Cut AMEN RENTE il ii l its li Pre 1m fi ME Ain] } Fu fu Lena RANANtES in ie LATTES RL iÿ Le. (! EH Mure RO E 1m hi sul y Hu ‘A RUE MALTE 49 al OT LEE 14 ‘CAN À nu np Es due: ji ju LAN CU 4 (UM ont RU te Me Mar LE qui ju di ii 4 SA (xl au juit DENT, gr Nil En il ï k EM UD { Lpe ‘ ne [il | Tel RP Sn Me MON NS QUE ANA PME EL Hu oo. | Re fil di LE | LE it 4 «4 1 { Hu: tel il + (ere te fe “au LL ou 1 4h He nt pou Au ? 1e l l pa DEEE Qu jee pe Re de FA HE fr} (fie se UNE NE at dE cn TE (te ra run ji RL tt DAME LAN tan (LS El | SAS on 1 LENS RHPNL M (re HAS Jun A (y DEL IE PET Ul ui} Aa HE L MAUR 4H} on hu (pe Dr nf tu DARNTE Be DRE RH PEN ENID LEE TN AO {Al {il El its AMOR IAE Hi IA RU qi jai ( 14 An RUE Hoi qu no, AU nn su on in ÿ 'INNS d | à 2 PUTAIN von il | on, t N LR AM" ui NA D nn ju ne pi "1 on LC : 4 hi) U# Rs PORTE PR DL AT ll (ll 1! til M! 1 an Lu ll | ‘el il 1 (l qi Hl qui | li el! ue Po it MA ue ju ll pl UE nl nn E ANNE A AE: | : Kl attl ul 1 Mt il il ie h Jr pp RE il (il ns RE di tan 1 UF ! {os 0 mi di if il qq ii il gel ou pe NN RUE nl nt EN l nl ( fut 1 (l jh QE ( al dl (HE | a À t il (ll | l | \nl LMI PNA nn À A y 1h non li ll ch lil ii 1 Li ju Hi nb |} " 44 RD NL ni f ju tÈ 14 ll il fil { ut ul au dé LA titi ÿ WT a da : Le "HR ob il 11 nue fi ‘Il il 4 au il é je ro il Ali iñ Il ui ne il Ji LU ne TL il ti LAURE di 14 HU | Ré OA (fl ti? is Er fil jt ti ft f Nik Gt 1h HA ht LT WIR fl hi # Î Hit L'ITTAOTRES f JANET EL A QE nt ‘1h il rl jk put il il (on }] (il NA nl f' li nt N! 4 jt HR L M [AUS IRAN dau tt nul jil ii ml HA in ft rl ul th putin L ANSE [hi HE ll 1 a! l su WA 0 L AA (Rrans 1l nt il ul Li 4 (ie ji ju (4 W (il 1] qui qu à ji All {il (fi ll FAR AUEE ar FT fifi 4 | 4 IN EE ‘Li A NE HR TS no rl Lu il Lil il rl Un {His ONE aie é) pol ll pl ne ju nt L ÿ na ei Nr !:2:14 EN ER ROMA) Hi | UHR HU TTNN LR tite ie " |; RES ji tlINl (l ar qu in ni 1 qe ji . li ii quil qu qu pee Et au (ie Lu MEL . À 11 hht 114 } | M it | l | Fe mat P il K HO LE DRESS 1 il Un ff il nt Le nr : | Il ill hi a Hi A gl à il 1] ju qui LLC TENRR À RON ME (ll LL ul Ut . (ll HAINE nul AE HAE - : ! Fes ren | (il Lune Qib li 1 ne il ji nl ul il Il qu ( jt ji fl gi | AIN ER) DeEUUR w' et 1° LA J'HANT l qi QU! | A ULB il LA (ii Il f l if il j 1P ju (f ju (L \ji ll ii non H te hf i : 1 he | DA " li jo re 1 d Li is ml ne NS ji En Au dl . IL | rl ne 300 DRE 4 ut il AE (nl ji ll À Lu ul ju put il eut ER Re UNSS AE NL ann qi ii un | | I (al EL NS *r (AE 00 il i tt LL dl (il 1j Hu at que | du | 010 qu (i un pi LU À ( ii il put {el M pa ru LE ARE D an jé ri RE ie F «LL en il HonE THE R NH: Îl an | til | JUS HACHETTE fl N (2 tien. ML Eee il UNS no | a | | PA LES OS D jt CRU jt Lu ju AAA A (il ci fu tt | ju NAS NT TE ] M "FR ‘ «a 1 il } th il AN ut Ÿ fl | il U il NL th! PUUTT Hit que A l Le ‘FAURE nn L UT, quil if nl Lo | ci | nn 11 (he il «ii Hd TT Au ji ii cn D ul \ Es je 1: ni es RORANENrt | LIRE 0 k VUS ‘NE ‘4h DRE (if je 1 ne A4 il JU Û ‘HU (A Gr UE il, MU al N af: i qi ll ji ji AT PR AUEN (it AT juil l RL { NL rent a hat NL: |! HIS fe 1h k il JA RU HI: qe os gi à nu i PRE (A TE el it) te) li F HAUT pat { ul il fl NH ji mil ptit fie | RNA A! Al If | RUE QI HANOMNE ANNE 1 \! it al 11e '] ! | pu nl jou Au: due pi HUTIHU (fl (l ‘pi! ui { : { n | If We (n sn ul le Lu une li ca in tt quil it jl qi (ht sl Î il nl il jf ut l qi TELL f ind { | a | ( 4 Lil 1h (ul 11 nt ut il ji Ï N° (fl Hi til “) qu L jl . ill A fine fans e PR (ii (M | ji jt di ju ll (y ne il qi fl il dl 1 b 008 x At qi 10 { LL: ; fl nl ik i f Hi! (nt ji LS MT nn qu Lo # | Le ALU Mt (ae gi su lo ju qi An fl LI lit [LU in Un ll 1 l | ll nn NE NEA FEU tt El je nant t k ul | il fi ll rt (LL il | [Hit un 1 jui ju ! {il t jt { qe fl | (a nl t i ( qu if nt ils ul dl fl di À fe di MURS ee | fl DIU ! a Lu un ut 1] pH k qi Luttt ANT il fan (de CN A nr il a D Lt kil re un di 1 1 l ni Lu M oo 1 AL MI J { ur fl Hi ( In s fl qi \l {fl | \ ll fl TE il | HAE À (ti fl an qi pl (i 1 (ts | Mill pot DH Nr Ein SANT jt ut NT ji (ANR air ju ATEN LUE {il Un (ls if fl HE | MARUE All pue Do. Qu En on ju n oo ns Re D DOME Ann I NN dau A LU a ( Qi ET du HE [TRES Li (il fl (his At ne in D ci a D ti tens aa LATE LE ML dut il D due a Le Dur (il nie ll ti in il il il fl il (il ML Do a 41: 0e JL | R4L | 1 JOURNEE HAN MIHES JHETEBEN NET 1 su l Us us co a lu 4 ; Ï (HE WAIt | Lil if ie Gann ii g" jl jt qi { qu Ar | 14} (Hi il (l Hé fit ne US Hit PAPPEIAT [TE “+0 Alu 44 R LA ligh (ie fi il il | jp #4 qu fl HIER 51e iU 1e ‘ 11 an Le int ll (io 1 (| it qui al il [l 1 ji nr the È 4 M. 10 (ll { AU ll HN [ Le j'a rh il 1 ML Pr TPU 2 RCE 7 “ ’ T4 a FRS 19 ei l'O: à A —- à -cPfanaienr 4 se me se. INSTITUT DE FRANCE. PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance du 2 novembre 1852, Par M. DUMÉRIL. (EXTRAIT DU TOME XXIII DES MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.) PARIS, TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, Rue Jacob, n° 56. 1853. ‘4 AO > 47% F nortsomiéé NA, xt OP ANNEE ‘au | Ca ARE Nr: ee | 1 HELELES #uib das à 11 chante ni Mes Sous. mtiradtré | ÿ Hans LOcER vu en L: “as ee As Hiva A Lt 4e daLS A A A ARR A AR A A RUE A A RE ALT RUN ARR RE A PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance du 2 novembre 1852, Par M. DUMÉRIL. INTRODUCTION ET CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES CARACTÈRES DE L’ORDRE DES SERPENTS. L'étude des Serpents a toujours offert les plus grandes difficultés aux zoologistes pour la classification. Ces Repti- les, comme s'ils avaient été construits sur un modèle uni- que, se ressemblent excessivement entre eux au premier aspect. Ils n’ont, à l'extérieur, aucun de ces organes dont les formes particulières se prêtent si avantageusement aux observations variées et importantes que fournit, en gé- néral, l’économie des corps vivants et animés. Chez les ani- maux vertébrés, ces particularités ont été reconnues et em- ployées avec un grand succès pour faciliter les distributions plus ou moins naturelles, en genres et en espèces. Ces ar- rangements se sont trouvés établis sur la présence, la forme, LA ni CLASSIFICATION DES SERPENTS. la -division et les usages des membres, et surtout d’après les grandes différences qui se remarquent dans le squelette et les parties de la bouche. Ces organes, très-variés, déno- tent, en effet, d'avance les habitudes , les mœurs et aussi la nature diverse des aliments chez les Mammifères, les Oiseaux, la plupart des Reptiles, et même chez les Poissons. Les Serpents, en général, ont une conformation extérieure et une structure interne presque identiques. Comme ils sont privés de membres, ils n’ont offert jusqu'ici à l'observateur naturaliste d’autres notes précises que celles qui avaient été empruntées à la forme, à la distribution des couleurs, ou au nombre des écailles qui recouvrent certaines régions de leur corps; mais il est reconnu que ces particularités ne suf- fisent pas aux besoins et aux exigences de la science. Il était donc nécessaire de chercher ailleurs qu’au dehors de l’animal des caractères matériels, dont la présence cons- tatée serait d'accord avec les modifications observées dans les mœurs et les habitudes de certaines races parmi les Ophi- diens. D’après quelques remarques importantes, consignées dans la science, ces caractères sont évidents ; ils sont inscrits sur des organes qui ont la plus grande influence dans la manière de vivre de ces Reptiles. Ce sont les parties consti- tuantes de la bouche, pour les pièces osseuses, et surtout les dents dont les mâchoires sont armées. Déjà depuis dix années, M. Bibron et moi, nous nous étions livrés à ces re- cherches, dont les preuves matérielles très-nombreuses, ran- gées et étiquetées méthodiquement, sont aujourd’hui con- servées dans les collections du Muséum; car nous avons dirigé nos études sur tous les Serpents que nous avons pu soumettre à notre observation. LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 5 J'ose me flatter d’avoir, le premier, établi, pour cet ordre des Reptiles, un corps de doctrine complétement nouvelle dans son ensemble et heureuse dans ses résultats; car ces animaux se trouvent ainsi classés d’une manière beaucoup plus naturelle. Maintenant que mon travail est terminé, et dans l'impossibilité où je suis de le publier dans tout son ensemble, je prends le parti de faire connaître nominative- ment, dans un tableau général et succinct, les familles , les genres, les espèces et les variétés de tous les Serpents que j'ai pu examiner, et dont l'histoire complète est consignée dans le manuscrit de l’£rpétologie générale. C'est un prodrome, une analyse de la méthode que je crois utile d'exposer pour donner une idée exacte et la preuve écrite du travail considérable que nous avions entre- pris, et qui se trouve achevé par mes soins. Trois volumes entiers seront consacrés à l’histoire des Serpents que nous avions commencée en publiant le sixième volume en 1844; celui qui doit suivre sera divisé en deux tomes sous la même pagination. | J'ai cru devoir expliquer , par ces préliminaires, le but et l'intention de ce prodrome ; mais je ne présente aujourd’hui à l’Académie que des considérations générales sur la mé- thode naturelle, les sous-ordres et les familles que nous avons proposés; l'analyse de ce travail entier ne pouvant intéresser spécialement que les naturalistes, au jugement desquels j'ai l'intention de le soumettre dans ses détails. L'Académie, en accordant à ce travail une place dans ses Mé- moires, m'a autorisé à y Joindre deux planches, dont les dessins sont une reproduction réduite des grandes figures faites d’après nature dont je me sers pour les démonstrations 2 6 CLASSIFICATION DES SERPENTS. dans les cours dont je suis chargé au Muséum d'histoire na- turelle de Paris depuis l’année 1802. Nous indiquerons dans ce prodrome la correspondance des numéros que portent les figures, lorsque nous traiterons des sous-ordres et des fa- milles dont ces dessins offrent les caractères principaux. L'orDRE DES SERPENTS Comprend aujourd'hui, pour les naturalistes, un très-grand nombre d’espèces. Toutes se ressemblent par la forme générale de leur corps, qui est al- longé, constamment privé de pieds ou de nageoires paires latérales ; de plus, leur bouche est toujours garnie de dents pointues , coniques, courbées et dirigées en arrière, implan- tées dans les os des mâchoires qui sont mobiles, ou non soli- dement fixés sur ceux du crâne. Jamais ces animaux n’ont l'œil protégé par des paupières distinctes, et leur oreille n'offre pas de conduit auditifexterne. Leur langue, charnue, protractile , fendue profondément à la pointe, peut rentrer dans un fourreau membraneux. Enfin, l'organisation interne de ces Reptiles correspond aux modifications générales dé- terminées par cette conformation extérieure. Tels sont les caractères généraux qui distinguent les Ser- pents, quand on les compare ou lorsqu'on les oppose à ceux que présentent les autres animaux de la même classe des Reptiles. Plusieurs naturalistes ont proposé de faire, dans cet ordre, quelques coupes ou des distributions plus ou moins naturel- les, et d'accord avec les modifications des organes ou les ana- logies qu'ils avaient remarquées dans les formes extérieures de certains individus, comme propres à rapprocher les uns des autres les genres destinés à réunir les espèces ; mais ces aperçus. souvent heureux, n'étaient cependant pas le résultat CLASSIFICATION DES SERPENTS. 7 de considérations générales importantes, ni de la comparai- son des espèces, ce qui est toujours nécessaire pour éta- blir une méthode naturelle, ou même une classification sys- tématique, telle que l’exigent aujourd’hui l'analyse raisonnée, ou les systèmes artificiels proposés pour l'étude de l’histoire naturelle. La classification que nous proposons est établie sur une série de considérations importantes, différentes de celles qui ont, jusqu'ici, dirigé les études des ophiologistes qui nous ont précédé. Nous avions à écrire l’histoire complète de plu- sieurs centaines d'individus, qu'il nous a fallu reconnaitre, rapprocher et distinguer entre plus de trois mille exemplai- res, disséminés et confondus dans des bocaux divers, et qui se trouvent aujourd'hui nominativement rapprochés et dési- gnés par nos soins, dans l’immense collection que renferme le Musée d'histoire naturelle de Paris. Parmi les caractères généraux propres à fournir aux na- turalistes un arrangement méthodique dans l’ordre des Ser- pents, nous n’en avons pas trouvé de meilleurs que ceux qui nous ont été fournis par l'examen des crochets dont leur bouche est armée. Nous avons donc étudié, avec le plus grand soin, la structure des parties de la bouche, la com- position et le jeu des mächoires, surtout les modifications nombreuses et variées que présentent ces dents, dont les rapports sont assez constants dans quelques races pour les caractériser d’une manière certaine. J'ai fait préparer et conserver ces pièces osseuses pour mes démonstrations : elles sont rangées et distribuées, comme les animaux mêmes, par sous-ordres, familles et genres, et leur nombre est considérable. Nous avons surtout mis beau- 2, 8 CLASSIFICATION DES SERPENTS. coup d'importance à faire préparer les têtes des individus qui peuvent être considérés comme des types dans les gen- res principaux, lorsque nous avons pu nous les procurer. Très-souvent nos collections de crânes et de mâchoires réu- nissent ceux d'une même espèce sous différents états de développement, ou d'individus qui représentent des variétés d'espèces d'un même genre. La base de la classification que nous avons adoptée et suivie dans le cours des trois volumes consacrés spéciale- ment à l'histoire des Serpents dans notre Ærpétologie géné- rale, est uniquement fondée sur le nombre, la forme et les modifications que les dents peuvent présenter, en se bor- nant même au simple examen extérieur. Tantôt c’est le mode d'implantation des crochets sur les différents os de la bouche, leur longueur respective et leur arrangement ré- ciproque; tantôt la situation constante et déterminée de quelques-unes de ces dents, dont la structure reconnue, même au dehors et d'avance, offre par cela même des diffé- rences très-importantes à apprécier pour l'étude des mœurs et des rapports naturels. . La simple observation, qui porte d’abord et uniquement sur la forme, la situation relative et la structure des crochets dentaires dont la bouche des Serpents est armée, nous a suggéré l'intention et nous a persuadé de la nécessité qu'il y a maintenant de désigner ces grands groupes par des noms nouveaux, propres à exprimer matériellement les caractères essentiels des sous-ordres qui partagent cette nombreuse tribu de la classe des Reptiles. L'examen des dents des Ophidiens devient donc la clef de la méthode suivant laquelle les Serpents se trouvent divisés CLASSIFICATION DES SERPENTS. 9 et rapportés à cinq sous-ordres principaux, et ceux-ci dis- tribués en un assez grand nombre de familles qui réunis- sent les genres. Les deux premiers sous-ordres ne comprennent que des Serpents dont les morsures ne peuvent être dangereuses, parce que leurs dents, quoique très-piquantes et acérées, ne sont réellement destinées qu’à saisir et à retenir momenta- nément la proie animale, lorsqu'elle jouit encore de la vie. Ces crochets, arrangés comme on voit disposées sur les car- des les pointes de fer courbées et correspondantes les unes aux autres, sont ici destinés à faciliter la préhension de la victime; ils la retiennent accrochée et la font avancer peu à peu vers le pharynx, pour aider la déglutition : car l’action d’avaler ne peut s’opérer qu'en masse et en totalité, la proie n'étant jamais divisée par parties ou portions distinctes. Ces crochets sont toujours séparés les uns des autres, lisses et polis; leur surface émaillée ne porte pas de rainure appa- rente, ou cette ligne enfoncée longitudinale que l’on dési- gne sous le nom de sillon, qui, chez les Serpents des trois autres sous-ordres, est toujours visible sur la face antérieure, vers la pointe de la dent, ce qui les caractérise. Voilà donc la principale différence reconnue et établie pour ces deux premiers sous-ordres de la grande section des Serpents parmi les Reptiles : c’est que ceux-ci ont tous et constamment des crochets courbes, constamment lisses à la surface, ou sans cannelures. Nous avons pu les indiquer par une dénomination qui leur est commune. Elle se termine par le mot odontes, précédé en outre d’un terme qui rap- pelle la particularité que présentent ces dents quand on re- connaît leur mode d'implantation sur les mâchoires. 10 CLASSIFICATION DES SERPENTS. Les trois autres sous-ordres, dont le caractère se trouve inscrit dans la rainure ou le sillon, que l’on peut aisément reconnaître sur une ou plusieurs de leurs dents, ont reçu des noms dont la désinence reste la même, parce qu'elle in- dique la présence de cette gouttière destinée à inoculer le venin dont toutes ces espèces paraissent armées. Dans l’un des deux premiers sous-ordres à dents lisses, on n’observe de crochets que sur l’une des mächoires seu- lement , tantôt sur la supérieure, tantôt sur l’inférieure. Or, c'est là un caractère unique et très-évident, qui réunit plusieurs genres dont les espèces, jusqu'ici peu connues, sont pour la plupart étrangères à l'Europe. Ces Serpents, très-faibles, ne peuvent être rapportés qu'à un seul sous- ordre, subdivisé lui-même en deux familles et en huit gen- res distincts. Toutes les espèces ont un corps arrondi, dont les extrémités sont à peu près de même grosseur ; leur bou- che est fort petite, et leurs dents sont très-grêles. Comme ces Serpents sont petits, couverts d’écailles polies et lui- santes, et qu'ils ressemblent un peu, pour la forme, à des vers de terre, avec lesquels on a pu les comparer, à cause de leur habitude de vivre et de se retirer dans les terrains sablonneux , nous les avions nommés Scolécophides ou ver- miformes. Maintenant, nous préférons une désignation qui porte essentiellement sur cette particularité, que l’une des deux mâchoires n’a pas de dents ou de crochets, lorsque l'autre en est garnie ; mais, dans ces deux cas, comme les os du palais sont dentés, ils remplissent les fonctions de la mâchoire supérieure. Nous désignons ce premier sous-ordre par le nom d'OPOTÉRODONTES. Nous indiquons la subdivision de ce groupe ou de ce CLASSIFICATION DES SERPENTS. I! premier sous-ordre, d’ailleurs peu nombreux en espèces Jusqu'ici à peine connues, parce qu'elles sont très-gréles et qu’elles vivent dans les climats dont la température est fort élevée. Ces petits Serpents forment deux familles qui ont emprunté leurs noms d'ÉPanononTiEns et de CATODONTIENS à absence ou à la présence des dents ou des petits crochets qui se voient ou qui se sentent sur la mâchoire supérieure ou sur l'inférieure. Comme ce sous-ordre est compris en entier dans le sixième volume de l’Erpétologie générale, en indiquant les noms des espèces, dans le prodrome qui va suivre, nous n'avons pas cru devoir donner d’autres citations que celles d’un auteur principal ou plus récent ; la synony- mie complète se trouvant plus précisément recueillie sur les pages indiquées dans ce volume, publié déjà en 1844. Dans le second sous-ordre, nous avons réuni tous les Ser- pents dont les deux mächoires sont constamment armées de crochets ou de dents, toujours lisses à leur surface, sans can- nelures ni sillons. C'est à cause de ce caractère inscrit, que nous donnons aujourd’hui à ce groupe un nom par lequel nous traduisons cette note de dents sans rainure : AGLYPHO- DONTES. Comme, au contraire, la présence de ce sillon est un indice visible et non douteux de la nature dangereuse d'un grand nombre d’autres espèces, on trouve, par opposition, une sorte de caractère négatif dans l’absence même de cette gout- tière, le long de laquelle peut couler et s’insinuer le venin que produisent certaines glandes sécrétoires qui ne se re- trouvent pas chez les Serpents de ce sous-ordre. C'est un fait important que ce défaut de cannelure; car lorsque les mâchoires des Serpents de ce sous-ordre s’ecar- tent l’une de l’autre, et qu'elles se rapprochent ensuite, quoi- 12 CLASSIFICATION DES SERPENTS. que les crochets dont elles sont armées puissent pénétrer assez profondément dans la peau et dans les chairs, il n’en résulte aucune action réellement fâcheuse. Voilà pourquoi nous avions d'abord désigné ce sous-ordre comme des Æzé- miophides ; mais nous préférons maintenant un terme qui se trouve composé de manière à exprimer beaucoup mieux, et matériellement, la particularité des dents sans sillon, ca- ractéristique de ces Reptiles. Ce second sous-ordre réunit donc tous les Serpents à dents pointues, recourbées, arrondies, coniques, pleines, lisses et sans cannelure, toujours implantées dans les deux mâchoi- res. C’est une division très-nombreuse en espèces et en gen- res. Ceux-ci sont groupés en douze familles, sous des noms divers et significatifs, dont Ja plupart indiquent la particula- rité la plus notable, qui distingue les dents ou les crochets d’après leurs arrangements divers, ou suivant le mode plus ou moins régulier de leur implantation par séries ou par ran- gées longitudinales; soit d’après leurs proportions relatives ou leur distance réciproque ; soit encore d’après la forme et la courbe des mâchoires, la conformation générale de la tête et l’écaillure du tronc et de la queue. Enfin, quelques-uns de ces noms donnés à ces divisions, que nous nommons des fa- milles, ont été empruntés à la ressemblance, à l’analogie re- marquable qu'ont entre elles certaines espèces parmi celles qu'on a désignées comme appartenant à des genres dont les noms avaient été antécédemment adoptés par la plupart des auteurs. Nous n’entrons pas ici dans plus de détails, ayant l’inten- tion de faire connaître plus spécialement les noms et les ca- ractères de ces familles qui sont nombreuses ; une partie de CLASSIFICATION DES SERPENTS. 13 l’histoire de ces Serpents se trouve d’ailleurs indiquée dans le sixième volume de notre Ærpétologie générale ; nous l'avons cependant légèrement modifiée par les études successives que ce travail exigeait. Voici le procédé analytique qui conduit à la distinction des groupes nombreux appartenant au grand sous-ordre des Serpents Aglyphodontes. Nous sommes parvenus à les distribuer en douze familles qui nous paraissent assez naturelles dans l’état actuel de nos connaissances acquises. Nous n’indiquerons ici que les noms et la distinction comparative de chacun de ces groupes, dont les caractères seront plus développés dans le prodrome qui va suivre. (Voir le tableau synoptique ci-après, dans le Pro- drome.) Nous établissons deux divisions principales parmi les Aglyphodontes; elles partagent ce sous-ordre en douzefamil- les, suivant que ces Serpents ont leurs dents ou leurs crochets dentaires à peu près de mêmes force et longueur, et réguliè- rement distribués, au moins sur les os susmaxillaires; ou au contraire, quand il y a évidemment des différences dans leurs proportions diverses ou dans leur arrangement respectif. À la première division, celle des Serpents qui ont des dents égales, appartiennent d’abord les ACROCHORDIENS, dont la surface du tronc est comme chagrinée, c’est-à-dire revêtug de plaques rugueuses, paraissant serties sur leur pour- tour dans l’épaisseur de la peau où elles sont très-saillantes. De véritables lames écailleuses entuilées recouvrent le corps des espèces qui sont rangées dans les cinq familles suivantes , dont l’une, celle des LEPTOGNATHIENS, est remarquable par la faiblesse des os susmaxillaires, en raison du peu de ma- à 14 CLASSIFICATION DES SERPENTS. tière osseuse qui les constitue. Chez tous les autres, la mâ- choire supérieure est forte et robuste; mais, par une circons- tance remarquable, on reconnaît que les UPÉROLISSIENS n’ont pas de crochets implantés dans les os du palais, ce qui rend cette partie lisse au toucher, singularité qui les distingue de presque tous les Serpents. Cependant, ces dents palatines of- frent une autre particularité dans les Serpents que nous avons nommés PLAGIODONTIENS, c’est que ces crochets ptérygo-pa- latins, quoiqu'ils existent, sont cependant peu saillants, parce que leurs pointes sont dirigées obliquement en travers, ou comme opposées les unes aux autres de droite à gauche, et réciproquement. Dans tous les Serpents qui suivent, les poin- tes des dents maxillaires et ptérygo-palatines sont, au con- traire, dirigées dans le même sens, de devant en arrière vers la gorge. Parmi ces derniers, les uns ont la tête si petite, qu'elle se confond avec le tronc : telle est la conformation des CALAMARIENS; tandis que la tête est tout à fait distincte ou plus étroite que le cou qui la supporte chez toutes les autres espèces réunies dans une même famille sous le nom d’'IsoDONTIENS. Dans la seconde division analytique du sous-ordre des Aglyphodontes, nous rangeons les Serpents dont les mâchoi- res, et surtout la supérieure, sont garnies de crochets iné- gaux en forme et en longueur : tantôt cette inégalité est sur- tout remarquable dans la portion antérieure, tantôt à la partie postérieure. Ces derniers, dont les crochets postérieurs sont plus longs, portent la désinence de Crantériens. Quand la rangée est continue, ou quand il n’y a pas d'intervalle entre les plus longues dents postérieures et celles qui les pré- cèdent, la famille est désignée sous le nom de SYNCRANTÉ- CLASSIFICATION DES SERPENTS. 15 RIENS ; mais lorsqu'il y a une interruption ou un espace libre en avant des plus longues dents, ces espèces sont appelées les DiacRANTÉRIENS. Lorsque les dents inégales sont plus courtes en avant que celles qui les suivent, la famille est désignée sous le nom de CoruBriens. Si ces crochets antérieurs sont plus longs que ceux qui sont placés sur la même rangée, on remarque alors que, tantôt les dents sont au grand complet, car outre les dents ordinaires, il y en a qui sont implantées dans les os incisifs dits intermaxillaires, et alors on nomme cette famille les HoLononTiEns. Quand les dents intermaxillaires n'existent pas, et que les crochets susmaxillaires antérieurs sont plus longs, il y a cette diffe- rence notable, que dans une famille les plaques sous-cauda- les sont tantôt simples, c’est le cas des APROTÉRODONTIENS, ou que tantôt elles sont doubles, comme dans les LYCoDONTIENS. Il nous reste à faire connaître trois autres sous-ordres des Serpents dont tous les individus, sans exception, offrent un caractère inscrit sur quelques-unes de leurs dents. Celles- ci sont presque toujours plus longues et plus fortes que les autres; elles ont une partie de leur surface entamée par une rainure. C’est ce signe, ce caractère spécial que nous avons voulu indiquer par la dénomination même de chacun de ces trois sous-ordres, en y faisant entrer la finale du mot grec glyphe, qui signifie une ligne, une entamure enfoncée, ce nom ayant pu être grammaäticalement joint à d’autres termes très- courts, propres à dénoter la position relative ou la structure de ces dents sillonnées. Dans les trois circonstances distinctes que nous signalons, ces crochets cannelés sont l’apanage des Serpents venimeux à degrés divers, suivant leur longueur, leur force, leur situa- à 16 CLASSIFICATION DES SERPENTS. tion relative et leur structure. Ce sont des instruments vul- nérants, qui servent de gorgerets et de tuyaux de conduite à une humeur vénéneuse plus ou moins abondante. Ce poison est sécrété constamment par des organes spéciaux, par des glandes, dont les canaux aboutissent à ces crochets, plus ou moins avancés, mais constamment implantés dans la mâchoire supérieure, et qui sont terminés par une gout- tière pour faciliter ainsi l’inoculation de ce virus délétère. Le troisième sous-ordre des Serpents est caractérisé par la présence d’une ou de plusieurs dents qui excèdent les autres paï la longueur, et qui sont cannelées vers leur pointe. Comme ces crochets sont situés tout à fait en arrière, ils ter- minent la rangée des autres dents plus grêles et non sillon- nées. Nous avons cherché à indiquer cette disposition, en désignant par un seul motla rainure des dents postérieures. Nous appelons les Serpents compris dans ce sous-ordre les OPISTHOGLYPHES. Ces dents sillonnées, qui sont vénénifères, se trouvent toujours logées dans une cavité peu profonde, où l’on ren- contre ordinairement, par la dissection, des rudiments d’au- tres crochets semblables : ce sont des germes destinés à être fixés, afin de remplacer les crochets cannelés, dont l’impor- tance est très-grande dans l’économie de ces Reptiles, et de leur succéder quand ils manquent. On distingue facilement ces crochets en raison de leur longueur et par la place qu’ils occupent ; d’ailleurs, ils sont en outre très-reconnaissables, parce qu’ils sont séparés ou dis- tincts de la série longitudinale de la rangée des dents lisses qui occupent tout le bord susmaxillaire. IL y a là un intervalle marqué, Ou un espace tout à fait libre et sans dents, qui sem- CLASSIFICATION DES SERPENTS. 17 ble isoler les crochets cannelés qui sont réunis dans une sorte de cavité augmentée en largeur par la dilatation de l’extré- mité postérieure de l’os susmaxillaire. Il résulte de cette disposition que les Serpents ainsi cons- titués ne peuvent être considérés comme très-dangereux, au moins pour les animaux d’une certainetaille, pour ceux dont le diamètre excède l’écartement possible des mâchoires, car leur bouche ne peut éprouver que peu d’ampliation. Ce n’est que quand la proie vivante est engagée vers le pharynx qu'elle se trouve soumise à la piqûre vénéneuse des der- niers crochets. Comme le plus grand nombre des Serpents de ce groupe ressemblent en apparence aux Couleuvres, lesquelles ne passent pas pour être très-dangereuses, nous les avions appelés les Æphobérophides. Nous divisons le groupe des Opisthoglyphes en six famii- les, d’après la longueur proportionnelle et l’ordre relatif que gardent les autres dents, toujours lisses et situées en avant , sur le bord libre de la mâchoire supérieure. Ainsi, dans l’une des familles que nous désignerons par la suite sous le nom d’ANISODONTIENS, on voit que les crochets lisses constituant la rangée qui précède les dents canne- lées postérieures sont très-irréguliers ou inégaux entre eux, soit pour la force, soit pour la longueur. Chez tous les autres Serpents du même sous-ordre, les dents sont à peu près semblables entre elles; mais la phy- sionomie comparée de ces Ophidiens les fait bientôt distin- guer. En effet, les dimensions et les formes de la tête sont fort différentes, pour l'étendue surtout, en longueur et en largeur. Dans l’une des familles , celle que nous désignons par le nom d'OxycÉPhALIENS, le devant de la face est prolongé et 18 CLASSIFICATION DES SERPENTS. rétréci en pointe, comme une sorte de museau ou de groin. Si ce rétrécissement ne s’étend pas, ou s’il ne diminue pas sensiblement de largeur en avant, quoique le crâne ou le reste de la tête soit réellement par tout le travers à peu près de même largeur, nous rapprochons les genres ainsi conformés, et nous les appelons les STÉNOCÉPHALIENS. Les trois dernières familles qui se rapportent à ce sous- ordre des Opisthoglyphes sont caractérisées par ce fait, que les crochets lisses de l’os susmaxillaire et antérieurs à ceux qui sont sillonnés, sont presque tous de la même longueur et offrent la même courbure. | L’une de ces familles comprend les espèces à tête large en arrière, avec un museau ironqué en avant et comme dé- primé ou aplati : c’est celle des PLATYRHINIENS., Dans les deux autres familles, le museau est simplement arrondi en avant : tels sont les Serpents auxquels nous avons laissé la dénomination adjectivée de l’un des genres principaux adoptés depuis longtemps dans la science, et qui sert ici de chef de file; ce sont pour nous des SCYTALIENS. Enfin, la dernière famille des Serpents de ce groupe se distingue par le museau, qui est fort étroit, quoique la tête soit large, surtout en arrière. Nous les désignons égale- ment sous un nom employé depuis longtemps pour quelques espèces : ce sont des DiPpsaDIENS. Au reste, les caractères plus détaillés de ces six familles se trouveront mieux énoncés dans la suite de ce travail, dont nous ne donnons ici que l'analyse succincte. Le quatrième sous-ordre comprend les Serpents beaucoup plus venimeux, ceux dont les dents cannelées ou les crochets, marqués d’un simple sillon, sont constamment placés en Fe CLASSIFICATION DES SERPENTS. 19 avant sur l’os susmaxillaire, à l'inverse de ce qui se voit dans les Opisthoglyphes. C'est par conséquent l'opposé du caractère spécial des Ophidiens Opisthoglyphes, chez lesquels ces cro- chets, plus longs et sillonnés aussi, sont toujours situés en ar- rière de ceux qui sont lisses et qui occupent la région ante- rieure. Le plus ordinairement, après ces crochets sillonnés, il existe un espace libre entre ces premières dents et celles qui suivent, et qui sont lisses. Par cette position en avant des crochets venimeux, ce sous-ordre se lie au suivant, ex- cepté queles Serpents qui sont rangés dans le dernier groupe offrent ces particularités, qu’un canal intérieur perfore les dents vénénifères, suivant leur longueur, depuis la base jusqu’à l’origine du sillon, et qu'il n’y a jamais d’autres cro- chets simples. Nous avons cherché à rappeler, par le nom sous lequel nous réunissons les genres et les espèces de ce quatrième sous-ordre, le caractère qui s'y voit inscrit par lesillon dont est marquée la première dent antérieure, en avant des cro- chets lisses. Ce nom est celui des PROTÉROGLYPHES. Comme cette dénomination est empruntée à la disposition anatomique évidente qu’elle exprime, nous la préférons à celle que nous avions donnée d’abord à ce groupe, et qui n'é- tait destinée qu'à indiquer, rationnellement, les dangers auxquels la morsure de ces Serpents pouvait exposer, malgre leur apparence trompeuse; ce que signifiait l'expression d’4- pistophides (1), que nousabandonnons maintenant. Deux familles se partagent ce sous-ordre; dans chacune d'elles les mœurs ou la manière de vivre sont pour ainsi dire (1) Erpétologie générate, tome VI, page 71. L 20 . CLASSIFICATION DES SERPENTS. comme écrites et manifestées d'avance par la forme de la queue ; car les espèces terrestres et qui se trouvent ordinai- rement à l’air libre, ont cette région postérieure du tronc ronde et conique : ce sont pour nous des CONOGERQUES; tandis que chez les autres elle est plate de droite à gauche et plus haute dans le sens vertical que sur la largeur, ce qui indique des espèces aquatiques que nous nommons les PLATYCERQUES. Après avoir présenté l'historique de la classification que nos devanciers avaient proposée pour la distinction des gen- res compris dans ce sous-ordre , nous indiquons les change- ments que nécessitait la vérification des caractères constatés chez la plupart des individus distribués en quinze genres. Les circonstances nous ont assez favorisé pour nous fournir l'occasion d'observer complétement ces animaux, dont nous avons fait préparer et conserver les parties osseuses de la tête, sur lesquelles portent les distinctions principales. Le cinquième, ou le dernier sous-ordre, comprend les Ophidiens dont les morsures sont extrêmement dangereu- ses, et même fatales ou mortelles : aussi les avions-nous nom- més d’abord les Thanatophides ; mais cette expression, ré- sultat de l'observation et de l’expérience acquise, ne por- tait pas sur un fait matériel facile à vérifier. Aujourd’hui, nous proposons un nom fondé sur un caractère tiré de la forme, de la position et de la structure particulière des dents venimeuses. Non-seulement ces crochets, longs et sillonnés, sont les seuls que portent chacune des masses rabougries de la mâchoire supérieure; mais ces crocs sont excessive- ment développés, et offrent, en outre, un second caractère particulier. Leur base étant perforée par un long canal inté- rieur, dont l’orifice distinct aboutit au sillon externe, voilà ce CLASSIFICATION DES SERPENTS. 21 qui nous a engagé à désigner ce groupe important sous le nom de SOLÉNOGLYPHES. Deux familles seulement font partie de ce dernier sous-or- dre; elles ont été établies d’après des observations qui avaient servi depuis longtemps à distinguer les deux genres primitivement reconnus, et subdivisés aujourd'hui en plu- sieurs autres : ce sont les Crotaliens et les Vipériens. Ces divisions avaient été indiquées par presque tous les auteurs, mais ils n'y rapportaient que deux genres. Mainte- nant, on a été obligé d’en admettre douze, et, pour les dis- tinguer, on a reconnu les avantages du caractère qui servait primitivement à les séparer. C'est que les uns, qui étaient nom- més des Crotales, avaient, pour la plupart, l'extrémité libre de la queue garnie de petits étuis écailleux que ces Serpents, en agitant cette région avec rapidité, faisaient résonner comme un grelot vibratile; mais il faut joindre à cette disposition singulière de la queue, qui ne se retrouve pas dans toutes les espèces, un autre caractère plus évident. Ce sont de pe- tits creux ou des renfoncements que l’on remarque sur le bord des lèvres ou des yeux, et que l’on appelle des fossettes lacrymales. Le défaut ou l'absence de ces fossettes sert à faire rapprocher les espèces voisines des pères, et ces deux noms, qui rappelleront les différences indiquées ci-dessus, serviront de types pour les deux familles de ces Serpents, qui sont les plus venimeux de tout l’ordre des Ophidiens. l’histoire des Solénoglyphes est fort remarquable par la faculté spéciale dont les a doués la nature, toujours admirable dans sa prévoyance. Sans cette prévision, ces animaux, appe- lés à se nourrir puisqu'ils ont été créés, eussent été cepen- dant, par leur faiblesse même, dans l'impossibilité de se pro- A 22 CLASSIFICATION DES SERPENTS. curer les moyens de subvenir à leur alimentation, qui con- siste en êtres vivants, et le plus souvent vertébrés. Privés de membres et de la puissance motrice nécessaire pour courir après la victime et l’atteindre, ils sont cependant toujours obligés de saisir une proie vivante, et qui, accrochée à l’improviste, fait tous ses efforts pour échapper au danger et lutter par sa résistance, comme tout être actif s'oppose à sa destruction. C’est en vain que celui-ci veut fuir et cherche- rait à se défendre, le Serpent venimeux, qui l’a épié sur son passage, où il s'était placé en embuscade, le happe subitement et l’arrête. Armés d’un pouvoir occulte, ces Reptiles suspen- dent, dans l’être animé, les deux attributs les plus importants pour la conservation de la vie active, savoir la motilité et la sensibilité. C’est ainsi que ces Serpents abhorrés stupéfient les nerfs de la proie vivante, et anéantissent d’abord dans la victime la douleur qui, prompte dans son action comme l’é- clair, lui aurait dénoncé le danger suprème, et prédit la mort par instinct ; puis, par une paralysie subite dont sont frappés les muscles, survient leur inertie absolue et l’insensibilité gé- nérale : l’animal, incapable de se défendre ou de fuir pour se soustraire au péril, est devenu une matière tout à fait inerte et essentiellement nutritive. Le tableau synoptique qui suit présente le résumé de cette première classification de l’ordre des Ophidiens en cinq sections principales ou sous-ordres. La suite de notre travail se trouve divisée de la même manière, et successivement, en familles, en genres et en espèces. PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 23 PRODROME GÉNÉRAL DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES. TROISIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES REPTILES.— LES OPHIDIENS. CaracTÈREs. —Corps allongé, étroit, sans pattes ni nageoires paires ; bouche garnie de dents pointues, recourbées ; mä- choire inférieure à branches désunies, plus longues que le crâne; tête à un seul condyle arrondi, sans cou distinct, ni conque ou conduit auditif externe; point de paupières mobiles ; peau extensible, recouverte d'un épiderme caduc. à l’une des deux mâchoires uniquement, soit à la supérieure, soit SOUS-ORDRES.. äpl'infénieure. .nf4-ammen titi On. noirs LA .. A. OPOTERODONTES. Lai lisses, pleines et sans sillon profond + AGLYPHODONTES. seules, isolées, perforées... 5. SoLéNoGLyrnes. aux deux quelques-unes | devant sillonnées … | \ mâchoires suivies de crochets lisses, .. 4. PROTÉROGLYPHES. derrière et plus longues .… OPISTHOGLYPHES. . ‘OIIO'TEPOË, de deux manières, aller-uter, et de OAOT'E, üüôvros, dent. . ’A privatif, sine. TAY®PH, sillon, rima, sulcus, et de "OAOY'E, dent. . "OIIIZOEN, en arrière, pone, retro, et de TAY®H', rainure. . IIPO'TEPON, en avant, anterius, et de TAY®H', entamure, incisio. . EOAH'N, un tuyau, un canal, fistula, ductus canaliculatus, et de TAYHH'. ErymoLocies. 24 PRODROME GÉNÉRAL PREMIER SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les Serpents OPOTÉRODONTES (1), dits scocécoPmes (2). Serpents vermiformes, non venimeux ou à crochets lisses, dont le corps est à peu près de méme grosseur, de la téte à la queue, recouvert partout, méme sous le ventre, d'é- cailles lisses, polies, entuilées ; à téte petite ; à museau ar- rondi et à bouche en dessous ; n'ayant des dents ou des crochets qu'a l’une des deux mächoires. Tous ces Serpents se ressemblent entre eux par la forme cylindrique du corps, analogue à celui des Lombrics ou des Annelides terrestres dont ils ont les habitudes, se mettant à l'abri sous des pierres ou dans l’intérieur de la terre, restant cachés dans des galeries souterraines, creusées probablement par d’autres animaux. Leur bouche, excessivement petite, n'est garnie de dents maxillaires que dans le haut ou dans le bas, cependant leur palais offre toujours de petites pointes ou des crochets courts, situés obliquement et quelquefois en travers. La fente étroite de leur bouche est constamment si- tuée au-dessous d’un museau obtus, proéminent ou plus avancé. (1) De éxorspos, de deux manières, de l’une ou de l’autre, alter-uter, et de ëdoûs, 80ovros, dent. (2) ZxénË, ver de terre, lumbricus, et de ëgw, serpent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 29 Les os de la face paraissent solidement unis à ceux du crâne, et sont peu développés. Les susmaxillaires très-courts, les intermaxillaires antérieurs, dits os incisifs, sont souvent unis ou soudés entre eux et comme impairs, ce qui leur donne plus de solidité; cependant ils ne portent pas de crochets. La mâchoire inférieure est plus courte en avant que la supérieure. Les yeux sont petits, souvent recouverts par une plaque cornée, ou tout à fait nuls. Ces Serpents diffèrent de tous les autres Ophidiens par leur écaillure entuilée, semblable à celle des Lézards scin- coïdiens, et par la structure particulière des os de la face. Ce sous-ordre des Ophidiens a été établi par nous (1), quoique les Serpents qui s’y trouvent compris semblent faire suite aux Sauriens dés deux familles dites les Scincoïdiens et les Glyptodermes, tels que les Orvets et les Amphisbènes. M. Muller les désignait sous le nom de Petites - Bouches ou Microstomata , au moins pour la plupart. Nous ne croyons pas devoir entrer ici dans beaucoup d’au- tres particularités, les caractères des genres, des espèces et toutes les synonymies étant établis dans le VI volume de l’Erpétologie générale. Nous ne reproduisons pas ces détails dans ce prodrome ; nous en présentons seulement l'analyse, avec les indications d’après lesquelles on trouvera toutes les explications nécessaires. Deux familles appartiennent à ce sous-ordre. Le tableau synoptique de leur distribution en deux familles et en huit genres s’y lit à la page 255. (1) Erpétologie générale, tome VI, page 233, publié en 1844. 26 PRODROME GÉNÉRAL Première famille. Les ÉPANODONTIENS (1) OU TYPHLOPIENS, dont la mächoire supérieure est garnie de crochets, quand l'inférieure, au contraire, en est dépourvue. Six genres (Planche L°, fig. 1 et 2) : G. 1. Prcinion de Wagler. — Typhlops de Schlegel, Abbild. ampbh., pl. 32. 4. P. rayé. — Acontias lineatus, Reinwardt, Erp., t. VI, p. 257. G. IL. Oraraazmipton , nobis. À. O. très-long, par M. de Castelnau, Amér. sept. 2. O. d’Eschricht.—Typhlops, Schlegel, Abbild. amph., pl. 57. 5 et 4. O. épais et brun. — Espèces nouvelles. G. HE. CataérormnE, nobis. — Erp., t. VI, p. 268. 4. C. mélanocéphale, espèce nouvelle de Péron. G. IV. OnxcnocéPaLe, nobis. — Erp., t. VI, p. 272. 4. QE à O1 D 0. . mullirayé, nobis. —Schlegel, Abbild., p. 40, pl. 32-39-42. . unirayé, nobis. — Esp. nouv., Cayenne, M. C. Richard. . O. 0. Delalande, espèce nouvelle du Cap. museau pointu, nobis. — Erpét. gén., t. VI, p. 335. trapu, nobis. — Congestus, ibid., p. 535; plus cinq au- tres, décrits, trois par M. Smith, dans ses Illustrations ; deux par M. Bianconi, originaires de Mozambique. G. V. Tyrsors. — Schneider. Erpét. gén., t. VI, p. 281. SE HS à Ÿ = +] réticulé, nobis, pl. 60. = Typhlops lumbricalis, Schlepel. . lombric, nobis — de Cuba ; M. Ramon de la Sagra. . de Richard , nobis. — Cinereus, Guérin, Icon. R. a. pl. 18. . platycéphale, nobis — de la Martinique ; M. Plée. . noir et blanc, nobis — de Sumatra, Erp., t. VI, p. 295. . de Müller. — Schlegel, Abbild. amph. , p. 39, pl. 52. . de Diard, nobis. — Schlegel, ib. (1) Exdve, en dessus, supra, superior, et de 63oûc, éovros, dent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 27 8. T. à lignes nombreuses. — Schlegel, Abbild. amph., p. 40, fig. 55-38. 9. T. vermiculaire. — Merrem; Lombric, Lacépède. 40. T. filiforme, nobis. — Erp. gén., t. VI, p. 307. MA. T. brame. — Cuvier, Règne animal, t. II, p. 73. 42. T. noir. — Schlegel, Abbild. amph., pl. 32, fig. 29-54. G. VI. CépnaLorérne, nobis. — Erp. gén. , t. VI, p. 314. 4. C. Teucocéphale, nobis. — Typhlops squamosus, Schlegel. Seconde famille. Les carononTiens (1), Erpét. génér., t. VI, pag. 317, dont la mâchoire inférieure est la seule garnie de crochets ; car on n’en trouve pas dans les os susmaxillaires. Ce groupe ne réunit que deux genres : G. I. Cartoon, à yeux latéraux peu apparents ; queue très-courte. A. C. à sept raies. — Schneider, Hist. amph., fasc. 2, p. 344. © G. I. Srénosroue, à yeux latéraux très-apparents ; queue longue. 4. S. du Caire — du musée de Strasbourg, Erp. gén. VI, p. 525. 2. S. noirâtre. — Typhlops, Schlegel, Abbild. amph., p. 56, pl. 37. 5. S. front blanc, nobis. — Wagler, Serp. Brésil. Spix, p. 69, pl. 28, n°5. 4. S. de Goudot, nobis, — Espèce nouvelle de la Nouvelle-Gre- nade. 5. S. deux raies, nobis.—Schlegel, Abbild. amph., pl.32, p. 56. (1) Kérw, en bas, infra, inferius, et de &oûs, 63ovros, dent. 28 PRODROME GÉNÉRAL SECOND SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les Serpents AGLYPHODONTES dits AzÉMIOPHIDES. Serpents à dents recourbées, arrondies, coniques, pleines, lis- ses, sans cannelures sur leur pointe et implantées sur les deux mâchotres. Tous ces Serpents ressemblent plus ou moins à nos Cou- leuvres. Généralement, leur corps est cylindrique; leur queue pointue et conique. Quelques-uns semblent avoir conservé des indices ou des rudiments des pattes postérieures sur les bords de l’ouverture transversale qui se voit à l’origine de la queue, et l'animal en fait usage comme de crochets ou de grappins, qui lui servent de point d'appui lorsqu'il rampe ou quand il grimpe. Leur tête varie beaucoup pour la forme et la longueur du crâne, comparées à celles de la face. Ce sont surtout les os incisifs ou intermaxillaires, ainsi que ceux dits nasaux, qui modifient la forme du museau, lequel est plat, prolongé en boutoir dans les espèces qui fouissent la terre, arrondi et court dans les espèces aquatiques, dont les narines sont rapprochées entre elles au-dessus du museau. Enfin, ce museau est moyen et très-variable dans les terrestres et les arboricoles. Les os susmaxillaires sont constamment garnis de dents pointues et crochues. Cette mâchoire supérieure est toujours très-lon- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 29 gue, quoique constamment plus courte que les branches in- férieures. Comme la conformation générale est presque toujours semblable, elle offre peu de prise aux observations propres à fournir des caractères de premier ordre. On voit rarement des appendices, des crêtes, des tentacules, ou d’autres expan- sions dela peau, telles que des fanons, des goîtres, des lignes saillantes au crâne ou sur les parties latérales du corps, organes extérieurs, dont la présence nous a été très-utile pour la désignation des autres ordres de la classe des Reptiles. | Il est important de rappeler que la plupart des familles établies par nous dans cet ordre des Aglyphodontes ont été fondées sur les modifications nombreuses et importantes fournies par l’examen comparatif du nombre, de la forme, de la longueur proportionnelle et de la distribution relative des crochets qui garnissent les os de la mächoire supérieure ou des dents ptérygo-palatines. Pour un petit nombre cependant, la conformation géné- rale de la tête et des os maxillaires supérieurs ou inférieurs a été employée comme moyen de classification. Les divi- sions secondaires ont eu pour base l'apparence générale du corps et l’habitude extérieure, ainsi que les dimensions comparées de la queue et du tronc. C’est surtout par les plaques de la tête, qui varient dans leur nombre et leur distribution, comme par leur forme particulière, de même que celles de la gorge, et que toutes les autres écailles du tronc, soit sur le dos, sur les flancs et sur la région de la queue, et c’est surtout aussi d’après les pla- ques qui revêtent le dessous du ventre et de la queue, et dé- 5 30 PRODROME GÉNÉRAL signées sous le nom de gastrostéges et d'urostéges, que cer- tains genres ont pu être distingués dans les diverses familles établies sur d’autres caractères plus importants. Ainsi, les écailles sont plus ou moinsdistinctes les unes des autres, par leurs formes très-diverses, par la nature et le mode deleur distribution en séries plus ou moins régulières, ou par rangées en quinconce, dont les lignes de jonction varient pour l’obliquité, ou la forme, ou la longueur. Ces écailles dif- fèrent en outre, suivant l'aspect de leur surface lisse, striée, cannelée ou carénée ; selon leur largeur, leur fixité ou la mo- bilité qu'elles éprouvent, ainsi que par la dilatation ou les res- serrements de la peau dans telle ou telle région. On observe également le dessous du corps pour les scutelles abdominales et sous-caudales, qui sont elles-mêmes très-variables par leur forme, leur largeur, et surtout par leur nombre, lequel est beaucoup moins constant que ne l'ont écrit la plupart des auteurs, qui n'avaient indiqué souvent que ce nombre comme caractère distinctif des espèces, car il ne nous reste aujour- d'hui aucune incertitude sur sa variabilité. Comme nous avons donné, dans le petit mémoire qui a servi d'introduction à ce prodrome, l'indication des douze familles qui composent le sous-ordre des Serpents Aglypho- dontes, nous croyons qu'il suffira d’en présenter ici le ta- bleau synoptique, qui représente l'analyse de cette distribu- tion, telle qu’elle se trouvera plus détaillée dans le septième volume de notre Ærpétologie générale, qui n’est pas encore publié. 31 SERPENTS. DES DE IA CLASSIFICATION à NYHDVI "+ *oppatoqur un sed soozedos 7 te EU Li de FT (ses: sanSuor snjd ‘sojounsip soinorm9sod “SNHIUXINVHINAG ft?" * enurju09 9H9s un Ans ? ” sa] “S219rnaaaut | *SNAINANTO") +++ + * ous ue queaims sa mb saqçeo onb sojanoo snjd dnoonveq *SNATILNOGODA'T * * * *Sa]qnop : sanomoque so89]soin : soqnu *SNILENOGO LOT °*" soqduus sate[rIxeuHaqu sjuep : sanSuog / *SNILLNOGOTOFH ‘sayeduroo sjuap no ‘sajoursip sjuep y *SNHIQUOHDOUD Y résestsesest ee “xnomêue ‘squeyqres squrod e ‘opnues3 no esnomnotoqn} *SNALINOGOI9VT4 *sa[e au saquo81aau09 9 sonbrqo *SNAIENOGOST ‘JJIA * * ‘n02 np aounsip-s2) S9}ouTiSIp 29) { SaJroap seed np sjuop “SNAIUVNVIVr) ‘AJ ‘20011 91 9048 onpuoyuoo : s2}SNq04 72 SO} neod : saye3o *SNUISSITOUHAN “A * * * 9sS1f 352 sreçed amoy onb jre7 mb 29 ‘soyqnu SNI[IXUUSNS 50 * SNSIHLYNDOLAZT VX "+ + *so[qxep 9 sojqiez ‘ sa[948 ‘sou dd Le “SATIINVA ‘SHLNOGOHdA19V S4G HUGUO-SNOS NA SATINVA SAG ANÜLLAONAS AVATAVL 32 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES HOLODONTIENS (1). PREMIÈRE FAMILLE. CaRACTÈRES ESSENTIELS. Des dents ou crochets lisses de diver- ses longueurs aux deux mächotres, au palais, et particulie- rement sur les os incisifs ou intermaxillaires antérieurs. Ce sont les Serpents chez lesquels les dents se trouvent en- châssées dans tous les os de la face, et plus particulièrement, ce qu’on n’observe pas chez d’autres espèces, dans les pièces antérieures du museau, c’est-à-dire dans les os qui occupent l'intervalle compris entre les bords ou les extrémités anté- rieures des susmaxillaires. (Voy. pl. I, fig. 3.) Cette famille se divise en deux groupes : suivant, 1° que les espèces ont la quene enroulante ou préhensile, ou 2° qu’elle ne l'est pas. La première sous-famille offre, de plus, sur les bords du cloaque, deux crochets de corne ou des pointes roides, osseu- ses, qui servent comme des rudiments de pieds ou de crocs pour aider dans l’action de grimper : d’après les espèces les plus connues, nous avons nommé ces Serpents les PYTHONIDES. (Erpét. génér., t. VI, pag. 378.) Les genres qui n’ont pas la queue enroulante, et qui ont cependant des crochets dans les os incisifs, sont désignés par nous comme une tribu sous le nom également adopté pour l’un des genres : ce sont les Torrricines. (Tom. VI, pag. 567.) (1) Ce nom est composé des mots #oç, complet, votus, cunctus, et de 6, 880vtog, dent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 3° Les Pythonides réunissent quatre genres : les trois premiers ont de petits creux ou des enfoncements, dits des fossettes, sur les bords des deux lèvres ; tandis que le quatrième n’en présente que sur la lèvre inférieure ; ce sont : G. I. MorëuE, Gray. — Erpét., t. VI, p. 583, qui n’a de plaques que sur le bout du museau. Une seule espèce , dite Argus, p. 385. G. II. Pyraon, p. 592 — dont les plaques sincipitales s’étendent au delà du front, et qui comprend cinq espèces, p. 399. 4. P. de Séba — que nous avons fait figurer pl. 61. 2. P. de Natal, Smith. — Hortulia de Gray, p. 409. 5. P. royal, nobis. — Bellii, Gray. 4. P. Molure, Gray. — Bivittatus, Schlegel, t. II, pag. 405, pl. XV, n°3. 9. P. réticulé, Gray. — Schneiderii, Schlegel, p. 445. G. III. Lrasis — dont les fossettes labiales sont peu profondes, et chez les- quels les plaques qui recouvrent le dessus de la tête ne se prolon- gent pas au delà de l’espace interorbitaire ; quatre espèces appar- tiennent à ce genre et sont décrites page 435. 4. L. améthyste, Gray — qui a deux fossettes profondes sur la plaque rostrale. 2. L. de Children, Gray — dont les fossettes sont peu distinctes et à deux frénales. 5. L. de Macklot, nobis, p. 440. — Schlegel, t. II, p. 420. 4. L. olivâtre, Gray — dont la plaque rostrale n’a pas de fos- settes, tome VI, p. 442. G. IV. Narpoa, Gray. — Bothrochilus, Fitzinger, Erp. gén., t. VE, p. 444, qui n'a de fossettes qu'à la lèvre inférieure seulement. 4. N. de Gilbert, Gray — de l'Australie, port Essington. 2. N. de Schlegel, Gray.— Tortrix Loa, Schlegel, Abbild. amph., pl. 45. 34 PRODROME GÉNÉRAL Les Holodontiens Tortricides sont des Serpents qui vivent sur des terrains mobiles, dans l’intérieur desquels ils peuvent se cacher. Quelques-uns ont encore des vestiges de membres postérieurs représentés par de petits ergots, mais leur queue est extrêmement courte. Dans l’un des genres, elle est pres- que aussi grosse que le tronc, et dans l’autre elle est terminée en pointe. (Erpétologie générale, t. VI, p. 580.) G. V. Roureav. — Torraix, Oppel. Les yeux recouverts par une seule écaille ; les orifices des narines dans une seule plaque avec une scissure latérale. 4. R. scytale.—Erp. gén., p. 586; Schlegel,Abbild., pl. 35, fig. 4-4. G. VI. XenoreLtis. — Reinwardt, Isis, 4827, p. 564. Deux écussons au mi- lieu du vertex, les gastrostéges à six pans. 4. X. unicolore. — Wagler, Syst. amphib., p. 494, genre 93; de Java; Schlegel, Phys. Serp. , t. Il, p. 20, pl. 4, fig. 8-40. 2. X. leucocéphale, Reinwardt. —Schlegel le regarde comme non adulte ; de Sumatra. OPHIDIENS AGLYPHODONTES. APROTÉRODONTIENS (1). DEUXIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Semnblables aux Pythons, mais ils en diffèrent surtout parce que leurs os incisifs ou intermaxil- laires antérieurs, ne sont pas garnis de crochets ou de dents. (Erpétologie générale, tom. VI, pag. 450.) Nous les avons partagés en deux tribus, suivant qu'ils ont (1) De à privatif, sans, sine; tpérepoy, en avant, et de 6ÿoûc, 86vros : qui n’ont pas DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 35 la queue enroulante dite préhensile, ou que cette queue n’est pas enroulante, comme dans les genres de la famille précé- dente, et nous avons laissé à chacune le nom du chef de la tribu : ce sont, d’après lesgenres, les Érycides et les Boæides. Les Éryaines (p. 451) serapprochent des Tortrix du groupe précédent, parce que leur queue n’est pas préhensile ; ce ne sont pas des Serpents fouisseurs, quoiqu'ils puissent s’enfoncer dans les sables en raison de la forme particulière de leur mu- seau et du développement remarquable del’os intermaxillaire antérieur qui est unique ou impair, ce qui donne à la portion la plus avancée de la face la fonction d’un boutoir solide sur lequel peuvent s’arc-bouter les os. du nez, qui sont très-déve- loppés. Il n’y a, au reste, que deux genres : G. I. Ényx, composé de quatre espèces. Erpét. génér., t. VI, p. 454. 4. E. de John , nobis. — Boa anguiformis des auteurs. 2. E. javelot. — Jaculus, Daudin, et de la plupart des ophiolo- gistes. 3. E. de la Thébaïde, de Geoffroy Saint-Hilaire. — Égypte, pl. 6, fig. 4. 4. E. queue conique. — Boa conica, Schneider. Erpét. génér., t. VI, p. 470. G. Il. Cyzinprormis, Wagler. — Jlisia, Hemprich, Erpét. gén., t. VI, p. 591. Semblables aux Rouleaux, mais pas de dents intermaxil- laires (1); pas de scissure dans la plaque des narines; yeux à découvert : trois espèces inscrites. de dents antérieures ou dans les os intermaxillaires, mais qui, d'ailleurs, res- semblent aux Pythons. (1) Voilà pourquoi, malgré leurs analogies avec les Tortrix, auxquels nous les avions réunis dans l’Ærpétologie générale, nous les plaçons maintenant dans ce groupe, 36 PRODROME GÉNÉRAL 4. C. à dos noir. — C. melanota, Wagler; Schlegel, Abbild. amphib., pl. 35. 2. C. roussâtre. — C. rufa, Gray; Schlegel , t. II, p. 9. 3. C. tacheté. — C. maculata, Wagler; Schlegel, Phys. Serp., t. II, p. 42. Les BoÆipes, qui ont la queue enroulante , et qui ressem- blent par cela même aux Pythons, n’ont pas, comme ces der- niers, des crochets ou des rudiments de pattes sur les bords de leur cloaque, ni les dents incisives, mieux nommées inter- maxillaires antérieures. Dix genres appartiennent à ce groupe naturel, qui, lui-même, peut être partagé en deux grandes sections : chez lesuns, les écailles sont carénées ou portentune petite crête saillante (tome VI, pag. 377), tandis que l’écaillure est lisse chez les autres. Quatre genres de cette division des Boæides, comprenant les espèces qui ont les écailles carénées, ont été désignés sous les noms suivants. Ce sont ceux qui portent ici les n° 4, 5, 6 et 7. G. IV. Enxcre, Wagler — qui ont la tête revêtue d’un pavé d’écailles ou de petites squames irrégulières : deux espèces, p. 479. 4. E. caréné. —Boa carinata des auteurs ; Candoia, Gray. 2. E. de Bibron, de Hombron et Jacquinot. — Voyage au pôle Sud. G. V. Leptogoa, nobis. — Cascara, Gray, qui, avec des écailles caré- nées, ont des plaques symétriques sur le museau seulement, pag. 485. 4. L. de Dussumier. — Boa, Schlegel, t. IT, p. 396. G. VI. Troriporaipe, nobis. — Ungalia, Gray, qui ont le dessus de la tête recouvert de grandes plaques symétriques et les narines ouvertes entre deux écailles. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 37 4. T. mélanure, nobis. — Boa, Schlegel, t. IE, p. 599. 2. T. tacheté, maculatus, nobis. — Leionotus, Bibron, Hist. Cuba, pl. 24. G. VIL. PLarTycastRe, nobis. — Uroleptis, Fitzinger, p. 496 ; orifice des na- rines au milieu d’une plaque : urostéges sur un seul rang. 4. P. multicaréné, nobis. — Tortrix pseudo-eryx, Schlegel, t. I, p.49. Les genres dont l’écaillure est lisse, sont les suivants : LA G. VIII. Bo, Wagler — dont la tête est revêtue d’écailles, et non de pla- ques, et qui n’ont pas de fossettes labiales, p. 500 : quatre espèces. 4. B. constricteur, Linné. — Boiguacu des auteurs; Schlegel , t. II, p. 375. 2. B. diviniloque, nobis, et de Laurenti. — Séba, t. II, pl. 100. 3. B. empereur, Daudin. — Hist. Rept., t. V, p. 150. 4. B. chevalier, Eydoux. — Voyage de la Bonite, Zoologie, pl. 4. | ; G. IX. Pécopmice, nobis. — Tête couverte de plaques régulières ; narines la- térales ; écailles lisses ; pas de fossettes latérales. 4. P. de Madagascar, nobis. — Erpét. gén., t. VI, p. 524. G. X. Eongcre, Wagler. — Tête couverte de plaques irrégulières ; narines latérales ; des fossettes labiales, des écailles lisses, t. VI, p. 527. 4. E. murin, Wagler. — Boa murina des auteurs; Schlegel, t. II, p. 580. G.-XI. Xrpmosome, Wagler. — Ce genre se reconnaît aux fossettes labiales et aux plaques symétriques, qui n’occupent que le devant du mu- seau seulement; il réunit trois espèces, page 540. 4. X. canin, Wagler. — C'est le Bojobi de Séba et des auteurs ; Cuvier, Règn. anim., iconograph., pl. 49, fig. 2. 6 38 PRODROME GÉNÉRAL 2. X. parterre. Hortulanum, Wagler. — Boa, Schlegel, t. I p. 592. 5. X.de Madagascar, nobis. — Erpét. génér., t. VI, p. 549. ’ G. XIL. Éricrate, Wagler. — Ayant les caractères des Xiphosomes, mais des plaques symétriques dans toute la moitié antérieure de la face. A. E. cenchris, Wagler. — Une chaîne d’anneaux sur le dos. 2. E. angulifére, nobis.—Rept. Cuba, Ramon de la Sagra, pl. 25. G. XI. Caizasoture, nobis. — Point de fossettes labiales ; vertex recouvert de grandes plaques symétriques ; les écailles lisses. 1. C. inorné, nobjs. — Boa inornata, Reinhardt; Erpét. gén., t. VI, p. 565. lei se termine l'analyse de la partie descriptive de notre Erpétologie générale, comprise dans le sixième volume, publié en 1844. C'est un simple extrait, pour lequel il nous a paru inutile d'entrer dans beaucoup plus de détails. Il n’en sera pas de même pour les familles suivantes du même sous- ordre des Aglyphodontes, et pour le reste de ce travail, qui est encore inédit. Pour la synonymie des espèces, nous ne citons ici, le plus souvent, que le second volume de l’Æssai sur la physionomie des Serpents de M. Scucecer. Cet ouvrage est celui qui nous a été le plus utile; il est le plus complet, et il sera toujours consulté, en raison des connaissances profondes dont ce sa- vant naturaliste a fait preuve dans ses recherches bibliogra- phiques et dans ses descriptions particulières. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 39 OPHIDIENS AGLYPHODONTES. ACROCHORDIENS (1). TROISIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents Aglyphodontes, dont le des- sus et les côtés du corps sont revétus, au lieu d’écailles, de tubercules granulés, enchässés ou sertis dans la peau ; sans grandes plaques symétriques sur le vertex, qui est couvert, ainsi que la gorge, de très-petits tubercules. Ce groupe, des plus singuliers dans l’ordre des Ophidiens en général, et surtout parmi les espèces du sous-ordre dont tous les crochets dentaires sont sans cannelure, ne comprend jusqu'ici que trois espèces. Cependant elles diffèrent tellement entre elles, comme on le verra, qu’il a été nécessaire d’en fornter autant de genres distincts, qui se rapprochent sous d’autres points de vue. En effet, leur conformation et leurs habitudes, dépendant du lieu de leur séjour, sont tout autres. Les uns sont des Serpents terrestres, voisins des Boas; d’autres, par leurs habitudes, se rapprochent des Serpents venimeux qui se trouvent ordinairement dans la mer ou dans les lacs. Commeil y a peu d'espèces, nous ne croyons pas devoir pré- senter ici le moyen analytique qui les fait distinguer. L'un d’eux, et c’est le seul qui présente cette particularité, quoique ayant le dos, la tête et les flancs garnis seulement de tubercules carénés comme certains Sauriens, a le ventre (1) Ce nom, qui indique des verrues ou des tubercules de la peau, est em- prunté de l’expression grecque par laquelle on a désigné une des premières espèces connues. | 6, 4o PRODROME GÉNÉRAL & recouvert de larges plaques qui servent à la reptation comme chez le plus grand nombre des Serpents, et peut- être même chez la plupart des espèces dendrophides. Les tubercules du dos sont disposés de manière que, pla- cés deux à deux et parallèlement, puis suivis d’un tubereule impair, ils constituent une crête médiane qui se prolonge jusque sur la queue. De chaque côté il règne une carène saillante, mais formée par une série unique de tubercules. Le, dos semble par cela même creusé d’un double sillon bordé par ces lignes exhaussées. En outre, et par opposition à ce qu’on observe dans les deux genres suivants, la queue est très-prolongée, et de plus elle est garnie en dessous de plaques qui ne forment qu’une seule rangée : c’est le genre Xénoderme. Dans les deux autres genres, il n’y a pas de gastrostéges ou de grandes plaques ventrales; le corps est uniformément protégé par des tubercules cornés, dont le centre est très- saillant. La queue est courte, et tout au plus atteint-elle, en longueur, la dixième partie de celle du tronc; mais ces deux genres sont bien différents pour la forme générale et les ha- bitudes. Dans l’un de ces genres, qui est terrestre, les flancs sont à peu près arrondis, ainsi que la queue courte, qui peut se re- courber un peu en dessous sur elle-même. Elle ést presque trigone et tronquée, et le ventre est plat, quoiqu'il présente dans la ligne médiane une légère saillie correspondante à la série des tubercules, qui se joignent deux à deux sur une sorte de suture. C’est à ces caractères que l’on reconnaît le genre Æcrochorde. Enfin, dans les Chersydres, qui vivent habituellement dans .DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 41 l’eau, le corps est comprimé de gauche à droite, le dos épais, la ligne moyenne inférieure amincie insensiblement en lame de couteau, comme la queue; celle-ci, quoique recourbée en dessous, offre cependant une ligne tranchante. Les trois genres sont donc faciles à distinguer. Fous ces Serpents ont été recueillis aux Indesorientales, à Java, à Sumatra. G. [. Acrocuonne, Hornstedt. — Corps couvert de tubercules arrondis, sans gastrostéges distinctes et à ventre plat. 4. A. de Java ou douteux. — Journal de l'abbé Rozier, t, XXI, fig. cop., p. 524. G. IT. Cuersyore, Cuvier.— Corps tuberculeux, comprimé, sans gastrostéges et à ventre étroit, tranchant et concave. 1. C. à bandes ou granulé. — Shaw, Zool. gén. , t. HE, fig. 450, p. 576. e G. HE XÉNODERME, Reinhardt. — Corps arrondi, couvert de gros tubercules en dessus ; ventre revêtu de grandes gastrostéges ; queue longue avec des urostéges. 4. X. gonyonotus, Gray. — Plumbeus, in Stokers’s Australia, Append. 5, tab. 4. (Exemplaire prêté par M. le professeur Lich- tenstein de Berlin.) 42 PRODROME GÉNERAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES. CALAMARIENS. QUATRIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Corps très-gréle, arrondi, et presque de méme grosseur de la téte à la queue. Nous désignons cette famille sous le nom de l’un des gen- res principaux, dont la plupart des espèces avaient été ran- gées parmi les Couleuvres. Comme leur corps est grêle, qu'il n’atteint, le plus souvent, que la grosseur d’une tige de plume d’oie, et qu'il offre le même diamètre dans toute son étendue, on les a appelées Calamaria, d’après Box l'aîné, qui les a nommées ainsi en les comparant à des tuyaux de plume dans son Ærpétologie de Java. Toutes les espèces qui se trouvent ainsi réunies sont ter- restres ; elles aiment l'obscurité. Dans le jour, elles cherchent à s’abriter sous les pierres, ou dans des touffes épaisses de végétaux, parce qu’elles sont faibles et qu'elles ne peuvent grimper sur les arbres. En outre, leur bouche étroite est telle- ment exiguê, à cause de la brièveté de leurs mächoires ; elle est si peu armée en raison de la faiblesse des crochets dont elles sont garnies, qu'afin de pourvoir à leur nourriture, tous ces petits Serpents sont forcés de se contenter d'insectes, de vers ou de mollusques de très-faibles dimensions en général, et jamais ils ne s'emparent d'animaux vertébrés. Nous donnons l’histoire de ce groupe, d’après MM. Wagler et Schlegel. Cependant les motifs qui nous ont dirigé dans nos études nous ont forcé d'y apporter plusieurs change- ments, puisque nous n'avons dû y inscrire que des espèces à + DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 43 crochets sans cannelure , les Opisthoglyphes devant en être forcément éloignés. Neuf genres sont répartis dans cette famille; en voici le ta- bleau d’après l'analyse : TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA FAMILLE DES CALAMARIENS. CaracTÈRES. — Aglyphodontes à corps gréle, arrondi de la tête à la queue. obtuse 2. CaLAmaAR. | arrondi ; / longue 3. RagposomE. queue) : pointue courte ; (étroites... 4. HomaLosome. doubles ; museau { gastrostéges : lisses : larges .... à. Ragpiox. “urostéges : 1 Evan : 5 conique, mais déprimé 8. Canporuis. , [distinctes ; à : | $ écailles simples et très-larges à 7. ASPIDURE. u ÿ obtuse ; corps cylindrique, épais | 6. ÉLapoipr. conique et très-petite; corps grêle..........:.-...... 9. CGNOCÉPHALE PALAIS A DENT | carénées ; tête nulles ; semblables aux Upérolissiens de la famille suivante................... ... 1. Ouiconox. . G. TL Les Oricopons de H. Boté, qui n’ont pas de crochets palatins, de même que les Upérolissiens de la famille suivante, mais chez lesquels on trouve ici des gastrostéèges larges et formant le tiers de la circonférence du tronc. Nous avons reconnu quatre espèces. 4 1. O. subquadratum, qui a des taches carrées, noires sur les gas- trostéges : c'est le Calamaria oligodon de M. Schlegel: de Java. 2. O. sublineatum, qui a trois raies noires le long du ventre : de Ceylan. 3. O. subpunctatum , dont les gastrostéges et les urostéges por- tent, sur leur bord externe, un point noir parfaitement régulier : du Malabar. AA PRODROMÉ GÉNÉRAL 4. O. subgriseum. — Cette espèce n’a ni lignes, ni points, ni taches carrées sous le ventre : de Pondichéry. G. Il. Le second genre, celui des CazawariA , est le principal et le plus nombreux. Nous y avons inscrit plus de douze espèces et beau- coup de variétés. Les écailles sont lisses, polies; les urostéges doubles, ou distribuées sur deux rangs; le museau est arrondi et la queue obtuse. La tête ne se distingue pas du tronc pour la grosseur, etil y a des dents palatines. La plupart des espèces sont originaires des Indes, de Java, de Sumatra, de Bornéo ou de Célèbes. 4. C. de Linné. Figurée dans notre Erpétologie, pl. 64 : c’est l’es- pèce la plus anciennement connue, et elle présente plusieurs variétés. . C. versicolor — de Ranzani. . C. pavimentata, nobis — de Java. . C. 4-maculata, nobis — de Java. . C. modesta , nobis — de Java. . C. Gervaisii , nobis. — Décrit sous le nom de virgulata par Gervais : de Java. 7. C. bicolor, Schlegel, 1845 — de Bornéo. 8. G. Schlegeli, nobis — de Bornéo. 9. C. leucocephala , nobis. 10. C. vermiformis, nobis — de Java. A4. C. Temminckii, nobis — de Sumatra. 42. C. lumbricidea , H. Boié — de Célèbes et de Java. ES JO À Or D G. IL. Letroisième genre de cette famille des Calamariens est le RasposowA (4), établi par nous avec ce caractère principal : une queue allongée , pointue et conique, sur un corps gréle, arrondi, à écailles lisses ; urostéges en rang double. Il comprend six espèces. A" espèce. R. mi-cerclé, nobis— du Mexique, d'après six individus, PE É (1) De 646306, baguette, et de cüux, corps. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. + 2° R. bai, badium-semidoliatum.—Brachyorrhos, H. Boié, Wagler : Cayenne, Surinam. 5° R. à collier, torquatum. — Brachyorrhos , H. Boiïé : de Surinam , de la Bolivie. 4° R. grosse queue, crassi-caudatum , nobis. — Bogota ( Nouvelle- Grenade). 5° R. rayé, lineatum, nobis — de Java. 6° R. longue queue, longicaudatum, nobis — de Java. G. IV. Le quatrième genre, sous le nom d’Howarosoma, a été établi par Wa- gler. Il est caractérisé par ses écailles lisses; ses urostéges sont en double rang, les gastrostéges très-étroites, et la queue est courte, pointue. Il ne comprend que l'espèce appelée par Linné Coluber lutrix, du cap de Bonne-Espérance. C’est la Calamaria arctiventris. Schlegel. G. V. Le cinquième genre a été désigné par nous sous le nom de RaBpiox (petite baguette). Il ne diffère essentiellement du genre précédent que par la largeur de ses gastrostéges : deux espèces sont rangées ici. 4. Le R. de Forster, nobis — qui a été rapporté de Célèbes par ce voyageur. 2. Le R. à collier, torquatum , nobis — de Macassar. G. VI. Le sixième genre, nommé Ezapoïnis par M. H. Boié, a les écailles carénées, la tête comme tronquée, et le corps cylindrique, épais. Il ne comprend qu’une espèce de Java. M. Schlegel l’a regardée et inscrite comme une espèce de Calamaria , tom. Il, p. 44 de son Essai. G. VIT. Le septième genre, établi par Wagler sous le nom d’Asriura, a des écailles lisses, et ses urostéges sont simples ou sur un seul rang et très-larges, ce qui lui a valu son nom. Il ne comprend qu’une espèce, sous le nom de Scytale, qui cor- respond à la Calamaria du même nom de M. Schlegel, tom. Il, pag. 42, n° 42; elle est originaire de Ceylan et des Philippines. / fG.LS PRODROME GÉNÉRAL G. VIT. Sous le nom de Carropais (Serpent en bâton), nous avons désigné le huitième genre, caractérisé par ses écailles lisses, ses urostéges dou- bles et son museau conique, mais déprimé : des deux espèces qu'il réunit , l’une, sous le nom d’Amæna, était une Calamaire de M. Schlegel, tom. II, pag. 51, n° 4. La seconde est une espèce nouvelle que nous avons appelée Harpertii, et qui nous a été envoyée de Savannah, dans la Caroline du Sud, par le voyageur dont elle porte le nom. G. IX. Le dernier genre de cette famille, ou le neuvième, a reçu de nous le nom de Coxocépgase , indiquant la forme conique de sa tête, qui est très-petite; son corps est grêle et ses écailles sont carénées. Une seule espèce. Nous lui avons conservé le nom de Stria- tulus ; elle correspond au Coluber du même nom, que Gmelin avait inscrit à la page 4087 de la partie IT du Systema naturæ de Linné. C’est la Calamaire striée. (Schlegel, tom. II, pag. 43), espèce américaine. | On ne trouvera plus dans cette famille les espèces suivan- tes, que M. Schlegel avait inscrites dans le genre Calamaria, qui en était le type : soit celles qui sont aujourd’hui compri- ses dans les huit autres genres du même groupe; soit qu’elles äppartiennent à d’autres divisions. Ce sont ces dernières que nous croyons devoir indiquer et que nous rangeons parmi : 4° Les Aglyphodontes. — La Calam. brachyorrhos, qui est un Leptognathien. B. albus, n° 1 ; 2° Les Opisthoglyphes sténocéphaliens.—C. atrocincta. Elapomor- phus, n° 4. C. Blumii, id., n° 6. C Dorbignyi, id., conspicil- latus, n° 7. C. melanocephala, id., n° 2; 3° Parmi les Protéroglyphes conocerques.—C. diadema, G. Furine, n° 4. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 4e OPHIDIENS AGLYPHODONTES. UPÉROLISSIENS. CINQUIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS.—Serpents Aglyphodontes, sans dents au palais. Nous avons désigné, sous ce nom d’UPÉRoLISSIENS (1), les Serpents dont les dents ou les crochets des os sus et sous- maxillaires, étant lisses ou sans cannelures, sont remarquables par ce caractère, qu'ils manquent entièrement de crochets pa- latins et ptérygoïdiens, dont l'existence est si générale dans tout l’ordre des Ophidiens. C’est ce qui fait que la voûte de leur palais est polie entre les deux rangées des longues dents susmaxillaires. La place naturelle qui doit être assignée à ces Serpents est assez douteuse, dans le sous-ordre auquel nous les rap- portons. Il y a un peu d’inégalité dans la longueur propor- tionnelle de la rangée supérieure des crochets, et ceux qui garnissent la région moyenne du bord susmaxillaire sont là un peu plus longs et plus forts qu'aux deux extrémités. Cette disposition fait que, lorsque la proie est saisie entre les deux mächoires, elle se trouve beaucoup plus solidement retenue sur les bords externes de la bouche; ce qui semble d'autant plus nécessaire, que la victime ne pouvait être accrochée et arrêtée dans la région médiane du palais, puisqu'il n'y a pas là de crochets. (1) De ômepwa, le palais, palatum, et de ook, lisse, læve, sans aspérités : palais lisse, plan, ou sans crochets. _ /° 48 PRODROME GÉNÉRAL Un seul genre, celui des Oligodons, de la famille précé- dente, qui est celle des Calamariens, semble lier ces deux groupes; mais ici les gastrostéges sont un peu plus distinc- tes, et le bout de la queue est terminé brusquement, comme s’il avait été tronqué. Il se trouve, en outre, protégé par une sorte d’étui caudal d’une solidité remarquable. Les espèces des genres rapportés à ce groupe ont le corps court, arrondi, et cependant un peu plus épais vers la queue; elle est courte, quelquefois tronquée et protégée par des écailles plus solides qui deviennent comme des boucliers protecteurs. D'ailleurs, la tête étant en arrière confondue avec le tronc, et le museau prolongé au-dessus de la bouche qui est petite, nous avons cru trouver quelque analogie dans leur physionomie générale avec les Rouleaux, Tortrix, et les Cylindrophuis, qui leur ressemblent par la forme du tronc : mais ces derniers ont le palais garni de crochets bien dis- tincts. C'est, comme nous avons bien soin de l'indiquer, à M. J. Müller que l’on doit l'indication de cette famille, dans laquelle il ne plaçait que les deux premiers genres, auxquels nous avons cru devoir en associer deux autres. Ainsi, quatre genres, dont nous allons faire connaître les noms, appartiennent à cette famille et sont faciles à distin- guer. Dans l’un de ces genres, une seule grande écaille, terminée en pointe, protége le petit bout du tronc, quiest moins tron- qué que dans les trois autres : nous l’avons nommé, à cause de cette pointe qui représente un aiguillon, Plectrurus. Dans les trois autres genres, la queue est plus distincte- ment comme mutilée ; elle est arrondie et enveloppée d’une : DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 49 plaque cornée mousse, dans le genre que M. Hemprich avait appelé Rhinophis. . La queue est plate et terminée par une seule écaille épi- neuse dans le genre Uropeltis de Cuvier, et par plusieurs la- mes carénées dans un genre que nous avons appelé Colobu- rus. Ce sont tous Serpents des Indes orientales. Six espèces appartiennent à cette famille : G. J. Rainorms , dont la queue en cône, tronquée à son extrémité libre, est enveloppée dans une seule écaille cornée. 4. R. Philippinus, de Müller. — Typhlops de Cuvier, Règne animal , t. Il, p. 74, n°5. 2. R. oxyrrhynchus.—Hemprich, Wagler, Syst. amph., p.195. 5. R. punctatus. — Müller; pseudo-typhlops , oxyrrhynchus, Schlegel, Abbild., t. XIE, p. 45. G. Il. Urorscris, Cuvier. — Queue plate, comme tronquée, terminée par une pointe ; les autres écailles lisses. 4. U. Philippinus, Gervais. — Mag. zool., Guérin, class. El, pl. 45. G. 11. Cocogurus. —Queueplate, tronquée, terminée par des rangées d’écailles à deux carènes et épineuses. 4. C. Ceylanicus. — Pseudo -typhlops, Schlegel, Abbild. amph. , p. 45. | G. IV. PLecrrurus. — Queue courte, un peu conique, enveloppée à sa pointe par une plaque hérissée d’épines. 4. P. Perrotetii. — Espèce nouvelle, recueillie sur les monts Nil- gherries (Indes orientales), pl. 1, n° 5 de ce mémoire (la tête osseuse). 50 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES. PLAGIODONTIENS. SIXIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. — Les crochets ou dents susmaxil- laires, et surtout les pointes acérées et nombreuses des os ptérygo-palatins, sont toutes dirigées en dedans et portées en travers les unes vers les autres et dans la ligne mé- diane. Cette disposition est très-remarquable dans des animaux vertébrés, car elle n’a d’analogie que dans les mächoires paires de plusieurs Annelides dont la matière cornée et tran- chante offre une organisation qui correspond à un même usage, celui de retenir la proie dans la région moyenne de la bouche. (Voir la figure de la tête osseuse sur la planche [", n° 6, jointe à ce mémoire : c’est celle du Plagiodon Hélène.) D'un autre côté, la faiblesse des mâchoires et la direction inclinée des dents vers la ligne moyenne du palais semblent rapprocher le genre unique, mais très-remarquable, qui se trouve jusqu'ici compris dans cette famille, de celle des Upé- rolissiens d’une part, de l’autre de celle des Calamariens par les Oligodons, et, sous quelques rapports, de la famille des Leptognathiens. Le corps est revêtu sur les côtés d’écailles lisses, à peu près semblables entre elles ; cependant celles du dos portent une petite ligne saillante. Les gastrostéges se relèvent contre les (1) De rxyus, oblique, en travers, transversus, et 86oûc, 68ovros, dent. 2 DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 91 flancs; celle qui recouvre l’orifice du cloaque est unique. Les urostéges sont distribuées sur deux rangs ; mais le bout de la queue est emboîté dans une écaille conique qui porte en dessus la trace d’un sillon. Tous, comme Aglyphodontes, ont les dents lisses à peu près égales entre elles pour la longueur, et parce que leurs téguments sont recouverts d’écailles ; mais le peu de longueur des crochets et leur convergence vers la ligne moyenne de la bouche ont été les motifs qui nous ont engagé à les iso- ler ainsi pour former les types d’une famille nouvelle, dans laquelle on aura sans doute occasion de faire entrer d’autres espèces par la suite, quand les occasions pourront se pré- senter d'observer cette particularité; mais jusqu'ici nous n'y avons rangé qu'un seul genre, qui sera nommé PLraGionon (nobis). Le caractère assigné à cette famille suffira, puisqu'il n'y a Jusqu'ici que ce seul genre, dans lequel on a placé les deux espèces suivantes : 4. P. Hélène. — Couleuvre Hélène, Daudin, Rept. 6, pl. 96; co- piée de Russel, Serpents des Indes, pl. 52, du Bengale. Nous avons fait représenter ses mâchoires dans la figure 6 de la pre- mière planche jointe à ce Mémoire. 2. P. queue rouge.—Erythrurus, Sal. Muller; du musée de Ber- lin : de Java. 592 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES. ISODONTIENS. SEPTIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. 7 'outes les dents sont semblables ; la téte est distinguée du cou par sa largeur. Ainsi que ce nom est destiné à le faire connaître, cette fa- mille comprend des Serpents dont toutes les dents sont sans cannelures, et dont celles qui garnissent en particulier le bord des os susmaxillaires, placées presqu'a égales distances entre elles, sont en même temps de longueur à peu près semblable. Rangés dans le sous-ordre des Aglyphodontes, les genres placés dans ce groupe nombreux réunissent toutes les espè- ces qui auraient pu être considérées comme de véritables Cou- leuvres; mais, pour la facilité de l'étude et de.la classification, nous avons dû les rapprocher entre elles et les distinguer de toutes les autres familles d’après les considérations suivantes. D'abord des Syncrantériens et des Diacrantériens, dont les crochets postérieurs sont beaucoup plus longs et plus forts que ceux qui les précèdent sur la même rangée. Secondement des Æolodontiens et des Æprotérodontiens, dont les dents susmaxillaires vont en diminuant de devant en arrière, avec cette particularité, que les premiers offrent en devant des crochets particuliers implantés dans l'os inci- sif, qui ne se retrouvent chez aucun autre Serpent. Viennent ensuite les Zycodontiens, dont quelques dents de l’une ou de l’autre mâchoire sont beaucoup plus longues que celles qui font partie de la même série ou du même rang ; les Leptognathiens, dont les mâchoires supérieures sont cour- tes et les crochets très-faibles; les Upérolissiens, ayant les os DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 33 ptérygo-palatins lisses, ou la partie moyenne du palais pri- vée de crochets, ce qui les distingue par cela même de tous les autres Serpents. Près de cette famille peut se ranger celle de quelques petits Serpents dont les mâchoires sont aussi très-faibles, mais dont les os palatins sont garnis, ainsi que les susmaxillaires, de fort petits crochets dont les pointes sont dirigées en dedans, ou tournées et inclinées à l'intérieur, et que nous avons nom- més, à cause de cette particularité, les Plagiodontiens. Viennent ensuite deux familles que la forme particulière des écailles ou leur apparence extérieure fait distinguer de prime abord : savoir, les Æcrochordiens, dont la peau est garnie de tubercules enchâssés, rugueux et saillants comme des aspérités ; tandis qu’au contraire des écailles lisses et si- tuées les unes sur les autres, à la manière des tuiles, rendent la surface de la peau des Calamariens lisse et polie, en même temps que la totalité de leur corps est le plus souvent à peu près de la même grosseur de la tête à la queue. Il ne reste donc que les Colubriens, qui sont en effet sem- blables aux Serpents rapportés à la famille particulière que nous étudions ici; mais ils en diffèrent par cela seul que leurs crochets susmaxillaires vont successivement en croissant de longueur de devant en arrière, tandis que dans les Zsodontiens ces dents sont toutes semblables en force et en longueur, et espacées à peu près à des distances égales. Les neuf genres que nous avons inscrits dans cette famille réunissent, comme on va le voir, un grand nombre d'espèces qui ontentreellesbeaucoup de rapports et une si grande ana- logie que nous avons été obligés, pour établir leur arrange- ment méthodique, de nous arrêter à des caractères extérieurs 8 F LA # 54 PRODROME GÉNÉRAL qui nous ont offert un moyen assez commode pour détermi- ner le rapprochement des espèces. Ainsi, à la première vue, on reconnaîtra le genre Dendro- phide, parce que, semblable aux Bongares sous le rapport de la distribution et de la forme des écailles, on voit le long du dos de ces Serpents une série de plaques polygones, plus grandes que les écailles des parties latérales du tronc, qui est très-long et terminé par une grande queue. Un second moyen, artificiel il est vrai, mais utile pour séparer deux autres genres de cette famille, c’est la forme gé- nérale du tronc, qui, au lieu d'êtrearrondi et à peu près cylin- drique,se trouve comprimé latéralement, de sorte que la hau- teur verticale l'emporte évidemment sur la coupe qui en serait faite en travers ou horizontalement. Dans l’un, celui des Spi- lotes, la tête estcourte, presque aussi haute que large, et assez distincte du tronc. Les espèces qui, ayant encore le corps com- primé, ont la tête mince et allongée, sont réunies sous le nom générique de Gonyosome. Dans toutes les autres Couleuvres à dents lisses, égales en longueur et rangées à des intervalles à peu près semblables, le tronc est arrondi, et, si on le tranchait en travers, la hauteur et la largeur seraient les mêmes. Parmi celles-là, nous distin- guons les espèces dont le museau est prolongé et s’avance comme une sorte de groin; elles constituent le genre que M. Michaelles à désigné sous le nom de Rhinechis, et qui offre cette particularité, que les écailles sont lisses chez les uns et carénées chez les autres. Dans les espèces dontle museau est mousse ou arrondi, il en est, comme celles du genre Æerpétodryas, dont la queue est fort longue et atteint près de la moitié de la totalité du ox DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 5 corps; tandis qu'elle est, au contraire, très-courte et très- robuste, dans le genre que nous appelons Callopisme. Lors- que, à une queue, médiocre pour la longueur et les dimen- sions , il se joint des écailles lisses, ce sont des Æblabés; ou quand ces écailles sont garnies d’une ligne saillante, on re- connaît par la position des narines, comme dans tous les Ser- pents qui vivent dans l’eau, que ces espèces appartiennent au genre Zrétanorhine, lorsque ces orifices sont rappro- chés et percés presque verticalement; mais quand les trous des narines sont situés latéralement, ces Serpents constituent le genre Élaphe, qu'on ne retrouve pas dans les eaux. Le tableau synoptique suivant donne l'analyse de cet ar- rangement systématique, dans lequel l’ordre de numéros place successivement les Serpents qui aiment à grimper sur les arbres, puis ceux qui sont plus terrestres. TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES DE LA FAMILLE DES ISODONTIENS. Caractères : Aglyphodontes à crochets égaux entre eux et également espaces. pu SA courte, épaisse. 4. SPILOTES. comprimé, plus haut que large ; à tête | longue, mince. 3. Gonyosome. sé latérales 6. ÉLapue. médiocre; | CAFÉRES ; Lis narines {| verticales .... 9. TRÉTANORHINE. écailles : | peu longue | lisses . ABLABÉS. . [| mousse ; arrondi ; queue | museau très-longue et de moitié du tronc ; yeux très-grands. 2. Herpéropryas. | très-courte et robuste. ............ . CALLOPISME. ÉcaILLes DU DOS pointu, terminé par une sorte de boutoir 5. Ruinecnis. ‘ plus grandes dans la région médiane . DenproPHiDE. 56 PRODROME GÉNÉRAL G. I. Denvrormne. — Écailles du dos polygones, grandes, formant une seule rangée longitudinale, ou deux chez une espèce. 4. D. picta, Boié, Schlegel, t. IT, p. 228, n° 4. 2. D. Adonis. — Formosa, Schlegel, ibid., p. 252, n° 5. 5. D. 6-lineata. — Espèce nouvelle. 4. D. viridis. — Espèce nouvelle. G. I. Herreronryas, Boié.— Corps arrondi, à museau mousse, à queue très- longue, formant près de la moitié de l’ensemble. 4. H. carinatus, Linné. — Schlegel, t. IT, pag. 495 : Rio- Janeiro. 2. H. Boddaertii, Meyer. — Schlegel, t. Il, p. 485 : Surinam. 3. H. æstivus, Linné. — Schlegel, t. IT, p. 486 : de la Marti- nique. | 4. H. Psammophis. — Schlegel , t. IT, p. 195 : Nouvelle-Or- léans, M. Barabino. 5. H. Bernieri, nobis. — Var. de Psammophis moniliger, de Schlegel ; Élaphre, Atlas de l'Erpét. génér., pl. 66, n° 4, 2, 5. 6. 4-lineatus. — Nouvelle espèce de Madagascar. G. HT. Gonxosoma, Wagler. — Corps très-long, comprimé, à carène du dos très-saillante, à ventre plat, anguleux ; tête très-longue, à museau pointu ; les écailles lisses, lancéolées. 4. G. oxycephalum, Reinwardt.— Viride, Wagler, Amph., t. IX : Asie. G. IV. Sprirotes, Wagler. — Corps comprimé, à gastrostéges relevées sur les flancs ; tête courte, presque aussi haute que large; à écailles du tronc rhomboïdales, lisses ou carénées. 4. S. variabilis, Neuwied, Beitr. und Abbild. zur Brasil; Schlegel, t. Il, p.450. : 2. S. Coraïs, Cuvier. — Schlegel, t. II, p. 139. G. V. Raecuis, Michaelles. — Corps arrondi, à museau pointu, terminé par une plaque rostrale très- épaisse, fortement arquée dans le sens vertical, queue courte. (2 sous-genres : Rhinechis n°4, Pi- tuophis n° 2, 5 et 4.) DE LA CIASSIFICATION DES SERPENTS. 57 4. R. scalaris, Bonaparte.—Faun. ital. ; Xenodon Michaelles de Schlegel, t. 11, p. 92, et de la France méridionale. 2. R. melanoleucus, nobis.—Pityophis, Holbrook, Amer. Herpet., vol. IV, p.7, pl. 14. 3. R. mexicanus, nobis. — Pityophis nobis; Anasime, pl. 62, fig. 1, 2,5, 4, de l'Atlas de l’'Erpét. génér. 4. R. vertebralis, Blainville. — Nouv. Ann. du Muséum, t. IV, pag. 493, pl. 27, fig. 42. G. VI. Ézarms, ancien nom. — Corps arrondi, à écailles du dos semblables aux latérales et carénées , narines sur les côtés du museau, qui est mousse. (2 sous-genres : Elaphis, 4-14 ; Compsosoma, 15-18.) 4. E. pleurostictus, nobis. — Donné par le muséum de Berlin : de Montevideo. 2. E. reticulatus, nobis. — Du musée de Marseille : par échange. 3. E. Dione, Pallas. — Iter, t. II, p. 747 : de l’Oural. 4. E. 4-radiatus, Lacépède. — Schlegel, t. IE, p. 459, pl. 6. 5. E. virgatus. — Schlegel, t. Il, p. 445 : du Japon. 6. E. 4-vittatus, nobis. — Holbrook, Coluber, North-Amer. Herpet. / 7. E. Deppei — du musée de Berlin, en communication. 8. E. spiloïdes,enobis — de la Nouvelle-Orléans. 9. E. rubriceps, nobis — de l’Amér. sept. : M. de Castelnav. 40. E. Holbrookii, nobis — de Charlestown : M. Milbert. 44. E. guttatus, Linné.—Coluber, Holbrook, Herp., t. IE, pl. 44. 42. E. Æsculapii, Lacép.—Schlegel, t. IE, p. 450, pl. v, fig. 4-2. 45. E. conspicillatus, Boié. — Schlegel, t. IF, p. 474, n° 27. 44. E. sauromales, Pallas. — Nordmann, Voyag. Russie, t. IT, pl. vi. 45. E. radiatus, Compsosoma, nobis. — Schlegel, t. IE, p.455. 46. E. subradiatus, Compsosoma. — Schlegel , Abbild. amph., pl. xxvur et pl. xxx. 47. E. melanurus, Cnmpsosoma. — Schlegel, t. IT, p. 444. 48. E. 4-lineatus, Compsosoma. — Schlegel, t. II, p. 447. 58 PRODROME GÉNÉRAL G. VIT. Agragés, nobis. — Corps arrondi, à museau mousse , à écailles lisses. 4. A. rufula, nobis. — Coronella, Lichtenstein, Mus. Berlin, p.105. 2. A. punctata. — Schlegel, t. IE, p. 74; Linné. — Schlegel, t. IE, p. 59 : Calamaria. 3. À. rubescens. — Malpolon, Fitzinger. — Classific., p. 59. 4. A. Baliodeira. — Schlegel, t. IT, p. 64, pl. n, fig. 9-40. 5. À. triangulum, nobis. — Lacép., t. II, p. 331. 6. À. quadrilineata, Pallas. — Leopardina, Bonaparte, Faune italienne. 7. À. sexlineata. -— Espèce nouvelle. . À. decemlineata. — Espèce nouvelle. . A. melanocephala.— Col. Linné Mus., pl. xv, fig. 2; Calama- ria, Schlepel, t. 11, p. 58 : Brésil (4). 40. A. rhodogaster. —Wagler ; Serp. Brésil, Herpetodryas, Schle- gel, t. Il, p. 1493. A1. A. geminata, Boié; Herpetodryas, Schlegel, t. 11, p. 494. 42. A. annulata, nobis. Espèce nouvelle. — Vera-Paz, Guatemala. G. VIT. CarLoriswa , nobis. — Corps arrondi, à queue très-courte et fort ro- © buste, écailles lisses, narines percées en rond dans une seule plaque. 4. C. erythrogramma, Palissot. — Daudin, Rept. VII, p. 95, pl. 85 : Amér. sept. d 2. C. Abacura, Holbrook. — North-Amer. , t. III, p. 407; Atlas de l’Erpét. génér., pl. 65. 5. C. plicatilis, Linné.—Schlegel, Homalopsis, t. IE, p.355, pl. xur. G. IX. TRÉTANORHINE, nobis. — Corps arrondi, à museau mousse, à écailles carénées, et rarines percées sur le milieu du museau. 1. T. variabilis, nobis. — Espèce nouvelle : origine inconnue. (1) Les quatre dernières espèces de ce genre auraient pu constituer un genre distinct, à cause de la conformation singulière de los maxillaire inférieur, dont la branche qui porte les dents se trouve réduite, en avant, au dixième de la longueur totale ; mais elle se reporte en arrière comme une lame mince et dentée, qui reste libre et tout à fait isolée à son extrémité. Il en est de même chez le Xenopeltis unicolore, qui est un Holodontien. Le nom d’Énicognathe serait propre à indiquer cette conformation remarquable. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 929 OPHIDIENS AGLYPHODONTES. COLUBRIENS (1). HUITIÈME FAMILLE. CaRACTÈRES ESSENTIELS. Serpents a crochets lisses, croissant successivement en longueur de devant en arrière. Un seul genre, dont nous avons conservé la dénomination, employée depuis plusieurs siècles en histoirenaturelle, corres- pond à cette famille. D’après l’arrangement systématique que nous avons proposé pour la classification comparée des divers groupes du sous-ordre des Aglyphodontes, ces COLUBRIENS se font aisément distinguer de toutes les autres familles, ainsi que nous l’avons établi dans les considérations qui précèdent l’histoire des Isodontiens, avec lesquels ces Serpents ont les plus grands rapports. C’est par la longueur proportionnelle des dents de ce genre particulier que nous avons dû les dis- tinguer, puisqu'ici les crochets vont en augmentant successi- vement de devant en arrière ; tandis que les dents lisses sont toutes de même longueur ou presque égales les unes aux au- tres chez les Isodontiens. D'ailleurs les mœurset les habitudes sont les mêmes, et presque tous les auteurs avaient réuni ces espèces dans le même genre Coluber. Le genre CouLEUVRE ainsi caractérisé par la manière dont les crochets lisses augmentent successivement en longueur, du bord antérieur de l'os susmaxillaire à son extrémité posté- (1) Ce nom de Coluber et de Colubra, que nous traduisons en francais par Cou- leuvre, est très-anciennement employé comme indiquant un Serpent par Pline, par Ovide, etc. 60 PRODROME GÉNÉRAL rieure, réunit des Serpents de grande taille, à formes élancées, dont le tronc est un peu comprimé, mince derrière la tête, qui est plus large, conique, et dont le museau est mousse ; la queue est généralement mince et assez effilée. Il y a, parmi les espèces, une différence notable pour la forme et la surface des écailles, qui sont plus ou moins allongées, lisses ou caré- nées. Jusqu'ici nous n’avons pu rapporter au genre Coluber, tel que nous venons de le caractériser, que les espèces suivantes que nous inscrivons seules jusqu'ici dans cette famille, et qui sont toutes exotiques. 4. C. pantherinus, Merrem. — Beitr., Il, p. 49, pl. nu; Schlegel, t. II, p. 445 : Rio de Janeiro; M. Gaudichaud. 2. C. Korros, Reinwardt. — Cancellatus, Oppel; Schlegel, t. IF, p. 459 : Sumatra; MM. Duvaucel, Kunhardt. 3. C. constrictor, Linné. — Schlegel , t. IT, p.155, pl. v, fig. 5-4: de la Caroline; par M. Bosc. 4. C. Blumenbachii, Merrem. — Natrix, n° 402, p. 119; Syst. amph. du Bengale; M. Duvaucel. 5. C. sublutescens. — Reinwardt : de Java; par M. Diard. DE JA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 61 OPHIDIENS AGLYPHODONTES. LYCODONTIENS (1). NEUVIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à dents ou crochets non cannelés, les antérieurs beaucoup plus longs ou plus forts que ceux qui suivent, et qui forment une série nombreuse continue ou sans espaces vides ; corps cylindrique, mais a téte plus large que le cou. Sous ce nom de Zycodon, indiqué comme genre dès 1827 par H. Boié, et qui a été adopté depuis par plusieurs auteurs, on avait réuni des espèces qui, suivant nous, ne pouvaient rester ainsi confondues. Cependant, nous en avons laissé quel- ques-unes comme types sous cette même dénomination, pro- pre à rappeler qu’on retrouve dans toutes les espèces les mà- choires garnies de crochets formant une série continue, mais dont la région antérieure en offre plusieurs qui diffèrent pour la grosseur, la force et la longueur ; aussi a-t-on comparé ces dents aux crocs des chiens ou des loups. (Voir la pl. 1, fig. 5.) La plupart des ophiologistes n’avaient pas eu occasion de mettre l'importance que nous leur avons attribuée, à l'absence ou à la présence des dents postérieures lisses ou cannelées des os susmaxillaires; ils avaient réuni, sans distinction, toutes les espèces dont les deux mächoires portaient de lon- gues dents en avant. Or, les espèces à dents sillonnées poste- ————— (1) Nous avons pris ce nom de celui du genre principal, Zycodon , qui signi- fie dent de loup. Y 62 PRODROME GÉNÉRAL rieures, c'est-à-dire celles du sous-ordre des Opisthoglyphes, qui ont des crochets inégaux ou irréguliers, sont pour nous des Anisodontiens, qu’on trouvera décrits sous les noms géné- riques de Lycognathe, Scytale, Brachyrrhuton et Oxyrrhope. La longueur relative des crochets antérieurs n’est pas la seule particularité, unie aux crochets lisses postérieurs, qui distingue cette famille des Lycodontiens. Il est d’autres obser- vations que l’examen comparé a fait connaître, et qui nous ont permis de les diviser en différents genres. Ainsi le nom- bre des longs crochets antérieurs varie, comme leurs pro- portions, soit dans l’ordre relatif de leur série, soit par leur nombre, leur séparation ou leur rapprochement des crochets plus grêles qui les suivent. Enfin, il y a des différences selon que les dents présentent un intervalle libre, ou au contraire que ces crochets forment, par leur ensemble, une série sans interruption, quoique les antérieurs soient constamment plus longs en haut et en bas sur les deux mächoires, ou sur l’une d'elles seulement en particulier. Dans la série des espèces de Serpents dont nous allons nous occuper, sont compris tous ceux dont les crochets sus- maxillaires postérieurs ne sont pas sillonnés, avec cette cir- constance particulière, que toutes les autres dents sont lisses ou sans sillon à leur surface, mais que celles qui sont situées en avant sur l’une et l’autre mâchoire soient beaucoup plus longues que les autres. Comme nous l’avonsindiqué en faisant connaître ce genre, l’auteur qui l’avait nommé Lycodon n'y avait inscrit que l’es- pèce dite Æudax par Linné; et celle-ci est justement pour nous un Opisthoglyphe dont nous avons fait le type du genre Lycognathe. Cependant tous les caractères en avaient été si DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 63 bien exprimés, que nous avons même cru devoir les traduire en exceptant les dents cannelées postérieures. Voici com- ment M. Boié indique ces Lycodons : « Dents de Couleuvres ayant des séries maxillaires presque interrompues, les unes étant plus grandes, les autres comparativement plus petites ainsi que les palatines et les ptérygoïdes; la tête distincte du tronc, large, arquée devant les yeux, etc. » _ Suit l'historique des travaux de M. H. Boié et de M. Schle- gel, avec la liste des noms des diverses espèces que les au- teurs ont assignés à chacune d'elles ; puis nous indiquons leur distribution : elle se trouvera consignée dans notre Ærpéto- logie générale. En résumé, nous partageons cette famille des Lycodontiens en quatre tribus ou genres principaux, qui se subdivisent en plusieurs sous-genres, sous des noms divers; tels sont : 1° les Boédoniens ; 2° les Lycodoniens; 3° les Eugnathiens, et 4'les Paréasiens, dont l'étude va être poursuivie, avec l’in- dication des espèces qui s’y trouvent inscrites, comme dans le tableau synoptique suivant. TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA FAMILLE DES LYCODONTIENS. CaraAcTÈRES : Aglyphodontes à dents inégales en force et en longueur, ayant en outre - des crochets antérieurs ou supérieurs plus longs. Sous-familles. Sous-genres. ERP . Lycoponiens. 5. séparés ; A égaux entre eux ;les les supérieurs | non séparés. . À, Boéponiens. crochets sous-maxillaires |, séparés par un espace libre. 3. Eucnarmiens. palatins beaucoup plus longs, en avant, que ceux qui suivent, 4. PARÉAsIENS. 64 PRODROME GÉNÉRAL S F'° tribu. Les BoËDONIENS, caractérisés par leurs cinq premiers crochets des branches de la mâchoire inférieure plus longs et plus courbes que les autres; mais ceux des os susmaxillaires plus longs de moitié que ceux qui les suivent; des crochets palatins tous de même longueur. Un seul genre, sous le nom de Boénon, comprend quatre es- pèces : 4. B. unicolore. — Lycodon, de Schlegel. 2. B. quatre raies, nobis — de la côte d'Or. T. II, p. 442, du cap Lao. 3. B. du Cap, de M. Smith.— Horstokü, de Schlegel. T. IT, pag. 444, n° 5. 4. B. rubané. — Lemniscatum , nobis, d'Abyssinie. IL° tribu, Les LycoponiENs, qui ont toujours un espace libre après les cro- chets plus longs que portent les branches de la mâchoire supé- rieure. Ils diffèrent des Paréasiens, parce que leurs crochets sont à peu près égaux en longueur. Cinq sous-genres admettent un assez grand nombre d’espèces d’après la distribution des urostéges et la forme des écailles. 1" sous-genre. Lyconon, dont les urostéges sont distribuées deux par deux et dont les écailles sont lisses. 4. L. aulique, C. Linné. — Hébé de M. Schlegel. Beaucoup de variétés : pl. IV, n° 4 à 5. 2. L. cucullatum. — Modestus, var. Schlegel, Physion. Serp., t. II, p. 449, n° 40. L. modestum, Müller. L. lividum, nobis. — Müller, manuscr.; ile de Pulo-Pathao. L. L. 5 4. 5. L. Mülleri, nobis — de Java , espèce nouvelle. 6. L. Napei, nobis — espèce nouvelle. n° sous-genre. CycLocorus , nobis. — Caractères : urostéges sur un seul rang ; les écailles lisses comme dans les Lycodons; une seule espèce. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 65 4. C. rayé. — Lineatus, de M. Reinhardt : de Manille. in sous-genre. Cercasris, de Wagler — qui ont les urostéges sur un seul rang, mais dont les écailles sont carénées. 1. G. carinata, de Kühl.—Lycodon n° 2, de Schlegel, page 109, sous le nom d’Hurria : de Ceylan. iv® sous-genre. SPHECODES, nobis. — Les urostéges en rang double et toutes les écailles carénées.. 4. Seule espèce. S. albofuscus, nobis — du musée de Leyde. v° sous-genre. Ormites, Wagler — qui ressemblent aux Sphécodes , mais dont les écailles ne sont pas carénées partout, et seu- lement sur la région postérieure du tronc. 4. Seule. Décrite par Boié sous le nom de Subcinctus. Lycodon de Schlegel, n° 9, p. 447 : du Bengale et de Java. Ie tribu. Les EuGnatHiEns ont pour caractère essentiel et relatif à celui des deux tribus qui précèdent, des crochets sous-maxillaires anté- rieurs plus longs que les autres, mais non séparés par un espace libre. Les sous-genres que ce groupe réunit, et qui sont au nombre de cinq, peuvent être rapportés à deux divisions principales, d’a- près la forme générale du tronc. Les Dendrophiles, qui vivent habituellement sur les arbres, et dont le corps est comprimé et la queue longue et déliée, puis les Géophiles destinés à rester ordi- nairement sur la terre, et dont le tronc, à peu près rond, est plus gros dans sa région moyenne qu’à ses deux extrémités. Les genres arboricoles sont les Lamprophis et les Hétérolépis, qui ont les écailles du dos d’une autre forme que les autres ; tandis que, dans les trois premiers sous-venres, les écailles sont semblables sur tout le tronc. i sous-genre. Les EuGNaTues, nobis — dont toutes les écailles sont semblables, les trous des narines percés entre deux plaques et dont les flancs sont arrondis. Espèce unique, E. Géométrique. — Coluber ou Lycodon du même nom; Schlegel , t. II, p. 441, n° 4. 66 PRODROME GÉNÉRAL u° sous-genre, Le Lycopminion, Fitzinger, — a toutes les écailles lisses et les narines percées dans une seule plaque, les urostéges en rang double : deux espèces. 4. L. d’Horstok, Fitzinger et Schlepel, t. IE, p. 444.—Cafrerie. 2 L. demi-annelé, semicinctum, nobis. — Variété de la précé- dente, d’après Schlegel. i° sous-genre, nommé par nous ALOPÉGION, — dont les flancs sont anguleux , les écailles lisses et les narines percées entre deux plaques. 4, Seule espèce, nommée Annulifer, nobis. — Prétée par M. le docteur Smith. iv sous-genre. HÉTÉROLÉPIDE, Smith, — est caractérisé par les doubles carènes que portent les écailles du dos, qui sont plus grandes que les autres. 4. H. bicarinatus. — Herpétodryas de Schlegel, t. I, p. 77 : de la côte de Guinée. 2. H. Capensis, Smith. — D’après un manuscrit traduit de cet auteur. v® sous-genre. Le LamPrormis, Fitzinger — dont les écailles du dos sont plus grandes que les autres, et qui sont également lisses et brillantes. 4. L. modestus. — Lycodon de Schlegel : de la côte de Guinée. 2. L. Aurora, Fitzinger. — Coronella, Schlegel , t. IT, p. 75 : du Cap. 3. L. inornatus, nobis — du Cap : espèce nouvelle. IV° tribu. La quatrième tribu établie dans la famille des Lycodontiens est celle des PARÉASIENS, dont nous rappelons le caractère principal emprunté de la disposition des crochets palatins, qui sont plus longs en avant que ceux qui se portent en ar- rière. En outre, les branches de la mâchoire supérieure sont courtes, sous-courbées, et produisent sur les joues une sorte de gonflement qui fait que la bouche est comme tordue. Quatre genres se distinguent entre eux, parce que les uro- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 67 stéges sont quelquefois en rang simple, et le plus souvent distri- buées deux à deux. 1° sous-genre. Paréas, établi par Wagler, dont les urostéges sont doubles et les crochets susmaxillaires antérieurs plus longs et coniques. 4. P. carinata.— Dipsas, de Schlegel, t. I, p. 285 ; Amblyce- phalus, H. Boié : Java. 2. P. lævis. — Les écailles médio-dorsales lisses : décrite par H. Boié. n° sous-genre. APLOPELTURA , nobis — est facile à reconnaître, parce que, seul dans cette famille, il a les urostéges sur un seul rang. Boié l’avait placé avec les Amblycéphales. 4. A. Boa.— Dipsas, Schlepel, t. II, p. 284 : de Java. n° sous-genre. Dinonon, nobis — qui ont les urostéges en double rang, et à la mâchoire supérieure les deux crochets intermé- diaires plus longs que les autres. 4. D. cancellatum, nobis.— Espèce nouvelle, communiquée par M. le docteur Smith. iv° sous-penre. Onontouus, nobis — qui ont aussi des urostéges dou- bles, mais dont les crochets susmaxillaires antérieurs sont plus courts et tranchants. 4. O. nympha. — Lycodon, Schlegel , t. IE, p. 120 : du Bengale. 2. O. subannulatus , nobis. — Dipsas subannulata, du musée de Leyde : Sumatra. 68 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES. LEPTOGNATHIENS (1). DIXIÈME FAMILLE. CaRACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à queue conique, pointue, à téte confondue avec le tronc pour la largeur ; à dents palatines distinctes, et a mâchoires en lames minces et faibles. Le nom de cette famille, emprunté à l’un des genres nom- breux de ce groupe, indique le caractère, le plus notable de leurs organisation qui a déterminé la nature de leurs aliments. Leurs mâchoires, en effet, ou l’une d’elles seulement, étant très-faible et munie de crochets minces et grêles, égaux entre eux, ces Serpents ne peuvent saisir que de petits animaux, qu'ils retiennent et avalent facilement. On conçoit que la brièveté ou la faiblesse des mâchoires, d’après le peu de longueur de la tête ; la fente exigué de leur bouche, dont l’ouverture de haut en bas est très-bornée, et l’écartement ou la dilatation transversale limitée par le peu de longueur des branches susmaxillaires, et surtout par les os ptérygo-maxillaires ou transverses qui ne permettent pas une protraction notable, réduisent beaucoup les moyens de saisir et de retenir la proie. Ces diverses particularités donnent à la physionomie de la tête un aspect tout spécial ; elles ont probablement été cause que la plupart des ophiologistes, et M. Schlegel en (1) De kerros, mince, gréle, faible, et de yva@os, mâchoire. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 69 particulier, ont rangé plusieurs des espèces dans le genre Dipsas, qui sont pour nous des Serpents Opisthoglyphes. Ainsi que nous l’avons exposé dans le sixième volume de l'Erpétologie, en faisant connaître la structure osseuse et le mécanisme des mâchoires dans les Serpents, on y trouve un appareil comparable à celui des cardes opposées, dont les pointes nombreuses, isolées et saillantes sont destinées à re- tenir, à allonger ou à étirer les fils de laine ou de coton qui doivent être ensuite filés dans nos manufactures. Quoique cette disposition soit à peu près la même chez toutes les es- pèces, elle offre ici quelques particularités caractéristiques. D'abord, la tête étant à peu près de la même grosseur que le tronc, il en résulte que l'ampleur en long de la bouche se trouve considérablement diminuée ; que la brièveté des os susmaxillaires et de ceux qui doivent leur transmettre le mouvement s'oppose à leur écartement transversal; mais c'est surtout à la faiblesse desos mandibulaires, qui sont grèles et peu solides, que l’on doit attribuer leur peu de force et de résistance, diminuées encore par la ténuité des crochets qui garnissent tous les os de la bouche. Aussi ces animaux sont-ils forcés de ne rechercher pour leur alimentation que des mol- lusques nus, des larves d'insectes, ou des individus à corps mou, des annelides, ou de très-petits œufs de reptiles et d’oi- seaux, généralement toute substance vivante qui ne peut op- poser qu’une vaine et trop faible résistance. Au moment même où la victime se sent saisie à l'improviste, elle se trouve pressée entre les mâchoires; elle y reste accro- chéeet retenue, malgré ses efforts, entre les pointes recourbées des crochets dont sont armées l’une et l’autre mâchoire. C'est inutilement que cette proie vivante se débat pour se sous- 10 790 PRODROME GÉNÉRAL traire à ces étreintes poignantes ; car les crochets acérés péne- trent d'autant plus dans ses chairs, jusqu’à ce que l'individu privé de la vie n'offre plus d'obstacle à la déglutition. TABLEAU SYNOPTIQUE DES SERPENTS AGLYPHODONTES : LEPTOGNATHIENS. 3 dans toute leurlongueur. 1. PÉTALOGNATHE. larges, dilatés . davantage en arrière.. 2. Dipsanowore. | horizontalement étroits; corps comprimé , à dos plus épais . LEPTOGNATHE. en lames, s ï placés droits, très-courts; crochets nombreux. ... . COCHLÉOPHAGE. verticalement ; os du palais { très-nombreux . Hyprors. Os arqués ; à crochets TE {en petit nombre 5. +RAcHIODON. susmaxillaires très-élargis, surtout dans l’extrémité postérieure . PLATYPTERYX. linéaires ; droits, évasés en V … STÉNOGNATHE. os du palais très-pointu ; os du palais ki i P courbés en dehors . ISCHNOGNATHE. simples; museau | di obliques en dedans .... 10. Bracayornnos droits ; à crochets | rond ; susmaxillaires directs en arrière . STREPTOPHORE. | comme lordus sur eux-mêmes . STREMMATOGNATHE. Nous avons partagé les douze genres dans lesquels se trou- vent réparties les espèces de cette famille, d’abord en deux groupes, d’après la forme et la situation des os de la mà- choire supérieure, qui sont tantôt plats et en lames situées horizontalement ou verticalement, tantôLau contraire linéai- res ou presque aussi larges que hauts, et chacune de ces deux divisions comprend six genres. A. Les genres qui ont les mandibules plates, larges et horizontales sont : G. I. Les PéraLoenatues, nobis — chez lesquels ces os sont à peu près de même largeur dans toute leur étendue; nous n’y rapportons que 4. P. nebulatus, Coluber de Linné. — Le Sibon , de Surinam. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 73 G. IT. Le Dipsanomore, nobis — dont les os susmaxilllaires sont plus dilatés en arrière, et les crochets dirigés en dedans. 4. D. indicus. — Dipsas de Laurenti, Bucephala, Schlegel, t. IT, p. 281; Atlas de l'Erpét. génér., pl. 67. G. III. Le Lerrocnare, nobis — dont les os susmaxillaires forment une lame étroite, et dont le corps est comprimé, à dos plus épais que le ventre ; les crochets ont les pointes dirigées en dedans. Il comprend trois espèces : 1. L. pavoninus. — Dipsas du même nom; Schlegel, IE, p.280 : Guyane. 2. L. brevis, nobis. — Espèce nouvelle du Mexique. 3. L. variegatus. — Dipsas variegata; Schlegel, musée de Leyde : de Surinam. G6.1V, Le Cocazéopmace, nobis — dont les os susmaxillaires forment une lame verticale très-mince ; les os palatins courts et non arqués, les crochets nombreux, faibles, à pointes dirigées en bas et en arrière. 1. C. inæquifasciatus.— Espèce nouvelle de l’Añérique du Sud ; par M. Verreaux. G. V. Hyorors, Wagler. — Susmaxillaires en lame verticale ; les palatins arqués, à crochets faibles, mais très-nombreux. 4. H. Martii — de Fitzinger, de Gray : de Surinam et du Brésil. Vi. Racmionox, Jourdan. — Dasyreznis, Wagler. Dents susmaxillaires nulles en avant, et graduellement plus allongées en arrière ; des apophyses épineuses émaillées sous les vertèbres et péné- trant dans l’œsophage : trois espèces. 4. R. scaber, Wagler. — Tropidonote, Schlegel, t. IF, p. 528 : Afrique australe. 2. R. abyssinus, nobis. — Espèce nouvelle; par M. Quartin- Dillon. 5. R. immaculatus, nobis — du cap de Bonne - Espérance ; M. Smith. 10. 72 PRODROME GÉNÉRAL B. Les Leptognathiens, dont les os susmaxillaires sont linéaires, ou à peu près d’une épaisseur égale à leur largeur, forment égale- ment six genres. Ce sont ceux qui suivent : G. VII. Le Praryrtenyx, nobis — chez lequel les os ptérygo-palatins sont excessivement élargis, surtout en arrière. 41. P. Perrotelii.— Espèce nouvelle, découverte par M. Perrotet aux monts Nilgherry. G. VIT. Le SrÉNOGNATRE, nobis — dont les os ptérygo-palatins sont étroits, droits, évasés ou écartés en V, et dont le museau est pointu. 4. S. modestus, nobis. — Espèce nouvelle de Java. G. IX. IscaNoGnaTHE , nobis. — L'espèce unique qui a aussi le museau pointu, les ptérygo-palatins étroits, comme courbés sur eux-mêmes et rapprochés en avant. 4. I. Dekayi.—Holbrook, Tropidonotus : Amérique septentrio- nale, G. X. Bracayorrnos, Kuhl. — Le museau est arrondi, les susmaxillaires droits, courbés en dehors ; la jonction antérieure des pala- tins est placée sous le museau, et leurs crochets sont dirigés obliquement en dedans. 4. B. albus. — Calamaria brachyorrhos, Schlegel , t. IL, p.35: Amboine. G. XI. Srrerropnore, nobis. — Semblables aux précédents, mais dont les crochets susmaxillaires sont dirigés en arrière : quatre espèces. 4. S. Sebæ. — Séba, Thes. I, p. 20 : dit de Ceylan? et du Mexique. 2. S. Drozi, nobis. — De la Nouvelle-Orléans : donné par M. Droz. 5. S. Langsbergii, nobis. — Calamaria, Schlegel, mus. de Leyde : de Caracas. 4. S. bifasciatus, nobis. — Espèce nouvelle du Mexique. G. XIL. STREMMATOGNATRE, nobis. — Les os susmaxillaires comme tordus sur eux-mêmes, le museau est arrondi; les susmaxillaires linéaires ainsi que les palatins étroits. 4. 8. Catesbyi. — Dipsas, Schlegel, Ess. phys. Serp., t. li } p. 279 : de Surinam et de Cayenne. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. Fo OPHIDIENS AGLYPHODONTES. SYNCRANTÉRIENS (1). ONZIÈME FAMILLE. : CaRACTÈRES ESSENTIELS. Serpents dont toutes les dents sont lisses, distribuées sur une méme ligne, mais dont les der- nieres sont plus longues, sans intervalle libre. Le caractère essentiel de cette famille est indiqué par l’éty- mologie même du nom qui nous a servi pour la désigner. Toutes les espèces qui s’y rapportent avaient été rangées et devaient être confondues dans le genre trop nombreux de nos Couleuvres, Coluber de Linné, avant qu’on eût remarqué la particularité que présentent, parmi les dents lisses qui garnissent toute la longueur du bord de l’os susmaxillaire, les deux circonstances que nous notons ici. La première est que, dans ces Aglyphodontes, les crochets qui sont situés en avant sont plus courts et vont successivement en augmentant, comme dans les vraies Couleuvres, qui constituent pour nous la famille des Colubriens ; la seconde, qui les en éloigne, con- siste en ce que les dernières dents, celles qui occupent l’ex- trémité postérieure de la série, sont beaucoup plus longues et plus robustes que celles qui les précèdent, mais qu’elles n’en sont pas séparées par un espace libre ou par un inter- valle qui en rompe la série, comme dans la famille suivante que nous nommons les Diacrantériens. (Voir la fig. 8, pl. I, jointe à ce Prodrome.) Cet arrangement systématique, utile pour conduire au classement de ces espèces très-nombreuses, n’est véritable- (1] De obv, ensemble, avec, cum, et de xpavrñpec, dents postérieures, de der- rière, dentes postremi. 74 PRODROME GÉNÉRAL ment pour nous qu'une sorte d'échafaudage commode pour arriver à la construction d’un édifice, dont toutes les assises se ressemblent et ne pourraient être indiquées que par des numéros d'ordre. Nous ne dirons rien de particulier sur les mœurs et les habitudes de ces Serpents, qui sont les mêmes que celles des autres Ophidiens de ce sous-ordre des Aglyphodontes. La plupart sont'terrestres ; aucun n’estarmé de venin, mais beau- coup d’espèces habitent de préférence sur les bords des eaux douces, dans lesquelles elles nagent et plongent même long- temps pour s'y procurer une nourriture qui consiste en pe- tits animaux vertébrés ; d’autres vivent dans les lieux secs et dans les terrains sablonneux. Dans l’un des genres, dont le corps et la queue sont très-allongés, on a reconnu des mœurs analogues à celles des Dendrophides et des Herpétodryas, avec lesquels les auteurs avaient placé plusieurs de leurs es- pèces, parce qu'elles se tiennent habituellementsur les bran- ches et dans les arbrisseaux, où elles restent immobiles très- longtemps pour y épier leur proie. Quatre genres et plus de quarante espèces sont rapportés à cette famille, dont nous présentons ici la division analyti- que. TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA FAMILLE DES SYNCRANTÉRIENS. CaracrèRes : Ophidiens Aglyphodontes à crochets postérieurs plus longs, sans intervalle. carénées ou à ligne médiane saillante 2. TRoPIDONOTE. | arrondi , un peu allongé... 3. CORONELLE. ! médiocre ; écailles | | lisses; museau Queue: très-court, comme tronqué. 4. SIMOTEs. longue 4. LeproPine. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 75 G. I. Lerrorane, Bell. — Corps très-grêle, allongé, à cou plus mince que le tronc; queue mince, longue et effilée ; à écailles carénées chez les cinq premières espèces, et lisses chez les autres, . L. Liocercus, Neuwied. — Dendrophis, Schlegel. . L. émeraude. — Smaragdina, Boié : Nouvelle-Guinée. . L. porte-perles. — Margaritiferus, Herpetodryas, Schlepel. L. deux bandes. — Bilineatus, nobis : Nouvelle-Grenade. . L. taches blanches. — Albomaculatus, nobis : de Java. Espèces à écailles lisses. L. dorsal. — Dorsalis, nobis : de Manille. L. bandes latérales. — Lateralis, nobis : Madagascar. L. de Chenon. — Chenonii, Reinhardt : du Nil Blanc. L. olivâtre. — Olivaceus , Herpetodryas, Schlegel, p. 197. ge à ON cœus G. IT. Trorionote, Kuhl. — Les écailles du dos carénées, et le plus sou- vent aussi celles des flancs ; queue médiocre. . T. à collier. — Coluber natrix des auteurs. . T. vipérin. — Viperinus, Latreille, t. IV, p. A7, fig. 4. . T. chersoïde. — Ocellatus, Frivaldeski, Serp. Hung., p. 46. . T. pogonias , nobis. — Espèce nouvelle : Amérique septen- trionale. à OÙ D — D. T. queue striée. — Carenicaudus, Wagler, Serp. Bresil. 6. T. hydre. — Hydrus, Nordmann, Fauna Pontica. 7. T. des Seychelles. — Schlegel, Psammophis, t. Il, p. 242. 8. T. à triangles. — Trianguligerus, Schlegel, p. 5414. 9. T. à bandes. — Fasciatus, Linné, Latreille. 40. T. demi-bandes. — Semicinctus, nobis. 1. T. de Jaurès, nobis. — Espèce nouv., expéd. de la Danaïde. 42. T. quinconce. — Schlegel, t. IE, p.507, pl. 12, fig. 4-5. 45. T. biponctuë. — Latreille, Rept., t. IV, p. 85. 14. T. Vibakari. — Schlegel, t. I, p. 316. 15. T. ardoisé. — T. schistosus, Schlegel , t. II, p. 319. 16. T. spilogastre. — Boié, Eydoux, Voyage de la Favorite, pl. 28. 17. T. saurite. — Linné, Schlegel, t. Il, p. 525. 76 PRODROME GÉNÉRAL 48. T. rubané. — Vittatus, Linné, Schlegel, £. IN, p.318. 49. T. peinturé. — Picturatus, Schlegel, t. I, p. 544. G.TIT. Conoxezre, Laurenti. — Queue médiocre, écailles lisses, museau S KR ON à SL arrondi et mêdiocrement allongé. . C. lisse. — Lævis, Schlegel , t. II, p. 65. . C. bordelaise. — Girundica , Latreille, Rept., t. IV. . C. écarlate. — Coccinea, Schlegel, t. IF, p. 57, n° 2. C. à chaîne. — Getulus, Holbrook, Catesby, tab. 2. . C. de Say. — Schlegel, Holbrook, de Kay, t. IN, p. 457. - G. grison. — Cana, Linné, Coluber canus, Mus. Adolph., P- 51. . C. de Californie, de Blainville, Ann. du Muséum , t. IV, p. 252. G. IV. Simores, nobis. — Museau très-court, comme tronqué, écailles lisses, NO JON AN queue médiocre pointue, tronc de même grosseur de la tête à l’origine de la queue. . S. de Russel. — Schlegel, Coronella, t. IF, p. 79, n° 44. S. écarlate. — Heterodon coccineus, Schlegel, t. II, p. 402. . S. bandes blanches. — Albocinctus, nobis : Indes orient. . S. deux marques. — Binotatus, nobis : du Malabar. . S. arrosé. — Aspersus, nobis : Indes orientales. . S. trois raies. — Trilineatus, nobis : Indes, M. Diard. . S. huit raies. — Elaps octolineatus, Schneider, fase. Ii, p. 299. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. rh OPHIDIENS AGLYPHODONTES. DIACRANTÉRIENS (1). DOUZIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à crochets lisses, dont les derniers susmaxillaires sont plus longs et séparés des autres. Le nom sous lequel nous désignons ce groupe ou cette fa- mille est destiné à indiquer la particularité qu’offrent ces Serpents dans la longueur et la distribution relatives des dents ou crochets susmaxillaires lisses, dont la série se trouve interrompue en arrière par un espace libre ou un intervalle évident qui précède les deux ou trois dernières dents, beau- coup plus longues que les autres, le plus souvent de moitié. D'ailleurs, ces crochets plus longs sont logés dans une fosse distincte, et sont probablement destinés à succéder les uns aux autres. C’est ce que nous avons cherché à dénoter, comme on le voit, par l’étymologie du nom de ce groupe. Cette famille se trouve ainsi établie sur un caractère nota- ble ; mais nous devons avouer que ce moyen, purement sys- tématique et utile pour la classification, n'a été adopté par nous que parce qu'il est commode pour vaincre la difficulté que présente ce sous-ordre des Aglyphodontes. On trou- vera ici réunis un très-grand nombre de Serpents dont les formes extérieures, la physionomie et les mœurs sont presque —_— — — (1) De àt&, séparément, seorsim, separatim, et de xpavtñpes, dents postérieures, dentes postremi. II 78 PRODROME GÉNÉRAL toujours les mêmes. C'était une grande difficulté, et nous avons été heureux de pouvoir faire usage d’un caractère po- sitif pour cette classification. Quoique certains naturalistes aient indiqué pour quel- ques espèces, et même pour plusieurs genres, les dents posté- rieures plus longues que les autres, ils n'avaient pas cru de- voir les séparer d’avec les Couleuvres, en les rangeant près des Tropidonotes, des Coronelles, ou avec les Homalopsis et les Psammophis. Nous croyons que cette particularité des dents postérieu- res plus longues et tout à fait distinctes des autres par un intervalle, ne peut être sans but, et qu’elle est liée à la ma- nière de vivre, ou du moins à l'acte de la préhension de la proie, qui se trouve ainsi arrêtée d’une manière beaucoup plus solide, une fois qu’elle a été introduite vers l’arrière-bouche. Nous avons distribué les Serpents de cette famille des Dia- crantériens en dix genres. L'un d'eux peut être reconnu à la première inspection, d’après la forme bizarre de son museau, qui est comme tron- qué obliquement et relevé en avant, sur le front, en forme de coin triangulaire, et dont la plaque porte même une arête ou une sorte de crête saillante médiane. On le nomme AHétéro- don ; nous le plaçons le dernier, sous le numéro 10. Dans les neuf autres genres, le museau est arrondi; mais chez les uns, les écailles sont carénées ou chacune d’elles porte une petite ligne saillante. Il y a deux de ces genres qui offrent cette conformation avec plusieurs autres particularités. Parmi celles-là on remarque la position des yeux, qui sont rapprochés entre eux et presque verticaux, ce qui annonce des espèces qui vont dans l’eau; tel est le genre Æélicops, ins- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 79 crit sous le numéro 8, tandis que les yeux sont tout à fait latéraux dans le genre que nous avons appelé Æmphiesme, numéro 7. Chez toutes les espèces des genres qui suivent, les flancs ne sont garnis que d’écailles lisses qui varient pour la forme; car tantôt elles sont allongées ou plus étroites en travers, et tantôt elles sont carrées, rhomboïdales ou arrondies. Parmi les premières, celles à écailles longues, il est un des genres dans lequel le bord inférieur de l’orbite est formé par quelques-unes des plaques suslabiales : tel est le genre Z'amenis, numéro 4. Deux autres genres analogues, ou voi- sins par la forme des écailles, ont l’œil bordé, comme à l’or- dinaire, d’écailles distinctes; mais dans les Uromacres, numéro 6, la queue est très-longue, tandis que dans les Xénodons, numéro 9, la queue est à peu près dans les pro- portions ordinaires, relativement au tronc. En poursuivant cette étude comparative, il nous reste à in- diquer les genres dont les écailles sont lisses et carrées sur les flancs et dont le museau est arrondi. D’après la marche analytique que nous suivons, il reste quatre genres dont les écailles sont lisses et carrées, au moins dans la région des flancs, et qui ont lemuseau arrondi. Parmi ceux-là, il en est un bien remarquable, en ce que son dos est relevé et saillant en toit ou en dos d'âne; ce qui donne au tronc l’apparence d’avoir été comprimé, et nous a suggéré l’idée de le nommer Stégonote, n° 3. Dans les trois derniers genres de cette famille, dont le dos est arrondi, comme dans la plupart de nos Couleuvres, la tête est large, surtout dans la région de l’occiput, qui semble alors comme portée sur un rétrécissement de l’échine. Tel est FA PA 80 PRODROME GÉNÉRAL le genre que Wagler a nommé Périops, n° 2. Chez les autres la tête est à peu près de la même largeur que le cou qui la supporte ; mais quand la queue est en même temps fort courte, c’est le genre Liophis, n° 5; et, au contraire, relative- ment au tronc, quand cette queue est très-longue et sert à hâter la progression, c’est le cas des Dromiques, n° 1, qui se trouvent ainsi placés à la tête de la famille des Diacrantériens. Nous allons rétablir, dans les indications suivantes, l’ordre à peu près naturel que l'exigence de la marche du système paraît avoir dérangé. Au reste, voici ce tableau analyti- q ue: OPHIDIENS AGLYPHODONTES : LES DIACRANTÉRIENS. Caracrères : Toutes les dents lisses, mais les postérieures plus longues et isolées des autres. obtus, relevé en dessus et anguleux . Héréonox. : latéraux et éloignés l’un de l’autre..... .. 7. AMPHIESME. / carénées ; à yeux... : verticaux et rapprochés entre eux........ 8. Héuicors. rond ; écailles des flancs très-allongées ; FRE au-dessus de l'orbite . ... 4. Zamenis. les surciliaires . . très-longue... 6. Unomacne. lisses luttes queue... ss ordinaire..... 9. XÉNoDox. | comprimé, en toit saillant + STÉGONOTS. carrées; dos LME : à ; > | très-distincte du cou . Périors. courte... . Dromique. rond; tête | peu distincte; queue longue... 5. Liopmis. G. L. DaowiQue, nobis. — Corps allongé, à queue longue, à écailles lisses, carrées, courtes, non distribuées en séries obliques ; occiput de même largeur que le cou. 4. D. coureur. — Herpetodryas cursor, Schlegel , t. Il, p. 499. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 81 2. D. rayé. — Herpetodryas lineatus, Schlegel, ibid., p. 494. 3. D. unicolore, nobis. — Espèce nouvelle : origine inconnue. 4. D. des Antilles, Schlegel. — Psammophis, Schlegel, t. II, p. 214. 5. D. de Plée, nobis. — Espèce nouvelle de la Martinique et de Colombie. 6. D. de Temminck, Schlegel. — Psammophis, t. II, p. 248. 7. D. demi-deuil. — Leucomelas, nobis : espèce nouvelle de la Guadeloupe. | 8. D. ventre roux. — Coluber rufiventris, du musée de Berlin : du Brésil, espèce non décrite ailleurs. 9. D. angulifère, nobis, de Cuba. — M. Ramon de la Sagra, p. 222, pl. 27. 40. D. Triscale, Daudin. — Rept., VI, p. 577. G. IL. Périors, Wagler. — Corps allongé, à dos rond, écailles des flancs lisses à peu près carrées, tête très-distincte d’un cou aminci. 4. P. hippocrepis. — Fer-à-cheval, Schlegel, Coluber, t. Il, p- 164, n° 22. 2. P.à raies parallèles, Geoff. Saint-Hilaire.—Couleuvre, Égypte, pl. 8, €. 4 et 1’. G. IN. SréGonots, nobis. — Corps comprimé, à dos saillant ; écailles des flancs lisses, presque aussi larges que longues ; museau arrondi. 4. S. de Muller, nobis —‘de Java, donné par M. Muller, de Berlin. G. IV. Zawenis, Wagler. — Corps arrondi, à écailles oblongues, lancéolées, lisses ; tête en carré oblong, à plaques surciliaires saillantes sur l'orbite; les sous-orbitaires remplacées par les suslabiales ; écusson central étroit. 4. Z. verte-jaune. — Coluber, Schlegel , t. II, p. 460, n° 20 : France. 2. Z. à rubans.— Trabalis, Pallas, Voy. Russie asiatique, p. 42, n° 58. 3. Z. à bouquets.—Florulentus. Couleuvre, Geoff., Égypte, p. 67, pl. 8, fig. 1. 82 PRODROME GÉNÉRAL 4. Z.de Dahl, Dahlii, nobis. — Psammophis , Schlegel, t. II p. 245, ne 6. G. V. Liormis, Wagler. — Corps médiocre ; tête de la largeur du cou, à museau arrondi; écailles lisses, courtes, hexagonales ; queue courte. ? 4. L. Cobel, Wagler. — Coronella Cobella, Schlegel, t. IE, p- 62, n° 5. 2. L. de la Reine, Wagler. — Coronella Reginæ, Schlegel, t. I, p.61,n°4. 5. L. de Merrem, Schlegel. — Coronella, t. II, p. 58. 4. L. doubles anneaux. — Bicinctus, Hermann, Obs. z0ol., p- 276. G. VI. Uromacse, nobis. — Corps excessivement allongé, surtout dans la région de la queue; recouvert de longues écailles lisses en lo- sanges ; semblables aux Dryines, mais n'ayant pas, comme eux, des dents cannelées postérieures. 4. U. de Catesby, nobis. — Dendrophis, Schlegel, t. Il, p. 226, Abbildungen, pl. 36. 2. U. Oxyrrhynque, nobis.— Espèce nouvelle ; patrie inconnue. G. VIL Amies , nobis. —_ Ce genre, dont le corps est allongé, le museau arrondi et lisse, a les yeux latéraux et les écailles carénées ; six espèces s’y trouvent inscrites; ce sont : 4. A. en robe.— Stolatum , qui a servi de type. C’est le Chayque de Daubenton. Tropidonotus stolatus, Schlegel, t. IL, p.347. 2. A. panthère — tigrinum. — Schlegel ,t. Il, p. 545. 5. À. cou rouge, subminiatum, Reinwardt. — Tropidonotus, Schlegel, n° 7. 4. A. rouge-noir, rhodomelas. — Schlegel : de Java ; musée de Leyde. 5. A. tête jaune. — Flaviceps, nobis, de Bornéo. 6. A. taches dorées. — Chrysargos, Boië, Schlegel, t. I, p. 312, n° 6. G. VIT. Héricors, Wagler. —Écailles carénées, en losanges tronquées en ar- La DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 83 rière , plus étroites sur les flancs que sur le dos, yeux rappro- chés. À. H. queue carëénée. —Carenicaudus, Wagler, Descript. et Icones, tab. vir. 2. H. anguleux. — Angulatus, Linné, Mus. Adol. Fr., p. 25. 3. H. de Le Prieur. — Prieurii, nobis. Espèce nouv. : Brésil , Bahia. G.IX. XÉNoDon, Boié. — Corps allongé, museau arrondi; écailles des flancs lisses, allongées ; des plaques sous-orbitaires ; queue mé- diocre. 4. X. sévère. — Severus , Laurenti, p. 84; Schlegel, t. II , p. 85. 2. X. tête vergetée. — Rhabdocephalus, Wagler ; Schlegel , t. IF, p- 8, n°5. 3. X. Typhlus. — Schlegel, t. 11, p. 94, Enfumé de Surinam. 4. X. gigas, nobis, de Corrientes , dont la tête est représentée sous le n° 9 de la planche [°° jointe à ce Prodrome. 5. X. viridis, nobis.—Nouvelle espèce de l’Inde ; par MM. Dus- sumier et Delessert. G. X. Héréronon, Latreille. — Museau relevé, obtus, anguleux et caréné en forme de coin; tête peu distincte du tronc , qui est anguleux. 4. H. large nez.—Platyrrhinos, Latreille ; Schlegel, t. II, p. 97. 2. H. noirâtre. — Nigricans, Schlegel , t. I, p. 400. 3. H. de d’Orbigny. — Espèce nouvelle du Brésil, de Buénos- Ayres. 4. H. semi-ceint. — Semicinctus, de Santa-Cruz, du Paraguay. 5. H.de Madagascar, nobis.—Espèce nouvelle; par M. Bernier ; Atlas de l’Erpét. génér., pl. 69. 84 PRODROME GÉNÉRAL TROISIÈME SOUS -ORDRE DES OPHIDIENS. OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. APHOBÉROPHIDES. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents dont les mâchoires supé- rieures sont garnies en avant de crochets lisses ou sans sillon, mais qui offrent en arrière une ou plusieurs dents plus longues et cannelées. Ces Serpents sont en apparence semblables à des Couleu- vres dont on n'aurait pas cru devoir se méfier, ne passant pas pour venimeux ; aussi les avions-nous désignés d’abord sous le nom d’Aphobérophides. En effet, leur morsure n'est pas dangereuse pour les animaux dont le volume excède le diamètre de leur bouche, qui ne peut généralement éprouver une grande ampliation. Ce n’est que quand la proie ou la victime a été introduite fort avant vers la gorge, que les der- niers crochets susmaxillaires, plus longs que les antérieurs et qui portent une rainure servant de gouttière au venin, peuvent faire pénétrer dans Jes chairs de l'animal vivant l’hu- meur délétère, qui se trouve ainsi comme inoculée. Ces caractères importants, fournis parla présence, la for- me et la situation distincte en arrière des crochets sillonnés, doivent aujourd’hui être ajoutés à ceux de l'existence d’une glande venimeuse dont la structure est différente de celles qui sont destinées à sécréter la salive. Il faut y joindre, en outre, la disposition des os susmaxillaires, qui se trouvent DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. S5 ici comme stables et presque immobiles, parce que leur arti- culation, fixée en arrière sur les os transverses, est tellement solide, qu’elle leur fait opposer une grande résistance au re- culement et même à la protraction en avant, ce qui est le con- traire de ce qu’on observe dans les grands Serpents veni- meux que nous nommerous les Solénoglyphes. L’Erpétologie générale expose le résumé historique des travaux entrepris sur les Serpents que nous plaçons dans ce sous-ordre, d'abord par M. Jean Müller sous le nom d’4m- plabola, puis par M. Duvernoy en 1852, et sur les indications particulières de G. Cuvier, de MM. Schlegel, Alessandrini et Ch. Bonaparte; nous en présentons une analyse impartiale. - Les caractères empruntés à l'observation de la structure et de la situation des dents cannelées postérieures étant bien constatés, les espèces nombreuses ainsi groupées ont été réunies en genres, et ceux-ci en familles, au nombre de six. Cette classification, qui pourrait en apparence être considérée comme systématique, a cependant permis un arrangement qui nous paraît heureux, parce qu’ilse rapproche d’une mé- thode à peu près naturelle. Ainsi, en réunissant d’abord les espèces dont la tête est étroite, presque de la même largeur que le cou, qui est lui- même fort rétréci et comme étranglé, nous avons rapproché un grand nombre deSerpents qui, avec une même conforma- tion, ont une physionomie, des mœurs et des habitudes sem- blables. La plupart, par leur teinte verte, rougeâtre ou brune pendant la vie, se laissent facilement confondre avec les branches et les feuillages sous lesquels ils restent immobiles, pendant des journées entières, exposés à l’ardeur du soleil et patiemment postés en embuscade pour y épier et saisir les 12 86 PRODROME GÉNÉRAL oiseaux, les sauriens et les petits mammifères, qui seuls peu- vent servir à leur nourriture. Mais parmices:espèces lesunes ont le museau très-mince, comme effilé, ou prolongé par un appendice de peau écailleuse constamment aminci. Nous avons désigné les Serpents de cette famille sous le nom d'OxYcÉPHALIENS, pour indiquer la forme pointue de leur mu- seau et l'allongement de leur-tête en forme de cône. Nous avons rapprochéde cette première famille un certain nombre d'espèces qui ont'lesmêmegenre de vie et de confor- mation. Elles ont également la tête étroite, mais non pro- longée en avant comme une sorte de museau qui dépasse la mâchoire inférieure au-devant de la bouche. Ce sont pour nous des STÉNOCÉPHALIENS, dénomination propre à indiquer l'étroitesse de leur crane, comparée à sa longueur. Tous les autres Serpents de cette division des Opisthogly- phes ont la tête large ; parmi ceux-là, nous avons emprunté, ainsi qu'avaient déjà eu soin de l'indiquer plusieurs auteurs, un moyen commode pour faire distinguer d’une partet réunir de l’autre un assez grand nombre de genres dont les dents simples , lisses, ou les crochets placés en avant des dents sillonnées présentent entre eux une inégalité ou des dis- proportions évidentes, souvent même des espaces libres, Jes intervalles ou des vides tout à fait dégarnis de dents:sur les mâchoires, tantôt à la supérieure et tantôt à l’inférieure. C’est pour dénoter cette particularité que nous avons désigné cette troisième famille sous le nom d’ANISODONTIENS, ou à dents irrégulières. Les trois dernières familles de ce sous-ordre réunissent tous ceux de ces Serpents Opisthoglyphes qui ont la tête large, c’est-à-dire dépassant par sa grosseur le diamètre du DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 87 cou, comme cela se voit chez les espèces inscrites dans la famille précédente, dont ils se distinguent parce que les cro- chets simples antérieurs des os susmaxillaires sont à peu près de même longueur. Il est probable que tous ces Serpents, dont la plupart vivent dans les pays les plus chauds, ont à peu près les mêmeshabitudes ; ils diffèrent cependant par la forme générale du tronc. Il ne nous a pas été difficile d’en sépa- rer un certain nombre pour les réunir en genres et en for- mer une section artificielle, afin d'y comprendre les espèces qui ayant, comme les autres, le dessus de la tète déprimé ou aplati, présentent en avant un museau tronqué carrément, de sorte que la portion la plus avancée de la face paraît comme coupée en travers au-devant de la bouche. Cette con- formation nous a suggéré le moyen d'indiquer cette parti- cularité par un nom qui sert à désigner cette famille de Serpents à museau plat et tronqué. Ce sont ceux que nous appelons des PLATYRRHINIENS. Il reste deux autres familles qui comprennent un assez grand nombre de genres dont les espèces ont été fort arbi- trairement rapprochées par les auteurs. Nous n'avons guère été satisfait nous-même de ces associations qui ne présentent que des caractères négatifs, quand on les compare à ceux que nous avons employés pour la distribution méthodique des familles qui précèdent. En effet, dans ces deux dernières familles qui nous restent à étudier, nous retrouvons une tête également large et les cro- chets qui garnissent leurs mâchoires sont à peu près égaux ou de même longueur et proportions. Toutefois chez les uns, le museau, quiest large en avant, offre cependant là une courbe arrondie et large; dans les autres, ce museau arrondi est 12. 88 PRODROME GÉNÉRAL étroit, et la tête ressemble tout à fait à celle de nos Couleuvres communes, avec cette différence, qu’on trouve chez tous ces Serpents des crochets postérieurs creusés en gouttière. Nous appellerons donc la cinquième famille des Opisthogly- phes, les ScyraLiens. Ils ont la tête large, les crochets lisses, à peu près de même longueur entre eux, et le museau élargi, mais arrondi à son pourtour. Enfin, sous le nom de Dipsapiens, nous avons réuni les es- pèces qui, avec les caractères de la famille précédente, offrent une tête large et plate et un museau arrondi, mais fort étroit comparativement. Nous avons laissé à ces deux familles les noms des genres principaux qui y avaient été rapportés primitivement. Le fait est que Jusqu'ici nous n'avons pu trouver de caractères suffi- sants pour les faire reconnaître par un nom plus significatif. Voici letableau synoptique de cette distribution en familles. TROISIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS : LES OPISTHOGLYPHES. CarAGTÈRES : Des crochets lisses en avant et d'autres plus longs, cannelés derrière. Familles. en pointe I. OxxcéPHALIENS. étroite; à museau non prolongé IL. STÉNOCÉPHALIENS. resque égaux; à têt , PANTIN CREME FTe tronqué en travers. JV. PLATYRRHINIENS. large..... V. ScvrALiens. large ; à museau | rond et | étroit... VI. Dipsapiens ... A CROCHETS ANTÉRIEURS de longueur.et de force inégales.…...................,. III. AnISODONTIENS . DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 5g OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. OXYCÉPHALIENS. PREMIÈRE FAMILLE. CaRACTÈRES ESSENTIELS. Corps gréle très-allongé dans toutes ses parties ; téte longue, étroite surtout en avant, dont le museau s’avance en une pointe conique au dela de la mä- choire inférieure ; plaques suscéphaliques étroites, mais allongées; une ligne creusée en sillon au-dessus de la lèvre supérieure ; queue ronde, conique, très-prolongée en une pointe conique à deux rangées d'urostèges. Suivent tous les détails de la conformation de ces Serpents, et l'historique général des espèces qui se trouvent réunies par genres. Les voyageurs qui onteu occasion d'observer ces Rep- tiles, dont la race se trouve très-répandue dans toute l'Asie, ne les ont pas indiqués comme venimeux. Les indigènes les sai- sissent sans crainte, parce qu’en effet ils cherchent peu à mor- dre et à se défendre, à moins qu'ils ne soient fortement excités. Quand cela arrive, les blessures ou les écorchures qu'ils pro- duisent avec leurs crochets antérieurs, qui sont courts, lisses et arrondis, font peu de mal, par cela même qu'ils s’accrochent plusieurs à la fois sur des surfaces planes ou trop larges pour que ces dents, toutes de même longueur, puissent forcer la partie saisie et trop volumineuse à pénétrer assez profondé- ment dans l’arrière-bouche, car c’est là seulement que la pi- qüre pourrait inoculer le venin; et comme les mächoires ne peuvent s’écarter beaucoup entre elles de haut en bas, ni en travers, on conçoit comment ces blessures doivent être fort rarement dangereuses. Nous n'avons rapporté que quatre genres à cette petite fa- 90 PRODROME GÉNÉRAL mille, dont toutes les espèces ont entre elles la plus grande analogie pour la conformation, et parce qu’elles se rencon- trent dans la même région du globe. On les distingue par la conformation générale de la tête, qui est excessivement al- longée et terminée en avant par un museau pointu dont l’ex- trémité s’avance au delà de la bouche. On peut trouver aussi des caractères dans la forme et la consistance de ce museau, qui est tantôt charnu , flexible, plus ou moins prolongé, et dans la figure des écailles ; tantôt parce que le museau, étant duret solide, setrouve joint à quelques particularités des pla- ques qui se voient au-dessous de l'œil sur la lèvre supérieure. Ce sont surtout les plaques qui occupent le dessous de la gorge, entre les deux branches de la mâchoire inférieure , qui présentent plusieurs caractères distinctifs ; car ces lames gulaires varient beaucoup par la forme, quand on les com- pare entre elles. Généralement on voit en avant une plaque impaire médiane, qui remplit l’espace que laissent entre elles les deux sous-mentales, lesquelles, réunies vers la ligne moyenne dans le sillon, représentent par leur forme la figure d’un cœur de carte à jouer. Suivent deux plaques plus étroi- tes, entre lesquelles commence la série des lames ventrales qui vont successivement en s’élargissant et toutes ces écailles gulaires, comparées dans les genres, offrent des particularités notables. Ainsi les deux premiers genres sont faciles à reconnaître et à distinguer, car chez l’un, celui des Langahas où Xiphor- rhynques, Yappendice de peau prolongée est recouvert d'é- caïlles distinctes, quelquefois dentelées; quand ce prolon- gement plus court, mais flexible, porte très-peu d’écailles , c’est alors le genre que les auteurs ont désigné sous le nom DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS, gt de Dryine. Les deux autres genres appelés, l’un Oxybèle, l'au- tre 7'ragops, ne diffèrent entre eux que par la forme de la tête, et surtout par la manière dont cette région est articulée avec le tronc. Ces genres sont indiqués dans le tableau synoptique qui suit. OPH1DIENS OPISTHOGLYPHES : LES OXYCÉPHALIENS. Caractères : Crochets lisses presque égaux entre eux, téte étroite en pointe. | prolongé; écailles carénées. 41. X1PHORRHYNQUE. charnu, mou...... . he Ë | court ; écailles lisses . Dane, A museau ; ; dur, solide ; unique, grande . Oxyëcr. plaque sous-orbitaire ; { double ou ‘triple . Tracors G. I. Le XipmorRuyNQUE, Wagler, ou Lancana de Bruguières , qui ne com- prend que deux espèces, dont: le museau est flexible , très-pro- longé et les écailles du dos en carène. 4. :L. ensifera, nobis — de Madagascar. 2. L. crista galli, figurée sur la planche 71 de l’Erpétologie gén. G. IL. Le Drrnus de Merrem.— Quelques. Dryophis, Schlegel. Ils sont sem - blables aux précédents ; mais leurs écailles sont lisses. 4. D. nasutus. — Dryophis, Schlegel, t. II, p.246; espèce à la- quelle nous rapportons un très-grand nombre de variétés pour les couleurs. G. TL. Oxyseuis, Wagler.—A museau dur et solide ; une seule grande plaque sous-orbitaire : cinq espèces. 4. ©. argenteus , nobis. — Dryophis, Schlegel , t. 1, p. 255. 2.10. fulgidus. — Schlegel, t. II, p. 252, 3. O. æneus, Wagler. — Dryophis aurata, Schlegel, t. I, p.255. . O. punctulatus, nobis. & G.1V. Tracors, Wagler. — Semblables aux Oxybèles par le museau, mais ayant sous l’orbite, non une seule, mais deux ou trois plaques. 4. T. prasinus, Wagler. — Dryophis, Schlegel, t. fl, p. 254. 2. T. æanthozonius. — Wagler, Kubl. 3. L. rufulus, nobis. — Coluber Cumberi, Russel, vol. IL., pl. 26. 42 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. STÉNOCÉPHALIENS. DEUXIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Z'éte courte obtuse, confondue avec le tronc, qui est arrondi sur le dos, mais plat sous le ventre ; queue courte, finissant insensiblement en pointe conique ; les narines percées entre deux lames. Ainsi que nous avons cherché à l’exprimer par leur nom, les Serpents que ce groupe réunit sont toutes les espèces remar- quables par l’étroitesse deleur tête, qui semble confondue avec letronc, lequel est lui-même très-grêle ettout à fait cylindrique, et en outre par la longueur respective des crochets simples antérieurs , qui est à peu près la même chez tous les individus. Ces Serpents ont la plus grande analogie avec ceux de la famille précédente, excepté par la proportion respective des crochets lisses. [ls appartiennent, comme eux, aux régions les plus chaudes de l'Amérique, et ils ne peuvent aussi saisir pour leur alimentation que de très-petits animaux. Nous n’avons inscrit que quatre genres dans cette famille ; on les distingue à la première inspection, parce que deux d’en- tre eux ont le corps très-grèle, tout à fait cylindrique et de mème grosseur ; tandis que, chez les autres, le tronc est d’une grosseur ordinaire et même plus volumineux dans la région moyenne. Ces genres sont distingués entre eux ainsi que l'in- dique le tableau suivant. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 93 Ornitens OpisrHoczypHes : Les STÉNOCÉPHALIENS. Caractères : Téte étroite confondue avec le tronc. très-plate . HomALOCRANE. grêle, rond, égal ; tel convexe ..... HR MARI SE … ÉLarsomonpue. A tronc 1% à taches en anneaux .… ÉRyYTHROLAMPRE. plus gros au milieu.. pas de taches annelées...... 4. STÉNORRHINE. G. I. Erapsomorraus, Fitzinger — dont le corps grêle est partout de même grosseur depuis la tête jusqu’au milieu de la queue, la bouche pe- tite et peu fendue ; les narines s'ouvrent dans une seule plaque. Ce genre réunit six espèces. À. E. d'Orbignyi. — Calamaria, Schlegel, t. If, p. 30. 2. E. flavo-torquatus, nobis. — Espèce rapportée par M. de Castelnau. 3. E. tricolor, nobis. — Recueilli à Santa-Cruz par M. d'Or- bigny. 4. E. bilineatus, nobis._— Une peau bien conservée provenant de Corrientes. 5. E. lemniscatus, nobis.—Espèce nouvelle, donnée par M. Darwin. 6. E. Blumii, Wiegmann. — Calamaria, Schlegel, t. IE, p. 45. G. IL. Enyrarozamprus, F. Boié. — Corps plus gros dans la partie moyenne du ventre, qui est plat en dessous; tête courte , obtuse ; queue de forme conique, se terminant insensiblement en pointe ; cinq espèces toutes annelées. 4. E. Æsculapii, Wagler. — Coronella venusta, venustissima , Schlegel, t. IE, p. 53. C’est la Bande noire de Bonnaterre. 2. E. Beauperthuisii, nobis.—Nouvelle espèce de la Côte-Ferme. 3. E. venustissimus, Wied. — Coronella, Filipo de Filipi, Bi- bliothèque italienne, t. XCIX. 13 , V4 94 PRODROME GÉNÉRAL 4. E. Milberti, nôbis. — Nouvelle espèce de New-York; par M: Milbert. L 3. E. intricatus, nobis. — Nouvelle espèce, d’origine inconnue, G. II. HowarocranioN , nobis. — Ce nom de genre, qui dénote une tête très- plate ou déprimée, caractérise en outre les espèces qui ont le corps cylindrique de même grosseur dans toute son étendue, et les flancs ou les côtés du ventre anguleux , avec les narines percées entre deux plaques : quatre espèces. 4. H. planiceps, nobis. — Coluber, Blainville, Ann. du Mus., t. IV, p. 294, pl. xxvir. 2. H. melanocephalum, Calamaria. — Schlegel, t. II, p. 38. 5. H. semicinctum, nobis — de la Martinique et de la Colombie ; M. Plée. 4. H. atrocinctum , nobis. — Calamaria, Schlegel, t. IF, p. 47. G. IV. Srenorræina, nobis.—Corps cylindrique, plus gros au milieu; à écailles losangiques ; à gastrostéges déprimées sur la ligne moyenne. Orifices des narines percés dans une seule plaque. Deux espèces qui ne sont pas annelées. 1. S. ventralis, nobis. — Espèce nouvelle de Coban , haute Vera- Paz. 2. S. Freminvillei, nobis. — Id. du Mexique; par M. le capi- taine de frégate de Freminyille. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 95 OPHIDIENS OPISTOGLYPHES. ANISODONTIENS (1). TROISIÈME FAMILLE. CaARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à crochets postérieurs can- nelés, à museau court ; mâchoires garnies de crochets iné- gaux'en longueur ou irrégulièrement distribués, avec des espaces vides surtout à la mandibule. Le nom de cette famille, comme on le voit, est emprunté à la disproportion ou à l’implantation insolite des crochets lisses'en faisant même abstraction des longues dents canne- lées qui distinguent ces Serpents de ceux du sous-ordre des Aglyphodontes. Cette inégalité, par son irrégularité même, varie dans les différents genres, ce qui nous a permis de distinguer ceux-ci facilement les uns des autres. Déjà plusieurs auteurs avaient reconnu cette particularité. M. Müller, entre autres, en avait formé une division sous le nom d’Hétérodontes; mais il y avait rapporté plusieurs espèces de nos Ophidiens dont toutes les dents sont lisses ou sans sillon, comme nous l’indiquons dans la partie historique de cette famille. Nous avons cru devoir faire connaître l'importance qui peut être rapportée à cette singulière anomalie que présentent les crochets. Quand on cherche en.effet à expliquer la cause présumable de cette organisation bizarre, on peut supposer que la nature, en armant ainsi ces mâchoires, semble avoir atteintun double but. D'une part, ces dents isolées, plus lon- gues et-plus fortes queles autres, ont dù faciliter et affermir ms (1) ‘Avioos, inégal, irrégulier, et 83oûs, 606vroc, dent. 96 PRODROME GÉNÉRAL la saisie de la proie à l’instant même où elle se trouve happée subitement et à l’improviste. D’autre part, la victime, retenue plus solidement entre les mâchoires, doit y rester accrochée pendant tout l’espace de temps nécessaire et suffisant pour que l’action produite par la piqûre des dents cannelées pos- térieures puisse suffisamment s’exercer en faisant pénétrer dansles chairsde l’être vivant la quantité d'humeur venimeuse préparée pour l’empoisonner. Ce venin est destiné à anéantir, chez l'animal, soit l'irritabilité musculaire afin d’affaiblir les efforts de mouvements qu’il doit naturellement opposer à sa destruction; soit aussi, par un bénéfice de la nature, et fort heureusement, pour faire cesser rapidement en lui l'impression douloureuse de la perte de la vie, en détruisant subitement ou en suspendant la sensibilité, cet attribut toujours constant des perceptions qui caractérisent la vieanimale ou derapports. Nous nous sommes servi, pour l'établissement des genres qui entrent dans cette famille, et dont le nombre est de. neuf, des modifications remarquables que présente le système dentaire. La distribution, la forme, la courbure, la direction et la longueur proportionnelle de ces crochets varient notable- ment dans ces différents genres. L'étude à laquelle nousnous sommes livré pour l'examen comparé de ces différences nous a fourni les moyens de répartir ou de rapprocher entre elles les nombreuses espèces qui doivent être rapportées naturel- lement à cette famille des Anisodontiens. D'abord il y a deux genres chez lesquels les crochets sus- maxillaires antérieurs, ainsi que ceux des os palatins, sont trèes-courts ou manquent complétement. Dans le premier, ce- lui des Bucéphales, les cadres orbitaires sont énormes, tan- n 2 =) 2. 1 -4 En Z < n = A cl [=] S é [=] (=) © DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 97 dis qu’ils sont petits, comparativement, dans les Jémiodontes. Chez les autres, ces crochets antérieurs sont très-dévelop- pés, mais, comme on l’observe dans deux de ces genres, ces dents antérieures longues sont à peu près égales entre elles : tels sont les 7omodons, dont les crochets sillonnés sont tran- chants, et les Zycognathes, qui ont, aux deux mächoires, les quatrièmes et cinquièmes dents qui paraissent énormes quand on les compare à celles qui les avoisinent. Dans les cingautres genres, trois ont les crochets antérieurs plus longs que les autres, avec un espace libre qui en interrompt la suite ; nous les avons inscrits dans le tableau analytique sous les numéros 3, 4 et 5 : car ceux qui portent les numéros 6 et 7 n’ont pas d'intervalle après les longs crochets antérieurs, qui sont peu courbés et très-pointus. Ces caractères, comme nous l’indiquons pour chacun de ces genres, présentent d’autres particularités pour la longueur, la brièveté, la courbure ou la proportion comparée de ces crochets entre eux. Voici le tableau qui donne l’énumération et les caractères principaux de ces genres. OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES : LES ANISODONTIENS. CaraAcTÈRES : Dents ou crochets susmaæillaires inégaux ou manquant en partie. . : la moitié du crâne.... 1. BucéPnaLe. / nuls ou manquant en avant ; orbites occupant le sixième du crâne... 2. H£émiononre. puis un espace libre; { courts et presque égaux entre eux . Ouicorroris. crochets postérieurs à à avant et au milieu .... 4. Psammornis. plus longs, plus longs et en . | arrière en décroissant.. 5. CHorisopox. J # | droits, très-longs . OpPErionox. sans intervalle ; crochets antérieurs. ... \ distinets, | courbés et égaux . TansoPuis. j ps | excepté le quatrième et le cinquième ..... 8. Lycocnarne. à peu près égaux entre eux | dans toute la série . TouoponrE. 98 PRODROME GÉNÉRAL G. T. Bucrpaazus, Smith. — Point de crochets en’avant des os susmaxil- laires et palatins; les orbites énormes, occupant la moitié du crâne. 4. B. typus, Smith. — Dispholidus Lalandii, Duvernoy ; Den- drophis Colubrina, Schlegel, t. Il, p. 238, pl. IX. G. I. Hewiononrus, nobis. — Caractères du genre précédent, mais les or- bites ordinaires. 1. H. leucobalia, Homalopsis. — Schlegel, t.11, p. 345, pl. XIII. G. IL. Oricorroris, nobis. — Les crochets antérieurs plus longs, puis un espace libre; tous les autres à peu près égaux. 4. 0. rhodopleuron , Reinwardt. — Schlegel , Dendrophis, t. II, p- 255. G.IV. Psamwormis, H. Boié. — Un espace libre après des crochets antérieurs plus longs ; les crochets postérieurs successivement plus longs les uns que les autres. .P. cruciger, Fitzinger-Boié, Isis , 4827 ,t. XX, p. 547. — Schlegel, variété du Cap, 1. II, p. 209. _ 2. P. moniliger, Lacépède, le Chapelet.— Schlegel, t. II, p. 207. 3. P. Savignyi, nobis.—Égypte, Supplément; pl. v, fig. 2; Dahtii, Schlegel, t. IE, p. 245. 4. P. elegans, Boié. — Schlegel, t. I, p.246, n°7. . P. pulverulentus. — Schlegel, t. IT, p. 21 ; pl. VIIL, fig. 40. . P. punctatus, nobis — d'Égypte, d'Arabie; par MM. Arnaud, Botta. D G. V. Caorisonon, nobis. _ Dents en corymbe, ou les crochets susmaxil- laires plus longs au milieu, et décroissant successivement devant et derrière. 4. C. Sibericum, nobis. — Coluber trabalis, Pallas, Zoograph. , t. I, p. 42. — Demidoff, Nordmann, t. IE, p. 344; Rept., pl. V. G. VI. Operionon, nobis.—Point d’espace libre après les crochets antérieurs, qui sont très-longs et droits; dents en alêne. DE LA CLASSIFICATION. DES SERPENTS. 99 4. O. cynodon, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. Il, p.268 ; pl. XI, fig. 40. G. VIE. Tarsopmis, Fleischmann. — Crochets susmaxillaires antérieurs plus longs, point d’espace libre ensuite, suivis d’autres crochets courbes et égaux. Même conformation à la mâchoire inférieure. 4. T. fallax.— Vivax de quelques auteurs, Schlegel, t. HE, p. 295. G. VII. Lycocnataus, nobis — dont le quatrième et le cinquième crochets sus- maxillaires sont plus longs que les autres et suivis d’un espace libre : sept espèces. 1. L. scolopax, Klein. — Lycodon audax, Schlegel, t. IE, p.124. 2. L. geminatus, nobis. — Coluber Boyuna, Klein, d'après Seba, t. Il, tab. 39. 3. L. leucocephalus, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. II, p.288. 4. L. cucullatus, nobis. — Coronella Lavis, var. Schlegel, t IE, p- 69, lign. 45; Geoffroy, Égypte, Rept., pl. VIIL, fig. 5. >. L. (æniatus, nobis.— Espèce nouvelle donnée par M. Schousboe : Algérie. 6. L. diadema, nobis.—Espèce nouvelle donnée avec la précédente. (Nous venons de nous assurer que c’est un Hétérodon.) 7. L. textilis, nobis. — Troisième individu du même pays, mème donateur. G.IX. Tomopon, nobis. — Les premiers crochets tous égaux, très-longs et , gaux , tranchants , ainsi que les dents cannelées encore plus longues, courbées en lame plate. 4. T. dorsatum, nobis. — Espèce nouvelle, obtenue par échange : du Brésil. 2. L. lineatum, nobis. — Erpét. gén., pl. xx, sous le nom d'ENDROME. 3. T. ocellatum, nobis.—Xénodon du mus. de Leyde ; M. Schlegel. 100 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. PLATYRRHINIENS. QUATRIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à dents susmaxillaires postérieures sillonnées , et à museau large, tronqué carré- ment. Ce nom est destiné à dénoter, au premier aspect, les Ser- pents de ce sous-ordre, qui ont la partie antérieure de la face déprimée et comme coupée transversalement. Ils se res- semblent d’ailleurs par la position des yeux et des narines, et l’analogie des formes se retrouve dans celle de leurs habi- tudes telles qu’elles sont indiquées par les voyageurs. La plupart étant destinés à vivre dans l’eau et dans des lieux herbeux où la lumière vient d’en haut, ont par cela même les yeux verticaux et les narines rapprochées l’une de l’autre vers l'extrémité supérieure du museau. Leur corps est court,et la région moyenne du tronc un peu renflée, surtout si on les compare aux espèces qui vivent habituellement sur les branches. Cependant, en proportion de la longueur de la tête, la bouche n'est pas très-fendue, et même la ligne qui sépare les lèvres se trouve légèrement courbée, de sorte que la com- missure se relève vers le crâne, et généralement les lèvres paraissent renflées et semblent rentrer un peu en dedans des gencives. Ces Serpents paraissent doués d’une grande force muscu- laire dans la région buccale pour la constriction de la proie, DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. IOI qu'ils peuvent d’ailleurs étouffer ou suffoquer en pressant sur les côtes de la victime pour s’opposer ainsi à sa respiration, si l’on en juge au moins d’après la solidité des os qui cons- tituent leur squelette, surtout dans la région de la colonne vertébrale. Les sept genres que nous avons rapprochés sous ce nom de famille, dans le tableau qui suit, ne comprennent chacun qu'un petit nombre d'espèces. Nous ne sommes pas très-bien renseigné sur l’origine de plusieurs espèces, quoique toutes paraissent avoir été recueil- lies dans les régions les plus chaudes de l’Asie et de l'Amé- rique, et vivre assez souvent dans l’eau. Îl est facile, par l’ana- lyse et l'observation, de reconnaître les genres. L'un d'eux est tout à fait anormal, même dans l’ordre des Ophidiens, parles tentacules écailleux, mais flexibles, qui font la suite du museau en laissant entre eux un assez large intervalle. D'ailleurs toutes leurs écailles sont carénées, et les lignessaillantes qu'elles for- ment, se répétant sur toute la surface du tronc, donnent à la totalité du corps l’apparence comme striée, ou cannelée; en- suite les gastrostéges sont réduites à de si petites dimensions, qu'elles semblent produites par la simple réunion de deux écailles ordinaires sur lesquelles se voit la double carène. Chez tous les autres Platyrrhiniens, le museau est mousse et les écailles lisses. On a remarqué que, dans un genre, la dent cannelée postérieure a une double courbure ; que, chez d’au- tres, les formes des plaques qui recouvrent les lèvres sont car- rées, étroites, allongées ; que les écailles, au lieu d’être lisses et polies ou carénées en saillie, sont au contraire striées ou qu'elles offrent des lignes longitudinales enfoncées et pa- 14 102 PRODROME GÉNÉRAL rallèles. Ce sont ces particularités qui ont servi à la caractéris- tique des genres, au nombre de sept, dont suit l'indication. L OpPAIpIENS OPISTHOGLYPHES : LES PLATYRRHINIENS. Caractères : Serpents Opisthoglyphes à museau plat, comme tronqué. à double courbure, comme torses. 4. CAmpyLopox. ‘lisses; les dents cannelées . HyrsRHnE. simplement courbes ; { carrées... plaques labiales rond ; écailles longues .. 2. Eunosre. nu) non lisses, mais ! Museau « \ ? + distinctes. 5. HomaLorsis. | carénées; plaques pa- riétales nulles.... 4 1 2 / striées ou à lignes creuses en long. 3. TriGonure. 5 6 . CERBÈRE. à deux tentacules écailleux flexibles . ErpPÉroN. G. 1. Hypsimaine, Wagler. — A écailles du dos lisses; les plaques sus- labiales en rang simple, à peu près carrées et toutes de mêmes dimensions. 4. H. rhombeatus, Linné. — Coronella, Schlegel, t. Il, p. 70. 2. H. enhydris, Schneider. —_ Homalopsis aer., Schlegel , t. IF, p. 547 : Bengale. 3. H. maculatus, nobis. — Espèce nouvelle rapportée de la Chine par M. Eydoux. G. II. Eurosrus, nobis. — Les écailles lisses; le museau plat, mais un peu arrondi; à dents postérieures surcourbées et plaques labiales allongées. 4. E. Dussumieri, nobis. — Espèce du Bengale, donnée par M. Dussumier. 2. E. plumbeus, Boié. — Homalopsis, Schlegel, t. II, p. 546. G. II. Triconurus , nobis. — Queue apiatie sur trois faces; à écailles sans carènes, mais striées en longueur par de petites lignes creuses enfoncées. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 103 4. T. Sieboldii, nobis. — Homalopsis, Schlegel, t. IT, p. 349 : du Bengale. Le G.IV. Campyzonon, nobis. — Les dents cannelées postérieures comme 1or- dues sur elles-mêmes en double courbure ; à écailles lisses. 4. C. Prevostianum, Eydoux. — Gervais, Homalopsis plumbea. G. V. Howazorsis, Kuhl.— Écailles carénées, à plaques pariétales distinctes ; museau très-plat et tronqué. À. H. buccata, Fitzinger. — Schlegel, 1. Il, p. 537. 2. H. albomaculata , nobis. — Espèce nouvelle de Sumatra; par M. Kunhardt. 5. H. 5-vittata , nobis — du Brésil? de Peten; par M. Morelet. G. VI. Cerserus, G. Cuvier — à écailles carénées et point de plaques parié- tales ; les autres plaques petites et rapprochées du museau. 4. C. Boæformis, Schneider.—Hoinalopsis Schneiderii, Schlegel, t. IE, p. 34. G. VII. Enpgron, Lacépède. — Museau à deux tentacules écailleux et flexi- bles ; queue conique sans urostéges ; gastrostéges hexagones, étroites, à deux carènes. 4. E. tentaculatum, Lacépède. — Homalopsis, Schlegel , t. If, p. 359. 14. 104 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. SCYTALIENS. CINQUIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à dents sillonnées; les sus- maxillaires postérieures cannelées; à crochets antérieurs presque égaux; à museau large et arrondk. Quoique tous les Serpents ainsi rapprochés aient une cer- taine analogie dans la forme générale de la tête, qui est plate avec un museau arrondi ou non prolongé.en pointe, et qu'ils aient ainsi un air de famille naturelle, il y a cependant entre eux d'assez grandes différences dans la manière dontcemuseau rétus, paraissant tronqué, se présente à l'observation, comme on en aura la preuve dans le tableau synoptique ci-joint. OPHIDIENS OPISTHOGLYPRES : LES SCYTALIENS. CarACTÈRES : Serpents à tête plate et museau arrondi. retroussé, plat, avancé 4. RaiNosiME. sur un seul rang ; bord du museau court, rond et mousse.,...... 3. SCYTALE. Urostéges jeune avancé, un peu plat. 2. RæinosromEe. \ doubles ; bout du museau courte... 4. BRACHYRRUTON. court : plaque frénale : A allongée. 5. OxyrRHoPe. Le plus grand nombre des espèces comprises dans les cinq genres que nous rapprochons sous une même dénomination sont à peu près nouvelles ; du moins leur existence n’avait pas été consignée ou introduite dans les registres de la science, comme il sera facile de le reconnaître. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 105 Dans deux de ces genres, la portion la plus avancée du front dépasse la mâchoire inférieure ; elle prend la forme d’un coin où d’un soc de charrue aplati, un peu tranchant sur ses bords, et il est excavé en dessous ; ce qui semblerait dé- noter que ces Serpents sont appelés à vivre sous terre, ou au moins à se retirer dans des galeries souterraines, car c’est la même conformation que l’on retrouve chez beaucoup de Sau- riens fouisseurs. Ces deux premiers genres, qui se ressemblent beaucoup, diffèrent par la manière dont sont disposéesleurs plaques sous- caudales ou les urostéges. Dans le premier, que nous nom- mons Rhinostome, ces grandes écailles du dessous de la queue sont distribuées sur deux rangs; tandis qu’elles n’en forment qu'un seul dans le genre Rhinosime. Cette première distinction, établie, nous a permis de re- connaître dans les trois autres*genres, dont le museau ne dé- passe pas la mâchoire inférieure, des caractères spéciaux tirés d’abord des urostéges, qui sont en rang simple dans le genre Scytale, qui a servi de chef à la famille, et double dans les deux autres, qui, avec d’autres caractères, diffèrent principalement entre eux par la forme de la plaque frontale ou frénale. La plupart des auteurs avaient confondu les espèces de ces genres, en les comprenant parmi les Couleuvres et les Lycodons, parce qu'à cette époque on n'avait pas encore observé sur la mâchoire supérieure la présence et même la disposition, ni reconnu le but de la structure et des usages des crochets postérieurs qui sont sillonnés , ni même la lon- gueur respective des autres dents qui les précèdent. Le plus grand nombre des Serpents compris dans les cinq genres que nous rapprochons sous cette même dénomination 106 PRODROME GÉNÉRAL de Scytaliens, sont à peu près nouveaux ; du moins ils n'ont pas été introduits dans les catalogues de la science, comme il est facile de le reconnaître. G. I. Rainosroma , Fitzinger. — À museau large, en coin plat; plaque ros- trale retroussée, dépassant la mâchoire; urostéges en rang double. 4. R. nasua, Wagler. — Hétérodon , Schlegel, t. II, p. 400 : de Colombie. G. IT. Rainosimus, nobis. — Museau obtus, en coin, dépassant la mâchoire inférieure ; urostéges en rang simple. 4. R. Guerinii, nobis. — Espèce nouvelle de Bahia : MM. Guérin, Lemelle et Deville. G. IT. Scyrace, Wagler. — Bout du museau peu retroussé, arrondi, ne dé- passant pas la mâchoire; urostéges sur une seule rangée. 4. S. coronatum, Merrern. — Lycodon Clælia, Schlegel , t. HI, pag. 144. 2. S. Neuwiedü, nobis. — Variété de l’espèce précédente, Schle- gel, t. IE, p. 446. G. IV. BracayrRuroN, nobis. — Bout du museau épais, peu retroussé et peu tranchant ; plaque frénale courte; urostéges doubles. 4. B. plumbeum, nobis. — Coluber plumbeus, Schlegel, t. If, pag. 152. 2. B. Clælia, Merrem. — Lycodon, var. Schlegel , t. II, p. 444. 5. B. nucha-luteum, nobis. — Bojobi de Séba, Wagler, p. 487, g. TA : Scylale. G. V. Oxvrrnopus, Wagler.—Tête oblongue; bout du museau mousse; yeux presque verticaux; narines ouvertes entre deux plaques; uro- stéges doubles. -Qt w _ à I æ 40 DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. L07 . O. trigeminus, nobis. — Lycodon formosus, Schlegel, t. IF, pag. 115. . O. subpunctatus, nobis. — Espèce nouvelle du Brésil, par M. Clossen. . O, rhombifer, nobis. — Espèce de Carthagène, par M. F. Bar- rot : du Mexique, M. Ducommun. O. doliatus, nobis. — Origine? du musée de Toulouse, par M. Joly. . O. formosus, nobis. — Lycodon , Schlegel, t. IL, p. 445, en partie. . O. multifasciatus, nobis. — Espèce nouvelle de Cayenne. . O. d’Orbignyi, nobis. — Plusieurs variétés de Buénos-Ayres : M. d’Orbigny. . O. clathratus, nobis — du Brésil : M. de Castelnau. . O. spadiceus, nobis. — Klein, Tentam. Herp., p. 36; d'après Séba, t. IE, tab. 58, n° 2. . O. immaculatus, nobis. — Origine ? du musée de Marseille, par échange. 14. 0. bipreocularis, nobis — de Cayenne ; par madame de Richard, _ CSI née Rivoire. . O. petolarius, Wagler. — Lycodon petolarius, Schlegel, €. IF, pag. 420. . O. Sebæ, nobis.—Sepedon, Leucophæa, t. If, pl. :x, n° 5, et t. IL, p. 76, tab. 75, n°1. . O. leucocephalus, nobis. — Espèce d'origine inconnue. L 108 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. DIPSADIENS. SIXIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Dents susmaæillaires postérieures sillonnées et plus longues, précédées de crochets simples égaux, à tête large en arrière et à museau arrondi, étroit. Cette dernière famille, qui réunit les Serpents qui ont en arrière les crochets susmaxillaires cannelés sur leur convexité et plus longs que les antérieurs qui sont lisses, ne sont ici rapprochés que par voie d'élimination à l’aide de l’analyse. Nous n'avons été conduits à en grouper les genres que par l'étude des caractères relatifs, et parce que les particularités que nous indiquons ne se rencontrent pas dans les cinq fa- milles précédentes. Nous allons rappeler les annotations que nous considérons comme négatives. Ainsi l'inégalité dans la longueur proportionnelle, la dis- tance réciproque et la force ou le volume des erochets qui garnissent le dessus des deux mâchoires les font tout à fait distinguer des Anisodontiens, puisqu’ici, à l'exception des dents cannelées, toutes les autres sont à peu près de même longueur et également espacées. Vient ensuite l'examen de la forme de la tête, qui est étroite et à peu près de la même grosseur que le cou, dont elle se distingue à peine dans les deux groupes que nous avons appelés les Oxycéphaliens et les Sténocéphaliens ; car ici la tête est élargie avant l'origine du cou. Et dans les deux autres familles qui se rapprochent par la longueur à peu près égale des crochets lisses, la tête DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 109 plus large et portée sur un cou étranglé, la bouche est très- dilatable, les mâchoires étant plus longues ; mais son extré- mité antérieure est tronquée , avec le museau plat dans les Platyrrhiniens, tandis qu’elle est arrondie et étroite dans les Scytaliens. Comme chez ces derniers, la désignation de la fa- mille est empruntée au nom de l’une des espèces principales ; mais, nous devons l’avouer, c’est moins à cause de l’étymologie du nom de Dipsas, que par l’analogie apparente que nous ont offerte les espèces indiquées depuis longtémps sous cette dénomination, que nous avons laissé à ce groupe le nom de Dipsadiens, aujourd’hui vague et incertain, car primitive- ment il avait servi à indiquer une sorte de Serpent venimeux dont la piqure produisait, chez l'individu qui en avait été blessé, une soif des plus ardentes. Cette circonstance ne nous a été transmise, au reste, que par les poëtes de l'antiquité, qui l'ont consacrée dans des peintures descriptives où leur ima- gination leur a fourni les moyens d’étaler les admirables ri- chesses de la pensée et de l’élégance latine. Comme il est nécessaire de le reconnaître, nous avons été forcé, pour suivre la marche analytique, d'employer des caractères, que nous nommerons négatifs, afin de distinguer les deux dernières familles de ce sous-ordre des Opistho- glyphes. Après avoir rapproché, autant que possible, dans les quatre premiers groupes, les espèces dont la tête est étroite, à peu près de la même largeur que le cou; puis celles dont les crochets susmaxillaires sont de longueur inégale et qui diffèrent, en outre, par la forme du museau; il nous reste à étudier les Serpents dont le crâne paraît élargi en arrière, et dont les dents sont entre elles à peu près égales pour la force, la longueur et leur répartition à des intervalles sem- 15 110 PRODROME GÉNÉRAL blables, en joignant à ces observations celle d’un museau qui est arrondi et étroit, au lieu d’être large et tronqué en avant. Pour distinguer et séparer entre eux les sept genres qui se trouvent ici réunis sous le nom de DipsaDiENs, nous avons eu d’abord recours à l’examen des plaques qui garnis- sent le dessous de la queue, lesquelles, au lieu d’être distri- buées régulièrement sur deux rangs, se trouvent entremélées d’urostéges d’une seule pièce. Puis chez les autres, qui en ont deux rangées régulières, la surface des écailles étant carénée dans les deux genres nommés Rhinobothrye et Dryophylax, cette observation nous a permis de les séparer des trois au- tres genres à écailles lisses, tels que les Imantodes, les Téles- copes et les Dipsas, qui sont les types de la famille. Ilest bon de prévenir que M. Schlegel a inscrit sous le nom de Dipsas un très-grand nombre d’espèces qui appartiennent à d’autres genres, et même à des groupes ou à des familles différentes, et que nous en avons donné la liste avec les ren- vois ou les indications nécessaires. Sept genres principaux sont rangés dans cette famille des Dipsadiens, dans l’ordre analytique indiqué ci-dessous. OPxipiENs OPISTHOGLYPHES : LES DIPSADIENS. 4 j Caractères : Téte plate et large; museau rond, étroit ; crochets égaux. creusées dans une fosse . RaiINoBoTHRYE. | carénées; narines régulières, et à superficielles, ordinaires... .. 5. DryoPayLax. écailles du dos x A £ (ronge, dos caréné..... 3. Imanrones. lisses ; à queue. { | très-grands. … TÉLESCOPE. Urostéges {. courte: yeux... l'ordinaires... 6. Dipsane. ssicLiPe ; 4 | trois solides. 4. TriGLypHopon. irrégulières simples ou doubles: dents cannelées. lune seule... 7. HéréRuRE. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. ITA G. I. Tezescorus, Wagler — qui ont les écailles dorsales lisses, la queue courte avec des urostéges régulières, les yeux énormes et la- téraux. 4. T, obtusus, Reuss. —Dipsas Ægypüacus, Schlegel, t. IE, p. 274. G. IH. Rainosoraryum, Wagler — dont les écailles du dos sont carénées, les urostéges régulières et les narines creusées dans un enfoncement triangulaire. 4. R. lentiginosum , nobis. — Macrorrhinum, Wagler et Fitzin- ger ; Dipsas de Schlegel, 1. IT, p. 289. G. I. Iuanropes, nobis. — Tronc à dos en carëène ; les écailles dorsales lisses; les urostéges régulières ; la queue excessivement longue. 4. L. cenchoa, Séba. — Dipsas Weigelü, Schlegel, t. 11, p. 278. G. IV. Triczypmonon, nobis. — Les trois dernières dents susmaxillaires can- nelées, très-fortes et solidement fixées; les urostèges irrégulières, en double rang, parmi lesquelles plusieurs sont simples. 4. T.irregulare, Wagler. — Dipsas, Schlegel , t. II, p. 274. 2. T. Forstenü, nobis — du musée de Leyde, qui nous l’a confié. 3. T. cyaneum , nobis.— Serpens ana-candoia, Busazina, Klein, Séba, t. If, pl. cxxxur, n° 4. 4. T. tesselatum , nobis. — Espèce de Java , par M. Diard. >. T. dendrophilum , Reinwardt.—Dipsas, Schlegel, t. 11, p. 265. 6. T. flavescens, nobis.—Dipsas var., Schlegel, 1. I, p. 275 , note. 7. T. gemmicinctum, nobis. — Variété du Dendrophila, Schlegel, t. il, p. 265. 8. T. jaspideum, nobis. — Dipsas, Cynodon jeune, Schlegel, t. EL, p. 269. 9. T. Drapiezii, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. Il, p. 270. G. V. Dexopayrax, Wagler. — Écailles du dos en losanges, allongées et lé- gèrement carénées, ou avec une ligne bombée ; celles des flancs et de la queue lisses. 4. D. viridissimus, Linné.—Chlorosoma, Wagler ; Herpétodryas, Schlegel , t, II, p. 482. Tia 112 PRODROME GÉNÉRAL 2. D. Nattereri, Wagler.— Dipsas, Schlegel , t. IT, p. 290. 5. D. Olfersi, Wagler. — Herpétodryas, Schlegel, t. II, p. 483. 4. D. punctatissimus, Wagler.— Thamnodynastes. Dipsas, Schle- gel, t. 11, p. 292. 5. D. serra, nobis.— Herpétodryas, Schlegel, t. 11, p. 480. 6. D. insignitus , nobis.—Psammophis lacertina, Schlegel, t. I, p. 205. Cœlopeltis, Wagler, Nat. syst., p.189. Couleuvre maillée, Geoffroy, Égypt., pl. VIL. 7. D. Freminvillei, nobis. — Nouvelle espèce de la Guyane, du Pérou. 8. D. Schottü, Fitzinger. — Xenodon, Schlegel, t. II, p. 94. 9. D. inornatus, nobis. — Xenodon, Schlegel, t. II, p. 89. G. VI. Dipsas, Boié. — Tronc cylindrique, à écailles lisses , à queue courte, à yeux latéraux, petits. D. trigonatus, Schneider. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 267. D. multimaculatus, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. IE, p. 265. D. annulatus, Linné. — Dipsas, Schlegel , t. 11, p. 465. D. colubrinus. — Schlegel, t. IE, p. 273. D. Chilensis. — Schlegel, t. 1, Coronella, p. 70. . lineatus, nobis. — Espèce nouvelle du Nil Blanc : M. d'Ar- naud. 7. D. miniatus, nobis. — Coluber, Schlegel, t. II, p. 404. 8. D. Goudotii, nobis. — Herpétodryas, Schlegel , t. Il, p. 487. DÉRERNE de © G. VIT. Hererurus, nobis.—Les écailles sous-caudales, dites urostéges, sim- ples ou doubles irrégulièrement ; une seule dent cannelée. 4. H. rufescens, Gmelin. — Hotamboeia, Séba , t. Il, pag. 54, tab. 35, n° 6. 2. H. hippocrepis. — Reinhardt Besk. Slangeart, t. X, p. 254. 3. H. Gaimardi, Schlegel. — Dipsas, t. II, p. 293 : Madagascar. 4. H. arctifasciatus , nobis. — Nouvelle espèce madécasse : MM. Quoy et Gaimard. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 113 QUATRIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les PROTÉROGLYPHES dits APISTOPHIDES. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents dont les os susmaæillaires portent en avant un ou plusieurs crochets sillonnés ou veni- meux, suivis d'autres crochets simples, ou sans sillon. Lorsque nous avons publié le sixième volume de notre Erpétologie, mon collaborateur M. Bibron et moi n'avions pu malheureusement trouver alors un nom simple pour carac- tériser les Serpents que nous allons faire connaître sous une dénomination nouvelle que nous croyons meilleure en ce qu’elle indique un fait matériel positif, facile à observer et plus propre à indiquer la particularité qui les distingue. Ce caractère est en effet inscrit, pour ainsi dire, sur les crochets que présente en avant la mâchoire supérieure : car on voit là, en avant, un sillon, une cannelure qui ne se retrouve pas sur les autres dents placées à la suite et en assez grand nombre. Or, ce sont les seules espèces qui offrent ce caractère ; voilà pourquoi nous avons cru devoir substituer à ce sous-ordre le nom de Protéroglyphes (1) à ceux donnés par nous d’abord, tels que Fallaciformes ou Apistophides (2). (1) De deux mots grecs : mpôtepov, en avant, anterius, et de ÿhvoñ, entamure, rainure, rima, sulcus. (2) Ariaros, perfide, suspect , et de ëpw, serpent 114 PRODROME GÉNÉRAL Ces crochets cannelés ou sillonnés ne peuvent être obser- vés que dans trois sous-ordres ou tribus principales des Ser- pents. La présence de ce sillon est donc très-importante à constater par les naturalistes ; car cette rigole est une véritable gouttière propre à transmettre ou à inoculer, sous la peau des animaux vivants destinés à l'alimentation de ces Serpents, une humeur vénéneuse plus où moins rapidement délétère. En effet, ce poison est transmis par trois sortes de dents qui diffèrent par leur situation ou leur implantation, Ainsi, dans l’un des cas, le venin est introduit par les dents anté- rieures excessivement développées et implantées dans l'os sus- maxillaire, qui ne porte pas d’autres crochets; et alors ces dents, non-seulement sont sillonnées vers leur pointe très- acérée, mais elles sont creuséés dans toute leur longueur par un canal destiné à conduire le poison vers cette pointe can- nelée, qui doit servir d’aiguille d’inoculation : c'est le cas des espèces de Serpents dont nous avons fait le sous-ordre des Solénoglyphes. Ces mêmes dents sillonnées vers leur pointe , maïs non creusées intérieurement par un canal, se retrouvent dans le sous-ordre qui constitue la section qui nous occupe, celle des Protéroglyphes; mais ces dents cannelées sont beaucoup plus courtes, et le plus souvent elles sont suivies de crochets lisses, en nombre variable, et implantées dans des os susma- xillaires, prolongés en arrière, et non ramassés en une seule masse uniquement destinée à recevoir et à faire mouvoir les longs crochets venimeux, car il n’y en a pas d’autres chez les Solénoglyphes. Enfin, dans le dernier sous-ordre, celui des Opisthoglyphes, on n’observe de rainure que sur les dernières dents susmaxillaires, celles qui occupent la région où sont DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 115 rangés les crochets lisses, et ces mêmes dents cannelées ont au moins une longueur double de celles qui les précèdent. Joignons à ce caractère des Protéroglyphes les remarques suivantes. Ces Serpents ont le dessus de la tête notablement allongé et souvent très-déprimé. L’occiput, dans la jonction du crâne avec le cou, n'offre pas d’étranglement comme dans les Serpents qui ontla forme des Vipères ; cette particularité est liée, jusqu’à un certain point, au mode d’articulation des deux mâchoires, dont les quatre branches, appuyées sur l'os carré, sont ici comparativement beaucoup plus courtes, ainsi que les os mastoïdiens, lesquels se trouvent soudés aux tem- poraux, dont ils sont le prolongement tout à fait dirigé en arrière. Il résulte, de cette disposition anatomique des par- ties solides, que la fente de la bouche, ou l'intervalle entre les deux mâchoires, est moins considérable que dans les So- lénoglyphes, dont les grands crochets venimeux, cachés dans les membranes du palais qui leur servent de gaines, doivent cependant se dégager tout à coup, lorsque les mächoires s'en- tr’ouvrent pour mordre, car alors elles s’éloignent l’une de l’autre en haut et en bas. Ces Serpents à dents sillonnées antérieures, unies en ar- rière à d’autres crochets lisses, peuvent se partager en deux tribus ou familles : 1° les espèces qui vivent habituellement sur la terre, qu'il est facile de reconnaître et de caractériser par la forme conique ou cylindrique de leur queue, et nous les nommonsles Conocerques; 2° les autres, vivant habituel- lement dans l’eau, peuvent y nager et s’y diriger, parce que leur queue plate, ou comprimée en lame verticale, peut leur servir de rame; aussi les avons-nous appelés les Platycerques. Nous avons dû faire connaître l'historique de la classifi- 116 PRODROME GÉNÉRAL cation des Serpents de ce sous-ordre, dont nous n’allons pré- senter ici que l’abrégé. La plupart des zoologistes dont les travaux ont précédé les nôtres, avaient inscrit ces Serpents parmi les espèces venimeuses. Ainsi Latreille, sous le nom d’Anguivipères ou de Vipères-Couleuvres , les avait rangés dans la famille des Vipérides. Daudin, n'ayant pas eu l’idée d'adopter un ordre naturel, ni même unesorte de classification systématique pour les Serpents, avait placé les Bongares et les Acanthophis à la suite des Pythons, et les avait fait suivre des Vipères, des Crotales, Lachésis, Cenchris et Scytales, puis, bien loin, près des Couleuvres, les Platures et les Enhydres, ettous les genres à queue plate avec les Cécilies. Oppel, plaçant tous les Serpents venimeux sous le nom de Gulones venenati,en a fait quatre familles, sous les noms d’Æy- dri, Crotalini, Viperini et Pseudo-V'iperæ. Les premiers et les derniers correspondent aux groupes que nous avions nous- même proposés dans nos cours, à l’époque où cet habile officier les suivait avec intérêt ; mais les genres y sont énu- mérés successivement, et sans ordre méthodique. Ilen est à peu près de même dans le système de Merrem. G. Cuvier, d’après quelques indications incomplètes, fournies par ses prédécesseurs, avait rapproché des Vipères les espèces à cro- chets venimeux isolés: tels étaient les Najas, Élaps et Platures ; il les avait distinguées des Bongares, des Hydrophides et des Pélamides. Par la suite, nous verrons que cet arrangement était insuffisant. M. Fitzinger est celui de tous les erpétolo- gistes qui nous paraît avoir le mieux disposé les genres de cette tribu par familles naturelles ; aussi avons-nous à peu près adopté les divisions qu’il a proposées, comme nous le faisons connaître par les détails dans lesquels nous sommes DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 117 entré. Wagler n’a pas suivi l’ordre naturel; cependantil a fort bien distingué les genres, dont l’énumération suit comme au hasard. M. Schlegel range bien les Serpents dont nous traçons l'histoire parmi ceux qu’ilnomme Venimeux colubriformes, et d’après leur physionomie il distingue d’abord les trois genres Élaps, Bongare et Naja. Dans une seconde famille il place les Serpents de mer ; il n’y place que legenre Hydrophis, en yinscrivant des espèces que nous avons cru devoir séparer comme appartenant à des genres très-distincts. Voici la marche que nous avons adoptée pour distribuer méthodiquement les quinze genres qui semblent aujourd'hui devoir être rapportés à ce sous-ordre. Nous n'avons pas été dans la nécessité d’en créer de nouveaux, la plupart ayant été établis par des naturalistes dont les travaux ont précédé les nôtres. Cependant on trouvera dans cet arrangement plu- sieurs transpositions d'espèces devenues nécessaires, parce que les circonstances nous ont permis de pouvoir étudier avec plus de détails et de vérifier les caractères dont la plu- part de nos devanciers n'avaient pu constater la présence sur les individus mêmes. Nous divisons cette race des Serpenis Protéroglyphes en deux familles principales : 1° les espèces terrestres, à queue ronde et conique : ce sont les CoNocERQUESs : 2° on distingue les espèces aquatiques, qui réunissent les Serpents de forme allongée, dont la plupart vivent dans les mers des pays chauds, et qui sont faciles à caractériser par la forme de leur queue comprimée sur les côtés ou de droite à gauche, géne- ralement obtuse à son extrémité libre, paraissant destinée à servir de rame aplatie propre à la manière de nager de ces animaux : c’est ce qui nous les a fait désigner sous le nout de PLATYCERQUES. 16 118 PRODROME. GÉNÉRAL OPHIDIENS PROTÉROGLYPHES. CONOCERQUES. PREMIÈRE FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à queue conique, ayant la téte recouverte de grandes plaques avec un écusson central. Ces Ophidiens sont en apparence semblables à la plupart de nos Couleuvres; ils en ont même la structure et les mœurs. Îls grimpent rarement sur les arbres; souvent ils passent leur vie sur la terre : là ils se retirent dans des galeries souterraines pendant le jour et dans le danger; ou bien ils se mettent à l’abri sous les pierres ou dans les cavités des ro- chers. Ordinairement leur tête n’est pas plus large en arrière que le cou, quand cette dernière région n’est pas plus étendue en travers, ce quiest l'inverse de ce qu'on voiten général dans les Vipériformes, chez lesquels l'occiput est dépassé par l’ex- trémité postérieure des mâchoires et paraît comme échancreé. Chez tous ces Conocerques, le dessus de la tête ou le vertex est protégé par de grandes plaques qui sont tres-régulière- ment disposées, ayant un écusson central impair. Leur écail- lure présente des particularités : ainsi tantôt le dessus du dos dans la région moyenne offre une série longitudinale d’écailles plus grandes et d’une autre forme que celles quiles avoisinent, comme dans le genre Bongare ; tantôt on voit des écailles là- ches et adhérentes de toutes parts à la peau du cou qui peut s'étendre et dont elles suivent tous les mouvementsen sem- blant s’écarter les unes des autres suivant la volonté du Ser- pent, qui dilate et resserre le cou : ce qui les a fait nommer Serpents à coiffe ou à chapeau, Vajas. Les sept autres genres DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 119 compris danscette famille ont des écailles semblables pour la forme. Il n’en est pas de même de leurs urostéges : ces plaques du dessous de la queue sont en rang simple dans les .Z/ectos, ou entremélées avec d’autres qui forment deux rangées, comme dans les Z'rimérésures. Dans tous les autres genres, les urostéges sont, comme à l'ordinaire, distribuées sur deux rangs; mais chez les Sépédons et les Causus les autres écailles du dos et des flancs sont carénées, tandis qu’elles sont lisses dans les Pseudélaps et les Furines; cependant, chez ce dernier genre, il y a des crochets lisses à la suite de ceux qui sont can- nelés et implantés en avant, et c’est ce qui ne se voit pas dans les Élaps. OPHIDIENS PROTÉROGLYPHES : LES CONOCERQUES. CanacTÈREs : Serpents à dents cannelées antérieures sur des mâchoires prolongées ; de grandes plaques sur le vertex,, et qui ont de plus la queue conique. dos, où elles sont inégales ou formant des rangées autrement distribuées sur le plus grandes es 8. Boncane. ù cou qui est tres- dilatable . Nasa. | toute la queue.... 5. Axecro. simples ou formant une seule rangée sur une partie seule 4. TRIMERÉSURE. À 7} écailles L . Causus. égales entre elles; | carénées sur le haut du dos urostéges et sur les flancs... 6. Sépepox. | doubles ; : \ écailles à crochets sous- | BPANAES eme st alors PseupÉLars. lisses : labiaux ; écailles susmaxillaires sans crochets ou dents labiales . Évars. petites . Funine. Nous présentons d'une manière analytique cette distribu- tion des genres dans le tableau synoptique qui précède, et 16. 120 PRODROME GÉNÉRAL nous passons à l’étude des genres, comme nous allons le faire dans un très-court résumé, pour indiquer les espèces, au moins par le nom, en citant l’un des auteurs principaux parmi ceux qui peuvent en avoir fait l’histoire. G. I. Érars. — Corps couvert d’écailles lisses, semblables entre elles ; à plaques sous-caudales doubles; à os susmaxillaires sans cro- chets lisses ou sous-labiaux. Ce genre nombreux a exigé beaucoup d’éliminations pour des espèces, et nous avons été obligé d’entrer dans de grands détails à ce sujet. La distinction des espèces a dû exiger aussi une analyse longue et difficile, dont nous présen- tons le tableau synoptique dans notre ouvrage, car il comprend plus de vingt espèces (1). E. corallinus, Linné. — Schlegel, t. Il, p. 440. E. Marcgraviü, Merrem. — System. Amph., p.442, n°1. E. alternans, nobis—du Mexique ; espèce acquise de M. Prémat. E. circinalis, nobis — de la Martinique? par M. Plée. E. gastrodelus, nobis. — Origine? Donné par M. le docteur Kéraudren. 6. E. Psyche, Merrem — de Surinam, par M. Levaillant. 7. E. Hygiæ, Wagler. — Schlesel, t. IF, p. 46, n° 4. 8. E. fulvus, Linné. — Holbrook, North-Amer. Herp., t. If, pag. 49. 9. E. lemniscatus, Linné. — Schlegel, t. IE, p. 444, n° 2. 40. E. lubricus, Laurenti. — Naja, n°8; Schlegel, t. If, p. 484. M4. E. occipitalis, nobis. __ Esp. nouv. de Rio-Janeiro ; M. Frey- cinet. &œ & SN à (x) Nous croyons devoir prévenir, en outre , que, ce nom de genre Élaps ayant cté appliqué par les divers auteurs à un très-grand nombre d’espèces de Serpeuts, nous en avons fait le relevé par ordre alphabétique dans notre Ærpétologie géné- rale, et que cette table en désigne plus de trente avec la synonymie. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. [21 12. E. mipartitus, nobis. — Rio-Senio ? par M. Goudot. 43. E. decussatus, nobis. — Espèce de la Nouvelle-Grenade, par M. Goudot. 44. E. diastema, nobis — du Mexique ; M. Ducommun. 45. E. epistema, nobis — du Mexique ; M. Verreaux. 46. E. frontalis, nobis — du Brésil ; M. Beauperthuis. 47. E. Surinamensis, Cuvier. — Schlegel, t. IF, p. 445. 18. E. collaris. — Schlegel , t. IL, p. 448. 19. E. bipunctiger, nobis. — Amér. sept.? Bosc. 20. E. trilineatus, nobis. — Nouv. esp. de Padang : Sumatra. M. Kunhardt. 24. E. furcatus, Schneider. — Schlegel, t. II, p. 450. 22. E. bivirgatus. — Schlegel, t. Il, p. 454. G. IT. Pseuperars, Fitzinger.— Corps à écailles lisses, égales, mais grandes ; des crochets lisses susmaxillaires postérieurs. 4. P. Mulleri. — Schlegel, t. If, Elaps n° 9, p. 452. 2. P. psammophidius, nobis. — Schlegel, Psammophis Elaps, n° 44. 8. P. squamulosus, nobis. — Nouv. esp. de Tasmanie; M. Ver- reaux. G. IT, Furina, nobis.— Corps à écailles lisses, égales mais petites ; des cro- chets susmaxillaires après les dents cannelées. 4. F. diadema, nobis. — Calamaria, Schlegel, t. IF, p. 32, n° 5. 2. F. bimaculata, nobis.— Espèce nouvelle de Tasmanie ; M. Ver- reaux. 3. F. calonotos, nobis. — Également de la Nouvelle-Hollande ; M. Verreaux. 4. F. textilis, nobis. — Espèce nouvelle également de l'Australie. G. IV. TaimeBesurus, Lacépède. — Queue à urostéges simples sur quelques anneaux seulement ; les autres écailles égales entre elles. 4. T. ophiophagus, Cantor. — Schlegel? Naja Elaps, t. IN, p. 485. 2. T. porphyreus, Merrem.--Hurria Naja, Schlegel, t. 11, p. 179. 122 | PRODROME : GÉNÉRAL G. V. Auecro, Wagler. — Une seule rangée d’urostéges ; écailles lisses. 4. A. curta, Schlegel.— Naja, Schlegel, t. I, p. 486, n° 40. 2. A. variegata, nobis. — Nouvelle-Hollande; par M. Kéraudren. Naja Bungaroïdes, Schlegel ? 5. A. Bungaroides, nobis. — Schlegel, t. IL, p. 477, n° 4? 4. A. coronata, Schlegel. — Elaps, n°40, t.II, p. 437. G. VI. Serroon, Merrem. — Écailles carénées sur les flancs et le dos, et pas de dents lisses susmaxillaires après les crochets sillonnés. 4.S. hemachates, Séba. — Naja, Schlegel, t. I, p. 481, n° 6. G." VIT. Causrs, Wagler. — Des écailles carénées sur le dos seulement. 4. C. rhombeatus, Wagler. — Naja, Schlegel, t. II, p. 483. G. VII. Buxçeants, Daudin. — Dos garni d’une rangée d’évailles beaucoup plus grandes que toutes les autres. 4. B. annularis, Daudin, — Schlegel, t. IF, p. 457. 2. B. arcuatus, nobis. — Espèce du Bengale; MM. Lesson, Bé- langer. 5. B. semifasciatus, nobis. — Des Indes; MM. Quoy et Gaimard, pl. II, n° 42, qui est gravée dans ce Prodrome. 4. B. cœruleus, Schneider. — Hist. Amph., fasc. 2, p. 284. G. IX. Nasa, Laurenti. — Écailles du cou très-larges, et suivant la dilatation de cette région du tronc. 4. N. tripudians, Linné d’après Kæmpfer.—Beaucoup de va- riétés décrites dans l’Historique. La tête osseuse est représentée sur la planche 1}, n° 43, qui fait partie de ce Prodrome. 2. N. Haje, Linné, Geoffroy. —Reptiles d'Égypte, Vipère; pl. 8, fig. 2 à 5. DE LA CIASSIFICATION DES SERPENTS,. 123 OPHIDIENS PROTÉROGLYPHES. PLATYCERQUES. DEUXIÈME FAMILLE. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents à queue comprimée ou aplatie en lame verticale et a vertex recouvert par. de grandes plaques polygones, avec un écusson central im- pair et irrégulier. Nous avons rapproché sous ce nom de famille, qui signi- fie à queue plate, tous les Serpents qui, avec cette particu- larité d’avoir la région postérieure du corps comprimée de droite à gauche, ont en outre les dents susmaxillaires anteé- rieures cannelées ou marquées d’un sillon longitudinal, soit d’une sorte de rainure sur leur convexité. Le dessus de leur tête est recouvert d’une série régulière de grandes plaques paires et symétriques au centre desquelles on observe cons- tamment un écusson impair. Ce sont des espèces dont les morsures sont très-dangereu- ses, qui produisent des accidents graves et souvent même une mort rapide chez lesanimaux qu'elles ont blessés. Elles consti- tuent une race distincte par ses mœurs et ses habitudes, qui se trouvent pour ainsi dire désignées et inscrites sur tous les individus par l’aplatissement de la partie postérieure de leur tronc. Tous vivent habituellement dans l’eau sous les climats les plus chauds, voisins de l'équateur, souvent en pleine mer, même à de très-grandes distances des terres. Leur principale nourriture consiste en poissons et en crustacés dont on a eu occasion de constater les dékris dans leur ca- nal intestinal. 12/ PRODROME GÉNÉRAL Au reste, la forme générale du corps dénoterait d'avance leur manière de vivre. Leur tronc est comprimé en lame de couteau, au moins dans une grande portion de son étendue. Le dos est plus épais que le ventre, qui est ordinairement étroit et tranchant, terminé par une queue plus mince , large à son extrémité libre, servant d’instrument natatoire pour frapper l’eau avec force et alternativement de droite à gauche, le Serpent trouvant un point d'appui sur le liquide qui re- pousse son corps en avant et dirige ainsitous ses mouvements. Comme toutes ces espèces doivent vivre dans l’eau , l’un de leurs poumons a pris un si grand développement et ses cellules se sont tellement dilatées, que ce poumon forme un véritable sac membraneux qui fait l’office de vessie natatoire sur laquelle les côtes nombreuses et solides, mues par des muscles également forts, peuvent exercer une utile compres- sion. Suit l'historique de la classification et de l'établissement des genres par les divers auteurs. Nous avons procédé autre- ment pour distinguer entre eux les six genres principaux et les nombreuses espèces que nous avons pu étudier sur les in- _dividus mêmes qui sont conservés dans la riche collection de notre Musée national. Une première section, facile à reconnaître dès la première inspection des gastrosteges, réunit trois genres chez lesquels ces plaques ventrales sont très-distinctes : ce sont les genres llature, Aipysure et Disteire. Dans la seconde section, les plaques ventrales sont pres- que aussi petites que les écailles des flancs, qui sont tantôten- tuilées, comme dans le genre Æcalypte dont le vertex n’a pas d'écusson ; tantôt les écailles sont comme affrontées et rap- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 125 prochées à la manière dont se touchent les pavés, et alors ces écailles sont carénées ou tuberculées : tels sont les Æ/ydro- phides ; ou bien elles sont lisses, même concaves, et c’est le cas des Pélamides. Opæiprens PROTÉROGLYPHES : LES PLATYCERQUES. Caractères : Serpents à dents cannelées antérieures fixes et à queue comprimée. rondes et très-lisses... 4. PLATURE. larges, très-distinctes et..... | pliées au milieu . AIPYSURE. étroites, rondes , à deux carènes. 3. Disreire. Gastrostéges nulles ou très-étroites, à écailles (PS vertex sans écusson... D. ACALYPTE, _ { lisses ou concaves . Pécamne. en pavé carénées ou tuberculées. 6. Hypropripe. G. I. Prarurus, Latreille. — Dont le corps est cylindrique, inaïs convexe du côté du dos; les écailles lisses, imbriquées; les gastrostéges étroites ; point de crochets simples après les dents cannelées. 4. P. fascialtus, Daudin.— Schlegel, t. IE, p. 514. G. IT. Aupysurus, Lacépède. — Corps comprimé, plus large au milieu; gastrostéges étroites, pliées au milieu, produisant une carène ven- trale. 4. A. lævis, Lacépède. — Enhydris, Merrem, Syst. Amph., p.440, n° 42. G. WI. Disreuna, Lacépède. — Corps comprimé, à ventre plus étroit que le dos ; écailles faiblement carénées ; gastrostéges étroites, comme à deux carènes. 4. D. præsculata, nobis. — Espèce nouvelle. Origine ? M. le doc- teur Raoul. 2. D. doliata, Lacépède. — Ann. du Muséum , t. IV, pl. 57, pag. 499. 126 PRODROME GÉNÉRAL G. IV. Pecamis, Daudin. — Gastrostéges presque nulles; dos épais en ca- rène ; les écailles lisses, en pavé et hexagones. 1. P. bicolor, Daudin — Schlegel, t. H, p. 508; Hydrophis, n°5. f G. V. Acazxprus, nobis. — Corps peu comprimé, à écailles carrées entuilées; 3267 tête presque carrée, courte, écailleuse, sans écusson central dis- tinct, ni plaques occipitales. 4. A. Peronii, nobis. — Espèce nouvelle; par Péron : Nouvelle- Hollande? G. VI. Hypropmis , Daudin. — Gastrostéges à peine distinctes ; corps com- primé ; ventre en couteau ; écailles carénées ou tuberculées. 4. H. schistosa, Daudin. — Schleyel, t. IE, p. 586. 2. H. pelamiodes, Siebold. — Faune du Japon, Schlegel, t. I, p. 512, n°6. 3. H. striata, Siebold. — Faune du Japon, Schlegel, 1. If, p. 502. 4. H. fasciata, Schneider. — Fasc. 1, Hist. Amph., p. 240. 5. H. nigrocincta, Daudin. — Schlegel, t. I, p. 505. 6. H. gracilis, nobis. — Schlegel , t. I, p. 507. 7. H. spiralis, Shaw. — Schlegel, var. nigrocineta, t. IE, p. 506. 8. H. leprogaster , nobis. — Espèce nouvelle : Pondichéry ; MM. Bélanger et Dussumier. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 127 CINQUIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les SOLÉNOGLYPHES, dits TmanaTorHipes. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents dont les os susmaxillaires ne portent uniquement qu'un ou plusieurs longs crochets sillonnés et perforés dans toute leur longueur. Cette grande tribu des Serpents venimeux est caractérisée par la présence des longues dents cannelées à leur pointe et perforées dans leur intérieur par un canal qui sert de con- duite à l'humeur vénéneuse sécrétée par des glandes spéciales. Ces dents, les seules qui soient fixées sur les os mandibulaires, sont mobiles et protractiles avec eux : ce sont deux petites masses osseuses qui constituent et soutiennent la partie an- térieure du museau. C'est essentiellement dans la structure anatomique de cette partie de la bouche que réside le caractère le plus évident de cette réunion de genres qui ont une sorte de physionomie distincte. En effet, les os de la face étant généralement peu développés, le crâne paraît plus large et plus allongé que la partie antérieure et mobile du museau. Les os susmaxillaires sont ici réduits en une pièce large et courte qui se meut en bascule sur les os nasaux et préorbitaires, lorsque cette pièce est poussée en avant par les os transverses, dits ptérygo-maxil- laires, qui sont forts et élargis surtout à leur bout antérieur. Ces os mandibulaires sont uniquement destinés à donner ou à 17. 128 PRODROME GÉNERAL transmettre le mouvement aux longs crochets vénénifères dont ils sont armés. Ils sont en outre excavés en dessus par une fosse dans laquelle est logé le réservoir ou le sac qui renferme l'humeur vénéneuse et ses conduits. Une autre excavation se voit en dessous près et en dehors des longs crochets soudés à l'os: c'est dans cette cavité que se trouvent placés comme dans une boîte, et rangés par ordrede longueur, les germes plus ou moins développés des crochets vénéneux destinés à remplacer celai ou ceux d’entre eux qui se sont consolidés sur le bord libre de los susmaxillaire. Cet appareil forme ainsi un tout unique, qui se trouve par cela même et nécessairement mis en mouvement quand le crochet se trouve redressé pour faire saillie hors de la bouche. Lorsque cet os est ramené en sens contraire, l'arme se place intérieurement sous la paroi externe du palais, dans une gaîne membraneuse qui la cache entièrement ; et c'est ce qui arrive toutes les fois que les mä- choires se rapprochent. Ces dents ont toujours la même forme, et sont mises en ac- tion par un mécanisme qui est à peu près le même dans toute cette race. Ces crochets vénéneux ne différent que par la lon- gueur, la solidité et la courbure, proportionnées à la taille et à la grosseur du Reptile;coniques avec une pointe excessivement aigue, courbés en arrière, et portant sur la face convexe an- térieure une rainure allongée ou un sillon qui s'élargit un peu comme une gouttière vers le point où l’on distingue un petit trou qui est la terminaison du canal intérieur dont la dent est perforée et qui la parcourt dans tout son axe. Telle est la voie que suit l'humeur vénéneuse lorsque le dard empoisonné pe- nèêtre dans l'intérieur de la proie vivante, en traversant sa peau pour arriver jusqu'aux chairs. Dans cet acte, le crochet remplit DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 129 l'office d’une alène ou d’une aiguille appropriée à cette sorte d'inoculation. Cette piqüre, opérée par un instrument très- délié mais conique, dilate la peau sans la déchirer, et il en sort, en laissant à peine distinguer la trace du point par lequel la dent s’est introduite, de manière cependant à ne pas laisser sortir le poison par le trou imperceptible que la peau semble boucher en se rétractant sur elle-même. La plupart de ces Serpents venimeux ont le corps cylin- drique, un peu plus évasé vers la région moyenne; ils sont ge- néralement courts ou trapus, car leur queue a peu de longueur, surtout chez les individus mâles; elle semble même souvent comme disproportionnée, étant subitement rétrécie vers sa base et se terminant brusquement en pointe. Dans la plupart la tête est plate en dessus et triangulaire, car la mâchoire inférieure et les ptérygo-maxillaires étant joints au crâne par l’intermède des os mastoidiens et des in- tra-articulaires, dits os carrés dans les oiseaux, mais qui, étant ici très-longs, prolongent réellement beaucoup la partie occi- pitale au delà du crâne, il en résulte que la nuque offre une sorte d’échancrure semblable à celle d’un cœur de carte à jouer. Quand le gosier se dilate, les mâchoires se portent en travers par leur écartement réciproque, etce mouvement se communique à l'os transverse, qui pousse en avant l'os sus- maxillaire de chaque côté en faisant redresser les longs cro- chets dont ceux-ci sont armés. Les écailles qui recouvrent le dos sont le plus souvent en- tuilées, ou se recouvrent successivement par leur bord libre. Elles varient pour la forme, les proportions et la superficie ; le plus souvent cependant elles offrent une ligne saillante ou une carène. Le nombre et l'arrangement des grandes plaques 130 PRODROME GÉNÉRAL qui recouvrent le ventre et le dessous de la queue présentent des modifications importantes et caractéristiques. Les lames écailleuses qui revêtent le vertex offrent égale- ment de notables différences. Cette conformation, unie à plusieurs autres particularités, avait déjà servi à l’établisse- ment des genres dans ce groupe naturel, principalement par la disposition de ces téguments des os de la face et du crâne. Tantôt, en effet, on y distingue de très-grandes lames écail- leuses qui prennent le nom de plaques ou d’écusson surtout sur les régions antérieure, centrale ou latérale ; tantôt, au contraire, et c'est ce qu'on peut voir dans le plus grand nom- bre des genres, la peau qui recouvre le dessus de la tête est complétement ou partiellement revêtue d'écailles, de grains saillants ou même de tubercules sur le museau, sur les orbi- tes ou autour des narines. Ce sont ces observations qui nous ont dirigé dans la classification que nous avons adoptée. Nous avons donc employé toutes ces particularités pour la distribution artificielle des espèces en genres presque tous établis ou proposés par nos devanciers , comme nous le faisons connaître dans l'exposé historique que contient notre ouvrage. Ce sous-ordre des Solénoglyphes est tout à fait naturel, mais il ne pouvait être établi qu’à l’aide de caractères anatomiques. Nous avons été assez heureux pour avoir la facilité de les faire constater sur vingt-quatre têtes d'espèces toutes différentes et de genres divers qui peuvent servir à la démonstration. Malheureusement cette structure n’est pas facile à reconnaître chez l'animal vivant, dont on doit redouter les piqüres souvent mortelles, même lorsqu'on examine les individus conservés dans les collections. Il faut toujours employer des instruments quand on veut séparer : DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 131 l’une de l’autre les mâchoires pour s'assurer de la mobilité des crochets, à cause de la brièveté des os susmaxillaires qui les supportent; c’est surtout cette sorte de rabougrissement de l'os, dont la largeur l'emporte le plus souvent sur la longueur. Ilest un moyen accessoire qui fait préjuger d'avance cette sup- position par la conformation, et, comme le dit M. Schlegel, par sa physionomie : c'est cette forme triangulaire et aplatie de la tête, ordinairement recouverte d’écailles entuilées, les yeux le plus souvent latéraux et protégés par une petite plaque surciliaire saillante, dont la pupille linéaire est verticale chez le plus grand nombre, ce qui indique des animaux nocturnes. Douze genres ont été rapportés à cette grande division. Nous allons indiquer la marche artificielle qui nous a servi pour les ranger systématiquement, en analysant les particula- rités qui sont les plus apparentes, et en rapprochant ensuite les groupes naturels dans lesquels ils peuvent être répartis ; ils sont indiqués dans le tableau synoptique que nous insé- rons ICI. Il y a d'abord deux grandes divisions, depuis longtemps indiquées par les auteurs : c’est l’absence ou la présence de deux petits enfoncements qui simulent de fausses narines, mais qui ne sont point percés dans le fond et qui ne communiquent pas avec la bouche. On ignore, il est vrai, la fonction de ces sortes d’impasses que l’on a faussement comparées aux lar- miers des animaux ruminants. Nous désignons sous le nom de VipéRiENs, d’après le genre principal qui s’y trouve compris, les espèces dont les narines sont simples; et pour les mêmes motifs nous désignons comme CroTaLIENs celles qui ont des fossettes ou des enfoncements qui simulent de doubles narines. 132 PRODROME GÉNÉRAL On a observé ensuite que les plaques sous-caudales, que nous appelons les urostéges, sont tantôt distribuées par paires et symétriquement, et tantôt qu elles ne forment qu'une seule rangée. Au reste, le résumé essentiel des divisions en genres, tels que nous allons les indiquer, se trouvera noté comme for- mant le caractère essentiel dont nous présentons ici l’ana- lyse. CiNQUIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS : LES SOLÉNOGLYPHES. Caractères : Des crochets cannelés et fistuleux sur l'os susmaæxillaire qui ne porte pas d’autres dents. à plaques, avec un écusson . Péinas. concaves; vertex) i en dessus. ....... 4. Écuinnée. écailleux; narines / d $ oubles 4 latérales ViPÈRE. narines nulles ; à urostéges | ; ( planes un peu convexes ; sourcils saillants . CÉRASTE. VIPÉRIENS. | à plaques . ÂCANTHOPHIS. simples au moins en partie ; vertex écailleux . Écmis. / à étuis de corne articulés et mobiles dits en grelots ... . CRoTALE. carénées 9, TricoNocÉPHALE. distinctes ; / doubles ; queue | lisses . LéioLÉéPine, nm Fa «] < Æ sl e (=) « à un 19 Ex E el mn mn © E <« à plaques et à écusson ; à écailles. . | ne oué vertex | , ill : li B Crorazrens| Sans grelots écailleux età |tres-distinctes, lisses, convexes...,... . Dorsnops. et à sourcils à plaques . | urostéges « nulles ; lisses, rondes . ATRopos. à écailles gulaires es s carénées, pointues. 43. TropinoLèmx. \ simples, au moins en partie sur une seule rangée . Laonésis. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 133 PREMIÈRE FaMmizce. Les VIPÉRIENS. CaRACTÈRES ESSENTIELS. Serpents Solénoglyphes, dits Thana- ftophides, n'ayant pas de fossettes lacrymales. Ces Serpents, comme nous l’indiquons, n’ont pas d’enfonce- ments ou de petites fossettes entre les yeux et les narines. Leur nom est emprunté d’un ancien motlatin dont l’étymologie est incertaine, quoiqu'il soit formé de la contraction du terme ou de l'adjectif vivipara, parce qu'on sait depuis très-longtemps que ces Serpents sont ovovivipares, ou que leurs œufs éclo- sent dans le ventre de la mère, qui paraît ainsi être vivipare. Cependant il n’est pas encore prouvé que toutes les espèces de ce groupe présentent ce mode de reproduction. Mais, à part la dénomination, ce groupe n’enest pas moins fort na- . turel, et réellement les genres qu’il réunit ont entre eux tant d’analogie qu’ils ne forment que des sous-genres artificiels, à cause de certaines particularités peu importantes, qui n'ont été admises par nous que comme destinées à faire distinguer les espèces, et si nous les avons adoptés c’est qu’ils avaient été proposés par les naturalistes auxquels nous succédons. Ainsi deux genres désignés sous les noms, l’un d’Æcanthoplus, et l’autre sous celui d’Échis, ont les plaques sous-caudales dis- tribuées sur une seule rangée ; tandis que ces urostéges sont doubles d’abord dans les Cérastes, qui ont les narines planes ou saillantes et les sourcils surmontés d’une sorte de corne, ce qui ne s’observe pas dans les trois autres genres, tels que les Pélias, dont le dessus de la tête est revêtu de plaques plus grandes en avant, et même d’une sorte d’écusson cen- 18 134 PRODROME GÉNÉRAL tral; au contraire le vertex est recouvert de petites écailles, soit dans les Ÿpères proprement dites, qui ont les narines latérales, soit dans les Échidnées, dont les orifices nasaux sont portés en avant et au-dessus du museau. Voilà donc des notes assez positives pour la classification de ces Serpents venimeux, qui ont entre eux de si grands rapports, qu’il n'aurait peut-être point été nécessaire d’en former six genres, si les régions dans lesquelles on les a ob- servés n'étaient pas aussi différentes, et si on avait pu mieux étudier leurs mœurs, qui doivent probablement se ressem- bler beaucoup. Nous avons été plusieurs fois témoin de la manière dont s’alimentent quelques-uns de ces Reptiles, que nous tenons en captivité dans des cages à double grillage et à mailles serrées, ce qui nous a permis de les observer à loisir. On a souvent beaucoup de peine, surtout pendantle jour, à saisir lemoment où le Serpent se décide à se jeter sur la proie, qui doit être nécessairement vivante lorsqu'on l’introduit dans la loge. D'abord la victime, par une sorte d’instinct et de terreur pa- nique, se tapit dans un coin où elle semble se refuser aux mou- vements qui décéleraient sa présence. Le Serpent lui-même se presse rarement d'en approcher ; il examine, il l’épie, et au moindre mouvement qui la trahit, on voit le Reptile s’élancer en redressant subitement les courbures de son échine pour se projeter en avant. Dans cet intervalle de temps, comme in- divisible, la bouche s’est ouverte, les mâchoires sé sont sé- parées, la supérieure s’est élevée presque à angle droit, et par le mécanisme de ses articulations, les crochets venimeux se sont redressés, la pointe aiguë qui les termine a été diri- gée en avant afin de percer la peau de l'animal pour péné- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 135 trer dans une partie quelconque de ses chairs molles, où ces armes s’enfoncent avec la vélocité d’une flèche violemment lancée à une certaine distance. Le but est atteint. Quelquefois la dent se casse et reste dans la plaie; mais la nature a pourvu à son remplace- ment. [2% Serpent redevient immobile, il attend le résultat du poison qu’il a inoculé. En effet, au bout de quelques minutes, de quelques secondes même, l'animal blessé tombe et s'affaisse après plusieurs mouvements convulsifs, et il ne tarde pas à succomber. C’est alors que le Serpent s'en appro- che, le retourne, le développe, l’étend et puis le saisit de façon à le faire engager entre ses mâchoires pour être avalé plus facilement par le mécanisme qui s'exécute chez presque tous les autres Ophidiens, c’est-à-dire en faisant avancer et re- culer l’une et l’autre mâchoire en sens contraire et alterna- tivement. G. I. Acanrnopuis, Daudin.—Urostèges en partie sur un seul rang et rem- ? placées, à l’extrémité de la queue, par des écailles entuilées et par une épine cornée. 4. A. cerastinus, Daudin. — Schlegel, t. I, p. 605, n° 40; Vipera. G. Il. Pezus, Merrem. — Un double rang d’urostéges; les narines con- caves, des plaques et un écusson près du museau sur le vertex. 4. P. Berus, Laurenti. — Scopoli, Ann. Hist. nat., t. II, p. 39. G. IN. Virgra, Laurenti. — Tête couverte d’écailles entuilées; les uros- téges doubles ; narines à orifices latéraux. 4. V. Aspis seu Prester, Linné. — Schlegel, Phys. Serp., t. Il, p. 599, 8. 18. 136 PRODROME GÉNÉRAL 2. V. ammodytes, Linné. — Schlegel , t. It, p. 602, n° 9. 3. V. heæacera , nobis. — Echidna nasicornis, Merrem, Hist. Amph., p. 450. G. IV. Ecginxa, Merrem. — Semblables aux Vipères; mais les narines concaves, supères, et rapprochées entre elles, sur le museau et non sur les côtés. E. arietans, Merrem. — Schlegel, t. I, p. 577, n° 4 ; Vipera. . E. elegans, Daudin.— Schlegel , t. II, p. 588, n° 6; Vipera. . E. Atropos, Linné. — Schlegel, t. I, p. 581, n° 2; Vipera. . E. Mauritanica, nobis. — Guichenot, Exp. d'Algérie, Rept., p. 24, pl. 5. . E. ulternata, nobis. — Espèce nouvelle; M. de Castelnau. . E. atricauda , nobis. — Espèce nouvelle ; ouest de l'Algérie ; M. Schousboe. DS © G. V. Cerastes, Wagler. — Narines planes ; sourcils saillants, écailleux ou tuberculeux ; tête recouverte d’écailles entuilées. 4. C. Ægyptiacus, Hasselquitz.—Schlegel, t, Il, p. 585 ; Vipera. 2. C. lophophrys, G. Cuvier._ Schlegel, t. II, p. 582, n° 3 ; Vipera cornuta. 3. C. Persicus, nobis. — Espèce nouvelle de la Perse; M. Au- cher-Éloy. G. VI. Ecnis, Merrem. — Urostégés en rang simple ; vertex écailleux. 4. E. frænata, nobis. — D'Égypte, par M. Bové. Echis arenicola, Boié. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 137 SECONDE Famicce. Les CROTALIENS. CARACTÈRES ESSENTIELS. Serpents Solénoglyphes à fossettes, ou éxcavations creusées entre les yeux et les narines. Ce nom, emprunté à celui d’un genre particulier et que nous avons assigné à la famille, est destiné à remplacer celui de Bothrophides que lui avait donné M. Fitzinger, pour indi- quer le caractère essentiel qui nous a servi également, afin de rapprocher les sept genres principaux. [ci, les fossettes sont des organes particuliers, qui paraissent importants par leur situation constante et par leur structure anatomique, quoique leur fonction ne soit pas connue. Nous avons préféré le nom de Crotaliens, comme nous avions adopté celui de Vipériens, à cause de la grande analogie avec le genre principal, qui comprend les Serpents à sonnettes, dont l'existence scientifi- que est depuis longtemps admise, et qui sont ainsi désignés _par le vulgaire. Voici comment, en 1824, Desmoulins a fait connaître, dans une description détaillée, la structure de l'appareil dit lacry- mal. Placees entre l'œil et la narine de chaque côté dela lèvre supérieure, ces cavités sont de véritables sinus, plus larges à l'entrée, se rétrécissant ensuite par un petit conduit qui se pro- longe obliquement sous la peau dela lèvre, pour se terminer sous l'orbite, dans une cavité recouverte par une membrane muqueuse. On trouve quelquefois dans l’intérieur de ce trajet quelques particules d’une matière comme épaissie, sorte de magma, qui paraît être le résidu d’une humeur sécrétée. Les filets nerveux qui se distribuent dans les parois de cet organe 138 PRODROME GÉNÉRAL peuvent faire penser qu’il est de quelque importance dans l’économie de cette race de Serpents. Quoique nous n’ayons distribué les espèces de ce groupe qu’en sept genres, aucun n’a été établi par nous en particu- lier, et nous les avons indiqués sous les mêmes noms que les auteurs avaient proposés, avec le renvoi aux espèces que nous avons décrites ailleurs. Voici l'énumération des genres et des espèces dont l’his- toire se trouve inscrite dans notre Ærpétologie générale. G. I. Crorazus, Linné. — Des étuis cornés, articulés, mobiles, enveloppant la dernière vertèbre caudale, et restant ainsi retenus à la suite les uns des autres, et pouvant s’y mouvoir à la volonté de l'animal. 4. C. durissus, Linné. — Schlegel, t. IT, p. 565, n° 2. 2. C. horridus, Linné. — Schlegel. Vélins du Muséum , Rep- tiles, n° 44. 3. C. miliarius, Linné. — Schlegel, t. Il, p. 569, n°5. G. IT. Lacuesis, Daudin. — A urostéges sur une seule rangée, au moins en partie ; à écailles tuberculeuses ou carénées, non entuilées. 4. L. mutus, Linné. — Crotalus, Schlegel, t. II, p. 570. G. HT. TriconoceræaLus, Oppel. — Corps à écailles carénées ; urostéges sur deux rangs ; queue pointue, sans grelots; sommet de la tête à plaques et à écusson central. | 4. T. cenchris, Daudin. — Schlegel, t. II, p. 533, n° 45. 2. T. histrionicus, nobis. — Holbrook, North-Amer. Herp., t. IL, p. 45, pl. 9. 5. T. Halys, Pallas. — Schlegel, t. IL, p. 554. 4. T. Blomhoffii, Siebold. — Fauna Japonica, p. 488; Schlegel, t. 1], pag. 552. 5. T. hypnale, Merrem. — Cophias ; Schlegel, t. IL, p. 550. G. IV. Lerozeris, nobis. — Les écailles lisses; plaques et écusson central sur le vertex ; pas de grelots à la queue. à 4. L. rhodostoma, Reinwardt. — D’après Schlegel , t. Il, p. 547. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 159 G. V. Boramors, Wagler. — Le dessus de la têle à écailles entuilées; des plaques surciliaires grandes, lisses, convexes; un double rang d’urostèges. . lanceolatus, Wagler. — Schlegel, t. IF, p. 556, n° 5. . atrox, Linné. — Schlegel, t. II, p. 535. . B. Jararaca, Neuwied. — Schlegel, t. 11, p. 532, n° 4. . B. nigro-marginatus, Kubhl. — Schlegel, t. II, p. 541. . B. viridis, Wagler. — Schlegel, t. II, p. 544. . B. bilineatus, Wagler.—Schlegel, t. HI, p. 340. G. VI. Arropos, Wagler. — Semblables aux Bothrops, mais pas de grandes - plaques surciliaires ; les gulaires rondes, lisses. 4. A. puniceus, Reinwardt.—Wagler, Schlegel, t. II, p. 545, n°8. 2. A. Darwinii , nobis. — Espèce nouvelle de notre Musée ; ori- gine inconnue. 3. A. Mexicanus, nobis. — Espèce nouvelle de Coban. 4. A. Castelnautii, nobis. — Espèce nouvelle donnée par M. de Castelnau. G. VII. Tropmozæmus, Wagler. — Les plaques du dessous de la gorge ser- rées, imbriquées, carénées, ainsi que toutes les écailles, même celles du vertex. 4. T. Wagleri. — Schlegel, t. H, p. 542. Trigonocephalus, n° 6. 2. T. Hombront, nobis. — Espèce nouvelledes Philippines ; par M. Hombron. S © O Œ à A D > Ce Prodrome indique les noms de tous les Serpents que nous connaissons aujourd'hui. Leur histoire complète est ecrite, et se trouve comprise dans les trois volumes de l’Er- PÉTOLOGIE GÉNÉRALE, Ouvrage dont j'avais déjà. publié sept volumes avec la collaboration de mon ami feu Bibron. L'or- dre nombreux de ces Reptiles est ici classé dans 5’ sous- ordres divisés en 24 familles, et celles-ci en 166 genres qui comprennent 5o1 espèces. L’index qui va suivre en présente la division méthodique. TABLE MÉTHODIQUE DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. Pages Introduction et considérations sur l’ordre des Ophidiens.......... 5 Prodrome:de leur classification... 25 2.0 8t. dhesiene 25 Premier sous-ordre : Les OPOTÉRODONTES. ...................... 24 4° famille. Épanodontiens............,.......... 26 2 4 rx) Gatodentienstiluné se. EL On à 27 Deuxième sous-ordre : Les AGLYPHODONTES . .................. 28 Atdarniie.: HOl0dontenses. 2% ente ER: : pois bb 52 2° — Aprotérodontiens..................... 34 9° = - ‘Acrotchordiens..… ... RPM. ..... 39 A 0 = cOmaront tn RAIN. «fee 42 D. AUDÉTONSSIEND., ec eue eee - pme t 47 DEL DEMI AS OONtIENR. eme à sopieieft des » o à 50 D NET OURS sat nue dE « cadets 52 D Colnbriens,. 1e, Epic. set A: 59 DAME UN COHONNIENSE » vie « ohne 2 : scie 61 AO PER ObnAIDIEN Be. à + sosie dope dass ste 68 AA, OrACrOUIéRNS. -..e2 2e cer eme » soin 75 127027 Cp Diacrantéripns die. TNT, 7... 17 Troisième sous-ordre : Les OPiSTHOGLYPHES................ best LU 47° famille, Oxycéphaliens ... "229%. ....... 89 DR OP SIENCEPITENS 2 - vie > 0 © SeBaore ee sole à 92 BL vit misodontiens, 1. eh MER. Shot 95 2. ds Blatrhiniens.ge} + rome. SEP CU CL 100 DNS DOUANES - tie: ve + CRRÉEN EL. 104 GP REODIBSAUIENS | à 25 +: ce Dos oo niee fee 0» 0 late 108 Quatrième sous-ordre : Les PROTÉROGLYPHES ................... 115 4"° famille. Conocerques............ SSRRR vs ce 1138 2 ‘nde-tre Platycergues LOL LOC REON MERS LA € .. 125 Cinqdième sous-ordre : Les SOLÉNOGLYPHES.................... 427 46 famille::-Vipériens: SAUTER EN CORAN nn 155 2, —. Crotaliensi:24. sent Se: eee 437 Mémoires de Académie des Sciences. Tome NII Planche A0 CLASSIEICATION DES SERPENTS D'APRÈS LES DENTS À SR p\) AŸ À == À M À] SX IIS 272777 Premier sous-ordre | panodontiens. Lyphdeps retieuté.... "ie 1 OLOTERODONTES | Calodontiens _…Îénostome deuè-rares …. \i@ 2 Holodontiens. LRO ROUTE Fos 5 | Aprotérodontiens ….Æzaremne canin Kio, Y Se Upérolissiens …. Æctrure de Porrolet.. For db AGILNPHODONTES Plagiodontiens ere lagtodon UOTE io (n . Evcodontiense.... Zyeden audique Lio. SUN CL'A IMHCLGNLS.e lropidtonote liperien Pereore Lio ô. DAC ANTÉÈPLENS 2 MP70 0/27 JOURS æ Lio. O. Loris np? Diom32, r Haute fuit AR ÉAPSLT AN ,# ea + Mémoires de l'Acadeéntie des Scieuces: Tome NI. CLASSIFICATION DES SERPENTS D'APRÈS LES DENTS Troisièihe sous-ordre | Platyrhiniens….. Zarovte Duvwuner Fo. 10 OPISTHO GLYPIIES | Anisodontiens …. /remmophes ponetu Fig Il L te RS | oo de Ce fZorgäre dent anneate Pic É PROTÉROGLYPHES _ | l ji | Vaya baladine Fig 15 3 Cinquième sous-ordre Î oo [Cretale Purisse Pig dl. SOLENOGLYPIIES | æ \Za même de lropil Lio 19 INSTITUT DE FRANCE. SR IR RS RS RS LR RE ARR RAS ARR LS RAT ARR ARR RE ART RS RE OUR ARR RCE ERREUR DORA EN PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance du 2 novembre 1859, Par M. DUMÉRIL. ; (EXTRAIT DU TOME XXII DES MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.) © 2°* COCCECEOCODO ECC DECO ETC OP CE C COCO OCTO CCC CE CC COCO COOL S PARIS, TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, INPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 56. 1853. : EE j : S': N r L 4 F] 4,” A sf è: x - | cp é L à ; 2 LAN : M Th Rd ae) ne be a”, . : : OMR Ê Û Ro” . è : # FU Lier # TE ï IENCES LIBRARY CALIF ACAD OF SC LUI 3 1853 00 ji ji 17 565