CCRE P M - TON ZOO NO 949 ANON AN _PRESENTED BY AS HENRY DURELL JEREMIE ESQ. " rt 2e 00v d) £m oj s TEN 1996. 1 TONOZONN Mi. à va > m NA E s | Guetnsep 3eortícultucal Soctetp. NEW RULES FOR THE LIBRARY. ; In consequence of several valuable Works being missing from the Library, the following Amended Rules have been unanimously adopted, and the Fines modified, in order to their being strictly enforced in future :— I. The Library to be open to Members only, for reading and reference, every day, except Sundays. lI, New Books to remain on the Table, from fourteen days io one month, according to size, before being cir- culated. All Periodicals to remain there one month. 111, Books to be taken out, renewed, or returned every Wednesday and Saturday, from nine to two o'clock only ; and, in no case, without the presence of the Clerk, under a fine of 5s.; and not more than One Volume to be takea at the same time, under a fine of 2s. 6d. IV. Any Books kept out longer than one week, to pay 6d. for the first week, and 1s. for each ensuing week . beyond the time allowed. Y. Any Members lending a Work belonging to the Society to a non-Subscriber, to forfeit 5s. for each offence. VI, Any Member losing a Work or Volume belonging to the Society, shall be bound to replace it within a month under a fine of 10s. beyond the value of the Book lost ; and if the Volume should belong to a series, the whole Work must be replaced, unless the missing Vo- lume be procured within the time above stated. VII. Any Member who shall appear to have wilfally or carelessly iojured or defaced any Book belonging to the Library shall be fined one-third of its value. HARRY DOBREE, Jun. Treasurer. ide ur TEL ea Fal ST TL EEE Uim 4 Mr: Ets a IZ rca des QA MEN n RE a ROC FETES DE Au^, " a AL 1 * E x n, * t, sz X * t | z P s v Ü PA " - " « + dat a \ + . 1 : " . A D 5 4 ? «t . Li - t . 3 e * ' ra " j - x A D Vise i f em LN 2* e : x * D ^ P" uu - - : { af - "| : N.N , fs "4 M e e t Anf , 4 » prO ‘ ' i » e ^ — frs M »". " * v " - T xA TAN 2” " : eds tx " LA - liae " "^i - - yt meh. A t n. | à a. "2 à —— n f, : ‘ tid - eT e. * ' A Y a m Fe : « ; pe 4 rx 1 " 4 "a ? "Pi rd m "S D", [ , : z 7 # y ^ Á 1 : 4 Me 4 be bor nd * Á 4 gp) et) » tm HE "REA IMS ed M ig e R2 i-e pru Vue & " Sr Y E ERN CON vM d à mn . vi T RATE À e * * * » * LOO TOR Puis ad X UM , Le ^s (IN ARS à + Le . "T. bs ; * ' PRINCIPES. RAISONNES L DE L'AGRICÜLTURE, . 4 "O. U | L à L'AGRICULTURE DÉMONTRÉE PAR LES PRIN- | CIPES DE LA CHIMIE ÉCONOMIQUE, D'APRÈS | . LES OBSERVATIONS D& PLUSIFURS SAVANS. | OUVRAGE TRADUIT EN FRANCAIS, SUR LA . VERSION LATINE DE JEAN GOTTSCHALK : V ALERIUS. | | Par J. F. FONTALARD, E ; E X ie t UN s l ï ) & ES MR ulluvoal 1 | LR D | : 4 | A1. ie H . * A.P ARI $8: " _ . DE L'IMPRIMERIE POLYGLOTT 7; | ^ Rue des deux portes Bon-conseil, N°. 8; & zia NE L'AN SECOND: | B 3 y Vie 6-9 * 2 k $ 4 | NE ve AU ve - j py * # EM PE n SRE CITE" rfe: LE te 4 Ni E DOS c o NE M - ^ XY - Tr : DIT AATS ioc RENS. Pág lgitized by the. Internet E i Bi VÉ. | ^ 2 m. with funding from - “ | d of bs > dd "Had "^ ONE T 0H KA 1'Yikres 2, | + À ‘ P. Bs. 7h VUE 7-- - F3 ; uc PRINCIPES ih RAISONNÉS "d DE L'AGRICULTURE De J. Gottschalk VarÉnivus,publiés par Jean Francois Fontalard, Traducteur des ou- wvrages de Trébra, sur la. Minéralogie du Hartz, in-Fol. Paris, chez Didot jeune... de la formation des montagnes... des Essais sur la fusion de toutes les substances, à l'aide de l'air vital.... du traité d'Ignace de Born sur l’amalgamation des mines d'or et d'argent... de l'Essai sur la platine. etc. INTRODUCTION. 4 boues sur leurs droits politiques et naturels, les. habitans utiles et laborieux des campagnes, ne le sont pas encore assez sur la méthode de diriger avantageusement leurs travaux rustiques. La routine qu'ils suivent constamment, dans la culture des TRUM o7 € € A . ed à « IV L'N-ÆR YO D USCOT 100 terres, parce qu'elle leur a été transmise par ' leurs peres, se renouvelle chaque année; et, toujours aux mêmes époques, sans égard à l'inégalité des saisons, qui influent si évi- demment sur les plantes. La Convention nationale, qui accueille tout ce qui peut contribuer aux progrès des arts, et au bonheur du Peuple français ja formé un comité d'agriculture, pour exa- miner les ouvrages qui peuvent concourir aux. vues bienfaisantes qu'elle s'est pro- posées, en encourageant un art si nécessaire au bonheur de la Nation. C'est pour donner à mes Concitoyens une preuve de mon attachement , que je leur offre aujourd'hui.un ouvrage qui m'a paru renfermer des vérités utiles, sur-tout pour ceux qui aiment à profiter des lumieres des autres. C'est le résultat des observations, et de nombre d'expériences faites par plu- sieurs auteurs de diverses nations, sur l'agri- culture en général, et sur les procédés particuliers qu'il faut suivre, pour obtenir de. notre MERE COMMUNE les. richesses qu'elle ne prodigue qu'à un travail opiniâtre et raisonné. La chimie, cette science à qui nous devons aa INTRODUCTION. V tant d'heureuses découvertes dans les arts, n'a pu rester étrangère à l'agriculture. En facilitant la décomposition de toutes les substances des trois règnes , elle nous a ap- pris à en connoitre les parties constituantes. Guidé par cette connoissance, on est par- . * , . venu à découvrir le genre de culture, propre à chaque production particulière de la terre. Après avoir montré, par l'analyse chi- mique, les principes qui constituent les vé- gétaux , l'Auteur passe à ceux de la végéta- tion, et les appuye sur les nombreuses expériences qui ont été faites à ce sujet. Il développe ensuite la faculté interne qu'ont les plantes pour se multiplier: il prouve que Pair , Peawetla chaleur doivent être consi- dérés comme les moyens puissans qui favo- risent la végétation: il parle fort au long des D icuiés espèces de terres végétales connues , des anatass qui leur conviennent, des terreins sablonneux et caillouteux , des moyens artiñciels de fertiliser la semence, du mélange des terres pour les rendre fé- &pndes les unes par les autres , enfin de tout ce qui peut contribuer à l'amélioration de l'agriculture. La précision n'est pas toujours donnée aux ^ VI ENT R O DU CF ON. auteurs étrangers qui enrichissent les arts des plus utiles découvertes : le grand nombre d'excellentes choses que j'ai cru voir dans l'ouvrage de VALÉRIUS, m'a déterminé à le rédiger d'une maniére plus concise, sans en altérer le fond, et à en faire disparoitre les répétitions trop fréquentes , qui détour- nent toujours l'attention. du lecteur, de l'objet qu l’intéresse. La multitude des: paragraphes et des citations intercalés dans le corps de l'ouvrage , m'a paru l'entraver, et en rendre la marche difficile et fastidieuse; je les ai tous supprimés, afin de rendre le . discours plus égal et moins coupé. L'agriculture exige un travail pénible et soutenu ; mais elle paye avec usure le culti- vateur intelligent. Cet un est la source de tous les biens et de toutes les jouissances des hommes. Ciceron, ce Rép ublicain si zélé et si ardent pour le bonheur de sa patrie, apprenoit à ses concitoyens: « Que parmi « les moyens d'acquérir , il n'en étoit point « de meilleur , de plus fécond, de plus agré- « able et de plus digne de l'homme libre que « l'agriculture. » Si nous la voyons sou- vent accompagnée d'accidens, qui Ôtent au cultivateur l'espoir qu'il avoit fondé sur INTRODUCTION vil ses moissons, c'est presque toujours au peu de lumiéres de ceux qui l'exercent, qu'il faut en attribuerla cause. On verra, dans le cours de cet ouvrage, qu’il est des moyens de donner à l'agriculture toute la perfection dont elle est susceptible , et ces moyens sont fondés sur les expériences d'un grand nombre de gens éclairés qui nous les ont communiquées, | ^ n eiuof sitim 239/19 c ii qoe OR m5. de9- 25 Un € & m Pre 23 dup à eai "oti 22 ah Es EN d PE F2 à Cvupiuitaton GN minc M EL LLL AA PRINCIPES RAISONNÉS DE L'AGRICULTURE. $ CHAPITRE: t, Drs PRINCIPES QUI CONSTITUENT LES FÉGÉTAUX, BS uo des principes ou parties consti- tuantes des végétaux , peut seul nous faire connoître les moyens plus ou moins efficaces de contribuer à leur eroissance. On parwient à dé- couvrir ces principes, ou par une méthode purement mécanique , ou par l'action du feu: cette derniere est ce qu'on appelle Z'az. alyse chimique. x Tous les végétaux donnent; par la première méthode, des huiles fixes, ou huiles par ex- pression. On les tire sur-tout des praines ou semences qui sont susceptibles d'en fournir, des sels que l'on nomme essentiels, et de la nature des plantes dont on les extrait, des sues muci- lagineux , des gommes d'une consistance visqueuse et poissante ai toucher , des sues savonueux , de À - 2 PRINCIPES RAISONNÉS, la résne et des sucs résineux et ressemblant à du beurre, de l'air, enfin des parties spiritueuses , aromatiques ou odorantes. Toutes ces parties élé- mentaires ne se rencontrent pas à-la-fois dans chaque plante; mais il en est, qui en contiennent trois , quatre , et quelquefois plus. Lorsqu'on employe l'analyse chimique à la décomposition des plantes , elles donnent : d'abord une eau appellée phlegme , sans odeur ni saveur particulière ; ensuite, des sels acides , ou des sels alkalins ; ceux-ci, sont presque toujours fixes; les sels volatiles sont plus rares. Quelques plantes donnent des sels huileux, des huiles plus ou moins aromatiques , et combinées avec les parties spiritueuses ou oderantes; on les nomme huzles essentielles ou volatiles; d'autres appellées huiles, empyreumatiques , qui ont une odeur . désagréable : enfin, une terre vitrifiable , ou une terre absorbante qui s'unit avec les acides, ou une - terre calcaire. Lorsque les parties aqueuses que l'on tire des plantes, avec ou sans feu, ont été purifiées, elles ont les propriétés: de l'eau commune ; elles ont toutes une saveur particulière , plus ou moins forte , qui décèle la présence de quelque sel. Ces eaux rendent , quelquefois , de l'odeur; indice: certain qu'elles contiennent une substance huileuse - É LI * NRI A Gates DURE" et spiritueuse. Cette eau chargée de parties salines et huileuses , a donc la faculté de dissoudre d'atténuer ou de diviser, et de se combiner. En considérant que le feu, en expulsant toutes les partjes aqueuses et huileuses qui étoient dans une plante , a rompu la liaison des autres parties qui la composoient, on est en droit de conclure qu'elles servoient à les unir ,*ou qu'elles leur servoient de lien commun. On nomme plantes aqueüses, celles qui renferment une plus grande quantité d'eau; et plantes sèches, celles qui ex contiennent trés peu. On a trois manières de séparer les parties ter- reuses des plantes: la putréfaction, l’incinération et la lessivation , d’où l'on tire trois sortes de terres "des végétaux, Une terre vitrifiable , provenant des plantes farineuses et nourrissantes, et en partie soluble par les acides minéraux. Une terre absor- bante , plus soluble dans les acides minéraux que la précédente , mais entrant plus difficilement en P , P fusion: telle est celle que l'on tire des plantes aroma- tiques, exotiques et indigènes. Enfii, une terre calcaire , que l'on n'obtient que des plantes les plus solides et. des arbres. Celle-ci a beaucoup : de con- ' formité avec la terre calcaire minérale, et en dif- fere en plusieurs points ! à un feu violent , elle entre en fusion, et se change en un verre de cou- leur verte, À 2 s , 4 PRINCIPES RAISONNÉS Souvent on obtient deux terres différentes de la mêmé plante. L'écorce dure et ligneuse du noyer et de l'amandier, par ‘exemple, FEU une ferre calcaire ; tandis que le fruit, ou la parüe fari- neuse de ces plantes, donne une terre vitrifiable. Les minéralogistes ont observé que les parties ter- reuses de cette espèce , nese trouventqu 'àla surface de la terre; savoit: dans la terre en poussière, dans la terre végétale, ou dans la tourbe : d’où ils eoncluent que ces terres doivent être distinguées de toutes terres minérales. Les cendres ne rendent pas toutes les parties terreuses que renferment les plantes elles-mêmes, parcequ'une grande quantité dissipée ou volatilisée par la combustion, se trouve dans la suie , tandis qu'une autres'est combinée avec les parties huileuses- et aqueuses , pour former les sels, les huiles et les autres liqueurs. Ces parties terreuses servent de base aux végétaux , et leur donnent de la solidité. Les sels huileux que l'on obtient par la distil- lation de quelques plantes qui croissent dans les pays chauds, ou qui se déposent au fond de cer- taines huiles, ou ceux que lon obtient par la sublinration ou par la coction des résines, sont des corps très composés , qui existent déjà dans quelques parties des plantes, ou sont des résultats de quelque nouvelle combinaison. DE LASGRICULTÉERTS $ A l'égard. des sels que l'on extrait. sans feu , et que l'on appelle se/s essentiels ; il faut observer d'abord, que quelques plantes contiennent un acide qui se manifeste par un goût piquant , et qui indique un acide combiné avec des parties ter- reuses , ou quise décèle par unesaveur doucereuse , qui est due à un acide combiné àvec des parties huileuses : en second lieu , que d’autres plantes contiennent un acide plus caché , qui paroít lors- que le jus de ces plantes, tenu quelque temps en repos , a formé un dépôt et s'est purifié. Car alors, la limaille de fer rend la couleur de ce jus plus foncée , et lui communique un goût ferrugineux ; toute autre substance métallique change même sa (Y couleur; l'al&ali fixe le met en effervescence, et la craie y excite du mouvement. On*observe ces phénomènes dans le jus du choux , du navet, de la fumeterre , de la laitue , du persil, etc. L'acide des végétaux diffère de l'acide minéral, en ce qu'il est bien plus doux , plus ami du corps humain, qu'ilest moins corrosif et présente des allets différens. Le sel essentiel des plantes n'est que leur acide combiné avec leurs parties terreuses et huilenses, qui a pris de la consistance et s'est cristallis£. Ces sortes de sels exigent communément vingt. fois leur poids d'eau pour être mis eu XOU. es ; € PRINCIPES RAISONNÉS ‘lorsqu'on les met sur des charbons ardens, ils ré- pandent une fumée, quest occasionnée par leur partie huileuse , et il reete une substance charbon- neuse. Les sels essentiels étant composés de parties qui se volatilisent par l'action du feu , on ne peut les obtenir par cette voie. Ces mémes sels , com- posés de parties acides, huileuses et terreuses, ap- : prochent souvent de la nature des sels neutres , fort différens cependant de ceux que produit la chiinie. :; La nature des sels essentiels est différehte , dans lesdivers végétaux. Quelqueschimistesen comptent cinq espèces; savoir: les seis acides ou tartareux ; les sels doux , les sels amers; ceux qui sont de la nature du sel marin ou muriate calcaire; et les sels vitrioliques. La diversité des saveurs, des cou- . leurs , et des odeurs des plantes vient, sans doute, de la diversité des sels, ou de leur combinaison différente. | À Le règne minéral ne fournit point de sels essen- tiels, ou deselsqui leursoientanalogués; ils diffèrent même considérablemerit de chaque sel minéral. | Toutes les plantes ne donnent pas des sels essen- tiels sous une forme cristallisée , puisque les végé- taux qui contiennent des sucs visqueux et rési- neux ou gommeux, n'en produisent point par la cristallisation , parce que les parties salines sont NU PNG NE CULTURE 350% retenues dans la substance visqueuse , qui n'a pas été atténuée et divisée par la fermentation; ear- alofs , il se fait une nouvelle combinaison. Pareil- lement , les plantes qui abondent en parties hui- leuses , ne donnent point de sels essentiels par la cristallisation. De méme , les plantes aromatiques donnent à peine des sels de cette espèce, à cause des parties huileuses qu'elles renferment. Les plantes sèches privées de parties aqueuses , ne produisent aucuns sels essentiels cristallisés : mais s'il faut en croire à de la GARAGE, on peut tirer un sel essen- tiel de- chaque plante, par la trituratiot dans l'eau. ; Les plantes donnent trois espèces d'huiles : 1°. Des huiles essentielles ou volatiles , qn'on retire par un feu lent, et quelquefois par expression de l'écorce de quelques fruits. Ces huiles différent par la couleur, l'odeur, le goût, la consistance et l'épaisseur , suivant les végétaux dont elles ont été tirées : elles different eneoré par leur nature et leurs propriétés, parce qu'elles se montrent à la distillation , ou sous la forme d’une résine, ou sous la forme d'une Substance. saline , Ou enfin sous la forme du camphre, 2°. Des huiles fixes, plus tenáces et moins vola- tiles que les huiles essentielles , à cause de la quan- tité de terre et de graisse dont elles sont char 2óes; A A hok fifi LR à 2 2 ste due Een s ooMooooso07n BÀ “ie + 8 PRINCIPES RAISONNÉS On les obtient par expression de la plápart des , plantes, quelquefois par la cuisson: alors on leur donne le nom d’Auiles cuites. Elles diffèrent entre elles par le goût, l'odeur et la coxsistance. La cuisson leur communique une PS rance et dés- agréable. La longueur du temps leur fait con- tracter la méme odeur, les rend épaisses et les gáte. 3? Deshuilesempyreumatiques: ellessont presque de la méme nature dans touies les plantes , et on ne les obtient qu'à l'aide du feu. En vieillissant elles prennent la consistance de la poix ; elles contiennent beaucoup de terres et un sel épais. Les huiles sont composées d'une substance in- flammable , et d'une substance terreuse , combinées avec de l’eau , à l'aide d'un acide. La diversité des huiles dépend de la nature des acides, et des pro- portions des Wonripos qui les re La chimie a fait voir que les huiles végétales différent des huiles minérales. On peut 1 Had ici les obser- vatious de HOMBERS, sur les huiles des plantes, insérées dans les mémoires de l'Académie des $ciences , année 1700. | La substance muqueuse d se trouve dani quel- ques végétaux , est composée d'eau, d'un acide de terre, et d'une trés petite portion d'huile. Elle se dissout dans l'eau , et non dans l'esprit-de-vin. Elle * + p à ; Dok L^A-GROCURLCOEUS.RE Co esf très fluide, DL contient une grande quantité d'eau ct d'acide, et épaisse, quand elle renferme beaucoup de terre et d'huile. Le règne minéral n'offre po oint de substance de cette nature. «La gomme, qui est pareillemeut dissoluble dans l'eau, et non dans l'esprit de vin , a beau- coup de ressemblance avec la substdpüg muqueuse ; sice n'est que la gomme contient moins d'eau, et est plus compacte. La substance savonneuse est également Pide luble dans l'eau et dans l'ésprit de vin. On la tire de certaines plantes , et l'on peut s'en servir comme du savon fait par l'art. Cette substance est com- posée d'eau, de terre, d'huile et de sel, combinés de manière à se dissoudre dans l'eau, et dans l'esprit ue Cette subsignce ne se tronve point . dans le règne minéral. La chimie enseigne la méthode Tm faire des savons artificiels. Les résines qui ne se dissolvent que dans l'esprit de vin, sont, ou fluides , et alors on les nomme baumes : ou solides, et s'appellent proprement résines. Elles sont de plus, ou ductiles, ees tibles de s'étendre , et d'avoir quelque élasticité , ou tenaces, et elles portent le nom de cire , ou cassantes , comme le camphre, Ou grasses et ouctueuses , et on les nomme benrres. Ces sub- stances qui diffèrent beaucoup les vnes des autres, TO 10 PRINCIPES RAISONNÉS-. ont cependant un grdnd nombre de propriétés: communes. Les substances résineuses sont composées d'une huile et d'un acide, qui les fige , ei les rend com- pactes. Néanmoins, Boërhave a prouvé , dans la seconde partie de ses élémens de chimie, que l'on peut former une substan^e résineuse, en dégageant la partie aqueuse des parties huileuses, pures. Cette opération ne peut se faire par la distillation, parce que l'une de ces parties est non seulement intimement liée avec l'autre ; mais elle en est encore altérée , et presque décomposée. Les résines sont différentes, comme les huiles qui entrent dans leur composition‘; quoique leur différence puisse être en partie l'effet de la diver- Y sité des acides. Les Tv résineuses ne se trouvent point dans le règne minéral. A la yénté, l'ambre et le succin paroissent apr ad de la nature de la résine ; mais si l'on compare leurs propriétés , et les expériences qu'on fait sur ces substances, on trouve des différences palpables, et qui ont été remarquées par un grand nombre de chimistes. L'air que l'on trouve dans les plantes, est un fluide élastique, ou un gaz, qu'on ne peut en séparer sans la décomposition totale de la plante ; ouilest un fluide sans élasticité. HALES et ELLER MR: L'IACOR I CU:L T OU RE 1 ent fait voir que la partie aérienne ne peut étre dégagée sans la destruction de la plante. En effet , cet air se sépare des corps à l'aide d'un feu violent ; effervescence et la fermentation produisent le méme effet. Je ne déciderai pas si cet air se trouve réellement dans le végétal, et s'il a perdu sa fluidité et son élasticité , pour y former une sub- stance compacte , ous'il faut le regarder comme un nouveau produit. Nous examinerons plus loin les influences de l'air sur la croissance des plantes. . La partie spiritueuse, différente dans presque toutes les espèces de plantes, n'a, pour ainsi. dire, aucun poids. Cependant elle est dissoluble dans l'eau comme dans l'esprit de vin , ainsi qu'on le voit dans les eaux aromatiques distillées. — Il. paroít que les substances spiritueuses sont de deux espèces. Les unes ont une odeur agréable, comme celle que l'on trouve aux huiles éthérées , aux baumes et aux résines ; les autres exhalent une odeur pénétrante et fétide. Les substances spiritueuses, de même que l'odeur des plantes, sont augmentées ou diminuées par la culture, la nature du sol, et par d'autres circonstances. On voit donc que les plantes peuvent étre privées de cet esprit, sans être-altérées peur cela. Un arbre peut aussi perdre son odeur, sans qu'il en résulte aucun changement dans ses principes." La ; d 4 ' »" 12 PRINCIPES RAISONNÉS diversité que lon trouve dans ces substances spiritueuses , parcit venir de la diversité des acides et des sels combinés avec différentes : huiles. L'expérience prouve cette opinion, en montrant que l'acide du sel marin, uni à une substance infiammable , produit une odeur d'ail. Tous les acides PA exactemerft. combinés avec de l'esprit de vin”, rendent une odeur très save 5 les métaux mis dans des acides , répandent une odeur tantót agréable , et tantót désagréable. De 3 3 unis aux aromates en exaltent l'odeur , taudis que les alkalis fixes , ou carbonates de potasse l'affoiblissent, et les huiles distillées kaki, perde nt leur qualité pénétrante. Yaiileuzs, on sait que les plantes et leurs huiles perdent toute leur saveur, quand on les a privées de cette substauce s spiritueuse, ct que touie. saveur fem des sels. Cepen ndant on ne peut se dissimuler que les huiles essen- tielles , jointes avec des acides trés concentrés , perdent leur odeur ; mais ce changement vient de la conversion de ces huiles en résines, le mdu- vement violent ayant détruit la combinaison de leurs parties. Outre que cette substance spiri- tneuse est bien p lus subtile que celte qui est pro duite par les fermentations artibcielles , il est - » T E , WT n 1 4 3 1 Led ires vraisemblable qu'eile est due à la fermen- HE ARE ^ DE. LT AS G/RA CU.L^r-U RE. ^£ fation naturelle, qui, pendant la végétation , se fait dans chaque semence par le concours des > principes qui constituent cette substance spiri- tueuse ; l'odeur qui se fait sentir pendant la végé- tation, en est la preuve. j les expériences de N. Dalibard viennent à l'appui de cette conjec- ture.*l a semé des graines de plantes aromatiques dans un terrein di: les y a laissé croître; et les plantes qu'il en a recueillies , n'ont eu aucune odeur ; il y a plus, c'est qu'après les avoir trans- plantées dans un terrein plus gras, elles ont con- servé la propriété inodore, tandis que les plantes de méme espèce qui y étoient venues, avoient une odeur agréable. En effet, comme la fermentation ‘artificielle est accélérée ou retardée par plusieurs causes extérieures, il est à présumer que la fer- mentation naturelle qui se fait dans les semences des plantes, pendant leur végétation , est de même augmentée ou diminuée par différentes causes D bible , d’où il résulte une substance spiri- tueuse plus ou moins forte. C'est cette substance que Boërhave a nommée esprit recteur. On vient de voir, d’après les principes de la chimie, que les substances résineuses sont compo- sées d'huile et d'acide ; que les parties savonneuses, gommeuses et muqueuses sont composées d'eau , de terre , d'huile et de sels combinés en différentes 14 PRINCIPES RAISONNÉS proportions ; il est donc naturel d'en conclure que ces substances ne doivent pas être regardées comme les élémens des plantes ; mais qu'elles eont produites par l'eau, la terre, le sel et l'huile, diversemént combinés , et élaborés dans les plantes elles-mêmes, puisque ces substances ne se trouvent point dans le règne minéral , comme oh la remarqué. ES d DE CG RUE CU bOEDUIR ED x35 CERTA TL DES PRINCIPES DE LA V ÉGÉTATION. O, entend par la végétation , le changement progressif et la croissance des plantes, que produit le mouvement des liqueurs , par le moyen duquel les parties nutritives contribuent à l'augmentation des plantes, en s'y insinuant de toutes les maniéres. : Par principes de la végétation on n'entend pas seulement les matériaux, mixtes, ou agrécés, qui entrent comme £élémens dans la combinaison des végétaux pour € mala àleur croissance; maison entend encore les choses qui, comme instrumens , concourent réellement à cette végétation. "Un végétal est un corps organisé, qui n'a point par lui-même la faculté de se mouvoir ; -mais qui, à l'aide des pores, des ouvertures ou vaisseaux qui sont à sa surface, peut attirer la matière qui est propre à le nourrir. On voit, par cette définition, qu'il ne peut entrer dans le corps du végétal, que des substances capables de passer par les plus petits orifices des ouver- tures ou vaisseaux ; mais, gomme ces vaisseaux; , 16 PRINCIPES RAISONNÉS si déliés que l'oeil seul ne peut les appercevoir, doivent éire proporiionnés aux particules de l'eau qui y entre imperc ARE ement sous Ja forme d'une: * vapeur, il faut qu'ils soient de la méme nature que les pores qui se trouvent sur la peau des animaux. On sait que la vapeur suffit pour faire | croître les plantes bulbeuses, et qu'il suffit méme | de les attacher à la muraille dans un lieu hu- í mide. Il est donc naturel de conclure que les plantes n eurent tirer Joni nowrriture que d'une ; substance trés déliée , très fluidé, et qui est sous la forme d'une vapeur. [4 Ji faut pour la végétation et l'accroissement uer plantes, une substance ropre à les étendre et à les augmenter: c'est l'opinion de ceux qui croyent que toute l'agriculture dépend des engrais ou du fumier. Je ne prétends point disconvenir que l'eau , en excitant du mouvement dans le suc muqueux, et méme dans la substance farineuse, qui se . trouvent dans la bulbe et dans la semence des végétaux, ne les fasse contribuer à leur nutrition; cependant , d’après les expériences que BONNET a rapportées dans ses recherches sur l'usage des feuilles, il paroit qu'en enlevant le germe . d'une féve partagée e deux, le mettent en terre, et larrosant fréquemment avec de l'eau, il ne vow ^ r BET AGRICULTURE 19 laisse pas de pousser et de croître, malgré sa structure délicate. D'où l’on peut conclure que les plantes peuvent bien, au commencement de leur végétation, tirer quelque nourriture de ces sucs et de cette matière farineuse; mais qu'ils ne suffisent point pour achever leur croissance. En effet, peut-on concevoir que d'une trés petite semence, il püt sortir une grande plante, ou méme un arbre avec ses branches, ses feuilles e£ ses fruits, sans le concours d'une matière qui produise de l'accroissement ? Pour pouvoir pénétrer dans le végétal, par les orifices et les fibres déliés qui sont à sa surface, il faut que les substances nutritives soient con- venablement combinées, dissoutes, et atténuées. ‘il faut méme qu'elles scient unies immédiatement aux semences et aux plantes qui n'ont point la faculté de se mouvoir. Voilà ce qu'ont en vue ceux qui prétendent que c'est en labourant souvent la terre, qu'on peut la rendre fertile. Il faut encore une disposition naturelle dans la semence, pour recevoir la nourriture et pour la porter en- suite dans la plante. C'est pour augmenter la force de la semence, que quelques cultivateurs la trempent , ou emploient d'autres moyens analogues. Enfin, il faut encore écarter les obstacles qui peuvent afloiblir ou empêcher la nutrition et la végétation. B à 1$ | PRINCIPES RAISONNÉS Les substances homogènes et similaires pott- vant seules contribuer à l'accroissement des plantes , ilest clair que les terres minérales; ie souffre, les bitumes, les substances métal- liques et pierreuses ne sont pas propres à la nouriture des végétaux ; parce que ces substan- ces n'ont aucune aflinité avec les plantes et les animaux. Ainsi lorsque la substanee nutri- tive est d'une nature différente du corps qu'elle doit nourir , il faut commeneer par dégager ceite substance de ce au'elle a de contraire, pau la rendre capable de nourir. Il est bon d'observer que les E se nourissent et s'ac- croissent plus vivement et plus promptement d'une substance qui leur est déja similaire , ou analogue , que de celle qui doit être mo- difiée ou dégagée de ses parties hétérogènes. L'expérience nous apprend qu'une substance grasse et huileuse est plus propre que l'eau pure à faire croitre les végétaux. J'ai dit plus haut, que les substances nutri- tives des plantes ne peuvent entrer par leurs pores , qu'après avoir été dissoutes et atténuées: or l’eau possède cette faculté en se réduisant en vapeur ; c'est donc elle qu'il faut employer à ” cet usage. Les sels ont aussi la méme faeulié ; car ils entrent dans la combinaison des huiles BG TOM GAME CU EL TU RE o" et servent à rendre les parties grasses miscibles avec l'eau. Ce sont ces moyens que je nomme instrumentaux , parce qu'ils servent à la divi- sion et à la combinaison des particules des sub- stances qui servent à la végétation. Les substances nutritives et instrumentales n'ont par elles-mêmes aucun mouvement, et sont purement passives; il leur faut donc un agent qui leur imprime le mouvement , les fasse agir les unes sur les autres, pour opérer la dis- solution , l'atténuation, et la combinaison, et les porte à la surface du végétal. Cette puissance agissante;- qui ne peut être que l'air modifié par la chaleur, de laquelle dépend tout mouvement et toute fluidité , méme dans l'air ; je l'appelle l'agent extérieur. Quoique les plantes soiént des corps orgánis sés , elles ne sont point pourvues d'un instru- ment, qui, comme le cœur des animaux , ré- pandent les liqueurs jusqu'aux extrémités du corps. Il leur faut donc un autre principe agis- saut , par le moyen duquel elles attirent les substances propres à les nourir, à les distribuer ;et à les multiplier. Mais ce pz rincipe est double: l'un est intérieuf: il tient à la nature de là "plante elle-même, il est dà à l'énergie qu'à chaque plante pour s'accroítre et se multiplier, B 3 20 PRINCIPES RAISONNÉS L'autre est extérieur , et dépend de la cause agissante externe , e'et-à-dire, de l'air modifié par la chaleur.Ce principe est incapable denerien effectuer, si le principe intérieur n'est mis en action , et ces deux principes s'entr'aident mu- tuellement. | Il] y a plusieurs obstacles qui contribuent à afoiblir , à altérer, détruire les causes agissantes et les causes passives. L'expérience nous apprend | que ces obstacles sont dus principalement, ou à la trop grande humidité, ou à la trop grande sécheresse, ou à une certaine acidité , ou à quelque altération , ou enfin à des causes qui empéchent le concours des principes agissans. Mais ces obstacles varient en raison de la di- versité des principes actifs ou passifs, et l'on peut les écarter d’après leurs qualités, et les effets qu'on leur voit preduire. | DD OAIGRICU LMUIR:E. 23 CHAPITRE 1I DE LA FACULTÉ INTERNE QU'ONT LES PLANTES DE SE MULTIPLIER. O, a vu dans le chapitre précédent que les végétaux avoient la double faculté de se nourrir et de se multiplier. Celle-ci paroît dépendre de la premiére: car l'expérience a fait voir, que sou- vent la faculté nutritive étant très forte, la faculté multiplicative est tres foible, et que cette derniere venant à cesser, la première n'en est point dé- truite. Il y a des plantes qui ne donnent du fruit qu'au bout d'un an et plus; d'autres tendent plu- tót à se nourrir et à s’aceroître qu'à produire du fruit. Examinons d’abord en quoi consiste dans les plantes la faculté de se multiplier. On connoit par les observations , que les plantes ne se multiplient pas seulement par la semence, .mais encore par l'inoculation , par la greffe , les feuilles , les racines , par l'écorce ; ou par les nœuds. On voit par-là que la faculté multi- plicative des végétaux , est renfermée dans tout le corps du végétal , comme dans la semence. . Les expériences de Chrétien WOLF prouvent qu'il y avoit une faculté multiplianie dans les ar- ticulations ou jointures inférieures d'un tuyau B 3 22 PRINCIPES RAISONNÉS de bled , et que ees jointures peuvent être re- gardées comme des réservoirs de semence propres . . X à produire de nouvelles racines et de nouveaux épis. La faculté multi plicative qui se troave dans le corps de la plante et dans ses parties prove- nant de celle. qui réside dans la^ graine: l'ordre demande que nous examinions d'abord celle-ci. En considérant la structure des graines des vé- gétaux , on trouve qu'elles sont composées, de pellicules, d'un germe , d'un lobe, et de la racine. Les pellicules ne sont que des enveloppes qui ne contribuent pasà la plante qui doit venir, puis- qu'on les trouve attachées àsa racine. Le lobe com- posé d'une substance farineuse , sert à la nou- riture du germe , sur-tout avant son développe- | ment: mais comme nous avons des expériences qui prouvent que cette substance farineuse se vide et disparoît, c'est dans le germe que nous devons chercher la plante qui doit naître. ^ Par l'analyse chimique des graines des plantes farineuses de la nature du bled, par exemple, pour connoître leurs parties constituantes; on trouve qu'en lavant ces graines avec de l’eau pure, on n'en tire aucune substance saline, lors- qu'elles sont parfaitement mûres ; tandis que celles qui ne le sont point, communiquent un peu d'acidité à l'eau. On trouve encore, qu'en - -— Dr L'AGRICULTURE. 23 les faisant macérer dans l'eau, on obtient une grande quantité de substance muqueuse ou gom- meuse, selon qu'elles sont bien mures et que la fdrine est plus pure. En distillant cés graines , on obtient d' abord un esprit acide huileux , ensuite une huile , et il reste une terre. A feu nu, ces graines donnent dela fumée et noircissent; si l'on augmente le feu, elles. s'enflamment et se convertissent en charbon; et après que les parties huileuses et volatiles en ont été expulsées, elles donnent une petite quantité d'une terre blanche, qui se change facile: ment en verre. Cette portion de terre est d'autant plus petite et plus vitrifiable, que la graine a été plus nourrissante. Ainsi le riz fournit beaucoup moins de terre, et plus aisée à fondre, que le froment , et celui-ci , que l'avoine &c. D'où je conclus , que la substauee farineuse est com- posée d'une terre , produite par le mouvement interne de l'eau, et combinée avec une grande quantité d'huile, laquelle prend aussi, par le mouvement, la consistance d'une terre compacte mêlée d'une eau acide. En effet, les expéri- ences rapportées dans le vingt-unième volume des mémoires de lacadémie de Suède, font *oir, me l'eau se convertit , par le mouvement B 4 24 PRINCIPES RAISON NÉS en une terre: vitrifiable , À les huiles en une terre inflammable. | Voici ce que l'expérience nous apprend de la faculté de se multiplier qui réside dañs la graine des végétaux: elle n'agit point parelle- * méme, à moins qu'uue cause agissante exté- rieure, qui est l'air chaud , ne vienne la mettre en action, ou la développer. L'air et la cha- leur , sans le concours d'une quantité convenable. d'humidité qui puisse dissoudre , atiénnuer , et rendre les parties plus mobiles , ne fercient point agir cette facylié, parce que les graines n'en- trent pas en végétation tant qu'elles.sont dans des lieux secs. Cette faculté multiplicative dé- pend non seulement de l'humidité, mais encore de la quantité suffisante et de la propriété in- terne de la substance farineuse ou de celle qui sert à la nourriture iniérieure de la graine. Aussi , ne regarde-t-on comme fécondes, que les graines qui sont grosses , pesantes, remplies de farine, qui s'écrasent avec bruit sous les doigts, et qui tombent au fonds de l'eau ; tandis qu'on regarde comme peu fécondes, celles. qui sont petites, ridées, légères, peu remplies, qui s'aplatiseent sous les doigis sans se crever, et qui nagent à la surface de l'eau. In observant ce qui se passe dans la végé- » DE L'AGRICULTURE. 25 tation de ces graines , on trouve qu'elles se gonflent peu à peu par le concours de l'humi- dité de lair et dela chaleur; preuve que l'hu- midité est entrée dans leurs pores. On sappercoit ensuite que la chaleur interne devient! de plus en plus sensible , phénomène que l'on découvre aisément dans un tas de bled qui germe, et du quel il sort une odeur particulière ; il s’y fait un changement dars le goüt, dans les sucs intérieurs, et l'on appercoit les premiers vestiges de la racine et de la feuille. Ce mouvement continuant , on voit l'enveloppe ou la pellicule se vider, les racines et les feuilles s'étendre et s'augmenter dans la méme proportion, et le suc intérieur prendre un goût différent. Toutes ces observations et beaucoup d'autres prouvent qu'il se fait dans les graines, qui végètent, un mou- vement interne , qui fait subir des altérations différentes suivant la nature de,chaque plante, et qu'il se fait une vraie fermentation qui a toutes les qualités de celle que la Chimie nous apprend à connoítre: d’où je conclus que la fa- culté de se multiplier consiste dans un mouve- ment de fermentation, et dépend de la matière. fermentative qui, pendant la végétation, se com- unique à chaque graine, suivant sa nature particulière. E 26 - PRINCIPES RAISONNÉS A la suite de ce qui vient d'étre dit , nous remarquerons encore que les principes matériels tant actifs que passifs de la fermentation, sont dans L A et dans la sbve; que tous les sucs tirés par expression sont par eux-mêmes susceptibles de fermentation; que ces sucs ne peuvent être ni atténués, ni combinés les uns avec les autres , sans un mouvement interne; enfin, qu'une substance spiritueuse est produite par cette fermentation naturelle , comme dans la fermentation artificielle. Toutes ces observa- tions conspirent à donner de la certitude à la doctrine que je viens d'établir. D'ailleurs ce sentiment a été adopté par plusieurs natura- listes célèbres , tels que Malpighi, Digby , Rédy, Lemery , Vallemont , Homberg , Eysfarth , Marzuchi , Kiesling , Kraft &c. Les différentes saveurs et odeurs que rendent les difiérens végétaux, meitent en droit d'en conclure , que ces fermentations varient dans chacun d'eux. C'est sur ce principe qu'est fondé l'art de greffer. Car je ne vois pas qu'on puisse expliquer autrement qüe par un changement qui s'opère dans la fermentation du bob de la feuille ou de la branche, le change- ment total dans le goût, et dans les qualités de la sève d'une branche , ou d'ux arbre à la MEL AGRICULTURE. 27 suite de la greffe pratiquée par les jardiniers. D'ailleurs le simple mécanisme ne suffiroit pas pour rendre raison d'un pareil changement. Il n'est pas aisé de décider quelle est la ma- tiere qui met la graine en fermentation , et* de laquelle dépend la diversité que lon trouve dans les plantes. S'il m'est permis de hasarder ici mon opinion, je crois que ce levaiu est la pous- sière des étamines qui sert à la fécondation des graines , lorsque les plantes germent: cette pous- sière aprés avoir été purifice, s'élève de même que la levure, et se communique à la graine qui n'est point encore développée. Ce systóme de la fermentation peut, ce me semble, expliquer pourquoi les petites racines et les germes dout les fibres ont pourtant une origine commune, ont une direction opposée, les plantes s'élevant tandis que les racines s'enfoncent. En eflet, par le mouvement de fermentation qui commence au milieu de la graine , il faut né- cessairement que la partie la plus légère monte, et que la plus pesante descende : mais ces par- ties supérieures et inférieures de la graine ne dé- pendent point des causes extérieures, il faut donc qu'elles dépendent de la structure interne et de - la disposition mécanique des parties et des fibres. Je laisse à d'autres physiciens plus instruits | ; ^ 28 PRINCIPES RAISONNÉS que moi, à décider la question. C'est ce mou- vement de fermentation qui fait que les bleds recueilis dans un été humide, sont moins dis- posés à la fermentation, qu'exige le pain; ces sortes de bleds ayant déjà subi une première fermentation, ils ont déjà éprouvé du change- nint dans leurs propriétés originelles. Au reste, on peut leur rendre le mouvement de fermen- tation nécessaire pour faire du pain, en leur joignant un levain plus actif, et en prolongeant le tems de la fermentation. Ainsi la fermenta- tion naturelle des plantes de méme que leur fa- culté multiplicative et la végétation des graines peuvent êire non seulement changées et diver- sifiées par l'addition d'un levain différent; mais on peut encore les augmenter ou les diminuer, tant par des causes intérieures, que par des causes extérieures. La faculté multiplicative des graines peut être aidée et augmentée , d'abord, par la ma- turité , qui perfectionne leur. disposition méca- rique, qui élabore complettement le suc nourri- cier et les rend plus propres à la fermentation. Ainsi pour semer, ii faut choisir des ‘graines bien müres. On ne peut done donzer trop d'é- loges aux laboureurs , qui, aprés avoir mis leur 2M bled en gerbe, le mettent à couvert , et le bua T A-OGORCÜOL TU RE. 29 laissent encore quelque tems exposé à l'air pour le faire mürir d'avantage. En second lieu, on augmente la faculté multi- plicative des graines, par un degré de chaleur convenable , parce que sans la chaleur on ne peut exciter ni mouvement, ni fermentation, consé- quemment point de germination. On verra , dans le chapitre suivant , quel degré de chaleur il faut pour cela. Un épi de bled étendu sur la terre, avant, ou aprés avoir germé, ne donne que des grains inféconds , ou incapabies de se multiplier. Cela vient du manque de chaleur , parce qu'étant près de la terre , ils ne sont pas suffisamment échauffs de tous les cótés. Les arbres sont ordi- nairement plus vivans, et plus chargés de feuilles du côté du midi. Ainsi, quand on voudra semer , il faudra choisir la graine, qui a été, autant qu'il est possible , échauffée et mürie de tous les côtés par le soleil. Troisiémement, la faculté multiplicative des graines est augmentée , par une graisse et une humidité convenable dans le terrein. Car, toute fermentation exigeant une quantité proportion- nelle de parties humides , salines et huileuses, la faculté multiplicative des graines exige pareil- lement une quantité convenable de ces principes et appropriée à leur nature. Il ne faut donc pas 20 PRINCIPES RAISONNÉS. s'étonner, si trop d'humidité et trop de graisse étouffent les végétaux , ou ne leur font produire que des graines infécondes , et qui ne mürissent - pas. Dans cet état , les plantes surchargées d'hus midité , ne peuvent parvenir à maturité ; tout se porte à la croissance et à la paille, et rien à la fructification. Par la méme raison , les graines semées dans du fumier , produisent rarement, Ou. jamais des graines müres. Mais il faut remarquer que la quantité de graisse et d'humidité varie considérablement , suivant :la nature de chaque plante. L'expérience seule peut indiquer celles qui en demandent plus ou moins. Elle nous ap- pread, que pius les. graines sont farineuses Let nourissantes , plus elles exigent d'humidité et de chaleur: le contraire à lieu, pour les graines: aoins farineuses. D'après cela , on peut.se faire une regle pour choisir les graines que l'on veut semer. Quatrièmement , enfin, on peut augmenter la faculté multiplicative, par un levain, ou matière fermentante convenable, qui, pour se joindre à la graine, demande un tems serein , lorsque les plantes cgmmencent à pousser. Ta Ce qui vient d’être dit, suffit pour faire cons noftre , s'il est vrai que le changement de terrein et de climat contribue à la multiplication des LD PASGRIGQULTURE - 91 plates. Nous en parlerons par la suite avec plus d'étendue, et nous examinerons si cette multi- plication peut étre favorisée par l'art. | oyons maintenant, comment la faculté mul- tiplicative dans la graine , est diminuée. 19. Par son immaturité > comme nous l'avons vu plus haut. 29. Par le froid , ou par le "défaut d'une chaleur convenable. Ainsi, le voisinage des forêts nuit aux terres, à cause du froid et de l'ombrage qu'elles occasionnent. 3e. Par la sécheresse et l’aridité du sol: pär- ce que les plantes qui croissent sur un terrein stérile , employent nécessairement tout leur tems à changer la matière nutritive, et la graine en est moins féconde. 4%. Par le défaut d'un levain, ou d'une ma- tière propre à exciter la fermentation. 59. Par la vieillesse; en effet , sur ce point les plantes paroissent avoir de lanalogie avec les animaux : la vieillesse leur óte de plus en plus la faculté de se reproduire. Dans. cet état, la partie humide et huileuse en est dissipée , et il est pos- sible que le levain soit, à certains égards, sujet à se corrompre. D'après cela , on ne peut admettre l'opinion de ceux qui prétendent quil vaut mieux employer de vieilles graines; pour ensemencer les ^ 42 | PRINCIPES RAISONNÉ SN terres: opinion qui est contredite par l'expérience et par la raison. 6°. Enfin, la faculté multiplicative des graines. est diminuée, par le changement du climat ; sur- tout lorsqu'on fait passer les plantes d'un climat chaud à un climat froid. I] en est de méme des animaux , tels que les beeufs et les chevaux que- l'on transporteici(ez Suède) et qui y dégénèrent en peu de tems. Les cultivateurs, par exemple ». qui font venir de la Podolie du bled pour le semer ici, y trouvent , sans doute, du profit la première année; mais la suivante , ils perdent tout le fruit de leurs travaux, parce que la faculté multipli- cative s'affoiblit , en raison de la diminution de la chaleur et de la graisse du terrein. De nombreuses disputes se sont élevées de nos jours , pour savoir, s'il étoit possible que la diffé- rence du sol, du climat et de la semence pro- duisit un changement dans la graine. Pour moi, je crois que l'expérience et l'observation, bien pius que le raisonnement , sont faites pour décider la question. Nous sommes bien loin d'avoir dé- couvert tous les secrets de la nature. Je pense qu'une seule expérience, faite avec soin et qui constateroit clairement ce changement , suffiroit pour terminer la querelle: certainement, un grand nombre. d'expériences manquées ne font DE L'AGRICULTURE 33 rien conclure , si non que cetie sorte de transmu- tation ne réussit pas en tout tems et en tous lieux. C'est donc s'opposer aux progrès des connois- sances , et aux moyens de constater la vérité , que de, détourner les hommes de ténter de pareilles expériences. Quel jugement fa@t-il porter de ceux qui veulent persuader aux autres qu'ils connoissent suflisamment les voies incompréhen- sibles qu'emploie la nature pour la génération, dans les divers régnes , comme dans un seul? De tout tems le charlatanisme des faux savans a mis des entraves à la recherche de la vérité; c'est le fléau destructeur des connoissances humaines. Espérons que de nouvelles expériences ameneront la décision de cette importante question. Li 34 PRINCIPES 'RAISONNÉS CHAPITRECIY. DE LA CHALEUR, COMME UN DES AGENS QUI CONTRIBUENT A LA V ÉGÉTATION. Js plantes 2 ainsi que les animaux , ne peuvênt vivre sans chaleur. Dans l'automne, lorsque la chaleur diminue, la végétation devient languis- sante, la couleur des plantes disparoit, et se ranime au retour de la chaleur. Dans les étés froids, les plantes croissent avec pius de lenteur: et parviennent plus promptement' à la maturité , dans les étés chauds; la chaleur contribue donc beaucoup à la végétation et à la croissance des piantes. Pour connoitre comment s'op?re ce phénoméne, il faut distinguer deux espéces de chaleur: l'une, contenue dans l'air, l'autre dans la terrequi s’elève en haut. Voyons quels effets ces deux espécés de chaleur produisent sur les plantes, sur la terre, dans laquelle elles croissent, et sur l'air qui les environne. L'expérience et la théorie font voir que la chaleur agit de deux manières sur les plantes; 1°. réellement et formellement , en ce qu'elle produit et favorise le mouvement des sucs: car la cessa- tion de la chaleur occasionne celle du mouvement ; conséquemment il v a aussi cessation dans la = L’'AGRIGUETUREE. 35 nadüebture et dans l'accroissement. L'eau et les sucs restent sans mouvement dans les fibres, et s'y corrompent, dés que la chaleur manque, et si le froid vient à s'y joindre, ils se convertissent en glace. De plus, sans le secours de la chaleur , les substances nutritives ne peuvent être appro- priées ou assimilées aux végétaux, comme nous l'avons fait voir plus haut: et sans elle, leurs principes internes ne sont point mis en action. 2°. La chaleur agit matériellement sur les plantes, en leur communiquant une substance nutritive inflammable. La chimie physique dé- montre que la chaleur consiste dans le mouvement du calorique , et que la formation d'une sub- stance grasse et huileuse, n'est due qu'à une matière inflammable combinée avec l'eau par l'interméde du sel. Aussi Kulbel , dans son traité de la fertilité , a-t-il conjecturé que les huileset les matières grasses, sont produites par la terre grasse et inflammable. J'aurai occasion, par la suite, de m'étendre plus amplement sur cet obiet. La chaleur de l'air et celle de la terre agissent de deux facons sur la terre elle-même. D'abord d'une manière réelle et formelle, en résolvant en vapeur l'eau et la partie grasse de la terre, et en les poussant vers la surface des végétaux. Cet eflet est dà particuliérement à la chaleur sou- C3 36 PRINCIPES RAISONNÉS terraine, qui, au défaut de l'eau qui vient de l'air, évapore l'humidité qui se trouve par-tout dans la terre, et la porte vers la racine des plantes. Cette chaleur souterraine empêche encore que le froid ne saisisse et ne glace tous les sucs végétaux. En second lieu, la chaleur de l’air et celle de la terre, agit sur la terre elle-même d'une manière matérielle , en combinant la partie inflammable, - qui se trouve , et dans la terre méme et dans l'air, avec la partie grasse du sol, qu'elle rend par-là plus fertile et plus nourrissant. Remarquons encore que la substance spiritueuse du règne végé- tal se combine avec les susbtances huileuses; voilà pourquoi les terrains gras sont toujours plus chauds que les terrains arides et secs: c'est que dans un terrain qui manque de graisse , la sub- stance inflammable ne peut point se combiner; parce qu'alors elie n'a point de substance analogue àvec laquelle elle puisse former de l'union. La chaleur agit sur l'air d'une manière réelle, soit en l'atténuant , pour faciliter son mouvement, ainsi que celui des sucs dans les végétaux, soit en favorisant la végétation, à l'aide des vapeurs qu'elle éléve. La chaleur agit matériellement sur l'air, de deux manières; la première , en combinant les ^ edi DE L'AGATCULTURF 37 molécules aqueuses ou les vapeurs, et les molé- cules inflammables, de facon à produire un prin- cipe salin , que quelques-uns ont. nommé sel aérien ; la seconde, en ce que cette chaleur combine, à l'aide de ce sel, les molécules aqueuses, de manière à produire une huile très ténue, que l'on pourroit appeller avec raison, huile étAérée, ou vo/atrle. | La chaleur ne sauroit exercer ses diverses facons d'agir, sans une force proportionneile à la nature de chaque plante, parce qu'elles différent toutes par le degré de froid qu'elles peuvent supporter. Cette diversité dépend du plus ou du moins d'énergie dans la faculté multipliante. En général, la chaleur doit étre à un degré tel qu'elle pénétre à travers l'écorce dela plante, et se fasse sentir jusques dans son intérieur. Elie nuit aux plantes, quand elle est trop forte, parce qu'alors elle force la substance nutritive de sortir de la terre en forme de vapenrs ; les sucs et les fibres des végétaux desséchés, ne peuvent être atténués , et s'épaississent. La trop grande chaleur produit le même effet sur les animaux, en épais- sissant pareillement leurs humeurs. La chaleur trop foible nuit aussi aux plantes, parce qu'alors le mouvement des sucs nourriciers est affoibli, ou méme totalement arrété, C 3 938 PRINCIPES RAISONNÉS Quelques philosophes ont nommé esprit du monde , la substance de laquelle tous les corps vivans de la nature tiennent la vie, l'accroissement ct la conservation; mais c'est à la chaleur que ces citets sont düs. Il paroît que cet esprit du monde n'est autre chose que la matière de la lumière ou de la chaleur, le caZorigue ( suivant la nouvelle nomenclature chimique), combinée avec les parties invisibles de la matière inflammable. En effet, la chimie prouve que la matière échauffante, ou le VY MT est le résultat de la combi- naison de la lumière avec la substance inflam- in3ble, on le principe hypothétique de STHAL. E DE L'AGRICULTURE. 29 LAILAPITBBZIGE.NXM. DE L'AIR, CONSIDÉRÉ COMME UN MOYEN QUI CONCOURT À: LA VÉGÉTATION. | WES physiciens et les chimistes ont observé , depuis long-(ems, que, sans le concours de l'air, où dans un lieu qui en est privé , les graines ne peuvent point germer , ni les plantes Po Pour se faire une idée claire de l'influence de Fair sur la végétation , il faut le considérer sous deux aspects différens ; comme pur et dégagé de toutes substances hétérogènes ; sous cette forme, il prend le nom de zatére éthérée, ou de gaz oxigène ; ou comme combiné avec des substances étrangères : et alors on le nomme arr atinosphérique. Le gaz oxigène, ou l'air pur et élastique, contribue à la végétation, parce qu'il favorise la fermentation intérieure des sucs, par là faculté qu'il a d'atténuer et de, diviser , qui dépend de la : chaleur , et par celle de les épaissir, qui dépend du froid. Il est certain que l'air élastique est aussi nécessaire à la vie des plantes qu'à la circulation des fluides, et à la respiration des animaux. L’air atmosphérique est celui que les animaux * v su 40 PRINCIPES RAISONNÉS respirent , et dans lequel les’ plantes germent , vivent et végètent. Pour connoîire en quoi l'air contribue à la végétation, il faut en examiner les parties séparément. Les molécules, que la respiration, ou léva- poration a portées dans latmosphere, et qui viennent , soit de la terre elle-même, soit des corps qui sont à sa surface , ne peuvent être que des molécules plus légères que l'air, mais parmi lesquelles nous ne connoissons que les molécules inflammables pures, qui soient réduites en va- peurs , et volatilisées à l’aide de la chaleur. Parmi ces molécules , l'on doit compter ; 1?. les particules aqueuses, dont une quantité borne est conti- nuellement volatilisée et pad » de la mer, des lacs ; des rivières et de tous les corps de la nature, par la chaleur ; 2°. les particules inflam- mables , qui se dégagent d'elles-mómes des. corps, et sur-tout de la terre, pour se répandre dans l'air, et lui communiquer toute sa chaleur ; 3°. les particules huileuses et grasses, qui, aprés avoir été résolues en vapeurs, et volatilisées par. la chaleur, passent en si grande quantité dans l'air, que JUNKER et d'autres chimistes ont regardé l'air comme le réservoir et le sié(ze naturel des parties huileuses et inflammables ; cette vérité est rendue palpable non-seulement par la chaleur; è DÆ L’AGRICUETURE. 4i . mais encore par les éclairs, les tonnerres et les autres météores; 4?. les particules salines qui contiennent'un acide trèssubtil et un acide volatil, et qui sont par elles-mêmes fluides, spiritueuses , et sous la forme de vapeurs, mais qui paroissent s'élever en moindre quantité dans l'air, puisqu'on n’en trouve que de très foibles vestiges dans l'eau qui en tombe. C’est une erreur de prétendre que l'air renferme du nitre, du soufre ou d’autres substances compactes , parce que les corps de cette espèce, dans leur état de combinaison , ne sont pas même susceptibles d'évaporation. D'après ce principe , je crois que les particules terreuses, quelque déliées qu'on les suppose , ne s'élèvent point dans l'air, pour y rester suspendues. Je coüviens que dans la partie inférieure de notre atmosphère , il peut voltiger des particules de terre très déliées; je ne nie pas non plus que la fumée, qui, par l'analyseque l'on fait de la suie , contient des particules terreuses, n'en porte une certaine quantité dans l'air; mais on sait que ces par- ticules sont , ou inflammables par elles-mêmes, ou combinées avec quelques parties inflammables, et qu'en conséquence elles nagent à la surface de l'eau , sôus la forme d'une poudre très fine. On sait encore que, lorsque ces particules se sont élevées jusqu'à une certaine hauteur, par 42 PRINCIPES MAISONNÉS | le moyen de l'air ou de la chaleur, ou d'une. substance inflammable, elles retombent eusuite peu-à-peu. Pour s'en convaincre, il n'y a: qu'à étendre du linge blane, ou des glaces polies ; lorsque l'air est serein et tranquille, ils se couvri- ront deces particules terreuses, sous la forme d’une poussière très fine. C'est done sans aucun fondement que quelques écrivains ont supposé que l'air renfermoit une substance nitreuse, qui étoit le. principe de la végétation ; et que d'autres ont cru que les plantes étoient nourries. par des par- ticules terreuses qui se trouvoient dans l'air, ou qui y avoient été portées. À Les corpuscules formés dans l'air, que Ton découvre dans l'atmosphère , et qui sont produits par une nouvelle combinaison des particules évaporées , auxquelles le mouvement et frottement ont fait subir divers changemens , sont ; 1° des acides qui sont dûs à une matière inflammable, très subtile , combinée avec des particules aqueuses en vapeurs , et pourvues d'élasticité. C'est . de-là que l'on donne à ces acides le nom d'acide uni- versel et primitif. Les observations électriques , ainsi que l'acide qui se trouve dans quelques plantes , semblent indiquer que cet acide universel a de lanalogie avec l'acide sulfurique ; 2°. des parties grasses et huileuses, formées par une cer- DT D'AGRTCU LTURE. 43 taine huile; que je nommerai orzzinelle, qui paroît avoir été produite dans l'air même, d'une substance inflammable , au moyen de /'acide carbonique ; mais qui ne se trouve dans l'air que sous la forme d'une vapeur ; 3?. des particules sulfureuses et électriques formées par la combi- naison de l'acide, carbonique avec une matière inflammable. J'observerai que les parties inflam- mables ne sout point produites , mais qu'elles doivent étre regardées comme des élémens, qui, par la circulation continuelle, sont portées de la terre dans l'air, et vice versé. D'après ce qu’on vient de dire, je conclus, que les particules formées dans l'air, différent de celles qui ont été formées par l'évaporation, non-seule- ment parce qu'elles se forment dans des lieux dif férens et d'une manière différente , mais encore parla nature et les diverses propriétés de ces par- Aicules, comme le prouvent assez les effets mer- veilleux du soufre aérien, et les météores. On peut donc conclure que l'air , en tant que composé , contribue à la végétation de deux manières; pre- Mmièrement , par les variations qui y surviennent, et par le mouvement plus ou moins fort que les vents y excitent. On ne sauroit deuter que les variations de l'air ne dépendent de la nature des vapeurs, de l'abondance ou du défaut ‘+ parties 44 PRINCIPES RAISONNÉS aqueuses, des parties inflammables , du froid et du chaud. Mais tout le monde sait que les varia- - tions de l'air, et la diversité des vents contribuent à la végétation, et que les végétaux ne peuvent croitreavec vigueur, nidans un air continuellement sec, ni continuellement humide. Ces variations servent tantót à favoriser, tantót à retarder l'évaporation , à purifier les substances nutritives, et à les faire entrer dans les plantes, ou à les débarrasser de celles qui sont nuisibles. En second lieu, l'air, par son mouvement , sert à diviser, atténuer et combiner, soit les particules qu'il renferme , soit celles qui y sont portées par l'éva- poration , scit celles qui se forment en lui. Enfin l'air contribue matériellement à la végé- tation , en lui fournissant les substances nutritives dont il s'est, chargé par l'évaporation ; telles sont, les parties aqueuses qui tombent , et.qui se joignent aux plantes, soit sous la forme d'une vapeur , soit sous une forme épaissie, soit sous celle de la gelée, dans la rosée, le brouillard, la pluie, la neige, : etc. , les parties inflammables, qui sont agitées , chassées par le mouvement de l'air, et qui sur-tout éprouvent l'actión des rayons du soleil. Les parties huilewses subtiles qui sont poussées par le mouve- ment de l'air, mais qui retombent en méme tems que les partiesaqueuses , et que l'art est parvenu à -* DE L'AGRICULTURE. 45 séparer des eaux aériennes. As oilà pourquoi les eaux du ciel sont si sujettes à se corrompre, ‘et sont si propres à fertiliser la terre. STHAL , dans son traité de la fermentation, a pensé que ce sont ces parties huileuses et inflammables, qui servent à l'entretien et à la nourriture des arbres rési- neux , tels que les pins, les sapins, les genevriers, etc. , qui croissent dans des terrains maigres, sa- blonneux et remplis de cailloux , et qui cependant, contiennent plus de parties grasses que tous les autres arbres. En effet , d’où pourroient-ils tirer la partie grasse et inflammable donf ils abondent ? Enfin les parties salines qui retombent pareille- ment avec les parties aqueuses, et qui sont peut- être l'interméde qui sert à lier les parties huileuses avec les ee aqueuses. Les expériences d'UnBAIN HIARNE , et de MaAnGRAF, prouvent que l'on peut tirer une portion d'acide nitrique, et d'acide muriatique de soude, des eaux du ciel. On sait qu'après le tonnerre, on s'appercoit d'un acide sulfurique trés subtil ; et l'on peut conclure que cet acide se combine avec les plantes par le su/fate de potasse, ainsi que par.un acide semblable à l'acide sulfurique , qui se trouve dans le chêne, et dans quelques autres arbres. Les observations font voir, que les plantes que » 46 PRINCIPES RAISONNÉS l'on conserve dans les maisons, ne croissent que’ très lentement et demandent l'air libre, quoiqu'elles ne manquent ni de vapeurs, ni de chaleur, ni d'air. On voit aussi que les graines des plantes ne germent que tres lentement , ou*méme point du tout dans un air stagnant, quoiqu'il y ait des vapeurs et des exhalaisons. Ajoutons que les ani- maux ne peuvent vivre long-tems dans le méme air, qui nuit à la conservation de la vie, lors- quil a été SR Me la respiration réitérée. Le sang exposé à l'air, est d’un rouge très vif, et le perd quand on le prive du contact, de l'air. Quelques philosophes ont cru , qu'indépen- damment de l'air et des diverses exhalaisons , l'atmosphère fournissoit encore une substance nourrissante propre à ranimer la végétation, et à conserver la vie des plantes et des animaux; cette substance, ils l'ont nommée, Paprès le Cosmopolite, la gourriture occulte de la vie ; mais comme , à l'exception des exhalaisons, il n'existe, dans l'atmosphère, d'autre substance ncurrisante que l'acide formé dans l'air, et les parties huileuses et inflammables ; j'en conclus que la nourriture occulte de La vie consiste uni- quement dans les parties huileuses et sulfureuses , ou inflammables , ou électriques, qui se forment ^ DTA GREC UÙ L TU RE: 4Y dans l'air, et qui tirent leur origine de l'ame du monde. La substance nourricière cachée , de méme que les exhalaisons, concourent à la fois à la germi- nation et à la végétation des plantes, ou immé- diatement ; car ces substances entrent par la succion dans le corps de la plante, par les vais- seaux. propres à les attirer, et se joignent aux sucs qui y circulent : c'est pour cette raison que les arbres cessent de croitre, quand on les a dépouillés de leurs feuilles; et plus ils ont de feuilles, plus ils sont gras, comme le pin et le sapin ; ou médiatement, en ce que ces substances sont com- muniquées à la terre, etla rendent fertile. L'ex- périence prouve que la terre inféconde , qui est placée dans la profondeur, devient fertile en peu d'années, quand elle est exposée à l'air; preuye que la terre se charge des substances aé- riennes. Leseaux dn ciel, imprégnées des substances formées dans l'air et des exhalaisons, possèdent Ja faculté de fertiliser ; elles ont de plus, la pro- priété de dissoudre , et de combiner les substances hétérogènes, pour les rendre propres à la végétation, L'air et les substances qu'il contient , ne sont pas de la méme nature en tout temps et en tout lieu: on y trouve des différences considérables , selon le plus eu le moins de chaleur du climat , PRINCIPES RAISONNÉS. 48 ou de la température. Cette différence dépend de la plus ou moins grande quantité de molécules in- flammables qui produisent la chaleur. C'est peut- - être la raison pourquoi le zapel est moins vénéneux dans les contrées du Nord , que dans celles du Midi, et pourquoi les baies du Fustet et de la Belladone , sont moins vénéneuses en Îtalie, etc. On trouve encore des différences dans l'air, en raison de l'élévation du terrain au dessus du niveau: de la mer: car plus on s'éléve dans l'air , moins on rencontre d'exhalaisons et, par conséquent , moins on éprouve de chaleur à proportion que le lieu est plus éloigné de la mer et des eaux , ainsi que des foréts et des terres incultes. En effet , plus un terrain est voisin de la mer, plus il est exposé aux variations de l'air, et plus cet air est chargé d'exhalaisons et d'humidité. Dans les lieux incultes et couverts par les foréts, l'action de l'air et de la chaleur est interceptée : il ne peut donc y avoir qu'une foible évaporation des molécules in- flammabies ; conséquemment ces endroits sont com- munément très froids, selon la nature et les pro- priétés du sol , parce qu'un terrain aride et sec ne peut produire les mémes exhalaisons , qu'un terrain divisé et spongieux. Un sol échauffé par la chaleur souterraine n'est point le méme qu'un terrain froid. Une terre inculte et inhabitée n'est pas si propre DE L AGRICULTURE 49 à produire ,; que celle qui est habitée et cultivée : et un terrain montueux n'a pas les mémes pro- priétés ; quune plaine ou un vallon. Enfin, les différences de l'air dépendent d'un infinité de cir- constances qu'il ne seroit pasfacile d'indiquer toutes. Celles qu'on vient de remarquer , jointes à beau- coup d'autres, qui noussont peut-étre totalement inconnues , sont cause que souvent, sous un méme ciel, et dans la même contrée , les mêmes plantes ne peuvent point croître , et qu'on ne réussit pas toujours, quand on transplante une plante d'un leu dans un autre , sous le même climat. D'après ce que nous avons dit sur les parties constituantes des plantes, si l'on considère que toute eau peut se convertir en terre, comme on le démontrera danslechapitre suivant , noussommes en droit de conclure que l'air contient tous les principes dont les végétaux sont composés. Ainsi, lesplantes prospèrent d'autant plus qu’elles jouissent du libre contact de l'air, que toutes leurs parties , conséquemment leurs racines en sont touchées, et suivant qu'il est plus adapté à la nature de chaque plante, d'après sa quantité et sa qualité. Voilà pourquoi les plantes croissent si bien dans la mousse. óo PRINCIPES RAISONNÉS # CH API TRE: VE ^ DE L'EAU, CONSIDÉRÉE COMME UN DES AGENS QUI CONTRIBUENT ALA VÉGÉTATION: i r n'est personne qui ne sache, par expérience , que les plantes ne peuvent végéter sans eau. On observe journellement que leur accroissement est proportionnel à la quantité d'eau qu'elles reçoivent de l'air. Aussi plusieurs naturalistes, anciens et modernes , ayant remarqué que les plantes croissent daus l'eau simple, ont prétendu que l'eau seule suffisoit à la végétation. Mais d'autres n'ont pu comprendre comment l'eau seule pouvoit fournir un si grand nombre de substances variées aux plantes, et ils l'ont regardée plutót comme un véhicule, que comme la substance nourricière. : Je vais rendre en peu de mots, la plápart des expériences qui ont été faites d’après cette idée. Ces expériences sont de deux espèces : les unes ont eu pour objet lesespéces de plantes elles-mêmes; et les autres ont été faites sur l'eau. Jean-Baptiste Van HELMONT est, je crois, le premier qui ait prouvé, par une expérience, quela tezre necontri- bue en rien à la nourriture des plantes. Voici les paroles de l'Auteur:« J'ai pris un vaisseau de vov Y Y ox DEL AGRICULTURE i terre , dans lequel j'ai niis deux eent livres de terre séchée au four; je l'ai humectée avec de l'eau de pluie, et j'y ai piacé une branche de saule du poids de cinq livres. Au bout de cinq ans , l'arbre qui s'y étoit formé , pesa neuf cent livres et environ trois onces. J'avois eu soin » de remettre, toutes les fois qu'il en étoit besoin, » de l'eau de pluie, ou de l'eau distiliée dans le vaisseau quiétoit fort large et que j'avois en- foncé dans la terre. Pour empécher que la poussière n'y entrát , j'avois couvert l'ouverture du vaisseau avec un couvercle de fer-blane , rempli de trous, Je ne fis point entrer dans mon calcul le poids des feuilles qui étoient tombées chaque année. Enfin, je fis sécher la terre contenue dans le vaisseau, et je retrouyai qu'elle pesoit deux cent livres, moins quelques onces. » Robert Boyle a fait depuis une expérience semblable à celle de Van HELMONT , sur une courge, et il à remarqué un accroissement proportionnel, sans déchet dela terre. GrEDITSCH. et BONNET s'y sofif,pris d'une autre manière pour faire des expériences et ils ont trouvé pareillement que les plantes n'avoient pas besoin de terre pour croitre , pourvu qu'elles aient une suffisante quantité d'eau. Ils ont vu que de la mousse et. ! »s champignons , renfermé: dans un D 2 55 PRINCIPES RAISONNÉS vaisseau de verre et humectée avec de l'eau ; croissent trésbien. Duhamela réitéré des expériences semblables. Ce savant naturaliste a fait en méme temps des expériences chimiques sur les plantes qui croissent dans l'eau, et il a trouvé qu'elles donnent les mémes produits que celles quicroissent dans la terre : d’où il a conclu que leurs principes viennent de l'eau pure. Il a aussi trouvé qu'une eau saturée avec du nitre, du muriate de soude , et la lessive de cendres, ainsi que les dissolutions du fumier et du terreau lavés dans l'eau , contribuent trés peu à la croissance des plantes, qui viennent beaucoup mieux dans l'eau simple. Kraft a fait desexpériences du méme genre , suivantsa méthode , eta trouvé les mêmes résultats. Il a semé del'avoine et du chenevis sur de la terre fertile, sur du sable desséché , sur des rognures de papier, sur du drap ou de la laine coupée, sur du foin haché : en- suite il a humecté ces graines avec de l’eau, et il a trouvé qu'elles levoient également sur chacune de ces matières , et à peu prés dans le méme tems. Au contraire ,-il a trouvé que ces graines ne levoient point; lorsqu'on les traite de la méme maniére , en y joignant de la limaille de fer, des cendres non lessivées , du sable mêlé avec du nitre , de la potasse et de la farine. Enfin , Charles Alston rapporte des expériences faites dans le même goût, NE: LAÂAGRICGULIT U.RE. 53 et suivies des mêmes succès. Il a vu que différens sels mêlés avec la terre , non seulement retardent , mais encore anéantissent la végétation, tandis qu'une terre maigre et épuisée, étant passée au tamis , a prc- duit des plantes aussi fortes, qu'auroit pulefairele terrain le plus gras. Il a , depuis , remarqué qu'en employant la chaux vive , la croissance étoit plus foible , et que l'eau de chaux ne rendoit ies plantes ni plus belles , ni plus fortes. Concluons de toutes ces expériences qui ont été faites avec soin, et dont le résultat ne s'est point démenti, que la terre matériellement ne contribue en aucune sorte à la nourriture, ou à l’accroisse- ment des végétaux , et que le suc nourricier des - plantes , n'est dû qu'à l'eau et à l'air. : Voici d'autres expériences qui prouvent encore que les plantes tirent leur croissance uniquement de l'eau. l'RIEW ALD en a fait decegenre en 1730 en Suède : elles ont été répétées par MiLLARD, en Angleterre. ELLER en a fait, avec le plus grand soin, toujours avec les mémes résultats il: a confirmé celles de VAN HELMONT et de BOYrE, par l'exemple d'une citrouille qui a crû sans dé- chet dans toute sa grosseur , et móme ayec augmen- tation de laterre. De plus, ila misdes oignons de jacinthes dans de l'eau distillée, et il en a obtenu D 3 54 PRINCIPES RAISONNÉS des plantes parfaites, qui, brülées, ont donné une véritable terre. | Toutes ces choses prouvent que la terre n'entre point avec l'eau dans les végétaux , pour enformer la base solide; mais que l'eau, par le mouvement qu'elle y éprouvé, se convertit en terre. Puisque nous venons de voir que les plantes tirent de l'eau tous leurs principes constituans , il est clair qu'elles en tirent aussi leurs parties sa-. lines , huileuses, mème terreuses. Apuyons encore cette vérité par un raisonnement: dans une terre ui pese vingt livres , il peut croître quatre mille plantes différentes, dans lesquelles on trouvera des huiles et des sels difiérens. Supposons qu'on fasse l'analyse chimique de ces plantes; on ob- tiendra presque de chaque plante à peu prés une once d'huile et de sel; si cette huile et ce sel venoient de la terre, il faudroit qu'elle contint quatre mille onces , ou deux cent cinquante livres d'huile et de sel, tandis qu'on n'y en trouvera pas méme un grain de l'un ou de l'autre. La chimie a trouvé que les eaux peuvent se convertir en une substance saline et huileuse, à l'aide de la chaleur, ou de la putréfection. De l'eau distillée mise dans un vaisseau fermé que l'on expose aux rayons du soleil, rend, aprés une seconde distillation, un acide spiritueux et une substance huileuse. pE*rA:G RACUSR TU RIE. — 3 D'après ce qui vient d’être dit, on voit que les plantes se chargent d'une très grande quantité d'eau, tellement que cette quantité qu'elles at- tirent chaque jour, est égale et surpasse même très souvent le poids de la plante ou de la branche qu'on y met. Cependant, il ne faut pas croire que toute cette eau demeure dans les plantes: la plus grande partie s'évapore , et il n'en reste qu'un petite portion. GUETTARDaremarqué que l'évapo- ration étoit plus forte dans certaines plantes, et moins considérable -dans d'autres. Ce savant a pareillement observé que les plantes qui sont ex- posées au soleil, évaporeat plus que celles. qui sont à l'ombre. ila fait voir avec HALES, que le fluide qui s'évapore est, comme l'eau pure, privé de saveur et d'odeur ; mais qu'une augmentation de chaleur lui dohne de la saveur, et le fait entrer plus promptement en putréfaction. Ainsi, toute l'eau qui passe dans les végétaux , ne doit point étre regardée comme servant à leur nourriture: la plus grande partie de cette eau y est attirée pour d'autres usages. VV OODYV ARD a examiné la quantité d'eau qui restoit dans chaque plante; il a trouvé que, dans quelques unes, ee qui en restoit, étoit, dans l'espace de soixante et dix jours, comme 1 à 714, et que dans d'autres , la poriion restante de l'eau attirée dans un jonr, D 4 56 PRINCIPES RAISONNÉS comme 2 et demi à 354. Il est difficile de dé- terminer la quantité d'eau qui reste dans les plantes, parce qu'elles n'en évaporent pas en tout tems la méme quantité , et , qu'indépendamment de l’eau , elles évaporent encore d'autres parties excrémentales , qui font aisément entrer cette eau en putréfaction. On vient de voir comment l'eau contribue à la végétation ; mais pour répandre encore plus de . jour sur cette question , il faut considérer l'effet qu'elle produit sur les végétaux et sur la terre. D'abord l'eau agit matériellement sur les plantes en ce qu'elle est nécessaire pour leur porter la substance nutritive; et, par le concours d'une certaine matière aérienne , il se forme des molé- cules terreuses , salines et huileuses. Par le moyen de son fluide non élastique , Élle fournit aux plantes une substance visqueuse , qui favorise, pat le moyen de l'huile, la réunion parfaite des molé- cules terreuses: car une partie de l'eau est si fortement attachée dans l'intérieur du corps solide de la plante, qu'on ne peut l'en expulser sans la décomposer et la déiruire totalement. Mais comme l'eau forme la combinaison de la plante dans laquelle elle entre elle-même, il faut nécessairement la regarder comme la vra:e cause matérielle de la végétation. i HR L'AGRICULTURE 5 En second lieu , l'eau agit mécaniquement sur les plantes; soit en amolissant l'écorce, pour qu'elle puisse se nourrir et s'étendre, soit en communiquant à la plante une substance huileuse et saline aérienne, à l'aide de la chaleur. Troisièmement l'eau favorise le mouvement de la fermentation excitée par l'air et la chaleur. De plus, elle est un véhicule et un dissolvant des molécules salines et nutritives; puisque c'est par l'interméde du sel que les parties grasses peuvent être combinées avec l’eau, élaborées et converties en une substance fluide, propre à la nourriture des végétaux. Enfin l’eau est un véhicule qui peut entraîner les excrémens et les lies, et les faire évaporer avec les suos ou liqueurs surabondantes. L'eau agit sur la terre, en la rendant poreuse , de maniere que l'air puisse arriver jusqu'aux racines , et.qu'elles puissent s'étendre. En humec- tant la terre , l'eau la rend nourrissante : elle lui fournit une humidité, qui s'élève, par lévapo- ration , jusqu'à la racine des végétaux; enfin, elle dissout les substances salines qui sont dans la terre, à l'aide desquelles elle se combine avec les parties grasses et huileuses. Pour être en tat de favoriser la végétation, l'eau doit étre sous une forme de vapeurs très déliées, autrement elle ne pourroit point s'insinuer dans les fibres qui doivent 58 PRINCIPES RAISONNÉS l'attirer. 11 faut , de plus , qu'elle ait un degré de chaleur convenable, pour pouvoir dilater les orifices et les fibres, et pour atténuer et diviser les parties visqueuses et épaisses: car l'eau et les vapeurs froides Contracteroient ces fibres et: ces orifices. Aussi les exhalaisons froides des foréts et des lieux humides, sont-elles comimurément contraires à la végétation. 1l ne faut donc point arroser les plantes chaudes avec des eaux trop froides, et réciproquement. Enfin, il faut que’ l'eau soit dans une quantité suffisante et propor- tionnée à chaque plante: car son excès est aussi nuisible que son défaut. Mais, pour rendre nos idées justes sur ce point , examinons attentivement les eaux qui sont à la surface de la terre, et celles qui viennent du ciel. La trop grande quantité des premières est.nui- sible. Une nourriture surabondante empéche les plantes de donner de la graine; du moins celle qu'elles donnent est irop aqueuse; séchée à la chaleur, elle se contracte et se gáte dans peu au grand froid. Une grande quantité de matière nu- tritive ne doit donc pas donner l'espoir d'une récolte abondante. La surabondance de l'eau dilate trop les orifices et les fibres des plantes, elle les déchire même, et ce déchirement est d'autant plus considérable , que les orifices ou les pores opposent | - biet uA GK icur*ruxmt : 5 plus de résistance à l'eau. Il est certain que la ‘trop grande quantité d'eau gâte la substance nutritive: en effet, l’eau exposée à la chaleur du soleilet aux impressions de l'air , ou se corrompt , ou s'aigrit , comme on le voit dans leseaux dormantes. Il paroît que c'est dans ces sucs aigris que les plantes tirent de l'eau, qu'il fant chercher la cause pourquoi les champs trop humides produisent 'des plantes sujettes à une sorte de maladie gangré- neuse. ll est vraisemblable que c'est aussi de-là que viennent cette quantité de nœuds et d'espèce de galle, que l'on remarque aux tiges et aux feuilles de quelques végétaux. Trop d'humidité , jointe à la chaleur du soleil, produit la poussière , rend les terres marneuses et argileuses trop compactes, pour que les racines puissent s'étendre facilement. Enfin, la présence des eaux empêche, sans contredit , l'air de s'ap- precher de la racine des végétaus. Donc la trop grande quantité d'eau sur un terrain, dérange la disposition intérieure des plantes, et nuit plus à la végétation, qu'elle ne la favorise. Le manque d'eau est également nuisible à la végétation ; parce que , dans ce cas, le terrain est trop sec et trop brülant. La chaleur dissipe l'hu- midité de la terre qui s'imprégne alors des rayons du soleil, et brüle les racines, Les champs 60 PRINCIPES RAISONNÉS marneux , et ceux sur lesquels on a répandu, ou des sels alkalis , ou de la chaux , ou du fumier qui n'est pas assez pourri, sont ex posés à cet incons vénient. Le défaut d'eau fait manquer tous les effets qu'elle doit produire sur le terrain , pour la végétation. La surabondance des eaux du del peut éga- lement nuire à la végétation , parce qu'elle diminue la chaleur dans le terrain et dans les tuyaux des plantes. On sait, par expérience , que, pendant une pluie forte et de longue durée, les plantes ne croissent point; qu'elles prennent une couleur pále; qu'elles paroissent diminuer , sur- tout lorsqu'il survient une gelée qui resserre leurs fibres. Cette trop grande quantité d'eau óte aux racines leur roideur , et les détache du terrain qui se trouve trop délayé. Les tiges sont couchées par terre, sur-tout dans les champs gras où l'on a économisé la semence; ce qui occasionne souvent la pourriture de la graine et de la tige. Le trop d'eau suspend l'opération de la fructification , principalement quand la pluie vient dans le tems de la fleur, parce qu'alors elle entraîne la pous- sière des étamines , ou elle les met en masses. : On objectera peut-étre que si la nourriture des végétaux dépendoit de l’eau, jamais aucun terrain ne seroit stérile. Je réponds qu'un terrain devient DE L'AGRICULTURE. 61 stérile en le laissant sans culture, et lorsqu'il manque d’eau et de graisse. La graisse fait croître les plantes, mais Peli les fait vivre. En disant que la végétation est due à l'eau et à l'air, on ne prétend point exclure les engrais , qui donnent de la force et de la vivacité aux plantes. D'ailleurs la graisse est propre à retenir plus long-tems les parties aquéuses. | Ea 62 PRINCIPES RAISONNÉS CORP TI TOR EN THE. ' DE 14 TERRE , CONSIDÉRÉE COMME lux MOYEN QUI CONTRIBUE A LA VÉGÉTATION É différence très caractérisée de la terre végé- tale à la terre minérale, donne lieu de croire que cette dernière ne contribue pas plus à la: végé- tation que la première : d'où nous concluroñs que la terre comme terre , ne fournit aucune nourriture aux végétaux. Cependant , ce système est contraire au premier principe de JETHRO THUL,et ce DUHAMEL du MONCEAU , ainsi que d'autres naturalistes, qui ont regardé la terre comme le principal aliment des végétaux. Le sentiment du chancelier BACON paroít plus pro- bable , lorsqu'il dit que la terre ne sert que d'appui ou de charpente aux plantes, ef les garantit de la chaleur et du froid. On sait à présent que les végétaux tirent leur nourriture par les feuilles , dont la terre n'approche pas autant que des racines. | Puisque l'expérience fait voir que les plantes croisent mieux dans un lerrain, que dans un autre , on ne sauroit douter que lt terrain ne contribue beaucoup à la végétation , suivant sa nature et ses propriétés: c'est méme ce qui cons- Y DEN L'A:G À 1 CU E TU RE. 63 titue la différence d'un terrain fort à un terrain foible. Cette différence vient encore de là diversité des substances qui s'y trouvent jointes, et qui font qu'un terrain se nomme fertile ou stérile. On appelle terre forte celle qui, par sa profon- deur et sa tenacité , conserve plus long-tems sa graisse , et résiste plus long-iems à la chaleur et aux variations de l'air. La terre légère ou foible est celle qui a moins de profondeur, et qui, par _sa porosité , perd aisément sa graisse et son humi- dité, et ne résiste pas aux variations de l'air. Pour connoître les différens terrains, il est important de faire attention à leur profondeur. Les terrains pro- fonds, sont ceüx qui sont composés d'une-couche marneuse ou glaiseuse, qui a plusieurs. pieds d'épaisseur : et on appelle terrains minces, ceux qui n'ont que peu d'épaisseur au dessus d'un lit de sable, de pierre ou de cailloux. .. Un terrain fertile est, en général , celui qui est pourvü. d'une quantité convenable de substances nutritives , et proportionnée à la nature de chaque plante. Un- terrain stérile est celui qui ne contient que peu ou point de substances nutritives. Ce dernier peut étre rendu fertile , en lui donnant dee substances propres à la nourriture des végétaux. Ainsi, l'on voit que la fertilité ne vient pas dirccte- ament de la nature particulière de la terre , mais des substances étrangères qui y sont mêlées. * 64 PRINCIPES HAISOXNÉS CHAPITRE VELL DE LA TERRE VÉGÉTALE, COMME.UN MOYEN QUICONTRIBUE ALAVÉGÉTATION. La terre végétale est une terre poreuse et di- visée , qui se trouve en plus ou moins grande quantité à la surface du globe. Elle est ordinaire- ment d'une couleur brune ou noirâtre : elle est sponsgieuse et se gonfle quand on y verse de l'eau; mais quand elle est sèche, elle s'affaisse et se met en poussière. Elle procure un passage facile à l'eau pour se filtrer ou pour s'évaporer. Il n'entre pas dans mon plan de détailler les genres , les espèces, ni les propriétés de la terre végétale : je ne con- sidérerai, quant à présent, que les qualités par lesquelles elle contribue à là végétation. Pour connoître les principes constituans de la terre végétale, on la fait bouillir à un feu modéré; l’on fait évaporer ensuite la lessive qui en pro- vient , et elle déposeune poudre jaunátre d'un goût salin. Si l'on augmente le feu, l'on obtient un extrait fluide de couleur brune qui, concentré par l'évaporation , prend une saveur ácre et une odeur piquante. Si on pousse l'évaporation jusqu'à siccité il reste une matière visqueuse et saline , soluble dans l'eau, DATA CG À 1 C'U'L T'U BR E. 65 l'eau. C'estceque KULBEL a nommé marc onctueux ( magma unguinosum )5 et auquel il prétend qu'est due la fertilité; mais cette matiére est si épaisse et si tenace, qu'elle ne peut se faire passage à travers les fibres, les tuyaux et les orifices des végétaux. KRAFT a observé que le lait ni le miel, . me peuvent point pénétrer par les pores des plantes, à plus forte raison cette matière onctueuse , qui n'est autre chose qu'une matière qui a servi à lier les filamens et les particules terreuses des plantes qui ont formé la terre végétale. Cette matière, ayant les propriétés de la gonime végétale, je l'appelle une matière saline et visqueuse. La partie. saline que l'on tire de la terre végé- tale par la lessivation, est, suivant les expériences de KULBEL et d'autres chimistes , tantôt alkaline , tantôt de la nature du su/fate de soude, tantôt de celle du nitre , tantót d'une autre nature. Ce- pendant, on y trouve toujours une portion de muriatede soude. Au reste , tous cessels paroissent accidentels et étrangers à la terre végétale. Par la distillation, la terre végétale donne , 1°. Un phlegme , en plus ou moins grande quan- tité, suivant qu'elle est plus ou moins humide ; 2°. Une liqueur spiritueuse, piquante et âcre, d'une couleur foncée , ressemblant assez à l'esprit de tartre;, 3°. Une huile rougeátre. On voit, par , "o 66 PRINCIPES RAISONÉS cette analyse , que la terre végétale provient de la destruction des végétaux. Puisqu'on ne trouve nisubstance visqueuse, ni spiritueuse , ni huileuse is ans le règne minéral , on voit encore que la ma- tière onciueuse est due à l'huileque l'on obtient par la distillation. : TEM la terre végétale est exposée aux rayons du soleil, elle perd sa substance onctueuse , et la partie aqueuse dans laquelle elle est enveloppée , et il ne reste qu'une terre en poussière. Mais la terre végétale des lieux humides et du voisinage des eaux, loin d'éprouver la moindre déperdition , s'augmente chaque année par la pourriture des plantes et des racines. Voilà l'origine de la tourbe et des tourbieres , dans lesquelles la terre végétale se trouve comme étouffée. L'expérience a fait con- noitrequeleschamps engraissés avec de la tourbe di- visée , n'enéprouvent plus d'utilité au bout de deux ans. 1l n'y a donc aucun profità se servir de cet en- grais. Il vaut beaucoup mieux mêler dela terre végé- tale avec dela glaise, parce quece mélangelesdivise. Ceux qui prétendent que la terre végétale se con- vertit en glaise, paroissent n'avoir examiné ni la nature de cette terre, ni celle de la terre argileuse. Par ce qui vient d'être dit , on voit que la terre végétale contribue beaucoup à la végétation. D'abord , en fournissant une substance grasse, coo eda, EC ING NP À;G R I, CU B TU:R EE. 6} propre à nourrir les plantes, et une substance saline qui sert à combiner la graisse avec l’eau : mais l'eau et la chaleur divisent facilement ces terres ; il faut donc, pour empêcher cette division, mêler la terre végétale avec la glaise. En second lieu, elle s'imbibe de la partie grasse de l'air, qui est disposée à s'unir avec des substances analogues. Au moyen de sa porosité et de sa solubilité, elle donne passage à l'air qni s'approche des semences qui germent et de leurs racines. Enfin , cette terre végétale est facile à travailler. Cependant , il faut remarquer que toute terre végétale n'est pas également fertile. Celle qui se trouve dans les lieux ombragés , est ordinairement plus grasse que celle qui est exposée aux rayons du soleil. L'acide qui se trouve accidentellement en plus ou moins grande quantité dans les différentes terres végétales, est de deux espèces ; lun est de nature végétale , et vient, ou des plantes méme . ou plutôt des eaux stagnantes: cet acide se dis- "sipe par le desséchement ; lorsque la terre est exposée au soleil. L'autre acide participe de l'acide minéral; il est dà aux eaux qui l'entraínent, et la chaleur ne sauroit le dissiper. Cet acide minéral est ou sulfurique , et se trouve dans la touïbe qu'on rencontre aux piedsdes montagnes , ou dans lespays montueux. Cette tourbe, mise dans un grand few, 123 68 PRINCIPES RAISONNÉS ne s'allume pasaisément , et ne fait que se changef en eharbon; ou bien cet acide est de la nature de celui du muriate de soude. La tourbe qui le con- tient, se trouve dans le voisinage dela mer. Aussi les chimistes, qui ont analisé la tourbe, y ont-ils trouvé des acides trés différens. C'est à cette diver- sité qu'il faut attribuer les différens jugemens due l’on a portés surl'utilité de la tourbe. Il faut observer que la tourbe qui contient un acide végétal, est la meilleure pour les terres, pourvü que l'eau n'en ait pas entièrément emporté la graisse. Ce qui arrive presque toujours dans les endroits qui sont alternativement inondés et desséchés ; mais il faut nécessairement que cet acide en ait préalablement + Éié dégagé et expulsé. On voit donc que la tourbe chargée d’un acide ou d’un sel minéral , est moins propre à fertiliser la terre. Quelque pure que soit la terre végétale , et quelque dégagée qu'elle puisse étre de substances étrangères , elle n’en à pas moins ses inconvéniens et ses désavantages. Dansles années sèchés, elle est trop divisée ; elle s'évapore et ne peut conserver ni l'humi- dité , nila graisse qui lui sont propres, ou qu'elle tire de l'air. Cette terre, très élastique , est dilatée par l'eau dont elle s'imbibe , et est condensée lorsqu'elle en est privée, conséquemment la semence ne peut y prendre d'assiette : de-là une végétation foible DE L'AGRICULTURE 69 et souvent interceptée , parce que cette dilatation et cette condensation peuvent causer un déchirement dans les racines des plantes. Cette terre étant poreuse et peu liée , la gelée la divise en grains ^ au lieu de la mettre en masses: les racines peuvent donc être endommagées ou déchirées par le froid. Elle perd trés facilement sa fécondité. Cette terre est trésutile dans les jardins que l'on arrose toutes les fois qu'il est nécessaire. Aussi, les naturalistes Anglais Ja regardent-ils comme destinée par la nature à produire de l'herbe , et comme plus con- venable aux jardins qu'aux terres labourables. Ils observent aussi que dans la terre végétale ou ter- reau , les plantes donnent plus de tiges et de feuilles que de graines; ce qu'il ne faut pourtant entendre que de la terre qui est très grasse et très chargée d'humidité, | | E 3 70 PRINCIPES RAISONNÉS CHA PIE DE LA GLAISE , CONSIDÉRÉE COMME CON- TIBUANT A LA VEGÉTATION. ; RN glaise ou l'argile est , en général , une terre tenace, grasse au toucher, qui, étant humide, s'attache aux doigts , compacte, composée de parti- cules très délices. Celle qui se trouve à la surface dela terre est très mélangée de terreau ,. de sable et d'autres substances qui lui sont étrangères ; ce qui met de la différence dans sa tenacité et sa densité. La glaise s'imbibe d’eau, s'en charge ,se paítrit et forme une espèce de pâte molle trés ductile : elle ne fournit donc pas un libre passage à l'eau dont elle ne se dégage que par l'évaporation. Ainsi la glaise devient le principal instrument, pour con- server l'humidité souterraine. Aussi est-elle tou- jours humide dans les lieux profonds; c'est elle aussi qui produit les sources et les fontaines. Elle a la propriété de se durcir et de se sécherà l'air chaud, ainsi que dans le feu. Il se forme à sa partie supé- rieure une croüte qui se gerce et se brise, ou fait des crevasses qui sont d'autant plus grandes , qu'elle est plus mélée de sable ou de substances étran- gères, MAMAN GE R POULTUR E. 71 En lavant la glaise dans l'eau , on n'en tire au- cune substance saline, à moins qu'elle n'y ait té “portée par quelqu'accident. HIERNE en a tiré une petite portion de muriate de soude, et KÜLBEL un peu d'alkali ; mais souvent on n'y trouve rien de salin : preuve queces sels ne sont qu'accidentels à la glaise , et ne-font point partie de son essence. Celle qui se trouve dans l'intérieur de la terré , est toujours plus pure que celle qui est à sa sur- face. On voit donc que c'est aux eaux du ciel et de la terre que sont dues les parties salines qui s'y. trouvent quelquefois. : + En distillant de la glaise , on obtient un phlegme très différent ; dits unes en donnent un très pur, d’autres en donnent qui contient un peu d'alkali volatil. Enfin ; on tire un phlegme un peu acide dela glaise qu'on trouve dans les pays montueux, ou qui a été long temps exposée à l'air , et qui s'est imbibée d'eau de pluie ou de neige. De ce phlegme on obtient un peu de sel qui se sublime , ou qüi est ou ammoniacal ou urineux. La glaise ne donne aucune substance grasse par le lavage , ni par la distillation. Cependant , il faut bien qu'elle contienne quelque partie grasse, pour produire des parties salines , et qu'à force de la laver on en tire une portion de graisse , comme ÉTLER I4 7* PRINCIPES RAISONNÉS dit en avoir trouvé ; mais c'est en si petite quan- tité, que l'on doit à peine y faire attention, et qu'on peut laregarder comme une terre entièrement privée de graisse. On ne peut concevoir une colle sans parties huileuses et inflammables ; ainsi, la glaise ne contient point de matière collante ou glutineuse. C'est de la facilité qu'a cette terre des'imbiber d'eau , et de se charger des substances qu'elle contient, que vient, probablement , la pro- : priété qu'elle a de céder sous les doigts , ou d'étre tenace. | La glaise se durcit à une chaleur continue. Il n'est donc passurprenant que la chaleur de l'atmos- phère, jointe à d'autres causes, lüi donne la con- sistance d'une pierre , ou la pétrifie. Mais comme l'expérience prouve qu'elle ne perd sa tenacité et sa ductilité qu'à un feu violent , ou à l'aide des acides minéraux très concentrés , nous croyons pon- voir douter que cette terre puisse , naturellement et d'elle-même , se convertir en une terre divisée. Il y a des espèces de glaises moins tenaces que d'autres, et que l'on nomme glaises courtes, ou glaises de la nature du tripoli; mais leur divisi- bilité est due à des substances étrangéres. La glaise contribue mécaniquement à la ferti- lité , parce qu'elle se charge de l'eau , des vapeurs, souterraines et de la substance grasse contenue DIE! L'!: AG RH ŒU LITU RE; 73 dans l'air; de plus, elle les conserve et les retient plus long temps que toute autre terre , au dessous de la croûte qui se forme à sa surface , et ne s'en dégage que par l'évaporation. Aiasi les plantes trouvent dans la glaise de quoi se nourrir *dans l'été et les tems de sícheressé. C'est pour cette raison qu'elle est appellée terre forte. Elle retient pareillement et conserve les parties grasses du fumier , ou celles qui viennent de l'air , et les empêche d'être entraînces et dissoutes par les eaux. Par les gercures ou fentes qui se font à sa surface en séchant , elle laisse un libre passage à |air, pour porter la nourriture à la racine des plantes. Par la faculté qu'elle a de se lier, elle affermit la terre végétale qu'on lui mêle ou qui se forme, et celle-ci conserve plus long temps sa substance visqueuse et onctueuse. La glaise garantit la racine des plantes du froid et de la gelée, parce que la gelée la met en une masse continue, La grande sécheresse , ni la grande humidité , ne changent point sa nature ; elle conserve toujours ses mêmes propriétés , malgré les variations de l'air. La glaise pure nuit à la végétation par sa tenacité , parce qu'elle a peine à se séparer de la partie aqueuse et de la partie grasse. Elle empéche l'air de s'approcher des semences qui germent et de leurs racines: elle écarte la cha« 74 PRINCIPES RAISONNÉS lear par son humidité. Sa dureté est également pernicieuse à la végétation, puisqu'elle óie à l'air la facilité d'approcher des racines, et celles-ci ne peuvent ni s'étendre, ni recevoir leurs sucs nourficiers. Si les gercures facilitert l'accès de. l'air, elles augmentent aussi l'évaporation pendant l'été, et les racines se desséchent. Si ces gercures n'ont été ep ve par les pluies d'automne , elles donnent passage au froid qui nuit aux racines. Les terres g!aises sont d'une culture difficile. Quand elles sont amollies par trop d'eau, elles s'attachent fortement à la charrue. D'ailleurs, elles forment de grandes croûtes en se durcissant. Le manque d'ean , au contraire, les durcit; elles ne peuvent se diviser , et forment de grosses mottes. C'est par toutes ces causes qu'il ne croît que peu ou point de végétaux dans la glaise pure. Plus les terres glaiseuses ou argileuses sont mélangées avec des substances étrangères qui empéchent le rapprochement de leurs par- ties , moins elles sont en état de retenir la partie aqueuse et la partie grasse. Cependant , elles sont alors moins sujettes à se durcir par la cha- leur ; elles se travaillent plus facilement; elles sont plus propres à la végétation , plus en état de donner passage à l'air, et plus susceptibles de prendre le degré de chaleur convenable. Une glaise —— M MÀ DESEE Rh kcrgGCULTURXE 75 sujette à fermenter , ne convient point aux terres : leau s'y aigrit et y passe comme par des tuyaux, ce qui lui a fait donner le nom de terre fistzleuse. Cette terre a donc des incon- véniens qui lui sont propres, et d'autres qui lui sont communs avec l'argile. 36 PRINCIPES RAISONNÉS UH ATFLITHEA DE LA CRAIE ET DES TERRES CALCAIRES: LEUR INFLUENCE SUR LA FÉGÉTATION. LO dines auteurs ont beaucoup vanté les terres crétacées et calcaires comme d'excellens engrais. Avant de prononcer sur cette opinion assez gé- néralement reçue , il est à propos de faire quelques recherches sur la nature et les pro- priétés de ces substances. C'est toujours par l'a- nalyse chimique que nous nous sommes proposé d'examiner les divers objets de la nature qui peuvent intéresser l'agriculture. Les Chimistes ont fait voir qu'il y avoit quel- que différence entre la Craie et la Chaux : néan- moins , les différences ne sont point assez con- sidérables ; pour que nous distinguions ces substances , par rapport à leur influence sur la fertilisation. La craie et la chaux absorbent l'eau qu'on y verse ; mais elles la laissent passer tres promptement. En lavant avec de l'eau l'une et l'autre de ces substances, il s'en dissout une portion. C'est de-là que l'eau de chaux possède la propriété de faire effervescence avec les acides et celle de dissoudre les substances grasses et huileuses. , | DIE LÀ G'RÉC'ULTUNRIE. 79 On sait, par expérience , que la chaux mélée avec de l'eau , enfacilite et accélère l'évaporation. Ce phénomène est dà probablement au degré de chaleur que prend l'eau, en se combinant avec là chaux. Par la distillation, ón n'obtient rien de la crâie, sinon un peu de sel volatil, ou de car- bonâté ammoniacäl ; mais si l'ón mêle de la craie dans une quantité suffisante d'eau , pour lui denner une consistance de bouillie, et qu'on distille ensuite ce mélange , on en obtient une eau qui participe de la nature de la craie, en ce qu'elle montre dés vestiges d'alkali. La chaux distillée toute seule, ne rend aucun sel; mais quand on la mêle avec de l'eau avant la distillation , elle rend une liqueur qui a le goüt de chaux, et dans laquelle on trouve des vestiges de sel alkali. Ainsi la craie et la chaux contiennent une substance miscible à l'eau, et qui s'évapore avec elle. D'après les observations qu'on vient de faire sur la craie et sur la chaux , et qui suffisent pour notre objet, nous pouvons conclure que ces espèces de terres sont avantageuses aux champs et aux se- mences, L'avantage:qu'elles procurent n'est point matériel, puisqu ‘elles ne fournissent aucune sub- $tauce grasse et nutritive. Les gens qui sont dans 59 PRINCIPES RAISONNÉS la persuasion que la terre calcaire-entre dans la combinaison des végétaux, et que sous cet aspect la chaux est pour eux une substance nourriciere, n'ont pas fait attention qu'on ne rencontre point de terre calcaire dans les grains, ni dans les plus petites plantes , et que d'ailleurs , la terre calcaire que l'on tire de quelques plantes dures , est très différente dela chaux , ou de la terre calcaire mi- nérale avec laquelle elle n'a que peu de conformité. Ces terres agissent mécaniquement sur le sol et sur la semence, en ce qu'elles attirent l'acide hu- mide et la partie grasse de l'air. Elles commu- niquent au terrain et aux eaux un plus grand degré de chaleur, en s'échauffant elles-mêmes, et attirent les substances inflammables. A l'aide de la chaleur , ces terres résolvent l'eau et la graisse en vapeurs. La chaux accompagne les vapeurs humides , et peut , par ce moyen , se faire passage dans la semence des végétaux , et en dissoudre les parties huileuses. Elle absorbe l'acide: elle favorise la fermentation qui s'excite dans la germination, la tempere et l'adoucit. Bien des gens employent avec succès la chaux, pour les mélanges dans lesquels ils veulent exciter des fermentatiôns spiritueuses artificielles ; mais ils ignorent la maniere dont la chaux favorise cette fermentation. BN I) RE CU ET URE | 7 ALSTON prétend que l’eau de chaux ne nourrit point les oignons des plantes , et ne contribue point à augmenter la croissance des végétaux: mais cette assertion n'est vraie, que lorsqu'on emploie une eau de chaux toute pure, et qui n'est pas mélée d'aucune auire substance nourriciere. La chaux et la eraie absorbent l'acidité surabondante qui se trouve dans le'sol. Sous ce point de vue, elle est encore propre à détruire les insectes nui- sibles qui se forment , communément , dans les terrains qui ont de l'acidité , puisqu'elle anéantit cette mauvaise qualité. Âu reste, je ne puis assu- rer que la chaux détruise les mauvaises herbes, en enlevant l'acidité. Ces mêmes terres dissolvent la graisse du sol, et la rendent plus miscible à l'eau en l'atténuant. Elles sont , de plus, d'une culture facile. S'ilest vrai , comme il est dit dans les mémoires de l'académie de Suede , année 1741, que la chaux fasse grossir la semence et l'empéche de noircir ou prévient la nielle , il faut attribuer ces effets aux qualités que nous lui avons trouvées ci-devant: car la nielle ne vient pas des insectes , mais de l'acreté de la partie huileuse qui brûle la semence de la méme manière que pourroit faire le feu. On peut faire cesser cette maladie de la terre , en lui enlevant son ácreté qui vieut de l'acide , comme e H ——À -— 8o PRINCIPES RAISONNÉS les expériences chimiques l'ont prouvé. Quoi qu'il en soit , la chaux et la craie ont de inconvériens. La propriété qu'ont ces terres de s'échauffer , les rendent capables de brüler la se- mence ét la racine des plantes. C'est la raison qui a fait dire à quelques chimistes, que le sel cal- caire étoit brálant. Il est donc tout simple qu'un terrain déjà maigre, lesoit encore devenu davan- tage par l'addition de la chaux , suivant la re- marque d' ALSTON. Ces terres, en accélérant l'éva- poration , desséchent le terrain , et privent les plantes de leur nourriture humide. Elles s'at- tachent à l'enveloppe de la semence , bouchent en grande pariie les orifices des fibres, durcissent lécorce des graines , et obstruent les passages du suc nourricier. Elles dissolvent et absorbent promptement la graisse du sol. C'est ce qui a fait dire à quelques pe;sonnes , qu'il n'y a que les vieillards qui profitent , ou s'enrichissent du pro- duit d'un terrain fertilisé par la chaux. Il est donc aisé de voir que la chaux et les terres calcaires ne sont pas propres à la croissance des plantes; mais qu'elles sont trés avantageuses aux terres labourables quand on ies emploie con- venablement , sur-tout en les mêlant avec du fumier, ou bien en les mettant sous une forme fluide. Il n'est pas douteux que la chaux ne soit d’une DE UAGRICULTUREIT- Et d'une très grande utilité sur un terrain aigre et froid , quand on y en met une quantité conve- nable : cependant il faut convenir que , mêl£e avec ]la glaise et le sable , elle ne prenne la dureté d'une pierre : mais d’après les observations . que nous avons faites, chaque cultivateur pourra connoitre les circonstances , dans lesquelles l'usage . de la chaux deviendra avantageux aux terres, , 82 PRINCIPES RAISONNÉS CHAPITRE "XL DE LA MARNE ET DE SON INFLUENCE SUR LA FÉGÉTATION. , ; B marne, espèce de mélange de la terre glaise ou de l'rgile et de la terre calcaire, qui par- ticipe parconséquent de la nature de l'une et de lYautre, ne se trouve que très rarement à la surface de la terre : mais puisque les anciens etlesmodernes ont beaucoup vanté cette substance, je vais d'abord parler de ses usages dans l'agri- culture. Toute espèce de marne mise dans l'eau, se divise et perd sa liaison; et quelque compacte qu'elle ait été dans le sein de la terre, exposée à l'air, elle se réduit plus ou moins víte en une, poudre semblable à de la farine. Néanmoins, elle a cela de commun avec la glaise , qu'elle se charge de l'eau et la retient, mais moins fortement. La marne caleinée devient plus compacte, mais ensuite elle absorbe l'eau avec plus d'avidité, et elle perd sa liaison à l'air. Si on la lave dans l’eau, on n'en obtient ni parties salines, ni parties grasses* Je l'ai fait bouillir long-tems dans l'eau, et sa i] KIA 17 A QUALI C UPSL TOU R E, 83 décoction n'a point changé la couleur du sirop de violettes, ni précipité le mercure dissout dans lacide nitreux: mais cette méme décoction , aü bout d'un long tems, a précipité une petite portion de muriate de mercure corrosif d'une couleur blanchátre. S'il est vraique KULBEL ait tiré une matière onctueuse de la marne, il est certain qu'elle venoit de quelque substance qui 6 y tronvoit mêlée accidentellement. Par la dis- tillation de la marne, on n'en obtient ni subs- tance grasse, ni huileuse: on n'en retire pas davantage en la distillant avec de l'eau. Puisque la marne par la distillation, ni par le lavage , ni dans l'aleohol, ni dans l'acide nitrique, ne donne aucun vestige de graisse, il n'est pas aisé de voir sur quoi se fonde l'opinion de ceux qui prétendent qu'elle en contient, à moins que ce ne soit sur la propriéié qu'elle a d'étre douce au toucher. La méme observation doit avoir lieu relativement au prétendu sel fertilisant qu'on lui attribue sans preuve , attendu que jamais on n'en a pu tirer la moindre quantité. La marne fait effervescence avec tous les acides, les attire for- tement et les absorbe, sans pourtant les décom- poser entièrement : à son tour, elle n'en est pas totalement dissoute. J'aifait bouillir deux onces d'acile nitreux avec deux drachmes de marne; TIRE D^ 21 PRINCIPES RAISONNÉS et il ne s'en est dissout que douze grains. L'acide ritreux retiré par la distillation, a fait efferves- eence-avec le se! alkali; mais la marne restante éioit en poussière, et rude au toucher comme du sable. : In général, la marne absorbe et dissout la graisse: c'estce qui la rend propre à ôter les taches des habits. Quand elle est fine, on l'employe à fouler les étoffes. La marne ne contribue pas maiériellement à fertikser, puisqu'elle est "He vue de toute graisse et de tout ce] propre à éconder la terre, mais elle y contribue mécani- euement, en attirant l'humridité, l'acide et la graisse de l'air. Comme elle déploye cette faculté evec plus de force après qu'elle a été calcirée, en voit la-raison pour laquelle les Angleis l'eme ployent souvent ainsi dans l'agriculture. Deplus, il est eonstant que plus on la remue pour lir- corporer avec le terrain, plus elle lui est avantae geuse. Elle contribue encore à la fertilisation, en détruisant toute l'acidité du terrain , ou celle que les eaux stagnantes pourroient produire; et eu empéchant par-là qu i n'entre agit d'acide dans la semence. Elle dissout la graisse du sel et produit une substance savonneuse et soluble dans l'eau, qui peut pénétrer dans les pores des végétaux. Elle enlève au terrain sa tenaciló, et la propriété qu'elle a de se décomposer à l'air, De LA GRICPLTURE 83 diminue la liaison des parties de la glaise, et la rend: plus facile à travailler, et plus propre à la végétation. Enfin, elle donne de la consistance aux terres lésères et sablonneuses, et leur procure une fertilité mécanique. Les expériences que les Anglais ont faites sur la marne, contredisent l'opibion de ceux qui prétendent qu'il ne fau£ point marner les terrains sablonneux, La-trop grande: quantité’ de marne, et lé trop: long: stjour qu'on lui laisse faire sur là terre, læ rend nuisible à l'agriculture. Par sa propriété alkaline, qui lui donne beaucoup dé rapport avec: la chaux, elle desséche trop fortement, comme les anciens l’avoient déjà remarqué; elle dissouf et absorbe promptement la graisse de la terre, et l'épuise :-elle détruit la liaison de là terre glaise ;. et la rend incapable de retenir leseaux. Les marues diffèrent considérablement dans les avantages oi les inconvéniens qu'elles apportent, Cette diversité” vient dece qu'elles sont plas ou moins argileuses. ou calcaires. I1 est donc aisé de reconnoitre ,, qu'il? n'est pas indifférent d'emplóyer toute espèce de- marne sans avoir examiné la nature du terrain ef la qualité de. la nrarne elle-mème. Ainsi, Pline- .& eu raison de dire que la marne étoit Bonne dans- un terrain humide et froid , et qu'elle prodüisoir. les meilleurs effets pour la végétation quand og ‘> la mêloit avec de la graisses. | E à S6 PRINCIPES RAISONNÉS ! CH APPPRP (xL DES TERRAINS SABLONNEUX ET CAILLOUTEUX. LEUR INFLUENCE SUR LA VÉGETATION. ges sable et le gravier sont cemposés de petites pierres, ou d'une poussière pierreuse , et n'ont aucune liaison , soit secs , soit humides. J'ai trouvé que l'espéce de gravier, employé pour ciment ou pour mortier par les gens de la campagne, étoit mêlé de glaise que les eaux en séparent, de parties calcaires qui se décèlent par leur effervescence avec les acides, et de parties ferrugineuses que l'acide nitro-muriatique en extrait. Ainsi cette espèce de gravier peut être regardé comme un ciment naturel: l’eau ne dé- tache rien du sable et du gravier; et comme ils “sont des substances vitrifiables, les acides n'ont point de prise sur eux. il y a du gravier qui, étant mêlé de parties glaiseuses , ne laisse pas de prendre de la liaison jusqu'à un certain point en y meltant de l'eau: ce mélange, qui se durcit en séchant, se fait avec l'espèce de gravier dont nous avons parlé plus haut. ———À és LEN "D ÁÀAGCNRLICULTUREÉE 97 Le sable et le gravier ne peuvent fournir aucune substance nutritive aux végétaux, et, si cela arrive quelquefois, ils ne doivent cette propriété qu'à d'autres terres qui sont mêlées avec eux: ils servent à diviser les terres, et à les rendre moins compactes et moins tenaces ; ils dennent plus de consistance aux terres végétales et à celles qui sont de la nature de la tourbe; car l'expérience nous apprend que les terrains bas et humides preunent de la solidité, lorsqu'on y joint du sable 5 c'est, sans doute, parce que le sable se lie avec la partie grasse dela tourbe : ils favorisent le passage de lair, qui se porte sur les racines; enfin les terres mélées de sable sont d'une culture facile. C'est une erreur de croire que le gravier et les pierres contribuent à la fertilité de la terre, en vertu d'une substance saline que quelques personnes leur supposent sans raison. Elles peuvent étre de quelque utilité aux terres, en les garantissant des ardeurs du soleil , et en laissant couler sur les végétaux et leurs racines, l'eau qui y tombe: aussi voyons-nous l'herbe croître à souhait au- dessous des pierres, lorsque la terre y est assez profonde. | Les terrains sablonneux, remplis de gravier et de cailloux , ne sont pas favorables à la végé- tation, parce que ces terrains s'échauffent trop, 88 PRINCIPES RAISONNÉS les pierres conservant long-tems la chaleur du soleil; n'étant pas assez serrés, ils perdent promp- tement l'eau et la graisse qui filtrent à travers, ou que la chaleur fait évaporer; de plus, ils laissent trop de passage au froid pour frapper les racines des plantes. La dureté de leurs parties est cause qu'ils n'attirent que peu ou point l'humidité oula graisse de l'air: ils ne peuvent donc con- tribuer en rien à la nourriture des plantes. L'expérience prouve que le sable est utile aux. terres froides et humides: mais la tourbe n’a pu fertiliser une butte de sable, comme l'avoit tenté Charles Boizes. Pour bien connoître la qualité d'un terrain, ilest important de faire attention aux couches de terre qui sont audessous; quel- quefois le couche inférieure vaut mieux que la couche supérieure, et réciproquement. ÂAinsi,ce qu'on vient de dire des avantages et des incon- véniens des terrains sablonneux et remplis de Aia Les dE Ee et de cailloux, ne doit s'entendre que de la couche supérieure , parce que celle-ci peut être bonifiée, ou détériorée par celle de dessous. selon leurs qualités respectives. + DE L'AGRICULTURE. 89 CHAPITRE KILL Dv SEL, ET DE SON INFLUENCE SUR LA FÉGÉTATION. P LUSIEURS auteurs, tant anciens que modernes; qui ont écrit sur l'agriculture et sur l'économie _ rurale, ont attribué aux sels une vertu particulière pour favoriser. la végétation. Il:se sont persuadés que non-seulement js sels devoient étre regardés | comme propres à nourrir les végétaux, mais encore comme la cause unique de la fertilité, Pour savoir si cette opinion est fondée, ilest à propos d'examiner les sels en général, et en par- . ticulier. D'après les expériences. de. KRAFT , on. voit; qu'ayaut semé des graines dans un sable bien sec , que les ayant ensuite arrosées avec.de l'eau. com^ . mune , il a remarqué que dés le cinquième jour, elles avoient levé aussi bien que dans le terreau, ou dans la. terre végétale. Danus un autre vaisseau, il mêla du sable sec avec du muriate de soude; dans un troisième, du méme sable avec du nitre ; dans un quatrieme , toujours du méme avec de la potasse, et il les arrosa avec de leau, mais ik trouva que la graige n'y avoit pas levé. ASTON, go PRINCIPES RAISONNÉS rapporte aussi avoir trouvé , qu'en mêlant différens + sels avec de la terre, loin .de favoriser la végé- tation , ils faisoient même périr les plantes. Les expériences de BONNET prouvent la même vérité. Ii fait voir qu'une eau pure qui ne contient point de sels, est la plus propre à la végétation ; tandis | que celle qui est chargée de parties ácres , sul- furenses, urineuses , laiteuses , ou de substances spiritueuses, nuit à la croissance des plantes. L'analyse des végétaux nousa fait/ voir qu'ils ne contiennent point de sels minéraux , à l'excep- tion seulement de quelques plantes marines, dans lesquelles on trouve un peu de muriate de soude , ou de sulfate de sonde ; car les sels quise trouvent dans un trés petit nombre de plantes, sont d'une nature tout-à-fait différente. A l'égard desgraines; dont il est iei question, je n'y ai pas trouvé le moindre vestige de sel dans toutes les expé- riences que jai faites. D'ailleurs, comme les sels n'entrent ‘pas dans la composition des fibres des végétaux , on doit en conclure qu'ils ne contribuent pas plus à leur vie, qu'à celle des animaux. On sait que les sels minéraux ont plutôt la propriété de durcir que de nourrir. PLINE étoit déjà persuadé de cette vérité. Mais, pour ne plus laisser aucun doute sur ce point H j'ai fait dissoudre dans de l’eau, du nitre, auquel * DE m^ AcnrguuTuht 9I on attribue si Bene: alement la vertu de fertiliser ; j'ai fait tremper des graines dans cette solution, et j'ai remarqué que ces graines ne se gontloient pas, se durcissoient , et ne levoient aucunement. C'est le sel qui durcit les viandes. Ces mêmes sels ne sont pas plus appropriés à la nature des végé- taux, qu'à celle des animaux , par le corps des quels ils passent sans altération, même quand ils s'unissent avec les humeurs. Le froid , que les sels neutres et sur-tout le nitre et le muriate de soude excitent dans la terre et dans l’eau, diminue non seulement l'évaporation, mais il contracte encore les pores des végétaux, et les rétrécit. Ce qui prouve qu'ils sont plus propres à les empêcher de pousser, qu'à faciliter leur dé- veloppement. Plusieurs éxpériences prouvent que les plantes ne réussissent pas dans les endroits imprégnés de certains sels; tels sont les terrains bas qui sont chargés de sels neutres, et ceux qui sont placés prés des sources d'eaux minérales acidules, Voyons les expériences de ceux qui ent vanté la vertu du muriate de soude , du nitre, du sel alkali, pour la fertilisation, et les conséquences qu'ils en ont tirées. On a dit que le muriate dé -soude contribuoit à féconder , parce que les Anglais sont dans l'usage de fertiliser leurs E-— 01 PRINCIPES RATSONNÉS terres avec des plantes maritimes mélées aveé le limon glaiseux de la mer, comme CAMBDEN assure que le font les habitans de Cornouailles ou avec le sable dela mer, suivant CniILDREY , qui prétend que ce sable est d'autant meilleur à cet usage , qu'il est tiré des endroits les plus avaucés de la mer, parce qu'alors il est pius. chargé. de. muriate de soude. On assure de méme que les habitans de la Gothie ferti- lisent leurs terres avec de l'algue, ap es l'avoir o entassé pour les faire nourrir. POTT prétend que le muriate de soude calciné avec dela chaux, ou mêlé avec du nitre ou de l'urine, peut contribuer à la fertilisation. On a cra pareil- lement qu'en lavant le grain dans une dissolutiom de muriate de soude , on prévient la nielle. I] faut observer que les plantes pourries, pro- Venant de la terre ou dela mer, diffèrent très peu du fumier, et doivent, conséguemment, produire les mêmes effets que lui, et qu'ainsi l'on a attribué au muriate de soude, ce qu’on devoit attribuer à une substance pourrie. En second Heu, que le sable de la mer, quand if est employé. à propos, peut aecidenteilement con- tribuer à la fertilisation. Je conviens que le sable‘ de la mer, par l'humidité qu'il renferme, et: privé comme il est des partios fezruzineuses qui DUM A GRIQUILTURE 93 blorent les terres, peut avoir des avantages ; nais cela ne conclut rien en faveur du DROP le soude. On lit dans les éphémérides des curieux le la nature, que nombre de gens qui ont pré- 'eindu feriiliser leurs champs , en v répandant lu muriate de soude, ont été obligés, au bout le 7 ans, de les laisser en jachère. L'expérience ieule décidera s'il est vrai que l'eau salée pré- menne la nielle ; car il n'est pas question ici les maladies des végétaux, mais de la facon de les faire croîire. Cependant le muriate de soude employé dans ane proportion convenable, sert à diviser méca- niquement les terrains gras ; il les atténue , et les rend miscibles à l'eau. En effet, on a quel- quefois remarqué que des inondations de la mer avoient contribué à fertiliser des terres ; ce qui. a pu venir par l'humidité, ou par la graisse que ces inondations y ont portée , tandis que c'est au muriate de soude tout seul qu'on a voulu attri- buer ces efleis. Les débordemens du Nil pro- duisent les eífets que nous venons de voir. . On est encore plus prévenu en faveur du nitre pour la fertilisation des terres. Mayou, Glauber, Bacon, Digby, Lémery , Vallemont, Nienwentyt, et ceux qui les ont copiés sans examen, prétendent que le nitre est l'ame de la vég étation de la 94 PRINCIPES RAISONNÉS génération et de la multiplication des plantes, et que sans nitre , elles ne croitroient point. Ceux qui ont écrit sur l’agriculture, cherchent à ap- puyer ce sentiment par le témoignage des anciens, qui ont beaucoup vanté le nitre ; parce que 1 nitre vient du ciel, et se trouve répandu partout; qu'on en trouve dans les plantes, et qu'en les brülant , il s'alkalise, lacide en étant alors expulsé ; enfin, parce que sa vertu fécondante est constatée par un grand nombre d'expériences, et que le fumier , après s'étre changé en une terre nitreuse , montre une propriété singuliere à fertiliser les terres. á Mais, les fondemens sur lesquels reposent les avantages du nitre, sont trós foibles. Il faut bien remarquer que le nitre des anciens étoit une substance très différente du nitre des modernes. Celui des premiers étoit le za/ron ou carbonate de soude , ou le sel alkali minéral. Nous verrons dans peu jusqu'à quel point il favorise la végé- tation. Nous pouvons accorder que le nitre , par] rapport à son-acide, vient de l'air ; mais nous ne conviendroné pas que l'on rencontre du nitre dans l'air. Les acides du muriate de soude, du nitre, du vitriol, se trouvent en égale quantité dans latmosphére ; mais jusqu'ici personne n'y a jamais trouvé le plus petit atóme de sel neutre, n^. UT A. — ed ?* p" , , , DE L' AGRIC Lt tU RE. 95 D'ailleurs, les plantes qui contiennent un sel essen- tiel nitreux , ou semblable au nitre, sont extrê- mement rares, et nous avons vu plus haut qu'on me trouve point ce sel, ni aucun autre dans les grains. Le sel alkali, qu'on obtient en brülant les plantes, n'est pas formé par le nitre, qui y étoit déjà lui-móme; mais il est produit par une nouvelle combinaison des parties , telles que l'acide, l'huile, la terre. Quant à l'expérience, j'avoue - que la terre nitreuse favorise la fertilisation , et que le fumier est changé en une terre nitreuse, par sa putréfaction ; mais il ne s'en suit pas de-là que cette fertilisation soit due à la graisse de cette terre, par le moyen du nitre qui n'y con- tribue que mécaniquement , tandis qu'il est prouvé qu’elle vient immédiatement de la graisse. Les terres retirent du nitre à-peu-pres les mémes avantages que du muriate de soude; c'est-à-dire, qu'il atténue les parties huileuses et grasses, de manière à les rendre miscibles à l’eau. Ona remarqué que les terres fertilisées par le nitre, étoient plus sujettes à geler. Dans ce cas, le nitre est nuisible, comme par la pro- priété qu'il a de durcir. Le muriate de soude produit le même inconvénient , parce que ces deux sels produisent du froid. Nous voyons que $6 FRINCIPES RAISONNÉS des champs fertiles sont devenus stériles par l'ad- dition du nitre. Quelques personnes vantent l'usage des alkalis - fixes, ou des cendres non lessivées. Elles donnent pour garant l'expérience des anciens et des mo- dernes, et sur-tout le témoignage de VinGILE , de COLUMELLE, de PLINE, et de beaucoup d'autres, « parce qu'il est décidé que le natron ou carbonate de soude des anciens est un:sel alkali. Flies al- léguent en outre l'exemple des Anglais, qui fer- tilisent leurs terres avec des cendres de plantes | brülées qu'ils mêlent avec du sable. Elles en citent d'autres qui ont engraissé leurs terres avec dela mousse brülée, ou avec des cendres de bois, etc. D'autres se fondent sur des riches moissons que quelques cultivateurs ont obténues, en mettant le feu à des bruyères. Eufin, elles insistent sur ce qu'on trouve dans tout terrain fertile un sel alkali, suivant les expériences de HIÆRNE et de KULBEL. | Pour se faire une idée claire des avantages du eel alkali, il faut examiner sa nature, et voir de. quelle manière il peut être utile ou nuisible au sol. Les sels alkalis attirent l'humidité et la graisse de l'air, ainsi que son acide, et se com- binent fortement avec eux ; c'est pour cela qu'ils se résolvent en eau à l'air. Ces sels dissolvent entièrement - * 9 DE L'AGRICULTURE. 97 entièrement la graisse de la terre ;et la divisent, "ce qui produit une substance say onneuse , soluble dans l'eau. Ces sels retiennent enccre ri 'umidité Tdu- terrain, et l'einpéchent de s'évaporer. En ab- sorbant les acides, ili facilitent dans la semence “la fermentation qui accompagne la germination; ils rendent la terre plus divisée et plus spoa- ^gieuse , effet que produisent surtout les cendres Pa mon lessivées. |l faut cependant observer que, Morsqu'on en met une trop grande quantité pour opérer cette division, il en résulie de grands ia- lconvéuiens , parce qu'on risque d'épuiser la graisse Let à cause de la qualité brûlante des alkalis. D'oà l'on voit que les sels alkalis ne font que pro- "duire-avec plus de force, les mêmes effets que produit la chaux, Ces mêmes sels alkalis deviennent nuisibles, parce quiis atlirent tcuie la partie grasse du "erraim , et ne laissent qu'une terre. maizre et “épuisée. On peut s'en convaincre par les combus- “tions réitérées des bruyères, et où la terre ne “produit que très lentement des arbres. Ces sels "échauffent et desséchent la terre. Enfin, ils dur- “cissent l'enveloppe dela graine comme les autres msels. D'après ces observations, on voit que les sels aikalis employés avec préc 'auiion , 50nt utiles jpuurdes terrains 2685; mais qu’ils leur sont plus G. LA 98 PRINCIPES RAISONNES nuisibles que tous les autres sels , si on les y met en trop grande abondance. Ainsi les sels miné- raux et artificiels ne contribuent que peu, ou point à la fertilisation; mais comme il n'existe pas une seule plante, ni un seul arbre, dans les quels on ne trouve une portion d’une substance saline , je ferai voir ici que ce sel est acide par sa nature, et qu'il vient immédiatement de l'air ou de l'eau qui, pendant la fermentation, s'est combinée daus la plante même avec une subtance inflammable. Ce sel est différent pour le goüt et dans ses propriétés , suivant la différence du mou vement de fermentation, et de ]a proportion des parties qui le constituent. J'expliquerai en peu de mots la maniere dont je concois que l'air et l'eau peuvent produire les différentes parties constituantes que l'on trouve dans les végétaux. Il se forme un acide différent dans les diverses plantes , par un mouvement interne de fermentation d'une substance inflam- mable , qui vient, ou de l'air, ou de l'eau, on qui a été commuriquée au ferrain , ou enfin qui se trouve dans chaqüe semence , ou qui vient de l'air et de l'eau à la fois. A l'aide des mêmes prin- Y cipes, je veux dire de l'eau, de la matière in- - flammable et de l'acide qui s'est formé , quand la fermentation est continuée, il se forme une DE L'AGRICULTURE, 99 liuile spiritueuse et ténue , que l'odeur appercoit , st qui est différente dans chaque plante, en raison le son acide. Quand cette huile ténue a été de ôlus en plus concentrée par l'acide, et, pour ainsi lire, rapprochée par la décoction , il se forme ime huile véritable, volatile et spiritueuse , qui rarie suivant la diversité de la partie spiritueuse. l'elle est la voie lente et simple, dont la nâture ie sert, pour former les parties constituantes des végétaux , qui, de simples deviennent très com- »osés. Nous avons fait voir plus haut comment ces ;»arties produisent de la farine. Mais dans la crainte qu'on ne regarde cette loctrine comme une simple conjecture , je prie mes lecteürs de parcourir les expériences rap- »ortées par plusieurs chimistes , et je cite, à cette >ccasion, l'exemple des eaux de pluie, de la rosée, les eaux dormantes , qui se couvrent , sui-tout en Sté, d'une couleur verte, et desquelles, mème quand elles sont pures, après avoir été exposées iu soleil, on peut tirer les substances dont ou rient de parler. On voit donc, d’après ce qui a Sté dit, que les sels minéraux et étrangers, ainsi que les terres minérales, ne peuvent contribuer à nourriture des végétaux, G. 2. 100 PRINCIPES RAISONNES CHA PETER ELEMENTS DES MOYENS ARTIFICIELS DE FERTILISER LA SEMENCE. j. SQU'ICI nous avons vu les moyens que | nature emploie pour favoriser la végétation? voyons maintenant les secours que l'art peut lui fournir, Commencons par la semence ; nous exa- minerons eusuite les moyens de fertiliser le terrain. Les auteurs qui ont écrit sur l'agriculture , onf empiové trois voies, pour favoriser par l'art ] multiplication de la semence, dont nous avon: parlé au troisième chapitre de cet ouvrage. Quel ques-uns ont prétendu que, pour obtenir des se- mences très fécondes , il falloit semer les plante dans des pépinières prépa1ées exprès. D'autres oni " cru qu'on pouvoit rendre la semence fécondes en la faisant tremper , et ont nommé cette opé- ration la fécondation immersive. Enfin d'autre »nt pensé qu'on pouvoit parvenir à cette fin par le moyen des fumigations, ou en environnant la semence de quelques matières pulvérisées. Ceux qui cherchent à rendre la terre fécondes en la semant dans des pépinières, fondent leur MES ESL ET DEN" AUCRAICUB Lut U'/R'E. rot Spinion sur l'expérience et sur l'analogis, qui font voir que la faculié multiplicative dans la semence , est fortibée et augmeniée par l'humidité et par la graisse convenable du terrain, ainsi qu'on l'a vü pius hant. Par la méme raison , les semences produites sur un terrain brûlé, sont souvent tr fécondes; comme les animaux les plus forts sont plus féconds que les plus foibles. C'est sur ce prin- "ipe , que les partisans de cette opinion regardent comme utile et nécessaire de former des pépi- jieres , que l'on cultive avec soin , pour cbienir des semences bien pleines, et dans lesquelles la faculté de germer soit très forte. Je dirai sur cette méthode , que je regarde comme une vérité incontestable , que l'abondance de la récolte dépend beaucoup de la bonté et de la force de la semence; mais comme les plantes pe vivent et ne s'accroissent pas seulement de la nourriture qui se trouve déjà dans la semence, mais la tirent encore de l'air et du terrain, il faut avoir égard à d'autres circonstances exté- rienres qui peuvent contribuer à la bonté de la semence , et desquelles nous avons parlé plus haut. De plus, suivant les observations de VVorr, ia paille, ou les tiges qui sont à égale distance les unes des autres, tirent leur force, non de la :e- menee elle-même , mais des nœuds de la tige, qui h G. E 102 PRINCIPES RAISONNÉS Ji doivent leur force à la qualité et à la force du terrain, comme un poulet sorti de sa coque né tire plus sa force de l'œuf qui l'a produit, mais d'une nourriture étrangère qu'il se procure. On voit par là qu'il n'est pas encore décidé , si la bonté de la semence est préférable à celle du terrain , et réciproquement. Si les deux causes se trouvent réunies, l'on seroit en droit d'attendre une trés bonne récolte; sans cela, je crois que les cultivateurs doivent apporter tous leurs soins à bien préparer les terres, et à les fumer convena- blement. | ll suit de-là , que ceux qui veulent former des pépinières, doivent bien faire. attention, s'il y a une quantité suffisante de graisse, tant pour la pépinière, que pour le terrain qu'on veut ense- mencer; et si les avantages que procure cette mé- thode, dédommagent du travail et des frais. Pour moi, qui suis assuré que les semences des végétaux peuvent être endommagées par le froid , par la vieillesse , par le climat , ou par d'autres causes étrangères, je pense que cette méthode pénible et laborieuse , ne peut point donner à la semence une vertu suffisante , pour dédommager du travail, et qu'il vaut mieux s'oecuper de l'en- grais et de la préparation du terrain. Cependant; il est très nécessaire que la semence ait les qua DES P AGRIGUILT.UTRIEÉE. : roi lités , que nous avons indiquées ci-devant Chap. IIT et soit de la meilleure espéce que l'on puisse se procurer. Indépendamment des inconvéniens qui accompagnent la méthode des pépinières, l'on a souvent remarqué que des semences qui n'étoient pas bien pleines, germoient beaucoup plus vîte, que celles qui étoient plus fortes et plus pleines; mais que la graine qui en provenoit étoit très foible. Il faut encore observer que, dans un terrain trop gras, les plantes sont plus nourries que rendues propres à se multiplier : aussi ont-elles de plus grandes feuilles, des tiges plus fortes , tandis que les graines sont petites, et ne parviennent point à maturité. 1 Les*partisans de l'immersion semblent se pro- poser deux objets fort opposés. Quelques-uns ont pour but de garantir la semence des vers et des maladies : de-là , quelques anciens ont nommé ces opérations médicamens, remèdes ou guérisons. D'autres ont pour but de rendre les graines plus propres à se multiplier. Quelques-uns , pour y par- venir, croyent qu'il faut amollir l'éceorce ou l'enveloppe; et d’autres espèrent par-là joindre aux semences des substances qui favorisent leur croissance et leur maturité. Il se présente done ici trois questions à résoudre : 1°. S'il est vrai que par ce détrempement on guérisse re maladie 4 104 PRINCIPES RAISONNÉS des semences, et si on les ga srantit des vers et des ieseetes. £9. S'il est avantageux d'amollir l'en- veloppe de la semence avant de la mettre en terre. 39. S'il est possible de communiquer à la semence. quelque chose. qui favorise sa croissance et sa ryalturiic. ÜLINE nous apprend queies anciens, par la pre- raière méthode aux maladies de Ja semence, d'en écarter les in- secies , et même les oiseaux; sur quoi il cite l'au- lorité de VincirE et de DÉMOCRITE. Parmi les modernes, plusieurs se servent, pour le même effet de chaux , de suie, de jus d'ail, ou d'autres ma- tières. 1l seroit à souhaiter quel'on püt découvrir nn panacée ou remède universel, qui pát étarter des graines les maladies et les insectes. Quant aux maladies, je peuse que les semences n'en ont point d'autres que celles qui viennent de la corruption de leurs sucs, et celle-ci vient , on de la vieillesse ou des vices qu'elles contractent du terrain ou de Fair. Dars le premies cas , il n'est aucun remède; Gans le second, il faut cbrtiges le terrain, sans quoi on travailleroit en vain à la guérison de la semence. Il est moins question ici des maladies de la semence, que de celles des plantes produites par la semence : cn écartera les premières, en choisissant une boure semence, pour remplacer la , ont eu pour objet de remédier —o - "^46 re —. NR BUOAcGmrcóT T'UntE 105 mauvaise; les dernières viennent du terrain et de L'air. Il peut se faire que l'ussge de la chaux ou de la marne prévienne la nielle ou la rouille: quant aux insectes et aux vers, ils endommagent et la semence et la plante. Aureste, c'est hors de la semence qu'il faut chercher l'origiue de ces vers. KRAFFT en a trouvé des longs et couverts de | poils, qui avoient déjà mangé les feuilles à peine écloses de fèves plantées depuis qnatre jours: d'un autre côté, MUSCHFNBROCK paroíi Cire d'un avis contraire; il dit avoir placé desfêvesei d'autres "semences, dans un terrain bien sec, les avoir ul arrosées avec de l'eau distillée, et avec ces pré- cautions n'avoir point vu de vers. C'est donc dans la qualité du terrain qu'il faut chercher l'origine des vers qui dévorent la semence; il faut bien que ce terrain leur serve de retraite. J'incline fort à croire que ces vers n'attaquent que les semences qui ont déja quelques défauts : l'expérience apprend aux cultivateurs , que les vieilles semences sont beaucoup plus sujettes aux vers que les nouvelles: » c'est d’après cette observation que CHR. VVor rre écivoit à KRAFFT , qu'il attribuoit Ja présence 4 des vers dans la semence , ou à la vieillesse , on ..à quelque suc corrompu, occasionné par l'air, ov | par quelqu'autre cause. C'est donc en corrigeant les défauts du terrain , qu'on peut parvenir a ex- lirper les vers qui dévorent la semence. 106 PRINCIPES RAISONNÉS Je suis loin de croire que tous les remèdes contre les vers sont inutiles: je les crois au contraire trés nécessaires, sur-tout lorsqu'on ne peut connoître parfaitement, ni les défauts du terrain, ni les remèdes qu'il faut y porter , ou lorsque ces défauts viennent de l'air ou du climat. L'expérience seule fera connoitre si c'est par l'immersion de la se- mence , ou par la fumigation, ou par quelqu'autre moyen, que l'on peut remédier à ces inconveniens. On a découvert que l'odeur de là poudre à canon mêlée avec la semence, étoit ux remede assuré pour detruire les vers qui attaquent la graine des navets. On vante aussi l'odeur de l'ail, qui seroit d'un grand secours, si elle se conservoit long-tems parcequ'elle tue toute espece de vers. Quelques- uns font usage du chanvre, pour écarter les pa- pilons; d'autres de la tourbe humide que l'on répand sur les champs; et d'autres de la fiente de poules. On conseille la suie, la chaux etc. contre les vers et les mouches qui s'attachent aux plantes ; mais il faut user de précaution, quand on employe ces remèdes; car j'ai quelque-fois remarqué que la chaux tamisée sur des plantes tendres, les détruisoit totalement. La seconde question , à la quelle nous avons promis de répondre, est: s’il est avantageux d'amollr la semence, avant de la mettre en terre ? rj HN L'AGIOMLEGUI.IUOE . 197 Il est naturel de croire que le germe et les petites racines sortent avec plus de facilité d'une enveloppe tendre, que d'une enveloppe dure. Il n'est pas douteux non plus que les sucs nourri- ciers ne passent plus aisément par des pores élar- gis et par une enveloppe amollie. Aiusi, une découverte qui produiroit ces eílets, ne seroit point à rejetter. Examinons cependant si cette pratique n'a pas des désavantages inévitables , et plus grands que les avantages qu'on s'en pro- met. Il est aisé de voir que la semence ainsi amollie, est plus exposée aux impressions du vent et à l'intempérie de l'air , qui peuvent l'endom- mager ou la gáter totalement. S'il survient une trop grande chaleur, il est constant que toute l'humidité, tant de la semence que du terrain, doit s'évaporer: ainsi, la semence en perd plus qu'elle n'en recoit; conséquemment , elle doit se dessècher, se flétrir et périr. S'il survient du froid l'eau intérieure se gèle, et les fibres se déchi- rent. Si l'air est trop humide, les fibres sont trop dilatées et se gátent. Il faut remarquer de plus, qu'une trop grande quantité d'eau versée sur la semence, peut autant lui Óter de sa force que lui en donner, si le détrempement ne se fait pas avec précaution. En efet, si on laisse tremper la semence jusqu'à ce qu'eiie se gonfle " o8 PRINCIPES^ RAISONNÉS fan et se remplisse d'eau, il doit arriver que l'eau hui enlève de sa veriu, comme le prouve le ^ t ] ] - s * À. goût et la couleur que prend la liqueur ,dans laquelle elle à trempé. Je conclus que la mé- thode de tremper la semence , peut, à certains égards, étre utile , mais que l'usage en est peul- ^ x Ts s E ótre tres dangereux. Si quelques tentatives de cefte esoèce ont pu avoir du succes, il étoit dû sans doute, à la température de l'air, ou à la bonté du terrain, qui a pu fenrnir une nour- riture sufiüsante, et qui a conservé son Hanni- dité; ou enfin aux soins du cultivateur et du jardinier, qui, en arrosant souvent, ont préve- nu les effets de la sécheresse. Nombre de gens ont cru qu'on pouvoit com- muniquer à la semence la faculté de croitre et de se multiplier jusqu'a ]a maturité. CARDAN prétend qu'on y réussit en versant de l'huile sur la semence. Ce sentiment est confirmé davs Île journal des savans, année 1684; on y trouve encore, année 1635 qu'un nommé HDME WILD, a fait croître en deux heures, une salade dans vme terre préparée d’une certaine facon. Le P. REGNAULT dit qu'on peut faire la méme chose, en faisant tremper la graine de salade dans de leau de vie, et en la mélant ensuite avec de BENTL LA C.H H.CADSE Go oU BEN 109 m Y la chaux et de la fiente de pigeons. Voici les raisons qui ine font douter de ces expériences, Je suis convaincu qu'on ne peut pas plus com- muniquer à la semence la faculté de croître, qu'à l'embryon dans le corps de la mère, parce- qu'il est: contraire à l'expérience que la plante puisse paryerir à maturité, en vertu de la nour- riture qu'elle a recue dans ses premiers filamens. A l'appui de ce que je viens d'obsérver, BACON dit que la semence trempée dans le vin de Mal- yoisie et dans l'eau. de vie ne peut croître en aucune facon. KRAFFT , a pareillement observé que, ni l'eau de vie, ni le lait, ni l'urine ne contribuent point à faire croítre les plantes. Il en est de méme de l'opinion de LE GRAND , qui prétend que les plantes acerbes s'adoucissent, quand on fait ramoliir leur semence dans du miel: assertion dont HALLES a fait voir la fausseté, daus sa Statique des végétaux. Enfin tout cela est contraire aux expériences de BONNET , qui a remarqué que les feuilles abreuvées de liqueurs viueuses et spiritueuses se dessèchent. Je me suis convaincu moi-même que les semences trem- pées dans l'huile se durcissent , et ne peuvent peint du tout germer. Concluons douce que les plantes ne tirent leur nourriture que de l'eau e«t de la graisse réduite en vapeurs, et qu'elles 110 PRINCIPES RAISONNÉS n'en tirent aucune des autres substances tenaces et spiritueuses. Il y a six espèces de matières simples , que lon employe pour la fécondation des terres par la macération, et trois espèces de matières com- posées. Les premières sont, l'Alkali , le Nitre, lUrine, lHuile,le Vinaigre et le Vin. Les secondes sont, le Savon , le Nitre combiné avec des substances grasses, et les subtsances hui- leuses et spiritueuses. La méthode dont les jar- diniers se servent, en trempant leurs semences dans leau, me paroit étre la meilleure , sur- tout si la macération doit avoir lieu, parce que l'eau du cielest le meilleur aliment pour les végétaux, comme étant pourvu d'une substance saline et d'une graisse fort divisée , et que cette opération ne dérange pas la fermentation in- terne. Mais je crois qu'il est important de pren- . dre garde aux inconvéniens qui peuvent résul- ter de cette méthode. Je mets au nombre des fé- condations alkalines, celles qui se font. avec la lessive des cendres, ou les solutions des sels al- kalis, ou avec de l'eau de chaux. On voit ce qu'il faut penser de cette méthode, par ce quá a été dit précédemment de la chaux , et du sel alkali. J'ajouterai seulement, qu'on auroit tort d'attendre de la macération de la semence dans f ^ DE nA cnrcuLTUn:—r9 1I des solutions alkalines on calcaires, les mêmes avantages que du méiange du fumier ou de la terre avec ces solutiens: car l'expérience nous a appris que les sels alkalis, et la chaux, ont vne qualité caustique, plus propre à nuire, qu'à faire fructifier , et que leur contact extérieur doit durcir les semences. DicBv , HOMBERG et d'autres ont beaucoup vanié la méthode de macérer les plantes dans une dissolution de nitre; mais j'ai trouvé leurs expériences fausses. Les semences ainsi trempées se durcissent , et sont exposées aux effets de la gelée, qui arrête plàtot le mouvement interne qu'il ne l'excite. Quelques auteurs attribuent une grande vertu à l'urine. STRIDSBERG prétend qu'elle contient un sel végétal ou tartrite de potasse et pénétrant, quoique les chimistes n'y aient jamais trouvé que du sel microcosnique et volatil, qui ressemble au muriate ammoniacal. Je conviens que l'urine peut contribuer à la fécondation, par la substance huileuse et savonneuse , mais caustique , qu'elle contient. En effet , elle est nuisible à l'eau, et l'on voit les avantages que le fumier imprégné d'urine , procure aux terres, Mais les expériences de KRAFFT prouvent que l'urine, par elle-même ne contribue à féconder ni le terrain, ni la se- meuce que l’on y fait tremper , et tout nous in- 122 PRBINCIPES RAIBONNEÉS dique qu'elle fait jaunir et périr les plantes: et, si elle sert à amollir les semences, elle ronge en méme iems leurs enveloppes et leurs fibres, et doit troubler leur fermentation interne. Ainsi l'urine seule ne peut être employée, ni à dé-- iremper les semences, ni sur le terrain: il faut qu'elle soit intimement combinée avec l'engrais | ou le fumier, afin de modérer et adoucir sa caus- | iicité , et qu'elle puisse former une substance savonneuse avec les parties huileuses. du fumier. 4 nous verrons ci-après si l'urine putrifiée est préfé- rable à l'urine fraiche, La méthode de faire tremper la semence dans l'huile n'est plus en usage. Ainsi, nous ne pou- vous rien dire de certain sur la manière usitée par les anciens, de faire tremper leurs semences daus la lie .de l'huile. Il est certain que les parties huileuses doiveut boucher les pores des végétaux, intercepter le passage de l'eau, et les ; EO. RP AOI ed gingen eA RECS Stats hi Cunt an is empècher de tirer leur nourriture. | L'usage des acides sur le terrain, et pour faire, tremper les semences, est rejeité avee raison par tous les cultivateurs modernes , qui savent trés. bien que tous les acides arrêtent toute fermenta- tion, et par conséquent celle qui procure le dé-4 veloppement du germe et sa croissance. On voit. ces effets dans les fruits coufts dans le vinaigre Plusieurs# * DE EAemRICULTunuEt 113 Plusieurs ont cru que le vin étoit utile aux plantes , et servoit à les ranimer: mais BACON, KRAFFT et BONNET ont fait des expériences qui démentent cette opinion. H faut mettre au rang des macérations savon- neuses , celles qui se font par les alkalis, la chaux, la lessive tirée des cendres mêlées avec le jus du fumier ou l'urine, auxquels on joint quelquefois d'autres sels, tels que le muriate de soude, ou le nitre. Daws ces sortes de mélanges, la Pare grasse se combine avec l'eau, par le moyen de ja chaux ou des sels; ce qui forme une substance propre à nourrir les plantes. Mais il faut remar- quer , que les semences trempées dans de pareils mélanges , sont exposées aux inconvéniens qui ac- compagnent en général la méthode de tremper, que , lorsqu'il survient de la chaleur, les grains que l’on obtient sont peu féconds, parce que, placés dans un terrain gras, ils jettent de fortes racines et de larges feuilles , qui attirent une grande portion de la nourriture ; ce qui fait que les fibres et les pores sont de plus en plus dilatés; que la tige se courbe , et que le grain est plus aqueux que farineux , et contracte apres l'éva- poration de l'humidité. Quelquefois l'on fait tremper la semence dans des solutions nitreuses et grasses, composées de i) is 114, PRINCIPES, RAISONNÉS, nitre et de quelques matières grasses, auxquelles on joint souvent d'autres substances. BrcHER, SALANDER , VALLEMONT et TRANTMANN vantent beaucoup cette méthode. Elle consiste à mêler du fumier, ou des matières grasses ana- logues, avec une dissolution .d*s nitrate de po- tasse. Mais quand même le nitrate de potasse seroit un tartrite de potasse ou sel végétal, je crois tou- jours que c'est prodiguer inuliiement ce sel, qui est plutôt nuisible qu'avantageux. Si, après avoir suivi cette méthode, l'on s'est appereu d'une vé= 4 gétation plus abondante , on devroit plutót l'at- tribuer à la graisse et à l’eau qu'au nitre. Au reste , ces mélanges sont de la méme espèce que ceux dont nous avons parié précédemment. Qn pratique diversement la méthode de tremper | les semences dans des liqueurs spiritueuses; Les uns prétendent extraire l'essence du fumier avec le vin on le tartre. D'autres ont eru tirer quel- que chose du nitrate de potasse. D'autres ont # cru pouvoir tirer des semences des végétaux, une | vertu propre à être communiquée à d'autres se- | mences; mais j'ai fait voir plus haut que les li- 1 | queurs spiritueuses sont plus prepres à détruire | P » L 3 qu'à nourrir les végétaux. On sait, de plus, que . les liqueurs spiritueuses, par leur volatilité , ne | peuvent point long-tems demeurer unies aux se- ME LAC RICU CT U. RE it | mences. Ces procédés ne servent donc qu'à faire perdre inutilen ent le vin ou l'esprit-de-vin. On voit, par tout ce qui vient d'être dit, que les méthodes de tremper la semence sont peu süres, et que chacune d'elles est sujette à des incon- véniens. Si pourtant quelqu'un étoit eucore tenté d'employer ces méthodes, il feroit sagement de prendre celle qui se fait avec de l'eau. de pluie, où avec des matières grasses et savonneuses. — D'apres ce que nous avons và dans le chap. X ilest facile de juger des effets que l'on doit at- tendre de la chaux sèche mêlée avec la semence. J'ajouterai seulement ici, que la chaux séche s'attache difficilement à la semence sèche, ou qu 'elle s'en détache aisément: ainsi, lon doit sen promettre moins d'effet, qu'en la mêlant avec la terre. Par l'analyse chimique , on trouve que la suie ést composée de parties huileuses, salines, áqueuses et terreuses , que l’on sépare par la dis- tillation, ou par extraction. L'eau commune fait l'extrait ou se charge de près de la quatrième partie de la suie. Mais on trouve dans la suie une amertume qui est due à l'alkali uni avec l'huile, ce qui prouve qu'elle est savonneuse: l'u- iion de Falkali avec l'huile la rend propre à dis sóudre les sucs épais et tenaces de la semence; H a Ld 116, PRINCIPES RAISONNÉS c'est cette amertume qui en éloigne les vers. Ue pius, la grande quantité de substance hui- leuse et inflammable que contient la suie, la fait résister au froid, et attirer la chaleur de l'air. File a encore la fzculté de conserver long-tems l'eau et l'humidité, et de la même manière que la poussière de charbon mouillé. Ainsi, la suie favorise la végétation matériel- . lement et de la méme He que le meilleur fu- per : et ensuite mécaniquement , puisqu'elle attire la chaleur et la conserve ; qu'elle s'imbibe iain lement à l'humidité de l'air et la retient ; qu'elle dissout les substances visquetises de la se- inence ; phe écarte les vers et les insectes ; enbn, que par sa qualité alkaline, elle absorbe | l'acide du terrain , et celui de la semence. D'un autre côté, la suie peut nuire à la végétation , lorsqu'on en met une trop g grande quantité, à cause de sa dtu corrosive , qui peut arrêter toute fermentation dans la se- imence , et ronger les végétaux. On voit donc que ia suie emplovée avec mesure et en petite quan- tité, est d'une grande utilité comme engrais de la terre; mais qu'elle ne procure pas le méme avantage en la mélant simplement avec la se- mence, parce qu'étant sèche, elle s'en détache BN ULAGHIiON LTUmR;E 117 promptement , et parce que c'est dans la terre que doit se faire l'extrait , dont on peut attendre du profit. On assüre que les Anglais font un grand usage de la suie, quoique celle qui pro- vient du charbon de terre ne puisse pas avoir les mêmes vertus que celle du bois. Mais il y a de là différence , méme entre les différentes sortes de suies qui viennent du bois. Celles qui se forment dans les cheminées des cuisines sont plus grasses et sont bonnes pour les terrains sablonneux: les autres sont plus alkalines, et peuvent être em- ployées sur les terres glaiseuses. Les Anglais font autant de cas d'un boisseau de suie , que d'une charretée de fumier. Puisque la suie est produite par la famée, il ne doit pas y avoir une grande différence entre elles deux: aussi quelques personnes vantent-elles l'usage des fumigations des semences, comme con- tribuant à les rendre fécondes. Mais en se rap- pelant ce qui a été dit de la suie , je crois que par la méthode de la fumigation, on détruit la trop grande acidité qui pourroit être dans la semence, l'on procure de la chaleur et l'on écarte les vers. Si lon considère en même tems que ce moyen chasse l'humidité de la semence et que la fumée est d'une nature corrosive , il sera facile de comprendre que la fumigation H 3 | 118 PRINCIPES RAISONNÉS peut empêcher, plus où moins, la fermentation qui fait germer , suivant que la semence a été plus on moins desséchée. Nous avons déjà observé que la vieillesse et la trop grande acidité em- pêchoient les graines de germer. Ainsi, quand on veut appliquer la fumigation aux semences , il faut les exposer à une fumée peu chaude, et voir si les avantages que l'on attend de la fumigalion, répondent à la dépense que cette méthode entraîne, DI" A € À É CMILTUR €. 119 EUH ATWWIEPNES OV. * DE L'ENGRAIS DES TERRES, OU DE LA MÉTHODE DE LES FUMER. CE entend par l'engrais des terres, les opé- rations , par lesquelles on joint au terrain des sabstances que l'on croit propres à favoriser la végétation. On sait que les végétaux demandent pour leur accroissement , le.secours de quelques substances étrangères; mais, comme ni les terres ni les sels ne peuvent être regardés comme propres à nourrir les végétaux, il ne peut y avoir dans le sol d’autres matières nutritives des végétaux, et analogues à eux, que la graisse et l'humidité. Je ne parle ici que des sub- stances qui viennent du sol, et qui contribuent à la croissance des plantes, parce que j'ai par- lé ci-devant des matiéres nutritives qu'elles re- coivent de l'air. Les meilleurs engrais sont ceux qui contiennent une substance huileuse combinée avec de l'eau. Mais comme la graisse et l’eau, dans l'état. de fluidité et en trop grande abondance , sont plus nuisibles qu'utiles, et comme, lorsque ces sub= PR à H 4 120 PRINCIPES RAISONNÉS sfances ne sont point atténuées et dissoutes en vapeurs , elles ne peuvent point entrer par les Fr pores des végétaux , il faut conclure que les matiéres les plus propres aux engrais, sont celles qui fournissent une substance atténuce et nne eau réduite en vapeurs. Dans les substances sujettes à une putréfaction ou à un mouvement iüterne , la substance buileuse étant divisée et atténuée, et ]a partie aqueuse réduite en vapeurs, il est clair que les matières qui sont sujettes, à des mouvemens internes de cette nature, sont les plus propres à fournir la nourriture aux vé- ectaux. Il y a des graisses de cinq espèces différentes, savoir: celles qui sont aëriennes et minérales; les végétales , les animales, et celles qui en sont composées. Or,les graisses minérales different considérablement, par leur nature, des graisses végétales. Nous avons déjà traité de la graisse aérienne ou contenue dans lair. Plus l'engrais à d'analogie | avec la graisse animale, plus il est utile. La graisse végétale est préférable à la graisse mélangée, et celle- ci à la graisse animale, lorsque toutes choses d'ailleurs sont dans un ordre convenable. Plus la partie grasse contenue dans l'engrais est fa- cile à décomposer, moins elle est avantageuse v, sind gor RP NE d RE grid Sr GRAS A rt Sade T - I / DEUL À CRICWLTURE 121 . au cultivateur. Mais comme d’après l'expérience la graisse végétale n'est pas de la méme . durée - que celle qui est mêlée, et la graisse ani- male de moindre durée que la graisse végétale, i| s’en suit que la graisse mêlée est préférable. Plus il y aura de parties grasses daus un en- grais, plus il sera durable et avantageux pour la végétation; aussi la graisse mixte ou méian- gée est-elle meilleure que les autres, et le fu- mier produit par des animaux bien nourris, vaut mieux que celui des bestiaux maigres; plus l'en- grais sera disposé à la putréfaction , plus’ sa graisse sera divisée et dissoute en vapeurs. Ainsi, la graisse animale est préférable à la graisse ^ mélangée , et celle-ci à la graisse végétale. Voilà pourquoi le fumier, dans le quel il entre de l’urine , est préférable à celui qui en est: privé; il acquiert par là une plus grande quan- tité de parties grasses. Les corps morts des animaux ne doivent pas être Jettés sur des terres labourables, parce grands iuconvéniens. On engraisse bien mieux les terres, en y faisant qu'il en résulte de très passer la nuit aux bestiaux, ou en les y fai- sant parquer. Ils engraissent la terre de leur fumier , de leur urine, et des émanations qui sortent de leurs corps. On réussit mieux encore LA x 122 PRINCIPES RAISONNÉS en couvrant la terre avec de la paille, parce. qu'elle empêche l'évaporation jusqu'à un certain point. Le fumier est, par la paille dont il est composé, une matière véséiale, humectée, im- bibée , mélangée avec les liqueurs et sécrétions qui sortent des intestins des animaux. Il est donc un mélange disposé à la putréfaction qui contient une substance grasse analogue à celle des végétaux ; il leur communique une graisse durabie, que l’on peut obtenir aisément, et sans beaucoup de dépense. 1l est conséquem- ment indubitable que le fumier est un des prin- Clpaux engrais. C'est sans aucun fondement, que quelques personnes ont cru que les vertus du fumier lui venoient d'une substance saline qui s'y trouve en plus ou moins grande quantité. . Les expé- rences que DALMAN ESKILSSON a faites sur les eaux tirées par le lavage de difiérens fumiers qu'il a traitées avec des acides, des sels alkalis et d'autres substances, ne donrent rien moins qu'une grande quantité de sel alkali, de soufre, de nitre, comme il l'a prétendu: elles rendent uniquement une très petite portion d'alkali vola- til, qui vient de la putréfaction plus ou moins avancée et une graisse qui s'est unie avec l'eau, à laide de ce sel. Ainsi, toute la différence ! b 4 » Mi Ü nos ripa ra E uai J e LA ty 6DEMLDAGcHIPCHLTUnRnÉ 123 qui se trouve entre les fumiers ne dépend que de la quantité de parties grasses, et de leur solubilité dans l'eau. La distillation fait voir la uantité de cette sraisse, et elle diffère en rai- e 2 son de la nourriture, ou des alimens qui l'ont produite. Plus le fumier est gras ,plus il est chaud. Ainsila fiente des oiseaux qui ne se nour- rissent presque que de graines, est plus chaude que celle de cheval, et celle-ci plus chaude que la fente de vache. DUHAMEL DU MONCEAU, dans son traité de la culture desterres, cà il suit JÉTHRO Turr, n'a pas donné la vraie théorie de l'usage du fumier. ll dit que le fumier n'agit sur les terres , que par- ce que par sa pourriture ou sa fermentation interne il divise ou brise les particules de sable, et quà mesure que la surface de la terre s'augmente, les pores intérieurs de la même terre sontmultipliés, et que plus ils sont multipliés, plus on les suppose capables de fournir aux végétaux leur nourriture terreuse: mais comme, suivant lui, la division des grains de sible se fait beaucoup mieux avec la charrue , il conclut que la méthode usitée d'en- -graisser les terres par le fumier, n'est d'aucune utilité. llest aisé de démontrer que cette conclusion | | 1 l porte sur trois principes bazardés. i?.Cet auteur : 124 PRINCIPES RAISONNÉS suppose que les plantes tirent leur nourriture uniquement de la terre, ou d'une substance terreuse , et il regarde cette opinion comme un - principe constant: mais nons avons déjà fait voir que ce sentiment FRDEUE au mécanisme des 'égétaux l AH d be ul iT. ainsi qu'à £XBR érience. 2 préten que le fumier contribue à la végétation d'une facon | purement mécanique et qu'il divise les grains de sable, au moyen de sa pourriture. Tout le monde sent eombien cette assertion est contraire à l'ex- périence, sans parler que souvent on se sert pour l'engrais d'un fumier déjà pourri, et que d'ailleurs cetie putréfaction est un mouvement interne , qui ne s'étend pas aux corps exlérieurs. 3°. Kufin i] suppose que la division des grains de sable est. aussi avantageuse que le fumier, tandis que les gens de la campagne et les jardiniers savent la Busclé de ce principe. J'ai fait voir plus haut ju'un terrain trop poreux, ou trop léger, est dé:avantageux, à cause de la grande évaporation à laquelle il est sujet. DUHAMEL prétend que le fumier communique une odeur désagréable aux végétaux. Ila donc ignoré que les substances qui servent à la nourri- ture des plantes, sont pendant la végétation ,% assi puc à elles, ou cbangées en nne matiere P iat aga moe AL MERI Rm M ER DES AC R'1 CU TU R À 125 corrompus ne peuvent facilemeut entrer dans les pores des végétaux ? C'est ce que prouve une expérience de COLUMELLE: ildit qu'une vigne, dont la racine avoit été arrosée avec de l'urine putréfiée, a produit du raisin et du vin, qui n'avoient aucunement ce goût. KRAFFT, que nous avons souvent cité, prouve la même vérité. DUHAMEL suppose aussi que les sucs du fumier entrent daas les végétaux, et les auteurs que nous venous de citer, nient directement ce fait: ainsi que sa prétendue faculté de diviser lesgrains de sable. Il prétend que le fumier est nuisible à la santé , parce qu'il sert de retraite à des animaux venimeux. Pour écarter ce soupcon , je dirai que l'expérience nous apprend, que les plantes les plus vénéneuses plantées dans du fumier, perdent beaucoup de leurs mauvaises qualités, ou du moins n'en deviennent pas plus dangereuses. 1l n'est pas vrai non plus, que le famier soit d'une nature vénéneuse, ni qu'il serve de retraite à des animaux venimeux. DUHAMEL assure que le fumier remplit les terres de chien-dent et de mauvaises herbes. Je réponds que les mauvaises herbes sont plutôt dues au travail de la culture, qu'au fumier. Je ' conviens que le fumier de cheval produit souvent ceteffet; attendu qu'il estordinairementrempli de se- 195 PRINCIPES RAISOÓNNÉS mences non décomposées; mais les cultivateurs savent que le travail remédie à cet inconvénient. Enfin, il prétend que le fumier attire des vers et des insecles aux semences et aux végétaux. J'avoue que cela est vrai à quelques égards; mais comme la présence des vers est presque foujours due à la négligence du cultivateur, il est vrai- semblable qu'on pourtoit prévenir cet incon- vénient , en travaillant convenablement la terre. Les substauces végétales, dont on se sert pour l'engrais , sont ou fraîches , ou pourries. Les fraîches sont des feuilles de pin ou de sapin, des écorces d'arbres, des coupeaux ou de la sciüre de bois, ete. Elles sont à la vérité d'une matière analogue aux végétaux; mais comme étant ré- pandues sur la terre , clles n'entrent pas aisément cn putréfaciion et que d’ailleurs elles ne con- tiennent pas beaucoup de graisse et d'humidité ; i| est clair que leur usage est inférieur à celui du fumier. Cependant , ces substances ont la propriété d'absorber l'acide , quoiqu'en trop 1 * erande quantité, elies peuvent rendre au terrain une portion de l'acide dont elles sont imbibées , ! ‘est ce qui fait que quelques personnes éroÿent | que ces substances rendent le terrain aigre. Au nombre des substances végétales pourries 4 ou décomposées , je mets le terreau, ou la terre des - 2 X DIE 0h A.G R1 GC W,L TU R & 127 des jardins, la suie, la poussière de charbon qu'on croit qui se charge de l'acide et de l'humi- dité du terrain et les retient: car elle ne peut point contribuer matériellement à la nourriture des plantes, puisque cette poussière ne ‘contient rien de gras , et que l'eau n'en peut rien tirer de .salin. Nous ne déciderons pas en quel tems il est le plus à propos de fumer les terres; mais il est de la plus grande importance que l'on prenne le "tems où le terrain est sec, par conséquent dis: posé à saisir la graisse et,à la conserver. Il faut aussi bien étendre sur le terrain le fumier qu'on y a répandu , l'enterrer bientót aprés, le méler avec la terre à l'aide de la charrue, Cc i et assez profondément, pour que les parties aqueuses et huileuses ne puissent pas aisément se dissiper. Tl "paroit que l'automne, lorsqu'il est sec, est le tems le plus propre à fumer les terres. Une trop grande quantité de fumier peut nuire sur un terrain chaud, parce qu'il en augmente la chaleur et brûle les végétaux. Il ne faut pas le prodiguer non plus sur une terre forte , parce qui fait croître beaucoup de plantes qui ne parvien- À nent pas à maturité: les feuilles sont épaisses , les tiges fortes , tandis que les semences sont petites. D'où l'on voit au'il faut que l'engrais soit pres . sera facile de juger de l'engrais et de la quantité celle des oiseaux a plus de chaleur que celle des L4 & 128 PRINCIPES RAISONNÉS portionné à la nature du terrain qu'on veut fumer. Pour y párveni r, il faut observer les regles sui- vantes. » | 19. Plus le terrain sera froid et humide , plus | il aura besoin de graisse; car il faut que sa froi-# hens soit corrigée par la chaleur du fumier. . Un terrain un peu sec demande moins de. Fami er, de peur qu'une trop grande quantité de | chaleur ne brûle les plantes. 3°. Un terrain glaiseux, et, les autres terres - d'une nature frcide , veulent un fumier qui ne soit À pas pourri, tel que les excrémens humains, la | fiente d'oiseaux , de brebis , de chèvre, de cochon. 1 49. Le terreau un peu sec demande peu de fumier. ; 59. Un terrain sablonneux , qui est d'une na- . ture plus chaude, et qui est audessus d'un terrain | chaud , exige un fumier pourri ,.ou du moins un - peu de celui qui ne l'est point , e£ que l'on renou-. vellera souvent. | D'après ce qui vient d'étre dit sur le plus ou le moins de chaleur du terrain et du fumier, il: E . \ : f : qui convient à chaque terre. Les excrémens hu- | mains sont le plus chaud de tous les engrais: la fiente de bœuf est regardée comme le plus froid: rebis D'EUL’ A GR Fc U LTU KE. 3% brebis , et celle-ci est plus chaude que le fumier de cheval. Cependant, il est rare que l'on emploic d'autre fumier que celui des chevaux, des bœufs, des brebis et des cochons. 6°. ]l faut ordinairement six ans pour épuiser la graisse de la terre ; après ce tems-là on la fume de nouveau: on est obligé de fumer plus souvent les terres sablonneuses , sur-tóut quand on fume avec des substances végétales. On voit ce qu'on doit penser du mélange des substances végétales fraîches, ou décomposées , d'après leur nature. Il faut seulement observer, que le mélange de matières étrangères, telles que la chaux, les cendres etc. est plutôt nuisible qu'avantageux à la bonté du fumier, au moins lorsqu'on y en mêle ure trop grande quantité, vít que ces matières salines et corrosives détruisent la graisse. 130 PRINCIPES RAISONNÉS CHAPITRE JXVAL. Dv MÉLANGE DES TERRES. t Li terre que lon destine à produire des | grains doit être PRE ettrès divisée , afin que ! m racines puissent s'étendre avec facilité; que. l'air puisse les toucher; et que la substancenu- # tritive puisse environner de toutes parts les ra- 3 cines. DUHAMEL DUMONCEAU a traité au long cette dernière circonsiance, en partant toujours du principe que c'est sur-tout dela tezre que vient la nourriture des végétaux. (C est de 1à qu il pense que; la porosité ou la division de la terre, est pius nécessaire que tous lesfumiers ouengrais, que l'on peut y joindre. Mais ce que nous avons dit suffit, pour faire voir ce que l'on doit penser 2 de cette ihéorie , et ce que nous en dirons en- (s core servira à fixer notre ra d ) NIC LUTTE s dab ey? fr » 2». (:2 ) ÆArertissement essentiel du Redacteur. SITE ANA JE t Nos lecteurs sont sans doute indignés de la maniere dés- oblgeante et peu polie, avec laquelle W ALLERIUS rélute ct combat l'opinion. prétendue de DunauEers DuMONCEAU, sur lesængrais des terres. [ls seroient en quelque sorte au- torisés à ge croire d'iutellizence avec ce savant du nord, nt t. n 4 | e DwuL'"«amocUPTURE HM . Ceux qui mettent la chaux , et la marne, et des substances semblables au nombre des engrais, confondent ceux-ci avec le mélange des terres. lls ne. font pas attention, ou ils ignorent que les récoltes abondantes que l'on obtient en. mé- langeant les terres , ne sont pas dues à un en- grais ou matière nulritive , mais qu'elles viennent de la porositó du terrain. C'est toujours Du- HAMEL DUMONCEAU que l'on fait parler ici: voyons la réfutation. | Un terrain trop divisé est exposé à diffrens mauvais effets de l'air, parce qu'il perd aisément pour affoiblir les droits que notre Savant académicien s'es L] cr acquis à la reconnoissance de la Nation Frangaise et à celle ‘de tous les peuples qui connoissent ses ouvrages , si j allo:s plus loin , sans avertir que je donnerai,à la fin du livre de WALLERIUS, un extrait en forme d'appendice du travail de DunaAnEL sur l'agriculture. On y verra, ou. que l'écrivain suédois n'a pas entendu notre compatriote, ou qu’il a été trompé dans la traduction qui a été faite de ses œuvres. J'aime à le croireau moins, car quelle apparence qu’il ait voulu étre injuste envers un auteur dont le nom seul an- nonce un bienfait. Tavré par gout, et par amour pour ses semblables à l'étude de agriculture, personne n’a Tontri-- bué plus efficacement aux progrès de cet art. Après ce court avertissement que jai cru indispensable pour ne point abuser de la patience des lecteurs, je reviens à la suite. de l'ouvrage de VV ALLERIUS. | à 3g 132 PRINCIPES RAISONNÉS sa graisse et son humidité par l'évaporation. Il laisse passer trop directement la chaleur et le froid, pour frapper les racines des plantes , ce qui fait qu'elles sèchent ou gèlent. Ainsi, un terrain trop léger ou divisé a peu de force, et ne peut être avantageux. Les Jardiuiers aiment un terrain frès divisé , parce qu'ils préviennent les mauvais effets de l'air en arrosant fréquem- ment , et par d'autres moyens. Les cultivateurs au contraire, préfèrent avec raison, une terre plus compacte. Une terre trop compacte est désavantageuse, parce qu'elle est sujette aux inconvéniens aux- quels la porosité remédie. Il faut donc observer des proportions dans le mélange des terres; nous allozs en donner des règles. 1°. Les terres com- pactes doivent être divisées et rendues poreuses, de manière cependant, qu'elies conservent tou- jours une certaine tenacité. Ainsi, plus une glaise sera compacte et froide, plus il faudra iui Joindre de sable, ou de terreau. Plus cette tgfre sera aigre, plus on sera sûr de remédier à cette mauvaise qualité, en la mêlant avec de la marre, des cendres, de la chaux, ou avec des substances propres à absorber et à pro- curer de la chaleur. Si cette terre est trop hu- mide, on pourra bien lu: joindre de la poussière 5.255 (Ü $ Ux LA CRKDCULTURE 133 de charbon ou des substances végétales, non encore pourries et décomposées. Voici la manière dont il faut s'y prendre pour savoir combien il faut de terres de cette espèce, pour rendre léger et divisé un terrain compacte. Que l'on mêle par exemple, de la terre d'un champ avec une portion de sable ou de terreau; que l'on pé- trisse le mélange avec de l'eau: si en le fai- sant sécher ou chauffer , le tout devient dur et compacte, c'est ui sigue que l'ondoit y remettre encore plus de sable ou de terreau; si au con- ttaire , le mélange ne prenoit plusaucune liaison , il faudroit augmenter la quantité ou proportion de la terre qu'on y joint , jusqu'à ce que le tout étant séché prít un degré de consistance tel, qu'il n'y eût que çà et là quelques parties qui se lieut en petites masses ; et ce sera un signe que la glaise aura été suffisamment divisée. 2°. La terre trop légère et trop divisée , doit être rendue plus compacte. On produit eet effet avec de la glaise , ou même avec de la marne, quiservent toutes deux à donner de la liaison à un terrain trop sablonneux. 3°. Un terrain trop humide doit être rendu plus sec avec du sable, s'il est marécageux; mais si le terrain est aigre, on emploiera ou de la marne, ou des substances végétales non pourries, ou de 124 PRINCIPES RAISONNÉS la poussière de charbon. On sait que quelques plantes exigent un terrain humide, et d’autres un terrain plus sec: il faut donc avoir égard à ces deux circonstances. 4^ On humecle un terrain trop sec avec de la glaise ou de la marne, qui ont la propriété d'at- tirer et de retenir l'humidité. Le mélenge des terres peut se faire en trois manisres. 1?. En transportant la terre sur un champ. 2^. En Ja mêlant préalablement avec de l'engrais ou du fumier , afin de lui communiquer de la graisse, et la portant ensuite sur le champ. 39. En la retournant, lorsqu'elle se trouve au- dessous de la terre du champ, et en la mélant ainsi avec la couche supérieure. ]] n'est pas douteux qu'une terre chargée de graisse ne soit favorable à la végétation, et ne contribue à la fertHité. Ainsi la meilleure méthode est celle des cultivateurs, qui, quand les circonstances le permettent , font de la terre qu'ils veulent joindre à leur champ, des tas” avec du fumier, pour les porter ensuite sur Jes terres qu'ils veulent bonifier. Il est vrai que la terre qu'on y mêle augmente le volume du tas de fumier: cependant i| ne faut pas croire que cette terre serve à lui donner plus de graisse; je conviens que les parties grasses sont mieux ML AGRIGCUETUXRXE, 139 retenues dans la terre qu'on y joint , et que sans cela elles pourroient aisément se dissiper; mais il ne s'en suit pas que la terre contribue par elle-même à l'augmentation de l'engrais. C'est done une erreur de croire, qu'en mêlant de la terre au fumier, on multiplie la matière propre à engraisser. Quelques auteurs ont appellé ferre sauvage , et d'autres ferre vierge celle qui n'a point encore été exposée aux impressions de l'air et du soleil, et qui n'a point encore produit de végétaux; mais qui étoit au-dessous de la terre travaillée , sans avoir été touchée par le soc de la charrue. . C'est cette terre qui sert de support aux terres labourables. Elle varie suivant les lieux où elle se trouve. Quelquefois elle est de la même nature que le terrain qui est audessus : quelque- fois elle forme une couche d'une nature toute diffé- rente : souvent elle est sablonneuse et fait un lit de gravier ; d'autrefois elle est argileuse ou marneuse. Ainsi l'on voit aue souvent cette terre peut être meilleure que celle qui la couvre et qu'on travaille, comme quand l'une est glaiseuse ou marneuse, tandis que.celle qu'on laboure est sablonneuse; souvent aussi elle est d'une plus mauvaise qualité lorsque la terre de dessous est sablonneuse, et celle de dessus glaiseuse. Mais il se. trouve Fréquég MM 126 PRINCIPES RAISONNÉS que la terre inférieure est de la même nature et de la même bonté que la terre sup£rieure. L'on voit qu'il faut user de précaution, quand il s'agit de retourner , ou de mettre celte terre en dessus. Nous pouvons dire, en général, que plus cette terre est remplie de parties grasses et huileuses, plus elle est gg. et plus elle est capable de Fépagipenser le cultivateur de la peine qu'il prend à la retourner , soit en labourant plus protondé- ment, soit par d'autres moyens qui la transpor- tent en haut et qui la mélent avec la couche supérieure. On ne s'est point accordé sur la nature de cette zZerre Sauvage. HOFFMANN , et sur-tout JEAN FRÉDERIC NEUMANN , ainsi que beaucoup d'autres, ont pensé que cetle terre éloit inió- t conde et sauvage, et qu'il étoit dangereux de la metire au jour. lis ont cherché à fonder eur sentiment sur l'expérience, qui, suivanteux, fait voir que la bare portée de desious à la surface des terres, les rendoit infécondes, on 1 inême d'une pius mauvaise quaiité. DENSO en, fournit un exemple , lorsqu'il cite quelqu'un qui s'est très mal trouvé d’avoir mis en. dessus un sable qui étoit au dessous de son champ. Ces auteurs ont encore voulu confirmer leur eer. x en disant quil n'y a point de parties grass v Li DEQL'ÀAGnICUL T,U RE. 137 qui puissent descendre jusqu'à cette terre; mais que lorsqu'elle est mêlée avec la couche supéri- eure, sa graisse se dissipe en haut, et rie des- cend point. J. A. HERTZOG, ainsi que ORTH, prétendent que non seulement des terres, uni- quement pour avoir été labourées plus profondé- ment et sans fumier, ont donné une récolte, mais encore que des terrains maigres sont deve- nus tres fertiles après avoir été ainsi retournés, et ont conservé leur fécondité, plus que s'ils eussent éié. fumés. LA QUINTINIE semble être aussi de cet avis de même que PIERRE KRETS- .CHMAR. Ils disent que par un double labourage, ou endoublant par un labour profond la hauteur des sillons , les terres sont singulièrement boni- fiées. Pour pouvoir juger dans cette dispute , il faut avoir égard aux circonstances suivantes. 1°. Lorsque cette terre vierge ou sauvage n'est pas meilleure que la terre supérieure, ou du- moius n'est pas d'une égale bonté, le plus sur sera de n'y point toucher. 2?. Lorsque cette même terre n’a pas plus d'un pied de profondeur, on fera pareillement trós bien de la laisser en repos, quelque bonze qu'elle puisse être; parce qu'en ja portaut en baut, la graisse et l'humidité ne seroient plus arrêtées, et se dissiperoient , tant par le haut, que par le 138 PRINCIPES RAISONNÉS * bas: d’où l'on voit que l'on ne doit pas Ja porter totaiement à la surface; mais qu'il n'en faut íra insporter qu ‘une TRI US 3°. J'accorde à NEUMANN , que là graisse ct. l'humidité etis être poussées én hant, ou dissipées par la chaleur; mais je crois qu'il a tort de n'avoir pas fait attention que les parties, tant grasses qu'humides, qui sont très-bien re- o tenues et conservées dans un terrain gras, puis qu'eles sont mises à couvert de la chaleur du e st soleil par ia couche supérieure , aprés qu'elles ont été dissoutes par la pluie et la neige, se rendent ‘en bas, par leur pu iété i 1 1i ive.de la terre. Ainsi té et par la force attrac- Orsque cette terre vier 'ge Al est sablonnéuse et trop pati e, il ne faut pas Ta transporter à la surface; elle n’en vaut pas la Wu | | faut observer que cette terre vierge , qui n 'est pas à portée de sentir les*mpressions de l'air, ‘quand eile est compacte et serrée , contient cont- munément un acide minéral nuisible aux végé- taux , et est privée des ibit que l'air com- munique aux dificrentes espèces de terres, et r qu'eile ne peut pas acquérir le degré de division indi ic: ou de lézereté convenable par un , ou même par plusieurs labours. Il est donc nécessaire que cette terre vierge reste quelque tems ex posée aux inr ect M UD BEA GR CULTURES. 139 E | pressions de l'air, afia que ses parties nuisibles sen dégagent , et qu’elle se charge de celles qui sont plus analogues et plus favorables à la nature des végétaux. Il est encore nécessaire que cette terre soit divisée par des labours réitérés. C'est la raison pourquoi ces sortes de terres sont stériles la première année , et deviennent très fertiles par la suite; và qu'elles attirent avec plus de force les substances eontenues dans l'air , que des terres qui ont été lon | g-tems exposées à ses impressions. 5°. Comme cette terre favorise la végétation pour deux raisons; savoir, au moyen de la graisse qui est descendue en elle de la couche supérieure, et au moyen des substances qu'elle attire for- tement de l'air, il ne faut réitérer l'opération de transporter cette terre à la surface quand elle a les qualités requises, qu'au bout de dix ans, et méme plus tard. Cela est encore nécessaire à cause de la densité de la couche de terre qui est au-dessous ; mais nous tácherons dans le chapitre Suivant, de jetter encore plus de jour sur cette matiere. / E 140 PRINCIPES RAISONN tÉS. CHAPITREOXVLE : DU LABOURAGE, DE LA SEMAILLE ET DÉ LA CULTURE DU TERRAIN. i T i N OUS avons vuci-devant , que c'est de l'air qu& la terre tire sur-tout les substances propres à nourrir les végétaux, et même qu'une terre sté rile pouvoit étre rendue féconde lors qu'elle a été exposée à l'air. Nous avons encore démontré que la terre devoit être divisée : si neus ajoutons & cela que dans une terre non travaillée , il croît de mauvaises herbes qui attirent beaucoup de nourriture , et dout les racines contribuent à lier des moites, et que souvent l'eau, retenue dang ices de la terre, s'aisrit et devient nui- sible aux plantes, on verra la nécessité du la- bourage , et qu'il est fondé sur quatre raisons, 1°. Afin que chaque molécule de terre soit exe posce aux impressions fertilisantes de l'air. 2% Pour que l'acide nuisible soit expulsé: car, plus la terre est retournée , plus elle expose ses parties à l'air, plus les substances nuisibles peuvent en être dégagées, et plus elle se charge de celles qui sont utiles. Cependant , nous ne pouvons nier que la terre ne pcrde par-là quelques-unes D ET AP G R 1:C Ü LOT SUE. Lii le ses parties nutritives. 3°. Pour détruire le hiendent et les mauvaises herbes. 4?. Pour que e terrain devienne léger et divisé, moyen qui rocure les avantages attachés à cette espèce de erre. On se propose encore un,objet particulier en abourant. C'est de mêler plus intimement les ngrais ou les terres avec le champ; mais il n'est as nécessaire de faire sentir ces cheses. Si l'on soit que l'on peut, en faisant des tranchées, lélivrer les terres de l'acide qui vient des eaux, f que par conséquent il ne seroit pas nécessaire le labourer pour cette fin; je répondrois, qu'il L a une espèce d'acidité qu'on ne peut pcint en- ever eu faisant des tranchées, mais seulement ar le labour. C'est ce qui arrive, lorsque cette icidiié , fortement combinée avec le terrain, ne eut être chassée ou détruite que par le moye: le l'air. On voit, par ce qui vient d'étre dit, qu'un errain poreux et divisé n'a pas autant besoin Pêtre labouré qu' un terrain compacte , parce que rop de légóreté pent être suisibles DUnAMEXL, u cer ; dans la première partie de l'ou- rage que nous avons cité, assure qu'un terraiu Éger, ainsi qu'un terrain plus fort et compacte, oit être également labouré; ( On en jugera ci- 142 PRINCIPES RAISONNÉS. apres ): mais il n'a point fait attention aux inconvéniens qui résultent d'un terrain trop di- visé ; en quoi il parcit avoir été induit en erreur par les principes dont nous avons parlé. ; Je ne me suis pas proposé de décrire les diffé- rentes manières de labourer, ni les instrumens dont on se sert pour cela : je me contenterai de pas des principes sur lesquels se fondent les: différentes méthodes du labourage: je les réduirai aux règles suivantes. 1°. Pius le terrain est aigre et rempli de mauvaises herbes, plus il faut le retourner, aíin que la terre de dessous soit. exe posée à l'aetion de l'air et du soleil , et pour dé- pictae les herbes inutiles ; . En labourant , il faut faire en sorte qu'il ne reste point de terre non.divisée entre les sillous. On reconnoît que le labour a été ‘mal fait, quand les sillons sont tortueux, parce que les sinuosités indiquent une terre qui n'a pas été divisée. $^. I] faut labourer de manière gque la terre, coupée et relevée par le soc, soit prise moitié : : de an dans l'ancien sillon, et moitié dans la partie. ui est à Jabourer. De cette manière da terre. . > PLUS 1 sera bien divisée, les racines seront arrachéesé hamp sera unie. | j| 4? Dans le second labour, il faut que les pres: rdum Lon DAR À GR 1GDEMQUR EU MI niers sillons soient tranchés transversaleent par la charrue, afin que les mottes qui n'au- roient pas été divisées la première fois , puissent l'être la seconde. Ce labour divise la terre, la rend bien plus légère, et les sillons se pré- sentent de biais, aux rayons du soleil: ce qui les empéche d'être aussi fortement desséchés par la chaleur du midi. 1 . 59. Dans le troisième labour, il faut que la charrue traverse les premiers et es seconds si- lous. Ce troisième travail divise de plus eu plus les mottes, pourvü que RE soit propre remplir cet objet. - 69. Lorsqu'on commence à labourer dans le milieu du champ, il est haussé dans cet endroit, et s'abaisse vers les côtés. | . Cette dernière manière de labourer est plus avantageuse pour les terrains humides ,que pour Tes terrains secs et placés sur les hauteurs. Dans le premier cas, les eaux peuvent s'écouler; dans | c second , dans les années pluvieuses, le milieu roduit quelque chose, tandis que les côtés qui sont noyés d'eau ue produisent rien du tout, et éciproquement pour les années sèches. Ajoutez à cela que: comme on est continuellement obligé i le terre qui n'a jainais de remettre de nouvel i E. Eté exposée aux impressions de l'air, pour re- | ee *: = ET mec Ja à ES 144 PRINCIPES RAISONNÉS hausser les côtés, il faut nécessairement quele brings produise moins par ces mêines côtés. . 8°. Pour que le terrain soit divisé convena- blement, il faut qu'il soit labouré ou sillonné, d'abord en ligne droite, ensuite de biais, et enfin transversalement. Cependant , il faut observer qu'un terrain gras doit être labouré bien plus sou- vent qu'un maigre; parce que celui-ci seroit bientót privé de sa nourriture , et deviendroit stériie : d’ailleurs, un terrain maigre est moins rempli de mauvaises herbes. viser les mottes de terre , il faut recourir à d’au- tres iustramens pour les briser et les diviser. égard du temps propre à labourer , il faut simplement observer de choisir un tems où il soit disposé à se diviser. Ainsi, on ne doit paslabou- rer la terre quand elle est tro p mouiilée, ni quand: elle est trop sèche: dans le premier cas, elle se Lorsque le labour n'a pu suffisamment di- | He t 2 ^ jq ae3Yr-fot d ] te jins | le et se met en masse , sur-tout dans ies terrains slaiseux ; dans le second cas’, le labour ne sert à rien pour la divisicn du terrain. Un champ hu- Es E iie d a. ^ À mide par sa nature et par sa position, doit être labouré dans un tems sec, pour dissiper son hu- midité. Ui terreau et léger , ou mêlé de aeu de terre Re: tenace et d'une glaise dure, ne doit être labouré, - que A" n champ sec, sablonneux , rempli de? DETTA GR'L1CUE TU RE. 145 que quand il a été bien détrempé par la pluie. Un terrain, poreux et divisé par sa nature , peut être ; labouré de meilleure heure et plus promptement qu'un terrain compacte. Un terrain élevé peut étre labouré pluiót qu'un terrain bas. D'aprés ce qu'on vient de dire , on jügera s'il est avan- tageux de labourer au printems , lorsque la terre intérieure n'est pas encore dégelée , comme l'a prétendu un anonyme Suédois. | Quant à la profondeur du labour , je crois qu'elle doit être proportionnée à l'extension des racines , afin que l'air puisse pénétrer jusqu'à elles. Il est inutile de labourer trop profondément, và qu'on peut parveuir sans cela au but de cette opération. Cette méthode peut méme devenir nuisible , parce qu'elle divise la terre inférieure, "et la rend plus sujette à s'évaporer , ce qui fait tort à la racine des végétaux. Les Modernes ont été fort partagés sur la pro- fondeur du labour. L'expérience de Woif a fait conclure à quelques personnes , qu'il étoit ab- “solument nécessaire de labourer profondément , afin qu'un plus graud nombre de nœuds , ou “d’articulations des végétaux püt avoir le contact de a ter:e, et pousser de nouvelles racineS et de nouveaux germes lorsqu'ils en sont couverts. C'est sur ce principe que KRETSCHMAR a regardé K 346 PRINCIPES RAISONNÉS comme tres-nécessaire l'usage du double labour ; dont il a été parlé ci-devant. D'autres, au contraire, regardent comme inutiles les labours profonds, en voyant que des grains, tombés par hasard sur la terre, ne laissent pas d'y germer très-bien, Nous remarquerons à cette occasion, que tout les terrains n'ont pas une égale profondeur , et que c'est à quoi l'on doit avoir égard en labourant; en effet, il y a des terrains qui, au premier coup- d'œil, parcissent profonds et; épais, mais qui. ont à peine, à un pied au-dessons, une couche de sable ou de gravier. Ou leur nuiroit en labourant irop avant. Dans tous les végétaux les racines ne s'étendent pas également, suivant leur plusou moins de longueur. Ainsi, pour déraciner par- faitement lechiendent et les herbes inutiles, et pour défoncer suffisamment le terrain, et donner la facilité aux racines de s'étendre, il faut con- sulter les circonstances pour ouvrir le terrain d'une facon convenable, afin que l'air pénètre jusqu'aux racines. ll faut encore régler la pro- fondeur du labour sur celle à laquelle on a semé. Le but qu'on se propose en mettant la semence eu térre, se borne à la mettre en sureté coutre les oiseaux etlesinsecies ; à la garantir des vents et des injures de l'air, dela pluie qui épuiseroit DE L'AGRICULTURE. 147 les sucs, et de la chaleur qui les dissiperoit ; à lui fournir une retraite où elle puisse germer et se développer en liberté; enfin à fournir, selon . les expériences de VVOLFF, aux nœuds ou articu- lations, un moyen de germer et de pousser des racines. Eu effet, l'expérience prouve que nulle semence ne peut germer et croitre, sielle n'est mise à couvert de l'air et placée dans la terre. TULL a éprouvé que des semences qui avoient été mises à neuf pouces en terre, y sont demenrées dix ans sans souitrir la moindre altération ; d'autres semences mises à six pouces en terre, ont très-bien germé; d'autres qui n'ont été mises qu'à un ou deux pouces, ont encore mieux germé. DALMAN ESKILSSON confirme cette dernière expérience. De tout cela je conclus que la semence des végé- taux doit êire semée plus on moins profondément , suivant la différence de sa nature, mais jamais au delà de cinq ou six pouces, et que souvent trois pouces sout une profondeur suffisante, pour que l'air y pénètre sans obstacle; ce qui est de la plus haute importance, pour que la semence germe. Pour ce qui est dela quantité de semence nécessaire gon: easemencer les terres, il faut con- . sulterla bonté de la semence et la nature du terrain. Il est donc à propos d'observer, que plus le ter- rain est gras et plus il a été soigné et 148 PRINCIPES RAISONNÉS plus il doit être semé légèrement; car, en semant en trop grande quantité, non seulement on nuit à la croissance des prodi mais encore la tige ou la plante est sujette à se courber aprés s'étre FAI et l'épi n'est pas fourni. Plus le terrain est maigre moins il faut épargner la semence, parce que dans une pareiile terre la croissance et la multiplication ne sont*pas à craindre. Quelques personnes pensent qu'il se trouve moins de substance nutritive dans un terrain maigre que dans un terrain gras: d'où elles concluent qu'il faut y semer en moindre quantité. Cependant il faut observer que dans un terrain maigre, un seul grain de semence ne produit qu'un seul épi, aulieu que dans un terrain gras, où un grain produit plusieures tiges on épis , en semant peu, on peut en obtenir beaucoup. C'est donc en se- mant abondamment dans un terrain maigre, qu'on peut obtenir l'équivalent d'un terrain plus gras. On se régle ordinairement sur la nature du ter- rain même, ou sur des signes extérieurs, pour le tems des semailles; mais sans nous y arrêter pour le présent, nous dirons simplement qu il ya deux saisons pour semer , l'automne et le printems. Pour semer en automne , il faut seulement, selon moi, se réeler sur la maturité de la semence, qui doit fixer . na DEL AGRICULTURE. 149 le tems où elle doit être miseen terre. Dans un été froid les grains ne mürissent que fort tard, et quand on semetard,les plantesn'ont pu, à l'entrée de l'hi- . Ver jettev des racines assez fortes pour résister aux ri- gueurs de la saison, et aux mauvais temsde l'hiver et du printems : ainsi on fait fort bien, dans ce cas, d'employer de l'ancien bled pour ensemencer Ja terre, Pour semer au printems, on ne peut se régler que sur l'état du terrain: il faut voir s'il n'est ri trop see ni trop humide, et s'il a le degré de légèreté ou de division qui eonvient: tous les autres signes qu'on puisse alléguer , ne sont d'au- cune valeur. Un bon cultivateur sera quelquefois dans le cas d'ensemencer la partie la plus élevée . d'un champ, et attendra quelque tems pour en- semencer la partie la plus basse. Nous avons déjà indiqué la semence qu'il falioit choisir, et nous ayons exposé en général, quelles doivent être les qualités du terrain que l'on doit enseinencer. Aprés les raisons qui ont inspiré aux hommes de mettre les semences dans le sein de la terre; je dirai qu'on remplit cetobjet, scit avec la €harrue , soit avec la herse, soit avec toutes les deux à-la-fois. Au moyen du labour, la semence rest mise plus avant en terre, que par la here, mais on peut la mettre à la même profondeur 4 en semant sur des sillons ouverts, Si on sèms a 150 PRINCIPES RAISONNÉS - avec la charrue, il faudra dans les champs qui vont en pente , former des sillons transversaux , pour que les pluies fortes ne puissent pas entraîner | la semence, de la partie haute dans la partie basse du champ. Pour que les germes et les feuilles des végétaux puissent passer sans obstacle au travers de la terre qui les couvre , d'autant plus que l'expérience nous montre que ces feuilles | : $ et ces tiges se courbent , quand elles rencontrent une croûte dure , et sont méme étouffées et se dessèchent, il faut que l'on divise beaucoup la terre qui doit couvrir la semence; briser ensuite la croûte qui se forme par la terre empátée avec leseaux de pluie, ou par d’autrescanses , après que le champ a été ensemencé. Dès que les feuilles sont sorties de la terre, il n'y a plus de rai- son qui engage à diviser le terrain : "car alors il est nécessaire que la terre se resserre et devienne compacte , afin de pouvoir retenir les substances humides et grasses nécessaires à la nourriture des végétaux. Ainsi, ceux qui, aussitôt que les feuilles sont sorties, pressent et égalisent le ter- rain, font très-bien ce qui peut contribuer à mul- ] E tiplier les tiges, par le moyen E nœuds qui sont. recouverts de terre. | Mon objet, dans cet ouvrage, n'étant que. de | , DR À CGR L'CRLE TU RE 153 trailer des principes chimiques des productions qni sont dues à l'agriculture, je laisse à d'autres à parler des instrumens nécessaires à l'exploitation des terres. 4 K 4: 152 PRINCIPÉS RAISON NÉS CE API ER TV EC DE QUELQUES INCONVÉNIENS QU'IL FAUT ÉCARTER DANS L AGRICUITURE. À IN OUS avons parlé des principaux inconvéniens | qui s'opposent à la nourriture et à la croissance des végétaux, ou qui les affoiblissent , nous allons encore examiner en peu de mots, ceux que l'in- dustrie humaine peut écarter, tels qi ueflles forêts — les eaux, les neiges , les pierres et les animaux. Les arbres, par l'ombre qu'ils jettent , em- péchent les rayons du soleil d'agir sur les terres; iis interceptent l'action des vents, et en même tems , la circulation de la graisse aérierne. Aussi les forêts conservent-elles loug-tems la neige et la glace ; et dans les pays couverts de bois, le froid dure pius long-tems qu'ailleurs, et les exhalaisons y sont plus fra iches. Ainsi, il est nécessaire d'é- ner les terres labourables, le plus qu'il est le , des forêts, ou de détruire celles qui se trouvent dans leur, voisinage. Un bon économe doit calculer si Poe 0 lui rapportent plus que ses terres , et se régler là-dessus pour sa culture. Il faut déraciner 13 arbres et les buissons qui " DE UE Aoc n/CUL"rUv RE 5B se trouvent dans les champs, parce qu'ils Ótent aux grains leur nourriture , et que par leur ombre , et par leurs feuiiles qui tombent , ils étouffent les pios d et conmnitiquent de l'aigreur au terrain, pár les eaux qu'ils arrêtent. Il. paroît cependant que l'on peut tolérer le bouleau et le bois blanc; _và qu'ils croissent sur des terrains secs, et que par leur distance , ils n'interceptent point la nourri- ture de Ja semence. Pour écarter les inconvéniens qui 1 résultent des eaux, ilefaudra former des tranchées dans les champs, suivant la nature et la position des lieux, à l'occasion de quoi, on observera les regles suivantes. | . Par rapport à la position, ou les champs sont en pente, ou ils sont unis: il faut donc que l'on forme les tranchées, de manière que le champ aitle moins de pente possible. Car sur les champs qui ont de la pente , les eaux e itrafnent toute la graisse et l'humidité vers Ja partie la plus basse, et en privent la partie la plus élevée. Ainsi, l'on doit former des fossés transversaut , et non des fossés en pente dans ces sortes de champs. Quel-. ques cultivateurs mettent leur champ en pente, sur-tout lorsqu' ils ônt exposés au levant ou au midi, mais j'ai souvent observé, qu'en donnant üne' pente forte aux eaux de pluie, elles entraînent 154 PRINCIPES RAISONNÉS avec violence les {erres, elles détruisent les fossés ; elles se font des passages au travers des champs, et leur causent un dommage irréparable , sans parler des autres inconvéniens qui résultent de la perte. i 29. Plus un champ est bas et humide, plus on peut y faire de tranchées; et plus il est sec et élevé, moins il faut y en faire. Car dans un ter- rain bas et humide, il y a tonjours une grande quantité d'eau qui s'écoule avec d'autant plus de peine, que le champ a plus de largeur et d'étendue, E 3°, Les fossés ou tranchées doivent avoir de li grandeur et de la profondeur , lorsqu'ils tournent autour du champ , et qu'ils sont destinés à recevoir toutes les eaux dont il doit être débarrassé. Les tranchées destinées à faire couler les eaux du milieu du champ, deivent être pius petites que 4°. Les petites tranchées dont je viens de parler , ne doivent avoir que la profondeur des racines , à moins que le champ ne soit disposé de manière à être souvent inondé. En effet, nous avons vu , dans le cours de cet ouvrage , que les végétaux se nourrissent de vapeurs aqueuses qui s'élèvent de la terre. Ainsi, plus on fera écouler les eaux par des tranchées profondes, plus on ” "d PORC à dqd sur rvd* 155 Giera de cette nourriture aux végétaux. Consé- quemment , il paroit nécessaire de ne point faire ces tranchées plus profondes qu'il ne faut , pour dégager les racines de la trop grande quantité des eaux. 5°. Enfin il faut que tous les fossés soient .. faits de manière que les peiites tranchées con- -duisent l'eau dans les plus g'andes , et que celles- ci la conduisent hors du champ. Pour que l'eau ne puisse pas séjourner sur un champ , il ne suftit pas d'y faire des fossés ; il faut encore l'égaliser , pour ns n'y ait point d'endroiis où l'eau puisse s'arréler; et apres avoir semé, il faudra former des silluns plus grands que les autres, et: qui puissent conduire les eaux dans les fossés. æ Dans un pays nni, où l'on ne trouve ni có- teaux , ni montagnes, comme en Pologne, il .me semble que lon pourroit se passer de faire des fossés ; au lieu que dans un pays inégal et montueux , où les champs vont en pente , et qui sont exposés à de grandes fontes de neige au pziu- temps, on ne peut se dispenser de former des fossés et des tranchées, La neige est nuisible, parce qu'en tombant sur un terrain non gelé ,elle em- pêche le froid de pénétrer jusqu'à la racine et à la terre, et que quand elle vient à fondre , elle déchire les racices. La neige, en fondant au 4 nt | 156 PRINCIPES RAISONNÉS printems , augmente le volume des eaux qui sont dans les champs. D'ailleurs, elle est entassée par les vents, et s'attache autour des haies, des buissons et des arbres du voisinage. D'après ces observations , on voit qu'il est bon , pendant l'hiver, d'ôter les neiges de dessus les terres; ce qui s'exécute en Suéde avec un instrument ap- pellé charrue de neige. On peut écarter l'eau de neige des champs , en formant des fossés et des tranchées. On voit aussi, qu'il faut óter les ar- bres, les buissons et les pierres , et que. les haies doivent être dans un certain éloignement de la . terre labourée, afin de laisser de la’ place à la neige. Autant qu'il est possible , on détruira les buttes les roches et les inégalités dans un champ, pars ce que non seulement elles sont nuisibles par leur ombre , mais encore par la neige qui s'y amasse, et qui est long-tems sans se fondre. De plus, l'eau qui s'en écoule pour se porter vers les en- droits plus bas, peut causer du dommage. Je re- garde les cailloux et les petites pierres comme plus utiles que nuisibles, suivant la nature du terrain : c'est ce que confirme l'expérience. Pour garantir les plantes contre les animaux , il faut environner les terres de fossés, de haies, de retranchemens, afin que les bestiaux ne puis- DE L'AGRICULTANRE 157 sent point y entrer. Je finis par la maxime de . PLATON , au neuvième chapitre du dix-huitième livre. « Par où faut-il commencer ? Par bien tra- « vailler le terrain. Que faut-il faire ensuite? Bien « labourer. Que faut-il faire en troisième lieu? « Bien fumer. Ne labourez pas inégalement, et « labourez au tems propre. Tout champ doit « étre labouré d'abord en sillons droits , et ensuite « en sillons transversaux. 158 PRINCIPES RAISONNÉS - A PP END M ALLERIUS prétend, et a publié dans l'ou- vrage qu'ou vient de lire, que DUHAMEL DU- MONCEAU recommande aux agriculteurs , de bannir tout engrais de leurs terres: je ne puis | mieux réfuter cette assertion , au moins hasar- dée, qu'en mettant sous les yeux des lecteurs, l'analyse succincte des ouvrages d'un citoyen, qui n'a cessé de bien mériter de sa patrie, par son zèle infatigable pour le bien public, auquel il s'est dévoué la plns grande partie de sa vie. Je le répète, si VVallerius a bien entendu les élémens d'agricuiture et du labourafe de notre compatriote, dans quelie vue lui a-t-il attribué me doûtrine qui est si loin d’être la sienne? Pour combattre l’assertion de l’auteur suédois, je vais rapporter l'excellent extrait des ouvrages de DUHAMEL , fait par un homme de lettres distingué , le citoyen B... Dans un siècle où toutes les vues se portent vers l'utilité pubiique, on a vu une foule de bons citoyens s'empresser de ranimer par leurs écrits, le goüt et lamour de l'agriculture en France; chacun a proposé scs observations et D E IF A*6 n 1"C UT, TU R'E. 159 ses expériences, et il en est résulté un avan- tage réel et des succès dont l'influence com- mence déjà à se faire sentir ; mais aucun n'a. contribué plus efficacement aux progrés de cet art, que DugBaMwErL DuMwoNcEaU. Ce savant S'est, pour ainsi dire, consacré à cette partie, et ha engagé par son exemple tous les physiciens à diriger leurs recherches vers un objet si intéressant. Après avoir donné un traité. sur les arbres et les arbustes qu'on peut naturaliser en France, une physique des arbres, et plusieurs volumes sur le semis, les plantations et l'ex- ploitation des forêts, tous enrichis d'expériences exactes et détaillées: il publia en 1763 ( v. s. ) ses élémens d'agriculture et du labourage. Il a réuni dans cet ouvrage ses principes sur l'agriculture avec le système de TUIL Anglais, sur la nouvelle culture. Les matières y sont traitées dans l'ordre suivant. Il cherche quel est en gros le mécanisme de la végétation; quels sontles meilleurs moyens de défricher les terres; en quoi consistent les bons labours, et ce qu'on doit en espérer; quels sont les diflérens engrais, la meilleure manière de les employer; le choix et la préparation des semences , les différentes maniéres de les répandre; les soins qu'exigent 2 d 3121 117 ‘nc 3 1. 1 M les grains pendant qu'ils sont sur pic d : ia facon de 160 PRINCIPES RAISONNÉS de les récolter, de les battre, de les nettoyer; de les conserver; quels sont les meilleurs ins- trumens propres au labourage: l'utilité des prés naturels ou artificiels , les moyens de les former et de les améliorer; la culture particulière de quelques planies utiles; enfin, il expose et com- bat quelques abus qui forment un obstacle aux progres de l'agriculture etc. Connoissances préliminaires. Pour travailler mát hodiquement aux progrès de l'agriculture, pour se mettre en état de juger sainement de la culture des terres, et pour sentir les avantages jr une méthode peut avoir sur une autre, Dü- EAMEL recommande d'examiner l'organisation des plantes, les secours qu'elles recoivent de leurs racines et de leurs feuilles, la qualité de la substance qui les nourrit et la nature des terres qui leur fournissent ce suc nourricier. Ensuite il observe séparément. les parties qui constituent les plantes, leur influence réciproque par rapport à la végétation; il ajoute des ob- servations sur la nature et le mouvement de la «ève , et il termine ce premier livre par quelques considérations sur les difíérenies qualités des ierres. Terres franches. DUHAMEL donne ce nom à celles qui contiennent plus de suc nourricier, et qui LN AN rLr'"Avemnufc'ut£u uar 161 qui sont parconséquent plus propres à la végé- tation. Il en distingue trois espèces: les blanches, les brunes et les rousses. Les terres blanches sont ainsi appelées parce qu'en se desséchant elies prennent un oil blan- chátre: ce sont les meilleures pour le froment. Les terres brunes sont celles qui, en se des- séchant, conservent encore un peu de leur cou- .leur. Quoique peu inférieures aux précédentes, eles sont néanmoins encore fort bonnes pour les grains. Les terres rousses sont assez bonnes pour le froment dans les années humides; ro si peu . que la sécheresse se fasse sentir, elles deviennent alors fort inférieures aux terres brunes et aux terres blanches. Toutes ces terres natureilemert très fertiles, font effervescence avec les acides. Lorsqu' elles sont sèches, si on les humecte, elles répandent une odeur de pluie d'été: eiles s'ameublissent aisément par les labours, et fournissent aux ra- cines une nourriture abondante. Les autres terres qui contiennent moins de sucs nutritifs , sont l'argile ou glaise, le sable pur, la marne, la craie et le tuf. La glaise, que l'on nomme aussi argile , con- fient quelque sue nourricier; mais ses pores L 162 PRINCIPES RAISONNÉS étant trop serrés , les racines la pénètrent difficile- ment. Le sable pur admet l'eau entre ses parties, tandis qu'elles-mémes sont impénétrables à ce fluide: en sorte qu'elles laissent entr'elles des espaces qui servent de passage à l'eau, sans en retenir ; ce qui fait que le sable est bientót des- séché. Les sables permettent aux racines de s'étendre; mais ils ne fournissent par eux- mêmes aucune substance nutritive: ainsi, tout y périt par le hále , d'autant plus promptement, que le sable s'échauffe beaucoup. La marne est une terre qui par elle-même, est aussi iufertile que le sable pur; mais lors- qu'elle est mêlée avec d'autres terres, elle les rend aussi fertiles que le sable gras. On dis- tingue les marnes coquillières , les graveleuses et celles qu'on nomme crayons. Les premières sant : communément très-bonnes: les marnes graaeleuses sont d'autant moins propres à fertiliser, qu'elles contiennent plus de. gravier: excepté qu'on les répande sur des fonds glaiseux: celles qu'on ap- pelle crayons, fertilisent promptement et puissam- ment ; mais leur eïlet ne dure pas aussi long- tems que celui des marnes grasses. La craie est une pierre tendre , dans laquelle les racines ne peuvent pénétrer, ct qui ne paroît IN 1 Ac RUN CU*L TU R'E 163 pas contenir beaucoup de substance, propre à la végétatioh ; néanmoius, quand on entame la craie à force de bras, la pluie, le soleil, la gelée ne laissent pas de la diviser, et avec: le secours des fumiers, elle devient capable de nourrir des végéiaux. Le tuf est une terre vierge , ou qui n'a point été remuée, parce qu'elle est au-dessous des labours. Par sa nature, elle n'est pas propre à la végétation ; cependant, à force;d'avoir été labourée , et d'avoir recu l'impression de la gelée et du soleil, et étant aidée par des engrais, on peut la rendre fertile. Terres trop fortes ou trop légères. Le suc nourricier des plantes seroit inutilement répandu dans le sein de la terre , si les plantes ne ponvoient pas le recevoir. C'est ce qui arrive dans les terres trop compactes, et daus celles dont les molécules. sont rapprochées les unes des autres, les racines ne peuvent s'étendre ; c'est un défaut des terres fortes. Si, au contraire, les interstices sont trop grands, les racines les traversant, sans presque toucher la terre , n'en tirent aucun secours, Voilà ce qui constitue les terres trop légères. - On peut , par une bonne culture , éd en partie à tous ces inconvéniens : il suffit.pour cela de diviser les molécules de terre ; de facon qu'elles L9 16% — PRINCIPES RAISONNÉS laissent entr'elles une infinité de petits espaces, dans lesquels les racines puissent s'insinuer. Alors cuchant immédiatement les molécules de terre, elles en pomperont tous les sucs nourriciers. Il est facile d'opérer celte division par les labours et par les engrais. - Préparations qu'on doit donner aux terres, jour se procurer de bonnes récoltes. Ges prépa- : e 22d; Sosa cr dq E 4 4m raíions conusisieni à Gciricuer la terre rode précé- demment, elle n'a pas Cié mise en culture ; à jui donner les labonurs nocossalres ; si c'est une terre E LA 1 qui esten rapport depuis long-tems ; à lui fournir b SEA pP ELO TUE PERPE le VP I-A PK 1. , $5 es eng&rai55 à GIStTIOUCT 1ES saisons d ure maniere | convenable; à faire un £on choix des grains qu'on r 1 , £ doit semer ; et-à les Géposer, quand ii le fant , e MÀ ee etd tb r^ eA G ® ie L3 1° " + TTE xi» . encore a extir Der les Iüuauvoises berbes. De/richen nent des terres. &)n peut ranger sous 1 = 1 * quaire Ciasse M:crentes, les terres quon veut on |n) défrieler ; savoir, celies qui sont en bois, celles «qui sont en landes, ceiles qui sont en friches, et celles qui sont humides, Quand en veut défricher un terrain qui est en . 1 1 : j bois, on arrache les souches avec soin, et les fouilles qu'on est obligé de faire pour en tirer "les racines, retournent et focousent avanlageu- sement la terre; quand le terrain est bien dressé vien —— Lot MEET" À CRTC UN TU À EF. 165 il re faut vs donner, dans l'automne, un bon labour avec la charrue à versoir. Les gelées d'hi- ver font périr les herbes , elles divisent les mottes; et, après un second labour fait au printems peut ensemencer ces terres en grains de mers et compter sur une récolte très abondante: car jd; arbres n'ayant point épuisé la ferre de ja super- ficie, l'ayant même fzmee avec] * jc i» > (os Lx * ^ 6A EN T et l 3 be les *y 13 LA EU on peut porn , peudant Dien des années, ui produit considérab 3 re . 3 1 . €» Pour é£fricher ies landes, Hi . » Pl les mauvaises sal quis'v trouvent. Noñ- hok A oA ai senleiment parce que leurs cendres améliorent ! LI P LJ LA RCE M UE ^ nA MASA terre un; mais encore | parce que io TC PIDPCEC EH 2 fl à E EN 3 T^ sit nreace partie le rejet ae 3 racines ; ct qu 1 Goiruült ores que toutes les semences nuisibles, qui n'auroier pas manqué de germer: quelquefois mème il fait péric plusieurs insectes. La saison la pis propre pour brüler ces landes, c'est vers ja lin de Téte: - . IT. CEA Et on choisit , à cet eut , un jour Caine et serelu. i * CRI CRUE Oe Ao ANE Quand toute la sûperficie de la i2nde est bruiée » 1 M UNE » ^£ IAS xy ^ ( AC eue ] vhs . ou arrache avec la pioche ies racines des arpustess on attend ensuile que ir terre toit humeciée pac les pluies d'auiomue, pour la libourer par gros sions avec une forie chacrue à versoic t et ayant donné un sceond la r, 904 , H . EXIT la mp: T3 [^ *YY lensemencer eu 2voinc. La seconós znnee, om 166 PRINCIPES RAISONNÉS lui donne trois bons labours; et la troisième , elle est en état de fournir une bonue récolte de froment. Sous le nom de terres en friche, on doit com- prendre les sainfoins, les luzernes, les trèfles , et généralement tous les prés qu'on veut mettre en labour pour les ensemencer. On renferme aussi sous cette dénomination les terres qu'on ne la- boure que tous les huit ou dix ans. À l'égard des prés de toute espèce , on se con- tente ordinairement de les labourer , aprés que les terres ont été bien ramollies par les pluies d'au- tomne. Lorsquele priatems n’est pas fort humide, un second labour donné à propos , les met en état d'être ensemencées en avoine; mais il ne faut y metire du froment, qu'après que la terre aura éié assez affinée, par des labours répétés, pour recevoir cette plante, qui demande plus de nour- riture que l'avoine. se Quant aux terres qu'on ne laboure que tous les huit ou dix ans, on les égobe de cette ma- nière: des ouvriers vigoureux culèvent , avec une piocue courbe , toute la superficie de la terre par gazons qu'on dresse et qu'on appuie l'un contre l'autre ea faitière , mettant l'herbe en dedans. Lorsque ces gazons ont €lé desséchés par les ar- deurs du soleil, on y met le feu: et au bout de vingt-quatre , ou vingt-huit heures , quand le feu DEÉXL'AGRÍÉCUELTU RE. 167 est éteint , toutes les mottes sont réduites en poudre. Lorsque les fourneaux sont refroidis, on attend que le tems se mette à la pluie, afin que la cendre ne s'envole pas: alors on répand la terre cuite le plus uniformément qu'on peut , n'en laissant point aux endroits oü étoient les four- neaux , qui malgré cela donneront des grains plus beaux que le reste du champ. On donne aussitót un labour fort léger , pour commencer à mêler la terre cuite avec celle de la superficie. Si lon peut donner le premier labour au mois de juin, et s'il est survenu de la pluie, il sera pos- sible de retirer tout d'un coup quelque profit de la terre, en y semant du millet, des raves où des navets, ce qui n'empéchera pas de semer du seigle ou du froment dans lautomne suivant. Néanmoins, il vaut mieux se priver de cette pre- mière récolte , pour avoir tout le tems de préparer la terre à recevoir du froment. Il y en a qui aiment mieux semer du seigle que du froment , parce que les premières productions étant très vigoureuses, le froment est plus sujet à verser que le seigle. Cette manière de brûler les terres les épuise- à la longue: attendu qu'il y a toujours une partie de la terre qui se cuit en brique, et qui perd dès-lors toute sa fertilité. : | ^A 168 PRINCIPES RAISONNÉS , Lorsqu'on veut dessécher les terrains humides, c'est-à-dire, ceux qui, étant dans des fonds re- coivent l'eau des terres voisines, il faut envi- ronner la pièce d'un bon fossé pour égouter l'humidité de la pièce qn'on se propose de la- bourer; ce qui est aisé pour peu qu'elle ait de peste ) mais s'il y avoit un fond au milieu de la pièce, il seroit nécessaire de la refendre ar un bon fossé qui conduiroit l'eau dans le fossé du contour; et méme, ilseroit expédient de faire de petites rigoles en pattes d'oie, qui iroient aboutir au second fossé. Le terrain étant desséché , on le défriche en suivant le moyen dont nous avons déjà parlé. Lubours.en suivant les principes de DuxA- MEL DUMONCEAU , on peut augmenter la ferti- lié des terres , de deux manières différentes: par les Zaóours et parlesfumiers. Le premier moyen est souvent préférable, và la difficulté qu'on a de trouver assez de fumier, et les in- convériens qui résultent. de l'usage de cet en- grais. Les plantes qui croissent dans le fumier, n'ont Jamais la saveur agréable de celles qui croissent dans une bonne terre médiocrement fumée. Le fumier qui agit par voie de fermen- tation, fait à la vérité, une division intérieure des molécules, qui doit êire fort mtile: mais DAS À (GR 2 EU LIT ER Ë. 169. il ne renverse pas le terrain, et ne change pas de place les molécules de terre: ce. qui est ce- pendant très nécessaire, pour qu ‘alles soient pé- nétrées par l'eau de pluie et des rosées, et par les rayons du soleil: on a remarqué ‘aussi que le fumier attire les insectes qui rongent les plantes. Les labours peuvent pt ea aux avantages que procurent les fumiers, soit dans les terres fortes, soit dans les terres légères. A force de labourer la terre on écarte teliement ses molíeules, qud les racines ayant la liberté de s'étendre, sont en état de fournir aux plantes ia nourriture qui leur est nécessaire. Les préceptes que donne 4 auteur à ce ER sont Confirinés par une suite d'expériences. On emploie ordinairement quatre es peees d'a- nimaux pour ' Jabourer la terre , les ânes, les mulets , wi chevaux et les bœuis. DUHAMEL recommande aux fermiers d'avoir ua attelage de bœufs pour eutre-hiverner les terres , défricher les prés et faire tous les autres ouvrages fatizans; et d'acheter un bon attelage de chevaux pour faire les derniers labours. Le nombre des labours et la manière de les exécuter , varie suivaut les différentes provinces, et selon que la différente nature des terres l'exig : mais toutes tendea tà un inmême but, qui consiste € M 170 PRINCIPES RAISONNÉS à détruire les mauvaises herbes, à briser et à soulever la terre, et à la mettre en état de recevoir la semence. Lorsque la terre ne retient point l'eau , il faut labourer à plat pour ne point perdre inutilement du terrain: si, au contraire, les terres retiennent l'eau, il faut labourer par sillons , ou au moins par planches plus ou moins larges, selon qu'il est plus ou moins nécessaire de donuer un écoulement aux eaux: de sorte que , suivant la nature des terres , ou leurs situations, on pratique quelquefois dans une méme ferme, l'une et l'autre méthode. Le premier labour s'appelle lever les guérets ou Zes jachères : il consisie à retourner les chaumes d'avoine. On le donne depuis le mois de janvier jusqu'au mois de juin. 1l y a des pays où l'on ne commence qu'au mois d'avril ; mais par-tout il est fini avec le mois de juin: il y a quatorze mois que la terre n'a été remuée ; en conséquence ce labour est plus pénible que les autres. | La seconde facon qu'on nomme binage , com- mence quand les guérets sont levés, et finit dans le mois de Septembre (. v.s). On le commence par la raie qui a fini le labour des guérets. H faut observer que, dans ces labours, un des che- vauximarche toujours dans la raie que le soc v "p E f'AGRIGULITU m .tÉE. 17 'va remplir, tandis que l'autre cheval marche sur la terre qui n'est pas encore labourée, et le soc suit entre les deux chevaux, pendant que le charretier marche dans le sillon qui se forme, de sorte que le guéret n'est. point trépigné. Le troisième labour , qu'on nomme dans quei- ques endroits, Zabour à demeure, prépare la terre à être semée sur le gnéret: dans ce cas le grain est enterré à la berse. ll y a des pays ou cette troisieme facon ressemble tout-à- fait à la première, excepté que, la terre étant très meuble, il se fait avec facilité; alors on seme sur ce guéret, et on enterre la semence avec la charrue, ce qui fait un quatrieme la- bour; mais il est bon de le faire léger, afin que la semence , n'étant pas trop enterrée, les germes puissent sortir de terre. A Fégard des mars, suivant un usage reçu, on donne deux labours aux terres qu'on destin à recevoir de l'orge, et un seulement à celies où l'on veut semer les avoines. Si l'on est décidé à donner deux labours aux mars, on commence le premier, peu de tems après les semailles du fronient ; et le second , immédiatement avant les semailes des mars; et lorsqu'on ne veut donner qu'un labour aux mars, on le fait en janvier, ou février € V. S. ). 172 PRINCIPES RAISONNÉS La maniere de labourer les terres, varie selon: leur situation, c'est-à-dire, selon qu'eiles retiens nent, ou ne reliennent pas l'eau : et encore selon leur nature, c est-à-dire selon qu'elles sont lé- géres ou fortes, et suivant qu'elles produisent peu ou beaucoup d’herbe. 250 Les terres maigres et légères, qui n'ont point, de fond, ne peuvent jamais donner vn grand produit; on ne laisse pas cependant de les culs liver ; ii -à- peu on leur donne de la profondeurs en enlamant sur le {uf ou la craie ; et à force de les "Re on en tire quelque avantage. - Il y a d'excclentes terres à froment, qui ne forment qu'ua lit d'environ quatre pouces d'épaise! seur , sous lequel oa trouve une terre rouge sitrile. Conime ces sortes de terre s'imbibent de l'eau des pluies, aussitôt qu'elles sont tembéesg on les laboure à plat , et l'on a soin que la charrue ne pique pas jusqu'à la terre ronge; à la récolte suivante , à moins quà force de fumier, l'on ne rendit à la terre sa) fécondité naturelle. On hdi se ces terres avec les petites char- rues, qu'on nomme à oreille, ou à tournc-oreilic, 4 1 f + i Ju : Quand les terres sont fortes, telles qu'un sable SP 2 e c #3 -- li X. 2 Y Bras, on se sert de charrues plus solides, qu'on EAS 1 E 3 " appeic Ciidii uts à VCESU la DIRE G RL ICUILITEU R'ES 193 L Nos cultivateurs n'emploient ordinairement que deux principaux instrumens pour le labourage, la bêche et la charrue. La béche est un instrument très propre pour aire un excellent labour ; elle retourne là terre à dix ou douze pouces de dose Cette opé- ration est longue, pénible et coûteuse : de sorte Qu'on n'en peut faire usige que dans certains Cantous, où se trouvent beaucoup d'ouvriers et peu de terrain. La charrue est plus nee ive ; mais commu- s la nément elle ne remue pas à une si grande profondeur ;souvent eile i renverse: fout d'une pièce, sans briser les mottes, et contre-coupe le gazon verticalement , le soc qui suit,.le co nupe horizontalement, et le versoir cu l'oreille le ren- Merse tout d'une piece sur ie côté. Quelquefois on rompt les mottes avec des maillets; cette opération sercit exceliente , si elle m'étoit pas si longue. Dans certains cantons, on fait passer un rouleau plus ou moins pesant sur es champs où il y a des mottes. Cette pratique est très bonne; lorsque la terre n'est ni trop sèche, ni trop humide ; mais il est plus avan- tagcux meyer un roulean a e dents de fer, qu'on appelle une herse rou!: parce que cet instrument , baril est un peu PC est 174 | PRINCIPES RAISONNÉS très propre à briser les mottes, et à détruire les racines des mauvaises herbes. | Engrais. Pour recueillir d'abondantes récoltes, il ne suffit pas d'avoir donné des labours à propos, i de les avoir souvent répétés, il est encore nécessaire d'en améliorer le fond par de bons engrais. DumAMwEL pU MONCEAU estici d'um sentiment opposé à celui de TULL, qui prétend. que le fumier peut produire des mauvais effets, et qu'on peut se dispenser d'en faire usage, sans craindre de diminuer la fertilité de la terre. Notre auteur, loin de désapprouver l'emploi du: fumier pour engraisser les terres , ne cesse , au contraire, d'exhorter ceux qui s'intéressent aux progrès de l'agriculture, à essaver de les rendre moins coüteux et plus abondans. En conséquence , il assigre les différentes espèces d'engrais qu'on peut tirer des trois régnes de la nature. Le règne minéral fournit les terres neuves, les, curures des mares, le sable, la chaux vive, la glaise, les coquilles fossiles, les cendres de tourbe et celles du charbon fossile. Toutes ces diverses substances forment autant d'engrais particuliers Les terres neuves qui ont été long-tems sans. rodnire, étant répandues sur les guérets , forment. un très bon engrais. | ÿ Les curures des mares, sur-tout celles qui sont; rion: pn duni a nn. DE L'AGRICULTURE. 175 fréquentées par le bétail, sont encore très estimées pour le même objet. Il n’en est pas de mème de la vase qu'on retire des petites rivières d'eau vive et de source. Leur limon se dessèche à l'air; se dur- ;eit au soleil, et n'est point du tout propre à la "végétation. Le limon des étangs rend la culture trop difficile, s'il est resté en tas pendant plu- sieurs années avant de le répandre. La vase de la mer est très fertile ; mais on ne doit employer cet engrais qu'en médiocre quan- tité. Le sable du voisinage de la mer qui a recu une impression de sel , celui qui est formé des fragmens de pierre calcaire , augmente beaucoup la fertilté. La chaux vive peut être fort avantageuse, pourvu qu'on s'en serve avec précaution, et sui- vant la méthode que l’auteur prescrit. Quelque temsaprès avoir donné en mars un premier labour ,àunpré qu'on veut ensemencer en grain, on portela chaux sortant du four dans le champ, à raison de dix milliers pesant par arpent, et on la distribue de facon qu'il se trouve un tas de cent livres au milieu de chaque perche. On relève ensuite la terre autour de chaque tas en forme de dóme; on en met un demi-pied d'épaisseur. La chaux fuse sous cette terre, et se réduit en poussière. Alors on la mêle bien avec la terre qui la recouvre, et 176 PRINCIPES RAISONNÉS on la laisse en cet état pendant six semaines où deux mois. Vers le mois de juin ( v. S. ) on répand uniformément ce mélange sur les guérets : on laboure ensuite une fois, si l'on veut semer du q^ foc sarrasin;et deux ou trois, s1l'on se propose desemer du froment. Le den et les vieux mortiers en? démolition engraissent singulièrement les terres fortes. à La slaisequi aura resté deux ans exposée aux impressions de l'air, du soleil, des pluies et du Ja r v E] Re Ki os froid, est bonne pour améliorer les terres légeres; c ]i faut prendre sd quil y ait des glaises nui sibles à la vég gétation. £a marne dertilisa les terres: mais toutes les , espèces ne sont pas eg cet avantage. AG on a trouvé de la marne, —-4 eb tement propres à proeurer il est à propos de faire des épreuves en petit, et d'attendre deux ou trois ans avant de s'enservir, puisqu 'ilest certain que le bon effet de cet engrais re commence à se manifester qu'au bout de ce lenis. Aux environs de Tours, on tronve des banes de coauilles connues sous le nom de Falur , dont 1 3 les cultivateurs se servent pour améliorer leurs” and toot de suite sur les gnéirets, qui deviennent. ies féconds. ec a rres. On les fonille en automne, et on les ré. On bd cus scu à DE L'AGRICULTURE, 177 On a découvert dans le Hainaut, l'Artois, et dans quelques cantons de Picardie, une espèce de tourbe, qui, étant brûlée, donne une cendre qui engraisse prodigieusement : soixante ou quatre- vingt livres de ces cendres suffisent pour fumer un arpent. Les cendres du charbon fossile, qu'on brüle dans les verreries, les brasseries et autres manufactures, fournissent un engrais excellent. pour les prés, soit naturels, soit artificiels. Le régne végétal produit des cendres qui en- graisent la terre; la suie, la charrée , la tannée, la sciñre de bois, le marc de raisin, les feuilles des arbres, le marc des graines de lin, de colzat et le varec, ont la mème pro- priété. Les cendres des végétaux sont beaucoup meilleures que celles des tourbes. La suie des cheminées fait un effet admirable dans les prés, à la quaniiié de trois ou quatre septiers par arpent. La charrée , qui est la cendre de la lessive, mélée avec du fumier, fertilise les terres: on sen sert communément pour les potagers. La tannée ou le tan, qui sort des fosses des tanneurs, feroit encore un bon engrais, si l'on ne préféroit pas de l'employer à faire des mottes à brûler. La. sciüre de bois peut s'employer comme D 1728 PRINCIPES RAISONNÉS engrais, quand on la méle' avec. du fumier ou de la cendre. ' Le mare du raisin seul est trés-bon. Celui de pommes ou de poires doit étre mélé avec d'autre fumier. Les feuilles des arbres et les tontes des charmilles sont très-estimées pour faire un bon engrais; r LI f 2 3 > . * à néanmoins on prétend que les fumiers faits avec la paile , sont meilleurs que ceux qu'on fait avec les feuilles et les herbes sèches. Le marc des graines de lin, de colzat, de chenevis, dont on a exprimé l'huile, est un excel- lent engrais. À cet effet, ou le réduit en poudre, et on le EO sur la terre, de la méme maniére que l'on sen e le grain. Le Val. à les E. et généralement toutes les plantes mar ont la vertu de fertiliser les on asd fasse pourrir avec les fu- miers, soit qu'on les réduise en cendres pour les répandre sur les prés. Le règne animal fournit encore plusieurs sub- $lances qui fertilisent la terre: telles sont la chair pourrie des animaux., les boyavx, les curures des boncheries, le et de cuir ; ur Md den le plus commun pro- vient des excrémens des animaux , connus sous le noni de urn .,cGont on distingue quatre es- sd ires Pila Mg es raciures de corne, de parchemin | DEL AGRICULTURE 179 | péces: savoir, les excrémens humains; la colom- bine, qui est le fumier de toute espèce de vola- tile; le fumier des brebis, des moutons et le fumier de cour, qui comprend la litière qui a sé- journé sous les chevaux, les mulets &c. De tous les fumiers , le meilleur est la vidange des latrines; mais il communique une mauvaise odeur aux vé- gétaux: les chevaux délicats ne veulent pas manger l'avoine qu'on a recueillie daus les champs qui ont été fumés avec cet excrément. La colombine est très-recherchée pour les prés; le froment, encore plus pour les chenevières. Ce fumier détruit la mousse et le jonc, plantes si funestes aux prairies, et il donne une grande vi- gueur aux bonnes herbes, Il est si rempli de molécules nutritives, que pour engraisser un champ que l'on destine au froment, on sème ce fumier à poignée comme le grain, à raison de “vingt sepliers par arpent Le fumier des brebis ; des chèvres et des mou- tons a beaucoup d'action, sur-tout daus les terres fortes: on a remarqué que le crottin d'été est meilleur que celui d'hiver, parceque les moutons fientent et urinent beaucoup plus, quand ils mangent de l'herbe, que quand on les nourrit au sec. Pour avoir une excellente cour à fumier,; og M a 180 PRINCIPES RAISONNÉS aura soin: 1°. de mêler le fumier des vaches avee celui des chevaux , ainsi que celui des cochons; 2°, De placer les bergeries de manière que le trou- peau passe sur le fumier , toutes les fois qu'il va aux champs, ou qu'il en revient. 39. Il est à propos de déposer le fumier dans un lieu humide afin qu'il pourrisse plus promptement : observant néanmoius que l'eau ne s'y rassemble en trop grande quantité, parce qu'une grande abondance d'eau empéche la corruption. 49. Il est absolument nécessaire que ces fumiers soient garantis des ar- deurs du soleil par les bátimens , ou par des arbres. Ainsi, quand les litières sont en partie pourries dans les fosses à fumier , on les en tire avec les crochets , et on les met en tas fort épais dans l'angle de deux murs qui les couvrent contre les ardeurs du soleil. | Exploitation des terres. Apres avoir préparé les terres par les défrichemens, les labours et les en-. grais , notre auteur recommande de choisir la ma- niére la plus avantageuse de les exploiter: Celui qui semeroit tous les ans du froment dans un méme champ, n'auroit assurement que de médiocres récoltes. On en attribue la cause à ce que la terre ayant été épuisée par ce premier pro- duit, elle ne pent suffire a nourrir perpétueliement cette méme plante, Ainsi, il y a un avantage DE L'AGRICULTURE: 18x . à semer- successivement différentes plantes dans . une méme terre; soit parce que toutes les plantes n'out pos également besoin d'une méme quantité de nourriture ; soit parce que leur constitution est différente, les unes étant plus délicates que les autres ; soit euin parce que les unes ont plus de facilité à étendre leurs racines dans la terre dure; ce qui fait que celles-ci se passent plus volontiers des labours que les autres. Ce sont-là les principaux motifs qui obligent le cultivateur de diviser les terres par saison, et qui le déterminent à semer. alternativement différens grains sur une méme terre. , Dans toute la France on ne suit pas la même méthode à l'égard de l'exploitation des terres : daus quelques contrées, on les divise en trois sols, et dans d'autres, on ne les partage qu'en deux. Dans la Beausse, par exemple, et dans plusieurs autres pays fertiles , un tiers des terres d'une ferme est’ semé en froment au commen- cement d'octobre, sur des guérets qui out recu trois ou quatre labours; un'autre tiers est semé en menus grains au printems , sur des chaumes de froment qu'on a labourés une ou deux fois, et l'autre tiers reste en jachéres. — Tout cultivatéur doit se diriger sur l'obser- - vation et l'expérience , rélativement aux différens M 3 182 PRINCIPES RAISONNÉS produit qu ‘il attend de son domaine ; si ses terres sont plus propres pour l'avoine que pour les grains, il doit s'attacher particulièrement à la culture de cette plante: carilest toujours plus avan- .tageux de faire une abondante récolte d'un grain d'une espèce médiocre , qu'une plus petite récolte d'un grain plus précieux. LE Semences. Une expérience souvent répétée. prouve qu'en certaines années , la même espèce de grains est plus menue que dans d’autres. Lors- que cela arrive , les laboureurs peuvent , sans au- cune difficulté, en faire leurs semailles; le semeur aura seulement l'attention de marcher un peu plus vite dans le siilon , parce que sa main con- tiendra alors un plus grand nombre de grains, 1l arrivera souvent que, lors que les années seront favorables pour les fromens, ces grains menus pro- duiront d'abondantes récoltes. Malgré les expé- riences qu'on a faites sur ces mêmes grains , et l'usage où sont les fermiers de les semer, quand ^ ils les ont recueillis tels, DUHAMEL pense qu'il faut toujours donner ‘la préférence aux grains, bien conditionniés dans leur espèce, et qu'il faut changer de. tems en iems les semences , en les; irant des pays où les fromens sont nets d’herbes et vigoureux. li fonde son arci sur ce qu'il y a des plantes qui s'accommodent mieux d'un cli- DE L AGRICULTURE. 183 - mat que d'un autre. Celles-]à vierment plus par- faites dans le climat qui leur est , pour ainsi dire; naturel, que dans celui qui est étranger. Une plante qui végète sous une température qui n'est pas analogue à son organisation , languit et donne des plantes mal constituées. La qualité de la terre peut produire le même effet sur les graines , que le climat. Car les plantes devenant chétives et languissantes dans une terre maigre , on doit craindre avec fondement que les graiaes ne parti- cipent du mauvais tempéramment des plantes qui les ont nourries, et qu'elles ne soient pas en état de faire d'aussi belles productions, que si elles venoient de plantes plus parfaites en leur genre. Il est encore une raison qui autorise notre auteur à prescrire de changer de semence. Il y a, dit- il, de mauvaises herbes qui se plaisent particu- lièrement dans certaines terres , et qui ne réus- sissent pas si bien dans d'autres: ainsi, lorsqu'un fermier sème le bled qu'il a recueilli, il multiplie les mauvaises herbes, dont les graines se trouvent mélées avec celles du froment ; et elles ne man- queront pas de devenir vigoureuses, parce qu'elles seront dans un sol analogue à leur constitution; au lieu qu’en changeant son froment , les mMat- vaises graines qui s'y trouveront mélées, n'étant pas dans le sol qui jeur convient le mieux, ne feront qu'un tort médiocre à la récolte. M 4 184: PRINCIPES RAISONNÉS- À la suite de ce que nous venons de rapporter; DUHAMEL traite des liqueurs prolifiques qui ont été imaginées dans différens tems, pour développer les germies , et procurer des moissons prodigieu- sement abondantes : il conclut que l'effet de ces prétendues liqueurs est une pure chimère , et ille prouve par beaucoup d'expériences qui ont été faites à ce sujet. | | Semailles. l/'ensemencement des terres est un article si important pour le succèsdes récoltes , que les laboureurs doivent y prêter une attention singulière. Il faut 1° faire les semailles dans une saison convenable. 2? se mettre en état de les exé- yw us 1 . cuter avec précision. 3° placer les grains en terre ^ à une profondeur convenable. 4? n'en répandre ni trop , ni trop peu. 5? les distribuer de facon quil y ait entre chaque plante , un intervalle proportionné àla quaniiié de nourritüres qui lui est nécessaire. Quoi qu'on ne puisse pas fixer un tems précis pour faire les semailles , parce que cette saison doit varier , selon que les pays sont plus ou moius méridionaux , il est toujours avantageux d'avancer les recoltes ; cette raison doit engager de semer d'assez bonre-heure, sur-tout dans les provinces septentrionales , où les gelées se font sentir plutôt que dans les pays méridionaux. —— | acc Wa DR T7 AÀ:G RAC LM U RE. 185 L'usage le plus ordinaire , c'est de semer le bled à la main ; et l'habitude des semeurs fait qu'ils le répandent assez uniformément. Dans les terres légères, on l'enterre avec la herse ordi- naire , et, par cette méthode, on a l'avantage de faire les semailles en trés peu de tems; mais cet instrument ne pouvant pas bien enterrer le grain , lorsqu'il y a des mottes et des pierres , on emploie quelquefois des herses roulantes. Toutes les plantes ne doivent pas être semées à la même profondeur: on doit s'assurer, par des épreuves réitérées , quelle est celle qui convient à chaque espèce de graine. On peut poser , comme un prineipe assez général , que les semences menues doivent être semées plus près de la super- ficie de la terre , que celles qui sont grosses. La pratique du semoir étant une fois adoptée; .on remédie à tous les inconvéniens qui peuvent résulter des sema;lles qu'on a faites à la main. 1*, Par le moyen de cet instrument, on fait des ri- goles à la distance qu'on desire , et à peu prés à la profondeur qu'on a trouvé par expérience être convenable. 29. Les semoirs remplissent de terre toutes les rigoles, il n'y a presque aucun grain E 2 qui ne soit enterré. 3°. Enfin les semoirs versent, dans chaque rigole, la quaatiióé précise de se- pience qu'Ou a ju2é nécessaire. 186 PRINCIPES RAISONNÉS " IF n'est pas possible de donner une règle géné- vale sur la distance qu'il doit y avoir entre les grains qu'on confie à la terre. Si l'on póuvoit être assuré que la saison du printemps fût favo- rable pour faire taller les grains, on pourroit supprimer beaucoup de semence; mais, comme il n'y a que des incertitudes sur ce point ,' il faut se borner à répandre la semence proportionnel- . lement à la fertilité du sol. Ainsi, plus la terre est propre à la végétation , plus elle a été amen- dée et labourée ; moins il faut répandre de semence. Lorsque les bleds sont semés, ils demeurent ex- posés aux dommages que peuvent leur causer les mauvaises herbes, les insectes et les oiseaux: ce sont autant d'accidens qu'il faut prévenir, en ar- rachant les mauvaises herbes, et en éloignant ou détruisant les animaux. 4 Maladies des grains. Le troisième livre des élé- mens d'agriculture de DUHAMEL a pour objet les ite avec soia la nature maladies des grains. Il discu de chacune de ces maladies en particulier, et donne des moyens pour les pi révenir. Le charbon se reconnoît aux caractères suivans ; i9. Cette maladie détruit totalement le germe et la substance du grain. 25.Elle n'attaque pas le $enl épi; toute la plante s'en trouve un peu affectée , quand elle a fait de grands progrés, DE" "1'ÀAGRTCULTU'TARE 187 3°. Il est rare, lorsqu'un pied en est attaqué, de trouver sur une des talles qui en dépendent , un épi qui en soit exempt. 4°.Dès le mois d'avril, eh ouvrant avec attention les graines qui enve- loppent l'épi, Duhamel à trouvé cet embrion déjà attaqué de cette maladie. 5°: Quand l'épi attaqué sort des enveloppes que forment les feuilles, il paroit menu et maigre. Les enveloppes communes €t propres des grains sont tellement altérées et amincies, que la poussière noire se manifeste au travers; et dès-lofs on ne trouve à la place du grain , qu'une poussière noire et de mauvaise odeur, qui n'a nulle consistance. Pour prévenir cette maladie, l'auteur prescrit la pratique de M. AIMEN. Il est d'avis qu’on choisisse, pour la semence, le plus beau grain et le plus mür: qu'on le batte sans différer , et que sur le champ on le passe à la chaux, soit pour empécher qu'il ne s'y forme de.la moisissure , soit pour détruire celle qui seroit déjà formée. Suivant ce principe , la lessive que le C. TirrET ‘a proposée , seroit également avantageuse pour guérir la contagion du charbon. ll est une esp?ce de maladie des grains qu'on nomme bosse ou carie. Voici les caractères aux- quels on la reconnoit 1?. Les plantes que,doivent produire des épis infectés de la bosse, sont fortes et vigoureuses. 2?. Lorsque la saison de la fleur est 188 PRINCIPES RAISONNÉS! passée, les épis prennent la couleur d'un vert foncé tirant sur le bleu, ils deviennent ensuite blanchátres. 3° Tous les épis qui viennent d'un méme grain, ne sont pas également viciés. 4° Les bulles des épis attaqués de la bosse, sont presque toujours assez saines, elles paroissent seulement plus arides et plus séches. 5°. Le ton, qui forme lenveloppe propre du grain, n'est point détruit comme il l'est dans le charbon. 6°. Les grainscariés sont plus cours, plus ronds, plus légers que les grains qui ne sont pas atfteinfS de cette maladie 7?. On n'appercoit point le germe à l'extrémité inférieure des grains cariés. 8? Jusqu'au tems de Ja fleur, il y a peu de différence entre les: grains cariés, et ceux quisont sains; ils sont uniquement un peu plus renflés. Dans le tems de la floraison les épis malades prennent une couleur bleuâtre, et les balles sont plus ou moins mouchetées de petits points blancs. g^. Si on ouvre les grains, on les trouve remplis d'une matière grasse brune, tirant sur le noir, et de mauvaise odeur. Cette poudre n'est pas légère , comme dans les épis charbonnés. 10°. Quelque tenis avant la floraison, les grains paroissent remplis d'une substauce blanche, qui commence à brunir auprès du support, et cette couleur s'étend peu-à-peu sur tout lépi. 119. Les grains fortement attaqués^ L * ; 3 - , de carie, sont incapables de germer ; iorsqu on dh Ee ^ 4 DENT" AUC mc HW Lb T OUR E 189 les bat, il sort une poussière noire , qui se répand sur les autres grains qui sont sains : ce qui suffit pour brunir la farine , et lui donner un goût désagréable. Pour prévenir cette fàcheuse maladie ; DUHAMEL adopte le procédé de M. TIÉLET; qui consiste à laver dans plusieurs eaux claires la semence mouchetée, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus aucune impression de noir; ensuite on la passe dansla lessive. Sielle n'est point tachetée , on la met tremper dans la décoction suivante. On fait, dans un euvier , une lessive , comme pour blanchir le linge, mettant quatre livres d'eau pour chaque livre de cendres: si on employe cent livres de cendre et deux cens pintes d'eau , on aura cent- vingt pintes de lessive, à laquelle on ajoutera quinze livres de chaux ; ce qui suffit pour préparer soixante boisseaux de froment. Lorsqu'on veut faire usage de cette lessive , il faut la faire chauffer au point de ne pouvoir y tenirla main: alors on y plonge le grain , et on le remue avec une spa- tule. L'ergot est encore une espèce de maladie qui attaque asséz fréquemment le seigle, et qui endommage aussi quelquefois le froment. Voici les caractères de cette maladie. 1°. Les grains ergotés sont plus gros et plus ‘longs que les autres ; ils sortent ordinairement de la balle Ts A xj0 PRINCIPES RAISONNÉS se montrent droits,. et quelquefois plus ou moins courbés. 2?. À l'extérieur ils sont bruns ou noirs; leur surface, est raboteuse et l'extrémité supérieure des grains e&t constamment plus grosse que celle qui est attachée à la paille. 3°. Quand on rompt l'ergot, on apperçoit dans laxe une farine assez blanche, recouverte d'une farine rousse ou brune. 4?. Les grains étant mis dans l'eau, surnagent d'abord, et tombent ensuite au fond. 5°, Les balles paroissent saines, quoique celles qui sont extérieures soient un peu plus brunes ] que quand les épis sunt sains. 6°. Tous les grains d’un épi ne se trouvent jamais attaqués de l'ergot. 7°. L'ergot est moins adhérent à la paille que que le bon grain. " | Il est toujours aisé de séparer la plus grande partie des grains ergotés , par le secours du crible , parce que la plupart de ces grains malades sont beaucoup plus gros que les grains qui sont sains. 1l résulte des expériences de l'auteur , que le pain fait avec la farine de bled ergoté, est une nourri- ture tres-dangereuse. DUHAMEL divise en trois articles ce qu'il a à dire sur la récolte des grains; les préparatifs nécessaires, le tems convenable et la manière de couper les bleds. Ces préparatifs consis- tent à se pourvoir d'un nombre sutusant d'ouvriers proportionellement à la quantité des grains qu'on a "^ d " " *3 y B i HE LA CGRICULTURE 1gs T wa récolter. Ces ouvriers sont des scieurs pour couper le froment; un broqueteur qui aide à mettre les gerbes en zriaz ou en Zzpeau ; un , ou deux calvaniers, qui arrangent et entassent les gerbes dans les granges. En général, la couleur de la paille et des épis devenus jaunes ou blancs, fait connoítre que les grains sont parvenus à leur parfaite maturité, ; D'après les fatigues qu'éprouvent les scieurs, * les maladies auxquelles ils sont sujets, et qu'ils contractent par leur attitude gênante, DUHAMEL propose de substituer la faulx à la faucille , en attendant que quelque mécanicien ait trouvé un "instrument plus commode. Voicile précis de sa méthode pour conserver les grains. Le fond de cette méthode qu'il a développée ‘dans un traité particulier, sur Za conservation des grains, se réduit : 1°. à dessécher les grains dans des étuves, et à y faire périr les insectes et leurs œufs. 1l faut pour cela une chaleur de 80 ou go degrés du thermomètre de RÉAUMUR : 2°, à déposer ces grains dans des endroits exac- tement fermés : 3°. à construire ces greniers dans sun lieu frais et sec : 4°. à les rafraîchir de tems en tems, par l'air des grands souíllets que dif- férens moteurs peuvent faire agir. Par ces moyens, on pourra conserver les grains aussi long-tems que l’on voudra. + T v" 4, 4 L | - LE . yog PRINCIPES 'RAISONNÉS 4 DUHAMEL , dans le second volume des élémens: d'agriculture, donne la description des instrumens . du labourage, des charrues , des semoirs, ete. 5 | i] y traite de la culture des différentes espèces de grains, des prairies, de plusieurs herbages qui servent à la hourriture du bétail, soit en verd, soit en sec ; de la culture des légumes,.. et de quelques plantes potagères ; de la manière de cultiver les plantes qui servent à la teinture.’ Æufin il termine par des réflexions judicieuses sur plusieurs objets importans de l'agriculture. Quant à la nouvelle culture de Turr, dont: VV ALLERIUS reproche à DUHAMEL d'avoir accré- dité et approuvé les principes ; nous invitons nos lecteurs à lire, dans l'ouvrage même de motre concitoyen , la manière dont ila développé le sysiéme de l'auteur anglois, en conseilant aux cultivateurs de ne point l'adopter généralement. L'analyse des élémens d'agriculture de notre auteur, fera voir, s'il est vrai qu'il ait voulu bannir tout engrais. de la culture des terres. En rendant justice au profond savoir de VV ALLERIUS, nous avons cru qu'elle étoit due , à aussi juste vt titre, à un francais qui a voué la plus grande partie de sa vie à servir sa patrie, FIN. j À me SP: p [ [i E i ,