LO EF 7 CL e®] Laser | EE TL = (EL T'ANR - Digitized by the Intexnet Archive in 2011 with funding from aiversity of Illinois de D. ee, de PRINCIPALES #* MERVEILLES Hayeé e EE loradilie LA NAT U R'E: Où l’on traite de la fubftance de la Terre, de la- Mer, des Fleuves, Lacs, Riviéres, Montagnes, - Rochers, &c. Avec un précis des chofes les plus rares & Îles plus” curieufes qui s’y voïent, comme des Animaux ; Poiflons, Arbres, Plantes, Fruits, Diamants, &c. Ouvrage rempli d'hifloires , avantures à événe- ments extraordinaires, arrivez dans l'Europe, » 2: « ; ! PAfie , l'Afrique & l'Amérique. Tiré des meilleurs Auteurs , anciens & modernes » & enrichi de Figures en Taille-douce, . Par VE FACE: SE CION DE PAR TPE: AR ŒU E : Ms Ghez RoBerT MaAcnHuEL , derricré 1€ Chœur de $. Martin fur-Renelle. Mr DC GC: XX NII Avec Aprobation & Privilége du Ror.- TR 1 Ê 41 4 it uS44? "14 Nan #9 LOT | Er -: Mr “aus L vral te LA Le « £ S re "y D ES : PRINCIPALES MERVEILLES DE PORN AG U'R°E LHRKMRAREIKKEEKELERERERARERERERRÉERIAIRERER CHAPITRE PREMIER. Traitant de plufieurs Cavernes, € Creux dans les Montagnes, Het Ro- chers , 9 deffous Terre. EE en PRRPSSERN EME ETEUD RE PNEU KR OP E. Æ] ANS le Comté de Srollberg, : 3k| prochele Bourg d’£/bingrod, 2] eftun creux apellé Baumans- FA dont l’entrée eft {1 étroite & fin IT, Partie, A baffle , 1S0O Principales Merveilles bañle, qu'il faut pour y paîler , s’a- puier fur les maïns & fur les genoux. Dès que l’on y eltentré, l’on trouve ua rocher qui cft vouté comme une cave ; plus avant. on trouve plus d’efpace , & on defcend une monta- gne prefque toute entiére : plus on avance , plus on fent de froid , quoi- qu’au-dehors il faffe un grand chaud; onrencontre enfuite une montagne ; au rocher apellé / Cheval, fur le- quel il faut monter & grimper tout a l’entour ,; d’où l’on defcend plus bas au travers des trous , oùon ren- contre encor un grand creux, fort profond, rempli de cornes, de ma- choires & de dents, que l’on ditêtre ‘ de Licornes; a ce dernier creux, on ne peut defcendre qu’au péril de fa vie , aufli perfonne n’en a encor trouvé le fond. A l’entrée de ce creux fort d’unrocher une Fontaine très-claire , dont l’eau guérit de la pierre; au-dedans du creux on voit avec admiration comme l’eau y de- goute; de la Nature. 151 goute , fe congelle en même-tems, & devient dans la fuite tout-à-fait pierre. Pratorius. | Ecya quelque chofe fort aprochant €n Angoumois, fur le bord de la Cha- ‘æente,au Comté de la Marche au Vil lage de Pui-Rougier, Paroifle de S. Eloy. U ve pareille caverne f trouve au Palatinat, dans le territoire de S 4/5. bach ,entreles Villages de Nonren- bouen & Kaurbeim , en pleine cam- pagne dans un champ; l’entrée en. ft fort étroite ; mais plus on avan- ce ; plus cette caverne fe trouve vou- tée ; deforte que 1000. hommes s’y peuvent aifément placer ; au fond eit : une Fontaine de bonne eau ; cette caverne eft plus profonde que le clocher le plus haut, &en quelque endroit la voute eft auffi élevée que celle de la plus haute Eglife : dansles côtez ; il ya des chemins quicondui- #4 {ent JBRARŸ UNIVERSITY OF ILLINO!S 152 Principales Merveilles fent à d’autres cavernes, défquelles on n'a pas bien découvert encor la fin ni la fortie ; au bas de la Fontaine on trouve pluficurs efpèces de pier- res ;quiontaparemmentété formées de certe eau. Idem. Dans le Duché de irtemberg, entre les Villages de Æaufen & d’O- benbaufen , on voit une caverne def- fous un rocher , fort étendu; bien avant dans cette caverne, on ren- contre une colline très-dangereufe , où il y a un peu de jour ; on y voit une eau. fort profonde ; quand dans untems fec on voit fortir un broüil- lard de cette caverne, c’eft un figne d'orage & de pluie, ce qui donne : lieu au peuple d’apeller cette caver- ne, letrou des Brouillards. Zeilerus. Sur le vieux Château de Rhin- {lein, proche Blankenbouïrg , on trou- ve une caverne fous un rocher, . ans laquelle font entaillées des cha- pel- de la Nature. 152 pelles ; des failles, des cuifines , des écuries , & des caves. Cette caver- ne eft remplie de petites pierres, qui ordinairement ne fe trouvent que dans les campagnes; & quand quel- qu'un en emporte, elles retournent en la place d’où on les a Ôtées ; defor- te que cette caverne en eitroüjours remplie; &c on ne peut, avec füreté de fa vie, emporter quelque chofe de cet endroit. On entend de tems en tems dans ce Châreau , particu- liérement au tour de cette caverne, un bruit de fonnettes vers le midi, & quelquefois un bruit de Forge- rons. Zeileruss Procuede Harmelen en Saxe, et une montagne apellée Popenberg, on y voit une caverne de laquelle on dit ce qui fuir. L'an 1284. fe trouva dans la ville de Æarnelen un _ étranger qui faifoit mourir les rats & les fouris : les habirans de Æ4- melen traitérent avec lui ,-& convin- À 3 rent 154 Principales Merveilles rent d’une certaine fomme, s’il dé- truifoit les rats & les fouris dela Vil- le ; l’aiantexécuté;1il demanda la fom- me promife ; mais les habitans fe moquérent de lui, & refuférent de la lui paier, Cet homme tira aufi-tôt un flagcolet de fa poche & affembla grand nombre d’enfans, qui le fuivi- rent jufqu'à cette montagne , où il difparut aveceux, excepté une jeune fille , qui portoit un enfant d’un an fur le bras qui revint dans la Ville. Cette hiftoire eft dépeinte dans la Grand’ Eglife de Æamelen ; & com- me dans ces tems-là parûrent grand nombre d’enfans en Tranfilvanie, dont le langage étoitinconnu, quel- ques-uns ont voulu croire que ces enfans étoient ceux qui s’étoient perdus à Hamelen , & qu’ilsavoient été conduits par un chemin foûter- rain de plus de deux cens lieuës de ce pais. Xircherus, Dans | de la Nature. 1$5 Dans le voifinage de la ville de Bäle en Suifle , on voit une caverne, dans laquelle entra un pauvre hom- me de la Ville, tailleur de fon mé- tier, qui l'an 1520. s’y enfonça plus loin qu'aucun autre n’avoit encor fair, &arriva à la fin dans un beau Jardin , au milieu duquel il voiïoit un Château magnifique. Il lui apa- rut une belle Demoifelle , la moitié du corps de figure humaine avec une couronne d'or fur la tête, & au- deffous du nombril un ferpene ‘hideux. Cette Demoifelle conduifit cèt homme par la main, à une por- te de fer, gardée par deux chiens noirs ,; qui aux menaces de la De- . moifelle demeurérent tranquiles ; elle pritun gros tas de clefs, ouvrit un coffre, en tira plufieurs piéces d’or &c d'argent, & les lui donna : illes montra a toute la ville de Bâle. Elle lui dit qu’elle étoit de race Roïale; mais depuis long-tems maudite en À 4 ce 156 Principales Merveilles ce lieu, & changée en ce monftre, & qu’elle ne pouvoir être délivrée à moins qu'un jeune adolefcent chaîte ne la baïfat trente fois : il fe hazarda de la baïfer deux fois , mais votant les contorfions &c les hurlemens qu’el- le faifoir, il n’ofa pañler à la troifié- me ; depuis ce tems cet homme n’a pü entrer dans cette caverne , ni même entrouver l'entrée. Quelques années après, un autre pauvre hom- me de Bale entra dans cette caver- ne , cfpérant d’y trouver un fecours femblable au premier ; mais il n'y trouva que des offemens & qu’une entrée hideufe. Il en fut fr épou- venté ; qu’il tomba malade en for- tant ; &c mourut trois jours après, Pratorins Stumpf. Dans le feiziéme fiécle, vivoitun Allemand apellé Jean Beer, qui dit que l’an 1570. il avoit coutume de {e promener fouvent le long de la montagne de Zortenberg ; il vit une | Caver- de lu Nature. 157 caverne ; dont il ne s’étoit jamais aperçü,après s'être confulté quelque- “ems, il réfolut d'y entrer; maisen y entrant il fentie un vent fi violent qu'il fur obligé de rebrouffer chenun; quélques femaines après il lui prit envie d’y revenir, à quelque prix que ce füt; il exécuta fa réfolution un Dimanche de Owafimodo. Etant entré aflez avant , il rencontra un chemin fort étroit entre deux ro- chers, & ne fentit aucun vent; mais ilaperçüt de loin une clarté, laqueile 4] fuivit jufqu’à une porte fermée, dans laquelle étoit un Globe de ver- re, dont la lueur éclairoit cette en: crée fombre ; il heurta à cette porte quiqu’à trois fois : elle lui fut ouver- ce ; il vit une petite caverne dans laquelle trois hommes fort triites étoient aflis vis-à-vis Pun de l’autre a une petite table , tous tremblans, avec des toques fur leurs têtes, de- vant eux un grand Livre couvertde velours noir, garni de plaques me ur 158 Principales Merveilles fur la table. Beer paffa le feuil de la porte, en difant, Pax vobis ; ces trois hommes répondirent, hic nulla pax ; il s’aprocha d’un pas de la ta- ble , difant, Pax vobis in nomine Do- mini; eux répondirent d’une voix tremblante, hic non pax sil aprocha tout-à-fait de latable, répétant Pax vobis imswomine Domini noftri Jefu Chriffi ; ils s'épouventérent , avec tremblement & crainte, & luiprefen- téfentle Livre, qu’il ouvrit & dontle titre étoit Liber obedientie , furquoi _ildemanda quiils étoient;ilsrépon- dirent, qu’ils ne fe connoifloient pas eux-mêmes; il continua à demander ce qu’ils fafoient en célieu? Ils ré- pondirent , qu’ils atendoient avec. fraïeur & crainte le jufte Jugement de Dieu , pour recevoir la récom- penfe de leurs actions ; continuant à leur demander, ce qu’ils avoient fait pendant leur vie ? Ils lui montrérent un rideau, derrière lequel il verroit les marques de leurs actions ; atant tiré de la Nature: 159 tiré ce rideau , il aperçût quantité de toutes fortes d'armes meurtriéres, comme auffi de la matiére tout-à-fait pourrie ; avec de grands offlements d'hommes, d’oùil lui parût que ces hommes avoient été meurtriers s comme le témoigne la Cronique de Siléfie, & fait mention de la mon- tagne de Zottenberg & de fon chä- teau ruiné, qui fervoit de retraite aux voleurs , duquel on voit encor au: jourd’hui les veftiges. Beer leur de- manda, s'ils avoüoient leurs actions? Ils répondirent , qu’oùi. Si c’étoit des bonnes ou mauvaifes? Ils répondi- rent, mauvaifes. S’ils étoient repen- tans de lesavoir commifes ? Ils ne ré- pondirent pas, mais treffaillirent feulement. Il leur demanda , s'ils avoüoient qu’ils devoient avoir fait de bonnes actions ? Ils répondirent, qu’oùi? S'ils en feroient de bonnes,&c S'ils fouhaitoient être bons? Ils répon- dirent qu'ils ne le favoient pas : fur- quoi l’auteur entra dans une plus pe. ple 160 Principales Merveilles ple converfation , que nous fuprime- rons ici à caufede [a prolixité. Beer dit avoir trouvé dans cette: caverne admirable un beau claveffin de ver- meil doré , fur lequel il avoit joùé plufieurs airs. Æxtrait des Ecrits de Jean Beer. D 4x sa noble Famille de Rantgaw dans le Æolflein, il parut un jour un petit homme avec une lanterne à la main pendant la nuit à Mada- me la Comteile de Rantzau,qui étoit dans fon lit auprès de fon époux : il l’éveilla: & lamena hors du Chà: teau , dont toutes les portes s’ouvri- rent, dans une montagne qui eft dans le voifinage auprès d’une fem- me-en travail d'enfant , laquelle fut délivrée de fon fruit , après que cet- te Dame lui eût pofé fa main droite fur fa tête ; enfuire de cette délivran- ce , fon conducteur laremena dans {on Château , & luifimprefent d’une piéce d’or, avec ordre de faire faire de: de la Nature. 161 decet or cinquante jetrons ; un ha- rang & un fufeau , felon le nombre de:fesdeux fils & de fa fille , & que fes Succefleurs le gardaifent bien, s’ils ne voulaient tomber dans la der- niére mifére ; & qu’au contraire, tant qu'ils les conferveroient, ilsaugmen- teroient en biens & en dignitez. Præ- tOrIUs. se LAN #596.proche de Lavembourg, on trouva une ouverture profonde dans une montagne. La Juftice de Lavembourg condanna deux cri- minels de defcendre.dans cet abi- me pour la vifiter. Quand on les eût defcendus avec une corde jufqu’au fond , ils fe trouvérent dans un beau Jardin, oùils virentun grand arbre tout chargé de fleurs blanches d’une agréable odeur; mais ils n’oférent pas toucher; un petit enfant les mena par une grande Plaine à un Chateau, où ils entendirent diférens fons d’inf- trumens , & virent un Roi aflis fur un 162 Principales Merveilles un tronc d'argent , tenant d’une main un fceptre d’or, & dans l’au- tre une lettre, qu’il fit délivrer à ces deux criminels par cet enfant. Henri Kormaun. De Aonte Venerts. Procue Eifenachen Turinge , eft la fameufe montagne de Aorfelberg ; dans le tems paflé on y entendoit un hurlementhorrible:une Reine d’An- gleterre, nommée Rheinfuig, après qu’elle eût perdu le Roi fon époux; fit tant par fes priéres &c fes aumO- nes continuelles, pour foulager l'ame de fon époux, qu’elle eût une révé- lation que cette ame étoit détenuë & tourmentée dans cette montagne, fur quoi elle fe retira de lAngleter- re & fe rendit au pié de la montagne, fit bâtir une petite Eglife & un Vil- lage , & acheva en ce lieu fa vie dans unc grande dévotion. Idem. L'an1398.proched’£ ifenach, pa- rurent trois grands feux en l'air , qui brüû- de la Nature. 163 brûlérent quelque-tems; ils fe joigni- rent, & quelque-tems après fe fépa- rérent & fe jetrérent tous trois dans ‘la montagne de Æorfelberg. Idem. Dans la fondation de l’Abéïe de Fulde, proche de Riberflein , il y a une montagne apellée 4Z{fenberg; {ur laquelle on voit fouvent un Ser- pent hideux;avecune longue queuë, _& la tête d’une Demoifelle , qu’elle porte toujours en l'air. Idem. Procuede Heydelberg , dans le Palarinat de l’autre côté du Nécre, il y à une montagne, apellée A//er- beiliguen ( de tous les Saints) fur la- quelle il y avoit autrefois un Temple Païen & un Château, dontles veiti- ges fe-voient encor aujourd’hui; on y trouve quantité de foûterrains, que l’on vifite avec admiration ; on dit que du rems du Paganifme il y avoit un Oracle. Idem. PRO» 164 Principales Merveilles Procxe le Village de Duffrun- guen en l'uringe , On voit une caver- ne ou pañlage , comme une voute naturelle , qui traverfe une monta- gnc ; elle eft fi haute, qu’un grand homme la peut aifément traverfer fans y toucher de la tête ; mais ce qu'il y a de merveilleux, eft que perfonne ne peut aller d’un bout à Vautre, qu’il ne foit couvert d’une poudre blanche , comme s’il fortoit d’un moulin. Zeilerus. LEA LS 2 ES 62 : LORS ESA : 07 FO 2 KA LAS 2 ENT GES CH APITRE IE €Contenant des Rirvieres €T Fontaines brulantes. ER ne RE à Æ'NT ENOCR-O PE N France, à une demi-lieuë de la ville de Clermont en Auver- gne, ily a une Source , apellée le | Puits de la Nature. 16$ Puits de la Poix ; il coule de cette fource une liqueur noire comme de la poix-raifine, ou de la térébenti- ne fort puante, fans quoi elle ferviroit de poix aux Chartiers. Dans le Faux- bourg de la même Ville, apellé de St. Ailire , il fourd au milieu de la rue une Fontaine d'une eau très- claire , qui fe pétrifhie à cinquante pas de-B , où elie a fait un rocher de cinquante pas de long , entre deux Jardins. L’on a foin de la faire tom- ber dans un gros ruiffeau , quicoule au bout de ce rocher. Zeilerus. Procues la ville de Grenoble en Dauphiné, près du Bourg Vif, ef une petite fontaine , que ceux du pais apellent Fontaine qui bréle ; el- le jette continuellement des flâmes, particuliérement quand le tems eft couvert de broüillards &c qu’il pleut. Les paflans ont coutume de mener avec.eux des Païfans du Bourg de S. Barthélemi, avec des torches de IT. Partie. B paille, 166 Principales Merveilles paille, qu’ils allument à la fource s pour montrer la flâme. Idem. En Illirie, on voit un Puits dont l’eau eit froide en la touchant; mais quand on y met quelque linge, ou quelque habit par-deffus, dans le moment il s'allume. ÆZajolus. ParerzLechofefe voit dans l’47. banie d’une l'ontaine qui jette conti- nuellement des flimes , & brüle tout ce qui les peuttoucher. Idem. PareiLe Fontaine fe voit dans les montagnes de l’Ifle erçera vers le Midi; elle jette des flèmes avec une grande impétuofité , & quelque- fois des pierrestoutes rouges. Idem. Dans lIflande, proche le Æ4ont- Hela , fe voit une pareille Fontaine brûlante , qui confume toute autre chofe , excepté le lin & le chanvre. Aajolus.. EN de la Nature. 167 ae mr ee | | EL LS: Hu: ue MECTESE OMR Re CRD | U Roïaume dela Chine, dans la Province de Xanf, il y.a des Puits d’eau boüillante, fort bon- ne à faire cuire la viande ; cette eau devient de tems en tems fort épaif- {e. Dans le fond du Puits on trouve certaine efpéce de pierres, qui ref- femblent à la Pierre Bélemnite ; fa propriété elt de provoquer un fom- meil tranquile. Nieuhof. et TE NO TI. PQ 2" SAN Ve Re N BUS CHA PAI.TRE AIT. Contenant plafieurs Sources buileufes, Rocne &au-deflous de la pe- tite ville de Bacharach,aû milieu du Rhin, rejaillir une Source hui- leufe , qui couvre ce Fleuve prefque B 2 eEnR- 168 Principales Merveilles entiérement pendant près d’un quart de licuë d’une huile fort odoriféren- ie. On croit que certe Fontaine prend fa fource fous la montagne, fur la- quelle croît le vin mufcat, firenom- mé dans toute l’ Allemagne ; & com- me les montagnes voilines ne pro-. duifent pas de pareil vin, on juge que cette montagne cft intérieure- ment remplie de charbons de pier- re. On trouve pareillement de mé- mes fources proche le Bourg de Hochhein fur le Rhin, dans le rerri- toire de Afayence , &c à K lingenberg fur le Mein, où croit encor d’excel- lent vin. Géauber. Ex Tranfilvanie, près de WeifJen- bourg, coule d’une Source vive une efpéce de graifle , qui fert aux Pai- fans du païs à graifler leurs charetttes & chariots. AMajolus. Dans la Lombardieen Italie, pro- che le PÔ ; dans les montagnes de Zibe- de la Nature. 169 Zibovio , coule un petit ruifleau, dont leau eft toûjours couverte d’'Huile , cette huile eft foigneufe- ment ramaflée par les habitans du pris, & cemploïée à la guérifon des plaïes. Idem. Dans les montagnes de Bergame, apartenantes aux Venitiens, eftune Mine d'Or, fur laquellefe découvre une Sourcehuileufe,qui fortdestrous que la nature a formez dans un ro- cher fort dur ; cette huile reffem- ble , dans fa courfe, au blanc d'œuf felon la couleur ; mais un peu hui- leufe & a une odeur admirable, fà- lutaire à plufieurs incommoditez ; on trouve aufliquelquefois des pier- res qui refflemblent à l’agathe ; on foûtient que cette huile minérale eft {emblable en qualité au baûme d’O- rient. Æiornal, veneto de litterati. À deux milles pas d’Edimbourgca- pitale d’'Ecoffe , fe trouve une Sour- à CC 2 170 Principales Merveilles ce, dont l’eau eft couverte d’huile ; & demeure toûüjours en fon même état , quoique l’on en puife. Plus Pon entire, plus ilen vient ; cette huile fert auffi à plufieurs incommo- ditez. Aajolus. Sam. Fabrici Cof- motheor. Sacra.- + LS 4 ÆE NF, AS SADRE: Sem ES —— ANS la Georgie, on voit une Source d'huile fi abondante, que tous les ans plufieurs centaines de chameaux en font chargez & la tranfportent ailleurs ; elle peut fervir a bien des chofes, excepté au man- ger ; elle eft très-fouveraine à plu- fieurs incommoditez. Æ4ajolus, Dans le Roïaume de Perfe, pro che la ville de Laar, fe voit une montagne d’où fort goute à goute d’un rocher un excellent Baûme, dont il ne fe trouve pas de pareil dans de Ta Nature. 1977 dans le monde. On le ramañle dans le mois de Juin , où il coule plus abondamment ; le Roi de Perfe tient continuellement une garde fur les lieux , & défend , fur peine de la vie, d’aprocher & de toucher à ce baü- me; c’eft le plus fouverain antidote contre le poïfon , tel qu’il puifle être. Ce baûme eft porté au Roi, qui le garde précieufement , & ne le diftri- Dbuë que par grace fpéciale à fes in- times amis , en petite quantité ; à condition pourtant qu’ils le gardent pour eux, & qu’ils ne le laiffent point fortir du Roïaume. Les Perfes le nomment , Aiummay K obas. Jear. Struys, dans [on V’oiage de l’Afie. | Dansle même Roïaume de Perfe ; dans la Province de Schirvan, en- tre les villes de Schamachie & de Der- bent , au pié de la montagne de Bar- narche , guéres loin de la mer Caf- pienne, il y à dans le circuit d’une portée de moufquet, trente Sources d’eau 172 Principales Merveilles à d’eau huileu£e, quirejailliffent avec grande violence; il yen atrois prin- cipales , qui ont deux toifes de pro- fondeur , où cette eau huileufeboüil- lonne comme dans un chaudron fur le feu ; elle eft de diférentes cou- leurs & d’une odeur fuave , mais en petite quantité ; celle de la Source la plus riche eft fort brune & a pref- que la fenteur d’'Oleum Petroleum ; à qui elle reffemble auffi. Toutes ces Sources d'huile demeurent dans le mêmeétat, quoique lPonentire Jour- nellement pour la tranfporter dans les Provinces voifines ; les Perfans s’en fervent adroitement dans leurs feux-d’artifice , & dans leur peintu- re ; pour vernis. La blanche eft aufli claire que l'eau , quand elle eft tirée de fa fource ; mais huit Jours après elle épaiflit &c devient huileufe ,; & * fert auffi beaucoup dans la Médeci- ne ; elle eft fouveraine pour les hé- moroiïdes. Olearius , dans [on V’oiage de Perfe. Jean-Barifie Mal 5 - UR | de la Nature. 173 Sur le bord du fameux Fleuve de JEuphrate , eft aufli une Source pa- reille. Quand ce Fleuve déborde, cette fource déborde aufli, & fe re- tire quand le Fleuve rentre dans fon lit. Idem. Dans la puiffante Ifle de Sumatra aux Indes, il y a une Source vivan- te de laquelle il fort un Baûme très- précieux. Voiage des Indes. EN AMERIQUE. Ans Plfle de la Perle, près | de la ville de Panama , rejail- lit une Fontaine d’huile fort odori- férente ; cette fource eft fi abondan- te, qu'a trois lieuës dans la mer on voit encor l’huile furnager. A4ajo- lus. Jean de Lait. : II Partie. CE pas 174 Principales Merveilles Pare1zze Source fe voit dans l’I le de Cubagua , fur le bord de la mer, & à plus de vingt pas dans la mer on fent cette huile ; elle fert aufli beaucoup pour les médicaments. idem. | Dans l’Ifle de Cuba , il y a une | Fontaine de laquelle coule en mê- -me-tems de l’huile & de la poix en : abondance ; on en porte quantitéen Efpagne ; l’on s’en fert à gaudron- ner les vaifleaux. Idem. | CH A- ‘de La Nature. 175 OI RoLoILIrILot IEC LS LS UT SLR IIS SDL ES LE AP AP PAP AP UP AP ANA APANQR CAR P ER E I Ve Contenant des Fontaines, qui ont la proprieté d'enyvrer Les bommes. Pereemecerenigecnn MN rEQU:R. O: PE, SRE RS nnnmentnann) S'valbach en Allemagne, en- À tre les autres Fontaines Miné- rales,ilyenaune, dont l’eau, quand on la boit chaude le matin, tout auf {i-tôt elle monte à la tête, & grate un peu fur la langue, comme un vin nouveau. Aferveilles de la Nature , en Europe & en Afie. Procne Literno en Italie, dans la Province de Champagne aux en- virons de Calene, ontrouve auflides Sources Minérales, dont l’eau eny- CE 2 VIe; t76 Principales AAerdeilles vre ,; comme le vin le plus fumeux. Aajolus. ; Dans l’Ifle d’'Iflande, il y a auffi une Fontaine , dont l’eau enyvre & a le goût de la biére. Perromius. Aux environs de Lion en France; roche la petite ville de Baldomani, 1l y a une Source apellée la Fontaine Forte; on en boit l’eau au lieu du vin ; elle eft fi fainc , que ceux qui s’en fervent ordinairement font ra- rement.malades. Zeilerus. P'AregiLLESs Fontaines fe décou- vrent aufli en Efpagne, proche les villes de Beffa & de Falentiola. Idem. Dans la Trace, coule une rivié- re apellée Lilefinss fon eau a la mê- me propriété & enyvre, Afajolus. PRE’s de la Nature. 177 Pres de Clermont en Auvergne,il a une Source , dont l’eau a le goût d’un demi vin, & fait plaifir aux habitans de Chamailleres. Entre cette Ville & ce Village, fe voient deux Sources , affez pro- ches lune de l’autre , pour pouvoir y plonger les deux bras en même-tems. L'une eft cependant très-chaude , & l’autre très-froide. AN ASE. ANsla Natole, anciennement apellée lAfie-Mineure,&c dans- ka Province de Paphlagonie ÿ à y a de pareilles Sources. idem. Dans lIfle de Æaxos dans l’Ar- chipel , il ya aufli de pareilles Fon- taines qui enyvrent. 1dem. C3 CHA: +78 Principales Merveilles 6668 s.6.6 & SES SEE ES SE En SSSSS3SVIS 55559033 S CH APETIN M Contenant des Fontaines, € Sources dangereufes &T mortelles. gere TOR) EN "ECO R'OPAE N {flande coule une Fontaine, À, qui étrangle les hommes & les bêtes, quand ils boivent de fon eau. + Wajolus. Dans la Haute-Hongrie , en un endroit apellé Sraren au Comté de Z'épufe , il y a deux pareilles Fontai- nes pleines de poifon; c’eft pourquoi élles font toujours bien fermées , afin Fe n'arrive point d’aceident. Ze/- erus, ich. Saxen, Alph. Hiflor. Dans | : de la Nétstie. “ : 7% Dans lIfle de Chio, dans l’Archi- pel, fe trouve une femblable Fontai- ne, apellée Nuo. Quand quelqu'un boit de fes eaux, ilperd Pefprit. A14- jolus. [x y a encor deux autres Fontai- nes proche de la même Ifle , près lue ne de l’autre ; l’une a un poifon fi violent, que fi quelqu'un fent feu- lement fon eau , il meurt fur le champ en riant; l’autre Fontaine eft aufli dangereufe , mais feulement à ceux qui {fe baignenr dans fon eau. ‘Idem. RL. C 4 : CHA 180 Principales Merveilles PEER RRQES re cmnm EAN A:'S 2 DES ANS le Roïaume dela Chine; rejaillit une pareille Fontaine proche la Forterefle de Chelo, dans les montagnes , qui porte aufli un poifon violent. Niembof, CHA: de la Nature. _ 18rx TTL LILI LR TS RATS SR ES RSS" à T S#/ X 2 SES e N "”, ON AA ER DOPPET EL EE AIDS AL 6 0 LG CE de EC CE EE CIBAPET RS: VE Contenant plufieurs Fontaines [alu- taires Eaux courantes CT Gor- mantes, DEEE NFERENNDUENEENE ce MINE) ep certe SERRE TE) EN E-U RO: P'E. ANS la Haute-Hongrie, pro- che le Château de Gogats , aux environs du uag , font plufieurs Fontaines d’eau chaude très-falutai- res pour les bains; maisilles fauttem- ! , : - pérer avec l’eau froide. Zeilerus. Procuelaville de Buden(Ofn.) dans la Baffe- Hongrie , il y a une Source d’eau chaude remplie de poif- {ons ;, qui meurent fi-rôr que l’on les met dans l’eau froide, 1dem. Pa: EN 182 Principales Merveilles En lItalie dans la Province de Cham- pagne , on voir une Fontaine d’eau chaude, quirejaillitavec tantde vio- lence, qu’elle pouffe fes eaux plus de dix piez en l'air. Elle eft fi chau- de , que fi on tient feulement un peu de'tems le pié d’une bête dedans, il eft bien-tôt confommé. Aajolus. Daxs la Bulgarie, près d’un fa- meux paflage , que les Turcs apéllent Capi-decbent , au pié d’une monta- gue, il y a une place carrée de fept piez , de laquelle fortent différen- tes Sources d’eau chaude avec une grande fumée ; au milieu de ces Fon- taines rejaillit une autre Source d’eau froide avec un grand boüillonne- ment; mais'cile n’a pas le goût mi- _ néral des autres Fontaines. LeComte de Leflé, dans [on F’osage de Confian tinople 1698. Dans de la Nature. 183 D bis le Nord de l’Ifle d'Iflande au pié du Æ4ort-Helca , on voit un petit Lac, dont l’eau eft fi chaude, que perfonnene la peur toucher fans {e brûler ; ce lac eft tout couvert d’u- ne efpéce d’oyfeaux , femblables aux plongeons ; quand onles aproche, ils s'enfonçent dans/l’eau , que l’ontient près de foixante toifes de profon- deur , & ne reviennent que lorfque on s’éloigne. Un Auteur célèbre en fait mention, & dit que l’an 1653. voiageant dans le Nord, il voulut auf- fi viliter cette fameufe montagne de Helca ; qu'il aprocha avec fa com- pagnie au pié de cette montagne où eft ce lac , il vit à dix pas du bord quantité de ces petits plongeons tous rouges fe divertir fur la terre, qui donnoient beaucoup de plaiïfir à re- garder; mais lors que fa compagnie & lui aprochérent de plus près, ils dif- parürent tous , & on ne les revit que: lorfque toute la compagnie fut éloi- k gnéce 184 Principales Merveilles gnée. Martiniére, dans [on Voiage du Nord. EcMis AS be ANS le Roïaume de Perfe ;: proche la ville d’Ardevile, fur les montagnes de Sebelan , on mon- tre aux Etrangers ,,entr’autres cho- fes, plufieurs Fontaines froides & chaudes , & trois Sources peu éloi- gnées les unes des autres d’eau toute boüillante ; les Perfans les apellent LLeul Dandau & Randa; celle-ci à lapropriété de foulager extrêmement les malades de leurs incommoditez ; en fe baignant dans fon eau. Quel- quefois elle retient fa vertu en foi, fi bien que le malade ne trouve aucun foulagement ; mais quand il y a une heureufe cure à efpérer , on y voit de groffes couleuvres qui ont fur la tête de'petites couleuvres blan- ches, tortillées en forme d’un cercles. au | de la Nature. 118$ ausdéfaut de ces animaux, il nya point de guérifon à efpérer. Ofearius, dans [es Voïages de Perfe. Das le puiffant Roïaume du Ja- pon ; aux environs d’Arima, il y a un endroit apellé Lingok , ou rejaillit de deflous un grand rocher -une Sour- ce ; avec un telle violence , qu’elle s’éleve plus de quatre toifesen l'air, fi bouillante , que dans un moment elle confomme la peau & la chair qufqu'aux os; dans cet endroit du Ja- pon finit le Chriftianifme : l’an 1626. il y avoit encor environ 400000. Chrétiens dans toutle Roraume , qui après beaucoup de fouffrances & de martyres inexprimables , furent me- nez à cette Source infernale , où on eur degoutoit de cette eau boüillante goute à goute fur le corps tout nud pour les faire renoncer au vrai Dieu; mais ne pouvant fuporter une dou- leur fi aiguë, ils furent enfin obligez de retourner au Paganifme , excepté un 186 Principales Merveilles un jeune garçon de dix-huit ans qui fouftrit conftamment le martire, Franc. Caron. defcripr. du Japon. errant TS —— EN AMERIQUE. ANS l’Ifle de Cuba , coule une | Riviére de la montagne dansla mer , dont l’eau eft fi chaude , qu’on ne peut pas la toucher fans fe brüler. Majolus. D a nsla Province de Tapalan,cou- le le Fleuve Aqgwada, qui produiten même -tems de l’eau chaude & de l’eau froide ; le deflus eft froid & le : fond chaud. /. de Laët, PaREILLEMENT dans la Provin- ce d’Yzalcos, naïffent plufieurs Sour- ces chaudes qui rejaillifflent avec grande force; quelques-unes font fort claires , quelques autres fortépaifles; la vapeur & l’exhalaifon qui en és € de la Nature. 187 £e congelle en poix de plufieurs cou- Jeuts , felon que l’eau en eftteinte ; on fe fert de cette poix à différens ufa- ges; & toutes ces Sourcesenfinfe jet- tent enfemble dans une riviére , que les Efpagnols apellent Cafiente, l’eau de laquelle eft fi chaude , que quoi- qu’elle ait coulé pendant une demie ieuë , les chevaux ne laiffent pas de s’échauder le faboten la traverfant. Idem. | Dans la Province de Nuevo Key- no, proche la ville de Lorgyma , entre deux riviéres d’eau froides , s’ou- vrent quelques Sources chaudes qui guériflent plufieurs maladies. O/ff. Draper. America. CHA- 188 Principales Merveilles OR O PROPRES CH:APITIR EVER Contenant deriches Sources , Rivieres; e7 Lacs falez. E N°::E"U"RAONPPR N Tranfilvanie, on trouve des Lacs & des Etangs falez , fort riches en poifflons d’un goût exquis; mais qui ne peuvent vivre dans de l’eau douce. Zeilerus. Pratorius. O x trouve pareillement plufieurs Mines de Sel de différentes couleurs en Hongrie , comme verd, bleu, rouge & blanc , que l’on tire par grands morceaux. dem. Dans de la INatyre,. 1ê8 Dans les merveilleufes Mines de Bochna en Pologne, on entend dif- férentes chofes extraordinaires, com- me le chant d’un coq, le japemenÿ d'un.chien, & plufieurs autres cris’ d'animaux de toute efpéce. AMajolus. Sam. Fabrici Cofimo. Tbeor. Sacra. Dans la Podolie, guéres loin du Borifiéne , on voit un grand Lac ; l’eau duquel devient blanche com- me du fel & fe congelle au plus chaud de l'été ; toute tranfparente comme de la glace ,que le peuple des environs emporte en abondance fur des chevaux & dans des charettes, Cromer. E x Sicile eft un Lac, apellé le Lac Coquanique ( Coccanicus ) qui jetie. journellement une quantité prodi- gieufe de fel blanc fur fes bords. idem. | IL, Partie. D IL T90 Principales Merveilles fLyaen Lorraine quatre Puits fa- lez, éloignez de la mer de plus de 100. lieués. sjste Fume DS pee | EN SLR ES: ANS la Paleftine, ou Terre- P 7 Sainte (ef? la Mer morte) AAa- re mortuum. Elle contient en lon gueur vingt-cinq lieués ; d’autres lui donnent treize lieuës d'Allemagne & quatre lieuës de large ; elle jet- te un fort beau fel blanc en abon- dance & d’un très-bon goût, la char- ge de trois mulets ne coûte qu’un écu. Proche de ce Lac on voit en- cor aujourd’hui la Colonne de Sel en laquelle la femme de Loth a été changée; Jo/eph aflüre l'avoir vûé de fon tems; Tertullien le confirme ; & S. Jérôme après lui dit : Ouod [ua ad- bucatate, fiatua 11la falis, in quam. uxor Lot converfa eft duraret, 7 Jr quis t*: deda Näturé:x ‘| 291 quiseam mutilaverit, ffatim vulnera denuo compleri , ET in fngulos men- fes menñfirua pati. Les Arabes qui yodent continuellement dans cette contrée , difent que cette colonne a la figure d’une femme , auprès de la- quelle eft un perit chien ,aufli de fel, &c quand ils abattent quelque mor- ceau de certe colonne , le lendemain us la retrouvenrenfonentier ; P. F', _ ÆEdeëii Zuinect, Livre des Fleurs de da Terre. D awsila Mofcovie, ou la. Grande Ruflie , dansle Roïaume d’Aflracan en Nogaïa proche le Wolga, il y a deux Montagnesde Sel, fi riches,que quand tous les jours 30000, hom- mes en tireroient enabondance, per- fonne ne s’apercevroit qu’elles dimi- nuaflent; car plus on en tire, plus il en revient dans le moment; on apel- le ces montagnes en Mofcovie ;, Buf- Jin. Pierre Petrai, dans [a Cron. Mof- COV: D'2 AU — 92 Principales Merveilles Au côté de la ville d’Affracan, qui tire vers le Pont-Euxin ou la Mer Noire, eft une grande Lande féche; de près de foixante-dix lieuës de longs de la Mer Cafpienne vers le Sud, qui fournit le plus beau & le meilleur Sel du monde d’un goût de violette. Ce Sel fe trouve dans des creux & des eaux dormantes de cette lande, que le foleil pétrifie & congelle en glace tranfparente , & en fi grande quan- tité , que toute la Mofcovie en eft * fournie. En prend qui veut; on ne paie de 8o liv. que 7 f. 6 d. de doüane. Plus on en emporte , plus il en revient. Ofearius , Voiage de Perfe. EN ds" °c dela Naïure. 1934 RS RONDS eco GÉNIE ETRE) ASSET) EN AFRIQUE. 1) ANS la Province de Sénégal, | guéres loin du Bourg Beyhour- te , où les François avoient autrefois. une Forterefle , on trouve que le Fleuve Senegal eft tout de Sel; l’eau na que deux piez de profondeur. On détache tous les jours de grands morceaux du fond de ce Fleuve avec des barres de fer, & on les fair fé- cher fur le bord du Fleuve; enfuite on les tranfporte par tout le pais. Il en eft venu jufqu’en Hollande ; le : jour d’après qu’onlesa tirez de l’eau, il ne paroît pas au même endroit qu’on en ait pris, Of, Drap. Afr. EN 94 Principales Merveilles EN AMERIQUE. Ï ANS le Roïaume de Nova Grenada & Papajan, Ÿe trou-. vent dans des vallons quelques Sour- ces pleines de Sel, dont Feau quand elle tombe fur des herbes vertes, fe change en poix - railine, qui fert x gaudronner les vailfeaux. Jeande Lait. Sur les frontiéres du Roïaume de Chili au Perou, entre les deux De- “ferts d’Accatama, par lefquels ik faut néceflairement voiager pour al- ler d’un Roïaume à l’autre , coule une-riviére, qui traverle ces deux. Deferts pendant vingt-trois lieuës; qufqu’àa la Mer Pacifique , où elle fe jette ; cette riviere eft {1 riche en Sel, que fon eau fe change en fel blanc dans une main chaude; il ne: fe trouve point d’autre eau dans tous ces dela Nature. 195 ces Ends Deferts. Jean de Lait. Dis le Résine du Perou, fur une haute montagne coule une ri- viére fort claire, qui fe jette dans la mer au travers des vallons. Son eau eft douce & fort bonne à boire ; mais fes bords font remplis de beau fel blanc , & les pierres dans fon fond fur lequel elle coule fans cef- fe , font fort falées; cependant fon eau ne fe mêle point avec ce fel, & demeure toujours douce. Off. Draps Aer. KR CHÀA- 196 Principales Merveilles URRRLECCECPEEEEEEEE: Contenant les Fontaines, Riviereseo* Eaux dormantes, qui changent ex: Pierre tout ce qu'on y jette. ER EN EUROPE." N Thuringe en Allemagne pro-- che J'ena , on voit une Fontaine fort claire , apellée dans le païs , la Fontaine du Prince. Son eau couvre tout ce qu’on y Jette, d’une écorce : pierreufe femblable au fucre candy x : fiune grenoüille , ou autreanimal y tombe , tout aufli tôt il eft changé en pierre; mais quand cette fource a coulé la longueur d’un trait d’af- quebufe , elle perd fa propriété. Nietfchiz. Pa = ne ne TN mc ro A POSEEREE - de la Nature. 197 ParsizLesFontaines fe trouvent en Aûrriche, près de la villé de New- flat :en Bohême , dans le territoire d'Ellenboguen , proche Falkenan : à Chemnits ; auprès du Château de Rabenfiein , qui changent en pierre dans peu de tems tout ce qu’on y jette. Glauberus. AAajolus. Jean Henr.a Flaumen Mercur. Ital. 7 Zeilerus. En Italie, proche la ville de Rome coule le Teveronc;quichange lebois en pierre. Leshabitans de Zsvourre boivent de fon eau, fans qu’elle leur caufe le moindre mal. Jean Henr, à Flaumen. Merc. ltal, À Abano à une lieuë de Padouë, fortent de deflous un grand rocher deux Sources inégales ; l’une couvre tout ce qu’elle moüille d’une écorce de pierre ; & fon eau ne fe boit point; l’autre Source , dont l’eau eft beau- IL Partie. E coup 193 Principales Merveilles coup plus legére , conferve une legé- re cendre dans fon fond , &eft bon- ne à boife, & fert pour plufieurs ma- ladies Æsdr. Scott. V’oiage d'Italie. Le Lac Lago Del pic di Lugo en Itahie , au haut d’une haute monta- gne , a fon eau claire & nette ; mais cile couvre le bois dans un jour d’u- ne écorce de pierre. Kércherus FE x France dans la Province de Pe- rigord , proche la ville de Perigueux, il y a une Fontaine dont l’eau fe gê- le & forme toutes fortes de figures, qui enfuite deviennent pierre, & out ce qu’on y jette prend une qua- lité pierreufe. Idem. PareiLLes Fontaines fetrouvent encor en la Haute Hongrie ; dans le Comité de Zepuze & au pié de la fameufe Montagne de Æecla en Iflande , qui convertiflent tout ce qu’on y jette en pierre. Scoftus. | PRo- Ld de la Nature. 199 Procues la petite ville de Roco- lano en Tofcane , font deux Sources d’eau chaude, dont l’eau eft condui- te par des foffez pour faire moudre des moulins dans ces conduits d’eau croiflent plufieurs plantes ; comme Cyperus, Juncus, Ranunculus, & plu- fieurs autres, toutes d’une grandeur prodigieufe ; de maniére qu’on eff obligé de les déterrer tous les ans pour conferver le paflage libré à l’eau. Quand ces herbes demeurent ainfi quelque-tems déterrées fur le rivage , elles deviennent pierres ; les herbes qui croiïffent le long des fof- {ez & qui ne touchent point cette eau, n'ont pas cette propriété. Xr- cherus. ProcueleBourgde Co/leen Tof- cane , coule un petit ruifleau , qui fe jette dans la riviére de Senna, & qui a pareillement la propriété de cou- vrir les bois, les herbes & les feüil- e E 2 les 200 Principales Merveilles les d’une écorce pierreufe; maisne les change pas tout-à-faitenpierre.{dem. L Ex Irlande dans la Province U/to- sa, prochela Ville Epifcopale d’Ar- mag, eft un grand Lac , apellé dans le langage du pais Nrach, qui a la propriété de changer le bois en fer & en pierre ; deforte que quand on #ourre un bâton dans fon fond, ce qui y eit entré fe change en fer; la partie dans l’eau fe change en pierre &c celle hors de l’eau demeure bois. Majolus Thom. Cir. dans la deftrip- ion de fes Vorages. N Arménie, proche d’un en- droit apellé Carabagler , coule une riviére , qui à quelques licuës de-là fe jette dans le Fleuve ÆAraxe. L'eau de cette riviére fe change en partie en petites pierres fort dures &c pro- de la Nature. 201 propres à bâtir ; l’autre partie refte en eau, quin’eftbonnenia boireniaar- rofer le Jardinage. J'ean-Bapt.Taver. E x Perfe proche la ville de Tawris, eft une petite montagne, au pié de laquelle fe rrouvent plufieurs belles Fontaines , qui ont la propriété de fe changer en pierre tranfparent® comme un verre ; la terre de certe montagne eft toute couverte de chaux en dehors, comme d’une cou- verture , {ur laquelle on trouve une autre efpéce de pierres femblable à la pierre de Ponce, fort legére & pleine de trous ; enfin on trouve la pierre tranfparente couchée en for- me d’ardoife , & après que ces pier- res font coupées en carré, elles fer- vent pour l’ornement des bâtimens, & font portées dans tous les païs éloi- gnez. Tavernier en porta jufqu’à dix quintaux en France ; il avoit of- fert mille écus pour une piéce dans la quelle étoit enfermé un Lézard d’un E 2 pié 202 Principales AAerveilles pié de long. life trouve dans Ia coagulation de l’eau de cette Fontai- ne plufieurst & diférentes efpéces de vermine enfermées ; proche &c le long de la Mer Cafpienne, on trou- ve de pareilles pierres, mais pas fi tranfparentes, 7 avernier, Dans Pifle de Java Major , il y a aufli un ruifleau qui change tout le bois en pierre.. Vosage des Indes. Dans la Province de Æuguand, il y a de pareilles Fontaines, mais d’u- ne propriété diférenre ; le bois qu’el- les changent en pierre, eftfouverain pour la colique & les douleurs de ventre. /dem. | Procue cette Source ,ils’entrou- ve une, qui en rejailliffant fe chan- geenrocher. Idem. EN de la Näture. 203 EN AFRIQUE. | ANs-le Roïaume d’Frhiopie 1 _# & dans celui de Bagmaffo , pro- che la petite ville d'Abarach , on voit des Sources de pareille qualité; dans lefquelles en peu d'heures tout ce qu’on y jette ; foit bois , terre , cuir,os,ou chair, fe change en pier- re, Merc. Afiat. 9 Afric. EE REED CRU men NOMME IE TO ENTER ARE) EN AMERIQUE. Ansleterritoire de Guatima- la, fe trouvele Fleuve Blanco, qui a aufi la propriété de changer toutes chofes en pierre. Jean de Lai. Au Roïaume du Pérou ; proche la ville de Grancavilloa où eft la Mine de Vif- Argent, il ya une Sour- ce; dont l’eau en rejailliffant eft chau- E + de , 204 Principales Merveilles de , mais s’épaiffit incontinent & de- vient dure & en pierre ; lons’en fer- vit en 1569. pour bâtir cette Ville. Cette pierre, quoique douce &ten- dre, rélifte fort à l’injure du tems; les hommes & les animaux qui boi- vent de cette eau meurent bien-côt , car elle devient pierre dans leur corps. Jean de Laëf. CHA- de la Nature. 205 BST US OS OS SON RC RONA? CHAPITRE IX, Contenant des propriétez merveilleu- fes ET furnaturèlles de quelques Lacs 7 Eaux dormantes. CRRERRSESREE) Les ae eee capenecenre DeRenS ueen 2e0es nr EU:K-O'P:E. ANs la baffle Æeffe proche la ville de Sontra , iyaunEtang dont l’eau s’épaiflit de tems en tems; & fe change en une matiére rouge comme du fang. Quand cela arrive, le Païs eft menacé de quelque mal- heur , comme il arriva l’année 1 604. lorfque le Landgrave Lois mourut; l’année d’après arriva la perfécution de l'Eglife de A1arbourg , & le chan- gement de Religion , & quelques mois enfuite l’invafion de M u 206 Principales Merveilles du Général Tilly , qui caufa une _grandeéfufion de fang. Zeilerus. EN Bohême, proche le Village de Vopalko, eft un Lac; fi-tôt qu’on y jette quelque chofe , il commence à faire un bruitépouventable, jufqu’à ce qu'on l'ait rétiré. Zach. Theo. Arca Natura. : Dans la Principauté de Bade en Allemagne , à quatre lieuës de la ville où réfide le Prince, il y a un Lac ; quand on y plonge quelque chofe de lourd , fur le champ le Ciel {e couvre, &ilarrive un orageavec tonnerre & éclairs , au grand dom- mage du païs. Quelques Jéfuites étrangers étant arrivez au Collége de Bade , entendirent parler de cetie merveille , & aïant la curiofité de la voir , s’y rendirent, acompagnez de quelques Bourgeois de la Ville ; ils menérent avec eux un barbet qui alloit à l’eau, & ne pouvant le faire EntECE | de la Nature. 207 entrer dans le lac, ils l'y jettérent par force ; mais il fe fauva d’abord avec de grands hurlemens. Après y avoir jetté quelques morceaux de cire benite , ils y jettérent des pier- res, & ne virent aucun changement, quoiqu’ils y demeuraflent plufieurs heures ; fur le foir , il s’éleva un ora- ge terrible avecun tonnerre, pluie & éclairs , qui dura quinze jours. Ga/fp. Scott. Phyf. Curiofa. ÎLyaen Auvergne un Lac fur une montagne qui fait la même chofe. Ex Suiffe on voit une haute monta- gne ; fur la cime de laquelle il y a une grande ouverture quivajufqu’au fond de la montagne ; fi-tôr qu’on y jette quelque pierre par malice, il s’éleve un grand vent, avec de la grêlg & de la pluie par tout le pais. KReomann., Nat, Magnal. EN- 208 Principales Merveilles EnTRE Lucerne € Underwalde en Suifle font de hautes montagnes ;: que les Suiffes apellent Francmont ; fur leur fommet , dans un fond en touré de bois fe trouve un Lac, apel- lé le Lac de Pilate , quin’aniiflue, ni entrée ; il paroît tout noir, à cau- fe de fon extrême profondeur quand on y jette quelque chofe d’un pro- pos délibéré, dans le momenril s’é- leve un orage ; c’eft pourquoi on ne permet pas aifément aux étrangers -d’en aprocher. Gafp. Scott. Phyf: Curio[a. | Dans le Comté de Mansfeld , on voit un Lac dont les pierres au fond reprefentent toutes fortes de poif- fons, de grenoüilles & de crapaux au naturel AAajolus Sam. Fabrici, Cofino. Theor. Sacra. ? Dans de la Nature. 209 Dans la même contrée , il ya un autre Lac , qu’on apelle le Lac Sale, Quand les Pêcheurs y jettent leurs” filets trop profondément , ils les reti- renttous brûlez ,comme s’ilsavoient pailé par le feu. Idem. Ex Bourgogne on voitcun Lac d’u- né profondeur immenfe ; la fuperfi- cie de fon eau eft comme une colle, qui s’endurcit fi fort avec le tems, que les hommes y peuvent pañler ai- fément à pié, mais non pas les cha- rettes. Pendant le brouillard on ne voit point d’eau du tout; mais lorf- que Je tems eft clair & ferain , l’eau fort de tous les côtez par destrous & des ouvertures du limon du lac , & inonde toute la campagne de Co- lombiers qui en eft voitine. Zeile- vus, Alt, Minor. Grundmann. debit, Hifior. DANS 210 Principales Merveilles D ans les Monts Pyrénées, qui fé- parent la France d’avec l'Efpagne, il ya de pareils Lacs, où aufli-tôt qu’on y jette quelque pierre, il s’éleve un grand orage ; mêlé de tonnerre & de pluie. A. Simon. Goulard. Boviflan. E x Portugal prochela ville de Bey- ra , on montre aux étrangers un Lac : dans lequel on prend quantité de : truites toutes noires, d’un goût ex? ! quis ; ce lac a la propriété d’annon-. cer lesorages , parun bruit figrand, qu'on l'entend à plus de mille pas, Îajolas. : Dans le Roïaume d’Efpagne , fur les Montagnes de Stella, on voitun Lac dans lequel on trouve Journel- Jement quelque débris de Vaifleaux, quoique ce lac foit diftant de la mer de près de dix-huit lieuës, & on entend continuellement le bruit d’u- ne tempête. Idem. 4 Le ) de la Nature. 211 EL r Lac V’adimonis , à prefent apellé Lago di Baflanello, a cela de particu- lier ; que quand une femme en apro- che , il fe déborde tellement , que toute la contrée d’alentour eft inon dée, Kircherus. | Dans la campagne du même pais, il y a un Lac d’une profondeur immenfe , avec fes bords élevez en forme d’un æhéätre ; on n’y voit aucun poiflon ; mais une quantité prodigieufe de grenoüilles ; & vers le Nord, on trouve un grand rocher où il y a un efpéce de trou , duquel au commencement du Printems tombent de grands tas de Serpens dans ce lac', que l’on ne voit plus après. AMajolus. d di Dans les Etats du Duc de Par- me ; aux environs de la ville de ce nom ,.eft une Foffe pleine d’eau dor: mante. Quand on en aproche un l | flam- 212 Principales Merveilles flambeau ou du bois allumé , l’eau atire le feu , s'allume , & ne peut être éteinte a moins qu’on ne la couvre; ou qu’un grand vent n’y foufle. Andr. Scott. Srin. Ital. Du tems du Pape Pie II. on dé- couvrit dans le Lac de Numico un Vaifleau de dix toifes de long. Ce Pape ordonna qu’onle tirat de l’eau. Lorfque les Plongeurs l’eûrent vifi- té , ils raportérent que ce Vaifleau étoit bien conftruit & avoit dix aul- nes de long. Quand il fut hors de l’eau, on trouva qu’il étoit en de- dans doublé de velours , ataché avee . des cloux d’or. Au milieu du Vaif- feau on trouvaun vafe deterre,avec une infcription , qui marquoit que les cendres de l'Empereur 7ibere y étoient Mrmées: quoique ce Vaif- feau eut demeuré près de 1400. ans deffous l’eau, l’intérieur n’étoitaucu- nement gâté, Æneas Sylvius. Das de la Nature. 213 D anslaSicile, il ya un Lacapel- lé Camerina | qui demeure toûjours dans le même état , quelque pluie qu’il puiffle tomber lhyver , & quel- que fécherefle qu’il puiffe faire pen- dant l'été. Quand il y tombe quel- que chofe par hazard , l’eau demeure tranquille ; mais lorfqu’on y jette quelque chofe par malice, foudainil s’éleve un orage épouventable, avec tonnerre, pluies & éclairs, d’où vient le proverbe latin (Camerinam miv- vere ) caufer un malheur par malice. Mich. Saxen. Alob. Hift. D xs la Pologne, on voir le re- nommé Lac de Crrmik proche la pe- tite Ville de ce nom, qui eit d’en- viron 300. batimens ; ce lac a du côté du Midy une grande Forêt, vers le Septentrion une grande Flai- ne jufqu’à la montagne qui entoure tout le vallon , & s’étend en lon- gueur une lieuëé' d'Allemagne. Ce II. Partie. F lac 214 Principales Merveilles lac eft prefque toute l’année , juf- qu’au mois de Juin, plein d’eau; à la fin de ce mois fon eau fe perd par fept ouvertures & conduits tout-aà- fait particuliers ; mais quand ils font furchargez d’eau, ilslarejettentavec une violence extrème , & couvrent tout le fond , jufqu’a quinze piez; & au plus bas de la hauteur d’un homme , ils rejertenten même-tems quantité de poiflons, particuliére- ment des brochets d’une aulne de: long. Au mois de Septembre tout le lac eft rempli d’eau ; mais quand le fond de ce lac commence à féchers il vient quantité de bêtes fauves de la Forêt prochaine fur cette Plaine du lac couverte d’herbes , que les habitans tuënt & fe fervent de la: chair pourleur nourriture. A6.Phyl. Soc. Keg. in Anglsa. PareizLe chofe arrive au Lac de … Crimice, dans lé même Roïaume de Pologne ;, qui tous les trois ans fe rem- de la Nature. 215. remplit d’eau avec un grand bruit ; peu de tems après il fe perd dans quelques creux & cavernes de la montagne prochaine, de telle ma- niére , que le poiffon demeure à fec fur la terre ; peu de tems après elle revient. Crosmer. {z ya un autre Lac en Pologne, apellé Brale; quand quelqu'un fe la- ve dans fon eau , aux mois d'Avril & de May, il devient tour brun-noir ; mais dans les autres mois de l’année cela n'arrive pas. idem. La x 1578. aux environs de Cra- covie , un Lac étant couvert de glace & demeuré quelques années fans être pêché , à caufe de plufieurs Speéktres qui y paroifloient. Le Seigneur de ce Lac réfolut de le faire. pêcher, & pour plus de füreté, ordonna qu'a- vec fes Vaflaux fe trouvaflent aufis quelques Ecléfiaftiques munis de baniéres , de croix & d’eau-benice; | F 2 étant 216 Principales Merveilles étant ainfi tous arrivez à ce lac, on y jetta le filet , au troifiéme coup al s’y trouva un Monftre afreux, qui - avoit la tête d’une chévre avec des veux étincelans, ce qui fit enfuir plu- fieurs perfonnes ; mais ceux qui étoient proche le filet quand le mon- ftre fut tiré , furent infectez de fon baleine & tout couverts de boffes & d’enflures. Idem. En Angleterre, ilyaun Lac apel- 16 Guffer,, d’un naturel particulier. Tant que la pêche eft permife à dif- crétion ; le poiflon y eft en abon- dance ; maïs fi-tôt qu’on la défend, out le poiflon fe perd , & ne re- vient point que la défenfe ne {oit le- vée, Majolus. E NEcoffe ontrouva un grand lac, comme une petite mer, de vingt-qua- tre Heuës de long & de huit de large, apcilé Lawmont ; on y voit près de trente Ifles, toutes ornées de beaux Vil- de la Nature. 21% Villages, Eglifes & Fermes.On y ob- ferve trois.chofes remarquables. 1°. Le Poiffon y eit d’un goût excellent, & n’a point de nageoires ou ailleret- tes. 20. L’eau de ce lac devient quel- quefois. fi impérueufe ; que tous les bâteaux qui s’y trouvent font fou- vent en grand danger & y périflent, 3°. Parmi toutes cesIfles, il y en a une flotante, qui efttrès-féconde en pâturages, & eft toùjours couverte de quantité de beftiaux , vaches, bœufs & moutons; elle eft pouflée au gré du vent, d’un côté & d’au- tre. Sam. Fab.Cofino. Theor. Sacra, E x Irlande on montre un Lac, que les habitans apellent Ernus ; ila fept lieuës de long &c quatre de large ; autrefois ce lac n’étoit qu’une Sour- ce d’eau vive , & on tient par tra- dition que cette fource fur changée en ce lac, à caufe de la mauvaife vie que menoient les Bergers de cet- ic contrée ; On voit encor aujour- d'hui 218 Principales Merveilles d’hui au tems clair des clochers & des tours deflous l’eau ; d’ailleurs cé lac eft fi abondant, que fouvent quand les Pêcheurs y pêchent , leurs filets fe déchirent par la quantité de poiflons qu’ils prennent. dem: D xs l'Irlande il y a encor trois Lacs près l’un de l’autre , dont cha- . cun à fa propriété particuliére , & une cfpéce de poiffon diférente. Si- tôt qu’on en tire d’un de ces lacs & qu’on les jettesdans l’autre, ils y meurent fur le champ. Idem. Dans le Roïaume de Suéde, en la Province de Gothie {ë trouve un Lac d'environ mille pas de large, plein de limon , d'herbes & de ronces , au travers duquel pañlent quelques petits ruiffleaux. Les hom- mes & les beftiaux qui y entrent y {ont fubmergez. Cependant il y a un pont à un endroit qui le traver- fe ; mais comme ce lac elt en quels | ques de la Nature. 219 quesendroits fans fond; ce pont eit partagé | FH petits ponts, en forme d’un labyrinthe. 4/erv. de la Chine € de l Europe. Fr D xs Ie même Roïaume, proche la ville de J/effen, il y a un Lac dont l'eau eft froide dans fa fuperhcie & chaude dans le fond ; quand on y enfonce un pot avec de la chair , ou autre chofe, dans un quart-d'heure on le retire cuit. Idem. Sur la Frontiére de Hongrie & de Moravie , dans le territoire de Lip- pa, on voit un Lac de 1500. pas de long & 500. de large, qui n’a point de décharge & ne reçoit aucune eau; la fienne eft amére comme du fiel ; il n’a point de poiflons ; & fi on y en met des autres étangs, fur de champils meurent ; pareille cho- fe arrive aux beftiaux qui viennent d’une autre Province quand ils boi- vent de cette eau ; au contraire, elle Fe eft 220 Principales Merveilles eft bonne à ceux qui font nourris aux environs de ce lac. Zeilerus. . EEE EE EN) À S'FES ’ P RocHEla fameufe ville d’An- tioche en Syrie , il y a un aflez grand fac , qui elt entouré d’un mur de huit piez de haut. Ce lac pro- duit une quantité prodigieufe d’an- guilles , qui font après tranfportées par mer dans des tonneaux ; un feul Pêcheur en peut fournirentroisjours de tems 40000. & quoiqu’on y en prenne Journellement un nombre infini , on ne s'aperçoit d'aucune di- minution. 7roylo. Foiage d'Orient. Dans la Paleftine , ou la Terre- Sainte , eft le Lac Afphalite, ou communément la Mer Morte, fon eau eft amére & falée ; c’eft pour- quoi le poiflon n’y peut vivre; ce lac change de couleur trois fois par Jour > de la Nature. 221 jour ; en quelques endroits il jette de la poix noire-fur fon bord ;, toutes les chofes pefantes qu’on y jette fur- nagent & n’enfoncent point ; l'Em- pereur Vefpafien voulant un jouren faire l'expérience, fitjetter deux cri- minels liez dans le lac:ils furna- gérent fur l’eau fans enfoncer , ce que fait aufli un flambeau allumé; mais il va au fond quand on l’y jet- te éteint; dans plufieurs endroits de ce lac, & prefque par tout, on trou- ve une quantité de beau fel blanc, & une efpéce de pierre fort legére, de laquelle on fe fert, comme du bois, quieft fort rare dans cette contrée , mais dont l’odeur efttrès-mauvaife. Ce lac n’eft jamais émü d’aucun vent ni orage; & quoique le Jourdain s’y jette avec d’autres riviéres, il ne groflit jamais ; l’on ne connoît point par où ilfe décharge ; on con- clud que fes eaux s’écoulent par quel- que canal foûterrain. On dit par tra- dition que l’on y jetta une fois une IT. Partie, G tale 222 Principales Merveilles tale d’or à l'endroit où le Jourdain {e précipite, qui quelque-tems après fut trouvée dans le Fleuve Faro'en Sicile. F.F. de Troylo qui l’an 1666. vifita cette mer, écrit dans fon Voïa- ge du Levant que ce lac pouvoit avec juftice être comparé à une gueu- le de lenfer; car il paroït toûjours noir & fombre , & poufle continuel- lement une épaifle vapeur noire & puante, ce qu’il pouvoit encor voir à Betlehem à quatre lieuës d’Alle- magne de-là ; la raifon pourquoion V'apelle la Mer Morte, eft qu’il ne s’y engendre rien de vivant ; & de plus, c’et que tour le poiffon qu’on y jet- te , ou qui s’y jette par hazard avec le Fleuve du Jourdain, meurt fur le. champ ; comme il avoit vü quelque poiflon mort fur fon bord. Vers le Septentrion de cette mer, elle a un rivage d’un fable blanc, fous lequel, environ d’une aulne de profondeur, ontrouve une poix noire, gluante & puante ; c’eft pourquoi il ei dange- reux de la Nature. 22% teux d'y pañler fans guide ; au Cou- chant, vis-à-vis où étoit la ville de Sodôme, environ le long d’une lieuëé; il n’y a point de fable, mais bien de la cendre jufqu’au genoüil d’un che- val, On voitencor aujourd’hui dans cette mer, à un Jet de pierre de fon bord , une piéce de muraille de lad. Ville d'environ quinze toifes, toute ” noire & brûlée ; & comme cette mer en cetendroit n’eft pas profon- de , qu’il étoit entré à cheval , & avoit par curiofité détaché quelques pierres de cette muraille ; quand on frote ces pierres entre deux linges ou feulement entre les doigts, elles rendent une odeur puante, comme du foufre. Vers le Levant de cette mer il y a quelques eaux dorman- tes , où il croit des cannes très- belles de toute couleur, femblables aux cannes d’'Efpagne,qui fonttranf- portées dans toute l'Europe; cette mer eft plus falée qu'aucune autre fous le Ciel, d’où vient qu’on en La G 2 fait 224 Principales Merveilles fair une quantité prodigieufe de beau: fei, qui fournit toutes les Provinces d’alentour en abondance ; de l’autre coté du Fleuve du Jourdain , où il fe jette dans cette mer, vers les Frontié- res de l’Arabie Pierreufe ,on voiten- cor la Colonne de Sel, en laquelle la femme de Lorh fut changée ; je ne l'ai pas vüé ; parce que de mille perfonnes qui font le Voiage de la Terre-Sainte, il n’y en a pas un qui ofe fe hazarder d’aller jufques-là , à caufe du danger qu’il ya des Arabes ; mais à Jerufalem & à Berlehem, de vieilles gens m'ont affuré que cette Colonne y étoir encor toute-ntiére; & qu'ils lavoient vüë. Cette mer contient dans fa longueur treize lieuës d'Allemagne & dans fa lar- geur quatrelieuës F.F. Troylo, dans fon Voiage du Levant. Dans de la Nature. 225 Dans le Roïaume de la Chine, on voit un Lac aux environs de la ville de Xi», apellé Xanchi, dont l’eau eftrouge comme du fang. Off. Drap. Procue la ville de Æencheu au même Roïaume , il y un Lac très- profond ; dont l’eau eft verte , & haute en couleur ; cependant fort bonne à boire , & fert à faire de la biére. Idem. Pare1izrepropriétéale Lac Lox- ai, proche de la ville de J’yprng , qui a aufli fes eaux fort vertes. Elles fer- vent pour teindre les draps ;, le bois, &t autres chofes. Idem. Dans la Province de Foquien , au pié des Montages de Chiniven, eft un Lac apellé Cunch ; quand il ya aparence d'orage ou de tonnerre ; en entend dans fon eau un bruit comme le fon d’une cloche. /dem. G à Dans 226 Principales Merveilles Dans la Province de Ouanji, au pié des montagnes de Æagang , on voit un Lac, & les poiflons qu’on y trouve ont quatre piez & deux cor- nes. Æ#erv. de la Chine &T de l’Eu- rope. D'axs la Province de Péquin, à dix licuës de la ville de Tachu , ya un Lac , où quand on y jette une pierre , fon eau devient comme du fang ; les feüilles qui y tombent des arbres d’auprès fe changent avec le tems en hirondelles, Idem. | : à : PareiLLie propriété a le Lac; apellé Zæntas. Sur fon bord, entre quantité d'arbres qu’il y a, il s’en trouve un duquel, quand les feüilles tombent dans l’eau de ce lac, elles font changées en petits oifeaux noirs. Idem. x SUR de la Nature. 227 Sur la Frontiére de Turquie & de Arménie , eft un grand Lac qui a quinzélieuës de circonférence ; ileft femblable à une petite mer; fon eau eft faiée ; on y voit deux Ifles, dans chacune defquelles il y aun Couvent de Moines Arméniens; ce lac por- te le nom de la ville de }’anne, qui en: eft fortproche, & apartient au Grand Seigneur ; il s’y trouve une efpéce de petits poiflons, comme des Sardines, dont le goût eft admirable ; la pêche s’en-fait tous les ans au mois d’A- vril en grande quantité, &c eft por- tée dans toute la Perfe & dans l’Ar- ménie: À une lieuë de Vanne, le Fleuve Bendmabh: fe jette dans ce lac , qui le groflit confidérable- ment tous les ans au mois de Mars. par les neiges fonduës. En ce tems- là le poiflon fort du lac & remon- te vers l’eau douce. Alors les habi- tans du païs , à qui la pêche eft per- mife, bouchent le courant du Fleu- G_ 4. / ve, 2 228 Principales Merveilles ve, & prennent au bout de quator- ze Jours le poiflon à fon retour, quand il vient fe retirer dans le lac. Il eft à remarquer que quand les Turcs fe rendirent maitres de la vii- le de anne , le Bacha qui y fut mis pour Gouverneur , défendit la pe- che, & Fafferma à un riche Mar- chand Arménien pour une groffe fomme d’argent ; lorfqu’il eut fait tous les préparatifs pour cette pêche; au lieu de poiflon, on ne pêcha que des couleuvres ; & rant que cette pêche fut défenduë on n’y vit autre chofe ; mais fi-rôt que la pêche fut permife comme à lordinaire , le poiflon revint en abondance. J.B. Tavernier. EN de la Nature. 22% LIRE RENE one enr cu À EN AFRIQUE. N Ethiopie , dans le Roïaume d’Angoce au pié des monta- gnes d’ÆArnoro ,; guéres loin.du gros Fleuves, qui prend fa fource du lac Barceo , on voit une fofle pleine d’eau dormante , que les habitans apelle le Lac de Pilate, quand on y jette une pierre , ou quelque au- tre chofe ,:dans le moment il dé- borde avec un grand bruit, &inon- de tout le païs d’alentour ; ce qu’il ne fait jamais, fi on n’y jette rien, & eftroüjoursimmobile. A£erv. Afrar, Afr. . EN 30 Principales Merveilles eme EN AMERIQUE. 1) ANS une Province de la nou< velle Efpagne, eftun Lac d’u- ne profondeur immenfe au haut d’u- ne montagne, on compte cente CIn- quante toifes jufqu’àa la fuperficie de l’eau ; il y a un petit fentier par où les hommes & les beftiaux defcen- dent; l'hiver & Péte, il eit toujours. dans le même état, &ne diminuë ni n’augmente ; fon eau eft très-fai- ne & bonne àaboire. Jean de Laër.. Dans la Province de Guatimala, proche Aefhicpaca , il y aaufli quel- ques Lacs dont l’eau a une odêéur de foufre , 8 de tems entems rejette du foufre fur le rivage ; les Etangs dans le voifinage tirent cette propriété de: ces lacs, que leurs eaux font fort fa- uraire aux chevaux maigres, qu'ils engraiflenten peu de tems. Idem. Dans. de la Nature. 237 D'ansrifles. Dominique , eftune Caverne dans laquelle il y a un pe- tit Lac d’une profondeur exceflive; fi quelau’un entre dans la caverne, foit homme ou animal & qu’il tou- che l’eau de ce lac, dans le moment fon eau fe tourmente avec grand bruit, atire la perfonne ou l’animal qui l’a touché, dans un tourbillon; & l’engloutit. ÆAZajolus. CHA: 232 Principales Merveilles NERÉ LEUR AT Co ÉPT TRES Des Ifles Flotantes. ee LS CT Cr EN EU R'O:P:E; N France , entre Bordeaux & Bayone , proche la premiére po- fte, on pafle un petit ruifleau, qui fe jette dans la mer ; il vient d’un Lac proche le Bourg d’Oret, dans lequel il y a une Ifle flotante toute couverte de bons paturages. Louis Coullon Ulyf. Fran. Atl . Minor. Ex Ecoffe, dans le Lac Loumond, entre plufieurs autres Ifles,ilyena une pareilement riche en paturage | &c toüjours couverte de quantité de beftiaux , flotante de côté & d’autre dans le Lac. ÆAajolus. Cardanus. , Es de la Nature. 233 En Italie, aux Etats du Grand Duc de Tofcane , dans le Lac 7 arquinito, il y a aufi deux Ifles flotantes, cou- vertes de beaux arbres & de bons pâturages. Ces deux Jfies flotent dans ce lac comme deux Forêts flotantes , & fe montrent dans ce mouvement , tantôt rondes , tantôt triangulaires ; mais on ne les a pü gamais voir carrées. Idem. Dans le Lac l’adimonis, à prefent apellé Lago di Baffanello, fe voitune Ifle couverte d’une épaifle Forêt, qui flotte de côté & d’autre. Idem. Jarre teen oo mes Æ N AUS EE | Di: s le Roiïaume de la Chi. ne , il y a un grand Lac apellé Tunting, où l’on voitunelfle flotan- te , dans laquelle il y a un beau Cou- vent tout bati de pierres ; cette Ifle cit neue — | 234 Principales Merveilles eft pouflée au gré des vents, de co- té & d'autre. Deftrip. du Roïaume de la Chine. Ge me EN AFRIQUE. eme “1 R Ua onpafñle la mer, del’If- le de S. Thomas au Brefil , où elle a fix cens lieuës , on rencontre une Ifle dont le terrain eft plein d’or, ce qui fait qu’on l’apelle l{fle d'Or. Un Anglois autrefois jetté dans cette Ifle par une tempête, voulut depuis yretourner ; mais 1l n’a Jamais pù la retrouver , ce qui confirme que cet- te Ifle eft pouifée des vents, tantÔt d’un côté & tantôt d’un autre, o1- ge des Indes. 4. CHA: de la Naiure. 238 DETEIIT In OE tot TE TETE cd QG DD A Le De: CL A APAP AL ALAP IP API APE CHAPITRE XL Du naturel ET des proprictez partie culieres de quelques Ifles. STE De RE MIS DA CE CRIERS POELE OPEN TRE EUR) en, NN GE U:R OP E ANs l’Ifle de Reichenau, eft un Lac apellé Bodenfte, où il n’y a niferpens, ni crapaux , ni au- tres animaux venimeux.Ontientque S. Pirminius, Fondateur du premier Couvent de cette Ifle, les a chaflez, & depuis on n’en a pas vû. Zerlerus. D ans lle de Aeiliguenland, apar- tenante au Duc de Æoffiein Gottorp, il ne fe voit pareillement aucunier- pent ni crapaut , mais des figures furprenantes changées en pierre, com- 236 Principales Merveilles comme des mains , des livres , des cierges, & autres femblables. Idem. Lanrs3o. la pèche des harangs fut fi abondante dans cette Ifle, que plus de 10000. hommes en étoient nourris ; mais Le peuple devint fi pa- refleux & fi infglent, qu’il foüettaun harang par rifée. Dans le moment tout le poiflon de cette Ifle fut fi ra- re, que l’année 1654. à peine cent perfonnes pouvoient trouver leur fubfiftance de cette pêche. Idem. E « Irlande au Duché de Æ1onmo- na , il y a deux Ifles ; dans la plus grande fe voit une belle Eglife, & dans la petire une Chapelle ; mais dans la plus grande aucune femme ni autre animal du fexe féminin n’y peut vivre ; ce qui a été fouvent vé- rifié par des Etrangers , qui y étant abordez, y ont mis des chiens & des chats à rerre, & ont trouvé la cho- fe véritable. Thom. Car. ; £ de la Nature. 227 TL ya encor une autre Ifle dansle même Duché de A{onmonia, quia cette propriété particuliére , que tous les oifeaux qui prennent leur vol par-deflus cette Ifle, dans linftant perdent toute leur force & tombent à terre ; ce qui fait qu’on en prend tous les ans une quantité prodigieu- fe. Idem. | En Dannemark, entre l’Ifle de See- Jand & celle de Sehonen, éft l'Ile de Wenne , qui ala propriéré de ne pouvoir foufrir ni rats , ni fouris , & particuliérement des fouris de “bois;quoique cette Hflefoittoute rem- plie de noiïfetiers ; on n’a jamais vù. de vers dans les noiïfertes. Idem. EN Efpagne dans la Méditerranée, il y a quelques Ifles proche les unes des autres, qu’on apelle Baleares , la plus petite defquellés eft celle d’£- -_bufus , dont la terre ne fouffre point IL, Partie, H de 238 Principales Merveilles de ferpens. Nicol. de Nicolai, vora. ge du Levant. PareiLrLepropriété fetrouve auf fi dans PIfle de Candie, dans laquel- le , outre l’araignée Phalangium ; aucune autre bête venimeufe ne s’y trouve ; en revanche , les femmes dans cette Iflé y ont une qualité ft venimeufe , que quand elles mor- dent quelqu'un en colére , il faut qu’il meure de cette morfure; il ne peut être guéri par ‘aucun reméde ; les hibous ne peuvent vivre dans cet- te Ifle. Nrerfchitfe. V’oiage.* ne nes re EN°ASTE "1 N Afie, l’Ifle renommée d’Or- F mus , qui a dans fa circonfé- rence fept lieuës , confifte toute dans un rocher de fel ; c’eft pourquoi aucune efpéce d’animal vivant, ni arbre, ni feüille, ni herbe n’y croif- {ent . de la Nature. 239 fent , néamoins c’étoit autrefois la ‘Ville la plusrenommée pour le com- mérce. de toute la terre , à caufe de fa commodité ; mais l’année 1622. Je Roi de Perfe la prit avec le fe- cours des Anglois , le Château fur muni de vivres & mufftions , mais Ja Ville rafée & les Portugais chaf- fez. Voy. di Pietro della V’alle. Procue cette Ifle dans la Mer de Perfe , il-s’en trouve une autre _apartenante au Roi de Perfe ; apellée _Bahavacim où eft la pèche des Per- ‘les ; cette Ifle n’a point de fontaine ni autre eau pour boire; mais la na- ture y a pourvü, comme par tout ail- Jeurs. Les Piongeurs vont chercher de l’eau douce cinq où fix toiies de profond dans la mer, où ils en trous vent une très-bonne , & préférable à l’eau de fontaine, Jean - Bapuifie Tavernier, 240 Principales Merveilles A vx Indes, depuis les Montagnes du Cap Commorin, le long du riva- ge de Coromandel , on manque aufi beaucoup d’eau douce , & le peuple ne veut pas fe donner la peine de faire des puits , mais ils réparent ce manquement d’eau de cette manicre. Quand la mer s’eft retirée , les fem- mes creufent dans la terre le long ‘du rivage deux ou trois piez de pro- fond dans le fable , où elles trouvent de bonne eau douce, de laquelle el- les fontleur provifion. La même cho- {e fe pratique auffi dans le Roïaume de J’ifapour , où les eaux couran- tes font fort mal faines ; mais celles que l’on creufe dans le fable font for douces. Idem. _ de la Nature. 24x (memes coeurs ones ENYA:F KI QUE. MIRocuesleslfles du Cap Verd en Afrique,a foixante-dix lieuës de la Terre-Ferme, on découvre une partie de Océan, depuis vingt juf- qu'à 34. degrez , qui par tout eft tellement couverte d’herbages, que lon ne voit aucune eau , comme fi on navigcoit fur une prairie : c’eft Pourquoi ce trajet , communément eft apellé le Zac des Herbes ; perfon- ne n’a encor pù décider , ni favoir d’où ces herbes proviennent. Quel- ques-uns pourtant ont voulu foutenir qu’elles venoient du fond de la mer; cependant on n’y en trouve qu’à plus de cent toifes ; ces herbes reflem- blent beaucoup au perfil ; mais elles font un peu plus jaunâtres & portent de la graine. Amer, Part. EN 242 Principales Merveilles De EN AMERIQUE. CU Brefil, aux environs de Fer nanbuc, on voit dans la mer Septentrionale en plufieurs endroits, dans un trajet d’une heure de long & cinq à fix piez de large, des her- bes fort particuliéres nager fur l’eau, dont les feüilles reffemblent fort à celles de chêne , maïs entrelaflées les unes dans les autres ; fouventles vaifleaux qui y tombent, s’embaraf. fenc fi fort, qu’ils ont toute la peine | ms de s’en dégager, Off. Drap. mer, CHA: de la Nature. 24% BST ES: Re 6 Sr © DL Led 28e Ge CL C0 ER pos N72 OP EPA LES A0 SE PRIOR: PONTS SA Be Le QE 2 0 D LE 0 QE SE CAMEPETRE. XII. Qui traite des merveilles 7 pro- prictez des Montagnes , des Pier- res, des Rochers , des Arbres A des Ternes. OmME dansie Aficrocofme où corps humain ; la chaleur fe trouve par tout difperfée & pouflée dans toutes les parties, quelques pe= tites qu’elles puiflent être & ani- mées par l’humidité du fang , la mê- me chofe arrive dans le Aficroco/f- me ou Geocofme , où pareillement Dieu, Auteur & Cie éateur de la Na- ture ,; a pourvè richement le Glo- be de la Terre intéricurement de Du de Pyrophilaces ou réfer- | … voirs 244 Principales Merveilles voirs de feu , afin que par fes ad- mirables ordonnances & les innom- brables veines & concavitez qu’il y a difpofées , la nature , pour la con- fervation des chofes nées ou à nai- tre , n’en foufre aucun dommase. C’eit pourquoi le Globe Terref- ftre , n'a pas feulement été pour- vû de quantité de Pyrophilaces ou réfervois de feu , mais aufli d’u- he même quantité d’Aydrophilaces ou réfervoirs d'eau. OCëémme fans doute la nature, fans le feu & l’eau, dans la production & naiffance des créatures de ce monde, auroit cef- fé ou tout-à fait péri ; de même Pintérieur du Globe Terreître , au- roit été il y a long-tems réduit en cendre & en pouilitre , par la quan- tité de creux , de veines & de paf- fages de feu , fans l’eau; on ne peut trop admirer l’incompréhenfible pré- voiance Divine, qui atellement uni ces deux élémens, le feu &t l’eau, qu'ils ont un commerce réciproque cntr'eux LS de la Nature. 245 entr'eux , fe procurent la nourriture néceffaire , & modérent la violence & la véhémence l’un de l’autre, afin que la nature ; par leur douce harmo- nie, felon l’ordre du Créateur, tou- tes chofes puiflent durer &c fub- fifter. Les productions vifibles du feu 8e de l’eau , témoignent quels éfets ces deux élémens produifent dans l’in- térieur de la terre par leur -réu- nion invifible , d’où on peut facile- ment conclure ; que dans les parties intérieures la chofe eft ainfi. Ces parties miraculeufement difperfées &c partagées au travers l’épaifleur de la terre fe montrentenfin à nos yeux, quoiqu’il foit prefque impoflible de comprendre à fond comment l’eau eft unie avec le feu, tant intérieure- ment qu’extérieurement dans le Globe Terreftre , & qu’ils puiffent produire des éfets fi merveilleux, le feu étant toûjours le plus près du . ÀL, Partie. Y cen- 246 Principales Merveilles centre du Globe, & l’eau dans 1a circonférence. DE ce fond ou centre naïflent tou- tes ces Montagnes ou Volcans de feu dans le monde ; & où l’on en trouve, certainement il y a un Py- rophilacium ; & quoique l’on voie dans plufieurs parties du monde de pareilles montagnes de feu, par l’ou- verture defquelles le feu foûterrain s’eft préparé un paflage, néamoins ily en a encor plufieurs autres ca- chez dans l’épaifleur de la terre; cela eft prouvé par divers endroits, où on voit des bains d’eau chau- de , des fources , des fleuves & des riviéres , qui par ces fourneaux foû- terrains font échauffez , non moins que par ceux de deffous la mer, dans. laquelle les Pyrophilaces ou réfer- voirs de feu , quand ils s’échauffent & s’allument par la violence de Pair enfermé , brifent, renverfent & abi- ment des Ifles, des Provinces & des Villes de la Nature. 247 Villes entiéres, & quelquefois auffi pouffent de nouvelles Ifles, Monta- gnes &c Provinces entiéres & les af- fermiflent. On voit de ces monta- gnes enflèmées dans les quatre par- ties du monde. DS ne CNED DESERT SEE ES) ZeN EU R OP E:. ANs l’Albanie, on trouve les Montagnes de Chimara , qui jettent continuellement une fumée épaifle & mêlée de flâmes. Dans la Tofcane en Italie , aux en- virons de la ville de Bologne, font aufli deux pareils Volcans avec leur creux fumants, proche Pretra mala ET Piftoja. Daxs le Roïaume de Naples ; proche la capitale de ce nom , fe voit le fameux Aont Vefuve , qui depuis plufieurs fiécles s’allume fou- a LE vent 248. Principales Merveilles ? vent &c caufe de grands defordres;+.. dans l’agréable voifinage de cette Ville. ENTRE cette montagne de Vefue ve , & celle de la renommée mon- tagne d’Ætna dans la mer de Tyr, font plufieurs Ifles,a prefentapellées Lipares (Infule Liparitans ) dans lefquelles éroient plufieurs fembla- bles montagnes brüûülantes ; mais à prefenc il n’en reite qu’une qui brû- le continuellement , apellée Stron- gillo, Kircherns. D v régne d'Henri IT. Roi d’An- gleterre, un fameux Marchand An- glois voulut retourner de Palerme, Capitale de la Sicile ,en Angleterre ; mais dans fon voiïage il fut pouflé par des vents contraires, avec fon Vaifleau, dans l’Ifle de Strongylo, où il fut obligé de jetter l’ancre; ce Marchand décrit ce qui lui eft arri- vé pendant fon féjour dans certe Ile, . de la Nature. 249 & dit , qu’aiant été obligé d’y aten- dre un bon vent pour continuer fon voiage , il s’'aperçüt que vers l’heu- re du midi cette montagne étoit quelque-rems tranquile, réfolut de la vifiter pendant cetre tranquilité, & y monta avec fix Matelots qu'il mena avec lui ; iltrouva au haut de la montagne une ouverture éton- nante , & l’aiant exactement obfer- vée, il entenditau fond un murmu- re ,femblable à celui que font plu- fieurs perfonnes qui parlent enfem- ble. Commeils’étonnoit de cela avec fes Matelots , il entendit une voix fort diftinéte, qui dit: Retirez-vous, retirez-vous, Antoine de Riche arri- ve. Le Marchand & les Marelots fe retirérent avec précipitation & un grand étonnement vers le vaifleau; &c la montagne recommença à jet- ter fes flimes avec plüs de violence que Jamais. Comme le vent contrai- re continuoit toûjours & empéchoie Xe Marchand d’achever fon VOIASE » A il &so Principales Merveilles il réfolut de retourner à Palerme & d’y atendre un meilleur tems, pen- dant lequel les Marelots s’informé- rent s’il n’y avoit pas quelqu’un dans la Ville qui s’apellàt Antoine le Ri- che. On leur répondit, qu’il y avoit un riche Marchand qu’on apelloit ainfi, parce qu’il avoit prêté au Roi d'Efpagne de grofles fommes, pour lefquelles le Roi lui avoit engagé deux Roïäumes , & qui étoit mort depuis deux jours ; fur quoi aïant fait réflexion, ils trouvérent que précifé- ment à la même heure que ce Mar- chand mourut , ils avoient entendu cette voix fur la montagne de Stron- gylo. Ce Marchand après fon retour en Angleterre, conta cette avantu- re au Roi , qui fit venir devant lui les Marelots, lefquels confirmérent cette hiftoire par ferment, Sandis. Defcript. de fon Voiage. Dans de la Nature. 251 D ANS les Ifles d’Açores ou de Ter- ceras ,on voitencor beaucoup de ces ouvertures fumantes , particuliére- ment fur le ÆZont Pico de Fayel di {ant Grorgo, qui eft le plus haut & le plus confidérable de ceux de cet- te contrée ; l'an 1638.il arriva que cette montagne, à un endroit apellé Fereyra ; où les habitans ont la pê- che libre, après un terrible tremble- ment de terre de huit jours , ébran- la toute l’Ifle deS. Michel, d’une telle maniére , qu’elle s’ouvrit deffous la mer proche le rivage où elle étoit fituée ; de fon milieu, qui contenoir cent vingt piez géométriques de profondeur , fortit avec une grande violence une fumée épaifle qui rem- plit tout l’air , en jettant en même- cems des pierres grofles comme des meules de moulin ; qui après s’écla- térent en mille morceaux, & fe ré- duifirent à un fable fort noir; cette Source boüillante & embräfée con-, I 4 tient 252 Principales Merveilles tient dans fa circonférence près de cent pas; c'eft pourquoi toute l’eau de l'Océan n’a pas pû la domter; &c fi heureufement le vent n’avoit pas fouñlé dans ce tems-là contre cet- te crevafle , fans doute toute l’Ifle auroit été réduite en cendres. Du milieu de cet abîme fortit une nou- velle Ifle , qui dans le commence- ment ne contenoit que quelques ar- pens ; mais elle crût tellement , que quinze jours après elle contint près de cinq lieuës de circonférence ; une quantité prodigieufe de poiflon pé- rit dans cette incendie. Depuis ce gouffre a jetté fouvent de pareils flots embrafez , avec une quantité prodigieufe de toutes fortes de ma- tiéres fondués. Il eft très-dificile de dire d’où ces matiéres prennent leur {ource ; car fion veut confidérer tou- ces celles , qui de tems en tems font qettées &c pouifées hors de cette mon- tagne en forme d’un Fleuve embrâfé, on trouvera qu’en quantité & gran- deur , LA de. la Nature. 253 deur , elles furpaflentle Aont Ætna de vingt fois. Je paîle fous filence les embrâfements arrivez fouvent dans les fiécles paffez & la ruine qu'ils ont caufée à tout le païs voilin ; je ren- voie le leéteur curieux aux hiftoi- res qui ont été écrites à ce fujet, & me contente de lui faire part du der- nier embrâfement arrivé lan 1669. de nôtretems. Voici comme il vint, LE neuviéme de Mars 1666. on fentit un tremblement de terre ter- tible dans le A{ontpeillerd , atenant le Adont Ætna ou Montgibello, pro- che la ville de Catane , qui renver- fa d’abord le Bourg Nrcobofi; le 1r; de Mars le Mont Ætna s'ouvrit par trois fentes ou crevafles, à côté de la montagne, environ deux lieuës de France du Aontpeillero. Deces fen- tes fortirent des flâmes avec un ter- rible bruit, de la hauteur de plus de cent toifes en l'air, & cauférentun horrible tonnerre , en jetrant des piere La 254 Principales Merveilles pierres de trois cens livres pefant, qui furent trouvées à quelques lieuës delà : en deçà de la montagne s’ou- vritun Fleuve embrâfé de foufre & de poix-raifine , qui couvrit tout le pais avec une rapidité extraordinaire & entoura le Aontperllero ; après- quoi il fe partagea en deux bras; l’un des deux prit fa courfe vers le Bourg de la Gardia, le Couvent de Ste. An- ne & le Bourg Aalpaffo; l'autre bras dirigea la fienne vers les petites villes Monpellieri & Falichi,lefquels lieux en peu d'heures furent réduits en cendres , fans aucune marque de leur fituation. Pareil malheur arriva aufli à plufieurs autres Bourgs & Villa- ges : l'Image miraculeufe , apellée ÎNoffra Signora dell Annuntiata y pé- rit. Les deux Fleuves brûlants s’éren- dirent à fix lieuës de France enlarge, reffemblans au verre fondu, qui ne parut pourtant, étant refroidi, qu’u- ne terredure &pierreufe en quelques endroits, en forme de montagnes & | de la Nature. 25. de pyramides; enfin les deux Fleu- ves confommérent tout ce qu’ils ren- contrérent. Le treiziéme du mois de Mars ils fe partagérent encor; l’un tira vers le bas de la montagne & en fit plufieurs rameaux , qui cou- lérent vers Capo-kRorondo , S. Pie- tro, AAoftar-Bianco, la Potiella , & S. Antonio ; l'autre bras tourna vers VOrient, & innonda la partie infe- rieure de la montagne de A{afca- lucia & la Plachi , & prit fa courfe vers la ville de Catane ; le quatorze de Mars tomba une forte pluie, mais qui ne put pas éteindre le feu, &c la Ville fe trouva en grand danger; les Religieux firent des Proceflions con- tre la montagne vers Ste. Sophie ; cependant ce Fleuve ardent aprocha de plus en plus de la Ville ; & quoi- que le vingtiéme dudit mois on croïoit que le plus grand danger fût paflé, néamoins un troifiéme Fleu- ve parut large d’environ une portée de moufquer; & du côté de S. Pie- tro, 256 Principales Merveilles tro encor un autre plus large, qui fut fuivi d’un troifiéme , qui fubmergea Campo-Rotondo, & puis prit fa cour- fe vers le Port de J/alcornette, oùil fe perdit au pié d’un rocher. Quel- ques avanturiers , qui fe hazardérent de voir la fituation de cette mon- tagne de plus près, trouvérent que fon fommet étoit fort diminué & contenoit près d’une demi-lieuë dans fa circonférence & ouverture , d’où étoient fortis tous ces Fleuves em- brafez & ces pierres , qui confiftoient dans une matiére compofée de pier- res , de métail, & d’autres miné- raux ; dans leur courfe ils creuférent des foffes de 5. 6. 8. 10. 12.jufqu'à quinze toifes de profondeur enterre. Cette matiére ardente étoitmouvan- te comme du vif- argent, & où el- le pafloit, il ne reftoit qu’une terre brûlée ; elle réduifoit, Villes, Cha- teaux & maifons en cendre, Enfn tout le pas pritune autre face ; le 22. de Mars la montagne M cs . de la Nature. 257. Yes bruits; elle jetta une quantité pro- digieufe de pouffiére & de cendres , &c pouffa deux nouvelles montagnes plus hautes que Æfontpelliero , lef- quelles fuivoit un cinquiéme Fleuve embrafé avec beaucoup defurie,cou- lant vers ALalpaffo, Compo-Rotondo & S. Pietro , qui furent abimez. Il al- loir yufqu’à Aoffar-Bianco; le vingt- fix la montagne fit un fi terrible éclat,que les maifons en tremblérent; cela dura vingt-quatre heures ;, & quantité de beltiaux fur terre & d’oi- feaux en lair périrent. Le vingt- huitiéme le grand Fleuve ardent s’a- procha de la ville de Catane, ufqu’auw Couvent des Capucins , qui caufa une fi grande épouvente, que toute Ja ville deferta ; mais le Fleuve ne paffa pas plus outre , & demeura-là jufqu’au 16. Avril , pendant lequel tems il fit mourir tous les arbres fruitiers & foixante côteaux de vi- gnes » & prit après fa courfe vers Sardanello Madona diM ont-Serat, juf- 258 Principales Merveilles qufqu’a la Porte della Decima de là | ville de Catane, où il creufa la Place | Sciarta Viva près de fix aulnes de’. profondeur , & paffant le long du | Chateau & des Boulevards de la Ville, fe Jetta dans la mer, où il. continua de brûler pendantunelieuë. | La matiére de ce Fleuve ardent s’y. entaffa fi fort, qu’elle paroïfloit qua- tre toifes hors de l’eau tout en feu comme un rocher ; la véritable con- fiftance étoit terre, pierre, foufre: falpètre , vif- argent ; {el armoniac | plomb , fer , cuivre, & autres miné+ | raux. Plus de 27000. habitans fu- | rent difperfez dans le païs voifin pour | chercher leur fubfiftance. Les deux nouvelles montagnes | | 1 | | | : | H (| ont dix milles pas de hauteur &qua- tre lieuës de circonférence. Des ha-| bitans de la ville de Catane, que lon | faifoit monter à 20000. hommes, ilne refta qu’à peine 3000. tous les autres s'étant fauvez ailleurs. L’AN vue. € 4 LL Dr 4 } i pe À . ’ Paa.28, | à Én LS ES, Ù \ Ada, /| pr CS me ) ne À DT AT 1% fl NN \ AURAS Æ es = Ë ES e= 0) ; Medilerraneim rentakion de mnt G&ibello en Sicile y de uant etna comme Linnet 1660. le à Mars. Jetta. fu et flammes etRuna tout le pays dalentour. Fritabl, Repre. de la Nature. 259 L'an 1526. un Marchand de la ville de Catane fit voiage à Mefli- ne pour fes affaires particuliéres , & aïant couché en chemin dans la ville de Zorominio , le lendemain vou- lant continuer fon chemin, il ren- contra fur la route dix hommes, qu’il jugea être Maçons, par les diférens outils qu’ils portoient avec eux;leur aiant demandé , après le falut ordi- naire , où ils alloient ? l’un d’eux lui répondit, qu’ils alloient dans la mon- tagne de Mont-Gibello, par ordre de leur Maître , pour y conftruire un bâtiment ; enfuite chacun pourfuivit fon chemin. A quelque diftance de-là le Marchand en fit encor rencontre de dix autres; leur atantaufli déman- dé oùils alloient? ils lui répondirent la même chofe que les premiers, qu’ils alloient à Mont-Gibello,&c s’é- tant informé qui étoit leur Maïtre,ils lui répondirent qu’il Le verroit bien- tôt.& s’en allérent. Peu après le Mar- chand 260: Principales Merveilles chand rencontra un homme d’unë grandeur extraordinaire, qui lui de- manda s’il n’avoit pas rencontré {es Ouvriers? à quoile Marchand répon- dit , qu’il avoit trouvé quelques Ma- çons;qui luiavoient dit qu’ils alloient par l’ordre de leur Maître à la mon- tagne de Mont - Gibello conftruire un édifice ; & fi vous êtes leur Maï- tre, je voudrois bien favoir comment vous pourriez faire faire un ba- ment à prefent à Mont-Gibello qui cfttoutcouvert deneige ? Le Maître lui répondit; qu’il favoit non-feule- ment le moïen d’exécuter fon def- fein , mais même des chofes plus grandes toutes les fois qu’il lui plai- foit ; & comme il paroït que vous doutez de ce que je vous dis ; vous le verrez dans peu, & difparut. Le Marchand fut fi épouventé , qu’au lieu d'achever fon voiage vers Mef- fine, ilretourna à Torominio ; après ‘avoir conté fon avanture à des gens dignes de foi, il donna ee à ‘ 165 de la Nature. 265 fes affaires, fit fon Teflament & mourut le même foir. Le lendemain il arriva un tremblement terrible, & le Mont-Gibello Jetta une quantité prodigieufe de feu avec un bruit hor- rible ; qui caufa à tour le païs d’a- lentour , & à la ville de Catane , de grands dommages. Comme la Montagne d’Ærna eft au Midy du Pais , de même la monta- gne d'Hecla eft au Nord dans lIfle d'Iflande. Elle jette quelquefois du feu , & quelquefois une eau ardente & embrafée, d'autrefois des cendres noires, & des pierres de Ponce, en fi grande abondance, que l’onne voit ni Ciel ni foleil. Perfonne ne peut habiter au pié de cette montagne de _ fix lieuës à la ronde, aufli n’y croit. il rien. Plufieurs avanturiers y ont monté , & ontjetté des pierres dans fon ouverture ; mais elles furenr fou- dain repouflées avec un bruit & un bourdonnement horrible ; on y voit 2: Partie. K: fou- 262 Principales Merveilles fouvent , & aux environs , des Spec- tres, & particuliérement quand il fe donne une Bataille en quelque en- droit ; comme les Pêcheurs Iflandois affurent que pendant qu’ils font oc- cupez à leur pêche fur la mer, ils voient jour & nuit les Spectres al- ler & venir avec des corps morts; deforte qu’ils favent aufli le jour qu’une bataille s’eft donnée. LL arriva une fois que ces mêmes Pêcheurs , étant ocupez à leur pê- che aux environs du Mont-Hecla, ils virent arriver un Vaiffeau , qu'ils abordérent & demandérent aux Ma- telots où ils alloient, felon la coùtu- me de la mer ? On leur répondit, qu’ils menoient lArchevêque de Bremen dans la montagne d'Hecla; peu après on aprit que cet Archevé- que étoit mort le même jour , & on dit qu’il fut tué dans une bataille. Cette hiftoire eft confirmée par Belf° kenius , qui a emploïé quelques an- nées dela Nature 26% nées à vifiter cette Ifle & à connoi- tre {a fituation. Le même Auteur affüre que de fon tems, l'an r1565.le 19. Novembre à minuit, une fi grande flâme s’étoit vûé proche le Mont-Hecla , que tou- te l’Ifle en fut éclairée ; une heure après l’Ifle commença tellement à trembler , que l’on crût que tout al- loit abimer ;, par le tonnerre & les éclairs qui fe firent alors. On fçût que pendant cet orage , la mer s’é- toit retirée de l’Ifle de plus de deux lieuës. EL, r même Auteur écrit, que s’érant aproché du Mont-Hecla dans une chaloupe durant lhiver , il avoit obfervé ,; que quand le vent poufloit Ja glace vers la montagne , qu’un écho fe failoit entendre commé un hurlement horrible. | K 2 Le 264 Principales Merveilles. Le Gouverneur de cette Ifle aïant eu ordre du Roi de Dannemarck fon Maître de vifiter certe monta- gne , & de lui faire un raport exact de ce qu’il y auroit vû, s’y tranfpor- ta , acompagné de deux Iflandois &t d’un Danois , & emploiïa quatre Jours entiers avant d’y arriver , par un chemin rude & plein de pierres; étant près d’une lieuë du fommer, il n’y trouva qu’une quantité prodi- gieufe de cendres noire & de Pier- xes de Ponce; il s’aprocha au travers cette matiére de la montagne qui toit alors tranquile , & on n’y aper- eût ni feu ni fumée ; mais le feu pa- rût bien-tôt après, avec un grand éclat de tonnerre, qui penfa les étou- fer & leur caufa une maladie de deux mois, Camerarius. L'an: 65 3: un François étant ar- rivé dans FIfle d’Iflande pendant fon Voïage du Nord, & rss de la Nature. 263 fa Montagne d'AHecla , écrit qu’é- tant parti de la petice ville de K7r- chebar après deux jours de vorage ;, accompagné de fix Iflandois, il arri va à une lieuë & demie-de la mon- tagne par un chemin plein de pierres; en cet endroit ils furent avertis de prendre bien garde de ne pas s’éga- rer , ce qui fut caufe que fa compa- gnie ne voulut plus fe hazarder; mais le François & un Marchand avec lui pourfuivirent leur chemin, qui étoit rempli d’une cendre noire & de Pier- res de Ponce jufqu’à moitié genoüil; pendant le chemin ils rencontrérent quantité d’oifeaux noirs ,; comme des corbeaux ,; qui alloient & ve- noient ; alant marché près d’une de- mie lieuë le long d’un côteau , vis- a-visle fommet de la montagne d’He- cla , ils aperçürent que la terre trem- bloit fous leurs piez , avec un bour- donnement extraordinaire , ce qui leur fit juger que la terre étoit creu- fe fous ceux, avec des fentes & des cre- 266 Principales Merveilles crevalles , qui jettent feu & flâmes; accompagnées d’une grande puan- teur, ce qui les obligea de fe rerirer. en diligence ; ils avoient à peine fait trente pas, que la montagne jetraune fi grande quantité de cendres , que le foleil fut obfcurci. Ils ne pûrent plus fe voir ni l’un ni l’autre ; le plus fa- cheux étoit, que certe cendre &érin- celles embrafées tomboient fur eux comme la pluie; pour l’éviter, ils cou- rurent de telle force , que la parole leur manqua. Ils tombérent à terre & ne revinrent à eux que quelque-tems après; leurs guides leur dirent , que cette montagne, avec le feu & les flà- mes , comme nous l’avons dir, jettoit {ouvent aufli de l’eau bouillante , & que la glace quand elle vient & en- toure la montagne, y demeure dans une faifon où il ne s’en trouveen au- cun endroit ailleurs ; cela arrive ordi- nairement à la fin du mois de Juin,& feperd versle 25.deSeptembre.//{ar- tiniére , dans [es Voiages du ou - de la Nature. 267 mn RS RSR RSS GE RP EME qu Cor) eus Re) EN. AST'E,; à les Roïaumes d’Indouf- tan, de Tibet & de Camboia, {e trouvent de pareilles montagnes brûülantes par tout. Dans le Roïaume de la Chine; en la Province de Æonan proche la ville de Hoayquin , on voit la monta- gne de 74y, qui s’ouvrit avec un grand bruit lefpace de plus de 300. toifes & brûla long-tems. À prefent il coule de cette ouverture une eaux épaifle ; dont le peupie du voifina= ge fe fert au lieu d’huile. Au Japon, dans le grand nombre des Ifles de cette contrée , ily a plufieurs montagnes de cette natu- re ; entr'autres huir ; & ce qui eft merveilleux, eft que celle du Roïau- me de J'etchu brûle continuellement, & 268 Principales Merveilles & qu’on y voit fouvent un Spectre au milieu des flâmes, D a vs l'Ile de Java Major, pro- che la ville de Pana, fe voir aufli une montagne fort renommée , qui l'an 1586. Jetta du feu avec tant de furie & de rage, que plus de 10000. pers fonnes de cette contrée périrent. Dans l’Ifle de Timor il yaune pareille montagne , d’une hauteur fi exceflive , que l’on peut aifément voir fes flâmes à plus de trois cens licuës dans la mer. L’an 1638. cette montagne fut foûlevée de fon fond avec un grand bruit, & fubmergée avecune partie de l’île; deforte qu’il n’y paroit à prefent autre chofe qu’un creux épouventable plein d’une eau puante. Dans life de Sumatra eftla mon- tagne de Balavane , qui jette des pierres , fi fort confommées par le feu > de la Nature. 263 feu , qu’elles furnagent fur l’eau par eur legéreté, PareiLies montagnes fe trou- vent dans l’{fle Ternate , où croifflent les cloux de girofle, dans celles des Moluques , & dans la Province de Nova Guinaa ; même au lieu de l'Océan. EN AFRIQUE. L fe trouve de pareilles monta- _gnes de feu, au nombre de huit, deux dans le Roïaume de Afonomo- tapa , dans Congo, Angola & Guinea quatre,dans la Lsbie une, & en Ethio- pie une. Outre ces montagnes, fe vo- vent encor en plufieurs endroits des creux fumans,;quilaplüpart,quandils ontconfommé leur matiére, demeu- rent tranquilles & paifibles , jufqu’à cequ'’ilsenaientramaflé denouvelles; alors ils recommencent leur fougue. II. Partie. L L a 270 Principales Merveilles L,4 Mer Atlantique eft toute plei- ne dans fon fond de ces Pyrophilaces ou réfervoirs de feu , par lefquels au- trefois l’Ifle Atlantide , dont Platon a écrit, fut fubmergée par la violen- ce de leur feu. LR COR © RER LDEREREERES ES RO nm S Ce RS CONNUE Sms EN AMERIQUE. ANS la Province de Chyk, 1) dans les montagnes, apellées. les Andes , on compte quinze de ces montagnes de feu,quil’an 1645.mal- traitérent fort cette Province, brûlé- rent des Villes & des contrées entié- res, & les réduifirent en cendres. Dans le détroit Magellanique , (Fretum Magellanicum ) on voit des Ifles féparées , apellées 7erra del fuogo ( Païs de feu ) qui ne peuvent être fréquentées. CHA- de la Nature. 271 AS SAS SDS CHAPITRE XIII Contenant les proprietez particulières de quelques Arbres , Plantes En Fruits. | EN EUROPE. ANS le Roïaume de Grena- de en Efpagne , il croit une ef- péce de pommes particuliéres;quand on les coupe d’une certaine façon , il paroît un Crucifix bien formé. Jacg. Gaffarel. Curiof. inaud. pee 7 ©] Es N° APSÈT.E- NTRE les deux puiffantes Ifles de Madagafcar & de S. Lau- rent, à cent cinquante lieuës des L 3 Mon- 272 Principales Merveilles Montagnes de Comorin , font les Ifles Maldives , au nombre de douze milles , felon le compte des habitans, partagées en douze Provinces, fur le bord defquelles la mer pouffe cer- taines nois , comme ailleurs elle jette de l’ambre & du corail ; perfonne n'oferoit les enlever ; à moins qu'il ne les porte aux Oficiers Roïaux, ou au Roi même, qui n’a rien de plus précieux dans fon trefor que ces nois , qu'on apelle 7 avarcares ; leur prix elt plus haut que celui de ’am- bre ; on n’en donne qu’aux Rois & aux Grands Seigneurs. On ne fait pas précifément d’où viennent ces nois : il y en a qui croïent ( &c’eft l'opinion des habirans de ces Ifles) que ce fruit vient fur les arbres au bord de la mer en quelque endroit. D'autres difent que ces nois croif- fent dans l’Ifle Ba/loys ; que quel- -quefois ceux qui font jettées par un coup de vent ou par une tempête dans cette Jfle, y en ont trouvé ; que PAT. 2 F4, ——————, D T2 qui croit dans lai porte TA e'racines nn attre, fut … sf L4 sm branches eE tu eu asmarisriviseass méusns pirate HE UUL D LL | N | de la Nature. 273 que ces nois tombent des arbres dans la mer, & font pouilées après par les flots fur le rivage de ces Ifles. Elles font toujours doubles & en ovale ; elles reflemblent à deux | petits melons joints ; mais fi forte- ment , qu’elles ne peuvent pas être | féparées ; le noïau croît en haut & | remplit leurs coques entiérement ; il | va d’une nois à l’autre ; ces nois | peuvent être comparées à deux na- | celles chargées de marchandifes. Le noïau , qui eft aufli dur qu’une cor- ne ,;,ale goût du Tamarin ; mais il n’eft pas bon à manger. Sa proprié- té dans la Médecine eft incompa- rable. L'Empereur Rodolphe fit of- frir 4000. florins pour une pareille mois. Erafm. Franc. V’oiage des In- des Orient. & Occid. | & Dans le Roïaume de la Chine, on voit une efpéce de Figuier , qui devient fort haut, avec des feüilles fi grandes, qu’une feule couvre la moi- s L 3 tié 2974 Principales Merveilles tié d’un homme ; les figues ont le même goût que celles de PEurope ; avec une fleur rouge ; il porte encor, contre l’ordinaire , un autre fruit aux racines , moitié en terre & moitié hors de terre. Idem. Dans le Roïaume de Quanf , on trouve une efpéce d'arbres, qu’on apelle Quamalang , qui au lieu de noijau a une matiére blanche com- me de la farine ; les gens païs s’en fervent pour faire du pain. Niewhof. Dans les Indes Orientales au ter- ritoire du Grand Mogol, fe voit un arbre apellé Baxama ;, qui a fes raci- nes fi venimeufes , que fi peu qu’on en goûte , fur le champ elles font mourir; au contraire , le fruit de cet arbre apellé Afrabix ; ou, felon d’au- tres , Rabuxit, guérit ceux qui ont mangé de fa racine. Dans l’Ifle de Quieixome , au Golfe de Perfe eft cet arbre , encor plus venimeux ; tous ceux de la Nature. 275 ceux qui demeurent feulement un quart-d’heure à l'ombre fous fes bran- ches, meurent furle champ. lorage. des Indes d'Orient. Aux Indes d'Orient proche la vil- le de Kamron , fe trouve un arbre d’un naturel admirable, les Portu- gais l’apellent l’Arbre des KRaïs, les Perfans Lul, & l’eftiment le plus bel arbre du monde: il ne fe trou- ve nulle part ailleurs : il devient fort grand & jette quantité de branches autour de lui ,. defquelles pendent d’autres plus petites vers la terre , tor- tillées comme une corde, au bout defquelles il y a un petit bouchon de verdure ; quand il touche à terre, il y prend racine , &c repoufle des re- Jettons ; qui jettent dans la fuite aufli des branches & des racines ; d’où vient qu’un de ces arbres occupe un grand terrain ; fouvent fe joignent cinq ou fix enfemble de ces branches pendantes , & forme quafi un nou- L 4 vel 276 Principales Merveilles vel arbre pour foutenir les branches deffus. Cet arbre eft fort toufu fur le haut ; au bas:il reffemble à un porti- que;fon fruit eft petit comme des pru- nes ; fon bois eft fort leger, & dans l’intérieur, comme de la filace pref- fée enfemble. Pietro della Valle. Vo- “yage de Perfe. Dans la Cochinchine fe trouve le Bois de Calambour; les Portugais Vapellent d”’Aquila ; ces arbres croif- fent fur desmontagnes inacceffibles, & onne trouve que de tems entems de ce bois quand il tombe de vieillef- fe; les Japonois en achetent lalivre quarante écus ; quand il eftencor jeu- ne il n’eft pas ficher ; il a une odeur agréable ; & quoique l’on lenterre érois piez fous terre , on ne laifle pas. de le bien fentir encor. Nieubof. DaNs-_ de la Nature. 277 D axs les Indes Orientales fe trou- ve le Palmier , qui porte les nois de cocos ;, les habitans du pais fe fer- vent de la feconde écorce comme d’une feuille de papier ; on y écrit quand ileft encor frais ,avecune ai- guille de fer ;-quandil eft fec, l’é- criture ne peut plus s’éfacer. £rafm. Franc. U x pareil arbre fe trouve dans Y'Ifle de Java Lontor, aufli d’efpéce de cocos; fes feüilles font de la lon- gueur d’un homme, plates & unies; on s’en fert aufli à la place de pa- pier. Idem. | Le caœmemereonnres ENST ces nns pond) EN AFRIQUE. AR M: les Ifles Canaries, on compte encor celle de Ferro, dans laquelleil n’y a ni fontaine, ni riviére ; ni puits ; pour réparer ce CE _ 278 Principales Merveilles défaut ; la nature y a produit un: arbre extraordinaire , fur lequel pa- roît continuellement une nuée épaif- fe , qui fe difloud en eau , & après degoute fans cefle des feuilles de cet arbre une fi grande abondan- ce d’eau , que Journellement vingt tonneaux s’en peuventremplir. Les habitans apellent cet arbre Garoe, &t les Efpagnols Santo. Ileft de fort grande érenduë ; fes feuilles font toù- jours vertes & reflemblent à celles. du noïer, excepté qu’elles font plus grandes; fon fruit aproche de la f1- gure d’un gland, & a un goût fort doux. Il eft entouré d’un mur, oùil y a deux grandes pierres qui reçoi- vent l’eau , & où tous les habitans font leurprovifion.Quelquefois dans le mois d’Août, quand la nuée fe dif- fipe , à caufe de la chaleur exceflive de l’été, il s’éléve de la mer une va- peur , qui retombant peu après fur cet arbre , fe réfoud#en eau. Off. Drap. Afric. PRo- de la Nature. 279 Procues dela ville du grand Cai- re , eftun endroit apellé Afaterea, où il ya un Jardin dans lequel on voit deux Figuiers, dont le bois qui eft très-fouverain contre la fiévre, a la qualité & propriété de croître en groffeur & en grandeur quandon Je porte coupé fur foi; ce que George Chriflophe Neifchiz dans fon Voiage d'Orient, dit avoir expérimenté lui- même. | Dans le Roïaume de Congo, il ÿ a une efpéce de Palmier, des feuilles duquel on fait des étoffes de velours; de damas , & autres, qui ne cédent point à celles de l'Europe. Off. Drap. Africa. Dans le Roïaume de Soffala , fe trouve une efpéce d’arbre qui toute l’année eft fans feuilles ; mais quand on en coupe une branche, & qu’on la met dans l’eau , pourvû qu’elle En iX 208 Principales Merveilles dix ans , en dix heures elle pouffera| des feuilles , qu’elle perd quand on la tire de l’eau. Duval, Geog. Uni- Verf. Dans la Guinée, & en plufeurs autres endroits des Indes Occidenta= les , il ya une efpéce particuliére de Figues , que les Européens apellent Racoves. L’arbre ne porte du fruit : qu'une fois , en forme d’une grape de raifin; quand elle eft mûre, on cou | pe l’arbre, & il revientavec le tems de nouvellestiges. Le fruit, quia en- viron un doigt & demi de long, eft triangulaire : il eft forr comme une callebafe à demi cruë'; il yen a or- dinairement cent ou deux cens à une grape : l’arbre eft à peu près gros comme un homme, tout fpongieux & fans branches. Le fruit fort du mi- lieu de l'arbre quand il eft mûr ; on lui Ôte la premiére peau , & on le : coupe par petites roüelles , fur lef- quelles paroît de chaque côté la figu- re 7 Va Le: LT MR Got. PAS 281] Lspece de Meter OIL PTE È 2 Lot CI Et sit Ch dons , Lspines qui Croissenttans Us eMail] QusCau QUE POTICNR EU, TOTNUNE ANA [|| Corte de Latlees, J DENT | | … deïa Nature. 281 re d’un homme étendu fur une croix, aufli diftinétement que fi un Peintre lavoir defliné. Les Portugais man- gent.ce fruit fans le couper , par dé- votion ,comme aufli les Mores; mais - ceux-ci ne le font point par dévo- tion, mais par habitude. Off. Drap. Arf. Otto Keyen Guajana. Dans /lfle de Madagafcar, croif. {ent des épines , épaiïfles d’un bras & hautes d’une pique ; elles ont l’écor- ce noire , d’une beauté extraordinai- re ; leur forme eft creufée tout le long & tout à l’entour ; l’extrèmité des raïes eft garnie de pointes en forme d’étoiles , au milieu fortenr deux ou trois efpéces de concom- - bres en forme de feüilles ; le bois eff plein au-dedans d’une gomme auf amére que l’aloës. Idem. 282 Principales Merveilix Ex plufieurs endroits des Indes Orientales fur le rivage de la mer; croît le /epenexcomite ; les favans l’apellent Echinomelo Caethon ; d’au- tres A{elo Cerduum Echinatum ; les Allemands ; un melon couvert de chardons ; on en trouve diverfes efpéces ; la chair reffemble aux ci- troüilles & a le même goût : fa fi- gure extérieure aproche fort du mé- lon ; mais ‘elle eftun peu plus verte, & a des côtes fort épaifles, au nom- bre de quatorze, garnies de pointes, crochuës & fort aiguës, en forme d'étoiles mifes en ordre ; d’autres efpéces ont au boutune maniére d’o- reiller couvert de laine, mais feule- ment onze côtes; chaque côte a de- puis la queuë jufqu’à l’oreiller douze boffes ou élévations , defquelles for- tent comme des autres huit, ou des pointes noiratres, dont trois font tou- tes droites ; à quelques-unes l’oreiller eft élevé d’un pié & demi, de telle ma- L2 de la Nature. 283 maniére que tout le fruit refflemble à unturban. Ce fruit a été cultivé au- trefois dans le beau Jardin d’ichflet en Allemagne ; on y a remarqué ;, -que cette plante ou fruit portoirquan- tité de racines , qui dans la fuite fe font toutes jointes & n’ont fait à la fin qu’une feule , comme du bois, qui après a poulffé des feuilles vertes fem- blables aux feüilles des figuiers dans les Indes-, fi ferrées les unes dans les autres, qu’elles formoient quafi une boule toute couverte de pointes fort aiguës , mais l’oreiller ne parût point. Lobelius , en décrivant ce fruit , ajoûte , quem non juvat in oc mire raritatis ET venuftatis Car- duo folertem nature opulentiam con- templar: , is fe putet adver[atum in- genio à lautiore Philofophia. Daxs le Pérou , proche la ville de Zamora , il y a une efpéce de Nois ; quand on la mange cruë , elle caufe la mort; mais cuite , elle eft ung 284 Principales Merveilles unc très-bonne nourriture. O/f. Drap. Ame. Ex croît auf dans cette contrée des navets fi grands, qu’a peine un hom- me.en peut-il embrafler un ; cinq chevaux fe peuvent mettre à cou- vert deflous leurs feüilles à l'ombre: Scott. Fhyf. Curiof. Daxs la Province d'Yzacos, ily a une efpéce de Gland d’une telle grandeur , que l’on fait ordinaire- ment des écritoires de leur couron- ne. Jean de Laéf. Lee RES LODERERT à CAPES PE MS DE SERRE ERREUR EN AMERIQUE. ANS le Roïaume du Perou; dans la Vallée de AAala, à trei- ze licuës de la ville de Los Keys, il y a des Figuiers qui portent du fruit tout l’été , du côté où ils font expo- . {ez au Midy, & cela pendant + la cha- de la Nature. 285 chaleur régne fur la montagne , & fleuriflent & portent du fruit, de l’autre côté de Parbre opofé au Mi- dy, quand la chaleur ne donne que dans la plaine, Jean de Laët. Off. Drap. Amer. Dans la Province de Nuevo Rey- no di Granada, fe trouve un Arbre d’une grandeur & grofleur fi prodi- gieufe , qu’à peine douze hommes peuvent l’embraffer; cet arbre fe dé- poüille toutes les douze heures de fes feüilles, & dans le même tems en: poule d’autres à leur place. Idem. Dans les Ifles des Bermudes aux Indes Occidentales , il y a fur le ri- vage de la mer une efpéce de Poi- riers , qui font fouvent quelques an- nées fans porter du fruit; mais quand ils en portent, ils en font chargez tou- te l’année, & c’eft un bon fruit & de: fort bon goût. Idem. | II.-Partie M Dans 286 Principales Merveilles Dans la même contrée, ily aun arbre, que l’onapelle Aguapa:quand un Européen dort deflous fon om- bre, ilenfle tout auffi-tôt ; un Indien’ y créve. Idem. D axs l'Ile Hifpaniola , il y a des Pommiers , dont le fruit eft agréa- ble à l'odeur & mortel au goût; quand quelqu'un repofe à ombre d’un tel arbre , il perd la vüûë & les fens , & ne peut reguérir que par un profond fommeil. /dem. | Daxs la même Ifle fe trouve une autre efpéce d’arbre , dont le fruit eft très-agréable à l’odeur, & refflemble a une belle poire ; mais fa chair et du poifon ; les Indiens empoifon- nent leurs flêches avec cette poire; la perfonne qui dort fous cet arbre ; le vifage lui enfle & il lui prend un grand mal de tête. Zdem. Dans de la Natures. . 289 Dans la même Ifle, ily a enco- Lé re une efpéce d’arbre , dont quand quelqu'un touche feulement une feuille, fur le champ il lui vient des boffes au bras avec grande douleur : on en guérit a force de les laver dans Peau de la mer. Idem. Dans la Nouvelle Andaloufie , il y a une efpéce d’arbre , qui eff fi ve- nimeufe , qu’une feule feuille eft ca- pable d’empoifonner une perfonne quand elle tombe feulement furelle, fi dans le moment on ne frotte l’en- droit avec de la falive à jeun. On la- pelle Peftifere. Idem. Dans la Province de Guatimala, proche le village d’Zetepeke , il y a cinq arbres, qui produifent de l’a- lun & du foufre. Jean de Laëf. OIf... Drap. America, M 2 DANS : 288 Principales Merveilles Daxs l'Ile de Saint Jean di porto Rico , au bord dela mer, il ya de pe- tits Pommiers ; quand quelqu'un: dort à l’ombre d’un de cesarbres, il devient paralitique. Quand les poif- fons mangent de ces pommes, les dents leur deviennent noires, & les hommes meurent quand ils mangent de ce poifflon. Idem. D'axs la Province de Chiapa, on voit un petit Pommier quine porte pas de fruit , mais des bouquets de: fleurs ;les feuilles de cet arbre gué- riflenttoutes les nouvelles & vieilles: plaies, même le cancer; quand les reffes font boüillies dans l’eau, elles guériflent les morfures des fer- pens , particuliérement quand:on en: met une feüille par-deflus. Erafm. Franc. Voiage des Indes Orient. Dans la Province de Chyli ; orr voit un arbre qui produit des Ser- pens ; (TL rbre apelleHoi Luke qui poure pra cor es AN OTt HONC emblabe a celles ter HP Vian tiepetiéns CUT ON de la Nature. z8œ gens ; car fur les feüiiles naïffent des Vers ;qui, quandilstombentaterre, deviennent Serpens. Idem. D ans la Nouvelle Efpagne ; en là ville du Afexique , il y a une efpéce d'arbre , que les Indiens apellene Hoitzmamaxal, il reffemble fort à -un Sapin; il porte des fleurs jaunes > &c un fruit qui vient dans des cof- fes , comme les pois & les fêves 5 outre ce fruit, il porte aufli des cor- nes , qui reffemblent fort à des cornes. de bœuf, qui fortent en quantité des branches, des greffes & du tronc de l'arbre ; les feuilles n’ont point d’o- deur ; on s’en fert contre le venin &c les morfures des ferpens', qu’elles: guériflent en moins de fix heures. & attirent le venin.à elles, comme: une vapeur qui les rend toutes noi- res. Dans les cornes de cet: arbre croiflent de petites fourmis, dont. ka morfure eft fort douloureufe. &. dangereufe ;: mais les œufs de ces four-- 290 Principales Merveilles fourmis qui ont la forme de petits vers apaifent la douleur. Idem. D 4x5 la même Nouvelle Efpagne, ilfe trouve encor un arbre, que les Indens apellent communément Ar- bre admirable. ls le plantentordinai- rement devant leur maifon;carilleur fournit de l’eau, du vin, de l'huile, du miel , du fyrop, dufil, des ai- guilles, & d’autres chofes.Ses feüilles font larges , épaifles & fort pointuës au-devant; ces pointes leur fervent d’aiguilles ; ils tirent des feuilles une fubfiftance veluë dontils font du fil; quand le tronc eft tendre, on l’ou- vre , il en fort de l’eau qui eft frai- che & douce , qu’ils boivent com- me d’autre eau; quand elle eft boüil- lie 8 qu’on la laïfle un peu aigrir , c’eft du vin; fi on la cuit plus fort, elle fe change en miel ; & fi elle n’eft cuite qu’à moitié , c’eit du fyrop ; qui reffemble fort au raifiner. Le bois de cetarbreeft fort leger & Pose j - de la Nature. 291 il fert à entrerenir le feu ; on s’en fert aufli comme de la méche. Idem. Olf. Drap. Amer. D a xs le même païs fe trouve l’ar- bre , apellé 7 na , mais de deux efpé- ces ; l’une porte un petit fruit fembla- ble aux cerifes, dont la chair apro- che de la figue , d’un goût admira- ble ; l’autre efpéce ne porte point de fruit, mais elle eft plus eftimée, car elle produit la belle couleur de co- chenille ; les feuilles font fortes, on les plante. La cochenille eft une chofe mouvante, comme un ver rond qui croît fur cet arbre, & le couvre prefque ; onrecueille ces vers tous les ans deux ou trois fois ; on les tuë avec de l’eau fraîche , après on les féche à l'ombre, & on les garde deux ou trois ans. Jean de Lac. Dans les Indes Occidentales, il y a un arbre , apellé Copeja ; on écrit des 292 Principales Merüeilles des deux côtezfur fes früilles , coma me du papier ; une feüille eft plus épaifle qu’un parchemin en double; l'écriture y paroît blanche ;, quoi qu'elles foient vertes quand clles font féches ; elles deviennent dures & blanches comme une tablette de bois ; l'écriture devient jaune , qui ne peut s’éfacer , quoiqu’on la mouil- le, fi ce n’eft qu’on la metre dans le feu. Schott. Phyf. Cur. Dans la Province de Ouajana , croît Parbre apellé Cacao 5 on le plante comme unautre arbre;ilref femble fort à un citronnier ou oran- ger ;il faut avoir foin de le tenir netz {on fruit n’eft bon qu’aprèsfeprans, au bout defquels il porterous les mois des fruits & des fleurs ; on plante à coté de lui un autre grand:arbre ;;: qu’on apelle Ia mere du Cacao, qui lui donne de l’ombre, parce qu'il ne peur pas facilement fuporter l’ardeur du foleil, A l'égard de fon fruic, ilefë com- de la Nature. 293 comme une grofle pomme , avec une queuë fort déhiée ; quandon l'ouvre, en y trouve le cacao , que lon prend & que l’on faitfécher a l’ombre;après quoi il fe garde long-tems, le cacao eftplus petit, mais plus épais qu'un amande , il n’a point mauvais goût ; de ce fruit on faitune boiflon ,;qu’on apelle Chocolate, qui à prefenteft fort en ufage en Europe; dans la Nou- velle Efpagne le cacao fert de mon- noie, & il va dans le commerce com- me l’argent comptant : la livre de ca- cao coute en Efpagne trois florins ; on y en fait un grand debit, £rafs. Franc. Otto Keyen Guiana. Dans cette même Province de Quajana , & au Brefil, il y a encor une efpéce d’arbre très-particuliere, que les fauvages apelle Z4agna ; il croît dans Peau falée, & dans les beux marécageux ; le tronc de cct arbre eft fort élevé, fur plufieurs racines affez épaifles , qui font routes II. Partie, N {épa- 294 Principales Merveilles féparées les unes des autres en forme d'arcade , mais qui fe rafflemblent dans le fond & dans les eaux bafles ; on peut facilement , un peu courbé, pailer deflous le tronc d’un côté & d'autre au travérs ces racines, qui font élevées du fond de la hauteur d’un homme, & foutiennent ainfi tout l'arbre en l'air; de fes branches croit une efpéce de buiffon , fembla- ble à ceux de Weftphalie, qui defcen- dent jufqu’à l’eau & y forment un nouvel arbre avec le rtems, & ainfi tous ces arbres enfemble forment un buiflon, aufli fort que s’il étoit entrelaflé de mille & mille chaï- nes ; ileft impoflible de le percer; à eés arbres s’atachent les plus délica- tes huitres dans les grandes eaux; clles y demeurent & on les prend , quand les eaux fe font retirées. Otto Keyen Guiana. : Dansles Ifles Antilles fleurit l’ar- bre fameux, apellé de Jaafimièle: se es de la Nature. 295 fes feuilles font très -agréables à la Vûé : fon fruit reffemble à des pom- mes rouges raiées ; quand on en mange, elles provoquent un fom- meil mortel ; elles ont le goût de noifettes: lors qu’elles tombent-dans Veau, elles ne pourriflent point, mais elles fe couvrent d’une écorce de falpêtre, & empoifonnent tellement Veau, que tout le poiflon y meurt, excepté les écrevifles , que l’on ne peut pas manger fans danger. Sous l'écorce de l'arbre fe trouve du lait, qui caufe l’inflammation des yeux & lenflure du corps ; quand la pluie tombe de cet arbre fur quelqu'un, elle lui caufe des douleurs fort ai- oués , & s’il fe repofe fous fon om- bre, fon corps enfle extraordinaire- ment ; quand l’on cuit quelque vian- de avec fon bois & que l’on en man- ge , elle brûle la bouche & le gofier ; les habitans de cette Ifle prépa- rent avec le lait & le fruit de cet: arbre un poifon mortel , dont ils N 2 fro- 296 Principales Merveilles * frotent leurs féches. Off Drapi JAP. Au Brefil , on voit de toutes parts de fi grands & de fi gros arbres; que d’un feul on fait des bateaux, qui peuvent contenir jufqu’a deux cens perfonnes. Et ce qui cit admira- ble,c’eft que quelquefois ilarrive que d’autres arbres fruitiers croiflent fur les groffes branches de ces arbres, que l’on croit fe produire par des oy- feaux ,.quiaprès avoir avalé les fruits & les pepins, laïflent leur fiente fur ces branches. Elle germe dansla fui- te ; prend racine & produit finale- mentun arbre; ce qui eit encor admi- rable, c’eft que les arbres de ce paiïs ne quittent pas leur verdure tout à la fois ; car pendant qu’un arbre eft cout chargé de feüilles , un autre au- près en fera tout dépoüillé : & quand l’un commence à fecher d’un côté , il repouffe de nouvelles feuilles de l’au- re. Of: Drap. Amer. | Dans de la Nature. 297 D ANS le même pais du Brefil, entr'autres arbres ; on entrouve un, que les habitans apellent Ceresba , qui a cette propriété ; que fes feüil- les portentle plus beau fel du mon- de ,; & en fi grande quantité, qu'il fufit de deux feüilles pour faller un pot au feu raifonnable. ÆAéfa. Soc. Reg.in Anglia. ‘ À u x environs dela ville de S. Sal- vator dans le Brefl, on trouve en desendroits fort fecs un gros arbre, {ur lesbranches duquel on voit quan: té de creux, qui font pendant l’hy- ver & l’été remplis d’eau, mais ja- mais’ ne débordent. Cinq cens per- fonnes peuvent repofer fous fon om- bre , & y trouver fufifamment de l’eau pour boire. Idem. Das lle Fernando di Noronda ; eft un arbre très-agréable, dont les feüilles reffemblent à celles du lau- | Ç Ni rier ; 298 Principales Merveilles ricr; quand on en a touché une, fi l'on fe paie la main fur le vifage, on ne perd pas feulement la vüe, mais on fent encor une grande dou- lcur aux yeux; guéres loin de cet arbre , il y en a un autre, dont les feüilles ne guériflent pas feulement le mal des yeux fi l’on les en frote ; elles rendent aufli entiérement la vûé. Jean de Lai. D axs la Province de Osajana, il y a une Forêt de ces arbres, dont les feuilles montrent une vie &une fenfibilité très-grande; car quandon touche une branche, les feuilles fe retirent d’abord avec bruit en forme d’une boule , & demeurent en cet état. AGta Soc. Reg. in Anglia. Entre Nombre de Dios & Pana- ma, il y a un petit arbre , qui a une fi grande fenfibilité, que quand lon touche une de fes feuilles , elle fe re- coquille & panche ; mais quand on en de la Nature. : 209 en coupe une avec des cifeaux, tou- tes les autres qui font fur Parbre fe recoquillent pendantune demie-heu- re ; elles fe remettent enfuite ; com- me elles étoient auparavant. Off. Drap. Amer. D a wsles Ifles Ladrones, ily aune efpéce d’arbre dont les feüilles en tombant montrent une vie ; elles rampent fur terre comme un ver. Voy. des Ind. Orientales. Dans la Province d’Araruquayà en Brezil , il y a en plufieurs en- droits des perches qui croiffent dans la terre , quelques-unes demeurent fort baïfles , d’autres s’entortillent autour des arbres les plus proches, comme le lierre; mais quand on les courbe en terre, elles prennent quel- que-tems après racine, & il revient “un autre arbre qui monte fort haut; . lorfqu’on fend ces perches, il en fort une liqueur de couleur de pourpre, %oo Principales Merveilles qui fe caille comme le fang; cette liqueur eft emploïée très-utilement à la guérifon de toute forte de plaies. Jean de Lait. Dans les Antilles on voit Un ar- bre tout-à-fait étrange, que l’onapel- lc Papaie ; fa hauteur eft:de vingt piez ; il devient gros à proportion; il n’a ni branches ni greffe, feule- ment une feüille triangulaire , au bout de laquelle pendent de longues queuës , creufes comme l'arbre & épaifles d’un doigt: Auhaut de lar- bre, il porte & pouffe fon fruit, fem: blable aux coins; une pareille efpéce d'arbres croît dans l’IfleSainteCroix, apellé Jamoa ; celui-ci a plus de feuilles, & une écorce Jauneavec des raies, vertes ; le fruit, qui reflemble a unteton de femme, vient chaque mois, & a un goût admirable : il eft tout rempli de grains mordicants; la fleur donne une odeur très-fuave. Off. Drap. Amer. ÿ . AUX rbréqué crovssentdane leskslés des Antilles ape Papaye son frutturenttout au haut de Lerbre . : de la Nature. 30% Aux environs du Méxique , on voit un petit atbre , ou plütôt un fort buiffon, femblable à un grena- dier , qui a unepropriété particulié- ré; quand fes branches font fenduës d’une certaine maniére,les morceaux ne peuvent. plus fe foufrir , & té- moignent une fi grande haine les uns contre les autres, qu’on ne peut les faire refter enfemble ; les enfans s’en fervent pour fejoùer. Kircherus. Dans la même contrée, on trou ve un grand arbre, apellé 7etlatia ou Guoa, communément l'arbre brü- lant ; il porte un fruit verd qui rend un fucblanc, d’une nature fibrülan- te, que les animaux qui fe frotent contre cet arbre perdent leur poil, & Jes hommes leurs cheveux, quandils dorment à fon ombre. Son écorce, au contraire , eft froide & féche ; J'eau dans laquelle’ elle a boüilli cittrès-falutaire ; même le fuc blanc bu.’ & 4302 Principales Merveilles & brülant guérit la lépre, la teigne & d’autres maux; mais quand on en froteun membre fain, il enfle beau- coup. Erafin. Franc. Voiage des In: des. Dans les Indes Occidentales fur le bord de la mer, on trouve difé= rentes efpéces de bois qui eft noir ; quand il eft coupé lPécorce en de- vient pierreufe ; &c quand on le met dans le feu, il fe conferve fans fe brûler ; mais lorfqu’onle frote d’hui- lé de poiffon , il brûle comme d’au- tre bois. Idem. | Dans le Pérou , on trouve une efpéce d'arbre, que les habitans du pais apellent /1o/le ; il porte de pe- tits raifins, defquels les mêmes ha- bitans font du vin , & en boivent. Aifa Soc. Reg. in Anglia. Nous ‘de la Nature. - 30% Nous avons déjadir quelque cho: fe du Cédre, cet arbre ne croît que fur la haute montage du Liban dans la -Paleftine , ou, felon quelques fa- vans, le Paradis Terreftre étoit au- trefois fitué. Nous en dirons cepen- dant encor quelques circonftances ici,defquellesnousn’avons point par- lé, L’on ne voit plus à prefent qu’en- viron une vingtaine de ces cédres fur cette montagne, & pas davantage; quoiqu’on trouve de pareils arbres dans les Indes Orientales& Occiden- tales , cependantils n’aprochent pas de ceux du Mont-Liban ; lon croit communément que ces arbres font depuis la création du monde; il eft à remarquer qu'il n’en vient point de jeunes ; à l'égard de leur figure » ils ne font pas feulementtrès-hauts ;, mais aufli très - gros ; car entre les vingt-trois cédres qui font encor fur cette montagne, ilyena uni gross qu'à peine fix hommes peuvent l’em- braf- a 8o4 Principales Merveilles . Drailer ; les autres font moitié auffi gros ; ou un peu plus. À douze où quinze piez de terre les branches forment une couronne entrelaflée autour de Farbre ; environ huit piez plus haut, ily en a une autre, mais un peu plus petite que la premiére ;, &c ainfi fuit jufqu’au plus haut de Varbre , toûjours en diminuant; ils reprefentent de magnifiques pyrami- des. Les feuilles refflemblent à celles de romarin , mais font un peu plus épaifles & plus longues; fon fruit eft {emblable à.celui du fapin, excepté qu'il eft un peu plus rond & non pas {1 pointu. Quandileft frais, il donne une odeurtrès- forte, aprochant de Fhuile de pierre. Les anciens tiroient de ce fruit unbañme, avec lequel ils embaümoient lies corps morts, pour les conferver fans fe corrompre.Dans fon bois eft la Médecine de longue vie, que les favans ont amplement décrite ; la Sainte-Ecriture témoigne dans quelle eftime ce bois a.été de . TOUT de la Nature. 30% tout tems. Noé en bâtir l'Arche > que Fon voir encor fur la Montagne d’Ararat dans la grande Arménie. Salomon bâtir le Temple de Dieu avec le bois de cédre ; les Païens connoifloientauflile prix de ce bois; car toute la charpente du Templede Diane à Ephèfe en fut conftruite, de même que le Temple d’Apollen,dans: ka ville d'Utique en Afrique. Les Païens faifoient aufli fculpter leurs Idoles de ce bois; la Bibliothéque du Roi Numa fut trouvée après cinq cens trente-cinq ans INnCOrru pti ble, parce que les Livres étoient couverts d’écorce de cédre. Pyrha- gore ordonna que les Dieux fuflenr, honorez avec ce bois, d’oùil paroît que ceux qui nomment le cédre Arbre de vie, n’ont pas beaucoup de. tort; ce qu'ils ontécrit de la Méde- cine, compofée de ce bois pour la confervation de la vie humaine, n’eft: paSfihors de raifon. 7roylo, dans fes: Voiages d'Orient. 4 Dans 506 Principales Merveilles D'ans les Forêts les plus épaifles du Brefil , on voit un arbre très-bi- {arre , apellé Saamouna ; ileft fort menu par le haut & par le bas ; dans le milieu il eft gros comme un ton- neau ; tout l'arbre eft garni, depuis la racine jJufqu’au haut , de pointes erès-fortes ; 1l porte des coffes lon- gues remplies de pois rouges ; de fes branches fortent de longues tiges, dont chacune a cing feüilles. Toute la fubftance intérieure de l’arbre eft d’une moële fpongieufe & blanche; on tire des pointes , dont l'arbre eft . tout garni, un fuc qui eft fort falu- taire dans les médicamens. Idem. Daxs le Pérou, on trouve un ar- bre extraordinaire , que les habi- ans apellent, à caufe de fa proprié- té furprenante, 7eomatl. Cet arbre annonce aux malades la vie ou la mort. Quand on donne au malatle une de fes branches dans la main; Se PAT + S © 6, > % » LLELEE EEE LEON | Il NI) Sur titi LULLTL UN LUE ar DICO MEL ELEC ET Æ er'ott qui ANOTW la moTt OU la Pre « L A iuæ malaides FL DO TES 5 « de la Nature. 307 & qu’il témoigne de la gaicté , il recouvrera la fanté : fi au contraire il paroît trifte & afligé, c’eft figne de mort, dem. | ACARALAPALACALC:A0LAPILAIP DÙ LHC 0 DE DEC 2 2 di CE obte LE dE LE A 2 db 0 de LS LE EE DE LE DobTEOb OL bot: TEE Lt CAB ITRE XIV: Contenant la proprieté 7 le nature de quelques Plantes, Racines Fieurs. bu EN EUROPE. EF N Allemagne, on voitune her: be, apellée 7 elefum ou Craf]ulas {es feuilles font épaifles & grafles; {es racines pleines de nœuds; elle croit, deux piez de haut. Quand quelqu'un de la maifon voiage en pais étrangers, foit le pere, la me- re, le fils ou la fille, qui ne revien. frs nent 308 Principales Merveilles = nent point, qu’on ne fait s’il eft vi- vant ou mort, On rompt une bran- che de cette herbe , à l'intention de favoir des nouvelles de la perfonne abferite, & on la met dans la mai- {on en quelque endroit fous le toit. Si cette perfonne eft en bonne fan-, té, la branche croit de la longueur d'un pié; demeure quelque-tems verte ; & poufle de nouvelles feuilles ; mais {1 la perfonne eft ma- Jade , ou morte, aufli-tôt cette her- be fe fane , & devient féche. {ar- tu Sehmuk. O x écrit de l’Aloës , qu’il ne pouf- {e fa tige qu’au boutde centans , & qu'après elle devient un arbre ; ce- la eft fi véritable, qu’en 1599. à Avignon, un Aloës pouffa après cent ans fUbitement une tige de quinze piez de haut, & au bout de quatre ou cinq jours fit paroïtre vinot-huit branches. Borellus. | à | P a 1 .de. la Nature. L 309 ParetzLe chofe arriva à Mont- pellier en Languedoc en 1647. dans le Jardin d’un Apoticaire, apellé Pe- rier, un ÂAloës pendant cinq ou fix jourspouffaunetigeavec grandéclar, fi haute , qu’elle reffembloit avec fes branches à un chêne de la grandeur de vingt-cinq piez , que l’on peut voir encor aujourd’hui. Idem. L'HerBe Boriza , ou Plante lu- natique , eft prefque femblable à la marjolaine, excepté fes feüilles, qui font d’un bleu célefte ; elles ont un odeur de mufc. Elles s'acordent avec la lune , dans le croïffant & dans le déclin ; elles pouffent chaque jour une feüille , jufqu’à la pleine lune; & au déclin de la lune, elles per- dent chaque Jour une feuille , jufqu’a la fin. À la nouvelle lune , cette plante recommence comme aupara- vant. Idem. I. Partie. O DAxs 310 Principales Merveilles Daxs la Sardaigne fe trouve une herbe, qui a la propriété d’étrangler à force de faire rire celui qui la met dans fa bouche, d’où vient l’ancien proverbe, Rifus Sardonicus. Majol. Daxs la vallée de Lanci en Pié- mont , il y a un Buiflon que les ha- bitans apellent Doronico ; auprès de fes racines ontrouve de petits grains de vif-argent , & quand on preffe le fuc de cette Plante ou Buïlon, & qu'on le met à Pair dans une nuit bien claire, tout le fuc fe change en vifargent. Journal des Savans. L'an r665.le 18. de Mars, il rom- ba du Ciel dans une pluie de la foie bleuë auprès de la ville de Nawm- burg ; le fil de cette foie fe trouva propre pour coudre, tricotter &c faire d’autres ouvrages , comme la foïe ordinaire. Une Dame de quali- té en fit amafler environ deux li- vres de la Nature. rt vres & demie, de laquelle elle fit faire un ornementd’Autel, dontelle fit prefent à une Eglife pour fervir de monument éternel d’une chofe fi rare. Une jeune Paifanne du village dé Granitz mit en plotte de cette foïe un fil de près detrois cens aul- nes, qui fut après envoïé à Fridberg. Pratorius. DD ans la même année, ilarriva en Norwege proche de la villé de Chrif= tiana , qu'une Forêt qui le jour d’au- paravant étoit toute verte, le Jour d’après fut route féche ; les arbres couverts d’un crépe blanc, duquel on envoia au Roi de Dannemark une piéce de vingt aulnes. Idem. D 4 xs les Monts-Pyrénées , qui f€- parent la France d’avec l'Efpagne , . fleurit une herbe dont le nom elt inconnu ,; quelques favans Papel- lent Plantam Hemogogam. Elle ref femble à la fauge par fes feüilles; ÿ O 2 cett® 212 Prinçsipales Merveilles cette herbe a une propriété farpre- nante ; car quand on l’aproche du corps , & qu’elle peut feulement le toucher tant foit peu , elle tire le fang du corps par les pores ; & même juf- qu’à la derniére goute, fi only laif- foic. Borellus. Le Corail, quoiqu'il croifle fous les eaux de la mer, peut avec jufti- ce trouver fa place entre les Plan- tes de PEurope; il ne laiffe pas d’a- voir fa femence, qui reflemble à La coriandre , comme les autres plan- tes; c’eft pourquoi cette femence de corail trouve fa matrice au fond de l’eau propre à s’y atacher; il arrive fouvent que l’on prend des Dauphins ( une efpéce de poiflon de mer ) dont la peau eft toute couverte de branches de corail. Dans le Cabi- net du Grand Duc de Florence, on voir une tête de mort, delaquelle force une branche de corail. Le fameux Kircher Jéfuite , avoit un more EEE = PAT. T'2 , Porsson apelle Dauphin estprus quel 7 LE/OU dâns la mer toutcouvertde Carat LLTLTTHLUL UNI ET CE NENONEO ENEN ET ETEMT TONI TEEN E TETE EEE TN LITE mini TN NN PLU + DCR AIT: PASSETSS , Co le af ru t LENS « À QAR PE 07 L'AE EC + à HA À LR Fi LUN nt LS ni Le 7 A] « # Nr spl A € ZONE Dei à 1" CANON Cu DE Li ». «6@r 4 MX y JP ‘+ À de la Nature. 213 de roche, tout orné de coquilles d'huitres , defquelles on voit fortir du corail qui y a pris naïflance; mais communément le corail croît dans la mer entre les rochers deflous l’eau ; on voir particuliérement dans la Mer Rouge de-grandes plages plei: nes de corail, fouvent de la grof- {eur d’un cerifier , qui rendent la na- vigation ences endroits fort difici- le ; il eft fort mol dans Peau & d’u- ne couleur verte ; mais {1- tôt que l'air le touche , ilchange de couleur & devient noir, blanc & rouge. A Rome, dans le Cabinet du feu Car- dinal Mazarin, ily a une Plante qui au pié eft toute noire, dans le mi- lieu très-blanche , & au bout encor noire. Le corail rouge eft le plus eftimé ; quand une perfonne bien faine le porte, il augmente en cou- leur ; mais quand elle eft malade & mal faine , il palit. Il eit fort em- ploié dans la Médecine ; quoique la vraie teinture de corail n'ait pas en- - cor EE ER 914. Principales Merveilles cor été trouvée; la meilleure pêche de corail dans la Méditerranée , eft dans les Ifles de Corfe & de Sardai- ne, fort renommée par-deflus celle d'Arguel, Baza & l’Ifle deS, Pierre. Le corail pêché dans l’Ifle de Corfe eft le plus long & le plus beau. En Afrique , fur les Côtes de Barbarie, il y a auffi deux Pêches ; l’une n’eft guéres loin 2 Baftien de France, & Pautre à Tabarca. Le corail de cet endroit elt bien long & épais, mais pâle en couleur. En Sicile proche de la ville de Brepano, il y a encor une Pêche de corail; celui-ci eft d’une très-belle & haute couleur ; mais pe- tic ; de même, proche Catane, on le pêche auffi gros & de haute couleur ; mais les branches en font fort peri- tes. Celui que l’on pêche dans PIfle Majorque eft femblable à celui de Corfe ; la Pêche du corail fe fair de _ certe maniére. Le corail croît fous des rochers creux dans le profond de la mer; les Pêcheurs nr en- que de la Nature. Ts femble deux folives longues en for- me de croix & mettent au mileu un gros poids de plomb ; ils atachent le long du bois du chanvre qu’ils laiffent pendre dans l’eau , & ata- chent des folives avec un fort cables au derriére & au-devant de la bar- que , & s’en vont ainfi le long des rochers ; quand le chanvre rencon- tre une branche de corail, il s’y em-. barrafle & y demeure , & quand on veut retirer la folive , il faut qu'il y ait toùjours quinze ou vingt bar- ques enfemble ; il faut la retirer avec grande précipitation ; car il en re- tombe toùüjours autant de corail dans l’eau qu’on en retire ; & com= me le fond de la mer eft ordinaire- ment fort marécageux , le corail prend aufli-tôt racine ; il faut le tis rer de la mer. avec promptitude, fans cela il eft d’abordrongé desvers. A Marfeille , il y en avoit un mor- ceau épais d’un'bras ; & comme ik étoit fort rongé des vers, on le cou- | pa 216 Principales AMerverlles pa par le milieu ; on y trouva un grand ver qui vécut ærès de deux. mois; il eft à remarquer qu’autour du corail croît une efpéce d’éponge, qui eft toute remplie de petits vers, comme des mouches à miel; quant à certain tems de l’année on prefle les bouts des branches du corail, il en fort un fuc blanc comme dulait, que l’on eftime en être da femence; cette pêche commence au mois d’A- vril & finit au mois de Juillet, Jean- Bapt. Tavernier. E nlIfle deSant-Erini, dans l’Ar- chipel , à environ 28. lieuës au Nord de la ville de Candie, eft fortie en 1707. une Ifle du fond de la mer; qui eft en cet endroit d’une profon- deurextraordinaire, formée de pier- res ;jetrées par un Volcanquieftfous terre au fond de la mer , & qui a fou- vent produit de femblables éfers,& de la même manière. En 726.au tems de l'Empereur Léon Ifaurique, il fe for- ma de la Nature. 317 ma une Ifle, du côté du Nord, apel- lée l’Ifle brélee , parles matiéres vô- -mies & entaflées par ce Volcan. En 1427.au mois de Novembre, cette Ifle brûlée fut augmentée par les grands Rochers que les feux foûter- rains Jettérent. En 1650. au mois de Septembre ; le Volcan prit encor feu & produifit les mêmes éfets, fans former-aucune Ifle , mais feulement un banc à dix braffes fous l’eau, dans une mer quin’a point de fond. Enfin au mois de Novembre 1707. le Voi- can produifit une Ifle, qui avoit déja deux milles de circuit, qui s’augmen- toit encor le premier Décembre, par les Rochers & les nouvelles matiéres qu’ilettoit. Cette incendie a été pré- cédée, comme toutes les autre fois, de violens tremblemens de terre, fuivis d’une épaifle fumée, qui {or- toit de la mer durant le jour, & de flâmes durant la nuit, &-acompagnez d’un éfroïable mugiffement foûter- rain. Les éfets de ce Volcan fous la II, Partie. P mer , 318 Principales Merveilles mer, n'ont point d'exemple fur later- re ; & ce qui les rend croïables , eft que PIfle de Sant-Erini eft prefque toute compofée de Rochers brûlez _& de Pierres-Ponces. Elle ne laifle pas de produire quelques grainsimais elle n’a ni ruifleaux nifontaines ; & elle n’a point d'autre eau, que celle que lon conferve dans les citernes. Gazette de France du 14. Avril 1708. ee EN LAS dE ANs le Roïaume de Bengalz 1 aux Indes Orientales , croît une Plante, quia la propriété d’ati- rer le bois fi forrement à elle, qu’à peine le peur-on retenir avec {es mains, Da V'al, Hifi. Uni. PA- de la Nature: 319 | Pareizzeherbefe voit danslIfle de Ceilan ; quand elle fe trouve en- tre deux morceaux de bois, éloignez lun de l’autre de vingt pas, elle les rejoint enfemble ; & quoique l’on tienne l’un & l’autre morceau, elle fait des fecoufles fi fortes , qu’il eft dificile de lui réfifter. Idem. Sur le rivage de Afalabar , on trouve aufli une herbe , qui quand on la touche avec la main, fe re- coquille comme une boule ; & fi-tôt qu’on la quitte, elle reprend fa pre- miére forme. Walter. Schultz. V'oia- ge Dorr. D as les Ifles Moluques , princi- palement dans celle de 7 ernate, pro- che du Château du même nom, croît une plante chargée de petites feüilles , qui a la propriété que quand quelques-unes de fes feuilles rom- bent , elles fe changent fur le champ P 2 en 320 Principales Merveilles en Papillon. Aéfa. Soc. Reg. in Angl. M à Dans les Indes Orientales , il ya une grande antipatie entre l'herbe de Bethel & le fruit Durion. Quand on met parmi une quamuité de ce fruit quelque feiille de Befhel, tout le fruit s’entame ; & au contraire, lorfque quelqu'un mange trop de ce fruic Durion , qui enflâme vrout le corps, il eft furle champ guéri, en mettant feulement deux feuilles de Bérthel fur l’eftomac. Idem. DD ans la Tartarie,on trouve en des endroits pierreux une Plante qui eft incombuitible ; car quoiqu’on la mette dans un grand feu & qu’elle devienne toute rouge, fi-tôt qu’elle eft refroidie, elle reprend fa premié- re verdure ; mais dans Peau elle pour- rit, Nrembof. DANS | Le AR PAT Crv2 * D "de la Nature. 324 € Dans la Province de Ouantung ; proche la ville de Chincheu, on mon- tre aux paflans l’herbe Chifung, dont les nœuds annoncent les orages fu- turs ; car moins elles ont de nœuds; moihñs on a de tempêtes à craindre; &c plus'ils font éloignez les uns des. autres , moins les orages font fré- quents. dem. Dans la Province de Chincheu, croit une Plante en grande quanti- té, de laquelle on fait des draps fort fins , qui font plus eftimez que les draps dé foïe , & font vendus fort cher. Idem. Dixs la Tartarie Européenne ; entre les Fleuves deDom & de Vol- ga , aux environs de Samara, croît une Plante affez forte , au haut dela- quelle vient un fruit, qui reffemble extérieurement à un Mouton avec tous fes membres, que les Rufliens P3 a (24f 322 Principales Merveilles ( Mofcovites ) apellent Boranez ; Ïa tige de cette plante tient au nombril de cétanimal , fur laquelle il fe tour- ne de tous côtez; & de quelque cô- té qu’il varie, l’herbe féche autour. Quand ce fruit devient mür, la tige commence à fe fécher & le fruit à fe couvrir d’une laine fine, fort fri- fée , & d’une couleur mêlée de blanc _& de noir; on en prépare la peau, comme celle d’un autre animal , & Fon s’en fert à tout ufage ; le Loup feul, & nul autre animal, eft fort friand de ce fruit, qui eft très-doux & reflemble à la chair d’Ecrevifle ; quand on le coupe, ilen fort un fuc rouge comme dufang. Erafm. Franc. Voy. d'Orient. Gafp. Scott. Phyf. Cu: r10[. ET plufieurs autres. Da xs les Indes Occidentales, par- ticuliérement dans le Brefil & le Pé- rou , croît la renonmée Fleur & Fruit;apellé des Efpagnols Granadil- la, à caufe de fa reflemblance à une gares de la Nature. 32% grenade ; lesindiens l’apellent 444- rucuja Guazu, & eft la plus eftimée. Cette plante eft longue & tortillée à une tige groffe comme le bras; elle monte le long des arbres comme le: lierre ; le fruit eft en forme d’une’ poire , au commencement verd ; quand il eft mûr, il jaunit ; fa chair eft blanche, pleine d’eau, elle enfer- meenviron deux cens cinquante pe tits grains noirs, dont chacun a fon écofle paiticuliére ; fon odeur ceft agréable , fon goût eit doux, fa peau eft un peu plus épaifle que cel- le d’une orange ; il porte une fleur admirable,de lagrandeur d’une gran- de rofe , à laquelle font extérieure: ment atachez cinq feuilles rouges par le haut, &-par le bas l’on voit à Fentour des efpéces de raïons; elle a dans le milieu une couleur de pour- pre marquetée de blanc, & du milieu de la fleur, il fort une colonne ron- de , large de quatre pouces, au haut de laquelle paroïffent trois cloux ; P'2 du. 324 Principales Merveilles du deffous de la Colonne, fortene quatre bras, dont chacun à un gros bouton rempli de poufliére jaune. Dans les Ifles Philipinnes , ily a une Plante que les Efpagnols apellent Herbam Sentitivam ( Herbe Senjiti- ve ) quand on la touche feulement du. bout du doigt, elle fe recoquille fur Le champ ; fi on la retouche une fe- conde fois, les feuilles d’enhaut & celles d’enbas tombent, & la tige qui a été touchée créve ; fi on la coupe, l’endroit où elle eft coupée paroît comme brûlé; fi on laïfle al- ler fon haleine fur cette plante, tou- tes les feuilles tombent , & la tige meurt fur le champ, ce qui marque qu’il n’y a que la main de homme qui foir contraire a cette plante, X#r- cherus.. Dans la Terre-Sainte , aux envi- rons de la ville de Jericho, croît une Rofe d’une efpéce particuliére , que | l'on. de la Nature. 325 Von apelle la Rofe de Sainte Marie, ou-Rofe de Jéricho; eile croît fur la terre en pleine campagne, & n'a qu’une feule racine fort fine de la longueur d’un doigt; le haut de la rofe eft rond &c s’épanoüit extrême- ment en largeur. Elles ne font pas toutes de la même grandeur ; ils’en trouve fouvent de larges comme un grand plat ; chaque rofe a plus de cent branches, chargées de quantité de feüilles en forme de tête d’épin- gles. Elles ont une odeur très-agréa- ble, & paroiffent féches comme un: balai ufé : ellesfonttoûjours fermées; _ mais quand on les mer dans de l’eau ou du vin, lorfqu’une femme veut acoucher , elles s’ouvrent & s’éten- dent , & on peut voir fa fleur en fon entier ( femblable à celle de fureau ) eùût-elle cent ans;fi-tôr qu’elle eft hors de l’eau , elle fe referme. Il y en a quantité en France. J’en ai une dans mon cabiner. A1ollenbroc.Cochelear. Curr, Scott, Phyf. Cur, | | L’AD- 326 Principales Merveilles L'anmirABLeracine de Babaras fe trouve aufli dans Terre -Sainte. Jofeph en fait mention, & dit; Ouod colore flammam imitetur , circa vef- peram veluti jubar fulgurans acceden tem, CT evellere cupientem tam diu re- fugit, nec prius fugere definit quam arina mulichri ant menfiruo fanguine compreffa fuerit. Idem. | Re RER nee eee ue On CNE CREER EN AFRIQUE. | U Nord de la fameufe mon- tagne d’Atlas, les. habirans du pais trouvent une racine, qu’ils apellent Ssrnag ; entre plufieurs pro- priétez , elle a encor celle , que quand une fille qui eft encor pu- eclle urine fur cette racine , elle perd fon pucelage ; cela eft fort com- mun dans ce pais, où l’on trouve erès-peu de filles pucelles , à caufe qu’ellesgardentkeursbeftiauxlelong dé: de la Nature. 327 décette montagne, où elles le per dent en làchant l'eau , & fe gâtent tellement en rencontrant cette raci- ne , qu’elles enflent extraordinaire ment. Off. Drap. Afric. EN AMERIQUE. ANS la Jamaïque croît un Buiflon, que l’on apelle le Bx1f- {on Vivant ; il porte de grandes feüil- les, &une fleur violette d’une odeur agréable; fi-tôtqu’ellés fonttouchées elles flétriflent , mais elles revien= nent après. Idem. Scott. Phyf. Cur. Dans l'Ile de S. Jean di Porto Rico, eft une herbe apellée Qwibey, tous les animaux qui en mangent meurent. Scott. Phy[. Cur. D a xs la Nouvelle Efpagne, dans l'Evêché d’Antequera;en la vallée de Guaxaca ; il y a une herbe extraors dinai- 328 Principales Alerveilles dinaire; fi peu qu’on en goûte ;elle çcaufe la mort; mais outre cela elle a encor cette propriété bifarre, que quand les feuilles font cueillies & gardées une année entiére, & que l’on en donne à quelqu'un tant foit peu,il ne mourra qu’au bout d’un an , pareillement d’un mois ;-ou-d’un. jour ; fi elle eft donnée fraîche, la perfonne mourrale même jour. Cet- te Plante a été portée depuis peu en. Europe. Off. Drap. Amer. D ans l’Ifle des Bermudes aparte= nante aux Anglois, croit une mau- vaife herbe , qui reffemble à PÆe- drea ; elle eft fi venimeufe, qu’au feul goucher le bras & là main s’enflent extraordinairement. Cfa. Phy. SOC Reg.in Ang. Dans le Pérou , on voit dans la ville de Zima une herbe qui porte de petites flewrs jaunes; elle gué- rit toutes fortes de plaïes ; fi vieilles qu'els Fleur” apell granadtilla Crott en Bresile etdans Le perow les rndiens Lapellent | MUUCUYA. 4 RAT | Seconde espece de granadilla qui croit attx rules occutentalt en forme din e porrme Due nr PNA TE Ar . de la Nature. 329 u’elles puiflent être & en peu de tems ; au contraire, quand on la met fur la chair faine , elle la mange juf- qu'aux os. Off. Drap. Amer. À u Roïaume de Chyli, croît une Plante dans les fentes des rochers, qui font fouvent couverts des vagues de la mer , que l’on apelle dans le pais Luze ; quand cette plante eft {éche & pulvérifée, les habitans en font du pain. Idem. LA Virginie, apartenante aux An- glois ,produitune herbe , qu’ils apel- lent l’Æerbe de la Soie ; fa feüille eft longue & étroite ; il s’y trouve une fubftance fine , reffemblante à une petite peau fort délicate, que l’on dépouille , & onen file une foïe de laquelle on fait toutes fortes d’érof fes. Idem. Aup1iT Roïaume de Chyli , dans la valléç de Lampaa, à quinze HEueS C 930 Principales Merveilles de S. Jago (S. Jäaques) on voit une Plante refflemblante au Bafilic , d’un demi pié de haut ; cette plante eft journellement couverte de fel pen- dant l'été, & le fel paroît en forme de petires perles : il y a différentes opinions fur ce Phénoméne. J’ai vû une Plante toute femblable dans le Jardin de Mr. Grafli , ruë du Bacq Fauxbourg S. Germain ; il m’a dit qu’elle venoit de l'Arabie. Erafm. Franc. Voy. d'Orient. ÎL ya encor une efpéce de Gra- nadilla dans les Indes Occidentales qui forme une pomme; fes feüilles tiennent à une queuëde la longueur du doigt, dont chacune fe partage en cinq autres feüilles ; de chaque ti- ge de la feüille fort une autre tige ou pend la fleur, deux fois plus grande qu’une rofe, au bas elle a trois feüil- les vertes, & en haut cinq, qui font d’un bleu célefte & couleur de pour- pre ; entre les autres cinq , toutes cou- de la Nature. 23% couleur de pourpre avec des raions -en forme d’un foleil, & intérieure- ment couleur de rofe ombré de pourpre ; au milieu de la fleur eft une petite colonne , partagée en cinq par Je haut qui fe courbe un peu fur les côtez, chaque partie a un bouton au bout;au milieu de cette colon- ne elt un bouton gros comme un pois d’uñ jaune pale ; de ce bouton fortent trois petits clous de lamême couleur ; ce fruit reffemble à une pomme ronde ; il eft couvert d’u- ne écorce épaifle & jaune, remplie d’eau vineufe au goût; en le man- geant,il jaunit la langue, & contient quantité de grains noirs, chacun dans fon écoffe ; cette fleur s’ouvre trois heures après le foleil levé , & : peu avant fon coucher elle fe re- ferme. Dans le Pérou cette fleur croît d’une autre maniére , & eft de diffé- rente efpéce ; communément elle fleu- » 332 Princif. Merv. de la Nature. fleurit blanche dans ces montagnes ; au milieu de la fleur , au pié dela colonne , font cinq feuilles, char- gées de goutes de fang. De cette colonne fortent trois cloux, enve- _opez d’une couronne d’épine de {oixante douze pointes. Dans la Vir- ginie , où on l’apelle A{aracot, elle cft aufli différente en quelque chofe. Ex Allemagne cette fleur fe trou- ve dans les Jardins de quelques cu- rieux ; mais elle n’a point de fruit ; ja tige n’eit guéres plus grofle qu’un tuiau de plume ; la fleur ne porte as non plus de couronne. Erafm, Franc. Off. Drap. Amer. ECM TABLE, | "a DT