dans ses détails, de réduire à lear juste valeur les phénomènes rapportés, les témoignages pro- duits, les conséquences hasardées , alors toui prend ünë ( 229 ) autre apparence , la raison recouvre ses droils, € enfin on éprouve une certaine honte et un certain dé- pit de s'être si long-temps arrêté à un examen et à des discussions que la justesse d’un premier coup d ’æœilaurait peut-être épargnés. Si an sentiment que Je lecteur partage probablement avec nous , arrêle notre plume et nous force de ne point continuer à prendre un à un les faits consignés dans le rapport, nous le regreltons peu, car ceux que nous venons de soumettre à une revue critique sont les seuls presque qui ont, du moins à la première apparence, quelque poids. Ce sont même, et remarquons le bien, ce sont les premières expériences seulement sur lesquelles fut fondée tout d’abord la réputation des paragrêles ; ce ont les seules qui l’étendirent au-delà des Alpes. Que de tels succès ne nous surprennent point; les premiers essais paraissent toujours avec quelque éclat; l’enthou- siasme , qui enloure et soutient de premières éspérances , de premiers efforts, produit toujours des effets exlraordi- naires. Dans ces premiers moments, on n’examine guère , on n’est point difficile , on voit tout ce qu'on désire voir, on parle, on écrit, on inspire l’exaltation dont on est transporté, C’est là le bon temps d’une opinion : elle gagne promptement des partisans ; mais, lorsque le moment de la réflexion arrive, tout change , et le chan- gement est bien rapide. Ce moment n'est-il pas déjà venu pour la cause des paragrèles ? - Dans la lecture da rapport sur leur utilité, toute espece d’'illusion s'évanouit évidemment lorsqu'après avoir lu les six premiers moyens de preuve, et ils se ressemblent beau coup, on continue à parcourir les autres jusqu'au dernier, Quant à celui-ci, ilest véritablement le complément des au- tres , car il faut être en grande disette d'arguments pour songer à en introduire de semblables dans un document qui, à raison des persannes auxquelles il est adressé, de la société dout il part et de la publicité qu’on lui a donnée, ( 250 ) peut légitimement être réputé contenir toute la force du parti? Ce sontici des nues qui se mettent en un mou- vement assez violent, s’abaissent heauroup, etenfin se divisent ; là des nuages fulminants qui s’abaissent de méme en partie, et perdent leur aspect sinistre. Plus loin , dans les pays de Ber- game , de Brescia et de Vicence , des nuages, cela arrive positivement dans l'année 1825 , des nuñges se réduisent en eau, et, pour en faire un argument , on les dit charges de gréle, quoiqu'ils n’en versent point du tout. Suivent encore des apparences de grêle dans la commune de Chambéry, mais là encore les nuages versent des tor- rents d’eau : tout cela est le fait des paragrêles. Pareille- ment, au-dessus de la montagne de Montmélian se mon- trent des apparences de grêle, toujours des apparences, et ces apparences se dissipent au-dessus des paragrèles ! Mais aussi les pointes dont ils sont armés , pour qu’on ne doute pas de la part qu’elles ont dans le phénomène, lancent, à plusieurs reprises , de vives étincelles ascendantes. Nous trouvons aussi, page 20, qu'en 1825 la grêle a menacé , en apparence peut-être comme à Chambéry, les vignobles de Lausanne, et elle les a menacés plus d’une fois : cependant toujours elle les a épargnés. On appelle cela un bonheur, soil ; mais, comme ils étaient paragrêlés, on se prévaut de la circonstance, et on conclut rondement qu’on ne peut raisonnablement mt- connaître, dansce bonheur , l'efficacité des paragrèles, Près du même lac de Genève, à Vevey, on avait prévu une forte grêle , il ne tomba que de gros grêlons aussi mous que la neige, conséquence certaine de /a lutte qui , selon une lettre de Lausanne, s’éfait établie entre l'orage et les paragréles ! ! Enfin , M. le Rapporter oubliont , et il l'avait déjà oublié, qu'il n'aime point les lentes et incertaines théories de la science, vient encore une fois, à propos de grêle, nous parler de fluide élec- trigue et d'apparences électriques. C'est dn Tournal du département du Nord, juillet ( a5x ) 1825 , qu'est extraite la citation qui termine finalement toutes Îles autres , et la voici : » Dans l’espace de peu de semaines, des nuages à » grêle se sont épanchés sur plusieurs communes. Partout » On à vu la grêle tomber entre les premières lignes » des paragrèles en paille, et se résoudre en grésil ou » en neige entre les lignes suivantes , sans faire aucun » mal.» Dans quel lieu étment situées ces communes ? on ne le dit point. Et n’est-on pas étonné de retrouver ici les paragrêles en paille ? Mais , nous l'avons déjà dit, c'est aux cordes de paille, aux perches revêtues de paille et armées d’une pointe métallique ou même de bois dur, que les paragrêles doivent leur renommée. On n'a rien entendu d'eux qui vaille la peine d’être répété depuis que la science est venue s’en emparer et a voulu les convertir en véritables paratonnerres ; ceux qui ont introduit cette dernière innovation n’ap- partiennent point à l’ancienne école, aussi n’ont ils fait rien de bien, et n’ont-ils rien à citer. Ils veulent rai- sonner, et ici le raisonnement gâte lout. Quand on fait entrer l'électricité pour quelque chose dans le phénomène météorologique qui nous occupe, alors on lui accorde une influence , indirecte toutefois , sur la formation de la grêle , et on cherche à maintenir ou à rétablir un équi- libre qui , régulièrement maintenu , préviendrait peut-être cette opération naturelle ; alors | conséquemment, on donne aux paragrêles tous les caractères d'un paratonnerre, et on les élève dans de hautes situations et non sur les champs mêmes qui sont sujets à être dévastés, Au contraire , le paragrêliste de la vieille souche s’embarrasse peu de savoir comment la grêle se forme, et il ne craiut point sa formation , sûr qu’il est de la faire fondre au mo- ment où elle passera sur les perches ; il s'embarrasse aussi fort peu de connaître comment s'opère cette liquéfaction : il avoue qu’il n’y connaît rien, mais il travaille pour 30 (Ca32 ) son-propre comple, il protège son champ; que les autres Fimitent, il leur a donné l'exemple. Aussi tout homme qui élève des paragrêles sur les plaines pour y faire foudre la grêle ne doit point parler d'électricité ; cela Jui convient top mal. Æn lisant , dans le rapport, les expériences où phé- nomènes cités depuis La page 9°. jusqu'à la 21°, on peut remarquer que le récit en est interrompu, page 12, pour donner des louanges à l'intelligence superieure d'un des principaux promoteurs du paragrêlage , et, page 15, pour lancer , quoique indirectement, un trait malin aux savants de lPinstitul , et recommander, en opposition, le bon sens de ceux de l'ftalie. Nous n'avons rien à repren- dre dans des éloges accordés à un ‘homme de bien qui cherche à propager une invention qu'il eroil utile, et, de l’autre côté , l'Enstitut n’a point besoin de notre secours ; -mais nous devons quelques observations sur la manière dont on voudrait, ce semble, représenter Fadoption des paragrèles de l'autre côté des Alpes. Celui qui Pannonce comme la conséquence d'une noble avidité à s'emparer de nos découvertes, et d’une spontanéité d'enthousiasme qui em- bräse la fertile Italie, ne’ paraîtäl pas avoir l'intention de faire effet et d'iusinuer que es paragrêles furent reçus chez nos voisins: sans opposition, el quetce fa- vorable accueil fut, moralement parlant, universel ? Nous sommes loin d'attribuer” à M. le Rapporteur l'intention de tromper ; mais nous pouvons” cerlifiér que les idées que ces paroles font naître sont en tout contraires à la stricte vérité. La première édition de l'ouvrage qui publiait aux habitants de la péninsule la très- importante découverte, nuova scoperta importantissima (3), (1) Cest là le titre imprimé en lettres plus qu’onciales sur des affiches , qui frappa nos yeux dans les rues, quelques jours après notre arrivée à Florence. (233 ) de M. Paul Beltrami, parut à Florence en 1823, au mo- ment même où nous y étions. Ce n’était point une nou- veaulé pour nous, et, de plus, nous connaissions les débats élevés entre le S. Molossi et il rev. S. Proposto di Ri- volta (1), et encore les expériences faites à Milan, en pré- sence de plusieurs professeurs, ingénieurs, et di circa ducento aliri fisier. L'Académie de Florence s'étant aussi occupée de la question, nous eûmes , à dessein, une con- férence avec il S. marchese Cosimo Ridolfi, qui était un des membres de la commission nommée pour établir une série d'expériences, en faire un rapport, et donner en général son opinion sur les nouveaux appareils. D’après les renseignements que nous avons pris sur lés lieux, les journaux que nous y avons consultés, et la vue même des campagnes que nous avons lraversées en plusieurs sens , il nous est possible d'assurer que les paragrèles ne sont ni plus communs, ni mieux connus en Ltalie qu’en France. Là, comme ici, les expériences de cabinet n’ont, avec raison , satisfait presque personne; les résultats obtenus dans les champs n'ont point élé crus par une lrès-grande majorité , ou ont élé expliqués sans avoir recours à aucun pouvoir inhérent aux pa- ragrêles ; enfin, on croyait dès-lors assez généralement en ltalie ce qu'on y croit maintenant et ce qu’on croit encore généralement en France : partout on croit qu'une pointe qui soutire Félectricité ne fait pas fondre la grêle , et que, si on peut espérer quelque effet des appareils les mieux établis , c’est celui d’em- pècher peut-être la grè'e de se former. Dans tout le cours de cet examen nous n'avons pu nous cacher toute la défaveur qui s'attache aux opinions que nous avons émises, el les avantages qu'ont sur nous ceux dont nous ne pouvons admettre les conclusions. Tout physicien , tout homme qui, se produisant comme (1) Gazetia di Milano, venerdi 4 juglo , anno 1825, nn] 920. (234) un bienfaiteur de l'humanité, annonce une découverte qui promet d'être grandement et universellement utile , est certain de devenir populaire ; plus il montre d’ardeur et d'assurance , plus aussi ses partisans sont chauds el nom- breux. L'enthousiasme est contagieux chez l'homme. Le public aime à trouver de la confiance et de la chaleur dans ceux qui professent vouloir le servir. Si malheureusement ils ne réussissent point, on leur sait gré de ce qu'on ap- pelle bonne volonté ; on ferme au moins un œil sur leurs erreurs; on leur pardonne leurs fautes, et quelquefois même on leur en fait un mérite. Il en est bien autrement de celui qui appelle à un examen strict une invention bien louée , bien préconisée, et dont l’humanité attend beau- coup. On est sûr d'être froissé quand on s'oppose à un torrent , et , de l'autre part, le froid de celui qui doute occasionne un trop grand contrasle avec un zèle brûlant pour ne pas offenser. L'opposition est attribuée à de basses passions, et, lors même qu’elle est triomphante , elle n’est ni heureuse ni chérie ; l’homme ne pardonne pas toujours entièrement au sens droit qui l’a détrompé. Disons toutefois qu’une trop grande faveur n’a jamais été le partage des paragrèles ; le public en général n’a pas pris un vif intérêt à leur cause. Ils ont paru en plusieurs lieux; mais souvent ce n’a été, ce semble, que pour se faire connaître, et leur adoption, toujours partielle , n’a pas toujours eu une lonoue durée. Ayant joui, dans quelques lieux assez circonserits, d’une popularité mo- mentanée , loin de faire maintenant de nouvaux parti- sans, ce n’est qu'avec peine qu'ils peuvent retenir les anciens. Ceux qui désireraient connaître où en sont maintenant la théorie et la pratique sur ce point , seront satisfaits en lisant un petit article que nous ne voulons pas transcrire , mais que nous n'avons point de raisons de taire : on le trouvera dans les Annaies de Chimie et de Physiqne (déc. 1826, page 419.) ts tr (235 ) Pour ne rien céler, si cela nous est possible , de ce qui peut donner une idée complète de la question , nous nous croyons obligés, en terminant cet essai, de parler de quelques faits qui, bien différents de ceux dont Ja discussion nous a ici occupés , tendent toutefois à étayer Ja même doctrine. On ne soupçonnera pas qu'ils n'étaient point venus à la connaissance des membres de la Société sous les auspices de laquelle ont paru la lettre et le rapport déjà si souvent cités. [ls connaissaient aussi sans doute les conséquences qu'on en lirait en faveur de la cause qu'eux-mêmes défendaient. His ont, en les népligeant, montré, ou qu'ils ne croyaient pas les faits, ou qu'ils n’admettaient point leurs conséquences ; d’ailleurs leur opinion touchant le pouvoir de tiquéfaction qu'ils attri- buent aux paragrèles demandait ici cette réticence. D'autres physiciens avec d'autres principes n'avaient point d’in- térêt de suivre leur exemple , et ils ont répété que, depuis l'érection de paratonnerres sur un bon nombre d'édifices, à Munich (1), à Vienne et Albi, el aussi à Sorèse (2), des observations rigoureuses, conduites durant plusieurs années, prouvent que les orages sont beaucoup moins fréquents qu'auparavant dans les environs de ces villes. Sur ee principe , et pour multiplier les points d’obser- vation, on a parlé d'expériences tentées du moins dans la chaîne des Vosges et sur la Côte-d'Or, près de Lyon; mais pour constater d'une manière sûre des résultats, il faut bien des années. On a déjà, dit-on encore , observé que la grêle ravage plus souvent qu'au- trefois les campagnes qui avoisinent les montagnes ré- cemment dépouillées de leurs antiques forêts. A ces faits personne n’a donné de réponses directes ; peut-être n'en sont-ils pas susceptibles ; mais quelques observateurs leur ont opposé d'autres faits de même Gé b nul 0. tof aus pp UT ES (1) Grand Dictionnaire d'Agriculture, article Gr£le. (2) Annuaire statistique du département du Jura. ( 236 ) nature, et qui, diamétralement contraires, sont au moins aussi bien prouvés que les premiers. Ils ont dit que, depuis un temps pas trop éloigné, le nombre des pa- ratonnerres s'est considérablement multiplié dans les grandes villes, dans les capitales de l'Europe, à Paris par exemple , sans cependant qu'un changement re- marquable se soit fait sentir dans les phénomènes de leurs atmosphères. Ils ont encore avancé que de longues chaînes et de forts groupes de montagnes élevées el con vertes de forêts et d'arbres coniques , dont chaque feuille pour ainsi dire est un faisceau de pointes, n’empèchent point la formation de la grêle; c'est, au contraire, évidemmentau pied de ces montagnes, c’est dans les plaines avoisinant les Alpes et’ les Pyrénées que la grêle exerce plus terriblement et plus souvent ses ravages. Il sem- blerait qu'au lieu de disperser les orages, ces lieux élevés en attirent les éléments , les concentrent , pour ensuite les verser par torrents, et, en les versant, porter la dévastation sur les lieux circonvoisins. Par-là, non- seulement’ ils infirment les conséquences attribuées si souvent et avec lant de confiance au déboisement de quelques hauteurs, mais, bién plus, ils mettent en doute les avantases qu'on espère souvent retirer des effets de toute pointe sur les phénomènes électriques. Ici une observation générale, qui en mème lemps forme une grande diflculté, se présente à nous. Dans la supposilion que les pointes multipliées peuvent empècher ja formation de la grêle et des orages (nous ne dirons rien des brouillards d'un physicien d'Lualie), il faudrait les placer sur des poinis eulminants, quelquefois sur des hauteurs alpines que le pied de l'homme ne foule guère; toujours faudrait-il les ériger dans des lieux où l’éta- blissement des appareils préser valeurs serail aussi pénible que précaire. D'ailleurs, comme Îles paragrèles ne pour- raient être plantés que sur des moniagues d'un ordre! inférieur par rapport à l'élévation des plus hauts pics (237) esi-il vraisemblable que la sphère d'activité de leurs pointes s'élendrait jusqu'à la région où les orages ordi- nairement se forment ? Enfin, est-il présumable que la quantité d'électricité que quelqnes pointes soulirent , soit assez grande pour opérer un changement sensible el puissant dans la masse énorme de ce fluide accumulé quelquefois dans l'atmosphère ? Peui-on croire, peut-on se persuader qu’elle soit suffisante, soit pour prévenir dans ce réservoir immense un manque d'équilibre, soit pour lPy rétablir ? Le lecteur apercevra sans doute que ces doutes s’ap- pliquent aussi bien à la théorie et à la pratique des paraion- nerres qu’à la pratique et à la théorie des paragrèles. Il nous a souvent semblé qu'il serait utile, pour la science appliquée à la météorologie, de s'assurer par des expé- riences, soit de cabinet, soit des champs, 1° quelle quan- tité d'électricité une pointe peut, dans un temps donné, soustraire à un corps d’une étendue déterminée et élecirisé à un certain degré ? 2° à quelle distance perpendiculaire la pointe cesse-t-elle d'agir sur les corps électrisés placés dans la direction de son axe, et sons quelrapport de distance d’un côté , et de tension électrique de l’autre, l’action de la pointe diminue-t-elle ? 30 dans la supposition que les pointes agissent hors de la sphère de leur axe , à quelle distance de cette ligne, ayant aussi égard à la hauteur des corps électrisés et à la tension électrique, le pouvoir attractif cesse-t-1l entièrement ? 4° les résultats sont-ils les mêmes quand les pointes, au lieu d'être placées verlicalement et dirigées vers le ciel, sont dans une situation soit opposée, soit rectangulaire, c’est-à-dire placées pour attirer de bas en haut ou horizontalement ? Nous souhaitons , beaucoup plus que nous n’espérons , de voir la discussion dans laquelle nous sommes entrés par devoir, tourner au profit de l’agriculture , au profit de l'humanité. Depuis qu'elle est ouverte, nous avons eu occasion de ( 238 ) pardonner , el ainsi, en nous retirant , nous espérons obte- nir pardon si nous nous sommes oubliés \jusqu’a en avoir besoin. Le silence ne nous était pas possible; nous avions un devoir à remplir envers l Académie, qui demandait notre opinion , et envers le public qui a loujours des droits à la vérité. Forcés d’atiaquer et de contredire , nous avons toujours désiré de le faire sans présomption et sans ai- greur aussi bien que sans faiblesse ; si nous avons offensé, c'était contre notre intention, et quand. nous avons cri- tiqué , nous nous sommes efforcés de ne point perdre de vue les lois de la modéraiion et des convenances sociales. Plus nous avons approfondi la question , plus nous l'avons considérée dans ses détails et dans ses accessoires, plus aussi les doutes se sont accumulés dans notre esprit. Ne pouvant d’abord , et cela pour des considé rations pure- ment locales , nous déterminer , dans le sein de la Société d'agriculture , à conseiller aux habitants de notre départe- ment de faire les frais d’un paragrêlage , nous désirions toutefois alors qu'on accordät dans d’autres lieux l’hon- neur d'essais suivis et scientifiques à la nouvelle décou- verte. Ensuite, peu satisfaits des premières doctrines et des premières expériences , ce fut avec plaisir que nous saluâmes les efforts des physiciens qui introduisaient une réforme capitale dans la th‘orie et dans la pratique. Nous nous flattions qu'on obtiendrait enfin quelque ré- suliat utile à la science et précieux pour lhumanité. Un rayon d'espérance est toujours bien doux , mais qu'il est affligeant de le voir pâlir et s’effacer ! \AMNANNA À AA DSARRET RAR ARARA2222 A TOP T ASANANR AAA RE AAnARA RAC" AAA AA FA LA a) sAAAE, x" “ ANA R \AA AAA ARR ARNN AA) AAAAA: : à PAAAARA AN LARARASS RES: ANA PAAFRFARARRR Rge ANARA SE AA An A PES AA: AAA AARARAA AAA AAA AA | RAARA: n 2 2 2 NBA A à 2 4 EPA ARE tan ARR | FAR : 2 2 TARAAaARE AnnAnñe ARR PARAARAN a A NAN ANR An A : ARR ana a PT RATER NE FR | Aa. 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